BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL d’HISTOIRE NATURELLE PUBLICATION BIMESTRIELLE zoologie 188 N» 266 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1974 BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, rue Cuvier, 75005 Paris Directeur : Pr M. Vachon. Comité directeur : Prs Y. Le Grand, C. Lévi, J. Dorst. Rédacteur général : Dr M.-L. Bauchot. Secrétaire de rédaction : M me P. Dupérier. Conseiller pour l’illustration : Dr N. Halle. Le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, revue bimestrielle, paraît depuis 1895 et publie des travaux originaux relatifs aux diverses branches de la Science. Les tomes 1 à 34 (1895-1928), constituant la l re série, et les tomes 35 à 42 (1929-1970), constituant la 2 e série, étaient formés de fascicules regroupant des articles divers. A partir de 1971, le Bulletin 3 e série est divisé en six sections (Zoologie — Botanique — Sciences de la Terre — Sciences de l’Homme — Sciences physico-chimiques — Écologie générale) et les articles paraissent, en principe, par fascicules séparés. S’adresser : — pour les échanges, à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’His- toire naturelle, 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 9062-62) ; — pour les abonnements et les achats au numéro, à la Librairie du Muséum 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 17591-12 — Crédit Lyonnais, agence Y-425) ; — pour tout ce qui concerne la rédaction, au Secrétariat du Bulletin, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Abonnements pour l’année 1974 Abonnement général : France, 440 F ; Étranger, 484 F. Zoologie : France, 340 F ; Étranger, 374 F. Sciences de la Terre : France, 90 F ; Étranger, 99 F. Botanique : France, 70 F ; Étranger, 77 F. Écologie générale : France, 60 F ; Étranger, 66 F. Sciences physico-chimiques : France, 20 F ; Étranger, 22 F. International Standard Serial Number (ISSN) : 0027-4070. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 3 e série, n° 266, novembre-décembre 1974, Zoologie 188 Le statut générique de quelques Batraciens malgaches par Jean Guibé * Résumé. —- L’étude de certains Rhacophoridés malgaches aboutit à une modification de leur statut générique. Rhacophorus pulcher Blgr et R. liber Peracca deviennent des Gephyroman- tis, le second étant synonyme du premier. R. bicalcaratus O. Boettger est également un Gephy- romantis. R. depressiceps Blgr et R. rnocquardi Blgr sont incorporés dans le genre Mantidactylus , le dernier est synonyme du premier, il en est de même pour R. tornieri E. Ahl. R. ( Philautus) made- cassus Millot et Guibé devient un M antidactylus. Abstract. — Study of some malagasian Rhacophorids lead to modifications of their generic status. Rhacophorus pulcher Blgr and R. liber Peracca are Gephyromands, the latter is synonym with the first. R. bicalcaratus O. Boettger is also Gephy romands. R. depressiceps Blgr et R. rnocquardi Blgr are M antidactylus, the latter is synonym with the former, just as R. tornieri E. Ahl. R. ( Philautus) madecassus Millot et Guibé is also M antidactylus. Les différences permettant une discrimination entre les trois principaux genres de Rhacophoridés malgaches, M antidactylus, Gephyromantis et Rhacophorus, ont été jusqu’alors peu accusées et surtout basées sur des caractères externes d’appréciation souvent délicate. L’examen de nombreux exemplaires appartenant à des espèces distinctes m’a permis de mettre en évidence certains caractères particuliers propres à chacun de ces genres. Il m’est alors apparu que le statut générique de certaines espèces devait être révisé. En 1920, Methüen a créé le genre Gephyromantis pour une espèce très voisine de M antidactylus, dont elle diffère essentiellement par une union étroite des métatarsiens externes. En 1930, Angel note, pour une espèce qu’il attribue au genre Gephyromantis, que cette union peut n’ètre que partielle et qu’elle est souvent associée à une grande réduc¬ tion de la palmure. En 1945, j’ai moi-même souligné la bifurcation ou l’échancrure, à leur base, des styles osseux omosternal et sternal chez les diverses espèces attribuées à ce genre. Grâce à l’obligeance de Miss A. G. C. Granbison, du British Muséum, j’ai pu examiner des syntypes de Rhacophorus pulcher Blgr et constater que non seulement les métatar¬ siens externes étaient étroitement unis (fig. 1, A), mais encore que d’autres caractères correspondaient à ceux qu’une étude des diverses espèces du genre m’ont permis de consi¬ dérer comme propres à Gephyromantis. C’est ainsi que la colonne vertébrale, de type pro- cœle, non imbriquée, est constituée de vertèbres larges et courtes, portant de courtes dia- pophvses nettement moins longues que la largeur de la vertèbre (fig. 2). Le style osseux du métasternum est largement bifurqué à sa base, la branche médiane et les branches * Laboratoire de Zoologie (Reptiles A Poissons). Muséum national d'Histoire naturelle, 25, rue Cuvier, 75005 Paris. 1762 JEAN GUIBÉ A B C Fig. 1. — Pied de : A, Gephyromantis pulcher (Blgr) ; B, G. liber (Peracca) ; C, G. bicalcaratus (Boettger). latérales sont sensiblement égales (fîg. 3, A). L’hyoïde est pourvu d'un processus alaire, mais les processus postéro-latéraux font défaut (fîg. 3, B). Enfin, chez les mâles il existe un empâtement glandulaire fémoral oblong. Dans sa description, Boulenger note la colo¬ ration verte du squelette, caractère que j’ai eu l’occasion d’observer à diverses reprises chez des Gephyromantis. Pour ces raisons R. pulcher Blgr doit être incorporé dans le genre Gephyromantis. En 1893, Peracca a décrit R. liber dont j’ai pu examiner plusieurs syntypes donnés les uns par Peracca lui-même au British Muséum (2 individus) ou au Muséum de Paris (1 individu). De même que pour R. pulcher, ces spécimens sont caractérisés par l’union des métatarsiens externes (fig. 1, B). Les caractéristiques de la colonne vertébrale, de la cein¬ ture scapulaire et de l’hyoïde conduisent à incorporer l’espèce dans le genre Gephyromantis mais aussi à la considérer comme synonyme de celle de Boulenger. Ainsi Rhacophorus liber Peracca = Gephyromantis pulcher (Blgr). Pour les mêmes caractéristiques (métatarsiens externes unis, omosternum largement bifurqué, sternum échancré, empâtement glandulaire fémoral) je range R. bicalcaratus Boettger dans le genre Gephyromantis (fig. 1, C). Il est curieux de constater que Boettger rapprochait R. bicalcaratus de pulcher ; par contre Ahl (1934) écrit à son sujet « latérale Metatarsalia fast vôllig durch Schwimmhaut getrennt ». Il n’est fait aucunement mention STATUT GENERIQUE DES BATRACIENS MALGACHES 1763 Fig. 2 et 3. — Gepliyromantis pulcher (B]gr) : 2, vue dorsale de la colonne vertébrale ; 3 A, ceinture scapulaire ; 3 B, hyoïde. de cette disposition dans la diagnose originale et l’examen d’un syntype m’a montré, au contraire, une union étroite des métatarsiens externes. Boulenger a rapporté au genre Rhacophorus deux espèces : depressiceps et mocquardi. L’étude des types m’a montré une colonne vertébrale de type diplasiocœle, type jamais observé chez les Rhacophores malgaches. En outre, les vertèbres sont pourvues, au moins les antérieures, d’une apophyse épineuse et de longues diapophyses, plus longues que la largeur de la vertèbre. La ceinture scapulaire est caractérisée par un style omosternal lar¬ gement bifurqué alors que le style sternal est court et échancré à sa base. Enfin, la face pos¬ téro-inférieure des cuisses des mâles porte une formation glandulaire individualisée chez depressiceps. Tous ces caractères sont propres à Mantidactylus auquel doivent être rappor¬ tés R. depressiceps et R. mocquardi. C’est à tort qu’en 1947 j’ai placé R. depressiceps dans la synonymie de R. difficilis Boettger. Par contre, l’étude des deux espèces de Boulenger m’a conduit à considérer mocquardi comme synonyme de depressiceps. Il n’existe aucune différence essentielle entre elles et Boulenger n’a-t-il pas écrit au sujet de la première : « Allied with depressiceps Blgr, 1764 JEAN GUIBÉ with which it agréés in the shape of the head and the disposition of the vomerine teeth, but distingued by much short digits ». Rhacophorus tornieri E. Ahl, dont j’ai pu examiner le type grâce à l’obligeance du D r G. Peters du Musée de Berlin, doit, à mon avis, être incorporé dans le genre Manti- dactylus et la synonymie de M. depressiceps (Blgr). Fig. 4. — Mantydaclylus madecassus (Millot & Guibé). Vues dorsale et ventrale de la colonne vertébrale. Rhacophorus ( Philautus) madecassus Millot et Guibé a été décrit à partir d’individus provenant du massif de l’Andringitra ; c’est en raison de l’absence de dents vomériennes que cette espèce avait été incorporée dans le sous-genre Philautus. Ayant reçu récemment du même massif montagneux plusieurs exemplaires de cette espèce, une étude plus atten¬ tive m’a amené à la conclusion qu’il s’agissait en fait d’un Mantidactylus dépourvu de dents vomériennes. En effet, la colonne vertébrale est de type diplasiocœle, non imbriquée, et formée de vertèbres larges et courtes dont l’arc neural présente des ébauches nettes d’apophyses épineuses sur les éléments antérieurs (fig. 4). Le nasal est en large plaque, la STATUT GÉNÉRIQUE DES BATRACIENS MALGACHES 1765 C P) B U Fig. 5. — Mantidactylus madecassus (Millot & Guibé). A, ceinture scapulaire ; B, carpe ; C, tarse. ceinture scapulaire possède un style omosternal largement bifurqué et un style sternal court ; le carpe est à 6 os et le tarse à 2 os (fig. 5). Dans ces conditions R. ( Philautus ) madecassus devient Mantidactylus madecassus (Millot & Guibé). RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Ahl, E., 1928. — Zool. Anz., 75 : 316. — - 1934. — Das Tierreich. lief. 55 — Anura. Polypedatidae. Angel, F., 1930. — Bull. Soc. Zool. Fr., 55 : 548. Boettger, O., 1892. — Kat. Batr. Mus. Senckenb. : 14. — 1913. — In : Voeltzkow Reise O-Afr., 3 : 320. Boulenger, G. A., 1882. — Cat. Bat. Sal. Brit. Mus., éd. 2 : 467. — 1895. — Ann. Mag. nat. Hist., 15 : 450. — 1896. — Idem, 15, 17: 402. Guibé, J., 1954. — Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 2 e sér., 17, (5) : 383. — 1947. — Idem, 2 e sér., 19 (6) : 439. 1766 JEAN GUIBÉ Methden, P. A., 1920. — Proc. Zool. Soc. Lond. : 351. Millot, J., et J. Guibé, 1950. — Mém. Inst. Sci. Madagascar, sér. A, 4 (1) : 203. Peracca, M. G., 1893. — Boll. Musei Zool. Anat. comp. R. Univ. Torino, 8 (156) : 14. Manuscrit déposé le 3 octobre 1973. Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris, 3 e sér., n° 266, nov.-déc. 1974, Zoologie 188 : 1761-1766. Achevé d’imprimer le 30 avril 1975. IMPRIMERIE NATIONALE 4 564 004 5 Recommandations aux auteurs Les articles à publier doivent être adressés directement au Secrétariat du Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Ils seront accompa gnés d’un résumé en une ou plusieurs langues. L’adresse du Laboratoire dans lequel le travail a été effectué figurera sur la première page, en note infrapaginale. Le texte doit être dactylographié à double interligne, avec une marge suffisante, recto seulement. Pas de mots en majuscules, pas de soulignages (à l’exception des noms de genres et d’espèces soulignés d’un trait). Il convient de numéroter les tableaux et de leur donner un titre ; les tableaux compliqués devront être préparés de façon à pouvoir être clichés comme une figure. Les références bibliographiques apparaîtront selon les modèles suivants : Bauchot, M.-L., J. Daget, J.-C. Hureau et Th. Monod, 1970. — Le problème des « auteurs secondaires » en taxinomie. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 2 e sér., 42 (2) : 301-304. Tinbergen, N., 1952. — The study of instinct. Oxford, Clarendon Press, 228 p. Les dessins et cartes doivent être faits sur bristol blanc ou calque, à l’encre de chine. Envoyer les originaux. Les photographies seront le plus nettes possible, sur papier brillant, et normalement contrastées. L’emplacement des figures sera indiqué dans la marge et les légendes seront regroupées à la fin du texte, sur un feuillet séparé. Un auteur ne pourra publier plus de 100 pages imprimées par an dans le Bulletin, en une ou plusieurs fois. Une seule épreuve sera envoyée à l’auteur qui devra la retourner dans les quatre jours au Secrétariat, avec son manuscrit. Les « corrections d’auteurs » (modifications ou addi¬ tions de texte) trop nombreuses, et non justifiées par une information de dernière heure, pourront être facturées aux auteurs. Ceux-ci recevront gratuitement 50 exemplaires imprimés de leur travail. Ils pourront obtenir à leur frais des fascicules supplémentaires en s’adressant à la Bibliothèque cen¬ trale du Muséum : 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris.