BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL d’HISTOIRE NATURELLE 1111111 ! 111 ! 11 ! 11111111 ! 111111111 PUBLICATION BIMESTRIELLE N° 37 MARS-AVRIL 1972 zoologie 31 BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, rue Cuvier, 75005 Paris Directeur : P r M. Vacho.n. Comité directeur : P rs Y. Le Grand, C. Lévi, J. Dorst. Rédacteur général : Dr. M.-L. Bauchot. Secrétaire de rédaction : M me P. Dupérier. Conseiller pour l’illustration : Dr. N. Halle. Le Bulletin du Muséum national d'Histoire naturelle, revue bimestrielle, paraît depuis 1895 et publie des travaux originaux relatifs aux diverses branches de la Science. Les tomes 1 à 34 (1895-1928), constituant la l re série, et les tomes 35 à 42 (1929-1970), constituant la 2 e série, étaient formés de fascicules regroupant des articles divers. À partir de 1971, le Bulletin 3 e série est divisé en six sections (Zoologie -— Botanique — Sciences de la Terre — Sciences de l’Homme — Sciences physico-chimiques — Ecologie générale) et les articles paraissent, en principe, par fascicules séparés. S’adresser : — pour les échanges, à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’His- toire naturelle, 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 9062-62) ; — pour les abonnements et les achats au numéro, à la Librairie du Muséum 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 17591-12 — Crédit Lyonnais, agence Y-425) ; — pour tout ce qui concerne la rédaction, au Secrétariat du Bulletin, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Abonnements : Abonnement Général : France, 260 F ; Etranger, 286 F. Zoologie : France, 200 F ; Étranger, 220 F. Sciences de la Terre : France, 50 F ; Étranger, 55 F. Sciences de l’Homme : France, 45 F ; Etranger, 50 F. Botanique : France, 40 F ; Étranger, 44 F. Sciences Physico-Chimique : France, 15 F ; Étranger, 16 F. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL DTIISTOIRE NATURELLE 3° série, n° 37, mars-avril 1972, Zoologie 31 Isopodes terrestres (Oniscoïdea) récoltés en Thaïlande par P. Jolivet par Albert Vandel * Résumé. — Élude d’une collection d’Isopodes terrestres récoltés par P. Jolivet en Thaï¬ lande. Description d’une espèce déjà connue ( Cubaris emunita B.-L.) et de deux espèces nouvelles : Cosmeodillo joliveti et Saidjahus peninsulae. Les frontières politiques ne coïncident pas toujours avec les limites naturelles. C’est le cas de la Thaïlande qui fait incontestablement partie de l’Indochine, mais qui se pro¬ longe fort loin le long de la presqu’île de Malacca, c’est-à-dire dans le domaine malais. C’est dans cette dernière région que M. P. Jolivet a rassemblé, en octobre-novembre 1970, une petite collection d’Oniscoïdes dont il a bien voulu me confier l’étude. L’examen des échantillons recueillis prouve l’état lacunaire de nos connaissances zoologiques dans des régions qui connaissent cependant un trafic maritime intense. La collection que m’a remise M. Jolivet renferme cinq espèces. Deux d’entre elles, AUoniscus pallidulus Budde-Lund et Cubaris rnurina Brandt, sont très largement répandues dans les régions tropicales et n’appellent aucun commentaire. Notre étude sera donc con¬ sacrée aux trois autres espèces de la collection Jolivet. Famille Armadillidae Verhoefï, 1917 Sous-famille Cubarinae Vandel Genre Cubaris Brantd Cubaris emunita (Budde-Lund) Historique. — Cette espèce a été créée par Budde-Lund, en 1904. Il la nomme : Armadillo emunitus n. sp. et en donne une description qui n’est accompagnée d’aucune figure. Quant à la provenance, elle se limite à l’indication suivante : « Patria : Siam (D r Th. Mortensen, in Mus. Kjoebenhavn » (Budde-Lund, 1904 : 129-130). * Laboratoire de Zoologie, Faculté des Sciences, 118, route de Narbonne , 31400 Toulouse. 37, 1 398 ALBERT VANDEL Ultérieurement, Btjdde-Lund (1909 : 54) signale que cette espèce a éLé incluse, par erreur, dans la section VII du genre Armadillo. Elle doit être rangée dans le sous-genre Cuba ri s Brandt. Depuis lors, l’espèce n’avait pas été retrouvée, ou, du moins, elle n’a pas été signalée dans une publication scientifique. M. Jolivet a retrouvé cette espèce à Yai (Thaïlande). Il m’a paru utile de redonner de cette espèce une description plus moderne, accompagnée de figures (fig. 1). Fig. 1. — Cubaris emunita (Budde-Lund). A, pleurépimère I, et B, pleurépimère II, vus par la face ventrale ; C, pléonite 5, telson et uropodes ; D, uropode. Description Taille : 7 mm. Coloration : jaunâtre ; le corps est parcouru par quatre bandes de couleur brune, deux paramédianes, et deux autres situées à la limite du pleurépimère et du tergite. Téguments : lisses. Céphalon. — La lame frontale n’est pas soudée au vertex. En son milieu, elle se réflé¬ chit au-dessus du vertex ; sur les côtés, elle est nettement détachée du vertex qu’elle sur¬ plombe. ISOPODES TERRESTRES RÉCOLTES EN THAÏLANDE 399 Premier péréionite. — Le pronotum est de très grande dimension, mais ses limites sont très peu distinctes. Système d'engrenage. — Il est remarquable par sa faible différenciation. Le bord du premier pleurépimère est mince dans toute sa longueur. De la face ventrale se détache un petit lobe ovoïde (fig. 1 A). Sur la face ventrale du pleurépimère II, s’insère un très petit lobe, allongé dans le sens transversal (fig. 1 B). Telson (fig. 1 C). — Le telson est à peine plus long que large. Il est constitué par une base élargie, à côtés arrondis, et par une extrémité nettement plus étroite que la base. Cette dernière présente une forme rectangulaire ; ses angles postérieurs sont arrondis. Antenne. — L’article distal du flagelle est trois fois plus long que l’article basilaire. Uropode (fig. 1 C et 1 D). — L'uropode est remarquable par le fait que le prolongement postérieur du protopodite n’est pas rectangulaire, mais se termine en une pointe à côté interne droit et à côté externe courbé. Ce caractère permet de reconnaître l’espèce au pre¬ mier coup d’œil. L’exopodite est long ; cependant, il n’atteint pas l’extrémité du protopodite. L'endo- podite n'atteint pas la moitié de la longueur du protopodite. Sous-famille Acanthodillinae Vandel. Genre Comeodillo n. g. Cosmeodillo joliveti n. sp. Station. —• Ile Poulo Pinang (ou Penang), sur la côte occidentale de la presqu’île de Malacca. Position systématique. — Cette espèce appartient au genre Cosmeodillo n. g. qui sera défini dans un mémoire en cours d’impression. Ce, genre comprend actuellement deux espèces : C. decoui Vandel, provenant d’une grotte de Cuba, et C. joliveti n. sp. ► Description Taille : 8 mm. Coloration : gris violacé ; des linéoles blanches sur les péréionites. Œil. — Il est composé d’une quinzaine d’ommatidies, disposées en quatre rangées. Caractères tégumentaires. — Des tubercules allongés sur le vertex. Sur chaque côté des tergites péréiaux, prennent place sept à huit tubercules. Le pléon est lisse. Le telson porte, à sa base, deux tubercules allongés, séparés l’un de l’autre par un sillon (fig. 2 B). Céphalon (fig. 2 A). — La plaque frontale dépasse nettement, dans sa partie supérieure, la surface du vertex. Elle est nettement déprimée dans sa partie médiane et supérieure. Ces dispositions sont normales. Cependant, l'un des caractères les plus remarquables de cette espèce réside dans l’existence de deux replis situés derrière les yeux (fig. 2 A). Ces 400 ALBERT VANDEL deux replis ne se rejoignent pas sur la ligne médiane ; ils s’effacent avant d’atteindre le milieu. Par contre, ils s’accentuent au niveau de l’œil, et font nettement saillie au-dessus de la surface du vertex. Ces replis occupent la position de la ligne interoculaire des Ligiidae. Il est difficile de décider si cette différenciation correspond à une néoformation ou à une réminiscence atavique. Premier péréionite. —• Le pronotum est vaste et occupe presque la moitié du segment. Le pleurépimère est creusé en cuvette ; la pointe antérieure est relevée vers le haut. Le bord latéral est mince, non épaissi et dépourvu de sillon. La face ventrale porte un lobe interne, de taille notable, mais cependant invisible en vue dorsale (fîg. 2 C). Fig. 2. —• Cosmeodillo joliveti n. sp. A, céphalon, en vue dorsale ; B, pléonite 5, telson et uropodes ; C, pleurépimères I et II, vus par la face ventrale. Deuxième péréionite. —- Le pleurépimère est rectangulaire ; cependant, il forme une légère pointe dirigée vers l’arrière. A la face ventrale, il porte