BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL d’HISTOIRE NATURELLE N° 26 PUBLICATION BIMESTRIELLE zoologie 20 JANVIER-FÉVRIER 1972 BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, rue Cuvier, 75005 Paris Directeur : P r M. Vachon. Comité directeur : P rs Y. Le Grand, C. Lévi, J. Dorst. Rédacteur général : Dr. M.-L. Bauchot. Secrétaire de rédaction : M me P. Dupérier. Conseiller pour l'illustration : Dr. N. Halle. Le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, revue bimestrielle, paraît depuis 1895 et publie des travaux originaux relatifs aux diverses branches de la Science. Les tomes 1 à 34 (1895-1928), constituant la l re série, et les tomes 35 à 42 (1929-1970), constituant la 2 e série, étaient formés de fascicules regroupant des articles divers. A partir de 1971, le Bulletin 3 e série est divisé en six sections (Zoologie — Botanique — Sciences de la Terre — Sciences de l’Homme — Sciences physico-chimiques — Écologie générale) et les articles paraissent, en principe, par fascicules séparés. S’adresser : — pour les échanges, à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’His- toire naturelle, 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris, (C.C.P., Paris 9062-62) ; — pour les abonnements et les achats au numéro, à la Librairie du Muséum 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris, (C.C.P., Paris 17591-12 — Crédit Lyonnais, agence Y-425) ; — pour tout ce qui concerne la rédaction, au Secrétariat du Bulletin, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Abonnements : Abonnement Général : France, 260 F ; Etranger, 286 F. Zoologie : France, 200 F ; Étranger, 220 F. Sciences de la Terre : France, 50 F ; Étranger, 55 F. Sciences de l’Homme : France, 45 F ; Étranger, 50 F. Botanique : France, 40 F ; Étranger, 44 F. Sciences Physico-Chimique : France, 15 F ; Étranger, 16 F. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 3 e série, n° 26, janvier-février 1972, Zoologie 20 Contribution à la connaissance des Blenniidae de Méditerranée Étude de Blennius rubriceps Valenciennes, 1836, in Cuv. Val., et son identification au mâle de Blennius pavo Risso, 1810 par Jacques Sardou * Zusammenfassung. — Der Autor hat den Holotypus von Blennius rubriceps Val., 1836, studiert und nach einer erneuten Beschreibung mit zwei Blennius Arten vergleichen die mit ihm eine gewisse Âhnlichleit haben : Blennius basiliscus Val., 1836, und Blennius pavo Risso, 1810. Aus diesem Studien geht hervor dass der Holotypus von Bl. rubriceps ein Blennius pavo Risso (J ist. Bl. rubriceps Val., 1836, ist Synonym Bl. pavo Risso, 1810. Abstract. — The Author has studied the holotype of Blennius rubriceps Val., 1836, and, before a new description, lie compares it to two species of Blennius showing some resemblances to it : Bl. basiliscus Val., 1836, and Bl. pavo Risso, 1810. From this study it emerges that the holotype of Bl. rubriceps Val. is a Bl. pavo Risso $. Bl. rubriceps Val., 1836, is synonym with Bl. pavo Risso, 1810. Dans T « Histoire Naturelle des poissons » de Cuvier et Valenciennes, 1836, Valen¬ ciennes décrit Blennius rubriceps et indique : « on le prend sur les rochers de Nice... ». Ayant entrepris l’étude des Blenniidae de cette région et récolté un matériel assez important, représenté par quinze espèces, sans trouver Bl. rubriceps, nous avons voulu savoir à quoi correspondait ce poisson. Nous avons obtenu en prêt l’holotype de Blennius rubriceps Val., 1836, et avons été frappé par sa ressemblance avec Blennius pavo Risso, 1810, dont le mâle possède une crête sur la tète. Une certaine ressemblance peut également être trouvée avec Bl. basiliscus Val., 1836, in C. V., en ce qui concerne la forme générale du corps, la coloration et la pré¬ sence d’une crête chez le mâle. Nous avons fait une étude comparative entre l’holotype de Bl. rubriceps et des indi¬ vidus appartenant aux deux espèces précitées. Station zoologique, 06230 Villefranche-sur-Mer. 114 JACQUES SARDOU Matériel étudié Blennius erythrocephalus Risso, holotype de Bl. rubriceps Val., 1836, MNHN, A. 1722, Naples, Savigny. Blennius erythrocephalus llisso : 2 exemplaires, MNHN, A.2764. Blennius pavo Risso : 15 exemplaires numérotés de 1 à 15, pêchés dans la rade de Villefranche-sur-Mer ; 2 exemplaires, MNHN, A. 1850, Martigues — Delalande. Blennius basiliscus Val. : 5 exemplaires : MNHN, A. 1829 Syntype — Sardaigne — Bonnelli. MNHN, A. 1842 Syntypes (2 ex.) — Toulon — Kiener. MNHN, A. 1779 Syntype — Gènes — Savigny. MNHN, 90-247 Tunisie — exposition universelle 1889. I — Description originale de Blennius rubriceps « Le Blennie à tête rouge de M. llisso ressemble au blennie paon pour les formes, si ce n’est que : les trois premiers rayons de sa dorsale forment une pointe plus élevée, séparée du reste de la nageoire par une échancrure arrondie ; elle s’unit d’ailleurs à la caudale de la même manière ; il a une crête sur la tête, et au sourcil un très petit tentacule simple. Ses canines sont assez fortes. Je lui ai compté vingt-six dents ordinaires en haut et vingt en bas. Il a trente-trois rayons à la dorsale, dont les six ou sept derniers sont sensiblement rameux ; les douze premiers paraissent simples, et les suivants articulés. D.12P/21 ; A.22, etc. L’individu que nous avons dans la liqueur paraît noirâtre, et on lui voit sur l’arrière du corps des points bruns ou bleus épars. Les pointes des rayons de l’anale sont blanches. » Valenciennes indique ensuite la coloration, mais « d’après un dessin de M. Risso » qu’il a eu sous les yeux. Nous pensons inutile de reproduire ce passage qui ne correspond pas aux observations personnelles de Valenciennes, mais à la description de Risso de Blennius erythrocephalus. Valenciennes termine : « Notre individu est long de trois pouces et demi. Il a été rapporté de Naples par M. Savigny. Nous le croyons bien de l’espèce décrite par M. Risso (2 e édition ; p. 236, n° 125) quoique dans sa figure la pointe antérieure de la dorsale soit échancrée. On le prend sur les rochers de Nice en mars, en juillet, en septembre. Il fraie en avril. » 1. MNHN : Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. BLENNIUS RUBRICEPS VALENCIENNES 115 II — Redescription de l’iiolotype de Blennius rubriceps Val., 1836 Longueur totale : 93 mm, longueur standard : 79 mm. L’holotype, conservé actuellement dans l’alcool, a dû être, à l’origine, fixé au formol car il est très rigide. Il présente dans sa partie antérieure, au niveau des premiers rayons de la dorsale, une contracture anormale provenant sans doute d’un traumatisme ou d’une mauvaise position au moment de la fixation. (La radiographie montre une légère lésion des muscles et des vertèbres au niveau de la nuque.) Ceci donne à l’échantillon un profil dorsal antérieur convexe, avec la tête inclinée vers la partie ventrale (fig. 1 et pl. 1-A). Fig. 1. — Holotype de Blennius rubriceps Val., 1836. Corps allongé comprimé latéralement sur toute sa longueur. Anus situé à la moitié de la longueur standard (LS/LPA = 2,07). Hauteur du corps contenue 4,64 fois dans la longueur standard. Tête aussi haute que longue, contenue environ 4 fois (4,05) dans la lon¬ gueur standard, comprimée fortement (hauteur 19 mm — épaisseur 10 mm). Crête sur la tête (rabattue sur le côté chez cet individu), commençant au-dessus de l’œil, à l’aplomb du bord antérieur de celui-ci et se terminant sur la nuque à un diamètre oculaire du 1 er rayon de la dorsale. Le profil antérieur, rectiligne, incliné obliquement jusqu’au-dessus de l’œil, où commence la crête, s’arrondit doucement jusqu’à la dorsale. Bouche à peu près horizontale, le maxillaire supérieur dépasse légèrement, en arrière, l’aplomb du milieu de l’œil. Œil moyen, contenu 4,53 fois dans la longueur de la tête, situé à mi-chemin entre la lèvre et la nuque. Espace antéorbitaire compris 2 fois dans le dia¬ mètre de l’œil. Un très petit appendice simple (1/4 du diamètre oculaire) surmon¬ te ce dernier (fig. 2). Fig. 2. Holotype de Blennius rubriceps Val., 1836. Détail des narines, de l’œil et de l’appendice supraoculaire. 26 , 2 116 JACQUES SARDOU Narine antérieure située assez bas, pourvue d’un court tube frangé. La narine posté¬ rieure, simple, s’ouvre au niveau du diamètre horizontal de l’œil, au milieu de l’espace antéorbitaire. La disposition des pores céphaliques est indiquée sur la figure 3 B. Fig. 3. — Système des pores céphaliques chez : A, Blennius basiliscus o ; B, Blennius rubriceps : holotype ; C, Blennius pavo d- Dents petites et longues, disposées sur une seule rangée, insérées obliquement vers l’avant, serrées les unes contre les autres. Leur taille décroît d’avant en arrière. Elles sont suivies en arrière par de fortes canines recourbées, les inférieures étant plus puissantes que les supérieures (fig. 4 A et 4 B). BLENNIUS RUBRICEPS VALENCIENNES 117 Fig. 4. — A, représentation schématique de la formule dentaire de Bl. rubriceps : holotvpe ; B, demi-mâchoire inférieure de profil. A la mâchoire supérieure on compte 22 dents régulières (et au moins 2 alvéoles vides, ce qui fait 24) -|~ 1 canine de chaque côté, soit 26 dents en tout ; à la mâchoire inférieure, 17 dents régulières + 2 canines d’un côté et 1 de l’autre soit 20 dents en tout. La formule dentaire peut s’écrire : 1 + 24+1 11 + 17 + 1 La ligne latérale part de l’angle supérieur de l’opercule, décrit vers le haut un léger are de cercle jusqu’au bout de la pectorale et descend brusquement vers le milieu du corps : à partir de cet endroit on la distingue fort mal. Il semble qu’elle se prolonge en ligne droite vers la queue sur une certaine distance. La radiographie montre un total de 40 vertèbres (10 + 30) y compris celles qui portent les hypuraux (pl. II,A). Nageoires. La dorsale commence légèrement en avant de l’aplomb de l’angle supérieur de l’opercule et se termine au niveau de la nageoire caudale à laquelle elle est unie par une membrane. Il n’y a pas d’échancrure entre la partie épineuse et la partie molle mais on peut voir sur notre échantillon une très forte échancrure arrondie en arrière du 3 e rayon épi¬ neux ; ceci est dû au fait que le 4 e rayon a été sectionné : la base et l’apex sont encore visi¬ bles si on observe attentivement cet endroit. D’autre part, la radiographie aux rayons X ne laisse absolument aucun doute sur la présence de ce rayon. Cette blessure avait induit Valenciennes en erreur lorsqu'il observait que « les 3 premiers rayons de la dorsale forment une partie plus élevée, séparée du reste de la nageoire par une échancrure arrondie ». Nous avons donc une dorsale régulière, non échancrée, avec 12 épines et 22 rayons segmentés. Les rayons sont reliés entre eux par une membrane épaisse. La nageoire anale débute par 2 rayons épineux très courts, cachés sous les replis lamelleux de 2 petits organes que l’on retrouve à cet endroit chez les mâles de certaines 118 JACQUES SARDOU espèces de Blennius ; suivent 23 rayons mous. L’anale est reliée par une membrane au pédon¬ cule caudal mais non à la nageoire caudale. Les pectorales possèdent 14 rayons articulés ; leur extrémité atteint à peu près l’anus. Ventrale en position jugulaire, insérées à l’aplomb du 1 er rayon de la dorsale. Caudale arrondie à 13 rayons segmentés. Nous pouvons écrire la formule radiaire de la façon suivante : D = XII + 22 A = II + 23 P = 14 V = 1 + 2 C = 13 Les principaux caractères métriques et numériques sont réunis dans le tableau I. Nous avons utilisé pour nos tableaux les abréviations suivantes : LT = longueur totale LS = longueur standard LPA = longueur préanale H = hauteur du corps T = longueur de la tête O = diamètre oculaire 10 = espace interorbitaire D = rayons de la nageoire dorsale A = rayons de la nageoire anale P, V, C = rayons des nageoires pectorales, ven¬ trales et caudales. Tableau I. — Caractères métriques et numériques de Blennius erythrocephalus Risso, 1820, hololype de Blennius rubriceps Val., 1836 (MNHN A. 1722). LT LS LPA H T LS LS T II LS LPA O IO T CT O ÎO 93 79 38 17 19,5 4,05 4,64 2,07 4,3 3,7 4,53 1,16 D A Vertèbres Dents 34 25 40 1 + 24 + 1 26 (XII + 22) (10 + 30) 11 + 17 + 1 “ 20 Coloration. L’exemplaire, dont la coloration a dû souffrir de la très longue conservation, est brun très pâle ; il possède; sur la tête, en arrière de l’œil, une tache noire très nette, arrondie sur la partie antérieure. On distingue sur la nageoire dorsale, et également un peu sur le haut du corps, 7 bandes verticales plus foncées, d’intensité décroissant de la première à la dernière. L’anale est sombre ; l’extrémité des rayons mous, sensiblement élargie, est. blanche. BLENNIUS RUBRICEPS VALENCIENNES 119 III — Étude du matériel servant à la comparaison Nous avons indiqué précédemment le matériel que nous avons eu à notre disposition. Nous avons tout d’abord écarté les deux exemplaires MNHN n° A.2764, enregistrés comme Blennius erythrocephalus Risso, et qui se sont révélés être : Blennius pava femelle (grand spécimen) Blennius galerita L. (petit spécimen) Il est inutile de décrire ici Blennius pavo Risso (pl. I,B) et Blennius basiliscus Val. (pl. I,C). Nous nous contentons de présenter dans les tableaux II, III, IV et V, les caractères numériques et métriques des exemplaires étudiés ainsi que quelques rapports et les moyen¬ nes. Tableau II. — Mensurations de seize exemplaires de Bl. pcivo Risso. Ex. n° LT LS LPA H T LS LS LS O IO T O Sexe 1 H LPA 0 10 i -