BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 2e Série. — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM N° 1. — Janvier-Février 1944 MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER PARIS - Ve — RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national d’Histoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la séance. TIRAGES A PART Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions suivantes : (Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 ) 25 ex. 50 ex. 100 ex. 4 pages • 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr. 8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50 16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr. Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée. Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs. par 25 ex. en sus 12 francs. Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves. Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro correspondant. PRIX DE ^ABONNEMENT ANNUEL : France et Etranger : 80 fr. (Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum) Compte chèques postaux : 124-03 Paris. i BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2" Série. — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM ANNÉE 1944 MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER PARIS- Ve BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE ANNÉE 1944. — N° 1 340e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM 27 janvier 1944 PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN DIRECTEUR DU MUSÉUM ACTES ADMINISTRATIFS M. le Professeur Ed. Bourdelle est nommé Assesseur au Directeur du Muséum, pour 1944 (Arrêté ministériel du 7 décembre 1943). M. Edouard Fischer-Piette est nommé Professeur titulaire de la Chaire de Malacologie du Muséum (Arrêté ministériel du 14 décembre 1943). M. J. Trochain, Assistant au Laboratoire d’Agronomie coloniale du Muséum est nommé, à titre provisoire, Maître de Conférences de Bota- nique coloniale à la Faculté des Sciences de l’Université de Montpellier (Arrêté ministériel du 3 janvier 1944). M. le Dr Rochon-Duvigneaud, est nommé Associé du Muséum sur la proposition de MM. les Professeurs Bourdelle, Urbain, Becquerel et Millot (Décision de l’Assemblée des Professeurs du 16 décembre 1943). M. Glasser, sur la proposition de M. le Professeur Orcel et M. Che- nault, sur la proposition de M. le Professeur Guillaumin, ont été nom- més Correspondants du Muséum (Décision de l’Assemblée des Professeurs du 16 décembre 1943). M. Thévenin est nommé Attaché au Muséum (Chaire de Zoologie : Mammifères et Oiseaux) sur la proposition de M. le Professeur Bourdelle (Décision de l’Assemblée des Professeurs du 16 décembre 1943). M. le Président a le regret de faire part de trois décès : M. le Professeur E.-L. Bouvier, Membre de l’Institut, Professeur hono- raire au Muséum (décédé le 14 janvier 1944) ; — 6 — M. le Professeur P. Allorge, titulaire de la Chaire de Cryptogamie au Muséum (décédé le 22 janvier 1944) ; M. A. Moine, Secrétaire honoraire du Muséum (décédé le 4 janvier 1944). DONS D’OUVRAGES Dr Jacques Pellegrin, Petit atlas des Poissons (III, Poissons des eaux douces, espèces françaises), 55 pp., 12 pl., Boubée et Cle éd., Paris, 1943. Renaud Paulian. Les Coléoptères (Formes, mœurs, rôle), 396 pp., 164 figs., 14 pl. [in Bibliothèque scientifique). Payot éd., Paris, 1943. Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur E.-L. Bouvier, Membre de l'Institut, Professeur HONORAIRE AU MUSÉUM, A MAISON S-LaFFITTE, LE 17 JAN- VIER 1944. Par M. le Dr René Jeannel, Professeur au Muséum. Voici bientôt 40 ans que je suis attaché à Bouvier par une respec- tueuse amitié, d’abord comme disciple, puis comme son successeur au Muséum. Cela me vaut l’honneur de prendre la parole au nom de mes -collègues du Muséum, afin de retracer brièvement devant vous la carrière de ce maître vénéré. Il avait 88 ans. Né à Saint-Laurent, dans le Jura, il fit ses études à l’Ecole normale primaire de Lons-le-Saulnier, et à l’âge de 20 ans, enseignait déjà comme instituteur-adjoint à Clairvaux, près de son pays natal. Après avoir occupé successivement divers postes dans l’enseignement primaire, il avait 26 ans, en 1882, lorsqu’il fut distingué par Edm. Perrier, qui le fit venir à Paris, comme boursier du Muséum. Depuis lors, toute la carrière de Bouvier s’est déroulée au Muséum. Tout enfant, dans son village, il avait commencé d’aimer l’histoire naturelle sous l’influence de maîtres d’école intelligents, vers qui, disait-il, sa pensée reconnaissante se plaisait à remonter quand une découverte intéressante venait embellir ses travaux. S’il a été donné à ces vieux maîtres d’assister à la brillante ascension de leur élève, ils ont assurément trouvé la juste récompense de leur dévouement. Docteur ès-sciences en 1887, Bouvier fut d’abord chef de travaux puis sous-directeur des Hautes-Etudes dans le laboratoire de Zoo- logie comparative du Muséum, sous la direction d’Edm. Perrier. Puis, professeur agrégé à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, il devint, en 1893, suppléant du cours de Cryptogamie à la même Ecole, qui n’était pas encore Faculté. C’est en 1895 que Bouvier fut nommé professeur au Muséum, dans la chaire des Animaux articulés. Il y était le successeur de Lamarck, de Latreille, d’AuDouiN, d’Henri Milne-Edwards et d’Emile Blanchard. En 1902, il fut élu membre de l’Académie des Sciences, qui lui a décerné, en 1942, le grand prix Albert de Monaco. Bulletin du Muséum, 2« série, t. XVI, n° 1, 1944. — 8 — Avant de parler de son œuvre, laissez-moi vous dire quelques mots de l’homme. Nous tous qui l’avons connu, nous avons admiré cette ardeur juvénile qu’il a conservée, on peut le dire, jusqu’à sa mort. Ce qui frappait dans son caractère, c’était une grande distinction, faite d’une politesse innée, dont il ne s’est jamais départi, et puis de la réserve du parfait chrétien qu’il a été. Avec cela, très libéral, très bon, très droit, d’un désintéressement absolu et d’un dévouement sans borne pour ses amis, d’une infati- gable persévérance à atteindre la réalisation de tout ce qui lui parais- sait juste et utile au bien général. Il fut pendant toute sa vie un grand enthousiaste. Il avait reçu d’Edm. Perrier, disait-il, son entrain, sa foi dans le travail, sa confiance dans les recherches méthodiques d’ Anatomie comparative. Et dans sa gratitude pour ses maîtres, il unissait Edm. Perrier et Alph. Milne-Edwards, qui le fit profiter de sa vaste connaissance des Crustacés et l’associa à ses travaux pendant dix années de colla- boration intime. • Son enthousiasme éclate dans tous ses travaux. Dès ses premières recherches, qui le conduisirent à sa thèse sur le Système nerveux , la morphologie générale et la classification des Gasté- ropodes Prosobr anches, œuvre aujourd’hui classique, il s’est trouvé pris par les doctrines évolutionnistes alors naissantes. Son ardeur de néophyte ne tarda pas à faire de lui un des plus fins anatomistes, et cette réputation lui fit confier par Al. Agassiz la tâche de disséquer l’un des trois seuls exemplaires connus de Pleuro- tomaires. Bouvier se plaisait à raconter l’émotion que lui causèrent ces recherches sur l’anatomie de ce curieux et rarissime Mollusque que tous les zoologistes d’alors attendaient avec intérêt. La plupart des objets de ses recherches ont été des groupes d’ani- maux peu connus, de position incertaine, dont il s’est plu à découvrir les affinités et l’histoire. Il fut l’un des premier à se consacrer à l’histoire naturelle des Péripates, animaux ambigus, à la frontière des Annélides et des Arthropodes. Sa collaboration avec Alph. Milne-Edwards, qui s’est tranduite par une série de nombreuses notes et mémoires parus entre 1890 et 1900, mit entre ses mains des collections de Crustacés Décapodes abyssaux telles que peu de zoologistes en eurent de semblables à leur disposition. Ce furent celles des dragages de Simpson et d’Al. Agassiz dans la mer des Antilles, à bord du Bibb, du Hassler, du Drake ; ce furent encore les campagnes françaises du Travailleur et du Talisman , et aussi celles du prince de Monaco avec Y Hirondelle et la Princesse- Alice, ou encore de Chevreux à bord du Melita. Ses études sur les faunes abyssales l’ont mis au rang des maîtres 9 — en carcinologie. Elles l’on conduit aussi à de fécondes recherches sur les Pycnogonides, étranges Arachnides des grands fonds marins. Ayant dans les attributions de sa chaire du Muséum tous les Articulés, Bouvier ne pouvait manquer de s’attaquer à d’autres groupes que des Crustacés marins. Il s’est intéressé aux Insectes. D’abord il fut séduit par l’évolution des mœurs des Hyménoptères, aussi variables, pensait-il, que les caractères morphologiques. Depuis son premier mémoire sur les habitudes des Bembex, il a fait maintes fois porter son enseignement magistral sur l’éthologie des Hymé- noptères et en a tiré des livres, s’adressant au grand public, dont certains, comme Le communisme chez les Insectes , eurent un grand retentissement. Dans un autre ordre d’idées, près de dix années de travail lui ont fait produire une monographie des Lépidoptères Saturnioïdes en 4 volumes, qui restera un excellent ouvrage de systé- matique. Je passe sur bien des travaux de grande envergure, comme la Monographie des Atyidae, Crevettes répandues dans le monde entier. Ces toutes dernières années, Bouvier a publié encore une autre grosse monographie, celle-ci des Crustacés marcheurs ; et cette œuvre était à peine terminée que déjà il formait des plans pour un autre travail, d’importance telle qu’il allait devoir lui consacrer au moins cinq années de recherches. Car Bouvier n’a jamais douté de ses forces ; il a eu la grande chance de garder, jusqu’à ses derniers jours, la complète lucidité de sa belle intelligence et la même ardeur au travail. Pendant 35 ans Bouvier fut professeur au Muséum et y laissera un souvenir impérissable. Il y a opéré une profonde transformation de la chaire d’Entomologie. Dès ses débuts, il a compris la place qu’il fallait donner aux ento- mologistes amateurs, dans une science où tous les meilleurs travaux étaient dus à des Léon Dufour, J.-H. Fabre, E. Simon, H. Brôle- mann, L. Bedel et tant d’autres. Il ouvrit donc largement à tous un laboratoire qui avait été, avant lui, inexorablement fermé, et il sut s’entourer de mécènes, comme le banquier Boullet ou le Dr Mar- mottan. Le résultat : accroissement rapide, par des dons multiples, de collections qui sont aujourd’hui les plus riches du monde, et dévelop- pement des recherches entomologiques de tous ordres, aussi bien en France que dans les colonies. Bouvier a su s’attirer la reconnaissance de tous les entomologistes français et la Société entomologique de France a créé pour lui le titre de Président honoraire à vie* Bouvier s’était marié jeune, peu de temps après son arrivée à Paris. Tous ceux qui ont connu Madame Bouvier ont gardé le sou- — 10 — venir de sa simplicité souriante et de sa bienveillante bonté. Très instruite, formée comme son mari pour l’enseignement, elle fut pour lui la compagne accomplie. Près d’elle, Bouvier devait trouver tout ce qu’il fallait pour une vie heureuse, éclairée par les succès et les honneurs. Mais il fut torturé par des deuils cruels. Deux de ses filles lui furent enlevées successive- ment par le même mal, à l’âge de 20 ans passés, et il trembla long- temps pour la troisième. Il eut la force de surmonter sa grande dou- leur. Sans doute trouva-t-il un réconfort dans la religion et dans une vie ascétique et toute de labeur. Peu de mois avant la guerre, nous étions nombreux ici même, pour accompagner Madame Bouvier à sa dernière demeure. Resté seul, Bouvier avait encore la suprême consolation de pou- voir faire de longs séjours dans le Jura, chez sa fille, Madame Pain- destre, et de se consacrer à l’instruction de ses petits-fils sur lesquels il avait reporté toute son affection. Mais la guerre l’a privé de cette ultime joie d’avoir ses petits-enfants près de lui, pendant les der- nières années de sa vie. » Tous les Professeurs du Muséum, et je puis dire aussi tous les entomologistes de France et de l’étranger, se joignent à moi pour exprimer leur sympathie émue à Madame Paindestre et à ses enfants. La perte cruelle qu’ils viennent de faire sera ressentie par le monde savant tout entier. — 11 — Allocution prononcée aux obsèques de M, le Professeur P, ALLORGE, PARIS, 25 JANVIER 1944, Par M. le Professeur Ach. Urbain. Directeur du Muséum. Madame, Mesdames, Messieurs, Une fois encore le Muséum vient d’être cruellement éprouvé ; un de ses membres, parmi les meilleurs, le Professeur Allorge vient de disparaître, enlevé brusquement à l’affection des siens, de ses collègues, de ses amis et de ses élèves. Monsieur le Professeur Pierre Allorge est né à Paris, le 12 avril 1891. Licencié ès-sciences en 1912, docteur ès-science naturelles en 1922, il fut délégué de 1917 à 1919 dans les fonctions de Prépara- teur de Botanique à la Faculté des Sciences de Paris, Assistant en 1922, puis Sous-Directeur de la Chaire de Cryptogamie du Muséum en 1926, il en devint le Professeur en 1932. Attiré dès sa jeunesse vers les sciences naturelles, il était déjà familiarisé avec la flore vasculaire de la France et la Géologie du Bassin Parisien lorsqu’il aborda la Faculté des Sciences. Aussi, dès après sa licence il n’eut qu’un désir, celui d’entreprendre des recher- ches. Il commença celles-ci dans les laboratoires de la Sorbonne et d’Avon-Fontainebleau, que dirigeait alors Gaston Bonnier. Puis, après la guerre de 1914-1918, il fréquenta le laboratoire de Crypto- gamie du Muséum où il s’initia à la systématique et à la biologie des Muscinées, grâce aux conseils du Professeur Mangin et de ses colla- borateurs : le Docteur F. Camus et J. Cardot. C’est au Muséum, dans ce laboratoire où il ne tarda pas à être attaché d’une façon définitive, que Pierre Allorge entrepris la majorité de ses travaux qui peuvent être classés parmi les meilleurs de nos botanistes actuels. Ces travaux ont porté principalement sur les Algues d’eau douce, les Muscinées et sur la Phytogéographie générale. Dans leur ensemble, c’est dans un sens surtout systématique et biogéographique qu’il mena ses recherches. Systématique et bio- géographie étaient pour Allorge deux disciplines étroitement solidaires : « L’on ne peut faire, disait-il, d’études biogéographiques sérieuses sans base systématique solide, il faut bien reconnaître aussi qu’une bonne systématique ne peut se concevoir sans connais- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. 12 — sances biogéographiques étendues. » C’est dans cet esprit qu’il a toujours travaillé. En Algologie, Allorge a donné une vive impulsion à cette science qui était en sommeil depuis de si longues années. Seul, ou en compagnie de son fidèle collègue et ami Marcel Denis, il a exploré un nombre considérable de stations aquatiques, notam- ment les tourbières à Sphagnum, les lacs des Alpes et du Massif Central, les étangs des Landes et de Sologne ainsi que les eaux du Bassin de la Seine dans lesquelles il effectua régulièrement des pêches planctoniques pendant plusieurs années consécutives en vue d’étudier la variation saisonnière du Phytoplancton. Au cours de ses voyages dans la Péninsule Ibérique, aux Antilles et aux Açores, il n’a cessé de réunir un important matériel algolo- gique. Plus de quinze cents échantillons d’algues provenant de ses récoltes, sont venus enrichir les collections du Laboratoire et ont été étudiés par lui-même, par ses élèves et ses collaborateurs. Afin de permettre la diffusion de ces travaux, il créa en 1925, avec G. Hamel, la Revue Algologique, qui connut de suite un gros succès. En Bryologie, Allorge a apporté des contributions intéressantes à la flore Muscinale de France (Alpes, Pyrénées, Normandie et Bassin de Paris). Ses voyages en Espagne et au Portugal lui ont fourni d’im- portantes récoltes qui lui ont permis de mettre en évidence la valeur de la bryoflore ibérique. L’intérêt de cette flore l’a incité à publier, avec la collaboration de Madame Allorge, sous le nom de Bryotheca iberica un exsiccata des Mousses, Sphaignes et Hépatiques de la Péninsule. Celui-ci est un modèle du genre pour le soin apporté à sa présentation et pour la foule de renseignements que l’on y trouve. Au cours d’une mission faite à la Martinique et à la Guadeloupe, en 1936, Allorge rapporta plusieurs centaines de Muscinées dont beaucoup d’espèces nouvelles. En 1937, il effectua un autre impor- tant voyage aux Açores, avec comme seule collaboratrice, Madame Allorge. Toutes les îles de cet archipel, sauf une, furent visitées. Le résultat en fut la publication d’un Exsiccata des Mousses des Açores, qui apporta une très importante contribution à la réparti- tion des Muscinées atlantiques. Au point de vue de la Phytogéographie générale, Allorge a été un des premiers en France à faire l’étude des associations végétales en elles-mêmes et dans leurs rapports avec le milieu. Dans sa thèse sur les « Associations végétales du Vexin français » il a fait un exposé du but et des méthodes de la Phytosociologie. Cette thèse est un travail magistral qui a fait école et a été ensuite suivi par un grand nombre de phytosociologues français et étrangers. Il a publié, en outre, de nombreux mémoires ou notes sur la végé- tation d’autres territoires. Dans ces travaux il a particulièrement insisté sur l’analyse des groupements végétaux des lacs et tourbières. 13 — C’est, en effet, dans ces types de stations que coexistent les végétaux sur lesquels il a pu acquérir des connaissances systématiques éten- dues en ce qui concerne la Flore de l’Europe Occidentale et Méditer- ranéenne : les Algues, les Muscinées et les Plantes vasculaires. Il a montré ainsi que par la netteté des successions végétales qui s’y laissent observer, les lacs et les tourbières réalisent les conditions les meilleures pour l’étude dynamique de la végétation. Telle est l’œuvre très sommairement résumée d’ALLORGE qui fut et restera un grand botaniste, cette œuvre sera, j’en suis persuadé, ..continuée par ses collaborateurs et ses élèves. Sa santé était ébranlée depuis plusieurs années ; malgré ses souf- frances physiques, il n’en continuait pas moins avec le même enthou- siasme, avec la même volonté, à poursuivre ses recherches scienti- fiques et à diriger son laboratoire. Excellent collègue, ami très sûr, d’une grande bonté, Pierre Allorge savait se faire aimer de tous ceux qui l’entouraient. Madame, vous qui fûtes non seulement la meilleure des compagnes mais aussi la collaboratrice de tous les instants de notre regretté Collègue, permettez-moi de vous exprimer la part très grande que nous prenons à votre douleur. Mon cher Allorge, au nom des Professeurs du Muséum, de vos amis et de vos collaborateurs, je vous adresse un suprême adieu. Paris, 25 janvier 1944. è LISTE DES ASSOCIÉS ET CORRESPONDANTS DU MOSÉOM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE NOMMÉS EN 1943 ASSOCIÉ DU MUSÉUM Rochon-Duvigneaud (Dr A.), présenté par MM. les Professeurs E. Bourdelle, Àch. Urbain, J. Becquerel, R. Jeannel et J. Millot. Le Dr Rochon-Duvigneaud, ophtalmologiste honoraire des Hôpitaux de Paris, membre de l’Académie de Médecine, est l'un des spécialistes français les plus en vue de tout ce qui a trait à l’Anatomie du globe oculaire et à la physiologie de la vision dans la série des Vertébrés. Ses travaux relatifs à la rétine des Mammifères et des Oiseaux ont apporté de notables éclair- cissements sur la structure et les fonctions de cette membrane, en parti- culier sur la signification des bâtonnets et des cônes et sur la double fovea des Oiseaux. L’utilisation de la méthode de l’image transsclérale et l’adap- tation de cette méthode à l’étude du champ visuel dans différentes espèces ont permis au Dr Rochon-Duvigneaud de déterminer les corrélations morphologiques et structurales du globe oculaire avec la valeur des champs binoculaires et monoculaires de la vision dans nombre d’espèces. D’importantes monographies sur le globe oculaire et sur la vision chez les Cétacés, la Taupe, la Musaraigne, la Chouette chevêche, etc., ajoutent encore à une œuvre scientifique des plus remarquables, maintenant con- crétisée dans un ouvrage de grande envergure, Les Yeux et la Vision des Vertébrés qui vient de paraître et qui honore grandement son auteur. Le Muséum a toujours été, pour le Dr Rochon-Duvigneaud, un centre de prédilection pour ses recherches et il fréquente depuis longtemps ceux de ses laboratoires et de ses services susceptibles de lui fournir les maté- riaux indispensables à ses travaux ainsi que les moyens de les utiliser. Dès 1927, le Muséum a déjà voulu s’attacher le Dr Rochon-Duvi- gneaud en le comprenant parmi ses correspondants. *En lui attribuant aujourd'hui le titre d’Associé, il tient à témoigner au savant et au natura- liste la haute estime en laquelle il le tient. (Ed. Bourdelle .) — 15 — CORRESPONDANTS DU MUSÉUM Chenault (R.)j présenté par M. le Professeur A. Guillaumin. Reprenant la tradition de son père, le célèbre introducteur et multi- plicateur d’arbustes nouveaux, M. Raymond Chenault continue, par ses dons, d’accroître les collections de végétaux vivants du Muséum tant au Jardin alpin qu'à Chèvreloup. (A. Guillaumin.) Glasser (Ed.), présenté par M. le Professeur J. Orcel. Ingénieur au Corps des Mines, Directeur Général de la Compagnie Générale des Eaux, ancien Président de la Société Française de Minéralogie, M. Glasser est bien connu par ses études sur les gites métallifères de la Nouvelle-Calédonie, en particulier sur ceux de nickel et de chrome. Son mémoire paru dans les Annales des Mines de 1904 est classique. Amateur de minéralogie fort éclairé, il collabore activement depuis plusieurs années avec le Laboratoire de Minéralogie du Muséum, faisant bénéficier les chercheurs qui y travaillent, des matériaux de sa collection. Il contribue d'autre part très efficacement au classement et à l’identifica- tion des minéraux rares ou peu connus existant dans la collection de Minéralogie du Muséum, et poursuit à leur sujet les recherches bibliogra- phiques indispensables. (J. Orcel.) ATTACHÉ AU MUSÉUM Thévenin (R.), présenté par M. le Professeur Ed. Bourdelle. M. Thévenin René, Naturaliste d’une grande culture générale, s'est depuis longtemps manifesté par une active collaboration au journal Sciences et Voyages et la publication d’un certain nombre d'ouvrages parmi lesquels il faut signaler l’article : Faune dans V Afrique Noire d'Aben- sour et Thévenin, et les Migrations animales. La préparation de ces ouvrages et d'un certain nombre d’autres consacrés aux Carnivores, en particulier aux Viverridés, et aux Mustélidés, a permis à M. Thévenin et lui permettent encore tous les jours de s’intéresser au matériel des collec- tions de Mammifères du Muséum et d’en perfectionner le classement. La collaboration bénévole ainsi apportée au Laboratoire des Mammifères et des Oiseaux justifie pleinement l’attribution à M. Thévenin du titre d 'Attaché au Muséum. (Ed. Bourdelle.) TRAVAUX FAITS DANS LES LABORATOIRES DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE PENDANT L'ANNÉE 1943 Cette liste, où ne figurent que les Notes et Mémoires effectivement publiés en 4943, ne donne qu’une vue incomplète de l’activité scientifique des labo- ratoires. De nombreux travaux déjà terminés ont en effet été retardés dans leur publication par les circonstances présentes et seront mentionnés dans le fascicule I du Bulletin du Muséum de 1945. Anatomie comparée. J. Millot, Professeur. — Les Araignées, mangeuses de Vertébrés. Bull. Soc. zool. France, t. LXVIII, n° 1, 1943. — Sur l’anatomie et l’histophysiologie de Koenenia mirabilis Grassi (Arachn. Palpigradi). Rev. Franc, entom., t. IX, 1943. — Notes complémentaires sur l’anatomie, l’histologie et la répartition géographique en France de Koenenia mirabilis Grassi (Arachn. Palpigradi). Rev. Franc, entom., t. IX, 1943. — et R. Paulian. — Valeur fonctionnelle des poumons des Scorpions. Bull. Soc. zool. France , t. LXVIII, n° 4, 1943. H. Neuville, Sous-Directeur honoraire. — • Du normal au pathogène; Rev. médic. France, nov.-déc. 1943. M. Friant, Sous-Directeur. — Le cerveau de l'Okapi. C. R. Acad. Sciences, 1943. — Le télencéphale des Tapiridés. Anat. Anz., t. XCIV, n° 1-3, 1943. — Catalogue raisonné et descriptif des Collections d’Ostéologie du Service d’Anatomie comparée du Muséum national d’Histoire naturelle. „ Mammifères. Fasc. IL Insectivora. Sous-fasc. I : Erinaceidæ. Paris, Masson, 1943. — Le néopallium cérébral du Pécari (Dicotyles). C. R. Acad. Sciences, 1943. J. Anthony, Assistant. — L’antagonisme pariéto-occipital chez le Chry- sothrix sciurea L. Bull. Mus., 2e sér, t. XV, n° 4, 1943. — La signification de la scissure retrocalcarine dans l'étude de l’antago- nisme pariéto-occipital chez les Singes Platyrhiniens. Bull. Mus., 2e sér., t. XV, n° 4, 1943. — L'évolution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet chez les Singes Plathyriniens. Bull. Mus., 2e sér., t. XV, n° 5, 1943. — Evolution du complexe calcarin des Primates. — Mammalia, t. VII, n° 3-4, sept.-déc. 1943, Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles (Musée de l’Homme). H. V. Vallois, Professeur. — Les ossements humains de Koerhuisbeek près Deventer, Hollande. Nederl. Akad. Wet., Verh., Amsterdam, t. XL, n° 3, 1943, p. 1-25. — Anthropologie de la population française. Un vol., 140 p., 7 fig., 4 pl. M. Didier, Paris, 1943. P. Lester, Sous-Directeur du Laboratoire. — Contribution à l’anthropo- logie de l’Afrique orientale : les Tourkana et les Kikouyou. Mission scientifique de l’Omo, 1932-1933. Editions du Muséum, t. I (Géolo- gie, anthropologie), fasc. 2, 1943, 52 p. L. Pales, faisant fonction de Sous-Directeur de Laboratoire et Y. Pour- sines. — Cancer en jante, à noyaux multiples, de l’attache mésen- téro-intestinale du grêle, chronologiquement secondaire à une tumeur pancréatique, chez un Annamite du Tonkin. Médecine tropicale, Marseille, t. III, n° 3, 1943, p. 211-221. — Le problème des Chéloïdes et le point de vue colonial. Médecine tropicale, Marseille, t. II, n° 4, 1942, p. 183-296. — et M. Casiles. — Plaie crurale de guerre (1914) avec lésion sciatique. Ibid., p. 314-322. — et Dejou. — Sur un cas de gainite ossifiante de l’artère fémorale. Soc. chirur. Marseille, 29 mars 1943. Paule Barret, Assistante. — Bibliographie américaniste. Journ. Soc. améric., n. s., t. XXXII, 1940, p. 301-403. — et H. Reichlen. — Contribution à l’archéologie de la Martinique. Le gisement de l’Anse-Belleville. Ibid., p. 227-259. Thérèse Rivière, Assistante et J. Faublée. — Les tatouages des Chaouïa de l’Aurès, Journ. Soc. afric., t. XII, 1942, p. 67-81. R. Vaufrey, Chargé du département de Palethnologie et Directeur à l’Ecole pratique des Hautes-Etudes. — Projet d’inventaire des Monuments mégalithiques. Bull. Soc. normande études préhist., t. XXXIII, 1943, p. 121-128, 2 fig. J. Faublée, Aide-technique. — L’alimentation des Bara. Journ. Soc. afric., t. XII, 1942, p. 157-203. — La prière sacrificielle chez les Bara. Ibid., p. 259. — Catalogue de l’Exposition de l'Aurès. Une brochure de 16 p., 11 fig. Edition du Musée de l’Homme, 1943. Monique de Lestrange, Aide-technique déléguée. — A propos des empreintes digitales de 15.000 prétendus français. Rev. scient., t. LXXXI, 1943, p, 137-138. Françoise Girard. — Note sur des massues polynésiennes à dents bila- térales. Bulletin Muséum, 2e sér., t. XV, n° 4, 1943, p. 258-261. J.-P. Lebeuf, Chargé de Recherches C. N. R. S. — Exposition des col- lections du Tchad. Journ. Soc. afric., t. XI, 1941, p. 235-236. — La civilisation Sao. 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XLIX, 1942, p. 19-22. — Observations sur la vie animale dans le Tanezrouft et sur la localisa- tion de certaines espèces. Mammalia, t. VII, 1943, p. 102-109. — Le Niger en Kayak. Un volume, Editions Susse, 1943, 174 p. — Aux prises avec le Sahara. (Réédition), 1 vol., Editions « Les Œuvres françaises », 1943, 253 p. H. Reichlen, Chargé du département d'Amérique. — Les villes mortes des Andes péruviennes. Sciences et Voyages, n° 69, 1941, p. 109-113. — Recherches archéologiques dans la Province de Santiago del Estero (Rép. Argentine). Journ. Soc. améric., n. s., t. XXXII, 1940, p. 133- 225. Jeanne Jouin. — Chansons de fillettes à Rabat, Journ. Soc. afric., t* XII, 1942, p. 49-55. Zoologie : Mammifères et Oiseaux. E. Bourdelle, Professeur. - — La morphologie générale et régionale des Mammifères (2e partie, Morphologie des régions : Régions du corps). Mammalia, t. VII, n° 1, mars»1943, p. 1 à 13, 8 fig. — Idem (2e partie, Morphologie des régions : Régions des membres. Mammalia, t. VII, n° 2, juin 1943, p. 41 à 55, 9 fig., 20 dessins. J. Berlioz, Sous-Directeur de Laboratoire. — Etude critique des Trochi-^ lidés du genre Lampornis Sw. L’Oiseau et la Rev. franç. d’Orn., 1943, p. 74. P. Rode, Assistant. — Mammifères ongulés de l’Afrique noire. lre partie. Famille des Bovidés. Faune de l’Empire français. Larose, Paris, 1943, 1 vol. in-8°, 124 p., 91 fig. -— Petit Atlas des Mammifères. Fasc. III. Cétacés, Siréniens, Pinnipèdes, Carnivores, Chiroptères. Ed. Boubée, Paris, 1943, 1 vol., 65 p., 1 pl. col. — Sur les caractères différentiels des têtes osseuses de Cercopithecus et Macaca. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 1943, n° 4, p. 151-154. — Catalogue des types de Mammifères du Muséum National d'Histoire " Naturelle. Ordre des Rongeurs. I. Sciuromorphes. Ibid., n°* 5 et 6. - R. Didier, Associé du Muséum. — L’os pénien des Campagnols de France du genre Ariicola. Mammalia, 1943, t. VII, n° 2, p. 76-79, 1 pl. — 19 — G. Bouet, Correspondant du Muséum. — Les premières recherches orni- thologiques au Sénégal faites par Michel Adanson. L’Oiseau et la Rev. franç. d’Orn., 1943, p. 9. A. Rochon-Duvigneaud, Correspondant du Muséum et P. Rode. — * Valeur systématique de la vascularisation rétinienne. Mammalia, 1943, t. VII, n° 2, p. 56-73, 11 fig. P. Cantuel, Correspondant du Muséum. — Contribution à l’étude du genre Arvicola Lacepède. Mammalia, 1943, t. VII, nos 3-4. P. Laurent, Boursier de la Recherche Scientifique. — La migration en cul-de-sac ou en impasse, définition préliminaire. Bulletin Muséum, 2e sér., XV, 4, p. 161-162. — Recherches sur la Biologie des Chéiroptères dans le Midi de la France, ibid., pp. 158-160. ■ — Essai de Biométrie sur la Chauve-Souris Murine, ibid. — La migration des Chéiroptères (compte rendu d’une conférence faite le 26 janvier 1943 à la Société Zoologique de France). Bull, Soc.\ Zool. France, t. LXVIII, n° 1, 1943, p. 17. — Recherches sur les Chauves-Souris à feuille nasale (suite). L’Euryale (Rhinolophus euryale Blasius et sa forme locale attanticus). Ibid., n° 4, fig. 114-119. — Ibid. V. Le Rhinolophe petit fer à Cheval. Ibid. P.-L. Barruel. — Note sur la capture dans les Basses-Pyrénées d’un j.eune mâle de Gobe-mouche Narcisse. Xanthopygia n. narcissina (Temm.), L’Oiseau et la Rev. franç. d’Orn., 1943, p. 1. R. Thévenin. — Observation sur la formule dentaire des Rhyncogales. Bull. Mus. Hist. Nat., 2e sér., t. XV, 1943, n° 6, p. 000. Éthologie des animaux sauvages. Ach. Urbain, Professeur. — Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur Tournade. Bull. Mus., 1942, t. XIV, p. 301. — Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur Germain. Bull. Mus., 1942, t. XIV, p. 370. — La fièvre typhoïde du cheval. Les Ultravirus des maladies animales. Maloine, édit., Paris, 1943, p. 827. — Le typhus des carnassiers de ménagerie. Ibid., p. 837. — Gastro-entérite infectieuse du chat. Ibid., p. 903. — L’infection tuberculeuse en 1942 et 1943 chez les Mammifères et les Oiseaux exotiques du Muséum. Bull. Acad. Méd., t. CXXVII, ' 1943, p. 499. Ach. Urbain, P. Bullier, Sous-Directeur et J. Nouvel, Assistant. — Un cas de tuberculose chez un phoque (Phoca vitulina L.). Bull. Acad. Vêtér., t. XIV, 1943, p. 116. — Tuberculose et Ostéopathie hypertrophiante chez un Tapir américain (Tapirus terrestris L.). Bull. Acad. Vétér., t. XIV, 1943, p. 132. Ach. Urbain et Ed. Dechambre, Sous-Directeur. — Reproduction de la Grue antigone à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Bull. Mus., t. XV, n» 5, 1943, p. 264. Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Roth. — Septicémie à bacille du rouget chez une perruche (Paloeornis torquata L.). Bull. Acad. Vétér., t. XVI, 1943, p. 136. — 20 Ed. Dechambre, Sous-Directeur de la Ménagerie. — A propos d'une défor- mation de la face chez certains singes en captivité. Bull. Acad. Vétér., t. XVI, n° 1, 1943, p. 24. — Péritonite aiguë chez une Panthère. Ibid., p. 27. — Renversement du rectum chez un Crocodile à front relevé (Ostaolaenus tetraspis Cope). Ibid., n° 4, 1943, p. 118. — Une curieuse lésion de décubitus chez un Oryx beisa ( Oryx beisa Rupp). Ibid., n° 5, 1943, p. 139. — Du dressage à l'instinct. Bull. Soc. Nat. Acclim., Conférences 1942, p. 85. J. Nouvel, Assistant. — Coloration des bactéries à suspension dans un milieu liquide pour faciliter leur numération. C. R. Soc. Biol., t. 136, 1942, p. 795. — Quelques applications de la sulfamidothérapie. Cahiers Mèd. Vétér., t. XII, 1943, p. 52. P. Roth. — Les antagonistes de la Thyroxine dans la métamorphose des Batraciens anoures. La Diiodotyrosine, la Propionate de Testo- stérone et le Benzoate d’Oestradiol (action comparée de ces trois substances). Bull Mus., t. XIV, n° 6, 1942, p. 480. — Action antagoniste de Propionate de Testostérone dans la métamor- phose expérimentale des Batraciens anoures provoquée par la thyroxine. Bul. Mus., t. XV, n° 2, 1943, p. 99. — L’éosinophilie dans les reins des Batraciens après la métamorphose expérimentale. Bull. Soc. Zool. France, t. IyXVIII, 1943, p. 33. P. Roth et C. Desporte. — Helminthes récoltés au cours d'autopsies pratiquées sur différents mammifères morts à la Ménagerie du Muséum de Paris. Bull. Mus., t. XV, n° 3, 1943, p. 108. Zoologie : Reptiles et Poissons. D1 Jacques Pellegrin, Professeur. — Le Pr. Louis Roule. Bull. fr. Pisciculture, n° 126, 1942, p. 10. — Nécrologie. Louis Roule. Bull. Soc. Aquic., XLIX, 1942, p. 1. — Nécrologie. Pierre Chevey. Ibid., 1942, p. 4. — Réception du Dr J. Pellegrin à l’Académie des Sciences coloniales. (Allocution). Ac. Sc. col. C. R. Sciences, 19 février 1943, II, p. 85. — Petit Atlas des Poissons. Fasc. III, Poissons des eaux douces. Espèces indigènes, p. 1-57, 12 pl. couleur, dessins dans le texte. Boubée, édit., Paris, 1943. L. Bertin, Sous-Directeur. — La faune herpétologique des Iles Atlan- tiques dans ses rapports avec la paléogéographie de ces archipels. C. R. Soc. Bio géographie, 1943, XX, p. 1-3. — Revue critique des Dussumiériidés actuels et fossiles. Description d’un genre nouveau. Bull. Inst, Océanogr., 1943, n° 853, p. 1-32, f. 1. — Les Clupéiformes du Canal de Suez comparés à ceux de la Mer Rouge et de la Méditerranée. Bull. Muséum, 1943, (2), XV, p. 386-391. F. Angel, Assistant. — Sur deux lézards nouveaux de la Haute-Guinée française, appartenant aux familles des Amphisbénidés et des Gekkonidés (Matériaux de la Miss. Lamotte, au Mont Nimba en 1942) (lre note). Bull. Mus. Paris, 2e sér., t. XV, n° 4, 1943, p. 163. 21 — Description d’un nouvel Amphibien anoure, ovovivipare, de la Haute- Guinée française. (Matériaux de la Miss. Lamotte, au Mont Nimba) (2e note). 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Bull. Soc. ent. de France, n° 7, p. 102-104, fig. — Les Calathus de la Gomera (Col. Carabidae). Bull. Soc. ent. de France, n° 4, p. 53-58, fig. — Un Calathus nouveau de l’île de Gomera (Col. Carab.). Rev. fr. d’ent., t. X, fasc. I, p. 36, fig. Ch. Boursin, Assistant. — Beschreibung einer neuen Gattung aus Iran. Zeitschr. der Wiener Entom. Gesellschaft, 1943, 1 pl. (Contributions à l'étude des « Agrotidae-Trifinae », XXXII). — Uber die systematische Stellung einiger Moore-Typen aus der Samlung des Zoologischen Muséums Berlin. Ibid., 1943, 2 pl. (Contributions à l’étude des « Agrotidae-Trifinae », XXXIII). — Eine neue Diarsia Hb. aus dem pazifisch-palâarktischen Faunenkreis. Ibid., 1943, 1 pl. (Contributions à l'étude des « Agrotidae-Tri- finae », XXXIV). — Contribution à l'étude de la Faune du Caucase et de l'Arménie. (Con- tributions à l’étude des « Agrotidae-Trifinae », XXXVI). Rev. fr. d’ent., 1943, 3 pl. — Nouvelles espèces paléarctiques. (Contributions à l’étude des « Agroti- dae-Trifinae », XXXVII). Ibid., 1943, 2 pl. — et Y. de Lajonqtjière. — Sur une Conistra nouvelle de la Faune Atlanto-Méditerranéenne. (Contributions à l'étude des « Agrotidae- Trifinae », XXXV). Mémoires Muséum, nouvelle série, t. XVIII, fasc. 4, p. 161-190, 4 pl., 1943. Ed. Fleutiaux, Attaché au Muséum. — Sur certains Hemirrrhipides. I. Les Hemirrhipinae (Col. Elat.) de la région malgache. IL Descrip- tion d'un genre nouveau. III. Subdivision du genre Hemirrhipinae. Ann. Soc. ent. de France, 1942, p. 91-llfi. — Affinité entre les genres Rima et Penia (Col. Elat.) et description d’une nouvelle espèce du genre Rima. Rev. fr. d’ent., 1943, t. X, fasc. I et A, p. 39. A. Villiers, Boursier de recherches C. N. R. S. — Étude morphologique et biologique des Languriitae (Col. Erotylidae). Publ. Mus. nai. Hist. nat., 1943, 98 p., 217 fig. — Révision des genres Riaspidius Westw. et Heteropinus Bredd. (Hem. Reduviidae). Bull. Soc. ent. 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André, forme larvaire de Thrombidiidae (Acariens). Bull. Muséum, 2e sér., t. XV, p. 406. — Sur le rôle dès Acariens dulcaquicoles (Hydracariens) dans la nourriture des Poissons. Bull. Soc. centr. aquicult. et Pêche, t. L. M. Vachon, Assistant. — L’allongement des doigts des pinces au cours du développement post-embryonnaire chez Chelifer cancroides L. (Pseudoscorpions). Bull. Muséum, 2e sér., t. XV, p. 299. — et J.-M. Démangé. — Myriapodes Chilopodes des nids et des terriers récoltés en Meurthe-et-Moselle par M. R. Heim de Balsac. Bull. Muséum, 2e sér., t. XV, p. 186. J.-M. Démangé, Attaché. — Sur le développement post-embryonnaire et la chaetotaxie d ’ Hydroschendyla submarina (Grube) (Myriapodes). Bull. Muséum, 2e sér., t. XV, p. 418. F. Grandjean, Associé du Muséum, Membre de l’Institut. — La proba- bilité des organes en biologie. Bull. Muséum, 2e sér., t. 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Tixier-Durivault. — Le pigment du polypier d’un Octocoralliaire : Heliopora cærulea (Pall.). IL Ester méthylique. C.R. Soc. Chimie biol., t. XXV, ri° 1, 2, 3, 1943, p. 98. Marie Bargeton. — Modifications histologiques de la zone des gonades après la ponte chez Gryphæa angulata Lmk. Bull. biol. France et Belgique, t. LXXVII, 1943, p. 97. Anatomie comparée des Végétaux vivants et fossiles. P. Bertrand, Professeur. — Les trois aspects de la loi de récapitulation ontogénique et phylogénique chez les végétaux. Boissiera VII. Genève, mars 1943. A. Loubière, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur les subdivisions et la distribution verticale du genre Sigillaria. Bull. Mus., 2e s., t. XV. — Répartition stratigraphique des bois à structure cupressiforme. Ibid. — Aperçu sur les particularités structurales du bois secondaire des Coni- fères. Ibid., n° 5, 1943. Phanérogamie. H. 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Belval. — Sur la biologie du genre Eryngium. IL Eryngium divers. Ibid. — Remarques sur la végétation de la plage de Longchamp. in Bull. Lab. maritime Binard. — Au sujet des Spartina Towsendi sur la côte occidentale du Cotentin Ibid. 27 — Sur la pénétration des tiges souterraines des plantes psammophiles dans des organes charnus. Id. Cryptogamie. Pierre Alrorge, Professeur et L. Blaringhem. — Annales des Sciences Naturelles, Botanique et Biologie végétale, XIe série, t. IV, 1943. Roger Heim, Sous-Directeur. — Une nouvelle espèce d’Hydne charnu. Rev. Mycol., t. VIII, Suppl. n° 1, p. 10, 1943. — Un nouveau cas d’hétérosporisme chez les Inocybes. Ibid., fasc. 1-2, p. 32-49, fig., 1943. — Sur les formes primitives ou dégradées de Lactario-Russulés tropi- caux. Vol. jubilaire Prof. Dr. Hochreutiner, 12 p., fig., Genève, 1943. — Les problèmes et les méthodes de la mycologie aux colonies. Quelques problèmes scientifiques coloniaux, p. 133-158, 1943. — Revue de Mycologie, t. VIII, 1943. Robert Lami, Assistant. — Dragages algologiques dans la région de Paimpol. Bull. Labo, marit. Dinard, fasc. 25, p. 19-25, 1943. — Notules d’Algologie marine (suite), IX. Sur l’écologie et la répartition dans la Manche de Laminaria ochroleuca De La Pylaie. Ibid., p. 75- 90, 1 pl., 1943. — Jean Portier et Maurice Serpette. — Sur la constitution de la sécré- tion mucilagineuse de Closterium acerosum Schrank (Desmidiées). C. R. Acad. Sc., t. 217, p. 117-119, 26 juil. 1943. Marcel Lefèvre, Assistant. — Algues d’eau douce et zooplancton. Bull. Franç. de Piscicult., 1943. — et Jacqueline Arrêt. — Contribution à la connaissance de la Diatomée Rhizosolenia longiseta Zacharias. Bull. Mus., 2e série, t. XV, n° 6, p. 464-467, 1943. — Algues d’eau douce de l'étang de la Grande Coinche (Sologne). Bull. Soc. bot. Fr., t. 90 ; séance 8 oct. 1943. Raymond Gaume, Attaché. — - Etude sur la végétation de la forêt d’Ar- gonne. I. — La Chênaie. Bull. Soc. bot. Fr., t. 90, p. 58-62 et 76-79, 1943. Jacques Duché, Attaché. — A propos de champignons du sol. Rev. de Mycol., t. VII, fasc. 5-6, p. 101-104, 3 pl. en trichrom., 1942 (paru en 1943). Marius Chadefaud. — Les dictyosomes des Microspora et des Œdogo- nium. Bull. Soc. bot. Fr., t. 90, p. 72-74, fig. 1-4, 1943. — Sur les divers types d’éléments dangeardiens des Ascomycètes et sur la formation des asques chez la Pézize Pustularia catinus. Rev. scient., t. 81, fasc. 2, p. 77-80, fig. 1-20, 1943. — Les pigments pyrrholiques des Algues : Chlorophylles, phycochromo- protéides et cytochromes. — Quelques travaux récents sur le noyau des cellules végétales. — La mitose chez les Eugléniens. Ibid., p. 33, 328 et 443,1943. — La formation des ascospore! chez la Pézize inoperculée Mniaecia Jun~ germanniæ. Bull. Soc. bo Fr., t. 90, séance du 10 décembre 1943. Henri Romagnesi. — Quelque points de taxonomie. Bull. Sté Mycol. 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Raymond Furon, Sous-Directeur. — La Paléontologie (La Science des Fossiles, son histoire, ses enseignements, ses curiosités). 1 vol. in-8°, Bibliothèque scientifique, 291 p., 70 fig., 8 pl. hors texte, Paris, 1943 (Payot, édit.). — Formulaire technique du Géologue, 1 vol. Bibliothèque « Savoir en histoire naturelle », 213 p., 81 fig., Paris, 1943 (Lechevalier, édit.). — Manuel de Préhistoire générale (2e édit, revue et augmentée). 1 vol. in-8° Bibliothèque scientifique, 428 pages, 161 fig., 8 pl. hors-texte, Paris, 1943 (Payot, éditeur). — L’Iran. Démographie et géographie économique en rapport avec la structure géologique. Bull. Assoc. Géogr. franç., n° 151, 1943, p. 1-7. Géologie de la Guinée française. Publication Bureau Études géologiques et minières coloniales, Paris, 1943, 1 fasc. in-8°, 48 p. - * Robert Soyer, Assistant (Fondation du Département de la Seine). — Chemin de fer Métropolitain. Prolongeaient de la ligne n° 7 de la rue Pierre-Curie à la Mairie d'Ivry. Profil en long et coupes géolo- giques. Publication Service technique Métropolitain. ~ Pierre Marie, Boursier du C. N. R. S. — Rectification et remarque rela- tives au Tertiaire de l’Aquitaine. C. R. som. S. G. F., p. 95-96, 1943. — Sur la valeur des zones à petits Foraminifères dans l'Aturien des Petites-Pyrénées. Ibid., p. 110-111, 1943. — Sur la valeur stratigraphique du genre Coleites Plummer. Ibid., p. 19-21, 1943. — 31 — — A propos de la présence du genre Hantkenina dans le Nummulitique du Bassin de l’Adour. Ibid., p. 10-12, 1943. Lucien Morellet, Correspondant du Muséum. — Présence d ’Orbitolites complanatus Lk. dans le Lutétien inférieur de Grignon (Seine-et- Oise). Ibid., p. 157, 1943. — Observations à la suite d’une note de M. R. Abrard : Sur la répartition stratigraphique d ’Orbitolites complanatus Lk. Ibid., p. 179-180, 1943. André Chavan. — Observations sur la structure des côtes et sur les impres- sions musculaires des Glycymeris. Ibid., p. 90-92, 1943. 1 fig. Minéralogie. J. Orcel, Professeur,— Composition minéralogique et structure des zones cuprifères du minerai stannifère de Vaulry ; caractères du nouveau type de stannite qu’elles renferment. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. A. Lacroix, Professeur honoraire. — - Les gisements de phlogopite de Ma- dagascar et les pyroxénites qui les renferment. Ann. Géol. du Sera. Min. Tananarive, fasc. 9, 1941, 121 p., 13 pl. (arrivé à Paris 1943). — Les péridotites de la Nouvelle-Calédonie, leurs serpentines et leurs gîtes de nickel et de cobalt. Mèm. Ac. 5c., t. 66, 1942, 136 p., 13 pl. Mlle S. Caillère, Sous-Directeur, — Contribution à l’étude de l'hydro- magnésite et de quelques autres hydrocarbonates magnésiens ; l’hydrogiobertite, l 'hydrodolomite et la giorgiosite. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. P. Gaubert, Sous-Directeur honoraire. — Anneaux mobiles produits dans des gouttes liquides anisotropes de para-azoxyanisol par des subs- tances organiques possédant le pouvoir rotatoire. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. X. Doucet, Assistant. — Sur l'existence d’un gîte de wolfram à Chatelus^ le-Marcheix (Creuse). Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. Mme E. Jeremine, Maître de recherches au C. N. R. S. — Phénomènes de recristallisation et d’écrasement dans les roches gabbroïques du Pallet (Loire-Infér.). Bull. Soc. franç. Minér,, t. 66, 1943. H. Erhart, Chargé de recherches au C. N. R. S. — Les latérites du moyen Niger et leurs significations paléoclimatiques, C. R. Ac. Sc., t. 217, 1943. — Sur la nature et l'origine des sols du delta central nigérien. C. R. Ac. Sc., t. 217, 1943. • — Sur les terres à nodules calcaires et à pisolites ferrugineux du delta central du Niger. C. R. Ac. Sc., t. 217, 1943. R. Delavault, Boursier au C. N. R. S. — Action de l'acide fluorhydrique sur la muscovite. C. Rs, Ac. Sc., t. 215, 1942, p. 582. — - Formation et symétrie des figures de corrosion des micas. Su* la pos- sibilité d'une structure dans la muscovite. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. U. Dropsy, Aide-technique du C. N. R. S%— Sur des sables de la côte de - Mauritanie. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943. Physique appliquée. Y. Le Grand, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur l’aberration sphé- rique de l’œil. C. R. Acad. Sc., t. 215, 1942, p. 547. — Etudes sur la vision nocturne. Rev. d’opt., t. 21, 1942, p. 71. — et G. Colange. — Sur certaines illusions d’optique atmosphérique. Cahiers de Physique, 2e sér., n° 10, 1942, p. 66. Chimie appliquée aux Corps organiques. C. Sanniê, Professeur. — Les facteurs vitaminiques B autres que Blt B2, PP. Exposés annuels de Biochimie Médicale, 1943. M. Frèrejacque, Sous-Directeur du Laboratoire. — Présence de d-ara- bitol dans Boletus bovinus. C. R. Acad. Sciences, 1943. Mme C. Sosa-Bourdouil, Assitant. — Sur quelques anomalies carpel- laires de Soja hispida. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 90, 1943, p. 85. — Sur l’hérédité des fleurs doubles dans Matthiola. Bull. Soc. bot. 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Delepine. — Dédoublement optique du dl-p-méthoxy-phényl-1 butanol 3 et identification du stéréo-isomère 1 avec une substance d’origine végétale : le méthylbétuligénol. Farmac. Nuev., t. 8. V. Plouvier. — Sur la présence de rutoside dans les fleurs de quelques Magnolias. C. R. Ac. Sc., t. 216, 1943, p. 459. — • Sur l’étude biochimique de quelques Conifères. Bull. Sc. pharmacol., 1943. Physiologie générale. M. Fontaine, Professeur. — Des facteurs physiologiques déterminant le3 migrations reproductrices des Cyclostomes et Poissons potamo- toques. Bull. Institut Océan., n° 848, 1943. — Activités endocriniennes et sensibilités aux avitaminoses de divers types humains. Bull. Soc. Anthropol. 33 — — et 0. Callamand. — Les aspects physiologiques d’une « vie cyclique » de l’Anguille d’Europe ( Anguilla anguilla L.). Bull. Muséum, 2e sér., t. XV, 1943, p. 373. Pêches et Productions coloniales d’origine Animale. P. Budker, Assistant. — Les Possibilités de la Pêche sur la Côte Occiden- tale d’Afrique. C. R. Acad. Sc. coloniales, 1943, V, p. 353-366. P. Chabanaud, Directeur honoraire à l'Ecole pratique des Hautes Etudes. — Notules ichthyologiques. XIX. Morphologie macroscopique de l'organe nasal d ’Oxystomus serpens (L.). Bull. Muséum, 15, 1943, p. 79-81, 3 fig. — Caractères ostéologiques et répartition géographique de Téléostéens vivants et fossiles, appartenant à la famille des Soleidæ. C. R. Sommaires Soc. Biogéogr., 20, 1943, p. 39-42. — Aperçus relatifs aux Serpents venimeux des colonies françaises. C. R’ Acad. Sc. coloniales, 1943, p. 375-395. — Notules ichthyologiques. XX. L’habitat du Soléidé Pegusa lascaris (Risso) ne serait-il pas circumafricain ? — XXI. Le genre Dexillus Chabanaud. — XXII. Nouveaux genres de la famille des Soleidæ. Bull. Muséum, XV, 1943, p. 289-293. — Le frein de la thoracoptérygie et les caractères adaptatifs des Poissons de l'ordre des Scomboidea. Bull. Soc. Zool. France. — Les Poissons du gisement précolombien d'Anse-Belleville (Martinique). Note préliminaire, contenant la description d’une forme présumée inédite. Bull. Soc. Zool. France. — Description d'un nouveau Blenniidé, originaire du golfe de Californie. Bull. Muséum, 15, 1943. R. Ph. Dollfus, Directeur Adjoint à l'Ecole pratique des Hautes Etudes. — Sur un Copépode (gen. Demoleus. C. Heller) parasite d’Hexan- chus. Bull. Inst. Océanog. Monaco, n° 851, 1943, p. 1-10. — Steropus madidus (Fabricius), nouvel hôte du Gordien Gordionus violaceus (W. Baird). Bull. Soc. Entomologique de France, t. XLVIII, 1943, séance du 23-6-1943. — Theodor Pintner (1857-1942). Notice nécrologique. Ann. Parasitol. humaine et comparée. — Hyperparasitisme et Castration parasitaire par Sporozoaire chez un Cestode. C. R. Aacad. Sc., séance du 13 sept. 1943. — et J. Carayon. — Pseudione Hyndmani (Spence Bâte et J.-O. West- wood) chez Anapagurus lævis W. Thompson. 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Nat., XV, 2e sér., n° 2, p. 58. — La protection de nos cultures contre les insectes exotiques ; la police sanitaire des centres d'importation. — La Science et la Vie, mars 1943. — - Les insectes destructeurs des bois dans les habitations. Institut tech- nique du Bâtiment, 15 juin 1943, série H, n° 8. — L'œuvre scientifique de Paul Marchal. Annales Institut Nat. Agrono- mique, t. XXXIII. — Le Charançon du Riz et les légumes secs. C. R. Acad. Agric. Fr., 20 oct. 1943. — Les multiplications de Sauterelles en France en 1943. C. R. Acad. Agric. Fr., 3 nov. 1943. P. Lepesme, Assistant du Laboratoire d’Entomologie agricole coloniale de l’Ecole pratique des Hautes Etudes, J. Bourgogne, E. Caraischi, J. Ghesquière, R. Paulian et A. Villiers. — Les Insectes des Palmiers. — Les Coléoptères des denrées alimentaires et des produits industriels entreposés. Laboratoire Maritime de Dinard. E. Fischer-Piette, Directeur- Ad joint du Laboratoire. — Louis Germain (1878-1942), Bull, labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 1-5, 1943. — Remarques biologiques sur un estuaire. Ibid., p. 44-48, 1943. H. Bertrand, Chef des Travaux à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. — Récoltes de Crustacés Malacostracés et de Pycnogonides dans la rivière du Trieux. Bull. Labor. marit. Dinard , fasc. XXV, p. 6-18, 1 carte, 1943. — Observations diverses (Faune). Ibid., p. 26-36, 1943. — Captures et élevages de larves de Coléoptères aquatiques (9e note). Ann. Soc. Entom. France , vol. CXI, 1942, p. 68-74, fig. 1-8 (paru en 1943). — A propos de l’éclosion de l'œuf chez les Chrysomélides. Revue Zool. agricole et appliquée, t. XLII, n° 1-2, p. 10-11, 1943. P. Chauchard. — La teneur en oxygène dissous dans les eaux de la Rance canalisée. Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 48-59, avec graph. et tableau, 1943. P.-H. Fischer. — Observations sur les conditions de vie de Balanus balanoides dans quelques stations boréales et arctiques. Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 65-72, 1943. 35 F. Rullier. — Observations sur Mercierella enigmatica Fauvel dans la Rance canalisée. Bulh Labor. marit. Pinard, fasc. XXV, p. 36-44, 1 fig., 1943. R. Lami. — Dragages algologiques dans la région de Paimpol et du Trieux. Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 19-36, 1943. — Notules d’Algologie marine (suite). IX. Sur l’écologie et la répartition dans la Manche de Laminaria ochroleuca De la Pylaie. Ibid., p. 75- 90, 1 pl., 1943. J.-M. Tdrmel. — Remarques sur la végétation de la plage de Longchamp. Bull. Labor. Marit. Dinard, fasc. XXV, p. 59-65, 4 fig., 1943. Agronomie coloniale. Publication de la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale, t. XXIII, 1943, 368 p. Aug. Chevalier, Professeur. — L’Agriculture coloniale. Origines et évo- lution : Coll. Que Sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1942, in-12, 128 p. — et Franck Emmanuel. — Le Tabac, Ibid., 1942, in-12, 128 p. — et Pierre Senay. — Le Coton, Ibid., 1942, in-12, 128 p. — et J. Le Bras. — Le Caoutchouc. Ibid., 1943, in-12, 128 p. — et D. Normand. — Forêts vierges et Bois coloniaux. Ibid., 1943, in-12, 128 p. Aug. Chevalier. — Le Café. Ibid., 1943, in-12, 124 p. — Explorations botaniques à la recherche de nouvelles plantes à caout- chouc dans la période 1898-1914 et description d’une plante laticifère : Vilbouchevitchia atro-purpurea gen. et sp. nov., Boissiera, t. VII, p. 248-257, Genève, 1943 (travaux dédiés au Prof. B.-P.-G. Hochreutiner). " — Découverte d’une nouvelle station de Daboecia cantabrica dans la Vendée par M. et H. Botton, Bull. Soc. Bot. Fr., t. 89, 1942, p. 239-240. — Peut-on cultiver des plantes à caoutchouc en France, C. R. Acad., Agric. Fr., n° 4, 1943, p. 120-124. — Le Café de nos colonies, in Jeannel : Office de la Recherche scientifique coloniale, Conférences de mai-juillet 1943 : Quelques problèmes scientifiques coloniaux, Editions de l’Office, 1943, p. 41-55. — Le Café, son histoire et son avenir, Discours prononcé le 25 octobre 1943 à la séance annuelle des cinq Académies de l’Institut de France, Firmin Didot, édit., 1943, br. in-4°, 19 p. — Préface à l’ouvrage de A. Haudricourt et L. Hédin : L’Homme et les plantes cultivées. — Préface à l’ouvrage de M. Anne : Quelques grands amis de la terre normande. — Chesnais, Haudricourt et Peltier. — Anomalies florales provo- quées par un Puceron chez Chrysanthemum Parthenium, Bull. Mus. Hist. nat., 2* sér., t. XV, 1943 p. 444-446. Travaux de M. Aug. Chevalier parus dans la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale en 1943 : "V — 36 — * Historique de la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale, t. XXIII, p. 1-6. Les sources de documentation en Agronomie coloniale, t. XXIII, p. 6-11, 81-96. Subdivision et composition actuelle du genre Citrus, t. XXIII, p. 11-15. L'origine géographique des Aurantiacées (Agrumes) cultivées et les étapes de leur amélioration, spécialement en Indochine, t. XXIII, p. 15-25. Trois plantes de la Réunion produisant des succédanés du café, t. XXIII, p. 32-35. Les Sapotacées à graines oléagineuses et leur avenir en culture : I. Le Karité ou Arbre à beurre ; II. Sapotacées de la forêt dense de l’Ouest-africain ; III. Spotacées de l'Indochine et de l’Indo-Malai- sie ; IY. Sapotacées des régions arides, t. XXIII, p. 97-159. Les plantes coloniales utiles que l’on peut cultiver en France, t. XXIII, p. 177-196. Notes sur le Houblon, t. XXIII, p. 225-242. La sélection du Palmier à huile, t. XXIII, p. 249-255 (d'après Ferrand). Laitues, Chicorées et Pissenlits. Origine des formes cultivées, t. XXIII, p. 273-281. A propos de la nomenclature de quelques Sapotacées africaines, t. XXIII, p. 282-285. Sur quatre genres de Sapotacées de l'Afrique occidentale, t. XXIII, p. 286-294. Absinthes et Armoises cultivées, t. XXIII, p. 308-316. Taxonomie, biogéographie et sélection des Elaeis, t. XXIII, p. 295-307. Notes sur l’Anis vert et l’Anis étoilé ou Badiane, t. XXIII, p. 317-326. Plantes fourragères cultivées ou expérimentées en Allemagne encore inconnues ou rares en France, t. XXIII, p. 326-332. Ce que devrait être la production agricole coloniale de la France dans l’après-guerre, t. XXIII, p. 332-343 (d'après R. Dumont). Une utilisation originale des graines de Plantains, t. XXIII, p. 343-346. — et André Haudricourt. — Une Labiée adventice et cultivée qui se répand, t. XXIII, p. 243-246. J.-F. Leroy, Assistant. — Les Piments, Rev. Bot. Appl. et d’Agr. trop., t. XXIII, 1943, p. 196-218. André. Haudricourt, Boursier du C. N. R. S. et L. Hédin. — L’Homme et les plantes cultivées, Gallimard, 1943, in-8°, 240 p. — Solanum sarrachoides Sendt. adventice en France, Bull. Soc. Bot. Fr., t. 90, 1943, p. 89-90. — La culture du Kok-Saghyz, Rev. Bot. Appl. et d’Agr. trop., t. XXIII, p. 165-166 (d'après A. Demangeot et J. Le Conte). — La classification des Avoines cultivées en France. Ibid., p. 166-167 (d’après R. Friedberg). F. Chesnais, Boursier du Muséum. — Recherches sur l'anatomie du genre Hoplestigma Pierre, Bull. Mus. Hist. nat., 2e sér., t. XV, 1943, p. 226-230. — Anatomie du système végétatif du genre Heberhardtia H. Lee. Ibid. i 37 — — Sur la formation de la cicatrite des graines de Sapotacées, Bull. Soc. Bot. Fr. , t. 90, 1943, 5 p., 1 fig. M. Peltier, Boursier du Muséum. — Anomalies florales des Moutardes causées par les Brevicoryne Brassicæ. Rev. Bot. Appl. et d’Agr. trop., t. XXIII, 1943, p. 246-249. — Zoocécidies foliaires sur le genre Manilkara. Bull. Soc. Bot. Fr ., t. 90, 1943, 4 p., 1 fig. P. Henry, Boursier de l’Institut de Recherches pour les Huiles de Palme. — Anatomie des feuilles de VElaeis guineensis, Rev. Bot. appl. et d’Agr. trop., t. XXIII, 1943, p. 219-225. V 38 — L'Évolution de la chaire D’Ethnologie du Muséum National D’Histoire Naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mai 1943}. Par Henri Vallois, Professeur. C’est une respectable tradition que de commencer une leçon inaugurale en remerciant ceux aux votes desquels on doit sa chaire. Mes premières pqroles seront donc pour exprimer ma reconnaissance aux Professeurs du Muséum et aux Membres de l’Académie des Sciences qui ont bien voulu me faire confiance et me désigner pour la chaire d’Ethnologie. Et je tiens aussi à remercier tout particu- lièrement M. le professeur Carcopino, alors Ministre de l’Education nationale qui, en signant ma nomination, m’a permis de me consacrer définitivement à une science à laquelle je m’étais voué depuis déjà nombre d’années. Il est encore deux professeurs du Muséum, tout récemment dis- parus, dont je désire à cette occasion prononcer les noms : MM. Raoul Anthony et Marcellin Boule. Il y a plus de 30 ans que le premier m’accueillait dans son laboratoire, comme j’arrivais à Paris, jeune licencié frais émoulu de la Faculté des Sciences, attiré par le prestige qui s’attache à la maison de Cuvier. C’est R. Anthony qui m’a poussé dans la voie, alors toute nouvelle pour moi, de l’anthropologie. Nos relations, qui étaient d’abord celles de maître à élève, sont très vite devenues, malgré ou peut-être à cause de la très grande diffé- rence de nos caractères, celles d’ami à ami. Un autre prononcera ici son éloge dans quelques mois. Mais je dois dire la vive peine que j’ai à ne pas le voir parmi ceux dont j’ai maintenant l’honneur d’être le Collègue. Et c’est aussi avec un profond sentiment de regret que j’évoque la mémoire de celui qui fut mon autre maître au Muséum, le profes- seur Marcellin Boule. C’est beaucoup plus tard que je l’avais connu, à un moment où, déjà nettement orienté vers l’anthropologie, j’avais voulu approfondir la paléontologie humaine. M. Boule m’a dirigé dans cette science dont il était le maître incontesté ; il m’a pris comme collaborateur dans l’Institut qu’il dirigeait. Les nombreux contacts que j’ai eu avec lui m’ont permis d’apprécier à toute sa valeur cette profonde et puissante intelligence, aux sages avis de laquelle je n’ai jamais eu recours en vain. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. La chaire d’ Ethnologie du Muséum a ce rare privilège de provenir directement d’un des trois enseignements qui furent créés en 1635, lors de l’organisation définitive du « Jardin royal des Plantes médi- cinales ». Seize professeurs s’y sont succédés jusqu’en 1941. Durant les 306 ans que représente ce laps de temps, elle a changé plusieurs fois de nom, et ses titulaires se sont appelés tour à tour : Démonstra- teur et Opérateur des opérations pharmaceutiques, • — Professeur en Anatomie et en Chirurgie, — Professeur d’ Anatomie humaine, — Professeur d’ Histoire naturelle de l’Homme, — Professeur d’ An- thropologie, — et, finalement, Professeur d’ Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles. Son orientation, on le voit, s’est modifiée mais, très vite, elle a eu l’étude de l’Homme comme objet et, depuis, elle ne s’en est jamais départie. On peut sans peine, dans son évolution, distinguer deux grandes périodes que séparerait la date de 1838. Avant celle-ci, l’Homme y était étudié surtout à un point de vue pratique et dans sa structure anatomique. Après 1838, l’Homme y est étudié d’une façon beaucoup plus générale et le développement de la chaire se lie directement à celui de l’anthro- pologie et de l’ethnographie en France. On comprendra que je ne m’étende pas beaucoup sur la première période ; la seconde, au contraire, me retiendra, puisqu’elle me permettra de vous montrer comment s’est progressivement constituée la conception actuelle de la chaire d’ Ethnologie. Lors de sa création, en 1635, l’enseignement qui est à l’origine de celle-ci portait un nom qui ne laissait pas prévoir son futur développement. Son titulaire était en effet qualifié de « Démonstra- teur et Opérateur des Opérations pharmaceutiques ». Mais il semble que, très vite, cet enseignement ait dévié vers l’anatomie humaine. Bien qu’une preuve directe n’ait pu en être fournie, certains auteurs ont en effet écrit qu’une ordonnance royale, postérieure de quelques mois à peine à la création du poste, spécifiait déjà qu’au lieu d’en- seigner les opérations pharmaceutiques, son titulaire « ferait la démonstration oculaire et manuelle de toutes et chacune des opéra- tions de chirurgie, de quelque nature qu’elles puissent être ». Le fait a été controuvé. Il n’en reste pas moins qu’en 1718 le titre de « Professeur en Anatomie et Chirurgie » était officiellement donné à celui qui l’occupait. Il devait subsister jusqu’en 1793. Le premier démonstrateur du nouvel enseignement fut Marin Cureau de La Chambre. Il était Docteur en Médecine de la Faculté de Montpellier, titre que devaient porter après lui et jusqu’à aujour- d’hui quatre de ses successeurs. Il est assez piquant du reste de constater que, d’une façon constante, tous les titulaires de l’enseigne- 40 ment inauguré par Marin Cureau de La Chambre furent Docteurs en Médecine. Bien que nous soyons dans un Muséum d’ Histoire naturelle, un seul jusqu’ici avait eu le titre de Docteur-ès-Sciences naturelles : De Quatrefages. Encore l’obtint-il après le Doctorat en Médecine et avoir exercé la pratique médicale pendant un certain temps. L’ethnologie ne serait-elle donc qu’une branche de la Médecine rattachée par erreur aux Sciences naturelles ? Malgré l’apparence, il y aurait quelque paradoxe à le soutenir. Marin Cureau de La Chambre conserva son poste 34 ans ; si aucune trace ne nous reste de son enseignement, du moins nous a-t-il laissé quelques écrits dont l’un sur « les inondations du Nil » et un second sur « l’amour par inclination » nous montrent qu’il ne dédaignait pas de sortir du sujet de sa chaire. Mais un autre travail sur les « Caractères des passions » est illustré d’une figure représentant un vieux savant qui mesure un buste devant une tablette chargée d’autres bustes dont un de Nègre. Ainsi, déjà, l’anthropologie inté- ressait ce premier précurseur de la chaire. François Cureau devait succéder à Marin ; puis vinrent, jusqu’en 1777 : Guichard et Maurice Duverney, Hunauld, Winslow, Ferrein et Petit. La plupart de ces noms sont bien connus des anatomistes. C’est que, très vite, l’enseignement du troisième démonstrateur du Jardin royal avait constitué une véritable école qui concurrençait, et souvent victorieusement, les cours de la Faculté de Médecine. On s’y pressait pour entendre les professeurs. Dionis, qui suppléa François Cureau pendant 8 ans et y exposa la découverte, alors toute nouvelle, de la circulation du sang, avait jusqu’à 500 auditeurs. Au cours de Duverney, on compta une année 140 étrangers, et 40 Ecossais n’étaient venus à Paris que pour l’entendre. Il n’était pas jusqu’aux comédiens qui assistaient à ce cours pour prendre des leçons de diction ! Le plus grand nombre de ces savants ont laissé des traces de leurs recherches. Une ouverture de notre péritoine, en arrière de l’estomac, porte encore de nos jours le noms de Winslow. Certains amas de tubes de notre rein portent celui de Ferrein. Vicq d’AzvR, qui suppléa quelque temps Petit, a donné son nom à une des couches de notre écorce cérébrale. Enfin il ne faut pas oublier que les deux traités d’anatomie humaine qui eurent le plus de succès durant 100 ans, furent ceux de deux des démonstrateurs de la chaire : Dionis et Winslow. L’un et l’autre de ces ouvrages eurent de nombreuses éditions et furent traduits en plusieurs langues. En 1777, A. Portal était nommé professeur. Il devait le rester jusqu’en 1832, soit 55 ans. Il a, par là, établi pour cette chaire un record de durée qui n’a pas été dépassé et ne le sera sans doute pas non plus dans l’avenir. C’est sous Portal qu’en 1793, lors de la réorganisation du Muséum d’ Histoire naturelle, son enseignement — 41 fut définitivement appelé « Chaire d’ Anatomie humaine ». Son suc- cesseur ne fut cependant pas un anatomiste. Flourens, qui prit la chaire en 1832, était surtout physiologiste et quitta l’anatomie six ans plus tard, lorsque la Physiologie comparée fut devenue libre. Jusque là, on le voit, l’enseignement réalisé dans le troisième des postes de démonstrateur du Jardin royal avait bien comme sujet d’étude l’Homme, mais au point de vue à peu près exclusif de l’ana- tomie, et sans considérations d’ordre général. L’ethnologie, si elle avait pu y être enseignée, ne l’avait été que d’une façon tout à fait épisodique. C’est au point qu’en 1800 et 1801, il y eut au Muséum un cours d’ « Histoire naturelle de l’Homme », mais ce ne fut pas Portal qui le fit. C’est Lacépède, titulaire de la chaire d’ Erpé- tologie. En 1838, les choses* se présentaient différemment. Sous l’influence, semble-t-il, d’un mémoire récemment publié par Wiliam Edwards, le frère aîné d’Henri Milne-Edwards, l’intérêt commençait à se porter vers l’histoire des races humaines. On comprenait de plus en plus que l’étude de l’homme n’aurait qu’à gagner si elle était faite dans le cadre général de la zoologie. Déjà, en 1832, au moment où la chaire de Portal s’était trouvée libre, les Professeurs du Muséum avaient spécifié qu’il fallait que « cet enseignement, qu’ils considéraient « comme le pivot sur lequel roule l’ensemble de l’enseignement zoolo- « gique, soit entièrement dégagé de toute application médicale et « chirurgicale ». Flourens, l’année suivante, intitulait son cours, avec l’approbation de ses collègues « Cours d’ Anatomie et Histoire naturelle de l’Homme ». Ce n’est qu’à son départ que le titre devenait officiellement celui de la chaire, en consacrant par là la nouvelle orientation. C’est Etienne Serres qui succéda à Flourens. Il avait alors 51 ans. Médecin comme tous ses précédesseurs, il était déjà membre de l’Académie des Sciences et de celle de Médecine. Avec lui, la chaire devait nettement s’engager dans la voie qu’elle n’a plus quitté. Mais ce ne fut d’abord que d’une manière timide. Spécialisé de longue date dans l’anatomie comparée, Serres continuait à donner à cette science la majeure partie de ses efforts. Le seul travail notable qu’il ait publié sur l’Histoire naturelle de l’Homme date de 1853, 15 ans après sa nomination à la chaire et deux ans seulement avant le moment où il devait la quitter pour prendre celle d’ Anatomie comparée. Si les idées qu’il y expose sont maintenant quelque peu désuètes, il faut cependant retenir que c’est dans ce travail qu’il créa le terme de « Paléontologie humaine ». C’est là aussi qu’il exposa une conception qui, depuis lui, a fait fortune : que les événements dont une nation a été le théâtre auraient leur source principale dans la nature physique et morale des races qui les ont accomplis. Par là Serres s’est montré, sans le savoir, le précurseur de l’an- — 42 — thropo-sociologie et de la thèse que devait, l’année suivante, soutenir Gobineau. Un autre mérite de Serres est le développement qu’il a donné aux collections du Laboratoire dont il avait la charge. Plus ou moins mélangées jusque là à celles d’anatomie comparée, elles étaient encore très restreintes mais, au moment de l’arrivée de Serres, un rapport du Muséum déclarait que « le nouveau professeur serait tenu « de continuer la collection déjà commencée et de proposer à l’admi- « nistration les moyens les plus convenables pour l’entretien et l’ac- « croissement de cette collection ». Serres s’y adonna avec beaucoup d’énergie. Il fit reproduire sur vélins différents types de races humaines ; il réunit la première série connue de daguerréotypes de races. Il fit préparer de nombreux moulages 5 il rassembla des crânes et des squelettes. Il fit pratiquer des fbuilles dans les sépul- tures préhistoriques. A son départ, les séries du Laboratoire compre- naient 3.500 objets de toute nature dont 860 crânes environ. C’était la plus belle collection anthropologique de l’époque. C’est sans doute son existence qui détermina l’Assemblée des Professeurs à changer à nouveau le titre de la chaire. En 1855, elle prenait le nom de Chaire d’ Anthropologie 5 elle l’a gardé jusqu’en 1936. Deux compétiteurs se présentaient : Gratiolet et de Quatre- fages 5 c’est le second qui l’emporta. Il s’y consacra jusqu’à sa mort en 1892. C’est sans conteste à lui que la chaire d’ Anthropologie doit la réputation qu’elle a acquise en France et à l’étranger. Jean de Quatrefages de Bréau était né dans le Gard, au pied du Mont Aigoual, près de la petite ville de Valleraugue où son buste se dresse aujourd’hui. Il ne semblait pas d’abord devoir se destiner aux sciences naturelles car, étudiant à Strasbourg, il y passait, en 1829 et 1830 deux thèses de Doctorat ès-sciences mathématiques intitulées, la première « Théorie d’un coup de canon », la seconde « Du mouvement des aérolithes considérés comme des masses dissé- minées dans l’espace par l’impulsion de volcans lunaires. » Il n’avait encore que 20 ans. Mais en même temps, il étudiait la médecine et, sitôt docteur en cette discipline, se rendait à Toulouse pour exercer la pratique médicale. C’est là qu’il commença à se passionner pour les sciences naturelles. Très vite, il leur consacrait toute la partie de son temps qu’il pouvait dérober à ses exigences professionnelles. Finalement, en 1840, il abandonnait Toulouse et se rendait à Paris où il passait, à 7 jours d’intervalle, sa licence et son doctorat ès- sciences naturelles. Les recherches de Quatrefages portèrent dès lors sur la zoologie des Invertébrés et elles furent de valeur puisqu’en 1852, il était nommé membre de l’Académie des Sciences. Aucune cependant ne touchait, même de loin, à l’anthropologie. On doit donc d’autant plus » admirer la maîtrise avec laquelle, dès sa nomination au Muséum, ce savant pût s’adapter à son nouvel enseignement. Il s’y imposa comme peu ont su le faire. La charge que prenait de Quatrefages était cependant lourde. Non seulement le nouveau titre de la chaire impliquait définitive- ment sa future orientation, mais les conditions matérielles du service qui lui était légué par Serres étaient très défectueuses. Les collec- tions étaient entassées dans les petits bâtiments qui s’étendaient alors entre la maison de Cuvier et la cour de la baleine. Elles étaient très en désordre. Le laboratoire était réduit à un ancien atelier abandonné par les employés du moulage, mal clos et mal chauffé. Dédaigneux de l’anthropologie, l’aide-naturaliste du laboratoire concentrait les quelques efforts qu’il était susceptible de fournir à disséquer des serpents : c’était là, disait Serres ironiquement, le rameau erpétologique de l’anthropologie. De Quatrefages tenta en vain d’améliorer tout cela. Il ne put y réussir et ce n’est qu’en 1872 que son futur successeur, Hamy, qui venait d’être nommé aide-naturaliste, assisté lui-même de celui qui, à son tour devait lui succéder, le Dr Verneau, qui venait d’être nommé préparateur, pût définitivement organiser les collections, grâce à l’attribution à l’anthropologie d’une partie du logement de Cuvier. Mais le laboratoire proprement dit ne fut vraiment en état de fonctionner que lorsque l’anthropologie eut à sa disposition les nouveaux locaux de la rue de Buffon. Jusque là, de Quatrefages en fut réduit à travailler chez lui. Professeur d’anthropologie, et le premier semble-t-il en Europe à porter ce titre; de Quatrefages eut à cœur de définir la science qu’il avait à enseigner. L’anthropologie, dit-il, n’est qu’une branche de la zoologie et de la mammalogie en particulier ; c’est Y Histoire naturelle de l'Homme et des groupes humains. L’anatomie et la phy- siologie en constituent les bases, mais elle doit s’appuyer aussi sur les manifestations de l’intelligence, sur les mœurs, les industries et les arts, sur les langues et les croyances religieuses. Ainsi de Quatre- fages comprenait l’anthropologie dans son sens le plus vaste, et ceci correspondait bien à la conception qui était alors générale : c’était dans le même esprit que Broca fondait en 1859 une société d’anthropologie qui embrassait la totalité des caractères par lesquels se distinguent les groupes humains et que, quinze ans plus tard, le même savant créait une Ecole d’anthropologie qui comprenait des cours d’anatomie et de physiologie, de sociologie, d’ethnographie et de linguistique. L’anthropologie, c’était alors pour tous l’ Histoire naturelle de l’Homme. Le mot a par la suite dévié de ce sens et peut- être eut-il été plus sage de conserver à la chaire son titre primitif ? On ne pouvait cependant prévoir les confusions qu’il entraînerait. Ainsi compris, le domaine de l’anthropologie était extrêmement — 44 — vaste. Il ne pouvait, à lui seul, être embrassé par un seul homme et de Quatrefages dut se limiter. Gêné d’autre part par la quasi- absence de laboratoire, il se donna avant tout aux questions générales : l’origine de l’Homme, la place de l’Homme dans la nature, les grandes lois de l’évolution et des transformations des races, tels étaient les sujets qu’il devait traiter avec prédilection. Natura- liste avant tout, il s’efforçait d’appliquer à l’homme les lois qui régissent les autres organismes animaux et végétaux. Il étudiait l’influence des milieux sur le squelette, les muscles, le cerveau et les différentes parties du corps. Il indiquait comment les variations ainsi produites avaient pu donner naissance à des races. Faisant acte de précurseur dans la science qu’il enseignait, il montrait qu’un anthropologiste doit être avant tout un zoologiste. Appliquant ses idées à l’étude des origines humaines, il défendait avec grand talent deux thèses auxquelles il a attaché son nom, celle de l’unité de l’espèce humaine, et celle, corrélative à ses yeux, du règne humain : l’Homme aurait formé dans la nature un règne spécial, qui doit être ajouté aux trois règnes animal, végétal et minéral définis par Linné. On était alors à cette époque où l’Histoire naturelle allait être renouvelée par la publication du livre de Darwin. Ses profondes connaissances zoologiques rendaient de Quatrefages particulière- ment apte à comprendre les nouvelles théories. Il “ne les accepta cependant pas mais par un paradoxe curieux, lui qui a été en France un des chefs de l’école antitransformiste, a été en même temps un de ceux qui ont le plus contribué à faire connaître chez nous les idées de Darwin. Et quand l’illustre savant fut présenté pour être membre de l’Académie des Sciences, il défendit avec la plus grande énergie sa candidature. A côté de ses études générales, de Quatrefages a encore considéré plus spécialement certaines races, notamment les Polynésiens dont il a approfondi les migrations, et les races les plus inférieures en civili- sation ; mais ces travaux l’intéressaient moins et il les abandonna rapidement. Ceci n’empêche que, sous son professorat, les collec- tions s’accrurent d’une façon notable. J’ai dit qu’en 1855, elles com- prenaient 3.500 objets. Un recensement fait à l’occasion de l’expo- sition universelle de 1867 montre qu’elles s’étaient alors élevées à 4.200 dont 1.500 crânes environ. En 1892, à la mort de Quatre- fages, le nombre total des objets atteignait 22.000, dont 9.650 dans les collections publiques. La très grande majorité de ces pièces appar- tenait à l’anthropologie, mais d’importantes séries préhistoriques s’y étaient jointes. L’ethnographie par contre n’y était pas repré- sentée ; c’est, qu’entre temps, en 1877, était né le Musée du Trocadéro dont je parlerai plus loin. * 45 Lorsque de Quatrefages mourut, en 1892, Hamy, qui était son aide-naturaliste depuis 20 ans, devint sans discussion son successeur. Agé alors de 50 ans, il était déjà membre de l’Académie des Inscrip- tions et Belles- Lettres et avait derrière lui une brillante carrière. Lui aussi avait commencé par la médecine, mais concuremment à ses études médicales, il avait étudié l’anthropologie et la préhistoire et, dès qu’il eut passé sa thèse, en 1868, il avait été pris par Broca comme préparateur du Laboratoire d’ Anthropologie de l’Ecole des Hautes Etudes. L’année suivante il publiait un livre, Précis de Paléontologie humaine, qui était une remarquable mise au point de nos connaissances sur les Hommes fossiles. En 1872, de Quatrefages prenait Hamy comme aide-naturaliste. J’ai dit plus haut comment aussitôt, avec l’aide du Dr Verneau, celui-ci se consacra à l’aménagement des collections et réussit en six mois une œuvre devant laquelle avait reculé son maître. Au début, il se donna presque exclusivement à l’anthropologie. C’est à ce titre qu’il entreprit, en 1870, l’ouvrage monumental des Crania ethnica. Basé essentiellement sur les riches matériaux des séries anthropolo- giques du Muséum, cette œuvre lui prit 10 ans de travail. Elle a été publiée en collaboration avec de Quatrefages mais celui-ci reconnaît lui-même dans la préface qu’à peu de choses près, sa réalisation est toute entière due à Hamy. Il est inutile de souligner l’importance de ce livre, œuvre classique que, maintenant encore, les anthropologistes du monde entier consultent avec profit. En 1876, Hamy avait inauguré des conférences pratiques où il exposait aux voyageurs les desiderata de la science anthropologique pour les pays qu’ils allaient visiter. En même temps qu’il leur enseignait les éléments de la technique, il leur indiquait l’état de nos connaissances anthropologiques sur ce pays, suggérait les recherches qu’ils pourraient y faire, spécifiait la nature des objets à recueillir. Cette manière de faire valut au Musée de notables acquisitions. Parallèlement aux dons, de plus en plus nombreux à mesure que la réputation du laboratoire allait croissant, elles augmentaient dans d’énormes proportions les collections anthropologiques. Un recense- ment fait par Hamy en 1907 indique plus de 49.000 objets. En 50 ans, les richesses du laboratoire avaient plus que décuplé ! En 1898, les collections furent transférées dans la monumentale galerie qui venait d’être construite près de la place Valhubert. Là, elles disposaient de beaucoup plus de place et leurs belles séries anthropologiques et préhistoriques pouvaient être mieux mises en valeur. Mais il y avait aussi des inconvénients qui furent plus d’une fois soulignés par Hamy. D’abord l’éloignement de la galerie du laboratoire d’anthropologie, ce qui rendait le travail très difficile. Puis, dans son nouveau local, l’anthropologie faisait figure de parent pauvre à côté des deux belles salles dévolues à l’anatomie comparée et à la paléontologie : presque toutes les collections étaient disposées autour d’un balcon, en séries linéaires qui ne permettaient pas de faire ressortir leurs diverses affinités. Il n’y avait pas de place pour présenter des pièces horizontales ; pas ou pour ainsi dire pas de sur- faces murales pour exposer des panneaux verticaux. S’il y avait un progrès incontestable par rapport aux anciens locaux de la cour de la baleine, on était loin encore d’une solution satisfaisante. Quand fut effectué ce transfert, Hamy dirigeait du reste la majeure partie de son activité d’un autre côté. Frappé, dès son entrée au Muséum, de ce que seules l’anthropologie et la préhistoire étaient représentées dans les collections du Laboratoire, il avait voulu déve- lopper parallèlement l’ethnographie. C’est grâce à ses efforts et à son infatigable persévérance que fut fondé en 1879, avec l’appui de son maître de Quatrefages, le Musée d’ethnographie dit du Tro- cadéro dont il devenait aussitôt le directeur. Je reviendrai plus loin sur l’origine et l’histoire de ce Musée dont, en dépit de difficultés sans nombre, Hamy sut assurer le splendide développement. La nécessité d’étudier les collections qui affluaient dans le nouveau Musée détourna peu à peu Hamy des recherches anthropologiques. Progressivement, ses travaux se dirigeaient vers l’ethnographie. C’est dans cet esprit qu’il fonda, en 1882, une Revue d' Ethnographie, qui parut jusqu’en 1889. Elle devait fusionner à cette date avec les Matériaux pour VHistoire générale et naturelle de V' Homme , dirigés par le préhistorien Cartailhac, et la Revue d1 Anthropologie, dirigée par Topinard : de cette union sortit le périodique U Anthropologie, dont Hamy était un des trois directeurs. Agé seulement de 66 ans, encore en pleine activité intellectuelle, Hamy disparut brusquement le 18 novembre 1908. La liste de ses travaux se montait alors à plus de 1.200, qui touchaient à toutes les branchés de l’ethnologie et s’étendaient même à des sciences voisines, principalement l’histoire de la géographie et celle du Muséum. L’énorme labeur de ce savant avait largement ajouté au prestige que possédait déjà la chaire d’anthropologie. En 1909, René Verne au lui succédait. Elève et ami d’Ernest Hamy, j’ai dit qu’il était entré presque en même temps que lui au Muséum en 1873 ; il est resté professeur jusqu’à sa retraite, en 1928 : il a donc été attaché au laboratoire d’anthropologie pendant 54 ans. Le souvenir de ce maître, qui ne s’est éteint qu’il y a cinq ans, est certainement présent à la mémoire de beaucoup d’entre vous. Les circonstances ont fait que sa vie et ses travaux n’ont pu être retracés dans cet amphithéâtre. Vous me permettrez de développer un peu plus longuement ce qui a trait à sa personne. Né le 23 avril 1852 à La Chapelle-sur-Loire, en Touraine, René Verneau venait faire à Paris en 1869, ses études de médecine ; — 47 — externe des hôpitaux l’année suivante, il préparait déjà le concours d’internat quand un événement survint qui allait l’orienter dans une voie nouvelle. Dès le début de ses études médicales, M. Verneau avait suivi le cours libre que professait alors Hamy à la Sorbonne, sur l’anthropo- logie préhistorique. Séduit par cette science nouvelle, il se fit pré- senter à Broca qui l’accueillit dans son laboratoire. Il suivit aussi les leçons de de Quatrefages au Muséum d’Histoire naturelle. Ce savant remarqua son jeune auditeur et l’assiduité avec laquelle il prenait des notes. La place de préparateur dans son laboratoire étant devenue libre en 1873, il l’offrit à Verneau qui accepta sans hésiter. Nommé le 24 octobre de la même année, celui-ci faisait par là, son entrée dans le grand établissement scientifique où il devait rester jusqu’à 75 ans. Le 1er juin 1892, il était nommé assistant. En 1907, Hamy lui abandonnait la direction du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro. Le 30 avril 1909 enfin, il succédait à celui-ci dans la chaire d’ Anthropologie du Muséum. Il a occupé celle-ci jusqu’à sa retraite en 1927 et, conjointement pendant toute cette période, il a dirigé le Musée du Trocadéro. Mais ces fonctions ne sont pas les seules qu’a accomplies ce savant. Sa profonde érudition, l’aisance de son élocution l’avaient désigné à maintes reprises pour occuper des postes où il pouvait exposer les diverses disciplines qui ressortent de l’anthropologie. Nommé en 1879 professeur d’anthropologie à l’association polytechnique, il contribua largement par ses premiers cours à répandre dans le grand public les connaissances, alors toutes nouvelles, sur l’origine, le passé et le présent de l’humanité. En 1892, le Conseil municipal de Paris créa un enseignement populaire supérieur. Une chaire avait été réservée à l’anthropologie, qui fut attribuée à M. Verneau. Pendant 10 ans, il l’occupa avec un succès qui témoigne de l’intérêt qu’il avait suscité chez ses auditeurs : certains jours, il lui arriva d’en avoir plus de 2.000 ! En 1892 également, il avait été nommé professeur à l’Ecole coloniale et y inaugurait un enseignement sur l’anthropologie et l’ethnographie des colonies françaises. En 1905, il avait été chargé de conférences sur la paléontologie humaine à l’Ecole d’ Anthropologie de Paris. En 1922 enfin, il avait été nommé professeur d’ Anthropologie préhistorique à l’ Institut de Paléontologie humaine et, malgré son âge, il a assuré régulière- ment cette fonction jusqu’à sa mort. Comme pour ses deux prédécesseurs, l’activité scientifique de M. Verneau s’est portée vers toutes les branches de l’anthropologie, mais avec une prédilection manifeste pour l’anthropologie physique. La liste de ses publications se monte à plus de 300. Certaines sont des ouvrages de vulgarisation car M. Verneau était de ceux qui estiment que le rôle du professeur n’est pas seulement d’approfondir et de chercher à résoudre les problèmes de la science 5 il doit en faire connaître au grand public les données essentielles. A ce point de vue, son rôle dans la divulgation en France de l’anthropologie a été très grand. Le premier mémoire de M. Verne au est sa thèse sur les caractères raciaux du bassin. Couronnée par la Faculté de Médecine et la Société d’anthropologie de Paris, cette œuvre de début, qui lui avait coûté deux ans de recherches, montrait déjà les qualités de méthode et de clarté qui marquent tous ses ouvrages. C’était le premier travail complet publié sur l’anthropologie de cette partie du sque- lette. Le meilleur éloge qu’on puisse en faire est de constater, qu’a- près 68 ans, ses conclusions sont restées classiques. Peu après sa nomination au Muséum, M. Verneau avait été envoyé en mission aux îles Canaries. Il y séjournait en 1877 et 1878, puis de 1884 à 1887. Durant ces cinq ans, il visitait toutes les îles, dépouillait les documents historiques sur leur peuplement, explorait les grottes funéraires et fouillait les tumulus, étudiait les vestiges archéologiques laissés par les anciens Guanches, notait les mœurs et les coutumes des habitants actuels, collectait pour le Muséum d’importantes séries de squelettes et de documents ethnographiques. Il a ainsi accumulé une masse de matériaux grâce auxquels, dans une série de mémoires, il a analysé d’une façon magistrale, le problème de l’origine des Guanches. Reprenant l’hypothèse émise par de Quatrefages et Hamy, il a démontré l’étroite ressemblance entre les vrais Guanches et les Hommes de Cro-Magnon de l’âge de la Pierre taillée. Certes il y a eu, par la suite, apport d’autres races, mais le fait de la persistance aux Canaries d’un très vieux stock paléoli- thique est une notion fondamentale auxquelles ses recherches sont les premières à avoir fourni une base solide. Malgré l’importance des résultats auxquels il était ainsi arrivé, M. Verneau estimait que la question n’était pas encore épuisée. Dès que sa retraite l’eut dégagé des obligations de sa chaire au Muséum, et bien qu’il fut alors âgé de 75 ans, il retournait aux Canaries pour étudier les nombreuses séries ostéologiques recueillies depuis ses deux voyages. Son plus vif désir était de pouvoir, malgré sa santé défaillante, terminer la large synthèse qu’il voulait écrire sur un problème auquel il n’avait cessé de penser durant 60 ans. Huit jours avant sa mort, il travaillait encore au mémoire qu’il lui avait con- sacré et dont il avait rédigé près de 300 pages. Un autre groupe de recherches a contribué à rendre célèbre le nom de M. Verneau, celui sur les Hommes fossiles des grottes de Menton. Chargé par le Ministère de l’Instruction publique, en 1892, d’exami- ner les squelettes paléolithiques trouvés dans la Barma Grande, il les rattachait à la race de Cro-Magnon. Quand, en 1902, les belles fouilles — 49 du Prince de Monaco exhumèrent, dans une grotte voisine, de nou- veaux squelettes, c’est à M. Verneau qu’en fut confiée l’étude. Celle-ci lui permit de constater, sur deux sujets, des caractéristiques négritiques assez prononcées pour qu’il se crût autorisé à décrire une forme nouvelle, la « race de Grimaldi ». A la suite de recherches poursuivies en Italie, en Suisse, et dans la vallée du Rhône, il con- cluait que ce type existe encore au Néolithique et qu’il a joué un rôle dans le peuplement ancien de l’Europe occidentale. Le nom de M. Verneau est resté attaché à cette importante découverte. Il serait trop long de résumer les nombreuses autres recherches de M. Verneau. J’indiquerai seulement que tout un groupe concerne l’étude des races néolithiques de la France. D’autres envisagent les races des colonies françaises et des pays avoisinants, toutes contrées dont il a examiné de nombreuses séries : Négrilles, Noirs de l’Afrique occidentale et de la région du Tchad, Marocains, Ethiopiens, Mal- gaches, Birmans, Indochinois, etc. C’est au cours de ces études, entre autres, qu’il a, le premier, signalé l’existence en Indochine d’un élément indonésien. Il faut aussi faire une place à part à ses belles recherches sur les anciens Patagons, auxquels il a consacré un gros volume, et à ses études sur l’ethnographie de divers peuples de l’Afrique et de l’Amérique, et sur l’archéologie préhistorique de plusieurs régions. Pour terminer ce court exposé d’une œuvre qui fut nombreuse et diverse, je mentionnerai le volumineux traité sur les Races et Coutumes de V Humanité, que publia M. Verneau à 79 ans et qui a déjà dû être plusieurs fois réimprimé, ainsi que l’importante contri- bution, près de 3.600 articles, qu’il donnait l’année suivante au Dictionnaire Larousse. Enfin, en 1894, il avait succédé à Hamy comme rédacteur de la revue U Anthropologie. En collaboration avec le professeur Boule, il dirigea jusqu’en 1930 cet important périodique dans lequel il était chargé de l’anthropologie physique et de l’ethnographie. Durant les 36 ans dont il en a été le rédacteur en chef, il y a écrit plusieurs centaines d’analyses critiques et de nouvelles, et publié près de cinquante mémoires. Dirigeant à la fois le Musée du Trocadéro et le Laboratoire d’ An- thropologie du Muséum, M. Verneau avait à s’occuper des collec- tions. Nous avons vu que, dès 1873, il avait aidé Hamy à classer le vieux fond des galeries de la cour de la baleine. En 1898, il prit une part importante au rangement des séries anthropologiques de la nouvelle galerie de la place Valhubert. Dès qu’il fut professeur, il s’efforça de développer les collections dont il avait la garde. Mais si, au Muséum même, il put le faire en toute facilité, l’accroissement des collections ethnographiques se heurta à des obstacles contre lesquels il dut souvent lutter. A maintes reprises, dans ses conversa- BuUetin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. 4 tions et dans ses articles, il s’éleva contre les entraves qui bridaient l’expansion du beau Musée fondé par Hamy. Durant ses dernières années, M. Verneau eut plus particulière- ment à souffrir de la maladie à laquelle il devait succomber. Sa volonté était cependant plus forte que le mal et, en dépit de la dou- leur, il continuait à travailler. Ce savant qui, depuis le moment où il était entré au Collège, n’avait pour ainsi dire pas pris une minute de repos, qui à 85 ans, écrivait d’une plume aussi alerte que jamais, les chapitres de son mémoire sur les Guanches, ne devait être arrêté que par la mort. En 1928, le professeur Rivet succédait à M. Verneau. Je n’ai pas à vous tracer le portrait de celui qui, pendant treize ans, s’est dépensé sans compter pour cette chaire, et à la tenace volonté duquel elle doit les profondes transformations qu’elle a subies. Je n’ai pas non plus à vous parler d’une œuvre scientifique' dont il faut espérer que le cours est loin d’être terminé. Ce que je désire vous montrer, c’est l’impulsion qu’a imprimé M. Rivet à la chaire d’anthropologie du Muséum, et ses répercussions sur l’évolution de l’Ethnologie à Paris. Quelques mois à peine avant la nomination de M. Rivet, un fait nouveau et très important venait de se produire : le Musée d’Ethno- graphie du Trocadéro avait été rattaché au Muséum d’ Histoire naturelle, et plus spécialement à la chaire d’anthropologie. J’ai déjà, à plusieurs reprises, mentionné ce musée qui, bien que dirigé auto- matiquement par le professeur d’anthropologie, était néanmoins indépendant du Muséum. Je retracerai maintenant son histoire. L’origine du Musée d’Ethnographie a été longuement exposée par Hamy. Un fait avait péniblement étonné ce savant : c’est, qu’alors qu’un grand nombre de musées de province avaient des salles con- sacrées à l’ethnographie, qu’à l’étranger de larges et beaux musées lui étaient dévolus, il n’y avait rien de pareil à Paris. Les collections rapportées par les voyageurs étaient dispersées soit dans le Musée de la Marine, soit dans celui de Saint-Germain, ou encore à la Biblio- thèque nationale, dans celle de l’Arsenal, au Musée algérien, ou dans différents laboratoires du Muséum. A plusieurs reprises, on avait essayé de les réunir en un Musée unique. Toutes ces tentatives avaient échoué. La chose était d’autant plus regrettable qu’avec l’extension de nos colonies et la multiplication des missions en pays étranger, le nombre de collections ethnographiques apportées en France croissait cKaque année ; les caisses s’accumulaient dans les magasins du Ministère de l’Instruction publique sans qu’on sût que faire de leur contenu. Le besoin s’imposait d’un organisme dont ce serait le rôle de les recevoir. Hamy s’y employa de toutes ses forces. En 1877, un arrêté minis- 51 tériel décidait enfin la création d’un Musée d’Ethnographie. Mais où placer celui-ci ? La commission nommée à cet effet hésita longtemps. La galerie des machines qui s’élevait alors au Champ de Mars paraissait indiquée. Mais son aménagement aurait coûté trop cher. On se décida finalement, malgré l’avis des architectes compétents, pour le Trocadéro, dont le nouveau Musée occuperait les salles et galeries de la partie centrale. Dans les délais prévus, Hamy se mit à l’œuvre. En 1880, le Musée était inauguré ; dépendant directement du Ministère, il disposait d’un crédit matériel de 8.500 francs et son personnel comprenait deux conservateurs, cinq gardiens et un mouleur. Les collections se montaient déjà à 6.000 pièces. Sous l’énergique impulsion d’HAMY, leur accroissement fut rapide. Peu après la mort de ce savant, en 1910, il y avait 75.000 pièces ; en 1920, M. Verne au en dénombrait plus de 100.000. De splendides séries furent offertes au Musée, qui le classaient très vite parmi les plus riches du monde. Mais si, de ce côté, ses deux directeurs suc- cessifs avaient la joie de voir leurs efforts récompensés par l’afflux des dons, ils eurent, en contre-partie, à soutenir une lutte très dure contre les obstacles administratifs et financiers. Le palais du Trocadéro n’avait pas été créé pour être un Musée. Mal éclairé et mal chauffé, il ne se prêtait guère à l’exposition des collections. Très vite, les salles furent envahies, et on dut mettre des vitrines sur les paliers privés de lumière Puis, on déborda sur la galerie demi-circulaire placée en avant de la salle des fêtes et on y plaça les collections d’Asie. Mais les baies de cette galerie n’étaient pas vitrées : malgré les demandes réitérées des conservateurs, on ne put obtenir la pose de fenêtres. Les objets se détériorèrent à tel point qu’en 1890 il fallut se décider à supprimer les collections qui y étaient contenues : elles furent transférées au Musée Guimet et dans divers musées de province, mesure regrettable qui fit que, dès lors, l’ethnographie de l’Asie a été exclue du Musée ! Le seul agrandisse- ment qu’en 40 ans put obtenir celui-ci fut l’aménagement de deux nouvelles salles dans les combles du palais. Il était bien insuffisant puisque les collections, elles, étaient devenues plus de 15 fois plus nombreuses. Une situation plus tragique encore venait de l’exiguité des crédits. Non seulement la dotation annuelle primitive de 8.500 francs n’avait pas été augmentée, mais elle était progressivement tombée à 3.500 francs, dont 200 francs seulement pour l’accroissement des collections ! Pour organiser et entretenir leur Musée, Hamy et Verneau furent obligés de faire des prodiges, comme par exemple d’utiliser les planches des caisses dans lesquelles parvenaient .les objets, pour fabriquer sur place les vitrines qui pourraient les recevoir. De tels meubles improvisés ne préservaient guère les col- lections de la poussière et des insectes. Le défaut de personnel était aussi manifeste, et les travaux d’étiquetage des objets, de leur net- toyage périodique, de surveillance des plus périssables, étaient impossibles à effectuer. Une Société des Amis du Musée du Tro- cadéro avait, sous l’inspiration du professeur Verneau, été fondée en 1914 ; mais, si elle a apporté quelque aide pour l’accroissement des collections, elle ne pouvait remédier à l’accumulation de celles-ci dans des vitrines trop étroites, à l’absence de bureaux et de salles de travail, bref à tous les inconvénients résultant de l’abandon dans lequel le Ministère laissait le Musée. Une réorganisation, voire une refonte totale, s’imposait. C’est à cette tâche urgente que se consacra d’abord M. Rivet. Il put le faire avec d’autant plus de force que le rattachement du Musée au Muséum d’Histoire naturelle lui permettait de s’appuyer sur l’auto- rité de ce grand organisme scientifique. Il sut montrer à ceux qui en étaient responsables la nécessité d’une transformation nécessaire au prestige* de notre pays, et obtenir d’eux les crédits indispensables. Une forte subvention votée par le Parlement sur le projet d’outillage national de 1931, l’aide effective du Musée des Colonies, l’appui financier de la Société des Amis du Musée du Trocadéro réorganisée, l’assistance directe du Muséum qui consentit de nombreux sacrifices pour le nouveau Musée, venaient s’ajouter à ceux-ci. Grâce à tous ces concours, grâce aussi à l’aide désintéressée de collaborateurs dont il avait su susciter l’enthousiasme, M. Rivet réussit, là où Hamy avait fini par se décourager et où les efforts de Verneau étaient toujours restés vains. Vous savez quel fut le résultat de cette première entreprise. En moins de quatre ans, le Musée d’Ethnographie était totalement transformé ; des salles nouvelles étaient ouvertes, des vitrines modernes remplaçaient les vieux meubles désuets ; des ateliers, une bibliothèque, une phototèque, étaient instaurés. Une réorganisation complète des collections était entreprise, leur placement dans les vitrines fait suivant les conceptions les plus modernes, et le classe- ment des objets établi suivant une technique rigoureusement définie. Le chauffage et l’éclairage étaient installés. Six techniciens ou gardiens nouveaux étaient affectés au Musée. Les crédits enfin permettaient à celui-ci de tenir son rang et d’organiser des expédi- tions qui devaient être pour lui une source sans pareille d’enrichisse- ment. En 1935, le Musée était non seulement devenu un des établisse- ment les plus populaires de Paris, mais le plus moderne et le plus au point de tous les Musées d’Ethnographie du monde. 150.000 objets s’y trouvaient réunis, dont 30.000 déjà avaient été remis en état et pourvus d’une fiche individuelle. Cette complète réorganisation ne suffisait cependant pas. Partie intégrale de la chaire d’Anthropologie du Muséum, le Musée d’Ethno- — 53 — graphie était très éloigné du laboratoire de la rue de Buffon. On a vu d’autre part, que les collections ostéologiques et archéologiques de celui-ci étaient elles-mêmes à distance de ce laboratoire, état de choses dont Hamy s’était plaint à maintes reprises. La concentration de l’Ethnologie dans un même local représentait la solution idéale. Elle semblait irréalisable lorsque l’Exposition internationale de 1937 offrit une occasion inattendue : la démolition du vieux palais du Trocadéro et son remplacement par de nouveaux bâtiments, mieux adaptés à leur destination. Ceci impliquait la destruction du Musée auquel M. Rivet et ses collaborateurs venaient de consacrer tant d’efforts. Le sacrifice était lourd. Mais en échange, on obtenait de nouveaux locaux, corres- pondant étroitement au but qu’on attendait d’eux et suffisamment vastes pour loger non seulement ce qui avait été le Musée d’ Ethno- graphie, mais encore le laboratoire et les collections d’anthropologie et de préhistoire. C’est de cette réunion que naquit le Musée de V Homme, organisme de synthèse qui groupait pour la première fois en un même bloc les trois grandes disciplines que l’on réunit mainte- nant sous le nom de Sciences de l’Homme : l’Anthropologie physique, l’Ethnographie et la Préhistoire. Cette réunion répondait à ce qui avait toujoùrs été l’esprit de la chaire. Pour qu’aucun doute ne sub- siste, le nom de celle-ci était une nouvelle fois changé et elle devenait Chaire d' Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles. Mais pas plus que le précédent, ce nouveau titre ne modifiait sa destina- tion : elle restait ce qu’elle était effectivement depuis Serres, une chaire d 'Histoire naturelle de l'Homme. Je ne veux pas insister sur un passé tout récent, sur le travail énorme qu’a représenté l’installation du nouveau Musée, sur la richesse de ses collections, qui comprennent plus de 200.000 objets dont le classement et l’étude se poursuivent sans arrêt, sur l’impor- tance de ses laboratoires et des services techniques et scientifiques qui leur sont annexés. Il me semble plus indiqué de jeter un coup d’œil sur la réalisation qu’il représente et sur sa valeur dans le cadre global de l’ethnologie. La conception réalisée par le Musée de l’Homme a été parfois critiquée. On lui areproché de grouper artificiellement dans une même maison des sciences totalement différentes. On a déclaré que, si l’appartenance de l’anthropologie proprement dite aux sciences naturelles ne pouvait faire de doute, il en était autrement de l’eth- nographie, qui relève plus des sciences morales, comme de la pré- histoire, dont le nom même indique qu’elle se place à la base des sciences historiques : la réunion de ces trois disciplines sous le cou- vert des sciences naturelles ne pourrait se faire qu’au détriment des deux dernières. S’appuyant sur ce raisonnement, on a proposé de — 54 — dissocier l’œuvre de synthèse qui venait d’être si laborieusement réalisée. Une telle conception peut-elle se soutenir ? Bien qu’elle n’ait jamais eu que peu d’adeptes, elle mérite d’être examinée car c’est de son acceptation ou de son rejet que dépendra l’évolution ultérieure de la chaire. Je noterai d’abord l’artifice qu’il y a à vouloir séparer complète- ment des sciences sous prétexte qu’elles appartiennent à des groupes généraux différents. Chacun sait l’arbitraire de nos classifications et qu’il est des disciplines qui, par leur nature même, sont en quelque sorte intermédiaires entre des catégories voisines. La géographie, qui est chez nous du domaine de la Faculté des Lettres, est, dans d’au- tres pays, de celui de la Faculté des Sciences. La psychologie animale relève autant du zoologiste que du philosophe et les géologues, qui sont des naturalistes, disputent la minéralogie aux physiciens. Vouloir dissocier les trois sciences qui étudient les groupes humains sous le seul prétexte que l’une est une science naturelle, la seconde une science morale, la troisième une science historique, est illogique car- ce sont là trois faces d’une même entité qu’elles se partagent. D’ailleurs la base même de l’argumentation invoquée est-elle exacte ? Jusqu’à quel point le fait de la race n’agit-il pas sur les mœurs ? Et une très importante partie de la préhistoire n’est-elle pas du domaine direct de la géologie et de la paléontologie ? Avant de tirer des conclusions, il faudrait prouver les affirmations émises à priori. Cela n’a pas encore été fait. Toute l’histoire de l’ethnologie est d’ailleurs une réponse aux critiques ainsi formulées. Non seulement la chaire du Muséum s’est vouée, dès qu’elle s’est dégagée des applications médicales, à l’étude de l’Homme dans ses diverses manifestations, mais il en est de même des organismes parallèles existant en France : l’Ecole d’Anthropolo- gie de Paris étudie côte à côte l’anthropologie physique, l’ethnogra- phie et la préhistoire ; les deux grandes sociétés que sont celle d’ An- thropologie de Paris et l’Institut français d’ Anthropologie ont les mêmes objectifs, et les diverses revues françaises dédiées à l’Anthro- pologie traitent, elles aussi, de l’Homme sous toutes ses faces. Cette juxtaposition se retrouve en maints pays étrangers où les Musées d’anthropologie, d’ethnographie et de préhistoire sont jumelés, où les mêmes congrès et les mêmes sociétés savantes discutent parallèle- ment des trois disciplines, où les mêmes périodiques acceptent des mémoires relevant des unes et des autres. Il suffit du reste de considérer le Musée de l’Homme pour se rendre compte à quel degré, du point de vue pratique, l’union ainsi effectuée a été profitable à toutes : la communauté des services techniques, la concentration en une seule bibliothèque et une seule photothèque de tous les matériaux de documentation, simplifient à la fois le j. — 55 — travail de muséologie et la recherche scientifique. Leur dissociation ferait beaucoup plus perdre à chacune des sciences qu’elle ne leur ferait gagner. Et la faveur dont jouit auprès du public le Musée de l’Homme, dans la formule selon laquelle il a été réalisé par le pro- fesseur Rivet, constitue déjà, à elle seule, le meilleur des referendums. A tous ces arguments, faut-il encore ajouter que la séparation demandée par quelques-uns ne serait pas une nouveauté, mais un retour à ce qui s’était passé entre 1877 et 1928, période où nous avons vu que le Musée d’ Ethnographie était indépendant du Laboratoire d’ Anthropologie ? J’ai signalé les difficultés de tout ordre qui avaient alors entravé son fonctionnement. C’est son rattachement au Muséum d’Histoire naturelle qui a été à l’origine de son admirable développement. Après les résultats qu’il a donné, revenir à l’état de choses antérieur serait un véritable non-sens. Il paraît donc logique de maintenir la chaire d’Ethnologie dans la direction qu’elle a toujours suivie jusqu’ici. Mais, pour que cette direction reste conforme à son programme, il faut que chacune des disciplines qu’elle embrasse puisse se développer librement, et qu’il y ait entre elles équilibre. Or, la concentration réalisée au Musée de l’Homme est récente et les tragiques événements de 1939 ont empêché certains aervices de s’étendre comme ils l’auraient dû. Si les moyens d’action donnés à l’ethnographie et l’énergique impulsion qu’elle a subie, assurent pour de longues années son essor, si la préhistoire, longtemps négligée elle aussi, a pris maintenant, dans le nouvel organisme, l’autonomie qu’elle mérite, l’anthropologie physique n’a pas une place en rapport avec son importance primordiale. Le fait est d’autant plus regrettable que les collections du Musée de l’Homme en cette matière comptent parmi les plus belles du monde et que le rôle de l’ancien Laboratoire d’ Anthropologie du Muséum y a toujours été de premier plan. Tout en coordonnant les efforts accomplis dans les divers labora- toires de la Chaire et en assurant entre eux la liaison nécessaire, la tâche immédiate du professeur d’Ethnologie doit donc être, semble- t-il, de rendre ici à l’anthropologie physique la place qu’elle doit avoir parmi les Sciences de l’Homme. Ainsi sera réalisé un équilibre grâce auquel le Musée de l’Homme pourra mieux prétendre au but que s’était proposé son fondateur : être un organisme où races et peuples sont étudiés parallèlement, dans leur structure physique et dans leurs manifestations intellectuelles. * — 56 Rapport sur la Mortalité et la Natalité enregis- trées au Parc zoologique du bois de Vincennes en 1943. Par Ach. Urbain, P. Bullier et J. Nouvel. A. — MORTALITÉ I. — Mammifères. Le nombre total de mammifères morts pendant l’année est de 74, il comprend 47 adultes et 27 jeunes animaux nés au Parc. La répar- tition de la mortalité dans le temps est exprimée par le graphique ci-dessous, qui accuse un maximum en avril. JFMAMJJASOND Portions pleines : mortalité adultes. Portions claires : mortalité jeunes. La liste des morts, établie selon l’ordre zoologique, est la sui- vante : Ordre des Primates. v Famille des Anthropoïdés. 1 Chimpanzé (Pan satyrus (L.)). Famille des Cercopithécidés. 1 Cercopithèque de Brazza, ( Cercopithecus neglectus Schlegel). Bulletin du Muséum, 2e Bérie, t. XVI, n° 1, 1944. 57 1 Cercopithèque mône ( Cercopithecus mono (Schreber)). 1 Cercopithèque moustac ( Cercopithecus cephus (L.)). 1 Magot (Macaca sylvanus (L.)). Famille des Papioldés. 4 Babouins (Papio papio Desm.). Ordre des Carnivores. Famille des Canidés. 1 Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides (Gray)). Famille des Félidés. 3 Lions (F élis leo L.). 1 Guépard (Acinonyx jubatus (Schreber)). 1 Tigre (F élis tigris L.). 1 Puma ( Puma concolor (L.)). Famille des Ursidés. 2 Ours bruns ( Ursus arctos L.). Ordre des Ongulés. Famille des Suidés. 1 Sanglier d’Europe (Sus scrofa L.). 4 Sangliers d’Indo-Chine (Sus cristatus Wagner). 1 Phacochère ( Phacochserus æthiopicus Pallas). Famille des Bovidés. 3 1 Bison d’Amérique ( Bison bison L.). 1 Gayal (Bibos frontalis Lambert). 6 Chèvres naines d’Afrique. 1 Mouflon de Corse (Ovis musimon (Pallas)). 1 Mouflon à manchettes (Ammotragus lervia (Pallas)). 1 Guib harnaché (Tragelaphus scriptus (Pallas)). 1 Gnou à queue blanche ( Connochætes gnu Zimm.). 2 Gazelles cervicapres ( Antilope cervicapra Pallas). 3 Gazelles de Perse ( Gazella subgutturosa Guld). 1 Cobe defassa ( Kobus defassa (Ruppel)). Famille des Camélidés. 4 Lama (Lama glama glama (L.)). 1 Vigogne (Lama glama vicugna (Molina)). 1 Alpaca (Lama glama pacos Gray). Famille des Cervidés. 1 Daim ( Dama dama (L.)). 1 Muntjac (Muntiacus muntjac Zimm.). — 58 — Si l’on classe maintenant ces 47 animaux selon la cause de leur mort, les quelques rubriques principales suivantes se détachent : Contusions graves : 14 cas : 1 Babouin, 1 Ours brun, 1 Sanglier d’Europe, 1 Gayal, 4 Chèvres naines, 1 Mouflon de Corse, 1 Mouflon à manchettes, 1 Guib harnaché, 1 Gervicapre et une Vigogne. Tuberculose : 13 cas : 3 Cercopithèques, 2 Lions, 1 Tigre, 3 San- gliers d’Indo-chine, 1 Phacochère, 1 Bison d’Amérique, 1 Gnou à queue blanche, 1 Cobe defassa. Autres maladies microbiennes ou virulentes : 3 cas : 2 Babouins, de Pseudotuberculose; 1 Lionceau, de typhus des carnassiers de ména- gerie. Maladies parasitaires : 2 cas (1 Babouin, distomes, 1 Puma, asca- ridose et teniasis). Affections diverses : 15 cas comprenant : 6 altérations de l’appareil digestif : 1 carie dentaire avec nécrose du maxillaire (Magot), 2 indigestions gastriques (Chèvre naine et Gazelle de Perse), 1 entérite (Sanglier d’Indochine), 1 nécrose du foie (Guépard), 1 péritonite (Chèvre naine). 3 lésions du système nerveux : 1 Hémorragie méningée (Chim- panzé), 1 Kyste de l’encéphale (Lama), 1 Paraplégie (Chien viverrin). 2 lésions de l’appareil circulatoire : 1 myocardite chronique (Alpaca), 1 rupture d’anévrisme de l’artère iliaque interne (Gazelle de Perse). 1 affection de l’appareil respiratoire : pleurésie (Ours brun). 1 affection de l’appareil génital : metro-péritonite (Gazelle cervi- capre). La mortalité des jeunes intéresse les espèces suivantes : 1 Babouin ( Papio papio Desm.), 5 lionceaux ( Felis leo L.), 6 Sangliers d’Europe (Sus scrofa L.), 5 Sangliers d’Indochine ( Sus cristaius Wagner), 3 chèvres naines, 1 Mouflon de Corse ( Ovis musimon (Pallas)), 1 Mou- flon à manchettes ( Ammotragus lervia (Pallas)), 1 Gazelle cervicapre (Antilope cervicapra Pallas), 1 Lama (Lama glama glama (L.)), 2 Daims (Dama dama (L.)), et un Cerf axis (Axis axis (Erxleb)). Elle peut être considérée comme fortuite pour les espèces qui ne figurent dans cette liste que pour une unité, pour les autres, elle relève de causes que nous n’avons pas toujours pu déterminer. Les jeunes daims au sevrage s’alimentent difficilement dans le troupeau, il importera d’isoler les femelles suitées à cette période. Il en est de même pour les chèvres naines. La mortalité des jeunes sangliers d’Europe et d’Indochine ne relève ici ni de cause microbienne, ni de cause parasitaire, il s’agit probablement, là encore, d’une cause alimentaire : avitaminose ou carence minérale. La mortalité des lionceaux a été constatée dès la naissance, ou quelques semaines plus tard, soit que les mères aient abandonné leurs petits, soit pour d’autres causes indéterminées. II. — Oiseaux. Le nombre total d’oiseaux morts est plus élevé que celui des mammifères ; il atteint 90 unités dont 77 adultes et 13 jeunes. Sa répartition dans l’année accuse un maximum en août (12), JFMAMJJASOND Traits pleins : mortalité adultes ; traits clairs : mortalité jeunes. mais celui-ci, encadré des chiffres les plus faibles en juin (6), sep- tembre (6) et octobre (5), est probablement fortuit ; c’est alors le chiffre 10 atteint en mars et avril, qui semble devoir être pris comme maximum saisonnier. Voici par ordre zoologique la liste de ces 90 oiseaux : Ordre des S^ruthioniformes. Famille des Struthionidés. 2 Autruches (Struthio camelus camelus L.). Ordre des Steganopodes. Famille des Phalacrocoracidés. 6 Cormorans ( Phalacrocorax carbo carbo L.). — 60 — Famille des Pélécanidés. 3 Pélicans ( Pelecanus roseus Gmelin). Ordre des Ardéiformes. Famille des Plataléidés. 1 Ibis à tête noire ( Threskiornis melanocephala (Latham)). 1 Ibis falcinelle ( Plegadis falcinellus falcinellus (L.)). Famille des Ciconiidés. 1 Jabiru du Sénégal (Ephippiorhynchus senegalensis (Shaw)). 1 Marabout ( Leptoptilos crumeniferus (Lesson)), 1 Tantale asiatique (Ibis cinereus (Rafiles)). Famille des Ardéidés. 2 Hérons cendrés (Ardea cinerea cinerea L.). » 2 Aigrettes garzettes (Egretta garzetta garzetta (L.)). 1 Héron garde bœufs (Bubulcus ibis ibis (L.)). Ordre des Ansériformes. Famille des Anatidès. 10 Cygnes blancs (Cygnus olor (Gmelin)). 1 Cygne noir (Chenopsis atrata (Latham)). 2 Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus cygnus (L.)). 3 Oies empereur (Philacte canagica (Sewast)). 1 Oie hybride. 1 Oie céréopse (Cereopsis Nooæ-Hollandiæ Latham). 1 Oie d'Egypte (Alopochen ægyptiaca (L.)). 2 Bernaches nonettes (Branta leucopsis (Bechstein)). 1 Tadorne (Tadorna tadorna (L.)). 1 Péposaca (Metopiana peposaca (Vieillot)). 4 Canards sauvages (Anas platyrhynchos platyrhynchos L.). 1 Sarcelle d’été (Anas querquedula L.). 2 Sarcelles d’hiver (Anas crecca crecca L.). 1 Sarcelle formose ou Sarcelle élégante (Anas formosa Georgi). 1 Canard carolin (Aix sponsa (L.)). 1 Siffleur du Chili (Mareca sibilatrix (Poeppig)). Famille des Phènicoptêridés. 2 Flammants roses (Phoenicopterus antiquorum Temminck). 1 Flammant rouge (Phoenicopterus ruber L.). Ordre des Lariformes. Famille des Laridés. 1 Mouette rieuse (Larus ridibundus L.). 1 Goéland argenté ( Larus argentatus argentatus Pontop.) » Ordre des Ralliformes. Famille des Rallidès. 1 Poule d'eau ( Gallinula chloropus chloropus (L.)). 1 Poule sultane du Maroc (Porphyrio porphyrio (L.)). Famille des Baléar-icidés. 5 Grues de Numidie (Anthropoïdes virgo (L.)). 1 Grue à cou blanc ( Grus vipio Pallas). 5 Grues antigones (Grus antigone antigone (L.)). 1 Grue couronnée (Balearica pavonina pavonina (L.)). Ordre des Galliformes. Famille des Phasianidês. 1 Faisan hoki (Crossoptilon auritum (Pallas)). 2 Faisans dorés (Chrysolophus pictus (L.)). 1 Faisan argenté (Gennæus nycthemerus nycthemerus (L.)). 2 Paons bleus (Pavo cristatus L.). 1 Paon blan (Pavo cristatus L. var. : albus). 1 Pintade huppée (Guttera Edouardi barbata Ghigi). 1 Pintade du Maroc (Numida meleagris Sabyi Hartert). 1 Pintade sp. 1 Dindon sauvage (Meleagris gallopavo L.). Ordre des Columbiformes. Famille des Columbidès. 1 Tourterelle à collier (Streptopelia decaocto decaocto (Frivald)). 2 Gouras couronnes (Goura cristata cristata (Pallas)). Ordre des Psittaciiformes. Famille des Psittaciidés. 1 Cacatoès des Moluques (Kakatoe moluccencis (Gmelin)). 1 Jaco (Psittacus erithacus erithacus L.). Ordre des Coraciiformes. Famille des Bucèrotidès. Calao d'Abyssinie (Bucorvus abyssinicus (Boddaert)). Si l’on classe maintenant ces oiseaux selon la cause de leur mort, on observe la répartition suivante : Traumatisme grave ou fracture : 19 cas : 1 Marabout, 1 Héron cendré, 1 Cygne blanc, 1 Cygne musicien, 1 Canard sauvage, 1 Canard carolin, 2 Flammants, 1 goéland, 3 grues de Numidie, 1 Grue à cou blanc, 1 Grue antigone, 1 Faisan hoki, 2 Faisans dorés, 1 Paon blanc, 1 Tourterelle. Tuberculose : 14 cas : 2 Pélicans, 2 Aigrettes garzettes, 1 Héron garde-Bœufs, 1 Poule sultane, 2 Grues de Numidie, 1 Pintade huppée, 1 Pintade sp., 4 Cormorans. Aspergillose : 6 cas : 1 Cormoran, 1 Oie empereur, 1 Oie céréopse, 1 Sarcelle d’hiver, 1 Grue antigone, 1 Goura couronné. Autres maladies infectieuses ou virulentes : 7 cas : 5 Cygnes blancs (Protéose), 1 Poule d’eau (Rouget), 1 Paon bleu (Diphtérie aviaire). Maladies parasitaires : 2 cas : 1 Grue couronnée, 1 Pintade du Maroc. ' Affections diverses : 42 cas, comprenant : 9 myocardites : 1 Tantale asiatique, 1 Cygne noir, 2 Oies empereur, 1 Canard sauvage, 1 Sarcelle formose, 1 Sarcelle d’été, 1 Tadorne et 1 Jaco. 14 cas d’inflammation catarrhale ou congestive de V intestin dont la cause est restée inconnue : 2 Autruches, 1 Cormoran, 1 Pélican, 1 Ibis à tête noire, 1 Ibis falcinelle, 1 Jabiru du Sénégal, 1 Cygne blanc, 1 Canard sauvage, 1 Sarcelle d’hiver, 1 Flammant, 2 Grues antigones, 1 Calao d’Abyssinie. 8 cas d’inflammation aiguë ou chronique du péritoine : 1 Cygne blanc, 1 Oie hybride, 1 Sifïleur du Chili, 1 Canard sauvage, 1 Pépo- saca, 1 Paon bleu, 1 Dindon sauvage, 1 Goura couronné. 2 Abcès du foie : 1 Mouette, 1 Grue antigone. 4 morts accidentelles au cours de l’élevage : 1 Héron cendré, 1 Oie d’Egypte, 2 Bernaches nonettes. 1 noyade accidentelle : 1 Faisan argenté. 4 sujets non autopsiés : 2 Cygnes blancs, 1 Cygne musicien, 1 Caca- toès des Moluques. Ce rapport montre en tout premier lieu le rôle important des traumatismes divers et des fractures, comme cause de mort dans les collections vivantes d’animaux sauvages. Ces accidents surviennent, dans la plupart des cas, du fait même des animaux, sans que la responsabilité du personnel qui les soigne puisse être invoquée. La seconde cause de mort qui joue un rôle important est la Tuber- culose, qui frappe aussi bien les oiseaux que les mammifères. Enfin l’étude des maladies microbiennes et parasitaires et l’intérêt qui s’attache à la connaissance de la durée moyenne de vie en capti- vité, montrent l’importance de l’identification des animaux à l’aide de bagues ou de marques ; malheureusement celles-ci résistent parfois imparfaitement au temps et avec elles disparaissent les ren- seignements particuliers que l’on pouvait avoir sur l’animal qui les p ortait. 63 B. — NATALITÉ Au cours de cette même année nous avons enregistré 101 naissances se décomposant comme suit : Mammifères : 75 ; Oiseaux : 26. * , Ces chiffres, comparés à ceux des années précédant la guerre, sont satisfaisants. En effet les chiffres moyens du temps de paix sont : Mammifères : 70 ; Oiseaux : 23. Nous avons donc en 1943 un excédent sur la moyenne de 7 % pour les mammifères et de 7,6 % pour les oiseaux. Si nous comparons les chiffres des naissances de 1939 à 1943, nous pouvons, sur un diagramme, constater une augmentation constante depuis 1940, année ou les naissances sont tombées à 0 pour les oiseaux et une vingtaine pour les mammifères. Ces chiffres sont les suivants : Pour les Mammifères : 1939 : 57 ; 1940 : 21 ; 1941 : 39 ; 1942 : 51 ; 1943 : 75. Pour les Oiseaux : 1939 : 1 ; 1940 : 0 ; 1941 : 18 ; 1942 : 18 ; 1943 : 26. Ajoutons que ces chiffres ne comportent que les naissances d’ani- maux ayant vécu au moins huit jours. Voici la liste de ces nais- sances. 64 I. — Mammifères. Obdre des Primates, Famille des Papioidés. 9 Cynocéphales babouins (Papio papio Desm.). Ces animaux sont particulièrement bien acclimatés, ce qui explique l’augmentation constante du nombre des naissances. Les jeunes sont suffisamment vigoureux pour vivre l’hiver à l’extérieur sous le climat parisien. Ils naissent en toute saison. Ordre des Carnivores. Famille des Félidés. 2 Lionceaux (Felis leo L.). Ces animaux sont nés de lionnes nouvelle- ment importées. Ordre des Ongulés. Sous-ordre des Artiodactyles ruminants. Famille des Bovidés. 3 Nylgauts , 1 £ 2 Ç (Boselaphus tragocamelus Pallas). 3 Antilopes cervi câpres Ç ( Antilope cervicapra Pallas). 1 Cob de Bufîon Ç ( Adenota ko b (Erxleben)). 5 Chèvres naines du Sénégal (espèce domestique). 5 Mouflons à manchettes 2 3 $ (Ammotragus lervia (Pallas)). 6 Mouflons de Corse 3 3 $ ( Ovis musimon (Pallas)). 1 Buffle de l'Inde $ ( Bubalus bubalis L.). 2 Buffles de Roumanie 1 1 Ç (espèce domestique). Famille des Cervidés. 5 Daims 2 3 $ ( Dama dama L.). 2 Cerfs rusas 1 1 $ (Rusa unicolor Kerr). 3 Cerfs axis 1 2 $ (Axis axis (Erxleben)). 3 Cerfs d'Eld 3 Ç (Rucervus Eldi Guthric). 1 Cervule muntjac $ (Muntiacus muntjac Zimmermann). Famille des Camélidés. 1 Dromadaire $ ( Camelus dromedarius L.). 1 Lama $ (Lama glama glama (L.)). 3 Guanacos 1 2 Ç (Lama glama huanacus (Molina)). 1 Vigogne (Lama glama vicugna (Molina)). SoUS-ORDRE DES ARTIODACTYLES NON RUMINANTS. Famille des Suidés. 9 Sangliers d'Europe (Sus scrofa L.). 8 Sanglier d’Indo-Malaisie (Sus cristatus Wagner). y — 65 II. — Oiseaux. Sous-classe des Ratites. Ordre des Struthioniformes. Famille des Struthionidés. Nous avons enregistré, comme tous les ans, des pontes chez les Autru- ches ( Struthio camelus camelus L.). Nous ne possédons pas de couveuse permettant de les faire incuber. Famille des Casuaridés. Un couple d’Emeus (Dromiceius Novæ-Hollandiæ Latham) a produit 7 œufs qui après une durée d'incubation de 59 jours ont donné 3 poussins, sur ces 3 sujets l'un est mort dès la naissance. Sous-Classe des Carinates. Ordre des Galliformes. Famille des Phasianidés. 2 Paons bleus (Pavo cristatus L.}. 1 Paon blanc ( Pavo cristatus L.) variété albine. Ordre des Ansériformes. Famille des Anatidês. 3 Cygnes muets [Cygnus olor (Gmelin)). s, 5 Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus cygnus (L.)). 3 Oies céréopses ( Cereopsis Novæ-Hollandiæ Latham). 3 Oies empereur (Philacte canagica (Sewast)). 5 Oies d'Egypte (Alopochen ægyptiaca (L.)). 1 Bernache nonette ( Branla leucopsis (Bechstein)). Les naissances ainsi constatées en 1943, en augmentation très sensible sur les années précédentes, seraient dues à une meilleure surveillance des accouplements facilitée par la diminution de l’effectif et à l’alimentation en graines germées riches en vitamine E, appliquée à tout l’effectif des mammifères herbivores et des oiseaux. En résumé les naissances enregistrées en 1943 compensent numé- riquement pour les mammifères la mortalité observée pendant cette même période ; mais les espèces qui se reproduisent appartiennent presque toutes à l’ordre des Ongulés, dont l’effectif augmente donc par rapport à celui des autres ordres. Pour les oiseaux : la balance est très défavorable, puisque 90 morts ne sont remplacés que par 26 naissances, celles-ci appartenant à part les Emeus à quelques espèces des ordres des Galliformes et des Anseriformes. Laboratoire d’ Ethologie des animaux sauvages, Parc zoologique du bois de Vincennes, Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. « 5 Essai de biometrie sur la Chauve-Souris Murine. Par P. Laurent. L’observation d’une importante colonie de Murins, résidant dans la grotte des Fées près des Baux-dé-Provence 1, nous a laissé mettre en doute l’existence de l’espèce Myotis oxygnathus Mon- ticelli, ramenée au rang sous-spécifique par Trouessart 2, et dont l’extension serait « probably coincident with that of M. Capac- cinii and Pipistrellus Kuhli 3 », intéressant ainsi d’ailleurs assez peu la faune française 4, d’où la récente littérature en rapporte cependant une station, située également dans la France méridio- nale 6 : nous n’avons malheureusement pas pu la visiter au cours de nos récentes missions de baguage. En effet, les chiffres des mensurations exécutées sur l’avant- bras et le cinquième métacarpien d’un grand nombre de Chauves- Souris adultes 6 de cette colonie englobent largement ceux qu’a publiés Miller pour M. oxygnathus (figures 1 et 4) ; et il y a de l’un à l’autre ce passage insensible qu’avait déjà relevé Cabrera sur 86 Murins de diverses provenances espagnoles, et qui lui avaient également fait mettre en doute le b\en fondé de la forme de Mon- ticelli 7 ; toutefois deux Murins de Velletri ont donné à Miller pour le total de leur troisième doigt des chiffres inférieurs à ceux que nous avons relevés sur nos 138 sujets de la grotte des Fées (figure 3), et les collections du Muséum National d’ Histoire Natu- relle de Paris ne contiennent rigoureusement aucun individu des provenances énumérées par le Catalogue of Mammals of Western Europe, qui nous en eût permis la comparaison : ce qui d’ailleurs n’aurait pas éclairé définitivement cette question, puisque son auteur admet la coexistence géographique des deux formes 8. Mais si l’on devait dépasser l’autorité de Miller jusqu’ici incon- testée et remonter aux sources, c’est-à-dire au type et aux cotypes 1. Bulletin du Muséum, 2e s., t. XIII, n° 6, 1941, pp. 513-516. 2. Faune des Mammifères d’Europe, 1910, pp. 32-33. 3. G.-S. Miller. Catalogue of the Mammals of Western Europe, 1912, p. 202. 4. Didier et Rode. Faune des Mammifères de France, 1935, p. 131. 5. La grotte de Peyroche [Biosp. 447], Ardèche, où Jeannel l’aurait trouvée isolée, tandis qu’il l 'aurait rencontrée mélangée à M. myotis dans les Pyrénées Espa- gnoles (Faune Cavernicole de la France, 1926, p. 57). 6. Qui d’ailleurs étaient toutes (à l’exception de quelques des Ç nourrices appar- tenant à la même wochenstube (ibid., p. 515). 7. Mamiferos de Espana, 1914, pp. 96-97. 8. Ibid., pp. 197-201 : Finalborgo (Ligurie), Rome, Cagliari (Sardaigne). Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1943. — 67 de Monticelli actuellement hors de notre portée, on devrait se demander si le savant mammalogiste américain a bien eu con- naissance de ces pièces, car : 1° aucune des provenances originales, Matera, Girgenti, Staf- farde, ne figure dans les listes d’origine du Catalogue , à l’exception de celle du type ; 2° les dimensions rapportées pour celui-ci ne sont pas identiques 1, ce qui est plutôt étonnant, comme si cette Chauve-Souris, conservée au Musée de Naples, et que Monticelli prêta à son collègue d’outre Atlantique 2 n’eût pas en réalité fait l’objet de son examen. On se doit de croire en effet que Miller, au relevé de dimensions diffé- rentes de celles publiées par le naturaliste Italien sur la même pièce, n’eut pas manqué de le signaler, et qu’il n’aurait pas publié les siennes sans remarque. Il est d’ailleurs évident que si le crâne avait été examiné, ses dimensions eussent également été figurées, aussi le Catalogue of Mammals of Western Europe n’est-il pas fondé à donner pour Myotis oxygnathus Monticelli des chiffres qui sont certainement celles de Chauves-Souris murines recueillies en Europe méditerranéenne, mais que rien ne prouve avoir convenu à cette forme localisée par son auteur, si elle existe vraiment, à la seule Italie et dont la diagnose repose sur des caractères exclusivement morphologiques (étroitesse du museau, forme de l’oreille, taille d’une prémolaire 3, couleur de la robe) ; tandis que les dimensions du type et de ses co-types, ayant l’amplitude de Myotis myotis Bor- khausen ne sauraient justifier le terme différentiel de smaller et l’extension géographique qui en résulte. Sans donc infirmer définitivement l’existence de la forme M. ou M. m. oxygnathus Monticelli 4 et puisque Cabrera, qui l’avait aussi suspectée, n’a pu mettre en évidence, à défaut, le mélange supposé des deux formes en Espagne 6, l’étude biométrique de la colonie de la grotte des Fées, située dans les limites géographiques du mélange, eût pu donner la preuve de celui-ci. Mais nos men- surations, qui ont porté sur ces 138 Murins adultes, dont l’âge 1. Dimensions du type, d’après Miller (ibid, p. 199), tête et corps, 63; Oreille, 23 ; Tragus, 10,8 ; Avant-bras, 59 ; — d’après Monticelli, tête et corps, 70 ; oreille, 24 ; tragus, 9 ; avant-bras, 57 (Ann. Accad. O. Costa aspiranti naluralisti, III, 26-xi-1885, p. 82). \ ‘ 2. Note on the Vespertilio oxygnathus of Monticelli, Ann. Mus. Zool. Univ. Napoli III, 3, 23, IV, 1909, pp. 1-2. 3. Il n’est pas inutile ici de confronter Monticelli : « I premolari superiori sono più grandi (ibid., p. 82) et Miller «the teeth are not peculiar except their small size » (ibid., p. 202), contradiction qui vient à l’appui de nos doutes : Miller n’a pas dû examiner le type. 6- Possible seulement lorsque nous disposerons à la fois du type, des co-types et d’une notable série comparative de Chauves-souris de même provenance. 5. Parce qu’ayant mesuré l’avant-bras de 86 sujets, il n’en avait pas reproduit schématiquement les résultats, ni même donné la liste des chiffres qui nous eût permis de l’établir après lui. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. 5. * [cRcKcdeo fangurnsm Ftg. 1 à 4. — Représentation graphique des mensurations effectuées sur 138 des Murins adultes de la grotte des Fées (en blanc) et par Milleh sur 7 Myotis oxygnathus de diverses provenances (en grisé). — 69 — avait été soigneusement vérifié par l’examen de la livrée et de l’ossification des épiphyses métacarpiennes et phalangiennes, tout en nous montrant, après Cabrera, que les plus grands sujets sont régulièrement les plus âgés — souvent même des individus séniles, à la denture abrasée et à la robe jaunâtre — nous fournissant la preuve de l’extrême homogénéité de cette population. Les représentations des dimensions linéaires les plus courantes et les plus faciles à prendre directement (avant-bras, fig. 1, 3e méta- carpien, fig. 2) ou par simple addition (total du 3e doigt, fig. 3, du 5e, fig. 4), sans être superposables, sont si comparables entre elles par l’amplitude et le sens de leurs variations que celles-ci ne sau- raient qu’être que strictement individuelles, à l’intérieur même des limites de variation actuellement connues et publiées pour M. myotis Borkhausen, l’ancien Vespertilio murinus L. des auteurs. Le mélange de deux formes, l’une plus petite, l’autre plus grande, eut donné l’aspect d’un polygone de fréquence bimodal dont on ne peut même soupçonner l’ébauche, car il est évident que tous les individus mesurés se répartissent autour d’une moyenne — qui n’est peut-être d’ailleurs que la moyenne de la colonie étudiée, et non de l’espèce, — et que plus on mesurera, plus le clocher de la moyenne sera aigu ; l’aplatissement relatif de la figure 3 prouve seulement que c’est sur le troisième doigt qu’on a constaté la plus grande amplitude de variation, mais qu’on peut s’attendre à le voir ressembler aux trois autres figures proportionnellement aux mesures effectuées Enfin on ne manquera pas d’être frappé — ce qui n’est peut- être qu’une coïncidence — que la dimension chaque fois présentée par le plus grand nombre de sujets1 ait été rapportée par Miller pour M. oxygnathus, comme s’il eut, parmi les 7 Chauves-Souris dont il rapporte les mensurations, mesuré au moins une fois, un individu, qui loin de s’éloigner par sa taille de l’espèce typique, eût exactement correspondu à la moyenne d’une colonie typique de celle-ci. La colonie de la grotte des Fées parmi laquelle eussent pu se confondre tous les M. oxygnathus de Miller (et même, au seul regard de leurs dimensions, tous ceux de Monticelli), est donc parfaitement homogène, et, comme aucune autre colonie n’a été semblablement étudiée en France, rien ne permet d’affirmer ou de soupçonner que la forme oxygnathus y soit représentée avec les dimensions que lui a assignée Miller ; il est donc beaucoup plus raisonnable de limiter à l’Italie l’extension d’une forme dont les seuls caractères différentiels restent de l’ordre d’une morphologie des plus douteuses. Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux ) du Muséum. 1. Pour l’avant-bras, 58 mm., pour le 3e doigt, total 97 mm., pour le 5e, total’ 76 mm. « — 70 Catalogue des Types de Gastéropodes marins CONSERVÉS AU LABORATOIRE DE MALACOLOGIE. IV. — Fusidae, Buccïnïdae. Par E. Fischer-Piette et J. Beïgbeder *. Génre Fusus Bruguière 1792. Fusus australis Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. II, p. 495, pl. 34 fxg. 9-14. La coquille figurée. Long. 77 mm. Port du Roi Georges. Et trois paratypes, de 77 ; 76 ; 72 mm., même provenance. [Fusus conulus Risso. Voir Euthria ]. Meyeria decorata Locard 1897, Exp. Travailleur Talisman, I> p. 337, pl. 16, fig. 31-34. Holôtype. Long. 20 mm. (tronqué). Açores 5 un paratype, long. 19 mm. ; Açores ; et le type de la var. ecaudata, long. 19 mm. Cette espèce est synonyme de Fusus Grimaldii Dautz et H. Fis- cher (Voir Dautzenberg, Camp. Monaco, fasc. 72, 1927, p. 76). [Fusus dilatatus Qoy et Gaimard. Voir Siphonalia ]. Murex fortis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 195, pl. 7, fig. 100. Un exemplaire. Long. 21 mm. Ce n’est pas la coquille figurée pl. 7, mais elle est figurée sur la pl. 43 inédite (voir Th. Monod, inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cet exemplaire est un Fusus syracusanus Lamk., et on peut très bien admettre que la figure de la planche 7 représente aussi cette espèce. [Fusus fragilis Risso. Voir Aporrhais .] [Fusus glaber Risso. Voir Columbella .] [Fusus lineatus Quoy et Gaimard. Voir Euthria .] Fusus Rissoianus Locard 1891, Coq. mar. côtes Fr., p. 106 (sans figure). 1. Suite des notes parues dans le t. XV de ce Bulletin. Pour la façon dont a été conçu ce catalogue, et pour le sens donné aux mots holotype, syntype, paratype, voir t. XV, p. 203. Nous rappelons que ce catalogue comporte l’identification des types de Savigny et de Risso. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944. Parmi les 8 exemplaires étiquetés sous ce nom dans la collection Locard, 4 peuvent être considérés comme les syntypes de l’espèce : ce sont 3 coquilles de Cette (28 5 33 j 40 mm.) et 1 du golfe de Fos (45 mm.). [Fusus rufus Hombron et Jacquinot. Voir Euthria.] Fusus sectus Locard 1897, Exp. Travailleur-Talisman, I, p. 331, pl. 17, fig. 1-4. Holotype. Long. 25 mm. Dragage 72, Ouest du Sahara. Fusus turris Valenciennes 1833, Coq. univalves, Voy. de Hum- boldt et Bonpland, p. 287 (sans figure). Deux individus d’Acapulco, marqués comme types, ont 180 et 173 mm. de long, donc plus que n’indique Valenciennes (près de six pouces, soit environ 160 mm.). [Fusus vittatus Quoy et Gaimard. Voir Euthria .] [Fusus ZELANDicus Quoy et Gaimard. Voir Siphonalia.] Genre Meyeria Dunker et Metzger 1878. [Meyeria decorata Locard 1897. Voir Fusus.] Genre Fasciolaria Lamarck 1801. Fasciolaria Savignyi Tapparone-Canefri 1875, Muricidi Mar Rosso, Ann. Mus. Civ. Genovay Vil, p. 612. Figuré par Savigny, Expéd. d’Egypte, Coq. pl. 4, fig. 14). Holotype (Collection Savigny). Long. 30 mm. Cette espèce s’iden- tifie à Fasciolaria lignaria L. Fasciolaria sulcata Lesson 1842, Revue zoologique , p. 212 (sans figure). Un paratype. Long. 30 mm. Acapulco. Genre Peristemia Môrch 1852. Turbinella clathrata Valenciennes 1841, in Kiener, Coq. viv., p. 46, pl. 18, fig. 4. Holotype. Long. 27 mm. — 72 Turbinella iricolor Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 112 ; pl. 25, fig: 25-27. Holotype. Long. 25 mm. Détroit de Torrès. Turbinella maculata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 113 ; pl. 25, fig. 32-33. Holotype. Long. 32 mm. Mangareva. Turbinella tigrina Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 113, pl. 25, fig. 30-31. Holotype. Long. 21 mm. Amboine. Genre Neptunea Bolten 1798. Neptunia antiquata Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 356, pl. 17, fig. 18-19. Holotype. Long. 83,5 mm. Dragage n° 9 du Travailleur. Neptunia ecaudis Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 368, pl. 18, fig. 5-6. Holotype. Long. 27 mm. Dragage n° 2 du Travailleur. Neptunia Nicolloni Locard 1891, U Echange, Revue linnêenne , n° 77, p. 34 (sans figure). Six exemplaires, collection Locard, long. 69 à 74 mm., provenances Belle-Isle, Saint-Nazaire, Ile d’Yeu. Neptunia peregra Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 371, pl. 18, fig. 8-11. Holotype. Long. 29 mm. Et un paratype de 24,5 mm. Dragage n° 2 du Travailleur. Neptunia pupoidea Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 363, pl. 17, fig. 26-28. Holotype. Long. 22,5 mm. Dragage n° 2 du Travailleur. Et nom- breux paratypes. Neptunia torra Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 361, pl. 17, fig. 26-28. Deux exemplaires, l’un de 41 mm., mentionné p. 362, l’autre de 38 mm. qui est la coquille figurée. Dragage n° 9 du Talisman. Et de nombreux paratypes. Genre Siphonalia A. Adams 1863. Purpura baccata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 87, pl. 22, fig. 9-10. Holotype. Long. 18 mm. Provenance : Ternate. Fusus dilatatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool., Il, p. 498, pl. 34, fig. 15-16. Holotype. Long 75 mm. Provenance : Nouvelle-Zélande. Et 7 para- types, de même provenance, mesurant : 120 ; 102 ; 84 ; 76 ; 58 ; 55 j 38 mm. Fusus zelandicus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool., II, p. 500, pl. 34, fig. 4-5. Deux paratypes, long. 36 et 27 mm., Nouvelle-Zélande. Genre Pisania Bivona 1832. Purpura variegata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p, 167 (sans figure). Quatre exemplaires de 23, 22, 21 et 20 mm. Ce sont des Pisania maculosa Lamk. La figure de la planche inédite n° 32 (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) représente cette même espèce. Genre Euthria Gray 1850. Purpura alba Risso 1826, Hist. Nat. Eur. mérid., IV, p. 167 (sans figure). Un échantillon, que sa longueur (43 mm.) désigne comme étant celui que mentionne le texte (45 mm.). C’est un Euthria cornea L. roulé. La figure de la planche inédite n° 32 (voir Th. Monod, inven- taire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) représente également un exemplaire roulé de Euthria cornea L. Euthria cerealis Rochebrune et Mabille 1889, Miss. sc. Cap Horn, Mollusques, p. 60, pl. 2, fig. 4. . Nombreux échantillons provenant de la Mission du Cap Horn. — 74 — Fusus conulus Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IY, p. 207 (sans figure). Deux exemplaires. Long. 37,5 et 36,5 mm. Ce sont des jeunes de Euthria cornea L. La figure de la planche inédite n° 48 (voir Th. Monod, inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) représente cette même espèce. Euthria g racilis Locard 1891, Bull. Soc. Malac. Fr., VII, p. 215 (sans figure). Parmi les 3 échantillons étiquetés sous ce nom dans la collection Locard, deux présentent les dimensions indiquées dans le texte 23,5 mm. Nice ; 25 mm., Marseille), et peuvent être considérés comme les syntypes de l’espèce. Fusus lineatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. II, p. 501, pl. 34, fig. 6-8. La coquille figurée. Long. 30 mm. Nouvelle-Zélande. Et quatre paratypes, de 27, 26, 25, 22 mm., même provenance. Euthria major Locard 1891, Bull. Soc. malac. Fr., VII, p. 209 (sans figure). Cette espèce est fondée sur des citations d’autres auteurs, et sur la collection Locard qui en referme de nombreux exemplaires mesurant de 29 à 66 mm. Fusus rufus Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 107, pl. 25, fig. 1-3. Holotype. Long. 29 mm. Provenance ; Magellan. Et deux para- types, de 24 mm. chacun, même provenance. Euthria saharica Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I, p. 326, pl. 16, fig. 17-20. Holotype. Long. 45 mm. Et un para type de 34 mm. Dragage n° 71 du Talisman. Fusus vittatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. IL p. 504, pl. 34, fig. 18-19. La coquille figurée. Long. 20 mm. Nouvelle-Zélande Et deux paratypes, de 17 et 14 mm., même provenance. Genre Cantharus Bolten 1798. Buccinum bolivianum Souleyet 1852, Voy. Bonite, p. 610, pl. 41, fig. 22-24. Deux syntypes, mesurant tous deux 7 mm. Provenance : Bolivie. Murex haneti Petit de la Saussaye 1856, Journ. Conchyl., V» p. 90, pl. 2, fig. 7-8. — 75 — Un paratype, long. 37 mm., provenance Brésil, mentionné par Poirier (Révis. Murex Mus., p. 187). Le type est dans la collection du Journal de Conchyliologie. Purpura reticulata Risso 1826, Hist. Nat. Eur. mérid., IV, p. 167 (sans figure). Cinq échantillons, de 22, 18, 18, 17 et 16 mm. Ce sont des Can- tharus Orbignyi Payr. Murex sulcatus Gmelin 1790 (non Born), Syst. Nat. éd. XIII, p. 3549. Espèce fondée uniquement sur « Le Tafon » d’AüANSoN (1757, Hist. Nat. Sénégal, p. 133 ; pl. 9, fig. 25). Cinq échantillons ont été retrouvés dans la collection d’Adanson. La coquille figurée n’est pas parmi eux. Genre Buccinum Linné 1767. Buccinum affinis Lesson 1842, Revue Zoologique, p. 237 (sans figure). Holotype. Longueur 38 mm. Tritonium Bayani Jousseaume 1883, Bull. Soc. Zool. Fr., p. 191, pl. 10, fig. 5. Holotype. Long. 129 mm. Provenance : Japon. [Buccinum bolivianum Souleyet. Voir Cantharus .] [Buccinum cancellatum Quoy et Gaimard. Voir Phos ]. [Buccinum Charcoti Lamy. Voir Harpovoluta .] [Buccinum Delalandei Kiener. Voir Cominella .] [Buccinum floridanum Lesson. Voir Nassa ]. [Buccinum globosum Quoy et Gaimard. Voir Nassa]. [Buccinum miga Bruguière. Voir Nassa.] [Buccinum miran Bruguière. Voir Bullia.] Buccinum Monterosatoi Locard 1887, Contrib. Faune malac. Fr., X, Monogr. Buccinidae, p. 109, pl. fig. 15. Quatre exemplaires, collect. Locard, long. 47 et 46 mm. (Mar- tigues), et 41 et 38 mm. (Saint-Henri, B. d. R.). [Buccinum muricatum Quoy et Gaimard. Voir Nassa]. [Buccinum nifat Bruguière. Voir Clavatula.] [Buccinum Quoyi Kiener. Voir Cominella.] [Buccinum senegalicum Gmelin. Voir Cassis.] [Buccinum soni Bruguière. Voir Chauvetia.] Buccinum tulipa Lesson 1842, Revue Zoologique, p. 238 (sans figure). Holotype. Long. 20 mm. Provenance : Acapulco. Genre Cominella Gray 1850. Buccinum Délai, andei Kiener 1834, Coq. Viv., p. 15, pl. 5, fig. 14. Holotype. Long. 36 mm. Provenance : Le Cap. Et deux paratypes, de 31 et 27 mm., même provenance. Buccinum Quoyi Kiener 1834, Coq. viv., p. 16, pl. 5, fig. 13. Holotype. Long. 41 mm. Provenance : Nouvelle-Zélande. Genre Clea A. Adams 1855 (Sous-genre Canidia H. Adams 1862). Canidia harmandiana Rochebrune 1881, Bull. Soc. Philom., 29 oct., p. 60 (sans figure). Holotype. Long. 16 mm. Et quatre paratypes, de 15, 14, 13 et 12 mm. Melania helena (Meder) Philippi 1847, Abbild. Beschr. Conch., p. 20-170, pl. 4, fig. 4. Cinq échantillons, Mr Meder 1842, Java, probablement para- types. Long. 20,49, 18, 17 mm. Canidia stomatodonta Rochebrune 1881, Bull. Soc. Philom., 29 oct., p. 61 (sans figure). Holotype. Long. 19 mm. Genre Eburna Lamarck 1822. ♦ Eburna immaculata Jousseaume 1883, Bull. Soc. Zool. Fr., p. 192, pl. 10, fig. 2. Holotype. Long. 33 mm. 77 Genre Phos Montfort 1810. Buccinum cancellatum Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool., II, p. 449, pl. 32, fig. 30-31. Cinq exemplaires de Vanikoro. Parmi eux, deux mesurent 20 mm,, et paraissent correspondre, l’un à la fig. 30 et l’autre à la fig. 31. Les autres exemplaires ont : 21,5 ; 18 ; 16 mm. Genre Donovania Bucq.„ Dautz. et Dollf. 1882. Voir Chauvetia. Genre Lachesis Risso 1826. Voir Chauvetia. Genre Chauvetia Monterosato 1884. Donovania Bourguignati Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr., p. 72 (sans figure). Holotype. Long. 7 mm. Provenance : Cette. Donovania Dautzenbergi Pallary 1926, Explic. pl. Savigny, Mém. Inst. Egypte, XI, p. 71 (Figuré par Savigny, Expéd. d’Egypte, Coquilles, pl. 4, fig. 20). Holotype : l’exemplaire de Savigny, sur la figuration duquel est fondée l’espèce de Pallary. Long. 5,5 mm. Buccinum soni Bruguière 1789, Encycl. méth., Vers. I, p. 283. Espèce fondée sur « Le Soni » d’ADANSON (1757, Hist. nat. Sénégal, p. 151, pl. 10, fig. 6), dont 8 exemplaires ont été retrouvés et étudiés par E. Fischer-Piette (1942, Les Moll. d’Adanson, p. 247, pl. 8, fig. 11-14). Chauvetia Turqueti Vélain 1876, C. R. Ac. Sc. ; Arch. Zool. exp. gén., VI, p. 107, pl. 2, fig. 18-19. Holotype. Long. 4 mm. Provenance : Ile Saint-Paul. Genre Savatieria Rochebrune et Mabille 1885. Savatieria frigida Rochebrune et Mabille, 1889, Miss. Scient. Cap Horn, Mollusques, p. 65, pl. 2, fig. 5. Deux échantillons de la Baie Orange. L’un a les dimensions indi- quées dans le texte (7 mm.), l’autre celles de la figure (6 mm.). (A suivre.) Laboratoire de Malacologie du Muséum. Contribution a la Flore de la Nouvelle-Calédonie LXXXIV. — PLANTES DE COLLECTEURS DIVERS (suite). Par A. Guillaumin. Agation Pancheri Brong. — Houaïlou (Vieillard)., A Vieillardii Brong. — Balade ( Vieillard 112 pro parte). Calophyllum caledonicum Vieill. et Planch. et Tr. — Pouébo, Wagap ( Vieillard 174). Sida rhombifalia L. — Nouméa ( Vieillard 140 a). Hugonia Deplanchei Vieill. ex Guillaum. — Sans localité ( Pancher 606). H. neo-caledonica Vieill. ex Guillaum. — Sans localité (Vieillard 16). Tristellateia australasica A. Rich. — Ponérihouen (Vieillard 2195). Celastrus paniculata Willd. var. Balansæ Loes. — Nouméa (Deplanche 92 in Vieillard 3076). Acronychia lævis Forst. — Wagap (Vieillard 285). Murraya exotica DC. — Gatope (Vieillard 312). Acacia spirorbis Labill. — Balade, Touho, Canala, Nouméa (Vieil- lard 412). Eugenia ericoides Guillaum. — Sans étiquette. E. ploumensis Dânik. — Canala (Vieillard 782). Casearia Melistaurum Spreng. — Balade (Vieillard 873, 874). Melodinus Balansæ Baill. — Pouébo (Deplanche 65 in Vieillard 2978). M. phyllireoides Labill. — Wagap (Deplanche 69 bis in Vieillard 2976), Gatope (Vieillard 2977, 945 ?), Gomonen ( Vieillard ), Paaba (Deplanche 88). Rauwolfia semperflorens Schltr. — M’bée (Deplanche 63), Canala (Vieillard), Poume (Vieillard 915), Poume, Tanlé (Deplanche 458), Cap Tonnerre (Vieillard 196). R. viridis Guillaum. — Gatope, Témala (Vieillard 2971). Psychotria collina Labill. — Sans localité (Vieillard 696). P. deverdiana Guillaum. — Gatope (Vieillard 3050). P. nummularioides Guillaum. — Lifou (Deplanche 29), « Feto ». T apeinosperma wagapense Mez ? • — Balade (Vieillard 1035). Inflo- rescence atteinte de phyllomanie. Leptostylis filipes Benth. — Cap Tonnerre (Deplanche 209). C’est à tort que Bachni indique en Nouvelle-Calédonie le Plancho- nella antheridifera White et Francis, Busna ou Lane-Poodle Ta découvert est en Nouvelle-Guinée. Bulletin du Muséum, 2e 6érie, t. XVI, n° 1, 1944. 79 — Podochrosia Balansæ Baill. — Sans localité ( Vieillard 2975 in Pan- cher), Wagap ( Vieillard 2948). Cerhera Odollam Gaertn. — Très commun ( Deplanche 55 in Vieillard 962), Gatope ( Vieillard ). C. obtusifolia von Heurck et Müll. Arg. — Gatope ( Deplanche 240), Gomonen ( Vieillard ). Cerberiopsis Candelabrum Yieill. ex Panch. et Seb. — Wagap [Vieillard 971). Ochrosia miana Baill. • — Canala ( Vieillard 2954), Balade ( Vieillard 969). O. parviflora Hemsl. — Nouméa, Gatope, etc. ( Vieillard 1073), Balade ( Veillard 967), Tanlé [Deplanche 130), Mouac, Tanlé Deplanche 100). Alyxia affinis v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Vieillard 11, 949 pro parte). A. breviflora v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Vieillard 314), Balade [Vieillard 953, 933 = 951), Tanlé [Vieillard 124). A. brevipes Schltr. — Gatope [Vieillard 954 pro parte), Lifou [De- planche). A. caletioides Guillaum. — Sans localité [Pancher). A. Johnsoniæ S. Moore — Sans localité [Deplanche 32), Nouméa [Vieillard 2961), Canala [Vieillard 2962 et sans n°), Wagap [Vieil- lard 2963), Pouébo [Deplanche 31 in Vieillard 959), Gatope [Vieil- lard 2961, 2965), Wagap, Gatope [Vieillard 2961). A. leucogyne v. Heurck et Müll. Arg. — Wagap [Vieillard 944), île Grand Tupiti [Vieillard 958, Deplanche in Vieillard 944). A. Microbuxus Guillaum. • — Gatope [Vieillard 2967, pro parte 2969, Deplanche 429 in Vieillard 2969), Gomonen ( Vieillard ), Tupiti [Deplanche 429 in Vieillard 2969). A. nummularia S. Moore. — Wagap [Vieillard 2964), Gatope [Vieillard 2965). A. podocarpa v. Heurck et Müll. Arg. — Nouméa [Vieillard 959), Pouébo [Deplanche 454). A. rosmarinifolia Guillaum. — Gatope [Vieillard 2966 pro parte, 2967 pro parte, 2970), Gomonen [Vieillard 2970). A. torqueata Guillaum. — Canala, Gatope [Vieillard 2968), Gatope [Vieillard 2966 pro parte). Alstonia Balansæ Guillaum. — Sans localité [Vieillard 758). A. cfr. A. Balansæ Guillaum. ? — Gatope [Vieillard 2947). A. coriacea Panch. ex Guillaum. (nomen) S. Moore (descript.) ? — Canala [Vieillard 708). A. filipes Schltr. ex Guillaum. — M’bée [Vieillard 930), Balade [Vieillard 926), Poume [Deplanche 462). A. Legouixiæ v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Pancher in Vieillard 2943), Ounia [Vieillard 918), Wagap [Vieillard 920). — 80 A. lanceolata V. Heurck et Müll. -Arg. — Balade ( Vieillard 928). A. Lenormandii v. Heurck et Müll. Arg. — Nouvelle-Calédonie [Vieillard 2956). A. linearifolia Guillaum. - — Poume ( Vieillard 202), Poume, Gomonen [Vieillard 221), Cap Tonnerre, Néhoué [Vieillard 2950, Deplanche 466 in Vieillard 2950 et in Mus. néocal. 115). A. plumosa Labill. — Sans localité [Vieillard 929), Wagap ( Vieillard )> Balade [Vieillard 916, 923, 970). A. quaternala v. Heurck et Müll. Arg. ■ — Sans localité [Vieillard 324). Canala [Vieillard 2942), Wagap [Vieillard), Pouébo [Deplanche 157, 459, 456 = 452 in Vieillard 2944), Diaoué [Vieillard 932). Pagiantha cerifera Mgf. — Canala [Vieillard 972), Balade [Vieil- lard, 967), Hienghène [Vieillard 2957), Schio [Deplanche! 4). Ervatamia orientalis Turrill — Sans localité [Vieillard 763). Personsia cfr. P. affinis Baill. ? — Sans localité ( Pancher ). P. angustifolia Baill. — Balade [Vieillard 984 bis). L’échantillon : Balade [Vieillard 982) sans fleurs dans l’herbier de Paris y est rapporté par Bâillon à cette espèce ; en réalité c’est une Asclépiadacée ainsi que le montre l’échantillon de Caen qui est fleuri. P. Balansæ Baill. C’est par suite d’un lapsus que l’échantillon : Dumbéa [Le Rat 2623) a été indiqué comme « Marsdenia » Balansæ, c’est « Par- sonsia » Balansæ qu’il faut lire. P. brachiala Baill. ex Guillaum. — Sans localité [Pancher 29, Vieil- lard 2984 ?, Deplanche 474 in Vieillard 2984), Balade [Vieillard 944). P. cfr. P. brachiata Baill. ex Guillaum. — Sans localité [Vieillard 979, Deplanche 72), Balade [Vieillard 936, 938), Gatope [Vieillard 2992). Le type du P. brachycarpa de Bâillon : Poume [Balansa 3283) est en fruit ; les échantillons de Caen ont quelques fleurs et montrent évidemment qu’il s’agit non d’une Apocynacée mais d’une Asclé- piadacée du genre Marsdenia, ce sera le Marsdenia bracycarpa. Guillaum. nom. nov. — Wagap [Vieillard 3002), Canala [Vieil- lard 3002). P. calophylla Baill. ex Guillaum. • — Canala [Vieillard 2981), Wagap [Vieillard 2982), Balade [Vieillard 942). P. carnea Panch. ex Guillaum. — Sans localité [Vieillard 975, 979), Mont Mou [Deplanche 73 in Vieillard 2993), Néhoué [Deplanche 472 in Vieillard 3005), Canala [Vieillard 2987), Deplanche 71 in Vieillard 2985). P. cfr. P. carnea Panch. ex Baill. — Sans localité [Pancher 270 in Vieillard 2994), Balade [Vieillard 940). P. catalpæcarpa Baill. - — Sans localité ( Deplanche 72 in Vieillard 935), Sommet d’Arama ( Delpanche 72 in Vieillard 935, Deplanche 150). P corymbifera Baill. ex Guillaum. — Balade ( Vieillard 941). P. edulis Guillaum. • — Nouméa ( Vieillard 2983). P. Francii Guillaum. — Wagap ( Vieillard 3001). P. glaucescens Baill. ex Guillaum. ? — Poila ( Vieillard 985), île des Pins ( Pancher 268 ?). P. populifolia Baill. — Canala ( Vieillard 939). P. rigida Baill. — Paulotche ( Vieillard 2986). P. scabra Guillaum. — Sans localité ( Vieillard 943). P. sp. nov. ? Canala {Vieillard 972), Gatope ( Vieillard 2989). P. sp. nov. ? — .Tanlé ( Deplanche 43 et 473 in Vieillard 2988). P. sp. nov. ? — Sans localité {Deplanche 227), Canala {Deplanche 228). Marsdenia Balansæ Baill. — Sans localité {Vieillard 382), Poila {Vieillard 973). M. Billardieri Dcne. — Sans localité {Vieillard 983), Yaté {Vieillard 983), Gomonen {Deplanche 68 in Vieillard 984). M. ! lyonsioides Schltr. ?? — Poila {Vieillard 985). M. microstoma Schltr. — Canala {Vieillard), Tanlé {Deplanche 128, 468 in Vieillard 984 bis pro parte et 120 in Mus. néocal.), Gomonen {Deplanche 68 in Vieillard 984), Gatope {Vieillard 984 bis, 2992 pro parte, 3004). Gatope, Néhoué {Vieillard 3004). M. oubatchensis Schltr. — Nouméa {Vieillard 981), Gatope {Deplan- che 470 in Vieillard 982 pro parte). M. Pseudo-Parsonsia Guillaumin sp. nov. Sarmentosus, ramis gracilibus, flexuosis, cito glabris, foliis linearibus vel angustissime ellipticis (3,5-7 cm. X 0,8 — 0,3 cm.), apice acutis, rariu , rotundatis, basi rotundatis, rigide membranaceis , glabris, nervis inconspicui s petiolo circa 5 mm. longo, primum sparse puberulo. Umbellæ axillares, paucifloræ, pedunculo puberulo, pedicéllis æquilongo, circa 3 mm. longo, calyce segmentis ovatis, 1 mm. longis, apicem versus, sparse ciliolulatis, corolla urceolata, 3 mm. longa, lobis ovatis, tubo fere æquilongis, extra glabra, intus fauce dense rigide barbata, infra sparsius molliter pilosa, coronæ foliolis dimidio superiore liberis, lanceolatis membranaceisque, stigmatis apicem superantibus, infra incrassatis, dorso antherarum adnatis, appendice hyalino apice truncato erecto, pollinis oblongis, retinaculo cylindrico dimidio bre- viore, caudiculis brevissimis, stigmate actue umbonato. Montagnes {Vieillard 988), Balade {Vieillard 982), Balade, Gatope Vieillard 982), sommet d’Arama {Deplanche 149 et 471 in Vieillard 988). L’échantillon: Balade {Vieillard 982), sans fleurs dans l’herbier de Paris, y est rapporté par Bâillon à son Parsonsia angustifolia et cité {Bull. Soc. Linn. Paris I, p. 776) comme l’un des types de son espèce. — 82 Secamone insularis Schltr. — Nouméa ( Deplanche 70 in Vieillard 981), Wagap ( Vieillard 2998), Wagap, Arama ( Vieillard 2998), Bondé [Vieillard 986), Poume ( Deplanche 467 in Vieillard 2997), Gatope [Vieillard 986). — Var. angusla Schltr. — Wagap [Vieillard 2996), Tanlé [Deplanche 135), Poume [Delanche 467 in Vieillard 2997). Sarcostemma australis R. Br. — Gatope [Vieillard 976). Sarcolohus lifuensis Guillaum. — Yaté [Vieillard 974), Lifou [Vieil- lard 974). Tylophora micrantha Guillaum. sp. nov. Sarmentosus, ramis minutissime puberulis, foliis ovatis (3-4,5 X 2-3 cm.), apice rotundatis, basi rotundatis truncatis vel subcordatis, glabris, mem- branaceis, triplinerviis, petiolo gracili, 1,5-2 cm. longo. Inflorescentiae axillares, paniculatim umbellatae, parce ramosæ, multifloræ, ad 3 cm. longæ, floribus minutis, pedicello tereti, circa 2 mm. longo, calycis segmen- tis ovatis, obtusis, 0,5 mm. longis, corollae lobis lanceolatis 1 mm. longis, intus rigide pilosis, extra glabris, tubo 2 -plo breviore, glaberrimo, coronae foliis tubo staminum alte adnatis, carnosis, lanceolatis, staminibus aequi- longis, antheris quadratis, appendice hyalina rotundata brevi, polliniis obovoideis, translatorribus brevissimis, glandula lineari, brevi, stigmatis capite umbonato. Balade [Vieillard 987). Remarquable par ses fleurs minuscules, sa corolle à poils raides formant brosse en dedans et la grande longueur des pièces de la coronule. Diffère des Tylophora typiques par ses pollinies atténuées vers le caudicule qui est extrêmement court et s’en distingue mal. T. anisotomoides T. tapeinogyne T. insulincola T. micrantha T. tapeinogyne Schltr. ■ — Sans localité [Deplanche 62 in Vieillard 2993, Pancher 271). Hoya neo-caledonica Schltr. • — Sans localité [Vieillard 975), Balade, Canala [Vieillard). * Mitrasacme nudicaulis Reinw. < — Nouvelle-Calédonie [Vieillard 2332). *M. polymorpha R. Br. — Lifou [Deplanche j.). Correspond à la forme très velue qu’on a appelée M. cinerascens. Geniostoma Balansæanum Baill. — Mont Koghi [Pancher 543). G. densiflora Baill. — Paulotche près Gatope [Vieillard 3006). G. Deplanchei Vieill. — Nouméa [Vieillard 3014), île des Pins [Pancher 623). G. fœtens Baill. — Nouvelle-Calédonie [Vieillard 2470), Lifou [De- planche 59 in Vieillard 3015). Corolle glabre, pièces de la coronule plus courtes que les anthères Corolle velue en dedans, pièces de la coronule aussi longues que les anthères C. glaucescens Schltr. ■ — Pouébo ( Deplanche in Vieillard 3015). G. oleifolium S. Moore — Baie de Tupiti ( Deplanche 476 bis, in Vieillard 3016). G. oleifolium S. Moore ? — Wagap ( Vieillard 3018, 3019, 3019 bis), Tupiti ( Deplanche 476 bis), Tupiti, Poume ( Vieillard 212, 3016), Touho ( Vieillard 3017,) M’bée ( Vieillard 704). G . Pancheri Baill. — Sans étiquette, Nouvelle-Calédonie (. Deplanche 18 in Vieillard 3009), Canala ( Vieillard 3020), Balade ( Vieillard 701), Poume ( Pancher 130). G. Vieillardii Baill. • — ■ Pouébo ( Deplanche 476 in Vieillard 3013 et 131 in Mus. néocal.). G. sp. cfr. G. Vieillardii Baill. — Nouvelle-Calédonie ( Deplanche 17 pro parte in Vieillard 3021). Fagræa Schlechteri Gilg et Ben. — Canala ( Vieillard 963), Balade ( Vieillard 963). Nymphoides indicum O. Ktze. Il semble qu’il y ait 2 types, l’un à grandes feuilles atteignant 15 cm. de diamètre : Paita ( Balansa 1378), Gatope ( Vieillard 3022), l’autre à petite feuilles de 2-6 cm. de diamètre : Nouvelle-Calédonie (. Deplanche 76, Vieillard 991, Védel), Canala ( Pancher 590), Wagap ( Vieillard 991) « Warrenedo ». La petite forme serait spéciale aux mares, fossés et cultures irri- guées tandis que la grande ne se trouverait que dans les mares. Erythræa spicata L. — Nouméa ( Vieillard 76), Wagap ( Vieillard 990). *Cordia Cumingiana Vidal — Wagap ( Vieillard 3033). C. Myxa L. — Wagap ( Vieillard 1022), Pati, Pouébo (Deplanche). C. subcordata Lam. — Balade (Vieillard 1023), île des Pins (Pancher in Vieillard). Ipomæa Baiatas Lam. • — Balade (Vieillard 1009). I. biloba Forsk. — Balade, Gatope (Vieillard 1015). I. Bona-Nox L. — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 1016), Gatope (Vieillard 3029). I. campanulata L. ■ — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 1010). I. congesta R. Br. • — Port boisé (Vieillard 3030). I. digiiala L. - — La Conception (Pancher 622). I. palmata Forsk. — Gatope (Vieillard 1008). Jacquemontia paniculaia Hallier f. — Nouméa (Deplanche 482 in Vieillard 1014), Gatope (Vieillard 1014). Polymeria pusilla R. Br. — Nouméa, Gatope (Vieillard 1017). Solanum auriculatum Ait. — Boulari (Pancher). S. sp. voisin de S. austro-caledonicum Seem. mais probablement dis- tinct. — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 3036, Védel), Néhoué (Deplanche 143 in Mus. néocal. et un Vieillard 1025), Balade (Vieillard 1025). *S. Deplanchei Guillaum. sp. nov. Frutex 1 m. altus, ramis gracilibus virgatis, fere omnino inermibus, glaberrimis, foliis ovatis (1,5-2, 5 cm. X 0,5-1 cm.), apice rotunatis vel obtusis, basi æquilater rotundatis, glaberrimis , membranaceo rigidis, nervis immersis, petiolo brevi (2-5 cm. longo), glaberrimo. Flores albi, ad ramulo- rum apicem, 1-2-3 -ni, pedicello 1 cm. longo, capillari, ad apicem incrassato erecto, calyce cupulato, fere ad medium fisso, lobis 5, triangularibus, breviter acuminatis, glabris, circa 0,5 cm., longis, corolla ad medium fissa, lobis ovato-triangularibus, 4 mm. longis, intus glabris, extra stellato-pilosis, staminibus 5, fertilibus, antheris linearibus, 4 mm. longis, fîlamentis bre- vissimis, corollæ tubi 3» infima parte insertis, ovario minimo, globoso, glaberrimo, stylo sigmoideo, glaberrimo, antheras superante, stigmate vix incrassato. Néhoué ( Deplanche 484 in Vieillard 3040 et 142 pro parte in Mus. néocal.) Uarai ( Pancher in Vieillard 1032). En partie confondu par les collecteurs avec le S. Pancheri Guil- laum. mais fleurs du type 5 et feuilles différentes. *S. linearisepalum Guillaum. nov. sp. Frutex 1 m. altus , ramis nigris, glabris vel pilis stellatis aliquis tantum sparsis, foliis ovatis (usque ad 10 cm. X 5 cm.), apice obtusis vel breviter acuminatis, basi =j= inæqualiter rotundatis, junioribus ad basin Costa tantum sparsissime stellato-pilosis, petiolo 1-2 cm. longo, supra stelluto piloso Racemi terminales, usque ad 5 cm. longi, pedicellis glabris, usque ad 1,5 cm longis, floribus albis, calyce fere usque ab basin fisso, lobis 5, linearibus, ad 3 mm. longis, glabris, corolla extra in alabastro deinde medio tantum dense puberula, lobis 5, triangularibus, ad medium fissa, 10-11 cm. longa, stami- nibus 5 fertilibus, fîlamentis brevibus, glabris, antheris obclavatis, glabris 5 mm. longis, ovario globoso, glaberrimo, stylo recto, ad basin sparsissime stellato piloso, antheras superante. Fructus globosi, 1 cm. diam. Balade ( Lahaie 1355), Tanlé (Deplanche 77, 423 et in Vieillard 3038, Pancher 141). Bien caractérisé par la forme des lobes du calice. S. nigrum L. — Gatope ( Vieillard 3044), Lifou (Deplanche 230). S. noumeanum Bitter — Nouméa (Vieillard 25), Koé (Brousmiche 120)?, Balade (Vieillard 3034) ? S. pseuderanthemoides Schltr. — Nouméa (Vieillard 3042). S. sp. aff. S. pseuderanthemoides Schltr. — Nouméa (Vieillard 3043). S. Vieillardii Bitter — Lifou (Vieillard 3025). Physalis minima h. — Gatope (Vieillard 1024). Duboisia myoporoides R. Br. • — Balade, Wagap (Vieillard 1031). Coronanthera barbaia C. B. Clarke — Wagap (Vieillard 2827). C. sericea C. B. Clarke — Balade (Vieillard 872). Depanthus glaber S. Moore — Wagap (Vieillard 3235). Periomphale ! Pancheri Baill. ? — Balade (Vieillard 871). 85 — Pandorea austro-caledonica Bur. — M’bée ( Vieillard 1005). Diplanthera Deplanchei F. Muell. — Nouvelle-Calédonie ( Pancher 253), Nouméa ( Pancher in Vieillard 3024), Wagap {Vieillard 1036), Kokingone près Wagap ( Vieillard 3023). D. sessilifolia Vieill. ex Guillaum. — Poindalou près Gatope ( Vieil- lard 3026). Dolichandrone spathacea K. Schum. — Hienghébane {Deplanche in Vieillard 1001). Utricularia cyanea R. Br. — Baie du Sud {Pancher). Hemigraphis reptans T. Anders. • — Nouméa {Vieillard 63), Lifou {Deplanche 61) « Kouamezé ». Graptophyllum pictum Grifï. — Wagap {Vieillard). Pseuderanthemum incisum R. Ben. — Nouméa {Vieillard 3047). P. majus Guillaum. — Touho près Gatope {Vieillard 2080). P. tuberculatum Radlk. — Lifou {Deplanche 16 in Vieillard 3049). P. variabïle Radlk. — Canala {Vieillard 3052'), Gatope {Vieillard 1044, 3053), Gomonen près Gatope {Vieillard 3053). Justicia pinensis S. Moore — Wagap {Vieillard 1042). J. sp., cfr. J. pinensis S. Moore — Wagap {Vieillard 3048). Dicliptera cœrulea Schinz et Guillaum. — Canala {Deplanche 83), Lifou {Deplanche in Vieillard 3054). Myoporum crassifolium Forst. — Baie de Tupiti {Deplanche 476 bis), Poume {Deplanche 61), île des Pins {Vieillard 48). M. tenuifolium Forst. — Pouébo {Vieillard 3070), île des Pins {Deplanche 5, 312 in Vieillard 1051). Ocimum Basilicum L. var. purpurascens Benth. • — Lifou {Vieillard). Plectranthus parçiflorus Wildd. — Nouméa {Vieillard 1056). Coleus scutellarioides Benth. — Sans localité {Vieillard 3071), Canala {Deplanche 85 in Vieillard 3071). Salvia occidentalis Sw. — Canala {Deplanche 88 in Vieillard 3072). Leucas decemdentata Sm. = L. flaccida R. Br. — Lifou {Vieillard 3073). Le Gérant : Marc André. ABBEVILLE. — IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 25-1-1944 Autorisation S. 4 SOMMAIRE Pages Actes administratifs 5 Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur E.-L. Bouvier, Membre de l’Institut, Professeur honoraire au Muséum, à Maisons-Laffitte, le 17 jan- vier 1944, par M. le Dr René Jeannel, Professeur au Muséum 7 Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Allorge, Paris, 25 janvier 1944, par M. le Professeur Ach. Urbain, Directeur du Muséum. 11 Liste des Associés, Correspondants et Attachés nommés en 1943 . . 14 Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1943 16 Communications : H. Vallois. L’évolution de la chaire d’Ethnologie du Muséum national d’Histoire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mai 1943).. 38 Ach. Urbain, P. Bullier et J. Nouvel. Rapport sur la Mortalité et la Natalité enregistrées au Parc zoologique du Bois de Vincennes en 1943. . . 56 P. Laurent. Essai de Biométrie sur la Chauve-Souris Murine 66 E. Fischer-Piette et J. Beigbeder. Catalogue des Types de Gastéropodes marins conservés au Laboratoire de Malacologie. — IV. Fusidae, Bucci- nidae 70 A. Guillaumin. Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXIV. Plantes de collecteurs divers (suite) 78 ÉDITIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 36, RUE GEOFFROY- S AI NT-HILAIRE, PARIS Ve Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802 comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.) . Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895). (Un vol. par an, 80 fr.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com- mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.). Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de culture ; paraît depuis 1822 ; échange). Notulæ Systematicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.). Revue française d’Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr., Etranger, 70 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Pinard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de Dinard ;suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange). Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A. Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ; abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.). Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 fr.). Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur M. N., Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ). (Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.). BULLETIN ' y ' DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2e Série — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM * N° 2. — Mars-Avril 1944 V MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER PARIS-V® 1 RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national d 'Histoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des .tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la séance. TIRAGES A PART Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions suivantes : ( Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 ) 25 ex. 50 ex. 100 ex. 4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr. 8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50 16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr. Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée. j. Supplément pour couverture spéciale : 25 ex . 18 francs. par 25 ex. en sus 12 francs. Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés au fil, ce qui nécèssite une remise sous presse, supporteront les frais de ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves, •s Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro correspondant. PRIX DE l’abonnement ANNUEL : France et Etranger : 80 fr. . (Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum) Compte chèques postaux : 124-03 Paris. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE ANNÉE 1944. — N° 2 34R RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM 30 mars 1944 PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN DIRECTEUR DU MUSÉUM et A. GUILLAUMIN PROFESSEUR AU MUSÉUM ACTES ADMINISTRATIFS Par Arrêté ministériel du 22 février 1944, la délégation de Maître de dessin accordée à MM. Hissard et Reboussin, a été renouvelée pour l’année 1944. M. J. -F. Le Roy est nommé, à titre provisoire, Assistant au Labo- ratoire d 'Agronomie coloniale en remplacement de M. Trochain, appelé à d’autres fonctions. M. Poujade et Mlle Jouin ont été nommés Attachés au Muséum, au titre du Musée de l’Homme, par Arrêtés du Directeur du Muséum en date du 20 mars 1944. M. le Président a le regret de faire part du décès de M. Paul Ber- trand, Professeur d’Anatomie Comparée des Végétaux vivants et fossiles (décédé le 24 février 1944). Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 7 Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Bertrand, paris 28 février 1944. Par M. le Professeur Ach. Urbain. Directeur du Muséum. Madame, Mesdames, Messieurs, Le Muséum continue à être douloureusement éprouvé ; il y a quelques semaines nous conduisions, en effet, à sa dernière demeure le Professeur Allorge et voici qu’aujourd’hui, c’est un autre de nos collègues, le Professeur Paul Bertrand qui disparaît brutale- ment, en pleine activité scientifique. Monsieur le Professeur Paul Bertrand est né à Loos-les-Lille (Nord) le 10 juillet 1879. Il fit toutes ses études à la Faculté des Sciences de Lille, où il prépara de 1899 à 1903 sa licence ès-sciences, puis ensuite sa thèse de doctorat. Ses travaux furent dirigés et guidés par son père, le Professeur Charles-Eugène Bertrand qui fut un des fondateurs de l’Anatomie Comparée des Végétaux vivants et fossiles. Monsieur Paul Bertrand eut aussi comme maîtres M. Charles Barrois, sous la direction duquel il commença ses recherches houillères et notre Collègue, le Professeur R. Fosse, qui l’initia aux techniques de la Chimie et contribua à développer sa culture générale. Monsieur Paul Bertrand fut successivement préparateur du Musée Houiller de Lille en 1906, Docteur ès-Sciences naturelles en 1909, Maître de Conférences de Paléontologie et Conservateur du Musée Houiller de l’Université de Lille en 1910, Professeur titulaire de Paléobotanique à la Faculté des Sciences de Lille en 1919 et enfin, Professeur au Muséum en 1938. Plusieurs fois lau- réat de l’Institut, il était chevalier de la Légion d’Honneur depuis 1933. La création en 1906, près de l’Université de Lille, d’un Musée houiller, dont il fut l’organisateur, devait décider de l’orientation des travaux de Paul Bertrand vers la Paléobotanique. C’est de cette époque, en effet, que datent ses premiers travaux sur les plantes fossiles. En 1909, il présenta comme thèse de doctorat ès-sciences un important mémoire sur la fronde des Zygop- téridés dans lequel il a mis en évidence ses caractères très parti- culiers. Dans ce mémoire et dans ceux qui ont suivi, Bertrand a Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. montré que les Zygoptéridés et d’autres genres qu’on leur rattache, présentent des particularités de structure que l’on ne rencontre nulle part chez les plantes actuelles. Devant ces structures si par- ticulières, beaucoup d’auteurs, surtout en Angleterre, se deman- daient si on n’avait pas là, ou bien les fameuses formes de passage entre les Fougères et les Phanérogames, ou bien les formes ances- trales communes à ces deux groupes. A la suite de ses études con- duites avec rigueur, Paul Bertrand a montré qu’il fallait étudier ces plantes pour elles-mêmes et il a pu conclure que toutes étaient de vraies Fougères. Ses recherches sur l’anatomie des Cladoxylées du Dévonien et du Carbonifère inférieurs, poursuivies de 1907 à 1935, offrent aussi un grand intérêt scientifique. C’est grâce à elles que ces plantes primitives ont pu être rangées dans les Fougères où elles forment une classe spéciale à côté des Zygoptéridés. Paul Bertrand s’est occupé aussi des Algues fossiles (Pila et Reinschia) qui entrent dans la formation des bogheads ou char- bons de gelées d’algues du permien d’Autun et de l’Australie. Complétant les travaux de Renault et de son père, il a montré les conditions biologiques dans lesquelles vivaient ces algues et comment elles se sont multipliées jusqu’à former de volumineux dépôts de charbons. M. Paul Bertrand a consacré d’importants travaux aux végé- taux houillers conservés à l’état d’empreintes. Il a publié dans les Annales de la Société Géologique du Nord divers mémoires accompagnés de planches sur les Plantes du bassin houiller du Pas-de-Calais et du Nord de la France. En 1930, il a publié aussi, en collaboration avec Corsin, un Atlas des plantes du bassin houil- ler de la Sarre et de la Lorraine, Enfin, il faut mentionner ses travaux de Paléontologie strati- graphique consacrés aux principaux bassins houillers de France, de Belgique, de la Sarre, du Maroc, puis ses investigations sur les flores houillères des Etats-Unis poursuivies en 1933, lors du 16e Congrès International de Géologie. A la suite de cette explo- ration, une corrélation précise a été établie entre la série houillère de Pensylvanie et celle des gisements français. La plupart des travaux de Paul Bertrand se sont poursuivis non seulement au Laboratoire, mais aussi sur le terrain. Il a visité les collections et les Instituts paléobotaniques du monde entier, plus particu- lièrement d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique et de Tchéco- slovaquie. En relation avec les savants d’Europe et d’Amérique spécialisés dans l’étude des plantes fossiles, M. Paul Bertrand a acquis parmi eux une juste notoriété. Aussi fut-il choisi comme Vice-Président de la section de Paléobotanique aux Congrès Inter- — 90 — nationaux de Botanique de Cambridge en 1930 et d’Amsterdam en 1935. A cette œuvre scientifique si importante, Paul Bertrand a ajouté une œuvre muséographique qu’il s’efforçait d’étendre à notre établissement. C’est lui, en effet, qui avait organisé le Musée Houiller de Lille où il avait constitué des collections paléobota- niques remarquables. Enfin, avec la collaboration de ses élèves, il avait organisé aussi le stand des Plantes de la Houille dans la salle de l’Evolution des Plantes au Palais de la Découverte. Mj D’une haute conscience professionnelle, très affable, d’une grande bonté, Paul Bertrand sera regretté de tous ceux qui l’ont connu ou approché. Madame, au nom des Professeurs du Muséum, du Muséum tout entier auquel votre mari était si attaché, permettez-moi de vous adresser, ainsi qu’à votre famille, l’expression de mes condoléances- les plus émues. Paris, 28 février 1944. 91 COMMUNICATIONS Néoformations cutanées et osseuses de la tête CHEZ LES GlRÀFES Par Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier. La tête des girafes porte au-dessus et un peu en avant des oreilles, deux protubérances tronconiques, longues de 20 cm. environ, qui sont constituées par une masse osseuse recouverte de peau et coiffée à son extrémité d’une couronne de poils foncés. Malgré l’absence d’étui corné, ces organes sont couramment dénommés cornes ou cornillons. Une troisième protubérance, située dans l’axe de la tête, appro- ximativement au niveau de l’angle interne de l’oeil, donne à la ligne du chanfrein à laquelle elle s’unit insensiblement la forme caractéristique du profil des girafes. Le poil, ras sur toute la tête, est un peu plus rude et un peu plus long au niveau de cette protu- bérance frontale. A ces caractères essentiels on peut ajouter ceux énoncés par Brehm 1 qui écrit que « le mâle se différencie de la femelle par un développement extraordinaire du cou et de la nuque » et que « le crâne des vieux mâles peut être entièrement recouvert de néofor- mations osseuses en forme de mamelons ou de fausses cornes ». L’apparition de néoformations au niveau de la région frontale et des cornillons a été d’autre part observée par Antonius 2 sur une girafe mâle âgée de 11 ans. Pour cet auteur ces néoformations débutent par de simples épaississements cutanés, sous lesquels se développent plus tard de véritables exostoses. Une touffe de poils clairs, semblant être rapportée sur le pelage primitif se développe au niveau de chaque aspérité et, simultanément, la teinte générale de la robe se modifie, elle devient plus foncée. Au Parc Zoologique du Bois de Vincennes, il existe actuellement 1. Brehm : Brehms Tierleben. Bibliographisches Institut, Leipzig u. Wien, 1916, t. 13, p. 151. 2. Otto Antonius, Bilder aus dem früheren und jetzigen Schônbrünner Tierbes- tand, III, Girafïen. Der Zoologische Garten, 1939, t. 11, p. 135. Bulletin du Muséum, 2e sérient. XVI, n° 2, 1944. 92 — V une girafe mâle importée en juin 1936 des territoires du'Tchad et âgée d’environ 11 ans, sur la tête de laquelle nous avons remar- Fig. 1. — Jeune mâle, les comillons ne sont pas encore soudés au crâne, les incisives ne sont pas rasées, les canines sont celles de la première dentition. Relief frontal très réduit, pas d’exostoses. qué en avril dernier, l’apparition d’aspérités localisées à la région frontale et à la base des cornillons. Ces néoformations sont comparables à celles décrites par Anto- Nius, mais nous n’avons pas constaté à leur niveau la poussée de JD o Fig. 2. — Mâle âgé de 15 ans, la soudure des cornillons est parfaite, les symphyses"ne sont plus perceptibles, les incisives et les canines sont dans le prolongement du maxillaire inférieur, leur table est rasée. La protubérance frontale est développée et couverte d’exostoses ainsi que les cor- nillons. Bulletin du Muséum 2e Série, T. XVI, fasc. 2 Cl. Buliier Photo Parc Zooîogique Girafe male âgée de 10 ans du Parc Zoologique du Bois de Vincennes Phototypie Mémin, Arcueil (Seine) — 93 — poils clairs, quoique les néoformations osseuses soient déjà bien développées sous la peau. A la suite de cette constatation nous avons examiné les girafes des collections du Muséum National d’Histoire Naturelle 1 : à la galerie de Mammalogie, où sont conservés les sujets naturalisés ; seul, un mâle adulte présente des néoformations semblables à celles que nous venons de décrire. Les crânes conservés dans les collections du laboratoire d’ Ana- tomie comparée sont à ce point de vue plus intéressants, après avoir écarté les pièces manifestement trop jeunes, nous avons examiné 16 crânes dont nous résumons ci-dessous les caractères : r Crâne N° 1858-9. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne, exostoses peu accusées. Crâne N° 1880-764. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne , exostoses peu accusées. Crâne N° 1919-125. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : très faible, pas d’exostoses. Crâne N° 1920-35. Mâle, 8 ans, Protubérance frontale : peu développée, exostoses : peu développées, localisées au sommet des cornillons. Crâne N° 1920-130. Mâle, 15 ans, Protubérance frontale : très déve- loppée. exostoses : très développées, tant au niveau des cornillons que de la protubérance frontale et descendant à 6 cm. de l’extrémité des sus-naseaux (figure 2). Crâne N° 1925-386. Sexe et âge inconnus, Protubérance frontale •* moyenne, pas d 'exostoses. Crâne N° 1928-307. Sexe et âge inconnus, Protubérance frontale : très faible, pas d 'exostoses. Crâne N° 1934-62. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : très faible, pas d 'exostoses. Crâne N° 1934-63. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : déve- loppée, pas d’exostoses Crâne N? 1934-64. Mâle, âgé, Protubérance frontale : développée, ainsi que la base des cornillons, exostoses : à la base des cornillons, aans le pro- longement de la protubérance frontale selon l’axe de la tête et au niveau ae l’aicade sourcilière droite. Crâne N° 1934-65. Femelle, âgée, Protubérance frontale : très faible, pas d’exostoses. Crâr e N° 1934-66. Mâle, jeune, Protubérance frontale : très faible, pas d’exostoses (figure 1). Crâne N° 19354-41. Mâle, adulte, Protubérance frontale : développée, exostoses ; très abondaxites recouvrant la protubérance frontale et toute la surface des cornillons, surtout accusées à leur base, léger développe- ment aux aicades orbitaires. 1. Nous devons à l’extrême obligeance de Messieurs les Professeurs Bourdelle et Millot, d’avoir pu examiner ces pièces, nous tenons à les en remercier ici très vivement. — -94 — Crâne N° A-7977. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne, exostoses : légères, localisées à la protubérance f ’ontale. Crâne N° A-14-074. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne, portant à son sommet une' légère exostose. Crâne N° A-14-383 ou 1913-523. Sexe et âge inconnus, Protubérance Fig. 3. — Cette pièce ne porte aucune indication de sexe ni d’âge, mais sa grande taille permet de l’attribuer à un mâle, d’autre part la soudure des comblons aux os du crâne n’est plus perceptible, les incisives sont situées dans le plan du maxil- laire inférieur et usées jusqu’au collet, ce crâne est donc celui d’un sujet très âgé. La protubérance frontale est développée, les comblons sont épaissis à leur base et le développement des exostoses atteint sur cette pièce un degré que nous n’avons noté sur aucune autre. frontale : très développée, ainsi que la base des cornillons, exostoses : sur les cornillons, entre ceux-ci et îa protubérance frontale et dans l’axe de la tête sur la ligne du chanfrein, une saillie isolée sur la joue gauche, et de gros développements en choux-fleur au-dessus des orbites (figure 3). L’examen de ces pièces nous permet d’admettre que la protu- bérance frontale est peu développée chez les femelles, qu’elle est notablement plus développée chez les mâles, et que son déve- loppement dépend de l’âge de ceux-ci, enfin, que les néoforma- tions osseuses, exceptionnelles chez les femelles, sont fréquentes chez les mâles et que leur développement dépend de l’âge de ces animaux. En résumé, l’apparition à partir de l’âge de dix ans de néofor- mations cutanées et osseuses sur la région frontale et sur les cor- nillons des girafes mâles a été constatée à plusieurs reprises dans les parcs zoologiques 1. Ce phénomène s’accompagne généralement 1. L’un de nous a pu constater ces exostoses sur un vieux mâle de girafe tué dans la région de Bousso (Tchad). — 95 — d’une modification de la teinte générale du pelàge, qui devient plus foncée. L’examen des pièces conservées dans les collections du Muséum confirme l’influence du sexe et de l’âge sur ce phénomène qui est probablement un phénomène sexuel secondaire, et qui mérite à ce titre d’être rapproché de ce que l’on sait des mœurs de cette espèce dont les mâles, à la période du rut, se livrent, à coups de tête„ de violents combats. Laboratoire d’Ethologie des" animaux sauvages, Parc Zoologique du bois de Vincennes. 96 Notes critiques sur quelques Turdidés de la faune ÉTHIOPIENNE Par M. J. Berlioz. Au cours d’une récente révision de la collection de Turdidés du Muséum, j’ai été amené à faire quelques remarques inédites sur plusieurs espèces de cette famille représentatives de l’avifaune éthiopienne. Les études systématiques de cette faune ont été déjà poussées très loin : en ce qui concerne entre autres l’Afrique occi- dentale et l’Afrique équatoriale françaises, les deux ouvrages récents de G.-L. Bâtes ( Handbook of the Birds of West Africa, 1930) et de D. Bannerman ( The Birds of tropical West Africa, 5 vol., 1930-1939) témoignent d’une qualité documentaire et d’une importance telles que toutes additions et modifications, si légères soient-elles, ne sauraient être considérées comme négligeables pour la valeur exceptionnelle de leurs informations. C’est donc à ce titre surtout que ces remarques me paraissent devoir être con- signées ici : 1° Thamnolœa cinnamomeiventris (Lafr.) et subspp. Cette espèce de Turdidé, sporadiquement distribuée dans quel- ques régions rocheuses à végétation clairsemée, à travers toute l’Afrique tropicale, est connue actuellement comme représentée en Afrique occidentale française par deux sous-espèces distinctes , l’une et l’autre décrites récemment par Bâtes : Th. cinn. Bambarae, 1928, loc. typ. : Kulikoro, en aval de Bamako (Soudan français) ; Th. cinn. cavernicola, 1933, loc. typ. : Fiko, falaises de Bandia- gara, à l’est de Mopti (Soudan français). C’est évidemment toutefois par inadvertance que Bâtes, puis Bannerman, dans leurs ouvrages respectifs, ont cru devoir attri- buer la découverte locale de cet oiseau en A. O. F. au premier de ces auteurs. Le Muséum de Paris possédait en effet depuis long- temps quelques dépouilles de cette espèce provenant du Soudan français et trois d’entre elles du moins avaient été nettement signa- lées déjà par A. Menegaux dans La Revue franç. d'Orn., 1918, p. 188, sous les noms de Thamnolœa albiscapulata (Rüpp.) et Th. subrufipennis Rchw., deux dénominations que l’on considère main- tenant comme devant être restreintes aux sous-espèces orientales de Thamnolœa cinnamomeiventris. Ces trois Oiseaux, 1 $ et 2 ÇÇ, Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 97 — proviennent de Sognafi et de Koulouba, deux localités situées aux environs immédiats de Bamako (en juin 1913, Mission Fabien Giraud) : ils sont donc pratiquement topotypiques du Th. cinn. Bambarae de Bâtes, race décrite elle-même comme fort peu dif- férente du Th. cinn. subrufipennis Rchw. et connue seulement de cette région du Haut-Niger. Or il est intéressant de signaler en outre l’existence dans les collections du Muséum d’un quatrième spécimen, qui avait été récolté antérieurement même à la Mission F. Giraud par notre collègue, le Dr. Bouet, et dans une région encore beaucoup plus occidentale : il s’agit d’une $ provenant des falaises au nord de Satadougou (frontière Sénégal-Soudan), en octobre 1911. Ce spé- cimen, le premier en date connu pour la faune de l’A. O. F., apporte donc une confirmation curieuse à l’hypothèse envisagée plus tard fort exactement par Bâtes, à savoir que l’extension occidentale de l’espèce devait suivre l’extension de l’habitat rocheux auquel elle paraît strictement attachée, bien au-delà de Bamako, jusque dans le bassin du Haut-Sénégal, où persiste ce même biotope. Ces spécimens de Bambarae, comparés à un couple et $ de Th. cinn. cavernicola topotypiques, aimablement donné au Muséum de Paris par Bâtes lui-même, confirment la distinction essentielle envisagée pour les mâles de ces deux sous-espèces, à savoir l’éten- due de la plage blanche du pli de l’aile plus considérable chez caver- nicola que chez Bambarae ; par contre les femelles se montrent peu distinctes les unes des autres. Il paraît probable, d’après les descriptions, que vis-à-vis de la sous-espèce subrufipennis (dont le Muséum de Paris ne possède malheureusement pas d’exemplaire), les différences ne sont guère plus accentuées, si même constantes dans l’étude comparative de séries de spécimens. La sous-espèce albiscapulata, d’Abyssinie, est au contraire mieux caractérisée, du fait surtout de l’andromorphisme apparent du plumage des femelles, d’une couleur foncière noir lustré comme chez le mâle, mais sans plages scapulaires blanches. Le spécimen du Dr. Bouet et ceux mentionnés en 1918 par A. Menegaux marquent donc bien la découverte de l’espèce en Afrique occidentale. Mais l’insuffisance du matériel de compa- raison existant à cette époque au Muséum de Paris n’avait certes pu induire l’auteur français à envisager les distinctions subspéci- fiques légères que les séries récoltées par Bâtes lors de ses voyages récents ont permis de définir plus nettement. 2° Myrmecocichla nigra (Vieill.). Cet autre Turdidé humicole, du groupe des Traquets-fourmi- liers, est un type non moins caractéristique de l’avifaune éthio- pienne et bien connu dans toute la zone des savanes et des savanes boisées de l’Afrique centrale. Mais son extension en Afrique occi- dentale paraît avoir été méconnue de Bâtes et de Banneeman, qui l’un et l’autre lui assignent pour limite occidentale de disper- sion le Cameroun et la Nigeria. Or le Dr. Maclaud, dans son classique petit ouvrage : Notes sur les Mammifères et les Oiseaux de l'Afrique occidentale , 1906, p. 121, avait pourtant bien mentionné déjà cette espèce parmi les récoltes faites par lui au Fouta-Djalon (Haute-Guinée fran- çaise), en l’assimilant, il est vrai, un peu imprudemment au « Tra- quet trac-trac » de Levaillant. Mais, si les termes assez ambigus de son texte peuvent laisser place, par confusion possible, à quel- que doute sur l’identité réelle de l’Oiseau mentionné, les spécimens envoyés par lui en 1900 et conservés au Muséum de Paris révèlent bien au contraire indiscutablement l’exactitude de cette identi- fication. De ces cinq spécimens, 4 <$<$ et 1 Ç, un seul, ce dernier, porte mention d’une localité précise : Mt. Soumbalako. En outre, l’existence de cette espèce dans l’Ouest Africain ne devait pas tarder à être confirmée par l’envoi au Muséum de Paris en 1902, donc peu de temps après les récoltes de Maclaud, d’un autre spécimen, adulte, recueilli dans la région de Kouroussa (Haute-Guinée) par M. Pobéguin. Cette espèce possède un plumage entièrement d’un noir pro- fond, avec les épaulettes blanches, chez le mâle, — entièrement d’un brun foncé, un peu noirâtre en dessus, chez la femelle. Or nos six spécimens de l’ouest africain se montrent absolument semblables, sexe à sexe, par la coloration à leurs homologues plus orientaux auxquels nous avons pu les comparer (7 et 3 ad., provenant de Brazzaville, de Loango, de la Haute- Kemo et de l’Ouganda), mais avec des proportions seulement très légèrement plus fortes, l’aile tout au moins étant en moyenne de 5 à 7 milli- mètres plus longue, avec la rémige la plus externe un peu plus développée chez les spécimens occidentaux. Bien que cette différence soit constante dans la petite série comparative envisagée ici, elle me paraît néanmoins trop insigni- fiante et demanderait d’ailleurs à être étayée d’un matériel d’étude plus considérable pour justifier éventuellement une distinction subspécifique nominale entre les populations respectives des deux aires de distribution géographique de l’espèce : les savanes orien- tales et centrales d’une part, la savane guinéenne d’autre part. 3° Les Turdidés de la collection Botta (1839). Paul-Emile Botta, voyageur-naturaliste du Muséum de Paris, rapporta en 1839 d’un voyage en Mer Rouge une petite collection d’Oiseaux, que d’invraisemblables négligences survenues ulté- rieurement ont fait passer pendant fort longtemps pour avoir été 99 — réunie en Ethiopie et dans le Sennaar, portion du Soudan anglo- égyptien située à l’est du Nil. Cette assertion toute gratuite fut entre autres sanctionnée par Seebohm en 1880, qui, en traitant la famille des Turdidés dans le « Catalogue of Birds in the British Muséum », vol. Y, décrivit deux espèces prétendues nouvelles, du Sennaar : « Saxicola lugentoides » et « Saxicola sennaarensis », d’après des types faisant partie de cette collection Botta, et réunit sous un même vocable spéôifique le « Saxicola Bottae », décrit par Bona- parte en 1854 d’après d’autres spécimens de la même collection (mais sans indication précise de localité), avec des Oiseaux prove- nant authentiquement d’Ethiopie. Ce n’est guère qu’au cours de ces deux dernières décades que l’Ornithologiste anglais P.-L. Sclater, à la suite d’une étude appro- fondie de l’avifaune du Soudan anglo-égyptien, pays où aucune des formes nouvelles obtenues par Botta n’avait été, et pour cause, retrouvée ultérieurement, eut le scrupule de rechercher les détails de l’itinéraire suivi par ce voyageur. Grâce aux archives françaises, à la « Relation d’un Voyage dans l’Yemen, entrepris en 1837 pour le Muséum d’ Histoire naturelle de Paris par P.-E. Botta », publiée à Paris en 1841, et à l’étude comparative des documents ornithologiques, Sclater (Bull. Brit. Orn. Club, vol. XLIX, 1928, p. 17), puis plus récemment Bâtes [id., vol. LVÏI, 1937, p. 100), ont pu établir fermement qu’aucun des spécimens de Botta n’avait été recueilli sur le continent africain et que toute sa collection provenait d’une région alors peu connue de l’Arabie sud-occidentale, — où une ample documentation, réunie récem- ment et étudiée par Bâtes, a effectivement permis de retrouver toutes les formes aviennes rapportées par Botta. Les affinités très étroites existant, on le sait, entre les popula- tions aviennes habitant respectivement les régions situées à l’est et à l’ouest du détroit de Bab-el-Mandeb et de la Mer Rouge pou- vaient à la rigueur laisser dans l’imprécision l’origine d’une bonne partie des récoltes de Botta. Néanmoins, en recherchant plus attentivement dans les anciennes collections ornithologiques du Muséum de Paris ce qui reste des documents rapportés par ce voyageur, j’ai pu retrouver les spécimens suivants de Turdidés, auxquels il convient de restituer la nomenclature exacte résultant des études publiées en ces dernières années sur les Oiseaux du Soudan et ceux de l’Arabie par les auteurs précités : Œnanthe (= Saxicola , olim) Bottai Bottai (Bp.), les deux spéci- mens-types de Bonaparte, montés (race arabique d’une espèce propre aux montagnes de l’Arabie et de l’Ethiopie) ; Œnanthe lugens lugentoides (Seeb.), les deux spécimens-types de Seebohm, montés (race arabique d’une espèce propre aux mon- tagnes de l’Arabie, de l’Ethiopie et de l’Afrique orientale) ; — 100 — Œnanthe chrysopygia (De Fil.) (= Saxicola senrumrensis Seeb.), le type de Seebohm, monté, et un autre spécimen, en peau (migra- teur de l’Asie occidentale, hivernant en Arabie et dans l’Inde, mais non signalé encore avec certitude en Afrique, et c’est sans doute cette seule confusion géographique qui a induit Seebohm à le redécrire comme « espèce nouvelle », du Sennaar) ; Œnanthe leucopyga leucopyga (Brehm), un spécimen, monté, et quatre autres, en peau (race sédentaire tant en Afrique nord-est qu’en Arabie) ; enfin Cercotrichas podobe melanoptera (Hempr. et Ehr.), un spécimen, en peau. Or ce dernier spécimen est particulièrement intéressant à rete- nir, du fait qu’il représente une sous-espèce connue depuis long- temps comme strictement confinée à l’Arabie et plus nettement différente de toutes les races africaines de la même espèce (la cou- leur de la face inférieure des ailes est noirâtre et non rousse) que ne le sont sans doute respectivement entre elles les différentes races d ’Œnanthe. Il constitue donc une preuve de plus, — - si besoin en était, — de l’origine arabique, et non point soudanaise, des récoltes de Botta. Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum. 101 Synopsis ostéologique et Synonymie des Poissons de la Famille des Serrivoméridés (Apodes anguil- LI FORMES), Par Léon Bertin. La présente note fait partie d’une série d’études préliminaires ayant pour but la réalisation d’une Monographie des Poissons Apodes (Anatomie, Systématique, Biologie). Son intérêt particulier est une mise au point, rendue nécessaire, de la classification des Serrivoméridés à la suite des travaux anatomiques récents de Parr (1932), Trewavas (1932), Beebe et Crâne (1936-37), Bertin (1940-41). Plus que dans tout autre groupe, les caractères ostéologiques ont une importance prédominante chez les Apodes. Ces animaux, en effet, ne constituent un tout en apparence homogène que par conver- gence. Leur corps serpentiforme, ainsi que la disparition de leurs nageoires pelviennes et l’atrophie à peu près générale de leurs écailles, sont des caractères acquis par des Télostéens d’origines très diverses. Force est, pour les classer, de mettre en évidence leur poly- phylétisme et de retracer leur phylogénie par la considération d’or- ganes internes au premier rang desquels sont les pièces osseuses. Dans l’ordre des Apodes, la famille des Serrivoméridés est définie par l’ensemble des caractères ostéologiques suivants : Frontaux d'une part, pariétaux de Vautre, fusionnés ou non sur la ligne médiane. Supraoccipital absent. Epiotiques et ptérotiques formant ailes en arrière du crâne où ils sont accompagnés par les branches postérieures des hyomandibulaires. Sphénoiiques formant ailes latérales. Palato- ptérygoïdes bien développés. Hyomandibulaires et quadrates formant avec la mandibule un angle d'environ 120°. Ethmo-vomer dépassant les maxillaires de moins de la moitié de leur longueur. Mandibule atteignant ou dépassant l'extrémité de l' ethmo-vomer. Squelettes viscéral et operculaire complets. Sept ou huit paires de rayons branchiosièges dépassant ou non vers l'avant la partie de l'arc hyoïde sur laquelle ils s'insèrent. Ceinture scapulaire et pectorales plus ou moins réduites. Vertèbres au nombre de 140-170. Extérieurement, les Serrivoméridés sont des Poissons anguilli- formes, sans écailles, dont la queue se termine progressivement en pointe (sans filament caudal) et dont le museau, constitué en bec, fait au moins le tiers et au plus les deux-tiers de la longueur de la tête. Les nageoires pectorales sont rudimentaires ou nulles. La dorsale Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 103 ■commence en arrière, au-dessus ou très peu en avant du premier rayon anal qui est lui-même au quart de la longueur totale du corps. Les membranes branchiales confluent sous la gorge. (Les yeux sont petits et avoisinent les narines. La ligne latérale est déporuvue de pores ou n’en possède que de très fins. Trois groupes de caractères méritent une étude préalable : 1° Denture (fig. 1). — La famille des Serrivoméridés et son genre- type Serrivomer tirent leur nom de la crête en dents de scie qui longe le vomer chez certaines espèces. D’une manière générale, cependant, la denture des Serrivoméridés est soumise à trop de variations pour qu’on puisse la considérer comme prédominante sur d’autres carac- tères ostéologiques. L’étude que j’ai faite récemment du genre Stemonidium en donne la preuve, puisque ce Poisson, dont toute l’architecture squelettique est celle d’un Serrivoméridé, possède exceptionnellement une denture en lime de Nemichthyidé. On notera d’ailleurs que tous les jeunes Serrivoméridés ont aussi une denture en lime qui ne se différencie que tardivement. Le cas de Stemonidum n’est qu’une survivance, chez l’adulte, de caractères infantiles (néoténie). Enfin, même chez les genres à crête vomérienne, celle-ci peut être très différemment constituée selon les espèces. J’ai distingué en 1929, en collaboration avec Roule, deux types de den- tures qui ont été repris et précisés par Beebe et Crâne (1936). a) Type brevidentatus ainsi défini : dents de la crête vomérienne au nombre de 20-30 et 2 fois plus hautes que larges ; dents maxillaires et mandibulaires sur 3-6 rangs et peu différentes les unes des autres. b) Type longidentatus caractérisé de la façon suivante : dents de la crête vomérienne au nonqibre de 50-80 et 3-4 fois plus hautes que larges ; dents maxillaires et mandibulaires sur 3-5 rangs dont un, du côté interne, est formé de dents beaucoup plus longues que les autres. 2° Rayons branchiostèges (fig. 2). — Beebe et Crâne ont attiré l’attention sur le nombre et la disposition des rayons branchio- stèges. Mon étude du genre Stemonidium (1941) et celle en cours des espèces indo-pacifiques de Serrivomer me conduisent à de nouvelles précisions. Dans là série des rayons branchiostèges, deux ont une constance telle qu’ils peuvent servir de repères. C’est d’abord le premier rayon ou rayon inférieur qui, seul, s’attache à l’hypophyal. Il peut être rudimentaire sans jamais disparaître en totalité. C’est ensuite l’antepénultième qui s’insère toujours sur le cératohyal, un peu au- dessous du coude de celui-ci, et le dépasse toujours un peu vers l’avant. Entre ces deux rayons peuvent en exister 3 ou 4 autres bien développés. Au-dessus de l’antepénultième en existe toujours 2 qui sont grêles et très rapprochés l’un et l’autre. On a l’impression qu’ils proviennent du dédoublement d’un seul. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 8 104 Fig. 2. — Partie de l’arc hyoïde (hypophyal et cératohyal) et rayons branchiostèges de Serrivomer beani (A), S. brevidenlatus (B), S. parabeani (Cj, Sternonidium hypomelas (D) Platuronides danae (E), P. aculus (F). ■ — Squelette operculaire de Serrivorner beani (G) et S. brevidentatus (H). — iop interopercule ; op, opercule ; pop, préopercule; sop, sous-opercule. — 105 — Le nombre total est 7 ou 8 selon les individus. Il n’y a pas lieu d’en tenir compte dans la systématique des Serrivoméridés. Par contre, certains rayons peuvent dépasser ou non vers l’avant la partie de l’arc hyoïde (hypophyal ou cératohyal) sur laquelle ils s’insèrent. Plusieurs dispositions en résultent qui caractérisent les diverses espèces et sont assez précoces pour permettre de les identi- fier même à l’état larvaire (leptocéphales). 3° Squelette operculaire (fig. 2). - — Chez les Serrivoméridés, le squelette operculaire est assez bien développé. L’opercule est articulé à l’hyomandibulaire et présente, soit la forme d’un demi-cercle (cas général), soit celle d’un soc de charrue ( Serrivomer beani). Le^ préopercule est généralement une plaquette quadrilatère émarginée à ses extrémités inférieure et supérieure. Il est plus petit ou de même taille (S. beani) que l’opercule. L’interopercule et le sous-opercule sont des languettes longeant respectivement le préopercule et l’opercule et ne possédant rien de particulier au point de vue de la systématique. Synopsis des genres de Serrivoméridés. A. Pariétaux unis par une suture. Dents plus ou moins fortes et inégales ; 1-2 rangées de dents très fortes sur la partie postérieure de Fethmo- vomer. Au moins 150 vertèbres. Dorsale commençant en arrière du premier rayon anal. B. Frontaux unis par une suture. Dents vomériennes postérieures aplaties, coupantes, disposées en alternance sur deux rangs et formant au plafond de la bouche une crête dentelée, longue et ininterrompue. Les deux premiers arcs branchiaux complets ; le dernier comprenant un pharyn go bran chiai et un cératobranchiaL Rayons postérieurs des nageoires anale et dorsale ne formant pas,, avec la caudale, une palette natatoire élargie. Serrivomer Gill et Ryder. BB. Frontaux soudés sur la ligne médiane. Dents vomériennes posté- rieures coniques ou aplaties mais ne formant jamais une crête dentelée à la fois longue et ininterrompue. Les deux premiers arcs branchiaux dépourvus de basibranchial ; le dernier réduit au céra- tobranchial. Rayons postérieurs des nageoires anale et dorsale très rapprochés les uns des autres et plus ou moins dressés au point de constituer, avec la caudale rudimentaire, une palette natatoire losangique Platuronides Roule et Bertin. AA. Pariétaux et frontaux respectivement soudés sur la ligne médiane. Toutes les dents fines et en quinconce. Environ 140 vertèbres. Dorsale commençant au-dessus ou en avant du premier rayon anal. Les deux premiers arcs branchiaux dépourvus de basibranchial ; le dernier com- prenant un pharyn gobranchial et un cératobranchiaL Rayons posté- rieurs des nageoires anale et dorsale ne formant pas, avec la caudale, une palette natatoire élargie Stemonidium Gilbert. 106 — Liste et Synonymie des Espèces de Serrivoméridés. Serrivomer Gill et Ryder. — Serrivomer Gill et Ryder, 1883 ; — Paraser- rivomer Roule et Angel, 1933. Serrivomer beani Gill et Ryder. — Serrivomer beanii Gill et Ryder, 1883 (84) ; Goode et Bean, 1895 (96) ; Barnard, 1925 ; Beebe et Crâne, 1936 ; ■ — Nemichthys infans, non Günther, Vaillant, 1888 ; — Nemichthys richardi Vaillant, 1888 ; — Avocettina richardi Jordan et Davis, 1888 (92) ; — Serrivomer richardii Goode et Bean, 1895 (96) ; — Serrivomer sector longidentatus Roule et Bertin, 1929 (en partie) ; Parr, 1934 ; — Nemichthys sp. Borodin, 1931 ; — Gavialiceps microps Borodin, 1931 ; — Serrivomer sector Parr, 1932 ; — Serrivomer inc. sed. Parr, 1932. Serrivomer garmani nov. sp. — Espèce très commune parmi les matériaux du Dana (1928-30) provenant du Pacifique et de l’Océan Indien. Iden- tique à S. beani par la disposition des rayons branchiostèges ; identique à S. parabeani par la forme et les dimensions de l’opercule. La descrip- tion complète en sera faite dans un travail ultérieur. Je la dédie à la mémoire de S. Garman dont l’espèce S. sector était la seule connue jus- qu’ici dans la région indo-pacifique. Serrivomer parabeani Bertin. — Serrivomer sector longidentatus Roule et Bertin, 1929 (en partie) ; ■ — Paraserrivomer hasta Roule et Angel, 1933 ; — Serrivomer parabeani Bertin, 1940. Serrivomer sector Garman. — Serrivomer sector Garman, 1899; Brauer, 1906 ; Lloyd, 1909 ; Weber et Beaufort, 1916 ; Townsend et Nichols, 1925 ; — Serrivomer sector longitentatus Roule et Bertin, 1929 (en par- tie) ; — Serrivomer beanii Gilbert, 1903 (05). Serrivomer brevidentatus Roule et Bertin. — Serrivomer sector brevi- dentatus Roule et Bertin, 1929; — Serrivomer beani Jrewavas, 1932 ; — Serrivomer sp. Beebe, 1933. Platuronides Roule et Bertin, 1924. Platuronides danæ Roule et Bertin. — Platuronides danse Roule et Bertin, 1924, 1929 ; Parr, 1932 ; Beebe et Crâne, 1937. Platuronides ophiocephalus Parr., — Platuronides ophiocephalus Parr, 1932 ; Beebe et Crâne, 1937. Platuronides acutus Parr. — Platuronides acutus Parr, 1932; Beebe et Crâne, 1937. Stemonidium Gilbert, 1905, Stemonidium hypomelas Gilbert, 1903 (05) ; Bertin, 1941. Synopsis des Espèces de Serrivomer. A. Sept ou huit rayons branchiostèges dont au moins quatre dépassent en avant la partie de l’arc hyoïde sur laquelle ils s’insèrent. Denture du type longidentatus. 107 B. Premier rayon branchiostège (l’inférieur) dépassant en avant l’hypophyal sur lequel il s’insère. C. Opercule triangulaire ou mieux en soc de charrue et à peu près égal au préopercule. Atlantique. . . S. beani Gill et Ryder. CC. Opercule demi-circulaire et plus grand que le préopercule. Pacifique et Océan Indien S. garmani nov. sp. BB. Premier rayon branchiostège plus ou moins rudimentaire et ne dépassant pas en avant l’hypophyal sur lequel il s'insère. Opercule demi-circulaire et plus grand que le préopercule. Atlantique. • S. parabeani Bertin. AA. Sept ou huit rayons branchiostèges dont un seul, celui qui s’insère au coude du cératohyal, dépasse légèrement cet os vers l’avant. Opercule demi-circulaire et plus grand que le préopercule. D. Denture du type longidentatus. Nombre de rayons anaux supérieur à 150. Pacifique et Océan Indien S. SèCtor Garman. DD. Denture du type brevidentatus. Nombre de rayons anaux infé- rieur à 150. Atlantique S. brevidentatus Roule et Bertin. Synopsis des Espèces de Platuronides. A. Narine antérieure tubulaire. Dents vomériennes peu nombreuses (une quinzaine), coniques et disposées sur un seul rang. Pas de crête vomé- rienne analogue à celle des Serrwomer. Dents maxillaires et mandibu- laires sur 1-2 rangs. Maxillaires atteignant presque l’extrémité du museau. Atlantique P. danae Roule et Bertin. AA. Narine antérieure non tubulaire. Dents vomériennes très nombreuses ; les antérieures coniques et disposées sur 2-6. rangs; les postérieures plus ou moins aplaties et disposées en alternance sur 2 rangs. Crête vomérienne qui en résulte n’ayant jamais l’ampleur ni la continuité de celle des Serrivomer. B. Dents vomériennes antérieures sur 2 rangs. Crête vomérienne discontinue mais occupant les trois-quarts postérieurs du vomer et comprenant 6-8 groupes de 4-6 dents chacun. Dents maxillaires et mandibulaires sur 2 rangs. Maxillaires atteignant le sixième antérieur du museau. Largeur maxima du crâne (entre les saillies sphénotiques) à peine plus grande que la distance interorbitaire. Atlantique P. ophiocephalus Parr. BB. Dents vomériennes antérieures sur 4-6 rangs. Crête vomérienne continue mais n’occupant que le quart postérieur du vomer et com- prenant seulement une quinzaine de dents peu développées. Dents maxillaires et mandibulaires sur 4-6 rangs. Maxillaires atteignant au plus le tiers antérieur du museau. Largeur maxima du crâne visiblement plus grande que la distance interorbitaire. Atlantique. \ P. acutus Parr. — 108 — BIBLIOGRAPHIE (Réduite aux travaux anatomiques) . Beebe (W.) et Crâne (J.). Deep-sea Fishes of the Bermuda Ocanographic Expéditions. Family Serrivomeridæ. Genus Serrivomer (Zoologica, New-York, 1936, XX, p. 53-102). — Genusf Platuronides [Idem, 1937, XXII, p. 331-348). Bertin (L.). Remaniement dans ia classification des Poissons Apodes appartenant à la famille des Serrivoméridés ( C . R. Âc. Sc. Paris, 1940, CCXI, p. 76-78). Bertin (L.). Description anatomique du genre Stemonidium, type peu connu des Serrivoméridés, et définition de cette famille de Poissons Apodes [Bull. Muséum, Paris, 1941, (2), XIII, p. 524-531, f. 1-3). ■ Parr (A.-E.) Deep-sea Ecls, exclusive of larval forms [Bull. Bingham Océan. Coll., New Haven, Con., U. S, A., 1932, III (5), p. 2-10). Roule (L.) et Bertin (L.). Les Poissons Apodes appartenant au sous-ordre des Némichthydif ormes [Dana Exped. 1920-1922, Océan. Rep., Copen- hague, 1929, n° 4, p. 34-52, f. 16-31). Trewavas (E.). A contribution to the classification of the Fishes of the order Apodes, based on the Osteology of some rare Eels [Proc. Zool. Soc., London, 1932, p. 639-659). 109 Contribution a létude des Isopodes terrestres du Sud-Ouest de la France Par J. -J. Legranu. Cette note représente le résultat de chasses effectuées en été 1942 et 1943 dans les départements de la Dordogne, du Lot-et-Garonne, dans le Sud du département de la Vendée et le Nord de la Charente maritime. Cette région n’avait jamais été prospectée au point de vue des Isopodes terrestres. La liste des espèces capturées, bien que sans doute incomplète, apporte cependant assez d’éléments pour aider à l’étude, actuellement en cours, de la faune de France des Oniscoïdes. C’est la parution prochaine de cette Faune qui m’incite à publier dès maintenant le résultat de mes chasses. I. — LISTE DES ESPÈCES Ligiidæ. 1. Ligidium hypnorum Cuv. — Dordogne : Saint- Julien-de-Lam- pon, les Eyzies, Chancelade, Mussidan. — - Plaute-Vienne : Limoges. — Vendée : Mervent, Vouvant, Peyré-sur- Vendée. Trichoniscinæ. 2. Trichoniscus provisorius Rac. — Dordogne : Beaumont-du- Périgord, les Eyzies, Pombonne près Bergerac, Mussidan, Saint* Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien^ Lalinde, Bayac, les Eyzies, Chancelade, Brantôme. — Lot-et-Garonne : Le Ray et près Villeréal, Villeneuve-sur-Lot. — Vendée : Peyré-sur- Vendée. 3. Trichoniscus elisabethae Herold. — Villeneuve-sur-Lot. 4. Trichoniscus elisabethæ race cœlebs Verhœff. - — Très commun dans les 4 départements. 5. Trichoniscus pygmeus Sars. — Dordogne : Brantôme, les Eyzies. — Lot-et-Garonne : le Bayet, Villeneuve-sur-Lot. — Haute-Vienne : Limoges. 6. Trichoniscoïdes sarci meridionalis Legrand. — Dordogne : Brantôme, Chancelade, les Eyzies, Saint-Cyprien, Pombonne, Beaumont du Périgod. — Lot-et-Garonne : le Rayet, Villeneuve-sur- Lot. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 7. Trichoniscoïdes cadurcensis furcillatus Legrand. — Lot-et- Garonne : le Rayet. 8. Oritoniscus flavus B. L. et variété rufa Legrand. — Dordogne : Brantôme, Chancelade, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien, Lalinde, Bayac, Beaumont du Périgord, Pombonne, Mussidan. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Fumel, Villeneuve-sur-Lot, Agen, Penne, Port-Sainte-Marie. — Vendée : Mervent, Peyré-sur- Vendée. 9. Oritoniscus vandeli Legrand. - — • Villeneuve-sur-Lot. 10. Phymatoniscus helenæ Vandel var. ocellatus Legrand. — Con- fluent du Brimont et de la Garonne (Sud d’Agen). Haplophthalminæ. 11. Haplophthalmus perezi Legrand. — Dordogne : Brantôme, Chancelade, Lalinde, les Eyzies, Beaumont du Périgord, Pombonne. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. — Vendée : Peyré-sur- Vendée. — Haute-Vienne : Limoges. 12. Haplophthalmus danicus B. L. • — Dordogne : Chancelade, Brantôme, Saint-Cyprien, Pombonne, Beaumont du Périgord, les Eyzies. — Lot et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. — Vendée : Damvix. 13. Haplophthalmus teissieri Legrand. • — Lot-et-Garonne : Ville- neuve-sur-Lot. — Vendée : Peyrésur- Vendée. 14 . H elenonis eus prenanti Legrand. — Lot-et-Garonne : Ville- neuve-sur-Lot. Oniscidæ. 15. Oniscus asellus Linné. — Dordogne (très commun) : Brantôme, Chancelade, Les Eyzies, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien, Lalinde, Bayac, Sarlat et causse au nord de cette ville, Pombonne, Musidan. • — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Fumel, Penne, Ville- neuve-sur-Lot, Agen. • — Vendée : Mervent, Fontenay-le-Comte, Peyré-sur- Vendée. — - Charente maritime : Courçon, Marans. — Haute-Vienne : Limoges. 16. Philoscia muscorum Scopoli et variété rufa Legrand. — Très commune dans les quatre départements. 17. Philoscia affinis Verhœff et variété trifasciata Verh. — Dor- dogne : Les Eyzies, Saipt-Julien-de-Lampon. — Lot-et-Garonne i Villeneuve-sur-Lot. - — Vendée : forêt de Mervent, Vouvant. 18. Chætophiloscia elongata Dollfus. • — • Dordogne : Les Eyzies, Pombonne. ■ — ■ Lot-et-Garonne : Villeneuve-sur-Lot. — Vendée t Mervent, Maillezais. ■ — Charente maritime : Marans. — 111 — P ORCELIilONIDÆ. 19. Porcellio (Euporcellio) scaber Latreille. — Dordogne : La* linde. — Lot-et-Garonne : Le Rayet. • — • Vendée : Mervent. - — Cha- rente maritime : Courçon (forêt de Benon), Marans, rivage du Per- thuis breton : variété maritima Dollfus. 20. Porcellio (E.) pictus Brandt. • — Dordogne : Pombonne, La- linde, Saint-Julien-de-Lampon, Les Eyzies. — Lot-et-Garonne : Le Rayet. ■ — Vendée : Mervent. — Charente maritime : Courçon (forêt de Benon). 21. Porcellio (E.) dilatatus Brandt. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. — Vendée Mervent. 22. Porcellio (E.) monticola Lereboullet. - — Dordogne : Saint- Julien-de-Lampon, les Eyzies, Chancelade, Pombonne. — Lot-et- Garonne : Villeneuve-sur-Lot. 23. Porcellio (Mesoporcellio) lævis Latreille. ■ — Dordogne : Brantôme. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. 23. Porcellio (Meso.) gallicus Dollfus. — Dordogne : Brantôme, Chancelade, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien, Lalinde, Bayac, Pombonne, Musidan, Beaumont du Périgord. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Fumel, Villeneuve-sur-Lot, Penne, Agen, Port-Sainte- Marie. — Vendée : Mervent, Peyré-sur-Vendée, Vouvant, Fontenay- le-Comte, Maillezais, Damvix. • — Charente maritime : Courçon, Marans. 24 Metoponorthus pruinosus Brandt. — Dordogne : Les Eyzies, Saint-Julien-de-Lampon. • — Lot-et-Garonne : Villeneuve-sur-Lot, le Rayet. — Vendée : Mervent. — Charente maritime : Courçon. 25. Platyarthrus Hoffmannseggii Brandt. — Dordogne : Sarlat et causse au nord de cette ville. • — • Lot-et-Garonne : Villeréal. — Vendée : Peyré-sur-Vendée. 26. Cylisticus convexus B. L. — Lot-et-Garonne : le Rayet. — Dordogne : Brantôme. Armadili.idiidæ. 28. Armadillidium vulgare Latreille. — Dordogne : Brantôme, les Eyzies, Beaumont du Périgord. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. • — Vendée : Mervent, Peyré-sur-Vendée. — Charente maritime : Courçon, Marans. 29. Armadillidium (Pseudosphærium) nasatum B. L. — Très commun dans les quatre départements ; variété rufum Legrand : Pombonne (Dordogne). — 112 30. Eluma purpurascens B. L. — Dordogne : Bayac, Bergerac, les Eyzies, Brantôme. — Vendée : Mervent, Vouvant. Eubelidæl 31. Sphærobathytropa ribauti Verhoefï. — Dordogne : Chancelade. II. — REMARQUES SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DE CERTAINES ESPÈCES Ligidium hypnorum. — Cette espèce de l’Europe centrale a envahi une grande partie de la France. Encore très abondante dans le Massif central (Vandel 1939), elle manque dans les Pyrénées. Elle dépasse sensiblement la ligne Brive-Figeac que Vandel ( ibid .) avait désignée comme limite sud-ouest puisqu’elle présente encore de nombreuses colonies en Dordogne le long des affluents et sous- affluents de la Garonne : Dordogne, Vezère, Corrèze, Isle, Beauronne de Périgueux, Beauronne de Mussidan, Grempse. Il est à remarquer que cette espèce avance d’autant moins vers l’ouest que ces cours d’eau sont plus méridionaux. Je ne l’ai pas trouvée en Lot-et- Garonne. La limite sud-ouest de son aire de répartition, autant qu’on puisse l’assigner strictement à. une espèce amnicole qui doit voyager le long des cours d’eau et même être transportée par les crues, traverse le département de la Dordogne suivant une ligne S.-E.- N.-O. qui va de Saint- Julien de Lampon à Mussidan en passant par les Eyzies. Le prolongement N.-O. de cette ligne doit couper le cours de la Charente en un point plus ou moins proche de l’Océan Atlan- tique, et va rejoindre les stations de Vendée où j’ai trouvé en abon- dance cette espèce, au bord de la Vendée et de ses affluents. Oritoniscus flavus. — Ce grand Trichoniscide présente une écologie identique à celle de Ligidium, hypnorum et semble remplacer cette espèce dans toute la partie méridionale de la France, depuis le Lot- et-Garonne jusqu’aux Pyrénées. A l’inverse de Ligidium hypnorum qui descend du Massif central, Oritoniscus flavus remonte vers le Massif central le long des affluents précités de la Garonne : Vandel (ibid.) l’a rencontrée jusqu’au Sancy et au Lioran, sources de la Dordogne et de la Gère. La limite N.-E. de son aire de répartition semble être (Vandel, ibid.) la bordure Est du Massif central ; la limite Nord semble être constituée par les Monts du Limousin : je ne l’ai pas trouvée à Limoges au bord de la Vienne. Sa limite N.-O. semble beaucoup plus avancée vers le Nord : Cette espèce a du pénétrer par le seuil du Poitou pour envahir une grande partie de la Vendée. Je l’ai trouvée en abondance en compagnie de Ligidium hypnorum sur les bords de la Vendée et de ses affluents. — 113 — La Vendée et la moitié N.-E. du département de la Dordogne paraissent donc être la zone de contact de ces 2 espèces. Au Nord de cette zone, seule subsiste Ligidium hypnorum, espèce septentrionale, au Sud de cette zone, on ne. rencontre plus qu ’Oritoniscus flavus, espèce pyrénéenne. Oritoniscus vandeli. — Cette espèce que j’ai décrite de Viïïeneuve- sur-Lot, (1942), a été trouvée par Vandel (1942, paru en mars 1943) dans le Lot et l’Aveyron dans des conditions écologiques analogues : domaine épigé, tufs humides. Vandel a assimilé cette espèce à Oritoniscus virei Cari *= cebenicus Racovitza. Je crois cependant qu’il s’agit de deux formes voisines mais différentes : les dessins de l’exôpodite du 1er pléopode mâle donnés par ces deux auteurs diffèrent nettement de ceux donnés par Vandel et moi-même : l’expodite d’O. virei , découpé en 2 lobes par une échancrure du bord distal, présente un lobe externe plus large que l’interne, caractère inversé chez O. vandeli. De même les dessins de l’endopodite du 2e pléopode donnés par Racovitza et Carl diffèrent, à la fois par la forme et la taille de l’article distal, de ceux de Vandel et des miens : Egal aux 3 /4 de l’article basal et nettement effilé à son extrémité d’après les deux premiers auteurs, l’article distal est plus long que le basal et spatulé à son extrémité chez O. vandeli. Enfin le caractère sexuel secondaire du 7e péréiopode ainsi que les brosses d’écailles des 2- premiers péréiopodes n’ont pas été figurés par Racovitza et Carl au sujet d’O. virei. Etant donné la grande ressemblance de ces 2 espèces, une nouvelle exploration des grottes où a été trouvé O. virei est nécessaire. Le caractère sexuel secondaire du 7e péréiopode mâle, bosse' assez peu marquée, fait d’O. vandeli un terme de passage entre le 2e et le 3^ groupe créé par Vandel (1942) pour classer le genre Oritoniscus. Trichoniscus elisabethæ. — La capture de cette espèce à Ville- neuve-sur-Lot est encore un témoignage de cette propagation des espèces du Massif central le long des affluents de droite de la Garonne. T. elisabethae est en effet commun dans les Cévennes (Vandel 1933). Trichoniscoïdes sarci meridionalis. — Cette espèce est très com- mune dans la Dordogne et le Lot-et-Garonne, aussi bien dans le domaine épigé que dans les grottes. Sa faible pigmentation et le caractère de premier pléopode du £ font de cette forme une sous- espèce géographique de T. sarci Patience. Les deux formes parais- sent en effet géographiquement séparées : T. sarci n’a été trouvé qu’à Vimereux par Vandel (1925) et je ne l’ai encore jamais ren- contré dans le Bassin de Paris. L’abondance des représentants du genre Trichoniscoïdes dans le S. Q. (T. sarci meridionalis r T. cadur- — 114 censis Vandel, T. cadurcensis furcillatus Legrand) étend largement vers le Sud l’aire de répartition de ce genre septentrional. Sa limite S. 0. paraît être la vallée de la Garonne, du moins pour le domaine épigé car T. modestus peuple les grottes pyrénéennes. Sur la rive gauche de la Garonne, au Sud d’Agen, je n’ai trouvé dans les condi- tions écologiques épigées où abonde ordinairement Trichoniscoïdes sarci meridionalis, que Phymatoniscus helenæ Vandel variété ocellatus Legrand. Il est donc possible que les deux genres Trichoniscoïdes et Phymatoniscus se * substituent l’un à l’autre, dans le domaine épigé, de part et d’autre de la Garonne : jusqu’ici aucune autre station aussi septentrionale n’a été signalée pour le genre pyrénéen Phymatoniscus. Haplophthalmus perezi. Cette espèce diffère d ’H. mengei Zad._ par de nombreux caractères : côte a plus courte chez H. perezi y carpos du 7e péréiopode du £ à 4 soies sternales subégales, alors que chez mengei l’une d’elles dépasse nettement les autres ; propodos à 3 groupes de soies sternales, 2 seulement chez mengei ; enfin et sur- tout : meros du 7e péréiopode du $ présentant une forte bosse sternale qui manque chez mengei. La présence d ’H. perezi à Corbeil (Seine-et-Oise), d’où je l’ai décrit (1942), paraît, sinon accidentelle, du moins très voisine de la limite Nord de sa répartition. Dans le Sud-Ouest, où je l’ai par contre trouvé en grande abondance, H. mengei paraît manquer totalement. La présence de cette dernière espèce à Toulouse (Vandel 1940) et dans le Nord de l’Espagne (Arcangeli 1924) demanderait à être confirmée. Philoscia affinis. — Cette espèce méridionale et méditerranéenne ne se rencontre que de façon sporadique dans la Dordogne et le Lot- et-Garonne. Elle est beaucoup plus abondante dans la forêt de Vouvant (Vendée). Chætophiloscia elongata. — Cette espèce, également méridionale et méditerranéenne se rencontre de même de façon sporadique dans la Dordogne et le Lot-et-Garonne. Elle paraît plus commune en Charente maritime et en Vendée. Il est probable que le climat maritime permet une extension vers le Nord de son aire de réparti- tion : Dollfus (1899) l’a en effet signalée au Croisic (Loire- Inférieure). Porcellio (Meso.) gallicus. — Cette espèce est ubiquiste dans les quatre départements (sauf peut-être au bord de la mer, région que je n’ai pu explorer). Si on compare le Bassin de Paris et le S. O. de la France, on est frappé par l’inversion de fréquence des 2 espèces : Porcellio (Eu.) scaber et P. (Meso) gallicus : dans le Bassin de Paris P. scaber est ubiquiste, P. gallicus très rare (forêts). Dans la Vendée et la Charente maritime P. gallicus est ubiquiste avec prédominence — 115 — dans les forêts surtout siliceuses ; P. scaber est déjà beaucoup moins abondant : forêts calcaires et jardins. En Dordogne et Lot-et-Ga- ronne P. gallicus est absolument ubiquiste, P. scaber très sporadique {troncs d’arbres). Eluma purpurascens. — Cette espèce nettement sylvicole est très commune dans la Dordogne ; Vandel (1939) l’a récoltée à Brive 5 elle s’avance beaucoup plus loin vers l’Est : Châteauroux (Indre) ; elle a été recueillie par Budde Lund (1885) et Dollfus (1899) à Sainte-Georges-de-Didonne et Angoulême (Charente) ; je l’ai enfin trouvée en abondance dans la forêt de Mervent (Vendée). L’aire de dispersion de cette espèce paraît donc délimitée : à l’Est par le Massif Central au Sud par la Dordogne. Quant à sa limite Nord, elle demanderait à être précisée (vallée inférieure de la Loire ?). Dollfus (1899) et Arcangeli (1935), basant leur hypothèse sur des captures sporadiques en France, Espagne et Portugal, ont admis être en présence d’une espèce importée des archipels atlantiques (Açores, Madère, Canaries) où elle est très commune. Vandel (1939) a repris cette hypothèse des importations successives et indépen- dantes les unes des autres. Or cette hypothèse ne tient pas compte : ■a ) de la large dispersion de cette espèce à l’intérieur des terres (en France du moins et en Espagne) ; b) de l’abondance des individus indiquant une excellente acclimatation (au moins en Dordogne et en Vendée); c) de l’habitat sylvicole assez rare pour une espèce importée récemment. Ces trois constatations semblent mieux s’harmoniser avec l’hypo- thèse d’une espèce relique de la faune atlantidienne, répartie à la fin du tertiaire ou au début du quaternaire sur un territoire englo- bant les archipels atlantiques et réuni aux côtes espagnoles et por- tugaises. Conclusion. — La faune de la Dordogne et du Lot-et-Garonne est intermédiaire entre la faune banale de la France moyenne et la faune toulousaine (Vandel 1940) : Les éléments vraiment méditer- ranéens ( Platyarthrus costulatus , Metoponorthus sexfasciatus, M. melanurus, Lucasius pallidus ), déjà rares à Toulouse, font défaut. D’autres moins stricts subsistent : Chætop kilos cia elongata , Philoscia afjinis. Les influences pyrénéennes sont beaucoup plus faibles : Oritoniscus flavus , Sphærobathytropa ribauti, Phymatoniscus helenæ , cette dernière espèce ne dépassant pas le sud du Lot-et-Garonne. Par contre d’autres influences se font sentir : influence du Massif Central d’où descendent Oritoniscus vandeli, Trichoniscus elisabethæ ; influence de l’Océan atlantique : Eluma purpurascens ; enfin l’in- fluence septentrionale est plus marquée : abondance dans le domaine êpigé du genre T richonis coides, pénétration en Dordogne de Ligi- dium hypnorum, abondance d ’Oniscus asellus. 116 — La Vendée et la Charente maritime ne représentent qu’un pro- longement vers le Nord de cette région eit les influences méditerra- néennes et pyrénéennes venues par le seuil du Poitou sont encore pins affaiblies. Vandel (1940) a défini la faune méridionale en prenant pour type la faune toulousaine : a) par l’abondance de certaines formes telles que Trichoniscus provisorius beaucoup plus rares dans la France moyenne. — On peut y ajouter Haplophthfalmus perezi et Porcellia (Mesoporcellio) gallicus ; b) par l’existence de formes méditerra- néennes à grande dispersion telles de Philoscia affinis, Chætophiloscia elongata ; c ) par l’absence de certaines espèces de l’Europe occiden- tale telles que Ligidium hypnorum et Oniscus asellus. Les deux premiers termes de cette définition sont valables pour le Lot-et- Garonne, la Dordogne, la Charente maritime et la Vendée. Le dernier terme n’est plus valable que pour le Lot-et-Garonne, si on excepte d’ailleurs le cas d ’ Oniscus asellus. L’étude précédente montre que si on ne veut pas être obligé de créer toute une série d’intermé- diaires entre la faune méditerranéenne et la faune de la France moyenne, il faut étendre le terme de faune méridionale au bassin hydrographique de la Garonne (Pyrénées exceptées) et à la Vendée. Les deux premiers termes de la définition donnée par Vandel peuvent être conservés pour définir cette faune, mais son caractère principal est d’être une zone de contact de nombreuses faunes : faune méditerranéenne, pyrénéenne, atlantique et septentrionale. Laboratoire de Zoologie, Sorbonne. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1935. Arcangeli (A.). Boll. d. Zool. gen. agrar. d. R. Istit. super, agrar . Portici XXIX. 1885. Budde Lund (G.). Crustacea Isopoda terrestria per Famiiias et généra et species descripta. Hauniæ. 1908. Carl (J.). Feuille J. Natur. IVe série, 39e année. 1899. Dollfus (A.). Feuille J. Natur., IIIe série, 29e année. 1942. Legrand (J -J ) Bull Soe. Zool. Fr., LXVII. 1942. Legrand (J. -J.). Bull. d. Muséum, 2e s., t. XIV, n° 6. 1943. Legrand (J.-J.). Bull. d. Muséum, 2e s., t. XV, n° 2. 1908. Racovitza (E. G.). Archiv Zool. Expér. (IV), IX, pp. 239-415. 1934. Vandel (A.), Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, t. LXVI, 1er trim. 1939. Vandel (A.). Arch. Zool. Expér. et Gén., LXXX. Notes et revue,. n° 3. 1940. Vandel (A.). Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, LXXV. 1941. Vandel (A.). Bull. Soc. Zool. France, LXVI. 1942. Vandel (A.). Bull. Soc. Zool. France, LXVII. 117 Les Types dTnsectes de Mulsant au Muséum de Paris Par Renaud Paulian E. Mulsant compte parmi les entomologistes français les plus notoires du milieu du siècle dernier. Son œuvre monumentale ; Histoire Naturelle des Punaises de France, Histoire Naturelle des Coléoptères de France, Lettres à Julie sur l’entomologie, Opus- cules entomologiques, Species des Coccinellides, etc. \ sa colla- boration avec Cl. Rey, Godart, Guillebeau, ont contribué non seulement au développement de la connaissance de la faune fran- çaise, mais encore au développement de l’intérêt pbur l’entomolo- gie. Il reste une des belles figures de cette remarquable pléiade de naturalistes lyonnais du xixe siècle. Or, à sa mort, les collections sur lesquelles il avait travaillé, passèrent à son, fils, lui-même entomologiste amateur. Victor Mulsant, pendant de longues années Supérieur de l’Institution mariste de Saint-Chamond (Loire), laissa l’ensemble de ses col- lections à cette Institution. Soigneusement rangées dans d’excellents cadres en bois, mais ayant subi des déménagements au cours des deux guerres, lorsque l’Institution servit d’ Hôpital, les collections entomologiques avaient sensiblement souffert. Aussi, lorsqu’à une demande de renseigne- ments, le Père Supérieur de l’Institution proposa, dans un esprit de rare désintéressement scientifique, de laisser le Muséum retirer de ces collections les exemplaires ayant une valeur historique, typiques, estimant qu’ils seraient plus à l’abri et mieux à leur place dans notre Collection Nationale, nous n’hésitâmes pas à nous rendre à Saint-Chamond pour nous rendre compte de ce qui sub- sistait encore et, de notre point de vue, pouvait être sauvé. La collection E. Mulsant, bien distincte de la collection V. Mulsant (cette dernière sans intérêt), avait été rangée, vers 1893-1895 par les soins du P. Friocourt et du P. Bonon, dans les cadres d’un meuble spécialement fabriqué pour l’Insti- tution. D’après les indications qu’a bien voulu nous fournir le P. Giovanotti, et conformément à ce que nous avons pu vérifier par recoupement, rien d’étranger n’y avait été incorporé. En dehors des matériaux français, renfermant les types de Mul- 1. Et nous ne parlons pas de son Histoire des Oiseaux-Mouches, publiée en colla- boration avec Verreaux. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. J sant, de Mulsant et Rey, Mulsant et Godart, Mulsant et Guillebeau, cette collection contenait quelques matériaux de Madère, provenant, d’après la préparation, des chasses de Wol- laston et pouvant être considérés comme cotypiques ; quelques espèces françaises de Cl. Rey, que l’on doit aussi considérer comme cotypiques, étant donné les rapports constants existant entre les deux naturalistes ; enfin des récoltes du P. Montrouzier, mis- sionnaire mariste aux îles du Pacifique, et provenant de l’île Wood- lark. Étant donné l’étiquetage de ces espèces, certaines doivent être considérées comme des cotypes de cet auteur. Au cours de notre séjour à Saint-Chamond nous avons pu pré- lever dans la collection Mulsant tous les matériaux typiques qui y existaient encore. Il nous a alors semblé qu’il serait utile d’en publier la liste, à un triple point de vue. 1. D’une part pour faire connaître l’enrichissement des collec- tions d’Entomologie. 2. Ensuite pour éviter des recherches, dorénavant inutiles, dans les restes de la collection Mulsant et en établir en somme le bilan. 3. Enfin pour attirer l’attention sur le geste de l’Institution Sainte-Marie, de Saint-Chamond. Il serait à souhaiter que d’autres Institutions, et des particuliers, acceptent aussi généreusement de se dessaisir de matériaux d’une haute valeur historique, faisant en somme partie du patrimoine scientifique national. Ils en assu- reraient ainsi la pérennité. Dans la lis e qui suit nous avons indiqué d’un T les exemplaires typiques uniques ; lorsqu’il y en avait plusieurs, étant donné que Mulsant ne désignait jamais ces types, nous ne pouvons les con- sidérer que comme des Ex-typis ; enfin les matériaux des autres auteurs ne sont représentés que par des cotypes. Hémiptères Euconia marginipennis Mulsant et Rey. Sternodontus obtusus Mulsant et Rey. Derula flavoguttata Mulsant et Rey. Sehirus luctuosus Mulsant et Rey. Canthopliorus maculipes Mulsant et Rey. Gnathoconus concolor Mulsant et Rey. Sciocoris angustipennis Mulsant et Rey et S. auritus Mulsant et Rey. Aeliodes lineolata Mulsant et Rey. Eysarcoris epistomalis Mulsant et Rey. Pentatoma pinicola Mulsant et Rey. Nezara Millierei Mulsant et Rey. Sudalus brevicornis Mulsant et Rey. Berytus gracilis Mulsant et Rey. — 119 — Harpactor lividigaster Mulsant et Rey. Pirates ambiguus Mulsant et Rey. Prostemma fuscipennis Mulsant et Rey. Coléoptères Cymindis maderae Wollaston, cotype. Olisthopus maderensis Wollaston, cotype. Hydraena rugosa Mulsant, H. producta Mulsant. Limnebius papposus Mulsant. Ochthebius crenulatus Mulsant. Stenus major Mulsant et Rey. Philonthus tenuicornis Rey, cotype. Helophorus aroernicus Mulsant, H. intermedius Mulsant. Laccobius pallidus Mulsant. Lucanus cervus var. Fabianii Mulsant et var. Pontbrianti Mulsant, T. Bolbelasmus gallicus Mulsant. Trypocopris vernalis subsp. epistomalis Mulsant. Gymnopleurus obtusus Mulsant, T. Chironitis Melibaeus Mulsant. Oniticellus Revelierei Mulsant, T. Aphodius (Calamosternus) ferrugineus Mulsant. Ataenius simplicipes Mulsant, T. Psammobius basalis Mulsant, T. Rhyssemus Godarti Mulsant, R. verrucosus Mulsant, T, R. sulcigaster Mulsant. Rhizotrogus marginipes Mulsant, R. vicinus Mulsant, R. pygidialis Mul- sant. Anoxia scutellaris Mulsant. Anisoplia villica Mulsant. Pelochares emarginatus Mulsant et Rey. BothriopTiorus atomus Mulsant, T. Ryrrhus quadrifasciatus Mulsant et Rey, R. similaris Mulsant. Ampédus ruficeps Mulsant et Godart. Cardiophorus versicolor Mulsant et Guillebeau. Athous pallens var. melanoderes Mulsant et Guillebeau, A. castanescens Mulsant et Guillebeau, A. jrigidus Mulsant et GuiVebeau, A. herbigra dus Mulsant et Guillebeau, A. escorialensis Mulsant et Guillebeau, A. pallens Mulsant et Rey, A. silvaticus Mulsant et Guillebeau, A. Godarti Mulsant et Guillebeau, A. fuscicornis Mulsant et Guille- beau. N eotrichophorus Guillebeaui Mulsant et Godart. Cylindromorphus gallicus Mulsant et Rey. Cyphon depressus Mulsant et Rey. Homalisus Victoris Mulsant, T, H. Mercki Mulsant, T. Malthodes nigriceps Mulsant et Rey, M. meridianus Mulsant et Rey. Danacea ambiguus Mulsant, D. longiceps Mulsant. Dermestes gulo Mulsant et Godart. Attagenus piceus var. stygialis Mulsant et var. julvipes Mulsant et Rey. Ttogoderma fusicorne Mulsant et Rey. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 9 120 — Dryophilus longicollis Mulsant. Ernobius parens Mulsant, E. consimilis Mulsant. Lasioderma apicatum Mulsant et Rey. Mesothus ferrugineus Mulsant. Stagetus byrrhoides Mulsant. Dorcatoma punctulata Mulsant et Rey. Cœnocara subglobosa Mulsant et Rey. Orchesia luteipalpis Mulsant et Rey. Abdera scutellaris Mulsant. Scraptia minuta Mulsant et Rey. Anaspis varians Mulsant et Rey, A. Chevrolati Mulsant* A. latiu&cula Mulsant et Rey, A. monilicornis Mulsant. Pentaria sericaria Mulsant. Mordella Gacogqei Mulsant. Mordellistena lilliputiana Mulsant, M. stenidea Mulsant et Rey, M. pul- chella Mulsant, M. inaequalis Mulsant, M. subtruncata Mulsant, M. épis- ternalis Mulsant, M. Perrisi Mulsant, M. pulchella Mulsant. Œdemera podagraride var. sericans Mulsant. Salpingus aeratus Mulsant, T. Rabocerus virescens Mulsant, T. 1 Lagria atripes Mulsant et Rey, L. nudipennis Mulsant et Rey. Hymenorus JDoublieri Mulsant. Mycetochara maurina Mulsant. Asida sabulosa var. insidiosa Mulsant. JJendarus coarcticollis Mulsant. Pedinus meridianus Mulsant et Rey, P. punctatostriatus Mulsant et Rey. Bioplanes meridionalis Mulsant et Rey. Allophylax littoralis Mulsant et Rey. Phaleria Revelierei Mulsant et Rey. Pentaphylus melanophthalmus Mulsant. Melasia Perroudi Mulsant et Guillebeau. Belopus proeerus Mulsant. Helops Cerberus Mulsant, H. agonus Mulsant, U. robustus Mulsant. Cylindronotus Foudrasi Mulsant, C. dryadophilus Mulsant, C- pellucidus Mulsant. Prinobius Myardi Mulsant. Leptura Fontenayi Mulsant. Corlodera spinosula Mulsant. Cænoptera Kiesenwetteri Mulsant et Rey. Leptidea brevipennis Mulsant. Oxypleurus Nodieri Mulsant. Drymochares Truquii Mulsant. Clytus lama Mulsant. Parmena pubescens var. Solieri Mulsant. JDorcadion molitor var. JJonzeli Mulsant, fuliginator varr. méridionale Mulsant, mendax Mulsant, monticala Mulsant, navaricum Mulsant. Morimus funereus Mulsant. Exocentrus adspersus Mulsant, E. punctipennis Mulsant. Po gonochaerus Perroudi Mulsant, P. scutellaris Mulsant. Beroplia Troberti Mulsant, D. Foudrasi Mulsant. Niphona picticornis Mulsant. Albana M-griseum Mulsant. Agapanthia latipennis Mulsant. Menesia bipunotata var. quadripustulata Mulsant. Phytœcia jourdani Mulsant, P. vulnerata Mulsant. Enotes lifuensis Montrouzier, cotypes. Dihammus fasciatus Montrouzier, cotype, D. Lessoni Montrouzier, cotype, Penthea undata Montrouzier, cotype. Bruchus ulicis Mulsant et Rey. Bruchidius canaliculatus Mulsant et Rey. Tropideres curtirostris Mulsant et Rey. Rkaphitropis maculosus Mulsant et Rey. Laboratoire d,’ Entomologie du Muséum. Nouveaux Acanthaspiditae d'Afrique Orientale [hem. reduviidae] Par André Villiers. (Note présentée par M. Marc André). Acanthaspis elongata, n. sp. — Type : une $ provenant d’Abys- sinie (coll. Noualhier )> Muséum de Paris). Long. 16,5 mm. — Aptère, corps très allongé et étroit. Noir, luisant, chaque fémur avec un assez large anneau préapical orangé '(%• !)• Tête très longue et étroite, à lobe postérieur régulièrement rétréci en arrière, sans séparation nette entre les tempes et le cou. Yeux un peu plus larges que la moitié de l’espace qui les sépare. Ocelles petits, à peine aussi larges que la moitié de l’espace qui les sépare, très légèrement surélevés. Pronotum très étroit, à lobe antérieur deux fois plus long que le postérieur, fortement sillonné en long au milieu et sur toute sa longueur, fortement et irrégulièrement ridé avec des bandes sinueuses déprimées et presque lisses. Lobe pos- térieur très fortement ridé en travers, de peu plus large que le lobe antérieur, ses angles saillants en une longue pointe conique. Écusson plus long que large, fortement ridé en travers, prolongé en arrière en une robuste pointe dressée verticalement. Moignons alaires courts, ovalaires, un peu moins longs que l’écusson. Pattes longues et grêles, les tibias antérieurs avec une fosse spongieuse ovalaire égale au cinquième de la longueur du tibia. Abdomen ovalaire, les tergites très densément et finement ridés en travers,, les sternites convexes, avec de petites rides transverses espacées et peu profondes, les trois premiers sternites carénés au milieu. Acanthaspis Arambourgi, n. sp. — Type : une $ du Kenya, West-Suk dans la province du Turkana (Mission de l’Omo )> Muséum de Paris). Long. 15-16 mm. — Noir avec une petite tache transverse jau- nâtre près de l’apex de chacun des segments du connexivum. Tête assez courte avec les tempes longuement prolongées en arrière, concaves, puis brusquement étranglées en un cou distinct. Lobe antérieur très profondément sillonné en long au milieu. Yeux très gros et saillants, aussi larges ou presque que l’espace qui les sépare. Ocelles gros, bien plus larges que l’espace qui les sépare, situés sur une proéminence du lobe postérieur. Pronotum entière- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. ment couvert d’une pubescence rase grisâtre ; lobe antérieur sans sillon longitudinal médian, très superficiellement sculpté ; lobe postérieur un peu plus court mais bien plus large que le lobe anté- rieur, ridé en travers, ses angles postérieurs légèrement coniques mais non saillants. Écusson bien plus large que long, terminé par une robuste apophyse obliquement dressée, subconique à l’apex Fig. 1. — Acanthaspis elongata, n. sp., femelle. Fig. 2. - — Cerilochus rugosus, n. sp., femelle. Moignons^alaires pubescents, plus courts que l’écusson. Pattes robustes, les tibias antérieurs avec une fosse spongieuse égale au quart de la longueur du tibia. Abdomen large, tergites avec leur marge postérieure couverte d’une assez longue pubescence dorée, une dépression médiane fortement ridée en travers et, sur les côtés, de petites rides transverses, superficielles et espacées. Face ven- trale lisse et éparsément pubescente. Cerilochus ochraceipes, n. sp. — Type : un d’Afrique orientale anglaise, entre la rivière Tana et le cours septentrional du Guasa — 124 — Nyéro, entre 1.200 et 2.000 m. d’altitude (G. Vasse )> Muséum de Paris). Long. 22 mm. — Noir, luisant, avec seulement les tarses et l’apex des tibias d’un jaune ochracé, les deuxième et troisième articles des antennes brunâtres, la oorie des élytres avec une très large tacbe ronde testacée Muséum de Paris). Long. : 29 mm. — Très luisant. .Noir avec une large tache arron- die testacée au milieu de la corie de chaque élytre, l’apex de la membrane blanchâtre, le deuxième article des antennes roux, les trois derniers segments du connexivum largement tachés de rouge orangé, les pattes jaunes sauf l’extrême base des fémurs antérieurs, les deux tiers basilaires des fémurs intermédiaires et les trois quarts basilaiies des fémurs postérieurs qui sont noirs. Pubescence dressée rousse, dense sous les fémurs et à l’apex des tibias (fig. 2). Yeux très gros, presque aussi larges que l’espace qui les sépare. — 125 — Ocelles très gros, situés aussi loin l’un de l’autre quie des yeux. Tempes droites et obliques. Deuxième article des antennes presque six fois plus long que le premier, celui-ci plus court que la partie préoculaire de la tête. Premier et deuxième articles du rostre très épais, égaux en longueur. Lobe antérieur du pronotum fortement transverse, superficielle- ment sculpté, avec une forte et large dépression longitudinale au milieu de sa base. Lobe postérieur deux fois plus large que l’anté- rieur, fortement ridé en travers, déprimé latéralement et portant un sillon longitudinal médian s’étendant sur les trois quarts anté- rieurs de sa longueur. Fémurs antérieurs avec cinq épines, une externe et quatre internes alignées. Fémurs intermédiaires avec quatre épines. Tibias antérieurs et intermédiaires avec, à l’apex de leur face interne une fossette spongieuse ovalaire occupant le tiers de la longueur des tibias. Avec ces deux espèces nouvelles le genre Cerilochus comprend onze espèces africaines. Elles peuvent se distinguer à l’aide du tableau suivant 1 : 1. Pronotum concolore h . . 2 — Pronotum bicolore : 7 2. Tête et pronotum noirs. Élytres noirs avec une tache claire sur la carie 3 ■ — Tête et pronotum rougeâtre ochracé. Élytres uniformément noir. Long. 23,5 mm. (Mashonaland). . bicolor Dist. 3. Fémurs concolores, noirs ou bruns. . 4 — Fémurs noirs et jaunes 5 4. Face ventrale de l'abdomen et pattes noires avec seulement l’apex des tibias roussâtres. Long. 27 mm. (Afrique orientale)., histrio Dist. — Pattes brun de poix. Abdomen brun de poix avec le disque du métasternum et le milieu de la base de l’abdomen brun ochracé. Long. 17 mm. (Transvaal) parvus Dist. 5. Connexivum noir 6 — Connexivum taché de rouge orangé rugosus, n. sp. 6. Apex des fémurs, tibias et tarses en totalité jaune orangé. Long. 28-32 mm. (Afrique orientale) Dohrni Stal — Pattes noires avec seulement l’apèx des tibias et les tarses jaune d’ocre ochracé ipes, n. sp. 7. Lobe antérieur du pronotum noir, lobe postérieur clair 8 — Lobe antérieur du pronotum rougeâtre, lobe postérieur noir. Long. 19 mm. (Transvaal) Waterbergensis Dist. 8. Fémurs antérieurs et intermédiaires épineux en dessous 9 — Fémurs inermes. Noir, lobe postérieur du pronotum et corie des .1. Ce tableau fait surtout état de la coloration car plusieurs espècces me sont inconnues et les descriptions de Distant ne mentionnent pas les ■caractères morpho- logiques importants : épines des fémurs, fosse spongieuse, dimension des lobes du pronotum, importance des ocelles, etc... élytres jaune d’ocre. Long. 22-23 mm. (Afrique occidentale et centrale) Inermipes Stâl 9. Corie des élytres, sauf l’angle apical d’un jaune très r>â1 coll. Ch. Alluaud y Muséum de Paris). Long. 42 mm. — Noir, peu luisant, les pattes et les côtés du 1. C. cameronensis Varela est synonyme de nero Stal. 127 pronotum hérissés de poils roussâtres. Deuxième article des antennes brun de poix. Corie de chaque élytre avec une large tache arrondie jaune clair. Apex des tibias et tarses orangés (fig. 3). Pronotum étroit avec ses angles postérieurs bien marqués, sub- coniques mais non épineux, sa base régulièrement arrondie d’un angle à l’autre, non tronquée au milieu et le disque du lobe posté- rieur peu convexe et superficiellement ridé en travers. Cette espèce est très voisine de P. erebus Distant qui se dis- tingue de P. nigripes, n. sp. par son pronotum bien plus large, à angles postérieurs épineux et lobe postérieur lisse, ainsi que par les taches de la corie des élytres qui sont petites et d’un jaune ochracé. Laboratoire d’ Entomologie du Muséum. 128 — Quelques Ectoparasites des animaux sauvages du Parc Zoologique du Bois de V inc en nés (Première note). Par J. Nouvel et E. Séguy. Nous rapportons ici, selon l’ordre zoologique, la liste de quel- ques ectoparasites recueillis sur les animaux du Parc Zoologique du Bois de Viricennes. I. Acariens. Nous avons recueilli deux variétés du Psoropte commun ( Pso~ roptes equi (Hering) 1938) — ( Psoroptes communis (Fürst.)). La première : Psoroptes equi var. : bovis (Gerlach), 1857, a pour hôte habituel le bœuf domestique, elle a de plus été signalée chez, diverses espèces de Buffles par Roll et Mégnin 1. Nous l’avons recueillie au niveau de plaques cutanées plus ou moins dépilées, crouteuses et prurigineuses, sur un Buffle de Rou- manie né au parc. La seconde Psoroptes equi var. : caprae Pesas = (P. conglensis Mense), 1889, est l’agent d’une otite parasitaire de la Chèvre domes- tique. Ugo Caparini l’a signalée chez une Gazelle 1. Nous l’avons recueillie dans l’oreille d’une Gazelle dorcas . ( Gazella dorcas L.) atteinte d’otaeariase. Nous ne pouvons fournir aucune précision sur l’origine de ces acariens, qui ont pour hôtes habituels des animaux domestiques européens et qui vraisemblablement n’ont parasité les animaux sur lesquels nous les avons recueillis que peu de temps avant leur mise en évidence. II. ■ — Mallophages. Les espèces de cet ordre que nous avons recueillies et identifiées sont : 1. — Menopon meleagridis (Panzer). (= Menopon stramineum Nitzsch ap. Giebel, = Menopon biseriatum Piaget, = Eomena- canthus stramineus Eichler.). Ce parasite a pour hôte habituel le 1. In Raillet, Traité de zoologie médicale et agricole, Asselin et Houzeau, édit., Paris, 1895, p. 670. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. Dindon et pour hôtes occasionnels actuellement connus - la poule, la pintade, le pigeon, le Kamichi de Derby ( Chauna chavaria (L.)), le Paon spicifère {Pava spicifer — P-avo mutions L.), >le Faisan 4e chasse (Phasianus colchicus L.) et le Faisan de Cuvier (« Gallo- phasis Cuvieri » = Gennaeus Horsfieldi (Gray) ? subsp. ou hybrid J. Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage (■ Melea - gris gallopavo gallopavo L.). 2. — Colpooephalum hirtum Rudow. Les hôtes de ce mallo- phage antérieurement signalés sont le Rhytïeère à bec plissé ( Buce - ros ruficollis — Rhytidoceros plicatus (Forster)) et le Buceros cassi- dix — Cranorrhinus cassidix (T emminck) . Nous l’avons recueilli, pour la première fois, sur une troisième espèce de la famille des Bucérotidés : Un Calao d’Abyssinie ( Bucor - vus abyssinicus (Boddaert)) importé depuis plus de 8 ans. 3. — Colpocephalum productum Nitzsch ap. Burmesiter = (Colpooephalum vittatum Giebel). Nous avons recueilli ce Colpo- cephale sur son hôte habituel : Un Calao d’Abyssinie ( Bucorvus abyssinicus (Boddaert)) en captivité depuis plus de 8 ans. 4. — Colpocephalum subaequale Nitzsch. Cette espèce parasite habituellement le Grand Corbeau ( Corvus corax (L.)) et le Corbeau Freux ( Corvus frugüeus (LJ), elle a été rétrouvée occasionnelle- ment chez la Corneille noire ( Corvus corone LJ et chez le Choucas (Coloeus monedula (L.)). Nous l’avons recueillie sur le cadavre d’un Grand Corbeau ( Cor- vus corax (LJ) qui nous avait été envoyé quelques années plus tôt d’Angleterre. 5. — Goniodes meleagridis (Linné), dont les hôtes habituels sont le Dindon et la Pintade et qui a été signalé occasionnellement sur le Kamichi de Derby ( Palamedea chavaria = Chauna chavaria (LJ) et sur le Paon spicifère (Pavo spicifer = Pavo muticus LJ. Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage, ( Meleagris gallopavo gallopavo LJ. G • — Oxylipeurus polytrapezius (Nitzsch), parasite normal du Dindon domestique, qui a été trouvé occasionnellement sur le Dindon de l’Arizona ( Meleagris gallopavo merriani Nelson). Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage du Mexique (Meleagris gallopavo gallopavo LJ. 7. — Esthiopterum gruis (LJ = (Lipeurus ebraeus Nitzsch — Bipeurus maximus Rudow).. Ce parasite a pour hôte régulier la Grue cendrée (Grus grus (Linné)) ; il a été signalé occasionnelle- ment sur la Grue couronnée (Balearica pavonina (LJ). Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’une Grue antigone ( Grus 130 antigone antigone (L.)). Un couple de Grues cendrées vivait dans un parc voisin de celui de cette Grue antigone, ce parasi- tisme ne doit cependant pas être considéré comme accidentel, des indivus à différents stades de leur développement ayant été recueillis sur l’oiseau parasité. La Grue antigone est donc un nou- vel hôte d’j Esthiopterum gruis. 8. — ■ Trichodectes climax Nitzsch = (T. caprae Gurlt = T. climacium Nitzsch — T. truncatus Piaget = T. peregrinus Tas- chenberg = T. major Piaget.) est un parasite habituel de la chèvre domestique. Sous le nom de T. peregrinus il a été trouvé sur un Marabout d’Afrique ( Mycteria crumenifera — Leptoptilos crume- niferus (Lesson)). Nous avons recueilli cette espèce sur les poils de lh région dor- sale et inguinale de plusieurs individus d’un troupeau de Chèvres naines du Sénégal (espèce domestique d’Afrique occidentale et équatoriale). III. — Anoploures. Dans cet ordre nous avons recueilli : 1. Pedicinus longiceps Piaget, qui a pour hôte type le Budeng de Sumatra ( Semnopithecus pruinosus Desm.) = ( Pygathrix cristata (Raffles)) et qui a été aussi signalé chez le Macaque de Bufîon ( Macaca irus (F. Cuvier)) et chez le Macaque de Sumatra ( Macaca fascicularis (Raffles)). Nous avons recueilli de très nombreux spécimens de cette espèce, sur le cadavre d’un Macaque rhésus, quelques jours après son importation. L’espèce Macaca rhésus apparaît donc comme un nouvel hôte du Pedicinus longiceps. 2. Polyplax spinulosa (Burmeister). Cette espèce a pour hôte régulier le Rat surmulot ( Rattus norvegicus (Berkenhout)), ses hôtes occasionnels actuellement connus sont : le Rat noir ( Rattus rattus rattus (L.)), le Rat d’Alexandrie ( Rattus rattus Alexandrinus (Is. Geoff.)), une Musaraigne ( Sorex araneus L.) et deux Campa- gnols ( Microtus californicus Peale et Phenacomys longicaudus True). Nous l’avons recueillie sur le cadavre d’vfn Rat ( Rattus norvé- giens (Berkenhout)) capturé dans le Parc Zoologique. Cette espèce mérijte d’être signalée en tant que vecteur éventuel du Typhus murin. 3. Linognathus stenopsis (Burmeister), est un anoploure para- site habituel de la chèvre domestique, il a pour hôte occasionnels le Mouton domestique, la chèvre égyptienne et le Chamois ( Rupi - capra rupicapra L.). 131 — Nous l’avons successivement recueilli sur la Chèvre naine du Sénégal et sur la Gazelle dorcas ( Gazella dorcas L.). Il n’a pas encore été signalé à notre connaissance sur ce dernier hôte. 4. — Haematomyzus elephantis Piaget est un parasite des Eléphants d’Asie (Elephas maximus L.) et d’Afrique ( Loxodonta af ricana Blumenb.). Nous l’avons recueilli sur un Eléphant d’Asie âgé de deux à trois ans, dans les quelques semaines qui ont suivi son importa- tion. La guérison de cette phtiriase fut aisée et d’autres Eléphants qui vivaient avec le sujet parasité n’ont pas été contaminés. IV. — Aphaniptères. Dans cet ordre nous citerons pour mémoire Ctenopsyllus segnis (Schônheer) recueilli sur un Rat ( Rattus norvegicus (Berkenhout)), et Ctenocephalus felis Bouché recueilli sur un Chat sauvage (F élis sylvestris Schreb.). En résumé nous avons recueilli et identifié 2 Acariens, 8 Mallo- phages, 4 Anoploures et 2 Aphaniptères. Ces résultats montrent que les animaux sauvages des Parcs Zoologiques peuvent accueillir certains parasites des animaux domestiques, mais qu’ils peuvent aussi conserver, et parfois fort longtemps, des parasites qu’ils importent de leur pays d’origine. Enfin nous apportons dans cette première note une contribution à la connaissance de « l’aire zoologique de répartition » des espèces parasites : d’une part nous ajoutons quatre hôtes nouveaux à la liste de ceux déjà connus pour ces parasites. Ce sont : le Calao d’Abyssinie pour Colpocephalum hirtum ; la Grue antigone pour Esthiopterum gruis ; le Macaque rhésus pour Pedicinus longiceps et la Gazelle dorcas pour Linognathus stenopsis. D’autre part, nous remarquons que le kamichi de Derby a été deux fois signalé comme hôte de parasites habituellement ren- contrés chez le Dindon, la Pintade, et le Paon spicifère (Menopon meleagridis et Goniodes meleagridis ) et que nous avons retrouvé chez la Gazelle dorcas deux parasites habituels de la Chèvre (Pso- roptes equi var. : caprae et Linognathus stenopsis), ce qui établit un lien, dont la valeur est encore imprécise, entre des espèces que la morphologie et la - systématique ont nettement éloignées. Laboratoire d’Ethologie des animaux sauvages et Laboratoire d’ Entomologie du Muséum. Les Mollusques de France de la collection Locard. Mollusques terrestres (4e note). Famille Helicidae (suite). Par Gustave Cherbonnier. Monaeha incarnata (Muller, 1758)*. 1. — Hélix incarnata Muller, 1758. Ain : La Faucille, Mïribel. Haute- Savoie : Evian. Hérault : Montpellier. Isère : La Grande-Char- treuse, Grenoble. Meurthe-et-Moselle : Mànonvîlle. Moselle : Metz Nord : Dunkerque.. Oise : Mouy. Rhône : Couzon, Lyon. Savoie : Gorges du Fier, Seyssel. Seine- Inférieure ; Orival. Seine- et-Oise : Montmorency. Territoire de Belfort. Allemagne. Suède [V-25J. 2. - — Hélix opimata Locard, 1893. Ain : L’Aumusse [V-25]. 3. — Hélix permira Bourguignat,. 1894. Ain : Guloz, Nantua. Côte-d’Or, Isère : La Grande-Chartreuse. Rhône : Lyon [V-25]. 4. — • Hélix tholiformis Bourguignat, 1894., Ain : Gex, Nantua. Haute- Savoie : Thonon. Isère La Grande-Chartreuse, Grenoble, Saint- Geoire. Rhône : Le Mont-d’Oi Lyonnais. Var : Saint-Raphael. Suède. Suisse [V-25]. 5. — Hélix veprium Bourguignat, 1882. Alpes-Maritimes. : Cannes [V-25]. Sous-Genre Zenobiella Gude et Woodward, 1931. [Zenobia Gray, 1821 (pars) (non Oken, 1815 ; non Risse, 1826) Zenobia Moquin-Tandon, 1855- (pars)].. Monaeha (Zenobiella) subrufescens (Miller, 18.22). Hélix fusca Montagu, 1807. Calvados- : Caen. Finistère : Morlaix. Landes : Dax. Pas-de-Calais [V-25]L Genre Euomphalia Westerîund, 1889. [Fruticicola Martens; 1860! (pars) ; auteurs divers]. Euomphalia strigella (Drapamaud,, 1801). 1. — Hélix strigella Draparnaud, 1801. Ain : Belley, Montagne de Parvès. Isère : Grenoble, Sassenage. Rhône : Lyon. Seine : Envi- rons de Paris. Seine-et-Marne : Fontainebleau [V-25]. 2. — Hélix buxetorum Bourguignat, 1878. Allier : Bressolles, Toulon. Lot-et-Garonne : Agen. Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand [V-25], Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 133 3. — Hélix Ceyssoni Bourguignat, 1882. Le Puy-de-Dôme [V-25]. 4. — Hélix lepidophora Bourguignat, 1878. Haute-Savoie : Gorges du Fier. Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand [Y-25]. 5. — Hélix nemaluna Bourguignat» 1878. Puy-de-Dôme : Clermont- Ferrand. Pyrénées-Orientales i Pratz de Molle [V-25]. 6. • — • Hélix Russinica Bourguignat, 1878. Aude : Axât. Bouches-du- Rhône : Les Martigues. Haute-Garonne : Toulouse, Villefranche- Lauraguais. Pyrénées-Orientales : Perpignan, La Preste. Espagne [V-25]. 7. — Hélix separica Boui guignât, 1878. Ain : Le Colombier, Miribel, Montagne de Parvès. Aveyron : Estaing. Drôme : Crest. Isère : Grenoble, Vizille. Pyrénées-Orientales : Perpignan. Rhône : Le Mont-d’Or Lyonnais» Saint-Eons, Lyon [V-25]. 8. — Hélix vellavorum Bourguignat, 1882. Isère : Uriage [V-25]. Genre Ciliella Mousson, 1872. [Lepinota Westerlund, 1889]. Ciliella ciliata (Venetz, 1820). Hélix ciliata Venetz, 1820. Alpes-Maritimes : Menton. Hautes-Alpes : Guillestre. Pyrénées-Orientales : Collioures. Var : Fréjus, Rians, Sainte-Baume. Vaucluse r Orange [V-25], Genre Hygromia Rîsso, 1826. [Hygromanes Herrmannsen, 1847 ; Hygromane Moquin-Tandon, 1855 (pars) ; Sciaphila Westerlund, 1902 ; Fruticicola Gude et Woodward, 1921]. Hygromia einctella (Draparnaud, 1801). Hélix einctella Draparnaud, 18:01. Ain : Fernex. Alpes-Maritimes î Cannes, Menton, Nice. Garix Hérault : Montpellier. Loire : Saint- Pierre-de-Bœuf. Rhône : Brignais, Lyon, Oullins., Saint-Genis-Laval. Var : Draguignan. Vaucluse : Avignon [V-25]. Hygromia limbata (Draparnaud, 1805). 1. — Hélix limbata Draparnaud, 1805. Allier. Aude. Quillan. Avey- ron : Estaing. Basses-Pyrénées : Cambo, Salies-de-Béarn. Calva- dos : Feugrolles, Dives. Charente : Angoulême. Charente-Mari- time : La Rochelle. Finistère : Ouessant. Gironde : Bordeaux. Haute-Garonne : Luchon, Toulouse, Saint-Simon, Villemur. Hautes- Pyrénées : Tarbes. Hérault : Montpellier. Landes : Dax. Loire- Inférieure : Clisson, Nantes, Saint-Nazaire. Lot-et-Garonne : Agen, Port-Sainte-Marie. Maine-et-Loire : Cholet. Morbihan : Quiberon. Pyrénées-Orientales : La Preste. Seine-Inférieure : Rouen. Seine-et-Oise : Montmorency. Tarn : Castres. Var : Toulon. Vendée : Saint- Jean-de-Mont [V-25]. 2. — Hélix hylonomya Bourguignat, 1882. Aude. Basses-Pyrénées : Eaux-Bonnes, Salies-de-Béarn. Calvados : Cabourg. Charente : 134 Angoulême. Haute-Garonne : Luchon, Saint-Simon, Toulouse» Hérault : Montpellier. Hautes-Pyrénées : Barèges, Gavarnie, Cauterets, Lourdes, Tarbes. Landes : Dax. Lot-et-Garonne : Agen. Loire-Inférieure : Nantes. Morbihan : Quiberon. Pyrénées- Orientales : La Preste. Seine-et-Oise : Meudon [VI-1]. 3. — Hélix odeca Bourguignat, 1882. Aveyron : Estaing. Basses- Pyrénées : Salies-de-Béarn. Charente : Angoulême, Puymoyen. Calvados : Feugrolles. Gironde : Bordeaux. Haute-Garonne : Luchon, Toulouse. Hérault': Montpellier. Landes : Dax. Loire- Inférieure : Saint-Nazaire. Vienne : Poitiers [VI-1]. 4. — Hélix sublimbata Bourguignat, 1882. Basses-Pyrénées : Caute- rets. Charente : Angoulême. Gironde : Bordeaux. Haute-Garonne : Luchon. Hautes-Pyrénées : Barèges, Lourdes. Hérault : Mont- pellier. Loire-Inférieure : Nantes, Saint-Nazaire [VI-1]. Genre Pyrenaearia P. Hesse, 1921. Pyrenaearia carascalensis (de Férussac, 1821). 1. — Hélix carascalensis de Férussac, 1821. Basses-Pyrénées : Eaux- Bonnes, Pic du Midi. Hautes-Pyrénées [VI-1]. 2. — Hélix carascalopsis Fagot, 1881. Basses-Pyrénées : Eaux-Chaudes. Hautes-Pyrénées : Gavarnie, Lac de Gaube, Lac d’Uredon, Lac d’Ondet. Haute-Garonne : Fort de Véna^que [VI-1]. 3. — - Hélix esserana Bourguignat, 1888. Basses-Pyrénées : Eaux- Chaudes [VI-1]. 4. — Hélix Esterlei Bourguignat, 1894. Basses-Pyrénées : Pic du Midi [VI-1]. 4. — Hélix Oppidi Fagot, 1885. Basses-Pyrénées : Fort d’Urdos [VI-1]. 6. — Hélix subvelascoi Bourguignat, 1894. Basses-Pyrénées : Pic du Midi. Hautes-Pyrénées : Cirque de Gavarnie à 2.000 mètres [VI-1]. 7. — - Hélix transfuga Fagot, 1885. Basses-Pyrénées : Vallée d’Aspe [VI-1]. 8. — Hélix velascoi Bourguignat, 1882. Espagne* [VI-1]. Laboratoire de Malacologie du Muséum. 135 — Floraisons observées dans les Serres du Muséum PENDANT L’ANNÉE 1943. N . . (autres que celles déjà signalées dans les listes précédentes) 1. Par A. Guillaumin et E. Manguin. Monocotylédones. Aloe macrocarpa Tod. A. obscur a Mill. A. striata Haw. var. cyanea Hort. (J. B. Palerme, f. 134, 1923). Archontophoenix Alexandrae Wendl. et Drude. Bilbergia Canterae André. X Brassocattleya Chassaingiana Chassaing ( Brassocattleya Thorns- tonii X Cattleya Percwaliana) . Bromelia Balansae Mez [Guillaum. det.]. B. fastuosa Lindl. (A. Chevalier, 1923). Calathea Gigas Gagnep. [Gagnepain det.]. Avait déjà fleuri en octobre et novembre 1903). Cary ota urens L. Chamaedorea lepidota H. Wendl. (Donné par Marnier, f. 57, 1941) [Guillaumin det.]. Cochlioda Noezliana Rolfe. Didymosperma caudatum Drude et Wendl. var. tonkinense — D. tonkinensis Becc. ex Gagnepain. ■ — Annam : Cua-Tong {R. P. Cadière f. 342, 1934). Gasteria fasciata Haw. — Afrique du sud : Port Elizabeth (Hum- bert, f. 115, 1934, 580/31 [Guillaumin det.]. Guzmannia Peacockii Mez. Lomatophyllum citreum Guillaum. sp. nov. — Madagascar (Boi- leau, f. 227, 1939 2). Paphiopedilum villosum Pfitz. Spatantheum Orbignyanum Schott. Tillandsia complanata Benth. Zantedeschia Rehmannii Engl. = Richardia Rehmannii N. E. Br. 1. Voir les années précédentes le Bulletin du Muséum ù partir de 1920. 2. Voir Bull. Mus., 1943, p. 448. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 10 — 136 Dicotylédones. Ardisia Cadierei Guillaum. sp. nov. ■— Cochinchine 1 (R. P. Cadière , n° 58, f. 1, 1940). Bégonia ingoloensis De Wildm 1 2. Bassia verrucosa Lindl. Bougainvillea glabra Choisy var. Sanderiana form. Crimson Lake. Cylindrophyllum calamiforme Schwant. Echeveria Derenbergii J. -A. Purpus. Eugenia Selloi Hort. ex Berg. = E. edulis Kiaersk., non Vell. nec Benth. et Hook. f. [Guillaumin det.]. Euphorbia edulis Lour. Euphorbia splendens Boj. sensu lato (en y comprenant E. incana H. Poiss. et autres formes ou espèces) - — Madagascar ( Boiteau , f. 227, 1939). Kalanchoe humilis Britten = K. Figuereidoi Croiz. ( Croizat , f. 269, 1938) lre floraison en France [Hamet det.]. K. Lindmarrie (1913) = K. Humbertii Guillaum. (1939) [Hamet det.] . Lobivia densispina Werd. Mamillaria compressa DG. M. uncinata Zucc. Opuntia Colvillei Brit. et Rose = O. megacarpa Griffiths. O. pisciformis Small. v O. puberula Pfeifï 3. Sarracenia flaoa L. Senecio stapeliaeformis Phillips. Sterculia discolor F. Muell. Thea sinensis L. 1. Voir Bull. Mus., 1943, p. 448. 2. Reçu de Ch. Chevalier (f. 290, 1935) sous le nom de B. angolensis, nom qui n’est relevé dans aucun Index et ne figure pas dans les Bégonias de cet auteur (1938) bien qu’il le mentionne dans la clef (Bull, hort., 15 sept. 1935, p. 276). A. G. 3. N’est relvé dans aucun Index ni dans Britton et Rose (Cactaceae) mais figure sur le Catalogue de la Collection de plantes grasses du Jardin botanique de Monaco de A. GasTAUD, p. 40. A. G. /' — 137 — La Collection de modèles réduits d’instruments AGRICOLES ET HORTICOLES DU MUSÉUM A PROPOS D’UNE LETTRE INÉDITE DE A. THOUIN . y Par A. Guillajjmin et Y. ChaVdun. On sait que André Thouin, professeur de Culture au Muséum de 1793 à 1824 après y avoir été Jardinier en chef dès 1764, à Page de 17 ans, accompagnait les troupes françaises dans la Campagne d’Italie de 1796-1797 comme commissaire 1 chargé, avec Berthe- iemy et Moitte, de rechercher et rapporter au Muséum les plantes exotiques confisquées dans ce pays comme cela avait déjà eu lieu en France et en Belgique, dans les couvents 2, les résidences prin- cières 3 et les propriétés des émigrés ou des condamnés. C’est de Modène, le 4 pluviôse an Y, qu’il adressa au C. Gaulle, dessinateur de la Commission des Sciences et Arts en Italie, alors à Plaisance, la lettre reproduite ci-après : A Modène, ce 4 Pluviôse de l’an V de la République française. Nous sommes arrivés ici, cher Citoyen, depuis deux jours et nous nous disposons à en partir après-demain pour nous rendre à Bologne où nous prendrons langue auprès du Général en chef sur notre desti- nation ultérieure et la vôtre. J’ai bien regretté de ne pas vous avoir avec nous à San Bénéditto, vous y ussiez été occupé d’une manière très utile à la chose publique. II s’y trouve des outils, des instrumens, des machines et des fabriques relatives à l’agriculture et à l’économie rurale que je ne connait pas. J’en ai fait des descriptions fort étendues mais je sens qu’il faudrait des figures exactes pour leur intelligence. Ce que je regrette le plus est la figure du moulin et du pressoir au moyen des- quels on tire de l’huile des pépins qui se trouvent dans le marc de raisin. Il se pourrait qu’il s’en trouve à Plaisance ou dans son voisinage. Je vous invite donc, Citoyen, à tâcher d’en découvrir un et de le dessiner avec beaucoup d’exactitude sur une plus grande échelle que celle de nos dessins ordinaires. Chemin faisant n’oublier pas de faire des croquis de tout ce qui paraî- 1. A. Thouin avait déjà rempli une fonction analogue auprès des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse. 2. En particulier aux Chartreux de Paris. C’est ainsi que fut transportée au Muséum la fameuse collection des Poiriers (cfr. Bois (D.) in Bull. Mus., XXII, p. 221, 1926 ; Guillaumin (A.) in Bull. Soc. nat. Hort. France, sér. 5, II, p. 174, 1929. 3. Le Petit Trianon, Bellevue, Versailles, Chaville, Bagatelle, la Pépinière du Roule, le Petit Luxembourg. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 138 — tra singulier en fait d’outils, d’instrumens, de machines et d'ustensiles d'agriculture et d 'Economie rurale. Les Citoyens Gerby et Marin auxquels je vous prie de faire mes amitiés pourraient vous aider dans ce travail, ils charmeraient le désœuvrement et l’ennuy de leur position. Si vous trouvez à dessiner une habitation de laboureur avec un petit plan de sa division inté- rieure, cela me ferait grand plaisir. Il faudrait en choisir une parmi celles qui sont les plus caractéristiques et les plus pittoresques. Une coiffure à l’antique avec des épingles à grosses têtes telle que nous en avons vû à Milan ne serait pas indifférente pour la collection de nos dessins ; enfin Citoyen, je me repose sur vous du soin d’employer votre crayon d’une manière utile et agréable. Salut et amitié franche. Signé : Thouin. Nous avons pour ainsi dire assisté aux derniers combats qui viennent de couvrir de gloire l’Armée d’Italie 1 ; placés aux premières loges, pen- dant cinq jours consécutifs nous avons entendu la musique de ce spec- tacle ; elle est un peu plus grave que celle du mieleux théâtre de Milan et produit plus d’effet sur le morale et le physique des hommes. On assure que les Français ont fait 34 mille prisonniers de guerre, pris 40 canons de campagne et de positions, 300 chariots d’approvisionnement destinés à Mantoue, plus de 1.500 bons chevaux de charois et de cavallerie et enfin que l’Armée autrichyenne et défîaite sans qu’il en vestige. Faite mes amitiés au bon et honnête Pourvoyeur de nouvelles de la Commission, le C. Couturier, engager le à nous faire passer à Bologne les papiers qu'il aura reçu de France. Il nous rendra un grand service car nous sommes dans une ignorance complète de tout ce qui se passe à Paris. Salutations amicales au brave Wicard et à tous vos compa- gnons. Cette lettre est intéressante à plusieurs points de vue : d’abord parce qu’elle fait connaître que dès 1797, l’extraction de l’huile de pépins de raisin, dont on a tant parlé au cours de la précédente guerre et de celle-ci, était alors chose courante en Italie, ensuite parce qu’on voit A. Thouin se préoccuper de garder des dessins des instruments agricoles et horticoles nouveaux pour lui et d’en prendre des descriptions fort étendues qui entrèrent pour une bonne part dans les 6 volumes de notes qu’il rapporta de son voyage s’il faut en croire O. Leclerc. Or, le cours de A. Thouin au Muséum porta de 1799 à 1824 sur la culture et la naturalisation des végétaux mais il ne le publia jamais. C’est son neveu, Oscar Leclerc, dit Leclerc-Thouin, d’abord son Aide-naturaliste au Muséum, puis professeur d’Agri- culture au Conservatoire national des Arts et métiers et Secrétaire perpétuel de la Société d’Agriculture (l’actuelle Académie d’Agri- 1. Il s’agit de la victoire de Rivoli, remportée le 14 janvier 1797. culture) qui l’édita en 1827 et en fit un nouveau tirage en 1845. L’ouvrage consiste en 3 volumes in-8° et un atlas in 4° oblong de 65 planches gravées « représentant tous les Outils, Instruments, Ustensiles, Machines et Fabriques diverses de grande et petite culture dont les modèles composent la collection formée au Jardin du Roi et les Exemples de travaux ou d’opérations de Culture dessinées pour la plupart d’après nature, dans l’Ecole pratique de cet établissement, etc... ». La page de garde porte une mention qui paraît manuscrite mais est, en fait, lithographiée Dédicace Aux Elèves cultivateurs leur ami. A. Thouin. En 1827, André Thouin était, en effet, mort depuis 3 ans. Ces modèles ont été exécutés du vivant et sous la direction de A. Thouin lui mêmç et non d’après les planches ainsi qu’on l’a prétendu. D’ailleurs Leclerc dit expressément1 que si la 2e partie du cours de son oncle avait lieu dans les différents carrés du Jardin , et particulièrement dans l’Ecole de Culture, la lre se donnait dans la salle où étaient réunis les modèles d’instruments aratoires, d’ou- tils et de fabriques diverses. Deleuze ( Histoire et descriptions du Muséum royal II, p. 383) précise que c’était la plus grande pièce du rez-de-chaussée du Cabinet, autrement dit des Vieilles Galeries récemment démolies. Bon nombre, sinon tous ont été exécutés par Lasseigne « méca- niste du Muséum 2 * » qui était un véritable artiste. La plupart sont en bois de cormier ainsi que le précise une inscription sur le culti- vateur-houe à buttoir, à cheval ; les pièces métalliques éont effec- tivement en métal et le tout fonctionne parfaitement. La réduc- tion est parfois indiquée comme c’est le cas pour le cultivateur- houe, daté de 1817, qui est à l’échelle de 2 pouces par pied. Ces objets sont restés longtemps entassés en vrac dans une remise des serres où certains ont été brisés et où d’autres ont dû disparaître, depuis, ils ont été apportés au Laboratoire de Culture où, après un sérieux nettoyage, ils ont été mis en sûreté dans des vitrines ou au-dessus pour ceux qui sont trop encombrants. En voici la liste avec l’indication des figures du Cours de Culture auxquelles ces modèles se rapportent. Araire de France, PI. 23 7 (la plus ancienne connue). Araire de Galice, PI. 23 8. 1. Yol. I, p. xxvi. 2. Lasseigne (Claude, Goéric), né le 14 janvier 1766, décédé le 26 novembre 1847, chef de l’atelier de Menuiserie du Jardin du Roi depuis le 22 septembre 1798. — 140 Avant-train à 2 roues pour charrue, PI. 24 1. Bard à coffre triangulaire, PI. 17 6. Bard ordinaire (civière), PI. 17. •Boufïadou limousin (ustensile à dépouiller les châtaignes de leur enve- loppe). Brouette à civière, PI. 17 L Brouette à claire-voie (de Liège), PI. 17 2. — à coffre, PI. 173. Caisse portative à châssis, PL 15 (x). — • tronquée à claire-voie pour transporter des plantes à grande dis- tance, PL 154. Charrette à eau, PL 22 7. — à claire-voie, Pl. 22 3. — à tonneau pour arroser le gazon, Pl. 22 8. — et à rouleau pour gazon, Pl. 22 6. — guimbarde ou à foin, Pl. 22 4. Charriot à 2 chevaux pour transport de gros bétail. Charrue à avant-train. — à écobuer, Pl. 26 3. et découper le gazon, Pl. 26 L — de la Vendée donnée par M. ... (1809). Chevrette à cordeau. Civière à claire-voie, PL 17 4. Cultivateur-houe-buttoir à cheval. Pl. 25 3A. Diable en croix, Pl. 17. Diable ordinaire, PL 18 L — à 4 roues perfectionné, Pl. 183. — à traverses, Pl. 18 1. Echelle à 3 branches, Pl. 11 3. — double ordinaire, Pl. 11 4. — à roues, Pl. 11 5. Echelle d’élagucur à 4 roues perfectionnée. — ordinaire, PL 111. — à arc-boutant, Pl. 11 2. Echelle à tailler les quenouilles (type Lassaigne), 1806, Pl. 11 8. Fléau à manivelle inventé par Ray de Planazu, Pl. 29 2A. Galère à cheval, PL 18 8. — à une roue. — à mains, Pl. 18 5. Grue à 3 pieds pour encaissage de grosses plantes, Pl. 21. — à roues (type Lassaigne), PL 21. Iîaquet (pour transport de tonneaux de vin). Herse carrée, PL 28 2. Herse en fer à cylindre, Pl. 27 2A. Hoyaux indiens (Pérou) petit et grand modèle, Pl. 1 17 et 18. Manche de fauchon de Cambrai pour couper le blé, Pl. 6 18. Pressoir et moulin à huile (type méridional). 1. Les serres portatives sont actuellement connues sous le nom de Serres Ward, celui-ci passant pour en avoir été l’inventeur en Angleterre vers 1836. On a ainsi la preuve qu’elles existaient déjà dans les toutes premières années du xixe siècle. 141 Ravale ordinaire, PI. 194. Rouleau carthaginois (pour battre les gerbes de céréales), Pl. 28 3. - — en bois à bras. Sarcloir à cheval, Pl. 28 4. Semoir à bœufs. Semoir de Lithuanie, PL 28 a. Serre chinoise, Pl. 36. Teillère à chanvre. Théâtre (guérite portative à auricules ou œillets) pour prolonger la flo- raison. Tombereau à bascule, Pl. 22®. Tombereau carré. — à coffre triangulaire ou Camion Peyronnet, Pl. 222. Trépied à hottes (pour faciliter le chargement des hottes), Pl. 10 u. Trillo d’Espagne (pour dépiquer le blé), PL 14 9. Van mécanique (Tarare), Pl. 29 b Les objets en vraie grandeur auraient été remis au Conservatoire national des Arts et Métiers. En plus de ces modèles se trouve celui d’un bloc de bois propre à fournir des oreilles de charrue dont il est question dans le Mémoire de Jefferson (Ann. Mus. Hist. Nat., I, p. 322, pl. XXII). Il porte l’inscription : « bloc de bois propre à fournir des oreilles de charrue, taillé d’après les principes de Thomas Jefferson, Président des Etats-Unis, envoyé par l’auteur en 1801 au Professeur Thouin. Voir description Annales du Muséum d’ Histoire naturelle, p. 322 ». Laboratoire de Culture du Muséum. 142 — Anatomie du système végétatif du genre Eberhardtia./L Lec. Par F. Chesnais. Le genre Eberhardtia fut créé en 1920 par H. Lecomte 1 pour des Sapotacées d’Indochine envoyées par Eberhardt au Muséum. H. Lecomte en distingua deux espèces : E. tonkinensis H. Lec. et E. Krempfii H. Lec. et il en rapprocha une plante de Balansa : Planchonella aurata Pierre ex. Dub. dont il fit une troisième espèce : E. aurata H. Lec. ; récemment, le Prof. Aug. Chevalier a rétabli l’ancien nom générique Planchonella pour les trois espèces à’ Eberhardtia de Lecomte qui ne forment plus qu’une seule espèce : Planchonella aurata Pierre ex. Dub. 2. D’après Lecomte, ces plantes, par l’organisation générale de leurs fleurs se rangent dans les Sidé- roxylées , aux voisinage des Bumelia mais la présence d’appendices latéraux sur les pétales les rendent proches de Mimusopées telles que les genres Le Monniera H. Lec. et Lecomtedoxa Dub. ; dans cette difficulté à faire entrer ce gertre dans telle ou telle subdivi- sion des Sapotacées réside tout son intérêt systématique. Sur les conseils et les encouragements de M. le Prof. Aug. Chevalier, nous en avons entrepris l’étude anatomique; nos recherches ont porté sur E. tonkinensis H. Lec. I. Rameau. a) Ecorce. — Un rameau de 7 mm. de diam. présente une écorce de 0,7 mm. de large ; le bois forme un anneau de 1,2 mm. de large. L’épiderme cutinisé et lenticellé, à cellules à paroi extérieure con- vexe porte des poils à deux branches ou en navette de petite taille (long. 12 pi) et de courts poils simples et malformés de 3 à 7 [x. Il n’y a pas de formations subéro-phellodermiques. L’écorce se divise en deux parties : 1° sous l’épiderme vient une assise de cellules parenchymateuses, rectangulaires, de 20 fx de long et 15 ^x de large, puis des cellules de collenchyme de 20 à 40 [x de long, constituant un tissu homogène d’une épaisseur de 100 [x.; 2° sous ce tissu vient un parenchyme cortical hétérogène, à cellules contenant des mâcles d’oxalate de calcium en oursins, réparties entre de grandes lacunes 1. Bull. Mus., 1920, XXVI, 345. 2. Les Sapotacées à graines oléagineuses et leur avenir en culture, Rev. Bot. appli- quée, 1943, pp. 97-159. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 143 — (long. 100 à 200 g), dont les parois sont sclérifiées bien que peu épaisses (3 à 4 [i.) et portent des perforations de petite taille, en forme de tiret ou longuement elliptiques ; les perforations des deux faces d’une paroi se croisent sous un angle variable mais aigu (long. 4 à 10 g). Sous ce parenchyme hétérogène viennent deux à trois assises de parenchyme hopiogène formé de cellules aplaties. Des laticifères sont disséminés dans l’écorce ; ils sont polygonaux et entourés de 6 à 7 cellules de parenchyme de taille plus petite. Sous l’écorce vient une gaine sclérifiée périlibérienne formée de fibres à lumière étroite de 15-20 g de diam. et de cellules scléreuses de 30 g de diam. aux parois ponctuées (diam., d’une ponctuation : 2 g) ; cette gaine sclérifiée de 80 g de large est interrompue par des travées radiales de grandes cellules (50 g X 20 g), unisériées, à parois légèrement sclérifiées, dont les cloisons internes peuvent disparaître. b) Liber. — L’anneau libérien a 80 g de large ; les rayons médul- laires libériens sont formés de grandes cellules irrégulières, aplaties, de 40 g X 20 g, disposées en files unisériées qui se prolongent au travers la gaine scléreuse par les grandes cellules à parois sclérifiées déjà décrites ; les bandes de tissu libérien, bisériées ou multisé- riées ont 30 g à 100 g de large ; les cellules libériennes ont 15 g de long et 8 g de large ; il existe quelques fibres sclérifiées intra-libé- riennes et quelques laticifères intra-libériens. L’assise génératrice libéro-ligneuse n’a rien de particulier. c) Bois. — Les bandes de parenchyme ligneux et de fibres » bisériées ou plurisériées ont de 20 à 80 g de large ; les cellules de parenchyme ligneux sont peu abondantes et disséminées parmi les fibres ; celles-ci sont de faible diamètre (10-20 g) ; les vaisseaux sont disposés en files radiales unisériées encadrées entre deux rayons médullaires ; ces files peuvent être continues sur 300 à 400 g de long ; les parois vasculaires sont minces et les vaisseaux ont une forme généralement aplatie (dim. moy. 50 g X 30 g). On compte 90 à 120 vaisseaux par mm2. Les rayons médullaires sont unisé- riés et formés de cellules allongées de 20 g X 8 g ; en coupe tangen- tielle, les rayons médullaires sont hétérogènes, d’une hauteur de 200 à 1.000 g et d’une largeur réduite à une seule cellule (20 g) sur presque toute leur longueur ; la majorité des cellules qui les composent sont allongées (80 g) mais vers la moitié de la hauteur du rayon la longueur des cellules diminue (30 g) donnant des cel- lules de petite taille et peu nombreuses (2 à 5 par rayon) ; elles peuvent se diviser longitudinalement ou obliquement et latérale- ment pour donner un rayon bisérié ; les parois des rayons portent des perforations très fines (2 g). Sur les coupes longitudinales, les cellules de parenchyme ligneux sont disposées en file de quatre de — 144 — 600 jx de long ; les éléments terminaux sont effilés à l’extrémité, les cellules intermédiaires sont rectangulaires (150 [x X 20 fx) ; les fibres ont également 600 [x de long et 20 fx de diam. Les vaisseaux de 60 [x de diam. sont fermés par des cloisons obliques de 170 à 200 [x de long isolant des tronçons de forme trapézoïdale ornés d’ouvertures ovalaires de 10 jx de diam. ou de perforations en forme de tirets horizontaux ou obliques et parallèles de 5 jx X 1 ^ ayant un aspect aréolé et des ouvertures croisées. d) Parenchyme médullaire. — Les cellules de parenchyme médul- laire sont polygonales à 5-7 côtés ; de petite taille au voisinage du bois (diam. 20 [x), elles s’accroissent progressivement vers le centre (diam. 80 à 100 p) ; entre ces grandes cellules existent des cellules de plus petite taille, quadrangulaires ou pentagonales, de 30-50 [x de diam., les cellules les plus externes ont des parois rec- tilignes, épaisses de 8 ;x; les cellules internes ont des parois plus minces, forées de perforations étroites. Dans la zone médullaire voisine du bois existent des laticifères en petit nombre de 50 à 60 [x de diam. Sur les coupes longitudinales, les laticifères sont consti- tués d’articles de 60 à 100 [x de long et de 50 [x de large. II. Feuille. i 1° Pétiole, a) Coupes initiales ou de la base du pétiole. — Les coupes initiales ont une forme sub-trapézoïdale ; la grande base située à la face supérieure à 4,5 mm. de longueur, la petite base 2 mm. ; la largeur axiale est de 4 mm. Le contour, irrégulier pré- sente de nombreuses vallécules de 0,3 mm. à 0,5 mm. de pro- fondeur. L’arc cribro-vasculaire principal a une forme cordée dont la pointe arrondie est tournée vers la face inférieure, pouvant s’inscrire dans un triangle équilatéral de 3 mm. de côté ; ses bords supérieurs, à peu de distance de l’axe de symétrie se recourbent en crochet vers le parenchyme de l’intérieur de l’arc ; en certains cas, l’arc, continu vers la face inférieure est divisé en trois tron- çons à la face supérieure ; le liber est continu ; à l’intérieur de ce premier anneau libéro-ligneux existe un deuxième arc cribro-vas- culaire, étalé horizontalement de 2 mm. de long formé de 4 à 5 arcs élémentaires, sub- circulaires aux extrémités et en croissant dans la partie moyenne à liber tourné vers la face inférieure ; il existe enfin un troisième arc, parallèle au second, compris entre ce dernier et les bords supérieurs de l’arc externe et constitué de petits massifs libéro-ligneux disposés sans ordre et en nombre indéfini, à liber tourné vers la face supérieure ; en outre, dans les angles de l’arc externe, il apparaît souvent un massif libéro-ligneux en forme d’arc très ouvert à liber tourné vers la face inférieure. La structure du pétiole est la suivante : 1° épiderme avec poils en — 145 — navette ; 2° collenchyme ; 3° parenchyme à grandes cellules et à lacunes à parois sclérifiées ; 4° arc cribo-vasculaire externe qui limite vers la face supérieure du pétiole entre le deuxième arc et son bord supérieur un parenchyme à petites cellules ’ et entre le deuxième arc et son bord inférieur un parenchyme hétérogène à grandes cellules entre des lacunes à parois sclérifiées. Des lati- cifères sont disséminées sur toute la surface de la coupe. On trouve dans les cellules de parenchyme et de collenchyme de l’oxalate de calcium en oursin b) Coupes médianes ou du milieu du pétiole. — La forme du pétiole se modifie pour donner une section trapézoïdale, parfois asymétrique, dont la petite base de 2,5 mm. est située à la partie supérieure ; la grande base a 4 mm. ; la largeur axiale est de 4 mm. L’arc cribro-vasculaire principal de la forme cordée prend une forme sub-trapézoïdale dont la petite base de 2 mm. est située à la face supérieure, la grande base a 2,5 mm. ; en outre, la petite base s’infléchit légèrement vers le centre ; l’arc secondaire a fusionné ses arcs élémentaires en un arc unique, largement ouvert dont les extrémités sont fréquemment retournées en crochet ; le troisième arc est mieux dessiné, les petits massifs libéro-ligneux se disposent sur une même ligne mais restent distincts. La structure du pétiole diffère de la coupe précédente par l’apparition d’une gaine continue de fibres périlibériennes autour de l’arc cribro-vasculaire principal et par un grand développement des lacunes à parois sclérifiées dans le parenchyme de l’intérieur de l’arc principal. Les laticifères sont toujours abondants. c) Coupes caractéristiques ou du sommet du pétiole. — Les dimen- sions du pétiole diminuent (petite base 2 mm., grande base 3 mm., largeur axiale 3,5 mm.), mais la forme reste trapézoïdale ; le limbe s’amorce par deux courtes ailes obliques puis horizontales. L’arc cribro-vasculaire principal se réduit en largeur et infléchit encore sa partie supérieure qui finit par se séparer du reste de l’arc à cha- cune de ses extrémités ; l’arc secondaire ne se modifie pas mais des fibres sclérifiées intra-libériennes apparaissent sur toute sa longueur ; l’arc tertiaire reste à l’état d’ébauche formée de 6 à 7 faisceaux non coalescents ; trois à quatre faisceaux surnumé- raires, circulaires à bois interne, liber périphérique et auréole con- centriques de fibres, apparaissent entre les bords des deux arcs résultant de la scission de l’arc principal, et le long d’une ligne joignant ces bords à l’amorce du limbe. Les laticifères sont encore très abondants. En résumé, le système . vasculaire du pétiole est composé de trois arcs : 1° arc principal continu ; 2° arc secondaire a liber tourné la immXi mim ^Miii 'i> MH vers la face inférieure du pétiole ; 3° arc tertiaire à liber tourné vers la face supérieure du pétiole ; cette disposition relative du liber des deux derniers arcs fait penser qu’ils représentent les deux branches non jointes d’un arc que l’on peut supposer continu, emboîté dans l’arc principal. Eberhardtia lonkinensis H. Lee. — 1, coupe schématique d’un rameau ( X 2,5) ; 2, coupe demi-schématique d’un rameau (portion limitée parle rectangle dans 1) : a) épiderme ; b, collenchyme ; c, parenchyme cortical hétérogène ; d, gaine sclé- rifiée périlibérienne ; e, liber ; /, bois ; g, parenchyme médullaire ; l, laticifères ( X 40) ; 3, coupe transversale du bois d’un rameau ( X 150) ; 4, coupe longitu- dinale tangentielle du bois d’un rameau ( X 150) ; 5, coupe initiale du pétiole ( X 6,5) ; 6, coupe médiane ( X 6,5) ; 7, coupe caractéristique ( X 6,5) : l, laticifères ; 8, coupe transversale du limbe ( x 150) ; 9, stomate grossi ( X 300) ; 10, épiderme supérieur vu de face ( X 300) ; 11, épiderme inférieur vu de face ( X 300). 2° Limbe. — Le limbe est épais de 0,2 mm. Sous l’épiderme supérieur très cutinisé, à cellules de 10 p de haut et de 15-17 p de large viennent trois assises de cellules palissadiques de 10 p de — 147 — large ; les deux assises supérieures ont 30 p de haut, l’assise infé- rieure 20 à 25 p ; ces cellules contiennent presque toutes de petits nodules de latex ; puis vient un tissu lacuneux épais de 60-70 p à cellules cylindriques de 10 p de diam., rangées horizontalement et contenant peu de latex ; l’épiderme inférieur cutinisé, à cellules de 20 p de long et 10-15 p de large porte des stomates de 26 p de haut, saillants à la surface de l’épiderme de 13 à 17 p ; les cellules stomatiques ont leur paroi externe cutinisée et terminée en pointe obtuse et portent, au niveau de l’ostiole une zone d’épaississement bien marquée. Dans l’épaisseur du limbe, en dehors des piliers fibreux qui soutiennent les faisceaux libéro-ligneux, il n’y a que de rares petits massifs de fibres de 15 p de diam., à paroi peu épaisse {2 p), disposés sur la ligne de démarcation des tissus palissadiques et lacuneux. L’épiderme inférieur porte des poils abondants. 3° Epidermes, a) E. supérieur. — Les cellules ont un contour onduleux, 4-6 lobé et une forme irrégulière, fréquemment allongée {25 p X 10-15 p). Il n’y a pas de stomates. b) E. inférieur. — Les cellules ont un contour moins irrégulier ; elles se groupent généralement radialement par 4-5 autour de l’insertion d’un poil ; elles ont alors une forme sub-triangulaire et une longueur de 20 p ; les stomates sont de forme sub-cir- culaire (grand diam. 28-30 p : petit diam. 26-28 p), le rapport D /grand diam.\ 28-30 p . . ., . , . , . T — - : — — = — ■ ■ ■ — ^ 1, est sensiblement égal a 1. Les d \ petit diam. j 26-28 p poils ont une base étroite, circulaire, de 6 p de diam., un pédicelle court (10 p), qui se ramifie en deux branches terminées en pointe ; le pédicelle est à membrane épaisse mais les parois des branches sont minces ; les branches sont de longueur totale très variable allant de 25 à 300 p sur 10-30 p de largeur au niveau du pédicelle. Par le parenchyme cortical hétérogène de ses rameaux, les paren- chymes hétérogènes et la complexité du système vasculaire de ses pétioles, ses épidermes foliaires à stomates saillants et arrondis, le genre Eberhardtia apparaît comme étant bien caractérisé dans la famille des Sapotacées ; les affinités qui le lient à d’autres genres doivent être subordonnées à ses caractéristiques anatomiques. Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum. — 148 — Mu SCI NÉ ES DE LA TOURBIÈRE DE SOMMAN (HAUTE SAVOIE} i Par Mme S. Jovet-Ast. La tourbière de Somman située au-dessus et au N. -N. E. de Mieussy, à 1.400 m. d’altitude, dans le cirque de Somman dont l’ émissaire est tributaire du Gifïre, semble résulter du comblement d’un lac. A. Guinet y signala le Sphagnum acutifolium et C. Sar- rassat (1939) : Leptoscyphus anomalus Mitt., Lepidozia setacea Mitt., Calypogeia Neesiana Massai, et Carr., Aulacomnium palustre Schv., Hypnum revolvens Sw., Hypnum scorpioides L 2. Sur les listes de M. Guinochet relatives à cette tourbière ne figurent que des Phanérogames, des Algues et 4 Sphaignes : aucune mention n’est faite de Mousses et d’ Hépatiques. Il me semble que rien d’autre n’ait été publié sur les Muscinées de cette tourbière. Remarquable par sa végétation phanérogamique (Pinus mon- tana Mill. subsp. uncinata Ram., Andromeda polifolia L., Oxycoccos quadripetala Gilibert, etc...), la tourbière de Somman ne pouvait manquer de posséder quelques Muscinées intéressantes. Voici la liste des espèces récoltées par mon mari et par moi, le 10 sep- tembre 1943 dans les différentes stations qui constituent cette remarquable localité : dépressions très humides, bombements de sphaignes, surfaces presque aplanies et desséchées où abondent les Cladonia, berges des trous d’eau et ruisselets, débris ligneux en décomposition et souches pourrissantes. Sphaignes. Sphagnum Russowii Warnst. — Touffes pures remarquables par leur coloris : d’un beau vert franc, avec sommet des rameaux jaune et rosé. Sphagnum acutifolium Ehrh. pp. - — - Très abondant dans toute la tourbière, forme des bombements, seul ou au contact du Sph. magellanicum ou du Sph , cymbifolium ; plus ou moins recouvert 1. Orthographes diverses : Somman, in « Guide du touriste, du naturaliste et de l’archéologue — La Haute-Savoie » par Marc Le Roux, Paris, Masson, éd., ss. d. ; — 1 Sommant : plan directeur au 1 /20.000e, feuille de Samoëns, n° 5, tirage de mai 1942 ; — Sommans, orthographe adoptée par A. Guinet, C. Sarrassat et M. Guinochet. 2. Nous avons retrouvé ces espèces, mais non le rare Cinclidium slygium Sw. que C. Sarrassat signale : « dans les tourbières de la région du Praz de Lys et très pro- bablement dans la tourbière de Sommans ». Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 149 par Mylia anomala, piqueté de brins isolés de Polytrichum stric- tion, quelquefois même de Dicranodontium longirostre, Calliergon stramineum, Aulacomnium palustre, parcouru par les filaments de Cephalozia media et Cladopodiella fluitans. Sphagnum Dusenii Jens. 1. — Robuste, vert clair au sommet des rameaux, jaune grisâtre à la base, très semblable à la var. falcalum Jens. qui est la forme non submergée à rameaux falci- formes. Les échantillons recueillis formaient une touffe très pure. Cependant, parmi nos récoltes, j’ai retrouvé dans les Sphagnum acutifolium, quelques brins de Sph. Dusenii. Ce Sphagnum de la section cuspidata est très rare en France. Jusqu’à présent, on ne l’a signalé que dans la Hautç-Saône et dans les Vosges : Haute-Saône : 1° Tourbière de la Pile entre Saint-Germain et Lantenot à 320 m. d’altitude (Hillier, 1905 ; Dismier, 1906). 2° Etang des Monts Revaux (A. Coppey, 1908). 3° Etang d’Ailloncourt le long de la route de Lure à Luxeuil (A. Coppey, 1908). Vosges : Lac de Lispach à 904 m. d’altitude (Henry et Lemas- son, 1911). Somman semble donc, pour cette espèce, la cinquième localité française. Sphagnum Dusenii existe, d’après Warnstorf : 1° dans la province subarctique de l’Europe (Suède, Norvège, Finlande), de l’Asie (Sibérie), de l’Amérique (Labrador...)-; 2° dans le territoire de l’Europe centrale : provinces atlantique (Belgique), subatlantiqùe (Danemark, Poméranie), sarmatique (Prusse, Russie, Brandebourg), des montagnes moyennes de l’Eu- rope et des territoires alpins ; 3° dans le territoire de l’Amérique septentrionale atlantique. Sphagnum Dusenii, très hygrophile, est l’une des espèces consi- dérées comme dominant presque exclusivement les sphagneta des grands « Hochmoore » de la zone holarctique (cf. : H. Gams, p. 354). Il ne croît pas à des altitudes très fortes en France. Dans les Vosges, Henry le considère comme caractéristique de la zone moyenne, zone n’atteignant pas la limite des Hêtres rabougris (1.100 m.). En Haute-Savoie, il existe donc à une altitude nette- ment supérieure. D’après Warnstorf, il atteint 1.850 m. dans les territoires alpins. Sphagnum molluscum Bruch. — Seul ou mêlé au Sphagnum magellanicum. Sphagnum subsecundum (Nees) Lîmpr. — • Généralement en masses assez pures. 1. Détermination vérifiée par Pierre Allorge. 1 Sphagnum cymbifolium Ehrh. — Quelquefois mêlé au Spha- gnum acutifolium. Sphagnum magellanicum Bid. = Sphagnum medium Limpr. — Abondant, pur ou mêlé au Sph. acutifolium ou, plus souvent, au Sph. molluscum. Mousses. Dicranum scoparium (L.) Hedw. — Sur petite souche avec Lophozia incisa ; sur la tourbe avec Drepanocladus revolvens ; en touffe sur souche pourrissante avec Radula complanata et Drepa- nocladus uncinatus ; avec Sphagnum molluscum sur la tourbe plus ou moins desséchée mêlée de feuilles mortes et d’aiguilles de Pin. Dicranodoritium longirostre (Stark.) Schimp. — • Abondant. Bombements de sphaignes, parmi Mylia anomala, Sphagnum acu- tifolium et Polytrichum strictum ; trouvé également, entremêlé de Georgia pellucida, sur humus brun rouge sec contenant des débris de feuilles. Fissidens osmundoides Hedw. — Trouvé en une seule place dans la tourbière, avec Campylium stellatum, Conocephalum coni- cum et Aneura pinguis, sur une couche d’humus contenant des fragments de bois pourri et recouvrant un morceau de bois placé en travers d’un ruisselet. Mnium rostratum Schrad. — Rampant entre les thalles de Mar- chanda polymorpha. Mnium punctatum Hedw. — Sur souche pourrissante avec Sca- pania helvedca. Aulacomnium palustre (L.) Schwaegr. — Dans les touffes de Sphagnum acutifolium , et entre les brins de Mylia anomala. Georgia pellucida (L.) Rabenh. — Sur humus sec ; pur ou mêlé de Dicranodondum longirostre. Polytrichum funiperinum Willd. ssp. strictum Banks. — • Fruc- tifié, très abondant, sortant des touffes de Sphagnum acutifolium ou de Sph. magellanicum. Climacium dendroides (Dill., L.) Web. et Mohr. — • Avec Mar- chanda polymorpha. Eurynchium striatum (Schreb.) Schimp. • — - Fructifié ; sur humus brun avec Lophozia incisa. Eurhynchium Stokesii (Turn.) Bryol. eur. • — Forme ayant de très nombreuses paraphylles sur la tige et tous les rameaux. Campylium stellatum (Hedw.) Lange et Jens. - — - Dans un ruis- selet, sur bois pourrissant humifère. 151 Drepanocladus uncinatus (Hedw.). Warnst. — Sur la terre avec Barbilophozia lycopodioides et Scapania undulata j et sur souche pourrissante. Drepanocladus fluitans (Hedw.) Warnst. gr. rotae Ren. var. falcifolium Ren. avec Barbilophozia lycopodioides et Scapania undulata et sur souche avec Scapania helvetica. Drepanocladus revolvens (Sw.) Warnst. — Abondant, 2 stations bien différentes : belles touffes sur humus frais avec Marchantia polymorpha et, station plus sèche, entre les tiges d’Andromède avec Dicranum scoparium. Scorpidium scorpioides (Hedw.) Limpr. — Forme une masse serrée sur brindilles et aiguilles de Pin. Calliergon stramineum (Dicks.) Kindb. — • Dans les touffes de Sphagnum acutifolium; avec Sph. cymbifolium et Sph. acutifo- lium au voisinage de Barbilophozia lycopodioides et de Scapania undulata ; et même plus ou moins mêlé à eux sur souche pourris- sante ; une forme rabougrie, en masse compacte, pure, a été récol- tée sur sol très humide. Pleurozium Schreberi Willd. — Sur tourbe plus ou moins dessé- chée avec Sphagnum acutifolium dépérissant et Polytrichum funi- perinum ssp. strictum rabougri. Hépatiques. Lepidozia setacea (Web.) Mitt. — • Vit sur des Sphaignes dessé- chées, en compagnie de Sph. acutifolium, Mylia anomala , Cepha- lozia media. Ses tiges lâchement feuillées rappellent la var. flagel- lacea Warnst. Calypogeia Neesiana (Mass, et Car.) K. M. • — Sur l’humus avec Lophozia incisa, ou parmi des débris de Sphagnum acutifolium rampant près du Dicranodontium, longirostre, ou luttant avec quel- ques Cephalozia. Calypogeia sphagnicola (Arn. et Perss.) Warnst. et Loeske. — • Trouvé en deux endroits dans la tourbière, mais, chaque fois, peu abondant. Barbilophozia lycopodioides (Wallr.) Lské. - — Récolté en bor- dure de la tourbière sur la terre, sous une souche pourrissante pres- que arrachée. Très bel exemplaire au voisinage de Sph. acutifolium et Sph. cymbifolium, accompagné de Scapania undulata, Callier- gon stramineum, Drepanocladus uncinatus, Drepanocladus fluitans gr. rotae var. falcifolium. Lophozia incisa (Schrad.) Dum. — Avec périanthes. Sur humus brunâtre grossier (feuilles, racines) avec Eurhynchium striatum et Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 11 * — 152 — Calypogeia Neesiana ; sur une souche en bordure de la tourbière avec quelques brins de Tritomaria quinquedentata et de Dicranum scoparium. Lophozia ventricosa (Dicks.) Dum. — Propagulifère dans une touffe de Dicranum scoparium ; avec des périanthes parmi les Sphagnum acutifolium et Mylia anomala croissant sur la tourbe mêlée de branchages et d’aiguilles de Pin. Mylia anomala (Hook.) Gray. — Abondant sur les bombements de Sphagnum acutifolium, recouvrant parfois les plaques dessé- chées de cette sphaigne. Vit aussi sur l’humus brunâtre où n’exis- tent pas de sphaignes vivantes mais où croissent encore Dicra- nodontium longirostre et Polytrichum juniperinum ssp. strictum. Karl Müller ne décrit pas les oléocorps de cette espèce. Je les ai observés le lendemain de la récolte : ils existent dans toutes les cellules et tendent à se localiser vers la paroi cellulaire ; chaque cellule contient 10-16 oléocorps, ceux-ci sont assez petits et sphé- riques, composés de 4 granules, ou beaucoup plus gros ovales, à 8-13 granules. Trois semaines après la récolte, tous les oléocorps avaient disparu. ( Tritomaria quinquedentata (Huds.) Buch. — Très rare dans nos récoltes. Considéré par Meylan comme très rare sur le bois ; cepen- dant, à Somman, il croissait sur une souche avec Lophozia incisa. Scapania helvetica Gottsche. — Ce Scapania de la section Cur- tae, subsection immarginatae (H. Buch), vivait sur l’écorce d’une souche au voisinage de Radula complanata, mêlé aux Mnium punc- tatum, Drepanocladus uncinatus, Calliergon stramineum et Drepa- nocladus fluitans. Les spécimens recueillis sont propagulifères et possèdent quelques périanthes. Les oléocorps, examinés plus d’un mois après la récolte, au nombre de 3-5 par cellule, mesurant 5 [a de diamètre, apparaissaient sphériques et très réfringents. Karl Müller (p. 361) indique les mêmes caractères. Donc les oléocorps se conservent intacts assez longtemps. En 1928, Hans Buch écri- vait que le Scapania helvetica n’était connu avec sûreté que dans les montagnes de l’Europe centrale, d’Italie et de Suisse. Cette espèce moptagnarde, connue actuellement dans les Pyrénées (près de Cauterets, vallée d’Aure, Haute- Ariège), en Alsace, assez fré- quente en Suisse entre 1.200 et 2.000 m. d’après Meylan, n’a, à ma connaissance, été signalée dans les Alpes françaises, que dans le bassin supérieur de l’Arve par Cullmann. Scapania undulata (L.) Dum. — Mêlé à Barbilophozia lycopo- dioides et formant avec lui, sur la terre, une grande plaque verte. Cephalozîa bicuspidata (L.) Dum. — Rampant sur des feuilles sèches, des brindilles, ou entre les tiges de Lophozia incisa. Très abondant. 153 — Cephalozia connivens (Dicks.) Spr. — Rampe entre les brins de Sphagnum acutifolium. Husnot et Boulay ne le signalent pas dans les Alpes, mais Meylan indique qu’il croît en Suisse en de très nombreuses localités jusqu’au-dessus de 2.000 m. Cephalozia media Lindb. — Sur la tourbe au voisinage des Sphaignes avec Lepidozia setacèa et Mylia anomala. Cladopodiella fluitans (N.) Buch. - — Assez répandue dans la tourbière parmi les sphaignes. Radula complanata (L.) Dum. — Sur souche de résineux, au voisinage du Scapania helvetica. Riccardia latifrons (Lindb.) Lindb. — Dans les parties humides en compagnie de Mylia anomala . Riccardia pinguis (L.) Gray. — Sur humus brun foncé conte- nant des fragments de bois pourri, avec Fissidens osmundoides et Conocephalum conicum. Conocephalum conicum (L.) Dum. — Avec le précédent ; peu abondant. Marchanda polymorpha L. — Avec chapeaux Ç ; sur humus frais contenant en surface aiguilles de Pin et débris de Carex. Nous avons donc récolté dans la tourbière de Somman 44 Mus- cinées dont 7 sphaignes, 18 mousses et 19 hépatiques. M. Guino- chet signalait 4 espèces de sphaignes : Sph. medium (= Sph. magel- lanicum), Sph. subsecundum, Sph. intermedium, Sph. cuspidatum. Si ces deux dernières manquent à nos récoltés, nous en avons re- reconnu cinq autres. Parmi les mousses, quelques-unes sont plus particulièrement montagnardes comme Fissidens osmundoides, Dicranodontium longirostre, Drepanocladus fluitans gr. rotae var. falcifolium. La tourbière de Somman présente à la fois des hépa- tiques hygrophiles indifférentes à l’altitude, comme certaines hépatiques de plaine qui peuvent atteindre 2.000 m. telle Cepha- lozia connivens, et d’autres qui préfèrent des stations situées entre 1.000 et 2.000 m., ainsi Lophozia incisa et Barbilophozia lycopo- dioides. J’ai pu étudier les oléocorps de deux espèces, constater la rapide disparition de ceux du Mylia anomala, et, au contraire, la persis- tance assez longue de ceux du Scapania helvetica. Remarquons la présence, dans cette tourbière, de deux espèces particulièrement rares en France : Scapania helvetica et Sphagnum Dusenii ; si, dans les Alpes françaises, le premier a déjà été indi- qué (Bassin supérieur de l’Arve), le Sphagnum Dusenii y semble bien nouveau. Laboratoire de Cryptogamie du Muséum. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Boulay (Abbé). — Muscinées de la France, 2e partie, Hépatiques, Paris, 1904. Buch (Hans). — Die Scapanien Nordeuropas und Sibiriens, II, syste- matischer Teil, Soc. Scient. Fennica, Comm. Biol. III, 1, Helsingfors, 1928. Culmann (P.). — Contribution à la flore bryologique du bassin supé- rieur de l’Arve, Bull. Soc. Bot. de France, 77, 1930, 7-8, 463-473. — Nouvelle contribution à la flore bryologique du bassin supérieur de l’Arve. Bull. Soc. Bot. de France, 80, 1933, 217-230. Dismier (G.). — Flore des Sphaignes de France, Arch. de Bot. 1, mémoire n° 1, 1927. Gams (H.). — Bryo-cenology, in Fr. Yerdoorn, Manual of Bryology, The Hague, 1932. Guinet (A.). — Récoltes sphagnologiques aux environs de Genève, Rev. Bryol., 1905, 5, 85-86. Guinochet (Marcel). — Observations sur la végétation des étages mon- tagnard et subalpin dans le bassin du Gifîre (Haute-Savoie), Rev. Gén. de Bot., 51, 1939 (1940), 600-678. Henry (R.). — Contribution à l’étude des Sphaignes vosgiennes, Rev. Bryol., 1912, 66, 81, 82, 104. Husnot (T.). — Hepaticologia gallica, 2e éd., Cahan (Orne), 1922. Meylan (Ch.). — Les Hépatiques de la Suisse, Zurich, 1924, in Bei- tràge zur Kryptogamenflora des Schweiz, Bd VI, 1. Müller (Karl). — Untersuchungen über die ôlkorper der Lebermoose, Ber. Beuts. Bot. Gesellschaft, 1939, LVII, 8. Sarrassat (C.). — Muscinées récoltées en Haute-Savoie au cours de la session extraordinaire de 1937, Bull. Soc. Bot. de France, 86, 1939, 1-2, 58-69. Warnstorf (C.). • — Sphagnologia Universalis. Das Pflanzenreich, Leip- zig, 1911. 155 Quelques observations sur les Genres ■. Carditopsis, Ervcinella et Triodonta. Par J. Roger et G. Lefebvre. Une révision, actuellement en cours, des faunes dites « redo- niennes », nous a permis d’observer dans le gisement de Gourbes- ville (Manche) 25 à 30 valves et quelques exemplaires bivalves d’un Lamellibranche de taille minime mais fort intéressant. Les dimensions oscillent pour le d. a. p. entre 2,03 mm. et 1,54 et pour le d. u. p. de 2,03 à 1,59. La moyenne d’une série de mesures donne 1,80 pour le d. a. p. et 1,86 pour le d. u. p. Il s’agit donc d’une coquille un peu plus haute que large, mais à ce point de vue elle présente d’assez larges variations, puisque le rapport d. a. p, sur d. u. p. oscille entre 94 et 106 avec moyenne de 96,7. Le con- tour subtrigone est légèrement oblique vers l’avant, cette région étant plus développée que la partie postérieure. L’inéquilatéialité de la coquille étant d’ailleurs passablement variable. Au sommet la prodissoconque, arrondie, assez peu saillante, non limitée par un bourrelet saillant, s’observe nettement chez tous les exemplaires. La surface externe moyennement et régulièrement convexe est ornée de 20 à 25 cordons concentriques, arrondis, réguliers, séparés par des sillons étroits et assez profonds. Souvent des sillons plus importants isolent des groupes de 4 à 5 cordons. On n’observe aucune trace d’ornementation radiale. Il n’existe aucun indice de ligament externe, mais à chaque valve une fossette large, située légèrement en arrière du crochet, contenait un cartilage interne. Le plateau cardinal est relative- ment large et robuste. Il est à remarquer que le test de cette coquille est passablement épais et par suite il ne peut s’agir de jeunes indi- vidus. A la valve droite la dent située en avant de la fossette est forte, élargie à la base, bien saillante, ce qui lui donne un aspect de dent de Spondylus. La partie inférieure de cette dent se continue par une lamelle antérieure nette et effilée à son extrémité distale. En arrière de la fossette on trouve une seconde dent \un peu moins forte,, nettement* oblique vers l’arrière, son sommet s’abaisse et disparaît sous le bord cardinal. Du côté antérieur une seconde lamelle latérale, située immédiatement au bord de la coquille, est séparée de la première lamelle latérale antérieure par un profond sillon. Le bord postérieur élargi a tendance à former une dent latérale beaucoup moins nette. Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. — 156 — A la valve gauche la fossette plus large est bordée en avant d’une dent allongée en forme de goutte et bien oblique. A l’arrière se trouve une dent encore plus oblique, sensiblement de même forme et de même force. Dans l’intervalle très large qui sépare ces deux dents on observe deux crêtes très aigues, l’une en avant est sen- siblement rectiligne, l’autre en arrière est oblique et un peu courbe. Deux lamelles latérales postérieures étroites mais bien nettes, laissent entre elles un sillon pour le logement de la latérale posté- rieure de la valve droite. La plus ventrale de ces deux lamelles est en continuité avec la dent postérieure. Une lamelle latérale antérieure, venant se loger dans le sillon latéral correspondant de la valve droite, est nettement en continuité avec la dent cardinale antérieure. L’appareil cardinal peut s’interpréter de la façon sui- vante : 1° A la valve droite existent les deux lamelles L. A. I et L. A. III, la première donnant la dent cardinale 1. La dent située en arrière de la fossette est une latérale L. P. I. Il existe en outre une latérale L. P. III moins nette. 2° A la valve gauche la lamelle antérieure unique L. A. II donne la cardinale 2. A l’arrière se trouvent deux lamelles L. P. II et L P. IV et c’est l’extrémité épaissie de la première qui prend l’as- pect d’une dent cardinale. Les deux crêtes décrites ci-dessus ne sont pas des dents mais limitent simplement le cartilage interne. Entre ces crêtes et les dents 2 et L. P. II viennent se loger respec- tivement les dents 1 et L. P. I de la valve droite. Cette interpré- tation est entièrement d’accord avec celle donnée par Cossmann et Peyrot pour des formes congénériques du Néogène d’Aqui- taine 1, en ce qui concerne la valve droite. Au sujet de la valve gauche notons qu’il est peu vraisemblable de considérer, comme le font les deux auteurs cités, la crête antérieure comme une bifur- cation de la dent cardinale 2, il s’agit beaucoup plus simplement d’une production limitant le cartilage, analogue à celles qu’on observe chez d’autres Bivalves. Sur la face interne les empreintes musculaires sont difficilement observables, très superficielles, ovoïdes, un peu arquées et réunies par une impression palléale continue. Le bord palléal interne est denté sur une faible largeur. Dans la littérature l’espèce la plus proche signalée est Erycinella pygmaea Wood (= ovalis Wood non Conrao ?) du Crag et du Pléistocène d’Angleterre 2. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’elle est indiquée par Dollfus dans une liste sur la faune de Gourbesville 3. 1. 1914. Conchyl. Néog. d’Aquitaine , II, p. 14, fig. 3. 2. 1853. S.-V. Wood. Mollusca of the Crag, II, p. 171, pl. XV, fig. 10 et 1872, Suppl., p. 136. 3. 1905. Dollfus. Faune malac. Gourbesville, p. 364. 157 — La première question intéressante qui se pose est celle de la posi- tion systématique de ces coquilles. La seconde est celle de leur répartition. S’il est relativement facile de mettre un nom d’espèce sur un fossile il est déjà plus délicat de parvenir à la notion de genre et surtout, de fixer la position des unités taxinomiques étudiés, dans le continu des êtres vivants. Pour les fossiles de Gourbesville envi- sagés ici trois termes génériques se disputent la priorité : Erycinella Conrad 1845 (Foss. of fhe médial Tert. of U. S. A., p. 16, pl. VIII, fig. 3 ; Wood 1853, Crag Moll., p. 170 ; Chenu 1862, Manuel Conch., II, p. 134 ; Dall 1903, Tert. Fauna Florida, p. 1.436). - — Trio- donta V. Koenen 1893 (Norddeuts. Unter.-Olig., p. 1209). - — - Cardi- iopsis E. Smith 1881, Zool. coll. « Alert », p. 43 ; Dall 1903, loc. cit., p. 1.437 ; 1914 Cossmann et Peyrot, Conch. Néog. Aquit. II, p. 14). Par la forme, l’ornementation et la charnière nos exemplaires de Gourbesville sont très semblables non seulement à la forme du Crag d’Angleterre mais aussi à celle du Miocène supérieur de Virginie nommée £.> ovalis Conrad et génotype du genre Eryci- nella. S’agit-il d’une seule espèce ? Il est difficile d’en décider sans examen direct des échantillons, cependant d’après les dessins des auteurs et leurs descriptions il nous paraît très vraisemblable qu’il en soit ainsi. Les deux Carditopsis du Miocène d’Aquitaine (C. inopinata Coss. et Peyr. du Burdigalien et C. koeneni Coss. et Peyr. de l’Aquitanien) sont encore très comparables à nos exemplaires par la charnière et la forme, mais présentent une orne- mentation radiale. C. bernardi Dall (loc. cit., p. 1.428, pl. LUI, fig. 10) du Pliocène de Costa-Rica est également, pourvue de côtes — 158 — radiales et de toute façon nous paraît plus proche du genre Con- cylocardia. Sur les formes de l’Oligocène de Lattorf ( Triodonta clara v. Koenen et Tr. deleta v. Koenen) il est plus difficile de conclure, mais elles portent une ornementation radiale, la char- nière cependant parait bien voisine. Trois espèces actuelles rap- portées au genre Cardiiopsis (C. flabellum Reeve qui est le géno- type, C. smithi Dall et C. alfredensis Bartsch) sont ornées de côtes radiales. Autant qu’on puisse en juger d’après les figures et la description les charnières concordent avec celles des formes de Gourbesville. De cette rapide discussion il résulte que depuis l’Oligocène existe un seul genre, avec des variations dans l’ornementation, mais une constitution constante de la charnière ; ce caractère étant d’ordre générique et non spécifique. Le terme de Triodonta ayant été préemployé (Bory de Saint-Vincent 1824, Schumacher 1817, Gray 1851, etc...) il reste donc à savoir si ce genre doit s’appeler Cardiiopsis ou Erycinella. C’est une pure question de synonymie, sans intérêt scientifique majeur. Le premier terme traduit mieux les affinités, le second a l’avantage de la priorité mais évoque un rapprochement erroné avec les Erycina. Il est beaucoup plus inté- ressant de fixer la répartition de ce genre, Wood ( loc . cit.,) comparait son E. pygmaea à Goodallia miliaris Lmk. du Lutétien du Bassin de Paris. Cette espèce pour laquelle Cossmann a créé un genre Microstagon 1 est bien différente. C’est donc à l’Oligocène que commence l’histoire du genre Erycinella, avec les deux espèces de Lattorf. A l’Aquitanien et au Burdigalien il est représenté dans le Bassin d’Aquitaine (Cardiiopsis inopinata et C. koeneni). Le Miocène supérieur de Virginie donne E. ovalis, la forme de Gourbesville se situe au même niveau probablement. Dans le Pliocène et jusque dans le Pléistocène d’Angleterre se trouve E. pygmaea. Actuellement, C. flabellum est du Pérou et du Chili, C. smithi des Bermudes, C- alfredensis de Port Alfred en Afrique du Sud. D’après Wood (loc. cit.) Conrad connaissait une forme actuelle congénérique de E. ooalis vivant dans le golfe du Mexique, rien dans la littérature ne permet de savoir exactement de quelle espèce il s’agit. Cette double répartition géographique et stratigraphique donne donc l’impression d’une migration de l’hémisphère nord à l’hémis- phère sud au cours du Quaternaire. Cependant une autre interpré- tation est possible. L’aire de ce genre n’était-elle pas continue au Tertiaire et ne s’est-elle pas réduite par la suite ? La première interprétation est basée sur un fait négatif, pas de trouvailles paléontologiques dans les régions où vivent les Carditopsis actuelles. 1. 1913. Cat. Eocène, app. n° 5, p. 92. — 159 La seconde suppose des recherches dans les formations du Néo- gène et du Pléistocène d’Afrique du Sud, du Pérou et du Chili. Elle mérite au moins d’être avancée car génératrice de nouveaux travaux. Remarquons que la même question peut se poser au sujet de nombreux autres groupes à plus grande échelle : migration ou réduction d’aire ? Citons à ce sujet les Astartidae, les Trigonies, etc... 1. A priori on pourrait entrevoir une troisième solution : l’apparition indépendante et à différentes époques des espèces là où on les trouve. Cette conception choque l’idée de continuité présente partout dans la nature et est en contradiction avec pres- que toutes les observations paléontologiques. De toute façon la répartition actuelle et passée des Erycinella offre des ressemblances avec celle des formes appartenant aux genres Cardilella Smith, Condylocardia Bernard, etc... Les trois genres Gondylocardia, Cardilella et Cardilopsis (ou Erycinella) appartiennent à la famille des Condylocardiidae, qui commence son évolution à partir du Lutétien du Bassin de Paris. Cette famille possède elle-même des affinités avec les Crassatellidae, les Astartidae et les Carditidae. De façon élémentaire on distingue les quatre familles comme suit : ornementation ( ligament externe : famille des Astartidae concentrique ( ligament interne : famille des* Crassatellidae ornementation radiale - La réalité est jdus complexe. Nous avons vu que les formes réunies dans les Condylocardiidae avaient une ornementation radiale ou concentrique suivant les espèces. Un premier examen de Pteromeris (de la famille des Carditidae ) de Gourbesville montre clairement le passage, au cours du développement, de T ornemen- tation concentrique à l’ornementation radiale, passage qui s’opère plus ou moins rapidement suivant les individus. La méthode à suivre pour débrouiller les rapports de ces groupes génériques est donc à baser sur l’ontogénie. Cela est encore plus vrai pour la charnière dont le tableau donné ci-dessus ne tient pas compte. Cependant l’architecture du plateau cardinal fournit les carac- tères génériques les plus solides. Donc l’étude commencée par nous sur ce, sujet s’inspirera de la méthode dont trois notes remar- quables de Bernard tracent les bases 2. Laboratoire de Paléontologie du Muséum. 1. R. Abrard, 1941. Répartition géographique actuelle et fossile du genre Astarte Sowerby, C. R. som. Soc. Biogêo g., 153-154, pp. 37-41, 2. 1895. B. S. G. F., XXIII, p. 104, 1896, B. S. G. F., XXIV, p. 54 et p. 412. ligament externe : famille des Carditidae ligament interne : famille des Condylocardiidae — 160 — Sur le comportement du tissu musculaire ( dans la métamorphose expérimentale des Batraciens Par Paul Roth. D’après les conclusions que W. Schulze (1) a tirées de ses études, les tissus dérivés du mésoderme, sauf le tissu rénal, ne réagiraient pas lors de la métamorphose expérimentale provoquée chez les têtards thyréo-privés par l’implantation de fragments de glandes thyroïdes de mammifères. En est-il de même quand la métamor- phose est provoquée, non par une importation de thyroïde étran- gère, mais par des bains continus de thyroxine synthétique 1 ou par l’ingestion d’extrait total de glande thyroïde 2, la propre glande des sujets restant en place ? Dans ces deux conditions expérimentales, les conclusions de W. Schulze se vérifient exactement quant au comportement du tissu rénal qui s 'hypertrophie considérablement et du tissu ger- minatif qui poursuit son développement normal, mais il n’en est pas de même pour deux autres tissus dérivés, eux aussi, du feuillet mésodermique : Les tissus osseux et musculaire. Romeïs (2) a mis en lumière le développement atypique de l’apophyse coracoïde et de l’humérus, lors de la métamorphose expérimentale des têtards de grenouille par l’ingestion de thyroïde. Ce dernier se. raccourcit et, j’ai moi-même (3) montré que, quand la métamorphose est provoquée par une forte dose de thyroxine, par l’ingestion d’ex- trait total de thyroïde ou de fragments de thyroïde humaine atteinte d’une forme grave de la maladie de Basedow, il se produisait aussi un développement atypique du fémur qui se raccourcit et s’épaissit tout comme l’humérus. J’ai fait remarquer que, dans ce cas, les muscles, obligés de prendre leurs points d’insertion sur un fémur raccourci, font « le pont », donnant aux cuisses des animaux chez qui se produit ce phénomène un aspect « en boule » très caractéristique. Quant au tissu musculaire, il est bien développé et souvent hypertrophié, surtout quand l’agent accélérateur a été administré à une forte dose, mais l’aspect de la fibre musculaire ne peut se rapprocher de l’aspect présenté par la fibre musculaire d’un animal métamorphosé naturellement qu’autant que l’animal était plus 1. Thyroxine « Roche » des Etablissements Hoffmann La Roche. 2. Thyroïde de mouton en poudre des Etablissements Carrion. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 2, 1944. — 161 près de cette métamorphose au moment de l’expérience, ainsi que je vais le montrer. Les images présentées par la coupe longitudinale du muscle strié d’une petite grenouille métamorphosée naturellement, mon- trent des fibres d’un aspect classique : noyaux fusiformes, relative- ment clairs, ne comportant qu’un petit nucléole. Ils sont souvent en position excentrique, mais non toujours, car on sait que cette position des noyaux n’est pas de règle dans le tissu musculaire des Batraciens. Fig. 1. — Fibre musculaire d’un têtard^âgé de deux jours ; Fig. 2. — Id., parvenu au stade C ; Fig. 3. — Id., parvenu au stade D ; Fig. 4. — Id., parvenu au stade F ; Fig. 5. — Id., parvenu au stade G. (Coloration au Glychémalum-Eosine, après fixation par le Bain acétique. — Objectif à immersion Leitz 1/15 X, ocul. 8). L’aspect des fibres musculaires striées d’un têtard âgé de deux jours est bien différent : Les noyaux ne sont pas fusiformes mais presque ronds, ils ne sont pas clairs, mais, au contraire, chargés de volumineux grains de chromatine et possèdent un très gros nu- cléole. On retrouve cet aspect, mais déjà atténué, en examinant les fibres musculaires de têtards parvenus aux stades B et C de leur développement (2e et 3e de Kollmann) (4). Les noyaux sont tou- — 162 jours presque ronds, mais si le nucléole reste gros, les grains de chromatine ont diminué de volume. Si le têtard est parvenu au stade D de son développement (4e de Kollmann) on voit les noyaux s’allonger un peu et s’éclaircir. Au stade E et surtout aux stades F et G précédant la métamor- phose (5e, 6e et 7e de Kollmann) les noyaux s’allongent encore davantage, deviennent de plus en plus clairs et commencent à se situer en position excentrique, se rapprochant ainsi de l’aspect des noyaux de la fibre musculaire du têtard parvenu au terme de son développement et de la métamorphose. Examinant maintenant l’aspect des fibres musculaires striées des têtards dont la 'métamorphose a été artificiellement accélérée, nous constatons que : 1° Les fibres musculaires striées d’un têtard âgé de deux jours et métamorphosé en dix-neuf jours par l’action d’un bain continu de thyroxine au 1 /50.000.000e (dose moyenne), ne diffèrent de celles du témoin, âgé également de deux jours, que par un léger allongement des noyaux et une légère diminution du volume des nucléoles, les grains de chromatine restant gros. 2° Les fibres musculaires striées d’un têtard pris au stade C (3e de Kollmann) et métamorphosé en onze jours par l’action d’un bain continu de thyroxine au 1 /4.000.000e (dose forte), ne diffèrent pas essentiellement de celles des témoins, mais celles d’un têtard de même âge métamorphosé en huit jours par l’action de la thyroïde de mouton en poudre, montrent des noyaux plus allongés, dont le protoplasma est très éclairci, mais dont les nucléoles sont encore assez volumineux. Dans ce cas, il faut encore noter l’hypertrophie considérable du système musculaire. En somme, la réaction du tissu musculaire (qui ne figure pas dans les « sensibles locales de Champy et Radu (5) est une hyper- trophie plus ou moins grande en fonction de la dose de l’agent accélérateur et de l’âge des sujets. Les différences que l’on trouve entre l’aspect des fibres musculaires des animaux métamorphosés expérimentalement et l’aspect de celles des témoins, sont fonction de l’âge des sujets et de la rapidité de leur métamorphose, cette dernière étant elle-même fonction de la dose de l’agent accéléra- teur. Cependant si la métamorphose a été provoquée, non par un bain continu de thyroxine, mais par l’ingestion d’un extrait total de glande thyroïde, l’aspect des fibres musculaires indique une réaction évolutive très nette. On ne trouve de réactions semblables dans le tissu musculaire des têtards que quand la dose administrée a été assez faible (1 /100.000.000e par exemple) pour que le temps — 163 — de métamorphose permette un développement plus normal des éléments histologiques. La thyroïde des sujets, laissée en place, ne peut être une cause d’erreur. On sait, depuis les travaux de Courrier (6), que l’inges- tion de thyroïde a pour conséquence, chez les petits mammifères Fig. 6. — Fibre musculaire d’un têtard métamorphosé naturellement ; Fig. 7. — Id., âgé de deux jours métamorphosé en dix-neuf jours par un bain de thyroxine au 1 /50.000.000e ; Fig. 8. — Fibre musculaire d’un têtard pris au stade C et méta- morphosé par la thyroxine au 1 /4.000.000e ; Fig. 9. • — Fibre musculaire d’un têtard parvenu au stade C et métamorphosé par l’ingestion d’extrait de thyroïde de mouton. (Coloration au Glychémalun-Eosine, après fixation par le Bouin acétique. — Objectif à immersion Leitz 1/15 X ocul. 8). de laboratoire, la mise en repos de la glande des sujets ayant subi ce traitement. Or, Etkin (7), a observé que les mêmes phénomènes se produisaient chez les têtards, et, j’ai pu, moi-même, le cons- tater. Cependant, si les têtards sont mis en expérience au stade de la prémétamorphose, « la métamorphose, dit Etkin (8), se déroule I 164 suivant le rythme que lui confère la thyroïde de l’animal et, non selon le rythle de la thyroxine », ce qui serait le cas si la méta- morphose expérimentale avait été tentée sur des animaux par- venus aux stades F et G (6e et 7e de Kollmann) au moment où la thyroïde des têtards entre vraiment en action. J’ai, d’ailleurs anté- rieurement montré (9) le peu de résultat qu’on obtient avec des animaux parvenus au stade de la prémétamorphose. C’est pour- quoi je n’ai pas cru devoir faire figurer de fibres musculaires d’ani- maux métamorphosés expérimentalement dans ces conditions. Laboratoire d’Ethologie des Animaux sauvages du Muséum. BIBLIOGRAPHIE 1. Schulze (W.). Arch. /. msk. n. Entw. mech. CI, 1924, p. 338-380). 2. Romeis (B.). Arch. f. mik. n. Entw. mech. CI, 1924, p. 382-437). 3. Roth (P.). Bull. Soc. Zool. Fr., LXVII, 1942, p. 128. 4. Kollmann (M.). C. R. Soc. de Biol., t. 82, 1919, p. 1009. 5. Champy (Ch.) et Radu (L.). C. R. Assoc. Anat., 1931-32, p. 115. 6. Courrier (R.). Arch. Franco-Belges de Chirurgie, t. 32, 1930, n° 1, C. R. Soc. de Biol., t. 91, 1924, p. 1274. 7. Etkin (W.). Physiol. Zool., t. Y, 1932, p. 275-300. 8. — Journ. Exp. Zool., t. 71, 1935, p. 317-340. 9. Roth (P.). Bull, du Muséum, 2e s., t. 11, 1939, n° 1, p. 99. Le Gérant : Marc André. ABBEVILLE, IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). Autorisation S. 4 9-5-1944 SOMMAIRE Pages Actes administratifs 87 Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Bertrand, à Paris, le 28 féyrier 1944 par M. le Professeur Ach. Urbain, directeur du Muséum. . 88 Communications : Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier. Néoformations cutanées et osseuses de la tête chez les Girafes '. 91 J. Berlioz. Notes critiques sur quelques Turdidés de la faune éthiopienne 96 L. Bertin. Synopsis ostéologique et Synonymie des Poissons de la Famille des Serrivoméridés (Apodés Anguilliformes) 101 J. J. Legrand. Contribution à l 'étude des Isopodes terrestres du Sud-Ouest de la France 109 R. Paulian. Les types d’insectes de Mulsant au Muséum de Paris : 117 A. Villiers. Nouveaux Acanlhaspiditae d’Afrique orientale [Hem. Reduviidae \ . . 122 J. Nouvel et E. Séguy. Quelques ectoparasites des animaux sauvages du Parc Zoologique du Bois de Vincennes (lre note) 128 G. Cherbonnier. Les Mollusques de France de la collection Locard. Mollusques terrestres (4e note). Famille Helicidae (suite) 132 A. Guillaumin et E. Manguin. Floraisons observées dans les serres du Muséum pendant l’année 1943 135 A. Guillaumin et V. Chaudun. La collection de modèles réduits d’instruments agricoles et horticoles du Muséum. A propos d’une lettre inédite de A. Thouin. 137 F. Chesnais. Anatomie du système végétatif du genre Heberhardtia H. Lee 142 S. Jovet-Ast. Muscinées de la tourbière de Somman (Haute-Savoie) 148 J. Roger et G. Lefebvre. Quelques observations sur les genres : Carditopsis, Erycinella et Triodonta 155 P. Roth. Sur le cçunportement du tissu musculaire dans la métamorphose expé- rimentale des Batraciens 160 ÉDITIONS MUSÉUM NATIONAL D’HtSTOIRE NATURELLE 36, RUE GEO FFRO Y-SAI NT* HILAIRE, PARIS Ve Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802 comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.). Bulletin du Muséum' national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)» (Un vol. par an, 80 fr.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com- mencée en 1936. (Sans périodicité fixe; un vol. 230 fr.). Publications du Muséum national d’Histùire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). ^ Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît depuis 1822 ; échange). . Notulæ Systematicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.). Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr., Etranger, 70 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de Dinard ;suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la Société des Amis du Musée de l'Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange). Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A- Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ; abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.). Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- garnie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 fr.). ^ Revue Bryologique et Lichènologique, (Directeur M. N., Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1874; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique). (Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.). • BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2e Série. — Tome XVI \ ■ RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM No 3. — Mai 1944 MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER P A RIS- V* RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national d 'Histoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la séance. TIRAGES A PART Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions suivantes : (Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 ) 25 ex. 50 ex. 100 ex. 4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr. 8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50 16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr. Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée. r Supplément pour couverture spéciale : 25 ex .... ... . 18 francs. par 25 ex. en sus 12 francs. Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves. Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro correspondant. PRIX DE l’abonnement ANNUEL î France et Etranger : 80 fr. (Mandat au nom de l'Agent comptable du Muséum) Compte chèques postaux : 124-03 Paris. cd, ab = bc, dd <( 1 /2 u (les soies sont dési- gnées par les lettres a, b, c, d; a représente la soie la plus ventrale, d, la plus dorsale, & et c les soies intermédiaires ; les intervalles séparant deux soies sont nommés par les lettres des soies qui les délimitent, aa, ab, bc, cd, dd ; u désigne la longueur de la circon- férence du corps). Les soies a ou b des segments 16, 17, 18, 19, 22 ou de l’un d’entre eux sont entourées d’une petite zone glandu- laire blanchâtre. Les pores dorsaux sont invisibles sauf sur le cli- tellum où ils apparaissent nettement. Les pores mâles du 15e, situés entre les soies & et c ont la forme d’une fente longitudinale ; les champs glandulaires blancs qui les entourent sont légèrement renflés et ne débordent pas sur les segments adjacents. Le clitel- lum occupe les segments 27, 28 — 35, 36 (= 8 à 10 anneaux) ; il a une forme de selle ; les anneaux sont très apparents sur toute sa surface. Les crêtes de puberté de forme ovalaire très nette, s’éten- dent sur les segments 32 — 35 (= 4) ; parfois l’ovàle mord un peu sur le 31e segment. Le dissépiment 4 / 5 est le premier développé ; les cloisons 5 /6 Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 3, 1944. I — 180 — à 8/9 sont fortement épaissies ; les suivantes sont très minces. Les organes génitaux comprennent, deux paires de testicules et d’entonnoirs vibratiles dans les segments 10 et 11 ; une paire d’ovaires est située dans le 13e segment ; il y a une capsule sémi- nale. Les vésicules séminales au noipbre de deux paires sont fixées A B Fig. 1 — Octolasium calarensis n. sp. X 3\ A, vue de profil ; B, face ventrale au niveau du clitellum ; C, face dorsale de l’ex- trémité antérieure montrant le prostomipm ; 15, pore mâle ; 28-35, clitellum ; Cr, crêtes de puberté ; a, h, c, d, soies ventrales et dorsales ; M, mamelons blanchâtres ; p, prostomium. aux cloisons 10/11 et 11 /12 ; la seconde paire est très volumineuse. Les trois paires de spermathèques sont placées dans les anneaux 9, 10 et 11 ; les deux premières sont sphériques et sensiblement de même taille ; la dernière paire ovale est beaucoup plus grosse que les précédentes ; les pores de ces spermathèques débouchent à l’extérieur dans les intersegments 8 /9, 9 /10, 10 /Il à peu près au niveau de la soie d. — 181 L’organisation interne (2 paires de testicules, 2 paires d’enton- noirs vibratiles, une capsule séminale, 2 paires de vésicules sémi- nales permet de rattacher cet individu au genre Octolasium qui paraît être assez peu homogène ; en effet ce genre comprend quatre types de structure différente. Un premier type est composé d’es- pèces (O. herriandrium, Cognetti ; Damianii Cognetli) ayant une paire de testicules, une paire d’entonnoirs vibratiles, une capsule séminale, deux paires de vésicules séminales dans les segments 10 et 12, Un second type (O. montanum Gern.) renferme les indi- vidus possédant deux paires de testicules, deux paires d’enton- noirs vibratiles, une capsule séminale, deux paires de vésicules séminales dans les segments 11 et 12. Un troisième type compre- nant la majeure partie des Octolasium, notamment O. camplanatum groupe les individus à deux paires de testicules, deux paires d’en- tonnoirs vibratiles, une capsule séminale, quatre paires de vési- cules séminales (segments 9 à 12), Enfin le quatrième type réunit les Vers ( Octolasium exaeystis Rosa, O. mima Rosa) à deux paires de testicules, deux paires d’entonnoirs vibratiles, absence de cap- sule séminale, quatre paires de vésicules séminales (segments 9 à 12). U’espèçe décrite ei-dessus rentre dans la seconde catégorie qui ne comptait jusqu’à présent qu’un seul représentant, Octolasium montanum Cernosvitov 1, des Karpathes et de Roumanie. La nou- velle espèce présente outre les caractères généraux déjà mention- nés, quelques ressemblances avec O. montanum (soies distantes les unes des autres, nombre èt situation des pores, des spermathèques), mais elle en diffère totalement par la place du chtellum et des crêtes de puberté. Voici d’ailleurs les traits essentiels des deux espèces : O. montanum Cern. O. de Callas Longueur .....'. Epaisseur Nombre de segments ...... Clitellum. ; ■•Crêtes de puberté . , Soies Vésicules séminales. ....... Spermathèques . . . .. .. . . Parcs des spermathèques. . . 150 à 205 mm. 10 à 12 mm. 131 à 158, 25-29, 30 26-28, 20 1 /2 distantes 10/11, 11/12 8, 9, 11 8/9, 9/10, 10/11 65 à 110 mm. 4 mm. 180 à 200 27, 28-35, 36: 32-35 distantes 10/11, 11/12 9, 10, 11 9/9, 9/10, 10/11 La nouvelle forme mérite donc le statut d’espèce ; je la nomme Octolasium calarensis d’après le nom médiéval de la paroisse de Callas. 1. Pop, dans un travail (Zool. Jahrb. Syst., 76, 1944, 397) paru pendant l’im- pression de cette note, considère O. montanum Cern. comme une variété Montana Cern. de Dendrobaena platyura Fitzinger. — 182 — Le genre Octolasium renferme environ une quinzaine d’espèces (plusieurs espèces autrefois autonomes ont été mises en syno- nymie avec O. complanatum) dont la distribution géographique est assez curieuse. Deux espèces O. cyaneum Savigny et O. lacteum Orley sont cosmopolites et largement répandues dans toute l’Eu- rope, Algérie, Amérique du Nord et du Sud, Australie, Indes ; la seconde est nettement plus ubiquiste que la première. O. compla- natum A. Dugès englobe plusieurs espèces primitivement indépen- dantes (O. transpadanum Rosa, O. lissaense Michaelsen, O. croa- ticum Rosa, O. nivale Bretscher, O. complanatum var. argoviense Bretscher ; très fréquente dans les pays méditerranéens, elle est notée en Espagne, Portugal, sud de la France, Italie, Jugoslavie, Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Transcaucasie, Sicile, îles Baléares, Algérie, Maroc, Syrie, Corfou, Crète. Toutes les autres espèces ont une distribution restreinte tout au moins dans l’état actuel des recherches : O. Damianii Cog., O. hemandrium Cog., O. mima Rosa sont signalées en Italie (Ligurie, Toscane, Emilie, Venise, Trieste...), 0. exacystis Rosa a été trouvé à Siebenbürger, O. hortensis Bretscher en Suisse, O. rebeli Rosa 1 est originaire de Bulgarie, O. rectum Ribaucourt a été récolté en Suisse puis en Bulgarie ; O. frivaldszkyi Ôrley provient de Hongrie ; O. dobro- geànum Pop 1,0. Racovitzai Pop, O. Gradinescu Pop sont mention- nés en Roumanie. La distribution du genre Octolasium est nettement périméditer- ranéenne ; deux espèces seulement ont gagné des biotopes plus septentrionaux. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Cernosvitov (L.). — Die Oligochaetenfauna der Karpathen. II. Die Lumbriciden und ihre Verbreitung. Zool. Jahrb. Syst., 62, 1932, 535. Cernosvitov (L.). — Monographie der tschechoslovakischen Lumbri- ciden. Praha, 1935, 86 p. Pop (V.). — Neue Lumbriciden aus Rumanien. Bull. Soc. Sciences de Cluj, 9, 1938, 134. Tétry (MUe A.). — Les Lumbriciens actuellement connus en France et leur distribution. Bail. Soc. Zool. France, LXIX, 1939, 32. 1. Dans le travail déjà cité, Pop retire les espèces rebeli et dobrogeanum du genre Octolasium. — 183 — Les Alcyon aires du muséum ■. I. Famille des Alcyoniidae. i. Genre Lobularia (suite) x. Par A. Tixier-Durivault. 9. Lobularia elegantissima (May). Synonymie : 1899. Alcyonium elegantissimum, W. May. Jena. Zeitschr. f. Naturw., vol. XXXIII, p. 106, pi. 1, fig. 13. Non 1914. Aie. pachyclados, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt. A, Heft 10, p. 21. Non 1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager. Phil. Journ. Science, vol. XX, p. 523. Diagnose : Colonie : molle, dressée, à pied court. Lobes subdi- visés en lobules digités, non serrés. Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à col court, large et à masses terminales armées de proéminences régulières et volumineuses. Dans la portion lobulaire sclérites plus petits. Spiculés corticaux elliptiques ou en bâtonnets à contours irréguliers. Polypes : sur tous les lobes et les lobules, gros, pressés les uns contre les autres, dépourvus de couronne anthocadiale. Tentacules plurilobés à rares sclérites cylindriques. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Localité : 1 exemplaire de Suez (M. Vaillant, 1864). Distribution : Suez. 10. Lobularia elongata N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule deux à trois fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes dressés, serrés les uns contre les autres et arrondis à leur sommet. Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,12 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à col haut et^^errues peu nombreuses. Sclérites corticaux possédant un rétrécissement étiré et des protu- bérances globuleuses. Spiculés de la région lobulaire peu différents de ceux du pied. Polypes : sur les lobes, de taille moyenne, assez rapprochés les uns des autres. Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre. Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844). Cette espèce ressemble à L. globulifera par la taille de ses haltères 1. Voir lre note dans Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. XV, n° 6, 1943, p. 437. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944. — 184 — mais en diffère par bien d’autres caractères et en particulier par la forme conique de ses verrues. 11. Lobularia exigua N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule à peine plus élevé que le pied. Surface lobulaire formée de lobes subdivisés en petits lobules serrés. Spiculés : de petite taille (0,07 à 0,08 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme à nombreuses proéminences irrégulières. Sclérites de la portion lobulaire très différents, petits, transpa- rents, présentant de rares protubérances. Spiculés corticaux à contours plus ou moins sinueux et à quelques tubercules arrondis. Polypes : sur les lobules, petits, peu rapprochés les uns des autres. Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre. Localité : 6 exempl. de la Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la taille de ses haltères mais s’en éloigne par ses sclérites corticaux et par la forme irrégulière des verrues de ses haltères. 12. Lobularia foliacea N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, molle, douce au toucher, à pied très bas. Capitule composé de lobes et de lobules terminés par une dépression centrale. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme double-sphères à col plus ou moins élevé et à têtes hérissées de protubérances volumineuses et foliacées. Sclé- rites de la région lobulaire de taille moindre. Spiculés corticaux ténus, à contours irréguliers. Polypes : sur le pied, les lobes et les lobules, très nombreux, de taille moyenne. Abondants sclérites anthocodiaux ; tentacules coniques à fins spiculés. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre. Localité : 1 exemplaire de la Baie de Nhatrang (Indochine) (M. Krempf, 1916). Cette espèce., voisine de L. Krempfi , en diffère cependant par la forme foliacée dea verrues de ses haltères et par les contours irré- guliers de ses spiculés corticaux. 13. Lobularia Germaini Tix.-Dur. Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum, G. Stiasny (pars). Révi- sion des Collections H. Michelin. II. Catalogue raisonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 392. 1942. Lob. Germaini, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XV, n° 3, p. 123, 5 fig. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule à peine plus élevé — 185 — que le pied. Surface lobulaire bien développée, formée de petits lobes groupés composés eux-mêmes de lobules dressés, aplatis et sinueux à leur sommet. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme à verrues irrégulières et à contours plus ou moins festonnés. Sclérites de la portion lobulaire très diffé- rents, petits, à protubérances arrondies peu nombreuses. Spiculés corticaux à conto rs lisses ou ondulés, présentant ] arfois une zone centrale claire. Polypes : sur tous les lobes et les lobules, petits, assez espacés. Coloration : de la colonie à sec : brun jaün'tre. Lo alité : 7 exemplaires de la Mer Rouge (3 de la Collection Michelin et 4 donnés par M. Clôt Bey, 1850). 14. Lobularia globulifera (Klzgr). Synonymie : 1872. Lob. sphærophora, A. Targioni-Tozzetti. Atti. d. Soc. Ital. Scienze naturali, vol. XY, p. 455. 1877. Alcyonium globuliferum, C.-B. Klunzinger. Die Korall. d. Roth. Meeres, Berlin, vol. I, p. 23, pl. 1, fig. 2. 1914. Aie. globuliferum, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt. A, Heft 10, p. 23. 1922. Aie. globuliferum, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science, vol. XX, p. 532. 1931. Lob. globuliferum, J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga- Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 40. Diagnose : Colonie : charnue, douce au toucher, encroûtante, à capitule quatre fois plus important que le pied. Surface lobu- laire cérébriforme, composée de lobes dressés, courts, aplatis super- ficiellement. Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à col long et à têtes recouvertes de verrues sphériques. Sclérites corticaux particuliers, en forme de double-sphères présentant' des masses terminales granuleuses reliées par un rétrécissement lisse et clair. Spiculés de la portion lobulaire semblables à ceux du pied. Sclérites jeunes peu abondants. Polypes : sur toute la surface terminale des lobules, relativement grands, très rapprochés les uns des autres, possédant une couronne anthocodiale. Tentacules légèrement pinnulés, à spiculés très abon- dants dans la portion médiane, plus rares aux sommets des pin- nules. Sclérites tentaculaires en double-sphères ayant une zone médiane claire. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (M. Klunzinger, 1878). Distribution : Mer Rouge, Rotti Reef (Mer de Timor). 15. Lobularia graciîis N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à pied bas. Capitule formé de lobes groupés en paquets, pressés les uns contre les autres. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944. 13 186 — Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme à col étiré et à têtes garnies de verrues irrégulières. Dans la portion lobulaire sclérites de formes analogues Spiculés corticaux en bâtonnets à contours irréguliers. Polypes : gros et rares sur le pied, plus petits et très nombreux sur le capitule. Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre. Localité : 8 exempl. delà Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par le col allongé de ses spiculés et en diffère par la forme irrégulière et le petit nombre des verrues de ses haltères ainsi que par ses bâtonnets corticaux irréguliers. 16. Lobularia Hicksoni N. Sp. Synonymie : 1937. Alcyonium sphærophorum et Aie. brachyclados, G. Stiasny. Révision dès Collections II. Michelin. II. Catalogue rai- sonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. IX, n° 6, p. 392. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule trois à quatre fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire épanouie, composée de lobes dressés subdivisés en lobules digités, assez espacés, aplatis latéralement. Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,10 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à nombreuses protubérances : les plus gros de ces sclérites ont un rétrécissement court, les plus petits possèdent un col long. Dans la portion lobulaire spiculés de taille moindre présentant un étranglement étiré, des têtes moins volu- mineuses et moins verruqueuses. Sclérites corticaux presque trans- parents à protubérances arrondies et à contours irréguliers. Polypes : sur tous les lobules, assez gros et assez espacés. Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre. Localité : 5 exemplaires de la Mer Rouge (2 de la Collection Michelin et 3 donnés par M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce diffère de L. pachyclados par son aspect extérieur, ses spiculés corticaux, le nombre et la taille de ses polypes et s’en rapproche par le col bas des haltères de son cœnenchyme basal. 17. Lobularia irregularis N. Sp: Synonymie : 1937.' Alcyonium globuliferum et Aie. digitulatum, G. Stiasny (pars). Révision des Collections II. Michelin. II. Catalogue raisonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 392. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule trois à quatre fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire formée de lobes dressés composés de lobules arrondis souvent subdivisés. Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,09 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme présentant un col bas et deux — 187 têtes recouvertes de verrues à contours sinueux. Spiculés de la portion lobulaire très différents, plus petits, finement granuleux, a protubérances rares et irrégulières.. Spiculés corticaux ténus, lisses, à contours plus ou moins festonnés. Polypes : sur tous les lobules, nombreux et petits. Coloration : de la colonie à sec : gris jaunâtre. Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Collection Michelin). Cette espèce se rapproche de L. Germaini par la forme irrégu- lière des verrues de ses haltères et s’en réloigne par ses polypes et les contours arrondis de ses lobules. 18. Lobularia Klunzingeri (Thoms. Simp.). • Synonymie : 1909. Alcyonium Klunzingeri, J.-A. Thomson et J.-J. Simpson. Alcyonarians Investigator, vol. II, p. 2, fig. 1. Non 1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science , vol. XX, p. 523. Diagnose : Colonie : charnue, rugueuse au toucher, encroûtante, à pied surbaissé. Capitule composé de lobes tantôt isolés, tantôt groupés, à contours et à sommets arrondis,* souvent allongés trans- versalement. Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,09 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à col moyen et à têtes hérissées de nombreuses protubérances allongées. Sclérites de la région lobu- laire de formes semblables. Spiculés corticaux plus petits. Polypes : gros, espacés sur le pied, très rapprochés sur les lobes. Rétractés ils occupent de profonds alvéoles. Sclérites anthocodiaux abondants, à verrues arrondies. Tentacules à nombreuses pinnules grêlés et à spiculés en bâtonnets situés sur la zone médiane. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Localité : 1 exemplaire des Mers de l’Inde (M. Armange, 1852). Distribution : Grande Ile Coco (Iles Andaman), Mers de l’Inde. 19. Lobularia Krempfi (Hick.). Synonymie : 1919. Alcyonium Krempfi. S. -J. Hickson. Bull. Soc. Zool. Fr., vol. XLIY, p. 411. 1919. Aie. Krempfi, A. Krempf. Bull. Soc. Zool. Fr., vol. XLIY, p. 424. 1941. Aie. Krempfi, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. *XIII, n° 2, p. 104. Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, dure au toucher, à pied très bas. Capitule volumineux à lobes distincts, inégaux, arrondis, souvent subdivisés à leur sommet. Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,10 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à masses terminales armées de gros tubercules coniques serrés les uns contre les autres. Sclérites jeunes plus petits. Dans la portion lobulaire haltères de taille moindre. Spiculés corticaux en bâtonnets. 188 — Polypes : sur tout le capitule, différents d’une colonie à l’autre. Ils sont généralement dépourvus de couronne anthocodiale. Ten- tacules plurilobés ou pluridigités présentant parfois des spiculés elliptiques et lisses. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc laiteux. Localité : 3 exemplaires des Iles Seychelles (M. L. Rousseau, 1843), et 18 exemplaires de la Baie de Nhatrang (Indochine) (M. Krempf, 1916). Distribution : Baie de Nhatrang, Iles Seychelles. 20. Lobularia Kükenthali Tix.-Dur. Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum. G. Stiasny (pars). Révi- sion des Collections H. Michelin. II. Catalogue raisonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 592. 1942. Lob. Kükenthali, A. Tixier Durivattlt. Bull. Mus. Nat. Hi'tt. Nat., s. 2, t. XIY, n° 2, p. 138, 5 fig. Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule à peine plus -élevé que le pied. Surface lobulaire restreinte composée de petits lobes rapprochés les uns des autres, irréguliers et partiellement subdivisés. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme double-sphères à nombreuses protubérances irrégulières accolées les unes aux autres. Dans la portion lobulaire sclérites différents, à verrues peu nombreuses et peu proéminentes. Spiculés corticaux à contours sinueux ou à zone centrale claire. Polypes : sur tout le capitule, petits, assez rapprochés les uns des autres. Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre. Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (Collection Michelin). 21. Lobularia laciniosa N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à pied bas. Capitule formé de lobes dressés, hauts, minces, aplatis latéralement. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à col court et à masses termi- nales recouvertes de nombreuses verrues irrégulières. Haltères de la portion lobulaire beaucoup moins volumineux, à rares protu- bérances arrondies. Sclérites corticaux à zone centrale claire. Polypes : sur tous les lobes, de taille moyenne, peu espacés les uns des autres. Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre. Localité: 4 exempl. de la Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. Germaini par sa forme extérieure et en diffère par le nombre de ses verrues et la zone centrale claire de ses spiculés corticaux. — 189 — 22. Lobularia latissima N. Sp. Diagnose : Colonie : molle, encroûtante, à capitule deux à trois fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes dressés, élevés, subdivisés en un nombre variable de lobules arrondis. • Spiculés : de taille moyenne (0,06 à 0,10 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à col large et à grandes verrues coniques à sommet aplati. Sclérites de la portion lobulaire de formes analogues. Spiculés corticaux transparents, presque lisses et à con- tours sinueux. Polypes : abondants sur les lobules,, rares sur les lobes, assez gros, dépourvus de couronne anthocodiale. Tentacules non divi- sés, terminés par un bouquet de 6 à 8 pinnules. Sclérites tentaculaires petits, lisses, ou à zone centrale claire. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc rosé. Localité : 1 exemplaire de la Baie de Nhatrang (Indochine) (M. Krempf, 1916). Cette espèce se rapproche un peu par la taille de ses spiculés de L. Krempfi mais s’en éloigne par ses lobes dressés, le petit nombre et la grosse taille des verrues coniques de ses haltères basales. 23. Lobularia Letourneuxi N. Sp. Diagnose : Colonie : arborescente, molle, à pied stérile. Lobes divisés en lobules ramifiés en branches cylindriques secondaires et tertiaires. Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,08 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à protubérances massives et à col bas. Sclérites de l'a portion lobulaire nettement différents : rares, transparents, irréguliers. Petits spiculés corticaux présen- tant une zone centrale claire. Polypes : espacés sur les lobes, nombreux, épanouis et gros sur les rameaux secondaires et tertiaires. Couronne anthocodiale par- tielle, tentacules festonnés possédant de petits sclérites sur les extrémités des pinnules. Coloration : de la colonie dans l’alcool : brun jaunâtre. Localité : 3 exemplaires de Suez (M. Letourneux, 1878). Cette espèce, voisine de L. elegantissima par ses lobes dressés, en demeure différente par ses petites verrues arrondies et ses spiculés corti- caux à zone centrale claire. 24. Lobularia lineaia N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule deux fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire bien développée composée de petits lobes groupés, formés de lobules dressés, courts, aplatis à leur sommet. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la 190 base du cœnenchyme double-sphères à col plus ou moins large et à verrues peu nombreuses caractérisées par leurs contours régu- liers. Sclérites de la portion lobulaire différents, petits, transpa- rents, à protubérances arrondies. Spiculés corticaux en baguettes irrégulières ou cylindriques. Polypes : sur- toute la surface des lobules, de taille moyenne, serrés les uns contre les autres. Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre. Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge. Cette espèce se rapproche de L. elegantissima par les contours rectilignes de ses spiculés et s’en éloigne par ses lobes arrondis et la forme irrégulière ou cylindrique des verrues de ses haltères. 25. Lobularia madagascarensis N. Sp. Dianose : Colonie : encroûtante, dure, rugueuse au toucher. Capitule à gros lobes irréguliers, bas et arrondis, rarement subdi- visés en lobules. Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,12 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme volumineux, à col bas et large et à masses terminales hérissées d’abondantes protubérances ' pressées les unes contre les autres. Double-sphères du capitule beaucoup moins verruqueuses. Sclérites corticaux plus petits, lisses ou à rares tubercules arrondis. Polypes : parsemés à la base du capitule, serrés à son sommet, de taille moyenne, couverts de spiculés anthocodiaux volumi- neux. Tentacules à deux doubles rangées de pinnules. Sclérites en bâtonnets sur la face externe des tentacules. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Localité : 2 exemplaires (l’un d’Antsirane, Madagascar, M. Decary, 1919 ; l’autre de l’ Ile Anjouan, M. Lavanchie, 1905). Cette espèce se rapproche de L. pachyclados par la taille de ses spiculés mais en diffère par la forme conique de ses verrues et celle de ses spiculés corticaux. Laboratoire de Malacologie du Muséum. y ■ — 191 — Ëryoneicus ? Sahel almae n. sp. Crustacé déc apode du sénonien du Liban Par J. Roger. Dans le calcaire marneux à grains fins du Sénonien de Sahel- Alma (au N. de Beyrouth), si riche en restes remarquables de Pois- sons, Céphalopodes et Crustacés, se trouve, parmi un abondant matériel rapporté par M. le prof. Arambourg, l’empreinte et la contre-empreinte d’un très intéressant Malacostracé. L’animal est écrasé dorso-ventralement dans la roche et s’est clivé sensible- ment suivant le milieu du corps. En outre le tégument très mince, peu calcifié, donne à cette trace un aspect assez surprenant et rend son étude passablement difficile. ^ Fig. 1. — Ëryoneicus ? Sahel-Almae n. Fig. 2. — Contre empreinte sp. Gr. nat. En haut à gauche détail du même, de l’antennule. Description (fig. 1-2). — La forme générale est trapue. Le céphalo- thorax atteint une longueur de 14,5 mm., sa largeur est difficilement déterminable car les limites précises de la carapace ne se voient pas. Des rectes de celle-ci indiquent cependant une dimension nettement supérieure à la longueur. Il faut tenir compte d’un élaigissement pos- sible déterminé par l’aplatissement du céphalo-thorax qui devait être globuleux. Le pléon est large et court (16 mm. de largeur et 14,5 mm. de longueur). Les pléonites ont des plèvres bien développées pointues à l’extrémité, peut-être même pourvues de plusieurs épines. Le piemier segment abdominal a ses bords engagés sous la carapace. Le telson est basé mais il paraît bien s’atténuer rapidement en pointe vers l’extré- mité. On trouve encore la trace d’un tubercule situé au milieu de chaque pléonite. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944. I — 192 L’ensemble du tégument préserte un aspect écailleux qui est dû cer- tainement, en partie, à un plissotement après la mort de l’animal. Les appendices sont convenablement conservés. Les antennules (Al) possèdent un fort pédoncule. L’existence de deux fouets inégaux, paraît bien établie (fig. 1). Ils sont relativement longs. Les antennes (A2) uni- ramées sont plus robustes, leur pédoncule est plus fort, le fouet est sen- siblement de même longueur que celui des Al. Les 5 paires de péréiopodes sont longues, sensiblement égales, cepen- dant la première paire, qui est incomplète sur notre spécimen, surpassait certainement un peu les suivantes. Les premiers articles, jusqu’au méro- podite compris, sont larges. Leur tégument très mince s’étant replié pendant la fossilisation il se produit une apparence d’exopodite pour certains des péréiopodes, il s’agit certainement de portions parallèles des articles situées dans des plans différents. La seconde et la troisième paires de péréiopodes, dont l’extrémité est observable, se terminent par une pince dont l’article mobile, bien crochu et relativement peu allongé, est extérieur. Il est très vraisemblable que la première paire de péréio- podes avait aussi une pince mais elle n’est pas conservée. L’existence d’une simple griffe terminale ne peut être affirmée pour la 4e paire, mais elle est certaine pour la 5e. Les appendices abdominaux ne sont pas observables avec certitude. Seuls les uropodes sont conservés, d’ailleurs incomplètement. Ils étaient très minces, plus ou moins membraneux. Il n’est pas possible de déter- miner si l’exopodite présente une diérèse. Il semble bien exister les traces de quelques-unes des soies qui ornaient le bord des uropodes. Place dans la classification. — Ce Malacostracé Décapode doit être rapporté à la famille des Eryonidae, par sa forme trapue, l’absence très probable de rostre (s’il existe il est très rudimentaire), l’existence de pinces à au moins trois paires de périopodes, le tégu- ment coriace et peu calcifié, le telson terminé (vraisemblablement), en pointe. Il est très regrettable que la carapace ne soit pas assez bien conservée pour montrer les sillons, carènes, saillies, auxquels les carcinologistes attachent une aussi grande importance. Parmi les représentants fossiles de cette famille aucun genre ne concorde de façon satisfaisante avec notre échantillon. Presque tous ont en effet des antennes courtes, un telson beaucoup plus rapidement atténué en pointe. Seul Palaeopentacheles v. Knebel, 1907, rap- pelle notre forme par ses antennes, mais ses pattes antérieures sont beaucoup plus fortes et plus longues que les autres, les articles des pinces antérieures sont longs et munis de crochets. Le genre Coleia, Broderip, 1835, a aussi quelques ressemblances par la largeur du pléon mais beaucoup d’autres caractères sont diver- gents : antennes plus courtes, taille relative des pattes, etc... Aucun des genres actuels ne concorde parfaitement avec notre échan- tillon car tous ont des appendices plus grêles, des pinces plus longues et le plus souvent la longueur de la carapace l’emporte sur la lar- geur. Cependant le 'genre Eryoneicus Bâte, 1882, a un céphalo- — 193 — thorax globuleux, très large, les péréiopodes antérieurs sont plus développés que les autres mais relativement moins exagérément grêles que dans les autres genres ( Polycheles ou Willemoesia) . C’est donc en définitive de ce genre que je proposerai de rap- procher cet Eryonidae du Liban. La grande minceur des tégu- ments pourrait laisser supposer qu’il s’agit du dernier stade avant l’état adulte d’une espèce d 'Eryonidae. La connaissance de ces stades jeunes dans la nature actuelle est encore bien incomplète. Eryoneicus est d’ailleurs considéré comme étant une forme lar- vaire de Willemoesia par Balss (in Kukenthal et Krumbach, Hdb. d. Zoologie, p. 1004). On trouvera la discussion de cette ques- tion dans E.-L. Bouvier (Crustacés des campagnes des yachts Hirondelle et Princesse- Alice. Campagnes scientifiques Albert /er, fasc. L, 1917, p. 55 ss.). Aucune des autres formes de Crustacés de Sahel-Alma ne semble pouvoir admettre E, . sahel-almae comme stade larvaire. La conservation de notre exemplaire n’étant pas parfaite et en outre les données relatives aux Eryonidae du Cré- tacé étant très pauvres 1, il me paraît prudent de le présenter comme une espèce nouvelle sans créer pour elle de nouveau genre, en attendant la découverte de matériaux plus abondants. Remar- quons simplement que par plus d’un caractère : développement des plèvres abdominales, taille des antennes, etc..., la forme liba- naise est plus proche des Eryonidae actuels que des fossiles. Le rattachement possible au genre Eryoneicus entraîne des consé- quences aux points de vue évolutif et bionomique, que nous allons examiner en conclusion. Conclusion. — Bien développée dans le Jurassique, supérieur surtout, la famille des Eryonidae n’est plus représentée dans le Crétacé inférieur que par deux Eryon (Eryon neocomiensis Hoh- negger (MS) Woodward, 1881 ( Geol . Magaz., Déc. 2, VIII, p. 530, pl. XIV, fig. 1) du Néocomien de Silésie et Eryon sp. v. Straelen, 1936 {Bull. Musée R. Belgique, XII, p. 1, pl. I, fig. 1) du Néoco- mien à Céphalopodes de Feradzo, près Châtel-Saint-Denis (Suisse). Dans le Crétacé supérieur elle était inconnue, la lacune entre cette période et l’époque actuelle est donc en partie comblée par E. sahel almae du Sénonien du Liban. J’ai cru devoir rapporter cette forme sénonienne au genre Eryoneicus qui n’avait pas encore été, à ma connaissance, signalé à l’état fossile. Ce qu’il importe de remar- quer ce sont les caractères modernes qu’elle présente. Il est inté- ressant de mettre en comparaison les caractères archaïques d’autres formes comme Aeger libanensis n. sp. 2 d’un gisement voisin mais 1. Voir ci-dessous. 2. Description d’une espèce nouvelle de Crustacé décapode (Aeger libanensis) du Crétacé supérieur de Hadjoula (Liban). Note qui sera présentée ultérieurement. / — 194 ^ cénomamien. La même réunion de formes aux caractères modernes et de formes anciennes se retrouve pour les Céphalopodes du Cré- tacé supérieur du Liban. Le milieu marin de cette région s.emble se comporter pendant cette période comme un refuge conservateur et comme un creuset novateur. Il serait donc du plus grand intérêt de fixer les conditions de milieu qui y régnaient. Eryoneicus sahel almae nous donne une indication qu’il y aura lieu de considérer dans une discussion de cet ordre. Le genre Eryoneicus est actuelle- ment constitué par des espèces « pélagiques et bathypélagiques qui doivent être considérées comme des Eryonidés adaptés à la vie entre deux eaux » 1. E. sahel almae n’était donc pas un être ben- thonique mais nectonique oü même planctonique. Laboratoire de Paléontologie du Muséum. 1. Bouvier, 1917, Crustacés décapodes (Macroures marcheurs) provenant des campagnes des yachts Hirondelle et Princesse Alice. Résultats des campagnes scien- tifiques Albert Ier, fasc. L, p. 55. — 195 Notes sur le Lutétien de Rennemoulin (Seine et-Oise) Par L. Morellet. Le contact du Lutétien avec son substratum sparnacien n’est nulle part visible, mais il est indiqué d’une façon très nette par un niveau aquifère, qui, sur les deux rives du Rû-de-Gally, suit sensiblement la courbe de 100 m., jalonné par des sources nom- breuses (sources de Saint-Nicolas et de la mairie, sources qui ali- mentent l’étang, fontaine de la ferme de la Faisanderie, etc.) et révélé par une végétation particulière ( Tussilago , Rumex, etc.). En l’absence d’exploitations et d’affleurements à nu, il n’est pas possible de relever une coupe, même sommaire, du calcaire gros- sier. Le seul fait notable est que, vers la courbe de 110 m., existe un niveau pétri de fossiles, qui ont conservé leur test. Arrachées lors du labourage, avec des fragments d’un calcaire sableux, de nombreuses coquilles s’observent dans les champs, principalement aux environs de la ferme de la Faisanderie, sur la rive gauche du ruisseau Oisement. Avec quelques débris d’Algues calcaires (Mau- pasia, Clypeina) , cette couche, riche en Milioles. m’a fourni : Cuir tellus grignohensis Desh. R1, Sphenia rostrata Lk. C, Miltha saxo- rum (Lk.) TC, Ampullina parisiensis (d’Orb.) TC, Hydrobia sp. TC, Bayania lactea (Lk.) AR, Mesalia fasciata (Lk.) AR, Ceri- thiurn denticulatum Lk. AC, Cerithium tiara Lk. C, Potamides lapi- dum (Lk.) TC, Potamides cristatus (Lk.) TC, avec sa variété cate- nata Desh. R, Potamides interruptus (Lk.) R, Batülaria echidnoides (Lk.) AR, Batillaria calcitrapoides (Lk.) C, Murex calcitrapoides Lk. AC, Tritonidea copolygona Pezant R, Sycum pirus (Sol.) AC, Voluta musicalis Lk. R. Cette faune lagunaire est analogue à celle des assises supérieures du Lutétien de la Ferme de l’Orme 2. Elle doit cependant être plus ancienne ; en effet son gisement, qui n’est séparé de la base de l’étage que par une dizaine de mètres, est par ailleurs surmonté par au moins 10 m. de calcaire grossier, dont des blocs se rencon- trent encore à la courbe de 120 m. Aux environs de Rennemoulin le régime lagunaire se serait donc établi plus tôt que dans la région de la Ferme de l’Orme. - Laboratoire de Géologie du Muséum. 1. R = rare, AR = assez rare, AC = assez commun, C = commun, TC = très commun. 2. R. Abrard, Le Lutétien du bassin de Paris, 1925, p. 144. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 3, 1944. 196 — Hybrides nouveaux de composées-cynarocéphales (suite) A Par J. Arènes. II. Sect. Jacea Wahlbg. Sous-Sect. Eu-Jaceae Boiss. Les importants travaux, pour la plupart en langue allemande, publiés de 1901 à 1918 par Hayek (1901, 1913-15, 1918), Gugler (1904, 1907) et Wagner (1910) ont signalé en Europe centrale ou orientale et décrit un nombre assez élevé d’hybrides pour la seule sous-section Eu-Jaceae Boiss. du genre Centaurea ; aucune de ces combinaisons n’avait été jusqu’en 1934 2 signalée en France et si certains auteurs français ont mentionné quatre d’entre elles au cours d’observations critiques, ce fut seulement pour exprimer leur scepticisme quand à la nature hybride de ces plantes. J. Bri- quet dans sa Monographie des Centaurées des Alpes-Maritimes (1902, p. 82) « doute fort de l’origine croisée » de C. extranea Beck (C. Jacea X nigrescens) et de (C. amara X transalpina) Hausskn. ; P. Fournier note dans la Flore complétive de la Plaine française (1928, p. 295) qu’ « on a signalé des C. Jacea X nigra, C. amara X Jacea évidemment discutables » ; Briquet et Cavillier enfin (in Burnat, Fl. des Alpes-Maritimes ; 1931, VII, p. 117) contes- tent l’identité de C. pratensis Thuill. et de C. Jacea X nigra, ce qui se justifie partiellement puisque C. pratensis auct. ( sensu latissimo) est un mixtum compositum réunissant des types purs tels que C. pratensis Thuill. ( sensu strictiss.), C. microptilon Gren., C. ma - croptilon Borb., C. serotina Bor., C. Carpetana Boiss., C. Debeauxii G. et G. et des hybrides de la forme C. Jacea ^ C. nigra, G. Jacea C. nemoralis et autres. Ces auteurs qui contestent l’existence de C. Jacea X nigra ajoutent à propos de cette plante : « il est évident que le produit d’un métissage entre deux groupes ne sau- rait différer de formes autonomes intermédiaires entre ces deux groupes » ; il suffit d’étudier ,même sommairement, pollen et akènes pour constater que, cette affirmation ne se justifiant pas, produits de croisements (toutes réserves étant faites sur le terme adopté 1. Cf. Bulletin Muséum, t. XV, 1943, p. 455. 2. J. Arènes, Cynarocéphales de France, fasc. I, 1934 : nos 46 et 47 [x C. Gers- tlaueri (Erdn.) Gugler] ; centuries récoltées dans la Gironde par Jeanjean et pri- mitivement distribuées sous le nom de C. pratensis Thuill. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944. — 197 — de « métissage ») et types purs se séparent très nettement par les caractères dés organes précités. Il faut noter d’ailleurs que les matériaux d’herbiers se prêtent ordinairement très mal à une étude dans ce domaine ; la plupart du temps, les akènes font défaut, le pollen ne peut être examiné parce que les fleurs ont été détruites par les insectes ; les parts sont en général insuffisantes ; enfin, si le spécialiste note soigneusement au moment de la récolte la pro- ximité dans la station de plantes du même genre et dont la pré- sence pourra confirmer et préciser une origine .croisée, les étiquettes d’herbiers, trop sommaires, n’apportent jamais aucun renseigne- ment de cet ordre. De tels documents ne peuvent permettre l’étude méthodique, minutieuse, complète, qui peut être réalisée sur des récoltes fraîches et abondantes ; ceci explique pour une très large part les contestations formulées au sujet des' hybrides de la sous- section Eu-Jaceae. Ces produits cependant • — si toutefois l’analyse a été conduite avec tout le soin désirable notamment pour l’examen du pollen et des akènes — ne sont pas plus contestables que les nombreux hybrides admis par tous dans les genres également très polymorphes Carduus, Cirsium, Salix, Mentha, Rubus, Rosa, dans d’autres sections de Centaurées [Acrolophus (C. diffusa X macu- losa, C. diffusa X rhenana, C. maculosa X polycephala, C. diffusa X paniculata)], Acrocentron (S. Scabiosa X collina) ou entre sec- tions du même genre (près de 50 hybrides indiscutables pour la France). Sur les bases établies en 1901 dans les Centaurées des Alpes- Maritimes, J. Briquet ne pouvait évidemment admettre ni hybrides, ni métis au sein de la sous-section puisqu’il y ramenait au rang de simples variétés d’une seule espèce C. Jacea — 22 var. ! — toutes les formes françaises ou étrangères antérieurement décrites. Par contre, en 1931, Briquet et Cavillier admettant les sous-espèces dans leur groupe Jacea auraient dû logiquement reconnaître comme métis un certain nombre de produits de croisements : ceux de la forme générale C. Jacea C. nigra, C. Jacea T~*~ C. nigrescens et C. angustifolia C. nigrescens par exemple. Loin de prendre cette position, ces deux auteurs ont, ainsi que je l’ai dit plus haut, nié, sinon l’existence de ces plantes,' du rtioins la possibilité de les iden- tifier ; or, le groupe Eu-Jaceae ne comporte pas que des formes à pollen parfait, pur, bien régulier, à akènes chez lesquels la fertilité est de règle constante ; j’ai examiné attentivement à ce double point de vue des parts empruntées à plus de 1.200 souches de Cen- taurées françaises de ce groupe et j’ai dû mettre à part certains types caractérisés à la fois par l’impureté et l’irrégularité de leur pollen et par la stérilité au moins partielle, souvent totale, de leurs akènes ; ultérieurement, j’ai rattaché ces types à des combinai- sons • — dont certaines parfaitement connues en Europe Centrale — 198 — — de la forme générale C. Jaceae C. nigra, C. Jacea C. nigres- cens, C. angustifolia C. nigra, C. angustifolia C. nigrescens, C. angustifolia ^ C. Jacea, C. pratensis C. nigra, combinaisons bien distinctes des formes pures de passage par les caractères de leur pollen et de leurs akènes et en conséquence, parfaitement identifiables ; stériles à des degrés divers, ce sont des hybrides — et non des métis • — et les C. Jacea, C. angustifolia, C. pratensis, C. nigrescens, C. nigra dont elles dérivent doivent être considérées comme espèces distinctes, ce que nombre d’auteurs se sont refusés ou se refusent encore à admettre. Aussi bien la monographie de Briquet que la Flore des Alpes-Maritimes sont muettes sur cette question capitale du pollen et des akènes chez les produits de croisements, les auteurs ayant vraisemblablement admis, à tort, pour conséquence de l’absence dans le groupe d’espèces distinctes et par suite d’hybrides, la perfection et la régularité constante du pollen, la fertilité permanente des akènes. D’ailleurs, ces mêmes auteurs qui ont admis les possibilités d’hybridation ou de métis- sage dans les sections Acrolophus [+ C. digenea (Ry) Br. et Cav.] et Acrocentron (X C. silvatica Pourr.) ont rejeté ces mêmes possi- bilités dans la sous-section Eu-Jaceae et il y a là une singulière contradiction. Invoquant en effet dans cette dernière sous-section la multiplicité des formes de passage entre C. Jacea, C. angus- tifolia, C. pratensis, C. nigrescens et C. nigra, ils ont contesté X C. Gerstlaueri (Fl. des Alpes-Mar., VII, p. 117) et X C . eoctranea (Cent. Alpes-Mar., p. 82) alors que, dans la section Acrolophus où les C. paniculata, C. leucophaea et C. maculosa sont aussi reliées par de nombreuses formes ambiguës, ils ont accepté (Fl. Alpes- Mar., VII, p. 167) + D. digenea que, fidèles à leurs conceptions de la page 117 du même ouvrage et en raison des connexions mul- tiples entre les sous-espèces du groupe spécifique paniculata, ils auraient dû logiquement considérer comme forme ordinaire de transition entre les deux sous-espèces eu-paniculata et maculosa. Ces deux positions contradictoires adoptées en deux cas cependant très similaires ne peuvent pas plus se justifier que le rejet global, à priori, des hybrides dans la sous-section Eu-Jaceae.' Les caractères des parents se manifestent à des degrés variables chez ces hybrides mais, très souvent, avec prédominance en faveur de l’un des parents. On pourra toujours les distinguer des formes pures par leur port et leur morphologie foliaire et surtout par la conformation de leurs appendices, par l’organisation du pollen et des akènes. Appendices. — Leur examen et celui du péricline exigent la connaissance parfaite de ces organes chez les types purs et une étude comparative avec les parents présumés. Sans entrer ici dans les v détails — précisés dans les Cynarocéphales de France 1 — - des variations de ces organes dans la sous-Section, je rappellerai que les appendices peuvent être entiers, incisés, lacérés, frangés ou ciliés, que le péricline peut être du type entier ou semi-fimbrié ou fimbrié (Série Vulgares J. Ar. : C. Jacea, C. angustifolia ) ou du type cilié (série Ciliatae J. Ar. : C. pratensis, C. nigrescens, C. nigra ) / j’attirerai en outre l’attention sur certains caractères constants des appendices. 1. Combinaisons dérivées du groupe spécifique C. nigrescens •' Grex X Laxisquamae J. Ar 1, Folioles du péricline étroites, ± allon- gées, ± visibles entre les appendices, ceux-ci ordinairement glabres sur les deux faces, ceux de la série la plus interne entiers et tou- jours (au moins en partie et sur quelques calathides) séparés des suivants eux-mêmes ± espacés, ceux des 3-4 séries moyennes ciliés, fimbriés, lacérés, incisés ou entiers ; cils courts ou très courts ordinairement moins longs que la largeur du disque ; franges des appendices non ciliés courtes ou très courtes. Akènes ordinaire- ment sans aigrette oû munis d’une aigrette très courte, partielle- ment avortés, les stériles ± nombreux. 2. Combinaisons dérivées du groupe spécifique C. nigra : Grex X Microchaetae J. Ar. — • Appendices des 1-3 séries externes tou- jours ± abondamment ciliés. Appendices non ciliés glabres inté- rieurement, ± pubescents extérieurement et au moins dans la partie inférieure ; franges finement plumeuses. Disque des appen- dices ciliés glabre intérieurement, ± pubescent extérieurement ; cils finement plumeux, ± sinueux, 2-4 fois plus longs que la lar- geur du disque, quelques-uns bifurqués ou rameux. Akènes rare- ment dépourvus d’aigrette, au moins partiellement couronnés d’une aigrette rudimentaire à soies inégales, courte ou très courte, en partie avortés,. les stériles ± nombreux. 3. Combinaisons dérivées des Centaurées de la série Vulgares par croisement entre elles ou avec C. pratensis : Grex X Vulga- roides J. Ar. — - Appendices glabres intérieurement, glabres ou rt pubescents extérieurement, ceux des 2-3 séries internes ordi- nairement — - mais non toujours — indistincts, ceux de la série la plus interne entiers mais jamais détachés des suivants,, ceux des 3-4 séries moyennes ciliés, fimbriés, lacérés, incisés ou entiers, ceux des 1-? séries externes ciliés ou non ; cils élargis à la base, glabres ou finement plumeux, 1-2 fois plus longs que la largeur du 1. Bulletin n° 4 (1938-1939). J. Arènes : les Centaurées françaises de la sous- section Eu-Jaceae Boiss. ; monographie de 47 pages dactylographiées, distribuée avec les fascicules V et VI des Cynarocéphales de France et dont un exemplaire a été déposé avec les fascicules II à VI de cet exciccata au Laboratoire de Phanérogamie du Muséum. — 200 — disque, simples, jamais rameux ni bifurqués. Akènes ordinaire- ment sans aigrette, en partie avortés, les stériles ± nombreux. Pollen. — Chez les types purs, les grains de pollen d’un jaune pâle ou blanchâtres sont ellipsoïdaux assez homogènes (moins de 20 % d’imperfections), à trois plis longitudinaux, à exine verru- queuse ; dimensions 1 : longueur 48-52 p,, largeur 24-28 p. Chez les hybrides récents, le pollen est imparfait (20 à 80 % d’imperfec- tions : proportions variables de grains vides et déformés ; forme ou dimensions très variables : grains sphériques ou subsphériques (18-35 p de diamètre) ; grains ellipsoïdaux ± déformés (24-35 p sur 39-52 p) ; grains normaux en ± faible proportion. Chez les hybrides fixés de longue date, le pollen est assez régulier mais plus largement ellipsoïdal (26-34 p de large sur 34-52 p de long) avec quelques grains sphériques, subsphériques ou ellipsoïdaux nor- maux (moins de 20 %). Akènes. — Leur examen devra porter : 1° Sur le degré de fertilité établi pour l’ensemble des akènes provenant de plusieurs calathides normalement évoluées et pré- levées sur une même souche. A noter à ce point de vue que la sté- rilité totale de certaines calathides est due à la piqûre d’insectes dont les larves se développent aux dépens des ovaires et des akènes. 2° Sur le degré de pubescence et sa variabilité. Chez les types purs les akènes sont habituellement pubescents ; cependant ils sont glabres ou glabrescents à maturité chez C. angustifolia ssp. fimbriata (Gug,) J. Ar. (= C. serotina Bor.), chez C. nigra ssp. Debeauxi (Gr. et G.) Gugl., tandis qu’ils sont poilus chez C. pra- tensis ssp. pratensis (Thuill.) Grem. D’où peut résulter chez l’hy- bride, suivant l’influence ± affirmée de tel ou tel type pur, un degré de pubescence, de glabrescence ou de pilosité de l’akène très variable. 3° Sur l’aigrette. — Selon certains auteurs (cf. Ry : C. nigres- cens ; Briq. et Cav. : var. plur.) les akènes périphériques sont à peu près régulièrement dépourvus d’aigrette. On ne pourra faire dans ces conditions d’observations concluantes que sur un ensemble d’akènes centraux. On devra noter avec soin : a) l’absence totale d’aigrette qui pourra caractériser certaines combinaisons dérivées des groupes spécifiques C. Jacea et C. angus- tifolia ordinairement sans aigrette. b) le degré de présence, lès combinaisons dérivées du groupe spécifique C. nigra présentant en général, sur tout ou partie des akènes, des aigrettes de grandeur très variable. 1. Pollen bien développé, prélevé dans les anthères sur des calathides épanouies. — 201 c) l’atrophie partielle de l’aigrette et l’inégalité ± accusée des soies sur un même akène, caractères particulièrement accentués chez les combinaisons résultant de croisements entre formes aigret- tées et formes non aigrettées. Les hybrides (ou métis) de Centaurées sont à rechercher dans toutes les stations ou cohabitent deux espèces ou sous-espèces dis- tinctes. Les possibilités de croisement sont d’autant plus grandes que toutes les Centaurées sont très visitées des insectes et qu’il y a fréquemment dans les terrains vagues, én raison de l’étroite juxta- position de souches appartenant à des espèces ou sous-espèces dis- tinctes, intrication de tiges et de rameaux issus de ces souches, rapprochement de calathides qui favorise la pollinisation croisée. Je reste persuadé, en dépit des arguments qu’on a pu présenter contre, qu’une étude approfondie des caractères, sur les hases posées ci-dessus, permettra l’identification d’autres combinaisons. Grex X Laxisquamae 'J. Ar. in Cent. S.-Sect. Eu-Jaceae, 1939, p. 39. X Centaurea extranea Beck, Fl. Nied. Osterr. II, p. 1263. Var. genebrensis J. Ar. loc. cit., p. 40 et in Cyn. de Fr., n° 240 ; nom. nud. — C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigrescens ssp. nigres- cens var. dubia (Sut.) Gug. — C. Jacea L. t: C. dubia Sut.- — C. Jacea L. C. transalpina Schl. A typo differt : foliis caulinis superioribus ovatis, mediis inferioribusque lanceolatis 8-17 cm. longis in petiolum 1-4 cm. longum extenuatis, ramis erecto-patentibus, calathidiis 18-21 mm. longis periclinio 8-9 mm. lato, appendicibus parois, inferioribus ciliatis fimbriatis lacer isoe, internissimis semper integris, appendicum disco triangulari ad suborbicularem apice applicato vel extus 4= arcuato. Habit. — Col du Mont Genèvre (leg. G. Didier, août 1936 ; comb. médians et super- Jacea) ; bosquets herbeux du Queyras (leg. J. Milliat, août 1937 ; comb. super-dubia ) ; à rechercher dans l’aire naturelle de la var. dubia : Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Vosges ?, et partout où cette variété a pu être introduite (Aisne !, Normandie, etc... ?). Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Herb. G. Di- dier. - — Herb. J. Milliat, n° 842. — Cynar. de France, n° 240. — Herbar. norm. Cynar., nos 1019-1037-1916. La var. eu-extranea J. Ar., loc. cit., p. 41 [( C . Jacea L. X nigres- cens Willd.) Hay. in Cent. Osterr. Ung., p. 139 = ( C . Jacea ssp. eu-Jacea C. nigrescens ssp. nigrescens var. typica ) J. Ar., loc. * cit.], n’est pas française : Allemagne, Autriche, Roumanie. La var. Pernhofferi (Hay.) J. Ar., loc. cit. [(C. Jacea L. X rotundifolia Bartl.) Hay., loc. cit., p. 136 = (C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigres- — 202 cens ssp. nigrescens var. rotundifolia (Bartl. et Wendl.) J. Ar., loc. cit.] est à rechercher dans les Alpes-Maritimes et peut-être ailleurs en France. Y . X Centaurea Haussmanni Hay, Cent* Osterr. Ung., p. 142. - — Yar. p s eudo- Haussmanni J. Ar., loc. cit., p. 41 — [(C. angus- tifolia ssp. integra var. typica^: C. nigrescens ssp. nigrescens var. dubia (Sut.)] J. Ar. — C. amara L. C. dubia Sut. A typo differt : ramis patentibus vel erecto-patentibus , foliis caulinis superioribus ovatis oblongisve, mediis ^ late oblongis, inferioribus lan- ceolatis 8-17 cm. longis in petiolum 1-4 cm. longum extenuatis, calathidiis 16-18 mm. altis, periclinio 8-9 mm. diametro, appendicibus parais, infe- rioribus ciliatis lacerisve, mediis fimbriatis lacero-incisis vel integris, internissimis semper integris, appendicum disco triangulari ad subor- bicularem apice applicato vel extus ^ arcuato. Habit. — Hautes- Alpes ; combe du Queyras ; talus herbeux (leg. J. Milliat, août 1937 ; comb. super-dubia ) ; à rechercher dans les régions où la var. dubia (introduite) peut cohabiter avec la ssp. integra var. typica ( = C. amara L.) : Alpes, Est, Bassin Parisien, etc... / Exsicc. (Types). — Herb. J. Milliat : n° 844. ■ — Herhar. norm. Cynar., n° 2102 ; n° 972 [Hay., Cent, exsicc. crit., n° 156 (comb. super -integra)\. La var. eu-Haussmanni J. Ar., loc. cit., p. 41 [(C. bracteata Scop. X dubia Sut.) Hay in Cent. Osterr. Ung., p. 142 == (C. angus- tifolia ssp. integra var. bracteata C. nigrescens ssp. nigrescens var. dubia ) J. Ar., loc. cit., p. 41] .est à rechercher dans les Alpes- Maritimes. (A suivre.) i Le Gérant : Marc André. ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-5-1944 Autorisation S. 4. SOMMAIRE Pages Actes administratifs 165 Communications : P. Budker. Sur les cryptes sensorielles de Stegosloma va ium (Seba) 166 L. Paulian de Félice. Oniscoïdes récoltés par M. R. Heim de Balsac dans le3 terriers et les nids 174 A.-G. Parrot. Envahissement progressif de la région de Bayonne-Biarritz par la Cochenille australienne : Icerya purchasi Mask 176 A. Tétry. Octolasium Calarensis n. sp. Un nouvel Oligochète Français 179 A. Tixier-D'urivault. Les Alcyonnaires du Muséum : I. Famille des Alcyo- niidae. 1. Genre Lobularia (suite) 183 J. Roger. Eyroneicus ? Sahel almae n. sp., Crustacé Décapode du Sénonien du Liban 191 L. Morellet. Notes sur le Lutétien de Rennemoulin (Seine-et-Oise) 195 J. Arènes. Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales (suite) 196 ÉDITIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve Archives du Muséum, national d’Histoire naturelle (commencées en 1802 comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.). Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895). (Un vol. par an, 80 ir.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com- mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.). Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît depuis 1822 ; échange). Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.). Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d'Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr., Etranger, 70 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Placîe du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du- numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres dô la Société des Amis du Musée de l'Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange). Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A. Chevalier, Laboratoire d'Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ; abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.). Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 fr.). Revue Bryologique et Lichènologique. (Directeur M. N., Laboratoire de Cryptogamie; paraît depuis 1874; abonnement France, 60 fr.. Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ). (Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.). / BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2e Série. — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM , . à . . . . • N° 4. — Juin 1944 MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER — P A R 1 S - V ' ‘ RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l'aide des Collections du Muséum national d’Histoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d'une 1 /2 feuille (8 pages d’im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Us sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priqf d’en adresser directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la séance. TIRAGES A PART Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Us peuvent en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions suivantes : (Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 ) 25 ex. 50 ex. 100 ex. 4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr. 8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50 16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr. Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée. Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs. par 25 ex. en sus 12 francs. Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves. Le s demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro correspondant. ( PRIX UE D’ABONNEMENT ANNUEL : France et Etranger : 80 fr. (Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum) Compte chèques postaux : 124-03 Paris. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE ANNÉE 1944. - N° 4 343e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM 29 juin 1944 PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN DIRECTEUR DU MUSÉUM ACTES ADMINISTRATIFS M. Jean-Marie Pekes est nommé Sous-Directeur du Laboratoire de Malacologie du Muséum à dater du 1er mai 1944 (Arrêté ministériel du 24 mai 1944). M. P. Budker est titularisé dans les fonctions d’Assistant au Muséum (Arrêté ministériel du 26 mai 1944). M. Steffan est titularisé dans les fonctions d’Assistant au Muséum (Arrêté ministériel du 26 mai 1944). M. Maxime Denis est nommé Attaché au Muséum [Laboratoire de Malacologie] sur la proposition de M. le Professeur Fischer (Décision de l’Assemblée des Professeurs du 19 juin 1944). Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. ' 14 — 204 — La Chaire de Physiologie générale du Muséum National D’histoire Naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 8 mai 1944) Par M. Fontaine, Professeur • L ' Monsieur le Directeur, Mes chers Maîtres, mes chèrs Collègues, C’est avec le sentiment très réel des responsabilités dès maintenant miennes, que je prends aujourd’hui possession de la Chaire que vous m’avez confiée, la plus ancienne chaire de Physiologie française. En désignant au choix du Ministre, pour un héritage aussi glorieux, un jeune physiologiste de moins de quarante ans, vous avez, mes chers collègues, beaucoup plus fait confiance à l’avenir que sanctionné les résultats du passé. De cette marque d’estime, dont je sens tout le prix, je vous exprime d’abord toute ma reconnaissance. Pour plusieurs d’entre vous, Messieurs, attachés à des disciplines très différentes, je n’étais cependant qu’un chercheur comme bien d’autres, et je n’aurais certainement pas obtenu le même succès si je n’avais bénéficié, M. le Professeur Fage, de la confiance que vous témoignent vos collègues. Quand vous suiviez mes recherches, dans un laboratoire voisin du vôtre, j’étais bien loin de penser que vous songiez à faire de moi l’un de vos jeunes collègues. Vous avez été successivement l'instigateur de cette candidature, puis l’un de ses plus sûrs garants près de l’Assemblée. Je n’oublierai jamais que je me dois de mériter votre confiance. Je veux exprimer aussi ma profonde gratitude aux Membres de l’Académie des Sciences qui confirmèrent le choix du Muséum, et, en particulier, à mes Maîtres, les Professeurs Portier et Lapicque, qui, après avoir assuré ma formation de physiologiste, contribuèrent puissamment, de toute leur autorité, à cette orientation capitale de ma carrière universitaire. * • Mesdames, Messieurs, C’est souvent en vertu d’une longue tradition que le nouveau titulaire d’une chaire rappelle les principales étapes de sa carrière. Bulletin du Muséum, 29 série, -t. XVI, n° 6, 1944. Cette tradition ne me semblerait cependant pas s’imposer si elle ne devait me permettre de dire tout ce que je dois à mes Parents, à mes Maîtres, à mes Amis. Restée veuve alors que j’étais encore un enfant, ma mère m’apprit l’amour du travail, et fut pour moi l’exemple du devoir. De mon père, mort pour la France, tout jugement personnel n’apparaîtrait que le simple reflet d’une piété filiale naturelle, mais aveugle. Une seule phrase, extraite de sa dernière citation, en fixera les traits : « Il incarnait, au plus haut degré, l’esprit de devoir et de sacrifice. » Dans la tenace énergie que je veux mettre à bien remplir la tâche qui m’est confiée, la volonté de mériter d’être son fils ne sera pas étran- gère. En 1925, enthousiasmé par le cours de Physiologie comparée de la Sorbonne, je résolus d’aller frapper timidement aux portes du laboratoire du Professeur Portier. J’ai trouvé là plus qu’un patron, un père spirituel, et je sais que son éloignement passager ne l’empêche pas d’être, en pensée, parmi nous, ce soir. En m’associant à sa vie scientifique, en faisant avec moi, depuis tant d’années, commerce de ses idées de physiologiste, de médecin, de nâturaliste, M. Portier m’a conduit à connaître, à comprendre, à aimer passionnément cette physiologie qui ne s’inspire pas seulement des expériences du labo- ratoire, mais plus souvent encore, du spectacle de la vie des êtres libres, dans leurs torrents ou leurs forêts, dans lés océans ou sur les cîmes. Il est de ces patrons qui fécondent les esprits sans les asservir, qui sèment les idées sans en fixer le développement, et je ne dirai jamais assez tout ce que je dois à son inépuisable culture, conséquence d’une inépuisable curiosité scientifique. C’est sur ses conseils et grâce à son appui que j’ai pu me rendre à Fribourg en 1930, au labo- ratoire du Professeur Dhéré. L’orientation de mes travaux ulté- rieurs a été profondément influencée par la vaste érudition de ce Maître et la perfection de ses techniques. A mon retour en France, l’Université m’accueillait, d’abord comme préparateur temporaire, sur la proposition du Professeur Bohn, puis comme assistant, à la demande du Professeur Millot. Ma bien vive gratitude leur est acquise, non seulement pour la sécu- rité matérielle qui m’était désormais assurée, mais surtout pour la possibilité qui me fut ainsi donnée d’accéder à l’enseignement, dont je dirai les vertus dans la recherche scientifique elle-même. Chargé du cours de Physiologie comparée, à laFaculté des Sciences, j’ai connu la satisfaction profonde de sentir un auditoire attentif, intéressé, parfois même passionné par cette science encore jeune, en marche dans un monde immense, pour une grande part encore inexploré. Maître de Conférences à la Faculté de Pharmacie, j’ai trouvé là de jeunes élèves plus nombreux, moins pondérés peut-être, mais dont — 206 — le juvénile dynamisme est rapidement captivé par l’inéluctable attrait des grands problèmes biologiques. A l’actif des Maîtres qui m’ont chargé de ces enseignements, des étudiants qui leur ont accordé vie, j’inscris une dette de reconnaissance. Toutefois, si l’enseignement apporte au chercheur un incontes- table bénéfice, c’est à la condition de ne pas prendre un développe- ment tel qu’il en vienne à paralyser la recherche elle-même. J’ai connu, ces dernières années, une époque où de multiples fonctions d’enseignement me firent redouter ce danger. Si j’ai pu ne pas abandonner un seul instant le travail de laboratoire, dans cet Institut océanographique qui m’accueille si libéralement depuis près de vingt ans, c’est à des collaborateurs dévoués que je le dois. A ces collaborateurs de longue date, qui subordonnèrent souvent leur propre curiosité scientifique à la mienne, je garde une vive gratitude. Je ne puis vraiment vous remercier tous, amis présents ou loin- tains, à qui je dois tant. Toutefois, je tiens à m’acquitter encore d’un pressant et très actuel devoir : Veuillez m’excuser de vous recevoir ce soir dans un cadre trop étroit pour votre sympathie. Cet amphithéâtre, aux dimensions trop modestes aujourd’hui, est cependant l’amphithéâtre d’une chaire très grande par son passé. « C’est dans une chaire de physiologie comparée créée en 1837 pour Frédéric Cuvier, qu’il faut chercher l’origine de la chaire actuelle de Physiologie générale. Frédéric Cuvier, frère de l’illustre Georges Cuvier, d’abord apprenti chez un horloger de son pays natal, vint à Paris rejoindre son frère en 1797, alors qu’il était âgé de 24 ans. On ne pouvait vivre dans l’intimité du grand Cuvier sans devenir naturaliste, c’est ce qu’il advint de Frédéric. Celui-ci fut bientôt chargé par Georges Cuvier d’établir avec Duvernoy le catalogue de la collection d’Anatomie comparée. Puis, en 1804, il fut appelé à la direction de la Ménagerie, et c’est là qu’il accomplit l’étape la plus longue et la plus importante de sa carrière scientifique. Flourens n’a pas^té toujours très bienveillant pour l’œuvre scienti- fique de F. Cuvier. « Il laisse, a-t-il écrit dans l’éloge de son prédé- cesseur, des observations éparses plutôt qu’un corps de doctrine, et des matériaux plutôt qu’un ouvrage. » Cependant, le premier titulaire de cette chaire, accumulant patiemment des observations sur les mœurs, sur le comportement des animaux, avait su distinguer nettement l’instinct de l’intelligence, ce qui était alors une espèce de révolution, et avait affirmé vigoureusement, contre les doc- trines alors classiques, contre Descartes et Buffon, que l’intelli- gence n’est pas le monopole de l’Homme. C’est là, pensons-nous, de la psychologie animale. C’est d’ailleurs une chaire de psychologie {.207 - comparée dont Fr. Cuvier demandait la création en 1836. Mais, pour un tel titre, l’esprit contemporain n’était pas mûr. La psycho- logie, la science de l’âme, appliquée aux bêtes, quel scandale ! F. Cuvier n’eut pas de succès, et des transactions conduisirent à la création d’une chaire de physiologie comparée, qui, dans l’esprit de son premier titulaire, devait comprendre ce que nous nommons aujourd’hui « l’éthologie ». Malheureusement, Fr. Cuvier mourut l’année qui suivit la création de cette chaire. L’Assemblée du Muséum, très rapidement, lui trouva, dans son sein même, un successeur, Flourens. Marie- Jean-Pierre Flourens, professeur d’ Anatomie humaine au Muséum, était déjà l’auteur de découvertes capitales en physiologie, et fut, à l’unanimité, désigné pour occuper cette chaire. Il avait, en effet, réalisé l’analyse fonctionnelle des grandes divisions du système nerveux central. Opérant, sur le Pigeon, la destruction successive des diverses parties de l’encéphale, puis observant les perturbations qui en résultent, Flourens en avait révélé les fonctions essentielles et variées. « Le seul fait d’avoir imaginé de telles expériences, disait Georges Cuvier en 1824, dans un rapport à l’Académie des Sciences, était un trait de génie digne d’admiration. » Flourens devait encore localiser étroitement le centre respiratoire, découvrir les mouvements forcés qui suivent les lésions des canaux semi-circulaires, et, dans une direction toute différente, imaginer ces ingénieuses expériences sur la croissance des os, qui démontrèrent le rôle capital du périoste, expériences dont la chirurgie devait tirer les applications les plus fécondes. Cependant, ces éclatantes décou- vertes ne doivent pas nous faire oublier qu’il poursuivait également l’œuvre de son prédécesseur, consacrant une étude spéciale à l’un des critères de l’instinct qui avait échappé à Cuvier, l’imper- fectibilité. II ne cessa jamais, en effet, d’être naturaliste, de s’inté- resser à la psychologie animale, comme le montre le titre d’un de ses derniers ouvrages : « Psychologie comparée », publié en 1864. C’est en 1866 que Flourens, atteint par la maladie, doit se retirer définitivement à la campagne, et il est alors suppléé par son prépara- teur, un autre nom qui devait devenir illustre, Vulpian. Flourens disparaît en 1867, depuis longtemps comblé de tous les honneurs, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, membre de l’Aca- dé.mie française, pair de France, enfin, en 1848. C’est Paul Bert qui est alors chargé à titre de suppléant du cours de physiologie. Le maintien de la chaire est longuement discuté, quand, en décembre 1868, un décret impérial transfère la chaire de physiologie générale de la Sorbonne, et son titulaire, Claude Ber- nard, au Muséum ; la chaire de physiologie comparée du Muséum perd son qualificatif, et devient à la Sorbonne une chaire de Physio- logie, — 208 Ce transfert fut essentiellement dicté par des raisons d’ordre spatial. L’Empereur, en 1854, avait créé pour Claude Bernard une chaire de physiologie générale à la Sorbonne, mais la place manquant pour y édifier les vastes laboratoires demandés par l’illustre physiologiste, il fut décidé de la transporter au Muséum, où, pensait-on, un véritable Institut physiologique, tel qu’en possé- daient alors l’Allemagne et la Russie, pourrait être édifié. En réalité, ce beau projet ne fut jamais réalisé. On avait fait à Claude Bernard des promesses dont il caressait le rêve dans son cours inaugural. L’Empereur ne voulait plus voir, disait-on, la France en retard sur l’Allemagne. Pourtant, quand Claude Bernard lui présenta son devis, un devis de 400.000 francs, l’Empereur s’indigna : « La Physiologie coûte donc aussi cher que l’artillerie ! » Claude Bernard obtint à peine le dixième du crédit sollicité : il put édifier simplement une construction légère avec un outillage sommaire. C’est en 1870 que Claude Bernard prend effectivement possession de la chaire. Il est alors dans le plein éclat de sa gloire. Membre de l’Académie des Sciences, membre de l’Académie française, sénateur, il exprime constamment son désespoir de n’avoir plus le temps de travailler comme aux heures vibrantes de sa jeunesse. « Je courbe sous le poids des honneurs et des douleurs académiques », écrit-il alors. Rappeler les découvertes de Claude Bernard serait faire l’histoire de la physiologie et nous entraînerait bien loin sans rien vous appren- dre que vous ne sachiez déjà. Mais, tout habitués que nous sommes maintenant, dès notre entrée dans la recherche, à travailler dans l’es- prit, avec les méthodes du Maître, nous devons nous défier d’oublier que ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une discipline naturelle, est, en réalité, l’héritage de son génie. Dans votre belle leçon inaugu- rale, Monsieur le Professeur Lapicque, vous vous demandiez si la jeune génération des expérimentateurs se rendait un compte exact de ce que nous, physiologistes, nous lui devons. Ej\ effet, au fur et à mesure que se succèdent les générations, on peut craindre que l’œuvre bernardienne ne se fonde à leurs yeux dans le substrat naturel, anonyme, de la physiologie ; tel le phare, guidant les marins depuis des siècles, ne leur apparaît plus, comme les rochers eux- mêmes, qu’un relief naturel du paysage. Pour ma part, je ne man- querai pas de rappeler aux jeunes que ce phare, au sens baudelai- rien du mot, n’a pas toujours existé, et je leur montrerai qu’un siècle encore après Claude Bernard, ce sont toujours ces mêmes rayons qui éclairent notre marche. Ce qui paraît en effet le plus étonnant dans cette œuvre unique, c’est moins le nombre, la variété, l’ampleur des découvertes, que l’admirable prescience qui conduisit Claude Bernard aux portes mêmes des acquisitions les plus actuelles. Il exprime déjà clairement — 209 — la conception du rôle des sécrétions internes, voit d’emblée la portée jgénérale de sa fameuse expérience du foie lavé - — à l’origine de la méthode de culture des organes actuellement si bien affinée - — et ses découvertes sur les commandes nerveuses régulatrices des fonctions le conduisent à présumer l’importance de cette « forteresse de la per- sonnalité », le complexe neuro-endocrino- sympathique. On pourrait multiplier ces exemples. Mais surtout, Claude Bernard eut le grand mérite d’introduire en physiologie la notion de déterminisme. Ce déterminisme, qui nous semble évident aujourd’hui, du moins à l’échelle moléculaire, représentait à l’époque de Claude Bernard une idée neuve et qui devait se révéler étonnamment féconde. On peut d’ailleurs se demander si l’introduction de cette méthode de travail ne fut pas d’abord une réaction de Claude Bernard contre l’état d’esprit de son premier et illustre maître, Magendie, qui avait en horreur toute doctrine, tout système, et qui disait : « Je suis un chiffonnier, avec un crochet à la main, et je ramasse tout ce que je trouve. » Quoiqu’il en soit, en affirmant que tous les phénomènes de la vie sont strictement déterminés par les conditions physico- chimiques, qu’ils s’enchaînent suivant des lois précises, identiques à celles régissant la physique et la chimie, Claude Bernard apportait à la physiologie la méthode de travail qui est toujours demeurée la sienne. Au regard d’admirateurs fervents, le Maître est apparu par- fois comme une véritable divinité du déterminisme, avec tout ce que cette manière de voir comporte d’universel et d’absolu. Il ne fut cependant pas sans souligner lui-même les difficultés qui pouvaient surgir sur la route nouvellement ouverte, et il n’hésita pas à faire appel, dans certains cas, à une entité désignée notamment sous le nom de « force législatrice », et qui devait être refoulée dans l’invio- lable royaume des causes premières. Sans doute, de ce royaume, nous assistons au lent effritement. Claude Bernard aurait-il donc manqué de prescience en assignant des frontières à sa féconde conception ? Il apparaît qu’il n’en est rien, à la lumière des illustres travaux du Prince Louis de Broglie, selon lesquels il semble impossible- de subordonner à un déterminisme rigoureux la succession des phéno- mènes se déroulant à l’écheile de l’électron. Toutefois, cette restric- tion n’atteint pas actuellement le déterminisme en tant que méthode de recherche physiologique, car, à l’échelle moléculaire déjà, tout se passe comme s’il y avait déterminisme par suite d’un effet statistique qui résulte de la multiplicité des électrons en jeu, et, pour nous, physiologistes, le déterminisme bernardien reste la pièce motrice maîtresse de toute recherche expérimentale. Claude Bernard apportait donc au Muséum son immense prestige. Quelle place à tenu le Muséum dans la vie et dans l’œuvre de Claude Bernard ? Il serait vain de nier que sa maison préférée ait toujours été le Collège de France, son cher Collège où il avait « passé, risqué, — 210 — sacrifié sa vie », mais où il avait vu sourdre aussi cette cascade d’étonnantes découvertes. Pourtant, s’il parut rarement aux Assemblées du Muséum, ce n’est pas, mes chers collègues, qu’il se désintéressât de sa nouvelle fonction. Dans sa correspondance, il aime à s’entretenir du Jardin des Plantes, de « son laboratoire gardé par les loups », de ses projets de cours qu’il veut très différents de ceux qu’il professe au Collège. En effet, c’est là qu’il va donner ces leçons célèbres sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Et, si commence, dans la vie scientifique de Claude Bernard, à partir de sa nomination au Muséum, une seconde étape au cours de laquelle le Maître embrasse les deux règnes de la nature vivante, ce n’est peut-être pas là simple coïn- cidence. Nous apprenons par sa correspondance privée que Claude Bernard se plut à fréquenter le Jardin, les serres, et, sans doute, plus ou moins à son insu, le commerce d’un règne qui jusqu’alors ne lui était pas familier, élargit son horizon, le guida vers le sommet d’où le Maître plana sur l’ensemble du monde vivant, jetant alors les bases solides d’une physiologie générale. La mort de Claude Bernard survint le 10 février 1878, alors qu’il n’était âgé que de 65 ans. Comme si sa Succession dût être trop lourde à porter pour un physiologiste, quel qu’il fût, la chaire fut scindée, en deux : l’une, de pathologie générale qui échut à Bouley, l’autre, qui, gardant le titre de Physiologie générale, fut confiée à Charles Rouget. * Charles Rouget, comme Flourens, était venu vers la Physio- logie par les voies anatomiques. Il me suffira de citer ses recherches sur la physiologie comparée des organes génitaux chez les Mammi- fères, sur la contraction musculaire, étudiée chez les Vertébrés aussi bien que sur la Vorticelle, ses travaux sur l’organe électrique de la Torpille, pour montrer que Rouget explora des domaines très variés du règne animal, et qu’il fut un physiologiste naturaliste. Permettez- moi de rappeler par ailleurs qu’étudiant avec Balbiani les animaux marins des côtes de l’Atlantique, Rouget eut le mérite de révéler aux naturalistes le petit port breton de Roscoff, où Lacaze-Duthiers devait fonder bientôt ce laboratoire devenu maintenant un si bel Institut de Biologie et Physiologie marines qu’il me semble naturel de faire à Charles Rouget, de cette découverte biogéographique, un titre de gloire. Rouget ne conserva pas longtemps sa chaire de physiologie au Muséum, et, dès 1886, se fit suppléer par son assistant, Nestor Gréhant, qui, en 1893, devait lui succéder. Gréhant était l’élève de Claude Bernard qu’il avait suivi à la Sorbonne, au Collège de France, au Muséum. Il travaillait alors déjà depuis plus de vingt ans dans ce laboratoire, et pendant, seize années encore, il poursuivit avec une sereine constance des recherches pour la plupart orientées — 211 — vers la physiologie de la respiration, et dont les résultats sont demeurés classiques. L’oxyde de carbone, surtout, retint longuement l’attention de Gréhant. Il l’étudia, non seulement du point de vue biochimique et physiologique, mais aussi du point de vue de l’hy- giène. Je rappellerai d’autre part ses recherches sur l’origine de l’urée, sur l’alcool, mais je désire surtout faire revivre un instant parmi nous Nestor Gréhant, par les lignes charmantes que lui consacra Dastre : « C’était un homme d’un caractère aimable et doux, d’une affabilité et d’une courtoisie parfaites, qui eussent découragé l’inimitié. Ces qualités étaient empreintes sur sa physio- nomie douce et régulière, encadrée, au temps de sa jeunesse, d’une longue chevelure blonde et bouclée, dont les rides de la vieillesse n’avaient pas altéré l’expression : sa voix elle-même chantait la douceur et la bon é de cette âme ingénue : on ne pouvait pas ne pas l’aimer. » Cependant, à sa mort, le maintien de cette chaire, illustrée par Cl. Bernard, fut longuement discuté. Finalement, le Conseil du Muséum demanda qu’elle soit orientée vers la physiologie comparée, et l’Assemblée des Professeurs, soucieuse toutefois de ne pas perdre le riche héritage de Claude Bernard, décida de lui donner le titre de « Physiologie générale et comparée ». C’est Louis Lapicque qui fut désigné pour occuper cette chaire en 1911, et nul mieux que lui- même ne devait démontrer l’étroite symbiose de ces deux disciplines. Pas un biologiste n’ignore aujourd’hui la chronaxie, pierre angulaire de cette nouvelle théorie du système nerveux qui marque une étape capitale de nos connaissances. Les premières recherches du Professeur Lapicque dans ce .domaine rentrent dans le cadre de la physiologie comparée. En effet, il étudie la loi d’excitation électrique aussi bien chez des Invertébrés que chez des Vertébrés. Il compare des nerfs et des fibres musculaires de vitesse très différente prélevés dans des groupes zoologiques fort éloignés. Mais bientôt se dégagent des lois générales. L’excitabilité végétale n’échappe pas au regard péné- trant du Maître, et se range sous les mêmes lois que l’excitabilité animale. La chronaxie est rattachée à des propriétés physico-chi- miques du cytoplame lui-même : le professeur Lapicque fait alors œuvre de physiologie générale. Mais n’êtes-vous pas entré, mon cher Maître, dans le temple de la physiologie générale par les portiques de la physiologie comparée ? Il faut croire que cette route était la bonne, puisqu’elle vous a conduit à une si belle œuvre, consacrée par l’ampleur, la qualité, l’autorité de votre école. Vous avez fait d’innombrables élèves, innombrables car vos élèves directs ont eux-mêmes essaimé, innom- brables car le rayonnement de votre nouvelle conception a franchi toutes les frontières, innombrables enfin car le prestige personnel du Maître égalait celui de la théorie nouvelle. Et pourtant, quand on étudie dans le détail toute votre œuvre scientifique, n’a-t-on pas le droit d’éprouver quelque ressentiment à l’égard de. cette chronaxie qui, par sa réussite brillante, estompe ses sœurs moins adulées, moins favorisées par le destin, et pourtant si riches, elles aussi, d’en- seignement ? Autour de cette vedette, à qui vos travaux personnels et ceux de Madame Lapicque .continuent de garder une éclatante jeunesse, rappellerai-je vos recherches,. poursuivies encore actuelle- ment, sur la relation du poids de l’encéphale à celui du corps, celles sur l’étude anthropologique des races noires, vos travaux sur le métabolisme, les résultats d’intérêt non seulement théorique, mais immédiatement pratique concernant les rations alimentaires, la valeur nutritive des algues, l’étude des sols. D’ailleurs, dans toute votre œuvre, vous êtes resté en contact étroit avec la nature. Vous avez protesté à diverses reprises « contre l’idée qu’on pourrait étudier les propriétés de la matière vivante en général, sans avoir soigneuse- ment défini à quel être on emprunte un échantillon d’une telle matière. » Cette curiosité zoologique vous a conduit à soumettre à votre scalpel tout le monde vivant, et, comme vous le notez vous- même : « On augmente ses chances de saisir une explication nouvelle, par cela seul qu’on ne se cantonne pas à demeure dans un territoire limité. » . 4 jn Alors que la gloire de Claude Bernard et le besoin d’espace en rapport avec son rayonnement intellectuel avaient été les facteurs de son transfert de la Sorbonne au Muséum, l’ascension rapide de Lapicque vers la solution de grands problèmes de physiologie géné- rale, sa réussite éclatante devaient — juste retour des choses d’ici- bas • — le ravir au Muséum. Venu de la Faculté des Sciences où il était Maître de Conférences en 1911, il retournait à la Sorbonne comme Professeur titulaire en 1919, restant cependant uni à cette Maison par les liens de l’honorariat. C’est dans ses cadres mêmes que le Muséum va trouver alors un nouveau titulaire à la chaire de physiologie, qui échoit en 1919 au Professeur Tissot. Toute la carrière de M. Tissot s’est en effet déroulée dans ce Jardin des Plantes où il entrait comme boursier en 1893, et où il fut successivement préparateur (1898), assistant (1906), professeur intérimaire (1909), puis enfin titulaire. Ses belles recherches sur la respiration sont restées et resteront classiques. Leur intérêt fut non seulement théorique, mais pratique, et chacun sait notamment la contribution si importante 'qu’apporta M. Tissot à la défense contre les gaz de combat. Il fut d’abord avant tout un technicien, et il nous dit lui-même dans l’une de ses notices, quelle place primordiale il accorde au perfectionnement, à l’affinement des moyens d’investigation. « En réalité, écrit M. Tissot, l’observation a moins d’importancç que la perfection de la technique d’expéri- mentation. En perfectionnant la technique, les phénomènes devien- — 213 — nent apparents sans difficulté ; sans perfectionnement, ils restent invisibles. » Dans toute l’œuvre scientifique de M. Tissot, nous retrouvons au départ ce souci de la technique, et, les résultats théoriques atteints, ce sens aigu des applications pratiques. Pour illustrer ces deux caractéristiques essentielles de l’œuvre de M. Tis- sot, je rappellerai, d’une part, les progrès remarquables réalisés dans l’appareil à séparation des courants d’air inspiratoire et expiratoire, la mise au point d’un spiromètre à compensation auto- matique, et, d’autre part, l’établissement des masques permettant le travail dans les gaz asphyxiants et le sauvetage, après les explo- sions de grisou, dans les mines ; les moyens d’éviter les accidents de l’anesthésie chloroformique ; les améliorations de la navigation sous-marine. M. le Professeur Tissot orienta par la suite ses recher- ches vers l’étude des mécanismes de la coagulation du sang, puis vers celle des réactions de l’organisme contre les substances albumi- noïdes injectées dans le. milieu intérieur. Enfin, il s’est consacré depuis une quinzaine d’années à des recherches sur la nature des tissus cancéreux et des tissus nerveux. Je n’insisterai pas plus lon- guement sur ces derniers travaux connus de tous et qui ne sont pas encore du domaine du passé, mais au contraire en pleine évolution, puisque M. le Professeur Tissot les poursuit dans une laborieuse retraite. Notons enfin que, pendant le professorat de M. Tissot, et sur sa demande, le titre de la chaire devint « Physiologie générale ». En 1942, la grande cité algérienne, renouvelant des précédents illustres et récents, donne à la science parisienne l’un de ses maîtres les plus éminents, le Professeur Tournade. L’usage voudrait que je m’étende plus longuement que je ne l’ai fait jusqu’ici sur l’œuvre' scientifique de mon prédécesseur le plus direct. Mais l’œuvre de M. Tournade n’appartient pas à cette Maison. Brutalement enlevé quelques mois seulement après sa nomination, il n’a pu, dans ce laboratoire même, poursuivre ses remarquables travaux. Je rap- pellerai simplement que c’est surtout par ses recherches sur la physiologie de la circulation et sur l’adrénalino-sécrétion, que Tournade avait acquis une grande notoriété. Une ingénieuse technique, servie par une grande habileté opératoire, l’anastomose veineuse surrénalo- jugulaire entre deux chiens, fut à l’origine de multiples expériences qui permirent d’éclaircir des mécanismes physiologiques jusqu’alors obscurs. Ces recherches l’avaient conduit notamment à intervenir avec autorité dans les débats si actuels sur le rôle du médiateur chimique dans la commande nerveuse. Tour- nade avait effectué de nombreuses autres recherches sûr la pharma- codynamie de l’asphyxie, sur le tabagisme expérimental, sur les centres bulbaires et médullaires des fonctions végétatives. ,Je ne puis citer toutes les directions dans lesquelles s’exerça la vibrante activité de Tournade, mais je ne conclurai pas sans rappeler qu’il y — 214 — avait formé de nombreux élèves, dont certains sont devenus des physiologistes éminents. L’historique de cette chaire ne serait pas complet si je ne disais quelques mots du fondateur des bâtiments qui l’abritent aujour- d’hui. A la mort de Claude Bernard, la chaire de physiologie géné- rale avait donné naissance à une chaire satellite, celle de Pathologie comparée, d’abord attribuée à Henri Bouley. Mais c’était là une chaire sans laboratoire autonome, et qui avait dû se satisfaire, au départ, d’un modeste local mis à sa disposition par la Faculté de Médecine. Quand, en 1886, Bouley disparut, Chauveau, qui recueillit sa succession, entreprit de faire construire un vaste labo- ratoire parfaitement adapté à ses recherches dé physiologie vétéri- naire. C’est ce grand laboratoire qui, depuis la disparition de Chau- veau et la suppression de la chaire de pathologie comparée, abrite la chaire de physiologie générale. Je salue très respectueusement la mémoire du grand physiologiste qui eut la volonté et l’énergie de mener à bien cette grande tâche. Si la physiologie possède au Muséum de vastes possibilités d’avenir, elle les doit à Chauveau. / ★ ¥ ¥ Mesdames, Messieurs, au cours de cette esquisse nécessairement rapide de l’histoire d’une chaire vieille de plus d’un siècle, vous n’avez pas manqué, sans doute, d’être frappés par le caractère fluc- tuant de son titre : physiologie comparée, puis physiologie générale, physiologie générale et comparée, physiologie générale. Ces chan- gements de titre correspondent-ils à des orientations foncièrement différentes ? Je ne le crois pas. On m’a parfois demandé, lors de ma candidature à cette chaire, quelle discipline guiderait mes recher- ches : physiologie générale ou comparée ? et j’avoue que la réponse ne m’apparut pas toujours facile. Non pas que je ne sache dans quelle direction je veux conduire ce laboratoire qui m’est confié, ce qui serait grave, mais parce que je ne crois pas qu’il existe une distinction aussi profonde qu’on le pense souvent entre ces deux disciplines, et parce qu’il m’apparaît qu’on méconnait fréquemment le sens de ces deux qualificatifs. En premier lieu, d’ailleurs, est-ce que toutes les physiologies, est-ce que toutes les sciences expérimen- tales ne sont pas comparées, puisqu’elles n’atteignent jamais les causes premières, mais seulement les causes secondes, les rapports entre les phénomènes ? « Sans doute, m’objectera-t-on, c’est là querelle de mots, et vous ne devez pas ignorer ce qu’on entend par « physiologie comparée », opposée à « physiologie générale » ; la physiologie comparée étant une physiologie de naturaliste, qui étudie les mécanismes physiologiques de groupes zoologiques par- faitement définis, qui les compare entre eux, alors que la physiologie générale est l’étude de la vie élémentaire, des processus vitaux com- muns à tous les êtres vivants. » Mais, ne croyez-vous pas, Messieurs, que la physiologie comparée ainsi comprise est une voie d’accès — à pente particulièrement douce — vers la physiologie générale ; une voie d’accès toute naturelle quand on dispose des admirables res- sources du Muséum ? Ne pensez-vous pas que le plus sûr moyen de connaître le fondement même des mécanismes vitaux, c’est de les étudier dans des groupes zoologiques très différents, ou même dans les deux règnes, animal et végétal ? Ne jugez- vous pas que c’est une singulière erreur que d’être enclin souvent à considérer la physiologie générale, comme la physiologie expérimentant sur le Chien et le Lapin, et la physiologie comparée, celle qui s’exerce sur les groupes dits inférieurs ? En réalité, cette physiologie du Mammifère est une physiologie tout aussi spéciale que la physiologie des Reptiles ou des Crustacés, et ne peut conduire à la physiologie générale qu’avec l’aide de la physiologie comparée, de la physiologie cellulaire et de la physiologie végétale. Permettcz-moi de concrétiser ma pensée par deux exemples. Quand un physiologiste étudie les mécanismes régulateurs de la pression artérielle chez le Lapin ou le Chien, ses travaux sont fré- quemment rangés sous la rubrique « physiologie générale ». C’est là pourtant une physiologie spéciale, car de tels mécanismes régulateurs présentent des modalités fort différentes dans la série animale, et c’est seulement d’une exploration très vaste que pourront être dégagées les lois générales de cette régulation. De ces physiologistes, conduits, par exemple, à la découverte du paradoxe de l’histamine, — paradoxe consitant dans le fait que l’action histaminique est toute différente chez les herbivores et chez les carnivores, — je dirai plutôt qu’ils ont fait œuvre de physiologie comparée. Inversement, dans un travail récent,' j’ai tenté de montrer que le rhéotropisme de certains poissons au moment du frai est sans doute le fait de secré- tions hormonales. Physiologie comparée, dira-t-on, puisque vous étudiez le comportement très spécial d’espèces déterminées, puisque vous comparez des espèces migratrices à des espèces sédentaires. Sans doute. Mais, si demain ces vues s’affirment, et si l’on veut bien songer que les botanistes eux-mêmes ont montré que les principaux tropismes végétaux sont liés à des mécanismes hormonaux, ne sommes-nous pas guidés vers une explication de certains tropismes communs aux végétaux et aux animaux ? La physiologie comparée ne nous a-t-elle pas conduits à la physiologie générale ? Claude Bernard, d’ailleurs, qui s’identifie cependant à la phy- siologie générale et qui, pour donner droit de cité à cette science, dût tout d’abord l’individualiser, l’isoler provisoirement de toutes les sciences voisines qui tendaient à l’absorber, Claude Bernard "â toutefois parfaitement reconnu la valeur des liens qui relient la physiologie comparée à la physiologie générale : « La physiologie ' comparée, écrivait-il, est pour la physiologie générale, une source d’études précieuses. » Et, dans son cours inaugural d,u Muséum : « Le problème de la physiologie comparée étant d’étudier les mécanismes de la vie dans les divers animaux, la place de cette science est marquée dans un établissement qui offre, à cet égard, des ressources aussi complètes que le Muséum d’ Histoire naturelle de Paris. » Pour moi, je ne négligerai pas ces ressources magnifiques, mais, titulaire d’une chaire de Physiologie générale, je n’oublierai pas que nous devons tendre au général. Je m’efforcerai donc de résoudre des problèmes de physiologie générale par les méthodes de la physiologie comparée. \ Quelles sont ces méthodes ? On ne s’étonnera pas que je cite alors mon maître M. Portier, qui cultiva si méthodiquement et si heureusement cette science qu’il fut chargé de l’enseigner dans une chaire créée pour lui-même à la Sorbonne. Il existe, a-t-il écrit, deux manières de comprendre la physiologie comparée : « la première consiste à étudier d’une manière méthodique les grandes fonctions des différents groupes d’animaux. » « La seconde consiste à choisir, dans la série des êtres vivants, ceux qui offrent des particularités anatomiques ou physiologiques avantageuses pour la recherche que l’on poursuit. » Ces deux mé- thodes peuvent être fécondes, et, sans doute, serait-il quelque peu sévère de dire que le physiologiste appliquant la première est à celui qui adopte la seconde, ce que l’ouvrier d’usirie travaillant à la chaîne, est à l’artisan. Cette homologie lointaine présente au moins le mérite de ne pas céler vers quelle méthode j’incline : je désirerais que nous soyons, dans ce laboratoire, des artisans, que nous*sachions extraire, de la multitude des êtrès vivants, les familles, les genres ou les espèces qui conviennent le mieux pour résoudre les problèmes . de physiologie générale que nous nous sommes posés. Cette mé- thode ne nous conduit évidemment pas sur les routes les plus faciles. Elle ne consiste pas à acquérir une technique de dosage ou d’expé- rimentation physiologique, à la mettre en œuvre plus ou moins Rveuglément dans la série animale tout entière, mais à choisir dans le monde vivant les lignes de fracture où des techniques variées pourront s’appliquer avec le maximum de chances de succès, où_ elles pourront trouver une réponse particulièrement éloquente aux questions posées. Sans doute, cette méthode n’est-elle pas celle qui assure le meilleur rendement d’un laboratoire, si l’on adopte cette fâcheuse manière de voir qui le considère parfois comme représenté par le nombre de publications scientifiques. Sans doute, cette méthode est celle qui exige le plus de travail, je ne dis pas de travail expérimental, mais de travail obscur, car elle ne peut être féconde — 217 — que prenant racine sur un substrat de connaissances profondes, étendues, continuellement fertilisées par la lecture, les longues et silencieuses réflexions ; réflexions avant l’institution du protocole expérimental, réflexions après l’expérience. Michel de Montaigne l’écrivit, il y aura bientôt quatre siècles : « Ce n’est pas assez de compter les expériences, il les faut peser et assortir, il les faut avoir digérées et alambiquées pour en tirer les raisons et les conclusions. » C’est cette dernière méthode qui réserve, je crois, les plus réelles satisfactions de l’esprit. Toutefois, ma jeunesse relative, et la cons- cience très nette de l’ampleur de tout ce que j’ignore, me feraient douter du succès, si d’une part, je ne savais des Maîtres éminents qui la pratiquent avec fruit, prêts à me faire bénéficier de leur vaste culture, et si je ne voyais d’autre part s’assembler ici les éléments d’un groupe de travailleurs ardents à la recherche. En effet la vie, dans un laboratoire tel que celui-ci, ne doit pas être, à mon sens, celle d’un bénédictin, mais celle d’une équipe, qui ne soit pas nécessairement très nombreuse, qui ne devienne jamais foule, mais qui soit bien équilibrée, homogène dans sa conception de la recherche scientifique, dans son amour de la vérité scientifique. Les recherches de cette équipe, je voudrais qu’elles ne se déroulent pas en vase clos, mais s’aèrent aux vents de l’esprit qui soufflent des grands centres de recherches physiologiques, avec lesquels je m’efforcerai d’assurer de fréquents échanges de travailleurs et de pensée. Quant au recrutement des éléments de ce laboratoire, il ne connaîtra qu’une loi, celle de l’intérêt scientifique. Ceux que guide vers l’expérimentation une curiosité réfléchie, ceux que n’effraie pas un travail soutenu, méthodique, probe, trouveront dans ces murs toute l’aide matérielle et intellectuelle qu’il me sera possible de leur procurer ï je crois, en effet, que. l’une des tâches les plus urgentes et les plus utiles pour l’avenir est de former de jeunes phy- siologistes, de les guider dans cet exercice mental et manuel, l’ex- périmentation. Mental et manuel, car on ne peut dissocier le fait et l’idée, la technique et l’hypothèse, le résultat brut et l’interpré- tation qu’on en doit donner. Un travailleur, si consciencieux soit-il, qui accumule uniquement desrfaits, comme tel comptable aligne strictement ses chiffres, n’est pas plus un chercheur que ce comptable n’est un chef d’entreprise. Un travailleur, d’autre part, dont l’esprit ne peut disséquer les plus vastes questions, qui ne sait pas fragmenter et sérier les problèmes, les limiter à la mesure de notre intelligence pour les aborder ensuite successivement, c’est un explorateur qui s’égarera inéluctablement. Je pense que l’un des devoirs du chef de laboratoire est de veiller à ce que chaque chercheur élabore soigneusement ses plans de travail, interprète avec prudence et beaucoup d’esprit critique les résultats obtenus, respectant l’équilibre qui me paraît souhaitable entre le labeur intellectuel et le travail technique, entre la pensée et l’acte expérimental. Mais la première tâche du chef de laboratoire, au moins dans le temps, et souvent même par l’importance qu’elle revêt, c’est le choix du sujet. C’est une tâche qui peut sembler facile au néophyte venu proposer ou solliciter une idée de recherches. Une entrevue, quelques entretiens, et le choix est fait : choix difficile, cependant, et qui demande beaucoup de réflexion et de prudence. Les sujets de recherches, sans doute, sont innombrables, mais ils sont rares, les sujets féconds, c’est-à-dire ceux qui transformeront le candidat au diplôme en un chercheur véritable et passionné. Pour les jeunes, que pressent souvent des difficultés matérielles, le sujet choisi doit rendre à peu près à coüp sûr, mais cependant laisser une marge d’imprévu suffisante pour donner le goût de la recherche. Il est indispensable qu’il soit nettement délimité ; mais, il doit toute- fois s’intégrer dans une question plus vaste, en pleine évolution, pour que le jeune physiologiste ait la claire vision du progrès que sa con- tribution, si modeste soit-elle, apporte à la solution d’un problème plus général. Comme un marin doit avoir confiance dans l’état-major quand il embarque sur un navire, un travailleur inexpérimenté doit faire confiance à un ancien plus chevronné pour l’orientation pre- mière de ses travaux. La physiologie, telle qu’elle est présentée dans les manuels, est une façade, façade accueillante avec des balcons fleuris, une entrée principale bien dégagée portant en lettres d’or cette encourageante inscription : « Entrée libre. » Mais, à la contem- pler, on ne peut imaginer tout le travail de démolitions, d’échafau- dage, de constructions provisoires, qui s’est accompli derrière cette façade, tous les travaux de terrassement, de voirie qui lui donnèrent accès, et nous permettent aujourd’hui de venir l’admirer. Cette belle et simple harmonie, cette apparente facilité conduisent des candidats à la recherche à proposer, parfois avec beaucoup d’enthousiasme, l’étude de questions dont l’intérêt est indéniable, mais dont l’ampleur et les difficultés nous épouvantent. Sans doute, existe-t-il de grandes découvertes, apparemment fulgurantes, dans le passé de cette science encore jeune : la Physiologie ; des découvertes qui ont ouvert des aperçus insoupçonnés sur ce phénomène admirable : la Vie. Mais l’erreur serait de croire qu’un simple coup de pioche soit seul responsable de l’écroulement d’un pan du mur épais qui nous mas- quait la vue. C’est tantôt un progrès technique qui permet d’atta- quer l’obstacle avec une arme nouvelle, tantôt tout un ensemble de longs et patients travaux qui l’ont progressivement dégradé, le rendant extrêmement vulnérable.. Et la preuve qu’il en est bien ainsi, c’est que, fréquemment, la même découverte importante surgit, à quelques mois d’intervalle, réalisée par des écoles d’orienta- tions différentes. Ceci prouve que le mur qui nous masquait la connaissance de cette découverte avait été si bien sapé par les tra- — 219 vaux antérieurs, qu’un seul coup de pioche donné ici ou là, devait en entraîner l’écroulement. Devant les jeunes aspirants à la recherche, je crois que la tâche du physiologiste est de chercher, dans cette ceinture de remparts qui entoure la vie, le mur lézardé où leur travail peut ouvrir quelque brèche lumineuse. Si telles sont mes idées concernant l’orientation première des travaux d’un étudiant inexpérimenté* je ne voudrais cependant pas qu’elles soient interprétées comme une réprobation de l’esprit d’initiative du jeune chercheur. Je crois, au contraire, que ce dernier doit très rapidement s’associer au travail de pensée, participer à l’élaboration du plan de recherches comme à l’interprétation des faits. Pour qu’il s’impose cet effort de réflexion qui lui semble parfois moins pressant que le travail technique, pour qu’il soit naturelle- ment conduit à préciser et classer ses idées, je crois utile de lui suggérer des rédactions provisoires et successives bien avant l’heure d’une éventuelle publication. Sans doute, ces rédactions sont- elles stériles quand elles ne constituent que la transposition de résul- tats consignés dans le cahier d’expériencés, mais elle sont fécondes si l’auteur ordonne les faits selon le simple déroulement d’un raisonnement cartésien, et s’il prend la peine d’écrire dans une langue difficile, mais dispensatrice de clarté : la nôtre. Alors, les lacunes existant dans l’œuvre accomplie surgissent comme autant d’hiatus, les obscurités font tâche et le travailleur prend une plus nette vision des difficultés à résoudre. En effet, dans le bouillon- nement du travail expérimental, l’esprit du chercheur discerne mal, souvent, les facteurs primaires et secondaires, les phénomènes prin- ceps et les épiphénomènes, les réalités et les artéfacts, pas plus que l’œil ne saurait distinguer les sables, les argiles, les eaux vives d’un fleuve torrentueux et boueux descendant les pentes monta- gneuses. La rédaction, c’est le lac, le lac où le cours du fleuve et de la pensée s’apaise, où se décantent les sédiments et les faits, où se clarifient les eaux les plus troubles et les idées les plus confuses. C’est pourquoi je souhaite que, dans ce laboratoire, les rédactions ne soient pas considérées comme des conclusions de travaux exclusivement destinés à la publication, mais, comme une partie intégrante du labeur expérimental, comme des étapes successives accompagnant l’évolution des idées ou des faits au cours d’une recherche déterminée. C’est dans cet esprit que j’aimerais voir travailler ici les élèves qui m’ont fait ou me feront confiance. Ne peut-on redouter cependant qu’une méthodç de travail telle que celle précédemment définie — la physiologie comparée au service de la physiologie générale, cette sorte de prospection physiologique du monde vivant — n’entraîne une dispersion néfaste ? C’est là sans doute un écueil qu’il faut éviter, car l’activité du chercheur n§ doit pas être celle de ces insectes qui butinent de façon brouillonne Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. 15 — 220 — toutes les fleurs du jardin. Certaines espèces jugées particulièrement intéressantes pour résoudre les problèmes posés, doivent fixer l’at- tention et l’expérimentation du chercheur, et si les travaux de notre équipe peuvent être centrés sur quelques types zoologiques bien définis, je souhaiterais qu’ils contribuent à établir certaines de ces monographies physiologiques, dont l’idée n’est pas neuve, mais dont la réalisation est toujours attendue. En 1870, déjà, Paul Bert réclamait ces monographies physiologiques des différents organismes grâce auxquelles la physiologie pourrait mettre en évidence ce qui est le fondement même des mécanismes vitaux, en quelque sorte le plus grand commun diviseur des grandes fonctions. L’idée en était reprise il y a exactement dix ans par André Mayer, qui précisait au Congrès des. Physiologistes de Nancy, en mai 1934 : « Les morpho- logistes ont depuis deux siècles défini des types de structure. C’est notre droit d’essayer, à notre tour, de définir des types de fonction- nement. L’avantage de pareilles études, c’est qu’en examinant les agencements différents des diverses pièces d’un même mécanisme, on approfondit la connaissance de ce mécanisme lui-même. » Et, plus loin : « Il est certain qu’il vaudrait mieux avoir une étude com- plète de quelques types, que d’avoir, sur un grand nombre d’espèces, des travaux épars et sans liens entre eux. « Paul Bert, André Mayer, sont des savants que réclame, à juste titre, la physiologie générale. N’est-il pas symptomatique, Messieurs, qu’à plus d’un demi-siècle de distance, tous deux sollicitent pour cette physiologie générale, des monographies de physiologie zoologique. Si, dans l’avenir, les collaborations nécessaires ne me manquent pas, je crois que nous ferons œuvre utile en commençant cette longue tâche, tâche pour laquelle la chaire de physiologie générale du Muséum me semble particulièrement désignée. Cependant, nous n’oublierons pas que, dans le passé, ce laboratoire a rendu de grands services au pays, non seulement sur le plan pure- ment intellectuel, mais aussi dans le domaine pratique. J’ai rappelé, il y a quelques instants, les travaux de Gréhant et de Tissot sur la protection contre les gaz toxiques, ceux de Lapicque sur l’ali- mentation, et nul n’ignore les multiples applications médicales de la chronaxie, Si, à l’exemple de ces illustres prédécesseurs, nos recher- ches nous conduisent vers la solution de problèmes pratiques, nous ne nous y déroberons pas, convaincu que la science doit contribuer, non seulement au prestige intellectuel d’une Nation, mais encore à l’amélioration de ses conditions matérielles. Dans une chaire du Muséum, la primauté est généralement accordée à la recherche scientifique, et c’est pourquoi je viens d’in- sister, un peu longuement peut-être, sur l’esprit qui préside aux travaux entrepris dans ce laboratoire. Mais je ne songe cepen- dant pas à réduire la part de mon activité qui doit être consa- / — 221 crée à renseignement, et ceci, pour deux raisons essentielles. D’une part je crois que toutes les chaires du Muséum doivent contribuer à maintenir les liens multiples de pensée avec l’élite intellectuelle du pays. La plupart des chaires, en dehors de leur enseignement, assurent la pérénnité de ces liens par leurs admi- rables collections. Une chaire, comme celle *de physiologie, sans collection, ne dispose que de la parole et de l’expérimentation. Je m’efforcerai, par l’une comme par l’autre, de rendre mon enseigne- ment vivant, et de participer à l'effort commun. Cet enseignement aura moins pour but d’accumuler des connaissances ou des faits, que de montrer l’enchaînement des travaux, l’évolution des idées, et je serais heureux si, loin d’être l’école de la passivité intellec- tuelle, il pouvait exercer l’esprit au raisonnement scientifique, ouvrir à de jeunes intelligences les voies de la recherche, et susciter de réelles et solides vocations. Il ne sera toutefois jamais si étroi- tement spécialisé que seuls, des physiologistes puissent y trouver quelque intérêt. Je tenterai d’y apporter une suffisante clarté, et d’en dégager des idées générales qui le rendent accessible et profi- table à la culture d’auditeurs venus de toutes les classes de la société. D’autre part je suis convaincu du bénéfice que tire le cher- cheur de la préparation de ses cours, de cet enseignement qui lui impose de quitter un moment la tâche entreprise, qui l’oblige à juger avec un certain recul, et par suite, avec un sens .plus exact, de la portée de ses efforts passés, et de ceux à venir. Pour concrétiser ce rôle de l’enseignement dans la recherche scientifique, ne peut-on s’inspirer d’une image de Claude Bernard, et comparer l’homme de laboratoire au bûcheron perdu dans une immense forêt, et dis- posant d’une cognée et d’une échelle ? La recherche, Messieurs, c’est le travail du bûcheron au pied de l’arbre qu’il s’est donné pour tâche d’abattre. L’homme frappe, indifférent à tout ce qui l’entoure, l’esprit dirigeant les coups, le regard suivant les seuls progrès de la cognée. L’enseignement, ou plutôt, la préparation de l’enseignement, c’est l’échelle, qui invite l’homme à quitter un instant son objectif immédiat, qui invite le chercheur à s’élever, et à jeter un regard circulaire sur la forêt. De retour au travail, il connaîtra la portée de ses efforts, et la direction dans laquelle ceux-ci doivent être poursuivis pour atteindre le but fixé. Telles sont les raisons pour lesquelles, si attachante qu’appa- raisse l’expérimentation, je ne lui sacrifierai jamais l’enseignement, faisant à l’une et à l’autre la'part qui doit leur revenir. ★ ¥ ¥ Un tel programme de recherches et d’enseignement peut sembler ambitieux. Mais, j’aime mieux être taxé d’ambition, que d’indiffé- — 222 — rence ou d’apathie. Cependant, jë ne sous-estime nullement les écueils qui surgiront sur ma route, et je n’ignore pas la fragilité de l’existence humaine. Mais, je crois qu’on ne peut rien réaliser d’utile dans ce monde, si l’on ne conduit pas ses travaux comme si l’on ne devait jamais mourir, et si l’on ne marche pas au-devant des difficultés avec une* énergique et tranquille décision. Pour les sur- monter, toutefois, votre appui total, mes chers collègues, me sera toujours indispensable. Et quand viendra le temps des réalisations possibles, je vous demanderai de songer à la complexité des recher- ches de physiologie générale, exigeant non seulement des appareils physiologiques, physiques,, chimiques,, mais aussi et d’abord, un matériel vivant, soumis à de bonnes conditions expérimentales, c’est-à-dire élevé, étudié, dans des locaux convenablement amé- nagés. Je vous demanderai de songer à tout le temps qu’exigent les soins et traitements quotidiens des animaux de laboratoire, au personnel nombreux et compétent qu’ils imposent. Alors nous pour- rons construire l’avenir dans un climat de paix et d’indépendance, seul propice à l’essor scientifique. Mais déjà la bienveillante et agissante sympathie dont vous entourez mes premiers efforts éclaire ma route. Sera-t-elle longue et difficile, gravie contre vents et marées ? Trouverais-je, au contraire, les routes faciles que Ptolémée demandait à Euclide ? Je n’attends -pas cette heureuse surprise, mais quels que soient les périls du voyage, je les affronte avec deux guides sûrs : l’enthou- siasme et la volonté : un enthousiasme justifié, une volonté tenace de servir, dans cette chaire, de toute mon énergie, la Physiologie, le Muséum et mon Pays..v 223 COMMUNICATIONS Observations biométriques sur le Minioptère DE SCHREIBERS Par P. Laurent. Le Minioptère de Schreibers, génériquement isolé parmi les Yespertilionidés européens, nsi sans doute celui dont la diagnose soit la moins discutable, et si la vaste dispersion du genre sur presque tout l’ancien monde a permis d’en détacher, quelques formes géo- graphiques individualisées, les Minioptères européens se rapportent tous spécifiquement à la Chauve-Souris découverte par Schrei- bers au Banat et à lui dédiée par Natterer dans les pages de la monographie de Kuhl 1, à la description de laquelle on ne saurait rien ajouter maintenant de caractéristique. Les centaines d’exemplaires, dont cette espèce éminemment coloniale a enrichi les collections, n’ont cependant fourni à sa con- naissance qu’un nombre restreint de mensurations comparatives, dont l’établissement en séries n’a pas retenu l’attention des auteurs, si bien que G. -S. Miller, par exemple, ayant en mains 351 Miniop- tères, collectées par Mottaz à Genève, n’a précisément mesuré, comme sujets Suisses, que les dimensions extérieures du seul couple qu’il eût possédé de Neuchâtel 2, et que son tableau de mensu- rations crâniennes ne comporte que des résultats de toute prove- nance : aussi ne saurait-on tirer aucune conclusion sur 'la taille moyenne de ces Minioptères, ni l’amplitude de leurs variations autour de cette moyenne, que l’auteur américain eût été à même de préciser sur des dimensions supérieurès à celles, si exiguës, d’un crâne de Cheiroptère, et de figurer par exemple en suivant la voie de son compatriote et contemporain Ward 3. Le choix préférentiel d’une dimension quelconque prise sur le crâne apparaît ainsi d’autant plus fâcheux que la variation d’une population dont on croit pouvoir soupçonner l’hétérogénéité est d’autant plus appréciable que dans l’économie de l’espèce en cause 1. Die Deutschen Fledermâuse, 1817, p. 41-42, idem, in N eue Annalen der W ci- ter auische Gesellschafft, Frankfurt, I, 2e, 1819, p. 185-187. * 2. Catalogue of Mammals of Western Europe, 1912, p. 272-3. 3. The variations of proportions in Bats, Trans. Wisc. Acad., 1905, XIV, p. 630-649. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n& 4, 1944. 224 — la dimension considérée est plus grande. Même si G. -S. Miller ne concevait pas cette éventualité pour Miniopterus schreibersi en Europe, la mise en évidence de l’homogénéité parfaite des repré- sentants européens de cette espèce eut déjà pu servir à la carac- tériser par rapport aux Minioptères exotiques dont les dimensions oscillent beaucoup plus largement dans les limites du genre : mais il est peu commode de la saisir sur une quelconque de ses mensu- rations, y compris la plus grande d’entre elles, la longueur condy- lobasale. D’un individu à l’autre, l’ordre de grandeur de l'a variation individus «I n 10 S 1 1 I Fig. 1. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl). Variation de la longueur condylobasale, par cinquième de millimètre, d’après les chiffres de G. -S. Miller (l. c., p. 274-5) comparés à ceux de M. s. italicus Dal Piaz (Descrizione di una nuova forma di Miniopterus, Atti Accad. Scienzie venet.- trident.-istr., 3°, XVI, 1925-6, p. 61-62), ces derniers figurés en pointillé. n’est que du millimètre, et dans le cadre des 37 exemplaires de toute provenance européenne, elle oscille d’un demi-millimètre autour de la moyenne de 14 mm. 5, ce qui permettrait mal, même sur un plus grand nombre d’individus et eu égard à la difficulté d’évaluer avec précision le cinquième de millimètre, de bien nettement la déceler par rapport aux dimensions descriptives des formes actuellement connues (Fig. 1). D’ailleurs la prise en considé- ration de cette dimension nécessite la préparation du crâne, opération contraire à l’esprit même d’une vraie biométrie qui consiste à mesurer des animaux vivants et non des pièces de leur squelette. Si la variation staturale supposée affecte au même degré toutes les parties de l’ensemble individuel 1, on peut s’attendre à ce qu’elle soit six fois plus grande sur la longueur totale du 3e doigt que sur celle du crâne, trois fois plus grande encore sur la longueur de 1. Et il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement dans le cadre même do la défi- nition de l’espèce. — 225 — l’avant-bras, là donc de l’ordre de 3 mm.1, dimensions dont l’ap- préciation ne nécessite pas le sacrifice du sujet et qui peut s’exé- cuter sans peine à la station même que fréquente la colonie, quel- ques minutes au plus étant nécessaires pour chaque animal, qui est ensuite remis en liberté et poursuit son destin. C’est ainsi que les opérations de baguages d’une colonie de Minioptères, ayant intéressé 63 sujets 2, ainsi que la capture dans la même colonie, aux Baux-de-Provence (Grotte des Fées) de 82 individus pour l’étude de leur variation de poids journalière 3, nous ont permis d’évaluer l’amplitude d’oscillation des plus carac- téristiques d’entre les éléments de la stature, et d’apporter la preuve numérique de la parfaite homogénéité de cette colonie ainsi que de l’absence chez le Minioptère d’un dimorphisme sexuel affectant la taille, comme le montre la représentation graphique des dimensions de l’avantrbras, particulièrement régulière chez les (Fig. 2) tandis que la répartition des tailles des Ç laisse bien supposer que l’aspect moins compact du schéma tient à un nombre insuffisant d’observations, mais dépassant en plus comme en moins celles des la moyenne s’en situe à peu près au même point (Fig. 3), aussi nul dimorphisme n’apparaît-il à l’avant-bras. On peut donc réunir <§ et Ç pour exprimer graphiquement l’am- plitude de la variation de taille calculée sur un élément particu- lièrement fidèle, puisqu’il s’agit de la qfius grande unité squelet- tique et la plus aisément mesurable, des représentants de l’espèce Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl) aux Baux-de-Pro- vence (Fig. 4), et le polygone typiquement unimodal ainsi dessiné englobe bien les dimensions de la forme typique 4, mais reste par contre presque totalement en dehors de celles de M. schrei- bérsi italicùs Dal Piaz, tandis que l’emplacement des chiffres publiés pour quelques exemplaires d’Espagne, correspondant aux plus grands de ceux des Baux suggère la possibilité de races sta- turalement différentes : si en effet ces chiffres correspondent à des moyennes (comme l’esprit du Catalogue de G. -S. Miller le fait penser) la représentation de la variation linéaire de l’avant-bras autour de cette moyenne conduirait à des constructions graphiques 1. Ordre de grandeur de la variation au dessus de la moyenne de M. s. italicùs Dal Piaz (voir Fig. 1, Nota). 2. Rapport d’une Mission d’étude sur la Biologie des Chéiroptères dans le «Midi de la France, Bul. Mus., 2e sér., t. XIII, 6, 1941, p. 513-516. 3. Le Poids du Minioptère de Schreibers, Bul. Mus. Hist. nat. Marseille, 1942, 4, pp. 236-241. ' 4. 1 pouce 8' d’après Kuhl ( ibid ., p. 41, et Ann. Wetlerau, p. 186), mais 1 pouce 1' 7 /10 d’après Blasius à qui Natterer avait communiqué l’exemplaire original (Fauna der Wirbelthiere Deutschlands, 1857, p. 48), soit 44 mm., mais rien n’autorise à supposer que ce sujet typique ait correspondu à une rigoureuse moyenno de sa colonie de la Columbaczer Holile, dont la composition serait dans ce cas à peu près superposable à celle des Baux pour ce qui concerne les dimensions de l’avant-bras. 226 — légèrement déportées vers la droite par rapport à celle obtenue sur les résultats des Baux de Provence, puisque la moitié inférieure de ces chiffres y manque, et leur superposition à cette dernière 3ncUvicUte> Fig. 2 à 4. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl). Variation de la longueur de l’avant-bras, par demi-millimètre, relevée sur 145 sujets de la Grotte des Fées, et comparée à la même dimension chez des sujets : a) Suisses, d’après les mensurations de Fatio (Vertébrés de la Suisse, I, Mammi- fères, 1869, p. 51) et de G.-S. Miller (i. c., p. 272), en ligné oblique à gauche ; b) Grecs, d’après G.-S. Miller (idem), en ligné oblique à droite ; c) Espagnols, d’après G.-S. Miller (idem) et Cabrera (Mamiferos de Espana, 1914, p. 163), en pointillé (fig. 2 et 3) et limité par un trait interrompu (fig. 4) ; d) Balkanique : le type de Miniopterus Schreibersi Natterer d’après sa mensura- tion originale (l. c.) en ligné vertical ; e) Italiens, Miniopterus schreibersi Italicus, d’après Dal Piaz (l. c., p. 61-62). — 227 — qu’il est aisé d’imaginer, figurerait évidemment un polygone à plusieurs sommets caractéristique d’une population hétérogène, et dont cette hétérogénéité, ne pouvant être cherchée dans le dimorphisme sexuel, ni dans celui de l’âge des individus au sujet duquel on n’a pas la moindre indication; ne s’explique que par la différenciation raciale des diverses colonies ; différenciation pou- vant aller jusqu’au stade de la sous-espèce, lorsque, toutes choses Fig. 5 Fig. 6 Fig. f Fig. 5 à 7. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl). Variation de la longueur totale du 3e doigt, chez 82 sujets de la grotte des Fées, par demi-millimètre (Fig. 5 et 6), et par millimètre (Fig. -7), comparé à la même dimen- sion chez des sujets : a) Suisses, en ligné oblique à gauche ; b) Grecs, en ligné oblique à droite ; c) Espagnols, en pointillé complet ; d) Balkanique (type de Natterer), en pointillé externe, centre blanc, d’après les mensurations des mêmes auteurs que précédemment. égales d’ailleurs, la dimension de l’avant-bras atteint un chiffre en deçà duquel reste à bonne distance celle d’un nombre impor- tant dç sujets étrangers à la colonie étudiée. La race du Minioptère aux Baux de Provence, pour laquelle vient tout de suite le qualificatif de baussencis, et à l’ampli- tude de variation de'laquelle M. s. italicus est déjà presque totale- ment extérieur, ne peut donc être rapportée à cette forme sub- spécifique, mais relève au contraire du type, dont précisément la description originale apporte un point de comparaison, la longueur totale'-du 3e doigt, de 3 pouces (80 mm. 3) d’après Kuhl, ce qui — 228’ — «SB placerait le Minioptère au dessous de tous les exemplaires baus» senques (Fig. 7) et isolerait nettement ceux-ci, si Blasius mesu- rant le même animal (voir plus haut) n’en avait donné des dimen- sions sensiblement différentes, dont la totalisation, 17,,f8 + 4,r,9 12,,f6 -f- 3’”2 = 83 mm. 9 rentre au contraire dans le cadre de ces mêmes mensurations : apportant ainsi à la fois la preuve de l’impor- tance de l’équation personnelle en même temps que la valeur toute Fig. 8 à 10. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhi). Variation de la longueur totale du 5e doigt, chez 82 sujets de la grotte des Fées, par demi-millimètre (Fig. 8 et 9) et par millimètre (Fig. 10), comparé à la même dimen- sion chez des sujets : à) Suisses, en ligné oblique à gauche ; b) Grecs, en ligné obliue à droite ; c) Espagnols, en pointillé, d’après les mêmes auteurs que précédemment. relative des mensurations obtenues par totalisation de dimensions segmentaires, sur la mensuration de chacune desquelles peut se glisser une erreur, dont la somme atteint précisément l’ordre de grandeur sur lequel on peut discuter la validité d’une race locale. Cependant, les chiffres ainsi obtenus ont bien été rapportés par G. -S. Miller et leur relevé permet de confirmer l’absence aux Baux de tout dimorphisme sexuel nettement marqué (Fig. 5), en même temps que cette homogénéité déjà constatée sur l’avant- bras, mais qui n’apparaît pas sans contestation, à moins da la con- — 229 — traction des mensurations à l’échelle du millimètre (Fig. 7), don- nant ainsi la preuve que l’apparence bimodale de la représentation des variations de longueur de l’avant-bras au demi-millimètre est dû uniquement à l’utilisation d’une échelle non adéquate à une dimension susceptible d’oscillations relativement étendues (Fig. 6) ; en même temps la figure montre que si le Minioptère du Banat est plutôt petit par rapport à ceux des Baux, les- sujets Suisses, Grecs et Espagnols les dépassent sensiblement, et s’ils avaient été choisis dans la moyenne de leurs colonies, ils seraient représentés graphiquement par des tracés probablement super- posables, mais chevauchant largement à droite celui de la race baussencis : confirmant donc au 3e doigt ce qu’avait déjà suggéré la considération de l’avant-bras. Enfin la totalisation du 5e doigt donne une dernière preuve, avec plus de condensation qu’au 3e, à la fois de l’absence de dimor- phisme sexuel (Fig. 8), que la contraction au millimètre ne montre qu’à peine plus nettement qu’au demi-millimètre (Fig. 9 et 10), et de l’homogénéité indiscutable de cette population ; à droite du schéma qui en représente la variation viennent se grouper les exemplaires Suisses, Grecs et Espagnols, ces derniers en dépas- sant même très nettement la limite supérieure, tandis que le chiffre absolument aberrant rapporté par Blasius pour le 5e doigt impos- sible à placer sur les figures 9 et 10 du type 1, dû à la longueur démesurée du métacarpien laisse plutôt supposer une erreur de mensuration qu’une particularité - — - l’allongement du cinquième doigt, — telle qu’aucun des Minioptères européens actuellement connus ne correspondrait à ce trait' original ; il est hors de sens qu’aucun des nombreux spécialistes ne l’ait pas observée, aussi jusqu’à ce qu’un nombre suffisant important de topotypes de Miniopterus schreibersi Natt. (in Kuhl) en ait permis de préciser toutes ces dimensions, celles de la race baussencis qui sans lui être identiques, ne s’en éloignent guère, caractérisent une race de cette forme typique, isolée également, dans le même cadre typique des sujets Suisses et Grecs (avant-bras de taille comparable, 3é et 5e doigts plus longs par rapport à la moyenne), au moins dans la limite des chiffres actuellement connus ; tandis que les sujets espagnols (avant-bras déjà relativement plus long, 3e et 5e doigt dépassant les limites supérieures de la forme étudiée) se rap- prochent plus de la sous-espèce M. s. italicus Dal Piaz, de laquelle, ils constituent, toujours dans les mêmes conditions, une race locale ibericus comme l’avait d’ailleurs supposé l’auteur de cette forme dont, pour conclure, ces observations biométriques confirment la validité en même temps que l’absence sur le territoire français. 1. 15'"6 + 4'" + 3"'l + = 63 mm. (cf. page 4, not* 1). Sur une nouvelle espèce portugaise d’Açarien, APPARTENANT AU GENRE THROMBELLA (ThR. LUSITANIGA N. SP.) Par Marc André. M. le Professeur A. de Barros Machado, de l’Université de Porto, a recueilli le 11 avril 1942 dans la Serra de Monchique, pic de Foia (concello de Monchique, district de Faro) un exemplaire femelle d’un Thrombidiide appartenant au genre Thrombella Ber- lese 1887. ; * Fig. 1. — Thrombella lusitanica M. André. — Face dorsale, X 60. ' % Ce genre est caractérisé par l’absence de crête métopique* ce qui constitue une exception chez les Thrombidiidæ. Le genre Thrombella n’est connu jusqu’ici que par cinq espèces : deux européennes (T. glandulosa Berlese, 1887 et T. otiorum Ber- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. 231 — lese, 1902), une africaine (T. favosa Berlese [André], 1936), une sud-américaine [T. nothroides Berlese, 1888) et une australienne (T. warregensis St. Hirst, 1929). L’individu trouvé par M. A. de B. Machado se distingue nette- ment des formes jusqu’ici connues dans ce genre et constitue une espèce nouvelle. \ ~ Thrombella lusitanica n. sp. L’animal a une longueur de 1450 ja et une largeur de 760 ja La forme générale du corps (Fig 1) est rectangulaire, avec sail- lies humérales peu marquées. Fia. 2. — Thrombella lusitanica M. André. — Face ventrale, X 60. Les pattes mesurent respectivement : I, 1100 ja \ II, 850 ja ; III, 850 (a ; IV, 1080 ja. Sur tout l’hystérosoma sont distribuées, symétriquement, des aréoles ovales ou subquadrangulaires déprimées correspondant à des masses glandulaires situées sous la cuticule. Sur la face dorsale, qui est aplatie, ces dépressions sont au nombre de 16 : 6 sur chaque côté et 4 médianes. Sur la face ventrale (Fig. 2) il y en a 10 : 4 mé- — 232 — dianes et 6 dans la région génito-anale ; enfin, de chaque côté, on en trouve 5 latérales (Fig. 4). Toutes ces aréoles ne possèdent pas, comme chez T. glandulosa Berl., un pore en leur milieu ; celui-ci ne s’observe dorsalement qu’au centre de neuf d’entre elles et ventralement sur les quatre postérieures. Dans chacune de cés aréoles on distingue une partie centrale et une zone périphérique qui sont séparées par un espace annulaire dépourvu de toute pilosité : la partie centrale est revêtue, chez la plupart, de poils spiniformes peu nombreux, coniques, aigus, légè- rement courbés et nus, supportés par un court tubercule ; la partie périphérique est bordée de ces mêmes épines, assez serrées, insérées sur un tubercule plus long. Les poils recouvrant le reste du corps sont de même structure, sauf ceux qui bordent la partie antérieure de l’hystérosoma et ceux des coxæ ; ces derniers portent, à leur base, une couronne de soies et sont revêtus, sur toute leur longueur, d’une fine pilosité. Le propodos.oma (Fig. 3) porte sur ses bords latéraux et antérieur, ainsi que dans la moitié antérieure de sa face dorsale, de nombreux poils semblables à ceux qui garnissent l’hystérosoma et il se pro- longe en avant par un naso court et glabre. Dans sa moitié posté- rieure il présente en son milieu une aréa nue (sans poils) très large et trapézoïdale, sur laquelle s’élèvent deux tubercules sensoriels corniculiformes saillants, bien séparés l’un de l’autre, revêtus d’un épiderme rugueux : ils ont chacun leur sommet creusé d’une fossette d’où sort un poil pseudostigmatique très long et très grêle. Chaque tubercule porte sur son bord externe deux courtes soies trapues à pointe mousse, et en arrière on observe un groupe de 4 à 6 épines semblables à celles qui recouvrent les coxæ et le bord antérieur de l’hystérosoma. Dans la partie postérieure on distingue également une large aréa poreuse en forme de triangle à pointe dirigée vers le bas. Fig. 4. — Thrombelttt lusitanica M. André. Pmd, palpe maxillaire droit (E, face externe ; I, face interne) ; Pi, tibia et tarse de la lre paire de pattes ; H, hystcrosoma, vu de profil) d, côté dorsal ; v, côté ven- tral ; Pin, patte ni ; Pi\, patte iv. Les yeux, bien développés, au nombre de deux de chaque côté, sont placés sur un tubercule court et trapu. Les pattes sont robustes ; elles présentent des poils spiniformes semblables à ceux qui recouvrent le reste du corps. Aux pattes I, le tarse (Fig. 4, Pi) est assez gros, en forme de massue : il a une longueur (300 p.) qui atteint près de deux fois et demie sa largeur (125 p.). — 234 — Aux palpes maxillaires (Fig. 4, Pmd [I et JB]) les 2e et 3e articles sont recouverts de soies pédonculées. Sur sa face externe (E) le 4e article porte des soies lisses ordi- naires ; à sa face interne il est revêtu de soies qui, sur son tiers distal sont lisses, tandis que sur ses deux tiers proximaux elles sont barbulées. Il possède en- outre, à la base de l’ongle terminal, yine forte épine aiguë. Sur son bord dorsal, il est armé, d’un peigne composé d’une dizaine d’épines. Le 5e article constitue un long appendice lagéniforme, qui sur toute sa face interne porte des soies barbulées, tandis que sur sa face externe il montre dés soies lisses, bien développées mais peu serrées. Par ses aréoles déprimées au nombre de 16 sur la face dorsale de l’hystérosoma, cette nouvelle espèce se montre très voisine des T. glandulosa et warregensis : elle ,s’en distingue nettement par le nombre de ces aréoles sur ses bords latéraux, par la pré- sence de deux courtes soies (au lieu d’une) sur les bords des cor- nicules pseudostigmatiques et la présence d’une aréa ponctuée sur le propodosoma. Laboratoire de Zoologie du Muséum. *. • 235 — Quelques mots sur la mue de Lithobius forficatus l. (Myriapodes Chilopodes) Par J.-M. Démangé. Au cours d’une chasse effectuée en août 1943 aux environs de Châteaudun, dans le parc du Prieuré des Récollets, nous avons eu l’occasion d’observer un Lithiobius forficatus L. <$ en train de muer. L’animal se trouvait caché sous un énorme bloc de pierre situé en bordure d’une rangée d’arbres. Les travaux sur la mue des Myriapodes sont peu nombreux. Nous ne mentionnerons que les travaux les plus récents de K,-W. Verhoeff (1905), G. Attems (1926), K.-L. Henriksen (1932). D’après ces auteurs la première fente exuviale, chez les Diplopodes comme chez les Chilopodes, se place derrière la tête et non sur la tête et, chez les Chilopodes tout au moins, se situe entre la capsule céphalique et le tergite forcipulaire. « Bei der Hautung reisst das alte Exoskelett dorsal zwische'n Kopfplatte und Tergit des Kieferfussegments und das Tier schlüpft aus diesem Loch heraus » (Attems, 1926, p. 314). Henriksen donne un dessin représentant un Lithobius (fig. 4) et dont la fente exuviale est disposée de même et ne peut admettre que les sillons céphaliques des Diplopodes peuvent constituer des lignes de rupture exuviale. Or, nous avons constaté le contraire. La fente d’exuviation que nous avons examinée se place sur Y avant de la tête et suit les sinuosités du sillon frontal S F (fig. 3) un peu en deçà des ocelles. Elle n’est point entre la tête et le tergite forci- pulaire mais divise la capsule céphalique en 2 régions dont une, celle en avant des yeux et qui porte les antennes rabattues, se place face ventrale, l’autre postérieure restant dorsale. Nous ne pouvons pas dire que nos prédécesseurs ont commis une erreur d’observation; mais au contraire nous pensons que le phé- nomène du rejet cuticulaire peut s’effectuer suivant des processus variables grâce à des lignes de ruptures placées différemment. Voici le détail de celui que nous avons observé : Le corps de l’animal tout d’abord se détache de la chitine à rejeter. Puis cette dernière se déchire en avant du corps de manière à constituer une fente par où sortira l’animal. Pour cela, la chitine se fend dorsalement en avant de la tête en suivant d’abord le sillon frontal (SF fig. 3) puis se continue de chaque côté en arrière des ocelles et rejoint les pleures (céphaliques, forcipulaires et des seg- Bullelin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. 16 236 — ments pédifères). Ainsi, tout une partie de la tête reste en avant de la fente en question (at fig. 3), alors que l’autre partie, en arrière reste en rapport avec les tergites et sternites des segments du corps (pt, fig. 3 et 1). ■ La partie antérieure, dès que l’animal sort, est rabattue vers Fig. 1. — Lithobius forficalus L. en train de muer, face dorsale. En noir, tergites et sternites de l’exuvie, en pointillé pleures et pattes; Fig. 2 : le même face ventrale, exuvie en pointillé ; Fig. 3 : capsule céphalique de L. forficalus d’après Brolemann, le trait épaissi représente la ligne de rupture qui suit le sillon frontal SF ; Fig. 4 : Lithobius d’après Henriksen : il est à noter que ce dessin est fort schématisé et non exempt de critiques. Abréviations : at : région antérieure de la tête, pt : région postérieure de la tête, toutes deux séparées par lé sillon frontal S F. l’avant et devient donc ventrale (at, fig. 2). On ne l’observe alors qu’après avoir retourné l’animal. Cette partie supporte les antennes rabattues le long du corps et comprend donc la partie frontale de la capsule céphalique, le clypeus, les ocelles et se prolonge par les pièces buccales, les forcipules, le coxosternum, les sternites et les pattes. L’animal, petit à petit, dégage sa tête, ses pièces buccales, ses 237 forcipules, ses pattes antérieures les unes après les autres et ses antennes. Au fur et à mesure que ces organes se dégagent, la chi- tine des pleures se déchire de plus en plus jusqu’à ce que l’animal soit complètement sorti de sa gaine. Le Lithobius est, à ce moment, entièrement blanc et possède déjà aux pattes les épines caractéristiques car à l’intérieur se forme une nouvelle épine identique à la première. Seules, les extrémités des griffes forcipul aires, des mâchoires, le labre, les mandibules sont colorés en jaune pâle. La chitine blanchâtre recouvrant le coprs s’épaissit peu à peu au contact de l’air,' prend lentement une teinte plus foncée. L’animal fraîchement mué est peu agile mais bientôt devient de plus en plus actif. Il faut donc admettre que l’exuviation chez les Chilopodes se fait de plusieurs manières. La fente exuviale se place tantôt entre la tête et le tergite forcipulaire, tantôt en avant de la capsule cépha- lique en suivant le sillon frontal. Laboratoire de Zoologie du Muséum. BIBLIOGRAPHIE ' N . Attems (G.). (1926). Myriopoda. Kukenthal-Krumbach : Handbuch der Zoologie, IV. Henriksen (K.-L.). (1932). The manner of moulting in Arlhropoda. Notul. entom., Helsingfors, vol. II, Nos 3-4. Verhoeff (K.-W.). (1905). Ueber die entwicklungsstufen der steinlaufer, Lithobiiden und Beitrâge zur Kenntnis der Chilopoden. Zool. Jahrb. suppl. Festschr. R. Mobius. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. 16. 238 — Sur un E pic aride français nouveau Gyge arcassonensis N. SP., ET SUR LA DÉFINITION DU GENRE GYGE. Par Jacques Carayon. Le genre Gyge a été créé en 1858 par Cornalia et Panceri pour un Bopyrien trouvé par eux dans la cavité branchiale d ’Upogebia stellata (Montagu), et qu’ils nommèrent Gyge branchialis en même temps qu’ils lui consacraient une étude détaillée. Récolté d’abord dans les lagunes de Venise, cet Epicaride fut rencontré ensuite en différents points de l’Adriatique, puis dans la Méditerranée à Naples et à Marseille ; sur les côtes atlantiques françaises à Arcachon 1 et à Concarneau 2 ; enfin Giard a signalé en 1905 la récolte à Saint- Vaast la Hougue (Manche) d’un spécimen de cette espèce 3. En 1942. je recueillais à Arcachon, sur Upogebia stellata. deux exemplaires adultes d’un Bopyrien semblable par bien des points à Gyge branchialis, mais s’en distinguant nettement par ses pléopodes présents chez le biramés et de forme particulière chez la $. Bien que créant une importante différence entre les formes adultes, ces caractères se retrouvent en partie chez des spécimens jeunes de Gyge branchialis ; de plus je ne disposais pas d’un matériel de com- paraison suffisant ; aussi n’ai -je fait que distinguer provisoirement des exemplaires typiques ces spécimens, sous le nom de Gyge branchialis Cornalia et Panceri var. nov. : arcassonensis Carayon [1943]. Depuis, M. le Professeur Rémy m’a fort obligeamment communi- qué les Bopyriens conservés dans la Collection de la Faculté de Nancy, et étiquetés Gyge branchialis. Parmi ces exemplaires, les uns, pro- venant de Naples, sont des G. branchialis incontestables, mais un autre, récolté à Arcachon par L. Cuénot en septembre 1902,' est identique aux spécimens que j’ai recueillis dans cette même localité ; c’est une femelle incubante portant son mâle et plusieurs stades cryptonisciens. L’étude comparée de ce matériel conduit sans aucun doute à une attribution spécifique distincte pour les exemplaires de 1. Probablement par Viaixanes, dont la récolte déterminée par Giard a figuré dans une liste, publiée dans le Bulletin de la Station zoologique d’ Arcachon en 1891, p. 30, et établie par E. Durègne. 2. Par Jules Bonnier. 3. Récolte faite par André Malard, alors Directeur du Laboratoire de Tatihou à Saint-Vaast la Hougue. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. Gyge provenant d’Arcachon, qui doivent donc prendre le nom de Gyge arcassonensis. Sans faire de cette espèce . nouvelle une longue description, il suffira, je pense, d’insister sur les différences qui l’opposent à G. branchialis et qui peuvent se ranger en deux catégories : — Les unes résultent de la persitance, et même de l’exagération, chez des exemplaires adultes de G. arcassonensis de caractères qui, chez G. branchialis, existent seulement chez les formes jeunes et disparaissent totalement à l’état adulte. Ce cont : chez les males Fig. 1. — Gyge arcassonensis n. sp. ; à gaucfie, mâle adulte face ventrale à droite et en haut, femelle jeune, face ventrale du pléon. A droite et en bas, femelle adulte, face ventrale du pléon. , de G. arcassonensis la présence de 5 paires de pléopodes uniramés, représentés par des appendices en « battants de cloches », bien déve- loppés et dont les dimensions vont en décroissant de la première à la cinquième paire [Fig. 1, à gauche). En outre, les $<$ des 2 exem- plaires que j’ai récoltés à Arcachon présentent une fourche caudale formée probablement par la persistance des uropodes, mais qui fait défaut chez le $ de l’exemplaire recueilli par L. Cuénot. Chez les femelles de G. arcassonensis, l’existence de pléopodes bien développés, nettement biramés., formés de lames allongées et pointues [Fig. 1, à droite]. Ce caractère existe bien chez les très jeunes femelles de G. branchialis [Voir Cornalia et Panceri, 1858, — 240 tabl. I, figs 24 et 25], mais disparaît chez les femelles adultes où les pléopodes sont réduits à une lame arrondie de forme très parti- culière [Voir J. Bonnier, 1900, pl. XXXIV, figs 2, 7, £$]. Les mêmes faits se retrouvent pour les uropodes, nettement biramés chez G. arcassonensis avec une rame ventrale généralement plus déve- loppée que la rame dorsale. - — Les autres correspondent à l’existence de caractères tout à fait particuliers à G. arcassonensis et ne se retrouvant à aucun stade chez G. branchialis. Les, plus importants sont ceux tirés de la forme des oostégites de la première paire. Ces pièces, qui présentent sou- vent chez les Epicarides de bons caractères spécifiques, sont formées de deux parties à peu près égales séparées, du côté externe, par un sillon profond [s, fig. 2 A et B] ; l’une, antérieure, est une sorte de poche plus gonflée vers l’arrière où elle forme une saillie, la crête externe [c, fig. 2 B] le long du sillon ; l’autre, postérieure, est aplatie Fie. 2. — A. Gyge branchialis, ^face externe du 1er oostégite droit. B, Gyge arcassonensis, face externe du 1er oostégite droit. en une lame présentant à l’arrière .un processus plus ou moins accusé. Ce processus, chez G. branchialis } e st particulièrement long, nettement détaché du reste de l’oostégite et son extrémité, arrondie, tend à se recourber; il est plus court, plus tronqué et se rattache à la région postérieure de l’oostégite par une base plus large chez G. arcassonensis. Mais surtout, tandis que la crête externe présente chez G. branchialis une lame très caractéristique [/, fig. 2 A] qui se rabat postérieurement sur le sillon qu’elle masque complètement, cette même crête, chez G. arcassonensis est dépourvue de lame mais se trouve couverte de gros tubercules spinuleux [c, fig. 2 B] ; le sillon demeure dans ce cas nettement visible. De plus, le bord antér rieur de l’oostégite, muni de prolongements piliformes chez G. arcas- sonensis, en est dépourvu chez G. branchialis. Enfin, la crête que présente ce même oostégite du côté interne porte des digitations renflées à l’extrémité chez G. arcassonensis tandis qu’elle présente de simples tubercules chez G. branchialis. — 241 Des différences moins importantes portent sur les maxillipèdes dont le bord antérieur, uni chez G. branchialis, est pourvu d’un processus .palpiforme et de quelques soies 'chez G. arcassonensis, et sur la forme lancéolée toute particulière des pléopodes du côté droit chez la Ç jeune de G, arcassonensis. Quant aux mâles de cette même espèce, outre la présence de pléo- podes développés, ils se distinguent de ceux de G. branchialis par de légères différences dans la forme générale du corp§ ; les segments du pléon sont plus larges tandis que la tête beaucoup plus courte a un aspect « aplatie ». Enfin les carènes médianes des sternites thora- ciques sont moins saillantes chez G. arcassonensis que chez G. bran- chialis1. • Je résume ci-après les principaùx caractères distinctifs entre ces deux espèces de Gyge >7 ' Gyge branchialis. | Gyge arcassonensis. ? Pléopodes nettement biramés, en lames allongées, pointues à l’apex et de forme lancéolée, chez les jeunes. Uropodes biramés, à rame dorsale plus ou moins réduite. Oostégites de la lre paire avec : crête externe couverte de tuber- cules spinuleux ; sillon découvert, crête interne pourvue de digita- tions. bord antérieur avec prolongements piliformes ; processus postérieur à base élargie, et de forme tronquée. S s Pléopodes absents ou rudimentaires 5 paires de pléopodes développés, * uniramés. Uropodes absents. Uropodes parfois développés for- mant une fourche caudale. Tête à contour semi-circulaire. Tête aplatie, beaucoup moins lon- gue que large. Les autres caractères sont sensiblement identiques chez ces deux 1. La figure et la description donnée par J. Bonnier, 1900, (p. 355 et pl. XXXIV, fig. 10 et 11) du <£ de G. branchialis , moins exacte sur ce point que la figure due à Cornalia et Panceri, 1858, tab. II, fig. 2, indiquent l’existence sur ces sternites de « tubercules sphériques », alors qu’il s’agit en réalité d’une carène dont la crête s’élève, au niveau dé certains segments, pour former une saillie plus ou moins prononcée. ? Pléopodes réduits à une lame ar- rondie. Uropodes uniramés. Oostégites de la lre paire avec : crête externe avec une lame recou- vrant le sillon ; crête interne pourvue de tuber- cules. bord antérieur uni ; processus postérieur allongé, à ex- trémité arrondie et recourbée. — 242 — espèces de Gyge. En particulier, il y a dans l’une comme dans l’autre un remarquable changement du pléon, qui allongé et subtriangulaire chez les^ÇÇ jeunes s’arrondit et se raccourcit considérablement chez les adultes. Le nombre des articles des antennes [3 pour a1} 4a pour a chez la Ç 3 pour ax et 5 pour a8 chez le <£\ semble constant et le même dans les deux espèces. Le <$ occupe généralement^aussi la même position sur la face ventrale du pléon de la Ç et l’axe de son corps perpendiculaire à celui de celle-ci. Mais un caractère biologique, qui semble particulier à Gyge arcassonensis et dont il faut souligner l’intérêt est l’abondance exceptionnelle des larves cryptonisciennes ou plus évoluées, fixées sur les exemplaires récoltés aussi bien par L. Cuénot que par moi- même. Ces larves se trouvent accrochées en différents points de la Ç, sur la face dorsale ou bien dans la cavité incubatrice parfois jusque sous les maxillipèdes. L’une des ÇÇ que j’ai récoltées en portait 15, dont beaucoup en voie d’évolution vers le stade mâle. Les tailles de ces larves, s’échelonnant de 0,75 mm. à 1,02 mm. sont toujours loin d’atteindre celle du mâle [long de 2,75, 2,86, 3,48 mm. dans les 3 exemplaires étudiés] et dont la présence semble inhiber le déve- loppement de toute larve cryptoniscienne susceptible de donner un second mâle. Les stades cryptonisciens proprement dits ont une longueur de 0,75 à 0,80 mm. pour une largeur maxima de 0,23 mm. Leurs carac- tères sont ceux des cryptonisciens de Bopyridae , qui sont assez uni- formes. Il n’y a à signaler comme particulière que la présence sur l’exopodite des uropodes d’une seule soie très longue, dépassant d’un tiers environ la longueur de l’uropode lui-même, et qui est entourée à sa base d’une couronne de soies beaucoup plus courtes. Dans les antennes, de 8 articles, le flagellum formé par les 4 articles terminaux est égal en longueur à l’ensemble des 4 premiers articles. Gyge arcassonensis une fois distinguée de Gyge branchialis, il était intéressant de rechercher la répartition géographique de ces deux espèces. En particulier, un certain nombre d’exemplaires de Gyge capturés sur les côtes françaises — au moins celles de l’Atlan- tiqùe — et primitivement attribués à G. branchialis doivent corres- pondre en réalité à G. arcassonensis. Malheureusement, à part l’exem- plaire récolté à Arcachon par L. Cuénot qui s’est ajouté à mes récoltes, je n’ai pu me procurer dans les diverses collections ou Labo- ratoires aucun autre spécimen français de Gyge. Tous les exem- plaires de la Collection Jules Bonnier, ceux de la Faculté de Nancy, proviennent de Naples et sont — à une exception près 1 — des ' t ~ * 1. Dans un tube de la collection J. Bonnier, étiqueté « Gyge branchialis — Naples, 1888 », , il y avait, à côté de plusieurs exemplaires de G. branchialis, un spécimen de — 243 branchialis typiques. Est également typique comme G. branchialis un exemplaire qu’a bien voulu me communiquer R.-Ph. Dollfus, qui l’avait récolté en août 1923 à Fedhala sur la côte atlantique du Maroc. Cette capture est doublement intéressante d’ailleurs : d’abord parce qu’elle a été faite au point le plus méridional où l’on ait jusqu’à présent récolté Gyge branchialis ; ensuite, parce que ce Bopyride n’a pas été trouvé sur son hôte habituel, mais sur Callianassa laticauda Otto. Ceci viendrait confirmer une ancienne observation de Fraisse [1878], contestée par Giard et Bonnier, et d’après laquelle Gyge branchialis pouvait se trouver en certains endroits du golfe de Naples, aussi bien sur des Callianasse que sur des Gébies. Pour Gyge arcassonensis, le seul hôte connu jusqu’à présent est YUpogebia stellata (Montagu) et l’on ne peut encore citer comme localité certaine pour cette nouvelle espèce que le Bassin d’Arcachon. Le genre Gyge ne comportait jusqu’ici que deux espèces : l’une Gyge branchialis bien connue et fort commune sur les Gébies de certains points de la Méditerranée [20 à 30 % des Gébies en sont infestées à Naples d’après Tucker (1930)]. L’autre, Gyge galatheae a été établie en 1868 par Bâte et Westwood pour un Bopyrien trouvé par le Rev. A.-M. Norman dans la cavité branchiale d’une Galathea squamifera Leach récoltée à l’île de Guernesey. Cette espèce, ne différant semble-t-il de G. branchialis que par la forme du dont les segments du pléon sont très élargis par rapport à ceux du thorax, n’a jamais été revue depuis ; elle ne peut servir en rien à préciser la définition et les limites du genre Gyge. Tel n’est pas le cas de Gyge arcassonensis , dont la connaissance conduit à changer complètement — comme je l’ai déjà indiqué — la définition du Genre. Cette définition, telle qu’elle a été donnée par Cornalia et Panceri en 1858 [p. 111] pourrait, exception faite de l’habitat sur les Gébies, s’appliquer à bon nombre de genres de Bopyriens actuel- lement connus. Jules Bonnier en 1900 a précisé dans son impor- tante étude de la famille des Bopyridae, au sujet de Gyge que « Ce genre est caractérisé dans le sexe femelle adulte par l’absence totale de lames pleurales au pléon et par des. pléopodes et des uropodes réduits à une seule rame. » Or, le second de ces deux caractères essentiels est inexact puisque, chez G. arcassonensis, qui appartient incontestablement au même genr,e que G. branchialis, pléopodes et uropodes sont nettement biramés chez les femelles incubantes. D’ailleurs, à y regarder de près, il apparaît nettement que l’état biramé des pléopodes, évident chez les femelles jeunes se manifeste encore chez les adultes de l’espèce Gyge branchialis elle-même. Chacun des pléopod’es se réduit bien, dans ce cas, à une lame arrondie G. arcassonensis. II paraît cependant peu probable que ce dernier provienne de Naples, et il est plus vraisemblable qu’il s’agit d’un exemplaire récolté sur les côtes françaises, et mélangé avec des échantillons de Naples. — 244 — ï unique en apparence mais formée de deux lobes situés de part et d’autre de l’insertion de cette lame sur le segment abdominal et correspondant l’un du côté interne l’autre du côté externe aux deux rames également réduites du pléopode. Quant au premier caractère « absence totale de lames pleurales », on le trouve chez plusieurs espèces du genre Pseudione Kossmann [Pseudione du groupe a de Nierstrasz et Brender a Brendis] dont les Gyge sont d’ailleurs très voisines par les autres caractères. Une seule différence importante permet de séparer le genre Gyge du genre Pseudione : c’est l’absence de scissures aux bords latéraux des somites thoraciques chez les espèces de Gyge actuellement con- nues, qui présentent des plaques coxales bien limitées et saillantes aux quatre premiers segments thoraciques libres. Laboratoire des Pêches et productions coloniales du Muséum. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1868. Bâte et Westwood. British Sessile Eyed Crustacea, t. II, London. 1900. Bonnier (Jules). Contribution à l’Etude des Epicarides : les Bopy- ridae. Trav. Station zool.Wimereux. Tome VIII. 1943. Càrayon (J.). Sur les Epicarides du Bassin d’Arcachon. 2e note» Bull. Soc. Zool. France, t. LXVIII, n° 2, p. 46, 47. 1858 Cornalia et Panceri. Osservazioni sopra un nuovo généré di Isopodo ( Gyge hranchialis) . Acad, reale. d. Sci. di. Torino, 2e série, t. XIX, pp. 85 à 118. Tav. I, IL 1927. Cuénot (Lucien). Sur la Faune du Bassin d’Arcachon. Bull. Station biol. d’Arcachon, t. 24, 1927, p. 286. 1878. Fraisse. Die Gattung Cryptoniscus Muller. Arb. aus d. Zool. Zootom. Institut in Wurzburg, Bd. IV. 1866. Heller (C. et P.). Carcinologische Beitrag z. Fauna der Adriat* Meeres. Verhandl. Zool. Bot. Gesellsch. Wien, t. XXVI, p. 749. 1905. Giard (A.). Sur la limite septentrionale d’habitat de Gyge bran- chialis C. et P. Feuilles jeunes Naturalistes, t. XXXVI, p. 12. 1923. Nierstrasz et Brender a Brandis. Die Isopoden der Siboga- Expedition. IL Isopoda genuina. I. Epicaridea. Siboga Expeditie XXXII b. (nouvelle définition du genre Pseudione, pp. 70 à 72). 1930. Tucker. Gyge branchialis. Efïects upon Ilote. Quarter. Journ. micr. Soc. London, t. 74, pp. 1-118. — 245 — Essai d'interprétation d'unê forme curieuse de Flabellum du Pliocène ancien de Dar bel Hamri (Maroc). Par J. Roger. Aux très abondants Mollusques de ce gisement 1 s’ajoutent quel- ques espèces d’Hexacoralliaires solitaires2. L’ensemble ^de la faune ainsi que l’aspect de la gangue indiquent un milieu passablement profond et un fond vaseux. Parmi les Coraux se trouvent de nom- breux exemplaires de Flabellum avicula (Michelotti) et d’une forme très bizarre du même genre, dont l’interprétation fait l’objet de la présente note. Après la description détaillée des exemplaires se rapportant à cette forme je montrerai qu’il s’agit probablement d’une déforma- tion gérontique géante de Fl. avicula. Description. — Récoltés à la base du gisement par Lecointre et par Halbwachs, je trouve deux exemplaires complets, 5 plus ou moins détériorés et d’assez nombreux fragments de ce Flabellum. Le calice a un contour sensiblement circulaire, légèrement allongé et échancré à l’une des extrémités du petit axe. Les dimensiosns sont : 51,5 mm sur 53 mm. pour l’un des exemplaires et 54 mm. sur 57 pour l’autre. La face inférieure présente exactement l’aspect d’un Flabellum qui se serait étalé au point de souder ses deux bords extrêmes, ce qui entraîne le reploiement de la moitié opposée du calice dans une dépression triangulaire; plus ou mains développée suivant les individus. La ligne de concrescence est parfois très nette, l’orifice triangulaire est relativement grand et la surface du disque reste plane sur presque toute son étendue, seuls les bords se replient légèrement vers le haut (pl. I, fig. 2), Dans ce cas le squelette est relativement minee. Chez d’autres les bords sont beaucoup plus complètement concrescents, l’orifice triangulaire est étroit, le squelette est épaissi, pesant et les bords du disque se replient forte- ment vers le haut presque à angle droit (pl. I, fig. 1). A la surface dm disque, qui n’a donc pas exactement la même signification que le calice des formes plates de Madréporaires ( Stephanotro.chus par exemple), on observe l’ornementation des Flabellum (pl. I, fig. 6, 8 ; pl. II, fig. 4, 6, 7), c’est -à-dire des côtes et des festons de croissance. Les premières sont peu saillantes et ne se voient bien que sur l’indi- 1. Lecointre et Roger. La faune de Dar bel Hamri (Maroc) est d’âge pliocène ancien. Bull. Muséum, 2e s., XV, p. 359-364. 2. Roger. Les Polypiers du gisement pliocène ancien de Dar bel Hamri (Maroc). Bull, du Muséum, 2e s., XVI, p. 477-481. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. — 246 — vidu jeune, par la suite elles sont remplacées par des plis en creux correspondant aux cloisons des premiers cycles. Les premiers stades montrent trois côtes sensiblement égales en général, chez les Fl.avicula du même gisement il y a le plus souvent deux côtes dominantes. Les sillons qui apparaissent en grand nombre ensuite (au moins une trentaine) sont sensiblement égaux entre eux et vont s’approfondis- sant par place, vers la fin de chaque stade de croissance. Un exem- plaire montre des dépressions arrondies prenant l’aspect de malléoles de grande taille. Les festons de croissance deviennent de plus en plus marqués vers la périphérie du disqûe, où ils persistent à peu près seuls. La face concave enfoncée dans L’orifice triangulaire n’a qu’une orne- mentation très atténuée. Certains exemplaires montrent les traces I II III IV Fig. I. — Directions des trois branches de l’étoile suivant laquelle se rassemblent les cloisons à la face supérieure. — I. Disposition normale. — II. Disposition légèrement perturbée. — - III et IV. Exemplaires montrant de fortes perforations de Gaslro- chaena (A). Remarquer la perturbation particulièrement forte en IV et les déviations que subit le trajet de la branche médiane en contact avec le perforant. d’Annélides commensales. Chez l’un d’eux (pl. I, fig. 1) on observe le sillon, de section quasi-circulaire, courant parallèlement à la péri- phérie du disque. Ainsi le Yer se trouvait sur la portion qui se relève vers le haut et occupait donc une position à peu près normale. Un autre exemplaire porte deux traces d’Annélide, parallèles et reliées par une anastomose, situées tout au centre du disque et s’enfonçant dans la dépression triangulaire. L’Annélide se trouvait ainsi entre le disque et le substratum, position peu favorable, ce qui l’a conduite à se déplacer. Ce serait là l’explication de l’existence de cette double trace. La face supérieure du disque est très importante à étudier (pl. II, fig. 1-3). On y distingue immédiatement un système de septa rayon- nants et un ensemble saillant de cloisons disposées suivant trois branches simulant vaguement une columelle. Parfois on observe au I II Fig. 2. — Quatre stades du développement, représentés schématiquement, vus par l’ouverure du calice (en haut des dessins) et en coupe suivant le plan de symérie AA’ (en bas des dessins) : I. Le polypier normal est couché sur une des faces du calice. II. L’accélération de croissance en direction de A amène l’étalement de la face correspondante et l’incurvation de la face opposée. . III. Le processus s’accentue, le renversement de la face concave s’esquisse (ligne en pointillé). > IV. Le renversement et la concrescence deviennent complets. Les parties corres-. pondant à chaque face du .calice primitif sont indiquées en trait plein pour la face convexe, en trait discontinu pour la face concave. La columelle divisée en deux est figurée en XX’. La pression s’exerçant en C’ combinée à la résistance suivant BA, provoque un refoulement du calice suivant les bissectrices BD et BD’, qui donnent la direction des branches latérales de l’étoile. tV — 248 — point de rencontre des trois branches, au centre du Polype, un orifice vaguement triangulaire, se rétrécissant en profondeur ,et disposé à peu près parallèlement à celui de la face inférieure. L’une des bran- ches correspond à l’échancrure du disque jusqu’à laquelle elle par- vient. Donc elle concorde avec la ligne de concrescence. Les deux autres branches n’atteignent pas les bords du disque. Les angles que font entre elles ces branches sont quelque peu variables (fig. 1). Le plus souvent les deux branches latérales s’écartent de 90°, tandis qu’elles font avec la branche médiane un angle de 135° chacune. Un autre exemplaire donne respectivement 95°, 125° et 140°. Gn observe sur un bon nombre d’exemplaires des perforations dues à Gastro- chaena dubia Pennant, dont un exemplaire a été trouvé en place, influençant le tracé des branches. L’origine de la perforation se place à droite de la branche médiane, dont le tracé devient ainsi sinueux. Il semble donc bien que la perforation a eu lieu pendant la vie du Madrépore, d’autant plus que les cloisons subissent un dérangement sensible. Il n’y a pas lieu de s’étonner du peu d’ampleur de la réaction du Flabellum, car la même chose s’observe, aussi bien pour les fossiles que pour les actuels 1, en présence d’Annélides parasites ou commensales. Chez un exemplaire une seconde perforation par Gastrochaena s’observe sur la branche latérale de droite, très près du centre. Dans ce cas les angles semblent avoir subi des perturba- tions que l’état fragmentaire des échantillons ne permet pas de mesurer. 1. Les exemplaires de Flabellum avicula, forme normale, du gisement montrent aussi des traces d’Annélides (voir pl. I, fig. 5 ; pl. IJ, fig. 5). Voir également L. Fage, 1937, sur l’association d’une Annélide Polychète Lumbriconereis flabellicola n. sp. et d’un Madrépore Flabellum pavoninum distinctum E. et H. Congr. lntern. Zool. XII, I.isboa, p. 941-945, 2 fig. > PLANCHE I Fig. 1. — Flabellum avicula, forme gérontique, vu par la face inférieure du calice. La trace d’une Annélide parasite s’observe nettement. Fif. 2. — Autre exemplaire montrant clairement la forme typique des premiers stades de croissance et l’ornementation caractéristique. Fig. 3. — Fragment do la même forme où on observe la superposition des deux sys- tèmes de cloisons. Fig. 4. — Fragment d’un Flabellum avicula, forme normale, qui à la suite du trauma- tisme du jeune s’est divisé en deux, l’une des divisions est conservée (à droite sur la figure) et porte même une perforation de Gastrochaena, l’autre (à gauche sur la figure) est brisée. v Fig. 5. — Calice d’une forme normale montrant une trace d’Annélide, qui par place a attaqué toute l’épaisseur de la paroi. Fig. 6. — Forme normale dont l’ornementation est à comparer à celle de la fig. 2. Fig. 7. — Système cloisonnaire de Fl. avicula, forme -normale. Fig. 8. — Forme normale de Fl. avicula montrant l’étalement des premiers stades du développement. Toutes les figures sont grandeur naturelle. — 249 — La disposition géométrique de cette face supérieure., qui traduit évidemment une disposition identique des parties molles, se com- prend aisément en supposant le reploiement progressif d’une des moitiés du calice d’un Flabellum normal, qui en même temps s’étale. Une série de schémas (fig. 2) représentant le Madrépore vu en plan, du côté de l’ouverture et des coupes passant par ce qui étaif le petit axe du calice (plan de symétrie .du disque adulte), montre clairement que la croissance de l’animal est perturbée, elle devient très rapide, pour l’une des moitiés du calice, ce qui engendre la forme concave et le renversement de la face opposée. C’est le même processus qui engendre la branche médiane de l’étoile où se trouvent rassemblées à peu près toutes les cloisons de la face concave. Ce refoulement Fîg. 3. — Schéma montrant les cloisons (D) d’une des branches latérales de l’étoile rabattues sur les cloisons normales (B)'. En C on voit l’une de ces cloisons prendre de la hauteur en dehors de la branche en question. En A la paroi du disque montrant l’épithèque. détermine dans la ligne qui le prolonge' et qui correspond précisé- ment à la direction de croissance maxima, un axe de résistance (AB) autour duquel le fond du Polypier reste plan. Au contraire suivant une direction à 90° par rapport à AB se produit une pression, résul- tant du raccourcissement qui apparaît très nettement si on porte sur le schéma le contour d’un Flabellum normal. Résistance sui- vant AB, pression suivant CB, donnent une résultante provoquant un refoulement suivant les bissectrices BD et BD’. C’est-à-dire qu’entre BD et BD’ nous avons un angle de 90° et respectivement entre ces deux directions et AB un angle de 135°. Remarquons pour terminer, que le contour du Flabellum discoïde donnerait, en le supposant déplié un calice normal de 10 cm. au moins de grand axe, alors que les Flabellum avicula du même gise- ment n’atteignent que 4 cm. au plus. Gravier 1 signale chez Caryo- phyllia clavus (Scacchi) un accroissement considérable de taille quand il se trouve libéré de son support. Il note en même temps que 1. Gravier. Madréporaires provenant des campagnes des yachts Princesse- Alice et Hirondelle II, Résultats campagnes scientifiques du Prince de Monaco, fac. LV, 1920. — 250 les individus d’un même dragage présentent de grosses différences imputables à de petites perturbations au cours du développement. Ces observations sont à rapprocher de celles que nous venons de faire. Analysons maintenant le système cloisonnaire. Il comprend deux parties : 1° celui de la région plane du disque ; 2° celui des branches de l’étoile. Les septa de la partie plane paraissent très nombreux, étant très minces, ils se brisent facilement, ce qui rend les différents cycles difficiles à discerner. On compte de 45 à 49 cloisons principales et encore deux cycles de petites cloisons intercalaires, ce qui donne un total de 7 cycles car ce disque ne correspond qu’à un peu plus de la moitié d’un calice normal, ainsi que le montrent les deux moitiés de la columelle que l’on peut observer de chaque côté de la branche médiane de l’étoile (pl. II, fig. 3). Les cloisons réunies suivant cette branche représentent celles de la face concave, à la partie inférieure elles prennent une direction sensiblement horizontale. Les cloisons des deux autres branches correspondent au refoulement et au ren- versement des cloisons du calice primitif. Un exemplaire brisé (fig. 3) montre clairement ces septa des branches latérales venant s’appuyer. sur les cloisons primitives, qui au-delà reprennent de la hauteur et donnent les cloisons de la partie plane du disque. Notons pour terminer que sur les faces des septa on observe les pustules fines plus ou moins bien alignées, exactement comparables à celles de Fl. avicula. Interprétation. ■ — Il apparaît donc indiscutable que ce Madrépore curieux réalise son développement individuel à partir d’une forme normale de Flabellum. Je considère même qu’il n’est que le repré- sentant de Flabellum avicula ayant subi des avatars au cours de leur croissance. Il s’agirait d’une forme gérontique, atteignant une PLANCHE II Fig. 1. Face supérieure de Fl. avicula, forme gérontique, même exemplaire que pl. I.fig.l. Fig. 2. — Le même exemplaire vu latéralement pour montrer le redressement des bords du calice vers le haut, et les deux systèmes superposés de septa. Certaines cloisons montrent la fine ornementation granuleuse. Fig. 3. — Forme gérontique vue par sa face supérieure de 3/4 et montrant une des moitiés de la columelle à la limite des deux systèmes de septa. Fig. 4. — Forme normale à calice, passablement large et fortement orné. Fig. 5. — Forme normale dont la columelle est bien visible et portant une profonde trace d’Annélide. Fig. 6. — Exemplaire de la forme normale où on observe le passage brusque d’une ornementation vigoureuse chez le jeune à une ornementation atténuée chez l’adulte. Fig. 7. — Exemplaire de la forme normale déformé à la suite d’un traumatisme chez le jeune. Toutes les figures sont grandeur naturelle. — 251 taille anormale et déformée. Cette interprétation est basée en pre- mier lieu sur les ressemblances morphologiques que j’ai soulignées au cours de la description. Elle se fonde en outre sur des observations dans la nature' actuelle : grande plasticité des Hexacoralliaires soli- taires, spécificité de l’association de .F labellum pavoninum distinction E. et H: et Lumbriconereis flabellicola Fage 1. Enfin des arguments paléontologiques sont à retenir. Le processus d’étalement n’est pas exceptionnel chez les Flabellum, il apparaît avec une ampleur crois- 1. Voir note infrapaginale 1, p. 248. — 252 — ïr santé chez les espèces suivantes (fig. 4) : Fl. extensum Michelin 1 2, Fl. manzoni Simonelli a, Fl. circulare Tenison-Wqods 3. Le pro cessus de reploiement d’une des faces du calice existe également chez -les Flabellum, en effet Fl. vaticani Ponzi 4, du Miocène et du Pliocène, de divers gisements italiens et du Miocène du Golfe San Jorge (Patagonie), indique nettement cette tendance, (fig. 5). Outre sa grande taille cette forme présente une face concave et des cloisons, qui vers les deux bords en voie de reploiement, prennent une direction horizontale, tous caractères qui s’exagèrent chez nos exemplaires. Les Flabellum du groupe avicula étaient fixés par un court pédon- cule pendant toute leur vie. La forme en question dans cette note reposait à l’état adulte sur le fond vaseux du gisement. Ce passage plus ou moins précoce à l’état libre aurait déclenché le processus de croissance exagérée et différentielle qui provoque le reploiement d’une des faces du calice. Cette façon de considérer l’aspect bizarre de notre Flabellum , comme un simple accomodat de Fl. avicula peut donner lieu à cri- tique. Notons cpmme arguments contraires : sa grande taille — le système de septa un peu plus complexe (7 cycles au lieu de 6) (pl. I, fig. 7), — l’absence d’individus intermédiaires dans le gisement et de cas identiques dans la nature actuelle. Les deux premiers caractères s’expliquent par la libération précoce de l’animal de son support (voir p. 249) et le gigantisme qui en résulte. Au sujet du troisième caractère remarquons que le gisement ne donne pas de jeunes de Fl. avicula normal. S’il s’agit d’un mécanisme individuel, à quel stade s’est-il déclenché ? Le moment du développement auquel le Madrépore s’est trouvé libéré de son substratum doit être variable suivant les individus, mais de toute façon il ne semble pas avoir été très précoce. En effet l’aspect typique du Flabellum s’observe sur une distance d’une douzaine de millimètres environ avec dispo- sition normale des cloisons. On peut aussi se demander quelle est ou quelles sont les causes des modifications observées. Le jeune Polypier est couché sur le côté, voilà la cause déterminante. Le processus que nous avons décrit ramène la bouche vers le haut, ce qui est sa posi- tion normale, il est aisé de comprendre que la forme comprimée du Flabellum est un obstacle à la réalisation du redressement par le procédé habituel de courbure en corne d’abondance. On peut aussi penser que les perforations par Gastrochaena ont favorisé la mise en œuvre du processus. 1. 1841. Iconogr. zoophvt., p. 46, pl. IX, fig. 14. 2. 1896. Pal. Italica, II) p. 192, pl. XXIII, fig. 17. 3. 1880. Palaeontologv New Zealand, IV, p. 12, fig. 7 et frontispice. 4. 1876. I fossili del M. Vaticano, p. 28, pl. III, fig. 16. — 253 — Résumé et conclusion. ■ — Des Flabellum avicula ne trouvant pas un substratum suffisamment ferme sur le fond vaseux tombent couchés sur le côté. L’intervention de Gastrochaena aidant, pour certains au moins, l’animal tend à reprendre sa position verticale. Fig. 5. — • Reploiement d’une moitié du calice dans le genre Flabellum (Fl. vcilicani ■ Ponzi). En A calice vu par sa face normale, en B vu par sa face concave. Remarquer la direction horizontale prise par les cloisons en C. La croissance différentielle rapide du bord inférieur du calice amorce le processus d’expansion latérale et de renversement du bord supé- rieur du calice. Il en résulte toutes les modifications que j’ai décrites. Tout cela étant décrit comme mécanisme actuel peut-il devenir processus héréditaire ? Manque de matériaux fossiles de régions différentes, manque d’observations dans la nature actuelle, il serait imprudent de répondre catégoriquement. Il est cependant curieux de 254 — voir réalisé en des points éloignés, pendant le Miocène et le Pliocène des formes de Flabellum étalées (Fl. circulare par ex.) ou à face con- cave (Fl. vaticani). Ces caractères se trouvent donc dans les « possi- bilités » du genre Flabellum. La question se pose de savoir si ce qui me paraît être réaction individuelle peut devenir caractère hérédi- taire. De toute façon il me semble que la recherche (Je l’explication d’une forme étonnante est plus fructueuse que sa description immé- diate comme espèce ou même genre nouveaux. Je laisserai donc à d’autres le soin de la nommer s’ils le jugent utile. Laboratoire de Paléontologie du Muséum. Le Gérant : Marc André. ». ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-1-1945 \ SOMMAIRE Pages Actes administratifs 203 M. Fontaine. La Chaire de Physiologie générale du Muséum national d’His- toire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 8 mai 1944) 204 Communications : P. Laurent. Observations biométriques sur le Minioptère de Schrcibers 223 M. André. Sur une nouvelle espèce portugaise d’Acarien appartenant au genre Thrombella (Thr. lusitanica n. sp.) 230 J.-M. Démangé. Quelques mots sur la mue de Lilhobius forficatus L. (Myria- podes Chilopodes) 235 J. Carayon. Sur un Epicaride français nouveau : Gyge arcassonensis n. sp., et sur la définition du genre Gyge 238 J. Roger. Essai d’interprétation d’une forme curiéuse de Flabellum du Plio- cène de Dar bel Hamri (Maroc) s 245 9 ÉDITIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve Archives du Muséum national d’Histoire naturelle (commencées en 1802 comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.). Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895). (Un vol. par an, 80 fr.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com- mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.). Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît depuis 1822 ; échange). Notulæ Systernalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.). Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr.. Etranger, 70 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange). Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A. Chevalier, Laboratoire d 'Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ; abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.). Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 fr.). Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur M. N., Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique). (Directeur^ MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençoh, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.). BULLETIN DU MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2® Série. — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM N° 5. — Juillet- Août-Septémbre 1944 MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, RUE CUVIER RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections «lu Muséum national d 'Histoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d'im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priés l’anatomie et wpour les spéculations philosophiques, produisit" des œuvres d’une haute originalité qui lui valurent une réputation considérable et les plus grands honneurs. Ses travaux portèrent principalement sur le système nerveux, envisagé du triple point de vue de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie, sur le développement embryogénique, sur la tératologie et sur les lois de l’organisation animale. - J Génie inductif par excellence, observateur et philosophe s’il en fut. « presque toujours seul avec sa pensée b1, demandant à son esprit non seulement la signification, mais plus encore le complément 1. Guérin. — 275 — de ce que ses sens lui avaient fait apercevoir, il n’employait guère le mot d’anatomie sans lui adjoindre les épithères de « générale et transcendante ». Il n’est que de relever les titres de ses mémoires : « De l’abstraction en anatomie, » « Théorie des formations et des déformations organiques », « Principes d’organogénie », etc., pour juger des tendances synthétiques de ce savant de grande classe. Une partie de son œuvre a quelque peu vieilli et se laisse maintenant lire difficilement • — les idées se démodent plus vite que les faits, — mais comment oublier qu’on lui doit la notion que l’organogénie équivaut à une anatomie comparée transitoire, alors que l’anatomie comparative correspond à une organogénie permanente, première approximation de la célèbre loi biogénétique fondamentale, qui a dominé le mouvement d’idées biologiques du xixe siècle. On lui doit, par ailleurs, des observations pénétrantes qui ont subi sans retouche l’épreuve du temps et ont servi de point de départ à de nombreuses et fécondes recherches. Ainsi dans un important ouvrage sur les lois de l’ostéogénie, couronné en 1820 par l’Institut à la suite d’un rapport très élogieux de Cuvier, il établit que, chez tous les Vertébrés, le système osseux est soumis à des règles de formation fixes et uniformes ■ — que, dans toutes les classes, les os homologues sont, formés du même nombre de pièces primitives — et que la grande variété qu’ifs présentent d’un groupe à l’autre reconnaît seulement, pour cause l’association différente des noyaux osseux élémentaires. Serres conserva intégralement, jusqu’à un âge avancé, son activité et ses forces intellectuelles. A 80 ans, il remplissait encore tous les devoirs de sa charge, venait chaque jour à son Laboratoire, ne manquait pas une Assemblée du Muséum, continuait' à faire un cours très vivant, agrémenté de pittoresques digressions. Il n’avait du vieillard que les années et aurait pu justifier le mot charmant de^Fontenelle qui, centenaire, s’excusait auprès d’une dame de ne pas ramasser avec assez de promptitude l’éventail qu’elle avait laissé^choir à terre en s’exclamant ; « Ah ! que n’ai- je encore mes 80 ans ! » Paul Gervàis occupa la chaire après Serres pendant 10 ans, de 1868 à ,1878. Il y avait fait ses premières armes, puis, ayant émigré vers les Facultés des Sciences, avait été successivement Professeur à Montpellier, puis à la Sorbonne. Elève de Blainville qu’il aida dans plusieurs de ses travaux et particulièrement dans la publication de son grand ouvrage d’ostéographie, il effectua de nombreuses recherches zoologiques sur les groupes les plus variés. Mais c’est l’étude des Vertébrés fossiles, et tout spécialement des Mammifères tertiaires de France et d’Amérique du Sud, qui constitue l’essentiel de son œuvre. Gervais fut, avant tout, un zoologiste et un paléon- tologiste.-Il ne s’intéressa guère à l’anatomie que dans la mesure — 276 — où elle permet de comprendre les organismes fossiles, aussi l’ostéo- logie le retint-elle presque exclusivement. On lui doit un certain nombre d’ouvrages généraux parmi lesquels des Eléments de Zoologie, une Zoologie médicale, une Histoire naturelle des Mammifères, une Zoologie et Paléontologie française, une Zoologie et Paléon- tologie générale, qui attestent sa féconde activité. Sans avoir autant de personnalité que ses devanciers, il fut un grand travailleur et le consciencieux continuateur de Cuvier et de Blainville. Georges Pouchet, qui lui succéda, fut une des figures les plus originales de son époque. Né en 1833, il était fils de Félix Archimède Pouchet, lui-même savant d’une indéniable valeur, bien que son nom soit pour jamais attaché à sa controverse malheureuse avec Pasteur. De très bonne heure, Georges Pouchet donna des preuves éclatantes de son esprit d’initiative et de sa puissante activité intellectuelle. Avant même d’avoir terminé ses études de médecine, il était parti en missiop à la recherche des sources du Nil ; il avait publié un ouvrage sur la Pluralité des races humaines , rédigé un Précis d’ Histologie, le premier publié en France, découvert à Saint- Acheul la première hache préhistorique, Il ouvrit ensuite à ses frais, rue des Poitevins, puis rue du Jardinet, un Laboratoire >d’ Histologie, qui acquit vite une enviable notoriété. A 32 ans, il entra au Muséum comme aide-naturaliste d’Anatomie comparée, en remplacement de Gratiolet. Du fait de l’indépendance parfois excessive de son caractère, il ne s’accorda guère avec son chef de service, Serres, et moins encore avec le successeur de celui-ci, Paul Gervais. Leurs relations devinrent vite fort tendues. La révocation de Pouchet, plusieurs fois envisagée, fut décidée à la suite d’un article que celui-ci avait fait paraître dans Y Avenir National 1 et où il critiquait sans ménagement certains projets gouvernementaux relatifs au Muséum. Charles Robin recueillit l’aide-naturaliste destitué et complètement dénué de ressources, lui donnant la direc- tion du Laboratoire d’Histologie zoologique de l’Ecole des Hautes- Etudes. Mais la personnalité de Pouchet ne pouvait rester longtemps dans la pénombre. En 1875, il fut appelé à suppléer Paul Bert à la Sorbonne.. En 1879, les Professeurs du Muséum le désignaient pour succéder à Paul Gervais : il rentrait ainsi en maître dans le service d’où il avait été chassé 10 ans auparavant. Il le dirigea pendant quinze années, donnant les preuves d’une activité peu commune. Il mena de front avec ses obligations pro- fessorales, qu’il accomplit toujours de la façon la plus consciencieuse, de nombreuses missions lointaines tant aux Açores qu’en Norvège, au Spitzberg ou en Amérique du Nord, et des recherches originales 1. 18 mars 1869. portant sur les animaux les plus divers, des Protozoaires aux Cétacés, avec une évidente prédilection pour ces deux groupes extrêmes. Dans le cours de sa vie scientifique, Pouchet a cultivé tour à tour l’anatomie comparée, l’histologie qu’il introduisit au Muséum, l’embryologie, la physiologie, la tératologie. Certes on peut regretter que son activité débordante, son exubérance de force et de santé aient un peu trop multiplié les buts qu’il a poursuivis et que « la diversité des questions dont il a abordé l’étude ne lui ait pas toujours permis de tirer de ses conceptions tous les fruits qu’elles pouvaient porter. » 1 On ne lui doit pas moins des travaux de premier ordre et une ample moisson de notions nouvelles. Ses investigations sur les Péridiniens, dont il fut le premier à préciser la nature, l’amenèrent à dévouvrir des modes de multiplication jusqu’alors insoupçonnés. Son admirable analyse de l’influence des nerfs sur les changements de coloration des Poissons met harmo- nieusement à contribution toutes des ressources dont disposait la biologie de l’époque. En établissant que ces changements résultent d’une action réflexe dont les yeux sont le point de départ, et que la cécité supprime la fonction chromatique, en déterminant les voies par lesquelles les impressions rétiniennes régissent les mouvements des cellules pigmentées, Pouchet ouvrait un chapitre nouveau de l’histoire du système nerveux. Plus tard, avec son élève Chabry, il aborda brillamment la morphogénie expérimentale, démontrant de façon saisissante l’influence du chimisme du milieu sur la forme des êtres vivants : les embryons d’Oursins, contraints de se déve- lopper dans de l’eau de mer dépourvue de sels de chaux n’élaborent plus de spiculés et leur morphologie s’altère profondément : de véri- tables monstres chimiques sont ainsi créés. Pouchet apporta la même activité féconde à accroître les col- lections du Laboratoire. L’intérêt qu’il portait aux Cétacés lui avait inspiré le projet de consacrer à ces créatures géantes, dont il avait recueilli de superbes spécimens, un bâtiment d’exposition spécial. Ce « cetaceum » aurait été unique au monde, mais des considérations pratiques, s’ajoutant à certaines mauvaises volontés, en empê- chèrent la réalisation. Causeur apprécié, homme du monde aimable et spirituel, Pouchet fut en relations suivies avec l’élite intellectuelle de Paris, en parti- culier avec de nombreux littérateurs : les Goncourt lui ont donné place dans leur Journal et Flaubert tenait de lui une partie des niaiseries qui illustrent l’ignorance de Bouvart et Pécuchet. Positiviste convaincu, il avait pour les hypothèses une répu- grance invincible. A l’opposé de Serres, envers lequel il fut fort sévère 2, il n’appréciait guère l’anatomie philosophique ni « les 1. Cf. A. Pettit. 2. Pouchet, Leçon inaugurale. 278 — spéculations où s’égarent parfois les esprits les plus distingués et sur lesquelles on a écrit des volumes dont le sort est de finir oubliés sur les rayons des bibliothèque ». Nul esprit n’était moins dogma- tique que le sien. Prudent dans ses affirmations, discret dans ses négations, « à quoi bon discuter les croyances, disait-il, puisque nous ne sommes déjà pas d’accord sur les scepticismes, personne de nous ne faisant ses zéros de la même façon ». Son tempérament de lutteur, la conviction et l’emportement qu’il apportait dans les discussions faisaient de lui un adversaire redoutable S’il ne fut pas toujours exempt d’une certaine rudesse dans ses rapports avec ses collègues et ses subordonnés, son amour passionné de la justice et de la vérité, sa loyauté et sa franchise absolues lui valurent les plus fidèles amitiés. Poüchet fut remplacé par Henri Fi'lhol. D’origine toulousaine, né en 1843, celui-ci fut, comme Gervais, conduit à l’Anatomie comparée par la Paléontologie. A peine âgé de 20 ans, il inaugurait la série de ses publications par une communication sur l’âge de la pierre dans l’Ariège. Venu à Paris pour faire ses études de médecine, il fréquenta assidûment le Muséum où il fut élève des deux Milne- Edwards. Après avoir mené à bien une thèse de sciences consacrée aux Mammifères des phosphorites du Quercy qui fut très remar- quée, il partit aux antipodes comme naturaliste attaché à la mission astronomique de l’île Campbell. Sur cet îlot désolé, couvert de brouillard et battu par les tempêtes, il se dépensa avec un zèle infatigable dans les conditions matérielles les plus pénibles et rapporta de son voyage d’admirables collections qui enrichirent grandement notre établissement. Aussitôt revenu, il reprit active- ment ses belles études sur les Mammifères fossiles de France. Nommé Professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, il n’hésita pas à résigner ses fonctions pour se rapprocher du Muséum, acceptant pendant près de dix ans une situation des plus, modestes. A la mort de Pouchet un vote unanime de l’Assemblée lui confia la chaire d’ Anatomie comparée. Filhol en prenait possession à un moment particulièrement difficile : la Muséologie de cet important service était complètement à réorganiser. Un Palais nouveau allait rem- placer les anciennes galeries qui depuis longtemps tombaient en ruine. Fondées par Cuvier un siècle auparavant et installées dès le début dans un local peu approprié, les collections n’avaient pu dans la suite, se développer dans un cadre digne d’elles. Sous l’ac- tion des injures du temps, bien des pièces étaient devenues inutili- sables. C’était une besogne écrasante que de reconstituer avec de tels matériaux un Musée qui devait être au moins l’égal' des plus illustres de l’Europe. Il fallait présenter, de manière à les rendre démonstratives et explicatives, toutes les parties disjointes du corps des animaux. Il fallait s’efforcer de rendre attrayants pour les yeux, sans rien leur faire perdre de leur valeur instructive, les os blanchis des squelettes et les viscères si facilement sordides ou macabres. Filhol entreprit cette tâche avec un tel courage et un tel dévoue- ment que la réussite dépassa les espérances. Dès les premiers jours de son professorat, il se mit à l’œuvre, n’hésitant pas à interrompre tous ses travaux scientifiques personnels pour diriger lui-même la préparation matérielle des collections et leur installation méthodique. Le succès couronna ses efforts. Les anatomistes de tous pays qui ont visité les nouvelles Galeries ont été unanimes à leur rendre hommage, admirant le classement et la qualité des collections autant que les procédés utilisés pour leur présentation. Les préparations de splanch- nologie en particulier méritent être considérées comme des modèles. Les visiteurs actuels peuvent encore juger de l’œuvre de Filhol : les Galeries sont, en effet, restées presque exactement telles qq’elles étaient à la mort de leur créateur. Celui-ci pensait sans cesse à elles, rêvant de les mettre hors de pair, comptant sur un long avenir pour les perfectionner en y dépensant sans ménagement des forces qui commençaient à le trahir. Mais -le surmenage qu’il s’était imposé lui fut fatal et le fit mourir prématurément en 1902, regretté de tous ceux qui avaient été appelés à l’approcher. Quelque absorbé qu’il fût par la remise en état des collections de son service, Filhol ne négligea en rien l’activité scientifique du Labo- ratoire. Il sut conserver auprès de lui les meilleurs collaborateurs de son prédécesseur. Il rétablit le département d’ Histologie comparée, créé par Pouchet, mais supprimé à sa mort, qui sous la direction d’Auguste Pettit, plus tard chef de service à l’Institut Pasteur et secrétaire général de la Société de Biologie, attirait de très nombreux élèves et fut pendant un temps le centre de recherches histologiques le plus actif de notre pays. Filhol laissait en mourant la chaire d’ Anatomie comparée en pleine prospérité, riche d’un siècle ininterrompu du plus fécond labeur et des plus glorieuses découvertes, dotée d’un Laboratoire parfaitement équipé et de splendides collections. " Il était légitime de penser que cette prospérité allait encore s’accroître du fait de la nomination comme titulaire d’une person- nalité telle qu’Edmond Perrier, doué de l’intelligence la plus vive et jouissant par ailleurs de beaucoup d’influence et de prestige. Il n’en fut malheureusement rien. Les hautes fonctions de Directeur du Muséum sont exceptionnellement absorbantes et lourdes : Perrier, qui les exerçait dans le même temps, dut leur consacrer le meilleur de lui-même et leur sacrifier à peu près complètement son Laboratoire. Edmond Perrier, né à Tulle en 1844, manifesta dès son jeune — 280 âge les plus heureux dons intellectuels. Brillant élève de l’Ecole normale, il n’avait que 24 ans quand il fut appelé au Muséum comme aide-naturaliste par Lacaze-Duthiers. Nommé Professeur de Mala- cologie à 30 ans, membre de l’Institut à 48, il devint Directeur de notre établissement à 56 ans. Lorsque le décès prématuré de’Filhol rendit la chaire d’ Anatomie comparée vacante, Perrier désira s’asseoir dans le fauteuil de Cuvier. Comme l’avaient fait Blainville, puis Serres, il demanda à permuter : ayant eu satisfaction, il occupa cette nouvelle 'chaire de 1903 jusqu’à sa mort, en 1921. Un tel transfert n’avait rien qui pût choquer. Perrier ne s’était pas seulement montré un zoologiste éminent, il avait fait œuvre d’anatomiste. Il était l’auteur d’études excellentes sur les organes segmentaires, le système stomato- gas- trique et l’appareil circulatoire des Vers de terre, et de découvertes de première importance relatives à la structure et au développe- ment des Echinodermes. Il avait également abordé la morphologie comparée. Adepte enthousiaste des théories évolutionnistes qu’il contribua plus que quiconque à répandre en France, il consacra un important ouvrage : Les colonies animales et la formation des organismes, à la recherche du mécanisme élémentaire grâce auquel les formes vivantes les plus simples ont pu graduellement se compliquer. Il tenta d’établir que les animaux supérieurs ne sont autre chose que des associations, des colonies, d’êtres plus simples diversement groupés. Sa démons- tration, partant des Polypes ramifiés, passait par les Vers annelés, où les individus constituants se disposent en une série linéaire, et se poursuivait jusqu’aux Vertébrés. Ces idées firent grand bruit à l’époque et suscitèrent de vives discussions. Perrier enfin, avait attaché son nom à la tachygenèse, répétition accélérée, au cours du développement embryogénique des individus, des étapes succes- sives parcourues par les ancêtres dans l’évolution phylogénique — notion capable d’éclairer certains des problèmes embryologiques les plus complexes. Une fois en 'possession de la chaire de Cuvier, les circonstances, aussi bien que l’évolution de son esprit, amenèrent malheureusement Perrier à délaisser progressivement la Science dont il était devenu le grand-prêtre. Pendant les 18 années où il présida aux destinées de la « Petite Roquette », surnom aimable que Maurice Maindron avait décerné au Laboratoire du fait de son extérieur un peu sévère, c’est comme directeur du Muséum qu’il convient de le considérer et de le louer. La mort d’Alphonse Milne-Edwards, auquel il avait succédé en 1900, lui avait offert un vaste champ d’activité : il s’y dépensa largement. Il lui fallut d’abord défendre l’indépendance du Muséum que l’Université de Paris cherchait à annexer et l’existence même du Jardin des Plantes qu’il fut un moment question d’exiler — 281 sur le plateau de la Défense à Gravelles, afin d’élever sur son empla- cement un Palais des expositions agricoles. Après avoir écarté ces graves menaces, il parvint à obtenir une partie des ressources néces- saires à la vie du Muséum en faisant reconnaître par le Parlement son autonomie financière et en fondant la Société des Amis du Muséum, dont l’action fut précieuse. Il eut par ailleurs le mérite de contribuer à orienter vers les colonies l’activité de notre établisse- ment. Les succès qu’il obtint au cours de son Directorat furent dus en grande partie aux relations personnelles que lui avaient assurées dans tous les milieux sa vive intelligence, son affabilité et l’autorité de son renom. Peu d’hommes occupèrent une aussi grande place dans le monde scientifique du début du xxe siècle. Tous les honneurs vinrent à lui : membre de l’Académie des Sciences, de l’Académie de Médecine, vice-président de la Société de Géographie. Président de la Caisse de la Recherche scientifique, de la Section biologique de l’Ecole des Hautes-Etudes, membre d’innombrables commissions : il suffisait à tout, allait assidûment partout, sans lassitude et avec joie. Sans force pour élaguer les tâches adventices, il ne savait résister à aucune sollicitation amicale : préfaces, articles de revues ou de journaux, conférences, distributions de prix, réunions variées, banquets, soirées mondaines, rien ne le rebutait, « il était toujours prêt à accepter » h Comment dans ces conditions s’étonner qu’il ait quelque peu déserté son Laboratoire et laissé une lourde tâche à ses succes- seurs ? Mais comment aussi ne pas déplorer cet abandon et ne pas regretter la perte pour l’anatomie d’une pareille activité et d’aussi 'grands dons ? Raoul Anthony, mon prédécesseur imiûédiat, était fort différent d’Edmond Perrier. Breton, né en 1874 à Châteaulin, il se destina d’abord au service de Santé militaire. Elève de l’Ecole de Lyon, il prit le goût de l’Anatomie auprès du Professeur Testut. Venu à Paris terminer une thèse sur le sternum des Mammifères, il fréquenta assidûment le Laboratoire d’Anatomie comparée, s’y plut et chercha à s’y fixer. La mort de Filhol lui facilita les choses : sur la recom- mandation du physiologiste Marey, Perrier, désireux d’introduire des hommes nouveaux dans le personnel de son service, choisit le jeune médecin militaire comme assistant. Anthony ne devait plus, dès lors, quitter le Muséum : il y fut nommé Sous-directeur en 1911 et Professeur en 1921, à la mort de Perrier. L’homme était caractérisé par l’indépendance de sa pensée et par la puissante énergie qu’il mettait à défendre les gens et les causes qu’il avait adoptés. Dans un portrait inoubliable 2, il a été dépeint 1. Remy Perrier. 2. Cf. Revue Universelle. — 282 par René Benjamin comme le type du savant qui a su rester libre. Volontiers combattif, ce rude lutteur suivait son chemin en dépit de tous les obstacles. Il a mené contre la Sorbonne, qu’il estimait trop envahissante, une polémique qui est encore dans toutes les mémoires1. Sa- vaste culture, la curiosité de son esprit, l’ont souvent entraîné loin de l’anatomie, dans des domaines où d’ordinaire les natura- listes ne pénètrent guère. Attiré vers les disciplines philosophiques, il s’est particulièrement intéressé aüx théories de Hobbes et a donné une excellente traduction du Léviathan. L’étude des crânes de la famille royale de Navarre l’a conduit à entreprendre une série de travaux d’érudition sur l’histoire du Moyen-Age et de la Renais- sance dans la région pyrénéenne^ Il a consacré à l’anthropologie une part capitale de son activité. Introduit par Manouvrier dans l’Ecole fondée par Broca, il en devint vite le principal animateur : il s’y dévoua jusqu’à sa mort, occupa pendant plus de 25 ans la chaire d’anthropologie anatomique, réta- blie à son intention. Anthony fut un grand travailleur. Son œuvre, considérable, comprend près de 300 notes ou mémoires. Ses recherches sur le cerveau y tiennent une place prépondérante et sont devenues clas- siques. Anthony a étudié cet organe chez les Mammifères variés, mais surtout chez. les Singes ; la connaissance de ceux-ci, lui a donné la clef des particularités de l’encéphale humain. Avant que ses travaux aient éclairé la question, les circonvolutions cérébrales de l’Homme et des Singes paraissaient si spéciales que l’on pouvait croire que l’évolution de l’encéphale avait, chez les Primates, suivi une marche à part. Au cours de recherches échelonnées sur de nom- breuses années, Anthony a prouvé qu’il n’en était rien ; il a pu mettre en évidence en effet, des transitions graduées entre les dis- positions réalisées chez notre espèce et celles que présentent le reste des Mammifères. Il a montré par exemple, que l’operculisation du territoire central, qui atteint chez nous son degré maximum, peut être suivie dans toutes ses phases chez les Singes supérieurs. Anthony fut amené à étendre ses recherches aux hommes fossiles. Avant lui, nous ne possédions aucune donnée précise sur la morphologie cérébrale de nos lointains ancêtres. En collaboration avec Boule, il a publié une remarquable étude de l’homme de la Chapelle-aux-Saints, complétée deux ans après par celle de homme de la Quina. Il a pu établir, par l’examen approfondi des moulages endocrâniens, que le cerveau des Moustériens présentait un mélange suggestif de caractères typiquement humains avec d’autres évoquant les Singes Anthropoïdes. « L’encéphale de l’Homme de la Chapèlle- aux-Saints, a-t-il conclu, est déjà un encéphale humain par l’abon- 1. Cf. « Pour la défense de notre culture intellectuelle. » 283 — dance de sa matière cérébrale, mais cette paatière manque encore de l’organisation supérieure qui caractérise les hommes actuels ». La forme des circonvolutions n’est qu’un des problèmes de neuro- logie comparée auxquels s’est attaché Raoul Anthony. Les rapports entre le poids du cerveau et le développement de l’intelligence l’ont aussi beaucoup préoccupé. Il s’est efforcé d’améliorer les indices classiques de valeur cérébrale proposés par Dubois et par Lapicque. Quelques années avant sa mort, il suggérait de remplacer le poids de l’encéphale par la surface de section du corps calleux et de substi- tuer à la valeur très variable qu’est le poids du corps la surface de section du'bulbe. A l’aide de ces innovations heureuses, il parvint à apprécier le développement cérébral d’une manière beaucoup plus précise que ce n’avait été fait avant lui et à établir, à ce point de vue, entre les diverses espèces animales, une hiérarchie satis- faisante. Lamarckien convaincu, Anthony ne pouvait négliger la mor- phogénie expérimentale, scie.nce d’une immense portée/’ capable mieux qu’aucune autre de nous éclairer sur les facteurs qui condi- tionnent l’évolutioni Au cours d’expériences qui eurent un grand retentissement, il a mis en lumière le rôle important joué par la mastication dans la morphologie crânienne. En arrêtant, par exemple dès la naissance chez un jeune chien, le développement de la denture', on provoque un allongement craniofacial avec rétrécisse- ment et surbaissement du crâne un recourbement inférieur des maxillaires, une régression de l’arcade zygomatique - — - tous carac- tères que présentent les animaux naturellement édentés, tels que les Fourmiliers. Il ne saurait être question ici de vous indiquer tous les sujets dont Anthony a abordé l’étude. Du moins ne puis- je passer sous silence les recherches sur la dentition comparée des Mammifères, qui l’ont beaucoup retenu dans la dernière période de sa vie et auxquelles il attachait une particulière importance. On admettait très généralement, avant elles, que la molaire originelle des Mammi- fères est « trituberculaire », c’est-à-dire formée de trois tubercules disposés en triangle. Anthony a vivement combattu cette théorie : il lui a substitué une conception « multituberculaire », d’après laquelle la dent mammalienne initiale porterait plusieurs rangées longitudinales de tubercules, la forme trituberculaire devant être con- sidérée comme régressive. Cette thèse, quelque peu révolutionnaire, a suscité de vives controverses, tant en Franco qu’à l’étranger. Il est encore un peu tôt pour juger de sa valeur réelle. Mais la place capitale qu’occupe l’étude des dents dans l’identification et la classi- fication des Mammifères actuels et fossiles donne toute leur portée aux recherches d’ANTHONY qui n’en espérait rien moins qu’une rénovation complète de la paléontologie mammalienne. Anthony ne limitait pas la science qu’il cultivait à la seule découverte des faits, simples matériaux, mais cherchait en toute circonstance à' s’élever jusqu’à la synthèse. Son œuvre, dont je n’ai pu donner qu’un insuffisant aperçu, fait honneur à la science fran- çaise. Elle dépasse d’ailleurs les mémoires qu’il a publiés ; elle s’étend aux nombreux élèves qu’il a formés : ceux-ci ont accompli sous sa direction des travaux de haute valeur et plusieurs sont à l’heure actuelle titulaires de chaires à l’étranger. Arrivé au terme de ce rapide historique, je m’en voudrais de ne pas ajouter que les Maîtres, dont je viens de retracer trop brièvement la vie, eurent souvent à leurs côtés des hommes d’un rare mérite. Comment ne pas évoquer par exemple l’excellent Laurillard, le plus intime et le plus dévoué des collaborateurs de Cuvier, dessina- teur remarquable, devenu un paléontologiste accompli — ou Pierre Gratiolet, élève et suppléant de Blainville, auteur de travaux sur le cerveau qui comptent parmi les plus mémorables qu’ait produit l’anatomie au xixe siècle : deux fois candidat à la chaire, il fut deux fois évincé' par des concurrents dont la valeur, quelque grande qu’elle fût, ne surpassait cependant pas la sienne. Qu’il me soit, en outre, parmis de citer un contemporain en la personne d’Henri Neuville. Je n’ai pas ici à souligner la haute qualité de son œuvre personnelle qui est encore loin d’être achevée, mais je suis heureux de rendre hommage à ce grand serviteur du Muséum qui se dépensa sans compter auprès de Filhol pour organiser les galeries d’ Anatomie, qui contribua pour la plus large part à la sauvegarde des collections au cours des vicissitudes de ces 40 dernières années, en même temps qu’à l’exécution des belles 'préparations splanchnologiques qui en sont un des principaux ornements. Maintenant que nous connaissons dans ses grandes lignes le passé de la Chaire, regardons vers son avenir. Excusez-moi si je suis très bref, mais en cette matière les paroles ne comptent guère : seuls valent les actes. De temps à autre, on entend proclamer la fin de l’anatomie, science morte, vieux tronc dépourvu de toute sève, et ces propos pessimistes trouvent parfois des oreilles complaisantes. Fait rassurant, ils sont loin d’être nouveaux. Déjà, au xvue siècle, certains esprits chagrins estimaient qu’il n’y avait plus rien à découvrir en anatomie : celle-ci n’en a pas moins fait son chemin depuis. L’anatomie épuisée ! mais elle n’a encore vécu que les premiers temps de son histoire... Non seulement la véritable anatomie scientifique, l’anatomie causale, n’a jusqu’alors guère pu être abordée, mais l’anatomie comparée est encore à un stade rudimentaire, l’anatomie'descriptive elle-même est très incomplètement connue : rien qu’en ce qui concerne cette — 285 dernière, le domaine à explorer reste immense et de longtemps les travailleurs ne manqueront pas de sujets de recherche. Au cours de ces dernières dizaines d’années, il est vrai, le champ d’activité de la Chaire s’est singulièremént amenuisé, au point de se réduire à l’étude du squelette et de l’encéphale dans la seule classe des Mammifères. Lutter 'contre ce rétrécissement regrettable • — ne délaisser aucun groupe zoologique, aucun appareil ou organe important - — pour- suivre les observations jusque dans l’intimité des tissus et ressusciter l’Histologie comparée brillamment inaugurée au Muséum par Pouchet et son école, mais bien abandonnée depuis — étudier paral- lèlement la morphologie et la biologie et s’efforcer de les éclairer l’une par l’autre — aborder résolument l’anatomie causale à l’aide des récentes découvertes de ‘l’embryologie expérimentale, de l’endo- crinologie et de la génétique — tels sont quelques-uns des moyens propres à rendre la science anatomique vivante et féconde et à assu- rer à la Chaire un avenir digne de son passé. Programme certes ambitieux et surpassant les forces d’un seul homme. « Pour cultiver l’anatomie comparée », me disait un jour le Dr Rochon-Duvigneaud, « il faudrait un avoir cerveau deux fois plus gros que la normale ». Cuvier possédait un' tel organe. Je ne suis pas aussi avantageusement doué ; du moins, décidé à me dévouer, sans réserve à ma tâche, aidé, je l’espère, dans le futur, par des collaborateurs choisis, je servirai de mon mieux le Muséum et la science française. Auparavant, un devoir plus ingrat- va me retenir. J’hérite, en effet, d’une situation matérielle désastreuse. Par suite d’une insuffi- sance prolongée des crédits, les collections d’étude du Laboratoire sont dans une condition presque tragique. Les pièces, ostéologiques, par exemple, qui en représentent la partie la plus importante, et dont beaucoup sont fort précieuses, se trouvent éparpillées aux quatre coins du Jardin, ou entassées sans ordre dans des sous-sols malsains, faute de place où elles puissent être décemment logées, faute de meubles appropriés où elles puissent être classées et protégées : elles se détériorent gravement et sont plus ou moins inaccessibles aux travailleurs — état de choses déshonorant auquel il me faut à tout prix remédier. J’ai l’heureuse fortune d’avoir les Collègues les plus amicalement compréhensifs, un Directeur dont j’admire profondément l’activité, l’intelligence, le dévouement sans limite à de hautes et très lourdes fonctions. Je ne doute, pas, avec leur appui, de parvenir à éveiller l’intérêt des pouvoirs publics envers la Chaire qui m’est confiée, Chaire unique en France et peut-on même dire dans le monde, Chaire destinée. à jouer un rôle de premier plan dans la vie intellectuelle de notre pays, et à constituer un centre d’attraction pour les savants étrangers, mais qui a grand besoin d’être rajeunie, d’être rééquipée, et qu’il y a urgence à secourir efficacement. . 12 mai 1944. PRINCIPAUX DOCUMENTS UTILISÉS Première période. — Le Muséum d’Histoire Naturelle, par P. A. Gap (in-8°, Curmer, 1854). Recherches sur les origines de l’enseignement de l’anatomie humaine et de l’anthropologie au Jardin des Plantes, par E.-T. Hamy, ( Nouv . Arch. Muséum, 3e série, 7, 1895). Eloge de du Verney, par Fontenelle. Eloge de M. le baron A. Portal, par Pariset ( Mém . Acad. roy. Médecine, 1834). Cuvier (G.). Discours prononcés à ses funérailles par Arago, Geoffroy, Saint-Hilaire, Pariset. _ Biographie, par Von Baer (Ann. Sc. Nat. Zool., 9e s., 1908). Notice historique, par Duvernoy (1833). Eloges, par Laurillard (1833), Pariset, Pasquier. Discours prononcés aux fêtes du centenaire de Cuvier par A. Mayer et R. Anthony (Montbéliard, 1933). Histoire des travaux de Cuvier, par Flourens. Lettres de G. Cuvier à C. M. Pfaff ( in-16° , Masson, 1858). Mémoires sur le baron Cuvier, par Mrs Lee (1833). Notes intimes sur Georges Cuvier, rédigées par le Dr Quoy" (Paris, 1906). Cuvier et la Science de la Nature, par Roule, (Paris, Flammarion.) Cuvier et la chaire d’Anatomie comparée du Muséum, par R. Anthony (Arch. Muséum, 6e série, IX, 1932). Blainville (H. D. de). Discours prononcés à ses funérailles par Chevreul. Auguste Comte, G. Prévost. Eloges, par Flourens (1854), Béclard (1863). Notice historique, par Nicard (1850). La philosophie de D. de Blainville, par H. Gouhier (Rev. philoso- phique, 1941). - Duvernoy (L.-G.). Notice, par Focillon (1855). v Serres (A.). Discours prononcé à scs funérailles par J. Guérin. Pouchet (G.). Notices, par H. Beauregard (Jour. Anat. Phys., 1895), A. Pettit (Recueil des œrn res principales de Pouchet, Paris, Masson, 1902). Leçon inaugurale (Rev. scientifique, XXV, 1880). Filhol (H.). Discours prononcés à ses obsèques par J. Chatin, Bouquet de La Grye, E. Perrier). Notice, par H. Neuville (Bull. Soc. Philom. Paris, 9e série V, p. 91, 1902-1903). Perrier (E.). Notices, par R. Perrier (Assoc. amie. anc. élèves de l’E. N. S., 1922), Ch. Gravier, R. Anthony (Arch. Muséum, 6e sér., 1, 1926). Anthony (R.). Notice nécrologique, par H.-V. Vallois (Bull. soc. anthrop., Paris, 1942). \ - — 287 — COMMUNICATIONS Sur une anomalie présentée par un cerveau de Macaca Sylvanus L. Par J. Anthony. D’une manière générale, la face externe de l’hémisphère cérébral des Singes est plus ou moins recouverte dans sa portion postérieure par une languette néopalléale convexe vers l’avant, le plus souvent lisse, l’opercule occipital, qui laisse apparaître, après résection, un système de circonvolutions arquées, disposées en ponts entre les lobes pariétal et occipital, constituant le premier et le second plis de passage pariéto-occipitaux externes de Gratiolet, Dans le genre Macaca, on n’observe classiquement que le second de ces plissements, tandis qu’ils sont présents l’un et l’autre dans le genre Cercopithecus ; il s’agit là d’un caractère intéressant pour l’établissement du diagnostic différentiel du cerveau de ces deux types. A titre exceptionnel cependant, cette disposition courante est sujette à quelques variantes ; c’est ainsi que sur un spécimen de Macaca sylvanus L , entré dans nos collections dans le courant de l’année 1943, j’ai relevé au niveau de l’hémisphère gauche, tout à fait normal par ailleurs, un premier pli de passage bien développé, centré sur l’incisure pariétoroccipitale, et en tous points semblable à celui que comporte de façon constante le type Cercopithecus ; la topographie de l’hémisphère droit, par contre, était absolument conforme au schéma habituel (cf. fig.). Cette anomalie est extrêmement rare ; on la retrouve néanmoins chez un Macaque figuré dans l’album de Retzius 1 et D, J. Cunnin- gham l’a signalée de son côté chez un Cebus albifrons H 2. On remarquera en outre que dans la série des Singes Platyrhiniens, le Pithecia monachus H. possède toujours les deux plis, ce qui semble être la règle dans le genre Pithecia, alors que sur l’exemplaire de Pithecia albinasa G., reproduit par Kükenthal et Ziehen 3. le secônd seul est visible. 1. G. Retzius, Das Affenhirn, Stockholm, 1896. Taf. XXIX, fig. 7 ; dans ce même aljmm, on relèvera la présence d’un premier pli de passage indiscutable, mais super- ficiel cette fois, chez un autre Macaque (Taf. XXVI, fig. 6). 2. D. J. Cunningham, Contribution to the surface anatomy of lhe cérébral hemispheres, Roy..Ir. Acad. Sc., Cunningham Mémoire, n° 7, 1892, p. 223, fig. 46. 6. Kükenthal u. Ziehen, Jen. Zeils. /. Naiurw., 1895, S. 11. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 19 On attribuait autrefois une grande importance à ces variations morphologiques; il y a quelques dizaines d’années, Rudinger 1 prétendait même que chez l’Homme, l’aspect du premier pli permet- tait de préciser le sexe de l’individu considéré. Actuellement ces idées n’ont plus cours ; les recherches de D. J. Cunningham 2, si précises en ce qui concerne particulièrement la région pariéto-occipitale, ont montré combien l’assertion de Rudinger était dénuée de fondement et, depuis qu’il est possible d’étudier des séries nombreuses de cer- Vue supérieure du cerveau de Macaca sylvanus L, n° 1943-17, après résection de l’opercule occipital. — 1, 2, premier et second plis de passage pariéto-occipitaux externes de Gratiolet. G. N. veaux de Singes, on s’est vite aperçu que chez eux il en va de même. Je pense pour ma part qu’il faut surtout voir dans ces modifications l’effet de conditions mécaniques légèrement différentes ; le Macaque présenterait toujours un premier pli de passage, réduit ordinaire- ment à l’état de vestiges dans la profondeur de l’incisure pariéto- oçcipitale mais pouvant, dans des circonstances rarement ren- 1. Rudinger, Eim Beitrag zur Anatomie der Affenspalte und der Inter par ietaljurche beirn Menschen nach Race, Geschlecht, und Individualital, Honle’s Festschrift, Bonn, 1882, pp. 194 et 195. 2. D. J. Cunningham, loc. cit. — 289 — contrées, prendre la même extension que chez le Cercopithèque. Dans un précédent article 1, j’ai eu l’occasion d’esquisser l’évo- lution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet ; je dois l’exposer avec plus de détails dans un travail en préparation ; qu’il me suffise de dire ici que chez les Singes du Nouveau-Monde, que j’ai tout particulièrement étudiés, la richesse des formes et les variations individuelles permettent de reconstituer avec beaucoup de précision l’ensemble des phénomènes résultant de l’antagonisme de développement des lobes pariétal et occipital ; les aspects obser- vés semblent imposer l’idée que l’absence ou la présence du premier pli de passage pariéto-occipital externe est liée à un léger décalage de ces processus. Laboratoire d’ Anatomie comparée du Muséum. 1. J. Anthony, L’évolution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet chez les Singes Platyrhiniens, Bull. Mus. Hist. Nat., 2e série, t. XV, n° 5, 1943. Une petite épidémie de Paratyphose sur les Grenouilles (rana esculenta L.). Par Ach. Urbain. Directeur du Muséum. Au cours de l’année 1943, il nous a été permis de constater sur les grenouilles vertes ( Rana esculenta L.) provenant d’un étang, une épidémie particulièrement grave, puisqu’en un mois tous les batra- ciens de cette espèce qui le peuplaient avaient disparu. Les gre- nouilles succombaient en cinq à six jours après avoir présenté une espèce d’engourdissement compliqué parfois de paralysie des membres postérieurs et une inappétence complète. A l’autopsie, on constatait de larges ecchymoses sur la peau du ventre et une forte congestion de tous les organes. L’examen bactériologique du sang du cœur et des différents organes a permis d’isoler, dans tous les cas, un germe mesurant 3 à 4 g. de long, sur 0,5 p. de large. Il se colore bien par les colorants basiques d’aniline et ne prend pas le Gram. Il est mobile, surtout dans les cultures jeunes, et ne présente pas de spores. Ce germe pousse sur tous les milieux usuels. Il est aéro-anaérobie, sa température optima de développement est de 37°. Le chauffage à 70° le tue en trente minutes. Il donne une réaction alcaline en quelques jours. Le pH du milieu de culture passe de 7,4 à 8,5. En bouillon Martin, ce germe se développe abondamment, donnant en dix, douze heures, un trouble uniforme du milieu avec des ondes moirées. Après quarante-huit heures, une légère colle- rette apparaît à la surface du milieu. Sur gélose, les colonies sont blanchâtres, luisantes, bleuâtres par transparence. Il pousse en abondance sur bouillon-sang et gélose-sang, sans hémolyse. Il se développe maigrement sur sérum coagulé en donnant de petites colonies blanchâtres arrondies. En piqûre, sur gélatine, il donne une culture maigre, sans liquéfaction. Sur pomme de terre, il fournit une culture épaisse, brunâtre. Il provoque le vérdissement de l’artichaut en 24 heures. Sur gélose ou sous-acétate de plomb, en piqûre, le germe donne, en vingt-quatre heures, une strie brune, bien marquée, qui devient rapidement très foncée. Il y a ensuite diffusion de la teinte noire dans tout le milieu. Sur gélose glucosée au rouge neutre le virage se manifeste au bout de trente-six heures ; la fluorescence est complète en quarante-huit heures ; il n’y a pas de production de gaz. Le lait tournesolé rosit en quarante-huit heures sans être coagulé, puis il revient lentement au hleu. En eau peptonée, le germe Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. ^ — 291 pousse abondamment sans production d’indol. Il attaque les sucres suivants : glucose, maltose, lévulose, xylose, galactose et arabinose. Il est sans action sur le lactose, le saccharose, l’amidon et la dex- trine. En gélose Veillon, il cultive dans toute la profondeur du milieu avec un léger dégagement de gaz. Ce microbe est agglutiné à 1 p. 1.000 par un sérum anti-para- typhique B, préparé expérimentalement ; les sérums anti-para- typhiques A et anti-typhiques sont sans action sur lui. Au point de vue pathogène, 1 /10e de cent, cube d’une culture en bouillon, injectée par la voie sous-cutanée à une grenouille, provoque sa mort en 5 jours. On'note au point d’inoculation.un petit œdème rouge violacé ; des ecchymoses de dimensions variables, les plus larges atteignant la taille d’une lentille, sont irrégulièrement réparties sur la peau du ventre. Le sang du cœur, les frottis d’organes montrent en abondance un germe Gram-négatif. L’ensemencement du sang du cœur donne une culture pure de ce germe. . ,, L’infection peut être aussi provoquée par la voie buccale. Les grenouilles qui reçoivent par cette voie 4 à 5 gouttes de culture en bouillon, succombent en 6-7 jours, de septicémie, avec tous les signes de la maladie spontanée. L’inoculation de la culture de ce germe, au lapin (2 cent, cube dans la veine), au cobaye (2 cent, cube dans le péritoine), reste sans effet. Par contre, les souris qui reçoivent 0,5 cent. cube"de cette culture, dans le péritoine, ou 1 cent, cube sous la peau, succombent en 3 à 5 jours, de septicémie. A l’autopsie on note une congestion généralisée de tous les organes et on retrouve le bacille à l’état pur dans le sang. La carpe ( Cyprinus carpio L.) est aussi très sensible à l’inoculation de la culture de ce germe. L’injection par la voie musculaire, de 0,5 cent, cube d’une culture de 24 heures, en bouillon, provoque en 5-6 jours une septicémie mortelle. A l’autopsie, le germe est retrouvé en abondance dans le sang et dans tous les organes. La toxine (fdtrat d’une culture en bouillon de 10 jours) s’est montrée inactive chez les Mammifères qui l’ont reçue. Les cobayes, les rats et les souris ont résisté à l’injection, par voie sous-cutanée, de 3 à 5 cent, cube de ce fdtrat. Par contre, chez les grenouilles qui reçoivent 1 cent, cube du même filtrat dans les muscles des membres postérieurs, on note, 2 jours après, une large ecchymose au point d’inoculation; puis elles présentent -de la somnolence, de l’engour- dissement, un peu de paralysie des muscles postérieurs ; certaines d’entre elles (3 sur 10) succombent en 10-12 jours ; les autres se rétablissent ensuite. En résumé, le germe isolé de cette épidémie, par ses caractères : morphologiques, culturaux, biochimiques et sérologiques, rentre dans le groupe des paratyphiques B. 292 Cette observation montre donc une fois de plus 1 le rôle que peut jouer ce germe dans les diverses affections à allure contagieuse, sévissant sur certains poissons et batraciens de nos étangs. D’autre part, cette affection n’a rien de commun avec la septicémie des grenouilles, connue sous le nom de « pattes rouges », constatée, dès 1891, par Sanarelli 2 et qui est sous la dépendance d’un germe protéolytique étudié sous le nom de Bacillus hydrophilus fuscus (Sanarelli), ou de Proteus hyfcpphilus (Castellani et Chalmers) 3. 1. En 1933 ( C . R. Sté de Biologie, t. CXIII, 1933, p. 554) nous avons déjà signalé une épidémie comparable sévissant sur les tanches et due à un paratyphique A et, en 1941, (Bull. Acad. Vétérinaire, t. XIV, 1941, p. 45) nous avons relaté aussi sur les carpes une épidémie de paratyphose sous la dépendance du paratyphique B., 2. Sanarelli, Centralbl. für Bakt., I, orig., t. IX, 1891, p. 222. 3. Castellani et Chalmers, Man. of Trop. Medic., 1919. — 293 — Un Lézard nouveau du Mont Nimba (Haute-Guinée FRANÇAISE) APPARTENANT AU GENRE LYGOSOMA. (Matériaux de la Mission Lamotte au Mont Nimba „ EN 1942 (3e NOTE). Par F. Angel. (Note présentée par M. L. Bertin). Nous avons donné précédemment 1 la description de deux Lézards appartenant aux familles Amphisbaenidae et Gekkonidae et d’un Amph-ibien anoure ovovivipare rapportés par M. Lamotte. L’étude présente fait connaître un Scincidae nouveau, récolté au Mont Nimba. Lygosoma Nimbense, nov. sp. Museau plutôt pointu, sa longueur égalant la distance comprise entre la corne postérieure de l’œil et l’orifice auditif, ou encore une fois et demie celle de l’ouverture de l’œil. Paupière avec un disque transparent, mais opaque, aussi grand que l’ouverture de l’oreille. Narine percée dans la nasale, en arrière de la suture de la rostrale et de la première labiale. Pas de supranasales. Une postn^sale, plutôt grande, en contact avec la frontonasale qui est 1 fois % plus large que longue. Préfrontalcs étroitement séparées par la pointe antérieure de la frontale dont l’avant forme un angle droit et touche seulement par un point à la frontonasale. Frontale un peu moins large en avant que la partie supra-oculaire, un peu plus large que les frontopariétales, en contact avec les deux premières supra- oculaires. Interpariétale plus petite et presque moitié moins longue que les frontopariétales. Quatre supra- oculaires. Six supraciliaires, la première la plus grande. Pariétales formant une courte suture derrière l’interpariétale. Une paire de grandes nuchales et une temporale supérieure bien développée, en contact avec les pariétales. Six labiales supérieures, la cinquième, sous l’œil, est la plus longue, la sixième, la plus haute. Six labiales inférieures, la lre la plus petite. 30 rangs d’écailles lisses autour du milieu du corps, les dorsaux et ventraux plus larges que ceux des flancs. Deux écailles préanales modérément agrandies. La longueur comprise entre le museau et le membre antérieur est contenue 1 fois *4 entre l’aisselle et l’aine, et 2 fois % entre le museau et l’anus. Le diamètre du corps est compris un peu plus de 6 fois dans la longueur de la tête et du corps réunis. Sur les membres rabattus à la rencontre l’un de l’autre, le long du corps, les doigts seuls se recouvrent. Le membre antérieur 1. Bull. Mus. Paris, 2e série, t. XV, n° 4, pp. 163 et 167, 1943. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. replié vers l’avant atteint la corne antérieure de l’œil par l’extrémité des doigts. La longueur du membre postérieur est comprise 2 fois % dans la distance museau-anus. 8 lamelles sous le 4e doigt, 11 sous le 4e orteil. Queue comprimée latéralement sur toute sa longueur qui dépasse de peu celle de la tête et du corps réunis. Coloration. — Au-dessus, brun clair avec des mouchetures sombres qui donnent un aspect de lignes longitudinales formées de petites taches irrégulières. Une bande latérale noire, bordée au- dessus et vers Pavant par une ligne claire, est ponctuée de points blancs diminuant en nombre vers le milieu du corps. Sur les flancs, cette bande n’est pas limitée à sa partie inférieure où les taches noires passent en diminuant graduellement sur la partie ventrale antérieure. La poitrine et la gorge sont d’un noir profond. Les côtés de la tête et du cou présentent de petites barres verticales ou obliques formées d’écailles blanc pur sur le fond noir. Des taches blanches existent aussi sur les labiales supérieures et inférieures. Dessous de la queue et région précédant l’anus blanc jaunâtre uniforme. 1 ex. — Holotype - — Provenance Nion (pied du Mont Nimba), ait. 800 m. ■ — • 1 Ç Allotype, Nion — 1 Ç Paratopotype, Yalenzou. Mensurations de l’holotype. Du museau à l’anus'. .... 45 mm. Du museau au membre- : Longueur de la queue . . 53 )) . antérieur 17 mm. Lôngueur de la tête 11 )) Du museau à l’oreille. . . 10 » Longueur du membre an- De l’aisselle à l’aine 21 )) térieur 12 )) 7 )) Longueur du membre Longueur du 4e doigt . . 3 » postérieur 17 » Longueur du 4e orteil . . 4 )) Variations. — Chez la Ç (allotype) la couleur du dos est presque uniforme ; la bande latérale noire est moins marquée et ne montre pas de taches claires ; toute la face inférieure est blanc jaunâtre uniforme. Ce dimorphisme sexuel dans la coloration évoque pour cette espèce du genre Lygosoma, ce que l’on connaît chez le Mabuya pour l’espèce quinquetaeniata. Chez l’exemplaire. $ de ‘ Yalenzou (paratopotype) les membres ne se rencontrent pas quand on les couche, à la rencontre, sur les côtés du corps. Remarque. — Dans la série des Lygosoma de l’Ouest africain, montrant 28 à 32 rangs d’écailles, cette espèce se différencie de toutes les autres par l’absence de supranasalps, le plus petit nombre de lamelles sous le 4e orteil et la coloration très particulière du des- sous de la tête et de la poitrine chez le <§. Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) du Muséum. Le ROLE DES PlT-ÛRGANS DANS LA MORPHOGENÈSE DE L'OSTÉOCRANE DES TÉLÉOSTÉENS. LE PROBLÈME DU SQüAMOSAL. Par Ch. Devillers. Il existe sur la tête des Poissons trois catégories d’organes' sen- soriels : 1° les neuromastes contenus dans les canaux sensoriels portés par certains os ; 2° les pit-organs qui restent superficiels et se groupent en pit-lines n’ayant avec les os sous-jacents que des rap- ports de voisinage. Les pit-lines de la voûte sont presque toujours placés au-dessus des mêmes os (frontaux et pariétaux) tandis que celles de la région jugale sont variables de position (fait bien établi par Westoll en particulier pour les formes fossiles). Des fibres laté- rales innervent ces deux classes d’organes ; 3° les taste-buds super- ficiels disséminés sur toute la tête et particulièrement abondants dans la région buccale ; ils reçoivent des fibres communes. Il est maintenant bien établi que les neuromastes jouent, dans la morphogenèse de l’ostéocrâne, un rôle essentiel ou secondaire suivant les genres examinés. Les pit-organs possèdent-ils une propriété analogue ? La question a été étudiée par Pehrson chez Amia, par Hammarbergh chez Lepi- dosteus et je l’ai, à mon tour, examinée chez Salmo. Les conclusions sont unanimes : il n’y' a au niveau de ces organes, aucune accumula- tion d’ostéoblastes traduisant une activité morphogénétique comme c’est le cas pour les neuromatstes. Par suite il ne semble pas que les pit-lines puissent, comme les canaux sensoriels, servir de guide pour, tracer les homologies des os crâniens dans les différentes familles de Poissons. Chez de nombreux Poissons, surtout fossiles, les pit-lines impriment à la surface des os des empreintes en gouttière bien reconnaissables. J’ai étudié le mode de formation d’une telle empreinte faite sur le pariétal par la pit-line moyenne chez Polypterus et Esox. Dans ces deux genres, les pit-organs ne sont pas absolument superficiels, mais enfoncés dans une gouttière largement ouverte à l’extérieur et qui saille intérieurement dans la couche fibreuse du conjonctif dont elle déprime la limite basale. Au cours de son développement, le pariétal sous-jacent s’accroît en épaisseur jusqu’à rejoindre la limite basale dont il épouse les déformations et particulièrement celle produite par la pit-line. Cette empreinte est encore accentuée Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, u° 5, 1944. chez Polypterus par l’adjonction ultérieure d’une couche super- ficielle de ganoïne. Il s’agit donc là d’une impression purement passive dans laquelle la pit-line ne joue aucun rôle morphogéné- tique. Je propose de différencier les pit-lines en variables et inva- riables. Sont invariables celles qui n’existent (au moins dans l’état actuel de nos connaissances) qu’à l’état de pit-line ; c’est le cas des lignes moyenne et postérieure ; sont variables celles qu’on rencontre tantôt à l’état de canaux, tantôt à l’état de pit-lines ; c’est le cas, par exemple, des pit-lines ethmoïdienne et jugale. J’ai montré dans une publication antérieure 1 qu’il est possible de distinguer deux catégories d’os formés le long des canaux senso- riels : 1° le « canal-bone », production directe de l’àctivité morpho- génétique des neuromastes ; 2° « l’os à deux composants » (type préopercule) dont la portion basale (membrano) se libère progressive- ment de l’organe pour acquérir un développement autonome et à laquelle vient se souder secondairement un canal-bone (dermo). Ce type dériverait par évolution du premier. Grâce à ces notions on peut chercher à résoudre le problème suivant : comment un os développé, dans une forme ancestrale, en relation avec un groupe de neuromastes se comportera-t-il lorsque, chez les descendants, le canal passera à l’état de pit-line (perdant ainsi tout pouvoir morpho- génétique) ? Deux cas sont possibles : 1° l’os était du type canal- bone et par suite disparaît, c’est ce qui se passe dans la chaîne infra- orbitaire des Ménidés où manquent les infra- et postorbitaires ; 2° f os était du type à deux composants, l’un d’eux le membrano) subsiste et l’autre (le dermo) disparaît. Le résultat est alors un os dermique croisé superficiellement par une pit-line. Les exemples suivants en sont probablement une illustration : « antorbitaire » de Salmo croisé par la pit-line ethmoïdienne et « ethmoïdes latéraux » des Téléostéens qui Représenteraient le composant membrano du rostral des Crossoptérygiens et de certains Téléostojnes. Ces considérations nous amènent à examiner l’histoire du squa- mosal. Chez les Choanata (Crossoptérygiens, Dipneustes et Stégo- céphales), pourvus d’un canal jugal, le squamosal existe et à partir d’eux se poursuit dans toute la lignée des Tétrapodes. Chez les Acti- noptérygiens il n’existe qu’une pit-line jugale et le squamosal manque. On peut donc admettre que dans les formes ancestrales de ces deux lignées l’os n’était pas au même stade évolutif de son ontogenèse : stade à deux composants chez les Choanata primitifs, ce qui lui a permis de subsister chez les Stégocéphales où les neuro- mastes avaient selon toute vraisemblance perdu leur pouvoir mor- 1. Il est bien entendu qu’il s’agit du véritable squainosal situé sur le trajet du canal jugal et non de l’os appelé d’une manière erronée squamosal et qui est en réalité le ptérotique (ou supra-temporo-intertemporal des auteurs actuels). — 297 phogène — stade canal-bone chez les ancêtres des Actinoptérygiens. En conséquence, avec la transformation du canal jugal en pit-line le squamosal ne se forme plus. Le squamosal peut disparaître dans certains rameaux des Choa- nata comme le montrent les Dipneustes actuels : chez Neoceratodus il existe un canal jugal entouré de plusieurs tubes osseux dont il est logique d’admettre que l’un d’eux représente un squamosal ; chez Protopterus le canal est remplacé par une pit-line et les ossifications manquent. Cependant, il convient, à propos de ce dernier animal, de noter qu’au niveau de l’invagination des canaux l’activité mor- phogénétique n’existe plus. C’est ce qui est bien visible sur une coupe du canal otique en voie de formation. On n’y distingue plus d’amas ostéoblastiques comme chez Salmo par exemple. Ceci démontre l’existence d’un autre mode de disparition des os par perte du pouvoir morphogénétique des neuromastes. Chez Neoceratodus , dont les productions osseuses le long du canal sont réduites, ce pouvoir est seulement affaibli 1. Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons ) du Muséum. BIBLIOGRAPHIE Devillers (Ch.). Morphogenèse de quelques os crâniens chez la Truite Arc-en-Ciel ( Salmo irideus Gibb). Ann. Sc. nat. 1944 (à l’impression). Hammarbergh (F.). Zur Kenntnis des ontogenetischen Entwicklung des Schâdels von Lepidosteus platystomus. Acta Zool., 1937, 18 ; 209-337. Holmgren u. Stensiô. Kranium- und viscéral Skelett der Akranier, Cyclostomen und Fische — in Handbuch der vergleichende Anato- mie. Bolk-Gôppert-Kallius und Luboscb. Bd IV, 1936. Pehrson (T.). Some points in the cranial development of Teleostomian fishes. Acta Zool. 1922, III, 1-63. — The development of oermal bones in the skull of Amia Calva. Acta Zool., 1940, XXI, 1-50. Westoll (T.-S.). On the cheek-bones in teleostomes fishes. J. of Anat., 1937, LXXI, 362-382. 1. Le même phénomène se produisait peut-être chez certains Crossoptérygiens Coelacanthides (c. f. Axelia robusta). — 298 Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon .- Belisarius Xambeui e. s. - Par Max Vachon. Les Scorpions français sont peu nombreux puisqu’ils ne comptent en tout que 5 espèces 1, mais parmi eux il en est un fort intéressant parce que rare et morphologiquement curieux : Belisarius Xambeui E. S. : le Scorpion aveugle du Roussillon. E. Simon a décrit le genre Belisarius , qui ne comprend d’ailleurs que la seule espèce Xambeui, en 1879, dans sa Faune de France. , A cette date, il en a souligné les particularités les plus intéressantes ; depuis, d’autres chercheurs ont retrouvé des spécimens de cette espèce, non seulement dans le Roussillon mais encore en Espagne, dans la province de Gerona (Navas, Borelli). Les travaux de ces deux derniers auteurs sont les seuls que nous connaissions sur le Belisarius depuis la diagnose de Simon. Navas ne fait que signaler la présence de ce Scorpion en Espagne ; le travail de Borelli est plus intéressant car cet auteur insiste sur la morphologie des exem- plaires qu’il a examinés et les compare à ceux étudiés par Simon. Ce dernier, lors de la diagnose, précise (p. 114) que seul, le sexe mâle, est connu ; mais il ne dit pas sur quel caractère il appuie cette affirmation. Borelli a reconnu les sexes de ses spécimens et dit que les Ç correspondent à la description de Simon. L’auteur italien a raison. L’examen des exemplaires de nos collections c’est-à-dire ceux ayant servi à E. Simon nous indique 11 Ç pour 2 £ immatures. Il ne fait aucun doute que Simon, pour sa diagnose, a choisi les spécimens les plus grands, donc les Ç. Les détails morphologiques relevés par Borelli se bornent sur- tout à des questions de couleur et de granulations c’est-à-dire à des détails peu utilisés en systématique. Nous n’avons, nulle part, trouvé de dessins ayant trait à cette espèce. C’est pourquoi nous pensons qu’il est utile, d’une part, de compléter la diagnose originale et, d’autre part, de figurer certains caractères de cette espèce si intéressante. Une fois la diagnose complétée, nous insisterons sur les particularités morphologiques, pour terminer par quelques 1. E. Simon, dans sa faune de France, 1879, parle d’une espèce : Euscorpius Fanzagoi E. S., dont un seul exemplaire a été trouvé à Vernet-les-Bains (Pyr. -Orientales). Nul ' n’a retrouvé cette espèce ; aussi nous la tenons, jusqu’à nouvel ordre, comme dou- teuse. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 299 — remarques d’ordre biogéographique et les affinités probables des genres Belisarius et Euscorpius. Diagnose complétée de Belisarius Xambeui E. S. (Chactidæ, Euscorpioninæ) . Spécimens étudiés : 1 Ç im. dét. par E. Simon et Kraepelin : Pyrénées- Orientales. — 2 Ç adultes : N° 2675, dét par E. Simon : Pyrénées-Orien- tales. — 1 Ç adulte : Vernet-les-Bains, Bolivar leg. — 3 Ç, 2 jeunes : exemplaires désséchés N° 13206, de la Preste (Pyrénées-Orientales) et trouvés par Nadar. — 3 Ç immatures, 1 jeune : de Prats-de-Mollo : Vandel leg. 15-V-28. — 1 Ç im. de la même localité. G. Colas leg.- IV 1935. — 1 $ im. Prats-de-Mollo (Coll. Muséum). — • 1 £ im. î Amélie-les- Bains, IV-1900. Soit 11 Ç ,2 £ im., 3 jeunes. Teinte générale allant jusqu’au brun rougeâtre foncé, jamais noire, pattes-mâchoires brun rouge, pattes et vésicule^plus claires ou olivâtres. Céphalothorax lisse, brillant, à peine ponctué et sans granulations, échan- cré au bord antérieur, avec une dépression axiale assez prononcée dans la région postérieure. Pas d’yeux médians, ni de tubercule, mais en leurs lieu ét place une légère dépression ; Yeux latéraux présents, au nombre de deux, décolorés ou parfois réduits à l’état de taches oculaires. Abdomen très finement et peu densément ponctué, nullement rugueux ; pas de crêtes sagittales ou parasagittales ; région dorsale des anneaux de la queue à peine déprimée et à peine granulée ; carènes dorsales indistinctes et formées de granulations isolées, carènes latérales dorsales distinctes dans les 4 premiers anneaux mais toujours formées de granulations isolées et non spécialement disposées en série ou en crête ; face ventrale des 4 premiers anneaux sans carènes, mais parsemée de granulations isolées ; 1er anneau plus large que long, 2e anneau aussi large que long, 3e et 4e an- neaux plus longs que larges, 5e anneau plus de 2 fois plus long que large avec de grosses granulations et l’indice de carènes centrales. Vésicule globuleuse à aiguillon court et largement inséré, et semblable dans les deux sexes. Chélicères (fîg. 1) doigt fixe courbé, avec 3 dents, une subdistale et 2 basales groupées ; doigt mobile, très courbé et relativement long, terminé par deux dents d’inégale longueur et entre lesquelles vient se placer le doigt fixe ; sous la plus petite dent et dorsalement, se trouve une série de 4 autres dents groupées par paires ; pas de série ou de dent face infé- rieure. Face inférieure de la chélicère ornée de longues soies barbues, l’extrémité distale du doigt fixe est dépourvue de telles soies mais, par contre, possède une série de soies courtes et aplaties formant un peigne ou serrula en tous points semblable à celle des chélicères des Pseudoscor- pions (fig. 2). Pattes-mâchoires. Fémur (fig. 3) : carènes à granulations assez grosses ; face dorsale parsemée de petits grains de chitine ; face antérieure à gra- nulations peu denses, isolées ; face postérieure et ventrale lisses, finement ponctuées ; 3 trichobothries, une antérieure, 1 dorsale à la base du fémur, 1 troisième, sur la carène dorsale environ au milieu de l’article. — 300 — Fig. 1 : Doigts de la chélicère droite. — Fig. 2 : Doigt mobile de la même chélicère, vue de dessous, avec la serrula s. — Fig. 3 : Fémur de la patte-mâchoire droite. — Fig. 4, 5 et 6 : Tibia de la même patte, vu dorsalement latéralement et ventra- lement. — Fig. 7 et 8 : main de la même patte, vue latéralement et ventralement, Les figures 3 et 8 sont au grossissement 8. — Fig. 9 : Face ventrale d’une partis de la région antérieure du corps : og, operculé génital ; p, plaque pectinifère et peignes ; st sternum ; II, III, IV, hanches des pattes marcheuses. 301 — Tibia (fîg. 4, 5 et 6) : faces dorsale et antérieure lisses, carènes indis- tinctes ; face antérieure sans tubercule développé, à la naissance du pédi- cule, sinon 2 grosses granulations faisant légèrement saillie ; face dorsale avec 3 trichobotbries (fîg; 4) ; face latérale externe avec 13 tricho- bothries (fîg. 5) réparties en 3 groupes ; face ventrale avec 3 trichobothries (fig- 6), Main finement chagrinée, avec des carènes distinctes (fîg. 7) ; chez les adultes un peu plus large que longue. Trichobothries nombreuses ; mais constantes en nombre et position, aussi bien dorsalement que latéralement (fig. 8). Doigts à peine courbés et sans tubercules dans les deux sexes ; tout le long des doigts de petits dents normales contiguës ; du côté interne, au doigt mobile, 5 grosses granulations accessoires, 4 au doigt fixe ; tri- chobothries (fig. 7 et 8) constantes en nombre et position : 2 internes à la base du doigt fixe. ' , Hanches des pattes marcheuses (fig. 9} ; hanches 1 et 2 réunies mais séparées des hanches 3 et 4, elles-mêmes soudées, par une chitine d'arti- culation visible (et cela chez presque tous les spécimens des deux sexes). Sternum un peu plus large que long à bord antérieur arrondi (fig. 9) à bord postérieur concave et creusé d’une profonde gouttière apodématique courbée. Plaques génitales (fig. 9), chez des crochets copulateurs existants. Plaque pectinifère un peu plus large que haute, pièce articu- laire bien distincte ; peigne réduit ; 4 lames s’insérant directement sur la , base du peigne ; pas de fulcres ; lames de même longueur, parsemées de soies longues à la base de la lame, fines et denses à l’extrémité. Tarses des pattes munis en dessous de crins longs mais aussi avec quel- ques spiculés ou soies très courtes (contrairement à l’affirmation de E. Simon) ; tibia élancé, moins de la moitié aussi large que long. Longueur totale : Ç adulte, la plus grosse de tous les spécimens examinés (Vernet-les-Bains) : 37 mm. : céphalothorax -f- abdomen : 20 mm., queue : 17 mm. — £ im. le plus grand de nos spécimens : longueur totale : 34 mm. ; céphalothorax + abdomen : 17 mm., queue : 17 mm. Les exemplaires décrits par Borelli ont comme dimensions : Ç : 30 mm. (14,5 mm. + 15,5 mm.) : 30,5 mm. (15,5 mm. + 15 mm.). Les spécimens jeunes se distinguent facilement des adultes par leur taille moindre et surtout leur teinte plus claire ; de plus, chez les très jeunes exemplaires, les mains des pattes-mâchoires sont relativement étroites, nettement moins épaisses que longues ; c’est le seul article des appendices qui se modifie au cours du développement post-embryonnaire. Remarques morphologiques. E. Simon, lors de la diagnose du genre, a souligné les caractères spéciaux à ce Scorpion et dit : « Le nouveau genre diffère de tous les Scorpions connus par l’absence complète des yeux. » Cette affirma- tion a besoin d’être tempérée puisque nous avons relevé chez tous les exemplaires examinés, certes l’absence totale des yeux médians, mais la persistance des yeux latéraux, plus ou moins réduits cepen- dant. Ainsi, le phénomène de régression ou d’atrophie a joué plus fortement sur les yeux médians que sur les yeux latéraux. Ce fait \ — 302 — . n’est pas spécial aux Scorpions. L. Fage dans son « Essai sur révo- lution souterraine et son déterminisme » a étudié la réduction oculaire chez les Araignées cavernicoles et conclut que les yeux latéraux sont toujours beaucoup plus stables que les médians. Ils ne dispa- raissent d’ailleurs totalement que chez de très rares espèces, stricte- ment cavernicoles et très spécialisées. Cette différence de réaction évolutive vient de ce que les yeux médians et latéraux sont anato- miquement différents et donc réagissent différemment au phéno- mène de régression oculaire imposé par l’habitat. Le second caractère relevé par E. Simon est l’absence de fulcres aux peignes (pièces basilaires de çet auteur) : « l’absence de pièces basilaires est un caractère tout aussi exceptionnel dans l’ordre des Scorpions que l’absence même des yeux » (p. 114). Cette seconde affirmation a, elle aussi, besoin d’être atténuée. En effet, dans la famille des Buthidæ, les genres sud-américains Ananieris Th. et Ananteroïdes Bor. se distinguent de tous les autres genres de la famille par l’absence de fulcres. Chez les Chactidæ, famille à laquelle appartient le genre Belisarius, le genre mexicain Megacormus n’a pas de fulcres aux peignes. Enfin, certaines espèces de Scorpionidæ Uroctoninæ en sont aussi privés. Il y a donc là un caractère, peu répandu certes, mais qui peut exister en bien des familles. Dans un précédent travail, nous avons étudié le développement post- embryonnaiie des Buthus et remarqué que le premier stade post- natal est privé de fulcres. Ainsi, l’absence de fulcres est la persis- tance, chez l’adulte, d’un caractère larvaire c’est-à-dire, suivant la terminologie actuelle, un cas de néoténie localisée (merostasis). Le troisième caractère important à relever est la présence d’une serrula au doigt mobile des chélicères. Nous ne savons rien de son rôle. Les quelques prospections que nous avons faites indique que cette formation n’existe pas chez les Euscorpius, les Buthus et doit donc être considérée comme particulier au genre Belisarius. Le quatrième caractère qu’il nous faut enfin souligner est la pré- sence entre les hanches des pattes 2 et 3 et le sternum d’une paroi lâche de chitine molle laissant prévoir à ce niveau des possibilités d’articulation. Cette paroi existe chez les autres Scorpions mais est beaucoup moins développée. Ces remarques terminées il nous faut mettre au point les carac- tères spéciaux au genre Belisarius puisque certains de ceux signalés par Simon se sont révélés faux ou incomplets. C’est pourquoi nous proposons de modifier comme suit la diagnose en question. Diagnose modifiée du genre Belisarius E. Simon 1879. Céphalothorax légèrement échancré au bord antérieur ; pas d’yeux médians ; yeux latéraux réduits, parfois à l’état de taches oculaires ; — 303 queue sans carènes ventrales dans les 4 premiers anneaux ; sternum un peu plus large que haut, antérieurement arrondi ; doigt-mobile des chéli- cères muni" d’une serrula distale, face inférieure ; bord interne du doigt mobile des pinces avec 5 grosses granulations accessoires ; tibia de la patte-mâchoire sans apophyse interne à la base du pédicule ; peigne réduit, sans fulcres et avec 4 lames. Remarques biogéographiques et affinités. Bclisarius Xambeui E. S. est une espèce de montagne, à répartition restreinte : on ne l’a découvert, en effet, que dans les Pyrénées- Orientales et seulement dans les hautes vallées du Têt et du Tech. Sa capture en Espagne, dans la province de Gerona (Ribas et Ras) c’est-à-dire en des régions voisines n’agrandit que peu cette aire de répartition réduite. L’altitude maximum est; jusqu’à présent, celle de la Preste (1.250 m.). Belisarius Xambeui E. S. est une espèce hypogée. Ce n’est pas un lapidicole proprement dit. Il vit sous les pierres, mais très enfoncées et il a souvent été récolté dans la terre même à plus de 50 cm. de profondeur. Tous les chercheurs l’ayant découvert m’ont confirmé ces conclusions : L. Fage, L. Berland, A. Vandel1, G. Colas1 et Borelli, Navas ont récolté leurs spécimens dans des conditions identiques. Un seul exemplaire, à ma connaissance, a été découvert dans une grotte, celle de Sainte-Marie, près de la Preste* (Jeannel et Racovitza, 22 mai 1908). Cette grotte, de l’avis des prospecteurs, est très peuplée mais d’éléments troglophyles et endogés et non de vrais troglobies. Le, petit Belisarius fut trouvé sous une pierre, mais ce n’est, pour nous, qu’un hôte occasionnel de cette caverne. E. Simon admet la parenté de ce Scorpion avec le Scorpion noir de la région méditerranéenne : Euscorpius carpaihicus. Le voisinage des genres Euscorpius et Belisarius ne fait aucun doute et les ren- seignements que nous apporte la répartition des trichohothries ne font que le confirmer. Les doigts dos Euscorpius comme ceux des Belisarius ont 19 trichobotries pareillement distribuées (fig. 7) 4 à la base du doigt fixe, 3 dorsales et 2 internes à la base du doigt fixe, les autres réparties identiquement sur la face latérale de ce doigt. Bien des caractères cependant distinguent ces deux genres dont voici les principales difiérences : Céphalothorax non échancré en avant ; yeux médians existants ; bord interne du doigt mobile des pattes-mâchoires présentant, indépendam- ment de la série de granulations médianes (dents ordinaires) une série interne formée de tubercules placés deux à deux en ligne oblique et une série externe simple ; au moins 5 trichohothries sur la face ventrale du 1. A qui j’exprime ma reconnaissance pour les spécimens de Prats de Mollo, reçus en communication. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 20 — 304 tibia des pattes-mâchoires peignes avec fulcres et au moins 6 lamelles ; chélicères sans serrula Euscorpius Th. Céphalothorax légèrement échancré en avant ; pas d’yeux médians ; yeux latéraux réduits ; bord interne du doigt mobile de la patte-mâchoire présentant une série interne de 5 granulations plus grosses, simples, isolées ; pas de série externe ; au moins 6 trichobothries sur la face ventrale du tibia des pattes-mâchoires ; peignes sans fulcres et avec 4 lames ; doigt mobile, des chélicères avec une petite serrula distale... . Belisarius E. S. L’origine d’un genre si localisé et parfaitement caractérisé est problématique ; malgré tout, ses affinités avec le genre Euscorpius, sont incontestables et d’ailleurs à eux deux forment la sous-famille des Euscorpioninæ. E. Simon a souligné l’identité de faciès du B. Xambeui et d’jE. carpathicus. Peut-on savoir près de quelle espèce d 'Euscorpius se place le Belisarius ? Il est difficile de répondre. Trois espèces d 'Euscorpius habitent la France : E . italicus, E. car- pathicus, E. flavicaudis. Les deux premiers se trouvent dans la région méditerranéenne orientale et le 3e, par contre, a une distri- bution plus large et a été ramassé dans les Pyrénées-Orientales par Xambeu lui-même, mais il semble qu’il n’y soit pas courant. Les différentes espèces d’ Euscorpius se distinguent facilement par le nombre des trichobothries de la face ventale du tibia des pattes- mâchoires et de la main : italicus, par exemple, a de 6 à 9 tricho- bothries sur la face ventrale de la main, flavicaudis en a 4 et carpa- thicus 3. B, Xambeui en a 4 et par là se rapprocherait de flavicaudis. Mais sous le tibia, il y a, chez flavicaudis 10 à 14 trichobothries, carpathicus n’en a que 7 à 10 ! Faut-il par ce caractère rapprocher carpathicus et B. Xambeui qui lui n’en a que 3. Nous ne savons. Il ne semble pas que la morphologie externe puisse nous donner à ce sujet des renseignements précis. Dans un travail en impression nous avons précisé les affinités des divers Euscorpius et noté que, grâce à l’orne- mentation des organes paraxiaux des <$, on peut séparer ce genre en 2 groupes : le 1er, avec flavicaudis, est occidental ou thyrrénien, le 2e avec italicus et carpathicus, est oriental ou égeien. Il semble donc, si tant est que l’on veuille rechercher en Euscorpius l’origine du genre Belisarius, assez probable que ce dernier se rapprochât d’E. flavi- caudis. Nous n’avons malheureusement pas eu d’exemplaires $ adultes à notre disposition et ne connaissons pas la forme de l’organe paraxial du $. C’est fort regrettable et, de ce fait, devons laisser cette question en suspens. Il importe cependant de remarquer-avec E. Simon que E. flavicaudis est une espèce habitant les zones basses alors qu’j E. carpathicus, comipe B. Xambeui sont des espèces de montagnes. Laboratoire de Zoologie du Muséum. BIBLIOGRAPHIE L. Berland. Les Arachnides. Le Chevalier, édit., Paris, 1932. A. Borelli. Descrizione del Maschio del Belisarius Xambeui E. S. Public. Junta de Ciencias nat. Barcelona. Vol. IV, n° 9, 1924. L. Fage. Essai sur l’évolution souterraine et son déterminisme in. Araneæ, 5e série. Biospeologica. Arch. Zool. exp. et générale, t. 71, 1931. J. Feytaud. Les Scorpions de France. Rev. Zool. agricole et appliquée. Bordeaux, mai-juin 1940. R. Jeannel et E.-G. Racovitza. Biospeologica. — XV. Enumération des grottes visitées. Arch. Zool. exp. et générale, 5e série, t. V, 1900. L. Navas. Mis excursione cientificas del verano de 1919. Mem. R. Acad. Cienc. y Artes Barcelona, t. XVII, n° 6, 1921. E. Simon. Les Arachnides de France, t. VII, 1879. — 306 — Un cas mortel D’Ascaridiose du Puma (Puma concolor [L.]). Par J. Nouvel. - ’ _ \ ~ ' ‘ * . ' , . L’observation que nous rapportons concerne un Puma concolor (L.) femelle, âgé d’environ 4 ans. élevé dans ùn jardin Zoologique étranger. A son arrivée au Parc Zoologique du Bois de Vincennes, cet animal est maigre, son poil est terne et son appétit très irrégulier. Un mois plus tard il présente une cri§e épileptiforme qui débute par des signes d’inquiétude, une forte mydriase et de l’incoordination motrice. Après deux à trois minutes le malade contracturé tombe à terre. Cette phase tonique est très courte et immédiatement suivie d’une phase clonique curieuse, au cours de laquelle le puma, relevé, tourne rapidement sur lui-même comme s’il cherchait à se mordre la base de la queue. La durée de ces mouvements « en toupie » est d’environ 10 minutes, pendant lesquelles on observe de la mydriase, des contractions cloniques, des masséters et de J’amaurose. Enfin le malade se couche en sphynx et traverse une phase de stertor de 7 à 8 minutes. La durée totale de la crise est de 20 minutes environ. L’étiologie parasitaire de cette crise est confirmée par un examen coprologique, et un traitement approprié provoque l’élimination de 37 ascaris (28 femelles et 9 mâles). 12 autres ascaris (9 femelles et 3 mâles) sont recueillis un mois plus tard après un nouveau traitement. Malgré cela l’état du malade s’aggrave et il meurt 6 semaines plus tard. A l’autopsie, à part une teinte sub-ictérique des muqueuses et des aponévroses seul l’intestin grêle présente des altérations qui retiennent l’attention. _ Participant à lâ teinte générale jaune- verdâtre, il est contracté, petit, dur au toucher et montre sur une section transversale un tel épaisissement de la muqueuse que la lumière centrale est presque complètement obstruée. L’ouverture méthodique des réservoirs digestifs et de leurs annexes confirme l’existence d’une entérite catarrhale non hémorra- gique et permet de retrouver de nombreux parasites ainsi répartis : Estomac : quelques ascaris. Intestin grêle : très nombreux ascaris situés dans les 40 premiers centi- mètres, mais dont le nombre diminue ensuite rapidement. On n'en ren- contre plus au delà de 65 cm. En outre quatre cestodes ont leur scolex Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. — 307 — fixé à 10 cm. enviroh du pylore, leur strobile s’étend sur une longueur de 30 à 40 cm. dans la lumière de l’intestin. Coecum, colon et rectum : pas de parasites macroscopiques. Vésicule et canaux biliaires : aucun parasite. Un premier examen nous a permis de rapporter les ascaris recuillis à Toxascaris leonina (Linst. 1902). Nous les/ avons confiés au Dr C. Desportes, qui, après en avoir confirmé l’identification, en a poursuivi l’étude. Le Dr R. Ph. Dollfus a identifié les Cestodes recueillis à Tænia ovis (Cobbold 1869) et a étudié les spécimens recueillis. Ces auteurs rapportent dans les pages suivantes les résultats de leurs "observations qui ont d’autant plus d’intérêt que ces Helminthes n’avaient jamais été recueillis chez le Puma. Discussion. — L’ensemble des symptômes et des lésions anatomo- pathologiques observés chez ce puma permet de conclure à l’étiologie parasitaire de l’affection. Or nous savons que sans être exceptionnels, les cas d’ascaridiose grave ou mortelle sont assez rares chez les carnivores qui, soumis à une infestation extrêmement précoce .(contractée parfois même in utero), bénéficient par la suite d’une résistance particulière au para- sitisme acquis et d’une réelle immunité à l’égard des réinfestations possibles. Ces cas graves ou mortels concernent généralement ou des sujets soumis à une infestation massive révélée par le très grand nombre de parasites qu’ils hébergent, ou des sujets encore jeunes, qui ayant échappé à l’infestation précoce, ne sont pas protégés par cette résis- tance particulière et cette immunité spécifique. Le nombre d’ascaris (environ 350) recueillis chez notre puma permet d’écarter l’hypothèse d’une infestation massive. La présence d’individus de taille différente, dont quelques-uns n’ont pas atteints la maturité sexuelle, témoigne ou d’une infestation récente ou d’une sur-infestation. Nous pouvons donc conclure, ou bien que cet animal est né dans un milieu non infesté, où il n’acquit aucune immunité et qu’il fut contaminé plus tard au cours de ses déplacements, ou bien que l’espèce à laquelle il appartient jouit d’une réceptivité spéciale, comparable à celle de l’homme qui, contrairement aux carnivores, peut s’infester à tout moment de la vie, se sur-infester même, et présenter fréquemment des symptômes graves d’ascaridiose. • Laboratoire d'éthologie des animaux sauvages du Muséum. — 308 — Étude de quelques caractères morphologiques DE TOXASCARIS LEONINA (LINSTOW 1902; PROVENANT D’UN PUMA. Par C. Desportes. ( Note présentée par M. J. Nouvel.) Dans les pages qui précèdent, J. Nouvel publie un cas d’asca- ridiose mortelle par Toxascaris leonina (Linst. 1902) chez un Puma. 'Cette observation apporte aux connaissances que nous possédions sur ces Nématodes deux acquisitions nouvelles, la première relative à leur pouvoir' toxique qui, dans certaines conditions, peut être très élevé (350 individus à peine ont pu déterminer la mort d’un animal de la taille du puma !). la seconde relative à l’euryxénie de Toxascaris leonina : il faut ajouter aujourd’hui Puma concolor (L.) à la liste déjà longue des Mammifères susceptibles d’héberger cet Ascaris.' On ne connaissait, en effet, que huit espèces de Nématodes chez le Puma : quatre appartenant aux Spiruroidea : Phylasoptera terdentata Molin 1860, Physalopetra digitata Schneider 1866 (qui diffère du précédent par un certain nombre de caractères notamment par la petite taille de la papille précloacale), Cylicospirura subce- qualis (Molin 1860) [= Spiroptera f élis- concolor is M. C. Y., in Molin 1860 = S. subæqualis Molin 1860 ; placé par Vevers (1922) dans le genre Cylicospirura) et Gnathostoma spinigerum (Owen 1836} [décrit comme parasite du Chat, du Puma et peut-être du Tigre, par Diesing (18^8), sous le nom de Cheiracanthus robustus, désigné en 1885 sous le nom de Gnathostoma robustum (Diesing) par Rail- liet et, finalement, mis en synonymie avec G. spinigerum (Owen) par ce dernier auteur en 1893] ; — Deux Stronygloidea : Syngamus dispar (Diesing 1851) [= Sclerostoma dispar DieS. 1851, placé dans le genre Syngamus par Molin en 1861 (cf. Chapin 1925)]et Ancylos- toma caninum (Ercolani 1859) [= Dochmius tubæformis Zeder 1800 = Strongylus tubæformis (Zed.) Rudolphi 1819 = Ancylostomum tubæforme (Zeder) v. Linstow 1885 = Uncinaria tubæformis (Zeder) Stossich 1899 ; mis en synonymie de Ancylostomum trigonocephalum (Rud. 1808) par R. Blanchard (1889)] ; — une espèce de la super- famille des Filarioidea : Solenonema striata (Molin 1858) Diesing 1861 [= Filaria felis-concoloris M. C. V. in Molin 1858 = Filaria striata Molin 1858 = Dirofilaria striata (Molin) Railliet et Henry 1911; les caractères de ce Ver ne permettant pas de le considérer comme appartenant au genre Dirofilaria, je l’en ai retiré (Desportes 1939) et le replace provisoirement dans le genre Solenonema Dies. comme Bulletin du Msuêum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 309 species incertæ sedis] ; — enfin un Ascariïjioidea, Toxocara mystax donné primitivement comme parasite de P. concolor sous le nom d’ Ascaris anterospiralis Moliml860 (espèce qui fut mise en synonymie d’ Ascaris mystax (Z'eder 1800) par V. Drasche (1882), puis signalé plusieurs fois depuis chez le Puma sous le nom d , Ascaris^mystax. A ces huit espèces, que je crois être les seules mentionnées jusqu’à ces dernières années (1940) chez Puma concolor 1 j’ajouterai donc Toxascaris leonina (Linst. 1902), espèce assez commune chez le Lion et le Chien et dont la liste des hôtes comprend les espèces suivantes : F élis leo, F. tigris , F. pardus, F. uncia, F. viverrina , F. bengalensis (Baylis et Daubney 1925), Cynælurus jubatus, F. serval (Railliet et Henry 1911), F. catus (Baylis 1924), Canis familiaris , C. aureus (Railliet et Henry, v. T. limbata ), C. lupus (T. microptera synonyme de T. leonina in Yorke et Maplestone 1926), Vulpes bengalensis (donné par Baylis et Daubney pour hôte incertain), Vulpes vulpes (que je donne également pour nouvel hôte, ayant récolté un mâle de T. leonina à l’autopsie d’un renard mort en captivité à Paris) et Homo sapiens (Leiper, 1907). Ce Nématode fut certainement contracté, dans le cas présent, au cours du séjour du Puma dans l’une des ménageries où il fut placé : certains individus recueillis lors de l’autopsie, n’étajent pas encore parvenus à leur complète maturité sexuelle. Toutefois, Toxascaris leonina étant un parasite cosmopolite, il ne semble pas impossible que des infestations de Pumas se produisent également dans la nature. Jejne bornerai ici à donner les rapports taxonomiques de quelques exemplaires trouvés chez le Puma et ne ferai, pour toute description, que celle des quelques détails morphologiques qui m’ont semblé les plus importants à signaler. Male : Longueur variant entre 35 et 48 mm. Diamètre moyen de 46 mm.) 800 p env. Œsophage total ^ de 46 mm.) 3 mm. 745 Distance des diérides à l’extrémité antérieure. . . . 947 p Distance du pore excréteur à cette extrémité .... 720 Distance de l’anneau nerveux à cette extrémité. . 700 p env. Longueur de l’aile cervicale (même mâle) . . . ... . . 2 mm. 84 Largeur de cette aile 150 p Distance de l’orifice cloacal à la pointe caudale. . 210 p Distance des phasmides à cette pointe . 75 p Longueur des spiculés (même mâle) 982 p Longueur des spiculés chez un mâle de 48 mm. . . 1 mm. 01 Longueur des spiculés chez un mâle de 42 mm. . . 950 p 1. Ces espèces figurent toutes les huit, dès 1878, dans Compendium der Helmin- Ihologie de v. Linstow. Femelle : Longueur variant entre 42 mm. et 82 mm.- Diamètre moyen (Ç de 70 mm.) Longueur de l’œsophage total (même femelle) Distance des diérides à l’extrémité antérieure . . Distance du pore excréteur à cette extrémité . . Distance de l’anneau nerveux à cette extrémité Distance de la vulve à cette extrémité Longueur de l’aile cervicale Largeur de cette aile : maximum Distance de l’anus à la pointe caudale. Distance des phasmides à la pointe caudale. . . . Dimension des œufs 1 mm. env. 5 mm. 10 1 mm. 05 et 1 mm. 2 850 p. 760 fx 28 mm. 3 mm. 26 180 p. 700 p, env. 135 et 120 p. 85 X 70 [x 78 X 64 p, 82 x 68 p. 79 x 69 p. Fig. 1. • — Toxascaris leonina : Vue apicale de l’extrémité céphalique. Les chiffres donnés ci-dessus pour fa longueur du corps, des spiculés et les dimensions des œufs correspondent assez exactement à ceux publiés par d’autres auteurs et qui figurent en particulier sur les quelques tableaux dressés pour cette espèce dans le travail de E.-L. Taylor (1924); ils sont également superposables aux chiffres 311 que j’ai pu enregistrer pour des parasites de cette espèce récoltés chez le Chien, le Lion et le Renard (un seul mâle). Je dois ajouter que tous les Vers examinés étaient, en outre, morphologiquement identiques. L’extrémité cépalique est formée de trois lèvres séparées par des sillons profonds à la base desquels se trouvent des lobes interlabiaux . très courts, mais faciles à mettre en évidence (fig. 1 et 3). La face externe de chacune des lèvres, convexe présente une légère dépres- sion en son milieu ; dans sa partie interne, la lèvre forme un angle dièdre dont chaque face s’applique sur celle que lui oppose la lèvre voisine et dont l’arrête médiane, parallèle à l’axe de la bouche est creusée d’une gouttière à parois épaisses : cette gouttière est plus profonde et par conséquent plus visible, même par transparence (fxg. 1 et 2), dans la partie moyenne et postérieure de la cavité buccale ; elle s’estompe entièrement vers le bord antérieur de la lèvre. La marge des lèvres, marquée d’une arête assez vive, porte environ 90 denticules qui naissent du bord interne et dont les plus antérieurs sont les mieux individualisés. La pulpe de chaque lèvre, visible par transparence, forme, ainsi que l’ont indiqué Railliet et Henry 1911, deux lobes latéraux, séparés l’un de l’autre par une selle évasée et 312 — nettement détachés des lobules antérieurs bilobés par un éillon pro- fond. Sur des préparations bien éclaircies par le chloral lacto-phénol, on peut également mettre en évidence le contour des deux grosses cellules claviformes de Goldschmidt qui constituent la partie fonda- mentale de la pulpe de chaque lèvre (Hôppli 1925). Les papilles du cycle externe sont au nombre de six_j quatre papilles submédianes réparties de la façon suivante : deux sur la lèvre supérieure, une seule sur chaque lèvre inférieure et dans sa Fig. 3. — Toxascaris leonina : Extrémité céphalique vue de profil (la face centrale est à droite sur la figure) partie ventrale. Les deux terminaisons sensorielles de chaque papille submédiane sont, ici, beaucoup mieux individualisées que chez Ascaris lumbricoides : les terminaisons médio-médiales (dorso-dorsales et ventro-ventrales) étant représentées extérieurement par des mame- lons cuticulaires globuleux alors que les terminaisons sensorielles latéro-médiales (latéro-dorsales et latéro-ventrales) ne forment qu’une fine dépression au centre d’une plaque cuticulaire cordiforme très surbaissée et peu visible. En plus des papilles submédianes, chaque lèvre inférieure porte, en position latérale mais à un niveau plus antérieur, deux autres formations cuticulaires, dont la première, ventro-latérale, représente la papille latérale du cycle externe (il y aurait là, d’après B.-G. Chitwood et M.-B. Chitwood (1940) non pas une seule papille,., mais fusion de deux papilles, l’une, ventro-latérale, bien formée, l’autre, dorso-latérale, rudimentaie) et la seconde, plus dorsale, constitue l’amphide. Le cycle papillaire interne est représenté par six organes sensoriels, interno-médiaux et interno-latéraux très fins, mais profonds et bien réfrigents. Par contre, les trois paires d’organes gustatifs observées par Hôppli (1924), sur des coupes de l’extrémité antérieure de différents Ascaris, ne semblent intéresser que la partie profonde de la cuticule (Hôppli 1925, fig. 8) et ne déterminent aucune modification du relief de la face interne des lèvres. Les. diérides, un peu en arrière de l’anneau nerveux (v. ci-dessus) sont situées dans l’angle dièdre dorsal que forme l’aile cervicale avec le corps. L’extrémité caudale du .mâle (fig. 4), conique, porte cinq paires de papilles : deux subdorsales, quelquefois fusionnées, et trois subven- trales dont la plus antérieure, un peu en arrière du niveau de l’ori- 314 i fice cloacal, est dédoublée transversalement. Le nombre des paires de papilles qui s’échelonnent plus antérieurement (papilles pré- cloacales) varie considérablement : j’en ai compté respectivement 24, 25, 26, 26, 27, 29v 29, 30, 31 et 32 paires chez 10 mâles provenant du Puma ; 27 et 28 paires qhez deux spécimens récoltés chez un Lion ; 29, 29, 28, 30 et 31 paires chez des mâles de cette espèce trouvés chez un Chien, 27 paires sur l’exemplaire du Renard. Le nombre des papilles varie souvent aussi d’un côté du corps à l’autre : on trouve par exemple 24 papilles du côté droit et 26 du côté gauche ou res- pectivement 25 et 28, ce qui semble tenir au fait que la progression des intervalles qui séparent les papilles, comptées d’arrière en avant, ne se fait pas d’une façon régulière ni symétriquement des deux côtés. En plus des papilles précédentes, existe une papille médiane pré- cloacale, réniforme, assez saillante en vue latérale. L’orifice phasmidial ( p ) considéré par beaucoup d’auteurs cemme l’une des « cinq papilles simples postanales » est situé légèrement en avant des papilles terminales, subdorsale et subventrale, et ert position latérale. Les pores droit et gauche sont sensiblement au même niveau chez le mâle alors qu’il y a souvent, chez la femelle, un décalage important entre ces mêmes orifices droit et gauche. BIBLIOGRAPHIE Baylis (H.-A.). Toxascaris leonina as a parasite of the domestic cat. Communie, de 1’ « Helminthological Soc. of Washington in J. of Parasit. X, 1124, p. 217. — et Daubney (R.). Report on the Parasitic Nematodes in the Collection of the Zoological Survey of India. Mem. Ind. Mus. VII, 1922, p. 263. Blanchard (R.). Traité de Zoologie médicale. Paris, I, 1889, 808 p. Chapin (E.-A.). Review of the Nematode généra Syngamus Sieb. anp Cyathostoma E. Blanch. J. of Agric. Res. XXX, 1925, p. 557, pl. I-IV. Chitwood (B.-G.) et Chitwood (M.-B.). 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London, 1922, 2, p. 901, 10 fig. Laboratoire d1 Ethologie des animaux sauvages du' Muséum et Institut de Parasitologie de la Faculté de Médecine de Paris. 316 Sur les Cestodes de Puma concolor (L.). Par Robert-Ph. Dollfus. [Note présentée par M. J. Nouvel.) Chez les Pumas en captivité dans les jardins zoologiques d’Eu- rope, l’on n’a pas encore trouvé de Cestodes appartenant à des espèces les parasitant dans leurs pays d’origine. En captivité en Europe, les Pumas acquièrent d’autres Cestodes, espèces banales chez des Carnivores européens. Au Brésil, trois espèces ont été trouvées par Natterer : 1. - — - Tænia omissa Max Lühe (1910, p. 684-700, fig. texte C, pl. XIX, fig. 4-5) qui avait été déterminé comme crassicollis par Diesing (1850, p. 519), mais fut distingué par Max Lühe. 2. — Echinococcus oligarthra (Diesing, 1863, p. 370), d’abord supposé par Diesing (1850, p. 519) être l’état jeune du Tænia crassicolis Rud., espèce à laquelle Diesing réunissait à tort des individus récoltés au Brésil chez P. concolor et d’autres Felidæ sauvages. L’étude des spécimens récoltés par Natterer permit à Max Lühe de constater que pas un seul d’entre eux n’était crassi- collis. De la description de « Tænia oligarthra Dies. » par Max Lüiie (1910, p. 689-694, fig. texte A-B, pl. XIX, fig. 1-3) résulte que cette espèce est extrêmement voisine d 'Echinococcus echinococcus (Zeder) ; elle s’en distingue principalement par une forme un peu différente de l’ovaire (dont les deux ailes sont au même niveau que le recepta- culum seminis), par des testicules un peu moins nombreux (25-30 au lieu de 40-50), des œufs un peu plus petits (15-17 p. au lieu de 30-36 p). 3. — Diphyllobothrium decipiens (Diesing 1850, p. 158 ; 1856, p. 25-26, 36, pl. I, fig. 1-7). [= Bot hriocep hal us felis Creplin 1825]. Le type de l’espèce, distinguée par Creplin, provient du chat domes- tique d’Allemagne ; il n’est pas certain que Diesing ait raison de considérer comme la même espèce les spécimens trouvés chez concolor et autres Felidæ sauvages, au Brésil par Natterer, Au Jardin Zoologique de Londres a été trouvé une fois, en un seul exemplaire : 4. — Tænia tæniæformis (Batsch 1786) = T. crassicollis Rud. 1810. L’unique spécimen a été décrit comme espèce nouvelle : T. ammonitiformis W. Baird (1862. p 20-21, pl. II; fig. 7). L’indé- pendance spécifique du spécimen de Baird fut mis en doute par Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. — 317 — Diesing (1863, p. 385), qui estima qu’il pouvait s’agir d’une forme tératologique de crassicollis Rud plutôt que d’une espèce parti- culière, F. -S. Monticelli (1892, p. 154) a réexaminé le spécimen de Baird conservé au British Muséum ; il a constaté qu’il s’agissait de crassicollis [= tæniæformis ]. A notre connaissance, la seule référence originale relatant la pré- sence de tæniæformis chez Puma concolor (L.) est celle de W. Baird ; les nombreuses références indiquées dans les catalogues, les réper- Fig. 1. — Tænia ovis Cobbold, de Puma concolor (L.). Double couronne de crochets. Vue apicale. toires, les monographies, ne concernent pas d’autre récolte. M. C. Hall (1919, p. 13, 80) mentionne tæniæformis chez P. concolor, sans référence. Nous pouvons confirmer la présence de tæniæformis chez le Puma ; nous avons identifié à cette espèce de Tænia deux individus trouvés à la Ménagerie du Muséum de Paris (11-10-1926) lors de la dissection d’un Felis concolor aztecus par le Professeur E. Bourdelle, qui nous les a aimablement remis pour identification. Ces deux indi- vidus, longs d’environ 15 à 16 cm., ont pris, lorsqu’ils ont été mis en — 318 — alcool, le même aspect contourné que celui figuré par W. Baikd ; les proglottis, fortement craspédotes, atteignent une largeur de 8 mm. ; l’habitus est caractéristique. Aux quatre espèces précédentes nous ajoutons : 5. — Tænia ovis (Th. Sp. Cobbold 1§69) Ransom 1913 ; nous lui rapportons quatre individus longs respectivement de 185, 215, 217, 240 mm., trouvés au Jardin Zoologique de Vincennes lors d’une récente autopsie. Chez un de ces individus, nous avons compté 34 crochets ; les 17 de Fig. 2. — Grand et petit crochets de la même couronne.de crochets que celle de la figure précédente. la couronne supérieure étaient longs de 180 à 185 fx 7, les 17 de la couronne inférieure mesuraient 118 à 125 [x ; un deuxième individu portait 36 crochets, dont 18 de 172 à 179 g, et 18 de 117 [x. L’anatomie est conforme à la description donnée par M. C. Hall (1919, p. 32-36, fig. 37-39). Puma concolor (L.) est un hôte noüveau pour Tænia ovis (Cobbold), qui n’était connu adulte que chez le chien domestique. Dans un catalogue des Cestodes de Mammifères, F.-J. Meggitt (1924, p. 216) mentionne, chez Puma concolor (L.) : Diphyllobothrium latum (L.), Echinococcus granulosus (Batsch) et Tænia sp. R. Moniez 1880 [en plus de Diph, decipiens (Dies.), Echinoc. omissa (Lühe) et T. oli- 319 — garthra (Dies.)]. Nous ne croyons pas que l’on doive admettre, sans confirmation, P. concolor parmi les hôtes de D. latum et E. granulosus . Diph. latum (L.) est dit par Max Braun (1882, p. 41) avoir été trouvé chez P. concolor , mais Braun ne dit pas quand, ni où, ni par qui. Nous ignorons à quelle source Braun a puisé ce renseignement et s’il est exact. Echinococcus granulosus (Batsch 1786) aurait, parmi ses hôtes, dit Ch.-W. Stiles (1906, p. 76) « probably cougar (P. concolor) », mais STiLES^ne dit pas d’où il tient cette information. Il est pro- bable que les divers auteurs qui, tels M.-C. Hall (1919, p. 58, 80) ont mentionné E. granulosus (Batsch) chez P. concolor ont simple- ment emprunté ce renseignement douteux à Stiles. En ce qui concerne « Taenia sp. Moniez 1880 », pour lequel Meggitt (1924. p. 96) renvoie à « Moniez 1880, p. 47 », il n’a pas été trouvé chez un puma. R. Moniez (1879, p. 163 ; 1880. p. 47 note) dit l’avoir récolté chez une Panthère morte en captivité et l’identifie à Tænia felis-pardi Rudolphi ; il n’est pas question de Puma concolor (L.). On distinguera les 3 espèces du genre Tænia trouvées chez Puma concolor (L.) d’après le tableau ci-dessous. Ntfre de branches Dimensions des crochets latérales (de Nombre grands petits chaque côté) de Œufs de crochets ix ix de l’utérus. [x T. omissa ..... 40 270-290 190-200 2 28-32 36 T. tæniæformis. 26-52 380-420 250-270 ' 16-18 31-37 T.ovis 24-36 156-188 96-128 20-25 30-34 x 24-28 Pour la description détaillée d’ omissa, on se reportera à l’ouvrage de Max Lühe (1910), pour celles de tæniæformis et ovis à l’ouvrage de M.-C. Hall (1919) et aux divers traits d’Helminthologie vété- rinaire. Laboratoire d’Ethologie des animaux sauvages du Muséum. BIBLIOGRAPHIE 1862. Baird (William). Description of two new species of cestoid worms belonging to the genus Tænia. Procéed. Zoolog. 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Washington, june 1906, p. 1-104, fig. 1-166. ~7 321 — Catalogue des types de Gastéropodes marins conservés au Laboratoire de Malacologie. V. — Nassidae, Vasidae, Volutidae. Par E. Fischer-Piette et J. Beigbeder 1. • FAMILLE NASSIDÆ î * , r i .'ï \ î ! • Genre Northia Gray 1847. Northia anguiosa Jousseaume 1898, Le Naturaliste , XX, p. 251, figure. « Holotype. Long. 48 mm. Provenance : Panama. Et un échantillon de 67 mm., même provenance. Genre Dorsanum Gray 1847. Voir Bullia. ■/' ! . . -A Genre Bullia Griffith 1834. Dorsanum Gruveli Dautzenberg 1910, Contrib. faune malac. Afr. occid., Actes Soc. Lin. Bordeaux, p. 56, pi. 2, fig. 7. Holotype. Long. 18 mm. Provenance : Bilaouak. Buccinum miran Bruguière 1789. Encycl. méth.. Vers, I. p. 268. Espèce fondée sur « Le* Miran » d’AüANSON (1757, Hist. nat. Sénégal, p. 50, pl. 4, G, IX, fig. 1), dont 6 exemplaires ont été retrouvés et étudiés par E. Fischer-Piette (1942, Les Moll. d’Adan- son, p. 160, pl. 2, fig. 7 et 8) sous le nom Bullia miran. 1. Suite de^ notes parues dans ce Bulletin, t. XV, 1943, pp. 203, 324 et 429 et t. XVI , 1944, p. 70. Pour la façon dont a été conçu ce catalogue et pour le sens donné aux mots holotype, syntype, paratype, voir 1943, p. 203. Nous rappelons que ce catalogue comporte l’identification des types de Savigny et de Risso. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. — 322 Dorsanum terebræforme Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel côte occ. Afr., moll. mar., Ann. Inst, océanogr., p. 33, pl. 1, fig. 39, 40. Holotype. Long, 23 mm. Provenance : Mossamédès. Genre Amycla H. et A. Adams 1853. Voir Nassa. Genre Cyclope Risso 1826. Voir Nassa. Genre Niotha H. et A. Adams 1853. Voir Nassa. Genre Phrontis H, et A. Adams 1853. Voir Nassa. Genre Planaxis Risso 1826 ( non Lamarck 1882). Voir Nassa. * Genre Sphaeronassa Locard 1886. Voir Nassa. Genre Nassa Lamarck 1799. Planaxis affinis Risso 1826, Hist. nat. Eur mérid., IV, p. 175 (sans figure), * Quatre exemplaires, long. 11 à 15 mm. L’un d’eux (de 12 mm.) a été représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th, Monod, Inven- taire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931)^ Cette espèce s’identifie à Nassa incrassata Müll. ■■ Nassa bicolor Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p 84> pl, 21, fig. 41, 42, Un échantillon rapporté par Hombron et Jacquinot, mais sans ^provenance. Long. 15 mm. Nassa Botjrguignati Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr. Buccinidæ, p. 37, fig. 6 de la planche. Sept paratypes, long. 25 à 33 mm. de Dunkerque, Brest (2 exempl.), Guethary (2 ex.), Roussillon, Marseille. Nassa Bucquoyi Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr. Buccinidæ, p. 81. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection Locard. 31 exemplaires (long. 7 à 9 mm.), des côtes de la Méditer- ranée. Nassa Deshàyesi Hombron et Jacquinot 1854' Voy. Pôle Sud, p. 76, pl. 21, fig. 11, 12. Holotype. Long. 24 mm. Provenance : Amboine. Planaxis desmarestiana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 176, pl. 8, fig. 105. Un exemplaire. Long. 10,5 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa incrassata Müll. — 323 — Planaxis donatiana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 176 (sans figure)., Holotype. long. 13 mm., représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus.. 6e s., VII, 1931), Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N, cos- tulata Renieri. Amycla elongata Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 143 (figuré en 1887, Monogr. fam. Buccinidæ, fig. 14 de la planche). Plusieurs échantillons, dont six (long 11 à 13 mm.) proviennent, d’une localité citée dans le texte : Cannes. Nassa elongatvla Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 139. Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collec- tion Locard. Plusieurs échantillons, dont deux des Martigues, localité citée dans le texte. Nassa erythræa (lssel 1869, N. costulata var. erythræa, Malac. mar. Rosso, p, 126, 268, 394) Pallary 1926, Explic. planches Savigny, Mém. Inst. Egypte, p. 88. Ces dénominations sont celles qui ont été données à la figure 4 de la planche 6 de Savigny, Descript. Egypte. Un exemplaire, collection Savigny, long. 8,2 mm. Ce peut être la coquille figurée. Cette espèce est valable, et d’ailleurs bien connue maintenant que d’autres récoltes en ont été faites. Voir la bibliographie dans G. Moazzo, 1939, Mém. Inst. Egypte, t. 38, p. 152. C’est également à cette espèce qu’il faut rapporter les échantillons du Golfe de Suez (collect. du Muséum) nommés N. acutideniata Smith 1879 par Ed. Lamy [Mém. Inst. Egypte , t. 37, 1938, p. 51). Nous avons égale- ment déterminé comme N. erythræa divers exemplaires de la col- lection Jousse aume, provenant de la Mer Rouge (très nombreux), de Ceylan (1 ex.) et des Philippines (1 ex.). Nassa eutacta Locard 1887, Contrib. f. malac. Fr., Monogr* Buccinidæ, p. 66, fig. 11 de laqdanche. Six paratypes, long. 6 à 8 mm., provenant de Piriac (2 exempl.) et du Croisic (4 ex.), Nassa exigua Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, pl. 21, fig. 26, 27 (sans description). Holotype. Long. 15 mm. Provenance : Iles Salomon (Etait marqué comme type de Nassa nigra H. et J.). Nassa Fischeri 'Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel côte occ. Afr. Moll, mar., Ann. Inst, océanogr., p. 31, pl. 1, fig. 37, 38. Holotype. Long. 12,5 mm. Provenance : Mossamédès. , ' — 324 — Planaxis fitcheliana Risso 1826, Hist. nat Eur. mérid., IV, p. 177, pl. IX, fig. 127. Holotype. Long. 8 mm. Et un autre échantillon, de 7 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri. Buccinum floridanum Lesson 1842, Rev . zool. Soc. Cuv ., p. 237 (sans figure). v Un échantillon de la collection Lesson, probablement paratype. Long. 21 mm. Sans provenance. Nassa fragum Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 83, pl. 21 fig. 39, 40. x Holotype. Long. 19 mm. Nassa fusca Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 74, pl. 21, fig. 7, 8. Holotype. Long. 27 mm. Provenance : Iles Salomon. Buccinum globosum Quoy et Gaimard 1832. Voy. Astrolabe, Zool., II, p. 448, pl. 32, fig. 25-27. Holotype. Long. 13 mm. Provenance : Vanikoro. Et 11 paratypes, même provenance, long. 9 à 14 mm. Sphæronassa globulina Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Cat. gén. Moll, mar., p. 133 (sans figure). Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collection Locard (Saint-Tropez). Nombreux échantillons, dont 5 de Saint- Tropez, long. 18 à 23 mm. Nassa Guerini Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Cat. gén. Moll, mar., p. 140. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection Locard. Plusieurs exemplaires, dont 8 (long 11 à 16 mm.) provien- nent de localités citées dans le texte : La Seyne (7 ex.) et Cannes (1 ex.). Nassa in^lata Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr., p. 84 (sans figure). Nombreux exemplaires de la Méditerranée. Long. 12 à 18 mm. Nassa interjecta Locard 18$6, Prodr. malac. Fr.. Catal. gén. Moll, mar., p. 136 (sans figure). Plusieurs exemplaires, dont 5 (Ipng. 15 à 17 mm.) proviennent des localités citées dans le texte : les Martigues (4 ex.) et Saint-Tropez (1 ex.). Sphæronassa irregularis Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr., p. 74 (sans figure). Trois exemplaires (marqués Méditerranée, et Iles d’Hyères), long. 16, 17 et 18 mm. Nassa isomera Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 135 (sans figure). — 325 — Onze exemplaires syhtypes (long. 24 à 28 mm.), de Dunkerque (1 ex.), Langrune (3 ex.)^ Granville (1 ex.), Cherbourg (l,ex.), Rous- sillon (1 ex.), Saint-Tropez (2 ex.), Presqu’île de Gien (2 ex.)., Nassa Jousseaumei Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p, 139. Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collection Locard. Nombreux échantillons, mais aucun de la provenance indiquée dans le texte (Toulon). Planaxis lævigata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 175 (sans figure). Holotype. Long. 10 mm. Représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa granum Lamk. Planaxis lineolata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid.. IV, p. 173, pl. IX, fig. 136. Holotype. Long. 12 mm. Figuré également sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. ;= N. costulata Renieri. Planaxis loques Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid;, IV, p. 177 (sans figure). Holotype, long. 10 mm., représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri. Nassa Mabillëi Locard 1887, Contrib. faune malac. fr., Monogr. Buccinidæ, p. 71. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection Locard. Nombreux exemplaires, dont 33 (long. 8 à 10 mm.) provien- nent des localités citées dans le texte : La Seyne (2 ex.), Saint- Raphaël (11 ex.), Saint-Tropez (10 ex.), Cannes (8 ex.), Nice, (2 ex.). v Nassa mediterranea Risso 1826, Hist. nat, Eur. mérid., IV, p. 170. ; Cinq échantillons, de 20,|T9, 19, 19 et 18,5 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa mutabilis L. Nassa miga Bruguière 1789, Encycl. méth. Vers, I, p. 274. Espèce fondée sur « Le Miga » d’ÂüANSON (1757, Hist. nat. Séné- gal. p. 116, pl. 8, fig. 10), dont 13 exemplaires ont été retrouvés et étudiés par E. Fischer-Pîette (1942, Les Moll. d’Adanson, p. 213, pl. 5, fig. 7). Planaxis molliana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV > p. 176 (saris figure). Holotype. Long. 8 mm. Représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e série, VII, 1931) ; et deux autres individus, de 7,5 et 6 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. == Nassa coslulata Renieri. Amycla Monterosatoi Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 143. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection Locard. Nombreux exemplaires, dont 48 (Ion. 9 à 14 mm.) provien- nent de localités citées dans le texte : Cette (6 ex.), Toulon (13 ex.), Saint-Tropez (11 ex.), Cannes (18 ex.), Buccinum mù-ricatum Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zoool. Il, p. 450, pl. 32, fig. 32, 33. Holotype, 13,5 mm. Provenance : Nouvelle- Irlande. Et 6 para- types, même provenance, long 11 à 14 mm. Cyclope neritoidea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 170 (sans figure). Cinq échantillons, de 15, 13, 12, 12, 12 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa neritea L. Nassa obliqua Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 84, pl. 21, fig. 43-44. Holotype. Long. lS^pim. Provenance : îles Salomon. Phrontis obockensis Jousseaume 1888, Mëm. Soc. zool. Fr., 1888, p. 184 (sans figure). Holotype. Long. 11 mm. Provenance : Obock. Et 3 autres échan- tillons, même provenance. Nassa olivacea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 173, pl." VIH, fig. 114. Un exemplaire de 18 mm., probablement holotype. Et cinq autres échantillons, de 13 à 17 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa corni- culum Olivi. Nassa4 ovoidea Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 142 (sans figure). Holotype. Long. 18,5 mm. Provenance : Royan. Nassa Poirieri Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr. BuCcinidæ, p. 40, fig. 7 de la planche. Espèce fondée sur une figure de Kiener, et sur la collection Locard. Quatre paratypes, de Marseille (26 mm.), La Seyne (32 et 29 mm.), Saint-Tropez (30 mm.). Nassa Polignaci Lamy 1923, Camp. Sylvana, C. R. Congr. Soc. sav. 1922, Sciences, p. 33, figure. Holotype. Long. 3,75 mm. Provenance : Guinée portugaise ; et nombreux autres exemplaires, même provenance. — 327 — , Nassa Quoyi Hombron et Jacquinot, 1854 Yoy. Pôle Sud, p. 79, pl. 21, fxg. 20-21. Holotype. Long. 26 mm. Proveqance : Ile Mangareva. Et le type de la var. alba (fig. 22), long. 26 mm. Nassa riparia Risso 1826. Hist. nat. Eur. mérid. , p. 175 (sans figure). Huit individus, long. 9 à 11 mm. Cette espèce est représentée sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie, à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri. Nassa Rochebruni Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr. Buccinidæ, p. 31, fig. 3 de la planche. Cinq para types, long. 20 à 30 mm., de Saint-Malo, Royan, La Nouvelle, et cap Sicié (2 exempl.). Nassa rosacea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 176 (sans figure). Deux exemplaires, long. 11.5 et 11 mm. Ce dernier a été représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa incrassata Müll. Nassa semisulcata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 81, pl. 21, fig. 30-32. Holotype. Long. 17 mm. Provenance : Iles Salomon. ' Nassa Servaini Locard 1887, Contrib. faune malac. Fr., Monogr. Buccinidæ, p. 29, fig. 2 de la planche. Neuf paratypés, long. 19 à 24 mm, de Granville (3 exempl.), Royan (1 ex.), Cap Sicié (4 ex.), Menton (1 ex.). Planaxis tenuis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid,, IV, p. 174 (sans figure). Un exemplaire, long. 11 mm. Cette coquille est conforme à la figure de la planche n° 32 médite (voir Th. Monod. Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’iden- tifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri. Planaxis trifasciata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 174 (sans figure). Cinq exemplaires. Long. 15 à 17 mm. Ce sont des Nassa corniculum Olivi. La description correspond d’ailleurs à cette espèce. Mais la planche inédite n° 32 (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) porte une figure de Pl. trifasciata qui représente une coquille bien différente (deux système perpendicu- laires de sculpture), probablement Nassa reticula L. Planaxis turulosa Risso 1826, Hist, nat. Eur. mérid., p. 174, pl. VIII, fig. 108. — 328 — Holotype. Long. 10,5 mm. L’examen de cet échantillon montre qu’il appartient^» l’espèce qui a été nommée depuis lors Nassa Edwardsi par P. Fischer (1882, Journ. de Conchyl., XXX, p. 50]; voir aussi Locard 1897, Expéd. Travailleur Talisman, I, p. 267, pl. XIII, fig. 29-30). Je fais aussi entrer dans la synonymie de cette espèce le Buccinum sulcatum Kiener (1834, Spec. Icon. coq. viv., p. 73, pl. 13, fig. 45), d’habitat inconnu, qui avait été placé par H. et A. Adams (Gen. rec. Moll., p. 112) dans le genre Truncaria ' Adams et Reeve. Le nom assa Nturulosa Risso doit donc être employé pour cette espèce, à moins qu’on ne considère que ce nom à son tour doive entrer dans la synonymie de Nassa sèmistriata Brocchi, ce dont nous ne pouvons décider actuellement. Fassa valliculata Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Gatal. gén. moll. mar., p. 137. ~ ~ ■ Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection Locard. Neuf des exemplaires (long. 13 à 16 mm.) proviennent de localités citées dans le texte : Cancale (2 ex.), Brest (1 ex.), Biarritz (3 ex.), Les Martigues (3 ex.). • Nassa vitiensis Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 79, pl. 21, fig. 23-25. Holotype. Long. 25 mm. Provenance : Iles Viti. Niotha voluptabilis Jousseaume 1894, Bull. Soc. Philom., V, p. 101 (sans figure). Echantillons syntypes, au nombre de 14. Long. 10 à 12 mm. Provenance : Djibouti. FAMILLE VASIDÆ Genre Turbinella Lamarck 1799. Turbinella bilamillata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 212 (sans figure). L’exemplaire a 31,5 mm. de long, ce qui correspond bien au texte ; il est étiqueté'T urbinella trilaminata , et a été figuré sous le nom de T. vilamillata* dans la planche Jn° 53 inédite (coir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931), Il s’agit d’un échantillon extrêmement usé de' Vasum capitellum L ., espèce antillaise. La collection Risso contient d’ailleurs deux exem- plaires en bon état, correctement étiquetés par Risso Turbinella — 329 — capitellum Lamk. : Risso a donc eu un lot de cette espèce, dont sans doute un exemplaire s’est égaré dans sa collection méditerra- néenne. Turbinella , cassidiforme Valenciennes in Kiener 1840, Spec. Icon. coq. viv., p. 20, pl. 9, fig. 1. Deux paratypes. Long. 75 et 73 mm. Provenance : Bahia. [Turbinella clathrata Valenciennes in Kiener. Voir Peristernia ]. [Turbinella irioclor Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .] [Turbinella macülata Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .] [Turbinella tigrina Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .] [Turbinella triplicata Risso. Voir Mitridæ .] FAMILLE VOLUTIDÆ Genre Yetus Adanson 1757. Voir Cymbium. \ ■ . ' Genre Cymbium Rôding 1798. Yetus marocanus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann. Mus. Hist. nat. Marseille , XXII, p. 67, pl. 1, fig. 4. Holotype. Long. 115 mm. Provènance : Agadir. Yetus pachyus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann. Mus. Hist. nat) Marseille , XXII, p. 75, pl. 1, fig. 3. Type de la var. minor. Long. 90 mm. Provenance : Douala. Yetus turriculatus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann. Mus. Hist. nat. Marseille , XXII, p. 70, pl. 1, fig. 5. La coquille figurée (var. minor), long 68 mm. Provenance : Maron méridional. Genre Harpovoluta Thiele 1912. Buccinum Charcoti Lamy 1910, Bull. Mus., p. 318. Ün exemplaire, brisé. Provenance : Ile du Roi Georges (Shetlands du Sud). 330 — Genre Voluta Linné 1758. Voluta bracata Mabille et Rochebrune 1889, Miss. sc. Cap Horn, p. 48. Deux échantillons sans indication de provenance, marqués « types » mais dont les longueurs (193 et 170 mm.) sont plus faibles que n’in- dique le texte (197 et 190). Voluta Loroxsi Valenciennes 1863, Journ. de Conchyl., Xl, p. 72, pl. 1, fig. 1. Holotype. Long. 76 mm. Habitat inconnu. [Voluta mitrella Risso. Voir Marginellidæ .] ( A suivre.) Laboratoire de Malacologie du Muséum. Sur deux genres de Risso : Protula, Lemintina. Par A. Chavan. Parmi les noms génériques introduits par Risso dans son Histoire Naturelle, il s’en trouve plusieurs d’interprétation douteuse, par insuffisance ou défaut de figuration type. Il semble intéressant que disparaisse une incertitude particulièrement gênante lorsqu’il s’agit de genres importants, tels ceux qui font l’objet de cette note. Leur fixation s’appuie sur les documents et matériaux mêmes de Risso, devenus la propriété du Muséum. I. — Le genre Protula Risso, 1826. Le terme générique Protula fut introduit pour des Serpuliens dépourvus d’opercule, avec Protula Rudolphi Risso pour monotype L Cette espèce ne fut pas figurée, mais son identité avec Serpula tubu- laria Montagu 2 est admise. « Serpula » tubularia, également sans figure originale, est la classique belle Serpule à tube dressé, sans ornementation longitudinale ; bien distincte des Serpula (S. vermi- cularis L.) par ses parties molles et notamment l’absence d’opercule, elle justifie un genre distinct, dont l’appellation repose essen- tiellement sur le texte de Risso. Or deux spécimens de Protula Rudolphi subsistent dans sa col- lection, entrés au Muséum en 1927. Ce sont des fragments de tubes à peine arqués, l’un très fruste, l’autre bien conservé, collés sur un carton dont le verso porte l’étiquette originale suivante : « genus Protulla « (sic) et en dessous : « Yermetus Rudolphi Risso ». Il semble judicieux de désigner le meilleur de ces échantillons comme type. Je le ai reproduits l’un et l’autre en grandeur naturelle (fig. 1 a). Cette coquille, sensiblement cylindrique avec un diamètre d’en- viron 6,5 millimètres, n’est marquée en surface que de stries trans- verses irrégulières, fines et serrées. Elle est libre et présente' tous les caractères de « Serpula » tubularia Mtg. L’interprétation du genre Protula se trouve donc exactement confirmée. La reconnaissance de l’échantillon précité et sa désignation, comme type avaient d’autant plus d’intérêt qu’il existe une planche coloriée inédite du P. Rudolphi conservée parmi les manuscrits de Risso et cataloguée dans l’in- 1. A. Risso, Hist. nat. princip. prod. Eur. mêrid., tome IV, Paris, 1826, pp. 405-407. 2. G. Montagu, Testacea Britannica, tome II, Londres, 1803, pp. 513-515 et Suppl., p. 171. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. ventaire établi par M. Th. Monod \ Je l’ai reproduite en noir (fig. 2). Or si l’animal représenté confirme l’interprétation du genre, ses caractères spécifiques, aussi bien que ceux du tube, pourraient plutôt s’appliquer à l’espèce voisine intestinum Lmk ; alors que Fig. la. — Protula Rudolphi Risso. Les deux écha ntillons retrouvés, le plus long désigné ici comme type. Grandeur naturelle. — Fig. 1 b. Lemintina Cuvieri Risso. Paratype et, en dessous, lectotype encore adhérent à de la roche. Grandeur naturelle. tubularia serait l’espèce manuscrite Ehrenbergi Risso, figurée sur la planche inédite suivante. Un tel bouleversement de nomenclature, avec l’incertitude qu’il laisserait, se trouve heureusement évité par la désignation du type de Rudolphi, effectuée plus haut. II. — Le genre Lemintina Risso, 1826. On né sait quel vocable attribuer au genre de Yermets formé par l’important groupe arenarius 1 2, étant admis que l’espèce de Linné correspond à la coquille méditerranéenne .ultérieurement nommée Serpulorbis polyphragma. Il est d’abord apparu naturel d’utiliser ce genre Serpulorbis Sassi, 1827 3, monotypique et bien établi. Il a 1. Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso. Arch. Muséum, 6e sér., t. VII, Paris, 1931, p. 116. 2. Serpula arenaria Linné = dentifera Lamarck = Serpulorbis polyphragma Sassi s= Vermelus gigas Bivona. 3. Sassi, Giorn. ligusticodi sc , lett. ed artif p,e 5, 1827, p. 482. — 334 — fallu malheureusement compter avec trois dénominations anté- rieures 1, chacune d’interprétation difficile. D’abord Tulaxodus Guettard, 1774 2, rejeté par beaucoup d’au- teurs comme incertain, n’ayant pris de sens qu’ultérieurement aux autres termes en discussion et seulement sous des vocables altérés : Thylacodes (Agassiz. 1847) et Tulaxodes (Môrch, 1862). C’est un nom vernaculaire oublié, proposé pour dix espèces non binominales. De tels genres, suggère Woodring 3, pourraient toutefois être acceptés. Il est certain que plusieurs des termes introduits par Guettard sont valables, notamment Tenagodus (op. cit., pp. 128-132), lui aussi modifié, en Tenagoda et Tenagodes ; mais ce genre s’appuie sur un caractère frappant (fissure longitudinale), avec une espèce tête- de-fîle déterminable (« Solen » anguinus Rumphius) qui a permis de le fixer, tandis que Tulaxodus correspond simplement aux « Serpules à cloisons », englobant des Yermets de toutes sortes 4 5. Sa restriction au groupe arenarius est bien postérieure en date à l’introduction de Serpulorbis ; encore affecte-t-elle un vocable altéré : Thylacodes 6, tandis que Tulaxodus lui-même est resté dans l’oubli, ainsi que le signale Desiiayes dans l’Encyclopédie Méthodique (1832) au genre Tulaxode » (tome III, p. 1083) ; il était ausi bien difficile de lui trouver un sens précis. Ce terme écarté, vient ensuite Serpulus Montfort, 1810 6, rejeté par les auteurs comme nomen dubium à double titre. D’abord, comme l’indique Woodring 3, le vocable Serpulus, « le Serpule », paraît n’être qu’une masculinisation de Serpula ; son énoncé de type « Serpulus contortuplicatus = Serpula contortuplicata Lamarck » l’assimilerait du reste au Serpulidé Pomaloceros triqueter Linné. D’autre part, la figuration dudit type ne correspond pas à l’espèce désignée ; c’est pour les auteurs, un V ermetus arenarius. Je ne puis suivre cette interprétation, car la figure représente un tube con- tourné, sans aucune ornementation' longitudinale, qui paraît être un Serpulidé, sans doute Protula intestinum Lmk. Mon idée s’accorde avec la description des parties molles. De toute manière, ce n’est pas l’espèce désignée et Serpulus demeure un nomen dubium. 1. Il existe aussi plusieurs dénominations postérieures en date à Serpulorbis, les deux plus connues étant Serpuloides Gray, 1850 et Tetranemia Môrch, 1859. 2. Guettard, Mém. sur diff. part. sc. et arts, vol. 3, 1774, pp. 143-154. 3. W. P. Woodring, Mioc. moll. from Bowden, Jamaica, part 2, Washington, 1928, p. 345. 4. Morch 'signale cjue Guettard n’ayant pu voir les cloisons des Vermetus, les croyait distincts de ses Tulaxodus, fondés principalement sur l’existence desdites. Il comprenait dans les Vermets des formes à tours réguliers. 5. Morch renvoie de Thylacodes à Tulaxodes et signale que Guettard (op. cit., p. 152) a déclaré fonder principalement son genre sur le Certium de Gualtieri, qui cor- respond surtout à la grande espèce méditerranéenne. Ce n’est pas là une désignation suffisante. Quant à l’altération de Tulaxodus en Thylacodes, elle suffirait, dans une application stricte des lois de la nomenclature, à les faire traiter séparément. 6. D. de Montfort, Conchyl. systématique, vol. 2, Paris, 1810, pp. 26-27. — 335 Le nom générique troisième en date est, à vrai dire, le seul à discuter, la plupart des auteurs modernes l’ayant admis en fait, lors même qu’ils ont suggéré la reprise de Tulaxodus. On vient de voir que celui-ci n’est pas valable, non plus que Serpulus. Il reste ainsi Lemintina Risso, 1826 x, antérieur d’une année à Serpulorbis, et proposé pour une espèce actuelle énigmatique, Lemintina Cuvieri Risso (monotype) qui n’avait pas été retrouvée. Son assimilation à Vermetus arenarius Lin., faite sans preuve par Bucquoy, Dautzen- berg et Dollfus 2, après avoir été suggéré par Gray 3, est générale- ment acceptée ; cependant Thiele 4 a préféré Serpulorbis à Lemin- tina, qu’il rejette en synonymie comme douteux. Môrch, le spécia- liste des Vermets, avait autrefois senti la même incertitude 8, avant d’ériger Lemintina en sous-genre de Thylacodes 6, les carac- tères attribués par Risso à son espèce paraissant tellement singuliers qu’ils pouvaient, selon Môrch, correspondre à quelque * chose de spécial et d’inconnu. Les auteurs n’ont généralement pas retenu ce point de vue, considérant la diagnose et l’étrange figuration de Lemintina Cuvieri comme une simple mauvaise description d’un Vermetus arenarius. Mais Lemintina Cuvieri se montre si bizarre qu’on peut se deman- der s’il s’agit bien d’un Yermet et même seulement d’un Gastropode. J’en ai reproduit la figuration originale avec scs numéros de réfé- rence. La coquille ( op . cit., et ma fig. 3, nos 16, 18) est un gros tube tordu, sans aucune sculpture longitudinale, marqué par contre de nombreuses stries transverses. Il semble exagérément dilaté dans sa partie terminale, dressée. L’animal lui-même est encore plus étrange. Isolé (d°, n° J 7), il apparaît terminé en deux pointes conoïdes arquées d’inégale longueur, qui correspondent vraisemblablement à une figuration malhabile du ligament, et du tortillon. La partie qui sort du tube présente bien un pied dilaté, comme chez les Vermets, au-dessus de deux courts tentacules avec les yeux à leur base ; mais la bouche s’accompagne d’un singulier panache, interprété comme membrane linguale par Môrch 6 qui a discuté cette figuration en détail. Le caractère le plus inattendu réside en l’existence, à la surface tronquée du pied, de sillons rayonnants qui la comparti- mentent, en sortes de pétales indentant le bord du disque. Il n’y a pas d’opercule, caractère négatif peu fréquent chez les Vermets, 1. A. Risso, Hist. nat. princip. prod. Eur. mérid., tome IV, Paris, 1826, pp. 114-115, pl. II, fig. 16, 17, 18. 2. E. Bucquoy, P. Dautzenberg, G. F. Dollfus. Moll, marins du Roussillon, tome I, Paris, 1884, p. 236. 3. J. E. Gray, Guide to tlie Mollusca of the British Muséum, part I, London, 1857, p. 127. 4. J. Thiele, Handb. der System. Weitchtierkunde, tome I, Iena, 1934, p. 186. 5. O. A. L. Môrch, Etudes fam. Vermets, Journ. Conchyl., VII, 1858, p. 349. 6. O. A. L. Môrch, Revicw of the Vermetidae, Proc. Zool. Soc. London, 1862, part I, pp. 65, 80. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 22 — 336 — mais qui, manifesté justement dans le groupe arenarius , paraîtrait confirmer l’attribution à l’espèce linnéenne de ce Lemintina Cuvieri. ■ Or, dans la collection Risso, le Muséum possède un carton (entré en 1927) qui porte deux fragments de tubes, avec, à son verso, l’étiquette originale : « genus Lementina » 1 et en-dessous : « Ver- metus Cuvieri Risso. Siliqua ». Le numéro 275, qui est celui de l’es- pèce dans le tome' IV de Y Histoire Naturelle, est reproduit en outre, au coin supérieur gauche. Ces échantillons, figurés ci-avant (fig. 1&). peuvent être désignés Fig. 3. — Reproduction en noir et même grandeur du bas de la planche II, tome IV de 1* Histoire Naturelle de Risso, correspondant aux figurations du Lemintina Guvieri. ■N. ' comme les types : non seulement l’étiquette et L’absence d’autres spécimens y incitent, mais, de plus, l’un des tubes adhère encore à une roche brune altérée, d’aspect rhyolitique, semblable à celle que représente Risso (op. cit., pl. Il, fig. 16). Tous deux sont cylin- driques, d’assez fort diamètre (81, 5 millimètres environ), privés de leur début et sans aucune sculpture longitudinale ; marqués de fortes stries tf an verses irrégulières, ils offrent les caractères de Protula intestinum Lmk 2 *. Ce sont ainsi des tubes d’Annélides, 1. G’est l’orthographe de l’explication de la planche, alors que le texte porte Lemin- tina, orthographe préférable comme première donnée. 2. Au moins de Protula, si l’absence de l’animal empêche de confirmer rigoureuse- ment l’espèce. 337 — d’aspect comparable au Protula Rudolphi , précédemment étudié, seulement plus grossièrement striés, plus épais et plus larges. Bien mieux, la collection Risso comprend encore au moins cinq cartons avec étiquettes originales nommant « Vermetus » des coquilles qui sont aussi des Annélides : trois espèces décrites sans figures comme Serpula, S. canelato , contortuplicata et fascicularis, plus deux restées manuscrites, celles inventoriées par M. Th. Monod comme Protula Laurellardi et Protula Ekrënbergi (orthographe des planches inédites de Risso) j marquées sur les cartons « genus Protula. Vermetus Aureillardi Risso >: et « Vermetus Ehrenbergi Risso b1. Ainsi Risso a pris d’abord les tubes de ses Serpules pour des Vermets comme le prouvent ses étiquettes où Protula s’ajoute à Vermetus. Il n’a pas confondu son Lemintina avec V. arenarius. car sa collection renferme aussi ce Gastropode, bien étiqueté « Vermetus gigas Phil. » terme synonyme d’ arenarius. Comment a-t-il pu, dans ces conditions, fonder le genre Lemintina ? V. arenarius chez les Vermets, P. tubularia chez les Serpules, sont caractérisés l’un et l’autre par l’absence d’opercule. Frappé par ce commun détail (qu’il ne manque pas de signaler à la diagnose de Lemintina comme à celle de Protula)^ t par la similitude des coquilles, Risso a dû d’abord tout confondre (étiquettes citées plus haut) puis reconnaître les animaux (dessins inédits des Annélides) en mélan- geant involontairement leurs coquilles 2. Lorsque les tubes de Vepmets sont trop usés pour qu’y subsiste une sculpture longitudinale et suffisamment tronçonnés pour qu’on n’y trouve plus de cloisons, leur distinction d’avec la Serpule devient en effet difficile. Le test de cette dernière est formé de deux couches alors que le Vermet en a trois. Mais c’est Môrch qui signale ce caractère ; Risso devait l’ignorer. Il a donc pu croire au début que ses tubes d’Annélides étaient ceux de Vermétidés, puis ne rétablir qu’avec peine la correspondance des animaux discriminés et des coquilles. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle il a laissé manus- crites plusieurs espèces de Protula , n’en publiant qu’une, alors qu’il avait pour toutes des notes et des dessins ? Quant à l’animal même du Lemintina, son corps de Vermet ter- miné par un disque à division rayonnante, comme un opercule de Serpula vermicularis, ne peut guère s’expliquer que par une confu- sion, une surimposition de caractères. Ce n’est pas en tout cas Ver- metus arenarius, non plus que le tube, et l’hypothèse d’un genre ou sous- genre spécial paraît insoutenable. 1. Toutes ces. coquilles ressemblent au P. tubularia-Rudolphi, mais les animaux, selon le texte publié ou selon les manuscrits et planches inédites, seraient différents. La der- nière seule paraît bien s’identifier au P. tubularia. 2. En effet, le dessin du tube de Protula Ehrenbergi s’accorde tout à fait avec l’échan- tillon retrouvé ; il n’en est pas de même pour P. Rudolphi et pour d’autres.. — 338 III. — Conclusions systématiques. Le genre Lemintina. dont la coquille-type est un tube d’Annélide, devient inutilisable pour des Vermétidés, quand bien même l’animal représenté serait un Gastropode, plutôt qu’une irréelle figuration. Comme il ne peut être prouvé que les parties molles correspondent bien au tube — il y a même impossibilité à cela, puisqu’elles présen- tent au moins pour partie des caractères de 'Mollusques et lui, ceux d’une Arinélide — Lemintina serait un nomerù dubium, si l’identifi- cation de sa coquille à une Protula, genre décrit sans figures et plus loin dans le même ouvrage, ne risquait de rouvrir une controverse. Tenant compte seulement des tubes, on pourrait en effet discuter pour savoir lequel dès deux termes devrait valablement désigner la Serpule inoperculée. Afin d’éviter cette nouvelle confusion et de sauver le vocable Pro- tula mondialement connu, j’ai pris soin de faire précéder le présent paragraphe d’une étude de P. Rudolphi, avec reproduction des . dessins originaux inédits et fixation du type. Protula fut ainsi validé avant qu’ait été reconnu Lemintina , qui en sera par conséquent synonyme s’il ne demeure nomen dubium. > Il reste à choisir un terme pour désigner le groupe de « Vermetus » arenarius. Tulaxodus et Serpulus étant éliminés comme nomina dubia, Lemintina de même ou rejeté sous Protula, c’est Serpulorbis Sassi, 1827, qui devient le premier nom valable ; il a l’intérêt d’être indiscutable. Sa reprise, que je propose, aura l’avantage de ne pas prêter à confusion. \ Laboratoire defèMalacologie du Muséum. Les Alcyon aires du Muséum i. Famille des Alcyoniidae i. Genre Lobularia (suite) 1. Par A. Tixier-Durivault. 26. — Lobularia Michelini N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes inégalement répartis, formés d’un nombre variable de lobules arrondis généralement subdivisés. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,09 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme haltères à col large et à têtes volumineuses présentant de nombreuses verrues coniques ou arrondies. Sclérites de la portion lobulaire transparents, à contours sinueux, souvent cylindriques. Spiculés corticaux en baguettes à bords festonnés. Polypes : sur tout le capitule, nombreux et petits. Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre. Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (l’un de la Collection Michelin, l’autre donné par M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. brachyclados par la taille’ de ses spiculés mais s’en écarte sensiblement par le col large et les têtes volumineuses de ses haltères basilaires. 27. — Lobularia minuta N. Sp. Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum, G. Stiasny (pars.). Révision des Collections H. Michelin II. Catalogue raisonné des Alcyinoides, Gor- gonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX n° 6 p. 392. ^ Diagnose : Colonie : molle, arborescente, à capitule ramifié secondairement. Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,79 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme petits haltères à nombreuses verrues pointues. Dans la portion lobulaire petits sclérites allongés en baguettes. Polypes : gros, abondants sur le capitule, à nombreux spiculés anthocodiaux ; tentacules plurigidités à très petits sclérites trans- parents. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la forme générale de ses haltères basilaires et s’en éloigne par la disposition dressée des 1. Voir lre note dans Bull. Mus. Nat. Ilist. Nat., s. 2, t. XV, p. 437 ; et 2e note dans Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XVI, p. 183. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. digitations de sa colonie, la forme pointue de ses verrues et l’abon- dance de ses gros polypes. 28. — Lobularia pacyclados (Klzgr). Synonymie : 1877. Alcyonium pachyclados C.-B. Klunzinger. Die Korall. d. Roth. Meeres. Berlin, vol. I p. 24 pl. 1 fig. 5. 1899. Aie. pachyclados. W. May. Jena. Zeitschr. f. Naturw., vol. XXXIII, p. 106. 1900. Aie. pachyclados, S. -J. Hickson et I.-L. Hiles. The Stolonifera and Alcyonacea coll. by Willey, New Britain, p. 503. non 1902. Aie. pachyclados, S. -J. Hickson. The Alcyonaria and Hydro- corallinæ of the Cape of Good Hope, p. 72. 1903. Aie. pachyclados, E.-M. Pratt. The Alcyonaria of the Maldives, part III, p. 534. 1905. Aie. pachyclados, E.-M. Pratt. Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulf of Manaar, part III, Supp. Rep. XIX, p. 258. 1906. Aie. pachyclados, J.-A. Thomson et W.-D. Henderson. Proc. Zool. Soc. London, vol. I, p. 416. 1908. Aie. pachyclados, M. Coiin. Alcyonacea v. Madagask. u. Ostafrika, vol. II, p. 235. 1910. Aie. pachyclados, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens, Bd III, Lief 1, p. 34. Non 1910. Aie , pachyclados, J.-S. Thomson. Trans. Roy. Soc. Edin., vol. XLVII, part 3, p. 570, pl. 2, fig. 14 ; pl. 4, fig. 33, 34. 1914. Aie. pachyclados, J. Lüttschwager. Arch.~ Naturg. Abt. A, Heft 10, p. 20. 1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager, Philip. Journ. Science, vol. XX, p. 522, pl. i, fig. 1. 1930. Aie. pachyclados, S. J. Hickson. Proc. Zool. Soc. London, vol. 1, p. 209. 1931. Lob. pachyclados, J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga- Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 40. 1933. Aie. pachyclados, H. Roxas, Philip. Journ. Science, vol. L, p. 357. 1937. Aie. pachyclados, G. Stiasny. Révision des collections H. Mi- chelin II. Catalogue raisonné des Alcyonides, Gogonides, Zôanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 392. Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, rigide, à pied trois à cinq fois moins élevé que le capitule. Surface lobulaire composée de lobes subdivisés en lobules épais, peu serrés, émoussés, digités ou arrondis. Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,12 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à portion médiane lisse, courte et à masses terminales volumineuses hérissées de grosses protubé- rances irr-égulières, pressées les unes contre les autres. Dans le capi- tule haltères à col haut et étroit, et à têtes étirées. Sclérites corticaux elliptiques ou en forme de 8 avec deux centres clairs. — 341 Polypes : sur le capitule, gros, éloignés les uns des autres, possé- dant une couronne anthocodiale. Tentacules à 1 ou 2 doubles rangées de pinnules. Coloration : de la colonie à sec ; gris jaunâtre. Localité : 3 exemplaires de la Mer Rouge (2 de M. Portier, 1844 et 1 de la collection Michelin). Distribution : Mer Rouge, JLuçon, Zanzibar, Nouvelle Bretagne, Maldives, China Strait, Golfe de Manaar, Australie (N. -O.), I. Nico- bar, Afrique orientale, I. Fidji, Mer de Java, Palauan, I. Coco, I. Andamar, Mindoro, I, Lombok (Mer de Bali), Selee Strait (Nou- velle Guinée), I. Sula Besi (Mer de Banda), L Kabia (Mer de Banda), I. Rotti (Mer de Timor), Saley Bay (I. Soembawa, Mer de Bali). v 29. — Lobularia papillosa Tix.-Dur. Synonymie : 1942. Lob. papillosa, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XIY, n° 1, p. 80. Diagnose : Colonie : charnue, douce au toucher, encroûtante, à capitule deux fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire peu épanouie composée de petits lobes dressés, arrondis, plus ou moins espacés. Spiculés : de taille moyenne (0,09 à 0,11 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme double-sphères allongées possédant de très nom- breuses petites verrues arrondies. Sclérites jaunes plus petits. Spiculés de la portion lobulaire à multiples aspérités. Polypes : sur la totalité des lobes, assez gros, très rapprochés les uns des autres, à nombreux sclérites anthocodiaux. Tentacules plurilobés à rares spiculés. Sclérites des pinnules tentaculaires en forme de biscuits à zone centrale claire ou en forme d’haltères à extrémités granuleuses séparées par une portion lisse et claire. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre. Localité : 3 exemplaires des Iles Gambier et Touamotou (M. Seu- rat, 1906). 30. — • Lobularia Prattæ N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante à pied irrégulier et bas. Capitule formé de petits lobes arrondis, plus ou moins serrés les uns contre les autres, souvent subdivisés à leur sommet. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Double- sphères de la base du cœnenchyme à verrues volumineuses coniques ou quadrangulaires. Haltères de la portion lobulaire plus petits. Sclérites „ corticaux à contours sinueux, à protubérances arrondies ou à zone centrale claire. Polypes : sur les lobes, de taille moyenne, plus ou moins espacés les uns des aütres. 342 — , Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre. Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (M, Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. Krempfi par ses haltères basilaires mais s’en écarte par son absence d’alvéoles lobulaires et la forme des verrues de ses spiculés, 31. — Lobularia pulchra N. Sp. Diagnose : Colonie : arborescente, charnue, à pied court. Capitule composé de lobes hauts et dressés, subdivisés en lobules digités. Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,11 mm., de long). Dans la-base du cœnenchyme haltères à têtes hérissées de protubérances volumi- neuses serrées les unes contre les autres. Sclérites de la portion lobulaire rares, allongés et ornés de verrues arrondies. Polypes : sur la totalité des lobes, assez gros et assez espacés les uns des autres. Pinnules globuleuses disposées en cercle à l’extrémité distale de chaque tentacule. Sclérites tentaculaires lisses, en biscuits ou à zone centrale claire. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre. Localité : 1 exemplaire des Iles Gambier et Touamotou (M. Seu- rat, 1906). Cette espèce ressemble par la taille de ses double-sphères à L. pachyclados mais s’en éloigne par son aspect extérieur et la forme de ses sclérites corticaux. 32. — Lobularia similis N. Sp. Diagnose : Colonie : ferme, encroûtante, à capitule irrégulier, formé de lobes inégaux entiers ou subdivisés en lobules arrondis. Lobes éloignés les uns des autres laissant apercevoir la surface supérieure du pied. * Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme à col bas et à masses terminales recouvertes de protubérances volumineuses et abondantes. Sclérites du capitule de formes analogues. Spiculés corticaux lisses présentant des contours irréguliers. Polypes : sur les lobes, les lobules et la surface supérieure du pied, gros et nombreux. Abondants sclérites anthocodiaux. Tentacules triangulaires avec une rangée longitudinale de spiculés ténus. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc laiteux. Localité : 1 exemplaire des Iles Seychelles (M. L. Rousseau, 1841). Cette espèce se rapproche de L. Krempfi par la taille de ses spiculés et s’en éloigne parla régularité de ses sclérites, et la forme des verrues de ses haltères basilaires. — 343 — 33. — Lobularia sphærophora Ehrbg. Synonymie : 1834. Lob. sphærophora, C.-G. Ehrenberg. Corail, d. Roth. Meeres, Berlin, p. 57. 1846. Alcyonium sphærophora, J.-D. Dana. Zoophytes. Philadelphie, p. 616. 1857. Aie. sphærophora, H. Milne-Edwards. Hist. nat. d. Corail., Paris, t. I, p. 119. 1859. Ale. sphærophora, J.-D. Dana. Synopsis, Newhaven, p. 123. 1869. Cladellia sphærophora, J.-E. Gray. Notes on the fleshy Alcyonoid Corals. Ann. Mag. Nat. Hist., vol. III, s. 4, p. 125. Non 1872. Lob. sphærophora, A. Targioni-Tozzetti. Atti. d. Soc. Ital. Scienze naturali, vol. XV, p. 455. 1877. Aie. sphærophorum, C.-B. Klunzinger. Die Korall. d. Roth» Meeres, Berlin, vol. 1, p. 22. 1899. Ale. sphærophorum, W. May. Jena. Zeitschr. f. Naturw., vol, XXXIII, p. 105. 1908. Ale. sphærophorum, M. Cohn, Alcyonacea v. Madagask. u. Osta- frika, vol. II, p. 231. 1908. Ale. sphærophorum var. sensibaricum, M. Cohn. Alcyonacea v. Madagasc. u. Ostafrika, vol. II, p. 233. 1910. Ale. sphærophorum, J.-A. Thomson et D.-L. Mackinnon. Trans. Linn. Soc. London, s. 2, v. XIII, Zool., p. 174. 1914. Ale. sphærophorum, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt. A, Heft 10, p. 23. 1914. Ale. sphærophorum var. sansibaricum, J. Lüttschwager. Arch • Naturg ., Abt. A, Heft 10, p. 24. 1922. Aie. sphæroprohum, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science, vol. XX, p. 531. 1922. Aie. sphærophorum var. sansibaricum, H. Lüttscwager. Philip. Journ. Science, vol. XX, p. 531. Non 1928. Aie. spKærophorum var. australiensis, L. Thorpe. Journ. Linn. Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 495, pl. 31, fig. 1, pl. 24^, fig 1, 2. Non 1928. Aie. sphærophorum var. littoralis, L. Thorpe. Journ. Linn. Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 497, pl. 31, fig. 3 ; pl. 34, fig. 4. Non 1928. Aie. sphærophorum var. saxigena, L. Thorpe. Journ. Linn, Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 496, pl. 30, fig. 4 ; pl. 31, fig. 2 ; pl. 34. fig. 3. 1931. Lob. sphærophora,. J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga- Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 41. Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, à pied deux à trois fois moins élevé que le capitule. Surface lobulaire cérébriforjne composée de lobes subdivisés en lobules courts et larges, hémisphériques, serrés les uns contre les autres. Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,09 mm. de long). Dans la base du coenenchyme haltères avec des aspérités arrondies ou pointues et un col court et lisse._ Sclérites de la portion lobulaire de formes 344 semblables mais de taille moindre. Spiculés corticaux en forme de biscuits ou de 8, opaques, légèrement granuleux. Polypes : sur les lobes et les lobules, gros et assez espacés les uns des autres. Portion exsertile entièrement couverte de petits spiculés. Tentacules à 5 pinnüles garnies extérieurement de fins sclérites. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre. Localité : 1 exemplaire de la Baie de Suez (Mission Gruvel-Moazzo, 1934). f Distribution : Mer Rouge, Tubar-Rifï (S.-O. Madagascar), Praslin (I. Salomon), Tahiti, Océan Indien, 34. — Lobularia Studeri N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule à peine plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes disséminés, divisés en petits lobules irréguliers. ' Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,11 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme double-sphères à protubérances inégales générale- ment denticulées. Sclérites corticaux en biscuits ou en bâtonnets. Spiculés du capitule tout à fait différents de ceux du pied : haltères de petite taille avec très peu de verrues. Polypes : sur les lobes et les lobules, petits, peu serrés. Coloration : de la colonie à sec : jaune grisâtre. Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844). Cette espèce se rapproche de L. pachyclados par la taille de ses spiculés mais s’en éloigne par ses lobes disséminés, ses verrues denti- culées et ses petits polypes. 35. — Lobularia suezensis N. Sp. Synonymie : 1928. Alcyonium sphæphorum var. littoralis, L. Thorpe Journ. Linn. Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 497, pl. 31, fîg. 3 ; pl. 34, fig. 4. Diagnose : Colonie : arborescente à lobes allongés subdivisés en lobules coniques, digités, plus ou moins pressés les uns contre les autres. Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm., de long). Haltères de la base du cœnenchyme à col large et haut et à masses terminales ornées de rares protubérances arrondies. Sclérites corticaux à con- tours festonnés. Dans la portion lobulaire double-sphères plus petites au centre de la mésoglée, gros spiculés en biscuits dans la couche sous-ectodermique. Polypes : sur la surface supérieure du pied, sur le sommet des lobes et sur la totalité des lobules. Spiculés en double-sphères sur l’anthocodie. Tentacules à 2 doubles rangées de pinnüles. Sclérites — 345 — en haltères sur la face externe des tentacules, spiculés en biscuits sur le sommet des pinnules. Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre. Localité : 2 exemplaires de Suez (M. Letourneux, 1878). Cette espèce se rapproche de L. digitulata par la taille de ses spiculés mais s’en écarte par la forme arborescente de sa colonie et les rares verrues arrondies de ses haltères basilaires. 36. — Lobularia tenuis N. Sp. Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule deux à trois fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire irrégulière laissant apercevoir la portion basilaire. Lobes subdivisés en petits lobules arrondis à sommet aplati. t Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,08 mm. de long). Dans la base du cœnenchyme double-sphères à col large et à têtes aplaties. Rares sclérites dans la portion lobulaire. Spiculés corticaux ténus et irré- guliers. Polypes : sur les lobes, les lobules et quelquefois sur le pied à la base des lobes, petits. Coloration : de la colonie à sec : jaune grisâtre. Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844). Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la taille et la forme de ses haltères basilaires mais en diffère par la disposition de ses lobes, la rareté de ses spiculés lobulaires et la forme de ses sclérites corticaux. 37. — Lobularia Thomsoni N. Sp. > Diagnose : Colonie : encroûtante, subcirculaire à capitule trois fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire étalée, formée de lobes arrondis, serrés les uns contre les autres. Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Haltères de la base du cœnenchyme à col plus ou moins allongé et à petit nombre de verrues arrondies ou coniques. Dans la portion lobulaire sclérites de formes analogues. Spiculés corticaux transparents et de grande taille. Polypes : sur les lobes, gros et assez espacés les uns des autres. Coloration : de la colonie à sec : gris jaunâtre. Localité : 3 exemplaires de la Mer Rouge (1 : M. Clôt Bey, 1850). Cette espèce se rapproche de L. digitulata par la taille de ses haltères basilaires mais s’en éloigne par l’allure générale de sa colonie et la forme de ses spiculés intramésogléens et corticaux. Laboratoire de Malacologie du Muséum. 346 Contribution a la Flore de la Nouvelle-Calédonie. lxxxv — Plantes de collecteurs divers (fin). Par A. Guillaumin. Professeur au Muséum. Boerhaavia repens L. — Nouvelle-Calédonie ( Deplanche 89 in Vieil- lard 3084), Tanlé (. Deplanche 487, Vieillard 3082), îles de PO. de Tanlé ( Deplanche 487), Gatope, Tanlé ( Vieillard 3082), Gatope (' Vieillard 3082). Pisonia aculeata L. — Sans localité ( Vieillard 3085), Lifou ( Deplanche in Vieillard 3031). Calpidia artensis Heim. ■ — Canala ( Vieillard 1062). C. Pancheriana Heim. — Lifou ( Vieillard 3079). Deeringia altissima F. Muell. — Gatope ( Deplanche 90 in Vieillard 3074). / D. amarantoides Merr. — Sans localité ( Deplanche in Mus. néocal. 146), Gatope, Voh ( Vieillard 1071), Gatope, île des Pins ( Deplanche 491 in Vieillard 1071). Amaranlus gracilis Desf. — Gatope (Vieillard 1063). Achyranthes aspera L. f. — Sans localité ( Vieillard 1065), Gatope (' Vieillard 1066). Kochia hirsuta Nolli. — • Gatope ( Vieillard 1068), ‘île des Pins ( Vieil- lard 1068). Rhagodia linifolia R. Br. — Ile des Pins ( Vieillard 1069). Chenopodium carinatum. R. Br. — Balade ( Vieillard 3081), Lifou (. Deplanche 81 in Vieillard 3077). Atriplex jubata S. Moore. — Partout ( Vieillard 1073). Salicornia australis Soland. in Forst. — Nouméa ( Vieillard ). ' Sueda australis Moq. — Gatope (. Deplanche 490 in Vieillard 3080), Tanlé (. Deplanche 133). Rivina humilis L. - — Ile des Pins ( Pancher 636). Monococcus echinophorus F. Muell. — Gatope ( Vieillard x). Phyiolacca octandra L. var. angustifolia Moq. — Nouméa [Deplanche . 93 in Vieillard). Polygonum subsessile R. Br. — • Balade [Vieillard 1076), Nepenihes Vieillardii Hook f. — Montagnes de Koitchilou ( Vieillard ). ■ — var. Deplanchei Dub. — Sans localité [Deplanche 100 in Vieil- lard 3160), baie du Sud [Vieillard 3160). Piper austro-caledonicum C. DC. — Wagap [Vieillard 1227). Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. Peperomia caledonica C. DC. — Port Boisé. Néhoué ( Vieillard 2236, Deplanche 111 in Vieillard 1236). P. vitiana C. DC, — ■ Gatope (Vieillard 322,7). Ascarina rubricaulis Solms. — Sans localité ( Deplanche 34). Beauprea Balansæ Brong. et Gris. — Mont , Koghi ( Pancher 355). B. elegans Brong. et Gris. - — - Houaïlou ( Vieillard 3096). B. Pancheri Brong, et Gris. — Mont Mou ( Vieillard 3094), B. spathulæfolia « Brong. et Gris ». ex S. Moore - — Koé ( Vieillard 819). Garnieria spathulæfolia Brong. et Gris. — Canala, Baie du Sud (' Vieillard 1120). V Kermadecia elliplica Brong. et Gris. — Wagap, Touho ( Vieillard 1104). Echantillon remarquable par ses feuilles composées de 5-7 folioles dont la terminale bien plus grande et ± profondément et irrégulièrement lobée. K. sinuata Brong. et Gris. - — Balade ( Vieillard 1103). Wickstroemia viridiflora Meissn. • — Sans localité ( Deplanche 42), Lifou (. Deplanche 2). Amyema artensis Danser. — Sans localité ( Vieillard 15), Tiaré (. Deplanche 380), Wagap ( Vieillard 642. 2700). Canala ( Deplanche 43), Balade ( Vieillard 2700, Deplanche 310) A. sçandens Danser. — Touho, Wagap (Vieillard 2698). Amylotheca pyramidata Danser. — Lifou ( Deplanche 60 pro parte, Vieillard 2699 pro parte) « Krratcha ». - Exocarpus phyllanthoides Endl. .va r: artensis Pilger. — Gatope (. Deplanche 379 in Mus. neocal. 148). Balanôphora fungosa Forst. — Wagap ( Vieillard 1122). Hachettea austro- caledonica Baill, ■ — Nouméa ( Vieillard 1123), Mont Kogbi { Vieillard 1123) sur Weinmannia. Phyllanthus buxoides Guillaum, — Cap Tonnerre ( Deplanche 180). Claoxylum insularum Mull.-Arg. - — Lifou ( Vieillard A de 1864). Hemicyclia Deplanchei Baill. ex Guillaum. — Gatope ( Vieillard 2908). Baloghia lucida Endl. • — Yaté ( Vieillard 739). Ficus Chauvieri Hort. — Ce nom n’est relevé ni dans les Index, ni dans les List of published names of plants introduced to cultivation. Bellair et Saint-Léger (PI. de Serres, p. 816) qui le rapprochent dé F. benghalensis, d’après Ed. André, disent qu’il est d’origine inconnue mais L.-H. Bailey (Stand. Cyclop. Hort.. p. 1233) indique Franceschi, qui le compare à F. indica et dit qu’il vient de Nou- velle-Calédonie. Enhalus acoroides Steud. — Balade (Vieillard 1402). Alpinia purpurata K. Schum. — Pouébo (Vieillard 1360, 1660). Zingiber Zerumbet Sm. — Sans localité (Pancher). Curcuma longa L. - — Mont Koghi (Pancher 20). Smilax ligustrifolia A. DC. • — Yaté (Vieillard 1380). Smilax orbiculata Labill. — Sans localité [Deplanche 124), Canala (' Vieillard 1378, Deplanche 123), Wagap ( Vieillard 3313) ?, Lifou [Vieillard 1382, 3314). S. plurifurcata A. DC. • — Sans localité ( Vieillard 1383 pro parte, Deplanche , 538) ?, Wagap [Vieillard 3312). S. purpurata Forst. var.. concolor A. DC. — Sans localité [Vieillard 1383 = 1379). Wagap [Vieillard 3311), Gatope [Vieillard 1381), île des Pins [Vieillard 1381). Eustrephus latifolius R. Br. — Partout [Vieillard 1372), Gatope [Vieillard 1372). Xerotes Banksii R. Br. form. neo-caledonica Guillaum. — Mont Dore, Mont Koghi [Vieillard 1386). Cordyline neo-caledonica Linden. - — Balade [Vieillard 3321). C. terminalis Kunth. — Wagap [Vieillard 3316), Canala [Vieillard 1388), Lifou [Vieillard 3317). - — var Ti Bak. — - Sans localité [Vieillard 3319), Wagap [Vieillard 3320), Hienghène [Deplanche 2). Pouébo [Vieillard 1389). Astelia neo-caledonica Schltr. ' -t— Sans localité [Deplanche 541), Wagap [Vieillard 1370), Amoua [Vieillard 3323). Xeronema Moorei Brong. et Gris. — Mont Mou [Deplanche in Vieil- lard 1358). Dianella austro-caledonica Seem. — Canala [Vieillard 1391). Sowerbaea junGea Sm. est représenté dans l’herbier de Caen par l’échantillon : Deplanche 539 mais rien n’indique que la plante, abondante en Australie et qui n’a jamais été signalée en Nouvelle- Calédonie, y ait été récoltée. Xyris neo-caledonica Rendle. — Mont-Mou [Vieillard 1408), Lac Arnaud [Vieillard 1409), île des Pins ( Pancher ). X, Pancheri Rendle. — Lac Arnaud [Vieillard 1410), ^ Commelina cyanea R. Br. - — Sans localité [Deplanche 129). Aneilema neo-caledonicum Schltr.’ — Sans localité [Deplanche 128, 238), Nouméa [Vieillard 1400), Canala, Gatope [Vieillard 1401). Flagellaria indica L. — Sans localité [Vieillard), Canala [Vieillard 1401). F. neo-caledonica Schltr, — Canala [Vieillard 1398 = 1399), Balade [Vieillard 1398). Joinvillea elegans Gaud. ■ — Sans localité [Deplanche in Vieillard 1396), Balade, île des Pins [Vieillard 1396). Veitchia arecina Becc. - — Pouébo [Vieillard 1283, 1286). • Campeccirpus fulcita H. Wendl. - — Mont Koghi [Pancher 381). Rhynchocarpa Vieillardii Becc, — Wagap [Vieillard 1285), « Olika ». Basselinia Deplanchei Yieill, — ^Canala [Vieillard 1289), B. glabrata Becc. — Le n° 642 a été récolté à Pouébo par Pancher et non par Vieillard, 349 — Basselinia gracilis Yieill. — Wagap ( Vieillard 1289), Touho ( Vieillard 1289), Pouébo ( Vieillard 1288), Balade (' Vieillard 1282, 1287). B. Pancheri Vieil!. — • Sans localité [Pancher B 41). Pandanus teciorius Soland.. var. fragrans Martelli. — Littoral (' Vieillard 3270). Freycineiia cylindrica Martelli. — Wagap ( Vieillard 3268). F. novo-caledonica Warb. - — Wagap ( Vieillard 1354), Balade ( Vieil- lard 1533). F. speclabilis Martelli. — Wagap ( Vieillard 1250, 1356, 3269). Lemma minor L. — Balade ( Vieillard 1369). Killinga cephalotes Druce. — Pouébo ( Deplanche 12), Wagap, Galope ( Vieillard 1443), Balade ( Vieillard 1456). Pycreus polystachys Beauv. var. laxiflora C. -B, Clarke. • — Balade ( Vieillard 1432). Mari§cus cyperinus Vahl var. laxatus ■ — Balade ( Vieillard 1436). Gatope ( Vieillard 1436). M. pennatus Domin. • — Sans localité ( Pancher ), Balade ( Vieillard 1453). Cyperus difformis L. — Gatope ( Vieillard 1436, 1437). Elæocharis capitata B. Br. — Balade ( Vieillard 1458). E. dulcis Trin. — Canala ( Vieillard 1452). E. esculenta Vieill. — Balade ( Vieillard 1457 pro parte), F imbrisiylis æstivalis Vahl. — Balade ( Vieillard 1443) F. complanata Link. — Balade ( Vieillard 1437). F. diphyllaY ahl. — Balade {Vieillard 1438, 1444), F. spathacea Roth. • — Gatope ( Vieillard 3327), Lifou ( Vieillard 3326). Bulbostylis barbata C,-B. Clarke. — Balade ( Vieillard 1439). Scirpus cernuus Vahl, — Sans localité ( Pancher 651). S. maritimus L. • — Mont Mou ( Deplanche 131, Vieillard 3333). S. mucronatus L. — Balade ( Vieillard 1540), Balade, Wagap ( Vieil- lard 1451). Lepironia mucronta L -C. Rich — Lac Arnaud ( Vieillard 1410). Rynchospora corymbosa Britt. — Balade [Vieillard 1440). Costularia arundinacea Kükent. — Balade ( Vieillard 1416. 1417, 1423) Tiaré ( Deplanche 240 in Mus. Néocal. 170), Poume ( De- planche 542), Koïtchilou près Gatope ( Vieillard 3329), île des Pins ( Pancher 169), Lophoschœnus neo-caledonicus H. Pfeiff. — Gatope ( Vieillard 3353), « Niamouan » à Balade. Schœnus juvensis C.-B. Clarke — Gatope [Deplanche 233) S. Tendo Hook. f. — Sans localité [Vieillard. Deplanche 239), M’bée [Vieillard 1414), Balade [Vieillard 1413, 1416), Lepidosperma perteres C.-B. Clarke.’ — Canala [Vieillard 1413). — 350 — Cladium Deplanchei G -B. Clarke. — Canala ( Deplanche ). Gatope ( Vieillard 1426), Cap Tonnerre ( Deplanche 205), C, rubiginosum Domin. - — - Canala ( Vieillard 1428, 1427 = 1428). Gahnia aspera Spreng. - — - Sans localité ( Vieillard 3329), Koé, M’bée ( Vieillard 1422), Gatope ( Vieillard 3328). Scleria hebecarpa Nees. — Balade (Vieillard 1462). S. margaritifera Willd. — - Sans localité ( Vieillard 1458), Balade ( Vieillard 1460 pro parte, 1461 pro parte). S. neo-caledonica Rendle. — Balade ( Vieillard 1459). S. neo-caledonia Rendle ? - — - Balade ( Vieillard 1461 pro parte). Carex appressa R.vBr. — Sans localité ( Pancher ); C, indica L, var. fissilis Kükent. - — Canala ( Vieillard 3329), Gatope ( Vieillard 3340), Imperata cylindrica Beauv. — Sans localité ( Vieillard Graminées n° 6), Balade ( Vieillard 1506). Thuarea involula R. Br. - — - Canala ( Vieillard 1503 pro parte), Wagap ( Vieillard ), Balade ( Vieillard 1502 pro parte). Ischœmum foliosum Hack. — Sans localité ( Pancher 1. /. muticum h. — Gatope ( Vieillard 1513). Apluda mutica L. — Sans localité ( Vieillard 1517), Wagap (Vieillard 1516). Schizachyrium obliquiberbis Guillaum. — Sans localité ( Vieillard Graminées n° 8), Yaté ( Vieillard 1505), Canala \Vieillard 1505). Heteropogon contortus Roem. et Schult. — - Sans localité ( Vieillard 312, 1512). Clirysopogon aciculatus Trin. — Sans localité ( Vieillard 1486 Puncher), C. parviflorum Benth. — Gatope ( Vieillard 3331), Cymbopogon refractus A, Cam. — Balade (Vieillard 1507). Dicanthium annulatum Stapf. — Balade ( Vieillard T513), Gatope [Vieillard 1513). D. sericeum Guillaum. - — Sans localité ( Vieillard 1515), Themeda triandra Forsk. var. imberbis. - — Sans localité [Vieillard Graminées n° 5), Balade [Vieillard 1512), Panicum amabile Bal. — Balade [Vieillard 1479). Digitaria longiflora Pers. — Sans localité [Vieillard Graminées n° ,..). D. montana Henrard. — Sans localité [Vieillard 3344). D. pruriens Büse. — Gatope [Vieillard 1480). Echinochloa Crus-galli Beauv. - — Sans localité [Vieillard Grami- nées n° 7) Gatope [Vieillard 1471, 3352). * Setaria barbata Kunth = Panicum Hookerianum Bal. - — - Sans localité [Vieillard 1476 in Pancher). S. lutescens Hubbard. — Wagap [Vieillard 3348), Gatope [Vieillard 3349). — 351 — Cenchrus calyculatus Cav. — Sans localité ( Deplanche 245), Balade ( Vieillard 1483), Gatope ( Vieillard 1483). Aristida pilosa Labill. — Sans localité ( Vieillard 1485). Sporolobus virginicus Kunth. — Sans localité ( Deplanche 224 in Vieillard 3344). D’après A. Chase (mss. in herbier de Caen, 1925) tout ce qui est rapporté en Nouvelle-Calédonie à Aira sabulosum Labill. appartiendrait, en réalité, à Sporolobus virginicus „ Cynodon Daclylon Pers. — Balade ( Vieillard 1490 pro parte). Chloris cynodoides Bal. — Sans localité ( Vieillard 1490, 1491), Balade ( Vieillard 1489). Leptochloa capillacea Beauv. — Gatope ( Vieillard 3350). Phragmites communis Trin. — Gatope { Vieillard 1508, 1509). Panicum infidum Steud. - — Gatope ( Vieillard 3349). P. numeense Bal. - — Balade [Vieillard 1514). Oplismenus setarius Roem. et Schult. ■ — Balade ( Vieillard 149,7). Eragrostis elongata Jacq. - — - Sans localité ( Vieillard 1493 et Grami- nées n° 3). E. pilosa Beauv. - — - Sans localité ( Vieillard 1518, Pancher 456), Balade ( Vieillard 1492), Gatope ( Vieillard 1493, 1494, 3345). • — form. parennans. - — - Sans localité ( Vieillard 1495). Centotheca malabarica Merr. — Gatope ( Vieillard 1498). Agathis lanceolata Warb. — Sud (Pancher), A. lanceolata Warb. ? - — - Canala ( Vieillard 1264). — Serait la forme jeune de VA. Moorei Mast. suivant Vieillard. A. Moorei Mast. — Wagap, Balade (Vieillard 1280), Pouébo, Balade (Vieillard 1280), Gatope (Vieillard 3066). A. ovaia Warb. — Nouméa (Vieillard 1263). Callitris Balansæ Schltr. — Dombéa (Pancher). Podocarpus gnidioides Carr. — Mont Dore (Vieillard 3263). P. longefoliolatus Pilger — P. Novæ-Caledoniæ ? var. latifolia Brong. et Gris mss. — Baie du Sud ( Vieillard 1275), Mont Mou (Pancher), Lac Arnaud (Viaillard 1275), Canala (Vieillard 1266), Wagap (Vieillard 1275). P. ustus Brong. et Gris. — Dombéa (Vieillard 1262), Pouébo (De- planche 170). ' P. Vieillardii Parlât. — Dombéa (Pancher). P. tenuifolius Parlât. = forme de jeunesse de P. Vieillardii Parlât. — Sans localité (Vieillard 1266), Paulotche, Poila ( Vieillard 1260), Paulotcbe, Gatope (Vieillard 1260). Dacrydium araucarioides Brong. et Gris. — Wagap : vallée d’Amoua (Vieillard 3262). D. Balansæ Brong. et Gris. - — Yaté (Vieillard 1274), Canala (Vieil- lard 1278). Serait sacré pour les' indigènes de Balade suivant Vieillard. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 23 — 352 — Dacrydium lycopodioides Brong. et Gris. Forme de jeunesse — Dombéa ( Pancher , Vieillard), route de Yaté : bords du Nonuro (' Vieillard 1261). D. taxoides Brong. et Gris. — Sans localité ( Deplanche in Vieillard 1259), Poila ( Vieillard 1260). Acmopyle Pancheri Pilger. — Sans localité ( Vieillard 1277), Mont Koghi, Mont Mou (Pancher). Araucaria Cooki R. Br. — Touly (Vieillard 1278, 1279), île des Pins (Vieillard 54). A. Rulei F. Muell. — Sans localité (Deplanche 525), Wagap, Canala (Vieillard 1276). Forme de jeunesse, sans localité (Deplanche 234). Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth de Sibérie (Elephas primigenius Blum.). Par Henri Neuville. ( Note présentée par M. le Professeur J. Millot.) De tous les Mammifères disparus, le Mammouth de Sibérie est celui sur lequel le zèle ‘des investigateurs a pu s’exercer le plus com- plètement. De longtemps, l’abondante pilosité de ce Proboscidien fixa l’attention et fut considérée comme prouvant une remarquable adaptation à un climat rigoureux. Plus récemment, un autre carac- tère lui fut attribué, avec une valeur également adaptative : ce serait une réduction au type tétradactyle des extrémités pentadac- tyles habituelles aux Proboscidiens. Ce fut, je crois, E.-W. Pfizen- mayer qui, d’après ses observations sur les restes de deux Mam- mouths sibériens exhumés par lui, émit le premier cette opinion. Pour plus de précision, je citerai les termes dans lesquels il la publia : « Tandis que le squelette de la main et du pied de l’Eléphant comporte 5 doigts, le Mammouth n’en avait que 4, tant à la main qu’au pied. Le premier doigt manque complètement et . les doigts existants ne présentent que chez les vieux animaux 3 phalanges au doigt du milieu, et seulement 2 phalanges au deuxième, quatrième et cinquième doigts, cela aussi bien au pied antérieur qu’au pied postérieur» 1. Là donnée nouvelle ainsi présentée fut admise par les naturalistes qui, accessoirement ou non, traitèrent récemment du Mammouth. J’en citerai deux, dont les travaux jouissent d’un crédit bien établi. En 1930, Osborn publia sur «ce classique de la Paléontologie» un Mémoire dont le titre est fort expressif 2. Enumérant ses particula- rités les plus constantes, il mentionne « la réduction ou la perte complète de l’un des doigts de la main », et, de tous les caractères ainsi rappelés ou signalés, il conclut à « une adaptation vraiment merveilleuse, dans toutes les parties du squelette aussi bien que des dents, aux conditions très sévères de la vie boréale ». Quelques lignes plus haut, il exprimait cependant une façon de voir difficilement conciliable, à moins d’en revenir à l’hypothèse cataclysmique, avec la notion d’une si parfaite adaptation : constatant que les Mam- 1. J’emprunte cette citation à la traduction faite par M. G. Montandon d’un livre de feu Pfjzenmeyer : Mammutleichen... in Nordost-Sibirien. Elle est publiée sous le titre Les Mammouths de Sibérie, Paris (Payot), 1939. 2. H. F. Osborn, The romance of the wooly Mammoth. Natural History, vol. XXX, n° 3. New-York, 1930, p. 227-241 (voit p. 233 et 235.) Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. — 354 mouths semblent s’être éteints presque subitement, il estime que cette disparition rapide d’êtres aussi parfaitement spécialisés et adaptés « est un mystère ». Hilzheimer, Professeur à l’Ecole supé- rieure vétérinaire de Berlin, exposant les mêmes faits, s’exprimait ainsi : « De même qu’en la structure de ses molaires, le Mammouth se spécia- lise en d’autres sens : il perd, par exemple, le premier doigt à chacune de ses extrémités, et aux doigts restants, sauf au troisième qui conserve ses 3 phalanges normales, une atrophie s’effectue, qui réduit ces phalanges à 2. Il était donc, en quelque façon, en voie de devenir solipède » x. A l’étude de cette question, dont les matériaux viennent si rare- ment à la portée des anatomistes, j’ai la bonne fortune de pouvoir apporter une contribution personnelle. * * ¥ En 1913, le Comte Stenbok Fermor fit au Service de Paléonto- logie du Muséum le don magnifique des restes d’un Mammouth fraîchement exhumé de l’une des îles Liakhov, ou archipel de la Nouvelle-Sibérie, par K. -A. Vollosovitch, spécialiste particulière- ment compétent, qui avait déjà participé avec Pfizenmayer à l’exhumation d’un sujet découvert dans la partie du continent situé en face de cet archipel, sur la rive droite de la petite rivière Sanga- Iourakh. Ces restes consistaient principalement en un squelette, incomplet comme il est malheureusement de règle en pareil cas. mais dont les extrémités avaient été le plus possible conservées en chair, après un dépouillage ayant respecté la peaù, les soles et les ongles ; d’autres fragments de peau, notamment une partie de la face, et le pénis, avaient été rapportés aussi. Dans l’une des pièces en chair, j’avais, dès l’arrivée, prélevé du sang desséché, sur lequel le regretté Jean Gautrelet et moi avons fait des observations complétant celles qu’avait permises le Mammouth rapporté par Herz et Pfizenmayer des bords de la Berezovka. Au Laboratoire de Paléontologie du Muséum, l’intention fut d’abord d’employer toutes les parties osseuses au montage d’un squelette à compléter par des pièces factices, aussi le Professeur d’alors (M. Boule) avait-il entrepris de faire décharner dans son Laboratoire les pièces parvenues en chair. La série des difficultés ouvertes en 1914 fit différer et finalement abandonner ce projet de montage, et — fort heureusement — le pied gauche seul fut décharné. De mon côté, les recherches commencées dès le début furent conti- 1 . Max Hilzhbimeh, La extin cion de los grandes mamiferos de! centre de Europo ■ al final de la era glaciar. Investigaciones y Progreso. T. VIII, Madrid, 1933, p. 232-236 (aimablement communiqué par M. Obermaier) (voir p. 234). 355 — nuées dans la mesure du possible ; elles me mirent à même d’exami- ner, pièces en mains, et suivant une rigoureuse méthode comparative, la question de la réduction digitale du Mammouth sibérien, tranchée un peu hâtivement dans le sens ci-dessus mentionné. Peut-être les circonstances me permettront-elles, dans la suite, de tirer un parti plus étendu des documents dont j’ai disposé et de publier un Mémoire d’ensemble sur le Mammouth. Dans ce qui va suivre, je me reporterai d’autant plus directement à mes précédents travaux sur les Eléphants 1 que je n’ai trouvé aucune différence vraiment notable entre ceux-ci, très variables quant à leur organisation phalangienne et unguéale, et le Mam- mouth. Il est classique, mais erroné, ai-je pu écrire précédemment, d’admettre que les Eléphants d’Afrique possèdent toujours 4 ongles aux pieds antérieurs et 3 aux pieds postérieurs, tandis que les Eléphants d’Asie en auraient 5 aux premiers et 4 aux seconds. Il m’a bien semblé en être ainsi sur les fœtus et les jeunes sujets 5 mais -sur les adultes, les kératinisations unguéales varient fréquem- ment à la fois dans leur nombre et dans leur aspect, aussi bien chez les sujets d’Afrique que chez ceux d’Asie. Ce ne sont d’ailleurs pas là de vrais ongles, Artstote l’avait déjà remarqué. Ils n’ont le plus souvent aucune relation avec les rayons digitaux, dont les articles terminaux, c’est-à-dire les phalanges unguéales, présentent, eux aussi, de grandes variations et peuvent même manquer. Il m’est arrivé, par contre, d’observer deux cas de rudiment de quatrième phalange au doigt médian de l’Eléphant d’Asie, de telle sorte que nous sommes ici devant des tendances originales qu’il importe de bien connaître. D’après le sujet dont j’ai disposé, le pied antérieur du Mammouth reproduit exactement, dans le carpe et le métacarpe, les dispositions que j’ai décrites chez les Eléphants. Ici comme chez ces derniers, le trapèze est « presque hors rang et semblant un os du métacarpe comprimé, un peu allongé » (Blainville, Eléphants), et la pièce qui le suit ressemble plus à une phalange qu’à un métacarpien. J’ai développé les faits qui, dans le cas de l’Eléphant, accentuent cette ressemblance (voir mon travail de 1935) : le second de ces deux os s’y ossifie non pas en deux parties, comme les métacarpiens, mais en trois, comme le font ici les premières phalanges, aussi l’ai-je qualifié de «faux métacarpien», qualificatif que je me crois fondé à lui maintenir pour le Mammouth. Chez celui-ci, j’ai vu qne phalange suivre cette pièce, tout comme au premier rayon 1. Henri Neuville. Trois notes préliminaires sur l’organisation du pied des Elé- phants. Bull. Mus. nat. d'Hist. nat., 1927, p. 60-64, 1933, p. 63-67 ; 1934, p. 210-217. . — Nouvelles observations sur les phalanges unguéales des Eléphants. Ibid., 1937, p. 40-43. — Sur quelques caractères anatomiques du pied des Eléphants. Archives du Mus. d’Hist. nat., 6e série, t. XIII, 1935, p. 111-184, 53 fig. — 356 — digital des Eléphants. Dans les deux cas, le pouce est donc formé d’un osselet funique,|touj ours très réduit et^de façon individuelle- ment^très variable. Celui que m’a présenté le Mammouth consiste en une sorte de grosse écaille osseuse, s’adaptant bien à la face distale du faux métacarpien et mesurant environ 5 cm. sur 2,5, avec . 1 cm. 5 d’épaisseur en son centre ; les bords en sont arrondis plutôt que franchement amincis. Profondément située dans le coussinet élastique du pied,|cette phalange unique n’avait évidemment aucun rapport avec l’ongle^pouvant être considéré comme correspondant au premier doigt. Le second rayon digital antérieur est composé d’une ‘phalange et d’une phalangine bien formées toutes les deux. La face distale de celle-ci est d’un aspect articulaire, fonctionnel, sur la valeur duquel il n’y a cependant pas à s’abuser, de tels aspects étant fréquents à des phalangines d’éléphants que ne suivent authentiquement pas de phalangettes, et il en est ainsi pour mon Mammouth, sur lequel j’ai vainement cherché trace de troisième phalange dans les tissus suivant la phalangine de ce doigt. Au troisième rayon, le dépouillement a rasé la face distale d’une phalangine, enlevant vraisemblablement ainsi une phalangette dont la présence ne peut être que déduite de ce que l’on sait par ailleurs ; constatons, en tout cas, l’apparence fonc- tionnelle de cette face distale. La constitution du quatrième doigt reproduit exactement celle que je viens d’assigner au troisième, et pour lui aussi le dépouillement a rasé la phalangine en enlevant peut- être quelque article .terminal. Enfin le cinquième doigt est formé d’une phalange et d’une phalangine, et celle-ci est suivie de tissus dans lesquels je n’ai pu déceler aucune trace de phalangette. Au pied postérieur, les dispositions restent tout aussi foncièrement identifiables, sauf en un point, à celles des Eléphants. De l’entQcunéiforme, on peut répéter ce que de Blainville exprimait quant au trapèze des Eléphants et que je retrouve chez le Mammouth : il est d’un aspect phalangien et est suivi d’un article ressemblant, lui aussi, à urie phalange plutôt qu’à un métatarsien. Cet article est, dans son ensemble, légèrement incurvé vers l’avant et sa partie antéro-inférieure dessine même un apophyse dirigée dans ce sens ; par analogie avec ce que nous constations au pied antérieur, je l’appellerai « faux métatardien » chez le Mammouth comme, chez les Eléphants. De même encore que j’ai trouvé, au premier rayon digital antérieur du sujet ici décrit, une formation phalangienne faisant suite au « faux métacarpien », j’en trouve une équivalente en connexion identique avec le « faux métatarsien » et ne différant de celle du pied antérieur que par ses dimensions un peu moindres : 4 cm. sur 2, avec une épaisseur à peu près uniforme d’en- viron 1 cm. Elle non plus n’avait de relation possible avec l’ongle — 357 — pouvant être considéré comme correspondant au premier doigt. Examinées après rupture de leurs connexions, de telles phalanges pourraient, à première vue, être prises pour des sésamoïdes. Force est donc de constater que les premiers rayons digitaux de ce Mam- mouth possèdent une phalange en sus d’un osselet fondamental considéré jusqu’ici comme premier métacarpien ou premier méta- tarsien ; ils se trouvent ainsi, en ce qui concerne le pied antérieur, au même état que ceux des Eléphants, et, pour le pied postérieur, à un stade de rédution moins avancé qu’ils ne le sont, le plus typiquement au moins, chez ces derniers, où, pour ma part, je n’ai pas vu de phalange suivre le « faux métatarsien » du premier doigt. Sur ce même sujet, le second rayon possède deux phalanges. La face distale de la seconde est assez fruste, réduite qu’elle est à un ovale d’aspect articulaire mesurant environ 16 mm. sur 10, auquel semble correspondre un rudiment de phalangette sous forme d’un très petit module d’apparence fibreuse, noyé dans le tissu environ- nant. Le troisième rayon porte également une phalange et une pha- langine très nettes ; celle-ci présente une face distale de caractère articulaire, à laquelle correspond un osselet plat rappelant celui du premier doigt et qui est incontestablement une phalangette. Le quatrième doigt offre encore une phalange et une phalangine ; mais, bien que la face distale de celle-ci conserve une apparence fonction- nelle, elle ne correspond à aucune cavité synoviale et une petite zone de tissu fibreux qui la suit ne peut être considérée que très hyp- thétiquement comme représentant une trace désuète de phalangette. Enfin le cinquième doigt est simplement formé de deux phalanges dont la seconde présente cet aspect, fréquent aux phalanges termi- nales des Eléphants, que de Blainville comparait à celui d’une « borne obtuse ». ★ ¥ ¥ Pfizenmayer a synthétisé dans la formule suivante les dispositions phalangiennes qu’il a observées et dont il admet l’identité aux quatre membres des Mammouths : 0, 2, 3, 2, 2 ( loc . cit., p. 227). Continuant à prendre les Eléphants actuels comme base de comparaison, je constate d’abord l’impossibilité de réunir dans une même formule leurs membres antérieurs et postérieurs ; puis, laissant ce qui pourrait faire considérer comme phalanges les pièces ci-dessus qualifiées de faux métacarpien et faux métatarsien, je note le plus typiquement, pour le membre antérieur : 1, 2, 3, 2, 2, et pour le membre posté- rieur : 0, 2, 3, 2, 2. Or, d’après ce qui précède, la première de ces formules est applicable à la fois aux membres antérieurs et aux membres postérieurs du. Mammouth du Comte Stenbok Fermor ; non seulement la réduction digitale n’est donc pas plus accentuée ici que celle des Eléphants, mais elle l’est un peu moins. 358 - Le même observateur précisé que sa formule, fournie par ses sujets de la Berezovka et de la Sanga Iourakh, a été vérifiée sur celui que 'Maydell rapporta jadis. Le mien ferait-il exception ? En tout état de cause, et conservant pour base la comparaison avec les Eléphants actuels* j’insiste sur le fait que nous sommes en présence de dispositions individuellement variables, et qu’il importe, surtout, de toujours pousser les investigations de façon à pouvoir constater des faits souvent difficiles à déceler. Mais il est une chose qui achève de me faire mettre le Mammouth, à en juger par celui de M. Stenbok Fermor, sur le même rang que les Eléphants quant à l’organisation de leurs extrémités : je veux parler de ces formations dites præpollex et præhallux, qui complètent de façon assez énigmatique la constitution de la main et du pied penta- dactyles et sont parfois considérées comme rappelant, conjointe- ment avec un poslminimus , une disposition heptadactyle. De telles formations sont présentes chez le Mammouth tout comme chez les Eléphants ; elles y ont les mêmes connexions essentielles, avec des dimensions et des formes pouvant rentrer dans le cadre des varia- tions individuelles cpnstatables sur ces derniers ; je mentionnerai seulement qu’elles ne présentaient pas. sur mon unique Mammouth, cependant bien adulte, les zones d’ossifications qu’elles comportent parfois sur les Eléphants adultes. Le præpollex de ce Mammouth est une tige cartilagineuse à peu près cylindrique, dont la longueur est d’environ 12 cm. et le diamètre de 1 cm. 5. Son præhallux est de même constitution et de même forme, avec des dimensions un peu plus fortes : 16 cm. de long et 3 de diamètre. Ni l’un ni l’autre ne donne l’impression de représenter la trace, même très lointaine, d’un doigt, mais seulement celle de constituer un étai compensant peut-être, en quelque mesure, la réduction du pouce. Ni chez les Eléphants actuels, ni chez le Mammouth, je ne les ai vus atteindre la sole. A leur sujet comme à celui des phalanges et des ongles, nous sommes, avec ces animaux, en face d’un singulier mélange de simplification et de complication. Je crois pouvoir conclure de tous ces détails qu’il y a identité d’organisation entre les extrémités du Mammouth et celles des Eléphants. Laboratoire d’ Anatomie comparée du Muséum. — 359 — Considérations générales sur les Myrtacées vivantes ET FOSSILES Par A.'Loubière. La famille des Myrtacées a été indiquée en 1759, sous la désigna- tion de Myrtes, par B. de Jussieu. C’est Brown qui, en 1814, lui donna son nom actuel. Elle comprend 72 genres avec environ 2.750 espèces, presque toutes tropicales ; le genre Myrcia en compte à lui seul plus de 300 et le genre Eugenia .plus d’un demi-millier. Ce sont le plus souvent des arbustes ou des arbres de grande taille, à feuilles opposées, simples sans stipules, à limbe parsemé, comme l’écorce et la tige, de petites poches sécrétrices produisant de l’huile essentielle ; certains Eucalyptus poussent avec une rapidité surpre- nante ïYE. globulus peut croître de plusieurs mètres par an et quel- ques exemplaires de cette espèce atteignent en Australie jusqu’à 160 mètres de hauteur. Les fleurs sont hermaphrodites, âctino- morphes, pentamères ou tétramères, les étamines nombreuses. L’ovaire infère renferme de nombreux ovules anatropes et se transforme en un fruit charnu, drupacé, déhiscent ou indéhiscent. Les graines, sans albumen, contiennent un embryon incombant, droit, courbe ou spiralé. * Les Myrtacées, comme les Sonneratiacées et les Punicacées, sont des Ovulées nucellées, à périanthe double avec corolle dialypétale, qui ont des étamines en nombre déterminé ou non, ramifiées ou non et où fe pistil est concrescent avec les verticilles externes. Par là, elles se distinguent des Punicacées, où le pistil a deux verticilles de carpelles superposés et des Sonneratiacées où la corolle est ordi- nairement avortée. En se fondant sur la conformation de l’ovaire et la nature du fruit, l’ensemble de la famille est partagé aujourd’hui en trois séries : les Myrtées, Leptospermées, Chamélauciées. Les carpelles sont concres- cents entre eux, fermés en un ovaire pluriloculaire, chez les deux premières tribus, ou demeurent quelquefois ouverts et forment un ovaire uniloculaire, chez la dernière. Le fruit est une baie ou une drupe (Myrtées), une capsule (Leptospermées) ou un akène (Cha- mélauciées). La distribution géographique des Myrtées actuelles est très éten- due, ainsi il y a des Myrtus dans toutes les parties du monde et des Eugenia dans quatre d’entre elles. En Europe, on ne trouve qu’une Myrtée, le Myrtus commuais, qui caractérise la région méditerra- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 5, 1944, — 360 — néenne, Les genres Rhodomyrtus , Xanthomyrtus , Psidiomyrtus, Rhodamnia , Fenzlia, Decaspermum, Modria , sont seuls limités aux régions tropicales de l’Océanie et de l’Asie. Tous les autres genres de cette sous-famille sont américains. Les Chamelauciées sont presque toutes australiennes. Les Leptospermées croissent également en Australie. Toutefois, parmi ces dernières, il y a plusieurs genres qui appartiennent à d’autres portions de l’Océanie et notamment à T Archipel Indien, tels sont les Tristania, Leptospermum et Metro- sideros, celui-ci se retrouve dans l’Inde au Cap et au Chili. Au Brésil, le genre Eugenia est le plus considérable. Parmi les -genres les plus importants de l’Australie, il convient de citer les genres Eucalyptus , Melaleuca. Remarquons que les genres Metrosideros, Eugenia et Myrius sont communs à l’ancien monde et au nouveau. D’ordinaire, les Mÿrtacées ne sont comparées qu’à des familles à ovaire infère (Rhizophoracées, Combrétacées, Mélastomacées). Cependant, certaines d’entre elles ont l’ovaire presque complète- ment supère ; ce qui arrive en particulier chez plusieurs Tristania et Metrosideros ; que d’ailleurs les loges de cet ovaire soient plus ou moins incomplètes, que les étamines soient groupées en faisceaux et qu’en même temps les feuilles soient opposées, il sera difficile de décider si les plantes dans lesquelles on observe ces caractères réunis appartiennent aux Leptospermées ou aux Hypéricacées. La famille des Mÿrtacées a fourni à l’état fossile un assez grand nombre de restes de valeur inégale, provenant du Crétacé et principalement du Tertiaire. Les fleurs et les fruits sont rares, bien que, si ces plantes ont été représentées dans les végétations mésozoïque et néozoïque, les fruits, en raison de leur structure, fussent pour la plupart favorables à la fossilisation. Une espèce établie sur des fragments de grappes est le Tristanites clœziæformis Saporta de l’Oligocène supérieur d’Armissan. Les capsules sont brièvement pédonculées, trivalvaires et portent au tiers supérieur une cicatrice transversale, trace pro- bable du calice tombé. Ce fossile, considéré par de Saporta 1 comme se rapportant au genre Clœzia Ad. Brongniart et Gris 1 2 est incon- testablement voisin des fruits des Leptospermées. Les fossiles du Tertiaire de Hœririg, décrits comme fruits, ont été rapportés au genre Eucalyptus, mais leur détermination demeure douteuse. On peut même se demander, pour ceux figurés par Ettings- hausen 3 sous l’appellation d’j Eucalyptus hœringiana, s’il ne fau- drait pas voir en eux des cicatrices pétiolaires d’une Nymphéacée, plutôt que des fruits de Mÿrtacées. Contrairement à ce qui a lieu pour les espèces précédentes, 1. De Sporta, Ann. Sc. nat. Bot., sér., V, t. 4. 2. Ad. Brongniart et Gris, Nouv. Arch. Mus., IV, t. 6. 3. Ettingshaussen. Tertiârflora von Hoering, pl. 28, fig. 14-24, 361 — V Eucalyptus Geinitzii Heer, très répandu dans le Crétacé de Bohême, montre des fleurs et des fruits associés aux feuilles. Ces dernières, figurées par Velenovsky1 possèdent une nervation par- tiellement bien conservée, répondant à celles de diverses formes à' Eucalyptus, L’existence des Myrtacées à l’époque du Crétacé moyen est donc positivement attestée par* ce fossile de réelle valeur dont on a trouvé fréquemment les empreintes dans le Mésocrétacé de l’Europe centrale aussi bien que des Etats-Unis. Enfin des fragments d’inflôrescences paraissant- appartenir aux genres Calistemon et Leptospermum ont été signalés dans le Céno- manien de Bohême 2. Comme dans presque toutes les familles, la plupart des fossiles des Myrtacées sont des feuilles. Les unes ont été attribuées à des genres vivants, tels que Myrtus, Eugenia, Leptospermum , Callis- temon, Meirosideros , etc. ; les autres ont été rapprochées de quelques- uns de ces genres sous les noms de Myrtophyllum, Callistemophyllum, , Eucalyptophyllum etc. Parmi les formes anciennes, on a décrit comme Myrtophyllum des organes foliaires analogues à ceux des Myrtus. Cette épithète con- viendrait mieux à ces feuilles rapporteés aux Myrtacées, car le genre Myrtus ne peut être caractérisé ni par la forme de la feuille, ni par sa nervation. Le terme de Myrtophyllum de Heer a été d’abord appli- qué à deux espèces du Crétacé de Moletein, en Moravie, Myrtophyllum Geinitzii et M. Schübleri dont la nervation rappelait celle de quel- ques Eucalyptes, et qui plus tard ont été rangées dans ce genre. Heer donna ensuite cette désignation à d’autres feuilles dont la nervation était pennée et les bords garnis de nervures. Les gisements infra-cénomaniens de Buarcos et de Nazareth, en Portugal, comprennent, d’après de Saporta 3, des Myrtophyllum à feuilles étroites et eucalyptoïdes qui correspondent à des formes du Turonien de Bagnols (Gard). Les couches mésocrétacées du groupe du Dakota, dans l’Amérique du Nord, ont fourni à Lesquereux 4 les es,pèces suivantes : Eucalyptus Geinitzii , E. Dakotensis, Myrto- phyllum Warderi , Callistemophyllum Heeri et Eugenia primæva, comparable à VE hœringiana de l’Oligocène de Sotzka. A côté des restes de Myrtacées fossiles cités plus haut (inflorescences, fruits et feuilles) et rencontrés à l’état d’empreintes, il convient de mentionner un fragment de bois à structure conservée, recueilli par M. Perrier de La Bathie dans les tufs basaltiques de Nosy-Mitsio (Nord de Madagascar). L’étude de cet échantillon, qui m’avait été 1. Velenovsky, Flora der Bôhmischen Kreideformation, IV, pl. I. 2. Velenovsky, Kvetena Ceského Cenomanu ( Rozpravy kralceske spolecnoski Nauk., VII), 1889. 3. De Saporta, Sur les Dicotylées prototypiques du système Infracrétaeé en Por- tugal, C. R. Acad. Sc., 1888. , 4. L. Lesquereux, The flora of the Dakota group. U. S. Geol. Surv., XVII. confiée, il y a quelques années, par M. Lacroix, m’a montré qu’il s’agit d’un bois d’une Dicotylédone appartenant aux Myrtacées. J’ai rapproché sous le terme générique d ' Eugeniaiies 1 ce bois silicifié du genre Eugenia, dont les formes fossiles européennes ont été signa- lées depuis l’Eocène jusqu’au Miocène. C’est pourquoi j’avais autre- fois classé le fossile de Nosy-Mitsio dans cette partie des terrains tertiaires. Mais si l’on a égard à la présence de Y Eugenia primæva Lesq. dans les formations cénomaniennes du Dakota, l’existence de Y Eugeniaiies princeps} ancêtre probable de Y Eugenia condensata Baker, de Madagascar, doit être reculée sans invraisemblance jusque dans la flore mésocrétacée. Ainsi les Myrtacées fossiles, trouvées dans divers dépôts céno- maniens. témoignent durant l’époque du Crétacé moyen de la grande extension des Myrtées et principalement des Leptospermées. Quant aux Chamélauciées, aucune d’elles n’a encore été rencontrée à l’état fossile. Le rôle de la Paléobotanique est de rechercher l’évolution des groupes végétaux et des flores en se basant sur des observations soumises à la critique. Laboratoire d’ Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles du Muséum. 1. A. Loubière, Sur l’anatomie comparée et l’âge relatif d’un bois de Dicotylédone, trouvé dans une formation éruptive de Nosy-Mitsio (Madagascar . Bull. Soc. Géol. de France, V, t. III, 1933. Distribution strati graphique des Lépidodendrées. Par A. Loubière.. Les Lépidodendrées étaient comme les Sigillariées des Lyco- podiales arborescentes fossiles, remarquables par la présence fréquente dans leurs tiges d’un bois secondaire susceptible d’atteindre une épaisseur notable. Ces Cryptogames vasculaires éteintes, qui ont joué un rôle important dans la flore paléozoïque, se rencontrent dès le Dévonien inférieur, et se continuent jusque dans le Permien, après, avoir eu leur développement maximum durant l’époque carboniférienne. Les genres établis sur les caractères externes des tiges ou des rameaux lépidendroïdes comprennent un grand nombre d’espèces, dont les principales sé répartissent de la manière suivant^ : Dévonien. Lepidodendron aculeatum, L. acuminatum, L. Gaspianum, L. Baylianum, L. nothum, L. truncatum, L. V eltheimianum ; Bothrodendron brevifolium, B. kiltorkense. s CuLM. Lepidodendron obovatum, L. fuissensis, L. lycopodioides, L. Glin- ckanum, L. aculeatum, L. acuminatum, L. dichotomum, L. Gaspia- num, L. ophiurus, L. nothum, L. selaginoïdes, L. Veltheimi, L. cor- rugatum, L. Wolkmanni, L. tetragonum, L. rimosum, L. Rhodeanum, L. squamosum, L. Wiikianum, L. depressum, L. carrinatum, L. polyphyllum, L. rugosum, L. caudatum, L. brevifolium, L. sexangulare ; Halonia tetrasticha, H. regularis ; Knorria imbricata, K. acicularis, K. longifolia, Ulodendron majus, U. minus, U. commutatum, U. ovale, U. Schlegeli ; Bothrodendron Carneggianum. B. Depereti; Lepidophloios auriculatus, L. crassicaulis, L? fimbriatus, L. laricinus. Westphalien. Lepidodendron Volkmani, L. undulatum, L. aculeatum, L. obovatum, L. selaginoïdes, L. Veltheimi, L. rimosum, L. Rhodeanum, L. carri- natum, L. rugosum, L. caudatum ., L. brevifolium, L. plégmorioïdes, L. Haidingeri, L. crenatum, L. fusiforme, L. Sternbergii, L. elegans, L. lycopodioides, L. dichotomum, L. gracile; L. Jaraczewski; Halonia regularis, H. tuberculosa, H. tortuosa, H. tuberculata; Ulodendron majus, U. minus, U. punctatum, U. pumilum, U. ellipticum, U. dicho- mum ; Bothrodendron minutifolium, B. punctatum ; Lepidophloiois crassi- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVi, n° 5, 1944. — 364 — caulis, L. laricinus, L. acadanius, L. intermedius, L, lepidophyllifolius, L. macrolepidotus, L. tetragonus. Stéphanien. Lepidodendron obovatum, L. rimosum, L. Sternbergii, L. elegans, L. Beau- montianum, L. Jaraczewski, L. Gaudryi, L. dichotomum, L. dilatatum, L. lycopodioïdes ; Halonia distans, Knorria imbricata, K. mirabilis, K. Selloni ; Lepidophloios laricinus, L. Dessorti. Permien. Lepidodendron posthumum; Lepidophloios ' acuminatus, L. laricinus; Halonia Beinertiana. Laboratoire d’ Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles, du Muséum. \ \. ' Les relations entre le bassin d’Aquitaine et le Jura AU PORTLANDIEN INFÉRIEUR. Par René Abrard. Professeur au Muséum. (Note présentée par R. Furon.) En faisant connaître la faune du Portlandien du bassin aquitanien, Ph Glangeaud 1 a insisté sur les rapports qu’elle présentait avec celle du sud et du sud-est du bassin de Paris (Yonne. Aube et Haute- Marne) de même qu’avec celle du Jura. Il a indiqué que sur 69 espèces principales, 23 se retrouvaient dans la première région et 38 dans la seconde ; ainsi se trouve accusé le fait que les affinités les plus grandes sont avec le Jura, relative- ment éloigné et non avec le bassin de Paris^beaucoup plus proche. Les éléments les plus nombreux de cette faune aquitanienne sont indifférents et ne permettent guère de tirer des conclusions paléo- géographiques, mais il n’en est pas de même de deux d’entre eux, le genre Gravesia parmi les Céphalopodes, et les Nérinées parmi les Gastéropodes. Les Ammonites du genre Gravesia (= Pachyceras) caractérisent au Portlandien inférieur ou Bononien, une province zoologique spéciale, intermédiaire entre les zones boréale et méditerranéenne, et appelée par E. Haug 2. province occidentale. Gelle-çi comprend essentiellement le sud de l’Angleterre, le bassin de Paris, le bassin d’Aquitaine et s’étend au Jura et au Hanovre. Sôn domaine lé plus net paraît bien être le bassin de Paris, et son extension à l’Aquitaine au Sud-Ouest et au Jura central au Sud-Est peut être considérée comme un débordement à travers les détroits poitevin et morvano- vosgien. Dans le Jura en effet, Gfavesia gigas Ziet. et G. portlahdica de Loriol ne se trouvent, en rares individus que dans les calcaires com- pacts de base dans lesquels apparaissent les premières Nérinées. Dans le bassin d’Aquitaine, dans le secteur où règne ce que Glan- geaud appelle le « faciès à Nérinées », et qui se situé entre Angoulême et Saint-Genis, G. gigas et G. Gravesi d’Orb. n’apparaissent qu’ au- dessus de marnes feuilletées à Bracbiopodes les séparant des couches à Nérinées de base. En d’autres points, ces Ammonites se ren- 1. Ph. Glangeaud. Le Portlandien du bassin de l’Aquitaine. Bull. Serv. Carte Gèol. France, t. X, n° 62, 1898. 2. Traité de Géologie, p. 1421. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n# 5, 1944. — 366 — contrent dans toute l’épaisseur du Bononien. Ce qu’il faut retenir, c’est le fait que, bien que nombreux, les" individus sont moins fréquents que dans le bassin de Paris, et que les couches qui les renferment n’y constituent pas comme dans ce dernier la totalité du Bononien inférieur, La répartition des couches à Nérinées est particulièrement inté- ressante. Nous avons vu que dans le Jura cental ces Gastéropodes font leur apparition dans les calcaires de base qui renferment de rares Gravesia ; ils deviennent très abondants dans une seconde masse de calcaire superposée à la précédente, qui est caractérisée par Nerinea irinodosa Voltz, N. Bruniruiana Th., N. salinensis d’Obb., associés à Naiica Marcousana d’Orb., et Hemicidaris purbeckensis Forbes. En ce qui concerne l’Aquitaine, les Nérinées se montrent dès l’extrême base de l’étage dans des assises oolithico-gréseuses ; on retrouve N. irinodosa et N. Brunirutana, la troisième espèce, N. salinensis étant remplacée par N-, santonensis d’Orb. que l’on ne connaît pas du Jura. Beaucoup d’espèces de cette dernière région complètent la ressemblance, notamment Hemicidaris purbeckensis qui se trouve également dans la couche de base, et Natica Marcou- sana presque toujours cantonnée dans un niveau plus élevé, au-dessus du calcaire compact à Graversia intercalé dans un ensemble d’assises dépourvues de Céphalopodes. Or, si les formes communes au sud-est du bassin de Paris, au Jura et au bassin aquitanien sont assez nombreuses, et parmi elles on peut citer outre le genre Gravesia , Hemicidaris purbeckensis et Naiica Marcousana, la dernière occupant en Aquitaine et dans l’Yonne un niveau plus élevé que dans le Jura, ainsi que nous venons de la voir, il faut noter l’absence totale des Nérinées dans le Portlandien du bassin de Paris. Les faciès à Nérinées du Jura central et du bassin aquitanien représentent une tendance à des conditions subrécifales qui ne se sont pas manifestées plus au Nord, et ce n’est pas par l’intermédiaire du bassin de Paris, en longeant le bord septentrional du Massif Central,; que se sont établies entre les deux premières régions les relations ayant abouti à l’établissement de faciès montrant les rapports les plus étroits, en des points éloignés entre lesquels on n’observe pas de liaison. On peut penser que c’est au sud d’un Massif Central en partie émergé, réduit à une terre relatif ement étroite, allongée d’Ouest en Est, qu’il faut rechercher la voie par laquelle les formes jurassiennes sont arrivées dans le bassin aquitanien. Est-il permis, à la lumière des données précédentes, de hasarder une esquisse paléogéographique du Portmandien inférieur ? Elle se présenterait de la manière suivante : 367 Le Massif armoricain et les Vosges sont émergées ; le Massif Central ne l’est qu’en partie, en une bande allongée assez étroite et vers le Sud sa région médiane est encore sous les eaux. Entre ces massifs anciens les détroits poitevin et morvano- vosgien largement ouverts, assurent des échanges de faunes entre le bassin de Paris, l’Aquitaine au Sud-Ouest, le Jura et même la région rhodanienne au Sud-Est, ainsi qu*en témoigne la découverte faite pai Paquier de Gravesia Irius d’Orb. à Saint-Pancrasse dans l’Isère, au sommet de calcaires ruiniformes où l’on trouve Oppelia lithographica et d’autres Ammonites du Portlandien inférieur qu’accompagnent encore quelques formes kimeridgiennes. Vers le Sud, la dépression vocontienne où se déposaient les formations bathyales du Tithonique inférieur 1 s’étendait assez loin vers l’Ouest sur l’emplacement d’une partie du Massif Central. En effet, ainsi que IIaug l’a indiqué, dans l’état actuel des affleure- ments, les formations les plus proches des terrains anciens ne pré- sentent aucun caractère laissant présager le voisinage d’un littoral, et ce dernier doit être recherché beaucoup plus loin. Une zone récifale caractérisée par des Nérinées différentes de celles dont nous ayons parlé, et par les genres Diceras et H eterodiceras formait la bordure de cette région profonde, et du Jura méridional où elle est bien conservée, s’étendait vers l’Ouest de manière à en contourner la terminaison et à se relier à celle des Causses où on trouve un Portlandien à Heterodiceras Luci, espèce fréquente en Savoie, et Nérinées. La continuité originelle de ces dernières assises avec celles de Provence qui bordent au sud la région bathyale, ne fait aucun doute. Les faciès à Nérinées d’Aquitaine et du Jura central représen- tent peut-être une zone qui s’allongeait au Nord le long de la frange récifale septentrionale, et qui était séparée du bassin de Paris par une terre émergée s’étendant sur l’emplacement de la partie nord du Massif Central en une bande assez étroite. 1. Par définition, le terme de Tithonique s’applique à des formations profondes de faciès méditerranéen ; c’est donc une altération de son emploi, contraire à son étymo- logie, et que l’on peut regretter, que l’on parle quelquefois de Tithonique récifal, constitué par des faciès d’eaux peu profondes. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. 24 — 368 — L’exophtalmie dans la Métamorphose expérimentale des Batraciens anoures. Par Paul Roth. On sait qu’en patholgie humaine, l’exophtalmie est un des signes les plus frappants de la maladie de Basedow, également appelée à cause de cela « goitre exophtalmique », dont l’origine est due à un hyperfonctionpement de la glande thyroïde. Cette exophtalmie, généralement bi-latérale et qui s’accompagne Fig-i- « Encéphalocèle » (Reconstitution) d’après W. Schulzh. souvent de certains troubles de la mobilité oculaire (signes de Môbius, de Stellvag, de Graefe ) serait déterminée par l’action d’un centre exophtalmiant sympathique mésencéphalique (Berger) (1) sur le muscle lisse de Muller et l’aponévrose orbitaire de Tenon. Elle a pu être reproduite expérimentalement par Besançon (2), au moyen d’extrait du lobe antérieur de l’hypophyse, puis par Sainton, Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. \ — 369 — Brouha et Simonnet (3), en associant le traitement thyroïdien à l’adrénaline, et Marine (4) a pu, par l’injection d’extraits hypophy- saires, la produire chez des Lapins thyroïdectomisés, et la faire ensuite disparaître par des injections de thyroxiné. Mais l’exophtalmie ne se manifeste pas que chez les vertébrés Métamorphose naturelle d’un têtard de Rana temporaria. homéotermes. On peut la provoquer chez les poikilotherm.es, notam- ment chez les Poissons- et les Batraciens. ★ V * Des cas d’exophtalmie bi-latérale ont été signalés en 1939 par Grobstein et Bellami (5), chez des individus immatures de Poissons d’ornement : Platypœcilus maculatus et variaius, à la suite d’in- gestion de fragments de corps thyroïdes de Mammifères et, en 1941, G. Petit et D. Schachter (6), ont pu provoquer l’exophtalmie bi- latérale chez des Civelles (au stade VÏ-A-IÏ-3) et chez des Gambusias- affinis, en employant de très fortes doses de thyroxine Roche (1 /100.000e pour les Civelles et 1.500.000e pour les Gambusias). Les 370 — auteurs se demandèrent alors si cette exophtalmie était due, dans un cas comme dans l’autre, à l’action indirecte de l’anté-hypophyse ou à l’action directe de l’hormone thyroïdienne sur le sympathique oculaire ou sur tout le sympathique. La première de cès trois hypothèses est à écarter, car on sait, depuis les travaux d’ALLÈN (7) que l’hormone thyroïdienne agit sur des organismes privés d’hypophyse et de thyroïde. Quant aux deux autres hypothèses, espérons que les recherches ultérieures annoncées par les auteurs, viendront en préciser la valeur. L’exophtalmie bi-latérale se produit aussi chez les Batraciens au Têtard de Rana temporaria, fixé au stade C. (3e). cours de la métamorphose expérimentale provoquée par de fortes doses de thyroxine (1 /10 — 1/5 — 1 /1.000.000e) en bain continu, par l’ingestion d’extrait total de corps thyroïde en excès, ou de fragments de thyroïdes humaines atteintes d’une forme grave de, la maladie de Basedow, mais le déterminisme de cette exophtalmie est, comme nous allons le voir, très particulier. * * ¥ ' W. Schulze (8) a signalé en 1924, des cas d’exophtalmie chez des têtards de\grenouille à la suite d’ingestion de fragments de corps — 371 — thyroïde de Mammifères, et, pour lui, ce phénomène serait une conséquence de l’hypertrophie du cerveau causé par le traitement thyroïdien. On sait que les tissus dérivés du feuillet ectodermique sont très sensibles à l’action de i’hormone thyroïdienne, ce qui est le cas du cerveau, or, d’après Schulze, cet organe ferait « hernie » à travers les cavités orbitaires, repoussant ainsi les globes oculaires au dehors et, créant ce qu’il a appelé un « encéphalocèle » et dont il a donné une reconstitution (voir figure 1). Bien que le dessin de Schulze soit assez suggestif, il me paraît exagéré^de prétendre que le cerveau puisse forcer la capsule osseuse qui l’entoure, et de faire ainsi irruption dans les cavités orbitaires. Fîg- +■ Métamorphose accélérée d’un têtard de Rana temporaria pris au stade D (4e) par la thyroxine au 1 /4.000.000e. La contiguité du cerveau et des globes oculaires, visible dans le dessin de Schulze, et que l’on retrouve dans l’un des miens (voir fig. 5) est produit, non par une hernie cérébrale, mais par les globes oculaires eux-mêmes, qui dérivés eux aussi du feuillet ectodermique, s’hypertrophient également dans les mêmes conditions expérimen- tales et acquièrent, chez des animaux d’une taille réduite, les dimen- sions qu’ils auraient eues au terme de la métamorphose naturelle (mais alors, la taille des animaux eut été bien supérieure). En plus de l’hypertrophie des globes oculaires, en général, il y a une hypertrophie spéciale de la cornée avec une dfïérentiation pré- coce de celle-ci. C’est une des dysharmonies signalées par Cotronei (9) et Giacomini (10) et dont Schreiber (11) a donné une explication il y a une dizaine d’années. En ce qui concerne l’œil, cet auteur faisait — 372 — remarquer que, normalement, la transformation du cristallin pré- cède celle de la cornée en vue de la vision aérienne. Or, dans la méta- morphose brutalement accélérée, les deux phénomènes se produisent en même temps, de sorte que, le cristallin, n’ayant pas le temps d’accomplir sa différentiation complète, se trouve avoir, à la fin de cette métamorphose, une structure encore larvaire, comparative- ment à celle de la cornée. - m * m Donc, lors d’une forte thyroxination ou thyroïdisation des têtards de Batraciens anoures, tels que : Rana temporaria, Rana agilis, Métamorphose accélérée d’un têtard de Rana temporaria pris au stade G (3e) par la thyroxine au 1 /25.000.000e. Alytes obstetricans, il se produit, outre les dysharmonies habituelles, une hypertrophie notable des globes oculaires qui s’étendent exté- rieurement et intérieurement, de manière à faire au dehors iine saillie anormale, et, au dedans, à venir au contact de la capsule osseuse qui entoure le cerveau qui. lui-même hypertrophié, remplit exactement cette capsule. ★ * ¥ Conclusions : L’exophtalmie, dans la métamorphose expéri- mentale des Batraciens anoures, est exclusivement fonction de l’hypertrophie de tissus d’origine ectodermique. Il y a, d’une part, hypertrophie du cerveau et. d’autre part, hypertrophie des globes oculaires et de la cornée, avec différentiation précoce de celle- ci. Il n’y a pas « d’ encéphalocèle ». 8 Fig. 6 : Alytes obstetricans — Métamorphose normale. — Fig. 7 et 8 : Alytes obstetricans — Métamorphose accélée par l’ingestion de fragments de thyroïde Basedowienne. — Fig. 9 : Rana lemporaria. Métamorphose normale. — Fig. 10 : Rana temporaria. Métamorphose accélérée par la thyroxine au 1 /10.000.000e. — Fig. 11 : Rana temporaria. Métamorphose accélérée par la thyroxine au I /10.000.000e. — Hypertrophie de lq côrnée. Je rappelle pour mémoire, que pour provoquer l’exophtalmie, il importe, comme toujours, d’expérimenter sur des sujets n’ayant pas dépassé le stade D de leur développement (4e de Kollmann) ainsi que je l’ai montré (12). II est possible qu’un traitement thyroxinien sévère puisse pro- voquer de l’exophtalmie chez des anoures adultes,, mais il est certain'que le déterminisme en serait alors très différent. Laboratoire d’ Ethologie des animaux sauvages du Muséum. BIBLIOGRAPHIE 1. Berger (R.). Presse Mèd., 2 oct. 1943, n° 37, 542-3. 2. Besançon (J.). Presse Mèd., 1936, n° 6. 3. Sainton, Simonnet et Brouha. Endocrinologie. Masson, Paris, 1937. 4. Marine (D.). Annales Ins. Mèd., oct. 1938 — 12 — 443-53. — Proeeed. Soc. Expêr. Biol, and Med., 1933 — 30 — 901-3. 5. Grobstein et Bellami. Proeeed. Soc. Exp. Biol, and Med., 1939 — 363-5. 374 — 6. Petit (S.) et Schachter (D.). C. R. Trav. Fac. Sc. Marseille, lre série, 1941, 1 fasc., 1 — 13 — 16. 7. Alien (B.-M.). Proceed. Soc. Exp. Biol, and Med., 1929 ■ — 28 — - 35-7. 8. Sciiulze (W.). Arch. f. Mikr. A.nat., 1924 — 101. 9. Cotronel (G.). Arch. It. de Biol., 1914 — 67 — 305 — 24. 10. Giacomini (E.). R. d. scss. R. Acad. Sc. Inst. Bologna, 1916 — 1916 — - 20 - 125-146. 11. Schreiber (G.). Bull. Soc. Ital. Sper., 1934 — 9 fasc. 10 — 1211-1212. 12. Roth (P.). Bull. Muséum , 1939, 2e s., 11, n° 1 — 99-110. 375 — Étude histochimique des réserves de Graisses chez Gryphæa angulata Lmk. Par Marie Bargeton. En dehors de réserves de glycogène, généralement prépondérantes, il existe chez la plupart des Mollusques des réserves de graisses qui ne sont pas négligeables. Elles peuvent même chez certains d’entre eux, et notamment chez les Lamellibranches, s’accumuler en quan- tités importantes. Toujours présentes chez l’Huître, ces réserves de graisses se montrent plus ou moins abondantes, variant selon les individus (Terroine, 1919), comme selon les saisons. Au printemps, pendant la gamétogenèse, leur taux s’élève progressivement, accuse un maxi- mum très net, puis diminue brusquement après la ponte. (Pekel- haring, 1902 ; Malcolm, 1911 ; Masumoto et Hibino, 1934). L’étude histologique des graisses aux diverses périodes de l’année permet de suivre et d’interpréter les variations qu’indiquent les dosages : on voit, au printemps, les ovules se charger de quantités de graisses très importantes ; ils constituent ainsi peu à peu, dans la zone des gonades, des réserves de graisses beaucoup plus abondantes que celles de tous les autres tissus. Chez les Huîtres femelles d’espèces unisexuées, comme l’Huître portugaise, la zone des gonades, entière- ment occupée par les ovules, apparaît encore plus richfe en graisses et contraste de manière frappante avec le tissu conjonctif vésiculeux et les acini de la glande digestive. Après la -ponte au contraire, et jusqu’au printemps suivant, les réserves de graisses se distribuent d’une manière beaucoup plus uniforme ; elles se répartissent également dans le tissu conjonctif vésiculeux qui a envahi la zone des gonades et dans celui qui consti- tue en toute saison le parenchyme conjonctif de l’Huître. Sans insister davantage sur les réserves de graisses des ovules dont l’étude reste inséparable de celle de la gamétogenèse, j’essaierai de préciser ici quelques-unes des particularités histochimiques des enclaves adipeuses du tissu conjonctif vésiculeux et de la glande digestive. Distribution des graisses dans le tissu conjonctif vésiculeux. — C’est en démontrant la nature cellulaire des vésicules de Langer ou cellules de Leydig des Mollusques, que Flemming (1877) aperçut disséminées dans tout leur cytoplasme des granulations noircissant par l’acide Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 5, 1944. - — *376 — osmique ; Thiele, quelques années plus tard, les observa à nouveau et les interpréta comme des graisses. Les cellules de Leydig se montrent chez l’Huître particulière- ment riches en graisses. Ce sont d’ailleurs les seuls éléments du tissu conjonctif susceptibles d’en contenir ; elles forment en effet avec les cellules conjonctives fixes l’essentiel de ce tissu où ne figurent aucun des autres types cellulaires très répandus chez les Mollusques, tels que les Rundzellen par exemple aussi chargées de graisses chez les Mytilidés que les cellules de Leydig avoisinantes (Daniel, 1922). Examinées à l’état frais, les graisses des cellules de Leydig appa- raissent comme d’innombrables gouttelettes réfringentes et inco- lores. Fixées au formol, colorées au Noir ou au Rouge soudane, elles présentent une disposition très caractéristique : plaquées contre la paroi, elles forment à la périphérie de la cellule une couche épaisse et se groupent au centre autour du noyau ; elles dessinent enfin des traînées qui relient le cytoplasme périnucléaire au cytoplame pariétal. Il semblerait donc après une fixation au formol, que les graisses de la cellule de Leydig se cantonnent à des zones très res- treintes du cytoplasme entre lesquelles s’étendent de grandes plages claires apparemment vides. Une fixation de caractère plus cytologique (Liquide de Meves ou de Benoît) donne de la répartition des graisses une image très diffé- rente : colorées en brun ou en bistre par l’acide osmique, elles appa- raissent aussi assez nombreuses au voisinage de la paroi, mais semblent se distribuer de manière quelconque dans tout le reste de la cellule. L’élaboration de réserves de graisses paraît être une faculté perma- nente des cellules de Leydig de l’Huître et ne semble pas directement liée ni à leur taille ni à leur âge. La présence d’enclaves de graisses ne se limite en effet nullement, comme l’indique Pekelharing, aux cellules vésiculeuses les plus grandes et se retrouve jusque dans les plus petites. Elle ne sejnble pas davantage dépendre de l’âge des cellules puisque ces enclaves se rencontrent aussi bien dans les jeunes cellules formées dans la zone des gonades immédiatement après la ponte que dans les cellules plus âgées de la couche péri- gastrique. Nature des graisses des cellules de Leydig. — Pour préciser la nature des enclaves de graisses des cellules de Leydig, j’ai recouru aux méthodes considérées actuellement comme les plus spécifiques des différentes catégories de lipides, méthodes que j’ai utilisées selon un protocole d’analyse dichotomique 1 ' \ ' 1. Je me suis conformée en général aux indications fournies par Lison (1933). — 377 — Ces graisses, on l’a vu plus haut, apparaissent sur le vivant comme des gouttelettes absolument incolores, ce qui permet d’écarter d’emblée le diagnostic de carotinoïdes ou de chromolipoïdes. La réaction caractéristique du cholestérol et de ses esters (réaction de Liebermann à l’acide sulfurique et l’anhydride acétique, réaction de Windaus à la digitonine) se montrent également négatives. Ce résultat s’accorde avec ce que l’on sait de la répartition des stérols chez l’Huître : sous forme d’ostreastérol notamment, ils prédominent dans le muscle adducteur et se trouvent au contraire en quantités négligeables dans le « tronc », c’est-à-dire dans la glande digestive et le tissu conjonctif vésiculeux de la zone des gonades, de l’estomac et de l’intestin (Bergmann, 1934). Arrivé à ce point de l’analyse où, d’après l’ordre des méthodes utilisées, lipines et glycérides restent le seul diagnostic possible, c’est au microscope polarisant qu’ont été examinées les cellules de Leydig de l’Huître. Que ce soit à l’état frais ou après fixation au formol, leurs enclaves de graisses se montrent, entre niçois croisés, complètement obscures alors que sur les mêmes préparations les bordures en brosse de l’épithélium digestif et les fibres musculaires qui s’insèrent à sa base, apparaissent fortement biréfrigérentes. L’absence de biréfringence ne suffit pourtant pas à éliminer les lipines. D’ailleurs la réaction de Smith-Dietrich considérée par beaucoup d’auteurs comme caractéristique des lipines lorsqu’elle donne une coloration violet-noir, s’est toujours montrée positive dans les essais répétés qui en ont été faits. Les graisses des cellules de Leydig, sur coupes à congélation, sont, après chromage prolongé et coloration par l’hématoxyline de Kultschitzky, soumises à une différenciation très poussée (la réaction est particulièrement nette lorsqu’on tient compte des modifications introduites par Kauff- mann et Lehmann (1928) : chromisation et traitement par l’hémato- xyline à 60° et non à 37°). Indiquons toutefois que la méthode de Ciaccio qui consiste à caractériser les phospholipines et galacto- lipines par leur insolubilité dans l’acétone ne m’a donné que des résultats négatifs, les graisses des cellules de Leydig disparaissant entièrement au cours de ce traitement. Cette analyse a été complétée par la recherche dans les cellules de Leydig de la réaction de Feulgen- Verne, ancienne réaction « plas- male », qui consiste à traiter les tissus étudiés par le réactif de Schiff après passage dans une solution de sublimé. Ainsi traités les globules lipidiques des cellules de Leydig prennent une teinte violet vif contrastant avec l’aspect incolore que gardent les coupes témoins non soumises à l’action du sublimé. La présence constante de « plas- mal » au niveau des enclaves lipidiques témoigne d’un certain degré d’oxydation des graisses de la cellule de Leydig, oxydation qui entraînerait la formation d’aldéhydes, démasquées par le passage — 378 au sublimé et régénérant comme toutes les aldéhydes la fuchsine du réactif de Schiff. Si nombreuses que puissent être les enclaves de graisses dans les cellules de Leydig, le glycogène n’en reste pas moins la réserve la plus importante et la plus caractéristique des cellules de Leydig ; il paraît intéressant de rechercher quels rapports existent entre ces deux catégories de réserves au sein des mêmes cellules. La fixation histochimique des graisses permet, dans une certaine mesure, d’apprécier leur quantité ; il n’en va pas de même du glyco- gène, qui mal fixé le plus souvent, se porte à un pôle de la cellule, dessinant un croissant caractéristique ou bien précipite en granule et en mottes de tailles inégales. Aussi ne reste-t-il d’autre manière de T évaluer que de recourir à des méthodes d’ordre purement chi- mique. Des microdosages de glycogène dans le tissu conjonctif vésiculeux de l’Huître, où ne figurent pratiquement que des cellules de Leydig, m’ont permis de préciser la teneur en glycogène de ces cellules et de rapprocher les résultats ainsi obtenus des irldications fournies par les méthodes histochimiques sur les graisses de ce même tissu. Une telle recherche montre que loin de s’exclure glycogène et graisses coexistent souvent en grande quantité dans les cellules de Leydig de l’Huître, les plus hautes teneurs en glycogène que j’aie jusqu’à présent notées (13,5 % de poids frais, 65 % de poids sec) se rapportant justement aux cellules vésiculeuses les plus riches en graisses qu’il m’ait été donné d’observer. Les Graisses de la « glande digestive », - — - Dans des recherches sur la glande digestive des Mollusques et des Crustacés Décapodes, Màc Mun (1900) mentionne l’existence de graisses dans les acini digestifs de l’Huître. Par la suite, plusieurs auteurs ont décrit dans ces mêmes acini et dans ceux d’autres Lamellibranches, des granulations jaunes et brunes mais sans établir de lien direct entre leur présence et celle de réserves de graisses. Il semble toutefois que ces inclusions soient pour la plus grande part de nature lipidique, comme on peut s’en convaincre en traitant une coupe de glande digestive par-un colorant des corps gras : les granulations se colorent électivement et appa- raissent comme les seuls éléments des cellules glandulaires à se colorer ainsi. Ces granulations, que leur teinte naturelle permet d’observer facilement sans le secours d’aucune coloration, manquent dans l’épithélium des conduits de la glande et figurent uniquement dans les acini proprement dits : là, elles apparaissent sur coupe trans- versale strictement localisées aux massifs de cellules hautes et claires qui font saillie dans la lumière des tubules ; en revanche, il n’en existe pas trace dans les petites cellules plus sombres des « cryptes » que l’on observe entre ces massifs. Leur présence pourrait être liée à l’âge des cellules granuleuses de l’épithélium digestif, puisque les petites cellules sombres des cryptes ne seraient selon Yonge (1926) que des cellules jeunes destinées à remplacer les cellules hautes des massifs. Etudiant la composition chimique des Huîtres néo-zélandaises, Malcolm (1911) a recherché la nature des graisses qui s’y trouvaient contenues et plus spécialement celle des graisses de la glande diges- tive ; se basant sur la comparaison de leur caractère de solubilité dans l’eau, l’acétone, l’alcool amylique etc., il les a définies comme des lipochr ornes. C’est à la même conclusion que conduit l’emploi de méthodes de détermination histochimique dont nous disposons actuellement. Leur coloration jaune et brune permet de considérer à première vue ces graisses soit comme des carotinoïdes, soit comme des chro- molipoïdes si largement répandus les uns et les autres chez les Invertébrés, Mais elles ne donnent traitées par l’eau iodo-iodurée et par l’acide sulfurique aucune des réactions propres aux caroti- noïdes et montrent au contraire tous les caractères des chromoli- poïdes : elles prennent les colorants des graisses (Noir et Rouge Soudane, Soudan III et IV) se colorent d’une manière inconstante par l’hématoxyline de Kultschitzky et se décolorent en 2 à 3 jours par l’eau oxygénée ; en outre, elles ne réduisent pas les solutions d’argent ammoniacal ce qui suffit à les distinguer du groupe des mélanines. J’ai recherché enfin dans la glande digestive la présence de pro- duits d’oxydation (ou « plasmal ») des graisses : mais ici la réaction de Feulgen-Verne s’est montré négative pour ce qui est des acini et n’a donné qu’une teinte mauve diffuse sans signification histo- chimique au niveau des épithéliums des conduits. Seules ont pris une teinte violet franc, indice d’une exécution correcte de la méthode, les graisses des cellules de Leydig qui se trouvent entre les acini digestifs. Variations et rôle des réserves de graisses. — En dehors de la période de gamétogenèse, il existe chez l’Huître des variations très marquées des réserves de graisses ; certaines d’entre elles paraissent dépendre des modifications de facteurs externes (température, salinité) mais les autres s’observent à tous les moments de l’année entre les Huîtres d’une même provenance et semblent avant tout répondre à des différences individuelles. Au point de vue chimique ces variations correspondent à des teneurs en graisse très* inégales d’un individu à l’autre (0,7 % à 2 % de poids frais, Terroine 1919) ; elles se manifestent morpho- logiquement par des aspects très différents du tissu conjonctif — 380 — vésiculeux. A côté de forme en parenchyme plein où les cellules de Leydig sont serrées les unes contre les autres, ce tÿssu peut présenter une structure plus ou moins lacunaire et se transformer même en un réseau à mailles lâches ; à ces diverses formes de tissu conjonctif visiculeux correspondent naturellement des teneurs en graisses d’autant plus faibles que les cellules de Leydig s’y montrent moins nombreuses. Toutes les variations de la teneur en graisses ne peuvent cependant s’expliquer entièrement par des différences individuelles et certaines d’entre elles doiyent être considérées comme des variations saison- nières proprement dites. Après les périodes de grand froid par exemple, la proportion d’ Huîtres pauvres en réserves s’élève nota- blement. Cet appauvrissement général suggère que chez un certain nombre d’individus les graisses ont été utilisées par l’animal, compensant dans une certaine mesure la sous-alimentation entraînée par le froid (Galstoff, 1928). ' . Qu’il s’agisse de variations individuelles ou de variations saison- nières, les graisses de la glande digestive subissent également, des modifications importantes qui se traduisent par la présence en quan- tités très inégales de granulations lipidiques dans les cellules des acini digestifs. Variant dans le même sens que les graisses du tissu conjonctif vésiculeux, les graisses de la glande digestive, semblent soumises aux mêmes influences ; pendant les périodes de froid, elles se raréfient à l’extrême comme dans le jeûne expérimental où elles finissent par disparaître complètement (List, 1902), Dès le début de la gamétogenèse, les follicules génitaux se déve- loppent rapidement, envahissent toute la zone des gonades, et se substituent au tissu conjonctif interstitiel. Ainsi se trouvent libérée une certaine quantité de graisses, très variable d’ailleurs d’un indi- vidu à l’autre ; les graisses ainsi libérées se trouvent au voisinage immédiat des gamètes et participent peut-être directement à la constitution de leurs réserves. Les dosages, pratiquées sur des Huîtres hermaphrodites ou sur des Huîtres femelles, ne peuvent pas rendre compte de la disparition de ces graisses, disparition qui se trouve largement compensée par les réserves adipeuses qui se forment dans les gamètes femelles ; seuls pourraient l’accuser des dosages sur la gonade isolée d’Huîtres mâles. Pendant toute cette période le reste du tissu conjonctif vésiculeux ne se modifie pas sensiblement. Il se montre, selon les cas, plus ou moins riche en graisses, sans qu’il soit possible d’établir sur ce point une distinction entre les Huître portugaises femelles et les Huîtres portugaises mâles. En ce qui concerne l’épithélium de la glande digestive., il apparaît au cours de la gamétogenèse chargé de réserves de graisses. Cette abondance d’enclaves lipidiques, serait pour Deflandre (1903) — 381 — l’indice d’une participation de la glande digestive à la formation des réserves des ovules. Mais la présence de granulations adipeuses dans les espaces interacineux signalée par cet auteur n’en constitue nullement tine preuve décisive. Il est en effet difficile d’admettre que ces granulations viennent directement des acini digestifs pour être conduites au voisinage des ovules ; il semble que leur origine soit tout autre et qu’elles appartiennent en réalité aux cellules de Leydig du tissu conjonctif vésiculeux développé entre les tubules et les conduits de la glande digestive. Laboratoire de Malacologie du Muséum et Laboratoire d’Anatomie et d’ Histologie comparées de la Sorbonne. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1934. Bergmann (W.). Jour, of Biol. Chem. 104 1922. Daniel (R.- J.). Rev. for 1922 on the Lancashire Sea Lab. 1903. Dèflandre (C.). Thèse Fac. Sci. Paris. 1877. Flemming (W.). Arch. f. Mikrosk. Anat., Bd XIII. 1928. Galstoff (P. S-.). Bull. U. S. Bur. of Fish. 44. 1928. Kauffmann (C,) et Lehmann (E.). Virch. Arch. 270. 1933. Lison (L.). Bull. Hist. appl. X. 1902. List (T.). Fauna und Flora Golfes Ncapel. 27. 1900. Mac Munn (C.-A.). Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., 193. 1911. Malcolm (J.). Trans. and Proc of the New Zealand Inst 44. 1934. Masumoto (B.) et Hibino (M.). Jour. Sci. Hiroshima Univ ., Sér. A, 4. 1902. Pekelharing (C.-A.). Petrus Camper D. 1. 1919. Terroine (E.-F.). Thèse Fac. sci. Paris. 1887. Thiele (J.). Zeit. f. TViss. Zool. Bd. XLIY 1937. Verne (J.). Bull. Hist. appl., XIV. 1926. Yonge (C.-M.). Trans. Roy. Soc. Edin., 54. Le Gérant : Marc André. ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-2-1945 SOMMAIRE Pages Actes administratifs . . .' 255 Allocution prononcée aux obsèques „de M. le Professeur J. Pelle^grin, à Paris, le 17 août 1944, paç M. le Professeur Ach. Urbain, Directeur du Muséum. 257 Allocution prononcée par M. le Directeur du Muséum en ouvrant la séance do l’Assemb]ée de MM. les Professeurs du Muséum, le 21 septembre 1944... 259 J. Mulot. Leçon inaugurale du cours d’Anatomio comparée 2G0 Communications : J. Anthony. Sur une anomalie présentée par un cerveau de Macaca sylvanus L. 287 Ach. Urbain. Une petite épidémie de paratypliose sur les Grenouilles ( Rana esculenta L.) 290 F. Angel. Un Lézard nouveau du Mont Nimba (Haute-Guinée française) appartenant au genre Lygosoma 293 Cli. Devili.ers. Le rôle des Pit-organs dans la morphogenèse de l’ostéocrane des Téléostéens. Le problème du squamosal 295 M. Vachon. Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon : Belisarius Xambeui E. S 298 J. Nouvel. Un cas mortel d’ Ascaridiose du Puma (Puma concolor [L.]) v 306 C. Desportes. Etude de quelques caractères morphologiques de Toxascaris leonina (Linst. 1902) provenant d’un Puma 308 R.-Ph. Dollfus. Sur les Cestodes de Puma concolor (L.) 316 E. Fischer-Piette et J. Beigbeder. Catalogue des types de Gastéropodes marins conservés au Laboratoire de Malacologie 321 A. Chavan. Sur deux genres de Risso : Protula Lemintina 331 A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyoniidae. 1. Genre Lobularia (suite) 339 A. Guillaumin. Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXV. Plantes de collecteurs divers (fin) 346 H. Neuville. Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth de Sibérie ( Elephas primigenius Blum) 353 A. Loubière. Considérations générales sur les Myrtacées vivantes et fossiles. 359 — Distribution stratigraphique des Lepidodendrées 363 R. Abrard. Les relations entre le bassin d’Aquitaine et le Jura au Portlandien inférieur 365 P. Roth. L’exophtalmie dans la métamorphose expérimentale des Batraciens anoures 368 M. Bargeton. Etude histochimique des réserves de graisses chez Gryphaca angulata Lmk 375 1 ÉDITIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARTS Ve Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802 Comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.). Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895). (Un vol. par an, 80 ir.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com- mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.). Publications du Muséum national d’ Histoire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). , Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît depuis 1822 ; échange). Notulæ Systematicse! (Directeur M. II. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.). Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr.. Etranger, 70 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Binard. (Directeur M. E. Fischer- Piette, Laboratoire maritime de Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la Société des Amis du Musée de l’Homme, : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît, depuis 1927 ; échangé). Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A. Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ; abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.). Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 fr.). Revue Bryologique et Lichènologique. (Directeûr M, N., Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique). (Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur M. Ed. Bburdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.). t BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 2e Série. — Tome XVI RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM N° 6. — Novembre 1944 / MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 5 7, RUE CUVIER PARIS-V' RÉGLEMENT Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national d’IIistoire naturelle. Le nombre des fascicules sera de 6 par an. Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im- pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus- crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière à occuper la place minima. Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit, avant la séance ; faute de quoi la publication. sera renvoyée au Bulletin suivant. Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie- ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs. Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un numéro ultérieur. Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé- mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais). Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la séance. ' TIRAGES A TART Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions suivantes : (Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941) 25 ex. 50 ex. 100 ex. 4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr. 8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50 16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr. Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée. Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs. par 25 ex. en sus 12 francs. Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves. Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro correspondant. PRIX DE l’abonnement ANNUEL France : 100 fr. ; Etranger : 120 fr. „ (Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum) .5 Compte chèques postaux : 124-03 Paris. BULLETIN BU \ ' MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE ANNÉE 1944. — N° 6 345e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM 30 NOVEMBRE 1944 PRÉSIDENCE DE M. ED. BOURDELLE ASSESSEUR DU DIRECTEUR ACTES ADMINISTRATIFS M. P. Rivet, Professeur au Muséum, Directeur du Musée de l’Homme, Directeur d 'Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes-Etudes, a été réintégré dans ses fonctions à dater du 19 février 1941 (Arrêté du Commissaire à l’Education Nationale en date du 4 novembre 1943). MUe Fernet a été nommée commis à la Bibliothèque du Muséum (Arrêté ministériel du 18 septembre 1944). » Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 25 DÉCISION ' ^ • Le Général de Gaulle Chef des Français Combattants. Vu l’ordonnance n° 42, du 9 février 1943, instituant la Médaille de la Résistance Française ; Vu l’avis favorable de la Commission de la Médaille de la Résistance Française dans sa séance du 22 octobre 1943 ; Décide : Article unique. — La Médaille de la Résistance Française est décernée aux patriotes dont les noms suivent : Anatole Levitsky. — Jeune savant d’une valeur exceptionnelle, a pris dès l’occupation, en 1940, une part active à la résistance clandestine. Arrêté par la Gestapo, a fait face aux Allemands avec une dignité et un. courage admirables. Condamné à mort et fusillé en février 1942. Boris Vilde. — Universitaire et chercheur de premier ordre, s’est consa- cré entièrement à la résistance clandestine dès 1940. Arrêté par la Gestapo et condamné à mort, a donné, au cours du procès et devant le peloton d’exécution un magnifique exemple de sang-froid -et d’abnégation. Fusillé en février 1942. Fait à Alger, le 3 novembre 1943. C. IDE Gaulle. Pour ampliation. Paris, le 30 novembre 1944. Histoire de la Chaire de Malacologie ( Leçon inaugurale faîteau Muséum le 22 novembre 1944). Par Edouard Fischer- Piexte. PROFESSgUR. Monsieur le Directeur, Mes chers Collègues, Mesdames, Messieurs, Prendre aujourd’hui la parole jomme titulaire de la chaire de Malacologie du Muséum, est pour moi un très grand honneur. Mais je ne ferai pas l’erreur de croire que cet honneur s’adresse à moi seul. Je ne mets pas en doute qu’il s’adresse à une pluralité de malacologistes d’un même nom. Je ne doute pas, notamment, que la puissante protection que m’a donnée un grand savant dont nous vénérons tous le souvenir, Louis Bouvier, ait été motivée par le fait que Bouvier avait été le collaborateur de mon' grand’père Paul Fischer et de mon père Henri Fischer. Il les tenait tous deux en grande estime, et fut ainsi porté à me faire confiance. Je salue ici, avec reconnaissance, tous ceux qui contribuèrent à éveiller ma vocation ou qui furent mes maîtres. Si je n’ai pas connu Paul Fischer, qui joua un grand rôle dans le mouvement de la science malacologique française dans la seconde moitié du siècle dernier, par contre mon autre grand’père, le préhistorien et paléon- tologiste Edouard Piette, agit directement sur ma curiosité d’en- fant car il vivait au milieu de ses collections dont la vision emplis- sait nos yeux. Mon père Henri Fischer nous associa mon frère et moi aux récoltes qu’il effectuait sur les rivages comme dans les carrières, et fut ainsi notre premier maître. Nos jeunes yeux situés si près du sol, nos doigts agiles, lui procuraient bien des trouvailles. Il ne connut de nous que notre enfance. Après avoir fait paraître des travaux essentiels et de haute qualité portant sur l’embryologie, l’anatomie comparée et la systématique des Mollusques, après avoir ainsi acquis la pleine maîtrise de la science malacologique, il nous fut enlevé avant que son œuvre ait pu égaler en importance celle de Paul Fischer. Mes maîtres furent ensuite, à l’École normale supérieure, Robert Lévy et Marcel Prenant. Ils m’initièrent à la technique histolo- Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 386 — gique et c’est sous leur direction que je publiai mes premières recherches. Puis l’agrégation me mit en présence de Louis Mangin, qui faisait partie du jury, et qui quelques jours plus tard me prit auprès de lui, à titre de chef de travaux, au Laboratoire maritime de Saint-Servan. C’est ainsi que j’entrai au service du Muséum, dont il était le Directeur. C’est à Louis Mangijn que je dois l’affer- missement de mon orientation écologique, ainsi que la connaissance des Algues dont je devais étudier la répartition. Il se montra tou- jours extrêmement paternel, et de cet homme qui fut -considéré comme un rude lutteur fort autoritaire je garde un souvenir de douceur bienveillante. Passant les étés auprès de Louis Mangin, j’utilisais les hivers auprès d’un autre maître de grande notoriété lui aussi, Justin Jolly, au Laboratoire d’histophysiologie du Collège de France. Qu’il me soit permis de lui exprimer ma reconnaissance pour la manière dont il facilita, pendant des années, mes études sur les Crustacés. A Louis Mangin, succéda comme Directeur du Laboratoire mari- time du Muséum, Abel Gruvel. Je passai quelque temps auprès de lui, mais bientôt, je fus choisi par Louis Germain pour être son successeur à la sous-direction du Laboratoire de Malacologie dont il devenait le Professeur. Ce maître très éminent me donna ainsi de nouvelles possibilités. Mais, entièrement absorbé par ses hautes fonctions de Directeur du Muséum, il ne pouvait jamais venir à son laboratoire, de sorte qu’il ne me fut pas donné de profiter de son érudition ; par contre j’avais le bonheur de me trouver au con- tact d’un autre malacologiste consommé à qui nous liait une amitié de longue date, Edouard Lamy. Il fut mon véritable maître en sys- tématique. Il travaillait en profondeur, et il m’a été extrêmement précieux de connaître et de pouvoir utiliser à mon tour la rigueur de sa méthode. Ma reconnaissance ne va pas seulement à ces divers maîtres qui me mirènt à même de me porter candidat à cette chaire. Elle va également aux Professeurs du Muséum qui voulurent bien m’ac- cueillir parmi eux. Elle va de même à l’Académie des Sciences qui, aisément convaincue par la voix très écoutée de Louis Bouvier, confirma le choix du Muséum. •k ; * ¥ Me voici donc responsable de la chaire de Malacologie. Quel honneur, mais quelle charge ! Ne croyez pas que ces mots portent seulement une emphase obligée. Quand je vous aurai retracé l’his- toire glorieuse de cette chaire illustre, vous comprendrez que je me sente bien faible pour recueillir pareil héritage. Et lorsque j’au- rai à formuler un programme d’avenir, vous penserez avec moi : — 387 — comment construire un avenir qui puisse valoir semblable passé ! Cette chaire, c’est la chaire de Lamarck. Elle fut créée pour lui, ou, plus véritablement, c’est pour elle qu’il se fit zoologiste, c’est par elle qu’il fut orienté vers la gloire. Au moment où la Convention prit la décision de réorganiser l’ancien Jardin du Roy et de le transformer en un Muséum National d’Histoire naturelle, Lamarck était botaniste et, en dépit de la grande notoriété qu’il s’était acquise dans cette branche, il n’était chargé que des fonctions mal rétribuées de Garde des Herbiers. La Convention, par le décret du 10 juin 1793, établit douze chaires, dont une seule pour tous les Animaux inférieurs, ceux que Lamarck le premier devait désigner plus tard sous le nom d’Animaux sans Vertèbres. C’était la « chaire de Zoologie des Insectes, des Vers, des Animaux microscopiques ». Or il ne se trouvait personne que sa compétence désignât particulièrement pour cet office. Alors que l’étude des animaux de grande taille avait absorbé tous les talents, les animaux inférieurs étaient restés assez dédaignés et mal connus. C’est ainsi que cette chaire de zoologie échut à un botaniste qui ne trouvait pas d’avancement dans sa propre spécialité. Ce botaniste était âgé de 50 ans, et l’on avouera que c’étaient là de singulières conditions pour entreprendre l’étude de l’immense cahos qui récla- mait un maître. Lamarck cependant accepta cette tâche extraor- dinaire. Et, c’est là le plus extraordinaire, il devint vraiment, et très rapidement, ce maître qui manquait, celui qui fit enfin démar- rer de façon prodigieuse l’étude des Invertébrés et mit de l’ordre dans leur cahos grâce à une intuition peu commune. En peu d’an- nées il plaça la France à la tête des autres nations pour l’étude des animaux inférieurs, comme l’avaient fait Buffon, Daubenton, Geoffroy Saint-HiLaire pour les animaux supérieurs, comme l’avaient fait Tournefort, les Jussieu et lui-même pour la Bota- nique, comme l’avait fait Hauy pour la Minéralogie. Enfin, devan- çant son temps, il eut l’audace de s’appuyer sur les connaissances zoologiques qu’il venait d’acquérir, pour aborder l’un des plus grands problèmes philosophiques qui puissent se poser à l’esprit humain : il conçut sa « Philosophie zoologique », ouvrage qui cons- titue son plus beau titre de gloire parce qu’il a donné la première expression complète d’une doctrine évolutionniste. Messieurs, je n’entreprendrai pas de faire ici l’analyse de l’œuvre de Lamarck. Les circonstances devraient pourtant m’y pousser, semble-t-il, puisque le hasard veut que ce soit en cette année 1944, deuxième centenaire de la naissance de cet illustre naturaliste, qu’un nouveau titulaire fasse, dans la chaire de Lamarck, une leçon d’ouverture que l’usage consacre aux biographies. Mai» pré- cisément, du fait de cet anniversaire, une commémoration parti- culière doit avoir lieu, où des voix fort autorisées retraceront avec tous les développements désirables l’œuvre glorieuse de Lamarck. Je ne veux pas empiéter sur les sujets de ces discours, et vous me permettrez donc de ne faire que de brèves remarques, d’un point de vue très particulier. Je voudrais en effet rappeler quelles furent certaines des contingences, inhérentes à l’histoire de la chaire de Malacologie^ qui purent influer de façon immédiate sur le cours des pensées de Lamarck. Il semble que Làmarck, lorsqu’il eût quitté l’étude des plantes pour celle des animaux inférieurs, ait, au contact des collections de -ces animaux, subi des impressions nouvelles. Cet effet de con- traste et de renouvellement pourrait bien avoir contribué à déclen- cher la chaîne des opérations mentales qui aboutirent à l’élabora- tion de sa théorie évolutionniste. Parmi ces impressions nouvelles, deux sont aisées à imaginer. Furent-elles simultanées ou non, il est difficile de le dire, en tous cas elles sont étroitement liées l’une à l’autre. Celle à laquelle je pense en premier, et qui peut-être, précéda l’autre, dut être avant tout une impression de vagué, quant à la distribution des formes en espèces. Cela résultait de ce que la con- naissance des animaux inférieurs était bien moins avancée que celle des plantes, lesquelles étaient non seulement beaucoup plus faciles à se procurer, mais bien plus étudiées, surtout les espèces françaises auxquelles Lamarck s’était d’abord consacré. De plus, beaucoup de groupes d’invertébrés sont extrêmement plastiques, vous le savez. C’est le cas, par exemple, des Mollusques. Ceux-ci sont particulièrement intéressants à considérer ici, parce que Lamarck avait un penchant pour ce groupe dont son ami Bru- guières lui avait donné le goût ; aussi les premières publications que Lamarck consacra aux animaux furent-elles relatives aux Mollusques. Ceux-ci, qu’ils fussent vivants ou fossiles, devaient rester l’objet préféré de ses études. Or dès qu’il lui fallut appro- fondir ses connaissances sur ce groupe, il se trouva forcément en présence des difficultés qu’ont constatées la plupart des spécialistes qui se sont occupés de ces animaux. A savoir que chez ces êtres aux formes fuyantes et changeantes, il arrive souvent que les traits spécifiques véritables ne se laissent pas saisir d’emblée, et échappent aux yeux de ceux qui ne possèdent pas, à la fois, un matériel abon- dant et un sens discriminatif particulièrement développé. Lamarck avait certainement le sens discriminatif, mais il ne disposait pas d’un matériel abondant. En effet, la collection de Mollusques ne comptait que 1.500 individus lors de sa nomination et 10.000 à sa mort, chiffres vraiment dérisoires. Sa collection particulière, il est vrai, était plus riche, mais elle ne dépassa pas 50.000 individus. Au surplus, Lamarck était sur un terrain mouvant. On en était encore à la période des tâtonnements post-linnéens, particulière- ment marqués en ce qui concerne les « Vernies », ce vaste groupe où étaient inclus les Mollusques et tous les autres Invertébrés non- articulés. On eu était en même temps à la période des documents extrêmements fragmentaires, les espèces étant basées souvent sur des individus peu nombreux ou uniques, des figures rares et mau- vaises; des textes infiniment trop peu explicites; Cela laissait régner beaucoup de flou. A chacune des pages des excellentes révisions auxquelles Edouard Lamy a soumis les espèces lamarckiennes,, et pour lesquelles il a bien voulu m’associer à lui dans les dernières années de son existence, les preuves abondent, qui montrent que Lamarck bien souvënt a confondu sous un même nom plusieurs espèces différentes, et bien souvent a donné des noms différents à des individus d’une même espèce. Il ne pouvait pas en être autre- ment. On comprend donc que les conditions dans lesquelles s’exerçait le jugement de Lamarck purent engendrer à la longue, dans cet esprit libre, ouvert â toutes les possibilités, un doute sur la valeur de l’espèce. L’espèce, entité objective,, faisait place à la notion d’espèce, conception subjective. Il était évident -que la ligne de démarcation entre deux espèces pouvait se déplacer selon le juge- ment de chaque observateur. Aussi Lamarck en vint-il à nier l’espèce, ce qui bouleversait ses propres croyances. En 1802, dans ses « Recherches Sur l'organisation des corps vivans », il devait écrire : « J’ai longtemps pensé qu’il y avait des espèces constantes dans la nature, et qu’elles étaient constituées par des individus qui appartiennent à chacune d’elles. Maintenant je suis convaincu que j’étais dans l’erreur à cet égard,; et qu’il n’y a réellement dans la nature que des individus ». Cette négation de l’espèce par Lamarck, si elle est très impor- tante pour sa doctrine, n’eut toutefois qu’un caractère théorique, elle est en effet démentie sur le plan pratique par toute son oeuvre de spécificateur qu’il poursuivit jusqu’à la fin de sa vie. Pour la même raison nous devons considérer aussi comme étant théorique la seconde des deux conceptions auxquelles j’ai fait allusion, et qui est l’idée de continuité dans la série animale; Non seulement il n’y a dans la nature que des individus, mais en mettant ces individus côte, à côte on passe insensiblement d’une forme à une autre. Certes Lamarck sait bien que des lacunes exis- tent dans cette série, mais il pense que toutes pourraient être comblées Si l’on connaissait toutes les formes .vivantes et toutes les formes éteintes. A ce point de vue encore on peut penser que les conditions de travail dans lesquelles se trouvait Lamarck ont pu influer sur le cours de ses pensées. En effet, ayant débuté , avec un bien maigre lot d’échantillons, il faisait des efforts constants pour accroître les collections de son service. Or il est évident qu’à chaque addition 390 — il voyait de nouvelles formes, vivantes ou fossiles, s’intercaler entre celles qu’il connaissait déjà, en même temps, d’ailleurs, que de nouveaux rameaux se greffaient suf la série. Vous connaissez l’adage : « Plus on a d’individus, moins on a d’espèces ». Cette for- mule renferme beaucoup de vrai, du moins lorsqu’il s’agit de faunes mal connues, où les nouveaux individus récoltés viennent souvent combler des lacunes de nos connaissances et remplacer ainsi bien des discontinuités par des séries plus homogènes. Mais elle cesse d’être vraie pour des faunes très fouillées, pour lesquelles il n’y a plus de lacunes dans nos connaissances mais seulement des lacunes tout court : alors le nombre des espèces de nos catalogues tend vers la stabilité, ce qui, soit dit en passant, prouve la valeur de la systématique. Mais au temps de Lamarck ce stade n’était nulle part atteint, de sorte qu’il était possible de penser que toute lacune apparente était une lacune de nos connaissances. C’est ce qui advint à notre grand naturaliste, ainsi qu’il ressort clairement de la lec- ture de son discours d’ouverture de l’an XI. S’il est logique de supposer, sans d’ailleurs pouvoir le prouver, que le bouleversement des idées de Lamarck au sujet de l’espèce, précéda l’éclosion de sa doctrine d’ensemble plutôt qu’il ne l’ac- compagna, cela ne veut pas dire qu’il faille lui attribuer un rôle prépondérant. Lorsqu’on pense aux autres idées neuves que com- porte sa grandiose théorie, telles que l’action modificatrice du milieu, la progression des formes, et surtout l’immensité des temps géologiques, on ne peut que penser que le rôle des contingences fut faible, à l’égard du rôle de l’imagination puissante et originale de Lamarck. S’il eut indiscutablement des précurseurs, il semble cependant que c’est surtout en lui-même qu’il trouva ses idées. On sait d’ailleurs que la mentalité de l’époque n’était guère dis- posée à recevoir de telles conceptions ; Lamarck ne rencontra que dérision, sa théorie parut s’éteindre avec lui, et ce n’est que plus tard, avec Darwin, que l’idée transformiste conquit droit de cité. Ce dernier fait ne peut d’ailleurs que grandir Lamarck à nos yeux. Il fut vraiment un génial novateur, une des plus grandes gloires du Muséum, et même une grande gloire de l’humanité. Pendant les 36 années de son professorat, Lamarck avait si bien fait progresser nos connaissances sur les animaux inférieurs, et avait en même temps tellement augmenté les collections, qu’à sa mort, survenue en 1829, le dédoublement de la chaire s’imposa. On en détacha les Articulés pour les confier à Latheille qui d’ail- leurs régnait en fait sur eux depuis 32 ans, et le reste revint à Blain- ville en 1830. Henri Ducrotoy de Blainyille avait, certes, de grands titres à occuper cette chaire. Il avait notamment donné l’explication de la nature des Belemnites en montrant leur analogie avec l’os de la — 391 — Seiche il avait écrit un « Manuel de Malacologie », que devait suivre un peu plus tard un « Manuel de Zoophytologie et d’Acti- nologie ». Mais sa véritable orientation était l’Anatomie comparée. Aussi ne passa-t-il que deux années dans la chaire de Malacologie, qu’il quitta en 1832 pour prendre la chaire d’ Anatomie comparée rendue vacante par la mort de Cuvier. La chaire de Malacologie fut alors donnée à Valenciennes. Le nouveau titulaire, âgé seulement de 36 ans, était un naturaliste d’une érudition très étendue. Il publia quelque peu sur les groupes attribués à sa chaire, mais son travail fondamental porta sur d’autres objets. En effet, F « Histoire naturelle de& Poissons », qu’il écrivait en collaboration avec Cuvier, était loin d’être ache- vée lorsque ce dernier mourut, et Valenciennes continua seul la rédaction de cette œuvre monumentale. Il n’en est pas moins vrai que Valenciennes tient un rôle impor- tant dans l’histoire de la chaire de Malacologie du Muséum, du fait qu’il eut soin, durant les 32 années qu’il occupa cette chaire, d’en accroître considérablement les collections. Par exemple, la collection de coquilles, qui ne comptait que 10.000 échantillons à la mort de Lamahck, en comptait 150.000 en 1863. Ce chiffre nous paraît bien faible aujourd’hui où il faudrait certainement compter par millions, mais il n’en marquait pas moins un immense progrès. Notons aussi que c’est Valenciennes qui commença à constituer une collection d’animaux conservés dans l’alcool, à côté de ceux qui étaient exposés à sec. J’ai été très surpris d’apprendre ce fait, sachant qu’un siècle auparavant Adanson, pendant son séjour au Sénégal, envoyait déjà au Jardin du Roi des animaux placés dans des barils d’esprit de vin. Mais il semble qu’avant Valenciennes c’était au Laboratoire d’ Anatomie comparée qu’étaient groupées toutes les pièces en alcool. On comprend facilement à quel point le besoin devait se faire sentir d’avoir une collection propre au Laboratoire de Malacologie, et on s’explique que cette collection ait pris depuis lors un dévelopèement prodigieux, comme pour rattraper lç temps perdu. En 1865, à la mort de Valenciennes, la chaire revint à Henri de Lacaze-Duthiers. Devant ce nom prestigieux nous nous incli- nons tous. Lacaze-Duthiers fut un grand savant, et fit faire de grands progrès à l’étude des groupes dont doit s’occuper la chaire de Malacologie. Tout le monde connaît ses remarquables recherches sur le Dentale et sur le Corail. Mais bien peu de ses travaux s’ef- fectuèrent au Muséum, car il n’y resta que quatre années. Le Muséum peut s’honorer d’avoir compté Lacaze-Duthiers parmi ses Pro- fesseurs, beaucoup plus qu’il ne peut revendiquer une part impor- tante de la-gloire de ce grand naturaliste. A cet homme jeune et bouillant allait succéder un illustre vieil- — 392 — 1 i ... . lard, Desh ayes. Deshayes est l’un, de ceux qui ont le mieux pos- sédé la connaissance de l’ensemble des Mollusques fossiles et vivants. Anatomiste, aussi bien que paléontologiste, il est surtout connu pour ses admirables recherches sur les faunes fossiles du bassin de Paris. On lui doit l’essentiel de nos connaissances premières sur la stratigraphie du Tertiaire. Entré à 74 ans dans cette chaire, en 1869, il devait l’occuper pendant sept années encore, qu’il consacra très activement à la remise en ordre des collections. Ces collections, dont il vantait la richesse, il les avait trouvées à l’état d’entassement et de magasin, donc pratiquement inconsultables. Cela se conçoit facilement. En effet, Valenciennes avait augmenté leur richesse dans des pro- portions incroyables, mais il n’avait pu les mettre en valeur et avait dû, comme l’écrit Edmond Perrier, « se borner à un premier classement ». Deshayes les rendit utilisables, mais pour une partie seulement, faute de meubles, et faute de locaux assez vastes pour disposer le tout. Ses récriminations sur ce sujet avaient pour témoin le jeune Edmond Perrier qui l’aidait dans sa tâche de rangement. C’est à ce dernier qu’il devait incomber de disposer les collections dans les galeries reconstruites, où elles pourraient être à l’aise, prendre leur valeur, remplir leur rôle éducatif et leur rôle d’instru- ment de recherches. Edmond Périmer,, qui succéda à Deshayes en 1876, à un âge remarquablement jeune,’ 32 ans, fut un des plus brillants titulaires de la chaire de Malacologie. Supérieurement doué, il mérita la célébrité à bien des égards. Il fut un chercheur consommé, qui fit porter ses efforts sur les Oligochètes et surtout sur les Echinodermes et transforma profondément, les notions que nous avions sur l’ana- tomie de ce dernier groupe. Il fut un philosophe hardi, qui conçut, très jeune, sa théorie fameuse des Colonies animales, et partagea avec Charles Gravier le mérite de la notion de tachygénèse. Il fut le chef d’une école brillante, qui fit principalement progresser nos connaissances sur l’organisation des Mollusques grâce à des élèves tels que Louis Bouvier, Félix Bernard, et Rémy Perrier son propre frère. Il fut l’un des Professeurs du Muséum qui s’intéres- sèrent le plus aux collections, non seulement en les faisant par- tiellement classer, mais en les révisant ou en les faisant réviser par des élèves tels que Victor Bertin et Poirier. Il fut un professeur remarquable et un vulgarisateur inégalé. Il fut un administrateur audacieux, que vint récompenser une parfaite réussite dans son œuvre de Directeur du Muséum, une réussite à la taille de sa per- sonnalité. Tout cela est bien connu, de sorte que je puis me per- mettre de me limiter à ce bref rappel des aspects essentiels de son activité. Car il me faut garder une part importante du temps dévolu à mon exposé, pour m’étendre plus longuement sur les deux der- 393 niers titulaires de la chaire de Malacologie, Louis Joubin et Louis Germain. Il m’appartient en effet de prononcer leur éloge à tous deux, non seulement celui de Louis Germain dont je suis - le successeur direct, mais aussi celui de Louis Joubin parce que cet éloge ne fut jamais prononcé, son successeur Louis Germain n’ayant jamais pu commencer son cours en raison de ses hautes fonctions de ' Directeur du Muséum qui absorbèrent tout son temps. Louis Joubin devint titulaire de la chaire de Malacologie lors- qu’Edmond Perrièr, qui avait occupé cette chaire pendant 27 ans, l’eût quittée en 1903 pour prendre celle d’Anatomie comparée. Ce jeune Professeur de 42 ans allait occuper la chaire aussi longtemps que Payait fait Valenciennes, c’est-à-dire pendant 32 ans. Il avait d’abord été le préparateur de Lacaze-Duthiers à Banyuls et à Roscoff, puis était entré comme maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes, où il devint rapidement Profes- seur puis Doyen. • , Cette homme d’une activité peu commune avait beaucoup de constance dans ses idées. Les groupes sur lesquels s’étaient portés ses premiers essais, furent pendant toute sa carrière de chercheur l’objet de ses soins, ce qui ne l’empêcha pas d’ajouter chaque année de nouvelles occupations à celles qui l’absorbaient déjà. Les groupes auxquels je viens de faire allusion sont les Brachio- podes, les Némertiens et surtout les Céphalopodes. Il mena leur étude de front, et dans chaque groupe il fit porter ses efforts sur l’anatomie, sur la systématique, sur la- faunistique. Par l’étude anatomique des Brachiopodes Inarticulés apparte- nant aux genres Crania et Discina, ainsi que par l’étude de la cir- culation chez le Waldheimia venosa, du groupe des Articulés, Joubin a été amené à conclure que les Brachiopodes, que jusqu’à lui on avait essayé d’intégrer dans d’autres groupes aussi variés que les Mollusques, les Annélides, les Ascidies, les Crustacés ou les Ché- tognathes, ont des caractères propres très suffisamment importants pour qu’on puisse les considérer comme un groupe à part, appa- renté aux Annélides et aux Bryozoaires. A ces recherches anatomiques, Joubin ajouta d’importantes études systématiques et faunistiques portant sur les matériaux qui lui 'étaient confiés. Ce furent surtout les Brachiopodes des grandes expéditions scientifiques, celle de la « Belgica », celles de Charcot, celles du Prince de Monaco, celles de 1’ « Investigator ». Rappelons maintenant l’essentiel des résultats obtenus par Joubin sur le groupe des Némertiens. Il a fait connaître la struc- & ture de leurs yeux ainsi que de nombreux autres faits anatomiques. Il a publié une faune des Némertes de France, et a étudié la répar- tition verticale et horizontale de ces animaux littoraux. Mais de — 394 nombreuses espèces exotiques lui ont aussi été soumises, à la suite des grandes expéditions scientifiques, et c’est ainsi qu’il découvrit l’incubation chçz deux espèces antarctiques. Les faits les plus curieux que lui ait fourni l’étude des matériaux exotiques, concernent la faune bathypélagique. En effet, les captures faites par le Prince de Monaco ont mis entre les mains de Joubin des espèces infiltrées d’eau au point de paraître faites de gelée transparente, et défor- mées de telle sorte qu’elles ne ressemblent plus guère aux autres Némertes. Elles peuvent être aplaties et foliacées, ou adaptées à la natation, et leur transparence permet de connaître admirablement leur anatomie interne. Quel que soit l’intérêt de ces remarquables travaux portant sur des groupes aussi variés que les Brachiopodes, les Némertes et aussi les Chétognathes, quelle que soit la réussite des efforts faits par Louis Joubin dans ces différentes branches, et qui rempli- raient déjà largement une carrière scientifique ordinaire, tout cela est encore dépassé par les résultats qu’il a obtenus sur les Cépha- lopodes. Les recherches de Joubin sur les Céphalopodes forment en effet la partie essentielle, fondamentale, de son œuvre scientifique. La première de toutes ses publications, datée de 1883, est relative aux Céphalopodes ; la dernière, datée de 1935, année de sa mort, et quf porte le numéro 211, est relative aussi aux Céphalopodes. Toute sa vie il étudia ce groupe avec ardeur et même avec enthou- siasme, allant de découverte en découverte, et éprouvant de ce fait de profondes satisfactions qu’il extériorisait et qui se communi- quaient ainsi à son entourage et à ses auditeurs. Parmi ces découvertes, la plus sensationnelle certainement fut celle des organes photogènes. On savait déjà que les Céphalopodes étaient susceptibles d’émettre des rayons lumineux, mais c’est Joubin qui découvrit les organes émetteurs de ces rayons, décrivit leur structure, et établit la théorie de leur fonctionnement. Il fit connaître la grande variété de leurs types et de leurs dispositions chez un grand nombre d’espèces bathypélagiques, non seulement des Oegopsides, mais même un Octopode. Ainsi à côté des Crus- tacés et des Poissons producteurs de lumière, la zone bathypéla- gique, décidément bien moins obscure qu’on ne pensait, renfermait de très nombreux Céphalopodes doués de ce même pouvoir. Leurs organes lumineux, petits et nombreux, se présentent comme des boutons faisant saillie sur le tégument, généralement sur la face ventrale du corps. On reste émerveillé devant leur structure per- fectionnée, assez analogue à celle des yeux. La partie essentielle est une couche de cellules photogènes, disposées en cupule ; mais ce qui est admirable, ce sont les parties accessoires qui, prenant les rayons émis par ces cellules, les réfléchissent, les réfractent, les — 395 — concentrent, les filtrent pour ne laisser passer que certaines cou- leurs. En effet, tout est disposé pour une utilisation minutieuse de ces rayons. Ceux qui sont émis vers l’intérieur du corps, et qui par conséquent seraient perdus, viennent se réfléchir sur une surface hémisphérique adossée à une membrane noire ; rejetés vers l’avant, et renforçant dès lors ceux des rayons qui sont émis vers l’exté- rieur, ils passent avec ces derniers à travers un système lenticulaire complexe, disposé en avant de la couche photogène, et qui les concentre. Ils sont projetés tangentiellement au corps, donc direc- tement sur la route de l’animal. Une partie du faisceau, on le con- çoit, vient frôler le tégument ; là. elle est reçue par un moiroir con- cave à grand rayon de courbure, formé de lamelles conjonctives adossées à des chromatophores, et se trouve ramenée une fois de plus dans sa trajectoire ^îtile. L’animal est capable d’éteindre brusquement ses projecteurs quant à leur allumage, Joubin suppose qu’il s’effectue automati- quement sous l’influence des rayons calorifiques émis par les proies passant à proximité. Ces rayons calorifiques, suivant le trajet inverse de celui que nous venons de décrire, doivent se concentrer sur les cellules photogènes et déclencher leur activité émettrice. Par ailleurs, chez certaines espèces, l’animal peut à volonté modi- fier la couleur du faisceau lumineux, en interposant des écrans colorés constitués par des chromatophores, cellules pigmentaires extensiles et rétractiles. < Les variations de ces appareils photogènes sont très grandes. Une espèce porte de tels appareils enchâssés dans les globes ocu- laires de l’animal. Emetteur et récepteur sont ainsi strictement associés. Devant de telles structures, on comprend l’enthousiasme de Joubin. On comprend aussi que Bouvier ait écrit que, en faisant ces découvertes, Joubin nous a fait connaître de pures merveilles. Ne trouvez-vous pas, à ce propos, que nos yeux aussi sont de pures merveilles, avec leur système lenticulaire, leur accomodation, leur diaphragme et leur dispositif automatique d’humectation, de balayage et d’occlusion ? De l’àppareil émetteur et de l’appareil récepteur, on se demande lequel est le plus admirable. Louis Joubin a décrit bien d’autres curiosités chez les Cépha- lopodes, notamment des appareils qui reçoivent les rayons ther- miques et les concentrent sur des terminaisons nerveuses, et qu’il a appelés des yeux thermoscopiques ; et aussi des ventouses très curieusement modifiées pour capturer de. petites proies, grâce à des* filaments engluants qui sont insérés dans la cupule de l’organe ; d’autres ventouses sont munies de crochets qui rempliraient le rôle d’hameçons. Rappelons aussi qu’il consacra d’importantes recherches à la — 396 structure et au développement des glandes salivaires et des bran- chies des Céphalopodes ; qu’il décrivit chez la Spirule les stades jeunes à coquille interne, si intéressants pour la comparaison avec les fossiles cloisonnés du primaire et du secondaire ; enfin il a mon- tré que la faune bathypélagique est beaucoup plus riche en Cépha- lopodes qu’on le croyait, et c’est de ce domaine que proviennent la plupart des espèces nouvelles qu’il a décrites. Son œuvre de des- cripteur est considérable. Beaucoup de ces espèces nouvelles sont très curieuses, telle le Lepidoteuthis Grimaldii dont le corps est couvert d’écailles. Un autre aspect de l’activité scientifique de Joubin concerne la biogéographiè. Il la pratiqua sous forme de, cartes, beaucoup plus que sous forme de mémoires. Dans tout ce qu’il faisait il voulait que les résultats fussent visibles ou même frappants, compréhen- sibles de tous, et rien n’attire l’attention aussi bien que des cartes. Il publia ainsi les cartes des gisements de Mollusques comestibles des côtes de France, une étude de la presqu’île de Quiberon. et enfin sa célèbre carte de la répartition des végétaux marins dans la région de Roscofï. Mais il s’attaqua aussi à la grande question des récifs de coraux et composa laborieusement une immense carte mondiale de ces récifs. Joubin fit entrer dans son service de très nombreux matériaux d’étüde, concernant tous les groupes dont il avait la charge. La consultation du registre des entrées, pendant les années les plus actives de son Professorat, laisse l’impression d’une bienfaisante avalanche. Joubin reconstitua la collection des matériaux qui avaient servi à Lamarck à édifier l’Histoire Naturelle des Animaux sans Ver- tèbres, et en confia la révision à divers spécialistes ; la partie la plus importante, les Lamellibranches, fut étudiée à fond par Edouard Lamy qui éclaircit ainsi bien des -points essentiels de la nomen- clature de- ce groupe. Il constitua aussi une collection des espèces françaises, ce qui était bien utile puisqu’une grande partie des consultations et des renseignements qui nous sont demandés concernent dés récoltes faites en France. Mais nous ne sommes pas au bout d’avoir rappelé toutes les branches où s’exerça la débordante activité de Joubin. Nous en sommes même bien loin. N’oublions pas en effet qu’il fut chargé par le Prince de Monaco de créer l’enseignement de l’Océanographie biologique ; qu’il s’en acquitta de façon remarquable et remplit à ce titre, pendant de nombreuses années, les fonctions de Pro- fesseur à l’Institut océanographique ; qu’il eut d’ailleurs la lourde . charge d’assurer la direction de cet Institut ; qu’il fut également l’organisateur et le Directeur de l’Office scientifique des Pêches — 397 — maritimes ; qu’il joua un très grand rôle dans, les commissions maritimes internationales, Conseil permanent pour l’exploration de la Mer, Commission internationale de l’Atlantique, Commission internationale pour l’étude de la Méditerranée ; qu’il était Prési- dent du Comité permanent des Congrès internationaux de Zoolo- gie ; qu’il fut le Directeur très actif des Annales de l’Institut océano- graphique et d’autres importantes publications. Je ne puis vous donner ici l’énumération complète de tous ses titres, de toutes ses tâches, de toutes ses importantes fonctions. Je n’oublierai toutefois pas, en terminant, de rappeler qu’en récompense de son immense et féconde . activité Louis Joubin fut appelé à siéger à l’Académie des Sciences. Au moins, direz-vous, voilà un titre qui, s’il est un des plus glorieux qui soient, n’entraîne pas une excessive dépense d’efforts supplémentaires. Détrompez-vous, pour Joubin il en alla tout autrement. Car cela l’amena bientôt à assumer la lourde tâphe de Secrétaire de la Société de Secours des Amis des Sciences, et il apporta un dévouement total et une activité sans bornes à cette belle œuvre, montrant ainsi que son cœur était à la hauteur de son intelligence. C’est une dernière action de cœur et de bienveillance qui marqua la fin de sa carrière et de sa vie. Gravement malade, en proie aux souffrances, ce n’est pas à lui-même qu’il songea dans ses derniers mois, mais à son collaborateur préféré Louis Germain, que toute sa vie il avait vu à l’œuvre, et auquel il voulait assurer sa succes- sion. Alors que rien ne l’y obligeait, il demanda sa mise à la retraite, pensant qu’ainsi l’élection de son successeur pourrait avoir lieu de son vivant et qu’il pourrait y aider de tout son pouvoir. De sa chambre de malade, il trouva la force de faire une campagne ardente en faveur de’ Louis Germain. La mort vint le prendre avant l’élec- tion, mais celle-ci ne faisait déjà plus de doute. Elle n’en avait d’ailleurs jamais fait beaucoup, car Louis Ger- main était tout désigné par ses travaux pour occuper la chaire de Malacologie.-. Louis Germain était d’origine angevine, comme Louis Joubin. Mais les deux hommes ne se ressemblaient pas, extérieurement tout au moins. Pour l’un comme pour l’autre, cependant, le fond du caractère était de modestie et de bonté. Mais Joubin était fait pour s’extérioriser. Sa haute stature, ses allures de grand person- nage, sa voix pleine d’autorité persuasive, son regard par où son être se projetait en avant, en imposaient à tous et le faisaient valoir sans qu’il le cherchât. Louis Germain, petit et frêle, n’ éle- vant la voix qu’avec peine, avait toute l’apparence d’un timide qu’il n’était d’ailleurs que jusqu’à un certain point. C’était avant tout un concentré et un modeste. Sous ces dehors se cachait une grande érudition qui allait des sciences naturelles et archéologiques — 398 à l’art et à la littérature. Cette érudition, il la gardait pour lui, et ce n’était qu’en le poussant dans des conversations qü’on pou- vait l’amener à la manifester. Son goût pour la Malacologie s’était affirmé dès le début, et c’est pour l’avoir vu à l’œuvre, en Anjou, que Joubin le fit entrer dès 1903 au Laboratoire de Malacologie. Il devait y accomplir toute sa carrière, gravissant un à un les échelons de la hiérarchie avant de devenir enfin le Directeur du Muséum. Ces dernières fonctions, qui lui échurent presqu’aussitôt après sa nomination de Professeur, l’obligèrent à cesser son activité de chercheur, mais il avait déjà derrière lui une œuvre immense. Œuvre admirable d’ampleur et . d’unité, travaux d’une utilité et d’une efficacité remarquables, qui font de Louis Germain l’un des grands ouvriers de la Malacologie. Il acquit dans cette branche une telle notoriété, que des matériaux d’études lui furent envoyés du monde entier et vinrent accroître les richesses de nos collections. Louis Germain s’est spécialisé dans l’étude des Mollusques terrestres et fluviatiles. Il ne les a pas étudiés groupe par groupe, mais faune par faune. Les faunes qui furent les principales béné- ficiaires de ses études furent la faune de France, pour laquelle il succéda à Locard, et surtout les faunes africaines, pour lesquelles il prit la suite de Bourguignat. Rappelons que ces deux person- nalités, Bourguignat. et Locard, furent les chefs de la « Nouvelle école malacologique », dénomination qui n’était destinée qu’à jus- tifier une tendance pulvérisatrice enragée, un désir de créer une nouvelle espèce par jour de fnanière à multiplier par « plus l’in- fini » les chances qu’avait le nom du descripteur de passer à la pos- térité. Certes, ainsi l’oubli n’est pas près de se faire, car les mal- heureux malacologistes qui ont chaque jour à se battre contre les dénominations créées par Bourguignat et par Locard, ne peuvent pas ignorer les responsables- de leurs difficultés. Mais le genre de notoriété ainsi obtenu n’est certainement pas celui qu’avaient souhaité ces auteurs. Au début de sa carrière, Germain, qui était très lié avec Locard, subit nettement son influence. Mais il comprit vite les inconvénients de sa tendance, et par la suite il devint au contraire un réunisseur. Un nombre énorme d’espèces de Locard, de Bourguignat, et d’autres pulvérisateurs tels que Pallary, fut par lui placé en syno- nymie. Il apporta ainsi beaucoup de clarté dans le tableau des Mollusques de France en particulier. Ce n’est pas sans un sentiment de fierté pour notre pays que, me trouvant à Londres peu avant la guerre actuelle, j’entendis le plus éminent des malacologistes anglais me dire : « Le meilleur ouvrage auquel nous puissions avoir recours pour étudier les Mollusques terrestres d’Angleterre, c’est la Faune de France de Germain ». — 399 — L’heureuse tendance simplificatrice dont fit preuve Louis Ger- main, ne l’empêcha pas, d’ailleurs, de décrire un grand nombre de formes nouvelles. Mais il s’agissait d’espèces qui étaient réelle- ment nouvelles pour la raison qu’elles provenaient de régions peu explorées. Germain a fait beaucoup progresser l’investigation de l’Afrique tropicale et équatoriale. Les récoltes d’Auguste Cheva- lier lui fournirent une bonne partie de ses matériaux. De nom- breux autres lots lui permirent des travaux de première importance sur la faune du Tchad, du Soudan, et de l’Afrique orientale. Dans d’autres régions du monde, ses travaux concernent le proche Orient (Syrie et Asie Mineure),' les Mascareignes sur lesquelles il publia un ouvrage fondamental, l’Amérique du Sud. On conçoit qu’avec un tel ensemble de travaux, Germain ait acquis les connaissances nécessaires pour pouvoir aborder les grandes questions biogéographiques. On sait d’ailleurs que les Mollusques terrestres, du fait de la lenteur et de la difficulté de leurs déplacements, sont particulièrement précieux pour cette branche de nos connaissances. Dès le début de sa carrière, Louis Germain avait porté intérêt à ces questions, et il devint un de nos biogéographes les plus en vue. Il précisa beaucoup les affinités des diverses faunes et leur groupement en grandes régions. Il insista particulièrement sur les caractères équatoriaux de la faune fluvia- tile du Nil, caractères qui s’observent jusqu’à l’embouchure de ce fleuve alors que la faune terrestre de l’Egypte est franchement paléarctique. Il alla d’ailleurs beaucoup plus loin que la simple description des ensembles biogéographiques actuels. Se fondant sur les affinités et les différences qui s’observent actuellement d’une faune à une autre, il s’efforça de reconstituer l’histoire passée fies terres de notre planète. C’est ainsi qu’il put proposer d’auda- cieuses interprétations concernant notamment l’Atlantide, les îles méditerranéennes, les terres de l’Océan Indien et celles de l’Océan Pacifique. Louis Germain réalisa, aux galeries de Zoologie du Muséum, une présentation moderne de certains groupes de Mollusques, dans des vitrines qui malheureusement sont sans cesse inondées par la pluie. D’autre part il fit entrer au Laboratoire de Malaco- logie de riches collections. Non seulement les lots qui lui avaient été soumis pour étude purent en grande partie rester dans notre service, mais de plus c’est son action personnelle qui provoqua le don de la précieuse collection de de Morgan, composée principale- ment de formes terrestres d’Asie occidentale. Il en fut de même pour une autre collection bien plus précieuse encore, celle de Locard, composée de Mollusques de France et du Portugal, et accompagnée de la riche bibilothèque de cet auteur. On s’étonnera peut-être que je qualifie de très précieuse la collection Locard, alors que tout à Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 26 l’heure j’ai vivement critiqué LoCard lui-même. Il en est pourtant bien ainsi. Locard a eu le grand mérite de réunir d’immenses sér.ies- d’ échantillons de toutes les contrées de France. Quels que soient les noms sous lesquels il a étiquetés ces échantillons, ceux-ci n’en, existent pas moins, et la contemplation .de sa collection nous donne véritablement le tableau de la faune malacologique française. Cela a puissamment facilité à Louis Germain l’élaboration des deux volumes de sa « Faune de France ». Le don .de la collection et de la bibliothèque de Locard se place en symétrie de celui qu’obtint Edouard Lamy lorsqu’il put convaincre Jousseaume de léguer au Laboratoire de Malacologie son immense collection et sa pré- cieuse bibliothèque. Je viens de prononcer, pour la deuxième fois au cours de cet exposé, le nom d’Edouard Lamy. Après avoir retracé l’histoire des Professeurs titulaires de la chaire, qu’il me soit permis de rendre hommage à l’un de ses sous-Directeurs, à l’un des travail- leurs les- plus actifs? et les plus consciencieux qu’ait connu notre Laboratoire. J’ai dit tout-à-1’ heure que Louis Joubin avait beaucoup de suite dans les idées, mais certes Edouard Lamy en avait plus encore. Les résultats de son effort, constant sont déjà grandement appré- ciés, mais ils le seront de plus en plus à mesure que l’écoulement du temps aura permis de montrer à quel point son œuvre fut effi- cace. Il ne travaillait pas pour acquérir la renommée, mais ‘pour faire œuvre utile. Aussi ne craignit-il pas de se' consacrer à l’une de ces entreprises qui, par leur durée, dépassent les possibilités d’un homme. Telle fut la célèbre Histoire des Poissons, commencée par Cuvier et Valenciennes, continuée par Valenciennes seul, qui ne put la terminer. Tel fut le non moins célèbre « Manual of Conchology » commencé par Tryon, continué par Pilsbry, et qui, s’il fut terminé pour la série concernant les Gastéropodes marins, n’alla pas jusqu’au bout des Gastéropodes terrestres, et n’aborda jamais les Lamellibranches. Edouard Lamy entreprit une histoire des Mollusques Lamelli- branches. Il ne lui donna pas ce titre, mais celui, bien plus modeste, de Conchyl., p. 99 et Pallary 1926, Explic, planches Savigny, p. 94). Marginella quadripunctata Locard 1897, Exp. sc. Travail!. - Talism., p. 119, pi. 5, fig. 7-9. Holotype. Long. 11 mm. Provenance ; dragage n° 109 du Talis- man. Et deux paratypes, long. 12 mm., même provenance. Persicula saharica Locard 1897, Exp. Travaill.-Talism., p. 122, pl. 4, fig. 13-15. Holotype. Long. 18 mm. Provenance : dragage n° 92 du Talis- man. Marginella scalaris Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Mo- nogr. Marginelles, p. 26, pl, 7, fig. 9. Deux échantillons, dont l’un est probablement holotype (long. 5 mm.) ; l’autre paratype (4 mm.). Provenance : Brésil. Serrata scintilla Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr. Marginelles (sans figure). Un exemplaire, ayant les dimensions de l’holotype, mais éti- queté de l’ Ile Maurice par Jousseaume, alors que d’après le texte de cet auteur l’habitat est inconnu. Marginella Serrei Bavay 1913, Bull. Mus. Hist. Nat., XIX, p. 359, et p. 360, fig. 3. Cinq échantillons syntypes. Long. 6 à 5 mm. Provenance : Bahia. Et plusieurs paratypes. Vo'lvaria septemplicata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 234 (sans figuré). Quatre échantillons. Long. 4 à 5 mm. Cette espèce a été figurée sur la planche n° 34 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manus- crits Risso, Nouv. arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie à Persicula miliaria L. Granula spiriplana Jousseaume 1882, Bull. Soc. Zôol. Fr., p. 310 (sans figure). Holotype. Long. 1,7 mm. Marginella sueziensis Issel 1869, Malacologia Mar Rosso, p. 115. Espèce basée sur la figure 17 de la planche 6 de Savigny (Des- cript. de l’Egypte), et sur les récoltes étudiées par Issel. La col- lection Savigny renferme 6 exemplaires. Long. 2 à 3 mm. L’exem- — 458 plaire de 3 mm. est celui qui a été figuré : sa spire se termine par un « petit mamelon » que Pallary (1926, Explic. planches Savi- gny, Mém. Inst. Egypte, XI, p. 91) dit n’avoir pas observé dans les 500 specimens de Suez étudiés par lui. Le Muséum possède plusieurs dizaines d’échantillons de cette espèce (récoltés par Jousseaume), et chez beaucoup d’entre eux le sommet est indi- vidualisé en un petit mamelon. , Bullata Verreauxi Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr. Marginelles, p. 88, pl. 8, fig. .3. Cinq individus, dont deux ont la longueur mentionnée (12 mm.), les autres ont 11 mm. Provenance : Ceylan. Marginella Vimonti Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Mo- nogr. Marginelles, p. 23. Espèce fondée sur une figure de Sowerby, et sur la collection Jousseaume. Un individu, long, 19,3 mm. FAMILLE OLIVIDAE Genre Oliva Bruguière 1789. Oliva dolicha Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-Talism., I, p. 107, pl. 5. fig. 10-12. Holotype. Long. 24 mm. Provenance : Cap Vert. Oliva Lamberti Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool. Fr., p. 180 (sans figure). Trois échantillons syntypes. Long, (du sommet à l’extrémité du labre) : 75, 58, 57 mm. Provenance : Nouvelle-Calédonie. Oliva figurée par Sa vigny 1826, Descript. Egypte, pl. 6, fig. 23. Cette Oliva n’a pu être identifiée par aucun des trois auteurs (Audouin 1829, Issel 1865, Pallary 1926) qui ont procédé à l’étude des planches de Savigny. Ayant pu examiner l’échantillon et non plus seulement sa figure, nous l’identifions à Oliva bulbosa Rôding var. inflata Lamk. C’est un spécimen très usé, long de 20 mm. Sa coloration est inverse de ce que laissait croire la figure : l’échantillon n’est pas orné de ponctuations blanches comme le croyait Dautzenberg (voir Pallary), mais de taches fauve- foncé sur fond plus clair. — 459 Genre Dactylidia H. et A. Adams 1853. Voir Olivella. Genre Olivella Swainson 1831. Dactylidia Petiti Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool. Fr., p. 179^ pl. 4, fig. 9. Holotype. Long. 19 mm, Provenance : Mayumba (Congo). Et un paratype, long. 21 mm., même provenance. Genre Ancillaria Lamarck 1811. Voir Ancilla. Genre Ancilla Lamk. 1799. Ancillaria djiboutina Jousseaume 1894, Bull. Soc. philom.y p. 104 (sans figure). Dix échantillons syntypes, long. 23 à 29 mm. ; cinq d’entre eux ont 26 mm., dimension mentionnée dans le texte. Provenance r Djibouti. FAMILLE COLUMBELLIDAE Genre Atilia H. et A. Adams 1853. Voir Columbella. Genre Mitrella Risso 1826. Voir Columbella. Genre Pyrene Rôding 1798. Voir Columbella. Genre Strombina Môrch 1852. Voir Columbella. Genre Columbella Lamarck 1799. Columbella affinis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,. p. 205 (sans figure). 460 * Trois exemplaires. Long. 15 mm. (holotype), 13 mm., 13 mm. Cette espèce s’identifie à Columbella mercatoria L., qui habite, non la Méditerranée, mais la Mer des Antilles. Columbella bubakensis Lamy 1923, Camp. Sylvana, C. R. Congr. Soc. sav. 1922, Sciences, p. 34, figure. Holotype. Long. 7.5 mm. Provenance : Iles Bissagos. Pyrene eustomus Jousseaume 1876, Bull. Soc. zool. Fr., p. 266, pl. 5, fig. 3-4. Holotype. Long. 15 mm. ; et un paratype de 11 mm., mentionné p. 267. Atilia Fauroti Jousseaume 1888, Mém. Soc. zool. Fr., p. 177 (sans figure). Cinq échantillons syntypes. Longueurs : deux de 14 mm., trois de 13 mm. Provenance : Qbock. Mitrella flaminea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 248, pl. 10, fig. 144. Deux échantillons de Î3 mm. Cette espèce s’identifie à Colum- bella scripta L. Columbella fustigata Kiener 1841, Spec. coq. viv., IX, p. 20, pl. 5, fig. 3. Holotype. Long. 16 mm. Provenance : Iles Saintes. Et six para- types, long. 17, 16, 15, 15, 15; 11 mm., même provenance. Columbella gualteriana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 206 (sans figure). Deux coquilles. Long. 18 mm. (holotype) et 17 mm. Cette espèce s’identifie à Columbella rustica L. Columbella lanceolata Loeard 1886, Prodr. Malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 102. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collec- tion Locard. Cinq des échantillons de cette collection (mesurant de 13 à 14 mm.) sont de Saint-Tropez, localité citée dans le texte. Columbella ftiTiDULiNA Locard 1897, Exp. sc. Travaill.- Talism., p. 143, pl, 14, fig. 10-13v Holotype. Long. 11 mm. Provenance : dragage n° 76 du Talis- man ; et un paratype, long. 11 mm., dragage n° 40 du Talisman. Columbella procera Locard 1886, Prodr. Malac. fr., Catal. gén. Moll, mar., p. 101. Espèce fondée sur les figures d’autres auteurs, et sur la coll. Locard. Trois des échantillons de cette collection sont de localités citées dans le texte : La Seyne (2 indiv., 21 et 19 mm.) et Cannes (1 indiv., 20 mm.). Strombina Terquemi Jousseaume 1876, Bull. Soc. zool. Fr., p. 265, pl. 5, fig. 1. 2. Deux échantillons de 19,5 mm., étiquetés par Jousseaume. FAMILLE CONIDAE Genre Cylindrus Montfort 1810. Voir Conus. Genre Conus Linné 1758. Conus Bayani Jousseaume 1872, Rev. zool., XXÏII (2), p. 200, pl. 18, fig. 1. Holotype. Long. 51 mm. Conus galloprovincialis Lôcard 1886, Prodr. malac. fr.. Catal. Moll, mar., p. 100. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la coll. Locard. Sept des échantillons de cette collection proviennent de localités citées dans le texte : Marseille (3 individ., 20, 20 et 18 mm.), Saint-Tropez (1 indiv., 30 mm.), Saint-Raphaël (3 indiv., 28, 27 et 27 mm.). Cylindrus Gillei Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool., Fr., p. 190 pl. 4, fig. 1, 2. Les deux syntypes figurés. Long. 62 et 61 mm. Conus Henoquei Bernardi 1860, Journ. de Conchyl., VIII, p. 380, pl. 13, fig. 4. Holotype. Long. 38 mm. Conus lineolatus Valenciennes 1831, Voy. Humboldt, p. 336 (sans figure). Un individu, marqué « type », mais long de 63 mm. au lieu de 34. Provenance : Acapulco. Conus Mariei Jousseaume 1899, Le Naturaliste, XXI, p. 8, figure. Holotype. Long. 47 mm. Conus Mazei Deshayes 1874, Journ. de Conchyl., XXII, p. 64, pl. 1, fig. 1. Holotype. Long. 58 mm. Provenance : La Martinique. 462 — Conus Milne-Edwardsi Jousseaume 1894, Bull. Soc. Philom., p. 99 ; figuré en 1921, Mém. Soc. zool. Fr., t. 28, pl. 3, fig. 3. Holotype. Long. 46 mm. Provenance : Aden. Conus , Rollandi Bernardi 1860, Journ. de Conchyl., VIII» p. 332. Holotype. Long. 33,5 mm. Conus submediterraneus Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. Moll, mar., p. 99. Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collect. Locard. Six des échantillons de cette collection proviennent de localités citées dans le texte : Roussillon (2 indiv., 14 et 12 mm.) et Saint-Tropez (4 indiv., 30, 25, 25,25 mm.). Laboratoire de Malacologie du Muséum. (A suivre.) — 463 — Contribution à l'étude des Unionidæ de l’Afrique du Nord . Par J.-M. Pérès. Dans le plan général de rangement des collections du laboratoire- de Malacologie du Muséum m’est échu, comme première tâche, le rangement de la collection d ’ Unionidæ, qui est extrêmement riche. J’ai profité de cette occasion pour effectuer la détermination des échantillons de ce groupe que j’avais recueillis au cours de ma mission au Maroc en 1937-38 et pour faire un essai de révision des. Unionidæ Nord-Africains. L’étude des Unionidæ autres que les espèces Nord-américaines, et, en particulier, celle des Unionidæ d’Europe est une des plus rebutantes qui soit, et l’on n’en doit admirer que plus le travail incomparable et combien utile accompli par Germain pour l’éla- boration de sa Faune de France (5). J’ai voulu simplement dans ce travail apporter une modeste contribution à la tâche immense de mise en ordre des Unionidæ et en particulier du genre Unio. Les malacologistes pulvérisateurs d’espèces ont rendu l’étude de ce groupe à peu près impossible, et ce n’est que quand bon nombre de petites études régionales comme celle que je présente aujourd’hui auront vu le jour qu’on pourra envisager une révision raisonnable du genre Unio et des Unio- nidæ en général, révision dans laquelle l’espèce sera considérée d’une manière assez large pour tenir compte du remarquable poly- morphisme de ces animaux. Genre MARGARITANA Margaritana Marocana Pallary. Cette espèce créée en 1918 (11) a été longuement décrite, dis- cutée et figurée par Pallary en 1920 (13). D’après lui elle est intermédiaire entre M. elongata Lmk. et M. sinuata Lmk, que Germain fait tomber en synonymie respectivement de M. marga- ritifera L. et de M. auricularia Spengler. Les principales différences entre ces deux espèces sont \es suivantes : 1° Le bord ventral, sou- vent rectiligne chez M. margaritifera, est toujours plus ou moins sinueux, et en général très concave chez M. auricularia. 2° La charnière est dépourvue de dents latérales chez M. margaritifera , alors qu’elle en possède chez M. auricularia. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 30 Bien que Pallary estime que l’espèce marocaine soit plus proche de M. elongata Lmk. que de M. sinuata Lmk., j’estime que ce rapprochement, basé sans doute sur la forme du bord ventral qui est en effet assez peu sinueux chez M. marocana, et sur le test qui est relativement peu épais comme chez margaritifera alors que celui d 'auricularia est très pesant, n’est pas suffisamment justifié ; je rangerai plutôt M. marocana Plry. dans le groupe de M. auri- cularia car je crois qu’il faut accorder plus de crédit aux carac- tères tirés de la charnière qu’à ceux tirés de la forme générale de la coquille. J’estime, par ailleurs, que l’espèce M. marocana doit être con- servée car elle est facile à distinguer de M. auricularia par ses valves beaucoup moins épaisses, sa taille toujours inférieure, son bord ventral beaucoup moins sinueux, ^et surtout par ses dents latérales beaucoup mieux individualisées, plus hautes et plus comprimées. Pallary signale cette espèce de l’O. Fès (près de Fès) où je n’ai pas pu la retrouver. "En revanche j’en ai recueilli plusieurs valves dans FO. Smento (St. 204) en forêt de Mamora au nord de Rabat. D’autre part, les collections du Muséum de Paris possèdent deux échantillons très frais provenant de l’O. Sebou, qui passe près de Fès, et inexactement déterminés Unio Micelii Kobelt (c'f. plus loin), échantillons qui se rapportent indiscutablement à M. maro- cana Plry. L’ un d’eux a la nacre d’un blanc bleuté et l’autre d’un beau .rose violacé, couleurs qui sont précisément signalées par Pallary pour M. marocana , Margaritana redomica Plry. (15). Je fais tomber en synonymie de l’espèce M. marocana Plry. cette forme décrite par Pallary en 1927 pour des échantillons moins allongés et plus comprimés que le type. J’ai moi-même recueilli dans l’O. Tiflet une valve gauche, que j’attribue à M. redomica, qui a confirmé mes vues. Etant donné qu’on fait tomber en synonymie, à juste titre, la M. Michaudi Loc. créée pour les exemplaires peu allongés de M. margaritifera , on doit 'également 'faire tomber en synonymie la M. redomica créée pour désigner les exemplaires peu allongés de M. marocana Plry. ‘ Margaritana Derrtaica Pallary. Je conserve nette espèce de Pallary (1-6), au moins provisoire- ment, car je crois qu’on ne pourra statuer sur .sa validité qu’avec un lot .important d’échantillons .en mains, et je n’en ai récolté dans l’Q. .Derna que deux exemplaires en mauvais état qui sont insuf- fisants pour trancher ,1a question. Gette espèce présente ,à la fois des caractères de M. marocana et de M. a ur icular ia. JJe. la première elle se, rapproche par sandiord ventral peu -sinueux et les proportions, mesurées sur un de mes i • -, 'Longueur L . . _ 0 exemplaires qui donnent .un rapport — — — avoisinant 2,2 ; ■Hauteur - H de la seconde elle se rapproche par sa coquille très pesante et par les proportions données par Pallary dans sa diagnose et qui don- nent un rapport L H de l’ordre de 2. Bans le doute je. conserve l’espèce qui, si elle n’est pas valable, ne peut tomber . en synonymie que de M. marocafia Plry. ou de M. auricularia Spengler. A propos de cette forme, je signalerai une erreur qui s’est glissée dans la discussion que fait Pallary de la valeur de cette espèce. Il considère en effet le M. .sinuata Lmk. comme synonyme de 'M. margarilifera, ce qui est inexact, puisque M. sinuata est préci- sément synonyme de M. auricularia qui diffère de M. margari- tifera par la présence de dents latérales qui manquent à cette der- nière espèce. Genre PSILUNIO JPsilunio littoralis Cuvier. Cette espèce, « assez polymorphe . quant à la forme générale qui peut présenter des modes très divers » (5), est particulièrement abondante en Afrique du Nord où elle a été mentionnée sous son nom de Psilunio (Rhombunio) littoralis Cuvier et aussi, fréquem- ment, sous celui d 'Unio rhomboideus Moq. Tand... Son polymor- phisme et son abondance ont donné lieu à la création de plusieurs prétendues espèces qui ne peuvent être conservées et doivent tom- ber en synonymie. U. Fellmanni Deshayes. Cette espèce a été figurée par Deshayes (4) ruais non décrite. Bourglioxat (2) l’avait déjà fait tomber en synonymie de U. rhomboideus, dont il en faisait, imité en cela par Pallary (14), une variété. Les échantillons déterminés "U. Fell- munni sont en général assez .comprimés, mais il n’y a pas lieu, à mon avis, de .conserver une variété .distincte. Contrairement à l’opinion de Bgurguigxat cette variété n’est pas spéciale à la province de. Constantine, les collections du Muséum de Paris en possédant des exemplaires originaires de Tanger et de ;1’Q. Kseb près de Mogado?. Unio Ksibianus Mousson (.9). Les collections du Muséum pos- sèdent plusieurs échantillons de .cette forme que Pallary (14) a reconnue être synonyme de U. rhomboideus c’est-à-dire de notre Psilunio littoralis Cuvier, opinion „à laquelle je me .range entière- ment. Unio Johji Bgt. (19, IL 2. PI. XLT, f. 256). Les collections du — 466 Muséum possèdent trois exemplaires de cette espèce, un sans indi- cation de lieu et deux portant comme indication d’origine : « ... de la plaine à 8 lieues d’Alger ». Cette forme, qui est indubitablement synonyme de Ps. littoralis Cuvier, est remarquable par ses stries d’accroissement très fines, très serrées, et peu marquées et par son épiderme « soyeux ». Unio Mac Carthianus Bgt. (19. II. 2. P. XXXIII, fig. 229 et 3. I. PI. 34). Deux exemplaires de cette espèce originaires de La Calle près de Bône, figurent dans les collections du Muséum. Elle doit être rapportée à Ps. littoralis dont elle n’est qu’une petite forme à épiderme brun rougeâtre. Unio Marteli Plry. (13). Je n’ai pas eu à ma disposition d’échan- tillons de cette forme que Pallary dit être caractérisée par sa forme tronquée. Mais d’après les figures qu’il en donne et d’après ce que nous savons de la variabilité de Ps. littoralis , j’estime que cette forme ne mérite pas le rang d’espèce que Germain (5) refuse avec raison à l’ U. subtruncatus Michaud et à l’ U. Draparnaldi Deghayes qui sont les formes tronquées du Ps. littoralis dans les. eaux douces de France. Unio mauritanicus Bgt. (3. T. I. PL 35, fig. 1-6 et 19. II. 2.. PL XXXIII. fig. 230). Je ne mentionne cette forme que pour sou- ligner après Kobelt et Pallary qu’elle n’est qu’une forme locale de Ps. littoralis. Unio rhombo'ideus Moq. — Tand. var. Bucheti Plry. Cette variété a été créée par Pallary (10-14) pour désigner une forme extrême de la tendance à l’allongement des exemplaires de Ps. littoralis provenant de l’O. Kseb (O. Ida) près de Mogador. D’après Pallary la longueur atteint 71 mm. pour une hauteur de 43 mm. ce qui donne un rapport ^ de 1,65. Or il existe en France une forme allongée de Ps. littoralis : la forme rathymus Bgt. pour laquelle le rapport mesuré sur les échantillons des collections du H Muséum varie de 1,71 à 1,87 avec une moyenne de 1,8 ce qui cor- respond à une forme beaucoup plus allongée. Or Germain n’a pas. cru devoir pour cette forme créer de variété spéciale ; je crois par conséquent qu’il n’y a pas lieu de maintenir la variété Bucheti Plry. pour laquelle l’allongement est moins net que pour la formp rathymus des eaux douces de France et que les exemplaires ainsi déterminés doivent être considérés comme appartenant purement et simplement au Ps. littoralis Cuvier. Psilunio (Rhombunio) asananus Pallary. Je conserve provisoirement cette espèce de Pallary (16) dont — 467 — les collections du Muséum ne possèdent pas d’exemplaires. C’est une forme assez allongée à charnière très robuste et de grande taille (Pallary donne pour le type : Longueur 85 mm., Hauteur 49 mm., Epaisseur 34 mm., dimensions qui dépassent largement celles des plus grands exemplaires de Ps. littoralis des collections du Muséum, bien qu’elles restent dans des limites maxima indi- quées par Germain (5). Il me paraît cependant probable que la récolte dans l’O. Derna de l’abondant matériel qui est de rigueur dans ce genre d’études amènerait à considérer Ps. asananus Plry comme une simple forme ou à la rigueur une variété de Ps. litto- ralis Cuvier. Unio batavus Maton et Rackett. Je n’ai pas recueilli cette espèce au Maroc, mais elle est connue d’Algérie où Bourguignat la signale des régions de Bône et de Philippeville et où Morelet l’a retrouvée près de la Calle. Les collections du Muséum possèdent d’ailleurs un échantillon de cette dernière provenance qui. avait été déterminé successivement U. bata- vus et U. Ravoisieri et que d’après les caractères de la charnière je crois devoir ranger nettement dans Y Unio batavus Maton et Rac- kett. L’extension de VU. batavus Mat. et Rack. n’est cependant pas limitée à l’Est de l’Algérie puisqu’il faut lui rapporter en syno- nymie l’espèce suivante originaire de la région d’Oran où elle a été trouvée dans la Tafna. Unio tafnanus Debeaux. De cette forme décrite par Kobelt {19. PL 28, fig. 216) il existe dans les collections du Muséum un très bel exemplaire étiqueté d’Oran. Les caractères de la char- nière et de la coquille sont suffisamment évidents pour affirmer la synonymie de cette forme avec U. batavus Mat. et Rack. Unio Requieni Michaud. Cette espèce très abondante et extraordinairement polymorphe n’a pas été signalée en Afrique du Nord, mais Pallary. a créé en 1936 une espèce nouvelle : Y Unio subpictorum Plry dont il choisit comme type la figure 6, PL XXII de la Malacologie de l’Algérie de Bourguignat (2), figure attribuée par celui-ci à Y U. pictorum de Philippsson. Pas plus que Pallary je n’ai en mains les exemplaires de Bourguignat, mais d’après les figures de ce dernier, j’estime que Y U. pictorum de la Malacologie de l’Algérie doit être rapporté à Y Unio Requieni Michaud. Cette espèce qui est probablement la plus polymorphe des espèces européennes du genre Unio, est essen- tiellement caractérisée par ses dents cardinales fortes mais com- primées et par l’effacement du denticule cardinal postérieur de la — 468 — valve gauche qui est toujours très réduit. Ces deux caractères sont' tout à fait évidents sur la figure de Bourg uignat attribuée par lui à VU. pictorum et dont Pallary a fait le type de son U. subpic- torum. J’estime donc que VUnio subpictorum doit tomber en synonymie de- VU. Requieni Mich, D’après Botjrg uignat, cette espèce existerait dans les régions de Bône, Gonstantine, Grau, et en Kabylie. A -propos de VU. Requieni, je crois- qu’il est bon de signaler que cette espèce présente a mon avis certaines analogies avec VU. Tur- toni Paye.. Quand on examine en effet des lots importants de cette dernière espèce et de ses formes (Durieui, Ravoisieri, Moreleliy etc...) on trouve parmi eux des échantillons à dents cardinales par- fois assez développées alors que celles de 'VU. Turtoni typique sont très comprimées et très petites et aussi des échantillons chez les- quels la dent cardinale postérieure de la valve gauche est très effacée. De tels échantillons posent le problème des rapports entre les deux espèces. Ï1 existe indubitablement des exemplaires qui pris isolément seraient impossibles à classer dans l’une où l’autre espèce. Là-, comme pour les Melanopsis, mais à un moindre degré, la détermination pour être sérieuse doit porter, non sur un échan- tillon unique, mais sur un lot d’échantillons des caractères desquels on fait une sorte de moyenne. Je n’ai pas voulu par cette digres- sion suggérer qu’on doit réunir VU. Turtoni à VÜ. Requieni ; il- est, en effet, des jalons indispensables pour le déterminateur dans l’infinie complexité des Unionidæ mais on ne doit pas perdre de vue que, souvent, en allant au fond des choses, on s’aperçoit que les distinctions spécifiques, mêmes établies avec la sévère rigueur et la remarquable documentation de Germain, ne sont qu’un cadre plus ou moins approximatif-. Unio Turtoni Payraudeau. Cette espèce très anciennement connue (1826) est à peu près exclusivement cantonnée dans la F rance méridionale où elle est toujours rare alors qu’elle est abondante en Corse et en Sardaigne. Les collections du Miuséum en-possèdertt' un lot provenant de Grasse'; deux exemplaires provenant- de Sardaighe et,* provenant du fonds du Marquis de Folin et deux exemplaires- étiquetés France. Malgré la distribution, géographique restreinte de VU. Turtoni Payr,, je ne fus pas très étonné de trouver dante les collections un quatrième' 'lot-. de cette espèce provenant de l’Q. Sériant en Algérie. Comparé aux- trois- autres lots et à la diaghose de Germain (5) poür U. TurWni,, ce lot s’affirmait correctement déterminé, mais posait le problème de l’ U. Durieui DeshayeS. Unio Durieui Dèshayes-. Sï on compare lès échantillons de U. Tur- toni de l’O. Senam aux figures de Df.shayes (4) et Bourgitig-nat (2) et à la description de ce dernier pour U. Durieui on constate qu’il y a indentité parfaite, et que les échantillons de 1 ’ 0 . j Senam étiquetés U. Turtoni pourraient avec une exactitude aussi rigou- reuse être déterminés U. Durieui. J’ai donc comparé tous les Unio Durieui des collections du Muséum et de mes récoltes personnelles avec les U. Turtoni du Muséum et je puis en conclure qu’il y a iden- tité parfaite entre les deux espèces. L’ Unio Durieui Deshayes qui date de 1847 doit donc disparaître de la nomenclature; pour tom- ber en synonymie de l’ Unio T urtoni Pàyraudeau qui date de 1826. Il est certes regrettable d’être amené à changer le nom d’une espèce aussi connue et aussi abondante en Afrique du Nord, que VU. Du- rieui, mais l’identité des deux formes est trop flagrante pour qu’on recule devant cet inconvénient* L’abondance du matériel dont je dispose me permet d’ailleurs de préciser que F U. Turtoni est une forme plus polymorphe que ne le pensait Germain ; j’ai des échantillons de galbe assez varié « . L allant de la forme typique allongée dans laquelle le rapport — avoisine 2,1 jusqu’à des échantillons assez courts chez lesquels ce rapport est inférieur à 1,6. Chez les Ü. Turtoni d’Europe d’après les chiffres de Germain (5) ce rapport avoisine 2,2 ; la mesure des échantillons de cette espèce que j’ai eu à ma disposition m’a mon- tré que cette valeur est un maximum et qu’il oscille plutôt aux environs de 2,1. Unio tetuanensis Kobelt. Cette forme décrite par Kobelt en tant qu’espèce distincte (19-11. L PI. 28, fig. 217) a été ramenée par Pallary (10) au rang de variété de VU. Durieui. Cette dis- tinction d’une variété tetuanensis est fondée sur le fait que dans celle-ci les valves sont régulièrement bombées alors que dans VU. Durieui typique celles-ci sont légèrement déprimées suivant une zone oblique partant des sommets et allant vers le milieu du bord ventral. J’ai vérifié sur les échantillons étiquetés; U. Durieui des collections du Muséum que ce caractère est suffisamment variable pour enlever toute valeur à la variété tetuanensis qui doit être considéré comme purement et simplement synonyme de VU. Durieui et par conséquent de L’ U. Turtoni . Payr„ Unio Raaoîsieri Deshayes. Cette espèce a été figurée par Des- hayes (4) et figurée à nouveau et décrite par Roi;bouigxat (2). De ees figures et de cette description on peut tirer la conclusion qüe VU. Ravoisieri n’est qu’une forme de VU. Durieui dont les dents cardinales sont un peu plus fortes et l’épiderme d’une teinte générale brune et non d’un bistre verdâtre. La comparaison des échantillons d’ U. Ravoisieri des collections du Muséum permet 470 — * 4° l’Etat des arbres et arbustes étrangers qui ont été transportés du Jardin de Xavier Capet à Versailles dans celui du Muséum ; 5° Liste des orangers et autres arbres d’Orangcrie qui sont cultivés dans le Jardin de Versailles dit l’Orangerie ; 6° Etat des arbres étrangers porte-graines qui se trouvaient dans les Jardins et Parcs de l’émigré Tessé à Chaville près Sèvres ; 7° Procès-verbal de la visite du jardin de l’émigré Coaslin à la Butte aux Anglais près Sèvres * ■ 8° Inventaire des végétaux qui se trouvent dans les jardins de la condamnée Dubarry à Lucienne près Marly ; 9° Etat des arbres étrangers produisant des graines qui sont cultivés dans le jardin de l'émigré de Guiche à Noisy près Versailles ; 10° Inventaire des jeunes arbres qui se trouvent dans la Pépinière du Clos Vauclieron appartenant ci-devant à la liste civile ; 11° Liste des arbres qui se trouvent à l’Orangerie du Grand Trianon ; 12° Etat des semis et jeunes arbres étrangers qui sont dans la pépinière dite des Graines, fg. de l’Hermitage à Versailles et qui appartenait cd* à la liste civile ; 13° Le Catalogue des arbres et arbustes cultivés dans la pépinière dite du Domaine de Versailles ; 14° Etat des arbres étrangers composant les jardins de Louis Noailles à Montagne Bon air (Cdt St Germain en Laye). Enfin, il restait à faire : 1° Inventaire des végétaux qui se trouvent dans le Jardin du Potager de Versailles où ils ont été rassemblés de tous les jardins des émigrés du district de Versailles ; 2° Le Catalogue des arbres et des plantes cultivées dans les jardins, serres et pépinières du petit Trianon ; 3° Procès-verbal de visite des jardins et Orangerie de l’Isle-Adam au Prince de Condé ; 4° Inventaire du Cabinet et du jardin de l’Hôpital de la Charité à Paris ; 5° Catalogue des plantes du Jardin de l’Ecole vétérinaire à Alfort près Charenton ; 6° examen des manuscrits qui se trouvent déposés chez l’agent de -la ci-devant Société d’Agriculture de Paris ; 7° Catalogue des végétaux cultivés dans les jardins et pépinières du Roule ; 8° Inventaire des herbiers récoltés au Pérou par le citoyen Dombey ; 9° celui de Commerson formé pendant son voyage autour du monde ; 10e Etat des productions végétales qui se trouvent dans le dépôt de Nesle ; 11° Inventaire de tous les objets appartenant au règne végétal qui se trouvent dans les galeries du Muséum d 'Histoire naturelle ; 12° Etat des peintures sur vélin qui composent la collection des objets d 'Histoire naturelle déposés dans la bibliothèque du Muséum national ; 13° Examen des productions végétales et cultures d’arbres étrangers établis à Malesherbes, Pithiviers ét autres endroits à 30 lieues de rayon de Paris 1. Une note postérieure indique que tous les inventaires étaient terminés le 3 nivôse an IV. De leur côté, les autorités de province procédaient à une récol- lection analogue et l’on voit le district d’Etampes procéder à l’In- ventaire des objets d’ Histoire naturelle qui se trouvaient dans les maisons des émigrés ou condamnés, notamment : A Méréville, chez Laborde, ci-devant banquier de la cour, con- damné à mort,, où l’on trouvaient 150 espèces de plantes presque toutes arbres ou arbustes ; à Bourgneuf, chez Valory, émigré, où il y en avait 201 ; à Boissy-le-Sec, chez Couturier, ci-devant fermier général, con- damné à mort, où on n’en trouve que 8 ; à Segrez, chez la femme Blot, émigrée, où il y en avait 53 ; enfin à Bonne Commune (ci-devant Chamarande), chez Talaru, condamné à mort, où les commissaires relevèrent 60 espèces. Le district de Mantes n’était pas en retard sur celui d’Etampes et notait qu’à Jambville, chez Maussion, condamné, il y avait beaucoup de plantes et qu’à la Motte-Tilly, chez Terray, ci-devant fermier-général, condamné, il y en avait 5.000 appartenant à 120 espèces. Le district de Rouen signale également qu’il existe des •collec- tions dans sa 'circonscription. Il semble que Thoüin, dès qu’il eut reçu les ordres de Roland, ait commencé à prélever des plantes pour le Muséum avant même la constitution de la Commission car on trouve trace du transport au Muséum le 5 octobre 1792, de 108 plantes en 94 espèces pro- venant du Parc de Monsieur à Versailles et de 98 autres venant de Trianon entre le 22 et le 24 octobre 1792, de 155 végétaux dont de nombreuses plantes grasses et alpines prélevées à Bagatelle, Le 27 octobre, de 97 espèces trouvées à Bellevue, en novembre, 1. L’herbier récolté dans l’Inde par Thévenot et conservé chez les Prémontrés de Paris paraît avoir été ignoré. 487 des arbres fruitiers provenant du Potager du roi à Versailles1, le 30 octobre, de 147 espèces en 198 individus provenant des jardins et pépinières de Chaville et de Sèvres, au Cte de Tessé 2, le 9 décembre, de 66 espèces enlevées à nouveau dans les jardins de Monsieur à Versailles, enfin, à une date non précisée, 180 espèces et 40 variétés fruitières provenant de la pépinière du Roule où il semble qu’on en avait déjà prélevé 21 espèces antérieurement. En 1793, le prélèvement continue : Le 8 ventôse, ce sont 36 espèces et 229 individus et le 2 germinal, 28 espèces en 60 individus qui proviennent du jardin de l’émigré Xavier Capet au Petit Luxembourg ; le 23 ventôse, 289 plantes en 77 espèces ou variétés, tant de pleine terre que de serre chaude, provenant du 15, rue Dominique à la feue Kinski ; 132 autres espèces représentées par 231 individus sont apportées à nouveau le 22 floréal, le 24 ventôse, 20 espèces d’arbres çt d’arbustes provenant des Champs-Elysées chez la feue Marbeuf dont le plus fort Gingko biloba ou Noyer du Japon qui existait en Europe 3 *. Le 20 germinal, A. Thoüin avait été visiter les jardins et l’Oran- gerie de Sceaux (au duc de Penthièvre) qui renfermait 168 oran- gers, 6 lauriers-tin, 14 grenadiers très anciens et un assez grand nombre de pieds de différentes espèces de Géranium (. Pélargo- nium) africains, mais ces plantes ne l’intéressaient pas en tant que collection, aussi proposa-t-il soit de conserver l’Orangerie, soit de transporter les caisses à l’Orangerie de Versailles ou à Paris au voisinage du Palais national. Le 22 floréal, c’était 44 plantes appartenant à 28 espèces qui étaient rapportées de chez Cossé-Brissac au Faubourg Germain. Le 26 thermidor André Thoüin trouvait des arbres et arbustes rue des Martyrs chez le condamné Malesherbes et il en emportait au Jardin des Plantes 34 espèces en 50 individus le 4 fructidor. Le même jour, rue de Clichy, chez la condamnée Boutin, il décou- vrait 52 espèces d’arbres et arbustes en caisses ou en pots, des oignons de tulipes et de jacinthes, des « griffes » d’Anémones et des « pattes de » Renoncules. Jean Thoüin, frère d’André, qui l’avait remplacé comme « 1er jardinier du Muséum national d’ Histoire naturelle » lorsque André avait été nommé Professeur de Culture, en effectuera le transport en fructidor. Tous ces transports n’étaient pas sans occasionner des frais et à côté de 221 8S pour la paille d’emballage, A. ThoüiN note qu’il a dépensé : 1. Le 4, un procès-verbal constatait qu’il avait été prélevé chez les Chartreux de Paris, 88 variétés de poiriers, 35 de pruniers, 34 de pêchers, 32 de pommiers, 17 d’abri- cotiers, 3 d’amandiers, 2 de néfliers, 2 d’azéroliers. 2. L’inventaire indique qu’il y avait 523 plantes dont 436 pieds d’Ananas. 3. En été Thoüin notait qu’il n’avait point souffert de la transplantation et poussait vigoureusement. <- 488 _ 471 pour le transfert des plantes de Kinski, 441 10s pour le transfert des plantes de Marbeuf, 371 pour le transfert des plantes du Petit-Luxembourg, 121 10s pour le transfert des plantes de Cossé-Brissac. Tout d’ailleurs n’allait pas sans difficulté : c’est ainsi que 2 Cha- mærops humilis d’une hauteur de 12 pieds environ ayant été réqui- sitionnés à Brunoy, dans le Domaine national provenant de Louis- Xavier Capet, émigré (le Cte de Provence), le maire, le Cen Maré- chal, le 1er vendémiaire an III, mettaient en demeure Thoüin de les enlever, les serres ayant été vendues. Et pourtant A. Thoüin cherchait toujours où trouver des plantes qui manquaient à ses collections. Chez l’émigré Hôcquart à Montfermeil près du Raincy, note-t-il, il y a des arbres verts qui produisent des graines ; à Issy chez l’émi- gré Senneterre, il se trouve 24 forts orangers plus un lentisque ; 27, rue d’Enfer, à côté de l’Institut de l’Oratoire, il y a, chez l’émi- gré d’Epinay-du-Luc, 4 forts myrtes à fleurs doubles. » Il faut aller y voir ». De régions forts éloignées, A. Thoüin recevait aussi des collec- tions provenant de biens d’émigrés ou de condamnés. C’est ainsi que de Port-Libre (Toulon) on ne lui envoyait, le 7 thermidor an II, pas moins de 26 caisses d’oignons et de graines provenant du voyage au Cap de Labrousse, condamné, ou rapportée de Hol- lande par celui-ci, notamment 378 sachets contenant des variétés de tulipes portant des numéros correspondant à un catalogue, plus 354 autres sans numéro, sans parler des Jacinthes, Safrans et Renoncules. En l’an III, A. Thoüin opère en Belgique, comme commissaire attaché aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse ; le 5 vendé- miaire, il annonce de Bruxelles un envoi de 80 espèces, le 24, un autre de Liège. En Hollande, s’il confisque le cabinet du Stathouder, il ne semble pas avoir trouvé de plantes vivantes à envoyer au Muséum, ni à Maestricht, ni à la Haye ; il en est de même en Rhé- nanie. En l’an V, A. Thoüin est en Italie mais ses récoltes ne sont pas fructueuses, du moins en plantes vivantes ; de Florence, le 4 fri- maire, il n’envoie que 5 paquets de graines, de Bologne, le 20 plu- viôse, des crossettes et boutures de la variété de vigne appelée Balsamine. A Mantoue, le 6 ventôse, il n’a rien trouvé bien qu’il y eut quel- ques plantes intéressantes au jardin botanique mais « il a été labouré par les boulets et les bombes des Français qui sont de très mauvais jardiniers et qui ont presque ruiné ce jardin ». De Bologne, à nouveau, le 13 ventôse, il envoie des boutures de plantes grasses et quelques semences de plantes exotiques enfin, de Livourne, le 10 prairial, une soixantaine d’espèces de graines de plantes étrangères recueillies dans le jardin botanique. Ces divers envois d’Italie semblent être arrivés à bon port car pour chacun d’eux existe la transmission aux professeurs du Muséum par Delacroix ministre des relations extérieures. Si Thoüin cherchait par tous les moyens à enrichir les collec- tions du Muséum, il ne se désintéressait pas cependant des jardins botaniques de province. La Convention « dans sa sagesse », n’avait- «11e pas décidé qu’il y aurait, dans chaque département, un jardin botanique dè 4 arpents ; certains, comme le Cen Boillet, en deman- dait même un dans chaque commune. A propos des plantes de Cossé-Brissac et de Tessé. il note qu’une partie de ce qui a été transporté au Muséum est destiné à être envoyé dans les jardins botaniques des départements et à propos des plantes de Kinski « cette pacotille fournira les moyens d’enrichir les jardins botaniques des départements ». Au sujet des plantes de Vichy, à Montceau (S.*et-Loire) qui comportaient 67 espèces dont des Pal- miers, des Bambous et des Cannes à sucre, il faisait remarquer que« ... le seul moyen de les utiliser est de les laisser à la disposition du Comité d’instruction publique pour en former la base d’une collection de botanique qui pourrait être établie dans le chef-lieu du département où elles se trouvent réunies ». De plus il marquait que le département de Seine-et-Oise est très riche et pourrait servir à meubler les jardins botaniques des départements, les végétaux trouvés dans les jardins des émigrés ayant été rassemblés au Pota- ger de Versailles. Enfin, le 1er fructidor an III, il protestait véhémentement contre le district de Versailles qui affichait pour le 11 la mise en vente du jardin de Bellevue qui avait été affecté au Muséum, comme dépôt de végétaux exotiques tant de pleine terre que d’Orangerie ou de serre chaude pour former des collections qui doivent être établies dans les départements. Evidemment cette main mise de l’Etat sur les biens ne lui appartenant .pas, sans indemnités aux légitimes propriétaires, n’est pas très conforme à une stricte honnêteté mais que seraient devenues des collections de plantes vivantes aban- données et. pour celles de serres, sans chauffage ? Ne voit-on pas que la donation, en thermidor an II, par La Tour d’Auvergne, des plantes acquises par son père en Hollande et en Angleterre et réunies à Navarre (Eure) n’a été acceptée que le 22 vendémiaire an III ? Les plantes avaient bien été déposées à Evreux, chez Racine, ancien jardinier du feu duc de Bouillon, mais lorsque l’inventaire en fut fait le 24, sur les 303 individus en 197 espèces un certain nombre étaient déjà morts et il n’y avait aucun crédit pour les chauffer. — 490 — Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin Par A. Guillaumin. Professeur au Muséum. On sait que les X Pyronia sont les hybrides obtenus artificielle- ment entre Poirier et Cognassier peu avant 1913, chez Veitch par John Seden et que les -j- Pyro-Cydonia sont ce qu’on a appelé des « hybrides de greffe » apparus au niveau du bourrelet de gref- fage d’un poirier Bon Chrétien Williams' , greffé sur Cognassier ou même au-dessous du bourrelet après ravalement. , Le -f- Pyro-Cydonia Danielii Winkler a été observé pour la pre- mière fois en 1902. puis en 1913, enfin en 1935, le -f- Pyro-Cydonica Winkleri Daniel en 1913, le -f- Pyro-Cydonia Claracii Daniel en 1931 mais aucun n’avait encore fleuri ou fructifie tandis que les X Pyronia Veitchii Guillaumin var. John Seden Guillaumin et var. luxemburgiana Guillaumin fructifient régulièrement depuis 1914, le premier donnant des fruits ressemblant à un coing, le second exactement à une poire mais présentant l’un et l’autre certains caractères intermédiaires, en particulier des ovules sur 2-3 étages mais qui avortent toujours. Le -f- Pyro-Cydonia Winkleri qui se rapproche surtout du Cognas- sier vient de fructifier abondamment au Muséum donnant de petits fruits (93 gr. en moyenne), piriformes, ressemblant à des coings mais perdant leur duvet cotonneux avant complètç maturité et presque sans arôme. Les pépins, sur plusieurs étages, comme chez le Cognassier, étaient tous avortés. Le + Pyro-Cydonia Claracii qui est très voisin du Poirier a donné aussi, au Muséum, quelques fruits, ressemblant à des poires, plusieurs (15 à 46 gr.) petits, assez mal formés, rugueux brun- roux et un gros (335 gr.) à peau jaune verdâtre pointillée de brun, rugueux et brun-roux vers le pédoncule, à forte odeur de coing se mélangeant ensuite à celle de la poire Bon Chrétien Williams ’ mais les fruits étaient tous terminaux alors que les poires se forment surtout sur les yeux de la base des rameaux. Les pépins étaient bien développés et il n’y en avait qu’un étage comme chez le poi- rier. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. V — 491 — Notes sur le Parc arboretum de Baleine Par M. Auguste Chevalier. Membre de i/Institut, Professeur au Muséum Un arrêté, du 18 janvier 1944, du Secrétaire d’Etat à l’Educa- tion nationale, pris sur la proposition de la Direction des Beaux- Arts, après consultation de M. le Directeur du Muséum, a classé comme site national le parc de Baleine situé sur la commune de Villeneuve-sur-Allier (Allier), appartenant â M. H.-M. de Roc- quigny-Adanson descendant direct, à la cinquième génération, de l’illustre botaniste Michel Adanson. Le 22 juin 1944, une Commission interministérielle, dirigée par M. de Chalup, Inspecteur régional des Sites et Monuments de la région de Clermont-Ferrand, représentant les Beaux-Arts, se ren- dait à Baleine et visitait le parc pour se rendre compte des mesures préservatrices qu’il conviendrait de prendre, d’accord avec le pro- priétaire. Cette Commission comprenait entre autres personnalités le signataire de ces lignes et M. A. Guillaumin, Professeur de Cul- ture au Muséum. « C’est, > la première fois, écrivait le lendemain un journal local, le Progrès de V Allier, que le Muséum national d’ Histoire naturelle dépêche des savants de cet établissement pour une visite officielle d’un parc privé, réputé de longue date au point dé vue esthétique et scientifique ». Les richesses botaniques de Baleine nous étaient connues depuis longtemps. Nous les avions examinées de près en parcourant le parc dans tous les sens pendant le séjour que nous fîmes au châ- teau de Baleine en 1933, étant l’hôte de M. de Rocquigny lorsque nous préparions le livr.e que nous avons consacré à la vie et l’œuvre de son aïeul Michel Adanson. Ce parc, par sa richesse en beaux arbres exotiques, est un des joyaux de notre pays. Déjà en 1908 le Bulletin de la Société dendrologique de France signalait « ses riches collections, remarquables entre toutes » et il ajoutait qu’il n’était pas possible de dresser un inventaire complet des richesses qui y sont accumulées tant elles sont nombreuses. Aussi, lorsque au mois d’octobre 1940, M. H.-M. de Rocquigny- Adanson, à la suite des tristes événements qui s’abattaient sur notre pays, nous demanda l’appui du Muséum auprès des pouvoirs publics pour faire classer son parc et le mettre sous la sauvegarde de l’Etat, Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 492 — nous n’eûmes pas un instant d’hésitation. Le regretté Professeur Louis Germain, alors Directeur du Muséum, voulut bien signaler à la direction des Beaux-Arts l’intérêt que nous portions à ce magni- fique arboretum. La proposition de classement a suivi son cours. Les Beaux-Arts y ont donné leur assentiment et un texte officiel est venu ratifier ce que nous souhaitions tant. Nous espérons que bientôt des mesures d’aménagement et d’entretien seront prises pour soulager le propriétaire qui s’est imposé jusqu’à ce jour de lourds sacrifices pour la conservation de ce précieux joyau. Nous nous proposons, dans les pages qui vont suivre, de donner un court aperçu sur l’histoire de l’arboretum de Baleine, sur les causes de sa réussite, sur ses richesses botaniques et sur son intérêt au point de vue scientifique, esthétique et économique. Etendue et situation du parc. Sol et climat. L’arboretum de Baleine couvre environ 32 hectares d’étendue. Il occupe une légère dépression dans la plaine bourbonnaise (Vallée de l’Ailier) à deux kilomètres de cette rivière et à une faible dis- tance de la limite des départements de l’Ailier et de la Nièvre. Il est situé à l’altitude de 227 m. Distant d’une quinzaine de Km. (au N.-W.) de Moulins ; on s’y rend en suivant la route nationale de Paris à Antibes. Une avenue, longue de 2 km environ, se détache à droite de la route et conduit à la cour du château. Le parc, com- plètement clôturé par un treillis en bois, est situé en arrière du château et ne s’aperçoit pas tout d’abord. La commune de Villeneuve-sur- Allier ou Villeneuve-Aurouër, de laquelle dépend Baleine, s’étend, partie sur les alluvions récentes de l’Ailier, partie sur les sables et argiles du Bourbonnais que l’on rattache au Miocène (burdigalien), remanié au Pliocène (on a trouvé aux environs de Moulins des arbres silicifiés qui dateraient de cette période). Des bancs sableux avec de petits galets alternent avec des lits d’argiles et de graviers plus ou moins stériles. Le sol est souvent acide et siliceux, mais parfois aussi il contient des traces de calcaire et il montre par places, une flore calciphile. Par exception, l’emplacement du parc se trouve sur des alluvions récentes avec un sol noirâtre et riche. La réaction du sol est légère- ment acide mais on trouve aussi dans le sous-bois et les prairies quelques plantes calcicoles. Tout le pays environnant est peu fertile. « Il y a encore cent ans, écrit Menieh, le pays (les environs de Moulins) était couvert de bruyères et d’étangs ; le paysan très pauvre n’avait pas pu racheter la terre à ses anciens possesseurs et le métayage était la forme à peu près exclusive de tenure. Etant donné la pauvreté des terres, les grands propriétaires les divisaient en exploitations de 70 à 80 hectares, étendue jugée nécessaire pour faire vivre une famille, A part quelques cultures de seigle et de pommes de terre, la plus grande partie du domaine était consacrée au parcours de moutons. Les maisons en colombage et torchis trahissaient la misère générale. Par contraste avec la Limagne du Sud, on avait donné à cette plaine monotone le nom de Sologne bourbonnaise ». ( Géographie du Plateau central, 1935, p. 222). Le pays s’est beaucoup transformé depuis cette époque et la transformation est l’œuvre des grands propriétaires, grâce à l’amen- dement, au drainage et au comblement des étangs : il produit de nos jours des céréales et des fourrages. Les prairies artificielles qui n’existaient pas ont été développées et les prairies naturelles amé- liorées. On élève aujourd’hui beaucoup de bœufs pour la production de la viande. C’est dans cette contrée déshéritée que Mme Aglaé Adanson vint, sur les conseils de M. Girard de Busson, résidant à Chant enay-Saint-Imbort, se fixer, en 1804, en achetant le domaine de Baleine. Elle fut sans doute une des premières à apporter des amé- liorations agricoles dans la contrée. « Lorsque je vins m’établir dans le pays que j’habite, a-t-elle écrit dans son livre La Maison de Campagne, je ne trouvai que des gens soumis à la plus mauvaise routine. Les ouvriers que j’employais et même mes voisins riaient et me plaisantaient de ce, que j’entreprenais. Plusieurs années se passèrent... Cependant mes jardins, mes prés, mes plantations prospéraient à vue d’œil. Maintenant on ne trouve de bons fruits que ceux provenant de mes greffes, de bons légumes, que ceux que j’ai cultivés et chacun de m’en demander, en me priant d’y joindre des instructions,.. La vue de mes jardins me consolait de tout. La vie à la campagne offre mille avantages. Mais Aglaé Adanson allait rencontrer aussi des difficultés à surmonter. Nous avons déjà parlé du sol presque partout ingrat. Le climat de la plaine bourbonnaise est rigoureux et ne se prête guère à l’acclimatation des végétaux méridionaux. Il fallut donc faire un tri parmi ceux qu’elle se proposait de cultiver. C’est un climat continental assez rude qui tient à la fois du cli- mat Charolais et du climat auvergnat. Bien que les montagnes du Plateau central soient assez éloignées, leur influence se fait sçntir, surtout dans les vallées comme celle de l’Ailier, car ce sont aux basses altitudes que les plus grands froids sévissent. On a constaté à Moulins certains hivers des froids de ■ — 20° et même — 27° ; les froids hivernaux de — 13° sont fréquents. Le Pin maritime, qui a succombé en Sologne pendant l’hiver 1879-1880, a résisté cepen- dant aux hivers du Bourbonnais. En mai la température se relève brusquement ; alors surviennent des orages fréquents. Les étés sont souvent très chauds et secs et certains arbres, s’ils étaient plantés isolés, ne résisteraient pas à la sécheresse, La forêt vierge 494 — artificielle constituée à Baleine crée certainement un microclimat et un complexe biologique très particulier qui permet aux essences de lutter à la fois contre les froids rigoureux, contre le vent et contre la sécheresse, car même en été le sol est imprégné d’humi- dité et l’état hygrométrique sous la voûte forestière est toujours voisin de la saturation ; la température est toujours assez tem- pérée. Cependant à Moulins, l’amplitude est de 17°6 entre janvier (2°) et juillet (19°6) ; la moyenne des pluies à Moulins pour vingt années est de 694 mm., alors que dans le S. du département, elle atteint et dépasse sur les collines 800 mm. Mme Adanson s’était rendu compte dès 1836 dé la rigueur de certains hivers à Baleine. Des arbres et des arbustes qui avaient parfaitement réussi à passer les hivers dehors, les premières années, finirent par succomber ou dépérir, en particulier le Laurier-tin, le Bibassier du Japon, l’Olivier, le Buddleia, le Fuchsia coccinea, le Cobæa scandens, le Ligustrum japonicum, le Melia azedarach, etc. L’ Hortensia qui fleurissait, ne fleurit plus. , « Depuis quinze ans, écrit-elle, j’ai vu disparaître peu à peu toutes ces plantes sans qu’aucune tentative pour les cultiver au pied d’un bon mur de pierre ait jamais pu réussir. Mon jardin est bien moins frappé par la gelée que tout ce qui m’entoure et cepen- dant beaucoup de mes plantes succombent par le froid. Si j’ai cessé de pouvoir conserver les plantes susdites, c’est que depuis vingt ans les hivers sont plus longs, plus froids et que cela va tou- jours croissant. Bientôt la température du Centre de la France où je suis sera celle du Nord. Aussi je pressens dans l’avenir de grands déboires pour les amateurs de collections. » Mme Adanson exagé- rait certainement. Les hivers rigoureux ne surviennent habituelle- ment qu’à longs intervalles et au début de ses acclimatations elle avait sans doute eu la chance de n’avoir que des hivers bénins. Il y a sans doute eu bien des éliminations causées les unes par le froid des grands hivers, les autres par la chaleur, ou la sécheresse des étés très chauds, mais le nombre des espèces qui ont résisté à de nombreuses années d’essais et qui semblent bien adaptées au climat bourbonnais est plus grand qu’on aurait pu le supposer à priori. 1. — Les origines du Parc et son développement DE 1807 A 1852. Sitôt fixée à Baleine, Mme Adanson (Catherine-Aglaé) se préoc- cupa d’aménager la propriété et d’y créer des jardins et un parc. On indique généralement 1805 comme point de départ de celui-ci, mais, selon Lassimonne, la plus grande partie n’aurait été plantée qu’en 1817. En 1825, le parc avait déjà assez d’allure pour qu’elle 495 dressât le catalogue des espèces qui y étaient cultivées. Près de 800 espèces et variétés d’arbres et d’arbustes sont déjà énumé- rées. Elle se donna avec passion à ces plantations. Son père, le grand botaniste Michel Adanson (1727-1806) avait rêvé toute sa vie d’avoir un grand jardin botanique qu’il aurait planté à sa guise, suivant sa méthode naturelle. Au Sénégal, encore adolescent, il avait été chargé du Jardin de la Compagnie des Indes. De retour en France, il fut attaché, sur la recommandation du duc d’Ayen au jardin arboretum de Trianon, créé par Louis XV. Plus tard, le duc de Choiseul songea à l’envoyer à la Guyane où il aurait pu créer un jardin botanique. Evincé de Trianon en 1772, ii crut un moment qu’il allait obtenir la place de Buffon au Jardin royal de Paris. Mais ce furent toujours des illusions. Aglaé allait, après la mort de son père, réaliser son rêve. Mais les affinités botaniques des végétaux ne l’intéressaient point. Elle aimait les plantes simplement et n’avait point de prétentions scien- tifiques. Elle sût trouver un emplacement convenable pour en cultiver le plus grand nombre. Ce n’est pas auprès des botanistes qu’elle alla chercher des renseignements mais, plus pratique que son père, c’est à des horticulteurs expérimentés qu’elle s’adressa et en outre elle fit elle-même des essais, mettant sans cesse, comme elle le conseille aux dames qui veulent vivre à la campagne, la main ù la pâte. Nous savons peu de choses sur sa vie. Née à Paris en 1775, elle avait 17 ans lorsque sa mère l’emmena en Angleterre sous la Révo- lution. Elle rentra en France deux ou trois ans après. Jolie femme, pleine de talents, elle eût de hautes relations dans la capitale sous le Directoire, le Consulat et le début de l’Empire. Mariée à Jean- Baptiste Doumet elle en eût deux fils : Emile-Auguste et Paul- Anacharsis. Brusquement en 1804, elle renonce à la vie parisienne où elle est pourtant adulée et achète le domaine de Baleine com- prenant quelques centaines d’hectares de terres alors médiocres : bois, prés, labours. Désormais et jusqu’à sa mort, survenue en 1852, elle va consacrer tout son temps à ses fermes qu’elle amé- liore, à ses jardins et surtout à son parc. Elle nous a laissé un tableau charmant de la vie qu’elle mène dans le Bourbonnais dans son livre La Maison de Campagne, écrit d’un style alerte et qui eût six édi- tions. ' 5 Son petit-fils Paul-Napoléon Doumet-Adanson raconte en ces termes la création du parc : « Vers le commencement de ce siècle, une femme d’intelligence, de savoir et d’énergie se dérobant spon- tanément, quoique jeune encore, aux séductions trompeuses de la vie mondaine, se fixait en Bourdonnais dans sa terre de Baleine. Tenant de son père, Michel Adanson, un goût prononcé pour les Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 32 496 études botaniques, passionnée pour la culture des arbres et des plantes, elle entreprit la création d’un parc d’expérience, où jus- qu’au dernier jour de sa vie, elle ne cessa de réunir et d’observer toutes les espèces exotiques ou indigènes susceptibles de vivre sous le climat du centre de la France. Il y a 37 ans qu’Aglaé Adanson (Madame Doumet) n’est plus de ce monde, mais son œuvre lui a survécu et ses héritiers recueillent aujourd’hui le fruit de ses tra- vaux et de ses essais de naturalisations 1 ». Lorsque la plantation du parc débuta, il n’existait encore aucun livre français, en dehors des publications anciennes d’Olivier de Serres (une édition annotée est de 1804), de Duhamel du Mon- ceau, puis de René Le Berriays renseignant sur les arbres exo- tiques à cultiver en France 2, mais dès la fin du xvme siècle, on s’adonnait avec un grand engouement' en France et en Angleterre à l’acclimatation de ces arbres en Europe occidentale. Michaux, père et fils, avaient fait connaître un grand nombre d’Arbres d’Amé- rique du Nord dont les graines et les jeunes plants commençaient à se vendre dans le commerce. L’une des maisons françaises d’horticulture les plus renommées au début du xixe siècle pour la vente de jeunes arbres était celle fondée aux portes de'Paris par Jacques-Martin Cels, qui fut membre de l’Institut. A sa mort, survenue en 1806, son fils François Cels, supprima les pépinières d’arbres fruitiers mais développa la culture des végétaux de serre et de plein air et il contribua à répandre en France le goût des plantations d’arbres exotiques dans les parcs3. François Cels fut le principal fournisseur de Mme Adanson en végétaux exotiques. « J’avais pour lui, a-t-elle écrit, une prédilection. Il a tout fait pour encourager l’accïimatèment des plantes conservées jusqu’alors sans discernement dans les serres et par le seul motif de main- tenir rares et chères des espèces qui se seraient répandues sans ce calcul. M. Cels a favorisé et stimulé mon goût pour l’horticulture. Sans lui peut-être je ne m’y serais pas adonnée. Reconnaissance à sa mémoire ». Elle eût la main très heureuse dans le choix de l’emplacement du parc. C’est vraiment le seul endroit de la propriété de Baleine qui convenait pour une telle destination4. Le sol y est riche et profond et repose sur une couche d’argile imperméable de sorte 1. Conférence à la Société d’ Horticulture de Nevers, le 8 décembre 1888. 2. L’ouvrage de René Desfontaines : Histoire des Arbres et Arbrisseaux qui peu- vent être cultivés en pleine terre sur le sol de la France est de 1809. 3. VeNtenat. Le Jardin de J. M. Cels, Paris, 1800. — Le Texnier. Une famille de jardiniers : les Cels. Broch. in-12, (Bibl. Mus. 180, 428). 4. Cependant Aglaé avait remarqué aussi sur sa propriété, sur le domaine de La Paire un autre endroit tourbeux, dont le sol eut convenu également (Renseignement de M. H.-M. de Roequigny.). — 497 que l’eau existe en profondeur en toute saison* Ce devait être alors un bois marécageux. Peut-être existait-il aussi des étangs que l’on assécha. Un bois de Chêne pédonculé, mélangé à du Charme, du Bouleau, des Tilleuls, du Frêne, des Ormes et de l’Aune devait occuper le terrain. La propriétaire ne se contenta pas d’acheter des plants ou des graines et de diriger les travaux. Elle nous apprend que souvent c’était elle qui plantait et bouturait. Elle fit creuser des fossés profonds et des douves pour drainer le sol. Elle eût le bon goût de laisser subsister les arbres indigènes les plus remarquables : Chênes, Ormes, etc. Quelques-uns des vieux arbres qui subsistent de nos jours sont sans doute antérieurs à la plantation. Du reste tous les arbres indigènes du Bourbonnais (Tilleuls, Frênes, Châtaigniers, Hêtres, Charmes, Ormes, Peupliers, etc.) se mélangent harmo- nieusement, dans le parc, aux essences introduites. - Son livre La Maison à la Campagne fourmille d’observations judicieuses qui montrent que rien ne lui échappait. C’est ainsi qu’elle raconte qu’elle fit dans ses bois des taillis de Chêne (Quer- cus pedunculata), le seul qui soit spontané dans la région. Elle semait les glands en planches sur du terreau et repiquait la deuxième année. « Cette opération, écrit-elle, n’est pas plus longue que celle d’un semis en rayons et pas un de mes Chênes ne manque... On se deman- dera pourquoi je plante à deux pieds de distance. C’est parce que plus le plant est serré, plus il s’élève promptement et c’est le seul moyen d’avoir de beaux sujets bien filés. On éclaircit facilement ensuite. Je ne puis engager les planteurs en grand à suivre ma méthode justifiée par l’expérience ; que du moins ceux qui forment des parcs la mettent en pratique. Ils s’en trouveront bien. » A l’article Rhododendron , elle indique comment il faut cultiver ces arbustes. « On les propage de marcotte, de greffe par approche ou dé semis. Les semis se font avec des graines fraîchement récoltées que l’on sème en pots avec de la terre de bruyère tamisée... A la seconde année les jeunes Rhododendrons sont bons à mettre en place et donnent des variétés nouvelles et même des sortes à fleurs doubles. Les Azalées se multiplient de la même manière (de graines) et plus aisément de marcottes... Je n’ose pas dire qu’on peut les greffer, car maintenant on abuse tellement de ce procédé calculateur qu’on ôte entièrement aux acheteurs la possibilité de multiplier chez eux les variétés qu’ils paient pourtant si cher. Ces greffes durent peu, végètent faiblement et sont perchées àu plus haut possible pour l’espèce en sorte qu’il faut racheter et toujours racheter. Alors on renonce aux collections de ce genre... De même pour les Rosiers. On doit faire tous ses efforts pour multiplier les variétés que l’on 498 possède greffées, par marcottes ou par boutures, en les essayant de toute façon, en toutes saisons et dans des situations différentes ; quelques espèces sont rebelles, les autres s’enracinent à la longue. » Elle conseillait aussi de faire de nombreux semis de toutes sortes afin d’obtenir de nouvelles variétés. Elle tenait des registres de travaux d’agriculture où étaient , consignées toutes les opérations journalières faites aux champs et aux jardins. Dès 1825, le Parc dont Madame Adanson nous a laissé un cata- logue renfermait environ 800 espèces ou variétés d’arbres ou d’ar- bustes exotiques. On ne sait pas si ce nombre s’accrut beaucoup par la suite,' mais il n’est pas douteux que jusqu’à sa mort, surve- nue en 1852, elle continua à enrichir ses collections. II. — La vie du parc de 1852 a 1944. L’entreprise à laquelle Aglaé Adanson avait consacré sa vie lui survit depuis bientôt un siècle. Quatre générations de descendants ont donné leurs soins à l’em- bellissement du Parc. Le fils cadet, Paul-Anacharsis Doumet (1800-1880), qui avait passé presque toute sa vie auprès de sa mère et était resté céliba- taire, hérita de la propriété de Baleine et continua à entretenir la collection vivante jusqu’à sa mort en 1880 mais on sait peu de choses sur lui. On rapporte que dès son adolescence sa mère lui avait donné une parcelle du parc à entretenir lui-même afin de l’intéresser à sa conservation et à son enrichissement. Il se con- sacra de son mieux à cette mission toute sa vie. A sa mort, le beau domaine passe aux mains d’un petit-fils d’Aglaé, Paul-Napoléon Doumet, conml ensuite sous le nom de Doumet- Adanson, la chan- cellerie lui ayant permis d’ajouter à son nom celui de son illustre aïeul. Paul-Napoléon était fils unique de l’aîné des enfants d’Aglaé, Emile- Auguste Doumet (1796-1869) qui avait épousé vers 1830 la fille du général Jubé de la Pérelle, nièce de Lacépède. Emile Doumet avait fait une brillante carrière dans l’armée, débutant avec Napoléon Ier dans la campagne de Russie, puis il était monté en grade sous la Restauration et sous Louis-Philippe. En 1848, il prit sa retraite et se fixa à Cette (Sète) où son père Jean-Baptiste- Marie Doumet (1767-1848) venait de s’éteindre. Emile Doumet, nommé maire de Cette en 1849, devint député de l’Hérault peu de temps après. Mais il nous intéresse surtout comme naturaliste et collectionneur. Dès 1816, âgé de vingt ans à peine, par suite de son licenciement de l’armée qui dura quatre ans, il eût des loisirs et les employa à collectionner tout ce qu’il pouvait rencontrer de curieux dans les trois règnes de la nature. Retraité, il consacra 499 une partie de son temps pendant les vingt années qui suivirent à étendre ses collections et à y joindre aussi des objets d’art, des antiquités, des curiosités de toutes sortes, constituant sur une vaste échelle ce que l’on nommait au xvme siècle un « cabinet ». Toutefois il donna la première place à l’histoire naturelle et spé- cialement à la conchyliologie. Il fonda un musée immense, grand bâtiment de 400 pieds de long, musée privé »... Enfin, émule de sa mère, il créa aussi, dans sa propriété de Cette, un jardin botanique, une orangerie et de vastes serres où furent rassemblés dix mille caisses et vases renfermant des plantes de tous les pays et en par- ticulier une série incomparable de Cactées. Aglaé et son fils avaient donc réalisé lé rêve de leur père et grand-père, le vieux naturaliste Adanson. A la mort d’Emile Doumet toutes les collections de Cette pas- sèrent entre les mains de son fils Raoul-Paul-Napoléon. Celui-ci les étendit encore, au cours de voyages qu’il fit à travers la France, en Italie, en Afrique du Nord. Se consacrant de préférence à la bota- nique, à l’ichtyologie et à l’entomologie, il publia quelques notes relatives aux Poissons de la Méditerranée, à des herborisations dans les Cévennes et au Mont Viso et surtout à l’Afrique du Nord. Son ami le botaniste Dr Ernest Cosson l’avait intéressé à l’étude de la flore de l’Algérie et de la Tunisie et il fit d’abord en 1874, puis en 1880-1883 deux ou trois voyages sur les confins du Sahara et en Tunisie. Paul-Napoléon Doumet (Doumet-Adanson) fit ainsi partie en 1883 de la Commission scientifique chargée de l’ex- ploration botanique de la Tunisie. Il avait succédé à son père comme président de la Société d’ Horticulture et d’ Histoire naturelle de l’Hérault. Ayant hérité du domaine de Baleine à la mort de son oncle Ana- charsis, en 1880, il résolut de venir y habiter et d’y transporter tout son musée de Cette,' ainsi que les plantes d’orangerie et de serre. Dès lors les collections vivantes du parc et des jardins de Baleine, ainsi que le musée qui vint rejoindre le vieux cabinet d’AnANsoN qu’Aglaé avait conservé intact (en laissant tous les matériaux dans les meubles où ils étaient du temps de son père avec leur étiquetage), constituèrent un ensemble unique en France. On a écrit que c’était alors la collection d’histoire naturelle fran- çaise la plus riche après celle du Muséum de Paris. Peu à peu elle s’est disloquée, les descendants ayant bien voulu notamment céder à notre Muséum national celles des collections qui offraient un véritable intérêt pour la science. Mais le Parc de Baleine est resté entre les mains de la famille Adanson et a continué à s’enrichir. Paul-Napoléon s’intéressa particulièrement aux arbres. Prési- dent de la Société d’ Horticulture de l’Ailier, puis de la Société d’émulation du Bourbonnais, de la Commission météorologique de l’Ailier, il fut dans sa petite région un véritable animateur pour les sciences naturelles. Fixé à Baleine il se consacra particulièrement à la météorologie locale et à l’étude de l’action du climat sur les arbres exotiques. Pans sa propriété, il donna une grande partie de son temps à l’embellissement du parc et il lui consacra ses ressources. Les notes écrites qu’il a laissées sont malheureusement rares. La notice qu’il a publiée sur le rôle des essences forestières dans le reboisement montre qu’il connaissait particulièrement bien les arbres. Dès son arrivée dans l’Ailier il était entré en rapports avec l’horticulteur- paysagiste Treyve-Marie de Moulins et Yzeure qui lui procura de nombreux arbres et arbustes nouveaux qui sont venus accroître le? plantations du parc de Baleine L Doumet-Adanson avait deux filles dont l’une mourut en bas âge, l’autre, Louise, épousa, vers 1885, M. Guillaume de Roc- quigny descendant d’une vieille famille normande. A la mort de son beau-père, en 1897, celui-ci vint se fixer à Baleine et ajouta à son nom çelui d’AüANSON. Le parc était encore une fois en bonnes mains. Il fut entretenu avec soin et enrichi progressivement de quelques nouveautés. G. de Rocquigny-Adanson s’intéressa du reste aux arbres de la collection. Il publia à partir de 1898, dans le Bulletin scientifique du Bourbonnais, quelques notes sur le genre Adansonia et sur quelques arbres de Baleine qui attirèrent l’attention. Jusqu’à cette époque l’Arboretum de Villeneuve-sur- AHier n’avait pas fait parler de lui. C’est à partir de ce moment que quelques naturalistes s’y intéressèrent. En 1909, la Société dendrologique de France, fondée en 1905, par R. Hickel et par M.-A. Pode s’y rendit en excursion et dans le compte-rendu, elle fit mention des arbres les plus beaux de « ces riches collections, remarquables entre toutes par l’âge et le développement magni- fique des arbres ». Elle y revint encore le 20 juillet 1912 à l’occa- sion du Congrès de l’Arbre et de l’eau, qui tint l’une de ses sessions à Moulins, attiré par les collections des établissements Treyve et par le parc de Baleine. Les membres de la Société d’émulation du Bourbonnais le visitèrent aussi à la même époque. Cette riche col- lection dJ arbres exotiques centenaires avait déjà acquis en 1914, chez les dendrologues, une réputation qui allait bientôt s’étendre au-delà de nos frontières. G. de Rocquigny-Adanson mourut en 1904 ; il avait une fille et deux fils, l’un, François, est mort pour la France en 1915, l’aîné, Hugues-Michel, entra en possession, du domaine de Baleine en 1914, mais il s’en occupait déjà en 1908 ; le parc était resté indivis 1. Les établissements Treyve ont été et sont encore parmi les plus importants intro- ducteurs d’arbres et d’arbustes exotiques en France. On sait que c’est à eux qu’est due la plantation du Parc de l’établissement Thermal de Vichy. — 501 — de 1904 à 1914. Le comte H.-M. de Rocquigny-Adanson aidé de ses trois fils, Michel, Guillaume et François, veille avec dévotion à la conservation du magnifique joyau que lui ont légué ses aïeux. Cette conservation n’est pas une sinécure. Il faut entretenir les allées et les pelouses, faire ça et là des éclaircies judicieuses dans le fouillis de végétation, certaines espèces, souvent les moins inté- ressantes menaçant de tout envahir. Il faut refaire périodiquement les fossés et les clôtures ; il faut aussi entretenir des pépinières et faire de temps en temps l’achat de nouvelles espèces. Il faut mettre les jeunes arbres à l’abri des dévastations que peut causer le gibier. Les naturalistes et les dendrologues trouvent constamment à Baleine l’accueil le plus courtois, mais Baleine est aussi parfois visité par des vandales qu’il faut surveiller pour les empêcher de mutiler les arbres et de razzier des gerbes de fleurs. Espérons que désormais le parc, avec l’aide de l’Etat, sera à l’abri de toutes dépré- dations. III. — Le parc de Baleine au poinc de vue scientifique. Si l’on en excepte les parcs annexés à quelques jardins botaniques (Muséum de Paris, Montpellier, Dijon, Nantes, Angers, Caen, etc.), tous de faible étendue, Baleine est la collection d’arbres exotiques la plus ancienne et la plus étendue que nous possédions en France 1. Grâce à son ancienneté, il a pu s’y faire pendant les 130 années de son existence une sélection remarquable d’arbres introduits ; ceux qui ont survécu depuis tant d’années et qui se reproduisent peuvent être considérés comme bien acclimatés. Il est à remarquer que certains y prospèrent mieux et y sont plus beaux q‘ue dans leur pays d’origine. Par suite des changements profonds dans le climat survenus au quaternaire, la répartition actuelle des espèces végé- tales en Europe est telle que certaines, le Pin sylvestre par exemple, ont disparu de contrées où elles existaient antérieurement et où elles peuvent vivre aujourd’hui si on les y réintroduit. D’autres espèces originaires de contrées lointaines peuvent être acèlimatées en des points du globe où elles n’ont jamais vécu, pourvu que la 1. Le parc de Verrières (Vilmorin-Andrieux) a été planté entre 1815 et 18.20 mais il est de faible étendue ; l’Arboretum des Barres, dans le Loiret, a été commencé par Ph. André de Vilmorin en 1823 et cédé à l’Etat en 1866 ; le Fruticetum de la même localité date de 1896. L’Arboretum A. Lavallée à Segrez, près Arpaj on, créé à partir de 1857 a disparu depuis longtemps. L’Arboretum de la Maulévrie, près Angers, fondé par G. Allard en 1882, devenu propriété de l’Institut Pasteur, ne couvre que 4 hec- tares. La collection d’arbres exotiques réunie par Dode à partir de 1907, aux Thiollets par Jaligny (Allier), sur des terrains esearpés, est très dispersée et son avenir est incer- tain. Enfin, F Arboretum de Pezanin, dans les montagnes du Charolais, à 50 km. à l’E. de Baleine, créé paT Ph. de Vilmorin en 1907, et passé aux mains de l’Etat vers 1925, situé presque sous le climat de Baleine mais à 400 m. d’altitude, est aussi une belle réalisation, mais il est postérieur de cent ans à Baleine et une partie de ses arbres ont eu beaucoup à souffrir des derniers hivers rigoureux. 502 — climatologie de ces points ne soit pas trop différente- dé -celle des lieux d’origine. Comme l’a montré A. de Candolle dans sa Géo- graphie botanique raisonnée, l’aire des espèces n’est pas fixe. Dans leur répartition actuelle, 'des causes antérieures biogéographiques ou géologiques ont joué un grand rôle. Aussi de nos jours, une espèce peut être spontanée, en des endroits moins favorables à sa prospérité que dans d’autres où elle manque et où l’homme peut l’introduire. Aussi l’acclimatation est-elle appelée à devenir une véritable science capable de modifier la couverture végétale du globe. Les premières expériences* d’acclimatation d’arbres comme celles de Baleine offrent un immense intérêt et doivent être étudiées de près. Dans une publication récente 1, le savant dendrologue A. Hickel après avoir écrit qu’il avait recherché en vain dans les domaines de Denainvilliers et du Monceau, près Pithiviers, les arbres exo- tiques qui y avaient été plantés à la fin du xvme siècle par le célèbre agronome naturaliste Duhamel du Monceau ajoutait : « ... Quels enseignements on eût pu tirer de ces expériences si les sujets nous avaient été conservés. C’est hélas trop souvent le sort des expériences entreprises par des particuliers. Trop rare- ment se manifeste en effet de génération en génération l’esprit de suite nécessaire à la poursuite de ces expériences et on doit s’esti- mer heureux quand de semblables créations passent aux mains de l’Etat, comme les Barres, ou d’établissements impérissables comme l’ Institut Pasteur, l’Académie d’ Agriculture, etc. Et encore pour- rait-on objecter que les plantations d’exotiques faites par les Michaux dans les forêts domaniales ou les parcs nationaux n’ont guère eu un sort meilleur que celles faites par Duhamel ». Ce qui donne un intérêt plus grand encore aux plantations de Baleine, c’est qu’elles furent faites dès l’origine par une femme- naturaliste qui avait le génie de l’acclimatation, qui sut mettre chaque espèce à la place qui lui convenait et fit un groupement remarquablement coordonné pour que les végétaux les plus divers ainsi groupés tirent des bénéfices réciproques de leur agencement. L’ensemble de l’Arboretum forme aujourd’hui un complexe biolo- gique aussi stable qu’une association naturelle. Un grand nombre d’espèces s’y réensemencent d’elles-mêmes sur les places libres quand on supprime des individus gênants, ou qu’ils s’éliminent d’eux-mêmes par les ouragans ou par sénilité. En pratiquant des éclaircies judicieuses comme on l’a fait jusqu’à ce jour, on main- tient le complexe dans un état de prospérité tel qu’on dirait ert vérité un coin de forêt vierge absolument harmonique et stable- Ce n’est pas le côté le moins original de ce groupement végétal,. 1. Bull. Soc. Dendrol. France, 1921, p. 17-18. — 503 artificiel à l’origine, et qui a pris à la longue l’apparence d’une for- mation naturelle. Voici donc une association artificielle aussi stable qu’une association climatique finale. Il faut admettre avec Palm- gren que sur un terrain libre, sans soins particuliers, des espèces innombrables d’origines diverses, groupées sous un climat qui leur convient, en tenant compte du tempérament de chacune peuvent vivre en association et prospérer également bien. En un mot, comme l’a soutenu D. Hayata, à propos du Mont Fugi dont la végétation, détruite par une éruption volcanique, se reconstitua différente quelques années plus tard, c’est le hasard qui règle la distribution des plantes en association 1. Les phytogéographes devront donc réviser l’idée qu’ils se font de l’association végétale et renoncer à cette nomenclature étrange dans laquelle une espèce sert de chef de file à d’autres, dites caractéristiques, dominantes, etc.) qui seraient là parce qu’elles doivent y être. En réalité, c’est le hasard ,,et souvent l’intervention humaine qui sont des facteurs au moins aussi importants que le climat pour maintenir en leur état les associations végétales. Quand elles évoluent, c’est souvent aussi le hasard qui en décide. Mais dans tous les cas, l’homme en inter- venant peut jouer un rôle décisif. La sociologie végétale pour être une science doit devenir expérimentale. L’arboretum quand il est dirigé par des personnes ayant l’esprit d’observation comme Aglaé Adanson et ses successeurs devient une expérience d’une grande portée scientifique, surtout si l’expérience est suivie pendant plus d’un siècle comme c’est le cas actuel. Un naturaliste qui prendrait comme sujet de recherches l’étude détaillée de l’association végétale réalisée à Baleine, en examinant sur le terrain pendant des mois toutes les espèces qui composent ce remarquable complexe végétal et qui analyserait tous les fac- teurs dont il est la résultante apporterait sûrement de précieux éclaircissements à la phytosociologie. Une tâche préalable est à. accomplir : c’est l’identification de toutes les espèces et variétés qui composent cette belle collection, tâche délicate car à part une centaine d’arbres ou d’arbustes éti- quetés et relevés sur le plan, les autres ne portent aucune appella- tion. Le botaniste qui voudra s’atteler à ce travail aura une besogne ardue à remplir car sur une grande partie du parc c’est un fouillis désordonné d’espèces diverses. On peut donner le chiffre très appro- ximatif de 1.000 ou 1.200 espèces et variétés vivant ainsi en mélange. En 1825, Mme Adanson en comptait déjà 800 (y compris 1. Hayata renferme dans ce mot hasard tout un groupe de causes que, dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons pas étudier indépendamment une par une et que par conséquent nous sommes obligés de considérer collectivement comme une entité (Hickel : Succession des espèces végétales au Mont Fugi (Bull. Soc. Dendrol., 15 mai 1931, p. 33). — 504 — les indigènes). Certaines ont pu disparaître mais un assez grand nombre d’autres ont été introduites depuis, notamment des Coni- fères et les arbustes d’ornement. Enumérer ici les espèces les plus remarquables qui existent d’après les catalogues, serait un travail fastidieux. Il faut tout d’abord réviser les noms et donner de chaque individu remarquable une détermination exacte. Ce travail sera long, mais il est indispensable. Il sera du reste intéressant pour le botaniste qui l’entreprendra car il y a de grandes probabilités pour qu’il découvre quelques espèces et variétés inédites et des hybrides nouveaux qui ont dû se produire spontanément entre espèces du même genre vivant les unes près des autres. Sur la plupart des arbres ordinairement très sains, pleins de vigueur, fleurissant et fructifiant presque tous chaque année, il pourra faire quantité d’observations biologiques neuves. A notre avis, le mieux pour faire cet inventaire sera de donner à chaque arbre et arbuste un numéro d’ordre et de reporter ce numéro sur un plan à grande échelle. Puis au fur et à mesure des floraisons et des fructifications on ferait un herbier de specimens se rappor- tant aux divers numéros. Ces specimens déposés à l’Herbier du Muséum de Paris pourraient y être identifiés par des spécialistes. Les parties les plus intéressantes du parc pourraient en outre être photographiées ou filmées à diverses époques de l’année. Une collection aussi précieuse et aussi riche en plantes vivantes est appelée à fournir dans l’avenir, quand elle sera bien étiquetée, des matériaux de toutes sortes pour la recherche scientifique. IV. — Le Parc de Baeeine comme site. La principale attraction du Parc de Baleine au point de vue touristique est la variété et la beauté de sa végétation aux diverses époques de l’année. Bans cette Sologne bourbonnaise, au paysage si monotone, on est surpris, dès qu’on a franchi la cour du château et dépassé les douves, de voir surgir ce massif verdoyant d’arbres entremêlés, aux aspects les plus variés dont certains portent leur cime à 30 ou 40 mètres au-dessus du sol. Dans le sous-bois et sur la lisière des clairières habilement ménagées çà et là, se montrent des arbres de plus faible taille, des arbustes et par endroits d’humbles arbris- seaux, ou même des herbes indigènes ou exotiques s’entremêlant dans le plus beau désordre et au printemps formant des mosaïques multicolores. On a vraiment l’illusion d’une forêt vierge tropicale en miniature. Par la présence de Conifères et de feuillus entremêlés, v par l’association d’arbres et d’arbustes les uns à feuilles caduques, les autres à aiguilles ou à feuilles persistantes du type laurier ou troène, on se croirait transporté dans la forêt primitive des mon- tagnes du Nord de l’Indochine ou du Sud de la Chine. Il n’y manque que les épiphytes et les lianes, et encore par endroits des Glycines escaladent la cime des arbres, des Smilax ou des Clématites et des Passiflores grimpent sur les buissons. La physionomie du parc change à chaque saison et c’est un cons- tant renouveau. Au premier printemps, lorsque la plupart des arbres n’ont pas encore repris leurs feuilles, le sol jonché par endroits de cônes de pins s’émaille de fleurs indigènes ou exotiques (car il existe aussi beaucoup de plantes herbacées naturalisées) qui parent le sous-bois. Puis en mai les Chênes, d’espèces variées, les bouleaux, les frênes, les juglandacées, etc... épanouissent leurs jeunes feuilles mordorées. Vers la fin de mai c’est une orgie de fleurs : Rhododendrons et Azalées aux variétés innombrables, aux fleurs somptueuses, de coloris variés, forment un décor féérique. Il faut voir aussi le parc en été par les journées chaudes lorsque la voûte des arbres aux feuilles coloriées en vert de tous les tons projette un frais ombrage sur le sol, tout en permettant encore à quelques fleurs du sous- bois, tels les cyclamens, d’épanouir leurs jolies fleurs. L’atmosphère est lourde et humide comme dans une forêt vierge tropicale, A l’ au- tomne, c’est encore un nouveau changement de décor. Les feuilles avant leur chute prennent les coloris les\plus rutilants depuis les jaunes et les ocres les plus divers jusqu’au pourpre des Chênes d’Amérique ; les Conifères avec leur silhouette sombre ou glauque tranchent sur cet ensemble où s’entremêlent l’or et le pourpre. Puis à l’approche de l’hiver, les feuilles tombent, des fruits de toutes sortes jonchent le sol. Ils seront le point de départ de semis de plantules qui feront leur apparition au printemps suivant. On peut aussi en toute saison admirer le port altier de certains arbres : les beaux cèdres centenaires, les séquoias géants, les chênes robustes, les flèches élancées de certains Abiès, les beaux pins Laricio de Corse et ceux de Calabre ou d’Autriche, le Blue Pine de l’ Himalaya, le magnifique Pseudotsuga Douglasi d’Amérique, enfin une foule d’autres arbres remarquables que nous ne sommes pas habitués à rencontrer dans les parcs en France. V. — Les enseignements pratiques du Parc de Baleine RELATIFS A la SYLVICULTURE. Ce n’est pas seulement au point de vue scientifique et esthétique que le Parc de Baleine nous intéresse. Une expérience méthodique d’acclimatation d’arbres exotiques qui se poursuit depuis 130 ans constitue un'e chose très rare sinon unique en France. Par l’examen des arbres qui ont survécu depuis l’origine ou qui ont été plantés — 506 — postérieurement et parmi lesquels certains ont pris un splendide développement, on peut se rendre compte des mérites des diverses espèces étrangères implantées chez nous comme essences de reboi- sement, ou comme sources de bois d’œuvre ou de bois de feu. On peut juger de leur rusticité et de la rapidité de leur développement, du moins sur des sols analogues à celui de Baleine et sous un climat comparable à celui de la plaine bourbonnaise. 0,n peut enfin y récolter des graines pour répandre ces essences. Il ne s’agit pas de substituer partout de nouvelles essences à nos arbres indigènes dont certains comme les Chênes, les Hêtres, les Frênes, les Ormes, les Pins et Sapins donnent des bois qui nous sont indispensables. Mais parmi les arbres exotiques acclimatés à Baleine, il en est qui se sont montrés complètement rustiques, résistant aux hivers les plus rigoureux, fournissant aussi des bois de qualité et croissant parfois plus rapidement que les espèces indigènes. Baleine nous fournit à cet égard de précieux enseigne- ments. Certes il existe en France d’autres Arboretums, en parti- culier ceux des Barres (Loiret), de Verrières et Grignon (Seine-et- Oise), d’Harcourt (Eure), de la Maulévrie (Maine-et-Loire), de Geneste et de Catros (Gironde), de Pezanin (Saône-et-Loire), mais aucun n’a l’ancienneté de Baleine et ne présente un mélange aussi grand de beaux arbres. M. Doumet-Adanson énumérait déjà en 1888 les données pra- tiques que l’on pouvait à cette époque tirer du Parc de Baleine. Pour réagir contre la déforestation, il conseillait de recourir à des essences exotiques qui, tout en donnant de bons produits, croissent plus rapidement que ne le font nos essences indigènes et raccourcissent ainsi le délai que nécessitent celles-ci pour acquérir le développement suffisant pour que leur exploitation soit avanta- geuse. On ne doit pas naturellement planter n’importe quelle essence. Il faut être très circonspect. Dans de nombreux essais tentés sur des arbres étrangers, beaucoup qui avaient paru donner les plus grandes espérances durant une longue période ont fini par succom- ber à des hivers trop rigoureux, exceptionnels peut-être, mais qui pourtant peuvent se produire de temps à autre. Tels sont les Cèdres du Liban, de l’Atlas et de l’ Himalaya, les Pins Laricio et maritime ; n’oublions pas que ces derniers qui couvraient déjà d’immenses espaces en Sologne, ont été anéantis par l’hiver de 1879-80, tandis que le Pin noir d’Autriche n’en a nullement souffert. Et M. Doumet-Adanson énumérait une longue liste d’arbres exotiques qui avaient déjà fait leurs preuves à Baleine en 1888, c’est-à-dire environ 70 ans après leur plantation et qui subsistent de nos jours, âgés parfois de 120 ou 130 ans, ayant atteint un splen- dide développement. Nous reproduisons ci-après, presque textuellement, les rensei- gnements que M. Doumet-Adanson donne sur les espèces qui semblaient déjà très intéressantes de son temps. « Parmi les nombreuses espèces originaires de l’Amérique du Nord, des hautes vallées de P Himalaya et du Caucase, de l’Asie- Mineure et de certaines contrées montagneuses de l’Europe, il en est beaucoup dont les expériences entreprises en France, en Angle- terre et en Allemagne, et les deux hivers exceptionnellement rigou- reux subis depuis vingt ans, ont prouvé la complète rusticité sous notre climat du centre. « L’Amérique du Nord nous offre les plus précieux des Conifères : le Pinus tæda ou Pin d’encens, le P. rigida, qui sont appropriés à presque toutes les natures du sol et fournissent une grande partie des bois américains connus sous le nom de Pitch pin, ils pourront avantageusement remplacer le Pin maritime et le Pin Laricio dans les grandes plantations du centre de la France, fis prendront place à côté du Pin noir d’Autriche et du Pin sylvestre qui donnent des bois de moins bonne qualité. « Le Pin du Lord Weymouth (P. Sirobus) depuis longtemps si répandu dans les cultures d’agrément, essence précieuse pour les terrains un peu bas et marécageux, est doué d’une rectitude de tige et d’une rapidité de croissance que l’on ne retrouve que chez cer- taines espèces de Sapins. Si son bois est peut-être plus léger et plus tendre que celui des autres Pins, la régularité de ses couches ligneuses doit le faire apprécier pour la menuiserie ; c’est lui qui fournit aux Américains la plus grande quantité de la résine et de l’essence de térébenthine qu’ils expédient en Europe. La plantation du P. Stro- bus, soit en grandes masses, soit en mélange dans les bois, serait aussi des plus avantageuses. « Les forêts de la Californie et du Canada contiennent les plus beaux sapins connus. L’un des plus précieux est sans contredit le Sapin de Douglas (Abies Douglasi ou Pseudo-tsuga Douglasi), dont le bois porte aussi le nom de Pitch pin. Cet arbre magnifique, d’une rare élégance de port et de feuillage, qui atteint dans son pays 100 mètres de haut et 10 à 12 de circonférence de tronc, est d’une rusticité absolue sous notre climat où il croît en outre avec une rapidité qui lui fait dépasser en quelques années tous ses voisins, même les plus vigoureux. Nous pourrions montrer des Abies Dou- glasi ayant atteint 18 mètres de hauteur en quinze à seize ans, bien que plantés isolément et n’étant pas conséquemment forcés de s’élever rapidement pour chercher l’air au milieu de leurs voi- sins; C’est, à notre avis, le plus recommandable de tous les Sapins pour opérer un reboisement rapide et, à ce titre, il est bien préfé- rable à son compatriote américain le Sapin du Canada (Hemlock Spruce) et surtout au Séquoia gigantea : le géant du règne végétal. Le premier, arbre de» plus élégants et des plus rustiques, est loin de croître aussi rapidement et d’atteindre les mêmes proportions en Europe ; le second, dont il existe en Californie des specimens de 120 mètres de haut et de 30 mètres de circonférence de tronc, n’a pas encore suffisamment fait ses preuves chez nous pour que l’on puisse apprécier avec certitude sa valeur comme arbre forestier ou comme producteur de bois d’œuvre. « Parmi les Conifères américains* l’un des plus précieux en vue de la culture industrielle, bien qu’il n’atteigne pas les grandes propor- tions des Pins et des Sapins, est sans contredit le Génévrier de Virginie, longtemps désigné dans les catalogues sous le nom de Cèdre de Virginie, quoiqu’il n’offre aucun des caractères du genre Cèdre. Arbre élégant, tant par son feuillage et par son port pyra- midal, que par ses petites et nombreuses baies d’un bleu d’azur, le Juniperus Virginiana ne s’élève jamais à plus de 12 à 13 mètres avec un tronc d’environ un mètre de circonférence ; il croît facile- ment dans tous les sols, se resème abondamment de lui-même et produit un bois coloré en rouge violet, odoriférant, d’un grain doux, serré et fin, susceptible d’un beau poli, ce qui le fait employer à la confection des crayons et le rendrait précieux pour la bimbe- loterie, l’ébénisterie et la marqueterie. On ne saurait trop en recom- mander la plantation en mélange dans les reboisements. « C’est encore l’Amérique du Nord qui nous fournira l’un des plus beaux arbres de la tribu des Cupressinées, le Cyprès chauve ou Cyprès de la Louisiane, Taxodium distichum . Ce beau Conifère, au port robuste et majestueux, peut s’élever à 30 mètres et acquérir 3 à 4 mètres de circonférence de tronc en moins d’un siècle, ce qui ne l’empêche pas de fournir un bois dur et de belle qualité. Spéciale- ment adapté aux terrains frais, humides et marécageux, le Cyprès chauve est précieux pour les bords des rivières dont il fixe les berges mieux que les estacades, en implantant jusque dans l’eau ses puissantes racines qui produisent des nodosités en forme de genoux, sortes de grosses bornes qui neutralisent l’action érosive des crues et des courants. N’aurait-il que cette propriété, cet arbre éminemment rustique devrait être l’objet d’importantes planta- tions de la part des propriétaires de bords de rivières. -« Pour ne pas quitter la tribu des Conifères, nous passerons sur l’ancien continent où nous trouverons aussi plusieurs espèces par- ticulièrement recommandables. C’est d’abord Y Abies Nordman- niarta, grand et bel arbre du Caucase et de la Crimée. Puis, Y Abies Cilicica des montagnes de l’Asie-Mineure, qui ne le cède en rien au précédent. L’un et l’autre sont bien supérieurs, comme rapidité de croissance, au Sapin argenté ou Sapin de Normandie. « Enfin, nous appellerons l’attention sur une espèce de moins grande dimension regardée jusqu’à présent comme un pur arbre — 509 — .d’ornement. C’est le Pinsapo (Abies pimapo), Sapin à feuillage robuste et piquant, à rameaux rigides et serrés, découvert par Boissier, en 1837, il y a 107 ans, dans la Sierra Morrena d’Espagne. Le Pinsapo croît relativement avec lenteur et n’atteint guère que 18 à 20 mètres d’élévation, mais si son mérite est contestable au point de vue forestier, bien qu’il ait l’avantage de prospérer dans des sols pierreux et calcaires où ne viennent pas bien les autres Sapins, en raison de sa tendance à buissonner, nous le croyons appelé à rendre des services en plantations serrées comme clôtures et entourages, et bien supérieur pour cet usage à l’Epicea et même à la Sapinette bleue que l’on a quelquefois soumis à la taille au ciseau pour en former des haies toujours vertes, « Passant maintenant aux arbres à feuilles caduques, les espèces étrangères nous fourniront encore bien plus de ressources que les Conifères. « Ne citons que pour mémoire les Platanes d’Orient et d’Occi- dent, qui atteignent de si belles proportions sur nos cours et nos promenades et le long des routes, le Robinia, improprement appelé Acacia au lieu de faux Acacia, les Peupliers de Caroline et de Vir- ginie, le Marronnier d’Inde, cet ornement des squares et des jardins, tous arbres trop connus pour que nous insistions sur leurs mérites. « Sans sortir de l’ancien continent, ni de la région du Caucase, nous aurons à signaler le Pterocarya Caucasica, vigoureuse essence qui croît de préférence dans les terrains humides et dont les racines formant dans l’eau une épaisse chevelure, fixent définitivement les berges des rivières. A part cette faculté qui doit le recommander tout particulièrement, le Pterocarya donne une ramure abondante et se multiplie de lui-même par ses nombreux rejetons qui forment bientôt un vrai bois autour du pied mère. « C’est encore cependant à l’Amérique du Nord que nous pourrons demander les espèces les plus nombreuses et les plus méritantes pour la reconstitution rapide de nos forêts. Ses Ormes, ses Tilleuls, ses Erables, les Tulipiers, les Liquidambar, les Nyssa, sont tous des arbres de la plus haute valeur et qui s’accommodent merveilleuse- ment de notre climat du Centre où ils atteignent promptement de grandes proportions. Mais c’est surtout dans les genres Noyer et Chêne que nous trouverons le plus de ressources. Parmi les pre- miers, nous citerons les Carya alba, C. porcina, C. olivæformis, C. amara, C. obcordata:, et autres, les Juglans cinerea, ou cathartica et J. nigra, comme propres à former de splendides arbres en bien moins de temps que nos espèces indigènes. Leur bois dur, dense et susceptible de prendre un beau poli, sera précieux pour l’ébé- nisterie et la construction. Une expérience que nous avons faite récemment, et que nous nous proposons de poursuivre, nous porte à croire que certains Noyers américains, notamment le Juglans nigra, coupés périodiquement, fourniraient un abondant et bon bois de chauffage. « Bien plus nombreuse encore que celle des Noyers est la tribu des Chênes américains, grands et beaux arbres qui se font distin- guer entre tous à l’automne par leur ample feuillage varié de forme > et teinté des plus belles couleurs, rouge cramoisi, rouge brun ou jaune d’or. Sans vouloir en énumérer toutes les espèces importées depuis la fin du siècle dernier, nous citerons parmi les plus propres à former de belles futaies ou de productifs taillis, le Chêne blanc (Quercus alba), le Chêne rouge ( Q . rubra) et ses nombreuses varié- tés, le Chêne des teinturiers ou Quercitron (S. tinctoria). le Chêne de Catesby (Q. Catesbei), les divers Chênes à feuilles de saule (Q. Phellos), le Q. cinerea, etc., le Chêne des marais (Q. palustris) et ses diverses formes, le Chêne cocciné (Q. coccinea), le Chêne à grandes feuilles (Q. macrophylla) dont les feuilles ont parfois 35 cen- timètres de long. Tous aussi estimables par leur rusticité éprouvée, la qualité et la dureté de leur bois, leur grande vigueur, ils ont l’avantage de croître dans nos pays au moins le double plus vite que nos espèces indigènes. « Nous pourrions montrer à l’appui, des Q. alba, rubra et palustris qui, en un demi-siècle, ont atteint 20 à 25 mètres d’élévation et de 2 à 3 mètres de circonférence, c’est-à-dire les proportions ordinaires des Chênes indigènes de cent à cent-cinquante ans d’âge. » (M. Doumet-Adanson. — L’utilité des arbres et le rôle des essences étrangères dans le reboisement. Conférence faite le 8 décembre 1888 à la Société d’ Horticulture de Moulins). Broch. in-8°, 15 p. Moulins, imprime- rie E. Auclaire, 1889). Depuis que ces notes ont été écrites, cinquante années, se sont encore écoulées. Quelques hivers rigoureux sont survenus, notam- ment ceux de 1913-14, 1916-17, 1917-1918, 1928-29, 1939-40, 1940-41. Quelques arbres sont morts de vieillesse ou par accident, d’autres aujourd’hui remplacés ont été renversés par les ouragans. Un grand nombre persistent toujours et seraient en âge d’être exploités, mais le propriétaire désintéressé préfère, et nous l’en louons ! les laisser debout afin qu’ils finissent, comme les arbres de la forêt vierge, de leur belle mort. Un petit nombre seulement - — les moins intéressants — ont été coupés pour dégager certaines portions du parc et faire de la place pour les autres. En 1932, M. Lassimonne qui a dressé un plan du parc sur lequel sont repérés les arbres les plus intéressants a publié un tableau donnant la circonférence à 1 mètre au-dessus du sol et la hauteur des plus remarquables. Il en donne aussi l’accroissement à dix années d’intervalle. Nous reproduisons ci-après le tableau. — 511 Dimensions en 1922 et 1933 de quelques arbres les plus REMARQUABLES DU PARC DE BALEINE. Circonférence à 1 m. au-dessus du sol : en 1922 en 1933 haut1 en 1922 Taxodium distichum 4 m. 28 4 m. 53 31 m. 40 Cedrus Libani. . . 3 m. 10 3 m. 27 25 m. 50 Séquoia gigantea, à la base 7 m. 70 7 m. 80 32 àl m 4 m. 90 5 m. 22 Liquidambar stiraciflora , . . 2 m. 53 40 m. 50 Nyssa aquatica . . 2 m. 05 29 Liriodendron tulipifera 2 m. 28 39 m. 2S Cunninghamia sinensis 22 Pinus excelsa (Pin de l’Himalaya) . . ' au moins 20 Cryptomeria japonica 10 à 15 m. Les arbres exotiques introduits ont encore un autre avantage sur lequel on a peu attiré l’attention. Généralement ils sont venus chez nous sans leurs parasites aussi ont-ils moins à souffrir que les indigènes des insectes nuisibles et des maladies cryptogamiques. Le Robinier faux-acacia souffre des insectes dans son pays, en Europe il prospère admirablement. Les châtaigniers d’Extrême- Orient résistent à la Maladie de l’encre, qui décime le Châtaignier indigène, enfin pour que nos bonnes variétés de Noyers résistent à la maladie du pus et se mettent à fruits très précocement, il faut les greffer sur le Juglans nigra d’Amérique. Presque tous les arbres que l’on plante aujourd’hui sur nos places publiques et nos avenues sont des arbres exotiques : les Cedrela, Paulownia, Pterocarya, Robiniers monophylles. Enfin Baleine peut fournir un enseignement précieux à ceux qui voudront créer de nouveaux parcs ou embellir nos jardins publics. « Combien de personnes, écrivait Dode (qui a créé lui aussi une belle plantation d’arbres exotiques dans l’Ailier depuis 1925), savent qu’on peut, au milieu de la France, se créer un parc toujours vert et d’aspect tropical, en ajoutant des végétaux nouveaux ou peu connus à certains déjà répandus ». Il est du plus grand intérêt ajoutait-il en 1937, de tout introduire, de tout cultiver, de tout essayer. Malheureusement la plupart des possesseurs actuels de parcs, insuffisamment instruits, se contentent pour leurs plantations de quelques essences banales qu’ils achètent en série aux horticulteurs. Combien il serait à tous égards plus intéressant de chercher à créer çà et là à travers la France, de nouvelles collections d’arbres, ana- logues à celle de Baleine. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 33 — 512 — Conclusions. Nous croyons avoir montré dans les pages qui précèdent le grand intérêt des collections végétales rassemblées depuis bientôt un siècle et demi, par les descendants du grand botaniste Adanson dans leur propriété de Baleine. Placées désormais sous la sauve- garde de l’Etat et confiées pour la surveillance scientifique au Muséum national d’ Histoire Naturelle qui est sans nul doute l’or- ganisme français le mieux qualifié pour en comprendre tout l’in- térêt et pour aider au besoin le propriétaire dans sa conservation, elles sont assurées — nous l’espérons du moins — de la pérennité qui a manqué jusqu’à ce jour à la plupart des arboretums privés. Qu’il nous soit permis de souhaiter aussi que d’autres proprié- taires de beaux parcs d’arbres exotiques (il en existe quelques-uns en diverses régions de la France, imitent le comte H.-M. de Roc- quigny-Adanson et en demandent le classement. Les études den- drologiques illustrèrent autrefois un grand nombre de Français éminents : les Jussieu, Duhamel du Monceau, Thouin et René Desfontaines, les Vilmorin, Carrière, Mathieu, Allard, Lavallée, Hickel, Pardé et beaucoup d’autres que je ne puis citer. Espérons que la science dendrologique qui comporte tant d’applications retrouvera bientôt un renouveau dans notre pays et les Arboretums comme celui de Baleine aideront à la guider. \ ; BIBLIOGRAPHIE relative au parc de Baleine. Adanson (Mme Aglaé-Catherine). Catalogue des arbres, arbrisseaux, arbustes et plantes vivaces, cultivés en pleine terre à Baleine, près Mou- lins. Vol. in-12, 128 p., Paris, Audot, 1825. — La Maison de Campagne, lre éd., 3 vol. in-12, Paris, Audot, 1822. ; 2e éd., 2 vol., 1825 ; 3e éd., 2 vol., 1825 ; 4e éd., 2 vol., 1836 ; 5e éd., 2 vol., 1845 ; 6® éd., 2 vol., 1852. Cet ouvrage contient en appendice le Catalogue des arbres cultivés à Baleine et il en a été fait des tirés à part. Anonyme. Visite au Parc de Baleine. Bull. Soc. Dendrologique de Francey III (1908), p. 236. — Excursion à Baleine. Bull. Soc. Dendrol. France, VII (1912), p. 199-200. Bertboumieü (Abbé V.). Le Parc de Baleine. Bull. Soc. Emul. Bourbon- nais, Moulins, année 1912, p. 286-289. Chevalier (Aug.). Michel Adanson Voyageur, naturaliste et philosophe. Vol. in-12, 1934. Paris, Larose, édit, Doumét-Adanson (Paul Napoléon), Notes météorologiques sur Baleine, Rev. scient. Bourbonnais. — 513 - — L’utilité des arbres et le rôle des essences étrangères dans le reboisement (Conférence faite le 8 décembre 1888 à la Société d 'Horticulture de Moulins. Broch. in 8°, 15 p. Moulins, Imprimerie E. Auclaire, 1889). Lassimonne (S.-E.). Compte. rendu d’une excursion à Baleine. Rev. Scient. Bourbonnais, année 1932, p. 80-81. — Plan du Parc de Baleine. Ms. (Archives du Château de Baleine). Rocquigny-Adanson (G. de). Notes sur le Juglans nigra. Rev. Scient. Bourbonnais, année 1900, p 25-27 ; 1901, p. 14-18 et 251. — Le Pinus Pinaster et P. excelsa, Ibid., 1902, p. 203. — Note sur le Séquoia gigantea. Ibid., 1903, p. 81. - — ■ Le Taxodium distichum du Parc de Baleine. Ibid., p. 3-15 et p. 103. Progrès de l’Ailier, n° du 23 mai 1944 (Une commission interministérielle a visité le Parc de Baleine à Villeneuve). Paris-Centre, quotidien régional de Nevers, n° du 24 mai 1944 (Voyage au Pays de la féerie par J. V. R.). Bulletin, de la Société dendrologique de France (N° 1, 1907, au n° 101, 1937, le dernier paru). . , l Étude anatomique du genre Sarcosperma Hook. f . ( Sarcospermacées ) . Par F. Chesnais. Le genre Sarcosperma Hook f. primitivement rangé dans la famille des Sapotacées a plusieurs fois soulevé les doutes et les hésitations des botanistes quant à sa véritable place ; Pierre puis Dubard le considérèrent comme un genre aberrant, enfin, H.-J. Lam exclut ce genre de la famille des Sapotacées et en fit le type de la famille nouvelle des Sarcospermacées h Nous avons recherché ce que l’ana- tomie pouvait apporter à l’appui de cette manière de voir ; nous avons étudié deux espèces : S. tonkinense H. Lee. et S. arboreum Hook. f. Nous décrirons d’abord l’anatomie de la tige et de la feuille de S. tonkinense H. Lee. 1° Tige : a) Tige jeune de 3 mm. de diamètre (coupe transversale) . — L’épiderme, pourvu dé lenticelles, est constitué de cellules à paroi extérieure convexe de 20 p de haut et 17 p de large ; sous cet épiderme vient un anneau liégeux de 60 p d’épaisseur, puis l’assise subéio-phellodermique. Le parenchyme cortical a 240 p d’épaisseur ; des cellules scléreuses y sont disséminées irrégulièrement (long. 20 p, larg. 10 p) ; sous ce parenchyme vient une gaine de fibres de 30 p d’épaisseur, puis l’anneau libérien de 110 p de large ; il existe quelques fibres intra-libériennes de 17 p de diam. ; l’assise génératrice libéro-ligneuse est sans caractère particulier ; le bois est dis- posé en anneau de 200 p de large env. ; le parenchyme médullaire est formé de cellules de 30 p de diamètre séparées les unes des autres par des méats étroits et régulièrement triangulaires 4e 8 p de côté ; dans ce parenchyme sont disséminées des cellules scléreuses à lumière, arrondies ou ellipsoïdales de 10 p à 30 p de diam., à paroi assez épaisse (8 p). b) Anatomie du bois d’un rameau de 6 mm. de diamètre. — Sur les coupes transversales, les vaisseaux sont disposés en fdes radiales de 2, 3, 7 ; les cloisons séparant 2 vaisseaux sont fréquemment horizontales et non obliques ; la lumière des vaisseaux est soit isodiamétrique, soit très aplatie (diam. moy. 60 p) ; on compte 100 à 120 vaisseaux par mm2 ; les parois vasculaires ont 4 p d’épaisseur, les bandes de parenchyme ligneux et de fibres ont de 40 à 60 p de largeur ; les fibres sont réparties en zones paral- lèles et plus ou moins ondulées de 30 à 60 p de large, limitées par des cellules de parenchyme ligneux en assises unicellul aires, les fibres ont 17 p~ de diam. et des parois épaisses de 6,7 p ; les cellules de parenchyme ligneux 1. Lam (H.-J.). The Sapotaceæ, Sarcospermaceæ and Boerglagellaceæ of the Dutch East Indies, etc... Bul. Jard. bot. Buit., s. III ; vol. VII ; 1925, pp. 4-5. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 515 ont également 17 p de diam. moy. et des parois épaisses de 2 p. Les rayons médullaires sont uni- ou bisériés; ils sont formés de cellules rectangulaires ou polygonales allongées, de 40-60 p X 10 p ; les parois portent des perfo- rations arrondies n’excédant pas 2 p de diam. Les coupes tangentielles présentent des rayons médullaires au nombre de 12 à'13 par mm. de lon- Sarcosperma tonkinense H. Lee. — 1, coupe transversale de la tige : a, épiderme ; b, liège ; c, assise génératrice subérophellodermique ; d, parenchyme cortical ; e, ilôts scléreux ; /, gaine de fibres ; g, liber ; h, bois ; i, parenchyme médullaire ; /, cellules scléreuses ; k, laticifères ( X 100) ; 2, coupe transversale du bois ( X 150) ; 3, coupe longitudinale tangentielle du bois ( X 60) ; 4, coupe initiale du pétiole (X 15) ; 5, coupe médiane (X 15) ; 6, coupe caractéristique (X 15) ; 7, coupe transversale du limbe ( X 250) ; 8, épiderme supérieur de la feuille vu de face ( X 300) ; 9, épiderme inférieur de la feuille vu de face ( X 300). gueur variable uni- ou bisériés, le même rayon réunissant les deux dispositions ; les rayons unisériés ont 160, 400, 700 p de long ; les layons bisériés 700, 1.900, 2.700 p ; enfin, lorsque les parties uni- et Jbisériées se combinent, les rayons peuvent atteindre une très grande 516 — longueur (3.300 fi) ; les rayons unisériés les plus courts sont formés de 2 à 3 cellules ; les cellules terminales sont en forme de pointe ogivale allongée de 50 p. de long et 10 p de large ; dans les rayons bisériés, la partie bisériée de 20 à 30 p de largeur est occupée soit par 2 cellules polygonales, soit par une seule, de largeur double ; ces rayor s sont également terminés par une cellule en forme d’ogive plus ou moins allongée ; les rayoï'S qui sont à la fois uni- et bisériés présentent des étranglements courts (170 p) complètement unisériés dans lesquels les cellules sont allongées longitudi- nalement (20 p X 40 p) ; les parois des cellules des rayons portent des per- forations n’excédant pas 2 p de diam. Les cellules de parenchyme ligneux sont rectangulaires et allongées (80-150 p X 10 p), les parois, épaisses de 2 p, portent des perforations de 2 p de diam. Les vaisseaux sont imparfaits et formés de segments terminés obliquement : chaque segment peut avoir 1.900 p de long ; les cloisons obliques ont 70 p de long. env. Les vaisseaux de 60 p de diam. moy. portent des perforations disposées sur des lignes obliques et parallèles ; chaque ponctuation a 2 à 4 p de long., parfois 10 p, lorsque deux ponctuations se réunissent ; ces ponctuations sont entourées d’une aréole ovalaire. Les cloisons obliques portent des épaisissements scalariformes de 3, 4 p de large et 40 p de long. ; dans les vaisseaux à lumière plus petite (30-40 p) les ponctuations sont plus larges et non aréolées (8 p) ou beaucoup plus larges (20 p X 10 p). Sur les coupes longi- tudinales radiales, les cellules des rayons médullaires sont rectangulaires (20 p X 50 p) avec des parois épaisses de 2 p. * 2° Feuille : a) Pétiole. — Les coupes de la base ou initiales ont une forme de croissant très fermé (dim. moy. 2,5 mm. X 2,5 mm.) ; l’arc cribro-vasculaire est également en forme de croissant, fréquemment asymétrique (diam. axial : 1 mm. ; diam. transversal : 1,5 mm.). Cet arc est constitué de massifs libéro-ligneux triangulaires ou allongés au nombre de 11 à 1^2 pour les coupes initiales ; le liber extérieurement à chacun des massifs réalise une bordure à peu près continue ; les extrémités de l’arc se recourbent plus ou moins à l’intérieur de la région médullaire ; chacun des massifs libéro- ligneux est bordé intérieurement par un tissu dont les cellules ont les parois plus ou moins scléfifiées. Il n’existe pas de laticifères dans le parenchyme cortical ni dans le parenchyme médullaire. , Les coupes médianes ont un contour plus arrondi ; le croissant est très fermé, mais il subsiste un sillon médian à la face supérieure du pétiole de 0,5 mm. d’ouverture ; l’arc cribro-vasculaire s’arrondit également mais présente au sommet une dépression correspondant au sillon du pétiole l’arc, à ce niveau, est entouré d’une gaine de slérenchyme ; les coupes ont 1,5 mm. de diam. axial et 1,75 mm. de diam. transversal ; l’arc a 1 mm. de diam. axial et 1,25 mm. de diam. transversal ; les extrémités de l’arc ont pénétré à l’intérieur de la région médullaire et se sont détachés, devenant ainsi des massifs libéro-ligneux intra-médullaires au nombre de 4 à 5. A l’intérieur de la région péridesmique existent des cellules sclé- reuses à parois peu épaisses. Les coupes caractéristiques s’allongent beaucoup dans le sens de leur diamètre axial (diam. axial 2,25 mm., diam. transversal 1,75 mm.) et prennent la forme d’un Y fermé; la gaine de fibres /est moins difîé— j-' i renciée que dans les coupes médianes ; l’arc est moins arrondi et en forme d’U ; les massifs libéro-ligneux intra-péridesmiques ont repris sensiblement la même disposition que dans les coupes initiales ; des faisceaux nervaires s’individualisent à l’extrémité des branches de l’U. b) Limbe. — Le limbe est épais de 0,15 mm. L’épiderme supérieur est formé de cellules plates (12 p) fortement cutinisées, puis viennent une assise de cellules de “tissu palissadigue de 25 p de haut et 10 p de large, puis une assise de cellules non franchement palissadiques (20 p X 12 p) et quatre assises de cellules de forme irrégulière mais sans lacunes entre elles, à parois un peu ondulées (dim. moy. 20 p X 17 p) et enfin l’épiderme inférieur un peu moins cutinisé que l’épiderme supérieur, à cellules épaisses de 12 p ; les stomates ont 20 à 25 p de largeur ; ils s’ouvrent par une ostiole de 6 p de large, bordée de forts épaisissements et enfoncée de 2 à 5 p. Les cellules des épidermes et du mésophylle sont plus ou moins richement pourvues de corpuscules de latex. L’épiderme supérieur examiné de face présente des cellules le plus fréquemment quadrangulaires, rectangulaires (40 p X 18 p) ou carrées (25 p X 25 p), quelquefois pentagonales ; les parois sont légèrement ondulées et assez épaisses (2 p). L’épiderme inférieur a des cellules de forme à peu près analogue à celles de l’épiderme supérieur ; les stomates ont 20 à 28 p de long et 18 p de large ; l’ostiole est assez large (6 p X 12 p) ; généralement le stomate est flanqué de deux cellules compagnes disposées longitudinalement et sépa- rées par deux cloisons courtes situées dans le prolongement de son grand axe (4-12 p) mais ces cloisons peuvent ne pas exister, le stomate est alors directement attaché aux parois des cellules compagnes. L’anatomie de la tige de S. Arboreum Hook f. ne présente pas de différence de structure notable avec celle de S. tonkinense H. Lee. Cependant, les laticifères sont très abondants et disséminés dans le parenchyme cortical et le parenchyme médullaire ; en outre le parenchyme médullaire des tiges ne présente pas de méats trian- gulaires aussi nets que dans le S. tonkinense et il est sclérifié sur presque toute sa surface. Le S. arboreum Hook f . possède des poils en navette sessiles à la face externe des sépales et sur le pédoncule floral ; ces poils de 140 p de long et 20 p de haut sont complètement dépourvus de pédicelle. A la surface des tiges existent des poils en navette, soit plus ou moins malformés et courts (30 p), soit à deux branches inégales, l’une très longue (140 p), l’autre plus courte (10-40 p). Enfin, dans les deux espèces, nous avons effectué des coupes transversales de la tige à la naissance d’une insertion pétiolaire 1 ; ces coupes permettent de connaître l’origine du système vasculaire du pétiole : chez les Sarcospermacées, l’arc pétiolaire définitif est le 1. Nous exprimons au Service de M. le Prof. H. Humbert tous nos remerciements pour l’amabilité avec laquelle les échantillons nécessaires nous ont été procurés. — 518 — résultat du développement d’urj.e unique ébauche qui prend nais- sance sur le cylindre central de la tige. Les caractères anatomiques principaux du genre Sarcosperma sont : . 1° en ce qui concerne la tige : la présence de laticifères ; la pré- sence de poils en navette analogues à ceux des Sapotacées ; la grande hauteur des rayons médullaires du bois ; la disposition en fdes radiales des vaisseaux. 2° En ce qui concerne la feuille : la formation du système vas- culaire du pétiole à partir d’un seul arc primitif comme chez les Ebénacées au lieu de trois chez les Sapotacées ; la non continuité des éléments constitutifs de l’arc vasculaire du pétiole à l’initiale ; les épidermes du limbe à cellules quadrangulaires souvent aussi larges que longues ; les stomates maintenus par deux cloisons diamétrales courtes qui peuvent ne pas exister. Par la non continuité de l’arc vasculaire du pétiole à l’initiale, le genre Sarcosperma se distingue immédiatement d’une Sapo- tacêe. En outre, ce genre témoigne des affinités pour les Ebénacées en ce qui concerne les épidermes des feuilles, la structure des rayons médullaires du bois et la structure des ébauches de l’arc pétio- laire : cet arc est unique chez les Ebénacées et les Sarcospermacées alors qu’il en existe trois à l’origine qui se fusionnent ensuite chez les Sapotacées. Cependant, Sarcospermacées et Sapotacées sont pourvues de laticifères et de cellules à latex disséminées dans presque tous les parenchymes et elles possèdent en outre des poils en navette. Ces caractères communs prouvent que ces deux familles sont très voisines. D’autre part, le fait que la famille des Sarcospermacées témoigne des affinités plus marquées pour les Ebénacées qu’une Sapotacée quelconque tend à prouver, en supposant ces deux der- nières familles de souche commune, que les Sarcospermacées cons- tituent une famille relativement ancienne par rapport aux Sapo- tacées. v Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum. 1 Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales (suite et fin). Par J. Arènes. Grex X Microchætæ J. Ar., loc. cit., p. 39. X Centaurea intermedia J. Ar., loc. cit., pp. 42-44, nom nud. — [Ci Jacea ssp. pectinatisquama C. nigra ssp. nemoralis (Jd.)] J. Ar. Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm: altus, ramis erectis vel erecto- patentibus. Folia caulina superiora laie ovata , integra vel denticulata ; media inferioraque lanceolata, usque 20 cm. longa , in petiolum cire. 8 cm. longum extenuata, integra denticulata vel sinuato-dentata. Calathidia in apice ramorum singularia, foliis superioribus suffulta, pedunculo paulum incras- sato, periclinio ovoideo basi rotundato. Periclinii bracteæ cirides, appendici- bus omnino vel fere omnino obtectæ ; appendices fulvæ, externæ mediæque longe ciliatæ, erectæ, applicatæ vel extus ziz arcuatæ ; appendicum discus lanceolatus, intus glaber, extus rb pubescens ; cilia tenuiter plumosa, 4; sinuosa, quam disci latitudo bis-quater tanto longiora, aliqua bifurca vel ramosa. Corollæ exteriores tubulosæ haud radiantes. Achenia cire. 3 mm. longa, pubescentia, pallide griseo-fuscescentia vel pallide fusca, brevi vel brevissimo inchoato pappo coronata, partim abortiva, + numerose sterilia ; pappi sætæ inæquales, longissimæ 1/6 achenii attingentes. Pollen imper- fectum, irregulare, partim abortivum. Hab. — Seine-et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches derrière les verre- ries, inter parentes ! (leg. J. Arènes ; septembre 1937). Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de France, n° 252. — Herbar. norm. Cynar., n° 2087. X Centaurea Charrieri J. Ar. in Cent, sous-sect. Eu-Jac. Boiss., pp. 42-43, emend. — C. angustifolia ssp. fimbriata C. nigra ssp. nemoralis. — C. serotina Bor. C. nemoralis Jd. — X C. Char- rieri J. Ar. et X C. vendeana J. Ar. olim, loc. cit., pp. 42 à 44 [( C . angustif. ssp. fimbriata C . nigra ssp. nemoralis et C. angustif. ssp. semifimbriata C. nigra ssp. nemor. J. Ar. olim, loc. cif.)]. Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm. altus, ramis patentibus vel erecto-patentibus. Folia caulina superiora sessilia, ovata oblonga vel lanceo- lata, integra vel i laxe denticulata, interdum basi auriculata ; media sessilia, oblonga vel lanceolata, integra vel denticulata, raro sinuato - dentata vel sinuato-lobata ; infer iora i date lanceolata, integra vel subintegra, in 1. Cf. Bull. Mus., 2e s., t. XV, pp. 343-455 ; t. XVI, p. 196. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 520 — petiolum dz longe extenuata. Calathidia in apice remorum singularia, foliis superioribus suffulta, pedunculo distinctissime incrassato, periclinio ovoideo basi subattenuato v:l rotundato. Periclinii bracteæ virides appendi- cibus omnino vel haud omnino obtectæ ; appendices erecto-applicatæ vel inter dum apice extus dz arcuatæ, fuscæ, internissimæ denticulatæ vel irre- gulariter et dz profunde dentatæ incisæve, mediæ inferioresque vel omnino ciliatæ, vel basi fimbriatæ et ad apicem ciliatæ, vel omnino fimbriatæ fimbriis in formam ciliorum tenuium dz sinuosorum simplicium bifurcorumve productis ; appendices haud ciliatæ intus glabræ extus saltemque ab basim dz pubescentes ; finibriæ tenuiter plumosæ dz longæ ; appendices ciliatarum discus lanceolatus ad subor bicularem intus glaber extus dz pubescens ; cilia tenuiter plumosa, dz sinuosa, quam latitudo disci bis-quater tanto longiora, aliqua bifurca vel ramosa. Corollæ exteriores radiantes. Achenia cire. 3 mm. longa, dz pubescentia, pallide griseo-fuscescentia vel pallide fusca, saltem partim brevi vel brevissimo inchoato pappo coronata, partim abortiva, numerose sterilia ; papi sætæ inæquales, longissimæ 1/6 achenii attingentes. Pollen imperfectum, irregulare, partim abortivum. La distinction des X C. Charrieri et X C. vendeana que j’ai décrits en 1938 reposait sur les caractères des feuilles et la forme du péri- cline ; l’étude de récoltes reçues de Vendée depuis cette époque, la difficulté d’attribuer à certains produits de croisement l’un plu- tôt que l’autre de ces deux binômes, la similitude des variations morphologiques des appendices dans les deux séries, l’analyse enfin de divers exemplaires récoltés inter parentes, .m’ont conduit à revoir mes premiers matériaux et à rapporter au seul C. angus-1 tifolia ssp. fimbriata C . nigra ssp. nemoralis l’ensemble des parts correspondant à mes X C. Charrieri et X C. vendeana primitifs. Dans le X C. Charrieri ainsi modifié, les trois combinaisons fon- damentales répondent aux diagnoses suivantes : Comb. a super-nemoralis J. Ar. comb. nov. Appendices intimæ dentatæ vel ± profunde incisæ, sequentium serierum 1-2 app. fimbriatæ dr profunde incisæ fimbriis basi dz latis longe tenui- terque acuminatis, cæteræ app. ciliatæ ciliis tenuiter plumosis di sinuosis . simplicibus vel apice bifurcis. Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de France, nos 225-237x-238. — Herbar. norm. Cynar., nos 1027, 1050, 1106, 1108, 1901, 1906. Comb. h médians J. Ar. comb. nov. A combinatione super - nemorali differt : serierum inferiorum 2-3 appen- dicibus solis disco integro, ciliatis ciliis basi latioribus minus longis minus tenuibus præter interdum superioribus terminalibus longe sinuoso-filifor- mibus ’ app. mediis ciliato-subfimbriatis disco dz profunde inciso. Exsicc. (Types). — • Herb. de France du Muséum. — Cynar. de France, nos 236-237a-2373 (saltem pro min. parte). 239. — Herbar- norm. Cynar., nos 1105-1107-2060-2061. Comb. c super-fimbriata J. Ar. comb. nov. Appendices intimæ denticulatæ pel zt profunde irregulariterque dentatæ incisævæ ; app. mediæ fimbriatæ, interdum apice ciliatæ ; app. inferiores vel omnino fimbriatæ, vel basi fimbriatæ apice ciliatæ, vel omnino ciliatæ ; cilia basi lata, longa, zt plumosa, sinuosa, apice longe acuminato - fili- formia, simplicia, bifurca vel etiam ramosa; fimbriæ basi zt latæ, simplices vel bifurcæ, tenuiter et zt dense plumosæ, in cilia filiformes plumosa zt sinuosa simplices bifurca vel ramosa productæ. Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de France, n° 2373 (saltem p. p.). — Herbar. norm. Cynar., 1025, 2059, 4156 à 4163. Hab. (du X C . Charrieri sensu lato). * ^^endee . Sengne (juillet, 1935-1936), Ste Radegonde, La Tardière, l’Ile d’Elle (juin, juillet, août 1936), La Châtaigneraie (juillet 1938) [Leg. Charrier]. X Centaurea axonensis J. Ar., , loc. cit., p. 42. — ( C . nigra ssp. _ nigra C. pratensis ssp. microptilon ) J. Ar. — C. nigra L. C. microptilon Gren. Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm. altus, ramosus, ramis erecto- patentibus zt longis. Folia caulina superiora sessilia, oblongo-lanceolata lanceolata vel lanceolato-linearia, integra vel subintegra basi auriculata, suprema quarn periclinium minora ; media inferioraque integra subintegra sinuato- dentata vel pinnatiloba, lanceolata < el lanceolato-linearia, in petio- lum ± longe extenuata. Calathidia in apice ramorum singularia, foliis superioribus suffulta, pedunculo zt incrassato, periclinio biformi nunc ovoi- deo nunc subglobuloso. Periclinii bracteæ virides appendicibus omnino vel haud omnino obtecXæ ; appendices fuscæ vel nigricantes, inferiores mediæque dz longe tenuiterque ciliatæ, extus zt arcuatæ ( el reflexæ; appendicum discus ovatus ad lanceolato - linearem, semper zt longe attenuatus, intus glaber, extus zt pubescens ; cilia tenuiter plumosa, zt sinuosa, quam latitudo disci bis-quater tanto longiora, aliqua bifurca vel ramosa. Corollæ exteriores tubulosæ vel radiantes. Achenia cire. 3 mm. longa, pubescentia, pallide griseo-fuscescentia vel pallide fusca, saltem partim pappo zt longo sætis inæqualibus coronata, partim abortiva, zt numerose seterilia. Pollen imfer- fectum, irregulare, partim abortivum. Hab. — Seine-et-Oise : Valenton (leg. Didier et Arènes, juin- août 1936 ; comb. médians ) ; Noiseau (leg. J. Arènes, août 1936 ; comb. médians ) ; Sucy-en-brie (leg. J. Arènes, juin 1936-1937- 1938-1939 ; comb. super-nigra et médians ; inter parentes !). — Oise (leg. Didier et Arènes, juillet 1935) : Acy-en-Multien (comb. super-nigra). — Aisne (leg. Didier et Arènes, juillet 1935) : forêt de Villers-Cotterets (comb. super-nigra ). — - Gironde (leg. Jean- jean, juin 1928) : Bègle (comb. super-microptilon). Exsicc. (Types). — Herb. France Muséum. — Cynar. de France, n08 242-243-668. - — Herbar. norm. Cynar., nos 472-478-879-958- 1379-1511-1514-1719-2075-2077-2078-2079-2954-2955-4276 à 4278. X Centaurea Nyhuusii Gugler in Cent, des Ungar. nation., p. 218. Yar. Nyhuusiiformis J. Ar. in Cent, s.-sect. Eu-Jac., pp. 41-43. — C. Jacea ssp. eu-Jacea var. genuina s. var. longifolia C. nigra ssp. nigra. A typo difïert : foliis caulinis mediis amplissimis usque 10 cm. ultraque longis. Exsicc. (Typi in Herbar. norm. Cynar.), Nos 326 (comb. super- nigra), 497 (comb. super- Jacea), 2912-2913-2914 (comb. médians). Hab. — Seine : marais de Bonneuil ; friches herbeuses. — Seine- et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches ; inter parentes ! [leg. J. Arènes ; juin 1934, juillet 1935, juin 1938]. — Suède ; leg. Holmgren, juillet 1934 (herb. norm. Cynar., n° 1801). X Centaurea Gerstlaueri (Erdner in Mitt. bayer, bot. Ges.,' I, 425, sub. : C. Jacea L. X C. nigra L.) J. Ar., loc. cit., p. 44. — [C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigra ssp. nemoralis] J. Ar. ; non î [C. Jacea ssp. anguslifolia C. nigra ssp. nemoralis ] Gug. in Cent. Ung. nation., p. 219. Var. Gerstlaueriformis J. Ar., loc. cit., p. 44. — C. Jacea ssp. eu-Jacea^: C. nigra ssp. nemoralis var. pollens. — C. Jacea L. C. consimilis B or. A typo differt : periclinio basi ± araneoso, appendicum disco fulvo oel flavo, ciliis vel fimbriis fulvis flavis vel albo-scariosis quam disci pallidioribus. Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Herb. A. -F. Jeanjean. • — - Cynar. de France, nos 224 (comb. super-nemo- ralis }, 234 (comb. médians). — • Herbar. norm. Cynar., nos 1335- 1341 (comb. super- Jacea), 1048-1326-1328-1337 à 1339-1349-1523- 1885-1900-1902-2064 (comb. super-nem.), 1093-1342-1348-2065 (comb. med.). Hab. — • Gironde : Villenave d’Ornon (leg. Jeanjean, juillet 1936). — Lot-et-Gar. : Aiguillon (leg. Jeanjean, août 1934-1935, juillet 1936). Une question de nomenclature se pose à propos des deux hybrides précédents. Erdner a proposé en 1905 (Mitt. bayer, bot. Ges.) le binôme X C. Gerstlaueri pour les produits de la forme C. Jacea L. X C. nigra L., sans faire intervenir la notion de sous-espèce. Gugler en 1907 ayant distingué au sein de C. Jacea les trois sous- espèces eu-Jacea, jungens et anguslifolia propose (Die Cent, des Ungar. Nationalmus., pp. 218 à 220) le binôme X C. Nyhuusii pour les hybrides (sensu lato) C. Jacea ssp. eu-Jacea X C. nigra ssp. eu-nigra. Bien que ce concept ne soit pas conforme aux règles de la nomenclature et pour éviter des complications de synonymies, je l’ai admis (Les Cent, de la S.-Sect. Eu-Jaceæ Boiss.) réservant alors le terme de X C. Gerstlaueri pour les autres seuls produits — 523 de croisement connus entre C. Jacea L. (s. lato) et C. nigra L. (s. lato), pour ceux issus de la ssp. nemoralis, pour l’hybride C. Jacea ssp. eu- Jacea X C . nigra ssp. nemoralis envisagé par Gugler ( loc . cit., p. 219, 7e ligne). Quant à l’assimilation, par ce même auteur (loc. cit., p. 219, 8e-9e et 10e lignes), de son hybride C. Jacea ssp. angustifolia X C. nigra ssp. nemoralis au X C. Gerstlaueri Erdner (s. str.), les travaux d’ERDNER, aussi bien que l’étude d’authen- tiques échantillons de X C. Gerstlaueri provenant de la localité classique bavaroise de Marbach, s’y opposent et l’hybride — pré- sumé - — - de Gugler, non encore signalé en France, devra entrer dans le cadre des hybrides dérivés de mon C.. angustifolia Schrk pris pour espèce autonome (Arènes, loc. cit., p. 14) et prendre place à côté du X C. Charrieri. Grex X Vulgaroides J. Ar.,7oc. cit., p. 40. X Centaurea Milliaii J. Ar., loc. cit., p. 45. • — • C. Jacea ssp. semi- pectinata zçî: C. angustifolia ssp. integra var. bracteata. — • C. rusci- nonensis Boiss, y ^ C. bracteata Scop. Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-6 dm. altus, griseo-pubescens subto- mentosus, longe ramosus, ramis erecto-patentibus vel erectis. Folia pubes- centia; caulina superiora mediaque oblongo-lanceolata vel lanceolata, basi auriculata, integra vel denticulata, sessilia vel subsessilia ; suprema ampla plerumque quam calathidia longiora ; inferiora laceolata vel ovato-lanceolata, integra, sinuato-dentàta vel pinnatiloba in petiolum extenuata. Calathidia in apice ramorum singularia, foliis superioribus suffulta, 20-22 mm. longa, pedunculo distincte incrassato, periclinio ovoideo 14-16 mm. lato. Periclinii bracteæ virides appendicibus fuscis fulvis (lavis vel albo-scariosis omnino obtectæ ; serierum inferiorum 1-2 appendices fimbriatæ, haucl applicatæ , fortiter concavæ, inflatæ, sequentium serierum 1-2 app. lacero-incisæ ; app. mediæ latæ, integræ denticulatæ vel incisæ, interdum subcucullatæ, intimæ integræ vel denticulatæ. Corollæ exteriores radiantes. Achenia mihi ignota. Pollen imperfectum, irregulare, partim abortivum. Exsicc. (Type). - — • Herbier Milliat, n° 808. • — - Herbar. norm. Cynar., n° .1017. Hab. — • Hérault : St-Guilhem-le-Désert (leg. J. Milliat, juin 1936) ; à rechercher en France, dans l’aire de la var. bracteata, c’est-à-dire dans les Alpes, la Provence, le Massif Central, les Cévennes, le Midi. X Centaurea Didieri J. Ar. Yar. eu-Didieri J. Ar.. loc. cit.. p. 45. — ■ C. Jacea ssp. eu-Jacea C. pratensis ssp. microptilon var. Grenieri, ■ — - C. Jacea L. C. microptilon Gren. s. str. Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-6 dm. altus, pubescens, ± longe ramosus, ramis erecto-patentibus ^ longis. Folia caulina superiora oblongo- lanceolata vel ± anguste lanceolata, integra, sessilia, basi auriculata ; suprema nunc periclinium æquantia nunc quarn periclinium majora vel minora ; media i anguste lanceolata, integra subintegra sinuato-dentata vel pinnatiloba, in petiolum A longe extenuata. Calathidia in apice ramorum singularia , foliis superioribus suffulta, pedunculo + incrassato, periclinio 11-15 mm. lato, nunc ovoideo basi rotundato, nunc subglobuloso. Periclinii bracteæ virides appendicibus haud omnino obtectæ; appendices fuscæ, i conspicuæ, extus rh arcuatæ vel reflexæ, intimas, intégrés; aut, serierum inferiorum 6-8 appendices distinctæ ciliatæ, sequentium serierum app. fimbriatæ vel laceræ, aut, serierum inferiorum 4-5 app. ciliatæ vel fimbriâtæ vel lacero - subfimbriatæ, sequentium serierum app. laceræ; appendicum ciliatarum discus ovato-lanceolatus, longe attenuatus ; cilia simplicia, basi latiora, quam latitudo disci semel-bis tanto longiora. Corollæ exteriores radiantes veltubulosæ. Achenia cire. 3 mm. longa, pubescentia, pallide griseo- fuscescentia, plerumque epapposa, partim abortiva, ± numerose sterilia. Pollen imperfectum, irregulare, partim abortivum. Exsicc. (Types). - — Herbar. norm. Cynar., nos 2905, 2911, 2921, 2922, 2945, 2948, 2949 (comb. super- Jacea), 1485, 1505, 1509 (comb. super-microptilon), 2903, 2904, 2906, 2907, 2908, 4140 à 4143 (comb. médians). — Herb. de France Muséum. — Cynar. de France, n° 667. Hab. • — Seine-et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches ; inter parentes ! (leg. J. Arènes, juin 1935-1936-1937-1938-1939). ■ — A rechercher en France ainsi que la var. Preissmanni (Hayek) J. Ar., loc. cit. [X C. Preissmanni Hay. — (C. Jacea X macroptilon ) Hay. in Cent. Osterr. Ung., p.. 130]. — C. Jacea ssp. eu-Jacea^. zi. C. pratensis ssp. microptilon var. macroptilon. - — C. Jacea L. s. str. C. ma- croptilon Borbas. Laboratoire de Phanérogamie du Muséum. 525 — ZOOCÉCIDIES NOUVELLES OU PEU CONNUES DE L’AFRIQUE. Par Maurice Peltier. I. — ORDRE DES URTICALES A. — Famille des Ulmacées. 1. — Celtis compressa A. Chev Sur les feuilles, au voisinage des nervures, cécidies visibles sur les deux côtés du limbe. A la face supérieure, la galle se présente sous la forme d’un cône très évasé dont la hauteur n’atteint géné- ralement pas le millimètre pour un diamètre de 2,5 mm. ; il y cor- respond sur l’autre face une pustule hémisphérique de même dia- mètre. La cavité larvaire unique se trouve dans la partie inférieure ; elle est elliptique, son grand axe étant orienté parallèlement au plan du limbe. Cécidozoaire Insecte Origine Côte d’ivoire La structure anatomique peut se résumer ainsi. Sous l’épiderme supérieur légèrement hypertrophié, la partie conique est occupée par un tissu d’éléments sclérenchymateux presque toujours étirés suivant la hauteur de la galle, se raccordant avec une calotte de même nature située à la partie inférieure. Ainsi se trouve démilité un parenchyme parcouru par les faisceaux cribro-vasculaires ; en son centre il est percé de la cavité larvaire protégée par un anneau de sclérenchyme. B. — Famille des Moracées,. 2. — Morus mesozygia Stapf. Feuille repliée suivant la longueur de la nervure principale ou d’une nervure secondaire en gouttière à concavité tournée vers la face supérieure ; l’intérieur est tapissé de nombreux poils. Par endroits, la déformation s’accentue de façon très sensible, consti- tuant ainsi des chambres en nombre variable (de 1 à 5 en général), d’une longueur moyenne de 5 mm., et s’accompagne d’un épaissis- sement du limbe. Cécidozoaire. Insecte Origine Côte d Ivoire Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 6, 1944. 526 3. — Chlorophora regia A. Chev. A la face inférieure des feuilles, cécidie brune globuleuse d’en- viron 2,5 mm. de diamètre, s’insérant sur une nervure ; la partie basale est couverte d’une pubescence courte, mais abondante ; le sommet, glabre, présente une très petite proéminence. La cavité larvaire a la même forme que la galle. En général, en grand nombre sur une même feuille. Cécidozoaire Insecte Origine Dahomey Les assises les plus externes de la cécidie — y compris l’épiderme — sont sclérifiées ; la partie interne, au contraire, se compose d’élé- ments cellulosiques au milieu desquels circulent les vaisseaux ; les couches limitant la cavité sont différenciées en tissu nourrissier. 4. Antiaris (Kerstingii Engl. ?) . Feuille entièrement déformée et rendue méconnaissable ; elle est transformée en un amas de cécidies ; dans chaque cavité se trouvent un ou plusieurs parasites. Cécidozoaire Psyllide Origine Côte d’ivoire 5. — * Antiaris Kerstingii Engl. Cécidie sphérique d’environ 4 mm. de diamètre visible sur les deux faces du limbe et partagée par ce dernier en deux hémisphères. La cavité larvaire également sphérique est située à la partie supé- rieure. Cécidozoaire Insecte Origine ' Dahomey Anatomie banale : il n’y a pas de zone sclérifiée, mais seulement un parenchyme homogène parcouru par des éléments conduc- teurs. 6. — Antiaris toxicaria Lesch. var. africana Sc. Eli. Limbe foliaire présentant un enroulement marginal d’environ 3 /4 de tour vers le bas et légèrement épaissi. Cécidozoaire Acarien Origine Côte d’ivoire 7. — Antiaris toxicaria Lesch. var. africana Sc. Eli. Cécidie hypophylle globuleuse, atteignant 2,5 mm. de diamètre ; cavité larvaire ellipsoïdale unique. Assez souvent, de telles galles sont groupées par 3 à 5. 527 — Cécidozoaire Insecte Origine • Côte d' Ivoire Sous chacun des deux épidermes, il existe une. bandelette de sclérenchyme enserrant le parenchyme gallaire ; celui-ci renferme les faisceaux cribro-vasculaires, puis un cadre sclérenchymateux à l’intérieur duquel se trouve le tissu nourrissier limitant la cavité du parasite. 8. — Ficus macrosperma Warb, Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique longue- ment pédonculée, d’un diamètre de 3,5 mm. (le pédoncule mesure approximativement deux f 5is le diamètre de la galle). Cavité lar- vaire sphérique. Cécidozoaire Blastophaga sp. Origine Dahomey Du point de vue anatomique, la paroi gallaire se décompose en deux régions, l’une externe sclérifiée, l’autre interne cellulosique. » 9. — Ficus capensis Thunb. Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique moyenne- ment pédonculée^ de 2 mm. de diamètre (le pédoncule atteint en longueur le diamètre de la galle). Cavité larvaire sphérique. Cécidozoaire Blastophaga sp. Origine Chari 10. — Ficus eriobothyroides Kunth et Bouché. Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie subsphérique ses- sile sur le réceptacle, d’un diamètre pouvant atteindre 6 mm. Cavité larvaire sphérique. Cécidozoaire Blastophaga sp. Origine.. Côte d'ivoire 11. Ficus sagittifolia Warb. Cécidie subsphérique visible sur les deux faces du limbe, d’une feuille, au voisinage d’une nervure, d’environ 3 mm. de diamètre. Cavité larvaire ellipsoïdale, à la partie inférieure. Cécidozoaire Insecte Origine Guinée Le tissu nourrissier qui limite la chambre larvaire est entouré d’une épaisse zone de sclérenchyme qui vient jusqu’au contact de l’épiderme inférieur. 12. — Ficus variifolia Warb. Pustules saillantes situées sur la face supérieure d’une feuille, Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 34 — 528 — et ouvertes à l’autre face ; le diamètre moyen des cécidies est de 2 mm., mais en général, elles sont groupées en grand nombre, ren- dant le limbe difforme. Cécidozoaire Arthropode Origine Guinée 13. — Ficus Leprieuri Miq. Cécidie visible sur les deux faces d’une feuille, en forme de cylindre de 4 mm. de diamètre pour une hauteur de 3 mm., la galle est deux fois plus saillante à la face supérieure qui contient une cavité lar- vaire sphérique. Cécidozoaire Insecte Origine Côte d’ivoire L'a masse principale est formée d’un parenchyme, cellulosique ; seule la zone voisine du tissu nourrissier bordant la cavité est diffé- renciée en sclérenchyme. 14. — Ficus punctata Lamk. Cécidie sphérique visible sur les deux faces du limbe, d’environ 7 mm. de diamètre. Cavité larvaire sphérique. Cécidozoaire Insecte Origine. . , ............... Gabon Anatomie comparable à celle de la galle précédente. 15. — Ficus Vogeliaïla Miq. Bord d’une feuille déformé de façon irrégulière et en général déprimé sur la face inférieure. Cécidozoaire. Acarien Origine Chari 16. — Ficus glumosa Del. Cécidie à peu près sphérique visible sur les deux faces du limbe. Cavité larvaire ellipsoïdale située dans la partie inférieure. Cécidozoaire ; Insecte Origine. Congo 17. — Ficus glumosa Del. Pustule saillante à la face supérieure des feuilles, atteignant au plus 1,5 mm. Cavité larvaire sphérique. Très souvent, de telles galles se rencontrent en grand nombre sur un même limbe, mais elles sont nettement séparées les unes des autres. Cécidozoaire Insecte Origine Congo — 529 L’épiderme supérieur a une tendance à se sclérifier au niveau de la cécidie où il est toujours fortement hypertrophié. Autour de la cavité larvaire, le tissu nourrissier est protégé par un tissu scléren- chymàteux. 18. — Ficus gnaphalocarpa Miq. Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique sessile sur le réceptacle, de 3 à 4 mm. de diamètre. Cécidozoaire Blastophaga sp. Origine Congo 19. — Ficus gnaphalocarpa Miq. Pustules circulaires de 4 à 5 mm. de diamètre visibles sur les deux faces de la feuille où elles font très légèrement saillie ; cavité larvaire centrale, de petite taille. Cécidozoaire . Insecte Origine Chari Les épidermes de la feuille, principalement celui de la face supé- rieure, sont nettement hypertrophiés. Contre chacun d’eux se trouye une bande de sclérenchyme ; le parenchyme gallaire est percé de la loge ellipsoïdale du parasite, autour de laquelle existe une seconde zone de tissu sclérifié. 20. — Myrianthus serratus Benth.-Hook. A la face inférieure d’une feuille, cécidie en forme de cône à pointe mousse, de 2 mm. de diamètre environ et d’une hauteu? de 3.5 à 4 mm. Cavité larvaire de même forme. Cécidozoaire . Insecte Origine. Côte & Ivoire Excepté la partie basale et le tissu nourrissier, ainsi que les fais- ceaux conducteurs, toutes les cellules qui composent la galle ont des parois sclérifiées. 21. — Myrianthus arboreus P. B. A la face inférieure d’une feuille, galle en sphère aplatie de 2.5 mm. de diamètre pour 1 mm. d’élévation par rapport au limbe. Cavité larvaire ellipsoïdale, de petite taille. Cécidozoaire . Insecte Origine Oubangui La région par laquelle la cécidie s’insère est différenciée en sclé- renchyme ; le reste est composé d’éléments .parenchymateux tra- versés par les faisceaux libéro-ligneux. Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum. N " • . - v. . i' : ' ’ ✓ 1 — 530 — 'Sur une remarquable espèce de Tudicla. Par A. Chavan. Le genre Tudicla (Bolten) Rœding, 1798, a pour type une espèce vivante de l’Océan Indien, T. spirillus L. Thiele 1 reconnaît au sein de ce genre deux subdivisions : Afer Conrad, 1858 (== Strep - tosiphon Gill, 1867), type T. afra Gmelin, et Tudicula H. et. A. Adams, 1863, type T. armigera A. Adams 2. ■ ) Cossmann 3 jugeait « Streptosiphon » génériquement distinct et lui subordonnait deux groupes. Le premier sous-genre, Strepto - pelma Cossmann, 1901, de l’Oligomiocène australien, paraît vrai- ment très à part ; mais l’autre, Hercorhynchus Conrad, 1868, du Crétacé de Nord-Amérique et d’Europe, témoigne d’étroits rapports- avec les « Streptosiphon » modernes. La distinction ne repose que sur l’absence, chez les espèces crétacées, de toute ride columellaire: à la base du canal. « Aucune forme tertiaire assimilable aux Strep~ tosiphon n’ayant été trouvée jusqu’à présent », Cossmann ne put toutefois justifier le rapprochement et la découverte ultérieure de deux « Streptosiphon » fossiles, dans le Pliocène de Karikal, ne modi- fia pas cet état de choses : l’une des espèces paraissant très loin dd Hercorhynchus (« S. » macrospira Cossm.) et l’autre assimilable à la forme vivante « Fusus » Couderti Petit, coquille chinoise qui, comme sa proche parente japonaise Tudicla Cumingi Reeve,, présente, plus nettement même que les « Streptosiphon » typiques, une ride columellaire à la base du canal, saillante ici comme une- dent. Les formes typiques en question n’avaient donc d’autre lien paléontologique avec les lointains Hercorhynchus que ces petites coquilles du Pliocène de l’Inde, pas mieux démonstratives que les espèces actuelles indopacifiques. Des deux Afer sénégalaises 4, aucun ancêtrç connu dans le domaine de l’Europe occidentale aix Néogène ; seulement des Tudicla sensu stricto, d’origine pourtant plus lointaine : Tudicla rusticula Bast. et ses variétés dans tout le 1. Handb. der System. Weichtierkunde, tome I, Jena, 1934, p. 342-43. 2. Compte non tenu ici de Papillina Conrad, 1855, de l’Eocène, et de Perissolax Gabb, 1864 (devenu Pseudoperissolax Clark), du Crétacé supérieur, autrefois classés (par Cossmann) comme sous-genre de Tudicla : ces deux termes sont maintenant recon- nus correspondre à des genres distincts. 3. Paléoconchologie comparée, tome IV, Paris, 1901, p. 68 à 76. 4. Tudicla afra Gmel, et porphyrostoma Reeve (longtemps désignées comme « Strep- tosiphon »). Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 531 — Miocène, disparaissant ensuite. A l’époque Pliocène, l’espèce de l’Océan Indien, T. spirillus L., vivait déjà sur son domaine, à Kari- kal. Or un « Streptosiphon n. sp. afï. afer » avait été signalé par Depé- ret et Gentil 1 dans leur liste d’espèces du célèbre gisement maro- cain de Dar-bel-Hamri, dont j’ai par la suite établi 2 l’âge Sàhé- lien3. Cette coquille ne figure pas dans la collection Gentil. Mais en triant des matériaux rangés, séparément par le pionnier de la géologie marocaine et mis aimablement à ma disposition par M. J. Bourcart, j’ai pu retrouver, dans un important lot coquillier de . Dar-bel-Hamri, trois beaux spécimens de l’espèce cherchée, plus un fragment. En voici la diagnose et la discussion : Tudicla (Afer) Bourcarti, nov. sp. Description. — Coquille de taille moyenne (longueur de l’holotype : 38 millimètres), fusoide renflée ; test assez épais. Protoconque lisse, enroulée à partir d’un sommet très obtus en deux ou trois tours fortement -arrondis entre leurs sutures. Quatre 'tours post-embryonnaiies, de crois- sance rapide, définis par des sutures nettes et presque rainurées ; le dernier formant, sur la face de l’ouverture, un peu plus des 5/6 de la longueur totale. Surface externe chargée de nombreux petits cordons parallèles arrondis, assez inégaux, mais la plupart équidistants ; leurs intervalles généralement occupés par un filet plus fin. Près de la suture inférieure des tours et sur la plus grande convexité du dernier, s’élèvent, sur un cordon plus gros, des protubérances anguleuses et comprimées, en festons équidistants, prolongées vers la base par de faibles ondulations axiales ; deux autres cordons renforcés, mais simplement noduleux au passage des ondulations, ou seulement un chargé de pointes faibles, soulignent à quelque distance, cette file de festons du cordon principal. L’ensemble de la sculpture est recoupé par de fines stries d’accroissement flexueuses. Le profil des tours, oblique et légèrement concave au-dessus de la file des festons, tombe ensuite en abrupt contre la suture inférieure ; suc la base, il s’amincit pour se terminer en pointe oblique assez large, légèrement tordue à son extrémité. L'ouverture est de forme ovale avec une petite gouttière postérieure tandis qu’elle se prolonge en avant par un canal dévié, sensiblement de même longueur. Le bord externe, très convexe dans sa partie moyenne, s’infléchit en ariière et s’avance obliquement sur la spire ; à l’opposé, il se rétrécit brusquement et s’étire' le long du bord columellaire ; de petites xides sur sa paroi interne. La columelle, à plancher concave, se redresse à la base du canal et présente deux rides obliques assez faibles ou même interrompues en vagues protubérances ; puis elle se coude légèrement en •dehors. Le bord columellaire, assez calleux, se détache au niveau des 1. C. R. Acad. Sciences, 1. 164, 1917, p. 21 à 25. 2. Com. Sera. Géol. Portugal, t. XXI, Lisbonne, 1940, p. 79 à 106. 3. Cet âge a été discuté par MM. Lecointre et Roger dans une note toute récente (Bull. Mus., 2e série, t. XV, 1943, n° 5, pp. 359-64) et le gisement rapporté au Pliocène -ancien. Des matériaux nouvellement étudiés me permettent de maintenir mon attri- bution au Sahélien, question sur laquelle je reviendrai par ailleurs. rides, mais s’épaissit en dessous, couvrant la fente ombilicale ; il rejoint alors obliquement le canal et s’effile ensuite jusqu’à son extrémité. Localité. — Dar-bel-Hamri, holotype figuré et paratype, dépo- sés dans la collection Gentil, à la Sorbonne. Un autre spécimen entier, déposé dans la collection Chavan (n° 4326) et un fragment 1. Rapports et différences. — Les caractères de cette coquille sont ceux du sous-genre Afer, distinct de Tudicla par l’allongement de sa spire et son canal courbé, à la base duquel la columelle porte plus ou moins nettement deux rides obliques au lieu d’un nombre variable de plis. Tudicla (Afer) Bourcarti, nov. sp. Holotype (grossi une fois et demiej. Collection Gentil. Dar-bel-Hamri. Elle se distingue à première vue du type à’ Afer, Tudicla afra Gmel., le « Lipin » d’Adanson, de la côte sénégalaise, par sa forme plus renflée, sa sculpture bien plus fine et serrée, de cordons arron- dis intercalés avec de plus faibles, au fieu de crêtes anguleuses espacées presque égales ; surtout par son canal plus long, dévié de côté, alors que chez T. afra, il se courbe en arrière. Plus voisine par sa forme, sa taille identique (38 mm.) et la direc- tion de son canal, de l’autre espèce d 'Afer, T. porphyrostoma Ad. et Reeve, également ouest-africaine, elle est, encore ici, plus ren- flée ; ses protubérances en rangée sont anguleuses, passablement distantes, au fieu de s’arrondir en tubercules voisins ; et, tandis 1. C’est évidemment la « Tudicla rusticula » citée par Roger (op. cit.> p. 364). La bri- sure de Vextrémité donne à la coquille l’apparence de cette espèce miocène, à canal, droit. que T. porphyrostoma présente à la base du canal, sur sa columelle, deux rides obliques assez fortes, l’une surtout, ces rides sont beau- coup moins marquées, sinon réduites à des traces, sur la coquille marocaine x. Vis-à-vis, à la fois, des deux formes précitées, celle-ci se dis- tingue encore par son dernier tour à sculpture aussi fine sur l’ex- trémité que sur la partie moyenne ; tandis qu’a/m et porphyros- toma ont un canal chargé de gros cordons, lors même que la partie renflée présente (chez cette dernière) une ornementation délicate. Quant à « Fusus » Blosviïlei Desh., de l’Océan Indien, rangé par Tryon sous Afer, c’est une forme toute différente par son amorce de canal postérieur, son bourrelet net autour d’une dépression ombi- licale et sa columelle lisse. Une telle espèce n’appartient pas même aux Tudicla. T. armigera Adams, d’Australie, type du sous-genre Tudicula, s’éloigne à première vue de l’espèce marocaine et d’ Afer en général par sa sculpture épineuse. T. inermis Sow., sans épines, a le galbe et le canal droit des Tudicla sensu stricto. Tudicla Bourcarti rappelle mieux les formes indopacifiques Cumingi Reeve et surtout Couderti Petit, du fait d’une orne- mentation presque identique de festons anguleux. Sa ressem- blance est surtout nette avec l’échantillon fossile de Karikal (Plio- cène) déterminé par Cossmann comme une Couderti jeune, à canal un peu tronqué 1 2. On reconnaîtra cependant ce spécimen comme moins large par rapport à sa longueur, surtout si l’on tient compte de la brisure du canal T. Couderti vivante 3, ainsi du reste que T. Cumingi, forme à canal plus court, mais filets plus écartés, se distingue en tout cas de l’espèce du Maroc par l’existence d’une forte ride columellaire au début du canal, ride saillante comme une vraie dent. Par contraste, un simple regard sur la figuration d 'Hercorhyn- chus tippanus Conrad, type américain des espèces crétaciques à canal lisse, révèle aussi sa liaison avec Tudicla Bourcarti, dont les rides columellaires peuvent être très faibles. Visiblement, cette dernière forme un lien entre Hercorhynchus et les actuelles. Tenant d’autre part de toutes celles-ci, elle relie 1. T. porphyrostoma est le type de Streptosiphon Gill, mis en synonymie à’ Afer par Dautzenberg, puis Thiele. Reeve la classait parmi les Fasciolaires, à cause de la netteté de ses rides (obsolètes sur T. afra) et Cossmann maintenait Streptosiphon distinct, con- sidérant Afer comme douteux. En réalité, ainsi que le montre la coquille de Dar-bel- Hamri, il existe toutes les gradations dans la saillie de ces rides, dont un examen attentif révèle la trace sur T. afra intacte. Les autres caractères concordant, il n’est vraiment pas possible de séparer Streptosiphon à' Afer. 2. Journ. Conch., 1907, p. 129-30, pl. IV, fig. 22. Cossmann décrit deux espèces de « Streptosiphon » dans la faune de Karikal, mais l’autre n’a pas d’analogie avec Bour- carti. 3. Journ. Conch., 1853, p. 76-77, pl. II, fig. 8. s — 534 — T. Couderii aux africaines et par là-même justifie la subordination d'Afer à Tudicla dont Couderti et Cumingi sont très voisines ; elle rapproche aussi T. porphyrostoma d ’afra, puisqu’elle a le canal et la forme de l’une avec les faibles rides columellaires de l’autre. C’est donc un premier, mais très démonstratif jalon dans l’his- toire du groupe Afer. La découverte d’une telle coquille témoigne à Dar-bel-Hamri d’apports méridionaux, concordant avec la pré- sence d’espèces comme Halia ovatula Sacco, Mesalia fallaciosa Chavan, rares ou inconnues dans le Néogène méditerranéen, mais proches de formes vivantes de la côte ouest-africaine. Laboratoire de Malacologie du Muséum. 535 Révision des Limnées fossiles (D’après les caractères ÙE LA MICROSCULPTURE INTERNE ET EXTERNE DU TEST). Par Laure-J. Lhoste. Le matériel étudié appartient aux collections de Mollusques quaternaires et actuels du laboratoire de Géologie du Muséum. La première série d’observations à trait aux Limnées. Je remercie vivement M. le Professeur R. Abrard de m’avoir accueillie avec bienveillance dans son laboratoire, ainsi que MM. R. Furon, sous-directeur du Service et R. Soyer, pour leurs conseils et l’intérêt qu’ils ont bien voulu porter à ce travail. Je remercie également M. le Professeur J. Orcel et M. E. Séguy, qui m’ont autorisé à utiliser certains des appareils de leurs labo- ratoires. La difficulté de déterminer les Limnées est prouvée par les nom- breuses synonymies x. En outre, les coquilles fossiles ne sont pas toujours intactes, en particulier la bouche manque très souvent. Je me suis appliquée à rechercher l’existence d’autres caractères permettant d’identifier plus aisément les espèces en dehors de l’étude macroscopique du test. MM. Lang et Hescheler considèrent le test comme un sque- lette externe analogue à un exosquelette d’ Arthropode, malgré l’objection suivante : les Arthropodes n’accroissent pas leur cuti- cule tandis que le test des Gastéropodes s’accroît dans les trois dimensions. Les stries d’accroissement sont généralement cons- truites par le tégument palléal. Le tégument est baigné par les sécrétions calciques. Le mécanisme du procédé n’est pas encore bien connu, et M. Manigault voit dans cette calcification une interaction entre les milieux ambiant et l’être vivant 2. Il s’agi- rait donc d’un procédé physico-chimique dû à la recherche d’un équilibre entre l’individu et son milieu, d’où la grande variabilité dans la morphologie spécifique du test. Il n’en reste pas moins certain que la fonction calcigène des tissus est incontestable. Comme l’a exposé M. Berner 3 ceci ten- 1. Locard. Faune malacologique des Terrains quaternaires, et L. Germain. Faune de France. Mollusques terrestres et fluviatiles. 2. P. Manigault. Recherches s. Le Calcaire chez les Mollusques. Phosphatas et précipitation calcique. Histochimie du calcium. Ann. Inst. Océan., sér. B, t. XVIII, p. 331, Paris, 1939. 3. L. Berner. La croissance de la coquille chez les Gastéropodes. Bull. Inst. Océan., Marseille, 1942. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 536 drait à montrer que l’action formatrice du manteau est fonction de la perception du milieu ambiant. Cette fonction de perception du manteau pouvait être différente suivant les espèces. Ces consi- dérations m’ont amené à examiner avec de très gros grossissement» les deux faces du test — face externe et face interne. Je trouvais alors sur chacune des deux faces, des ornementations bien cons- tantes et spécifiques : c’est ce que j’ai appelé la microsculpture externe et interne du test. 1. • — Microsculpture interne : elle se présente en stries, ponc- tuations ou granulations, disposées toujours d’une façon semblable chez les individus d’une même espèce. Cette ornementation se retrouve chez les espèces actuelles, elle est identique à celle du fos- sile. Les grossissements employés s’échelonnent entre X 900 et. X 1.200 fois. 2. — Microsculpture extérne : la microsculpture externe, comme la microsculpture interne est spécifique. Elle peut servir de moyen de détermination lorsqu’on possède un test à peu près en bon état. Je considère cette miscrosculpture externe comme un caractère secondaire. Elle vient renforcer les données des microsculptures internes que je conserve comme caractère essentiel de ce moyen de détermination, 3. — Anomalies : a) En étudiant des espèces fossiles, je n’avais jamais été amenée à considérer la microsculpture du péristome, parce qu’il manque la plupart du temps. Chez les espèces actuelles, celui-ci est muni de systèmes de dessins absolument différents du reste du test. Cela tient peut-être aux différentes fonctions que doit accomplir le péristome. S’il en est ainsi, le problème , de la signification des. sculptures du reste du test est posé. b) Dans un fragment de test fossile, j’ai remarqué une anomalie dans l’orientation des microsculptures tant internes qu’externes. Au milieu d’un dessin continu, normal, j’ai observé une plage d’allure « anarchique ». Les dessins étaient bien identiques mais l’orientation en était bien différente. L’examen du test laissait voir une cicatrisation. Pour voir s’il n’y avait pas une relation de cause à effet j’ai lésé des tests de Planorbes et de Limnées élevées au laboratoire. J’ai obtenu ainsi des réparations expérimentales et j’ai pu constater que les dessins étaient également désorientée. Ces réparations, comme on le sait sont incolores (la pigmenta- tion du test étant fournie par le bord du manteau) et sont des vraies cicatrices. J’ajoute qu’au point de vue expérimental, la réparation du test ne s’obtient que si le manteau n’est pas lésé, comme l’a constaté M. Manigault, spi /fi/ Iïï/hv è/ /y ly/v/ u*/ & fyjk/w // /j/ % *%/&/«. >/ iiül tÆ 1 ' * Abréviations : E, face externe ; I, face interne ; F, fossile ; A, actuel. Fig. 1. — Limnæa slagnalis L. — 2. E (F), E (A). — 3. I (F). — 4. E (A). Fig. 8. Limnæa auriculatia L. E (F). — Fig. 6 E (A). — - Fig. 7 I (F). — Fig. 8. I (A):. — Fig, 5 Limnæa limosa L. E (F). — Fig. 10. E (A). — « Fig. 11. I (F) — Fig. 12. I (A). — Fig. 13. Limnæa peregra Müne. E (F). — Fig. 14. E (A). — Fig. 15. I (F). — Fig. 16. I (A). — Fig. 17. Limnæa glabra Mull. E. (F). — Fig. 18. E (A). — Fig. 19. I (F). — - Fig. 20. I (A). — Fig. 21. Limnæa glutisona Müll. E. (F). — Fig. 22. E. (A). — Fig. 23. I (E). — Fig. 24. I. (A). — Fig. 25. Limnæa palustris Müix. E. (F). — Fig. 26. Limnæa callosa Drap. E (F). — Fig. 27. Limnæa truncatula Müll. E (F). Fig. 28. Limnæa palustris Müll. I (F). Fig, 29. Limnæa callosa Drap. I (F). — Fig. 30. Limnæa truncatula Miton. I (F.). — Fig. ZX.. Limnæa. ovata Drap. E (F) . — Fig. 32. Limnæa minuta. E (F). — Fio. 33. Limnæa ovata Drap. I (F). — Fig. 34. Limnæa minuta. I (F). > 538 L’aspect particulier des tissus reconstitués me fait penser que l’édification de ces tissus doit tenir d’un processus différent de celui qui a présidé à la formation du test à son origine. 4. • — Examen comparé du test des espèces fossiles et actuelles. a) La Faune des « Mollusques de France » de L. Germain a fourni une « base d’ordre » très précieuse. En effet, le polymorphisme des Limnées avait entraîné les Auteurs à la multiplication des espèces. L. Germain a condensé les données fournies par le groupe. Tou- tefois l’étude des microsculptures semblent rendre leur qualité d’espèce à certaines formes platées en synonymie. Mais il ne faut pas oublier que l’étude ne porte que sur le test ; celui-ci doit fournir tous les renseignements permettant d’identifier l’espèce fossile. Le test est porteur de caractères bien spécifiques. Ce sont les microsculptures externes et internes, ces dernières ser- vant de base essentielle à la révision entreprise. b) L’examen des microsculptures externes apporte des faits nouveaux dont il y a lieu de tenir compte. Alors que les microsculp- tures internes d’individus fossiles et actuels sont semblables, les microsculptures externes montrent des différences, bien que le type général en reste le même. Mes observations ont porté sur de nombreux échantillons appar- tenant à 5 espèces ; il ne peut donc s’agir d’une modification acci- dentelle, aberrante. Les différences peuvent être dues, soit à la fossilisation, soit plutôt à une certaine évolution de l’espèce. Il ne saurait être question de créer des espèces, ni des variétés nouvelles à partir de ces différences, mais il faut pour le moins en tenir compte sans préjuger de leur valeur réelle au point de vue biologiquej et y voir des « modes » à qualifier. Révision des Limnées. Genre Limnæa. S. -G. Limnæa s. str. L. (Limnæa) stagnalis L. Quaternaire de Saint-Acheul (Somme). Microsculpture externe : en rubans sinués, sur le fond on voit de fines striations ; stries, spirales visibles. Microsculpture interne : en rubans assez larges, sur un fond ponctué (Mode undulata ). Espèce actuelle (Pont de Joinville et Bois de Yincennes (Seine) : Microsculpture externe : en rubans ; le dessin s’est étiré, c’est ce qui la différencie de l’espèce fossile. Microsculpture interne : en rubans, sur un fond ponctué, le tout semblable à l’espèce fossile. 539 — S. -G. Radix Denys de Montfort, 1810. L. (Radix) auricularia. L. Quaternaire de Joinville-le-Pont (Seine). Microsculpture externe : 2 systèmes bien espacés : un feston et des stries courtes et fortes. Microsculpture interne : en flammèches bien régulières formant tapis (Mode vermicularis). Espèce actuelle (Joinville-le-Pont (Seine) : Microsculpture externe : Côtes d’accroissement donnant l’impression du liège, coupées par des stries spirales nettes. Microsculpture interne : en flammèches bien régulières. L. (Radix) callosa. Drap. • — Quaternaire de Saint-Roch (Somme). Microsculpture externe : 2 systèmes de petites striations perpendicu- laires l’un à l’autre. Microsculpture interne : en écailles quelquefois dente- lées de répartition bien régulière. Les auteurs ont isolé de L. ovata une variété callosa. L’examen des micro- sculptures permet de considérer cette Limnée comme une espèce. L. (Radix) limosa L. — Quaternaiie de Saint-Roch et de Saint-Acheul (Somme). Microsculpture externe : système de petites striations sériées. Micro- sculpture interne : denticulations irrégulières par plaques sur fond lisse. Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine) : Microsculpture externe : système de striations sériées plus grandes que chez l’espèce fossile. Microsculpture interne : semblable à tous points de vue à celle de l’espèce quaternaire. L. (Radix) ovata Draparnaud. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme). Microsculpture externe : séries de petits globules irréguliers très serrés recouvrant tout le test, les côtes d’accroissement sont fines et légèrement striées. Microsculpture interne : en dents de scie assez grandes et de répar- tition irrégulière. L. ovata mise en synonymie par L. Germain avec L. limosa ayant une microsculpture externe et interne bien différenciée de celle-ci sera consi- dérée comme une espèce. L. (Radix) peregra Müller. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme) et de Joinville-le-Pont (Seine). Microsculpture externe : côtes d’accroissement larges couvertes de petites striations sans ordre apparent, entre las côtes, une mosaïque. Microsculpture interne : grandes figures ovalaires, en alignement paral- lèle (Mode pavimenta). Espèce actuelle (Joinville-le-Pont (Seine) : Microsculpture externe : côtes d’accroissement moins larges que chez l’espèce fossile, très faiblement striées, entre les côtes, une ponctuation plus ou moins régulière. Microsculpture interne : figures ovalaires en aligne- ment parallèle. S.-G. Stagnicola Leach, (1819) 1831. L. (Stagnicola) palustris Müller. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme) et de Joinville-le-Pont (Seine). Microsculpture externe : côtes petites et régulières resserrées par des 540 stries spirales très fortes. Le test semble ondulé. Microsculpture interne : en rubans s’imbriquant les uns dans les autres occupant ainsi toute la surface du test. Les variétés longata, dilatata, junior et s. var. plana, que contient la collection, sont à incorporer à l’espèce. Toutefois il est à remarquer que les dessins sont moitié de grandeur que ceux de L. palustris. S. -G. Galba Schranck, 1803. L. ( Galba ) trunculata Müller. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme). Microsculpture externe : entre deux côtes d’accroissement largement espacées on voit dés séries de petites ellipses de différentes tailles. Micro- sculpture interne : ponctuation très fine sur fond strié. S. G. Leptolimnæa Swanson, 1840. L. ( Leptolimnæa ) glabra Müller. — Quaternaire de Saint-Acheul (Somme) . Microsculpture externe : côtes d’accroissement en chaînons avec entre eux, de fines petites cotes. Microsculpture interne : sur un fond ondulé on voit de petits V en ligne (Mode costata). Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine). Microsculpture externe : en chaînons entre lesquels on voit une ponctua- tion. Microsculpture interne identique à celle de l’espèce fossile. L. (galba) minuta. — - Quaternaire de Saint-Acheul (Somme). Microsculpture externe : côtes d’accroissement onduleuses hachées par une fine striation. Microsculpture interne : en dents de scie très petites et bien régulières. Cette Limnée peut être considérée comme une bonne espèce. Genre Amphipeplea Nilson, 1882. L. ( Amphipeplea ) glutinosa Müller. - — Quaternaire de Joinville-le- Pont (Seine). Microsculpture externe : un réseau se voit entre les côtes d’accroissement qui sont striées. Microsculpture interne : en rosaces (Mode striata). Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine) : Microsculpture externe : entre deux côtes d’accroissement, larges, on voit quatre autres côtes moins larges, lès unes comme les autres sont recoù- vertes d’une très fine striation et d’une ponctuation. Microsculpture interne : identique à celle de l’espèce fossile. Il est à remarquer que L. glutinosa appartenant au Genre Amphipeplea Nilson a une microsculpture interne très éloignée des types rencontrés dans le Genre Limnæa. Laboratoire de Géologie du Muséum. — 541 — Organisation des collections D’invertébrés DU LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE DU MUSÉUM i. Note présentée par M. Jean Roger. Le travail d’un laboratoire est conditionné par la richesse de sa ■documentation bibliographique et par celle de ses collections. Il se traduit par les publications de son personnel scientifique et le nombre des travailleurs qui le Iréquentent. C’est le bilan partiel de l’activité du Laboratoire de paléontologie, pendant ces deux dernières années, que rapporte cette note. En effet elle se limitera a l’organisation des collections d’invertébrés, bien, que les questions bibliographiques n’aient pas été négligées 2. L’utilisation des collections est à considérer à deux points de vue : spectaculaire et travaux de recherches. Quelques essais nous ont prouvé que dans les circonstances présentes il n’était pas pos- sible de réaliser une amélioration sérieuse des vitrines d’exposition de la Galerie de Paléontologie. C’est donc dans la seconde voie que se sont concentrés nos efforts ; c’est d’ailleurs là que le travail était le plus urgent. L’abondance du matériel de collection est une condition pri- mordiale, mais encore faut-il savoir l’utiliser méthodiquement et pouvoir le mettre rapidement à la disposition des chercheurs. Notre principe directeur est le suivant : le matériel doit être disposé en deux séries, l’une suivant l’ordre de la classification palé ontologique, l’autre dans l’ordre stratigraphique et géogra- phique. I. — Séries systématiques, — Dans cet ordre d’idées absolument rien n’existait dans nos collections il y a deux ans. La première série constituée fut celle des Pectinidés. Elle devra être complétée, dès que les conditions Te permettront, par des spé- cimens ou des moulages d’exemplaires des collections de la Faculté des Sciences de Lyon. Grâce à la générosité de M. le Professeur L. Fage une riche col- 1. Les réalisations d’un Laboratoire sont l’œuvre de l’ensemble du personnel, c’est pourquoi cette communication n’est ni individuelle, ni anonyme, elle est collective. 2. Incorporation de la Bibliothèque Canu ; classement de périodiques fragmen- taires ; séparation de la bibliothèque d’invertébrés ; classement de fichiers anciens ; surtout déménagement et réinstallation en cours, de tous les documents du Syndicat de Documentation Géologique et Paléontologique. Il est inutile de rappeler ou de signaler les conditions particulièrement difficiles dans lesquelles ces travaux ont été effectués. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 542 lection de Brachiopodes fossiles, avec représentants des formes actuelles, a été- transférée du Laboratoire de Zoologie (Vers et Crustacés) au nôtre. Entièrement classée et étiquetée cette collec- tion représente un précieux matériel remplissant 36 tiroirs. Non moins précieuse est la collection de Bryozoaires de Canu. Entassée dans une petite pièce séparée, cette collection devait subir un regroupement complet. Son contenu, représentant 150 ti- roirs, a été reclassé suivant la classification récente adoptée par Bassler dans le Fossilium Catalogus. Aucun spécialiste des Bryo- zoaires ne peut ignorer la collection Canu et tout chercheur peut être assuré de trouver rapidement dans la salle Canu l’échantillon qu’il cherche. Une série systématique de Lamellibranches et Gastropodes est passablement avancée, au moins en ce qui concerne les formes actuelles et nummulitiques. Des séries de Céphalopodes et d’Echinodermes sont dans un état plus embryonnaire. Quelques aperçus sur l’avenir seront utiles : 1. — Les séries systématiques paléontologiques doivent renfer- mer tous les éléments utiles aux déterminations rapides et sûres. Les spécimens types et figurés devront donc y être intégrés, ou au moins un papillon devra indiquer où ils se trouvent. De toute façon la réalisation des séries systématiques ira de pair avec un inventaire des types et figurés. 2. — Il conviendra d’envisager deux sortes de séries paléontolo- giques, les unes seront générales, se rapportant aux grands embran- chements ou classes (Crustacés, Lamellibranches, etc ..), les autres ayant trait à des groupes plus restreints ayant fait l’objet de révi- sions poussées (Pectinidés, Huîtres). Les séries de la première caté- gorie doivent, dans un laps de temps assez court, être réalisées dans leurs grandes lignes ; celles de la seconde (séries spéciales) verront le jour suivant les circonstances. 2>k ~ C’est grâce à la collaboration de chercheurs spécialistes de différents groupes qu’il nous sera possible d’enrichir et de perfec- tionner ces séries. 4. — Il n’est pas superflu d’insister sur l’utilité qu’il y a à intro- duire des représentants actuels dans les différents groupes, pour cela nous faisons appel à la générosité des autres laboratoires de Zoologie. IL • — - Série strati graphique et géographique. — Un principe : trouver rapidement le matériel et tout le matériel désiré. Pour cela un triple fichier est indispensable : fichier zoologique, fichier stra- tigraphique et fichier géographique. — 543 — La réalisation de cet inventaire présentait de grosses difficultés ; l’exiguité des locaux avait entraîné la dispersion des collections dans plusieurs pièces ou bâtiments — le manque de personnel fut la cause essentielle, depuis plusieurs décades, de l’empilement des collections dans les positions les plus invraisemblables — des déménagements précipités avaient fini de jeter le désarroi, notam- ment parmi les matériaux entassés à l’atelier de Moulage. Signalons que l’an dernier M. le Professeur Ed. Fischer nous a généreusement cédé une abondante série de fossiles, qui fut immé- diatement triée et intégrée dans nos collections. Aujourd’hui le triple fichier est virtuellement terminé. Les col- lections d’invertébrés se répartissent comme suit : 850 tiroirs dans la Galerie, 300 tiroirs dans la salle • Péron, 300 tiroirs dans l’ate- lier de Moulage. Une belle série de Madagascar, déjà convenable- ment rangée, reste à inventorier A Au cours de cet inventaire les établissements scolaires n’ont pas été oubliés. Tous les échantillons ayant perdu toute valeur scien- tifique, en l’absence d’indication précise de provenance, mais sus- ceptibles d’alimenter les collections scolaires, ont été réunis et classés dans un local spécial. Le résultat de ce travail : non seulement tous les matériaux dont dispose le laboratoire sont maintenant très facilement accessibles, mais il est de plus possible de se rendre compte des lacunes que pré- sentent ses collections. Nous pourrons donc par la suite tenter de les combler, pour le plus grand bien de la science paléontologique française. Le labeur n’est pas terminé, pour l’avenir il faudrait pouvoir espérer la réunion dans un même bâtiment de tous les éléments actuellement inventoriés. En même temps il conviendrait de véri- fier les déterminations ou de les effectuer, car le plus souvent les échantillons ne sont pas nommés. Il faudrait prévoir également un espacement suffisant des collections pour incorporer, sans nouveau décalage, les acquisitions, legs ou matériaux de missions. Nous espérons que ce court rapport rendra service aux cher- cheurs en les renseignant sur les ressources de notre laboratoire. 1. Ce qui a été fait depuis la présentation de cette note. i Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 35 — '544 Observations sur les dentitions de lait zvEquus stenonis. Cocchi de S enèze (Haute-Loire;) Par L. Richard. Parmi les ossements fossiles recueillis dans les couches supé- rieures du Pliocène de Senèze, il se trouve quelques pièces ayant appartenu à des Poulains d ’ Equus stenonis Cocchi. Ces pièces appartiennent à la collection de Paléontologie du Muséum National d’ Histoire Naturelle. La plus complète est une mandibule marquée 1923-4 dont les deux branches sont séparées par une fracture au niveau de la sym- physe ; la branche ascendante droite est brisée sous le condyle et l’apophyse coronoïde qui manquent ; la branche ascendante gauche est également brisée depuis l’échancrure sigmoïde obliquement jusqu’à la scissure maxillaire environ, c’est-à-dire qu’il manque le condyle et le bord refoulé avec une partie de la branche ascendante. La symphyse possède ses six incisives; les pinces Ij sont usées ( sur les deux bords du cornet externe ; les mitoyennes I2 sont usées sur le bord labial plus que sur le bord lingual du cornet externe ; les coins I3 sont vierges, à peine sortis de leur alvéole, ce qui indique une dentition de poulain de six mois environ. Cette mandibule est caractérisée par la présence d’une petite Pm1; conique de chaque côté, qui ne se rencontre pas, ou peut être très rarement, chez Equus caballus et Equus asinus. Elle porte trois D2, D3, r>4 en fonction du côté droit et deux du côté gauche, D3 et D4, l’alvéole de D2 est vide. A gauche et à droite la Mx est vierge et prête à sortir de l’alvéole. Les D2, L>3, D4 ne possèdent pas de denticule ou colonnette accessoire en arrière de l’hypoconide, comme il en existe une à une dent de lait d 'Equus stenonis du Pliocène de Perrier, figurée et décrite par M. le Professeur Boule, en 1899, dans le Bulletin de la Société Géologique de France, T. XXVII, 3e série, pp. 531-542, « Observations sur quelques Equidés fossiles », sauf peut-être sur la D3 de gauche où il semble y avoir un petit denticule plus court que l’hypoconide et qui, n’ayant, de ce fait, pas subi l’effet de l’usure, ne forme pas un ilôt d’émail sur la surface de trituration. Ce denticule a été aussi constaté par M. Boule sur une molaire de lait à'Equus Burchelli et d’ Equus asinus atlanticus Thomas. Un second fragment de mandibule du côté droit, marqué aussi Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 545 — 1923-4, possède également une alvéole vide de Pmx et trois D2> D3, D4 n’ayant pas la petite colonnette accessoire signalée sur la dent de Perrier. La présence, à la mâchoire inférieure, d’une Pmx serait-elle fré- quente chez Equus stenonis ? Elle n’existe pas sur un fragment de mandibule d’adulte du même gisement marqué 1923-8, Dentition de lait d 'Equus stenonis. A. Série D2-D4 de la mandibule 1923-4, de Senèze. p, pointe de la première prémolaire (Pm1) apparaissant au fond de l’alvéole. B. Da gauche de la même mandibule, h, bypostylide. Je ne pense pas qu’elle ait déjà été signalée chez Equus caballus, Equus asinus, Equus hemionus, Equus quagga et autres Equidés actuels 1. Une troisième pièce est représentée par ün fragment de maxil- laire supérieur droit avec trois D2, D3, D4 et une Pm1 déjà en fonc- tion. Les protocones des molaires de lait sont arrondies çurtout pour la D2, moins pour la D3 qui est un peu allongée vérs l’arrière ; celui de la D4 est plus comprimé et allongé vers l’arrière seulement. Le pli caballin est indiqué aux trois dents. Dimensions en millimètres des mandibules et dents d' Equus stenonis de Senèze. Mandibule 1923-4 : Longueur depuis le bord antérieur médian incisif, sans les incisives jusqu’à l’extrémité supérieure de l’apophyse coronoïde brisée. . 345 Même dimension, incisives comprises 357 Hauteur de l’extrémité brisée de l’apophyse coronoïde perpendi- culaire à une ligne longeant le bord inférieur de la branche hori- zontale gauche . j 165 1. M. le Professeur Ahambourg a constaté sur un fragment de mandibule de Poulain, probablement du sous-genre Hippoligris, du Pléistocène moyen des environs d’Alger, la présence d’une petite Pmx. 546 Longueur de la symphyse Largeur de, l’arcade incisive Is-I8 Longueur du diastème Ig-Pmx Longueur de la série Ds-D4 Longueur de la série Pm^-Mj Hauteur de la branche horizontale au milieu du diastème Id. en avant de Pm4 Id. entre D3 et D4 à droite Id. entre D3 et D4 à gauche j C diamètre antéro-postérieur 1 / » transversal Pmj » antéro-postérieur » transversal » antéro-postérieur » transversal diamètre antéro-postérieur » transversal D2 » antéro-postérieur » transversal ...... I>3 C ( » antéro-postérieur » transversal » antéro-postérieur » transversal » antéro-postérieur » transversal Fragment de mandibule 1923-4 : Hauteur de la branche horizontale en avant de Pm^ . Longueur de la série D2-D4 P ( diamètre antéro-postérieur a ( » transversal » antéro-postérieur » transversal » antéro-postérieur » transversal Dents du fragment de maxillaire supérieur 1921-9 : Longueur de la série D2-D4 Longueur de la série D^Pm1 pmx ( diamètre antéro-postérieur * a transversal » antéro-postérieur » transversal # antéro-postérieur » transversal » antéro-postérieur » transversal 70 47 69 102 131 33 44 48 56 7 18 7 18 8 16 4 4 38 14 32 14 34 13 28 11 38 101 35 14 31 13 34 15 103 111 13 6 40 22 31 23 33 21 Laboratoire de paléontologie du Muséum. 547 — Sur les Scincidæ fossiles, v i. Formes européennes et nord-américaines. Par Robert Hoffstetter. Parmi les Sauriens, la famille des Scincidae est remarquable à plus d’un titre. C’est d’abord la plus riche, puisqu’elle comprend plus de 700 espèces, réparties en 51 genres admis actuellement. C’est aussi la plus cosmopolite : ses représentants habitent toutes les régions biogéographiques, sans cependant s’étendre loin vers le Nord dans la région paléarctique. Elle montre enfin une variété considérable d’adaptations à des modes de vie divers. De tels caractères impliquent l’existence d’une riche histoire, que la Paléontologie se doit d’éclairer un jour. En fait, un certain nombre de pièces fossiles d’Europe, d’Amé- rique du Nord et de l’île Maurice ont été rapportées à la famille par divers auteurs. Malheureusement, la plupart de ces rappro- chements ont été faits imprudemment, sans tenir aucun compte des données de l’ostéologie comparée. Il en est résulté une accu- mulation navrante d’erreurs, qui m’obligent à reprendre ici, dans une brève revue préliminaire, les diverses pièces dont le classement parmi les Scincidés a été proposé, et plus ou moins admis jusqu’à ce jour. Je n’envisagerai, dans cette première note, que les fos- siles européens et américains. On verra qu’ils se rattachent à des groupes divers, dont certains sortent même du cadre de la classe des Reptiles. 1. — On peut d’abord mentionner Ardeosaurus brevipes (H. von Meyer, 1855) *, du Jurassique supérieur de Workerszell, près Eichstatt. R. Lydekker 1888 2 le considère comme un Rhyncho- céphale. F. Nopcsa 1908 3 le classe parmi les Scincoïdes, sans jus- tifier son point de vue. Enfin Ch.-L. Camp 1923 4 en fait le type d’une nouvelle famille de Sauria Ascalabota, les Ardeosauridae, placée au voisinage des Gekkonidae. Il est hors de doute qu’il s’agit d’un vrai Saurien, comme le prouvent le mode streptostylique d’articulation du quadratum, 1. H. von Meyer. Neues Jahrb. f. Min. Geol. Pal., 1855, p. 335. Fauna der Vorwelt, 1860, p. 106; laf. XII, fig. 4-5. 2. R. Lydekker. Cat. foss. Replilia Brit. Mus., I, pp. 291-292. London, 1888. 3. F. Nopcsa. Beit. Geol. Pal. Oest. Ung., 21, pp. 37 et 49, Wien, 1908. 4. Ch. L. Camp. Bull. Amer. Mus. Nat. Hist ., 48, pp. 306-307, fig. C, New- York. 1923. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. la disposition de la région temporale et l’absence du quadrato- jugal. J’adopte volontiers les conclusions de Ch.-L. Camp : ce n’est qu’avec les Ascalabota qu’on peut comparer la famille des Ardeo- sauridés ; mais la présence d’un arc supratemporal, notamment, constitue une importante différence avec les Gekkota. Quoi qu’il en soit, il est impossible de défendre la proposition de F. Nopcsa et d’admettre une parenté quelconque du fossile avec les Scincidés. 2. — Trois formes du Nummulitique français constituent une intéressante série. Il s’agit de : Plestiodon cadurcense H. Filhol 1877. Cadurcosaurus Sauoagei H. Filhol 1882. Dracaenosaurus Croizeti (P. Gervais 1848). a) Plestiodon cadurcense a été créé par H. Filhol 1877 1 d’après un dentaire des Phosphorites du Quercy qu’il a comparé à Ples- tiodon Aldrovandi (= Eumeces Schneideri -f- E. algeriensis) G. de Fig. 1. — Mandibules droites (face interne) : A. Pseudeumeces cadurcensis (Filhol) X 2. B. Eumeces Schneideri (Daudin) X 1,3. C. Lacerta lepida Daudin. X 1,05. Stefano 19032 figure de nouvelles pièces mandibulaires montrant en outre le splénial et le coronoïde. Enfin le Handbuch et le Grund- züge de Zittel représentent une pièce analogue. 1. H. Filhol. Ann. Sci. géol. 8, p. 266 ; PI. 26, fig. 426, Paris, 1877. 2. G. de Stefano. Atti. Soc. ital. Sci. Nat., 42, pp. 397-398 ; Tav. IX, fig. 14, 16, 19, 22 ; Milano, 1903. 549 Le rapprochement avec Eumeces a toujours été admis, à la suite -des auteurs précédents puis de F. Nopcsa 1908 et O; Kuhn. 1939 1; Il est uniquement fondé sur la. présence de dents arrondies (amblyo- dontes). Je tiens à souligner la fragilité d’un tel critérium. En effet, Tamblyodontie apparaît dans des familles diverses de Sauriens (Scincidés, Téjidés, Varanidés, Mosasauridés et Anguidés) et indique tout au plus une similitude de régime alimentaire. J’ai pu étudier, dans le matériel de la collection Rossignol (Labo. Paléont. Mus.) et de la collection Javal (Ecole des Mines), des mandibules complètes du fossile des Phosphorites. La figure que j’en donne ici (fig. 1 A), comparée à celles de la même pièce chez Eumeces et chez Lacerta, montre clairement qu’on doit classer le fossile parmi les Lacertidae. On y retrouve tous les caractères de cette famille : vaste fossa Meckeli, échancrant le coronoïde ; pro- cessus retroarticularis en forme de petite pyramide triangulaire ; splénial bien développé, s’étendant vers l’avant jusqu’au voisinage de la symphyse ; dentaire largement ouvert sur sa face interne, où le sulcus Meckeli est masqué par le splénial ; branche postéro- supérieure du dentaire ne chevauchant pas le coronoïde. Tous ces caractères s’opposent à ceux qu’on rencontre chez les Scincidés. L’espèce de Filhol ne peut donc être maintenue dans le genre Eumeces — Plestiodon. Je propose de la désigner sous le nom de Pseudeumeces nov. gen. cadurcensis (Filhol) [ Lacertidae ]. Le nouveau genre est voisin de Lacerta, dont il se distingue surtout par sa dentition amblyodonte. Il faut d’ailleurs noter que cette amblyodontie est moins marquée chez les jeunes : ainsi, la figure 424 de H. Filhol 1877, que l’auteur considère comme un jeune Pseudo lacerta Lamandini (Filhol), représente en réalité une forme juvénile de Pseudeumeces cadurcensis. b) FI. Filhol 1882 2, sous le nom de Cadurcosaurus Sauvagei, décrit sommairement, sans le figurer, un dentaire provenant encore des Phosphorites de Quercy. J’ai retrouvé le type au Laboratoire de Paléontôlogie du Muséum, et j’en donne ici une figure. Il repré- sente pour moi, non pas un Scincidé, mais encore un Lacertidé : le dentaire largement ouvert sur le sulcus Meckeli est très signi- ficatif. Il s’agit d’une forme, probablement oligocène, dérivée de la précédente, et montrant une amblyodontie plus marquée. La pièce, robuste, porte 8 dents, dont l’avant-dernière est énorme. Cette deiitition impose le rapprochement avec la forme suivante, laquelle se distinguera surtout par la disparition de la petite dent postérieure. Il ne s’agit guère, semble-t-il, que d’une différence spécifique. Aussi adopterai-je, pour le fossile du Quercy, le nom -de Dracaenosaurus Sauvagei (Filhol) [ Lacertidae ]. 1. O. Kuhn. Fossilium Catalogus, 86, Squainala, p. 30; ’S Gravenhage, 1939. 2. H. Filhol.! Bull. Soc. Phibm .. (7) 6, p. 127, Paris, 1882. 550 — c) Des restes provenant du Stampien supérieur de Cournon ont été désignés sous les noms successifs suivants : Nouvelle espèce du genre Sauvigarde de Laizer 1840 x. Animal voisin de la Dragone A. Pomel 1844 1 2. Dracaenosaurus A. Pomel 1846 3. . Dracoïdosaurus A. Bravard 1847 (manuscrit). Scincus ? Croiezti P. Gervais 1848 4. Dracaenosaurus Croizeti P. Gervais 1848-52 5. Ce dernier nom a toujours été adopté depuis lors. La mandibule, qui a servi de type à l’espèce, montre une amblyodontie très mar- quée, avec la dernière dent extrêmement développée. Il y a là une remarquable convergence avec le genre actuel Hemis- phaeriodon, appartenant aux Scincidés. Mais ce n’est qu’une convergence, et je ne puis admettre les rapprochements proposés d’abord avec les Téjidés (Sauvigarde, Dragone) puis avec les Scin- cidés (Plestiodonthes, Scinques). J’ai d’ailleurs pu étudier un certain nombre de pièces permettant de compléter la connaissance de l’espèce. M. l’abbé Lavocat m’a aimablement communiqué diverses mandibules et un crâne entier, malheureusement déformé et mal conservé, provenant de Cournon (Coll, de Laizer). D’autre part, une fouille exécutée dans le Stam- pien terminal de Coderet avec M. Viret m’a fourni par lavage de nombreux dentaires et quelques maxillaires appartenant à une forme plus petite représentant sans doute une race locale de la même espèce. Tout ce matériel m’indique qu’il s’agit encore d’un Lacertidé, où l’on retrouve les caractères de la mandibule cités plus haut. Tous les détails visibles du crâne confirment cette' interprétation. Une mandibule de Cournon (Coll, de Laizer) montre excep- tionnellement une petite dent postérieure en arrière de la grosse dent molariforme. Peut-être s’agit-il d’un retour atavique ? Peut- être est-ce un représentant attardé de D. Sauvagei ? IL est difficile de se prononcer. Quant aux ostéodermes qui ont été rapportés à D, Croizeti par les premiers auteurs, il me paraît prudent d’attendre la découverte de pièces en connexion avant de les attribuer à cette espèce. La figure 2 montre que les trois espèces dont il vient d’être ques-- tion représentent un bel exemple d’évolution orthogénétique. 1. De Laizer, Bull. Soc. gêol. Fr. (1) 11, p. 357, Paris, 1840. 2. A. Pomel. Bull. Soc. gêol. Fr. (2) 1, p. 593, Paris, 1844. 3. A. Pomel. Bull. Soc. gêol. Fr. (2) 3, p. 371, Paris, 1846. 4. P. Gervais in (I’Orhigny, Dict. Hist. Nat. 11, p. 56, Paris. 1848. 5. P. Gervais. Zool. Pal. françaises, I, p. 259 ; pl. 64, fig. 5-7, Paris, 1848-52. — 551 Cette série de Lacertidés amblyodontes a sans doute débuté à l’Eocène supérieur, pour s’éteindre à la fin du Stampien. 3. • — H. Filhol 1882 1 désigne comme Plestiodon Quercyi un dentaire amblyodonte de 45 mm. de long, trouvé dans les Phos- phorites du Quercy. La pièce n’est pas figurée, mais ses dimensions et le caractère de la dentition suffisent à l’identifier. Il s’agit cer- tainement de l’espèce figurée par la suite sous les noms suivants i Genus non det. R. Lydekker 1888 ( loc . cit., p. 281, fig. 63). G B Fig. 2. — Dentaires gauches (face interne) X 2 : A. Pseudeumeces cadurcensis (Filhol). B. Dracaenosaurus Sawagei (Filhol). C. Dracaenosaurus Croizeti (Gervais). Diploglossus cadurcensis de Stefano 1903 [loc. cit., pp. 398-40, Tav. IX, fig. 1, 4, 6). Placosaurus Leenhardti H. Leenhardt 1926 2. R. Lydekker, le premier, a eu le mérite de critiquer l’interpré- tation de H. Filhol et de rapprocher le fossile des Anguidés, en le comparant au genre américain Diploglossus. Il s’agit bien d’un Anguidé, et plus' spécialement d’un Placosauriné, qui doit être désigné sous le nom de Placosaurus Quercyi (Filhol, 1882), peut- être synonyme de PI. margariticeps (Gervais 1876). 4. • — G. de Stefano 1903 3 crée une nouvelle forme, Protrachy- saurus Gaudryi, fondée sur deux capsules occipitootiques d’un Saurien des Phosphorites du Quercy. L’auteur ne trouve de com- 1. H. Filhol. Bull. Soc. Philom. (7) 6, pp. 127-128, Paris, 1882. 2. H. Leenhardt. Bull. Soc. géol. Fr. (4) 26, pp. 371-374, fig. 1-4, Paris, 1926. 3. G. de Stefano. Loc. cit., p. 406 ; Tav. IX, fig. 9, 13, 17, 18. — 552 paraison possible qu’avec Trachydosàurus d’Australie. En fait, dans son style, la pièce n’est pas plus semblable à celle de Trachy- dosaurus (Scincidé) qu’à celle d ’Ophisaurus (Anguidé). Mieux, elle présente une crista inferior ossis occipitalis lateralis (Fejérvâry- Lânhg) qui, partant du condyle au-dessous des foramina IX, XII et , XII’. s’infléchit vers le bas pour venir reborder le tuberculum sphenoccipital : or ce caractère, absent chez Trachydosaurus, est constant chez Ophisaurus. Pour moi, la pièce représente la boîte crânienne de Placosaurus, genre dont je connais à présent de nombreux éléments squelet- tiques dans le matériel des Phosphorites, Mais il est pratiquement impossible de décider à quelle espèce on doit rapporter cette pièce. En effet, la plus grande confusion règne dans la dénomination des espèces européennes de Placosaurus. par suite de la pauvreté du matériel accepté comme type d’espèce. Un certain nombre de noms ont été attribués à de simples plaques ostéodermiques, et le génotype lui-même, PL rugosus Gervais 1848-52, entre dans cette catégorie. C’est encore le cas pour Varanus P margariticeps Ger- vais 1876 et Necrodasypus Galliae Filhol 1894, qui sont égale- ment des Placosaurus. Il est certain que deux espèces distinctes sont représentées dans les Phosphorites du Quercy, ainsi qu’en témoignent les mandibules. On rencontre en effet Pl. europaeus (Filhol 1876, sub Iguana) à dents cylindriques et P. Quercyi (Filhol 1882, sub Plestiodon) à dents amblyodontes. Ce sont ces deux noms que j’adopte, dans l’impossibilité où je suis de discuter leur correspondance avec les ostéodermes décrits indépendamment. Mais le doute subsiste pour l’attribution de la pièce de Stefano à l’une de ces deux espèces du Quercy. Je suis donc contraint de la nommer Placosaurus sp. ( europaeus seu Quercyi), pour éviter un Pl. Gaudryi (de Stefano) qui tombe certainement en syno- nymiç avec une des deux espèces de H. Filhol. 5. — K. -A. von Zittel 1889. dans son Handbuch, et F. Nopcsa 1908 placent parmi les Scincidés le genre Sauromorus Pomel. A. Pomel (1852) 1 désignait ainsi deux espèces, S. ambiguus et S. lacerlinus, provenant de Langy et de Marcoin (Base de l’Aqui- tanien) qui n’ont jamais été figurées. Pour l’auteur il s’agit de Lacertidés, voisins de Lacerta, mais ayant quelques rapports avec les Scincidés par leur quadratum et avec les Anguidés par leur pariétal. Je crains que ces observations ne correspondent à des formes composites, décrites d’après des os dissociés. La vérification est impossible puisque les types sont perdus. En fait les Sauriens 1. A. Pomel. Catal. méthod et descr. des Vertébrés fossiles du bassin de la Loire, p. 163, Clermont-Ferrand, 1852. — 553 aquitaniens de la Limagne que j’ai pu étudier se laissent aisément répartir parmi les Lacertidés et les Anguidés. Rien dans ce maté- riel ne rappelle de près ou de loin les Scincidés. Rien non plus dans la description de A. Pomel ne conduit a un tel rapprochement. Il m’est donc impossible de m’associer à l’opinion de Zittel et de Nopcsa. Je propose donc d’abandonner, comme nomma nuda le genre Sauromorus et les espèces qui le constituent. 6. — Une seule mention de Scincidés concerne les fossiles améri- cains. Il s’agit d ’Eumeces anthracinus (Baird), espèce actuelle à laquelle O. -A. Peterson 1925 1 rapporte, avec quelque doute, deux vertèbres et un fragment de plaque osseuse. Ces pièces ont été recueillies dans les dépôts pléistocènes de Frankstown Cave, Pen- sylvania. L’une des vertèbres est figurée. Il s’agit incontestable-, ment d’une dorsale d’un Amphibien Anoure. En dehors du style général de la pièce, on peut remarquer la présence de processus transverses allongés en baguettes, à l’extrémité non ossifiée, creusée en cupule. Les processus transverses n’existent chez les Sauriens que dans la région caudale ; ils sont alors bien ossifiés, aplatis dor- s o ventral ement, et normalement terminés en pointes ; ils dépendent de vertèbres qui n’ont jamais la forme brève, ni l’énorme déve- loppement du canal neural que montre la figure de la pièce de Frankstown Cave. En résumé, aucun Scincidé fossile n’est encore connu, provenant •de l’Hémisphère Nord. Les formes européennes qu’on a rapportées à la famille se classent dans les Ardeosauridae, les Lacertidae et les Anguidae. La seule espèce américaine signalée est en réalité un Amphibien Amoure. Je signalerai toutefois, en terminant, qu’il n’est pas impossible que Pseudolacerta de Stefano 1903 emend. R. Hoffstetter 1942 2 appartienne aux Scincidés. Ce genre, représenté par deux espèces des Phosphorites du Quercy, Ps. mucronata (Filhol 1877) et Ps. Lamandini (Filhol 1877) n’est connu que par des parties antérieures de mandibules, dont les caractères s’accordent avec ceux des Scincidés, des Gorrhosauridés et des Zonuridés. Mais la présence dans les mêmes gisements de vertèbres semblables à celles de Zonurus m’a déjà conduit en 1942 à retenir provisoire- ment le dernier rapprochement. Laboratoires de Paléontologie et d’ Anatomie comparée du Muséum. 1. O.-A. Peterson. Ann. Carneg. Mus., 16, p. 252, fig. 2, Pittsburg, 1925. 2. R. Hoffstetter. Bull, du Muséum (2) 14, pp. 239-240, Paris, 1942. 554 — Sur la répartition de la riboflavine DANS LA GLANDE SURRÉNALE DES MAMMIFÈRES. Par M. Fontaine et 0. Callamand, Les travaux de Verzar et de ses collaborateurs1, selon lesquels l’hormone corticale est indispensable à la phosphorylation de la riboflavine (étape capitale qui lui permettra de passer à l’état de ferment et de jouer dans l’organisme un rôle vitaminique), ont attiré l’attention sur les rapports existant entre la vitamine Ba et les capsules surrénales. Cependant nos connaissances sur la teneur en riboflavine des capsules surrénales sont très insuffisantes, non seulement par le nombre, mais aussi du fait qu’elles ne portent que sur les surrénales totales (Von Euler et Adler donnent pour les surrénales de Boeuf des chiffres compris entre 5 et 10 y par gramme de tissu frais). Ç)r, on sait combien diffèrent, embryolo- giquement, histologiquement et fonctionnellement, les portions médullaire et corticale de la glande. Nous avons donc jugé utile, de doser la riboflavine dans chacune de ces deux parties. C’est ce que nous avons pu effectuer sur diverses espèces de Mammifères provenant du Muséum ou du Parc Zoolo- gique ; et nous avons vérifié la conclusion générale qui se dégageait de ces chiffres sur quelques Mammifères plus communs et en bon état physiologique, sacrifiés aux abattoirs. Nous donnons-ci-dessous. les valeurs obtenues par la technique fluor ométrique de Gouré- yitch a. Teneur de Riboflavine en y PAR GRAMME DE TISSU FRAIS. Mammifères. Médullaire Corticale. 1° Hippotamus amphibius L. Ç 2 3,5 2° Bison bison L. £ 2,6 4,2 3° Kobus defassa unctuous Laur. $ . . . : 2,8 4,2 4° Lama glama L. g 3,3 4,8 5° F élis leoL. 2,5 13 6° F élis pardus L . £ 3,1 9,9 7° Mouton bélier du Massina . 2,9 6,6 , 8° Bœuf 2,8 à 3,5 7,8 à 10, S 9° Vache 1,8 9,7 10° Veau 3,5 9,2 11° Cheval 1,4 5 1. Verzar F., Huebner H. et Lazt L. : Bioch. Zeit., 1937, t. 292, p. 152. 2. Gourevitch : Bull. Soc. Chim. Biol., 1937, t. 19, pp. 125-527. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 555 — En dehors des variations spécifiques, ou en rapport avec l’état physiologique de l’animal, qui doivent porter sur un très grand nombre d’animaux pour conduire à des conclusions intéressantes, le caractère essentiel qui se dégage de ces résultats est la teneur en riboflavine toujours plus élevée de la partie corticale. Nous avons pu confirmer ce fait par l’examen de coupes à congélation de la surrénale de Rongeurs et de Chiroptères, examinées au micros- cope à fluorescence ; celles-ci montrent après traitement par l’acide acétique une belle fluorescençe jaune verte se développant essen- tiellement dans la partie corticale de la surrénale. Cette différence biochimique entre les deux parties de la surrénale est à rapprocher des données de Giroud et Santa 1 qui montrent que la teneur en acide ascorbique est toujours plus élevée dans la corticale que dans la médullaire ; de celles de Huszak 2 (portant sur la cyto- chrome oxydase, les cytochromes, porphyrines), qui mettent en évidence les répartitions très différentes de ces constituants dans les deux parties de la surrénale ; des observations de Bessoles 1 2 3, enfin, selon lesquelles la phosphatase Ai est beaucoup plus abon- dante dans la corticale que dans la médullaire. Cet ensemble de données chimiques traduit d’importantes dif- férences de métabolisme entre médullaire et cortico-surrénale, et conduit notamment à penser que les processus d’oxydation cellu- laire de ces deux tissus diffèrent nettement. Laboratoire de Physiologie générale du Muséum. 1. Giroud et Santa : C. R. Soc. Biol., t. CXXXIII, p. 420, 1940. 2. HuSzak J. : Bioch. Zeit., t. CCCXII, p. 330, 1942. 3. Bessoles : Thèse pharmacie, Montpellier, 1944. ) Sur le pouvoir oxydant des graines au cours du DÉVELOPPEMENT. Par C. Sosa-Boitrdouil. Nous avons effectué l’étude du pouvoir oxydant des. jeunes graines vis-à-vis de l’acide ascorbique (Vitamine C) dans les fruits verts de trois plantes : Papaver somniferum , Lychnis dioïca et Datura stramonium. La méthode employée est la suivante : On part d’une solution étalon d’acide ascorbique à 2.000 y par cm3 dans PO3 H à 1 p. 100 que l’on conserve à la glacière. Cette solution sert à préparer 1° la solution à 40 y par cm3 employée pour les dosages d’acide ascorbique suivant la méthode de Till- mans modifiée par A. Sosa 1 * ; 2° la solution à 500 y par cm3 par simple addition d’eau bidistillée qui sert à la mesure du pouvoir oxydant. Cette dernière solution est > suffisamment protégée par l’acide métaphosphorique de la solution initiale pour ne pas varier sensiblement au cours des mesures. Les jeunes graines sont extraites rapidement du fruit et immé- diatement pesées. On détermine par ailleurs là teneur en eau. Un premier prélèvement sert à la détermination de l’acide ascorbique préexistant dans la graine. Un deuxième prélèvement sert à la mesure du pouvoir oxydant. Pour cette dernière mesure on opère de la façon suivante : Le matériel est broyé énergiquement en pré- sence d’un volume déterminé de la solution à 500 y par cm3 d’ac. ascorbique. Le broyage dure arbitrairement 1 minute. Au bout de 10 minutes, on arrête les actions diastasiques par addition de 2 gouttes d’acide phosphoiique concentré. On défèque, à l’aide d’une quantité de sulfate d’ammoniaque correspondant à la satu- ration du milieu. Après filtration on dose l’acide ascorbique restant suivant la méthode précédemment employée 1. Pour se trouver dans les conditions de la mesure, il est nécessaire de déterminer au préalable par tâtonnements le volume de la solution d’acide ascorbique correspondant à la prise d’essai, de façon qu’au bout 1. Bull. Soc. Chim. Biol., 1943, 25, p. 146-156. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. — 557 — de dix minutes l’oxydation soit appréciable mais non totale. Ce rapport est déjà un renseignement sur l’ordre de grandeur de l’ac- tivité oxydante. On calcule ensuite le pourcentage d’acide ascor- bique disparu pendant l’oxydation par rapport à la quantité de cette substance existant préalablement dans le milieu. Ces der- nières valeurs nous ont servi à comparer les jeunes graines aux diverses étapes de leur développement. * Résultats. — Pour le pavot œillette, nous avons mis en présence 0 gr. 2 de graines fraîches pour 6 cm3 de solution d’ac. ascorbique (1 cm3 = 500 y) ce qui correspond à 30 fois le volume de la prise d’essai. Nous avons obtenu les chiffres suivants : Papaver somniferum Pouvoir oxydant Teneur en eau. Ovules juste avant la fécondation (fleur épanouie) Ovules récemment fécondés (3 jours après la 87,6 % 89,3 chute des pétales) 97 % 90,1 Graines bien développées opalescentes 37 % 84,9 Graines mûres 0 % 43,6 Donc, pour un même poids de matériel on constate une chute du pouvoir oxydant au cours du développement de l’ovule fécondé évoluant en graine, cette valeur étant voisine de 0 dans les con- ditions de l’expérience pour la graine mûre stabilisée.. D’autre part, on a noté que les jeunes graines avortées du pavot conservent, même après dessiccation une grande partie de leur pouvoir oxydant. Des résultats de même ordre ont été obtenus pour Lychnis dioïca. On a employé ici un volume de solution 1 cm3 = 500 y d’acide ascorbique correspondant à 30 fois la prise d’essai. Afin de préciser le stade de développement des ovules fécondés évoluant en graines nous avons pris le poids de l’ensemble des graines renfermées dans ' le même fruit à diverses étapes. On a ainsi : Lychnis dioïca. Poids des grains d’un fruit 0 gr. 0112 0,153 0,371 Un troisième exemple étudié avec plus de détails dans une phase plus avancée du développement des ovules fécondés est fourni par Datura stramonium. Ici nous avons employé un volume de 1^. solution d’ac. ascorbique correspondant à 100 fois la prise d’essai. Nous avons donc un pouvoir oxydant plus de trois fois supérieur à celui des graines précédemment étudiées. Nous avons calculé le poids moyen d’une graine à chaque étape de sa croissance. Les résultats sont les suivants : Pouvoir oxydant 91.4 % 56.5 6,45 Teneur en eau 82,6 83,2 74,5 — 55g — Datura stramonium Poids d’une graine-' en mg. Pouvoir oxydant (P. O., p. 100) P. O. X poids d'une graine Rayon X P. O. 0,22 87,7 19,3 33 0,25 69,0 17,2 27 0,42 66,4 27,8 31 0,79 54,3 42,9 31 0,94 50,2 47 30 2,3 32,7 75 27 6,0 30,8 180 34 8,6 23,6 203 30 Les teneurs eri eau sont : pour 1 ovule pesant en moyenne 3 ms 36 de 78,6 %, pour 1 ovule pesant 1 83 de 81,3 %, pour 1 ovule pesant 9ms 5 il est de 76,8 %, Si l’on calcule le pouvoir oxydant par rapport à un organe, on constate que cette valeur croît avec l’augmentation de poids de la graine. Si l’on considère l’activité pour un même poids de graines mis en œuvre, on constate comme précédemment une diminution notable au cours du développement. La diminution est plus rapide nu début que vers la fin. Essayant de trouver une relation simple entre le pouvoir oxy- dant et la croissance, nos calculs nous ont conduit à considérer que le pouvoir oxydant relatif à un même poids de graines est en raison inverse du rayon de la graine. En effet, si l’on assimile la densité de la graine à celle de l’eau ce qui est proche de la réalité (80 % d’eau environ) on peut dire que le volume de la graine est repré- 3 /g # } R étant le rayon, p le poids, c le volume d’où R = 4 / — -• Si l’< y 4 tc calcule cette valeur pour chaque expérience et qu’on la multiplie par la valeur correspondante du pouvoir oxydant on obtient sen- siblement une constante comme on peut le voir d’après le tableau. Autrement dit : pour un même poids de matériel mis en œuvre le pouvoir oxydant est inversement proportionnel au rayon de la graine ce qui est une relation remarquablement simple. En résumé : Dans les trois cas examinés, pour un même poids de graines il y a diminution du pouvoir oxydant de la graine vis-à-vis de l’acide ascor- bique, au cours du développement. Dans le cas du Datura on a trouvé une relation simple entre le pouvoir oxydant et le rayon de la graine c’est-à-dire Telativement à l’un des paramètres de la croissance. Laboratoire de Chimie (Physique végétale) du Muséum. — 559 — État actuel des connaissances sur la photosynthèse chez les Bactéries. ' t ' Par Raymonde Villars. Les bactéries vertes et pourpres se développent dans la boue des bassins et des étangs, elles ont pu être obtenues en culture pure sur milieu minéral ou contenant de la matière organique, à la lumière infra-rouge (pour empêcher le développement des Algues) et en anaérobiose. Pigments : Toutes contiennent un pigment vert la bactériochlo- rine isolée par Nadson (1903) et appelée récemment baclériochlo- rophylle (Schneider) à cause de sa parenté chimique avec la chlo- rophylle. Sa formule a été établie par Fischer et Lambrecht (1937). Son spectre d’absorption est différent de celui de la chlo- rophylle : bande D, ultra-rouge et violet. Les chlorobactéries ne possèdent que ce pigment vert, les bac- téries pourpres ont en plus des pigments pourpres, désignés par bactérioérythrine (Arcikovsky), qui semblent appartenir aux^caro- tinoïdes. Le complexe pigmentaire de ces bactéries est appelé bac- tériopurpurine (Lankester). # Physiologie : Parmi ces bactéries les unes ont de véritables auto- trophes, elles assimilent le gaz carbonique et elles exigent pour cela de l’énergie lumineuse et en plus des composés sulfurés réducteurs : par exemple deà" sulfures qui existent dans les limons où se déve- loppent ces bactéries et que celles-ci transforment en soufre ou en sulfates ; les bactéries vertes sont dans ce cas et une partie des Rhodobactéries auxquelles on donne le nom de Thiodoraceæ. D’au- tres bactéries pourpres assimilent le gaz carbonique à la lumière, mais la présence d’aliments carbonés et non de substances sulfu- rées leur est indispensable pour ce travail,' ce sont les Athioroda- ceæ. Cette dualité des bactéries pourpres explique pourquoi les résultats des auteurs étaient contradictoires. Tandis que Wino- gradsky (1887) expérimentait sur des formes sulfureuses et con- cluait à l’autotrophie des bactéries pourpres, les, formes non sulfu- reuses sont tombées dans l’oubli jusqu’aux travaux dg Molisch (1907) qui concluait à l’hétérotrophie. Si on compare les résultats de ces deux auteurs on voit qu’il faut établir une séparation nette entre les unes et les autres. On a maintenant des connaissances précises sur le métabolisme de ces différents groupes de bactéries. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 36 Les bactéries vertes ont été étudiées par Van Niel et Müller,, elles oxydent les sulfures en soufre qui s’accumule à l’extérieur des cellules, l’énergie libérée par cette oxydation, à laquelle s’ajoute l’énergie lumineuse qui est indispensable à ces organismes permet l’assimilation du gaz carbonique. Les Thiodoraceæ ont surtout été étudiées par ces mêmes auteurs et par Roelofsen. Tandis que les bactéries vertes peuvent seulement utiliser les sulfures comme combinaison sulfureuse oxydable, les bactéries sulfureuses pourpres peuvent employer des sulfures, sulfites, hyposulfites et le soufre lui-même (cristallisé, colloïdal ou le soufre libéré par les bactéries vertes). Elles exigent la présence, en plus de CO2 (bicarbonate), de sulfure de sodium par exemple et de lumière. Alors que la lumière p’a aucune importance pour les bactéries sulfureuses incolores, les bactéries pourpres ne se développent pas en l’absence de lumière. L’auteur a démontré quantitativement l’existence de la réaction suivante : 2 CO2 + H2 S + 2 H2 O = 2 CH2 O + SO4 H2 qui est endothermique et nécessite l’intervention de la lumière. Le premier temps de la réaction est le suivant : CO2 + 2 H2 S — > CH2 O -E H2 O + 2 S qui montre une grande similitude avec l’équation de photosynthèse des plantes vertes : CO2 + 2 H2 O -> CH2 O + H2 O O2 > / Dans le premier cas S est le corps excrété, tandis que dans le deuxième cas, il est remplacé par O2, parce que le donneur d’hy- drogène est différent. D’une manière générale on peut représenter toute photosynthèse par la réaction ï CO2 + 2 H2 A CH2 O + H20 + 2 A répondant à la réaction métabolique type de transfert d’hydrogène donnée par Kluyver et Donker : AH + B A + B H Pour les plantes vertes le donneur d’hydrogène est H20, pour les bactéries vertes H2S et les Thiodoraceæ H2S, S03H2, S203H2. Les bactéries vertes et les bactéries sulfureuses pourpres sont des orga- nismes strictement anaérobies, il est nécessaire que l’oxygène soit complètement éliminé du milieu, c’est parce qu’il restait de l’oxy- gène que les premiers essais de culture de Van Niel en présence du soufre, sulfite et hyposulfite de sodium n’avaient pas réussi. Il faut noter qu’il existe une différence remarquable entre les bactéries sulfureuses vertes et pourpres. Les bactéries vertes peuvent oxyder le sulfure de sodium par exemple avec réduction simultanée de CO2, ce qui conduit à la formation de soufre qui, pour ces orga- nismes, est le produit final de l’oxydation. Les bactéries sulfureuses pourpres peuvent aller plus loin et oxyder le soufre produit à l’état de sulfate et cette oxydation est liée à la réduction simultanée de CO2. Ceci se produit aussi bien quand le soufre est accumulé dans lés cellules (grandes formes : Chromatium Okenii ) que lorsqu’il est excrété dans le milieu de culture. Or, tandis que chez les bactéries sulfureuses incolores, il faut oxyder un grand nombre de molécules sulturées pour réduire une molécule de CO2 (environ 32 selon Waksman et StarkeY pour Thiobacillus thiooxydans ), il suffit chez les bactéries pourpres, d’après l’équation donnée ci-dessus, d’oxyder une molécule H2S pour réduire deüx molécules CO2 et ceci en raison dè l’apport d’énergie lumineuse. L’autotrophie des Thiorodoraceæ, qui exigent à la fois de l’énergie lumineuse et un réducteur, relève donc à la fois de la photosynthèse et de la chimiosynthèse. Les Athiorodacese ont été étudiées par Van Nier et principale- ment par Gaffron. Van Niel a obtenu des cultures de Rhodô * bacillus palustris , Spiralis rubrum et Sîreptococôus variant à l’obscurité, en présence de matières organiques, mais dans des conditions aérobies seulement. Les bactéries vivent dans ce cas en hétérotrophes banales et les réactions d’dxydation remplacent les réactions photosynthétiques. D’autre part, il a été constaté que ces différentes bactéries se développent très activement en l’absence d’oxygène, à condition de recevoir de la lumière. Elles ont besoin soit d’oxygène, soit de lumière. L’auteur conclut que les bactéries pourpres non sulfu- reuses se révèlent comme des organismes photosynthétiques pour lesquels la présence de substances réductrices de nature organique est indispensable, Gaffron- a montré que Rhodobacillus se multiplie rapidement dans une solution nutritive composée d’esftrait de levure et de bicarbonate de sodium, dans des conditions anaérobies (atmosphère d’azote ou d’argon avec 5 % de gaz carbonique) et à la lumière, il a obtenu en quelques jours de belles cultures, alors qu’à l’obs- curité aucune Croissance ne se produit. La différence entre le méta- bolisme des bactéries pourpres (Rhodovibrio) et celui des bactéries rouges du soufre (Thiocystis) est très nette. Si on ajoute à une sus- pension de Rhodovibrio une petite quantité de butyrate de sodium et qu’on éclaire ensuite, il se produit pour une molécule d’acide butyrique une assimilation de 0,4 mol. de gaz carbonique et le groupement carboxyle est réduit, à l’obscurité le butyrate n’est pas attaqué. Si on fait la même expérience avec Thiocystis le gaz carbonique n’est pas assimilé. Il a fait une étude détaillée des substances qui peuvent être — 562 — utilisées comme substrats pour la réduction du gaz carbonique. Les substrats. — • L’auteur a expérimenté avec des substances organiques les plus diverses et il a constaté que les substances utilisées sont les acides aliphatiques. La présence d'un groupement carboxyle est la condition fondamentale pour quun corps puisse servir de substrat à l' assimilation. L’absorption du gaz carbonique se produit avec une rapidité presque constante, puis s’arrête ensuite brusquement, l’éclairage prolongé est alors sans effet. Le volume de gaz carbonique absorbé est conditionné par la quantité de substance organique ajoutée : les mêmes quantités de butyrate de calcium produisent l’assimilation des mêmes quantités de gaz carbonique. Le métal du sel d’acide gras est mis en liberté dans la solution et se retrouve à l’état d’hydrate ou de bicarbonate. Le groupement car- boxyle est donc réduit comme le gaz carbonique. Une recherche quantitative du gaz carbonique fixé se compose donc de deux par- ties : déterminer d’une part la quantité de gaz qui est utilisée pen- dant l’éclairement et, d’autre part, la quantité de gaz carbonique liée chimiquement qui a disparu au cours de l’expérience. Le volume de CO2 assimilé dépend également de la grosseur de la molécule des acides gras réagissants. L’auteur a recherché le nombre de molé- cules de gaz carbonique assimilé par les bactéries pourpres en pré- sence d’une molécule d’acide acétique, propionique, butyrique et il a constaté que la quantité de CO2 assimilé augmente avec la lon- gueur de la molécule d’environ 0,5 mol. CO2 par groupement méthy- lénique. Il a construit un graphique en portant en abcisses le nombre de groupements CH2 existant dans la molécule d’acide gras et en ordonnées les volumes de gaz carbonique assimilé exprimés en molécules. En deux points cette augmentation est interrompue : le passage de l’acide propionique à l’acide butyrique, de même que le passage de l’acide caproïque (C6) à l’acide heptylique ne change pas le volume de gaz carbonique assimilé. Pour les acides gras supérieurs, à partir de l’acide nonylique (C9) on obtient des résul- tats mal concordants : la masse de gaz carbonique absorbée est située au-dessus ou au-dessous de celle à laquelle on pouvait s’at- tendre. Il était également intéressant de rechercher quels sont les effets de la substitution. C’est la vitesse d’assimilation qui a servi de base de comparaison. Si les atomes d’hydrogène du carbone situé en a par rapport au groupement carboxyle sont substitués, la réaction se produit beaucoup plus lentement : cas de l’acide acétique et des acides méthyl-, éthyl-, et diéthylacétique, la réaction est extrême- ment lente avec l’acide diéthylacétique. Si l’on compare après le même temps l’absorption de CO2 évaluée en mm3 des bactéries pourpres en présence d’acide valérianique CH 3 (CH2)3 COOH et d’un de ses isomères où l’atome de C a est \ 563 CPP CH2\ bisubstitué : CH3,/ ^ — COOH, on voit qu’avec ce dernier elle est nettement plus faible, de même pour l’acide capronique CH3 — (CH2)4 — COOH et son isomère (CH2 — CH2)2 CH — COOH avec lequel l’absorption de gaz carbonique est particulièrement faible. Une substitution sur un atome de C plus éloigné n’a pas d’in- fluence sur la vitesse d’assimilation : en présence des acides valé- rianiques isomères CH3 — (CH2)3 — COOH et (CH3)2 CH - — CH2 — COOH la quantité de gaz carbonique absorbée par les bac- téries pourpres après un temps t est la même ; aussi pour les acides caproniques isomères : CH3 — (CH2)4 — COOH et (CH3)2 CH — (CH2)2 — COOH. Avec la substitution du dernier atome d’hydrogène du C a le pouvoir d’assimilation disparaît presque complètement : acide triméthylacétique, acide a-oxy-isobutyrique (CH3)2 — C (OH) — COOH, acide valérianique (CH3)3 — C • — COOH, (avec lequel on n’a noté aucune absorption). Parmi les acides a-cétoniques, avec l’acide pyanoique CH3 — CO — COOH l’assimilation est assez rapide, probablement parce qu’il est facilement transformé. La grande résistance à l’attaque par les bactéries de l’acide glycolique (ou acide oxy-acétique) CH2 OH - — - COOH est un fait frappant comparativement à celle de l’acide acétique. Avec les acides aminés l’absorption de gaz carb. est très faible (acide aspartique). On peut multiplier à volonté les exemples sur la signification de l’atome de carbone oc. Il convient de remarquer que les acides dicarboniques reagissent plus lentement que les acides monocarboniques. L’assimilation photochimique par les bactéries pourpres de subs- tances organiques ne se produit rapidement que lorsqu’il existe un groupement carboxylméthylênique libre dans la molécule alipha- tique. Les acides non saturés essayés ont tous été assimilés en même temps qu’une certaine quantité de gaz carbonique. On a comparé l’absorption de CO2 avec l’acide butyrique et l’acide crotonique qui présentent le même nombre d’atomes de carbone, mais dif- fèrent par deux atomes - d’hydrogène. La valeur moyenne avec l’acide butyrique est de 1.4 mol. CO2, alors qu’avec l’acide croto- nique elle est de 1,06 ; une différence de 2 H cause une différence de 0,34 mol. CO2. Gaffron a aussi montré que ces microorganismes peuvent assi- miler l’acide carbonique en présence d’hydrogène moléculaire, d’après les mensurations métaboliques mol. H2 /mol. CO2 = 2, ce qui correspond à l’équation : CO2 + 2 H2 -*■ H2 O -f CH2 O. 564 De même les bactéries pourpres sont capables d’assimiler à la lumière les acides aliphatiques, en utilisant le pouvoir réducteur de l’hydrogène. L’acide acétique, lactique et malique sont rapidement réduits ; l’acide glycolique est réduit beaucoup plus lentement. Van Niel s’appuyant sur ces différentes considérations a donné le schéma suivant mettant en évidence la relation entre les trois groupes de bactéries photosynthétiques : Nature de la substance réductrice H2 A indispensable à la photosynthèse H2 S Composés sulfurés inorganiques Ha oxydables et composés organiques Bactéries vertes Thiodoraceae Athiorodaceæ Chez les bactéries colorées nous nous trouvons en présence de réactions variées de photo-oxydoréductions dans lesquelles le gaz carbonique peut être réduit par des agents divers : H2S, S, S03H2, S2 O3 H2, acides aliphatiques, hydrogène, avec le concours indis- pensable de la lumière ; il semble même qu’une fonction acide organique puisse être réduite intramoléculairement par une chaîne hydrogénée à l’aide de la lumière. En ce qui concerne le premier produit résultant des photosynthèses bactériennes les travaux de Gaffron l’ont amené à la conclusion qu’il se forme deux composés différents dont l’un correspond à la formule C4H602 et dont l’autre est inconnu. Ainsi pour l’assimilation de 1 mol. d’acide acétique, il y a absorp- tion d’une 1 / 2 mol. H2, ce qui peut s’interprêter par la réaction suivante : CH3 COOH H + | -** C4H602 + 2 H2 O CH3 COOH H De même pour chaque mol. d’acide heptylique il est absorbé 1 mol. d’acide carbonique. C7 H34 O2 + CO2 C8 H14 O4 qui ne diffère de (C4H602)2 que par 1 mol. d’hydrogène. A l’appui de ceci il y a le fait que les analyses chimiques ont montré que la composition élémentaire des bactéries pourpres cor- respond presque à la formule C4H602 à dix pour cent près d’azote. On a aussi pu extraire par le chloroforme des cellules bactériennes un corps dont la formule est [C4 H6 04]w. Laboratoire d’ Anatomie comparée des Végétaux vivants et fossiles dn Muséum. 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Disposant d’un abondant matériel,- nous avons été amené, en présence de variations multiples présentées par certains spécimens, à examiner un très grand nombre de fleurs de ces deux espèces (plus d’une centaine) en portant principalement notre attention sur l’androcée : entre les problèmes divers que pose la structure florale dans cette famille, aucun n’a en effet, soulevé plus de con- troverses que l’interprétation des caractères de ce verticille 2. Les Févillées comprennent les types les plus primitifs de Cucur- bitacées, et parmi elles les Xerosicyos présentent à cet égard une simplicité de structure remarquable, en particulier quant aux con- crescences, Celles-ci sont réduites au minimum, tant entre les diverses pièces de chaque verticille, qu’entre les divers verticilles. La fleur $ comporte normalement 4 sépales libres, 4 pétales libres et 4 étamines libres à anthères horizontales, uniloculaires, extrorses, à déhiscence transversale. Deux des pétales opposés recouvrent légèrement les deux autres dans le bouton. Les filets staminaux, dont le point de départ est toujours situé près du centre de la fleur, sont exactement alternipétales, au moins dans le bou- ton, ou, le plus souvent, rapprochés deux à deux vers la base des pétales recouvrants. La fleur Ç comporte 4 sépales libres, 4 pétales libres disposés comme ceux de la fleur 4 staminodes rapprochés deux à deux vers la base des pétales recouvrants, deux carpelles soudés seule- ment sur la 1 / 2 ou les 3 /5 de leur longueur, et dont les placentas se rapprochent de l’axe sans se souder entre eux, de sorte que l’ovaire, semi-infère, n’est qu’imparfaitement biloculaire ; les par- 1. Nous avons décrit récemment un second genre de Févillées pour deux autres espèces du Sud de l’Ile : Zygosicyos tripartitus Humb. et Z. hirtellus Humb., ce qui porte à 4 le nombre des représentants de cette tribu actuellement connus à Madagascar. Ces deux genres endémiques constituent une sous-tribu nouvelle, les Févillées Xérosi- cyoidées. — Cf. H. Humbert (11). 2. Ne pouvant nous étendre ici sur ces controverses, nous renvoyons le lecteur aux. références citées dans la bibliographie. Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 567 — ties supérieures des carpelles, libres entre elles, divergent en se prolongeant par deux styles courts et épais à stigmates spathulés. Le fruit, coriace à maturité, en cône renversé et un peu aplati, porte nettement, sous forme d’une ligne transversale située entre la 1 / 2 et les 2 /5 supérieurs de sa longueur, la trace du niveau d’in- sertion des pièces florales libres au-dessus de l’hypanthium ; il s’ouvre par une fente supérieure située entre les vestiges des bases stylaires écartées. En résumé, normalement, toutes les pièces sont libres dans la fleur <§. Seuls les carpelles sont partiellement concrescents entre eux et avec le réceptacle invaginé, dans la fleur Ç. C’est dans les fleurs $ de X. Perrieri que nous avons observé les variations les plus nombreuses et les plus accusées. Celles-ci se présentent simultanément sur les diverses fleurs d’un même rameau et en proportion très variable selon les individus. La pro- portion et la diversité les plus grandes d’anomalies nous ont été fournies par les spécimens récoltés par H. Perrier de la Bâthie, sous le n° 12707 près de Benenitra (Onilahy), et, en second lieu, par les nos 4380, 18659 et 2228 du même botaniste, provenant, les deux premiers des environs d’Ampanihy (extrême Sud), le troi- sième de l’Antsingy (Bemaraha). Chez X. Danguyi nous n’avons observé, sur 7 exemplaires de provenances diverses, qu’un petit nombre d’anomalies, d’ailleurs du même ordre que celles offertes par X. Perrieri. Pour alléger l’exposé, nous avons résumé les variations de X. Per- rieri sous forme de tableau : Variations des fleurs £ de Xerosicyos Perrieri Humb. S — sépales ; P = pétales ; E — étamines ; fl = filets entièrement libres ; f 1/2 s, f 3/5 s... = filets soudés sur la 1/2, les 3/5... de leur longueur ; f. s. = filets soudés sur toute leur longueur ; a 1 = anthères libres (cette précision n’est utile que dans le cas de filets entièrement soudés entre eux) ; a c = anthères connées ; St = staminode ; C = carpelle ; C 1 = carpelle libres. (Fl. normale) (12707 Perr.) » » » » » » » 4S+4P + 4E:fl (fig. 1, diagr. 1). 4 S + 4 P + 4 E : 2 E fl, 2 E f 3/5 s (fig. 2). 4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/8 s, 2 E f 1/2 s. 4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/4 s, 2 E f 3/4 s. 4S+4P+4E:2Efl, 2Efsal (fig. 3). 4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/4 s, 2 E fs al (vu 3 fois). 4 S + 4 P + 4 E : 2 E fl, 2 E fs ac (vu 2 fois) (diagr. 3). 4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/2 s, 2 E fs ac (fig. 4, 5) (vu 2 fois) 1. 4 S + 4 P + 4 E : 2 E fs al, 2lE fs al. 1. La fleur de la fig. 5 offre une légère irrégularité du calice : un sépale (en avant su le dessin) est un peu dévié et allongé vers la gauche à sa base. 568 — » » (2228 Perr.) (12707 Perr.) » » » B » » B (18659 et 4380 Perr.) (18659 Perr.) » » » (2228 Perr.) (4380 Perr.) (2288) Perr.) 4 S + 4 P -f 4 E ; 2 E fa al, 2 F- h ac (fîg. 6). 4 S + 4P + 4 E : 2 E fs ac,2 fs ac (fîg. 7, diagr, 4), 4S + 4P + 4Efl + lc \ 4S + 4P + 3E:2Ef 4/5 s, 1 E fl. 4 S + 4 P : 2 PI. 2P 4/5 s + 3 E fl. 4S + 3P + 3E, 2Efl, lEfl1 2 3. 3 S + 3 P + 4 E : 2 E Fl, 2 E f 1/2 s. 3S+3P+4E:2Efl, 2 E f s al (fîg. 8). 3S + 3P + 3EA (fîg. 9) (diagr. 6) *. 3S + 3P + 3Efl:2Efl,lEfl4. 3 S + 3 P + 3 E : 1 E fl, 2 E f 4/5 s (fîg. 10). 5S-}-5P+5Efl (fîg. 11) (Vu plusieurs fois) 5. 5 S + 5 P -f 5 E : 3 E fl, 2 E f 1/4 s. 5S + 5P + 5E:4Efl,lSt (diagr. 7). 5S + 5P + 3EA. 5 S + 3 P + 3 E fl. 4S + 4P+4EA + 1C6 7. 4 S + 5 P + 5 E : 4 E fl, 1 St *. 4S + 5P+5E:4Efl, 1 St + 2 Cl (fîg. 12) 8. L’examen combiné de ce tableau, des figures et des diagrammes? suffit à donner un aperçu de la diversité et de l’amplitude des varia- tions observées dans les fleurs <$, où le nombre des pièces florales peut différer d’un verticille à l’autre, dans des limites d’ailleurs faibles, allant de la trimérie à la pentamérie. Les cas de trimérie et de pentamérie régulières et complètes, avec alternance exacte des étamines par rapport aux pétales, sont rares. La préfloraison, dans les corolles normales à 4 pétales, dérive du type quinconcial. Mais, dans les fleurs à 3 ou 5 pétales, elle peut être du type imbri- qué (diagr. 6 et 7), avec des variantes dans la disposition réciproque des pièces. La présence d’un pistillode, d’ailleurs, très rudimentaire, est tout à fait exceptionnelle, mais intéressante à noter comme le vestige d’un hermaphroditisme primitif. L’androcée, à partir de la disposition parfaitement alternipétale des étamines (fig. 1, diagr. 1), qui est habituelle dans les fleurs 1. Pistillode formé d’un seul carpelle, rudimentaire, mais à style normal. 2. 2 étamines rapprochés par la base des filets en une paire opposée à l’un des pétales, la 3e alterne avec les 2 autres pétales. 3. Fleur trimère à étamines régulièrement alternipétales. 4. Même observation que (2). 5. Fleur pentamère à étamines régulièrement alternipétales. 6. Pistillode formé d’un carpelle rudimentaire dévié de 45° comme dans le cas suivant. Le reste de la fleur normal. 7. Avec alternance régulière entre les 5 pièces de l’androcée et les pétales ; deux de ceux-ci, à l’intervalle desquels correspond le staminode, représentent un pétale dédou- blé. 8. Fleur très anomale, avec un des 4 pétales dédoublé au-dessus de la base, quatre étamines fertiles, un staminode rapproché d’une des étamines fertiles près de l’inter- valle entre deux pétales, un pistillode formé de deux carpelles rudimentaires libres et dévié de 45° par rapport au diagramme normal d’une fleur Ç. Xerosicyos Perrieri Humb. — Figures: 1, fleur ^ normale; 2-12, variations de fleurs ^ . — Diagrammes : 1, fleur ^ normale ; 2-4, variations de fleurs ^ tétra- mères ; 5, fleur Ç normale ; 6, fleur ^ trimère ; 7, fleur $ pentamère, avec un staminode ; 8-10, variations de fleurs Ç. de X. Perrieri, au moins lorsqu’elles sont jeunes, offre une série de cas de rapprochements et de concrescences de plus en plus accusées des filets, allant jusqu’à la soudure totale de ceux-ci deux par deux et à la coalescence partielle des anthères correspondantes. Le premier échelon dans cette série est fourni par le rapprochement — 570 des filets staminaux en paires opposées aux pétales recouvrants, disposition assez fréquente chez X. Perrieri dans la fleur épanouie (diagr. 2) 1 et habituelle chez X. Danguyi dès avant l’anthèse. Parfois une seule paire d’étamines présente cette contiguité basi- laire des filets, tandis que les deux autres étamines sont encore alternipétales (ou que, dans un cas d’androcée trimère, la 3e éta- mine est alternipétale). D’autres échelons sont marqués par les coalescences de plus en plus accusées qui peuvent affecter une des deux paires d’étamines, ou les deux paires à la fois, inégalement ou également. Le cas limite observé est celui de deux paires d’éta- mines doubles réalisant un androcée diandre à anthères bilocu- laires, celles-ci étant d’aillemrs incomplètement coalescentes (fig. 7, diagr. 4). Cette série illustre parfaitement l’interprétation de Bâillon [1-6] relative à la structure de l’androcée des Cucurbitacées, cons- titué, d’après cet auteur, par 5 étamines uniloculaires, primitive- ment équidistantes (cas des Fevillea et des Zanonia). mais plus ou moins déplacées dans la plupart des, genres, où quatre d’entre elles sont rapprochées complètement ou incomplètement deux à deux 1 2. Elle infirme au contraire l’assertion de Van Tieghem [15-17] suivant laquelle l’androcée des Cucurbftacées est composé partout de deux paires et demie d’étamines collatérales à anthère extrorse munie de d’eux sacs polliniques par suite de l’avortement des deux paires et demie qui complètent le verticille décamère, et l’expli- cation qu’il donne du cas des Fevïllea et autres genres de la même tribu : « les étamines dévèloppées s’écartent l’une de l’autre en devenant toutes équidistantes et épisépales » 3. En ce qui concerne les fleurs Ç, nous n’avons pu en examiner qu’un nombre très restreint. Quelques-unes, chez X. Perrieri , présentent des variations portant sur le nombre et la position des staminodes : au lieu de 2 staminodes rapprochés par paires devant les pétales recouvrants, comme des paires d’étamines de 1. Ce rapprochement (ou entraînement suivant un plan horizontal, suivant l’expres- sion de Bâillon) s’accompagne d’une légère incurvation latérale des filets, qui diver- gent quelque peu, de sorte que les deux anthères d’une même paire restent au niveau des i ntervalles entre les pétales, mais sont inclinées comme les deux branches d’un accent circonflexe. 2. Elle est à comparer aux variations des fleurs de Pâtisson décrites et figurées par Dutailly (9). Cet auteur est d’accord avec Payer et Bâillon sur l’interprétation de la structure fondamentale de l’androcée des Cucurbitacées. Mais il critique la notion et le terme d’entraînement (Bâillon), divergence portant sur les causes du déplacement relatif des étamines. 3. Van Tieghejji (15-17) après avoir proposé successivement plusieurs interpréta- tions, résumées dans l’article cité sous le n° 17, et basées uniquement sur la course des faisceaux vasculaires (qui s’organisent tardivement), finit par conclure : « C’est l’an- drocée des Févillées qui dérive des Courges, en passant par celui des Lufîes et des Thladianthes par un écartement et une régularisation dont la cause et le mécanisme sont évidents »'! Les faits exposés dans la présente note démontrent l’évidence d’une différenciation en ordre exactement inverse de celui imaginé par cet auteur. — 571 fleurs (diagr. 5), nous avons observé des staminodes isolés, oppo- sitipétales, ou la combinaison des deux cas, ou encore l’absence de l’un d’eux (diagr. 8 à 10). L’entraînement peut donc être irré- gulier, comme il arrive parfois dans les fleurs <$. Les caractères primitifs de l’organisation florale des Xerosicyos cadrent parfaitement avec le cachet d’archaïsme que leur confèrent leur isolement à Madagascar et la distribution géographique, sur des territoires très anciennement séparés de la Grande- Ile, des genres alliés, parmi lesquels ceux qui s’en écartent le moins au point de vue systématique sont les Zanonia indo-malayo-papous et les Gerrardanthus africains. Il est remarquable que ce genre, représentant une très ancienne lignée, cumule, pour ainsi dire, dans les variations florales d’un même individu, des caractères habituellement fixés et - de valeur générique dans la famille, particulièrement en ce qui concerne les dispositions si variées de l’androcée. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 1. Bâillon. Considération sur le parthénogenèse dans le règne végétal. Adansonia, p. 129, 1860. 2. — ■ Essai sur les lois de 1J entraînement dans les végétaux. C. R. Ac. 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Un lézard nouveau du Mont Nimba (Hte Guinée française), appar- tenant au genre Lygosoma (Matériaux de la Mission Lamotte au M* Nimba, en 1942 (3e note) 293 — Une nouvelle espèce d’Amphibien (genre Hylambates ) de la Hte-Guinée française (Matériaux de la Mission Lamotte au Ml Nimba, en 1942 — 4e note) ..... 420" — Contribution à l’étude de la faune herpétologique du Sahara central. .... 418 Anthony (J.) . Sur une anomalie présentée par un cerveau dé Macaca sylvanus (L.) . .. 287 — Remarques relatives au cerveau de Cebus apella L 405 Arènes (J.). Hybrides nouveaux de Composées cynarocéphales (suite et fin). 196, 519 Bargeton (M.). Etude histochimique des réserves de graisses chez Gryphæa angulata Lmk 375 Berlioz (J.). Notes critiques sur quelques Turdidés de la faune Ethiopienne. . 96 Bertin (L.). Synopsis ostéologique et Synonymie des Poissons de la Famille des Serrivoméridés (Apodes Anguilliformes) 101 — Aquarelles et sépias ayant servi à l’illustration des ouvrages ichthyolo- giques de Louis Agassiz 415 Bourdelle (E.). Considérations sur la tête osseuse du Zèbre de Foa ( Equus quagga Foai Praz. et Trt.) et sur la valeur spécifique du spécimen décrit sous ce nom 111 Budker (P.). Sur les cryptes sensorielles de Stegostoma varium (Seba) 166 — Sur la capture, au large du Cap Blanc (Mauritanie) de deux Anges de Mer. Squaiina oculata Bonap. et Squatina aculeata A. Duméril 426 Carayon (J.). Sur un Epicaride français nouveau : Gyge arcassonensis n. sp., et sur la définition du genre Gyge 238 Chabanaud (P.). Notules ichthyologiques t 433 Chavan (A.). Sur deux genres de Risso : Prolula, Lermintina 331 Sur une remarquable espèce de Tudicla. 530 Cherbonnier (G.). Les Mollusques de France de la collection Locard. Mollus- ques terrestres (4e note). Famille Helicidæ ((suite) 132 Chesnais (F.). Anatomie du système végétatif du genre Heberhardtia H. Le. 142 — Etude anatomique du genre Sarcosperma Hook. f. (Sarcospermacée) . 514 Chevalier (A.). Notes sur le parc arboretum de Baleine 491 Dehaut (E.-G.). Quelques manifestations actuelles de l’action inhibitoire exercée sur l’évolution des Mammifères par les continents du Sud 41 2 Démangé (J, 4L). Quelques mots sur là muè de Lithobius forfièalüs L. (Myria- podes chilopodes) 235 — 573 Desportes (C.). Etude de quelques caractères morphologiques de Toxascaris Leonina (Linstow 1902) provenant d’un Puma 308 Devillers (Ch.). Le rôle des Pit-organs dans la morphogenèce de l’ostéocrane des Téléostéens. Le problème du squamosal 295 Dollfus (R.-Ph.). Sur les Cestodes de Puma concolor.„ . , . » , 316 Fischer (Ed.). Histoire de la chaire de Malacologie (Leçon inaugurale faite au Muséum le 22 novembre 1944) 385 Fischer-Piette (E.) et Beigbeder (J.). Catalogue des types de Gastéropodes marins conservés au Laboratoire de Malacologie. — IV. Fusidæ, Buc- cinidæ ; V. Nassidæ, Vasidæ, Volutidæ 70, 348 — Id., VI, Mitridæ, Marginellidæ, Olividæ, Columbellidæ et Conidæ 443 Fontaine (M.) . La Chaire de Physiologie générale du Muséum, 204 — et Callamand (O.). Sur la répartition de la riboflavine dans la glande surrénale des Mammifères 554 Guillaumin (A.). Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXIV. Plantes de collecteurs divers. . . ... ............. .v ...» 78 — Id., LXXXV. Ibid.. 346 1 — André Thoüin et l’enrichissement des collections de plantes vivantes du Muséum aux dépens des jardins de la liste civile, des émigrés et con- damnés. D’après ses notes manuscrites 383 — Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin 490 — et Chaudun ( V.) . La collection de modèles réduits d’instruments agri- cole? et horticoles du Muséum, à propos d’une lettre inédite de A. Thoüin 137 ■ - — et Manguin (E.). Floraisons observées dans les serres du Muséeum pen- dant Tannée 1943 135 Hoffstetter (R.). Sur les Scincidae fossiles. I, Formes européennes et nord- américaines 547 Humbert (H.). Variations de la structure florale chez des Cucurbitacées pri- mitives 566 Jeannel (R.). Allocution prononcée aux obsèques de M. P Professeur E.-L. Bou- vier, membre de l’Institut, Professeur honoraire au Muséum, à Maisons- Laffitte, le 17 janvier 1944 7 Jovet-Ast (S.). Muscinées de là tourbière de Somman (Hte-Savoie) 148 Laurent (P.). Essai de Biométrie sur la Chauve-Souris Murine 66 — Observations biométriques sur le Minioptère de Schreibers 223 Legrand (J.-J.), Contribution à l’étude des Isopodès terrestres du Sud-Ouest de la France 109 Lhoste (L.-J.). Révision des Limnées fossiles (d’après les caractères de la microsculpture interne et externe du test) 535 Loubièrf, (A.). Considérations générales sur les Myrtacées vivantes et fossiles. 359 — Distribution stratigraphique des Lépidodendrées 363 Millot (J.). Leçon inaugurale du Cours d’ Anatomie comparée . . ............ 260 Morellet (L.). Notes sur le Lutétien de Rennemoulins (Seine-et-Oise) 195 Neuville (H.). Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth de Sibérie (Elephas primigenius Blum) 353 Nouvel (J.). Un cas mortel d’Àscaridiose du Puma (Puma concolor L.)... 306 — et Séguy (E.). Quelques ectoparasites des animaux sauvages du Parc Zoologique du Bois de Vincennes 128 Parrot (A.-G.). Envahissement progressif de la région de Bayonne-Biarritz par la Cochenille australienne : Icerya purchasi Mask 176 Paulian (R.). Les Types d’insectes de Mulsant au Muséum de Paris 117 — et Serfaty (A.). Le rythme nycthéméral des larves d’Aeschnes 342 Paulian de Félice (L.). Oniscoïdes récoltés par M. R. Heim de Balsac'daiis les terriers et les nids, . ........ . . .......... . ■. •. . . •. v»v 174 — 574 Peltier (M.). Zoocécidies nouvelles ou peu connues de l’Afrique 525 Pérès (J.-M.). Contribution à l’étude des Unionidae de l’Afrique du Nord. . 463 Richard (L.). Observations sur les dentitions de lait d ’Equus stenonia Cocchi de Senèze (Hte-Loire) ‘ 544 Roger (J.). Eryoneicus ? Sahel almæ n. sp., Crustacé Décapode du Sénonien du Liban , .«■ 191 — Essai d’interprétation d’une forme curieuse de Flabellum du Pliocène ancien de Dar bel Hamri 245 — Organisation des collections d’invertébrés du Laboratoire de Paléonto- logie du Muséum 541 — et Lefebvre (G.). Quelques observations sur les genres Cardilopsis, Erycindla et Triodonta 155 Roth (P.). Sur le comportement du tissu mqsculaire dans la métamorphose expérimentale des Batraciens 160 — Rôle du rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des Têtards d’Alytes obstetricans (Laur.) 422 — L’exophthalmie dans la métamorphose expérimentale des Batraciens anoures 368. Sosx-BopRDouiL (C.). Sur le pouvoir oxydant des graines au cours du déve- loppement 556 . Têtry (A.). Octolasium Calarensis n. sp. Un nouvel Oligochète français 179 Tixier-Durivault (A.). Les Alcyonaires du Muséem. I. Famille des Alcyo- midæ. 1. Genre Loi .laria (suite et fin) 183, 476 Urbain (Ach.). Allocutior prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Allorge. Paris, 25 janvier .344 11 — Allocution pronov :ée aux obsèques de M. le Professeur P. Bertrand, Paris, 28 février 1944 88 — Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur J. Pellegrin, à Paris, 17 août 1944 257 — Allocution prononcée par M. le Directeur du Muséum en ouvrant la séance de l’Assemblée de MM. les Professeur du Muséum, le 21 septembre 1944 259 — Une petite épidémie de parathyphose sur les Grenouilles (Rana escu- lenla L.) 290 — Bullier (P.) et Nouvel (J.). Rapport sur la mortalité et la natalité enre- gistrées au Parc Zoologique du Bois de Vincennes en 1943 56 — Nouvel (J.) et Bullier (P.). Néoformations cutanées et osseuses de la tête chez les Girafes 91 Vachon (M.). Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon : Belisarius Xambeui E. S 298 — Pseudoscorpions nouveaux des collections du Muséum national d’His- toire naturelle de Paris 439 Vallois (H.). L’évolution de la Chaire d’Ethnologie du Muséum National d’Histoire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mars 1943.) 38 Villiers (A.), Nouveaux Acanthaspiditæ d’Afrique Orientale (Hem. Redu- viidæ ) 128 Yillars (R.). Etat actuel des connaissances sur la photosynthèse chez les Bactéries 559 Le Gérant : Marc André. abbevillb. IMPRIMERIH F. paillart (o. P. L. 31.0832). — 21-3-1945 SOMMAIRE Pages Actes administratifs 383 Ed. Fischer. Histoire de la chaire de Malacologie (Leçon inaugurale faite au ' Muséum le 22 novembre 1944) . 385 Communications : J. Anthony. Remarques relatives au cerveau de Cebus apella L 405 E. Bourdelle. Considérations sur la tête osseuse du Zèbre de Foa ( Equus quagga Foai Praz. et Trt.) et sur la valeur spécifique du spécimen décrit sous ce nom 408 E. Ç. Dehaut. Quelques manifestations actuelles de l’action inhibitoire exer- cée sur l’évolution des Mammifères par les continents du Sud 412 L. Bertin. Aquarelles et sépias ayant servi à l’illustration des ouvrages ich- thyologiques de Louis Agassiz. . 415 E. Angel. Contribution à l’étude de la faune herpétologique du Sahara central. 418 — Une nouvelle espèce d’Amphibien (genre Hylambales de la Hte-Guinée française (Matériaux de la Mission Lamotte au M* Nimba en 1942).. 420 P. Roth. Rôle dju rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des têtards d’Alyles obstetricans (Laur.) ■ 422 P. Broker. Sur la capture, au large du Cap Blanc (Mauritanie) 'de deux Anges de Mer : Squalina oculala Bonap. et Squ'alina acaleala A. Duméril 426 P. Chabanaud. Notules Ichthyologiques (suite) 433 M. Vachon. Pseudoscorpions nouveaux des collections du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris.... 439 R. Paulian et A. Serfaty. Le rythme nycthéméral des larves d’Aeschnes. .... 442 E. Fischer-Piette et J. Bèigbeder. Catalogue des Types de Gastéropodes marins conservés au Laboratoire de Malacologie. VI. Mithridæ, Margi- nellidæ. Olividæ. Çolumbellidæ et Conidæ. 443 J.-M. Pérès. Contribution à l’étude des Unionidæ de l’Afrique du Nord 463 A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyo- niidæ. 1. Genre Lobularia (fin) 476 A. Guillaumin. André Thoüin' et l’enrichissement des collections de plantes vivantes du Muséum aux dépens des jardins de la liste civile, des émigrés et condamnés d’après ses notes manuscrites * 483 — Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin 490 A. Chevalier. Notes sur le Parc-arboretum de Baleine 491 F. Chesnais. Etude anatomique du genre Sarcosperma Hook 514 J. Arènes. Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales (suite et fin) . . 519 M. Peltier. Zoocécidies nouvelles ou peu connues de l’Afrique 525 A. Ciiavan. Sur une remarquable espèce de Tudicla \ 530 L.-J. Lhoste. Révision des Limnées fossiles (d’après les caractères de la micro- sculpture interne et externe du test) 535 J. Roger. Organisation des collections d’invertébrés du Laboratoire de Paléontologie du Muséum 541 L. Richard. Observations sur les dentitions de lait d’Equits Stenonis Cocchi de Senèze (Hte-Loire) 544 R. Hoffstetter. Sur les Scincidæ fossiles. I. — Formes européennes et nord- américaines 547 M. Fontaine et O. Callamand. Sur la répartition de la riboflavine dans la glande surrénale des Mammifères 554 C. Sosa-Bourdouil. Sur le pouvoir oxydant des graines au cours du dévelop- pement 556 R. Villars. Etat actuel des connaissances sur la photosynthèse chez les Bac- téries 559 Humbert (H.) Variations de la structure florale chez des Cucurbitacées pri- mitives 566 Table des matières du Tome XVI 572 ÉDITIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 36, RUE GEOFFRO Y-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802 comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol. par an, 300 fr.). Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895). (Un vol. par an, abonnement annuel France, 100 fr., Étranger, 120 fr.). Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com^ mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol-. 230 fr.). Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité fixe ; paraît depuis 1933). Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît depuis 1822 ; échange). Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro- gamie ; paraît depuis 1909; abonnement au volume, France, 90. fr. ; Etranger, .150 fr.). Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.. Etranger, 150 fr.). Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ; prix variable par fascicule). Bulletin du Musée de l’Homme. (Place dii Trocadéro ; paraît depuis 1931 ; prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.). Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange). Travaux du Laboratoire d’Entomologie ) (Laboratoire d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; échange). Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A. Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921. Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto- gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger, 200 îf.)., Revue Bryologique et Lichénologiqûe. (Directeur M, N., Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger, 80 fr.). Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ). (Directeur^ MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger, 80 et 100 fr.). Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, (Directeur' M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger, 55 fr.).