un lobe interne qui demeure très éloigné du bord latéral (fig. 2 C). Telson (fig. 2 B). — Le telson a la forme d’un sablier. La partie distale est environ deux fois plus longue que la partie basilaire. Uropode (fig. 2 B). —- Le prolongement postérieur du protopodite est rectangulaire. L’exopodite est petit, mais bien visible en vue dorsale. ISOPODES TERRESTRES RÉCOLTÉS EN THAÏLANDE 401 Famille Eubelidae Budde-Lund, 1899 Genre Saidjahus Budde-Lund, 1904 Définition. — On peut définir le genre Saidjahus de la façon suivante : Forme volvationnelle. Œil grand, occupant tout le côté de la tête. Téguments lisses. Céphalon : lobes frontaux médiocres. La ligne frontale est interrompue au milieu ; elle n’est visible que sur le côté. Premier péréionite : un fort bourrelet (« coxopodite » des anciens auteurs) sur le bord du pleu- répimère. Ce bourrelet n’est pas parcouru par une gouttière, mais une profonde dépression le sépare du tergite. Le bord postérieur du pleurépimère est fendu en deux lobes. Second et troisième péréionites : la face ventrale des plcurépimères II et III porte, à son bord antérieur, un fort bourrelet. Telson triangulaire, à côtés incurvés et se terminant par une pointe à extrémité arrondie ou pointue. Antenne : courte ; premier article du flagelle plus court que le second. Pléopodes : les exopodites des cinq paires de pléopodes sont pourvus de pseudo-trachées. Uropode : exopodite réduit. Espèces du genre Saidjahus. — On connaissait jusqu’ici cinq espèces de Saidjahus : S. orientalis (Dollfus, 1898), décrit sous le nom de Mesarmadillo S. elegans (Dollfus, 1898), décrit sous le nom de Mesarmadillo S. guttatus (Dollfus, 1898), décrit sous le nom de Mesarmadillo S. creper Budde-Lund, 1904 S. altimontis Jackson, 1936 Nous décrirons dans les lignes suivantes une sixième espèce de ce genre : S. penin- sulae n. sp. Bépartition du genre Saidjahus. — Le genre Saidjahus occupe les régions septen¬ trionales de l’Indonésie : Malaisie (presqu’île de Malacca) : peninsulae. Bornéo : creper et altimontis. Célèbes : orientalis, elegans et guttatus. Saidjahus peninsulae n. sp. Station. —- Un individu de cette espèce a été récolté par P. Jolivet à Chaiya, localité située sur la rive orientale de la presqu’île de Malacca. Affinités. —- Cette espèce est certainement très proche de S. creper Budde-Lund. Elle en diffère par le telson dont l’extrémité est arrondie, alors qu’elle est pointue chez 402 ALBERT VANDEL creper. La forme de l'uropode est différente dans les deux espèces. Enfin, l’endopodite de l’uropode est plus court que le telson chez peninsulae, tandis que chez creper il est décrit comme « lelsum paululurn superans ». Description Taille : 10 X 4 mm. Coloration : brun noirâtre ; des linéoles blanches sur les péréionites. Œil : très grand, occupant tout le côté du céphalon ; il est composé d’une trentaine d’ommatidies, disposées en cinq rangées. Téguments : parfaitement lisses. Fig. 3. — Saidjahus peninsulae n. sp. A, premier péréionite, vu de profil ; B, pleurépimères II, III et IV, vus par la face ventrale ; C, cépha¬ lon, vu de face ; D, pléonite 5, telson et uropodes ; E, exopodite du premier pléopode. Céphalon (fig. 3 C). — La ligne frontale n’est différenciée que sur les côtés, mais elle a complètement disparu dans la région médiane, en sorte que la face se continue directe¬ ment avec le vertex. L écusson est représenté par une protubérance triangulaire, faible¬ ment saillante, mais ne présentant aucune limite nette avec la région faciale. Pleurépimères. — Le pleurépimère I (fig. 3 A) est parcouru par une saillie en forme de ISOPODES TERRESTRES RECOLTES EN THAÏLANDE 403 carène (le « coxopodite » des anciens auteurs). Cette formation, étroite en arrière, s’élargit progressivement vers le haut. Elle-même est marquée par une légère carène. Du côté externe, cette formation surplombe notablement le tergite dont elle est séparée par une dépression très profonde. Le pleurépimère se termine vers l’arrière par une profonde indentation, limité par deux pointes : l’une externe, en forme d’angle aigu ; l’autre, interne et arrondie. Le bord interne et antérieur des pleurépimères II et III est constitué par un bourre¬ let saillant (fig. 3 B). Cette disposition rappelle celle; que l’on observe chez certains Arma- dillidae que l’auteur de la présente note a rassemblés sous le nom de Merulaninae ( Tria - dillo, Merulana, Merulanella). Telson (fig. 3 E). — Le telson est constitué par une base élargie et par une pointe à extrémité arrondie. Antenne. — L’antenne est courte ; repliée vers l’arrière, elle atteint le milieu du pre¬ mier péréionite. Le flagelle est bisegmenté ; le premier article est plus court que le second. Uropode (fig. 3 D). — L’exopodite qui s’insère à l’extrémité du basis est court ; l’en- dopodite est plus court que le telson, donc invisible en vue dorsale. Pléopodes. — Les pléopodes de la première paire sont très petits ; ils sont constitués par une lame étroite, allongée dans le sens transversal. Les pléopodes des quatre paires suivantes sont grands et présentent la forme normale (fig. 3 E). Tous les exopodites des pléopodes renferment des pseudo-trachées. Cette espèce — et, probablement, tous les représentants du genre Saidjahus 1 — appartient donc au type quinquetrachéate. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Budde-Lund, G., 1904. — A Révision of « Crustacea Isopoda terrestria » with additions and illus¬ trations. 2. Spherilloninae. 3. Armadillo. Copenhagen : 33-144, pl. 6-10. -— 1909. — Land-Isopoda. In : L. Schultze. Zool. u. anthrop. Ergebnisse u. Forschungsreise in Südafrika, Band II. Lief. 1. Jena. Denkschr. med. Gesell., 14 : 53-70, pl. 5-7. Dollfus, A., 1898. — Isopodes terrestres des Indes néerlandaises recueillis par M. le Professeur Max Weber et par les Docteurs Fritz et Paul Sarasin. Zool. Ergebnisse. Reise in Nierderl. Ost-Indien. IV : 357-381, 29 fig., pl. 13-14. Jackson, H. G., 1936. — Terrestrial Isopods from Malaysia. Bull. Baffles Mus., Singapore, 12 : 78-87, 4 fig. Manuscrit déposé le 1 er avril 1971. 1. L’état quinquetrachéate est signalé chez Saidjahus creper par Budde-Lund (1904 : 50). Bull. Mus. Hist. nal., Paris, 3 e série, n° 37, mars-avril 1972, Zoologie 31 : 397-403. Achevé d’imprimer le 15 octobre 1972. IMPRIMERIE NATIONALE 2 564 001 5 Recommandations aux auteurs Les articles à publier doivent être adressés directement au Secrétariat du Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Ils seront accompa¬ gnés d’un résumé en une ou plusieurs langues. L’adresse du Laboratoire dans lequel le travail a été effectué figurera sur la première page, en note infrapaginale. Le texte doit être dactylographié à double interligne, avec une marge suffisante, recto seulement. Pas de mots en majuscules, pas de soulignages (à l’exception des noms de genres et d’espèces soulignés d’un trait). Il convient de numéroter les tableaux et de leur donner un titre ; les tableaux compliqués devront être préparés de façon à pouvoir être clichés comme une figure. Les références bibliographiques apparaîtront selon les modèles suivants : Bauchot, M.-L., J. Daget, J.-C. Hureau et Th. Monod, 1970. — Le problème des « auteurs secondaires » en taxionomie. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 2 e sér., 42 (2) : 301-304. Tinbergen, N., 1952. — The study of instinct. Oxford, Clarendon Press, 228 p. Les dessins et cartes doivent être faits sur bristol blanc ou calque, à l’encre de chine. Envoyer les originaux. Les photographies seront le plus nettes possible, sur papier brillant, et normalement contrastées. L’emplacement des figures sera indiqué dans la marge et les légendes seront regroupées à la fin du texte, sur un feuillet séparé. Un auteur ne pourra publier plus de 100 pages imprimées par an dans le Bulletin, en une ou plusieurs fois. Une seule épreuve sera envoyée à l’auteur qui devra la retourner dans les quatre jours au Secrétariat, avec son manuscrit. Les « corrections d’auteurs » (modifications ou addi¬ tions de texte) trop nombreuses, et non justifiées par une information de dernière heure, pourront être facturées aux auteurs. Ceux-ci recevront gratuitement 50 exemplaires imprimés de leur travail. Ils pourront obtenir à leur frais des fascicules supplémentaires en s’adressant à la Bibliothèque cen¬ trale du Muséum : 38, rue Geolfroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris.