BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL d’HISTOIRE NATURELLE PUBLICATION BIMESTRIELLE zoologie N° 103 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1972 BULLETIN du MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 57, rue Cuvier, 75005 Paris Directeur : P r M. Vachon. Comité directeur : P rs Y. Le Grand, C. Lévi, J. Dorst. Rédacteur général : Dr. M.-L. Bauchot. Secrétaire de rédaction : M me P. Dupérier. Conseiller pour l’illustration : Dr. N. Halle. Le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, revue bimestrielle, paraît depuis 1895 et publie des travaux originaux relatifs aux diverses branches de la Science. Les tomes 1 à 34 (1895-1928), constituant la l re série, et les tomes 35 à 42 (1929-1970), constituant la 2 e série, étaient formés de fascicules regroupant des articles divers. A partir de 1971, le Bulletin 3 e série est divisé en six sections (Zoologie — Botanique — Sciences de la Terre — Sciences de l’Homme — Sciences physico-chimiques — Écologie générale) et les articles paraissent, en principe, par fascicules séparés. S’adresser : — pour les échanges, à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’His¬ toire naturelle, 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 9062-62) ; — pour les abonnements et les achats au numéro, à la Librairie du Muséum 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 17591-12 — Crédit Lyonnais, agence Y-425) ; — pour tout ce qui concerne la rédaction, au Secrétariat du Bulletin, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Abonnements : Abonnement Général : France, 260 F ; Etranger, 286 F. Zoologie : France, 200 F ; Etranger, 220 F. Sciences df. la Terre : France, 50 F ; Etranger, 55 F. Sciences de i.’Homme : France, 45 F ; Etranger, 50 F. Botanique : France, 40 F ; Etranger, 44 F. Sciences Physico-Chimique : France, 15 F ; Étranger, 16 F. BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 3 e série, n° 103, novembre-décembre 1972, Zoologie 7 7 Étude de trois Serpents malgaches : Liopholidophis lateralis (D. & B.), L. stumpffi (Boettger) et L. thieli n. sp. par Charles A. Domergue * Résumé. — Le polymorphisme de Liopholidophis lateralis a jusqu’à présent fait confondre sous ce binôme trois espèces. L’étude de 126 spécimens a permis de séparer : — 78 spécimens de L. lateralis sensu stricto ; — 20 spécimens que nous rapportons à L. stumpffi (Boettger), espèce que nous réhabilitons ; elle a le même domaine géographique que L. lateralis s. s. dont elle se distingue par une pigmentation jaune des téguments et la présence d’une seule postgulaire au lieu de deux ; — 21 spécimens d’une espèce que nous décrivons comme nouvelle, L. thieli. En 1958, J. Guibé signale 5 espèces du genre Liopholidophis Mocquard : L. lateralis (D & B.), L. sexlineatus (Gunther), L. pinguis Parker, L. grandidieri Mocquard et L. pseudo- lateralis Guibé. Parmi celles-ci, L. lateralis, espèce la plus répandue, a été décrite sous 8 noms de genre : Tropidunotus, Leptophis, Thamnosophis, Dromicus, Ahaetulla, Phïlothamnus, Ptyas, Liophidiurn. J. Guibé a admis que tous ces genres étaient synonymes de Liopho¬ lidophis Mocquard, en même temps qu’il plaçait nombre d’espèces en synonymie avec L. lateralis. J’ai observé une centaine de sujets qui par leurs caractères généraux se rapportent à l’espèce lateralis sensu lato. L’examen des 126 spécimens permet de les répartir en trois lots : 1 : 78 spécimens, dont 56 femelles et 22 mâles, sont des L. lateralis. 2 : 20 spécimens, dont 13 femelles et 7 mâles, diffèrent du lot 1 par l’absence des larges bandes longitudinales blanches qui caractérisent L. lateralis, par une pigmentation jaune de la face ventrale, affectant également la face dorsale en lui conférant une teinte olivâtre, par la présence de ponctuations ventrales et par une bande postocu¬ laire noire très nette. Dans ce lot, coloration mise à part, on remarque des sujets à tête allongée, avec un oeil particulièrement grand. 3 : 21 sujets examinés, mâles et femelles, sont caractérisés par des taches ventrales déve¬ loppées, dont une ligne axiale. L’écaillure, la denture et surtout les hémipénis en font un Liopholidophis distinct des sujets du lot 1 et du lot 2. Dans le lot 1, tous les spécimens sont indubitablement des L. lateralis. Les spécimens du lot 2 constituent une espèce distincte chez qui l’on retrouve la majo- * Institut Pasteur de Madagascar , B. P. 1274, Tananarive. 103, 1 1398 CHARLES A. DOMERGUE rité des caractères que O. Boettger avait décrits en 1881 pour Dromicus stumpffi. Cette espèce, homogène par le dessin, est polymorphe par les proportions céphaliques et oculaires, sans qu’il s’agisse de différences sexuelles. Entre les extrêmes, tête normale à œil moyen d’une part et tête allongée à œil grand d’autre part, il existe des intermédiaires qui, tant que nous n’aurons pas de meilleurs critères systématiques, resteront difficiles à classer. Fig. 1. — Carte de répartition des espèces du genre Liopholidophis. Le lot 3 constitue une espèce que nous avons recherchée vainement dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et dont, à ma connaissance, il n'est pas fait état dans la littérature. De ce fait, je considère cette espèce comme nouvelle et propose pour elle le nom de thieli en hommage à Jean Thiel pour son efficace collaboration. Liopholidophis lateralis (Dumeril & Bibron, 1854) Leptophis lateralis, D. & B., 1854, Erpel. Gén., 7 : 544; Ieonog., 3, pl. 11. Matériel étudié : 78 spécimens dont 56 femelles et 22 mâles. Longueurs maximales observées : 920 mm (femelles) et 700 mm (mâles). Écaillurc et autres caractères Les écailles dorsales sont disposées sur 19 rangs exception faite pour deux spécimens, ETUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1399 l’un avec 21, l’autre avec 17 rangs. Elles sont généralement pourvues de 2 fossettes apicales. La plaque anale est divisée dans tous les cas. Variation moyenne Valeurs extrêmes Ventrales (mâles). 155 à 154 147 et 171 Ventrales (femelles) . 159 à 168 152 et 174 Sous-caudales (mâles). 89 à 99 59 et 99 Sous-caudales (femelles). 75 à 92 58 et 99 Rapport caudal (mâles). 10/23 à 10/24 10/22 et 10/37 Rapport caudal (femelles). 10/25 à 10/28 10/24 et 10/37 LIOPHOLIDOPHIS lateralis 95~ 0 Femelles 4- Males * ^ 4^ + o c c o R ) f o 85“ Rf)- m LU 4- + o F o o o fi o 75“ A U D A L J_ o ~°~*ï o ) o o 65“ 60- 5 O U S - C 55" V E -F N T R o ALE s 14 5 150 15 5 ie rn—i—i—r— >0 1 r—T—i—i—i— *5 17 W ' 1 175 Fig. 2. — Variation de l’écaillure ventrale et sous-caudale chez Liopholidophis laleralis (D. & B.). Les labiales supérieures sont au nombre de 8 (les 4 e et 5 e en contact avec l’œil) excepté pour le spécimen 370/S qui en a 7. Les labiales inférieures sont le plus souvent au nombre de 10, parfois 9 ou 11. Les gulaires postérieures sont deux fois plus longues que les anté¬ rieures, suivies de 2 postgulaires. Il y a une seule préoculaire étroite, haute, généralement séparée de la frontale, parfois légèrement en contact. Les postoculaires sont toujours au nombre de 2. Il y a 2 + 2 temporales, très exceptionnellement 1 -j- 2 ou 2 + 3. La loréale est assez grande, presque carrée. La nasale est divisée. La rostrale est visible du dessus. L’œil est grand, saillant, à pupille ronde. Le cœur se situe entre les ventrales 27 à 30 ou parfois 29 à 32. La denture maxillaire comprend 13 à 15 dents bien développées, les deux dernières plus fortes, soit en série avec les antérieures, soit parfois séparées par un faible intervalle. La mandibule porte 15 à 23 dents sensiblement égales. 1400 CHARLES A. DOMERGUE Coloration Elle est caractérisée par une large bande vertébrale foncée, souvent noir velouté, qui débute sur la tête pour se poursuivre le long de la ligne vertébrale jusqu’à l’extrémité de la queue. Une bande blanc sale débute en arrière de la tête et longe les flancs jusqu’à l’extrémité de la queue. Les écailles dorsales portent à leur base une ou deux taches blanches, visibles parfois sur l’animal au repos et toujours quand il se gonfle. Fig. 3. — Liopholidophis lateralis. Hémipénis. La face ventrale est blanc sale, tirant parfois sur le vert jaunâtre. Le bord des ventrales porte une tache noire punctiforme. La face ventrale est uniforme, sauf sur l’exemplaire 549/S de Perinet où le bord libre des ventrales est marginé d’un liseré noir. Guibé (1958) fait remarquer que le type mâle de l’espèce présente « une tache médiane noire sur chaque ventrale ». La forme Liophidium gracile Mocquard, 1908 (n° MNHN 93-211) me paraît être soit un sujet chez lequel les taches blanches des écailles sont particulièrement développées, soit un sujet mort en extension. ETUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1401 Biologie L. lateralis est un serpent semi-aquatique. On le trouve généralement au voisinage des étangs, marais, ruisseaux et surtout des rizières. Il nage fort bien. Il semble s’adapter parfaitement aux défrichements et s’accommoder de l’extension des zones urbaines puisqu’on le rencontre dans les jardins de la banlieue de Tananarive. L’espèce est ovipare. Les pontes comprennent de 6 à 13 œufs qui mesurent 24 X 12 mm. Nous avons observé plusieurs pontes en fin novembre et début décembre 1968. L. lateralis, généralement inoffensif, peut se montrer fort agressif et mordre énergique¬ ment. Irrité, il se gonfle, fait apparaître les marques blanches de ses écailles, aplatit le cou et se jette sur l’objet qui le menace. L’expérimentation de la sécrétion parotidienne sur la souris montre que la glande est atoxique. L’alimentation nous paraît être essentiellement constituée de Batraciens. Distribution L. lateralis est commun sur les Hauts-Plateaux : à Tananarive (où il fréquente certains jardins ou parcs tels ceux de Tsimbazaza et de l’Institut Pasteur), Ambatolampy, Antani- fotsy, Carion, Angavokely, Antsirabe, Ambohimahasoa, Fianarantsoa, Ambalavao, Betroka ; j’ai récolté plusieurs individus sur les bords du lac Tritriva, au fond du cratère ; sur les contreforts orientaux des Plateaux je l’ai trouvé à Moramanga, Permet, Ifanadiana, Rano- mafana ; sur la côte est, je l’ai capturé à Tamatave, Foulpointe, Maroantsetra, Antalaha, Sambava ; à l’ouest, plusieurs spécimens proviennent du Causse du Kelifely (forêt de Kasijy), un de Ranohira. C. P. Blanc a rapporté de l’Andringitra 2 femelles et 1 mâle, capturés à plus de 2 000 m d’altitude en décembre 1970. En dix années de prospections régulières dans le sud-ouest sédimentaire, entre les fleuves Mandrare et Mangoky, je n’ai jamais vu L. lateralis. Liopholidophis stumpffi (Boettger, 1881) Dromicus stumpffi Boettger, 1881, Zool. Anz. : 358 et Abh. Senckenb. naturf. Ges., 12 : 441, pl. 1, fig. 2. Matériel étudié : 20 spécimens dont 7 mâles et 13 femelles (tableau I). Longueurs maximales observées : 908 mm (femelles) et 978 mm (mâles). Rapport caudal : 10/19 à 10/21 (mâles) et 10/23 à 10/26 (femelles). Écaillurc (tableau I) et autres caractères Si le nombre des ventrales est voisin chez les mâles et les femelles, le nombre des sous- caudales marque une différence nette entre les sexes ; cette différence se retrouve, bien sûr, dans le rapport caudal. Les labiales supérieures sont au nombre de 8( 4 e et 5 e en contact avec l’œil) et les labiales inférieures généralement au nombre de 10, parfois 9 ; les gulaires postérieures sont deux fois plus longues que les antérieures ; il y a une seule postgulaire (différence avec L. lateralis) ; la préoculaire est unique, grande, tantôt largement séparée de la frontale, tantôt en contact ou presque ; les postoculaires sont au nombre de 2 et les temporales de 2 4- 2 ; la loréale est grande, de forme carrée ; la nasale est complètement divisée ; la rostrale est visible du dessus. 1402 CHARLES A. DOMERGUE Tableau I Liopholidophis stumpffi Boettger N° d’inven¬ taire Ventrales Sous- CAUDALES Longueurs (mm) TOTALE CORPS QUEUE Sexe Localité 345/S. 160 80 717 518 199 F Permet 346/S. 159 92 774 541 233 F Perinet 446/S. 155 93 790 558 232 F Betampona 534/S. 161 84 785 567 218 F Perinet 541/S. 163 83 852 602 250 F Perinet 542/S. 157 88 855 605 250 F Perinet 548/S. 151 — 675 506 169 F Perinet 620/S. 157 89 908 634 274 F Perinet 667/S. 157 84 726 518 208 F Perinet 759/S. 156 89 839 582 257 F Nosi Mangabe 836/S. 157 91 842 587 255 F Perinet 907/S. 164 102 883 600 283 F Marojezy 941/S. 167 91 945 675 270 F Perinet 347/S. 151 96 615 404 211 M Perinet 539/S. 163 96 590 405 185 M Perinet 707/S. 160 105 584 389 195 M Shasinaka 736/S. 160 93 798 548 250 M Perinet 740/S. 152 93 651 434 217 M Behara 860/S. 153 98 623 420 203 M Perinet 893/S. 157 94 680 463 217 M Perinet Les écailles dorsales sont toujours sur 19 rangs, lisses à l’exception du spécimen 893/S qui présente une paire de fossettes apicales ; la plaque anale est toujours divisée. Variation moyenne Valeurs extrêmes Ventrales (mâles). Ventrales (femelles). . . . Sous-caudales (mâles). . Sous-caudales (femelles) 151 à 163 155 à 159 93 à 98 83 à 93 151 et 163 151 et 167 93 et 105 80 et 102 L’œil est toujours grand, l’iris jaune or, pigmenté de noir dans la partie inférieure de la couronne ; La tête est plus allongée que celle de L. lateralis ; cet allongement est extrême chez les spécimens 346/S, 446/S, 542/S, 620/S, 736/S, qui sont ceux présentant également le caractère « œil grand ». Le cœur se situe entre les 29 e et 32 e ventrales, parfois entre les 39 e et 42 e , souvent entre les 34 e et 37 e ; cette situation n’a aucun rapport avec le sexe. La denture maxillaire comprend 16 à 17 dents dont les 2 dernières, un peu plus dévelop- ETUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1403 pées, sont séparées par un léger intervalle ; la mandibule porte 25 dents environ, sensible¬ ment égales, les antérieures étant toutefois légèrement plus longues. Coloration La face dorsale est brun olivâtre avec des taches plus foncées ; la face ventrale est jau¬ nâtre soit uniforme, soit ponctuée de noir ; sur les faces latérales, il existe une mince ligne jaunâtre qui débute en arrière de la tête et s’estompe vers le milieu du corps. Le pigment jaune est soluble dans les solutions formolées, alunées, et dans l’alcool. Fig. 4. — Dromicus stumpfp . (d'après O. Boettger). Reproduction Sur les 13 femelles observées, 4 étaient ovulées. 534/S — ponte de 4 œufs, le 19 décembre 1964. Les oviduetes renfermaient encore 2 œufs non pondus ; 542/S — présence de 3 œufs, le 23 décembre 1964 ; 620/S — présence de 4 ou 5 œufs, le 14 novembre 1964 ; 941/S — 6 œufs de 30 X 9 mm en moyenne, en novembre 1968. Les femelles examinées les 12 et 30 décembre, le 30 janvier, au début mars et en avril, n’étaient pas ovulées. 1404 CHARLES A. DOMERGUE Répartition et biologie La plupart de nos spécimens proviennent de la région de Perinet. L’espèce se trouve en général dans les chemins forestiers, vers 11 heures du matin, se chauffant au soleil tamisé par les grandes herbes. D’autres localités sont à signaler: Mahambo, petite réserve forestière Fig. 5. •— Liopholidophis stumpffi (Boettger, 1881). de Daubentonia, Shasinaka, en pays Antemoro, la réserve naturelle de Behara dans le Sud- Est, Korikory au pays zafimanary, à l’est d’Ambositra, et enfin le massif du Marojezy. Rappelons que les spécimens de O. Boettger ont été récoltés par Stumpff à Nosi-Bé. Liopholidophis stumpffi apparaît donc comme étant un serpent des régions de forêts tropicales et humides de la côte est, s’étendant jusqu’à l’île de Nosi-Bé. ETUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1405 Comparaison avec les observations de Boettger (fig. 4) O. Boettger a décrit les caractères de Dromicus stumpflî d’après 3 sujets dont le sexe n’est pas mentionné. 11 est probable qu’il s’agissait de spécimens conservés. Les mensura¬ tions et formules d’écaillure trouvent aisément place dans les limites extrêmes que nous avons données pour nos propres spécimens (à l’exception, peut-être, du nombre des ventrales du spécimen n° 3 de O. Boettger qui abaisse à 148 le nombre des ventrales). La coloration, avec ses subtiles variations, entre dans le même cadre. Nous avons déposé au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris les spécimens suivants : 707/S —• mâle, récolté par Domergue, le 44 décembre 1966 à 11 h, à Shasinaka (pré¬ fecture de Manakara), où il est désigné sous le nom local d’Antsiririatra ; il est enregistré sous le n° MNHN 1971-335. 736/S — femelle, récoltée par MM. R. Legendre et J. Betsh, le 3 mars 1967, dans la forêt de Perinet ; il est enregistré sous le n° MNHN 1971-334. 740/S — mâle, récolté par J. J. Petter en mars 1967, provenant de la réserve forestière de Behara (sous-préfectuie d’Amboasary) ; il est enregistré sous le n° MNHN 1971-336. Liopholidophis thieli n. sp. Tableau II N° D INVEN- V ENTRALES TAIRE Sous- CAUDALES Longueurs (mm) TOTALE CORPS QUEUE Sexe Localité 118/S. 145 67 700 538 162 F Moramanga 123/S. 148 64 705 545 160 F Perinet 132/S. 158 72 878 668 210 F Tsarafidy 323/S. 161 66 675 525 150 F Ambohimahasoa 499/S. 152 65 700 546 154 F Perinet 355/S. 156 69 587 453 134 F Perinet 621/S. 153 71 745 560 175 F Perinet 670/S. 152 73 662 498 164 F Perinet 675/S. 161 72 793 607 186 F Tsarafidy 743/S. 147 65 765 593 172 F Perinet 826/S. 154 68 764 583 181 F Ranomafana 821/S. 153 67 652 497 155 F Beparasy 837/S. 144 63 685 521 164 F Perinet 838/S. 152 62 599 459 140 F Perinet 859/S. 153 67 741 567 174 F Perinet 631/S. 150 66 617 466 141 M Perinet 658/S. 146 68 708 537 171 M Perinet 722/S. 141 70 595 438 157 M Perinet 839/S. 148 76 657 485 172 M Perinet 857/S. 149 81 610 454 156 M Perinet 858/S. 150 71 598 448 150 M Perinet 1406 CHARLES A. DOMERGUE Les écailles dorsales sont disposées sur 19 rangs, lisses ou exceptionnellement avec une ou deux fossettes apicales. La plaque anale est toujours divisée. Ventrales (mâles). Ventrales (femelles). . . . Sous-caudales (mâles).. Sous-caudales (femelles) Variation moyenne 146 à 150 147 à 154 68 à 76 64 à 68 Valeurs extrêmes 141 et 150 144 et 161 66 et 81 62 et 73 Description de l’iiolotype Mâle 658/S, capturé par P. Vincke, à Perinet, à la fin de décembre 1965. Mensurations Longueur totale : 708 mm ; longueur du corps, de l’extrémité du museau à la fente cloacale : 537 mm ; longueur de la queue 171 mm. Rapport caudal : 10/31. Écaillure Les écailles dorsales sont lisses, de forme lancéolée, disposées sur 19 rangées au milieu du corps. On remarque parfois la présence d’une couple de fossettes apicales plus ou moins prononcées. 11 y a 146 écailles ventrales et 68 sous-caudales, doubles ; l’anale est divisée. Les écailles labiales supérieures sont au nombre de 8, les 4 e et 5 e en contact avec l’œil ; il y a 10 labiales inférieures dont 4 en contact avec les gulaires antérieures. Les gulaires postérieures sont environ deux fois plus longues que les antérieures. On note la présence de deux écailles postgulaires. La préoculaire est entière, de forme allongée, légèrement échancrée en son bord antérieur ; elle est nettement séparée de la frontale, laquelle est plus longue que large (7 X 4,5 mm) et un peu plus courte que les pariétales (8 mm). La préfrontale descend largement sur la face latérale. Les internasales sont plus courtes que les préfrontales. La nasale est nettement divisée. La loréale est relativement petite, légère¬ ment plus haute que longue. La rostrale est visible du dessus. Il y a 2 postoculaires, 2 tem¬ porales antérieures, l’inférieure plus longue que la supérieure, suivies par deux postemporales décalées l’une par rapport à l’autre. Autres caractères L’œil est relativement grand, à globe saillant. La pupille est ronde, l’iris de couleur jaune orangé, pigmenté de noir dans la couronne inférieure. Le cœur est situé entre les 27 e et 30 e ventrales. Fig. 6. — Liopholidophis thieli. Écaillure de la tête. 1408 CHARLES A. DOMERGUE Coloration a. Dorsale : l’aspect général est gris noirâtre, le dessus de la tête étant plus clair. On note la présence de quelques ponctuations noires en arrière de la tête. Deux lignes paraverté¬ brales plus claires partent de la région occipitale et s’estompent à hauteur de la 30 e ventrale. b. Ventrales : la gorge et les 6 premières ventrales sont blanc jaunâtre, le reste des ventrales est marqué par 3 points noirs dont les dimensions sont de plus en plus grandes au fur et 8 à mesure que l’on se rapproche de la région anale. c. Céphalique : il y a une bande noire postoculaire très nette ; les labiales supérieures sont jaunâtres. Terra typica Bassins de pisciculture de la Station du Centre technique forestier tropical de Perinet, clairière dans la forêt de l’est, à 900 m d’altitude. Ce spécimen-type est déposé au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris où il a été enregistré sous le n° 1971-332. Description du paratypf. Femelle, ovulée, 743/S, capturée à Perinet, le 10 mars 1967, par P. Vincke du Centre technique forestier tropical et examinée in vivo. Mensurations Longueur totale de 765 mm, dont 593 mm pour le corps et 172 mm pour la queue, soit un rapport caudal de 10/34. Ecaillure a. Dorsale semblable au type, mais sans traces de fossettes apicales. b. Ventrale : 147 plaques ventrales ; anale double ; 68 sous-caudales divisées. c. Céphalique semblable à celle de l’holotvpe. Coloration Elle est très voisine de celle de l’holotype. Terra typica : la même que le type. Le paratype est déposé au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris où il a été enregistré sous le n° 1971-333. Description des autres spécimens Matériel étudié : 21 spécimens : 15 femelles et 6 mâles. Mensurations Longueurs maximales observées : 708 mm chez les mâles et 878 mm chez les femelles i rapport caudal : 10/27 à 10/31 chez les mâles et 10/30 à 10/36 chez les femelles. ÉTUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1409 Écaillure (tableau II) Les labiales supérieures sont au nombre de 8 (4 e et 5 e en contact avec l’œil) dans tous les cas ; il y a le plus souvent 10 labiales inférieures, parfois 9, dont 4 sont en contact avec les gui aires antérieures ; les gulaires postérieures sont environ deux fois plus longues que les anté¬ rieures et suivies de 2 postgulaires ; la préoculaire est unique, étroite, haute, plus ou moins séparée de la frontale. Il y a 2 postoculaires, l’inférieure un peu plus grande que la supérieure, parfois 3 par division de la postoculaire supérieure ; les temporales sont au nombre de 2 -f- 2, la supérieure étant plus petite que l’inférieure : la loréale est assez grande, subqua- drangulaire ; la nasale est divisée ; la rostrale est visible du dessus. Autres caractères L’œil est relativement grand, saillant, la pupille ronde, l’iris pigmenté de noir sauf à la partie supérieure qui est de couleur or pâle. Le cœur se situe entre les ventrales 23 à 26 ou parfois 29 à 32. Coloration La face dorsale est brun noir ou brun rougeâtre avec des taches foncées, plus ou moins distinctes ; deux lignes latérales jaunâtres partent de la région occipitale ; assez larges d’abord, elles se rétrécissent progressivement puis disparaissent vers le milieu du corps. La face ventrale est brun clair ou brun rougeâtre ; sur le fond se détache une ligne axiale interrompue, bordée de part et d’autre de taches plus ou moins régulièrement disposées. La gorge est blanchâtre ; il y a toujours une bande noire en arrière de l’œil ; les labiales supérieures et inférieures sont claires ; il existe des taches blanches à la base des écailles costales. Distribution Nos exemplaires proviennent de Permet (altitude 900 m), Moramanga, Tsarafidy, Ambohimahasoa (ait. 1 200 m), Ranomafana-Ifanadiana (ait. 900 à 1 000 m), Lakoto, Beparasv et de la petite île Nosy Mangabe, non loin de Maroantsetra (ait. 0 à 100 m). Biologie L’espèce semble localisée à la région orientale de moyenne altitude où les animaux vivent dans les régions forestières et humides. Jusqu’à présent elle n’a pas été trouvée dans l’Ouest. La nourriture consiste essentiellement en Batraciens. L. thieli est ovipare : à la dissection, le spécimen 499/S renfermait 7 œufs allongés de 27 X 10 mm (15 novembre 1964) ; le spécimen 743/S a pondu 6 œufs de 26 X 12 mm (26 mars 1967), et le spécimen 859/S 6 œufs de 27 X 10 mm (16 novembre 1968). Cinq femelles observées n’étaient pas ovulées au début avril 1968. Notons également que Liopholidophis thieli aplatit le cou en attitude de défense, se gonfle, et. que dans cette attitude agressive les marques blanches des écailles dorsales appa¬ raissent. Dans la région de Perinet-Moramanga, L. thieli est connu sous le nom vernaculaire de Menamaso. 1410 CHARLES A. DOMERGUE COMPARAISON ENTRE LES ESPÈCES DU GROUPE (Tableau III) L’hémipénis présente d’étroites analogies chez les trois espèces : il est divisé, les branches sont épaisses et courtes, rapprochées l’une de l’autre ; le pédoncule est court ; les apex sont nus, de forme semi-hémisphérique ; le sillon est marqué ; l’ornementation comprend un revêtement de petites épines autour des branches et de fortes épines hasales. Chez L. lateralis, le revêtement épineux est dense et continu ; il y a de très fortes épines basales (fig. 3). Chez L. stumpffi et L. thieli, on observe des zones nues ; les épines basales sont moyennes chez L. stumpffi et fortes chez L. thieli (fig. 7). Nous sommes en présence d’un groupe homogène dont les extrêmes sont L. lateralis et L. thieli ; entre ces espèces parfaitement caractérisées se place L. stumpffi qui tout en étant reconnaissable d’emblée présente quelques individus de faciès apparenté tantôt à L. lateralis, tantôt à L. thieli ; il semble que nous sommes en présence d’une espèce (L. late- Fig. 7. — Liopholidophis thieli. ETUDE DE TROIS SERPENTS MALGACHES 1411 Tableau ni Étude comparée des trois espèces de Liopholidophis étudiées L. lateralis L. stumpffi. L. tli iel i Sexe. M F M F M F Nombre de spécimens étudiés. 22 56 6 13 7 18 Ventrales . 154 à 170 152 à 174 151 à 163 151 à 167 141 à 150 145 à 161 Sous-caudales. 86 à 99 58 à 98 93 à 105 80 à 93 66 à 81 62 à 73 Rapport caudal. 10/22 à 10/37 10/24 à 10/21 10/19 à 10/21 10/23 à 10/26 10/27 à 10/31 10/30 à 10/36 Postgulaires. 2 2 1 1 2 2 Dessin ventral. exceptionnel ponctuations fréquentes macules et ligne ventrale Cœur . 27/30 à 29/32 34 à 37 23 à 26 Dimorphisme sexuel.. inconstant net et constant inconstant Pigment jaune. absent présent absent 0 5 mm l .... i Fig. 8. — Liopholidophis thieli. Hémipénis. 1412 CHARLES A. DOMERGUE ralis) déjà suffisamment évoluée pour aboutir à l’espèce thieli et que les termes de passage, non seulement se sont conservés, mais encore semblent devoir eux-mêmes s’acheminer vers une espèce déterminée (L. stumpffi,). RÉFÉRENCES BIRLIOGRAPHIQUES Boettger, O., 1881a. — Diagnoses reptilium et batrachiorum novorum ab ill. Antonio Stumpfï in insula Nossi-Bé Madagascariensi lectorum. Zool. Anz., 4 : 358-362. — 1881è. — Die Reptilien und Amphibien von Madagascar. Dritter Nachtrag. Abh. Senckenb. naturf. Ges., 12 : 435-558 (441, pl. I., fig. 2). Domergue, Ch. A., 1962. — Observations sur les pénis des Ophidiens (2 e note). Bull. Soc. Sci. nat. phys. Maroc, 42 : 87-105. — 1963. — Observations sur les pénis des Ophidiens et des Sauriens de Madagascar. Bull. Acad, malgache, 41 : 21-23. Dumeril, A. M. C., et G. Bibron, 1854. — Erpétologie générale ou Histoire naturelle complète des Reptiles. VII : 544. Gunther, A., 1872. — Seventh Account of a new Species of Snakes in the Collection of the British Muséum. Ann. Mag. nat. Hist., 9 (4) : 13-22 (22, pl. V, fig. A). Guibé, J., 1958. — Les serpents de Madagascar. Mém. Inst. sci. Madagascar, A, 12 : 189-260. M ocquard, F., 1908. — Description de quelques Reptiles et d’un Batracien nouveaux de la collec¬ tion du Muséum. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 14 : 259 ( Liophidium gracile : 261). — 1909. — Synopsis des familles, genres et espèces de Reptiles écailleux et Batraciens de Madagascar. Noua. Arch. Mus. Hist. nat., Paris, 5 e sér., 1 : 1-100. Paulian, R., 1961. — La Zoogéographie de Madagascar et des Iles voisines. Faune de Madagascar XIII. Ins. Rech. sci. Tananarive édit. Manuscrit déposé le 4 janvier 1972. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 3 e sér., n° 103, nov.-déc. 1972, Zoologie II : 1397-1412. Achevé d’imprimer le 31 juillet 1973. IMPRIMERIE NATIONALE 2 564 004 5 Recommandations aux auteurs Les articles à publier doivent être adressés directement au Secrétariat du Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, 75005 Paris. Ils seront accompa¬ gnés d’un résumé en une ou plusieurs langues. L’adresse du Laboratoire dans lequel le travail a été effectué figurera sur la première page, en note infrapaginale. Le texte doit être dactylographié à double interligne, avec une marge suffisante, recto seulement. Pas de mots en majuscules, pas de soulignages (à l’exception des noms de genres et d’espèces soulignés d’un trait). Il convient de numéroter les tableaux et de leur donner un titre ; les tableaux compliqués devront être préparés de façon à pouvoir être clichés comme une figure. Les références bibliographiques apparaîtront selon les modèles suivants : Bauchot, M.-L., J. Daget, J.-C. Hureau et Th. Monod, 1970. — Le problème des « auteurs secondaires » en taxionomie. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 2 e sér., 42 (2) : 301-304. Tinbergen, N., 1952. — The study of instinct. Oxford, Clarendon Press, 228 p. Les dessins et cartes doivent être faits sur bristol blanc ou calque, à l’encre de chine. Envoyer les originaux. Les photographies seront le plus nettes possible, sur papier brillant, et normalement contrastées. L’emplacement des figures sera indiqué dans la marge et les légendes seront regroupées à la fin du texte, sur un feuillet séparé. Un auteur ne pourra publier plus de 100 pages imprimées par an dans le Bulletin, en une ou plusieurs fois. Une seule épreuve sera envoyée à l’auteur qui devra la retourner dans les quatre jours au Secrétariat, avec son manuscrit. Les « corrections d’auteurs » (modifications ou addi¬ tions de texte) trop nombreuses, et non justifiées par une information de dernière heure, pourront être facturées aux auteurs. Ceux-ci recevront gratuitement 50 exemplaires imprimés de leur travail. Ils pourront obtenir à leur frais des fascicules supplémentaires en s’adressant à la Bibliothèque cen¬ trale du Muséum : 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris.