1 A Va AAA a y >> >: 5 ». "4 >> :_»> >>»2 2927 Manaanans nu De AN A 32» AA DU PPPN PARARARRAR ART À ar ANA NA AA RAA à M A sis a à à A AAA AAA aa AAA RAR AAA AAAA à N ve A NAN Le AS À PR AMAAAMA A AA AAA, AAA 1e PA TE RoRAgs vanne para NAN FAgaRA AP AAA A RARAEA ARARAAR AN AAA Role | ACTA a pren au Au rh Mu Pt 4, AA AA Va Le das ñ àAnAAAAS Wu MARS RAA $ AAA A a À À ARAAAA A 20 | | MANIA RARAAN ANA F | MAR JAAARANARARRA AA AAAAAGYS MA ’ AAQA AN/ AA; AAA AA e er: EN A pa A _ LE >: > 22 D = Le _—. sn Aangana Gran nan ER NN aan AAAAAARAC DD 3 ED > 23% >» AM DU 5 es ÆS 5% St D 2. > D DD D» »>» >» ee 5 JD 222 22 52" D 2 >. 2» 2222 2. DD) >» : D'ppDpE F2" > 1 ES SE 8 7e >. 232 22272 D 3 ne TAN: RS | i LS 2 | VER | \o: Fur VV) | PXJI - PIRE YVAVATAU \ 1 À \ * ” ® 4 IA VASTE IL —, . . y . AIN wc ; #. = Hi Mn W se QU Vo AN UV % S © BULLETIN SOCIÈTÉ D'ACCLIMATATION PS k L) sans. — RRMERIE DE E. EURE num sh | : ° L1 - & re n ne 37 8- « pa cl < L2 ; ù 5 | A 2 r@ at BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION FONDÉE LE A0 FÉVRIER 1854 : RECONNUE ÉTABLISSEMENT D’UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1859 MAS HRIE TOME EI ANNÉE £8%7. ; f 1000 \ | NV 1004 4 à a Lu sl PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ HOTEL LAURAGUAIS, RUE DE LILLE, 19 1875 A] » F\ 1 4 12 11 “LA: h Ge ui" ” E ES nm. gr. mous = mn ES CN EL TARN E té AAA CRE aMano * ELU E PAM ALIEUTENENR Eur atiatté QUE #40" Mat MOT © NTM NES 64 MANAA VTT [13 ai ‘uf L "RE SOCIÈTE D'ACCLIMATATION ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1875 CONSEIL D'ADMINISTRATION BUREAU F MM. DROUYN DE LHUYS, de l’Institut, Président. Ernest COSSON, de l’Institut, Le comte d'ÉPRÉMESNIL, Le Fréd. JACQUEMART, Vice-presidents. De QUATREFAGES, de l’Institut, A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Secrétaire général. E. DUPIN, Secrétaire pour l’intérieur. Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil. C. RAVERET-WATTEL, Secrétaire des séances. Le marquis de SINÉTY, Secrétaire pour l'étranger. Paul BLACQUE, Trésorier. A. RIVIÈRE, Archiviste. MEMBRES DU CONSEIL MM. H. BOULEY, de l’fnstitut. | MM. Alph. MILNE EDWARDS. Camille DARESTE. | Edgar ROGER. DUCHARTRE, de l’Institut. | RUFFIER. P. L. H. FLURY-HÉRARD. | Baron SÉGUIER, de l’Institut. Henri LABARRAQUE. | Marquis de SELVE. Vicomte de MILLY, | Ch. WAELUT. Vice-président honoraire : M, le prince Marc de BEAUVAU. Membre honoraire du Conseil : M. de RUFZ DE J'AVISON. Agent général : M. Jule: GRISARD, à DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE. Bordeaux, MM. DurtŒu pE Mar | Lyon, MM. C. BoucHaRp. SONNEUVE,. | Marseille, Ant. HESSE. Boulogne-sur-mer, Alex. ADAM. | Poitiers, MALAPERT père. Douai, L. MAURICE. | Saint-Quentin, THEILLIER - DES- Le Havre, Henri DELARO- JARDINS. CHE. Toulon, TURREL. La Roche-sur-Yon, D. GOURDIN. | Toulouse, JOLY. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER. Batavia, MM.]J. C. PLOEN. | Philadelphie, MM. Th. WiLsoN. Cernay (Haut-Rhin), A. ZURCHER. Québec, Henry Jouy DE Lor- Constantinople, Durour. BINIÈRE. Mexico, CHASSIN. Rio-de-Janeiro, DE CAPANEMA. Milan, Ch. BRor. Sydney (australie), Mac ARTHUR. New-Orleans, Ed. SILLAN. | Téhéran , . THOLOZAN. Odessa, P, pe Bourakorr. | Wesserling, . GROS-HARTMANN. Pesth (Hngis), Ladislas ne WAGNER | | COMMISSION DE PUBLICATION. MM. Drouyn DE Luauys, de l’Institut, Président de la Société. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Secrétaire général. Ern. Cosson, de l’Institut, Comte D’'ÉPRÉMESNIL, Fréd. JACQUEMART, DE QUATREFAGES, de l’Institut, E. DuriN, Secrétaire pour l'intérieur. Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil. RaverET-WATTEL, Secrétaire des séancés. | Marquis DE SINÉTY, Secrétaire pour l'étranger. Hénri Bourey, de l’Institut, | i _ Camille DARESTE, Membres du Conseil. DUCHARTRE, de l’Institut, | Vice-présidents. COMMISSION DES CHEPTELS, MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, membres de droit. Membres pris dans le Conseil. Membres pris dans la Société, MM. DARESTE. | MM. Martial BERTRAND, DucuARTRE. P. CARBONNIER. PER | GINDRE-MALHERBE. Comte D'ÉPRÉMESNIL. | : LE Doux. Maurice GIRARD. | Docteur Ed. MÈNE, Alph. MINE EDwaRps. | Ant. QuIHoU. A. RIVIÈRE. | Arthur TOUCHARD. | Eug. VAVIN. Edgar ROGER. COMMISSION MÉDICALE. MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, membres de droit, MM. DUCHARTRE. |! MM. LABARRAQUE. DELPECH. | MAISONNEUVE. GOBLEY. Marais. GUBLER. Édouard MÈNE. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES. MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, membres de üroil. Délégués du Conseil : MM. Camille DARESTE, MM. RAVERET=WATTEL. LABARRAQUE: | À, RIVIÈRE, Délégués des sections : Première section. — Mammifères, — MM. A. GiNDRE-MALHERBE Deuxième section. — Oiseaux. LE CRETTÉ DE PALLUEL. Troisième section. — Poissons, êté. — C. MiLLer. Quatrième section. — /nsecies. Ur Maurice GIRARD. Cinquième section. — Végélaux. — Doéteur E. MENE. VINGTIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE Admissions du 4°" mai 1874 au 31 mai 1875. HENRI (S. A. R. Mgr), des Pays-Bas, palais de Scestdyk, à la Haye (Pays-Bas). GONZALEZ (S. Exc, le général don Ignacio Maria), Président de la Répu- blique dominicaine. Agzac (le vicomte Jean-Louis-Paul d'), gérant du consulat de France, à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis). ADAM (Édmond), propriétaire, 23, boulevard Poissonnière, à Paris, et à la villa des Bruyères, golfe Jouan (Alpes-Maritimes). ALI PACHA (S. Exc.), ambassadeur de Turquie, rue Laffitte, à Paris. ALBIOT, homme de lettres, 26, rue Cadet, à Paris. ALLEMANS (le marquis du Lau d’), 37, rue Jean-Goujon, à Paris. AMEZAGA (Camilo de), 13, cours du XXX Juillet, à Bordeaux (Gironde). ANATOLIE, 103, rue Neuve-des-Mathurins, à Paris. ANDRÉ (Oscar), industriel, 49, rue Charles-Laffitte, à Neuilly (Seine). AUBER DE PEYRELONGUE (Joseph d’), propriétaire, au château de Cavagnan, par Bouglon (Lot-et-Garonne). AuBERT (A.), à Saint-Sauvant (Charente-Inférieure). AUGÉ DE FLEURY DE LESMAËS, au château de Lesmaës-Plestin (Côtes-du- Nord). AvmaR-BREssion fils (Gustave), directeur de l’Académie nationale agri- cole et manufacturière, 41 bis, rue de Châteaudun, à Paris, BABIN DES BRETINIÈRES (Prosper), docteur, à Loge-Fougereuse, canton de la Châtaigneraie (Vendée). BACHELIER (Paul), 118, rue Neuve-des-Mathurins, à Paris. Banin (Éd.), directeur de la Cie spéciale d'assurances et réassurances maritimes, 21, rue Vivienne, à Paris. BAILLARGEAU (Anatole), à Saumur (Maine-et-Loire). BarBuAT-DupLessis (Albert de), 1, avenue Percier, à Paris, et au château de Sainte-Sabine, par Pouilly-en-Montagne (Côte-d'Or). BARTHELEMY (Gustave), négociant, 10, rue Saint-Séverin, à Paris. BARTHELEMY (Charles), 43, rue de Monceaux, à Paris. BÉCHET (Alphonse), propriétaire, 60, rue Saint-Lazare, à Paris. BELIZAL (Hyacinthe de), château de Bellevue, près Montcontour (Côtes- du-Nord). LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. IX BELLOT (Émile), propriétaire, à Poitiers (Vienne). BELLOT DE Bussy (Adrien), propriétaire, 81, boulevard de la Reine, à Versailles (Seine-et-Oise). BERTON, ingénieur, rue Saint-Martin, 30. BickNELL, 23 Onslow Gardens, à Londres (Grande-Bretagne). BLANCHARD, directeur de la colonie agricole du Mettray, près Tours (Indre- et-Loire). BLANCHARD (Charles) banquier, 4, boulevard des Italiens, à Paris. BLAY (Léon), propriétaire, à Nallier, arrondissement de Fontenay-le- Comte (Vendée). Borné (Louis-Alphonse-Émile), à Saint-Gond, commune d'Oyes, par | Baye (Marne). BoRGET (E.), propriétaire, 9, boulevard de la Madeleine, à Paris. BouLLENC (de), propriétaire en Bretagne et en Anjou, château de la Gom- beaudière, près Ingrandes (Maine-et-Loire). Bourpon (Henri), ancien sous-préfet, 25, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine). BourG (le vicomte Roger üu), château de la ville Bague, en Saint-Cou- lomb, près Saint-Méloir des Ondes (Ille-et-Vilaine). BRASSEUR (E.), médecin-dentiste, 6, rue Mogador, à Paris. BRÉMANT (Léon), 9, rue de Grenelle Saint-Germain, à Paris. BRIMONT (comte A. de), propriétaire, 36, rue de la Faisanderie, à Paris, et château du Meslay-le-Vidame (Eure-et-Loir). BRIVIN (Paul-Félix), notaire, à Luçon (Vendée). BROUSSE, propriétaire, maire de Sainte-Melaine, par les Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire). BRUN, propriétaire, 44, rue de la Merci, à Montpellier (Hérault). Burky (Jean), propriétaire-horticulteur, à Longpraz-sur-Vevez (Suisse). BuzARE (Alfred), propriétaire, à la More, commune de Montalembert, canton de Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres). CAILLAVET (Armand de), 117, avenue des Champs-Élysées, a PATIS. CamBoN (Henri), avocat, place Saint-Paul, à Nimes (Gard). CARDOSO (Édouard), 5, boulevard Beauséjour, à Paris. CARUËL DE SAINT-MaRTIN (Didier de), 7, avenue de la Reine-Hortense à Paris. CHABOT DE PECHEBRUN (Joseph), propriétaire, à Fontenay-le-Comte (Vendée). CHAIGNEAU (Alfred), curé de Saint-Pierre, à Champ, par Argenton-Château (Deux-Sèvres). CHANTEAU (de), château de Peyrieu, par Belley (Ain). K SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. CHARON (Émile), propriétaire, château du Petit-Chatenet, commune de Saint-Valérien, par Lhermenault { Vendée). CHaraRD (Alfred), ingénieur civil, 47, rue de Rome, à Paris, CHevaL (Joseph-Adolphe), 15, rue Jean-Robert, à Paris. CLUIS (Paul), 2, place de la Sorbonne, à Paris. Cornarp (Octave), garde-général des forêts, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe ). Cocas (A.), constructeur, 10, rue de l’Abreuvoir, à Courbevoie (Seine). CoLcomBET (Aimé), propriétaire, rue des Deux-Maisons, 1, à Lyon (Rhône). CocLas (Léonce), propriétaire, à Oulnoy (Seine-et-Marne), et A3, rue Saint-Georges, à Paris. CopPEAUX (Th.), conseiller référendaire à la Cour des comptes, 6, rue Malesherbes, à Paris, et à Pontlault, par la Queue-en-Brie (Seine- et-Oise). Corpier (Adolphe), propriétaire, à El Aliah, Maison-Carrée, près Alger (Algérie). Courcy (vicomte Ernest de), 72, rue Bellechasse, à Paris. Courcy (le général comte de), commandant la subdivision de Vannes, château de Korn-er-Houet, par Kolpo (Morbihan). COUVILLE (Henri de), membre du Conseil général de la Manche, château de Querqueville, par Cherbourg (Manche). CRocG (le docteur J.), chef de service à l'hôpital Saint-Jean, à Bruxelles (Belgique). CRONAU, directeur des chemins de fer de l’Alsace, à Strasbourg (Alsace- Lorraine). | CUVERVILLE (Ludovic de), château de Kerauter, près Saint-Nicolas du Pelem (Côtes-du-Nord). DAMPIERRE (le vicomte Guy de), château du Vignau, par Cazères-sur- l’Adour (Landes). Danru (Daniel), agriculteur à Steene, près Bergues (Nord). Davin (Émile), à Saint-Hilaire-le-Vouhis (Vendée). Davi (Léon), rentier, 44, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine), DEBROU (Paul), avocat à la Cour de cassation, 11, rue de Rome, à Paris. DECAUVILLE, agriculteur-industriel, à Petit-Bourg (Seine-et-Oise}, et à Paris, 10, place Royale. ù DELALAIN (Jules), imprimeur de l’Université, rue et impassse des Belles- Feuilles, 6, à Paris. DEL4MAIN (Philippe), négociant, à Jarnac (Charente). . DecBos (André), villa Saïd, 18, avenue de l’Impératrice, à Paris. DELLARD (baron Paul), attaché au cabinet du Ministre de la guerre, 17, boulevard Bourdon, à Paris, LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XI Demars (Éd.-Ch.), directeur des lignes télégraphiques, à Saïgon (Cochin- chine). Demay (Louis-Chrysostome), propriétaire, 10, rue Duperré, à Paris, et quai des Bains, 5, à Boulogne-sur-Seine (Seine). DENIÈRE (Georges-William), 29, boulevard Malesherbes, à Paris. DERRÉ (Almire-René-Henri), notaire, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). DesrocHes (Eugène), curé, à Esves-le-Moutier, par Ligueil (Indre-et- Loire). DEvrez (Désiré-Henri-Louis), architecte du gouvernement et de la ville de Paris, 25, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine). Dieu (Alexandre-Victor), 17, rue de Chartres, à Neuilly (Seine). Dogrr (Émile), à Ermont (Seine-et-Oise). DRAGUER, propriétaire, 5, rue Garnier, à Neuilly (Seine), Duconce pu Rosnay (comte). propriétaire, 43, rue du Faubourg-Saint- Honoré, à Paris. DussoL (Louis), propriétaire, au château de Saint-Palavy, par les Quatre- Routes (Lol). | ELBÉE (Ch.-Maurice), lieutenant d’infanterie de marine, administrateur des affaires indigènes, à Saïgon (Cochinchine). ERNEMONT (le comte d’), 3, rue du Cirque, à Paris. FAUCILLE, négociant, 9, rue du Château-d'Eau, à Paris. FERRIER (Gustave), juge-suppléant au tribunal civil, à Mortpellier (Hérault), et à Paris, 18, rue Dufresnoy. FÉRY (Pierre-Théodore), propriétaire, 11, rue d'Orléans, à Neuilly (Seine). FessarTt (Émile), propriétaire, 18, rue de la Grange-Batelière, à Paris, FIEVET-PERINET (Émile), négociant, au Cateau (Nord). Ficippint (Angelo), 23, rue des Écuries-d’Artois, à Paris. FONTAINE (Alfred), propriétaire du domaine et des chasses de la Bristi- nière et de la forêt de l’Épar, près Rambouillet (Seine-et-Oise), et 61, rue de l’Arcade, à Paris. FONTEINNE (le R. P. Dominique-Auguste), bénédictin, Cellerier de l’abbaye de Solesmes, près Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). ForEAU (Célestin), négociant, 47, rue d’Aboukir, à Paris. FORTIN-HERMANN (A.), ingénieur, 138, boulevard Montparnasse, à Paris. FOURNIÉ (Édouard), docteur-médecin à l’Institut des Sourds-Muets, 11, rue Louis-le-Grand, à Paris. FREMEUR (comte de), 30, rue Montaigne, à Paris. GADEAU DE KERVILLE (Jean-Victor), manufacturier, 7, rue du Passage- du-Pont, à Rouen (Seine-Inférieure). à F9 ai 2 XII SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. GAGE (Léon), docteur, 9, rue de Grenelle-Saint-Germain, à Paris. ” GAILLARD père, négociant, membre du Conseil général, à la Chaise, arrondissement de Barbezieux (Charente). Gauninor (Philib’), propriétaire, avenue de Neuilly, 63, à Neuilly (Seine). GELOT (Paul), notaire, à Saint-Cirq-du-Gats (Vendée). GEOFFROY DE VILLENEUVE (René), château de Chartreuse, par Fismes (Marne). GÉRARD (J.-B.), notaire, 1, rue Saint-Louis, à Toulon (Var). GiBert (Gustave), maire de la commune de Puisieux, près Meaux (Seine- et-Marne). GIRAUD (Paul), négociant, 42 bis, rue Sainte, à Marseille (Bouches-du- Rhône). GinauD (Paul-Honoré), licencié en droit, au Caire (Égypte). GLAS (José-Manuel), ancien ministre des finances de la République domi- nicaine, 477, rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris. GODEFROY (Louis), négociant, 225, rue Saint-Denis, à Paris. GonipEC {comte Constantin Le), 6, cité Martignac, à Paris. GoRRY-BouTEAU (Pierre), à Belleville, près Thouars (Deux-Sèvres). GOSsET, propriétaire, au château de Tour, près Bayeux (Calvados). GRANDVAL (Jules), banquier, 65, cours Pierre-Puzet, à Marseille (Bouches- _du-Rhône),. GREFFULHE (le vicomte Ienri de), 1C, rue d’Astorg, à Paris. GUÉRIN (J.-Ch.-Paul), propriétaire, château de Fonfrède, par Roullet (Charente). ; GUILLEMET (Gaston), négociant, rue des Loges, à Fontenay (Vendée). GUILLEMIN (Alfred), propriétaire, à Bazemont (Seine-et-Oise), et 203, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Guy (Joseph), négociant, à Aigre (Charente). : HaRDING (Palmer), banquier, 3, rue du Helder, à Paris. HÉ8RARD (d”’), ancien officier, 76, rue de la Victoire, à Paris. HiéLarD (Charles-Léon), 13, rue du Caire, à Paris. HocquarT DE TurTor (le vicomte), 10, rue de Las Cases, à Paris. HOHENLOHE (S. A. Mgr le prince de), ambassadeur d'Allemagne, 78, rue de Lille, à Paris. | HuGueT (Théodore), commissaire en retraite des Monnaies, 47, avenue de la Grande-Armée, à Paris. JamAIN (Auguste), propriétaire, à Petit-Fougerai, commune de Thouarsaix- Boulderoux, près la Caillère (Vendée). l JANONIÈRES fils (Arthur Des), château de la Géraudière, commune du Cellier (Loire-Inférieure). LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XIII JANZE (le comte Albert de), propriétaire, à Neuchâtel (Seine-Inférieure). Jouy (Ch.), rue Boissy-d’Anglas, 11, à Paris. JoNHsON, ingénieur, 39, rue Borghèse, à Neuilly (Seine). KapFeRER (Charles), 3, rue Windsor, à Neuilly (Seine). LABARRAQUE (Édouard-Frédéric-Antoine), docteur, 35, boulevard de Strasbourg, à Paris. LABiTTE (Albert), propriétaire, au Mesnil-Saint-Georges, près Montdidier (Somme). LABOURMÈNE (Paul), propriétaire, à Saint-Pierre de Vouvray (Eure). LaBRosse (le vicomte Ch. de), 54, avenue du Roi-de-Rome, à Paris. LABRUYERE (Julien-François-Georges), avocat, 3, place de la Petite- Hollande, à Nantes (Loire-Inférieure). LACLAVERIE (A.), propriétaire, 124, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). LACOURTIE (Adrien), propriétaire, au château de la Planche, par Pon- thierry (Seine-et-Marne). LAIR (Ch.), château de Blou, par Longué (Maine-et-Loire), et 53, ruc Saint-Dominique, à Paris, LAMBERT (Léon), avocat, 2, rue du 4 Septembre, à Paris. LAMBERT-LASSUS, propriétaire, 113, boulevard de la Reine, à Versailles (Seme-et-Oise). LamoTuE (Louis), propriétaire, quai de la Monnaie, à Bordeaux (Gironde). LANGLE (le marquis de), 20, boulevard Latour-Maubourg, à Paris et chà- teau du Plessis, par le Sel (Ille-et-Vilaine). LANJUINAIS (le comte Paul-Henri), 31, rue de Luxembourg, à Paris. LAROCHE (Alexandre), ingénieur civil, fabriquant de papiers, à Nersac, près Angoulême (Charente). LarocquEe-Larour (Henry de), château de Cramahé, nar la Jarrie (Cha- rente-Inférieure). LATERRIÈRE (de), rentier, 41, rue Notre-Dame-de-Lorelte, à Paris. LAUNAY (le baron A. de), 20, rue de la Ferme-des-Mathurins, à Paris. LeBAUDY (Jules), 73, boulevard Haussmann, à Paris. LEBOUVIER, propriétaire, à Corné (Maine-et-Loire). LEBRUN (Athanase-Bélizaire}, rue de l'Église, 4, à Neuilly (Seine). Le CEsNE (Charles), château de la Ricodière, par Vire (Calvados), et L5, avenue Joséphine, à Paris. LE CHEVALIER (Octave), rue de la Constitution, à Avranches (Manche). LECONTE (Jules), propriétaire, membre du Conseil général de Seine-ct- Oise, 41, rue de Paris, à Meulan (Seine-et-Oise). LEFEBVRE DE VIEFVILLE (Louis), avocat, 51, rue T'aithbout, à Paris. XIV SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. LÉGLISE, membre du Conseil général et maire de Saint-Martin-de-Sei- gnaux (Landes). LE JouTeux (Gontran), 29, rue Bonaparte, à Paris. LemercieR (Hippolyte), propriétaire, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Le Moine (Gustave), propriétaire, rue de Condé, 29, à Paris, et au château de la Chapelle-Godefroy, près Nogent-sur-Seine (Aube). Lepinay (Caliste de), château de la Mouhée, près Chantonnay (Vendée). LEROUX (Pierre-Eustache), A4, boulevard de la Reine, à Versailles (Seine- et-Oise). LEROY-DuPRÉ (le docteur Hippolyte), directeur de l'établissement hydro- thérapique de Bellevue, à Bellevue, par Meudon (Seine-et-Oise). LESTRANGE (vicomte de), propriétaire, 37, rue Joubert, à Paris. Lezzani (le marquis Maximilien), palais Lezzani, place Barberine, à Rome (Italie). | LHÉRITIER (Alexandre-Lucien), propriétaire, au château de Jutreau, par Saint-Pierre-de-Maillé (Vienne). LtÉNARD (Auguste), propriétaire, à Jonchery-sur-Vesle (Marne). LIvoNNIÈRE (le comte Scévole de), propriétaire, au château de Chavigny- Beaufort (Maine-et-Loire). LLORENTE (Juan-Isaias comte de), ministre d'Espagne, à Munich (Ba- vière). LouBAT (J.-F.), 27, rue Dumont-d'Urville, à Paris. Luppé (vicomte Olivier de), membre du Conseil général de L oet- Garonne, 70, rue de Bellechasse, à Paris, et au château de Saint- Martin, par le Mas-d’Agenais {Lot -et- Garonne). MaizLaRD (André-Jules), rentier, 5, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine. MAINDONNALD (Thomas), propriétaire, au Grand-Belle, paroisse de Saint- André, île de Guernesey (Angleterre). MaiLez (Joseph), à Wasquehal, près Lille (Nord). MALMENAYDE (Joseph), 15, rue de Bordeaux, à Charenton (Seine). ManproT (Bernard), 29, boulevard Malesherbes, à Paris, MansiGny (le comte de), à Avranche (Manche). MARGAROT-PAUC (Ali), banquier, à Nîmes (Gard). MARIENVAL (Gustave), 49, rue des Petites-Écuries, à Paris. Marismas (marquis de Las), propriétaire, 10, rue de l'Élysée, à Paris, Marois (comte Le), 9, avenue d’Antin, à Paris. MARTIN (Henri), propriétaire, château de Lubescens, près Cugnau (Haute-= Garonne). MARTINET (Émile), imprimeur, rue et hôtel Mignon, 2, à Paris. MarTy (Félix), propriétaire, au château de Gaillac, par Aurillac (Cantal). LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XV MauGEr-BicHARD (Thomas), propriétaire-éditeur de la Gazette officielle de Guernesey, Clifton-Terrasse, 1, à Guernesey (Grande-Bretagne). MépaL (le docteur M.-A.), interne des hôpitaux civils de Bruxelles, hôpi- tal Saint-Jean, à Bruxelles (Belgique). MéHEDIN (Léon), voyageur explorateur, Villa-Emilia, à Meudou (Seine- et-Oise). Menou (le vicomte E. de), château de Mée, par Pellevoisin (Indre). MERCIER (Léon), propriétaire, château de Beaurouve, canton d’Ilhers (Eure-et-Loir), et 4, avenue de Friedland, à Paris. MÉRITENS (baron E. de), 36, rue de Boulogne, à Paris. MEUNIER (Émile), négociant, 30 bis, boulevard Contrescarpe, à Paris. M£yer (Nicolas), interprète-juré, 55, quai des Grands-Augustins, à Paris. MICHEL (Marie-Édouard-Adolphe), docteur en médecine, à Anizy-le-Chà- teau (Aisne). Micnon (Fulgence), à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Moicnet (Jacques-Ernest), fabricant de sucre, aux Andelys (Eure). MoLempaIx (baron V, de), château des Loges, à Fontaine-l'Évêque (Bel- gique). Monor (André), négociant, 66, rue Hauteville, à Paris. MonTiGny (E. de), château de la Mésangère, par Bourgtheroulde (Eure). MonTaienac (le comte R. de), officier d'ordonnance du Ministre de la guerre, 92, rue de Grenelle, à Paris. MOoNTEBELLO (le comte Adrien de), 31, rue de la Baume, à Paris. MonTGomMERY (Adolphe de), 25, rue Dumont-d’Urville, à Paris. MonTuLe (Victor, DuBois de), négociant, trésorier de la Société des chasses de la Bracoure, faubourg Saint-Cybard, à Angoulême (Charente), Moreno (Antonio-Gonzaiès), 20, rue de Tilsitt, à Paris. MoriER (Gilbert-François-Jacques), directeur de la Caisse d'épargne, 25, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine), Morin (Eugène-Alexandre), propriétaire, 174, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Morre-D’ANNEBAULT (Henri de La), propriétaire, à Saint-Lo (Manche), et 46, boulevard Maillot, à Neuilly (Seine). MourLon (Louis-Alexandre), propriétaire, à Chambon-sur-Voueize (Creuse). MuLLER-SOEHNIÉ (Ch.-Eugène), 38, boulevard Eugène, parc de Neuilly, à Neuilly (Seine). NicoLAs (Louis), propriétaire de la Terre-d’Arcy, 22, rue Paradis-Poisson- nière, à Paris. NICOLET (Jules), avocat, 19, rue de la Ville-l’Évêque, à Paris. XVI SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. . NorManp (Édouard), conseiller général, quai des Constructions, 12, à Nantes (Loire-Inférieure). NorTIER (Louis-Jules), 27, boulevard d’Argenson, à Neuilly (Seine). NUGENT (vicomte Pierre de), rue du Regard, 5, à Paris, et château des Mesnuls, par Montfort l’'Amaury (Seine-et-Oise). OoEnrT (Henri-François-Xavier), négociant, 11, boulevard Saint-Michel, à Paris. OLIVIER, négociant, A1, rue de Richelieu, à Paris, OsER (Adam), négociant, à Bâle (Suisse). PaQuiER (Gustave), château de la Barre, près Sainte-Hermine (Vendée). Paris (S. A. R. Mgr le comte de), à Chantilly (Oise). PASSEROTTE (Ch.), 60, rue Jolly-Schaerbeck, à Bruxelles (Belgique). PEIRIÈRE (Léon), étudiant en droit, 54, rue d’Assas, à Paris. PELLIER (Alfred), au Mans (Sarthe). PENAUD (Louis), notaire, à Vic (Vendée). PERRONNE (Auguste), percepteur des contributions directes, à Manthélan (Indre-et-Loire). PERROTTET (Édouard-Marius), 9, rue Odessa-Montparnasse, à Paris. PERSIN (Jules), président du Comice agricole de Montier-en-Der, à Bou- lancourt, par Montier-en-Der {Haute-Marne). PHÉLIPPEAU DE MONTRoY (Auguste), à Montroy, commune de la Chape- laude, canton d’Huriel (Allier). PicaRD (Ernest), député au Corps législatif, 80, avenue de la Grande- Armée, à Paris, et aux Ambesys, par le Mesnil-Saint-Denis (Seine- et-Oise). | Picot (A.-Pierre), directeur de la Revue Brilannique, 132, boulevard Haussmann, à Paris. PicouT, membre du Conseil général de la Marne, 7, place Jussieu, à Paris. Pory D’AvanT (lony), suppléant du juge de paix, à Maillezais (Vendée). PonTer (François), propriétaire, à Aurillac (Cantal). PorLier (Paul), A, rue Godot-de-Mauroy, à Paris, et à Vigny, près et par Meulan (Seine-et-Oise). PoricE (le vicomte de), à la Fère (Aisne). PouLer (Amédée), fabricant de sucre, à Guignes-Rabutin (Seine-et- Marne). PoupaRD (Jean), pisciculteur, 5, rue Montmartre, à Paris. POUSSINEAU (Auguste), propriétaire, château de Belair, près Mestray (Loire-Inférieure), et 14, rue Boissy-d’Anglas, à Paris. PRAMPAIN (Victor), percepteur, à Plancoët (Côtes-du-Nord). LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XVII PRIEUR (Victor), propriétaire, à la Gilardière-Rablay, par Saint-Lambert du-Lattay (Maine-ct-Loire). Prigur-CarR£ (Victor), propriétaire-horticulteur, à Gonnord, par Saint- Lambert du Lattay (Maine-et Loire). PRON (Charles), étudiant en droit, 15, avenue d’Antin, à Paris, QUATREMAIN (Émile-François), propriétaire, 5, rue Hurel, à Neuilly (Seine). Racor (Édouard), 177, rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris, RAVENEAU (Stephen), 87, rue d'Amsterdam, à Paris. RAVENEAU-HuanD (Théodore), propriétaire, 35, faubourg Saint-Jacques, à Angers (Maine-et-Loire). REGNIER (Georges), négociant, à Dijon (Côte-d'Or). RENAN (Allain), ancien banquier, 34, rue de Longchamps, à Neuilly (Seine). RENARD (Edmond), médecin-vétérinaire, à Mogneville, par Révigny (Meuse). REvILLON (Adolphe), rentier, 85, avenue des Ternes, à Paris. RicHARD (Charles), notaire, à la Châtaigneraie (Vendée). RICHARD, intendant militaire, 31, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). RiocourT (comte de), membre du Conseil général de la Marne, à Vitry- la-Ville (Marne). RITTATORE (Alphonse-Dominique), directeur de la filature Barbaroux, à Pancalieri, Circondario di Torino (Italie). RoBERT (Edmond), banquier, au Cateau-Cambrésis (Nord). Roi (Auguste), propriétaire, à Semur (Côte-d'Or). ROCHEMACE (Félix de La), château de La Roche, commune de Couffé, par Oudon (Loire-Inférieure). | RopeLec pu:Porzic (E. de), château de Pezennan, par Quimper (Fi- nistère). ROEST-D'ALHEMADE (le baron), château de la Hulpe, près Bruxelles (Bel- gique). RONDEAU (Daniel), négociant, 28, rue des Petites-Écuries, à Paris. RONDEAU (Pierre), étudiant en médecine, 31, rue Bonaparte, à Paris. RossiGnoL (Ernest-Constant), 24, rue Chage, à Meaux (Seine-et-Marne). RourE (le haron du), château de Barbegal, près Arles (Bouches du- Rhône). Rousse (Alfred), à Fontenay-le-Comte (Vendée). Rousseau (Auguste-Alfred), architecte, 69, rue de Chabrol, à Paris. RoussEAU (Ernest), commissaire-priseur, 2, rue Rossini, à Paris. Roy (Gabriel), avocat, propriétaire, à la Valette (Charente). 3° SÉRIE, T. I]. — Séance pub'ique annuelle, b XVIII SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. L Sacus (le baron Ferdinand-Georges de), château de la Ville-au-Bois, par Jonchery-sur-Vesle (Marne). SaiNT-PauL (de), château de Lainghear, canton de Saint-Pois (Manche). SaINT-RoMAN (le comte de), propriétaire, 20, rue Taïtbout, à Paris. SANs, sous-préfet, à Barbezieux (Charente). Sommier (Eugène), propriétaire, à Flavy-le-Martel (Aisne), et à Paris, 20, rue de ia Paix. TaLzHouer (le marquis de), 137, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. TauLE (Henri de Pinel de La), château de Truilhas, à Salelles -d’Aude (Aude). TERRILLON (Edmond), 12, quai de la Mégisserie, à Paris. THirioN-MONTAUBAN (Jules), ministre plénipotentiaire de la République Dominicaine, 177, rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris. TocqueviLze (vicomte René de), membre du Conseil général de la Manche, château de Tourlaville, par Cherbourg (Manche). TouraAsse, membre de diverses Sociétés scientifiques, Petit-Boulevard, à Pau (Basses-Pyrénées). TRiou (Paul), propriétaire à la Châtaigneraie (Vendée). TROUBETZKOY (le prince Pierre’, à Intra-la-Ville, Lac-Majeur (Italie). TURMANN, négociant, à Eaubonne, par Ermont (Seine-et-Oise). VAN DER SLUYS, propriétaire, vice-consul de Suède et de Norvège à la Papiaunerie, près la Caillère (Vendée). Van Gorkon (membre honoraire), directeur des cultures de Eco: à Java (Indes néerlandaises). Van HEEmsTRA (le baron G.), officier d'ordonnance de S. M. le roi des Pays-Bas, à la Haye (Pays-Bas). VaRIN (Jules), propriétaire, à Baulne, près La Ferté-Alais (Seine-et- Oise). VauGuIon (Félix de), château de la Jupellière, près Meslay (Mayenne). VEzins (Jacques de), château de Vezins (Maine-et-Loire), et à Paris, 6, place de l'Opéra. ViETTE (Théodore), propriétaire, 60, rue Caumartin, à Paris. ‘Vies (Louis), capitaine de frégate, à bord du Magenta, escadre d’évo- lution, à Toulon (Var). ViLLOT (Georges), 26, rue de la Ferme-des-Mathurins, à Paris. WasniER (Henri-Dominique), Maison Pommercy, rue Vautier-le-Noir, à Reims (Marne). SOCIÉTÉ AGRÉGÉE FRANÇAISE. La Société d’horticulture de Lorient (Morbihan). DIX-HUITIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION PROCES-VERBAL. Cette séance a été tenue dans la salle du Vaudeville, le 7 mai 1875. | Sur l’estrade siégeaient, avec M. Drouyn de Lhuys, membre de Pinstitut, président de la Société : MM. le baron de Zuylen de Nyevelt, ministre des Pays-Bas; Kern, ministre de la Ré- publique helvétique; le chargé d’affaires de Guatemala; le . comte de Bision, secrétaire à la légation d'Italie; Lindmann, secrétaire à la légation du Salvador ; le baron d’André, ninis- tre plénipotentiaire ; le général Morin et Duchartre, membres de l'Institut; Ernest Legouvé, de l’Académie française; Bos- seront d’Anglade, sous-directeur au ministère des affaires étrangères ; Albert Geoffroy Saint-Hilaire, secrétaire général; docteur Labarraque, membre du Conseil; Pierre-Amédée - Pichot ; docteur Maurice Girard, secrétaire du Conseil; Rave- ret-Wattel, secrétaire des séances; Gindre-Mafherbe, Cretté de Palluel, Millet et docteur Ed. Mène, rapporteur de la Com- mission des récompenses. On remarquait en outre dans l’Assemblée un grand nombre - de notabilités françaises et étrangères. | Parmi les dames de distinction, on remarquait M°° Drouyn de Lhuys, M°° la maréchale Randon, M"° Geoffroy Saint-Hi - laire, M”° Cotés, etc., etc. M. le marquis de Selve, membre du Conseil, avait bien voulu se charger d'introduire les invités et leur faire les hon- neurs de la séance, avec plusieurs commissaires qu’il avait désignés. L’orchestre du Jardin d'acelimatation, dirigé par M. Mayeur, prêtail son concours à celte solennité. XX SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — La séance a été ouverte par M. Drouvn de Lhuys, pré- sident, qui s’est exprimé en ces termes : MESDAMES, MESSIEURS, En ouvrant aujourd’hui sa dix-huitième séance, la Société d’acclimatation peut se féliciter à bon droit de l’état de pro- s périté matérielle et morale auquel elle est parvenue. La liste de ses membres augmente sans cesse, ainsi que le nombre des personnes qui s'occupent de l’acclimatation des animaux et des plantes. Le Bulletin mensuel qu’elle publie compte déjà 21 volumes, et celui de 1874 n’est pasle moins intéressant de celte collec- tion. Les séances ordinaires, fréquentées assidüment, sont rem- plies par des lectures instructives et par d’utiles diseus- sions. L'organisation des Cheptels encore dans l'enfance se déve- loppe rapidement, et lorsque nos dévoués coopérateurs con- sentiront à nous rendre un compte fidéle de leurs observa- tions, de leurs succès comme de leurs échecs, nous n’aurons plus rien à désirer de ce côté. Nos médailles et nos prix vont dans le monde entier pro- voquer et récompenser des expériences. L'accueil fait à ces témoignages de notre gratitude montre en quelle estime est tenue notre associalion. Enfin, notre Jardin du bois de Boulogne, aujourd’hui res- tauré grâce à l'infatigable et intelligente énergie de son Direc- teur, est l’objet de la sympathie la plus vive des Parisiens comme des étrangers qui visitent la capitale. Cet établisse- men à su, sans délaisser les études sérieuses pour lesquelles il a été institué, devenir un but de promenade CE el même un lieu de récréalion. N’est-il pas vrai, Messieurs et vous surtout Mesdames, que vous n’êtes point scandalisés des attraits offerts à la curiosité du public et des ornernents un peu profanes ajoutés à la beauté sévere de la science? Notre vocation est non-seulement de PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE, XXI proclamer les dogmes, mais encore de propager le culte de l'histoire naturelle. Peut-être même sommes-nous plus jaloux de faire des prosélytes que des docteurs. Afin d'obtenir ce résultat, nous avons dù nous conformer à l’avis de Socrate, qui conseillait à la philosophie de sacrifier aux Grâces. Nous avons aussi pour nous l'opinion de Montaigne. « [ne faut pas, disait-1l dans son charmant langage, planter » la sagesse à la tête d’un mont raboteux et inaccessible, fan. » tosme à estonner les gens, ains la loger en une belle plaine » où l'on arrive par des routes ombragées, gazonnées et doux- » fleurantes.... On a grand tort de lui donner un visage sour- » cilleux et renfrogné, au lieu d’un maintien actif et allègre, » et d’une contenance contente et débonnaire. » Tel est l'esprit dont s'inspire notre propagande. Nous pen- sons que l'arbre de la science ne perd rien de sa majesté, si, plongeant ses racines dans les mystérieuses profondeurs de la terre, et élevant sa cime jusqu'aux célestes régions, il met à la portée de tous le feuillage et les fruits dont ses branches sont chargées. | Je ne m’étendrai pas davantage sur ce sujet. La brillante assemblée réunie dans cette salle n'est-elle pas la meilleure justification de la ligne de conduite que nous avons suivie ? Je ne veux pas d’ailleurs retarder la distribution des récom- penses, et vous ne me pardonneriez pas, Mesdames, de vous faire attendre trop longtemps la bonne fortune que le pro- gramme nous promet à la fin de la séance : vous avez hâte, comme nous, de voir les élégantes fleurs de l'Académie fran- çaise acclimatées dans le domaine de notre Société par une personne chez qui l’art de vous apprécier et de vous plaire est une tradition de famille (1). — Après cette allocution, vivement applaudie par l’assem- blée, M. Pierre-Amédée Pichot a prononcé un discours sur La faune domestique de l'ancienne Egypte. (4) M. Legouvé (de l'Académie francaise) qui devait faire une lecture à la fin de la séance. XXII SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Les rapports sur les récompenses ont ensuite été présentés par M. le Secrétaire général et par MM. les délégués des sec- tions: Il a été décerné cette année : Premièrement. — Une grande médaille d’or, offerte à la Société par M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. Deuxièmement. — Une grande médaille d’or. S. Troisiémement. — Deux grandes médaillés d'argent à l’ef- figie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. | . Quatrièmement, — Huit prix s’élevant ensemble à la somme de 4700 francs. Cinguièmeinent, — 1° Dix-huit médailles de première classe : 2° Un rappel de médaille de première classe; 3° Vingt médailles de seconde classe ; h° Trois mentions honorables ; 5° Cinq récompenses pécuniaires s’élevant ensemble à la somme de 500 francs; 6° Les deux primes annuelles de 200 et de 100 francs fon- D. par feu Agron de Germigay; ° Trois primes de 209, de 100 et de 25 francs, offertes par Me dr du lun d’acclimatation. La séance s’est terminée par une lecture de M. Ernest Lez couvé, de l’Académie française. Le Secrétaire des séances, RAVERET- WATTEL. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER : GÉNÉRALITÉS. 19 — 18GS%. — Primes pour les travaux théoriques relatifs-à l’accli- matation, $ I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l’acclimatation pourront être récompensés, chaque année, par des primes spéciales de 500 francs au moins. La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes qui peu- vent S opposer à l’acclimatation, et les moy ens qui peuvent servir à pré- venir ou à combattre leurs effets. $ IL. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux questions dont s’oc- cupe la Société. Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les appli- cations pratiques ou propres à les vulgariser. Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société avant le 1°" juillet de chaque année. 20 __1SG7.— Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant servir de guide dans les applications. La Société, voulant encourager les travaux de Zovlogie pure (monogra- phies génériques, recherches d'anatomie comparée, études embryogéni- ques, etc.) qui servent si souvent de guide dans les applications utilitaires de cette science, et rendent facile l’introduction d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionnement d'espèces déjà importées, décernera annuellement, s’il y a lieu, un prix, de 500 fr. au moins, à la meilleure monographie de cet ordre, publiée pendant les cinq années précé- dentes. Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des applica- tions auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à concourir auraient déjà conduit, que ces applications aient été faites par les auteurs de ces travaux ou par d’autres personnes. Un exemplaire devra être déposé avant le 1° juillet. 30 — #S3%. — Des primes ou médailles pourront être accordées aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement, les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conservation des - animaux essentiellement protecteurs des cultures (crapaud, hérisson, etc.). (1) Le chiffre qui précède l'énoncé des divers prix indique l’année de la fondation de ces prix, Tous les prix qui ne portent pas l'indication d’une fondation particulière sont fondés par la Société, XXIV SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 4° _ 1SGZ7. — Prix perpétuel fondé par feu M"° GUÉRINEAL, née DELALANDE. Une grande médaille d’or, à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et destinée à continuer les fondations faites les années précédentes, dans l'intention d’honorer la mémoire de l'illusitre et intrépide naturaliste voyageur Pierre Delalande, frère de M°° Guérimeau. Cette médaille sera décernée, le 10 février 1876, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l’ordre des travaux de la Société, principalement au point de vue de l'alimentation de l’homme. Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 4° dé- cembre 1874. 5° — SGA. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs, à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle. 6° EÉSGI. — Prix fondés par feu M. AGRON DE GERMIGNY. Deux primes, de 200 fr. et de 100 fr., seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux végétaux, soit au Jardin d'acclimatation (200 fr.), soit dans les établissements d’acclimatation se rattachant à la Société (prime de 400 fr.). Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1° décembre de chaque année. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. 1° — 18730. — Introduction en France des belles races asines de l'Orient. | On devra faire approuver par la Société d'acclimatation les Anes étalons im- portés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans l’année par chacun d’eux. PRIX. — 1000 francs. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. 2° — #8GS. — Domestication complète, application à l’agriculture ou emploi dans les villes de l’Hémione (Æquus Hemionus) ou du Dauw (E. Burchelli). La domestication suppose la reproduction en captivité. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 1000 francs. 3° — 1867. — Métissage de l’Hémione ou de ses congénères (Dauw, . Zèbre, Couagga) avec la Jument. On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an, Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1876. PRIX, — 1000 francs. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER. XXV 40 — #86G73.— Propagation des mélis de l'Hémione et de ses congé- nères avec l’Anesse, Ce prix sera décerné à l’éleveur qui aura produit le plus de métis. (Il devra en présenter quatre individus au moins.) Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1876. Prix. — 1000 francs. 5° — ASG7. — Élevage de l’Alpaca, de l’Alpa-Lama et du Lama. On devra présenter au concours, avant le 41°° décembre 1878, douze sujels nés chez l’éleveur et âgés d’un an au moins. Prix. — 1500 francs. 60 — 418G9. — Prix perpétucl fondé par feue M°° Ad. DUTRONE, née GALOT. Une somme annuelle de 400 fr. sera, tous les trois ans, convertie en prime de 200 fr. (ou médaille d’or de cette valeur), et décernée par con- cours au propriétaire ou au fermier qui, en France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de la race bovine désarmée SARLABOT, créée par feu M. le conseiller Ad. Dutrône. Ce prix sera décerné en 1876 et 1879. 7° — 1833. — Chèvres laitières. On devra présenter 1 Bouc et 8 Chèvres d’un type uniforme et justifier que trois mois après la parturition les Chèvres donnent 3 litres de lait par jour et par tête. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes occa- sionnées par l’entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage). PRIX. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1878, 8° — 1834. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Wapiti (Cervus Canadensis), du Cerf d’Aristote (Cervus Aristotelis) ou d'une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 1500 francs. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. 9° — HSFA. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis (Cervus aæis), du Cerf des Moluques (Cervus Moluccensis) ou d’une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un au. Prix. — 1000 francs. Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1880. 40° — 4834. — Multiplication en France, à l’état sauvage {dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Gerf-Cochon (Cervus porcinus), ou d’une autre espèce analogue. XXVI SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. PRIX. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1880. 41° — 1834. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cervus Pudu) ou d’une espèce analogue. _ On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 1°° décembre 188, 42° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l’Antilope Canna (Boselaphus : oreas) ou d’une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l'état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 1500 francs. Concours ouvert jusqu’au 4°' décembre 1880. 43° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc ou en forêt), de l’Antilope Nylgau (Portax prcta) ou d’une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 1000 francs. Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1880. 14° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), d'Antilopes de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus nés au moins à l’état de liberté, parmi lesquels six Animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 1°7 décembre 1880. 15° — 183%. — Introduction en France de l’Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On devra avoir introduit au moins trois couples de Ke ou Chang, et faire con- stater que trois mois après leur importation, ces animaux sont dans de bonnes conditions de santé. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1876, Prix. — 500 francs. 16° — 4838. — Multiplication en France de l’Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On devra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de plus d’un an et issus des reproducteurs importés. Concours ouvert jusqu’au {°° décembre 1876, Prix. — 1000 francs. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER. XXVIT 470 — 41865. — Domestication en France du Castor, soit du Canada, soit des bords du Rhône. On devra présenter au moins quatre individus mäles et femelles nés chez le propriétaire et âgés d’un an au moins. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1876. PRIX. — 500 francs. — Le prix sera doublé si l’on présente des individus de seconde génération. 180 — 483%. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande espèce. ” On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Prix. — 1000 francs. Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1880. 19° — 4835. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. PRIX. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1880. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. 4° — 1835.— Un prix de 500 francs sera accordé à l'inventeur d’un genre de nourriture pouvant remplacer partout et à un prix modéré les œufs de fourmis (nymphes et larves) pour l'élevage des Perdrix et des Faisans. On devra justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nourriture à un prix qui he sera pas plus élevé que celui des œufs de fourmis. Prix. — 500 francs. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. 22 ASGA. — Introduction et acclimatation d’un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix, — 500 à 1000 francs. 3° — 1870.— Multiplication et propagation en France ou en Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentarius). On devra présenter un couple de ces oiseaux de première génération, et justi- fier de la possession du couple producteur et des jeunes obtenus. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880, Prix. — 1000 francs. 4° — 186S. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres tristis), ou d’une espèce analogue en Algérie ou dans le midi de la France. L XXVIIT SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde génération. Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1880. Prix. — 500 francs. 0— #83@. — Multiplication en France, à l’état sauvage, de la Pintade ordinaire (Numida Meleagris). On devra faire constater l'existence, sur les terres du propriétaire, d’au moins , quatre compagnies de Pintades de six individus chacune, vivant à l’état sauvage. Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1876. Prix. — 250 francs. 6°—#8%%. — Multiplication en France, à l'état sanvage, du l'aisan vénéré. On devra faire constater l'existence d’au moins dix jeunes soie vivant en liberté et provenant du OUE ou des couples lâchés. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1876. Prix. — 500 francs. 7° —183@. — Création d’une race de Poules domestiques pondant de gros œufs. On devra présenter au moins douze Poules de même type donnant régulière- ment des œufs atteignant le poids de 75 grammes. Cette race, créée par la sélec- tion ou par croisement, devra présenter les caractères d’une variété de bonne qualité pour la consommation. Concours ouvert jusqu’au 1€" décembre 1880, PRIX. — 500 francs. 0 — 4867. — Reproduction en captivité du Lophophore (Lopho- phorus refulgens) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le propriétaire. Concours ouvert iusqu’au 1°" décembre 1878. PRIX. — 9500 francs. 99 — 4867. — Reproduction en captivité du Tragopan (Ceriornis Satyra ou C. Temminckii) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants âgés d’un an produits en cap- tivité et nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1875. Prix. — 500 à 1000 francs. 40° — 1830. — Introduction et multiplication en France, en par- quets, du Tétras huppecol (Tetrao Cupido) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins douze sujets, complétement adultes, nés et éle- vés chez le propriétaire. | Concours ouvert jusqu’au 17 décembre 1875. Prix. — 250 francs. Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol a été obtenue en liberté. 41° — 1830. — Multiplication en France, à l’état sauvage, de la Perdrix de Chine (Galloperdix Sphenura) ou d’une autre Perdrix percheuse. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER. XXIX On devra faire constater l'existence d’au moins six sujets vivant en liberté et provenant du ou des couples lâchés. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1875. Prix. — 300 francs, 12° — HS7O. — Importation des grosses espèces de Colis (origi- naires du Mexique et du Brésil) et des grandes espèces de Tinamous de l’Amérique méridionale. On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux cet justifier que trois mois après leur importation ils sont dans de bonnes conditions de santé. Prix. — 250francs. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1875. 13° — 870. — Mulliplication en volière des grosses espèces de Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des grandes espèces de Tinamous de l’Amérique méridionale. On devra présenter dix sujets vivants nés des oiscaux directement importés du pays d’origine. Prix. — 300 francs. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1876. 14—1870.—Reproduction de la grande Outarde (Otis tarda) à l'état sauvage. On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes on! couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 127 décembre 1875, Prix. — 250 francs. 15° — #87. — Domestication en France ou en Algérie de l'Ibis sacré (/bis religiosa) ou de l'Ibis falcinelle (/bis Falcinellus), ou d’un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nuisibles dans les jardins. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra faire constater l'existence de quatre sujets au moins de première généralion, vivant en liberté autour d’une habitation ct nés de parents libres eux- mêmes dans la propriété. Concours ouvert jusqu’au 1°T décembre 1880, Prix. — 500 francs. 460 —1$8357. — Introduction et domesticalion en France du Dromée (Casoar de la Nouvelle-Hollande, D. Novæ-Hollandiæ), où du Nandou (Autruche d'Amérique, Rhea americana). On devra justifier de la possession d’au moins six Casoars ou Nandous nés chez le propriétaire et âgés d’un an au moins, ou de quatre Casoars ou Nandous de seconde génération. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1878. PRIX. — 1500 francs. 17 — 1867. — Domestication de l’Autruche d'Afrique (Struthio Camelus) en Europe. On devra justifier de la possession d’au moins six Autruches nées chez le pro- priétaire et âgées d’un an au moins. XXxX SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. PRIX. — 1500 francs. 180 — 183%. — Domestication d'un nouveau Palmipède utile. On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produits en captivité. - Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1880. PRIX. — 1000 francs. TROISIÈME SECTION. _ REPTILES, POISSONS, MOLLUSQUES. CRUSTACÉS, ANNÉLIDES. REPTILES. 4° — 830. — Introduction et multiplication en France de la Gre- nouille bœuf (ana mugiens) de l'Amérique du Nord. On devra justifier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 1°7 décembre 1875. Prix. — 250 francs. POISSONS. 9 — ASGO. — Mémoire sur la transformation des marais salants en réservoirs à Poissons. Les auteurs des mémoires devront donner une instruction complète sur la meilleure manière de procéder à ceite transformation, en se basant sur les faits déjà observés. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix. — 500 franes. 0 — AS7%. — Introduction dans les eaux douces de la France d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on es justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix, — 500 francs. k0— 183%. — Acclimatation dans les eaux douces de la France d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 4% décembre 1880, Prix. — 1000 francs. 5° — 1833. — Introduction dans les eaux douces de l'Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on er vra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE À DÉCERNER. XXXI Concours ouvert jusqu’au 1°° décembre 1880. Prix. — 500 francs. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami. 6° — EST. — Acclimatation dans les eaux douces de l’Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix. — 1000 francs. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami. 7° — 1878. — Introduction dans les eaux douces de la Guadeloupe ou de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix. — 500 francs, Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami. 8° — #85. — Acclimatation dans les eaux douces de la Guade- loupe et de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 1000 francs. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami. 9° — A83@. — Introduction en France du Salmo fontinalis de l’Amé- rique du Nord. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l’on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d’un an, Conçours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1875, PRIX. — 500 francs. Si des multiplications du Salmo fontinalis ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 10° — 1874. — Introduction en France du Coregonus otsego de l’A- * mérique du Nord. \ Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l’on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. _ Prix. — 500 francs. Si des multiplications du Coregonus otsego ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 410 — 4834. — Introduction en France du Salmo quinnat de l’Amé- rique du Nord. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l’on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 500 francs. Si des multiplications du S:/mo quinnal ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 420 —1830.— Introduction en France d’un Poisson de l’Amérique XXXII | SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. du Nord, pouvant être multiplié dans les étangs, tel que le Black Bass (Grystes salmoides). Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l’on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d'un an. Concours ouvertjusqu'au 1°" décembre 1875. PRIX. — 500 francs. Si des multiplications d’un Poisson d'étang originaire de l'Amérique du Nord “ont été obtenues en France, le prix sera doublé, MOLLUSQUES. 13°—4867.—Acclimatation et propagation d’un Mollusque utile d’es- pèce terrestre, fluviatile ou marine, resté jusqu’à ce jour étranger à notre pays. — Cette acclimatation devra avoir donné lieu à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires ou autres seront examinés par la Société. Concours ouvert jusqu’au 1°° décembre 1880. Prix. — 500 francs. 44° — 1869. — Reproduction artificielle des Huîtres. — Un prix de 1000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, au point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer cette re- production artificielle. L’ouvrage devra en outre faire connaître d’une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les autorisations de créer des établissements huîtriers, et énumérer les travaux que com- portent les bancs d’Huîtres naturels, aussi bien que les caractères aux- quels on peut reconnaître qu'un banc est exploitable ; enfin quelles sont les mesures qu'il convient de prendre pour l’enlèvement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer un véritable manuel d'ostréicullure, Concours ouvert jusqu’au 1€" décembre 1880. CRUSTACÉS. 15°— 4867. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé alimen- taire dans les eaux douces de la France, de l’Algérie, de la Martinique ou de la Guadeloupe. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre. 1880. PRIX. — 500 francs. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. 19— 4865. — Acclimatation en Europe ou en Algérie d’un insecte producteur de cire autre que l’Abeille. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 1000 francs. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER. XXXIII SÉRICICULTURE. 20—4#S%%. — Acclimatation accomplie en France ou en Algérie d’une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider et à employer industriellement. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix. — 1000 francs. 3°—18G@%.— Application industrielle de la soie des Atlacus Cynthia et Arrindia, Vers à soie de l’Ailante et du Ricin. On devra présenter plusieurs coupes d’étoffes formant ensemble au moins 90 mètres,et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de l’Aftacus Cynthia ou de l’A. Arrindia, ou du métis de ces deux espèces et sans aucun mélange d’autres matières. Les tissus de bourre de soie sont hors de concours. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1880. Prix. — 1000 francs. 40— HSGA. — Prix fondé par M. DROUXN DE LHUYS, Membre de l’Institut. Ver à soie du Chêne du Japon (Attacus Yama-mai). — Une médaille de 1000 fr. sera décernée en 1880 pour la meilleure éducation en grand du Ver à soie Yama-mai. On devra : 1° Avoir obtenu, dans une seule saison, une récolte assez considérable pour pouvoir livrer à la filature, et transformer en soie grége de belle qualité, au moins 100 kilogrammes de cocons pleins, ou 10 kilogrammes de cocons vides. 29 Avoir publié ou adressé à la Société un rapport circonstancié pouvant servir de guide aux autres éducateurs, et indiquant le système suivi et les résultats oblenus, au point de vue de la qualité, de la quantité et des bénéfices réalisés. Les concurrents devront faire parvenir les pièces à l’appui de leur candidature avant le 1° novembre 1880. NOTA. — Les travaux accomplis, les observations ou les découvertes faites sur l'Yama-maï et sur son acclimatation et sa propagation d'ici au 1€T décembre, pourront prendre part aux récompenses ordinaires et annuelles de la Société, les droits des concurrents au prix spécial étant réscrvés. 5° — #83. — Ver à soie du Chène de Chine (Attacus Pernyi). — Une médaille de 1000 fr. sera décernée en 1880 pour la meilleure éducation en grand du Ver à soie de Perny. On devra : 4° Avoir obtenu, dans une seule saison, une récolte assez considé- rable pour pouvoir livrer à la filature, et transformer en soie grége de belle qua- lité, au moins 50 kilogrammes de cocons pleins, ou 5 kilogrammes de cocons vides. 29 Avoir publié ou adressé à la Sociélé un rapport circonstancié pouvant servir de guide aux autres éducateurs, et indiquant le système suivi et les résultats obtenus, au point de vue de la qualité, de la quantité ct des bénéfices réalisés. Les concurrents devront faire parvenir les pièces à lappui de leur candidature avant le 1° novembre 1880. NoTa. — Les travaux accomplis, les observations ou les découvertes faites sur l’Aftacus Pernyi, sur son acclimatation et sa propagation d'ici au 4°" décembre, pourront prendre part aux récompenses ordinaires et annuelles de la Société, les droils des concurrents au prix spécial éfant réservés. 3€ SÉRIE, T. Il, — Séance publique annuelle, C XXXIV SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 6° — SG. — Vers à soie du Müûrier. — Études théoriques et pra- tiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou plusieurs des maladies qui alteignent les Vers à soie, en préciser les symptômes, faire connaître les altérations organiques qu’elles entraînent, étudier expéri- mentalement les causes qui leur donnent naissance et les meilleurs moyens à employer pour les combattre. Concours prorogé jusqu’au 1° juillet 4876. Ar Prix. — 2000 francs. 2€ Prix. — 1000 francs. 79 —_ 482. — Vers à soie du Mürier. — Production dans le nord de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par de petites éducations. Considérant l'intérêt qu'il y aurait à encourager la production de la graine saine des Vers à soie du Müûrier de races européennes, les prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine, de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans la portion septentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permettront de mettre au grainage des cocons provenant d’éducations dans lesquelles aucune maladie des Vers n'aura été constatée. La Société n’admettra au concours du grainage que les graines de Vers à soie de races européennes. Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes de graine pour une même habitation. Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons. Deux Prix de 500 francs chacun. Mise au grainage de 25 à 50 kilogrammes de cocons. DEux Prix de 200 francs chacun. Mise au grainage de 40 à 25 kilogrammes de cocons. QUATRE PRIX de 400 francs chacun. Mise au grainage de 5 à 40 kilogrammes de cocons. - Dix Prix de 50 francs chacun. Ces primes seront distribuées chaque année, s’il y a lieu, jusqu’en 1880. Les concurrents devront (cette condition est de rigueur) se faire connaître en temps utile, afin que la Société puisse faire suivre par ses délégués la marche des éducations et en constater les résultats, APICULTURE. 8°— #SZ7@. — Études théoriques et pratiques sur lesdiverses mala- dies qui atteignent les Abeilles, et principalement sur la loque ou pourri- ture du couvain. Les auteurs devront, autant que possible, en préciser les symptômes, indiquer les altérations organiques qu’elle entraîne, étudier expérimenta- lement les causes qui la produisent et les meilleurs moyens à employer pour la combattre. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE À DÉCERNER. XXXV Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1875. Prix. — 500 francs. go —_#87@®. — Propagation en France de l'Abeille égyptienne (Apis fasciata). On devra justifier de la possession de six colonies vivant chez le propriétaire depuis au moins deux ans, en bon état, sans dégénérescence ni hybridation, et de six bons essaims de l’année parfaitement purs, provenant des ruches mères ci-dessus désignées. Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1875. Prix. — 500 francs. 10° — #83@®. — Introduction en France d’une Mélipone où Abeille sans aiguillon, américaine ou australienne. Présenter une colonie vivant depuis deux ans chez le. propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 1°? décembre 1880, Prix. — 500 francs. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. 1°— 183%. — Plantes de pleine terre utiles et d'ornement, intro- duites en Europe dans ces dix dernières années. Les auteurs devront indiquer dans un livre, ou dans un mémoire étendu, les usages divers de ces plantes, leur pays d’origine, la date de leur introduction, la manière de les cultiver ; les décrire et désigner les différentes variétés ob- tenues depuis leur importation, ainsi que les différents noms sous lesquels ces végétaux sont connus. En d’autres termes, les ouvrages présentés au concours devront pouvoir servir de yuide pratique pour la culture des plantes d'importation nouvelle. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880 ; les ouvrages devront être im- primés et remis à la Société avant le 1°7 juillet. Prix. — 500 francs. 20 — ISG6G. — Introduction en France et mise en grande culture d’une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1880. 4er Prix. — 900 francs. 2€ Prix. — 300 francs. 3° — #S3@. — Introduction en France d’une espèce végétale propre à être employée pour l’alimentation de l’homme, ou utilisable dans lin- dustrie ou en médecine. On devra justifier des qualités de la plante introduite, et prouver qu'elle a été cultivée en pleine terre, durant trois années au moins sous le climat de Paris, ou sous un climat analogue. | Concours ouvert jusqu’au 4° décembre 1880, PRIX. — 500 francs. 4° —483@.— Utilisation industrielle du Lo-za (Rhamnus ultilis), qui produit le vert de Chine. XXXVI SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les docu- ments relatifs aux méthodes et procédés employés, On devra également présenter des spécimens d’étoffes teintes en France avec les produits du Lo-za préparés en France. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1875. Prix. — 500 francs. 8° — 4868. — Utilisation industrielle de l’Ortie de Chine (Bæhmeria ulilis, tenacissima, etc. ). On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les docu- ments relatifs aux méthodes et procédés employés. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1875. Prix. — 9500 francs. & 6° — #87@.— Introduction en France des espèces de Chênes origi- naires du Japon (Quercus serrata, glanduligera et autres). Considérant les échecs éprouvés généralement dans les éducations des Vers à soie Yama-maï, nourris sur les Chênes européens, on pense qu'il y aurait intérêt à introduire en France les Chênes japonais. Le prix sera décerné à la personne qui pourra justifier de la plantation d’un millier de pieds de Chênes japonais, hauts d’un mètre au moins, et qui aura pu faire avec les feuilles de ses arbres une éducation de Vers à soie Yama-maï, Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880, Prix. — 500 francs. 7° — 183@®. — Introduction et culture en France du Noyer d'Amé- rique (Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory (bois employé dans la construction des voitures légères). On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de Noyers d'Amérique hauts de 4",50 au moins. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 390 francs. 8° — #S3®. — Propagation du Mürier du Japon (Morus Japonica) dans le nord de la France. La Société, pensant qu'il y a tout avantage à encourager les tentatives de sériciculture pour grainage, et par conséquent la plantation du Mürier, dans le centre et le nord de la France ; Considérant en outre qu'aucune variété de Mürier ne pourra donner des résultats plus assurés que le Mürier du Japon, récompensera les pro- pagations les plus importantes de cette plante qui auront été faites dans les bassins de la Seine, de la Somme, de la Meuse, du Rhin et dans la por- tion septentrionale du “sssin de la Loire. Ces primes seront distribuées chaque année, s’il y a lieu, jusqu’en 1880, Deux Prix de 100 francs chacun. QUATRE PRix de 50 francs chacun. 9° — 1$S$G6G. — Introduction ou obtention pendant deux années suc- cessives d’une variété d'Igname de la Chine (Dioscorea Batalas) joignant à sa qualité supérieure un arrachage beaucoup plus facile. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER. XXXVII Concours ouvert jusqu’au 4°" décembre 1880. 4°7 Prix. — 600 francs. 2e Prix. — 400 francs. 10° — 48%. — Culture du Bambou dans le midi de la France. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années et dont les cul- tures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi-hectare. 29 Exploité industriellement ses cultures de Bambou. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1880. Prix. — 1000 francs, 41° —_ÉS3O. — Culture du Bambou dans le centre et le nord de France, : Le prix sera accordé à celui qui aura : 49 Cullivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années et dont les cul- tures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi-hectare. 29 Exploité industriellement ses cultures de Bambou. Concours ouvert jusqu'au 1°T décembre 1880. Deux Prix de 1000 francs chacun. 49 —1483@. — Multiplication des Bambous. On devra faire connaître et démontrer expérimentalement les procédés les plus sûrs et les plus rapides pour multiplier les Bambous. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 500 francs, 130 — 1832. — Introduction, par semis de glands truffiers, de la Truffe noire dans une contrée où elle est aujourd’hui inconnue. La culture devra être faite suivant les données nouvelles, couvrir au moins un demi- hectare, et pouvoir livrer des produits de qualité marchande. Le Prix de 1000 fr. sera décerné dans dix ans (en 1882). 44° —_ 18533. — Culture de l’Eucalyptus en Algérie. Le prix sera accordé à celui qui aura : 49 Cultivé avec succès l’Eucalyplus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 8 hectares. 2° Exploité industriellement ses cultures d’£Eucalyplus. Concours ouvert jusqu’au 1°° décembre 1880. Prix, — 1000 francs. 15 — 1833. — Culture de l’Eucalyptus en France et particulière- ment en Corse. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès l’Eucalyplus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 2 hectares, 2° Exploité industriellement ses cultures d'Eucalyptus. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1880. Prix. — 1000 francs. LA FAUNE DOMESTIQUE DE L'ANCIENNE EGYPTE Par M. Fierre-Amédée PICHOT MespauEs, MESSIEURS. Arrivé sur les frontières de la terre promise qu’il ne devait point franchir, le grand prophète des Hébreux, Moïse, gravit les sommets du mont Nebo, d'où il put embrasser de ses re- gards toute l’étendue des vallées du pays de Chanaan et sup- puter les richesses promises au peuple dont il venait de guider l'exode. Avant de se séparer de lui, il lui promit, selon les pa- roles de l’Écriture, les fruits du ciel, les richesses de la mer, les trésors cachés dans le sable. À chacune de ces séances an- nuelles qui marquent une brillante étape dans son existence, il me semble que la Société d’acclimatation nous convie à la suivre sur quelque haute montagne d’où nous voyons se dé- rouler sous nos yeux le merveilleux panorama de ses espéran- ces et de ses promesses. L’horizon s'étend à l’infimi, et notre regard fait le tour du monde; nos pieds ne reposent que sur un point imperceptble, tel que peut être le sommet de cette haute montagne au milieu de cette immensité ; et en voyant le chemin que nous avons à parcourir pour toucher à la terre promise, nous nous sentons presque découragés et nous cé- dons au vertige. Sans doute, messieurs, comme Moïse, beau- coup n'atteindront pas les rivages qu'ils auront entrevus ; mais cependant, que de faits accomplis déjà doivent nous faire prendre patience et nous encourager à préparer les voies pour ceux qui atteindront le but ! Si le hocco de l'Amérique du Sud, si le pigeon goura des Moluques ne sont pas encore près de figurer dans nos basses-cours, nous avons les poulardes de la Flèche et du Mans qui y font assez honorable figure, et nous nous consolerons avec le bœuf des rigueurs du kangurou ! Nos prédécesseurs, messieurs, dans la longue succession FAUNE DOMESTIQUE DE L'ANCIENNE ÉGYPTE. XXXIX des siècles, n’ont pas eu toujours pareille bonne fortune ; il y eut un temps où le plus vulgaire de nos animaux domestiques ne connaissait pas le joug de l’homme, alors aussi sauvage que lui; ce n’est que petit à petit et par une transformation irès-lente des forces de la nature que nous avons pu conqué- rir ces races auxiliaires, si bien asservies aujourd’hui que l’état doinestique semble être leur état naturel et que, depuis des siècles, plusieurs ne sont même plus représentées en li- berté par un seul individu sauvage. On n’en pourrait peut-être pas dire autant de ceux qui les ont conquis ! Ce serait d’un grand enseignement et d’an grand encoura- gement pour les zootechnistes modernes que de pouvoir se reporter à ces âges primitifs pour profiter de l'expérience des premiers acclimatateurs, du temps où il n’y avait encore ni Société d’acclimatation, n1 société d'aucun genre. Mais il ne nous reste d’autres témoins de ces temps primitifs que les ca- vernes où l’on retrouve couchés côte à côte, dans le mysté- rieux silence de la mort, lours, le renne, le mastodonte, l'homme. Les savants et les archéologues ont porté, dans ces profondeurs sépulcrales, le flambeau de la science; mais le plus souvent, comme Hamlet sur les bords de la fosse com- mune, ils en sont réauits à ne former que de simples conjec- tures jusqu’au jour où l’on trouve, grâce au développement des arts, des documents écrits d’une interprétation plus facile. C’est sur ces temps reculés que je voudrais, messieurs, ap- peler un instant votre attention en évoquant devant vous un peuple disparu, une civilisation éteinte : lartien empire des Pharaons. Après avoir longtemps dormi sous les sables du désert et sous le limon du Nil, cette société merveilleuse sort de son sommeil tant de fois séculaire sous la main investiga- trice des égyptologues de notre époqne, continuateurs des tra- ditions de cet institut d'Égypte où figura le premier des Geof- froy-Saint-Hilaire, ce nom entouré ici d’une vénération particulière et trois fois dans un siècle imposé à l'admiration de tous par les rares qualités d'esprit et de cœur de ceux qui l'ont porté, C’est avec quelques-uns des plus sagaces parmi ces interprètes du passé, avec Mariette, Lenormant, Lepsius, SE SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION,. Navill, que, visitant, il y a quelques années, au moment de l'inauguration de l’isthme de Suez, la vallée du Nil, mon at- tention fut attirée sur la représentation des animaux domes- tiques des Égyptiens qui sont figurés sur presque tous leurs monuments, dans la plupart de leurs tombes ; il y a là pour nous toute une série de révélations du plus haut intérêt, car nous y retrouvons d’une façon indiscutable, d’un côté, les dates de domestication des animaux les plus communs de nos fermes et de leur introduction en Ég gypte, c’est-à-dire de leur acclimatation sur un point du globe ; de l’autre, les preuves de l’exploitation agricole et industrielle à une certaine époque d'animaux redevenus sauvages et dont l’acclimatation mo- derne recommande encore l'utilisation, rapprochement cu- rieux qui rattache les travaux de la Société d’acclimatation à l’œuvre des premiers Pharaons et nous donne des collègues par delà les Pyramides. Les anciens Égyptiens pratiquaient, vous le savez, mes- sieurs, une religion de la mort qui ne saurait être celle d’une nation idolâtre, vouée à des superstitions grossières, comme l'ont prétendu Clément d'Alexandrie et les autres écrivains sa- crés de la même école. « Ils appellent, dit Diodore de Sicile, les demeures des vi- vants des « hôtelleries », vu le peu de temps qu’on y séjourne; les tombeaux, au contraire, ils les appellent « maisons éter- nelles », parce qu’on y est toujours. Voilà pourquoi ils ont peu de soin d’orner leurs maisons, tandis qu'ils ne RÉCRE | rien pour la splendeur de leurs sépultures. » C’est pourquoi nous retrouvons, sur les parois de ces sépul- tures, peintes ou sculptées en bas-reliefs, toutes les occupa- tions de leur vie privée et tous les détails de leurs industries. Les villes et les villages ont disparu, et par une cruelle ironie du destin les nécropoles seules sont restées debout, conservant aux générations futures les annales des animaux qui nous oc- cupent. Si haut que nous puissions remonter dans l'antiquité, les Égyptiens possèdent dans leurs troupeaux trois animaux qu'ils ont dù domestiquer bien avant tous les autres : le taureau, le N KE FAUNE DOMESTIQUE DE L’'ANCIENNE ÉGYPTE. XLI bélier et le bouc. Les deux racines du nom du taureau, TOR, signifiant « le roux », et PVP, le « bourru », appartiennent, selon les philologues, aux langues sémitiques et aryennes; il en est de même de AILA ou BELA, le bélier, et d’AIX, le bouc, qui ont dù constituer le plus ancien patrimoine de la race humaine. La race de bœufs dite « thour », dans la vallée du Nil, et dans laquelle on choisissait le bœuf Apis, paraît êlre très-proche parente des grands zébus de l’inde, ce pays où, de toute antiquité, on a pratiqué le culte du taureau et de la vache. Dans la ville de MENDÈS, qui veut dire chèvre, il y avait une chèvre sacrée, traitée et gardée avec la plus grande dévo- tion ; sa mort était toujours accompagnée des plus pompeuses solennités, et devenait, comme celle du bœuf Apts, l’occasion d’un deuil universel. Enfin les moutons sont ces mêmes pe- tits animaux à laine noire et grossière que nous voyons au- jourd’hui encore entre les mains des fellahs. Mais ce qui nous frappe d’étonnement, c’est de voir que les Égyptiens de l’an- cien empire avaient réduit en domesticité et élevaient, comme de véritables animaux de ferme, plusieurs de ces grandes es- -pêces d'antilope qui parcourent toujours le centre de l'Afrique en troupes innombrables, mais qui n’ont plus de rapports fa- miliers avec l'homme que dans les collections zoologiques et dans les ménageries; ce sont les Appax et les BEISA, dont les longues cornes fusiformes ressemblent plus à des antennes d'insectes qu’à des défenses de ruminants; les porcas qui, sous le nom vulgaire de « gazelles », résument dans leurs doux regards toute la poésie des harems orientaux, et le KOBE, auquel il ne manque que quelques cordes entre les cornes pour avoir l'air d’être couronné d’une lyre. Que ces animaux fussent domestiqués et non pas seulement apprivoisés, il n’y a pas à en douter, car dans plusieurs tombeaux on représente des bergers et des fermiers leur donnant les mêmes soins qu'aux autres animaux de la ferme. Wilkinson, dans son bel ouvrage sur les mœurs et coutumes des anciens Égyptiens, a reproduit une sculpture où nous voyons les algazelles soignées par leurs bergers. C’est aux Beni-Hassan que nous avons re- trouvé l'original de cette gravure. Nous voyons ailleurs ces . XLIT SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. animaux figurer dans l’énumération des richesses des défunts que l’on sculpte si volontiers sur leurs sépultures à défaut d'autre oraison funèbre! Plusieurs scènes représentent des scribes faisant, sous la dictée des gardiens, le dénombrement de ces singuliers troupeaux d’antilopes, ou des pâtres les en- graissant au moyen d'une pâtée qu'ils leur introduisent dans la bouche, comme, par exemple, dans le tombeau de Sebou, prêtre des pyramides des rois Ounas et Teti, et qui mourut sous la sixième dynastie. Ce riche Égyptien possédait 405 té- tes de bœuf à cornes courtes, 1235 à longues cornes, 1860 à bosse de zébu, 1220 vaches, 1138 veaux, 1308 antilopes al- gazelles, 1135 gazelles dorcas, 1244 antilopes addax, etc. Les pâturages des pharaons hérissés de ces nombreuses têtes cornues devaient singulièrement ressembler au dos d’un porc- épic. | | C’est pendant le moyen empire que les Égyptiens semblent avoir abandonné l'élevage de la gazelle et de l’antilope defassa; ils ne conservent plus que lalgazelle qu’ils engraissent tou- jours à la main; les autres espèces figurent seulement comme gibier dans des scènes de chasse; enfin cette dernière dispa- raît à son tour pendant l'invasion des Pasteurs, et, après l'avé- nement de la dix-huitième dynastie, c’est-à-dire 1800 ans avant notre ère, il n’en est plus fait mention comme d’un ani- mal domestique. Nous arrivons maintenant à l'un des plus utiles auxiliaires des Égyptiens aux temps pharaoniques, et dont il est le plus anciennement question dans leurs annales de pierre : l’ANE, l'âne encore aujourd’hui un des types les plus caractéristiques de l'Égypte moderne, où, tour à tour bête de somme et mon- ture élégante, on le voit souvent dans les rues du Caire dé- mentir par la vivacité de ses allures le radical de son nom sé- mitique, qui signifie A#archer lentement. On retrouve à chaque pas la figure de l’âne dans les tombeaux de l’ancien empire, celte période de l’histoire de l'Égypte qui s’étend de la pre- mière à la onzième dynastie, c'est-à-dire jusqu’à l'an 3064 avant notre ère. À l'exposition universelle de 1867, dans le temple construit par M. Mariette sur le modèle des gigantes- FAUNE DOMESTIQUE DE L’ANCIENNE ÉGYPTE. XLIII ques constructions de l’ancienne Égypte, le savant égyptologue avait exposé le moulage du bas-relief du tombeau d’un nommé Ti, datant de la cinquième dynastie; un troupeau d’ânes y est représenté de la façon la plus exacte et la plus artistique, car de même que la fin de la quatrième dynastie fut la belle époque de la statuaire sous l’ancien empire, de même les plus beaux hiéroglyphes, et ceux qui peuvent le mieux servir de modèle, datent de la cinquième, selon M. Mariette. M. Lepsiusa'trouvé, parmi les inscriptions d'un tombeau de la quatrième dynastie, la mention d’un troupeau de sept cent soixante ânes, élevés sur les terres du défunt nommé Schafra-Ankh, qui était fonc- tionnaire à la cour du fondateur de la seconde pyramide de Giseh, vers l’an 4235 avant notre ère. Dans d’autres tombeaux encore inédits de la même époque, découverts par M. Ma- riette, M. Lenormant a remarqué des propriétaires qui se vantent d’avoir possédé des milliers d’ânes. L'élevage de cet utile solipède se fait donc sur de grandes proportions dès les temps les plus reculés de l’histoire de Égypte, et se continue . sans interruption jusqu’à nos Jours. Notons encore une date: dans les tombeaux qui dominent la vallée du Nil, à Beni-Has- san, et qui sont du temps de la douzième dynastie, c’est-à-dire 3064 ans avant l’ère chrélienne, au milieu de nombreuses re- présentations des travaux champêtres des Égyptiens de cette époque, on voit l’arrivée en Égypte d’une caravane de pas- teurs de race sémitique qui semblent venir s’y établir ; ils ont chargé leurs bagages sur des ânes et mis leurs enfants dans des bâts portés par ces patients auxiliaires. J’appelle votre attention, messieurs, sur ces faits pour vous faire remarquer que ni dans ces peintures de la vie agricole des anciens Égyptiens, ni dans cette représentation de l’arri- vée d'étrangers en Egypte, il n’est fait la moindre mention du CHEVAL | LA « De tout temps les chevaux ne sont nés pour les hommes, » a dit le fabuliste ; l'historien et l’archéologue sont du même avis, et les textes sacrés s'accordent sur ce point avec les mo- numents paiens, Car, si d’un côlé le cheval n’est jamais re- XLIV SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. présenté dans toute cette période de l’histoire de l'Égypte si féconde en baudets, de l’autre, dans la Genèse, nous ne trou- vons pas davantage la moindre mention du cheval dans l’énu- mération des richesses des premiers patriarches. À cette épo- que, nous pouvons donc affirmer que non-seulement le cheval n’était pas domestiqué au sud-ouest de l’Euphrate, mais en- core qu'il n'y existait pas même à l'état libre, puisqu'il n’est pas davantage représenté parmi les animaux sauvages. Done, lorsque, plusieurs siècles plus tard, les monuments nous ap- prendront tout à coup que le cheval s’est répandu sur toute l'étendue de ces vastes contrées ; lorsque, traînée sur des cha- riots, la famille de Jacob viendra s’établir en Egypte auprès de Joseph ; lorsque nous verrons les Khétas et les Heihéens, tous les peuples chananéens et les Égyptiens eux-mêmes com- battre sur des chars de guerre ; lorsque l'Exode chantera l’en- gloutissement dans la mer Rouge des six cents chars du Pha- raon Merenphtah, le successeur de Sésostris, le persécuteur des Hébreux, nous pourrons en déduire que nous nous trou- vons en présence d’une acquisition nouvelle de ces différents. peuples ; bien mieux, d’une acclimatation véritable, acclima- tation que, dans des temps plus rapprochés de nous, nous avons vue se reproduire en Amérique dans les mêmes propor- tions, lorsque les Espagnols importérent le cheval dans le nouveau monde. Mais comment le cheval fait-il son apparition au milieu de l’histoire d'Égypte d’une façon aussi brusque, aussi inatten- due? Comment un événement aussi important pour un peuple d'agriculteurs et de guerriers n’a-t-il pas laissé plus de traces? Ah! messieurs, c’est qu’au moment où le cheval prend sa place dans les monuments historiques des Égyptiens, leur pays vient de passer par une longue série d'épreuves et de bouleversements. - « Sous les derniers rois de la quatorzième dynastie, l'œu- vre de civilisation s’accomplissait partout en Egypte et le pays marchait paisiblement, dit Mariette, dans les voies du pro- grès, lorsque tout à coup un peuple sans gloire, que Mané- thon appelle «les Hycsos » ou « Pasteurs », envahit du côté FAUNE DOMESTIQUE DE L'ANCIENNE ÉGYPTE. XLV de l'Asie les frontières du Delta, massacre les populations, pille les temples et impose son joug par le fer et le sang aux provinces septentrionales de l'Égypte. » Enfin, comme le dit un papyrus du Musée britannique, «il arriva que le pays d’ Égypte tomba aux mains des étrangers ! » Nous sommes environ au xiv° siècle avant notre ère el pendant quatre cents ans la civilisation égyptienne est bou- leversée de fond en comble par ces barbares ; beaucoup d’an- ciens monuments sont détruits; un certain laps de temps se passe sans qu'il en soit construit de nouveaux, et ce n’est qu’à la fin de cette période que les monuments commencent à faire mention du cheval. Or, qu’étaient ces pasteurs ? Un ramassis de toutes les hordes nomades de l'Arabie et de la Syrie, mais surtout de ces Cha- nanéens qui, partis des bords du golfe Persique, étaient venus s'établir en Palestine un peu avant l’époque d'Abraham pour s'étendre ensuite jusque dans la vallée du Nil. Or, de même que les monuments égyptiens nous montrent que l'âne fut un des premiers animaux domestiques de l’ancienne Égypte, de même les monuments babyloniens et assyriens nous montrent, dit F. Lenormant, le cheval répandu dans les vallées du Tigre et de l'Euphrate aussi haut que remontent les monuments épigraphiques de la Chaldée, c’est-à-dire à un âge aussi re- culé que celui de l’ancien empire égyptien. De plus, le nom du cheval, qui signifie « rapide », est le même dans tous les idiomes aryens ou qui en dérivent, le sanscrit (acva), le zend (acpa), le persan (asp), l’arménien (asb), le lithuanien (aszwa), le latin (equus), le grec (rm), le gaulois (epos), le gothique (ahvus), et l’ancien allemand (ehu), c’est-à-dire qu'il était en usage chez les tribus aryennes avant leur disper- sion en Europe ; de même, il est facile de retrouver l’origine sémitique du nom de l’âne dans presque toutes les langues : l'hébreu déôn, l’araméen dtdna, l'arabe dtdn, dérivent du ra- dical dtdna, « marcher lentement ». Les Sémites de la Méso- potamie le passent aux Aryens de la Perse et ceux-ci l’intro- duisent dans l'Inde ; les Grecs le reçoivent probablement des Phéniciens, et à l'époque d'Homère l’âne y élait complétement XLVI SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. naturalisé, apprécié même, Je pense, car si Homère ne le fait pas parler comme le fait parler la Bible, il n'hésite point ce- pendant à lui comparer un de ses héros, comparaison prise en bonne part! Donc double échange, chassé-croisé d’acclimatation entre l’âne égyptien et le cheval asiatique ! Mais revenons à la vallée du Nil. Ce n’est qu'après les guer- res de Thoutmès [*, en Mésopotamie, que l’usage du cheval s'y généralise, Ge Pharaon rapporte des étalons de ses cam- pagnes lointaines en Asie, établit des haras dans les pâtura- ces de la basse Égypte, et toute la vallée du fleuve sacré de- vient rapidement un grand centre de production chevaline. C’est d'Égypte que « la plus noble conquête que l’homme ait jamais faite » passe alors dans l'Arabie, qui a été longtemps regardée à tort comme son berceau. Les chroniques nous montrent en effet que si le roi Salomon importait d'Arabie les épices, l'or, l'argent, les bois précieux, c’est d'Égypte qu'il tirait les chevaux de son armée et ceux qu’il fournissait à ses alliés les rois de Phénicie. Lorsque, dans le va siècle après Jésus-Christ, Mahomet attaqua les Kortischites près de la Mecque, il fallait que le cheval fùt encore très-rare en Ara- bie, puisque le chef des croyants n'avait que deux chevaux dans toute son armée et que, dans la liste du butin qu'il fit en cette occasion, où l’on compte 24 000 chameaux, 40 000 mou- tons et 24 000 onces d'argent, nous ne voyons pas figurer un seul cheval, | Le cheval ne fut pas le seul animal nouveau dont l'invasion des Pasteurs, dédommagement à ses ravages, dota l'Égypte. C'est seulement après cette époque troublée que nous voyons apparaître dans les monuments l’animal qui, selon la péri- phrase qui lui sert de nom en hébreu, « retourne la terre avec son groin », et qui a été consacré à saint Antoine, Permettez- moi, mesdames, de vous en parler sans détours et de vous le nommer : c’est le cochon ! Dans je ne sais plus quelle carica- ture anglaise on voit une noble lady positivement scandalisée de rencontrer sur sa route cet animal immonde. « Oh ! belle dame (s’écriait le quadrupède dans la légende), FAUNE DOMESTIQUE DE L ANCIENNE ÉGYPTE. XLVIL on le sait, vous ne m'embrasseriez pas de mon vivant; mais vos jolies lèvres roses ne me feront pas la moue quand je se- rai mort. » | Quelques mots donc, s’il vous plaît, du cochon, sous béné- fice d'inventaire, en escomptant le saloir du charcutier et la pharmacopée du parfumeur. Le cochon n’est jamais men- tionné dans les textes ni de l’ancien ni du moyen empire ; il ne figure même pas sur les monuments à l’état de gibier sau- vage ; mais les tombeaux de Kournah prouvent qu'à parur de la dix-huitième dynastie les agriculteurs égyptiens en élevé- rent sur leurs domaines. Ils ne les utilisèrent pas cependant comme nourriture, car la religion égyptienne leur défendait de faire usage de la chair du pore, qui symbolisait alors Îles esprits infernaux, si ce n’est à l’époque où l’on célébrait la lutte d'Horus contre Typhon, mythe de la religion égyptienne, où se personnifie certain phénomène lunaire. Alors, rapporte Hérodote, non-seulement on mangeait un porc après en avoir brûlé la queue, la rate et la graisse, mais encore les pauvres gens qui ne pouvaient pas se payer de la charcuterie faisaient un cochon en pâte qu’ils découpaient et mangeaient respec- tueusement. Cette fête devait ressembler, j'imagine, à notre foire aux jambons et aux pains d’épices. Qui donc alors mangeait les poureeaux de l'Enfant prodi- gue ? Sans aucun doute les tribus étrangères qui l’avaient in- troduit et qui avaient colonisé la basse Égypte ; les prisonniers que les Pharaons faisaient à la guerre et qu'ils emmenaient en servage | En effet, dit François Lenormant, lorsque Héro- dote décrit les porchers comme formant de son temps, sous la domination des Perses, une caste distincte, se mariant en- tre elle et exclue des temples, il semble bien indiquer que l'emploi du porc était spécial à des tribus étrangères. La phi- lologie comparée nous démontre encore, par la comparaison du nom du porc dans les différents idiomes, que le cochon a rayonnc des bords de l'Oxus chez tous les peuples de l'Asie, où émigrèérent les :scendants des Aryas. Nous nous trouvons . donc uné fois encore en présence d’une véritable acclimatation accomplie dans l’ancienne Égypte. XLVIIT SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Messieurs, il me resterait encore bien des animaux à vous signaler pour compléter cette nomenclature de la faune do- mestique de l’ancienne Égypte. Je ne vous ai rien dit du chien, que les Égyptiens possédaient quarante siècles avant l'ère chrétienne et dont on reconnaît plusieurs races bien dis- tinctes sur leurs monuments. J'aurais à vous parler du chat, dont on ne retrouve pas de traces dans l’ancien empire et dont ils ne semblent avoir fait la conquête qu’après leurs in- cursions dans le pays de Kousch sur le haut Nil, sous la dou- zième dynastie. Ils s’en servaient à la chasse, et les nombreux services que les chats leur rendirent par la destruction des rats et des serpents contribuërent sans doute à faire assigner à ces animaux la haute position qu’ils occupèrent dans la sym- bolique religieuse des Égyptiens. Sous l’ancien empire, ils avaient domestiqué la hyène tachetée ou Lycaon qui accom- pagnait leurs veneurs dans les laisser-courre, mais qu'ils abandonnérent sous le moyen empire pour ne plus se servir que de chiens véritables ; plus tard, ils eurent des singes dres- sés à cueillir leurs fruits, et aux tombeaux des Bemi-Hassan nous avons trouvé un amateur de vergers surveillant, la ba- guette à la main, ce qui était peut-être prudent, ses vendan- geurs quadrumanes. Enfin, 1l me resterait à vous signaler les lions apprivoisés qui accompagnaient certains Pharaons à la guerre, et qui combattaient à leurs côtés, si, dans les exploits de ces premiers dompteurs qui n'étaient autres que Ramsès Il et Ramsès IIT, je n’étais tenté de voir, avec quelques exégèles, une figuration symbolique de la vaillance de ces grands guer- riers. Mais le temps nous presse et, avant de conclure, je veux vous dire encore un mot de la basse-cour des Égyptiens, parce que vous y trouverez la mention d’un fait qui, dans l'ordre des volatiles, fait pendant à la domestication des antilopes que je vous signalais en commençant. Les anciens Égyptiens ne connaissaient point les gallinacés ; mais, par contre, ils avaient des oies (l'oie d'Égypte précisément), des canards, des pigeons en quantités innombrables, qui défaient le pointage de leurs scribes et de leurs intendants, comme l'indique le chiffre 1000 plusieurs fois répété et placé en dehors de la re- FAUNE DOMESTIQUE DE L’ANCIENNE ÉGYPTE. XLIX présentation de ces volatiles pour signifier l'infini. Enfin, ils avaient domestiqué une espèce de grue, que les naturalistes désignent sous le nom de « demoiselle de Numidie », et qui est en effet d’un caractère doux et familier, comme vous pou- vez en juger au Jardin d’acclimatation ou chez quelques-uns de nos collègues qui en ont élevé chez eux, et dont l'un est précisément un de nos lauréats d'aujourd'hui. Mais les accli- matateurs modernes n’arrivent pas à la cheville des anciens Égyptiens, car Sebou, le grand-prêtre dont je vous ai énuméré les richesses, n’entretenait pas moins de douze cents de ces demoiseiles ! Quittons maintenant le passé, messieurs, pour revenir au xix° siècle, et, après avoir remué ces cendres précieuses que le climat merveilleux de l'Égypte nous a conservées dans les entrailles de la terre, remontons au grand jour de Ja vie moderne. Mais ne refermons pas les tombeaux des Pharaons sans en emporter un souvenir, un enseignement. L'histoire est un miroir où les hommes ne se regardent pas assez ; ils y retrouveraient leur image et, au lieu de tourner” follement, comme des écureuils, dans une cage, 1ls profite- raient des expériences de leurs devanciers dans cetle lutte in- cessante contre les mêmes besoins, les mêmes passions qui forment la bataille de la vie. Ce que les anciens Égyptiens ont fait il v a tant de siècles, nous pouvons le faire aujourd’hui encore ; ce qu'ils avaient conquis, ce que nous avons perdu, nous pouvons le reconquérir, nous assimiler ce qu'il peut y avoir de bon à prendre chez les peuples barbares et renouve- ler les splendeurs de l’ancien empire. 3€ SÉRIE, T. Il. —: Séance publique annuelle. d RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES ! RÉCOMPENSES HORS CLASSE. M. À. Geoffroy Saint-Hilaire, rapporteur. MESDAMES, MESSIEURS, Les récompenses décernées par la Société d’Acclimatation ont l’heureux privilége d’être accueillies partout avec faveur. C'est qu’elles constatent des progrès accomplis, des résultats obtenus. Chaque médaille marque un pas en avant. | La conquête d’une plante, l’acclimatation d’un animal, œuvre des expérimentateurs comme ceux que nous récom- ensons, est aussi l’œuvre du temps. | Les résultats de ces dernières années ont donné des pro- grès intéressants, ceux que nous allons récompenser ne sont pas moins dignes d'attention. Médaille d’or offerte par le Ministère de l'Agriculture. Son Excellence ABRAHAM-PACHA a créé à Beicos, près Con- stantinople, des collections zoologiques d’un haut intérêt. Cette tentative était de nature à attirer l’attention de la Société, puis- qu'elle permettait des essais sous un climat différent du nôtre. En peu d’années, Son Excellence Abraham-Pacha, a fait exécuter les travaux nécessaires à l'installation de l’une des (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit : MM. Drouyn de Lhuys, Président: A. Geoffroy Saint- Hilaire, Secrétaire général. Membres élus par le Conseil : MM. le D'C. Dareste, À. Milne Edwards, Raveret-Wattel, A. Rivière. Membres élus par les cinq sections : MM. Gindre=Malherbe, A, GERUE de Palluel, CG. Millet, Maurice Girard, D' Éd. Mène. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LI plus belles collections de gallinacés et de palmipèdes exoti- ques existant actuellement en Europe. Te De nombreuses multiplications ont été obtenues; plusieurs espèces encore d'une haute rareté en France et dans les pays voisins, le faisan de Lady Amberst entre autres, sont mainte- nant abondamment représentées à Beicos. Le Jardin zoologi- que créé par Son Exceilence Abraham-Pacha peut être consi- déré comme un véritable Jardin &’acclimatation. Les résultats obtenus montrent ce que peut donner le zèle éclairé uni à la ferme volonté du succès. La Société décerne à Son Excellence Abraham Pacha. la mé- daille d’or offerte par M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce. Grande médaille d'or. M. Gustave ANDELLE s'occupe depuis plus de trente ans de l'éducation des oiseaux exotiques. Dans un récent travail dont il a fourni les notes à son fai- sandier, Achille Fauque, M. Andelle a fait connaître un grand nombre d’observations et les procédés employés chez lui. Un tableau indiquant les résultats des élevages dans ces dernières années montre toute l'importance des éducations d'oiseaux réussies à la faisanderie d'Épinac (Saône-et-Loire). . Des installations savamment combinées ont été construites avec toutes les recherches possibles pour rendre plus facile la multiplication des oiseaux précieux. Le succès ne pouvait manquer de couronner ces efforts. Grâce à des amis dévoués (1), M. Andelle a pu faire venir du fond du Thibet plusieurs faisans de Lady Ambherst, qui cette année ont donné un certain nombre de jeunes. Ce ré- sultat Joint à ceux constatés par les tableaux mentionnés plus haut, constitue en faveur de M. Andelle des titres sérieux à nos récompenses. _ La Société, en décernant à M. Gustave Andelle sa grande médaille d’or, récompense un des vétérans de l’acclimata- (1) Récomperïsés en 1874 par la Société. LII SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, ton, un expérimentateur sérieux et persévérant devenu un maitre. Grandes médailles d'argent. A l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Les succès obtenus par M. Ernest de Sauzcy dans la cul- ture des Vers à soie du chêne du Japon (Aftacus Yama-mai) ont attiré l'attention de la commission des récompenses. Plusieurs fois lauréat de la Société, M. de Sauley, expéri- mentateur persévérant, a continué ses éducations en renché- rissant encore sur ja précision minutieuse de ses observations dans les excellents comptes rendus qu’il nous adresse. La Société regrette que M. de Saulcy ne puisse donner plus d'extension à ses éducations, mais elle tient à constater le succés constant de sa culture, la création d'une race de yama mai Messins, en lui décernant une grande médaille d'argent à l'efficie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. M. Camilo de AMEZAGA, pendant les années 1874, 1872, 1873, 1874, a fait dans les propriétés de M. le marquis de Riscal, province de Cacérès, Estramadure (Espagne), des édu- cations de Vers à soie du chêne du Japon (Atéacus Yama-mai) sur une grande échelle, il a récolté, en 1874, 880 grammes de graines. Ces essais qui dépassent les proportions d’une expé- rience peuvent être considérés comme des éducations presque industrielles ; en décernant à M. Camilo de Amezaga une de ses grandes médailles d'argent, la Société récompense le pre- mier introducieur en Espagne du précieux Ver à soie qui promet à l’Europe de nouvelles richesses. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. M. Gindre-Malherbe, rapporteur. Prix de 1000 franes. Proposé par la Nociélé pour la multiplication en France, à l'état sauvage, du Kançurou de Bennett. Amateur bien connu de mammiféres rares el curieux, M. CornÉLy ne pouvait manquer d'obtenir le prix proposé RAPPORT DE LA GOMMISSION DES RÉCOMPENSES. LIIT par notre Sociêlé, pour la multiplication, à l’état sauvage, du Kanqurou de Bennett. Non-seulement il a rempli les conditions du programme, mais il les a dépassées, car, au lieu de dix indi- vidus demandés, le troupeau qu’il a élevé dans son parc de Beaujardin, près Tours, se compose de treize sujets ; tous se font remarquer par une vigoureuse constitulion et ont sup- porté, sans inconvénients, les rigueurs de plusieurs hivers. La Société est heureuse de reconnaître ce succès en décer- nant le prix de 1000 francs à M. Cornélv. Prime de 309 francs. M. Gorin, professeur de zoologie et de zootechnie à l’École d'agriculture de Montpellier, a résumé ies travaux des auteurs et des expérimentateurs les plus savants et les a complétés en y ajoutant le produit de ses observations personnelles. Les livres qu'il nous présente cette année ont pour titres: Précis pratique de l'élevage des lamns, lèvres et léporides ; — Traité des oiseaux de basse-cour ; — Précis élementaire de séricicul- ture pratique. Ces trois ouvrages, écrits dans un style clair et simple, seront des guides précieux pour les personnes qui s'adonrient à l'élevage. La Société décerne à M. Gobin une prime de 300 francs. Médaille de première classe La destruction des animaux nuisibles au gibier doit logique- ment précéder le repeuplement d’une chasse. C’est pourquoi M. Ernest BELLECROIX, dans un livre intitulé La chasse pra- tique, a traité cette importante question avec l'autorité que lui donnent quinze années d'expérience. Il à exposé ensuite, avec non moins de savoir, les méthodes les plus propres à assurer la multiplication de notre gibier indigène et l’acclimatation du gibier exotique. La Société décerne une médaille de 1° classe à M. Ernest Bellecroix. Médaille de seconde classe. M. TnirtoN-MonTAuPAN, ministre plénipotentiaire de la LIV SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. République dominicaine, a apporté depuis longtemps son at- tention sur les métis du Lièvre et du Lapin. Possesseur d’une trentaine de ces animaux connus sous le nom de Léporides, il a consigné, dans un mémoire intéressant, les observations qu'il a faites sur leur reproduction et leurs maladies. La Société décerne une médaille de seconde classe à M. Thirion-Montauban. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. M. Cretté de Palluel, rapporteur. Médailles de première classe. M. PARRACHIN est un amateur passionné d'oiseaux exoti- ques encore rares, tels que : Faisan d’Amherst, Tragopans, Eperonniers, Faisan vénéré, etc. La Société, prenant en consi- dération le zèle de M. Barrachin et ses premiers succés, lui décerne une médaille de première classe. M. Ernest Bouircon a fort bien réussi dans ses éduca- tions de Dindons sauvages; il nous indique dans une note intéressante la méthode qu'il a suivie. Rappelons seulement, en un mot, l’intérêt qui s'attache à ces expériences de multi- plication du Dindon sauvage, soit comme oiseau domestique, soit comme gibier. La Société accorde à M. Bouillod une médaille de première classe. M°° LAGRENÉE a obtenu chez elle des éducations de Fai- sans Amherst. La beauté du plumage de cet oiseau, l'élégance de ses formes, l’origine même de son nom, tout en lui con- stitue un succès d’acclimatation qui revient de droit aux dames qui prêtent à notre œuvre le concours de ces qualités, si fines, si précieuses, qui les distinguent et leur assurent par- tout le succès. Lady Amherst rapporta en Europe lespremiers exemplaires du superbe Faisan qui porte aujourd’hui son nom ; les honneurs de la multiplication d'une si charmante espèce en France étaient aussi réservés aux riches volières d’une dame qui tient, parmi les amateurs d’oiseaux rares, un RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LV rang aussi distingué que M" Lagrenée. La Société joint aux félicitations qu’elle adresse à M"° Lagrenée une médaille de première classe. Le Faisan vénéré, véritable gibier d’avenir, nous est acquis maintenant grâce aux éducations faites en volières, 1l ne s’a- oit plus que d’en obtenir la multiplication à l’état de liberté. En 1870, plusieurs tentatives de ce genre avaient parfaite- ment réussi. Aujourd'hui, M. LeBœur DE MOoNTGERMONT pos- sède dans ses propriétés de jeunes Faisans vénérés nés de couples provenant déjà de couvées obtenues en liberté. La Société décerne pour ce résultat intéressant une médaille de première classe -à M. Lebœuf de Montgermont. M. Mare, faisandier au château de Ferrières, a fait con- naître à la Société les succès qu'il continue à obtenir dans l'éducation des oiseaux exotiques ; il nous rend un compte exact et intéressant des résultats qu’il a obtenus dans l'élevage du Faisan Amherst et de la Colombe poignardée, jolie espèce qui reproduit aussi pour la première fois en France. Une mé- daille de première classe est décernée à l’habile M. Mairet. M. le docteur MoREAU a eu l’ingénieuse idée de nourrir ses oiseaux de graines et de fruits sauvages, tels que ceux du chêne notamment ; c’est à ce genre d'alimentation qu'il attri- bue les remarquables résultats obtenus dans ses élevages de Faisans. Une médaille de première classe est décernée à M. le docteur Moreau. La reproduetion du Faisan Amherst en France est un des faits les plus saillants du concours de cette année. Parmi tous les éducateurs qui ont obtenu la multiplication de cet oiseau, M. Pzer, faisandier en chef du Jardin d’acclimatation, est celui qui a le mieux réussi dans ses expériences ; M. Plet n’en est pas du reste à ses premiers succès. La Société lui décerne encore aujourd’hui une médaille de première classe. Médailles de seconde classe. Au nombre des éducateursles plus distingués, citons M. l’abbé LVI SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, Davrau, qui à bien des vertus joint encore le mérite de cette modestie simple et loyale, si rare chez l’amateur passionné, quand il s’agit de parler de ses succés. La Société félicite M. l'abbé Daviau de ses éducations de Faisans vénérés (en vo- lières), qui sont les plus remarquables du concours de cette année; il semble que notre digne confrère ait dit avec l'Évan- gile : « croissez et mullipliez », pour appeler sur nos expé- riences la protection divine du Créateur; car malgré le savoir et la persévérance, on ne réussit pas toujours et comme nous le dit le passage de ce psaume : « Si le Seigneur ne bénit par lui-même la maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la construisent. » Une médaille de seconde classe est décernée à M. l'abbé PDaviau. M. Jourpax s’adonne particulièrement à l'éducation des oi- seaux de volières; les résultats pleins d'intérêt qu’il vient d'obtenir dans la reproduction de la Perruche de Swainson ont été jugés dignes d’être récompensés par une médaille de seconde classe. M. MANSPENDEL, grâce aux bons soins et à l'alimentation spéciale qu’il donne à ses oiseaux de cages et de volières, a obtenu la multiplication de charmantes espèces, telles que : les Diamants à moustaches, Becs-d’argent, Gros-becs de Java, etc. Nous considérons la propagation et la vulgarisation des oiseaux de cage et de volières en France comme une ques- tion importante ; il est évident que si l’on arrive à vulgariser et à metire à la portée de la bourse la plus modeste les espèces qui par leur chant ou leur plumage peuvent rivaliser avec nos espèces indigènes, ce sera le meilleur moyen de laisser ces dernières remplir librement leur mission providentielle. M. Juan RopriGuez nous a adressé un rapport intéressant sur ses essais d’acclimatation dans le Guatémala. Les Faisans argentés qu’il a rapportés d'Europe ont parfaitement reproduit grâce à ses soins intelligents. M. Rodriguez est du reste un zélé propagateur de notre œuvre, et nous sommes heureux de RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LVII lui témoigner aujourd’hui tout l'intérêt que nous portons à ses travaux en lui décernant une médaille de seconde classe. Mention honorabie, M. DELAURIER a été assez heureux pour voir naître chez lui de jeunes Perruches de la Nouvelle-Zélande, espèce des plus intéressante qui se reproduit pour la première fois en France. La Société félicite M. Delaurier de son succès et lui décerne une mention honorable. Récompenses pécuniaires. Des bons soins donnés aux animaux dépend souvent le suc- cès remporté par les éducateurs; parmi ceux qui se sont dis- tingués et qui méritent les éloges et les encouragements de la Société, citons : M. FAUQUE, éducateur expérimenté qui a fourni à notre Bulletin un mémoire remarquable sur les édu- cations d'oiseaux exotiques faites par lui chez M. Andelle. M. Emile Bourpeaux, garde particulier à Chevincourt, qui élève chaque année avec succès une quantilé prodigieuse de faisans, perdrix. cailles, pintades, destinés au repeuplement. M"° Marie-Louise Moine, qui dirige avec tant de zèle et de persévérance la faisanderie de M. Barrachin. M. Carzieux, l’habile faisandier de M" Lagrenée. Enfin, M Mariette GÉRARD-FLOCARD, qui mérite tous nos éloges pour les soins intelligents qu’elle donne depuis si long- temps aux oiseaux de M. Girault de Prangev. TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC. | M. Millet, rapporteur. Prix de 1000 francs. Proposé par la Société pour l'introduction et la multiplication en France d'un poisson de l'Amérique du Nord. La Société avait proposé, en 1870, un prix ainsi conçu : « Introduction en France d'un poisson de l'Amérique du » Nord pouvant être multiplié dans les étangs. LVIII SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. » Les poissons introduits devront être au nombre de vingt » au moins, et l’on devra justifier qu’ils ont été importés de- » puis plus d’un an. | » Concours ouvert jusqu’au premier décembre 1874. » Prix, 500 francs. » Si des multiplications d’un poisson originaire de l’Amé- » rique du Nord ont été obtenues en France, le prix sera » doublé. » M. CARBONNIER (Pierre) a rempli toutes les conditions du programme. En effet, au mois de décembre 1871, il présen- tait à notre Société vingt-huit spécimens d’un petit poisson de l'Amérique du Nord qu’il venait de recevoir. Ge poisson, désigné par Cuvier sous le nom de Fundula cyprinodonta, . a une chair de bon goût. Il se plaît et prospère dans toutes les eaux douces de l’Amérique du Nord, dans les eaux froides et courantes aussi bien que dans les eaux dormantes et tempérées. | , ù Au mois de mars 1872, M. Carbonnier a obtenu, dans son ” laboratoire à Paris, une soixantaine d’éclosions. Maïs, au bout de quelques jours, tous les embryons périrent par suite d’un accident. Notre confrère ne s’est pas laissé décourager par ce fâcheux contre-temps. Au mois de juillet 1873, il déposait six couples de Fondule dans un bassin de sa propriété de Cham- pigny, près Paris. Ils y ont parfaitement résisté aux froids de l'hiver 1873-1874, et, au printemps suivant, ils ont produit plusieurs centaines d’alevins qui mesurent, aujourd'hui, de 6 à 7 centimètres de longueur. La Société décerne, en conséquence, à M. Carbonnier (Pierre) un prix de 1000 francs. Prix de 500 francs. Proposé par la Société pour la slabulation des poissons de la famille des Salmonides dans des espaces restrents, La Société a proposé, en 1870, un prix de 500 franes rela- tif à la stabulation des poissons de la famille des Salmonidés. Ce prix est ainsi conçu : RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES, LIX « Démontrer la possibilité d’élever et de maintenir les Sal- monidés dans des espaces restreints. » On devra prouver que la chair de ces animaux a conservé ses bonnes qualités et que les poissons ont alteint une taille marchande (poids moyen de 1 kilogramme et demi). » Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1874. » Prix, 500 francs. » M. Rico, inspecteur de l’École de pisciculture de Cler- mont-Ferrand, a rempli toutes les conditions du programme. Dans des bassins de AO mètres sur 25, situés au sud de la ville, cet habile pisciculteur a élevéet maintenu, en parfait état, des Truites, des Ombres-chevaliers, des Saumons du Danube et des Saumons communs. De 1865 à 1874, 300 009 œufs environ de Truites, fécondés artificiellement, ont donné de très-bons résultats. Les Salmonidés, livrés à la consommation, d'un poids total de 68 kilogrammes environ, ont présenté dus poissons pesant 4kil,970 et 2kil,660. Des documents authenti- ques établissent que leur chair était de bonne qualité. En ou- tre, 53 Salmonidés ont été donnés ou conservés en collection, et 5280 âgés de sept mois à un an ont élé vendus. En juillet 1874, les bassins d’alevinage renfermaient 2384 jeunes poissons de sept mois, et ceux d'élevage 338 poissons adultes. En décernant à M. Rico le prix de 500 francs, nous croyons devoir rappeler que ce lauréat a été, pendant de longues années, le collaborateur modeste et dévoué de l'un de nos plus savants et regrettés collègues, M. le professeur Lecoq. Prix de 300 francs. Proposé par la Sociélé pour l'introduction d'espèces nouvelles de poissons. Dans le but de favoriser l'introduction d'espèces nouvelles d'animaux et de végétaux, notre programme des récompenses contient la disposition suivante : «Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes » d’une valeur de 200 à 500 fr. à toute personne ayant intro- » duit quelque espèce nouvelle, Les animaux introduits devront » être adultes et par paires. » LX SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. M. CARBONNIER (Paul), mécanicien à bord de l’Ava des Messageries maritimes, a introduit en France, à l’état adulte et en nombre considérable, plusieurs epèces de poissons exo- tiques qui, placés entre les mains de son oncle, M. Pierre Carbonnier, ont vécu, prospéré et multiplié. M. Carbonnier (Paul) ayant satisfait aux conditions du pro- gramme, la Société lui décerne une prime de 300 francs. En décernant cette récompense, nous nous empressons de faire connaître à l'assemblée que ce lauréat va devenir, à Paris même, le collaborateur de son oncle. Les efforts réunis et si- multanés de ces habiles expérimentateurs auront certainement, pour notre œuvre, de féconds résultats. Et nous pouvons, dès à présent, prévoir l’époque assez prochaine où ils auront sur- monté toutes les difficultés qui, jusqu’à se jour, ont entravé l’acchimatation du Gouramis dans les eaux douces de la France et de l’Algérie. Prime de 3500 francs. M. Gonrrroy-LuxELz, conservateur du musée d'histoire na- turelle de Genève, a publié l’année dernière un beau livre qui a pour titre : « Histoire naturelle des poissons du bassin du Léman, » | Chaque espèce y est décrite, dans les détails les plus minu- lieux, avec une exactitude et une clarté qui ne laissent rien à désirer. De nombreuses planches coloriées d'une exécution irréprochable illustrent cet important ouvrage dans lequel, d'ailleurs, le savant et le praticien trouvent des renseigne- ments utiles, des observations consciencieuses et des appré- clations ingénieuses. La Société, voulant récompenser les travaux de zoologie, el notamment ceux qui peuvent servir de guide dans les appli- cations utilitaires de cette science, décerne à M. Godefroy- Lunel une prime de 300 fr. Médailles de première classe. En 1872, la Société a décerné à M. Seth GREEN une grande médaille d’or pour ses travaux de pisciculture dans l'Amé- rique du Nord: RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. L\I Cet intelligent et zélé pisciculteur a voulu, cette année, doter la France de diverses espèces de Salmonidés encore In- connus dans nos eaux. Dans ce but, il nous a envoyé des œufs fécondés qui sont arrivés en parfait état au Havre, mais dans le trajet de ce port à Paris ont été en grande partie altérés par un abaïissement considérable de la température. Quel- ques-uns de ces œufs ont cependant donné des alevins de truite qui, par leur croissance et leurs dimensions, nous au- torisent à penser qu’ils appartiennent à des espèces dont l’in- troduction en France mérite de sérieux encouragements. M: Seth Green s’est mis à notre disposition pour faire de nouvelles tentatives. La Société reconnaissante lui décerne une médaille de premiére classe. Dans la séance annuelle de 1863, la Société a décerné à M. Dabry de Tniersant, consul de France à Canton, le titre de membre honoraire, c’est-à-dire la plus haute récompense dont elle puisse disposer, avec un dévouement, une persévé- rance et un désintéressement qu'on ne saurait trop louer, notre consul a ‘étudié les productions animales et végé- tales utilisées en Chine pour en doler son pays. Nos sen- timents de reconnaissance ne sauraient être trop vifs pour ceux qui, loin de la patrie, songent à l’enrichir des espèces qui peu- vent y prospérer. L'année dernière, M. Dabry a fait un envoi de 400 pois- sons, parmi lesquels quatre espèces sont désignées, en Chine, sous le nom de poissons domestiques, et dont l’acclimatation serait un véritable bienfait pour la France. Ce précieux envoi a été confié à M. le lieutenant de vais- seau RiGopiTr, commandant du paquebot à vapeur l’Anadyr. Pendant la longue traversée de Hong-Kong à Marseille, cet officier a veillé avec sollicitude à l’exéculion des instructions préparées par notre consul, et on lui doit une bonne part du succès obtenu. | La Société décerne en conséquence à M. Rigodit une mé- daille de première classe. Nous sommes heureux de constaler ici que nous avons tou LXI SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. jours eu à nous louer du concours obligeant et éclairé que la marine a bien voulu, en toutes circonstances, prêter à notre : œuvre. Médailles de seconde classe. MM. Gaston Borpas, DaLLEsT, Ozras et Louis PAUL, méca. niciens à bord des Messageries maritimes, ont dans ces der- nières années reçu, des mains de M. Paul Carbonnier à Galles, plusieurs espèces de poissons les plus intéressantes de l’Inde ; parmi ces espèces se trouva un grand nombre de Gouramis. De plus, M. Bordas a recueilli lui-même en Cochinchine A6 poissons Combattants qu’il a apportés à Marseille et de là à Paris. On doit une bonne part du succès de ces importations en Europe à M. CHevaLiER qui, à Marseille, prend les meilleures dispositions pour recevoir convenablement les poissons au moment du débarquement et pour les expédier à Paris après les avoir soumis graduellement aux influences de nos eaux et de notre climat. Nous ne saurions remercier trop vivement, en leur décer- nant nos récompenses, ces coopérateurs intelligents et désin- téressés sans le concours desquels il nous serait sinon impos- Sible, du moins bien difficile de nous procurer ces précieuses espèces de poissons dont quelques-uns pourront, on doit l’es- pérer, concourir utilement au repeuplement de nos eaux douces. : | Aussi la Société est-elle heureuse de décerner une médaillé de deuxième classe à M. Chevalier et à chacun des quatre mé- caniciens désignés ci-dessus. | En 1873, on a fait aux États-Unis d’intéressantes tentalives pour l'introduction dans les cours d’eau du sud d’une espèce de Saumon propre à certaines rivières californiennes, le Sacra- mento en particulier. Les œufs de ce poisson sont presque deux fois plus gros que ceux du saumon ordinaire (Sa/mo salar), et sa croissance est très-rapide. Des observateurs consciencieux ont constaté que RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXIHII cette espèce double en volume, tous les quinze jours, pendant la première période de son existence, et que, dans des condi- tions favorables, elle atteint, en trois ans, le poids de 5 à 7 ki- logrammes. Il y aurait d’ailleurs, pour les États du Sud, un intérêt sé- rieux à posséder cette espèce dont les frayères se trouvent gé- néralement dans une région où la température estivale atteint à midi 38 à A0° centigrades ; etl’on a tout lieu de croire qu’elle s’acclimatera facilement dans la plupart des cours d’eau tri- butaires de l'Atlantique où le saumon ordinaire ne peut vivre. Pour atteindre ce but important, M. G. H. JÉROME, com- missaire des pêcheries du Michigan, et M. Croucu, habile pisciculteur des environs de la ville de Jackson, ont fait éclore 80 000 œufs de Saumon du Sacramento, ont élevé les alevins et les ont répandus dans les eaux du Saint-Joseph, du Kala- mazoo et de Grand-Rivers. D'autre part, M. Livingston Srone, secrétaire de l'associa- tion des pêcheries américaines, a pu faire des fécondations artificielles de cette précieuse espèce sur les bords de la ri- vière, Mac Cloud, l’un des affluents du Sacramento, et a mis les œufs en incubation dans l'établissement de pisciculture du docteur Slack de New-Jersey. Les alevins obtenus ont été in- troduits dans les eaux de la Susquehanna. | Nous sommes heureux de pouvoir nous associer à ces inté- ressantes tentatives d’acclimatation, en décernant à chacun de leurs auteurs une médaille de seconde classe. Nous ferons observer que ces tentatives peuvent avoir, pour la France et l’Europe méridionale, des conséquences très-im- portantes. Car elles permettent d'espérer qu'avec le concours des pisciculteurs américains nous pourrons faire venir en France des œufs fécondés du Saumon du Sacramento, et intro- duire celte précieuse espèce dans les cours d’eau tributaires de la Méditerranée, et notamment dans le Rhône. LXIV SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. M. Mourice Girard, rapporteur. Médailles de première classe. Anonyme. Mémoire italien, avec nom sous cachet, à l’épi- graphe : Viva la Francia. L’auteur admet, sans le démontrer, que la flacherie a son principe dans une altération du sang dont les globules s’ap- pauvrissent en granulations (aucleus). Il reconnaît qu'il existe la flacherie accidentelle et la flacherie héréditaire, ce qui n’est pes nouveau. Îl indique les précautions à prendre pour la con- servalion de la graine, le choix du local, et les autres conditions propres à éloigner la flacherie accidentelle; là encore rien de nouveau. Îl rapporte trois ou quatre expériences ayant princi- palement pour objet la tenue de la graine, et dans lesquelles il croit avoir causé la maladie. Les conditions de ces expé- rlences sont trop vaguement indiquées, et elles sont trop peu nombreuses. Les résullats sont peu précis, et l’auteur ne dit même pas si la mortalité a eu lieu par la flacherie ou autrement. Quant à un remède pour la flacherie héréditaire il indique le suivant : d’après lui, l'estomac des chrysalides et des papil- lons présente divers aspects qu’il divise en trois ou quatre ca- tégories. On ne doit accepter comme reproducteurs que ceux qui ont l'estomac peu gonflé, rouge et d'apparence normale, Là encore il n’y a a que des choses connues, et M. Pasteur a fait la même remarque sur l'estomac, dans ses travaux relatifs à la flacheric. Au reste, les résultats et essais de l’auteur sont à peine indiqués. Il prétend aussi que le signe de la grasserie est le suivant : l’existence dans les papillons d’un estomac jaune, transparent, visible à travers la peau de l'insecte ; on devra alors les rejeter comme reproducteurs. L'auteur a vu les vibrions et le ferment en chapelet carac- téristiques de la flacherie. Il n’y a dans ce mémoire que des faits déjà connus, ou des hypothèses sans preuves suffisantes. Toutefois l’auteur a le RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXV mérite d'appeler l’attention sur l'aspect de la poche stomacale dans la chrysalide et le papillon, au point de vue de la fla- cherie et de la grasserie. Pour la flacherie, le fait était connu et les expériences sont trop peu nombreuses et manquent de précision ; pour la grasserie le résultat est, à première vue, très-contestable, car l’auteur ne fait qu'indiquer, comme en passant, une seule expérience. On voit donc que ce mémoire prête à beaucoup de critiques, mais il est juste de décerner à l’auteur un encouragement, en lengageant a continuer et à préciser ses recherches. Médaille de première classe, M. Angelo de BELLESINI. M. Bence est un ancien lauréat de notre Société, pour édu- cations d’Atfacus Yama-mai, faites à Paris avec succès pen- dant plusieurs années. | En 1874, il a eu le mérite de réussir deux éducations de métis de cette espèce et de celle du Ver à soie du chêne de la Chine, À. Pernyt, G. Ménn. Il nous a remis, outre une note intéressante pour le Bul- letin, un cadre contenant des spécimens de papillons et des cocons. M. Berce est un des plus habiles éleveurs de chenilles qui existent en France, avec une expérience en cette matière qui date de plus de cinquante ans. La race métis est très-rus - tique et s’est élevée sans pertes. Il est très-important de remarquer que M. Berce est fort probablement arrivé à la cinquième génération (il y en avait eu deux en Bohême en 1873) et qu'on ne constate, grâce à ses soins, ni affaiblissement ni dégénérescence. Suivant le cas ordinaire des hybrides, la race se rapproche plus du Pernyi que du Yama-maï, mais le cocon estamélioré dans le sens de la teinte de la soie, qui est bien plus claire en couleur que celle du Pernyt type. Il y a dans l'excellent élevage de ces métis, outre la curio- sité scientifique, le germe d’une précieuse acclimatation. M. Berce tient à la disposition de la Société une portion de la graine qu’il obtiendra, afin que celte race puisse se propager en France. 3€ SÉRIE, T. Il, — Séance publique annuelle. e LXVI SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Actuellement, les chrysalides de la cinquième génération hivernent, car le métis est bivoltin, comme le type Perny. Médaille d'argent. M. Christian Le Doux. Les Vers à soie du chèue du Japon et de la Chine dans la Lozère. Les réussites de six éducations du Ver à Soie du chêne (trois de Yama-moi, trois de Pernyi, les deux dernières avec des graines récoliées à Férussac) démontrent les conséquences suivantes 1° les Vers à soie du chêne du Japon et de la Chine peuvent s'élever dans le département de la Lozére; 2° les va- riétés de chênes de ses montagnes (les Causses, 600 m. d'altitude environ) conviennent parfaitement pour leur alimentation; 3° tout porte à croire que les éducations pourront se faire dans les taillis de chênes des Cévennes, commel'Aféacus cynthia vera sur les ailantes (éducations en plein air de MM. de Milly et Uzèbe)M. Le Doux, comme M. le D' Mongrand près de Saintes, a laissé échapper exprès quelques couples, et il a l'intention en 4875, de donner la liberté à un grand nombre de couples, afin de les naturaliser à l’état sauvage dans la Lozère. En outre, M. Le Doux a obtenu le dévidage en soïe grége, à la bassine ordinaire, des cocons de l’Attacus aurota, Uramer, du Brésil, au moyen de ses chrysalides arüficielles. Ge titre est réuni aux éducations de Pernyt et de Yama-mai dans la Lo- zère pour la médaille d'argent accordée à M. Le Doux. Rappel de médaille de première classe. M. Bicor (de Pontoise). | Depuis plusieurs années, M. Bigot élève avec succès, à Pon- toise, l’Atéacus Yama-maï. En 1874, il a divisé ses éducations en deux parties, sur lesquelles 1l nous a adressé deux bons rapports qui paraîtront dans nos Bulletins. Le premier rapport est consacré à l'Aftacus yama-mai pur. Le succès a été plus grand qu’en 1873. En effet, M. Bigot n’a pu faire grainer que 80 papillons, parce qu'il a dù réserver une partie des reproducteurs pour des expériences de croise- ment. Il a obtenu 37 accouplements, qui lui ont donné 65 gr. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXVIL d'œufs parfaitement fécondés, dont il a mis une partie à titre oracieux à la disposition de la Société. En 1873, il avait ré- colté 150 grammes d'œufs féconds, mais avec 300 papillons, de sorte qu'il y a eu en 1874 une forte augmentation propor- tionnelle. Le second rapport de M. Bigot est relatif à une éducation de métis des deux espèces. Les fécondations hybrides n’ayant eu lieu que dans la seconde quinzaine d'août, l'éducation des métis a été tardive et n’a donné que des résultats encore in- suffisants; cependant des cocons ont été recueillis et passent l'hiver. Ces cocons sont intermédiaires entre ceux des Yama- mai et Pernyr et, comme le présume avec raison M. Bigot, ne sont pas encore fixés. Î[l sera très-important de les voir re- venir au type qui a êté obtenu sans changement sensible dans les deux éducations de générations plus avancées faites par M. Berce. Rappel de médaille d'argent. Médailles de seconde classe. M. le docteur MonGranp, de Saintes (Gharente-[nférieure), a envoyé à notre Société deux mémoires intéressants : : 4° Un exposé de deux éducations d'Affacus Yama-mai, G. Mén., faites à Saintes en 1873 et 1874. Nous y trouvons ce fait intéressant de chenilles abandonnées à l’état libre sur des petits chênes, et donnant des papillons capturés à distance par un amateur. M. Mongrand avoue n'avoir eu que peu de re- productions en 1874 ; en outre, 1l exprime des doutes peu en- courageants pour l’acclimatation de cette espèce, doutes heu- reusement en contradiction avec les faits obtenus en Espagne. 2° M. Mongrand raconte dans tous ses détails minutieux l'éducation, suivie de grainage cellulaire (procédé Pasteur), d'une once de graine de Ver à soie du müûrier. J’ai visité l’é- ducation de M. Mongrand et je dois donner des éioges com- plets aux soins qu’il apporte dans la confection d’une excel- lente graine. | Médaille de bronze pour grainage cellulaire d'une once de graine. LXVIII SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. M. le docteur Jean OpsTRGIL, professeur au gymnase de Tessien (Silésie-Autriche)… Renseignements sur les tentatives faites en Autriche pour l'introduction de l’Affacus Pernyt, G. Mén. : La lettre contient quelques indications intéressantes sur des essais d’éducations du Pernye faits à Tessien et dans les villages voisins par divers instituteurs. Ii a obtenu personnel- lement 500 cocons dans une éducation en chambre en 1872. D’après ses expériences propres et celles dont il a été témoin, il croit que cette espèce offre moins de chances de maladie que le Yama-mai, autrefois élevé en grand en Autriche par le baron de Bretton, et qui a aujourd’hui presque entière- ment disparu de ce pays. Médaille de bronze. M. Warzzy (de Londres) est un amateur, débutant dans l’entomologie, et qui se consacre avec passion à l'éducation des chenilles de diverses espèces de Lépidoptères. Comme curiosité scientifique je dois dire qu’il est le premier qui ait obtenu des accouplements suivis de pontes fécondes de Sphinx en captivité, ainsi que de ceux du troëne et de la vigne. Il a élevé encore, en petite quantité, l’Aféacus Yama-mai à Londres en 18738 et 1574. Les cocons et les papillons de la deuxième éducation sont très-beaux, mais 1l y a eu peu de pontes fécondes. M. Waïlly doit être encouragé pour ses ten- tatives d’acclimatation dans un climat aussi peu favorable que celui de Londres. Médaille de bronze. Mention honorable. M. G. Bourpier. Éducation d’Attacus Yama-maï, G.Mén.— considérations sur l’acclimatation de cette espèce. M. Bourdier se livre à de nombreuses dissertations sur la filature et sur la vente probable de lasoiïe de l’Aféacus Yama- mai, mais il est fort difficile de savoir nettement les détails de son éducation de 1873. [n'indique ni le nombre des Vers qui lui restent, ni le nombre de cocons filés: Il dit seulement RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXIX que les Vers s’accommodent parfaitement des chênes de France, (c’est-à-dire du chêne Tauzin qui est celui de la Cha- rente, M. Bourdier, ayant fait son éducation à Montboyer près Chalais, Charente), et qu’il est inutile de faire venir les es- pèces du Japon. Il a perdu beaucoup de vers par suite d’une éclosion précoce à la fin de mars, avant toute apparition de feuilles de chênes. Les chenilles qui lui sont restées ont été élevées en plein air, et avéc un arrosage de tous les jours; à cette double con- dition elles se sont bien portées, et n’ont eu à redouter d’au- tres ennemis que des araignées. Il y a eu des papillons qui se sont échappés et qui provenaient de chenilles vagabondes; le : même fait de papillons libres s’est aussi produit chez M. Mon- orand dans la Charente-Inférieure. Ce double succès semble prouver que l’Attacus Yama-maï, trouve dans les Charentes un climat très-approprié à cette es- pêce. L'absence de détails précis et de toute indication numé- rique, en outre, l'ignorance où nous sommes de ce qu’a fait M. Bourdier en 1874, ne nous permettent pas de demander plus qu’une mention honorable. ; Mention honorable pour ses papillons à l’état libre. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. M. le D' Edouard Mène, rapporteur. Prix de £500 francs. Proposé par la Société pour l'introdnetion, la cullure et l'acclimatation du Quinqnina dans une des colonies françaises, En 1861, la Société avait proposé un prix de 1500 francs pour l'introduction, la culture et l’acchimatation du quinquina dans une des colomies françaises : M. le docteur Vinson et M. Édouard Morin ont entrepris depuis plusieurs années, à l'ile de la Réunion, la culture des arbres à quinquina sur une vaste échelle. Malgré des difi- cultés sans nombre, ils ont persévéré, et leurs efforts ont LXX SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. été couronnés de succès. Grâce à leur intelligente initiative, l’acchimatation du quinquina à l’île de la Réunion est un fait accompli : notre colonie est aujourd’hui dotée de ce précieux fébrifuge et la Société est heureuse de décerner à MM. Vinson et Morin le prix de 1500 francs. Prime de 300 francs. M. José TriANa à publié un ouvrage très-intéressant inti- tulé Nouvelles études sur. les quinquinas. La Commission voulant récompenser ce travail, utile à tous ceux qui s’occu- pent de la culture des arbres à quinquina, donne à M. Triana une prime de 300 francs. Médailles de première classe. Les PÈRES pu Sainr-Esprir ont concouru avec MM. Vinson et Morin à l’acclimatation du quinquina à l’île de la Réunion, en cultivant avec soin, dans leur propriété (lIlette à Guil- laume), diverses variétés de Cinchonas. La Société encourage leurs essais par une médaille de première classe. M. Louis Faro (de Genève) a envoyé à la Société un excel- lent mémoire sur ses cultures. Ses observations bien faites et les résultats qu'il a obtenus ont paru à la Commission des récompenses dignes d’une médaille de première classe. M. Léo p’Ounous de Saverdun (Ariége), que la Société a honoré en 1872 d’une médaille de deuxième classe, a con- tinué, avec succès, ses plantations d’arbres rares, et la So- ciété lui décerne aujourd’hui une médaille de première classe pour ses cultures. M. le vicomte de Puzzicny cultive depuis plusieurs années, sur une étendue de 50 hectares, dans le département de l'Eure, un grand nombre d'arbres utiles, principalement des conifères, qu’il cherche à acchimater et à propager en France. La Société offre à M. le vicomie de Palligny une médaille de première classe pour le récompenser de ses travaux. M. Joseph Vicxers a importé à ses frais, à plusieurs re- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXTI prises, des plants de quinquinas de Maurice à la Réunion. La Société donne à M. Vickers une médaille de première classe, pour le concours qu'il a apporté à l’acclimatation du quin- quina à l'ile de la Réunion. Médailles de seconde classe. M"° la maréchale de Sanra-Cruz a témoigné, en plusieurs circonstances, de l'intérêt qu'elle porte à la Société, par l'in- troduction en France de divers végétaux utiles de la Bolivie : La Société est heureuse de remercier M"° la maréchale de Santa-Cruz, en lui offrant une médaille de seconde classe. Le frère GiLpas, trappiste au couvent de Saint-Paul-Trois- Fontaines, aux portes de Rome, s’est occupé depuis plusieurs années de l'introduction de l'Eucalyptus en Italie, La Société décerne au frère Gildas une médaille de se- conde classe, pour le récompenser de ses efforts. M. Jules LECREUX, qui, en 1867, a obtenu une mention ho- norable, a continué avec succès ses cultures dans le départe- ment du Nord. La Société accorde à M. Lecreux une médaille de seconde classe, en le félicitant de ses travaux. M. Ravisv, chargé par la Société d’expériences relatives à différentes espèces de pommes de terre, a envoyé un compte rendu bien fait et intéressant sur leur rendement. La Société remercie M. Ravisy et lui accorde une médaille de seconde classe. Mention honorable. M. GorRy-BouTEAu s'occupe de la culture et de la propaga- tion du galéga et du pastel. La Société donne à M. Gorry-Bouteau une mention hono- rable pour ses cultures. Primes fondées par feu M. Agron de Germigny. M. À. Geoffroy Saint-Hilaire, rapporteur. Comme de coutume la Société d’acclimatation distribueles primes instituées par Agron de Germigny. LXXIT SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Ce généreux donateur a voulu que les employés du Jardin zoologique d’acclimatation et ceux d’un autre établissement zoologique ou botanique fussent récompensés chaque année pour les bons soins donnés aux animaux ou aux plantes. C’est à Joseph Roury, employé aux écuries du Jardin zoolo- oique d’acclimatation du bois de Boulogne, qu’échoit la pre- mière prime. Cet excellent serviteur fait preuve de qualités exception- nelles. Sa douceur envers les animaux, la tenacité intelligente de ses soins, ont puissamment contribué au succès obtenu par l'administration du Jardin d’acclimatation dans le dressage des Zèbres de Burchell, aujourd’hui mis en service. La seconde prime est décernée à M. TERRIER, employé à la Ménagerie du Muséum d’histoire naturelle, qui s’est distingué en installant de la façon la plus ee les animaux con- fiés à ses soins. Primes offertes par l’administration du Jardin d'acclimatation. La première prime est décernée à M. Félix-Hubert CHaR- RIER, piqueur, chef de service au Chenil du Jardin d’acclima- tation. La seconde prime est allouée au sieur FLEURET, employé au service des volières du Jardin d’acclimatation. La troisième est donnée au jeune Gustave HAGHÉ, employé au service des poneys au Jardin d’acclimatation. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ SUR L'EXERCICE DE 1874, Par MM. Eug. DUPIN ci F. JACQUEMART, rapporteur. Séance du 11 juin 1875. Messieurs, Votre Commission des finances vient vous rendre compte des recettes et des dépenses de notre Société pendant l'exercice de 4874, et de sa situation financière au 31 décembre dernier. Puis elle mettra sous vos yeux un projet du budget pour l’année 1875. Recettes de 187. Les recettes se sont élevées pendant l’année 1874, conformément aux tableaux n° 4 et 2, ci-joints, à . . . , . . . PET 0 60 ITS D Savoir : Recettes extraordinaires (tabl. n° 2). . . . . . . . 44,731 » Recettes ordinaires {tabl. n° 1) . . 55,954 fr. 54 55,954 54 Total des recettes effectuées, . 70,685 fr. 54 À ces recettes, 1l faut ajouter ce qui reste dû sur les cotisations de 14874, soit 14645 que nous réduisons à. . . . 4,200 p 1,200 » Ce qui porteles recettes ordinaires à. 57,154 fr. 54 Etlestreceltes totales 42 1.40: 55. .iTat . 74,885 fr. 54 Dépenses. Les dépenses se sont élevées, conformément aux ta- RÉSOLU re. AU Dee a DONS TO) IT à 10 Savoir : Dépenses extraordinaires (tabl. n° 4). . . . . . . . 29,733 © 40 Dépenses ordinaires (tabl. n° 3) . . 39,263 fr. 36 39,263 36 68,996 fr. 76 À ces dépenses il faut ajouter ce qui était dû, au 34 décembre dernier. sur l'exercice de 4874 et qui s’'é- levait, conformément au tabl. n° 5, à. ‘7,944 05 7,944 :08 Ce qui porte le total des dépenses OrNANE SA MS AN ee ee - 47,177 fr. 41 Et le total des dépenses ordinaires et extraordinairesà. 76,910 fr. 84 i] SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Les dépenses excèdent donc les recettes de 5,625 fr. 27 c. Néanmoins la situation générale de la Société, comme vous le verrez tout à l'heure, loin de s’être amoindrie pendant l’exercice de 1874, s'est, au contraire, notablement améliorée. Cette contradiction apparente s'explique facilement quand on examine le détail des dépenses extraordinaires. On reconnaît, en effet, qu'une somme de 49,599 fr. 35 c. a été consacrée : 1° au payement d’une dette de 13,370 fr. 05 c. qui figurait à notre passif en 1873, et 2° à l'achat d’actions et d'obligations qui figurent aujourd'hui à notre actif ef dont la valeur est de 6,229 fr. 30 c. Si l’on compare le total des recettes ordinaires De AS TE ne É NEN C eke A Re D CE 55,954 fr. 54 Avec les dépenses ordinaires . . . . . . . . . . . 47,177 . 41 On voit que les recettes de 1874 ont dépassé les dé- HENSES UNE, JS JAN SOUS US POP ENS AN RENE 22 8,771 fr. 13 Ce résultat, nous devons le faire remarquer, est plus apparent que réel, car il est dû au payement d'un nombre considérable de cotisations définitives (45) représentant une somme de 41,555 fr. dont la majeure partie, si ce n’est la totalité, doit-être appliqué au fonds réserve. Nous devons donc vous recommander, messieurs, d'écarter jusqu’à des temps prochains toute dépense qui ne serait pas essentiellement utile aux progrès de la Société. Situation de la Société au 1% janvier 1875. ACTIF. 4°. En çaisse chez le trésorier. . , . +, 4 254,4 5,742 fr. 76 20 Cotisations arriérées à recouvrer : A cotisation de. . 4870. 25 fr. 3 —— GEAR 75 6 — 1872. 150 ; 6 Vu R 1873. 150 2,04 5,soitnet. 4,200 >» 57 — 1874. 1,355 1 cot. définitive de 1874. 260 3° Dù par la Société protectrice. (Loyer de 1874.) 700 » 4° 374 obligations de chemins de fer; savoir : 80 du Dauphiné, ayant coûté. 24,011 fr. 40 RAD ML, HR Ce 30,J220000 LEA DS A RENAN 15,849 45 111,903 70 100 de l'Onest : .. : . "7 "29020025 | 20 des Ardennes. . . . . . 2,198 40 | 5° 400 actions du Jardin d’acclimatation. . . . . . 25,000 » 6° 20 quarts d’action du Jardin de Cannes, que vous avez prises dans le but d'encourager cette créatiOn , TE VERRE ne 7. s' ci SCORE » Total de l'actif. . . . . . . 445,366 fr. 46 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. ii] PASSIF. Dû à divers, pour solde de 1874 MAR MRDT e cis commen p 7,914 fr. 05 Dû au Jardin d'acclimatation. . . 213 85 Total du passif. . . . 8,127 fr. 90 8,427 90 D’où l’excédant de l'actif sur le passif, toutes dettes payées, et le don de 35,000 fr. fait au Jardin d’ac- climatation étant soldé, est au 31 décembre 1874 de, 137,238 56 145,366 fr. 46 Mais par prudence et pour être à l’abri de toute déception, nous dé- duirons de cette balance 26,250 fr., ce qui raménera l'actif net à 110,988 fr. 56 c. Ce chiffre est plus élevé de 13,349 fr. 63 c. que celui de l'actif net au 31 décembre 1873 (97,633 fr. 93 c.). Cela tient à plusieurs causes : 4° Le nombre 45 des souscriptions définitives est considérable ; de ce chef il y a une recette de 44,555 fr. 20 47 obligations de l’Ouest nous ont été remboursées au pair, et bien qu'elles aient été immédiatement remplacées, il nous est resté en caisse un boni de 3,650 fr. 3° Dans notre situation précédente, nous avions évalué à 4,000 fr. la somme à recouvrer sur les cotisations arriérées. On a fait rentrer 5,827 fr. Il y a donc encore de ce chef un boni de 1827 fr. Au 1° janvier 1874, le nombre des membres de la Société, déduction faite des morts (37), des démissions (37) et des radiations (27), s'élevait à 1820. Savoir : 36 membres honoraires, 13 sociétés affiliées, 347 souscripteurs définitifs, 1424 membres payants, Dont : 25 sociétés agrégées. 4399 membres ordinaires. 1424 Total. . 4820 membres. Ce nombre est supérieur de 194 à celui des membres de la Société au 1° janvier 4874 (1629). Il y a de longues années qu'un accroissement annuel aussi notable n'avait eu lieu. Il est pour nous d’un excellent augure. Enfin nous ferons remarquer que le chiffre de la réserve, évalué à 410,988 fr. 56 c. est de beaucoup supérieur à la somme de 86,750 fr. qui représente la valeur intégrale des 347 souscriptions définitives dont les auteurs existent au 41% janvier 4875. iv SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Détail des recettes ordinaires de 187h (tableau n° 4). Nous avons vu, messieurs, que les recettes ordinaires faites ou à faire pour l’exercice de 1874 s'élevaient à 57,154 fr. 54 c. Dont : Pour cotisations arriérées à rece- | NOT 0e 0." 91 1,200 fr °5 SMS EN RE Pour recettes effectuées (tablr n°1). 55,954 55 | AU le détail de ces recettes : 2,000 fr. » Don du ministère. "500 » Legs Cottenet,. 291 » Intérêts de la fondation Agron-Germiny. 247 36 Intérêts du don du Sultan. 5,014 53 Intérêts des valeurs et du compte courant. 46,300 » Cotisations perçues, dont 45 définitives. 700 » Loyer de la Société protectrice pour 4873. 78 50 Reçu des chepteliers par le Jardin d'’ acclimatation. 325 80 Abonnements au Bulletin. 89 75 Bulletins vendus. 40 » Vente de médailles et de gravures de Yacks, 285 » Tirages à part remboursés. 82 60 Diverses menues recettes. 55,954 fr. 54 Somme égale à celle indiquée ci-dessus. Détail des recettes extraordinaires (tableau n° 2). Ces recettes S’élèvent (tabl. n° 2) à 44,734 fr. Savoir : 5,827 fr. » Cotisations arriérées des années 1869 à 1873 et 9 co- tisations à valoir sur 1875. 104 » Vente de bulletins anciens. 300 » Fondation Dutrône pour les années 1871-72-73. 8,500 » Remboursement au pair de 47 obligations de l'Ouest, sorties. — Le remboursement nous a procuré un béné- fice net, après rachat de 17 nouvelles obligations, de 3,520 fr. 70 c. 44,731fr. » Total des recettes extraordinaires. Détail des dépenses ordinaires (tableau n° 3). Cs dépenses s'élèvent au total à 47,477 fr. 41 c. Savoir : 12,714 fr. 69 Bulletin de 4874. Ce Bulletin, tiré à 2000 exemplaires, revient à 6 fr. 35 c., par exemplaire rendu à domicile. Cette condition est notablement meilleure que celle de l'année précédente (7 fr. 43 c.). A ,744 fr. 69 "AWéporier 101 192 9,921 7,250 12,610 9260 284 2,349 200 RAPPORT DE LA GOMMISSION DE COMPTABILITÉ. V 12,711 fe 69 65 65 10 » 44 47,177 fr. 41 Report. Transport de Gouramis. Transports d'œufs de Yama-mai, de graines de Coca, etc. Séance publique et récompenses dont : Pour Ds. At JS 8,977 fr. 75 Impressions, salle, concert. . . 943 35 Traitement du personnel en 4874 (+ 1,037 fr.). lrais généraux (1,832 fr.). Savoir : 3,000 fr. » Loyer. 226 05 Contributions. 4,077 fr. 75 51 70 Assurances. Chauffage. RAT RE 149 75 Uniforme pour le garçon de bureau. 1,626 45 Affranchissements. 45 1,915 05 Impression. 292 65 Frais de bureau. 1,080 60 Tapissier. 2,068 30 904 95 Menuisier. | 85 75 Peintre. 649. 50 Un voyage en Bretagne. 1830 69 Frais divers. Frais de recouvrement des cotisations. Achat de livres et de revues. 4450 abonnements au journal /’Acclimatation. 1000 billets du Jardin servant de jetons de présence. Total des dépenses ordinaires, 3,834 Détail des dépenses extraordinaires (tableau n° 4). Ces dépenses s'élèvent à 29,733 fr. 40 c. Savoir : 13,634 fr. 20 Solde de la subvention de 35,000 fr. accordée au Jardin 1,250 4,979 5,248 2,782 1,450 18 » 30 * Achat de 17 obligations de l'Ouest en remplacement de 85 20 85 d’accclimatation. Premier versement de un quart sur 20 actions du Jardin d’acclimatation de Cannes. 17 sorties et remboursées. Solde du Bulletin de 1873. Solde des frais généraux de 1873. Solde du traitement des employés pour 1873. Solde des ports de graines pour 41873. 29,733 fr. 40 Total des dépenses extraordinaires, Budget de 1875. Nous allons, messieurs, vous présenter un aperçu des recettes et des dépenses pour 1875. vi SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Recettes. Souscriptions renouvelées (1450). . . . . . . . . . . 36,250 fr. Allocation du minftére . "4, LU CO à 2,000 Loyer de la Société protectrice. . . . . . nef CNE ‘700 Revenu’ des capilatix; ‘Mel : "0. 0 UE NO 550 Total des recettes probables en 1875. . . . . . 44,500 fr. Dépenses. Loyer, impôts, assurances. . . . . . . . . uv CEMOONE Bulletin. eat. RAS RNPET PAR ALP . 413,000 Frais cénéramen lat 2 Di à En à 0. 0 7,000 Recouvrements, . . . : . . (WGHELT. © SNS SE Mie 600 Traitement. de: persennel. . O4... . 7,250 Chroniqué érès ES" 404. AOF LOL 1 ë cie 2 AUD Inspection des cheptels. . . . . ANNEES se: 5 DO DDR Total des dépenses indispensables. . . 37,350 fr. C'est-à-dire, messieurs, qu’il vous restera un excédant de recettes de 7150 fr. Vous pourrez disposer d'une partie de cette somme pour encou- ragements et récompenses. Si nous faisons figurer aux dépenses une somme de 3,000 fr. pour l'inspection des cheptels, c’est que nous sommes convaincus, messieurs, que sans une inspection sérieuse, les cheptels, dont on doit attendre de grands résultats, produiront peu de chose et, par suite, seront beaucoup plus nuisibles qu'utiles à la bonne renommée de la Société zoologique d’ac- climatation. JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. RAPPORT PRÉSENTÉ AU NOM DU CONSEIL D'ADMINISTRATION PAR LE DIRECTEUR DU JARDIN M. A. GECFFROY SAINT-HILALRE MESSIEURS, J'ai l’honneur de vous présenter, au nom du Conseil d'administration, les comptes de l’année 1874. Comme vous le verrez par la lecture des tableaux qui suivent, le chiffre atteint par vos receltes à été considérable; mais, par contre, les dépenses imposées à l’exploitation sont aussi très-importantes. Inventaire au 34 décembre 1954. Actif. Espèces en caisse ...... Â25 Espèces au Crédit foncier. . 941 Cautionnement ........ 9,000 ADITAUX, LE ee 14: 389,454 MODE ES ls. : CPE 4,769 Mobilier industrielet outil- lage: mi ee efatelarheis: sis 18,625 Approvisionnements..... 30,783 Comptes courants débi- LEURS: :. ., PET NE SE 99,394 Total... 455,393 Gonstructions nouvelles.. 18: ,589 Total égal...... 640,982 _f Passif. 60 | Comptes créditeurs..... 344,481 86 55 | Excédant de Pactif (Capi- » tal d'exploitation) .... 110,911 79 25 » 55 10 60 Total.... 455,393 65 Capital immobilisé (con- structions nouvelles)... 185,589 08 Total égal... . 640,982 73 vii] SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Compte d'exploitation de l'exercice 1824, Recettes, Dépenses. IPUTEE SP PNR 964 15 | Magnanerie........... 830 » PEN IE DOS CAPI PAPE 62 895 |Omnibus....... SONT SE 2,861 39 Entrées du jardin....... 304,937 95 Aquarium +... 6.308 85 Abonnements.......... 8,005 » | Entretien du jardin..... 30,424 80 Dons d’animaux........ 2,760 50 | Jardin d’hiver......... 10,821 50 Vente de plumes....... 365 » | Salon de lecture... ... 197.29 Salles OC PRT EC 1,674 50 | Outils de jardinage... .. 422 60 Ventetdiœuts=" "ce rTcece 6,386 35 | Mobilier industriel et ou- Promenades. .... DTA 10,732 65 tilase.shasv-tfer .. 144,675 65 GHAISESR RER HERO 9,406 65 | Entretien et appropriation Librairie 4: Mme. = 540 95 des bâtiments....... 34,392 80 Bubet-Cent.r2 ee : 11,274 » | Entretien des clôtures... 2,265 90 Latteriesiss 22 mer. 0 h,670 454Publicité. 2.2: 00 10,968 15 Bénéfice sur la vente des Chauffage ....... 5... 'AS0880DR MAUR CEE. ee 11,778 PS NEONEr CE CRE . 3,879 39 Exposition permanente.. 1,405 85 | Frais de bureau..,...... 8,691 45 Ventes de graines et de Assurances . .....s.... 373 90 plantes rc rec 1:278 19) Impôts. 7: Lee soc. ORNE Subvention du ministère Nourriture des animaux.. 116,705 20 de l’agriculture. ..... 6,000 » | Timbre des actions. .... 607 80 ————— | Abonnement des eaux... 3,290 60 Rotals 6. 428,240 85 | Assemblée générale..... 743 55 Concerts Le LC ANNEE 30,701 70 Frais généraux. ....... 17,434 90 Personnel. RUE ECRIRE 77,929 39 Jardin d’Hyères........ 4,282 20 DOALERE ES . 387,858 Excédant des recettes. 40,382 A0 Total égal.... 428,240 85 Total égal...... 128,240 89 Dépenses extraordinaires. Intérêts aux souscripteurs Recettes extraordinaires. LEE na ee s . 4" 18500 Constructions nouvelles : Chenil. . ..... 3,666 05 Excédant des recettes de A ci os 13,043 45 l'exploitation 1874... 40,382 40! certs..... 8,000 » Travaux de restauration, 25,762 20 Subvention de la ville de Jardin d'Hyères ....... 7,407 55 PASCALE, LS 60,000 » Total........ 91,214 50 Augmentation de l'actif en SAME bu age 9,167 90 Total égal. ... 100,382 40 Total égal... 100,382 40 L’inventaire dont nous vous avons donné lecture vous montre le grand SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. IX développement pris, dans le cours de cette année, par la collection des ani- maux. Le cheptel du Jardin, son mobilier vivant, représente une valeur de 339 454 fr. 85 c., c’est-à-dire une augmentation de 406 974 fr. 50 c, sur le chiffre correspondant de l’année dernière, Getie augmentation résulte des adjonctions que nous avons faites à la collection en 1874. Ces adjonctions nous ont enrichis, Les unes d'animaux destinés à la repro- duction, c’est-à-dire qu’elles sont relatives à l’œuvre même de vulgarisation pour laquelle votre Société a été instituée ; les autres, d'animaux destinés à compléter le matériel vivant employé aux promenades enfantines, devenues un des attraits importants du Jardin d’acclimatation. Enfin, d’autres acquisitions doivent être considérées comme propres à frapper l’attention de la foule. C’est dans cette dernière catégorie qu'il faut ranger le petit troupeau de Girafes et le jeune Éléphant de Sumatra, acquis en 1874. Ces hôtes nouveaux . représentent une notable partie de l’augmentation du capital-animaux, sur laquelle nous avons appelé votre attention. L'augmentation des recettes du Jardin, dans les semaines qui ont suivi l’arrivée des Girafes et de l'Éléphant, nous aurait démontré, si nous avions pu en douter, FPopportunité de ces acquisitions. Elles étaient de nature à intéresser vivement le public ; elles étaient, en quelque sorte, nécessaires à noire exhibition. Sans doute, les Girafes et les Éléphants ne sont pas des animaux destinés à devenir, dans l’avenir et sous notre climat rigoureux, des auxiliaires de l’homme, des producteurs de matières alimentaires, ou des fournisseurs de matières premières, en les entretenant au Jardin d’acclimatation, nous n'avons pas la volonté de faire croire au public que nous poursuivons la conquête de ces espèces. Mais ces animaux sont de nature à intéresser notre public ; et les recettes encaissées dans les mois de juillet, août et septembre 1874 prouvent bien l’action de la présence. de ces animaux et justifient, par conséquent, l’acquisition que nous avons faite et qui, par quelques-uns, avait été jugée téméraire. L'augmentation de notre capilal-animaux a sa contre-partie dans le chiffre des comptes créditeurs constituant notre passif et s’élevant, au 31 décembre 1874, à 3h 81 fr. 86 c. Ce chiffre considérable n’a rien d’alarmant en lui-même ; car, pour la plus grande partie, il est formé des soldes des comptes courants qui nous sont ouveris, depuis la restauration du Jardin d’acclimatation, dans les princi- paux établissements zoologiques et chez les principaux marchands d’ani- maux de l’Europe. L'activité de nos transactions, de nos achats et de nos ventes a rendu nécessaire l'augmentation des crédits qui nous sont ouverlis, Comme aussi l'augmentation des crédils que nous ouvrons nous-mêmes. D'ailleurs, l'importance des comptes créditeurs est représentée par l’im- 82 SÉRIE, T. Il, — Séance publique annuelle. f x SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. porlañce de la collection des animaux et par les autres éléments constituant l'actif social, lesquels laissent un excédant de 110 000 francs au profit de . l'actif. Quoique l'élévation de ces comptes créditeurs ne nous semble pas un danger pour votre entreprise, nous consacrohs n9s efforts à l’amcindrir. COMPTE D'EXPLOITATION. DÉPENSES ORDINAIRES. Ainsi qu’il résulte des tableaux annexés au présent rapport, les dépenses d’exploitation, c’est-à-dire les dépenses ordinaires, se sont élevées, en 187/, à 387 858 fr. 45 c. Les Concerts figurent dans ce chiffre pour 30 761 fr. 70 e. L’élévation de ce chiffre, nous avons eu l’houneur de vous l’expliquer dans nos précédents 1 rapports, est proportionnelle au nombre des visiteurs ayant payé leur entrée au Jardin les jours de concert, et, par conséquent, plus l’établissement sera fréquenté, plus augmentera l’importance du chiffre des dépenses relatives à ces concerts. Nous saisissons avec empressement cette occasion de reconnaître le succès des efforts de M. Mayeur, l’habile chef d’orchesire de nos concerts. Il a su réunir autour de lui des artistes de grand mérite, et l’orchestre du Jardin d’acclimatation peut être considéré aujourd’hui comme un des plus remar- quables de Paris. Il est d’ailleurs universellement apprécié. Le développement que nous avions donné en 1873 au service spécial d'Omnibus, créé avec le concours de la Société générale des Omnibus, a été, en 4874, l’occasion d’une dépense de 2861 fr. 35 c., et nous avons retiré les plus utiles effets de la publicité résultant de la circulation de ces voitures a nstous les quartiers de Paris. La nourriture des animaux a coûté 116 705 fr. 20 c. Le grand nombre des animaux formant notre collection actuelle et surtout le prix excessif des denrées, pendant l’année 1874, expliquent l'importance de cette dépense. En effet, le prix du foin, de la paille, de l’avoine et de bien d’autres mar- chandises alimentaires de première nécessité pour nos animaux, a subi, dans le courant du dernier exercice, des renchérissements atteignant 15, 20 et même 30 pour 100 des cours normaux. Dans le printemps de 1874, votre Conseil a pensé qu’il serait utile de louer, dans les environs du Jardin d’acclimatation, un local permettant de soustraire au bruit et au mouvement les femelles en état de gestation, vers l'époque de la mise-bas, Avantageuse pour tous nos animaux en général, cette retraite était devenue tout à fait indispensable pour les chiénnes, dont les produits sont appelés à donner des recettes sérieuses. Ces animaux, dans les premiers mois de l’année écoulée, nous ont donné, au point de vue de l’éducation des jeunes, les résultats les plus négatifs. Nous ne pouvions laisser les choses dans cet état. L’immeuble dont nous SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. xi avons fait la location est placé à proximité du Jardin d’acclimatation, de telle sorte que nous pouvons le visiter fréquemment, Il est d’ailleurs placé sous la surveillance du Sous-Directeur de létablissement, qui a pu se loger dans les dépendances de la propriété en question. Grâce aux locaux tran- quilles dont nous pouvons aujourd’hui disposer, nos chiennes nous donnent des produits, et notre exploitation canine, quoique restreinte encore, est devenue prospère. RECETTES ORDINAIRES. L'ensemble des recettes ordinaires réalisées par le Jardin d’acclimatation en 1874 est de 428 240 fr. 85 c.; il est donc supérieur de A0 382 fr. 40 c. au chiffre des dépenses ordinaires. Parmi ces recettes, la plus importante unie des entrées; elles ont donné, en 1874, 354937 fr. 95 c. | Dans le cours de cette année, l’établissement a reçu, sans parler des ac- tionnaires, membres de la Société d’acclimatation et abonnés : 597 294 visi- teurs, dont 538777 payants et 58514 non payants, c’est-à-dire porteurs de billets. 917.908 niet 194,090 visiteurs, 1873, 201,026 payants (1) entrés en gd — 23,818 _ 24,109 non payants { semaine. 379 383 | — 344,687 — — 203,101 payants | entrés les 3 | — 34,696 — — 24,461 non payants { dimanches, 597,291 Le bénéfice réalisé sur la vente des animaux n’a que peu d'importance celle année, puisqu'il n’atteint que 12 000 francs. Cependant le chiffre des ventes n’a pas été moins considérable que de coutume, et la mortalité a été de 13,99 pour 100, ce qui est à peu près le chiffre moyen. (1) Dans les chiffres de l’année 1873 figurent les visiteurs de l'Exposition des Races canines. Tableau du nombre des visiteurs de 1864 à 1874, | PRODUIT VISITEURS | VISITEURS TOTAL DES ENTRÉES. PAYANTS. NON PAYANTS.| DES VISITEURS. ANNÉES. 178, 1000) 223.895 39,245 259,140 136,690 167.611 30.136 197.747 121,937 154.503 28.306 182.809 217,456 262.931 26.045 288.976 84,177 106.844 25.700 132.544 126,461 161.344 34.000 195.344 141,905 204.189 34.741 238.930 250,948 h04.127 48.570 452.697 394,937 538.777 98.014 597.294 Xi] SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. A quoi donc attribuer la faihlesse du bénéfice ? Reportons-nous, messieurs, aux explications données plus haut à l’occa- sion de la valeur actuelle de la collection des animaux. Dans le cours de ceite année 1874, notre capilal-animaux s’est augmenté de plus de 100 006 francs. Mais ces nouveaux habitants, envisagés au point de vue du commerce des animaux,. n’ont pu donner jusqu'ici de bénéfices ; car ceux destinés à la reproduction ne pouvaient engendrer l’année même de leur introduction au Jardin, et ceux qui ont été ajoutés à notre matériel des promenades enfantines, et qui sont plus ou moins destinés à la vente, n’ont pas été jusqu'ici l’occasion de transactions rémunératrices du capital engagé. C'est maintenant que nous pourrons profiter de ces avances et en trouver la rémunération. Si le commerce des animaux nous a donné, cette année, un résultat que nous pourrions qualifier d’insuffisant, si par conséquent il laisse sérieuse- ment à désirer, les multiplications que nous avons obtenues nous ont donné quelques vives satisfactions. Nous vous demanderons la permission de vous en dire quelques mots. Le faisan de lady Amherst, introduit du Thibet, il y a cinq ans à peine, a reproduit cette année pour la première fois au Jardin d’acclimation. Ce magnifique oiseau promet à nos volières un rival en beauté du faisan doré de la Chine. Les faisans Vénérés, introduits en France, en 1865, par M. Dabry de Thiersant, nous ont donné cette année plus de soixante jeunes, et cet oiseau, aujourd’hui conquis non-seulement à nos volières, mais à nos chasses, est un de ceux à la vulgarisation duquel le Jardin aura le plus contribué. Le Tragopan de Temminck, du nord de la Chine, au plumage pourpre ocellé de taches bleuâtres, s’est multiplié aisément. Les Dauws ou Zèbres de Burchell, arrivés à l’âge adulte, ont pu conce- voir ; ils nous donneront celte année des produits de race pure, et aussi des métis résultant du croisement avec le cheval et avec l’âne. Ces mulets formeront, avec les mulets d’âne et d’hémione, de cheval et d’hémione, et avec les produits obtenus de la mule féconde avec le cheval et avec l’âne, une série du plus haut intérêt pour l'étude. L'utilisation, aujourd’hui sérieuse, pour les travaux les plus divers, de nos Dauws ou Zèbres de Burchell, nous a fait reconnaître dans ces animaux des qualités tout à fait extracrdinaires. [l est en effet difficile de concevoir un développement de forces plus grand que celui dont ces animanx font preuve. Que seront, au point de vue de l’usage, les mulets de ces animaux d’une puissance si incomparable ? Nous le saurons bientôt. JARDIN D'HYÈRES. Q Le Jardin d’Hyères a été, dans le cours de cette année, l’occasion de dé- penses que nous avons portées, les unes aux dépenses ordinaires s’élerant SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. xli] x à 282 fr. 20 c., les autres aux dépenses extraordinaires s’élevant à 7à07 fr. 55 c. | Les dépenses ordinaires résultent de l'exploitation même. — Elles ont été atténuées, cette année déjà, par les produits de l’entreprise, et nous les verrons, nous pouvons l’espérer, bientôt disparaître et être remplacées dans nos comptes par une recette. Mais il faut, dans une opération comme celle-ci, savoir attendre. — N’ou- blions pas, messieurs, que les produits du Jardin d'Hyères seront dus à la vente de plantes que nous aurons produites ; avant de récolter, il faut avoir semé. C’est ce que nous faisons activement, et nous pourrons, l’an prochain, à pareil jour, vous présenter, je l'espère, un compte des marchandises que nous avons et aurons produites, compte qui vous fera comprendre l’avenir très-sérieux de cette création. Il s’agit, vous le savez, de doter noire établissement parisien d’une suc- cursale qui, placée sous le beau ciel de la Provence, nous permette de multiplier, plus facilement et plus économiquement qu’au Bois de Boulogne, les animaux et les plantes à l'introduction desquels nous voulons concourir. Nous sommes, en ce moment, dans la période ingrate de notre tâche ; mais il faut que nous sachions préparer l'avenir, avenir qui, avant très-peu d’an- nées, rémunérera nos peines, nous pouvons l’espérer. Les dépenses extraordinaires relatives au Jardin d'Hyères se sont élevées a 7407 fr. 55 c. Vous avez compris que ce chiffre correspond à des frais relatifs à l’installation de notre exploitation. RECETTES ET DÉPENSES EXTRAORDINAIRES. Nous avons encaissé, dans le courant de 1874, la troisième et dernière annuilé que le conseil municipal de la ville de Paris nous avait accordée. Comme les années précédentes, nous avons porté celte recette aux recettes extraordinaires. Les dépenses extraordinaires effectuées dans le cours de la présente année sont indiquées dans le tableau annexé au présent rapport. Nous n’avons rien à vous dire de l’annuité payée aux souscripteurs des serres en vertu d’un traité. Obligé, avant la guerre, de suspendre l’amortis- sement relatif à cette opération, votre Conseil s’est empressé d'inscrire au budget de 1874 la dépense nécessaire pour reprendre le payement régulier qui nous laissera, dans quelques années, propriétaires des serres, et en par- ticulier du grand Jardin d’hiver qui fait l’ornement de notre établissement. Les écuries nouvelles, portées aux dépenses extraordinaires pour 81 377 fr. A0 C., étaient devenues absolument indispensables à notre exploitation. Il était impossible de laisser ce service aujourd’hui important dans nos anciens locaux, et votre Conseil, profitant de ce qu’en 1874 vous aviez encore une annuité de la ville à toucher, s’est décidé à voter la dépense nécessaire à cette construction. XIV SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Le kiosque des concerts construit en 1873 était payable, à notre choix, par annuités ou en une seule fois. Votre Conseil a pensé qu'il serait plus avantageux de solder cette installation (8000 fr.), sans profiter des délais que nous laissait le trailé conclu avec le constructeur. Nous avons dû, cette année encore, porter 25 762 fr. 20 c. aux travaux dits de restauration. Gette dépense est représentée par divers travaux d'ordres différents, qui ne souffraient aucun retard. Les uns résultaient de la restau- ration proprement dite du Jardin, les auires ont été motivés par les con- structions nouvelles qui ont été exécutées en vue d’améliorer les installa- tions des animaux et les facilités du service. Dans notre précédent rapport, nous avons établi que la restauration du Jardin d’acclimation avait coûté à votre Société 314630 fr. 45 c. En y ajoutant les 25 762 fr. 20 c., représentés par les nouvelles dépenses de res- tauration et l'augmentation du capital-animaux, dont nous vous avons entre- tenus plus haut, nous arrivons, pour la restauration du Jardin à ce jour, à un total de 447 355 francs, Et, si nous complétons ces chiffres par la valeur des constructions nouvelles exécutées depuis les événements qui avaient inter- : rompu votre exploitation (chenil, écuries nouvelles, kiosque des concerts), nous arrivons à un total de 521 429 fr. 90 c. Ces chiffres montrent que nous avons rempli la tâche que la ville de Paris nous avait imposée en nous allouant un subside de 180 000 fr. Ge subside nous a fourni le moyen de tenter la reconstitution de l’entre- prise, et nous avons eu le bonheur de réussir au delà des espérances que nous avions pu concevoir. On oublie, messieurs, que le 1° janvier 1872 le Jardin d’acclimatation n'existait plus quêé de nom. On nous dit qu'il faudrait songer à reconstituer la réserve prévue par les Statuts et se préoccuper de la rémunération du capital. Votre Conseil ne l’a pas oublié, mais il a voulu, avant tout, assurer la prospérité de votre entreprise sur des bases sérieuses. Avant de s'occuper de la réserve, il a pensé qu'il fallait que l’établissement fût mis en état de satisfaire le public, de l’intéresser, de lui plaire, Cette tâche est accomplie, Nous devons, dans l’avenir, faire deux parts des ressources que nous pro- curera l'exploitation. La première et la plus considérable servira à la consti- tution de la réserve statutaire, et ensuite à la rémunération du capital ; la seconde sera employée à poursuivre le développement de notre œuvre, Le gérant : JULES GRISARD. PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON 9, (l an Lane FAN, ns. # ue Deck (its reel Le (PRET, NE A « Ca Ait a Hi di "€ Ron. RE ses L LAS $ Ux 2& Ce Na eu Jp LR nn 4 ARE CRE TA EXP CAR BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIETE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 40 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAP. DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉIÉ ÉDUCATIONS D'OISEAUX FAITES À LA FAISANDERIE DE M. GUSTAVE ANDELLE A ÉPINAC (SAONE-ET-LOIRE) Far M. Achille FAUQUE —_——@ Monsieur le Président, Vous avez bien voulu me demander les notes que J'ai tenues, pendant ces dernières années, sur la reproduction des oiseaux confiés à mes soins. J'ai honneur de vous les adresser, je souhaite qu’elles vous offrent quelque intérêt. Elles sont l’expression de l’exacte vérité; si J'ai eu quel- ques succès, vous pourrez constater aussi les nombreux mécomptes que j'ai éprouvés, sans parler de plusieurs espèces qui ne m'ont jamais rien donné, comme les Crossopulons, les Colins lancéolés, les Francolins de l'Inde, etc., etc., dont cependant j'ai eu à plusieurs reprises différents sujets sans aucun résultat. Ce sont les oiseaux de montagne qui ont le mieux réussi jusqu'ici ; Épinac est situé en elfet à 350 mètres environ au- dessus du niveau de la mer, dans la chaîne de montagne qui 3° SÉRIE, T. Il. — Janvier 1875. 1 9 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. L4 L4 traverse l’Autunois. La température, généralement froide, descend quelquefois jusqu’à 20 et 22 degrés au-dessous de zéro. | : | | Les Faisans vénérés, de Swinhoë, dorés, argentés et ordi- naires, supportent facilement cette température rigoureuse ; ils couchent rarement dans l’intérieur des abris, qui sont ménagés à chaque volière. Depuis que nous possédons le Faisan de lady Amherst, nous n'avions pas eu plus de 10 de- _grés au-dessous de zéro; nous venons de descendre jusqu’à 15 degrés, ces oiseaux n'ont pas paru affectés de cette tempéra- ture. Ceux-là seuls ont pris la bonne habitude de coucher dans l'abri, auquel du reste il n’y a ni porte, ni fenêtres. Le sarrasin, les criblures de blé sont le fond de la nourri- ture de tous nos oiseaux ; les aquatiques, qui sont en liberté sur un grand bassin situé au milieu du jardin anglais, man- gent de l'orge, qui est placé sur une table à rebords, à quel- ques centimètres au-dessous de l’eau, de façon que les moi- neaux ne puissent vivre à leur dépens. De temps en temps, un peu d’alpisie, de millet, de moha de Hongrie, vient varier la nourriture des différents par- quets. À partir du 45 mars, un peu de chènevis, de l'œuf dur haché avec de la mie de pain rassis, sont distribués chaque jour pour activer la ponte. Des lentilles d’eau sont jetées sur le bassin quand cela est possible ; malheureusement elles sont rares dans ce pays granitique, elles ne poussent que tardive- ment, sur quelques mares, alimentées par des sources ; tous nos efforts pour en faire venir sur des mares artificielles ont été inutiles. Le transport en est plus difficile qu’on ne pourrait le supposer, elles s’échauffent facilement, jaunissent, et dans cet état les oiseaux ne veulent plus les manger. C’est cependant un auxiliaire presque indispensable pour obtenir des oiseaux d’eau des œufs fécondés en quantilé un peu no- table ; nous n'avons pu réussir qu’à cette condition malgré la liberté dont jouissent ces oiseaux qui circulent à volonté sur les pelouses et dans les massifs. Une autre chance de succès est le croisement incessant du sang des espèces qu’on veut élever ; J'évite autant que possible la consanguinité, et ÉDUCATIONS D'OISEAUX. 3 je cherche de même à me procurer des sujets de récente importation. Des Colins de Californie qui, dans le principe, donnaient un nombre considérable d'œufs fécondés, sont bien une preuve de cette nécessité. Vous avez eu l’obligeance de nous envoyer des sujets importés, aussilôt nous avons pu recom- mencer à faire un certain nombre d'élèves. Nous n'avions jamais produit qu’un nombre insignifiant de Faisans versico- lores ; cette année une femelle nous est arrivée du Japon, nous avons eu 22 jeunes, dont 12 sont venus à bien. Les Canards mandarins et de la Caroline en sont arrivés à ne presque plus donner que des œufs non fécondés ; le même résultat s’est produit chez un amateur des environs, qui avait cependant débuté par de beaux succès avec les oiseaux d’eau. Les houppifères de Swinhoë me paraissent s'élever moins facilement qu'il y a quelques années ; les faisans vénérés viennent de me donner la preuve du danger de la consangui- nité j'ai trouvé beaucoup de pelits : morts dans les œufs provenant d’un parquet dont le mâle était le frère des fe- melles, et cependant plus âgé qu’elles d’un an. Je n'avais pas eu cet inconvénient l’année dernière, aussi avec moitié moins d'œufs, j'avais élevé presque autant de sujets. Les femelles vénérées ne pondent pas toutes la première année; sur neuf que j'ai élevées, trois seulement ont donné des produits au printemps suivant. Sur les œufs relevés chaque jour, j’inscris : 1° La date de la ponte. 2° Le numéro du parquet, et, quand je le puis, celui de la femelle ; de cette façon il m’est facile de constater à l’incuba- üuon les qualités ou les défauts de chaque sujet reproducteur. Généralement je confie à des poules le soin de couver les œufs, cependant quelques houppifères m'ont donné d’excel- lents résultats ; je garde depuis sept ou huit ans une paire de houppifères de Cuvier, qui n’a jamais produit que des œuls clairs, et à la femelle de laquelle je puis confier l'incubation des œufs les plus précieux. C’est dans des boîtes, accrochées en hauteur dans l'abri des volières, que les houppifères font & SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. généralement leur ponte, et qu'ils couvent avec ardeur sans qu'on ait besoin de s’en occuper. Le mâle de Cuvier partage avec la femelle les soins de l'élevage, appelle les petits étran- . gers pour les faire manger, et les couve sous ses ailes aussi bien que la femelle. A cette époque seulement, il devient quelquefois méchant; c’est le seul inconvénient de son emploi. 1. Bassic. 5. Parquets d'élevage. 9. Grandes volières. 2. Élevage des jeunes canards. 6. Volières chauffées. 10. Chambre d’incubation. 3. Volières vitrées. 1. Petites volières. 11. Laboratoire. 4. Chsmbre des perroquets, etc. 8. Anciennes volières. ; ÉDUCATIONS D'OISEAUX. 5 La couverie est une pièce au rez-de-chaussée, un peu enfoncée dans le sol d’un côté, et généralement assez fraiche. Des rideaux d’étoffe brune, placés aux fenêtres, la rendent un peu obscure à volonté. Les couveuses sont mises dans des espèces de baquets ronds, : fermés par un couvercle que des liteaux élévent au-dessus du bord, l'air circule ainsi librement autour de la poule, qui est levée une demi-heure chaque matin afin qu’elle puisse manger et se poudrer dans du sable fin. Des cases à claires-voies sont disposées autour de la piêce, et les poules y sont mises une à une, ou deux à deux, sui- vant leur humeur plus ou moins querelleuse. Une petite auge pleine de grains de choix, un vase rempli d’eau sont devant chaque case, de cette façon les poules peuvent boire et man- ser tout en me laissant vaquer à d’autres occupations. J'ai souvent A0 couveuses à lever chaque matin, et ce travail ne demande pas plus de deux heures. Aussitôt cetle opé- ration terminée, les ordures sont enlevées rapidement ainsi que le sable sali, tout est remis en ordre, une éponge un peu mouillée vient rafraichir le sol de la chambre lorsqu'il fait chaud. | | Quand j'opère sur des œufs d’oiseaux aquatiques, j'ai soin de passer une éponge fine, légèrement humectée, sur les œufs avant de remettre la poule, pour remplacer les goutte- lettes d’eau que retient le duvet de la Cane. Au moyen d'un tableau dressé à cet effet, et dont je vous envoie le résumé de plusieurs années, il m’est facile de savoir Jour par jour quelle éclosion doit avoir lieu et ce que devien- nent mes élèves. Lorsque le petit commence à casser la coquille, quand l'œuf commence à bécher, comme on dit vulgairement, j’en- lève les œufs à la poule et les place dans le tiroir du couvoir Carbonnier, maintenu à une température convenable. C’est un instrument très-commode, qui me rend les plus grands services. J'ai coupé le tiroir en deux par une séparation, qui me permet d'y maintenir en même temps des œufs et des petits ; de cette façon je puis suivre tous les progrès de l’éclo- 6 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. sion, venir en aide à un oiseau trop faible pour achever le travail, et je ne cours pas le risque de voir de jeunes sujets être écrasés par une poule turbulente. Les petits peuvent rester vingt-quatre heures dans le couvoir sans manger ; quand ils ont pris de la force, je les mets sous une poule qui Lo (ii no | | D Vi qll OM Plan d'un parquet d'élevage. souvent n’est pas celle qui les a couvés. Lorsqu'elle les a bien adoptés, je les place avec elle dans la boîte d'élevage, ou même directement dans le parquet d'élevage dont je vous envoie un croquis; c’est ce que J'ai trouvé de plus commode jusqu'ici. d ÉDUCATIONS D'OISEAUX. 7 . Ces parquets se composent de deux parties ; l’une de 2",30 sur 2",50, grillée en avant, recouverte. d'un filet relevé en forme de pavillon par un support à tête arrondie, est gazon- née ; le centre et les angles sont plantés de petits arbustes tels que Buis ou Mahonias, une petite allée sablée en fait le tour ; l'autre, de 1 mètre sur 2,30, est toute en brique avec une porte à coulisse qui communique au parquet grillé, c’est à vrai dire une grande boîte d'élevage, qui a l'avantage d’être plus chaude en cas de froid et plus fraiche dans les grandes chaleurs, et dont les dimensions permettent d'y maintenir les jeunes sujets presque jusqu’à la fin de l’élevage. Une grille à claires-voies placée d’un côté renferme la poule, et l'empêche de manger ce que l’on donne aux petits de l’autre côté. Dans les premiers jours il est souvent bon de laisser la poule en liberté avec les petits ; alors une porte à claires-vaies est placée dans l'ouverture communiquant avec le parquet grillé où les petits peuvent aller à volonté. Le soir une porte pleine descend dans une feuillure. Cette partie maçonnée est recouverte d’un toit, légérement en pente d’un seul côté, et composé de trois morceaux. Le milieu est formé d’un châssis vitré, fixe, sous lequel est arrêté un filet à pelites mailles: à droite et à gauche sont deux parties en planche, retenues au châssis par des charnières qui permettent d'ouvrir à volonté pour nettoyer, donner à manger, etc., ete. Quand il fait chaud, l'un des côtés est rabaltu sur le vitrage pour faire ombre, l’autre s’entr’ouvre à volonté ; un filet mobile ferme ces deux parties. Un encadrement de bois, fixé à la maçonnerie, reçoit ee toit ; le châssis vitré est arrêté avecdes vis, deux traverses, creusées en forme de goutilières, maintiennent l’écartement de ce cadre et reçoivent l’eau, qui, dans les grandes pluies, peut passer entre le châssis et les parties mobiles. J’ai deux rangées de ces parquets, qui sont placés parallèlement et séparés par des massifs de fleurs. On construit en ce moment une troisième rangée de parquets, le dessus de l'abri formant étage servira à mettre les Colins de Californie adultes, ou d’autres oiseaux. Les séparations étant mobiles permettront de les utiliser comme petites volières au besoin. S SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. J'ai encore six volières vitrées et chauffées, où les petits oiseaux exotiques se reproduisent souvent. Les Tourterelles Turverts y ont très-bien réussi, et ont pu y élever leurs pelits. Généralement elles ne les couvent pas assez longtemps, le froid les gagne, les engourdit, la digestion s'arrête, et la mort arrive rapidement. Je me sers aussi parfois pour l'élevage de quelques-unes des huit grandes voliéres du jardin anglais. Tout le devant de l'abri est fermé de portes vitrées du haut en bas, et s’ou- vrant à volonté ; l'exposition au midi v maintient une bonne température, je suis même obligé l'été de mettre des toiles horizontalement sur la partie grillée, pour garantir du soleil. C'est là que j'ai élevé mes faisans de lady Amherst, mais plu- sieurs accidents survenus aux patles de ces oïseaux m'ont fait croire que je leur avais donné trop d'espace dès les pre- miers Jours (1). Tous les jeunes Faisans et Colins sont nourris d’une pâtée composée de criblures fines de riz crevé, séché, avec de la farine de maïs, mélangé avec de l'œuf dur et de la salade hachée ; quelquefois la mie de pain rassis remplace le riz crevé. Les œufs de fourmis sont donnés le plus possible. Au bout de quelque temps nous 3joutons des sauterelles et des grillons de boulanger, autant que nous pouvons nous en procurer. Le grain vient ensuite entrer dans l'alimentation de cette famille qui n’est réellement sauvée que lorsqu'elle a passé l'hiver. La chambre d'incubation, chauffée au besoin, et divisée en six compartiments indépendants me sert, pendant l'hiver, à abriter les oiseaux qui craignent le froïd, et qui passent (1) Ces lignes étaient écrites quand a paru au Bulletin l'observation de M. Mairei sur son élevage de Faisans de lady Amherst. Ses sujets et les nôtres proviennent du même envoi du Thibet, M. Mairet signale les mêmes accidents, il serait intéressant de savoir si ses jeunes ont élé mis en boîtes, ou en demi-liberté relative. Le Jardin d’acclimatation qui a si bien réussi dans l'élevage de ce beau Faisan (15 œufs, 43 éclosions, 13 élevés), les a maintenus fort longiemps dans un pelit epate. : ù ne SD En de ie D. A 2 à ÉDUCATIONS D OISEAUX. (a) l'été, en liberté, dans le jardin, tels que Grues couronnées, Demoiselles de Numidie, Grues d'Europe, Cigognes, Spa- tules, etc., elc. J'ai conservé un mâle de Grue couronnée pendant dix-huit ans, jamais aucune des trois femelles, qui ont tour à tour vécu en même temps que lui, n’a donné d'œufs; jamais non plus je n’ai remarqué d'accouplement. Même observation pour les autres échassiers de notre collection. À l'entrée du jardin anglais, en face de l’orangerie, est une autre pièce chauflée avec volière grillée extérieure. Elle renferme les Perroquets, Aras, Cacatoës, Perruches de Pen- nant, Omnicolores, Callopsites, Edwards, Ondulées, etc. Un compartiment est réservé aux Martins, Troupiales, Merles bronzés, Geais et Pies exotiques, grands Mainates, elc. La nourriture commune à ces derniers oiseaux se compose de mie de pain et de chénevis écrasé, de pain trempé dars du lait que tous mangent. très-volontiers, un peu de cœur de bœuf, coupé en petits morceaux et des fruits suivant la saison, comme régal, des sauterelles et des grillons de boulanger. À la vue du bocal contenant ces proies vivantes, tous arrivent avec empressement, et quelques-uns viennent même les prendre à la main. Tous ces oiseaux, réunis ensemble, se gênent pour la repro- duction. Le manque de volières nous empêche de les instal- ler isolément; quand nous avons pu le faire, nous avons pres- que toujours eu de jeunes sujets. Pendant plusieurs années, les Geais bleus ont produit régulièrement dans l’une des volières vitrées du jardin anglais, où ils passaient fort bien l'hiver. Malheureusement nous n'avons pu nous procurer des sujets importés pour ramener du sang nouveau, et l'élevage des Jeunes a fini par devenir impossible après plusieurs généra- tions. Les insectes vivants sont indispensables à la nourriture des petits. Dans ces volières, les Tourterelles Lumachelles et Longhups pondent régulièrement chaque année ; les Cardinaux verts et rouges, les Paroares huppés et non huppés se reproduisent 10 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. aussi, surtout quand nous employons ces installations pour l'élevage des jeunes Faisans et que nous donnons à discrétion la pâtée à l’œuf et les larves de fourmis. Les Perruches ondulées occupent un des doniyatataeriesk de la chambre chauffée et se reproduisent toute l’année; c’est pour cette espèce surtout qu’il est indispensable de ramener des sujets importés. Au bout de trois générations, 1l y a infé- condité presque complète, quelques œufs sont encore pondus, mais presque tous sont clairs. Cette année j'avais renouvelé la race, je m'étais procuré six paires importées; cinq femelles sont mortes presque tout de suite, une seule a survécu, elle a donné des jeunes, dont les femelles s’accouplant avec les mâles importés survivants ont continué à donner une race féconde, mais qui sans doute cessera bientôt de l'être. Permettez-moi, avant de terminer, de vous parler des grandes volières consiruites récemment et qui m’ont donné d'excellents résultats. Ces volières, dont je vous envoie un plan d'ensemble, ont chacune 18 mètres de long sur 4 de large, plus un abri de 4 mètres sur 3. Elles sont au nombre de six, communiquant l’une avec l’autre par des portes placées dans les abris et dans les parties grillées, ce qui en rend le service très-facile. | La disposition du sol, incliné suivant le grand axe, fait qu'elles se présentent en amphithéâtres et qu'elles sont extrêmement saines. C’est là que nous gardons nos espèces les plus précieuses. Une tôle verticale de 0*,70 de hauteur empêche les oiseaux de se tourmenter d’une volière à l’autre. Toute la partie grillée est gazonnée et plantée de plusieurs massifs d’arbrisseaux, une allée sablée en fait le tour. Tous les sujets que nous y avons mis nous ont donné un grand nombre d'œufs fécondés, ce que j'attribue à cette ap- parence de liberté et à l'herbe qu’ils ont à discrétion, comme dans l’état de nature; mais cette liberté a ses inconvémients, les sujets deviennent plus farouches, à la moindre peur ils prennent leur vol et viennent se jeter contre les sriliages, et se tuent quelquefois. Pour y remédier nous avons dû tendre dans chu sobre - ÉDUCATIONS D'OISEAUX. 14 deux filets verticaux à mailles de 2 centimétres et demi ; ces filets trempés dans l'huile bouillante prennent une couleur qui les fait disparaître à la vue. Ils sont attachés au-dessus de la volière et aux montants verticaux, et 'pendent à 0",70 au-dessus du sol. Les oiseaux peuvent passer dessous libre- ment, et s'ils prennent leur vol ils se jettent dans ces filets sans se faire le moindre mal. Je suis convaincu qu’avec des volières de ce genre, on obtiendrait la reproduction de presque tous les oiseaux. Elles sont coûteuses à établir, mais la vente des oiseaux de prix vient bientôt en couvrir les frais ; nous avons été assez heu- reux pour le vérifier cette année. Pour les oiseaux craignant le froid, l'abri peut être fermé de portes et fenêtres vitrées et chauffé au besoin. Nous avons eu la preuve que les oiseaux peuvent repro- duire aussitôt qu’ils trouvent une installation à leur goût ; nous avons gardé six ans un Troupiale qui chantait parfaite- ment et que nous devions croire un mâle ; nous l'avons mis un Jour dans une volière du jardin anglais, où se trouvait par hasard accrochée au mur une bûche creusée en forme de nid ; nous l’avons bientôt vu y porter tout ce qu’il pouvait trouver, il y a pondu 5 œufs qu’il s’est mis à couver avec ardeur, malheureusement il était seul. Deux Tourterelles grivelées ont vécu plusieurs années dans la chambre aux Perroquets ; au printemps dernier elles ont été mises dans ces mêmes volières, elles ont trouvé un nid qui leur a convenu, c’étaient deux femelles, qui toutes deux se sont mises à pondre, et dont l’une est morte en faisant son œuf. Il y aurait encore bien à dire sur ce sujet, aucun livre ne peut remplacer l'expérience personnelle, mais en France peu de gens s’occupent de ces questions si intéressantes, et nous sommes bien dépassés par la Belgique et la Hollande, où le goût des animaux est très-répandu et les soins donnés avec beaucoup d'intelligence. La création du Jardin d’acclimatation a eu pour premier résultat de développer le goût des animaux dans notre pays, ? SOCIETE D ACCLIMATATION. C2 12 *NVT4 LT NOFIVAYTA » *SOIQI[OA SOpPUTIS SP SV CLR ES > To POS ee ER cmeneE =. v Le el mc. De Sn) PIRE ee ER EE CRT ENT SR =" On MR TR NDS = Tee —— KE < = Kerr - ESS] RS RRERNRNNNNNNT RRRRKKKKRKRRKRRKKKKKKS EN INIIIQÇK NN EN à NS : NI | ANR PP 13 DUCATIONS D OISEAUX. LA ” LE À “oSvAopo,p sjoubued sop ox, queams adno9 ‘G — "SOJQIIOA Sopuei$ sop XE,j Juuarns adn0o") ‘] 14 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. mais l'expérience manque encore à beaucoup d'amateurs trop nouveaux, que l’insuccès dégoûte promptement. Ils ne con- naissent pas la devise bien vieille cependant et toujours vraie d’un des tableaux du château de Sully, où est né le maréchal de Mac-Mahon : De chiens, d'oiseaux, d’armes, d’amours Pour une joye, cent doulours. TABLEAUX. ÉDUCATIONS D'OISEAUX. 15 Tableau des reproductions d'oiseaux obtenues chez M. G. Andeille en 1994, 1892, 1933, 1974. É | 2 = é ÉLEVÉS 8 ER PU EE 2 | — ESPÈCES. = Ê 22.) & LENS ® & | TOTAL: A AEARERIRERE 5 2 = CA Fa M = ER } 1871. Husansdorés:..484 4 À 2 |. .99 1. |] 453 36 8 Gr => 2% — Hargentés..0h..2.h. 29 9 5) 45 7 d) 12 2 Mymelanotuss et 1/iEt | 412 2 3 7 3 d'hs":4 — de Swinhoë(1 couple) 9 » » y l RE — vénérés (4 couple)..| 44 D 1n2 10 3 A0) be) 07 — versicolores ....... 6 l » 2 » L ouai laimdiens.i.ve..l 0. - 64 30 6 25 SNL Se EN EG — métis indiens-versic®| 30 13 » 17 9 & | 43 — ordinaires. ........ 57 29 n 24 8 7 15 Colins de Californie. ....... A6 19 Î 26 6 6) 11 Canards de la Caroline . .... 58 99 5 16 6) 6 | 11 À ebMandanins : 24, 3.4 b 8 l 2H 6 Canards de Bahama ....... 3 1 1 1 » » 1 Oies Bernaches ........... 12 6 » 6 » » f — d'Égypte............ 3 4 » 2 » » 2 — du Canada. .......... l 1 1 2 ». » 2 | ÉÉréppses :. K°.:.4. .... FE. 4 » » 1 » » 1 } Tourterelles longhups ...... » » » » » » k | Colombes lumachelles. ..... » » » » » » { Perruches callopsittes . . .... » » » » » » 2 san | 197 | 40 | 207 | 60 | 55 | 432 18572. | Faisans de Swinhoë........ id. a D » 7] 4 1 5) — vénérés (1 & 2 ,9).| 27 2 2 23 6 | 12 18 — versicolores........ LL 98 18 2 3 » 2 > on Hindiens . |. 4... 4: 1043 16 ll 23 niet 13 —— ordinaires........., A3 40 5 28 JA40 19 MMDIanCs.. fi... 0.6 0 | 19 D) 3 11 li 6) 9 & HET TNA SRE ren 8 2 » 6 » 5 5 À Colins de Californie........ 67 20 NEUAS 7 | 40 47 | Canards de la Caroline ..... | 6 » 2 2 ceMaudatins ..- LKR. nl 4 7} 9. 4 » 1 | Canards de Bahama........ 6 » 2 fl 0) » 3 À diesBernaches . .. 2... .... 20 9 11 10 » DTA ES. A — d'Égypte ............ 8 Î » 71 » » | 5 — du Canada........... ) 3 » UT 0) 2 PÉRÉRBSES Le. PB... 4. un 4 1 DANS » | { Tourterelles longhups...... » » » » | » » | 2 Colombes lumachelles. ..... ne 112» » DAS » 2 Perruches callopsittes. ..... CP » » » » 1 = 'TONMUICESE. 1e » » » Dites » 2 | Cardinaux verts........... MN ME » » 3 2 hi SLA Re 77 a DU )10 190 46 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. TOTAL. cassés Morts dans l'œuf. Bien cclos. pee] = E ESPÈCES. | 5 5 FA | —— F au et — | ———— | ———— | | ——— | ? î Faisans argentés ERP REEE 18 5) 2 11 3 l 4 — -melanotus 2e eee ) 1 » 7 2 3 5 — de Swinhioë 22e 9 » » 9 > A 6 — vénérés (2 9,3 9).| 54 [1 ü 46.| 42 | 19 31 2 Gndiens #68... Ter Al 18 8 45 2 3 5 À 2225) fordinaires:. Le: 215 81 13 3 18 7 6 13 — lances... Ju 38 5 h 291149 5 17 centrés. 2 67.\1:20 1 40 3 4 6 5 4 6 LPoons ie del: 0 eee 44 2 » 42 7 2 9 | Dindons sauvages ......... MA |: 10.]:.4:|..27.f Hal b OEM | Colins de Californie. ....... 65 | 46 | 321:46:4d91b47 ss Métis Colins Houï-Sonnini... 6 2 4 -3 3 » 3 | À Canards de la Caroline. .... 65 27 8 30 p) 6 44 —: tnyrogas . 12)... 10 l 4 5 3 2 5 L Dies befnaches 0 10 16 10 » 6 49) » 6 ='dheypies. 232710 1 » » 1 » » 1 LÉ — duuCanada, .. à... 4. 9 4 | 7 » » 5 | Céreopses Fe. Le. ur «7 5 2 » 3 » » 2 ! Tourterelles Jlonghups...... » » » » » AE — Burverk.:". 2.4: » » » » » » ‘4 DRE 3 | Faisans d’'Amherst(1@,1,0).| 13 » » 13 5 n 9 _"arsentes (A GS di » » » » 4 n 5 — Swinhoë (3,4 9).| 30 2 3 25 2/14 14 — vénérés (2 g', 4 ,9).|. 89 18 :: 47 59 | 29: 49 Al — versicolores({g,3,9)) 54 EN US 22 7 5 12 == rbrdinairess EIRE | » » DTA ere 9 6 41 — métis ordin®$ vénérés. 28 7 2 49 8 9 47 RU ucendrés "LIL. RE LE. 6 » » » |.» L ni PP Dlanes LATE RES | » » » D. J #2 2 lPaons A. Er EN (ti | » » » 1 1 2 | | Dindons sauvages ......... Br » » » » » 1 Francolins d'Adanson......! 46 A 4 14 » » | 7 À Colins de Californie... ..... | 95 8 |: .4.|. s6#b4Wr hotte" | Canards de la Carole. :\.-1. 35 | 27 5 9 » ! h À OMMANAATMS. 4. . - sl. de À | | ll 2 » 2 Canardsumyroeas Lt £ 01. 4. 87 2 D ANA dass 4 | = (dé Bahamas... 1. 8 » » 8 » » 7 | Oies bernaches........... CAES An » 6 » » 5 À Tourterelles longhups. .. ... » » DAFT » » | 4 | nm: Turverise .. 2.40 ln » » » » » 2 | Colombes lumachelles. ..... Fc » | » » » » 3 À | Cardinaux verts .......... » » » 6 À Perruches ondulées........ » » » 41 DÉVIDAGE DES COCONS DES ATTACUS QUELQUES MOTS EN RÉPONSE AU MÉMOIRE DE M. VICENTE DE LA ROCHE Par M. Christian LE DOUX a J'ai lu avec beaucoup d'attention le mémoire de M. Vicente de la Roche inséré dans le Bulletin de la Société d’acclimata- tion du mois d'octobre 1874; et cela devait être puisque je suis au nombre des personnes qui, comme le dit l’auteur, ont inventé des appareils nouveaux pour dévider les cocons ouverts. La découverte de M. de la Roche est un fait très-intéressant pour les naturalistes, et si, suivant moi, elle n’a pas pour le lilateur l'importance qu’il lui attribue, 1l est certain qu'elle constitue une observation fort curieuse pour la science. Les difficultés qu'il a fallu surmonter pour observer le Ver de l’A- tacus Spondiæ pendant son travail, et recueillir le liquide émis par l’insecte sont incontestables ; et l'analyse de ce liquide a son uulité comme confirmation de l'emploi du carbonate de po- tasse conseillé par plusieurs chimistes. Mais ce que je ne puis admettre ; ce que je ne puis laisser inséré dans votre Bulletin sans réfutation, c’est la prétention de M. de la Roche d’avoir élé par sa découverte l’instigateur des travaux des inventeurs français qui ont cherché à dévider les cocons ouverts. Il est des choses qui peuvent se discuter; d’autres au con- traire pour lesquelles des dates certaines rendent tout doute nnpossible. C’est précisément dans ce dernier ordre de faits que se trouve classée la réclamation que je crois devoir vous présenter, et dont je sollicite l'insertion dans le Bulletin de la Société d’acclimatation. | M. Vicente de la Roche, en vous adressant le mémoire qui nous occupe en ce moment, indique (page 618 du Bulletin) le 12 juin 1869 pour date de sa découverte « qu’ila perfec- » tonnée le 16 janvier 1870, en définissant bien la loi qui régit » les Aftacus». Ï] a annoncé, je cite textuellement « cette dé- » couverte depuis le commencement presque telle qu’elle est, 39 SÉRIE, T. Il. — Janvier 1875. 2 18 .SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. » n’hésitant plus que sur le mode de l’appliquer à l’industrie. » Les travaux de la Société d’acclimatation ont tant d’in- » fluence sur la propagation desconnaissances utiles au monde, » que l’annonce seule de ma découverte dans son Bulletin, » et la discussion qui a eu lieu ont suffi pour que les fileurs » appliquent à l'industrie, et abandonnent les anciens appa- » reils que l’on emploie pour dévider les cocons à fils con- » tinus comme ceux du Müûrier, avec lesquéls ils prétendaient » dévider ceux des Atfacus à fils coupés, inventant d’autres » appareils nouveaux. » Nécessairement tout individu qui n’est pas au courant de la question croira, après avoir lu ces passages du mémoire de M. Vicente de la Roche, que l'industrie lui est redevable de tous les perfectionnements qui ont été ou seront apportés au dévidage des cocons ouverts; or M. Forgemol avait pris un brevet de quinze ans pour un système de dévidage des cocons ouverts au moyen d'un appareil de son invention à la date du h décembre 1861 sous le n° 52 157, c'est-à-dire plus de sept ans avant la découverte de M. de la Roche. Avec cet appareil notre collègue a dévidé les cocons d’Affacus aurota, Cramer que lui avait remis la Société d’acclimatation dont la soie a figuré à l'Exposition des Orientalistes et à celle des Insectes. En présence de ces dates certaines puisqu'elles sont établies par la décla- ration de l’auteur du mémoire d’une part, et de l’autre par le dépôt du brevet au mimistère de l’agriculture et du com- merce, subsidiairement par le catalogue des brevets d’inven- tion pris en France, M. de la Roche pourrait-il avoir la pré- tention de soutenir que sa découverte a eu quelque influence sur l'invention de M. le docteur Forgemol? Évidemment non. Il en est de même pour les chrysalides artificielles en caout- chouc dont le brevet qui les protège est de trois années anté- rieur à la découverte de M. de la Roche. L’inventeur est donc dans des conditions identiques, et n’a pu être influencé dans ses idées par le mémoire du correspondant de la Société d'acclimatation. Malgré l'ignorance dans laquelle il était des lois qui régissent les Aééacus, dont M. de la Roche déclare la connaissance indispensable pour parvenir au dévidage des DÉVIDAGE DES COCONS DES ATTACUS. 19 cocons ouverts, 1l a pu cependant lui aussi vous présenter de la soie grége d’Attacus aurota dévidée au moyen de ses chry- salides artificielles ; soie admise à l'Exposition du concours régional de la Lozère où elle a obtenu une mention hono- rable. M. Vicente de la Roche n’est donc pas fondé à dire (page 638 du Bulletin) : «La création de nouveaux appareils » autres que ceux que l’on employait auparavant pour tenter » de dévider les cocons du Cyntlua est due à ce que l’on savait » déjà par ma loi des Aféacus que les fils étaient rompus, et » que ces cocons ne pouvaient se dévider avec les appareils » qu'on employait pour les cocons du Ver du mürier. » Quant à l’augmeniation du prix des cocons de Cyntlua elle n'est pas, comme le suppose M. de la Roche, la conséquence de l'application de sa découverte ayant facilité le dévidage de ces cocons par la raison que l’on n’est pas encore parvenu à opérer ce dévidage 2ndustriellement, bien entendu ; on en est encore aux réussites de laboratoire. Enfin je signalerai une dernière erreur ; l’auteur dit, page 638 du Bulletin : « Les divers échantillons de soie grége ou » dévidée qui ont été présentés au Palais de l’industrie, ainsi » que les tissus préparés avec ces soles, tels que les quatre » petits châles brochés de couleurs différentes, et du brillant » le plus vif sont dus, je le répète, à ce que ma découverte a » servi aux filateurs de ces soies dévidées, et de ces tissus pour » faire leurs nouveaux appareils. » Au contraire ces quatre pelits châles brochés, de couleurs différentes et du brillant le plus vif, sont bien le produit de dévidages, mais de dévidages de cocons fermés d’Atfacus Pernyti obtenus au domaine de la Mandria, près Turin, et non de soies tirées de cocons ouverts. En terminant je répéterai ce que je disais dans la notice intitulée : Revendication pour la France de la découverte de la vaccine (1) suuM cuiQUuE. En effet on doit, à M. Vicente de la Roche, une découverte scientifique, aux inventeurs français des découvertes industrielles. (4) Bulletin de la Société d'agriculture, industrie, sciences et arts du département de la Lozère. Septembre-Octobre, 1873, NOTE SUR LA MALADIE DES CITRONNIERS Par M. HÉRITTE Consul de France à Messine. D ——— Je me suis procuré, en parcourant quelques propriétés, des informations verbales relativement à la maladie qui sévit depuis huit à dix ans sur les Citronniers, informations d’au- tant plus utiles pour nous qu’elles intéressent également notre possession de Corse, qui trouve dans un arbre de la même famille, le Cédratier, l’une des principales sources de sa richesse. | Les Citronniers sont peut-être, de tous les arbres cultivés, ceux qui procurent les bénéfices les plus grands et les mieux assurés. Si l’on peut à peu près remplacer le vinaigre par du citron, en revanche, rien ne peut remplacer le citron. De là l'exportation de quantités prodigieuses des produits des Ci- tronniers, soit sous forme de fruits cueillis verts, soit sous forme de jus concentrés ou crus, préparés pour être employés soit dans la teinturerie, soit en boisson. Les citrons bien venus et sains sont exportés comme fruils, après avoir été enveloppés dans des papiers soyeux et poreux ; les plus petits et les plus défectueux sont destinés au pressurage. Je ne parle pas ici des variétés de Citronniers à fruits doux, comme le Cédratier, qui donne des fruits énormes que l’on coupe et que l’on confit dans du sucre, ni comme le Bergamotier dont le fruit sert à faire l'essence de ce nom. Cette essence s’ob- tient en coupant le zeste à travers ses pores odorants, puis en absorbant à l'aide d’une éponge le suc essentiel mis à jour par ces incisions, et ensuile en exprimant ce suc dans de l’eau sur laquelle il surnage et d’où on le retire aisément. Je parle seulement du CGitronnier ordinaire, à fruit acide, ie plus utile, le plus lucratif et le plus culuvé. MALADIE DES CITRONNIERS, 21 Quand on songe qu’un Citronnier peut rapporter chaque année 100 francs et même plus, on s'explique l’immense développement qu'a pris cette culture. Il faut remarquer en outre qu'elle n’entraine que fort peu de main-d'œuvre et de frais, autres que ceux de première mise. — Le sol et de l’eau, c'est à peu près tout ce qu’elle exige. Les propriétaires n’ont même pas la peine de faire les récoltes, celles-ci se vendant toujours sur pied et par avance, dés que le fruit commence à se former. Les risques sont au compte des entre- preneurs. Ceux-ci, en nombre assez restreint vu le grand capital nécessaire pour ces opérations, accaparent les fruits de tout une contrée, et, comme 1ls les paient comptant aux petits cultivateurs qui sont ordinairement gênés, ils font la loi et se ménagent des bénéfices considérables. Aussi la culture des Citronniers a-t-elle acquis une grande extension partout où elle est possible, et particulièrement dans la contrée de Messine, comme sur toule la côte orien- tale de la Sicile et sur celle de la Calabre. Le citron est un fruit dur, résistant, difficile à entamer, supportant parfaite- ment, une fois cueilli, la pression et l'attente. Les oranges sont beaucoup plus délicates et exposent à plus de perte. D'ailleurs les Orangers, précisément à cause de cette même délicatesse de tempérament, ne résistent pas aux vents de la côte comme les Gitronniers. L’Oranger est plutôt un arbre de l’intérieur, des sites chauds et garantis. Il est donc plus facile et plus lucratif de cultiver les Gitronniers. Les fortunes que cette denrée a procurées tant aux propriétaires fonciers qu'aux commerçants et commissionnaires qui sy adonnent sont incalculables. Une infinité de propriétaires et de cultiva- teurs avaient placé tousleurs capitaux et trouvaient tous leurs revenus dans ces plantalions. Dès lors, on a poussé à outrance cette culture et forcé démesurément la production. Un intérêt inconsidéré a fait dédaigner les conditions rationnelles de distance entre chaque plant; enfin on a négligé de soigner les arbres, de les neltoyer, de les émonder ; on s’est unique- ment appliqué à excéder les forces de la nature sans y aider le moins du monde. D’un arbre originaire des terrains secs 929 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. et ardents de la Médie et de la Perse, où ilne produisait que peu de fruits, on a fait un arbre de verger, de terrains hu- mides, et qui, fortement arrosé et fumé, donne infiniment plus de produits. En faussant ainsi de toute façon les lois de la nature, on a fini par la trouver rebelle. De cette rupture de l'équilibre naturel et normal sont nés de graves désordres ; par exemple, pour l’homme et les animaux, le typhus et autres épidémies, résultat de l'encombrement, et, pour Îles végétaux, la rouille des céréales, l’oïdium et le Phylloxera de la vigne, la maladie des vers à soie, la pourriture des pommes de terre, du ver de l’olive, la maladie des vamilliers, ete. Probablement par les mêmes causes, un mal gangréneux a fini par se jeter sur les Citronniers et y exerce, depuis déjà trop longiemps, des ravages désasireux. Ce mal on le nomme la sécheresse, parce que, envahissant l'arbre tantôt par les racines, tantôt par l'extrémité de ses tiges, il occasionne, dans l’un comme dans l’autre cas, un dessèchement de ces tiges, qui va graduellement en gagnant tout le végétal. On voit alors celui-ci s’étioler de plus en plus, ses feuilles jaunir, ses fruits se rapelisser, se raccornir et enfin disparaître. Par- fois, on découvre des traces de pourriture, qui tantôt provien- nent de l’intérieur, tantôt ne se développent qu’à ia surface. On affirme qu’on a fait de nombreuses études pour recon- naître la nature de la maladie et y trouver un remède, et que tout a été vain. Le fléau continue à faire partout des dégâts immenses, à anéantir graduellement toutes les an- ciennes plantations et à accumuler les ruines. Je dois mal- heureusement ajouter que j'ai observé bien des Orangers qui étaient atteints de cette même maladie, et l’on m’a assuré que les Bergamotiers eux-mêmes, ici comme en Calabre, notam- ment à Regsio, commençaient à être contaminés. Néanmoins dans ces dernières années, on a eu recours, en vue de l’avenir, à un procédé qui paraît devoir réussir. Il consiste à greffer les boutures de Citronniers sains sur des tiges de Bigaradier cu Oranger sauvage, qui est d’une essence robuste et donne des fruits amers. Les sujets que l’on obtient ainsi sont d’une vigueur de végétation, d’une intensité de MALADIE DES CITRONNIERS. 23 verdure, d’un luxe de développement extraordinaires. Dans toutes les plantations d'anciens Citronniers, on substitue de ces jeunes plants aux vieux arbres, et jusqu’ici on s’en trouve satisfait, bien que les arbres ne soient pas encore assez âgés pour donner des fruits. Ce n’est, en effet, qu'au bout de huit à dix ans qu’un Citronnier commence à produire, mais alors 1l devient, pour une longue série d'années, une vraie source de fortune. — Il reste à expérimenter si l'infection des milieux, soit par le sol, soit par l'atmosphère, ne se pro- pagera pas, après une période plus ou moins longue, sur les nouveaux plants! C’est une constatation que le temps seul aménera. Jusque-là que de peines et de dépenses, — qui seront peut-être inutiles ! Qu'il me soit permis de rappeler, en terminant, une parti- - cularité qui m'est personnelle. Quand je dirigeais le consulat du cap de Bonne-Espé- rance, J'avais souvent remarqué dans les ravins et forêts sauvages où jé poussais fréquemment mes explorations d’his- toire naturelle, la magnificence de végétation et la saine vigueur de la vigne sauvage et de ses produits consistant en gros grains noirâtres et âpres. J'avais alors proposé à la Société d’acclimatation (voyez le Bulletin du mois de février 1867) de faire des essais de grefle de vigne saine sur des plants de vigne sauvage, pensant qu’on obtiendrait alors une plante assez vigoureuse pour résister, comme le fait la vigne indigène en Amérique, aux causes d’épidémie. Ce fait me revient naturellement à l'esprit, lorsque je vois qu’on n’a trouvé d'autre moyen d’obvier à la maladie des Citronniers qu’à l’aide de greffe sur des sujets sauvages, et que d’autre part, je lis dans des publications spéciales que « l’adminis- » ration supérieure de nos colonies fait étudier, pour parer » à la maladie actuelle des vanilliers, le perfectionnement » des espèces sauvages de ces plantes qui poussent spontané- » ment dans les forêts et sont d’une nature plus robuste que » les espèces depuis longtemps cultivées ». Je n'ai qu’à livrer ces considérations à l'appréciation des hommes compétents. RAPPORT SUR LES CONIFÈRES CULTIVÉES AU CHESNAY-SUR-ÉCOS (EURE) Par M. le vicomte de PULLIGNY Messieurs, Le rapport que j'ai l'honneur de déposer entre vos mains et sur lequel j'ose appeler toute votre bienveillante attention, est le résumé des travaux que j'ai entrepris depuis de longues années, pour acclimater et propager en France de nouveaux végétaux présentant un immense intérêt au double point de vue du reboisement, du commerce eL de l’industrie des bois, ainsi que de ra ar des parcs paysagers, sAuare et Jardins publics. C'est sur l’intéressante famille des Conifères, celle qui re- présente le printemps perpétuel, que mon attention Fest portée tout d’abord; mais, avant de commencer mes essais avec quelque chance de réussite sérieuse, j'ai voulu étudier ces arbres chez eux dans leur propre pays, afin de m’identi- fier aux milieux dans lesquels ils croissent spontanément. De retour dans ma chère France, il m'a semblé que le pays que j'habitais était celui qui réunissait le plus complétement les conditions nécessaires à mes essais d'acclimatation, et je me suis mis de suite à l’œuvre. Ici, messieurs, je vous demanderai la permission de vous décrire en quelques lignes la situation du Chesnay ainsi que la nature de ses différents terrains. Le Chesnay-Haguest est placé à Ecos, chef-lieu de canton de l'arrondissement des Andelys (Eure). Il occupe le sommet d'un plateau, point le plus élevé de la haute Normandie; la vue s'étend en effet sur quatre départements, Eure, Seine- Inférieure, Oise et Seine-et-Oise ; l'horizon a près de 60 kilo- mêtres de tour, CONIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 25 jien que la propriété et ses dépendances renferment A00 hectares, répartis sur une portion de la circonférence du plateau, les plantations de Conifères n’ont été faites, en grande partie, que dansle parc qui en contient 50. Je m'em- presse d'ajouter que ce parc est merveilleusement situé pour la culture des essences résineuses. Outre la question d’altitude, qui est d’une très-grande im- portance, il y a ici des mouvements de terre naturels avec pentes abruptes, aboutissant à des vallées profondes, entre- coupées d’eaux vives et limpides. Les dessous de bois, aux clairières ombreuses, permettent l'élevage des espèces croissant naturellement loin des rayons lumineux, tandis que les grandes ombres projetées par les hautes futaies de chênes seront plus propices aux genres déli- cats qui demandent un abri contre tel ou tel vent, ou une exposition à tel ou tel autre. L'intérieur du sol correspond à cette nature tourmentée, et résume sur un espace relativement restreint plusieurs époques des révolutions d’un autre âge. Cest d’abord l’alluvium ancien, reposant sur l'argile plas- tique supérieure, puis le calcaire grossier pur ou mêlé de sable, le sable blanc, une autre couche de calcaire, le sable jaune et l'eau. Quelques alluvions contemporaines dans les portions maré- cageuses situées au-dessous de l’éconlement des sources sont caractérisées par la présence de la tourbe, mélangée plus ou moins de formations limoneuses avec tests de coquilles vivantes paludéennes et terrestres. On comprendra facilement que ces couches ne se suivent pas régulièrement dans l’ordre indiqué, car, par suite des . convulsions de la période quaternaire, qui a dénudé les co- teaux ét creusé les vallées, le calcaire ou le sable remplacent sur les pentes l’humus et l'argile du sommet du plateau. Cette diversité de terrains nous a permis d'appliquer, au- tant que possible à chaque espèce, le sol que nous lui pen- sions le plus favorable. Et maintenant, messieurs, que j'ai exposé ces notions indis- 26 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. pensables de topographie et de géologie, je vais passer à l’exa- men des sujets les plus intéressants. Sur prés de trois cents espèces que renferme l’importante famille des Conifères, il faut bien en compter un tiers qui ne sont, comme les Anglais les désignent, que de simples variétés de jardins, Garden variety, et n ’offrent qu'un intérêt com- plétement secondaire. Dans ce qui reste, il y a encore un choix important à faire, car beaucoup ne sont pas de pleine terre, du moins sous le climat de Paris; d’autres ne présentent que peu d’attrait au poini de vue de la décoration, ou une parfaite nullité sous celui du reboisement. C'est dans cette première catégorie que se place la éribu des Taxinées. L. — TAXINÉES. Qui ne connaît la lenteur décourageante avec laquelle poussent les Ifs? La vie d’un homme suffit à peine pour les voir élever de quelques mètres; en vérité l’on doit se dire qu’en présence des genres nouveaux d'une croissance si ra- pide, il faudrait être bien arriéré pour planter ces arbres d’un autre âge autrement que comme échantillons. La qualité vé- néneuse de leurs rameaux doit encore les faire écarter des parcs que fréquentent les animaux. Citons néanmoins pour mémoire nos Taxus baccata et py- ramidalis fastigiata de 3",20 de hauteur. Les Podocarpus ne sont pas de pleine terre dans le Vexin. Les Cephalotazus Fortune et drupacea,et même les Sales- buria placés dans les meilleures conditions biens y végéter à regret. Mais si cette tribu est une cause de déception sous notre | climat de Normandie, il n’en est pas de même de célle des Cupressinées, dont plusieurs espèces atteignent les dimensions les plus élevées. | Le premier groupe qui se présente, celui des Jaunperus, est fort répandu en Europe et en Amérique. En Virginie, au Ten- nessee, on’ le distingue de loin par sa verdure légèrement CONIFÈRES GULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 7 roussâtre, qui se détache et tranche en hiver sur les Chênes, Frênes, Érables et autres végétaux dépourvus de feuillage. Pour dire toute la vérité, Je dois ajouter que ces genévriers qui produisent un effet assez pittoresque dans les éclaircies des forêts américaines, ne présentent dans nos parcs qu’un charme très-médiocre. Nous pensons que leur vraie place est dans les squares, où leur rusticité les met à l’abri des nom- breuses causes d’altération qui rêgnent dans les villes. Quant aux espèces de Chine, de l'Himalaya, du Nepaul, du Mexique, elles souffrent beaucoup de nos froids. Seul, le Juniperus communis peut nous rendre d'immenses services en poussant, non-seulement dans les dessous de bois, mais encore là où le Bouleau et le Gytise lui-même refusent de prendre racine. À la suite des Genévriers, les Cyprès. Ils n’en diffèrent que par leur aspect profondément triste comme leur nom. Qui n’a visite les cimetières d'Italie, où ces longues rangées de Cyprès, si bien nommés funéraires, étalent leurs noires py- ramides, lugubres fantômes qui font peur la nuit et jettent, le jour, dans l’âme une sombre mélancolie trop en rapport avec le lieu qui les renferme. Toutes les autres espèces semblent emprunter quelque chose à ce nom néfaste, aussi nous n’en comprenons l'emploi qu'avec une extrême réserve. Nous avons ici Cupressus thyoides ou Chamæcyparis sphæ roidea de 8 à 9 mètres de haut, Cupressus Lawsoniana ou Chamæcyparis Lawsoniana, le nuthkaensis, Thuopsis boreals, et une ravissante miniature envoyée par Veitch, le célèbre horticulteur anglais, c’est le Retinospora où Chamaæcyparis filicoides. Ce sont à peu près les seuls, selon nous, que l’on puisse risquer dans la décoration. Vous voudrez bien excuser, messieurs, la précipitation avec laquelle je parcours les rangs trop pressés de ces arbres sur lesquels on a fait tant de bruit, pour arriver aux sujets réelle- ment dignes d’attirer l’attention de l'artiste. De ce nombre est le genre Thuya. Bien que le Thuya occidental présente dans sa jeunesse des 28 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. formes un peu rondes, il prend plus tard an aspect tellement sauvage, que nous n'hésitons pas à le considérer comme l’un des arbres les plus réussis pour les grandes scènes, dans les plus vastes compositions. C’est sur les bords du lac Huron, au milieu des forêts de Bouleau à canot et d'Érable à sucre, ou bien encore dans l'ile de Mackinaw, dans celle des Outardes, dans celle des Serpents, qu'il faut voir ce monstre à la chevelure hérissée, aux longs bras osseux, démenant avec rage et furie ses membres crispés par le marasme de la tempête. Chaque rafale lui arrache quelque lambeau de parure souillé d’écume et de limon; il mugit sous les efforts de la tourmente, se roule presque sur lui-même, puis se relève pour se tordre encore dans le délire d’une épouvantable agonie. À ce moment, des bandes de liêvres blancs comme l’hermine se précipitent, affolés de terreur, hors des terriers qu'ils se sont creusés sous son ombre, dans la neige, dont le manteau de ouate moelleuse couvre la terre de plusieurs pieds d’épais- seur. Plus heureux que l'arbre qui ne peut fuir, ils cherchent un abri dans la profondeur des forêts que Je cyclone ne saurait atteindre ; mais lui, le choc passé, il se relève radieux, quoique criblé de blessures, et s’apprête à un nouveau combat. Malgré tout l'intérêt que cet arbre présente dans nos plan- talions, l’on doit reconnaitre qu'il est encore dépassé par les nouvelles espèces de provenance californienne. Le Thuya Lobbu, qui atteint 30 mètres, le Craigana ou Libocedrus decurrens, le gigantea, qui dépasse 50 mètres. De plus, ces végétaux sont d’une croissance tellement rapide, que quelques-uns, plantés ici depuis peu d'années, atteignent déjà plusieurs mètres de hauteur ; aussi leur avons-nous donné la préférence pour les planter en avenue. Nous avons encore le Thuya nutal, le glauca, Y'occiden- talis aurea, très-curieux par sa teinte dorée, le filiformis, variété ancienne, mais fort Jolie. Passons sur le Biota orientalis, qui prend ici de très-belles proportions, pour arriver au Cryptomeria japonica. Gette CONIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 29 espèce, lorsque le sujet cominence à prendre de l’âge, est véri- tablement merveilleuse. Qu'on se figure un immense candélabre aux bras gracieu- sement recourbés, terminés chacun par une multitude de pe- lites pommes bistrées de l'effet le plus saisissant. Cet arbre est bien franchement exotique, il a certainement dù inspirer Jà pagode aux Chinois. On dirait l’un de ces énormes calamites de la période carbo- mfère, où bien encore un gracieux Lepidodendron, où un fantastique Wa/chia de l’époque permienne ressuscités par lillustre Brongniart. Dans un bois de Cryptomères, nous en possédons plusieurs de très-élevés, un entre autres de plus de 30 pieds (10",30) sur 90 centimêtres de tour à 5 pieds du sol. Nous avons aussi le Cryptomerra eleqans, plus nouveau et beaucoup plus petit. Mais il me tarde, messieurs, d'arriver à ces arbres que l’on appelle les géants du règne végétal, je veux parler des Se- quota. C’est encore en Californie, cette terre promise des richesses de toute nature, que nous irons admirer ces incomparables prodiges dont plusieurs mesurent plus de 130 mètres sur 30 à 35 de circonférence. On à pu voir, pendant quelques années, au palais de Sy- denham, une bille de 40 mètres sur 10 de large, provenant de l’un de ces arbres. À San-Francisco, où elle fut exposée dans le principe, on avait disposé à l’intérieur unc chainbre ornée de meubles, d’un piano même, et où quarante personnes pouvaient se tenir assises. Malheureusement, lors de lincen- die du palais, les Anglais, en gens pratiques, ont sauvé les machines à coudre, les mannequins-réclames de Hottentots, d’Ashantees, de Zeclandais, et laissé détruire par le feu cet unique spécimen, perte irréparable pour l’Europe, à moins toutefois que les Américains ne consentent à lever le veto, qu'ils ont mis prudemment sur ceux qui restent encore ; espé- rons qu'ils ne commettront pas cette profanation. De même que le Thuvya gigantesque et le Taxodier toujours 30 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. vert, le Wellingtonia est planté ici en avenue ; mais l’on ne saurait les présenter, même ceux qui sont isolés, comme te- nant le premier rang de hauteur parmi #os nouvelles espèces; l’un d’eux cependant atteint de 19 à 20 pieds sur 60 centi- mètres de tour. Il n’en est pas de même des Sequoia sempervirens, dont plusieurs ont près de 32 pieds de haut (10,50) sur 4",20 de. circonférence. Si l’on considère qu’un individu de cette taille couvre déjà un espace de 50 mètres carrés, c’est-à-dire un demi-are, on se demande avec inquiétude quelle sera l’étendue occupée par les branches, lorsque l'arbre aura atteint son entière croissance. Il y a tant d'avenir dans ces deux Conifères que nous wavons pas craint de les planter par centaine. Le Taxodium distichum terminant cette tribu, nous allons examiner la suivante, celle des Abiétinées. Il. — ABIÉTINÉES. Si je ne craignais, messieurs, d’abuser de votre bienveil- lance, je vous dirais qu’il en est des arbres comme des per- _sonnes : les uns ont le don de vous plaire, d'attirer vos sym- pathies; d’autres, au contraire, vous laissent froids, quelquefois même vous sont complètement antipathiques. Oserai-je vous avouer que je range le Mélèze dans cette ca- tégorie ? | Mais aussi pourquoi perd-il ses feuilles l'hiver? Où le pla- cer dans une composition artistique? Il n’est n1 Chêne, ni Sapin ; il ne rachète pas sa profonde tristesse par le charme du Cyprès chauve ou par le saisissant attrait du Gingko à deux lobes ; peut-être son effet de printemps et surtout sa facilité à s’accommoder des plus mauvais sols, pourront-ils plaider en sa faveur? Mais 1l y a déja tant de choix dans cette ravissante tribu, que nous alions essayer de motiver notre indifférence à son égard. Voici d’abord les Cèdres, celui du Liban en tête, le plus de CONIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 31 ancien, mais toujours grandiose, puis l’Aflanhica, au feuil- lage plus sombre, enfin le Deodara et ses variétés. « Ici, il faut se découvrir, » dit un jour un de nos amis, saluant humblement notre grand Deodara, V'un des plus grands d'Europe, s’il n’est le plus élevé. | En effet, il nous fut donné par le Jardin du Roi et planté deux ans après celui qui occupait la malencontreuse Butte des Copeaux. Cet arbre ayant péri par la gelée, le nôtre est passé au premier rang. Voici ses dimensions : Hauteur, 35 pieds (11",66), jusqu’à la dernière courbure, la pousse de l’année en plus, bien entendu; circonférence, 1°,10. Il couvre une surface de 55 mètres carrés. Nous en possédons plusieurs autres de 9",50 sur 80 à 90 centimètres de tour, mais aucun n’est aussi important que celui-ci. | On. trouve encore au Chesnay le Deodara robusta, de 5",86 sur 30 centimètres de grosseur, le Deodara viridis, de h mètres, et enfin des Cèdres de l’Atlas, de 8",50 sur 60 cen- timètres de circonférence. Malgré notre profonde admiration pour le Déodara, nous devons reconnaître son infériorité quant à l'équilibre sur les Cèdres du Liban et de l'Atlas. En effet, sa charpente pêche essentiellement par l’ossature, qui est trop maigre, et surtout mal arrimée; lorsque le vent attaque en dessous ses longues branches un peu décharnées, il cause d’inévitables avaries qui se traduisent par des déchi- rures préjudiciables à l'effet. Ces inconvénients existent beau- coup moins dans le Deodara robusta, et comme il est tout aussi rustique, on devra peut-être lui donner la préférence. C’est ici que se termine la série des arbres que nous appel- lerons complémentaires, parce qu’ils forment le cortège obligé de toute création vraiment digne de ce nom. [1 nous reste à étudier la base même de la composition, la pièce fondamentale, dont les autres ne sont que les acces- soires. C’est un tableau sur lequel nous avons tracé les fleurs, mais le fond estencore à peindre, et de sa teinte plus ou moins heureuse résultera l'harmonie indispensable de la toile. D] 32 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. C’est ainsi que nous comprenons dans les parcs le jeu des Pins et des Sapins, un rôle de repoussoir destiné à faire chan- ter les arbres d’élite placés sur les premiers plans. Cette théorie néanmoins n'exclut pas, dans les très-vastes tracés, les bois composés d’une seule essence relevée par un sujet plus délicat ou plus rare, choisi dans les Sapins même ou parmi les Pins. Ainsi le majestueux ÆEpicea, au maintien calme et sévère, pourra faire chanter le Sapin oriental, tout grâce et poésie. Le Pinsapo, aux masses imposantes, contraslera avec le pittoresque Sapin de Douglas, tandis que celui de Smith tran- chera par sa verdure et ses formes candides sur les fonds du rigide Pectiné. Aux flancs des coteaux, les Sapimettes noire, blanche, bleue, aux contours décidés, un peu brusques même, seront mouve- mentées par le léger Menziezsri, aux allures indécises. Le torrent mugira sous les Sapins du Canada, aux tumul- tueuses rafales, tandis que les futaies ou les lointains rappels de Laricio, de Pin du Lord, de Noir d'Autriche, de Pin d'Écosse, appelleront le calme grandiose des vastes forêts des deux mondes. | Dans cette multitude d'espèces nouvelles ou anciennes, où l'on n’a que l'embarras d'un choix judicieux, nous allons comme plus haut reprendre la classification botanique, qui est aussi la plus logique et la plus facile à saisir. Au premier rang des Sapins à cône droit, à feuilles aplaties et argentées en dessous, se place l’Abtes taxifolia. Nous re- grettons que son nom français de Sapin de Normandie n’ait pas assez de prestige pour le protéger contre les froids tardifs de mai, qui le gélent réguliérement tous les ans à cette époque. Le pectinata pendula est une variété intéressante. L’Abtes Fraseri, planté il y a peu d’années, dépasse déjà 2 mètres. | L'Audsoniana est un buisson qui ne s'élève pas à plus de 4",50. Bien qu'il soit en place depuis huit ans, il est resté fort pelil et voici pourquoi, | CUNIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 39 Tant que les pépiniéristes s'obsuineront à élever leurs plants en pots ou en godets, et cela dans le but de gagner artificiel- lement en taille ce qu'ils perdent en racines utiles, nous éprouverons un retard de plusieurs années dans la végétation, car ces racines euchevêtrées, comprimées dans une course fatalement circulaire, ne prendront leur essor que longtemps après la mise en place. Un plant élevé en pleine terre permet au contraire d’étendre les racines et de leur donner une direction normale au mo- ment même de la plantation. Achetez une fleur en pot et non pas un arbre, à moins qu'il n'ait pas plus d’un an ou deux de semis. Dans cette condition vous réussirez toujours et vos sujets dépasseront ceux de dix ans d'âge. Mais continuons. Nordmanniana, grandis, Gordoniana, sont encore jeunes. Apollinis, Reginæ Amalæ le sont également. Voici des Ares cephalonica de 7",80 sur une circonférence de 90 centimètres à 1°,65 de haut. Ce sont de fort beaux Sapins, parfaitement faits, offrant déjà plus de 20 mètres d'étendue circulaire à la base. Ici, messieurs, je vous demanderai la permission de faire une pause, Car nous sommes arrivés au picd du sujet le plus curieux de nos plantalions. Au milieu d’un groupe de Pinsapos déjà trés-élevés, se dresse un arbre, véritable colosse. Il forme un vaste cône, tronqué au sommet, composé d’un tourbillon de branches hérissées de pointes aiguës, qui rendent son accès absolument inabordable. Ce n’esl qu'avec une peine infinie et à l’aide d’une disposition spéciale, que nous pouvons constater une circonférence du tronc de 1",50 à hauteur d'homme. Quant à l’élévation, nous l’obtenons par un système aussi simple que primitif. Notre propre ombre ou, ce qui est plus pratique, celle d'an juon d’un mètre fiché en terre bien droit donne 2",10; l'ombre du Pinsapo 26 mètres. Se sSÈRIE, T. Il, — Janvier 1875, 3 34 SOCIÉTÉ D'AGCLIMATATION. La longueur d'une branche basse mesurée à la gaule est de 5,50. | R:— 9 AUERC: — 59 Cercle — circonf. X 1/2 R — 90 m. c. Nous avons donc en hauteur 10",40 et au périmètre 90 mé- tres carrés, tout près d’un are. Cet arbre monumental fut planté en 184$, mrais il était resté ici {rois ans en arboretum, il nous avait été donné à l’âge de cinq ans par le Jardin du Roi. Or, comme le Pinsapo fut découvert en 1837 et semé en 4839, il est de la série de la première année d'introduction, 1l a par conséquent trente- qualtre ans. | Véritable tour de Babel, il donne l’idée de la confusion des langues. | En hiver, des quantités d’oiseaux de nuit, trompés par les profondes ténèbres de l'arbre, qu'ils prennent pour la forêt, y trouvent un refuge inviolable; ce n’est qu'en batiant les branches avec bruit que les Chouettes, Orfraies, Ghevèches, voire même grands et moyens Ducs, sortent à regret éblouis par la lumière du jour. L'été, les Ramiers, Pies, Geais, Pies- Grièches v installent des nids superposés, et rien ne saurait déceler ces heureux habitants, s'ils ne se trahissaient eux- mêmes par ur indiscrel babillage ou une intempestive sortie. C’est lorsqu'il porte sa brillante couronne de cônes, que ce Sapin est vraiment superbe, c'est à ce moment aussi que les nombreux amateurs qui viennent lui rendre visite sont le plus agréablement 1mpressionnés. Mais continuons notre course, car nous sommes quelque peu en relard. 3 A la suite du Pinsapo se présentent deux Abiétinées de lHi- nalaya, le spectabrles où Webbriana et le Pindrow, tous deux excessivement sensibles à la gelée, et cependant sur deux Pen- drow, plantés à côté l'un de l’autre dans le même sol, à la ni imis dti té ÈS, à A à d sh tél her ds CONIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 39 même exposition, l'un ne perd que lextrémité de ses ra- meaux, qui se reforment à la manière de ceux du pectinata, tandis que l’autre, ainsi que les spectabilis, voit chaque été mourir toutes ses branches basses. Il ne reste au sommet qu'un bouquet de rameaux plantureux ornés de feuilles énormes. Depuis plusieurs années, un de ces Webbriana, de 4",40 de haut, se couronne régulièrement de nombreux et splendides cônes rouge de feu d'un effet saisissant. Le nobilis encore jeune termine cette section. Le premier des Sapins à cônes pendants, feuilles tétragones ou angulaires, est l’Abtes excelsa. Quiconque a visité les montagnes de Suisse, d'Italie, d’Au- triche ou autres, et vu la facilité avec laquelle une simple ra - cine soutient un Epicéa au-dessus des rocs les plus arides, comprendra sans peine quel parti nous avons dû tirer de cet arbre dans les sols les plus ingrats. | Ses variétés, pendula et tenufoha, sonttout aussi rustiques. Nous passerons les Abres nigra, alba et cœrulea, et nous cilerons un oréentalis de dix-neuf pieds de haut (6,30), sur 50 centimètres de tour. Rien de plus gracicux, de plus distingué que cet arbre, un des plus grands de nos cultures. Citons encore le Henziezu, de 5",50, l'Engelmanni, très- jeune, et le Morinda où Smitliana, espèce de beaucoup d'avenir. Nous en avons une allée, dont un côté fut greffé et l’autre planté de graines. Pas de différence appréciable, ils ont tous environ vingt-six à vingt-sept pieds (5,80). L'Abres Canadensis est un arbre trop peu compris pour que nous n’en fassions pas une mention spéciale. Sa légéreté, sa grâce inimitable, son port tout à fait artis- tique et, de plus, la facilité qu’il a de pousser à l'ombre des futaies, doivent le recommander tout spécialement. Lorsque, perdu dans les solitudes du Nouveau Monde, j'er- rails pendant de longs mois d’hiver dans les forêts du Michi- gan, c'élait toujours le Sapin du Canada qui marquait par se masse de verdure létape du campement nocturne, 36 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Là, tandis que le sauvage choisissait mystérieusement les arbres qui devaient alimenter notre fover, j'abaltais à grands coups de hache, mais avec un profond serrement de cœur, ces rameaux protecieurs qui allaient nous isoler pendant quelque temps de la froide neige. Ce n’était à vrai dire qu’un abri éphémère, qu'une salisfaclion passagère donnée aux idées d'hygiène que j'avais puisées sur les bancs de l’école, car une heure à peine écoulée, la chaleur du corps et celle du foyer faisaient fondre la neige à travers les branches, et nous nous trouvions dormir les pieds dans le feu et le corps sur une nappe fondante. C'est sous l’ombre profonde, projetée par les Pins aux som- mets vertigineux, que pousse, au bord de quelque source, cet arbre véritablement étrange par le contraste de son tronc énorme et de ses larges branch£s d'un vert si gai, étalées sur la neige même, et d'autant plus serrées que les ténèbres sont plus épaisses sur sa têle. Tous les Pins qui l'entourent, semblables à de grands mâts dépouillés de leurs vergues, se pressent, s’étouffent, montent, oravilent sans cesse vers l’asire dont ils s'efforcent vainement de trouver la lumière. | Pas une branche re vient égayer leur tige dénudée, ct ce n’est qu’à plus de cent pieds que commence une verdure indé: cise, houlant sourdement sous le coup d’un vent qui ne peu la saisir. C’est le bruit d'un océan lointain dont les lames tumul- tueuses se brisent contre les grèves, puis le gémissement cesse et le calme reparaît, non pas le calme d'une nature vivante, mais le silence qui fait froid, quelque chose comme la tombe. Puis soudain un bruit strident, terrible, qui vous glace d’effroi. C’est un vieux Pin qui tombe tout d’une masse sous le poids de la neige et des ans. La forêt hurle et sc tord sous la puissante étreinte de ce grand arbre qui s'écroule. Des tour- billons de neige volent en cascade, car plus de cent sujets ont dù s’incliner jusqu’à terre pour laisser passer le corps du monarque qui n’est plus, puis tout rentre dans le repos. CONIFÈRES CULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 37 Nous avons ici de très-beaux Ares Canadensis, mais un arbre les surpasse encore et attire l'attention autant par le vert ravissant de son feuillage que par sa taille élevée, c’est l’Abres Douglasii, de trente et un pieds et demi (10",40) sur 75 cen- timètres de tour. Get admirable Sapin clôt la liste des Abies. Les Pins qui leur succèdent, quoique moins intéressants, renferment encore des sujets des plus remarquables. Parmi les Pins à deux feuilles, nous citerons d’abord les anciennes espèces, indispensables pour former les fonds de reboisement dans les terres légères. Sylvestris et scotica, qui deviennent fort beaux; Haquenau et Saqgau, plus tortueux, indépendants, se refusent à toute direction ; Austriaca, le plus joli et le moins difficile à la re- prise, même dans les plus mauvais sols. Puis Taurica, Pallasiana, de plus de 10 mêtres. Larico, splendide.et très-sérieuse espèce, donnant des pousses d'un mètre de haut par an, admirablement bien filé. Pinaster, Pin maritime, semis de 1846, plusieurs ont plus de 40 centimètres de diamètre. Dans les Pins de deux à trois feuilles, Æalepensis, le Pin de Jérusalem, quoique délicat, atteint 6 mêtres au bout de quel- ques années. Abschasika, qui lui ressemble, p‘raît beaucoup plus rustique; planté à la même époque, 1l s'élève à vingt- trois pieds (7",60) avec un tronc de 90 centimètres de tour. Pinea, le Pin pignon, aussi vigoureux qu'un pensionnaire de la villa Borghèse, donne des cônes dont les graines mûres serment sous les arbres, même dans leur enveloppe. Le groupe des Pins à trois feuilles, composé en grande partie d’espèces californiennes et orégoniennes, représente la vitalité et la vigoureuse végétation, que nous sommes accou- Lumés à trouver dans les Comifères de ces provenances. Les Pinus Jeffreyi et Beardsleyi, quoique acclimatés depuis bien peu d’années, atteignent quinze à dix-huit pieds (5 à 6 mêtres) de hauteur; ils produisent même des cônes. Leur port élancé et leur contenance robuste annoncent beaucoup d'avenir. Le Pinus Sabiniana, encore plus élevé et de 55 centimèé- 38 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. tres de circonférence, quoique plus grêle, promet de devenir un arbre de première grandeur ; ses feuilles glauques, de 20 à 15 centimètres, lui donnent un aspect étrange; mais le plus curieux de tous ceux de ce groupe est sans contredit le Pinus australis. Nous en avions ici deux, l’un a gelé en 1870, l’autre s’est maintenu, il a même près de 5 mètres sur 30 centimètres de tour. Il balance au vent sa lourde tête, qu’il ne peut parvenir à dresser, ses belles feuilles de 30 centimètres et d'un vert si puissant, l’entrainant sans cesse, il souffre évidemment de cette contrainte; mais, de la lutte perpétuelle qu’il engage avec le vent, il résulte un effet tellement pittoresque que nous le conseillons comme l'espèce la plus propre à décorer le bord des eaux. ( | Le ponderosa existe aussi au Chesnay. Il est très-délicat, et nous avons perdu l’insignis, qui a gelé ayant 3 mêtres de hauteur. Enfin la dernière section, celle des Pins à cinq feuilles, nous présente d’abord le Cimbro, très-insignifiant, puis deux espèces voisines, l’une ancienne et l’autre nouvelle. Le Strobus pousse ici avec une vigueur sans pareille ; mais le plus remarquable de tous les Pins est sans contredit le Pinus excelsa. Ce grand arbre de l'Himalaya réunit toutes les qualités : croissance extraordinaire, incomparable beauté, cônes très- combustibles, trois fois plus volumineux que ceux du Sérabus américain, rameaux pleureurs d’un effet saisissant. Nous en avons qui, en fort peu d'années, ont atteint la hau- teur prodigieuse de itrente-quatre pieds (11",30) sur une gros- seur de 65 centimètres. Ils couvrent déjà 50 à 60 mètres de terrain. Quant à l’Araucaria imbricata, quoiqu'il y en ait plusieurs ici, et même quelques-uns de beaux, nous ne saurions nous prononcer, et nous préférons attendre pour étudier encore se caprices. Maintenant, messieurs, que nous avons esquissé à la hâte les caractères des principaux arbres verts du Chesnay, nous CONIFÈRES GULTIVÉS AU CHESNAY (EURE). 30 demandons, avant de terminer ce premier rapport, la permis- sion de vous expliquer en fort peu de mots comment nous pra- tiquons nos plantations. Nous avons planté ici près de 5000 Conifères, et soit que nous formions des avenues ou des groupes, de simples bor- dures ou des futaies, nous espaçons nos: arbres de 3 à 4 méë- tres. | Après quelques années, et lorsque les branches basses com- mencent à se toucher, nous sacrifions à chaque arbre d’entre- deux de quatre à cinq couronnes. Tous les cinq ans, nous abations de nonvelles couronnes, jusqu’à ce que, à une époque probablement éloignée, le sujet de remplissage, n'ayant plus que la tête et pas de branches, nous le supprimons complé- tement, ce qui espacera la plantation de 7 à 8 mètres. De cette façon on obtient deux avantages, d’abord jouis- sance perpétuelle du contact des arbres, ensuite absence de branches mortes dans la partie basse, ce qui ne manque pas d'arriver lorsqne les sujets sont trop rapprochés. : En avenues, nous plaçons généralement un Pin comme remplissage, cet arbre étant moins encombrant et supportant plus facilement l’élagage. Ce n'est que dans ces conditions d’équilibre que la planta- tion à espaces restreints est possible. Il faut certainement beaucoup de courage pour élaguer des arbres rares déjà forts, mais c'est le seul moyen d'obtenir de beaux sujets bien garnis de branches, ce qui est tout le charme des Conifères. Ajoutons, en terminant, qu’une Pa imprévue de cet aménagement est que, les.jours de grande fête, les églises des environs jouissent du singulier privilége de recevoir des décorations aussi neuves que rares de branches de Crypto- mères, Taxodiers, Hemlocks, Thuyas, Pinsapos, etc., à rendre jalouses les paroisses les plus fleuries de la capitale. J. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES À LA SOCIÉTÉ, NOTICE SUR LES ÉDUCATIONS D'UN BOMBYCIEN SÉRICIGÈNE MÉTIS DES ATTACUS YAMA-MAI G. Mén. ET PERNYI G. Mén. Par M. BERCE. Membre de la Société entomologique de France, lauréat de la Société d'acclimatation. . PREMIÈRE GÉNÉRATION EN FRANCE. Le 24 mai 1874, M.E. Deyrolle m'a remis 50 œufs, prove- nant d’un accouplement de l’Aéffacus Yama-mai, G. Mén., et de l’Attacus Pernyt, G. Mén., sans indication des sexes du couple générateur. Ces œufs sont éclos le 29 mai (47 sur 50). Posées immédiatement sur de frais rameaux de chêne commun, les petites chenilles ont mangé tout de suite. Elles sont noires, à tête rouge, absolument comme celles du Pernyt typique. A la première mue, qui a eu lieu le 3 juin, elles sont deve- nues vertes, à tubercules orangés. Le 4 juillet, elles ont accompli leur quatrième mue, et le 10 suivant elles ont commencé à filer ; le 29, toutes étaient en CoCons. Ces cocons sont semblables à ceux de l’Attacus Pernyi quant à la forme, mais ils sont d’une couleur intermédiaire entre ceux de Yama-maï et ceux de Pernyr; la soie dont ils sont formés me parait plus fine que celle de Pernyi, et se rapproche davantage de celle de Yama-mai. Néanmoins je ne puis rien décider, ni quant au rendement, ni quant à la qualité de cette soie. C’est une question à résoudre. Les chenilles adultes ne me paraissent pas offrir de diffé- rence bien sensible avec celles de l’Arfacus Pernyi. Les éclosions des papillons ont eu lieu depuis le 7 août ÉDUCATION D'UN PBOMBYCIEN SÉRICIGÈNE, 1 jusqu’au 20 du même mois ; cependant une dizaine de cocons ne sont pas éclos, et ont encore aujourd’hui (27 novembre) leurs chrysalides bien vivantes. C’est une réserve pour le printemps prochain, ce qui a déjà été observé pour l’Affacus Pernyi, ainsi que pour des espèces indigènes bivollines. Les papillons se sont généralement bien développés, bien accouplés, et les femelles n’ont pas tardé à pondre (180 à 200 œufs). L’accouplement dure souvent vingt-quatre heures. Un mâle s’est accouplé une seconde fois avec une nouvelle femelle, mais les œufs de cette femelle étaient presque tous inféconds. Une femelle, après être restée accouplée vingt-quatre heures, a-pondu et s’est accouplée de nouveau avec un mâle qui venait d'éclore. DEUXIÈME GÉNÉRATION EN FRANCE. Les premiers œufs pondus le 8 août sont éclos le 24 du même mois ; les petites chenilles sont semblables aux précé- dentes, c'est-à-dire noires, à tête rouge. Elles mangent bien. Le 20 octobre, quelques-unes ont atteint toute leur taille et commencent à filer. Le 10 novembre, il n’en reste plus que quelques-unes, que le froid et la nourriture peu succulente, empêcheront proba- blement d'accomplir toute leur évolution; cependant cela n'est pas Impossible, si l’on veut prendre la peine de les tenir chaudement, car on peut encore leur procurer une nourriture suffisante. | En résumé, cette race me parait très-rustique, peu déli- cale sur la qualité de la nourriture, car dans cette seconde , éducation, ainsi que dans la première, sur plus de 500 che- milles, je n’ai observé aucun cas de maladie, ni taches noires, ni flacherie, par conséquent pas de mortalité. Le seul incon- vénient pour la réussite de cette deuxième éducation dépend de là température de l’année et de l’époque de léclosion des jeunes chenilles. A2 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Il est donc essentiel de forcer cette époque en maintenant les œufs à une bonne chaleur. On a toutes les chances de réussir lorsque l’éclosion ne dépasse pas le 25 août, et que l'année n’est ni froide nt pluvieuse. On peut du reste y remé- dier en partie en faisant son éducation dans un local bien abrité, bien exposé et bien aéré. Je dois observer, pour les amateurs qui voudraient se livrer à l'éducation de cette race, qu’il est important de tenir les jeunes chenilles enfermées au moins jusqu'à la deuxième mue, Sous une gaze ou dans uné caisse à toile métallique, car elles sont très-vagabondes ; à l'air libre, elles ne restent pas sur les rameaux de chêne et courent de tous côtés. Ainsi, le 26 août, j'avais posé sur des rameaux en carafe 50 jeunes chenilles qui venaient d’éclore, le lendemain toutes avaient disparu. | Après la deuxième mue, elles sont plus sédentaires. Néan- moins on en perd toujours quelques-unes. J'observe encore que ces chenilles aiment beaucoup le soleil; pendant les journées froides du printemps et de l’au- tomne elles ne mangent absolument pas; mais, vienne un rayon de soleil, elles s’agitent et dévorent. Je les arrose mé- diocrement, et encore, pendant l'été seulement. Je suis de plus en plus convaincu que ce qui a fait avorter les éducations de ces espèces du chêne, c’est le local peu approprié, humidité, froid, et surtout absence de soleil. J'espère l’année prochaine pouvoir disposer d’une assez bonne quantité d'œufs (1). (1) Les sujets des intéressantes éducations de M. E. Berce provenaient des élevages de M. Haury, à Prague (Bohême), qui avait obtenu des accou- plements féconds entre les deux espèces de Bombyciens du chêne, produc- teurs de soie. M. Haury à élevé, en 1873, deux générations des hybrides, et les deux éducations de M. Berce à Paris, en 1874, correspondent très- probablement aux quatrième et cinquième générations. Suivant la loi ordi- naire de l'hybridation entre espèces très-voisines, les métis tiennent beaucoup plus de l’une des deux espèces, l’Atiacus Pernyt, G. Mén. que de l'A. Yama- ma, G. Mén., et les sujets de la quatrième génération probablement, pré- sentés à la Société, se différencient à peu près uniquement par les cocons d'avec le type Pernyi:; de même les métis des Vers à soie de l’ailante et du ÉDUCATION D'UN BOMBYCIEN SÉRICIGÈNE. h3 ricin reviennent, au boul de quelques générations, à l'espèce de lailante, A. cynthia, Drury; vera, G. Mén. Les mélis des deux espèces du chêne sont restés bivoltins dans notre climat, comme l’A. Pernyi, tandis que l'A. Yama-maï est univoltin. Environ cinquante œufs des mêmes métis furent remis en septembre à M. J. Fallou, archiviste de la Société entomologique de France. L'éducation des chenilles sorties de ces œufs se prolongea très-longtemps. Elles sont restées exposées à l’air, et leur croissance fut très-lente en raison des basses températures dues à la saison avancée. Elles ne mangeaient avec avidité que lorsqu'on les exposait au soleil ; elles eurent toujours en abondance des feuilles de chêne fraîches, sur des rameaux maintenus dans des pots de grès opaques, où l’eau ne pouvait être altérée par la lumière. A la fin de novembre 1874 ces chenilles furent rapportées à Paris, et placées dans une chambre chauffée de 16 degrés à 18 dezrés centigrades. C’est seulement alors que les plus robustes ont filé leurs cocons, environ une douzaine ; les autres, trop faibles, sont mortes peu à peu. La chaleur est donc nécessaire aux métis comme aux espèces types. Il faudra ou bien hâter la seconde génération de l’année, ainsi que le conseille M. Berce, en chauffant, ou bien, au contraire, retarder par la glacière les chrysalides de la première génération de l’année afin d'obtenir la seconde assez tard pour que les chrysalides puissent passer l’hiver, c’est-à-dire rendre É métis univoltins comme les Yama-maï, au he de les laisser bi- voltins, à la facon des Pernyi. Il résulte de tous ces faits que l'éducation de cette robuste race de métis, arrivée par les soins de M. Berce jusqu’à la cinquième génération probable- ment, est digne de toute l'attention de la Société, qui verra avec salisfac- tion la suite des expériences en 1875. — M. GIRARD. III. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. me SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 JANVIER 4875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. — Le procès-verbal de la séance précédente est Iu et adopté. — M. lé Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis par le conseil : Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. Nicolas Meyer. Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. Docteur Médal. Chauviteau. Drouyn de Lhuys. Raveret-Wattel. Drouyn de Lhuys. Joubert. | Jouenne. Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. Maurice Girard. Drouyn de Lhuys. Ch. Pacqueteau. Van der Sluys. E. Decroix. Gindre-Malherbe. Raveret-Wattel. Crouyn de Lhuys. Ramel. Raveret-Wattel. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Comte d’Éprémesnil, René Caillaud. Drouyn de Lhuys. (A. Geoffroy Saint-Hilaire. CHEVAL (Joseph-Adolphe), rentier, 15, rue Jean- | Robert, à Paris. CROCG (le docteur J.), chef de service à l'hôpital] St-Jean, à Bruxelles (Belgique). DuLONG pu Rosnay (le comle), propriétaire, 43, | rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. | FERY (l'ierre-Théodore), propriétaire, 114, rue | d'Orléans, à Neuilly (Seine). GORRY-BOUTEAU (Pierre), à Belleville, près | Thouars (Deux-Sèvres). JAMAIN (Augusie), propriétaire au Petit-Fouge- rais, commune de Thouarsais Bouidroux, près la Caillière (Vendée). MAUGER-BICHARD (Thomas), propriétaire, édi- teur de la Gazette officielle de Guernesev, 1, Clifton-Terrasse, à Guernesey (Angleterre). ù PEIRIÈRE (Léon), éludiant en droit, 54, rue | d’Assas, Paris. PIcuoT (Pierre), directeur de la Revue britan- nique, 132, boulevard Haussmann, à Paris. TRIOU (Paul), propriétaire, à la Chataigneraie (Vendée), PROCÈS-VERBAUX. A5 — M. Vavin cxpriine ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. — La Société de géographie adresse divers ducuments relaufs au Congrès international des sciences géographiques qui doit avoir lieu à Paris, au mois de mars prochain. — La Commission des conférences de la salle Oller, sollicite le concours de la Société pour l'œuvre qu’elle a entreprise. — L’Inshuilution Smithsonienne, de Washington, réclame deux numéros de notre Bulletin qui ne lui sont pas par- venus. — MM. Bordé, baron Dellard, marquis Lezzani et Arthur des Jamonières, adressent des remerciments au sujet de leur récente admission. — M. Pierre Gorry-Bouteau, de Belleville (Deux-Sèvres), écrit à M. le Président de vouloir bien le faire admettre au nombre des membres de la Société, et annonce en même temps l’envoi de cent exemplaires du Bulletin météorologique, publié par ses soins. _- MM. l’abbe Desroches, Geneslev, Perronne, marquis de Pruns, vicomte de Pulligny et de Vauguion demandent à prendre part aux cheptels de la Société. — Renvoi à la com- mission spéciale. — MM. de Coutans, de Rodellec et Sarrus accusent ré- _ception et remercient des animaux et des végélaux qui leur ont été accordés en cheptels. — M. Brionval accuse réception des lapins à fourrure qui lui ont été adressés, et rend compte de ses tentatives d'élevage de Perdrix grises en captivité. — M. Louis Simon rend compte de l’état du cheptel de Moineaux mandarins qui lui à été confié. — M. Ch. Huber, d'Hyéres, adresse ses remerciments pour la femelle de Canard du Labrador qui lui a été accordée en cheptel. Il offre en même temps de partager avec la Société le produit de son premier cheptel. — MM. Arthur Genesley etle comte de La Touche font par- veuir des comples rendus de l’état de leurs cheptels d'ami- maux. A6 SOCIÉTÉ DACCLIMATATION. — M": Lagrénée rend compte de ses élevages de Faisans de Lady Amherst. — M. Rico, directeur de l’école de piscicalture de Cler- mont-Ferrand, fait parvenir un travail ayant pour titre : l’Aguiculture en Auvergne. | — MM. Poupinel et Rico demandent à prendre part à la distribution qui doit être faite, par la Société, d'œufs fé- condés de Salmo fontinalis. — M. Bigot annonce l'envoi de deux rapports sur ses édu- cations d'Atéacus Fama-mai, et sur le croisement obtenu, par ses soins, entre celle dernière espèce et l’Atfacus Pernyr. Notre confrère met, en outre, gracieusement à la disposition de la Société, une partie de sa récolte en graine. — Remerciments. — M. Bonnefon, de Ribérac (Dordogne) rend compie de ses éducations de Vers à soie du müûrier. | — M. Bourdier adresse un mémoire ayant pour titre : Éducations d’Aftacus Yama-maï et considérations sur l’accli- matation de cette espèce. — M. Chatin fait parvenir la noie suivante : # C’est à pré- sent chose admise et passée dans la pratique des habitants des contrées truffières (Périgord, Provence, Poitou, etc.), que pour avoir des truffes 1l suffit de semer des giands tombés de chênes au pied desquels se récolte ce précieux champi- gnon. Déjà c'était une vérité connue de M. de Gasparin, ha- bitant du Pic Ventoux, le pays du monde qui récolte le plus de truffes. M. de Gasparin a dit, en effet : Sz vous voulez des truffes, semez des glands. » L’année 1874 étant une des rares années d’abondante olandée, 1l ne sera jamais plus opportun pour la Société d’acclimatation de s’approvisionner de glands truffiers pour les répartir entre ses membres. Eile pourrait, comme elle l’a fait antérieurement, tirer ces glands du Poitou, de Pro- vence ou du Périgord, la bonne truffe noire (Tuber ciburium) étant la même dans ces diverses régions. » Quant aux conditions exigées de cette truffe, dite habi- tuellement truffe du Périgord, elles se réduisent à deux : sol calcaire et climat de la vigne. PROCÈÉS-VERBAUX. L7 » Les parties de la Champagne et de la Bourgogne dans lesquelles croit la truffe rousse ou musquée (Tuber brumale), sont d'avance indiquées comme devant recevoir avec un succés assuré les plantations de glands truffiers. On peut en dire autant du Berry, du Bourbonnais, etc. » — M. Ravisy, de Vault de Lugny (Yonne) adresse un rap- port sur ses cultures expérimentales des différentes variétés de pommes de terre qu'il tient de la Société. Il y joint des échantillons de sa récolte. — M. Léo d'Ounous, de Saverdun, donne quelques rensei- onement{s sur les arbres, arbustes et plantes exotiques cul- tivées par lui dans la Haute-Garonne depuis plus de qua- rante aus, et informe qu'il prépare sur ces végétaux un mémoire trés-étendu qu'il soumettra à la Commission des récompenses. Îl demande, en même temps, à recevoir en cheptel des Canards de Rouen et la colecuUn de Bambous que possède la Société. M. Blavet, président de la Société d’horticulture d'Étampes, adresse des remerciments pour l’envoi de diverses yraines qui vient de lui être fait. du 25 décembre, à M. Geoffroy St-Hilaire : « J'ai trouvé ici un zélé propagateur de l’Ewcalyptus, c'est le Frère Gildas, trappiste au monastère de Saint-Paul-Trois-Fontaines, aux portes de Rome. » Depuis trois ans, Frère Gildas cultive l'Eucalyptus glo- bulus, et essaye maintenant d’autres variétés, mais qu’il juge inférieures à l'Eucalyptus globulus.. » Les arbres que j'ai vus soni de belle venue et ressem- blent à des peupliers de douze ans au moins. » — MM. Barutel, le docteur Marès, de Moatrol et le doc- teur Turrel remercient des graines qui leur ont été adres- sées. — MM. Brôlemann et Lafont adressent des demandes de diverses graines mises en distribution par la Société. — M. le général Morin, directeur du Conservatoire des arts et métiers, écrit à M. le Président : € J'ai l'honneur de U} SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vous adresser, pour être soumis à l’examen de la Société d'acclimatation, à l’occasion du concours à l’un des prix qu’elle accorde à l'introduction des plantes ou des cultures utiles, un mémoire rédigé par M. le docteur Vinson, sur les: essais qu'il a poursuivis avec mon fils, M. Édouard Morin, en vue d'introduire dans l'ile de la Réunion le précieux fébrifuge que fournissent les Cinchonas. » Les succès constatés depuis plusieurs annécs elles détails contenus dans le mémoire de M. Vinson montrent que Ja question de cette acclimatation a élé résolue dans cette co- lonie, grâce à d'heureuses conditions locales et climaté- riques, par de simples particaliers, sans aucun frais pour l'État ni pour la Colonic, tandis que l'Angleterre et la Hol- lande ont dépensé des sommes considérables pour parvenir au même résultat. » 51 la Sociélé croit pouvoir récompenser par un de ses prix les efforts persévérants de MM. Vinson et Édouard Morin, il serait Juste, je crois, qu’elle adressât des remerciments officiels à M. Van Gorkom, directeur des cultures à Java, qui a mis le plus grand empressement à envoyer, à diverses re- prises, des graines de choix à M. Édouard Morin, à l’île de la Réunion. » — M. le docteur Vidal écrit de Tomioka (Japon), à la date du 6 novembre 1574 : « J'ai l'honneur de vous adresser, sous ce pli, quelques notes relatives aux usages du Bambou, dont l'acclimatation en France et en Algérie me paraît désormais assurée, d’après Îles renseignements que J'ai trouvés à ce sujet dans les Bulletins de la Société. J'espère que ces notes pourront contribuer à encourager les personnes désireuses d'augmenter les ressources de notre pays, à cultiver ce vé- oélal, que je considère comme très-ulile. » Le nouveau pays que j'habite depuis quelques mois, à environ {rente lieues au Nord-Ouest de la capitale de Yedo, est fort intéressant aussi, ei J'ai commencé à l’étudier sérieu- sement. J'ai pensé qu'il pourrait être avantageux de réunir dans un même travail d'ensemble les observations que J'ai pu faire dans les deux différentes provinces que j'ai habitées PROCÉS-VERBAUX. h9 successivement. Ge sera le sujet d’un pelit mémoire que j'au- rai l'honneur de vous adresser prochainement sous forme de réponse au questionnaire qui m'a été adressé par la So- ” clété. » — M. Héritte, consul de France à Messine et membre de la Société d’acclimatation, adresse à M. Drouyn de Lhuys une lettre relative à la maladie des citronniers (voy. au Bulletin). — M. Théodore Ballieu, consul et commissaire de France à Honolulu (Hawaï), annonce à M. le Président que le gou- vernement Hawaïen a demandé en Australie des graines de différentes espèces d’Eucalyptus pour reboiser diverses par- ties de ces îles. Ce gouvernement a bien voulu mettre à la disposition de notre consul une collection de ces semences pour la Société. Des remerciments ont été adressés à M. Ballieu, ainsi qu’à l'administration Hawaïenne. Les graines seront mises en distribution ; elles appartien- nent aux espèces suivantes : Æ. rostrata, obliqua, globulus, marginata, calophylla, fissilis, melhodora, amyqdalina, cor- nuta et goniocalix. — S. Exc. Don À. Guzman Blanco, président de la répu- blique du Vénézuela, adresse à M. Drouyn de Lhuys une lettre par laquelle il annonce le prochain envoi de plusieurs animaux fort intéressants et notamment d’un Tapir Pinchaque. Des remerciments sont adressés à Son Excellence. — M. l'abbé Perny, ancien provicaire apostolique en Chine, adresse à M. le Président une nouvelle lettre relative à la fon- dation d'une acadénne Europeo-chnoise. (Renvoyée au Con- seil.) — M. le Président communique à l’assemblée l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée par M. de Geofroy, ministre de France en Chine: « Le paquebot Peïho, que nous nous proposons de laisser après demain à Naples pour achever notre voyage par terre, vous portera deux nouvelles caisses de cocons de Vers à soie du chêne. J'espère que cet envoi sera plus heureux que celui de l’an dernier. Je l'ai fait préparer peu de jours avant mon départ de Chine, je lai 3° SÉRIE, T. II, — Janvier 1875. 4 50 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. surveillé pendant la traversée, enfin le capitaine Mélizan veut bien se charger de le mettre à la grande vitesse dès son ar- rivée à Marseille. » Une des caisses contient les cocons de vers mâles; l’autre les femelles. Elles sont soigneusement marquées. » _ M. le Président donne lecture de la note ci-après, relative à d'anciennes tentatives d'introduction en France du Goyavier et de l’Arbre a swf : Extrait du compte rendu à la Société d'agriculture de Paris de ses travaux faits, commencés et projetés depuis le 30 mai 1788, jusques et y compris le 30 septembre 1793 et de l'emploi des fonds qui ont remis à sa disposition pendant cet espace de temps; Par J. L. Lefebvre, son agent général, secrétaire par in- térim et l’un des rédacteurs de la feuille du Cultivateur ; A Paris, de l'imprimerie et au bureau de la feuille du Cu/- tivateur, rue des Fossés-Victor, n° 12. Ce document se trouve au tome IX de la collection des mé- moires de la Société centrale d'agriculture de France. On lit à la page A8 &u compte rendu (pour 1788), « une » médaille d’or a été décernée au citoyen Eon, ci-devant » évêque d’Apt, qui a cultivé le premier en France et en » pleine terre, le Gouyavier (Psidium Goyava, L.) et l'Arbre » à suif (Croton Sebiferum, L.) dont il a obtenu des fruits » dans leur parfaile maturité, et qui, en enrichissant ainsi les » départements méridionaux de fruits nouveaux et d’arbres » utiles pour les arts, a donné un exemple fait pour exciter » l'émulation des cultivateurs de ces départements. » — Enfin M. le Président cemmunique le passage suivant d’une lettre qui lui est adressée de Rome : « On sait qu'à l'époque de la Malaria les trappistes des Trois-Fontaines, près Saint-Paul hors les murs, à Rome, sont obligés d’aban- donner leur couvent. Nous apprenons que cette année, grâce à l'effet bienfaisant de plantations d'Eucalyptus globulus, les religieux ont pu demeurer impunément chez eux. » À la suite de cette communication, M. Drouyn de Luys s'exprime en ces termes : PROCÈS-VERBAUX. 51 » Nous devons nous féliciter, Messieurs, de la propagation vraiment merveilleuse de l’'Eucalyptus dans les diverses parties du monde. Notre Société a été heureuse de seconder les infatigables efforts de notre confrère M. Ramel. C’est à lui que nous devons ce succès. Aussi la Société lui a-t-elle dé- cerné sa plus éminente récompense, le titre de membre honoraire. À Vienne, le jury international a confirmé ce té- moignage en lui accordant la médaille du progrès, c’est-à-dire la plus haute distinction dont il püt disposer. » M. Tisserand, inspecteur général de l’agriculture, qua- life lEucalyptus globulus d'arbre providentiel pour lAl- gérie. Voici en quels termes s’exprimait ce savant agronome dans une lettre adressée à M. Ramel le 22 juillet 1874. «J'ai cru de mon devoir d'appeler l'attention du Jury de » l'exposition universelle de Vienne sur le grand service que » vous avez rendu à l'Algérie et au midi de la France en in- » troduisant l’Eucalyptus globulus. Ainsi que je l’ai dit, c’est » la plus belle conquête qu'ait faite l'Algérie, et Le Jury inter- » national vous a décerné d’acclamation une de ses plus » hautes récompenses. J'espère qu'un jour la France saura » à son tour vous donner un témoignage de sa reconnais- » sance ; ne vous découragez pas et continuez à travailler avec » ardeur. » » Recevez, etc. . uc. TISSERAND. » » Nous nous associons de tout cœur au vœu et à l’espé- rance exprimés à la fin de cette lettre. » — M. le Secrétaire général communique l’extrait suivant d’une lettre qui lui est adressée par M. le marquis d'Hervey de St-Denys : « Le temps de neige par lequel nous venons de passer m'a donné l'occasion de faire sur les Talégalles de mon cheptel une observation qui me paraît assez intéressante pour vous être signalée. » Depuis très-longtemps ces animaux vivaient à l’état pres- que sauvage, se nourrissant eux-mêmes et se tenant au fond des bois sans jamais approcher des habitations ; on était même souvent des semaines entières sans les apercevoir. Aussi, quand je vis le sol couvert d’une couche de neige 1 52 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. épaisse de 15 centimètres, je fus inquiet de ce qu'ils al- laient devenir, et je fis placer du grain autour des derniers nids construits cet élé, dans l'espoir qu’ils y viendraient plutôt qu'ailleurs; mais cette précaution s’est trouvée tout à fait inutile, attendu que les Talégalles sont revenus tout sim- plement dans la basse-cour se mêler aux Paons et aux autres volailles et partager avec eux les distributions d’avoine et de mais. De ces circonstances et de quelques autres, je conclus que si ces oiseaux sont portés à demeurer dans les bois par la nécessité de construire leurs nids d’une structure si parti- culière, ils n'en sont pas moins portés aussi à se domestiquer tout naturellement. » Durant ces quinze jours de neiïge, ils perchaient dans un grand sapin, Lout près du château, pour y passer la nuit, et le jour, grattant la neige avec leurs larges pattes, ils formaient une place nette au milieu d’un gazon et s’y couchaient des heures entières, dans la situation d’une poule qui couverait. Jls ne paraissaient point, du reste, souffrir autrement du froid. | à » Ce qui m’a vivement contrarié, en celte occasion, c’est que trois oiseaux seulement sur les quatre que j'ai reçus sont venus faire cetie petite campagne alimentaire. Le quatrième s'est-il montré moins apprivoisé, ou a-t-il éprouvé quelque accident? Voilà ce que je me suis demandé et ce qui me préoccupe, sans qu’il me soit facile de le vérifier. » Du reste, depuis avant-hier, c’est-à-dire depuis l’accom- plissement d’un dégel complet, les trois Talégalles qui avaient quitté les bois y sont retournés spontanément et n’ont plus reparus dans la basse-côur. Ce matin on en a vu deux, fouil- lant la terre de leur bec dans les fourrés et paraissant y faire des trouvailles de haut goût, qui leur font oublier l’avoine et le maïs. | » J'attends impatiemment le printemps, dans l’espoir que cette année du moins les nids ne seront point stériles. — M. Cornély, écrit du château de Beaujardin, à Tours, en date du 28 décembre, à M. le Président : « Je crois intéres- sant de vous donner, par cette saison rigoureuse, des rensei- PROCÈS-VERBAUX. 33 onements sur les animaux que j'entretiens libres dans ma propriété ou captils dans mes volières ou des parquets. Les 8 degrés de froid que nous avons subis ont fait moins de mal aux animaux qu’en eût pu le craindre. Le seul cas que je puisse citer est celui d’un Merle bronzé (Lamprotornis æneus), qui a un pied gelé. Son compagnon, habitant la même volière que lui, n’a pas souffert du froid. Les Kangourous roux (Macropus rufus) grelottent sou- vent, mais conime Je les ai vus faire la même chose à O., je ne m'en suis pas inquiété; leur retraite, bien remplie de paille, reste ouverte jour et nuit, et ils ne s’en portent pas plus mal. Les Kangourous de Bennett n’ont d’autre abri que les sapins et broussailles sous lesquels ils se fourrent; quelques-uns d’entre eux viennent le soir manger du son qu’on distribue aux Cygnes et aux Oies, mais le grand nombre ne sort guère d’entre les sapins, dont ils mangent les branches; ils touchent peu au foin qui leur est jeté et très-peu aussi aux betteraves; il me semble qu'ils se nourrissent uniquement des branches des arbres qu'ils écorcent. Un seul Kangourou a été tué par le froid, quoiqu'indirectement ; il avait passé à travers la glace d’un bassin, et quoique l’eau n’eût que 20 centimètres de pro- fondeur, il se noya. Les Lièvres blancs ne se montrent guère, le soir ils fouillent la neige pour atteindre les brins d'herbe qui restent. Les Chiens de prairie (Arctomys Ludovicianus) dorment depuis fin novembre. | Les Grues de Numidie, du Canada, grises, Antigone, sont en excellent état, et le seul changement que Je remarque en elles, est qu'elles mangent plus de maïs que d'ordinaire, ce qui s'explique parfaitement parce qu’elles ne trouvent plus de verdure. J'ai dû rentrer les Flamants une seule nuit, la neige avait couvert les bassins, et je craignais qu’ils ne se cassassent les pattes; ils furent relâchés le lendemain, et ils ont impuné- ment passé 8 degrés au-dessous de 0 ; presque-toujours ils se tiennent dans l’eau, dont nous avons souvent dû briser la glace. | o! SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Quelques jours après, le thermomètre tomba à 11 degrés sous zéro, sans que le froid fit plus de mal. Les Bambous plantés au nord eurent leurs tiges gelées. Le Bambou Metaké seul resta vert. Un seul Eucalyptus {planté dans une touffe de sapins) a résisté. À Les Dendrocygnes, D. arborea, autumnalis et surtout v1- duata n’ont pas souffert jusqu’à présent. Les premiers sont les plus frileux et se tiennent presque toujours sur le fumier répandu dans leur enclos. Les Caboucs (Anas melanotus) se tiennent très-bien, ainsi que les Canards Pæcilorhyncha , les Peposaca, Sarcelles du Brésil, etc. Il va sans dire que les Mandarins, Bahamas, Carolins, etc., ne se soucient pas du froid. Les Colombes turverts, poignardées, humeralis, Nicobar et carpophages, sont enfermées la nuit dans leur cabane, où pourtant 1l gèle même le jour, et se portent à merveille. Les Talégalles recherchent les arbres les plus touffus et n’en descendent que pour venir manger. Ce sont eux, les Paons et les Pintades qui craignent le plus la neige. Les Tragopans, Éperonniers, Faisans prélats, Faisans d’Amherst, se perchent soit dans un buisson de laurier-cerise, soit dans leur cabane, dont les portes restent toujours ou- vertes. J'ai rentré deux des jolis Écureuils de l'Amérique du Sud (Sciurus dorsalis), et j'en laisse deux dehors. Ces derniers se sont construit un nid de foin, où ils se retirent la nuit, et se portent mieux, sont d’un bien plus beau pelage que leurs ca- marades (rentrés dans un endroit non chauffé). Rien de plus joli que de les voir sauter à travers la neige. Je nourris les Merles, Rouge-gorges, Mésanges, etc., sur des places balayées, mais malheureusement quand la chasse est fermée partout elle semble être ouverte à Tours; de tous côtés on entend des coups de fusils, et il ÿ a peu de chance qu’il nous reste assez d'insectivores pour nous fournir des destructeurs de chenilles au printemps. (est le dimanche surtout que de soi-disant chasseurs se lancent dans les environs, et rien n’est épargné. PROCÈÉS-VERBAUX. 55 — M. Geoffroy Saint-Hilaire dépose sur le bureau un mé- moire de M. Achille Fauque, faisandier chez M. Andelle, sur ses élevages d'oiseaux, mémoire très-intéressant, qui renferme de précieux renseignements pratiques (voy. au Bulletin). — M. le Directeur du Jardin d’acclimatation rend compte des dispositions prises par lord Lilford (Lilford Hall, Oundle), pour opérer, sur une très-large échelle, l'importation du Colin de Virginie (Ortyx Virginiana), en vue d'arriver à naturaliser en Europe cet excellent gibier. Prochainement vont avoir lieu deux arrivages considérables de ces oiseaux qui, grâce aux arrangements pris par lord Lilford, pourront étre livrés au prix de 9 sh. le couple. Ge prix, très-modéré, va permettre de mul- iplier les essais sur un très-grand nombre de points, et l’on peut espérer parvenir cette fois à un résultat très-sérieux. Îl y a là, dans tous les cas, une tentative d’un haut intérêt, à laquelle on ne peut qu'applaudir. M. le marquis de Sinéty demande dans quelles localités l’acclimatation de ces Colirs pourrait être tentée avec le plus de chances de succès. M. Geoffroy Saint-Hilaire répond que le Colin de Vir- ginie se montre en Amérique un ciseau des prairies, c'est-à- dire des vastes espaces découverts; c’est donc dans un pays de plaines, garnis seulement de haies et de buissons, qu’il y aura surtout lieu de l’introduire. À ce titre, et aussi en raison de leur climat tempéré, le Poitou, la Bretagne, semblent devoir lui convenir parfaitement. Cet oiseau a déjà été intro- duit il y a quelques années dans la partie occidentale de la Grande-Bretagne, notamment dans le pays de Galles. Il y était acclimaté, s’y reproduisait en hberté et a pu même y être chassé. On ignore par suite de quelles circonstances l’espèce a aujourd’hui disparu. En France, dans le départe- ment de l'Ain, le Colin de Californie s'était également accli- maté, on l’y chassait, et pendant cinq ou six ans, il s’en est vendu sur le marché de Bourg. Mais, pendant le rigoureux hiver de 1871-72, où le thermomètre descendit à plus de 21 degré au-dessous de zéro, tous ces oiseaux ont dû périr, car depuis, on a complétement cessé d'en voir. De semblables 56 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. froids sont, 1l est vrai, très-exceptionnels, même dans nos départements de l'Est; néanmoins, par mesure de prudence, c’est principalement au sud de la Loire que de nouveaux essais d’acclimatation du Colin de Californie sembleraient devoir être tentés. — M. Ramel appelle de nouveau l'attention de la Société sur les qualités de la race porcine créée par M. Wilson, race surtout remarquable par son rapide développement et par la quantité de nourriture relativement peu considérable qui lui est nécessaire. M. Wilson continue avec le zèle qu’on lui connaît, à s'occuper de travaux d’acclimatation; il se propose en ce moment, d'essayer l'introduction de la Truffe en Aus- tralie. M. Ramel saisit cette occasion pour informer la Société du complet rétablissement de la santé de M. le docteur Mueller, qui à pu reprendre la direction du Jardin botanique de Melbourne. L'assemblée reçoit cette heureuse nouvelle avec la plus vive satisfaction. — À l’occasion de la correspondance, M. Rivière donne d'intéressants détails sur divers végétaux, soit déjà introduits chez nous, soit utiles à acquérir. Il fait l'éloge du Daïcon ou radis du Japon, dont il a déjà essayé la culture. D’une saveur fort douce, ce radis, bien que très-propre à l'alimentation de l’homme, paraît devoir être surtout précieux pour la nourri- ture des animaux; il se montre peu difficile sur le choix du terrain, et est certainement appelé à jouer un très-grand rôle comme plante fourragère. On en connait deux variétés, actuellement mises en expérience à Limoges; la graine pro- venant de cette culture servira à multipher les essais, et. M. Rivière veut bien en promettre un lot pour notre So- ciété. Notre confrère rappelle ensuite que l’Arbre à suif (Croton sebiferum) est cultivé déjà depuis longtemps au jardin du Hamma, où il en existe des sujets de 7, 8 et 10 mètres de haut. Toutefois, on ne paraît pas avoir encore trouvé le moyen d'extraire d’une façon pratique, industrielle, la ma- PROCÈS-VERPAUX. 57 tière sébacée utilisable, des fruits petits, mais très-nombreux que produit cet arbre, fruits dont l'apparence rappelle assez volontiers celle des merises. M. Rivière entretient également l’assemblée de l’extension rapide de la culture de l'Eucalyptus dans le midi de l’Europe, en Afrique, ainsi que dans l’Asie Mineure. Il cite plusieurs faits démontrant l’action bienfaisante de ces arbres dans les localités marécageuses où règne l'influence paludéenne. Enfin, notre confrère rend compte de ses observations sur le mode de végétation de plusieurs espèces de Bambous, et sur le parti qu’on peut en rer pour la multiplication de ces végétaux. Du reste, à la prière de M. le Président, M. Rivière veut bien promettre pour le Bulletin, une note détaillée sur les diverses questions dont il vient d’entretenir la Société. — M. Raveret-Wattel donne lecture d’une note sur l’uti- lité d'introduire la sériciculture à la Nouvelle-Calédonie. Il est déposé sur le bureau : 1° Un exemplaire de la proposition de loi sur l’enseigne- ment et la propagation de la pisciculture ou aquiculture, présentée par plusieurs membres de l’Assemblée nationale. 2 Message from the president of United States, con- taining information in relation to the cultivation of timber and the preservation of forests. Il est offert à la Société : 4° De la part de M. Léo d'Ounous : Üne collection de graines de divers végétaux cultivés à Sa- verdun (Ariége). 2° De la part de M. Anthelme Thozet : Huit espèces de graines de végétaux d'Australie. 58 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 22 JANVIER 1875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. — Le procès-verbal de la séance précédente est Iu et adopté. ; — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis par le Conseil. MM PRÉSENTATEURS. ARS Duchastel. BAILLARGEAU (Anatole), propriétaire, à Saumur] 7 Drouyn de Lhuys. (Maine-et-Loire). l Persac | .. ({ Drouyn de Ehuys BLAY (Léon), propriétaire à Nalliers, arrondis- G Pre F: sement de Fontenay-le-Comite (Vendée). ie Pt Benedictus ÿ = C L ( ill x L2 Davip (Léon), rentier, 44, avenue de Neuilly, à Drouçgu dé Lhuys Neuilly (Seine). der. Raveret- Wattel. Ê f ù 3 À Davip (Emile), propriétaire, à eggoi el d DER ÉCEEESS Pacqueteau. Vouhis (Vendée). Van der ele DECAUVILLE (Paul), agriculteur, industriel, Drouyn de Lhuys. Petit-bourg (Seine-et-Oise), et à Paris, 10, Maurice Girard. place Royale. | ravére_ te Danican Philidor. Drouyn de Lhuys. . VA. Geoffroy Saint-Hilaire. ELBÉE (Charles-Maxime), lieutenant d’infanterie | Danican Philidor. D£Emars (Édouard-Charles), directeur des lignes télégraphiques, à Saïgon (Gochinchine). de marine, administrateur des affaires indigè-4 Drouyn de Lhuys. nes, à Saïgon (Cochinchine). A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Robert. Saint-Yves Ménard. { Drouyn de Lhuys. HOHENLOHE (S. A. le prince de), ambassadeur | Rite dE d'Allemagne, 78, rue de Lille, à Paris. l A. Geoffroy Sant iees Drouyn de Lhuys, Jouenne. Meunier. Drouyn de Lhuys. Ad. Chevallier. | Paul Lefcbvre de Viefville. FIÉVET-PERRINET (Émile), négociant, au Cateau (Nord). LEBRUN (Bélisaire-Athanase), 4, rue de l'Église, à Neuilly (Seine). LEFEBVRE DE VIEFVILLE (Louis), avocat, sa, | rue Taitbout, à Paris. PROCÈS-VERBAUX. 59 LEPINAY (Calixte de), propriétaire, au château de la Mouhée, près Chantonnay (Vendée). Pacqueteau. Van der Sluys. LLORENTE (Juan-Isaias comte de), ancien chargé { Drouyn de Lhuys. d’affaires, Villa-Langon, par Bidache (Basses- / Comte d’Éprémesnil. Pyrénées). (A. Geoffroy Saint-Hilaire. Pier 4 ; lis d’'Her - : MÉHÉDIN (Léon), voyageur-explorateur, villa RE ARE CRE Émolia, à Meudon (Seine-et-Oise). "x Geoffroy HET Vicomte ©. de Luppé. Pace de Lhuvys. Drouyn de Lhuys. Comte d’Éprémesnil. A. Geoffroy Saint-Hilaire. MONTIGNY (Étienne de), propriétaire, au château de la Mésangère, par Bourgthéroulde (Eure). Rousse (Alfred), propriétaire, à Fontenay-le- pour deEhuys. Comte (Vendée). po Le + — En faisant part à l’assemblée du décès de MM. Nicolas- Auguste Duclos, Émile Pereire et comte de Mesgrigny, M. le Président rend hommage aux services rendus à la Société par les trois membres qu’elle vient de perdre, et propose un vote de regrets qui est unanimement adopté. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : M. Geoffroy Saint-Hilaire exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. — S. À. Monseigneur le Prince de Hohenlohe, ambassadeur d'Allemagne, adresse ses remerciments pour sa récente ad- mission au nombre des membres de la Société. — M. Léon Peirière remercie également de son admission. — M. le Ministre de l’agriculture et du commerce informe la Société qu'il vient de lui accorder un exemplaire de chacun des ouvrages en ce moment en distribution à son ministère, Savoir : 1° Étude des vignobles de France, pour servir à l'enseigne- ment mutuel de la viticulture et de la vinification francaise, par le docteur Jules Guyot (3 vol in-8, avec figures dans le texte). .2° France et Chine, vie publique et privée des Chinois an- ciens et modernes, par M. 0. Girard (deux vol. in-8.) 60 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 3° Traité de la police sanitaire des animaux domestiques, par J. Reynal. h° Tableaux pour l'enseignement primaire des sciences na- turelles, avec manuel explicatif, par E. Deyrolle fils. 5° Traité de l'éducation des Vers à soie au Japon, par L. de Rosny, avec planches. 6° La pluie et le beau temps, par Paul Laurencin, avec LEE ° Flore des environs de D Jouan, par Saint-Gal, M. J. . Cours pratique d'apiculture, par H. Hamet, 4° édition, figures. ® La perfection dans l'art de soigner et de cultiver les Abeilles, par J. Donot. 10° Pomologie de la France, ou histoire et description de tous les fruats cultivés en France et admis par le congrès po- mologique, institué par la Société d'horticulture pratique du Rhône. Ouvrage publié avec le concours des sociétés d’agri- culture et d’horticulture françaises, 8 vol. avec planches. 11° Notice sur les objets exposés à Vienne en 1873, par le Ministère de l’agriculture et du commerce de France. 12° Cartes, plans, dessins, documents historiques et statis- tiques composant l'exposition de la direction de l’agriculture. Paris, Imprimerie nationale. 13° Les races bovines au concours universel agricole de Paris, en 1856, études zootechniques, publiées par ordre de S. Exc. le Ministre de l’agriculture, du commerce et des tra- vaux publics, par M. Émile Baudement (planches et texte 2 volumes). 14° Cinq tableaux synoptiques de minéralogie. 15° Tableaux des tares et défectuosités du cheval (collé sur toile). 16° Tableau de l’âge des animaux domestiques. Age du che- val (collé sur toile). 7° Tableau des principales races du chien et des maladies dont 1ls sont généralement atteints (collé sur toile). 18° Tableau de la ferrure du cheval, du mulet et du bœuf (collé sur toile). PROCÈS-VERBAUX. 61 19° Tableau des formes extérieures et anatomie élémen- taire du cheval (collé sur toile.) 20° Tableau de l'anatomie élémentaire des maniements et des coupes de boucherie (collé sur toile.) Des remerciments sont adressés à M. le ministre de l’agri- culture. — M. Trottier remercie la Société de la distinction qu’elle lui a décernée et promet en même temps l’envoi de quelques. exemplaires d’un travailintitulé : « Sur la nécessité de boiser en Algérie avec les essences australiennes à croissance ra- pide ». ; — M. Ducuing, président de la Société d’insectologie, adresse la lettre suivante : « Monsieur le Président, » La Société d’insectologie, que j'ai l'honneur de présider, est une sorte d’annexe de la Société d’acclimatation. » Il est donc naturel que nous vous demandions l’autorisa- -tion de prendre domicile chez vous dans nos statuts. » C’est une simple formalité qui n’occasionnera pour vous ni dérangement ni embarras. » Notre collègue, monsieur Millet, veut bien se charger de vous transmettre ma demande. » Agréez, etc. » (Renvoi au Conseil.) — M. Rivière, directeur du jardin du Hamma (Algérie), fait remettre à la Société quelques exemplaires du catalogue de cet établissement. — Remerciments. — M. Hardy, directeur de l’École d’horticulture créé à Versailles par le ministère de l’agriculture et'du commerce, demande à la Société de vouloir bien disposer, en faveur de cet établissement d’un exemplaire de la collection du Bulletin et de vouloir bien continuer ensuite l'envoi des numéros de notre publication. — M. le Président de la Société d’ Hote ul de l’arron- dissement de Senlis, adresse à M. le Président la lettre sui- vante : « Les démarches faites dernièrement par la Société . d’horticulture de l'arrondissement de Senlis ont amené de la 62 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. part du Conseil général de l'Oise, dans sa séance du 24 octobre dernier, l'émission d’un vœu formulé dansles termes suivants : « Le Conseil émet le vœu que des bureaux de vente au dé- » tail de jus de tabac, substance fortappréciée dans la culture » jardinière, soient établis dans un ou plusieurs centres hor- » ticoles du département. » » J'ai communiqué cet heureux résultat aux diverses Sociétés d’horticulture aveclesquelles celle de Senlis esten cor- respondance, dans l'espoir que de pareilles démarches ten- tées par elles pourraient amener l’émission de vœux sembla- bles de la part des Conseils généraux de leurs départements respectifs. » Mais de plus il me semble que la Société d'acclimatation, dans le double but qu’elle poursuit, doit se trouver intéressée à la facile acquisition par tous de cette substance, aussi avan- tageusement employée dans la culture des jardins que dans la médecine vétérinaire. » D'ailleurs, monsieur le Président, votre haute position, à la tête d’une association aussi considérable, vous permettrait d'adresser directement à M. le Ministre une réclamation pleine d’autorité, et qui confirmerait de la façon la plus incontestable l’opportunité de la concession demandée en même temps par plusieurs départements. » C’est par toutes ces considérations que je prends la liberté de m'adresser à vous, en vous priant de proposer à la Société d'accimatation de prendre une délibération, par laquelle vous seriez engagé à réclamer de M. le Ministre l’établisse- ment de la vente au détail du jus de tabac, dans tous les dé- partements qui lui en feraient la demande. » Veuillez agréer, etc. ». Il résulte des démarches faites par le Conseil près de M. Ro- land, Directeur général des manufactures de l'État, que par- tout où se trouvent des entrepôts de tabacs, on peut obtenir telle quantité de jus qu’on désire, seulement ce produit s’al- térant trés-facilement il est difficile d’en conserver en ma- gasin; il est donc indispensable que les demandes soient faites à l’avance. PROCÈS-VERBAUX. 63 — M. Joseph Clarté, de Baccarat, rend compte de l’état de son cheptel de Colombes Longhups, dont la femelle est morte subitement, et prie la Société de vouloir bien lui en accorder une nouvelle, afin de pouvoir continuer ses essais. — M. le marquis de Pruns demande en cheptel des ché- vres angora et des chèvres naines. Il promet pour le printemps prochain l’envoi de divers végétaux intéressants. — M. le Ministre des affaires étrangères transmet des ren- seignements fournis par M. de Gerando, consul de France à Lisbonne, sur la culture du Poivrier d'Amérique (Schinus molle) au Portugal, où cet arbre atteint de grandes dimen- sions. (Remerciments.) — M. Blaise, propriétaire à Choloy (Meurthe-et-Moselle), nous écrit : « En 1872, j'ai reçu de la Société d’acclimation un paquet de graines de Chanvre géant du Piémont. J'ai semé ces graines la même année, mais les oiseaux granivores ont saccagé ma récolte et l'ont empêchée, par suite, de me donner les résultats que j'étais en droit d’en attendre. » J'ai pu, néanmoins constater que les tiges de ce Chanvre: s élèvent à une hauteur double de celle de notre Chanvre in- digène, et l’une d'elles que j'ai mesurée ne s'élevait pas à moins de 3 mêtres 30 de haut. De plus, la filasse en est plus forte et le rendementbien supérieur. Mes expériences, renou- velées depuis, ont été entravées jusqu'ici par les mêmes causes. Je compte les réitérer cette année, et je pense pou- voir obtenir une plus grande quantité de graines, dont je mettrai avec un véritable plaisir un lot à la disposition de la Société. Mais j'ai cru devoir, dès maintenant, appeler l’atten- tion sur une variété de Chanvre qui me parait réellement intéressante. » A cette note sont joints : un échantillon de filasse et une petite quantité de graines de Millet de Russie. — M. Gulliver, de Hobart-Town (Tasmanie), annonce l’en- voi d’une collection de graines de diverses espèces d'Euca- lyptus. | — MM. Marais et baron du Roure accusent réception et re- mercient des graines d’Eucalyptüs qui leur ont été adressées. 64 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. Radiguet fait connaître que les graines que la Société lui a confiées l’année dernière ont donné des résultats complé- tement négatifs, en terre de bruyère, tandis que celles semées en pleine terre ont bien réussi. — M. le Président signale un article de M. Planchon, publié dans la Revue des Deux mondes sur l'Eucalyptus et dépose sur le bureau le numéro qui le renferme. — M. Drouyn de Lhuys dépose en outre sur le bureau un échantillon de Pommes de terre, appartenant à la variété dite saucisse, obtenues hâtivement par un procédé partuculier de culture, dont l'inventeur, M. Telliez, désire conserver le se- cret jusqu’à nouvel ordre. Ces Pommes de terre, semées le 7 août 1874, dans les environs de Paris (à la Roche, près Palai- seau) ont été récoltées le 10 janvier dernier. M. Vavin fait remarquer, à ce sujet, qu'on sait depuis longtemps, que les Pommes de terre semées dès la fin de l'été peuvent donner une récolte très-hâtive, à la condition d’être mises en terre assez profondément pour ne rien avoir à crain- dre des gelées. — M. Maurice Girard présente à la Société, aunom de l’au- teur, M. Georges de Layens, un ouvrage intitulé : Élevage des Abeilles par les procédés modernes; pratique el théorie. Ce livre, dont il sera donné une analyse dans notre chronique, est destiné à préconiser les avantages des ruches à cadres mo- biles, au point de vue d’une production de miel plus considé- rable et d’une plusgrande facilité dans les manipulations api- coles. — M. Vavin annonce que son fils, capitaine de frégate, commandant en second la Lotre, lui écrit de Nouméa (Nou- velle-Calédonie), qu’il vient d'apprendre l'existence dans les en virons de cette ville, d’une variété d’Igname ronde, dont il doit tâcher de se procurer des rhizomes. Notre confrère donne ensuite d’intéressants détails sur di- vers produits végélaux du Gabon, dont il dépose des échantil- lons sur le bureau et qui lui sont adressés par M. Masson, commandant l’aviso /e Lovret. M. Vavin appelle particulièrement l'attention de l'assemblée PROCÈÉS-VERBAUX. 65 sur de petits Oignons, les uns d’une teinte rose, les autres d’un rouge jaune foncé, qui viennent de Jellacoffée, à l’entrée du golfe de Benin, près le cap Saint-Paul. Ces Oignons, très- répandus, paraît-il, sur toute cette partie de la côte d'Afrique, croissent dans le sable et multiplient beaucoup, à peu près à la façon de l'ail. C’est seulement à l'approche de la maturité qu'ils s’arrondissent et prennent leur forme caractéristique. M. Vavin les trouve un peu moins forts en goût que nos Oi- onons ordinaires. Par suite d’un malentendu, la caisse qui renfermait cet envoi est restée plusieurs mois en douane à Bordeaux; aussi beaucoup de ces Oignons ont-ils germé, et il sera encore facile, néanmoins, d’en essayer la culture et de les employer comme porte-graines. L'envoi de M. Masson comprenait aussi des gousses de Ha- ricots d'une dimension exceptionnelle et qui proviendraient, suppose-t-on, de Haricots de Soissons modifiés par le climat africain. Il sera intéressant d'essayer ce que donnera mainte- nant en France cette variété réimportée. Des graines en se- ront mises en distribution avec les autres semences offertes: par M. Vavin. M. le Président insiste, à cette occasion, sur l'obligation où sont les membres de la Société, auxquels des graines sont confiées, de rendre compte des résultats, bons ou mauvais, qu'ils en obtiennent. -— M. Vavin appelle de nouveau l'attention de la Société sur les sérieux avantages qu’on peutattendre de la culture du Panais comme plante fourragère, principalement pourla nour- riture des chevaux, ainsi qu’il l’a vu pratiquer en Bretagne. Le grand avantage de cette racine c’est que, ne gelant pas, elle peut n'être arrachée qu’au fur et à mesure des besoins. En hiver, elle constitue une ressource précieuse pour les bestiaux qui se montrent, d’ailleurs, également friands de ses feuilles, On en cultive dans le Finistère, particulièrement aux environs de Morlaix, une variété améliorée dont les racines sont très-volumineuses. M. Vavin en dépose sur le bureau des échantillons remarquables provenant de ses cultures. Ces Panais, obtenus en plein champ, dans la vallée de Montmo- 3° SÉRIE, T. Il. — Janvier 1875, 5 66 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. rency, mesurent 0",37 de long sur 0",27 de circonférence au collet. Notre confrère, qui doit recevoir de Bretagne une certaine quantité de semences de cette variété, offre d'en mettre à la disposition de ceux des membres qui en désire- ralent. M. Raveret-Wattel demande si le Panais ne se montre pas un peu exigeant sur la nature du terrain, et sil est tou- jours facilement accepté par les chevaux. Tandis qu’on.se montre, en effet, trés-salisfait de cette plante dans le Finis- tère, on semble l'estimer beaucoup moins dans les autres départements bretons. | | M. Vavio répond que le Panais, il est vrai, se plaît surtout dans les terrains humides, où il végête três-vigoureusement, et qu’en général les chevaux s’y habituent fort bien. M. Drouyn de Lhuys confirme cette assertion en faisant re- marquer qu’on cultive beaucoup le Panais dans l’île de Jersey dont le climat humide est trés-favorable à cette Ombellifère. — M. Ramel rend compte de la parfaite réussite en Algérie du Blé précoce du Japon ; mais il ajoute que cette variété, en raison même de sa précocité, se trouve plus exposée que les autres aux déprédations des oiseaux granivores, par suite du manque d’autres graines mûres à la même époque. M. Ramel signale aussi les importantes plantations d’Æuca- lyptus faites en Algérie par MM. Marés et Arlès-Dufour, qui ont largement contribué à la propagation de cette a essence d’arbre dans la colonie. À cette occasion, M. le Président engage M. Ramel à vouloir bien continuer à tenir la Société au courant des faits qu'il pourrait recueillir concernant les progrès de la culture des Eucalyptus, notre association ne pouvant prendre que la part la plus vive à la réussite d’une entreprise dont elle se préoccupe depuis fort longtemps. — M. Millet dit avoir remarqué chez M, Sahut, pépimiériste à Lattes, près Montpellier, en se rendant au Congrès séri- cicole tenu dernièrement dans celte ville, un ÆEucalyptus dont il ignore l'espèce, qui a pie résister aux froids de ces derniers hivers. PROCÉS-VERBAUX. 67 M. Remel cite à son tour l'exemple d’un Æ. coracea qui vécut pendant plusieurs années en plein air à Saint-Ouen, près Paris. Notre confrère ajoute que M. Planchon compte tenter prochainement la culture de plusieurs espèces d'Euca- lyptus à Montpellier; mais que le climat de cette ville ne lui semble pas suffisamment chaud pour permettre une véritable réussite. M. de la Blanchère annonce que M. Krantz ayant remarqué que ce sont surtout les jeunes branches remplies de séve des Eucalyptus qui se trouvent atteintes par les gelées, pense qu'on pourrait mettre en partie ces arbres à l'abri du froid, en retranchant d'avance, à l'entrée de l'hiver, toutes les branches non complétement aovëtées. Les résultats obtenus déjà depuis deux ans, par M. Krantz, sembleraient justifier ses prévisions. — M. Millet demande si la Société a reçu les œufs de Salimo fontinalis qu’elle attendait d'Amérique. M. Carbonnier informe l'assemblée que ces œufs sont arri- vés, en effet, mais que malgré tout le soin qui avait présidé à leur emballage, ils furent saisis par le froid, à leur arrivée en France, qui coincida malheureusement avec les fortes gelées de la fin de décembre. À peine pourra-t-on sauver une centaine d'œufs provenant de cet envoi ; encore n’appartien- nent-ils pas à l’espèce qu'on tenait surtout à se procurer. M. Seth Green avait bien voulu garnir l'appareil envoyé par lui, d'œufs de plusieurs Salmonides d'Amérique; mais tous ceux de S. fontinalis ont péri. - M. Miliet insiste sur la nécessité d'accoutumer peu à peu au froid les œufs qui doivent voyager pendant les temps de ge- lée, en les emballant dans de la glace, comme on l’a fait aussi parfois, pour éviter l'éclosion prématurée d'œufs ayant à tra- verser des régions trés-chaudes. — M. Maurice Girard donne lecture d’une note sur l’édu- cation d’Atéacus Yama-mai faite à Londres par M. Wailly, en 1874. — M. Collardeau donne quelques renseignements sur di- verses variétés de Pommes de terre dont 1l dépose sur le bu- reau des échantillons provenant de ses cultures. 68 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. J. Grisard donne lecture d’un mémoire adressé à la Société par M. le docteur Vidal surles usages du Bambou. — Il est déposé sur le bureau : | 1° Documents sur l'Exposition des Insectes, dans l’oran- gerie des Tuileries en 1374. 2 Plusieurs numéros du Balletin de l'Asiesaee rural del Uruquay, 1874. 3° Catalogue général descripuf et illustré de l'établissement d'horticulture de MM. Krelage et fils de Harlem, 1874-1875, L Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Note sur le Physalis edulis et quelques autres espèces du même genre Par M. BossiN, botaniste-cultivateur, Depuis très-longtemps nous entendions parler du Physalis edulis sans le connaître. Plusieurs amateurs de plantes utiles et économiques se sont adressés à nous, mais vainement, pour obtenir sur cette plante alimentaire et condimentaire des renseignements que nous n’élions réellement pas en mesure de leur donner d’une manière satisfaisante ; nous nous sommes donc abstenu de les fournir. Aujourd’hui, grâce aux soins et à la louable sollicitude de la Société d’acclimatation toujours vigilante pour introduireet acclimater, en France, des végétaux ct des animaux utiles pouvant servir à l'alimentation générale, l'honorable M. Balcarce, ministre de la Confédé- ration Argentine, auquel nous sommes redevables de plusieurs bonnes importations de plantes, vient d'introduire enfin dans la culture des environs de Paris le véritable Physalis edulis; il l'avait d’abord annoncé sous Ja dénomination de petite tomate du Mexique, mais ayant soumis plusieurs spécimens de celte plante aux savants professeurs de botanique du Muséum de Paris, ils ne tardèrent pas à reconnaître qu'ils avaient affaire au Physalis edulis, nom sous lequel nous en parlons dans cette note et que nous lui maintenons, nous conformant en cela, avec jusle raison, à la saine appré- ciation et au jugement toujours si équitable de nos grands maîtres. Voulant répandre la tomate mexicaine dans les jardins potagers de France, M. Balcarce cut l'heureuse idée, la bonne pensée et la générosité de mettre une partie des graines de Physalis edulis en distribution à la Société d’ac- climatation qui s’empressa, avec son zèle habituel, d’en adresser un petit lot à chacun de ses membres s’occupant plus particulièrement d’horticulture; c’est à ce titre que nous recûmes un petit paquet de ces graines dans le courant de janvier 1874; nous nous cmpressâmes de les semer ici à Han- neucourt, en même temps que nos tomates ordinaires ; c’est-à-dire sur couche chaude ct sous châssis ; vers la fin de mars, lorsque les plantes furent assez développées, nous les repiquâmes une à une dans chaque pot, de la largeur de 15 centimètres, dans du terreau de fumier de couche, et nous les livrâmes à la pleine terre dans les premiers jours de mai; à ce moment déjà, les jeunes Physalis edulis se couvraient de fleurs, et ils nous annoncaient une abondante récolte de fruits, et cela était parfaitement vrai; car il est rare de voir autant de fruits sur d’autres végétaux : or, voici ce que le Physalis edulis nous a donné à Hanneucourt en 1874. Tiges vigoureuses, vertes, glabres, un peu flexibles et rampantes, d’une longueur de 4 mètre à 1,60, assez grosses, cannelées et presque quadran- gulaires, irès-rameuses, feuilles alternes, ovales, lisses ct terminées en ’ 70 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. pointes, dentées et portées sur une pédoncule de 2 à 3 centimètres : à cha- que aisselle, quiestle plus souvent violacée, il sort une branche nouvelle qui donne naissance à son tour à une infinité d’autres ; en même temps que la branche, paraît une fleur solitaire, large de 15 à 20 millimètres, en roue, d’un jaune pâle et verdâtre, ayant au centre un cercle de couleur lilacé ; les £tamines sont courtes et ramassées, les anthères un peu lilacées sont plus larges que leurs supperts, la floraison eut lieu chez nous de la fin du mois d’avril aux premiers jours de novembre ; après la floraison, succédèrent les fruits qui sont portés sur des pédicules minces violacés, et longs de 2 à L centimètres, flexibles et laissant retomber la baie ou fruits, le long de la branche ou dela tige; aussitôt qu’il grossit, le calice, violacé jusqu’à la moitié environ de son développement, couvre presque entièrement le fruit, et il ne se déchire que lorsque celui-ci arrive à maturité; le fruit est d’nn jaune irès-pâle et verdâtre, lisse, couvert d’une matière un peu visqueuse, dégageant un peu l’odeur de la tomate: il est rond, un peu aplati du côté du pédoncule et fortement arrondi du côté de l’ombilic, il est ordinairement du poids de 40 à 15 grammes et mesurent de 9 à 12 centimètres de circon- férence, sur une largeur de 25 à 35 millimètres ; la peau qui recouvre le fruit est extrêmement fine, elle contient une partie grasse et mucilagineuse ; irès-serrée, qui contient au milieu et au pourtour, parfaitement alignées et rangées, de nombreuses semences plates, lisses, jaune pâle, de forme lenticulaire, convexes sur les deux faces ; ces Semences ont environ de 4 à 2 millimètres de largeur. C’est l’intérieur du fruit verdâtre et mou, c’est- à-dire la partie mucilagineuse qui sert en cuisine dans les sauces et dans les ragouis, et à faire des plats si recherchés des Mexicains, nous assure-t- on ; c’est également cette même substance qui est employée dans les officines à faire d’exceilents sirops pour les voies respiratoires et dont les médecins mexicains et les indigènes font, paraît-il, un usage fréquent pour la guérison de ces sortes de maladies. Cette espèce vient de nous donner une variété à fruits beaucoup plus gros que nous pouvons estimer avoir un tiers de plus de volume: la plante est plus forte dans toutes ses parties, les 1iges ne portent aucune trace de teinte violacée, elles sont entièrement vertes, de même que le calice qui en- veloppe le fruit. Cette variété, à première vue, nous paraît plus avanta- geuse que l'espèce type, nous verrons ce qu’elle nous produira l’année prochaine ; si elle se maintiendra ou si elle rentrera dans l'espèce, ce qui pourrait bien arriver : les Physalis edulis sont des plantes annuelles qui ressemblent à s’y tromper, dans tout leur ensemble, à nos piments ou _poivres longs. Le feuiliage est vert foncé et luisant. Les racines du Physalis edulis forment un chevelu très-compacte, elles sont courtes, capillaires, ramifiées et très-nombreuses au pied de la tige, elles forment de fortes touffes qui re se désagrégent pas lorsqu'on les arra- che; cette plante demande beaucoup d’eau pendant la végétation, et les mêmes soins que ceux qu’on donne aux tomates. Nous avons planté les Phy- FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE,. 71 salis à côté de nos tomates, et nous les avons treillagés et tutelés de même; la culture nous en a paru des plus faciles ; pendaut quatre mois, nous avons récolté des fruits mûrs que la faiblesse du pédoncule et le poids des baïes funt détacher instantanément de la plante, si on ne les récolte pas assez vite. Il est donc nécessaire de les surveiller si l’on ne veut pas les perdre. Le genre Physalis fut établi par Linné, dans son système sexuel, il en décrit treize espèces, dont huit vivaces et cinq annuelles. Dumont de Cour- cet, dans son Botaniste-cultivateur, en mentionne quinze ; huit vivaces et sept annuelles. Il en donne ainsi le détail et les caractères botaniques. Coqueret, Physalis, calice 5-fide, corolé en roue, 5-fide ; anthères oblon- ques, conniventes, stigmate obtus, baie globuleuse enfermée dans le calice agrandi en forme de vessie, plusieurs semences réniformes : 19 ESPÈCES VIVACES ET LIGNEUSES. 1. Coqueret Alkekenge(Physalis Alkekengi). Plante vivace très-traçcante, tiges, de la hauteur de 30 à 235 centimètres, rameuses, feuilles pétiolées, ovales, pointues entières et géminées, fleurs blanches, solitaires et axillaires, baies rouges ainsi que le calice vésiculeux qui la renferme, de la forme ei de la grosseur d’une cerise; les fleurs apparaissent en juillet et se prolongent jusqu’en septembre. Cette espèce est originaire de la France. Pleine terre. 2. Coqueretde Pensylvanie (Physalis Pensylvanica). Tiges de 30 à 35 cen- timèires de hauteur, droites et rameuses, feuilles pétiolées, alternes, ovales, obtusément anguleuses en leurs bords, vertes, un peu colonneuses en dessous, fleurs de juillet en septembre, jaunes, solitaires, axillaires et pédonculées ; baies petites et rouges, Originaire de l’Amérique septentrionale ; de pleine terre. 3. Coqueret de Curacao (Physalis curassavica). Tige de 30 à 35 centimètres de hauteur, . feuilles ovales, pétiolées, ondées, pubescentes et grisâlres ; fleurs de juillet en septembre, jaunâtres, solitaires, axillaires et pédonculées; cette espèce est originaire de l'Amérique méridionale; de serre chaude. k. Coqueret visqueux (Physalis viscosa). Tiges hautes de 60 centimètres, rameuses ct paniculées, feuilles pétiolées, ovales, ondées, obtuses et un peu cotonneuses ; fleurs en juillet, jaunâtres, avec des iaches jaunes, axillaires, solitaires et pédonculées ; baies ovales, orangées et visqueuses. Originaire de Buenos-Ayres; de serre chaude. 5. Coqueret du Pérou (Physalis peruviana). Tiges élevées à rameaux di- vergents, pubescentes ainsi que les feuilles qui sont cordiformes et très- entières, fleurs d’avril en octobre, jaunes avec cinq taches brunes solitaires, pendantes et pédoneulées. Originaire de l'Amérique méridionale; de serre chaude. 6. Coqueret barbu (Physalis aristata, H. K.). Tige frutescente, feuilles . oblongues, entières, glabres, les rameaux, les pétioles et les pédoncules sont lanugineux. Originaire des îles Canaries; «rangerie ou serre tempérée, rh SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION: 7. Goqueret sumnifère (Physalis somnifera). Tige de 30 à 60 centimètres, rameuses, Catounceuses et grisâtres ; feuilles pétiolées, ovales, entières, molles et pubescentes ; fleurs en juillet et août d’un jaune pâle, petites, axillaires, péconculées et réunies ensemble au nombre de trois à ciug. Originaire du Levant, du Mexique et de l'Espagne ; cette plante est arbores- cente et elle est toujours verte ; orangerie et serre tempérée. 8. Coqueret arborescent (Physalis arborescens). Tige de 4 mètre à 12,30 de hauteur. rameuse ; les rameaux en sont tortueux ; feuilles ovales, pres- que obtuses, ondées et pétiolées, d’un vert grisâtre ; fleurs en juillet, jaunâ- tres avec des taches brunes, pédonculées, rassemblées, axillaires et roulées. Toujours vert et originaire de Campèche ; de serre chaude. ESPÈCES ANNUELLES. 9. Coqueret anguleux (Physalis angulata). Tiges de 30 à 60 centimètres de hauteur, tendres, anguleuses, glabres et très-rameuses, feuilles pétiolées, ovales pointues, anguleuses, glabres et avec des points luisants; fleurs de juin en septembre, petites, d’un jaune pâle avec des taches roussâtres, axillaires, solitaires et pendantes. Originaire des Indes. 10. Coqueret pubescent(Physalis pubescens). Tige de 30 à 40 centimètres de hauteur, succulentes, anguleuses, très-rameuses et pubescentes, feuilles ovales, pétiolées, anguleuses, molles, velues, visqueuses et d’un vert sombre, fleurs petites, de juin en septembre, avec des taches d’un pourpre foncé, axillaires et pendantes. Originaire des deux Indes et de la Virginie. 11. Coqueret couché (Physalis prostrata, Jacq. L'hérit.). Tiges couchées, très-rameuses, cylindriques, hérissées de poils blancs, et longnes de 30 cen- timètres environ, feuilles alternes, un peu ovales, moîiles, glabres et un peu charnues , fleurs, en août et septembre, violettes, axillaires, pédonculées et veinées de pourpre. Originaire du Pérou. 12. Coqueret nain (Physalis minima). Tiges de 20 centimètres environ de hauteur, très-rameuses, feuilles presque en cœur, pointues, un peu an= guleuses, molles et pétiolées, fleurs, de juillet en août, petites, jaunâtres, avec cinq taches brunes, axillaires, les pédoncules plus longs que les feuilles. Originaire des Indes orientales. 13. Coqueret de Barbade (Physalis Barbadensis). Tige de 60 centimètres à 1 mètre de hauteur, velues, creuses et cylindriques ; feuilles pétiolées, cor- diformes, pointues, molles et velues, fleurs jaunes avec des taches brunes, axillaires et solitaires, les pédoncules plus courts que les pétioles. Originaire des Antilles. 14. Coqueret velu (Physalis pruinosa). Tiges très-rameuses, feuilles ve- lues, ies pédoncules droits, anthères jaunes, baies presque turbinées. Flearit en juillet et août, et originaire de l'Amérique. 15. Coqueret à gros fruits (Physalis Philadeiphica, Lam.). Originaire de Amérique septentrionale, FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE,. 73 On ne cultive guère les Coquerets que dans les jardins botaniques comme plante de collection, excepté cependant le Physalis Alkekengi et le Physalis edulis ; le premier cullivé pour ses baies curieuses qui sont employées en mé decine, etle second qui rentre danslasérie des plantes économiques et alimen- laires.Les autres espèces n’offrent rien de très-intéressant;ilparaît cependant que les Espagnols mangent les fruits de l’Alkekenge, qui ont une saveur aigrelette et qui sont en même temps diurétiques : les vieillards surtout se trouvent très-bien de l’usage de ces baies en décoction ; les ménagères de nos campagnes où les Alkekenges croissent spontanément se servent des fruits pour colorer leur beurre, et nous-même nous les avons employées avec le plus grand seccès pour cette coloration sans nuire aucunement à la qua- lité du beurre et à la santé des personnes qui s’en servent. Par la belle couleur jaune de ces fruits et par leur gracieuse disposition sur les tiges, il nous semble qu'aujourd'hui lAlxekenge pourrait faire partie du groupe des nombreuses plantes ornementales, où il nous semble qu’il serait bien placé : peut-être que dans le nombre des espèces, on pourrait encore en trouver d’autres qui rempliraient ce but. Nous livrons ces réflexions aux amateurs des jardins d'agrément et paysagers. C’est sous ce rapport que nous nous sommes fait un devoir de mentionner dans cet article les quinze espèces dont nous venons de donner la description. Dans son remarquable ouvrage intitulé : Description des plantes potagères, notre honorable confrère et collègue M. Vilmorin mentionne un alkékenge jaune d’or, Coqueret comestible (Physalis pubescens), qui n’est assuré- ment pas le nôtre, puisque, dans la description qu’il en donne, il indique que la plante qu’il décrit a les feuilles velues et les tiges très-pubescentes : Or, le Physalis edulis, introduit en France par M. Balcarce, n’a pas ces ca- racières, les feuilles et les tiges sont glabres, ou du moins chez nous; nous l'avons cultivé et observé avec le plus grand soin, et il nous a été impossible d’y remarquer la moindre trace pubescente, serait-ce une espèce nouvelle ou une variété ? Cela se pourrait, mais nous ne sommes pas assez botaniste pour l’affirmer. Dans le même ouvrage, il est dit encore qu’on cultive, pour leurs fruits, les Physalis barbadensis et peruviana; ces détails pourront servir, nous le pensons, à classer le Physalis edulis, dont il est question dans cette note, et à lui donner la place qu'il doit occuper dans le genre Physalis: mais n’empiétons pas sur le domaine de la science et maintenons-nous dans la pratique qui est le but de celte note. Usage des fruits du Physalis edulis. Le numéro de décembre dernier ontient une note des plus intéressantes sur les avantages que l’on peut reti- rer en cuisine des fruits du Physalis edulis, que l’on prépare absolument comme ceux de nos tomates comestibles ; M. Balcarce a eu l’obligeance, tout récemmenent, de nous indiquer les moyens d’en faire un sirop excellent, d’un grand usage au Mexique, dans les maladies des voies respiratoires ; en voici la recette telle que l’éminent M. Balcarce a bien voulu nous la donner. Prendre une livre de sucre et environ 20 petites tomales mexicaines et la , 74 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. valeur d’un titre d’eau ; couper en quaire les tomates ei les jeter dans l’eau que l’on fait bouillir jusqu'à ce que le tout soit réduit de moitié. Passer en- suite le jus en l’exprimant dans une serviette, ajouter alors le sucre et faire cuire jusqu’à la consistance de sirop; nous avons fabriqué nous-même du sirGp, nous l’avons lrouvé excellent ; la pointe acidulée qu’on y remarque sensiblement le rend agéable au goût ; de plus, il est apéritif, digestif et très- rafraîchissant ; sa couleur verdâtre, claire et limpide, lui donnent un coup d’œil qui lui est favorable pour la dégustation. Nous en avons aussi fait des sauces, qui sont très-bonnes, avec le bœuf ou houilli ; les semences de la tomate mexicaine sont extrêmement oléagineuses, mais notre faible provi- sion ne nous a pas permis d'en exiraire de l'huile, ce sera pour l’année prochaine. Nous ne terminerôns pas cette note sans adresser à M. Balcarce nos vifs et sincères remertîments pour toutes ses bonnes introductions en France, et nous félicitons la Société d’acclimatation de les avoir répandues et de les avoir distribuées aux membres qui ont bien voulu les expérimenter. Culture du Tabac en Algérie. La récolte de 1874 a été très-abondante et les livraisons faites dans les établissements de l’État ont atteint le chiffre de 4 850 600 kilogr. qui ont rapporté aux producteurs 8 530 607 francs, c'est-à-dire presque le double de l’année 1873. Depuis l’année 1847 jusqu’aujourd’hui, l’administration a recu @es plan- teurs européens et indigènes environ 68 millions de kilogr. de tabac qui ont été payés 54 millions de francs. Le bénéfice réalisé par suite de la vente des produits manufacturés pendant la même période a fait rentrer dans les caisses de l'État une somme totale de 493 360 000 francs, c’est-à-dire près d’un demi-miliard en vingt-sepi ans. Le bénéfice rapporté par la récolte de l’année dernière peul être évalué à 85 500 600 francs. Comme on le voit, le grand commerce étranger commence à venir S’ap- provisionner sur les marchés de tabac de l’Algérie, qui profite déjà large- ment d’une industrie libre aussi lucrative que vivace. Baron P. DELLARD. 1 ot FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Chronique d'Amérique. Encore le Bambou. — Le Thé de Colombie, — La Vigne en Californie. In- fluence du climat sur la végétation à San-Francisco. — La végétation ligneuse aux États-Unis. — L’origine des espèces en botanique. — Le Doryphora, Les quinze dernières lignes de notre chronique de juin ont valu au numéro de décembre du Bulletin un très-intéressant article de quinze pages sur les usages du brribou. Nous nous félicitons d’avoir été pour notre recueil l’oc- casion de cette bonne fortune. Le Straits Times racontait qu’à Java les indigènes savaient faire du Bambou un instrument de crime en extrayant de ses nœuds cerlains petits filaments noirs couverts d’un imperceptible duvet en aiguilles qui, avalé, causait infailliblement la mort en amenant linflammation des poumons, etc. A notre tour, nous avons rapporté celte énonciation, en cilant nos sources, et sans prendre naturellement la plus mince responsabilité dans le fait lui-même. Nous sommes heureux de voir ce fait, sinon absolument démenti, au moins mis fort en doute par un voya- geur qui connaît de longue date, il le déclare, le végétal incriminé. A nos yeux C’est tout un acquitlement pour le bambou. Maintenant qu’on nous permette une courte parenthèse qui concerne par- ticulièrement notre rédaction. Pour qualifier l’effet final attribué, à tort ou à raison, par le journal anglo-indien aux filaments en question, c’est-à-dire la mort, la mort irrémédiable, fatale, nous nous sommes servi très-impro- prement, nous n’avons aucune hésitation à le reconnaître, du mot « empoi- sonnement ». C'était là une simple figure de langage, un terme générique, un lapsus même, si l’on veut. auquel nos lecteurs ne se seront pas mépris. « Il suffit en effet», comme le note, à notre adresse, notre honorable cor- respondant, « d’ouvrirle premier livre venu de toxicologie ou de médecine, » pour s'assurer que l’on appelle poison un agent qui, introduit dans l’écono- » mie par une voie quelconque, détruit la santé ou anéantit complétement » la vie sans agir mécaniquement. Or, les filaments du bambou n’agissent » que mécaniquement ; donc ils ne sont pas un poison, elc.v. Voilà qui est parfaitement entendu, le bambou n’empoisonne pas, et si le Straits Times, reprenant sa thèse, arrivait —ce qu'à Dieu ne plaise — à prouver que le bambou renferme bel et bien certains corpuscules solides qui, avalés, tuent et tuent d’une facon sûre et expéditive, on pourra toujours répondre que ces corpuscules du moins n’empoisonnent pas. À présent qne nous avons fait amende honorable, si par malheur il nous arrivait une auire fois, dans la rapidité des lignes d’une chronique, d'écrire par exemple que tel individu s’est empoisonné en avalant du verre pilé ou même une fourchette, nous avons le ferme espoir que les indulgents lecteurs qui, depuis trois ans, veulent bien accepter notre humble prose, nenous sup- poseront jamais l’idée d’accuser la fourchette d’être un poison dangereux contre lequel on ne saurait se prémunir avec trop de soins. 76 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Un autre grief dont il est fait reproche à nos quinze malheureuses lignes de juin dernier, c’est d’avoir pour toute appréciation qualifié simplement le bambou de «joli arbuste ». Ah ! celte fois, quelque bonne volonté qui nous anime, nous imaintenons l'expression et nous sommes sûr en cela d’avoir pour nous les nombreux visiteurs de notre Jardin du Bois de Boulogne. Les bambous, jusqu'ici, sous notre climat parisien, ne sont certainement pas autre chose que dé «jolis arbustes ; » leurs tiges peuvent tout au plus servir à fabriquer des manches de parapluies, et elles ne ressemblent assurément en rien, comme ampleur, à celles dont les troncons font ces énormes pots à tabac qui encombrent les vitrines de tous nos marchands de chinoiseries. L’arbuste d’ailleurs, sans atteindre encore aux ambitieuses proportions que nous lui avons vues sur les bords du Nil, dans les jardins de Chou- brah, ou même à Alger, se montre déjà de taille fort respectable sur notre, littoral méditerranéen. Au siége même de la Société d’acclimatation, à Paris, certaines échelles aussi solides qu’élégantes du simple poids de 5 kilogram- mes et hautes de 4 mètres, qni sont employées pour le service de la biblio- thèque, ont élé faites avec des bambous récoltés l’année dernière à Toulon (Var). Les montants sont en Bambusa mitis et les traverses en Bambusa nigra. Ces bambous proviennent des cultures de M. Auzende, On le voit, l’acclimatation du bambou en France peui être considérée comme un fait acquis, et notre Société, qui y à tant contribué, a le droit d'être fière de celte conquête qu'attestent de nombreuses notices du Bulletin. A l'exposition des produits de l’industrie nationale qui s’est tenue, en 1371, à Bogota, figurait une plante renommée depuis longtemps dans la Colombie pour sa ressemblance avec le thé de la Chine et du Japon. Il ne faut pas la confondre avec l’Yerva de maté du Paraguay. Dans la région où elle est indigène elle porte le nom de Palo blanco, son nom botanique nous est inconnu. Le générai Mosquera, dans la nomencla- ture des plantes de la Nouvelle-Grenade, fait du Palo blanco une espèce particulière d’Ehretia. Les journaux de Bogota ont, dans ces derniers temps, ramené l'attention sur le Palo blanco. La découverteen est due, y est-il dit, au botanisie Mutis. 11 pousse naturellement et sans culture dans toutes les régions possédant le même climat que celui des plaines de Bogota. Les pro- priétés de la plante ont été l’objet d’un mémoire du docteur Gomez Ortega, écrit en 1786, et retrouvé et publié à Bogota. Le thé de Colombie aurait exactement les propriétés excitantes ct digestives du véritable thé asiatique, avec un arome plus parfumé; il exige moins de sucre et surtout il est in- finiment moias cher. Le rapport du docteur Gomez Ortegainsiste pour que le gouvernement espagnol, afin de faire connaître et de répandre le pré- cieux produit végétal, en ordonne l’emploi dans les hôpitaux, et en fasse délivrer à tous les consuls et agents diplomatiques d’Espagne, avec recom- mandation de le vendre à un prix élevé «comme étant le moyen le plus efi- FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE, 27 cace de le faire adopter par les Anglais ». Nous ne saurions dire quelle suite a été donnée à ces conseils ; toujours est-il que le Palo blanco, non-seulement n’a pas détrôné le Souchong, mais qu'il n’est guère resté jusqu'ici qu’à l’état de curiosité et qu’on ne semble pas avoir songé à en introduire la culture hors des limites de son sol natal. La culture de la vigne prend en Californie une extension de plus en plus grande. La production du vin qui, d’après les rapports officiels, était, en 1870, de 3 700 000 gallons ou environ 140 000 hectolitres, a presque doublé en 14572. L'année qui vient de finir aura été plus productive encore, et ce- pendant, le croirait-on ! beaucoup de raisin reste perdu sur la vigne à cause de l’éloignement des marchés. Dans la Sierra Nevada, les plantations de vi- gnobles sont aujourd’hui en faveur, mais les ceps de la Mission de Catawba et d’Isabella se remplacent dans les plus grands vignobles des montagnes par le muscat blanc. Les plants de Catawba et d'Isabella ne réussissent pas bien, paraît-il, en Californie. À propos de ce dernier pays, le docteur Cooper a lu récemment à l’Académie californienne des sciences un intéressant mémoire relatif à l’in- fluence du climat sur la végétation à San Francisco. La rareté comparative des arbres et le petit nombre des espèces autour de la baie, comparés aux districts situés immédiatement au nord et au sud ont éveillé l’attention de l’auteur. Les études auxquelles il s’est livré à ce sujet le poussent à conclure que la principale cause de l’absence d'arbres est la prédominance des vents de mer du nord-ouest, durant la saisen sèche, ces vents soufflant par la Porte d’or et par la dépression de la chaîne de Ja côte entre Petaluna et lomales Bay. La nature du sol et son altitude sont comparativement de peu d’impor- tance dans la question. Comme la direction générale des chaînes està peu près du nord-ouest au sud-est dans cette région, et queles vents frappent oblique- menti, et aussi que la même exposition est justement celle que le soleil frappe de son côté avec le plus d'intensité et le plus longtemps, les arbres sur ce versant ont mille peine à pousser et à se maintenir en santé, en dépit des pluies et des brouillards particuliers à la côte. Comme conséquence naturelle, les versants opposés du nord-est sont, au contraire, très-boisés habituelle- ment. Ces vents, dit M. Cooper, agissent de deux facons ; ils dessèchent les portions du sol qu’ils balayent, et, par leur basse température, ils paralysent l'effet de la chaleur des rayons solaires et empêchent le développmeent des végétaux là même où l'humidité abonde. À l’appui de sa thèse, l’auteur a donné en détail le groupement des arbres de la région, à différentes distan- ces, autour de San Francisco. Ces vues méritent considération. La direction des vents a, dans la culture des grands végétaux, une importance à laquelle on ne songe pas toujours assez. La végétation ligneuse est d’ailleurs fort riche aux États-Unis. Dans une 78 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION:. 4 communication présentée à l'Association américaine pour l’avancement des sciences, le professeur W. Brewer, de New-Haven, constatait, il n’y a pas bien longtemps, que la flore des États-Unis compte plus de 800 espèces li- gneuses et plus de 300 arbres. Dans ce dernier nombre, 250 espèces envi- ron sont assez généralement repandues ; 120 espèces sont de grande taille ; 20 atteignent plus de 30 mètres de hauteur, 12 plus de 60 mètres et qüel- ques-unes, cinq ou six, ont jusqu’à 90 mètres. , Le botaniste américain Meehan, en traitant, au point de vue de la botani- que, la question toujours ardue de l’origine des espèces, a invoqué un grand nombre de faits pour établir que de nouvelles formes se manifestent souvent «par bonds ». M. Meehan formule les propositions suivantes qu’enregistré le Garden et que la Belgique horticole reproduit à son tour en ces termes: «1° Les changements morphologiques dans les individualités végétales ne sé manifestent pas toujours à la suite de modifications graduelles, 2° Les variations de formes spécifiques suivent la même loi. 3° Les variationis sont souvent soudaines et d’un caractère si tranché qu’elles paraissent génériques. ho Ces formations soudaines se perpétueht exactement comme celles qui ont pour origine des modifications gradtüelles. 5° Les variations de même nature se manifestent simultanément dans des localités séparées par de grandes distances. 6° Les variations affectent simullanément des communautés de plantes et proviennent de causes qui afféctent la nutrition et peut-être d’autres causes. » Dé ces prémisses, lé botaniste américain conclut que de nouvelles espèces, profondément différentes dés anciennes, peuvent se mani- fester brusquement par l’évolution des formes préexistantes, sans aucune in- tervention de chaînons intermédiaires. Le Doryphora, la « Punaise de là pomme de tefre » qui fait tant de ra- vages de l’autre côté de l'Atlantique, commence à caüser, en Europe, de sérieuses appréhensions d'invasion., Le Ministre @e l’agriculture et du com- merce a invité, 6n le sait, l’Académie des sciences à li faire Connaître quelles mesures seraient à prenüre en vue dé prévenir le fléau. En attendant la réponse de la savante compagnie, nolons en passant que le moyen le plus en faveur jusqu'ici chez les cultivateurs américains de l’ouest. consiste en aspersions répétées de la plante avec un mélange d’eau, de plâtre et de sul= faite de cuivre, ce dernier élément en proportion vingt fois moindre qué la quantité de plâtre employée. Ociave SACHOT. V. BIBLIOGRAPHIE. Müriers et Vers à soie (Paris 1874) Par M. A. GoBiN, professeur de botanique et de zoologie à l’École d'agriculture de Montpellier. L'ouvrage élémentaire de M: Gobin sur la sériciculture est divisé en quatre parlies. La première est consacrée à Pétude du Ver à soie du mûrier (Sericaria mort, Linn.), avec l’histoire de ses introductions successives, de son développement biologique, puis à l’examen naturel de Ja nourriture qui convient seule à cet insecte, c’est-à-dire du Môûrier, de sa culture et de ses variétés. La seconde partie du livre de M. Gobin traite de l'éducation des Vers à soie ; l’auteur examine la construction et la disposition de la magnanerie, son mobilier, ses conditions physiques. Il s'occupe de l’alimentation des Vers, des soins qu'ils réclament, des dépenses et des produits, et enfin des maladies, si désastreuses depuis plus de vingt-cinq ans. M. Gobin distingue, d’après l'ouvrage célèbre de M. Pasteur, les deux maladies principales, la flacherie et la pébrine, ou maladie des corpuscules. A propos de cette dernière affection, il fait connaître d’une manière sommaire, mais précise, les impor- tants travaux de M. Pasteur, et la sélection des reproducteurs par le grai- nage cellulaire qui en est le résultat pratique. _La troisième partie du livre est consacrée à l’étude technique, au traite- ment et au commerce de la soie. M. Gobin passe en revue les diverses qualités des cocons, et sépare ceux qui peuvent être dévidés en soie grége et ceux auxquels le cardage s'applique seul, ainsi qu’à la bourre. La quatrième partie est la seule qui prête à quelques critiques. L'auteur examine rapidement les espèces de Bombyciens succédanées du Ver à soie du mûrier. Il en donne une nomenclature un peu sèche et trop longue. Il aurait dû se borner, pour l’enseignement élémentaire, aux seules espèces qu’on puisse espérer d’acclimater en France, c’est-à-dire les Atéacus Cynthia vera (de l’ailante), Pernyt (du chêne de la Chine), Yama-maï (du chêne du Japon), et les Aifacus américains Cecropia et Polyphemus. Il me semble inutile d'indiquer aux jeunes agriculteurs des espèces comme l’Aftacus my- htta, de l'Inde; aurota, du Brésil, etc., appartenant à des climats trop chauds pour que leur introduction soit réalisable chez nous. Il en est de même de l’Altacus arrindia ou du ricin, dont la plante alimentaire ne peut supporter le froid de nos hivers, et qui est d’ailleurs parfaitement remplacé par le Ver à soie de lPailante, devenu sauvage en France, et dont il n’est peut-être qu’une race méridionale. M. Gobin a confondu à tort, pour le 80 ,. SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. produit, les cocons des espèces de l’ailante et du chêne ; ceux de la première se cardent seulement, les autres ont le grand avantage de pouvoir être dé- vidés en soie grége. 1 En résumé, le livre de M. Gobin est un guide fort recommandable pour les débutants, et illustré de bonnes figures. 11 sera très-utile pour l’ensei- gncment agricole, dont on cherche aujourd’hui à poursuivre les premières tentatives reconnues lount à fait insuffisantes. Espérons que les enseignements pratiques et techniques auront un jour la place qu'ils méritent par leur utilité de premier ordre, et mettront à son véritable rang le pédantesque ensei- gnement classique. MAURICE GIRARD. Le gérant : JULES GRISARD, FARIS, — JMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2, I, TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÈTE RAPPORT SUR LES PRINCIPALES CULTURES FAITES EN 1874 AU JARDIN D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE Par M. QUIHOU Jardinier en chef, Messieurs, Je viens, comme chaque année, vous entretenir sur les cul- tures faites au Jardin d’acclimatation. Depuis mon dernier rapport, 1l ny a pas eu beaucoup d’arrivages en végétaux, celui-c1 sera donc peu étendu. 1° PLANTES ALIMENTAIRES. Solanum tuberosum, Pomme de terre, Solanées, Chili. Nous avons reçu d'Allemagne un grand nombre de variétés de Pommes de terre, ce qui porte aujourd’hui notre collec- tion à plus de cent sortes de ce précieux tubercule. Celle orande quantilé de variétés et l’exiguité de notre carré d’expé- riences nous à obligé à ne planter que deux touffes de chaque variélé. La récolte a donc été très-minime, si minime même que, pour la première année, notre désir étant de les propa- ger autant que possible pour obtenir des expériences plus concluantes, nous ävons dû renoncer à en distraire une partie pour procéder à leur dégustation dans le but de nous éclairer sur leur qualité. Nous nous sommes borné à constater le rendement des touffes, la grosseur, la forme et la couleur des tubercules ainsi que leur époque de maturité, remettant à l’année prochaine l'appréciation de leur mérite culinaire. Le tableau suivant guidera les personnes qui désireraient tenter des expériences sur celte collection : 3° SÉRIE, T. Il, — Février 1875, 6 O2 NUMÉROS ET NOMS. 1% 12 ND = D æ © Blanche de Munsoe (Suède) e cie pe) eve te . Fine nouvelle per- SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Nouvelle collection. DATE de la maturité 1. 10 septembre. pétuelle blanche. . | 1°" octobre. . Rave de Brisa .... . Ronde, sixsemaines, blanche cree blanche précoce . Écossaise, précoce blanche: 00 . Suédoise, de poi- reau, rouge. .... . Berlinoise rose du profes’ Klotzich.. . Bisquit de Proskau, rouge.......... :1Géante Mouse re Bariolée de Califor- MEN TOUSE-. et . Fleur de pêcher... . Albert de Paterson. Victoria de Pater- sort . Parters de Breese.. . Feuilles de Frêne de Matt ls fier & Précoce chinoise.. De rocher........ Boule de farine, rouge. . . D... es . Roi des précoces de Breese..se. .. ., . Régent d’York.... . De Spillern . De Saint-Jean de cuelele ob la Secongas _. + Nouvelle de Riesen- RATE RENNES FAIRE 10 septembre. . Rohan, blanche... .|1°" octobre. . De famille, blanche.|10 septembre. . Anglaise, 4° octobre. 10 septembre. 4° octobre. 10 septembre. 1% octobre. {0 septembre, 4°" octobre. 10 septembre. 1°" octobre. 10 septembre. £°' octobre. £0 septembre. |’ 1° octobre. POIDS. GROSSEUR. © | — | — k. 1,500! Moyenne, » |Très-petite. Moyenne. ND { Petite. Moyenne. Petite. Î Moyenne. 4 LM  sai { Petite. J Moyenne. 2 Très-grosse Petite. Grosse, { Petite. Grosse. { Grosse. Petite. Moyenne. 1 La plautatioir de toutes les variélés a été faite le 5 mai FOR ME. Ronde, Oblongue, mamelvnnée. Ronde. Oblongue. Ronde. —— Oblongue. Ronde. COULEUR. Jaune. Blanche. Jaune. Violette. Rouge. Jaune. Panachée violet et blanc. Jaune. —_— Rose. Jaune. CULTURES NUMÉROS ET NOMS. . Délicieuse . Vieille . Grande Schonlack. . Pelure bleue de Hummelshain ... . Maltaise blanche .. . Rouge päle de Ca- . Précoce de Hisbaya. . De Rio-Frio...... Nègre, rouge lon- LES SR Pomme de Pin.... . Pomme de Pin, rouge ....... 5... . Rognon de Cliter- shire de Whuler . . Rognon blanc..... . Sainte-Hélène .... . Précoce de Kemp.. . Australienne...... . Anglaise farineuse. DOUVETAME.. . : : > . Duchesse de Kent. Rognon de Rain- feuille de Frêne sr ee e . Murs de la Grande- Bretagne #5." . OEillet rond...... . Rouleau américain. . OEilletde Lancashire, . Boule de farine... . Prix de Hollande... . Prolifique de Breese. . Bleue de Horn .... . Kiang-Si, . Américaine précoce ). Américaine précoce de Gooderich, blanèhes nent FAITES AU JARDIN D’ACCLIMATATION. DATE de la maturité. 1° octobre. ï POIDS. a ———— ES mr { 10 septembre.|1, 500 4° octobre. 10 septembre. 1°T octobre. 10 septembre. 1°" octobre. 10 septembre. 4° octobre. i0 septembre. 4 octobre. 10 septembre. |! 4% octobre. 10 septembre. 4° octobre. 4° août. 9 4,500 CRE cr = = ORSECES ox c> = 0,250 4% septembre. | GROSSEUR. : Grosse. Moyenne. Très-petite. Grosse. Moyenne, Petite. Moyenne. Petite, Grosse. Petite. Moyenne. Grosse, Petite. Moyenne. Petite. Moyenne. Très-grosse. Moyenne. Frès-grosse. Petite. Grosse. Petite. Grosse. Ronde. FORME. Oblongue. Longue, mimelounée. Longue. Ronde. Oblongue, *onde. Obiongue. Ronde, Longue. Ronde. Longue. Ronde. : 85 COULEUR. Jaune. Rose. Jaune. Violette. Rose. Violette. Noire. Jaune. Rouge. Jaune, Rosée. Violette. Jaune. — an Panachée À jaune et À violet. Jaune. Violette. Jaune, violet. Rouge. Jaune, violet. Rose. Jaune. œil | œil Violette. Rosée. Oblongue.\Blanche 8h NUMÉROS ET NOMS. 67, Américaine, longue de Callao, blan- nine pe. 6h spin 68. Américaine, précoce de Calico, rouge. 69. Caballera jaune tar- IVe, Lmmsiacuinle 70. Araucane, musquée ou colorée...... 71. Canqui rouge tar- dite..i. senaane 3 72. Manga blanca, jaune Pace. os ie 73. Guilgue rouge .. 75. Gnegu, rouge lon- HT OPTS PERS 76, AmÉRCaNE 77. Cabritas ou Mi- 94. . Huaichal . Yacuyes tardive. s Nalcas de la rivière chunne tardive. . Française noire pré Cet. NO SE IN. nb es Ses Folten(Araucaaie). . Plus nouvelle fran- çaise, blanche pré- coce ss... . Chapé colorée. . Chapé blanche. . Du Chili Camota - . Du Chili Papa Reina. . Bleue tardive du Chi Mangu negra. Bleue ra du Chili Cauchau . . Du Chili Bolera, : Américaine d'York. . Blanche précoce de Londres . Belgique de Varry. Sauvage du Chili, de Valparaiso. ... SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. DATE de la maturité. 1 octobre. 10 septembre. 1° octobre. POIDS. | | ———_—_—_— 2 ———…—— —…_ _——— | ————— GROSSEUR. 0,500!/Moyenne. 1,500 Grosse. 1, L 1 { LS 200 Petite. Moyenne Petite. Moyenne. Petite. Moyenue. Petite. | Très-grosse. ns, 200 Grosse, Moyenne. Grosse. 2,500 |Petitc. - 1 2,500 /Movennc. ——— | | | | FORME. Ronde. Oblongue. Ronde. Oblongue. Bonde. Tres-longue, Longue, yeux pro- fonds. Ronde. Longue, Oblongue. Ronde. Oblongue. Ronde. Oblengue. COULEUR. Jaune, Panachée jaune et rose. Jaune. Violette. Rose, œil rouge. Jaune. Noire. Rosée. Violet clair. Noire, Noire, æil jaune. Rose. Violelte. Rose. Jaune. Rose. Jaune. Bleu foncé. Jaune. Noire. Panachée jaune et rouge. Violette. Jaune. Blanche, Rouge. Violette. CULTURES NUMÉROS ET NOMS, 95. Du Chili, blanche d’Araucanie.,... 96, Du Chili, rouge. . d’Araucanie..., 97. Du Cluli Murta .. 98, Du Chili, jaune tar- dive Doyes..... 99, Du Chili, jaune tar- dive du lac Llan- qe 21. Tardive américaine de Roses,...... Du Chili; de Nal- cas de la rivière Tolten (Arauc*). Du Chili, rouge tar- dive Pastenesa.. Du Chili, rouge tar- dive Pillipicum. | 100. 101. 102. 103. . À cœur noir..... . Amérique russe.. PA LO. us. . Bleue de Pater- EC 11 PACEINRMAT AE . Confédérée...... . Crapaudire...... . De Norwése .. … . Franche jaune printanière .,.. HUCANCÉe -: 1... . Kidney rouge.... . Marjolin à œil FOSC . Reine Blanche... . Rouge de Stras- Dore À À 1118. Saucisse blanche. ATOS TAFDESES.. .-.. : . 120. Violette ronde... FAITES AU DATE de la maturité 1. Le" octobre. 1° septembre. 4°’ octobre. JARDIN D’ACCLIMATATION. POIDS. GROSSEUR, a ——— ——————— me | | ———————— Î Petite. 1,500 Moyenne, 1,500 0,500 |Petite, 2 Très-grosse, 5,500 — 2 Petite. 1,500 Moyenne, Ancienne collection, L%octorre. :°" septembre. 15 octobre. 1° octobre. 1’ septembre. 1°" octobre. — 15 octubre. . |A octobre. 15 octobre. ul Moyenne 3 nie 1,900 — 9 ne f Très-grosse. 3, 900 |Moveune. 2, 500 — 5,200 |Très-grosse, D Moyenne. 2,900 _— 1 Petite. 2 Moyenne. 2 Grosse. 6 Fr. 4 Moyenne. 2 Grosse. 7 Moyenne. 1 La plantation de toutes les variétés a été faite le 5 mai. FORME. Ronde, Oblongue, Ronde. Ronde. Ublongue. Mann, Ronde. Longue. Ronde. one Oblongue Longue. Ronde. 85 COULEUR. Blanche. Carmin, Gris violacé, Jaune, Jaune, œil | violet, Rose, Jaune, Violette, Rose, Noire. Rose. Blanche. Rouge. Jaune. Grise, œil rose. Jaune, Rouge. Blanche, œil rose. Rouge. Blanche. Rouge. Blanche. jaune. Violette, 86 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION: “—Cucurbita zapallito. Lapallito de tronco: Gucurbitacé és: Amé= | rique méridionale. = En continuant la culture de cet excellent légume, nous avons constaté qu'il s’écarte de plus en plus de la première plante que nous avons cultivée il y a trois ans. Cette première culture, en effet, nous a donné des pieds non rampants ou rampant très-peu, des fruits moyens réunis comme dans un nid au pied de Ja plante. La seconde année nous avons et tous les pieds rampants, et un peu plus longuement ; et enfin cette année les pieds ont donné des tiges rampantés qui se sont allongées à 4 mêtres du pied et se seraient allongées davantage si nous ne les avions pincées à celte longueur. Par contre le produit a été plus abondant. Un pied nous a donné dix fruits de diverses grosseurs pesant ensemble 25 ki- logrammes. Le plus aros, placé près du pied pesait 6 kilo- orammes; c'est le plus fort que nous ayons vu depuis que nous le cultivons. Les autres fruits étaient de moins en moins gros en s'éloignant du pied: se À. Faut-il voir là le résuliat d'une dégénérescence produite par le voisinage d’autres espèces de cette famille dont leffet de la fécondation se produit à une très-grande distance rela- tivement à ce qui a lieu dans la plupart des autres familles ? Ou ne doit-on voir dans ce fait qu'une influence de climat et de rnilieu entre Buénos-Ayres et Paris ? Nous posons la ques- tion sans la résoudre. Ge développement supérieur de certains fruits n’a pas été au détriment de la qualité ainsi que nous nous en sommes assuré par la dégustation du plus gros, que nous avons trouvé aussi bon que les fruits moyens des années précédentes. Dioscorea batatas. Ygname de Chine. Dioscorées. Japon eb Chine. L’'Igname n’est plus une plante nouvelle ; sa qualité comme légume ne fait pas de doute non plus; le seul obstacle à sa vulgarisation est, comme chacun sait, la difficulté de son extraction du sol qui, en exigeant un terrassement considé- rable, en a empêché la culture en grand. Plusieurs ten- CULTURES FAITES AU JARDIN D ACCLIMATATION. 87 tatives ont été faites pour atténuer cette difficulté. La pre- mière, qui est la plus logique, consiste à modifier par le semis la net trop grande des rhizomes, mais pour obtenir ce résultat, qu’on esten droit d'espérer, 1l faut avoir des graines. Or jusqu’à présent nous n'avons pu rien oblenir parce que là plante étant dioïque, il faudrait pour obtenir des graines avoir la plante mâle et la plante femelle, tandis que, à quelques exceptions prés, nous n’avons que la plante femelle, ce qui reculera pour quelque temps encore le résultat cher- ché. On à aussi essayé d'emprisonner la plante dans des pots, comptant que la racine ne pouvant pas s’allonger se contour- nerait dans le vase de manière à produire à peu prés le même poids de racine sous une forme presque ronde, ce qui dispén- serait de la grande difficulté d'extraction. Prenant un peu de ce raisonnement et sachant l'inconvénient qu’il présente en forçant la racine en se contournant d’emprisonner des parties de terre et même de pierres que la forme de la racine ne permet pas d'extraire à l’épluchage, nous avons eu l’idée d’en essayer la culture dans un vase assez grand pour permettre aux racines d'acquérir tout leur dévelcppement sans contra- rier leur forme, mais de les planter assez près les unes des autres pouf obtenir une récolte d’un poids relativement grand eu égard à la surface occupée, ainsi que d’ailleurs les Chi- nois procèdent, selon les dires. À cet effet, nous avons con- struit un encaissement en briques de 4 mètre superficiel et de 0",80 de profondeur, que nous avons rempli de terre et dans one nous avons planté sept rangs de sept plantes, soit quarante-neuf pour ? mètre nt et nous avons laissé les plantes deux années sans les arracher. L'automne dernier, nous avons récolté 10 kilogrammes de racines bien dévelop- pées avec leur forme naturelle. Ce résullat, sans être bien brillant, nous à encouragé à en poursuivre l'essai, et ce prin- temps nous comptons planter dans le même enüroit non pas sept fois sept plantes, mais bien dix fois dix, et de ne laisser les plantes qu’une année. L’année prochaine nous ne man- querons pas de vous tenir au courant du résultat que nous aurons obtenü. 88 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Raphanus acanthiformis. Daïcon ou Radis du Japon, Cru- cifères. Japon. Ce nouveau légume, qui a été très-peu cultivé en France l’année dernière, est, comme toutes les nouveautés, préconisé par les uns et dénigré par les autres. Nous produira-t-il une plante légumière ou une plante fourragère? C'est ce que l'avenir nous apprendra. À cet effet nous nous sommes pro- curé des graines de provenances différentes, et l’année prochaine nous serons à même de préciser ses qualités. Dans tous les cas, son développement considérable et la facilité de sa culiure nous font espérer que nous pourrons l'employer utilement dans notre pays. COLLECTION DE VIGNES. La fatalité qui nous poursuit depuis quatre années a été plus violente encore que les années précédentes. La gelée printanière est venue encore une fois détruire les espérances de récolte qu’on était en droit d'attendre. Plusieurs personnes nous ont proposé des préservatifs contre la gelée ; nous nous sommes empressé de les accepter, comptant en faire des expériences contradictoires. Le premier jour de gelée, lorsque le thermomètre marquait encore quelques dixièmes au-dessus de zéro, les trois systèmes que nous avions employés nous ont paru également bons. La nuit suivante, le thermomètre étant descendu à zéro, nous avons cru remarquer des diffé- rences dans les systèmes, et nous avons commencé à prendre des notes pour constater le plus ou moins d'efficacité de ces différents systèmes ; lorsque les gelées se succédant en s’ag- gravant firent descendre le thermomètre à plus d’un degré au-dessous de zéro, nous avons eu la douleur de constater que les trois systèmes, presque également efficaces tant que le thermomètre se tient un peu au-dessus de zéro, se sont également trouvés impuissants à arrêter l'influence de la gélée lorsque le thermomètre descend à un degré au-dessous de zéro. Les trois systèmes sont de MM. Mazillier, à Rouvray (Côte- CULTURES FAITES AU JARDIN D ACCLIMATATION. S9 d'Or), A. Duchange, négociant, à Reims (Marne) et Loiseau, propriélaire, au château des Délices, près la Flèche (Sarthe). Tous les trois, quoiqu’un peu différents, tendent au même but qui consiste à arrêter les courants d’air refroidi et s'opposer au rayonnement du soleil, si funeste lorsqu'il frappe les bour- geons gelés. Pour faire une description détaillée de ces divers préserva- tifs, nous attendrons qu’une gelée moins forte que celle de l’année dernière nous permette d'apprécier lequel des moyens est le plus efficace afin de le recommandr. Une particularité qu’il est bon de relever, c’est qu'après ces gelées printanières qui ont ravagé une si grande partie de nos vignobles, les sarments qui sont sortis sur la souche et quelquefois jusque dans terre ont, contrairement à ce qui se passe ordinairement, donné quelques raisins qui, quoique bien insignifiants, ont un peu atténué les conséquences du mal, d’après l'idée qu’on s’en était faite au moment de la gelée. Ainsi au Jardin nous ne complions sur rien, el au contraire nous avons eu des raisins sur un quart ou un tiers des cépages, ce qui nous à permis d'apporter encore un peu de lumière sur les synonymies que contient encore la collec- tion à l’épuration de laquelle nous travaillons depuis huit années. 2° PLANTES ORNEMENTALES. Begonia bulbeux, Begonia Boliviensis, Bégoniacées. Pérou. Depuis quelques années le genre Begonia s’est enrichi de plusieurs variétés à fieurs, laissant loin derrière les variétés anciennement connues. C'est toute une révolution dans ce genre déjà si remarquable. Nous en avons cullivé eix variétés l’année dernière qui on! été à juste titre remarquées par les visiteurs. Ce sont les suivantes : Worthiana intermediu, Emeraude, Raës, Sedent et Sedenii perfecta. Les fleurs de ces variétés sont grandes, les unes longues, les autres larges, aux couleurs les plus brillantes, du rouge vif au rouge foncé, avec des nuances feu et orange. Je ne crains pas d’être taxé d'exagération en disant qu'aucune 90 _. SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. plante ne nous donne des couleurs plus éciatantes. Ajoutez à cela une floraison qui dure plus de six inois, un beau. feuil- lage, une grande rusticité et une multiplication facile et rapide que l’on doit faire au printemps pour permettre aux jeunes boutures de former et de mürir leurs bulbes qui for- meront de gros pieds l’année suivante après avoir passé trois ou quatre mois à l’état sec sous les gradins d’une serre tem- pérée ordinaire. ‘Vous le voyez, à part un peu de soins pour éviter toute humidité pendant le gros de l'hiver, cette plante est d’ une culture trés-facile, son éclat n’a pas de rival, et nous sommes convaincu que ie peu d'années elle aura fait son entrée dans tous les jardins où elle fera une rude concurrence aux Géraniums qui, depuis longtemps, nous rendent d'immenses services dans la décoration florale de nos grands parcs et de nos parlerres,. Azalea mollis, Azalée à feuilles molles. Rosages. Japon. Voici encore une nouveauté qui s'annonce sous de bons auspices, et bien que nous re l’ayons pas encore bien jugée, nous avons de bonnes raisons pour penser qu’elle surpas- sera les Azalées américaines déjà fort intéressantes par leurs couleurs vives et variées, mais tendant toutes plus au moins à la couleur jaune, ce qui forme un ton général un peu uniforme malgré les coloris variés qui par ce fait manquent un peu de netlelé. Les Azalées japonaises ont le même facies que Li Azalées américaines, et elles se cultivent aussi de la même façon, mais elles nous offrent des coloris nouveaux et plus tranchés qui les feront certainement apprécier. Nous en avons plusieurs variétés en boutons et nous aurons le plaisir au printemps de vous en offrir la primeur, car cette plante n'a pas encore, ou très-peu, été vue en fleur à Paris. . Nous nous sommes mis à même de les multiplier au prn- temps et nous pourrons dès l’année prochaine répandre des jeunes sujets de cette nouvelle plante. CULTURES FAITES AU JARDIN .D'ACCLIMATATION. 91 Liqustrum contortus, Troène à feuilles contournées, Jasmi- nées. Japon, | Plante toute nouvelle aux feuilles épaisses et contournées comme le nom l'indique. L'ensemble de la plante est com- pacte, ses feuilles sont curieuses de forme, de couleur vert foncé et brillant. Nous ne pouvons nous prononcer encore sur sa rusticité n1 sur sa floraison, lés sujets que nous possé- dons depuis peu de temps étant très-petits. Lippia Æqyptiaca. Nerbénacées. Égypte. Ceite plante intéressante a été remarquée en Égypte par notre collègue Delchevallerie. Dans une excursion qu’il faisait dans le pays, il fut surpris de voir à une certaine distance une étendue de terrain d’un beau vert foncé qui contrastait avec l'aspect général du paysage. Il se dirigea vers cet endroit et reconnut que c'était lé Zéppia qui formait ce magnifiqué tapis de verdure si rare dans ce pays. Il en fit une petite pro- vision dans l'intention de lutiliser dans les cultures qui lui sont confiées, et au bout de peu de temps il fut émerveillé du succès de sa tentative. Il eut l’obligeance de nous en remettre cette année une petite partie que nous cultivons bien pré- cieusement dans le but de l'utiliser, soit dans le midi de la France, soit en Algérie, où le besoin s’en fait vivement sentir, pour suppléer aux gazons qui, dans ces pays, souffrent et périssent même complétement pendant l'été. Nous avons déjà cultivé le Lippia repens dans les talus à pente rapide où le gazon ne pouvait réussir faute d'humidité, maisil a les feuilles étroites ei fleurit abondamment, ce qui nuit un peu à l'effet général. Le Léppia de M. cine au contraire, à les feuilles sensiblement plus larges, ne heat presque pas, el forme par suite un magnifique tapis vert. Sa muliplication par boutures se fait très-rapidement, presque à volonté, de manière qu'avec quelques pieds on péut dès l’année suivante faire déjà une petite pelouse. Collection de Tulipes Tulipa Gesneriana. Liliacées. Russie méridionale et Orient. | Jus Un amateur distingué de ce beau genre, M. Mallez Regnard, 99 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. propriétaire à Wasquehal, près Lille, en cultivait avec passion depuis de longues années une collection de plus de sept cents variétés. Mais, les années en s’accumulant affaiblirent sa vue, et il se voyait dans l'impossibilité de continuer tous les soins minutieux qu'exige une cullure bien entendue de Tulipes, Il songea alors à l'offrir au Jardin qui ne manqua pas d'accepter avec empressement et reconnaissance. Cette collection est donc aujourd'hui plantée dans votre Jardin, devant et tout prés de la grande volière où l’on pourra la voir en fleur en mai prochain. Je viens de vous parler de soins minutieux qu’exige la culture d’une coilection de Tulipes. Je vais entrer dans quelques détails pour que les personnes qui ne sont pas iniliées à cette culture puissent s’en faire une idée, En arra- chant les oignons, on doit les placer dans des boîtes à com- partiments dans le même ordre qu’ils occupaient dans la planche, pour maintenir l'harmonie des couleurs. Au bout de quelque temps, lorsque les oignons sont bien secs, on leur fait la toilette et on les replace dans une nouvelle boîte à compartiments avec les modifications qu’on a jugées néces- saires pendant la floraison, ce qui fait deux séries de boîtes à compartiments. La plantation se fait à l’automne, suivant l’ordre des boîtes. En février, lorsque les feuilles commencent à sortir, on protége les plantes au moyen d’une tente dite d'hiver, qui a pour objet d'arrêter les neiges, grèles et chan- gements brusques de température. Une fois que les mauvais temps ne sont plus à craindre on enlève la tente d'hiver pour la remplacer par la tente dite d’éié. Cette deuxième a pour objet d'arrêter les vents, les pluies et surtout les rayons du soleil que les Tulipes redoutent beaucoup. Avec ces soins, on obtient des fleurs plus amples, plus fraiches et se conservant plus longtemps. Malgré ces soins, la pleine fluraison des Tu- lipes ne dure que huit jours. On en jouit bien quelques jours avant el quelques jours après cette huitaine ; mais la floraison n’est pas complète, et dans tous les cas, dans la quinzaine tout est fini, aussi ne doit-on pas ajourner sa visite si l’on veut voir une collection de Tulipes en fleur. Comme vous le voyez, c’est toute une affaire que de culiver CULTURES FAITES AU JARDIN D'ACCLIMATATION. 93 des Tulipes, aussi, pourfaire tout mon possible pour mener à bien cette culture, je me suis rendu à Lille, chez M. Mallez, où j'ai pu voir casiers et tentes en activité, et grâce aux expli- cations bienveillantes qu’il m’a faites, j'ai l'espoir d'obtenir une bonne culture qui intéressera certainement les visiteurs du Jardin. M. Mallez nous a donné non-seulement les oignons, mais les casiers en double, tentes d’été et d'hiver, tringles et toiles et jusqu'aux étiquettes. IL a donc droit à toute notre reconnaissance. Arauja albens. Arauja blanchâtre. Asclépiadées. Brésil. Cette liane, que nous avons plantée dans le courant de l’année dans le jardin d'hiver, s’est développée vigoureuse- ment, a passé le gros hiver sans souffrir et acquerra cer- tainement un très-grand développement en 1875. Cette plante curieuse, assez rare, donne des fleurs blanches et odorantes pendant une bonne partie de l’année. Elle se fait surtout remarquer par les Papillons nombreux qui viennent puiser à l’aide de leur trompe le suc renfermé dans le calice des fleurs, et qui par suite de la viscosité de ces dernières ne peu- vent plus s’en relirer malgré tous leurs efforts. Alors la plante, qui se trouve en quelque sorte animée par cette quantité de Papillons en mouvement pour tâcher de s'échapper, offre un spectacle intéressant. ENGRAIS MINÉRAL DU DOCTEUR JEANNEL. Nous avons continué cette année sur les mêmes plantes les expériences que nous avions commencées l’année dernière et dont nous vous avons donné une note délaillée dans notre rapport précédent. Nous avions surlout pour but, en conli- nuant avec persistance sur les mêmes plantes, de savoir si ce mode de culture pouvait se prolonger indéfiniment sur la même plante sans l’altérer, et les résultats que nous avons oblenus nous ont répondu affirmalivement pour la plupart des cas. Pour rendre mon explication plus claire, Je dois vous répéler comment nous avons procédé. Nous avons pris trois 9% | SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. sujets semblables de chaque plante soumise à l'essai ; l’une des trois a été laissée dans son pot sans rempotage, bien que le pot fût rempli de racines. La seconde a été mise dans un pot plus grand, mais au lieu d'employer de bonne terre nous avons pris dü sable fin pur, et presque complétement im-= propre à la végétation. La troisième enfin a été rempotée dans un bon compost de terre franche, terre de bruyére et terreau et arrosée avec de l’eau ordinaire, tandis que les deux premières recevaient en dehors de l’eau nécessaire à leur existence, 30 à 60 grammes d’engrais., selon la force du sujet, par semaine et en deux fois. Cet engrais était composé de 3 grammes de la composition Jeannel, par litre d’eau. Ces plantes ont donc éié soumises à ces expériences comparatives pendant deux années ; mais bien qu’elles s’en soient presque toutes bien trouvées, nous avons remarqué que dans cette longue expérience l'avantage est resté à la culture ordinaire bien entendue, et que les deux autres, soit rempotées dans le sable ou sans rempotage aucun, avaient fini par souffrir de ce long traitement, bien que quelquefois elles aient eu l’avan- fage sur la culture ordinaire au commencement et même pendant une année. En résumé, nous conseillerons toujours d'employer l’engrais Jeannel dans beaucoup de circonstances, et surtout pour les plantes destinées à orner les appartements, où souvent le vase qui doit les contenir est trop petit; mais Je doute que pour une culture de longue durée, pour faire de bonnes et fortes plantes, on puisse l'employer avec plem succés. NOTE AU SUJET DES EXPÉRIENCES ENTREPRISES AU JARDIN EU HUXEMBOURG SOUS LA DIRECTION DE M. RIVIÈRE À L'EFFET DE RECONNAÎTRE LES EFFETS DE L’ENGRAIS CHIMIQUE HORTICOLE Pendant l'année 1874 Par M. JEANNEL, La distance à parcourir pour me rendre au Jardin d'accli- matation et la difficulté de m’y rencontrer à heures dites avec M. Quihou, jardinier en chef, dont les occupations et les devoirs sont extrêmement multipliés, m'ont déterminé à prier M. Rivière, directeur des cultures du Luxembourg, de vouloir entreprendre des expériences pendant le cours de l’année 1874, à l'effet de reconnaître et de mesurer les effets de l’engrais chimique horticole dont j'ai donné la formule dans ma conférence faite au Jardin d’acchimatation, le 9 juillet 1872. | J'ai rencontré le plus encourageant accueil auprès de M, Ri- vière et auprès de M. Jolibois, premier garçon de serre. Voici le résultat des expériences qu’ils ont bien voulu exécuter d'après mes indicalions et sous mes veux. Le tableau ci après indique : 1° Le nom des plantes; 2 La valeur estimative au 2 octobre des divers échan- Ullons qui étaient de même valeur au 45 mars 1874, au début des expériences ; 3° Les doses diverses d'engrais que les plantes ont reçues, ces doses ayant varié selon la dimension des plantes el celle des vases qui les contenaient. 96 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Inventaire estimatif des plantes mises en expérience au Jardin du Luxembourg en 19274. VALEUR AU 2 OCTOBRE 1874 des plantes qui étaient d'égale valeur le 15 mars 1874. A, NOMS DES ESPÈCES Culture avec solution d'engrais minéral 4 gram. pour 1000 d’eau. OBSERVATIONS, CULTIVEES. Sans CHETAÎS. Culture ordinaire r. ñn |slsls= SAS es lsis SEISE ISISlE 1% = = En | En] Er = = œu PES = ME Sr) LE ITINIS fr. 20. Mr. ce! fr. cr fl Adianthum capillus veneris ..,,.1 0 25! 0 40! » »{ »| »! »|(Les doses d'engrais mi- néral étaient hebdoma- daires). Anthurnum magnificum.........! 140 ‘2! » »! 44 »] »! »| »|Pot de 2 litres. — ochrantum.......... » »] » »] » »] »| »| »|Pas d'effet appréciable. Aloe ensifolia..... ne Mrs | 2 »1 3 »l » »1»| »! »|[Pot de ditre4/2 Aspidistra elatior.. ....... io Ep sol. > ol »lwl)»h|Pas defet A ZAR ANAUGPA SE rence < » »f » »] » »1[»| »| » — Begonia castanefolia .......... .|. 0 50! 4 501 1 50! »| »| »|Pot de 1 litre. — longipila ....... Se » 2] 4 50[ 3 »[ »] »] »] — 1 litre 1/2. — rex see ee ARE 4 50! » »1[ » »| »] »l »| — 1htre. — MICIRAONAR ER See 8 >| » »| » »{! »]MO! »] — 12à 15 litres. Bilbergia pyramidalis.......... 3 »[8 »| 8 »| »] »l »| — 3 à 4 litres. Caladium odorum ............. 15 »f » »f » »| »] »[925, — 142 à 15 litres. Cinchona succirubra........... 40.: »190 »l: » »{ »| »l »l —-"14litre. Crinum americanum........... 49 »f » p»| » »120! »l »l —-* 145 litres. Cyrerus alternifolius variegatus.. | » »! » »[ » »| »| »| »|Pas d'effet. Cypripedium insigne........... DR) SE SE — Curculigo sumatrana........... 2 »1 3 »| 3 »| »| »| »|Pot de 1 litre. Datura arDDrEA. 2 LEE ue 4 »f 4 50[ 2 »| »! »| »l — 1 litre 4/2 Dracæna brasiliensis........... 4 50| 2 75 3 »| »1 »| »| — = — FPUHCOBA Re ee ee .| 450! 295] » »l»l »| »l — — Echinocactus ?......... semer» ble», pl» >| »l»l»lPas d'effet Epiphyllum truncatum ......... DU NY). RES 1 SIL LES = — Det sara eieste seal LS 0) » 21 4 cl »inliPotde tee Gautiera maculata............. » »] » »| » »[ »| »| »|Pas d'effet. Gymnogramma hybrida ........ 4 »] 5 50[ » »| »| »| »{Pot de 2 litres. Hœmanthus puniceus.......... » »f » »| » »|] »] »| »|Pas d'effet. Mamillaria longimamma. ....... RO ES MON EN ROUIES)MSS = Pandamrs GAS. . 24.00 Lee DC) EC RSS EE) ESS —. Marantha zebrina..... SOPMEDÈE 4 »| 6 »| 6 »| »| »| »|Pot de 1 litre 1/2. Latania borbonica ............. 6 »1 » »1 9 »|] »| »| »l — 140 litres. Philodendron pertusum ........ 45 »| » »] 30 »| »| »l »l — 920 litres. Phrynium spicatum............ 3 »f » »[ 3 »|] »] »| »| — 9litres. EE == Dierieslaiel=tslelee DD) D) » 10 DA. DT I.» —— 9 litres. ROHEATAPONICA.. Less 3 00! 4 50] 4 50! »| »| »| — 1 litre 1/2. ducea aloifolio: 2e M. 2 5.18 »[ » »| »| »! »| —- 1 litre 1/2. 114 75167 90101 »|20/10/25 ER 223 fr. 90 c. On voit d’après ce tableau que les espèces chez lesquelles EXPÉRIENCES SUR L'ENGRAIS CHIMIQUE HORTICOLE. 97 l’engrais minéral horticole est resté sans effet appréciable sont les suivantes : Anthurium ochrantum. Epiphyllum truncatum. Aspidistra elatior. Gautiera maculata. Azalea liliflora. Hemanthus puniceus. Cyperus alternifolius. Mamillaria longimamma. Cypripedium insigne. Pandanus ulilis. Echinocactus ? Les effets ont été mortels pour le Begona rex, mais il est à croire que les doses ont été trop fortes pour cette plante dont les racines sont très-délicates, car M. Lesueur a obtenu au contraire d'excellents effets pour l’arrosage avec la solution à 14/1000. Sous l'influence de l'engrais la valeur des plantes ci-après a augmenté de 20 à 30 pour 100. Adianthum capillus-Veneris. Epiphyllum ? Anthurium magnificum. Gymnogramma hybrida. Aloe ensifolia. Marantha zebrina, Begonia ricinifolia. Latania borbonica. Curculigo sumatrana. Rodea japonica. Dracæna fruticosa. La valeur a augmenté de 50 à 100 pour 100 pour les plantes cl aprés : Begonia longipila. Datura arborea. _Caladium odorum. Dracæna brasiliensis. Crinum americanum. Yucca aloifolia. Enfin la valeur a augmenté de plus de 100 pour 100 pour quelques plantes dont voici les noms : Begonia castanefolia. | Datura arborea. — longipila. Dracæna brasiliensis. Bilbergia pyramidalis. Philodendron pertusuin. Cinchona succirubra. Phrynium spicalum. En résumé la valeur totale au 2 octobre de vingt-quatre échantillons de plantes de familles diverses élait de 114 fr. 75, soit en moyenne 4 fr. 78. Ces plantes avaient été soumises 32 SÉRIE, T. [l. —- Février 1875. 7 98 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. aux meilleurs procédés ordinaires de culture pendant la cam- pagne horticole de 1874, mais n'avaient pas reçu d'engrais minéral. La valeur totale à la mêmé date de trente-deux échantillons de plantes absolument similaires cultivées de la même ma- nière, mais qui avaient reçu des doses diverses d'engrais mi: néral horticole, était de 223 fr. 90 cent., soit en moyenne de 6 fr. 58 ; c’est donc une plus-value moyenne de 37 pour 100. Les vingt-quatre sujets de la culture ordinaire valaient 114 francs, le même nombre de sujets traités à l'engrais mi- néral valait 157 francs ; l’engrais avait donc produit une valeur de 43 francs, d’où il faut déduire 6 francs, pour le prix de l’engrais, ce qui réduit le bénéfice à 37 francs. Ainsi, en résumé, une dépense de 6 francs d'engrais minéral horticole employée pour vingt-quatre échantillons de plantes valant 114 francs a produit en six mois un revenu net de 37 francs, c'est-à-dire de 82 pour 100. J'ajoute que les avantages deviendront nécessairement beau- coup plus grands lorsque l'expérience aura définitivement prononcé sur les espèces qui semblent réfractaires aux eflets de l’engrais chimique. R | De plus les effets favorables ont continué pendant l'hiver, pour les plantes cultivées en serre tempérée ou chaude presque sans dépense nouvelle d'engrais. Je mets sous vos yeux des échantillons de plantes qui ont continué leurs progrès depuis le mois d'octobre 1874 jusqu à ce jour; vous jugerez vous-même qu’elles ont acquis une valeur triple et même quadruple de celle des plantes similaires culti- vées à côté d’eiles et simultanément sans engrais. Ces espèces sont les suivantes : Cinchona succirubra, Dracæna brasiliensis. Curculigo sumatrana. Bilbergia pyramidalis. Je vous prie de remarquer particulièrement le développe- ment presque merveilleux qu'a pris sous l'influence de l’en- grais (2 décigram. par semaine) le Cinchona succirubra: Cest une plante difficile à élever dans nos serres. Je serais presque EXPÉRIENCES SUR L'ENGRAIS CHIMIQUE HORTICOLE. 99 tenté de conclure, d’après l’échantillon que Je vous présente, que le problème de la culture de cette plante précieuse dans nos serres est aujourd hui résolu (1). (1) Les dosages minutieux et variés indiqués dans la présente nole ne sont nullement nécessaires. M. Lésueur, jardinier en chef et M. de Roth- schild, dans les belles serres qu’il dirige à Boulogne-sur-Seine, s’est arrêté à un mode d'emploi très-simple et très-pratique. 11 donne chaque semaine à toutes les plantes sans exception un ou deux mouillages complets avec la solution d'engrais à 14/1000 (1 gramme par litre d’eau), indépendamment bien entendu des arrosages ordinaires à l’eau commune. A juger des résul- tats, je ne crois pas qu'il soit possible de micux faire. 1. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. RAPPORT SUR LES ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAI FAITES A PONTOISE EN 1874 Par M. F.-A. BIGOT Messieurs, | J'ai l'honneur de vous adresser un rapport sur mon éduca- tion d’Attacus Yama-maï, ver à soie du chêne du Japon, faite à Pontoise en 1874. Cette année J'ai commencé mes expériences par chercher à connaître quel effet produiront sur mes œufs une tempé- rature nalurelle et une température forcée. Comme vous le savez, messieurs, la ponte se fait toujours d'août en septembre; quelques jours après la ponte la Chenille est formée dans l’œuf, elle reste dans cet élat jusqu'au jour de l’éclosion qui a lieu vers la deuxième quinzaine d'avril de l’année suivante, juste à l'époque où le chène commence à se développer (notons en passant cette remarquable coincidence). Mais c’est surtout à ce moment que l’éclosion sera modifiée en raison de la température plus ou moins élevée à laquelle seront soumis les œufs, il est donc urgent selon moi, si l’on veut obtenir des éclosions régulières et en rapport avec la pousse du Chêne, d'exposer les œufs à une température nalu- relle, c’est-à-dire : éviter avec soin le soleil, une chambre non aérée et chauffée ; rechercher au contraire, soit dans un ap- partement, soit au dehors, l'air froid et sec. Je vais mainte- nant vous faire connaître le résultat des expériences compa- ratives que j'ai faites cette année. J'ai exposé à grammes de graines dans une chambre bien close, parfaitement abritée du vent du nord et chauffée en moyenne trois heures par jour pendant l'hiver ; la consé- quence inévitable devait être des éclosions prématurées : c'est ce qui arriva. | ÉDUCATIONS D ATTACUS YAMA-MAÏ. 4101 Du 29 mars au 10 avril eurent lieu mes éclosions; pendant cette période le thermomètre varia de 7 à 15 degrés centi- grades : celte température, quoique peu élevée, pouvait suffire à mes Jeunes élèves si par compensation j'avais pu leur offrir quelques feuilles de chêne, mais il ne fallait pas y prétendre, car le froid persistant de l'hiver, sans être excessivement ri- goureux, a néanmoins retardé la végétalion d’au moins quinze jours sur l’année 1873. Pour vous citer un exemple à l'appui de mon assertion, c’est que chaque année j'ai trouvé facile- ment, pendant la première quinzaine d'avril, du chêne par- faitement développé, tandis que cette année c’est seulement vers la fin de la deuxième quinzaine qu'il m’a été possible d’en faire une petite provision. | Le moment était favorable pour constater si véritablement ce nouveau séricigène était polyphage, ainsi que l'ont attesté plusieurs éducateurs ; je me mis aussitôt en campagne et je fis une ample moisson de feuillages précoces appartenant à des essences les plus différentes, je pris du prunellier, du prunier, de l’aubépine, de la ronce, de l’épine-vinette, du poirier, du lilas, du cognassier, et bien d’autres espèces fruitières ou fores- tières dont les noms m'échappent ; de tout cela rien absolu- ment ne put convenir à mes Vers, même le Cognassier, qui Jusqu'à présent était considéré comme un auxiliaire précieux, pouvant remplacer le chêne au moins pendant un certain temps (M. Camille Personnat dit, dans son ouvrage sur l’Yama- mai (1), qu'il a élevé des Chenilles jusqu’au coconnage avec du Cognassier), moi j'affirme que ce procédé ne m'a jamais réussi, je l’avais essayé les années précédentes sur un petit nombre de sujets il est vrai, maïs cette année c'est sur près de 400 individus que j'ai expérimenté ; par conséquent, si cette plante avait pu au pis-aller convenir à mes Chenilles, j'en aurai au moins sauvé une partie, tandis qu’au contraire ces pauvres bêtes sont toutes mortes de faim. Cependant, pour être vrai, je dois avouer que pendant mes essais une malheu- reuse petite Chenille, sans doute pius tourmentée par la faim (1) Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, 402 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. que ses compagnes, fit une entaille à une feuille de Cognas- sier, d'environ 2? millimètres de longueur sur un demi-milli- mètre de profondeur, après quoielle a abandonné cette feuille pour ne plus y revenir. Maintenant, messieurs, je crois qu'il faut tenir compte d’abord de la nature du sol qui a nourri la plante, ensuite du climat sous lequel les expériences ont été faites : il pourrait résulter de ces conditions que leCognassier, qui paraît parfaitement convenir à l’Yama-maiï dans l’ouest de la France, ne lui serait d'aucun secours dans le Nord ; faut-il pour cela abandonner les recherches? je-ne le crois pas, et j'espère au contraire, l’année prochaine, essayer encore et offrir à mes premiers nés toutes les espèces de feuilles qu'il me sera possible de découvrir. Ces expériences ont une importance incalculable, et bien heureux celui qui trouvera une plante précieuse capable de remplacer le chêne, au moins momentanément, car c’estseule- ment à parlir de ce moment-là que l’Yama-mai sera xérita- blement acquis à notre industrie séricicole (à condition tonte- fois qu’il sera établi d’une manière certaine que le chêne forcé ne peut dans aucun cas être servi aux jeunes Vers, sans metlre en danger toute ou partie de l'éducation). Je sais bien, messieurs, que pour obvier à cet inconvé- nent on a tenté de retarder les éclosions en plaçant les œufs de l'Yama-maï dans une giacière préparée à cet effet, mais je ne crois pas que ce moyen puisse jamais offrir des résul- tats sérieux et appréciables. Ce procédé artificiel sera une menace continuelle à la bonne constitution des Vers. Ne vau- drait-il pas mieux, dans le cas où aucune autre plante ne pourrait momentanément remplacer le chêne sur pied, avoir recours au chêne forcé dans une serre tempérée et non dans une serre chaude, de manière à obtenir au commencement d'avril des feuilles bien développées? À cela on me répondra que les feuilles forcées sont trop aqueuses et peuvent pour cette raison compromettre la santé des jeunes Chenilles; eh bien, permettez-moi, messieurs, de combattre cette opinion en vous faisant observer qu’il n’v a jamais un bien grand écart entre l’éclosion des œufs et la pousse du chêne en pleine ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAÏ. 163 terre ; jen trouve presque chaque année dans la première quinzaine d'avril, et si en 1874 la végétation a été retardée, c’est là certainement un accident fâcheux, mais qui fort heu- reusement est assez rare, du moins dans notre contrée, car, comme je vous le faisais remarquer au commencement de ce rapport, 1l y a une coïncidence fort remarquable entre l’appa- rition du chêne et la naissance des vers; par conséquent, le peu de Lemps qu’on aurait à à employer Je chêne en pot ne pourrait pas nuire d’une manière sérieuse à l'éducation, et je suis per- suadé qu’on obtiendrait des résultats bien supérieurs à ceux que donneraient le glaçage. Ainsi que je vous le disais plus haut, la Chenille existe dans l'œuf à l’état latent quelques jours après la ponte, ne serait-il pas imprudent d'exposer de si frêles insectes à un froid aussi intense, justeau moment où la température naturelle s’élevant chaque jour graduellement les prédispose à leur prochaine éclosion ; je sais diverses tentatives qui ont été faites : elles ont pour la plupart échoué, les meilleurs résultats obtenus jusqu'à ce jour ont donné soixante-dix pour cent de perte; il est permis devant des chiffres aussi éloquents de réfléchir avant de préconiser un système qui doit conduire fatalement à de fâcheuses déceptions. Je réserve pour l’année prochaine des à Ro compa- ratives, et je vous liendrai au courant de mes observations. Quant à cette année, les résultats de mes premières expériences ayant été négatifs, j'ai dû consacrer toute mon attention et tous mes soins aux œufs qui étaient véritablement destinés à l’édu- cation de cette année. J'avais placé dans une chambre froide et sèche, aussitôt après la ponte, 3 grammes de graines pour l'éducation de 187h ; jamats dans cette chambre le thermomètre ne descen- dit plus bas que 3 degrés centigrades au-dessous de zéro, et il n'atteignit jamais plus de 5 à 6 degrés an-dessus, et encore était-ce pendant le milieu de certaines belles journées d'hiver. 404 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. \ ÉCLOSION DES ŒUFS. Les éclosions commencérent le 13 avril, et elles furent ter- minéés le 25 du même mois. | Pendant l’éclosion des dernières Chenilles, je remarquai un fait singulier que je crois utile de consigner ici. Comme vous le savez, messieurs, l’œuf possède à l’un de ses pôles une petite ouverture appelée micropyle destinée au passage des corpuscules fécondateurs, ce petittrou, insuffi- sant au moment de l’éclosion pour permettre à la Chenille de sortir de sa prison, lui est cependant três-précieux en ce qu’il Jui rend le travail plus facile; après avoir, à l’aide de ses man- dibules, suffisamment agrandi le micropyle, elle commence par passer la tête, après quoi il lui suffit de quelques efforts pour se délivrer complétement. Mais parmi mes retardataires l’éclosion s’opérait. d'une tout autre manière : après avoir élargi d’une manière incomplète leur futur passage, elles se retournaient tout à fait et passaient par l’ouverture le côté postérieur ; la Chenille ayant la tête plus grosse que le corps, il en résultait qu’elle ne pouvait parvenir à se débarrasser de sa coque à cause du passage trop étroit qu'elle s’était pré- paré; j'en aurais certainement perdu plusieurs si je n'étais venu à leur secours: 1l me suffisait pour cela d’ouvrir la coque en deux à l’aide d’un scalpel; d’autres se pliaient en deux et cherchaient à sortir dans cette position, laissant à l’in- térieur de l’œuf la tête et l’autre extrémité : celles-ci étaient plus difficiles à débarrasser, aussi en ai-je perdu quelques- unes. | Du 13 au 15 avril, le thermomètre varie de 8 à 11 degrés centigrades; le temps est irès-froid, la pluie tombeavec force et elle est accompagnée d'un vent très-violent ; du 16 au 18, il fait un peu plus beau et je constate une température de 9 degrés le matin et de 12 à 14 le soir ; cette basse température fait que le chêne ne peut arriver à se développer; j'ai beau parcourir dans tous les sens les bois des environs, c’est à peine si je puis arriver à trouver quelqués bourgeons ; cette nour- ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAÏ. 105 rilure est certainement mauvaise, et sil fallait qu'elle leur fût servie pendant un certain temps elle compromettrait complétement la santé de mes jeunes Vers ; cependant jusqu’à présent je n’ai à constater aucune indisposition, au contraire, tous mangent très-bien, 1ls semblent vouloir prendre les forces nécessaires pour accomplir plus facilement leur pre- mière transformation. Jusqu'à la date du 18 avril, j'ai laissé mes jeunes Chenilles exposées à l'air libre nuit et jour, mais j'ai remarqué que, contrairement à mes observations de l’an- née dernière où mes vers eurent à supporter pendant deux jours et deux nuits 8 et À degrés centigrades au-dessous de zéro, et pendant plusieurs jours une température de 10 degrés seulement au-dessus, sans en êtremmcommodés, j'ai remarqué, dis-je, que le froid des nuits leur était contraire ; en effet, le matin du 18, je ramassai sur le couvercle des baquets une vingtaine de petites Chenilles qui, saisies parle froid, s'étaient laissées tomber des feuilles ou plutôt des bourgeons sur lesquels je les avaient placées; armé d’une petite pince brucelles, jen pressai quelques-unes afin dé constater si réellement elles étaient mortes ; je ne pus obtenir que quelques mouvements convulsifs et perceptibles seulement à la loupe. Ces quelques signes de vie, quoique bien faibles, me donné- rent cependant l’espoir de les sauver, et voici le moyen que j'employai. Je pris une petite bande de papier à l’aide de laquelle je ramassai mes pauvres malades et je les tr'anspor- tai dans une chambre chauffée ; après 10 minutes d’attente, toutes sans exception furent rappelées à la vie. Pourquoi l’année dernière, des Chenilles qui avaient deux ou trois jours d'existence ont-elles supporté plus facilement que celles de cette année un froid beaucoup plus rigoureux ? Voici comment je l’explique : L'année dernière au 15 avril, javais à discrétion du chêne parfaitement développé, tandis que cette année à pareille époque Je n'ai pu trouver que quelques petites branches dont les bourgeons longs de 2, 3 et A centimètres, n’étant pas encore suffisamment épanouis, offraient à mes jeunes Che- nilles une nourriture trop aqueuse et débilitante ; il serait 106 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. doncutile, et j'ose direindispensable, en pareille circonstance, de tenir les vers jusqu’à la deuxième mue dans une tempé- rature de 12 à 15 degrés : on y gagnerait assurément quels ques jours sur la durée de l'éducation ; après cette deuxième transformation ils ont acquis assez de force pour pouvoir être exposés nuit et jour à l'air libre. Le 19 avril, les éclosions continuent, le thermomètre indique 12 degrés centigrades le matin et 17 le soir, j'ai passé une partie de ja journée dans les bois à la recherche de chêne, très-heureusement j'en ai trouvé quelques branches assez convenablement feuillées, j'attends le coucher du soleil pour faire ma provision (1), et le lendemain matin je donne à mes ‘ vers une nourriture saine et abondante, je commence à faire supporter à mes nourrissons trois arrosages pendant la journée, Le 20et le 21, toujours des éclosions; je constate 12 degrés le matin et 22 le soir ; le temps est très-lourd, les Vers sur- excités par cetle haute température sont devenus lrès-vaga- bonds, aussi suis-je obligé d'augmenter le nombre des arro- sages : je leur en donne quatre, cinq et même jusqu’à six par jour ; je me sers pour cela d’un pulvérisateur, je considère ce système d'arrosage comme bien supérieur à celui de la pompe de jardin, car malgré toute habileté qu’on puisse avoir dans le maniement dé cette pompe, il est toujours très-difficile de modérer suffisamment la puissance, du jet, de sorte que l’eau, en retombant sur les Chenilles, leur arrive trop brusquement et provoque chez elles nne sensation désagréable qui a pour résultat d’en faire tomber à terre une certaine quantités il peut s’ensuivre des pertes sensibles, tandis qu’avee un pul- vérisateur, quel qu'en soit le système, l’eau retombant sur les (1) C’est d’après de nombreuses expériences qu’il m'a été donné de con- staler que les plantes ou branches d’arbres récoltées le matin après le soleil levé, et pendant tout le reste de la journée, n'étaient pas susceptibles de con- server leur fraîcheur plus de deux ou trois jours, tandis que, au contraire, celles cueïllies vers le soir, c’est-à-dire un peu avant et surtout après le soleil couché, se conservaient au moins huit jours dans un état de fraicheur excellent. (Rapport à la Société d’acclimatation, mai 1874). ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAÏ. 407 Chenilles en poussiére excessivement fine, produit sur celles-ci l'effet d’une rosée bienfaisante. Du 22 au 25, la température est variable, tantôt chaude et tantôt froide; ces variations sont déterminées par des orages fréquents : à cetie dernière date les éclosions sont terminées. PREMIÈRE MUE. La première mue, commencée le 25 avril, a été terminée le 1 mai; elle a été favorisée jusqu’au 28 par un temps tres- chaud, mais à partir de cette date le vent du nord soufle avec violence et je constate avec peine ces changements subits de température ; ainsi, pour vous en donner un exemple, du 21 au 28 avril, le thermomètre m’a donné une moyenne de 15 degrés centigrades le matin et de 24 Le soir, et à partir du 28 à six heures du soir, je n'avais que 18 degrés, à huit heures 16 degrés, à dix heures 14, à minuit 42, et à deux heures du matin 10 degrés seulement ; le 29, à cinq heures du matin 6 degrés, et le soir 14, c’est donc une différence de 10 degrés centigrades par jour, et cela se continue jusqu’au 20 mai inclusivement. Je remarque, le À mai, qu'une cinquantaine de Chenilles, par suite de la continuation du froid, ne peuvent accomplir leur première mue, je erais utile de les transporter, ainsi que celles dont la mue est terminée, dans une chambre à fenêtres fermées, je constate dans cétte chambre une température de 12 degrés le matin du 5 mai et 10 degrés le soir; à partr de onze heures jusqu’à cinq heures j'ouvre une croisée de manière à renouveler l'air; c'est ce qui explique celte diffé- rence inférieure de 2 degrés iheumométiques entre le matin et le soir. Je vous ferai remarquer, messieurs, que si dans ma nou- velle chambre d'éducation la température n’est pas très- supérieure à celle de l’ancienne où la fenêtre était ouverte jour et nuit, j'ai du moins l’avantage de l'avoir plus régu- lière, ce quije crois est très-important; en effet, rien ne paraît impressionner plus vivement et plus désagréablement mes 408 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Vers que le passage brusque du chaud au froid, aussi je ne saurais trop insister sur les effets fâcheux que produisent les variations de température, surtout pendant les deux premiers âges ; si nous avons 12, 13 ou 14 degrés seulement pendant le jour, nous remarquerons l’état de parfaite santé de nos jeunes pensionnaires ; aiguillonnés par la faim, ilsse décide- ront à manger un peu, puis ils se reposeront pour recom- mencer un peu plus tard, mais c’est surtout pendant la nuit qu’ils éprouveront véritablement le besoin de se réconforter ; or qu’arrivéra-t-il si après avoir supporté 12 ou 14 degrés pendant le jour, nous les exposons la nuit à une température de 3, A et 5 degrés? Il arrivera ceci, c’est que surpris et en- gourdis par cet air froid, ils seront condamnés à passer la nuit dans un sommeil pénible et à attendre la douce chaleur du jour pour prendre leur nécessaire : de là retard forcé de l'éducation qui se prolongera en raison des privalions qu'ils auront supportées pendant les deux premières phases de leur existence; c'est pourquoi j'estime que jusqu’à la fin de la deuxième mue, il est préférable de les laisser en chambre close pendant la nuit, à moins que des chaleurs précoces permeltent de compter sur un minimum de 10 degrés par nuit à l’air libre. Ceux de mes élèves dont le sommeil avait été prolongé au delà des limites ordinaires se sont réveillés, mais ils Ps sent peu disposés à manger. Le 6 mai, nous avons 10 degrés le matin et 12 le soir, le temps est toujours très-froid la nuit et pendant la matinée, mais il se radoucit sensiblement vers le soir; je continue à laisser la croisée ouverte le jour et fermée pendant la nuit ; cette température régulière produit le meilleur effet sur mes Chenilles, elles mangent beaucoup ei elles grossissent rapide- ment. k DEUXIÈME MUE. Du 7 mai au 15 inclus, j'ai en moyenne 10 degrés centigrades par jour; à celle dernière date mes vers entrent dans leur deuxième mue : le 17 je prépare dans les baquets des feuilles ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAÏ. 109 nouvelles pour les recevoir aussitôt après leur deuxième transformation terminée. Elles sont restées sur leurs anciennes feuilles, du 26 avril au 17 mai; malgré cela je n’ai eu aucune. indisposition à signaler; il est bon d’ajouter que l’eau des baquets était changée tous les deux ou trois jours. Le deuxième changement de peau se termine le 22 mai; la chaleur va toujours croissant, rien de remarquable ne s’est présenté pendant la durée du troisième âge. . TROISIÈME MUE. La troisième mue, commencée le 29 mai, est terminée le 4 juin. Les quelques Chenilles écloses les dernières ont éprouvé une peine considérable à accomplir leur première mue, aussi furent-elles pour moi l’objet d'observations constantes ; les premières réveillées, après un sommeil de quinze jours au moins, restèrent dans un état de prostration général qui semblait: devoir se prolonger et par là compromettre leur existence : il était donc urgent de chercher un moyen propre à les sortir de cet état pénible, c'est ce que je fis. À partir du 29 avril, la température ayant baissé subite- ment, j'ai cru devoir supprimer les arrosages ; en cela, je me suis conformé aux prescriplions des éducateurs, car 1l est généralement admis que c’est seulement avec une tempéra- ture de 16 degrés au moins qu'on doit avoir recours à ce moyen, etencore doit-onle supprimer complétement pendant les mues (je vous ferais remarquer un peu plus loin, messieurs, la valeur de cette théorie). Dans ces conditions, devais-je attribuer l’indisposition de mes vers à la faiblesse de leur constitution ? Pour moi c'était douteux, ils avaient. tous très- bonne apparence ; n’était-il pas plus présumable que la per- sistance du froid était la véritable cause de ce phénomène ? car, ainsi que j'avais l'honneur de vous le dire plus haut, après avoir soumis mes Chenilles à une température régulière, celles qui avaient terminé leur premier sommeil semblaient se porter beaucoup mieux, et pourtant mes retardataires pa- 410 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION: räissaient tout à fait insensibles à ce nouveau régime. En désespoir de cause, un matin je leur fis subir, par une tempé- -rature de 6 degrés centigrades au-dessus de zéro, un prémier arrosage ; le résultat ne se fit pas longtemps attendre, il fut excellent : lès malheureuses petites Ghenilles qui depuis leur première mue élaient tombées dans un sommeil léthargique se trouvèrent excitées par l’effét de cette douce rosée, et aban- donnant leurs vieillés feuilles, elles sé portèrent immédiate- ment sur les feuilles nouvelles, et elles eurent bientôt rattrapé les forces qu’elles avaient perdues par suite d’un jeûne trop prolongé. | C'est ainsi qu'avec une température de 6 degrés le matin et de 42 le soir, ai pu sauver, grâce aux arrosages, une €cin- qüatitaie de Chenilles souffreteuses donnant chaque jour des signes certains de dépérissement; constatant l'efficacité dé éé moyeu sur des vers malades, j'ai cru devoir l'appliquer à toute l'éducation, en donnant deux arrosages pendant les journées froides, et j'en obtiens toujours les effets les plus satisfaisants. QUATRIÈME MUE. La quatrième mue a commencé lé 10 juin et elle à été terminée le 20 ; le temps est trés-favorable jusqu'au 42 juin, mais à parür de cette date elle devient beaucoup plus froide, ce qui explique la durée du sommeil, Pendant cette dernière période, c’est-à-dire après la quatrième mue, les Vers gros- sissent d’une manière extraordinaire, et j'estime qu'il faut plus de nourriture pendant ce dernier âge que pour les quatre premiers réunis. COCONNAGE. Le 28 juin, mes vers commencèrent à filer, et le 16 juillet le coconnage était complétement terminé. Je fais jour par Jour la récolte des cocons, je les place ensuite sur une corde tendue dans une chambre bien aérée, chaque lot est séparé par une étiquette indiquant la date du filage ; de cette manière on peut facilement constater et com- ÉDUCATIONS D’ATTACUS YAMA-MAÏ. 4111 parer les différenees qui existent dans la durée du sommeii de la nymphe; ces remarques, d’un caractère purement physio- logique, pourraient peut-être fournir, par suite d'expériences comparalives, des observations fort intéressantes. Vingt-cinq ou trente jours après le commencement du filage, je dispose les cocons dans la cage aux éclosions, et aussitôt qu'apparait le premier papillon j’expose ladite cage à l'air libre, en ayant soin de placer à l'intérieur, suivant là gran- deur et le nombre de papillons qu'elle contient ou qu’elle devra contenir, une ou plusieurs grosses éponges largement mouillées, afin de donner aux papillons l'humidité qui leur est indispensable (1). Les années précédentes je faisais, ainsi que beaucoup d'é- ducateurs, un immense chapelet de cocons que je fixais dans le bas de la cage, mais, outre que ce système est long et exige des soins méticuleux pour ne pas blesser la chrysalide, il a l'inconvénient d’être pen ou point pratique, et en voici la raison : | Pour recevoir ce chapelet il faut d’abord placer dans la cage des pitons ouverts, de distance en distance, puis ce simple travail terminé, il faut enfiler les cocons à l’aide d’une aiguille et du fil écru assez fort, à la distance d’envi- ron les deux tiers de la hauteur, après quoi il ne reste plus qu'à les fixer dans la cage à ce destinée ; cela fait, que remar- querons nous ? Nous commencerons par remarquer l’irrégu- larité dans l’arrangement des cocons ; malgré tous les soins que nous aurons apportés tout le temps que nous aurons passé auprès, de manière à bien les aligner, nous er verrons dont le sommet, qui doit fournir le passage au papillon, sera en bas, d’autres dans le sens horizontal, d’autres enfin se trou- veront trop éloignés des parois de la cage ; toutes ces consi- dérations peuvent amener des déceptions fâcheuses; pour obvier à ces inconvémients, Jai imaginé un moyen bien simple et qui parait réunir toutes les conditions nécessaires pour obtenir de bons résultats. (1) Voyez mon rapport de 1875. 419 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. Après avoir disposé dans le bas de la cage, ainsi qu'il est dit plus haut, des pitons ouverts, de distance en distance, on place sur ces pitons une ficelle assez fine et faisant le tour de la cage; cela fait, on ploie en deux autant d’épingles que Ton a de cocons, après cela on prend chaque cocon de ma- nière que l’extrémité par où doit sortir le papillon soit en haut, on introduit l’épingle très-superficiellement aux deux tiers de la hauteur du cocon en la faisant suivre jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée par la tête ; on accroche ensuite les cocons ainsi préparés après la ficelle placée dans la cage (ci-joint un modèle) ; ce système a l'avantage d’être prompt et facile, 1l permet de placer les cocons de la manière la plus favorable, c'est-à-dire le plus près possible des parois de la cage. C’est là, je crois, un trés-grand avantage et qu'il serait bon de prendre en considération, car en effet, messieurs, au moment où le papillon cherche à se débarrasser de son enveloppe, si le cocon est mal tourné ou s'il est éloigné d'un point d'appui quelconque, nous voyons la pauvre petite bête faire la plus piteuse mine : elle cherche maïs en vain un appui, à l’aide de ses deux premières pattes, etsi, n’en trouvant pas, elle parvient tout de même à se délivrer, ce n’est qu'après avoir épuisé ses forces : 1l en résulte presque toujours des papillons étiques et mal développés. ÉCLOSION DES PAPILLONS. Les éclosions ont commencé le 31 juillet et elles ont été terminées le 1 septembre (c'est une avance de quinze jours sur l’année dernière ; voyez le rapport de 1873) ; elles se sont faites très-lentement, mais aussi très-réguliérement : j'ai obtenu chaque jour,comme les années précédentes, un nombre égal de mâles et de femelles, aussi les mariages se sont ac- complis dans des conditions on ne peut plus favorables. Permeltez-moi, messieurs, de vous exposer ici quelques observations relatives aux éclosions prématurées de l’un des sexes. Beaucoup d’éducateurs croient fermement que le mâle ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAM!-MAI. 113 d'Yama-mai a une prédisposition à naître avant la femelle et ils proposent de remédier à ce grave inconvénient en retardant l’éclosion des premiers tout en avançant celle des re ils conseillent pour cela de mettre de côté les cocons qui doivent fournir des papillons mâles, et de les placer dans un endroit froid, tandis que ceux qui auront été choisis comme devant donner des papillons femelles seront soumis à une température élevée (1) : le remède, selon moi, serait pire que le mal si l'on était obligé de lappliquer, mais très- heureusement il n’enest rienet l’on peut être assuré d’une ré- oularité parfaite et d’une coïncidence fort remarquable dans la naissance des deux sexes ; si, par exemple, on expérimentait sur un petit nombre de sujets il serait fort possible qu'on ait à enregistrer un échec, mais si, au contraire, nous en avons une certaine quantité (une cinquantaine au moins), la réussite sera complète, le fait est incontestable. Prenons, si vous le voulez bien, l’insecte à son premier état, c'est-à-dire à l’état d'œuf, et suivons-le jusqu'au moment où il devient insecte parfait. Les œufs provenant de la même ponte écloront-ils en même temps ? non. Les chenilles écloses le même jour arrivéront- elles en- semble à leur premier sommeil? non, et de même pour les autres mues. À la fin du cinquième âge, celles qui auront accompli ensemble leur dernier changement de peau, commenceront- elles leur cocon le même jour ? non. Les cocons commencés ensemble donneront-ils leur papil- lon le même jour? non. Voilà où est le danger pour les petites éducations, car remarquez bien, messieurs, que l’irrégularité dans la durée du sommeil de la chrysalide existe tout aussi bien pour la (1) Il est facile de reconnaître le cocon qui doit donner un papillon mâle ou femelle, d’abord d’après sa grosseur, mais c’est surtout par le poids qu’on peut s’en rendre compte assez exactement, le cocon femelle étant plus lourd que le cocon mâle, 3° SÉRIE, T. Il. — Février 1875 8 414 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. femelle que pour le mâle, de sorte que parmi les cocons filés le même jour, il en est qui donnent leurs papillons, dix, vingt et même trente jours après les autres ; comment et par quel moyen pourrait-on reconnaître les cocons, sans distinction de sexe bien entendu, qui devraient être avancés ou retardés ? Il faut le reconnaître, ce système est défectueux et s’il est pré- conisé en théorie, il est impossible de le mettre en pratique sans courir à la plus déplorable déception. Parmi les cocons qui ont été faits chez moi, du 28 juin au 1 juillet, il en est qui n’ont donné leurs papillons que huit, dix et même quinze jours après ceux qui ont été filés du 5 au 10 juillet ; le 31 juillet, j'ai obtenu des éclosions de papillons provenant de cocons filés le 29 Juin, par conire le 80 août, j'ai constaté la naissance de papillons dont les cocons avaient été commencés le 30 juin. Ainsi, pendant que le sommeil est de trente ou trente-cinq Jours chez les uns, il est de qua- rante à soixante Jours chez les autres, c’est cette différence dans la durée du sommeil de la chrysalide qui explique la nécessité d’expérimenter sur un assez grand nombre de sujets pour obtenir une réussite parfaite dans les mariages et par suite un grainage très-salisfaisant. Il est encore une cause d’insuccès qu’il est bon je crois de signaler ici, elle consiste à mettre de côté les plus beaux cocons afin d'obtenir des sujets vigoureux, propres à la repro- duclion, quant aux plus petits, 1ls sont invariablement mis de côté comme rebut : il en résulte que la plupart des cocons de choix donnent des papillons femelles et ceux considérés comme inférieurs, des papillons mâles; car, ainsi que je le faisais remarquer plus haut, les cocons femelles sont beau- coup plus gros que les cocons mâles, il est donc préférable d'attendre l’éclosion des papillons pour choisir les sujets dignes d'être livrés à la reproduction. CAGE AUX ÉCLOSIONS, Bien que cette cage ait été décrite d’une manière très-exacte par M. Camille Personnat, dans son rapport sur son éducation ÉDUCATIONS D’ATTACUS YAMA-MAI. 4115 de 1864 à la Société d’acclimatation, je crois utile, néan- moins, de faire la description de celle que j'emploie. La plus grande, pouvant contenir environ mille cocons, a pour longueur 1",50 à sa base et 1",80 au sommet; la lar- geur est de 0",35 à la base et 0",65 au sommet; la hauteur est de 0",85. Elle est recouverte par un dessus mobile et demi- circulaire, seule modification que j'ai faite à la cage de M. Personnat, à seule fin d’obtenir un peu plus d'espace ; chaque panneau se démonte très-facilement, ce qui permet, une fois l’éducation terminée, de les déposer dans un très- petit espace. La plus petite cage a pour longueur 0",70 à la base et. 1 mètre au sommet, même largeur et même hauteur que celle ci-dessus. Le fond de chacune d'elles peut se retirer à volonté, de manière à pouvoir opérer le nettoyage quand le besoin s’en fait sentir ; les panneaux sont recouverts de mous- seline tannée, cette couleur sombre a l'avantage de ne pas effrayer les papillons ; l'odeur qu'elle comporte, provenant du chêne, ne peut dans aucun cas leur être nuisible. Au som- met de la cage, à l’intérieur, sont placées des petites bande- lettes de même étoffe, de 0",25 de longueur, 3 centimètres de largeur et espacées de 0",15; les pontes se font parfaitement sur ces rubans. Chaque cage a sur le côté une porte d’obser- vation, ayant pour largeur 0",50 et pour hauteur 0",60. Par ce moyen on peut, jour par jour, constater les naissances et les mariages sans déranger en quoi que ce soit les papillons. Îl est incontestable qu’une cage à pans obliques comme celle ci-dessus, et placée en plein air au moment de l’éclosion des papillons, donnera toujours des résultats bien supérieurs à ceux qu’on obtiendrail dans une chambre ; il est extrèmement dif- ficile d'arriver à distribuer régulièrement, dans une chambre, la-quantité d’air nécessaire indispensable aux papillons pour accomplir leur mission : la cage, au contraire, placée comme il est dit plus haut, se trouvant baignée d’air dans toutes ses parties, fournira toujours un plus grand nombre de mariages et, par conséquent, un grainage plus abondant. 416 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. TENTATIVE DE REPRODUCTION EN CHAMBRE, J'ai renouvelé mes essais de reproduction en chambre : j'avais disposé aux quatre coins de ladite chambre des éponges mouillées, puis ensulie je mis en liberté, dans l’espace de quinze jours, une centaine de papillons mâles et femelles ; j'allais chaque jour voir si la réussite serait plus heureuse que celle de l’année dernière, malheureusement il n’en a pas été ainsi, je n’ai eu à constater que trois accouplements; 1l est possible que si j'avais pu établir, dans cette chambre, un courant d’air suffisant, j'aurais oblenu un meilleur résultat, mais quoi qu’on fasse, il sera difficile, je crois, de trouver un système de reproduction meilleur que celui de ia cage en plein air. GRAINAGE. Les nombreux essais que J'ai cru devoir faire, tant sur les chenilles que sur les papillons, ont réduit considérablement ma récolte en graine ; je suis resté avec 100 cocons seulement et encore il m'a fallu, sur ce nombre, en prendre 20 destinés à des expériences de croisements avec le B. Pernyi (les résultats sont consignés dans un rapport spécial que vous trouverez ci-après). Il me restait donc 80 cocons pour le graimage, ils m'ont donnés 39 papillons femelles et A1 papillons mâles; il en est résulté 37 mariages qui ont produit 65 grammes de graines de premier choix et 15 grammes pour la plupart mauvaises et non fécondées, il y a donc une amélioration sensible sur les résultats de l’année dernière, puisque 300 papillons me donnèrent seulement 150 grammes d'œufs fécondés : c’est une notable augmentation. J'ai fait la récolte des graines un mois après la ponte; pour rendre ce travail plus facile, j'ai soin de mouiller légèrement les parois extérieures de la cage, soit avec une éponge ou mieux encore avec le pulvérisateur, je prends ensuite un couteau à papier et je décolle les œufs sans éprouver la moindre résistance, je les place aussitôt, en couche excessive- ÉDUCATIONS D’ATTACUS YAMA-MAï. 117 ment mince, dans une grande boîte à fond et à dessus en tulle ; par ce moyen j'obtiens un courant d’air constant, ce qui est indispensable pour conserver les graines dans de bonnes conditions hygiéniques pendant l’hivernage. Telles sont, messieurs, les remarques que J'ai faites et recueillies cette année, avec les plus grands soins et la plus parfaite exactitude, puissent-elles vous être agréables, c’est là mon plus grand désir. Dans cette heureuse attente, je vous prie, messieurs, de recevoir l'assurance de mon plus profond respect. MÉMOIRE SUR LES ESSAIS D’ACCLIMATATION DES ARBRES A QUINQUINA A L'ILE DE LA RÉUNION Par M. le docteur VINSON. Dans le cours de l’année 4869, nous avons eu l’honneur de faire connaître à la Société centrale d’agriculture les pre- mières tentatives faites par M. Édouard Morin et par moi pour l’introduction de l’arbre à quinquina, le Cinchona offci- nalis, à l'Ile de la Réunion. Nous venons de nouveau l’entre- tenir de la suite de nos essais collectifs à l’égard de cette acclimatation. J'annonçais dans une lettre qui fut publiée à cette époque dans les Comptes rendus de l Académie, qu'ayant obtenu des plants des graines envovées par M. Decaisne et par M. le général Morin, et provenant de M. Hooker, j'avais fait trans- porter plusieurs de ces sujets à une altitude convenable, à Salazie et à l'Ilette à Guillaume, au centre de l’île de la Réunion. Je viens faire connaître ce qui est résulté de ces essais d’acclimatation. État des plantations de l'Ilette à Guillaume. — Le site, dit l’Ilette à Guillaume, est la propriété des pères du Saint- Esprit; et connaissant leur élan d'initiative, je pensai confier à d’excellentes mains mes plants de quinquina en leur remet- tant ce précieux dépôt. En effet, un des premiers plants donna lieu à des boutures qui prirent bien. Dans l’espace de quatre années, une de ces boutures devint un arbre de 6 mètres d’élévation, et les autres, faites postérieurement, ont atteint 4 mètres de hau- teur. De nombreuses boutures furent également faites avec un égal succés. De son côté, M. Édouard Morin, s’attachant comme moi, ACCLIMATATION DES ARBRES A QUINQUINA. 119 au succès de ces entreprises, obtint plusieurs envois de semences nouvelles, et en fit part aux pères du Saint-Esprit. Grâce à ces dons et à la constance de ces missionnaires à s’as- socier à nos tentatives, la plantation de l’Ilette à Guillaume compte aujourd'hui plus de cent arbres à quinquina, dont trente au plus proviennent de semis, ce sont des Cinchona calysaya. Les autres, provenant de boutures, sont des Cinchona 0 ffi- cinalhs, issus des premiers plants donnés par nous. Les Quinquinas plantés à lIlette à Guillaume ont donné des fleurs et des graines fécondes, et ont produit des écorces dont un échantillon, provenant d’un Cinchona officinahs de huit ans de semis, analysé au Conservatoire contenait : qui- nine 145,3, cinchonine 0f",5 pour 1000 grammes d'écorce. État des plantations de Salazie. — En même temps que les plants qui précèdent étaient envoyés à l’Ilette à Guil- laume, une partie des mêmes plants étaient dirigés sur Sa- lazie, près de la source thermale de cette localité intérieure de lîle de la Réunion, c’est-à-dire à une altitude de 872 mètres au-dessus du niveau de la mer; les plants, contem- porains des premiers, suivaient dans leur développement la même évolution que nous avons notée. Ils atteignaient 3 mètres, donnaient des fleurs et des semences nouées. Encouragé par ces succès d'essai, J'ai acquis, depuis, une propriété au village même de Salazie, à une altitude un peu moindre (600 mètres), au milieu des montagnes intérieures, où la température, toujours rafraîchie et d'une humidité modérée, semble très-convenable à la venue des Cinchonas et les place dans des conditions climatériques analogues à celles de leur pays d’origine. Les plants obtenus à Salazie, successivement de boutures et de semences, dont nous a fait présent M. Édouard Morin, porte notre plantation actuelle à 300 sujets, dont les plus élevés (150 environ) ne mesurent pas moins de 8 mètres et sont de la plus belle venue. Nous adressons à M. le général Morin des feuilles de ces Cinchonas (C. officinalis et calysaya): elles mesurent en longueur 0,38 et en largeur 0",33. Les 1490 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. troncs des principaux d’entr'eux ont déjà servi à des expé- riences de rendement quinique. Ces troncs, chez les plus forts, atteignent déjà une circon- férence de 22 centimètres, qui semble s'accroître chaque année avec un excès proportionnel très-remarquable, Observations relatives à la culture des Cinchonas à l'ile de la Réunion. — La culture des Cinchonas, tout à fait nouvelle pour nous, et inaugurée pour la première fois à l'ile de la Réunion par M. Morin fils et par moi, nous a permis de faire les observations suivantes, dont nos imitateurs, et nous dési- rons qu'ils soient nombreux, peuvent tirer un profit véri- table. | Avantages des plantations dans les endroits abrités.— Nous avons remarqué dès le début, que les Cinchonas plantés à l'ombre, ou dans un lieu à demi ombragé, ont une venue plus rapide et plus belle que ceux exposés directement aux rayons solaires. Ce même fait a été constaté dans la plantation faite à l’Ilette à Guillaume, par les pères du Saint-Esprit. Chez les arbres à Quinquina abrités, la tige est grosse, la séve luxuriante, les rameaux et les feuilles sont d’un beau vert. Chez ceux exposés au soleil, la taille des plants du même âge est de moitié moins haute, les branches et les feuilles sont teintées d'un rouge vif, comme la couleur des pampres en France, vers la fin de l'automne. La différence est donc complète suivant l’exposition. J'ai dù mettre à profit cette appréciation à laquelle l’expé- rience et le hasard m'ont conduit. J'en ai tiré la conclusion, qu'il fallait, dans les forêts hautes, faire une légère éclaircie, et y placer des Quinquinas isolés, à intervalle suffisant les uns des autres. Un grand avantage de cetie méthode est de pou- voir abriter aussi ces arbres précieux contre la violence des ouragans qui viennent, de temps en temps, et à certaines époques, visiter l’île de la Réunion. Influence des cyclones sur les plantations de Quinquinas.— Dans les coups de vents que nous avons éprouvés d’une facon sérieuse depuis ma plantation de Quinquinas, mes Cinchonas, même ceux plantés sans abri, n’ont pas été plus éprouvés que ACCLIMATATION DES ARBRES A QUINQUINA. 191 , les autres arbres. Dans le dernier cyclone (1874), un seul arbre tout chargé de feuilles a été brisé à sa base : il offrait dans la magnificence même de son feuillage une trop grande voilure à la prise de l'ouragan. IF avait 2 mètres et demi d’élévation, et de nombreuses branches. Les débris m'ont servi à fare des boutures, et J'ai pu de ce seul arbre retirer cinquante plants bien réussis que j'ai remis en terre à poste définitif au mois de juin dernier. Choix du terrain le meilleur pour les boutures en plein air. — Les boutures de Cinchonas prennent avec une facilité qui a lieu de surprendre. J’ai choisi de préférence pour les implanter, un terrain d’éboulis, incliné, à mi-ombre, de na- ture grenue, naturellement et légèrement humecté par les infiltrations continues de la source elle-même qui a fait l’é- boulis. Chaque bouture avait de 25 à 30 centimêtres. J’implantais dans le sol humide 8 à 9 centimètres de l'extrémité d’une branche sectionnée nettement à sa base, en laissant à l’axe termi- nal un bouquet de feuilles à demi coupées. Le terrain en pente est sans cesse et discrètement draîné par une eau nouvelle; si celle-ci était stagnante, la bouture netarderait pas à périr de bas en haut par la macération du tissu cortical immergé. Voici comment les racines naissent : tout autour de la sec- tion s’épanouit inférieurement une vraie couronne de radi- celles ; plus haut, à 5 centimètres de celte extrémité, un second chevelu très-abondant s'irradie autour de la tige enfouie, comme autour d'un anneau. Toutes les boutures sont faites en plates-bandes ou en pépi- nières. Quand il s’agit de les transporter dans un lieu défi- nitif, on choisit un jour de pluie, et il n'est pas besoin de lever les nouveaux plants à la motle ; maison les arrache avec précaution, en dégageant un peu le sol à l’entour, de façon à ne pas briser les radicelles qui forment un chevelu très- touffu. Pareils à tous les arbres ou arbustes qui ne se trouvent point dans leur climat d’oricine, les Quinquinas fournissent à peu de distance au-dessus du collet ou axe de la plante, de 129 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. nombreux bourgeons. Il semble, à leur propos, que la wita- lité contrariée s’exhale ou se venge par une multiplication indéfinie de l'être. Les bourgeons, s'ils n'étaient retranchés, pourraient portier atteinte à la tige principale en détournant à leur profit une partie notable de la séve. Ils offrent done une source précieuse pour faire de nouvelles boutures ou pour préparer de nouveaux plants. Il y a donc un double avantage à les détacher quand ils ont acquis un certain déve- loppement. C'est là qu’il faut puiser pour alimenter les plan- tations et les augmenter. Les résultats obtenus par le fait des boutures sont plus immédiats et plus rapides que ceux obte- nus par des plants issus de graines. Il faut attendre longtemps la croissance de ceux-c1; ce dernier mode est le plus lent. Lorsque l'arbre s’est développé, qu'il à acquis une certaine grandeur, on ne saurait plus discerner celui qui est venu de bouture de celui venu de semence. On doit donc, par ce seul fait, attacher aux boutures une grande importance pour ac- croître et étendre rapidement ses plantations. Un mode mis en usage à l’île Maurice, et avant même, essayé à l'ile de la Réunion, par les pères du Saint-Esprit, consiste à coucher un plantflexible et déjà suffisamment grand sur le sol, à l’y retenir par une force mécanique, un poids, un lien ou une pierre, et à recouvrir de terre cette tige mére ainsi enfoule. De nombreux drageons ne tardent pas à sortir aux nœuds des mérithalles ; et quand ils ont acquis une cer- taine grandeur, on peut les détacher soigneusement avec leurs racines. Ge sont des plants obtenus par couchage, en profi- tant de la propension naturelle des Cinchonas à émettre un orand nombre de bourgeons. C'est de cette manière, par boutures et par couchages, que nous avons dû procéder pour multiplier les Quinquinas. Chenille du Quinquina. — Nous devions nous attendre à réncontrer, dans la faune entomologique préexistante à l'île de la Réunion, quelque ennemi naturel pour nos jeunes Cin- chonas, et qui en attendait en quelque sorte la venue. Nous ne J’attendions guère cependant du côté où il nous est arrivé ; et notre surprise n’a pas été peu considérable en trouvant, ACCLIMATATION DES ARBRES A QUINQUINA. LE) un beau matin, nos grandes feuilles de Quinquinas littérale- ment lacérées et anéanties sur plusieurs pieds par l'énorme chenille vert bleu du sphynx du laurier-rose, le Derlephula Nerü. Une surveillance soutenue suffit pour délivrer les Jeunes Cinchonas de cette larve malfaisante. Semences envoyées par M. Van Gorkom. — M. Morin fils, consul à l’île de la Réunion, nous a beaucoup servi en se fai- sant l'intermédiaire entre M. Van Gorkom, directeur des cultures hollandaises à Java, et notre colonie pour nous pro- curer des graines.parfaites de diverses sortes de Cinchonas. C’est ainsi que nous avons pu avoir, par envoi de semences, des plants bien réussis de différentes espèces précieuses de Quinquinas et notamment des sujets du Cinchona lancafolia (Quinquina à feuilles lancéolées). J'ai quelques plants de cette sorte : ils différent essentiellement des Cinchona officinalis ou calysaya. Ghez le C. calysaya, le tronc est énorme, la feuille est étalée et très-large. Le tronc du lancifolia est plus grêle et plus fibreux, les feuilles sont plus vertes el plus lustrées. Elles ressemblent, à s’y méprendre, aux feuilles de l’Avocatier (Persea gratissima Gærtner, de la famille des Laurinées). Les plants que J'ai obtenus de cette espèce n’ont que 75 centimêtres de hauteur, quoique âgés de deux ans. Ils sont malheureusement peu nombreux; mais cette espèce nous est acquise : j'en suis l’unique possesseur. J’ai observé que sa venué était plus lente que la croissance du calysaya ; mails qu'aussi sa résistance aux efforts des coups de vent était bien plus grande, ce qui constitue, à l’île de la Réunion, une précieuse qualité dans un végétal. Obstacles qu’on rencontre à l'ile de la Réunion pour éten- ‘dre les plantations de Quinguinas. — Avant de clore cette série d'observations concernant la culture des Quinquinas, 1l nous reste à examiner une question importante : quels sont, à l’île de la Réunion, les obstacles à la propagation de la cul- ture du Quinquina ? Certes, dans une colonie si violemment éprouvée par les fièvres d'accès, et qui, par ce seul fait, a perdu son antique réputation de salubrité exceptionnelle, on ne pourrait mettre 412/ SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. en doute la nécessité d’avoir sous la main et à peu de frais, la production abondante d’un fébrifuge dont la population manque en raison même de sa cherté. En second lieu, l’état de misère où la colonie est descendue devrait exciter les ha- bitants à se créer une source nouvelle et sûre- de richesse pour l'avenir. Là done, au lieu d'obstacles, il ne faudrait voir qu'avantages à se créer un nouveau revenu. Les obstacles viennent d’ailleurs : c’est d’abord la routine, toujours tournée vers les anciennes cultures, en dépit de l’in- gratitude des résultats. Mais l'habitude est, la plus forte. C’est ensuite la crainte des ouragans qui mutilent en quelques heures les arbres d’une lente venue. Mais, à ce dernier motif, on peut répondre que toutes les essences forestières et les arbres des vergers sont placés dans les mêmes conditions climatériques, et que cependant on est loin de renoncer à leur culture. On peut même dire que le Cinchona n’est pas com- plétement détruit par un ouragan, et qu'il n'est pas plus éprouvé que ne le sont ses voisins les autres arbres, puisqu'il se répare d’ailleurs assez vite. Dans le dernier cyclone, j'ai déjà dit qu'un seul de mes arbres avait été brisé, que les autres n'avaient été qu'ébranchés ou simplement effeuillés. Les cy- clones, comme nous l’avons résolu par épreuve, ne sont donc point un obstacle à des cultures étendues de Quinquinas. Enfin, on ne peut non plus objecter sérieusement la longue attente des produits, car on attendait autrefois dix années la première récolte, dans les mêmes lieux, du Giroflier, du Muscadier et du Cannelier, tous arbres plus lents à venir encore que les Cinchonas. Il est vrai que la colonie alors était plus prospère. L’indifférence des colons et le défaut d’encou- ragement sont donc les deux plus grands ennemis de la cul- ture des Quinquinas à l’île de la Réunion. | Les gouvernements anglais et hollandais ont pris l’initialive de la culture du Quinquina dans leurs colonies respectives. Is n’ont ni marchandé n1 ménagé leurs secours pour assurer cette acclimatation. Aussi la fortune publique s’est-elle bien trouvée de cette mesure. Cette initiative a malheureusement manqué à notre France, qui est tributaire de l'étranger pour ACCLIMATATION DES ARBKES A QUINQUINA. 125 des sommes énormes dépensées en acquisitions d’écorces {ébrifuges. Des particuliers, à l’île de la Réunion, consacrent depuis 1867 leurs efforts personnels, et par conséquent très- limités dans les ressources, à cette culture si importante pour les intérêts français. Puis, à leur suite, ce sont de pauvres missionnaires auxquels les initiateurs ici ont soufflé leurs in- spirations. Voilà en quelles mains se trouve, sur le sol fran- çais le plus propice, l'avenir si précieux d’une semblable acclimatation. Nous ne devons point oublier aussi, dans cette justice distributive, les efforts d’un jeune colon, M. Joseph Wickers, qui, à deux reprises, est allé chercher, à l’île Mau- rice, et au risque de ses deniers, un certain nombre de plants. de Quinquina pour en doter son île natale. A l’île Maurice, le gouvernement anglais a dépensé des sommes énormes pour introduire des Ginchonas dans cette colonie. Malheureusement les conditions d’altitude et de cli- mat si favorables à l’île de la Réunion manquaient chez sa voisine. | Par tous les faits qui précèdent, le succès est probant à l’île de la Réunion : l’acclinatation du Quinquina y est résolue en fait, puisque par deux fois des écorces ont pu être expédiées en France ; puisque les Cinchonas plantés ont pu déja fournir des fleurs et des graines ; puisque ces semences, naturelle- ment fécondes,. vont donner des plants qui pourront, sur les lieux mêmes, alimenter de nouvelles plantations. Il ne reste plus pour cette colonie française que d'étendre cette culture dont l’acclimatation est réussie. Quant à nous, livrés à nos seuls efforts, nous avons pensé qu'il était de notre devoir d'entretenir la Société d’accli- matation de nos tentatives limitées, mais fructueuses, et d'offrir nos remerciments à M. Van Gorkom, directeur des cultures hollandaises à Java, pour avoir, par l'envoi conunu d'excellentes graines de nombreuses espèces de Ginchonas, soutenu nos tentatives d’acclimatation. (Il. EXTRAITS DES PROCES-YERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. a SÉANCE GÉNÉRALE DU D FÉVRIER 1875. Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après une observation de M. Millet. — M. le Président fait connaître les noms des membres récemment admis par le Conseil. | MM. Présentateurs, BRIMONT (comte A. de), rue de Ja FAI AdATE) | Drouyn de Lhuys. 36, à Paris, et au château de Meslay-le-Vi-< A. Geoffroy Saint-Hilaire. dame (Eure-et-Loir). dr Perre de Roo. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. de Saint-Quentin. GADEAU DE KERVILLE (Jean-Vicior), manuñfac-, Drouyn de Lhuys. turier, 7, rue du passage Dupont, à Rouen / A. Geoffroy Saint-Hilaire. (Seine-Inférieure). Saint-Yves Ménard, . Drouyn de Lhuys. Comte d’Éprémesnil. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Marquis de Selve. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. | Saint-Yves Ménard. Drouyn de Lhuys. «ns 1 Eréd. Jourdain: à Fa) H. Lallemand, LEROY-DüPré (le D' Hippolyte), directeur de/ A. Geoffroy Saint-Hilaire. l'établissement hydrothérapique de Bellevue, ! Jules Grisard. par Meudon (Seine-et-Oise). René de Sémallé, A. Geoffroy Saint-Hilaire. P.E,;0; Leroy, Saint-Ÿves Ménard. Cavé. Jules Grisard. \ Eug. Vavin. COLCOMBET (Aimé), propriétaire, rue des Deux- Maisons, 1, à Lyon (Rhône). GossET, propriétaire, au château de ‘Xour, près Bayeux (Calvados). LABROSSE [le vicomte Charles de), avenue du Roi-de-Rome, 54, à Paris. BRASSEUR (E.), médecin-dentiste, 6, rue Mo- gador, à Paris. DENIÈRE (Georges William), attaché à la Société | générale, 29, boulevard Malesherbes, LIÉNARD (Auguste), propriétaire, à Jonchery- sur-Vesle (Marne). Rousseau (Ernest), commissaire-priseur, 2, rue Rossini, à Paris. PROCÈS-VERBAUX, 127 RAS _ (Cavé. ROUSSEAU (Auguste Alfred), architecte, 69, rue IE de Chabrol, à Paris. j Eug. Vavin. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Aug. Rivière. TROUBETZKOÏ (le prince Pierre), à Intra-la-Ville, Lac Majeur (Italie). — M. le Président annonce que M. Hennequin, empêché, par son élat de santé, de prendre à nos travaux une part aussi active qu'il le désirerait, vient de se démettre des fonctions de membre du Conseil qu'il remplissait depuis longtemps avec un zèle que chacun de nous a pu apprécier. L'Assemblée tout entière s'associe aux regrets exprimés à cette occasion par M. le Président. — M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qui lui est adressée par M. Henry Vilmorin : « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société une racine d’une variété de Radis encore nouvelle en France. Les graines de cette plante ont été reçues pour la première fois de Russie par le Jardin des plantes sous le nom de Rave Garwoski. En 1873, j'en ai reçu quelques racines du Muséum, et celle que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui provient des graines qui ont été récoltées sur ces racines. Elle a été cultivée en terre ordinaire de jardin, à Verrières près Paris, et, semée à la fin de mai, elle a atteint dans le cours de la saison, sans autres soins que quelques arrosages, le volume qu'elle présente ac- tuellement. Elle a végété côte à côte avec une vingtaine d’au- tres racines qui lui ont été peu inférieurés en volume. « En Russie cetie racine est, dit-on, alimentaire. Elle paraît ici assez grossière et sèche, surtout lorsqu'elle est parvenue à un développement aussi considérable ; 11 est probable qu’elle serait employée plus utilement à la nourriture des animaux domestiques qu’à l'alimentation de l’homme. Des expériences ultérieures pourront sans doute nous éclairer sur le parti qu’on en pourra tirer. « J’ai l'honneur, Monsieur le Président, de vous faire remet- tre quelques graines du Radis blanc de Russie pour servir aux essais que la Société voudrait tenter. En même temps Je vous 128 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. adresse une partie de la récolte que j’ai obtenue des graines de la petite Tomate du Mexique, qui est en réalité une Alké- kenge (Physalis edulis ?). Ces graines m'ont été données au printemps dernier par la Société d’acclimatation. » Je regrette vivement que mes fonctions à la Société des agriculteurs de France ne me permettent pas d’aller faire moi-même cette présentation. | » Veuillez agréer, etc. » — Des remerciments sont adres- sés à M. Vilmorin pour son gracieux envoi. | — En réponse à la demande qui lui avait été adressée, M. le Ministre de la marine et des colonies exprime ses re- orets de ne pouvoir en ce moment disposer en faveur de la Société d'aucun ouvrage sur l’histoire naturelle. —- M. Edmond Breuil, consul de France à San-Francisco, annonce l'envoi d’un travail important sur les animaux et les végétaux utiles de celte région, travail dù au zèle de M. le docteur Staut, membre de l’Académie des sciences de Calitor- nie. L'envoi de ce mémoire est retardé jusqu’à ce que la tra- duction en ait été faite. : — MM. Berthoule, Buzaré, Clarté, H. Delamain, Gorry- Bouteau, de Miffonis, vicomte de Morogues, Poey d'Avant, Pontet et marquis de Pruns, demandent à prendre part aux cheptels de la Société. — Renvoi à la Commission spéciale. — M. Rabuté accuse réception et remercie des Canards de Rouen qui lui ont été accordés en cheptel. — M. Gorry-Bouteau, de Belleville, près Thouars (Deux- Sèvres), demande à concourir pour l'un des prix fondés par la Société (section des végétaux) et adresse un certificat con- statant la propagation par ses soins de diverses plantes utiles. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Almire Derré rend compte de l’état de son cheptel de Canards Mandarins et demande des renseignements sur les soins à donner à ces oiseaux. — M. Édouard Perris adresse un travail ayant pour titre : Les oiseaux et les insectes. Réponse à M. le docteur Turrel. — La Société d’horticulture de la Côte-d'Or rend compte de ses cultures et demande à prendre part à la distribution PROCÉS-VERBAUX. 199 de divers végétaux. — Renvoi à la Commission des cheptels. — M. Hennequin adresse deux exemplaires de la statis- tique des pêches maritimes, années 1872 et 1873, publiée par le département de la marine. — Remerciments. — M. Al. Adam écrit de Boulogne-sur-Mer : « Jusqu’à pré- sent je n’ai vu paraître qu'environ 35 chênes provenant des glands de chênes truffiers que vous m’avez remis. J'espère qu'il en lévera encore au printemps, l’année dernière ayant élé très-sèche. Ils ont été placés dans des sables gazonnés après une culture de pommes de terre où les glands de chêne blanc réussissent généralement. » — M. Albuquerque, de Rio-de-Janeiro, remercie de l’envoi qui lui a été fait de graines de plusieurs espèces d’'Euca- lyptus. — M. Astier, de Bourg-Saint-Andéol, accuse réception des graines et tubercules qui lui ont été adressés, et demande quelques renseignements sur la culture du Cañaqua. — M. le Secrétaire général rend compte des motifs qui ont déterminé le Conseil à ne pas renouveler avec M. E. Deyrolle le traité en vertu duquel le journal /’Acchimatation était adressé aux membres de la Société résidant en France et en Algérie. Il ajoute que, persuadé du reste qu’il est profitable au but de notre Association de faciliter les relations des mem- bres de la Société entre eux, le Conseil a décidé la publication d’une feuille bimensuelle qui paraîtra les 5 et 20 de chaque mois, sous le titre : La Chronique de la Société d'acclimata- tion, journal de faits divers et d'annonces. Gette publication, envoyée gratuitement aux sociétaires, insérera sans frais les annonces (offres, demandes, échanges d'animaux et de plantes) qui seront adressées au siége la Société. M. le Secrétaire général fait part également d’une déci- sion prise par le Conseil dans sa dernière séance et portant que vingt-cinq exemplaires, tirés à part, de tous les travaux originaux insérés désormais dans le Bulletin, seront remis gratuitement à leurs auteurs, la Société se réservant d’ailleurs le droit d’en tirer un nombre plus considérable, si elle le jugeait à propos, pour en disposer comme elle l’entendrait. 3° SÉRIE, T Il. -- Février 1875. 9 130 SOCIÉTÉ DACCLIMATATIO. M. Millet demande quelle devra être l'étendue d’un mémoiré pour jouir de cet avantage du tirage à part. M. Geoffroy Saint-Hilaire répond que les seules limites sont celles imposées par les exigences typographiques. On com- prend qu'un morcellement trop considérable des formes en- trainerait une assez forte dépense ; il paraît donc convenable que les mémoires aient au moins un quart de feuille (4 pages) pour pouvoir être lirés à part. M. Vavin fait observer que pour éviter toute dépense inu- tile, il serait bon d'inviter les auteurs des mémoires à faire connaître eux-mêmes, à l'avance, par une note en marge de leur manuscrit, s'ils désirent profiter du bénéfice de la déci- sion qui vient d’être prise. — M. Maurice Girard présente au nom de M. Berce, lau- réat de la Société, des échantillons de cocons de la race hy- bride des Attacus Yama-mai, G. Mén., et Pernyi, G. Mén. « Ces cocons, dit M. Girard, proviennent de la seconde édu- cation en France, en 1874, de cette race bivoltine. Ils sont semblables à ceux de la première éducation déjà obtenus dans la même année par M. Berce, au sujet de laquelle il a remis une note insérée dans notre Bulletin. Cette race semble fixée, pour le moment au moins, avec une soie intermédiaire entre celle des deux types. Les tentatives heureuses de M. Berce sont dignes de tout l'intérêt de la Société. » — Sur l'invitation de M. Vavin, M. le Président donne lec- ture d’un pli déposé l'an dernier par notre confrère, et qui renferme la description de son procédé de conservation des œufs, lequel consiste à emballer les œufs (qu'on a soin de choisir frais pondus) avec des rognures de papier, ou mieux de liége, dans des caisses, qui doivent être retournées chaque jour. « Il y a par là, dit M. Vavin, obstacle pour les jaunes de se fixer sur la coquille, cause à mon avis de la difficulté de conserver les œufs assez frais. » M. Geoffroy Saint-Hilaire s'explique difficilement l'efficacité du procédé proposé par M. Vavin, procédé qui n'empêche pas l’évaporation des liquides de l'œuf, cause principale, comme chacun le sait, de la décomposition de ces liquides. M. Geof- PROCÉS-VERBAUX. 131 froy rappelle toutefois qu'un industriel à déjà proposé un moyen de conservation des œufs, sur une grande échelle, en les disposant dans des espèces de greniers auxquels était imprimé constamment un mouvement de rotation, Les deux procédés sembleraient reposer sur le même principe. M. d'Ernemont signale la méthode mise en usage avec suc- cès dans certaines parties de la Normandie, et qui consiste à enduire les œufs d’une couche d'huile pour empêcher l’éva- poration du contenu." M. Vavin constate qu’on peut aussi, dans le même but, em- ployer utilement la gomme ; mais ces procédés exigent beau- coup de main-d'œuvre et sont, par suite, difficilement appli- cables en grand. M. Jouenne dit qu'on peut également conserver des œufs fort longtemps en les enveloppant tout simplement dans du papier. M. Dareste fait remarquer que la question de la conserva- tion des œufs doit être étudiée à un double point de vue : on peut ne tenir qu'à garder l'œuf suffisamment frais pour pou- voir être mangé; ou se préoccuper de lui conserver en même temps sa faculté germinative. Dans le premier cas, le pro- blème est relativement facile. Depuis Réaumur, on sait que l'application de certains enduits sur la coquille ralentit beau- coup l’évaporation des liquides contenus. La gomme, les ver- nis ou les huiles siccatives, qui se dessèchent et font vernis avec le temps, n’ont pas toute l'efficacité désirable ; mais les huiles grasses bouchent hermétiquement les pores de la co- quille et l’évaporation se trouve réduite à # ou 5 milligrammes par jour. Il est important, toutefois, d’user du procédé aussitôt après la ponte, car au bout de quelques heures il s’est déjà produit de l’évaporation; l'air a pénétré dans l’intérieur de l'œuf, et, avec lui, des éléments de décomposition, C’est ainsi qu’on a vu parfois se produire dans la chambre à air des vé- gétalions de moisissures. Mais, par cela même que l'huile fait obstacle à la pénétra- tion de l'air, elle doit nécessairement empêcher l’évolution du germe; et c’est, en effet, ce qui arrive toujours, du moins 132 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. lorsque les œufs sont ensuite mis en incubation dans une cou- veuse artificielle. Mais M. Dareste à vu quelquelois des œufs huilés éclore en les faisant couver par des poules, ce qu'il attribue à la matière grasse des plumes de la couveuse, ma- tière analogue au suint et qui, agissant un peu à la façon du savon, aura pu dissoudre l'huile dont les œufs avaient été en- duits, et permettre ainsi de nouveau l'accès de l'air. Notre savant confrère croit qu'il y a lieu d'attribuer assez fréquemment la décomposition des œufs à la facilité avec la- quelle ils entrenten incubation à de très-basses températures : une chaleur d’une vingtaine de degrés suffit pour que cette incubation commence; mais si la température baisse, le germe est tué, et il en résulte forcément une décomposition plus ou moins rapide de l’œuf. M. Dareste, qui compte poursuivre prochainement, sur les phénomènes de l'incubation, les belles recherches que d’au- tres travaux l'avaient forcé d'interrompre momentanément, veut bien promettre de faire part à la Société du résultat de ses observations. — M. Vavin met sous les yeux de l’Assembiée des échantil- lons de plusieurs variétés de Pommes de terre obtenues au moyen de la greffe et qui présentent réunis les caractères des variétés greffées entre elles. M. Rivière dit avoir essayé différents modes de greffe pour la Pomme de terre, sans être parvenu, en aucun cas, à obte- nir de soudure entre le tubercule greffe et le tubercule swet. M. Lichtenstein déclare n'être point surpris de ce résultat négatif; car, ajoute-t-il, dans la greffe ordinaire des arbres, la soudure intime de la greffe et du sujet, avec échange de fluides séveux, n’a lieu que pour le liber, c’est-à-dire en ce qui concerne les fibres corticales. M. Rivière a remarqué, en effet, que chez le Marronnier blanc etle Marronnier jaune greffés entre eux, on aperçoit fort bien une ligne de démarcation entre les deux bois, qui sont de nuance différente, et conservent loujours leurs caractères propres. — M. Rivière revient sur sa précédente communication PROCÈS-VERBAUX. 133 concernant le Daïcon, ou Radis du Japon, qui lui paraît très- recommandable comme plante fourragère, tant à cause de sa végétation vigoureuse, dont témoignent les spécimens pré- sentés à l’Assemblée par notre confrère, qu’en raison de sa facile conservation. Deux variétés de ce Radis sont mises à l'étude par M. Rivière, à Limoges : l’une à très-forte racine, l’autre, plus petite, mais à chair plus délicate. Des graines de ces deux variétés seront mises à la disposition de la Société par notre confrère sur le produit de sa récolte, — M. le marquis Séguier de Saint-Brisson présente divers échantillons de Pommes de terre cultivées chez lui et chez son gendre, le comte de Ranst. Ces tubercules, remarquables par leur développement, appartiennent aux variétés suivantes : N° 1. Pommes de terre bleues de Belgique. — Très-fari- neuses, abondantes ; fécule blanche. N°2. Pommes de terre saucisses. — Farineuses, abon- dantes, demandant à être cultivées dans un terrain riche ; la fécule est un peu jaune. N° 3. Reinette de la Loire. — Cette Pomme de terre est excellente, abondante, très-farineuse ; sa fécule est blanche. Elle demande à être cultivée dans un terrain sablonneux. N° 4. Cornes de mouton d’Angleterre. — Cette Pomme de terre très-farineuse, à fécule jaune, d’un goût exquis, fut in- portée d'Angleterre 1l y a une cinquantaine d'années ; cultivée toujours dans des terrains médiocres, elle était devenue d’une pelitesse extrême ; mais, en deux ans de temps, elle a acquis un développement remarquable dans les riches terres que possède dans le Pas-de-Calais M. ie comte de Ranst de Saint- Brisson. M. le Président insiste de nouveau, à celte occasion, sur la stricte obligation où sont les membres de la Société aux- quels des graines, plants ou tubercules sont confiés, de faire connaître les résultats qu’ils en obtiennent et sur limpossibi- lité d'arriver autrement à Ur la valeur réelle des plantes mises en expérience. — M. Lichstentein signale la prohibition dont est l’objet actuellement en Allemagne limportation des Pommes de terre 43 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de provenance américaine, dans la crainte de l'invasion du Doryphora decemlineata, ce coléoptère qui cause depuis quelques années, de l’autre côté de l'Atlantique, de si im- menses dommages aux cultures de Pommes de terre. Cette mesure parait inutile à notre confrère, qui pense que l’in- secte, qui vit uniquement sur les parties aériennes de la plante, ne saurait être transporté avec les seuls tubercules. M. Maurice Girard est également de cet avis. M. le Président ne saurait partager entièrement cette ma- nière de voir. Il fait remarquer que le Doryphora se méta- morphosant en nymphe dans le sol, il serait à craindre qu'on transportât quelques-unes de ces nymphes avec la terre qui encroûte souvent les tubercules livrés au commerce. La France importe fort peu de Pommes de terre; la prohibition de cette importation n’aurait donc que fort peu d'influence sur notre consommation. L'exportation, au contraire, s’en fait sur une trés-srande échelle; c’est une branche impor- tante de commerce que pourrait ruiner l'invasion de nos cul- tures par le Doryphora. On ne saurait donc se mettre trop en garde contre le danger, et la question mérite d’être sérieuse- ment étudiée. | M. Raveret-Wattel fait remarquer, à l'appui de l’avis émis par M. le Président, que plusieurs entomologistes américains croient à la possibilité de propager le Doryphora par des en- vois de tubercules. Il est à noter, d’ailleurs, qu’on se préoc- cupe également en Australie de prohiber l'importation des Pommes de terre d'Amérique. — M. Duchastel communique à l’Assemblée une lettre de M. l'abbé A. Mondain, directeur de l’orphelinat agricole de La Breille (Maine-et-Loire), rendant compte de la création, par ses soins, d’une variété hybride de Maïs, obtenue avec le Cara- gua et le Quarantain, et qui réunit la vigueur de végétation de l’un et la précocité de l’autre, ainsi que son SPAtAUE à un climat plus froid. — M. J. Grisard donne lecture d’une note de M. Héritte, consul de France à Messine, sur la maladie des Citronniers (voy. au Bulletin, p. 20). PROCÈÉS-VERBAUX. 135 À l’occasion de cette communication, M. Rivière donne d'intéressants détails sur la maladie qui sévit également sur les Orangers en Algérie, particulièrement à Blidah, où elle cause depuis trois ou quatre ans des dommages très-sérieux. La cause en est surtout dans l'emploi abusif des irrigations et dans une culture faite en terrain peu favorable. On obtient heureusement de bons effets de la substitution du Cédratier et du Citronnier au Bigaradier comme porte-greffe. M, Vavin dit qu’à l’île Bourbon les Orangers sont actuelle- ment ravagés par la chenille d’un Lépidoptère qui, introduit dans l’île par un amateur, à titre de curiosité, en raison de sa beauté, s'y est malheureusement multiplié d’une façon désastreuse. — Au sujet de la note envoyée par M. Héritte, M. le Prési- dent signale les nombreux services rendus à notre Société par les divers agents français résidant à l'étranger, auxquels nous sommes fréquemment redevables de très-utiles renseigne- ments, et qui acquièrent chaque jour une plus large part à notre reconnaissance, — Vu l’heure avancée, M. Rivière remet à la séance pro- chaine une communication qu’il comptait faire sur la culture de la Vanille. — Il est déposé sur le Bureau : 1° Les moyens d'attaque et de défense chez les insectes, par M. le docteur Candèze, membre de l’Académie royale de Bel- gique (offert par l’ NA 2° Discours d'ouverture prononcé à la sixième session géné- rale annuelle de la Société des agriculteurs de France, par M. Drouyn de Lhuys, Président. 3° Nederlansche Maatschappj ter bevordering van Nijver- heid. — Handelingen en Mededeelingen, 1875. h° Plusieurs exemplaires d’une petite brochure intitulée : Instructions sur la culture des Asperges, suivies de quelques notes sur le Ramié, par M. l'abbé Mondain (de la part de l’auteur). 136 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 FÉvRIER 1875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres ré- cemment admis : MM. Présentateurs. AUBER DE PEYRELONGUE (Joseph), propriétaire, { Bon Drouilhet de Sigalas. château de Cavagnan, par Bouglon (Lot-et-{ Drouyn de Lhuys. Garonne). \ Raveret-Wattel. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. ae Grisard. . de Brossard. sis de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Eug. Conte, Drouvn de Lhuys. Maurice Girard. DELALAIN (Jules), imprimeur de l’Université, / Maurice Girard. rue et impasse des Belles-Feuilles, 6, à Passy-! Jules Grisard. Paris. Émile Martinet. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. lr Raveret-Wattel. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Saint-Yves Ménard. Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. | walut. NORMAND (Édouard), conseiller général, 12, quai | Drouyn de Lhuys. des Constructions, à Nantes, et au château de? Victor Fleury. la Houstinière en Doulon. | Raveret-Wattel. { Adrien André. Auguste André. G. Dépinay. CARDOSO (Édouard), étudiant, boulevard Beau- séjour, 5, à Paris. CHANTEAU (de), château de DS par Belle | (Ain). Rome, à Paris. GRANDVAL (Jules), banquier, cours Pierre Puget, 65, à Marseille. CHATARD (Alfred), ingénieur civil, 47, rue é LAMOTHE (Louis), propriétaire, quai de la Mon- | naie, à Bordeaux (Girondé). PERROTTET (Édouard-Marius), 9, rue Odessa. | Montparnasse, à Paris. TERRILLON (Edmond), 12, quai de la Mégisserie, à Paris. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : ; PROCÈS-VERBAUX. 4137 — M. le Ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts, informe la Société qu’une répartition de livres est sur le point d'avoir lieu très-prochainement par les soins de son département, et qu’il a l’intention d’y comprendre, pour la plus large part possible, la Société d’Acclimatation. — M. le duc de Reitano fait connaître à M. le Président sa nomination à la présidence de la Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile (Palerme), et déclare qu’il cherchera à étendre les relations de cette Société avec les autres Sociétés savantes et particulièrement avec la nôtre. Il demande la con- tinuation de l'échange des publications, envoi de graines et d'animaux propres à acclimater en Sicile, promettant la réci- procilé en ce qui concerne les productions de son pays et les espèces qui y sont acclimatées ; enfin, 1l demande l’envoi du catalogue des animaux et des plantes disponibles du Jardin d'acchimatation. — Renvoi au conseil. — M. E. Perrottet fait parvenir des remerciments au sujet de sa récente admission. — M. Hardy, directeur de l’École d’horticulture de Ver- sailles, remercie la Société d’avoir accordé une collection de son Bulletin à cet établissement. — La Société générale des conférences pour la vulgarisa- tion des connaissances utiles el pratiques, sollicite le concours de notre Société pour l’œuvre qu'elle a entreprise. — M. de Laya, consul de France à Malte, écrit à M. le Président : « La Société d’agriculture de Malte vient de m'ex- primer le désir d'obtenir de la Société d’acclimatation de Paris un mâle et deux femelles de Lapins à fourrure. _ » La Société d’agricultnre voudrait propager cette espèce dans les îles de Malte, de Gozo et de Comino, qui sont déjà redevables à la France d’une autre richesse agricole. C'est au bailli de Suffren qu'est due, en effet, l'importation des oranges mandarines qui sont ici d’une qualité supérieure. » — M. Lerov, de Fismes (Marne), annonce qu'il est sur le point de publier une nouvelle édition de son ouvrage « L’avi- culture ». — MM. Derré, de Genesley, de Miffonis et Tony Poey- 138 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. d'Avant, adressent des remerciments pour les cheptels qui leur ont été accordés. — MM. Boigues, Bordé, comte du Hauvel, V. Fleurv, Fievet- Perinet, Lafon, Persac, Prampain, Raveneau-Huard, Alf. Rousse, Sénéquier et Prince Pierre Troubetzkoy, demandent à prendre part aux cheptels de la Société. — M. le marquis de Pruns, en remerciant du cheptel de Chèvres naines du Sénégal, que la Société lui a confié, ex- prime le désir de recevoir un Bouc angora qu’il destinerait à des croisements avec les Chèvres du pays (Auvergne). — M. Cornely écrit à M. le Sécrétaire général: « Dans le voyage du docteur Schweinfürth, page 83, tome Il, l'auteur parle du beau Sanglier d'Afrique (Patomochærus penicillatus), et ajoute que dans le temps ce Pore a été transporté au Brésil. Il serait intéressant de vérifier l’assertion du docteur Schwein- fürth et de savoir si l'importation de cette belle espèce de Suidés à pu réussir au Brésil. » — M. Henry Cliquennois adresse ses remerciments pour le couple de Lapins à fourrure qui lui a été attribué par la commission des cheptels, et fait connaître que les Faisans ver- sicolores qu'il a reçus précédemment sont en bon état. — M. C. Millon, de la ferme-école des Merchines (Meuse), qui a élevéavec succès diversesespèces de Palmipèdes, demande à recevoir en cheptel un couple de Canards mandarins. — M. Ribeaud, de Porrentruy (Suisse), adresse ses remerci- ments pour le couple de Faisans de Swinhoë, qui lui a été accordé en cheptel, et demande quelques renseignements sur le genre de nourriture qu’il convient de donner à ces oiseaux. — M. Martel-Houzet demande si la Société pourrait lui confier un couple de Faisans .vénérés ou Swinhoë en cheptel, et fait en même temps connaître que les Canards mandarins qui lui ontété accordés, il y a déjà quelque temps, se portent à merveille, et qu’il en espère de prochaines reproductions. — M. Almire Derré adresse un état de son cheptel de Ca= pards mandarins. — M. Ch. Agassiz fils, en remerciant des Faisans Swinhoë PROCÈS-VERBAUX. 139 que la Société lui a confiés, exprime le désir de recevoir un couple de Faisans vénérés. | —M. le vicomte de Morogues remercie des Faisans de Mongolie, qui lui avaient été proposés à la place &e Faisans vé- nérés, dont la Société ne peut disposer en ce moment ; mais il préfère maintenir sa première demande. Il prie qu’on lui fasse connaître quels sont les soins à donner aux Faisans vénérés. — M. Aug. Bouchez, de Seurre (Côte-d'Or), demande à re- cevoir en cheptel un couple de Faisans vénérés et des tuber- cules de Pomme de terre Early rose. — M. Brierre de Saint-Hilaire, de Riez (Vendée), écrit à M. le Président : « Je viens de terminer mes essais de trans- formation de marais salants de la Grande-Marchaussée en douves, en prairies, etc., et aussitôt le printemps et l'été pas- sés, j'aurai l'honneur de vous détailler ceux où j'ai échoué et ceux Où J'ai réussi, afin que ces renseignements puissent guider ceux qui désireraient faire des transformations analogues, et leur éviter des frais superflus en les empêchant de tâtonner comme je l'ai fait moi-même. » .….... Après une série de fièvres de quelques mois et de suspension de travaux de transformation, j'ai vu qu'on avait oublié de mettreles portes aux coëfs dela Grande-Marchaussée lors des grandes malines de l'été dernier, et que l’eau avait monté très-haut sur les berges des douves, elc., et filtré dans mes semis de prairies, tout en laissant sur les berges plusieurs centimètres d'épaisseur de goëmons qui s’y étaient ensuite collés par la sécheresse après la maline. Et, en les faisant en- lever par feuilles énormes, j'ai remarqué qu’elles avaient à peu près la consistance du carton mince de papier paille or- dinaire d'emballage, et j’ai pensé que des personnes compé- tentes dans la fabrication des papiers pourraient se servir avantageusement de ces goëmons qu’on pourrait multiplier à l'infini dans les parties submergées des marais salants, etc. » — M. Pacqueteau demande à prendre part aux cheptels de la Société. Il ajoute : « Peut-être trouverez-vous intéressant de savoir que l’Eucalyptus globulus est en train de s’acclimater en Vendée. M. de Suyrat en possède un exemplaire dans le 140 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. jardin de son hôtel de Fontenay, où il est facile de le visiter. Cet Eucalyptus est en pleine terre et voici le huitième hiver qu'il traverse sans accident. » * A cette occasion, M. le Secrétaire général donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre de M. Barnsby, directeur du Jar- din botanique de Tours, rendant compte des résultats obtenus avec diverses graines qui lui ont été remises par la Société : CLes Eucalyptus rostrata, qigantea, colossea, qlobulus et Wellington, ont été cultivés en plein air. Des jeunes sujets d'un an ontété plantés à 1°,50 d'un mur élevé et exposé au nord. Ces plantes ont été protégées, pendant l’hiver,au moyen de feuilles sèches placées au pied et d’un paillasson destiné à les préserver du verglas. » Les cinq espèces ont résisté l’hiver dernier, et ont subi cetie année un froid de 8 degrés centigrades au-dessous de 0. » Il va sans dire que les tiges de l’année sont généralement perdues, et que c’est la souche ou portion souterraine de la tige qui donne de nouvelles pousses. » J’ajouterai que la plantation a été faite dans un terrain sa- bleux'et frais, et que l'Eucalyptus rostrata n’a cessé de porter des rameaux et des feuilles qui conservent tous les caractères d’une végétation saine. » Cette espèce semble donc être la plus rustique de toutes celles sur lesquelles j’ai opéré. » Le semis de Cinchona calisaya (var. Boliviana), officr- nalis, succirubra, lanceolata où lancifolia, Haskarliana, Pahudiana, m'ont donné un nombre considérable de piantes que nous cultivons dans nos serres en pleine terre. » Les Bœhemeria, Bambusa, Casuarina, le Zapallito, la petite Tomate du Mexique, Hymenæa Courbaril, Stillingia sebifera, Parkinsonia, Dalberqia, ete., sont représentés par des individus sains et vigoureux, ou par des fruits et des grains parfaitement développés. » — M.3,. de La Perraudière fait connaître qu’il accepterait avec reconnaissance les graines ou tubercules que la Société voudrait bien lui confier pour les mettre en essai. — MM. Paul Gélot et Lafont demandent également à pren- PROCÉS-VERBAUX. 1AL dre part aux distributions de graines faites par la Société. — M. Durieude Maisonneuve, directeur du Jardin desplantes de Bordeaux, fait don à la Société d’une petite quantité de oraines de Sabal Adansont, et annonce qu’il vient de faire une belle récolte de graines fraiches du palmier de Chine (Chamærops excelsa) , l'unique palmier de pleine terre qui nous soit encore acquis. M. Durieu de Maisonneuve met à la dispo- sition de la Société quelques centaines de ces graines. — Remerciments. — M. le Secrétaire fait connaître que les cheptels suivants ont été accordés par la Commission dans sa séance du 5 fé- vrier dernier. ANIMAUX. MM. ABaYE (Léon), château du Sart, à Flers-les-Lille (Nord). Une paire de Lapins à fourrure, AGassiz (Charles), à Moudon, canton de Vaud (Suisse). Une _ paire de Faisans de Swinhoë. BERTHOULE (Amédée), avocat à Besse (Puy-de-Dôme). Un couple de Dindons sauvages. Brerre (Armand), à Pierrefitte (Seine). Un lot de Kangu- rous de Bennett. Bussière DE NErcY, à Gonesse (Seine-et-Oise). Un lot de Poules de Houdan; un couple de Colins de Californie. Buzaré (Alfred), à la More, commune de Montalembert, canton de Sauze-Vaussais (Deux-Sévres). Un couple de Canards Casarka. Cziquennois-Bapart (Henry), rue de Douai, 100 es, à Lille (Nord). Un couple de Lapins à fourrure. DELAMAIN (Ii.), à Jarnac (Charente). Une paire de Lapins à fourrure. | f DELamaiN (Philippe), à Jarnac (Charente). Une paire de Per- ruches omnicolores ; une paire de Perruches de Paradis. DERRÉ (Almire), à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Un Coq et deux Poules espagnoles. DesROcHES (l'abbé Eugène), à Esves-le-Moutier, par Lisueil (Indre-et-Loire). Un couple de Canards carolins. 142 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Fessarr (Émile), 18, rue Grange-Batelière, à Paris. Une paire de Faisans versicolores. GENESLEY (Auguste), à Laval (Mayenne). Un mâle et deux femelles Kangurous de Bennett. * Gorry-BouTEau, à Belleville, près Thouars (Deux-Sèvres). Un couple de Dindons sauvages. Mirronis (Fernand de), à He (Seine). Une paire de Co- lombes Longhups. MoroGuEs (vicomte de), château de Villefalier, par Cléry (Loiret). Un couple de Faisans de Mongolie. Ounous (Léo d’), à Saverdun (Ariége). Un couple de Canards de Rouen. PERRONNE, à Manthelan (Indre-et-Loire). Un couple de Go- lombes Longhups ; un couple de Faisans de Mongolie. Pogy p’AvanT (Tony), à Maillezais (Vendée). Un Bouc et deux Chèvres naines. PonTET (François), à Aurillac (Cantal). Une paire de Canards carohns. | Pruns (marquis de), à Brassac-ies-Mines (Puy-de-Dôme). Ün Bouc et deux Chèvres naines. PuzLieny (vicomte de), à Ecos (Eure). Un couple de Gre- nouilles-bœufs. RAvENEAu-Huarp, à Angers (Maine-et-Loire). Un couple de Faisans de Swinhoë. … Risaup (Georges), à Porrentruy (Suisse). Un couple de Fai- sans de Swinhoë, RocHEMACÉ (Félix de La), château de La Roche, commune de Gouffé, par Oudon (Loire-Inférieure). Un couple de Colins de Californie. RossienoL (Ernest), à Meaux (Seine-et-Marne), Une paire de Faisans versicolores. VÉGÉTAUX. MM. GELLINEAU, à Barbézieux (Charente). Pommes de terre Kidney ; Marjolin, pousse debout ; rouge de Hollande ; Pawe de terre Cochet ; Bambusa mutis; Bambusa nigra; Cluna Grass. PROCÈS-VERBAUX, 143 Gorry-BouTEAU, à Belleville, près Thouars (Deux-Sévres). Bambusa Quilioi; Betterave allemande ; Navet noir long ; Ioname de Ghine; Poire de terre Cochet; Pomme de terre Truffe d'août. | Ounous (Léo d’), à Saverdun (Ariége). Collection de Bambous et de Fuchsias. RocHEemacé (Félix de La), château de La Roche, commune de Couffé, par Oudon (Loire -Inférieure). Collection de Bambous. RossiGnoL, à Meaux (Seine-et-Marne). Pomme de terre Mar- jolin à œil rose. | RourE (Baron du), château de Barbegal, près Arles (Bouches- du-Rhône). Collection de Bambous. Société d’horticulture de la Côte-d'Or, à Dijon. Bambusa aurea, flexuosa, Quilior et violascens, — Cucurbita Zapal- lito ; Dioscorea batatas; Polymnia edulis. — Pomme de terre confédérée, jJancée, douce-blanche et Kidney rouge.— Morus japonica. — M. le Secrétaire fait connaître que, d’après une décision prise par le Conseil, il sera désormais consacré dans le Bulletin un chapitre spécial aux comptes rendus des mem- bres chepteliers. — M. Maurice Girard donne lecture d’une note de M. Chris- tian Le Doux, sur le dévidage des cocons des Aftacus, en réponse au mémoire de M. de la Roche (voy. au Bull., p. 17). — M. Ramel appelle l’attention de l'assemblée sur les quali- tés spéciales de l'Eucalyptus rostrata qui lui ont étésignalées dernièrement par M. le docteur Von Mueller. Get arbre, qui prospère sous le climat de Melbourne comme sous les tropi- ques, et dont l’area est ainsi fort étendue, semble, dès lors, pouvoir être propagé facilement sur un grand nombre de points. Aimant les terrains humides, ou le globulus ne saurait réussir, 1l paraît devoir convenir particuliérement au Brésil et à la Cochinchine, où il réussira sans doute fort bien si l’on a soin de ne point le planter dans le voisinage des eaux sau- mâtres. Sa croissance est un peu moins rapide que celle du globulus ; mais son bois, plus lié, plus dense, se rapproche de celui de l'E, marginata. Ah SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Dans les régions marécageuses où se fait sentir l'influence paludéenne, il exercerait une action presque égale à celle de l'E. globulus; et c'est ce qui a engagé M. Ramel à remettre à M. le Ministre de la marine une certaine quantité de graine de cet arbre pour faire commencer aussitôt que possible des essais de culture en Cochinchine, Notre confrère remet à M. le Président un sachet de cette même graine, avec prière de la faire parvenir à S. M. l'Empe- reur du Brésil, qui s'intéresse si vivement à la propagation des Eucalyptus dans les diverses provinces de son vaste empire. — M. Aug. Rivière fait une communication d’un haut inté- rêt sur le mode de végétation de la Vanille et sur la culture de cette plante. Il rend compte de ses patientes et minutieuses observations sur le phénomène dela fécondation chez les Orchi- dées, et en particulier chez le genre Vanilla, observations qui mettent en évidence la nécessité àe l'intervention des insectes ou de la main de l’homme pour assurer la fécondation chez ces végétaux. M. Rivière fait remarquer que c’est seulement depuis les éludes faites en Europe, sur la végétation de la Vanille, qu’on a pu cultiver cette plante d’une manière ration- nelle et avantageuse dans les contrées où elle croît naturelle- ment. On devait précédemment se contenter de l’exploiter pour ainsi dire à l’état sauvage. Comme celle du Café, la culture de la Vanille est réellement sortie de nos serres pour se répandre. dans les colonies. M. Raveret-Watiel signale à cette occasion le rôle considé- rable que jouent les insectes dans la fécondation de la plupart des végétaux. Des expériences réitérées ont permis de reconnat- ire qu'une fleur est mieux fécondée par un pollen étranger que par celui de ses propres étamines. Or, ce sont les insectes qui semblent être particulièrement chargés d’opérer cette fécon- dation, au moyen du pollen qui s'attache à leurs ailes ou aux poils de leur corps, lorsqu'ils vont butiner sur les fleurs, et qu'ils transportent ainsi d’une plante à l'autre. L’utilité des insectes, à ce point de vue, paraît aujourd'hui si bien démon- trée, qu’en Angleterre on se préoccupe d'introduire diverses espèces d'Hyménoptères dans la Nouvelle-Zélande, pour obvier à la pauvreté de la faune entomologique de cette ile. PROCÉS-VERBAUX. 145 — M. Vavin met sous les veux de l’Assemblée des échan- tillons de Patates douces et de Pommes de terre qui lui sont envoyées du Gabon par M. Masson. — Îl est déposé sur le bureau : 1° Notice nécrologique sur José - Apolinario Nieto, par M. Auguste Sallé (Extrait des Annales de la Société entomo- logique de France). Offert par l’auteur. 2 Une circulaire de la Société d'échange pour l'avancement des sciences naturelles. 3° Une circulaire de la Société d’émulation du départe- ment des Vosges, relative au Congrès international des Ameé- ricanistes, qui doit se tenir à Nancy du 49 au 22 juillet 1875. h° Un numéro du Journal des Campagnes renfermant un article sur les Pommes de terre permanentes. (Offert par M. Vavin). 5° Deux numéros de l’Épervier, moniteur des Sociétés pi- geonnières (Bruxelles). 6° Un prospectus de la Bibliographie de Belgique. 7° Un catalogue des graines du Jardin des plantes de la ville de Toulouse, récoltées en 1874. 8° Bulletin météorologique de 1873, par M. Gorry-Bouteau (cent exemplaires offerts par l’auteur). Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. a 3e SÉRIE, T. II. — Février 4875. 10 IV. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHÉPTELIERS. ANIMAUX. M. Saint-Léon-Boyer-Fonfrède, écrit de Bordeaux, à la date du 13 février 1875 : « Les deux Kangourous, mâle et femelle, qui restent de mon cheptel, continuent à se très-bien porter ; 1l y a lieu d’es- pérer que cette année encore nous obtiendrons un produit et que, plus heureux que l’an passé, nous pourrons le mener à bien. » M. Almire Derré, écrit de Sablé (Sarthe), à la date du 12 janvier 1875 : « Je viens vous rendre compte du cheptel que la Societé m’a confié. | » Mon couple de Canards mandarins est installé dans un bassin avec grotte, autour duquel existe uñe pelouse de 8 ares environ de verdure. >» Jusqu'à présent la santé de ces deux oiseaux avait été excellente; mais depuis peu le mâle se trouve pris de convul- sions, et pour la seconde fois depuis huit jours. Je né sais à quoi attribuer cet accident ; la femelle, au contraire, se porte bien. » L’un et l’autre se promènent sur la pelouse et jouissent à leur aise du bassin et du terrain environnant ; ils sont nourris de verdure (herbes, salades, etc.) et de graines (blé, sarrazin). » Le mâle étant seu/ malade de convulsions, cela ne peut être dû qu’à une cause qui m'est complétement inconnue. » Je suis on ne peut plus,contrarié de cet accident, car j'ai eu un soin minutieux de ces oiseaux. » J'avais cru d’abord m'apercevoir que le mâle avait mal aux pattes. » Je serais désolé que la Société püt croire que ce qui arrive est de ma faute; mais il est de mon devoir de la prévénir de ce qui se passe et de demander conseil pour les soins à GES ) Et à la date du 6 février : CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 1A7 «Mon Canard mandarin mâle est complétement débar- rassé des convulsions qui m’avaient si inquiété; il se porte à merveille maintenant. Je n’ai pu attribuer l'accident qu'à une graine malsaine qu’il avait pu avaler. » M. J. de la Perraudière, écrit de La Devansaye (Maine-et- Loire), à la date du 15 février : « Je regrette de n'avoir pas pu rendre compte plus tôt de l’état où se trouvaient les Perruches ondulées que j'ai reçues en cheptel; elles sont toujours dans un état parfait, et j'at- tends le retour de la belle saison avec lespoir qu’elles pour- ront cette année pondre et se reproduire. » M. L. Bradv, écrit de Saint-Nicolas-au-Bois (Aisne), à la date du 19 février : « La reproduction des Lapins argentés est maintenant as- surée puisque j'ai, outre de la moitié du cheptel que j'ai envoyée au mois de décembre, une nouvelle portée de quatre jeunes venus le 47 novembre. » M. le docteur J.-J. Lafon, écrit de Sainte-Soulle (Charente- Inférieure), à la date du 16 février : ‘ « En ce qui concerne la paire de Canards d’Aylesbury, mâle et femelle me paraissent en très-bon état, seulement cette dernière pond beaucoup moins que l’an dernier; elle porte à la queue des plumes retournées semblables à celles du mâle, ce qui pourrait faire supposer chez elle, un commen- cement d’atrophie des ovaires : ne voulant pas, celte année, l’exciter à pondre, comme je l’avais fait l’an dernier, je lui laisse ses œufs, afin qu'elle puisse les couver elle-même. » Les Faisans vénérés sont en parfaite santé el me parais- sent aussi beaux l’un que l’autre, la femelle est aussi sauvage que le mâle est franc; je vais commencer à joindre à leur nourriture une pâtée à l'œuf dans l’espoir d’être plus heureux que l’an passé et de voir enfin la femelle me donner son pre- mier œuf. | | » [ls sont placés dans une volière de 14 mètres carrés, com- plétement abritée des vents du nord et de l’ouest, divisée AS SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. en deux compartiments, ayant une partie couverte et sablée de À mètres; le reste est à ciel ouvert, planté d’arbustes et gazonné ; ils reçoivent le soleil au Peu et au midi. En 1874, ils se trouvaient logés dans une volière plus vaste ayant 20 mètres carrés, mais elle avait peut-être le défaut de n'être pas complétement à l'abri des vents du nord, dans la moitié de sa longueur. » M. E. Riban écrit de Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine), à la date du 28 février : « Je suis en possession des Canards de Rouen et du Coq et des Poules Crèvecœur que votre Commission des chep- tels a bien voulu m'attribuer ; une de ces poules a commencé à pondre le 1% janvier dernier et continue avec très-peu d’ir- régularité ; la seconde n’a pondu qu’un œuf très-volumineux dans les premiers jours de février, mais elle n’a pas continué ; la cane n’a pas encore pondu, contre mon attente. » M. Victor Fleury écrit de La Drouétiére (Loire-Inférieure) : « La fertilité de la race pure des Lapins russes de Sibérie m'a paru médiocre, et sa rusticité laisse à désirer. Depuis longtemps la femelle souche ne produit pas; d’où le fable rendement du couple. » En revanche, le croisement de cette race avec le lapin gris ordinaire paraît donner des produits superbes. J'ai ob- tenu plusieurs portées d’une femelle grise avec le mâle Sibérie, d’une grande beauté. Les petits sont ou presque en tout semblables aux vrais Sibérie, on tout noirs avec une raie blanche en long sur le front. » Parmi ces derniers, je compte établir une race noire su- perbe, en choisissant les reproducteurs, et je vous rendrai compte du résultat. » Je m’inscrirai volontiers pour un couple de Lapins à : four- rure dont je ferai l'essai également et purs et croisés avec d'autres espèces. Si vous pouvez encore me réserver ce chep- tel, je vous prie de le faire. Il est bien entendu que si j'arrive CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 149 à fixer une belle race métis de Sibérie et lapin ordinaire, je me ferai un véritable plaisir d'offrir un couple de ces animaux à la Société d’acclimatation, si elle le trouve convenable. » VÉGÉTAUX. La Société d’horticulture de la Côte-d'Or adresse la note suivante relative à diverses graines de végétaux qui lui ont été confiées : Maïs noir, bien levé, pas müri; Asclepias Syriaca, bien levé, pas encore fleuri ; Tomate du Mexique (est le Physalis inocarpa), à fleuri et fructifié, pas müri ses graines; Physalis edulis (syn. Physahs pubescens du Pérou),comme la précédente ; = Melon Prescott, fond blanc, pas müri ses fruits ; Pinus monticola, deux pieds ont levé ; Rhammus utihs, pas de germination ; Cryptomeria Japonica, deux jeunes pieds: Cocozzelli, point de germination ; Arbuste ornemental (?), id. Sorgho sucré nouveau, a bien müri ses graines. Melon (?), n’a point müri ses fruits ; Cedrus deodara, pas de germination. V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCES. L’Eucalyptus globulus au point de vue de l’assainisse- ment des régions malsaines. À la suite d’une communication faite à la séance du 8 janvier 1875, au sujet des propriétés que possède l’Eucalyptus globulus cultivé dans les localités où les fièvres paludéennes sont fréquentes, M. A. Rivière a fait connaître les bons résultats déjà obtenus dans certaines parties de l'Algérie, où de grandes plantations ont eu lieu. En 1868 et 1869, la Société générale algérienne fit planter, dans les plaines de Oued-Besbès, situées entre Bône et les montagnes qui séparent l'Algérie de la Tunisie, un ilot de 40 à 50 000 Eucalyptus globulus. Vers ce temps-là également, la même Société faisait exécuter, sur les bords du lac Fezzara, dans la province de Constantine, une autre plantation des mêmes essences, dans le double bui d'utiliser ses terrains et d’assainir cette localité qui était alors renommée par son insalubrité, ce lac offrant une surface d’eau considérable, puisqu'il a 14 000 hectares de superficie. Pendant ces . deux premières années, il fut planté au bord du lac environ 30 000 Euca- lyptus. Or, par suite de la nature du terrain et de humidité au milieu de laquelle s’étendaient leurs racines, ces arbres s’y développèrent vigoureu- sement ; aussi, en présence de ce résultat, la Société décida-t-elle qu’on augmenterait la plantation de 7C 000 sujets. On mit le projet en exécution au printemps de 1870. « En juillet de cette même année, dit M. Rivière, je fus chargé d’aller visiter la localité, que je connaissais déjà, et d’en examiner les plantations. J'y partais avec l'espoir de voir nos jeunes sujets en pleine prospérité ; malheureusement, quelques jours avant mon arrivée, une grêle était tom- bée si abondante et si forte, qu’à la place du spectacle que j'attendais, je trouvai tous nos nouveaux Eucalyptus, qui avaient alors à peine deux mois de plantation, dans un état déplorable, presque hachés, et ne présentant la plupart que de petits tronçons de 4 à 5 centimètres. Les grêlons étaient tombés avec une telle violence que les raquettes d'Opuntia, dont on con- naît l'épaisseur, étaient percées de part en part. » L'épreuve était rude pour les jeunes Eucalyptus ; malgré cela, comme ils se trouvaient dans un terrain frais et profond, ils ne tardèrent pas à re- prendre le cours de leur végétation, dont déjà je pouvais apercevoir les traces. Dans mon examen attentif de la plantation, je devais me tenir fré- quemment baissé ; or, c'était le matin, à cinq heures, au moment où sur les bords du lac les émanations paludéennes,: que n’a pas encore disper- sées le soleil, sont extrêmement violentes et forment au-dessus du sol une couche brumeuse très-intense. Je continuai néanmoins ma visite, mais, à huit heures, il me fallut quitter la place ; je sentais la fièvre qui s’emparait de moi, en même temps que se mauifeslait une congeslion violente au cer- FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 151 veau, J'étais, fort heureusement, accompagné de mes deux fils, qui me prodiguèrent les premiers soins et me transportèrent sans Connaissance, avec l'aide d'ouvriers du voisinage, jusqu’à la station du chemin de fer ; j'eusse été seul que je ne sais ce qui me serait advenu, Ce n’est qu’au bout de vingt jours d’un repos absolu que je me trouvai sauvé de celte violente attaque. Ceci a pour but de montrer combien étaient insalubres les terres avoisinant le lac Fezzara. « Aujourd’hui les choses ont changé ; les Æucalyptus ont grandi, et les bords du lac, qni ne présentaient aucune végétation arborescente, pas même des broussailles, commencent à se couvrir d’une petite forêt, Mon fils aîné, qui est allé en juin dernier visiter cette localité, m'’apprenait que les Eucalypius que nous avions fait planter avaient presque tous atteint une hauteur de 7 à 8 mètres, et, ce qu’il y avait de plus re- marquable, que les émanations p2ludéennes si violentes qui rendaient la localité à peu près inhabitable avaient presque cessé de se faire sentir. Il ajoutait que les moustiques, ces hôtes si incommodes dans les régions chaudes, avaient-complétement disparu. » Telle est donc, en outre de leurs autres avantages, l’heureuse influence qu’auront les plantations d'Eucalyptus globulus dans notre colonie afri- caine, ainsi que dans tous lieux marécageux et à émanations malsaines des régions chaudes ; aussi est-ce avec une grande satisfaction que nous voyons en ce moment ces enfants de l'Australie obtenir une vogue qui ne sera jamais plus grande qu'ils ne la méritent. » | Chasse aux Tortues dans l’Amérique du Sud. Dans un article ayant pour titre : Voyages dans l'Amérique du Sud, le Scribner’s Montly donnait dernièrement les détails suivants sur la chasse faite aux Tortues par les Indiens Conibos : «La chair de Tortue constitue la principale nourriture du Conibo. Les forêts et les rivières lui fournissent du gibier et du poisson en abondance ; mais il en fait peu de cas, et ne s’occupe que d’une chose, s’approvisionner en chair de Tortue. Vers la fin d'août, les eaux de l’Ucagali, un des affluents de l’Amazone, perdent de leur impétuosité habituelle, la neige ayant cessé de tomber sur les sommets des Andes. De vastes espaces sablonneux sont alors laissés à découvert, et la chasse aux Tortues commence. À un jour fixé, les Conibos partent dans leurs pirogues avec le matériel nécessaire, et vont quelquefois jusqu’à cent milles de leur territoire habituel chercher des endroits favorables. Quand ils commencent à apercevoir sur le sable les em- preintes que laisse la Tortue en marchant, ils prennent terre; et après avoir construit leur ajoupas (hutte), à 200 ou 300 mètres du fleuve, ils attendent patiemment l’arrivée de leur proie amphibie. Il sont si bien guidés par leurs observations, que rarement les Tortues se font attendre plus d’un jour ou deux. 152 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Par une nuit sombre, entre minuit et deux heures du matin, un immense remous se produit dans la rivière ; l’eau est tellement agitée qu’elle semble bouillir. Des milliers de Tortues en sortent et s’avancent sur la rive. Les Conibos tapis dans des dépressions de terrain ou couchés à plat ventre sur le sol, attendent dans le plus complet silence ie-moment favorable. Les Tor- tues, qui se divisent par petites bandes au sortir de l’eau, creusent rapide- ment avec leurs pattes de devant une tranchée de plus de 200 mètres de long, de 12,33 de large et de 66 centimètres de profondeur. Elles travaillent avec une telle ardeur que le sable vole autour d’elles et les enveloppe d’un nuage. Aussitôt que la tranchée a atteint les dimensions convenables, elles y déposent leurs œufs, dont le nombre varie de quarante à soixante-dix par femelle, puis avec leurs pattes de derrière, elles comblent le trou avec la même activité qu’elles l’ont creusé. Pendant cette opération, plus d'une ouvrière, bousculée par ses voisines, perd piea, roule dans le fossé et S'y trouve enterrée, sans que le reste de la troupe y prête la moindre attention. » Une demi-heure a sui pour toute l’opération. Alors la bande entière cherche, en désordre, à regagner la rivière. C’est le moment qu'’attendaient les Conibos. A un signal donné, les chasseurs s’élancent de leurs cachettes et fondent sur leur proie, sans chercher toutefois à lui couper la retraite, car ils seraient renversés et foulés aux pieds par le lourd escadron. Ils se tiennent sur ses flancs, saisissent par la queue les individus isolés et les ren- versent sur le dos. Avant que les malheureuses Tortues äienl pu regagner l'élément liquide, des milliers d’entre elles sont mises ainsi dans l’impossi- bilité de fuir et tombent entre les mains des chasseurs. » R.-W. Le gérant : JULES GRISARD. PARIS. = JMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, ©. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE BAMBOU ET SUR DES OBJETS FABRIQUÉS AVEC CE VÉGÉTAL Par M. Ed. RENARD Ancien délégué du commerce français dans l’extrême Orient Le numéro de la Société d’acclimatation de décembre der- nier contient, comme chacun a pu le voir, une intéressante description par le docteur Vidal sur différentes espèces de bambous qui croissent en Chine et au Japon. Ce végétal offre cet avantage que son bois, naturellement creux, est fermé de distance en distance par des cloisons, circonstance qui facilite singulièrement la fabrication d'objets peu coûteux et le plus souvent des plus utiles dans les ménages des classes pauvres, si nombreuses dans l’exirème Orient. J'ei pensé qu’une description n’était pas toujours suffisante et qu'il serait mieux de placer, sous les yeux de l’honorable assemblée, quelques-uns de ces objets fabriqués et que j'ai recueillis dans le cours de mon dernier voyage ; ils vous seront soumis tout à l’heure. Mais il est, messieurs, un bambou très-remarquable, que le savant docteur a omis de vous signaler et que j'ai rencontré dans mes excursions de chasses, dans les belles plaines environnant la grande ville d’Osaca au Japon. C’est du bambou carré dont je veux vous parler, et j'avoue que j'ai été frappé de le trouver ainsi sous mes pas, quand dans mes nombreux voyages dans les ports ouverts au com- merce, de Canton jusqu’à Shang-haï, de là jusquà Han- Kéou, dans le centre de ce vaste empire et enfin jusqu'à Pékin même, malgré mes recherches, je n’avais pu me pro- 3€ SÉR'E, T. II. — Mars 4875, - PT 154 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. curer un seul exemplaire, quoique les marchands chinois m'aient assuré que l'espèce existait dansles provinces reculées de l’'Honan et du Su-tchuen. Ce bambou, dont on a pu contester l’origine, comme vous le verrez messieurs, pousse naturellement carré, et il n’est pas comme on l’a dit, l'effet d’une pression dans la croissance, ni d’un tour de main, d’une supercherie enfin, si commune aux Orientaux; vous-conslaterez j'espère avec moi que son espèce est bien réelle et qu’il serait intéressant pour notre Société d’acclnnater ce joli arbuste, qui, en outre de la curiosité, de sa beauté d’ornementation. auraitencore l’avantage de trouver un emploi utile près de nosfabricants de cannes, de fouets, etc. Afin qu’il ne reste plus de doute à ce sujet, j'ai fait apporter dans le vestibule de notre Société une balle de ces bambous, et chacun de vous, messieurs, en se retirant, pourra emporter un spécimen et se faire au besoin confectionner une canne. Je vais maintenant donner une courte description de l’ar- buste tel que Je l'ai observé. £e bambou carré s'élève en hbos- quets serrés à la hauteur de 10 à 12 mètres ; à l'encontre des autres espèces il n’a pas la peau émaillée, mais bien une écorce d’un vert foncé pâlissant en séchant, mais n’arrivant jamais à un blanc parfait; ses nœuds sont rapprochés et garnis de petites protubérances, dans le genre du bambou à nœuds perlés si apprécié dans le commerce. Ses tiges sont sans excep- ton du carré au carré arrondi, il est très-droit, effilé, et con- venable aux pêcheurs à la ligne, enfin son feuillage foncé large et épais forme des voûtes impénétrables au soleil. Pendant l'hiver, les Japonais éclaircissent leurs plantations de la manière dont nous agissons pour nos sapinières, c'est-à- dire en abattant toutes les tiges dominées, mais ce bambou a l'inconvénient d’être fort difficile à circonscrire, et l’on n'y réussit guère qu'au moyen de profondes tranchées, sans quoi ses drageons puissants envahiraient bientôt les cultures envi- ronnantes. Au Japonle bambou carré a un emploi assez restreint; dans les rues les vieillards des deux sexes s’appuient et chemiment lentement avec ces longs bâtons aux racines capricieusement NOUVELLE ESPÈCE DE BAMBOU. 455 sculptées; mais c’est comme ornementation, comme abri des vents qu’il est cultivé. J'ai voulu pendant mon séjour au Japon en tenter l’accli- matation, et à cet effet j'avais fait placer des souches, des racines, dans une barrique à vin, que j'avais fait scier en deux parties ; J'avais recouvert de terre végétale, de mousse, et avais dirigé ces colis sur Nagasaki, où ils furent mis à bord du navire français /e Misore, que j'avais affrété pour Bordeaux, et une fois mes affaires terminées au Japon, je m'étais embar- qué et avais effectué mon retour en Europe par l'Amérique ; mais Jarrivais à Brest au moment de notre malheureuse ouerre, et comme tout homme qui a beaucoup vu, mais qui n’a pas vu un siége, je vins à Paris et m'y trouvai enfermé plus longtemps que je ne l'aurais voulu : pendant cetemps mon navire était arrivé à son port d'armement, et quand je pus me rendre à Bordeaux, j’appris du capitaine qu’à tort ou à raison il avait fait jeter mes bambous à la Garonne, attendu que rien n'avait poussé dans le trajet; J'en fus très-contrarié en sonseant à la peine que je m'étais donnée et en pensant que probablement tout n'aurait pas été perdu, car J'avais d’autres espèces non moins intéressantes, comme par exemple l'énorme bambou dontles pousses hautes d’un pied et grosses comme la cuisse se vendaient sur les marchés que Je visitais souvent. Chacun de vous, messieurs, peut voir dans cette salle des bambous acclimatés en France, j'en vois qui ont atteint la orosseur du bras, c'est là assurément lun des plus beaux résultats, l’un des plus beaux fruits de l’acclimatation ; mainte- nant que l’ornementation de nos promenades et de nos parcs est assurée, nous devons aussi songer à utiliser les tiges du bambou, les appliquer à nos usages et à nos goûts. Nous savons tous que déjà nos industriels ne sont pas restés en arrière des Orientaux, et nos ouvriers bamboutiers fabriquent des meubles, siéges, jardinières, écrans de feu, eL ont produit des modèles d'une élégance, d’un fini dépas- sant beaucoup le travail des Chinois. Mais du bambou blanc qui atteint de si grandes dimensions il faudrait leur 4 56 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. faire tirer parti, ce qui ne peut avoir lieu que quand nous saurons les blanchir à la manière des Japonais, car en Chine les bambous sont moins blancs qu’au Japon. Voilà à ce sujet ce que j'ai vu exécuter sous mes yeux à Nagasaki et dans les autres ports de commerce. On voit dans les ateliers de longs brazeros en forme d’ange où sont couchés les bambous verts fraîchement coupés; un enfant les tourne et retourne sur le brasier; quand la pel- licule crépite, l’ouvrier s’en empare et les frotte vivement avec un chiffon de laine, ce qui débarrasse les bambous de Ja surface rugueuse et rend l'émail de la peau très-brillant; on les attache côte à côte avec une ficelle à chaque bout et on les expose ainsi au soleil en les retournant une ou deux fois le jour ; le soir on les enroule en forme de ballots et on les rentre dans Phabitation. Après deux ou trois jours d’exposi- üon au soleilils sont secs, d’une biancheur éclatante, et prêts à être livrés au commerce; ces enfilades de bambous forment généralement la seule clôture des maisons, des magasins ; on apporte le ballot, on le déroule sans aucune atiache, et les habitants s’endorment sur leurs nattes avec plus de sécurité que chez nous avec nos portes et nos serrures de sûreté ; il est vrai de dire que la plupart des rues sont fermées à la nuit par des barrières où résidentiles veilleurs de nuit, mais plutôt pour les cas d'incendie que contre les voleurs, ou contre les animaux errants, chacals, renards, pour lesquels on a un cer- tain culte et qui sont très-nombreux aux environs des grandes villes. Maintenant j'ai l'honneur de vous soumettre, messieurs, quelques objets que j'ai cru devoir faire fabriquer à Paris avec ie bambou blanc, et pouvant être d’une certaine con- sommation chez nous. 4° Un porte-canne, porte-parapluie, porte-fusil comme on voudra, ce sont comme vous le voyez tout bonnement, des entailles pratiquées de disiance en distance entre les nœuds du bambou au moyen d’une fine lame de scie, un trou prati- qué à la partie supérieure s'adapte à un clou à crochet fixé au mur; deux de ces bambous ainsi fixés peuvent supporter des NOUVELLE ESPÈCE DE BAMBOU. 197 rateliers d’armes, et on a là un trophée solide, élégant et peu couteux. 2° Un échenilloir : ce sont plusieurs longueurs de bambou s’ajustant au moyen de douilles comme nos lignes à pêche; si l’on voulait employer des bambous de fort calibre on pourrait avoir un échentlloir pouvant atteindre même le sommet des plus grands ormeaux de nos promenades, et qu’ur seul homme pourait manier facilement; de plus, si au moyen d’une tringle en fer chauffé à blanc on traversait les nœuds du bambou selon le modèle que je soumets, la corde de l’échenilloir ainsi protégée ferait fonctionner le sécateur sans s’accrocher aux branches. | 3° Un fouet très-grand, pouvant servir à conduire quatre chevaux : il est en bambou blanc effilé, monté à l'anglaise, d'une grande légèreté; sa poignée est en peau de serpent dont les dessins naturels forment un joli ornement, et vu la rugo- gité de la peau il se tient parfaitement en main, c’est croyons- nous une heureuse application de ces peaux de serpent dont Je vais à la suite de ce rapport vous montrer un spécimen. h° Plusieurs espèces de bambons blanc, jaunes et laqués brun et servant aux Japonais de cravaches; ces bambous si effilés, si remarquables par leur souplesse, sont très-anpréciés de tout cavalier. | 5° Un bambou appelé dans le commerce queue de mulet, à cause sans doule de ses nœuds rapprochés en forme d’anne- lures près de la partie sortant deterre; ce bambou n’est pres- que pas creux à l'intérieur , il est pour ainsi dire tout bois, c'est par conséquent l’espèce la plus solide, la plus résistante à la courbure , comme aussi il est le plus rustique ; aussi en Chine et au Japon tout porteur de fardeau, tout coolie enfin, ne se voit jamais dans les rues sans l’accompagnement forcé de sa perche, de sa lanière en bambou qui supporte dans les transports dits en balance les poids les plus lourds sans Jja- mais se rompre. . 6° Deux bambous blancs de 3 et À mètres de longueur que nos fabricants d'articles de pêche utilisent avec succès pour fabriquer ces longues gaules qui peuvent lancer au loin la ligne 4558 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. et ses appâts aux plus grandes distances des berges de nos fleuves, de nos étangs. Nous ne tarderons pas du reste à en voir une magnifique exhibition à l'Exposition maritime et fluviale qui se prépare en ce moment au palais de l’In- dustrie. 7° Les deux bambous noirs sont de la même force et de la même taille que les bambous ci-dessus, la peau est naturelle- ment tachetée et, une fois vernis, leur émail a l’apparence de l’écaille, aussi sont-ils très appréciés par nos fabricants de meubles, canapés, fauteuils, bibliothèques, etc., etc. 8° Plusieurs espèces de petits bambous de différentes cou- leurs, et très-effilés : la racine en forme de crosse a été soi- gneusement polie; d’une grande solidité ils servent en guise de cravaches à tout cavalier japonais. 9° Bambous blancs effilés, plus grands que les précédents, servent aux manches de fouets comme aussi à nos fabricants d'articles de pêche pour les lignes siélégantes, si légères, ser- vant à nos dames pour la pêche des goujons ou petits poissons. 10° La peau de serpent dont j'ai eu l’honneur de vous tou- cher un mot tout à l’heure, quoique n’entrant pas dans le do- maine de l’acclimatation, n'en mérite pas moins toute votre attention ; cette peau tannée à la façon de nos veaux cirés me- sure à mêtres de longueur ; ce cuir souple , solide , remar- quable par ses dessins naturels, trouvera son emploi dans les articles de chasse, chaussures, sacs de voyage, reliure, et dans l'ameublement pour s’allier au cuir de Cordoue. Ces énormes serpents se trouvent en abondance dans les plaines humides, sur le bord des fleuves des lacs de notre Cochinchine française ainsi qu'au Cambodge. | J'ai fini, messieurs, avec mon bambou; permettez-moi de vous soumettre maintenant quelques types des ustensiles de ménage et autres non moins utiles fabriqués avec les bam- bous , j'ai pensé qu’il était nécessaire de voir pour en bien comprendre l'usage ou le but : 4° C’est la pipe la plus simple qu’il soit possible d'imaginer: c’est tout bonnement une section de bambou coupé à un pouce NOUVELLE ESPÈCE DE BAMBOU. 159 au-dessus d’un nœud, et c’est ce même nœud qui forme la base du fourneau : une brindille raturellement percée forme le tuyau ; c’est une pipe originale que le tabac n’échauffe pas assez pour la brüler et qui peut durer des années. 2 Un vase à puiser de l’eau armé de son manche; c’est toujours le même principe. 3° Un gobelet à boire dont le nœud forme le fond, qui rem- placerait avantageusement les tasses en métal des fontaines si utiles du bienfaiteur M. R. Wallace; on sait que le bambouse conserve comme le bois dans l’eau, et son peu de valeur ne tenterait personne. | h° Une passoire-filtre ou écumoire; là le nœud du bambou a été perforé à la vrille. 9° Un porte-pinceau appelé pitong en Chine; il est utile à chaque écrivain et aux peintres : les anciens les sculptaient souvent avec une délicatesse infinie. 6° Un porte-bouquet bien simple toujours fermé par le même système : la légende accorde à ces vieux bambous le mérite de conserver très-longtemps ies fleurs dans tout leur éclat, dans toute leur fraîcheur; ces petits récipients se voient au pied de chaque tombeau et les familles viennent pendant de longues anrées en renouveler les fleurs. 7° Un porte-bougie ou porte-chandelle ; il est tantôt simple et tantôt double, dans ce dernier cas on place les allumettes dans un des cylindres ; ainsi enfermée, la bougie se trouve à l'abri de toute fracture, et quand on voyage on peut s’en servir soit pour jouer, soit pour lire. 8° Une boite à conserver les papiers précieux; c’est une sec- tion de bambou coupée au-dessus et au-dessous de deux nœuds dont l’un formele couvercle qui est taillé à gorge : ces tubes à s1 bas prix pourraient remplacer avantageusement les cylindres en fer-blanc servant à piacer les congés de nos soldats. 9 Une flüte dont les trous sont percés au moyen du fer chaud : elle a beaucoup de sonorité, et le prix en est insigni- fiant ; cet instrument mérite d’être étudié surtout par nos fa- bricants de jouets d'enfants. 160 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 10° Un coupe-légume armé d’un bout d'une lame en laiton pour diviser menu, l’autre a des dentelures pour former des dessins. | 11° Les pinceaux à écrire et à peindre avec leur petite gaine qui en protége la pointe: cette application est heureuse et n'existe pas chez nous. 12° Tuyaux de pipes; 1ls sont très-variés, unis, gravés et décorés, d’un usage infini, et dont on peut se procurer un mille pour 25 centimes. 43° Une tasse à boire Je samchou, le saqui; elle est en por- celaine transparente dite coque d'œuf, protégée par un trés- fin clissage en bambou; c’est tout simplement le tour de force du vannier japonais. 1° Le bâton à supporter les lanternes ou retirer du feu les marmites : c’est une simple section entre les nœuds d’un bambou. 15° Enfin, ce sont les bâtonnets ou baguettes à manger, petit instrument dont l'usage paraît même incompréhensible, surtout pour toute personne qui n'a pas vu manger les Chi- nois ; aussi on se demande comment avec de si minces ba- œuettes on peut saisir les mets. C'est simple et pratique, car les Orientaux ne servent jamais à table des morceaux entiers comme chez nous ; la viande, le poisson, etc., ont été au préalable coupés en petits morceaux carrés , on les saisit, on les trempe dans la soya et on les porte à la bouche souvent avec une addition de légumes ; quant au riz, c’est différent : le bol une fois rempli est placé auxilèvres, la bouche s'ouvre et le riz, poussé par les deux bâ- tonnets, eslingurgité avec une promptitude surprenante. J'aurais pu, messieurs, augmenter beaucoup mes citations, mais j ai craint de fatiguer votre attention; du reste les per- sonnes qui voudraient lire une description réellement intéres- sante des usages du bambou, larbre national, le tchou des Chinois, pourront consulter l'ouvrage intulé : Étude du Com- merce d'exportation de la Chine, par les délégués du Com- merce ; là, on trouvera détailléela plus curieuse, la plus exacte description qui ait été imprimée sur l’usage du bambou. NOUVELLE ESPÈCE DE BAMBOU. 161 En finissant, qu’il me soit permis d'ajouter que J'ai toujours été un grandadmirateur de ce bel arbre ; car commentresterait- on indifférent en face de ces énormes massifs, ces montagnes de verdure, surtout quand on a devant soi l'espèce appelée si justement par nos savants Æ/lephantus qiqantea, s'élevant à de grandes hauteurs dansles airs et affectant toujours la forme des bouquets de nos feux d'artifices, puis au printemps ces flèches semblables à celles de nos paratonerres dont on peut chaque matin admirer les rapides progrès de végétation. On comprendra combien se trouve frappé d'admiration lobser- vateur, le voyageur en face de ce souple et élégant arbuste ou plutôt arbre, luttant de hauteur avec les cocotiers, les are- quiers, elc., etc. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LE KAGOU Far M. le comte POUGEZX. Plusieurs journaux ont annoncé l’arrivée en France d’un certain nombre d'oiseaux rares, apportés par la frégate ZA/- ceste, et entre autres d’une paire de Kagous. Ils ajoutent que c'est la première fois que cette espèce d'oiseaux à pu être rap- portée vivante en fiurope. Ceci est une erreur que je crois utile de rectifier (1). Les premiers Kaqgous arrivés vivants en France ont été ap- portés en 1864, par la frégate {a Sibylle, que je commandais. Il y avait mâle et femelle. Le mâle appartenait à un commis de marine, passager à bord, qui le vendit à un amateur russe, nommé Divof. Il passa l'hiver au Jardin d’acclimatation et fut dirigé sur la Russie, au printemps suivant. Je ne sais ce qu'il est devenu. La femelle m’appartient, s'est parfaitement acclimatée, jouit de la meilleure santé, et tout me fait espérer qu’elle vivra encore de nombreuses années. D’autres oiseaux de même espèce ont été embarqués pour venir en France. M. l'ingénieur Garnier en avait quatre, M. le commandant d'infanterie de marine Guillot en rapportait cinq : tous sont morts dans la traversée. M. Bourquin, sous- lieutenant d'infanterie de marine, alors capitaine d'armes sur la frégate /’Alceste, en apportait deux qui m’étaient des- tinés : le mâle seul a survécu et m'appartient depuis celte époque (1870). : J'ai l'honneur de vous adresser une petite notice sur cet intéressant oiseau dont j'ai pu étudier les habitudes depuis (1) Le Jardin zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne a possédé déjà, plusieurs fois, l’intéressante espèce qui fait l’objet de cette note (Rédaction.) NOTE SUR LE KAGOU. 163 plus de dix ans que nous vivons ensemble dans une intimité complète, si je peux m'exprimer ainsi. Je ne suis pas naturaliste, je n’ai jamais aimé à m'occuper des oiseaux, je n'en ai Jamais eu en ma possession; mais celui-ci est tellement en dehors de toute la race des bipèdes emplumés, si affectueux, si intelligent, que je m’y suis attaché comme à un ami qui peuple ma solitude et qui ne manque pas un seul jour de venir, dès qu'il m’aperçoit, me souhaiter le bonjour et recevoir une caresse amicale. Cet oiseau, qui ne vit que dans un district trés-restreint de la Nouvelle-Calédonie, a été appelé Kagou par les Néo-Calé- doniens ; je crois donc qu'il faut lui conserver l'orthographe consacrée et ne pas écrire Cagou, ce qui semblerait lui don- ner une étymologie française, venant du mot Cagou, nom sous lequel, au moyen âge, on désignait les lépreux, ou de Cagoule, coiffure des pénitents. Et certes, la crête de plumes qui se dresse sur sa tête, loin de ressembler à une cagoule, ressemble bien plutôt à une auréole. Les naturalistes ne pou- vant le rattacher à aucune autre espèce d’oiseaux connus l'ont appelé le Rhonochetos jubatus (1). M. l'ingénieur Garnier, dans une notice qu’il a insérée dans la magnifique publication /e Tour du Monde (h03° livrai- son), donne sur cet oiseau des détails fort intéressants. On a, dit-il, fait desefforts infructueux pour l’acclimater sur d’autres points de la Nouvelle-Calédonie que ceux sur lesquels il vit ; on en a transporté une colonie sur l’le-Ouen et tous les individus importés y sont morts; tous ceux apportés à Nou- méa dans le jardin du gouverneur n’ont vécu que peu de temps, et cependant les miens résistent au climat de France. À quoi attribuer cette anomalie ? (1) Dans un article de la Revue et Magasin de zoologie de septembre 14860, sur les oiseaux de la Nouvelle-Calédonie, MM. J. Verreaux et 0. des Murs, qui les premiers se sont occupés de cet intéressant oiseau, l'ont appelé Rhynochetos jubatus. C'est aussi le nom que lui a conservé M. J. Garnier dans son voyage à la Nouvelle-Calédonie, publié par le Tour du Monde. La Nature, dans un article du 20 février 1875, l’appelle Rhinoche- tus jubatus. Il me semble que le premier nom est lie seul qui doive lui appartenir. 164 ‘ SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Les habitudes du Kagou à l’état sauvage sont-celles-ci : Il habite aux environs de la baie du Prosny, pays monta- oneux dont les collines sont couvertes de forêts inextricables, dont les buissons interceptentles rayons du soleil, et qui décli- nent par une pente assez rapide vers la baie et vers des ruis- seaux où les oiseaux viennent chercher leur nourriture, aux premières lueurs de l'aube. Avant le lever du soleil, ils s’ap- pellent par un chant qui tient le milieu entre celui du coq et l’aboiement du chien, se rassemblent et descendent par troupes sur les bords de la baie et des ruisseaux, et là, se repaissent de petits poissons, de reptiles, de coquillages flu- viatiles et surtout de vers blancs dont ils sont très-friands. C’est dans ce moment seulement qu’on peut les chasser. Cette chasse se fait au moyen de chiens dressés qui les prennent à la course, le Kagou n’ayant d'autre ressource pour éviter le danger que sa fuite aussi rapide que celle du râle de genêt, qui devient plus rapide encore quand 1l a le vent pour lui, grâce à ses ailes qui lui servent de voiles et qu'il étend comme lautruche. S'il ne vole pas mieux, est-ce bien à l'ampleur de ses ailes qu'il faut l’attribuer ? Ne serait-ce pas plutôt à un défaut de conformation ou d'équilibre, provenant du point d’attache de ses ailes? J'ai entendu soutenir cette thèse, mais je suis incapable de la résoudre, j'en laisse la discussion à de plus forts que moi en ornithologie, et je me contenterai de rester dans le cadre des observations journalières que j'ai pu faire. Les indigènes sont très-friands de la chair de cet oiseau et ils n'ont pas tort, car c’est un des gibiers les plus savoureux ; la bécasse n’en approche pas : aussi lui font-ils une chasse acharnée, et il est à craindre qu'avant peu de temps l'espèce, peu nombreuse, ne vienne à disparaître entièrement. La chasse des Kagous se fait de la manière suivante : On se poste, quelque temps avant le jour, auprès des cours d’eau avec les chiens et l’on attend l’heure où 1ls descendent de leurs fourrés pour prendre leur nourriture ; ils arrivent par troupes, et alors on lâche les chiens. Si l’on se met en chasse après le lever du soleil, on fait toujours buisson creux. NOTE SUR LE KAGOU. 165 D'après ce qui m'a été dit par des personnes ayant fait cette chasse, ces oiseaux paraissent être appareillés ; quand un chien a pu en prendre un, le second vient attaquer le chien pour lui faire lâcher prise ; alors il se met dans la position horizontale, le bec en avant, les ailes déployées, laisse échap- per une espèce de sifflement pareil au jurement du chat en colère, se précipite sur son ennemi en Jui dardant un furieux coup de bec et ne tarde pas à se faire prendre lui-même. C’est une erreur de croire que quand il lève sa crête de plumes et dresse son corps verticalement à la manière des manchots, c’est un signe de colêre : au contraire, c’est pour faire le beau. C’est ainsi qu'ils préludent, quandils veulent se faire la cour ou se faire caresser. Ainsi que je l’ai dit, je possède deux Kagous, mâle et femelle. Juger par ces deux spécimens les mœurs et le carac- tère de ia famille entière m'est chose impossibie, parce que autant la femelle est familière, sociable et douce, venant au- devant des personnes même les plus étrangères pour se faire caresser, autant le mâle est sauvage : 1l se cache dans les coins les plus retirés, et fuit quelquefois comme sil était fou. Ïl n’y a qu’une petite chienne ratière avec laquelle il se soit humanisé, et quand on ne peut le trouver pour le faire rentrer, on est sûr qu'il est couché, avec son amie, dans la niche de cetle dernière. Au contraire, quand la femelle entend ouvrir la porte du jardin, elle se précipite pour saluer l’arrivant et lui fait sa plus belle révérence pour en obtenir une caresse. Souvent, dans l'été, nous nous trouvons plusieurs personnes réunies dans le jardin ; alors elle vient se placer au milieu du cercle, fait la belle, laissant retomber ses ailes à demi dé- ployées, qui font l'effet d’une crinohne, et vient quêter une caresse à chacun des assistants, en imitant un mouvement de valse, et, de temps en temps, donnant un coup de pied en arrière comme pour rétablir les plis de sa crinoline. Mais alorsil faut faire attention à la caresser, car si l’on n’a pas l’air de s'occuper d’elle, l’impatience la prend et elle donne des coups de bec, d’abord trés-inoffensifs ; si on a l'air de n’y pas prendre garde, elle se retire; si lon manifeste de la crainte, 166 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. elle redouble ; si on la menace d’une canne, ellese précipite sur l’agresseur et se ferait tuer plutôt que de céder, et l’on est obligé de l'emporter. Moi seul aile droit de la gronder et même de faire le simulacre de la battre sans qu’elle cherche à se venger. | Je nourris mes Kagous avec du cœur de bœuf ou du mou de veau taillé en lanières ; puis ils vont chercher le reste de leur nourriture dans mon jardin; tout leur est bon : les li- maçons, les limaces, les vers, les vers blancs surtout, les hannetons, les lézards, les petites grenouilles. Je crois que dans nos climats la viande leur est nécessaire, mais la viande seule serait trop échauffante, tandis que la nourriture qu'ils trouvent serait trop débilitante. Plusieurs fois je me suis aperçu à leurs excréments que la viande seule les échauffait trop. | L'hiver, ils ne sortent pas, à moins qu'il ne fasse très-beau. Quelquefois ils ont témoigné leur impatience de cette longue réclusion et mamifesté le désir de sortir; alors je leur ai fait ouvrir les portes, malgré le froid et la neige. Ils ont été sur le seuil, et après avoir aspiré l'air, ils sont toujours rentrés en courant. Parfois, pendant mon déjeuner, je les faisais venir auprès de moi, je leur mettais deux tabourets auprès du feu, chacun d'eux s’emparait du sien et ils se chauffaient; mais J'ai été obligé de renoncer à ces visites à cause de l'infection de leurs déjections. Ces déjections, très-abondantes, sont de la largeur d’une pièce de cinq francs, liquides et ressemblent à un lait de chaux, au milieu duquel est un point noir de la grosseur d’un gros pois ; lorsqu'ils sont échauffés, la partie noire grossit, et quand leur échauffement devient maladie, presque toute la chaux disparaît et tout est noir. C’est alors qu’il est urgent de leur donner des aliments rafraîchissants, des petits Li- maçons rayés, des petites Anguilles appelées p20alles dans notre localité, et bientôt leurs déjections deviennent normales. L'hiver, ils sont aussi sujets à la crampe. J’ai guéri la femelle, atteinte de cette maladie, par des frictions d’eau-de-vie cam- phrée et en lui faisant boire du vin chaud. Elle a l'air de se NOTE SUR LE KAGOU. 167 rappeler le bien qu'elle a éprouvé de ces frictions, car quand elle a froid aux pattes, elle s'approche de ma domestique en lui faisant entendre un petit cri plaintif et lui tendant la patte. Celle-ci entend son langage, la frictionne sans que l'animal fasse un mouvement, et quand sa patte est réchauffée 1l rentre dans le lieu qui lui sert de dortoir. Chants du Kagou.— Ainsi que je l’ai dit plus haut, le chant du Kagou tient le milieu entre celui du coq et l’aboïiement du chien ; il est très-éclatant et s’entend de fort loin. Malgré les bruits d’une ville assez populeuse 1l s’entend, quand le vent porte, à près d’un kilomètre. Qu'on juge à quelle distance leur voix peut s'entendre, dans les solitudes de la Nouvelle- Calédonie !... Le chant de la femelle n’est pas en tout sem- blable à celui du mâle. La première a la voix plus perçante et les modulations se rapprochent plus du chant du coq que de l’aboiement du chien. Le contraire a lieu chez le second, dont en outre la voix est plus grave. CHANT DU KAGOU. FEMELLE. MALE. On les fait chanter à volonté ; entendent-1ils un orgue passer dans la rue, les accords d’un piano, ils se mettent à chanter à l'unisson. Ils chantent aussi quand une voix claire leur donne la note. Aussi, toutes les fois que Je reçois des visites, on les fait chanter, au grand plaisir des visiteurs. Quand ils sont en colère, 1ls font entendre, comme je l’ai déjà dit, un bruit qui ressemble au jurement du chat en colère. Ils ont encore une autre manière d'exprimer, autant que j'ai pu le juger, leur étonnement; si on leur présente un balai ou un rateau de jardin, ils tirent du fond de leur gosier une espèce de ricanement qui peut se traduire par cette onomatopée : C4, CA, CA, Ca, Cu. Cet oiseau aime beaucoup l’eau, il se baigne très-fréquem- 163 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. ment et dégage de ses plumes une poussière blanche et savon- neuse qui empêche ses plumes de s’imbiber d’eau. Cette poussière laisse sur l’eau un nuage blanc, elle s'attache aux doigts qui viennent de le caresser. Quand c’est une main LL LL D > | 2 dl > NN I K Ÿ eo N amie qui lui rend ce service, il se couche en faisant entendre un petit cri de satisfaction semblable au gloussement d’une poule. Je ne pense pas que cet oiseau puisse se reproduire dans nos pays. C’est un malheur, car il serait très-utile pour l'hor- NOTE SUR KAGOU. 169 ticulture. Je suis entouré de jardins où toutes les plantes potagères sont détruites par les limaces, tandis que mon carré de persil est toujours intact. Les poules, les canards, rendent bien le inême service, mais ils dévorent aussi les végétaux, tandis que le Kagou ne les attaque pas. Mais, puis- qu'à Nouméa même, dans le jardin du gouverneur de la Nou- velle-Calédonie, non-seulement ils n’ont pas pu se reproduire, mais encore ils sont morts, je crois qu'il est inutile d'attendre ce résultat en France. Quelques personnes croient que le Kagou à la vue faible, ce nest pas mon opinion; je suis convaincu au contraire 3° SÉRIE, T. [l. — Mars 1875. 42 170 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. qu’il Pa très-perçante, mais très-tendre. Pour appuyer mon assertion, je citerai les observations que j'ai été à même de faire. Il m'est arrivé plusieurs fois, pendant que je le caressais, de le voir pointer ses regards vers un endroit du jardin, puis tout à coup échapper à ma main, courir à sept ou huit pas, donner sans aucune hésitation un coup de bec et retirer un ver qu'il avalait. ; Sa vue est tendre : ce qui semblerait le prouver, c’est son horreur du soleil et du jour éclatant. Dans mon jardin, il est toujours caché sous les touffes d’arbustes où il n’est visité par aucun rayon de soleil et n’en sort que pour manger des vers ; c’est à ces réduits ombreux que j'attribue en grande partie d’avoir pu les conserver aussi longtemps. Le Kagou est un oiseau qui mesure de 45 à 59 centimètres de longueur, de lextrémité de la queue au sommet de la tête ; il est d’un bleu cendré de plusieurs nuances ; le plumage du gros goëland offre avec lui beaucoup d’analogie ; l'oiseau de nos pays dont 1l se rapproche le plus par la forme est le butor, mais il ne vole pas comme lui. Îl a le bec fort, droit, long de 9 à 6 centimètres ; sa chevelure, si l’on peut s'exprimer ainsi, se compose de plumes longues de 20 centimètres, ténues, soyeuses, qui, lorsqu'il est au repos, lui formentune espèce de manteau partant de Ja tête et dépassant la naissance des ailes ; c’est cette chevelure qui se relève en auréole quand il veut faire le beau. L’estomac et le ventre tirent plus sur le blanc que les autres parties du corps; les ailes sont ravées de blanc et de brun. Sur les reins et le croupion, il est couvert de plumes courtes, épaisses, très-soyeuses et d’une couleur plus foncée que sur le reste du corps. Il n’y a aucune différence entre le plumage de la femelle et celui du mâle ; celui-ci est plus fort, plus allongé, a le bec plus volumineux, la voix plus grave ; tels sont les seuls signes qui permettent de les reconnaître. | Lorsqu'il fait la roue, il se met debout comme les pingoins, son auréole déployée; 1l mesure alors 70 centimêtres de l'extrémité de sa queue, qui balaye la terre, à la pointe de sa chevelure. NOTE SUR LE KAGOU. SE | Quand il se met dans la position d'attaque, il se rase, prêtà s’élancer, le corps horizontal, le bec en avant, étend ses ailes qu’il relève et abaisse alternativement, et fait entendre son jurement. Quand il se met sur Ja défensive, il ramène ses ailes en avant, en forme un bouclier dont 1l se couvre la tête, et alors on ne voit plus qu'un rond formé de cercles concen- triques alternativement noirs et blancs. Lesson, le grand naturaliste, bien qu’il ait fait plusieurs voyages en Nouvelle-Calédonie, n'a jamais eu connaissance de ces intéressants oiseaux. Le savant et regretté M. Quoy, ancien inspecteur général du service de santé de la marine, n'avait jamais entendu parler de cette espèce. Il venait fréquemment chez moi, passait des heures entières à les examiner et à chercher à les rattacher à une famille connue sans pouvoir y parvenir. M. Pianet, propriétaire d’une magnifique ménagerie, asso - cié, Je crois, da Jardin d'acclimatation d'Anvers ; M. Bidel, le fameux dompteur qui fait l'admiration de tout Paris, par son audace et son sang-froid, sont restés en extase devant mes Kagous. Le premier m'en a offert 10,000 francs, et je n’ai pu me résoudre à me séparer de mes deux vieux amis. En faisant cette longue notice, j'ai eu deux buts : rétablir la vérité en décrivant autant que mes faibles moyens ont pu me le permettre les habitudes de ces intéressants oiseaux, et faire connaître aux propriétaires des nouveaux venus l’hy- giène que j'ai suivie et qui ma donné des résultats aussi complets. Rochefort-sur-Mer, 6 mars 1875. ÉDUCATION DE MÉTIS D'ATTACUS YAMA-MAI ET PERNY1 RAPPORT PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Par M. F.-A. BIGOT Messieurs , J'ai honneur de vous adresser un rapport sur mes tenta- tives de croisement des Bombyx Pernyr par l Fama-mai et vice versd. Toutes les remarques faites pendant la durée des essais y sont consignées avec une très-grande fidélité. J'ai reçu, le 4 juin, de M. Lelièvre, d'Amboise, 30 petites chenilles de Bombyx Pernyi, ver à soie du chêne du nord de la Chine ; elles étaient écloses, d’après M. Lelièvre, du 1% au 8 Juin, 8 sont mortes des suites du voyage; quelques jours après J'en recevais du même une vingtaine d’autres en parfait état. Ne possédant aucun renseignement sur les soins à apporter à l'élevage de ce ver, je me suis borné tout simplement à le soumettre au même régime que |’ Yamna-mai, la réussite a été complète. Je dirai peu de mots sur ce Bombyx, bien que j'aie relevé chaque jour les observations auxquelles ont donné lieu les cinq phases de son existence; permettez-moi, seulement comme mémoire, de vous dire que la première mues’est faite en trois jours et les trois autres en quatre jours chacune; le coconnage a commencé le 48 juillet et s’est terminé le 27 du même mois ; une particularité propre à cette espèce, c'est que la chenille, au lieu de descendre lelong des branches de chêne pour arriver à terre, comme le fait l’Yama-maï, se laisse tout simplement tomber, elle reste quelques secondes comme étourdie par la chute, mais aussitôt revenue, elle marche avec ÉDUCATION DE MÉTIS D’ATTACUS YAMA-MAÏ ET PERNYI. 173 une certaine rapidité et le plus souvent elle s'éloigne de l’en- droit où se trouve sa nourriture ; c’est là un fait très-grave et qui malheureusement se produit jusqu'à la quatrième mue. Pour parer à ce danger J'ai entouré mon baquet d’un large manchon de mousseline, appelée dans le commerce mousse- line à cataplasme ; ce manchon soigneusement serré autour du baquet était fermé à son sommet par une coulisse, de cette manière mes vagabonds ne quittaient jamais leurs feuilles pour longtemps , le cercle restreint qu'ils avaient à parcourir les ramenant forcément et promptement sur leur feuillage ; il est bien évident que sans manchon on arriverait à perdre au moins les trois quarts des sujets, c'est du reste ce qui m'est arrivé RQME mes métis ; ayant négligé de prendre cette précaution, j'en ai perdu au moins AERtE cents en vingt- quatre heures. Le but que je me proposais en élevant le Pernyt était d’ar- river à obtenir des mariages avec l’Yama-mai, d'observer avec soin les différentes circonstances qui précéderaient, ac- compagneraient et suivraient ces croisements ; il devait en résulter, selon moi, des remarques physiologiques fort inté- ressantes, mes pressentiments n’ont pas élé trompés. Pour arriver à consigner exactement mes observations, il était de toute nécessité d'isoler chaque couple; je préparai pour cela des marchons de mousseline tannée de A0 cen- timêtres de hauteur, 1"25 de circonférence au sommet et 90 centimètres à la base, chacun des manchons était des- tiné à recevoir un couple. J'avais placé dans des cages ad hoc les cocons de Pernyt et d’Yama-mai, de manière à choisir des sujets propres à la re- production. Le 17 août, j'obtins une éclosion de femelle Pernyt ; aus- sitôt les ailes suffisamment développées je la plaçai dans un manchon où j'avais préalablement déposé un mâle d’Yama- mai né de la veille, le mariage se fit le lendemain 18. Le lendemain, je choisis une autre femelle de Pernyr et un autre mâle d'Yama-mai nés en même temps ; les ailes étaient à peine développées que l’accouplementse fit, mais il A7 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ne dura que jusqu’à huit heures du soir, aussitôt après la femelle fit une ponte de cent quatre-vingt-quinze œufs ; le lendemain à cinq heures du matin Je constatai de nouveau l'accouplement des deux mêmes sujets, qui cette fois dura jusqu’au soir, la femelle ne pondit que quatre œufs après quoi elle s’accoupla pour la troisième fois ; la nuit suivante elle fit une ponte de deux œufs, ce furent les derniers. Elle vécut une huitaine de jours et demeura continuellement à la même place mais elle ne pondit plus. J'ai constaté les mêmes faits sur un couple de Pernyt. J'ai remarqué pendant le cours de mes observations que les papillons nés le même jour se mariaient presque toujours dans la nuit qui suivait leur naissance, si au contraire le mâle avait, par exemple, deux jours de plus que la femelle, laccou- plement n'avait lieu que 24 et quelques fois A8 heures après la naissance de celle-ci. Après avoir obtenu piusieurs mariages de Pernyt femelles avec des Yama-maï mâles, je cherchai à obtenir la contre- partie, c’est-à-dire le croisement d’Yama-mai femelles avec des Pernyi mâles, de ce côté j’eus moins de succès, les mariages se firent avec beaucoup de difficultés ; j'observai chez ceux-ci la même disposition que chez les autres à s’accoupler deux et trois fois de suite, mais les résultats étaient toujours RECRUE au point de vue de la ponte. Exemple : Une femeile fécondée une seule fois faisait une ponte très- incomplète, une vingtaine d'œufs tout au plus; si elle Pétait deux fois elle pondaït un ou deux œufs, etsi elle l'était trois fois, non-seulement elle restait stérile, mais il arrivait souvent que lorgane d’intromission du mâle restait engagé dans l’ovi- ducte de la femelle, eu ils mouraient tous deux dans cette fä- cheuse position au bout de quatre ou cinq jours. En résumé, le croisement de Pernyt femelle avec c l'Fama- Maï mâle donne de très-bons résultats ; tandis que celui pro- venant de l Yama-Maï femeile avec le Pernyr mâle reste pour ainsi dire sans effet. Huit mariages de Pernyi femelle avec lFama-Maï mâle me fournivent en chiffre rond 1000 œufs, alors que le même nom- ÉDUCATION DE MÉTIS D'ATTACUS YAMA-MAÏ ET PERNYI. 175 bre d’accouplements d’Yama-mai femelle avec Pernyr mâle ne produisit que 200 œufs sur lesquels il fallut en retrancher 150 mauvais. | Le Pernyi donne deux récoltes par année, il passe l'hiver à l’état de chrysalide renfermée dans son cocon , mais l’Yama- mai n'ayant qu’une génération passe l'hiver à l’état d'œuf, Quelle influence pourraient avoir sur mes œufs métis des caractères aussi distincts ? Je pensai que le côté mâle de cha- cune des espèces l’emporterait sur le côté femelle, par consé- quent les œufs de Pernyi femelles fécondés par l Yama-mai mâle devaient, d’après moi, éclore vers le mois d'avril 1875 et ceux d'Yama-mai femelles fécondés par Pernyi mâle, dans la première quinzaine de septembre de la présente année. Le 12 et le 14 septembre je fus complétement tiré de mon incertitude par l’éclosion simultanée des deux espèces. A la sortie de l’œuf et pendant la durée du premier âge, la chenille est surmontée de tubercules noirs, séparés par des li- gnes longitudinales et tranversales d’un jaune verdâtre, la tête est d'un rouge brun, ce qui la distingue du Pernyer qui est complétement noir jusqu'à la première mue, et de l’Yama- mai qui est d'un jaune doré interrompu par septlignes brunes ounoires. Si l’on compare la cheniile du Pernyi avec celle provenant du croisement du Pernyi femelle avec l'Yama-mai mâle, aussitôt aprés la première mue, on remarque que les hybrides sont moins longs et moins gros, la couleur ne diffère du type Pernyr que par la présence de deux points noirs placés au bas des deux tubercules dont le premier anneau est surmonté, et aussi par l'absence complète des petits points blancs parsemés sur le Pernyti, presqué imperceptibles à l’œil nu, mais trés-vi- sibles à la loupe. Après la deuxième mue elle reprend le type du Pernyt et elle le conserve jusqu’à la quatrième mue ; après ce dernier sommeil, elle se rapproche, par la tête, de | Yama- mai : la tête qui jusque-là était restée brune comme celle de Pernyr s’est revêtue de la couleur verte de | Yama-maï, avec celt e différence qu’elle est légèrement lavée de jaune à sa cir- conférence, on remarque sur les dix premiers anneaux deux 476 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. rangées longitudinales de tubercules bleus surmontés de quelques poils; sur la plupart des chenilles métis les tubercules portent sur leur côté extérieur des points argentés d’un effet charmant. Des points semblables sont placés au-dessus des quatre stiomates des troisième , quatrième, cinquième, et sixième anneaux. PREMIÈRE MUE. La première mue commencée le 26 septembre s’est ter- minée le 29 du même mois. DEUXIÈME MUE. Le deuxième sommeil a commencé le 5 octobre et il s’est terminé le 42 octobre seulement. Rien de parüculier ne s’est présenté pendant les deux pre- miers âges, l'éducation marchait avec assez de rapidité pour me faire espérer un prompt résullat, cependant, en voyant la deuxième mue se orolonger au delà des limites ordinaires, je commençais à avoir quelques inquiétudes , que le froid des soirées, des nuitset des matinées ne faisait qu'augmenter; mes vers étaient exposés Hure et jour à l'air libre, la basse tempé- rature qu'ils avaient à supporter menaçait de reculer fort loin l’éducation ; aussi le 25 octobre je crus devoir les trans- porter dans une chambre close et parfaitement chauffée; j'avais dans cette chambre une température moyenne de- 18 à 20 aegrés centigrades; cette bonne chaleur tout en parais- sant leur convenir semblait cependant les inquiéter, ils se laissaient tomber plus fréquemment; pour obvier à cet incon- vénient, je leur fis subir de fréquents arrosages, c'était évi- demment cela qu’ils cherchaient, car à partir de ce moment ils devinrent plus sédentairés. TROISIÈME MUE. Le 27 octobre mes vers entrent dans leur troisième sommeil, ils se réveillent le 1° novembre. ÉDUCATION DE MÉTIS D'ATTACUS YAMA-MAÏ ET PERNYI. 477 QUATRIÈME MUE. La quatrième mue commence le 9 novembre et se termine le 15 du même mois. Pendant la période qui s’est écoulée de la troisième à la quatrième mue il m’a été très-difficile de trouver du chêne convenable, mais c’est surtout pendant le cinquième âge que J'ai éprouvé les plus grandes difficultés à m’en procurer ; j'ai été obligé pendant les dix derniers jours de l’éducation d’avoir recours aux jeunes taillis, et encore c’est à peine si, après de longues et pémibles recherches, je puis en rapporter pour deux jours à la fois , tout en n’en distribuant qu'au quart de mes sujets ; je suis donc obligé, pour n’obtenir peut-être qu’un faible résultat, de sacrifier les trois quarts de mes vers ; cette détermination bien que très-pénible est devenue indispensable sije veuxen réchapper quelques-uns; voilà deux mois et demi de travail pour ainsi dire perdus et mes projets complétement avortés, la cause en est due à ce que l'éducation a été faite pendant un mois et demi à l’air libre; je n’ai jamais eu pen- dant ce temps une température supérieure à 15 degrés cen- grades, mais je l’ai souvent constatée inférieure à 6 degrés ; il était doncurgenti, pour obtenir une solution si faible qu’elle fût, de chauffer sans relâche la chambre d’éducation ; si J’a- vais été mieux inspiré je l'aurais fait dès le commencement et nul doute alors que la réussite n’eût été complète. En cherchant à obtenir une certaine quantité de cocons métis J'avais pour but, d’abord, de les faire dévider, ensuite de comparer la soie à celle de Pernyt et d’Fama-mai, pour savoir quelle modification elle avait subie par suite du croi- sement d'espèces si différentes par la nature de leur produit ; si la soie de l Yama-mai est avantageusement appréciée des sériciculteurs, il n'en est pas de même de celle de Pernyi; en effet, le cocon de Pernyt donne une soie assez grossière d’un gris brun, les fils sont maintenus entre eux par une ma- tière gommeuse trés-abondante et qui ne se dissout que dans de l’eau bouillante assez fortement additionnée de potasse , le 178 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. dévidage se fait avec les plus grandes difficultés, il en résulte que la soie ainsi obtenue perd comme qualité une partie de sa valeur. Si, par le croisement de Pernyt avec l Yama-maï, on pou- vait se débarrasser, sinon complétement, au moins en partie, de ce grave inconvénient, ce serait un heureux résultat qui permettrait d'utiliser, d’une manière avantageuse, les pro- duits de ce nouveau séricigène. COCONNAGE. Le coconnage a commencé le 1° décembre et il a été ter- miné le 15 du même mois ; j'ai recueilli en tout 70 cocons. Pendant les trois premiers jours du filage les cocons sont d’un vert pale, ce qui les fait ressembler beaucoup à l Yama- mai, mais après ce laps de temps la couleur se modifie, elle passe au gris brun légèrement teinté de verdâtre. Comme grosseur, le cocon est moins gros que celui de Pernyt , il se rapproche plutôt de l’Yama-mai; cependant je crois utile de vous faire remarquer, messieurs, qu'il serait peut-être impru- dent de s'arrêter, quant à présent, à ces proportions, et Voie pourquoi : le filage s’est fait en plein mois de décembre, la chambre d'éducation n'était chauffée que de sept heures du matin à minuit ou une heure du matin tout au plus, à partir de ce moment le feu s’éteignait et le thermomètre baissait en quelques heures de 10 à 12 degrés; les vers alors restaient dans une immobilité complète jusqu’au moment où une tem- pérature plus élevée leur permettait de continuer leur travail, il est donc présumable, selon moi, qu’une éducation moins tardive donnerait de meilleurs résultats. | L’insecte parfait, autrement dit le papillon ne devant éclore qu’au printemps prochain, je me réserve de vous en donner la description dans mon rapport de 1875. L'année prochaine je renouvellerai mes essais (en ayant soin de faire toute l'éducation d'automne dans une cham- bre chauffée, de manière à pouvoir arriver au coconnage sans craindre de manquer de nourriture), et si comme ÉDUCATION DE MÉTIS D ATTACUS YAMA-MAÏ ET PERNYI. 179 je l'espère je mêne à bien ces deuxième et troisième éduca- tions, je pousserai jusqu’au bout mes expériences et je m'em- presserai de les soumettre à votre examen. Les œufs provenant d’Yama-mai femelles avec Pernyi mâles m'ont donné cinquante chenilles ; l'éducation de cette espèce s’est tellement prolongée qu'il m'a été impossible d’obtenir des cocons, n'ayant plus de feuilles à leur donner j'ai pris la résolution de les exposer au froid, cherchant par ce moyen à les faire hiverner ; je doute fort que cela réussisse, mais au moins J'aurai fait tout ce qu'il est possible pour les réchapper. Ainsi donc, messieurs, tout en espérant vous donner l’année prochaine des résultats plus satisfaisants, je suis heureux de vous offrir ceux de cette année. Mon plus grand désir est qu’ils vous soient agréables, L'EUCALYPTUS DANS LA CAMPAGNE ROMAINE LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Par je frère GILDAS Pour répondre à l'intérêt que vous voulez bien prendre à nos faibles eftorts pour acclimater l’Eucalyptus dans la cam- pagne romaine et en propager le plus possible la culture, je me rends bien volontiers au désir que vous avez exprimé à M. Yver de la Vigne Bernard, membre de votre honorable Société, de recevoir de nous une note succincte sur l’époque à laquelle nous avons commencé à cultiver l'Eucalyptus, et les observations pratiques que nous avons pu recueillir. Nous sommes arrivés dans ce monastère des Trois: Fon- taines, fondé en 626 par Honorius [*, vers le milieu de l’année 1868, appelés par le souverain pontife Pie IX. C’est l'endroit le plus malsain de la campagne romaine, et aucune communauté italienne n'aurait voulu l’habiter. Aussi était-il complétement abandonné et dans le plus misérable état. Le peu de terres qui en dépendaient encore ne produisaient que des mauvaises herbes et des ronces, et tous les bâtiments étaient enfouis dans une hauteur movenne de 1",50 de terre. Nous avons dû enlever ces terres, drainer le monastère et créer un grand nombre de canaux souterrains, pour l'écou- lement des eaux qui auparavant envahissaient le monastère ou se corrompaient sur la terre, faute d’issue, et devenaient ainsi un foyer de fièvres. Les premières années ont été bien mauvaises : nous avons perdu une dizaine de religieux et nous avons été forcés d’en renvoyer plusieurs autres en France. La permission nous a. été donnée un jour d'abandonner le poste, mais personne n’en a voulu profiter. Ce que nous aurions eu de mieux à faire pour l’assainissement aurait été bien certainement de L'EUCALYPTUS DANS LA CAMPAGNE ROMAINE. 181 commencer dès lors à planter l'Eucalyptus, mais absorbés par les travaux que nous avons dû faire, minés par la fièvre . et ignorant alors ce que nous pouvions attendre de ces plan- tations, ou plutôt, regardant tout ce qu’on disait de cet arbre comme de pures exagérations, nous ne nous en sommes guêre occupés à cette époque. Les premières notions sur l’Ewcalyptus nous ont été données dans le mois d'août 1868 par M"° la comtesse de Diesbach. Elle nous conseillait en même temps le Myrica cerifera et le ARE mediterranea. Quand je relis sa lettre, je suis étonné qu'on n'ait pas donné plus d'attention aux avantages qu’elle fait si bien connaitre. Je vous ferai remarquer que tout ce qui nous est venu de favorable sur l'Eucalyptus nous est venu de personnes étran- gères à l'Italie. Les premières graines nous ont été gracieusement offertes par Mgr l’évêque de Melbourne en 1869, à ce que Je crois. Malheureusement, elles furent confiées au Frère jardinier, qui, étant accablé d'ouvrage, ne les soigna guêre. Un très- petit nombre de sujets sortirent de cette fatale expérience et encore nous eûmes la douleur de les voir di par le froid. Une dame française, M“ Cutheu, eut la bonté de nous envoyer une caisse de plants d'Eucalyptus, une soixantaine je crois, en 1870, dans Le mois de mars; mais, excepté un, tous ont eu le même sort que les précédents. Ces essais malheureux n'étaient pas de nature à nous encourager et firent croire à plusieurs d’entre nous, et à moi en particulier, que cette culture était impossible sous le cli- mat de Rome. Malgré cela notre Père prieur ne perdit pas confiance, il fit faire de nouveaux semis sur lesquels plu- sieurs sujets réussirent enfin si bien que notre Père abbé (que nous avons perdu depuis), qui d’abord ne favorisait ouêre celte culture, changea d’idée et nous permit ce qu'il ne tolérait qu’à peine auparavant. Toutefois ce n’est véritablement qu’en 1874 qu'il nous fut donné de nous occuper sérieusement de ces arbres, grâce 182 SOCIÉTÉ. D'ACGLIMATATION. aux encouragements du Révérend Père abbé de la Grande Trappe, Dom Timothée, zélé propagateur de tous les progrès agricoles. Ne connaissant Jusqu'à cette époque que les notes de M. Trottier, J'ai été obligé de faire bien des expériences qui ne m'ont pas toujours réussi, mais qui m'ont instruit et mis à même de donner aux autres des conseils utiles. Mainte- nant je suis le plus ardent propagateur de l’Eucalyptus et comme notre monastère, qui est rempli de pieux souvenirs de l’antiquité chrétienne, est visité journellement par les Ro- mains et étrangers, 1l ne se passe guère de jours que je ne parle bien des fois des avantages de ces plantations. Maintenant surtout que les journaux parlent souvent de l’Eucalyptus, et quelquefois avec éloges pour les Trois Fontaines, on vient exprès pour voir nos arbres, demander des conseils et fort souvent des plants et de la graine ; malheureusement les Romains ont encore bien des préjugés contre cet arbre. Des personnes haut placées qui n’ont pes réussi dans leurs essais, faute, à ce que je crois, de s’y être bien pris, sont persuadées qu'il est impossible d’acclimater ici cette essence et rient de ma simplicité. C'est au point que dans le Bulletin du Comuce agricole qui rendait compte de la séance du 17 mai 1874, le rapporteur, après avoir cité les essais malheureux mention- nés plus haut, continue ainsi: « Crede percio che nell aperta campagna non C1 sia dato vederlo acclimatato (le glo- bulus). Di questo suo avviso sone anche 1 giardinieri piü pra- ici della capitale. Unico a mostrare gran fiducia & 1l bravo Padre Gildas trappista, che nel monastero delle Tre Fontane coltiva questa pianta con grande amore. Perd egli racco- manda la piantagione in piena terra a brevissima distanza, perchè le pianticelle possano farsi riparo le une colle altre dai vento tramontano (et du froid). » Il ajoute qu’il y a plusieurs autres espèces qui sont moins sensibles au froid « e che promettono assai meglio del globulus e di cui si fano attu- almente esperienze, di talune specie anche alle Tre Fon- tane ; » et de fait, nous avons actuellement, dans un lieu très- exposé aux gelées, des cortacea, Gunnü, coccifera, vimi- nalis, rostrata, qui n’ont pas souffert de cet hiver qui a été L'EUCALYPTUS DANS LA CAMPAGNE ROMAINE. 183 fort long et assez dur pour le pays, puisque nous avons eu jusqu’à 7 et $ degrés de froid. Maintenant, sans entrer dans le détail de mes diverses expé- riences, j'en viens à la pratique. C’est du froid et du sirocco que nous avons le plus à redouter pour la réussite des Euca- lyptus dans la campagne romaine, et c’est à ce point de vue que je me place en ce moment; je crois donc qu’il faut ici : Semer très-clair dans des caisses ou terrines, afin de pouvoir faire la transplantation avec la motte, soit dans des pots d’abord, soit immédiatement en pleine terre, ce que je crois meilleur. Semer pendant le mois d'août afin d'avoir au commence- ment de l'hiver des plants de 15 à 20 centimètres au moins de hauteur. Dans ces conditions 1l est très-facile de les con- server jusqu’au mois de mars suivant sans moyens extraordi- nares : des plants venus trop tard souffrent beaucoup, si lon n'a pas de serre, et risquent de périr. Vers le mois de mars, un peu plus tôt ou un peu plus tard selon la douceur ou la rigueur de la température, les mettre en pleine terre, en massif, à ? mètres en carré ou en quin- conce (sauf à éclaireir plus tard) et avoir som de protéger le soir les petits plants toutes les fois que la gelée sera à craindre (on peut se servir d’un pot de terre). Si la terre a été bien préparée, ces petits plants prendront une très-grande force avant l'hiver et résisteront très-bien au froid; de plus ils n'auront besoin d'aucun soutien. Je ne prétends pas que cette manière soit l'unique à adop- ter, et moi-même je sème actuellement pour planter le plus tôt possible et j'espère réussir : après tout, si je ne réussis pas, je serai encore à même de recommencer ; mais j'aime à croire que je n y serai pas obligé, car de jeunes plants que j'avais mis en pleine terre au moïs d'août dernier ont très- bien profité et n’ont que très-peu souffert du froid, et cinq mois de plus de pleine terre leur auraient évidemment donné un développement beaucoup plus considérable et par consé- quent une résistance bien plus grande au froid: je dois ajouter que Je n'ai nullement protégé ces plants. 184 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Ces idées ne sont pas celles qui ont cours à Rome : on s’imagine ici que des plants d’un ou deux ans en pots sont les meilleurs, mais vous savez si ces idées sont justes. J’ai cepen- dant bien de la peine à faire partager mes idées aux Romains et jusqu'à présent personne ici ne les a mises en pratique, à ce que je crois. L’année dernière le Comice agricole a distribué 6900 plants d'Eucalyptus globulus dans ces conditions, et il se propose d’en faire autant cette année. On me demande souvent si nos Eucalyptus nous préser- vent de la fièvre. Je réponds à cela qu'actuellerment l'air est bien meilleur que l’année de notre arrivée, mais qu'il est impossible de dire en quelle proportion les Eucalyptus y ont contribué : les autres travaux que nous avons faits y ont cer- tainement une large part et les globulus seuls, vu leur petit nombre relatif, n'auraient pu arriver à ce résultat, ce me semble. Nos plus grands arbres sont des années 1870, 1871, 1872 : les plus beaux ont 60 centimètres de circonférence au pied, 45 à 1 mètre de terre et 10 à 11 mètres de hauteur. Plusieurs ont des boutons floraux. Je viens bien tard, monsieur le Président, vous donner des renseignements sur l’Eucalyptus, et cependant il n’est pas en- core trop tard pour ce pays de connaître la meilleure manière -de le cultiver, car quoique ces messieurs du Comice agricole prétendent que depuis trente ans, à Rome, on connaît, on étudie et l’on fait des essais de l'Eucalyptus globulus : « Non » pud non ribattere l’asserzione sovente ripetuta da nostri » glornali che queste esperienze sieno nuove per Roma. Da » trenia anni Si conosce, si studia, si prova l’Eucalyptus globulus, etc. » (Bulletin du Comice), il faut avouer cependant que pour trente ans d’études et d’essais, ils n’ont guère acquis d'expérience pratique. Je vous prie de m’excuser si j'ai attendu jusqu'à ce mo- ment pour vous donner les renseignements que vous avez eu la bonté de me demander, mais j'ai voulu attendre la fin du froid afin de pouvoir être plus sûr de ce que j'aurais à vous L'EUCALYPTUS DANS LA CAMPAGNE ROMAINE. 185 écrire, et puis je ne suis pas toujours maître de mon temps. Je vous prie d’agréer cette petite preuve de ma bonne volonté : si vous m’envoyez des graines de diverses espèces d'Eucalyptus, je ne manquerai pas de vous mettre au fait des résultats obtenus. P.S, — Dans les premiers jours de mars, j'ai reçu deux bonnes visites. La première, celle de M. Ramel. Le soir même qu'il est arrivé à Rome, il a voulu venir voir nos Eucalyptus ; il faisait un temps affreux, le jour baissait et je me trouvais à notre dernier office de la journée; je ne pus avoir l’hon- neur de le recevoir, faute d’être averti. Malgré cela il est encore revenu deux fois, et a passé chaque fois une demi- journée : il m’a dit que notre plantation lui avait fait le plus grand plaisir et il approuve toutes mes manières de voir au sujet de l'Eucalyptus ici. La seconde visite a été celle de M. Le prince Troubetzkov, du lac Majeur, ardent propagateur de l’Eucalyptus et en par- ticulier de l’amygdalina. Il m'a montré une lettre moitié à la main, moitié imprimée, dans laquelle j'étais accusé de n’estimer que le globulus. Cette assertion est peu exacte, car comme je vous le disais tout à l'heure, je fais tout mon pos- sible pour expérimenter toutes les espèces les plus méri- tantes. Monastère de Notre-Dame de la T'rappe des Trois-Fontaines, près Rome, le 20 mars 1875. 39 SÉRIE, T. IL, — Mars 1875 13 III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, ————— SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 MARs 4875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président, — Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis par le Conseil. MM. Présentateurs. A. Cambon. A. Geoffroy Saint-Hilaire. (&. Roussy. C. Dareste. Gindre-Malherbe. Maurice Girard. CAMBON (Henri), avocat, place Saint-Paul, ; | À. Geoffroy Saint-Hilaire. Nîmes (Gard). BRUN, propriétaire, rue de la Merci, 14, à Mont- pellier (Hérault). D' A. G. de Grandmont. int Rivière. . Dareste. Er Malherbe. Maurice Girard, Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Drouÿn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Léon Peirière. MoNTAIGNAC (le comte R. de), officier a E. Decroix. nance du Ministre de la guerre, rue de Gre- Drouyn de Lhuys. Guy (Joseph), négociant, à Aigre (Charente). LE JOUTEUxX (Gontran), rue Bonaparte, 29, Paris. MAILLARD (Jules-André), rentier, rue Jacques Dulud, 5, à Neuilly (Seine). MARTIN (Henri), propriétaire, au château de Lubescens, près Cugnau (Haute-Garonne). nelle, 52, à Paris. la. Geoffroy Saint-Hilaire. ue Drouyn de Lhuys. MORIN (Eugène-Alexandre), propriétaire, avenue A. Geoffroy Saint-Hilaire. de Neuilly, 174, à Nzuilly (Seine). Saint-Yves Ménard. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard. Ruffier. Tourasse, membre de diverses sociélés sa- vantes, Petit-Boulevard, à Pau (Basses-Pyré- nées). — M. le Président adresse à l’assemblée les paroles sui- PROCÈS-VERBAUX. 187 vanies : « Après l’énumération de ces nouvelles recrues, je dois, messieurs, comme triste compensation, vous faire con- naître les pertes que nous avons à regretter. La mort nous à enlevé MM. Barbuat-Duplessis, Léopold Bloch, Hautefeuille, Huret et Lucy, un des fondateurs de notre Société, créateur du Jardin zoologique de Marseille, dévoué à nos travaux, assidu, jusqu'aux derniers jours de sa vie, à nos séances, où il a fait de nombreuses et intéressantes communications. » — M. le secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : MM. de Coutans, Almire Derré, docteur Lafon et Riban, adressent des comptes rendus de leurs cheptels. — M. À. Cambon fait parvenir ses remerciments pour le nouveau cheptel de Canards du Labrador qui lui à été ac- cordé. — MM. de Bonnefoy, Raoul Boulart, Brady, Buxtorf, comte de Cambourg, Gollard, de Coutans, Hulot, de la Brosse-Fla- vigny, G&. Le Moine, Leroy-Dupré, Lhéritier, Liénard, Moreau, Riban et G. Roy, demandent à prendre part aux cheptels de la Société. — Renvoi à la Commission spéciale. — M. Spencer J. Baird, inspecteur général des pêcheries des États-Unis, annonce l'envoi de son second rapport annuel sur l'industrie des pêches et la pisciculture. Il prie la Société de vouloir bien lui continuer l'envoi de son Bulletin, et exprime le désir de recevoir les volumes déjà parus de cette publication dont on pourrait disposer en sa faveur. — Renvoi au Conseil. — M. Bellaigue de Bughas, consul de France à Newcastle (Écosse), écrit à M. le Secrétaire général : « Conformément au désir exprimé dans la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser le 16 octobre dernier, je me suis empressé alors de faire savoir à M. W. R. Pape, que la Société d’acclimata- tion avait ouvert un crédit de 300 francs pour un achat d'œufs de Saumons en Écosse, et qu’elle me priait de m’entendre avec lui sur celte affaire. ui0 » M. Pape prit aussitôt ses mesures pour satisfaire aux ordres de la Société, et aujourd’hui, j'ai le regret de vous 188 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. annoncer que la saison exceptionnellement rigoureuse cette année a rendu tous les efforts de M. Pape inutiles. » D’après ce que ce commerçant m'a fait savoir, il arrive généralement, que lorsqu’au milieu ou à la fin de décembre les rivières se trouvent gelées, sous l'influence des grands froids, le Saumon disparaît aussitôt des eaux douces, de telle sorte qu’au dégel suivant, il ne reste plus aucune chance d’ob- tenir des œufs. — Cette année, au contraire, les grands froids et la congélation des rivières du nord de l'Écosse se sont produits un mois et demi plus tôt que d'habitude. Dans ces conditions, il y avait, paraît-il, à espérer que, si un dégel se produisait dans le courant de décembre ou de janvier, on püût retrouver les Saumons dans les rivières, après la rupture des glaces, et procéder alors à l'opération de pêche qui n'avait pu être opérée comme d'ordinaire en novembre. Le dégel est arrivé en effet dans le courant de janvier, comme on y comp tait, et aussitôt les correspondants de M. Pape ont tenté d'exécuter les ordres recus dès la fin d'octobre. Sur l’un des points où ces essais ont été effectués, 1l a été possible de pêcher trois femelles, qui auraient fourni plus que le nombre d'œufs nécessaire, mais aucun mâle n’a pu être pris, et en conséquence la fécondation des œufs n’a pu avoir lieu. » M. Pape, en portantces faits à ma connaissance, me prie d'exprimer à la Société ses regrels de n'avoir pu réussir cette année à exécuter les ordres reçus. » — M, Le Doux adresse un mémoire ayant pour titre: Les Vers à soie du chêne, du Japon et de la Chine, dans la Lo- zère. | — M. Tellier, directeur de l'usine frigorifique d'Auteuil, accuse réception des œufs d’Atfacus Yama-mai qui lui ont été remis par la Société, pour être soumis à l’action du froid, à l'effet d’en empêcher l’éclosion prématurée. M. Tellier veut bien promettre de donner tous ses soins à ce dépôt. — Re- merciments. | — M. Weber, architecte à Paris, fait parvenir à M. le Pré- sident une lettre dans laquelle il expose qu’étant en instance auprès de plusieurs compagnies de chemins de fer, pour PROCÈS-VERBAUX. 189 obtenir l’autorisation de cultiver les Abeilles, d'après une méthode de son invention, sur les terrains inoccupés des lignes, il désirerait obtenir l’appui de la Société d'acclimata- tion auprès des dites compagnies. M. le Président invite M. Weber, qui assiste à la séance, à faire connaitre én quoi consiste son procédé. M. Weber met alors sous les yeux de l’assemblée un modèle réduit de la ruche imaginée par lui pour faciliter la récolte du miel, sans troubler les Abeilles et sans perdre de couvain ; c'est une ruche formée de compartiments latéraux mobiles, qu’on substitue alternativement les uns aux autres, au fur et à mesure des travaux intérieurs de la ruchée. M. Bérenger ne pense pas que les compagnies de chemins de fer puissent faire des difficultés pour laisser établir de semblables ruches sur les terrains inoccupés des lignes, puisque dans une infinité d’endroits il existe des ruchers intallés tout contre les voies par les propriétaires riverains. M. Maurice Girard demande si M. Weber à soumis son in- vention à la Société centrale d’apiculture, qu’elle lui paraîtrait plus particulièrement intéresser. M. le Président partage cette manière de voir et engage M. Weber à s'adresser en effet à la Société d'apiculture, qui aurait une entière compétence pour apprécier les avantages de son système et pour lui donner auprès des compagnies de chemins de fer l’appui qu il sollicite. — M. Bureau remercie la Société de l’envoi d’ œufs d'Attacus Yama-maï qui lui a été fait, ainsi que des renseignements qui lui ont été donnés sur les différentes races de Sericaria Mort. — M. le vicomte d’'Itajuba, ministre du Brésil, accuse récep- tion des graines d'Eucalyptus rostrata remises au nom de M. Ramel et destinées à S. M. l'Empereur du Brésil. — MM. Chevalier, Delvaille, Gorry-Bouteau et Émile Lafont, ainsi que la Société d’horticulture de l'arrondissement d’É- tampes, demandent à prendre part à la distribution de graines annoncées dans le dernier numéro de la Chronique. cient de ie qui leur ont été adressées. 490 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. M. le docteur Turrel fait parvenir les renseignements com- plémentaires suivants sur une variété de Bambou rustique, signalée dernièrement par lui à la Société comme ayant êté jusqu'ici confondue à tort avec le B. gracilis : « En procédant aux multiplications de notre Bambou rustique, et en compa- rant les racines des deux variétés, nous avons reconnu que les bourgeons du B. gracilis sont petits et groupés autour du collet des tiges adultes, comme le sont les bourgeons du dahlia lorsqu'ils commencent à se gonfler. » Le B. gracilis a de courts rhizomes, et ne présente pas de bourgeons sur ces rhizomes dont la longueur ne dépasse pas 2 centimètres. à » Le Bambou rustique a des rhizomes encore plus courts, car ils ne dépassent pas un centimètre de longueur, ét c’est sur ces productions souterraines que se montrent de gros turions de dimensions triples et aan de celles me tu- rions du B. gracils. » Quelques bourgeons se montrent aussi au collet des tiges du B. gracilis rustica, mais ils sont aussi pelits que les bourgeons réguliers ou. autour du collet des tiges’ du B. gracilis. » En Lure ces nouveaux caractères diagnostiques de ceux que j'ai mentionnés dans ma notice, on arrive, je crois, sans conteste, à la conviction queles deux Bambous sont deux espèces distinctes, dont il reste à étudier de plus près le degré comparatif de résistance au froid. » — M. Léon Chevreau signale l'identité de la plante éulti- vée actuellement sous le nom de petite Tomate du Mexique (Physalis edulis Sims), avec le Physalis Peruviana de Lin- né, évalement désigné par d’autres auteurs sous de: noms de Ph. pubescens, et dé Ph. Barbadensis. “— M. Quihou donne lecture d’un rapport sur les princi- pales cultures faites en 1874, au Jardin d’ acclimatation (voy. au Bulletin, p. 81). À l’occasion d’observations consignées dans ce rapport sur lä végétation du Zapallito, M. Vavin déclare que cette Cucur- bitacée qu’il cultive dépuis l’époque de son introduction en PROCÈS-VERPBAUX: 491 France n'a jamais #racé chez lui, conservant ainsi parfaile- ment le caractère de l'espèce. — M. je docteur Jeannel rend compte d'expériences fort intéressantes faites au jardin du Luxembourg sur Paction de l’engrais minéral proposé par lui. Ïl met sous les yeux de l'assemblée quelques-unes des plantes ayant servi aux essais, et qui choisies de même âge et d’égale force, ont été les unes cultivées d’après la méthode ordinaire, les autres traitées par l'engrais minéral. Ces dernières présentent un développement vraiment prodigieux (voy. au Bulletin, p. 95). M. Rivière insiste sur les excellents effets obtenus avec l’en- grais Jeannel dans la culture des Cinchonas, des Broméliacées épiphytes, de certains Palmiers, d'Aroïdées, etc. Plusieurs de ces végétaux, qui réussissent très-difficilement dans nos serres, où, quelques soins qu’on leur donne, ils ont presque toujours un aspect languissant, un feuillage plus ou moins décoloré, ont pris, au contraire, sous l’action de l’engrais mi- néral, une vigueur des plus remarquables. — Sur l'invitation de M. le Président, M. Rivière veut bien donner quelques nouveaux détails sur les résultats très-avan- tageux qu’on peut obtenir du bouturage des Vignes, particu- liérement dans les contrées méridionales. De simples tronçons de sarments de 10 à 16 centimètres de longueur, munis de deux ou trois yeux, plantés verticalement et recouverts seule- ment de 4 à 5 centimètres de terre, développent très-rapide- ment un chevelu considérable, avec une tige forte à proportion, susceptible de donner du fruit dès l’année qui suit la plan- tation. — M. Maurice Girard communique verbalement quelques détails nouveaux sur l’insecte ennemi des Pommes de terre en Amérique, le Doryphora decemlineata, Say : «Get in- sécté, dit-il, n’est malheureusement pas exclusif aux Pommes de terre ; bien qu’il affectionne de préférence les Solanées, il se rencontre sur beaucoup d’autres plantés, même sur les choux. Il pourra donc arriver que, malgré l'interdiction d'importer les Pommes de terre, le Doryphore soit introduit, enfoui à l’état adulte et en hibernation, avec les caisses ou les 492 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. pots contenant des plantes en terre. Aussi en Belgique, le Ministre de l’intérieur a-t-il déjà autorisé des adoucissements à la loi; l'Angleterre se contente d'exiger le lavage des tu- bercules. te » Dans un excellent rapport présenté à la Société centrale d'agriculture, M. E. Blanchard dit que les insectes qui vivent toujours fixés sur les plantes, comme les Pucerons, les Coche- nilles, les Phylloxera, arrivent avec leurs végétaux dans de nouvelles régions et y demeurent naturellement; mais qu'il n’en est pas de même pour les insectes ayant une wie plus libre et ne se nourrissant des plantes que par intervalles. Ils ne s’habituent pas aisément au nouveau pays. » Il serait donc probable que si la Chrysoméle des Pommes de terre se trouvait amenée en France, elle - disparaïtrait naturellement. Je ne puis malheureusement partager tout à fait sous ce rapport l'opinion de cet entomologiste si dis- tingué. Nous avons, outre les insectes cosmopoliles des vais- seaux et des maisons (Blattes, Punaises, etc.), un certain nombre d'insectes exotiques qui se sont multipliés d’eux- mêmes chez nous, et peuvent même devenir dangereux pour nos végétaux. Je citerai le Sphinx du liseron, puissant voilier qui nous est venu d'Afrique, et qui vit irès-bien sur nos Con- volvulus ; de temps à autre, de nouvelles immigrations vien- nent renouveler cette espèce. Le Sphinx à tête de mort (Acke- rontia atropos Linn.) est aussi un exotique, qui vivait en France sur les Solanées des bois bien avant l'introduction de la Pomme de terre. En effet, Réaumur rapporte qu'il fut si abondant en Bretagne dans une année du commencement du dernier siècle, que son cri lugubre jetait dans le peuple une superstitieuse épouvante. C’est plus tard que ce papillon s’est porté de préférence sur les champs de Pomme de terre, sans être devenu nuisible. On trouve son énorme chenille sur leurs feuilles, et on ramasse ses chrysalides en octobre, quand on déterre les Pommes de terre. Une charmante Noctuelle à ailes d’un rose carminé, la Chariclée du pied d’alouette, nous est venue du Levant avec la plante cultivée dans nos jardins, et vit sur tous nos De/phinium indigènes. Le célèbre Attacus PROCÈÉS-VERBAUX, 193 de l’Ailante (À. cynthia vera G. Mén.), introduit en France par les soins de notre Société, vit sauvage aujourd'hui sur les Aïlantes des jardins et des promenades publiques. Il n'y à rien d’impossible à ce que cette espèce, polyphage en réalité, ne se jette sur d’autres végétaux que les Aïlantes, lorsqu'elle sera devenue assez abondante, et ne puisse même arriver à être nuisible dans un certain rapport. -» Les Américains ont préconisé, contre le Coléoptère qui ravage les fanes de leurs Pommes de terre, l'emploi de l’arsénite de cuivre en poudre (vert de Scheele, vert de Paris). Si, par un accident très-peu probable, le Doryphora decemlineata devait apparaître en France, nous ne conseille- rons jamais une méthode qui vulgariserait la vente d’un pro- duit aussi dangereux. On arriverait aisément à se rendre maître au début d'un insecte aussi gros et aérien, au moyen des appareils qui servent à recueillir, dans le midi de la France, les Chrysomèles de la luzerne, insectes de la même tribu que le nouveau fléau américain, et qui, en certaines années, connus des paysans sous le nom de Négrils, ravagent les luzernes dans la Haute-Garonne, les Pyrénées-Orien- tales, etc. C’est une Chrysomèle plus de moitié plus petite que celle des Pommes de terre d'Amérique, et entièrement d’un noir brillant (Co/aspidema atrum Oliv., ou barbarum Fabr.). » | — M. Renard donne lecture d’une note sur une nouvelle espèce de Bambou et sur les nombreuses applications dont cette plante est susceptible (voy. au Bulletin, p. 153). Il présente à l’appui de cette note une multitude d’ustensiles divers fabriqués en Chine avec le Bambou. — Îl est déposé sur le bureau : 1° Un programme de l'Exposition internationale de vola- tiles qui doit avoir lieu à Vienne du 29 avril au 6 mai 1875. De la part de la Société des sciences de Harlem : 2° Révision des espèces insulindiennes de la famille des Synancéoides, par P. Bleeker. Harlem, 1874. 3°. On the osteology and pecularities of the Tasmanians, 194 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, a race of man recently become extinct, by Joseph Barnard Davis, M. D. F.R.S. Harlem, 1874. h° Le premier numéro des Bulletins mensuels des inven- tions brevetées. 5 Une circulaire de M. Carrié relative à l'hydroscopogra- phie et à la minéraloscopographie. 6° Un catalogue des végétaux cultivés au Jardin bôtaaiqé de Madrid. SÉANCE GÉNÉRALE DU 149 Mars 1875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. — Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. | — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. . Présentateurs. Comte d’Éprémesnil. A. Geoffroy Saint-Hilaire, Marquis de Sinéty. BICKNELL, 23, Onslow Gardens, à Londres ne der (ORDRE Prouynide Chi Docteur Labarraque. CoLLas (Léonce), propriétaire, à Oulnoy, canton { Drouyn de Lhuys. de Coulommiers, et 43, rue Saint-Georges, à{ A. Geoffroy Saint-Hilaire, Paris. Marquis de Sinétv. Drouyn de Lhuys: E. Dupin. Comte de Richemont. Drouyñ de Lhuys. ALLEMANS (le marquis du Lau d’), 37, rue Jean- | Goujon, à Paris. DAMPIERRE (le vicomte Guy de), château du Vi- gnau, par Cazères-sur-l’Adour (Landes). Faia A A. Hesse. E. Hesse. Rambaud. GLAS (José Manuel), ancien ministre des finances { Drouyn de Lhuys, de la République Dominicaine, 177, a US Raveret-Wattel. Thirion de Montauban. Neuilly (Seine). GIRAUD (Paul), négociant, rne Sainte, 42 bis, DRAGUER (Jean), propriétaire, 5, rue Garnier, à ‘tes à Marseille (Bouches- -du- -Rhône). | Poissounière, à Paris, PROCÉS-VERBAUX. 195 Hucuert (Théodore), commissaire des | ur Lie COR de £huys. en retraite, 47, avenue de la Grande-Armée, Geoffroy Saint-Hilaire. à Paris. vas Grisard. Desbrosses. | Drouyn de Lhuys. Saint-Yves Ménard. Baron G. de Chemellier. D’Hébrard. Edgar Roger. Baron G. de Chemellier, jo Hébrard. Edgar Roger, LECOMTE (Jules), propriétaire, membre du Con- y Berson. LACLAVERIE (Antoine-Adolphe), propriétaire, 124, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). LACLAVERIE (baron Alphonse de), 20, rue de la Ferme-des-Mathurins, à Paris. LAUNAY (le baron A. de), 20, rue de la Ferme- des-Mathurins, à Paris. seil général de Seine-et-Oise, 41, rue de Paris, { Drouyn de Lhuys. à Melun (Seine-et-Oise). Docteur Labarraque. { Ernest Aude. Drouyn de Lhuys. L. Nicolas. Drouyn de Lhuys. Raveret-Wattel, Docteur Weber. THIRION-MONTAUBAN (Jules), ministre im {to de Lhuys. PouLeT (Amédée), fabricant de sucre, à Gui- gnes-Rabutin (Seine-et-Marne). PoTicHE (vicomte de), à la Fère (Aisne). potentiaire de la République Dominicaine, ! A. Geoffroy Saint-Hilaire. 177, faubourg Poissonnière, à Paris. Marquis de Sinéty. WaAsN:ER (Henri-Dominique), Grands vins de{ Drouyn de Lhuys, Champagne, maison Pommercy, rue Vautier-4 A, Geoffroy Saint-Hilaire, le-Noir, à Reims (Marne). P. E. O. Leroy. qu’elle vient de faire par suite du décès de MM. Aymar Bres- sion, Adolphe Buxtorf, Delpuech de Lomède, Henri de La Motté d'Annebault. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondanee : — MM. Rabuté et de Rodelleé de Porzic font parvenir des comptes rénqus de l’état de leurs chéptels (voy. au Bu/- letin). — MM. Bussière de Nercy, Buzaré, Cliquennois et Ribeaud accusent réception des animaux ti viennent de leur être envoyés. — MM. Boïgues, Bouchez, Fiévet-Périnet, Gaullier, de la 196 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Brosse-Flavigny et Rousse adressent des remerciments pour les divers cheptels qui leur ont été accordés. — MM. Blazy, Roger-Dubos, Fleury, Galimard, Gellineau, Genesley, Ch. Huber, comte de Lautrec, Jules Lecreux, Christian Le Doux, Liénard, Raimbaud, Ravon et Saint-Léon Boyer-Fonfrède détient à prendre part aux distributions de graines annoncées dans la Chronique. — MM. le vicomte de Bélizal, de la Rochemacé, Collard, Roger-Dubos, Labruyère, Jules Lecreux, Mitivié, Moreau et Roger, accusent réception et remercient des envois de graines qui leur ont été faits. — En accusant réception du lot de Pommes de terre qui lui a été adressé, M. Bouchez fait connaître l’état satisfaisant des Faisans de Swinhoë et des Colombes Lophotes qu'il tient en cheptel. — M. Ch. Nicolas, de Mondovi (Algérie), remercie de la collection de Bambous qui lui a été accordée, et offre de faire parvenir à la Société des graines de Thapsia. Il exprime en Sp temps le désir de recevoir quelques-uns des Goura- , offerts par M. Carbonnier en vue de tenter, en sig, Pad io de cette espèce de poisson. — M. Lebeuf, de Montgermont, écrit à M. le Secrétaire général : « J'avais, en 1873, une couvée de Faisans vénérés à l’état parfaitement sauvage dans mon parc : vers le mois de septembre, j'en fis reprendre six qui furent mis en faisan- derie ; malheureusement un Coq et une Poule s’y tuérent. » Au printemps de 1874, les deux poules et les deux coqs qui restaient furent lâchés dans un pare boisé de 220 hec- tares ; deux de ces oiseaux s’écartèrent dans les bois voisins et on ne fe revit jamais ; les deux autres restèrent et donnérent une couvée de douze ] jeunes. | » Jusqu'au 15 mars environ, les gardes et d’autres per- sonnes les voyaient constamment; mais ils se sont alors, d’un jour à l’autre, divisés dans les bois, et on est resté plus d'un mois sans en revoir. Depuis le mois de décembre, il en est rentré dans le parc; le garde pense qu'il y en a quatre ou cinq ; moi et de mes amis en avons vu plusieurs fois en chas- PROCÈS-VERBAUX. 197 sant les lapins depuis le 4° janvier, mais sans pouvoir dis- tinguer les poules des coqs. Il y en a dont la queue a bien 1",25 ou 1",30 de longueur. Ils sont superbes, et font entendre un sifflement trés-strident quand ils s’envolent perpendicu- lairement à une grande hauteur. » — M. le comte Pouget écrit de Rochefort à M. le Secré- taire général « Il y a deux ans environ, vous m'avez fait l'honneur de m'écrire pour me demander une notice sur mes Xagous, Je viens vous prier d'agréer mes excuses pour mon long silence et vous en expliquer les raisons. » J'avais bien la ferme intention d'accéder à votre désir, mais n'étant pas le moins du monde naturaliste, j'hésitais à vous envoyer mon rapport. Cependant les journaux ayant annoncé récemment l’arrivée en France d’une paire de Ka- sous et ayant ajouté que c’étaient les premiers oiseaux de cette espèce ayant abordé le sol de France, plusieurs de mes amis m’ont engagé à réclamer contre cette fausse assertion.…. » Plusieurs publications ont inséré dans leurs colonnes des articles sur ces intéressants oiseaux : le Tour du Monde, dans la remarquable et véridique relation du voyage en Nouvelle-Ca- lédonie de M. Jules Garnier, livraison 403; la Chasse illustrée, la Nature, etc. Gelte dernière appelle le Kagou Rhynochitus jubatus. Ce nom à terminaison latine n’est pas exact. C’est Rhy- _nochetos qu'il faut écrire, Je me suis livré à de consciencieuses recherches pour trouver l’étymologie de ce nom; mon ami Lesson, frère du grand naturaliste, et lui-même voyageur et naturaliste, est persuadé que ce nom veut dire nez ou bec sale, huppé ; et certainement cette définition est la plus applicable à l'apparence de l'oiseau qui est huppé et qui, cherchant constam- ment sa nourriture dans le sol humide, en retire toujours son bec souillé de boue. Mais les deux mots grecs se rappro- chant le plus de la terminaison du mot sont Kuroc, cétacé, et xavrn, Chevelure; le premier de ces mots doit être écarté, mais si l’on prend le second, ce serait ez ou bec chevelu, huppé. De guerre lasse, suivant le conseil de Lesson, j'ai laissé de côté cette discussion et j'ai supprimé dans mon article ce qui s’y rapporte. 198 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. » Je joins à ma notice trois photographies de l'oiseau prises dans des positions différentes (1) ainsi qu’une plume de l'ai- grette, qui est d’une couleur un peu plus foncée que le dessus des ailes, mais un peu moins foncée que le duvet qui couvre les reins. Les pattes et le bec sont roses; l'œil rond est d'un rouge vif, ayec une pupille noire. Des divers croquis jusqu'ici publiés sur cet oiseau, aucun n’est exact : tous lui font lai- grette ressemblant à une crinière partant de l’occiput, quand au contraire cette aigrette commence jusqu’à toucher le bec et la partie postérieure ne dépasse pas F'oceipuatss: » — M. Polvliet écrit de Rotterdam, à M. le Sécrbtaié CR néral : ( Je viens vous informer que vers le milieu du mois de février, mes deux femelles de Cygne à cou noir ont, coms mencé à pondre. L’une m'a donné six œufs, et l’autre (la plus jeune), cinq. Toutes deux couvent en ce moment. La jeune femelle est née précisément lorsque J'avais le plaisir de me trouver chez vous il y a deux ans. Ne trouvez-vous pas que je suis très-favorisé d’un pareil résultat avec une femelle aussi jeune, et parquée aussi à l’étroit qu'elle l’est chez mo?, En novembre 1874, l’autre femelle avait pondu huit œufs, dont j’obtins huit jeunes. Je les avais fait couver par. des poules, ce qui est bien difficile en pareille saison où les cou: veuses sont très-rares. De ces huit jeunes, six moururent l’un après l’autre, par suite du froid, de la neige et des jours courts, car dans la journée, 1ls ne mangeaient pas suffisam-= ment et souffraient de la faim pendant la nuit. Nous. avons été forcé pour ainsi dire de les tuer nous-mêmes, parce qu'ils devenaient paralytiques. Les deux qui ont survécu sont beaux et à demi adultes. Mes autres oiseaux se RARE à mer- veille. | » J'ai encore des Faisans de Prose Ep Fear Pts Lady Amherst, des Tragopans Satyres, et j’en espère un bon..ré» sultat. » (1) Les figures qui accompagnent la notice de M. le comte Pouget, publiée au Bulletin de cette année, pages 1638 et 169, .oht été dessinées par M. Mes: nel, d’après ces photographies, PROCÈS-VERBAUX. 199 — M. Toussaint Rey écrit d'Annecy, à la date du 8 mars : « Le travail considérable que j'ai eu depuis plus d'un an à la préfecture de la Haute-Savoie, m'a fatalement empêché de vous adresser le résultat de mes nombreuses observations sur le Yama-maï. J'espère pouvoir le faire sous peu. Je tra- vaille en ce moment à la traduction d’une brochure en langue allemande sur cette espèce; je vous l’enverrai prochainement. » J’ai l'honneur de vous adresser aujourd’hui, la commis- sion des cheptels devant se réunir le 10, environ 25 grammes d'œufs de Vers à soie du müùrier donnés à la Société sur ma demande par Mlle Favre, de Sevrier, près Annecy, pour être distribués entre divers expérimentateurs dans des conditions que vous jugerez à propos. C'est une race zébrée, à beaux cocons nankins, importée de Chine par la Société d’acclima- tation en 1864, et dont les premiers œufs furent distribués par lintermédiaire du Ministre de l’agriculture. Je vous enverrai vers la fin de cette semaine, dimanche au plus tard, un rapport sur celte précieuse race et sur les phases succes- sives de son acclimatation. Les cocons de cette race se sont vendus, cette année, 5 francs 50 le kilogramme. La Société ne pourrait-elle pas me procurer une centaine d'œufs, au plus, des divers Bombyx du chêne, notamment du Yama-mai et du mylitta, ainsi que de l’Ailante ? | | » Vous trouverez dans la boîle, contenant les œufs de Mile Favre, 80 œufs de mes Yama-mai, qui se reproduisent à Annecy, à l’élat sauvage, depuis 1870. Ces œufs, laissés jusqu’à ce jour à l'air libre, ont subi 14 degrés et demi de froid. Ils proviennent de parents dont les œufs avaient subi, dans l'hiver 1870-71, 18 degrés et demi centigrades au- dessous de zéro. Je serais heureux de connaître plus tard le résultat de l’essai auquel ils auront donné lieu. On devra les laisser dès maintenant sur l'arbre même où l'essai doit avoir lieu, au frais et à l'ombre autant que possible. » — M, le préfet du Finistère demande que la Société veuille bien mettre à sa disposition quelques grammes de graine d’Attacus Yama-=maï, pour servir à des essais d’éducations que diverses personnes désirent tenter en Bretagne. 200 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. Sarrigues écrit de Gan (Basses-Pyrénées) : « J'attends pour ce printemps un beau développement dans ma plantation de À hectares de Bambous faite il y a trois ans, et je prépare des terrains pour doubler l'étendue de cette culture en 1876. » Je suis satisfait des résultats déjà obtenus, et compte me mettre prochainement sur les rangs pour concourir pour le prix fondé par la Société d’acclimatation pour la culture du Bambou. » — M. Gorry Bouteau fait parvenir les nouveaux renseigne- ments qui lui ont été demandés sur ses travaux de propaga- tion de végétaux utiles. — M. Héritte, consul de France à Messine, adresse à M. le Secrétaire général les renseignements ci-après sur la culture des Aurantiacées en Sicile : « Les Aurantiacées cultivées dans cette contrée sont : le Citrus aurantiaca, ou orange douce, mais acidulée ordinaire; le Cîtrus deliciosa, ou mandarine ; une variélé d'orange dite d'Espagne, douceñtre, et sans prin- cipe acide ; le Citrus limonium, ou citron ordinaire ; le Citrus limetta, ou citron doux et sans acidité; le Citrus medica, ou cédratier ; une variété de citron énorme, gros comme la tête d'un enfant, presque tout en écorce, douceâtre, peu comes- tible, constituant plutôt un fruit d'ornement; enfin, le Ber- gamolier. » Voilà notre contingent ; mais ce qui domine, comme cul- ture et article de commerce, c’est l’orange ordinaire et le citron ordinaire. Le Bergamotier se cultive surtout, pour la fabrication de l'essence, à Reggio de Calabre, de l’autre côté du détroit. » Je joins, d’ailleurs, ici la traduction du prospectus d’un horticulteur de Catane qui a entrepris de régénérer la culture des Aurantiacées dans ce pays, par la substitution aux anciens plants (presque tous plus ou moins contaminés, comme je l’ai fait ressortir) de plants neufs ou nouveaux tirés des pays originaires mêmes, ainsi qu'on le fait maintenant, paraît-il, à la Réunion, à l'égard des Vanilliers. Ce prospectus renferme d’intéressantes indications qui ne nous échapperont pas... » Ce pays-ci est absolument ruiné par la maladie gorimeuse PROCÈS-VERBAUX. 201 et chancreuse qui règne depuis vingt ans sur les Auran- tiacées, principalement sur les Citronniers. Je crois, quant à moi, que tout S'y anéantira, quoi qu'on fasse, dans un temps plus ou moins éloigné. Le principe de l'infection est trop orand et trop général pour qu'il me semble possible de vaincre le mal. . » Les meilleures oranges, dans toutes les parties du monde, sont les petites à peau fine. Il y en a d'excellentes, rarement ici, mais en Calabre. Je suis tout prêt à en faire venir des plants bien choisis, c’est-à-dire pris parmi les arbres les plus exposés au soleil ; car vous savez que la richesse saccharine, partant la qualité des fruits, est en raison de la somme de soleil qu’ils ont reçue et de la sécheresse du terrain qui les a produits. | » On m'a assuré que les meilleures oranges étaient celles du Brésil. On pourrait faire venir des plants de Fernambouc, si la contrée est exempte de la maladie. Ce qui importe, c’est de se garantir de l'infection. Les oranges de Malte et de Candie sont également justement célèbres; mais j'avoue que Jje redoute maintenant toutes ces contrées-ci. » J'ai lu que notre Ministère de l’agriculture et du com- merce avait fait, précisément pour le département du Var, ce que mon horticulteur de Catane a entrepris : se pourvoir de plants neufs des pays d’origine mêmes et les substituer gra- duellement aux plants actuels, c’est-à-dire anciens et proba- blement usés, car tout s’use, dégénere et dépérit hors de sa condition climatologique naturelle, les végétaux comme les animaux. lof, .» Reste à savoir s’il ne serait pas préférable d'entreprendre la diffusion de plants d’Aurantiacées nouvellement tirés des contrées originaires mêmes, et de régénérer ainsi les espèces. C'est une œuvre, qui outre son mérite d'originalité, ne man- querait pas d’être essentiellement féconde. » Il y a, d’ailleurs, un autre sujet dont je me propose d'entretenir incessamment la Société d'acclimatation, parce qu’il est entièrement digne de sa sollicitude, de ses efforts et de sa très-utile mission. Il s’agit de l’acchimatation et de Ja 3e SÉRIE, T. II, —— Mars 14875, 14 202 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. propagation, partout où ce sera possible, des meilleures espèces comestibles, encore trop peu connues, des figues de Barbarie, ou figues d’Inde ou cactus à raquette, ou opuntia. Je dirai tout ce qu'on peut ürer des plantes et fruits de ce - végétal si curieux, si intéressant et si négligé, un peu partout, jusqu'ici. » — M. le Secrétaire fait connaître que les cheptels ci-après ont êté accordés par la Commission spéciale dans sa dernière séance : | ANIMAUX. MM. Buxtorr (Adolphe), à Troyes (Aube). Un couple de Fai- sans versicolores. | BRIMONT (comte A. de), château de Meslay-le-Vidame (Eure-et-Loir). Un couple de Faisans de Mongolie. BuzARÉ (AÏf.), à la More, commune de Montalembert, canton de Sauze-Vaussais (Deux-Sèvres). Un couple de Poules nègres. BouLARD (Raoul), à Paris. Un couple Perruches Edwards. Boiçues (E.), à Brain, par Nevers nr: Une paire de Lapins à fourrure. BonneroY (Ferdinand de), à Marseillan, par Agde (Hé- rault). Un couple de Canards de Rcuen. Borpé (Alphonse), à Saint-Gond, commune d’Oyes, par Baye (Marne). Un couple de Pores Yorkshire. BRosse-FLaviGNY (Ch. de La), à la Verrière, par Candé (Maine-et-Loire). Un couple de Moineaux Mandarins. CorLarDp (A.), à la Grande-Rouge, par Arquian (Nièvre). Une paire d’Oies de Toulouse. CHARLOT, ancien notaire, à Paris. Un couple de Perruches Callopsittes. CHANTEAU (de), au château de Perrieu, par Belley (Ain). Un Coq et deux Poules de Crèvecœur; un couple de Canards d'Aylesbury. CHauvin (M.), à Lannion (Côtes-du-Nord). Un couple de Canards Carolins. FLeurY (Victor), à la Drouetière, à Mauve (Loire-Inférieure). Une paire de Lapins à fourrure. PROCÈS-VERBAUX. 208 : FIEVET-PERINET (E.), au Cateau (Nord). Une paire de Pi- geons russes ; un lot de Pigeons de volière. - GAULLIER (H. ), domaine de Bourmont, près Candé Qine et-Loire). Une paire de Pérruches Callopsittes. Hucor (docteur), à Paris. Un couple de Canards Manda- rins. LABRUYÈRE, à Nantes (Loire- “HHENEnnU Un couple de Gre- nouilles-bœufs. Lrénarp (Auguste), à Jonchery-sur-Vesle (Marne). Un couple de Faisans de Mongolie. LEeroY-DuPRÉ (le docteur), à Bellevue one et-OUise). Un couple de Canards Carolins. Moreau, notaire à Couhé (Vienne). Une paire de in à fourrure ; un Coq et deux Poules de Dorking. Marié-Davy, à Paris. Une paire de Pigeons Romains. MaRrTEL-HouzET, à Tatinghem (Pas-de-Calais). Un couple de Faisans Mongolie. MILLon, à Merchines, par Vaubecourt (Meuse). Une paire de Canards Mandarins. Mozuer (Ed.), à Bourneau, près ce (Vendée). Une paire d'Oies de Guinée. - PEIRIÈRE, avocat, à Paris. Un Coq êt deux Poules du Hou-. dan ; un Coq et deux Poules nègres. À PAGQUETEAU (Gh.), à Fontenay-le-Comte(Vendée). Un couple de Faisans versicolores ; un couple de Pigeons romains. : Poey D’AvanT (Tony), à Maillezais (Vendée). Un couple de Colombes Longhups. | - RAveNEAU-HuarD, à Angers (Maine-et- Loire). Un couple de Faisans de Mongolie. Roy (Gabriel), à la Valette (Uharente). Un couple de Fai- sans de Mongolie. ROUSSE, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Une paire de Per- ruches ondulées. SÉNÉQUIER (Th.), à Rascas de Grimaud, par Cogolin (Var). Un couple de Colombes Longhups. TRouBETzKOY (prince Pierre), au lac Majeur (ltalie). Un couple de Dindons sauvages. | 204 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Vouca (le docteur), à Ghanélaz, près Boudry (Suisse). Une paire de Lapins à fourrure. Vavin (Eugène), à Paris. Une paire de Lapins à à fourrure. SCHUMACHER (le général). Œufs d'Atéacus Yama-mai. VÉGÉTAUX. MM. BELIZAL (vicomte de), château des Granges, près Moncon- tour (Côtes-du-Nord). Bambusa Quilior et violascens. Borques (E.), à Brain, par Nevers (Nièvre). Ignames. BorDÉ (Alphonse), à Saint-Gon, commune d’Oyes, par Baye (Marne). Collection de Pommes de terre. Boucxez (Aug.), à Seurre (Côte-d'Or). Pomme de terre Early rose. BRossE-FLAvIGNY (Ch. de La), à la Venrière, par Candé (Maine-et-Loire), Bambusa flexuosa et violascens. CamBourG (comte de), château de Marchais, par Thouarcé (Maine-et-Loire). Collection de Pommes de terre. | FLeury (Victor), à la Drouetière, à Mauve (Loire-Infé- rieure). Bambusa violascens, viridi-glaucescens et Qualior ; Fuchsias de pleine terre ; collection de Pommes de terre. LE Moine (G.), à Paris. Bambusa Quilioi et veridi-glau- cescens. LHÉRITIER, château de Jutreau, à Saint-Pierre de Maillé (Vienne). Bégonia à fleurs de Fuchsia, Rex et Rex supellata rubra, Fuchsia marginata, Sans pareil, et Vainqueur de Puebla. Liénarn (Auguste), à Jonchéry-sur-Vesle (Marne). Collec- tions de Fuchsias Bégonias de pleine terre et Pelargonium zonale. Pory D AvanT (Tony), à Maillezais (Vendée). Collection de Bambous de pleine terre; collection de Pommes de terre. PERRAUDIÈRE (J. de La), château de la Devansaye, près Segré (Maine-et-Loire). Collection de Bambous de pleine terre ; collection de Pommes de terre. PACQUETEAU (Ch.), à Fontenay-le-Comte (Vendée). Coilec- tion de Bambous (grande espèce). PROCÈS-VERPEAUX, 205 PRAMPAIN (V.), à Plancoët (Côtes-du-Nord). Haricots nains quarantains blancs ; Pois nains ridés ; Vert impérial ; Topinambour ; Pomme de terre Early rose. RiBan. Bambous et Zapallito. TrouBETzxoY (le prince Pierre), au lac Majeur (Italie), Bambusa Qualioi et violascens. Vousa (le docteur), à Chanélaz, près Boudry (Suisse). Bam- bous et Zapallito. BonneroY (de), à Marseillan, par Agde (Hérault). Collec- tion de Bambous. Moreau, notaire, à Couhé (Vienne). Collection de Bam- bous. PEIRIÈRE, avocat à Paris. Pomme de terre, pousse debout. — M. le Président donne lecture de la lettre suivante qui lui est adressée par M. Pierre Pichot : « Monsieur le Président, » J'ai l'honneur de vous transmettre de la part du Conseil de la Société impériale russe d’acclimatation deux petits pa- quets de semences intéressantes dont la Société française voudra peut-être essayer l’acclimatation. » La première de ces semences est celle d’une plante du nord de la Russie, l'Oblepicha (Hypophea rhamnoïdes) . Cette plante est vivace et porte un fruit de bon goût. » La seconde se nomme Kendyr (Apocynum Sibiricum). Cette plante croît en profusion dans la contrée de Semiret- chensky, entre Copal et les frontières de Chine. Elle se plaît au bord des rivières et sur les pentes de montagne tournées vers le Nord et vers l'Orient. C’est une plante vivace. Une seule racine porte jusqu’à dix tiges dont la hauteur moyenne est de deux archines et demi. Ses filaments sont très-forts et résistants. Depuis peu les Kirguises ontcommencé à l’employer en tordant ses filaments pour faire des cordes; les colons russes en forment des faisceaux pour couvrir leurs cabanes. Le Kendyr croît sur un sol argileux de marne. » Le Conseil de la Société impériale d’acclimatation de Russie serait très-heureux que vous puissiez à l’occasion lui 906 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. faire parvenir les publications et travaux de la Société fran- çaise avant trait à l’acclimatation ou au Jardin du bois de Boulogne. Le Conseil s'occupe à réunir dans ce moment une série de notes et de renseignements sur ce qui a été fait en Russie, au point de vue de l’acclimatation, pendant les der- nières années pendant lesquelles nos rapportsont été momen- tanément interrompus. Je m’empresserai de vous transmettre ce travail dès que je l'aurai reçu. | | | » Je saisis cette occasion de porter à la connaissance de la Société française qu’une exposition d'apiculture et de sérici- culture aura lieu à Moscou du 27 juillet au 27 août prochain. Il serait à désirer que la Société d’acclimatation française y envoyât quelques produits. Il y a plusieurs années des cadres contenant les nouvelles espèces de Bombyx et leurs produits avaient été envoyés par la Société française et par mon entre- mise à une exposition du même genre à Moscou. Ces cadres, en faisant connaître les nouvelles introductions de la Société française jusqu'alors inconnue en Russie, avait excité un vif intérêt. » Agréez, etc. » (Cette lettre est renvoyée à l'examen du Conseil, et des remerciments seront transmis à la Société impériale russe d’acclimatation pour son obligeant envoi.) — M. le Président fait hommage à la Société d’un exem- plaire de la Description géologique du département de l'Eure, par M. Antoine Passy (de l’Institut) : « Get ouvrage, dit M. Drouyn de Lhuys,. offre pour nous un double intérêt: d’abord, par sa valeur scientifique, et en second lieu, parce que c’est un monument de notre très-regretté Vice-Président, dont nous avons conservé un si affectueux souvenir. » — M. Drouyn de Lhuys dépose sur le bureau : | 1° Un petit sac contenant des graines de Pin Laricio, reçues de Corse, par M. Tassy, conservateur des forêts, membre de la Société centrale d’agriculture ; 2° des pieds de Vigne napo- litaine, à raisins ayant le goût de la fraise, offerts par M#°'la marquise de Gensano. — Remerciments. = (Les pieds de PROCÈS-VERBAUX: 207 Vigne seront remis au Jardin d’açclimatation et prendront place dans sa riche collection de cépages étrangers.) — M. le Président communique à l’Assemblée l'extrait sui- vant d’une lettre qui lui a été adressée par M. A. Dudouy, agent général des agriculteurs : « IL en est des fleurs comme de la poésie ; l’une et les autres nous reposent des prosaiques occupations de la vie pratique. Puisque toute médaille a son revers ici-bas, le beau côté de la mienne a été et est encore la culture des plantes d'ornement ; j'y trouve un charme à nul autre pareil, et les fleurs me disent, elles aussi, tant les lois supérieures qui régissent la création sont immuables, que les besoins alimentaires des végétaux sont les mêmes pour les mêmes familles en horticulture comme en grande culture. La théorie des engrais chimiques se trouve confirmée par les roses, l’œillet et le jasmin ; et ici la vérilé apparaît encore avec toutes les grâces de la beauté. » Guidé par mes premiers essais qui datent de 1867, encou- ragé par les résultats, quoique incomplets, obtenus avec la formule du docteur Jeannel, je suis arrivé, après deux années d'expériences sur près de 900 sujeis, à des formules très- satisfaisantes : elles sont au nombre de quatre. Je les ramè- nerai probablement au chiffre plus pratique de deux formules, l'une pour les plantes ligneuses, l’autre pour les plantes à tige molle. » Bref, aujourd’hui, j’élève les plantes dans mes serres et mon jardin, à la brochette. Je leur donne la becquée avec une cuiller à café, une fois par semaine, ou deux fois quand elies ont grand appétit. | . » L’engrais employé, si l’on peut donner ce nom à la poudre sans odeur et tout à fait soluble queje prépare, est de la dyna- mite alimentaire ; sa puissance est énorme; 125 grammes sufüisent pour 2500 arrosages. La dépense est de 1 à 2 cen- times par plante et par an. Les plantes poussent à l’envi et _ prennent un éclat métallique. C’est joli, et cela peut rendre de grands services à l'industrie horticole... » M. Drouyn de Lhuys fait remarquer l’intérêt qui s'attache en effet à ces expériences. La lettre de M. Dudouy était accom- 208 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. pagnée d’un échantillon de son engrais; remise en sera faite à M. Quihou, jardinier en chef du Jardin d’acclimatation avec prière de le mettre en essai. — M. Decroix fait la communication suivante, à propos d'une plante dont les graines sont employées contre la rage par les Annamites : € On a cru pendant longtemps, dit-il, que la rage n'existait pas dans les contrées où les chiens vivent en liberté. En 1860, il y avait encore des médecins, à Alger, qui étaient convaincus de la non-existence de cette maladie. Pour les convaincre du contraire, j'ai dû me livrer à des expériences qui ont prouvé péremptoirement non-seulement qu’il y a des chiens européens et algériens enragés, mais, de plus, que la rage peut quérir par les seuls efforts de la nature. » On a dit ensuite qu’en Orient, la maladie était inconnue. J’ai demandé des renseignements à Constantinople au docteur Q. Varthaliti, et j'ai eu une nouvelle confirmation de ce dont je ne doutais pas, à savoir : que la rage est connue en Orient comme en France. (Abeille médicale, 187h, p. 292.) » Enfin, il y a quelques mois, un de mes amis m’affirmait que la Cochinchine avait été préservée, jusqu’à présent, de la maladie ; qu’un de ses parents, habitant le pays, le lui avait déclaré. J’ai écrit à M. Corroy, vétérinaire attaché au haras de Saïgon, pour connaître le bien ou mal fondé de cette affir- mation, et J'ai reçu divers documents qui prouvent que mon ami a été induit en erreur, ce qui confirme cette assertion que j'ai émise depuis longtemps, que /a morve et la rage sont de toutes les saisons et de toutes les contrées. » Mais, en ce qui concerne la Cochinchine, je dois ajouter que les médecins du pays croient à la curabilité de la rage ; qu’ils ont divers médicaments pour la combattre, entre autres, la poudre d’un coléoptère de la tribu des cantharidiens, le Mylabris Indica, ainsi que des graines qui m'ont été envoyées par M. Carroy, et dont j'ai l'honneur d'offrir un échantillon à la Société, » Je ne crois nullement, dit en terminant M. Decroix, à l'efficacité de ces graines, qu’on fait macérer dans de l’eau- de-vie de riz pour administrer en potions ; mais cela prouve, PROCÈÉS-VERBAUX. . 209 selon moi, qu'en Gochinchine également, il y a quelquefois des cas de guérison par les seuls efforts de la nature. » M. le docteur Weber demande la parole et donne à son tour les renseignements ci-après : « La communication qui vient d’être faite à la Société m'intéresse d’autant plus que j'ai habité moi-même la Cochinchine pendant plus d’une année, et que j'ai fait de nombreuses recherches sur l’histoire naturelle de ce pays, principalement au point de vae médical. Je ne sais à quelle espèce il faut rapporter les graines écar- lates et pisiformes que M. Decroix vient de mettre sous les yeux de la Société (1) ; mais j’ai souvent entendu parler par les indigènes et par les missionnaires d’une autre plante qui est employée par les Annamites contre la rage, et qui porte dans le pays le nom de ca duoc. Gette plante appartient au genre Datura, et ressemble beaucoup à la stramoine com- mune, dont elle se distingue cependant par des caractères botaniques très-tranchés, principalement par la déhiscence irrégulière du fruit. En 1862, j'en ai apporté de nombreuses graines au Jardin des plantes de Paris; cet établissement en communiqua sans doute à des jardins botaniques étrangers, car deux ou trois ans après, la plante fut décrite comme espèce nouvelle par un journal botanique de Berlin, sous le nom de Datura Cocincinensis. Les Annamites font boire la décoction des feuilles fraîches de cette solanée aux individus mordus par un chien enragé, et prétendent qu’elle prévient l'explosion de la rage. Je n’ai pas eu l’occasion de l’expérimenter moi- même, mais j'ai entendu Mer Gauthier, évêque de Fonquin, raconter qu'il avait vu employer ce remède un assez grand nombre de fois, et toujours avec succés ; entre autres, dans un village où beaucoup de personnes avaient été mordues, celles qui burent la décoction de ca duoc furent préservées de la rage, tandis que les autres moururent enragées. Je dois ajouter cependant que des indigènes intelligents et instruits que j'ai consultés à ce sujet ont été bien moins affirmatifs (1) Ces graines sont celles de l’Adenanthera pavonina, de la famille des Légumineuses, — R. 210 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. que Mgr Gauthier, et m'ont avoué que le remède n’était pas infaillible. La réputâtion antirabique de ce Datura a d’ailleurs été signalée par plusieurs médecins français qui ont habité la Cochinchine, entre autres par M. Didiot, actuellement mé- decin inspecteur de l’armée, dans une note publiée en 1861 dans le Recueil des mémoires de médecine militaire. » Quoiqu'il en soit, cette plante est évidemment différente. de celle dont M. Decroix vient d'entretenir la Société, et dont il nous présente les graines qui ne ressemblent en rien aux oraines de Datura. nl paraît, d'après cela, que les Annamites ont plusieurs spécitiques contre la rage. Mais il est bien pro- bable qu'aucun d’eux ne mérite plus de confiance que tous les antirabiques réputés infaillibles qui ont été tour à tour préconisés par la crédulité publique. Loin d’être utiles, ces spécifiques sont nuisibles, parce qu'ils inspirent une sécurité trompeuse et font négliger l’usage du seul remède dre c'est-à-dire de la prompte cautérisation des morsures, » — M, Decroix fait, sur l’hippophagie, la Dee suivante : « Pendant l’exercice écoulé, les boucheries che- valines ont livré à la consommation, à Paris, 6659 chevaux, h96 ânes et 29 mulets, ou, en total, 7184 animaux, qui ont fourni 4 295 520 kilogr. de viande nette, c’est-à-dire sans le foie, le cœur, la langue, etc, — En comparant ce total à ceux des années précédentes, on constate que les trois nouvelles espèces alimentaires ont fourni à la consommation, à Paris, 5732 chevaux, ânes et mulets en 1872; 2658 en 1869, et 2152 en 1867. Le nombre des boucheries était de cinquante au 1° janvier 1875. » Le 14 avril de l’année dernière, le Gomité de la viande de cheval a demandé officiellement à M. le Ministre de l’Agri- culture des renseignements statistiques sur l’état de l’hippo- phagie en France ; malheureusement, ces renseignements ne nous étant pas encore parvenus, je ne puis donner aujJour- d'hui que des chiffres approximatifs, et dire que j'estime à 30 ou 35 000 le nombre des solipèdes que l’on a livrés à la boucherie par toute la France en 1874. Ce chiffre a déjà son importance. | | PROCÉS-VERBAUX. 211 » Maïs c’est deux à trois cent mille têtes que la France pourrait et devrait livrer continuellement à l'alimentation publique, si la nouvelle industrie était bien établie. Gomme on le voit, le moment n’est pas encore venu de cesser com- plétement toute propagande. » La Société apprendra donc avec intérêt qu’un banquet franco-anglo-américain de viande de cheval aura lieu au Grand-Hôtel, le 3 avril, dans le but de déraciner les préven- tions existant encore contre la chair du cheval, d'accroître les ressources alimentaires, et par cela même de diminuer les privations du pauvre et du travailleur, d'augmenter la valeur et de diminuer les souffrances des chevaux hors de service ; enfin, d'activer les progrès de l’hippophagie en France, et de faire ouvrir des boucheries chevalines en Angle- terre et en Amérique (1). En terminant, M. Decroix engage. vivement à prendre part à cette manifestation éminemment humanitaire‘les membres de la Société d’acclimatation, qui ont toujours porté un sérieux intérêt à la question de l’hip- pophagie. |; er M. le Président rappelle que c'est, en effet, une tradition de notre Société d'encourager le développement de l’usage ali- mentaire de la viande de cheval. C'était une des idées que caressait notre illustre et regretté Président ; ce sera rendre hommage à sa mémoire que de répondre aux invitations qui viennent de nous être si chaleureusement faites. . Û — M. Maurice Girard donne lecture d’un mémoire de M. Pertis sur la question de l'utilité des oiseaux au point de vue de la destruction des insectes. | (1) Le banquet a eu lieu le jour fixé. Beaucoup de membres de la Société y ont pris part, notamment MM. Drouyn de Lhuys et A. Geoffroy Saint- Hilaire. Au dessert, M. Bourgoing, au nom du Comité de la viande de cheval, a annoncé que M. Decroïix avait mis à la disposition de ce Comité : 4° Les fonds nécessaires pour décerner une médaille d'honneur à celui qui ouvrira le premier, et fera fonctionner régulièrement pendant deux mois, une boucherie de viande de cheval, à Londres ou à New-York ; 2° 500 fr. qui, avec les intérêts cumulés, sont destinés à donner, autant que possible, par l'intermédiaire des sœurs de charité, de la viande de cheval aux pau- vres avoisinant cette boucherie. 212 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. Camille Dareste fait part à l’assemblée de ses recher- ches récentes sur les causes qui peuvent amener chez les oiseaux la proauction d'œufs clairs (voy. au Bulletin). — Sur l'invitation de M. le Président, M. Rivière veut bien donner quelques renseignements sur un insecte qui attaque la Pomme de terre en Algérie. C’est la larve d’un Microlépi- doptère qui a reçu le nom de Bryotropha solanella. Notre confrère a êté le premier à signaler le préjudice causé aux cultivateurs algériens par cet insecte, sur lequel il a publié une note dans le journal de la Société centrale d’horticulture. Cet article sera reproduit dans le Bulletin. M. Maurice Girard fait remarquer que ce sont les plus pe- tites espèces de Lépidoptères qui nous sont le plus nuisibles. Au groupe des Microlépidoptères appartiennent les deux teignes des grains, dont l'invasion est parfois un véritable fléau dans les greniers. — Il est déposé sur le bureau : 1° Le Melon vert à rames, par M. Bossin. Paris, 1875 (deux exemplaires offerts par l’auteur). 2° Terzo congresso degli Allevatori di bestiame della re- gione veneta e mostra provinciale d'animal in Udine. — 1874 (offert par la Société agraire du Frioul). 3° Une circulaire annonçant l’organisation d’un Congrès et d’une Exposition internationale d’horticulture à Amsterdam pour 1876. 4° Un catalogue des graines récoltées au Jardin mc plantes de la ville de Bordeaux, en 1874. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. IV. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. —— ANIMAUX. M. Martel-Houzet écrit de Tatinghem (Pas-de-Calais), à la date du 22 mars 1875 : Les Canards mandarins que la commission des cheptels a eu l’obligeance de me confier sont dans un état de santé parfaite ; ils sont venus d’une très-grande familiarité ; tous les jours à peu près à la même heure, je leur donne un morceau de pain, ce qui je crois a contribué à les rendre privés. Leur nourriture consiste, quant à présent, en blé, sarrasin et criblure ; les lentilles qui commencent à faire leur apparition dans les fossés voisins leur sont données au- tant qu’on peut en trouver. Malgré les froids intenses que nous avons subis, ils n’ont pas souffert, et la femelle‘ commence mème à rechercher assidûment son mâle ; en somme, ils sont tout à fait disposés, je crois, à me donner du produit. M. E. Garnot écrit du pavillon de Bellevue (Manche), à la date du 22 mars 1875 : Le couple de Canards du Labrador que j'ai reçu en cheptel, il ya quelques mois, vient de pondre huit œufs en onze ou douze jours. La femelle a construit elle- même son nid dans l’endroit qui leur est destiné comme ha- bitation. Ils sont très-familiers. J'ai fait retirer les œufs au fur et à mesure de la ponte afin d'essayer d’en obtenir plus. Je vais les mettre à couver sous une poule, et aussilôt les pe- tits éclos je vous en ferai part. M. E. Bouillod écrit de Saint-Léger-sur-d'Heune, à la date du 2 mars 1875 : Les animaux que la commission a bien voulu me confier à titre de cheptel, ainsi que ceux destinés à mon fils, sont en très-bon état de santé (Casoars australiens, Oîes barrées de l’Inde et Canards spinicaude); les Casoars sont en pleine liberté dans un vaste clos, vivent de blé, sarrasin et surtout de luzerne qu’ils commencent à tordre avec un ap- pélit effrayant ; les Oies et les Canards sont lâchés sur une orande pièce d’eau, dans mon jardin anglais, avec une quan- 21! SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. tité d’autres palmipèdes. Jusqu'ici, je ne remarque rien qui puisse faire espérer la reproduction; du reste, le temps est très-froid, et même chez les poules, la ponte est retardée. M. Daviau écrit de joué-Étiau (Maine-et-Loire), à la date” du 18 mars 1875 : Mes Faïisans de Swinhoë sont dans un état parfait. J’ai le plaisir de vous annoncer que la femelle a commencé sa ponte dès le 9 de ce mois, dix-huit Jours plus tôt que l’année dernière. J'ai déjà quatre œufs; l’année dernière, la faisanne avait donné seize œufs, tous parfaite ment clairs. J’espère que nous serons plus heureux cette an- née, les époux vivant dans le meilleur accord du monde. J’attendrai une dizaine d’œufs avant de faire couver, afin de donner au froid le temps de nous quitter. M. de Coutans écrit de la Duranderie (Vienne), à la date du 25 février 1875 : La paire de Faisans vénérés que m'a accor- dée la Société est en bon état, leur sauvagerie commence diminuer. La femelle, à force de sauter le long des grillages, s'était un peu abimée une patte et hoïtait. Elle va mieux. Et si j'en juge à l'allure de tous les mâles, la reproduction (ponte) ne se fera pas longtemps attendre. Comme nourriture, en variant, gland concassé, petit blé, blé noir, un peu de maïs et pincée de chènevis; comme ver- dure, de la carotte fourragère et du mouron blanc. | M. J.-B. Baraïlôn écrit de Chambon (Creuse), à la date du. 27 mars 1875 : La plus jeune des deux Brebis chinoises prolifiques, le 17 de ce mois, a mis bas deux agnettes ; l’une d'elles est plus faible que l’autre, toutes deux néanmoins sont bien portantes jusqu'à ce jour ; mais je doute qu'il en soit. ainsi pour l'avenir. Hier soir, leur mère, au passage, est tombée. dans un canal d'irrigation. J'ai fait appeler de suite le vété- rinaire de la localité. Hélas ! on n’a pu la ramener à la vie. Rien n’indique positivement que la plus âgée soit pleine. Si elle ne l’est point et si je ne puis conserver ces deux agnettes, je ne pourrai donc contribuer à la multiplication de ces pré- cieux animaux, je le regretterai vivement. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 215 J'ai observé ainsi que la personne chargée d’en avoir soin que l’amour maternel était bien plusdéveloppé dans cette race chinoise que dans celle de notre pays. La brebis qui vient de périr était toujours la dernière à quitter l'écurie et la pre- mière à y revenir. Elle s’enpressait de prendre sa nourriture afin de rester le moins longtemps possible éloignée de sa pro- oéniture. | | | M. Rabuté écrit de Doullens (Somme), à la date du 30 mars 1875 : Pour qu'il soit possible d'évaluer le produit moyen du couple de Perruches ondulées qui m’a été atiri- bué en cheptel au mois de février 1874, il est nécessaire que je rende compte du résultat général de mes élevages. J'ai installé dans la même volière dix paires de Perruches ondulées, y compris la paire reçue en cheptel; les autres avaient été achetées en partie au Jardin d’acclimatation. Au- cune d'elles n’est restée stérile. Elles ont reproduit avec la même ardeur et fourni quatre couvées pendant l’année. L’a- ménagement intérieur de la volière, ses nids spéciaux établis suivant des indications fournies par des éleveurs habitués au succés, devaient favoriser ce résultat dont voici le détail .: _ La première couvée, celle du printemps, a été très-produc- tive et les pertes ont été insignifiantes. La deuxième couvée aurait pu égaler la première sans des pertes nombreuses que j'ai cru pouvoir attribuer à la chaleur excessive des mois de juin et juillet, chaleur exagérée encore par les dispositions de la volière couverte en zine et encaissée entre les murs du fond d’un jardin. | of La troisième couvée a eu le même succès que la première. La quatrième couvée, pendant l'hiver, a fourni une part bien plus faible, et les Perruches nées pendant cette période ont été difficiles à élever. | Mes produits vivants peuvent s’énumérer ainsi : 67 Perru- ches ont été vendues pendant le mois de février. J'en ai con- servé environ 50. Total approximatif avec celles vendues, 115. À déduire les 20 reproducteurs. Produit net vivant 95. Les pertes ont dépassé le chiffre de 25 pour 100 sur les pro- 216 SOCIÈTÉ D'ACCLIMATATION. duits nés ; elles auraient été bien amoindries si j'avais fourni plus tôt à mon acquéreur mes élèves disponibles. Dans les derniers temps, beaucoup de jeunes femelles ont été tuées, parce que la période s’accomplissait dans une volière devenant trop étroite et ne contenant plus assez de nids pour un si grand nombre de couples. Mes produits vivants seraient aussi plus important, si au heu de laisser mes Perruches toutes ensem- ble, j'avais isolé mes élèves, comme Je le fais maintenant, dans un compartiment spécial que j'appelle volière des pro- duits. Les uns ont succombé par maladie, les autres en plus grand nombre ont été tués au milieu des poursuites si fré- quentes des reproducteurs entre eux, quelques-uns ont péri victimes de leur curiosité imprudente quandils allaient visiter les nids occupés. Le résuitat n’est cependant pas sans importance, surtout pour une première année d'essai. M. E. de Rodellec du Porzic écrit: — J'ai l'honneur de venir vous rendre compte de l'état dans lequel se trouvent les Canards carolins et les Bambous que vous avez bien voulu m'expédier en cheptels le 42 septembre 1874. Les canards se sont parfaitement babitués au climat de notre Bretagne; leur naturel est sauvage etils n’ont pas encore commenté à pondre. Les Bambous Qualior, violascens, viridi-glaucescens etigra ont tous parfaitement résisté à l'hiver ayant eu seule- ment quelques feuilles gelées. Le Bambou »#1gra semblait le moins prospère, mais comme ] en connais un de cette espèce devenu très-beau dans un jardin de Quimper, je ne doute pas qu il en soit de même pour celui-ci. Le gérant : JULES GRISARD, PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON 2 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ÉDUCATIONS D’ATI'ACUS YAMA-MAIT PENDANT LES QUATRE CAMPAGNES DE 1871-72-73 ET 74 Dans les propriétés de M. le marquis de Riscal, province de Caeeres (Estramadure, Espagne) Par M. de AMÉZAGA SITUATION : 1° 35’ 4” longitude ouest du méridien de Ma- drid; latitude, 39° 27 53”; élévation au-dessus du niveau de la mer, 930 mètres. CAMPAGNE DE 1871. — (Commencée avec 25 grammes de graine provenant de chez MM. Bérard (de Romorantin), et due aux soins intelligents de M. Votte. Naissances vers le 15 mars; tous les vers meurent. On fait venir 10 grammes de plus, et cette fois, les vers, nés vers le 15 avril, prospérent d’abord. Cependant la mortalité, dans le cours de la saison, mortalité causée par les rats, les oiseaux et la chaleur, arrive en somme à 95 pour 100. Les accouplements des rares pa- pillons survivants procurent la graine employée dans la cam- pagne suivante. Depuis lors, du reste, 1l n'a plus été demandé d'autre graine, sauf 2 grammes remis à {a fin de 1874 par la Société d’acclimatation. M. Lebègue, ancien élève de Grignon, dirigea l’éducation cette première année, et les mesures indiquées par lui dés le principe n’ont subi qu’un seul changement, qui consiste à retarder jusque vers le milieu d’avril la naissance des vers en tenant les œufs dans un endroit frais. L'éclosion a lieu dans une chambre. Au bout de peu de ours, les chenilles sont placées sur les arbres d’un taillis de chêne tauzin âgé de dix à douze ans, et l'éducation se con- tinue complétement en plein air et avec très-peu de précau- tions, même pour défendre les vers contre leurs ennemis. Le taillis est préalablement nettoyé de mauvaises herbes, 3e SÉRIE, T. Il. — Avril 1875, 45 218 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. et l’on y fait circuler dans des rigoles l’eau prise à un ruisseau voisin, laquelle sert à arroser les chenilles au moyen d’une pompe à main, sous forme de pluie. Les accouplements ont lieu dans un châssis garni de mous- seline conforme aux instructions du livre de M. Perdonnat. CAMPAGNE DE 1872. — Sans autre changement que celui de la direction confiée à un chasseur du pays, Vicente Moreno, qui avait aidé M. Lebègue l’année précédente. La mortalité se réduit à 87 pour 100. CAMPAGNE DE 1873. — Commencée avec 650 œufs. Les éclosions commencent le 1° et finissent le 22 avril. Il ne naît que 554 vers, c'est-à-dire que sur le total des œufs, ilyena 1% pour 100 non fécondés. Mortalité, 234, soit A2 pour 100. Sur les 234 vers morts, 5 pour 100 périssent dans le pre- mier âge ; 2 pour 100 dans chaque sommeil; le reste est tué par les oiseaux, les rats et la chaleur. Le 14 avril, premier sommeil des vers les plus avancés; le 24 juin, le dernier ver était sorti du dernier sommeil. La durée des diverses phases de la vie des chenilles est fort irrégulière, et dépend de la température. Si elle ne descend pas au-dessous de + 10°, le ver mange dix jours et en dort trois. Si le thermomètre marque — 3° à la suite de quelque orage, l’une et l’autre période se prolongent du double. _ Le 20 juin furent commencés les premiers cocons, el le travail dura jusqu’au 15 juillet. — Première éclosion de papil- lons, 29 juillet; derniers papillons sortis ie 29 août. Voiei maintenant le nombre de vers qui fournirent des _cocons ou arrivèrent à une période avancée d'existence : Tués pour faire du crin de Florence .......... 23 Cocons réservés pour échantillons ........... « 20 Cocons n’ayant pas donné de papillon......... «18 Papiions femelles..." 146 RS ne ee ne ete ele ne De 198 Total: ss ghost de smart 320 Œufs pondus, 120 graimes. ÉDUCATIONS D’ATTACUS YAMA-MAÏ. 219 CAMPAGNE DE 1874. — L'éclosion des larves, dont le total s'élève à 7803, se prolonge du 1° au 30 avril; mais c’est du 15 au 20 que les naissances sont le plus nombreuses. Je transcris maintenant les principaux passages du journal de Vicente Moreno. 1% mars. — La graine est transportée de la ville voisine de Guadalupe sur la propriété, où la température est plus basse de 3° en moyenne. Le mois de mars est employé à aménager le taillis. Avril. — Du 1% au 5, environ 300 naissances; le 3, pluie, neige, thermomètre à 0°; le 5, le froid continuant, quelques vers périssent ; du 6 au 15, orages; le 16, beau temps; le 23, premier sommeil des vers les plus avancés, qui en sortent le 25; le 30, dernières éclosions. 2 mai. — Second sommeil : du 2 au 10, bourrasques, pluie, grêle, vents violents; quelques vers dorment huit jours; le 20, troisième sommeil, toujours des plus avancés, jus- qu'au 22, où ils en sortent; le 23, fortes pluies. | 3 juin. — Les vers précoces commencent leur dernrer som- meil, et en sortent le 8; il dure cinq jours, à cause de la frai- cheur du temps et des pluies; le 28, ils commencent à filer. _ 3 juillet. — Premiers cocons recueillis; le 20, les vers retardataires finissent leur dernier sommeil; le 31, on re- cueille les derniers cocons ; premiers papillons éclos. 19 septembre. — Mort du dernier papillon. Nombre de papillons femelles....... SAS à 2916 — Ines raedete. Rates 1828 Cocons ne donnant pas de papilion.......... 650 Cocons gardés pour échantillons. ........... 30 TOR A ES US Hyde Lee .< h724 Mortalité totale dans la saison, 3079; soit, 39 pour 100. Poids des cocons étouffés pour échantillons, en moyenne, 98:,73. Graine recueillie, 880 grammes. Nombre d’œufs, par gramme, moyenne, 155. OBsErvaTIoNs : Causes de mortalité, — 1° Faiblesse de 220 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. quelques vers en naissant; 2° mauvais temps qui prolongent le sommeil outre mesure; 3° fourmis, tarentules et autres in- sectes ; 4° soleil en juillet : les chenilles quittent les arbres et la terre les brûle. Les causes les plus actives sont la première et la troisième. Les cocons qui n’ont pas donné de RM proviennent de vers retardés dans leur sommeil en avril et en mai par le mauvais temps. Les grandes chaleurs de juillet les surprirent et les étouffèrent comme ils finissaient de filer. Les papillons femelles auraient donné plus de graine s'ils n'avaient souffert des mêmes accidents. Ils devaient fournir 1500 grammes si la production avait été proportionnelle à celle de 1873. Voici maintenant les réponses de Moreno à plusieurs ques- tions extraites des /nstructions aux chepteliers, que distribue la Société d’acclimatation. Les chênes commençaient à bourgeonner avant l’éclosion de la graine ; lorsque celle-ci a eu lieu, il y avait déjà des feuilles. L’arrosage a été quotidien ct fréquent les jours de grande chaleur. Les oiseaux sont facilement éloignés par quelques coups de fusil. Il paraît inutile d’avoir recours au filet pour couvrir les VERS Aucune guêpe n’a été vue. Pour les vers précoces : première mue, 22 avril; deuxième, le 2 mai; troisième, le 20 mai; quatrième, le 3 se Les mues étaient accélérées par la chaleur, retardées par le froid. La simultanéité concordait avec celle des naissances. L’unique symptôme morbide observé fut l’inappétence. Les vers morts étaient flasques. La mortalité a surtout sévi à la troisième mue. Les papillons étaient vigoureux, à ailes bien conformées, d'un vol vif. La durée des accouplements n’a pu être observée parce qu’ils ont lieu dans des cages non transparentes. Le printemps de 1874 a été remarquablement froid, plu- vieux et agité. ÉDUCATIONS D'ATTACUS YAMA-MAÏ. 291 Là s'arrêtent les observations de Moreno. Je réponds à quelques autres paragraphes des /nstructions. Sur la recommandation de M. Guérin-Méneville, M. Aube- nas (du département de Vaucluse) voulut bien, en 1871, faire dévider neuf de nos cocons, dont il fut très-satisfait. Si j'avais reçu les instructions plus tôt, j'en aurais fait réserver un nombre suffisant pour un essai sérieux. Aujourd'hui, il ne me reste que les 650 qui n’ont pas donné de papillons, et si la Société le désire, je les ferai venir pour les envoyer à un filateur. On n’a pas ouvert d’œufs pour voir si la chenille y est vivante. Comme le bombyx de l’ailante, le yama-maï semble devoir ‘se fortifier ; les températures extrêmes, auxquelles il a résisté chez nous, le prouvent surabondamment. Le froid est allé jusqu’à 0°; de là vient peut-être le faible poids des cocons, si éloigné de celui qu'obtiennent d’autres éleveurs. D'autre part, la chaleur, d’après les observations de M. Le- bégue, en 1871, arriva à + 54° au soleil. PRÉPARATIFS POUR LA CAMPAGNE DE 1875. — Afin d’aug- menter s'il est possible le poids du cocon, quelques soins seront donnés cette année à un petit nombre de vers. La beauté des résultats obtenus par M. le docteur Gintrac, qui, avec de la graine malade, a produit des vers à soie du mürier parfaitement sains, me faisaitidésirer de connaître son système d'élevage, heureux terme moyen entre la rudesse du plein air et l’étouffement dans des salles plus ou moins venti- lées. Avec une bonne grâce dont je lui sais un gré infini, 1l m'accorda la permission de faire assister à son éducation de 1874 le régisseur de mon père, qui, aujourd'hui, à l'imitation de ce qu’il a vu, dispose les étagères protégées par des filets, où il élèvera un petit nombre de vers à titre d'essai. Les 2 grammes de graine nouvelle, don de la Société, lui ont été également confiés pour être mis à part. Moreno continuera à soigner le reste. Des feuilles imprimées, contenant des cases pour toutes les vicissitudes de l’existence des chenilles, ainsi que pour les 222 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. observations météorologiques les plus élémentaires, recevront des inscriptions plusieurs fois par jour, On peut, en attendant, considérer comme assez approxima- tives les données suivantes sur;le climat, bien que provenant d'inductions par analogie et non de l'observation directe, AVRIL: Hauteur moyenne du baromètre. ...., 670 mb [MARINA . 20, UNIQUE, Mn, 2 A 677 ms 2 PUMA a at 8 htE ré DD 662 Température moyenne centigrade..... 42 maxima à J’ombre...... 27 — minima mire 1 Nombre de jours de pluie........... 9 Pluie, millimètres. ,.,,.,,..,,,,,,,, 5l MAI. 67! 679 666 A / 90 7 6 JUIN. 675 680 JUILLET. 676 681 672 ‘24 39 8 9. 6 IT. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ, NOTE SUR LA TEIGNE DES POMMES DE TERRE (MIOROLÉPIDOPTÈRES) GELECHIA SOLANELLA, Boisd, TRÉS-NUISIBLE AUX POMMES DE TERRE EN ALGÉRIE Far M. E, RAGONOT Membre de la Socicté entomologique de France. Lorsqu'on entend parler d'un nouveau fléau qui s'attaque aux plantes que l’homme prend sous sa protection, dans le but de les employer pour ses besoins si divers, on se demande toujours quelle a pu être l'origine de ce fléau, et beaucoup de personnes sont disposées à croire à la génération spon- lanée de ces parasites, et cela surtout s'ils attaquent des plantes telles que la pomme de terre, qui ne sont pas indi- gènes. Mais ilne faut pas oublier que beaucoup d'insectes s’accom- modent très-bien de plantes voisines de celles qui leur sont propres, quand même elles ne seraient pas originaires du pays. D'un autre côté, avec les grandes cultures, qui enlèvent les plantes spéciales de certains insectes, et les remplacent par une plante unique, ilest hors de notre pouvoir de sur- veiller suffisamment cette masse de végélation, et pour peu qu'un insecte, faute d’une autre nourriture, trouve la plante cultivée à son goût, 11 se mulüiplie à l'infini, et sa destruction devient difficile, sinon sans espoir. C’est ainsi que l’insecte qu’on appelle la Pyrale de la vigne (Tortrix Pilleriana) est devenu un véritable fléau, et dans son temps 1l a eu une notoriété loute aussi grande que celle du Phylloxera, La Pilleriana, qui, chez nous, s'attaque particuliérement à la vigne, dans les pays où ne croît pas cette plante, vit sur beau- 29! SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. coup d’autres plantes, parmi lesquelles je citerai Myrica Gale, Stachys Germanica, Vincetoxicum officinale, Dictamnus al- bus, la clématite, etc. L'instinct des insectes est quelque chose de prodigieux sous beaucoup de rapports, car nous pouvons difficilement nous expliquer comment l’insecte parfait, qui ne mange pas, ou tout au plus vit du nectar des fleurs, sait trouver, afin de pondreses œufs, précisément la plante qui souvent seule pourra nourrir la chenille. Je suis convaincu qu’un botaniste aurait encore beaucoup à apprendre sur la classification des plantes, en observant les mœurs des insectes. Ainsi, pour citer un exemple bien familier, la teigne (Gracillaria syringella), qui roussit si abominablement les lilas dans nos jardins, fait les mêmes dégâts sur le troëne et le frêne ,'plantes qu assurément une personne peu avancée dans l'étude de la botanique ne songerait pas à réunir au lilas ; cependant elles appartiennent bien toute à la famille des Oléacées. Une espèce bien commune de tordeuse, la Teras logiana, vit sur les Viburnum Lantana, Tinus et Opulus. Voïlà cependant, pour celui qui n’est pas initié à la botanique, des plantes bien différentes d'aspect. De même une charmante petite teigne, la Zifhocohetis emberi- zæpenella et la Gelechia moujffetella, vivent sur tous les chè- vrefeuilles, sans épargner le Symphoricarpus racemosus, plante non indigène, etne ressemblant pas aux chèvrefeuilles quoiqu'elle appartienne aux Lonicéracées. Il faut être assez exercé en botanique pour reconnaître toutes les espèces des plantes Crucifères, Papilionacées,Composées,Ombellifères, etc. et cependant les insectes ne se trompent jamais! Ces jours-ci je lisais dans un recueil anglais une note dans laquelle on demandait sur quoi pouvait vivre le papillon tête de mort (Acherontia atropos), avant l'introduction de la pomme de terre,sa nourriture favorite ; il est cependant bien connu que cette espèce vit à l’état de chemille également sur d’autres solanées, telles que Atropa Belladonna, Lycium bar- batum, etc. L’insecte dont je me propose d'entretenir le Société main- tenant est un ennemi bien autrement redoutable que celui qui TEIGNE DES POMMES DE TERRE. 225 a obtenu une si grande notoriété dernièrement, le Doryphora décemlineata, Say; la larve de ce coléoptère se contente de dévorer les feuilles de la pomme de terre, et doit par cela lui être très-préjudiciable ; mais au moins, la récolte n’est pas tout à fait perdue, et ce qui à mon avis tendrait à le prouver, c’est notre expérience en ce qui concerne la gelée; combien de fois n’avons-nous pas vu des champs de pommes de terre couverts d’une belle végétation un jour, et le lendemain pas une trace de verdure n’était visiblé, car elle avait été détruite à la suite d’une gelée blanche, cependant nos agriculteurs ne s’en désolent pas, car ils savent que la gelée n’atteint pas les tubercules, et que la récolte ne sera guère moins abondante. Le nouvel ennemi, au contraire, détruit tout, car 1l attaque le tubercule même, le rendant impropre pour la consomma- tion ; les animaux mêmes refusent de le manger. Nous connaissons encore fort peu les mœurs de la chenille, et je suis forcé de puiser mes renseignements dans une courte note donnée par votre savant collègue M. le docteur Boisduval, dans le Journal de la Société centrale d'horticulture, en no- vembre dernier (1). J'aurais désiré attendre encore avant d’en parler, afin d’avoir l’occasion d’étudier moi-même les mœurs de cette chenille ; mais, en raison de lintérêt d'actualité de cette question, je vais résumer nos connaissances à ce sujet, dans l'espoir que les agriculteurs, connaissant mieux l'ennemi de leur culture, sauront plus aisément trouver un moyen pour le détruire. Jusqu'à présent on n’a encore observé les ravages de la che- nille de la Gelechia solanella: qu’en Algérie, où près d'Alger, et surtout à El-Biar, dit le docteur Boisduval, plus des trois quarts de la récolte ont été perdus. | Get insecte est un petit papillon, une teigne appartenant à la famille des Gelechia, nom générique employé pour dési- gner un groupe de papillons de petite taille, remarquables par la forme de leurs ailes inférieures, qui sont larges mais échancrées au bout, et se terminant dans une pointe plus ou moins aiguë, et ensuite par leurs palpes qui sont longs, re- (7) Voy. plus loin, p. 272. 296 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, courbés et effilés. Ce groupe étant composé d'environ trois cents espèces, 1l devenait de plus en plus difficile de se recon: naître au milieu d’un nombre si considérable d'espèces; aussi dernièrement a-t-on cherché à le subdiviser et à former des sroupes plus homogènes. Suivant la nouvelle classification, le papilion en question devra probablement être placé dans le genre Bryotropha, Stein. Je dis probablement, car le seul spécimen que le docteur Boisduval a obtenu d’éclosion est en si mauvais état qu'il n’est pas possible de dire bien exacte- ment où 1l doit être classé. Il a beaucoup de rapports avec la Lita (Gelechua) atriplicella et l'epithymella Stgr., mais ses palpes sont si longs que peut-être faudra-t-il créer un nou- veau genre pour cette espèce, qui prendra place entre les Bryotropha et les Lita, aussitôt que nous aurons pu l’étudier sur une bonne série . spécimens. Nous continuerons donc à dire Gelechia solanella, sans tes ciser davantage, car ce nom de genre estuniversellementconnu: Voici ce que nous dit ie docteur Boisduval au sujet de la chenille (j’abrége certains détails) : « Le petit papillon, aussitôt après sa fécondation, dépose ses œufs sur les jeunes pousses des pommes de terre, au mo- ment où elles se montrent hors de terre. Dès que les œufs sont éclos, les petites chenillettes, à peine grosses comme un crin de cheval, pénètrent dans la tigelle, et descendent dans le tubercule, dont elles rongent l’intérieur entoussens, remplis- sant les galeries qu’elle fait de ses excréments noirâtres qui répandent une odeur infecte. » Il est possible que, dans certains cas, le papillon dépose ses œufs sur les pousses qui se Re à l'air libre avant la plantation des pommes de terre, ceci est une hypothèse. . » La petite chenille, lorsqu'elle est adulte, est d'un rouge plus ou moins clair, avec un pelit écusson brunâtre sur le deuxième segment. » La chenille, après avoir atteint son entier développement, sort du tubercule et se métamorphose dans la terre, où elle reste un temps plus ou moins long avant de donner naissance à l’insecte parfait. » TEIGNE DES POMMES DE TERRE. 927 L’époque de la ponte des œufs n’est pas encore indiquée bien exactement, et il serait très-important de le savoir et d'apprendre s’il y a deux générations. Le docteur Boisduval m'a montré une chrysalide le 12 jan- vier dernier d’où un papillon était récemment sorti. Quant au papillon, je le répète, il était dans un état de con- servalion pitoyable, et je ne prétendrai pas le décrire ici; je dirai seulement qu’il a une envergure de 13 à 14 millimètres, ses ailes supérieures sont de couleur brunâtre, marbrées de blanchâtre sur le bord interne et pointillées de noir près de la frange. Les franges des quatre ailes sont longues. Il est difficile, dès à présent, de prescrire un moyen efficace pour détruire une espèce d’insecte aussi nuisible, car nous connaissons à peine ses mœurs, et 1l faut avouer qu’il est im- possible d'atteindre la chenille dans le tubercule, encore plus difficilement que le Phylloxera sur les racines de la vigne ; tout ce que nous pourrions suggérer serait de saisir le mo- ment où la petite chenille sort de l’œuf pour arroser les plantes avec un liquide qui, sans nuire à la végétation, détrui- rait les parasites. Comme la pomme de terre n’est pas une plante indigène en Algérie, il est probable que, jusqu’à son introduction, la chenille de la Gel/echia solanella a dû vivre sur d’autres es- pèces de Solanées : et à ce propos 1l me semble qu’un coup d'œil jeté sur les diverses espèces de Microlépidoptères, ou petits papillons, dont les chenilles vivent sur ces plantes, ne serait pas sans intérêt. Sur la pomme de terre (Solanum tu- berosum) même je ne connais pas d’autres espèces que la Gelechia solanella, Bdv., mais sur la morelle noire (Sol/anum nigrum) vit une autre espèce de Gelechia, la epithymella Stgr., espèce qui ressemble un peu à la so/anella comme taille mais non comme dessins, et dont les palpes sont plus courts. Notre savant iconographe M. Millière, de Cannes, a eu l’obli- : geance de me communiquer la portion de son travail (sous presse) concernant cette espèce, et j'apprends que c’est au commencement de l’automne que la petite chenille commence ses opérations sur les feuilles de la morelle, Elle les lie en- 298 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. semble avec de la soie, et ronge la surface de ces feuilles à l’intérieur de l'habitation ainsi formée, changeant de demeure de temps en temps, et enfin se iransformant vers la fin de sep- tembre dans une légère coque par terre; le papillon paraît en octobre. Cette chenille est de couleur livide avec des lignes longitu- dinales d’un rouge vineux; sa tête, l’écusson et les pattes écailleuses sont noires ; le troisième segment est d’un vineux obscur. Cette espèce se trouve aussi en Espagne où elle a été premièrement découverte par M. Staudinger. Sur la douce-amère (Solanum dulcamara) on trouve deux espèces de chenilles. L’une produit en minant les feuilles des grandes plaques brunâtres. Elle est blanchâtre avec la tête et l’écusson brunâtre. Elle se transforme dans un joli cocon brun, tressé à peu près comme un filet. On trouve la chenille en juin, juillet et octobre dans nos environs, etle papillon parait en août et octobre, reparaissant, après avoir passé l'hiver, en avril. Ce papillon a une envergure de 11 millimètres, il est d'un brun pâle marbré et strié de blanc, avec une tache blanchâtre triangulaire assez distincte sur le bord interne; les ailes infé- rieures sont noirâtres. Son nom esl Acrolepia pygmænà et il est congénérique avec ce fléau de nos oignons el lei l'Acrolemia assectella (vigeliella). L'autre espèce est encore un Gelechua, la cost dont le papillon se distingue faciiement par ses ailes d’un brun rouge, avec une grande tache triangulaire noire sur la côte. La che- nille de cette espèce mine les feuilles comme la précédente, mais elle vit aussi entre deux feuilles réunies ensemble, atta- quant même les baies et l’intérieur de la tige. Cette chemille est d’un vert grisâtre obscur, sauf les deuxième et troisième segments qui sont d’un brun pourpre foncé, et la tête et l'é- cusson qui sont noirs. Elle vit à la fin d'août et commencement de septembre, et le papillon éclot fin septembre et reparait, après avoir hiverné, en avril et jusqu’en juin. Enfin, une autre espèce de Gelechia a été trouvée par M. Mil- lière sur l’Hyoscyamus albus, et dont la chenille mine et con- TEIGNE DES POMMES DE TERRE. 229 tourne les feuilles. Elle ressemble beaucoup à la costella, mais on la croit distincte, et M. Stainton l’a décrite sous le nom de hyoscyamella. Les mœurs de la Gelechia solanella seraient anormales pour le groupe de l'A #riplicella costella, eic., si elle y appartient vé- ritablement, car les espèces vivent principalement de feuilles ou des jeunes pousses de leurs plantes nourricières, sauf quel- ques-unes, comme l’ocellatella Oùt, qui vivent dans les tiges. Un nombre important d'espèces de ce groupe (genre Lita) pa- raissent attachées aux plantes Cariophyllacées. Les premiers élats des espèces du genre voisin sont peu connus, mais quel- ques-unes vivent sur les mousses, d’où le nom générique de Bryotropha. La connaissance de toutes ces espèces vivant de nos sola- nées a peut-être un intérêt plus grand que celui de la seule science entomologique, car personne ne peut affirmer que, à l'instar de la Pyrale de la vigne, un de ces petits papillons doués d’une grande fécondité ne vienne, sous l’empire de conditions encore ignorées, à jeter des multitudes de chenilles sur nos pommes de terre, nos tomates ou nos aubergines. ACCLIMATATION DES ARBRES A CAOUTCHOUC A LA RÉUNION Lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, Président de la Société d'Acclimalation. Par M. Émile TROUETTE Professeur eu retraite, Membre du Comité consultatif des Eaux et Forêts, à St-Denis (Réunion). e ‘île de la Réunion se crée en ce moment une industrie nouvelle, celle du caoutchouc. Cette tentative se rattache trop intimement au but poursuivi par la Société d’acclimatation pour que vous n’accueilliez pas avec intérêt les renseigne- ments que je vais avoir l'honneur de vous communiquer. Trois numéros ci-joints du Moniteur de l'ile de la Réunion, en date des 6, 40 et 20 septembre 1873, vous diront, Mon- sieur le Président, que M. Victor Frappier de Montbenoît, conducteur des ponts et chaussées, avait appelé l’attention sur le parti que nous pouviohs tirer de nos Frcus elastica pour la production du caoutchouc; qu'après lui, M. Delteil, pharmacien de 1° classe de la marine, avait de nouveau traité cette question; que ces études, si intéressantes cepen- dant, allaient tomber dans l’oubli, lorsque je les repris en 1873, après deux campagnes heureuses en faveur du reboise- ment de notre île en Eucalyptus. A cette époque, le suecès devenait possible. Le service des eaux et forêts venait d’être réorganisé; au lieu de l’indiffé- rence d’un pays préoccupé de ses malheurs, et absorbé par des besoins de chaque jour, on pouvait compter sur l’appui de l'administration. Déjà, sans aucune allocation spéciale, à l’aide seulement de quelques journées demandées à des fer- miers, MM. Echernier et Lépervanche, directeur et sous-in- specteur du nouveau service, avaient improvisé à Saint-Denis une pépinière d'Eucalyptus et de Filaos (Casuarina), sur le domaine colonial de la Providence. D'accord avec ces adminis- ACCLIMATATION DES ARBRES À CAOUTCHOUC. 231 trateurs, je fis des démarches auprès des membres du Conseil général, et 3000 francs furent votés pour cette pépinière, qui put ajouter à ses cultures celle des végétaux producteurs de caoutchouc. Nous avions sous la main le Æicus elastica; des oraines de Vahea qummifera furent demandées à Madagascar, et le gouverneur de la colonie s’adressa au ministère de Ja marine pour avoir l’ÆJevea de la Guyane. Ma correspondance avec un de mes amis, de Saint-Pierre, M. Charles Frappier de Montbenoît, nous rappela l'existence, à la Réunion, d’une Asclépiadée, le Cryptosteqia madagasca- _#ensis, qui contiént, feuilles, tiges et fruits, du suc à caout- chouc. Des semis, faits aussitôt par le service des eaux et fo- rêts, donnèrent 900 plants de cette liane à la Providence et 200 à l’Étang-Salé. Le hasard vient d’en faire découvrir 300 ou A00 autres de trois, quatre et cinq ans, au milieu des rochers d’une montagne voisine de Saint-Denis. Le Crypto- stegia nous sera d'autant plus avantageux qu'il peut être ex- ploité dès la première année, tandis qu’il serait probablement dangereux ou tout au moins inutile de demander de la séve au Ficus avant sa dixième ou sa quinzième année. Il nous fallait encore l’Urceola elastica des îles de la Sonde. J’en fis la demande à l’un de mes élèves, M. Pierre, directeur du Jardin public de Saïgon, qui m’offrit, en outre, l'Ecdysanthera glandulifera, V' Hevea quyanensis, et, de plus, le Tluor, magnifique végétal du Cambodge, riche en gutta- percha, et découvert par lui. Les envois de graines ne pour- ront m'être faits que dans deux ou trois mois; des boutures et des plants de semis viendront plus tard. J'ai déjà reçu de mon beau-frère, M. Gustave Vinson, maire de Saïgon, des graines de lianes et d’arbustes inconnus à la Réunion. Aux journaux mentionnés ci-dessus, je joins un mémoire dé M. Pierre, sur le Thor, qu'il a nommé /sonandra Krantzüi, en le dédiant à l'amiral Krantz. En septembre 1873, 12000 boutures de Æicus furent faites à la Providence; on n’en pui sauver que 153. En même temps, le Jardin colonial en faisait près de 1500 et = n’en sauvait que 7. Cet insuccès est resté inexpliqué. Du 232 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. moins les 153 boutures de la Providence ont donné des branches assez vigoureuses pour qu'on ait pu en détacher, par marcoltage, une centaine qui ont été mises en place. 105 autres marcottes seront sevrées ces jours-ci, ce qui fera 359 plants de Ficus elastica au compte de l’année 1878. Quelques propriétaires ont suivi cet exemple. Environ 8000 boutures de Ficus ont été mises en terre en 1874. Un millier semblent devoir réussir; nous ne serons fixés sur ce point qu’à la fin de l’été, en avril prochain. Les boutures qui prennent le mieux sont celles qui sont faites avec d'assez fortes branches, de 8 à 12 centimètres de diamètre; peu pressées d’abord d'émettre leurs bourgeons, elles les perdent ensuite moins facilement, tandis que les petites bran- ches, très-vives dès les premiers jours, ne tardent pas à périr. Des boutures, ivriguées par un filet d'eau permanent, ont toutes échoué; le Jardin colonial n’arrosait les siennes que lécérement le soir, et les avait établies à l'ombre de grands arbres ; à la Providence, on cpère en plein air, sous une sim- ple couche de paille, et l’on arrose largement matin et soir. En 1873, on avait enlevé avec soin les herbes parasites; en 1874, on les a laissées croître et se développer à discrétion. Cinq grandes planches, où l’on avait jeté à pleines mains des graines de Vahea, n’ont donné que 63 plants, qui se dé- veloppent lentement. Il est vraisemblable que ces graines au- ront été mal choisies à Madagascar et peu soignées à bord. Le service des eaux et forêts en a demandé d'autres des trois variélés Vahea qummifera, Madagascariensis et Comorensis. Cette liane-arbuste, très ligneuse, d’une croissance très- lente, demandera plusieurs années avant qu’il soit possible de l'exploiter. Il ne nous est pas encore possible de savoir, d’une manière certaine, si c’est le Vahea ou le Cryptosteqia qui est la source la plus importante du caoutchouc de Madagascar; quant à la facilité du développement, elle est infiniment plus srande dans le Cryptosteqra. . Ilest venu de Cayenne 240 graines de l’Hevea quyanensis, qui ont été semées à la fin d'octobre 1874, partie au Jardin colomial, partie à la Providence ; pas une seule n’a levé. Peul- ACCLIMATATION DES ARBRES A CAOUTCHOUC. 283 être vaudrait-il mieux nous les envoyer toutes semées dans une serre; peut-être encore nous sommes-nous trompés sur l’époque où il fallait les mettre en terre. Nous regrettons moins cet échec depuis que M. Pierre nous annonce graines et plants de Saïgon. Je voudrais bien savoir si les dénomina- tions Siphoma elastica et Hevea quyanensis sont absolument synonymes ou si elles désignent des plantes différentes ?: Les ouvrages mue j'ai consultés à ce sujet me laissent dans l’in- certitude (1). Les Cryptosteqia viennent très-bien dans les terres argi- leuses et compactes de Saint-Denis; ils se plaisent encore mieux dans les sables de l’Etang-Salé, sous lesquels on trouv e de l’eau à une petite profondeur. Des semis ont réussi à 800 mètres d'altitude; j'ai envoyé des graines à un proprié- taire établi à 1200 mètres. Cette espèce paraît riche en caout- chouc; mais 1l faudrait que l’on püt trouver le moyen (pres- sion, trituration ou coction) d'extraire le suc que contiennent les feuilles, autrement 1l y aurait là une perte considérable, Quant au Ficus elastica, c’est un des plus beaux arbres de la création. Il réussit aussi bien à 800 mètres d’altitude que sur la côte, et acquiert un magnifique développement, surtout dans le voisinage de l’eau, qui est favorable à ses racines aériennes. Malheureusement c’est un arbre insociable et envahisseur, qui envoie ses racines souterraines à des distances prodigieuses ; mais la puissance même d'absorption et de nutrition qui en résulte, ét qui lui permet de s’accommoder des terrains les plus secs, est une garantie pour sa durée et pour l’abondance de ses produits dans les terrains incultes que nous pour- rons lui abandonner. A la porte de noire jardin public, à Saint-Denis, nous en avons un qui date de 1823, et dont le feuillage a bien 30 mètres de diamèétre sur une hauteur de 25 mètres. Le tronc est sans cesse grossi par l’adjonc- tion de racines aériennes. En neuf heures un quart, prises sur plusieurs journées du mois de mars dernier, après les (1) Voici les divers synonymes de l’Hevea guyanensis Aubl. : Jatropha elastica L.; Siphonia elastica Pers.; S. Guyanensis Juss. et S. Cahuchu Willd. (Rédaction.) 32 SÉRIE, T. Il. — Avril 1875, 16 23% SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. pluies de la saison, il a donné, par des incisions au tronc et aux branches, un bloc de 7 kilogrammes de caoutchouc. Nous ne savons encore quel résultat peut être obtenu d’une exploi- tation suivie régulièrement pendant plusieurs mois de séve. De fortes incisions faites pendant la saison sèche, en octobre et en novembre dernier, ont été presque absolument stériles. Une personne recommandable mé dit avoir planté elle- même à Toulon (Saint-Mandrier), au-dessus de la citerne, pavillon Est, une bouture qui a bien pris, et qui doit être un bel arbre aujourd’hui, d’un Ficus du Sénégal plus riche en séve que les nôtres. Sérait-il possible, Monsieur le Président, d’avoir, par votre bienveillante entremise, quelques sujets de cette variété qui pourraient nous être expédiés par ün des transports employés chaque année à la relève des troupes dans la mer des Indes. Nous vous en serions reconnaissants. Une demande que j'ai faite n’a pas abouti (1). Je serai certaine- ment plus heureux auprès d’un de mes anciens élèves, M. Ga- briel Couturier, gouverneur de la Guadeloupe, auquel je viens de m'adresser pour avoir l’Euphorbe pourprée des Antilles. Dans le Moniteur de l’île de la Réunion du 6 septembre 1873, j'ai donné la quantité de caoutchouc de Madagascar vendue sur la place de Saint-Denis, du mois de juillet 1870 au mois d'août 1873, à part les ventes dont les quantités et les prix sont restés secrets, à part encore tout ce que le commerce (4) M. le docteur Turrel, notre Délégué à Toulon, auquel des renseigne ments sur ce Ficus avaient été demandés, s’est empressé de nous transmettre la réponse qui lui avait été faite par M. Chabaud, jardinier en chef du Jar- din de la Marine, auquel il s’est adressé. Nous reproduisons par extrait : « … Je n'ai jamais vu au-dessus de la citerne, Pavillon Est, un Ficus du Sénégal en plein air. Il doit y avoir erreur. D'abord les végétaux du Sénégal ne résistent pas en plein air à Saint-Mandrier. Ensuite je ne connais qu’un Ficus voisin de la Sénégambie (la Sénégambie n’en possède pas), c’est le Ficus rugosa de Sierra-Leone, qui n’a jamais fait partie de a collection du Jardin de la Marine. » Je vais vous soumettre ce que je pense à ce sujet : Lors de la lransla- tion du jardin de Toulon à Saint-Mandrier, mon prédécesseur fit construire à côté du pavillon Est, au-dessus de la citerne, une petite serre en bois ACCLIMATATION DES ARBRES A CAOUTCHOUC. 235 étranger prend directement sur les lieux. Il ne s’agit de rien moins que dé 331825 kilogrammes, et d’une valeur de 1472835 fr. 75. A partir du mois d'août 18738, cette sub- stance n'a plus figuré sur notre marché pour des chiffres aussi importants, soit qu'elle ait été détournée vers l'Angleterre, l'Allemagne où l'Amérique, soit encore que la production ait diminué par Suite des procédés sauvages d'extraction. em- ployés par les Malgachés. On va mêmé jusqu’à dire, et ceux qui connaissent ces peuples n’ont aucune peine à l’admettre, qu'ils détruisent leurs lianes, afin d'échapper aux corvées qui leur sont imposées par leur reine pour l'exécution de ses marchés avec le commerce élranger. Nous avons fait de vains efforts pour recevoir des graines de Kaori(Dammaraÿet de Niaouli (Melaleuca) de laNouvelle-Calé- donie. Le Miaouli vient dans toutes les terres humides, sert à une foule d’usages, et combat, dit-on, les fièvres paludéennes. À ce dernier titre, 1l nous serait bien précieux; car les Euca- lyptus auront, je le crains, bien de la peine à s'établir chez nous, près de la mer, là précisément où ils auraient à nous rendre lés plüs utiles services. Les plantations de M. de Châtéauvieux, entre A00 et 1200 mètres d'altitude, sont les seules où l’on puisse voir un succés important. M. le baron Von Muëller a bien voulu m'envoyer des graines de 27 espèces, que j’ai distribuées aux propriélaires qui m'ont semblé devoir s’en occuper avec le dans laquelle il renferma les plantes les plus frileuses en atiéndant que la serre du Jardin fût terminée. C’est sans doute dans celte serfe-hangar que M, Philippe avait placé le Ficus dont vous m’entretcnez. Maintenant quel est ce Ficus ? Je n’en sais rien. | » Voici le nomet la Lee nAnes de ceux que J ai trouvés au Jardin. en 1865 : Ficus elastica. — Indes orientales. — religiosa. — Nouvelle-Hollande. ‘ — benjamina. — Indes, Java, Chine. — Mmauriliana. — Iles Mascareignes. — Lichtentein. — Cap. — benghalensis — Bengale. » Les deux dernier seuls sont d'Afrique. Il est possible que ce soit l’un de ces deux ._ 236 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. plus de soin; c’est encore M. de Châteauvieux qui a obtenu les meilleurs résultats. Cependant j'ai, à Saint-Denis (alti- tude, 50 mètres, distance de la mer, 700 mètres) quatre ar- bres d’une très-belle venue, dont les graines se sont trouvées sous l'étiquette Eucalyptus Eugenioides. Is ont éié mis en place le 5 juillet 1873, alors qu'ils avaient 28 centimètres de haut. L'un d’eux a aujourd’hui 9 mètres, sur un tronc de h7 centimètres de tour à £ mêtre du sol. Ils ont bien sup- porté le coup de vent de mars 1874. Cette variété est fort rare à Bourbon; je ne la vois guère que chez moi. Elle me paraît susceptible d’acclimatation, et m'intéresse à ce point de vue. La culture de l'olivier n’a jamais été tentée avec quelque suite à la Réunion. Je sais bien que cet arbre préfère le con- tour de la Méditerranée, qu’on l'y trouve presque partout et rarement ailleurs ; mais nous en avons une très-belle variété sauvage dans nos forêts, et M. Richard, ancien directeur de notre jardin public, en avait eu de l'espèce cullivée en Eu- rope, qui lui donnait de très-beaux fruiis, et qui a disparu. N'est-ce pas un motif suffisant pour faire une tentative ? J'ai prié un de mes amis, M. Zacharie Berthe, agent, dans notrelile, des Messageries maritimes, de demander à Marseille de la semence d’olivier, et d'y joindre des graines de Teosinte ou Reana luxurians, dont le Bulletin de la Société d’accli- matation dit des merveilles. Nous sommes très-pauvres en fourrages. | Je termine, Monsieur le Président, cette lettre assez longue. Vous y trouverez sans doute des choses peu dignes d'intérêt; mais il m'a semblé que je ne devais pas craindre de multiplier les détails, qu'il vous appartenait, à vous placé au centre des renseignements, d'élaguer le superflu, en retenant ce qui peut avoir quelque utilité. Veuillez, etc, I{I. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, a SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 AVRIL 1875. Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis : MM. Présentatieurs. BABIN DES BRETINIÈRES (Prosper), docteur à | Jules Grisard, Loge-Fougereuse, canton de la Châtaigneraie ? Ch. Pacqueteau. (Vendée). Raveret-Wattel. Ke Geoffroy Saint-Hilaire, Henri Ravisy. [Saint-Yves Ménard. | Drouyn de Lhuys. BARTHELEMY (Charles), A3, rue de Monceaux, à Paris. BECHET (Alphonse), propriétaire, ancien ban- A. Geoffr int-Hilai quier, 60, rue Saint-Lazare, à Paris. RE MS Heuzey Deneirousse. Jules Grisard. BRIVIN (Paul-Félix), notaire, à Luçon es Pacqueteau. Raveret-Wattel, Dezsos (André), Villa-Saïd, 18, avenue de l'Im-| D Eude gen pératrice, à Paris. re “ Che, Le . Bouts. GAUDINOT (Philibert), propriétaire, 65, avenue Sn É k | à Jouenne. de Neuilly, à Neuilly (Seine). i Meunier. Jules Grisard. Ch. Pacqueteau. Raveret-Wattel. [0 de Lhuys. GUILLEMET (Gaston), négociant, propriétaire, rue des Loges, à Fontenay-le-Comte (Vendée), HARDING (Palmer), banquier, 8, rue du Helder, È , A. Geoffroy Saint-Hilaire. à Paris. Léon Vidal. Jozx (Charles), vice-président de la Société cen- / A. Geoffroy Saint-Hilaire. trale d’horticulture de France, 11, rue Boissy- ? A. Gindre-Malherbe. d’Anglas, à Paris. C. Millet. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Léon Vidal. JOHNSON, ingénieur, 39, rue Borghèse, à Neuilly (Seine). 938 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, LARROCQUE-LATOUR (Henry de), au château de à huys. Cramahé, par Ja Jarrie (Charente-Inférieure). pouyo de Loue René Caillaud. È Geoffroy Saint-Hilaire. Drouye + Lhuys. A. CCou,Jy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. Ch. d’'Hébrard. Baron de Launay. Edgar Roger. + [enr de Lhuys, 1, | | “1 LATERRIÈRE (de), rentier, 41, rue Notre-Dame- pos à Paris. LOUBAT (J.-F.), propriétaire, à Union Club-New- York et à Paris, 27, rue Dumont-d'Urville. Marois (comte Ip 9, avenue e d’Antin, à Paris. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. Jules Grisard. Masson. Moquin-Tandon, P£rsiIN (Jules), président du Comice agricole de / Marcel Perrin, Montier-en- Der, propriétaire, à Boulancourt, par Montier-en-Der (Haute-Marne). SAcxS (baron Ferdinand-Georges de), proprié- taire et maire de Breuil-sur-Vesle, au château de la Ville-au-Bois, par Jonchery- sur-Vesle (Marne). TURMANN (Edgar), négociant, à Eaubonne, par Ermont (Seine -et-Oise). ODENT (Henri-Francois-Xavier), négociant, LS boulevard Saint-Michel, à Paris. Ponsard, Rouville. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Aug. Rivière, Barrachin. Drouyn de Lhuys. | A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Geoffroy Saint-Hilaire, Ch. d’Hébrard. Edgar Roger. Viens (Louis), capitaine de frégate, 15, Villa. | Drouya fé pus ter ‘ À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saïd, avenue de l’Impératrice, à Paris. Le De La Roncière-Le Noury, . Vezins (Jacques de), château de Vezins (Maine- et-Loire), et à Paris, 6, place de l’Opéra. — M. le Président informe la Société de la perte qu’elle vient de faire de trois de ses membres: MM, le chevalier Baruff, professeur à l’université de Turin, membre hono- raire et délégué de la Société d’acclimatation ; Michal, inspec- teur général des ponts et chaussées; le prince Troubetzkot. — MM. Barailon, Bouillod, Daviau, Derré, Fessart, Garnot, Lafon, Martel-Houzet et Riban adressent des comptes rendus de l’état de leurs cheptels (voy. au Bulletin). — MM. Berthoule et de la Brosse F avigny font parvenir des remerciments au a sujet des cheptels qui viennent de leur être accordés. PROCÈS-VERBAUX. 239 — S, À, Mgr le duc d’Aumale, ainsi que MM. Petit et de Vau- guion demandent à prendre par! aux cheptels de la Société. — MM. Blazy, Chevalier, Giot, KE, Mercier, L, Nicolas et Ponsard s'inscrivent pour la distribution de graines annoncée dans le numéro 4 de la Chronique. — M. Am. Berthoule adresse une demande de graines de diverses plantes potagères. — M. le comte R. de Montbron et M. le général Schuma- cher remercient des graines qui leur ont été adressées, — M, José Augusta de Sousa remercie des semences d’Eu- calyptus qui lui ont été envoyées, et demande à recevoir des graines de Zapallito, Il joint à sa lettre des renseignements sur la culture de l’Ananas dans les environs de Lishonne, — M, dela Rochemacé accuse réception du couple de Colins qui vient de lui être expédié, et demande des graines de Cha- méærops, de Panais fourrager de Bretagne et de Radis russe, — M, Genesley remercie des graines qui lui ont été adres- sées, et fait parvenir des renseignements sur l’état de son cheptel de Cygnes noirs. M. Genesley ajoute : « Dans votre petite Chronique, il est dit qu’un amateur anglais a laissé impunément des Canaris en volière à l'air libre pendant l'hiver; je n'ai pas de Canaris à l'air libre; mais, dans une volière seulement couverte dans une petile partie également en zine, j'ai une petite serine mulet qui vient de passer son deuxième hiver à l'air hbre en compagnie de Linots, Bouvreuils, Bruants et Moineaux de haies (espèce de Fauvette) ; elle a trés- bien supporté 12 degrés de froid cet hiver, » — M. René Bordet écrit du château des Essarois (Côte- d'Or) : « Je lis dans le numéro du 20 mars de la Chronique, une note relative à la résistance des Canaris aux grands froids. J’ai fait moi-même une expérience identique, et des Canaris, après avoir résisté à tous les froids de l'hiver qui ont atteint 16 degrés, dans une grande volière ouverte, sans toi- ture, s’occupent en ce moment des préparatifs d'une nichée précoce. » Il y a quelques années, je vis de même un Cardinal gris huppé (Loxia cardinalis), qu'il avait été impossible de 240 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. prendre au filet pour le rentrer en lieu abrité, résister, pen- dant l'hiver, à des températures de — 21°, » J’ajouterai que la volière se trouve dans un pays réputé froid, à une altitude d'environ 350 mètres au-dessus du niveau de la mer. » — M. Maurice Girard remet un travail de M. E. Ragonot, sur une Tinéide (Microlépidoptères), nuisible aux Pommes de terre en Algérie (voy. au Bulletin, p. 223). — M. le docteur J. Odstrcil, professeur au gymnase de Tessien (Silésie), adresse le rapport suivant sur ses éducations d’Attacus Pernyt en 1874 : « J'avais au printemps 600 cocons très-beaux qui me donnèrent 4006 grammes de graine. Je divisai cette graine en deux lots inégaux : une petite partie, pour être élevée chez moi; l’autre, beaucoup plus considé- rable, pour être mise en plein bois sur de jeunes chênes. Ce dernier lot, qui se composait d'au moins 30 000 chenilles fut complétement détruit par la grêle et les oiseaux. Ma petite éducation, qui comptait environ 4000 chenilles, put être menée à bien; elle se fit en plein air, dans mon jardin sur des branches de chêne. A partir de la quatrième mue, je ne pris plus la peine de mettre ces branches dans des baquets d’eau, et me contentai de les renouveler quand les feuilles étaient flétries. Aucune apparence de maladie ne se manifesta, et j'obtins 3000 cocons. » Craignant ne pouvoir réussir la seconde génération, Je mis ces cocons dans une glacière, ce qui ne les empêcha pas d’éclore en grande partie, et je ne réussis à garder que 900 cocons pour le grainage de cette année. » J’ai envoyé à kilogrammes de cocons percés à la filature de Goritz. » M. Odstréil termine sa lettre eu priant la Société de vouloir bien mettre à sa disposition de la graine d’Attacus Yama-mai et de la semence de Müûrier du Japon. — M. Roger-Dubos, de Casüullon sur Dordogne, adresse plusieurs exemplaires de la notice qu’il vient de publier sur un procédé proposé par lui pour la destruction du Phylloxera, procédé qui consiste à semer, dans certaines conditions, PROCÈS-VERBAUX. ) 21 au pied de chaque cep malade, quelques graines de Chanvre, de Lupin et de Tabac. M. Rivière émet des doutes sur l’efficacité du voisinage de plants de Tabac pour détruire le Phylloxera dans les vignes. Il s'appuie sur ce fait que le Tabac lui-même n'est aucune- ment à l'abri des attaques de divers parasites; on voit parfois les racines de cette plante, cultivée dans certaines conditions, être envahies par une espèce particulière de Pu- cerons. — M. Lichtenstein écrit de Montpellier : « Je viens rendre compte du fâcheux résultat de mon élevage d’Attacus Yama- mai en plein air, en 1874. » Vous savez déjà par ma lettre du 15 mars, que, par suite d'une série de vents impétueux du nord-ouest, notre ter- rible mistral, ma petite colonie élevée en plein air avait for- tement souffert, j'en avais recueilli les débris en chambre et je les voyais revenir à la santé, à la suite d’arrosages énergiques. » Mais je crois que je leur donnais trop d'humidité, car à la quatrième mue je vis des taches noires se montrer sur mes chenilles. » Je me hâtai de les rapporter sur les arbres en plein air et je les mis sur le Quercus ballota dont les feuilles me parais- saient se rapprocher le plus de celles du Quercus castaneæfo- lia, qui, dit-on, est celui que ces vers mangent avec le plus de plaisir. Effectivement ils les attaquèrent avec avidité, et une chose qui me frappa beaucoup, c’est que ce ne furent pas les feuilles les plus fraîches et les plus iendres que mes chenilles mangèrent tout d’abord; au contraire elles me parurent rechercher les vieilles feuilles sèches de l’année précédente, au moins pendant les deux premiers jours. » Le grand air parut guérir les chenilles malades, et bientôt je les vis commencer à tisser leur cocon sur les feuilles. Ces cocons étaient d’un beau vert, seulement je n'en ai eu que 25. » our ces 25, six sont écloset, chose extraordinaire, il m'est né six mâles !!! 242 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. » Je leur ai vainement offert des femelles de Pernyr, je n'ai pu obtenir d’accouplement. » Je n'ai guëre été plus heureux pour mes élevages de Pernyt (cocons reçus d'Italie); 62 vers ne m'ont donné que 6 cocons, et leurs éclosions ont eu lieu à des distances telle- ment oitntx l'une de l’autre que je n’ ai pas pu joindre les deux sexes. » J'ai tenté en vain l’accouplement de Pernyi avec notre Bombyx Piri indigène. » Enfin, j'ai lâché dans mon jardin où abonde l'ailante une centaine de paires de Bombyx cynthia et je n'avais plus rien revu, quand hier, en examinant les haies qui touchent les ailantes, j'ai trouvé trois cocons de Bombyx cynthia, forte- ment liés à des branches de prunellier et de lilas. » Si la Société désire les cocons vides ou pleins de ces divers Bombyx, je les tiens à sa disposition, mais je pense bien que cela ne vaut pas le port. _» Pour cette année-ci, si la Société d’acclimatation voulait m'envoyer un petit lot de Yama-mai pur, de Yama-mai croisé avec le Pernyi, je tâcherais de refaire mes essais en profitant des leçons de l'expérience acquise par mon insuecés de 4874. » — M. d'Avrainville fait parvenir une note sur la manière de conserver la faculté germinative des graines de certains palmiers (voy. au Bulletin). — M. le Président de la Société d’acclimatation et d’agri- culture de Palerme demande quelques pieds de Bambusa Quilioi pour essayer la culture de cette plante en Sicile. — M. Durieu de Maisonneuve annonce l’envoi d’un régime entier de Chamærops excelsa, renfermant plus d’un millier de graines müres. — Host go, — M. Christian Le Doux accuse réception des diverses graines (Quinoa, Zapallito, Panais fourrager, ete.) qui lu ont été adressées pour des essais de culture dans la Lozère : « En ce qui concerne le Panais, dit M. Le Doux, ce serait wér ritablement de l’acclimatation en tant que racine fourragère utile, avantageuse ; car à ce point de vue elle est totaleraent PROCÈS-VERBAUX. 2h38 inconnue dans le pays, tandis que les plants sauvages font souvent le désespoir des propriétaires en se reproduisant avec une luxuriante végétation dans les prairies, et diminuant considérablement la valeur des fourrages par ses fortes tiges desséchées. » — Le frère Gildas, prêtre du monastère de Notre-Dame de la Trappe des Trois-Fontaines, près Rome, adresse un rap- port sur l’acclimatation de l'Eucalyptus dans la campagne romaine. (Voy. au Bulletin, p. 180.) — M. Émile Trouette, D du comité consultatif des Eaux et Forêts, à dinilanis (île de la Réunion), fait parve- nir un mémoire sur l'introduction de l’industrie du caout- chouc dans la colonie (voy. au Bulletin, p. 230). — La Société d’horticulture de la Gironde demande à prendre part aux distributions de graines annoncées dans la Chronique. — M. le Ministre des affaires étrangères fait parvenir un travail qui lui a été adressé par M. le Consul de France à Palerme. C’est le résumé d’une brochure récemment publiée par M. Guiseppe [nzenga, directeur de l'institut agricole de cette ville, sur la culture du Sumac. — Remerciments. — M. le Consul de France à Malte adresse une liste des diverses Aurantiacées cultivées dans l’île. M. de Laya ajoute que la Société d'agriculture de Malte est toute disposée à nous faire parvenir, en temps opportun, des plants de ces diffé- rentes espèces. — Remerciments. — M. le docteur A. Vinson adresse de Saint-Denis (île de la Réunion), la lettre suivante : « Monsieur le Président, » J'ai reçu le 12 février 1875, la letire que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire au sujet de l’acclimatation des Cin- chonas à l’île de la Réunion. Ce même jour, par une coïncidence curieuse, paraissait, publié in extenso dans le Journal du Commerce (ainsi que vous le verrez par le numéro que je vous envoie), le mémoire sur mes Essais d'acclimata- tion des arbres à Quinquina à l'ile de la Réunion. Ge mémoire, 2! SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. adressé au mois d'août 1874 à l’Académie des sciences par l'entremise de M. le général Morin, contient tous les rensei- gnements que vous pouvéz désirer et qui intéressent la Société d’acclimatation. Outre ma signature au bas de ces observa- tions et de ce compte rendu, vous trouverez celle de mon ami M. Éd. Morin, fils du général, parce que dès le premier jour nos efforts ont été collectifs dans une œuvre commune et poursuivie opiniâtrément depuis dix ans : celle de l’acclima- tation des arbres à Quinquina, à l’ile de la Réunion, c’est-à- dire dans la colonie française la plus propice à cette culture, comme une autre Java, à cette culture qui doit un jour y prendre le premier rang et défrayer en partie la France du lourd impôt qu'elle paye à l'étranger pour l’acquisition des écorces fébrifuges qu’elle est obligée de consommer. » En effet, depuis dix ans, M. Éd. Morin fils et moi, nous n'avons cessé de travailler de concert à l’acclimatation des arbres à Quinquina à l’île de la Réunion. Les Cinchona offi- cinalhs, succirubra, calysaya et en dernier lieu le Cinchona lancifolia sont les espèces du genre que nous avons pu accli- maler. » Le Cinchona lancifoha est actuellement en fleurs pour la première fois. Cette espèce, dont la feuille est plus étroite et la résistance plus grande, paraît devoir mieux que ses devancières s’adapter au climat de la Réunion et aux accidents atmosphériques qui y sont attachés. » Depuis longtemps déjà les autres espèces (C. officinals, succirubra et calysaya) ont donné des fleurs et des semences fécondes (la première fois chez moi, depuis chez d’autres colons auxquels nous avons fourni des graines et des plantes). Leur réussite est complète. » Depuis, en raison de ces succès, M. Morin fils, de son côté, ne cesse Ge demander et de recevoir de M. Van Gorkom des semences de toutes les espèces naturalisées à Java, et moi, de mon côté, d'étendre mes semis et la multiplication de mes plants de Quinquinas par de nouvelles boutures. Ma plantation de Cinchona compte aujourd’hui plus de trois cents beaux arbres dont les troncs grossissent et sont bien solides. (est PROCÈS-VERBAUX, 2h5 encore la plus considérable de la colonie aux termes des ren- seignements donnés au gouverneur (janvier 1875), par l’ad- ministration des eaux et forêts de l'île de la Réunion. Nous nous efforçons, M. Morin et moi, par une propagande con- tinue, par des dons de boutures et de plants, par des distri- butions de graines souvent renouvelées, grâce aux relations assidues de mon ami avec le docteur Van Gorkom, de propager chez les colons la culture des Cinchona. Déjà plusieurs sont en. voie de succès sur une échelle encore restreinte, comme dans tous les commencements. Mais le zèle s’animera avec l'intérêt des produits. Il en sera de la fortune des arbres à Quinquina comme du sort des lianes à vanille. Le gain des résultats en a porté la culture aux dernières limites. » Dés 1867, nos premières tentatives nous ont mérité de la Société d’acclimatalion de Paris une médaille d’argent décernée à M. Éd. Morin et à moi. Le même objet, l’accli- matation du Cinchona à l’île de la Réunion, connue à la So- ciété centrale d'agriculture de France, la même année nous a valu une médaille d’or. » Nous poursuivons donc avec constance et succès une accli- malalion commencée 1l y a dix ans, acchimatation d'autant plus précieuse que l’île de la Réunion est la seule colonie française où il soit fait mention de cette culture, et sous ce rapport on peut dire que dans les possessions françaises l'exemple est partie de son sein. » Veuillez agréer, etc. » À l'occasion de cetle communication, M. Rivière donne d'intéressants détails sur le degré de résistance au froid des diverses espèces de Quinquinas qu’il à été à même d'étudier. Le C. succirubra se montre plus rustique à cet égard, mais ne supporte pas un froid prolongé, tandis que l'officinalis résisle mieux que Lout autre à un long abaissement de tempé- _ralure, si le froid ne dépasse pas certaines limites. — M. Île Président donne lecture : 1° d'une lettre par laquelle M. le contre-amiral du Quilio, commandant la marine en Algérie, lui annonce l'envoi pour 216 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. le Jardin d’acclimatation de deux Perdrix rouges de l'Algérie. — Remerciments. 2° d’une lettre de M. Thirion-Montauban, ministre : pléés potentiaire de la Républiqué Dominicaine à Paris, transmiet- tant un mémoire sur les Léporides. M. Thirion-Montauban, qui possède en ce moment une trentaine de ces animaux, veut bien en mettre quelques-uns à la disposition de notre Société: — Remerciments. M: Drouyn de Lhuys dépose en même temps sur le bureau : 1° Un volume ayant pour titre : Entretiens sur la botanique par M. J. Schnetzler, professeur à l’Académie de Lausanne, offert par l’auteur à la Société. — Remerciments. 2° Un programme de l'Exposition internationale d’horti- culture qui doit avoir lieu à Cologne, du 25 août au 26 sep- tembre 1875. 3° Un numéro de La Sentinelle du Midi, renfermant un article relatif à la décision récemment prise par M. le Mimistre de la marine, pour le rétablissement de madragues sur le littoral des département du Var et des Alpes-Maritimes. — M. Camille Dareste fait part à l'assemblée de quelques observations nouvelles se rattachant à la communication faite par lui, dans la séance précédente, sur les causes qui peuvent amener la production d'œufs clairs. — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau des graines de plusieurs espèces de Conifères (Thuya nain, Thuya Lob- bu, Pinus monticola, Cupressus Lawsoniana), offertes à la Société par M. Pépin. — Remerciments. — M. Millet rappelle à la Société que nous entrons dans la saison où nos oiseaux indigènes font leurs nids, et où les oiseaux migrateurs vont revenir en France, pour S'y repro- duire. Le moment est donc très-opportun de terminer les préparatifs nécessaires à l'établissement des nichoërs artifi- ciels pour les oiseaux tels que Mésanges, Rossignol de mu- raille, Torcol, Étourneau, etc., qui nichent dans les trous et. cavités des arbres, ou des murailles. Notre confrère a, du reste, déjà donné à cet égard des renseignements précis, qui ont été consignés tant dans notre Zulletin que dans celui de PROCÉS-VERBAUX. 217 la Société protectrice des animaux. Le volume publié par la Société sur la production animale et végétale à l'Exposition universelle de 1867, contient également un très-intéressant mémoire de M. Millet, sur la nidification artificielle des Oiseaux. — M. Vavin appelle l'attention de la Société sur un pro- cédé de culture de la Tétragone dont il obtient de bons résultats : « La Tétragone, qui peut être comparée aux meil- leurs épinards, a, dit notre confrère, le grand avantage de commencer à donner des produits vers le 10 juin, sous le climat de Paris; et la récolte se continue jusqu'aux gelées, sans que la plante monte en graines. » On pourrait donc s'étonner de rencontrer si rarement de la Tétragone dans la plupart des potagers. On sait que l’épi- nard, à peine sorti de terre, en été, monte aussilôt en oraines ; malgré des semis successifs, la culture en est toujours très-difficile dans les étés chauds. C’est pendant les plus fortes chaleurs, au contraire, que les rameaux de la Tétragone crois- sent avec le plus de rapidité, et émettent le plus abondam- ment de feuilles. » Îlest vrai qu’un grave inconvénient a été fréquemment signalé ; c’est que les graines lèvent souvent assez mal et iné- galement. Beaucoup de personnes qui ont acheté de la graine de Tétragone pensent avoir été trompées sur la qualité de cette graine, et souvent renoncent à une culture que je con- sidère comme très-avantageuse ; c’est pour obvier à cet incon- vémient que je viens indiquer le moyen auquel j'ai recours et qui m'a donné les résultats les plus satisfaisants. - » Lorsque les graines sont bien müres, je les fais stratifier dans du sable et je les sème en février, dans une terrine à boutures, que je place sous un châssis. De ceite façon, presque toutes les graines lèvent et sont mises en place, aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre. » Un autre procédé, encore plus facile, est de semer en octobre les graines dans une terrine à boutures, remplie à moitié de terreau et de sable de plaine, on place cette terrine dans une serre tempérée, en faisant de temps en temps de 248 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. légers bassinages. Lorsqu’arrive le mois de mars, toutes les graines lèvent, je pourrais presque affirmer sans exception. » — M. le docteur Turrel, délégué de la Société à Toulon, qui assiste à la séance, donne des détails pleins d'intérêt sur la propagation des Eucalyptus dans nos départements méri- dionaux, et sur l’heureuse influence de ces plantations au point de vue de lassainissement des terrains insalubres. M. Turrel mentionne également une observation récemment faite et qui semblerait établir que les émanations des Euca- lyptus exercent une action destructive sur le Phylloxera. . À cette occasion, un débat s'engage entre MM. Turrel, doc- teur Jeannel, Maurice Girard et Millet sur la question si con- troversée du Phylloxera cause ou effet de la maladie de la vigne. | M. le D' Turrel est d'avis que le Phylloxera provient de l'épuisement des sols. M. Maurice Girard oppose à cette assertion ce qu'il a été à même de constater en 1874, lors de sa mission dans les Cha- rentes et le Bordelais, savoir que des vignes plantées en terres vierges, qui n'avaient jamais reçu pareille culture, ont. été tout aussi attaquées que les vignes les plus anciennes, sur des sols affectés aux vignobles depuis des siècles. M. le D' Turrel répond que l’affaiblissement des terres n’est pas la seule cause de la maladie de la vigne, mais que ce vé- gétal, ne provenant pas de semis, a subi une dégénérescence due à une reproduction par marcottes ou par boutures depuis un temps immémorial. M. Maurice Girard pense qu'on ne saurait assimiler les végélaux aux animaux supérieurs sous le rapport des lois gé- nérales de la reproduction. « Beaucoup de plantes, dit-il, se propagent naturellement d’une autre façon que par graine, sans jamais dégénérer ; ainsi, par exemple, le Manglier (RA- zophora Mangle), et le Figuier des pagodes (Ficus religiosa), couvrent d'immenses espaces de terrains, au moyen des sujets issus de leurs longues racines adventives aériennes; le Fraisier progresse dans toutes nos coupes de bois, grâce à ses stolons qui rampent sur le sol, le Chiendent et le Sceau de Salomon PROCÈS-VERBAUX. 29 (Polygonatum vulqare) par leurs nombreux rhizomes souter- rains, etc. » On disait autrefois, à propos de l’oidium, ce qui se répète aujourd’hui sur le Phylloxera; on prétendait que le crypto- game n’était qu’un effet ou tout au plus une cause médiale d’un état maladif de la vigne, etc. Or une fois le remède spé- cifique trouvé dans le soufre pulvérulent, la vigne, soi-disant malade, est revenue à la santé; espérons qu'il en sera bientôt de même à l'égard du Phylloxera, grâce aux sulfocarbonates alcalins. » M. Millet fait observer que le mode d’invasion et de diffusion du Phylloxera démontre, de la manière la plus évidente, que le Phylloxera est cause et non effet; que, dans l’opinion con- traire, on ne pourrait pas expliquer pourquoi la Bourgogne et la Champagne ne sont pas encore envahis, quoique ces vi- onobles soient moins vigoureux et surtout plus maltraités que ceux du Midi; que, dans les excursions qu'il a faites à l’époque du Congrès international viticole de Montpellier, il a pu étu- dier de vastes étendues de terrains, de natures trés-différentes, plantés en vignes depuis un lemps immémorial ou seulement depuis quelques années ; que, partout, ces plantations sont envahies de proche en proche ou par voie de diffusion de l’in- secte ailé, mais toujours dans un rayon assez circonscrit, Notre confrère estime que l’un des moyens les plus efficaces d'entraver cette diffusion, c’est de protéger les ozseaux insec- tivores qui, malheureusement, sont devenus très-rares dans les départements méridionaux ; 1l rappelle, à ce sujet, que le Congrès de Montpellier a, sur sa proposition, émis un vœu très-favorable à cette protection. | — M. le docteur Turrel dépose sur le bureau quelques cônes remarquablement beaux de Pinus Sabiniana et de plu- sieurs autres espèces de Conifères. Notre confrère fait également hommage à la Société d’exem- plaires de l'ouvrage qu'il a publié sous le titre : Les résidences d'hiver. — Remerciments. — M. Léon Vidal rend compte de la découverte qu’il a faite d'un procédé permettant de reproduire les animaux et 3e SÉRIE, T. IL. — Avril 1875. 17 250 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. les végétaux, avec leur coloris propre, par la photographie, et sans le secours du pinceau. Notre confrère met sous les yeux de l'assemblée plusieurs planches obtenues par ce pro- cédé, qui semble appelé à rendre de grands services à l'étude de l’histoire naturelle. | Il est dépose sur le bureau : 1° Notice sur une espèce d'Isonandra fournissant un pro- duit similaire à la Gutta, par M. Pierre, directeur du Jardin botanique de Saïgon (offert par l’auteur). % Les Trombes de mer, par M. le docteur Bonnafont, ex- médecin principal des armées (Extrait du Bulletin de l’asso- cation scientifique de France. — (Plusieurs exemplaires offerts par l’auteur). 3° Un numéro du Journal d'agriculture progressive ren- fermant un compte rendu de l'ouvrage de M. Bossin, sur le Melon vert à rames, par M. Vavin. SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 AVRIL 1879 Présidence de M. le D' LABARRAQUE, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une observation de M. Millet. — M. lei Président fait connaître les noms des Membres nouvellement admis par le Conseil. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. J. Thirion Montauban. A. Blacque. A, Geoffroy Saint-Hilaire. l Raveret-Wattel: À. André. | À. André. J. Bouguet. E Caillaud: ALI-PACHA (Son Excellence), ambassadeur de Turquie, rue Laffitte, à Paris. BACHELIER (Paul), 418, rue Neuve-des-Augus- | tins, à Paris. BorcET (E.), propriétaire, 9, boulevard de la Madeleine, à Paris. CHABOT DE lÊCHEBRUN (Joseph), propriétaire, : Drouyn de Lhuys: à Fontenay-le-Comte (Vendée). ÿ ÿ Ch. Pacqueteau: PROCÉS-VERBAUX. 251 CHARON (Émile), proprittaire, au château du ia Petit Chatenet, commune de Saint-Valérien, { A. Geoffroy Saint-Hilaire. par Lhermenault (Vendée). Ch. Pacqueteau. CouviLLe (Henri de), membre du Conseil | Drouyn de Lhuys. Drouyn de Lhuys. ral de la Manche, au château de Querqueville,/ Duchartre. par Cherbourg (Manche). Yver de la Vigne Bernard. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Pierre Pichot. Drouyn de Lhuys. Duchartre. À. Geoffroy Saint-Hilaire. | Li | Fiippint (Angelo), 23, rue des Écuries d’Ar- tois, à Paris. GEOFFROY DE VILLENEUVE (René), au château de Chartreuve, par Fismes (Marne). KAPFERER (Charles), propriétaire, 3, rue Wind- sor, à Neuilly (Seine). À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. D' H. Labarraque. MERCIER (Léon), propriétaire au château de Drouyn de Lhuys. Beaurouve, commune d’Illiers (Eure-et-Loir), A. Geoffroy Saint-Hilaire. et avenue Friedland, 4, à Paris. Raveret-Wattel. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Ch. Le Doux. P. Carbonnier. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. , À. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Waitel, A. Touchard. Drouyn de Lhuys. Duchartre. À. Geoffroy Saint-Hilaire. TOcQUEvILLE (le vicomte René de), membre du { Duchartre Conseil général de la Manche, au château à À. Geoffroy Saint-Hiiaire. . Tourlaville, par Cherbourg (Manche). \ Yver de la Vigne Bernard. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. ; Pierre Pichot. LABARRAQUE (Édouard-Frédéric-Antoine), doc- teur, boulevard de Strasbourg, 55, à Dan MÉRITENS (le baron E. de), 36, rue de Boulogne, à Paris. MoicweT (Jacques-Ernest), fabricant de sucre, aux Andelys (Eure). PorLiER (Paul), 4, rue Godot-de-Mauroy, à Paris, et à Vigny, près et par Meulan {Seine- et-Oise). RAVENEAU (Stephen), 87, rue d'Amsterdam, à Paris. VILLOT (Georges), 26, rue de la Ferme-des-Ma- thurins, à Partis. — M. le Président fait part à la Société de la nouvelle perte qu'elle vient de faire par suite du décès de M, A. de Monicault, ancien préfet. — M. Drouÿyn de Lhuys, retenu par une indisposition, fait 252 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance, et transmet à la Société la lettre suivante qu'il a reçue de madame de Cotès: « Je vous envoie ci-joint de la graine Quinua amarga, vomitif très-énergique qu’on emploie gené- ralement au Pérou pour couper les fièvres intermitientes qui ont résisté à la quinine. » Nous avons aussi la Quinua douce, qui est blanche et que le peuple emploie comme aliment. Le goût en est assez agréa- ble. Je demanderai qu'on m’en expédie. » Je vous adresse également un peu de Maïs blanc, de Guzco, qui est fort estimé pour sa couleur et sa grosseur. » Je demanderai aussi du Maïs violet, dont la teinte est fort jolie et sert à colorer les gélatines. " : » Recevez, etc. » P.S. —- Voici la recette pour l’emploi de la Quinua amarga : Le soir, on met dans un verre d’eau chaude deux onces de cette graine qu'on laisse infuser jusqu'au lendemain matin, après quoi on l’écrase et on la presse dans un linge; on prend alors la moitié du verre et un instant après un peu d’eau tiède ; une demi-heure après, on prend le reste du verre, puis encore un peu d’eau tiède comme boisson, pour finir de dégager l'estomac. » — MM. Liénard, Turmann et Vignes adressent des remer- ciments au sujet de leur récente admission. — MM. Bourrit, général baron de Béville, Hétet et P. Drouil- het de Sigalas, demandent à prendre part aux distributions de graines annoncées par la Chronique. — MM. Boigues, Bourrit, Charlot, Gaullier, Martel-Houzet, Moreau; G. Roy et Persac, ainsi que la Société d’horticulture d’Etampes, accusent réception et remercient des divers envois d'animaux et de graines qui viennent de leur être faits. MM. de Coutans, Frémv, Dreyfous, Leroy, comte de Perri- ony, Riban et Sarrus font parvenir des comptes rendus de l’état de leurs chepteis (voy. au Bulletin). — S, À. Mor le duc d'Aumale demande à recevoir divers oiseaux en cheptel. — M. José Rodriguez fait parvenir un nouveau rapport sur PROCÈS-VERBAUX. 253 l’acclimatation, par ses soins, du Faisan argenté à Guatémala (renvoi à la commission des récompenses). — M. l'abbé Furet rend compte du bon résultat que lui a donné l'emploi de l’eau de chaux pour la conservation des œufs, même dans un pays (les îles Lieou-Kieou, Japon) où la température moyenne dépasse 20 degrés. M. Furet signale en même temps l’emploi avantageux qu'il a eu occasion de faire de la viande de bœuf bouillie pour la nourriture de divers oiseaux insectivores. — M. de Amézaga fait parvenir le rapport dont il avait annoncé l'envoi, sur des essais d’acclimatation de l’Attacus Yama-mai en Espagne (v. au Bulletin, p. 217). Notre confrère ajoute : « Je profite de l’occasion pour vous annoncer l'envoi en Estramadure de 10000 plants de Ramie qu'a bien voulu me fournir M. Paul Bohé, de Port-Vendre. Malheureusement j'ai appris fort tard qu'on pouvait se les procurer, et le ter- rain ayant été préparé à la hâte, la réussite est douteuse. A tout risque cependant, J'ai voulu tenter une épreuve dont j'aurai l'honneur de vous rendre compte. » — M. Gorry-Bouteau écrit de Belleville, près Thouars (Deux-Sèvres) : « Ayant lu dans plusieurs ouvrages et notam- ment dans le Bulletin de la Société; que l'éducation de l'Attacus Fama-mai élait souvent compromise par le manque de nourriture aussitôt après l'éclosion, je me suis demandé si les feuilles de chêne qu’on trouve ençore dans les bois à cette époque de l'année ne pourraient pas suppléer aux jeunes feuilles, en attendant que celles-ci soient complétement dé- veloppées. » J'ai fait hier une petile excursion dans les bois et j'en ai rapporté quelques feuilles dont je vous envoie un échantillon, en vous priant de l’examiner et de m'informer si ces feuiiles peuvent, en effet, servir de nourriture aux Jeunes Vers. » Je profite de l’occasion pour vous faire connaitre que mes Dindons sauvages sont en bonne santé; la femelle a com- mencé sa ponte hier 11 avril dans la soirée. » — M. Maurice Girard annonce à la Société que les cocons d'Attacus Pernyi, G. Mén., directement envoyés de Chine à 254 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. notre Société, par M. de Geofroy, ministre plénipotentiaire, commencent à éclore. Ils ont été confiés aux excellents soins de M. Berce qui a obtenu les premiers accouplements le 13 avril, et se dispose à faire grainer. Beaucoup de cocons n’écloront pas, les chrysalides ayant êté écrasées ou asphyxiées dans le trajet. À cette occasion, notre confrère signale l’importance de soigner l’emballage de semblables envois ; rien de plus simple d’ailleurs, ajoute-t-il, que de mettre les cocons au mi- lieu de paille grossièrement froissée, et de ménager des trous à air aux parois de la caisse. — En rendant compte de l’arrivée en bon état de la graine d’Attacus Yama-maï qui lui a été expédiée, M. Lichtenstein ajoute : « J’ai de quoi nourrir mes Vers, car un chêne précoce a déjà ses bourgeons bien développés et quelques jeunes feuilles ; et, de plus, j'ai le Quercus Ballota, quine perd jamais son feuillage, dont les Vers ne se sont pas mal trouvés l’année passée ; j'attends donc sans crainte les naissances, » Je prends la liberté de vous adresser un numéro du Mes- sager du Midi contenant quelques mots sur la Chrysoméle de la pomme de terre. Je serais très-heureux que cela püt inté- resser nos collègues. » — M. Brunet écrit à M. le Secrétaire général: «Il ya quel- ques années, vous eûtes la bienveillance d'accueillir ma de- mande d'exposer au Jardin d’acclimatation la matière textile des branches de Mürier taillées annuellement, dont je poursuis l'introduction dans l’industrie. À cette époque, l'Exposition des insectes avait lieu, et MM. Boisduval, Hamet et Rivière me demandèrent d’être exposant, je n'avais pas assez de matière textile pour la diviser; je réunis tout au Palais de l’industrie, et cela attira tellement l'attention et l'intérêt du public qu'il fallut apposer deux gardiens pour empêcher que tout dispa- rül. La presse rendit compte de l’avenir de cette découverte. _ Le ministre chargea, en 1870, M. Chabannes de la Giraudière de lui faire un rapport qui me fut communiqué ; 1l concluait à ce que le gouvernement m’accordât tous les fonds nécessai- res pour continuer en grand mes expériences ; la guerre etles années malheureuses qui suivirent ne me permirent pas de PROCÈS-VERBAUX. 255 renouveler ma demande, c’est en vain aussi que j'ai espéré qu’à l’aide de sommes qui me sont dues je pourrais exécuter mon projet. | » L’an dernier je me rendis à Lyon, les membres de la commission des soies, comme M. de Chabannes, me manifes- tèrent leur admiration etse mirent à ma disposition pour celte année; déjà en 1873 plusieurs crands négociants me firent des propositions, mais ma conviction est que je ne dois pas m'exposer à être trop en vue : J'aurais trop à craindre, d’au- tant plus que la somme qui m'est nécessaire est minime (quelques mille francs). » J'ai pensé, monsieur, que si je parvenais à vous con- vaincre : » 1° Qu'en quelques années la France pourrait être dotée de tout le coton qui lui est nécessaire ; » 2° De toute une seconde qualité de soie propre à la fabri- cation des étoffes de fantaisie ; » 3° Qu’à l’aide des mêmes procédés j'arrive de suite à donner au Lin une douceur, une finesse, une blanchieur in- connues ; » 4° Qu'en un mot j’augmente de beaucoup la valeur de toutes les matières textilés, Je suis convaincu, dis-je, que vous m'aiderez de vos conseils et de votre appui pour réunir le petit capital qui m'est nécessaire, afin d’aller à Nimes ou à Avignon m'installer au milieu des sériciculteurs. » Recevez, etc. » M. Maurice Girard ne pense pas qu'il ÿ ait lieu d’encoura- ger des essais d’atilisation de la matière textile du Mürier. Il est à sa connaissance que plusieurs personnes et notamment M. Duponchel, ingénieur: en chef des ponts et chaussées dans l'Hérault, ont éprouvé de graves mécomptes en cher- chant à introduire celte matière dans l’industrie, où elle n’a pas paru susceptible d'application. — M. Coignard rend compte de l'insuccés d’une tentative de culture de l'Eucalyptus en pleine terre, à Meslay-du-Maine (Mayenne) ; bien que plantés dans une situation abritée, les jeunes arbres ont péri dès le commencement de lhiver. 256 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, —— M. Decroix exprime le désir que des renseignements soient demandés en Gochinchine, sur la plante qui fournit les graines dont il a remis un échantillon dans la dernière séance et que les médecins annamites emploient comme médicament contre la rage. À ce sujet M. Rivière fait connaître que quelques-unes des graines remises par M. Decroix, ayant été présentées à la Société centrale d’horticulture par M. Vavin, elles ont été dé- terminées par M. Baillon qui y a reconnu la semence d’Ade- nanthera pavonina, plante de la famille des légumineuses. Ces graines, qui possèdent des propriétés astringentes, four- nissent, par décoction, un mucilage employé comme cosmé- tique par les femmes du pays. — M. J. Aguirré-Montufar écrit à M. le Secrétaire géné- ral : «Je vous ai fait parvenir un petit paquet de graines de l'Équateur (environs de Quito). Ces graines sont de deux sortes : » 4° Graine de Taxo (nom de la langue quitchoua qui se prononce comme Je viens de l'écrire). Le Taxo est une plante grimpante dont la fleur de couleur rose et noire, d’ailleurs fort belle, affecte la forme d’une trompette, Il produit un fruit allongé qui, parvenu à sa maturité, a la couleur de l’or et dont le parfum est exquis. Ce fruit s'emploie dans les boissons et les glaces pour donner aux divers breuvages une saveur parti- culière, à peu près comme l'on fait du citron ou des sirops. On peut aussi le manger. » 2 Graine de Granadilla. C’est aussi une plante grim- pante dont la fleur, qui par sa forme rappelle celle de l’arti- chaut, est blanche et violette avec fond jaune. Cette fleur est particulièrement remarquable par son parfum. Le fruit, qui doit son nom à sa ressemblance avec la grenade, se mange sans aucune préparation: en Amérique, il est spécialement recherché par les Européens. » Les deux plantes (surtout la Granadilla) exigent une tem- pérature de 15 à 18 degrés de chaleur. Le Taxo vient même à une température bien moins élevée. » J'ai déposé également à votre bureau de la graine de PROCÈS-VERBAUX. 267 Quinoa, provenant de Quito ; vous connaissez l’usage de cette plante. » | — M. le docteur Auzoux écrit de Saint-Aubin d’Escrosville (Eure) : « La Société distribuant des graines de Chamærops excelsa, je viens vous prier de vouloir bien me comprendre au nombre de ceux qui veulent tenter l’acclimalation de ce Palmier au nord de Paris; je l'ai vu réussir très-bien et pousser dans toutes les haies aux environs de Yokohama (Japon) ; la latitude de ce point se rapproche un peu de la nôtre, mais est moins froide l'hiver, grâce au courant chaud qui baigne la côte sud-est de ce pays ; le climat se rapproche de celui de nos côtes de Bretagne. » J'ai vu également faire des plantations de ce Chamaærops à Shang-haï, je ne sais quel en a été le résultat; cependant la première moitié de leur premier hiver s'était passée sans ac- cident ; ils avaient été plantés sur le quai de la concession an- glaise longeant le Wampoo, situation extrêmement froide surtout par les vents du nord qui sont le plus à redouter dans cette localité. » — M. le docteur Regulus Carlotli fait hommage à la So- ciété d’un exemplaire du nouvel ouvrage qu'il vient de publier sur l’Assainissement des régions chaudes insalubres, au moyen de plantations d'Eucalyptus. Il annonce en même temps la mise en essai sur divers points de la Corse, des treize espèces d’'Eucalyptus dont la Société lui a fait parvenir de la graine. — À l’occasion du Mémoire de M. le docteur Laval sur le Stulphion, inséré dans le Bulletin (1874, p. 214), M. le doc- teur O. Fischler, secrétaire correspondant de la Société physico-économique de Kônigsberg, signale un travail sur le même sujet, publié dans les Comptes rendus (Forhendlinger) de la Société royale danoise des sciences, par Œrstedt (1869, résumé en français, p. 6). — M. le docteur Aubert sollicite le patronage de la Société d’acclimatation pour une Société séricicole qu’il désire fonder dans les Charentes : « Nous avons, dit-il, très-peu de Müriers dans les deux Charentes. La sériciculture y est très-rare. En 258 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. présence des ravages du Phyllozera dans nos vignobles, peut- êtretournera-t-on les yeux vers un moyen de consolation à nos pertes. Non-seulement j'ai l'intention de planter des müriers, mais surtout je veux essayer, dés cette année, l’éducation de l'Attacus Yama-maï dans notre région où croissent sponta- nément plusieurs variétés de chêne dont s’accommoderà, je l'espère, ce Ver à soie. » Si vous daigniez me gratifier de vos conseils et me dire toute votre pensée au sujet de l’œuvre que j’entreprénds, je vous serais infiniment obligé. » | Notre Société ne peut qu’applaudir vivement à l'institution projetée par M. le docteur Aubert et qui paraît appelée, en effet, à rendre de sérieux services. — Le Président du conseil d'administration de la Société de Saint-Louis-du-Rhône, adresse la lettre suivante : « Monsieur le Président, » La Société de Saint-Louis-du-Rhône, propriétaire de ter- rains considérables situés sur la rive gauche du Rhône, non loin de l'embouchure de ce fleuve, en poursuit principale- ment la mise en valeur au point de vue du développement commercial que doivent amener sur ce point l’ouverture du canal Saint-Louis, la construction du chemin de fer de Saint- Louis à Arles, qui est commencé, et enfin la réorganisation de la batellerie du Rhône, sous les auspices de M. Dupuy de Lôme. » Néanmoins la question agricole est loin d'être oubliée. Nous nous efforçons de mettre en culture quelques parties des immensités stériles qui nous entourent; et nous avons déjà obtenu certains résultals satisfaisants. » Mais, quoi que nous fassions et quoi que fassent nos suc- cesseurs, les parties cultivées apparaitront encore longtemps comme des oasis dans ces déserts, dont l’œil ne peut mesurer l'étendue, qui ne produisent que de petites pousses salées, dé- nommées Anganes. » Nous nous sommes demandé si, à ces Anganes inutiles, qui couvrent des milliers d'hectares, on ne pourrait pas sub- PROCÉS-VERBAUX. 299 stituer quelque plante fourragère ou industrielle qui pourrait être semée fructueusement sur une étendue aussi considéra- ble, et vivre d'elle-même, en attendant que les défrichements lui fassent céder la place à de véritables cultures. » Peut-être l’A/fa conviendrait-il à une opération de ce genre. La nature du sol auquel nous avons affaire, et les con- ditions climatériques, ne sont pas sans analogie avec le climat des hauts plateaux de l'Algérie ; en tout cas, un essai de cette plante sur les terrains de Saint-Louis- du- Rhône donnerait des résultats utiles. » J’ai pensé que la Société d’acclimatation voudrait bien apporter à cette tentative le concours de son expérience et de ses lumières, et c’est dans cette espérance que je me permets, monsieur le Président, de vous adresser le questionnaire ci- dessous, dont je vous prie d’excuser la forme un pêu bréve, mais commode par sa précision : » 1° Y a-t-il déjà eu des tentatives faites pour acclimater Alfa dans les grands terrains stériles du Midi de la France ? » 2° Pourrait-on trouver auprès de quelques Sociétés d’agri- culture ou de quelques agriculteurs, des avis, des renseigne- ments à ce sujet ? » 3° Dans le cas où l’on ne pourrait être guidé par aucun devancier, quels seraient les moyens à employer pour se pro- curer la plante, et essayer de la faire prospérer ? » Veuillez considérer, monsieur le Président, que l’œuvre que nous voudrions mettre en train est moins œuvre d'intérêt privé que d'intérêt public et général; si elle réussissait, il en résulterait une application utile à plus de 100 000 hectares de terre laissés jusqu’à ce jour totalement improductifs. » Veuillez agréer, etc. » Une commission, composée de MM. Raveret-Wattel, Rivière et Vavin, est désignée par M. le Président pour étudier les diverses questions contenues dans cette lettre, et fournir les éléments de la réponse qui devra être adressée à la Société de Saint-Louis-du-Rhône. — M. Carbonnier annonce l’arrivée à Marseille de A0 nou- veaux Gouramis rapportés par son neveu M. Paul Carbonnier. 260 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Notre confrère profite de celle occasion pour mettre sous les yeux de l’Assemblée des spécimens d'une curieuse espèce de Poissons transparents qu'il a reçus de Chine, ainsi que de l'alevin de Truite d'Amérique obtenu d'œufs qui faisaient par- tie de l’envoi fait à la Société, au mois de décembre dernier, par M. Seth Green, de New-York. Gel envoi, qui se composait, on s'en souvient, d'œufs de trois espèces différentes de Salmonides de l'Amérique du Nord, cuincida malheureusement avec les jours les plus froids de l'hiver, el presque tous ces œufs furent plus on moins atteints par la gelée pendant le trajet du Havre à Paris. Il ne fut pos- sible d'en sauver qu'environ 200, tous de la même espèce; encore ne donnérent-ils qu’une centaine de sujets bien con- formés ; les autres présentent diverses monslruosités que notre confrère croit pouvoir attribuer à l'action du froid sur l’em- bryon. 1! rappelle que des chocs, des manipulations trop fré- quentes, etc., produisent des accidents analogues. C’est ce qui arrivait, en effet, quand, avant les perfectionnements apportés aux appareils d’incubation, on était obligé d'enlever par des brossages au pinceau les sédiments que l’eau déposait sur les œufs. | M. de la Blanchère émet cette opinion que les monstruosi- iés nombreuses conslatées par M. Carbonnier pourraient peut-être tenir à la manière dont les œufs ont été fécondés. « Nos collègues de la Société, dit-il, ne sont peut-être pas au courant des découvertes qui se font chaque jour en pisci- culture, et tandis que la France s'endort et laisse ses res- sources improductives, les pays étrangers travaillent tous à l'envi et, dans un avenir prochain, seront arrivés à se créer des ressources alimentaires immenses. Au premier rang des aquiculteurs, il faut compter les Arcricains du Nord qui ont pris pour base de leurs opérations un poisson anadrome, l'A- lose (Alausa sapidissima), tout à fait voisine de celle que nous dédaignons de voir dans nos fleuves. » Comme là-bas tout se fait grandement et pratiquement, on est arrivé du premier coup à manipuler des quantilés pro- digieuses d'œufs ; un exemple entre tous : on a fait éclore, en PROCÈS-VERBAUX. 261 trois ans, à une seule station sur le Connecticut, la quantité phénoménale de deux cent millions d’Aloses. West bien évi- dent qu’en présence d’éducations semblables les appareils généralement employés chez nous eussent été insuffisants ; aussi les Américains se sont-ils empressés de les laisser de côté. » Il en a été absolument de même de la méthode d’impré- gnation préconisée et retrouvée chez nous. Les Américains ont emprunté aux Russes la méthode de fécondation à sec, inventée chez eux par un ingénieur des pêches, M. Vrasski. Longtemps on a mêlé ensemble les œufs et la laitance dans une certaine quantité d'eau, c'était se placer aussi près de la nature que possible : je ne dis pas obtenir le maximum d’im- prégnation avec une quantilé de laitance donnée, mais c’était certainement placer cet acte mystérieux dans le milieu où il s'exerce librement. M. Vrasski, au contraire, verse cn l’ad- ditionnant à peine de quelques gouttes d’eau la laitance sur les œufs rassemblés à sec dans un vase. » Évidemment l’eau ajoutée ici n’est qu’un diluant et non un élément, un milieu. On peut donc affirmer que les ani- maux spermiques se trouvent, en présence des œufs à péné- trer, dans des conditions anormales et antinaturelles qui ne peuvent pas ne pas influer sur le résultat final. » Ne pourrait-on pas attribuer à cetre différence initiale de traitement la seule vraiment importante existant entre les moyens français et les moyens américains, le percentage beau- coup plus élevé des embryons difformes chez leurs produits que parmi les nôtres? On pourrait encore croire que les monstres à deux têtes et à deux queues, c'est-à-dire une monstruosité ressemblant à deux êtres associés par les or- ganes embryonnaires, sont dus au traitement dont nous vce- nons de parler. » Nous ne pousserons pas plus loin ces interrogations aux- quelles nous nous livrons ex abrupto : la matière vaudrait la peine d’être étudiée à fond... quand quelques Français au- ront le temps de s’occuper d’aquiculture ! » M. Raverel-Walttel fait remarquer que la méthode séche est 962 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. également très-usitée aujourd’hui en Angleterre, où l’on ne constate point cependant une fréquence plus grande des ças de monstruosités. M. Maurice Girard pense qu'il faut plutôt voir, dans les faits signalés par M. Carbonnier, des cas pathologiques que de véritables monstruosités. M. Millet rappelle qu'il a signalé, dès 1854, le nombre toujours très-restreint de sujets mal conformés qui provien- nent de frayères naturelles, alors que les œufs fécondés arti- ficiellement en donnent généralement une assez forte pro- portion. Quant aux monstruosités ainsi produites, et qui ne sont en général que des dfformutés, elles ne peuvent être que le résultat d'accidents arrivés à l’œuf pendant l'évolution de l’embryon et non avant. M. Millet, qui a sou- vent insisté sur les différences que présentent les diverses espèces de Truites sous le rapport de la rapidité de leur croissance, fait remarquer l'importance qui s'attache à peupler surtout les eaux françaises d'espèces se développant vite. À ce point de vue, la Truite americaine qu’élève en ce moment M. Carbonnier lui semble offrir un intérêt particulier; l’ale- vin présenté par notre confrère a déjà, bien qu’âgé de trois semaines seulement, A centimètres de longueur; il est ainsi d'un tiers plus gros que l’alevin de même âge de la Truite ordinaire. | — M. de Sémallé signale un cas de guérison de la rage que cite le Bulletin de la Société pour la répression du braconnage en donnant l'indication du traitement employé. M. Maurice Girard fait observer que, d’après le rapport de M. Bouley sur la rage, l’inoculation du virus n’a pas tou- jours forcément lieu à la suite d’une morsure; certains indi- vidus paraissent tout à fait indemnes, ce qui peut induire en erreur et faire croire à des cas de guérison. — M. le Secrétaire général met sous les yeux de l’Assem- blée divers modèles des sifflets en bambou qu’on attache en Chine à la queue des pigeons pour effrayer les oiseaux de proie. Peut-être ce moyen pourrait-il être employé pour pro- téger les pigeons employés au transport de dépêches en temps PROCÈS-VERBAUX. 263 de guerre, car, dans certains États d'Europe, en Russie no- tamment, on s’occupe de la création d’une fauconnerie mili- taire chargée d'arrêter au passage les pigeons voyageurs. M. le comte d'Ernemont ne pense pas qu'une semblable fauconnerie puisse donner de bien sérieux résultats, car on ne saurait opérer à la guerre comme sur unterrain de chasse. M. Geoffroy Saint-Hilaire répond qu'il a plusieurs fois eu occasion de chasser à l'oiseau, et que cette chasse est assez simple pour pouvoir être pratiquée au besoin presque sous le feu de l’ennemi. M. Raveret-Wattel craint que l'emploi des sifflets ait pour inconvénient de signaler le passage des Pigeons et d'attirer sur eux le plomb des chasseurs ennemis. — M. Mazilier entretient la Société de son système d’abris en planches pour préserver les vignes contre les gelées. M. Millet objecte que ces appareils seraient trop coûteux pour être employés sur une grande échelle. M. Geoffroy Saint-Hilaire partage cette manière de voir, et fait remarquer que, dans tous les cas, ces abris ne doivent être efficaces que contre une gelée par rayonnement et non contre un abaissement de température de 6 à 8 degrés, comme on a cru pouvoir l’affirmer. — M. A. Rivière donne des détails pleins d'intérêt sur le mode de végétation des diverses espèces de Bambous, et sur les procédés de multiplication de ces végétaux (voy. au Bulletin). — [l est déposé sur le bureau : 1° Un mémoire de M. Carbonnier, sur la Découverte d'une station préhistorique dans le département de la Seine (extrait du Bulletin de la Société académique de Brest). 2° Istruzione popolare sulla Phylloxera vastatrix del D‘ L. Rœsler, traduzione dal Dott. Alberto Levi. 3° Un exemplaire des statuts de la Société internationale d’insectologie agricole, qui vient de se constituer. 264 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 90 AVRIL 4879 Présidence de M. DRouyN DE LHUYS, président, Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le président proclame les noms des membres nou- vellement admis. MM. Présentateurs. { A. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Jules Grisard. Vicomte de Bélizal. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Drouyn de Lhuys. Louvrier. Moreau. Vicomte de Bélizal. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Drouyn de Lhuys. D' Henri Labarraque. DT Edouard Labarraque. CoLas (A.), constructeur, 10, rue de l'Abreu- | so EE voir, à Courbevoie (Seine). l int Yves ME O. Brun. C. Dareste. Maurice Girard. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. J. Simon. ne de Lhuys. AUBERT (A.), à Saint-Sauvant (Charente-Infé- rieure). BELIZAL (Hyacinthe de), au château de Bellevue, par Moncontour (Côtes-du-Nord). BELLOT (Émile), propriétaire, à Poitiers (Vienne). BourG (vicomte Roger du), au château de la Ville-Bague, en Saint-Coulomb, près Saint- Méloir-des-Ondes (Ile-et-Vilaine). CLuIS (Paul), étudiant en droit, place de la Sor- bonne, 2, à Paris. FERRIER (Gustave), juge suppléant au tribunal civil, à Montpellier (Hérault), et à Paris, 19, rue Dufresnoy. GIRAUD (Paul-Honoré), licencié en droit, au Caire (Égypte). GODEFROY (Louis), négociant, 225, rue Saint- : ff “ht FT:la: ' Denis, à Paris. A. Geoffroy Saint-Hilaire J. Simon. Drouyn de Lhuys, A. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Ê . Cornély. GuÉRIN (Jean-Charles-Paul), propriétaire, au château de Fonfrède, par Roullet (Charente). LABITTE (Albert), propriétaire, au Mesnil-Saint- Georges, près Montdidier (Somme). A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Touchard. PROCÈS-VERBAUX. 265 E. Allez A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard, Drouyn de Lhuys. E. Garnot. A. Geoffroy Saint-Hilaire, Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire, G. Lagrenée, Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Fréd. Jacquemart. LABOURMÈNE (Paul), propriétaire, à Saint-Pierre- de-Vouvray (Eure). Constitution, à Avranches. (Manche). LEROUX (Pierre-Eustache), 44, boulevard de la LE CHEVALIER (Octave), propriétaire, rue de * Reine, à Versailles (Seine-et-Oise). | PARIS (S. À. R. Mgr le comte de Paris), à Chantilly (Oise). dinot. REVILLON (Adolphe), rentier, 85, avenue des Gaugino Ternes, à Paris ‘ Jouenne, Lefebvre. Drouyn SAINT-PAGL (de), propriétaire, au château de a Lhuys Lainghear, canton de Saint-Pois (Manche) 1. Gofroy Saint-Hilaire. — MM. Gorry-Bouteau et Larpin adressent des demandes de graines. — M. Duchesne de Bellecourt, consul général de France à Batavia, informe la Société qu’il vient de faire embarquer une cage renfermant un écureuil blanc offert au Jardin d’accli- matation par M. le docteur Ploem, délégué de la Société. — Remereiments. —_ M. Polvliet écrit de Rotterdam à M. le Secrétaire gé= néral : « Par suite de la rigueur de l’hiver, j'ai eu seulement hier, 19 avril, un premier œuf de mes Tragopans satyres, et 5 œufs de Canards à bec jaune (Anas xanthoryncha), je n’ai pas encore obtenu d’autres pontes et n'ai que 3 jeunes Cygnes à cou noir. Mais voici les beaux jours et j’espére que les choses vont mieux aller. » — M. de Saint-Quentin adresse un rapport sur son cheptel de Perruches ondulées, et accuse réception de diverses grai- nes qui lui ont été expédiées. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — M. le Ministre de l’Agriculture et du Commerce adresse un exemplaire de l'arrêté relatif aux concours régionaux agri- coles qui doivent se tenir, en 1876, à Paris. 3e SÉRIE, T. Il. -- Avril 4875. 18 266 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. le Ministre de la marine et des Colonies accuse ré- ception et remercie de l'envoi qui lui a été fait d'exemplaires d’un mémoire de M. Raveret-Wattel (extrait du Bulletin) sur l'utilité d'introduire la sériciculture dans la Nouvelle-Calé- donie. — M.le Ministre de l'Agriculture et du Commerce an- nonce qu'il accorde une médaille d’or (grand modèle) à Ja Société d’acclimatation pour être décernée à la suite de son prochain concours. — La Société de géographie adresse des lettres de convo- cation pour sa première assemblée générale de 1875, — MM. Almire Derré, Duchastel, Gorrv-Boutceau, Liénard, Lhéritier, Pacqueteau, de la Perraudière et Vavin accusent réception et remercient des envois d'animaux ou de végétaux et de graines qui leur ont été faits. | — M, de Trubessé fait parvenir des renseignements sur l’état de son cheptel deCygnes noirs. — M. Gaston Guillemet, de Fontenay (Vendée), demande à recevoir en cheptel divers animaux ainsi qu’une collection de Bambous. — M. G. Lemaire écrit de Foutchéou qu’il va faire des dé- marches pour procurer au Jardin d’acchimatation des Faisans d'Elliot, des Tragopans et des Eulophes. — M. de la Rochemacé écrit à M. le Président : « Je ne sais si la Société considère comme une variété particulière les chèvres de l'Océanie polynésienne, je tiens de l’équipage de l'aviso / Hermitte, naufragé aux îles Wallis, une chèvre de ce pays, mi-partie blanche et fauve ; elle a un chevreau mâle portant même robe, malheureusement atteint de verrues aux lèvres. Dans le cas où je viendrais à le perdre v aurait-il uti- lité à chercher à garder la race ? » J’ai l'honneur de vous faire parvenir la note ci-après, ex- traite des journaux de bord de MM. les officiers de l’Æermatte concernant un arbre du détroit de Magellan, dont l’introduc- tion me paraîtrait utile pour le nord de la France et de l'Eu- rope : « Entre les 49° et 54° degrés de latitude australe (détroit PROCÈS-VERBAUX. 9267 » de Magellan et English Narrows), par une température qui » s’est maintenue aux environs de + 7° du 19 au 29 octobre » 1873 (printemps de ces contrées), on rencontre un arbre » feuillé à cette époque, ce qui semblerait annoncer qu'il est » à feuille persistante. En voici la description : arbre magni- » fique, bois de chauffage et de charpente, d’une densité su- » périeure à celle de l’eau de mer, à l’état frais; très-heau » bois rouge, ressemblant beaucoup au Honduras ou au Ta- » manou; grain très-fin, analogue d'apparence à celui du » hêtre, mais beaucoup plus dur; difficile à travailler : un » dixième environ d’aubier. » Moyennes : diamêtre à la base environ 0,70, hauteur » sous branches 7 à 8 mètres. Un de ces arbres tombé près » Port Grappler, par environ 49° latitude’australe et 76° lon- » gitude ouest de Paris, température + 12°, mesurait 4 mêtres » de circonférence, la culée pourrie non comprise; il en a » été scié en deux billes de 5 à 6 mêtres avant la bifurcation » des branches; ce qui place celles-ci à environ 13 mètres » du sol; ces billes sciées en planches et madriers ont été » employées; il en reste un petit échantillon (offert à la » Société), _ » Cet arbre n’est pas résineux, il est à feuille plane, trilo- » bée, sans sinus, lobe central acuminé : dimensions, environ » 0,10 sur 6",12: couleur, vert clair. » La température de l'hémisphère septentrional qui sem- » blerait devoir se rapprocher le plus de celle de ce pays, en » tenant compte de la différence climatérique des deux pôles, » serait ce me semble, celle de Bergen. ét Christiamia par le » 60° degré; avec des minima et maxima probables de — 2het » 16 à 18. » .. » A est à remarquer que le plus grand développement s’est rencontré vers A9° et non vers 54°, ce qui indique qu'un ch- mat moins rude devrait être favorable et ramène au 50° de Falmouth, Mayence, Prague et en deçà. Le sol est d’une con- stante humidité, résultant de la fonte des neiges supérieures, il est couvert d’une mousse compacte de RDA 2 mèires de hauteur. 268 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. » L’échantillon = bois sera envoyé à la première occasion. — Remerciments. Dans une autre Mrs, M. de La Rociohaes accuse récep- ion des envois d'animaux et de végétaux qui lui ont été faits et ajoute : « J’ai essayé sur de fortes touffes de Bambusa mitis et nigra, mis cet hiver en serre pour en forcer la multiplica- tion et sur des orangers atteints de décoloration du feuillage, le guano dissous du Pérou de M. Dreyfus; le résultat a été pleinement satisfaisant. » Sur de jeunes orangers les os brovés (de chez MM. Pilon frères, de Nantes) ont donné d’excellents effets. » Ces deux sortes d'engrais de grande culture me semblent parfailement convenir à celles de nos serres, ainsi qu'aux orangers de pleine terre. » — M. le docteur Lubelski fils, médecin des épi et hospices civils de Varsovie, écrit à M. le Secrétaire général : « Les femmes aliénées, pensionnaires de l'hôpital de l’Enfant- Jésus à Varsovie, s’occupant avec beaucoup de succès de séri- ciculture, et trouvant à ce travail un grand soulagement dans leur triste position, — les médecins de cet établissement (où je dirige moi-même un service) et en particulier M. le doc- teur Iobzlkowski, qui s'occupe spécialement de Vers à soie, me chargent de vous demander un peu de graines d'Aéfacus Yama-mai, espèce que le Bulletin de la Société d’acclimata- tion et M. Hignet (de Varsovie) nous ont fait connaître et que nous serions désireux d'essayer. » — M. Boinvilliers, président du Comité central agricole de la Sologne, écrit à M. le Président : « Notre secrétaire archi- viste vient de vous adresser une certaine quantité de graines de Vers à soie de Sologne. » Permettez-moi d'appeler votre attention sur ce modeste envoi, et de vous expliquer notre pensée. » Depuis l'introduction du Ver à soie en France, sous Henri IV, notre graine est restée pure dans nos contrées du centre. Pour préserver l'industrie séricicole des terribles ma- ladies contre lesquelles elle lutte péniblement depuis des an- nées, nous croyons qu'il y a une chose bien simple à faire — PROCÈS-VERBAUX. 269 produire la graine dans un lieu et la soie dans un autre, comme on le fait dans certaines contrées d'Orient. » Dans une région relativement plus froide, loin des grandes agglomérations dans lesquelles se développent les maladies nous pensons que nous pourrons fournir chaque année, à tous les pays producteurs de la soie, des graines constamment pures et en quantités suffisantes. » Nous vous prions de vous intéresser et de vous associer, à notre projet. » Agréez, elc. » — L'envoi fait à la Société consiste en 59 grammes de graine provenant de la récolte de M. H. Votte, de Saller-sur- Cher. Une note qui l'accompagne fait connaître que cette graine à passé l’hiver emmagasinée dans un grenier ouvert à tous les vents, où elle a supporté toutes les variations atmo- sphériques et une température de 12° à zéro. Les vers qui en proviendront ne pourront être que sains et robustes. Des remerciments sont adressés au Comité central agricole de la Sologne. La graine a été immédiatement distribuée à divers sériciculteurs, avec prière de tenir la Société au cou- rant des résultats obtenus. — M. le docteur Mongrand, de Saintes, compris dans la distribution de graine de Vers à soie de Sologne qui vient d’avoir lieu, fait connaître que le manque de feuilles ne lui permettra pas d'élever le lot qui lui avait été attribué. Il hé- siterait d’ailleurs, dit-il, à mettre en essai une graine étran- gère, dans la crainte de favoriser l’invasion de la pébrine dans la localité qu'il habite. M. Maurice Girard dit que l’origine de la graine distri- buée par la Société peut inspirer toute confiance. Un lot de cette graine doit être essayé à Paris même, à l’École normale, par M. Raulin. — M. Duchastel, de Vernantes (Maine-et-Loire), met à la disposition de la Société des graines de melon à rames, et conseille aux personnes qui voudraient essayer la culture de celte plante de semer dans de petits pots enterrés dans du fumier chaud et sous cloche pour forcer la germination, car ces graines, dit-il, sont très-difficiles à faire lever. 270 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Dans une autre lettre M. Duchastel annonce l’envoi des graines de melon qu’il a promises et demande à recevoir de la semence de panais fourrager de Bretagne. — M. Durieu de Maisonneuve accuse réception des envois de graines qui lui ont été faits, et annonce l'expédition du régime de Chamærops excelsa dont il veut bien disposer en faveur de la Société. — L'envoi annoncé est arrivé en bon état. — Remerciments. — M. Drouyn de Lhuys dépose sur le bureaë une notice relative au système de M. John Cowan pour le chauffage de toutes sortes d’édifices au moyen d’eau chaude et d’un petit four à chaux. Ce procédé présente les avantages suivants : 1° Il économise les frais de combustible et souvent laisse du profit ; | 2 Il maintient une chaleur plus régulière que les autres systèmes ; 3° Il dispense de la surveillance de nuit; h° I ne donne ni fumée ni odeur. — M. le Directeur du Jardin d’acclimatation rend conte qu'une femelle de brochet a récemment pondu dans un des bacs de l'aquarium. Les œufs ont parfaitement éclos et donné naissance à des myriades de petits poissons qui ont été in- stallés dans un bac spécial, où l’on peut les voir, fuyant la lu- mière, se tenir constamment contre la glace qui forme la paroi du bassin. Si la reproduction en. ptite d'une espèce carnivore comme celle du brochet n’offre point d’intérêt au point de vue pratique, le fait observé au Jardin d’acclimatation ne présente pas moins ceci de curieux qu'il vient confirmer, dans la classe des Poissons, cette règle d’après laquelle les animaux sauvages retenus en captivité s’y reproduisent d’autant plus facilement qu'ils sont enfermés dans un espace plus restreint. Il a fourni d’ailleurs une excellente occasion d'observer les mœurs assez curieuses du brochet à l’époque de la reproduction. — M. de la Blanchère donne à ce sujet des détails intéres- sants. Ilrappelle que le brochet, qui est monogame, s’apparie vers le mois de février, souvent la femelle est de beaucoup PROCÈS-VERBAUX. 271 upérieure en taille au mâle, et, dans ce cas, il n’est pas rare de voir ce dernier, après la ponte, devenir la proie de sa vo- race compagne. — M. Geoffroy Saint-Hilaire donne lecture d’une note de M. le comte Pouget sur le Kagou (Rhynochetos jubatus). — : (Voy. au Bulletin, p. 162.) — M. Ed. Renard fait une communication sur l’industrie des pêches et la pisciculture dans l'extrême Orient. (Voy. an Bulletin.) Il est déposé sur le bureau : 4° Annuarre de la Société centrale d'agriculture de France. 2° Discursos leidos ante la Academia de ciencias exactas fisicas y naturales en la recepeion del Sr. Don Ramon Llo- rente y Läzaro el dia 3 de Enero de 1875. 8° Annual report of the trustees of the Museum of compa- rative zoology, at Harvard College, in Cambridge. Boston, 1874. h° Ilustrated cataloque of the Museum of comparative zoology at Harvard College. NS 7 et 8. Il est oifert à la Société : . 4° De ia part de M. Krantz, une collection de graines du Japon (par le Jardin d’acclimatation). 2° De la part de M. Thozet, une collection de graines d’Aus- tralie (deux envois). 3° De la part du Jardin botanique de Saharunpore, une col: lection de graines de divers végétaux de l'Inde, h° De la part de M. le marquis de Selve, des graines du petit melon vert à rames. 5° De la part de M. Eug. Vavin, un sac de graines de panais de Bretagne. 6° De la part du Jardin d’acclimatation, une collectiun de graines diverses. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Nouvelle maladie des Pommes de terre Par M. le D' BorspuvaL. Entre nos ennemis, les plus à craindre sont souvent les plus petits... LAFONT. Depuis un certaim nombre d’années, la récolte des pommes de terre est plus ou moins compromise chez nous par une maladie plus connue par ses effets que par ses causes. En Algérie, une auire affection, qui tend à s’accroître, s’est déclarée depuis deux ans sur ces mêmes tubercules, aux environs d'Alger même, surtout à El-Biar ; plus des trois quarts de la récolte sont totalement perdus. Les pommes de terre atteintes de cette nouvelle maladie africaine ne sont propres à rien. Aucun animal ne veut en manger. Si l’on coupe un de ces tubercules, on voit qu'il est miné par des excavations remplies de matières noirâtres qui répandent une odeur infecte. Ici ce n’est ni le Botrytis infestans, ni cette Chrysoméline descendue des montagnes Rocheuses qui sont la cause du mal, mais bien un très-petit in- secte de l’ordre des Lépidoptères, une petite Tinéide du genre Bryotropha de Hunemann, genre dont l’histoire est très-peu connue ; on suppose seule- ment que les larves vivent dans les racines de différents végétaux. Ce petit papillon, aussitôt après la fécondation, dépose ses œufs sur les jeunes pousses des pommes de terre, au moment où elles se montrent hors de terre. Dès que les œufs sont éclos, les petites chenillettes, à peine grosses comme un crin de cheval, pénètrent dans la tigelle et descendent dans le tubercule dont elles rongent l’intérieur en tous sens, comme dans les échantillons que M. Rivière nous a confiés et que nous mettons sous les yeux de la Société. La petite Tinéide qui produit tant de ravages est une espèce inédite, non encore observée en Europe ; nous lui donnons le nom de Bryotropha solanella. La petite chenille, lorsqu'elle est adulte, est d’un rouge plus ou moins clair avec un petit écusson brunâtre sur le premier segment ; à l’aide de la loupe, on aperçoit sur son corps, comme chez les larves de la même fa- mille, quelques petits poils clair-semés, implantés sur de petits tubercules peu saillants. La chenille, après avoir atteint son entier développement, sort du tubercule et se métamorphose dans la terre où elle reste un temps plus ou moins long avant de donner naissance à l’insecte parfait. La chrysalide est d’un brun très-clair et de forme ordinaire. Le papillon est d’une couleur brunâtre ; ses ailes supérieures préséhtent cà et là quel- ques petites taches noires fondues dans la teinte générale ; elles sont munies d’une frange assez large à leur angle interne. Les ailes inférieures sont en- tièrement noirâtres avec une frange assez développée. Le corps et la tête sont FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 275 luisants et participent de la couleur des ailes. Les antennes sont filiformes, de longueur moyenne ; les pattes sont grêles et très-longues. Nous avons dit que ce Bryotropha pondait sur les jeunes tiges au mo- ment où celles-ci sortent de terre; mais il est possible que, dans certains cas, il dépose ses œufs sur les pousses qui se développent à l’air libre avant la plantation des pommes de terre. Nous ne connaissons jusqn’à présent aucun remède à cette nouvelle ma- ladie. Si les chrysalides étaient renfermées dans l’intérieur des tubercules, il suffirait de les brûler pour anéantir cet insecte dévastateur dans son ber- ceau. Malheureusement il n’en est pas ainsi, puisque les chenilles sortent de ces mêmes tubercules pour se métamorphoser en terre. Nous engageons, en terminant, les cultivateurs à ne pas planter en France des pommes de terre de l’Algérie, dans la crainte qu’il ne s’y trouve des larves à l’état embryonnaire. Nous avons déjà assez de parasites importés de l’étranger sans en introduire de nouveaux. Nous conservons quelques chrysalides qui probablement écloront au pre- mier printemps. (Extrait du Journal de la Société d’'horticulture de France.) Conséquences du déboisement, Le Khanat de Bokhara présente un exemple frappant des conséquences qu’entraînent le déboisement d’un pays. Il y a une trentaine d’années, le Khanat était une des régions les plus fertiles de l’Asie australe ; ce pays très-boisé et bien arrosé par de nombreux cours d’eau était un véritable paradis terrestre. Mais, depuis vingt-cinq ans, la manie du déboisement s’est emparée des habitants ; on a abattu toutes les futaies, et le peu de bois qui restait fut dévoré par le feu pendant une guerre civile. Les conséquences ne s’en sont pas fait longtemps attendre ; elles ont été la transformation du pays en une sorte de désert aride. Les cours d’eau se sont taris ; les canaux creusés jadis pour les irrigations sont complétement à sec. Les sables mou- vants du désert n'étant plus retenus par les barrières de forêts gagnent du terrain chaque jour et finiront par tout envahir, transformant le Khanat en un désert aussi désolé que les solitudes qui le séparent de Kiva. RAVERET- WATTEL. V. BIBLIOGRAPHIE. —————————— Le Melon vert à rames Par M. Bossin (1). Un Melon nouveau est toujours bien accueilli, mais les déceptions sont fréquentes, et il faut y regarder deux fois avant de l’offrir au public comme une intéressante acquisition. Celui auquel notre titre fait allusion n’est déjà plus dans ce cas: il a fait ses preuves, et au besoin la recommandation du savant et habile praticien sous les auspices duquel il se présente suffirait, et au delà, pour le faire accueillir en toute sécurité par les amateurs d’un genre de fruits qui sera toujours l’honneur de nos jardins potagers. Nos lecteurs le connaissent déjà ; qu’ils relisent, s’ils l’ont oubliée ou peu remarquée, la description qu’en a donnée la Revue horticole dans son nu- méro du 16 avril dernier ; aussi n'est-ce pas du Melon lui-même que nous avons à les entretenir aujourd’hui, mais d’un excellent petit traité de la cul- ture du Melon en général, et du Melon vert à rames en particulier, par M. Bossin, le propagateur de la nouvelle race. Il suffit de nommer l’au- teur pour que l’ouvrage inspire toute confiance. Bien des livres ont déjà été écrits sur le Melon et sa culture, et il est pro- bable que celui-ci ne sera pas le dernier. Pourquoi ? C’est qu'avec le temps tout se modifie, les races de plantes, les procédés de culture et les goûts. Tout cela est dans la nature des choses. Il y a soixante ans, le vieux Melon brodé était le Melon type, le phénix du genre ; il a été détrôné en France par le Cantaloup, assurément meilleur et dont le règne dure encore, mais qui à aussi ses défauts ; ailleurs d’autres races l’emportent dans la faveur publique : ici les Melons à chair rouge, là les Melons à chair blanche ou ver- dâtre. Chaque pays, en un mot, a sa spécialité à laquelle il tient, et sans doute pour quelque bonne raison ; les climats et les sols, autant que les ha- bitudes locales, peuvent expliquer ces diversités. La culture du Melon, chez nos anciens, avait ses arcanes comme celle de l’Ananas ou de l’Oranger. Elle était compliquée, et un jardinier qui y réus- sissait passait pour un habile homme, mais c’était bien une autre gloire pour le simple amateur lorsqu'il pouvait dire à ses convives : « Messieurs, voici un Melon que j’ai cultivé de mes propres mains; vous me direz tout à l'heure ce que vous en pensez » ; et chacun de s’extasier sur la beauté ou la bonté du Melon, et de faire pleuvoir les éloges sur l’heureux amphitryon, dent la modestie s’en accommodait. Cet âge d’or est un peu passé ; la culture du Melon, simplifiée et mise à la portée de tout le monde, ne procure plus les mêmes honneurs, mais elle donne encore autant de plaisir qu’autrefois, et peut-être un profit plus réel, et ceux qui aiment à eu faire un passe-temps sont toujours nombreux. (1) Petit in-12, 124 p. de texte, chez Blériot, quai des Grands-Augustins, 55. BIBLIOGRAPHIE. 275 C’est pour cette paisible classe de citoyens, autant et plus peut-être que pour les jardiniers de profession, que M. Bossin a écrit son petit livre. Mal- gré son titre, qui semble ne viser que le Melon vert à rames, c’est tout un traité de la culture du Melon, j'entends la culture modernisée, telle qu’on commence à la pratiquer sur diverses races de Melons, dont le nombre des fruits compense la faiblesse du volume. Il y a en effet plusieurs races ou sous-races de Melons à rames, par exemple le.Citron vert, le Melon de Caraba, le Sucrin à chair blanche, le Melon crème, le Vrai muscat, le Cantaloup du Chili et quelques autres qui, tous, grimpent volontiers sur des treilles ad hoc, et qu’on ne taille ni ne pince. Ils poussent en toute liberté et fructifient à leur guise. Tous ces Melons sont petits ou moyens, mais la plupart sont exquis, et il n’est pas rare d’en récolter dix à douze par pied, ce qui fait regagner d’un côté ce qu’on perd d’un autre. Au total, c’est une culture amusante, facile et productive, qui ralliera les suffra- ges de beaucoup d'amateurs. Le livre qui les initiera à cette culture est, comme les Melons dont il parle, petit de volume, mais complet, substantiel et agréablement écrit. En faut-il davantage pour lui attirer des lecteurs? NAUDIN. Aventures et chasses dans l'extrême Orient. (Deuxième partie) Par M, THOMAS-ANQUETIL. Nous avons rendu compte, dans le Bulletin d’octobre 1874, du premier volume des Aventures et chasses dans l'extrême Orient ; — Hommes et bétes, publié à la librairie Charpentier, par M. Thomas-Anquetil, le cou- rageux explorateur de la Birmanie. La seconde partie de ces récits vient de paraître chez le même éditeur. Elle à pour titre ; Le sport de l’éléphant, elle est écrite avec la même verve et présente autant d’attrait que le volume précédent. Il semblerait que tout a dû être déjà dit sur l'éléphant. Sa structure co- lossale, son instinct merveilleux, sa sagacité, sa douceur unie à tant de force, ont éveillé au plus haut point l'attention des naturalistes, excité la verve des conteurs et donné mille alimenis à l’histoire ou à la légende. En même temps qu'il est, dans l’Inde, en Birmanie, à Siam, l'animal domes- tique par excellence, il y est, en outre, vénéré comme étant l’incarnation, sous une forme bestiale, d’un homme qui a donné pendant sa vie l’exemple de grandes vertus; spécialement, l'éléphant blanc contient, aux yeux des sectateurs de Bouddha, l’âme d’un saint personnage qui l’a choisi pour y subir la transmutation obligaloire : par suite, l’animal, devenu ainsi la demeure momentanée d’un esprit épuré par des migralions successives et se confondant déjà en quelque sorte avec la divinité, devient par cela même 276 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. l’objet d’un culte personnel.On trouvera sur ce point, dans le livre que nous annonçons ici, un certain nombre d'indications nouvelles, des traits inédits d'intelligence ou d’adresse, des renseignements authentiques sur la chasse de ces pachydermes ou sur la manière de les dresser, et surlout le récit des combats de ces animaux, soit entre eux, soit avec des bêtes féroces, spec- tacle favori des princes indiens. _ Peut-être l’auteur a-t-il relevé avec quelques vivacité des erreurs de détail qui auraient été commises par plusieurs publicistes. Le savant doit, selon nous, se borner à exposer ce qu’il sait et ce qu'il a vu; il lui appartient de rectifier, par l'affirmation de ce qui est, les idées inexactes qui peuvent avoir cours dans le public, même letiré; mais il doit craindre de décou- rager les efforts des écrivains qui cherchent à vulgariser les connaissances d'histoire naturelle et à donner à leurs lecteurs le goût des études sérieuses et approfondies. Au milieu de ces récits intéressants de chasses et de combats, M. Thomas- Anquetil n’a pas oublié les intérêts de la colonisation. Signalons des notes fort utiles sur le bois de teck, fectona grandis, sur une huile, conservatrice des autres bois que l’on pourrait extraire de l'écorce de cet arbre; sur les ressources que fournirait la Birmanie à l’industrie nationale : commerce de l’ivoire, des peaux, de la cire, des gommes, des résines, des sucs plastiques, des vernis, des huiles essentielles, des substances tannantes et tinctoriales, des bois d’ébénisterie ou de construction, des minerais précieux, et d’une foule d’autres richesses naturelles qui, d’après l’intrépide voyageur, se trou- vent là-bas sous la main. Ce même volume contient l’historique d’une excursion aux roches auri- fères des monts Mahoo Thoung, et deux récits intitulés : En plaine et Sur le bord du rivage. Les détails de toute nature y sont accumulés. Nous ne pou- vois que mentionner, presque au hasard, les faits d'histoire naturelle ou les questions d’acclimatation qui se pressent sous la plume du narrateur : les serpents : le naja ou cobra-capello; le casoar ; les bufles et les avantages à retirer de leur commerce ; la race chevaline birmane et l’opportunité de son croisement avec nos races normandes et navarines; les poissons sacrés; les crocodiles et les gavials; les huîtres perlières ; l’ambre ; les algues ; la mousse marine : les éponges, etc. Nous lirons avec le même plaisir la chasse au tigre que nous promet M. Thomas-Anquetil ; mais nous lui exprimerons un désir : lorsqu'il pu- bliera son voyage en Birmanie, nous serions heureux dy trouver un cha- pitre technique contenant : 4° la nomenclature des animaux et végétaux du pays qu’il pourrait être avantageux d’acclimater en France ou en Algérie ; 20 Ja liste des productions de toute nature qui pourraient y faire l’objet du commerce européen, avec ‘des indications suffisantes sur l'abondance des produits, leur prix de revient, leur utilisation connue ou possible. Les con- naissances si variées du savant voyageur pourront faire d’un livre, qui, à coup sûr, sera intéressant, une œuvre éminemment utile d’acclimatation et de progrès. BIBLIOGRAPHIE. 977 Élevage des Abeilles par les procédés modernes. — Pratique et théorie; avec 58 gravures, Paris, Goin, éd. Par M. G, DE LAYENS. Les apiculteurs commencent à se diviser en deux camps. Les uns, ce sont les fimistes, restent fidèles aux anciennes ruches, à capacité invariable, sauf parfois une calotte ou une hausse, et dans lesquelles les gâteaux verticaux sont adaptés par les abeilles, de haut en bas, aux parties supérieures de la ruche, adhérents, non séparables sans rupture ou section. Pour eux, la ruche remplace larbre creux ou le trou de rocher, où l’essaim sauvage, avec la mère au centre, va établir une colonie nouvelle, Une étude patiente de toutes les conditions de la vie commune des abeilles, et des avantages qu’on doit tendre à obtenir au point de vue du produit le plus considérable, a conduit certains apiculteurs au système du mobilisme, dont M. de Layens est un champion ardent et convaincu. On dispose dans la ruche des séries de cadres verticaux où les abeilles suspendent leurs alvéoles dorés; de cette facon on peut retirer à volonté autant de gâteaux qu'on désire récolter de miel; on peut aussi en ajouter à mesure qu’augmente la population travailleuse, sous l’influence de la chaleur et des beaux jours du printemps. En outre, les gâteaux, portés avec leurs cadres à l’extracteur à force centri- fuge, sont vidés du miel qu'ils renferment, et on les remet à la disposition des abeilles. Celles-ci n’ont dès lors plus besoin, par une élaboration diges- tive pénible, de transformer en cire la matière sucrée qu’elles ont sicée dans les nectaires des fleurs: elles trouvent des cellules toutes prêtes à recevoir le . miel qu’elles apportent, et la récolte finale augmente de tout le miel qui n’est pas transformé en cire. L’emploi des ruches à rayons mobiles donne une grande facilité aux manipulations de l’apiculture, comme la suppression des cadres qui con- tiennent des larves de mâles, êtres gourmands, paresseux et inutiles aussitôt la fécondation opérée; il permet aussi de remplacer aisément les reines mé- diocres ou vieillies par de meilleures pondeuses, et enfin donne la facilité de retirer isolément des gâteaux de miel à tel ou tel parfum de fleur, au sain- foin, au trèfle, au thym, au réséda, etc., suivant la nourriture spéciale que les fleurs des alentours fournissent aux butineuses. Aussi ces ruches ten- dent à se répandre en france, comme en Amérique, en Allemagne, en Italie ; ainsi aux environs de Bordeaux un apicnlteur bien connu par ses travaux sur les Mélipones, M. Drory, propage avec ardeur, parses écrits et ses con- férences, l’usage des ruches à rayons mobiles. L'ouvrage de M. de Layens comprend deux parties, la première pratique, la seconde théorique. La première partie expose d’abord les conditions z00- logiques de celte association de reproduction de trois sortes d'individus ; femelle, mâle, ouvrière ou neutre par avortement des ovaires, aussi néces- saires les uns que les autres pour perpétuer l'espèce sans qu’il y ait rien qui ressemble à une monarchie ou à une république, fait connaître les formes 978 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. diverses des alvéoles, et les soins prodigués aux larves et aux nymphes par les neutres, servant de nourrices et d'architectes. Après ces notions sur l’histoire naturelle des abeilles, l’auteur donne le moyen de conduire le rucher et d’arriver au plus grand produit possible. Cette portion de l'ouvrage peut suffire seule pour une exploitation agricole, car l'exposition claire des sujets, sans discussion théorique, guide l’apicul- teur dans lesdiverses opérations qu'il doit exécuter. De nombreuses igares font comprendre la construction des ruches et de Lopdisss propre à les exploiter. La partie théorique de louvrage presente plusieurs apercus nouveaux, et souvent d’un grand intérêt. Pour arriver à construire la meilleure ruche et Coupe verticale d’un cone d’abeilles de l’essain naturel, au début de la formation des gâteaux: : à réaliser les théories apicoles mises en pratique dans la première partie, l’auteur examine comment se comportent les abeilles, lorsqu’au lieu de recueillir tout de suite un essaim dans une ruche enduite de miel, on l’aban- donne à ses instincts naturels, et on le laisse suspendu à une branche, la reine au centre du peloton d’insectes qui semblent destinés à la réchauffer àla protéger. La forme naturelle de l’essaim est celle d’un cône renversé, fermé en tous sens par une croûte d’abeilles agglomérées, excepté à la pointe, où leurs rangs serrés laissent libre un petit trou, pour l'entrée et la sortie des insectes intérieurs. Si au bout de quelques jours on imagine le cône d’abeilles coupé par un plan vertical mené suivant l’axe, on verra une masse d’abeilles formrnt enve- loppe, sur plusieurs centimètres d'épaisseur, laissant libre la partie centrale et active, servant seulement à maintenir la température nécessaire pour l’élaboration et la mise en œuvre de la cire, d'environ 35°. Puis, quand le rayon central a acquis une longueur de 10 à 12 centimètres, la mère ou reine pond un premier œuf dans l’alvéole qui occupe le centre de l’essaim naturel, puis, pendant vingtetun jours, durée de l’éducation complète des larves et nymphes du couvain, continue sa ponte, en suivant une spirale régulière autour de ce premier œuf; dans les cellules entourant le couvain central sont placés en réserve le miel et le pollen, servant aux ouvrières à BIBLIOGRAPHIE. 279 nourrir les enfants de cette reine unique, qui est, sans métaphore, la mère du peuple. Au bout des vingt et un jours la ponte recommence au centre de la spiralé devenu libre. Le couvain globuleux doit toujours occuper le centre d’une ruche, et les parois non conductrices de la chaleur servent à remplacer et à rendre libre, XX nn ES EE UT CT x{l 4 = 2 Coupe verticale de l’essaim, après la ponte en spirale de la mère. pour la récolte et le travail, la couche inaciive des réchauffeuses de l’essaim naturel. En poursuivant cette ingénieuse analyse M. de Layens arrive à la forme de la ruche à cadres qu’il recommande, et qui permet, en laissant toujours le couvain au centre, de donner aux abeïlles une capacité variable à remplir, en raison d’une saison plus ou moins propice, de facon à empé- cher, si l’on veut, l’essaimage, qui résulte forcément de manque de place dans les ruches à rayons fixes et qui, affaiblissant la population travailleuse, diminue nécessairement la production. L’auteur cherche à prouver, par une statistique entachée peut-être d’une certaine exagération, les avantages des nouveaux procédés d’apiculture, mis facilement en œuvre au moyen des ruches à cadres perfectionnées; suivant lui on arrive à un rendement près de quatre fois plus considérable que le produit ordinaire, par le nourrissement de la mère au printemps, au moyen du sirop de sucre, ce qui force sa ponte, par la conservation des rayons de cire, la meilleure qualité du miel, la suppression ces cellules de mâles, par le renou- vellementdes mères épuisées, par l'emploi de très-grandes ruches empêchant l’essaimage naturel. s Un appendice, qu’on aurait pu faire entrer dans le corps de l'ouvrage, traite un certain nombre de questions pratiques ou scientifiques, se ratta- chant à l’apiculture. Ainsi l’auteur a étudié la loi suivant laquelle se fait l'élaboration des sucs des fleurs à diverses altitudes. Il avait établi son rucher pendant plusieurs années près de Bourg d’Oisans (Isère), au village 280 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. d'Huez, par 1460 mètres de hauteur verticale, dans la région des sapins, avec quelques pommiers et groseilliers noirs, croissant à grand’peine. Dans ces régions, les abeilles butinent les fleurs si variées des prairies subalpines et alpines, changeant de semaine en semaine la hauteur de leurs excursions, les ruches n’ont rien à redouter pour leurs gâteaux de cire de la fausse teigne (Galleria cerella), dont le papillon peut en dépasser 1200 mètres. M. de Layens a terminé son livre par une étude théorique et chimique des matières récoltées ou produites par les abeilles, c’est-à-dire le nectar, le pollen, la propolis ou résine des bourgeons, le miel et la cire. Il établit, contrairement à ce qu’avancent beaucoup d'auteurs, qu’il y a une diffé- rence chimique entre le nectar récolté et le miel produit, que ce dernier subit, à un bien moindre degré que la cire toutefois, une véritable élabora- tion digestive. Je dois dire que, suivant M. Hamet, il y a moins de différence entre le neclar et le miel que le pense M. de Layens. Ainsi il y a des nec- tars de fleurs qui granulent comme le miel d’abeille, ce que j’ai constaté moi- inême chez M. Hamet pour le nectar retiré des fleurs de fuchsia. Il est bien certain que les Abeilles et les Mélipones en Amérique, que les Abeilles et les Bourdons en France, offrent des miels différents, bien que puisés aux nec- taires des mêmes fleurs. Suivant M. Hamet la différence tient surtout à la forte chaleur de la ruche, évaporant assez le miel d’abeilles pour le rendre susceptible de se prendre en granules solides, tandis que celui des Mélipones et des Bourdons dont les nids sont bien moins chauds reste liquide, plus aqueux, plus exposé à fermenter. En résumé, et sans prétendre adopter complétement la théorie du mobi- lisme, je ne puis que recommander fortement l'étude du travail de M. de Layens. MAURICE GIRARD. Le gérant : JULES GRisAnp. Lib PARIS. — JMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON ©. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LA PÊCHE ET LA PISCICULTURE DANS L’EXTRÈME ORIENT Par M. Édouard RENARD Ancien délégué du commerce en Chine. Dans l'exposé que je viens vous faire, messieurs, des diffé- rentes pêches pratiquées dans l’extrême Orient, j’ai eru bien faire de commencer ma narration par le point le plus rap- proché de nous, la Malaisie ; et, suivant ensuite l’ordre géogra- phique, je finirai par l'endroit le plus éloigné, le Japon. MALAISIE ET ARCHIPEL INDIEN. Parmi les produits sinombreux, si remarquables de l'archipel Jadien et de la Malaisie que je rappellerai rapidement en pas- sant et qui sont : les jones, les rolins, le caoutchouc, la gutta- percha, le poivre, le café, le sagou, les cornes de buffle, de cerf, les peaux, les os, la cire, le bétel, les noix d’arec, les muscades, les clous de girofle, les bois de teck, de sandal, d’aigle, enfin l’étain, la poudre d’or, les diamants, elc., ete., il s’en trouve d’autres ayant une grande importance, ce sont les produits de la pêche, dont nous nous occupons aujourd’hui. 1° Les Écailles de tortue. 2° Les Nacres de perles, coquilles nacrées et autres. 3° Les Holothuries. h° Les Requins. 9° L'Agar-agar, les éponges madrépores et les nids d’hiron- delles. Pêche des Tortues, Écailles, etc. — Quand on navigue dans les détroits de la Malaisie ou de l'archipel Indien, au milieu des grandes îles de Java, de Sumatra, de Banca, de Bornéo avec ses mille lieues de tour, la plus grande ile peut-être du monde, au milieu, dis-je, d’ilots comme celui si bien placé 3° SÉRIE, T. IL, — Juin 14879, 19 282 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de Gaspard, qui commande en quelque sorte l'entrée de la mer de Chine, enfin quand, placé sur le pont du navire on observe successivement ces massifs de mangliers, de palétuviers, qui bordent toutes les côtes et ombragent les rivages de la mer; sous ces berceaux naturels de verdure, on voit silencieuse- ment, ridant à peine l'onde, la légère embarcation des Malais, ces hommes au teint basané, aux cheveux roides, noirs et à l'œil farouche, tour à tour pêcheurs et voleurs; ils sont à la recherche des Tortues qui surnagent endormies à la surface des eaux. Quand de loin ils aperçoivent leur proie, ils ralentissent leur course et s’en approchent avec la plus grande précaution; alors J’homme placé à l'avant, une fois arrivé à portée, se penche vers l'animal, dont le sommeil est très-lourd, 1l saisit une des pattes opposée à l’embarcation et, d’un vigoureux effort, il a retourné sur le dos la tortue qui, ainsi maintenue, fait de vains efforts pour se redresser ; pendant ce temps on lui a passé un nœud coulant au cou, et l’animal, dont le poids dépasse souvent 100 kilog.,est hissé dans le bateau: sans cette précaution il n’est pas de bras humain assez vigoureux pour retenir une tortue de cette taille, elle vous entraïînerait assu- rément à sa suite dans les profondeurs de la mer. On pêche dans ces parages différentes espèces de tortues dont l’une, très-volumineuse, n’a pas la carapace solide, mais sa chair est très-bonne car on croit manger, selon la partie du corps, tantôt du veau, du porc, etc. Ces tortues sont achetées à très-bas prix pour la consommation des équipages par les navires de passage à Anjer, dans le détroit de la Sonde et ailleurs ; on les place sur le pont en liberté, où elles peuvent vivre très-longtemps. Mais la tortue la plus précieuse est celle appelée dans le commerce Caret, par les naturalistes Chelonia imbricata; sa dépouille, son écaille enfin est d’un brun foncé, irés-épaisse avec des jaspures transparentes jaune d’or; elle sert à l’im- portante fabrication des peignes, à celle de la tabletterie et à différents objets d'art; cette lortue ne se rencontre dans au- cune autre mer. PÊCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÊME ORIENT. 283 Aux îles de l’Ascension, de Saint-Vincent, nos marins savent tous qu’on y pêche en abondance une énorme tortue appelée tortue franche (Chelonia Midas). Elle mesure, adulte, jusqu’à 2 mètres de longueur sur 50 centimètres de largeur; son poids dépasse souvent A00 kilog.; l’écaille de cette tortue moins ap- préciée est verdâtre, mais sa chair est três-recherchée en An- sleterre, où on en fait ces délicieuses soupes de tortue (fwréle soup), fortement assaisonnées d’épices, poivre, piments, mus- cades, etc. On rencontre des tortues à peu près dans toutes les mers et à de très-grandes distances des terres, elles passent une partie de leur existence à dormir à la surface de l’eau, mais quoiqu’on assure que les tortues aient le sommeil trés-lourd, elles échap- pent presque toujours à la convoitise des marins, sans doute parce que les.gros navires en s’approchant occasionnent un remous qui les réveille, aussi le plus souvent elles disparaissent en un clin d'œil. La capiure des tortues est des plus faciles au moment de la ponte de leurs œufs, quand sur les rivages elles vont les enfouir dans le sable, dont la chaleur les fait bientôt éclore. Nacre de perle. — Les coquilles de nacre appartiennent à la famille des Ostracés et au genre Avicule. On les pêche géné- ralement à des distances éloignées des côtes, ce sontles mêmes Malais dont nous venons de parler ; ces hommes, demi-nus, la tête ceinte d’un mouchoir enroulé, se placent à l’avant de leur bateau, là, exposés le plus souvent à un soleil brûlant, ils observent attentivement le fond de la mer dont la limpidité, en mai et juin, leur permet de distinguer à de grandes profon- deurs; pas le moindre objet n'échappe à leur regard d’aigle. Quand ils sont parvenus à trouver un banc de coquillages, les orands bateaux dits Proas approchent et ces hommes plongent tour à tour. Lorsque la profondeur est trop grande, ils enfon- cent de longs bambous dans la mer, s’attachent aux pieds une lourde pierre, et après une descente vertigineuse ils se trou- vent sur le banc et emplissent leur panier de nacre. Ces plor- geurs restent plusieurs minutes sous l’eau, et 1l arrive souven qu’en en sortant le sang s'échappe par les narines, les orsilies et même les yeux. 264 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. La nacre des détroits est connue sous la dénomination gé- nérale de nacre Manille, elle est d’un beau blanc nacré que fait mieux ressortir sa bordure naturellement jaunâtre. Il existe une nacre encore plus appréciée, dont le prix est toujours plus élevé de 1 et même de 2 francs par kilog.; on la désigne sous le nom de nacre Macassar, celle-là a les valves lus larges, plus épaisses et sans aucune bordure qui puisse en diminuer le volume, cette nacre, à l’encontre de la précé- dente, se pêche dans les eaux troublées par les limons que charrient au loin les grands fleuves de Java, etc. ; dans ces co- quilles on rencontre souvent des perles de la plus belle eau et qui ont une grande valeur. Les coquilles dites Burgau se pêchent à la côte de Sumatra, à la pointe d’Atchin; le marché principal est Pinang, ces jolies coquilles au reflet verdâtre ont pris depuis quelque temps une large place dans l'industrie, on fabrique avec le Burqau des Cventails et une foule d'objets, boucles de ceintures, de cha- peaux, broches, etc. Les coquilles Casques se trouvent dans les mêmes parages que celles Burqau, on s’en sert dans l’industrie des camées. il nous reste à parler des coquilies dites bénitiers, dont le poids atteint plusieurs centaines de kilog. ; et ont souvent plus d'un mètre de diamètre, aussi quand les madrépores par leur travail incessant les ont fixées aux roches du fond de la mer, aucune force humaine ne peut les en sortir. Je rappellerai ici que la grande et magnifique serre de notre Jardin d’acclimatation possède un des beaux spécimens de ces coquilles dont je lui ai fait don il y a quelques années. On sait que la chair de toutes ces coquilles est bonne à manger, on la prépare avec soin soit pour la salaison, soit pour être desséchée à l'air, puis elle est ensuite expédiée sur la Chine. Holothuries. — Les Holothuries sont des animaux peu connus en Europe, les Malais leur donnent le nom de 7ripang, Manille, à Macao on leur donne le nom de Bicho de Mar. L’holothurie a un aspect repoussant et, comme tous les gasté- ropodes, elle se meut difficilement ; on la recueille générale- ment à la marée basse, attachée aux roches du rivage; ces PÈCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÊME ORIENT. 285 animaux ont de cinq à six pouces de longueur, on les sépare en deux avec la lame d’un couteau et elles perdent à l'instant toute l’eau dont elles sont injectées. L’holothurie desséchée n'a guërc que la moitié de son volume, c’est un mets trés-recherché des Chinois, ils en font, mélangé aux nids d’hirondelles, des po- tages très-épais au milieu desquels surnagent les peaux noli- râtres de ces vilains animaux, le prix est d'environ 8 francs le kilog. Requins. — La pêche du Requin a lieu, non-seulement pour sa chair, mais aussi pour ses ailerons très-recherchés des Chi- nois riches ; cette pêche est très-fructueuse et les indigènes s’y livrent avec d'autant plus d’ardeur qu'ils débarrassent la mer de leur ennemi le plus redoutable, car il leur arrive sou- vent dans leurs plongeons journaliers de ne plus reparaitre, emportés par ces voraces poissons ; aussi dès que de leur bateau ou du rivage ils aperçoivent à la surface de la mer l’aileron qui ridant l'eau trahit leur présence, ils sautent dans leur em- barcation, et l’émerillon, énorme hameçon que déguise malun appât grossier, est trainé à l'arrière. Le Requin ne tarde pas à le sentir, car l’odorat de ces monstres est très-fin; lorsqu'il laperçoit, il se dirige vers l’embarcation qui ralentit sa marche, il flaire l’appât et engloutit chair et fer du même coup ; alors les hommes donnent une vigoureuse secousse à la corde, puis ils font force de rames et l'animal, malgré ses efforts soit en tirant, soit en cherchant à devancer la vitesse de l’em- barcation, arrive bientôt au rivage ; les Malais sautent preste- ment à terre, et tirant d'ensemble et avec vigueurils l’'échouent sur la grève. Le monstre redouble alors ses efforts, et ses sou- bresauts sont si violents, qu’il renverse et brise ce qui peut l’en- tourer, aussi 1l ne faut s’en approcher qu'avec précaution ; mais bientôt, armé de son mentock, espèce de sabre, le Malais d’un coup vigoureux lui tranche la colonne vertébrale au-dessus de la queue, ce qui arrête à l'instant ses mouvements désordon- nés. Alors commence la dissection : la chair est divisée en la- nières, les ailerons plus précieux sont débarrassés de leur en- veloppe rugueuse, et 1ls abandonnent le reste aux oiseaux du rivage. 286 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Tous ces bateaux répandent au loin une odeur fort désa- oréable, odeur qui vous poursuit et qu’on retrouve à terre près des habitations malaises recouvertes de feuilles. Là on peut voir amoncelées ces belles coquilles nacrées, puis expo- sées au soleil les carapaces de tortues dont la chaleur disjoint les précieuses écailles, plus loin sur des nattes sont étalées des holothuries, des monceaux de petit fretin qu’on laisse avec intention fermenter et à moitié pourrir, et qui sont avec lé riz la nourriture journalière des peuplades de l'Asie. Agar-agar.— (est la glue produite par une plante marine, Girgantia tenazx. Les tiges de ces plantes sont chaque jour dé- tachées du fond de la mer par les vagues et viennent comme de longs serpents flotter à la surface des eaux, cette gélatine sert en Chine dans une foule d'industries; ainsi on en enduit la gaze et le papier des lanternes pour les rendre imperméables, elle sert aussi d'apprêt dans les tissus et pour le collage de certains papiers. Enfin, cuite avec du sucre, elle forme une sélatine connue sous le nom de blanc-manger, que les étran- gers ne dédaignent pas de voir sur leur table. Éponges et coraux. Madrépores. — Les éponges sont de qualité commune et ne s’exportent pas; elles s’emploient seu- lement dans le pays. Les madrépores sont très-variées de for- mes, les Malais leur donnent une blancheur éclatante en les lavant dans l’eau de riz. Nids d’hirondelles. — Quoique n'étant pas proprement dit un produit de la pêche, comme ce sont les mêmes hommes et les mêmes bateaux qui vont à leur recherche, nous avons pensé devoir l'ajouter à l’article Pêche. L’hirondelle salangane (Æirundo esculenta), est environ le tiers plus petite que notre hirondelle,son plumage est bleuâtre sur le dos et grisâtre sous le ventre ; on la irouve au cap de Bonne-Espérance, à Bourbon, à Ceylan, à Java, en Cochin- chine, etc.; mais sa patrie réelle est l'archipel Indien, ces Y FRET dans toutes les îles rocheuses. Elle constrait son nid avec une matière gélatineuse qu'elle sécrèle, et qui selon toute probabilité est le résidu des mülliers PÈCIE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÊME ORIENT. 287 de moucherons dont elle se nourrit chaque jour; le volume de ce nid est généralement environ le quart de celui d’un œuf d’oie, il est três-mince et ne pèse que 8 à 15 grammes. Quand on prend les nids avant la ponte des œufs ils sont de première qualité, mais quand les petits y ont été élevés, généralement souillés d’ordures et de duvet, ils forment la deuxième qualité, et enfin les nids refaits à la hâte après un premier nid enlevé, composés d’une faible partie de gélatine ; car l'oiseau pressé de pondre ne prend pas le temps de chercher une nourriture abondante, et mélange à son nid une quantité de plumes qu'il s’arrache à la poitrine afin d’en augmenter le volume; ces nids forment donc une troisième qualité, et il faut une orande patience pour parvenir à les nettoyer. À Canton on voit de nombreuses boutiques où les hommes sont occupés à ce travail ; à cet effet ils font tremper les nids quelques instants dans l’eau, puis avec une petite pince ils décomposent le nid en autant de milliers de parties qu'il à été construit, mettant à part la gélatine blanche, puis celle roussâtre, et enfin les plumes qui ne sont propres à rien. Les prix extrêmement élevés que les Chinois accordent à ces nids engagent un nombre considérable d'individus à se livrer à leur recherche. C’est presque toujours en courant les plus grands dangers qu'ils parviennent, au moyen d’échelles de bambous, à gravir les rochers les plus escarpés qui se trouvent souvent au bord de la mer. Arrivés au sommet, ils disposent des cordes de rotin et se laissent glisser dans les grottes pro- fondes et obscures où nichent ces oiseaux, dont les nids sont fixés aux voûtes des grottes, mais malheur à celui qui fait un faux pas, car son corps, tombant sur les anfractuosités des rochers, arrive mutilé dans la mer qui vient se briser et s’en- goulirer avec fracas sous ces cavernes. Les Chinois, qui à tort ou à raison accordent des vertus sti- mulantes aphrodisiaques à ces nids, placent ces mets bien au-dessus de toutes leurs fricassées d'œufs pourris, de chiens, chats, rats, vers à sole, scarabées aquatiques, etc.; aussi les prix en restent-ils toujours si élevés que les riches seuls peu- vent goûter de ce mets des dieux ; les nids de première qualité 288 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. valent 175 francs le 1/2 kilog., ceux de deuxième de 100 à 125, et ceux de troisième, de 15 à 50 francs. Les importations en Chine s'élèvent chaque année de 100 à 125 000 kilog. ; Java en fournit la majeure partie. COCHINCHINE Notre colonie.de la basse Cochinchine, arrosée par le grand fleuve Meikong, ses nombreux embranchements et ses canaux, est un des pays les plus favorisés pour la pêche. Des grands lacs du Cambodge il arrive à Saïgon chaque année de nombreux bateaux chargés de poissons desséchés, salés et d’autres vivants. Au moment de la descente de ces bateaux, le marché aux poissons prend une grande animation, les Chinois et les Eu- ropéens achètent ces poissons qu'on dirige par chargements entiers vers Hong-Kong, Java, la Réunion, etc. Quant aux poissons vivants ils arrivent dans des réservoirs, espèces de cages en bambou qu’entraînent à leur suite les bateaux et les trains de bois qui descendent le fleuve. il'arrive de la même manière à Saïgon et sur les autres marchés de la colonie des Crocodiles ; on les dépèce par larges tranches sans tenir compte de leur peau. La chair de ces Sau- riens est irès-appréciée des Annamites. Ces monstres amphibies sont enfermés, parqués avec de so- lides perches en bambou, ces parques sont généralement placés sur les bords des fleuves près des débarcadères, et quand on vient sans être prévenu pour y attacher son bateau, on reste tout surpris de se voir à si petite distance de ces wi- lains animaux à la peau boutonneuse, aux yeux verdâtres et dont les rangées de dents de leur puissante mâchoire con- tournée se laissent deviner. C’est au Cambodge, dans les lacs, que se pratique une pêche qui a été souvent contestée et qui se fait sur une grande échelle. Une planche enduite de savon gras est placée obliquement sur le travers des bateaux, ceux-ci sont poussés avec précau- PÈÊCUE ET PISCICULTURE DANS L’EXTRÊÈME ORIENT. 289 ion dans la direction de la lune, les poissons trompés par l'éclat, la blancheur que projette la planche, croyant sans doute avoir une cascade à franchir, sautent et tombent dans le bateau ; un filet tendu à l’autre bord arrête ceux qui iancés trop fort retomberaient à l’eau. Sur les rives des lacs et sur celles des hauts du fleuve peu fréquentés pullulent ces énormes Ophidiens dont je soumets quelques peaux à l'honorable Société, l’une à 5 mètres de lon- oueur, l’autre 50 centimètres de largeur. Dans ces endroits, les serpents et les crocodiles sont si nombreux qu’on peut se procurer sans aucune peine des millièrs de ces dépouilles, avec lesquelles j'ai obtenu un cuir solide et résistant comme celui que je présente à la Société. Pour s'emparer des Crocodiles, les Annamites emploient le moyen suivant que nous n'avons pas vu, mais qui cependant est exact. Au moment où ces animaux, repus, s’'endorment au soleil, l’Annamite s’en approche avec précaution, il s’élance avec ra- pidité sur le dos de l’animal et l’enfourche, le crocodile réveillé en sursaut, se Jette dans les profondeurs des eaux, mais l’homme retarde sa marche en lui tenant les pattes de devant dont il rend les mouvements impuissants ; bientôt après, allon- geant les bras, il enfonce ses doigts dans les yeux du monstre; celui-ci, vaincu par la douleur, remonte à la surface, alors, à coups de couteau dans la région du cœur, il le tue en moins de temps qu'il nous en a fallu pour tracer ces lignes. Les crocodiles, comme les grands serpents, se nourrissent des poissons au moment où par bancs serrés ils remontent de la mer dans les lacs pour y déposer leur frai; à ce moment les poissons se pressent tellement sur les rives qu’il s’en échoue un grand nombre. Plus tard ils vivent des gros gibiers si nom- breux dans ces parages : chevreuils, cerfs, sangliers, que la soif force à venir se désaltérer. Les Annamites emploient un moyen irès-simple et très-in- génieux pour pêcher les anguilles, et nous sommes certain d'être agréable aux amateurs en leur indiquant ce procédé peu coûteux. 290 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Tous nos pêcheurs connaissent l’agilité, la finesse de la vue des anguilles, et combien d’entre eux ont été désappointés en relevant leurs nasses d’apercevoir de belles anguilles qui dis- paraissaient comme l'éclair parce qu’elles reconnaissaient im- médiatement le trou par lequel elles étaient entrées. Pour obvier à cet inconvénient, l’Annamite a imaginé l'emploi d’une section de bambou de la longueur d’un mètre environ et de la grosseur du bras; en brise les cellules de l’intérieur, à l'exception du dernier nœud qui doit former le fond du piége, 1l place à l’entrée de petites lanières de bam- bou, puis il jette l’appât à l’intérieur, soit du poisson, soit des verres de terre. Ce bambou est placé sur la vase à de très- petites profondeurs; les anguilles, qui aiment à rechercher leur nourriture dans les souches, dans les moindres trous du rivage, entrent bientôt dans le bambou, où elles ne peuvent guère se mouvoir et surtout jamais se retourner et Corisé- quemment sont captives. Ces sortes de nasses de bambou sont : retirées de l’eau chaque matin, et pour en faire sortir le pois- son, il faut souvent se munir d’un crochet, tant l’anguille, pe- lotonnée, s’est fortement serrée, enlacée en quelque sorte dans les interstices des nœuds. Le Combattant, ce joli poisson élevé avec tant de succès par M. Carbonmier, existe en grand nombre dans les canaux de notre Cochinchine ; il est ainsi nommé par les Annamites, à cause de ses dispositions batailleuses quand il rencontre un adversaire. Les Annamites s’en amusent beaucoup : ils placent deux mâles dans un vase rempli d’eau limpide, et une fois que les deux poissons se trouvent en présence ils entrent en fureur et agitent leurs branchies épineuses, leur couleur gris naturel change du violet au rouge, puis ils s’élancent furieux l’un sur l’autre. Ces poissons ont de l’analogie avec nos charmants petits épinoches, leur volume est celui du goujon. Il me reste encore à signaler un petit poisson que nous n'a- vons pas encore introduit en Europe, ce poisson, de lespèce des amphibies, a deux pattes sur l'avant, 1l est très-vorace et on le voit se promener sur la vase à la marée basse, où il saisit PÊCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÊME ORIENT. 291 avec agilité les insectes qu’il aperçoit; il est extrêmement commun en Cochinchine où il est apprécié pour sa chair, comme nos loches il est dépourvu d’écailles. Je terminerai cet article en signalant un assaisonnement fait avec le poisson, sauce appréciée des Orientaux et dont il se fait un commerce important. Avec toutes ces espèces de poisson, l’Annamite fabrique un assalsonnement qu'on appelle nockman. Cest le produit d’une décomposition de poisson qu'on laisse pourrir dans l’eau. | La première qualité provient du décantage de la première eau. Pour obtenir une deuxième qualité on ajoute une nou- velle quantité d’eau, et ainsi de suite pour la troisième qualité. Ce condiment s’expédie dans l'archipel [ndien, en Chine et au Japon, on s’en sert comme assaisonnement du riz bouilli et d’autres mets. L CHINE L'art d'élever les poissons, de les nourrir, de peupler les étangs et les canaux, tout ce qui concerne enfin la piscicul- ture, remonte en Chine et au Japon aux temps les plus recu- lés. C’est surtout en Chine, pays favorisé par des circonstances exceptionnelles, que se reproduisent des variétés infinies de poissons d’eau douce, dont la plupart des espèces nous sont encore inconnues. | L'empire du Milieu est sillonné par une immense quantité d’étangs, de lacs, de canaux, de fleuves dont la largeur et le parcours n’ont peut-être pas d’égaux au monde. Il pousse dans ces cours d’eau et à des distances considérables de leurs rives, des forêts, pour ainsi dire, de roseaux, de bambous et de végétaux dont l’exubérance est telle, qu’elles donnent un asile sûr etpresque impénétrable aux alevins qui s’y réfugient. Des légions imnombrables de canards, d’oies sauvages ou autre gibier d’eau, sont en effet les seuls ennemis qu'ils aient à redouter. | Îl nous a été donné de voir à Han-Keou, en 1869, les crues pé- riodiques du Yang-tsé-Kiang.Elles atteignaient trente-cinq pieds 299 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. au-dessus de l’étiage, et l’inondation au mois de novembre s’étendait de quarante à cinquante lieues dans l’intéricur. Ces débordements, on le comprend, favorisent la remonte des poissons qui pénèlrent ainsi dans les endroits les plus reculés et s’y multiplient à linfini. Le Céleste Empire a huit cents lieues de côtes maritimes en- viron, et les fleuves qui, de ces côtes se déverseni dans la mer, attirent à leur embouchure une masse énorme de poissons de toute espèce, qui trouvent là une abondante nourriture dans les détritus qu'ils y charrient. Aussi le poisson se trouve- t-il en grande abondance sur tous les marchés de Chine. Son prix y esl insignifiant et il forme avec le riz la principale con- sommation des innombrables habitants de ces contrées. La pêche n’a pas comme chez nous de prohibition, on pêche en toutes saisons les poissons de toutes tailles, les alevins n'ayant même que quelques jours après l’éclosion. On fait sé- cher au soleil des monceaux de ces fretins qui sont très au goût des Chinois, parce qu'ils se prêtent mieux à la soya, assaisonnement favori des Asiatiques, dont la base est le poisson pourri avec addition de purée de haricots fermentés. Dans le magnifique ouvrage sur la piscicullure en Chine par M. Dabry de Thiersant, ouvrage dédié à notre aimé et hono- rable président, M. Drouyn de Lhuys, chacun de nous a pu voir que les poissons sont classés par les Chinois en deux caté- gories. Les poissons domestiques X7a-Fu comprennent la grande famille des cyprins, comme carpes, etc., tous herbi- vores qu'on élève, qu’on nourrit dans les pièces d’eau, dans les étangs. Les poissons de mer et même ceux qui vivent dans jes eaux douces, comme les brochets, les perches, sont ap- pelés Fe-Fu ou poissons sauvages; ces derniers sont souvent le désespoir des pisciculteurs chinois qui emploient tous les moyens possibles pour les détruire, quand par un cas fortuit ils se sont introduits dans leurs viviers. La pêche la plus abondante dans le centre de la Chine a lieu après les premières gelées, quand la transparence des eaux permet d’apercevoir les poissons à de grandes profondeurs. Au mois de novembre, on voit sur les marchés de Han-Keou PÊCIE ET PISCICULTURE DANS L EXTRÊME ORIENT. 249 et Keou-Kiang, d'énormes carpes aux écailles dorées d’en- viron 4 mètre de long et du poids de 30 à 40 kilog. Le grand lac Poïang est un des plus poissonneux de l’empire. Les moyens employés pour la pêche ne sont guère différents de ceux employés en Europe : la ligne, l’échiquier, lépervier, les nasses, les grands filets, etc. Sur les rives des fleuves recou- vertes par la marée, on tend des claies sans fin, tressées avec des bambous et solidement maintenues par des pieux; les poissons franchissent l'obstacle à la marée haute, mais au re- trait, tous ceux qui n ont pu échapper se trouvent arrêtés et facilement capturés. À l’époque du frai, les œufs de poissons appelés caviar se lrouvent aussi arrêtés par ces mêmes clayères, on les recueille et on les sale; après l’éclosion des œufs c’est ensuite le tour . des alevins à se faire prendre dans ces engins. Cette pêche est des plus abondantes et l’on a peine à comprendre qu'après la destruction si exorbitante de chaque jour, l'Empire Céleste reste constamment des plus poissonneux. Les bateaux chinois employés à la pêche en mer sont innom- brables dans les détroits de Formose, des iles de Chusan elc., la navigation s’en trouve très-gênée. On voit jusque bien loin en pleine mer des perches, des bambous se balançant au gré des vagues ; c'est l'indice d’une nasse retenue au fond de la mer par un poids lourd, et que viennent à la distance de plu- sieurs lieues des côtes visiter chaque jour les bateaux de pêche. | Il nous reste à parler des cyprins rouges et surtout de la variété appelée éélescope, si reconnaissable à ses gros yeux en relief et que notre collègue, M. Carbonnier, si habile en pisci- culture, est parvenu à acclimater chez nous. Les poissons télescopes sont préférés aux cyprins rouges ordinaires, on voit chaque jour des marchands en lransporter dans les rues, dans des baquets suspendus en balance au moyen d’un bambou. Les cyprins sont élevés dans de ntre pièces d’eau ornées de bambous et de plantes aquatiques, et accidentées artificiel- lement par des rochers. Les Chinois opulents, les mandarins, 294 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ornent leurs habitations de ville et de campagne de ces ro- chers factices qui, la plupart du temps construits en pierre ponce, forment des îlots qui surnagent et flottent au gré du vent. Le peuple, lui, se sert pour l'élevage du cyprin, de grandes vasques ou urnes en terre vernissée et d’une capacité de 1000 à 1500 litres. Ces sortes de réservoirs sont adossés aux mu- railles des cours des habitalions, où ils recoivent les eaux pluviales. De cette façon, l’eau s’y conserve limpide et n’a pas besoin d’être renouvelée. On nourrit les poissons avec des vers tirés de la vase et des herbes ou plantes d’eau douce. L'époque du frai arrivé, ce qui se reconnaît à l’agitation des poissons qui se poursuivent continuellement, on surveille le bassin, et quand les œufs ont été déposés sur les herbes, on les retire à l’aide d’une écumoire, on les place à l'ombre dans un vase à fond plat avec 10 centimètres d'eau. Sans cette pré- caution, le frai disparaïîtrait, mangé par les grands parenis, voire même les alevins, au fur et à mesure de leur éclosion, car tout ce qui s’agite et a vie est immédiatement englouti. Au bout de huit jours, le frai, activé par la chaleur du cli- mat, et ayant passé par toutes ses phases, arrive à l’éclosion ; pendant quelques jours il n’a pas besoin de nourriture. Mais 1l faut songer bientôt à alimenter la petite famille; pour cela on a préparé des récipients à eau croupissante où des in- sectes, des moustiques, etc.,s nombreux dans les pays chauds viennent déposer leurs larves. Au moyen d’une puisette garnie d’une gaze de soie, on retire les larves de l’eau, on les passe au tamis et on les donne ensuite aux alevins, qui en sont três- friands. En six mois les cyprins ont atteint une dimension de 2 cen- timètres environ; on peut alors sans crainte les joindre à leurs confrères plus âgés. Leur agilité leur permet de se défendre et d'échapper à la gloutonnerie des plus gros. Pour tous, en Fans petits et grands, l'élevage du poisson est un réel divertissement. Les enfants grimpent sans cesse aux parois des réservoirs, tandis qu'hommes et femmes pas- sent des heures entières à contempler les couleurs vives, les PÊCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÈME ORIENT. 295 marbrures variées de ces élégants poissons, dont la queue déliée et en forme de panache se balance si gracieusement. JAPON. A l'inverse de la Chine, le Japon se trouve privé de grands fleuves, aussi le poisson d’eau douce y est-il assez rare, on pêche dans les rapides, les cascades, etc., d'excellentes Truites, et sous les rochers ces énormes Salamandres, longues d’un mêtre et dont le Japon seul possède l'espèce. La Carpe s’y rencontre, comme en Chine, à peu près par- tout, dans toutes les pièces d’eau, les étangs des plaines, comme aussi dans quelques lacs. Les gens de la classe élevée, les officiers, Daïmios, etc., mangent ce poisson entièrement cru ; la Carpe sortant de l’eau est servie sur la table, sur des feuilles de bambou. On se sert pour la dépecer d’un couteau à lame très-fine et de la trempe exceptionnelle qui est le secret des Japonais; de fines tran- ches dans le genre de nos filets d’Anchois sont enlevées succes- sivement, et l'habileté du découpeur consiste à ne toucher au- cune partie essentielle à l'existence de l'animal encore vivant (que vont dire d’un tel procédé barbare nos confrères de la Société protectrice des animaux); quand il n’est plus qu’un squelette, ces tranches minces trempées dans la soya consti- tuent un des mets les plus savoureux des Lucullus japonais. Si le poisson d’eau douce est comparativement rare au Japon, celui de mer y est très-abondant, ainsi que les Crustacés : Cre- vettes, Crabes, Langoustes, petits Homards, etc. Parmi une foule de coquillages de tout genre dont le Japon possède les espèces les plus variées, une grande pêche se fait de l’Owaby, que nous nommons haléotide, et dont la coquille nacrée irisée est du plus charmant effet. Cette pêche se fait, comme dans la Malaisie, en bateaux par des plongeurs, elle est des plus productives, la chair de POwaby est très au goût des Japonais de toutes classes ; desséchée, on l'expédie en Chine par milliers de piculs à la fois ; les coquilles sont employées dans les incrustations de laques après avoir 296 - SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. été usées sur une pierre de grès de la finesse d’une feuille de papier ; à Paris, nos artistes éventaillistes sont parvenus à tein- dre ces johes coquilles de différentes nuances au moyen des nouvelles couleurs anilines. Il arrive aussi à Nagasaky des coquilles Burgau qui sont pêchées sur les îles rapprochées de la Corée, cette précieuse coquille ne se trouve absolument que dans la mer des Indes et au Japon. Le Japon, avec sa belle et vaste mer intérieure parsemée d'ilots recouverts pour la plupart de la végétation la plus luxuriante, avec ses côtes protégées par un nombre infini d'îles, se trouve, on le comprend, être un pays des plus favorisés pour la reproduction du poisson et par suite aussi pour tous genres de pêches. Quand on approche des grandes villes, comme Osaka, Yédo la capitale, au moment de la marée basse, on aperçoit des populations entières, les jambes nues, suivant le retrait de la vague qui laisse à sec des plages de plusieurs lieues.Les femmes, les enfants, recueillent dansle sable, dans la vase, les coquilla- ges, les Crabes qui y cherchent un refuge. Les hommes sont occupés à un travail plus pénible; ils ont à détacher des mil- liers de grandes perches en bambou fichées en terre, les al- gues marines appelées kom-bou arrêtées par ces obstacles et n'ayant pu suivre le retrait des eaux. Quelques-uns de ces fucus sont d’une espèce particulière et ont jusqu'à 500 mètres de long ; j en soumets un ee rapporté lors de mon der- nier voyage. Bientôt la marée montante chasse la ER qui dispa- raît comme par enchantement, et de cette scène animée il ne reste plus à la vue que la pointe des perches de bambou que la vague se charge à nouveau de couvrir d’un riche butin. En reportant ses regards vers la terre on voit devant les ha bitations le kom-bou, sur des nattes, exposé aux rayons d’un soleil ardent, puis des femmes occupées à couper en fines la- nières, à la façon de notre tabac de caporal, d’autres espèces d'algues au feuillage mince; on en forme de petits carrés qu'on enroule ensuite, c’est là paraît-il un meis délicat. PÈCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÈME OBIENT. 297 Les algues communes sont simplement mises eu ballots d’un picul (60 kilog.) dont les solides liens sont les feuilles mêmes, et nos navires, comme aussi les jonques, les ranspor- tent par milliers de ES d'une part, à Han- FA, puis à Tientsin, à Chefou, etc. On fabrique avec les Algues un produit connu dans le com- merce sous le nom de /singlass, cette substance gélatineuse a pris depuis peu, à Paris, une certaine extension dans la pâusserie, les confitures, etc., dont elle double Le volume sans arrière-goût aucun ; Jen Joins un spécimen. Ces Algues sont d’un grand secours aux classes pauvres en ce que mélangées aux aliments on n’a pas à se servir de sel, monopole du gouvernement et frappé de nouveaux droits de circulation par les mandarins de chaque province, même dans celles les plus éloignées. Ces plantes, à cause de l’iode qu’elles contiennent, sont de plus un réel spécifique pour les popula- ons chinoises atteintes de la maladie du goitre, maladie qui frappe plus particulièrement les pays montagneux de la Man- dchourie et du Thibet. Les grands marchés au poisson sont très-curieux à visiter au Japon, celui d’Osaka présente, le matin, un coup d’œil des plus intéressants et des plus animés. Aussitôt les bâteaux de pêche arrivés, on débarque, d’une part, tout le poisson destiné à la ville, tandis qu’on décharge sur des bâteaux plats celui destiné à la grande ville de Kioto et à d’autres endroits plus éloignés. Des Thons énormes, de la taille et de la grosseur d’un homme, sont adossés aux murailles la tête à terre, roides comme des pieux, et plus loin, pêle-mêie, une masse de pois- sons de toute espèce, des crustacés, des coquillages, des poulpes, des pieuvres vivantes, placées dans des baquets avec de l’eau de mer. Ces méchantes bêtes, quoique captives, en- lacent de leurs tentacules, et mordent le bâton qui leur est pré- senté (J'en soumets une des pattes conservée au moyen d’une simple dessiccation). | Autour de ces amas hétéroclites de marchandises, se presse uue foule compacte des deux sexes, praillant, gesticulant, se 3C SÉRIE, T. Il. — Juin 14875, 20 298 . SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. bousculant pour acheter ; les pauvres qui ne peuvent se pro- curer faute d'argent les tranches épaisses et savoureusés du Thon en émportent les têtes osseuses qu’ils obtiennent pres- que pour rlén. Dans les rues étroites, sans fin, mais toujours bien alignées, dés grandes villes du Japon, au milieu de milliers de bouti- tiques de curiosilés exposées au regard de l'étranger, les nornbreux étalages de marchands de comestibles n’y sont pas les moins intéressants par la variété d’objéts dont la plupart sont totalement inconnus : Les poissons secs de toute taille, de toute espèce, dépuis les alevins jusqu’au Requin, en japonais Xèn-fire, le Caviar Karasoumi et les alevins réduits en espèce de bouillie, les tranches de Thon, fumées, séchées, pressées, dont la forme ést analogue à nos pierres à aiguiser, les Crevettes, Crabes, les estomacs, les vessies de poisson avec cette kyrielle de Mol- lusques, de fucus déjà cités, etc., tout cela à l'odeur nauséa- bonde et qui cependant, mélangé le plus souvent au riz bouilli, constitue une nourriture salubre et nutrilive. Au milieu de ces utiles produits de la pêche qu’on observe sur tous les marchés de l’extrème Orient, de ces monceaux dé poissons, caviars, alévins, produits de la plus prodigieuse fécondité qui semble défier toute destruction, malgré le tribut incessant qu'on en retire chaque jour, chaque année, on a lieu d’être étonné de voir que chez nous il en est tout autrement. Et pourquoi nos marchés sont-ils si maigrement approvision- nés? pourquoi le poisson n'est-il pas, par son prix, abordable à toutes les classes de la société? N’avons-nous pas une des plus avantageuses positions du monde, deux mers qui baignent nos côtes, quelque chose comme 40 à 12 000 lieues de rivières et de fleuves, plus de 50 000 lieues de cours d’eau, de ruisseaux; nos canaux et l’é- norme superficie de nos étangs? Assurément notre pays se trouve être un des plus favorisés de la nature et devrait pro- duire du poisson de toute espèce et en grande abondance. Il y à donc, messieurs, une grande incurie, une grande in- conscience de notre part, un oubli complet, nous pouvons le dire, de l'alimentation publique. PÈCHE ET PISCICULTURE DANS L'EXTRÊME ORIENT. 299 C'est, messieurs, à notre Société d’acclimatation qui a déjà tant fait, à redoubler d'efforts pour remédier à un état de choses aussi fâcheux. Il faut par tous les moyens possibles en- courager la pisciculture, il faut attacher à nos gardes de ri- vière des hommes compétents, expérimentés; il faut trans- porter des œufs, des alevins partout où l’on peut rencontrer un emplacement avantageux; il faut donner des récompenses aux hommes dévoués qui s'occupent de pisciculture, encou- rager les propriétaires qui, placés sur les cours d’eau, ne demandent pas mieux que de s’en occuper; obtenir la sup- pression des entraves sans fin que nos administrations susci- tent pour la moindre cause, etc. Enfin, messieurs, efforçons-nous de repeupler nos élangs, nos cours d’eau, et que la pêche, l’une de nos grandes dis- tractons pour toutes les classes de la société, devienne profi- table à chacun et alors nous aurons bien mérité de notre pays! | RAPPORT SUR LES ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE DE DIVERSES ESPÈCES Faites au Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, en 1874 Par M MAURICE GERARD. Docteur ès sciences naturelles, Les éducations de Lépidoptères producteurs de soie entre- prises au bois de Boulogne en 1874, tant dans la magnanerie du Jardin d’acclimatation qu’à l’air libre, ont porté cette année sur quatre espèces, toutes d’origine première asiatique, se rapportant à trois types de Bombveiens : 1° le Ver à soie ordinaire ou du mûrier (Sericaria mort, Linn.); 2° deux espèces se rapportant au type myltta, à cocons fermés, aisément dévidables en soie grége, et qui sont l’Aféacus Yama-maï, G. Mén., ou Ver à soie du chêne du Japon, et l’Attacus Pernyt, G. Mén., ou Ver à soie du chêne de la Chine, espèce très-voisine de la précédente, et pouvant donner des hybrides avec elle ; 3° l'Aéfacus cynthua, Drury, vera, G. Mén. ou Ver à soie de l’ailante, espèce à cocons naturellement ouverts, non encore dévidables indusiriellement en soie grége. J'ai surveillé ces éducations dans de fréquentes visites jus-. qu’au 18 juin ; à partir de cette époque, en raison de la muis- sion de l’Académie des sciences, que J'ai remplie dans nos départements du S.-0. pour l'étude du PAylloxera et de la maladie de la vigne, j'ai été remplacé le plus souvent par M. Berce, de la Société entomologique de France et un de nos lauréats, et qui a bien voulu metlre au service de la So- ciété son expérience consommée et ancienne dans les éduca- tions des Chenilles de toutes les espèces de Lépidoptères. Je crois pouvoir le remercier de ses soins assidus au nom de notre Sociélé. ÉDUCATIONS DE VERS À SOIE DE DIVERSES ESPÈCES, 301 . |. VER A SOIE DU MURIER. Les éducations des Vers à soie ordinaires comprenaient les insectes issus de graines de sept provenances. Nous allons présenter un exposé sommaire de chaque élevage, les détails étant réservés pour l’annexe de ce rapport. 1° Graine Adrien Gourdin, de Saint-Hippolyte du Fort (Gard), remise à la magnanerie par M. A. Geoffroy Saint- Hilaire. L’éclosion a eu lieu au commencement de mai et les Vers ont dû être séparés en deux lots, à cause d’une certaine inégalité de temps dans l’éclosion. L'éducation a bien marché jusqu’au 11 juin, où la flacherie a envahi les tablettes, après la quatrième mue, comme cela se passe d'habitude dans cette redoutable affection, le fléau actuel de la sériciculture ; c’est au moment où la récolte va récompenser le magnanier de ses soins et de ses dépenses que tout est enlevé en quelques Jours. | Les Vers sont jetés à l’exception de quelques tablettes pa- raissant moins fortement atteintes, et qui sont portées au dehors, à l’air libre sous hangar. Il y a rétablissement de la santé des Vers, et ce point est important à noler, sauf quel- ques cas de mortalité de Vers devenus ærjrans, c'est-à-dire se cramponnant avec ténacité par les couronnes de crochets de leurs pattes membraneuses. Un accident, l’orage du 5 juillet, inonde le hangar et noie la plupart des chenilles. Les survivantes filent le 14 juillet de très-beaux cocons, commençant à éclore le 16 et produisant de la graine de bonne apparence. Les excellents cocons obtenus montrent qu'il n’y avait plus de flacherie. 2° Graine de race de Pologne, provenant de l'éducation de 1873 faite au Jardin. C'est une race qui est due à d’an- ciens croisements japonais, et élevée depuis plusieurs années à Varsovie pour le grainage par M. Hignet, qui nous avait envoyé en 1875 plusieurs échantillons de graines. Le faible lot de graine réservé pour le Jardin à commencé à donner des petites chenilles le 28 avril 1874, et l’éclosion, un peu 302 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. lente, ne s’est terminée que le premier mai. Entre la seconde et la troisième mue, à la fin de mai, j'ai fait jeter un assez grand nombre-de Vers restés petits, sans toutefois cesser de manger, signe d’affaiblissement toujours fâcheux et qui in- dique des prédispositions aux maladies. Le 7 juin les Vers bien portants conservés se réveillaient de la quatrième mue. Is sont de petite taille, comme nous l’avions déjà vu en 1873, et sont en grande frèze pour la montée le 11 juin, ayant beaucoup grossi aux derniers jours. Ils sont tous en cocons le 18 juin, éclosent et s’accouplent le 16 juillet. Nous avons eu une ponte de dix-sept cartons de belle graine; 11 y avait beaucoup plus de mâles que de femelles. Nous avons là, comme on le voit, une éducation très-conve- nablement réussie, en présence de la persistance acharnée de la flacherie aux environs de Paris, et avec les Vers d'autre provenance gravement atteints et amenant la contagion tout autour d'eux. Les cocons étaient beaucoup plus beaux que ceux de l’année précédente, et les reproducteurs sains et VIgOUreUx. 3° Graine envoyée par M. Miot, de Semur (Côte-d'Or). Les reproducteurs, à qui j'ai pu faire subir l'examen mierosco- pique, étaient excellents au point de vue de la pébrme, et exempts de corpuscules. | Cet exemple fera malheureusement voir que la sélection à ce point de vue n'est pas une garantie contre la flacherie, épidémie qui prédomine beaucoup aujourd’hui sur l’ancienne affection des corpuscules. L’éclosion s’est effectuée parfaite- ment le 1% mai, les petits Vers mangeant très-bien, mais quinze jours après, la première mue s'étant opérée, de nom- breux symptômes de flacherie m'ont décidé à faire aban- donner cette expérience. h° Graine envoyée par M. Nourrigat, de Lunel. Les 3 grammes de graine provenant de M. Nourrigat ont commencé à éclore le 1° mai au soir, d’une manière assez régulière, mais un peu lente. C’est le 17 mai, après le réveil de la première mue, que la flacherie a commencé à paraître, et, ainsi que je l’avais annoncé dans le rapport de l’année ÉDUCATIONS DE VERS À SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 9303 nrécédente, j'ai fait cesser l'éducation au commencement de juin, alors que la persistance du mal m'a fait craindre une influence de contagion pour les Vers des autres provenances. 5° Graine Boucarut, d'Algérie. M"° Boucarut, dont la réputation est faite depuis longtemps pour le grainage, nous avait fait remettre 10 grammes de oraine, due aux éducations de reproduction opérées dans notre colonie d'Afrique. L’éclosion a été excellente le 41* mai 1874, et, huit jours après, les Vers, en très-bon état, étaient ceux qui manifestaient, dans notre magnanerie, le plus vigoureux appétit. Il y a eu de l'inégalité dans la marche de l’éducation, qui s’est beaucoup améliorée à la fin. Dans la premiére quin- zaine de juin, on pouvait constater, au voisinage de la mon- tée, une race petite, mais sans maladie, avec quelques Vers moricauds. Ces Vers paraissent être des Japonais, de repro- duction ancienne. Au moment de la montée même, se sont manifesiés de nombreux cas de flacherie et de grasserie. Les Vers bien portants ont donné des cocons, et l’éclosion des papillons, commencée le 5 juillet, a produit à la ponte vingt et un cartons de belle graine. 6° Graine envoyée par M. Votte et obtenue dans le départe- ment du Cher. _ M. Voite, lauréat de notre Société pour lPAffacus Yama- mai, nous a fait parvenir de la graine, qui nous est arrivée fort tard, le 23 mai 1874, et en voie d’éclosion. Cette mise à l'incubation, beaucoup trop tardive, est certainement la cause, comme le prouvent les beaux travaux de M. Raulin, d’une grande mortalité par la flacherie. | On sait qu'il faut hâter autant qu’on peut les éducations, cette maladie sévissant en été avec bien plus d'intensité qu’au printemps. | Il n’est resté que 22 cocons, de belle race indigène, qui ont donné le 16 juillet de la graine d’excellent aspect. 7° Graine Raulin, de Pont-Gisquet, près d’Alais (Gard). M. Raulin a envoyé à la Société 10 grammes de graine de notre belle race indigène milanaise jaune, préparée avec le plus grand soin par le système de sélection cellulaire, exempte 30/4 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de corpuscules de pébrine. Elle n’est venue à éclosion que le 10 mai, pendant qu'à Alais les Vers issus de la même graine opéraient leur troisième mue, en réussite complète. A notre magnanerie ces Vers ont présenté de l'inégalité dans leur éducation, sans maladie. À la dernière semaine de juin, un grand nombre ont succombé à la flacherie et à la grasserie. La forte chaleur et la grande affluence de visiteurs à la ma- gnanerie, dans la journée du dimanche 21 juin, ont contribué beaucoup à ces fâcheux accidents, en produisant une touffe très-grave (apoplexie des Vers à soie). A la fin de juin nous avons obtenu de magnifiques cocons, mais en petit nombre, et de la belle graine était pondue le 16 juillet. La bonté de la graine de cette race reste démontrée au milieu des causes d'infection. En résumé, on peut dire que nos éducations ont donné un résultat plus satisfaisant que dans les deux années pré- cédentes puisque, malgré l'installation défectueuse bien reconnue de la magnanerie et la persistance opimiâtre de Ia flacherie dans la zone parisienne, nous avons obtenu des reproductions dans cinq expériences sur sept. Les races d’ori- gine première japonaise nous ont fourni les meilleurs résul- tats de toutes celles mises en expérience, et dans une forte proportion. Il est fâcheux que ces races robustes soient les moins avantageuses pour le poids des cocons et la qualité de la soie ; c’est pourquoi tous les efforts de notre Société et des Sociétés d'agriculture doivent être la régénération de nos anciennes races indigènes. Il faut reconnaitre aussi que les conditions de température et d'humidité de 1874, ont été bien meilleures qu’en 1873 et 1872. Par suite de la nécessité où s’est trouvée l’administration du Jardin de reprendre la magnanerie pour l'approprier à d’autres usages, les expériences de sériciculture seront pro- visoirement ajournées. II. VERS A SOIE DU CHÈNE. Plusieurs petits lots de graines de l’Affacus Yama-maï ont été mis en expérience : d’abord 2 grammes de la race élevée ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 909 depuis longtemps à Metz, par M. de Sauley et n'ayant pas subi la retardation par la glacière. L’éclosion a eu lieu le 11 avril, et les petites chenilles ont aussitôt été portées sur des bourgeons de chêne bien épanouis trouvés au Jardin. Deux autres lots de graine avaient été retardés à la glacière jusqu’à l'apparition des feuilles de chêne, et probablement soumis un peu tard à cette opération, car 1l y avait des œufs commen- çant à éclore. La réfrigération n’a du reste nullement tué les petites chenilles, qui se sont dégourdies le 25 avril, en même temps qu'éclosait la graine glacée portée à la chambre d’in- cubation. Il y avait des œufs de la race de Metz, de M. de Saulcy, d’autres de l'éducation de M. Bigot, à Pontoise. Enfin, le 28 avril eut lieu léclosion d'œufs d’un quatrième lot envoyés à la Société et dont j ignore la provenance. Après diverses phases dont le compte rendu détaillé se trouvera dans l’annexe de ce rapport, les dermières chenilles des quatre lots ont péri dans la première quinzaine de juin, par la flacherie principalement, et un certain nombre, à diverses époques, étranglées à la mue par l’ancienne peau dont elles n’avaient pu se débarrasser. A titre d'expérience seulement nous avions prolongé le séjour à la glacière de quelques œufs de Yama-maï, qui ont été mis à éclosion le 26 juin, uniquement par salisfaire à la curiosité du public. Les chenilles, comme on peut le penser, étaient chétives et leur existence n’a pu se prolonger au delà du 11 juillet. Les Vers du chêne de la Chine, au contraire de ceux du Japon, proviennent de cocons qui passent l'hiver, car l’espêce est bivoltine, tandis que le Yama maï n’a, comme le Ver à soie du mürier, qu'une seule éclosion par an, dont les œufs. subissent le froid salutaire de l’hiver. Le Jardin avait reçu une caisse de cocons d’A. Pernyr, d’une race directe de Chine, envoyés par M. de Geofroy, mi- nistre plénipotentiaire en ce pays. Les papillons ont commencé à éclore au mois de mars, et les œufs, issus de leurs accou- plements, ont donné leurs premières petites chenilles le LA mai. I y avait un grand intérêt pour les nombreux visi- teurs à voir ces chenilles toutes noires à leur première peau 206 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. à côté des petites chenilles vertes dès l’éclosion du Fama- mai. Après la première mue les chenilles du Pernyr devien- nent vertes, et dès lors ressemblent beaucoup à celles de l’espèce japonaise. Les papillons, comme on sait, sont aussi trés-analogues. À la fin de mai vinrent aussi à éclore d’autres papillons de la même espêce, provenant des éducations opérées depuis deux ans par M. Benvenuto Comba, au domaine royal de la Mandria, près de Turin. La graine née de ces reproducteurs, et pondue en faible quantité, n’a pas donné de chenilles. Les cocons avaient beaucoup souffert, soit du voyage, soit d’acei- dents, et ceux de M. de Geofroy offraient également beaucoup de chrysalides mortes et sèches, et une partie des papillons malades. Nous ne devons donc pas être étonnés si les chenilles d'Attacus Pernyt n’ont pas dépassé la troisième mue. Les Vers à soie du chêne des deux espèces ont toujours été élevés à l’air libre, et, suivant l’habitude des petites éduca- tions, sur rameaux de chêne immergés dans l’eau, placée dans une cuve et maintenue pure au moyen de charbon. On a été obligé parfois de rentrer les insectes dans une chambre bien aérée par certaines nuits à température glaciale, qui engourdissait les chenilles et les empêchait de manger. Jat- tribue les insuccès persistants que nous éprouvons au Jardin dans l’éducation de ces espèces aux émanations animales si multipliées. Je ne puis trouver d’autre explication en consta- tant au contraire que les chenilles de ces espèces sont ame- néees à la filature du cocon par divers amateurs dans les localités du voisinage de Paris, et à Pontoise par M. Bigot, un des lauréats de notre Société. Nous rappellerons particu- lièrement les remarquables éducations des hybrides de ces deux espèces obtenues par M. Berce (voy. Bull, Soc. Acclim., janvier 1875, p. A0). Les soins qui leur sont donnés au Jar- din, la fréquence des arrosages sont identiques. Il y a done une cause toute locale et funeste, je erois qu’il est bon de suspendre les élevages de ces espèces, au moins jusqu'à assainissement des environs de Paris sous le rapport de la flacherie, ÉDUCATIONS DE VERS À SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 907 III. VERS A SOIE DE L’AILANTE. Les éducations de 1874 de cette espèce robuste et rus- tique, véritablement prédisposée à l’acclimatation, avaient pour éléments un petit lot d'environ 50 cocons provenant de notre second élevage au Jardin en 1873, réduit notablement par la flacherie, et 100 cocons envoyés à la Société par M. le vicomte de Milly, et provenant de ses éducations sur une grande échelle, près de Mont-de-Marsan. J'ai eu soin, dés la fin de mars, de faire humecter par intervalles ces cocons, pendus en chapelets dans la magnanerie. C’est le procédé en usage des amateurs de papillons qui veulent obtenir de bonnes éclosions de leurs chrysalides. On évite de cette façon la mort de l’insecte par dessiccation, en le maintenant dans les conditions hygrométriques naturelles qu’il eût rencontrées à l'air libre. Dés la fin d’avril, les cocons furent portés à la chambre d'incubation, et la sortie des papillons d’Affacus cynthia vera commença le 1° juin. Les éclosions de papillons et les accouplements furent nombreux au milieu de ce mois. Les petites chenilles sortirent des œufs le 25 et le 26 juin, et le Jardin ne conserva que très-peu de graines, la plus grande partie ayant été distribuée à diverses personnes. Il y eut quelques cas de flacherie, tant sur les ailantes en terre que sur les rameaux en carafes, mais presque toutes nos chenilles avaient filé de beaux cocons à la fin de juillet. L'influence fâcheuse qui s’est fait sentir en 1873 et 187/ sur cette espèce, devenue libre et comme indigène sur les ailantes de tous les jardins de Paris et des environs, ainsi que des squares et promenades publiques, provient de la mauvaise position des petits taillis d’ailante placés près de la magnanerie. Ils sont ombragés par de grands arbres, ce qui maintient les chenilles dans un état d'humidité et de refroi- dissement les prédisposant à la flacherie. L'éducation si aisée à faire de cette espèce, dont les belles chenilles d’un blanc verdâtre et tuberculeuses attirent beau- coup l'attention des visiteurs, devra s’opérer en 1875 sur des 308 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ailantes placés dans des parties bien découvertes et aérées du Jardin. | ANNEXE DU RAPPORT SUR LES ÉDUCATIONS DE 4874. L’annexe au rapport contient les indications détaillées des visites aux Vers à soie des diverses espèces, ainsi que les particularités variant suivant la série des jours où s’est effectué l’élevage. Elles ne peuvent au reste offrir d'intérêt qu'aux personnes spécialement occupées de ces questions pra- tiques ; c’est ce qui nous détermine à les séparer du rapport, dont la lecture devient alors plus aisée. TJ. — VERS À SOIE DU MURIER. 1. Graine de Pologne. — 3 mai 4874. Éclosion un peu lente, du 28 avril au 4% mai. — 7 mai. Pas de maladie, pas encore de mue. — 10 mai. pas de maladie, pas encore de mue, — 1/4 mai. Premier sommeil. — 16 mai. Réveil. — 91 mai. Seconde mue. — 2/4 mai. Réveil, bon état. — 28 mai. Beaucoup de petits qui sont jetés. — Les gros Vers conservés ont subi la troisième mue et dorment du quatrième sommeil.— 7 juin 1874. Réveil. — 11 juin. Mangent pour la montée, bon aspect. — 18 juin. Quelques morts, tous les autres en cocons, — 16 juillet 1874. Éclosion des Papillons, accouplements ; ponte, belle graine. — Naissance de quelques bivoltins, qui sontélevés en seconde génération de l’année, jusqu’à la fin de juillet, comme spécimens pour le public. La plus grande partie de la graine n’est pas bivol- line. 2. Graine Gourdon. — Éclosion au commencement de mai. On sépare en deux lots, à cause d’une inégalilé de vingt-quatre heures dans la nais- sance. — 7 et 10 mai. Bon état, pas encore de mue. — 14 mai. Sommeil de la première mue pour les deux lots. — 16 mai, Réveil, bon aspect. — Un iroisième lot, plus retard£, n’a pas encore opéré sa première mue. — 21 mai. Les lots 1 et ? sont au second sommeil, le lot 3 s’est réveillé du premier sommeil le 20 mai ; assez d'égalité dans chaque lot. — 25 mai. Réveil des lots 4 et 2, bon aspect, égalité. — 28 mai. Continuation trom- peuse de la même apparence; le lot 3 en second sommeil. — Du 4 au 6 juin, troisième sommeil des lots 1 et 2, égalité, bon aspect. — 11 juin. Quatrième sommeil. — La flacherie latente se déclare subitement, je fais tout jeter, sauf une tablette d'apparence saine. — 18 juin. Depuis que ces Vers sont à l’air libre, il n’y a plus de maladie. — 22 et 26 juin. Bon état. — 30 juin. Quelques cas de mortalité et des arpians. — 11 juillet. Une grande partie a néanmoins assez bien marché jusqu’à l'orage du 5 juillet, où Ja plupart des chenilles ont été noyées. Le reste a filé de beaux cocous. — 46 juillet. Éclosion des papillons jusqu’au 19. Ils sont très-sains, et l’on opère un grainage cellulaire (système Pasteur). ÉDUCATIONS DE VERS À SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 909 3. Graine Miot. — 1% mai 1874. Éclosion parfaite ; très-bon appétit des chenillettes. — 7 mai. Pas encore de mue, bon état. — 10 mai. Pas encore de mue, bon état, — 14 mai. Premier sommeil. — 17 mai. Réveil ; le tiers des Vers a coulé dans les feuilles, appétit médiocre. — 21 mai. Commen- cement du second sommeil, beaucoup de morts, grande inégalité. — 25 mai. Il reste très-peu de Vers vivants, qui sont jetés. h. Graine Nourrigat. — 1° mai 1874. Éclosion un peu lente des œufs. — 7 et 10 mai. Bon état, pas encore de mue. — 1/4 mai. Sommeil bien égal de la première mue. 17 mai. Réveil, le tiers des vers a coulé dans la feuille. — 21 mai. Un lot de Vers malades a été jeté ; il reste deux lots un peu réparés, commencant le second sommeil. — 25 mai. Un lot s’est réveillé et va bien, avec Vers petits mais vivaces ; un second lot, d’appa- rence très-médiocre, est jeté. 28 mai. Le lot conservé a bon aspect. — L juin. Troisième sommeil. —- 7 juin. Tout ce qui resté est jeté, comme trop chétif et plein d’inégalité. 5. Graine Boucarut. — 1% mai 1874. Très-bonne éclosion, — 7 mai. Pas encore de mue, très-bon état; ce sont les Vers de la magnanerie qui mangent le mieux. — 14 mai. Premier sommeil d’un premier lot de Vers. — 17 mai. Sont réveillés, mangent bien. — 21 mai. Le premier lot com- mence le second sommeil ; le second lot, formé de retardataires, dort pour la première mue. — 2/4 mai. Réveil du premier lot; Vers un peu inégaux, mangeant bien ; le second lot sort de la première mue. — 28 mai. Troisième sommeil du premier lot; beaucoup d’inégalité ; second sommeil du lot 2. — L juin. On a séparé du premier lot les gros Vers des petits, et les uns comme les autres sont au quatrième sommeil; le lot 2 est à la troisième mue, et va bien, sans morts, — 7 juin. On a dédoublé. Le lot s’est réveillé e 6 de la quatrième mue, offrant une race petite, probablement japonaise de reproduction ; le lot 2 est sorti le 6 de la troisième mue, Vers indolents. — 11 juin 1874. Les plus gros Vers qu’on a triés mangent pour la montée. Les Vers du second lot forment cinq tablettes dormant pour la quatrième mue, bien égaux, sans trace de maladie, avec quelques moricauds. — 14 juin. Réveil, bon état. — 22 juin. Commencement de montée, quelques morts. — 26 juin. Ont généralement bien marché jusqu’à la montée. Depuis beaucoup de flacherie et de grasserie, — 5 juillet. Éclosion des pa- pillons, se prolongeant ensuite. — 411 et 16 juillet. Belle graine, 21 cartons de ponte. 6. Graine Raulin. — 3 mai 1874. Pas encore d’éclosion, alors que celie graine (milanais jaunes) est au même moment en parfaite réussite à Alais (Gard), venant de faire la seconde mue. Ge retard, dû au climat de Paris, est fâcheux, prédisposant les Vers à la flacherie. — 7 mai. La graine blanchit, signe d’une prochaine éclosion. — 9 mai. Éclosion lente, nécessitant deux lots. — 44 mai. Bon état, pas encore de mue. Les deux lots, qui diffèrent par vingt-quatre heures d’éclosion, vont se rejoindre. — 21 mai. Les deux lots se sont rejoints, et se réveillent de la première mue ; bon état. — 95 310 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. mai. Les deux lots se sunt rejoints, et se réveillent de la première mue ; bon état. — 28 mai, Second sommeil. — /{ juin. Troisième sommeil, bon état, pas de morts. —. 6 juin. Réveil..Un lot de retardataires a été formé avec des Vers plus petits, ayant subi lés mêmes mues. — 11 juin. Deux tablettes de Vers sont à la quatrième mue, bon état ; une tabletle de retardataires sort de la troisième mue. — 1/4 juin. Réveil des Vers les plus avancés de la qua- trième mue, — 18 juin. Bon aspect. — 22 juin. Beaucoup de mortalité depuis la veille, flacherie et grasserie. — 26 juin. Toujours beaucoup de flacherie, conséquence probable de la chaleur développée le 24 juin, à la magnanerie par l’affluence des visiteurs. — 30 juin. Beaux cocons jaunes, en petit nombre. — 16 juillet. Accouplement et ponte ; belle graine. 7. Graine Vôtte. — Arrivée le 23 mai, en voie d’éclosion. — 25 mai. très-bonne éclosion, égalité. — 28 maï. Bon état, pas encore de mue. — 4er juin. Réveil de la première mue. — 4 juin. Bon état. — 7 juin. Second sommeil, bon état, égalité. — 11 juin. Les Vers occupent six tablettes et se comportent bien. —- 46 juin. Réveil, bon état. — 22 juin. Troisième sommeil, bien. — 2/4 juin. Réveil ; une perte de moitié, lors du change- ment de peau. — 50 juin. Mauvaise marche, beaucoup de mortalité depuis l'orage du 27 juin. — 5 juillet. Commencement de montée. — 11 juillet. fl reste 22 beaux cocous, t'ès-beaux, de race milanaise, — 19 juillet. Éclosion des papillons, accouplement, puis belle graine. — La graine Votte a été décimée par la flacherie, en raison de son éclosion très-tardive, conséquence prouvée par les recherches de M. Raulin. o Le 30 juillet les lots de graines de Vers à soie du mürier sont mis en sacs de gaze, séparés et étiquetés. Il. — VERS À SOIE DU CHÈNE. 49 Yama-mai — 14 avril 1874. Éclosion de la graine Saulcy non glacée. On porte les petites chenilles sur des bourgeons de chêne bien épanouis, trouvés au Jardin; quelques-unes sont mortes, refusant de manger. — 22 avril. Les chenilles sont sur rameaux en carafes, et certaines s'endorment pour la première mue (cette espèce esttrès-lente dans ses mues) ; on arrose plusieurs fois par jour. Comme les chênes du Jardin sont assez développés, je fais retirer les autres graines de la glacière. — 26 avril. Les chenilles de la graine non glacée vont bien ; certaines se réveillent de la première mue. La graine glacée éclot le 25 au mätin, ses petites chenilles bien vivantes. On élève à part les lots Saulcy et Bigot. — 30 avril. Bon état de tous les lots de chenilles placées sur de belles feuilles de chêne. Je fais arroser, ainsi que les cocons de Pernyi et de Cynthia. — 3 mai 1874. Les Vers de la graine non glacée sont à la seconde mue ; trois morts. Les glacés dorment de la première, et ont offert une cinquantaine de mort-nés. Un lot d’une graine de Yama-maï que M. Blondel avait adressée à la Société a offert une bonne éclosion le 28 avril; mais dès le lendemain les Vers mouraïent. — ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 911 7 mai. Continuation de la seconde mue pour les Vers non glacé; trois morts ; les glacés sont à la première mue, pareils pour les deux lots, ayant perdu soixante sujets. Les Vers de la troisième provénance sont réduits à quelques-uns, encore très-pelits. — 10 mai. Les glacés Saulcy continuent Ja première mue, et quelques-uns se réveillent. Les glacés Bigot achèvent la première muëê, et meurent en partie étranglés par la vieille peau. — 1/4 mai. Il ne reste plus qu'ute vingtaine de chenilles Blondel, à la première mue. Environ soixante chenilles de la graine non glacée ont subi la seconde ue, et vont assez bien. Les Vers de la graine glacée Bigot et Saulcy sont réveillés de la première mue; et semblent petits et faibles ; cependant depuis deux jours l’exposition en plein air semble les ranimer ; sept vers non glacés sont morts dans la seconde mué, seize, dix-sept glacés à la première mue ou avant. — 17 mai. Les Vers de la graine non glacée souffrent du froid et ont quatre morts ; les glacés vont médiocrement, grossissent peu et mangent peu, et ont une douzaine de inorts. J'apprends de M. Berce que sa graine de Yama-maï, glacée plus tard que là nôtre et en pleine éclosion, est bien éclose hors de ia glacière en avril, mais que les petites chenilles sont mortes bientôt, certaines sans avoir pu se débarrasser de la coque de l’œuf. Je crains que notré glacage n'ait été trop tardif, par un hiver aussi doux que celui de 1873-74. — 21 mai. Les Vers non glacés vont bién et plusieurs dorment pour la troisième mue. Les glacés Bigot et Saulcy et le lot Blondel comimé les glacés ont eu beaucoup dé morts. — 25 mai. Beaucoup des non glacés sont en troisième mue; les autres lots vont assez bien, mais les Vers sont faibles. — 28 mai. État passable pour touLes les provenances ; six Vers non glacés sont morts, et à peu près autant des auires, qui sont à la troisième et à la deuxième mue, car l'inégalité est un caracière fréquent dans l'élevage des Yama-maï. La plupart des morts ont été étranglés par la peau (anémie), et il y à aussi des flachés. — 4 juin. Les Vers non glacés se réveillent de là quatrième mue et ont beaucoup de morts; les glacés et les Blondel (non glacés) sont chétifs et ont aussi des morts étranglés par la peau. — 7 juin. Glacés et non glacés meurent de la flacherie ; de superbes chenilles, sorties de la dernière mue, noircissent ei périssent en un jour.— 11 juin. Tout est mort. Un petit lot de graine de Yama-maï avait été, à titre d’expérience, main- tenu à la glacière du commencement de mars à la fin de juin 1874. L’éclo- sion de ces graines a eu lieu les 25 et 26 juin. Les chenilles sont chétives et mangent peu ; on les rentre la nuit et même pendant le jour, vu le froid et le mauvais temps. — 30 juin. Beaucoup de morts, les chenilles mangent à peine. — 5 juillet. [l eu reste huit seulement, — 41 juillet. Toutes sont mortes, 20 Pernyi — Race de Chine envoyée en cocons par M. de Geofroy. Dans la dernière quinzaïne de février, il y a eu une dizaine d’éclosions de papillons, mais trop isolément, de sorte que mâles comme femelles sont perdus pour le grainage. Le 1° mars existait un bon accouplement, que je 312 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. recommande de laisser opérer jusqu’à épuisement, afin d’être certain d’une fécondation des œufs aussi complète que possible. Il y a également un mâle et une femelle récemment éclos, et dont on doit essayer l’accouplement la nuit. Je fais opérer les éclosions près d’un poêle, et les papillons sont beaux et bien développés, tandis que les premières éclosions sans feu n’ont donné que des papillons à ailes chiffonnées. — 8 mars. La femelle fécondée le 4°r mars finit sa ponte. Il n’y a eu que trois éclosions, deux mâles et une femelle, sans accouplement. Une partie des cocons étaient éclos en route, beaucoup avaient pourri faute d'air. Un mâle éclot lors de ma visite. Il reste environ deux cents cocous non éclos, mais quelques-uns à chrysalides sèches. Les papillons se développent bien depuis qu’on chauffe un peu la salle ; mais les nuits sont froides, de sorte que le peu de chaleur les rend lents. Il gèle chaque nuit, et cela m’empêche de faire placer au dehors, comme le recom- mande M. Bigot, les corbeilles à accouplements. Je recommande d’humec- ter légèrement les cocons. La semaine suivante est sans éclosions, et cela coïncide avec les froids prédits du 9 au 13 mars. — 22 mars. Il y a eu 13 éclosions depuis ma précédente visite, cinq accouplements et trois sujets restés inutiles. Les papillons se développent bien. On les fait accoupler dans l'obscurité, sous un grand panier en treillis de fer. Il y a des pontes dont la fécondation est certaine. Les papillons nés à trente heures d'intervalle s’ac- couplent, preuve de vigueur. — 3 avril. Depuis ma précédente visite il n’y a eu qu’une femelle éclose, morte vierge après ponte infertile. Les éclosions ont été arrêtées par le froid, et, jusqu’à présent, tous les sujets de Pernyr, sont d’une seule teinte de fond, le gris jaunâtre et le gris rougeûtre ; la cou- eur des papillons varie beaucoup moins que chez le Yama-maïr, — 16 avril. Très-peu d’éclosions, un accouplement du 14, la femelle pond le 16; un mâle éclot, 22 avril. Cinq accouplements ont eu lieu, cinq femelles pon- dent ; on attend deux autres accouplements. — 26 avril. Trois accouple- ments du malin même. La ponte est lente, chaque femelle donne peu d'œufs. — 3 mai. Très-peu d’éclosions de femelles, environ 35 mâles sans femelles. Il y à un certain nombre de papillons éclos malades, à ailes tachées de noir, à méconium d’une odeur fétide. — 7 mai. Pas de nouvelles éclosions, sauf deux femelles gonflées et avortées.—10 mai. Éclosion de deux femelles ma- lades et inutiles. — 14 mai. Pas de nouvelles éciosions de papillons. Une quarantaine de petites chenilles noires sortent des œufs pondus à la magna- nerie, Les cocons italiens, envoyés de Turin par M. Comba, ne sont pas encore éclos. — 17 mai. Continuation de l’éclosion de la graine rare de Chine; les petites chenilles sont bien plus vagabondes que celles de Yama- maï, Les crottins prouvent qu’elles mangent bien. II n’y a plus d’éclosions des papillons de Chine, pas encore des cocons italiens. Un lot de graine Pernyi de Chine a été glacé, à titre expérimental, et n’est pas encore éclos. — 21 mai. Toujours éclosion de petites chenilles, noires et errantes, de la graine non glacée. Aucune éclosion pour les cocons chinois. Les cocons ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE DE DIVERSES ESPÈCES. 913 Comba ont donné trois mâles à fond rougeûtre, vigoureux. — 25 mai. Plus d’éclosion de la graine chinoise non glacée; la graine glacée n’éclot pas et beaucoup n’est pas féconde. 11 est éclos huit mâles et quatre femelles des cocons Comba et trois femelles sont fécondées. Les chenilles de Pernyt chi- noises vout bien, sans mortalité, une partie noires, certaines vertes, avec série de tubercules jaunes, couleur indiquant que la première mue a eu lieu. — 28 mai. Plus d’éclosions de chenilles. Il y en a environ soixante. Une partie a mué, les noires font le premier sommeil. Les cocons italiens ont fourni 14 mâles et 6 à 7 femelles ; il n’y a pas eu d’accouplements nou- veaux. Les trois femelles fécondées commencent à pondre, mais peu. Les graines Pernyti glacées n’éclosent toujours pas. — 4 juin. Certaines che- nilles ont passé la seconde mue, mortalité, flacherie. Quelques œufs glacés ont donné des petites chenilles qui sont mortes. Il n’y a plus de nouvelles éclosions des cocons Comba. Il y a eu des éclosions de sujets avortés ; les femelles surtout sont affreuses, à gros ventre, lymphaliques, à ailes petites et plissées. Comme les cocons de M. de Geofroy, les cocons italiens ont beaucoup souffert en voyage. — 7 juin. Beaucoup de chenilles meurent étranglées à la mue; il n’y a éclosion d'œufs, ni de papillons chinois ou italiens. Il n’est pas éclos plus de quinze cocons italiens, et trois femelles seules ont pondu. Beaucoup de cocons ont leur chrysalide sèche. — 11 juin 1874. Chenilles mortes, sauf cinq ou six ; plus d’éclosions de graines ni de papillons.— 18 juin. Restent cinq chenilles vivantes. Rien d’éclos, ni papil- lons, ni œufs. — 22 juin. Les chenilles sont mortes, toujours de la maladie habituelle aux Vers du chêne, les taches noires et la diarrhée, III. — VERS A SOIE DE L’AILANTE (Cynthia vera). Les cocons de cette espèce sont portés à la chambre d’incubation le 98 avril 14874, et arrosés fréquemment. L’éclosion des papillons malgré cette précaution ne commence que le 4° juin, par deux femelles et deux mâles, avec accouplements et ponte. — / juin. Encore deux mâles et deux femelles dont on espère l’accouplement pour la nuit. — 7 juin. Beaucoup d’éclosions et de pontes, quatre nouvelles femelles pondent. — 11 juin. Nombreuses éclosions et pontes, avec plus de femelles que de mâles, ce qui fait manquer des accouplements. Les œufs récoltés ne donnent pas encore d’éclosions. —- 26 juin. Les jeunes chenilles commencent à éclore depuis la veille. Les œufs et les chenilles sont remarquablement petits. — 50 juin. Très-bon état. — 16 juillet. Chenilles à la seconde et à la troisième mue ; bon état général, cependant trois à quatre morts par jour. — 19 juillet. Quelques chenilles ont pris la quatrième peau, sont fort belles et fileront bientôt. — 25 juillet. Toujours quelques cas de flacherie, surtout depuis la quatrième mue. Des chenilles commencent à filer leur cocon. — 30 juillet. Toutes les chenilles sont en cocons. — Les visites cessent à partir de cette date; fermeture de la magnanerie, provisoire, nous l’espérons. M. G. 30 SÉRIE, T, IL. — Juin 1875, 21 L’'ALFA DANS:LE MIDI DE LA FRANCE Dans la séance du 45 avril dernier, il a été donné commu- nicalion d’une lettre de M. le Président de la Société de Saint- Louis du Rhône, relative aux chances que pourrait offrir l'introduction de l’A/fa (Stipa tenacissima) dans les terres incultes situées sur la rive gauche du Rhône. M. Drouyn de Lhuys, depuis cette époque, a reçu la lettre suivante de M. J. Auzende, l’habile jardinier en chef du Jar- din de la ville de Toulon : « Monsieur le Président, » En parcourant les bulletins de la Société d’acclimatation de Paris, j'ai remarqué des notices concernant la récolte, en Afrique, de l’Al/a des Arabes par les Anglais qui en feraient, est-il dit, une exportation de plusieurs millions de francs chaque année. » Cela me remet en mémoire les essais que j'ai faits de celte graminée sur la montagne de Faron, lorsque j'étais chargé de son reboisement, essais qui ont réussi au delà de mes espérances et sur lesquels je crois devoir vous trans- mettre quelques détails. » Chargé en 1852, par l’administration municipale, du re- boisement de la montagne de Faron, je crus reconnaître, à la nature du sol, que la culture de l’A//a devait y prospérer. » Je me mis donc à l’œuvre et je fis des semis sur divers points avec de la graine que m'avait procurée M. le doc- teur Turrel. » En adressant toutes les années un rapport à l’adminis- tration, j'avais soin de l'informer des progrès que faisait cette plante, en émettant l'avis qu'une culture sur une grande échelle pourrait être, dans l’avenir, une source de richesse pour la contrée, si l’on considère l'immense étendue de ter- L’ALFA DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 319 rains arides qu'offrent, non-seulement celte montagne, mais encore celles qui nous environnent. » Les administrations d'alors ne crurent pas devoir, sans doute, s'arrêter à ces considérations, et aucune suite ne fut donnée à l'opinion que j'avais exprimée. » Pour vous donner une idée des semis que j'ai faits en 1854, je crois devoir vous adresser un échantillon de cette graminée dont les touffes ont un mêtre de circonférence en- viron, ayec des jones ou feuilles de 80 centimètres de lon- sueur et des tiges de 1,30, produisant des graines fertiles qui permettent l'ensemencement naturel. » N’y aurait-il done pas là, Monsieur le Président, une source de revenus si l’on Der naturaliser cette plante sur nos montagnes, et l'administration générale des eaux et jorêts ne pourrait-elle pas prendre l'initiative d’une œuvre pareille après s’être préalablement assurée des résultats ob- tenus et des ressources que cela pourrait offrir à l’industrie? » Je laisse, Monsieur le Président, toutes ces considérations à votre haute appréciation pour en informer qui de droit dans le cas ou vous le jugeriez convenable. » J. AUZENDE. » « Indépendamment de l A/fa, il croît aussi naturellement, sur cette montagne, trois autres espèces de Spa qui sont les S. aristella, juncea et pennata. » M. le Président s’est empressé d'envoyer copie de cette lettre à l'administration générale des eaux et forêts et à M. le doc- teur Turrel, secrétaire général de la Société d'horticulture et d'acclimatation du Var. | Notre délégué à Toulon vient de répondre en ces termes à M. Drouyn de Lhuys : « Monsieur et très-honoré Président, » J'ai reçu votre lettre du 18, m'invitant à vous donner mon avis sur une lettre de M. ur relative à l’A/fa, dont vous me faites EL venir une copie. » Je m'empresse de défércr à votre demande en ce qui con- La] 316 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. cerne la naturalisation de cette gramimée sur les montagnes calcaires des environs de Toulon. » Je crois aussi devoir ajouter une note, au sujet du ques- tionnaire sur cette plante, de M. le Président du Conseil d'ad- ministration de la Société de Saint-Louis du Rhône, publiée dans le Bulletin du mois d'avril. Cette note pourra être uti- lisée par la commission de trois membres instituée par vous en vue de cette enquête. » La possibilité de cultiver industriellement le Sparte et de l'acclimater sur les terrains arides de la Provence a été con- testée par M. Ch. Naudin, de l'Institut. » M. Auzende estime que cette assertion est victorieusement réfutée par l'échantillon qu'il vous a fait parvenir. Il y répond que la montagne de Faron nourrit. depuis 1852, une tren- taine de touffes d'A/fa qui mesurent aujourd'hui de 0,30 à 0®,40 de diamètre, ont des feuilles de 0°,80 de longueur et produisent des graines fertiles capables de fournir les éléments d'un semis naturel. » Si la plante ne s’est pas multipliée davantage, c’est que la voie du semis spontané est trés-lente sur un sol aussi sec et aussi caïllouteux ; que trop souvent les promeneurs arrachent les plants à leur convenance, et qu'on n’a pas eu égard aux observations de M. Auzende sur l'utilité de la multiplication méthodique de l’A/fa par le semis arüficiel. » Dans ma propriété d'Astouret, une touffe provenant du premier semis fait par moi en 1844 avec des graines rappor- iées d'Espagne, mesure 1,20 de diamètre et a fourni les graines dont M. Auzende s'est servi en 1852 pour ses essais sur la montagne du Faron. » L'ossature de toutes les montagnes qui avoisinent Toulon est d'essence calcaire, comme le sol de ma propriété. Le Sparte y réussirait donc infailhblement et les revenus qu'il donnerait pourraient être importants, si l'on considère qu'à Oran, le kilogramme de feuilles sèches d’Alfa se paye de 0,18 centimes à 0,20 cenlüimes, et que rendu à Londres oua Cardiff, il ressort à 0,28 centimes ou à 0,30 centimes. » ]l serait donc à désirer que l'administration des forêts, qui est chargée des reboisements du Faron, d'Ollioules et de L’'ALFA DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 317 Sicié, s’occupâl sérieusement de la multiplication de ce pré- cleux végétal. » J’aborde maintenant les questions posées par la Société de Saint-Louis du Rhône. » 1° Question. — Y a-t-il eu des tentatives faites pour ac- climater l’A//a dans les grands terrains stériles du midi de la France ? 2° Question. — Pourrait-on trouver auprès de quelques Sociétés d'agriculture ou de quelques agriculteurs, des avis, des renseignements à ce sujet? » Je renvoie sur ces deux points au mémoire sur le Spa tenacissima que j'ai publié dans le Bulletin de la Société d'acclimatation, 1871, p. 488. J'ajouterai que PAUJa croit in- distinctement sur tous les terrains ; je l'ai vu sur les calcaires purs, à Colmenar, province de Malaga (Espagne), au Faron et à Astouret ; il vit dans les argiles aux environs d'Oran, à Almérie (Espagne); dans les sables, sur les hauts plateaux de Saïda, et même sur les affleurements saïins des chotts du désert. » Il y a donc toute probabilité qu'il pourrait réussir, même dans les anganes du delta du Rhône. Toutefois, dans les parties humides de ce sol d’alluvion, il vaudrait mieux recourir au Lygeum spartum, graminée de l'Algérie qui se plaît dans les terrains tourbeux et dont la feuille sert à faire du papier. » 3° Question. — Quels seraient les moyens à employer pour se procurer la plante et essayer de la faire prospérer? » L’A/fa ne se multiplie bien que par le semis {voy. mon mémoire précité). Les soins donnés par M. Auzende et par moi à la multiplication par éclat de toufles recues de l’Algérie ou arrachées dans ma propriété ont constamment échoué. » M. Auzende a récolté cette année des graines pour d’im- portants semis ; il se propose de surveiller, l'an prochain, la récolte des ee du Faron. La maison Vilmorin ‘reçoit, du reste, des graines de Sparte de He et de l'Espagne. » Je suis, etc. » D L' TuUurRREL 5 II. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 14 MAI 1875 Présidence de M. DRouyN DE LHuYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une observation de M. Vavin, relative à la germination des graines du petit melon vert à rames. : — M. le Président proclame les noms des Membres récem- ment admis : MM. Présentateurs. Drouyn de Lhuys. Maurice Girard, Th. Ogerdias. AUGÉ DE FLEURY DE LESMAES, propriétaire, au { Chauvin. château de Lesmaës-Plestin (Côtes-du-Nord), ? Drouyn de Lhuys. et 64, avenue de Rome, à Paris. Maurice Girard. AYMAR-BRESSION (Gustave) fils, directeur de l’Académie nationale agricole, manufacturière Drouyn de Lhuys: et commerciale, 41 bis, rue de Châteaudun, a : LEE Paris. À. Geoffroy Saint-Hilaire, Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. A. de Loës. Drouyn de Lhuys. Ch. Lair. Comte de Lindermann. ALBIOT, homme de lettres, 26, rue Cadet, à Paris. | Augustin Delondre. / BurKY (Jean), propriétaire, horticulteur, à Long- praz-sur-Vevey (Suisse). CARUEL DE SAINT-MARTIN (Didier de), 7, avenue de la Reine-Hortense, à Paris. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. DEBROU (Paul), avocat à la Gour de cassation, 11, rue de Rome, à Paris. E. Chevalier. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. FAUCILLE, négociant, 9, rue du Château-d’Eau, | [re de Lhuys. à Paris. ForEaAu (Célestin), négociant, 47, rued’Aboukir 4 6 es à ),nég c'oi ? { Maurice Girard. rl r'1S. Th, Ogerdias. PROCÈÉS-VERBAUX. 319 Puisieux, près Meaux (Seine-et-Marne), et 20, { Taveau rue Malher, à Paris. E, Vavin. Delaurier aîné, apart de Lhuys. | a. Geoffroy Saint-Hilaire. Drouyn de Lhuys. < Geoffroy Saint-Hilaire. . Pichot. au de Lhuys. Maurice Girard. Pacqueteau. au | HIBERT (Gustave), maire de la commune DE de Lhuys. LAROCHE (Alexandre), ingénieur civil, à Nersac, près Angoulême (Charente). MONTGOMERY (Adolphe de), 25, rue Dumont- d’'Ürville, à Paris. PaqQuIER (Gustave), propriétaire, au château de La Barre, près Sainte-Hermine (Vendée). PELLIER (Alfred), au Mans (Sarthe). A. Geoffroy Saint-Hilaire. Quihou. Drouyn de Lbhuys. PENAUD (Louis), notaire, à Vix (Vendée). Gelot. Pacqueteau. Drouyn de Lhuys. Maurice Girard. Ponsard. RIOCOURT (le comte de), membre du Conseil gé-| néral de la Marne, à Vitry-la-Ville (Marne). | — M. le Président fait part à la Société de la perte regret- table qu'elle vient de faire dans la personne de M. Jacobsen. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : | — M. le Président de la République, MM. les Ministres de l'Agriculture et du commerce, de la Guerre et des Travaux publics, M. le Gouverneur de Paris, M. le Préfet de police, S. M. la reine d'Espagne, S. A. la princesse Mathilde, M. l’am- bassadeur d'Autriche, le Ministre de Portugal, LL. AA. RR. le duc d'Alençon, le duc d’Aumale, le duc de Montpensier, le comte de Paris, MM. le prince Sciara, le prince Czartoryski, de Quatrefages, etc., expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle. — Des remerciments pour les récompenses qui leur ont été attribuées sont adressés par MM. Abraham-Bev, de Amézaga, Andelle, E. Bellecroix, Berce, Bouillod, Barrachin, Bourdeaux, Caillieux, Achille Fauque, frère Gildas, A. Gobin, Godefroy- Lunel, Gorry-Bouteau, Christian Le Doux, Mairet, K. Mon- grand, de Montgermont, H. Moreau, veuve Gérard-Flocard 320 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vicomte de Pulligny, Rico, et Mesdames la Maréchale de Santa- Crux et Lagrenée. — Des remerciments pour leur récente admission sont adressés par MM. d’Elbée et Aubert. — M. Danican-Philidor qui transmet à la Société la lettre de M. d'Elbée annonce que notre nouveau confrère espère faire prochainement un envoi à la Société; il est déjà en posses- sion d’un Panolia frontalis mâle; dès qu’il possèdera une femelle, il embarquera ce couple. — M. le Président de la Société protectrice des animaux fait connaître que cette association tiendra sa 23° séance pu- blique annuelle de distribution des récompenses le 17 mai, à une heure, au théâtre Lyrique dramatique. — Son Exc. Don Guzman Blanco, Président de la Répu- blique du Vénézuéla écrit : « Pour répondre au désir de la Société d'acclimatation de posséder le tapir Pinchaque, j'ai écrit à mes amis de la Cordillère où se trouve ce quadrupède pour qu'ils s’en procurent et me les envoient le plus tôt possible. » — MM. Radiguet, marquis de Ginestous, Paul Drouilhet de Sigalas, vicomte d’Adhémar de Case-Vielle, Duchastel, Pac- queteau et Victor Fleury, ainsi que la Société d’horticulture de laCôte-d’Or, accusent réception et remercient des envois de graines de végétaux ou de Vers à soie qui leur ont été faits. — MM. Pacqueteau, J. Maumy, P. Giraud, de Cuverville, baron d’Hamonville, Victor Fleury, Lecouteux et la Société d’horticulture de l'arrondissement d'Étampes demandent à prendre part aux distributions de graines annoncées dans le dernier numéro de la Chronique. — Il a été donné satisfac- tion à ces demandes. — M. Victor Masson demande à recevoir dé graines de Pinus Sabiniana et fait connaître qu’il possède une dizaine d'arbres de cette essence qu'il a reçus, il y a sept ans, de M. Sénéclauze, et qui ont supporté nos grands hivers de 1870 et 1871. Notre confrère, recommande, sous le climat de la Bourgogne, de placer ce pin au nord. — M, Almire Derré demande à recevoir des graines de Vers à soie du mürier. PROCÈS-VERBAUX. 321 Des graines ont été adressées à notre confrère. — M. Geoffroy de Villeneuve exprime le désir de recevoir un cheptel de Léporides et un autre de Lapins argentés. — La Commission ayant tenu sa derniére réunion d'hiver en mars dernier, notre confrère a élé invité à renouveler sa de- mande vers le mois de septembre prochain, époque des pre- mières réunions d'automne. — Des comptes rendus des cheptels qui leur ont été confiés sont adressés par MM. Leroy, Ribeaud, Durand- Gonon, Victor Fleury, Pacqueteau, Cambon, docteur Tenain, comte de Brimont, Almire Derré, Gorry-Bouteau, Brady et Daviau. — Notre collègue, M. Maurice-Girard, fait connaître qu’il a été chargé par la Commission du Pylloxera, de l'Académie des sciences, de diriger, en collaboration avec M. Boutin, le laboratoire qui vient d’être établi à Angoulême (Charente) pour les observations sur le Phylloxera vastatrix, et les pro- cédés de destruction recommandés officiellement par les sulfo- carbonates alcalins. — M. Gardin, de Bernay (Eure), écrit à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation : « J'ai pêché dernièrement, dans une mare, un cyprin doré qui présente cette particularité de pos- séder six nageoires latérales disposées comme on le voit sur le croquis ci-joint, : » Quant à la queue, au lieu d’avoir la forme ordinaire et être piacée dans la position verticale comme chez tous les indi- vidus de son espèce, elle est composée de trois feuilles dont deux sont placées horizontalement et la troisième verticale- . ment. Je l'ai conservé dans un réservoir avec d’autres; cepen- dant, pour mieux l’examiner je l’ai mis seul, alors il s’est tour- menté beaucoup et a cherché bien des fois, pendant les quel- ques heures qu’il a été seul, à sauter par-dessus le bord. La disposition de sa queue et ses six nageoires lui permettent d'exécuter des mouvements et de se tenir un instant à moitié sorti de l’eau, ce que ses semblables ne peuvent faire ; il est d’un noir velouté, le dessous du ventre blanc, et le bout de .la tête rouge. 329 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Si ce Cyprin, par sa conformation bizarre, pouvait présenter quelque intérêt, je me ferais un sensible plaisir de vous l'offrir.» — Remerciments. — M. E. Nourrigat écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire ainsi que les graines de Vers à soie annoncées. » Affaibli par l’âge et les infirmités, j'ai dù renoncer, à mon très-grand regret, aux éducations de quelque impor- tance et me réduire à de fort petites expériences au point de vue purement scientifique, et qui sont encore même au- dessus de mes forces. Je vous prie donc de faire agréer à mes honorables collègues le vif regret que j’éprouve de ne pou- voir me rendre à leurs désirs. » La saison est déjà bien avancée pour que je puisse es- pérer de faire accepter par d’autres l’expérimentation de ces graines, les Vers ayant franchi, dans ce pays, la première mue ou même atteint la deuxième. » Je renouvelle, sur une très-petite échelle, l'expérience comparative réalisée l’année dernière, consignée dans le mé- moire que j'ai présenté au Congrès de Montpellier, et dont vous recevrez un exemplaire par ce même courrier. » Si les mêmes faits constatés se réalisent cette année, il en résulterait que l’origine de la maladie des insectes provien- drait, ainsi que Je l’ai d’ailleurs toujours soupçonné, de l’influence qu’exerce sur le végétal qui sert d’aliment à ce dernier l’action de l'air dans lequel l’insecte puise les cor- puscules, ainsi que l'a constaté M. Ch. Trouyet, de Bey- routh. Je regrette que l’état de ma vue, que j'ai laissée sous le microscope, ne me permette pas de contrôler les faits observés par l’expérimentateur syrien. » Ma théorie, née de l’observation de faits pratiques quise dois plus d’un quart de ‘siècle, n'infirme en rien les travaux de l'honorable M. Pasteur. » — M. K.-H. Ulrichs, de Stutigart, adresse des remerci- ments à la Société pour la mention qui a été faite au Bulletin de ses éducations d’Aétacus Yama-maiù et Pernyi et fait con- naître le peu de succès qu’il a obtenu dans l’éleyage de l'A. PROCÉS-VERBAUX. 323 Cynthia; il demande l'envoi de quelques cocons de cette der- nière espèce pour continuer ses essais d’acclimatation en Wurtemberg. M. Ulrichs transmet en même temps à la Société un petit volume d’épigrammes, etc., dont il est l’auteur et dans lequel il a consacré une pièce à la description de l Yama-maï. (1) — M. Bourdier écrit de Montboyer (Charente) : « l’ajou- terai certains détails, dont ma dernière lettre ne pouvait faire mention, détails qui, pour moi, sont d’un éntérêt absolu pour l’éducation de l’Aftacus Yama-maï. » Non pour la réussite d’une récolte isolée; car, je vous l’ai dit, je crois, avec quelques arrosages (d’eau de pluie) et en prenant garde aux oiseaux insectivores, l’éducation de cette Chenille est une distraction plutôt qu'un assujettissement, et l’on en arrive à faire la récolte des cocons ainsi que l’on cueille des fruits aux arbres qui en portent. » Mais, ce que je soupçonnais depuis longtemps déjà, sans pouvoir toutefois l’affirmer, et ce qui empêchera presque tou- jours une éducation continue, vous le saisirez sans peine en daignant parcourir les lignes qui suivent : » En 1872, je fis venir de Romorantin ma graine de Vers. Eclosion au 18 avril. » Au mois d'août, récolte de cocons superbes qui mesu- raient (le cocon mâle) 50 millimètres en longueur sur 25 mil- limètres de largeur. Toute ma graine fut bonne, et celui qua me la vendit eut cette année-là une mauvaise récolte. » En 1873, je fais planter cent pieds de Chêne dans un en- clos attenant à mon jardin. L’éclosion a lieu dans des condi- tions normales ; mais je remarque qu'un tiers au moins de ma graine n’éclôt pas ; examinés à la loupe, mes œufs sont cepen- dant en excellent état, la chenille, à l’intérieur, prête à éclore. Mes Vers semblent vigoureux, toutefois les personnes qui viennent se promener dans mon enclos me font remarquer que mes Vers sont moins gros que ceux de l’année précédente. (1) Auf Bienchens Flugeln ein flug um den Erdball in epigrammen un poetischen Bildern, von Karl Heinrich Urricus. Leipzig, 1875. 324 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. » Les cocons (femelles) qu’ils me donnent mesurent en moyenne A2 millimètres de longueur sur 20 de largeur. » En 1874, éclosion prématurée, 28 mars. Je fais venir de Bayonne des branches de chêne, j'ai 4000 Vers environ, et j'avais au bas mot 15 000 œufs. Je puis, au 12 avril, poser mes Vers sur les chênes de ma plantation; ïls sortaient de leur premier sommeil. » Les cocons femelies que ces Vers me donnent n’atteignent plus que 35 millim. sur40. Les papillons sont aussi moins gros que ceux des années précédentes ; il y a surtout une différence sensible entre ceux que j'avais conservés de 1872 et ceux que je recueillis en 1874. » Je vous donne la mesure exacte moyenne des cocons de chaque année pris au hasard, mais un seul regard jeté sur les trois récoltes de cocons juxtaposés suffit pour rendre sen- sible la différence qui existe comme grosseur de produits. » J’ai cédé de ma graine à plusieurs de mes compatriotes de la Dordogne, ils m’ont dit avoir fait un essai déplorable. Quant à moi, de ma brillante récolte d'il y a deux ans, je n’ai plus que quelques individus rachitiques, et cependant mes chênes n’ont jamais été plus beaux. » D'autre part, j'ai reçu des Bouches-du-Rhône une lettre d'un monsieur auquel, l’an dernier, j'avais cédé 5 grammes de graine et qui me dit avoir eu une récolte magnifique. (C’étart cependant la même graine que celle que j'avais cédée à mes voisins du Périgord et que j'avais conservée mot- mème). » Ces remarques successives ont suffi pour me bien pénétrer de cette vérité que l'Yama-maï, ainsi que du reste tous nos insectes et même nos plantes, s’abâtardit. » J'en parlais récemment à un éleveur périgourdin qui cultive le Ver à soie du mürier; il me dit avoir fait la même remarque que moi, aussi, tous les ans se défait-1l de sa oraine, qu'il échange avec celle d’un éleveur du Midi. » J’ai vu dans un de vos prospectus qu'il était offert une prime à l’éleveur qui fournirait une plantation de ehéne du Japon, sous le prétexte que le Yama-maï s'accommodait peu PROCÈS-VERBAUX. 329 de nos chênes indigènes. C’est là une grave erreur à mon sens. Si le Yama-mai ne s’'accommodait pas de nos chênes, 1l mour- rait chenille, ne coconnerait pas ou au moins mourrait dans le cocon. Tout au contraire, j'ai beau lire les essais des culti- vateurs, je vois que tous ont pendant deux ou trois années des récoltes magnifiques, et ce n’est qu’à la longue que les échecs se produisent. » Donc il ne faut pas chercher la cause de ce manque de réussite dans la nourriture de l’Yama-mai, mais bien dans sa dégénérescence. » Il serait regrettable cependant que l’onne poursuivit pas la culture de ce précieux insecte, d'autant qu'il serait une cause de grand profit, tout en devenant pour les éleveurs un sujet de grande attraction. » Je me suis adressé à un filateur de Salon (Bouches-du- Rhône), M. Coren, qui a bien voulu faire extraire la soie de plusieurs cocons que je lui avais envoyés ; or, Je vous trans- mets un passage de la lettre qu’il m’envoyait au 22 juin der- mer : «de n'ai pu tirer parti, dit-il, que des cocons fermés; » la soie que je vous adresse est filée à deux cocons seulement » et malgré cela elle titre très-ferme ; elle ne peut, sans doute, >» se comparer en aucune façon au produit de nos Vers àsote, » mais il n’en est pas moins vrai que l’étoffe que ce fil peut » produire devra se rapprocher du taffetas de Chine à titre » ferme. » » Étant donnés le peu de soins qu’exigerait l'éducation de l'Yama-mai et l'absence complète des frais qu'exige une magnanerie de Hors organisée, le bénéfice serait plus grand ct, en tout cas, plus certain. | » Je terminerai cette trop longue explication par une comparaison qui vient à l'appui de la thèse que Je vous soumets plus haut et qui vous prouvera que la dégénéres- cence seule doit occasionner les échecs des éleveurs de cet insecte. » Cest un mal pour un bien, ainsi que vous le verrez bien- tôt, bien inestimable d’une part, mal facilement réparable d'autre part, puisque, sans changer cette graine de climat, 326 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. elle m'a donné trois belles récoltes, transportée de Romoran- tin chez moi, et que je reçois du midi de la France une lettre de félicitations au sujet de la graine que j'envoie d'ici, alors que celle que je garde ou que je répands dans ma région réussit peu ou point. » Voici un exemple qui, pour moi, semble concluant : » [1 y a trois ans, notre région fut infestée de chenilles; elles étaient de trois sortes : » 1° La lordeuse du prunier, du pommier, du cerisier. Le papillon qui la produit, sorte de pyrale à ailes blanches poin- üllées de noir, dépose ses œufs dans une feuille sèche solide- ment attachée à l'arbre par plusieurs fils de soie très-forts. Cette année-là, en 1872, nous ne mangeâmes pas une sewle pomme. , » 2° La chenille du Bombyx disparate, produite par un gros papillon de nuit qui dépose son nid contre le tronc des arbres; chaque nid renferme 500 chenilles, elles sont très-voraces et vivent de préférence sur le pommier et le poirier. » 8° La chenille du Bombyx neustrien. Le nid de ce dernier forme une sorte de bracelet autour des jeunes pousses de l'année. » Depuis deux années, 1l nous avait été impossible de man- ger du fruit. Cette année je fis soigneusement écheniller nos arbres fruitiers, on détruisit, dans un espace de 50 mètres carrés et sur une moyenne de 15 à 20 arbres, plus de 150 nids et qui renfermaient plus de 100 000 œufs. » Nos boisétaient pleins de cette redoutable plaie. Eh bien, ma précaution fut inutile, car, sur dix bracelets, neuf en moyenne ne sont pas arrivés à l’éclosion. » Et cependant l'hiver a été très-doux et le printemps de cette année, chaud et sec, semblait nous ménager une ample récolte de ces désastreux Bombyr. » Vous n'êtes pas sans savoir qu’en 1871, le midi de la France fut ravagé par le terrible Neustrien à bracelets, des avis que je reçois de celte contrée m’informent que cette chenille n’y est plus comme alors à l’état d'épidémue. » de ne saurais attribuer ces heureux effets à d’autres causes PROCÈS-VERBAUX. 327 qu’à la dégénérescence de l'espèce; de même, et par le rappro- chement de l'espèce et du genre, j'ai l’intime conviction que l'éducation de l’Attacus Yama-mai exige qu’on en délocalise la graine. » La démonstration de cette vérité agricole pourrait nous conduire plus loin que nous ne voudrions peut-être l’un et l’autre; ainsi, tout en parlant de chenilles, j’en arriverais à vous. prouver que tout jardinier intelligent doit, au plus tard tous les deux ou trois ans, changer ses graines de.choux, de rauis, de salade, de melons, de concombres, etc., car celles qu'il récolte sur son terrain dégénèrent et s’abâtardissent à la longue, et nous finirions peut-être par retrouver cette ville romaine qui, du temps de Cicéron, ne renfermait plus que des idiots, parce que ses habitants s’obstinaient à se marier entre eux. » Mais, pour rentrer dans notre sujet, je puis affirmer que du jour où les amateurs du centre et du midi de la France, et y compris certains éleveurs qui, même en Suisse, s’adonnent à l'éducation du Yama-mai, sauront, par un échange réci- proque et bien entendu, renouveler leur graine, de ce jour le Yama-maï sera vraiment introduit dans nos mœurs, car il est déjà acclimaté. | » Veuillez agréer, etc.» — M. Wailly, écrit de Londres : « J'espère que le rapport que je vous enverrai à la fin de l’année sera de quelque in- iérêt pour ceux qui s’occupent de l'éducation du Yama-maiï. » Je traiterai dans mon rapport de 1875 de l’éclosion natu- relle des Vers après la pousse des jeunes feuilles de chêne, et aussi des causes qui, selon moi, occasionnent les éclosions prématurées. » Je traiterai aussi de la culture du chêne en pot et d’un moyen fort simple d'obtenir un feuillage non forcé, trois ou quatre semaines avant le développement des chênes en pleine [ECC » J’ai fait planter dans mon Jardin plus de 150 arbres (chênes et autres). Les chênes de 2? mêtres à peu près de hauteur ne produiront probablement, cette année-ci, qu’un feuillage ra- 328 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. bougri; cependant ils me seront, je crois, de quelque utilité pour essayer 1c1 l'élevage à l’air libre sur l’arbre même. » Les chênes poussent mal dans les grandes villes ; ceux que j'ai depuis deux ans ont cependant un feuillage qui se développe assez bien. » J'ai aussi un grand espace entouré d’un grillage en fil de fer sous lequel sont plantés 4 chênes et 3 autres arbres. Sous ce grillage les Vers seront protégés contre les attaques des moineaux. » Enfin, je n’épargne ni peines ni dépenses pour arriver à la parfaite acclimatation du Yama-maï, que je me propose d’é- lever à l'air libre depuis la naissance des Vers jusqu’à l’éclo- sion des papillons que je pourrai même laisser voler sous le grillage sans qu'ils puissent sortir, si cela est nécessaire pour obtenir un plus grand nombre d’accouplements. » Si l’on se propose d’acclimater le Yama-mai, il faut, jecrois, soumettre les Vers dès leur naissance à tous les changements de température, quant même on devrait en perdre les neuf dixièmes, car alors le dixième qui restera sera robuste. » Je n'ai encore aucune éclosion de Vers. Mes œufs sont restés à l'ombre et ont été exposés à l’air libre pendant tout l'hiver. » Si un éducateur, habitant le Nord, recoit des œufs de Fama- mai provenant d’une éducation faite dans le Midi, il lui faut, de toute nécessité, retarder par un moyen artificiel l’éclosion des Vers jusqu’au moment où les feuilles de chêne commen- cent à se développer. L'année suivante, le moyen naturel de faire éclore les Vers après la pousse des feuilles de chêne est tout simplement de les laisser à l'air libre et à l'abri des rayons du soleil. Je puis me tromper, mais je crois qu’en agis- sant ainsi on courra peu de risques d'obtenir des éclosions prématur ées, auxquelles, du reste, on pourra ee avec de jeunes chênes en pots. —M. le docteur Odstrcil, en accusant réception des graines d'Aitacus Fama-mai qui lui ont été adressées fait connaître qu'il vient de recevoir de la filature de Salcano près Gaurice, 12 kilog. de soie filée provenant de 28 kilog. de cocons percés PROCÈS-VERBAUX. 329 d'A. Pernyi, ce qui lui parait un résultat très-favorable. M. Odstreil se propose de faire teindre ces soies. — M. le vicomte de Bélizal en adressant le compte rendu de ses cheptels ajoute : « Puisque j’avaispromis de donner à la Société aprés l'hiver des nouvelles des Eucalyptus globulus, j'ajouterai que j'en ai conservé six, dont la végétation recommence avec vigueur ; les pousses d’avant l'hiver se sont flétries ; le tronc présente 0",11 de grosseur et larbre près de 2 mètres. Les Eucalyptus coriacea ont encore mieux résisté, cependant nous avons eu pendant deux ou trois jours à diverses reprises 11 à 12 degrés de froid. » — M. Franz Kreuter, de Vienne (Autriche), fait connaître qu'il vient de recevoir directement du Japon une collection de oraines et tubercules de divers végétaux, et qu’il se fait un plai- sir de mettre une partie de cet envoi à la disposition de la So- ciété. — Remerciments. — M.Gulliver, d'Hobart-Town (Tasmanie), annonce l’envoi de graines d'Eucalyptus et d'Acacrias de diverses espèces sus- ceptubles de s’acclimater en Algérie et dans le midi del à France. — M. le Président donne lecture d’une lettre de M. Barbier, ingénieur civil, annonçant l’envoi de trente échantillons de tubercules et graines qu’il a recueillis dans le cours de sa mission sur les rives àe la Plata. — M. Maurice Girard donne lecture d’une lettre de M. Ra- gonot, sur la teigne des pommes de terre (Voy. au Bul- letin, p.223). — M. le docteur Labarraque donne lecture d’un travail de M. Trouette sur l’acclimatation des arbres à caoutchouc à la Réunion. (Voy.au Bulletin, p. 230.) —M. le marquis de Vibraye émet le vœu de voir étudier à divers points de vue (rusticité, emploi, etc.) les diverses espèces d'Eucalyptus, et regrette qu’il n’existe encore aucun travail à ce sujet. Notre confrère veut bien promettre une note qui sera soumise à la Commission des récompenses, qui appré- 3° SÉRIE, T. II. — Juin 1875 22 330 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. ciera s’il n’y aurait pas lieu de fonder un prix pour le meilleur manuel de culture des Eucalyptus. — M. Maurice Girard donne lecture de son rapport sur les éducations faites à la magnanerie du Jardin d’acclimatation en 1874. — M. Jules Grisard donne lecture de diverses lettres de M. iférilte, consul de France à Messine, sur l’utilisation des diverses parties du Cactus opuntia. (Voyez n° 8 de la Chro- nique.) À propos de cetie communication M. Rivière rappelle que cette plante est excessivement commune en Algérie et que son fruit sert presque exclusivement de nourriture aux Arabes pendant la période æstivale. Cette espèce renferme plusieurs variétés dont les fruits dé- pourvus d’épines sont diversement colorés et plus ou moins volumineux. Notre confrère a remarqué dans ses voyages des sujets qui lui ont paru être fort âgés, 300 à 400 ans, peut- être? M. Maurice Girard rappelle le fait assez curieux qui suit. Les Cochenilles avaient été introduites aux îles Canaries et couvraient tous les Cactus ; elles diminuèrent dans une pro- portion considérable la récolte des fruits douceâtres qui sont une des principales parties de la nourriture des classes pau- vres. Aussi une émeute eut lieu en 1832 à ce sujet et armena la destruction des nopaleries ou fermes à Cechenilles avec leurs insectes tinctoriaux. M. Lecreux demande si la Cochenille vit sur les Cactus d'Algérie. M. Rivière répond que cet insecte se trouve sur une espèce arlférente, le Nopal. M. Bonnafont fait remarquer à ce sujet que des essais d’acclimatation de la Cochenille ont été tentés en 1832ou 1833 dans la province d'Alger, mais que les résultats ont été né- gaulis. — Il est offert à la Société, de La part du Jardin botanique de Melbourne, des graines d'Eucalyptus colossea. PROCÈS-VERBAUX. 891 — Il est déposé sur le bureau : 1° Mémoire sur la sériciculture présenté au Congrès viticole et séricicole tenu à Montpellier en octobre 4874, par Émile NourRiGarT. 4 vol. in-8 offert par l’auteur. 2° Aux amis de l'industrie séricicole et séricigène, par M. Trouver ; brochure offerte par M. Nourricat. 3° Report on the progress and condition of the botanic garden and government plantations during the year 1874. Adelaide, 1875. SÉANCE GÉNÉRALE DU 28 MAI 1875. Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — À l’occasion du procès-verbal, M. le vicomte de Mills, demande que M. Maurice Girard, qui a rendu compte dans la dernière séance des éducations faites à la magnanerie du Jar- din d’acclimatation en 1874, veuille bien faire connaître dans son rapport le nombre de cocons d’Affacus Cynthia qui ont été récoltés. | — M. le Président proclame les noms des membres nou- “vellement admis par le Conseil : MM. Présentateurs, Drouyn de Lhuys. Martel-Houzet. Comte d'Éprémesnil. | Gaudinot. DanTu (Daniel), agriculteur, à Steene, près Ber- gues (Nord). Dreu (Alexandre Victor), propriétaire, 17, rue Jouenne. de Chartres, à Neuilly (Seine). Révillon. GONZALES (Son Excellence le général don Ignacio { Drouyn de Lhuys. Maria), président de la République Domnini-? P. Magne. caine. | Thirion Montauban. GUILLEMIN (Alfred), propriétaire, à Bazemont | Jules Grisard. (Seine-et-Oise), et à Neuilly, 203, avenue de{ Huguet. Neuilly (Seine). Raveret-Watiel. Chabot de Péchebrun, Ch. Pacqueteau. À. Rousse. LEMERCIER (Hippolyte), propriétaire, à Fontenay- le-Comte (Vendée). SN) SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Drouyn de Lhuys. l A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Pierre Pichot. Ê Dareste. MARIENVAL (Gustave), 42, rue des Petites-Écu- ries, à Paris. MEUNIER (Émile), négociant, 30 bis, boulevard . à Drouyn huys. Contrescarpe, à Paris. uyn de Lhuy Gindre-Malherbe. s Hit : 2 . {Ch. P j RicHARD (Charles), notaire, à la Châtaigneraie | ARLES (Vendée). Penaud. Poey d'Avant, De Belligny. Jules Grisard. Raveret-Wattel. TAULE (Henri de Pinel de la), propriétaire au château de Truilhas, à Salelles-d’Aude (Aude). — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : — MM. Caruël de Saint-Martin et Félix Augé de Fleury de Lesmaës, remercient de leur récente admission. — MM. Caillieux, l'abbé Daviaux, Achille Fauque, Mairet et Rico font également parvenir des remerciments au sujet des récompenses qui leur ont été décernées par la Société. — M. le Consul général de France à San-Francisco, trans- met le texte et la traduction des diverses parties du travail que l’Académie des sciences de cette ville a bien voulu lui adresser, en réponse au questionnaire de la Société d’accli- matation relatif aux diverses productions naturelles de la Ca- lifornie. — M. le Consul de France à Malte, fait parvenir les remer- ciments de la Société d’agriculture de Malte, pour les Lapins argentés et de Sibérie qui lui ont été envoyés, et annonce que cette Société s'occupe de réunir, pour le jardin d’accli- malation d'Hyères, une collection de plants des diverses Aurantiacées cultivées dans l'ile. — M. le vice-amiral, préfet maritime du 2° arrondissement, informe de l’arrivée à Brest, par le transport la Vergème, d’une caisse 4 la Ward, renfermant diverses plantes envoyées à la Société par M. le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie. _— Cette caisse vient d’être expédiée au Jardin d’acclimatation. — MM. Garnot, Ribeaud, de la Rochemacé et Simon adres- sent des comptes rendus de leurs cheptels. PROCÈS-VERBAUX. 333 — M. Raveneau-Huard écrit qu'ayant fait acquisition de Faisans de Mongolie et de Swinhoë, il renonce à recevoir en cheptel ceux qui lui ont été attribués sur sa demande par la Commission spéciale. — M. Garnot demande en cheptel un couple de Céréopses. — M. le comte Pouget écrit de Rochefort : « Je viens vous signaler une erreur typographique qui s’est glissée dans le numéro de mars du Bulletin, où je vois le Kagou désigné sous le nom de Rhonochetos jubatus, tandis que le véritable nom sous lequel il a été baptisé est Rhinochetos jubatus. Je viens d’en avoir la certitude par une letire de son parrain M. O. des Murs qui m’en donne la racine. Je transcris le passage de sa lettre: « Ce qui me frappa le plus dans la dépouille rapportée par » MM. Aubry-Lecomte et le docteur Deplanche, c’est la con- » formation tubulaire de ses narines cornées, si différentes » de celles des Hérons et des Râles auxquels confine le Kagou. » De là à lui imposer, d'accord avec le pauvre Jules Verreaux, » le nom qu’il porte aujourd’hui dans la science, 1l n’y avait » qu'un pas, je lé composai donc des deux mots f, nez el » syeroe, canal. Satisfaisante ou non, c'est la seule combinaison » qui s’offrit à mon esprit. » » Cette explication m’a été d'autant plus précieuse que je m'étais perdu avec le secours de plusieurs hellénistes dans la recherche de la racine de ce nom... » — En adressant des rc pour la M Rae qui vient de lui être décernée, M. Carbonnier proteste de nouveau de tout son dévouement pour les travaux de notre Société. € Une meilleure occasion, ajoute notre confrère, ne pou- vait s'offrir pour vous annoncer la nidification et la ponte de mes poissons arc-en-ciel de Calcutta. » Avant-hier, 26 mai, en observant ces animaux, J'ai assisté à la construction d’un édifice, le nid, qui est un chef-d'œuvre d'architecture hydrostatique ; à bientôt d’autres détails sur la multiplication de cette espèce nouvelle, dont les mœurs paraissent on ne peut plus intéressantes. » 33/ SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. — M.le marquis de Pruns écrit à la date du 22 mai : «J'ai l'honneur de vous annoncer que les Oies à col noir du Canada, que j'ai exposées, ont eu le premier prix (médaille d'argent) au concours régional d’Aurillac; qu’elles ont été trouvées magni- fiques et que plusieurs personnes souhaitent s’en procurer. » Je crois qu’un des moyens les plus sérieux et les plus utiles de faire connaître nos animaux nouveaux serait de les présenter aux concours régionaux. À » J'ai eu deux premiers prix (deux grandes médailles d’ar- gent) pour mon exposition d'animaux, qui tous provenaient du Jardin d’acclimatation, » Je regrette que la Commission des Cheptels ne puisse m'accorder un bouc Angora. Ma propriété est à 700 mètres d'altitude et je crois qu'à cette hauteur cette variété réussirait. Elle est de plus située sur le penchant très-rapide d’une mon- tagne au nord, avec de hauts pâturages très-salubres et de l'eau abondante, très-claire et érès-froide. » de crois que Lamas, Vigognes ou Alpacas réussiraient fort bien dans cette position élevée et si salubre. » — M. Berce écrit de Saint-Mandé, à M. le directeur du Jardin d’acchimatation : « Mes œufs d'A. Yama-mai ont com- mencé à éclore le 6 mai; jusqu'aujourd'hui les jeunes che- nilles vont bien. » Les cocons de Pernyi ne marchent pas vite, ni surtout convenablement, c’est-à-dire que les éclosions sont jusqu’à présent en petit nombre et ne se font pas régulièrement ; J'ai déjà perdu plusieurs mâles faute de femelles, et des femelles faute de mâles ; aujourd'hui je ne puis disposer que de 4 ou 5 grammes de graines. » Depuis ce matin j'ai une superbe femelle qui attend! » Vous pouvez être assuré que je donne tous mes soins aux éducations que vous m'avez confiées et que je tiens note de ce qui pourra survenir d'intéressant. » — MM. de Cuverville, Gaudin, et Gorry-Bouteau accusent réception et remercient des envois de graines qui leur ont été faits. — MM. A. William, M'Culloch et Cie, de Melbourne, an- PROCÈS-VERBAUX. 335 noncent l’embarquement, à bord du Ceylan, de l'envoi de graines de diverses espèces d’Æucalyptus fait à la Société par M. Gulliver.. | — M. Balcarce, ministre plénipotentiaire de la République Argentine, écrit à M. le Président : « Pensant qu'il vous serait agréable, et utile peut-être, d’adjoindre à votre inté- ressant musée séricicole du Jardin d’acclimatation : 4° une boîte de cocons déjà anciens ; 2° une autre boîte en cristal renfermant des échantillons de soie qui ont été récoltés dans la province de Buénos-Ayres, et convertis en écheveaux, je me fais un plaisir de vous les adresser dans ce but, et je saisis avec empressement, etc. » — Remerciments. — M. Naudin adresse, de Collioure, une note sur le Taga- sate des Canaries (Cytisus prohiferus), Légumineuse arbores- cente qui lui paraît appelée à rendre des services en Algérie et dans notre midi, comme plante fourragère (voy. au Bul- letin). — M. le Président annonce que M. le colonel Loubêre, cou verneur de la Guyane française, a envoyé six cages contenant diversanimaux vivants de cette calonie, savoir : quatre Iguanes, trois Hoccos, deux Agamis, un oiseau aquatique (dit à la Guyane le Grand-blanc), un autre oiseau aquatique (dit lOi- seau du connétable), une grande Tortue d’ean douce et six ou sept petites. — M. le Président fait à l'assemblée la communication suivante : « L’ostréiculture a été, de la part de notre Société, l’objet d’une constante soilicitude. Aussi, messieurs, je pense que vous entendrez avec satisfaction la lecture de ce passage du discours prononcé par M. le vicomte de Rorthays, préfet du Morbihan, au concours régional de Vannes, le 16 mai : «….… Ne vous dirai-je pas aussi quelques mots des progrès qui s’accomplissent sur ces rivages ? Vous ne me pardonne- riez pas de passer sous silence lexposition d’Ostréiculture. Admise à figurer pour la première fois aux concours régionaux, cette exposition vous a permis de suivre la marche progressive d’une industrie qui, hier encore, était dans la periode des expériences et qui est entrée désormais dans celle des succés. 336 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Je me le pardonnerais d'autant moins moi-même, qu'ici, le département que J'ai l'honneur d’administrer peut reven- diquer le premier rang, que dans d’autres sphères d’activité il est obligé de céder à de plus fovorisés. Nulle part, en effet, depuis l’époque récente où M. Coste se livrait aux études et aux essais qui ont illustré son nom, des eflorts plus persévé- rants n’ont été tentés pour arriver à suppléer par la culture artificielle de l’huître au dépeuplement de nos bancs naturels ; nulle part aussi, on n'a pu compter autant de succès et on n’a plus fait pour décider le triomphe. » Les ostréiculteurs n'oublieront point les noms de MM. Chaumel et de Wolbock, à qui la Commission que j'avais l'honneur de présider, a attribué le premier et le deuxième grands prix du Concours, que la sollicitude éclairée de M. l'amiral de Montaignac, ministre de la marine, représenté à cette solennité par M. le Préfet maritime de Lorient, et. du Conseil général du Morbihan, m'a permis d'organiser. » Longtemps élève et coopérateur de M. Coste, M. le lieu- tenant de vaisseau Chaumel a quitté, jeune encore, une car- rière qui lui promettait tant d'avenir, pour se vouer tout entier à l’œuvre dont il avait prisle goût auprès deson illustre maître et ami ; à la tombe duquel, disait-1l dans son mémoire avec une modestie si touchante, il comptait faire hommage des lauriers qu’il ambitionnait à si juste titre. » Digne héritier d’un grand nom dont il a su, chose diff- cile, rehausser l'éclat par sa valeur personnelle, et possesseur d'une grande fortune, M. le baron de Wolbock n’a pas hésité à se livrer à des éiudes auxquelles son passé ne l’avait point préparé, et à risquer des capitaux considérables dans une entreprise incertaine, pour doter son pays d'une industrie nouvelle, dont le premier et heureux effet aura été de pro- curer un travail rémunérateur aux populations si cruelle- ment éprouvées de nos côtes. » Le succès a couronné leurs efforts, et ils sont dédom- magés aujourd’hui de leurs peines, moins encore par les applaudissements qu'ils recueillent que par la conviction cansciencieuse et fondée d’avoir rendu service à la grande PROCÉÈS-VERBAUX. 397 communauté dont ils font partie, et de n'avoir point élé sur cette terre, où la vie de l’homme est manquée si elle ne profite par quelque point à ses semblables, des êtres parasites et inutiles ! » | — M. Drouyn de Lhuys dépose sur le bureau trois bro- chures de M. Reboux, membre de la Société d'anthropologie, relalives aux animaux, aux instruments et aux armes de l’âge de pierre. — M. le Président communique à l’Assemblée la lettre sui - vante qu'il vient de recevoir : « Vienne, le 15 mai 1875. » À la très-honorable Societé d'acchmatation, à Paris. » Nous avons l’honneur de vous faire connaître que le jury internationnal de l'Exposition de volatiles de Vienne (Autri- che) a décerné à deux de vos membres, MM. Raveret-Wattel et Dellard, un diplôme de satisfaction. pour les travaux sta- tistiques (cartes avicoles de la France) qu'ils avaient envoyés à cette Exposition. » Nous saisissons avec empressement cette occasion pour leur faire parvenir nos félicitations. | » Un des secrétaires du Jury internationnal, » À. BUJATTI. » — M. le Président donne lecture de la lettre suivante qui lui est adressée par M. le général Morin, directeur du Gonser- vatoire des arts et métiers : « M. Van Gorkom, directeur des cultures de Qumquina à Java, à qui j'avais écrit, vers 1865, pour le prier de faire expédier à mon fils, à lile de la Réunion, des graines de Cinchona des meilleures variétés, n'a cessé depuis cette époque de continuer ses envois de la ma- nière la plus bienveiilante. » Non content de contribuer à l’acclimatation de cet arbre précieux à l’île de la Réunion, M. Van Gorkom a fait des envois analogues en Algérie, à la Martinique, à la Nouvelle- Calédonie et a témoigné le plus grand intérêt pour le succès 238 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. des efforts de nos colons. Il a toujours tenu la Société que vous présidez au courant de ses travaux et de tout ce qui pouvait l’intéresser sur cette question. Je ne crois pas être indiscret en appelant votre attention sur la convenance et l'utilité qu'il y aurait à lui attacher M. Van Gorkom, par le titre fs membre honoraire qu’il serait très-flaité de rece- Voir. M. le Président annonce que la proposition contenue dans cette lettre ne fait que prévenir une délibération du Gonseil qui a décidé, dans sa séance du 21 mai, de présenter M. Van Gorkom, en qualité de membre honoraire, en reconnaissance de ses importants services, que la Société a su depuis long- temps apprécier. Conformément à l’article A des statuts, M.:le Président met aux voix cette proposition, qui est adoptée à l'unanimité. En conséquence M. Van Gorkom est nommé MEMBRE HONO- RAIRE. — M. Geoffroy Saint-Hilaire donne quelques détails sur la situation déjà trés-satisfaisante de la succursale du Jardin d’acclimatation à Hyères. La douceur du climat est très-favo- rable aux tentatives de multiplication de certaines espèces animales un peu trop frileuses pour prospérer tout d'abord sous le climat de Paris, Mais c’est surtout pour les essais de cultures de végétaux exotiques que cette station rendra de sérieux services. On s’occupe d'y réunir une riche collection d'Aurantiacées, de Vignes et d’arbres fruitiers susceptibles de réussir dans la région méditerranéenne. La culture des Bam- bous et celle des Eucalyptus, au point de vue réellement pratique, y sont également l’objet d'une attention toute particulière. — M. de la Blanchère donne lecture don mémoire ayant pour titre : l'Aguiculture aux États-Unis (voy. au Bulletin). Il est déposé sur le bureau : 1° Dégâts causés aux végétaux par les Acarus, mémoire communiqué à la Société centrale d'agriculture de France, par M. Victor Chatel. De la part de l’auteur. PROCÈS-VERBAUX. 3939 2° Le Phylloxera et les Vignes de l'avenir, par P. Guérin, in-8°. 1875. Paris, librairie agricole ; 4 francs. De la part de l'auteur. 3° Rapport au Ministre de l'instruction publique sur l'état de la pisciculture en France et dans les pays voisins, par M. Bouchon-Brandely, secrétaire suppléant au Collége de France (2° partie). De la part de l’auteur. 4° Une circulaire relative à l'Exposition internationale et au Congrès d'hygiène et de sauvetage qui doivent avoir lieu à Bruxelles en 1876. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL, IIT. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. ————— COMPTE RENDU DES CHEPTELS Par M. C. MILLET Ancien inspecteur des forêts. LAPINs. — M. Cambon, à Nimes. Une Lapine à fourrure argentée a fait une nichée de petits lapins, tous noirs et bien portants. M. Fleury (Victor), à la Drouetière (Loire-Inférieure). Le lot de Lapins à fourrure est en bonne santé. La femelle a mis bas un seul jeune, mais qui est énorme. | M. le colonel Brady, à l’abbaye de Saint-Nicolas (Aisne). Les jeunes Lapins argentés, nés en novembre dernier au nom- bre de quatre, n’ont pas donné de résultats satisfaisants. Deux sont morts en avril et le troisième est dans un état désespéré. La mère elle-même est paralysée. On se trouvera dans la né- cessité de les mettre à mort. LÉPORIDES. -- M. le docteur Tenain, à Maingelay (Oise). Mâle et femelle morts par suite de la présence de très-gros rais ; jeunes très-bien portants. M. Albert de Surigny, à Prissey (Saône-et-Loire). Le couple de Leporides est mort subitement à quelques jours de distance. Le jeune continue à se bien porter. VOLAILLES. — M. Gaullier, au domaine de. Bourmont (Maine-et-Loire). Les Houdan ont donné un assez grand nom- bre d'œufs dont on a obtenu beaucoup de coqs et quelques poulettes, M. Riban, à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine). Les Créve- cœur sont en bonne santé. Ponte depuis la fin de janvier jus- que dans la première quinzaine de mars. M. Gorry-Bouieau, à Belleville (Deux-Sèvres). La Dinde sauvage avait pondu son sixième œuf dans les premiers jours de mai, et ne paraissait pas disposée à couver. | CANARDS. — M. Cambon, à Nimes. Les Labradors ont pros- CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 1 péré; ils recherchent avidement leur nourriture dans les plantes aquatiques des fossés de la propriété. On a obtenu 9 œufs. M. J. Lafon, à Sainte-Soulle (Gharente-Inférieure). Les Ay- lesbury ont pondu en janvier et février. Quelques œufs, fé- condés et embryonnés, ontété perdus par suite d’un accident survenu à la couveuse. M. Riban, à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine). Les Canards de Rouen sont en parfait état. La cane a pondu en mars et avril; le dernier œuf pesait £18 grammes! M. Leroy, à Fismes (Marne). Le couple de Mandarins est dans un brillant état de santé. Il à fait son nid dans un tas de foin déposé dans une boîte. Le mâle semble vouloir exercer une surveillance à l'entrée de cette boite. M. Durand-Gonon, à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord). Les Casarka sont bien portants. En avril, on a eu deux œufs; le dernicr, à coquille molle, s’est cassé en tombant; depuis cet accident, la cane a cessé de pondre. M. Derré (Almire), à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Les Man- darins n'avaient pas encore commencé à pondre dans les pre- miers Jours de mai; ils sont, du reste, dans un excellent état. M. le comte de Perrigny, à Versailles. Les Mandarins n’a- vaient encore donné aucun œuf à la date du 15 avril, ils ont, ainsi que les Canards de la Caroline et les Faisans dorés, supporté les rigueurs de lhiver, perchés sur les lilas ou les sapins du jardin. M. le comte de l’Espéronnière, à la Sausaye, près de Condé (Maine-et-Loire). Le couple de Bahama est, depuis le mois de février, en parfait état. [lest placé dans une vaste volière avec plusieurs autres canards qui sont nourris de grains et de ver- dure. En mars et avril, on leur a donné chaque jour du cresson ; tous en étaient très-friands. En mai, ils dévoraient avec avidité les hannetons qu’on leur jetait. Les Mandarins, notamment, se signalaient par leur gloutonnerie : seule, la femelle Bahama en était peu friande. À la date du 31 mai, cette cane n'avait pas encore pondu. Cyanes. — M, Genesley, à Laval (Mayenne). Les Cygnes 52 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. noirs sont devenus adultes; ils sont en parfait état, très-doux et peu craintifs, recherchent la verdure avec avidité. M. de Trubessé, à Saint-Bertrana de Comminges (Haute- Garonne). Uu couple de Cygnes notrs ; à partir du 15 jan- vier, le mâle était devenu très-méchant et ne se laissait plus caresser. Du 27 janvier au 1% février, la femelle pondit cinq œufs; le 2, elle commença à les couver. Le mâle la remplaçait, chaque jour, quand elle quittait le nid pour pren- dre sa nourriture. En rentrant au nid, le femelle cassa deux œufs ; elle prit dans son bec le dernier qui était plein de sang, et alla le déposer sur le bord d’un bassin. L’éclosion des deux œufs eut lieu au bout de quarante jours. Le troisième conte- nait un Jeune parfaitement formé, mais n'ayant pu probable- ment briser la coquille. Les deux petits cygnes étaient très- vigoureux; mais ils moururent, l’un le sixième jour et l’autre le dixième jour, sans avoir manifesté le moindre malaise. M. de Trubessé attribue cet accident au froid très-rigoureux de la saison. A partir du 10 avril, la femelle regagna son nid pour y déposer deux œufs qu'elle se mit de suite à couver. Faisans. — M. J. Lafon, à Sainte-Soulle (Charente-Infé- rieure). Les Faisans vénérés sont en parfait état. [ls reçoivent : chaque jour, depuis le 23 février, une ration de pâtée à l'œuf dur, mie de pain et chènevis. M. Pacqueteau, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Les Faisans de Mongolie ont perdu leur sauvagerie première, grâce aux attentions dont ils sont l’objet de la part des personnes de la maison qui leur donnent, chaque jour, de ia mie de pain, des vers de terre et des escargots dont on a brisé la coquille. M. Leroy, à Fismes (Marne). Les Faisans de Swinhoë sont en parfait état. La femelle a pondu son premier œuf le 15 mars et a continué à pondre tous les deux ou trois Jours. Les œufs sont laissés dans le nid pour les faire profiter de la chaleur de la pondeuse. Cette condition paraît devoir offrir de meilleures chances d'éclosion. Huit œufs mis en incubauon n ont donné que quatre jeunes; deux œufs étaient clairs et deux autres contenalent des embryons morts en coquille. Les pous- sins sont bien portants. La faisane avait manifesté le désir de CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 313 couver; on n a pas cru devoir la laisser faire, parce que cet oiseau étant assez sauvage, l’incubation pourrait être compro- mise. Les Faisans vénérés (Iroisième année) n’ont encore donné que peu d'œufs. Cependant les faisans recherchent avec em- pressement les nids faits avec de la paille tressée en forme de cornet renversé, et tapissés avec du foin. Les œufs se trouvent ainsi à l’abri des intempéries et surtout du froid des nuits.Un jeune, éclos fin avril, est bien portant. M. Durand-Gonon, à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord). Les Swinhoë sont en parfait état. Quatre jeunes, éclos fin avril, sont très-robustes, bien qu’on n’ait pas encore pu leur don- ner de larves de fourmis. On y supplée avec une pâtée d'œufs, de bœuf bouilli, de persil haché et de chènevis écrasé, addi- tionnée de riz cuil et de tapioca sec, que les jeunes oiseaux recherchent avec avidité. M. Daviau (Gabriel), curé à Joué-Étiau (Maine-et-Loire). La Faisane Swinhoë a éié peu régulière dans sa ponte; elle avait commencé le 9 mars, et le 28 elle n'avait encore que six œufs. Ces œufs, mis de suite en incubation, ont donné cinq faisandeaux dont quatre sont irès-vigoureux ; le cinquième, qui avait les pattes torses, est mort au bout de quatre jours. Trois autres œuls, pondus postérieurement et mis en incubation, n’ont donné qu'un jeune à pieds contournés qui a peu de chances de vivre. Les larves de fourmis étant encore très- rares en avril, on y a suppléé avec une pâlée composée de mie de pain, d'œufs durs et de grains de mil. Élevés en li- berté, ies faisandeaux dévorent avec avidité les insectes que la mère découvre parmi les herbes du jardin, et qui remplacent avantageusement toute autre nourriture. M. Sarrus, curé à Saint-Affrique-du-Causse (Aveyron). Les Swinhoë n'avaient pas encore pondu à la date du 9 avril, mais ils sont en très-bon état; ils recherchent avidement les vers de terre. M. Frémy, à Loches (Indre-et-Loire). Les Siwvinhoë sont en parfait état. La poule, âgée de trois ans, a commencé à pondre le 10 mars et a donné dix œufs. A SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Corins. — M. Fleury (Victor), à la Drouetière (Loire-Infé- rieure). Les deux paires de Colins de Californie ont pondu. L'an dernier, presque tous les œufs étaient clairs; sur 70 à 80, k seulement sont éclos. M. Sarrus, curé à Saint-Affrique-du-Causse (Aveyron). Les Colins de Californie sont en parfait état, mais n'avaient pas encore pondu à la date du 9 avril. PERRUCHES. — M. de Saint-Quentin, à Cette (Hérault). Les deux couples de Perruches ondulées (Melopsittacus undulata), tenus en cheptel depuis un an et trois mois, n'avaient encore rien produit en avril. Elles sont nourries avec alpiste, petit mil et verdure, avec addition, chaque matin, d’un morceau de pain trempé ee. du café au lait. M. Gaullier, au domaine de Bourmont (Maine-et-Loire). Les Perruches callopsites jouissent d’une vigoureuse santé. M. Dreyfous (Léon), à Paris. Les deux couples de Perruches ondulées n'avaient pas encore pondu à la date du 12 avril. Oiseaux Divers. — M. de Coutans, au château de la Durau- derie (Vienne). Les pontes de 1875 ont commencé aux époques suivantes : Faisans argentés, 2h mars; Canards mandarins et de la Caroline, 5 et 6 avril; Faisans dorés, 7 avril; Golns, 10 avril. | Les Faisans vénérés sont en parfait état, et sont devenus très-familiers. BamBous.— M. Pacqueteau, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Le B. doré pousse très-vigoureusement ; le B. flexueux, assez vigoureusement ; le B. violdtre est en retard. M. Fleury (Victor), à la Drouetière (Loire-Inférieure). Le B. comestible végète très-bien depuis quatre ans. Des rhizomes sont à la disposition des membres de la Société. Haricor (Phaseolus vulgaris). M. le docteur Tenain, à Main- welay (Oise). Les trois variélés nain à parchemin flageolet blanc, nain hâtif de Hollande à châssis, celle à rame mange- tout beurre Saint-Joseph ont parfaitement réussi; la première et la troisième ont surtout donné d’abondants et excellents produits. Maïs (Zea mays). — M. Cambon, à Nîmes. Le Maïs de CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 219 Bolivie, semé fin mars, avait atteint, fin avril, de 10 à 15 cen- timètres de hauteur. Le China-grass (Bæhmeria candicans) a prospéré au point que M. Cambon peut en mettre à la disposition d’un grand nombre de personnes. Pois (Pisum sativum).— M. le docteur Tenain, à Maigne- lay (Oise). Terrain très-fort, gras et bien fumé : Le pois à rames Daniel O’Rourke, le Victoria Marrow, le ridé Knight, et le mange-tout beurre sans parchemin ont bien réussi; le dernier surtout est excellent. PoMME DE TERRE (Sol/anum tuberosum). — M. le docteur Tenain, à Maignelay (Oise). Très-bon sol à fond argileux : La marjolin à œil rose, la ronde de Strasbourg, les variétés Baldou, Chardon, Conflans et Jancée ont donné de bons et abondants produits; les tubercules de cette dernière variété étaient énormes. Celle dite Chave n’a pas bien réussi; pro- duits de qualité médiocre. PELARGONIUM. — M. Fleury (Victor), à la Drouetiére (Loire- inférieure). Les Pelargonium en pleine terre n’ont pas résisté aux froids de l'hiver. Tous ont péri. Mais les boutures faites en orangerie sont en parfait état. 3° SÉRIE, T. II, — Juin 1875. 23 IV. FAITS DIVERS ET EXTRAÏTS DE CORRESPONDANCE. Le dévouement que M. Antoine Passy a constamment témoigné à notre Société, dont il était un des fondateurs et des vice-présidents, a laissé un” trep profond souvenir dans le cœur de ses coliègues pour qu'ils ne s’asso- cient pas à tous les hommages rendus à sa mémoire. Aussi pensons-nous qu’on lira avec un sympathique intérêt la notice sui- vante présentée par M. Drouyn de Lhuys à la Société ceniraie d'agriculture, dans la séance publique annuelle du 27 juin dernier. NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. ANTOINE PASSY Messieurs, En venant rendre aujourd’hui, au nom de la Société centrale d’agricul- ture, un dernier et peut-être tardif hommage à la mémoire de M. Passy, je remplis la promesse faite devant sa tombe par notre secrétaire perpétuel dans une improvisation à la fois émue et savante. Après lui, d’autres voix éloquentes se sont élevées pour raconter cette existence consacrée tout en- tière au bien public, à la science, à l'humanité. Que pourrais-je ajouter à ces éloges qui semblent avoir épuisé un sujet pourtant si heureux et si fé- cond ? Vous me pardonnerez d’en reproduire quelquefois les pensées et les expressions, tout en empruntant à l’œuvre de noire regretté collègue les passages qui reflètent le mieux l'élévation de son cœur et l'étendue de son esprit. M. Antoine-Francois Passy est né à Paris le 23 avril 1792. Son père fut nommé, au 18 brumaire, receveur général du département de la Dyle (an- cien Brabant), dans la Belgique alors réunie à la France, et Bruxelles devint la résidence de sa famille. C’est à cette époque que le comte van der Steegen créait dans cette ville un jardin botanique, et inaugurait l’enseignement des sciences naturelles, avec le concours des savants Rozin et Dekin. Le jeune Passy suivit leurs lecens, et fut admis dans une Société d’herborisation, com- posée surtout de jeunes gens laborieux et distingués. Parmi les savants qui la dirigeaient, on remarquait un conseiller de préfecture appelé Louis de Ronnay, qui, après avoir combattu pour l’affranchissement de l'Amérique, avait été chassé, par la révolution, d’une chaire d'histoire naturelle qu’il avait obtenue à Tarbes, et trouvait dans l’étude de la botanique loubli des fatigues et des désenchantements de sa vie. Malgré l’âge et les vicissitudes des temps, il restait fidèle aux deux passions de sa jeunesse, la science et la FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 347 liberté. Son influence sur son élève fut décisive; ses récits et ses exemples laissèrent dans cette imagination impressionnable une empreinte dont !à trace se retrouve jusque dans les œuvres de la vieillesse d'Antoine Passy. En 1810 M. de Candolle vint explorer la Belgique. Ce voyage scientifique, qu’on aimait à comparer à celui de sir John Ray en juin 1663, et à celui de Linné en mai 1738, fit également époque dans la science, et excita au plus haut degré l’ardeur et la curiosité du jeune Passy. C’est de ce moment que date le goût qu’il conserva toujours pour la botanique, où il aurait pu acquérir un nom éminent, s’il eût suivi la carrière de son choix. Il com- menca, dans les environs de Bruxelles, une série d’herborisations, à la suite desquelles il publia, en mai 1814, sous la surveillance du professeur Pekin, un ouvrage intitulé Florula Bruxellensis, seu Catalogus plantarum circa . Bruæellas sponte nascentium, résumé des travaux de l'association dont il faisait partie. Dans la préface, il a posé les bases des rapports qui existent entre la végétation et la nature géologique du sol; il a été le premier à appeler sur ce point important l'attention des naturalistes, en classant les terrains des environs de Bruxelles suivant les notions que la science four- nissait alors. Depuis, elle s’est enrichie de découvertes rapides et impré- vues ; elle a marché à pas de géant et étendu sans relâche ses horizons. De si merveilleux progrès ne doivent pas, néanmoins, nous faire méconnaître la valeur de ses humbles commencements dans lesquels Antoine Passy peut revendiquer une part honorable. D'un autre côté, on voit, par ce livre, quel était son attachement pour « la science aimable » qu’il cultivait avec tant d’ardeur, et quelle était son admiration pour la contrée pittoresque qu'il explorait avec délices. On y remarque surtout ce sentiment de sérénité, si souvent exprimé par les botanistes, mais rarement avec plus de bonheur et d’à-propos. « Cet opuscule, dit-il à la fin des notions préliminaires, a été » pour nous, pendant ces derniers mois, un délassement et une utile dis- » traction. Maintenant que tout semble tendre à la paix générale, objet de » tant de vœux, il va être permis aux botanistes de reprendre leurs travaux » interrompus. Si l’un d’eux veut retrouver, à l’aide de ces pages, les » plantes qui y sont mentionnées, nous lui souhaitons autant de plaisir que » nous en avons éprouvé nous-même à Les découvrir. » Telle était la vie, tels étaient les plaisirs de la jeunesse d’Antoine Passy. Esprit appliqué et sérieux, il s’adonnait à la botanique avec cette ardeur que, souvent à cet âge, nous portions aux dissipations et à la frivolité. I] était en correspondance réglée avec les princes de la science. Les Jussieu et les de Candolle, dans des lettres que sa famille conserve avec un juste or- oueil, faisaient appel à son zèle et à ses lumières. Lorsqu’en 4810, à sa sortie du Lycée de Bruxelles, il passa une année à Naples, près de M. le comte d’Aure, son oncle, alors ministre de la guerre du roi Murat, sourd à la voix des séductions qui s’offraient en foule devant ses pas, il se renferma dans ses études bien-aimées. La flore du royaume de Naples avait été dé- crile par un botaniste appelé Gyrilio, et la gravure de son ouvrage avait 348 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. même été commencée. Mais, à la suite de la révolution de 4799, Cyrillo avait été mis à mort, sa maison pillée, et le fruit de ses travaux dispersé et perdu. Antoine Passy, sur les indications de M. de Jussieu, en rechercha inutilement les traces. Ne pouvant y réussir, il fit mieux : il parcourut les Calabres et les Abruzzes, les rivages et les îles de la mer de Naples, colla- borant avec Tenore, dont les œuvres, depuis devenues classiques, devaient faire oublier la perte de celles de Cyrillo. C’est Antoine Passy qui saisit le premier les rapports de la flore de l'Italie méridionale avec celle des côtes du nord de l'Afrique, si brillamment dépeinte par Desfontaines dans un livre fameux; il composa un herbier qu’il offrit, à son retour, à Antoine- Laurent de Jussieu, dans les collections duquel on peut voir encore au- jourd’hui le nom de Passy figurer avec honneur. La fondation de la So- ciété botanique de France, à laquelle il contribua puissamment en 1854, fut en quelque sorte le couronnement du culte de sa jeunesse. Mais le moment était venu pour lui de prendre une carrière où l’appe- laient les vœux de sa famille. Ses relations intimes avec M. Barbé-Marbois le décidèrent à entrer à la Cour des comptes, où, après avoir rempli long- temps les fonctions d’auditeur, il fut nommé conseiller référendaire vers la fin de la Restauration. Son mérite et ses aptitudes administratives y furent tellement remarqués, que, dès les premiers jours de la monarchie de Juillet, il fut appelé, à sa grande surprise, à la préfecture de l'Eure. Déjà, comme par une sorte d'attraction naturelle, la Normandie avait éveillé son intérêt au triple point de vue de l'archéologie, de la botanique et de la géologie. En 1824, il avait publié dans les Mémoires de la Société Linnéenne de cette province une Notice sur le succin de Noyers près Gisors, et en 1828, dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, une Note géologique sur le puits de Meulers. À peine investi de ses nouvelles fonctions, imposant silence aux préoccupations politiques, alors si exclusives et si ardentes, il se hâta de se mettre à la tête de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de son département et, dans un discours qui marquait une ère de liberté et de progrès il esquissa à grands traits le noble programme de ses désirs et de ses aspirations. « Voué, dès ma jeunesse, à l'étude de l’his- » toire naturelle, dit-il, j’ai l'ambition d’être compté au nombre des mem- » bres actifs de cette Société, et de n’y point paraître comme un président » imposé... Si la jeunesse, continue-t-il, se jette avec enthousiasme dans » la carrière des sciences, c’est que l’élude des sciences inspire à l'esprit ce conientement qui donne la sagesse; c’est que les sciences sont cultivées » non seulement pour elles-mêmes, pour ce charme intime que l’on y trouve; » à cause de cette séduction qu’elles exercent sur les esprits généreux, de » cette satisfaction grande et perpétuelle qu’elles procurent aux hommes » quand les avantages de la société se retirent d’eux ; mais c’est aussi et » surtout parce que leur utilité est reconnue, qu’elles ne sont plus de vains » amusements de l'esprit, que de toutes parts on s’inquiète de leurs conquêtes qui alimentent les procédés industriels et concourent au bien général.» Y ŸY FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 3/9 J'ai pu constater par moi-même que cette Normandie, dont son cœur élait rempli, conserve fidèlement le souvenir de son administration et que son nom y est encore vénéré. Elle qui a enfanté les Corneille, les Malherbe, les Poussin, n’a pas oublié le nom plus modeste d'Antoine Passy. Jamais aussi elle n’eut de fils plus tendre et plus dévoué; l'amour du sol natal em- brase son cœur et donne à ses accents le ton de la plus haute éloquence. « Notre région, s’écrie-t-il, est la mère des compagnons d’armes de Tan- » crède de Hauteville et de Guillaume le Conquérant. C’est dans nos familles » de cultivateurs que les pairs d'Angleterre cherchent à retrouver les ra- » cines de leurs arbres généalogiques; c’est aux branches de nos pommiers » qu'ils cherchent à rattacher leurs écussons. » Je suis fils du sol normand, disait-il autre part ; la charrue y a été » conduite par la main de mes pères, et ma famille tient à cette terre fertile » par des racines étendues et profondes. Toute mon ambition, c’est qu’on » reconnaisse dans mon cœur le sceau de mon origine, l'amour de l’agricul- » ture. » Les travaux administratifs de M. Passy ne l’empêchaient pas de pour- suivre ses études scientifiques, au nombre desquelles la géologie semble avoir pris, à cette époque de sa vie, une place prédominante. En 1826, l’Aca- démie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, avait mis au concours un iravail sur la statistique minéralogique de la Seine-Tnféricure. Comme, dans les années précédentes, il avait parcouru ce département en recueillant des notes d'histoire naturelle et des échantillons de roches et de fossiles, il croyait posséder assez de documents pour répondre à cet appel, et il se hâta de présenter à l’Académie un Essai sur la constituiion géolo- gique de la Seine-Inférieure. Mais l’Académie considéra cet ouvrage comme ne réalisant pas son pro- gramme. Aussilôt M. Passy, avec une persévérance et une modestie qu’on ne saurait trop louer, recommença son travail et publia sa description géolo- gique du département de la Seine-Inférieure. Cet ouvrage fut couronné par ‘l’Académie, qui en ordonna l'impression, C’était en 1832. L'auteur n’avait pas craint de modifier plusieurs des opinions qu’il avait avancées dans l’Essai préliminaire, et il le dit avec la droiture d’un homme qui n’a d'autre but que la vérité. [l n’hésita pas non plus à rendre hommage au génie de M. Élie de Beaumont, alors à ses débuts. Le livre d'Antoine Passy est plein de faits, de détails et d'observations qui semblent avoir épuisé la matière, « J'ai voulu, dit-il, en finissant, qu’un » département si riche et si éclairé, situé entre Londres et Paris, les deux » villes du monde où la géologie est le plus en honneur, continuât cette » chaîne de contrées où la science a porté ses investigations. — Tout l’in- » tervalle entre Paris et Londres est maintenant comblé. » Si notre siècle réunit ces deux capitales par ce tuñnel gigantesque dont le projet seul dé- passe les plus merveilleuses conceptions du monde antique, si Paris et Lon- dres se donnent un jour la main supprimant la mer et ses orages, c’est grâce or 350 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. à la science dont Antoine.Passy se rendait ainsi, il y a plus de quarante ans, l’un des plus dignes interprètes. Il a formulé, en termes qui nous paraissent aujourd'hui prophétiques, l'annonce d’un prodigieux résultat, entrevu dès- lors sans doute par la hauteur sereine de son esprit et dont il nous sera donné peut-être de voir la réalisation. i Sans se laisser absorber par la publication de son travail important, An- toine Passy fit paraître, la même année (1832), une Notice géologique sur le département de l'Eure, insérée au Recueil de la Société locale d'agriculture, arts et belles-lettres. Ce n'était là sans doute qu’une esquisse contenant la description de tous les terrains du département et destinée à servir de pro- drome à un ouvrage plus étendu. Mais quelle connaissance parfaite des loca- lités! quelle clarté et quelle sobriété dans ioutes les indications! Jamais l’érudition oiseuse, le vain étalage de mots ambitieux n'arrête le lecteur, Tout est simple, net, lumineux; tout va directement au but d’utilité pra- tique que l’auteur se propose, et il ne perd jamais de vue les intérêts de l’industrie et les besoins de l’agriculture. Nous pouvons aujourd’hui appré- cier toute la valeur du grand ouvrage posthume qui vient d’être publié sous es auspices du Conseil général de l'Eure. Quelque étendu que soit déjà ce champ d'investigation, l’activité intellec- tuelle d'Antoine Passy ne le trouvait pas encore assez large. Tantôt, abor- dant les questions archéologiques, il décrit « ces églises vastes, élégantes, » si hardiment voûtlées, surmontées d’obélisques à découpures légères comme » les feuilles des arbres; édifices si bien adaptés aux cérémonies du culte » chrétien qui alors était l’unique fondement de l’ordre et la seule idée » générale appliquée à la civilisation. — On a retrouvé, ajoute-t-il, ces » lignes de défense de nos aïeux, guerriers du berceau à la tombe; leurs » forteresses ont été étudiées, et l’on a vu là tout un art militaire qui avait » ses Coehorn et ses Vauban. Enfin les couvents, citadelle où se défendait » l’intelligence humaine au milieu des invasions des barbares, sont devenus » l’objet d'investigations intéressantes, car l’on ne peut voir sans émotion » les retraites où l’on écrivait si laborieusement nos doctes et naïves chro- » niques, ces asiles où s’élaient conservés, à l’abri des autels, les trésors » épargnés de la littérature ancienne, et d’où les arts se sont élancés de » nouveau pour consoler le monde. » Tantôt il proclame ces principes si vrais de politique et d'économie so- ciale qu’il ne faut jamais se lasser de répéter, et qui, dans sa bouche, pre- naient une nouvelle autorité. « La liberté, disait-il, consiste surtout à n’être » pas arrêté dans ce qu’on entreprend pour le bien général. L'administration » ne peut et ne doit qu’exciter, aider ou favoriser ce qui se fait d’utile; » mais on à tellementen France l'habitude de la voir agir, ou d’exiger d’elle > qu’elle agisse spontanément sur lous les points, que l’on est tout étonné » quand d’autres se mêlent de la chose publique, » Ces paroles, qui datent d’un demi-siècle, ne sont-elles pas encore justes aujourd’hui, et nos Sociétés ne doivent-elles pas s'appliquer ces virils conseils qu’il exprimait dans uñe FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE :CORRESPONDANCE. 351 autre occasion : « F’action principale du pouvoir est le maintien de l’ordre » etde la sécurité publique, afin que les intérêts privés et généraux puissent » se mouvoir librement; ..…, C’est rester dans un état de dépendance vo- » lontaire que de solliciter sans cesse le pouvoir de donner des secours à » tel ou tel intérêt. C’est aux citoyens à faire leurs affaires eux-mêmes, et » c’est là que nous voulons les amener, » | Tantôt enfin il trace à lagriculture son véritable programme dans des ‘termes d’une justesse frappante : « Le manufacturier, dit-il, est sans cesse .» occupé à précipiter la marche de toutes choses ; il se hâte sur tout, et im- » prime son ardeur à tout ce qui l’entoure ; il gagne à ce que les mouve- » ments de ses métiers soient plus rapides, à ce que ses ouvriers ne perdent » aucune minute du temps qu’il leur a acheté, à ce que ses matières pre- » mières arrivent sans retard, que ses ventes soient promptement effectuées, » que ses Capilaux circulent avec vitesse, se transforment, se métamorpho- » sent sans cesse pour se consolider définitivement entre ses mains. Ces » caractères sont aussi ceux d’une partie de l’industrie agricole. Mais il y a, » dans l’enfantement de ses produits réalisables, des conditions tout autres : » ses labours doivent être faits avec méthode et régularité ; ce n’est pas au galop que ses chevaux tirent la charrue et la herse , on attend patiemment » les jours convenables pour les semailles; on attend l'instant propice pour » herser, pour sarcler; on ne peut récolter que dans des circonstances d’at- » mosphère indépendantes de toute volonté ; les procédés de fumure et d’amendement qu’on emploie sont le résultat d’une longue observation » dés sols, d’une lente application d'expériences recueillies et combinées. 1] » résulte de ces données naturelles plus de défiance pour les nouveautés, » un attachement opiniâtre à ce qui est appris par tradition, une grande » irrésolution avant de livrer tout l'espoir de ses bénéfices aux chances » d’une pratique incertaine. » Les progrès de l’agriculture et son influence sur la civilisation en général lui fournissent l’occasion d’établir un saisissant contraste. S’adressant à la foule qui se pressait à un concours de charrues : «Jadis, s’écrie-t-il, la mul » titude entourait ainsi des lices splendides, les balcons étaient parés de » riches tapis où se déployaient les couleurs diaprées des nobles armoiries... » Les humbles cultivateurs applaudissaient aussi à ce brillant spectacle. Us » étaient loin de croire qu’un jour viendrait où les joûtes somplueuses des » barons seraient oubliées, tandis que les tournois de l’agriculture devien- » draïent un grand intérêt publie, et que la civilisation n’en voudrait plus ‘» d’autres. » Qu'attendre en politique d’un fonctionnaire rempli d’idées si larges et si élevées ? Loin de lui ces éclats d’un zèle passionné et indiscret dont l’affec- tation cache le plus souvent l’inapplication et l'incapacité. « Laissons, disait - » il, laissons tenir aux partis vaincus par la force des lois le langage du » dépit et de la colère; ne livrons pas notre bien-être social, nos institutions » libres, fortes et sages, les richesses et le repos du présent et de l'avenir = 392 SOCIÉTÉ D'AGCLIMATATIOF, » à de hasaideux regrets...» Pourtant l’époque prêtait aux représailles, au moins aux récriminations les plus amères. Mais l'âme haute ei sereine d'Antoine Passy était inaccessible aux rancunes et aux passions des partis. Il voyait, dans ses administrés, non des instruments politiques, des élec- teurs à enrégimenter, mais des hommes attachés au sol qu’il fallait se garder d’en détourner. «a Oui, âisait-il, cette bonne terre du Vexin, à toutes les » époques, a nourri une pépinière d'hommes adonnés aux labeurs des cam- » pagnes, ménagers de leur temps et de leur argent, et qui savent à la fois » entreprendre avec vigueur, Conduire avec prudence leurs travaux variés, » conserver les fruits de leurs guérets et les laisser à leurs enfants avec de » bons exemples à suivre. L’aisance est le prix du travail, de l'intelligence » et de la probité. Là où l'on voit un pays paisible et riche, on peut hardi- » ment assurer que ses habitants sont laborieux, honnêtes et éclairés. » Ce n’étaient pas là de vaines paroles. Tout dévoué au département qu’il administrait, il n’avait pas une pensée qui ne lui appartint. Aussi, quand une combinaison politique lui enleva ses fonctions, emporta-t-il, dans sa re- traite, d’unanimes regrets, dont la preuve ne se fit pas attendre. Quelques mois après son départ de la préfecture, les électeurs des Andelys le choisis- saient pour les représenter à la Chambre des députés, où ils le maintinrent à trois reprises différentes. La révolution de 1848 et le désistement volon- taire de M. Passy purent seuls mettre fin à cet honorable mandat. De plus, en 18/1, il avait été nommé conseiller général pour les cantons réunis de Fleury et de Lyons. Appelé au conseil d'État en 1839, il accepta, en 1840, le poste de sous- secrélaire d’État au ministère de l’intérieur et fut promu au grade de com- mandeur de la Légion d'honneur en 1844. Quelque position qu’il occupât, de quelque dignité qu’il fût revêtu, il restait fidèle aux principes de justice et d’impartialité qu’il avait si hautement proclamés. Il pouvait dire, avec un juste orgueil, à ses amis du département de l'Eure, quand il reparaissait devant eux comme simple particulier, pour présider la Société libre d’agri- culture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure : « Fidèle, avant tout, aux > intérêts sérieux et permanents de nos concitoyens, nous les étudions, nous » les défendons, nous hâtons leurs progrès suivant nos forces, qui ne sont » peut-être pas égales à De zêle, mais qui sont entièrement consacrées au » bien public. » Au milieu de l’inconstance des événements, Antoine Passy conservait à la science ses plus tendres et ses plus solides affections. Il y trouvait la consolation des désabusements et des incertitudes de la politique. Lors- qu’en 1832 s’organisa la Société géologique de France, il figura parmi l'élite des membres fondateurs. Ce rang lui était naturellement assigné tant par sa description du départemeut de la Seine-Inférleure que par d’autres ou- vrages de moindre importance publiés antérieurement. Le premier, comme nous l'avons déjà dit, est une Notice sur le succin de Noyers, celte sub- sance dont l’origine était restée inexpliquée jusqu’à nos jours, bien que FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 903 l'antiquité et le moyen âge eussent exercé, pour en rendre raison, l’imagi- nation de leurs poëtes et la science de leurs philosophes. Antoine Passy à su donner la véritable explication de la nature de cette intéressante produc- tion, jusque-là indécise entre les trois règnes : « L’extraction poursuivie à » Noyers, au bord du Vexin normand, a montré une couche d'arbres fossiles » transformés en lignite. Ces arbres, au dire des ouvriers, sont couchés tou- » jours dans le même sens; ils sont accompagnés de débris de branches, et » la marne brune qui les enveloppe porte l'empreinte des feuilles et même » leurs traces charbonneuses. Le succin s’y trouve mêlé en grains de di- » verses grosseurs, mais qui n’excèdent pas un pouce et demi. Il tient gé- » néralement au bois, et plusieurs merceaux portent l'empreinte de l'écorce, » pendant que la partie extérieure est mamelonnée comme les résines des » arbres vivants. » Un aulre ouvrage, non moins intéressant et non moins remarqué, est une Note géologique sur le puits de Meulers, insérée au Re- cucil de la Société d'histoire naturelle de Paris, en 1828. Ce puits avait été ouvert en 4796 par M. Castiau, venu de Liége pour chercher une mine de houille dans la Seine-Inférieure. Il atteignit 375 mètres de profondeur. Les échantillons des couches traversées par cette fouille remarquable étaient amassés dans les armoires de l’Académie de Rouen. M. Passy les a nommés et classés, et en a établi la concordance avec les couches des terrains infé- rieurs à la craie qui se montrent à l’œil dans le pays de Bray. C’est à ces titres que M. Antoine Passy dut la flatteuse distinction dont la Société géologique l’honora ; nommé vice-président en 1838, ii fut élu pré- sident en 1841, et la vice-présidence lui fut de nouveau décernée en 18/9. Tels étaient les travaux qui occupaient M. Passy après sa démission des fonctions publiques ; aucun vide ne se faisait sentir dans sa vie. Au con- iraire, il semblait se rattacher avec plus d’entrain à ses études favorites, et c’est avec justesse que Béranger, avec lequel il entretenait une correspon- dance amicale, lui écrivait, le 6 mars 18/40, au sujet de sa retraite comme sous-secrétaire d’État : « On dirait que vous quittez les emplois supérieurs » avec autant de plaisir au’on descend de diligence pour rentrer chez soi » et s’y reposer d’un voyage fatigant. » M. Passy n’avait pas désiré le pou- voir : il l’avait exercé avec conscience, mais sans s’y attacher ; il le quittait sans colère et sans regret, avec un désintéressement tellement sincère qu’il s’ignorait lui-même. Ce stoïcisme modeste lui eût mérité une place parmi les sages de l’antiquité, et Plutarque eût aimé à raconter sa vie. De 13838 à 18/48, il se signala à la Chambre des députés par plusieurs rapporis remarquables, parmi lesquels je dois citer : 1838, l’exposé des motifs du projet de loi sur la conversion des rentes ; un discours prononcé dans la discussion d’un projet de loi relatif au chemin de fer de Paris à la mer; — 1859, un discours sur le régime des prisons; — 1841, un discours sur le même sujet; — 1842, un discours sur le même sujet, avec des dé- tails sur le système appliqué au Mont-Saint-Michel; — 1843, une circu- laire sur l'assimilation des orphelins pauvres aux enfants trouvés; — 1844, 35/1 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. différents discours sur un projet de loi relatif aux prisons et sur des questions budgétaires spéciales ; — 1845, plusieurs discours sur les caisses de retraite ; — 1816, plusieurs discours sur les enfants trouvés, la mendicité, le travail dans les prisons; —- toutes questions sur lesquelles son expérience et sa haute raison pratique portaient la lumière ; il suivait en ceia la voie que commenceit dès lors à parcourir, en ce qui concerne la réforme péniten- tiaire, un autre homme illustre, M. de Metz, qui à laissé après lui une œuvre qu'on avait jusque-là tenue pour chimérique. A la révolution de février, M. Antoine Passy abandonna pour toujours la scène politique. Quoique dans la force de son âge et dans la pleine maturité de son esprit, il renonca à y figurer plus longtemps, croyant sans doute être plus utile à son pays en se renfermant dans les études économiques et scien- tifiques. En 1851, son activité semble redoubler : il préside à l'inauguration de la statue de Poussin aux Andelys, le 45 juin; — il traduit de l’anglais de sir Humphrey Davy le traité intitulé Salmonia, qui a pour objet la pêche à la ligne, dont M. Passy voulait populariser et perfectionner les procédés; — cinq autres de ses discours figurent, cette même année, dans le Recueil de la Société libre de l'Eure. Il est impossible de les analyser tous ; on ne peut néanmoins passer sous silence celui qu’il prononca le 4°7 septembre 18514, et où il exprime ses vues sur la société francaise d’alors, en paroles trop applicables à la situation d'aujourd'hui. « Défiée par les sentences qu’on » prononce tous les jours sur elle, la société francaise est troublée, inquiète, » épouvantée. Elle ne croit plus en elle-même. Elle ne vit qu’au jour le jour » sans avenir, sans confiance, sans sécurité ; et ia sécurité, c’est la santé du » corps social, c’est sa force et son énergie. » Et plus loin : « Les idées » amènent les révolutions, mais les intérêts les arrêtent. Les intérêts de la » société humaine ne sont autres que la pratique de la vie. Dès que l’ordre » qui les fait vivre est troublé, ils sont frappés, ils s’effrayent et désespè- » rent. Puis, après avoir reculé, ils s’avancent dans le vide que la destruc- >» tion a fait et qu'eux seuls, peuvent combler ; ils reprennent avec de longs » et pénibles efforts ce qui avait été arraché injustement et subitement à » l’ordre social... Ce mouvement, nous sommes tous tenus de le seconder. » D’un côté, se trouve la société humaine, avec ses antécédents et ses espé- » rances ‘de bien-être progressif, les sentiments de la justice, de la famille » et de la religion, et, de l’autre, ceux qui veulent détruire ces principes » sacrés, pour faire prévaloir l’anarchie des intérêts, des sentiments, des » affections. — Pour abattre ces sophismes audacieux, adressés aux intelli- » gences obscures et aux avidités personnelles, et qui peuvent, par l’insta- bilité des affaires publiques, se transformer en actes, il faut le travail constant, ferme et journalier de tous. » C’est sous les auspices de ces utiles travaux, de ce noble langage, de ces saines et fortifiantes pensées, qu'il se présenta à vos suffrages, et que, le 10 décembre 1851, il fut admis dans votre Société à la presque unanimité des voix. Il tint à honneur d'en être un des membres les plus laborieux. De ) 4 ) A4 FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 309 1853 à 1872, presque aucune année ne se passe sans qu’un -où plusieurs rapports de M. Passy ne figurent dans vos annales. La statistique et l’agri- culture sont les sujets qu’il aborde de prédilection. En analysant les ou- vrages dont il rend compte, il y ajoute les aperçus les plus justes et souvent les plus imprévus. Il comprenait la mission et les devoirs des membres de cette Société, comme il avait entendu ses fonctions administratives et son mandat de député : « Messieurs, vous disait-il, en 1854, en commençant » l'éloge historique de M. de Lasteyrie, c’est la gloire modeste et sérieuse de » quelques hommes inspirés par une vertueuse et naturelle vocation que de » chercher avec ardeur, de rencontrer heureusement ei de poursuivre avec » persévérance, parmi les conceptions écloses à la lumière, celles qui déve- » loppent les progrès de la civilisation. Quand ces hommes d’élite ont jugé » qu’une invention peut faire avancer l'intelligence générale, augmenter la » richesse publique ou bien consoler des misères, ils travaillent, avec une » sage énergie et une constance inébranlable, à la mettre à la portée de » chacun; et ils deviennent réellement ainsi les inventeurs de l’utilité po- » sitive d’une découverte ; leur aide puissante et généreuse féconde et ré- » pand la pensée primitive de l’auteur, dont la gloire, dès lors, s’affermit et » s’élend. » Il se dépeignait lui-même, sans y songer, dans ces éloges que les mem- bres de notre Société consacrent au souvenir des collègues que la mort leur enlève. « Les campagnes, disait-il, en parlant de M. de Chabrol, recueillent » ceux qui renoncent à la vie agitée des affaires. Apporter et répandre au- » tour de soi des idées et des pratiques nouvelles, c’est continuer en quelque » sorte l’administration de la fortune publique, c’est servir encore son pays » que d’augmenter les produits de la terre. » Il est impossible de ne pas le reconnaître dans cette image qu'il retraçait de M. de Rambuteau : « Sa » bienveillance était constante, sa mémoire nette, abondante et vraie, son » esprit calme et impartial. Il parlait du passé et du présent sans passion, » avec tranquillité, avec désintéressement, avec une naturelle disposition à » louer ce qui lui semblait bon, utile et honnête; et il s’y connaissait, » C’est un privilége de la Société centrale que de se recruter, depuis sa fondation, dans le même cercle d'hommes utiles, et que de pouvoir, sans forcer la louange, appliquer aux successeurs les éloges déjà mérités par ceux qui les ont précédés. Heureux héritage, qui entretient, dans cette enceinte, l'ému- lation du bien ! Heureux aussi ces hommes dont la mémoire se conserve avec les mêmes traits, comme ceux de membres d’une même famille, par- tageant les mêmes droiis à la reconnaissance du pays! M. Passy prêta un concours dévoué à la fondation de la Société d’accli- matation. Il prit une part active à ses travaux, et en devint le vice-président. Dans le discours d’ouverture de la cinquième session qu’il prononca le le 14 février 1861, il définit, avec la justesse habituelle de son langage, le but de la Société : « La zoologie, dit-il, est un mot que le peuple prononce » uni à celui d’acclimatation, depuis qu’il sait que la science a pris pour 356 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, » lâche journalière d'ajouter de nouvelles espèces aux animaux de travail : » d'augmenter les troupeaux qui portent des toisons, les insectes qui filent » Ja soie ou sécrètent la cire; de multiplier les poissons et les coquillages » qui se font rares dans les eaux de ja mer et dans celles de nos fleuves. » Elle veut varier les quadrupèdes et les volatiles qui peuplent nos basses- » cours. » En 1863 il fit paraître dans l’annuaire de cette Société, sous le titre de Notes, un véritable traité sur la domestication et l’acclimatation des animaux. Sa constante pensée était de rameuer les spéculations de la science à des applications pratiques. « La domestication et l’acclimatation des ani- » maux uliles ont été, disait-il, le travail long et successif de la société » humaine depuis son origine, travail dont la civilisation actuelle a recueilli » les fruits sans se préoccuper beaucoup de les multiplier, quoiqu’elle dis- » pose de bien plus de moyens d’action que les nations primitives lersqu’elles » eurent à soumettre des animaux encore sauvages. » Il revenait sur la même idée en 1873, dans un excellent travail sur les cheptels de la Société : € Nous disons à tous, écrivait-il, venez à nous pour vous approprier ce que » nous détenons. Les cultivateurs trouveront, dans le jardin du bois de Bou- » logne, des animaux’ et des végétaux qu’ils utiliseront ; les chasseurs, de » nouveaux gibiers qui remplaceront ceux qui disparaissent; les simples » amateurs choisiront des oiseaux au vif plumage, au chant mélodieux, ou » des végétaux utiles et des plantes d’ornement qui font aujourd hui de » chaque salon une serre cultivée par des mains délicates. » M. Antoine Passy avait été nommé membre de l’Académie des sciences en 4857, en remplacement de M. de Bonnard. Il suivait avec assiduité, en qualité de membre libre, les travaux de cette illustre compagnie, qu’il éclairait par ses notes et par ses judicieuses remarques. C’est ainsi que, au mois d'octobre 1872, il disait : « Le manque d'animaux domestiques est la » principale raison de l’infériorité des races américaines lors de la conquête. » Privés de chevaux, de bœufs, de moutons, les aborigènes n’ont pu user » des moyens d'action et de subsistance dont avaient joui les peuples de l’an- » cien monde ; aussi pour eux n’a pas existé la période pastorale. L'absence » de ces auxiliaires indispensables de l’homme civilisé a paralysé leur mar- » che et a contribué, plus que toute autre cause, à les retenir dans l’en- » fance. » C’est dans ces graves et profondes méditations que s’est écoulée la vieillesse de M. Antoine Passy. On peut lui appliquer ces paroles qu’il consacrait à la mémoire d’un de ses intimes amis, Auguste Le Prévot : « Quand les ma- » ladies vinrent assiéger ses dermières années, il les supporta avec une phi- » losophie simple et vraie, avec un courage naturel. Au milieu des plus » pénibles épreuves, il consolait par de douces gaietés les tristes cœurs qui » s’empressaient autour de lui. » Il'est mort à Paris le 8 octobre 1873, dans sa quatre-vingt-deuxième an- née. Il à voulu que ses restes fussent transportés à Gisors, pour goüler le repos éternel au sein de cette Normandie qu’il avait si tendrement aimée, FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE, 397 Sa fin a été sereine et tranquille. Elle a été pour lui, comme pour l'ami qui avait été son maître et son émule, « l’aube de cette lumière qui devait lui » dévoiler la science absolue, la vérité divine que l’homme cherche à travers » toutes les sciences humaines, mais qu’il ne peut atteindre qu’au jour s0- » lennel où il s’est élevé au-dessus des ténèbres de la terre. » Vous le voyez, Messieurs, pour louer Antoine Passy, je n’ai eu qu’à rap- peler ses actes et citer ses paroles. Pour représenter un tel homme, un miroir vaut mieux qu’un portrait. Trois fois heureux celui qui, après une vie si longue et si bien remplie, va rejoindre dans un monde meilleur l’aimable et fidèle compagne de son existence, en laissant sur la terre une famille digne de lui et un fils que votre affectueuse adoption vient d'appeler à continuer parmi nous ses œuvres et sa mémoire ! Un nouvel ennemi de la Pomme de terre. M. A. Rivière entretient la Société d’une altération profonde que subis- sent aujourd’hui les pommes de terre en Algérie et qui y a déjà causé, au moment présent, des pertes considérables. Il y a deux ans que ce nouveau mal a commencé de se produire et, depuis cetle époque, il a pris beaucoup d'extension. Cette altération résulte des atteintes d’une très-petite chenille qui creuse des galeries dans les tubercules en y laissant toutes ses déjec- tions. La présence de ces matières détermine bientôt la décomposition des pommes de terre ainsi atteintes qui en conlractent une fétidité insupporta- ble, à ce point que les bestiaux les refusent absolument. Cette petite che- nille, longue au plus d’un centimètre, devient, à l’état adulte, un tout petit papillon à peine visible, Des échantillons des pommes de terre ainsi atteintes et du petit Lépidoptère qui les détruit étant parvenus hier seule- ment à M. À. Rivière, envoyés d’Algérie, il les a montrés ce matin à M. le docteur Boisduval qui a reconnu dans l’insecte auteur du mal une Tinéite, constituant probablement une espèce nouvelle. M. Boisduval a même trouvé le cocon de ce petit papillon de nuit à l’aisselle des écailles des bourgeons de la pomme de terre. M. Lefèvre faisant observer qu'il importerait fort de savoir si cette nou- velle altération des pommes de terre est produite avant ou après la récolte, M. A. Rivière répond que ce qui se rattache à ce mal constitue une ques- tion toute nouvelle, dont on commence seulement à s’occuper et sur laquelle par conséquent il ne peut rien dire de précis. M. Bossin dit que, dans le cas où la Tinéite n’attaquerait que les pommes de terre déjà récoltées, on pourrait probablement la détruire en employant un procédé irès-simple au moyen duquel il guérit celles qui sont atteintes de la maladie spéciale, c’est-à-dire du Botrytis (Peronospora) infestans. Le lieu dans lequel il met ces pommes de terre étant bien fermé, il y place 358 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de distance en distance une poignée de soufre qu’il enflamme ensuite. Le gaz acide sulfureux qui provient de la combustion du soufre tue le Botrytis et sauve ainsi les tubercules dont ce champignon n'aurait pas tardé sans cela à déterminer la décomposition. (Extrait des Procès-verbaux des séances de la Société d'horticulture). Du Buffle dans les États romains. Nous empruntons ce qui suit à un mémoire de M. de Vernouillet, intitulé : Rome agricole. . Les buffles commencent à disparaître peu à peu du sol de l'Italie. C’est une question débattue que de savoir si le Buffle est ou non indigène. La pré- sence d’ossements de Buffles dans les dépôts fluviatiles récents de la campa- gne de Rome semble prouver que ces animaux habitaient les plaines maré- cageuses qui bordent la Méditerranée, avant même l’apparition de la race humaine. On dit cependant que le Buffle fut amené pour la première fois en Italie, en 595, sous la domination lombarde. Il s’y acclimata fort bien, et sa rusticité, sa force prodigieuse, jointe à une docilité presque égale à celle du bœuf, firent que l’on s’atlacha longtemps à en perpétuer et multiplier l’espèce. Sa tête carrée et velue, ses membres gros et courts, sa peau noire et presque entièrement dénudée, ses cornes recourbées à leur naissance, son regard sauvage lui donnent un aspect repoussant et féroce. [l s’apprivoise pourtant assez facilement et paraît même doué d’uneintelligence supérieure à celle du bœuf ; il s'attache à l’homme qui le soigne habituellement et ac- court docilement au nom qu’on lui a donné à sa naissance. Comme le bœuf, il se soumet au joug ; mais il tire des fardeaux bien plus lourds et résiste plus longtemps à la fatigue et au manque de nourriture. Il se plaît dans ‘ l’eau, dans les marécages et nage parfaitement ; aussi l’emploie-t-on souvent ” à curer les canaux ou les étangs en le faisant nager derrière une barque d'où son gardien l’appelle par son nom. A la voix de l’homme, le pauvre animal suit tous les mouvements de la barque, fait mille détours et arrache avec ses jambes les longues herbes du marais. C’est ainsi qu’il a joué un grand rôle dans l’assainissement des marais Pontins. Le lait des femelles est abondant, gras et parfumé. On ne les trait qu’une fois par jour, le matin. Cette opé- ration, assez curieuse du reste, a donné lieu à une fable, née de la erédu- lité des voyageurs, et qui se trouve malheureusement reproduite en termes sérieux dans l’excellent ouvrage de M. de Tournonr. « Pour traire les Bufles femelles, y est-il dit, le gardien doit prendre des précautions, et se couvre ordinairement la nuit d’une peau de buffle fraîche pour se glisser sous le ventre de l'animal. » Il faut avouer que chaque vase de lait coûterait ainsi, un peu cher. Le gardien doit certainement prendre des précautions, mais elles ne sont pas d’une nature aussi romanesque. Voici tout simplement ce FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 399 que j'ai vu faire à la ferme Tor’ San Lorenzo, et ce qui se fait dans toutes les autres : les Buffles femelles que l’on veut traire sont réunis dans un parc entouré de stationades ; leurs petits sont dans un autre parc adjacent, com- muniquant avec le premier par une porte, Un des gardiens prononce à haute voix, en chantonnant et en traînant sur chaque syllabe, le nom, ordi- nairement fort bizarre, d’un des buffletins. Celui-ci sort lentement du groupe des jeunes Buffles et se dirige vers la porte, Le gardien la lui ouvre et la referme sur lui ; le buffletin va aussitôt trouver sa mère au milieu du trou- peau dontelle est déjà à moitié sortie en entendant prononcer le nom de son petit, lequel nom est aussi le sien, et, pendant qu’il commence à teter, le gardien s'approche de la mère, lui attache les jambes de derrière avec une corde, et dès que le lait commence à tomber à terre en gouttes épaisses, il frappe de son bâton le petit Buffle qui s’empresse de passer dans un troi- sième parc, avec ceux qui ont déjà servi à la même opération. Pendant ce temps, un autre homme irait la mère qui a oientôt rempli un énorme seau de;son lait ; puis il délie ses jambes et elle va retrouver son buffletin dans le troisième parc. Cette méthode, aussi bizarre qu’ingénieuse, a été nécessitée par cette circonstance qu'il est impossible de traire les Buffles femelles si le buflletin n’a pas d’abord fait couler les premières goutles. Quatre ou cinq hommes sont occupés chaque matin à cette opération, de sorte que l’on peut traire trois ou quatre Buffles à la fois. On procède dans la journée même à 12 fabrication du fromage. Le lait est jeté dans un grand baquet où l’on à mis de la présure; dès qu’il se trouve suffisamment pris, on coupe cette caillebotte par tranches épaisses, on les met dans un autre baquet et l’on verse dessus une grande quantité d’eau bouillante ; une demi-douzaine d’ou- vriers assis autour du baquet font de cette pâte, rendue compacte par sa rapide cuisson, des boules blanches de diverses grosseurs, que d’auires plongent dans l’eau froide et suspendent ensuite au plafond de la salle. Ces fromages, qui portent le nom d’œufs de Bufiles à cause de leur forme, se gardent extrêmement longtemps. Quelques buffletins sont aussi conduits à la boucherie ; leur chair est excellente, supérieure même à celle du veau. Tels sont les services et les revenus qu’on peut tirer de cette race sobre et vigou- reuse ; ou lui reproche cependant d’abîmer les terres molles, qu’elle fouille profondément avec les pieds. On tire un important revenu de la viande, de la graisse, des os, des cornes et du cuir qui est excellent. Époque de l'introduction du Dindon en France. On dit généraiement que le premier Dindon fut apporté en France, par les Jésuites et figura aux noces de Charles IX, en 1570. Or voici un curieux passage du journal manuscrit d’an sire de Gouber- 360 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ville et du Mesnil-au-Var, gentilhomme campagnard du Cotentin (de 1553 à 4562), d’où l’on doit inférer que l’introduction de ce volatile remonte à une date plus ancienne. «Le 27 décembre 1559, dit le sire de Gouberville, ung serviteur de Mar- » tin-Lucas, de Sainte-Croyx.f à la Hague, m’apporte un cog et une poule » d'Inde. Je lui donne 4 solz. » 1l est à remarquer que le dit sire de Gouberville, qui, dans son journal, exprime à chaque moment ses ébahissements à la vue de quelques raretés, ne dit rien en voyant son coq et sa poule d’Inde, ce qui est un signe certain qu’il les connaissait déjà. Ainsi les tables de la Hague avaient devancé la table du Roi, et les campagnards du Cotentin n’avaient pas attendu que les Jésuites eussent insinué à la cour ce mets royal, pour en savourer l’exotique fumet. (Extrait du Journal manuscrit d'un sire de Gouberville et du Mesnii- au-Var, publié en 1 vol., par A. Tollemer, à Valognes en 1875.) Le gérant : JULES GRISARD. PARIS. = IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ RAPPORT ANNUEL SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION EN 1874, Par M. RAVERET-WAWHEE, Secrétaire des séances. MESSIEURS, «Ilest, dit un écrivain anglais, une philosophie qui ne se repose jamais ; le mot progrès est sa devise; son but de la veille devient son point de départ du lendemain; elle avance, elle avance sans cesse, et chaque jour marque pour elle un pas de plus fait en avant. » Telle est bien aussi votre manière de procéder, messieurs, qui, vous non plus, ne connaissez pas le repos et qui, jamais, ne vous déclarez satisfaits des résultats obtenus. C'est surtout lorsque après chacune de vos sessions an- nuelles, on jette un regard en arrière et qu'on embrasse l’en- semble des travaux accomplis dans la période qui vient de finir, c'est alors surtout, dis-je, qu'on Juge des progrès constants que fait notre œuvre. On la voit pied à pied gagner du terrain, faire de nouvelles recrues, étendre sa sphère d'action, et affirmer davantage l'importance du rôle qu’elle est appelée à remplir. Ce coup d'œil rétrospectif sur les travaux de l’année a d’ailleurs son incontestable utilité, en présence des questions si nombreuses et si diverses qui font l’objet de vos études : il permet de rapprocher, de coordonner tous les détails, pour mieux apprécier le lien qui les unit et pour faire ressortir les conséquences qui en découlent. Cette année, messieurs, vos travaux n’ont été ni moins inté- ressants, ni moins féconds en résultats que ceux des années précédentes. Mais, avant de vous en présenter le compte rendu fidèle, bien qu'aussi rapide que possible, j'ai le pénible devoir 3° SÉRIE, T. [l. — Juiilet 1875. 24 362 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de vous rappeler que plusieurs de nos confrères, qui comp- taient parmi les plus actifs et les plus zélés, ont encore, hélas ! disparu de nos rangs. La mort nous a enlevé une des plus ls illustrations scientifiques du pays, que la Société avait l'honneur de pos- séder au nombre de ses membres, M. Élie de Beaumont. Malgré les devoirs que lui imposaient ses actives fonctions de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, au milieu de travaux absorbants, le créateur de la géologie moderne, ne perdait pas de vue notre œuvre, et témoigna toujours de l'in- térêt qu’elle lui inspirait par son assiduité à nos séances. La Société a fait aussi une perte bien sensible dans la per- sonne de M. le général baron Girod (de l'Ain), agronome distingué, et une autre, non moins vivementsentie, dans celle de M. le comte de Kergorlay; possesseur d’une grande fortune, M. de Kergorlay avait donné le bon exemple de se consacrer à l’agriculture ; il en fut un des défenseurs les plus autorisés. dans nos Assemblées législatives. : Nous avons également perdu MM. le docteur T.-S. Cordier, S. Exc. le comte André Citadella-Vigodarzere, le comte de Galbert, Paul Le Faucheur, attaché à la cour du roi du Cam- bodge, Édouard Maumenet, Reintjens et de Soubeyran, préfet honoraire, qui, tous, ont droit à nos souvenirs, à nos regrets; honorons leur mémoire en continuant l'œuvre commencée ayec eux, et en nous efforçant d’y apporter le zèle et le dévouement dont ils nous donnèrent l’exemple. L'observation des animaux domestiques nous fait voir jus- qu'où va l'empire de l’homme sur la nature. Tout s'est modi- fié chez les espèces qui nous sont soumises : organisme, ins tincts, habitudes, patrie. Et cependant, vous ne le savez que trop par expérience, que de désappointements n’éprouve-t-on pas au début de toute tentative nouvelle d’acclimatation ou de- domestication! C’est que le besoin d'indépendance est un instinct naturel chez tous les animaux, et cet amour de la liberté ne peut disparaître qu'après un nombre assez con- sidérable de générations. Pas plus les espèces dont la domesti- RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. 303 cation se perd dans la nuit des temps, que celles que nous cherchons à soumeltre aujourd’hui, n’ont dû se plier sans résistance à la vie domestique, et leur soumission n’a pas été uniquement, comme on l’a parfois avancé, la conséquence d’une appropriation naturelle, d’une faculté innée. Autrement il faudrait nier la possibilité de toute conquête nouvelle. C’est là une vérité qu’on ne saurait trop répéler, et vous avez su gré à M. Sabin Berthelot, d’avoir insisté tout particulièrement sur ce point, en venant, comme il l’a fait auprès de vous (1), revendiquer pour l’action de l’homme une part plus grande que certains esprits ne voudraient lui accorder dans le fait de la domestication des animaux. Ce qui se passe d'ailleurs sous nos yeux prouve que la domestication peut n'être souvent qu'une affaire de temps, de soins et de patience, du moins quand on s'adresse aux espèces sociables, dont l’instinct seconde puissamment notre action. Que d'espèces, dont la soumission a longtemps été considérée comme impossible, sont devenues domestiques ou en train de le devenir ! Ne croyait-on pas, naguère encore, à l’impossibi- lité d'utiliser jamais les espèces sauvages du genre Equus, l’'Hémione, le Zèbre, le Dauw? Cependant, vous avez récem- ment établi le contraire; vous avez démontré (2) que ces espèces pourront être, à côté du Cheval, de l’Ane et du Mulet, d'excellents auxiliaires de nos travaux et de notre industrie. La si complète réussite du dressage, comme animaux de trait, des Zèbres du Jardin du bois de Boulogne, n’a pas seu- lement été un succès de plus à ajouter à ceux que vous comptez déjà ; elle a prouvé encore une fois la vérité du principe, dès longtemps établi par Frédéric Cuvier, que le plus sûr moyen de soumettre un animal sauvage, c’est de nous le rallier en lui inspirant confiance, et non pas de le dompter en lui inspirant de la crainte. Si, parmi les mammifères, nous entrevoyons de nombreuses (1) Sabin Berthelot, De la domestication des animaux. (Bulletin, 8e sé- rie, t. I, p. 601.). — Procès-verbaux. (Bulletin, p. 640.) (2) Saint-Yves Ménard, Utilisation des Zèbres de Burchell comme an:- maux de trait. (Bulletin, 8° série, t. T, p. 257.) 361 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. conquêtes réalisables, dans la classe des oiseaux le nombre des acquisitions possibles est pour ainsi dire incalculable. Comme on vous le faisait remarquer dans un de ces rapports périodiques et si pleins d'intérêt qui vous tiennent au courant des observa- tions utiles recueillies chaque jour dans notre Jardin d’essai (1), voire tâche d'introducteurs d'oiseaux exotiques n’est pas près de finir. Les importations qui se font sans relâche fournissent constamment de nouveaux sujets d'expérience. Quelques espé- ces, sans doute, resteront toujours des oiseaux purement de luxe, mais d'autres viendront repeupler nos chasses ou pren- dre place dans nos basses-cours ; témoin, par exemple, le Faisan vénéré, qui se reproduit déjà en liberté dans nos parcs (2) ; témoin également le Dindon sauvage, dont l’espèce nous est dès maintenant acquise et remplacera avec avan- tage son congénère domestique, comme vous l’a montré M. Bouillod (3). M. Cornély, aux succès duquel vous avez eu maintes fois applaudir, vous a encore entretenu cette année de nouvelles et heureuses tentatives faites dans son parc de Beaujardin, (près Tours), véritable jardin d’acclimatation, où sont succes- sivement mis à l'essai, et dans üne liberté à peu près complète, la plupart des espèces qu’il peut y avoir intérêt à introduire chez nous. Aussi notre confrère a-t-1l enrichi le Bulletin de notes (A) qui seront consultées avec grand profit par tous ceux qui désirent entrer dans la voie de la domestication des ani- maux. Parmi les espèces dont s’est principalement occupé M. Cor- nély, figure le Kangurou de Bennett, qui s’est multiplié chez lui à l’état sauvage; notre confrère en possède aujourd’hui un (1) A. Geoffroy Saint-Hilaire, Bulletin mensuel du Jardin d'acclimata- tion. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 149.) (2) M. Lebœuf de Monigermont possède actuellement dans ses propriétés des Faisans vénérés, nés de couples provenant déjà de couvées obtenues en liberté. (Bulletin, p. 461.) (3) Ernest Bouillod, Sur l'élevage des Dindons sauvages. (Bulletin, 3e série, t. I, p. 612.) | (4) Jos. Cornély, Essais d'acclimatation à Tours, en 1872-1878. (Bulle- tin, 9° série, t. I, p. 161.) RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. 269 véritable troupeau, dont tous les sujets se montrent robustes et résistent parfaitement aux intempéries de notre climat (1). À la splendide faisanderie du château de Ferrières, les essais d’acclimatation et de domestication d'oiseaux exotiques de luxe ou d’utilité se poursuivent sous l’habile direction de M. Mairet, qui vous a transmis (2) à ce sujet les renseignements les plus satisfaisants. M. le docteur H. Moreau (3) vous a, de son côté, fait part d'observations qui ne pouvaient manquer de fixer l'attention des amateurs de Faisans, en leur indiquant une nouvelle ressource pour la nourriture de leurs élèves. En matière d'élevage, la question de l'alimentation a trop d'importance pour que tout ce qui s’y rattache ne présente pas une sérieuse valeur. Les tentatives d’acclimatation se multiplient, d’ailleurs, de tous côtés (A) et il me suffira de mentionner les communica- tions de MM. Mansbendel (5), Rabuté (6), Jourdan (7), marquis (4) Bulletin, 3° série, t. I, p. 641. (2) AL. Mairet, Éducations d'oiseaux à la fuisanderie de Ferrières. (Bulletin, 3° série, t. [, p. 696.) (8, Docteur H. Moreau, Emploi du gland pour la nourriture des Fai- sans. (Bulletin, 3° série, t: [, p. 535.) (4) S. Exc. Abraham Pacha a créé à Beïcos, près Constantinople, une des plus belles collections de Gallinacés et de Palmipèdes qui existent en Eu- rope. Une installation excellente a permis d’y obtenir de nombreuses multi- plications. (Bulletin, p. 769.) (5) M. Mansbendel s'occupe avec succès de la multiplication des oiseaux exotiques de luxe et d'agrément; il attribue surtout les résultats satisfaisants qu'il obtient à l’attention toute particulière apportée par lui à la nourriture de ses élèves. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 312.) (6) M. Rabuté, de Doullens, (Somme) a mené à bien plusieurs éducations de la jolie Perruche ondulée ; mais il n’accorde pas ses soins qu'aux seules espèces d'agrément : il a successivement mis en essai chez lui la plus grande partie des races gallines recherchées par les amateurs. D’après ses études comparatives, il croit devoir donner la préférence à la poule de Houdan, comme étant la plus productive et la plus rustique de toutes les poules huppées, et, avec le plus louable zèle, il s’altache à-propager autour de lui celte belle et bonne race. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 329.) (7) M. Jourdan a fait connaître des résultats pleins d'intérêt obtenus par lui dans la reproduction de la Perruche de Swainson. (Bulletin, 3° série, t- I, p. 103, 768.) 366 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. d'Hervey de Saint-Denys (1), Delaurier (2), Barrachin (3), Leroy (4), Daviau (5), Ribeaud (6), Chauchat (7), Duchas- tel (8) etc., pour vous rappeler autant d'essais heureux ou permettant de concevoir les meilleures espérances. | Votre attention ne se porte pas uniquement, d’ailleurs, sur l'acquisition d'espèces exotiques ; la conservation et la multipli- cation de nos espèces indigènes vous préoccupent également, et vous avez reçu avec intérêt la note que vous a fait parvenir M. Duwarnet sur la possibilité de croisements entre la Perdrix rouge et la Perdrix grise (9). M. La Perre de Roo vous a communiqué de nouveaux et précieux renseignements pour la création de la poste aux pi- geons pour l’armée (10). Grâce aux efforts persévérants de notre confrère, grâce à sa générosité et à celle de ses compa- triotes, MM. Florent Joostens et Georges d'Hanis, la France se trouve aujourd'hui eu possession d’un colombier militaire central garni de quatre cent vingt des meilleurs Pigeons voyageurs du monde, dont la progéniture peuplera mcessant- ment les colombiers à établir dans les forteresses du pays. (1) Bulletin, 3° série, t. I, p. 523, 765. (2) M Delaurier a obtenu pour la première fois en France, la reproduction de la Perruche de la Nouvelle-Zélande ; il a élevé, en outre, avec succès plu- sieurs espèces d'oiseaux utiles : Faisans vénérés, Canards mandarins, etc. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 594, 768.) (3) M. Barrachin s’adonne avec le plus grand zèle à l’acclimatation des oï- seaux exotiques ; il a réussi à mener à bien, plusieurs éducations de Frago- pans, d’Éperonniers, de Faisans d'Amherst, etc. (Bulletin, 3° série, t. E, p. 642.) (4) M. l'abbé Daviau est un de nos éducateurs les plus distingués; ses succès dans l’édueation des Faisans vénérés mérilent une attention spéciale, et la Sociélé a été heureuse de pouvoir les récompenser. (Bulletin, 3° série, t.I, p. 644.) (5) Bulletin, 3° série, t. L, p. 767. (6) {bid., p. 767. (7) Ibid., p. 768. (8) Ibid., p. 768. | (9) G. Duwarnet, Méiis de Perdrix rouge et grise. (Bulletin, 3° série, t. L, p. 612.) (10) V. La Perre de Roo, Les colombiers militaires. (Bulletin, 3° série, t- LD. 07) RAPPORT SUR LES TRAVAUX. DE LA SOCIÉTÉ. 367 Vous n’avez pas perdu de vue la question de la domestica- tion de l’Autruche, et suivez toujours avec intérêt les résultats si encourageants obtenus par quelques éleveurs de la colonie du Cap (?). Ces résultats permettent d'espérer que les efforts tentés (2) chez nous dans la même voie finiront par être cou- ronnés d'un véritable succés. M. Autard de Bragard est un des vétérans de l’acclimatation. Depuis de longues années 1l s’est attaché à doter la France, VÉgypte, l’île Maurice, la Réunion, de plantes où d’ani- maux exotiques utiles. Ses travaux, constamment heureux, ont été à plusieurs reprises l’objet de récompenses de notre Société. Cette année, notre confrère vous a présenté un rap- port imiéressant (3), qui résume les résultats obtenus par ses efforts persévérants et qui constituera une excellente page de l'histoire de l’acchimatation en général. = D'autre part, des documents nouveaux vous ont été adressés sur les productions animales ou végétales (4) de divers pays encore incomplétement étudiés (5), ainsi que sur les emprunts qu on pourrait espérer faire, soit à la faune, soit à la flore de ces contrées lointaines (6), ou sur les ressources qu’elles offri- ralent à notre commerce et à notre industrie. Une question dont'on vous avait plusieurs fois entretenus et dont l'importance ne vous avait point échappé, celle de Putilité du rétablissement des madragues, a continué à fixer votre at- (1) Raoul Boulart, Une ferme d’Autruches. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 438.) (2) M. le capitaine Crépu, dont la Société a été heureuse de pouvoir, l’année dernière, récompenser les travaux, continue à se préoccuper de la domestication des Autruches en Algérie. Malgré les difficultés de l’entreprise, les résultats déjà obtenus par lui sont très-encourageants. (Bulletin, & E, P. 294, 525.) (3) Autard de Bragard, Note à propos de l'introduction de plantes et d’a- . nimaux dans diverses contrées, notamment en Égypte. (Bulletin, 8 série, te}; pe M7.) (4) Éd. Prillieux, Sur les productions agricoies et forestières des possées: sions hollandaises des Indes orientales. (Bulletin, 3° série, t: L, p. 859.) (9) Garnier, Productions du royaume de Siam. (Bulletin, 3° série, t E, p. 846.) (6) Roland Trimen, Notes sur les animaux ét les plantés du Cap de Bonne-Espérance. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 512.) 368 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. tention (1); votre intervention en cette circonstance n’a du reste pas été stérile, et après une enquête provoquée surtout par vos démarches auprès de l’administration, une sage me- sure est venue donner raison à la cause que vous aviez prise en main et qui intéresse à un si haut degré l'alimentation pu- blique et la prospérité de nos populations maritimes (2). Comme les années précédentes, notre confrère M. Decroix (3), l'infatigable propagateur de l’usage alimentaire de la viande de cheval, vous a tenus au courant des progrès de l'hippopha- gie, cette question à laquelle vous avez toujours attaché un sé- rieux intérêt. Le cheval, trop longtemps resté chez nous sim- plement un animal auxiliaire, est enfin devenu aussi un animal alimentaire, au grand profit de l'élevage et de la consommation publique ; mais un nombre trop considérable de chevaux échap- pent encore à la boucherie chevaline ; aussi ne peut-on que se féliciter de voir le comité de la viande de cheval persévérer dans son entreprise de philanthropique propagande. | Le rôle utile des oiseaux insectivores, protecteurs de nos récoltes, a parfois été mis en doute dans des écrits auxquels le nom de leurs auteurs donne une sérieuse portée. Dans voire impartialité et votre respect pour la libre discussion, vous avez même cru devoir reproduire dans le Bulletin certains de ces travaux dont vous ne parlagiez pas les doctrines. Mais 1l revenait de droit à plusieurs d’entre vous de prendre la parole comme ils l’ont fait (A) pour réfuter des conclusions évidem- ment trop exclusives et pour proclamer, avec toute la compé- tence désirable, les services que les oiseaux rendent à l’agri- culture. L'industrie aquicole, devenue depuis longtemps une branche (1) Rimbaud, La question des madragues. (Bulletin, 8° série, t. I, p. 390.) (2} On sait qu’une décision récente de M. le Ministre de la marine et des colonies a autorisé le rétablissement des madragues sur plusieurs points de nos Côtes. * | (3) Decroix, Situation de l'usage alimentaire de la viande de cheval. (Bulletin, 3° série, 1. I, p. 97.) (4) Docteur Turrel, Les oiseaux et les insectes. (Bulletin, 3° série, t. E, p.497.) — J. Bech, Aperçu sur les oiseaux et la chasse. (Bulletin, 8° série, t. I, p. 563.) RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. 369 importante de vos travaux, n’a nullement élé délaissée par vous cette année. Une question bien souvent controverSe, la possibilité de la stabulation des Salmonides dans des espaces restreints, a été résolue affirmativement par M. B. Rico, dont les succès témoi- gnent en même temps de l’importance en aquiculture de la- doption d’une bonne méthode d’alevinage appliquée avec soin et persévérance (4). M. Pierre Carbonnier poursuit, avec ce zèle et ce savoir pra- tique qu’on lui connait, ses travaux d'introduction et d’accli-- matation de poissons exotiques. Nous lui devons cette année l'acquisition d'une espèce américaine, le Fondule (Fundula Cyprinodonta), dont la chair est de bon goût et qui présente l’avantage de pouvoir prospérer dans les eaux froides et cou- rantes, comme dans les eaux dormantes et tempérées (2). Notre dévoué confrère continue d’ailleurs à être générale- ment secondé dans ses efforts par son neveu M. Paul Carbon- nier, qui est parvenu, grâce à des soins de tous les instants, à introduire en France plusieurs espèces de poissons exotiques auxquels on n'avait pu réussir jusqu'ici à faire supporter, soit les fatigues d’un long voyage, soit les intempéries de notre climat (3). Des envois d’une haute valeur au point de vue du repeuple- ment de nos eaux douces vous ont aussi été faits par de géné- reux donateurs qui vous avaient déjà donné de nombreuses preuves de leur sympathie pour vos travaux, et envers lesquels vous avez contracté de nouvelles dettes de reconnaissance (4). (1) B. Rico, Sfabulation des salmonides dans des espaces restreints. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 490.) (2) P. Carbonnier, Le Fondule. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 665.) (3) Les envois de M. Paul Carbonnier se composaient principalement d’Anabas, ces Pharyngiens labyrinthiformes aux mœurs si curieuses, de Poissons combattants de Cochinchine, et surtout de Gouramis, cette espèce si précieuse qu’on est en droit d'espérer maintenant voir s’acclimater dans nos eaux douces, ou au moins dans cellesde l’Algérie. (Bulletin, p.527, 569.) (4) M. Fédérico Muntadas a fait don à la Société de vingt mille œufs em- bryonnés de Truite, provenant de son magnifique établissement de pisci- culture de Piedra (Aragon). Par suite de retards dans le transport, résultant 379 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Comme les années précédentes, d'importantes communica- tions vous ont été faites concernant la sériciculture, à laquelle vous accordez toujours la plus sérieuse attention. Sans délaïs- ser l'étude des méthodes d'élevage les plus propres à régéné- rer nos races de Vers à soie du mürier (1), ni perdre de vué les avantages qu'on pourrait rétirer de l’introduction de lin- dustrie séricicole sur divers point où elle a été négligée jusqu’à ce jour (2), vous vous êtes naturellement préoccupés surtout des circonstances politiques, ces œufs nous sont malheureusement arrivés dans un état qui ne permettait plus d’en obtenir l’éclosion. Mais quel qu'’ait été le résultat de cet envoi, nous n’en devons pas moins de reconnaissance à notre généreux confrère. (Bulletin, p. 132, 23/4.) M. Seth Green nous a fait parvenir des œufs de diverses espèces de Sal- monides encore inconnues dans nos eaux. Malgré l’accident causé par le froid pendant le transport, quelques-uns de ces œufs ont pu être sauvés, et ils ont donné des alevins de Truite qui, par leur croissance et leurs dimen- sions, donnent lieu de penser qu’ils appartiennent à une espèce dont l’intre- duction en France présenterait un sérieux intérêt. M. Seth Green a bien voulu en outre nous autoriser à faire traduire en français son excellent Traité sur l'élevage de la Truite; ce travail sérieuse- ment pratique figurera prochainement dans notre Bulletin. M. Dabry de Thiersant, consul de France à Canton, auquel nous sommes déjà redevables de si précieux envois, particulièrement en ce qui concerne l’ichthyologie de l'extrême Orient, nous a adressé cette année loute une col- lection de poissons chinois, parmi lesquels figurent quatre espèces désignées en Chine sous le nom de poissons domestiques, et dont l'acquisition pour nos eaux offrirait le plus sérieux intérêt. (Bulletin, 3° série, t. EL, p. 412.) (1) Docteur E. Mongrand, Grainage cellulaire d’une éducation d’une once, d’après le système de M. Pasteur. (Bulletin, 3° série, t. I, p, 582.) M. Hignet, de Varsovie, a rendu compte des excellentsrésultats que donnent en Pologne les éducations faites avec le mürier sauvage; il pense qu'il con- viendrait de s’assurer sil'absence de maladie ne serait pas due tant au climat qu’à la nature des feuilles employées pour la nourriture des vers, et si cette région ne pourrait pas devenir un eentre important de pro@uction de graine. M. Hignet est d’avis que, dans tous les cas, l'emploi du mürier sauvage de- vrait étre essayé sur d’autres points, afin de vérifier l'influence que Sa feuille exerce sur la constitution de l’insecte. (Bulletin, 3° série, t. E, p. 226.) La Société doit égalemént à M. Hignet cornmunication de détails inté- ressants sur la naturalisation dé l'Attacus Yama-maï en Carniole. Gers 3e série, t. I, p. 770.) (2) Raveret-Waitel, De l'utilité d'introduire la sériciculiure à la Nou- velle-Calédonie. (Bulletin, 3° sérié, €. L, p. 729.) RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. E Wei L des nouvelles espèces de Lépidoptères producteurs de soie dont l'acquisition présente, à tous les points de vue, un si haut degré d'importance (1). Un nouveau mémoire vous a été présenté par M. le docteur Vicente de la Rocha, concernant les observations qui lui sont propres sur la disposition intérieure des cocons des Aéfacus, et sur le parti qu’on peut en tirer, selon lui, pour le dévidage de ces cocons (2). Tout en continuant de diriger les essais faits à la magnanerie expérimentale du Jardin d’acclimatation, et à vous rendre fidèlement compte des résultats obtenus (3), M. le docteur Maurice Girard a enrichi notre Bulletin d’une note entomolo- gique des plus complètes sur l'Atfacus aurota, magnifique espèce séricigène brésilienne que nous ne pouvons sans doute prétendre acclimater chez nous, mais dont les produits pour- raient du moins être utilisés par notre industrie, ainsi que l'ont démontré M. Christian Le Doux (4) et M. le docteur Forgemol (5). L’Attacus Yarra-mai, qui se trouve aujourd’hui répandu jusque dans les régions septentrionales de l’Europe (6), peut être considéré commenous étant désormais acquis ; mais, ainsi qu'on vous l’a fait remarquer (7), il reste encore à résoudre (1) M. Le docteur Jean Odstrceil, professeur au gymnase de Tessien (Silésie), a fait parvenir d'intéressants renseignements sur les tentatives faites en Au- triche pour l'introduction du ver à soie du chêne de la Chine (Attacus Per- nyt), espèce qu’il considère comme offrant moins de chances de maladie que celle du Japon (4. Yama-maï). (Bulletin, 3° série, t. 1, p. 298.) (2) Vicente de la Rocha, Sur le dévidage des cocons des Attacus. (Bul- letin, 3° série, t. f, p. 618.) (3) Maurice Girard, Rapport sur les diverses espèces de Lépidoptères pro- ducteurs de soie, élevés, en 1873, à la magnanerie ézpérimentale du bois de Boulogne. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 17.) (4) Le Doux, Dévidaye des cocons de l’Attacus aurota au moyen de chry- salides artificielles en caoutchouc. (Bulletin, 3° série, t. E, p. 353.) (o) Docteur Forgemol, Dévidage des cocons de l’Attacus aurota. Bulle- tin, 3° série, 1. I, p. 20/4.) (6) W. Carl Berg, Acclimatation de l’Attacus Yama-maï dans les provin- ces Baltiques. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 469.) (7) Docteur E. Mongrand, Deux éducations d’Attacus Yama-maï faites en 1873 et 1874. (Bulletin, 8° série, t. EL p. 699.) 329 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. la question de l'élevage réellement industriel, et c’est là un point capital que permettront d’élucider des essais poursuivis avec les soins et la persévérance qu’y apportent plusieurs de nos zélés confrères, parmi lesquels nous devons particulière ment citer MM. Bigot (1), Wailly (2) de Sauley (3) et Ca- milo de Amezaga (4). N oub'ions pas de mentionner les curieux essais de métis- sage entrepris par M. Bigot (5) et par M. Berce (6), sur les deux espèces de vers à soie du chêne (Atracus Yama-maï € Pernyi), lesquels ont donné une race rustique, à cocon amé- lioré, et qu’il serait intéressant de propager. Quant au'Ver à soie de l'Aïlante (Attacus Cynthia vera), dont ja soie est aujourd’hui acceptée par l’industrie, M. le vi- comte de Milly vous a montré (7) qu’au point de vue des bé- nélices réalisables, aucune culture ne saurait être comparée à l’exploitation de cette précieuse espèce, pourvu qu’on la-pra- tique sur une échelle suffisante. M. Quihou vous a présenté, comme de coutume, le compte rendu toujours fort intéressant des cultures expérimentales faites au Jardin d’acclimatation (8). Du reste, en ce qui con- concerne les végétaux, des communications ni moins nom- (1) F.-A Biyot, Éducations d’Attacus Yama-maï faites à Pontoise, de 1870 à 1873. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 284.) (2) Wailly, Éducation de l’Atiacus Yama-maiï à Londres, en 1874. (Bul- leiin, 3° série, t. I, p. 738.) (3) E. de Saulcy, Observations sur l'éducation de l’Attacus Yama-maï, en 1873. — Éducation de l’Attacus Yama-mai, faite à Metz, en 1874. (Bulletin, ocsérie, tp 1061072) (4) L’honneur d’avoir le premier introduit en Espagne l’élève de ver à soie du chêne du Japon (A. Yama-maÿ) revient à notre confrère M. Camilo de Amezaga qui, depuis l’année 1871, poursuit dans Ja province de Carcres (Estremadure) des essais entrepris sur une très-large échelle; déjà ses ré- coltes ne s'élèvent pas à moins de 80 000 cocons environ. De semblables éducations sont bien près d’entrer dans le domaine de l’industrie. (5) Bulletin, 3° série, t. 1, p. 592. (6) Ibid. p. 778. (7) Vicomte L. de Milly, Éducations d'Attacus cynthia, faites au chà- teau de Canenx (Landes), en 1873. (Bulletin, 3° série, t, I, p. 209.) (8) Quihou, Rapport sur les principales cultures faites en 1873, au Jar- din d'acclimatation du bois de Boulogne. (Bulletin, 3° série, t. 1, p. 4.) j RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. 279 breuses, ni moins importantes que par le passé, vous ont en- core élé faites. Parmi les principaux travaux de naturalisation d'espèces ou de variétés nouvelles dont il vous a été rendu compte, nous devons rappeler surtout ceux de M. Léon d'Ounous (1) qui cultive depuis longtemps avec succès dans le département de l’Ariége, un nombre considérable d’essences d'arbres exotiques; ceux de M. Victor Masson (2), qui se préoccupe de faire entrer dans le domaine de la culture fores- tière certains arbres étrangers considérés à tort jusqu'ici comme ne pouvant êlre simplement que des arbres d’orne- ment ; enfin, ceux de notre regretté confrère M. Maumenet (3), de Nimes, qui a multiplié dans le département du Gard plu- sieurs variétés de Bambous, le Ramnus utihs, etc., et pour lequel vous avez eu la douleur de ne pouvoir reconnaître les succès que par une récompense posthume. Vous avez applaudi aux efforts faits par M. Chappellier (4), pour doter notre industrie de variétés étrangères de Safran supérieures à notre Safran indigène ou pouvant servir à l’a- méliorer au moyen de l'hybridation. M. Prillieux vous a communiqué des renseignements inté- ressants sur l'introduction de la culture du Thé à Java (5), et votre attention a été.appelée par M. Rivière, sur l’exploitation qui pourrait peut-être avoir lieu de certaines espèces du genre Férule comme plantes papyrifères (6). M. le docteur Vidal, qu’un long séjour dans l'extrême Orient a mis à même d'apprécier les usages si nombreux et si va- riés des Bambous, a insisté auprès de vous sur l’importance (14) Léo d'Ounous, Note sur divers végétaux cultivés à Saverdun. (Bu!- letin, 3° série, t. I, p. 539.) (2) Bulletin, 3° série, t. I, p. 464. (3) Maumenet, Naturalisation de divers végétaux à Nimes. (Bulletin, | 3° série, t. I, p. 446.) (4) P. Chappellier, De la culture des Safrans étrangers introduits en France par la Société d’acclimatation. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 356.) (5) Ed. Prillieux, Note sur l'introduction de la culture du. thé à Java. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 126.) (6) A. Rivière, Les Ferula communis ef tingilana comme plantes papyri- fères. (Bulletin, 3° série, t. [, p. 439.) 37/4 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. qui s’atlacheraït à propager, chez nous, la culture de ces utiles Graminées (1), dont certaines espèces présentent, au pointde vue de la résistance au froid, une rusticité leur permettant de s’accommoder fort bien de notre climat (2). Le progrès et le développement de la culture de l’Eucalyp- tus, objet de votre constante sollicitude, vous ont été exposés par M. Mérice (3), et vous avez enregistré avec empressement les données précieuses recueillies par M. Cordier sur la rapi- dité relative de croissance d’un grand nombre d'espèces mises en essai par ce consciencieux observateur, qui apporte un si louable zèle à propager, en Algérie, les précieux Eucalyp- tus (4). La culture, comme l'introduction (5) des végétaux étrangers, est toujours l’objet des études d’un grand nombre de nos confrères, qui vous tiennent au courant de leurs observations et vous fournissent de précieux matériaux. Il en est de même de la culture de certaines plantes indigènes dont ilest intéres- sant de propager les variétés les meilleures ou les plus nouvelles (6). La Vigne, si éprouvée en ce moment, a surtout (4) Docteur Vidal, Note sur les usages du Bambou. (Bulletin, 3° sér t. I, p. 7/43.) (2) Docteur L. Turrel, Note sur un Bambou rustique confondu à tort avec: le Bambusa gracilis. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 690.) (3) E. Mérice, Progrès et développement de la culture de l'Eucalyptus, d'après les travaux de M. Ramel. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 743.) (4) A. Cordier, Croissance comparée de diverses espèces d'Eucalyptus. (Bulletin, 3° série, t. 1, p. 344.) (5) M. Delchevalerie a signalé le parti qu’on pourrait tirer, dans nos dé- partements méridionaux, du Lippia Ægyptiaca pour la création de pe- louses et de gazons d’ornement, résistant au soleil et à la sécheresse, là où les Graminées ne sauraient prospérer. © (6) M. Bossin a fait parvenir à la Société une note sur la supériorité que le Chou-fleur dit impérial lui paraît présenter sur Jes autres variélés géné— ralement cultivées de ce légume. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 250.) M. le marquis de Sinéty a signalé à la Société les qualités particulières du petit melon vert à rames, et fait connaître le mode de culture qui lui .paraît préférable pour cette variété intéressante à propager. (Bulletin, 8° série, t. I, p. 52.) M. Vavin à insisté tout particulièrement sur la question de l'emploi du panais pour l’alimentation du bétail. En Bretagne, notamment dans les en- RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. 375 fixé votre attention (1),.car vous ne pouviez rester étrangers aux recherches faites et aux efforts tentés pour combattre le fléau qui est venu compromettre une de nos principales richesses nationales. Vous devez à l’obligeance de M. Martinet d’utiles indications concernant l'Erythroxylon coca, et la possibilité d'introduire la culture de cet intéressant végétal dans nos possessions de la Guyane (2). D’autres communications, du ressort de la bo- tanique médicale, et que je ne dois omettre de rappeler, vous ont élé également faites (3); vous ne me pardonneriez pas virons de Morlaix, on utilise avec grand profit cette racine pour la nourri- ture des chevaux ; aussi notre confrère est-il d'avis qu'il y aurait sans doute avantage à l’employer également sur d’autres points. (Bulletin, 3° série, t. 1, p. 247.) M. le docteur Weber a appelé l'attention de la Société sur une variété particulière de courge, cultivée en Alsace sous le nom de concombre d'hiver, et qui lui paraît appelée à prendre place dans l’horticulture parisienne, en raison de sa qualité et de sa facile conservation (Bulletin, 3 série, t. EL, p. 788.) (1) Docteur L. Turrel, Les maladies de la vigne. (Bulletin, 8° série, 1. I, p. 267.) M. Collenot, frappé de la vigueur remarquable que présentent les lam-- brusques, ou vignes redevenues sauvages, pense qu’elles doivent présenter une grande résistance aux maladies, et surtout à l’attaque du Phylloxera. Il à proposé, en conséquence, leur emploi comme porte-sreffes, les trouvant préférables aux plants américains, dont l’importation peut introduire chez nous de nouveaux œufs du terrible parasite. (Bulletin, 3° série, t.T, p.461.) M. Durieu de Maisonneuve a communiqué les résultats d'observations fort intéressantes qu’il a entreprises sur le plus on moins de résistance des divers cépages nord-américains aux atteintes du Phylloxera. Il a constaté que cer- taines espèces, jusqu'ici réputées indemnes (Vitis monticola, Lincacumit, etc.) accueillent parfaitement le puceron. Par contre, les V. rofundifolia et candicans lui paraissent complétement indemnes et semblent devoir con- stituer d’excellents porte-greffes. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 534.) (2) E. Martinet, Note sur la culture de l’Erytrhoxylon coca. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 419.) (3) M. Marais a bien voulu offrir à la Société un exemplaire de la savante étude publiée sur le Boldo, par M. Claude Verne, en collaboration avec MM. les professeurs Baillon et Bourgoin, et il a signalé l'utilité de seconder les recherches faites sur ce végétal intéressant au point de vue thérapeu-- tique. 376 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. surtout de passer sous silence le mémoire relatif au Sz/phion de la Cyrénaïque, ce spécifique de la phthisie dont vous avait entretenu l’'infortuné docteur Laval (1), mort victime de son humanité et de son dévouement pour la science, en cherchant à doter son pays d’un médicament précieux. Cette fin si re- srettable et si prématurée prouve que la cause de Pacclima- tation compte aussi ses martyrs. Mais quels que soient parfois les difficultés et l’éloignement du but à atteindre, votre zèle, messieurs, ne sait point dé- faillir, et vous poursuivez imperturbablement l’accomplisse- ment de votre tâche. C’est celte foi dans les résultats, cette persévérance dans l’entreprise, jointes à l'importance de votre œuvre qui lui ont assuré, dès le début, et continuent à lui va- loir, tous les jours, les plus flatteurs encouragements et les témoignages de la plus haute sympathie (2). Aussi notre situation s’affermit-elle de plus en plus; le nombre de nos adhérents augmente dans une proportion sa- tisfaisante et, avec lui, nos moyens d'actions ; l’expérience acquise nous profile, et nous avançons constamment d’un pas plus assuré vers notre but; les résultats dès aujourd hui ob- tenus, démontrent le bien fondé de nos premières prévisions, et tout ce qu’on est en droit d'attendre de nos futurs efforts. Marchons donc en avant, confiants dans le lendemain, puis- que, suivant l’expression de Leibniz, «c’est le présent, gros du passé, qui engendre l'avenir ». (4) Laval, Note sur le Silphion (de la Cyrénaïque) et sur les avantages qu'il y aurait à acclimater cette plante. (Bulletin, 3° série, t. [, p. 214.) (2) S. M. l'Empereur du Brésil, que la Société compte depuis longtemps au nombre de ses protecteurs les plus éclairés, et qu’elle a eu l'honneur de voir assister à plusieurs de ses séances, ne cesse de nous donner des preuves de son extrême bienveillance. Tout äernièrement encore, une lettre adressée par S. M. à M. le président, lémoignait du vif intérêt qu’Elle prend à nos travaux. (Bulletin, 3° série, t. I, p. 418.) LA NOUVELLE-CALÉDONIE AU POINT DE VUE DE L’ACCLIMATATION Extraits d'une lettre adressée à Monsieur le Président de la Société d'acchimatation Par M. A. GERMAIN Vétérinaire du Gouvernement à la Nouvelle-Calédonie. J'ai l'honneur de vous adresser, sur la Nouvelle-Calédonie, les observations suivantes qui, je l’espère, vous présenteront quelque intérêt. Notre colonie est certainement une de celles où les Eu- ropéens ont le moins à souffrir du climat. Elle se prête également à la culture des végétaux des régions tropicales et des régions tempérées. Les légumes y poussent à souhait ; la canne à sucre, le café, le riz, le mais, les fruits des régions intertropicales, y réus- sissen! parfaitement ; les fourrages artificiels, quoique peu cul- tivés, y donnent de bonnes récoltes. L'acclimatation de la plupart de nos animaux domestiques n'a présenté aucune difficulté. Les bêtes bovines, prises dans la race australienne, dérivée elle-même des races anglaises, se sont multipliées rapide- ment, et, confiées aux seuls soins de la nature, elles for- ment aujourd'hui. la principale richesse des plus importants possesseurs du soi. L'espèce ovine importée n’a pas réussi, et sa mulüplicauon est à peu près abandonnée aujourd’hui. L’insuccès est dù à l'action malfaisanie d’une graminée (Andropogon austro-cale- donicum) dont les graines barbelées et piquantes pénètrent la laine, traversent la peau, et y déterminent des abcès, dont la conséquence est un état d’épuisement dont le terme est la la mort, ou une déperdition considérable sous le rapport du rendement en viande, à laquelle il faut ajouter la perte plus ou moins complète des toisons. 8° SÉRIE, T. II. — Juiliet 4875. 25 378 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Cette graminée couvrant une grande partie des espaces herbeux du pays, l’élevage du mouton ne pourra réussir que lorsque la plante aura disparu sous l'influence de la dépais- sance des bestiaux ou de la mise en culture de ces espaces. L'espèce caprine prospère et fournit à l'alimentation de la viande et du lait. Cependant, sous ce dernier rapport, elle est peu produclive, à raison de mauvaises conditions d’en- tretien. Elle n’échappe pas, d’ailleurs, à l’anémie particulière, à laquelle la Chèvre est sujette dans les pays chauds. L’espèce chevaline supporte parfaitement le climat, malgré une nourriture peu réparatrice comme fourrage, ce dernier n'étant pas encore l’objet d’une culture importante. Les éléments de cette espèce ont été aussi demandés à lAus- tralie, qui offre, sous le rapport du cheval, comme sous celui des autres animaux domestiques, des éléments parfaits au point de vue de toutes les spécialisations d'emploi. En Nouvelle-Calédonie, les chevaux qui reçoivent une ali- mentation convenable, sont dans le plus parfait état d’entre- tien et de vigueur, et peuvent se livrer aux travaux les plus pénibles, avec une continuité remarquable. Les moins favo- risés sous le rapport de l’alimentation résistent aux travaux, et leur état sanitaire est relativement satisfaisant. Une particularité remarquable, c'est que la morve et le farcin, malgré des conditions de climat et d’entretien qui, en d’autres pays, les produisent fréquemment, n’ont pas encore été observés en Nouvelle-Calédonie. L'espèce porcine, importée jadis par Cook, s'est mainte- nue et fournit aux indigènes de l’intérieur un élément de transactions avec les caboteurs qui exploitent les ressources du pays. Depuis longtemps des porcs vagabonds se sont disséminés dans l’île. Ils ont fait souche et sont aujourd'hui, pour les résidents, un élément de chasse assez productif. Je n’ai vu, jusqu’à présent, que des porcs domestiques qui paraissent dériver de la petite race chinoise si renommée. Comme elle, ils ont le corps près de terre, mais plus profond et moins arrrondi ; la ligne supérieure du cou, presque en LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 279 arrière du garrot, est pius tranchante et porte, comme cri - nière, des poils roides, en brosse irrégulière. La tête est plus allongée, à partir des yeux jusqu'au grouin, et sa forme générale est plus sèche. Tous nos oiseaux de basse-cour sont périodiquement déci- més par des maladies meurtrières, comme cela est fatal dans les pays chauds et humides, mais leur multiplication rapide répare promptement les pertes produites par la mortalité. J'insiste peu, monsieur le Président, sur ce qui concerne nos animaux domestiques, leur acclimatation étant réalisée en Nouvelle-Calédonie. Nul pays au monde ne paraît plus favorable à dés tentatives d’acclimatation, et si j'ai eu la pensée de vous en entretenir, -c’est dans le but de suggérer à votre Société le désir d’aider à l’entreprise, elle seule disposant des moyens sans lesquels les progrès ne peuvent être que d’une extrême lenteur. La Nouvelle-Calédonie forme, dans son étendue principale, une chaîne de montagnes où le plus haut sommet (le mont Humboldit), est à 1600 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dont les points saillants, qui servent de guide aux naviga- teurs, s’abaissent jusqu’à une faible altitude. Ces montagnes, diversement réparties, sont séparées par des vallées souvent sillonnées de cours d’eau et, sur les deux versants, elles envoient à la mer des rivières dont les bas- sims sont très-limités. Le plus grand cours d’eau, la Diahot, n’a pas vingt lieues de long. Quoi qu’il en soit, beaucoup de ces cours d’eau sont utili- sés par les Canaques pour la culture ; leurs lits sont torren- tueux jusqu’au voisinage de la mer. Les plaines qui bordent leurs rivages sont couvertes d’une végétation luxuriante qui y forme de frais ombrages. On y voit des arbres au port majestueux, au brillant feuillage, aux fleurs abondantes et variées; des arbustes grimpants, luttant pour atteindre la lumière; des fougères de tous genres, parmi lesquelles bril- lent, au premier rang, des espèces arborescentes (A/sophylla) dont quelques-unes atteignentla taille des plus hauts palmiers. Jusqu'à la plaine, le lit de ces cours d’eau est encaissé dans 380 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. les montagnes; leurs eaux limpides roulent sur des galets et forment des cascades, mais aucune d'elles n’atteint les pro- portions de celles qui, dans nos montagnes de France, font l'admiration des excursionnistes. Partout où ces cours d’eau, si agréables à voir, sillonnent la montagne, celle-ci est cou- verte d’une puissante végétalion arborescente qui, en dérobant le sol à l’action du soleil, ÿ maintient une humidité favorable au développement des végétaux, et ceux-ci croissent vigoureu- sement, bien que l’assise du terrain soit quelquefois rocheuse à une faible profondeur. Les arbres, souvent gigantesques, ont d'immenses racines qui, en fortifiant leur base, leur per- mettent de résister aux ouragans. Les montagnes sont généralement boisées, mais, en dehors des points où elles sont sillonnées de cours d’eau, leurs iné- galités se montrent partout revêtues d’une végétation herbeuse peu variée, d'où s'élèvent des futaies, d'un arbre unique : le Melaleuca leucadendron (1), qui donne au pays, dans une grande partie de son étendue, un aspect particulier. Cet arbre bienfaisant, auquel on attribue l'absence des fièvres paludéennes que pourraient occasionner les marais, res- semble à notre bouleau par son écorce blanche, ses rameaux peu serrés et la petitesse de ses feuilles. Le Niaouli, c’est son nom indigène, est pour la plus grande partie de la Nouvelle-Calédonie l'habitant ordinaire des éten- dues du sol que les forêts n’envahissent pas. Il offre une par- ticularité très-remarquable, c’est qu’il se complait aussi bien sur les pentes où l'humidité paraît faible, que dans des enfon- cements où l’état marécageux s’accuse jusqu’à la submersion permanente des racines. Cetle particularité bizarre permet de supposer que l’état météorologique du pays n'exclut pas autant qu'on le croit à première vue l'humidité du sel, et que beaucoup de ces terrains, considérés aujourd’hui comme arides, ne demanderaient que peu d'efforts pour donner de bons résullats aux cultivateurs. (1) Get arbre, avec le Melaleuca cajeputi des Moluques, fournit à l’in- dustrie du parfumeur l'essence de Cajeput. — G.-M. LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 381 Le Niaouli étant consideré comme un préservatif des fièvres paludéennes dans les régions marécageuses, son rôle peut être assimilé à celui de l'Eucalyptus en Australie et en Algérie. Son parfum est pénétrant et embaume l’espace, mais ses émanations ne se manifestent que par intervalles, pour une cause que je recherche sans la découvrir. En parcourant les bois de Niaouli, on passe souvent dans des espaces où l’arome s’accuse à l’odorat par bouffées rappelant l'odeur que répand notre longicorne du saule {1). Sans le Niaouli, les fièvres se montreraient sans doute, mais il faudrait leur chercher une autre Cause qué les émanations paludéennes, car je suis porté à croire que les sombres et hu- mides forêts de la Nouvelle-Calédonie émettent des miasmes bien autrement redoutables que ceux des marais. Je suppose que si l’on y vivait constamment, on y ressentirait l’atteinte de ces fièvres particulières qui sont le funeste apanage des forêts intertropicales. Le Niaouli s’indique pour être importé en Algérie, où, s’il réussissait, iloffrirait un élément de plus aux constructions et au chauffage, en outre de l'influence qu’il pourrait avoir pour l'assainissement. Son bois fournit des courbes qui sont, en Nouvelle-Calédonie, une ressource précieuse pour les petites constructions navales. Son écorce, en nombreuses couches épaisses et feutrées, semble être une prévoyance de la nature pour entretenir autour du tronc une humidité constante. De plus, elle offre cet avantage très-remarquable qu’elle résiste à l’action des flammes. L’incendie des hautes herbes est dans les habitudes tradi- tionnelles des indigènes, mais le pays n’en a pas été déboisé pour cela, l'effet du feu ne pouvant aller au delà de la gaîne qui entoure et protége le tronc du Niaouli. La végétalion herbeuse ne compte qu'un trés-petit nombre de graminées, toutes persistantes et repoussant de la touffe au milieu de ses produits desséchés. Ces plantes dures, sans sucs, sont la seule ressource de nos animaux domestiques entre- (1) L’Aromia moschata de Fabricius, ou Capricorne musqué. — G.-M. 382 | SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. tenus sur les herbages. L'espèce bovine y trouve son alimen- tation entière, et, sans que je puisse affirmer, ne connaissant pas la nature des premières importations de bétail, je crois que ces herbages naturels ne sont pas faits pour donner des succès aux éleveurs, tant que la culture ne sera pas venue les améliorer. IH s’y passe d’ailleurs un phénomène qui prouve que la vé- gétation se modilie par suite de la présence des bestiaux. Partout où les herbages ont été longtemps livrés à la dépais- sance d’un grand nombre de bêtes, les hautes herbes qui en faisaient la richesse relative ont disparu, pour faire place à une graminée lraçante, aux feuilles maigres, s’élevant à peine de quelques centimètres et qui ne pent convenir, tout au plus, qu'à l'entretien des petites espèces. Sur la route de Nouméa à Dumbéa, cette modification de la production du sol est très-accusée. D’un côté, cette route: est limitée par une palissade formant l’enclos d’une propriété consacrée à l'entretien de nombreux troupeaux de bêtes. bovines ; de l’autre, elle est bordée par des herbages libres, n'ayant été pâturés qu'accidentellement. [ci, les herbes sont uniformément hautes, mais au delà de la palssade, les pe- louses sont formées de cette graminée traçante dont F ai parlé plus haut. Cette différence si tranchée d’un côté à l’autre de la palis- sade ne peut être que le résultat de l’action de la dépaissance: sur les productions du sol. Est-ce le foulement par les bes- tiaux, sont-ce leurs déjections qui ont produit ce résultat ? Je n’oserais l’affirmer, mais le fait est incontestable (1). Les vallées d’alluvion de la Nouveïle-Calédonie sont d’une fécondité remarquable. Les forêts qui couvrent certaines (1) Nous pensons qu’il y a là un fait analogue à celui qui se produit lors- qu’on fait une coupe de bois dans une forêt. On voit alors, par suite de la disparition de l’ombrage, jaillir du sol une flore herbacée qui n'existait qu’à l’état latent. Dans les herbages de la Nouvelle Caiédonie le bétail, en man- geant les hautes herbes, rend la lumière ei Le soleil à cette graminée dont parle M. Germain. Elle en profite alors pour prendre de la vigueur et em- pêche à son tour la végétation de ces herbes allières qui lont si Las opprimée.— G.-M. LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 203 étendues, laissent, après défrichement, un sol d'une richesse incomparable. Beaucoup des localités riveraines des vallées qui malheureusement sont sujettes aux ravages des inonda- tions étaient, avant l’arrivée des Français, cultivées par les indigènes qui les ont abandonnées : elles sont, aujourd’hui, couvertes d’une riche végétation arborescente. Dans la région montagneuse, où manque l’eau visible, les moindres enfoncements du sol contiennent un terrain d’allu- vion dont la culture maraîchère obtient d'excellents résul- jals. : Partout où se trouvent des cours d’eau, ils entretiennent sur leurs rives, dans une étendue plus ou moins large, une humidité favorable à la plupart des cultures. En résumé, à part une zone restreinte constituée par un sol montagneux et de nature ferrugineuse, située au sud de l'ile, la Nouvelle-Calédonie est accessible à la culture, princi- palement dans les vallées parcourues par des riviéres dont le cours incliné facilite les irrigations. Les conditions météorologiques du pays sont elles-mêmes très-favorables à la réussite d’un grand nombre de cultures. On peut en juger à Nouméa, par exemple, où de beaux jar- dins décoratifs sont sortis, sans grand travail relaüf, d’un sol auquel il semblait & priori qu'on ne pouvait demander qu’une production herbeuse. Ce sol végétal n’est pas profond et la pioche rencontre une brèche à quelques centimètres de la surface. Mais si l'on y plante des arbres, leur végétation se montre normale et ils ont bientôt transformé un site aride en un jardin d'agrément. Ces essais, quoique restreints, montrent que, si l'avenir ré- serve à Nouméa une grande prospérité, les étendues cultiva- bles des territoires qui l’avoisinent pourront facilement chan- ger d'aspect et devenir trés-agréables. Sous ce rapport, je puis prédire à Nouméa le même sort que Sydney, où malgré l’ari- dité du sous-sol l’ornementation des parcs situés hors de la ville a pu atteindre un degré qui permet de les comparer avantageusement avec les villes d'Europe les mieux partagées sous ce rapport. 384 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. de viens de vous donner, Monsieur le Président, un aperçu superficiel de la constitution de la Nouvelle-Calédonie, au point de vue physique. Il me resie à l’examiner au point de vue de l’acclimatation des animaux. Le climat de la Nouvelle-Calédonie est agréable et sain. La conslitution montagneuse du pays y produit de belles perspec- tives ; ses herbages, couverts de Niaoulis, ont un cachet tout particulier; ses forêts sont constituées par de magnifiques vé- œétaux dont les dimensions et l’enchevètrement produisent, principalement sur les torrents, les effets les plus pitto- resques. Malheureusement la vie animale manque dans tous ces paysages, et son absence leur communique une tristesse qui saisit l'explorateur et succède à l'admiration. Il n’y a pas un seul mammifère sauvage, ni dans les bois, n1 dans les herba- ges, car il ne faut compter ni les rats quine se montrent pas, ni les roussettes, 2randes chauves-souris dont l’activité ne se manifeste que la nuit. Pas une seule bête à quatre pattes, dont le passage, furtif ou confiant, vienne un moment animer ces beaux paysages ! Pas d'oiseaux, quoiqu'on en ail cité cent sept espèces qui toutes habitent les rivages et les forêts. C’est à peine si cmqà six espèces forestières sortent des fourrés. Ce sont généra- lement de petits insectivores rares comme nombre; ils sont très-disséminés et surtout silencieux. Les vastes espaces herbeux ne comptent pas un oiseau des champs. Ceci s'applique à la plus grande partie du pays car, dans certains points limités, on rencontre un Turnix qui serait la seule espèce des régions découvertes, et le Turnix est un oiseau coureur. Dans les espaces découverts la nature végétale est peu va- riée, le ciel et le soleil sont d’une monotonie attristante et ii règne un silence complet. Dans les forêts, c'est plus triste encore, Car le demi-jour rend ce silence plus pénible. Les rares oiseaux qu'on y voit sont des insectivores pour la nlu- part, fouillant, les uns les feuilles mortes, comme nos merles, les autres le feuillage des arbres, mais toujours isolément. Ce LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 289 n’est que bien rarement que l’homme perçoit un son autre que celui de ses pas ou le frôlement du feuillage. Le brait que fait un oiseau n’est jamais un chant, ce n’est qu'un eri triste comme le milieu où il se produit et, la plupart du temps, l’oiseau qui le pousse échappe à la vue. Cependant il faut reconnaître que les forêts des montagnes de l’intérieur sont plus habitées par les oiseaux que celles que nous venons de décrire. On y voit beaucoup de pigeons, dont le Notou (Phænorrhina Goliath) qui passe pour très--difficile à découvrir, le Janthenas hypænochroa et plusieurs espèces de pigeons verts à beau plumage, des tourterelles (Chalcophaps), des perruches de différentes espèces, enfin dans les forèts du sud, le Xagou (Rhinochetos jubatus), le plus remarquable des oiseaux propres à la Nouvelle-Calédonie. Les pigeons et les perruches se livrent à des périgrinations, suivant l’époque de la maturité des fruits dont ils s’alimentent; les Janthenas seuls, s’étendent presque aux régions basses du littoral et n’y font qu'une courte apparition. Cette espèce et le Notou sont d’une assez facile conservation en cage, et je me propose d’en faire bientôt un envoi au Muséum d'histoire naturelle, dont j'ai l'honneur d’être correspondant. Quant aux oiseaux de rivage, ce sont des pluviers, des che- valiers, des hérons, des sternes. Les canards, au nombre de trois ou quatre espèces, sont communs sur les rivières et sur les marais disséminés sur les rivages et dans le reste du pays. Les végétaux herbacés, principalement au nord, entretien- nent un nombre considérable de sauterelles qui pullulent sans empêchement, car aucun oiseau ne vient mettre obstacle à leur multiplhicalion. En sorte que, dans cette île si grandement éloignée de toute terre, on a constaté, à différentes reprises, la dévastation des cultures par des nuées de ces insectes. On s’est vivement préoccupé de ces désastres et des tenta- tives d'importation du merle des Moluques ont été faites, mais elles n’ont donné jusqu’à présent que des résultats in- signifiants, cet oiseau n’ayant été importé qu’en pelit nombre, et sa sociabilité lui faisant plutôt rechercher le voisinage de l’homme que les espaces déserts, où se forment les armées 286 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. dévastatrices. En somme, ce merle est un oiseau des villes, et ce sont des oiseaux des champs qu’il faudrait. J'ai indiqué, dès les premiers temps de mon séjour, les dif- férentes espèces d'oiseaux protecteurs des plantations, en Cochinchine française : le Sfurnopastor temporalis, V Acri- dotheres cristatellus, qui a fait réussir à Manille les planta- tions de tabac ordinairement détruites par les insectes avant son importation. (Les peintures chinoises nous montrent que. cet oiseau est en grande estime) ; le Séwrnix Burmannia, les. Heterornis sericeus et malabaricus. Ces oiseaux abondent dans la Cochinchine française. Ils égayent, par leur vivacité’et leur chant, de vastes solitudes, et donnent aux producteurs de plantes industrielles un secours qui dans bien des localités. dispense de lPéchenillage. J'ai vu ces oiseaux à l’œuvre, et leur introduction me paraît d'autant plus à recommander ici, qu’ils sont faciles à se pro- curer, les indigènes élevant souvent en captivité ou en liberté les trois premières espèces, et toutes étant apportées vivantes au marché de Saïgon, pour l’approvisionnement des tables. Les. oiseaux élevés se vendent dans les villages de! à 2 franes et ceux qui sont pris à l’état sauvage de 20 à 25 centimes sur le marché. L’indication que je vous donneici, monsieur le Pré- sident, présentera peut-être quelque intérêt pour le Jardin de Paris. En la formulant j'éprouve le regret de n’avoir pas été à même d'en tirer parti en faveur de cet établissement, alors. que j'étais en Cochinchine. À ce moment le Jardin zoologique de Saïgon, que j'ai dirigé dix-huit mois, était encore dans un état embryonnaire qui ne m’a permis que de faibles envois, peut-être oubliés. Aujourd’hui, paraît-il, ce fardin est en pleine prospérité et c’est l’un des principaux établissements, de cette ville devenue elle-même très-florissante. Si le Jardin du bois de Boulogne pouvait en obtenir des martins des es- pèces que j'ai citées, 1l aurait pour l’ornementation de ses. volières, et peut-être de ses pelouses, des éléments nouveaux et agréables, particulièrement dans le Sfurncpastor, dont le chant, plein de gaieté, réjouit, et l’Acridotheres cristatellus, qui, à Manille, orne les promenades publiques. Ces oiseaux, LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 387 d’un caractère sociable, pourraient peut-être, en France, être amenés à la reproduction en volière, et ilsseraient probable- ment très-recherchés. En 1862, date de mon arrivée à Saïgon, ces oiseaux étaient: encore très-abondants dans les plaines environnantes; ils y sont promptement devenus rares par le fait de nombreux chas- seurs. Quand ils étaient abondants, les bestiaux d’approvision- nement trouvaient à vivre dans ces plaines ; il n’en a plus été de même quand les oïseaux sont devenus rares; l'herbe a disparu avec eux, détruite par des insectes dont le nombre dépasse les proportions harmoniques de la nature. Il n’y a pas à la Nouvelle-Calédonie d'oiseau vivant sur le sol, ou dans les forêts, qui puisse constituer une ressource ali- mentaire et offrir d’agréables éléments de chasse. Il serait à désirer qu’il en fût importé, surtout pour concourir à la destruc- ton des sauterelles. Sous ce rapport, la Cochinchine française, à raison de son climat relativement similaire, offre encore des éléments précieux, tels que le Francolinus perlatus, le Gallus ferrugineus, le Polyplectron Germani, V Euplocomus præla- tus, et enfin, le Paon spicifère. Les oiseaux de ces espèces trouveraient ici tous les éléments de leur acclimatation, à condition d’être protégés pendant un certain temps contre les chasseurs, car les oiseaux, surtout les gros, n’y ont pas d’autres ennemis. Les alouettes et les perdrix seraient également une bonne importation. Le faisan ordinaire a parfaitement réussi à la Nouvelle-Zé- lande. Quelques spécimens en ont été importés et mis er liberté ; ils s’y sont multipliés d’abord, puis la chasse les a fait disparaitre. La pintade domestique a fait retour à l’état sauvage dans un périmètre peu étendu, sur les confins de la presqu'île de Nouméa, où il n’est pas rare d’en rencontrer des compagnies dans les herbages. Elle constitue un excellent gibier, mais malheureusement cette acclimatation intéressante est compro- mise pour l'avenir, car ces oiseaux ne sont pas protégés contre le plomb du chasseur, qui les recherche activement. 388 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. Si le faisan commun n’oifre que peu de chances de réussite, à raison du climat, d'autres espèces pourraient donner de meilleurs résultats. L’importation de la perdrix gambra ou perdrix de roche d'Algérie (Perdix petrosa) pourrait être essayée avec succés. Quant aux mammifères, il n’y en a pas d’indigènes. Il serait bon d'introduire les espèces les plus intéressantes. Le cerf axis a été importé dans un domaine de l’État et s’y est multi- plié dans une proportion assez grande pour qu'il ait été un instant menacé de destruction, à raison des dégâts qu’il commet- tait et qu’on a peut-être un peu exagérés. Dans tous les cas; sa multiplication à l’état sauvage est un fait acquis, et le pays offre de grands espaces à sa dispersion. Dans ce genre de ruminants, la Cochinchine offre encore des espèces recom- mandables, surtout parmi celles de petite taille : le cerf co- chon, et le Panoha frontalis par exemple, et enfin d’autres espèces venant de pays analogues comme climat. La Cochinchine française a des lièvres ; la Nouvelle-Calédo- nie pourrait donc en avoir, et il y aurait lieu d’en tenter l'importation. Enfin, les arbres ne sont visités par aucun mammifére. Y aurait-1l des inconvénients à peupler les forêts d’une espèce d'écureuil ? Cette importation ne pourrait-elle pas devenir une source d'approvisionnement pour la ganterie ? Le Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne pourrait emprunter utilement à la Nouvelle-Calédonie quelques-uns de ses oiseaux utiles, tels que le Notou, le Janthenas, un Chal- cophaps et peut-être des pigeons verts dont les essais d’im- pie D en France, ont, je crois, presque toujours échoué jusqu’à présent. Les oiseaux d'agrément ilot pourrait importer à Paris sont des perruches et d’autres oiseaux de volière, parmi les- quels se trouvent l'Eryéthacus psittaceus, enfin, le Kagou, qui serait peut-être destiné à une attribution fort utile, s’il pou- vait être acclimaté. Les perruches vivent bien en cage, et leurs espèces sont remarquables ; leur entretien est facile pour le voyage. Il serait LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET L'ACCLIMATATION. 389 plus difficultueux de tenter l’expédition du Kagou, mais, en multipliant son envoi, on finirait peut-être par en obtenir le succès. Cet oiseau s’accommode fort bien de la captivité en Nouvelle-Calédonie ; on l’amène même sans difficulté à vivre en liberté, dans des enclos peu élevés. Il y en a un en ce moment à Nouméa, qui vit dans un jardin potager très-res- treint, où ils’est fait le compagnon du jardinier et reste à l’affüt des vers et des insectes. [Il est vraiment très-remarquable à ce point de vue et c’est un défenseur précieux des produits du jardinage. Son alimentation, exclusivement animale, est une difficulté dans un long voyage. Cependant il paraît qu'il en est arrivé un en Angleterre, et un sujet dont un de mes amis a bien voulu se charger, parti de Nouméa le 1* mars, était encore vivant à San-Francisco Le 14 avril, mais dans un état peu pro- spère. J’ignore s’il a résisté au reste du voyage (1). Si, pour un parliculier, il est difficile à l'heure présente de se procurer les pigeons et surtout le Kagou, il n’en saurait être de même pour une société pourvue de nombreuses rela- tions. On songe à fonder à Nouméa un musée placé sous la direc- ton du Comité d'agriculture, de commerce et d'industrie, et il est queslion de lui adjoindre un jardin qui permettrait de réunir, en volière, les oiseaux intéressants du pays. On parle aussi de la création d’un jardin d’acchimatation pour le règne végétal. | Quand ces projets se réaliseront, l'aide de la Société de Paris pourra être fort utile au Jardin de Nouméa, et celui-er à son tour pourra faire d’intéressants envois au Jardin de Paris. Mais, je le répète, mon but principal, en vous adressant celle communication, est d'appeler l’attention dela Société sur la Nouvelle-Calédonie, au point de vue des tentatives d’accli- matation que le climat de cette colonie permet d'entreprendre avec chance de succès. (A) !lexiste en ce moment un de ces oiseaux vivant au Muséum d'his- toire naturelle de Paris. — G. M. 390 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. J'arrête ici, Monsieur le Président, cette longue communi- cation où J'ai abordé trop de sujets pour avoir pu les traiter à fond. J'ai l’honneur de vous offrir d'autres renseigne- ments sur notre colonie, au point de vue qu'il vous piaira de m'indiquer. Si les moyens dont je dispose sont insufii- sants pour satisfaire pleinement à vos demandes, au moims suis-je disposé à les mettre en jeu dans toute la mesure du possible. Si cette lettre reçoit les honneurs de l'impression au Bul- letin, j'espère que les intéressés qui la liront me pardonneront quelques remarques critiques. Elles sont d’ailleurs plus que compensées par les appréciations favorables qui les accompa- gnent et qui sont en majorité. Veuillez agréer, Monsieur le Président, etc. LES VERS À SOIE DU CHÈNE DU JAPON ET DE LA CHINE DANS LA LOZÈRE. Par M. Christian LE DOUX L'éducation de Vers du chêne que fit M. Camille Personnat pendant l'Exposition universelle de 1867, ayant encore aug- menté le désir que J'avais depuis longtemps d’essayer l’accli- matation des Yama-mai à Ferrussac, j'acceptai avec une vive reconnaissance l'offre que me fit M. Guérin-Méneville, en 1870, de me confier quelques grammes de la graine envoyée du Japon au ministère des affaires étrangères par M. le comte de Montebello. C’est à partir de cette année seulement que je me suis oc- cupé des éducations de Vers à soie du chêne, et, par consé- quent, à M. de Labarthe revient l'honneur d’avoir le premier démontré par une réussite, en 1868, que l’on pouvait élever les FYama-mai dans la Lozère. L'envoi de M. de Montebello avait tellement souffert pen- dant le trajet du Japon en France, que l’on n’estimait pas à plus de 20 pour 100, en poids, les œufs qui n'étaient pas éclos ou altérés; mais le mal n’était pas aussi grand qu’on le suppo- sait. D’après les observations si exactes de M. de Sauley, on ne peut pas espérer plus de 60 à 64 pour 100 d’éclosions d'œufs de premier choix de Yama-maï, or le gramme de cette graine de premier mérite ne contenant que cent vingt-quatre à cent vingt-cinq œufs, j'aurais dû, sur les 40 grammes que J'avais reçus le 1% mars, ne voir éclore que cent cinquante pelites chenilles, tandis que du 46 au 28 mai j'eus le plaisir de voir sortir trois cent vingt-deux Vers, lesquels me donnèrent cent onze cocons presque tous verdâtres ;'quelques-uns seulement faisant exception étaient d’un jaune clair. Tous au reste, au 592 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. dévidage, après la première couche extérieure verte ou jaune enlevée, produisirent une soie d'un blanc très-légérement verdâtre. L'éducation s'était prolongée du 16 mai, date de la pre- mière éclosion, au 9 septembre, jour où fut commencé le dernier cocon (cent dix-sept jours); mais le premier cocon ayant été commencé le 22 juillet, le Ver, en le supposant sorti le premier, c’est-à-dire le 16 mai, n’avait mis que soixante-six jours avant de commencer son travail. L'écart pour les naissances n’avait été que de douze jours; il fut, pour le travail des cocons, de quarante-neuf jours ; différence considérable qu’il est difficile d'expliquer, les Vers étant toujours restés ensemble sur les branches de chêne et soignés de la même manière. J'ai pu constater sur plusieurs Vers, pendant le dernier âge, quelques petits points noirs, comme on en voit sur les Vers du mürier au débat de la pébrine ; mais je n’ai vu mou- rir que trois Vers dans cette campagne. C’est au vagabondage que l'on doit les pertes énormes que l’on fait pendant les édu- cations de Vers à soie du chêne. Jusqu'à présent il a été im- possible de remédier à la disposition qu'ont ces insectes de courir de tous côtés dans la magnanerie, et, comme l’on tient les fenêtres toujours ouvertes, de les empêcher de s'échapper par ces ouvertures lorsqu'ils ne vont pas mourir de faim dans quelque coin de l'atelier. Le poids d’un de ces Vers, pesé presqu’au moment de com- mencer son cocon, était de 15£,85, bien près donc de 16 gram- mes, et sa longueur était de 105 millimètres, poids et dimen- sion considérables. Pendant toute la durée de l'éducation on a procédé très=. régulièrement à trois aspersions chaque jour, et l’on a toujours eu soin de luter très-exactement avec des bouchons et de la pâte à papier comprimée les ouvertures des flacons dans lesquels plongeaient les branches de chêne. Je ne saurais irop recommander ce système de lutage, grâce auquel l'eau se conserve sans se corrompre si l'opération a été bien faite. Les cent onze cocons que j'avais obtenus me donnèrent LES VERS A SOIE DU CHÈNE DANS LA LOZÈRE. 293 soixante-quatorze papillons seulement, dont les premiers sor- ürent dans la soirée du 3 septembre, et le dernier le 1° dé- cembre : écart, quatre-vingt neuf jours. Tous les cocons avaient été placés dans une cage construite d'après les instructions de M. Camille Personnat. On les avait laissés dans les feuilles et, pour la plupart, après les brindilles qui, fichées dans le plancher de la cage, maintenaient les cocons dans la position qu'ils occupaient suspendus aux bran- ches pendant le travail des Vers. J’espérais beaucoup de ces dispositions, de ces soins; 1ls ne furent pas couronnés de suc- cès. Je ne pus constater aucun accouplement, et par consé- quent pas un seul des œufs, que les femelles donnèrent par milliers, ne fut fécondé ; tous les papillons étaient pourtant beaux de couleur et de forme, et parfaitement développés. Pendant l'année 418714 Je ne pus m'occuper des Vers du chêne, et en 1872, pour continuer mes essais d'éducation, je me procurai chez M. Vote, à Romorantin, 5 grammes de oraine excellente dont j’envovai la plus grande partie à Fer- russac, ne conservant à Paris qu'une centaine d'œufs dont les Vers, éclos dès le 28 avril, périrent tous, n'ayant pu à cette époque peu avancée de l’année me procurer des feuilles de chêne. Vainement j'essayai de les faire vivre en leur donnant des fleurs de cognassier du Japon; je ne fus pas plus heureux avec les feuilles de Photinia ; 1out périt. Plus tard, lors- qu’aprés après avoir été retenu à Paris jusqu'à la fin de mai, puis à Lyon pour l'Exposition, j'arrivai à Ferrussac le 5 juin, j'eus le chagrin d'apprendre que les Vers éclos après la sortie des premières feuilles de chêne avaient vécu pendant une huitaine de jours, puis étaient moris sur les feuilles. J'avais négligé de recommander les arrosements, les Vers étaient morts de soif, mais du moins il était acquis que l'éclosion des œufs d’Atfacus Yama-mai, conservés dans un sous-sol frais et aéré, à 600 mètres d'altitude, avait été retardée jusqu’au moment de la premiére pousse des feuilles de chêne. C’est une occasion pour moi de rappeler que M. le docteur Brouzet, de Nimes, avait modilié, àl y a plusieurs années, l’éclosion de oraines de Vers à soie du mürier provenant de l'Amérique du 3e SÉRIE, T. IL. — Juillet 1875. 26 394 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Sud en les conservant dans une de ses propriétés, sur l’Ai- guale, une des plus hautes montagnes du Gard, à 1300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Enfin, en 1873 je pus m'occuper de nouveau des éduca- tions d'Fama-mai, grâce à la Société d’acclimatation qui me confia un gramme de graines récoltées par M. de Sauley, et à M. Guérin-Méneviile, qui me donna 2 grammes de la même graine. Ces deux éducations, menées de front dans le même local, à Ferrussac (Lozère), se présentaient dans des conditions 1 différentes en raison de la manière dont ces graines avaient été conservées. Le gramme de la Société d’acclimatation était resté dans une glaciére artificielle (système de M. Pasteur) jusqu’au moment où 1l me fut remis le 17 avril. Les 2 grammes de M. Guérin-Méneville avaient été conservés dans un cabinet sans feu jusqu'à l’époque où la remise m'en a été faite, le 10 mars, et ensuite à Ferrussac dans le sous-sol où Je fais hiverner mes graines de Vers à soie. Les premiers Vers de la Société sortirent dès le 6 mai, tan- dis que ceux provenant de la graine de M. Guérin-Méneville, conservée comme je viens de le dire à 600 mètres d'altitude, ne commencèrent à naître que huit jours plus tard, le 44 mai. Ainsi qu’en 1872, l’éclosion avait donc été retardée par le seul fait de l'habitat dans la montagne. Continuant à suivre ces deux éducations faites paralièle- ment, nous voyons la première (en prenant toujours les ex- trêmes) commencer le 6 mai par la sorlie de onze Vers, et se terminer le 40 août, le dernier Ver avant commencé cedit jour à tisser son cocon (quaire-vingt dix-sept jours). La se- conde série, celle des œufs donnés par M. Guérin-Méneville, a commencé le 44 mai et finile 24 août (cent deux jours), cinq jours de plus que la première; mais je dois faire observer que cette éducation comptait plus de Vers que la première, le gramme de la Société ayant produit quatre-vingts Vers et les deux autres grammes cent soixante-et-onze. Au point de vue du nombre de Vers éclos, l’avantage serait LES VERS À SOIE DU CHÈNE DANS LA LOZÈRE. 399 donc pour la graine conservée dans la montagne. Nous allons voir que là se bornera sa supériorité sur celle ayant séjourné en glacière. En effet, le premier gramme ayant donné trente-neuf co- cons, les deux autres grammes auraient dû en produire soixante-dix-huit, et nous n’en avons récollé que soixante-neuf. Donc, première infériorité dans le produit du lot de 2 gram- mes. Si, comme cela arrive, paraît-il, dans toutes les éducations d’Yama-mai, nous avons perdu près de la moitié des Vers, c’est dans le premier âge qu'iis sont morts, et pour plusieurs par accidents. Pendant le reste de l'existence de nos insectes, nous n’ayons constaté aucune maladie : un seul est mort dans son cocon, le n° 20 (graine de la Société d’acclimatation). Reportons-nous maintenant à la seconde série. Comme dans la première, à l’époque de la première mue, plus du tiers des Vers était mort, et pendant la durée des quatre derniers âges, un quart à disparu par maladies ou accidents. Sur plusieurs Vers, dans le quatrième et le cinquième âge, nous avions pu voir quelques petites tâches noires, et un Ver, arrivé au mo- ment de filer, est mort présentant les caractères de la muscar- dine. C’est le seul exemple de cette maladie que j'ai eu à constater dans mes diverses éducations de Vers du chêne, Attacus Yama-mai ou Attacus Pernyi. Ces caractères rappelant les maladies des Vers du mürier, qui ne s'étaient pas manifestées dans la série dont la graine avait été conservée englacière, indiquaient bien certainement encore un degré d'infériorité que vint confirmer l’état de plu- sieurs papillons. Sur les trente-quatre cocons que j'avais con- servés, en avant envoyé vingt-neuf à M. Guérin-Méneville et cinq à M. Bruyat, de Nice, trente me donnèrent des papillons dont neuf avaient les ailes mal conformées, et un dixième était tout à fait difforme, tandis que les papillons produits de Ja graine soumise au glaçage étaient tous parfaitement con- formés. J'avais pu croire un instant à un commencement de domes- tication en voyant quelques Vers, au lieu de s’envelopper 396 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. dans plusieurs feuilles de chêne, tisser leurs cocons entre les parois des flacons où trempaient les branches de chêne et une seule feuille, et même un Ver confectionnant son cocon contre la mousseline fermant la grande cage, sans feuille, ainsi qu’on voit des Vers du mürier le faire le long des murs dans toutes les magnaneries ; mais cette espérance a dû s’évanouir faute de reproduction, les œufs de ces papillons n’ayant pas été fécondés. Jin 4870 je n’avais pu obtenir un seul accouplement dans la cage Personnat. Acceptant, pour les éducations de 1873, le conseil de M. de Saulcy, et suivant son exemple, j'avais dis- posé pour chambre de mariage un vaste emplacement de 3 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur et 3 mètres de hauteur, fermé avec de la mousseline très-claire. J’espérais que les papillons, pouvant voltiger à leur aise dans ce grand espace, se feraient illusion sur leur captivité, et que les mâles s’approcheraient des femelles. Il n’en fut rien, et cela tient à la sauvagerie des papillons de l’Aéfacus Yama-mai, car les accouplements d’'Atéacus Pernyi se firent très-bien dans cette espèce de grande volière. Avant d’avoir vu les papillons d’Aééacus Pernyi s accoupler et me donner des graines fécondes à Ferrussac, j'avais pensé que cette impossibilité d'obtenir des accouplements d’ Yama- mai tenait peut-être à l’altitude de la localité, et que, soit à la magnanerie du bois de Boulogne, soit chez M. Guérin-Méne- ville, à Nogent-sur-Marne, on serait plus heureux que dans la Lozère; ces espérances ne se sont pas réalisées. Enfin j'avais envoyé cinq cocons à M. Bruyat, à Nice, et pas plus chez lui qu'ailleurs on ne put obtenir d'accouplement. C’est donc tou- jours pour moi un problème à résoudre, et j'essayerai d’y parvenir cette année 1875 en plaçant dans le jardin la cage aux mariages, puisque ce moyen a si bien réussi à M. Bigot. Le glaçage nous ayant paru, d’après ce qui précède, pré- senter des avantages, nous étions bien décidé à en faire de nouveau le point de départ de notre éducation de 1874 ; mais l'excès en tout est un défaut, et forcé de rester à Paris jusqu’à la fin de mai, je ne retirai la graine que la Société avait bien LES VERS A SOIE DU CHÈNE DANS LA LOZÈRE. 307 voulu me réserver que le 1° juin. Cette graine avait été al- térée par un séjour trop prolongé dans la glacière artificielle, et cependant trente Vers purent sortir des œufs dans lesquels ils étaient restés enfermés vivants, mais ils succombérent tous à la première mue, me laissant ainsi uniquement occupé des Attacus Pernyr dont les éducations, suivies à Ferrussac pen- dant les années 1872, 1873 et 1874, feront l’objet de la se- conde partie de ce rapport. ATTACUS PERNYI. En 1872, n'ayant pu conserver aucun des Vers d'A. Yama- mai provenant de la graine de M. Vote, j'avais tout à fait re- noncé, pour cette année, aux éducations de Vers du chêne, lorsque j’appris que l’agence de l’union séricicole de Valréas avait reçu d'Angleterre des œufs d'A. Pernyi, le Ver à soie du chêne de la Chine, et offrait d’en céder à ses abonnés. Je saisis avec empressement l'occasion qui se présentait d’expéri- menter, dans nos montagnes de la Lozère, cette seconde race de Vers à soie sauvages. Ces œufs, provenant évidemment de chrysalides envoyées vivantes dans leurs cocons, de la Chine en Angleterre, parvin- rent à Ferrussac en très-hon état. Soit à cause de leur origine, soit par suite d'un choix fait avec un soin extrême, l’éclosion fut parfaite; A pour 100 seulement ne donnèrent pas de Vers. Écloses les 16 et17 juin, les chenilles furent traitées comme l'avaient été celles d’Yama-maï en 1870, mais toutefois avec des arrosements plus fréquents, et, au fur et à mesure qu’elles avançaient en âge, alimentées par des branches de chêne de plus en plus fortes. Je n’eus à constater aucun cas de maladie pendant l’édu- cation qui, commencée comme je viens de le dire le 16 juin, dura jusqu’au A août, jour où le premier cocon fut com- mencé. Un fait assez remarquable c’est que, comme pour les Yama- mai, la récolte des cocons fut de 30 pour 100 des éclosions. 398 . SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Ainsi que leurs similaires du Japon, ces Vers sont extrême- raent vagabonds, et c'est, après la mortalité toujours si grande du premier âge, aux fuites que jusqu’à ce jour on n’a pu empêcher que l’on doit attribuer la différence énorme qui existe entre le chiffre des éclosions et celui des cocons ré- coltés. La durée de l'éducation fut de cinquante jours, du 16 juin, première Journée d’éclosion, au dimanche A août, pendant lequel deux Vers commencèrent leurs cocons. Il est àremarquer que si en Lozère, à 600 mètres d’alti- tude, l’Aftacus Pernyi a mis, pour la durée des cinq âges, cinquante Jours, à Romorantin, dans le département de Loir- et-Cher, des Vers provenant de la même graine, élevés par M. Vote, n’ont pas dépassé trente-huit jours; et que chez M. Casimir Nègre, à Cros dans le Gard, l'éducation n’a été que de trente-deux jours. Qu'est-il résulté de ces différences? L’Attacus Pernyt étant bivoltin, les Vers de M. C. Nègre sor- tirent papillons peu de temps après avoir filé, et donnèrent une seconde récolte, ce qui peut être avantageux dans les pays où la température reste douce dans l'arrière-saison et permet d’avoir des feuilles fraîches pour alimenter les Vers jusqu’à la fin du cinquième âge; mais est tout à fait funeste dans les pays du Nord, où la feuille manque pour les derniers jours, ainsi que cela est arrivé chez M. Devyrolle, en 1873, avec des Vers de seconde éducation provenant d'œufs que je lui avais envoyés. À Ferrussac les chrysalides sont restées endormies dans leurs cocons et ont ainsi passé l'hiver. Il faudrait donc, ‘dans certaines contrées, étouffer les cocons de la première éducation, comme on le fait pour les cocons du Ver du mürier que l’on destine à la filature, et s'approvisionner de graines ou plutôt de cocons renfermant des chrysalides vivantes à la fin de l’hiver, dans les pays de montagnes comme la Lozère. | Quoique vivant sur le même arbre et pouvant se confondre à première vue, surtout dans le quatrième et le cinquième âge, les Attacus Yama-maï et Pernyi peuvent se reconnaître aux différentes époques de leur existence à des caractères très- LES VERS A SOIE DU CHÈNE DANS LA LOZÈRE, 309 tranchés. En sortant de l'œuf l Yama-maï est rayé de jaune et de noir, le Pernyti est couvert d’une peau tout à fait noire, avec tubercules surmontés de quelques poils blancs, courts. Ce n’est qu’au deuxième âge, après la première mue, qu'il devient d’un joli vert. La tête du Pernyi, pendant le premier âge, est comme celle de l’Aëfacus Yama-maï, brune et lui- sante; après le premier sommeil elle apparaît d’abord presque blanche, puis, assez promptement, passe au brun clair piqueté de points d’un brun plus foncé, caractère qu’elle conserve pendant tout le reste de l'existence du Ver, tandis que la tête de l’Attacus Yama-maï présente toujours une couleur unie. Les Pernyi comme les Yama-mai sont trés-remarquables à cause des points brillants à éclat métallique d'argent poli dont ils.-sont ornés, surtout dans le cinquième âge; mais les Vers de la Chine, à Ferrussac du moins, car je ne sais si ailleurs il en est de même, sont beaucoup plus saisissants d'aspect sous ce rapport : sur plusieurs j'ai compté jusqu’à vingt-huit points brillants répartis en quatre rangées. Enfin, si quant à la taille et au poids les vers des deux races ne présentent pas de différences appréciables, 1l n’en est pas de même de leurs cocons, Gelui de l Fama-mai se rapproche parfaitement du cocon du Ver du mürier donnant une soie qui, ayant beaucoup d’analogie, quoique plus forte, avec celle du Sericaria mort, se dévide dans les mêmes conditions ; et cela se conçoit puisque l'insecte n'est destiné à y séjourner que pendant un temps très-limité (à peu près le même pour les deux races), tandis que la chrysalide de l’Aféacus Pernyi devant passer l'hiver dans sa demeure, la soie qui la compose est enduite d’une substance qui rend le cocon imperméable. L'eau pure ne saurait dissoudre le grès qui produit cette 1m- perméabilité : de là une difficulté pour le dévidage que l’on est heureusement parvenu à surmonter. Si donc, sous un rapport, le Pernyi est inférieur à l’Yama- mai quant à la nature de la soie, 1l lui est supérieur par la quantité qu'il produit. La moyenne de la ponte, à Ferrussac, a été de cent cinquante œufs par femelle. Comparés avec ceux d’Attacus Yama-mai, quoique un peu plus petits, les œufs de 00 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Pernyi ont été trouvés plus lourds. Les œufs de premier choix récoltés par M. de Sauley sont au nombre de cent vingt-quatre au gramme. Dans un gramme d'œufs de Pernyi non choisis, je n'ai compilé que de cent à cent trois. Pour les éclosions j'ai obtenu 66 pour 100 du chiffre total brut de la ponte, tandis que l’on ne peut espérer plus de soixante à soixante-quatre éclosions des Vers choisis d’Yama-mai. On peut donc dire que chacune de ces races présente aux sériciculteurs des avantages particuliers, et qu’elles motivent toutes deux les efforts que la Société d’acclimatation ne cesse de faire pour en multiplier les éducations en France. : Pour les éducations de 1873 et 1874, il me faudrait répéter les détails dans lesquels je suis entré pour celle de 4872; je me bornerai donc à dire qu’elles se sont faites dans des con- ditions de temps à peu près les mêmes : cinquante et un jours pour la première et cinquante-huit pour la seconde. Mais une chose capitale c’est la facilité avec laquelle s’obtiennent les accouplements des Vers de la Chine. Pour la reproduction de 187%, douze papillons mâles et dix papillons femelles ont été mis dans une cage confectionnée d’après les indications de M. Camille Personnat. Les mariages eurent lieu presque im- médiatement après l'entrée des papillons, et les œufs fécondés, on peut dire en totalité, donnèrent une éclosion presque complète. Pendant ces deux campagnes j'ai pu vérifier un fait que j'avais longtemps mis en doute. Jai vu plusieurs Vers, dans les derniers âges, dévorer la peau qu’ils venaient de quitter. CONCLUSION. Les réussites de six éducations de Vers à soie du chêne, dont trois d'A. Yama-maï et trois autres d'A. Pernyi, dont les deux dernières obtenues de graines récoltées à Ferrussac, démontrent suffisamment, ce me semble : 4° Que les Vers à soie du chêne du Japon et de la Chine peuvent s’élever dans le département de la Lozère; 2° que les variétés de chênes de nos montagnes conviennent parfaitement pour leur alimenta- LES VERS A SOIE DU CHÊNE DANS LA LOZÈRE. hO1 tion; 3° qu'il n’y a pas de raison pour que, dans un avenir peut-être rapproché, les éducations ne se fassent pas dans les taillis de chênes des Cévennes, comme celles d'A. cynthia sur les cépées d'ailantes de M. le vicomte de Milly dans les Landes, de M. Usèébe, en Seine-et-Oise (1). La naturalisation de ces sérigènes sauvages en dérivera forcément, si elle ne se produit pas plus tôt par nos petites éducations en chambre, d’où nous rendrons à la liberté plusieurs couples afin d'obtenir ce résultat qui serait déjà une récompense pour les industriels plus jaloux de l'intérêt général que du leur en particulier. L'année dernière, comme M. Mongrand dans la Charente, j'ai laissé sortir deux couples d’Atéacus Pernyi. Moins heureux que mon confrère de la Société d’acchimatation, je nai pu constater un résultat quelconque; mais cette année j'ai Pin- tention bien arrêtée de ne conserver que quelques couples destinés à produire la graine nécessaire pour mon éducalion d'expérience de 1875, et de laisser envoler tous les autres papillons. Il n’est pas douteux que dès l’année 1876 on pourra voir à l’état libre, dans l'arrondissement de Florac, ces beaux papillons de l'extrême Orient, comme l’on voit à Paris et dans les départements d'Indre-et-Loire, de Seine-et-Oise, les pa- pillons du Ver à soie de Pailante. (1) M. C. de Amezaga, dens la lettre par laquelle il adresse à M. le Prési- dent de la Société d'acclimatation ses remerciments pour son admission dans la Société, ajoute quelques renseignements sur ses éducations d’Aftacus Yama-maï dont la dernière a produit 880 grammes de graine. «Les vers, dit-il, sont habituellement tenus dans une chambre pendant » les premiers jours qui suivent leur naissance, puis placés jusqu’à la fin de » éducation dans un taillis de chênes tauzins à environ 1000 mètres au- » dessus du niveau de la mer. Aucune précaution n’est prise contre les oi- » Seaux ni contre les insectes. Nous avons voulu que les vers soient « vain- » queurs par le nombre », selon le mot de M. Camille Personnat. » DE LA PROPAGATION DE L'ALFA DANS LE MIDI DE LA FRANCE Extraits de lettres adressées à M. Drouyn de Lhuys, Président de la Société d'Acclimatation Par M. le D'° L. TURREL Délégué de la Société d’acclimatation à Toulon (Var). Monsieur et très-honoré Président, L'intérêt que la Société d’acclimatation manifeste pour l'extension de la culture de l’A/fa (Stipa tenacissimua)), me fait un devoir de vous transmettre quelques renseignements sur la campagne expérimentale qui se prépare sur divers points du littoral de l'Océan et de la Méditerranée. Le 1‘juillet, je recevais la visite de M. À. Petit, représen- tant de la Société anonyme de Saint-Louis du Rhône, qui venait s’enquérir auprès de M. Auzende et de moi, des moyens d’in- iroduire l’A/fa dans les vastes terrains de l'embouchure du Rhône. M. Petit paraît un homme d'action, résolu à ne point s’at- tarder aux délibéralions théoriques. Convaineu par les faits que nous lui avons fournis, et désireux de ne point perdre de temps, M. Petit a accepté avec reconnaissance l'offre que nous lui avons faite d’une terrine de semis d’A//a, provenant des graines de mes plantes mères, et de quelques plantes de Duss (Festuca altissima) que nous lui avons signalées comme capa- bles de réussir dans les sols salés. Dès le lundi5, nous lui avons donc expédié à la Tour-Saint- Louis la terrine contenant plus de cent jeunes plantes d’Alfa et cinq jeunes touffes de Duss. M. Petit se propose de mettre en place immédiatement ces deux graminées. Il repiquera les Alfa sur un sol arrosable, et verra s’ils prospèrent d’ici à l’au- PROPAGATION DE L'ALFA DANS LE MIDI DE LA FRANCE. A0 tomne. Grâce à l'irrigation dont il dispose, il gagnera une sai- son, car le repiquage, dans les conditions ordinaires, n’a de chances certaines de réussite que dans le mois d'octobre, au commencement des pluies de l'automne. En même temps auw’il étudiera comment se comportent les jeunes plantes qu’il va mettre en expérience, M. Petit se pro- pose de semer en pépinière le plus qu’il pourra se procurer de graines de Sparte qui, si elles lèvent convenablement, se- ront repiquées en octobre sur toute l'étendue que les jeunes semis pourront garnir (1). En outre, l'administration des eaux et forêts semble vouloir prendre en considération la communication que vous avez bien voulu lui adresser au sujet de l’A/fa. M. Émile Vincent, inspecteur des forêts de l'arrondissement de Toulon, a été questionné sur l’assertion de M. Auzende, et il m'a assuré que, si l’enquête à laquelle 1l veut se livrer avec moi est favorable, son administration songerait à faire un es- sai important de la culture de lA/fa dans les landes de Gasco- gne. J'ai promis à M. É. Vincent de mettre à la disposition de son administration une autre terrine de semis d’A//a faite par les soins éclairés de M. Auzende. J'espère que ce double essai sur le littoral de l'Océan et de la Méditerranée sera suivi de succés, et que des terrains arides seront mis en valeur par la précieuse graminée africaine qui fait la fortune des steppes des hauts plateaux de la province d'Oran. Agréez etc. TURREL, Monsieur et très-honoré Président, Je m'empresse de vous faire parvenir les résultats de l’en- quête sur l Alfa, que je vous annonçais, par ma lettre du 8 juil- (1) M. Petit m'écrit le 17 juillet, de la Tour-£aint-Louis : j'ai recu les deux colis de semis que vous avez eu l’obligeance de m’expédier..….. Jai fait immédiatement repiquer les semis d’Alfa et les cinq plants de Diss en pleine terre, de plus j’ai fait venir de Paris des semences de ces deux graminées que j’ai semées aussilôt...……. Les repiquäges paraissent prospérer, j'y veille très-altentivement et je vous tiendrai au courant de ce qui en résultera. A0! SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. let, devoir faire en compagnie de M. Émile Vincent, inspecteur des eaux et forêts de l'arrondissement de Toulon. Sur la montagne du Faron, où M. Auzende a fait ses essais d’acchmatation de cette graminée depuis 1855, il n’y a pas encore de semis naturels, bien que les touffes que nous y avons vues produisent depuis longtemps des graines fertiles. Mais les semences, tombant sur des couches épaisses de cailloutis arides, ne peuvent pas y germer. Partout où la terre végétale que l’on met à nu par des déblais descendant parfois à un mètre de profondeur pourrait offrir des conditions favorables au semis naturel d’A/fa, les jeunes pins semés par l’administra- tion forestière, envahissent rapidement le terrain, et leur ombre jalouse neutralise l'essor d’une graminée essentiel- lement avide d’air libre et de soleil. Cette interprétation de l'insuccès du semis naturel est justifiée par ce fait que d’an- ciennes louffes, datant des premières introductions de 1855, ont prospéré tant qu’elles ont été en pleine lumière, mais ont dépéri depuis que l’ombre de la végétation du Pin d’Alep les a atteintes. Du reste, ce que nous savons de l'habitat favori de l’A/fa sur les hauts plateaux de l'Algérie et dans les plaines dénudées de l'Espagne explique son insuccès dans les localités ombreu- ses, et sa vigueur relative sur les parties non encore complé- tement boisées de la montagne du Faron, et sur les parcelles de mon domaine d’Astouret où depuis 1844 j'ai commencé mes expériences, dont M. É. Vincent a bien voulu venir con- stater les résultats. | | Le premier plant essayé en Provence fut placé sur une terre calcaire et caillouteuse, en plein midi, au soleil, dont le rayonnement est augmenté par la réflexion d’un mur en pier- res sèches au pied duquel il s’étale aujourd’hui sur une cir- conférence allongée de 6 mètres. Le grand diamètre de l’el- lipse irrégulière de cette magnifique touffe est parallèle au mur, à l'opposé duquel la terre occupée par des vignes est cultivée. C’est ce qui explique pourquoi le semis naturel n'a pas pu se produire du côté des cultures. Mais le long du mur, et dans les interstices du sol, des graines ont pu germer spon- PROPAGATION DE L'ALFA DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 405 tanément, et ont produit un grand nombre de jeunes sujets, dont il reste encore en place sept jolies touffes : l'une d'elles a commencé à donner des graines ; le surplus a été transplanté par moi sur divers points où je voulais étendre mes expéri- mentations. Elles ont été faites particulièrement sur un plateau calcaire fort aride, hérissé de roches affleurant un sol maigre, large- ment ventilé et généreusement ensoleillé. J’ai là une vingtaine de touffes dont l’âge varie de deux à six ans. L'ensemble de mes plantes est de soixante, mais três-peu donnent des graines. Ce n’est en effet que de sept à dix ans que l’Alfa se met à fructifier. Or, cette lenteur a produire des graines implique une grande longévité, ainsi que le témoigne ma plante mère qui a trente ans d'existence et qui continue à s’étendre par des stolons qui émettent des racines. Dans mes différentes notes sur cette plante, j'ai relaté mes insuccès pour la mulüplier par l’arrachage des touffes et leur éclatement. Je pense que le mode de multiplication par divi- sion réussirait, si l’on se bornait à séparer de la touffe les marcottes naturelles pourvues de racines qui se produisent à sa circonférence. C’est la méthode usitée en Europe pour le Sparte, aux environs d'Almérie et de Carthagène où ce mode de multiplication est exclusivement adopté, le semis étant dif- ficile en raison de la rareté de la graine et de la lenteur des plants qui en proviennent à se mellre en produit, puisque l'exploitation industrielle ne peut pas s’en faire avant la dixième année. Toutefois c’est au semis qu'il faudra recourir, c’est le semis que nous persistons à recommander, soit en place, soit en pé- piniére, pour le peuplement des terrains de l'embouchure du Rhône et des landes de Gascogne. Outre les chances plus orandes de succès, 1l est évident que le semis est le seul moyen initial pour mettre en valeur ces solitudes. L’éclatement des marcottes, qui ne peut réussir qu'avec des plantes qui ne sup- portent pas le transport à certaine distance, pourra être fait plus tard, quand le peuplement par le semis aura été largement préparé. h06 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Notre Jardin d’acclimatation se fera un devoir de tenir de jeunes plants issus du semis de nos graines à la disposition des expérimentateurs, soit des terrains du Rhône soit des lan- des de Gascogne. Une expérience personnelle de trente ans me donne la conviction que le succès de cette double entre- prise ne saurait être douteux. Je suis, etc. L. TURREL,. Il. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, SÉANCE GÉNÉRALE DU A1 JUIN 1875 Présidence de M. DROUYN DE LHUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des Membres récem- ment admis. MM. Présentateurs, BorsrHi£rRY (le marquis Ch. Alfred de), si Porene PE : ÿ à Drouyn de Lhuys. priétaire, 5, rue Boissy-d’Anglas, à Paris. E ÿ ÿ kampin. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Nicolas Meyer. À, Geoffroy Saint-Hilaire. Mallez. Léon Simon. Drouvn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Leblanc. M. Cornely. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Gustave Andelle. { Armand Brousse. Lu Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard, M. Périn. Jules Persin. LEROUX (Jules), propriétaire, rue Copernic, 40, RL de Lhuys, à Nantes, et à sa terre de Trèveneux, com he Geoffroy Saint-Hilaire . FaGarD (Victor), architecte, 15, rue Morère, à Paris. HOVELAQUE (Paul), 5, rue du Palais, à Lille, Nord. HuEr, propriétaire. à Braisne (Aisne). JULIEN (Frédéric), receveur des douanes, à Chan- [: tenay, près Nantes (Loire-Inférieure). KILLIAN [A.), architecte-paysagiste, rue de Bris- sac, à Angers (Maine-et-Loire). LEMOINE (Alphonse), propriétaire, à Bar-sur- Aube (Aube). mune de Donges (Loire-Inférieure). Pacqueteau. G. Dareste. MarTiN (André-Francois-Louis-Jules), pro- Drouyn de Lhuys. priétaire, rue Perdonnet, 5, à Paris, Guitton. | rte Carbonnier. Michez (Marius), quartier de Balaguier, à A TC lon (Var). J, Grisard. 08 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. RAINVILLER (Louis de), ancien officier d’éiat-{ D’Ernemont. major, au château de Boismont, près sint| À. Geoffroy Saint-Hilaire, Valery-sur-50omme (Sommé). (Henri Ravisy. SAYETTE (le comte Raoul-Honoré-Joseph de la), { G. Daviau. propriétaire, au Plessis-Beaudoin, crmune| Drouyn de Lhuys. de Joué-Étiau (Maine-et-Loire). Prieur-Carré. Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Jacquemart. TILORIER, propriétaire-cultivateur, à Gerny-les- | Bucy, par Laon (Aisne), —— M. A. Laroche-Joubert adresse des remérciments pour sa récente admission. — MM. H. Lemercier, À. Bordé, E. de Boulleuc, Eugène Mennechet, E. de Rodellec du Porzic, D' Turrel, Paul Gelot, J. Gérard, À. Buzaré, E. Renard, de Saint-Quentin, deman- dent à recevoir les graines annoncées dans le dernier numéro de la Chronique. — Des remerciments pour les graines qui leur ont été en- voyées sont adressés par MM. Poey d'Avant et Bordé. — M. Mansbendel adresse également ses remerciments pour la médaille de seconde classe qui lui a été attribuée par la Commission des récompenses et qu’une absence lui a empêché de venir retirer. — MM. René de Semallé, Millon, Billard, Louis Simon, Genesley, de Surigny, comte de l’Espéronnière, Leroy, M. Mo- reau, Bouchez, Ribeaud et de La Rochemacé adressent des comptes rendus de leurs cheptels. — M. Decroix annonce qu'il vient d’être nommé vétéri- naire principal de l’armée à Lyon, mais qu'il espère néan- moins assister quelquefois à nos séances. — M. Bricrre, de Saint-Hilaire de Riez (Vendée), adresse une note sur ses diverses cultures et sur la transformation de marais salants entreprise par lui. — M. Bonnefont, de Ribérac (Dordogne), demande à prendre part aux concours de la Société. — M. le vicomte d’Ahdhémar de Casevielle adresse Île compte rendu suivant des résultats qu'il a obtenus avec les graines de vers à soie du Comité de Sologne : « J'ai le regret de n'avoir à vous adresser qu'un rapport bien bref, touchant PROCÈS-VERBAUX. 09 les résultats de l’éducation du petit lot de graines de Vers à soie du mürier que vous m'avez fait l'honneur de m’en- voyer au nom de notre Société, à la date du 29 avril der- nier, et dont je me suis empressé de vous accuser réception. » Cette graine, provenant du Comité de Sologne, était sur toile, fort menue, elle avait toutes les apparences d’une bonne qualité, elle n’avait pas changé de couleur malgré que la saison fût déjà avancée. » Le jour même de son arrivée, soit le 29 avril, elle a été mise à l’incubation, dés le 2 mai quelques vers sont apparus ; le lendemain 3, on a fait une première levée; le surlende- main À, on en a fait une deuxième; le 5, l’éclosion était com- plète. » Les vers s’annonçaient parfaitement, jusqu’à la troisième mue inclusivement 1ls ont très-bien marché ; mais dès la sortie de cette maladie, nous avons remarqué avec surprise que quelques-uns étaient restés morts sur la litière; de jour en jour le mal a empiré, avant la quatrième maladie il ne restait presque plus de vers; nous avons dû les abandonner. » Malgré cet échec aussi complet qu'inattendu, il ne serait pas équitable d’en faire retomber exclusivement la cause sur la graine elle-même. En effet, d’une part, cette graine nous est parvenue alors que nos propres vers étaient sortis depuis déjà plusieurs jours de la première maladie. Les vers en pro- venant ont donc été nourris avec de la feuille relativement dure et trop substantielle. En second lieu, nous avons perdu une chambrée entière, par suite, croyons-nous, de ce qu’on appelle un coup de feu et malgré que nous ayons tenu les vers de la Société dans le local ou nous avons continué d’é- lever ceux qui gardaient encore la moins mauvaise apparence, il est possible qu’en dehors encore de la cause particulière ci-dessus ils aient été atteints par l'infection générale. » Malgré un temps admirable qui nous a permis pour ainsi dire de faire nos éducations sans feu et les fenêtres ouvertes, malgré une feuille aussi belle qu’abondante, malgré enfin les soins chaque année plus intelligents et plus minutieux qu’on apporte à la confection des graines, la récolte générale sera 8° SÉRIE, T. II. — Juillet 1875. 27 > ” , Le L10 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. certainement moindre que celle de l’année dernière. M. Pasteur: nous avait à peu près délivrés de la pébrine et de la gattine; nous voilà maintenant aux prises avee la flacherie; e’est à désespérer. » — M. de Milly adresse à la Société cinquante cocons d’As-- tacus Cynthia, qui lui ont été demandés pour un de nos con-- frères. — Remercimenis. — M. F. de Contreras fils écrit de Bruxelles : « Depuis plusieurs années, reprenant les tentatives de feu M. le. baron de Mévius, je poursuis la question de l'élevage du Ver à soie en Belgique au point de vue pratique, et je puis: vous dire avec satisfaction que j'y ai réussi au delà detouteat- tente. Gi-inclus lapreuve. C’est un produit belge, provenant de graine belge à sa septième génération. L'éducation commencée vers le 12 mai est terminée tous les ans fin juin. Elle a liew. dans une pièce située au levant, dont les fenêtres restent ou- vertes huit jours, quelle que soit la température, et jamais. chauffée. Jusqu’à ce jour ce régime m'a évité les diverses ma- ladies de l’insecte, tout au plus si ma mortalité a atteint 3 pour 100. Jamais je n’ai eu la muscardine. Les vers sont élevés au: müûrier noir. Aujourd’hui je considère l’introduction du Bom- byx à soie comme acquise au pays. L’an passé le gouver-. nement m'a décerné une médaille ; aujourd’hui‘il m’assure- son concours pour m'aider dans les campagnes à la propaga- tion de cette nouvelle culture. ». — M. le sous-commissaire de la marine à Nouméa écrit à M. le Président que, par le transport à vapeur la Garonne: faisant voile pour le port de Brest, il adresse à la Société trois. serres contenant différentes plantes de l’île des Pins. Il espère pouvoir faire un nouvel envoi par le Jura. — Re- merciments. — M. le docteur Turrel, délégué de la Société à Toulon, écrit : « Je viens d'être témoin, depuis quelques jours, d’un fait contre lequel toutes les assertions de M. Perris ne sauraient: prévaloir. | » Dans un champ de fèves de marais dont les jeunes tiges étaient couvertes de pucerons noirs, j'ai vu plusieurs couples- PROCÈS-VERBAUX. 11 de fauvettes babillardes se livrer à une chasse active sur ces pucerons, et nettoyer en quelques heures un espace d’au moins 50 centimètres carrés occupé par une douzaine de plantes. » C’est une de mes filles qui a appelé mon attention sur les manœuvres de ces jolis oiseaux, car elle ne s’expliquait pas bien leur gymnastique affairée autour des tiges des fèves. Je lui ai montré leur travail protecteur et elle en a été avec moi émerveillée. » — M. de Saint-Quentin, trésorier de la marine à Cette (Hérault), adresse à la Société une demande de graines de Pinus sabiniana et ajoute : «Les Physalis que j'ai semées lèvent bien ; elles ont été repiquées et seront bientôt en fleur. Les haricots du Mexique fructifient; les pêchers de Tullins, le Quinoa et le Canagua n’ont pas poussé. Les melons verts à rames vont bien et produiront, j'espère, en quantité suffisante pour recueillir beaucoup de semences. » — M. Léo d’Ounous écrit de Saverdun (Ariége) : « J'ai les meilleures nouvelles à vous donner des deux cheptels de Fuchsia et de Bambous, qui se portent tous à mer- veille. J'ai déjà multiphé le B. nigra, qui forme de fortes touffes de 2? à 3 mètres seulement. Placé dans un sol léger et frais, je suis obligé de le faire cerner pour qu'il n’en- vahisse pas trop le terrain. y J'ai lespoir de voir fleurir pour la première fois le Phormium tenax; une touffe âgée de quatre ans mesure de 3 à À mètres de tour. Mis en pleine terre et isolé, c’est un splen- dide végétal qui peut être parfaitement utilisé. Je le considère comme naturalisé dans PAriége. Je crois entrer dans les excel- lentes vues de la Société, en multipliant et cédant à divers amateurs ces végétaux d’une utilité généralement appréciée. » Je vous apprends avec plaisir que les semis de conifères et de Fuccas de toute récente introduction, étque nons devons au voyageur botaniste Roilz et à Balansa notre compatriote : toulousain, ont eu, chose assez rare, une excellente levée. Au deuxième repiquage j'aurai l'avantage de vous en adresser des spécimens dans le cas où vous ne les posséderiez pas en- h12 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. core. Les Jacinthes et Crocus ont eu une splendide floraison et sont couverts de bonnes graines. » — M. Victor Masson, de La Chassagne (Côte-d'Or), écrit : « J’ai bien reçu les quarante-cinq graines de Pinus sabi- suana que vous m'avez fait adresser. Elles ont été piquées en ierre de bruyère dans trois terrines placées au midi, sous verres passés à la chaux. C'est le 11 mai que la mise en terre a eu lieu. Je viens de sortir une graine ; lamande s’entr'ouvrait et le germe se développait. Je ne doute pas d'une reprise assurée. J'aisemé des graines provenant d’un cône pris sur un Pin- sapo qui doit compter au plus dix-huit ans de plantation. Elles ont parfaitement germé, alors que j'ai eu un échec complet avec des graines provenant d'un sieur Charles Achilles, de Madrid. » Un pin Laricio, planté dans mon parc depuis vingt-cinq ans, me fournit des graines qui réussissent parfaitement, et l'on a bien souvent des échecs avec les graines achetées au loin. J'espère que lorsque tous les conifères introduits dans nos cultures depuis trente ans produiront des graines fécon- dées, que nous pourrons confier à la terre à l’époque où elles se détachent spontanément des cônes, nous aurons les mêmes succès que nous obtenons des feuillus, depuis longtemps ac- climatés chez nous. » Mais notre grand fléau sera toujours la coulure. Voici par exemple cinq terrines de semis de P. Laricio, placées les unes à côté des autres et traitées identiquement ; les plants lèvent pareils dans les cinq terrines et après deux ou trois semaines quatre terrines fondent, tandis que la cinquième continue à prospérer. Je n'ai jamais de semis pour lesquels je parvienne à éviter ce désastre. Qui trouvera un remède préventif contre une maladie aussi funeste ? » de ne puis songer à acclimater l'Eucalyptus chez moi. J'aime cependant en élever en orangerie pour en faire l’été des massifs d'ornement dans mon parc. Ma provision de graine est é puisée et Je serais heureux que la Société pût m’en procurer, » Les acacias d'Australie me feraient également plaisir. » PROCÈS-VERBAUX. 13 — M. le Président annonce l’ouverture du scrutin pour l'élection du bureau et d’une partie des membres du Conseil, et désigne pour faire le dépouillement des votes une Commission composée de MM. le docteur Henri Labarraque, le docteur Edouard Labarraque, Révillon et Jouenne. — M. P. Pichot donne lecture d’une note sur l'intérêt qu'il y aurait, pour la Société, à prendre part à certaines exposi- tions et particulièrement aux concours agricoles. — M. Maurice Girard donne lecture d’un travail de M. Neumann sur la sériciculture en Californie. À la suite de cette communication et à l’occasion de sa mission pour le Phylloxera dans les Charentes, M. Maurice Girard fait connaître qu'il a observé les dégâts considérables causés dans l’Angou- mois et la Saintonge par les chenilles de la livrée (Bombyx neustria, Liun.) Elle a détruit notamment toutes les feuilles des pommiers qui l’année précédente avaient éprouvé le même sort, mais par une autre espèce, l’Yponomeute du pommier (Yponomeuta malinella), appartenant aux Microlépidoptères. La livrée polyphage a atlaqué beaucoup d’autres arbres, comme les pruniers et les chênes. Le petit bois de Saint-Martin, près d'Angoulême, planté en chêne Tauzin, a eu presque tous ses arbres dépouillés de feuilles, et qui sont encore couverts des toiles d’abri, où les chenilles de cette espèce si nuisible se réu- nissent dans leur jeune âge. Ce sont ces toiles qu’il serait bon de détruire en temps utile. [l faut remarquer que cette année le Bombyx neustria à mangé à l'avance la nourriture de l'Ypo- nomeute. Aussi beaucoup de petites chenilles de cette espèce qui éclôt après l’autre meurent de faim, et l’on ne trouve que trois ou quatre chenilles dans des toiles d'abri qui, à l’or- dinaire, en contiennent une cinquantaine. Il y a ici fonction- nement d’une des causes harmoniques naturelles, qui aménent la grande diminution momentanée d’une espèce nuisible. Il est très-probable que l’Yponomeute sera rare l'année prochaine. M. Millet dit qu'il avait déjà signalé lan dernier, à l’époque où ils eurent lieu, les dégâts causés par ces espèces et il ajoute que c’est une erreur de croire que les hivers rigoureux sont un obstacle à la propagation des insectes. Les ouragans, les A 17 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. pluies, au contraire, en détruisent des quantités considérables ; ainsi les grands vents de ces jours derniers ont tué un nombre prodigieux de chenilles. — M. le Président fait connaître le résultat du scrutin, le nombre des votants étant de 332. (Outre les billets déposés dans l’urne par les membres présents, beaucoup de bulletins avalent élé envoyés sous plis cachetés et contre-signés.) | Les votes ont été répartis de la manière suivante. Président, Vice-Présidents, Secrétaire général, Secrétaires, Membres du Conseil, MM. MM. DROUYN DE LHUYS......... Le comte D'ÉPRÉMESNIL..... 331 Fréd. JACQUEMART......... 390 Nr Ero Gosse ES 390 De QUATREFAGES.. . . .…. T0 A. GEOFFROY SAINT- té 391 EP ADUPINS EL UE se ON D' Maurice GIRARD......... 394 RAVERET-WATTEL ...... É 390 Le marquis de SINETY...... 390 DÜGHARTRE tee te PES 990 P.-L.-H. FLURY-HERARD...,. 398 RUF PERS = ee ct 2 + et LEZ 290 Baron SÉGGIER 4. 022000 990 Vicomte de MILLY.......... 390 En outre d’autres membres ont oblenu des voix pour diverses fonctions. En conséquence, sont élus pour l’année 1875 : Président, Vice-Présidents, Secrétaire général, Secrétaires, Membres du Conseil, MM. MM. DROUYN DE LHUYS. Comte d'ÉPRÉMESNIL Fréd. JACQUEMART. Dr E. Cossox. De QUATREFAGES. À. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. E. DuPIN. D' Maurice GIRARD. RAVERET-WATTEL. Marquis de SINÉTY. DUCHARTRE. P.-L.-H. FLURY-HÉRARD. RUFFIER. Baron SÉGUIER. Vicomte de MILLY. PROCÈS-VERBAUX. 115 — Il est déposé sur le bureau : 1° Notesur les mœurs des Mélipones et dés Trigones du Brésil (extrait des Annales de la Société entomologique de France), par M. Maurice Girard. Offert par l'auteur. 2 Influence curative du climat de l'Algérie sur le farcin, par M. Decroix. Offert par l’auteur. 3° Fondation du Laboratoire de chimie agricole de la co- lonie du Mettray et visite au domaine de La Briche. Offert par M. Drouyn de Lhuys. h° Un numéro du Messager du Midi, renfermant un article de M. Lichtenstein sur les émigrations des Phylloxeras, en- voyé par l’auteur. 5° Diverses notices sur l’engrais minéral et deux numéros de l'Écho de la Franche-Comté renfermant des articles sur le même sujet, de la part de l’auteur M. AI. de Belenet. 6° Le programme de l’exposition générale des produits de l’horticulture qui doit avoir lieu à Dijon en septembre prochain, — Îlest offert à la Société : 1° De la part de M. Brierre, diverses espèces de haricots. 2° De la part de M. Thozet, collection de graines d’Aus- ‘tralie. Le Secrétaire des séances, RAVERET- WATTEL. SÉANCE DU CONSEIL DU ? JUILLET 1819. Présidence de M. DROUYN DE LEUYS, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président fait connaître au Conseil que S. M, le Roi d'Espagne à daigné autoriser l'inscription de son nom au nombre des protecteurs de la Société. h16 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Les membres nouveaux dont les noms suivent sont admis par le Conseil : MM. Présentateurs. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. O. Lamarche. Drouyn de Lhuys. | Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Drouyn de Lhuys. ( LAMARCHE (Alfred), industriel, rue Louvrec, 94, à Liége (Belgique). PITARD, économe du lycée de Laval, à Laval (Mayenne). PLATON, négociant, à Batavia et à Paris, rue Saint-Georges, A7. Dupin. Flury-Hérard. PLAUT (Julien), propriétaire, au château du Parc, { Drouyn de Lhuys. commune de Sainte-Pience, par Villedieu-les-{ Dupin. Poëles (Manche). E. Garnot. | Drouyn de Lhuys. THELIER (Léon), banquier, 10, rue Chauchat, Dupin à Paris. Jules Grisard. — En présence des désastreuses inondations qui portent la douleur et le deuil dans toute la France, le Conseil décide que ia Société d’acclimatation souscrit pour une somme de cg cents francs, qui sera immédiatement envoyée à M“ la . maréchale de Mac-Mahon. — Le Président du conseil d'administration de la société anonyme de Saint-Louis du Rhône remercie la Société d’accli- matation pour les utiles renseignements qui lui ont été transmis relativement à la culture de l’Alfa dans les terrains que possède Ja Société de Saint-Louis-du-Rhône, près de l'embouchure de ce fleuve. — La Société impériale des naturalistes de Moscou informe la Société d’acelimatation qu’elle tiendra, le 15 octobre 1875, une réunion solennelle pour célébrer le cinquantième anni- versaire de doctorat de son président actuel, M. A. Fischer de Waldheim (1). Il lui est adressé, au nom de notre Société, des félicitations sympathiques. — M. C. de Amézaga adresse ses remercîments pour les in- structions qui lui ont été transmises au sujet de la chambre d’accouplements pour les papillons d’Atacus Yama-maï, (4) Auteur d’une célèbre entomographie de la Russie. — M. G. PROCÈS-VERBAUX. 17 G. Mén., afin de pouvoir assurer, le mieux possible, la pro- pagation de cette espèce en Espagne. — Mademoiselle N. Cournil de Lavergne envoie, de Brives- sur-Corrèze, à la Société un échantillon de cocons des Vers à soie de la belle race indigène qu’elle maintient intacte de- puis onze ans à force de soins, pendant que la pébrine et maintenant la flacherie désolent les magnaneries. Ce sont les descendants des sujets présentés et récompensés en 1865 et en 1874 à l'exposition des Insectes. Ces cocons, la plupart de soie jaune, sont d’une forme parfaite et d’un tissu ferme et serré. Les papillons qui vont en soriir seront mis en accou- plement et donneront de la graine excellente à distribuer, et pour laquelle la Société remercie mademoiselle de Lavergne. — La Société reçoit les remerciments de MM. Dallest, Au- zias et Louis Paul, mécaniciens des Messageries marilimes, et de M. Chevalier, pour les récompenses qui leur ont été décernées. — M. Killian, d'Angers, adresse ses remerciments pour sa nomination de membre de la Société d’acclimatation. Il en est de même pour M. J. Leroux, de Nantes (Loire-Inférieure), et M. Brivin, de Luçon (Vendée). M. Brivin demande, en outre, des graines d’Eucalyptus, qui lui ont été envoyées. — Les demandes de cheptel de M. le vicomte de Dampierre et de M. de la Brosse-Flävigny sont renvoyées à la commis- sion des cheptels. — Des graines d’Eucalyptus, destinées à notre colonie de la Cochinchine et qui pourraient être très-utiles en raison de son insalubrité, sont demandées par le Secrétaire général de la Société centrale d’agriculture, d’horticulture et d’accli- matation de Nice et des Alpes-Maritimes. — M. le comte de Lautrec, à Briord (Loire-Inférieure), demande des graines d’Eucalytus globulus, gigantea, coriacea et amygdalina, qui lui sont expédiées, et offre à la Société cinq jeunes autours, oiseaux utiles aux cultures. — M. Fausto Paterlini, de Lonato (Italie), demande des graines d'Evcalyptus et d'Acacia d'Australie. — Des graines d'Eucalyntus globulus et gigantea scnt h18 SOCIÉTÉ D'AGCLIMATATION. adressées, sur leur demande, à M. le vicomte de Luppé, au Mas d’Agenais (Lot-et-Garonné), et à M. Lebaudy, pour as- sainir ses propriétés de la Camargue, à l'embouchure du Rhône. — Des graines diverses, annoncées dans là Chronique de la Société, sont envoyées à M. J, Leroux, à Nantes (Loire-Infé- rieure); 1l promet de reridrecompte des résultats obtenus dans un pays exposé aux vents de mer, et où les plantes, sui- vant leur tempérament, viennent très-bien ou pas du tout. — Des graines d'Eucalyptus gigantea et d’ Acacia decurrens sont expédiées à M. Roger-Dubos, à Castillon-sur-Dordogne (Gironde), qui s’engage à rendre compte de ses semis. — M. Ulrichs, de Stuttgart, exprime ses regrets de ce que les 27 cocons d’Aétacus cynthia vera, G. Mén. (Ver à soie de l’ailante), qu’il a reçus de la Société, lui ont été inutiles, soit par dessiccation des chrysalides, soit en raison de leur des- truction par les Dermestes ; il redemande quelques eocons à nymphes vivantes, ou de la graine. — Le Secrétaire général de la Société d’agriculture, d'hor- ticulture et d’acclimatation de Nice et des Aipes-Maritimes accuse réception des graines d’Eucalyptus globulus, giganteu, amygdalina el coriacea, et promet un compte rendu de la culture des produits, ces graines ay ant été confiées à un jardi- nier émérite. — M. Duchastel, de Vernantes (Maine-et-Loire), accuse ré- ception des cocons de Ver à soie de l’arlante à lui adressés, et s'engage à faire connaître le résultat de son éducation. — M. E. de Boulleuc écrit de la Combaudière (Maine-ët- Loire), pour remercier des graines qui lui ont été envoyées: — M.E. de Rodellec remercie pour les graines d’Eucalyptus et d’ Acacia qu'il a reçues, et promet de faire connaître les résultats, ainsi que le compte rendu des canards et des bam- bous qu’il a reçus en cheptel. M. le baron du Roure, de Barbegal (Bouches-du-Rhône), a reçu des Eucalyptus d'Algérie et des Bambous du Jardin d'acclimatation de Paris. Les semis d'Eucalyptus ont assez bien réussi. PROCÈS-VERPAUX. 19 — M. Brionval, de Lunéville, demande des graines d'Euca- _dÿptus gigantea et d’Acacia mollissima. — M. L. d'Ounous écrit de Saverdun (Ariége), pour re- mercier de la récompense qui lui a été accordée. — M. Bonnaccorsi, de Calanzana (Corse), transmet un rapport émanant de la Saciété d'agriculture de Calvi sur les plantations d'Eucalyptus, comme arbre d’abri et d'ornement, dans ses cultures de cédratiers (renvoi à la Commission des récompenses). — M. Christian Le Doux adresse de Ferrussac, près Mey- rueis (Lozère), la lettre suivante : « Lorsque je me fis inscrire pour participer à la distribution des graines de panais que la Société d’acclimatation offrait à sesmembres, je n’avais d’autre but que de faire connaître, dans la Lozère, cette précieuse racine, avec l’espoir de faire apprécier les avantages qu'elle offre à l’agriculture. Plus tard, j'ai pensé que j'entrerais encore mieux dans les vues de la Société en ne me bornant pas à notre département, et j'en proposai à plusieurs per- sonnes étrangères à la Lozère. » Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous indiquer comment j'ai pu répartir ces graines; et si je ne craignais d’ avoir l'air de faire un mauvais jeu de mots, je dirais com- ment j'ai préparé le terrain. » D'abord à Ferrussac on en a semé pour le service de la maison de M"° Cambessèdes ; à Mevyrueis, à Gatuzières, communes voisines, on a partagé ce que j'avais envoyé entre dix propriétaires. » Dans le département du Puy-de-Dôme, où je compte quelques amis, il en a été donné à deux propriétaires habi- tant près de Clermont-Ferrand; à un troisième, dont la cam- pagne est située dans la partie la plus fertile de la Limagne. » Il en a été envoyé un paquet à un riche agriculteur du Bourbonnais, et deux autres à deux personnes dont les terres sont situées dans le Perche-Vendomois. » Enfin, j'en avais envoyé dans le Loiret plusieurs paquets pour être distribués à titre d'essai à diverses personnes; mais je dois avouer que mes instructions n’ont pas été suivies, et 120 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. le correspondant ne saisissant pas bien mes intentions, ou pour toute autre raison, a Jugé à propos de semer toute la graine dans son propre terrain. La quantité plus considérable de racines que cette personne obtiendra nécessairement, la mettra mieux à même d'apprécier la valeur du panais pour l’alimentation des vaches et l’engraissement des porcs. » Au reste, Monsieur le Président, je dois dire que les oraines de M. Vavin ayant été épuisées par mes envois dans la Lozère , le Puy-de-Dôme, etc., celle donnée dans le Loiret avait été achetée par moi à la maison Duflot et Delaville; c'était donc le panais ordinaire cultivé dans les jardins pota- gers des environs de Paris. » De tous ces agriculteurs qui tentent cette année l’essai de celle racine fourragère, j'ai des promesses de renseignements que je m’empresserai de vous transmettre aussitôt que la campagne sera terminée. » — Nous donnons un extrait d’une lettre écrite à la Société par M. Capanema, délégué de la Société d’acclimation à Rio= Janeiro (Brésil) : « Par le prochain steamer de Bordeaux je vous enverrai un jeune tapir mâle, le seul qui reste de trois; par le steamer suivant vous aurez aussi deux Capivara, le reste de cinq (1). é » Ce tapir a une importance philologique ; mon vice-dircc- teur des télégraphes a fait une étude profonde de la langue des indigènes Guanaris, dans laquelle le mot tapir signifie compagnon de ménage. Il ne pouvait bien s'expliquer cette dénomination, illa comprit aussitôt qu’il vit la manière dont était apprivoisé cet animal élevé parles Indiens. Mes enfants font tout ce qu’ils veulent avec lui, il les supporte patiemment. Prenez note du sens du mot. » Cette pauvre bête eut aussi des aventures, elle m’a été envoyée de l’Espirito-Santo à bord d’un steamer qui, à une quinzaine de milles de la rade, échoua contre une ile; les passagers eurent à peine le temps dese sauver dans les canols, etmon tapir, voyant le navire couler, brisa sa cage et, au lieu de se sauver à terre, nagea après lescanots; arrivé au port, 1l (1) Le Tapir est arrivé au Jardin d’acclimatation. PFROCÈÉS-VERBAUX. A21 vint chez moi en cabriolet en compagnie d’un passager qui s'était chargé de lui. » Je vous enverrai aussi un paquet de graines de Cecropia (bois à trompettes), qui est une excellente plante fourragère pour les vaches, elle produit une amélioration de lait très-re- marquable. Il est bon de l'essayer en Algérie. » Mes Faisans argentés vont à merveille; j'ai obtenu l’année dernière sept œufs dont un seul était fécondé, le poussin vécut un mois, il était vigoureux, mais mourut subitement. » Les Canards mandarins vont bien, ils ont fini la mue de même que les faisans; j'espère que la care commencera à pondre. » — Des comptes rendus de leurs cheptels, qui seront insérés dans nos Bulletins au chapitre qui leur est désormais réservé, sous le titre : correspondance des chepteliers, sont adressés à la Société par MM. Fiévet- Périnet, A. Rousse, docteur R. Tenain, E. de Toulmon, Müller, docteur Turrel, Des- roches, docteur Frémy, docteur Brionval, A. Derré, doc- teur E. Bessette, À. Dupont, À. Buzaré, comte À. de Brimond. — M. Vilmorin-Andrieux adresse à la Société un exem- plaire du Bon Jardinier, pour 1875, relié (remerciments). — La Société reçoit pour sa bibliothèque les ouvrages sul- vanis : Cataloque of the entire herd of Norfolk Polled Cattle and flock of Southown sheep, late the property of the Right hon. Lord Sondes. Instituts et pépinières viticoles (six exemplaires), par P. Guérin. Offert par l’auteur. Synopsis of the flora of Colorado by Thomas C. Porter, and John M. Coulter. (Washington, 1874.) Des remerciments sont votés aux donateurs. Le Secrétaire du Conseil, MAURICE GIRARD. TI. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Admission de S. M. le Roï d’Espagne. La Société d’acclimalion vient d'inscrire le Roi d’Espagne au nombre de ses membres. Voici la lettre qu’à cette occasion M. Drouyn de Lhuys a écrite à Sa Majesté : SIRE, M. Graells nous annonce que Votre Majesté veut bien nous permettre d'inscrire son nom sur la liste des protecteurs de la Société d’acclima- tation. Nous sommes profondément reconnaissants de voir Votre Majesté conti- tinuer la tradition de Son Auguste famille, en daignant accorder un bien- veillant patronage à une œuvre qui intéresse tous les peuples et à laquelle la nation espagnole a, dans tous les temps, prêté un puissant concours. Je suis avec le plus profond respect, SIRE, de Voire Majesté, le très-humble et obéïssant serviteur, DROUYN DE LHUYS. Le Tagasate des Canaries. y Il y a trois ou quatre ans, le consul d’Angleierre aux Canaries essayait d'attirer l'attention de son gouvernement sur un arbrisseau indigène de ces. îles, où il est d’ailleurs cultivé et d’où il a passé à Madère, au grand profit des éleveurs de bestiaux. C’est lè-Tagasate, ou Cytisus proliferus, de la famille des Légumineuses. On le connaît en Europe par de maigres échan- tillons d’orangerie, qui fleurissent rarement et dont la chétive apparence ne laisse guère soupconner les services qu’il pourrait rendre comme arbrisseau fourrager. L’intention du consul, qui l'avait observé sur place, était de le faire propager dans celles des colonies anglaises dont le climat, à la fois chaud et sec, restreint la quantité des fourrages herbacés nécessaires à l’en- tretien du bétail, et où, par conséquent, une plante fourragère arbustive, résistant bien à la sécheresse et venant sans culture dans les plus mauvais. sols, comblerait une Jacune importante, C’était surtout l’Australie qu'il avait en vue. Je ne sais si ses conseils ont été suivis ; dans tous les cas ils. méritaient d’être pris au sérieux. Au commencement de 1872, je recus de M. le docteur Sagot, pue seur d'histoire naturelle à l’École normale de Cluny, quelques graines de ce Tagasate (ou Tagasaste, comme le portait l’étiquette du paquet), avec la FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 123 recommandation de leur donner tous mes soins, comme à celles d’une plante dont l'introduction serait désirable dans les parties les plus arides du midi de la France, ainsi qu’en Algérie. Ces graines semées en mars, dans mon jardin d'expériences de Collioure, n'ont pas tardé à lever et m'ont donné des plantes dont la rapidité de croissance m'a étonné. Dès la seconde année, c’élaient des arbrisseaux de plus de 2 mètres, qui fleurissaient abondamment et donnaient beaucoup de graines. Cette année (1875), qui est la troisième de leur âge, ce sont presque des arbres, car leur hauteur varie de 4 à 6 mètres, et leur tronc égale en grosseur la jambe d’un homme, si même il ne la dépasse. À la fin du dernier hiver leur tête était si large et si touffue que je fus obligé, quoique à regret, d’en enlever beaucoup de grosses branches, qui étouffaient d’autres plantes voisines auxquelles je tenais également. Je n’ai pas besoin de dire que, cette année encore, ils ont fleuri avec exubé- rance et que j'aurai bientôt une grande quantité de graine à récolter. De même que beaucoup d’autres arbrisseaux de la région méditer- “ranéenne, le Tagasate végète surtout en hiver. Sa floraison arrive en février et mars, et il est alors dans toute sa beauté. Ses longs et souples rameaux ressemblent à autant de guirlandes, où la verdure glauque du feuillage se marie de la manière la plus agréable à la blancheur de neige des fleurs. Ce mode de végétation fait du Tagasate essentiellement un fourrage d'hiver et de printemps, à faire consommer en vert par les bestiaux. | Aux Canaries, si je suis bien renseigné, le Tagasate est taillé en têtards, plus ou moins bas, pour faciliter Ja récolte des repousses, qui se moisson nent à la faucille. En le laissant grandir, on en tirerait non-seulement des rameaux feuillés pour l’alimentation des animaux, mais aussi d’excellentes perches d'un bois très-dur, et propres à beaucoup d’usages. C’est du moins ce que j ai observé sur les sujets que j’élève ici. Je me suis assuré d’ailleurs que le fourrage de Tagasate est fort aimé des chevaux et des mulets. Les lapins le mangent avec avidité et rongent l'écorce des grosses branches, dont ils ne laissent absolument que le bois. La question que j'avais à examiner était suriout celle de savoir si l’ar- brisseau serait assez rustique pour résister à nos hivers méridionaux. Après trois ans d’essai je n’hésite pas à dire oui, pour toute la région où l’oranger vient à l’air libre, du moins je ne l’ai jamais vu souffrir ici par des gelées de 3 à 4 degrés. Je le crois plus rustique que l’oranger lui-même. Son prin- cipal adversaire, pendant la première et peut-être la seconde année, sera la sécheresse de l'été ; sécheresse à laquelle il résiste bien quand il est arrivé à l’âge adulte. Néanmoins je pense que les localités où il réussira. le mieux, tant dans le midi de l’Europe qu’en Algérie, et où. il donnera le plus de profit, seront les déclivités des collines et surtout le voisinage des ravins ou des fossés qui conservent encore un peu de fraîcheur eu été. Il va de soi que la culture en plaine et dans les bonnes terres serait celle qui donnerait les produits les. plus élevés, mais les bonnes terres.en plaine étant. ordinairement réservées à. h2 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. des cultures plus riches, ce ne serait que par exception ou par manière d'essai qu’on pourrait y planter l’arbrisseau qui vient de faire le sujet de cette note. J'aiici beaucoup d’autres plantes intéressantes, et dont la culture promet de bons résultats pour un avenir plus ou moins éloigné. Il serait trop long d’en donner la liste, mais j’y reviendrai à l’occasion et avec plus de détails que je n’en pourrais donner aujourd’hui. CH. NAUDIN. Chronique d'Amérique Les études botaniques et l’acclimatation des végétaux aux États-Unis. — Les pé- pinières de canne à sucre et de cinchonnées à la Jamaïque. — Reboisement de l’acajou. — La sériciculture à Buenos-Ayres. — La maladie des vanilliers - et la vanille artificielle. — L’emploi de la cendre de bois en agriculture. Les divers États de l’Union-Américaine semblent se piquer d’une noble émulation pour fonder des établissements scientifiques. Dans le nombre de ceux-ci, la botanique est généralement bien traitée. C’est la science la plus en faveur, en général, auprès des gens du monde, et l’une de celles dont l'étude est assurément la plus agréable et la plus facile dans un pays aussi riche que l’est l'Amérique en végétaux de toute sorte. Cette vulgarisation de la botanique devait naturellement fournir de précieuses occasions d'expériences d’acclimatation. C’est, en effet, ce que l’on peut constater dans les établissements de création nouvelle. Ainsi en est-il par exemple à Cambridge, dans l’État de Massachussels où, à côté de l’Université, deux institutions scientifiques ont été fondées par l'initiative privée : la Har- ward Institution et la Bussey Institution. À la tête de la première est le professeur Asa Gray, l’un des botanistes contemporains les plus distingués et qui s’occupe en ce moment d’une flore de l’Amérique du Nord. M. Sereno- Watson est chargé de la conservation de l’herbier; M. Goodale a plus particu- lièrement l’enseignement dans ses attributions. Le Jardin botanique possède de beaux laboratoires en communication avec la bibliothèque, l’herbier et les serres. Le botaniste de la Bussey Institution est M. W. G. Farlow, qui s’est fait une spécialité de la Crypiogamie. La colonie anglaise de la Jamaïque est, sous le rapport de l’acclimata- tion, dans une excellente voie, grâce à l’activité de M. R. Thompson le Botanisie colonial. Le jardin d'expériences de Castleton à fourni d’excellentes variétés de Canne à sucre choisies parmi les meilleures et les plus robustes de l’Inde, et qui commencent à se propager dans les cultures de l’île. On cite surtout la Canne de Salangore, très- vigoureuse et qui produit des jets nombreux. Les planteurs qui l’ont expérimentée sur leurs terres, en sont très- — — ronde Turneps. — _— — — à sucre à Collet gris. Inde. — — — — améliorée Vilmorin. — — — | — — allemande acclimatée. — — _— | — — à collet vert. — == = Bœhmeria candicans. | China-grass. — {Maïs et vigne. = | WAUS CENT Ramié de Java. — |Palmier, olivier. Navet fourrager jaune d’Aberdeen à collet vert. — [Maïset vigne, blé. Navet fourrager jaune d’Aberdeen à collet rouge. — Navet fourrager jaune de Malte. _ — — rave d'Auvergne. — — — rose du Palatinat. — — — Turneps. = Navet gris de Morigny. Aiime, — long de Briollay. — — — de Meaux. — — — des Vertus. — Brassica Napus..... — RASE a NOMS BOTANIQUES. NOMS VULGAIRES. | RATE noir long. | Brassica Napus..... Chou fourrager branchu du Poitou. — — cavalier ou à vache. — — mille têtes. — — moellier. — — — blanc. — — — rouge. — Bacalan hâtif. — — tardif. — Brunswick pied court. — Milan pancalier de Touraine. Brassica oleracea . PE A MTL. = hâtif de Joulin. — — de Norvége. — — de Pontoise. — — des Vertus. — de Vaugirard d'hiver. — quintal. — Saint-Denis. Cephalotaxus drupacea | Cephalotaxus drupacé. Cichorium Intybus var. | Chicorée sauvage améliorée. Cucumis Melo....... Petit melon vert à rames. Cucurbita Zapallito.. | Zapallito de Tronco. Carotte fourragère blanche à collet vert. — —— — améliorée d’Or- the. — _— — des Vosges. — — jaune longue. _— — rouge à collet vert. = — — longue. rouge courle. — demi-longue. Daucus Carota.... — obtuse. — — pâle de Flandre. == — très-courle à châssis. or — en 1) Dioscorea Bataias.... | Igname de Chine. Eucalyptus Globulus et autres espèces... | Gommiers. Faba vulgaris....... Fève de Séville à longue cosse. Daniel-Lambert. Marginata. _… TIORRRREPAPERS Sans pareil. Signora. Vainqueur de Puebla. Ligustrum Quihoui.. | Troëne de Quihou. { Destinée. Pelargonium zonale.. Dretur Nélaton. La Vestale. blanc plat hâtif à feuilles entières. rouge plat hâtif à feuilles entières. — nantaise. longue d’Altrincham. USAGES. ZONES. Alim®, | Maïs et vigne, blé. Inde. Orne. Alime. Inde. | A TN I LINE Maïs et vigne. Olivier, blé. Olivier, maïs et vigne. Maïs et vigne. Olivier, blé. Palmier, olivier. .{Olivier, blé. Maïs et vigne, blé. Maïs et vigne. Olivier, blé. NOMS BOTANIQUES, NOMS VULGAIRES. USAGES. | { Mlle Nilsson. Orn*. | ; | Lorenza. do Pelargonium zonale.. 4m, Grosjean. de jar Barre, — Auriol. ‘2 Haricot nain mange-tout de la Chine jaune. |Alim?, — — — quarantaine blanc.| — — à parchemin Soissons ou gr os! pied. Rs — — chocolat ou Vavin. | —= Phaseolus vulgaris... Haricot nain à parchemin flageolet jaune.! — + Li — — FE PR Mere — — — —,, JOUÉE.| + — à rame mange-tout beurre noir. | — — — — Prédane. | — — — à parchemin de Lima. 2 — — — du Cap. Phormium tenax..... |Lin de la Nouvelle-Zélande. Ind°. Physalis peruviana VALLEE 7 de 2 tee te fe Petite tomate du Mexique. Pois mange-lout sans parchémin nain hâüf.| — — — _ ridé nain,| — — nain de Hollande. — — — très-hâtif à châssis. |A Pisum sativum ......) — à rame Michaux de Ruelle. | —- — — ridé vert. — — nain ridé vert impérial. — — — mange-tout ridé. — — ridé nain blanc bâtif. — \' REA dE M 12 Ut Polymnia edulis...... Poire de terre Cochet. Ind°. Retinospora pisifera.. ns à pisifère. Orne. — plumosa.. — plumeux. — Donne de terre fourragère Chardon. Inde. — —— grosse jaune, | — — — Segonzac. — — confédérée. Alim. — douce blanche. — lomme de terre early rose. LE — farineuse rouge. —- — jaune lengue de Brie. -— Solanum tuberosum.. — Jancée. — Kidney rouge. — — Marjolin à œil rose. — — pousse debout ou rosée Conflans. — Pomme de terre rouge longue de Hollande, | — — truffe d'août. — Collection non jugée, vingt-cinq variétés, par deux tubercules. ? ZONES. Olivier, blé Palmier. Olivier, Palmier Alime |Olivier, maïs ci vigne. blé. et vigne. blé. Olivier, Olivier, blé , olivier, maïs NOMS BOTANIQUES. Taraxacum Dens-leo- DR PR De Thuiopsis dolabrata.. Vitis vinifera (1).... | Zea ANS... NOMS VULGAIRES. Pissenlit amélioré. Thuiopsis en doloire. de table de fantaisie | Maïs. f Vigne. Raisin à vin, Cinquante sarments. USAGES. ZONES. Alim£ [Maïs et vigne, blé. Ornt. Olivier — Ind°. |Vigne. Alime,| — Olivier, maïset vigne. (1) Le Catalogue des vignes du Jardin d’acelimatalion est adressé gratuitement sur demande affranchie. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON Notes adressées en réponse au questionnaire de la Société sur les productions de ce pays Par M. le D'° VEDAL (Suite et fin.) NI, — PLANTES. 19° A/imentaires. Les plantes de cette catégorie étant nombreuses, j'ai pré- féré, pour plus de commodité, les énumérer par familles bota- niques disposées selon l’ordre alphabétique. Amomées. — Le Gingembre (Hay: kami, Chôga) est très- employé comme condiment ; on fait diverses préparations avec les racines, et l’on sert les jeunes pousses fraîches avec du poisson. La culture de cette plante ne paraît pas exiger de grands soins; j'en ai souvent vu de petites plantations autour des villages et qui paraissaient abandonnées à elles-mêmes. Ampélidées.— Je ne connais qu’une seule espèce de Vigne (Kadzoura) cultivée au Japon : c’est un chasselas très-sem- blable à notre chasselas de Fontainebleau. La culture de la Vigne ne se fait, du reste, que sur une petite échelle et seule- ment dans quelques districts du centre et du nord. Les Japo- nais ignorent l'art de faire du vin de raisin; ils n’ont au- cune plantation de Vignes, et ils se contentent de quelques pieds disposés en treille autour de leurs maisons, à titre de simple fruitier. [l est remarquable qu'ils ne taillent presque pas leurs pieds de vigne qu’ils laissent s’étendre à volonté, ce qui ne les empêche pas de produire beaucoup de bons fruits. Je dois dire pourtant que j'ai vu souvent des treilles malades ; les feuilles noircissaient et tombaient, pendant que lesgrappes létries périssaient à leur tour. Comme j'ai observé le même ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 507 fait en Chine pour des plantations que j'avais faites à Fou- tcheou (dans le Fo-khien), avec des plants venus de Tien-tsin, je suis porté à croire que cette maladie accidentelle est due à l'influence combinée de la chaleur avec une grande humidité. Du reste,les souches elles-mêmes ne sont pas atteintes et con- servent toute leur vigueur pour les années suivantes. En dehors de ceite espèce cultivée, on trouve dans les ter- rains incultes et dans les bois plusieurs espèces sauvages qui, d’après Franchet et Savatier (Enumeratio plantarum japo- nicarum), seraient les Vrées Labrusca, flexuosa, heterophylla, inconstans, japonica, pentaphylla. L'une de ces espèces produit une petite grappe à grains noirs serrés, d’une saveur fort agréable, quoique un peu acide, quand le fruit est à ma- turité, et les Japonais en vendent parfois sur les marchés sous le nom deraisin de montagne (Yama-boudo). Cette espèce est très-rustique, et J'ai la conviction qu'après quelques années de culture, elle donnerait des produits satisfaisants. Cette année même j'ai fait des semis de cette espèce; je ferai connaître ultérieurement les résultats que j'en obtiendrai. Aroïdées. — Cette famille fournit à l’alimentation japonaise un produit très-important, qui est le Chou caraïbe (Colocasia esculenta, Schott., Arum, Linn.), et que les Japonais appellent Sato imo. La culture de cette plante se fait sur une grande écnelle, et l’on voit des plantations auprès de presque toutes les fermes. Les Japonais en mangent non-seulement la racine, mais encore les longs pétioles des feuilles, qu'ils font sécher et qui sont connus sous le nom de Dzoui-k1. Aurantiacées. — Le Japon est assez pauvre en produits de celte famille. Je ne connais qu'une espèce d'Orange (Wikan) mandarine, de moyenne grosseur, semblable à celle du Fo- khien (Chine), mais de qualité inférieure. Gette espèce paraît assez abondante dans les provinces du sud; mais le climat, trop froid l’hiver, n’en permet pas la culture dans les pro- vinces du nord. Il y a de plus une espèce de Citronnier (Youdzou) donnant un iruit arrondi, un peu plat et de saveur aigrelette, mais peu 508 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. aromatique. Les Japonais le mangent comme fruit à la main, et les Européens l’emploient comme citron. Camelliacées. — Cette famille fournit le Thé, Thea chinen- sis (Teha), et dont, d’après les botanistes, on trouverait au Japon les variétés parvifoha, stricta, diffusa, rugosa, macro- phytlla. Le thé du Japon est de qualité tout à fait inférieure, et les résidents européens n’en font aucun usage. On en exporte cependant d’assez grandes quantilés en Amérique, où il sert, paraît-il, à la consommation des classes pauvres. J'ai peu vu de plantations de Thé régulières ; mais dans beaucoup de districts on rencontre des buissons de Thé un peu partout, le long des chemins, des sentiers, sur la lisière des champs, sans qu’on leur donne aucun soin. Crucifères. — Geite famille est bien loin d’avoir, au Japon, l'importance qu’elle a en Europe, au point de vue de l’alimen- tation. Ainsi le genre Brassica, qui nous fournit une grande variété de Choux, n’est guère représenté au Japon que par le Brassica chinensis et le Brassica oleracea, dont 1l n’y a qu'une ou deux variétés. Encore servent-elles autant à l’ornementa- tion qu’à l’alimentation.— Une seule espèce de Crucifères entre pour une large part dans le régime alimentaire, c’est une va- riété de Raphanus sativus (Daïkon), dont on voit de grandes cultures dans tout le Japon : les racines en sont très-grandes et sortent aux trois quarts de terre; on les fait sécher pour les consommer pendant l’année. On en peut distinguer deux sous-variétés : l’une à racine blanche, qui est la plus grosse et la plus commune, et l’autre plus petite, à racine rouge. Le Cresson de fontaine se trouve en beaucoup d’endroits (Midzou tade), mais les Japonais n’en font aucun usage. Ce- pendant les villageois mangent quelquefois, au printemps, des espèces voisines, telles que le Nasturtium palustre, et mon- _ tanum. Ns font aussi une préparation de moutarde {Karachi na), très-semblable à la nôtre et qu’ils emploient comme con- diment. | Cucurbitacées. — C’est une des familles les plus impor- tantes pour les Japonais, et qui leur fournit plusieurs variétés ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 509 de Melons(Ouwri), dont une (WMakouwa ouri) pourrait presque rivaliser avec nos bonnes espèces d'Europe par sa délicatesse et son arome. On trouve encore en abondance les Concombres (Ki ouri), les Citrouilles et Potirons (Béboura, Kabotcha). Cependant, les quelques essais qui ont été tentés de culture de nos Melons d'Europe ont été généralement infructueux; mais les Géraumonts réussissent parfaitement. Les Pastèques (Soui kouwa) sont aussi usitées au Japon qu’en Chine, mais elles m'ont paru moins bonnes. Cycadées. — On extrait du Cycas revoluta le produit appelé sagou du Japon. Ebénacées. — Cette famille fournit l'arbre fruilier qui oc- cupe le premier rang au Japon, et qui est le Drospyros Kaki (Kaki). On le trouve cultivé dans toutes les provinces, et ses fruits sont très-estimés et fort recherchés de la population ja- ponaise. On en distingue deux variétés : l’une, dont le paren- chyme du fruit devient mou comme une gelée, et l’autre qui reste solide comme une pomme; cette dernière variété est plus commune dans les provinces du nord. Le Kaki à un goût frais, légèrement sucré, et passe pour avoir des propriétés astringentes. Les Japonais le consomment beaucoup à Pétat frais, mais ils en font aussi sécher des quantités considé- rables. Graminées. — Gomme en Europe, ce sont les produits de cette famille qui forment la base du régime alimentaire, avec cette différence qu’au Japon l'emploi du Riz (Komé) l’em- porte de beaucoup sur celui des céréales ; aussi est-il cultivé partout où la nature du sol le permet, et lon trouve même des rizières dans les montagnes, toutes les fois qu'un filet d'eau permet d’arroser suffisamment. On peut dire d’une manière générale que le Japonais vit du Riz, les autres pro- duits alimentaires n’étant pour ainsi dire que des acces- soires. L’immense majorité de la population japonaise ne fait pas usage de la viande : le poisson frais sur le littoral, et quelquefois des œufs dans l’intérieur du pays, sont les 510 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. seules additions que se permettent les classes un peu aisées. À part cela, le repas d’un Japonais se compose invariablement de riz et de quelques bribes de poisson salé et de légumes salés et fermentés, auxquels on ajoute parfois différents gâteaux ou préparations faites de farine de blé, millet, sarrasin, etc. Le Riz du Japon est très-estimé comme qualité, et supérieur, dit-on, à celui de tous les pays de l’Indo-Chine et des Phi- lippines. Aussi a-t-on vu, en temps de disette, les Japonais ne faire usage de Riz importés qu'avec une grande répugnance et seulement pressés par la faim. On affirme que le Riz du Japon ne le cède qu’à celui de la Caroline. Les procédés de la culture ne différent pas de ceux de la Chine. Les terrains sont préparés dès le printemps, et l’on fait des semis; ce n’est qu'à la fin de mai et en juin que le Riz est repiqué par petites touffes dans les rizières, qui sont submergées. On a soin, de temps en temps, pendant l'été, de déposer dans les rizières de l’engrais humain liquide. Lorsque l’épi est bien formé et plein, vers septembre, on ne laisse plus d’eau dans les rizières; à partir de ce moment, le chaume commence à sé- cher et à jaunir, le grain prend de la consistance, et enfin la récolte se fait en octobre et novembre. Le Blé (Ko mouglui) et l'Orge (0 moughi) sont presque au- tant cultivés que le Riz, et généralement sur le même terrain, de telle sorte que le même sol fournit deux récoltes par an. Ainsi, au commencement de l'hiver et aussitôt que les gerbes. de Riz sont enlevées, on travaille tout de suite les rizières avec toute la célérité possible, puis on sème du blé oude l'orge, non à la volée, mais par rangées parallèles écartées d’un bon pied. Tout ce travail se fait à la main, On creuse un petit sillon très- peuprofond dans lequel le grain est déposé, et aussitôl recou- vertd’un peu deterre poussée avec les pieds nus. En mars, on chausse les rangées de Blé en herbe, en creusant entre cha- cune d’eiles une petite rigole. La récolte se fait en mai ou au plus tard au commencement de juin, et aussitôt les champs de blé et d’orge sont convertis en rizières. | Le Blé du Japon est un blé tendre; il sert avec l’Orge à faire des gâteaux de diverses espèces, une espêce de vermicelle ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 511 appelé oundon, et quelques autres préparations. Mais les Japonais ignorent l’art de faire du pain. Le Maïs (To morokochi) est peu cultivé, et presque jamais employé comme céréales. On en mange les grains crus et alors qu’ils sont encore lactescents, comme fruit vert. Le Millet (Awa) est beaucoup plus cultivé que le Maïs, et l’on en fait de la farine servant à faire diverses sortes de gâteaux ; il y en a deux espèces qui sont, je crois, le Panicum miliaceum et le Panicum setarium. Enfin, il faut ranger parmi les Graminées alimentaires le Bambou, dont on mange les jeunes pousses de quelques espèces, et dont les principales sont appelées : M6 56, Ma- dake, Ote tchikou, Ha tchikou, Medal. Au sujet de l'emploi du Bambou, j'ai déjà adressé une note à la Société, ce qui me dispense d’entrer dans plus de détails (2). La Canne à sucre (Kaucha, Satobiki) n’est cultivée que dans les provinces les plus méridionales, et les Japonais sont les tributaires de la Chine, qui leur fournit la plus grande partie du sucre qu’ils consomment. Granatées. — Le Grenadier (Dzakouro) est assez commun et produit des fruits en tout semblables à ceux d'Europe. Iridées. — On ne peut citer de cette famille qu'un produit très-peu important pour le Japon, le Safran (Béni). Juglandées. — Le Noyer (Kouroumi), le Noisetier (Kata- bamu) et le Châtaignier (Kour:), se trouvent au Japon. Le Noyer et le Châtaignier se trouvent en grande quantité dans les bois des provinces du nord, et le dernier dans celles du centre. Le Châtaignier est le seul de ces trois arbres qui soit un peu cul- tivé par les Japonais, qui en plantent quelques-uns autour de leurs habitations. [1 y a deux espèces de châtaignes, une orosse et assez grossière, et une autre plus petite, mais d’un goût plus fin. Les Japonais sont assez friands des châtaignes, mais, par contre, ils ne font aucun cas des noix, et encore bien moins des noisettes, dont ils ne savent même pas le nom, (1) Voy. Bulletin, 1874, p. 743. 542 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. pour la plupart, dans leur propre langue. Lorsque j'eus découvert, par hasard, quelques noisetiers dans les bois, les Japonais parurent fort étonnés de m'en voir manger l’amande des fruits, et ils me dirent qu'il ne leur était jamais venu à l’idée d’en goûter. Il faut dire que celte espèce, entièrement sauvage, produit des fruits plus petits que ceux d'Europe, mais qui ont aüssi bon goût. Léqumineuses. — Les principaux produits de cette famille sont : la Fève de marais (Sasaghé), presque semblable à celle de France, mais peut-être un peu plus petite; le Haricot blanc ordinaire (/nghi mame), et plusieurs espèces de Pois grossiers (Mame). Les Japonais font divers gâteaux et quelques pâtes avec ces différentes graines. Mais il ÿ a une espèce de Pois grossier qui n’est cultivé que dans les champs, où il sert d’en- orais; pour cela, dès qu'il a atteint sa pleine croissance, on creuse des sillons dans lesquels on l’enfouit et où 1l est destiné à pourrir. On cultive aussi deux ou trois espèces de Dolichos; la racine de l’une d'elles, Dolichos bulbosus (Koudzou), fournit une très-bonne fécule, très-employée des Japonais. Liliacées. — Les principaux produits de cette famille sont : V'Ail (Nin nikou), qui est le même que le nôtre ; une espèce d'Oignon ou plutôt de Ciboule (Negni), dont les Japonais et les résidents étrangers se servent également. De plus, les Japonais mangent tantôt les bulbes, tantôt les tiges ou les pétales de quelques espèces de Lis (Yourt). — On trouve aussi maintenant, du moins à Yedo et à Yokohama, et cultivée par les indigènes, notre Asperge, commune qui a élé importée par les Européens, lesquels, du reste, en font exclusivement usage. Néanmoins il croît dans le pays, à l’état sauvage, quelques espèces d’Asperges, dont l’une, l'Asparaqus oligoclon:s (Ten mon dô), est, dit-on, très-commune dans l'ile de Yeso, mais que j'ai vue aussi dans les provinces du centre. Morées. — I y a de très-beaux Figuiers (Zéchidjikou), sur- tout dans les provinces du nord. J'en ai vu de magnifiques aux environs de Niigata et produisant de très-bons fruits. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 913 Nymphéacées. — Les Japonais sont friands du Ne/umbo nucifera (Hasou), dont ils mangent les racines et les graines. Ombellifères. — Le principal produit de cette famille est la Carotte (Nendjin). Cependant on n’en voit pas de cultures bien importantes : l'espèce japonaise est à racine très-longue, de- venant facilement ligneuse. — L’Anis est connu des Japonais (Cho oui kiyo), mais je n’en ai jamais vu de cultivé. Polygonées. — Le Sarrasin (Soba) est très-employé et cul- tivé sur une grande échelle, presque à l’égal du blé et de l'orge, principalement sur les terrains qui ne sont pas sus- cepübles d’être arrosés. On en fait des gâteaux de diverses espèces. — La Patience, Rumex Patientia (Gôbo), est souvent cultivée en bordure le long des champs et des jardins. Les Japonais en préparent la racine, qu'ils salent, et en font une consommation assez grande ; cependant il parait que c’est un mets peu estimé et réservé aux classes pauvres. Portulacées. — On ne peut citer que le Pourpier sauvage, dont on fait peu de cas. ÿ Rhamnées.— Le Jujubier, Zizyphus vulgaris (Nafsoumé), est assez répandu, et ses fruits sont assez prisés. Rosacées. — Cette famille est représentée au Japon par la plupart de nos espèces d'Europe, sauf l’Amandier. Le Pêcher (Momo) est très-souvent cultivé et produit de beaux fruits, que Von trouve, à la saison, sur les marchés. D’après l'apparence, Je crois que les pêches du Japon doivent être fort bonnes, sans valoir celles de Chine. Mais les Japonais ayant malheureuse- ment l'habitude de cueillir et de manger les pêches tout à fait vertes, ilm’a été impossible d’en juger, n'ayant pu réussir à me procurer des pêches müres.—L’Abricotier (Andzou) est dans le même cas que le Pêcher; les abricots sont trés-beaux, mais tou- jours cueillis beaucoup trop verts. — Le Prunier (Oumé) n’est pas aussi répandu peut-être que les espèces précédentes, du moins en tant qu'arbre fruitier, car ilest très-cultivé comme arbre d'ornement. — Le Gerisier est très-répandu au Japon (Sakoura), mais il ne produit que de petits fruits fort mau- 3° SÉRIE, T. IL, — Septembre 1875. 33 51h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vais, dont ni les Japonais ni les Européens ne font usage; 1l est surtout cullivé comme ornementation, mais on le trouve aussi à l’état sauvage.— Le Poirier (Nachi) est cultivé avec soin et d’une manière toute spéciale. Les plantations de Poiriers sont disposées en quinconce, formant des allées régulières d'environ 3 mètres de largeur. Les arbres sont greffés, taillés avec soin; on ne leur laisse que quatre ou cinq branches prin- cipales, qu’on coupe à peu de hauteur, de manière à forcer les branches secondaires à s’étaler horizontalement sur des bambous disposés tout exprès, à environ un mètre et demi du sol. Les Poires du Japon sontune espèce d'hiver, assez grosse ; j'en ai vu d'énormes; elles parviennent rarement à maturité, et sont généralement peu juteuses et un peu acides, bien qu'on en puisse trouver parfois de fort bonnes.—Le Pommier (Rirgo) est loin d’être répandu comme le Poirier, ni cultivé avec tant de soin : je n'ai guère vu qu'une petite espèce de pomme Jau- nâtre et d'assez bon goût; je n’ai jamais remarqué de planta- tations de Pommiers. — Le Cognassier (Karin) n’est pas rare dans les provinces du nord; il produit de très-beaux et très- bons fruits que les Japonais mangent à la facon des poires et des pommes. — Le Fraisier et le Framboisier, qui portent le même nom (/chig0), n'existent qu’à l’état sauvage. Les fram- boises sont communes et de deux espèces : les unes jaunes, aux environs de Yokohama, par exemple, etles autres rouges, comme dans la province de Etchigo. Quant aux fraises, elles sont complétement sans saveur et ne peuvent servir à l’ali- mentation. Depuis quelques années, on trouve en quantité, dans les ports fréquentés par les Européens, nos bonnes espèces cultivées d'Europe. Sésameées. — Le Sésame (Goma) est cultivé et sert à la fa- brication de l'huile que les Japonais emploient pour la prépa- ration de leurs aliments. Cette huile est assez mauvaise et fort mal épurée. Solanées. — La Pomme de terre, qui a été importée dans le temps par les. Hollandais, commence à être très-répandue dans la plupart des provinces, surtout dans celles du nord. Les ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 515 Japonais lappellent la racine de Batavia (Dyaraqua mo), à cause de sa provenance. Îls commencent à prendre goût à cet aliment, et 1l n’y a pas de doute que l’usage n’en devienne de plus en plus général. La Mélongène (Nasaulr) est très-appréciée des Japonais, qui la cultivent beaucoup. Gette espèce fournit des fruits un peu petits et presque ronds; 1l est vrai qu’on n'apporte pas beaucoup de soin à sa culture en général. Synanthérées. — Au point de vue alimentaire, cette famille est fort mal représentée au Japon. Toutes nos espèces d’'Eu- rope, telles que Chicorée, Endive, Scorsonère, Escarole, Salsitis, Artichaut, etc., ont été importées récemment par les Européens, qui seuls en font usage. Quant aux Japonais, ils mangent occasionnellement quelques espèces sauvages, parli- culièrement le Pissenlit (Tampopo) et le Nardosmia japonica (Foukr). Ge dernier est quelquefois cultivé. 20°, 21°, 22°, Plantes médicinales, industrielles et accessoires. Pour éviter la répétition de la série des familles botaniques, je crois préférable de réunir en un seul groupe ces trois calégories de plantes, en suivant l’ordre alphabétique des familles. | | Acérinées. — Cette famille est magnifiquement représentée au Japon par le genre Érable. D'après MM. Franchet et Sava- tier, il n’y en a pas moins de vingt-deux espèces, qui sont les suivantes : Acer japonicum, Sreboldianum, pictum, trun- catum, trifidum, diabolicum, circumlobatum, Buergerianum, palmatum, capillipes, spicatum, tataricum, micranthum, rufinerve, cratægifolium, carpinifolium, distylum, arqutum pycnanthum, sessilifolrum, cissifolium, nikoense. La plupart de ces espèces peuvent servir d’arbres d’agré- ment ou fournir à l’industrie d'excellents bois pour divers usages. Araliacées, — Le Gin seng (Nindyin, Panax Ginsenq) 516 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. est cultivé au Japon, et cette plante passe pour être de pro- priélés merveilleuses, excitantes et aphrodisiaques. Les cul- tures que j'en ai vues dans les provinces du nord sont faites avec beaucoup de soin, et l’on prend la précaution de recouvrir les jeunes plantes de nattes de paille pour les abriter contre les gelées tardives. Gette famille comprend aussi plusieurs espèces de Lierres, dont une, l’Hedera helix, var. rhombea, pourrait servir de plante d'ornement. Balsaminées. — On trouve plusieurs espèces de Balsamines pouvant servir comme jolies plantes d'ornement, entre autres l’Impatiens Textori, à fleurs rouges. Berbéridées. — Cette famille comprend plusieurs espèces, telles que le Berberis chinensis, vulgaris, japonica. L’Epime- dium macranthum ei le Naudina domestica sont employés pour ornementation. Betulacées.— Le Bouleau et l’Aulne doiveni être cités comme arbres d'utilité. Calycanthées. — Cette famille fournit le Chimonanthus fragrans Pour la culture ornementale; peut-être cette espèce a-t-elle été importée de Chine. Camellhacées. — À part le Thé, dont ii a été déjà parlé, il faut citer les Camellia, qui sont absolument spontanés au Japon; on les trouve à l’élat sauvage dans les bois et le long des chemins, et à cet état ils ont quelquefois les fleurs doubles. Toutefois le Camellia est très-cultivé par les Japonais pour l’ornementation, et il produit alors de magnifiques fleurs, blanches, rouges, et d’une foule d’autres nuances et variétés que fait naître la culture. On dislingue deux espèces de Ca- mellia : le C. japonica et le C. Sasanqua, cette dernière espèce ayant cinq ou six variétés. Campanulacées. — Cette famille pourrait fournir à la cul- ture ornementale quelques espèces, tellesque le Campanumæa lanceolata, le Platycodon grandifloruw, dont la corolle devient facilement double par la culture, et l’Adenophora verticillata. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 517 Cannabinées. — Le Chanvre du Japon est remarquable par sa grande taille et par sa bonne qualité; il est l’objet d’un commerce important, Les Japonais le font rouir en le plon- geant au fond des cours d’eau vive et en l'y maintenant quel- que temps avec des pierres. [ls se servent aussi des tiges de chanvre pour faire des ciôtures autour de leurs habitations. Caprifoliacées. — On peut citer dans cette famille un beau Sureau et une jolie espèce de Chèvrefeuille, le Lonicera con-. fusa, et aussi le Diervilla japonica. Caryophyllées. — On peut citer les espèces d'Œillets, Dian- thus Superbus, japonicus, Sequieri; les Lychnis grandiflora, Miqueliana ; enfin une Saponaire, le Saponaria vaccaria. Célastrinées.— 11 n’y a à citer qu'unejolie espèce deFusain, Evonymus japonicus. Composées. — Cette famille si nombreuse est assez large- ment représentée au Japon, mais n’offre que peu d’espéces utiles. Quelques-unes cependant pourraient paraître intéres- santes, telles que Gricus Maoku, le Saussurea Bungei, Ixeris Thunbergi, Eclipta alba, Boltonia indica, Pertya scandens, Paicris japonica, Inula japonica, Eupatorium japonicum, Sregesbechia orientalis, etc. Mais l'espèce cultivée qui prime toutes les autres est le Chrysanthème (K:kou). On le cultive partout avec soin, et il produit des ileurs admirables par leur grandeur et la richesse et la variété de leurs nuances, qui sont infinies. La fleur du Chrysanthème forme, du reste, l’écusson impérial. On cultive aussi en pleine terre une variété de Chrysanthème à fleurs jaunes que l’on mange. Conifères. — Le Japon est très-riche en sujets de cette fa- mille, et presque toutes les espèces d'arbres verts résineux y sont représentées; mais ilne m'a pas encore été possible de m’en procurer une liste un peu détaillée. Les Pins (Matsou), dont il y a plusieurs espèces, forment le groupe le plus im- portant. On en voitsurtout des allées magnifiques autour des temples et le long de certaines routes. Le Pin est pour ainsi 518 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. dire un arbre semi-officiel. On l’emploie néanmoins beaucoup comme bois de construction. J'ai remarqué que la plupart des vieux troncs sont creux; pour empêcher l'arbre de ‘périr, les Japonais ont l'habitude d’allumer du feu dans les cavités et de carboniser les parties malades du bois. | Les Cyprès, les Sapins, les Thuias, les Genévriers, Mélèzes, Cèdres, et d’autres genres sont représentés par de nom- breuses espèces, dont quelques-unes sont spéciales au pays, telles que le Genkgo biloba, le Cryptomeria japonica, etc. — Les Japonais exploitent très-peu leurs Conifères pour en re- irer les produits, qu’ils emploient peu : ainsi ils ne se servent pas de goudron pour le calfatage de leurs barques, et ils ignorent l’usage et la fabrication des dérivés de la résine, du goudron, etc. Convolvulacées. — Cette famille fournit une planie pré- cieuse, qui aurait dü trouver sa place dans la catégorie des plantes alimentaires : c’est la Patate douce, Convolvulus Ba- tatas (Satsouma imo),; elle est souvent cultivée dans les terres légères et elle n’a pas besoin d’être arrosée. Quelques espèces pourraient servir d'ornement, telles que le Calystegia japonica, etc. Cornées. — T’Aucuba japonica (O kouba) est employé pour l’ornementation. Crucifères. — On cultive sur une grande échelle le Colza, dont on fait une huile employée pour l'éclairage. C’est une des cultures importantes du pays. Cucurbitacées. — Cette famille, irès-importante par ses produits alimentaires, fournit peu de chose à l’industrie. Une espèce cependant, le Trichosanthes cucumeroides, pourrait être employée pour l'ornementation, comme plante grim- pante, à cause de la singularité de sa longue corolle blanche terminée par de longues franges soyeuses ; malheureusement les feuilles sont rudes et d'un vert foncé peu agréable. Cupulifères. — Cette famille est remarquable par le grand nombre d'espèces de Chènes (Xac/i). Ils sont fort employés ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 519 pour la construction et aussi comme bois de chauffage. Deux espèces sont particulièrement en usage, dans le pays même, pour l'ornementation : l’une (Kachiwa), que l’on trouve dans presque tous les jardins japonais, a de grandes feuilles forte- ment lobées; l’autre (C/21) a au contraire de petites feuilles lancéolées, lisses, d’un beau vert luisant. Le port de cet arbre est très-élégant et produit des glands petits, à cupule grise lisse, striès circulairement. Celte dernière espèce, dont il y a deux variétés, se (rouve presque invariablement autour des pagodes. Dipsacées.— On ne peut guëre citer qu’une assez jolie espèce de Scabieuse, le Scabiosa japonica, dont on pourrait tirer parti pour l’ornementation. Gentiances. — On trouve deux jolies espèces, le Gentiana Buergeru, et le Swertia rotata. Géramacées. — Le Japon ne compte que trois espèces de Geranium, peu remarquables du reste, qui sont : Geranium Sibiricum, erianthuim et palustre. Hamaméhdées.—L'espèce la plus importante de ce groupe est le Distylium raceinosum, qui produit les galles dites de Chine. Mais, comme je l'ai déjà fait observer, j'ai trouvé moi- même ces galles sur les feuilles du Aus semialata. Hydrangées. — Cette famille contient sept espèces d'Hor- tensias, qui sont : l’'Aydrangea hirta, virens, paniculata, in- volucrata, hortensis, Thunberqi, petiolaris. La première de ces espèces est surtout très-élégante par son port, ses feuilles dentées et la beauté de ses fleurs, et peut être un fort joli arbre pour l’ornementalion. | [licinées. — D'après Franchet et Savatier, on ne compte pas moins, au Japon, de quatorze espèce de Houx, qui sont : Ilex crenata, emarginata, arqutidens, Sieboldi, macropoda, Oldhami, latifolia, integra, rotunda, pedunculosa, subpu- berula, Buergerit, serrata, subtihs. Quelques-unes de ces espèces sont employées dans le pays même comme ornement : 520 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. on les voit souvent à l'entrée des cours et jardins, et souvent elles en forment les haies ou clôtures. Iridées.— On peut citer une espèce d'Iris(CAaga), souvent employée aussi comme ornement dans le pays; elle est fort rustique, et il n'est pas rare de la voir couronner le faîte des chaumières. Labrées. — Cette famille fournit un assez grand nombre de plantes intéressantes, parmi lesquelles on peut citer la Menthe commune (Wentha arvensis, un Hedeoma voisin du Thym, le Salvia japonica, le Teucrium japonicum, Leonurus japoni- cus, Phthetrospermum chinense, voisin du genre Euphrasia, le Salvia nipponica, le Plectranthes Maximowiczti, voisin du genre Ocimum, Calamintha sinensis, VElsholtzia cristata (Hyssopus ocimifolia), ete. Il faut faire observer qu’en gé- néral les Labiées du Japon ont une odeur moins prononcée que leurs congénères d'Europe. | Laurinées. — Il y a au Japon quelques espèces ornemen- tales assez remarquables, parmi lesquelles le Daphne odora (Djin tcho le) est très-employé par les Japonais comme orne- mentation. Léqumineuses. — Nous avons déjà vu que cette famiile, une des plus nombreuses et des plus importantes du règne vé- gétal, est assez mal représentée au Japon, au point de vue des produits alimentaires. Dans la catégorie des plantes d’orne- ment, elle produit cependant quelques espèces intéressantes, dont les principales sont les suivantes : Dans la tribu des Césalpiniées, les Cassia mimosoides, occi- dentalis, Sophera, Tora; le Gleditschia japonica, Cercis chi- nensis. Dans les Papilionacées, les Sophora japonica, platycarpa, et angustifolia ; le Cladrastis amurensis; deux belles espèces de Glycines, les Wostaroa chinensis et brachybotrys ; le Cara- gana chamlaya ; les Indigofera decora, tinctoria ; Psoralea corylifolia; Trigonella Fœnum-græcum ; Medicago Lupulina, denticulata ; Cytisus scoparius ; Crotalaria sessiliflora ; plu- sieurs belles espèces de Lespedeza. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 991 Liliacées.— Environ une douzaine d'espèces de Lis du Japon sont célèbres et très-connus de tous les amateurs d'Europe ; il ya quelques années le Japon envoyait en Europe des bulbes de Lis pour des sommes assez importantes. Ce genre de com- merce est beaucoup diminué maintenant, soit parce que les horticulteurs européens ont acclimaté ces diverses espèces, soit à cause du prix très-élevé que les Japonais demandent encore de quelques-unes. Linées. — Le Japon ne produit que deux espèces de Lin, Linum stelleroides, perenne, qui ne servent en rien à l’in- dustrie. Lythrariées. — On peut citer le Lagerstræmia indica, Ly- thrum Sulicaria, virgatum, et quelques espèces d’Ammania. Magnoliacées.--On trouve au Japon quelques belles espèces de Magnolia, qui sont : les Magnolia compressa, stellata, sa- hicifolia, obovata, parviflora, conspicua, kobus, hypoleuca, et que les Japonais emploient pour l’ornementation; la Badiane ({llicium anisatum), qu'ils emploient comme médicament ; le Schizsandra chinensis, nigra, le Kadsura japonica. Malvacées. — Le produit le plus important de cette famille est certainement leCotonnier, Gossypium indicum(Watanoki). Il est le même que celui de la Chine; mais la culture en est maintenant beaucoup plus négligée au Japon, depuis l’impor- iation des cotonnades anglaises. On peut citer ensuite les Æ- biscus hamabo, Manihot, mutabrlis, Rosa sinensis, syriacus, ternatus, japonicus; V Alcea rosea; les Malva silvestris, pul- chella, rotundifolia. Méliacées. — On trouve trois espèces de Melia, qui sont le Melia Toosendan, japonica et Azedarach. Ménispermées. — I n'y a guère à citer que trois espèces de Coques : les Cocculus laurifolius, Thunbergi et diversifolous ; et le Menispermum dahuricum. Oléinées. — Cette famille compte plusieurs jolies espèces, parmi lesquelles figurent le Zigustrum japonicum, le Forsy- 529 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. tra viridissima, le Fraxinus pubinervis, VOsinanthus fra- grans, dont il existe deux variétés, l’une à fleurs blanches et l'autre à fleurs jaunes. On aromatise parfois le thé avec les fleurs blanches. Ombellifères. — Cette famille, bien que largement repré- sentée au Japon, ne présente que peu ou point d'espèces uliles pour l’industrie ou pour l’ornementation. Le Fœniculum vulqare est parfois cullivé. Orchadées. —1] y a une jolie petite espèce, le Spiranthes australis, dont les fleurs s’enroulent autour de la tige par une élégante spirale. Oxalidées. — On trouve les Oxalis corniculata, Acetosella et obtrianqulata. Papavéracées. — Le Macleya cordata, très-rustique, pour- rait servir pour l'ornement. On trouve ensuite le Chelidonium majus; le Papaver somniferum, Rhœas; le Stylophorum japoñicum et plusieurs espèces de Corydalis. Les Japonais ne fument pas l’opium à la manière des Chinois ; j'ai vu ce- pendant des extraits d’opium préparés, m’a-t-on dit, par eux et pour les usages de la médecine, et qui m'ont paru être de très-bonne qualité. Diverses variétés de Pavots sont parfois cultivées seulement comme ornement. Personnées. — Le Paulownia 1mperialis est commun au Japon. Philadelpnées. — 1 n’y à à citer, pour la culiure ornemen- tale, que le Philadelphus coronarius et les Deutzia scabra, Sieboldiana et gracilis. Pittosporées. — On ne trouve au Japon que le Peftosporum Tolrra. Polyqalées. — Cette famille ne fournit que trois espèces, qui sont : le Polyqala sibirica, japonica, Tatarinowu. Portulacées. — W n y a que le Portulaca oleracea, non em- ployé par les Japonais. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 923 Primulacées. — Une Primevèére seulement, le Premula sinensis, et quelques Lysimaques, comme le ZLysimachia clethroides, méritent seules d’être citees. Renonculacées. — On trouve au Japon un nombre considé- rable d'espèces de cette famille. Le genre C/ematis fournit les Clematis paniculata, biternata, longiloba, apiifolia, Pierotu, Stans, florida, japonica, Williamsn. Dans la tribu des Anémonées, on trouve les Thalictrum aguilegifolium, acteifolium, simplex, minus, et neuf espèces d’Anémones, qui sont les Anemone cernua, japonica, pensyl- vanica, parviflora, nikoensis, altaica, flaccula, narcissiflora, hepatica ; V Adoras apennina. D'après Franchet et Savaiier, on compte treize espèces de Renoncules: Ranunculus Droueti, japonicus, ternatus, Vernryi, Zuccarinii, Buergerii, Sieboldi, hirtellus, chinensis, propin- quus, acris, repens, sceleratus. À cela il faut ajouter le Caltha palustris, Trollius japoracus ; les Aguulegia qglandulosa et atropurpurea;, l'Anemopsis ma- crophylla ; les Aconits, Acomitum japonicum, Fischert et uncinatum ; l'Aciæa spicata, et deux espèces de Pivoines, dont les Japonais cultivent de magnifiques variétés, et qui sont les Pæonia montana et albiflora. Rhamnées. — À part le Jujubier déjà cité, on peut signaler dans cette famille l’Æ/ovenca dulcis, les Rhamnus japonicus, costatus, Frangula, crenatus, et le Berchenua racemosa. Rosacées. — Comme plantes d'ornement de cette famille, Le Japon peut en fournir un assez grand nombre, parmi les- quelles il convient de citer quelques espèces de Roses donnant par la culture de jolies variétés, telles que le Rosa multiflora, Sinica, indica, Sieboldi; le Pirus japonicus, remarquabie par ses belles fleurs rouges ; le Kerria japonica, à belles fleurs jaunes, qui se trouvent souvent doubles à l’état sauvage; le Rhodotypus kerrioides, etc. Rubracées. — Le produit le plus important de cette famille, pour la culture ornementale, est le Gardenia florida. 594 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Salicinées. — On trouve au Japon diverses espèces d’Osiers employées par l’industrie, et aussi quelques espèces de Saules, dont le Saule pleureur employé souvent pour l’ornemen- tation. Sazifragées. — On trouve dans cette famille l'Hoteia japo- nica et l’Hoterïa Thunberqgi, pouvant servir pour la culture ornementale. Solanées.— Le Japon produit une grande quantité de Tabac qui sert en partie à la consommation du pays, et dont une partie est achetée par les Européens, qui l’exportent. La culture du Tabac ne m’a pas paru exiger de procédés par- ticuliers, et les paysans japonais se contentent d’en faire sécher les feuilles en les suspendant à des cordes tendues horizon- talement. Tamariscinées. — Le Japon ne fournit qu’une espèce, le Tamarix chinensis, qui est généralement cultivé. Taxinées. — On peut citer le Ginkgo biloba, pour lequel les Japonais ont une certaine vénération et qu’ils planteni sou- vent autour des temples, et le Podocarpus chinensis. Térébinthacées. — L'industrie japonaise retire un produit précieux et très-employé d’un arbre de cette famille, le RAus vernicifera : le suc de cet arbre, que l’on obtient en faisant à l'écorce des incisions transversales à la montée de la séve, sert à préparer la laque si connue et si estimée du Japon. Bien que cet arbre croisse à l’état naturel dans les forêts, j'en ai vu d’assez grandes plantations dans quelques districts du nord. | Une autre espèce du même genre, le Rhus semialata, four- nit les galles appelées fouchi, qui font un objet de commerce et dont les femmes japonaises se servent pour la préparation de la teinture avec laquelle elles noircissent leurs dents. On trouve encore les Rhus Toxicodendron, trichocarpa, sulvestris, succedanea. Thymélées. — On peut citer quelques espèces de Daphne, parmi lesquelles le Daphne odorata. ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 525 Tiliacées. — MM. Franchet et Savatier ne signalent au Japon que deux espèces de Tilleuls, qui sont le 72/4 cordata et le Tilia mandshurica. Vinlariées. — On trouve au Japon une douzaine d’espèces de Violettes, dont quelques-unes remarquables par les belles nuances de leurs fleurs. Malheureusement elles sont tout à fait modores ou peu s’en faut. ® Xanthoxylées. — On peut citer les Xanthoxylon piperitum, dont les feuilles et les graines aromatiques sont employées comme condiment,; les Xanthoxylon schinnifolium, ailan- thoides, planispinum ei emarqginellum. Cryptogames, — Jene citerai que pour mémoire une espèce de Fougère, appelée Warabr, et dont les Japonais mangent les feuilles alors qu'elles sont encore très-jeunes. Pour se les procurer en plus grande quantité, ils ont l'habitude, au com- mencement du printemps, d'incendier les herbes sèches qui recouvrent les flancs incultes des montagnes ; peu de temps après, les Fougères poussent, paraît-il, en plus grande abon- dance. La classe des Champignons fournit à la population japonaise une ressource précieuse pour l’alimentation : on les consomme en trés-grande quantité, et ils sont même un article de com- merce. Les espèces les plus employées sont les Agarics appe- lés : Samatsou chimedyi, Daiko chimedji, Sembon chimedii, Chi take, Matsou take, Matsou kotake, Beni take, Nara take. Cette dernière espèce paraîl douteuse et a la réputation de donner parfois des coliques. Parmi les Bolets, je n'en ai vu employer que deux espèces, l’une appelée Nono bla, et l’autre Ko take. Cette dernière espèce est très-aromatique ; on la fait sécher, et je crois qu'elle est peu estimée, et peut-être uniquement usitée à titre de condiment. Une espèce de Clavaire, appelée Nedzounn take, est assez estimée. Enfin, dans quelques districts on mange une espèce de Lycoperdon appelée Choro, trés-prisée, m'a-t-on dit, mais que j'ai peu appréciée pour mon compte. 596 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Dans ce rapide exposé sommaire des végétaux utiles, j'en ai omis à dessein un certain nombre dont l'utilité me parait toute locale, et dont les Européens ne pourraient tirer aucun profit, tels que les Prêles, par exemple, le Bursa pastoris, etc., que les Japonais mangent cependant volontiers. Ïls font aussi une assez grande consommation d'herbes et plantes marines, Laminaires, Mousses, Varechs, etc. Mais je n'ai pu me procurer des renseignements suffisants sur ces espèces, qui viennent en grande partie des côtes du nord de l'archipel. VIT Îl me paraît difficile de dire quelles sont les espèces d’ani- maux et de plantes qu’il serait le plus désirable de voir in- troduire au Japon, en raison de ce que ce pays, ayant été jusqu’à ces derniers temps complétement isolé du reste du monde, les habitants sont habitués à se contenter des produits de leur propre sol, à l'exclusion de tout autre. Malcré le grand bruit que font les journaux sur la facilité inouïe avec laquelle les Japonais adoptent les idées et les mœurs des nations eu- ropéennes, en s'appuyant sur Îles grandes réformes accomplies depuis la révolution de 1868, ce serait une erreur que de croire que le peuple a une tendance à modifier dès à présent ses habitudes séculaires. Toutes les modifications que l’on cite avec tant d'éclat, et qui, en effet, semblent étonnantes au premier abord, n'existent réellement qu'à la surface, n’ap- partiennent qu'aux administrations de l'État, qui lesont créées et imposées, et n’ont eu, jusqu'à présent, aucune influence sur les mœurs et les habitudes nationales. Gelles-ci sont res- tées exactement les mêmes que dans les siècles précédents, et il est impossible de prévoir le jour où élles se modifieront sérieusement au contact des Européens. il faudrait pour cela que le caractère national lui-même fût changé, et 1l faut des siècles pour produire une pareille Hétth ho) Pour ces raisons, il me paraît bien difficile, pour ne pas dire impossible, que les Japonais adoptent dès à présent, et d’une manière sérieuse, les plantes et les animaux qui leur ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 527 manquent et:qui sont pour nous de première nécessité. En effet, celte expérience de l’introduction au Japon de plantes et d'animaux exotiques a été tentée etse poursuit encore avec l'insuccès le plus complet; et cependant elle se fait dans les circonstances les plus propres à assurer le succès, puisque c’est par les ordres et sous les auspices du gouvernement, qui en supporte tous les frais, qu'elle a été entreprise. Le dé- partement de l’agriculture a consacré des millions à la fon- dation d’une colonie agricole dans l’île de Yeso et pour la création de fermes-écoles dans les environs de Yedo. La di- rection de ces établissements a été confiée à des Américains, qui n’ont rien épargné pour arriver à un résultat favorable. Mais jusqu'ici tous leurs efforts et toutes les prodigalités du gouvernement ont été en pure perte. Ce n’est pas qu’il soit impossible ni même difficile d’accli- mater au Japon, soit les animaux, soit les plantes utiles de l’Europe. Le climat est au contraire trés-favorable et le sol généralement très-fertile. La difficulté reconnaît d’autres causes, parmi lesquelles on peut compter, en première ligne, l’apathie et l’indifférence des populations, l'inconvénient pour elles de changer leurs vieilles habitudes, et enfin le défaut de ressources. Il faut admettre, en effet, que le but de l’acclima- tation de certaines espèces consiste à les répandre dans le pays et à les introduire dans les usages domestiques; ou se propose l'utilité publique, en augmentant les ressources de l’économie domestique. Sans cela, les tentatives d’acclimata- tion se réduiraient à de simples essais de physiologie, qui ne pourraient intéresser qu'un petit nombre de savants, sans avoir la prétention d'entrer dans la pratique. Or, jusqu’iei les populations japonaises se sont montrées tout à fait réfractaires quand il s’est agi d’adopter les plantes et les animaux européens, par la simple raison qu'ils ne savent quoi en faire. Un exemple suffira pour démontrer la justesse de cette assertion. [l'y a trois ans, les Japonais se prirent tout à coup d’un engouementextraordinaire pour l’espèce porcine. J1 ne leur fut pas difficile de s’en procurer, attendu que leurs voisins les Chinois élèvent une immense quantité de Porcs dont 528 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. ils font une grande consommation. Les Chinois, d’ailleurs, se prêtérent d'autant plus volontiers à satisfaire cette fantaisie des Japonais, que ceux-ci payaient des prix exiravagants. Mais si rien n’élait plus facile pour le paysan que d'acheter un porc, en revanche rien ne lui était plus difficile que de l’élever; et de fait il n'avait rien pour cela, il ne savait com- ment s’y prendre. Nourrir les animaux avec du riz, des cé- réales, des patates, etc., il ne fallait pas y songer, cela aurait été beaucoup trop dispendieux; on ne pouvait les mener paître dans les champs cultivés; les conduire dans les bois, où ils auraient fait leur profit des glands de chêne qui abondeni, eût exigé une surveillance trop pénible. De plus, les Japonais sont jaloux d'entretenir leurs maisons et leurs dépendances dans un grand état de propreté, et les mœurs ordurières des porcsleur déplurent beaucoup. Les éleveurs, promptement revenus de leur engouement, voulurent se défaire de leurs animaux, mais ils n’en trouvèrent le placement à aucun prix, parce que les Japonais ne mangent pas de viande, sauf quelques bien rares occasions exceptionnelles, et les Euro- péens eux-mêmes refusaient d'acheter des animaux maigres et chétifs. Beaucoup d’éleveurs furent heureux de vendre 2 ou 3 francs des animaux qu'ils avaient payés fort cher; d’autres finirent par les donner pour rien plutôt que de les garder. Cette expérience d’acclimatation du Porc faite par le peuple japonais lui-même sur une grande échelle me paraît décisive. Elle prouve qu'il est oiseux de vouloir introduire le Porc au Japon pour plusieurs raisons, dont la principale est que le peuple ne veut pas en manger. Eh bien! ce qui est vrai pour le Porc, l’est tout autant pour les autres animaux alimen- taires; il serait donc inutile d'introduire les Moutons, Oies, Canards, etc. : personne n'en mangerait. On rencontre par- fois quelques rares couples de canards; c’est pure affaire de curiosité. Serait-on plus heureux pour les plantes alimentaires? Tout prouve qu'il en serait de même que pour les animaux. Ainsi, malgré toutes les facilités qu’ils ont eues, les Japonais n’ont ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON. 229 Jamais essayé de faire usage de nos plantes alimentaires, sauf de la Pomme de terre, pour laquelle ils commencentä avoir un goût qui semble s’accroître un peu tous les jours. Aux envi- rons de Yokohama, nombre de Japonais cultivent toutes nos espèces polagères, dontils sont les seuls à approvisionner le marché, mais seulement à l'usage exclusif des étrangers. Pour eux-mêmes, 1ls se contentent de leurs propres légumes. De ce fait, on peut conclure qu'ils ne sont pas plus disposés à pro- filer de nos plantes que de nos animaux, Le gouvernement japonais semble cependant vouloir faire, pour les produits végétaux européens, les mêmes tentatives qu'il a déjà faites pour certains animaux. Ainsi, on dit qu'il a pris déjà des mesures pour acchimater l'olivier. Quand on songe que les Japonais ne connaissent ni la graisse nile beurre, et qu'ils n'ont pour leurspréparations culinaires que quelques mauvaises huiles de sésame, de colza, etc., il est certain que l'olivier serait une précieuse acquisition pour le Japon; mais en admettant que la grande humidité qui règne surlout au printemps et en été ne lui füt pas défavorable, à quoi servirait son acclimatalion, si les populations continuent à préférer, comme c’est bien probable, leurs mauvaises huiles indigènes aux bonnes huiles d'olive. Le gouvernement à aussi, dit-on, fait venir des graines de toute sorte de l'Autriche, sur le rapport qui lui a été fait par ses agents sur les beaux produits de l’horticulture et de l'agri- culture exposés à l’exposition de Vienne. Celte nouvelle ten- tative aura-t-elle plus de succès que les précédentes? C'est ce que l'avenir apprendra. NUIT — IX D’après ce qui précède, il est facile de voir qu'il y a peu de moyens de favoriser entre le Japon et les autres contrées lé- change des animaux et des végétaux. n'existe en elfet, dans le pays, aucune société d'agriculture, d'horticulture, d'acclima- ation, etc. Les classes élevées et aristocratiques du pays sont 3° SÉRIE, T. IL — Septembre 1875 31 530 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATIUN. généralement dans une ignorance complète de tout ce qu concerne les productions du sol auxquelles elles n’attachent du reste qu’un intérêt médiocre. D'un autre côté, les sciences ont été introduites depuis trop peu de temps, pour qu'on puisse espérer de trouver un corps de savants éclairés qui metiraient leurs connaissances au service du progrès de leur pays. C’est à peine si l’on compte quelques botanistes, dont la principale préoccupation est d’appiiquer aux végétaux du Japon les noms scientifiques que leur fournissent les Euro- péens; mais le plus souvent ils n'apportent, dans leurs éludes, aucun esprit de méthode scientifique, ne saisissent nullement le sens philosophique qui préside à nos classifications, et ne cherchent jamais à faire à l’agriculture l'application de ce qu’ils peuvent avoir acquis de connaissances. I n’y aurait, à mon avis, qu un seul moyen pratique, simple et efficace, d'obtenir du Japon les animaux et les plantes que l'on désirerait avoir. Ce serait de s'adresser directement à l'administration japonaise qui, sous le nom de Kaïtakouclu, est chargée par le gouvernement iur-même du département spécial de l’agriculture. Ce n’est que parmi les fonctionnaires de cette administration que l’on pourraittrouver des hommes désireux de faire de nouvelles acquisitions de plantes et d’ani- maux ; ils seraient peut-être d'autant mieux disposés, que les espèces qu’ils se sont procurées Jusqu'ici, tant pour la colonie agricole de Yedo que pour les fermes-écoles des environs de Yedo, leur ont coûté fort cher, et que le système d’échanger ne leur occasionnerait que bien peu de frais. Grâce à l’auto- rité dont ils sont investis et aux ressources considérables dont ils disposent, rien ne leur est plus facile que de se procurer, dans leur propre pays, les sujets qui leur seraient demandés. En outre de ces considérations, on pourrait ajouter que les fonctionnaires japonais du département de l’agriculture se- raient sans aucun doute flattés d’être en relation avec des sociétés importantes d'Europe, parmi lesquelles la Société d’acclimatation de Paris figure au premier rang. Pour arriver à établir la voie des échanges avec le Japon, je pense donc qu'il suffirait que des ouvertures à ce sujet ANIMAUX ET PLANTES UTILES DU JAPON, 991 fussent faites à l'administration du Kaïtakouchn par une per - sonne autorisée par la Société dacclimatation de Paris. Si celle idée était prise en considération, je serais heureux de me mettre à la disposition de la Société, dans le cas où elle trouverait convenable de m'employer en ces circon- slances. II. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU CONSEIL DU 27 AOUT 1815 Présidence de M. le DT LABARRAQUE, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame l’admission dans la Société des Membres nouveaux dont les noms suivent : MM. Présentateurs, ( A. Geoffroy Saint-Hilaire. Fréd. Jacquemart. | René Jacquemart. ani de Lhuys. BARBIER (Maxime), ancien magistrat, avenue de Paris, 25, à Versailles (Seine-et-Oise). RECHARD (Marcelin), président du Tribunal de SRE = Louvrier. commerce, à Poitiers (Vienne). Paul Moreau. CABANES (Joseph), avocat, maire de la ville d’Au-{ Drouyn de Lhuys. rillac, membre du Conseil général du Cantal, { Saint-Yves Ménard, place de la Préfecture, à Aurillac (Cantal.) ae de Pruns. A. Geoffroy Saint-Hilaire. CHAIGNEAU (Félix), propriétaire, à Vouvant (Ven- Jules Grisard. dée). Ch. Pacqueteau. CHOVET (Clément-Alexandre), huissier aie. | A. Dieu. cier de la Justice de paix, place de Ja Mairie, Drouyn de Lhuys. 2, à Neuilly (Seine). (Gaudinot. A. Dieu. Dax (Victor), maire de la ville de Neuilly (Seine). { Drouyn de Lhuys. Gaudinot. Drouyn de Lhuys. Fumouze aîné (le D’), boul. Magenta, 89, à Paris. { A. Geoffroy Saint-Hilaire. , Aug. Salmon. GUILLOTAUX (Hippolyte), propriétaire, au châ-, A. Geoffroy Saint-Ililaire. teau de la Cardomière, commune de Queven, { Jules Grisard, arrondissement de Lorient (Morbihan). G. Ratier. KeRGaRIOU (le vicomte Christian de), proprié-{ E. Garnot taire, au château de Montebise, près Jar) Maurice Girard. (Seine-et-Marne). | | H. Labarraque. PROCÈS-VERBAUX. 539 À, Geoffroy Saint-Hilaire. LAwarcHE (Émile), à Liége (Belgique). H, Labarraque. Oscar Lamarche. ts A. Geoffroy Saint-Hilaire. LAURENT-RICHARD (Charles), propriétaire, rue ( D Fi aix Saint-Honoré, 229, à Paris. | Saint vies A NS MARGANTIN (Alexandre), propriétaire, à Clin-/ Drouyn de Lhuys. court-Sle-Marguerile, par Ressons-sur-Matz ? E. Garnot. (Oise). A. Geoffroy Saint-Hilaire. : è A. Geoffr aint-Hilaire. ROGER (Georges), fabricant de meules, à la Ferté- | F. pur noise sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Cr Eco F. Michon. SAINT-GILLES (le comte R. de), propriétaire, au { E. Garnot. château de Fretay, commune du Mae Maurice Girard. (Ille-et-Vilaine). H. Labarraque. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Louvrier. TORTAT (Gaston), avocat, à Saintes (Charente- Inférieure). — Le Conseil apprend avec une vive douleur l'assassinat et la mort de don Gabriel Moreno, Président de la république de l'Équateur, membre honoraire de notre Société. Il exprime, à propos de cet acte odieux, les sentiments de profonde indi- onation que parlageront lous les membres de notre Société. — M. Le Président annonce la perte très-regrettable que la Société vient de faire dans la personne d’un de ses membres les plus zélés, M. Mion, décédé au château du Val-Barisien, près Chaumont (Haute-Marne). _ — Le Congrès des sciences géographiques a décerné à la Société d’acchmatation une médaille de seconde classe. — Le frère trappiste Gildas (de Rome) et M. Zeiller (de Baccarat) adressent des remerciments pour leur admission dans notre Société. — M. le docteur Mongrand, de Saintes (Charente-Inférieure), annonce l'envoi prochain d’un mémoire sur ses éducations de 41875 des Vers àsoie du Mürier et du Chêne (Voy.au Bulletin). — M. G. Bourdier, de Monthoyer, près Chalais (Charente), nous écrit qu'il adressera à la Société les publications relatives à ses éducations du Ver à soie du Chêne dans la Charente. — M. Philippe Delamain envoie de Jarnac (Charente) une 53h SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. 4 note fort intéressante sur ses volières à reproduction des Perruches d'Australie (voy. au Bulletin). J'ai eu le plaisir de vérifier récemment les résultats remar- quables obtenus, de voir une seconde couvée de l’année de la Perruche palliceps, au grand émoi des jeunes oisillons con- tenus dans la boîte fermée da nid, et qui, à la façon habituelle des Perruchons, faisaient entenare leur singulière crépitation. — M. le Ministre des Affaires étrangères communique à la Société une lettre du Consul de France à Malte, contenant divers renseignements sur les végétaux et les animaux de File. — M. le Vicomte Aguado adresse un rapport sur l’élevage du Faisan dans sa propriété de Sivry-Courtry (Seine-et-Marne), près deMelun. — Renvoi à la Commission des récompenses. M. le docteur H. Gareu, ancien médecin militaire, actuelle- ment établi à Moka (île Maurice), fait connaître qu’on attribue la destruction des Sauterelles dans celte ile à l'introduction du Martin, oiseau très-protégé par l'autorité anglaise, ‘qui punit sa destruction d’une amende de 50 francs par sujet. IL offre sés services pour l'introduction en Algérie des fruits de l'île Maurice, tels que mangues, litchis, bibasses, ananas, bananes, etc. — Remerciments. — Le frère Gildas écrit du monastère de la trappe de Saint- Paui-Trois-Fontaines, près de Rome, relativement à l'éféxir fébrifuge d’Eucali;ptus préparé au couvent et aux plantations faites : « Je viens de meltre au chemin de fer, grande vitesse, la petite caisse d’élixir d'Eucalyptus que j'ai eu l’honneur de vous annoncer le mois dernier. » Nous avons commencé à admimisirer PEwcalyptus comme fébrifuge sous la forme de décoction; plusieurs d’entre nous, et en particulier notre supérieur, ont été guéris par ce moyen, et souvent nos voisins ou des personnes de Rome viennent nous demander des feuilles pour le même usage. Cependant nous avons renoncé à l'employer sous cette forme à cause de son goût de térébenthine, l'impossibilité de le conserver, les quantités qu’il en fallait boire, et parce que nous pensions ne pas obtenir par la décoction tous les principes actifs de l'Eucalyptus. DE- PROCÉS-VERBAUX. 53 » Pour obvier à ces inconvénients, mon frère Orsise l’a mis sous la forme actuelle, après divers essais. Il avait d’abord composé une liqueur d’Æucalyptus très-agréable, 1l est vrai, mais qui n’en «vail guère que l’arome. L’élixir actuel n’est pas aussi agréable, mais il a une tout autre vertu. Cependant, jusqu’à présent, nous ne l'avons employé que comme préser- vatif ou comme auxiliaire de la quinine aussitôt la fièvre coupée, le frère qui nous soigne n’y ayant pas grande confiance comme remède. Il en est de même de la poudre d'Eucalyptus. Il y en a qui prétendent que cet élixir n’a pas autant de vertu que la décoction. » Je désirerais donc, monsieur le Président, que vous le sou- mettiez à l'appréciation de votre savante commission médicale, s’il va lieu; je dis s’/y «a lieu, car, comme nous ne sommes guêre au courant des découvertes médicales sur l’Euca- lyptus, ce que nous cherchons est peut-être déjà trouvé. » Quoi qu’il en soit, nous serions heureux, et moi en par- ticulier, de connaître par elle la meilleure manière de prépare et d’adminisirer l’Eucalyptus, non-seulement comme préser- vatif, mais ençore comme remède contre les fièvres intermit- tentes. Nous pourrions en tirer un grand bien pour nous- mêmes, et rendre de très-grands services à une foule de malheureux qui ne peuvent pas se procurer de la quinine ou qui ont déjà l'estomac ruiné par l'emploi excessif de ce fébri- fuge. | » Ce que je viens devousdire, monsieur le Président, suppose naturellement que nous avons des fièvres cette année, malgré nos Eucalyptus. Cela est très-vrai, et cette année est même très-mauvaise ; mais je répondrai d'abord que nous avons un bon nombre d'Eucalyptus tout jeunes, et ensuite qu'il ne faut pas juger de l'effet qu’ils produisent en considérant nos fièvres isolément, mais bien en les comparant à celles qui tour- mentent les habitants des alentours qui ne sont pas protégés par les mêmes plantations, ou qui ne font pas comme nous usage de notre élixir comme préservatif. Or, non loin de chez nous et dans une position bien plus favorable, une famille iout entière, sans parler des autres, est littéralement dévorée 536 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. par la fièvre, et ceux à qui elle a suecédé avaient eu le même sort tout l'été ct tout l'hiver dernier. » Il faudrait encore ajouter que celte année il y à compara- tivement plus de fièvres dans Rome que dans la campagne, et encore elles sont très-tenaces : les hôpitaux regorgent de fiévreux. | | » Je vous prie de m’excuser, monsieur le Président, je suis peut-être indiscret, mais c’est le désir d’être utile par l’£uwca- lyptus qui m'a porté à vous faire cette communication. La vertu fébrifuge de cet arbre étant bien établie par les maîtres de la science, il serait plus facile de vulgariser la plantation de cette essence. » Nos Eucalyptus de l'année dernière poussent vigoureu- sement sans arrosement dans une terre très-sèche ; ils ont des troncs d’une orosseur remarquable. » Ceux de cette année poussent très-bien; mais, dans une moitié de la plantation, des vers blancs et de très-petits in- sectes dévorent leurs racines, et le plant périt. » — M. Antonio Blasco nous écrit de Cordoue (Espagne) : « C’est avec le plus grand plaisir que j'ai reçu, par la poste, quatre paquets de graines variées d’Eucalyptus, et comme jusqu’à ce jour il n’y a personne dans cette province qui les ait multipliées sur une aussi grande échelle que moi, je vais vous faire le rapport du résultat obtenu sous ma direction. » Les premières graines d'Eucalyptus Globulus m'ont été fournies par M. Malingre, à Séville, en 1868 : semées avec les soins qu'elles exigent, J'ai obtenu un grand nombre de plants; j'en ai distribué quelques-uns, et j'ai fait une bonne plantation dont les résultats ont été magnifiques, les élevant complétement sans eau, qui est tres-rare dans ce chimat si sec. J'ai aujourd'hui (de cette époque, 1868) quelques exem- plaires, de 16 à 18 mètres de hauteur, dans un terrain plein d’ardoises, où ne croissent ni vignes, ni même d'aman- diers sauvages. Depuis, j'ai fait d’autres seinis par ordre du gou- verneur de cetle province, et j'ai mis à sa disposition plus de 10 000 pieds. Cet été, ce gouverneur à changé d’emplor, et les petits Eucalyptus ont êlé remis entre des mains inexpérimen - PROCÉS-VERBAUX. 537 tées et ont élé presque tous perdus, Aujourd'hui, la compa- onie du chemin de fer de Cordoue à Séville veut en mettre comme essai le long de la ligne, et j'ai déjà placé 8500 à 4000 plants en parfait état. » — M. Durieu de Maisonneuve nous adresse de Bordeaux une intéressante communication relative au Teosinte : (Noïlà donc les graines si lougtemps désirées enfin arrivées. » Je remercie vivement la Société de la bonne part qu’elle vent bien me faire sur le nouvel envoi. » Après le long intervalle qui s’est écoulé depuis l’époque où j'obtins la plante dont la luxuriante végétation et la richesse fourragère me causérent de si légitimes espérances, je désespérais d'en jamais recevoir d’autres graines, lorsque hier j'ai eu le plaisir d'en voir arriver à l’improviste un petit paquet bien fourni que vous avez eu la complaisance de m'adresser. » Dans le temps, j'informai pas à pas la Société des phases de la culture que je surveillais attentivement : facilité et promptitude de la germination, développement rapide et merveilleux de la végétation; abondance incroyable de matière fourragère de qualité supérieure, fournie par un nombre prodigieux de tiges feuillues, de 3 méêtres de hauteur, émanant d'une seule graine. Jamais espoir ne parut mieux fondé! Dès l'apparition des premières fraicheurs, cet espoir ne tarda pas à être déçu ; la végétation s’arrêla tout à coup, et la plante elle-même périt entièrement. Aucune des tentatives faites pour faire passer l’hiver en serre au moyen de quelques . graines semées tardivement ne réussit; les jeunes sujets fon- dirent tous en peu de jours. » Des éclats enracinés de la plante en belle voie de déve- loppement en pleine terre, envoyés au mois de juin à MM. Naudin et Thuret, à Collioure et à Antibes, prirent des proportions égales et eurent le même sort que celui de Bor- deaux et furent frappés de mort dès le premier abaissement de la température. [ls atleignaient alors le moment de mon- trer leurs premières fleurs. » Les résultats de ces essais ne semblaient guêre propres 538 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. à en tenter de nouveaux. Néanmoins je me promus bien, si jamais je recevais d’autres graines, d'essayer encore en sui- vant les procédés. Un fait analogue, dont le succès est aujour- d’hui incontestable, m'engage à poursuivre un but semblable. » Les premiers essais de culture du Hays Earagua furent faits avec des graines distribuées par la Société d’acclimata- tion. J’en semai moi-même, au Périgord, une ligne à côté d’une autre ligne de Maïs du pays. La différence entre ces deux sortes fut réellement stupéfiante et tellement remar- quable, que je crus devoir en rendre compte à la Société. Des graines mûres obtenues de cette culture furent semées l’année suivante en plein champ, mélangées à celles du Maïs du pays semées également pour fourrage. A la fin de l'été, on distinguait très-bien de loin les pieds de Caraqua à côté de ceux du pays, plus chétifs, plas grêles et moins feuillus. Le résultat était satisfaisant sans doute, et pourtant inférieur à celui de la précédente année. Il y eut encore quelques graines de ce Caraqua en décadence, lesquelles, semées l’année d’après, accusèrent une dégénérescence rapide, c'est-à-dire l'impossibilité de conserver le Caraqua dans toute sa pureté par voie de filiation directe. Ce fut alors que je pensai que él élait possible de tirer d'Amérique, à des prix raisonnables, des quantités de graines, on pourrait se procurer facilement tous les ans cet excellent fourrage. Cette idée, que tout le monde à dû avoir certainement et que je ne prétends point avoir aidé à propager, a fait son chemin; des expéditions de plus en plus considérables sont faites, et cette année la maison Vilmorin a tiré d'Amérique des quantités énormes qui n'ont même pu suffire aux demandes. » Il n’y a guêre à espérer sans doute que le Reana du Gua- temala obtienne jamais un succès pareil, quoique plus riche en matière fourragère que le Caraqua. Il faut reconnaître d'ulleurs qu’il est d’une rature plus délicate que ce dernier. On peut cependant essayer : je vais y mettre tous mes soins. » Je ferai remarquer que les graines récemment reçues, tout en étant pareilles aux premières, sont néanmoins sensi- blement plus petites. né SR Se à rte d'OS , Din use ol codes ne dote fs) dd Gas Dr . PROCÉS-VERBAUX. 539 » Quant à l’état civil de la plante, il a été dressé pour la première fois par Brignoli, botaniste italien, dont les travaux, peu considérables, peu connus, peu ou jamais consultés, sont, Je crois, fort rares dans les bibliothèques. » Brignoli créa, pour la plante en question, le genre Reana (dédié à Phil. Re, botaniste italien), qui jusqu’à présent ne renferme qu’une seule espèce décrite : Reana Giovanninei Brign. On se demande si notre Reana est bien le Reana décrit par Brignoli, car l’auteur caractérise son espèce par les mots de folis angustis. Or, le Reana que nous avons cultivé est remarquable par la largeur insolite de ses feuilles dans une Graminée, largeur égale à celle des feuilles du Maïs. Y aurait- il une deuxième espèce, laquelle devrait alors conserver le nom spécifique de Giovanninetr, tandis que la vôtre resterait encore inédite? Sans autres documents, il est impossible de se prononcer sur cette question. » J'oubliais d'ajouter un mot important sur les sources où 1l faut puiser ce qui a été écrit sur le genre Reana. » C'est d’abord chez l’auteur qui en parla le premier : Brignoli, Catalogue du jardin botanique de Modène, 1850. » Peut-être vous sera-t-1l peu facile de consulter cette bro- chure, que je ne connais pas moi-même; mais vous trouverez reproduites les courtes diagnoses du genre et de l'espèce de Brignoli dans louvrage général sur les Glumacées, de Steu- del : Synopsis plantarum glumacærum, auctore Steudel, pars, À° GRAMINEÆ, pag. 9. » Il paraîtrait que cette plante remarquable aurait été une première fois cultivée dans le jardin botanique de Modène, mais quelle en aurait bientôt disparu, sans doute par les mêmes causes qui la firent périr à Bordeaux. » — M. Hilaire Dugied nous apprend, à son retour de Con- stantinople, qu'il a visité plusieurs fois les belles collections d’Oiseaux d’Abraham-pacha, et qu'il a élé chargé par Son Excellence de nous faire savoir qu’elles renferment en ce moment une Pie bleue, des Rossignols de Chine, des Gouras qui couvent, un Nicobar obtenu d'œuf, et des Pigeons tur- verts. 510 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. H. Moreau, aux Herbiers (Vendée), adresse des remerciments au sujet des renseignements qui lui ont été transmis, d’après sa demande, à propos d’un Helminthe qui fait périr les jeunes Faisans, en s’introduisant dans leur tra- chée-artère, et sur les moyens d'en préserver les oiseaux. Nous reproduirons dans le Bulletin, une note publiée par M. de la Rue à ce sujet, et des indications scientifiques de M. E. Périer, maître de conférences de zoologie à l'Ecole nor- male, et aide-naturaliste au Muséum. — M. Jourdan écrit de Voiron (Isère), pour remercier de la récompense qu’il a obtenue à la dernière séance publique et 1l ajoute : « Malgré toutes les déceptions que Je ne cesse d’éprouver, je n’en continue pas moins l’œuvre d’acchimatation des oi- seaux de volière, à laquelle je me voue depuis dix ans. » Quelques petits succès viennent de temps à autre faire diversion aux pertes à peu près journalières que je supporte et sinon les compenser, du moins les amoindrir. Chaque jour jaugmente ma collection, qui compte aujourd’hui plus de quarante variétés de Perruches d'Australie, plusieurs espèces d'Amérique, vingt-six variétés de Merles, Mainates ou Martins et plus de soixante variétés de Gros-Becs de tous pays. » L’acchimatation des Perruches d’Australieest fort coûteuse, soit à cause du prix de revient, soit à cause des décès qui suivent l’arrivée de ces oiseaux en Europe; mais une fois habituées au climat, clles vivent bien plus facilement que les espèces qui viennent des autres continents, et l'avantage immense qu’on y trouve, c'est leur reproduction; car une fois que ces oiseaux ont donné des produits, ils en fournissent chaque année. Entre autres nichées, je vous citerai deux pontes de mes Perruches de Swainson, qui m’ont donné deux rejetons chacune; ces quatre jeunes Perruches jouissent d’une excellente santé, leur plumage brillant est tout aussi beau que celui des parents. » Ma Perruche de Pennant mâle a continué son accouple- ment avec la femelle exèmius que je vous ai signalée dans le temps; en mai dernier. Elle à pondu cinq œufs; trois ont rétisar us dal PROCÈS-VERBAUX. oh donné le jour à de petits Perruchons hybrides, qui actuelle- ment font leurs nouvelles plumes. Jusqu'à présent 1ls parais- sent robustes et sains; cependant je crains qu'ils ne vivent pas, car il y a deux ans que je perdis déjà deux de leurs frères, qui m'avaient donné de belles espérances. » Le Martin de pagode femelle, qui s'était accouplé, il y a deux ans, avec le Martin roselin, m'a fourni cette année trois jeunes hybrides, qui sont actuellement pleins de vie et de santé. La femelle a pondu dans un trou d'arbre son premier œuf, le 1‘ Juillet, le deuxième, le 2; le troi- sième, le 3. Le 18, son’ nés trois petits, qui, grâce aux soins que je leur ai ménagés, ont acquis toute la force voulue pour faire desois solides. Pendant les quinze pre- miers Jours de leur existence, j° l2s a1 nourris avec des œufs de fourmis et ensuite de pain au lait et de la pâtée à Merles. » — MM.E. Morin, consul de Portugal et de Belgique à l’île de la Réunion, et le docteur Vinson, écrivent de cette île: « Nous venons, M. Édouard Morin et moi, vous accuser réception du grand prix de 1500 francs qui nous a été décerné par la Société d'acclimatation pour l'introduction, l’acclimatation et la culture du Quinquina à l’île de la Réunion, et du diplôme adressé à chacun de nous en témoignage de cette haute récompense. Nous vous prions d’agréer pour vous, monsieur le Président et pour messieurs les membres du Comité, nos plus sincères remerciments. » L'accueil chaleureux que cette nouvelle a reçue dans celte colonie prouve que l’île de la Réunion s’est sentie elle- même honorée par vos suffrages et par lintérêt que vous portez à une colonie française en acclamant par vos encoura- gements un élément de prospérité pour elle. » Notre Comité local d'exposition, pour mettre nos droits dans l’avenir à l'abri de toute contestation, a eu l’heureuse idée de nommer ici une commission d’enquêle pour établir l'introduction et la naturalisation des Cinchona à l'île de la Réunion. Ses résultats sont venus confirmer vos suffrages, et prouver que cette culture était plus avancée et plus étendue qu'on ne pouvait le supposer. oh2 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. » À l’Ilet-à-Guillaume, chez les PP. du Saint-Esprit, où nous avions déposé nos premiers plants en 1866, cette commis- sion a constaté une nombreuse plantation issue de ces arbres, et en a rapporté un grand bocal plein de semences qu’elle a cueillies, et dont elle a fait faire au Jardin de l’État des semis dont les plants vont être distribués aux colons. Elle a également constaté des plants germés spontanément et poussés sous les pieds mères, témoignage irrécusable d’une naturali- sation accomplie. » sur les pentes du Brülé de Saint-Denis, à quelques milles de la ville capitale de l’île de la Réunion, chez M. Féhx Rattaire, elle a constaté aussi que des arbres provenant de oraines données par M. Édouard Morin et de plants donnés par M. Auguste Vinson, sont depuis deux années en plein rapport de fleurs et de fruits. Des spécimens de ces dermiers ont été envoyés à Paris, à la Commission de surveillance de l'exposition des colonies, et M. le vice-amiral Choppart en a rendu le compte le plus favorable en rapportant ces produits aux deux meilleures espèces de Quinquinas, le Cinchona offi- cinalis et le C. Calisaya. » Beaucoup d’autres colons, sur notre initiative, notre pro- pagande et notre exemple, suivent aujourd’hui la voie que nous leur avons ouverte, et confirment le verdict favorable de la Société d’acclimatation de France. » Des journaux de la colonie que nous avons l’honneur de vous adresser rendent compte de ces faits et d’un procédé de multiplication rapide et assuré que l’un de nous vient d’ap- pliquer aux Cinchona avec un complet succès. » — M. Ch. Nicolas, maire de Mondovi (Algérie), nous éerit : « J'ai l'honneur de vous informer que je vous adresse une caisse contenant un paquet de graines d’Acacia lophantha ,un paquet de graines de Grevillea robusta, quatre paquets de graines de Thapsia qarganica, enfin des racines de Thapsia, que j'offre à la Société pour les études comparatives que l'on doit faire sur le Thapsia d'Algérie et le Thapsia de Tripoli de Barbarie. » — M. J. Béchu nous écrit de Biskra (Algérie) : « J’ai Phon- PROCÈS-VERBAUX. oh3 neur de vous accuser réception des graines de Téosinté (Reana luxurians), que vous avez eu la bonté de m'adresser par lettre du 44 juillet dernier. __ » J'ai reçu aussi en juin des graines d’Acacia decurrens, mollissima, déalbata et Melanozylon ; d'Eucalyptus Globu- lus, gigantea, coriacea et amygdalina. » J'ai semé immédiatement une partie des graines du Téo- sinté, et elles sont parfaitement sorties de terre malgré nos h5.degrés de chaleur à l'ombre. Je crains l'hiver de Biskra pour cette plante, car le thermomètre descend quelquefois à Zéro. » J'ai semé aussi une partie des Eucalyptes et des Acacias; c'était beaucoup trop tard, les chaleurs sont trop fortes pour obtenir une bonne germination. Au printemps prochain un nouveau semis sera fait. » La Société d'acclimatation m'a adressé, il y a deux ans, des graines d’Eucalyptus Globulus, fissilis, obliqua et ros- trala. » Le Globuluset l’obliqua souffrent beaucoup de la chaleur, les feuilles en sont grillées par le vent du désert. Le fissilis n’a pu résister et est mort ; mais l’Eucalyptus rostrata résiste parfaitement à tout et pousse très-vigoureusement. Ce sera infailliblement l’Eucaliyptus du Sahara. » Il y a quelque temps, j'ai reçu aussi de la Société des graines de Daubentonia Tripeti. Ce bel arbrisseau fait l’or- nement de tous les squares et de toutes [es promenades de Biskra; on en a répandu partout à profusion. Si la Société en désire des graines, je pourrai lui en envoyer de grandes quantités. » — M. L. d'Ounous adresse de Saverdun (Ariége) une pe- tite note intitulée : Nofice sur les graines et fruits, cônes, strobiles, etc., et arbres naturalisés dans le sud-ouest (Haute- Garonne et Ariége) de 1800 à 1875, par MM. H. et Léo d'Ou- nous : « Voilà plusieurs années que les diverses essences fruitières, forestières ou d’ornèment, donnent en abondance des graines et des fruits, qui pour la plus grande partie se ressèment naturellement dans les parcs, Jardins et rivages des 0/1 SOCIÈTÉ D ACCLIMATATION. rivières de l’Arize, du grand Lhère, de la Haute-Garonne et de l’Ariége. » Puissamment encouragé par les précieuses récompenses qui m'ont été si gracieusement attribuées par la Section des végétaux; mes collections augmentées et enrichies par les cheptels divers et par de nombreux envois de graines d'arbres exotiques, d’arbrisseaux ou de plantes de diverse nature, j'ai cru de mon devoir de porter mes soins à la cueillette de ces graines, fruits, cosses, bulbilles (été, automne et hiver de 1875). | » Comme j'ai eu déjà à diverses reprises l'avantage de vous rendre un compte exact de mes revers et succès d’arboricul- ture fruitière ou forestière, je suis heureux de marcher de bien loin sans doute, sur les traces des Thouin, des Bosc, des Michaux, des de Vilmorin,et de nos jours sur celles des Pepin, des Quatrefages, des Hardy, pour naturaliser, culuver et répandre celte si belle série de nos plus belles et plus pré- cieuses collections de végétaux. » Vous serez, messieurs, heureux d'apprendre qu'ayant reçu une collection de graines exotiques : Pins, Yuceas, plantes grasses, cultivées et introduites pour la première fois en France en 1875, leur levée a été généralement satis- faisante ; j'ai pu en opérer un premier repiquage qui marche en de bonres condilions. Je m’estimerai heureux d'en tenir de jeunes sujets à la disposition de mes honorés collègues. » Malgré les affreux désastres qui ont ravagé le pare de Vigné, les jardins et les rivages, les arbres exotiques rares et bientôt centenaires ont bien résisté, et à part quelques écor- chures causées par d'énormes racines et des arbres roulés de 8 à 20 mètres de long sur 2 et 3 d'épaisseur, ils présentent en ce moment, que je les ai débarrassés des pailles, racmes, immondices qui les déshonoraient, une luxuriante végétation et sont presque tous couverts de graines, de fruits, de cônes el de strobiles qui vont donner dès la fin de l’été et durant l’au- tomne et l’hiver d'abondants produits. » Si je n'élais sérieusement occupé en ce moment à essayer de réparer ces désastres, fermes à rebâtir presque compléte- PROCÈS-VERBAUX. | 15 ment, énormes épierrages, comblement de grands terrains, terres à rapporter, arbres à redresser ou à couper au pied (travaux s’élevant à première vue de 4000 à 5000 francs), Je m’occuperais à vous donner un détail complet des divers graines et fruits que je m’estime heureux d'offrir à votre sa- vante et chère Société (rien ne presse encore et ces fruits et graines diverses ont encore besoin du brillant et chaud soleil du mois d'août). » Je ne veux point terminer cette courte et imparfaite notice sans vous parler en peu de mots des cheptels reçus en 1872 et 1875. Les Bambusa nigra, viridi-glaucescens de première année, me donnent des sujets de 3 à 6 mètres de haut et des louffes de $ à 4 mètres de tour. » La collection des Fuschias (de 10 à 12 variétés nouvelles) ont une admirable floraison, leurs fleurs simples ou doubles se comptent par centaines. À cette note est jointe une liste des graines, cônes, stro- biles, etc., d'arbres exotiques, que M. Léo d’Ounous met à la disposition de ses collègues. — On la trouvera au siége de la Sociélé. | — Des graines sont expédiées d'après les demandes qui suivent : Le frère GiLpas (Frappe de Saint-Paul-Trois-Fontaines, près de Rome). Eucalyptus colossea, téosinté, acacia d'Australie. MM. ANTONIO BLasco, de Cordoue. Acacia et palmier. A. Rousse, de Fontenay (Vendée). Eucalyptus Globulus. J. PLauT, château du Parc, près Avranches (Manche). Euca- lyptus Globulus. Le directeur du Jardin royal de botanique de Palerme. Téosinté (Reana luxurians). Cu. Huger, d'Hyères. Téosinté. BLaver, Président de la Société d’horticulture d'Étampes. Téosinté. DE SaixT-QuenrTin, à Cette. Téosinté et Casuarina equisetr- folia. 3e SÉRIE, T. Il — Septembre 1875. 35 546 © SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Gorry-BouTEAU, à Belleville, près Thouars. Les graines annoncées dans la Chronique. — Accusent réception et remercient des graines envoyées : MM. | GENESLEY, de Laval. Eucalyptus bicolor et Casuarina equi- setifolia. CH. HuBer, d'Hyères. Eucalyptus. A. Rousse. Eucalyptus Globulus. M. DE SAUTUOLA, de Santander. Téosinté, Evcalyptus. JOSÉ AUGUSTO DE SOUSA, administrateur des propriétés royales de l’Alfeite, près Lisbonne. Téosinté et diverses espé- ces d’ er pins, cédres, etc, et autres végétaux des plages, et de Za- pallito. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. José Augusto de Sousa et le comte de Perrigny, — Renvoi à la Commission des cheptels. — Des rapports ou des communications sur leurs cheptels sont adressés par MM. Genesley, J. Labruyère, E. Garnot, F. de Miffonis, Perronne, Charlot, de Bussière de Nercy, Huzard, Hefty, Ribeaud, Daviau, Simon, Sarrus, curé de Saint-Affrique du Causse (Aveyron), L. Abaye, Liénard, comte de Maupassant, de la Société d'agriculture, d’horticul- ture et d’acclimatation de Nice et des Alpes-Maritimes, docteur Turrel, Ch. Pacqueteau, Leroy et Blavet. Ces documents seront publiés ou analysés dans le chapitre du Bulletin qui leur est spécialement affecté. — Notre collègue M. Raveret-Waitel présente à la séance du Conseil la seconde édition, entièrement refondue, de son livre sur l’'Eucalyptus (Goin, Pl 1875) et reçoit les remer- ciments du Conseil. — Sont adressés à la Société les ouvrages suivants : 1° Études pratiques sur le Canard du Labrador, par le baron de T. Offert par l’auteur. >% Notice sur Francois Cavé, par Jules Gaudry. M: par l'auteur. PROCÈS-VERBAUX. 547 3 Les Oiseaux de mer, leur utilité au point de vue de la navigation et de la pèche, par Gouëzel. Offert par l'auteur. h°. Guide illustré du Faisandier, édition revue et corrigée, par M. Jules Trousset, Fayard éditeur. Paris, 1875. Prix : 2 fr. Offert par l’auteur. 5° Une letire adressée à M. le Président de l’Académie des sciences, par M. Autier, sur un projet d’aérage et d’assainis- sement des grandes Villes. 6° Un numéro du The Rockhamyton Bulletin, renfermant un article intéressant la Société. 7° List of publications of the Engineer department U. S. Army, sent to the international-Gongress of Geographical sciences at Paris (Washington, 1875). — La Société a reçu en outre dans ces derniers FES les dons de graines suivants : 1° De la part de M. Léo d’Ounous : Graines diverses. 2° De la part de M. Lafont : Graines diverses. 3° De la part de M. Thozet : Graines diverses d'Australie (trois envois). k° De la part de M. Cordier : Graines de diverses espèces d'Eucalyptus. 5° De la part de M. Bigot : Graines d’Atéacus Pernyi. — Des remerciments sont votés aux donateurs. Le Secrétaire du Conseil, MAURICE GIRARD. III. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. COMPTE RENDU DES CHEPTELS Par M. C. MELEET Ancien inspecteur des forêts Lapins. — M. Alfrède Dupont, à Bar-le-Duc (Meuse), a reçu, en décembre 1874, un lot de Lapins à fourrure. En janvier, la femelle a mis bas un seul jeune mort-né. En février, sur h naissances, À jeune a été écrasé accidentellement; les 8 autres sont bien portants. En avril, les 11 jeunes ont été abandonnés par la mère; pas de lactation. Enfin, les 9 jeunes, nés en mai, donnent les plus belles espérances. M. Dupont fait remarquer que les Lapins à fourrure sont d’un entretien facile et n’exigent pas de nourriture spéciale. De décembre à fin mars, ils sont logés dans les baraques d'une étable, et d'avril à fin octobre ils habitent un chalet parfaitement éclairé et divisé en 24 cases de 0",S0 de côté, fermées d’un grillage de fil de fer sur une file seulement. Ces logements paraissent être très-convenables pour ces petits animaux dont la gaieté et la santé ne laissent rien à désirer. — M. Moreau, notaire, à Couhé-Vérac (Vienne). Le lot de Lapins à fourrure est dans le meilleur état possible. Une première portée de 8 jeunes se trouve dans d'excellentes conditions. — M. Brionval, à Lunéville. Son lot de Lapins argentés n’a rien produit. Le mâle s’est tué, fin février, contre la muraille du compartiment où 1l avait été placé. Léporipes. — M. le docteur Tenain a obtenu une repro- duction de Léporides. Au mois de juin dernier, il a remis au jardin d’acclimatation trois femelles fort belles et a envoyé dans l'Oise A jeunes, en gardant, dans sa propriété du Vési- net, 2 mâles et 2 femelles dont il espère obtenir de beaux produits. * CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 0/9 — M. Billard, à Pont-Levoy (Loir-et-Cher). Les Léporides sont en bon état. La femelle a donné, en février dernier, 5 jeunes qui sont aujourd'hui adultes, et le 24 mai elle à mis bas 7 autres petits qui ne laissent rien à désirer. Canarps. — M. Desroches, curé à Esves-le-Moutier (In- dre-et-Loire), a reçu, au mois de mars dernier, un couple de Canards de la Caroline; 11 n’en a encore obtenu aucun œuf. Ces oiseaux, toutefois, sont en parfait état et dévorent avec avidité les lentilles d’eau dont ils sont abondamment pourvus. — M. le docteur Bessette, à Angoulême, a reçu l’année dernière un couple de Carolins qui, à la date du 45 juin dernier, n’avait encore donné aucun œuf. — M. Derré (Almire), notaire à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Les Mandarins ne se sont pas accouplés et la Cane n’a pas pondu. Ces oiseaux sont, du reste, très-bien portants. — M. Ribeaud, à Porrentruy (Suisse). Le lot de Mandarins est en parfait état et, malgré de fréquents accoupiements, n’a encore rien produit. — M. Millon, aux Merchines (Meuse). Le couple de Handua- rins se trouve dans d'excellentes conditions, mais n’a encore rien produit. Le mâle et la femelle paraissent, d’ailleurs, peu disposés à s’accoupler. — La Société d'horticulture et d’acchimatation de Toulon. Un couple de Canards Aylesbury remis à M. Brun, à la Seyne (Var). La Cane est morte dans les premiers jours de juin. Déjà vieille, elle avait été affaiblie par la ponte de 26 œufs et par l'iñcubation des 10 derniers qui ont donné 40 Ganetons beaux et bien portants; elle avait été, du reste, trop souvent cou- verte par le mâle qui n'avait pas d'autre femelle. Les 46 autres œufs mis sous une poule Dorking, mauvaise couveuse, n’ont rien produit. — M. Garnot, au pavillon de Bellevue, près Avranches (Manche). Le couple de Canards Labrador est en parfait état. On en a obtenu 29 œufs. La Cane en a couvé 11, mais a aban- donné ses 9 petits le jour même de leur naissance et a recom- 550 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. mencé à pondre le lendemain. En 410 jours elle a pondu 9 œufs. Les jeunes, abandonnés par la mère, ont été nourris avec salade, maïs cuit, pomme de terre, etc. ; ils sont très- rustiques et irès-familiers. M. Garnot pense qu’il ne faut pas, autant que possible, laisser les Canes Labrador couver elles- mêmes leurs œufs, parce que l’incubation arrête la ponte qui paraît devoir être très-abondante dans cette espèce. — M. Leroy, à Fismes (Marne), a reçu, en novembre 1873, un couple de Canards mandarins qui, depuis cette époque, a toujours été dans un brillant état de santé. Au printemps de 4874, la Cane creusa un nid derrière la botte de paille de sa cabane, mais ne pondit pas. Au printeraps de cette année, elle a fait un nouveau nid qu’elle a démoli au moment même où il était achevé. Elle n’a pas pondu un seul œuf. M. Leroy pense que cet insuccès doit être aitribué aux conditions d’ha- bitat de ses Mandarins. Ces oiseaux ont été placés dans un parquet de 40 mètres carrés de surface, pourvu d’un petit bassin, bien gazonné, allées sablées de graviers, et cabane tapissée de sciure de bois avec botte de paille au fond; nid préparé en hauteur et tapissé de foin. Ce parquet est éta- bli dans un jardin de 6 ares environ, encaissé de murs irès- hauts. Par suite de son exposition, il reçoit les rayons de soleil pendant toute la journée.Gette disposition, très-favorable aux Gallinacés, tels que Faisans, Perdrix, Colins, serait, dans l'opinion de M. Leroy, défavorable aux Palmipèdes. — M. Buzaré, à la More (Deux-Sèvres), à reçu, en mars dernier, un couple de Casarka qui est bien portant. Mais la Cane n’a encore donné aucun œuf. Cyenes. — M. Genesley, à Laval. Son lot de Cygnes noirs (Cycnus atratus) est bien portant et fait l'admiration de nom- breux visiteurs; mais à la date du 9 juin dernier, il n'ayait encore donné aucun œuf. — OxEs. — M. Moller, à Bourneau, près Fontenay (Vendée). Les Oies de Guinée se portent bien, mais n’ont pas reproduit celte année. Coos ET POULES DOMESTIQUES. — M. Buzaré, à la More CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 951 (Deux-Sèvres), a perdu une Poule négresse, sans qu'il ait pu découvrir en elle aucune trace de maladie. Une autre Poule a pondu 8 œufs qu'elle couve parfaitement. — M. Brun, à la Seyne (Var). Une Poule Dorking n’a pondu que A œufs en deux mois et n’a pu être utilisée comme cou- veuse. Une autre a donné une quarantaine d’œufs en deux mois. Une couvée de 30 œufs a donné 30 poussins; mais ils sont si délicats qu’au bout de 20 jours il n’en restait plus que 9 vivants. Quant à la race du Æoudan, M. Brun n’en parle qu’avec enthousiasme. La ponte a commencé vers le milieu de janvier et a continué sans interruption jusqu'en juin. En cinq mois, Ja ponte de chaque Poule peut être évaluée à 150 œufs. Une couvée de 15 œufs a donné 15 Poussins très-bien portants et ne réclamant. pas plus de soins que les races ordinaires. — M. Moreau, notaire, à Gouhé-Vérac (Vienne). Le lat de Dorking, enfermé dans une volière de 5 mètres carrés, n’a donné qu'une trentaine d'œufs, dont la moitié, mise sous une excellente couveuse, n'a donné qu’un seul Poussin; les autres jeunes sont morts dans l'œuf à la veille même de l’éciosion. Une seconde couvée de 10 œufs se présente dans de bonnes conditions. Faïsans. — M. Desroches, à Esves-le-Moutier, est très-sa- tisfait de la ponte d’une Faisane ordinaire qui a établi son nid sur un tas de copeaux. Après deux jours d’incubation, elle défendait ses œufs et ensuite ses Faisandeaux comme une Poule domestique défend habituellement ses Poussins. — M. le comte de Brimont, à Meslay-le-Vidame (Eure-et- Loir), à reçu, en avril dernier, un couple de Faisans mon- golhe (Phasianus mongolicus). La Poule est morte peu de temps après, par suite de blessures qui paraissent déjà être an- ciennes. — M. Brionval, à Lunéville. Son couple de Mongolie est resté farouche et n’avait encore donné aucun œuf à la date du 8 juin dernier. — M. René de Semallé, à Saint-Jean-d'Heurs (Puy-de- Dôme). Le lot de Mongolie a donné de très-bons résultats. 552 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 14 Faisandeaux donnent les plus belles espérances, et 28 œufs étaient en incubation à la fin de rnai. — M. Frémy, à Loches (Indre-et-Loire). La ponte de la Faisane Swinhoe, qui avait commencé le 10 mars, s’est con- tinuée assez régulièrement à deux ou trois jours d'intervalle. Les 10 premiers œufs ont été placés sous une Poule ordinaire; on n'en a obtenu que 3 éclosions. Au bout de dix jours à commencé une seconde ponte qui a donné 5 œufs. La Faisane les a couvés pendant vingt-six jours et n’est sortie du nid que deux fois seulement. Le Coq, très-attentif, allait la visiter de temps en temps et se couchait même quelquefois auprès d'elle. h jeunes sont éclos en parfait état. Mais le Coq en a tué 2 Les 2 autres ont élé immédiatement réunis aux Faisandeaux que conduisait la première couveuse. M. Fremy n’a pu sauver qu'un seul jeune; les autres sont morts de la pépie. Cet insuccès paraît devoir être attribué à l’excessive chaleur de la saison. — M. de Toulmon, au château de Mervilly (Calvados), reçu un couple de Swinhoe. Le Coq est mort malgré tous les soins dont il avait été l’objet. La Faisane n’a pas pondu et a été renvoyée au Jardin d’acchimatation. — M. A. Bouchey, à Seurre (Côte-d'Or). La Poule Swnhoe a pondu son premier œuf le 28 mars et a continué à pondre, de trois en trois jours, jusqu’au 9 mai. Elle à encore donné quelques œufs du 24 au 27 de ce mois. 12 œufs, mis en incu- bation le 4* mai, sont éclos du 25 au 26; 11 Poussins sont bien portants. — M. Ribeaud, à Porrentruy. Les Sivinhoe n'étant pas encore adultes n’ont rien produit cette année. Mais ils oran- dissent sensiblement et se portent parfaitement. Le mouron des oiseaux, le cresson alénois et les sommités fleuries du paturin annuel sont les végétaux qu'ils semblent préférer ; 1ls recherchent aussi avec avidité les cloportes, les mouches, les araignées et les larves de fourmis. Mais ils dédaignent la laï- tue et les jeunes pousses de graminées dont la plupart des autres Gallinacés sont très-friands. — M. Brionval, à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), a reçu un CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. 993 couple de Faisans versicolores (Phasianus versicolor). A la date de juin dernier, la Poule avait pondu 31 œufs. Une cou- vée de 9 de ces œufs a donné 7 Faisandeaux vigoureux et bien portants. Mais une autre couvée de 6 œufs n’a rien produit. A la date du 8 juin, 16 œufs étaient encore en incubation. PIGEONS ET COLOMBES. — M. Kiévet-Périnet, au Cateau (Nord), a reçu en cheptel trois couples de Pigeons. La première couvée des Capucins n’a pas réussi. La deuxième a donné 2 jeunes très-bien portants. Les couvées des Russes et des Satins ont parfaitement réussi. M. Fiévet-Périnet, en rendant compte de ces résultats satisfaisants, fait part de son projet de tenter des croisements dans le but d'obtenir des Pigeons voyageurs d'une puissance d'ailes extraordinaires. Ces tenta- üives méritent de sérieux encouragements. — M. A. Bouchez, à Seurre (Côte-d'Or). Le lot de Colombes longhups (Ocyphaps lophotes) n’a encore rien produit. Ces oiseaux vivent en très-mauvaise intelligence. CoLins. — M. Desroches, à Esves-le-Moutier, a obtenu d'un couple de Colins 38 œufs três-bons. PERRUCHES. — M. Rousse, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Un couple de Perruches ondulces est bien portant; mais la femelle n’a pas pondu, sans doule parce qu'elle est encore un peu jeune. Un couple de Callopsittes élevait 4 beaux Perru- chons dans le courant de juin. M. Rousse vient de prendre les dispositions nécessaires pour établir une nouvelle volière dans d'excellentes conditions. Bampous. — M. d'Ounous (Léo), à Saverdun (Ariége). Le Bambou vert glauque (B. viridi-glaucescens) a donné, ce printemps, des tiges de plus de 6 mêtres de hauteur et de la grosseur d’une canne ordinaire. Dans Tarn-et-Garonne, le gendre de M. le comte de Pressac a pu faire confectionner, avec ce Bambou, des toits très-solides, très-élégants et peu coûteux. Le Bambou noir (B. nigra), cultivé depuis vingt-cinq ans dans l’Ariége, n’y a jamais gelé et forme des touffes de 3 à A,mètres de tour sur une hauteur égale. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAÏTS DE CORRESPONDANCE. L Conservation des Glands. Dans la prévision d’une glandée qui s’annonce favorablement pour l’au- tomne prochain, il n’est peut-être pas sans intérêt de faire connaître les résultats obtenus par un procédé de conservation qui avait été expéri- menté, il y a quelques années déjà, dans la forêt de Compiègne, el qui vient d’y être employé à nouveau avec un succès complet, pendant l'hiver 1874-1875. La conservation des glands a été faite sous bois, sur le sol naturel de la forêt, sans aucun travail d'enfouissement, et par conséquent dans des condi- tions aussi simples et aussi pratiques que possible. Pour assurer Ja réussite de l'opération, il a suffi de prendre les pré- cautions dont lindication suit : Choisir le lieu de dépôt dans un terrain sablonneux ou suffisamment perméable, sous une futaie basse et branchue et, autant que faire se peut, sur un versant légèrement incliné au Midi. Encore dans ces conditions, à l’aide d’une palissade ou d’une bhaïe sèche, un petit parc d’une étendue proportionnelle à la quantité de glands que l'on se propose de conserver (un centiare par hectolitre environ) ei nettoyer à vif le sol des feuilles et autres détritus végétaux. En prévision d’hivers humides ou dans les terrains peu perméables, il sera convenable, en outre d’entourer l’enclos d’une petite rigole d’assai- nissement. L’assiette du lieu de dépôt étant ainsi déterminée, on y répandra les glands immédiatement, au fur et à mesure de la récolte, en ayant soin que la couche ne dépasse jamais 0",10 à 0,12 d'épaisseur. Le remuage sera organisé dès le début, et aura lieu au râteau de bois, avec une grande régularité, une heure ou deux tous les jours pendant le premier mois de dépôt, et de deux jours l’un seulement pendant le mois qui suivra. “ Pour la fin de décembre, dans les conditions crdinaires, les glands auront jeté leur feu et seront convenablement ressuyés; il suflira dès lors, pour achever sans mécompte la traversée de l’hiver, de les couvrir pendant la période des grands froids d’un léger manteau de feuilles mortes ou de fougères, que l’on enlèvera de bonne heure pour éviter la poussée du germe. Cet abri artificiel, qui sera même rarement nécessaire dans les stations tempérées, n’a été utilisé que très-peu de temps pendani l’hiver 1874-1875, La présence des arbres à fortes ramures, compris dans les limites de l’en- clos, paraît devoir suffire dans la plupart des cas, pour empêcher le refroi- dissement du sol par voie de rayonnement et parer au danger des gelées, en modifiant dans une proportion suflisante la température du, lieu de dépôt. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 555 Si, vers la fin de l'hiver, les glands manifestent une tendance précoce à germer, ou sila saison a été exceptionnellement pluvieuse, il sera prudent de recommencer de temps à autre le remuage en février et de le continuer ainsi jusqu’à l’époque du semis. Quatre cents hectolitres de glands, récoltés à l’automne 1874, et conservés d’après ce procédé en pleine forêt de Compiègne, ont traversé la période hivernale dans les conditions les plus satisfaisantes et le prix de revient (récolte et prix de conservation) n’a pas dépassé sensiblement le chiffre de 4 francs par hectolitre. À l’époque de la mise en terre, c’est-à-dire au commencement de mars, les germes, à peine apparents, étaient en général parfaitement intacts et le rendement effectif en plants a été de 40 pour 100 au moins de la quantité de semence employée. La question de la conservation des glands n’est pas neuve, et nous avons été presque ous dans le cas d’expérimenter dans le métier un ou plusieurs des nombreux procédés décrits par nos devanciers ; mais la méthode de la stratification, la plus généralement employée, présente souvent l’in- convénient d'activer plus qu’il ne faut la germination de la semence ; elle entraîne d’ailleurs l'obligation de visiter fréquemment les silos et, en cas de fermentation, de se livrer sur les glands à un travail de triage coû- ieux et compliqué. D'un autre côté, lorsque l’on fait usage de hangars ou greniers, il n’est pas toujours facile de trouver dans le centre forestier où l’on opère un local suffisamment spacieux et convenablement aménagé au point de vue de la ventilation. Enfin, les autres procédés indiqués ne semblent pas se prêter à la conservation de grandes quantités de glands. Quant à la méthode qui fait l’objet de cette note, elle a probablement déjà été appliquée dans d’autres régions forestières que la nôtre. Quoi qu’il en soit, il nous a paru intéressant de la vulgariser, parce qu’elle présente l'avantage incontestable de conserver les semences à peu de frais, en quantités illimitées, sur les lieux mêmes de la récolte, et permet de surveiller facilement à découvert toutes les phases de l'opération. (Extrait de la Revue des Eaux et Foréts.) À. DE SAINTE-FARE. De ia culture du Thé, du Café et du Coton dans l’iInde anglaise. Nous empruntons les informations suivantes à un ouvrage fort intéressant que vient de publier M. E. de Valbezen, ancien consul général à Calcutta et ministre plénipotentiaire. Cet ouvrage en deux volumes est intitulé : Les Anglais dans l'Inde : La culture industrielle dans l’Inde de l’arbuste à thé est d’origine récente 556 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. et remonte à moins de cinquante ans. La première guerre contre les Bir- mans donna aux Anglais la possession des terres d’Assam en 1826, et peu de temps après l’on découvrit dans la nouvelle conquête de nombreux plants de thé. Ces arbustes avaient-ils poussé à l’état sauvage, ou remontaient-ils à une ère de civilisation antérieure dont on retrouve les débris incontestables dans la vallée du Brahmapoutra ? Quoi qu’il en soit, la découverte ne passa pas inapercue, et une mission envoyée par le gouverneur général, lord Ben- tinck, en 14834, reconnut que l'arbre à thé était indigène dans le Haut-As- sam, et que ses feuilles pouvaient être utilisées dans le commerce. Le gou- vernement fitimmédiatement venir des ouvriers et des semences de la Chine, et en 4839, huit caisses de thé d’Assam furent vendues sur le marché de Londres. Ce premier succès atlira l’attention des spéculateurs. ..… En 1864, les établissements de l'Himalaya ont été vendus à des compagnies, et, sagement administrés, ils feront un jour concurrence à leurs rivaux de l’Assam et de Cachar. En 1872, on a exporté environ 7 millions de kilogrammes de thé, représentant 36 millions de francs. Faisons remarquer toutefois que ces chiffres sont loin de donner la produc- tion totale du thé dans l'Inde. Le thé des districts de l’Himalaya trouve sur place, dans le Thibet et l’Afghanistan, un marché avantageux, et n'entre pour rien dans le total des exportations par mer. Le thé d’Assam s’est fait une part considérable dans la consommation indienne, et fourni! notamment les approvisionnements de l’armée européenne. Ces résultats font assez pré- sager le rang important que le thé doit prendre un jour dans les transac- tions commerciales de l’Inde et de la métropole. La culture du cafe, spéciale à la présidence de Madras, est d’origine assez ancienne, ei une tradition locale raconte que l’arbuste fut introduit sur le plateau de Mysore par un pèlerin qui rapporta sept grains de café de La Mecque; mais ce ne fut que dans les dernières vingt années que le café entra pour une part notable dans les exportations anglo-indiennes, grâce à l'abolition d’un droit assez considérable qui grevait le commerce de la fêve aromatique. Les plantations de café sont exclusivement situées dans le Mysore, les Neilgherrics, les districts de Coorg et de Wyniad, sur des ver- sants à une hauteur de 3000 à 4900 pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette agriculture industrielle sous un climat favorable aux constitutions européennes, où pendant toute la mousson du sud-ouest le planteur peut inspecter toute la journée ses travaux sans redouier les atteintes du soleil, devait attirer l’attention des anciens officiers anglo-indiens désireux d’occu- per les loisirs de leur retraite. Aussi parmi les planteurs compte-t-on grand nombre de vétérans de l’armée de l’honorable compagnie des Indes. En 1872, on a exporté 27 millions de kilogrammes de café, représentant 34 millions de francs. Le tableau suivant donnera une idée de l’essor qu'a pris depuis trente ans la culture du thé et du café dans l’Inde anglaise. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 997 EXPORTATION. Années. Thé. Café. RO D ee ce. à 17,244 liv. si. 74,957 liv. st. 'ÉTORRRNRS 59,220 — 84,306 — TDR 192,942 — 162,380 — MOT 6 1,482,186 — 1. 1,380.410 -— L'usage du coton dans l'Inde, où là plante textile rencontre des conditions exceptionnellement favorables de sol, de climat et de main-d'œuvre, remonte aux premiers âges. Ce ne fut toutefois que sous l'influence d'événements extérieurs et imprévus, la guerre de la Sécession, que la culture du coton à pris un grand essor dans le domaine anglo-indien...….…. Au dernier siècle déjà, des efforts officiels avaient été faits pour améliorer les espèces indigènes. En 1829, pour la première fois, des semences de Upland, Gevrgia, Sea-Island, Denserari, furent introduites par la Société royale d'agriculture de l'Inde, et le gouvernement accorda les subsides nécessaires aux premières expériences. Le climat, trop chaud et trop hu- mide, des environs de Calcutta, où les essais eurent lieu, ne convenait aucunement aux semences exotiques, et les résultats furent de tout point défavorables. Dix ans après, un agent envoyé par la cour des directeurs ramena d'Amérique dix planteurs expérimentés et des semences variées, et les expériences furent reprises sur une vaste échelle dans les trois prési- dences. Les graines américaines ne donnèrent que de mauvais résultats dans les terrains du Bengale, même les plus favorables aux espèces indigènes. Dans la présidence de Madras, au contraire, les documents officiels consiae tèrent que les semences exotiques avaient un rendement supérieur en quan- tité et en qualité. Les résultats ne furent pas aussi complétement favorables dans les diverses parties du gouvernement de Bombay, où la culture du coton est le plus répandue ; négatifs dans le Dharwar, ils ne laissèrent rien à désirer dans la province de Guzerate. On remarqua même que dans cer- taines saisons, lorsque la plante indigène se flétrissait sous l’action du froid ou des vents chauds, le coton américain résistait vigoureusement à ces influences délétères. Ces résultats variables doivent être attribués, comme la suite l’a prouvé, au mauvais choix des localités et à lapplication exclu- sive du système de culture américain. Dans un pays aussi vaste que l'Inde, l'expérience et le temps peuvent seuls indiquer le sol et le climat particu- lièrement favorables à certains produits. Quant aux procédés de culture, sur les lieux mêmes où les méthodes américaines n'avaient pas réussi, les semences exotiques soumises aux vieilles routines indiennes donnèrent plus tard d’excellents produits, par exemple dans les districts de Kbandeïsh et de Dharwar, présidence de Bombay, ct dans l’Inde centrale... En 1867, les terres consacrées dans l'Inde à la culture du coton repré- sentaient 8 millions d’acres. En 1871-1872, pour la seule présidence de 558 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Bombay, ce chiffre s'élève à plus de 3 millions d’acres. La valeur totale des exportations en coton des ports de l’Inde atteint 530 millions de francs, et représente un poids brut d'environ 400 millions de kilogrammes. Le port de Bombay tient, pour cet article, la tête dans la lutte des grands ports indiens, et entre dans ce total pour 370 millions de francs, celui de Calcutta pour 100 millions. Ce qui prouve que le développement de la culture du coton dans l’Inde n’a pas dit son dernier mot, c’est que l’exportation, en 1871-1872, est presque le double de ce qu’elle était à la première année de la période décennale, et dépasse le maximum atteint aux jours les plus sérieux de la crise américaine ; mais, si l’on veut avoir une idée complète des progrès de l’agriculture indienne, il faut remonter à une époque plus éloignée : en 1852-1853, l'exportation dépassait à peine 100 millions de kilogramumes ; elle a donc presque quadruplé en vingt ans. Culture du Tabac, du Coton et autres plantes exotiques en Algérie. Nous empruntons les informations suivantes au premier volume des mé- moires du maréchal Randon que vient de publier l'éditeur Lahure : « Tabac. — Dès l’année 18/40, l'attention de l’administration des manu- factures de l’État avait été attirée par la qualité des plants algériens, qui permettait de remplacer en partie le tabac qu’elle était forcée de tirer de l'étranger. Un employé supérieur du ministère des finances fut envoyé dans la colonie. avec la mission de donner des indications aux cultivateurs euro- péens et indigènes, pour vulgariser la production des variétés qui ofifriraient les placements les plus avantageux. : | » L'administration fit mieux encore; elle se chargea de faire elle-même l'achat de la récolte dans les trois provinces au gré des planteurs. » Dans de pareilles conditions, la culture du tabac prit des proportions que les chiffres suivants constatent. En 1851, il n’y avait encore que 537 planteurs, 444 hectares de culture et 309,331 kilogrammes de produits. En 1857, le nombre des planteurs s'était élevé à 3279, la surface cultivée en tabac à 3749 hectares, et le produit à 3,430,149 kilogrammes, qui furent livrés à l’administration : dans ce produit ne figurent pas les quantités consommées sur place, ni les 964,/X1 kilogrammes achetés directement par le commerce, ni enfin ce qui était écoulé par les deux frontières de terre, surtout vers Tunis. Il y a donc eu, entre les deux époques, un accroissement de produits de plus de 4 millions de kilogrammes (1). (1) En 1866, la culture du tabac a produit 2,002,566 kilogrammes, mais il convient de remarquer qu'en 1865 elle avait produit 462,878 kilogr. en plus de cette quantité. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 559 » Coton. — Les résultats obtenus pour développer la culture du coton ne furent pas moins satisfaisants ; ils firent espérer qu'avant peu d'années la colonie alimenterait, dans une notable proportion, nos manufactures dont - les besoins vont toujours croissants. Le gouverneur général était décidé à pousser vivement cette culture. Il ne doutait pas qu'il ne fût possible de faire en Algérie ce que Méhémet-Ali venait de faire en Égypte, y naturaliser en grand la culture d’une plante qui, dans l’intérieur de l'Afrique, pousse spon- tanément. Le succès obtenu par des exploitations de même genre qui, avant la conquête, s’étendaient sur le territoire de la Régence, pouvait, du reste, justifier ses prévisions. ». Déjà, à la pépinière centrale d'Alger, des semis de graines de diffé- rentes espèces avaient été faits, et, à l'exposition universelle de Londres, des échantillons de coton algérien avaient été remarqués. » Toutefois, jusqu’en 1852, il n’y avait eu que de timides essais et, à cette époque, la culture du coton ne couvrait encore que 54 hectares de terrain. Le gouvernement résolut de ne rien négliger pour lui donner les plus sé- rieux encouragements. » L'Empereur affecia cent mille francs sur sa casselie particulière pour assurer, pendant cinq années, un prix de vingt mille francs à l’exposant des meilleurs produits. » Des récompenses provinciales furent promises à ceux qui approche- raient le plus près du but, et, pour faciliter aux colons le placement de leurs produits, l'administration, comme elle l'avait fait pour le tabac, les prit à sa charge. » Ainsi, les plus faibles exploitations purent avoir leur cotonnière. Des notices, clairement rédigées, furent répandues parmi les colons, et, grâce aux soins persévérants des bureaux arabes, pénétrèrent jusque dans les tribus. » Les Arabes répondirent à l'appel qui leur était fait, et plusieurs plan- teurs indigènes obtinrent des récompenses provinciales. Un caïd partagea même, dans le cercle de Guelma, le prix impérial de la première année. » Là ne se bornèrent pas les expériences. Le gouverneur général voulut les étendre aux oasis. Il lui sembla qu’en se rapprochant des lieux où le coton croît à l’état de nature, on pouvait compter sur la réussite. Des essais fureni tentés à Laghouat, à Biskra, et dans les oasis qui en dépendent. » Les instructions prescrivaient d'étudier les conditions d'exposition et la nature des terrains qui conviendraient le mieux pour obtenir des récoltes, sans irrigations et sans grands frais de culture ; car l’eau et la main-d'œuvre sont des conditious qui se rencontrent rarement en Afrique. » Dès la première année la récolte fut assez satisfaisante pour servir d’en- couragement. Il résulta de ces tentatives diverses qu’en 1855, 1993 hectares étaient cultivés en coton, c’est-à-dire environ trente-sept fois plus qu’en 1891; et en 1856, cette culture produisait plus de 200,000 kilogrammes d’un coton de qualité comparable à celle des plus belles espèces connues (1). (1) En 1866, on a récolté 860,750 kilogrammes. 560 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. » Il suffit d’une plante disait la Bourdonnais, quand il transformait l’île de France, pour faire la richesse d’une nation. » Cette plante sera peut-être le cotonnier pour l'Algérie. Il faut seulement que les impatients se uv nent qu’en 1790 les États-Unis n’exportaient que 80 balles de colon, tandis qu'ils en produisent aujourd’hui 3,500,000, et que leurs commencements, | pour cette culture, furent plus pénibles et plus lents qu’ils ne l'ont été pour nous. « Plantes diverses. — D'autres plantes furent également étudiées dans les pépinières du gouvernement et, de là, propagées dansla colonie : l’ara- chide, entre autres, que nous allons chercher au Sénégal, le sésame que nous demandons à l'Égypte ; les plantes ou matières colorantes, comme la garance et la cochenille ; les plantes alimentaires, telles que la canne à sucre et le café, qui semblent réussir dans certaines localités de la province d'Oran, et le riz sec de la Chine, que l’on a appris aux indigènes des oasis à faire pousser, sans culture spéciale, au pied de leurs palmiers ; le houblon enfin, dont la maturité arrive deux mois plus tôt en Afrique qu’en France. » Le gérant : JULES GRISARD. PARIS. — IMPRIMERIE © E. MARTINZIT, RUE MIGNC“, 2 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉIÉ ÉDUCATIONS DE PERRUCHES PALLICEPS FAITES À JARNAC (CHARENTE) Lettre adressée à Monsieur le Directeur du Jardin d'Acchimatation Par M. Philippe DELAMAIN Vous me demandez, dans votre lettre du 29 juillet, une rela- tion de mon élevage heureux de Perruches Palliceps (Platy- cercus Palliceps). Je m'empresse de vous faire part de mes observations sur l'éducation de cette magnifique espèce. Je me suis procuré ces oiseaux en plein hiver, et ils ont très-bien supporté un froid de 4 à 5 degrés au-dessous de zéro, congelant entièrement leur abreuvoir. Je les ai placés dans une de mes volières à reproduction le 25 janvier 1875. Mes cases pour la reproduction des Perruches sont compo- sées chacune de trois compartiments distincts : d’abord l'abri complet, entièrement clos, et n'étant accessible aux Perruches que par deux petites ouvertures seulement suffisantes pour leur passage ; ensuite le hangar clos sur les côtés, mais ouvert complétement par devant, et enfin l'air libre, ouvert à tous les vents et à la pluie, et clos par des grillages de fil de fer galvanisé. : Mes volières à Perruches sont divisées en autant de cases qu'il y a d'espèces, et même, excepté pour les ondulées, je ne mets qu'un couple dans chaque case, composée comme ci- dessus ; je place deux nids sous l'abri complet, et deux nids sous le hangar afin que les oiseaux puissent choisir. Une porte pratiquée dans la cloison de l'abri complet permet de le nettoyer ; il est éclairé seulement par une vitre dépolie, afin que les oiseaux puissent y voir sans être tentés de se préci- piter sur le verre. 3° SÉRIE, T. Il, — Octobre 1875. 36 262 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Une mangeoire en bois, de 0",50 de long sur 0",20 de large, est placée au-dessus de la porte. Dans la partie ouverte est un abreuvoir en zine courant dans toute la longueur qui dessert les cinq compartiments ; dans le centre est solidement planté un arbre mort, de pré- férence un pommier avec toute son écorce, pour servir de perchoir. Quelques bûches creuses sont suspendues en nombre égal sous le hangar et sous l'abri complet, afin que les oiseaux puissent choisir l'exposition qui leur plaît le mieux. Des per- choirs en bois recouverts de leur écorce sont également dis- tribués dans toutes les parties de la voliére. Voici du reste les coupe et élévation de mes volières : ALR LIBRE PAS À HANGAR CLOS Û PAR COTÉES 2 OUVERT PAR DEVANT À 4 GRILLAGE PORTE ap) 1 NETTOYAGE | ABREU DA SR = LL a 5 TITI = scene COMPLET ABR | au ID À WE | s' ate à las asian Pur d A ARR MT ju our PIE {ll NETTNYA | | A Un Re Mes Palliceps ont passé toutes les nuits froides du mois de janvier sous le jou de leur case, et ne sont entrées sous l'abri complet qu’au moment de la ponte. L’accouplement 1 commencé au milieu de février, et le ÉDUCATIONS DE PERRUCHES PALLICEPS. 563 premier œuf a été pondu le 12 mars, dans une büche creuse placée au fond de l’abri complet. Mes Perruches étant habituées à ma présence et très-fami- lières, jai pu suivre exactement et minutieusement toutes les phases de l’incubation et de l'élevage des jeunes. La femelle a pondu de deux en deux jours six œufs. Pen- dant tout le temps de l'incubation elle est à peine sortie du nid; le mâle lui donnait à manger à plusieurs reprises dans la journée. J’ai pu regarder souvent les œufs sans qu’elle tentât même de sortir du nid, et cela n'a causé aucun tort à la couvée. Les six jeunes sont sortis de l'œuf du 7 au AL avril, c’est-à-dire vingt et un Jours après la ponte du premier œuf. Ils étaient couverts d’un duvet blanc pur et le bec était jaune d’or vif ; le 49, les plumes bleues des ailes commencèrent à se montrer et les jeunes oiseaux étaient de la orosseur d’un moineau ; le 29, ils étaient entièrement re- vêtus de plumes bleues ; le 1% mai, la queue poussait rapide- ment ; le 5, le plumage était complet, et ils ne différaient des parents qu’en ce que la tête était couverte de plumes rouges au lieu d’être jaunes et le plumage en général moins brillant. Le 7, juste un mois après leur éclosion, tous mes jeunes avaient pris la volée pour ne plus rentrer même sous l'abri, et malgré de fortes pluies et des nuits froides passées sous le grillage à tous les vents, je n’en ai Jamais vu un seul malade, ou même délicat. Le 15 mai, le rouge de la tête devenait peu à peu jaune, et le 4 juillet, ils mangeaient absolument seuls. Apercevant, le 6, le père les poursuivre et les battre, je visitai mes büches creuses, et vis non sans une agréable surprise que la mère avait recommencé à pondre dans son ancien nid. Je séparai immédiatemeni les jeunes des parents, et le 16, une nouvelle couvée de cinq œufs était en bonne voie. Les petits sortirent encore de l’œuf le 27, exactement vingt et un jours après la ponte du premier œuf, et cette couvée se comporta absolument comme la précédente. Je ne serais plus surpris d'obtenir une troisième couvée avant l'hiver. 564 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Je nourris mes Palliceps avec du millet en épis, de l’alpiste, du blé, du gruau, et surtout beaucoup de verdure, de la salade, et mieux encore du séneçcon, dont ces oiseaux sont avides. C'est à celte nourriture variée et à l'aménagement de ma voliére que Jjattribue le succès que j'ai obtenu pour ces Palliceps, qui en quatre mois m’ont donné onze jeunes, plus que je n'ai obtenu de mes Callopsittes et de mes Ondulées, qui cependant sont des Perruches fécondes et de reproduction aisée. | En résumé, je regarde celte belle espèce comme facile à faire reproduire, la femelle est bonne pondeuse, bonne cou- veuse et excellente mère, et le mâle nourrit très -soigneuse- ment les jeunes une fois hors du nid; je crois donc qu'avec une installation convenable on pourra rendre cette Perruche moins rare qu'elle ne l'est actuellement ; je la regarde, d'après les exemples que j'ai sous les yeux, comme très-forle et très- rustique, et préférant plutôt l'air libre à une volière placée dans une serre ou dans un endroit couvert. Voilà, Monsieur, les renseignements que je puis vous donner comme absolument exacts. Je ne serais pas entré dans tous ces détails si je n'avais lu dans plusieurs ouvrages, cepen- dant bons sous d’autres rapports, que les grandes perruches ne se couvraient de duvet qu’à trois semaines, de plumes qu'à deux mois, et ne sortaient du nid et mangeaient seules qu’à trois mois. D'après mon expérience, un mois suffit pour tout cela, et à six semaines les oiseaux peuvent absolument vivre indépendants de leurs parents et sont aussi gros et aussi forts que père et mére. Veuillez, etc. ESSAIS D’ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR Par M. le D'° L. TURREL Délégué de la Société d’acclimatation à Toulon (Var). 1l se manifeste, en France, un goût de plus en plus marqué pour la propriété rurale et l'exploitation du sol. On commence à reconnaître que, par d'intelligentes cultures, on peut aug- menter singulièrement la production agricole, et que des soins donnés avec discernement aux reproducteurs des animaux de la ferme, de l’écurie ou de l'étabie, améliorent les races et permettent d’en tirer plus de profit. Ces idées sont acceptées sans contestation par les personnes éclairées. Elles ne trouvent de contradicteurs plus ou moins avoués ou des sceptiques plus ou moins défiants que dans les classes rurales. Auxiliaires indispensables, associées obliga- toires de tous les travaux des champs, ce sont elles essentielle- ment qu’il importe de convaincre, c’est à elles surtout qu’il faut faire voir et toucher du doiet les bénéfices des réformes dont la science nous indique les favorables conséquences. Or, cet enseignement par la vue et par le tact, le seul qu’acceptent les paysans, parce qu'ils ne sont point préparés à admettre les démonstrations scientifiques, les Jardins d’acelimatation et les champs d’essais sont destinés à le leur procurer. Ces établissements existaient en germe dans les Jardins bo- taniques, annexes des Facultés de médecine et des Muséums d'histoire naturelle. Mais créés en vue de la science pure, s’ils ont rendu d’incontestables services, c’est qu'ils n’ont pas tou- jours repoussé les requêtes que leur adressaient les curieux de nouveautés ou les pionniers d’amélioralions. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire les fit entrer dans une voie pratique et désormais féconde. L’illustre savant avait le génie de la raison, ettoutes ses recherches tendaient à un but précis : 566 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. l'utilité. Ce mot dont il avait fait sa devise, il l’a légué à la Société d’acclimatalion qu'il fonda en 1854, et qu’il eut la gloire de compléter, quelques années plus tard, par la créa- tion du Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne, N’ou- blions pas qu'il fut l’initiateur du mouvement de vulgarisation des connaissances scientifiques, que des hommes d’élite ont su parer au besoin d’un attrait romanesque, pour les faire péné- irer dans les esprits réfractaires aux formules Mn ou aux déductions de la haute analyse. Malgré les dévastations d’une guerre impitoyable qui en avait détruit les trésors, le Jardin du bois de Boulogne, renou- velé par l'intelligente administration du fils de son fondateur, est devenu un type sur lequel devront se modeler avec plus ou moins d’exactitude et de développement les institutions similaires. ÿ L’uuhté y est judicieusement parée de dehors Re à Aussi est-il devenu la promenade favorite des enfants, et ils y contractent, en jouant, le goût des sciences naturelles, se préparant ainsi, à leur insu, à de fécondes vocations. De curieux végétaux, dont les plus frileux sont protégés par un jardin d'hiver, les plus intéressantes races d'animaux do- mestiques, et les types non encore ralliés à l’homme, mais susceptibles de devenir des hôtes de la ferme, de la basse-cour ou de la forêt, sont là groupés habilement sur un petit espace, pouvant être étudiés sans fatigue, et surtout tenus à la dispo- silion de ceux qui veulent expérimenter, dans leurs domaines, les races nouvelles et les végétaux peu connus. Ce jardin est donc actuellement un lieu d’études et de multiplication, et de plus, il s’y est établi un courant de tran- sactions également utiles à la science et à ses applications pratiques. Non-seulement on peut s’y procurer des animaux rares, à des prix qui sont toujours équitablement calculés d’après les cours des pays où se fait le commerce d'introduction ou d’éle- vage, comme Londres, Anvers et Bruxelles, mais encore la Société d’acclimatation, qui constitue la meilleure clientèle du Jardin, s’y procure les cheptels qu’elle accorde, sur leur de- ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 967 mande, à ses membres offrant des garanties pour les multi- plications des espèces à propager. Mais pour suffire aux demandes et favoriser l’essor des curieux ou des innovateurs, l'établissement du bois de Boulo- gne ne suffisait pas, et il était tout naturel que l'administration du Jardin fit choix, pour ses multiplications, de localités où pouvaient être créées des succursales appropriées aux besoins des espèces exotiques. Nos départements méridionaux, dont la climature privilégiée répond mieux aux exigences des hôtes nouveaux que nous fournissent les pays chauds, étaient naturellement désignés au choix de la direction. C’est à Hyères, dans le Var, qu'a été créée la première succursale ; une seconde est en bonne voie de préparation à Cannes (Alpes-Maritimes) et il est possi- ble que le Jardin zoologique de Marseille, si bien placé pour les provenances de l’extrême Orient, soit relevé de ses ruines et de son fâcheux abandon par la Société du Jardin du bois de Boulogne. : Ayant en vue spécialement les essais d’acclimatation dans le Var, nous ne nous occuperons que du Jardin d'Hvères, et d’un modeste champ d'essais créé à Toulon par l’initiative de la So- ciété d’horticulture et d’acclimatation du Var. Mais avant de parler de leur fonctionnement, 1l convient de faire un court historique des services rendus à l’horticulture, à la botanique, par le Jardin de la marine et le Jardin public de notre ville de Toulon. Le Jardin de l’École de médecine navale fut fondé en 1768, sous le ministère de Choiseul, duc de Praslin. Situé hors de l'enceinte des fortifications, et séparé seulement des glacis par la route militaire, 1l occupait, à titre de location, un terrain appartenant à l'administration des hospices, qui le revendiqua en 1844, pour y construire un nouvel hôpital, la vieille maison hospitalière contenue dans l’ancienne ville ne répondant plus aux besoins d’une population croissante. Décidé en principe dès cette époque, lé déplacement du Jardin ne fut effectué qu'en 1849, après une inutile interven- tion de l’Académie des sciences qui protestait contre la des- 565 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. truction des raretés végétales dont 1l s'était enrichi. On essaya toutefois de concilier les intérêts de la science avec les droits de l'humanité, en opérant l'extraction des arbres précieux, en mottes énormes, et en les transplantant sur la presqu'île de Saint-Mandrier. Quelques -uns repoussèrent miraculeusement, d’autres périrent; en définitive, cette opération considérable, réalisée avec des moyens moins perfectionnés que ceux dont l’horticulteur dispose aujourd’hui, fit grand honneur à M. Jo- seph Auzende qui la prépara et l’exécuta. L'intérêt exceptionnel que l’Institut portait au maintien de l’ancien Jardin se justifiait par les services qu’il rendait à la : science de la botanique. Il fournissait de graines ne müris- sant bien que sous notre climat tous les jardins de l'Europe ; il servait d’intermédiaire entre l'Algérie et nos autres établis- sements coloniaux, tous les échanges de plantes venant abou- tir à notre port pour être réexpédiés à destination. Nous devons uu souvenir reconnaissant à l’un des direc- teurs de ce jardin dont la physionomie originale mérite d’être sauvée de l'oubli. Robert, pharmacien de la marine, avait, outre la passion de la botanique, une ambition patriotique du ressort de ses études favorites. Il rêvait le reboisement des 400 hectares de rochers arides qui composent le massif calcaire de la montagne du Faron, à 2 kilomètres au nord de sa ville na- tale. De 1820 à 1847, année où il fut mis à la retraite, Robert parcourut sa montagne, répandant d’une main prodigue, partout où, parmi les moraines provenant de l’effritement, il trouvait une maigre veine de terrain, les graines de toute espèce qu’il récoltait dans le Jardin. Combien vit-il germer de ces aventureux semis ? C’est ce qu’il importe peu de préciser. Mais l’obstiné rêveur réussit à inoculer son hallucination à quelques hommes d'initiative. Sur leurs instances, le conseil municipal de Toulon se décida un jour à essayer sur sa propriété sans valeur quelques timides semis. [ls furent heureusement confiés à l'élève, au confident de Robert, à Joseph Auzende, praticien prudent, qui démon- tra expérimentalement la possibilité de faire croître des pins ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 969 au milieu des cailloux. Enfin, l'administration ‘forestière intervint et fut représentée par un Toulonnais, M. Émile Vin- cent, qui se passionna pour cette grandiose résurrection de la montagne. Aujourd’hui, après vingt-cinq ans d'obstinés tra- vaux, malgré l'insuffisance notoire des allocations annuelles de la municipalité (1), la moraine désolée se tapisse de coni- fères, le désert vit, la solitude se peuple, et l'utopie de Robert est devenue une étourdissante, une magnifique réalité. La translation du Jardin de la marine à Saint-Mandrier fut une calamité pour l’École de médecine navale et pour la bo- tanique. On ne sut pas dépenser 200 000 francs pour assurer l'étude pratique des végétaux par les futurs médecins de notre armée navale, tandis qu’on prodiguait des millions en coques cuirassées qui ont contribué à la ruine de notre état mari- time, aujourd'hui presque consommée. Séparé de Toulon par toute la largeur de la rade (8 kilomètres), le Jardin de Saint-Mandrier est inaccessible aux élèves ; de plus il est com- pris dans l’enceinte de l'hôpital annexe, desservi seulement par des médecins ayant des grades dans la hiérarchie. Or, il est devenu à peu près impossible de faire sortir de cette prison une graine ou une plante sans s'assujettir à d’interminables démarches qui n’aboutissent que par exception. L'écrou de ce qui y est facilement introduit ne peut se lever qu'avec contrôle et après enquête dont le résultat dépend du bon plaisir de l'administration. Le fonctionnement utile de l’ancien Jardin de la marine est donc aujourd’hui presque compléte- ment annihilé. Peu de temps après cet exil à Saint-Mandrier, le Jardin re- çut, par les soins d’un officier de marine, M. Richard Foy, les premières graines d'Eucalyptus globulus qui aient été introduites en France. La marine aurait donc pu revendiquer l'honneur d’avoir fait connaître ce magnifique végétal. Mais l’enceinte administrative resta inexorablement fermée. Que devinrent ces graines? que produisirent leur semis ? proba- (1) Le Conseil général du Var à supprimé, depuis six ans, la subvention qu'il avait affectée à cette œuvre jusqu’en 1869. La raison économique a prévalu contre l'utilité d’un grand exemple. 570 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. blement ce que, de par la règle, deviennent les semis faits par le jardinier officiel. Faute d'espace et d'emploi, il les détruit, après avoir prélevé le nécessaire pour les cours du professeur de botanique. Autrefois on les distribuait avec une générosité intelligente; aujourd’hui on les jette à la fosse au terreau, et tout est régulier. On voit par cet exemple que les errements des jardins en rêgie de la marine sont loin de donner satisfaction aux besoins nouveaux de la science de l’acclimatation. Loin de nous la pensée d’infliger un blâme à cette rigidité du réglement qui doit empêcher des abus. Mais nous nous rap- pelons qu'autrefois on était moins sévère en matiére de plantes, sans dommage pour la chose publique. Done, tout en reconnaissant que les jardins botaniques n’ont pas été créés dans le but de distribuer des végétaux d'utilité ou d'ornement, nous démontrons à fortiori l'opportunité de l'établissement de jardins spécialement consacrés à l’étude pratique, à l’ac- chimatation de la flore, exotique. Comment faut-il entendre ce mot «acclimatation » ? Il ne doit être pris dans le sens absolu que lorsqu'il s’agit des animaux. S'il est un fait sans conteste, c'est que les êtres vivants, transportés dans un milieu qui n’est pas analogue à celui de leur patrie, peuvent supporter, au moyen de cer- taines précautions, d'assez grandes différences de température. En général, l’appropriation est plus facile et plus complète pour les animaux amenés des climats chauds dans une zone tempérée, que pour ceux qui, habitués à des froids rigou- reux, semblent moins capables de résister à des climats plus doux. Cette adaptation des animaux aux milieux variés où ils sont conduits à vivre a son explication dans la faculté qu'ils pos- sèdent de produire de la chaleur. Les végétaux n’ont pas de foyer calorigène comparable à celui qui procède de la respi- ration pulmonaire, d'où il suit que leur acclimatation ne saurait s’opérer au même litre ni aussi complétement que celle des animaux s'ils sont transplantés sous des latitudes très-difié- rentes de celles pour lesquelles ils sont organisés. Subissant ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 574 passivement l'influence du milieu, sans pouvoir réagir, ils ne sauraient s’accommoder de températures exceptionnelles. Même transportés dans des zones isothermes, ils peuvent être incapables de résister à des minima exceptionnels. Enfin leur bon entretien ne saurait être assuré s’ils ne sont point placés dans des conditions favorables de sol, de culture, de ventilation et d'humidité. C'est à procurer le concours de ces influences propices que s'applique, à proprement parler, la science de l’acclimatation des végétaux. Il est vrai que le semis de graines obtenues de végétaux délicats sous un climat plus rude peut donner, dans une cer- jaine mesure, naissance .à des races relativement rustiques. La culture à réussi à faire franchir même la limite des pays tempérés à des plantes tropicales à production alimentaire souterraine, comme la Parmentière, la Patate, le Taro. Mais quant à obtenir qu'une plante vivace des régions chaudes résiste à des froids que sa constitution ne lui permet pas de supporter, c’est une illusion à laquelle la PRHgIAgES et la pratique donnent de continuels démentis. C’est donc, en dernière analyse, en une vérification directe, en des expériences sagement conduites, et avouons-le aussi, en des tâtonnements plus ou moins heureux, que peut se ré- sumer Pacclimatation des végétaux. Toutefois lorsque ces ex- périmentations sont instituées avec méthode, elles offrent plus de garanties de réussite et d'utilité : d'où il est facile de déduire le rôle des jardins destinés à instituer ces études raisonnées. ‘Bien que, par sa destination de promenade publique, le Jardin de la ville de Toulon semble peu propre à ce genre de recherches fécondes en résultats, on peut dire que, par les soins de M. Joseph Auzende qui le dirige, il est devenu un centre de multiplication de végétaux rares et une école d’accli- malation. [lreçoit, des navigateurs de notre cité maritime, des oraines et des plantes qu'il multiplie de semis et de boutures, etil les répand ensuite, avec l’assentiment de l'administration, non-seulement autour de lui, mais encore dans les pays voi- sins, L'Espagne, l'Italie, l'Égypte même, ont reçu ses envois, 572 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. et il a contribué honorablement à la plantation des jardins d’Ismaïlia, sur le canal maritime de Suez. Créé en 1852 par les soins d’une commission municipale com- posée de MM. Marius Barnéoud, Charles Coulomb et docteur L. Turrel, ce jardin à donné la démonstration pratique de l'utilité du groupement à 1 mètre seulement en tous sens de l'Eucalyptus globulus. Trop espacés, les sujets dont la crois- sance est si rapide sont infailliblement renversés par les brises un peu violentes ; plantés en masse serrée, ils résistent au contraire en se prêtant un mutuel appui. Ce fait acquis a été utilisé pour les plantations en grande culture de cette pré- cieuse myrtacée. Une remarquable plantation de Palmiers dattiers issus de semis de M. Joseph Auzende a permis de prouver la rusticité relative de races ayant subi lentement et pendant de longues périodes l'influence d’un climat où les sujets directement im- portés de l’Afrique ne sauraient conduire des fruits à matu- rité. Les Dattiers du Jardin public ont donné des dattes pres- que mûres, ayant un commencement de saveur sucrée, et surtout contenant des noyaux fertiles qui permettent de con- tinuer l'expérience par des semis successifs. Peut-être par- viendra-t-on à créer de cette manière une race plus résistante que celle des oasis sahariennes, et pouvant mürir ses fruits dans toute la zone méditerranéenne de notre France. M. Auzende a pu également expérimenter et faire con- naître un mode de conservation, pendant l'hiver, de la patate de Malaga. C’est lui qui a rendu possible la préservation éco- nomique de ce tubercule, qu’on ne pouvait empêcher de geler qu’à l’aide de moyens trop coûteux pour la grande culture. Mais ces services rendus dans un lieu accessible aux dé-: sœuvrés ont été naturellement réduits à un minimum par la force des choses. Tout autre est le fonctionnement du Jardin de la Société d'horticulture et d'acclimatation du Var. Etabli en 1871 sur un terrain d'un demi-hectare appar- tenant à la ville de Toulon, ce jardin est trop petit pour rece- voir, même temporairement, des animaux. Ge rôle est dévolu au Jardin d’Hyères par lequel nous terminerons notre étude. ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 579 Cependant il possède dans un petit bassin deux sujets d’un poisson des eaux douces de Chine, le Gouramu. Ils y vivent depuis un an et pourront peut-être sy multiplier. Mais il peut servir à l’élude de bon nombre de végétaux exotiques, et 1l a permis déjà d’intéressantes constatations. | On sait que les Bambous se divisent naturellement en deux sections : ceux à rhizomes ou à racines traçantes, qui semblent être d'autant plus rustiques et résistants aux froids que leurs racines ont plus d’inclination au vagabondage. Ceux à pousse serrée, à racines non traçantes qui, malheureusement, ont une constitution délicate, puisque les plus robusies de la sec- tion sont gelés par des froids de 5 degrés. Or, nous avons vérifié la résistance à des froids de 8 degrés d’un bambou sans rhizomes que nous avions recu sous la dénomination inexacte de Bambusa gracilis. Nous avons pu établir aussi les caractères qui distinguent du vrai B. gracihs, dont le tempérament est délicat, notre B. gracilis rustique qui tranche si heureusement sur les mœurs frileuses de ses congé- nères. La conséquence pratique de ce fait, c’est la possibilité de substituer comme brise-vents notre bambou rustique au roseau de Provence, qui trace presque autant que les bam- bous à rhizomes. Mais le roseau de Provence, l’Arundo donax, est en possession traditionnelle et séculaire de ce rôle de brise-vents. Aussi n’y a-t-il quelque chance de faire adopter le bambou qu’en offrant aux maraïchers une espèce rustique, poussant en touffes serrées, et garnie suffisamment de feuilles pour résister aux brises violentes, Or, ce sont là précisément les qualités de notre bambou, qui peut protéger les terrains maraichers sans les envahir, et qui, en outre, est fort accom- modant pour les irrigations ; rious prévoyons donc pour lui un avenir fort brillant, au moins dans notre région de l'olivier. Une culture fort importante de la Provence est sur le point de subir une transformation par les soins de notre jardin. Le Câprier épineux, qui occupe de si grandes surfaces sur les territoires de Toulon, de Solliès, de Belgencier, fournit au commerce un condiment fort recherché connu sous le nom de Câpres ; c’est le bouton à fleurs, confit au vinaigre de vin, que 57À SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. l’on cueille pendant l’été. Or, cette cueillette pratiquée par les femmes et les enfants est longue et ‘répugnante, par consé- quent coûteuse, les mains qui l'opèrent étant cruellement dé- chirées par les stipules épineux, aigus comme des hamecçons, qui arment la base des feuilles. Le Câprier inerme fournit le même produit sur des tiges inoffensives. Il n’y a donc qu’à dé- montrer aux cultivateurs qu’ils peuvent avantageusement le substituer au Câprier épineux. Cette preuve se fait dans Je Jardin d’acclimatation, où le Câprier inerme est largement multiplié par le semis qui continue fidèlement la variété, ne faudrait-il pas dire l'espèce? Un autre végétal qui peut jouer un rôle considérable pour l'utilisation des terrains arides d’où la vigne est menacée de disparaître, le Sparte (Séipa tenacissima), est également, dans ce jardin, l’objet de soins assidus et prévoyants; des semis de plus en plus nombreux y sont pratiqués avec les grai- nes récoltées sur la montagne du Faron, où la sollicitude de M. Joseph Auzende en avait depuis longtemps planté une trentaine de sujets. Le Sparte vit et prospère dans les calcaires les plus secs. Il peut donc réussir dans les sols les plus maigres de nos départements méridionaux. La compagnie des terrains de Saint-Louis du Rhône projette d’v introduire aussi cette graminée qui fait la fortune des plateaux de la province d'Oran. C’est notre Jardin d’acclimatation qui lui a fourni les premiers plants avec lesquels un essai est en ce moment à l'étude. S'il réussit comme il est probable, l'administration des eaux et forêts introduirait le Sparte dans les landes de Gascogne, et une nouvelle source de richesses agricoles serait créée sur des terres jusqu’à présent improductives. La feuille de Sparte se vend actuellement à Oran de 0,15 à 0,30 cent, le kilogramme, rendue sur le quai d'embarquement. C’est làle prix des feuilles en mélange qui ne servent qu'à la fabrication du papier. Mais les feuilles de choix destinées à tresser des nattes ou des cordes, ou à lier des greffes, se vendent jusqu'à 1 f. 50 le kilo- gramme : on voit donc quel avenir est réservé à cette plante d'une longévité indéfinie, dont le produit va croissant avec l’âge, et que l’on peut, en culture régulière, qui ne demande ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 979 quelques soins que dans les premières années, espacer d’un mêtre en tous sens, ce qui donnerait à l’hectare 10 000 sujets dont le rendement pourrait atteindre 1 kilogramme par plante (1). Une autre graminée algérienne, le Diss (festuca altissima), est aussi l’objet d’études intéressantes. Comme litière, comme production de matériaux de paillassons, et cela dans les sols les plus secs, le Diss peut rendre des services importants dans notre région si pauvre en pailles et en fumiers. Enfin ce jardin à mis à l’essai un arbre de la Chine dont les graines fournissent une huile siccative recherchée par l’in- dustrie des vernis et des laques. L’E/æococca vernicia, Eu- phorbiacée originaire de Shang-Haiï, vit là sous un climat excessif, où des froids rigoureux succèdent à des chaleurs tor- rides ; ses feuilles sont caduques, et il peut produire des grai- nes à l’âge de trois ou quatre ans. Trouvera-t-il, sous notre climat, assez de chaleur estivale pour v mürir ses graines ? Cest ce que prochainement nous serons en mesure de vérifier. | | Mentionnonsles semis faits annuellement de pins de diverses provenances, notamment le Pin de Sabine dont lesamandes co- mestibles sont les plus grosses et les plus savoureuses du genre, et qui, par sa vigueur et sa beauté, promet une précieuse ac- quisition horticole et peut-être forestière. Par une heureuse innovation qui promet d’utiles résultats, le Jardin de Toulon fait depuis deux ans une culture de patates par semis. Les graines, quine mürissent pas en Provence, sont récoltées à la Martinique. Il a été ainsi obtenu de curieuses variétés dontles tubercules sont groupés autour de l’axe de vé- gétation, comme le sont les griffes du Dahlia ou de l’Asperge. Ces variétés sont de plus précoces, puisqu'elles ont produit leur récolte en quatre mois. Il est donc permis, à l’aide de ces semis, d'espérer l'extension vers le nord de la culture de la Patate, au même titre que celle de la Pomme de terre. Tel est le bilan déjà fort honorable de notre petit jardin d'essais. | (4) Le fret de l’Alfa pour Londres varie de 3 à 5 fr. les 100 kilogr: 576 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Mais le véritable jardin d’acclimatation du Var est la suc- cursale établie à Hyères par les soins de M. A. Geoffroy Saint- Hilaire, sur un terrain de 7 hectares légué à la ville par un bon citoyen, M. Hector Riquier, et concédé à la Société du Jardin du bois de Boulogne. Ce jardin, encore à l’état de préparation, puisque l'acte de concession est du 45 février 1873, se complète peu à peu sous l’active surveillance de M. Davrillon, chef des cultures. Il est situé dans une localité peu protégée contre le froid. Mais la résistance aux minima des végétaux qui s’y maintiendront en bonne santé sera démontrée a fortiori pour les terrains plus heureusement situés. ” La surface utilisable du jardin est réduite à 6 hectares : outre ce qu’il a fallu consacrer aux allées livrées au public, on à rogné une bonne partie de terrain au sud pour élargir le ruisseau torrentueux qui le limite. Le Roubaud, qui est le déversoir des eaux pluviales descendant de l’amphithéâtre de la vieille ville, dévorait capricieusement ses berges que l'on a essayé derégulariser par des murs. Comme l’agrandissement de son lit répond à la partie la plus étroite du jardin, dont la forme générale est une ellipse irrégulière trés-allongée de l’ouest à l’est, il s'ensuit un malencontreux étranglement vers la porte d'entrée. | Un ruisseau artificiel agréablement dessiné serpente sui- vant le grand axe du jardin, à travers des pelouses, et vient aboutir à un lac dominé par un tertre formé de terres rappor- tées, d’où s’échappent les eaux de la ville qui-l’alimentent et, se renouvelant incessamment, vont se déverser dans le Roubaud. | Un mur d'insuffisante hauteur forme clôture au nord sur un développement de 350 mètres; une serre adossée en occupera le centre: des collections de vignes, d’oliviers, d’orangers, d'arbres fruitiers exotiques et de bambous, y sont en voie de plantation. On y prépare une école d'Eucalyptus dont l'impor- tance n’a pas besoin d'être démontrée. Cette myrtacée est encore peu connue, les espèces en sont mal déterminées, leur nomenclature incertaine, leur aptitude à supporter nos séche- ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 977 resses et nos minima de tempéralure à peu près ignorée. On n’a bien étudié jusqu'ici que l’Æ. globulus ; mais que de ri- chesses peut nous révéler une expérience bien conduite sur ses nombreux congénères. M. Sahut, de Montpellier, vient de nous signaler l'existence d’un ÆEucalyptus encore indé- terminé, qui dans son Arboretum de Lattes aurait supporté en décembre 1870 un froid passager de 16 degrés. Ce rusti- que échantillon a dû fleurir au printemps de 1875, pour la première fois. Il est présumable que c’est l'E, rostrata ; mais dans une école, il eût été classé et nommé; sa multiplication n'aurait donc pas été subordonnée aux éventualités d’une fructification incertaine ou qui se fera probablement encore longtemps attendre. L'intérêt qui s'attache à la détermination des espèces de ce beau genre s'accroît des constatations qui ont été faites, dans diverses localités malsaines, des propriétés fébrifuges de l'Eucalyptus. On cite les environs du lac Fezzara, dans Ja province de Bône (Algérie); les marais de la portion méridionale de la Corse, une maison de garde près du Var, qui ont été merveil- leusement assamis par des plantations d'Eucalyptus globulus. Ce rôle bienfaisant est-il dù à des propriétés fébrifuges intrin- sèques, où aurait-il été rempli indistinctement par toutes sortes de végétaux arborescents. Il est permis d'attribuer à l'Eucalyptus des qualités spéciales, puisqu'il est constant que l'extrait des feuilles de cette myrtacée a guéri certaines ne de fièvres intermittentes rebelles. Le Jardin d’'Hyères rendra donc un signalé service à la bo- tanique et à l’horticulture lorsqu'il aura l’école complète d'Eucalyptus qu'il est dans l'intention du Comité directeur d’y établir prochainement. Nous connaîtrons, par les expériences instituées ou prépa- rées, les aptitudes diverses à supporter le froid des végétaux et des animaux qui peupleront le jardin. Mais les résultats ne peuvent être corrects que si l’on v possède des instruments de précision. Déjà les minima sont observés avec soin par M. Davrillon au moyen de ithermomètres spéciaux. Toutefois, 32 SÉRIE, T. IL. — Octobre 1875. 27 5 78 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. \ nous voudrions plus encore, ei le conseil municipal d'Hyères serait heureusement inspiré s’il consentait à faire les frais d’un petit observatoire météorologique. La notation de la di- rection et de la force des vents, des quantités de pluie et de leur répartition, des oscillations du baromètre et du thermo- mètre, fournirait la meilleure démonstration du mérite de la ville et de ses environs comme station hivernale. On commence du reste à comprendre, en France, l’impor- tance des documents qui aideront à créer la science toute moderne de la météorologie ; on sait qu'à l’aide du télégraphe électrique, les phénomènes atmosphériques locaux sont in- _ stantanément communiqués à l'observatoire central de Mont- souris, et lui fournissent les moyens de tracer la courbe des dépressions barométriques. Plus les points de constatations seront multipliés, et plus seront exacts les éléments de déter- mination de cette ligne. Dans ces conditions, les avis sur la probabilité des pluies, des vents et de la marche des tempêtes, pour chaque localité située dans l’axe de la dépression, auront un caractère plus irréprochable de précision, et par consé- quent, d'utilité. l Un jour viendra, et nous l’appelons de tous nos vœux, où dans chaque commune il y aura un minimum d'instruments (et à la rigueur un thermomètre et un baromètre suffiraient) dont l’Instituteur transmettra les notations à lObservatoire central. Mais en attendant, et pour préparer ce désirable progrès, les établissements comme le Jardin d’Hyères, doivent donner l’exemple et prendre l'initiative. Les desiderata de l'acclimatation et l'intérêt de la ville d'Eiyères procuréeront cet indispensable organe au jardin Riquier. Les animaux y figurent déjà dans une cerlaine proportion qui ne peut que s'accroître. Un vaste bassin, élégamment des- siné en forme de lac paysager, recevra, dans de favorables conditions, les poissons d’eau douce qu’il importe de multi- plier dans une station tempérée, en vue du repeuplement de nos rivières, surtout par les poissons comestibles des eaux douces de la Chine, si faciles à élever dans les canaux et les viviers. ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 979 En attendant ces appoints de notre faune ichtyologique, le lac est animé par des oiseaux aquatiques: des Canards Ca- sarka, des Sarcelles de la Caroline et du Brésil, des Canards mandarins y prennent leurs ébats, Des enclos avec lagons limitent les excursions des Cygnes noirs d'Australie et du Gygne blanc; de petits pares ont reçu des Casoars et des Au- truches que nous serions heureux de voir s’y multiplier. Un magnifique troupeau de Chèvres d’Angora frappe tout d’abord la vue des visiteurs. Il se compose de près de trente têtes, et de nombreuses naissances l’aug menteront dès cette année. Sur une pelouse entourée de barrières paissent en liberté des Bœufs des Maures, issus des troupeaux de Bœufs africains portés par les Sarrazins en Provence. Getle race possède de grandes qualités pour la région riche en bois, mais pauvre en pâturaces, qui forme le massif granitique des Maures. D’une sobriété à toute épreuve, puisque pendant l'été elle ne se nourrit que des brindilles des jeunes taillis, elle peut être élevée avec avantage et procurer au pays, qui en manque, une viande très-savoureuse, outre l’engrais et le travail pour cul- liver les escarpements d’un sol trés-accidenté. Mieux nourries au Jardin, les vaches doivent y acquérir des qualités laitières qui leur manquent à l’état d'abandon où elles vivaient aux environs de la Chartreuse de Laverne. Il était donc utile d’en introduire de remarquables spécimens dans l’école d’acclima- tation. Une autre épave des incursions sarrazines, le Cheval du golfe de Cogolin, devrait également y figurer. Une ou deux Juments poulinières de cette race, qui possède encore de pré- cieuses aptitudes à produire, avec l’étalon arabe, d’infaliga- bles Chevaux, fourniraient, outre leur travail pour le service du Jardin, la démonstration du parti que l’État pourrait en tirer pour la remonte de la cavalerie légère. Un étalon remarquable de la race asine d'Égypte est déjà mis à la disposition des éleveurs et améliorera la race un peu négligée du pays. Le jardin possède en outre un couple de Chèvres de Nubie, 580 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. recommandables par leurs qualités laitières et leur petite taille. Une faisanderie et probablement une basse-cour sont en projet. Nos amateurs et nos ménagères y trouveront les types les appropriés aux exigences de notre climat, et pourront voir s’y multiplier les belles espèces de Faiganis introduites depuis peu de lextrême Orient. Outre ces animaux, dont la nomenclature est à compléter, puisque la période de création et de tâtonnements n’y es point close, le Jardin Riquier sera un champ d’asile pour de libres hôtes que l'établissement de nids artificiels invitera à y établir leurs couvées. Âu moment où, de toutes parts, l’on s’émeut enfin de la destruction inconsidérée des oiseaux insectivores, ces trop confiants auxiliaires qui semblent avoir conscience de leurs services, tant ils cherchent peu à fuir les piéges et les bourreaux, il est juste et convenable de leur ménager des réduits de protection, et de démontrer leurs bienfaits. Or, le respect dont leurs nids seront entourés sera probablement une efficace démonstration, ou du moins un salutaire exemple pour les ignorants ou stupides vandales de la gent ailée, qui peut seule nous défendre contre l’infiniment petit insecte ravageur de nos cultures et de nos forêts. Avant de terminer notre aperçu sur le Jardin d’Hyères, mentionnons les nombreux semis qui s’y pratiquent de Pal- miers, d'Eucalyptus, de Casuarinas, notamment le C. éenuws- sima, plus rustique et presque aussi rapide dans sa croissance que l'Eucalyptus globulus, mais surtout de deux plantes industrielles que notre Midi peut utiliser : le Phormaum tenax et l’Arala papyrifera. Le Lin de la Nouvelle-Zélande est fort difficile à multiplier, les graines que le commerce tire du pays d’origine ayant perdu, en arrivant en Europe, leurs facultés germinatives. II est donc du plus haut intérêt d’avoir en France des porte- graines dont le produit puisse être semé sans retard. Or le Phormium tenax fleurit et frucufie dans le Jardin etles jeunes plants, obtenus déjà en grand nombre, sont une promesse décisive pour d'importantes multiplications que nous réservent ACCLIMATATION ET EXPÉRIMENTATIONS DANS LE VAR. 9681 les futurs semis, l’industrie textile peut-être, et à coup sûr la papeterie, sauront en utiliser les produits. En essayant de mettre en lumière les premiers résultats obtenus par les jardins d’acclimatation du Var, nousavons eu surtout l'intention de jalonner leur voie et de montrer le but qu'ils doivent poursuivre. Nous avons aussi voulu prouver ce que peuvent les associations lorsqu'elles tournent leur activité vers l’intérêt général, et nous sommes convaincu qu'elles réa- liseront leurs promesses, tant que, restant fidèles à la pensée qui a présidé à leur création, elles maintiendront, comme ob- jJectif, la devise de notre illustre fondateur : Ufihitati. ÉTUDE SUR L'INCUBATION ARTIFICIELLE Par M. A. FÉRY D'ESCLANDS L'incubation artificielle a été, depuis des siècles, l’objet de recherches incessantes. Les Chinois et les Égyptiens s’en sont occupés, dés la plus haute antiquité, avec un succès que les autres peuples n'ont pas encore atteint. Les tentatives faites dans les temps modernes laissent beaucoup à désirer dans la pratique, bien que les théories semblent souvent fort séduisantes. Le savant physicien Réaumur, malgré ses nom- breux travaux et ses observations, nous a laissé de cet art des données inexactes et incomplètes que ses successeurs n’ont pourtant pas sensiblement modifiées. Muis depuis quinze années, de nouvelles études ont réussi à faire, de l’incubation artificielle, un adjudant trés-avantageux de l’incubation naturelle, ouvrant ainsi de nouvelles voies à la production, à l’acclimatalion et à la domestication des galli- nacés ; les résullats nouveaux et sérieux auxquels elles ont conduit les inventeurs leur permettent enfin de présenter comme acquis à la science les avantages de l’incubation ar- ulhcielle, Trois éléments sont indispensables à la réussite : la cha- leur, Pair et l'humidité; les notes présentes ont pour objet de résumer les observations faites sur la quantité et la qualité de ces agents et sur le rôle qu’ils jouent dans l’incubation. DE LA CHALEUR. La chaleur de la poule varie suivant les saisons, comme chacun sait; elle varie aussi suivant les races. Celles des pays chauds, en effet, développent plus de chaleur que celles INCUBATION ARTIFICIELLE. 583 des pays froids et brumeux; les résultats des expériences sui- vantes l’attestent : Par 20 degrés, un thermomètre placé sous une Poule né- gre, couvant avec ses propres œufs ceux de la race fléchoise, accusait, le dixième jour de l’incubation, 42 desrés; sept Jours après, et par 17 degrés extérieurs, 41 degrés; et, le dix-neuvième jour, 40 degrés. La couvée ne fut pas trés- bonne, les embryons ayant eu trop de chaleur; il fallut en aider plusieurs à sortir, l'élevage fut difficile et la plupart sont morts étiques. Une autre fois, un thermomètre placé sous une Poule nor- mande, la température ambiante étant de 48 desrés, ne don- nait, le treizième jour de l’incubation, que 39 degrés et demi; le dix-seplième, que 38 degrés et demi. L’éclosion réussit à merveille et les poussins vinrent très-bien. Par 26 degrés, une Poule nègre qui couvait des œufs de Faisan doré donnait, le deuxième jour de l’incubation : 42 de- orés et demi, et, le dernier, A0 degrés. Les deux tiers environ des Faisandeaux vinrent à éclosion mais dans dé mauvaises conditions : les embryons avaient eu trop de chaleur, l'élevage fut pénible, les pelits n'atteigmrent pas un mois. Une Poule courtes-pattes, à laquelle une couvée d'œufs de Faisan fut confiée, donna, le cinquième jour de l’incubation, h0 degrés; et 38 degrés et demi l’avant-veille de Péclosion; les Faisandeaux purent parfaitement éclore, l'élevage fut heu- reux. Des Poules cochinchinoises ét négresses ont plusieurs fois, et à des époques différentes, accusé jusqu’à 42 degrés de cha- _Jeur; les Brahma-Pootra et les Poules du Gange donnent une chaleur supérieure à A0 degrés. Sous les Houdan, les Crève- cœur, les Bréda, les Courtes-pattes et les Poules des autres races de nos pays ou du Nord, le thermomètre n'a jamais dépassé 40 degrés. Ces observations n’établissent probable- ment pas une règle absolue, mais elles ont une grande im- porlance au point de vue du rôle que joue la chaleur. En été, la chaleur des Poules est plus immédiate et plus élevée ; pendant l'hiver, elle est moindre et plus concentrée. 58h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Elle varie également le jour et la nuit, atteignant le jour son maximum; la nuit s’abaissant, de 2 heures à 5 heures du matin. De cés observations il résulte que la chaleur diminue au fur et à mesure que les œufsse rapprochent du terme de leur éclosion, Les oscillations qu’elle présente, loin d’être nuisi- bles au développement de l'embryon, paraissent lui être né- cessaires ; elles varient de 2 à 3 degrés d'œuf à œuf et de moment à moment, mais à des époques fixes et déterminées, et elles ont lieu lorsque les oiseaux retournent leurs œufs ou quittent leur nid. Ces circonstances se produisant dans la na- ture sont, par cela même, indispensables à l’incubation natu- relle; il faui donc y avoir égard dans l’incubation artificielle, avec beaucoup de réserve, 1l est vrai, et en ayant soin d’en calculer les effets. DE L'AIR. L’air joue également un rôle essentiel; il est entretenu d’une manière périodique et permanente, par la même cou- veuse, dans les mouvements fréquents qu’elle fait pour re- tourner ses œufs. Toutes les vingt-quatre heures les embryons ont besoin, pour se fortifier, d’une plus grande quantité d’air; l'incuba- tion subit un temps d'arrêt, la chambre à air s’approvisionne d’un air plus pur, les fonctions embryonnaires sont comme suspendues quelques instants pour reprendre ensuile une nouvelle vigueur, jusqu’au lendemain où le même phénomène se renouvelle. Cette nécessité du temps d'arrêt, la bonne cou- veuse n’a garde de s’y soustraire; est-elle enfermée et tarde- t-on à la mettre en liberté, elle s’impatiente, piétine ses œufs et parfois, par mégarde, en brise plusieurs. Ge besoin de la nature a son ulilité pour la couveuse ; elle profite de ce repos pour prendre sa nourriture et se dégourdir les pattes, fonc- tions qui, accomplies insuffisamment, pourraient occasionner la perte des embryons. Les poules trop bonnes couveuses, en effet, couchées sans cesse sur leurs nids et qui, par cette rai- INCUBATION ARTIFICIELLE, 585 son, ne donnent pas assez d’air à leurs œufs, ne mênent guëre à bien leurs couvées. Par contre, lorsque l'air arrive en quantité exagérée et qu'il est trop souventrenouvelé, le résultat n’est pas meilleur ; dans ce cas l’insuccès est dû à l'excès du refroidissement et à l’éva- poration du liquide contenu dans l'œuf. DE L’'HUMIDITÉ. L’humidité joue également un rôle important dans l’incu- bation. Elle est nécessaire au développement de l'embryon, qui ne tarde pas à languir, puis à périr lorsque l'air ambiant n’en contient plus en quantité suffisante. L’humidité est produite sous la Poule par la moiteur qui se dégage de son corps, par l’air extérieur qui en amène tou- jours une certaine quantité et par sa combinaison avec la chaleur de la Poule, Il suffirait pour le démontrer de faire remarquer que les couvées de l'été sont moins bonnes d’ordi- naire que celles du printemps, résultat tout simple si l’on ad- met que l'air de l’été étant plus sec que celui du printemps, et la chaleur de la Poule étant plus forte, le dégagement d'humidité est moindre. Pour être efficace, l’humidité doit atteindre de 60 à 62 de- grés hygrométriques ; au delà, elle cause de graves désordres. Si un courant d'air n'est pas établi promptement en vue d’en dissiper l’excès, les embryons ne vivent guère au-delà du douzième jour, la moisissure envahit la chambre à air, la pourriture gagne le reste; les rares poussins qui arrivent à terme ont les pattes et le corps très-gras, ou sont difformes ; leur chair est pâle, leurs os sans consistance, leur système sanguin profondément altéré, et la vigueur leur fait toujours défaut, Quant aux œufs d’où ils sont sortis, ils contiennent une matière liquide qui n’est autre chose que de l’eau mé- langée d’une irès-petite quantité d'albumine, et toutes les traces des vaisseaux -qui tapissent ordinairement leur inté- rieur ont disparu, décomposées par l'humidité. (À suivre.) I. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS. FAITES À LA SOCIÉTÉ. —_—_—— UN DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR » (LE SYNGAMUS TRACHEALIS, Von Siebold) Par M. Edmond PERRIER Maitre de conférence de zoologie à l’École normale , aide-naturaliste au Muséum. La Société d’acclimatation a reçu récemment de M. Moreau, propriétaire aux Herbiers (Vendée), une communication qui intéresse de très-près quiconque possède une belle basse-caur (voy. au Bulletin. p. 639). ES Il s'agit d’une maladie qui sévit particulièrement sur les jeunes volailles et qui est désignée sous le nom de gapes, c'est-à-dire maladie des baillements. M. Moreau l'avait ob- servée sur de jeunes faisans et il demandait à la Société quel- que moyen de la guérir ou d’en préserver les jeunes oiseaux. C’est ce qui nous engage à donner quelques détails sur cette curieuse affection, à en indiquer les causes et à résumer en même temps les principaux moyens indiqués jusqu'à ce jour pour lutter contre elle. Disons tout de suite que les gages ne sont pas une maladie organique, ne résultent pas d’une aliération quelconque des tissus ou des fonctions vitales de l’animal. Elles doivent tout simplement leur cause à un obstacle mécanique apporté à la. respiration des volailles : cet obstacle lui-même n’est autre chose qu’un amas de vers parasites qui s'accumulent en quan- tité plus ou moins grande dans la trachée artère, y forment en quelque sorte bouchon et s’opposent parfois d’une manière complète à l'introduction de l’air dans les poumons. L'oiseau dont la respiration est ainsi gênée fait tous ses efforts pour respirer la plus grande quantité d'air possible. Ii devient hale- tant, tient son bec largement béant ou bien respire profondé- ment et brusquement comme s’il avait le hoquet, en même DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 987 temps que son bec s'ouvre d’une manière convulsive. De là le nom de gapes ou de bâillements que les Anglais donnent à ce mal, bien connu chez eux. Les parasites continuant à se dé- velopper ou devenant plus nombreux, la respiration devient de plus en plus difficile et les oiseaux, malgré tous leurs efforts pour suppléer à l'influence de leur canal aérien, ne tardent pas à mourir asphyxiés. Une conséquence importante de la cause de la maladie, c’est qu’elle est sinon contagieuse, dans le sens propre du mot, du moins épidémique. Dans la trachée artère des oiseaux malades, les vers parasites s’accouplent et pondent: les œufs et les embryons se répandent partout dans la basse-cour, ne tardent pas à s'attacher au bec des oiseaux sains lorsque ceux-ci viennent à fouiller le sol pour chercher leur nourriture ; de là ils gagnent la trachée artère et la maladie peut ainsi s'étendre à tous les hôtes de la faisanderie. Un seul oiseau malade peut devenir une cause d'infection pour tous ses compagnons de . basse-cour. De là une première indication préventive : dès qu’un oiseau paraît atteint de la maladie, 1l faut l'isoler — sans quoi l'on s'expose à voir tous les autres tomber malades comme lui. Le parasite qui produit les gapes est d’ailleurs un singulier animal. Il fait partie de la classe des Æelminthes nématoïdes, c’est-à-dire des vers à corps rond et allongé : l'Ascaris lum- bricoïdes si fréquemment parasile de l’intestin des enfants peut être considéré comme le type des Vers de ce groupe. Notre Helminthe appartient cependant à un tout autre genre que les Ascaris. Il se rapproche davantage des Strongles dont une espèce, le Sérongylus gigas, atiaque et détruit le rein des Chiens, et des Sclérostomes dont une espèce habite lintes- tin du cheval. Le célèbre helminthologiste Diesing plaçait même notre animal dans le genre Sclérostome ; mais Von Siebold a créé pour lui le genre Syngamus. Ce dernier nom fait allusion à un curieux trait de mœurs : en grec il voudrait dire mariés ensemble. C'est qu’en effet les Syngamus adulles vivent presque constamment par paires et dans la plus étroite union. 588 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Le mâle, un peu plus petit que la femelle, s’en distingue net- tement par l'extrémité postérieure de son corps qui, au lieu d’être pointue, se termine par une sorte de bourse membra- neuse soutenue par des rayons de consistance cornée jouant à peu près, par rapport à elle, le rôle des baleines qui soutiennent l’'étoffe d’un parapluie. Lorsque Îles rayons se redressent, la bourse s'étale ; l’animal peut alors l'appliquer sur le corps de la femelle ; pour peu qu'il laisse revenir les rayons sur eux- mêmes, la membrane tout à l'heure étalée forme une sorte de cloche très-surbaissée au-dessous de laquelle le vide se produit, et la pression atmosphérique suffit à maintenir le Syngame mâle fixé sur sa femelle. Ce n’est pas tout, l'union n’est pas encore assez intime. Les deux animaux d’abord diver- cents de manière à former une sorte d’Y se rapprochent, s’in- fléchissent en sens inverse et ne tardent pas à s’enrouler en spirale l’un autour de l’autre. Ils sont dès lors indissoluble- ment unis. | C’est en général au-dessus même de l’orifice génital de la femelle que vient se fixer la bourse caudale du mâle. On ignore si l’accouplement dure aussi longtemps que l’union des deux animaux ; le fait est cependant peu probable. Les Syngames ne sont pas les seuls helminthes chez qui l’on observe cette association constante par paires. Dans un tout autre groupe que celui des Nématoïdes, dans le groupe des Helminthes trématodes ou Vers plats, auquel appartient {a Douve du foie des Moutons, les Bi/harzia hæmatobia Gobbold vivent aussi par paires. Chez ces Trématodes, qui hantent la cavité des vaisseaux sanguins des habitants de l'Égypte, de l’Abyssinie, de l'Ile Maurice et du cap de Bonne-Espérance, le corps du mâle, de forme aplatie, se recourbe de manière à former une sorte de cornet, le Gynécophore, dans lequel vient se placer le corps allongé et arrondi de la femelle. Dans l'estomac des Grenouilles, les Zedruris androphora Creplin vivent également par paires : mais là, c'est le mâle seul qui s’enroule en spirale autour du corps rectiligne de la femelle. Une autre espèce d'Æedruris qui a peut-être les mêmes habi- tudes a été trouvée par Baird dans l’estomac des Axolotls, et DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 989 M. le docteur Joannes Chatin vient d’en signaler tout récem- . ment chez divers reptiles de l'Ile Maurice et de Cochinchine (1). J'ai fait moi-même connaître en 1871 (2) la curieuse organi- sation d’une espèce de ce genre qui présente cet intérêt spécial pour la question qui nous occupe, qu’elle semble représenter chez certaines Tortues le Syngamus trachealis \. S. des galli- nacés. C'est aussi dans les voies respiratoires de ces reptiles qu'elle se développe, et elle atteint une taille beaucoup plus élevée que celle de l’Æ. androphora de la Grenouille et des Sa- lamandres. La femelle présente une armature caudale très- compliquée dont la pièce principale est un crochet mobile qui boucle en quelque sorte le parasite sur la muqueuse de la tra- chée de son hôte. Le mâle s’enroule en spirale autour de la femelle et l’épiderme de son abdomen est transformé en une sorte de rape qui constitue pour lui un solide moyen d’adhé- rence. Tout aussi bien que les Faisans, les Tortues peuvent mourir à la suite de l'invasion de ce parasite. Dans une Emyde peinte morte à la ménagerie du Muséum par cette cause, j'ai trouvé un gros peloton de cette espèce nouvelle d’Æedruris dont j'ai déposé un assez grand nombre dans les collections helminthologiques du Muséum. | Chose curieuse, ce n’est pas seulement chez les Helminthes à sexes séparés que l’on retrouve cette association par paires. Une remarquable espèce de Trématode hermaphrodite, le Diplozoon paradoxzum Nordmann, présente les mêmes habi- tudes : les deux individus soudés par le milieu du corps occu- pent respectivement l’un à l’autre la même position que les jambes d’un X. Le Diplozoon paradoxzum est parasite des branchies de divers poissons et notamment de celle des brêmes. Pourquoi ces singulières associations, ces mariages en quel- que sorte aussi longs que la vie de certains animaux? On pour- rait développer sur ce point de nombreuses considérations, (1) Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Nantes, 4879. (2) Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle de Paris, t. VIH, 1871. 590 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. sur la merveilleuse adaptation des êtres aux circonstances dans lesquelles ils sont destinés à vivre, sur les singuliers procédés qu’eraploie la nature pour amener les parasites dans l'hôte qu'ils doivent habiter et pour assurer la perpétuation de l'espèce des plus infimes créatures ; mais cela sortirait de notre cadre et nous renverrons ceux de nos lecteurs que ces ques- {ions pourraient intéresser, à l’attrayant ouvrage que M. Van Beneden a publié dans la Bibliothèque internationale sous ce titre piquant : Les commensaux et les parasites dans le rêgne animal. Il est au contraire important que nous rappelions ici les principaux moyens proposés jusqu’à ce jour pour débarrasser les malheureux oiseaux des parasites qui les étouffent ou pour prévenir l'invasion de ces derniers. La présence de l’Helminthe étant la seule cause du mal, il est évident qu’il n’y à qu'un seul remède : enlever directement le parasite ou le tuer, et s’en remettre à la nature du soin de son évacuation. Le premier procédé est évidemment seul praticable lorsque le mal est très-intense et l’asphyxie imminente ; mais on peut la pratiquer de plusieurs manières. Dans son /ntroduction à l'étude de l’helminthologie (A) le docteur Cobbold, qui donne de nombreux détails sur le pa- rasile qui nous occupe, indique la trachéotomie comme lui ayant parfaitement réussi. Voici comment il décrit l’opération : « Ayant eu à ma disposition, au mois de juillet 1860, une poule atteinte des gapes, je l’opérai de la façon suivante : Un petit tampon de coton cardé imprégné de chloroforme fut placé devant les narines de l’oiseau qui devint bientôt compléte- ment insensible. La peau du cou fut alors divisée et la trachée fendue sur une longueur d’un quart de pouce : j'introduisis dans sa cavité une paire de pinces à disséquer et je relirai sept Sclérostomes. Six de ces parasites étaient unis par paires; le septième était une femelle qui avait été très-maltraitée par l'action des pinces. Je refermai la plaie au moyen d’un simple (1) Eniozoa: an introduction to the study of helminthology with refe- rence, more particularly, to the internal parasites of man, by T. Spencer Cobbold, M. D., F.R. S. London, 1864. DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 591 point de couture et je laissai loiseau sortir de son sommeil arüficiel. Bien qu'il eût perdu une certaine quantité de sang, il revint bientôt à la vie et se mit à sauter sur la table aussi vigoureusement qu'auparavant. De plus, comme si cela n’eût pas suffi pour me convaincre de sa guérison instantanée, il dévora en quelques minutes le contenu d’une écuelle partiel- lement remplie de pain trempé dans du lait. Les mucosités qui s'étaient accumulées dans la trachée à la suite de l'opération produisirent un étouffement accidentel; mais l’oiseau se débar- rassa bien vite des matières qui obstruaient ses voies respira- toires en secouant la têle et en éternuant. Le seul inconvénient qu'éprouva l'animal fut une distension emphysémateuse du tissu cellulaire de la tête et du cou; mais quelques ponctions suflirent à l'en guérir et l’emphysème cessa de se produire dés que la plaie du cou fut fermée. » * Ce procédé est très-simple, mais 1l est un peu trop chirur- gical et demande des mains'habiles pour être appliqué sans inconvénients pour l'oiseau. | En voici quelques autres qui méritent d’être recommandés. Le docteur Wisenthal emploie tout simplement une plume rigide dont il arrache presque toutes les barbes, sauf un bou- quet qu’il laisse à l'extrémité ; 1l enfonce cette plume dans la trachée artère de l’oiseau malade, l'y retourne pendant quel- ques instants et en la retirant ramène avec elle les Vers qui s’y sont attachés. Îl est évident que cette opération doit être faite avec grand soin. Il faut bien prendre garde d’enfoncer la plume dans la trachée artère de l'oiseau et non dans son œsophage ; il faut aussi bien prendre garde de ne pas blesser l'oiseau et ne pas prolonger l'opération trop longtemps, ce qui pourrait amener la suffocation. Il est bon, pour éviter les complications résultant des mouvements de l'oiseau qui se débat, d’insensibiliser au préalable le patient avec du chloro- forme comme l'indique le docteur Cobbold. Là encore il vades précautions à prendre, le chloroforme employé à trop haute dose pouvant tuer l'oiseau au lieu de l’endormir seulement. Ajoutons que le chloroforme insensibilise aussi les Vers qu’il s’agit d'extraire ; dans cet état leurs muscles se relâchent et 592 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. on réussit beaucoup plus facilement à les enrouler autour de la plume. Par ce procédé, on n’est jamais sûr d’avoir extrait tous les parasites : mais rien n'empêche de renouveler l’opération si l'oiseau continue à être malade; d’ailleurs on peut assurer plus complétement leur destruction en trempant au préalable la plume dans des substances toxiques pour l’Helminthe, mais à peu près inoffensives pour l'oiseau. M. Bartlett, surintendant du Jardin de la Société zoologique de Londres, a employé avec succès dans ce but le sel marin ou une faible infusion de tabac. Quelquefois même il lui a suffi pour tuer les Helminthes de badigeonner extérieurement avec de l'essence de térében- thine la gorge des volailles malades. Tous ces procédés, nous le répétons, demandent à être employés avec une extrême prudence, sans quoi l'oiseau peut en souffrir comme les hôtes incommodes dont on cherche à le délivrer. M. Montagu préconise un système de traitement qui ne présente pas les mêmes inconvénients et qui lui a parfaitement réussi, bien que les oiseaux auxquels il l’a appliqué fussent de vieilles Perdrix. L'une d’elles étant morte de suffocation, il changea le mode d'alimentation des autres et les plaça dans une nouvelle basse-cour, en même temps qu’il leur donna à boire, au lieu d’eau pure, une infusion d’ail et de rue. Leur nourri- ture fut composée de chènevis et des herbes vertes que four- nissait la pelouze de la basse-cour. La guérison fut obtenue en très-peu de temps. Je n'ai pas besoin de rappeler ici que l'ail est considéré dans toutes nos campagnes comme le meil- leur des Vermifuges. Le traitement de M. Montagu étant évidemment le plus simple, c’est lui qu’il convient d'employer d’abord concurrem- ment avec le badigeonnage à la térébenthine que recommande M. Bartlett. Il sera toujours temps si ces procédés ne réussis- sent pas de recourir au mode d'extraction qu’indique le doc- teur Wisenthal ou à la trachéotomie comme l'a pratiquée le docteur Cobbold qui, lui-même, ne voit en elle qu'un moyen extrême. DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 995 Il nous reste à dire quelles précautions 1l y a lieu de pren- dre pour préserver une faisanlerie de l’invasion ou du retour des Syngames. Il faut d’abord, avant tout, ne pas se borner à jeter au ha- sard les parasites que l’on a réussi à extraire : on doit les brûler avec le plus grand soin. Sans cela leurs corps se pourrissent et les œufs sont mis en liberté. Le plus grand nombre d’entre eux sont déjà fécondés ; ils se développent, les embryons éclosent et une nouvelle épidémie commence. La même chose arrive si l’on abandonne sans précaution les ani- maux qui ont succombé à la maladie. Les Vers ou plutôt leur progéniture sauront très-bien quitter le cadavre et attendre l’occasion propice pour faire de nouvelles victimes. Il ne suf- fira pas même d’enterrer les cadavres des oiseaux il faudra enlever leur trachée-artère ou pour aller plus vite, leur tête et leur cou et les brüler entiérement. Les Vers seront sûrement détruits en même temps. Ces précautions peuvent paraître minuticuses ; maislorsqu'il s’agit de maladies contagieuses ou parasitaires, 1l faut bien se pénétrer de cette idée qu'aucune précaution n’est superflue. La moindre négligence est une porte abandonnée à l’ennemi et dont il saura le plus souvent profiter. Beaucoup d'Helminthes ne parviennent dans l’hôle où ils doivent s’accoupler et pondre qu'après avoir habité d’autres animaux dont ils ne sont que les hôtes temporaires, ou même après avoir mené plus ou moins longtemps, en pleine liberté, une existence vagahonde. Le Tænia solium ou Ver solitaire nous vient du porc; le Tæna mediocanellata, son voisin, du bœuf; nos Échinocoques donnent au chien un l'ænta très-pelit, le Tænia echinococcus. Ces migrations sont pour ainsi dire générales chez les Vers plats en forme de ruban analogue aux Vers solitaires. Il en est de même pour les autres Vers plats à corps de forme raccourcie qui constituent le groupe des Trématodes. Dans le cas des Trématodes, ces migrations sont même souvent plus compliquées : on voit certains Distomes changer trois ou 30 SÉRIE, T. IL. — Octobre 1875. 28 b94 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. quatre fois d'hôte et de forme avant d'arriver chez l'hôte dé- finitif où ils doivent se reproduire. Chez les Vers à corps arrondi et allongé, ou Vers nématoïdes, ces migrations sont infiniment plus rares : on em connaît cependant des exemples. La fameuse Trichine qui épouvanta l'Allemagne il y a quelques années passe des muscles du porc à l’intestin puis aux muscles de l’homme. Suivant les belles observations de Leuckart et Mecznikow, l’Ascaris nigro-venosa habite le poumon de la Grenouille où il est hermaphrodite et vivipare. Les petits sont dioïques, c'est-à-dire les uns mâles, les autres femelles, et vont vivre dans la terre humide, puis de là dans le rectum des Grenouilles. De sorte que deux généra- tions successives ont toujours des sexes différents. Ces longs Vers pelotonnés, assez abondants dans les cours d’eaux des” régions montagneuses et que les naturalistes nomment Gor- dius, ont passé leur jeunesse dans les parois de l'intestin de divers poissons. On pourrait encore citer quelques cas de migration des Vers nématoides : j'en ajouterai seulement un autre pour terminer cette énumération. L’an dernier, M. Marion, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, m’envoyait un certain nom- bre de Lombrics habitant, sur les bords de la Méditerranée, un sol constamment imprégné d’eau de mer et formé de sable et de débris de végétaux marins. Ces Lombrics indigènes, d'assez grande taille, constituaient un genre et une espèce nou- veaux : Je leur ai donné le nom de Pontodrilus Marionis. Eh bien ! j'ai trouvé enkysté dans les muscles de la plupart de ces animaux un pelit Nématoïde, évidemment nouveau, présentant des caractères très-voisins de ceux des Nématoïdes marins, vi- vant en liberté, qu'ont fait connaître les travaux de MM. Charl- ton Bastian, Marion, Bütschli et Villot. Ce petit Nématoïde ne peutse reproduire enkysté, somme il l’est, dans les muscles de notre Lombric : il lui faut, comme la Trichine, attendre une autre phase de son exis ence ; peut-être est-ce dans le corps de quelque animal auquel te Pontodrilus sert de nourriture, peut-être est-ce à l’état de liberté que s’accomplit la reproduc- tion. Je n’ai pas eu encore le loisir d’éclaircir ie fait, mais ce DANGEREUX PARASITE DES OISEAUX DE BASSE-COUR. 595 qu’il y a de certain, c’est que ce petit Nématoïde éprouve lui aussi des migrations. En présence de ces faits, on est naturellement conduit à se demander si les Syngames qui viennent se loger dans la trachée- artère des poulets et autres jeunes volailles sont capables de se développer sur place, ou s'ils doivent passer une partie de leur existence soit en liberté, soit dans le corps de quelque autre animal. Dans ces différents cas, la gravité de la maladie comme les moyens de la prévenir seraient différents. Si les Syn- games sont communiqués aux poulets par d’autres animaux, il y à lieu de rechercher quels sont ces animaux et de les écarter autant que possible des basses-cours. Il est à remarquer que dans cette hypothèse la maladie n’a pas une marche fatalement ascendante, puisque le nombre des parasites qui infestent un même animal ne peut s’accroître sur place et qu'il faut pour cela que les accidents qui ont déterminé la maladie se renou- vellent. Si au contraire, les œufs que les Syngames pondent dans la trachée d’un oiseau sont susceptibles de s’y développer, de donner naïssance à des jeunes qui peuvent devenir adultes, s'accoupler et pondre sans avoir besoin de changer de do- micile, la maladie une fois déclarée ne pourra aller qu’en augmentant, et les oiseaux qui en seront atteints seront voués à une mort certaine sr un traitement Rose ne les débar- rasse de leurs parasites. Il y aurait donc, au point de vue pratique, un intérêt immé- diat à connaître exactement les habitudes des Syngames. Des expériences ont été tentées dans ce sens et elles semblent démontrer que les Syngames n’effectuent pas nécessairement des migrations. Ils peuvent se développer sur place et la mala- die n'en est, comme nous venons de l'expliquer, que plus dangereuse. Heureusement les moyens curatifs sont à la portée de tout le monde : il suffit de les connaître pour qu’on puisse les appliquer sans difficulté. Aussi le but principal de cet article était-il de les vulgariser le plus possible dans le public des éleveurs. LISTE DES PLANTES DU CHILI RARES OÙ NON ENCORE INTRODUITES Qu'il serait utile au point de vue industriel, économique ou ornemental , de cultiver dans le midi de la France (région de l'Oranger) DRESSÉE Par M. VERLOT Chef de l’École botanique au Muséum d'histoire naturelle de Paris (D’après la Flora Chilena de Claude Gay) Avant de signaler les emprunts que nos Jardins d'utilité ou d'agrément pourraient faire à la flore du Chili, 1} me paraît convenable de donner un aperçu du climat de cette région, puisque le succès de nos introductions de plantes exotiques est inévitablement subordonné aux conditions météorolo- giques de nos latitudes, conditions auxquelles nous ne pou- vons rien changer. Plus nos climats, généraux ou locaux, se rapprochent de ceux où croissent les végétaux que nous cherchons à y introduire, plus nombreuses, naturellement, sont les chances de succès. Il arrive souvent qu’à l’aide de données météorologiques sur Îles pays d’origine, même seu- lement approximatives, nous préjugeons presque à coup sûr les résultats de nos essais. J’espère faire voir par ce qui va suivre, el que j'emprunte en majeure partie à un excellent traité sur l’agriculture du Chili, par M. CI. Gay, que les pro- babilités de naturalisation des plantes chiliennes en Europe ct en particulier dans la France méridionale sont fort grandes. C'est un autre travail du même auteur, la Flora chilena, qui nous fournira la liste, très-abrégée, des emprunts qu’à un tre ou à un aulre nous aurons à faire à cette fertile contrée, Toutefois je ne dois pas laisser ignorer que le Chili n’a encore été exploré que très-incomplétement, et qu'après les Molina, les Claude Gay et quelques autres explorateurs moins re- nommés, les voyageurs bolanisies auront encore d'impor- lantes moissons à y faire. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 997 Le Chili est en effet assez vaste pour occuper les chercheurs de plantes pendant encore bien des années. C’est, on le sait, une longue et étroite bande de terre, reserréc entre les Andes à l’est et l’océan Pacifique à l’ouest, s'étendant ainsi, presque parallèlement au méridien, sur 16 degrés de latitude et com- prenant plus de 430 lieues kilométriques. Sa largeur, compa- rativement peu considérable, peut être évaluée en moyenne à 50 lieues. Cette configuration du pays unique au monde ; l'immense ceinture de montagnes qui le bordent à l’est, ei dont plusieurs sommets dépassent celui du mont Blanc; une seconde chaîne moins élevée, dont les contre-forts poussés jusqu à la mer diversifient les expositions et multiplient les climats locaux ; toutes ces circonstances réunies font du Chili une des régions botaniques les plus intéressantes de l’Amé rique du Sud, en même temps qu'une des contrées les plus favorables à l’agriculture. C’est là, peut-être, du moins en partie, ce qui explique son état florissant, son industrie rela- tivement développée, les remarquables progrès des arts et des sciences depuis le commencement du siècle, l’activité de son commerce, sa richesse et, comme corollaire, son incon- testable supériorité sur toutes les autres républiques améri- caines d’origine espagnole. Malgré ses diversités locales, le climat du Chili, considéré d’une manière générale, présente une certaine uniformité. Ce qu'il offre de plus saillant, et qui dès l’abord frappe l’agri- culteur et le météorologiste, c’est qu'il est moins chaud dans le nord (c’est-à-dire dans sa partie la plus rapprochée de l’Équateur) et moins froid dans le sud que ne le comporte- raient ses latitudes dans toute autre région. Au total, le Chili est un pays essentiellement tempéré; tempéré chaud dans le nord ; tempéré froid dans ses parties australes, et dont on prendrait une idée assez exacte en observant, le long de l'océan Atlantique, la décroissance graduelle de la tempéra- ture de Gibraltar à la Bretagne ou même à l'Irlande. Les indications thermométriques que nous donnons plus loin jus- tifieront la comparaison que nous venons de faire. A quoi tient, pour le Chili, cette double atténuation de la 598 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. chaleur et du froid ? À une cause toute semblable à celle qui met une si grande différence climatérique entre l’occident et lorient de l’Europe, c'est-à-dire à un courant marin qui lui apporte, par convection, des températures autres que celles qui résulteraient directement de ses latitudes. Ce courant, né dans l'océan Atlantique austral, entre l'Amérique du Sud et l'Afrique, se dirige vers la pointe du continent américain ; là il contourne les terres magellaniques, remonte le long des côtes du Chili et du Pérou, et, se détournant de nouveau, va se perdre dans les auires contrées de l'océan Pacifique. Refroidi par son passage sous les latitudes australes, il ne se réchauffe que lentement en s’avançant vers le nord, et ül abaisse à tel paint la chaleur du Pérou, que la température moyenne annuelle de cette contrée tropicale dépasse à peine celle de la Sicile ou des côtes méridionales de la Méditerranée. C’est ce qui explique pourquoi tant de plantes du Pérou s’accommodent si facilement des climats de l’Europe méri- dionale et même du midi de la France, où nous voyons fleurir et parfois fructifier à l’air libre de nombreuses Cactées péru- viennes, entre autres le grand Cierge du Pérou (1) ainsi que beaucoup d'autres plantes qu'il serait trop long de citer ici. Au point de vue de l’agriculture, le Chili se divise assez exactement en trois régions. Celle du nord, qui est la plus chaude, est soumise, comme le Pérou, au régime des longues sécheresses. Sa température moyenne annuelle est évaluée approximativement à 18° centigrades, c’est à très-peu près celle des villes de l’extrême midi de l'Espagne et de la Sicile. Cette région est encore peu cultivée, comparativement du moins à celle qui lui fait suite; mais les forêts y sont exploi- tées, et parmi les arbres utiles du pays on compte un Palmier superbe, le Cocotier du Chili (Jubæa spectabilis), dont la séve fournit du sucre et des mélasses devenus les objets d’un commerce important. (4) Le fait s’est présenté plusieurs fois à Collioure, dans le jardin d’expé- riences de M. Ch. Naudin, membre de l’Institut, qui a de même récolté, müûries en plein air, les gousses du Bauhinia grandiflora, superbe arbris- seau des vallées péruviennes, PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 999 La seconde région, celle du centre, qui est de beaucoup la plus importante, et qui compte deux grandes villes, San- tiago, au pied des Andes, et Valparaiso, au bord de la mer, jouit d’un climat comparable à celui des côtes orientales d’Espagne, de la Provence et de l'Italie. C’est ce que prouvent les diverses cultures arborescentes du pays, celles de l’Olivier, de la Vigne, du Figuier, du Grenadier et de l’Oranger, arbres caractéristiques de la région méditerranéenne centrale. Le thermomètre, d’ailleurs, confirme cette analogie avec le midi de l’Europe : la température moyenne y varie, suivant les lieux, de 15 à 16 degrés. La troisième région est moins favorisée. Ses latitudes plus hautes, en abaissent déjà notablement la température, et à cette première cause de refroidissement s'ajoute l'effet de pluies prolongées et de brumes fréquentes qui diminuent l’illumination solaire. Les températures moyennes v varient de 12° à 8° centigrades ; néanmoins les gelées n’y sont jamais bien fortes, et il est rare qu’elles atteignent à 7 degrés au- dessous de zéro. C’est, comme nous le disions plus haut, à très-peu près le climat maritime de notre Bretagne, de l’An- gleterre occidentale et de l'Irlande, et il est bon de remarquer en passant que c’est en effet dans ces derniers pays que réus- sissenit le mieux les plantes introduites de cette partie du Chili en Europe. Jusqu'ici nous n'avons rien dit de la région montagneuse ; mais il est assez connu que les climats se modifient avec les altitudes, et en particulier, que la température décroît assez régulièrement de 1 degré par 180 mètres de hauteur. Je n'apprendrais rien en disant qu'on retrouve sur les Andes les climats de la Norvége, de la Laponie et des autres régions polaires, mais il faut observer que la Flore y est autrement composée que sur les montagnes d'Europe, aussi a-t-on pro- posé pour cette flore la qualification d’andine, plutôt qu’a/pine, parce qu’elle est caractéristique des Andes. Cette curieuse flore est encore peu connue, du moins dans la partie australe de la chaîne, etelle promet aux explorateurs d’intéressantes décou- vertes, également profitables à la science et à l’horticulture. + 600 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Je pourrais m’étendre encore longtemps sur ces considé- rations générales, si je ne craignais d’abuser de la patience du lecteur. Ce que j'en ai dit, quoique fort sommaire, suffira cependant pour faire ressortirles similitudes du climat chilien avec le nôtre, et par suite la facile naturalisation de ses végé- taux dans nos jardins et nos parcs. Je vais signaler ceux dont j’ai fait choix, un peu au hasard, dans la flore du Chili, l'œuvre capitale de notre regretté compatriote, le savant et modeste Claude Gay. Renonculacées. ANEMONE HEPATICÆFOLIA Hook. Anémone à feuilles d'Hépa- tique. Vulgo : Flor de la Estrella. Vivace. Ornemental. Flor. Novembre-décembre. Hab. Provinces cen- trales. Magnoliacées. Drimys CuiLexsis DC. Vulgo : Canelo et Voighe. Ligneux. Médicinal. Lieux frais. Flor. Mai-septembre. Hab. Provinces du sud. *Drimys WinreRI Forst. Ecorce de Winter. Vulgo : Canelo. Ligneux. Médicinal. Lieux frais. Flor. Novembre-décembre. Hab. Pro- vinces du sud. Lardizabalées. LARDIZABALA BITERNATA R. et Pav. Lardizabale à feuilles biter- nées. Vulgo : Voqu. Ligneux et grimpant. Ornemental par ses fleurs dioïques pourpre violet. Lieux boisés et frais. Flor. Hiver et printemps. Hab. Provinces centrales. BoquiLA TRIFOLIATA Dene. Boquile trifoliée. Vulgo: Voguil blanco, Pulpnll blanco. Ligneux etgrimpant. Ornemental. Lieux frais et boisés. Flor. Septembre. Hab. Provinces centrales. Berbéridées. BERBERIS CONGESTIFLORA C. Gay. Épine-vinette à fleurs serrées. (1) Les espèces dont les noms sont précédés d’une * ont été déjà introduites en Europe, mais elles ont disparu des jardins ou ne s’y rencontrent plus que ra- rement. + PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 601 Ligneux, buissonnant. Ornemental, fleur jaune abricot, en corymbe dense. Lieux secs. Flor. Septembre. Fr. Décembre. Hab. Valdivia. BERBERIS GLOMERATA Hook et Arn. Épine-vinette à fleurs agglo- mérées. Ligneux, buissonnant. Ornemental. Lieux secs. Flor. Août. Hab. Pro- vince de Coquimbo. BERBERIS FEROX GC. Gay. Epine-vinette à rameaux très-épineux. Ligneux, buissonnant. Ornemental. Lieux secs. Flor. Juillet-août. Hab. Province de Santiago. BERBERIS MARGINATA C. Gay. Épine-vinette à feuilles marginées de blanc. Vulgo : Mahen. Ligneux, buissonnant. Ornemental. Lieux secs. Hab. Valdivia. BERBERIS HETEROPHYLLA Juss. Epine-vinette hétérophylle. Ligneux, buissonnant. Ornemental. Lieux secs. Hab. Valdivia. Crucifères. SCHIZOPETALUM MARITIMUM Barn. (S. Gayanum G. Gay). Schi- zopétale maritime. Annuel. Ornemental, fleurs blanches. Lieux sablonneux. Flor. Août- septembre. Bixacées. AZARA INTERMEDIA C. Gay. Azara intermédiaire. Ligneux. Ornemental, feuillage persistant. A environ 2000 pieds d'altitude. Flor. Décembre-janvier. Hab. Province de Colchagua. AZARA CELASTRINA Don. Azara à port de Célastre. Vulgo : Lilen. Ligneux. Ornemental, feuillage persistant. Flor. Décembre-janvier. Hab. Valparaiso. AZARA FERNANDEZIANA C. Gay. Azara de Fernandez. Ligneux. Ornemental, feuillage - persistant. Flor. Décembre-janvier. Hab. Juan Fernandez. Violariées, VIoLA MAGULATA Cav. Violette à fieurs tachées. Vivace. Ornemental. Flor. Septembre-octobre. Vioza COTYLEDON Giug. Violette Cotylédon. Ligneux. Ornemental, fleurs bleues. Lieux un peu secs. Flor. Novem- bre. Hab. Cordillères de Colchagua, Conception. 602 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. VioLa SEMPERYVIVUM DC. Violette Joubarbe. Ligneux. Ornemental, fleurs jaunes. Lieux un peu secs. Flor. Décembre. Hab. Aconcagua, Coquimbo. Malvacées. MALvA SULPHUREA Gill. Mauve à fleurs jaune soufre. Vivace. Ornemental. Hab. Santiago. MALVA GERANIOIDES Hook. Mauve à port de Géranion. Vivace. Ornemental, fleurs grandes. Hab. Province d’Aconcagua. *ABUTILON VITIFOLIUM C. Gay. (Sida vitifolia Cav.) Abutilon à feuilles de vigne. Vulgo : Uella. Frutescent. Ornemental, fleurs grandes, bleu pâle. FÆ/or. Octobre- novembre. Hab. Valdivia, Conception. Filiacées. TRICUSPIDARIA DEPENDENS R. et Pav. (Crimodendron Pataqua Mol.). Tricuspidaire à rameaux pendants. Vulgo : Pataqua. Ligneux. Ornemental, feuillage persistant. Lieux un peu frais, à environ 3700 pieds d'altitude. For. Novembre-décembre. Hab, Santiago, Con- ception. Eucryphiées. EUCRYPHIA CORDIFOLIA Cav. Eucryphie à feuilles cordées. Vulgo : Muermo, Ulmo. Ligneux. Ornemental, feuilles persistantes, fleurs blanches, élégantes. Lieux humides. F/or. Novembre-décembre. Hab. Chiloe, Valdivia. EuCRYPHIA PINNATIFOLIA C. Gav. (Fagus qlutinosa Poepp. et Endl.). Eucrvphie à feuilles pinnées. Vulgo : Mrrhe. Ligneux. Ornemental, fleurs blanches. Lieux humides. Flor. Mars. Hab. Conception. ; Ampélidées. Cissus DEFICIENS Hook. Vulgo : Parrila. Ligneux et grimpant. Ornemental. Hab. Provinces centrales. ‘Gérdiniacées. GERANIUM BERTERIANUM Colla. Géranion de Berter. Vivace. Ornemental, fleurs roses. For. Septembre. Hab, Provinces centrales. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 603 Vivianiacées. VIVIANIA GRANDIFOLIA Walp. (Mocræa grandifolia Lindi.). Vivianie à grandes feuilles. Ligneux. Ornemental. À environ 7200 pieds d’altitude. Hab. Volcan de San-Pedro. VIVIANIA ROSEA Hook. (Macræa rosea Lindi.) Vivianie à fleurs roses. Ligneux. Ornemental, fleurs roses, ou rosées, ou blanches. For, Février. Hab, Province de Cochagua. LEDOCARPUM PEDUNCULARE Lindl. (Balbisia peduncularis Don), Lédocarpe à longs pédoncules. Vulgo : For de San-José. _ Ligneux. Ornemental, fleurs grandes, jaunes. Hab. Province de Co- . quimbo. LEDOCARPUM CHILENSE Desf, (Ballasia verticillata Cav.). Lédo- carpe du Chili. Ligneux. Ornemental, fleurs grandes, jaunes. Hab. Province de Co- quimbo. CISSAROBRYON ELEGANS Poepp. Gissarobryon élégant. Ligneux. Ornemental, fleurs bleues, élégantes. Lieux montagneux. Hab. Province de Conception. WenpTiA REvNozpsii Endl. (Martinieria potentilloides Guil- lem). Wendtie de Reynolds. Ligneux. Ornemental, fleurs jaunes. For, Janvier-février. Hab. Con- ception, Coquimbo. Tropæolées. *TROPÆOLUM SPECIOSUM Poepp. Capucine élégante. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs grandes, écarlates. Lieux boisés un peu frais. Flor. Février. Hab. Provinces méridionales. TROPÆOLUM SESSILIFOLIUM Poepp. Capucine à feuilles sessiles. Vivace, tuberculeux. Ornemenial, grimpant, fleurs violet écarlate. Lieux boisés, un peu frais. Hab. Conception. TROPÆOLUM ELEGANS Don. Capucine élégante. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs rouges ou purpu- rines. Lieux boisés, un peu frais. Hab. Conception. *TRoPÆæOLUM AZUREUM Miers. Capucine azurée. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs bleues. Lieux boisés, un peu frais. Hab. Provinces centrales. 60/ SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. TROPÆOLUM VIOLÆFLORUM Dietr. (T. azureum Hook. non Miers.). Capucine à fleurs de violette. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs bleu pâle. Licux boisés, un peu frais. For. Octobre. Hab. Provinces centrales. *TROPÆOLUM BRACHYCERAS Hook. et Arnt. Capucine à court éperon. | Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaune foncé. Lieux boisés, un peu frais. Flor. Août-septembre. Hab. Provinces centrales. TROPÆOLUM HookERIANUM GC. Gay. Capucine de Hooker. Vulgo : Maltuerzo. | Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunâtres. Lieux boisés, un peu frais. Flor. Septembre. Hab. Province de Coquimbo. TRoPÆOLUM CHILENsE Bert. Capucine du Chili. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunes. Lieux boisés, un peu frais. Hab. Valparaiso. TROPÆOLUM LEPTOPHYLLUM Don. Capucine à feuilles découpées. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunes. Lieux boisés, un peu frais. Hab. Santiago. TROPÆOLUM POLYPHYLLUM Cav. Capucine à plusieurs feuilles. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunes. Lieux boisés, un peu frais, entre 6 et 7 000 pieds d'altitude. For, Septembre. Hab. Cordillères de Santiago. TROPÆOLUM TENELLUM Don. Capucine délicate. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunâtres. Ha}, Cor- dillères de Santiago. TROPÆOLUM CILIATUM Ruiz. et Pav. Capucine ciliés. Vivace, tuberculeux. Ornemental, grimpant, fleurs jaunes. Flor. Sep- tembre-octobre. Hab. Cordillères de Santiago. Oxalidées. Oxazis Brincesni Bert. Oxalide de Bridges. Vivace. Ornemental, fleurs violet et jaunâtre. Hab, Valparaiso,. OxaLIS GIGANTEA C. Gay. Oxalide gigantesque. Vulgo : Chuwrco. Frutescent. Ornementlal, fleurs jaunes. Collines maritimes. F/or, Août- septembre. Hab. Province de Coquimbo. Xanthoxylées. PiraviA PUNCTATA Mol. Pitavie ponctuée. Vulgo : Pza0, Canelillo. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 605 Arbre de 10 à 20 pieds. Médicinal. Lieux humides. For. Octobre- novembre. Hab. Province de Conception. Coriariées. CORIARIA RUSCIFOLIA Feuill. Coriaire à feuilles de Ruscus. Vulgo : Deu. Ligneux. Médicinal, astringent, ‘tannerie. Lieux humides. Hab. Pro- vince de Conception. " VILLARESIA MUCRONATA R. et Pav. (Citronella mucronata Don). Villarésie à feuilles mucronées. Vulgo : Guilli-Pata- qua, Naraujillo. Ligneux. Ornemental par ses feuilles coriaces, elliptiques, toujours vertes. Lieux secs. For. Septembre-octobre. Hab. Provinces du Sud. Rhamnées. L£ TREVOA QUINQUENERVIA Miers. (Colletia quinquenervia Gall. et Hook.). Trévoa quinquenervié. Vulgo : Tralhuen. Arbre d’environ 10-12 pieds de haut. Bois extrêmement dur et dont l’industrie pourrait tirer parti. Lieux secs et arides. For. Septembre. Hab. Provinces centrales. TREVOA TRINERVIA Hook. (Colletia Trebu Bert.) Trévoa tri- nervié. Vulgo : Trévu. Arbre. Médicinal, écorce vulnéraire. Entre 1500 et 2000 pieds. Flor. Août-septembre. Fab. Provinces centrales. ReTamizrA Epnepra Vent. Rétamille à port d'Ephédra. Vulgo : Caman, Frutilla del Campo. Arbre. Ornementai, racine médicinale. Lieux arides. For. Août- septembre. Fr. Janvier. Hab. Provinces centrales. Anacardiacées. LITREA VENENOSA Miers. Litrée vénéneuse. Vulgo : Lite, Litre. Arbre de 15 à 20 pieds. Ornemental et industriel, feuillage persistant. Lieux plutôt frais que secs. Hab. Coquimbo. LITREA MOLLIS C. Gay. Litrée à feuilles molles. Vulgo : Molle. Arbre de 20 à 30 pieds. Médicinal. Lieux plutôt frais que secs. For. Juillet. Hab, Conception, Coquimbo. Papilionacées. GOURLIEA CHILENSIS C. Gav. (Lucuma spinosa Mol.). Gourliée du Chili. Vulgo : Chanal. 606 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Arbre d’environ 15 pieds. Ornemental, fleurs jaunes, en grappes. Lieux un peu secs, entre 4500 et 5000 pieds d’altitude. Flor. Octobre; fruits aigres-doux. Hab. Province de Coquimbo, etc. Césalpiniées. | BALSAMOCARPON BREVIFOLIUM C. Gay. Balsamocarpe à feuilles courtes. Vulgo : A/garrobo, Algarrobito. Arbre d’environ 20 pieds de haut. Fruits astringents, teignent en noir. Collines sèches. Hab. Province de Coquimbo. NMimosées. PROSOPIS SILIQUASTRUM DC. Prosopide à Siliques. Vulgo : Algarrobo. Arbre à rameaux très-épineux. Fruits comestibles. Collines sèches. Hab. Province de Coquimbo. ACACIA NIGRA C. Gay. Acacia sans épine. Ornemental, fleurs roses ou rouges. Collines sèches, For. Octobre. AcaCIA FURCATA Gill. Acacia fourchu. Arbrisseau très-épineux. Lieux un peu secs. Hab. Mendoza et Santiago. "AGACIA GAVENIA Bnth. Acacia Cavénia. Vulgo : Espénello, Espino. Arbre d’environ 30 pieds, très-vulnérant. Ornemental, fleurs dorées, en grappes ; fruits épais. Lieux un peu secs. Hab. Coquimbo, Conception. Rosacées. KAGENECKIA OBLONGA R. et Pav. Kagéneckie à feuilles oblon- gues. Vulgo : Guayo Colorado, Huayu, Bollen. Arbuste de 12 à 15 pieds, toujours vert. Ornemental : fleurs mâles blanches, en panicule. Lieux stériles. “Quiczaya SaponariA Mol. Vulgo : Quillay. Arbre d’environ 30 pieds de haut. Industriel, écorce saponifère. Lieux stériles et frais. *GEUM CHILENSE Balb. Benoite du Chili. Vulgo : Yerba del Clavo. Vivace. Ornemental, fleurs grandes, rouge écarlate. Lieux frais, bords des ruisseaux. *FRAGARIA CHiLeNsis Ehrh. Fraisier du Chili. Vulgo : Frutilla, Quellghen, Llahuen. Vivace. Alimentaire. Spontané et cultivé. Hab. Chiloe, Valdivia, Con- ception, etc: PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 607 Onagrariées. FucasiA mAcROSTEMA R. et Pav. Fuchsia à grosses étamines. Vulgo : Tileo, Palo blanco, cultivé sous le nom de Jasmin du Pape. Arbrisseau de 2 mètres de haut. Ornemental par ses fleurs rouge violet. Lieux boisés et frais. *FUCHSIA COCCINEA Ait (F. Magellanica Lamk.). Fuchsia écarlate. Arbrisseau de 2 mètres de haut. Ornemental par ses fleurs. Introduit depuis 1788 dans tous les jardins de l’Europe où il a contribué pour une large part à la production des nombreux Fuchsias cultivés de nos jours. Terrains frais. Hab. Terre de Feu. FucusrA Lycioines Andr. (Xzerschlegeria lycioides Spach). Fuchsia à port de Lyciet. Arbrisseau de 2 mètres de haut. Ornemental par ses fleurs. Introduit depuis 1788 dans tous les jardins de l’Europe où il a contribué pour une large part à la production des nombreux Fuchsias cultivés de nos jours. Terrains frais. Hab. San-Antonio, Valparaiso, Concon, etc. ‘Fucasra spinosA Presl. Fuchsia épineux. Arbrisseau de 2 mètres de haut. Ornemental par ses fleurs; introduit depuis 1788 dans tous les jardins de l’Europe où il a contribué pour une large part à la production des nombreux Fuchsias cultivés de nos jours. Terrains frais. Hab. Coquimbo. Haloragées. GUuNNERA MAGELLANICA Lamk. (Wisandra Patagonica Comm.). Güunnéra de Magellan. Vivace. Ornemental par son large feuillage arrondi, plissé. Lieux humides et ombragés, bords des rivières. Hab. Magellan. GUNNERA LOBATA Hook. (Dysemone lobata Banks.). Gunnéra à feuilles lobées. Vivace. Ornemental, feuillage réniforme à 5-7 lobes. Lieux humides et ombragés, bords des rivières. Hub. Provinces centrales. Myrtacées. MyYrrus stipuiaris Hook. (Metrosideros stipularis Hook, f.) Myrte stipulaire. Vulgo : Tepual. Ligneux. Lieux frais: 608 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. *Myrrus Uni Mol. (Eugenia Ugni Hook.). Myrte Ugni. Vulgo : Uni, Murtillo. Ligneux. Fruits alimentaires. Lieux frais et ombragés. Hab. Conception, Valdivia, Chiloe. MyrTus CoQuimBENsIS GC. Gay. Myrte de Coquimbo. Vulgo : Arrayan. Ligneux. Lieux frais avoisinant la mer. Hab. Coquimbo. Myrrus CANDOLLEI CG. Gay. Mvrte de De Candolle. Vulgo : Tautau. | Ligneux. Fruits alimentaires, au même degré que ceux de l’Ugni. Lieux frais. Hab. Province de Chiloe. EUGENIA RARAN Colla. Eugénia Raran. Ligneux. Ornemental, fleurs blanches. Lieux frais sur les collines. Hab. Environs de Valparaiso. EUGENIA CHEQUEN Hook et Arn. Eugénia CAéquen. Ligneux. Ornemental, fleurs blanches. Médicinal. Lieux frais sur les collines, Hab. Provinces centrales. EucenrA TEmu Hook. et Arn. Eugénia Temu. Ligneux. Fleurs blanches. Bois aromatique. Lieux frais sur les collines: Hab. Valdivia. | EuceniA GupiLLa Coll. Eugénia Gudilla. Ligneux. Élégant arbrisseau à fleurs blanches. Lieux frais sur les colli- nes. Hab. Valparaiso. EUGENIA MULTIFLORA Huok. et Arn. Eugénia multiflore. Ligneux. Ornemental, fleurs blanches groupées en panicules. Lieux frais sur les collines. Hab. Provinces centrales, où il abonde. Papayacées. CARICA PiriFORMIS Wäilld. (C. microcarpa Jacq.). Carica ou Papaye à fruits piriformes. Vulgo : Monte gordo. À Ligneux. Alimentaire. Lieux frais sur les collines. Hab. Valparaiso, Coquimbo. Passiflorées. *TACSONIA PINNASTIPULA Juss. (Passiflora Chilensis Mol.). Tac- sonie à stipules pinnées. Ligneux et grimpant. Ornemental, fleurs rose azuré. Lieux boisés et maritimes. Hab. Provinces centrales : Quintero, Valparaiso, etc. PLANTES DU CHILI RARES OUÙU NON ENCORE INTRODUITES. 609 fialesherbicées MALESNERBIA PANICULATA Don (Gynopleura cærulea Presl.). Malesherbie à fleurs paniculées. Ligneux. Ornemental, fleurs bleues. Lieux secs et arides. Hab. Co- quimbo. Lonsées, CAJOPIHORA CoRONATA ook. et Arnt. Cajophore à fleur cou- ronnée. | Vivace et presque grimpant. Ornemental, fleurs blanches, grandes. Hab. Santiago. Ficoides. MESEMBRYANTHEMUM CHiLENSE Mol. Ficoïde du Chili. Vulgo : Doca. KFrulescenti. Ornemental, fleurs rose pourpre; fruits charnus, comes- übles. Lieux secs. Hah. Colchagua, .Coquimbo. Laciées. MamiILLARIA ATRATA Hook. Mamillaire noirâtre. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Chiloe. MAMILLARIA FLORIBUNDA Hook. Mamillaire floribonde. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Chiloe. EcHinocactus CERAsTIpES Otto. Echinocacte Cérastide. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. ab. Chiloe. EcHiNocactTus Mackieanus Hook. Echinocacte de Mackie, Ligncux, Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Provinces cen- trales. Ecmnocacrus aeurissimus Lk. et Otto. Echinocacte très-aiguil- lonné. Ligneux. Ornemental. Lieux secs el monlueux. Hab. Provinces cen- trales. ECHINOCACTUS MAMILLARIOIDES Hook. EÉchinocacte à port de Mamillaire. Ligneux. Ornemenlal. Lieux secs et montucux. Hab. Provinces cen- trales. EcmiNocacrus SANDILLON C. Gay. Echinocacte Sandillon. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et moniueux, à environ 8600 pieds d'altitude. Hab. Aconcagua, Coquimbo. 3C SÉRIE, LE, [l. — Octobre 1875 2) 610 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Ecuinocacrus HORRIDUS Coll. Echinocacte très-piquant. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et monutueux. J/ab. Provinces cen- trales. ECHINOCACTUS COLUMNARIS PF. Echinocacte columnaire. Ligneux. Ornemen'al. Lieux secs et montueux. Hab. Provinces cen- trales. Cereus Quisco C. Gay. Cierge Quisco. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et moniueux. Hab. Provinces cen- irales. CEREUS EPURNEUS Salm. Gierge éburné. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Provinces du sud. CEREUS cANDICANS Gill. Cierge blanchâtre. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Eutre Santiago et Mendoza. CEREUS SPINIBARBIS Otto. Cierge épineux. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Had. Entre Santiago et Mendoza. : Cereus FuLvIPARBIS Otto et Dietr. Cierge à aiouillons roux. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et monlueux. Hab. Entre Santiago et Mendoza. OPUNTIA ORBICULATA Salm. Raquette à articles orbiculaires. Ligneux. Ornemental, Lieux secs et montueux. OFUNTIA CLAVARIOIDES EH. Berol. Raquetie à port de Clavaire. Ligneux. Ornemenial. Lieux secs et montucux. OpunriA SULPHUREA Gill. Raquette à fleurs jaune soufre. Ligneux. Ornemental. Lieux secs ei montueux. Hab. Provinces cen- trales. ‘OpunTiA SERIGEA Don. Raquette soyeuse. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. ab. Provinces cen- trales. OPuNTIA LoNGisPinA Haw. Raquette à longues épines. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab. Provinces cen- trales. OPUNTIA GLOMERATA Haw. Raquette à fleurs agglomérées. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montucux, Hab. Provinces cen- trales. Orunria Pœrpi6i Otto. Raquette de Poeppig. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. Hab: Provinces cen- trales. PLANTES DU CHILI RÂRES OU NON ENCORE INTRODUITES. 61! OpunriA MATHUEN C. Gay. Raquette Maihuen. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux. For. Décembre. Fr. Janvier.. Hab. Provinces centrales. Opunria OvaLLer CG. Gay. Raquette de Ovalle. Ligneux. Ornemental. Lieux secs et montueux, à environ 42000 pieds d’altitude, près des neiges perpétuelles. Saxifragées. *\VEINMANNIA TRICHOSPERMA Cav. (W. dentata R. et Pav.). _ Weinmannie à trois graines. Vulgo : Tènel, Palo-Santo, Maden. Ligneux. Ornemental, fleurs blanc rosé, en grappe. Licux frais et humides. For. Nosembre-décembre. Hab. Valdivia. *CALDCLUVIA PANICULATA Don (Weëmmannia paniculata Cav.). Caldeluvie à fleurs paniculées. Vulgo : Tiaca. Ligneux. Ornemental, fleurs blanches. Lieux humides. For, Décembre- avril. Hab. Conception, Valdivia, Chiloe. CoRNiDIA iNtEGERRIMA Hook et Ârn. (Æydrangea scandens Poepp.) Cornidie à feuilles entières. Ligneux. Ornemental, fleurs en corymbe. Lieux humides. For. Dé- cembre. Hab. Valdivia. CORNIDIA SERRATIFOLIA Hook. et Ârn. (Sarcostyles Peruviana Pres). Cornidie à feuilles serrées. Lignenx. Ornemenial, fleurs en corymbe. Lieux humides. Hab. Ghiloe, ÉSCALLONIA BERGERIDIFOLIA H. B, Knth. Escallonie à feuilles d'Épine-vinette. Vulgo : Mipa. Ligneux, Ornemental. Lieux frais. For. Mars. Hab. Colchagua. ÉSCALLONIA CARMELITA Mevyen. vb Nipa et Lun. Ligneux. Craemental, fleurs roses. Lieux frais. Hab. Talcaregue. ÉSCALLONIA HYRTOIDEA Bert. Escallonte à port de Mvyrte. Vulgo : Lun. | Ligneux. Ornemental. Lieux frais. Hab. Provinces centrales. Grrafreliifères Disposis BuzrocAstanum DC. Disposide tuberculeuse. Vivace. Racine lubereuleuse, comestible. Moissons Had : Santiago et Colchagüa. 61? SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. ASTERISCIUM CHILENSE Ch. et Schicht. Vulgo : Musc/u. _ Ligneux. Lieux ün peu secs. ERYNGIUM DEPRESSUM Hook et Arn. Panicaut déprimé. Vivace. Ornemental, feuilles entières, oblongues, où oblongues-ian- céolées, dentées-épineuses. Lieux un peu secs. Aab. Provinces centrales. ErYNGuIM CARDOSI C. Gay. Panicaut de Cardos. Vivace. Feuilles entières, oblongues ou oblongues-lancéolées, dentées. Lieux un peu secs. Hab, Province du Sud. ERYNGIUM SPARGANOIDES C. Gay. Panicaut à feuilles de Spar- Sanium . Vivace. Feuilles étroites, linéaires, dressées. Lieux un peu secs. For. Janvier. Hab. Santiago. * ERYNGIUM PANICULATUM Laroch. Panicaut à fleurs paniculées. Vulgo : Cardoncillo. | Vivace. Ornemental, feuilles ensiformes à bords épineux. Lieax un peu secs. Hab. Aconcagua. ERYNGIUM sARcOPHYLLUM Hook. et Arn. Panicaut sarcophylie. Lisneux. Ornemental, feuilles cylindriques, charnues. Lieux un peu secs. Îles de Masafuera et Fernandez. EnynGium BUPLEVROIDES Hook. (Æ. frutescens Moris). Panicaut à port de Buplèvre. Ligneux. Ornemental, feuilles ovalcs-obiongues, lancéolées, serrées. Lieux un peu secs. Hab. Iie Juan Fernandez. HeRACLEUM TUBEROSUM Mol. Berce tübéreuse. Vivace. Tubercules d'un goût assez agréable, Lieux un peu frais. Hab. Provinces centrales. Éranconcées. Francoa RAMOSA Don. Francoa à tige rameuse. Vivace. Lieux frais. Hab. Santiago. Apaliiacées, ARALIA LÆTE-VIRENS C. Gay. Vulgo : Sauco. Ligneux. Ornemental, feuillage élégant, passe pour sudorilique. Lieux un peu frais. Hab. Valdivia. ARALIA VALDIVIENSIS C. Gay. Aralia de Valdivia. Ligneux. Ornemental par ses feuilles élégantes. Lieux un peu frais. Hab, Yaldivia. PLANTES DU CHILI RARES OÙ NON ENCORE INTRODUITES. 613 Caprifolincées. SAMBUCUS AUSTRALIS Ghmss, et Schlcht. Sureau austral. Vulso : Sauco. ; Ligneux. Ornemental. Lieux un peu frais. Fab, Cultivé dans les jardins. Composées. BARNADESIA FLAVESCENS Meven. Barnadésie jaunâtre. Ligneux. Ornemental, fleurs jaunâtres. Hab. Colchagua. Murmisia viciIÆFOLIA Cav. Mutisie à feuilles de Vesce. Ligneux et grimpant. Ornemental. Hab. Valparaiso, MurTisrA DECURRENS Cav. Mutisie à feuilles décurrentes. Suffrutescent et grimpant. Ornemenial, feuilles découpées. Lieux un peu frais Æab. Auluco. Murisra sugsriNosa Cav. Mutisie un peu épineuse. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. Santiago, Talcaregue. Murisia rETRORSA Cav. Mutiste à folioles réfléchies. Suffrulescent et grimpant. Ornemental, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. Santiago, Mendoza. MurisiA siNUATA Cav. Mutisie à feuilles sinueuses. Suffrutescent ct grimpant. Ornemental, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. Talcaregue, Curico. MurisrA TARAXACIFOLIA Less. Mutisie à feuilles de Pissenlit. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. San-Fernando. MurisrA ILICIFOLIA Hook. Mutisie à feuilles de Houx. Suffrutescent et grimpant. Ornementa}, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. Coquimbo, Talea. Murigra LATIFOLIA Don. Mutisie à feuilles larges. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilies découpées. Lieux un peu frais. Hab. Valparaiso, Falcaregue. MurisiA HAsTATA Cav. Mutisie à feuilles hastées. Suffrutescent et grimpaut. Ornemebtal, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hub. San-Fernando, Curico, etc. MurisiA SANGUINEA Meven. Mutisie à fleurs sanguines. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles découpées. Lieux un peu frais. Hab. Santiago. Gi SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Murnisia syBuLATA R. et Pav. Mutisie à feuilles subulées. Suffrutescent el grimpant. Ornementai, feuilles linéaires. Lieux un peu frais. Hab. Valparaïiso, Santiago, Conception. MurisiA GRACILIS Meyen. Mutisie grêle. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles linéaires, fleurs roses. Lieux un peu frais. MurisiA ROSEA Poepp. Mutisie à fleurs roses. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles linéaires. Lieux un peu frais. Hab. Santiago, Curico, Rancagua. Muorisia BerTERI DC. Mutisie de Berter. Suffrutescent et grimpant. Ornemenial, feuilles linéaires. Lieux un peu frais. Hab. Conception, Autuco, etc. MurisiA ACEROSA Poepp. Mutisie à feuilles acérées. Suffrutescent et grimpant. Ornement:l, feuilles linéaires. Lieux un peu frais. Hab. Santiago, Aconcagua. Murisia Hooker: Meven. Mutisie de Hooker. Suffrutescent et grimpani. Ornemental, feuilles linéaires, fleurs rouge pourpre. Lieux un peu frais. Hab. Colchagua. | CALOPAPPUS ACEROSUS Keyen. Calopappe à feuilles acérées. Suffrutescent et grimpant. Ornemental, feuilles linéaires, fleurs pourpres, à 9 lèvres. Lieux un peu frais. Hab. Talcaregue. NASSAUVIA SUAVEOLENS Willd. Nassauvia à fleurs odorantes. Vivace. Ornemental. Lieux un peu frais. Hab. Magallancs. NASSAUVIA MACRACANTHA DC. (NW. suaveolens Don.) Nassauvia à grandes épines. Vivace. Ornemental. Lieux un peu frais. Hab. Coquimbo, Santiago. DoLiCHLASIOM GLANDULIFERUM Lag. Dolichlase glandulifère. Vivace. Ornemental, fleurs grandes, blanches, Lieux un peu frais. Hab. Santiago, Mendoza. SENECI0 HARKEÆFOLIUS Bert. Senecon à feuilles d'Hakée. Vulgo : Pie de Pajarito. Ligneux, Lieux un peu secs. H2b, Provinces centrales. GeSsNMÉrIACÉEeSe # MITRARIA COCGINEA Cav. Mitrarie écarlate. Fratescent. Ornemental, fleurs rouges, Lieux frais, souvent à la base du tronc des arbres. Hab. Valdivia, Chiloe, etc. COLUMNEA ovaTA Cav, Columnée à feuilles ovales. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 615 Frutescent. Ornemental. Lieux frais, souvent à la base du tronc des arbres. Hab. Chiloe. *SARMIENTA REPENS R. et Pav. Vulgo : Medallita. Herbacé, radicant. Ornemental. Lieux frais, souvent à la base du tronc des arbres. Hab. Provinces méridionales. Sapoiacées. LucuMa VaLPpARADISEA Mol. Lucuma de Valparaiso. Vulgo : Lucuma, Palo colorado. Arbre. Forêts fraîches et même humides. Hub. Valparaiso, Alcon- cagua. | Lucuma oBovaTa Dehümb. Lucuma à feuilles obovales. Vulgo : Lucuma. Arbre. Fruits alimentaires d’un goût assez agréable. Forêts fraîches et même humides. Hab. Provinces centrales. Apocynéese SCYTALANTHUS ACUTUS Walp. Scytalanthe à feuilles aiguës. Vulgo : Cuernecilla. Ligneux et grimpant. Ornemental. Hab. Copiapo. Ecuires CaiLensis DC. Echitès du Chili. Vulgo : Vogue. Ligneux et grimpant. Ornemental. Hab. Provinces méridionales. Bignomniacées. ARGYLIA GANESCENS DC. Argylie blanchâtre. Vulgo : Cartucho, Inoquillo. Ligneux et grimpant. Ornemental. F/or. Septembre-octobre. Hab. Co- quimbo. Revsta CHiLENsIs C. Gay. Reysie du Chili. Ligneux et grimpant. Ornemental. Hab. Copiapo. Convolvulacées. CONVOLVULUS LASIANTHUS Cav. Liseron à fleurs velues. Ligneux et grimpant. Ornemental. For. Novembre-décembre. Hab. Conception, Talcahuano. Verhénacées. *CITHAREXYLUM CYANOCARPUM Hook. et Arn. Githarexylon à fruits bleus, Vulgo : Arrayan Macho, Arrayan de espino. 616 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Ligneux et épineux. Ornemental, haïes. Hab. Provinces centrales, ACONCagua. Solanées. FABrANA LANUGINOSA Hook. et Arn. Fabiana laineux. Ligneux et épineux. Ornemental, fleurs blanches, tubuleuses. Lieux un peu frais. Hab. Coquimbo. NICOTIANA SOLANIFOLIA Walp, Tabac à feuilles de Solanum. Frutescent. Ornemental. Hab. Pena Blanca. SOLANUM COMMERSONI Poir. Morelle de Commerson. Vivace. Alimentaire, tuberculeux. Hab. Valparaiso, Mendoza. *SoLANUM MaGLra Mol. Morelle Maglia.s Vivace. Alimentaire, tuberculeux. Hab. Valparaiso. *SOLANUM ETUBEROSUM Lindl. Morelle à petits tubercules. Vivace. Alimentaire, tuberculeux, fleurs grandes, violettes. Hab. Cultivé. *SOLANUM ELEÆAGNIFOLIUM Cav. Morelle à feuilles de Chalef. Vulgo : Tomatillo. Ligneux. Ornemental ; feuilles étroites, blanchâtres ; fleurs roses. Hab. Santa Rosa, dans la province de Coquimbo, etc. * DESFONTAINEA SPINOSA R. et Pav. Desfontainea épineux. Ligneux, toujours vert. Ornemental, fleurs élégantes. Hab. Valdivia. *ALONA CŒLESTIS Lindl. Alone céleste. Ligneux. Ornemental, fleurs bleu clair. H4b. Coquimbe. Scrofularinées. CALCEOLARIA PINIFOLIA Cav. Calcéolaire à feuilles de Pin. Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Flor. Décembre. Hab. Aconcagua, Coquimbe. CALCEOLARIA HYPERICINA Poepp. Calcéolaire à port de Mille- pertuls. | Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Flor. Janvier. Hab. Colchagua, Talcaregue. CALCEOLARIA ALBA R. et Pay. Calcéolaire à fleurs blanches. Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Hab. Cauquenes, Conception. CALCEOLARIA THYRSIFLORA Grah. Calcéolaire à fleurs en thyree. Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi-om- bragés et frais. Hab. Ovalle, Aconcagua, Santiago, Valparaiso, Curico, elc. CALCEOLARIA POLIFOLIA Hook Calcéolaire à feuilles de Pouillot. PLANTES DU CHILL RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. GA7 Frutesceat. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Hcb. Coquimbo, Valparaiso, Santiago, etc. CALCEOLARIA PURPUREA Grah. Calcéolaire à fleurs pourpres. Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Hub. Santiago, Valparaiso, etc. CALGEOLARIA LATIFOLIA Bnth. Calcéolaire à feuilles larges. Frutescent. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi- ombragés et frais. Hab. Santiago, Valparaiso, Goquimbo. CALCEOLARIA CRENATIFLORA Orteg. Calcéolaire à fleurs cré- nelées. Vivace. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi-ombragés et frais. For. Décembre. Hab. Chiloe, San-Carlos. CALCEOLAPIA CANA Cav. Calcéolaire blanchâtre. Vulso : Relbu. Vivace. Ornemental par la singularité de ses fleurs. Lieux mi-ombragés et frais. Hab. Provinces centrales. CALCEOLARIA ARACHNOIDEA Grah. Calcéolaire à feuilles un peu velues. Vulgo : Relbu. Vivace. Ornemental par la singularité de ses fleurs, Lieux mi-embragés et frais. Hab. Provinces centrales. CALCEOLARIA PLANTAGINEA Smith. Calcéolaire à feuilles de Plantain. Vivace. Ornemental par la singularité de ses fleurs, Lieux mi-ombragés et frais. Hab. Talcaregue, Colchagua. Phytolacées. *ERCILIA VOLUBILIS Juss. (Bridgesia spicata Kook.). Ercihe orimpante. Ligneux. Ornemental. Forêts. or. Mars-avril, Hab. Valparaiso, Col- chagua, etc. Laurinées, *CRYPTOCARYA PEumus Nées. (Laurus Peumus Hook.). Vulgo : Peumo. Ligneux. Ornemental, feuillage persistant. Forêts. Hab. Provinces centrales. CRYPTOGARYA BERTEROANA C. Gay. (Adenostemum nitidum Bert. non Pers.). Vulgo : Ulmo. Ligneux. Ornemental. Forêts. Hab. Provinces centrales. ADENOSTEMUM NITIDUM Pers. Vulgo : Queule, Hual-Huai. Ligneux. Ornemental. Forêts. Hab. Maule, Conception. G1S SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Proitéacées. *EMBOTHRIUM COCCINEUM Forst. Vulsgo : Nofro, Ciruerillo. Ligneux. Ornemental par son feuillage élégant et ses fleurs écarlates. Forêts mi-ombragées. Hab. Cultivé. LomaTiA OBLIQUA R. Br. Lomatia à feuilles obliques. Vulg : Raral, Radal, Nogal. Ligneux. Ornemental. Forêts plutôt fraîches que sèches. Fab. Provinces centrales. *LomariA DENTATA R. Br. Lomatia à feuilles dentées. Vulgo : Pinol, Guarda-Fuego. Ligneux. Ornemental. Forêts plulôt fraîches que sèches. Hab. Chiloe, Valdivia, *LomaTia CHILENSIS C. Gay. Lomatia du Chili. Ligneux. Ornemental. Forêts plutôt fraîches que sèches, Hab. Pro- vinces centrales. *LOMATIA FERRUGINEA R. Br. Lomatia ferrugineux. Vulgo : Romerillo, Piune, Fuinque. Ligneux. Ornemental. Forêts humides. Hab. Chiloe, Valdivia. Thymélées. DAPHNE ANDINA Poepp. Daphné des Andes. Vulgo : Traro- Vogur. Ligneux. Ornemental. Lieux un peu frais. ab. Antuco. DAPanE PizLopizLo C. Gay. Vulgo : Pellopillo. Ligneux. Lieux un peu frais. #4b. Valdivia. Euphorbiacées. EurnorBia CniLensis C. Gay. Euphorbe du Chili. Vulgo : Pichoa. Ligneux. Médicinal. Hab. Coquimbo. Æsroxicum PUNCTATOM R. et Pav. Vulso : Tecke, Palo-muerto, Accytunillo, Oliwvello. Arbre. Hab. Chiloe, Valdivia, Conception, Valparaiso, ete. Nionimiacées. “Borpoa FRAGRANS Pav. Vulgo : Bodo, Boldu. Ligneux. Médicinal. Hab. Provinces centrales. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 619 *LAURELIA AROMATICA Spreng. (Theyqa chilensis Mol.). Laurélie aromatique. Ligneux. Médicinal. Hub. Provinces centrales. Cupulifères. FaGus ELLIPTICA Mirb. Hêtre à feuilles elliptiques. Vulgo : Roble, Coyan, Pellin, Hualé. Ligneux. Ornemental. Hab. Provinces méridionales. Facus Domsevi Mirb. Hêtre de Dombev. Vulgo : Coyhue. Ligneux.-Ornemental. Hab. Valdivia. FaçGus PRoGERA Poepp. et Endl. Hêtre élevé. Vulgo : Raulr, Ligneux. Industriel et ornemental. Hab. Conception. *FaGus ANTARCTIGA Forst. Hêtre antarctique. ; Arbüste. Ornemental, feuilles persistantes. Hab. Chiloe, Magallanes. Façus Pumicio Poepp. et Endl. Hêtre petit, H. nain. Arbrisseau. Hab. Anluco. Gnélacées. EPHEDRA ANDINA Poepp. (Æ. peruviana et americana Bert.). Vulgo : Pingo-Pingo. Arbrisseau grimpant. Ornemental. Lieux frais, Hab. Commun partout. TAxIBÉESe "Popocarpus Cnizina Rich. Podocarpe du Chili. Vulgo : Ma- rim, Maniqui. Arbre. Ornemental. Hab. Assez répandu dans les provinces centraies. PopocaRPus OLEIFOLIA Don. Podocarpe à feuilles d'Olivier. Arbre. Ornemenial. Lieux montagneux. Hab, Assez répandu dans les provinces centrales. Popocarpus ANDINA Poepp. Vulso : Lleuqui. Arbre. Ornemental, Hab. Antuco. Popocarpus NUBIGENA Lind]. Vulgo : Pino. Arbre. Ornemental. Hab. Valdivia, Chiloe. Cupressinées. “LIBOCEDRUS TETRAGONA Endl. (Thuya tetragona Mook.). Vulgo : A/erze. Arbre. Ornemental. Hab. Valdivia, Chiloc. 620 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. *Lisoceprus CHiLensis Endl. (Cupressus Chilensis Gillies.) Libocèdre du Chili. Arbre. Ornemental. Hab. Valdivia. *Frrz-Rova ParaGonica Hook. Kitz-Roya de Patagonie. Arbre. Ornemental. Hab. Chilce. “Prumnopytis ELEGANS Philip. Vulgo : L/euque. Arbre. Ornemental. Hab. Provinces centrales. Colchagua, etc. *SAXE-GOTHEA CONSPICUA Lindl. Vulgo : Manu. Fruiescent. Ornemental. Lieux un peu frais. Hab. Valdivia, Chiloe. Abiéiindes. *ARAUCARIA IMBRICATA R. et Pav. Vulgo : Pehuen, Pinon. Ligneux. Ornemental. Lieux un peu frais. Hab. Provinces centrales. Alismacées, SAGITTARIA CHILENSIS Chmss. et Schlcht. Vulgo : Lingua de vaca. : Vivace, Ornemental. Aquatique. Hab, Chiloe. Drelhhidées. CHLoORÆA speciosa Pœpp. et Endl. Vulgo : Azucena del Campo. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Antuea. CnLor&A GayanA F1. Chil. Chlorée de Gay. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Valdivia. CHLORÆA BARBATA Lindl. Chlorée barbue. Vivace. Ornementel. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Valparaiso. CaLoræaA campesrris Pœpp. Chlorée des champs. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab, Santiago, Gasa- blanca, Conceplion. CHLORÆA LONGIPETALA Linäl. Chlorée à longs pétales. Vivace. Ornemerntal. Licux herbeux, un peu frais. Hah. Provinces du sud. CHLORÆA GRANDiFLORA Pœpp. Chlorée à grandes fleurs. Vivace. Orncmental. Lieux herheux, un peu frais. Hab. Provinces cen- irales : Antuco, etc. CHLORxA aALpINA Pœpp. Chlorée des Alpes. Vulgo : Tulipan del monte. | Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Antuco. PLANTES DU CHILI RARES OU NON ENCORE INTRODUITES. 621 CuzLorxA curysantTHA Poepp. Clilorée à fleurs dorées. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Conception. CHLORÆA VIRESCENS Lindi. Chlorée à fleurs verdâtres. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Conception. CLorÆA DISOIDES Lindi. Chlorée à fleurs de Disa. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Valparaiso. CazoræA Gaupicuaupt Brent. Ghlorée de Gaudichaud. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Magellan. CHLorÆA Commersonn Brent. Chlorée de Commerson. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Magellan. CuzorÆA MaGELLANICA Hook. Chlorée de Magellan. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Magellan. Brpinnuza pLumosA Lindi. Bipinnule plumeuse. Vivace. Ornemental. Lieux herbeux, un peu frais. Hab. Vaïldivia, Osorno, Conception. BIPINNULA MYSTACINA Lindi. Bipinnule mystacine. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Provinces centraies. ASARCA ODORATISSIMA Pœpp. Asarca odorant. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Provinces du sud. ASARCA LEUCANTHA Pœpp. Asarca à fleurs blanches. Vivace. Ornemental. Lieux boisés ei frais. Hab. Conception, Valdivia, etc. ASARCA SINUATA Lindi. Asarca sinueux. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Valparaiso, Conception. ASARCA MACULOSA Pœpp. Asarca maculé. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Santiago. Coponorcuis Pæœppin Lindi. (Pogonic tetraphylla Poepp.). Codonorchis de Poeppig. Vivace. Ornemental. Eieux boisés et frais. Hab. Chiloe, Valdivia, San-Carlos. te Coponorcuis Lessonit Lindi. Codonorchis de Lesson. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Valdivia. SPIRANTHES DIURETICA Lindi. Spiranthe diurétique. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Un peu partout. SPIRANTHES CHILENSIS C. Gay. Spiranthe du Chili. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et frais. Hab. Chiloe, Cucao, etc. Promélincées. BROMELIA SPHAGELATA R. et Pav. Vulgo : CAupon. Vivace. Ornemental. Epiphyte. Hab. Province &e Conception. 622 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. BroMELiA BIcoLOR R. et Pav. Bromélia bicolor. Vivace. Ornemental. Rochers humides et troncs des arbres. For. Mars- avril. Hab. Conception, Valdivia. PuyA suBEROSA Mol. (Pouretia coarctala R. et Pay.) Vulgo : Chagqual, Maquey, Cardon, Puya. Arborescent. Ornemental. Lieux secs. Hab. Provinces centrales. Puya ALPESTRIS Poepp. Puya alpestre. Vivace. Ornemental. Lieux secs. Hab. Antuco. Poya CŒRULEA Miers. Puya à fleurs bleues. Vivace. Ornementel. Lieux secs. Hab. Santiago. *TizcanpsiA usneoipes L. Vuloo : Barbon. Vivace. Ornemental, Lieux $ecs, sur Cactées ou troncs d'arbres. Hab. Provinces centrales. * TILLANDSIA PROPINQUA C. Gay. Tillandsie affine, Vivace. Ornemental. Épiphyte. Hab. Provinces septentrionaies Iridéese SISYRINCHIUM CHILENSE Hook. Bermuiienne du Chili. Vivace. Ornemental. Hab. Santiago, Talca, Conception. SISYRINCHIUM NüNO Coll. Vulgo : Nuno. Vivace. Ornemental. Hab. Valpsraiso, Quintero. SISYRINCHIUM SPECIOSUM Hook. Bermudienne élégante. Vivace. Ornemental. Lieux maritimes. Hab. Valparaiso, Conception. LirerTia FORMOSA Grah. Libertie brillante. Vivace. -Oriemental. Lieux frais, Hab. Valüivia, Ghiloe, etc, Lisertta mioinxs Spreng. Libertie à fleurs d’Ixia. Vuloo : Tekel-Tekel, Caile-Calle. Vivace. Ornemental. Lieux humides. Hab. Valdivia, Coxception. TapeiNtA MAGELLANICA Juss. Tapéinie de Magellan. Vivace. Ornemental. Lieux un peu secs. Had. Magellan. Samiilacéese LUZURIAGA RADICANS R. et Pav. Vuloo : Esparto, pe Frutescent. Ornemental. Épiphyte., Hab. Valdivia. * LuzuRIAGA ERECTA Kuth. (Callizine polyphylla Hook.). Vulgo: Palma. Frutescent. Ornemental. Lieux frais, moussus et sur Île tronc des arbres. Hab. Veldivia, Chiloe. 6 PLANTES DU CHILI RARES OÙ NON ENCORE INFRODUITES, 629 CALLIXINE MARGINATA Juss. Callixiné marginé. Frutescent. Ornemental. Lieux frais, moussus et sur le trong des arbres Hab. Magellan. * HerreRriA sTELLAïA R. et Pav. Herrérie à fleurs étoilées. Frutescent et grimpant. Racines médicinales. Lieux humides. Hab. Conception. | * LAPAGERIA ROSEA R. et Pav. Lapagéria à fleurs roses. Frutescent et volubile. Ornemental, fleurs très-élégantes. Forêts un peu fraîches. Hab. Araucausa, etc. * LapaGERIA ALBA Dcne. Lapagéria à fleurs blanches. Frutescent et volubile. Ornemental, fleurs très-élégantes. Forêts un peu fraîches. Hab. Araucausa, ete. *PriLEsIA BUXIFOLIA Lamk. Philésie à feuilles de Buis. Suffrutescent, à feuillage persistant. Ornemental. Forêts un peu fraîches. Hab. Magellan. Dioscoréacées. DIOSCOREA BRYONLÆFOLIA Pœpp. (D. hederacea Miers.). Vulgo : Camaisilla. | Herbacé et grimpant. Ornemental. Forêts. Hab. Quillota, Santiago, San- Fernando, eic. Aimarvilidées. Paycezza HERBERTIANA Lindl. Phycella de Herbert. Vivace. Ornemental. Champs inculles. Hab. Valparaiso, Santiago. PHyceLLa IGNEA Lindl. Phycella à fleurs rouge feu. Vivace. Ornemental. Champs inculles. Hab. Commun partout. PLACEA ORNATA Âliers. Placéa orné. Vivace. Ornemental, fleurs blanches, ctrié rose. Hab. Aconcagua. ALSTRŒMERIA OÔREAS Schauer. Alsiroæmère Œvade. Vivace. Ornemental. ab. San-Fernando. ÂLSTRŒMERIA REVOLUTA R. et Pav. Alsiræmére révolutée. Vivace. Ornemental. Hab. Chiloe. ALSTRŒMERIA PULCHRA Sims. Alstræmère remarquable. Vivace. Ornemental. Hab. Valparaiso, Santiago. ALSTRŒMERIA SPATHULATA Presl. Alstræmère à feuilles spa- tulées. | Vivace. Ornemental. Hab. Santiago, Colchagua. ALSTRŒMERIA NEiLz Hook. Alstræmère de Neil. Vivace. Ornemental. Hab. Santiago, Mendoza. 6%! SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ALSTRŒMERIA HookERIANA Schult. (4. Hooker: Lodd.) Alstræ- mére de Hooker. Vivace. Ornemental. Hab. Provinces centrales. ALSTRŒMERIA CUMINGIANA Herb. Aistrœmere de Cuming. Vivace. Ornementa!l. Hab. Provinces centrales. ALSTRŒMERIA HÆMANTHA R. et Pav. Alstræœmere à fleurs pourpres. - Vivace. Ornemental. Hab. Provinc®s centraies. BoMAREA SALSILLA Herb. Vulgo : Sarcilla. Vivace, grimpant. Ornemental, racines médicinales. Hab. Valdivia. BomAREA OvVATA Mirb. Bomarée à feuilles ovales. Vivace, grimpant. Ornemental, racines médicinales. Hab. Provinces centraies. *CHœrotopIA CHiLENsis Herb. Chérotodia du Chili. Vivace, grimpant. Ornemental et médicina!. Hab. Provinces centrales. Giilesiées. Miersra Cuiensis Lindl. Miersie du Chili. Vivace. Ornemental. Lieux frais. Hab. Valparaiso, Concon, Aconcagua. MiersrA MYoDEs Bert. Miersie mouche. Vivace. Ornemental. Lieux frais. Hab. Provinces centrales. GILLESIA MONTANA Pœpp. Gillésie des montagnes. Vivace. Ornemental. Lieux élevés. Hab. Antuco. Liliacées. SCILLA CHLOROLEUCA Knth. Vulgo : Cebolleta. Vivace. Ornemental. Hab. Valparaiso, Santiago. TRITELEIA VIOLACEA Knth. Vulgo : Mapolita-Azul. Vivace. Ornemental. Hab. San-Fernando. CUMINGIA CAMPANULATA Don. Vulgo : Payarito del Campo. Vivace. Ornemental. Hab. Santiago, San-Fernando. PAsiTHEA cŒRULEA Don. (Anthericum cœruleum R. et Pax.). Vulso : Pajarito, Azulillo. Vivace, Ornementel., Hub. Coquimbo. foncées. RorskoVIA GRANDIFLORA Hook. Rotskovia à grandes fleurs. Vivace. Ornemental. Hab. Magelian. PLANTES DU CIHLI RARES OÙ NON ENCORE INTKODUITES. 629 Palmmiers. * JUBÆA SPEGTABILIS IE. B. et Knth. (Cocos Chilensis Mol.). Vulgo : Lula, Caucan. Ligncux. Ornemental. Hab. Provinces méridionales. Cypéracées. UNGINIA PHLEOILES Pers. Vulgo : Quinquiso. Ornemental. Hab. Talcahuano, Conception, Quillota. GIAREMINRÉCS, GyneriuM QuiLo Nées et Meyen. Vulgo : Quilo. Vivace. Ornemental. Campos. Hab. Nantaco, Concon, Santiago. CusquEeA VaLDiviENSIS C. Gay. Vulgo : Quila. Frutescent. Ornemental. Lieux humides. Hab. Valdivia. CuusqueA Quiza Knth. Vulgo : Quila. Frutescent. Ornemental. Lieux humides. Hab. Provinces centrales. CausqueA CumnNGrr Nées. Vulgo : Collique. Frutescent. Ornemental. Lieux humides. Hab. Valparaiso, Conception. Causquea Cuzeou Lamk. Vulgo : Culeou,. Frutescent. Ornemental. Lieux humides. Hab. Valdivia, etc. Fougères. LOMARIA LANUGINOSA Koth. Lomaire à frondes laineuses. Suffrutescent. Ornemental. Bois, lieux frais. Hab, Provinces centrales. : Lowaria MaGezLanica Desv. Lomaire de Magellan. Vivace. Ornemental. Bois, lieux frais. Hab. Magellan. CincinnaLis CmiLensis Fée. Cincinnale du Chili. Vivace. Ornementa!. Bois, lieux frais. Hab. Provinces centrales. PLEUROSORUS PAPAVERIFOLIUS Fée. Pleurosore à frondes de Pavot. Vivace. Ornementa!. Bois, lieux frais. Hab. Juan Fernandez. GONIOPALEBIUM TRANSLUCENS Fée. Vulgo : Calaquala, Yerba del lagarto. Vivace. Crnemental. Épiphyte. Hab. Juan-Fernandez. PozysricHum ELEGANS C: Gay. Polystique élégant, Vivace. Ornemental. Lieux élevés. Hab. Tolcaregue, Colchagna. 8e SÉRIE, T. Il. — Octobre 4875. A0 626 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Porvsricuum PoLYPHYLLUM Presl. Polystique polvphylle. Vivace. Ornemental. Lieux élevés. Hab. Chiloe, eic. PoLYSTICHUM ORBICULATUM Desv. Polystique orhbiculé. Vivace. Ornemental. Lieux élevés ei frais. Hab. Provinces centrales. PoLvsTicHuM FLExUM Knze. Polystique à frondes flexibles. Vivace. Ornemental. Lieux élevés et frais. Æab. Provinces centrales. Por.ysTIcHUM BRONGNIARTIANUM C. Gay. Polystique de Brongniart. Vivace. Ornemental. Lieux élevés et frais. Hub. Conception. DrcxsoniA BeRTEROANA Hook. (Balantium). Dicksonia de Ber- tero. Ligneux. Ornemental. Lieux frais. Hab. Juan-Fernandez. DicxsonIA LAMBERTIANA CG. Gay. Dicksonia de Lambert. Ligneux. Ornemental, frondes très-élégantes. Lieux frais. Hab. Provinces du Sud. | ÂcsopniLA PRuINATA Kaulfs. (Cyatea discolor Bory). Alsophile à frondes pruineuses. Ligneux. Ornemental. Lieux boisés et humilcs. Hab. Juan-Fernandez, Conception, Valdivia. TuyrsOPTERIS ELEGANS Knze. Thyrsoptéris élégant. Vivace. Ornemental. Lieux boisés et humides. Hab. Juan-Fernandez. Merrensra pEpALIS Kfs. (Gleichenia pedalis Hook.). Mertensia à frondes pédalées. Vivace. Ornemental. Sur le tronc des arbres, lieux frais. Hab. Valdivia. MeRTENSIA cryProcaRPa Hook. Mertensia à sores cachés. Vivace. Ornemental. Sur le tronc des arbres, lieux frais. Hab. Valdivia. MERTENSIA GLAUGESCENS Willd. (M. Brasiliana Desv.). Mer- tensia glaucescent, Yivace.Ornemental. Sur le tronc des arbres, lieux frais.Hab.Chili austral. Merrensia AcumIFOLIA C. Gay. (Gleichenia acutifoliu Hook.). Mertensia à frondes aiguës. Yivace. Ornemental. Sur le tronc des arbres, lieux frais. Hab. Magellan. Lycopodiacées. SeLAGINELLA CHiLensis C. Gay. (Lycopodium chilense Wild.) . Sélaginelle du Chili. Vivace, Ornemental. Lieux frais et humides. Hab. Chiloe, d’après Willdenow. Azollacées, AzoLLa MacezLanica Willd. Vulgo : Tembladerilla, Punayem. Aunuel. Ornemental. Étangs, mares. Hab. Magellan: IIL. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, À SÉANCE DU CONSEIL DU 1° OCTOBRE 1875 Présidence de M. le comte d'ÉPRÉMESNIL, Vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — Les membres nouveaux, dont les noms suivent, sont, admis par le Conseil : MM. * Présentateurs. ARMIEUX (le docteur Louis-Léon-Oyriile), méde-, B. Armieux. cin principal de Phôpital militaire, à Baré éges (Hautes-Pyrénées), et rue Romiguière, ne AOC HR kim Toulouse (Haute-Garonne). À. Geoffroy Saint-Hilaire. À, Chovet, À. Dieu. Gaudimot. À. Geoffroy Saint- Éppre Moquin-Tandon. | Raveret-Wattel. GUILLEMIN (Paul), ingénieur en chef des A Comte d’Éprémesnil. et chaussées, boulevard Saint-Germain, 225,4 A. Geoffroy Saint-Hilaire. à Paris. de Ravisy. il tr DEPAIRE (Claude), négociant, rue du faubourg Saint-Honoré, 254, à Paris. EsTIBAL-GOUILLY (Marcellin), avocat, avenue } Constantine, 3, à Paris. Carbonnier. Jules Grisard, \averel-Wattel. omte d'Éprémesnil. . Geoffroy Saint-Hilaire, hfartel-Houzet. ris Voie : L. Bioch. SCIAMA (Jules), propriétaire, ingénieur, à la à 1e Kapierer. Chateline-Galand (Haute-Vienne). à ! à : Saini-Yves Ménard, | © A ? x » pe Q { V. FIcutye SIMON (Fidèle), député, à Guemené-Penfas (Loire- ! Jules Grisard. Inférieure), et rue Vital, 42, à Paris. | LE PT Ne Rhaveret- Wattel. IVERNEAU, éleveur, au Port-à-l’Anglais. à Vitry- sur-Seine (Seine). [@ SCHOTSMANS (Arthur), négociant, rue Boileux, 9 f5 à Lille (Nord). ié — Son Excellence Don fonacio Maria Gonzalez, Président de la République Dominicaine, à adressé à M. Drouyn de Lhuys une letire en date du 48 août, pour remercier la Société de l'avoir adinis au nombre de ses membres et l’assurer de son concours le plus bienveillant. 628 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. — Nous annonçons avec de grands regrets le décès de M. Paul Séguin, ingénieur. _ — Des remerciments pour leur admission sont adressés par M. Bréchard, président du tribunal de commerce de Poi- tiers, et par M. G. Roger, de la Ferté-sous-Jouarre (Seine- et-Marne). | — M. Zeiller, sous-directeur des cristalleries de Baccarat, demande des cocons et des papillons des Affacus auwrota, arrindia, Spondiæ et mylitta. — L'espèce ou race arrindia n'existe plus en Europe; quant au spondiæ, c’est probable- ment œthra Fabr. | Dans une autre lettre, 1l demande à la Société des œufs d’Aéttacus Pernyi G. Mén. — M. Bureau, d'Arras, accuse réception des graines d’A#- tacus Pernyi qui lui ont été adressées, et demande des grai- nes d'Yama-maï, et de son métis avec Pernyi. — M. G. Ratier demande, pour essais d'éducation sous le climat très-doux de la Bretagne, des graines de Vers à soie du mürier et de Vers à soic Yama-mai et du ricin, — Cette dernière race ou espèce, impossible à nourrir en hiver, n'existe plus en Europe; elle est remplacée par le Ver de l’ailante, complétement acchimalé et devenu sauvage. — M. Folsch, consul de Suëde et de Norvége à Marseille, envoie des graines de haricots de Madagascar, qui, aprés immersion de quelques heures dans l’eau, deviennent énor- mes en cuisant, et sont d’un goût parfait. — Remerciments. — M. Ch. de la Brosse-Flavigny demande à recevoir des semences d'Eucalyptus rostrata. — Le Frère Gildas écrit de la Trappe de Saint-Paul Trois- Fontaines, près Rome : « Je comptais attendre à la fin de Ja saison pour rendre compte de la réussite de nos Eucalyptus, mais je puis vous dire déjà que ceux que nous avons plantés au mois d'août de l’année dernière et qui avaient été éprouvés par le froid se sont refaits à merveille et poussent avec vigueur sans avoir été arrosés, quoique le terrain soit naturellement sec. Il y en a qui ont des pousses de 2 mètres et 2*,60 ou 80; à la fin de la saison les plus beaux pourront avoir poussé de PROCÈS-VERBAUX. 629 3 à X mêtres, Ils ont un tronc bien proportionné à leur hauteur et n'ont jamais eu besoin de tuteurs, bien qu’exposés à des vents extrêmement violents. » Les Eucalyptus plantés celte année au mois de mars, à l'état herbacé, ont bien réussi en général, mais nousen avons perdu un grand nombre coupés ras [erre par les insectes, et d'autres ont eu les racines entièrement rongées par les vers du hanneton et par d’autres vers trés-pelits dont j'ignore le nom. » Malgré ce petit échec, j'ai très-bon espoir que nous réus- sirons dans nos plantations d'Eucalyptus et que la vue de nos succès portera à la fin les propriétaires de la campagne romaine: à propager cette essence sur une grande échelle. » — M. Huzard écrit de Patis, près de Laloupe (Eure-et- Loir) : « En mars dernier, j'ai reçu de la Société des graines suivantes: Pinus longifolia et excelsa, Abies Snuthsonniana. Cryptomeria japonica, Cupressus sempervirens, Thuya orien- talis (variété de Chine), Gleditschia ferox et Eucalyptus qlo- bulus ; ont levé: Pinus longifolia et excelsa, Thuya orientalis chinensis et Eucalyptus globulus. » L'été prochain, j'aurai l'honneur de vous informer de ce qui sera advenu de ces semis. » J'ai un Cupressus sempervirens de 13 à 14 mètres de hauteur. Get arbre me semble devoir être un de ceux qui méritent le plus d’être introduits dans notre climat parisien, dans les terrains profonds, frais et sensiblement argileux. — Je lai recu en même temps qu'un Sequoia qgigantea ; 11 avaient environ À mêtre et devaient être du même âge. Le Cupressus dépasse en hauteur ie Sequoia de ? mètres; et cependant le vent a une première fois brisé sa flèche de 2 mètres, et une seconde fois, une nouvelle flèche adventive d’un mêtre. Néanmoins une troisième flèche s’est formée et est aussi verticale que si aucun accident n’était arrivé. » — M. Victor Masson écrit de La Chassagne, par Pont-dc- Pany (Côte-d'Or): « Jai reçu les trois paquets de graines de conifères du Japon, Abies firma, Pinus denusiflora, Podocar- pus macrocarpa que vous n’avez fait la faveur de m'adresser 630 SOCIÈTÉ D'ACCLIMATATION. et je m'empresse de vous en exprimer ma gratitude. Je ne possédais pas encore l’Abtes firma dans ma collection et je n'en avais trouvé de la graine nulle part. Je vais prendre des soins exceptionnels pour amener à bien cette graine d'un arbre dont Siebold et Zuccarini ont fait un rapport séduisant. » J'ai des sujets du ?. densi flora de cinq à six ans, qui se montrent très-rustiques, mais qui poussent sans forme. » Quant au Podocarpus, je ne puis guère le conserver qu'en serre tempérée. J’ai même perdu une partie des sujets que je possède du Podocarpus chinensis (Maki de Siebold). J’ai en pleine terre le Podocarpus coreana, mais c’est plutôt un Jaxus, bien que la feuille soit plus allongée et d’un vert plus vif que celle du Taxus baccata fastigiata dont il a le port. Je ne connais pas le P. macrocarpa ; je ferai mon pos- sible pour faire réussir les graines reçues. » Permettez-moi, M. le Président, de vous donner quelques renseignements sur le sort des graines que la Société m'a adressées dans ces derniers temps. » Chêne truffier. — J'avais, l'automne dernier, repiqué en pépinière les AC pieds que J'ai obtenus des En reçus de la Sociélé. Cette année je vais les mettre en place, sous un massif de bouleaux où poussent quantité de Chênes de notre contrée, provenant de glands transportés par les oiseaux. » Pinus Sabiniana. — Des A5 graines reçues de la Société, j'ai obtenu 36 sujets. Malgré les soims les plus minutieux, ül ne me resle que 6 plants, tout le reste a coulé. Je le regrette vivement. C’est un si magnifique pin ! » Eucalyptus. — Les graines reçues le 9 juin ont prospéré. Le globulus est l'espèce qui vient le mieux. Le gigantea et l'amygdalina ont bien réussi; le coriacea n'a donné que quatre sujets. » Acacia. — Le dealbata n'a donné que quelques plants. Le mollissima et le melaxylon ont &onné un résultat assez satisfaisant ; le decurrens a eu un succès complet. » Les Eucalyptus ont été repiqués en godets. Les Acacias me paraissent pouvoir passer l'hiver en terrines. Nos semis pour plantations forestières ont généralement bien réussi : PROCÈS-VERBAUX. 631 les Epicea, les Pinus Laricio, les Wellingtonia, ont parfaite- ment levé. Cest le Pinus austriaca nigricans qui a le plus laissé à désirer. Malheureusement nos pépiniéristes de Semur échouent souvent avec celte espèce qui estla plus avantageuse pour nos terrains. » La grande sécheresse d’avril et mai, n’a pas permis à nos jeunes sujets de faire des pousses aussi longues que celles habituelles. Je signalerai cependant un Abies Douglasi qui, planté en 1869, avec une hauteur de 1,25, à aujourd'hui k®,50 de haut et a produit une flêche de 1",26 cette année. — M. le R. P. Voisin, des Missions étrangères, écrit en ré- ponse à une lettre de M. le Président, relative au vin de Tsien-ia : « Les deux mots fsten-1a ne sont pas chinois. Je connais toutes les boissons chinoises qui ne sont que des al- cools de riz, de mais, de froment, et de sorgho. » La meilleure de toutes ces eaux-de-vie est celle faite de graines de Sorgho ; lorsqu'elle est pure et vieille, elle vaut le vin de Grave, et est même nourrissante. On la mélange sou- vent avec celle de riz. » — M. F. de Contreras écrit, de Bruxeiles, à propos des éducations d’Atéacus Yama-mai en Belgique : « Depuis ma dernière lettre, léducation de nos Vers est terminée. L’un de mes élèves sur 8300 œufs a eu 7942 cocons, un autre sur 5000 en à obtenu 4800 environ, ses vers ayant manqué de nourriture. Cette année j’ai.eu beaucoup de flats où mous au moment de la montée, sans que je sache à quoi attribüer cetie maladie. Du reste, ia température a élé excessivement variable, Péducation en à souffert au point que beaucoup de vers sont restés jusqu’à quaranie-cinq jours à opérer leur révolution. Néanmoins, de l’ensemble, il reste pour moi bien acquis que dès que le gouvernement belge voudra, il pourra doter le pays d’une industrie nouvelle. J’en trouve au surplus la preuve dans la réussite des deux élèves ci-dessus ; mais dans ma conviction l’'Fama-mai sera préférable au Sericaria MmOTT. » — M. le prince Pierre Troubetzkoy, éerit de la villa Trou- betzkoy, près Intra, lac Majeur (Halie) : « Pensant que cela 632 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. pourra intéresser les lecteurs du Bulletin, je viens vous donner quelques notices sur les essais d’acclimatation que j'ai faits au lac Majeur. Considérant Pimportance qu’on attache à si juste titre en France à l'Eucalyptus, je commencerai par cette plante si utile à l'humanité et qu’on a déjà propagtée en ei grande quantité en Algérie et sur le littoral de la Méditer- ranée, depuis Menton (Nice) jusqu’à Toulon. En Espagne et en Portugal, elle est introduite depuis dix ans. Le climat de la grande partie de l'Italie est certainement celui qui se prête le plus à sa culture, et, selon moi, le seul moyen de faire dispa- raître les fièvres qui déciment la population de Rome, des maremmes toscanes et d’autres provinces de l'Italie en été, serait de faire des plantations en grand de l'Eucalyptus, qui par ses émanalions a la faculté de purifier l’air et offre à la classe pauvre un remède gratuit sur place. Malgré mes efforts réitérés depuis deux ans, auprès des autorités de la Ville éter- nelle, et le résultat si concluant obtenu par les frêres trap- pistes, aux Trais-Fontaines, en plein Agro romano (de la cul- ture depuis six ans de l'Eucalyptus), je n'ai jamais pu obtenir qu on s'en occupät sérieusement à Rome et ses environs. Les expériences que j'ai faites au lac Majeur ont été couronnées d'un plein succès; des plants d’Eucalyptus globulus et amyg- dalina semés en terrines et repiqués en godets, mis en pleine terre l’année suivante, ont atteint, en six ans, une hau- teur de 15 mètres, et se couvrent de fleurs et de fruits toute l'année. L'Eucalyptus amygdalina planté dans un endroit marécageux a alleint, dans cinq ans, 14 mèlres et denn de hauteur, fleurissant et portant fruit à la troisième année; c’est un arbre des plus ornementaux. Ses feuilles ont les mêmes propriétés fébrifuges (elles produisent le plus d'huile odorifé- rante), et prises en infusion contre les fièvres tenaces, quene pouvaient guérir des doses de quinine, ont produit des résul- tats merveilleux. J'en ai fait prendre à des individus atteints depuis six mois de la fièvre gagnée à Rome et aux rizières, et auxquels la quinine, au lieu de les guérir, avait gonflé l’es- tomac. Après six doses d’infusion de feuilles 1ls étaient com- plétement guéris et la fièvre avait disparu. La température PROCÈS-VERBAUX. 635 maximum au mois «le janvier et décembre arrive au lac Ma- Jeur, certains hivers la nuit, à 7° centigrades. Les vents au mois de mars sont très-forts, et celui du nord assez froid. Celle année, la neige étant tombée au mois de février est restée quinze jours, sans que cela nuisit aux Æucalyptus. Outre ces deux espèces, j'en cultive encore 18 variétés, qui ont été plantées seulement depuis deux ans en pleine terre. » Voici les plantes qui ont résisté chez moi à l'air libre depuis six ans, et qui n’ont pour abri qu'un léger chapeau de paille, qui en janvier tombe quelquefois. Arœucaria Bidiwilii, haut. 3,80; Brasiliensis, 5 mètres ; excelsa. Chamærops exceisa, mis depuis quatre ans en pleine terre, avait 1 mètre et demi de hauteur ; a at- teint 4%,30; les Chamærops For- tuner, macrocarpa, eleyans, Mar- tiana, histrix, arborea, Jubœæa spectabilis, Brahea dulcis, Cocos campestris, Corypha australis (croît lentement), Cycas revoluta, Latania Borbonica, Phœnix dactylifera et tenuis (lrès-rustique), Sabal Adan- sont et palmetto. Agave salmiana, Bauteur 2 mètres, circonférence G mètres et demi; Agave Jacobia- na, picla, ferox, applanata, cocci- nea, Xalapensis et autres. Tous les Bonapartea : Aralia papyrifera (en cinq ans 4 inètres el demi de hau- teur), Aralia Sieboldiï, trifoliata, les Phormium tenax, lenax variega- tum, Collensoi, Veitchii, Cookii, les Nerium, Coprosma baueriana, fol. var., Laurus Camphora, Laurus regalis, Olea fragrans, Osmanthus | ilicifolius, Drymis Winteri, Garde- nia Fortuni, G. rabicans, les Bam- busa mitis, nigra, aurea, villata, scriptoria et autres. Fougères : Al- sophila australis, Cyathea dealbata, Asplenium Sicboldi, Toodea Afri- cana (barbarea), Woodwardia radi- cans, Stadmania australis, Staun- tonia hexaphylla (Siebold), plante grimpante. Akebia quinata, Poly- carpa Maximowiczi, Passiflora cœrula et fmpératrice Eugénie : Mandevillea suaveolens, Oranger Mandarinier portant fruits; Crtrus trifoliata, Clerodendron seratinum. Tous les Conifères y compris les Pins du Mexique ; Retinospora squarrosa 6 mètres et demi de hauteur, circon- férence 15 mètres, Retinospora plu- mosa aurea, 6 mètres de hauteur et 42 de circonférence; Sciadopites verticillata, hauteur 2 mètres ; les Acacia paradoæa, purverulenta, longifolia, glauca, trinervia, pen- dula, etc. — M. je vicomte de Bélizal écrit de Moncontour (Côtes- du-Nord) : « Puisque mes renseignements sur les Eucalyptus vous intéressent, je vous dirai que les Eucaliyptus globulus que j'ai semés le 23 septembre 1873 et transplantés au prin- 63} SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. temps suivant, ont résisté en certain nombre cet hiver. Huit surtout ont prospéré, et le plus élevé atteint aujourd’hui 3",75, le tronc a 30 centimètres de grosseur. » Plusieurs Eucalyptus coriacea atteignent 2 mètres. » J'ai semé, celie année, des coriacea, gigantea et amyg- dalina, qui prospèrent jusqu'à présent. » — M. Durieu de Maisonneuve écrit de Bordeaux : « Je ne cesse de me féliciter de me voir de nouveau en possession de graine de Teosinte. J’épuiserai ioutes les combinaisons ima- gros pour tâcher de faire passer l’hiver aux individus, semés à toutes les époques de l'automne. Il est bien certain qu’on n’obtiendra jamais chez nous la reproduction par graines du Teosinte, mais si l’on arrive à lui faire produire en une saison toule sa valeur fourragère, la plante pourra très-bien être utilisée à ce pot de vue, si vraiment sa richesse et sa valeur étaient reconnues. Dans ce cas, le commerce en tire- rait chaque année des graines des pays de production, comme il le fait à son avantage et à celui des agriculteurs du Mid, pour les graines de divers maïs fourragers, notamment pour le Caraqua. | » Dés l’arrivée de celles que j'ai reçues de la Société, il y à deux mois (environ 100 graines), j'en semai trois, chacune dans un pot. Moins d’une semaine après j'avais trois belles germinations dont chacune reçut une destination differente. L'un des pieds fut planté en pleine terre ; son développement est déjà prodigieux ; le second est resté en pot abrité dans les serres : ce pied a grandi en hauteur assez rapidement et sans taller il s’est étiolé, aujourd’hut il est déjà mort ; le troisième est toujours dans le même pot, abandonné en plein ar. Il s’est très-peu développé, il est resté très-petit et trés-peu ramifié à la base, mais il est bien portant. » Tous les quinze jours je ferai de nouveaux semis Fe trois graines en varlant les combinaisons. » Il ajoute dans une seconde lettre: « Plus que jamais, Je me crois autorisé à espérer quelque résultat satisfaisant de la culture de cette plante. En effet, M. Naudin, à Collioure, et M. Thuret, à Antibes, qui en avaient reçu chacun un fort éclat PROCÈS-VERBAUX. 635 détaché de l’individu mère, purent admirer comme moi son prodigieux développement. Chez ces ressieurs, comme à Bor- deaux, la végétation s'arrêta complétement dès la fin de sep- tembre, à l'apparition des premières fraicheurs et aussi des premières fleurs. Or, au delà de ce terme la plante n’aurait- elle pas péri, ses nombreuses tiges s'endurcissant comme celles du maïs deviendraient bientôt tout à fait impropres à la consommation. » Nous pouvons donc estimer déjà que nous sommes en possession, dans le midi et même dans le sud-ouest de la France, d’une puissante graminée dont la richesse et les qua- lités pourront rendre d’utiles services. Il ne resterait plus alors qu'à rechercher des facilités pour en tirer annuellement des graines du pays d'origine, ainsi que cela se pratique aujourd’hui sur une grande échelle pour le maïs Caraqua. Or, un pied de Teosinte étant peut-être plus que décuple en matière fourragère qu'un pied de mais, il s’ensuivrait que la quantité relative de graines du premier devrait être beaucoup moins considérable que celle du second. Voilà ce qu’il est rai- sonnablement permis d'espérer, mais ce n’est pas encore le succés ; il y a le chapitre des mécomptes imprévus. » Je me propose en conséquence d'entreprendre une cul- iure assez étendue de Teosinie dès le printemps de 1876, et dans les mêmes conditions que celles qui réussirent une fois sur un seul pied. Cette fois je ferai en sorte d’en avoir jusqu’à une cinquantaine, sije puis disposer de l'espace nécessaire ; si la Société possède encore une grande quantité de graines, j'en recevrais avec salislaction un très-pett supplément. » — M. Labruyère envoie de Nantes quelques fruits prove- nant des graines distribuées par la Société. Les Melons verts adressés par nolre confrère sont moins eros que ceux présentés à diverses reprises à la Société ; ils laissent aussi à désirer sous le rapport du goût; ils sont peu sucrés et paraissent avoir dégénéré. Les Tomates du Mexique, au contraire, sont d'un volume relativement considérable comparées à celles soumises à nos séances de l’année dernière ; elles sont bonnes. 636 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Quant aux Haricots, remarquables par la longueur des gousses (55 centimètres), accommodés au beurre (sautés), ils ont été trouvés très-médiocres, sentant le vert ; il est juste d'ajouter que le voyage les avait quelque peu desséchés. — M. E. Crugv, de Bordeaux, adresse une note pour con- courir au prix de 500 franes, proposé par la Société, pour la substitution aux œu/s de Fourmis (larves et nymphes), desli- nés à la nourriture des jeunes oiseaux,. d'un autre produit plus aisé à obtenir. Une réclamation de priorité est transmise par M. Bénion, d'Angers. Les deux pièces sont renvoyées à la Cornmission des récompenses. — M. Ch. Naudim, correspondant de l'Institut, écrit de Collioure pour offrir à la Société des graines de Retama monosperma, très-joh arbuste des Canaries, qui a merveil- leusement réussi au Jardin d'expériences de Collioure. Il est très-propre à garnir les rocailles arides, par ses rameaux orêles et pendants. Sa floraison est hivernale et blanche comme la neige. — M. G. Partiot, consul de France à Milan et précédem- ment à Malaga, adresse une note sur la calture des vignes à Malaga (Voy. Bulletin). | —- M. E. Garnot envoie quatre Ganards Labrador, comme produit de son cheptel, et M. Riban deux Coqs et quatre Poules de race Crevecœur. | — D'aprèsles demandes, des graines ou plantes ont été adressées aux personnes dont les noms suivent : MM. | BÉLIZAL (vicomte de). — Graines en distribution. Gippas (frère). — Graines d'Eucalyptus et de Téosinté. Monrrceury (de). — Graines d'Ewcalyptus globulus, desti- nées à la Sardaigne. TurReL (docteur). — Graines du Japon et de Téosinté et pieds de Lippia Ægyptaca. GORRY-BOUTEAU. — Graines d'Eucalyptus globulus et autres. CourviLLE (H. de). — Graines de Casuarina equisetifoha pour les environs de Cherbourg. BoNNAIRE (baron). — (Graines diverses pour Nice. PROCÈS-VERBAUX. 637 RamBourG (C.). — Graines de Téosinté, Eucalyptus globu- lus, Casuarina equisehifolia. TROUETTE (E.). — Graines d'Euwcalyptus globulus pour lile de la Réunion. | VERNEJOUL (de). — Graines d’Eucalyptus et de Téosinté. Gomez, de Malaga. — Graines de Téosinté et de Casuarina equisetifolia. BrionvaL, de Lunéville. — Graines de Téosinté, d'Eucalyptus globulus et de Casuarina equisetifolia. — Des comptes rendus de leurs cheptels, qui seront pu- bliés ou analysés, 'sont adressés par MM. le vicomte de Bélizal, E. Barutel, docteur Maupied, E. de Rodellec, T. Poëy d'Avant, Varin, À. Genesley, marquis de Pruns, R. de Semallé, le baron P. Drouilhet de Sigalas, Duchastel, G. Partiot et Brionval. Les demandes de cheptels, de MM. Adolphe de Bonand, Aug. Bouchez, de la Brosse-Flavigny, comte R. de Beaupréau, prince P. Troubetzkoy, Chagot, Derré, E. Garnot, Gorry- Bouteau, Julien, docteur J.-J. Lafon, Liénard, Martel-Houzet, Piterd, Ponté, Riban, Edgar Roger, Rousse et E, Renard, sont renvoyées à la Commission des Cheptels. Il est déposé sur le bnreau : 1° Jasts of elevations principally in that portion of the United States west of the Mississippi River. Third edition. Washington, 1875. 2 Fifth annual Report of the Board of state charities of Massachusetts. January, 1869. 3° Forty-first annual Report of the Trustees of the Perkins institution and Massachusetts Asylum for the Blind. October, 1872. Boston, 1875. h° Commemorative notice 0f Louis Agassiz, by Theodore Lyman. 5 Ninth annual Report of the Board of State charities of Massachusetts. January, 1873. 6° Contributions to the fassil flora of the western terri- tories. Part. IL. The cretaceous flora, by Leo Lesquereux. Wash'ogton, 1874. 638 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ° Notice sur l'Eucalyptus globulus, par M. Leingre (extrait de la Revue maritime et coloniale). Offert par M. Ramel. 8° Second supplément To éhe select plants readily eligible for Victorian industrial culture, by Baron Ferc. von Mueller. Offert par l’auteur. 9° L’Eucalyptus, son introduction, sa culture, ses pro- priélés, usages, etc., par M. Raveret-Wattel. 2° édition. Goin, 1875. Offert par l’auteur. 10° Les dates et les usages horaires de la terre, par Modeste Anquetin. 11° Charles de l'Escluse, sa vie et ses œuvres, par Édouard Morren, 1875. Offert par l’auteur. 12° Organisation d'une expédition dans l'archipel Indien. Institut géographique de Paris, 1875. Gffert par M. J. Grisard. 15° Koloniaal Museum op het Paviljoen by. Haarlem, 1875. Offert par M. Van Eeden. * Divers journaux de la Réunion, renfermant des articles sur de Quinquina et sa culture. Envoi de M. le D° Vinson. 45° Le Bulletin de juin de la Société de Géographie, ren- fermant une note de M. Cosson, sur l’acchimatation de l'Eu- calyptus. | | 16 Victor Chatel. — Programme de la fête des Cultiva- teurs, célébrée à Bonnemaison (Villers-Bocage), le 3 octobre 1875. | — Îlest offert à la Société : De la part de M. Thozet, de dons (Queensland), diverses espèces de graines a Australie. Des remerciments sont votés aux donateurs Le Secrétaire du Conseil, MAURICE GIRARD. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Parasite laryngien des Faïsans. M. Moreau, des flerbiers (Vendée), écrit : » Je vous adresse aujourd’hui un petit flacon plein d’alcool, contenant des Vers que j'ai recueillis dans le larynx et la trachée-artère de jeunes Faisans ordinaires, morts par suile de la présence de ces parasites dans leurs organes. » Tous les ans, depuis que je m'occupe d'élevage, cet accident m'arrive. Les Faisans argentés et dorés n’en ont jamais été atteints : seuls, ies Faisans ordinaires subissent cet accident. » D'abord j'ignorais la cause de la mortalité de ces oiseaux, mortalité d'autant plus regretiable qu’elle survient chez des sujets déjà élevés et presque adultes. Sans ce malheureux contre-temps j’élèverais les faisans ordinaires aussi bien qu’on élève des poulets ; cetie année, mon élevage bien organisé el bien commencé me promettait de beaux résultats; j’entrevois un succès très-limité, quant aux Faisans ordinaires, dû à l'invasion de ce véritable fléau de parasites laryngiens dont je vous envoie des échantillons. » À la suite d’autopsies, j’ai pu reconnaître la cause des accidents que je subissais chaque année ; et celte année plus que les autres, sans doute à cause de l’excessive humidité des mois de juin et juillet, je me crois menacé d’une mortalité plus grande. Cependant j'ai vérifié, par l'expérience, que ni les asticots, ni le chènevis ne pouvaient être cause, dans l’alimentation, de l'invasion des vers de la trachée. Mes volières sont aussi bien installées et aussi saines que possible. D'ailleurs les Faisans dorés et argentés, élevés ensemble, avec la même nourriture, ne m'ont jamais présenté les mêmes exemples de maladie, ni ne l'ont contractée de leurs voisins malades, C’est au point de vue scientifique, et pour l’enseignement des éleveurs qui pourraient se trouver dans le même cas que moi et ne s’en seraient pas rendu compte, que je vous adresse des échantillons de vers recueillis sur des sujets que je viens de perdre. » J'ai essayé sur les sujets malade les vermifages mêlés à la pâtée ; pas de résultat ; j'ai tenté les insufflations dans le larynx de poudres insecticides ou lapplication sur l’épiglotte d’essence de térébenthine, même insuccès. Je fais respirer en ce moment aux malades la fumée du tabac, j'ignore ce que j'obtiendrai, mais je doute fort d’un succès. Mes malades mangent parfaite- ment, sont lourds et gras ; ils périssent asphyxiés par l’'empêchement méca- nique de l'introduction de l'air dans le poumon par suile de l’accamulation et de l’enchevêtrement des vers et de leur appendice caudal floconneux, dans le larynx, et la trachée, surtout à l’approche de la bifurcation de la trachét=irière. | » Je m'’estimerais content si la science peut parvenir, d’après ces docu- ments, à nous préserver, par des moyens faciles, d’un parasite si dangereux : + GAQ SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. et nuisant puissamment, suivant moi, à l'élevage en grand du faisan ordi- naire qu’il serail cependant si facile de reproduire en grande quantité. » Notre confrère M. de La Rue, auquel nous nous étions adressés pour obte- nir quelques renseignements au sujet des helminthes envoyés par M. Moreau s’est empressé de nous faire connaître qu’il avait publié dans la Chasse illustrée une note sur ces parasiles ; nous nous empressons de la repro- duire (1). | » Plusieurs de nos éleveurs de Faisans m'ont prié de visiter leurs élèves décimés par la maladie qui règne sur plusieurs points des environs de Paris sur un rayon de vingt lieues. » J’ai reconnu tout de suite la nature de la maladie que j'avais eu l’occasion d'étudier à Compiègne en 1857, lorsque j'étais chargé du service de la fai- sanderie. » Les faisandeaux ont dans la trachée-artère un ou plusieurs petits vers, qu’on nomme s{rongles. Get animal, que les savants nomment entozoaire, s'attache à la façon d’une sangsue dans le conduit qui porte l'air aux pou- mon. Ce conduit, à ja suite des piqûres de l’insecte, se gonfle, et l'oiseau ne pouvant plus respirer meurt asphyxié. La maladie se déclare chez les élèves âgés de trois semaines à deux mois, On reconnaît l'oiseau atteint à une espèce d’éternument assez fréquent ; il ouvre souvent le bec pour respirer. En vingt-qualre heures le faisandeau a succombé. » Le remède qui nous a été conseillé consiste à introduire le hout d’une plume très-petite dans le conduit où se trouve l’insecte, pour le Loucher avec de l’eau pure à laquelle on ajoute de lalcali volatil. Ce remède est peu facile à appliquer sur une grande échelle, cependant les oiseaux sur lesquels j’ai expérimenté ont été sauvés. » Rien de semblable n’a été observé sur les perdreaux d'élevage : » Je n'hésite pas à attribuer le mal aux causes suivantes ; » À l’habitude prise partout d'élever toujours à la même place, au lieu d’en changer tous les ans ; » À l'alimentation, qui n’est pas assez varice ; » À Ce qu'on n’a pas le soin d’acheter ou de se procurer, par voie d'échange, des oiseaux adulles, venant d’une contrée éloignée, pour renouveler le SANS ; » Enfin à la température humide. » (1) Voyez également l’article de M. Perrier (Bull, p. 586). — Le gérant : JULES GRISARD. PARIS, = IXMPRIMERIE D.E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LA VIGNE À MALAGA CULTURE, LES VINS, LES RAISINS SECS LETTRE ADRESSÉE À M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTE D'ACCLIMATATION Par M. G. PARTIOT Ancien consul de France, à Malaga Lors de mon séjour en Andalousie, de 1869 à 1873, j'ai recueilli sur les vins de Malaga, la culture des vignes qui les produisent et sur les raisins secs, quelques données que J'ai l'honneur de vous soumettre. Le sol et le climat du pays que j'habitais, ayant la dla orande analogie avec ceux de la côte d'Algérie qui lui fait face, peut-être jugerez-vous qu’il serait possible, facile même, d'enrichir notre grande colonie africaine de productions semblables aux vins fameux ct aux conserves que Je voyais préparer. Je serais heureux, en tout cas, si Je pouvais par l'intermédiaire du Bulletin de notre Société, instruire nos colons de quelque procédé nouveau pour eux; 1l leur sera, du reste, loujours aisé de combler les nombreuses lacunes de ce travail en s'adressant à Malaga mème où ils peuvent être certains de trouver le plus gracieux et le plus bienveillant accueil auprès de mon successeur M. de Cabarrus. | Les différents vins débités à Malaga sont, on peut le dire, tous fabriqués dans la ville même, ce sont : FL. Le VIN BLANC SEC. Le BLANC DOUX. Le LAGRIMA. Le PARAJETE. Les CONTREFACONS DE MADÈRE, de XERÈS et de PORTO et le MALAGA COLOR, vin couleur brou de noix. _ Tous ces vins sont d’une nuance ambrée plus ou moins sombre. Ces liquides proviennent du raisin Pedro Xünenes, mé. 8° SÉRIE, T. II. — Novembre 1875. 41 . D : 642 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. L langé quelquefois de certains chasselas indigènes comme le doradillo par exemple, qui fait de délicieux raisin de table à peau fine. II. Le MOscATEL (ambré). Provenant du raisin #noscatel, gros muscat avec lequel on prépare aussi les raisins secs ou passas de Malaga. IT. Le TINTILLO. Ce vin très-rare est plutôt une es spèce de liqueur fabri- quée avec un pelit raisin d’un noir bleuté donnant un jus trés-chargé en couleur et que l'on mélange en certaines proportions avec du vin de Pedro Ximenes. On se sert aussi quelquefois du féntillo pour les contrefacons ; je ne revien- drai pas sur ce liquide peu employé et assez difficile à trouver aujourd'hui. Le terrain des environs de Malaga où sont plantées les vignes est silico-calcaire, le sous-sol est schisteux, les roches de schiste percent la terre constamment sur les pentes qui supportent les cépages à vin et gênent souvent la culture; ces terres contiennent beaucoup d'oxyde de fer. Dans la plaine, le sous-sol est argileux ; c’est dans la plaine que se trouve surtout le #7oscatel; cette vigne, donnant, ainsi que je l'ai dit plus haut, les raisins à sécher, est d’un rapport beaucoup plus considérable que le Pedro Ximenes. Les vignes de celte derniére espèce, consacrées presque exclusivement à la fabrication du vin, sont cultivées sur les montagnes qui avoisinent Malaga. Ces raisins, prétend la iradition, seraient originaires des bords du Rhin d'où ils auraient été importés par le capitaine de navire Pedro Ximé- nès qui leur aurait donné son nom. Tous les cépages de Malaga, de quelque espèce qu'ils soient, sont plantés en secanos, C'est-à-dire en terrains non irri- cables ; ils ne sont jamais fumés. L'eau était réservée jadis aux cotonneries ; elle a été reportée aujourd'hui à la culture de la canne, qui exige deux fois plus d'arrosage que le coton. Cette dernière plante demandait sept irrigalions là où la canne en exige quatorze ; 1l en est résulté que la moitié des cotonneries à été changée en secanos et livrée au moscatel, LA VIGNE À MALAGA: æ 615 l'autre moitié, transformée en terres largement irrigables, a été cultivée en cannes, le plus riche produit de la Vega. Un caractère frappant des vignes de Malaga. c’est le peti nombre de leurs feuilles qui prennent du reste bientôt une couleur rousse ; vues d’un peu loin ces plantations ont l'air, de terrains absolumen aridest; c’est à peine si l’on peut dis- tinguer, de temps en temps, une teinte un peu verdâtre; les fruits sont au contraire abondants. J'ai remarqué cette dimi- nution du feuillage chez d’autres plantes grimpantes récem - ment importées à Malaga, et chez lesquelles la production des feuilles était en partie remplacée par un notable accroisse- ment dans la quantité des fleurs. Les soins donnés aux vignes sont assez élémentaires; en les énumérant j'indiquerai avec soin ce qu’ils coûtent, afin que nos colons puissent comparer ces prix avec ceux de la main-d'œuvre en Afrique et établir leurs calculs sur une base certaine. Les souches sont plantées à 7 pieds (environ 2",50) l’anc de l’autre, on ne les munit jamais de tuteurs. On les rajeunit tous les ans sur bois court à deux yeux; cette taille se pra- tique vers la fin d'octobre etie commencement de novembre. Nos agriculteurs algériens devront noter cette période parce que c'est alors qu'il leur sera possible de se procurer en abon- dance de bons cépages de Malaga ; les ouvriers (podadores) employés à la taille de la vigne (poda) se payent jusqu’au 15 décembre de 4 1/2 à 5 réaux par jour, soit de 4 fr. 42 c. à 1 fr. 25 ; plus tard ce prix augmente jusqu’à 7 réaux, soit 1 fr. 75. Vers le milieu de janvier 1l n’est plus de vigne qui ne soit latllée. | La terre est deux fois remuée soit à la pioche, soit à la charrue, là où 1l est possible de se servir de cet instrument ; le premier labour est donné immédiatement après la taille de la vigne, le second vers la fin d'avril ou le commencement de mars; comme Je l'ai dit, les souches, plantées en terrain sec, ne reçoivent jamais d'autre cau que celles des pluies assez peu abondantes à Malaga, et elles ne sont jamais fumées. Les terrassiers (covadores) reçoivent de 7 à 9 réaux (1 fr:075 à 6h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 2 fr. 25 par Jour sans nourriture, on ne leur donne que à à 5 réaux si on les nourrit. La terre est très: peu profondément défoncée ; si le cultivateur rencontre une touffe de palmier- nain, 1l la contourne et se contente de l’empêcher de s’ac- croître ; ces toufles très-difficiles à détruire, les rochers, enfin la pente quelquefois très-grande des terrains plantés, sont ce qui empêche surtout le travail de la charrue qui est plus faci- lement pratiqué dans les terres profondes de la plaine pro- duisant le raisin moscatel. Un bon laboureur avec deux mules laboure dans sa journée environ 1500 pieds de vigne. On le paye avec sa charrue et ses mules de 25 à 32 réaux par jour. Après la taille et ces deux opérations de labour on ne s’oc- cupe plus de la vigne que pour la vendanger, ce qui a lieu généralement vers la première quinzaine d'août. Les vendan- geurs se payent alors de 6 à 7 réaux (1 fr. 50 à 1 fr. 75), nourriture non comprise et de à à 4 réaux si on les nourrit, mais il y a tout intérêt à les nourrir sans quoi ils vivent de raisin et reviennent beaucoup plus chers à ceux qui les emploient. Les raisins sont mis dans des comportes et, si on les re- cueille près de la ville, ils sont transportés, sans délai, à dos d'âne ou de mulet à Malaga; dans le cas contraire, on les presse dans les fermes environnantes ; ils ne sont générale- ment pas foulés dans des cuves mais dans des espèces de chambres maçonnées, en pente, formées de murs de 30 à A0 centimètres de haut seulement et percés dans la partie la plus basse de trous qui, par des conduits versent le liquide dans des récipients également en maçonnerie; la couche de raisin pressée n’est donc pas trés-épaisse, En lous cas, l’on s'arrange toujours de manière a ce que le jus ou moût se dégage immédiatement du marc avec lequel on ne le laisse jamais fermenter. Ce moût (mosto), versé dans des petits ionnelets est porté sans retard à Malaga, ou dans les fau- bourgs dans lesquels se fabrique, ainsi que je l'ai dit ailleurs, tout le vin qui se débite dans celte ville. Le moût voyage par des chaleurs extrêmes (32 à A2 degrés centigr.) et fermente LA VIGNE A MALAGA. 645 en route ; les tonnelets qui le contiennent placés deux à deux sur des ânes restent en conséquence ouverts, et leur bonde est surmontée de deux entonnoirs en fer-blanc placés lan sur l’autre et soudés en sens inverse par leur plus grande ouver- ture, de façon à ce que le jus qui déborde nar suite de la fermentalion ne s'échappe pas. Les routes qui environnen Malaga sont à cette époque couvertes du matin au soir d’in- terminables chapelets d’ânes, d’une grande race blanchâtre, qui portent les barils et quirendent d'immenses services dans ce pays dont les routes sont détestables. Ces ânes, d’après les données qui m'ont élé fournies, reviendraient à environ 50 à 60 centimes par lieue espagnole de 7 kilomètres, arriero ou muletier compris. A Malaga, le moût est porté chez les fabricants de vins qui s’empressent de le mettre en œuvre. A cet effet ils le déposent dans de grandes cuves en bois, puis dans des tonneaux assez forts placés dans des chaix et dont la bonde est laissée ouverte ; ce jus est ainsi abandonné à lui-même pendant un mois et demi; il est alors mélangé de 5 pour 100 d'alcool, et versé dans de nouvelles barriques fermées cette fois mais oùi] achève de se dépouiller et de fermenter. Cette addition d’al- cool est, paraît-il, absolument indispensable à la conserva- tion des vins dont il s’agit; les esprits employés à Malaga viennent pour la plupart de Catalogne et de la province de Castellon dans le royaume de Valence. Au bout de trois mois, le vin est encore transvasé ; on s'assure s’il y à été mis assez d'alcool,et l’on en ajoute selon les besoins; 1l est ensuite suc- cessivement changé de fût de trois mois en trois mois, ou même d'année en année sila demande n’est pas pressante; et achève de se purifier. Le malaga sec reçoit plus d'alcool que le malaga doux ei le lagrima ; ce dernier liquide provient, disent les fabricants, des grappes les plus mures ou du jus qui s'échappe tout d’abord des raisins avant qu'on ne les foule ; mais ce qui contribue le plus à modifier l'arome des différents vins lagrima, paja- rete, faux madère, etc., c'est l'addition dans des proportions diverses de liquides connus sous les noms de v2n0 fierno et de vino Maestro, 646 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Pour préparer le w2n0 tierno on prend une certaine quan- tité de raisins secs de Pedro Ximenes, 100 kilogrammes par exemple, ce Pedro Ximenes à été séché au soleil absolument comme les raisins secs de 210scatel que l’on envoie à létran- cer ; ces 100 kilogrammes sont écrasés de manière à former une pâte qui, d’abord, ne donne pas une goutte de liquide; on y ajoute un peu plus du tiers en sus de ce poids d’eau que l’on mêle bien à la pâte de raisin sec ; ce mélange est ensuite placé dans des sacs et mis sous une forte presse; il produit une quantité de liquide égale au tiers environ du poids total ou à la moitié du poids du raisin. Quelques industriels dimi- nuent la proportion d'eau et n'en mettent que le quart du poids des raisins ; le liquide obtenu ne pèse alors que le tiers environ de la pâte sèche, mais il est naturellement plus con- centré ; on laisse reposer le viëno trerno, on l’additionne d’un soixantième en volume d’alcool et l’on conserve ce liquide jusqu’au moment de s’en servir. Le vino maeëstro,qui s'emploie comme le v2n0 tierno et qui chez bien des fabricants le remplace même tout à fait, est plus économique; on verse dans le moût qui commence à peine à fermenter 17 pour 100 d'alcool, ce mélange arrête court la fermentation, laisse le liquide siropeux et fortement parfumé. Le vino maestro pas plus que le viro tierno ne paraît jamais dans le commerce, chaque fabricant prépare le sien ; il est versé dans les vins provenant du Pedro Ximenes au bout d'un an environ, lorsque ceux-ci sont entièrement faits ; il sert à donner aux liquides de l’onctueux et du par- . fum, ce qu’on appelle à Malaga l’embocado; c’est donc un élément dé la plus haute importance dans les vins de Malaga ; on l’emploie également mélangé de plus ou moins d'alcool pour les imitations de madère, de xérès et de porto. | Le vin de Malaga color, vin couleur brou de noix qui est à peu près le seul malaga consommé en France, n’est autre chose que le malaga blanc sec ou doux,préparé comme je viens de l’indiquer et auquel on ajoute deux liquides appelés, lun j'arrope et l’autre le color; ces deux substances se préparent d’ailleurs elles-mêmes avec le malaga blanc. Pour faire larrope, on met, par exemple, 50 arobes (800 LA VIGNE À MALAGA, 647 litres) de malaga doux blanc dans une chaudière en cuivre, lon chauffe vivement avec du fagot pour que le vin entre promptement en ébullition, puis on apaise le feu en ne l'ali- mentant qu'avec des bûches. Ge liquide bout ainsi vingt-deux heures, on calcule, en outre, une heure et demie pour char- ger et décharger la chaudière. Il faut qu'après la cuisson le produit qui conslitue l'arrope soil réduit au liers du vin blanc mis dans la chaudière. L’arrope a la couleur et à peu près la saveur du bon raisiné de Bourgogne; 1l est cependant plus amer, il a presque le goût de brûlé, sa densité est celle d’un sirop un peu liquide; on ajoute 8 pour 100 de cette substance dans les vins blanes d’une année dont on veut faire du malaga brun; je serais assez porté à croire que le pa]a- rete en reçoit aussi un peu. Le malaga brun produit par ce mélange n'a cependant pas encore la teinte voulue; on la lui donne par le color ; cette dernière liqueur est préparée avec de l'arrope, dont on verse 80 litres dans une chaudière capable d’en contenir 240, le liquide en ébulhtion tendant à déborder ; on livre la chau- dière pendant environ quatre heures à un feu de fagots vif, en évilant avec soin que son contenu ne brüle; lorsqu'il est réduit des deux cinquièmes, on relire le feu et l’on ajoute brusquement avec un arrosoir, en ayant soin de remuer tou- jours le liquide, une demi-arobe (8 litres) d’eau chaude, puis 2h litres de moùüt nouvellement tiré; le volume de 80 litres se trouve donc rétabli. Ge color est beaucoup plus foncé que l’'arrope plus fluide, sa densité étant presque celle du vin doux, et franchement amer; àl laisse sur la cuiller d'argent une belle teinte caramel. On fait aussi du color en traitant, comme je viens de l'indiquer, de la mélasse de canne; mais celui qui est préparé avec l’arrope et le moût est de beau- coup supérieur ; on l’ajoute dans le vin déjà chargé d’arrope jusqu’à ce que le mélange ait pris la couleur connue en France au vin de Malaga; on laisse le produit ainsi obtenu reposer quelque temps et on le livre à la consommation. Tous les vins de Malaga décrits ci-dessus ne font que s’amé- liorer avec le temps ; il en est de près d’un siècle qui sont L4 648 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. réputés les meilleurs. La durée du moscatelest fort loin d’être aussi longue. Le moscatel se fait avec les muscats qui servent à la pré- paration des raisins secs; mais comme la vente des raisins secs de Malaga est beaucoup plus profitable que celle du vin, on nemploie à la fabrication de celui-ci que les grappes crevées par des pluies intempestives ou les fruits qui ne sont pas dans de bonnes conditions pour être séchés. Les vignes muscat sont cultivées dans la plaine, elles por- tent des raisins dont les grains, forts et charnus, sont recou- veris d’une peau épaisse très-favorable à la conservation de la pulpe. Le moscatel se prépare comme les vins blancs ou ambrés dont j'ai décrit la fabrication; au bout d’un an cette liqueur est à son apogée ; elle perd ensuite graduellement son parfum et, au bout de trois années, n’a plus rien de son arome particulier ; elle est, à mon avis du moins, bien inférieure à nos vins muscats du midi de la France, tels que le frontignan et les muscats du Roussillon. Comme je l'ai dit plus haut, les vins de Malaga du Pedro Ximenes sont d'autant plus estimés qu'ils sont plus vieux. Lorsqu'on ne possède pas en magasin un vin de l’âge de- mandé, on le fait en mélangeant deux tiquides d'âge diffé- rent, ainsi moitié de vin de trente ans et moitié de vin de six ans feraient du vin de dix-huit ans; trois quarts de vin de vingt-quatre ans etun quart de vin de huit ans donnentun vin de vingt ans, et ainsi de suite en établissant une moyenne; on prétend que les vins ne souffrent pas de ces mélanges, qui, en tous cas, sont couramment praliqués. On conserve dans de gros fûts les liquides dont je viens de parler, mais ils ne sont guère exportés qu'en petils barils de 16 ou de 32 litres (1 ou 2 arobes), et plus fréquemment encore en bouteilles ; celles-ci, souvent d’une forme particu- fière, viennent de France; elles sont nettoyées avec soin à trois eaux et séchées à l'air avant d’être remplies; on les bouche à la mécanique, puis des femmes préposées à ce soin les enveloppent de papier et les entourent de paille du bou- chon aux trois quarts à peu prés de la bouteille, le fond ayant LA VIGNE A MALAGA. | 619 par suite du mode d'emballage la force nécessaire pour résis- ter aux chocs. Les pays de consommation de ces vins différent suivant les qualités ; les vins blancs, les plus prisés à Malaga même, s’exportent, le blanc sec surtout, pour l'Amérique du Sud ; le vino color où vin brun se consomme en France et dans le nord de l’Europe ; presque aucun de ces liquides ne s’envoie dans l'Amérique du Nord et dans le bassin de la Méditerra- née, si ce n’est un peu dans litalie septentrionale où l’on ne connait, comme dans le nord de l'Europe, que le weno color. Avant de quitter le sujet qui nous occupe il sera peut-être à propos d'exposer en peu de lignes le mode de préparation, fort simple d’ailleurs, des raisins secs ou passas qui donnent aux cultivateurs de Malaga un profit bien plus considérable que la fabrication des liquides. Le mois de septembre et le commencement d'octobre sont à Malaga généralement très-secs et peut-être plus chauds encore que les mois d’été ; ils sont par suite très-favorables à la production de fruits secs. Les passas sont faites avec les muscats dont nous avons étudié la culture. Les grappes de ces vignes sont, cueillies avec grand som et exposées sur ce qu'on appelle à Malaga des Passeras. Ces passeras, situés sur le penchant des collines, sont de grands rectangles d’au moins 20 mètres de long sur une largeur généralement plus grande, mais variable suivant la position des terrains et le besoin des agriculteurs; elles sont orientées au midi, entourées d’une bordure en maçonnerie d'environ 20 ou 30 centimètres de haut et remplies de sable noir, ordinairement de très -pelits débris d’ardoises alin d'augmenter l'effet de la chaleur sur les raisins qu’on y dépose ; à tous les 8 mêtres à peu près ces rectangles sont divisés dans le sens de la largeur par des sen- tiers remontant en ligne droite et destinés à la creulation des hommes chargés de faire sécher les fruits. Lorsque l'on arrive à Malaga on est souvent assez intrigué par ces grandes con- structions au ras du sol dont, au premier abord, on ne s’ex- plique pas bien l'usage. 650 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Les raisins sont étendus sur ces séchoirs par des ouvriers qui prennent le nom de passeros et reçoivent pour leur tra- vail, nourriture non comprise, de À fr. 75 à 4 fr. par jour selon leur habileté, on ne leur donne que de 75 centimes à 8 francs si on les nourrit et il y a toujours intérêt à agir de cette façon pour les empêcher de manger les raisins qui ont déjà une grande valeur. Les grappes sont retournées avec des pinces à mesure qu'elles cuisent au soleil et l’on enlève avec des ciseaux les grains qui se gâtent ; lorsque le fruit est suf- fisamment sec, on le porte soit dans les magasins, soit dans les fermes, où des femmes habituées à ce travail lesmettent en caisse ; ces femmes sont payées 1 fr. par jour et doiventse pourvoir de leur nourriture ; surveillées de près elles ne peu- vent manger les fruits qui sont du reste fort malsains lors- qu'ils viennent d’être séchés. — Les hommes qui portent les boîtes et les empilent, qui font les gros ouvrages dans les ma- gasins reçoivent 2 francs et ne sont pas non plus nourris. Les grappes les plus belles sont placées sur des feuilles de papier qui séparent les couches. Ces caisses valent suivant les années et les qualités de 4 à 25 francs. Le commerce des raisins secs dits passas de sol constitue, après la culture de la canne à sucre, la plus grande richesse de Malaga; on prépare aussi à Malaga, mais surtout à Ali- cante où le soleil n’a pas assez de force pour qu’on puisse y faire de bonnes passas de sol, des passas de Lejia ou de les- sive; ces grappes sont mises au four après avoir été trem- pées dans une lessive d’huile et de cendre qui facilite leur dessiceation; elles sont d’une beile apparence ct d’une couleur plus blonde que les passas de sol, elles se produisent aussi à meilleur marché, la main-d'œuvre étant moins longue, mais elles sont moins narfumées etne se conservent pas aussi bien. On peut dire qu’elles sont une espèce de contrelaçon des passas de sol, dont la réputation est universelle. L'Amérique du Nord surtout consomme d'immenses quan- tités de raisinssecs de qualités supérieures; on empiie aussi dans des tonneaux ou dans des paniers de feuiiles de palmier des figues et des raisins secs destinés au nord de l’Europe. —— LA VIGNE À MALAGA. 69! Ces diverses industries des vins fins et des raisins secs pour- raient être tentées dans le nord de l'Afrique. Nos agriculteurs trouveraient sans peine à Malaga toutes les données qui leur seraient utiles, et alors même que les premiers essais offri- raient quelques difficultés, ces productions fournissent de si beaux rapports sous un climat en tout semblable à celui de l'Algérie, que nos colons devraient faire de sérieux efforts afin de se les approprier. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. LES CAUSES DE [A CHERTÉ DU POISSON Par M. RIMBAUD La produclion naturelle des deux règnes vivants fixés à la terre est devenue tellement rare, dans les contrées civilisées, qu’elle n'entre plus aujourd'hui que pour un très-faible ap- point dans la subsistance des populations de ces contrées. La production domestique, véritable nourricière des masses po- pulaires, est l’œuvre exclusive de la propriété et de l'initia- tive industrielle. Les champs n'offriraient partout que des surfaces incessamment ravagées, si le régime économique du sol, au lieu de reposer sur le principe de la propriété privée, était fondé sur le communisme. En effet, ce qui assure la succession et la multiplicité des récoltes de la terre, c’est l’in- térêt qu'ont les propriétaires terriens ou leurs fermiers à la cultiver et à l’ensemencer. Rien de semblable à ce mobile conservateur ne garantit le renouvellement des récoltes marines. Au contraire, la mer étant de sa nature propriété commune et indivisible, ses pro- duits sont exploités avec toute l’immodération que des exploi- tants irresponsables peuvent mettre à s'emparer d'une chose publique, essentiellement fagitive, et qui aujourd’hui ménagée par les uns, sera demain saccagée par les autres. Le poisson serait un des aliments les plus répandus dans la nature, si sa prodigieuse fécondité n’était tenue en échec par le régime fatalement communiste de l’industrie des pêches dans loute l’étendue httorale de l'Europe. Si la disparition des produits naturels du sol et, par exem- ple, si les atieintes à la multiplication du gibier, trouvent leur réparation et même une très-large compensation dans l'abondance des produits domestiques, iln’en est pas de même, tant s’en faut, pour les produits marins, pour aucune des CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 693 atteintes portées à la fertilité des mers, attendu qu'il n’est pas une seule espèce de la faune marine, la Moule exceptée, qui se prête à une complète domestication. (Voy. L'industrie des eaux salées. Uhallamel ainé, Paris.) Il suit de ces remarques, toutes d’une exactitude incontes- table, que les ressources alimentaires que nous demandons aux eaux sont plus suscepubles d’épuisement que celles que _ nous recevons du sol. C’est sur cet obiet d’un grand intérêt que nous entendons appeler lattention des économistes et du public. Pour le bien de l'humanité, nous voudrions pouvoir faire pénétrer dans tous les esprits échurés la conviction qui est en nous, touchant la nécessité de régler les récoltes de la mer avec un peu de cette prévoyance que le cultivateur de la terre apporte à prélever, sur sa moisson, la semence dont 1l aura besoin pour redonner la vie à son champ. S'il est indiscutable que les industrieux envahissements de l'homme sur le sol et son inclination à y mésuser de la chose commune amoindrissent, dans une mesure qui ne peut être calculée, la production sauvage de la terre, il n’est point douteux non plus que les mêmes causes amènent le même effet, non-seulement dans les eaux intérieures, partout accessibles aux instruments d'exploration, mais aussi dans les mers les plus vastes et les plus profondes: c’est en effet dans leur zone rive- raine et non dans l'étendue inabordable de leur profondeur, que la vie animale aquatique a tous ses foyers, accomplit toutes ses phases et demeure exposée aux altaques immodérées. À l'issue de l'enquête anglaise sur la pêche côtière, en 1865, on a soutenu que l'extrême vigueur de la génération, dans les eaux salées, ct l’immensité de leur développement ne per- meltaient pas de croire qu'il y ail là une vitalité périssable. Mais il a été fait Justice de cette erreur dans diverses publica- tions, notamment dans les Études sur les pêches maritimes, par M. Sabin Berthelot, et dans le rapport d'une enquête amé- ricaine imprimé à Boston, en 1870 (Report of the commus- sioneers of fisheries for the year ending). Selon les auteurs de ces documents, dans les plaines liquides, ainsi que sur la sur- face de la terre solide, lorsque l'action qui détruit agit en plus 694 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. grande proportion que l’action qui renouvelle, il survient né- cessairement une diminution de produits. Et cetle vérité est en effet démontrée par le dépeuplement à peu près général des grands cours d’eau qui sillonnent la France, comme par l'insuffisance toujours plus sensible de l’approvisionnement de ses marchés en poisson de mer. C’est établi d’une manière plus frappante encore par ce fait bien singuher, s’il ne sert notre raisonnement, que partout, sur le continent européen, le prix du poisson s’est d'autant plus élevé que la pêche a pris plus d'extension. De deux choses l’une, ou cette denrée ne provient pas de sources inépuisables ; ou bien, le contraire étant, elle devrait se récolter dans la mesure des efforts qui sont faits pour l’ob- tenir. Or, de commune qu'elle était 1l y a trente ou qua- rante ans, elle est devenue une denrée de luxe, et quoiqué durant cette période l’industrie des pêches ait décuplé ses armements, multiplié tous ses moyens d’action, la quantité des produits qu’elle livre à la consommation paraît plutôt di- minuer qu’augmenter en France, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, dans tous les pays qui exploitent la production comestible des eaux maritimes européennes. Évidemment, il y aurait lieu d’être étonné qu’un si grand déploiement d'activité eût fait monter le taux du poisson au lieu de le faire baisser, s'il était vrai que limmensité du domaine de la prodüction marine préservât l'aliment de Îa pêche de tout décroissement. On est tombé dans une grande erreur et dans un grave mé- compte en s’imaginant que la vie aquatique est moins facilement atteinte dans ses principes que la vie terreslre, et par consé- queni que la fructification de Ja mer n’a pas plus besoin d’être ménagée que celle de la terre. C’est le contraire qui est vrai, et, pour le prouver irrécusablement, il suffit de faire remar- quer que les fruits de l’eau, naguëre encore une des bases de la nourriture des classes laborieuses de la population de notre littoral, ne sont plus aujourd’hui, surtout dans le Midi, qu’une ressource luxueuse à l'usage exclusif des classes aisées. Mais, objecte-t-on, le développement du bien-être général, CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 65) la dépréciation de l'argent, ou, ce qui revient au même, Île renchérissement de toutes choses, l’extension et la rapidité des communications territoriales, sont les véritables, les seules causes de la cherté actuelle du poisson, des mollusques et des crustacés. Si ces aliments sont aujourd’hui hors de prix, ce n’est pas qu'ils soient devenus rares, c'est parce que les chemins de fer assurent aux produits de la pêche des débou- chés qu'ils n'avaient pas auparavant. L’argument pourrait être sérieux si l'exploitation de ces produits, jusque là mesurée sur un écoulement restreint, n’a- vait redoublé d’eforts, augmenté son matériel et son per- sonnel, élargi le champ de ses labeurs, donné plus d'énergie à ses engins, dans le but vainement poursuivi d’équilibrer le rendement et la consommation ; l'argument aurait, en effet, quelque valeur s'il pouvait être justifié de l'accroissement des résultats de la pèche dans une proportion en rapport avec l'accroissement de sa puissance industrielle. Nul ne saurait affirmer que cela est, et pour les personnes que leur âge et leurs occupations habituelles ont mises à même de rendre un témoignage véridique dans cette question, la continuité des armements à la petite pêche sur certains points de notre fron- tière maritime, tels que : Marseille, Toulon, Nice, et leur exa- gération sur d’autres points, comme sur la côte de la Manche, s'expliquent seulement par la cherté progressive d’une mar- enandise recherchée dont 1l suffit de réaliser de petites quan- tités pour couvrir les frais d’expédilion et assurer des béné- fices aux armateurs. Gelte opinion est malheureusement plus fondée que celle émise dans l'enquête britannique : il faut actuellement un groupe de musieurs bateaux pour capturer la même quantité de poisson qu’en prenait autrefois un bateau seul. Et pourtant l'industrie des eaux semble être en voie de prospérité plutôt que souffrante de ce déficit, parce que le pêcheur trouve encore la rémunération de son travail dans l'élévation du prix de la denrée qu'il exploite. Par exemple, quand on sait que la moyenne du produit journalier de l'eëssaugns, grande seine provençale manœuvrée par un équipage de quinze à dix“huit hommes, se réduit pré: 6356 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. sentement à 40 kilogrammes de poisson, il est permis d’a- vancer que ce genre de pêche a dù être autrement fructueux au temps où les espèces auxquelles il fait ordinairement la poursuite ne valatent jamais au delà de 30 centimes la livre. Ni le personnel, ni le matériel de l’esssauque n'auraient trouvé leur compte à ce mince résultat, et il est plus que probable que la remarque que nous faisons là s'applique aussi au chalut, à la pêche aux. bœufs et à toutes les autres pêches. Dans le passé, l'abondance du rendement a dû être pour toutes un suüimulant an moins égal à celui que leur offre de nos jours le haut prix de leurs maigres captures. S'il n’en était pas ainsi, si l'abondance du poisson s’était soutenue tandis que se produisait l'extrême cherté de cette marchandise, les pêcheurs seraient tous riches au lieu d’être sénéralement pauvres; car 1l est inadmissible que le produc- teur d’une denrée en hausse considérable ne s'enrichisse pas lorsqu'il livre à la consommation la même quantité de produits qu'il lui fournissait avant la hausse. Mais la possibilité de l’infertilisation des mers se déduit. surtout üe celle circonstance, que les causes auxquelles on attribue le renchérissement de la valeur des comestibles ma- rins n'ont pas exercé leur influence au même degré sur le prix des aliments provenant du sol, bien que la fécondité de ces derniers, d’ailleurs protégée et dirigée par la domestica- lon, soit moins expansive que celle de la moisson qui pousse inculte, sauvage, dans les océans. Comment s'expliquer, en effet, que tous les produits de la mer indistinctement aient ac- quis, en trente années, une plus-value triple ou quadruple de celle qui a frappé la viande de boucherie, les céréales, les den- rées comestibles de première nécessité? Si ce n’est la rareté succédant à l'abondance, quelle autre cause a pu faire que des substances sans plus de prix autrefois que le pain, coûtent, à présent, plus cher que le bœuf et le mouton? Jamais nous ne pourrons croire que le progrès de la cherté d'une marchandise corrupüble et par conséquent de consom- mation immédiate, soit uniquement l'effet de l'extension du bien-être et de la facilité des transports par les voies ferrées. CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 657 Les bestiaux, le grain et tant d’autres choses assurément moins communes que le poisson et plus que lui conservables, auraient dû renchérir bien autrement que celui-cr, s’il était exact de dire qu’un usage plus général du poisson en a seul fait une denrée de luxe. Quand de nouveaux débouchés, tout à coup ouverts à des objets de commerce puisés à une source intarissable, comme la viande de boucherie, le pain, le vin, ont déterminé la hausse dans le cours de ces objels momen- tanément en déficit, la concurrence multipliant le travail d’ex- ploitation a bientôt comblé le vide en poussant la production jusqu'au niveau des besoins de la consommation nouvelle. Quand une épizootie détruit en partie notable nos bestiaux nourriciers, ou lorsqu'une intempérie frappe de diminution une ou plusieurs des récoltes de la terre, si étendues que soient ces calamités, elles n’entrainent, au point de vue de l’alimentation, que des conséquences passagéres, plus atté- nuées qu'agoravées par l'existence des chemins de fer. Donc si les produits de la pêche, ainsi que ceux de la chasse, font défaut à la consommation, ce n’est pas parce qu'il en est plus transporté sur certains points que sur d’autres, mais parce que la source de ces produits, les plus répandus en germes dans la nature, se trouve actuellement bien au-dessous du niveau où elle devrait être toujours pour laisser déborder ses bienfaits dans toute la mesure des besoins de l'humanité. Vraiment cette source prétendue inépuisable, est aujourd’hui descendue bien bas, si elle n’est épuisée, et ni les voies fer- rées, ni l'accroissement de la population, ni l’aisance qui pé- nètre heureusement dans toutes les régions du sol français, ne sauraient le moindrement servir à rendre compte de la transformalion d’une denrée foisonnante en une denrée rare. La véritable raison de ce changement existe ailleurs; elle existe dans les pratiques beaucoup trop expéditives de l’indus- trie des pêches; elle est la conséquence d’une exploitation absolument sans souci des lois de la nature, d’une exploita- tion qui procède à la cueillette des fruits de l’eau avec une insouciance pareille à celle que révélerait l’action de faire la 3° SÉRIE, T. Il, — Novembre 1875 42 - 658 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. récolte des fruits de la terre en coupant au pied les arbres qui la portent. Que l'on consulte les hommes de la profession, qu’on les voie à l'œuvre, que l’on examine leurs instruments; ni les hommes, niles choses, ne manifestent la plus légère préoccu- pation de la nécessité, pourtant impérieuse, de préserver d’at- teintes trop profondes les principes de la fructification aqua- tique. Au contraire, la pensée, l’action, les résultats, tout fait pressentir la dissipation qui mêne à une fin ruineuse. Et c’est partout ainsi dans les eaux salées de l’Europe. Partout dans ces eaux, depuis plus d’un demi-siécle, c’est-à-dire depuis le retour de la paix en 1815, le pêcheur, préférant les instru- ments actifs aux instruments passifs, ceux qui font des récoltes prématurées, qui moissonnent et glanent toul à la fois, à ceux qui trient la moisson afin de n'en retenir que les fruits suf- fisamment développés, a fait graduellement décroître la fer- tilité de tous les fonds poissonneux par ses prélévements continuels sur les ressources futures de la multiplication des espèces. Partout, ce gaspillage des éléments multiplicateurs a restreint, sinon complétement arrêté la reproduction. C’est ainsi qu'a été ravi aux masses populaires le bon marché de la plupart des aliments communs, car la cherté du poisson c’est aussi la cherté de bien d’autres comestibles. Si la mer, au lieu d’être une propriété indivise entre les hommes pouvait, ainsi que le sol, être morcelée et adjugée par lots à des tenanciers ou des fermiers, 1l est probable que la multiplication et la succession des récoltes y seraient assu- rées par le même intérêt qui protége lensemencement de la terre. Nous verrions là ce que nous voyons 1ci, la prévoyance se substituer à l’insouciance, la pensée de conserver et d’ac- croître faire place à l'âpre désir de s'emparer le plus qu'il est possible du bién commun. Mais la mer n’est pas suscep- tible de morcellement, ni d’'amodiation. indivisible de sa nature entre les nations, elle ne peut non plus être partagée entre les particuliers, parce que les richesses alimentaires qu’elle recèle ne sont pas susceptibles d’être fixées et enfer- mées entre des barrières limitatives. De cette communauté CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 659 des mers entre les divers peuples maritimes découle très-mal- heureusement, pour l'ensemble des populations du monde, l'absence d’une administration générale des substances co- mestibles dont elles sont le foyer et le réceptacle. De là vient aussi l'indifférence de certains gouvernements à réglemen- ter la pêche dans leurs eaux côtières, car il est des États eu- ropéens qui n’astreignent leurs pêcheurs qu’à des règles de police; de là enfin le bon accueil généralement accordé à l’assertion anglaise affirmant, contre l'évidence, l’impérissa- bilité de la production marine. Cette erreur aidant, pour peu que se prolonge l'état de chose que nous signalons, les rivages seront devenus des champs de vaine pâture sur toute l'étendue des côles de l’Eu- rope. Déjà sur notre littoral méditerranéen, autrefois si fer- ile en poissons sédentaires, 1l n’y à presque plus trace de cette fécondité, si ce n’est dans les intervalles les moins battus d’une localité à une autre. De Port-Vendres à Nice, nos mar- chés manquent de poisson; il y arrive en quantité si minime, qu'il est vendu à des prix constamment inabordables pour les classes les plus nombreuses de la population. C’est à ce point qu'à Marseille, à Toulon, à Nice, la marée de choix vaut or- dinairement de 3 à 4 francs le kilogramme et que même le fretin des espèces chargées d’arêtes ne coûte pas moins de 80 centimes à 4 franc la livre. Si ce n’est trop cher pour les ménages aisés, les ménages pauvres n’en peuvent user que pour leurs malades et leurs convalescents. Pour être moins apparent et moins sensible, à certains égards, le dépeuplement relatif des eaux océaniques n’est pas moins réel. De Bordeaux à Dunkerque, le poisson, le homard, l'huitre, encore à la portée de toutes les bourses il n’y a guère plus de vingt ans, sont aujourd'hui vendus à des prix assez élevés pour que lon en puisse inférer que les masses ne par- ticipent plus à l’usage de ces précieux aliments. Si ce n’est là une preuve quelque peu manifeste de l’appauvrissement des fonds exploités par les pêcheurs français de ce côté de nos frontières maritimes, en voici une autre qui sera peut-être plus concluante. Nous la puisons dans notre statistique des pêches de l’année 1874, 660 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. En 1870 nos marins, appelés à la défense de leur pays, fu- rent en grand nombre détournés de la pêche. En 1871, au contraire, pour la plupart renvoyés dans leurs foyers, ils ar- mérent un nombre de bateaux dépassant de plus du tiers les armements de l’année précédente. Or, par la comparaison des résultats généraux de la pêche entre l’année 1870 et l’année 1871, la statistique ne fait ressortir qu’une différence insigni- fiante au profit de la dernière de ces campagnes. En 1870, le produit total de la pêche avait été de la somme de 59 897 290 fr. 53 cent. En 18714, il fut de la somme de 68 892 100 fr. 42 cent. Par conséquent, l'emploi d’un tiers en plus de personnel et matériel et une augmentation de travail dans la même propor- tion, n’ont pas élevé de plus de 9 millions environ la somme d'argent que la pêche avait rapportée, en 1870, dans des con- ditions d’une infériorité très-marquée. Si nous comptons bien, ce n’est pas 9 nullions, mais 20 mil- lions, que ce surcroît d'activité aurait dû ajouter au rende- ment de l’industrie, dans la supposition que la mer livrerait réellement ses produits avec une libéralité toujours propor- tionnée à l’activité qu'y déploie le pêcheur. Il y a donc lieu de reconnaître que l'approvisionnement des halles ne dépend pas précisément du nombre des bateaux envoyés à la HS du poisson Ge n’est pas tout. Dé l'évaluation en numéraire des sub- sistances provenant de la pêche en 1871, la statistique com- prend, pour la valeur de 25 millions, des produits étrangers à la pêche côtière, les morues et les harengs pêchés à Terre- Neuve ou dans divers parages de la mer du Nord. C’est autant à retrancher de la somme totale; par conséquent la quantité de nourriture due à l'exploitation de nos eaux httorales, pen- dant l’année, n’est représentée que par la somme relative- ment très-minime de 4h millions de francs. C’est pour l’année et par habitant un peu plus de 1 fr. 50 cent. de poisson de mer. En vérité quand la pêche riveraine ne contribue que pour une si faible part à l'alimentation publique dans un pays doté de 620 lieues de côtes, sans compter le pourtour de ses îles, ni l’étendue de ses étangs et de ses canaux, c’est que les eaux territoriales de ce pays ont perdu leur fécondité et c’est que à nl s D mn CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 661 l'opinion mettant en doute la possibilité de Paffaiblissement de la vitalité de la faune océanique repose sur une erreur, sinon sur une imposture. (Voy. L'industrie des eaux salées, pages 64 à 128.) Il Assurément la mer n’est point, si vaste qu’elle est, pour contenir si peu qu'il en vient, et comme il dépend de l’indus- trie humaine que les moissons marines, ainsi que les récoltes terrestres, soient ou ne soient pas abondantes, lorsque le poisson est devenu si rare qu’il coûte deux ou trois fois plus cher que la viande de boucherie, cette disette d’une denrée faite pour foisonner ne peut être imputée qu'à une mauvaise administration de la source qui la produit. | Il faut remonter un peu loin dans notre législation des pê- ches pour rencontrer les premières atteintes du mal que nous sionalons et découvrir la cause d’où il est né. Il y a, en effet, au-delà de deux cents ans que la loi, d'accord avec le senti- ment public, mais sans oser être la loi, attribue à l’action des filets traînants le dépeuplement de nos eaux côtières et de nos eaux fluviales. Pendant cette longue période, la cause du dommage à été tantôt affirmée avec véhémence, tantôt niée avec non moins d'énergie. Parfois, ainsi qu'à présent, on a été Jusqu à émettre des doutes sur lexistence du dom- mage même et, ainsi protégés par les incertitudes de Popi- nion, les filets trainants ont continué leur œuvre destructive de l’une des grandes sources nourricières de la population française. Car, on ne doit pas se Le dissimuler, la France assise sur deux mers poissonneuses, traversée par cinq grands fleu- ves, pourvue d’étangs et de canaux de grande tommunication, arrosée dans tous les sens par plus de cent rivières de second ordre et par cinq mille cours d’eau plus petits, possède l’em- ménagement hydrographique le plus favorable que l’on puisse imaginer pour se procurer un inépuisable approvisionne- ment de poisson, pour en avoir plus que de la viande de bou- cherie, el au moins autant que de blé, On a beau le nier, dans un intérêt quelconque, c’est posili- 662 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. vement le caractère de la pêche au moyen d'instruments dra- gueurs de s'opposer à l'expansion de la richesse ichthyologi- que, d’agir à l’aveugle et de faire échec à la propagation des espèces, en les fauchant, pour ainsi dire, sans séparer les gé- nérations adultes de celles qui sont à peine nées, les produits dévoloppés de ceux qui ne le sont pas. Si le poisson manque à peu près partout, s’il n’en reste nulle part assez pour tout le monde, pour les pauvres comme pour les riches, c’est que l’on en a abusé, non par une consommation excessive, mais par l’insouciante habitude d’attentats contre ses éléments de multiplication. Cela ressort de la fréquence des inhibitions dont la pêche à la traîne avait été l’objet depuis le milieu du xvr' siècle jusqu’à nos jours, et de la persistance du pêcheur à résister à l'interdiction des méthodes ravageuses ainsi qu'aux restrictions de la liberté de pêcher pendant la saison du frai. Cela ressort encore de ce fait que, après 1815, alors que ve- naient de cesser vingt-cinq ans de conflagration européenne, le poisson fut tellement commun que nulle autre denrée co- mestible n’était à plus bas prix que celle-là. D’où avait pu sortir cette abondance, sinon du répit que le pêcheur avait été forcé d’acorder au travail de la nature dans les eaux pen- dant que la guerre maritime le tenait éloigné de son indus- trie? Pourquoi l'obstination du législateur à interdire les pro- cédés de capture préférés par le pêcheur, s’il n'avait été reconnu que les pratiques trop expéditives de la moisson ne permettent pas, dans une mesure suffisante, le renouvelle- ment des produits ? Disons ce que c'est que la pêche à la traîne. Pêcher à la traîne, c’est remorquer sur la surface sous-marine, par ses deux extrémités à la fois, un filet approprié à la balayer dans une largeur proportionnelle à l’ouverture de la courbe que l'engin décrit pendant le mouvement. Le remorquage s’effec- tue à bras, au moulinet ou à la voile. Il a lieu à bras ou au moulinet aux abords des grèves, sur les bas-fonds des plages ; il se fait à la voile du large sur le rivage ou parallèlement à la côte, à des profondeurs qui varient entre quatre et soixante brasses, selon la dimension du filet et la force du bateau ou du CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 663 couple de bateaux employés à le traîner. Le filet a la forme d'une drague ou grand sac dont orifice est chargé de fer ou de plomb à sa partie inférieure, ou bien il est disposé comme une seine dont la*poche et les ailes ont plus ou moins d'é- tendue selon le genre de pêche auquel il est destiné. Quelle que soit d’ailleurs la forme de l’appareil trainant, qu'il soit faible ou fort, mis en action d’une manière ou d’une autre, qu’on le nomme seine ou chalut, dans l’Océan, eissaugue, guanoui, lartanon ou bregin, dans la Méditerrannée, son rôle est de fonctionner à la façon d'une herse, tantôt sur les prai- ries marines, tantôt sur les fonds vaseux ou sableux ; son but est d’envelopper les agglomérations de poissons dans le par- cours du hâlage, et d’en retenir les différentes espèces à tous leurs degrés de croissance. C'est ce résultat que, depuis des siècles, la voix publique accuse de transformer l'abondance en pénurie. Dans la Méditerranée au moins, les apparences donnent cer- tainement raison à celte clameur. De Nice à Port-Vendres, il est mis en œuvre un si grand nombre de filets traînante, les uns petits, d'autres moyens, la plupart d’une vaste dimension, comme l’eissaugue et le bregin des tarlanes ou bateaux- bœufs, que tous les fonds côtiers offrant une surface uniforme sont Journellement explorés dans tout leur périmètre, bien que sur certains points, ainsi que dans le golfe de Fos, il s’é- tende jusqu'à dix à douze lieues vers le large. A cette àpre et incessante battue des espèces locales, il n’échappe que le poisson réfugié dans les parties rocheuses du lit de la mer sur laquelle la traîne s’abstient de passer pour éviter les dé- chirures. Les espaces ainsi dépeuplés quotidiennement des mères et des petits finissent, cela tombe sous les sens, par perdre leur fertilité propre et par ne plus avoir passagérement que la rare population qui leur vient des espaces protégés par la nature du fond contre l’action stérilisante du draguage. Si ce n’est à ces pratiques ravageuses, à l'emploi général et sans entraves d'engins de traine dans toute la zone produc- tive de nos côtes méditerranéennes, à quoi attribuer ia cherté toujours progressive du poisson ct des crustacés sur les côtes 66/4 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de la Provence, du Languedoc et du Roussillon ? Lorsque lon n'ignore pas que plusieurs centaines de baleaux-bœufs dra- guent sous voile, toute l’année, entre le cap Couronne et l’ex- trêmité ouest du golfe de Lion, on n'est pagsans appréhender qu’il y ait là un travail immodéré, excessif, capable de nuire à l'alimentation publique en faisant baisser du maximum au minimum la source des subsistances que lui fournit la mer. La pêche à la traîne semble être partout une mauvaise tra- diion ; partout où elle s'attaque aux espèces locales, même dans l'Océan, il n’en peut sortir que des effets dévastateurs. Mais elle est surtout un mal dans la Méditerranée, cette mer fermée, depuis longtemps battue par des populations denses, et qui n’a qu'une faible communication avec les immenses ré- servoirs poissonneux de l’Atlantique.Effectivement, peu visitée par les grands troupeaux migrateurs qui parcourent périodi- quement les côtes océaniques, la Méditerranée n'est guère peuplée que d’espèces autochtones toutes littorales, c’est-à- dire d’espèces qui naissent et qui vivent dans les eaux des ri- vages. Presque toutes sont foisonnantes et toutes multiplient sur le talus des côtes, très-près de terre, au printemps ou à l'automne. De sorte que la région riveraine du bassin médi- terranéen est tour à'tour ensemencée ou alevinée. C’est à cette situation qui devrait être respectée au moins en partie, que les filets trainants portent des coups trop soutenus pour qu’elle n’en soit pas profondément troublée, sinon ruinée. On a pourtant prétendu que la traîne est un mal nécessaire, parce qu’elle est l'unique moyen de s'emparer de certaines espèces qui seraient perdues pour la consommation si l’on ne pêchait pas avec des filets dragueurs. C’est vrai peut-être, jusqu’à un certain point, pour l'Océan, la Manche et la mer : du Nord qui abondent en poissons migrateurs, en espèces fo- raines, et où nos pêcheurs exercent leur industrie en concur- rence avec des pêcheurs étrangers qui font usage du chalut; mais c’est inexact et c’est une puérilité pour la Méditerranée, attendu que les espêces auxquelles on fait allusion n’y affluent jamais de manière à fournir un aliment à la pêche quoui- dienne, Dans des eaux à peu près totalement peuplées de fa- - CAUSES DE LA CIHERTÉ DU POISSON. 655 milles sédentaires qui leur sont propres, les appareils trai- nants ne peuvent avoir un autre objet que la capture des agolomérations de poissons originaires de ces eaux. En somme, la traine est un procédé de récolte qui fait subir à la moisson de regrettables déchets; c’est la traîne qui transforme, dans toutes les eaux, la profusion en disette, par la persistance et la continuité d’un travail excessif qui use les ressorts de la reproduction; c’est la traîne qui a réduit le ren- dement de notre pêche côtière à 1 fr. 50 c. de poisson par habitant et par année; c'est la traine immodérée qui est la cause de l'extrême cherté du poisson sur tous les marchés de. l’Europe; enfin, c’est la traîne qui fait que la France possède presque inutilement pour la subsistance de sa population un vaste et admirable système hydrographique. Indubitablement on est là en face d’un mal réel, indiscutable, résultant d’une tradition des temps barbares et qui appelle, sinon la proscrip- tion absolue des filets traînants, au moins le rejet de la pêche à la traîne au delà de la zone où elle est nuisible au réem- poissonnement. C'est urgent sur toutes nos côles, mais c’est urgent plus qu'ailleurs sur nos rivages méditerranéens. À la vérité, lorsque, à des engins capturant en masse le gros, le moyen et le menu poisson, on aura substitué des en- gins triant les récoltes et n’en retenant que les produits par- venus à un degré de développement déterminé, il surviendra inévitablement, dès les premières années de ce changement, une diminution de la quantité de poisson pêchée. L’approvi- sionnement des halles, nous ne le dissimulons pas, deviendra encore plus insuffisant qu'il n’est aujourd’hui et, par suite, la marchandise aquatique continuera à renchérir. Mais que la marine ne s’en émeuve pas, le consomimateur se ressentira seul de cette recrudescence de disette, parce que le pêcheur trouvera, dans la nouvelle augmentation du prix du poisson, le légitime dédommagement qui lui sera dù pour avoir été dépossédé de ses instraments trop actifs. Une fois l'habitude prise de ne faire usage dans la région productive que de filets fixes ou flottants, de palangres ou cordes, de pratiques enfin offrant le triple avantage de ne pas 666 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. bouleverser les emménagements naturels du fond de la mer, de ne pas contrarier les premières phases de la multiplication du poisson, et d’épargner, dans la proportion nécessaire, les éléments multiphicateurs, cette habitude raméènera bientôt sur nos marchés l'abondance d'autrefois, non en monceaux de fretin, mais en beaux étalages de poissons développés, re- présentant plus de nourriture par le poids que par le nombre, Telles seront les conséquences d’une raisonnable restriction de la pêche à la traîne : un peu de gêne dans les commence- ments, puis un bien sensible et durable, c’est-à-dire la profu- sion de l’un des aliments les plus sains, et avec elle Le retour du bon marché des autres comestibles communs, dont le prix s'est élevé par suite de la rareté du poisson. Voilà notre avis sur une question économique qui, à n'en pas douter, aurait depuis longtemps reçu une solution con- forme à l'intérêt général, si elle n’était primée par des intérêts particuliers dans les préoccupations d’un département minis- tériel dont la mission, il faut bien le dire, n’est pas d'assurer l'alimentation publique. Il n’est point douteux que l'extension donnée à la pêche à la traîne, par le décret du 10 mai 1862, est la conséquence de la sollicitude légitime, mais peut-être trop expansive, qu’excite au département de la marine la pé- nible et périlleuse profession de pêcheur. Îl est certain que si la pêche a cessé de contribuer pour une large part à la sub- sistance des masses populaires, c’est parce que les résultats de cette indusirie souffrent de l'excès de bienveillance accordé aux hommes qui la pratiquent. | Quand nous disons les résultats de l’industrie, nous enten- dons parler de son rendement en substances alimentaires et non de sa situation au matériel, ni de ses revenus en numé- raire. Malheureusement, c’est par ce côlé-ci que l’on en juge d'ordinaire. On dit : la pèche est prospère puisqu'elle accroît sans cesse le nombre de ses armements et que son rapport en millions de francs augmente toujours. Ce langage est celui de l'illusion, celui des personnes qui, ne considérant qu’au point de vue maritime ce déploiement d'activité industrielle, ne CAUSES DE LA CHERTÉ DU POISSON. 667 voient pas que la pêche ne joue plus qu’un rôle très-effacé dans le système économique, depuis que, moins considérables sous le rapport de la quantité, ses produits ont acquis plus de valeur vénale. Ce qui est vrai et devient évident pour peu que l’on aille au fond de la question, c’est que la pêche ne se soutiendrait plus si ce n’était que le pêcheur trouve encore son compte à recevoir d'une petite quantité de poisson le même prix qu'il en avait jadis pour une pleine batelée. ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE FAITES A SAINTES (CHARENTE-INFÉRIEURE ), EN 1875 Lettre adressée à M, Maurice Girard, secrétaire du Conseil de la Société d'acelimatation Par le B' E. MONGRAND. Saintes, 1° octobre 1875. Monsieur, J'ai l'honneur de vous adresser, suivant le désir que vous m'en avez exprimé, une note sur mes éducations de 1875. En 1874, j'avais récolté environ 50 grammes d'œufs de Yama-mai. La plupart, au bout d’un mois, devinrent secs et déprimés. Au mois de mars j'ai eu la patience de trier ceux qui avaient conservé la forme globuleuse et qui pouvaient être présumés bons; il y en avait 13 grammes 1/2. Je me suis proposé, cette année, de ne donner à mes Vers aucun soin particulier et de les élever comme on pourrait le faire dans une éducation industrielle en grand et en cap- tivité. Je me suis donc borné à leur donner de temps en temps des branches fraîches et à changer l’eau des jarres deux ou trois fois. | Le 12 avril, les chênes de la campagne étaient déjà verts et cependant pas un Ver n’était éclos. J'ai alors sorti une tren- laine de bons œufs du chai à bois où ils avaient passé l’hiver à une température de 10 à 12 decrés centigrades. . Je les ai transportés dans une orangerie et fixés à une feuille d’un petit chêne en pot ; là, à une température variant de 10 à 25 degrés, les Vers n’ont commencé à paraître qu’au bout de sept jours et deux jours seulement avant ceux du chai où le thermomètre n'avait pas dépassé 13 degrés. Ainsi, en 4875, maloré une saison exceptionnelle, les vers n'ont paru que le 21 avril, à une époque ou tous les chênes blancs avaient leurs feuilles bien développées. En 1874, l’é- closion avait commencé le 9 avril, et en 1873, le 2. Il y a donc . pe em < ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE. 669 déjà un retard de dix-neuf jours qui se maintiendra, je l’es- père, el délivrera de la crainte de voir naître les Vers à une époque où l’on n'aurait pas de feuilles à leur donner. Au moment de l'éclosion J'ai placé mes œufs dans une dizaine de petites cases en papier gris, fixées par une épingle aux feuilles d’un petit chêne en pot. En peu de jours les feuilles furent couvertes de jeunes vers et j'estime qu'il y en avait au moins un millier. Pendant les trois ou quatre premiers jours aucun ne tomba et les feuilles disparaissaient rapidement, mais bientôt les chutes devinrent fréquentes, et, cornme les années précédentes, les pertes ont été considérables. Serait- ce parce que J'ai négligé de pulvériser de l’eau sur mes Vers plusieurs fois par Jour ? Jusqu'ici je n’ai quelquefois pulvérisé de l’eau sur les branches que dans le but d’entretenir plus longtemps la fraicheur des feuilles. L’année prochaine je fe- rai une expérience comparative et Je verrai si celte pratique de l’arrosement est réellement avantageuse. Le 16 mai j'ai compté mes Vers, il n’en restait 371. J'en ai alors donné 100 à deux amis qui en ont obtenu 60 cocons. Les 271 que j'ai conservés n’ont rien présenté de particu- lier pendant l'éducation. Le 27 juin il y avait 7 cocons de formés ; le 9 juillet tous les vers avaient filé. d. En fin de compte J'ai récolté 141 cocons qui joints à ceux obtenus par mes amis donnent le chiffre de 201. Les vers éclos, élevés sans soin, m'ont donc donné 20 pour 109 de co- cons. | Gette année, J'ai, à l'aide d’un filet, séparé dans mon gre- nier un vaste espace d'environ 30 mêtres cubes, pourvu de ‘ deux fenêtres à l’est qui sont restées constamment ouvertes et garnies d’un canevas. C’est là que j'ai mis mes cocons en- core attachés aux feuilles sèches. Poussés par une haute tem- pérature qui durait depuis longtemps, les papillons ont com- mencé à sortir quarante-cinq jours aprés la formation des premiers cocons. | Les mâles ont paru en abondance pendant les premiers jours et j'en avais déjà 35 lorsque la première femelle est sortie, À la fin j'ai eu 18 femelles qui, faute de mâles, m'ont 670 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. pu s’accoupler. J'ai eu, en tout, 87 mâles et seulement 31 fe- melles. Cette pénurie de femelles m'a forcé à ne mettre, cette année, que deux couples en hberté sur les chênes de la campagne. J'ai constaté la justesse de l'observation de M. de Sauley qui avait remarqué que les papillons aimaïent l'air et la lu- mière. Presque tous, pendant la journée, se tenaient accro- chés aux canevas qui garmissaient les fenêtres et sur lesquels bon nombre d'œufs étaient déposés; le reste a toujours été pondu au voisinage des fenêlres dans des endroits aérés et éclairés. Sur les mêmes canevas j'ai vu, plusieurs fois, dans la matinée, des papillons rester accouplés pendant des heures entières. En somme, mon éducation ne m’a point donné de satisfac- tion, la grande disproportion dans les sexes des papillons m'a occasionné une perte considérable dans mon grainage. Je n’ai récollé que 59 grammes d'œufs parmi lesquels il y en a eu 16 de secs et déprimés; il ne me reste donc que 19 grammes d'œufs présumés bons. Le point le plus intéressant est le retard qui se produit chaque année dans l'éclosion, et qui permet d'espérer que l'espèce est désormais assez acclimatée pour que l’on n'ait plus à craindre de voir naître les Vers à une époque ou les chênes sont encore dépourvus de feuilles. Dans mon éducation de Vers à soie du mürier, je me suis proposé, celte année, de tenter de me débarrasser définitive- ment de la pébrine. S'il est vrai, en effet, comme l'affirme M. Pasteur, que le corpuscule de la pébrine n’est point un élément normal, qu'il est un organisme d’une nature partieu- lière, qui ne se trouve chez les Vers, dans les chrysalides et dans les papillons que s’il a été introduit dans le corps de l'insecte, soit par la nourriture, soit par piqüre, on peut rai- sonnablement espérer qu’en élevant une graine absolument pure de pébrine et en se mettant dans des conditions d’isole- ment convenables, pour éviter toute contamination pendant la vie de l'insecte, on obtiendra un grainage dans dx on ne retrouvera plus de corpuscules. sé. cle sp em ah us mon de nl 2 ue a diiest ss Ghi:henflfoné-dhter dé à ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE. 671 Il m'a été possible de remplir ces conditions. La graine que j'ai élevée a été examinée cellule par cellule à quinze et vingt champs. Pour éviter que des Vers errants, nés de quelques pontes provenant de cocons perdus, soient venus se mêler à ceux de l'éducation, j'ai conservé deux cellules dans la ma- gnanerie. Les Vers sont nés à l'air libre le 3 mai, le 13 ils étaient tous morts de faim, et ce n’est que cinq Jours après que J'ai transporté mes Vers dans la magnanerie. J'ai done pu, par cette précaution, éviler la chance infiniment petite d’être contaminé par des Vers errants, qui du rêste n’auraient pu provenir que d’une graine qui, avant l’exumen, offrait moins de 1 pour 100 de pontes corpusculeuses. D'un autre côté, je n’ai pu être infecté par des corpuscules transportés par le vent, puisque je suis le seul éducateur de ce pays. Malgré cela, j'ai encore relrouvé des corpuscules lors de l'examen des cellules. J'avais élevé 6 pontes de Sina qui m'ont donné 563 cellules: à l’examen de la 78° j'ai trouvé environ 40 corpuscules par champ ; j'ai poussé l'examen jusqu’à la dernière sans en ren- contrer d’autres. Mon éducation de 36 grammes de Milanais m'a donné 46 060 et quelques cellules. Je suis rendu aujourd’hui à l’examen de la 2806°; la 631°, la 1741°, la 1753° et la 1976° m'ont pré- senté des corpuscules, les 3 premières à 4 ou 5, la 4° à 30 ou h0 par champ. | Il est donc certain que dans une éducation faite dans des conditions exceptionnelles et avec les précautions les plus mi- nulieuses, j'ai encore retrouvé une ponte corpusculeuse sur environ 700, ou pour parler plus exactement un papillon cor- pusculeux sur 4400, car 1l n’est pas supposable qu'avec une proportion si minime de corpuscules les deux papillons fussent à la fois corpusculeux. D'où provenaient les corpuseules ? D'une erreur dans l’exa- men de la graine? Mais si une ponte sur six avait échappé, ma graine de Sina eût été détestable et à l'examen des cellules j'en aurais trouvé une énorme proportion de corpusculeuses, 672 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Un Ver aurait-il été contaminé par les Milanais? mais d’abord la petite éducation de Sina a été faite en avance de quinze jours et dans un local séparé; ensuite les Milanais n’ont présenté qu'une proportion infiniment petite de malades, 1 papillon sur 1400. La contagion serait-elle venue de l'extérieur ? Pas davantage,puisqu’il n’y a pas eu d'éducation dans le voisinage. Il faut donc chercher une autre explication, et voier celle que je propose. Le corpuscule n’est point un élément normal que l’on trouve dans les Vers à sôîe sains, mais il ne s'ensuit pas qu’acciden- tellement on ne puisse l'y rencontrer. Le docteur Chaudony, de Mézel (Basses-Alpes), qui $’oc- cupe, depuis plusieurs années, de grainage par le procédé Pasteur et qui par suite est très-familiarisé avec les observa- tions micrographiques, a examiné au microscope plusieurs centaines de papillons sauvages, tant diurnes que nocturnes. Ses observations ont été consignées dans les numéros du 6 décembre 1874 et 19 septembre 1875 du Progrès séricicole de Valréas. On y voit qu’il a un grand nombre de fois ren- contré des corpuscules dans divers Lépidoptères ; ces corpus- cules étaient toujours en très-petite quantité, et le plus sou- vent il lui a fallu parcourir 12 ou 15 champs pour en trouver h ou 5. J'ai constaté moi-même ces jours derniers, dans une chenille de sphynx, la présence certaine, irrécusable, de sept corpuscules de pébrine dans une quinzaine de champs. On doit donc penser que le corpuscule de la pébrine se rencontre accidentellement dans les papillons sauvages et que ceux des Vers à soie, qui se trouvent dans des conditions hy- giéniques bien moins favorables, ne peuvent en être exempts. Le corpuscule de la pébrine peut donc se montrer dans deux conditions différentes : tantôt existant sans être produit par la contagion, ce sera le corpuscule accidentel, inhérent à la classe des Lépidoptères, qui a existé de tout temps, qui ne se rencontre que très-exceptionnellement et toujours en très- petile quantité dans le papillon ; tantôt produit par l’hérédité et la contagion; causé par l'accumulation de conditions hy- giéniques défavorables, encombrement, mauvais soins, nour- ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE. 673 riture défectueuse, etc.; se développant avec une rapidité et une intensité incroyable ; devenant éminemment contagieux et transmissible par hérédité; occasionnant enfin les désastres que l’on à observés depuis vingt ans. Avec une graine saine, en prenant les précautions néces- saires pendant l’éducation, on peut arriver à n’avoir plus que le corpuscule accidentel des lépidoptères ; mais on n’arrivera pas à le faire aisparaîlre complétement, et le microscope sera toujours indispensable entre les mains de ceux qui s’occupent de produire de la graine, afin de réduire à zéro la transmis- sion par hérédité. Mon éducation de cette année montre que si Je ne suis poinl arrivé à une perfection qu’il n’est point possible d'atteindre, c'est-à-dire à n'avoir plus de corpuscules, je m’en suis cepen- dant approché de très-près, car, quelle importance peut avoir dans une éducation industrielle la présence d’une ponte cor- pusculeuse sur 700, surtout quand on songe que les œufs d'une femelle corpusculeuse sont loin d'être tous infectés de pébrine. Grâce aux remarquables travaux de M. Pasteur, nous som- mes devenus maitres de la pébrine. Il reste la flacherie, ma- ladie presque aussi redoutable et bien moins connue; il est cependant un point désormais bien établi, c’est que la flacherie est héréditaire. Il n’est donc plus permis, à moins d’être igno- rant ou malhonnête, de faire de la graine avec les cocons d’une éducation qui aura été atteinte de flacherie. Les petits graineurs qui élévent eux-mêmes leurs vers sauront facilement remplir cette condition; mais comment les personnes qui font de 30 ou A0 000 onces et qui achètent 6 ou 8000 kilogr. de cocons pourront-elles s’assurer qu’ils proviennent tous d’édu- cations sans flacherie et éviter d’être trompées ? Il faut donc pour produire une graine excellente s’en tenir rigoureusement aux préceptes de M. Pasteur, c'est-à-dire ne livrer au grainage que les cocons des éducalions que l’on aura faites ou bien surveilltes soi-même; qui n'auront pas présenté de flacherie, surtout dans le cinquième âge, et dont les Vers vifs et agiles auroni gagné prestement la bruyère ; 3e séRIE, T. II. — Novembre 1875. 43 67h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. enfin, le grainage fait cellulatrement et non sur toile, devra avoir été soumis à un examen au microscope sérieux et com- plet. En élevant de Ja graine faite dans ces Souitadd et en don- nant d’ailleurs aux Vers les soins nécessaires, voici les résul- tats que J'ai obtenus cette année : _Élevé 36 grammes de graines, race petit milanais de Per- pignan; éducation sans chauffage, sauf pendant les trois jours de li montée; pendant le jour, fenêtres presque constamment ouvertes ; feuilles sauvages de vieilles haies pendant les trois premiers âges ; feuilles d'arbres non taillés ; disséminés dans le pays pendant le quatrième; feuilles de £ow de ma plan- tation pendant le cinquième; quatre repas pendant les trois premiers âges, et trois dans les deux derniers. Durée de l’é- ducation : quarante-cinq jours. Pas un seul cas de flacherie. Gbtenu de 36 grammes, 40427 cocons, dont : doubles (claies Davril) 362 ; faibles, mal conformés, satinés, etc.,1779; gardés en paquets de bruyère pour donner, environ 800; ex- cellents cocons étouffés par scrupule, comme provenant de retardataires ou de vers ramassés dans la litière après un jeùne d’une durée inconnue, 869. — Total : 3810. Reste à 36617 cocons gardés pour la reproduction. Perte en papillons rebutés, femelles en excès sans mâles, ou en mâles sans femelles, en pontes non fécondées ou de mauvaise apparence, environ 15 pour 100. Recueilli 16 006 et quelques cellules qui, à 85 centigrammes en moyenne, me produiront environ 220 onces. Le poids des cocons obtenus à été de 74,484, ramené à l’once de 25 grammes cela donne 51°,676. Si l’on observe que je n’ai déramé que du dixième au seizième jour, à mesure que l’on confectionnait les filanes, on reconnaîtra qu’il y a eu une perte de poids d’au moins 5 pour 100 qu’on aurait évitée en vendant les cocons à l’époque ordinaire. Le poids forcé de & pour 400 aurait donc été de 78',207 ou, ramené à l’once, de 5h*,252. Les cocons ont été jugés à Alais magnifiques de race et de finesse. 275 des cocons étouffés, représentant un demi-kilogr. ÉDUCATIONS DE VERS À SOIE. 675 de cocons frais, ont été filés à Alais; ils ont produit une petite flotte de 415,50. Pour produire 4 kilogramme de soie, il en aurait donc fallu 12,036. Or, d’après M. Gobin, 1l faut en moyenne, en bonne filature, 12*,500 de cocons pour produire 1 kilogramme de soie. Mes cocons étaient donc de qualité supérieure. Vous avez dû remarquer, Monsieur, la petite quantité de cocons doubles que j'ai trouvée dans ma récolte, 362 sur A0 427; cela fait moins de 4 pour 160. C'est le résultat de lem- ploi des claies Davril qui ne donnent aux Vers aucune faci- lité pour se mettre à deux pour filer leur cocon. D’après M. Frédéric Boullenoiïs, dans la plupart des boisements ordi- naires on compte jusqu’à 45 pour 100 de cocons doubles, qui se vendent à peine 50 centimes le kilogramme. D’après M. Gobin, la proportion varie de 12 à 14 pour 100. En pre- nant le plus faible de ces chiffres, j'aurais eu avec les bruyères h042 cocons doubles faits par 8084 Vers. Mes cocons doubles pesaient en moyenne 5,17; les 4042 eussent pesé 12°,613 et eussent valu 6 fr. 40; n'ayant eu que 862 doubles produits par 724 Vers, j'ai donc eu 7630 Vers qui m'ont fait le même nombre de cocons simples pesant 43* 604 et valant, à 5 francs le kilogramme, 68 fr. 02. En retranchant de cette dernière somme les 6 fr. 40 que l’on eût retiré de la vente des cocons doubles, on voit que les claies Davril m'ont donné un avantage de 61 fr. 62 pour une once et demie ou h1 fr. OS par once. Les graineurs rejetant généralement les cocons doubles, la perte, avec la bruyére, est bien plus considérable. 7369 co- cons doivent produire au moins 2700 bonnes cellules et au moins 40 onces de graines ou $00 francs, à 20 francs l'once. C’est plus qu’il ne faut, pour payer en ur an deux fois le prix des claies Davril. S1 l’on joint à cet avantage d'éviter de grandes pertes en co- cons doubles, une grande commodité pendant l'éducation, une économie considérable de temps au moment de la montée, et l'absence presque complète de risque d’incendie, on com- prendra que l'usage de ces claies ne saurait être trop re- 676 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. commandé, surtout pour ceux qui s'occupent de grainage. Je termine, Monsieur, en vous rendant compte d’une ex- périence que j'ai tentée sans résultat, cela pourra éviter à quelque chercheur la peine de la recommencer. Quand on a rassemblé les pontes d’un grainage, il arrive souvent qu'au bout de quinze à dix-huit jours on en voit nai- tre quelques-unes. Je me suis demandé s’il n’y avait pas là une tendance à devenir bivoltin et si par une sélection pro- longée pendant plusieurs années on n’arriverait pas à créer une bonne race française bivoltine, dont les œufs naissant au mois de juillet pourraient être élevés avantageusement par ceux qui ont trop de feuilles et pas assez d'espace, ou par ceux qui dans des pays de grande éducation voudraient faire de la graine à une époque où toutes les éducations étant terminées, il y aurait moins de chances de contagion. Parmi mes 10 500 cellules de 1874, 5 sont nées quinze ou dix-huit jours après la ponte. Les vers de deux ont été receuillis le 19 et le 22 juillet. L'éducation a marché à souhait et en trente-huit jours la montée a eu lieu. Les Vers sont restés sensiblement plus pe- üits que ceux de leur race, les cocons également moins volu- mineux étaient de 796 au kilogramme au lieu de 565. En 1875, j'ai élevé 1 gramme de la graine de cette pefite éducation. Un de mes amis en a élevé 2 grammes; les deux lots ont parfaitement réussi, les Vers ont repris la grosseur or- dinaire et les cocons ont été en tout semblables à ceux de la race; mais parmi les cellules du grainage qui en a été fait, une ponte de mauvaise apparence, mélangée de deux tiers d'œufs non fécondés est la seule qui soit éelose. J'ai conclu de cette expérience que les naissances prématu- rées sont le fait de circonstances fortuites, et non le résultat d’une tendance de la race à devemir bivoltine. | I. — EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, SÉANCE DU CONSEIL DU D NOVEMBRE 1819 Présidence de M. le vicomte DE MILLY, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — Les membres nouveaux, dont les noms suivent, sont proclamés admis par le Conseil. MM. Présentateurs, A. Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard,. Martel-Houzet, Drouyn de Lhuys. GoupiL (Albert), éditeur, rue Chaptal, 9, à Paris. { A. Geoffroy Saint-Hilaire. | | Gérôme. MAC-ALLISTER (Wiliames), propriétaire, au châ- / Carbonnier. teau de la Mauvoisinière, commune de Bou-4« Jules Grisard. zillé, par Ancenis (Loire-Inférieure). aaveret-Wattel. A. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Leroy. Saint-Yves Ménard. A. Denis. Drouyn de Lhuys. P. Ramel. Delaurier aîné, A. Geoffroy Saint-Hilaire. Vicomte . de Milly. G. de Brossard. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard. A. Geoffroy Saint-Hilaire. D' A. Lecler. Vicomte de Milly. À. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Izart. h. Yves Ménard. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Vicomte de Milly. BoupEL (Charles), négociant, à Aire (extra muros) (Pas-de-Calais), MENANT (Louis-Marie-Léon), notaire, à Couches- les-Mines (Saône-et-Loire). P£IXOTO (Camille-Gaviäo), propriétaire au Brésil et rue Saint-Florentin, 17, à Paris. PROUTIÈRE (Auguste), propriétaire, rue des Cha- noines, 15, à Saintes (Charente-Inférieure). à Paris. S UNIER (Édouard), propriétaire, à Mérignac (Gironde). TASOHER (Louis Élie de), au château de Boisrier, par Savigné-l'Évêque (Sarthe). WIcKERs (J.), à Tamatave (Madagascar). RENAUDIN (Henry), propriétaire, rue de Seine, un 678 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — Le Conseil à, en outre, admis au nombre des sociétés agrégées la SOCIÉTÉ DÉPARTEMENTALE D'HORTICULTURE DE LA Nièvre, à Nevers. — La Société impériale des naturalistes de Moscou remer- cie des félicitations qui lui ont été adressées pour le jubilaire de son Président, M. le Conseiller privé A. Fischer de Waldheim. — M. le Directeur des Colonies envoie, au nom de M. le Ministre de la marine, la liste des personnes auxquelles ont été confiées, à la Martinique et au Sénégal, les graines d’Euca- byptus globulus données par notre Société. — La Société départementale d’horticulture de la Nièvre demande affiliation à notre Société. Eile promet de confier à des amateurs distingués et dévoués les graines qui lui seront envoyées, et adresse les programmes de ses deux expositions à Nevers en 1875 ; elle transmet en outre une ruche avec piége à bourdons et un livre intitulé : les Abeilles et la ruche à porte- rayons, par le frère Albérice, instituteur à Charnois, par Chassy en Morvand (Nièvre). — Renvoi à la Commission des récom- penses. | — M. Van Gorkom écrit de Batavia (Java) afin de présenter à la Société tous ses remerciments pour le titre de membre honoraire qui lui a été décerné pour ses cultures de Quinquinas à Java; c’est la plus haute récompense que notre Société puisse accorder. — M. H. Wickers adresse de Tamatave (Madagascar) ses remercimehts pour la médaille de 1" classe qu’il a obtenue en raison de ses essais de plantations de Quinquinas à l'île de la Réunion. — M, O0. Bonaccorsi, de Calenzana (Corse) promet un tra- vail sur ses cultures de l’'Eucalyptus et du Cédratier, et envoie à la Société, comme échantillons, trois cédrats cueillis sur des arbres de quatre ans de greïfe. — Trois lettres intéressantes et sur des sujets analogues sont adressées à la Société. La première, de M. Émilien de Boucherville, de Port-Louis (ils Maurice), est ainsi conçue : « Depuis deux ans j'ai in- PROCÈS-VERBAUX. 679 troduit à Maurice une plante à fibre d'une grande beauté, le Ramié, qui y végèle admirablement. Je pense que dans peu de temps ce sera une nouvelle industrie qui aug- mentera la richesse et le bonheur des habitants de la colonie. Les repousses se coupent quatre et cinq fois par an; pour le moment c’est la machine décortiqueuse qui me manque. J'en ai reçu une mais imparfaite; elle retire de la tige l'écorce sans nettoyer la fibre. — J'attends une autre machine qui donnera sans doute, d’après ce que n'é- crit le fabricant, d'excellents résultats. — J’ose espérer qu’il en sera ainsi, car alors les plantations de Ramié prendront une grande extension. — J'ai lu dans un journal anglais le Chamber’s Journal que le Ramié était planté sur une vaste échelle à la Louisiane, un journal de New-Orleans en parle aussi et vante beaucoup la machine Berthet, de New- Orleans, mais on me dit que cette machine fait perdre beau- coup de filasse. » Entre autres graines de plantes utiles, je désirerais bien avoir celles de : Calotropis gigantea, Echites suberosa, Born- baz pentandrum (Fromager de la Guyane) et différentes es- pêces d’Asclépiadées et d'Epiphytes. » Je vais m'occuper, en attendant votre réponse, de vous préparer une pelile caisse de graines de mon pays (et cer- taines três-curieuses) ainsi que différents produits qui pour- raient être utilisés en Europe. » La seconde lettre, adressée à M. le Secrétaire général, est de M. E. Trouette, de Saint-Denis (île de la Réunion) : « J'ai l'honneur de vous accuser réception des graines de Teosinte (Reana luxurians), que vous avez bien voulu m'adresser au nom de la Société d'acclimatatlion. J'ai distribué ces graines à sept allitudes, séparées par des i:tervalles de 200 à 300 mè- tres, depuis le littoral jusqu’à la plaine des Cafres située à 1500 mètres ; jen a donné encore à sept autres propriélaires soigneux entre 700 et 800 mètres. Je me tiendrai au courant des résultats obtenus, et j'en informerai la Société d’acclima- iation. » Le service des eaux et forêts m'a confié des graines 680 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. d'Eucalyptus globulus offertes au Ministère de la marine par votre Société, et transmises au Gouverneur de la colonie. Ce don gracieux de votre part a été accueilli avec d’autant plus de plaisir que je suis sans nouvelles d’une demande faite à Sydney au mois de mars dernier, et que nos dernières res- sources s’épuisalent dans une grosse opération que je prépa- Tals. x » Je joins à celte lettre un numéro du Moniteur de la Réunion du 11 de ce mois. Vous y verrez que je désire- rais planter AO 000 Eucalyptus à Saint-Denis aux premières pluies de l'été, et que j'ai demandé à la population de la ville un secours de 1500 francs. L'appel que j'ai fait a paru samedi dernier dans le Moniteur, et hier matin, lundi, je recueillais 1100 francs entre huit et dix heures du matin. Une indisposition me force à suspendre cette collecte, que je com- pléterai quand je pourrai y consacrer encore quelques instants. » L'Eucalyptus resinifera, que l’un de vos bulletins re- commande particulièrement, est-il le même arbre que le Red Gum de la Nouvelle-Galles du sud? Est-1l encore le même que l'un des tereticornis? Je n’ai ici aucun moyen de m'éclairer sur cette question. Certains écrits me feraient croire que ces trois dénominations désignent le même végétal (1). Des erai- nes venues sans autre étiquette que Red Gum nous ont donné des sujets de 3 à 5 mètres de haut, qui nous font beaucoup espérer de leur tenue contre les ouragans. Si la Société d’ac- (1) Plusieurs espèces d'Eucalyptus portent le nom vulgaire de RED GU, aussi convient-il, pour éviter la confasion dans le nom scientifique à leur appliquer, de le faire suivre de celui de la province d’où ils proviennent. Voici du reste la liste des vers RED GUX : New-South-Walles ............ E. resinifera Sm. DURS enr cms E. tereticornis Sm. | E. odorata Behr. Le rostrata Schlecht. Tismanhhusit asus ae Stuartiana F. Muell. À amygdalina La Bill. le melliodora A. Gunn. West-Australia................ E. calophylla R. Br. (Note de la Rédaction.) SORTIR EE Victona ee I ORNE "1 HA PROCÈS-VERLAUX. 681 climatation pouvait disposer d'espèces plus robustes que le globulus, la Colonie lui en serait reconnaissante. » Je reçois à l’instant même une lettre de M. de Châteauvieux, qui m'envoie des graines de Niaouli (Melaleuca viridiflora) recueillies chez lui de vingt arbres provenant d’un semis fait en 1869 ; pas un n’a souffert des ouragans et des sécheresses anormales qui ont accueilli leur enfance. Ils ont de 2",50 à 3 mètres de haut, tous plantés dans un mauvais terrain. Le Dammara robusta vient assez bien ; les Dammara d'Australie ont Lous péri. vue » M. de Ghâteauvieux à aussi un olivier de 3 mêtres de haut, trés-vigoureux, envoyé de Marseille en 1867, et qui n’a pas encore fleuri. Il a semé en 1870 des graines de Chêne-liége dont deux seulement ont germé. Les deux arbres ainsi obtenus viennent à merveille à 400 mètres d'altitude : ils ont 3 mètres de hauteur et sont tout couverts d’un liége très-beau. » Nos tentatives touchant la production du caoutchouc se continuent avec persévérance ; les Ficus et les Cryptostegiase multiphent. Nous attendons toujours avec confiance les secours que nous avons demandés au Sénégal, aux Antilles et à la Cochinchine. Je me suis adressé à Tamatave et à” Nossi-bé pour avoir des graines et des plants de Madagascar. » Je ne sais si, dans ma dernière lettre, J'ai fait part à la Société d’un désir exprimé par M. de Châteauvieux d’avoir des oraines de deux variétés de Brosimum. Ge seraient des arbres de Caracas, donnant du fourrage et résistant à la sécheresse. M. de Châteauvieux me dit que l'année dernière Saint-Paul et Saint-Leu ont perdu trois cents bœulfs faute de fourrage pen- dant la saison sèche. » Nous avons, à Saint-Louis et à l'Étang-Salé, des familles laborieuses, qui confectionnent, avec une matière première de qualité très-inférieure, des chapeaux aussi fins que ceux de Panama. Si la Société d’acclimatation pouvait nous fournir des semences du végétal (1) qui donne la paille de Panama, ce serail pour ces familles un véritable bienfait. » (1) Les véritables chapeaux dits Panamas sont fabriqués avec les feuilles du Carludovica ralmata R. et P. (Rédaction.) 682 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Enfin la troisième lettre est écrite à M. le Président par M. le docteur Carpentier, de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) : « Sachant avec quel empressement la Société d’acclimatation fait des envois de graines d'Eucalyptus aux personnes qui lui en font la demande, J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien me faire adresser, le plus tôt possible, une cinquantaine de grammes de graines de chacune des trois variétés suivantes de larbre australien : 1° Eucalyptus globulus ; 2° Eucalyptus resinifera où « Red Gum de New-South-Wales»; & Euca- lyptus rostrata. | | » Mon intention, en vous faisant cette demande, est d’es- sayer si l’une de ces trois variétés d'Eucalhyptus, toutes égale- ment douées de propriétés hygiéniques, serait plus susceptible que l’autre de s’acclimater dans les marécages qui entourent Ja Pointe-à-Pitre. Ce qui permettrait, plus tard, de faire une grande plantation d'Eucalyptus dans ces marais, en vue de l'assainissement de la localité. » Un peu d’humus et de terre végétale recouvrant une nappe d'eau saumâtre de quelques centimètres, au-dessous de laquelle se trouve une couche immense d’argile sous laquelle on ren- contre un terrain calcaire, telle est la constitution du sol où seront plantés quelques Eucalyptus, à titre d'essai. Si ces ren- seignements vous mettent à même de choisir une variété d'Eucalyptus plus appropriée au sol indiqué que celles dont j'ai parlé plus haut, je vous serais reconnaissant de m'en faire parvenir quelques graines, à la condition que l’essence dont vous auriez fait choix fût douée de qualités fébrifages et anti- miasmatiques. » Vous m'excuserez, Monsieur, de vous avoir prié de me fare cet envoi le plus tôt possible, quand vous saurez que je tiendrais à planter les Ewcalyptus vers le mois de décembre prochain, époque qui me parait la plus propice à cette opéra- tion, parce qu'elle coincide avec le cemmencement de la saison relativementfraiche des régions intertropicales de l'hémisphère nord, et avec l’absence des grandes brises et des ouragans, autant de mauvaises conditions dont l'effet, à un autre moment de l’année, serait pernicieux pour de jeunes plantations d'Eucalyptus. PROCÈS-VERBAUX. 683 » C’est avec reconnaissance que je recevrai tous les rensei- gnements que vous voudrez bien m'adresser en vue de favo- riser le but que je me propose d'atteindre, c’est-à-dire l’as- sainissement de la Pointe-à-Pitre par la création d’une forêt d'Eucalyptus dans les marais qui l’environnent. » — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Edgar Roger, vicomte de Courcy, comie de Cambourg, M. Moreau, E. de Coutans, Martel-Houzet, Bordé, Millon, Eug. Vavin, Collard, Gorry-Bouteau, Réné de Semallé, .À. Cambon, A. Rousse, docteur Maupied et docteur A. Lecler. Ils seront publiés ou analysés dans la correspondance des membres chepteliers. — Des remerciments pour leur admission sont transmis par MM. docteur Armieux (de Toulouse) et À. Schotsmans (de Lille). — M. Moreau, de Couhé (Vienne), envoie à la Sociéte des graines de melon à rames, et M. Gorry-Bouteau (Deux-Sèvres) des graines de haricots du Mexique. — Remerciments. — M. J. Jackson, de New-York, écrit qu’il a envoyé au Texas et en Floride les graines de diverses espèces d'Eucalyp- tus qu'il avait reçues dela Société. A la Nouvelle-Orléans ces plantes avaient prospéré pendant trois ans, puis ont été tuées par un hiver rigoureux, à — 7 degrés Réaumur. — Nous donnons l’extrait suivant d’une lettre de M. J.-B. Blaise, de Choloy (Meurthe-et-Moselle), qui a réussi de la ma- nière la plus complète et sans aucune perte une petite éduca- tion d’'Atéacus Yama-maï. 1] a envoyé les cocons à la Société. « Le 9 mai je reçus de la Société d’acclimatation une petite boite contenant des Vers à soie du chène du Japon, Yama-mai. 20 petites chenilles étaient écloses à l’arrivée, elles pa- raissaient très-vigoureuses ; 6 œufs sont éclos peu de temps après, cela m'a fait un total de 26 chenilles. Je ieur donnai des jeunes tiges de chêne qu'elles se mirent à manger avec avidité. Tous les deux jours je leur donnais des tiges nouvelles et j'avais soin de les arroser quand la chaleur était trop forte, et cel avers lesdeux heures du soir. Mes chenilles paraissaient se bien trouver de ce régime, 68h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. car, après les avoir aspergées, elles étaient plus vives et man- geaient avec plus de gloutonnerie, c’est bien le mot, car elles ont toujours dépouillé les ramilles avec beaucoup d’avidité; pas une n’a été malade pendant l'éducation qui a duré quarante- cinq jours, et toutes ont fait leur cocon, desquels sontsortis des papillons. Après douze jours elles avaient fait leur première mue, au À juin, la deuxième et ainsi de suite de 14 en 11 jours. Les papillons sont éclos dans les premiers jours de septembre. Malheureusement les premiers éclos étaient des mâles, ce qui a empêché les accouplements, J’ai malgré cela de la graine pour recommencer l’année prochaine une autre èducation; je conserve environ 100 œuf présumés bons. » J'ai su que les œufs qui m'ont été envoyés avaient été con- servés dans la glacière de M. Tellier. Un fait à constater, c’est que la chenille sortie d’un œuf qui n'a éclos que le 20 jum a réussi à faire son cocon, duquel est sorti un beau papillon queje vous envoie avec d'autres, ainsi que les cocons de ma récolte. La durée de son éducation a été, à peu de chose près, la même que celle des autres chenilles. Je ne sais si ce faits’est déjà vu ; quant à moi j'ai cru devoir vous le signaler. N'ayant pas de chambre disponible pour laisser les papillons libres, je les ai mis dans un grand mannequin, recouvert avec un filet, et c'est là qu’ils ont passé leur existence et pondu leurs œufs. » L’année prochaine je ferai en sorte d’avoir une place plus propice pour les accouplements, et sila Société d’acclimatation veut bien me confier quelques œufs d’Yama-mai, j'en ferai l'éducation comparativement avec ma graine. Je serais dési- reux d’en avoir qui n’ait pas été soumise à la glacière. » — M. le docteur Sicard écrit de Marseille à M. le Président: «J'ai lu avec le plus vif intérêt l’article intitulé : /a Tréve des filets trainants, dù à la plume de notre honorable collègue le docteur Turrel; et je viens appuyer de toute ma vieille expé- rience et par cinquante années d'étude la nécessité d'empêcher les filets traînants de passer sur les concessions des madragues. » À l’époque où nous avions, dans les environs de Marseille, les madragues de l’Estague, Morgiou, Cassis et Sausset, dont nous demandons le rétablissement, il existait en même temps PROCÉS-VERBAUX. 685 ce que l’on appelait les infirmeries ou le lazaret, qui se trou- vaient dans l'emplacement occupé par le port de la Joliette. » Nul ne pouvait caller des filets d'aucune espèce dans ces lieux privilégiés et toutes les eaux dépendantes du lazaret étaient interdites à toute espèce de pêche. » Dans ce temps loin de nous, les poissons abondaient dans le golfe de Marseille et même dans son port, les Sardines, les Maquereaux et les Thons se vendaient à bas prix, ce qui per- meltait de les saler, industrie qui n’existe presque plus au- jourd’hui dans nos pays. Lorsque les poissons migrateurs avaient fini leur passage, les poissons sédentaires se présentaient sur les marchés à des prix raisonnables, mais il était défendu de vendre des alevins à peine visibles, tels qu’on les trouve aujourd’hui en grande abondance sur les marchés; vu leur petite dimension c’est à peine si l’on peut les vendre à vil prix. Il y a là un gaspillage qui explique la disette du poisson dans le golfe, gaspillage au- quel il faut ajouter la quantité immense de poissons et alevins que l’on trouve morts dans les filets traînants et qui sont tout à fait perdus. » Lorsque les œufs des poissons sont éclos, les alevins. qui sont imperceplibles, se nourrissent de mousses, d'algues, de plantes et d'insectes d’une ténuité extrême et qui ne peuvent se propager qu à la condition expresse de ne pas être dérangés dans leur reproduction ; à ce point de vue les madragues sont très-uliles, car pendant tout le temps qu’elles sont callées, c’est l’époque où les végétaux et les insectes dont nous venons de parler se développent ie plus rapidement, correspondant ainsi avec l'alevinage des poissons. » Ces derniers, lorsque la madrague est levée, ont acquis une taille qui leur permet de se réfugier en maints endroits, mais 1l faut que les côtes soient respectées à une certaine distance, car c’estlà, dans les bas-fonds, que le jeune poisson trouve sa nourriture et prend son premier accroissement. » Nous avons la preuve de ce que nous avançons dans la possibilité que nous avons aujourd’hui de pouvoir reproduire dans nos appareils les plantes et les insectes dont nous venons 686 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de parler; ce qui nous a permis, cette année, d'élever chez nous des alevins de Blennies et autres poissons. » Le manuscrit et les deux albums que nous avons envoyés à l’exposition internationale des industries maritimes et fluviales de 4875, à Paris, section française et 2174 du catalogue, et qui portent le titre suivant : Plantes marines se reproduisant dans les aquariums, nourriture des oursins et poissons de la mer Méditerranée, prouvent évidemment que nous sommes dans le vrai en soutenant la nécessité de préserver de tout danger les mousses, plantes et insectes servant à la nourriture des alevins,. » On ne peut, sans lavoir vu, se faire une idée dela quan- tité d’alevins qui peuvent s'élever dans un espace restreint ; nous avons pu faire éclore dans une capsule ne contenant pas tout à fait un demi litre d’eau, 12 œufs de poissons cochinchi- nois qui nous ont fourni autant d'alevins qui vivent et se développent dans cette capsule; ils sont âgés de deux mois, et leur développement est égal à celui de leurs frères placés dans jes meilleures conditions; mais pour obtenir un pareil résultat il faut une végétation qui produise les substances alimentaires utiles aux alevins. » Ge qui se passe dans les conditions que nous venons d'in- diquer se retrouve à la mer, mais il est impossible dans cette immensité de suivre le développement de l’alevin à la loupe ou au microscope, comme nous le faisons dans nos appareils ; toutefois l’on peut juger par ces études de ce qui se passe à la mer. » Nous sommes sûr qu’en mettant en pratique nos décou- vertes, l'on peut étudier avec soin les poissons d’eau de mer comme ceux d’eau douce, puisque l’on peut avoir la mer chez sci, pour cela 1l faut vouloir, car vouloir c'est pouvoir. » Le fait cité par M. le docteur Turrel d’une immense quantité de poissons pris au mois de juillet, à la suite de la prohibition des filets trainants, du mois d'avril à juillet 1875, vient ajouter une nouveile sanction à nos études ; il est done du devoir de tout homme pratique de se joindre à MM. Turrel et Rimbaud pour demander que la pêche soit interdite sur les PROCÉS-VERBAUX, 687 fonds les plus favorables au frai, et interdiction complète des filets traînants et surtout du bœuf et de la vache qui sont les plus grands dévastateurs de la mer. » — Nous trouvons dans une lettre de M. J. Leroux, de Tré- veneuc (Côtes-du-Nord), outre un compte rendu deses cultures d'Acacias australiens dans un pays peu favorable, les questions suivantes : Ya-t-il intérêt à cultiver le Tamus communis pour ses tubercules? L’acreté de cette plante rendra loujours ses usages fort restreints, malgré la fécule de ses tubercules ; peut- on espérer de réussir à acchimater les Canards carolins, non éjointés et volant librement, en les retenant au moyen de sujets plus vieux et éjointés? Cela a été déjà essayé avec succès pendant quelque temps, mais la fuite des oiseaux non éjointés à toujours eu lieu, après un intervalle plus ou moins long. — En adressant le compte rendu de son cheptel, M. A. Cam- bon offre à la Société des graines de Haricots et d’une variété de Courge qui atteint d'énormes proportions. — Remerciments. — M. Naudin, correspondant de l’Institut, écrit de Collioure (Pyrénées-Orientales) pour offrir des graines de Marhot Car- thagenense, cultivé au Jardin de Collioure (voir le journal : Chronique de la Société d'acclimatation, n° 49) — M. le docteur À. Lecler écrit de Rouillac (Charente) : « J'ai cultivé cette année un oranger du Japon qui a parfaite- ment supporté l'hiver sans aucune espèce de précaution, et qui m'a donné une tige de 50 centimètres très-vigoureuse. Je vous üendrai au courant de ce qui adviendra plus tard à son égard. » . — M. Astier écrit de Bourg-Saint-Andéol (Drôme): «ai tardé jusqu'à présent de vous communiquer les résultats des diverses graines ou tubercules que vous m'avez envoyés, mais j'attendais de pouvoir vous donner des renseignements très- positifs sur toutes les plantes et, comme vous le verrez dansle cours de cette lettre, 1l y en à une qui n'arrive pas à maturité. » Une extrême sécheresse, qui n’a cessé que ces jours der- niers, à été très-préjudiciable à toutes les récolles semées au printemps; Je ne suis donc pas étonné que les graines que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et que je serai très-heu- 688 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. reux de pouvoir acclimater, aient encore plus souffert que celles qui sont cultivées dans nos pays depuis longtemps. » Les Pommes de terre noires du Chih avaient produit huit plantes dont les rameaux promettaient assez bien; j'en fis arracher quatre vers le 15 août et les autres à fin septem- bre; mais ces plantes n'avaient point de tubercules. » Le Maïs blanc avait formé des tiges magnifiques; j'avais lieu d'espérer une récolte relativement abondante; dans les mois de juillet et août, presque toutes les fusées se sont char- bonnées, à peine si J'aurai trois ou Du litres de graines de qualité très-inférieure. » J'avais fait semer le Canagua, moitié fin février et le res- tant fin mars; vers Le 24 juin les plantes n’avaient poussé qu’en quantité assez minime, elles avaient atteint environ 30 centi- mètres de hauteur. Alors j'ai eu l’idée de faire apprêter quel- ques-unes de ces plantes comme les Épinards et ce mets fut trouvé exquis, car j'en ai fait goûter à quelques convives que j'avais en ce moment-là ; je gardais à peu près la moitié des plantes pour obtenir de la semence. Malheureusemeut ce Canaqua que j'avais conservé s’est séché, de sorte que les quelques graines que l'on a ramassées ne promettent rien de bon. » Quant au Chenopodium Quinoa, 1] n’en est sorti qu'une cinquantaine de plantes, au mois de juin elles avaient atteint leur bauteur, environ un mètre; depuis lors elles se sont gar- nies de graines du haut en bas ; mais elles restent toujours vertes el cependgnt même le mois de septembre a été extrême- ment chaud, et je crois qu'à présent elles n’arriveront pas à maturité. » Je profite de celle occasion pour vous informer encore que les Orangers et le Chamærops de pleine terre que vous m'avez envoyés il y a six ans prospèrent toujours. » — M. Alfred Collard écrit de La Grange-Rouge par Arquian (Nièvre) : « Le Melon vert à rames n’a pas aussi bien réussi que l’année précédente, ce qui tient à l’irrégularité de Ja saison. » C’est une variété à recommander, le fruit est bon, la ma- PROCÈS-VERBAUX. 689 turité se prolonge très-avant dans la saison, 12 octobre en 1875 ; la plante est rustique. » Le Haricot Vavin ou chocolat a été planté en poquets de 8 grains chacun, ce qui a fourni 28 pieds ou touffes; en vert 1l a été trouvé de bonne qualité. J’en ai récolté environ 2 litres en sec. Ce Haricot est très-recommandable pour sa qualité comestible ; il n’est pas très-fructifére, du moins dans mon terrain. » J’ai cultivé la Pomme de terre Early rose depuis deux ans (semence de Vilmorin). Malgré tous mes soins, je n’ai pu obtenir la double récolte; les tubercules recoltés en juin n'étaient probablement pas assez mûrs, quoique très-bons à la Cuisson. » Mon terrain est très-fort, argileux et compact. » À Nevers, dans les terres légères d’alluvion, tous les ma- raîchers ont la double récolte. » Quoi qu’il en soit, l’Early rose sera au minimum une excel- lente Pomme de terre succulente, précoce et abondante.» — M. Paul Drouilhet de Sigalas écrit de Marmande (Lot-et- Garonne : « J'ai l'honneur de vous faire part du résultat du semis des graines de Chamærops excelsa qui m'ont été envoyées par la Société d’acclimatation. » Sur 117 graines semées le 7 mai 1875, ] ai obtenu 75 pieds, qui ont maintenant une à deux feuilles, et sont en bonne santé. Les graines qui n'ont pas levé sont sans doute mauvaises, ou pourront lever après l’hiver ; mais je n ÿ compte pas. » L’inondation de la Garonne a couvert la bâche où étaient ces graines, non encore levées, mais ne paraît pas leur avoir été nuisible. so » Du reste le Chamaærops excelsa aime beaucoup l'eau pen- dant l’été. Jen ai quaire sujets, dont un assez fort, qui sont restés sous l'eau pendant l'inondation. Cette immersion ne leur a fait aucun mal. Je n’ai eu qu’à laver les feuilles souillées par le limon. Depuis, j'ai toujours maintenu la terre humide, et ils sont très-vigoureux et splendides de végétation. » Je profite de cette lettre pour vous dire que (maintenant que l’on cherche à remplacer les œufs de fourmis-pour l’éle- 32 SÉRIE, T. IL. — Novembre 1875. Al 690 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vage des Faisans), j'ai réussi à mener à bien des Faisans ar- gentés avec des vers de terre coupés en petits morceaux. » — M. Delaurier aîné écrit d’Angoulème à M. le directeur du Jardin d’acclimatation : « Mes élevages sont terminés d’une manière satisfaisante, et je viens vous donner les résultats que j'ai obtenus avec mes quelques reproducteurs : » Faisans vénérés, (un coq et trois poules), ponte 75 œufs dont 62 mis à l’incubation chez moi. Œufs clairs, 8. Jeunes atteints de rachitisme et tués au moment de la naissance, 2. Un mort accidentellement. Faisans élevés en trois couvées, 52. La dernière se composant de 20 jeunes ne m’a donné n1 un œuf clair, ni aucun déchet. » Les Faisans d’Amherst 3/4 sang, nés au Jardin en 1874, m'ont donné 11 œufs, qui tous étaient clairs ainsi du reste que je m'y attendais. » Une paire Canards mandarins m'a pondu 19 œufs sur lesquels il y avait 6 clairs. À petits n’ont pas pu naître; les neuf autres ont été élevés. » Une paire Tourterelles Lophotès, 3 1ÉRÈES en deux couvées. » Une paire Perruches d'Edwards, 4 jeunes en Abus couvées. l’année dernière cette même paire m'avait donné 21 jeunes en À couvées. » Une paire Perruches Cyanoramphus, 8 jeunes en side couvées. La première se composait de 6 petits. Une paire Perruches Calopsittes n’a pas interrompu sa re- production depuis le mois de novembre l’an dernier; les 5 à 6 couvées obtenues ont varié de À à 4 jeunes. » J’ai employé cette année dans mes pâlés d'œufs, salade et chènevis broyés, des hannetons séchés au four. Les oiseaux paraissaient d’abord moins aimer ce mélange, mais ils s’y sont habitués; cela m'a économisé une assez notable quantité d'œufs de fourmis, et vous voyez, M. le directeur, que sous le rapport de la réussite je n’ai pas à m'en plaindre, puisque la perte, sur mes vénérés n'atteint pas 8 pour 400, et est nulle sur mes Canards. » Deux des Euphèmes Awrantia que vous m'avez livrés en PROCÈS-VERBAUX. 691 mars dernier ont manifesté quelques tentatives de reproduc- tion qui, je crois, ont été arrêtées par les jeunes vénérés que J'ai été obligé de remettre dans leur compartiment. » — D'après les demandes sont envoyées les graines qui suivent : MM. De Monrieny (prés Bernay, Eure). — Euealyptus globulus et Acacia dealbata. Frère Gipas (la Trappe des Trois-Fontaines, prés Rome). — divers Eucalyptus et Cytisus prohferus. Duc d'ABRANTÈS (Mayenne). — Divers Eucalyptus et Acacias australiens. — Des remerciments pour les graines qui lui ont été envoyées sont adressés par M. Graells. — M.le docteur Turrel, de Toulon (Var), demande à rece- voir des graines d’Eucalyptus rostrata. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Ch, Agassiz, Astier, KE. Barutel, Benoit-Champy, Ch. Bezanson, E. Boigues, Bouillod, À. Collard, comte de Cambourg, l’abbé Desroches, F. Julien, J.-J. Lafon, E. Leroy, L. Munier, Du- bois de Montulé, Prieur-Carré, Ribaud, F. de la Rochemacé, René de Semallé, Saint-Léon-Bcyer-Fonfrède, Ed. Turmann, F. de Vauguion,‘docteur Vouga, d. Varin, Zeiller, Gaston Guillemet, de Cuverville, comte de Beaupréau, Chatard, E. de Rodellec, Pitard, Clet, Jean Burkvy, Brionval, Léon Menant, Robert d'Eshougues, Ch. Nicolas, Cliquennois- Badart, Juies Persin, Salanson, Cronau, de Baillet, Henri Cam- bon, A. Bouchez, Bouguet, Durand-Gonon, Léon Dreyfous, Société d’horticulture d'Étampes, H. Delamain et docteur Turrel. Renvoi à la Commission des cheptels. — La Société reçoit ies ouvrages dont les titres suivent : 1° 1! Solanum tuberosum et la Doryphora decemlineata, par M. le marquis Cassar-Desain, offert par l’auteur. 2 La végétation du globe d'après sa disposition suivant les climats, par A. Grisebach, traduit de l’allemand par P. de 692 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Tchihatchef. Tome 1, deuxième fascicule. Paris, 4875. Offert par le traducteur. — Il est offert à la Société les graines suivantes de la part de M. Thozet : Eucalyptus corymbosa, Indigofera ennea- phylla et Achras Pohlmaniana. — Des remerciments sont votés aux donateurs. Le Secrétaire du Conseil, MAURICE GIRARD. IV. CORRESPONDANCE DES MEMBRES CHEPTELIERS. —— COMPTE RENDU DES CHEPTELS Par M. C. MILLET Ancien inspecteur des forêts ns LAPINS A FOURRURE. — M. Abaye, au Sart, à Flers-les-Lille (Nord). Le couple était atteint, à son arrivée, d’une maladie du cerveau qui a résisté à tous les traitements. Une portée de six jeunes n'a pas réussi. VoLaILLEs DorkiNG. — M. le docteur Turrel, à Toulon, rend compte, à la date du 9 août dernier, du cheptel de vo- lailles confié à M. Brun. Sur trois couvées de Dorking, on n’a pu conserver que neuf poulets. La dernière couvée avait donné neuf jeunes vivants; 1l n'en reste aujourd'hui qu'un seul dont l’état est peu satisfaisant. Sur dix canetons Ayles- bury, il n'en reste que neuf, 5 mâles et A femelles. Les Houdan avaient bien réussi; mais ils ont été victimes d’un traitement auquel M. Brun a l’habitude de soumettre les jeunes poulets quand ils sont tourmentés par des insectes parasites. Il emploie une poudre insecticide. Vingt poulets avaient été placés dans un grand panier recouvert de toile, et soumis à l’insufflation de l’insecticide. Au bout de dix mi- nutes, six ont été trouvés morts ; les quatorze autres ont suc- cessivement succombé avec des accidents de vertige. Il faut donc prendre de grandes précautions dans l'emploi des insec- ticides. VOLAILLES DE Houpan. — M. Abaye, au Sart, à Flers-les- Lille (Nord). L'une des deux poules est morte, sans qu’on ait pu découvrir aucune trace de maladie. Les œufs de l’autre poule, mis en incubation, n’ont donné que trois éclosions. Les jeunes, d’abord bien portants, ont été atteints d’une ma- ladie des pattes qui les obligeaient à rester courbés. Une seule poulette a survécu. M. Bussière de Nercy, à Gonesse (Seine-et-Oise), a reçu le 69/4 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 9 mars dernier un lot de Houdan (un coq et deux poules). Le coq, qui était atteint de chancres à la gorge, a été séparé des autres volailles. Des cautérisations au nitrate d’argent ont été faites très-légèrement, matin et soir, pendant trois jours ; et, à plusieurs reprises dans la journée, on lui passait dans la gorge un pinceau trempé dans du miel rosat. Pour toute nour- riture, on lui donnait du pain et du lait; après ce traitement, il a été remis avec les poules. La ponte a été assez productive, une première couvée de quinze œufs n’a donné que cinq éclo- sions ; une seconde de quinze œufs aussi a donné huit éclo- sions. Quinze œufs étaient clairs par suite de la maladrese du coq. Il restait, au 1% juillet, 12 poulets bien vivants. VOLAILLES DE CRÈVECŒUR. — M. Riban, à Louvigné-du- Désert (Ille-et-Vilaine), a reçu 1 coq et 2 poules qui, au mois de juillet dernier, étaient en parfaite santé. L’une de ces poules a fait une ponte abondante; l’autre n’a donné qu'une vingtaine d'œufs. Placés sous des poules ordinaires, les œufs en assez grand nombre n’ont rien produit. M. Riban n'a ob- tenu que 28 poussins, mais tous bien portants. DINDONS SAUVAGES. — M. Berthoule, à Besse (Puy-de- Dôme). Le couple de dindons avait pris ses habitudes à la ferme le jour même deson arrivée. Ce ménage, parfaitement uni, donnait les plus belles espérances; mais, au moment où il couvait dans les friches, à peu de distance des chanvres, un chien égaré s’est précipité sur la dinde et l’a déchirée avant qu’on ait eu le temps de lui porter secours. La pauvre bête portait encore 31 œufs; elle en avait déjà pondu 6 qui ontété confiés à une couveuse de choix. CANARDS DE ROUEN. — M. Riban, à Louvigné-du-Désert (lle-et-Vilaine), a reçu un couple qui, au mois de juillet dernier, était en parfait état; mais il n’en a obtenu aucun caneton. Les œufs, au nombre de A0 environ, placés les uns sous la cane, les autres sous des poules ordinaires, étaient clairs. CANARDS MANDARINS. — M. Martel-Houzet, à Tatinghen, (Pas-de-Calais). Le couple des mandarins n’avail pas donné un seul œuf au mois de juillet dernier; il est cependant en par- COMPTE RENDU DES CHEPTELS, 699 faite santé et convenablement nourri. Même insuccés avec les Garolins et Bahama. CANARDS CAROLINS. — M. Richard-Berenger, à Paris, a reçu, en novembre dernier, un lot de carolins qu'il fit conve- nablement installer dans sa propriété du Mens (Isère). Malgré les soins qui lui furent prodigués, ces canards sont morts en juillet. M. Berthoule, à Besse (Puy-de-Dôme). Les carolins se portent à merveille; mais la cane n’a, jusqu’à ce jour, manifesté aucun désir de s’accoupler. Il y a pourtant dans le parc de bonnes cachettes où elle serait très à l’aise pour remplir ses devoirs. M. Ponté, à Aurillac (Cantal). Le couple de carolins se porte parfaitement. Il est placé dans un parc de vingt ares, avec pièce d’eau et petite rivière. Ces oiseaux aiment particu- lièrement le sarrasin, la mie de pain et le cresson ; ils recher- chent aussi certaines herbes des gazons et surtout du pis- senlit. À la date du 9 juillet dernier, on n’en avait encore ob- tenu aucun œuf. M. Sénéquier, du Rascas-de-Grimaud (Var). Le couple de carolins est en parfait état, mais n'avait pas encore donné un seul œuf à la date du 24 juillet. Le mâle a la plus grande indifférence pour sa femelle. CANARDS D'AYLESBURY. — M. le docteur Lafon, à Sainte- Soulle (Charente-Inférieure). Du 5 au 28 avril dernier, la cane a pondu 12 œufs qui, mis en incubation sous une poule ordinaire, ont donné 5 naissances. Du 29 avril au 1h mai, elle a encore pondu 42 œufs qu'elle a couvés elle- même, mais qui élaient clairs. Ce couple d’Aylesbury est placé dans un parc de 35 mètres carrés, avec trois bassins dont le plus grand contient 1500 litres d’eau renouvelée quatre ou cinq fois par an; le second bassin est de 90 litres, dont l’eau est renouvelée deux fois par semaine; et, enfin, le troisième , de petite dimension, est rempli d’eau fraîche une fois au moins par jour. En 1874, la cane a pondu 72 œufs dont le poids moyen était de 69 grammes. À trois reprises différentes, elle en a pondu 2 munis de coquilles dans la 696 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. même nuil. Ces œufs jumeaux, mis en incubation, n'ont donné, chaque fois, qu’un seul œuf fécondé. Sur les 72 œafs, 38 soumis à l’incubation ont donné 20 naissances: mais 15 poussins seulement sont arrivés à l’âge d’adulte, A femelles et 11 mâles. A la date du 1° juillet dernier, la cane n’avait encore pondu que 36 œufs, mais elle avait fait deux couvées. Ces œufs n’ont donné que 5 naissances, et il n’en reste que 2 ca- netons bien portants. M. Lafon fait observer que des canards normands, placés dans les mêmes condilions que les Aylesbury, n’ont donné, soit en œufs, soit en canetons, que le tiers des produits de ces derniers. Canarps LABRADOR. — M. E. Garnot, à Bellevue (Manche). Le couple est en parfait état. La cane a pondu 39 œufs dont 3 clairs et 4 brisés par accident; elle a fait elle-même ses deux couvées, la première en mai, la seconde en juillet. Les .32 jeunes étaient rustiques et très-faciles à élever ; ils ont été nourris avec de la laitue, de la farine d’orge mêlée de pommes de terre; à 6 semaines, ils commencèrent à manger du sar- rasin. Malheureusement il n’en resle que 18, par suite des ravages des chats et de divers accidents. M. Garnot considere les Labrador comme parfaitement acclimatés dans la Manche. Cyenes. — M. À. Genesley, à Laval (Mayenne). Le couple de cygnes noirs est bien portant. A la date du 21 juillet, la fe- melle n’avait encore pondu que 2 œufs. CoLomBEes LOPHOTES. — M. de Miffonis, à Sceaux, (Seine). La femelle se montre peu disposée à la reproduction. Son compagnon, qui est un très-bel oiseau, et qui montre d’excel- lentes dispositions, en est toujours pour ses frais d’amabilité et depuis quelque temps, c'est par des coups de bec que sont reçues ses avances. M. Perronne, à Monthelan, (Indre-et-Loire). La femelle n’a fait qu'une ponte; un seul jeune, éclos le 18 juin, se porte parfaitement. M. Sénéquier, à Rascas-de-Grimaud (Var). Le couple de colombes est en bon état, Les œufs de la ponte de COMPTE RENDU DES CHEPTELS. 697 mai étaient clairs. La ponte de juin a donné deux jeunes qui ont quitté le nid vers le milieu de juillet ei qui se por- tent parfaitement. COLINS DE CALIFORNIE. — M. Sarrus, à Saint-Affrique-du - Causse (Aveyron). La femelle est morte après une ponte de 32 œufs, presque tous clairs. Un seul jeune survivant se porte bien. M. Bussière de Nercy, à Gonesse (Seine-et-Oise), a reçu le 9 mars dernier un couple de colins. Le 12 du même mois, la femeile était trouvée morte dans son nid. Elle fut immédia- tement remplacée. Le 4 avril, le coq devint malade au point qu'on le considéra comme perdu. Mais soumis à la purgation indiquée par M. Daviau (Bulletin du 20 janvier 1875, n° 24), il est parfaitement guéri. Deux purgations avec 20 centi- grammes d'aloës dans du beurre ont produit cet heureux ré- sultat. La poule a commencé sa ponte le 22 avril, et a demandé à couver le 2 juin, après avoir pondu 32 œufs, mais elle couvait fort mal, car elle se perchait la nuit. 28 œufs lui ont été retirés et placés sous une poule ordinaire ; 11 étaient clairs. Des 6 jeunes éclos le A juillet, il n'en reste que 2 vivants. 25 œufs ont été mis sous une autre couveuse, et il en restait 10 dans le nid pour la femelle, dans le cas où elle aurait voulu couver. A la date du 1* juillet, cette femelle avait pondu 53 œufs. FaisANS VÉNÉRÉS. — M. le docteur Lafon, à Sainte-Soulle, (Gharente-[nférieure). L'année dernière, la poule n’a pas pondu un seul œuf; il en a été de même cette année. Cette stérilité ne paraît pas devoir être attribuée à une installation défectueuse ou à une nourritureinsuffisante; car les faisans de Mongolie et les faisans ordinaires, placés dans des conditions semblables et même moins favorables, ont donné de très-bons résultats. | M. Ed. de Coutans, à la Durauderie, près de Châtellerault. Le couple de vénérés est en parfait état, mais la poule n’a encore donné aucun œuf. Il en a été, du reste, à peu près de même pour les autres espèces de faisans dont la ponte a été à peu prés insignifiante. M. de Coutans incline à attribuer cet 698 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. imsuccès à une nourriture trop copieuse et trop choisie qui produisait de la graisse au détriment de la force. M. Leroy, à Fismes (Marne). Le lot de vénérés (1 coq et 2 poules) qu’il a reçu en janvier 1873, a donné trois pontes, une chaque année. Ces oiseaux sont en parfait état ainsi que les 16 élévés de différents âges. Peu d'œufs clairs, mais une mortalité à la coquille très-considérable. FAISANS VERSICOLORES. — M. Rossignol, à Meaux. Le couple de versicolores était en parfaite santé en juillet dernier. Les 22 œufs oblenus étaient tous clairs. Le coq s’occupait beaucoup de sa poule, mais celle-ci l’évitait constamment. Farsans DE MonGoLre. — M. Martel-Houzet, à Tatinghem (Pas-de-Calais). Le couple de Mongolie est bien portant; il était en pleine mue au mois de juillet dernier. La poule a donné 414 œufs qui ont été mis en incubation sous des poules négresses, mais qui tous étaient clairs. Le mâle avait peu d’ardeur auprès de la femelle. M. Perronne, à Manthelan (Indre-et-Loire). La faisane a commencé à pondre le 45 avril dernier, et a donné 38 œufs. Une première couvée de 43 œufs a produit, le 26 mai, 40 far- sandeaux dont 3 mal venus qui sont morts le troisième Jour; les sept autres, dont 6 coqs, se portent bien. La deuxième couvée de 43 œufs a produit, Le 42 juin, 6 jeunes dont 1l ne reste que trois en bon état. La troisième couvée de 12 œufs n'a rien donné. M. Liénard, à Jonchéry-sur-Vesle (Marne). Le couple, arrivé le 44 mai, était en parfait état en août. La poule a pondu à œufs, les 2, 4 et 6 juillet; ils étaient clairs. M. Ch. Pacqueteau, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Le lot de Mongolie est bien portant, mais il n'a donné aucun œuf. M. G. Roy, à Villebois-Lavalette (Charente). Le couple est en parlait élat, mais pas de ponte à la date du 20 juillet. La nourrilure consiste en sarrasin, froment et maïs ; on y ajoute quelquefois millet et laitue. FAISANS DE SWINHOE. — M. de Miffunis, à Sceaux (Seine). La poule à pondu 23 œufs du 22 mars au 12 jain dernier. Mais le coq n'étant pas encore adulte, ces œufs n’ont rien produit. COMPTE RENDU DES CHEPTELS. 699 M. Ribeaud, à Porrentruy (Suisse). Le couple était en pleine mue dans la première quinzaine d’août, et se porte par- faitement. Parmi les groseilles qui leur-ont été données en abondance, ils ont toujours préféré les rouges. M. Daviau, à joué-Etiau (Maine-et-Loire). La ponte de 22 œufs à commencé le 9 mars, et a été très-irrégulière. 9 petits seulement sont éclos ; 3 à pattes contournées n’ont pu être élevés, et un À° est mort au bout de trois semaines. Les 5 survivants, dont 2 mâles, sont bien portants. M. Sarrus, à Saint-Affrique-du-Causse (Aveyron). Le couple est en parfait état, mais n’a pas encore donné un seul œuf. M. Leroy, à Fismes (Marne). Le lot de Swinhoë a donné beaucoup d'œufs clairs. Parmi les 7 élevés obtenus, 4 sont en bon état; les 3 autres, beaucoup plus jeunes, ont les doigts déformés ; ils peuvent cependant courir et percher. Ceite es- pêce de faisans paraît très-facile à élever. Les insuccès d’in- cubation sont attribués au froid exceptionnel et à la longue sécheresse du dernier printemps. M. Ch. Agassiz, à Vaud (Suisse). Le couple de Swinhoë est en parfait élat, mais la poule n’a pondu que des œufs clairs: au nombre de 43. Le mâle, encore très-jeune, ne recherchait pas sa femelle. PERRUGHES CALOPSITTES. — M. Charlot, maire de Borest, (Oise). Le couple, très-bien portant, n’avait encore rien pro- duit en juillet dernier. Leur volière est placée dans une serre chaude dont la température est assez élevée. BamBous. — M. Ch. Pacqueteau, à Fontenay-le-Comie (Vendée). Sur 9 pieds de bambous, 5 ont réussi à la trans- plantation. Vers le milieu de juillet, A étaient encore à l’état herbacé, mais le 5° avait poussé deux jets de la grosseur d’un fort tuyau de plume. Eucazyprus. — M. le baron Bonnaire, à Nice, a rendu compte, le 2L août dernier, des essais faits aux jardins d’hor- ticulture et d’acclimatation du Bois-du-Var. L’eucalyptus s'ac- climate parfaitement dans les Alpes-Maritimes ; mais 1l faut semer en terrines garnies de terre de forêt, et rentrer en serre dès que la pluie devient abondante ou que le froid devient vif. 700 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. On ne plante en pleine terre qu’à l’âge de dix-huit mois ou deux ans. Toutes les espèces ont bien réussi, à l'exception des gigantea, marginata, resinifera et species, qui n’ont donné que de mauvais résultats. C’est le robusta quise comporte le mieux; le globulus vient ensuite. Des graines de ce dernier, semées en juillet 1874, avaient, à la date du 1° août dernier, une hauteur de 1",05 en moyenne. FLeurs. — M. Liénard, à Jonchéry-sur-Vesle (Marne). Les Fuchsia, Begonia et Pelargonium, ont donné de belles et abondantes fleurs. MELONS. — M. Liénard, à Jonchéry-sur-Vesle (Marne). Le melon vert à rames, semé tardivement, ne donnait en août aucun espoir d’arriver à maturité. POMMES DE TERRE. — M. Hefty, à Ormesson (Seime-et-Oise). Les pommes de terre de Bolivie, plantées en pleine terre, n’ont donné aucun résultat. Sous châssis, elles ont peu produit. Les essais seront renouvelés l’année prochaine. M. Rossignol, à Meaux. Les Marjolins à œil rose étaient en bonne voie de végétation au 15 juillet dernier. PaysaLis. — M. Liénard, à Jonchery-sur-Vesie (Marne). Vers le milieu d'août, la petite tomate du Mexique n'avait pas encore atteint sa maturité. Un pied de 0",30 de hauteur a fleuri en avril, mais n’a pas donné de fruits. Un autre pied de 2°,75, chargé de fleurs, n'a rien produit. Les autres pieds, de 1",20 à 1",50, portent une grande quantité de fruits, de la grosseur d’une cerise. + V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Pommes de terre EULTIVÉES AU VAULT DE LUGNY (YONNE) Extrait d'une lettre adressée à M. le Président de la Socièté d’acclimatation Par M. RAvIsy. …. Les Pommes de lerre qui m'ont été confiées en expérience m'ont été remises fort tard et le terrain n’a pu être préparé qu’à la hâte, cela était une assez mauvaise condition ; le rendement est peu satisfaisant comme quantité et poids. Les Pommes de terre avaient un bon aspect, je les ai goûtées, mais cuites sous la cendre seulement ; aucune espèce ne m'a satis- fait, sauf le numéro 19 qui se rapproche de la Pomme de terre violette du Morvan. ; ÉPOQUE NUMEROS ET NOMS. Nombre des tubercules plantés. POIDS. OBSERVATIONS. de l’arrachage. 4. Blanche de Munsoe k. (Suede) nr. 4 |10 septembre.|0, 700 2. Fine nouvelle per- pétuelle blanche..} 2 |12octobre. 10,350/Rien produit. k. Ronde, sixsemaines, blanche 4\ne0 2 |10 septembre.|1, 200 9. Rohan, blanche...| 2 |2 octobre. 1,060 6. De famille,blanche.| 41 [10 septembre.|0, 800 7. Anglaise, blanche _ précoce. ....... 2 — 1,350 8. Écossaise, précoce blanche he... 2 |15 septembre.|1, 580 9. Suédoise, de poi- leau, rouge.f.. 1. 2 |12 octobre. 2,530 10, Berlinoise rose du profes" Klotzich..| 4 {2 octobre 1,260 11. Bisquit de Proskau, ROUGE AE AS 2 — |1,950 12. Géante, rouge ....[ 2 |15 septembre.|1, 525 13. Bariolée de Califor- Me HOUSE ee 2 — 0,900 15. Albert de Paterson.| 1 — 0,720 46. Victoria de Pater- SON Perse 24 4 |12 octobre. 1, 920 17. Parters de Breese..| 2 |15 septembre.|1, 000 18. Feuilles de Frêne de Matte. 20 D — 0,410|Gâtée, mauvais produit, 19. Quarante fois..... 2 12 octobre. 3,225|Très-bonne. Se gâte depuis l’arrachage. 20. Précoce chinoise..f 4 |15 septembre.|[0, 5601. SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. NUMÉROS ET NOMS. . Roi des précoces de Rreese HA ce | - De Perles: 2..." . Régent d'York.... De Spillern. rt. 3 . De Saint-Jean de DECONSAS 2 -- - . Nouvelle de Riesen- 34. Grande Schonlack. . Pelure bleue de Hummelshain .. 36. Maltaise blanche .. 37. Rouge pâle de Ca- . Délicieuse . Américaine... .:2.:.# MFarineuse.-....14 . Rognon de Cliter- . Vieille . Précoce de Hisbaya. Vo cop F - Nègre,rouge longue. . Pomme de Pin... : -"Pomme’td'e' Pia? rouge es ee + + +, o— » ... shire de Whuler. Rognon blanc..... . Anglaise farineuse. MSDUNETANE. - + 54. Rognon de Rain- de s' sise ls ele ne feuille Frêne . Rouleau américain. . Prix de Hollande... . Prolifique de Breese. . Bleue de Horn .... DA NET S RER à . Américaine précoce de Geoderich, blanches dents 67, Américaine, longue de Callao, blanche. E sl , À Fe ÉPOQUE Z = | de l’arrachage. É 3 = 2 |15 septembre. 4 1e 4 pe 4 pes 3 |2 octobre. 4 |15 septembre. 4 |2 octobre. 2 _ 4 os 4 2e. 9 = 2 |15 septembre. 2 |2 octobre. 2 |15 septembre, 1 +. 4 |2 octobre. 4 |15 septembre. { en 1 Les 9 DRE 4 nc, 9 7 2 |2 octobre. 2 |195 septembre, D) De: 4 tés 0) =  EEE  _… POIDS. OBSERVATIONS. Petits tubercules. N'a donné que 3 tu- bercules. Six tubercules. N’a donné que quatre produits petits etin- signifiants. A donné une douzaine À de petits tubercules moyens, Sans va- leur. Mauvais. Petits tubercules. 1,125 |Mauvais. 0,260!N'a donné que quatre tubercules. FAITS DIVERS NUMÉROS ET NOMS. 95. . Huaichal . Yacuyes tardive... . Nalcas de la rivière . Américaine, précoce de Calico, rouge. . Caballera jaune tar- . Araucane, musquée ou colorée . Canqui rouge tar- dive . Manga blanca, jaune tardive . Guilgue rouge . ... . Gnegu, rouge lon- que ......... .... . Cabritas ou Mi- chunne tardive... . Française noire pré- 0... se ele © so Folten(Araucanie). . Plus nouvelle fran- ET EXTRAITS DE ÉPOQUE plantes . de l’arrachage. Nombre des tubercules CORRESPONDANCE. 703 POIDS. OBSERVATIONS. memes | eme 1 |15 septembre, çaise, blanche pré-| coce ... . Chapé colorée.... . Chapé blanche. ... . Du Chili Camota.. . Du Chili Papa Reina. . Bleue tardive du ChiliMangu negra. Bleue tardive du Chili Cauchau . .. . Du Chili Bolera... . Américaine d’York. ... . Blanche précoce de Londres MAI: . Belgique de Varry. . Sauvage du Chili, de Valparaiso. ... Du Chili, blanche d’Araucanie .;.. 2 2 octobre. 2 |15 septembre, 1 pu 4 ns il » Î 2 octobre. À pu 9 2 2 115 septembre. 9 y 9 Le 4 12 octobre. 1 |15 septembre. 9 are 9 34 2 2 octobre. 2 42 octobre. 9 2 octobre. 9 EE 4 VE 4 » 4 |15 septembre. 2 2 octobre. 9 à 4 es 9 == IR 0,260 |Très-médiocre. 0,850 0,350 Petits tubercules ; mau- Yals, 0,480 0,639 » [N'a pas poussé; se- mence gâtée. 2,360 1,125 /|Détestable sous la cen- | dre. 1,475|Petite; longue: noire. | 0,950 /|De deux couleurs ; mau- valse. 0,360 0,900 2, 1T0 6,260 0,160 0,570 |Petits tubercules, 1,160/N’a rien produit. 2,560|Bonne; se gle, 4,150 Noire. Se gâte un peu. 1,859 |Bonne. 1, 650 Médiocre. 4,150 /|Doit être bonne en ra- gout, ja 1,950 704 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ; ÉPOQUE NUMEROS ET NOMS. OBSERVATIONS. de l’arrachage. Nombre des tubercules plantés 06. Du Chili, rouge Ù d’Araucanie.... 12 octobre. » {[Pourrie; nulle. 97. Du Chili Murta .. 2 octobre. 1,960 98. Du Chili, jaune tar- diveDhyES: 7". 1,120|Gâtée depuis l'arra- chage. 100. Tardive américaine de Roses 15 septembre. |1,240 401. Du Chili; de Nal- cas de la rivière Tolten (Arauc°). 0,700 102. Du Chili, rougetar- dive Pastenesa.. 2 octobre. 1,860 Mauvaise. 103. Du Chili, rouge tar- dive Pillipicum. 12 octobre. |2,215|Se gàte beaucoup. Le peu de produit n’a pas permis de faire l’essai des Pommes de terre soit avec de la viande, soit en gâteaux on aux divers modes de les accommoder seules. Sur la propagation de l’Alfa dans le midi de la France et sur sa récolte future. 1o Mode d’ensemencement. — Les semis devront se faire en février et mars dans des terrines remplies avec de la terre ordinaire et un tiers de vieux décombres criblés. En procédant par semis, on fera une grande économie de graines et le succès sera assuré sur la germination de cette plante. 20 Division des jeunes semis. — La division des jeunes semis se fera dans le courant du mois de juin, les sujets auront atteint alors de 10 à 15 centi- mèires de long. On remplira, pour la division des plants de l’Alfa, de petits vases de 40 centimètres de diamètre, remplis de terre ordinaire mêlée avec une légère partie de vieux terreau, en ayant soin de ne rien couper aux racines que l’on roulera, s’il le faut, dans l’intérieur des pots. Ces semis, ainsi divisés, seront placés à l'ombre pendant une quinzaine de jours. 3° Plantation en pleine terre. — En septembre, à l’époque des premières pluies, après avoir préparé des trous de 50 centimètres de large et 30 de FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE, 705 profondeur, on dépotera sur place les plants dont il s’agit, en ayant soin de ne rien couper aux racines que l’on étalera dans les trous préparés à cet effet. 4° Terrain, exposition. — Tous les terrains secs et Caillouteux et toutes les expositions sont bonnes à cette graminée ; pourtant il est sans contredit que les terrains fertiles seront toujours plus productifs. 5° Production. — En 6 à 7 ans on peut commencer à faire la première récolte et la production sera plus grande en raison que les plantes auront alleint un plus grand développement. Chaque plante produit facilement 150 grammes de sparterie dans sa première récolte. Le bénéfice de l’exploitation peut paraître insignifiant si l’on compare les dépenses premières et le laps de temps qu’il faut pour arriver à la première récolte, seulement je dois faire observer que l’Alfa ne demande aucun soin, aucune culture, que ces plantes, exposées à toutes les intempéries, végètent très-bien et qu’une récolte certaine est toujours assurée. Les Anglais viennent chaque annte faire des chargements en Afrique pour plusieurs millions de francs de sparterie de premier choix, destinée à la fabrication de cordes, nattes, etc. Le deuxième choix est employé à la fabrication du papier en tout genre. 6° Récolte. — La récolte de cette graminée a lieu en mai et juin de chaque année. Elle se fait au moyen d'un bâton rond autour duquel on enroule les sommités des feuilles de l’Alfa, qui se détachent du cœur de la plante avec facilité. — Ce mede de récolte est très-expéditif et peu coûteux. DÉPENSE POUR UN HECTARE Achat de dix mille vases de 10 centimètres de diamètre, RENE CON SAR UT sateitee «3000» Un tombereau de terreau et transport, HOT EN ESA Le 6 » Vingt terrines ou vases de 55 centimètres de diamètre, EC CTeS ENCORE RE 10 » Cinquante grammes de graine d’Alfa, à L franc le gramme 50 D Pour semer, la main-d'œuvre, à 3 francs la journée. . . 5) » Pour faire la division des jeunes semis, six journées à 3 francs 18 » Pour faire les trous dans le contenu d’un hectare, ayant 0 centimètres de large sur 30 centimètres de profondeur, SN UNEÉES 40 [LANCS. ee AE ne Ut speed eat 18 » Pour le transport sur place de dix mille petits vases avec une charrette, dix voyages à 5 francs. . . . . . . . . . 50 » Pour la mise en pleine terre et dépotage des plantes, quatre OC CINE SMS EME TES RP MRRTE PPT Se EE ET 12 » Pour frais imprévus pour Ja récolle, elc. , . . ... . 20 » Total des dépenses « + + , + 487 fr. » 3 SÉRIE, T. Il. — Novembre 1875. h5 : 706 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. RECETTE DE L’ALFA 100 kilogrammes d’Alfa contiennent 800 paquets pesant chacun 425 grammes. On nous vend 45 centimes le paquet, ce qui revient les 100 kilogrammeés à à PNENPQ : 9 TRE NOR CENSURE Les dix mille plantes contenues dans un éclaté produisent, dans 6 à 7 ans, 112 kilogramme chacune ; les dix mille font 5,000 kilog., à 4120 francs les 100 kilog., chaque année . . . : NL UE | Toutes les années les plantes doivent produire un quart de plus et, dans une quinzaine d'années de plantation, elles produisent 1 kilog. chacune De sorte que cette plantation, qui est éternelle et ne demande aucune culture, rapporte davantage en vieillissant. Je veux déduire 3,000 francs sur 6, un hec- tare sans culture rendra 8,000 fr. comme terrain inculte, ci. . 83,000 fr, J. AUZENDE. (Extrait du Bulletin de la Soc. d'hort. et acclim. du Var.) Manière de conserver les graines de certains Palmiers. Dans sa Popular History of the Palms, Berthold Scemann, en décrivant le Livistonia, qui en constitue le trente-sixième genre, signale un fait des plus intéressants pour les botanisies et les horticulteurs, au point dé vue de la conservation des facallés germinalives des graines de certains Palmiers pendant les longues traversées. Il nous paraît utile d'en donner la traduc- tion : Le nombre de Palmiers que renferme nos serres n’est devenu considé- rable que dans ces dernières anhées. Anciennement il était fort limité, en raison principalement de la grande difficulté que l’on éprouvait à trans- meltre les semences en Europe sans qu’elles perdissent leur faculté ger - minative. Gette difficulté a cependant fini par être surmontée. Lorsque Allan Cunningham, botaniste du roi, se trouvait à la Nouvelle-Holiande, il adressa au jardin royal de Kew une caisse de plantes vivantes qui, en la vidant, se trouva avoir, au licu des pots de terre o dinairement placés au fond de pa- reilles caisses pour le drainage, des semences d’un Palmier presque toutes en voie de germination. Les gens au service de Cunningham, trop indolents pour aller chercher des pots, y avaient substitué des graines de Livistonia Australis qui se trouvaient plus à leur portée. Ces jeunes plantes furen élevées soigneusement, et l’une d'elles est maintenant devenue l'un des or- nements de Ja collection de Palmicrs à Kew ; une autre embellit la grande serre du jardin royal de Hanovre, et une troisième le Palais de cristal à Sy- denham. Cette découverte, qui prouvait que les graines de Palmiers pou- vaient être introduites en Europe avec le plus grand succès, en étant, dans leur pays natal, placées de suite dans du terreau, ne fut pas négligée par M. John Smith, l'intelligent administrateur du jardin de Kew; il la fit con- naître au loin, et c’est à sa propagation plus qu’à aucune autre circonstance FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 707 que doit être principalement attribué le grand accroissement des collection s de Palmiecrs dans nos établissements horticoles. J'en ai profité moi-même pendant mon voyage autour du monde, et j’ai pu ainsi introduire plusieurs espèces rares dans nos jardins. Les Livistonias sont originaires de l’Asie orientale et de l'Australie. Leurs tiges sont généralement arborées et toujours inermes. Leurs feuilles sont palmées, leurs pétioles couverts à la base de fibres abondantes, et généra- lement garnis d’épines sur les bords. Leurs fleurs sont hermaphrodites, fort petites, blanches et disposées en panicules axillaires; leur frait, drupe, est souvent inéquilatéral ct toujours d’un bleu éclatant qui, d’après Griffith, est un des caractères qui distinguent ce genre de sonallié le Licuala. Les Livistonias sont plus remarquables par leur noble aspect et leur élé- gant feuillage que par aucune qualité utile qui leur soit spécialement pro- pre. Le Livistonia Jenkinsiana, Griff., (le Toko-pat d'Assam), comme nous en informe celui qui l’a découvert, « est accompagnement indispeu- sable de la maison de tout homme comme il faut du pays, mais dans quelques endroits il est rare, et les arbres sont alors d’une grande valeur. Je n’ai pas souvenance d’avoir jamais vu un Toko-pat indubitablement sauvage. Ses feuilles sont partout en usage dans l’Assam pour couvrir le dessus des palanquins (doolees) et les toits des bateaux, de même que pour confectionner l'espèce de chapeaux ou plutôt de chapeaux-ombrelles (jha- pees) propres aux gens d’Assam. » Le bois et les feuilles du Livistonia ro- tundifolia, Mart., originaire de Java et des Célèbes, sont employés à divers usages d'économie domestique, mais je n’ai vu consignées nulle part les propriétés utiles d'aucune autre espèce de ce genre. Dans nos jardins ils sont en grande faveur et, sur le nombre total des espèces connues, cinq sont déjà soumises à la culture (1). À. D'AVRAINVILLE. Magnolias et Tulipiers cultivés à Saverdun (Ariége) Magnolia grandiflora et Yulan: Introduits et cultivés depuis plus de 60 ans dans les départements de la Haute-Garonne et de l'Ariège, les plus beaux se trouvent dans les jardins et pares de MN. de Saintenac et Duchalonge, à Pamiers, de Morteaux, au chà- teau de Bourdeite et au Jardin des plantes de ‘Foulouse. Rien de plus splen- dide que ce magnifique arbre placé au milieu d’une pelouse devant une riche (1) Ces c'nq sont : Livistonia australis (Corypha australis, R. Brown) L.: Chinensis, Mart. (Latania Chinensis, Jacq.; L. Borbonica, Lam.; Livistonia M au- riliana, Wall.; Saribus Chinensis, Bl.); L. Jenkinsiana, Griff.; L. olivæformis, Mart.; (Saribus clivæformis, Hassk.; Chamærops Biroo, Hort.); et L. rotun- difolia, Mart.; (Corypha rotundifolia, Lam.; Saribus rotundifolius, Blume ; Livistonia spectabilis, Griff.). 708 . SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. demeure, sur le bord d’un canal aux eaux vives et pures. Qu'on se figure une grande masse de feuillage d’un vertsombre, garnie de centaines d'énormes fleurs qui embaument le jardin. Son tronc mesure 2 mètres 50, ses grandes branches recouvrent un large espace de terrain, il s'élève à une hauteur de h0 à 45 mètres. Les nombreux sujets que je culuve âgés de 45 à 50 ans sont encore couverts de fleurs, et les cônes vont acquérir toute leur grosseur à la maturité (novembre-décembre); les graines, d’un rouge corail, restent suspendues par un assez long filament assez tenace, ce qui contribue à l'or - nement du végétal qui, dans ces mois, paraît dans touteson imposante beauté. Le magnolia Yulan est une sorte de nain auprès de son congénère, il me semble qu’il ne lui cède en rien par la beauté de ses fleurs blanches violacées tintées de carmin, C’est à mon avis un de nos plus jolis arbustes de premier printemps, époque où il se hâte d'entrer en fleurs et d'ouvrir la belle saison. Il est à regretter que cette superbe famille redoute les rigueurs des hivers de Paris. Je regrette de n’avoir pas admiré de visu les belles allées de Ma- gnolia de Nantes et d'Angers devenues célèbres, mais la végétation de ces rois des forêts américaines retrouvent dans le Midi et surtout dans le Sud- Ouest les conditions les plus favorables, ils peuvent y acquérir les plus beaux développements. Tulipier, Liriodendron tulipifera Rien à ajouter à la description de ces arbres de première grandeur dans nos contrées ; leur végétation et floraison a été d’une remarquable beauté en 1875. Deux cônes renferment des graines fertiles qui se ressèment natu- - rellement dans lAriège. Il en est de même pour le Virgilia lutea qui ne se rencontre que trop rarement dans les jardins et les parcs de notre pays, rien n’égale l’élégance de son léger feuillage et la beauté de ses longs thyries floraux de plus de 25 centimètres de long, et qui exhalent pendant trois semaines une suave odeur. Léo d’Ouxous. L’Alpinia nulans. Cet été, par sa prolongation, semble vouloir empiéter sur l’automne: il donne lieu à certains phénomènes de végétalion que nous devons signaler. Ainsi les amateurs d’horticulture peuvent en ce moment voir à Hyères, dans le jardin de notre confrère M. Denis, un superbe pied d’A/pinia nutans en pleine floraison. Cette plante, qui est originaire du Bengale et qu’on trouve aussi à Java, a montré depuis une quinzaine de jours sa régulière et superbe floraison. Voici ce qu’en dit le Manuel général des plantes à l’article des Zingibé- racées ou des Gingembres : Alpinia nutans Smith (Globba nutans Lin.) magnifique plante à racines ligneuses, tige haute d’environ 3 mètres, cou- verte dun duvet soyeux court, feuilles oblongues, lancéolées, acuminées, FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 709 ciliées de poils roussâtres, brièvement pétiolées, longues de 50 à 69 centi- môtres, inflorescence multiflore nutante d’abord, renfermées dans deux grand: s spaihes coriaces, etc., elc. Limbe intérieur ou labelle grand, ovale, élarzi, prolongé vers le sommet, qui est échancré, crénelé, d’un bel orangé sur lequel sont tracée; des lignes divergentes d’un beau rouge; croît dans Pintérieur du Bengale, fleurit au printemps et en élé. Introduit par J. Banks, en Angleterre en 1792. Se cultive en serre chaude à une température constante de 13 à 18 degrés. On doit leur donner beaucoup d’eau et d’air. On peut voir dans le même jardin un beau pied de Zamia muricala en train de mûrir un énorme cône formé dépuis quelques mois. [l n’a pas moins de 35 centimètres de hauteur. Cette plante croît dans le Venezuela (Amérique du Sud), sous le 14° degré de latitude. On trouve également, dans ce magnifique jardin, plusieurs Bananiers en pleine fructification. Chronique d'Amérique Culture du Tabac à la Jamaïque. — Graines oléagineuses nouvellement expéri- mentées. — Les Maniocs de la Guyane. — Destruction des Fourmis.— L’os- tréiculture américaine, — Les Aloses du lac Ontario. La Jamaïque prétend arriver à rivaliser avec Cuba pour la qualité de ses Tabacs. 11 n’y a pas bien longtemps que cette culture a été introduite un peu en grand dans l’île anglaise, et son extension n’est pas encore considé- rable. Les résultats toutefois sont, paraît-il, très-satisfaisants. Les cultivateurs sont presque tous des réfugiés cubains parfaitement au courant de cette in- dustrie. La consommation jusqu'ici se fait presque tout entière sur place, mais On ne paraît pas douter du succès commercial final, et cela dans un avenir qui ne saurait être fort éloigné. Le surintendant du Jardin botanique de l’île distribue chaque année un assez grand nombre de paquets de graines contenant chacun plusieurs variétés originaires, paraît-il, des jardins de Kew. Cette provenance anglaise donne à réfléchir. Pourquoi, quand on peut avoir“ les excellents produits des «crus » de la Havane et des autres points re- nontmés des Antilles espagnoles, s'adresser à ceux de l'Angleterre ? Serait- ce que la savante culture de Kew aurait amélioré les graines des plantes de Cuba ? Mais, comme pour la vigne, la question de sol et de condition clima- térique a une importance considérable pour les plants de Tabac alors qu’il s’agit des qualités les plus renommées. On à aussi, de date récente, expérimenté dans la même colonie certaines graines oléagineuses. De l’umande désignée par les Anglais sous le nom de Bread Nut (Omphalea triandra), on a retiré une huile limpide et pure, mais on ne paraît pas s'être assuré du degré de température auquel cette 710 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. huile se congèle. On a également retiré des graines de la Fevillea cordi- folia une huile qui, par sa facilité de condensation, serait précieuse pour la fabrication des bougies. Geite plante sarmenteuse est extrêmement com- mune dans l’île et pourrait être cultivée sur perches, comme le houblon, avec très-grand profit. L’huile de cette espèce particulière de Févillée est d’ailleurs connue comme médicament éméto-cathartique; elle est consi- dérée, par les indigènes de l'Amérique, comme un sûr contre-poison du Mancenillier et des Spigélies. Au Venezuela, au Brésil et dans d’autres par- ties de l'Amérique du Sud, on obtient, des graines de la Fevillea trilobata et d’autres Févillées, une huile qu’on dit souveraine contre certains rhuma- tismes, employée en friclions. _ A l’île de la Trinité, autre possession anglaise des Antilles, on a eu l'idée de tirer de l'huiic des fruits de lAvocatier, mûr ou vert. Cette huile est excellente pour alimenter les lampes et elle brûle fort longtemps. Une mc- daille d’or a même été décernée au fabricant. À vrai dire, il n’y a pas là de découverte proprement dite, car celte huile était article de commerce au Venezuela et sur une grande portion de la terre ferme sous la domination espagnole ; el non-seulement on la brûlait, mais on s’en servail pour la cuisine malgré son ameriume. Quoi qu’il en soit de la prétendue découverte, l'huile de poire Avocat (Persea gratissima) est d’une fabrication facile et peu coû- teuse qui en fait un produit commerciai avantageux. Jusqu'à présent les Maniocs de la Guyane avaient été ravagés par les fourmis, Ces insectes en détruisaient des champs entiers. L'eau, le feu, les fouilles, la suie et tous les moyens préconisés étaient restés sans effet contre ces dévorants. Cn est eafin parvenu à trouver un remède au fléau et ce re- mède c’est le sulfure de carbone. Il n’est pas de fourmilière, quelle qu’en soit la profondeur dans le sol, qui résiste à cel agent chimique. Ceux de nos horticulteurs et arboriculteurs qui ignorent jusqu'à présent ce moyen feront bien d’en expérimenter l’efficacité, qui n’est plus douteuse pour les cultiva- teurs de Manioc de la Guyane. Quant au phylloxera, dont on avait trop tôt chanté la défaite, il continue à se porter à merveille et paraît à l'abri de tous ‘les poisons. Les mois à R, dans lesquels nous entrons, ramènent avec eux les Huîtres sur n0s marchés. La consommation énorme qui se fait aujourd’hui en Frane de ce mollusque a engagé des compagnies américaines à envoyer chez nous les produits de leurs bancs. Mais l'Amérique aussi consomme les Hluîtres par myriades, et sans le zèle des ostréiculleurs, les demandes finiraient par dé- passer de beaucoup la production. L’osiréiculture à pris acjourd’hui une grande extension sur les côtes améric:ines, bien qu’elle soit encore dans l'enfance. Les méthodes ne sont pas absolument conformes aux nôtres. Alors que Lous n’ensemencons encore que les bas-fonds, les Américains « sè- ment » lHuitre aussi bien à 80 mètres qu'à 8 mètres de profondeur, ne FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 711 s’inquiétant pour fixer le frai que de la présence de coquilles et de graviers sur les fonds. Une série de dragages se pratiquent à divers intervalles pour lransplanter les jeunes Huîtres et les éparpiller sur des fonds regardés comme plus propices à leur développement rapide. Ces terrains huîtriers varient autant que ceux des terres arables. Les con- naisseurs savent aisément distinguer les produits de tels ou tels de ces ter- rains. Au bout des quatre ou cinq années que dure sa croissance, l’'Huître est mise à l’engrais sur le fond de sable dur d'un canal situé entre des îles rocheuses où la marée se fait ressentir comme dans un fleuve. C’est là qu'elle acquiert cet embonpoint et cette fermeté qui la font distinguer des Huîtres non cultivées, La différence entre l'Hoître naturelle et l'Huitre qui a LÉ transplantée réside surtout dans le muscle circulaire vulgairement dé- signé sous le nom de cœur. La plupart des Huîtres ordinaires passent direc- tement de l’eau salée au marché. Les produits plus finement cultivés sont portés à l'embouchure d’une rivière d’eau douce où, placées pendant un laps très-court sur des radeaux ad hoc qui flottent au-dessous de la surface, se débarrassent de tout ce qui pourrait les détériorer. Les gourmets améri- cains savent reconnaître parfaitement ces dernières Huîtres et les préfèrent à toutes les autres. A mesure que les moyens de transport se multiplieront et que les habitants de l’intérieur apprécieront davantage le savoureux mo'lusque, l'extension de la consommation devra naturellement donner une nouvelle activité à l’in- dustrie ostréicole américaine, ct après avoir débuté chez nous, où elle lan- guit, peut-être aurons-nous à aller chercher de lautre côté de l'Océan les procédés d'amélioration qu’elle y aura trouvés. Nous lisons dans un journal canadien, The Sentinel, un petit entrefilet qui parle haut en faveur de la pisciculture telle qu’on sait Ja pratiquer el grand en Amérique. La ville de Cobourg (Ganada), y est-il dit, a été tout étonnée, ces temps derniers, de voir son marché encombré d'une nouvelle espèce de pelils poissons qu’on croyait être des harengs et que les pêcheurs du lieu avaient pris en nombre considérable près de la côte du lac Ontario. C'était tout simplement de jeunes Aloses. Depuis quelque temps M. Seth Green, le fameux pisciculteur américain, avait introduit cette variété dans les eaux du Genesce, où elle avait multiplié rapidement, et d’où elle s’est bientôt répandue dans le lac. «C’est pour la première fois, ajoute la feuille canadienne, que ce poisson se montre en granile quantité sur la rive septen- trionale, et c’est une bonne aubaine pour les riverains. » il peut être regret- table, toutefois, qu’on en prenne de telles quantités sans attendre leur plein développement. Octave SACHOT, VL BIBLIOGRAPHIE. L’EUCALYPTUS SON INTRODUCTION, SA CULTURE, SES PROPRIÉTÉS, USAGES, ETC. Par M, C. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances de la Societe d’acclimatation. (Deuxième édition entièrement refondue) La librairie centrale d'agriculture et de jardinage (A. Goin, éditeur, rue des Écoles, 62) vient de mettre en vente une nouvelle édition entièrement refondue du volume de M. Raveret-Wattel, sur L’Eucalyptus (1). Fidèle au programme qu'il s'était tracé pour son premier travail, l’auteur s’est attaché, dans cetie réédition, à être aussi complet et aussi exact que possible, en donnant avec un soin consciencicux les diverses opinions des auteurs qui se sont occupés de la question des Eucalyptus, soit au point de vue des produits el des avantages à tirer de ces arbres, soit en ce qui con- cerne les procédés de culture à suivre. Depuis la première publication du travail de M. Raverel-Wailel, ouvrage qui se trouvait, d’ailleurs, complétement épuisé, des expériences tentées sur divers points sont venues faire mieux connaître certaines espèces d’'Eu- calyptus qui n’avaient guère élé essaytes hors de leur habitat naturel; aussi l’auteur ne s'est-il pas contenté d’une simple réimpression, et a-t-il tenu à mentionner dans son livre les résultats de ces expériences. (4) Un volume in-8, 4 fr. 50. Le gérant : JULES GRISARL. PARIS, — IMPRIMERIE DE E, MARTINET. RUE MIGNON, = I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LES HYDRO-INCUBATEURS EXPLOITÉS INDUSTRIELLEMENT À GAMPBAIS PAR MM. E. ROULLIER-ARNOULT ET E. ARNOULT Lettre adressée à M. Le Président de la Société Par M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE 4° décembre 1875. Monsieur le Président, Je vous demandela permission de-vous rendre compte d'une visite que J'ai faite aujourd'hui chez MM. E. Roullier-Arnoult et E. Arnoult, à Gambais, près d'Houdan (Seine-et-Oise). En faisant ce petit voyage, j'avais pour but d’assister à une éclosion de poulets ayant subi Pincubation dans les appareils (hydro-incubateurs) que ces messieurs emploient industriel- lement depuis quelques mois. Il est difficile de trouver un temps plus favorable que celui de ce jour pour assister à l'expérience, car la terre est cou- verte de neige, la bise est froide et la terre gelée depuis plu- sieurs Jours. | Qu’on obtienne des éclosions artificielles de poulets quand la température ambiante est élevée, c’est un spectacle encore assez rare avec les appareils actuellement usités; mais en plein hiver, par un temps de neige, c’est tout à fait inattendu. J'ai cependant vu aujourd’hui les tiroirs des hydro-incubateurs de MM. Roullier et Arnoult pleins de poulets éclos, éclosants ou près d’éclore. L'industrie de l’éclosion industrielle des poulets, créée par ces messieurs, est entrée aujourd'hui dans le domaine de la pratique, et pour le prouver je n’aurai qu’à vous dire, monsieur le Président, que MM. Roullier et Arnoult ont vendu au com- merce, du 1° octobre au 30 novembre dernier, plus de treize mille petits poussins. 3° SÉRIE, T. L[. — Décembre 1875. 40 744 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Vous me permettrez, monsieur le Président, d’entrer dans quelques détails. MM. Roullier et Arnoult sont beaux-frères ; ils étaient, il y a peu de temps encore, à Paris dans le commerce (tissus et contections). La santé de l’un des membres de leur famille les obligeant à vivre à la campagne, ils se fixèrent par hasard à Gambais, près d’'Houdan. Désireux d'employer utilement leur iemps, ces messieurs eurent l'idée de se livrer à l’industrie locale, la fabrication des poulets. Ils s’organisèrent pour faire couver des œufs (1), se procurérentle matériel de Dindes cou- veuses nécessaires, et bientôt leur petit commerce commença à prospérer. Un jour, pour une cause quelconque, 40 des 60 Dindes occupées à couver les œufs de ces messieurs succombèérent; c'était une grande perte, perte d'autant plus sérieuse, que les poulets à naître étaient vendus d'avance : il fallait pouvoir remplir les engagements pris. Messieurs Roullier et Arnoult eurent l’idée de prendre les œufs dont l’incubation était la plus avancée et de les placer entre deux édredons, entourés de bouteilles pleines d’eau chaude. Ce fut ure besogne longue et fastidieuse que de renou- veler incessamment ces bouteilles, mais le succès fut complet et les engagements contractés purent être tenus. | (Pendant que cette couveuse artificielle improvisée fonc- tionnait, on apporta à ces messieurs treize œufs de Perdrix, ayant subi environ quinze jours d’incubation. Douze per- dreaux vinrent à éclosion.) Cet essai, dû au hasard, inspiré par l’urgence de la situa- tion, fit réfléchir ces messieurs, et ils se préoccupérent de savoir s’il n'existait pas des appareils pratiques permettant de faire couver artificiellement de grandes quantités d'œufs. Le 10 juin 1874, M. Roullier m'écrivait la lettre suivante : (1) On sait en effet qu’à Houdan et dans les environs, les fermiers trou- vent avantage à vendre leurs œufs à ce qu’on appelle dans le pays les AcOu- VEURS. On rachète ensuite à ces spécialistes des poulets âgés de quinze à vingt heures, et on les confie à des Dindes qui les mènent par grandes troupes. LES HYDRO-INCUPBATEURS. 745 Monsieur le Directeur, Désirant monter une industrie pour l’éclosion des poulets, je viens ré- clamer de votre obligeance de me renseigner sur les moyens artificiels qui peuvent fonctionner avec succès dans votre établissement. J’ai entendu parler d’un thermo-siphon devant fonctionner actuellement au Jardin d’ac- climatation: est-ce un appareil praticable ? quel en serait le prix? quelle quantité d’œufs pourrait-on lui confier? Je ne compte pas faire éclore moins de vingt mille poussins par an. Veuillez agréer. etc, ROULLIER à Gambais près Houdan (Seine-et-Oise). J'ai répondu à M. Roullier, en lui donnant l'adresse des personnes qui fabriquent des couveuses arüficielles à Paris. La couveuse Carbonnier et la couveuse Robert furent acquises et emportées à Gambais. La couveuse Carbonnier, placée dans des mains inexpéri- mentées, donna de mauvais résultats. La premiére nuit où elle fonctionna, la mèche de la lampe à pétrole n’ayant pas été assez montée, la flamme s’éteignit, et les œufs se refroidirent. La seconde nuit, la mèche ayant été montée avec excès, l'ap- pareil entier prit feu! La couveuse Robert, couveuse sans foyer celle-là, ne donna pas à MM. Roullier et Arnoult de bons résultats. Soit qu'on fit fonctionner l'appareil dans une pièce trop fraîche, soit toute autre cause, on eut peine à obtenir la température con- venable dans le tiroir. Puis survint un accident, le réservoir de zinc se dessouda, et il fallut démonter complétement l’ap- pareil. | Ce travail fut pour ces messieurs l’occasion de chercher des perfectionnements à l’incubateur. Après avoir modifié quelques-uns des organes de l’appareïl, MM. Roullier et Arnould se sont décidés à en construire eux-mêmes. Ils croient aujourd’hui être arrivés à fabriquer une couveuse tout à fait satisfaisante. Jai vu. par moi-même que leur hydro- incubateur fonctionne dans des conditions qu’au premier abord j'aurais jugées absolument défavorables au succès de lincubation. 746 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Les appareils que MM. Roullier et Arnoult appellent hydro- incubateurs, sont placés dans deux pièces différentes situées à rez-de-chaussée, au-dessous du niveau du sol d’environ 40 à 50 centimètres. Ces pièces sont, l’une pavée, l’autre grossiérement carrelée. L'une et l’autre pièce semblent assez humides; d’ailleurs, par suite des manipulations qui se font pour retirer soir et matin des appareils l’eau à réchauffer, il tombe à terre des quantités de liquide assez notables pour entretenir dans les locaux une certaine humidité. La première salle (pavée) mesure environ 5" X8" ; la hau- teur du plafond est d'environ 2°,75. Trois fenêtres exposées au midi, mais abritées par une maison voisine, de façon qu’en hiver elles ne reçoivent pas de soleil, éclairent le local. Le carreau d’une de ces fenêtres est cassé, depuis longtemps déjà, m'assure-t-on. Il existe un trou d'environ 0",40 X0",40 dans le mur, au-dessus d’une des fenêtres ; par suite de cette aéra- tion voulue ou fortuite, 1! fait dans la pièce un froid humide et pénétrant. La température de la pièce est de + 2°, dehors il fait — 3°,5. Les hydro-incubateurs, rangés le long des murs, laissant libre le milieu de la salle, sont au nombre de cinq : 4 hydro-incubateur pouvant contenir 450 œufs — 450 œufs. l id. id. 220 = Fi) 5 id. id. Total... — 1340lœufs La température de cette pièce est, je le répète, glaciale; ce froid humide nous saisit, nous grelottons. Nous ouvrons les tiroirs des appareils et y trouvons des œufs parfaitement chauds ; les thermomètres placés sur les œufs marquent + 40° + 39°,5 HE %0°,5 ; la température est en somme d’une régularité parfaite. Je demande à constater l’état d'avan- cement de quelques incubations. Cinq œufs sont cassés, et Je reconnais des poulets parfaitement vivants, devant éclore les 5, 13 et 18 de ce mois. La deuxième salle (carrelée) mesure environ 5" X8"; la hau- teur du plafond est d'environ 2",75. Cette pièce, comme la LES IIYDRO-INCUBATEURS. 717 précédente, a trois fenêtres exposées au midi, mais pouvant recevoir le soleil; aussi sont-elles garnies de rideaux. Il y a deux portes, l’une donnant sur le vestibule commun aux deux: chambres d’incubation, l’autre donnant sur l’extérieur. Cette dernière porte, vu la température du dehors au jour de ma visile, mérite attention; elle est tellement vermoulue, qu’elle est fendillée, percée de trous; c’est bien plutôt un écran, un paillasson qu’une porte. La température étant au dehors de — 3°,5, celle de la salle est de + 6°,5 (1). Les hydro-incubateurs, rangés le long des murs, comme dans l’autre chambre d’incubation, sont au nombre de 15 : G hydro-incubateurs pouvant contenir 220 œufs... 1320 œufs. 3 id. id. 100 id. — 300 5 id. id. FÉRSICN sv A id. id. DOMAINE 00 45 Total... — 20/45 œufs. Je constatai dans les tiroirs la régularité de la température, et j’en retirai avec ces messieurs environ 150 poulets déjà secs, éclos dans la matinée. Un nombre de poussins au moins égal, insuffisamment ressuyés, furent laissés en place; quant aux œufs bêchés et en cours d’éclosion, béchant, je n’ai pas pris la peine de les compter, tant 11 y en avait. Cette dernière salle, dans les appareils de laquelle nous avons assisté à l’éclosion des poulets, est la première in- stallation de MM. Roullier et Arnoult; plusieurs des appareils qüe nous y voyons datent seulement du mois d'avril. C’est là que, du 1° octobre 1874 au 30 novembre 1875 (2), en 14 mois, ces messieurs ont fait éclore, ont fabriqué, si je (4) MM. Roullier et Arnoult m’affirment que dans le courant de l'hiver dernier la température de cette pièce s’est abaissée à — 2°, et qu’il n’en est résulté aucun inconvénient pour les couvées; je n'ai pas de peine à l’ad- mettre, ayant constaté la basse température de la première salle. (2) Dans le courant de cet été, MM. Roullier et Arnoult ont fait éclore dans les hydro-incubateurs des œufs d’Oie, de Canard, de Pintade et de Faisan et même des œufs de Moineau franc. 748 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. puis ainsi dire, 13 317 poussins, qu'ils ont vendu à raison de 55 francs le cent, prix moyen. Les poulets nés dans les couvoirs dont il s’agit sont-ils vi- soureux ? s’élèvent-ils facilement? Le nombre des demandes reçues chaque jour par ces messieurs en est la preuve. Les éleveurs de volailles des environs de Houdan ne s’inscriraient pas à l'avance, comme ils le font, pour acquérir les poussins éclos à la vapeur, comme on dit dans le pays, si leur éduca- tion présentait plus de difficultés que celle des jeunes oiseaux éclos naturellement. Mais d’après plusieurs éleveurs expérimentés, les poulets sortis des hydro-incubateurs vaudraient mieux que les autres. On en donne deux raisons. Les germes manquant de force, assure-{t-on, ceux qui auraient eu de la peine à s'élever péris- sent après quelques jours d’incubation dans l'appareil, par conséquent les oiseaux vigoureux sont seuls amenés à bien. Cette opinion me paraît controversable. Si l'appareil est bon et réellement pratique, il développe normalement les germes, et alors il doit donner la vie aux faibles comme aux vigoureux. S'il est mauvais, il doit donner un nombre d’éclosions moindre que les couveuses naturelles, et ce n'est pas le cas. La deuxième raison qui, au dire des éleveurs dont je rap- porte ici l'opinion, rend les poulets à la vapeur préférables, est à mes veux plus sérieuse. Chez les gens du pays qui font métier de faire couver chez les acouveurs, le terme est con- sacré, les chambres d’incubation sont occupées toute l’année par des volailles, et il en résulte fréquemment des accidents. Les couveuses succombent parfois, en quelque sorte dévorées par les mites, et c’est là le grand péril de cette industrie; les poulets livrés par les acouveurs aux éleveurs emportent avec eux des légions de vermines parasites qui les tuent et empoi- sonnent en outre la basse-cour où ils sont introduits. Lors- qu’on a la mauvaise chance d’acquérir des poussins dans ces conditions, on dit à Houdan avoir acheté des poulets empor- sonnés. Les poulets de MM. Roullier et Arnoult ne peuvent être empoisonnés, et c’estune des raisons qui les font grandement apprécier des éleveurs. -_ LES HYDRO-INCUBATEURS. 749 Pendant ma visite est venue chez mes hôtes une acouveuse des environs, apportant des poussins nés du matin sous une Dinde. Plusieurs de ces petits avaient été écrasés par la cou- veuse, et, manquant de conductrice, l’acouveuse venait de- mander pour ses nouveau-nés l'hospitalité à la chaleur de l'hydro-incubateur. On m’a fait constater combien les poulets des tiroirs avaient meilleure mine que ces poulets naturels: j'en convins bien volontiers. Mais on peut objecter que les hydro-incubateurs peuvent donner un nombre d’éclosion inférieur à ce qu'on obtient des couveuses naturelles. MM. Roullier et Arnoult affirment que le résultat est au moins égal. Le développement des germes s'accomplissant régulièrement, l’avantage du système artificielest de supprimer les risques résultant des œufs cassés, des petits écrasés par les poules ou les dindes ; on évite aussi les pertes que la mort d’une couveuse mourant empoisonnée (par les mites) ou par d’autres causes peut occasionner à l’'acouveur. Il est bon d’observer que MM. Roullier et Arnoult, comme les autres acouveurs de la localité, achètent leurs œufs de toutes mains aux environs, dans un rayon de huit à dix lieues autour de Hioudan. Or, la vente de ces œufs ne se fait pas avec toute la conscience qu'on pourrait souhaiter; les bons campagnards ne se font aucun scrupule de mettre leurs œufs sous des poules, et de les revendre ensuite comme frais et bons à couver après avoir reconnu par le mirage leur infécondité. D'un autre côté, amenés de grandes distances par des mauvais chemins, les œufs, en hiver surtout, ont à souffrir de transports quine. sont pas faits peut-être avec tous les soins désirables. IL ré- sulte de ces diverses causes que le nombre des œufs inféconds est très-considérable dans les couvées des acouveurs des poulets naturels, aussi bien que des poulets à la vapeur. Après ce que J'ai vu, après avoir constaté l’empressement que les acouveurs mettent à acheter des hydro-incubateurs à MM. Roullier et Arnoult, je suis disposé à admettre que leurs résultats sont au moins aussi avantageux que les résultats ob- tenus naturellement. 720 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Suivant M. Roullier, en été, la proportion des œufs clairs serait de 25 pour 400; en hiver, de 50 pour 100. En outre, il faut compter, en hiver comme en été, 20 pour 100 d'œufs jugés féconds au mirage et n’arrivant pas à bien. Le résultat des éclosions serait donc pour l'été de 55 pour 500, et pour l'hiver de 30 pour 400 seulement. Les résultats des éclosions étant indiqués, il nous reste à considérer quel peut être le produit de chacune des couvées. Nous nous servirons, pour l’apprécier, des chiffres qui nous ont été fournis par MM. Roullier et Arnoult. Étant donné un hydro-incubateur contenant 200 œufs, nous obtüiendrons, si les chiffres ci-dessus sont exacts, 110 poulets. Mais réduisons encore d’un dixième. 100 poulets éclos seront vendus (prix d’été)..._............. L5fr. > Les dépenses de l’opération seront les suivantes : Achat de dix-sept douzaines d’œufs à 80 c. (prix d’été).. 13 60 Chauffage.... 2 fr. 50\pour réchauffer l’eau des appareils matin et soir et retourner les! 53 » Main-d'œuvre. 2fr. 50) œufs dans les tiroirs. 18 60 Revente pour la consommation des œufs reconnus clairs après quelques jours d’incubation. A déduire........ DAS) Total net des dépenses.... 15 60 45 60 Il résulte du compte un bénéfice net de................... 29 fr. 40 J'ai tenu, monsieur le Président, à vous faire connaître sans retard les faits intéressants que j'ai observés dans ma visite à Gambais. Ils me paraissent dignes d'attirer l'attention de la Société. MM. Roullier et Arnoult ont, par leurs recherches, résolu un problème dont la solution était depuis longtemps poursuivie, etje termine cette longue lettre en vous demandant de renvoyer à la Commission des récompenses la note ci-jointe. et les dessins et descriptions des hydro-incubateurs qui lac- compagnent. Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mes sentiments respectueux. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. NOTICE SUR LES COUVEUSES ARTIFICIELLES Par MM. E. ROULLIER - ARNOULT et E. ARNOULT A Gambais, près d'Houdan (Seine-et-Oise). De toutes les couveuses artificielles mises dans le com- merce jusqu'à ce Jour, il n’en est aucune qui ait répondu aux besoins de l’agriculture et des éleveurs, les unes à cause de leur prix trop élevé, les autres moins chères, mais bonnes tout au plus, pour quelques amateurs ayant le loisir de se lever plusieurs fois la nuit pour monter ou descendre la mèche d'une lampe; mais quand même, ils arriveraient presque tou- jours à un résultat négatif. Le système des couveuses à eau chaude (1), renouvelée de douze heures en douze heures, est le plus sûr; il coûte le moins cher, et aurait déjà fait un grand pas dans l’agriculture, si les inventeurs avaient réussi à donner aux œufs une chaleur continuelle et régulière, combinée avec l’air extérieur. Selon nous, les règles de lincubation artificielle doivent différer de celles de Pincubation naturelle, attendu que les changements de tempéralure s’opérant sous une poule qui aura 42 œufs à couver ne seront plus les mêmes dans un cou- voir qui en aura 4100, car chaque poussin fournit une cha- leur qui lui est propre ; les graduations de chaleur ne seront donc plus les mêmes dans l’un et l’autre cas. Lorsque nous avons voulu faire éclore nos poussins par les moyens artificiels, nous avons essayé des appareils les plus per- fectionnés jusqu’à ce jour; mais avec tous nous avons échoué, (1) La première couveuse sans foyer à été inventée par M. Dubus. de Rouen, vers 1860. : (Rédaction.) 723 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. tout en suivant à la letire les prescriptions de l'inventeur (4). Ce n’est donc qu’à force de travail, de recherches, d’expé- rience, et surtout de pertes, que nous sommes arrivés à perfec- tionner un *ydro-incubateur produisant le même résultat que les couveuses naturelles, comme nombre et comme sujets, pouvant fonctionner sur une grande échelle, et surtout ne coûtant presque rien d'entretien. Chaque appareil ne prend : à son propriétaire que dix minutes matin et soir, et contrai- rement aux appareils existants auparavant, il fonctionne par les plus grands froids, avec une régularité parfaite. Jusqu'à présent les fabricants de couvoirs artificiels à eau chaude sans foyer, pour faciliter la vente, ont limité à l’avance la quantité d’eau à réchaufler matin et soir, en se basant sur les degrés de l’appartement contenant le couvoir. Ce moyen est tout à fait contraire aux lois de l’incubation, et les cou- voirs menés de la sorte ne peuvent fonctionner ni par les grands froids, ni par les grandes chaleurs. En effet, on est obligé de calculer ce qu’il faut d'eau pour donner aux œufs la chaleur minima au début de la couvée, pour qu’'arrivant à ja fin, les œufs ne soient pas trop chauffés. Cela serait bon si tous les œufs mis à couver devaient produire un poussin, et aussi pour un petit couvoir de 412 à 45 œufs; mais 1l n’en est pas ainsi: nous mettons de bons et de mauvais œufs ensemble, et nous voulons des couvoirs avec des tiroirs de 50 œufs au moins. Nous avons parfaitement reconnu qu’à partir du dou- zième jour jusqu’à l’éclosion, tous les œufs contenant un poulet vivant augmentent graduellement de chaleur; la chaleur intérieure des étuves, ou tiroirs, sera donc subordonnée au nombre de poussins vivants qu'ils contiendront. Cela étant, si l’on met une quantité d’eau fixée à l'avance, on réussit une couvée, tous les œufs étant bons ; etil est évident que la suivante ne réussira pas, si la moitié des œufs seulement est fécondée, car, ayant moitié moins de poussins donnant leur (1) MM. Rouillier et Arnoult ont obtenu de nombreuses éclosions dans la couveuse de M. Robert ; mais pour cela, ils ont dû négliger les prescrip- tions relatives aux quaniités d’eau à renouveler : suivant ces instruclions à la lettre, ils obtenaient des résultats insuffisants. :(Rédaction.) COUVEUSES ARTIFICIELLES. 728 chaleur dans l’œuf et ayant mis la quantité d’eau réglemen- taire, vous n’arriverez pas à donner à l’étuve une chaleur suf- fisante. Il vous manquera la quantité de chaleur produite par les poulets eux-mêmes pendant l’incubation. Ce système pêche donc par la base. Un exemple entre cent. Un de nos hydro-incubateurs, de 200 œufs, est resté, en été, quatre jours entiers sans avoir besoin d’être réchauffé par une addition d’eau chaude; la chaleur progressive des poussins vivants remplaçait la perte de chaleur de la chau- dière du couvoir. Autre observation. La température du couvoir sera encore subordonnée à l'endroit de l'appartement où il sera placé : qu'on mette un thermomètre dans une chambre, il indiquera la température de l'endroit où il est cloué, mais vers les portes, les fenêtres ou tout autre courant d’air, la tempéra- ture ne sera plus la même ; par conséquent, le couvoir subira toutes ces influences sans qu’on puisse en tenir compte, si lon met toujours la quantité d’eau prescrite à l’avance par le tableau qu’on recommande de suivre exactement. L'expérience nous a démontré que cette méthode était 1m- praticable et qu’il fallait conduire une couveuse à eau chaude au jour le jour, c’est-à-dire suivre les indications du thermo- mêtre placé en permanence dans le tiroir où sont les œuis. Chaque fois que vous ouvrez le tiroir matin et soir, et avant de réchauffer l’eau, constatez le degré de chaleur : s’il est toujours fixe, vous réchaufferez toujours avec la même quan- tité d’eau; si au contraire la chaleur monte un peu, l'addition d’eau sera moindre ; de même si la température a baissé, l’ad- dition d’eau sera plus forte. L’expérimentateur suit la marche de la couvée : à mesure que les poussins progressent et donnent de la chaleur, on ré- chauffe de moins en moins l’eau; de là économie, tout en con- servant la chaleur nécessaire à la marche de la couvée. Ainsi nos couvoirs de 200 œufs, débutant avec 20 litres d’eau à réchauffer matin et soir, finissent insensiblement avec 5 ou 6 litres. | ; Du reste, la capacité énorme de la chaudière, jointe à un 72k SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. rembourrage parfait, donne une puissance énorme à la con- servation de la chaleur de l’eau qu'elle contient. Enfin, nous croyons avoir atteint le but tant désiré en met- tant au Jour un couvoir pouvant servir à l’industrie, tant par la modicité de son prix d'achat que par les dépenses d’entre- lien insigmifiantes, et à la portée de toutes les intelligences. Pour cela, voici les perfectionnements que nous avons apportés aux couvoirs connus jusqu'à ce jour. 1° Capacité de la chaudière, 220 litres. Le volume d’eau étant considérable, résiste au refroidissement. 2° Un niveau d’eau extérieur permettant de constater la quantité d’eau que l’on met ou retire sans avoir besoin de mesurer. 3° Robinet au milieu de la chaudière pour tirer l’eau matin et soir, afin que celle versée par le haut, étant bouillante et plus légère, reste à la surface et ne vienne jamais changer la température de celle du fond de la chaudière qui se trouve en contact avec les œufs. h° Communication des deux tiroirs afin d’égaliser la chaleur. 5° Disposition intérieure des tiroirs percés de trous pour la circulation de l’air arrivant immédiatement sous les œufs. 6 Notre méthode de fournir aux œufs, depuis le commen- cement jusqu’à la fin de l’incubatlion, le même degré de cha- ph 89 à 10 degrés centigrades. : ° Nous avons le mérite indiscutable, pensons-nous, d’avoir créé un établissement fonctionnant régulièrement et rendant de grands services à toute une contrée (établissement unique en Europe). Il ne s’agit plus ici de couvoirs d’expositions, où l'on fait éclore çà et là quelques oiseaux de volière ; mais bien de couvoirs fonctionnant en grand nombre et sans re- lâche, en envoyant chez les éleveurs d’un bout de l’année à l’autre des milliers de poulets. | COUVEUSES ARTIFICIELLES. 7129 Pièces justificatives relatives aux hydro-incubateurs de MM. E. Roullier-Arnoult et E. Arnoult, à Gambais (Seine-et-Oise). Nous soussignés, déclarons et attestons librement que M. Roullier, à Gambais, nons a vendu des poussins très-frais, très-rustiques et très-bien portants, dans l’époque écoulée entre le 4° septembre 1874 et le 31 jan- vier 1875. | Nous garantissons égelement que ces poussins ont été exempts de toute espèce de maladie provenant de leur incubation. Gambais, le 31 janvier 1875. Pour Me ROBERT, LE BÈGUE, GARNIER, Jules MicrET, Maxime PRENEUX, Théodore BOUFFINIER, H° LABE, DROUIN, RIGUET, BRIÈRE. LEGRAN, Nous, maire de Gambais, assisté de MM. les conseillers soussignés, etc... Après avoir étudié toutes les phases de l’incubation et vu éclore des poussins dans l’hydro-incubateur, Considérons qu’il est de notre devoir, pour le progrès et le bien de notre contrée, d'appuyer et d'encourager une industrie nouvelle et appelée à rendre de grands services ; En conséquence, nous recommandons particulièrement les poussins nés de ce système, à cause surtout de l’etat de propreté dans lequel ils naissent, point de départ pour un élevage parfait. Gambais, le 1° février 1875. QUILLERY, Victor BÉNARD, conseiller municipal, DAGRON DE TACOIGNIÈRES, C.-M. RAVENET, FLEURY, Pierre ROBERT, A. LESPRILLIER, DALBEC, maire, F. BOYER, BOoUVIER, C.-M. LELOUP, MAILLARD, PORCHERON, DIAN, B. AUCBE, J.-B. V. DOISNE, DAUTEUIL. Lagatine, le 31 mai 1875. Monsieur, Je suis très-satisfait de mon éclosion. J’ai bien réussi pour ma première fois. J'ai acouvé 400 œufs, il m’est éclos 297 poussins ; ils sont bien beaux ; ils ont quinze jours, il n’en est pas mort un de maladie. Votre méthode est bien bonne, j’ai bien des regrets de ne l’avoir pas connue trois mois plus tôt. Recevez, monsieur, eic., OUDARD. 796 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. La Hay, le 15 juillet 1875. Messieurs, Voici deux mots pour vous dire ma réussite. J’ai très-bien réussi avec votre couveuse, elle m’a éclos 115 poulets; je trouve que je n’ai pas mal réussi pour la première fois. J'espère, pour la seconde, réussir encore mieux, car je vois que beaucoup d'œufs font bonne façon. Vous m’excuserez si je ne vous ai pas répondu plus tôt, parce que je voulais vous donner des nouvelles de la seconde. Mainte- nant j’ai bien l’honneur de vous saluer. F. BARBIER. Monsieur Roullier, Je vous avais promis de vous donner le résultat de la couveuse que vous m'avez vendue. Je vous dirai que j’en suis très-satisfait, Si j'ai retardé à vous en donner connaissance, C’est parce que je voulais la mettre plusieurs fois en marche, et je l’ai mise trois fois, et j'ai un résultat étonnant d’éco- nomie d'avec les mères naturelles. Sachez que je me suis rendu exactement compte. Recevez, monsieur, l'assurance distinguée que j'ai envers vous de nous avoir démontré ce progrès. Hernani, le 1% septembre 1875. Clément ROULAUD. DESCRIPTION DES HYDRO-INCUBATEURS CONSTRUITS PAR MM. E. ROULLIER-ARNOULT ET E. ARNOULT. L’hydro-incubateur est un couvoir à eau chaude comprenant trois gran- deurs différentes : Le n° 4 contenant 450 œufs ; Le n° 2 contenant 220 œufs; Le n° 3 contenant 100 œufs. Ces trois modèles fonctionnent] avec ou sans une chambre chaude S (fig. 7), servant à sécher les poussins aussitôt qu'ils sont sortis de la coquille. Modèle n° 1 (fig. £ et 2). Est composé d’une boîte de bois A, ayant 1,30 de longueur, 1 mètre de hauteur et 75 centimètres de largeur, et divisée au milieu par un double fond. Cette boîte a deux ouvertures II à chaque bout pour le passage des COUVEUSES ARTIFICIELLES. 727 tiroirs ; dans l’intérieur se trouvent deux chaudières de zinc JJ, ayant chacune 1,10 de longueur, 24 centimètres de hauteur et 55 centimètres de largeur, et contenant ensemble environ 300 litres d’eau. Chaque chau- dière est munie de cinq tubes de plomb faisant saillie en dehors de la boîte A. Le tube B sert à introduire l’eau bouiilante dans la chaudière ; le ll | A F7 Y EE — : : = EEE = —— —_— LE S == { = — a =—_—=< È— RE ——— = Fiac. 4. —— Vue extérieure, tube C, pour l’échappement de la vapeur ; au tube D, est adapté le niveau de l’eau divisé par cinq litres, ce qui permet, sans aucune autre mesure, de constater la quantité d’eau que lon retire et remet tous les jours. Le F1G. de — Vue intérieure. tube E, sert à vider la chaudière entièrement, afin de la nettoyer quand le besoin en sera ; et enfin le tube F, se trouvant à peu près au milieu de la chaudière, sert à tirer Peau à réchauffer matin et soir. Par ce moyen l’eau comprise dans la partie inférieure de la chaudière ne se trouve jamais déplacée, et par conséquent ne varie pas de température, puisque Peau introduite par le tube supérieur B étant plus chaude et plus légère s’étend 728 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. à la surface et n’influe que très-insensiblement sur la température des par- ties inférieures. Chacune des chaudières est placée sur sept barres de fer à la hauteur supé- rieure des ouvertures Il, et forme une étuve æ, de 13 à 14 centimètres de hauteur, dans laquelle on introduit à chaque bout les tiroirs GG, qui contiennent les œufs soumis à l’incubation. Ces étuves sont divi- sées par le travers en deux parties égales par la cloison z (fig. 3). Cette cloison est percée de trois trous ayant 3 centimèlres de diamètre et à la hauteur supérieure, lesquels servent à la répartition égale de la chaleur dans les deux tiroirs ; sans cette précaution, le tiroir contenant le plus de poussins vivants dans les œufs pousserait naturellement plus de chaleur que l’autre en contenant moins. On ne pourrait y remédier, puisqu'ils sont chauffés tous les deux par la même chaudière, et partant on aurait toujours des éclosions très-irrégulières. F1 OMR Te Ére ue Fe: Porte exlérieure. Plateau des tiroirs. Cloison des étuves. Les tiroirs sont munis au fond d’un plateau mobile I (fig. 4). Ce pla- teau est percé de neuf trous de 2 centimètres de diamètre, et repose sur deux petits tasseaux d’un centimètre de hauteur z, afin de laisser circuler en dessous des œufs l’air venant du dehors par les vingt-quatre petites fenêtres H pratiquées dans la boîte extérieure A, dont douze devant et douze derrière pour chaque chaudière ; lesquelles fenêtres correspondent avec les trous K des tiroirs et au-dessus de ceux-ci. Les tiroirs poussés dans leur éluves, on referme celles-ci au moyen de la porte MT (fig. 5), qui s’adapte aux ouvertures II de la boîte A. Afin de maintenir la chaleur de l’eau contenue dans la chaudière, l’espace vide entre celles-ci et la boîte extérieure est rembourré très-fortement avec des menues pailles MMZM. ou toute autre matière propre à conserver la chaleur. Modèle n° 2 (fig. 6 et 7). Ne comprend que la partie inférieure du modèle n° 1, c’est-à-dire la moitié. Le système en est le même sur tous les points ; cependant ce couvoir est preportionnellement plus volumineux, afin que, n’ayant qu’une chau- dière, il ait la même puissance à conserver sa chaleur. Les dimensions de la boîte extérieure À sont de 1,30 de longueur, 70 centimètres de hauteur et 75 centimètres de largeur. Les dimensions de la COUVEUSES ARTIFICIELLES. 129 chaudière J sont de 1%,10 de longueur, 35 centimètres de hauteur et 99 centimètres de largeur. — Contenance : 210 litres environ. F1G. 6. — Vue extérieure. ; ui ee Fi. 7. — Vue intérieure. Modèle n°3 (fig. 8 et 9). Construit sur les mêmes principes que les modèles n°5 4 et 2, N'a qu'un tiroir, et diffère dans la fabrication de la chaudière J, qui est divisée à l’inté- rieur en trois parties. La séparation supérieure N.est percée à chacun de F1G. 8. — Vue extérieure. ses coins d’un trou rond de 2 centimètres de diamètre. La séparation M est percée au milieu seulement d’un même trou. Cette combinaison oblige l’eau bouillante introduite par le tube B, qui l’apporte jusqu’au milieu du com- 3° SÉRIE, T. Il. — Décembre 1875. L7 730 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. partiment supérieur, à ne se mélanger que lentement, ou pas du tout, avec celle contenue dans les compartiments inférieurs, en passant par les trous de la séparation N, puis enfin par ceiui de la séparation M. LE F1G. 9. — Vue extérieure. Les dimensions de la boîte extérieure A sont de 55 centimètres de hau- teur et 69 centimètres carrés. Les dimensions de la chaudière J sont de 24 centimètres de hauteur et 51 centimètres carrés. HYDRO-INCUBATEUR AVEC CHAMBRE CHAUDE. Modèle n° 2 (fig. 10). La chambre chaude est une addition aux modèles simples. La figure 40 la représente avec le modèle n° 2. Elle est formée dans l’espace compris entre le dessus de la chaudière J et le couvercle de la boîte A. Dans ce cas, le rembourrage MZ en est élevé, à l'exception d’une couche de 2 ou 3 centim., Fig. 10. — Vue du modèle n° 2, avec la chambre, chaude ouvete, laissée sur la chaudière et recouverte d’une étoffe de laine, ce qui forme la chambre S; elle est entourée d’un cadre de planches de la largeur de la chaudière et haut de 42 à 15 centimètres, de manière à arriver à fleur du COUVEUSES ARTIFICIELLES. 791 couvercle de la boîte extérieure ; l’intervalle compris entre cette dernière et le cadre de planches est rembourré comme le tour de la chaudière M. La chambre se ferme au moyen d’un châssis vitré T, par-dessus lequel, si l’on veut, on referme le couvercle V de la boîte A; les poussins enfermés dans cette chambre reçoivent l'air par les quatre fenêtres If. INSTRUCTION. Lorsque l’incubateur est mis en place et d’aplomb, on remplit la chaudière (ou les chaudières) d’eau bouillante ; puis on place un thermomètre dans l'un des tiroirs, en ayant soin de le tenir élevé à 5 ou 6 centimètres du pla- teau, c’est-à-dire à la hauteur supérieure des œufs que l’on voudra mettre couver. Lorsque la chaleur sera descendue à 40 degrés centigrades environ, on tirera et réchauffera à l’état d’ébullition 20 à 25 litres d’eau pour les grands modèles, et 10 à 12 litres pour les petits, afin de fixer la chaleur à ce degré. ‘Cette quantité d’eau peut varier de quelques litres, selon la température du dehors ; mais au bout de vingt-quatre ou trente-six heures l’expérimenta- teur pourra être fixé entièrement. Alors, quand la température sera bien fixée à 40 degrés, on placera les œufs dans les tiroirs, en laissant toujours le thermomètre en permanence et toujours à la hauteur supérieure des œufs. À partir de ce moment, matin et soir, on sortira les tiroirs pour déplacer et retourner les œufs. Pendant ce temps on fera réchauffer la quantité d’eau nécessaire pour entretenir les 40 degrés de chaleur, et cela jusqu’à la fin de l’incubation. Cette quantité d’eau diminuera au fur et à mesure de la progression des poussins dans les œufs, Ainsi, telle couvée ayant commencé avec 20 litres d’eau, finira en déprogressant de jour en jour par 5 ou 6 litres, matin et soir, au moment de l’éclosion (l’entretien est donc insignifiant). Comme la chaleur plus ou moins progressante des tiroirs est subor- donnée à la quantité de poussins vivants dans les œufs, il sera toujours de toute impossibilité d’assigner à l’avance la quantité d’eau à réchauffer matin et soir; mais le thermomètre étant toujours présent à l’ouverture des tiroirs, l’expérimentateur agira toujours avec sécurité. Pour le modèle n° 4 à deux chaudières, on agira pour la conduite abso- lument comme s’il y avait deux couvoirs séparés. Cet hydro-incubateur peut fonctionner aussi régulièrement par les froids les plus rigoureux. E. ROULLIER-ARNOULT et E. ARNOULT. RAPPORT SUR LES MÉLIPONES Par M. RAVERET-WATTEL, Secrétaire des séances. La Société d’acclimatation, dont l'attention avait été appelée plusieurs fois déjà sur les produits analogues à ceux des Abeilles, que l’on tire, dans certains pays, des Hyménoptères sans aiguillon connus sous le nom de Mélipones, décida, sur la proposition d’un de ses membres, dans sa séance du 7 juin 1872, d'ouvrir une enquête sur ce que l’on serait en droit d'attendre d’une exploitation sérieuse de ces insectes jus- qu’alors fort imparfaitement étudiés. Il entrait dans le rôle de noire Société de s’enquérir des ressources que pourraient réellement offrir à l'alimentation et à l’industrie le miel et la cire produits par ces Apiaires exotiques, et d'examiner s’il n’y aurait pas quelque utilité à propager, soit dans nos colonies, soit sur d’autres points, comme auxiliaires de l’Abeille domes- tique, ces insectes qui suppléent dans plusieurs contrées du nouveau monde à l'absence &’espèces du genre As. D’ail- leurs, en dehors du côlé pratique, il y avait, au point de vue de la science pure, un intérêt réel à provoquer des recherches sur ce groupe d'Hyménoptères, dont beaucoup d’espèces n’ont point encore été scientifiquement décrites. Un questionnaire portant sur les points les plus importants à élucider, fut adressé à toutes les personnes qui, par leur po- sition ou leurs études, pouvaient être à même de fournir d’utiles informations. L’éloignement, la difficulté d'observer les mœurs d'insectes répandus surtout dans des régions sauvages ou à peine civilisées, n’ont pas encore permis de réunir tous les renseignements qu'on pouvait espérer. Néanmoins la Société a reçu, depuis quelque temps déjà, plusieurs notes fort intéressantes, dont il a paru convenable de ne point différer LES MÉLIPONES. | 733 davantage la publication, sauf à compléter plus tard ce premier travail, d'après les documents qui pourront parvenir ultérieurement. La Société est surtout redevable de précieux renseigne- ments à MM. Brunet, administrateur général de l'École agri- cole de San-Benta (province de Bahia, Brésil) et Salzedo, agent du Lloyds à Sainte-Marthe (Nouvelle-Grenade), dont les observations, faites avec beaucoup de soin, ont porté sur un assez grand nombre d'espèces différentes. M. le docteur Révérend a également adressé de Sainte-Marthe des indications fort utiles. Mais une part très-large aussi des éléments du pré- sent rapport est du à notre confrère M. Drory, qui a déjà publié sur la Mélipone scutellaire un travail (1) justement re- marqué. M. Drory est parvenu à conserver vivantes pendant plusieurs étés, à Bordeaux, diverses colonies de Mélipones envoyées de Bahia par M. Brunet, et grâce auxquelles il a pu faire sur les mœurs de ces insectes des observations nou- velles d’un haut intérêt. En ce qui concerne les Mélipones australiennes, la Société n'a encore reçu que quelques notes dues à l'obligeance de M. le docteur Mueller (de Melbourne), de notre confrère M. Thozet, et de la Société d'agriculture de Sydney (Nouvelle- Galles du Sud). Les Mélipones (ué, miel ; æévos, travail) sont des Hyméno- pières sociaux propres aux régions chaudes du nouveau monde el à quelques îles de l'archipel Indien. Trés-voisines des Abeilles, elles leur ressemblent beaucoup par leur aspect général; elles sont toutefois plus petites, ont un corps plus ramassé et plus velu, et des pattes postérieures relativement beaucoup plus longues. Elles en différent, en outre, aussi bien d’ailleurs que de tous les autres Hyménoptères con- structeurs de nids, par l’absence d’un aiguillon. Cet organe reste chez elles à l’état tout à fait rudimentaire et n’a pas de vésicule pour la sécrétion du venin. Mais, comme les Abeilles, les Mélipones ont une langue allongée qui leur permet de (4) Quelques observations sur la Mélipone scutellaire. Brochure in-8, Bordeaux, 1872. 73h SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. sucer dans le nectaire des fleurs, et des pattes propres à la récolte du pollen. Comme chez les Abeilles également, il existe trois sortes d'individus : les mâles, les femelles et les neutres, ou ouvrières, qui construisent des demeures pour y élever les larves. Le nombre des espèces en est de be Nos collections zoologiques en renferment plus d’une cinquantaine; mais il est certain qu’il en reste un bien plus grand nombre encore à décrire. Pour beaucoup d'espèces, nous ne connaissons guëre que les individus neutres; les mâles et les femelles n'ayant été que très-rarement recueillis par les voyageurs (4). La plupart de ces Hyménoptères établissent leur domicile dans les creux de certains arbres, ou les suspendent aux branches. Les nids, construits en cire, consistent en une série de gâteaux ou rayons superposés et disposés horizontalement; mails ces ravons n’ont pas, comme ceux des Abeilles, deux rangées de cellules opposées. Sous ce rapport, les gâteaux des Mélipones ressemblent à ceux des Guêpes, n'offrant des cellules que d’un seul côté. | Les habitations de ces insectes différent aussi de celles de nos Abeilles par une distribution intérieure fort remarquable. Les provisions de miel n’y sont point emmagasinées dans des cellules analogues à celles qui servent de berceaux aux larves. Les Mélipones construisent sur les côtés de leur nid, pour con- server le miel, des godets d’une dimension dix fois supérieure à celle des alvéoles des rayons; ce sont des sortes d’am- phores, plus ou moins régulières, que les ouvrières rem- plissent peu à peu, et dont elles prolongent les parois, de ma- nière à former une sorte de couvercle et à les clore exacte- ment, quand elles les jugent suffisamment pleines. (1) La description des espèces du groupe des Méliponites a été faite sur- tout par Latreille, dans le Voyage de M. de Humboldt, et par Lepelletier de Saint-Fargeau, qui en a décrit trente-cinq espèces. Depuis, M. Guérin- Méneville, dans son Jconographie du Règne animal, en a fait connaitre plusieurs espèces nouvelles. D’autres sont aussi décrites dans le catalogue des collections d'Hyménopières du British Museum, p. 403 et suiv., ains; que dans le Journal d’hisioire naturelle de Boston (Bost. Journ. Nat. Hist.. h141.). LES MÉLIPONES. 739 Presque tous les naturalistes qui se sont occupés de ces in- sectes les divisent en : 1° Mélipones proprement dites (genre Melipona), caractérisées par un abdomen convexe en dessus, à peine caréné en dessous ; et 2° Trigones (Trigona), qui dif- férent des premières par leur abdomen triangulaire et caréné en dessous (1). Ces deux genres constituent le groupe des Mé- hponites. Mais on emploie fréquemment le nom de Mélipones pour désigner, d’une manière générale, aussi bien les espèces classées dans le genre Trigone que les véritables Mélipones. Les deux genres sont, du reste, très-voisins, et possèdent pour caractères communs : 1° une langue cylindrique presque aussi longue que le corps; 2° des pattes postérieures dont les jambes sont élargies et munies d’une espèce de peigne à l'angle interne; contrairement, d’ailleurs, avec ce qui a lieu chez les Abeilles, le premier article du tarse est complétement inerme et dilaté à l'angle externe de sa base (2). MÉLIPONES AMÉRICAINES. Les Mélipones se rencontrent dans toute l'Amérique inter- tropicale et jusqu’au 30° de latitude australe et boréale. Le Brésil paraît être la région où elles se montrent le plus abon- danies, surtout dans sa partie centrale. « Nous n’avons jamais traversé le centre des provinces du nord de l’empire, dit M. Brunet, sans en rencontrer un très-grand nombre d’es- pèces différentes, depuis la grosseur de notre Abeille domes- tique et même un peu au-dessus, jusqu’à celle d’un petit mou- cheron.» Elles sont moins nombreuses sur les côtes mari- (4) Latreille avait créé une troisième division, sous le nom de Tetragona:; mais on là réunit aujourd’hui aux Trigones. (2) Cette conformation particulière des pattes postérieures donne lieu de supposer, comme le fait remarquer M. Spinola dans un mémoire plein d’in- térêt sur les Mélipones (Annales des sciences naturelles, 2° série, 1840), que c’est de la jambe, et non du tarse, dont se sert l’insecte pour détacher les lamelles de cire sécrétées entre les segments abdominaux. Le premier article du tarse, qui sert chez les Abeilles à l'extraction de la cire, semble au contraire tout à fait impropre à cet usage chez les Mélipones, où il est de forme triangulaire, avec sa base étroite et le bord complétement inerme. 736 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. times et sur les bords de lAmazone, que dans les parties à demi-boisées de l’intérieur des terres, depuis Bahia jusqu’à Ceara et au Piauhi, où leur miel est d’un grand secours pour les habitants durant les années de disette. Telle est, du reste, sur certains points, l’abondance de ces insectes, qu’on se donne rarement la peine d’en entretenir des ruches. Généralement on se contente, encore aujourd'hui, de récolter le miel et la cire des essaims sauvages, comme le prince de Wied-Neuwied nous informe que cela se pratiquait à l’époque où il visita le Brésil. «On récolte, dit-il, à Ponte de Gentio, beaucoup de miel que fournissent des Abeilles jaunes dépourvues d’aiguillon.... Ce miel est très-aromatique. On prépare ici une boisson agréable et rafraîchissante, en mêlant ensemble de leur miel et de l’eau (1).» Plus loin il ajoute : « Aux environs d’Arragal da Conquesta, les sauvages Camacans vendent du miel qu'ils recueillent en quantité dans les forêts. Cette substance est un des mets qu’ils aiment le mieux (2). » Un ouvrage d’un haut intérêt, publié tout récemment sur l'empire du Brésil (3), nous apprend que bien que la culture de Abeille domestique (Apts mellifica), introduite par les Européens, constitue sur quelques points, notamment dans la province de Saint-Paul et à Rio-de-Janeiro, « une industrie importante et lucrative », on n'en tient pas moins grand compte des produits des Mélipones, « qui offrent non-seule- ment un miel délicieux, mais encore de la cire molle dont l’industrie tire un très-grand parti ». Près des côtes, où elles se montrent moins abondantes que dans l’intérieur du pays, les Mélipones sont l’objet de quel- ques soins; on en voit des ruches suspendues aux toits de quelques habitations, mais toujours en petit nombre. « Ce- pendant, dit M. Brunet, j'ai rencontré, dans l’intérieur de la (1) Voyage au Brésil dans les années 1815, 1816, 1817, par S. A. S. Maxi- milien, prince de Wied-Neuwied, t. Il, p. A9. (2) Loc. cit. (3) L'empire du Brésil à l'exposition universelle de Vienne en 1873. \io-de-Janeiro, 1873. | LES MÉLIPONES. 787 province de Rio-Grande du Nord, un ingénieux propriétaire qui avait fait autour de son habitation une plantalion assez étendue de Papayers, et dans le tronc des plus gros de ces arbres, qu'il avait pu évider facilement sans en détruire la vi- talité, 11 avait établi de nombreux essaims d’Urucçu (Mélipone scutellaire), qui y prospéraient à merveille. L'Uruçu est d’ailleurs à peu près la seule espèce qu'on possède en domes- ticité dans les provinces du nord du Brésil; c'est une espèce des plus robustes et tout à fait inoffensive pour l’homme et pour ses récoltes. » On ne saurait en dire autant de toutes les espèces; quel- ques-unes sont essentiellement pillardes, et font de grands dégâts dans les jardins, sans racheter d’ailleurs ce défaut par quelque qualité, car elles ne fournissent que très-peu de miel: ce sont surtout celles désignées dans le pays sous le nom d’Arapua et de Sanharo. On peut évaluer à plus d’une centaine le nombre des Méli- pores brésiliennes, la plupart encore complétement incon- nues des entomologistes, et désignées seulement sous des noms vulgaires, souvent empruntés à la langue des peuplades indi- oènes. | | Dans les environs de Bahia, les plus répandues sont : L’Urucu ou Urussu (prononcez Ouroussou, nom indien si- gnifiant vermillon), souvent appelé Urucu verdadeira, c’est-à- dire vrai Üruçu, pour distinguer linsecte de quelques autres espèces assez voisines. C’est la Mélipone scutellaire (Melipona scutellaris, Latr.). L'Urucu mirim, ou petit Uruçu, décrit par Lepelletier de Saint-Fargeau (1) sous le nom de Mélipone bordée (M. mar- ginata). L'Urucu preto (preto, noir), connu aussi, au sud de Bahia, sous le nom de Mambuca. C’est la Mélipone à deux lignes (4. bulineata, Say). La Tiuba amarella (tiuba, mot indien; amarella, jaune en portugais), ou M. postica, Latr. (M. dorsalis de Smith). (1) Suites à Buffon, Insectes hyménoptères, t. I, Paris, 1836. 758 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. La Tiuba preta (preta, noire), ou M. atratula d'Illiger, et M. muscaria de Gerstaecker. L’'Inhati mosquita (inhati, cire, mot indien; mosquita, petite mouche). Cest la M. geniculata (Mus. Berol.). L’Inhati mirim (mirim, petit) ou Mélipone? La Moca branca (demoiselle blanche, jeune fille), appelée aussi Mosquita, appartient au sous-genre Trigone (Trigona) créé par Latreille. C’est la T. anqustula. Üne variété, ou espèce très-voisine, est désignée sous le nom de Jatalu. La Caga-fogo (Trigona flaveola, Mus. Berol.). Ces neuf espèces sont entretenues en domesticité par M. Brunet, qui en a fait parvenir divers échantillons à la So- ciété, ainsi que des produits qu’on peut en tirer. Viennent ensuite les espèces désignées sous les noms de: Uruçu caboclo, ou sauvage, le plus grand des Uruçus ; Tube, ou Zobri, nom indien signifiant aigu; Mandacai, Arapua, Sanharo (en indien, Abeille rouge), et /nchu. Dans la province de Parahybo du Nord, et dans celle de Pernambouc, on rencontre les suivantes : Capuchu, Tubiba, Canuda, Jati, Tataïra où Tatarä; Inchuï, qu'il ne faut pas confondre avec l’Inchu des environs de Bahia; Vanos-embora (en portugais, a{lons-nous-en) ; et Moca-branca, espèce fort différente de celle de même nom, de Bahia. Toutes ces espèces ne sont pas absolument propres au Brésil : plusieurs d’entre elles sont répandues dans presque toute l'Amérique espagnole, où l’on en trouve également d’autres, encore très-imparfaitement décrites et portant diffé- rents noms, suivant les localités. Aussi est-il assez difficile de savoir exactement celles auxquelles se rapportent les rensei- gnements qu'on à pu se procurer sur leur compte. En Co- lombie, ces insectes sont généralement appelés Abeyas bobas, c'est-à-dire Abeilles innocentes; on leur donne aussi le nom vulgaire d’Anjelitos (petits anges). À Sainte-Marthe (Nouvelle- Grenade), M. Salzedo a plusieurs fois essayé d’en domes- tiquer trois espèces différentes; mais ses eflorts n’ont réussi que pour une seule, moins craintive que les autres, et qui s'installe volontiers dans le voisinage des habitations. Au LES MÉLIPONES. 739 Mexique, à Cuba, la Trigona fulvipes donne un miel fort es- timé et une cire noire susceptible de diverses applications. Enfin à la Guyane, notre confrère M. Bataille signalait, 1l y a quelques années, l'existence de « deux espèces d’Aberlles sans aiguillon, une de couleur rose, l’autre de couleur noire, produisant toutes deux un miel excellent, que les Indiens Ta- pouyes emploient-à divers usages (1)... » Bien que dépourvues d’aiguillon, les Mélipones sont loin d’être privées de tout moyen de défense. Si l’on peut enlever impunément les provisions de quelques espèces, il en est, par exemple la Trigona flaveola — connue sous le nom vulgaire de Caga-fogo, c’est-à-dire, excréments de feu — et quelques autres, qui, bien que très-petites, possèdent de fortes mandibules et laissent sur la peau, en mordant, une salive âcre et vésicante dont les brûlures sont assez longues à guérir (15 à 20 jours). Tout d’abord la douleur est à peine sensible; ce n’est qu'au bout de douze heures au moins que se montre à la partie mordue une petite ampoule, comme celle que pro- duirait l’application de cantharides, avec cette différence toutefois, que le derme étant plus ou moins altéré, une vive inflammation s’y manifeste, etla guérison en devient plus tar- dive. D’autres espèces, notamment celles désignées sous les noms de Tuba, Arapua et Sanharo, se jettent en grand nombre dans les cheveux, pénétrent jusqu’au cuir chevelu, où elles produisent en mordant une douleur plus ou moins vive, mais qui disparaît promptement et sans autre accident. M. Brunet pense que toutes les espèces sécrètent une salive ou liqueur plus ou moins venimeuse, qui leur sert de moyen de défense contre leurs ennemis ; car même chez les plus inof- fensives pour l’homme, telles que l’'Uruçu (W. scutellaris) et autres espèces voisines, on en voit beaucoup, dans les combats qu'elles se livrent parfois, périr en peu de temps, bien que ne portant aucune blessure apparente. L'Uruçu futte même avec avantage contre l’Abeille domestique d'Europe; presque tou- (4) Lettre à M. le D" Saac, communiquée à la Société d’acclimatation dans la séance du premier mai 1863. 7 A0 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. jours cette dernière a le dessous dans le combat. Si, à Faide de son aiguillon, elle parvient à blesser la Mélipone, celle-ci ne lâche pas prise, ei l’Abeille traine son adversaire morte jusqu’à ce qu’elle périsse bientôt elle-même, sans doute par suite de l’absorption de la liqueur venimeuse de l’'Uruçu. St l'on parvient à séparer les deux adversaires avant que l’Abeille ait pu se servir utilement de son aiguillon, la Mélipone se re saine et sauve de la lutte, tandisque l’Abeille périt toujours des suites des morsures qu’elle a reçues (Brunet) (1). Le nid des Mélipones est généralement établi dans les branches creuses ou le tronc de vieux arbres, des cavités de rochers, le tronc ou la tige fistuleuse de certains végétaux, l'intérieur des nids abandonnés de Termites. etc. Quelques espèces le suspendent aux arbres (| Arapua, lInchui) ; d’autres (le Caguchu) le construisent sous terre. « Les diverses espèces que j'ai pu observer, dit M. Brunet, l’établissent sur le même Lype ; mais avec quelques différences dans la distribulion des parties qui le composent, la forme et la grandeur des cellules destinées aux provisions (2), les enveloppes, etc. Les rayons à couvain, disposés horizontalement, occupent d’ordinaire le éentre de l’habitation ; les ragasins sont placés autour ou sur les côtés. Dans les, branches creuses, d’un faible diamètre, ces magasins sont établis d’abord au-dessous des rayons, et sont continués au-dessus, si la place vient à manquer. Les réser- voirs à miel sont empilés les uns au-dessus des autres, le plus souvent sans ordre apparent. Le pollen est emmagasiné dans des vases ou réservoirs distincts. (4) Pendant lété de 1874, le Jardin d’acclimatation a possédé deux essaims de Mélipones (W. scutellaris et. M. postica) provenant d’un envoi fait de Bahia par M. Brunet à notre confrère M. Drory. Les premières étaient d’une humeur excessivement douce ; elles laissaient examiner leurs travaux sans manifester ni inquiétude ni colère. Il n’en était pas de même des autres, plus nombreuses, mais très-peliles, qui se montraient au contraire fort peu endurantes ; dès qu’on s’approchait de leur ruche, elles s’irritaient, fondaient sur les visiteurs, et faisaient tous leurs efforts pour les éloigner. (2) On sait que les Mélipones ne déposent pas leur couvain et le miel dans les mêmes alvéoles ; elles construisent, pour emmagasiner leurs provisions, des cellules spéciales et beaucoup plus grandes que les autres. LES MÉLIPONES. 7h1 « Quelquefois, comme chez lInhati (M. geniculata), par exemple, tout le nid est entièrement enveloppé d’une couche de cire, sans aucune fissure pouvant laisser pénétrer le plus petit insecte. Ce nid a l'aspect d’une sorte de-sac, n’offrant que la seule ouverture par où entrent et sortent les Méli- pones, ouverture fermée du reste la nuit par une mince cloison de cire. » Le même fait a été constaté en Colombie par M. Salzedo, sur une espèce non déterminée, et qui pourrait bien, d’ailleurs, n’être autre que l’Inhati lui-même. La description qui en est donnée semble autoriser à le croire. « Cette Abeille, plus petite que la commune (M. scutellaris), vil en ruches plus nombreuses, produit un miel plus abondant et plus léger, et une cire jaune pâle », tous caractères qui se rapportent assez bien à la Melipona geniculata. «Cetie Abeja, continue M. Salzedo, le seul être sans doute qui, de même que l’homme, ferme la porte de sa demeure le soir, et l’ouvre au point du jour, cette Abeja observe en tout temps une grande prudence. Dans le jour, lorsque l'entrée de la ruche est ouverte, de nombreuses sentinelles en surveillen tlesabords ; les ouvrières, qui vont et viennent incessamment, ne peuvent passer sans se heurter, en quelque sorte, à ces vigilantes gardiennes. » Nous devons ajouter ici que l’essaim de Mélipone scutellaire offert en 1874 au Jardin d’acclimatation par M. Drory prenait plus de précautions encore : même dans le courant de la journée, quand, pour une cause quelconque, le travail des ouvrières venait à se ralentir, l'ouverture de la ruche était aussitôt fermée par une muraille de cire brune et peu consistante, d'au moins 0",005 d'épaisseur, muraille dans laquelle les ou- vrières attardées étaient obligées de se pratiquer un passage pour rentrer. Venait-on à perforer cette muraille à l’aide d’un crayon, par exemple, aussitôt la brèche se couvrait de tra- vailleuses qui.s’empressaient de la boucher. Chez certaines espèces, telles que la M. atratula ou ia Tri- gona flaveola, l'enveloppe de cire qui revêt le nid est percée d’un très-grand nombre de trous. Cette enveloppe est tantôt complète, tantôt partielle (Urucu mirim, Mélipone?). Chez la 742 SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Mélipone scutellaire, elle se compose d’un grand nombre de feuillets de cire, épais comme un fort papier et formant des circonvolutions labyrinthiformes très-compliquées, au milieu desquelles les habitantes savent fort bien s'orienter. Après la description si exacte et si complète donnée par M. Drory (1) de l’intérieur d’une ruche de Mélipone scutel- laire, il est inutile de revenir longuement sur ce point. Il suf- fira de rappeler ici que chez cette espèce; comme chez toutes celles observées Jusqu'ici, les rayons à couvain sont toujours horizontaux et composés d’un seul rang de cellules verticales ouvertes par le haut avant leur operculation. Ces alvéoles sont hexagonaux, mais un peu moins régu- lièrement dessinés peut-être que ceux des Abeilles; leurs dimensions varient selon les espèces, et sont proportionnel- lement plus grandes chez les Mélipones de petite taille. Lesrayons, de forme orbiculaire, constituent autant d’étages superposés, soutenus les uns au-dessus des autres par des piliers de cire diversement placés suivant les espèces. Ces rayons, dont le nombre varie naturellement en raison de la population de la ruche, diminuent de diamètre à chaque étage. Le premier construit, c’est-à-dire l’étage inférieur, qui peut avoir 10 centimètres de diamètre environ chez la Mé- lipone scutellaire, repose sur de fortes colonnes de cire ayant pour base le fond de la ruche. Il en est de même des feuillets de cire qui constituent l'enveloppe du nid, feuillets auxquels tous les rayons sont reliés par de nombreuses attaches. Géné- ralement tout l’ensemble du nid est adossé à l’une des parois intérieures de la ruche ; mais, comme on l’a vu plus haut, les magasins à provisions sont toujours situés à quelque distance, et complétement indépendants des rayons à couvain. Chez la Mélipone scutellaire, les ouvrières ne peuvent s’y rendre qu’en parcourant tout le labyrinthe formé par les feuillets de l’enveloppe. 4 La forme de ces réservoirs est toujours plus ou moins ovoide, mais leurs dimensions varient naturellement suivant (1) Loc. cit. LES MÉLIPONES. 7h3 la taille des espèces : ainsi ils atteignent 3 à 4 centimètres de diamètre chez l’Uruçu (M. scutellaris), tandis qu’ils se ré- duisent au volume d’un œuf de Mésange chez la Trigona flaveola. Quelques espèces, et l’Uruçu notamment, les con- struisent sans ordre apparent et sans régularité dans les di- mensions. Dans ce cas, 1l est curieux de voir avec quel instinct les ouvrières savent calculer le poids de ce que devra con- tenir et supporter chaque réservoir, et s’attachent à régler en conséquence l'épaisseur à donner aux parois, aux attaches et aux colonnes. L'économie de matière paraît être, comme chez les Abeilles, leur principale loi (Drory). Chez d’autres espèces, comme, par exemple, chez celle dé- signée au Brésil sous le nom de Jatahi, les amphores à miel sont toutes d’égale grandeur, et disposées très-régulièrement autour d’un centre, de façon à économiser à la fois l’espace et la cire. Chacun de ces vases, une fois achevé et fermé, est relié au centre du nid par une sorte d’arche de cire. Le nombre en est parfois considérable : M. Salzedo en a compté plus de deux cents dans des ruches très-peuplées. Le même observateur cite un fait qui met en relief le soin qu’apporte les Mélipones à économiser le plus possible la matière dans leurs constructions, en même temps qu’il dénote un instinct vraiment remarquable chez ces insectes. Tandis que les co- lonies installées dans de simples caisses de bois ne construisent jamais leurs réservoirs tout contre les parois de la caisse, et les y assujettissent seulement par des attaches de cire, un es- saim placé par M. Salzedo dans une ruche d'observation dont un des côtés était vitré, sut fort bien profiter de l’imperméa- bilité du verre pour établir toute une rangée de magasins contre le vitrage même. Les industrieux insectes avaient reconnu que cette paroi non poreuse ne pouvait absorber le miel, et ils avaient dès lors jugé à propos de l'utiliser pour en faire un des côtés de leurs réservoirs. Outre la cire, les Mélipones font entrer dans la construction de leurs nids des substances oléo-résineuses qu’elles récoltent sur certains végétaux, et dont le mélange constitue une pro- polis particulière. Plusieurs espèces l’emploient à mastiquer 7h SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. complétement les parois intérieures de leurs ruches et à en boucher toutes les fentes. Elles la mélangent ordinairement pour cet usage avec de la cire. «J'en aï souvent vu, dit M. Brunet, des goutelettes aux piliers inachevés destinés à supporter les outres à miel. Lorsque les ouvrières l’apportent à la ruche, cette résine ressemble beaucoup aux exsudations à demi coagulées des diverses espèces de Ficus, d’Artocarpus, de Clusia, ete. ; il paraît vraisemblable ue c’est sur ces arbres qu’elle est récoltée. » De son côté, M. le docteur Felipe Poey (1) s’est assuré qu’à la Havane la Trigona fulvipes récolte cette matière résineuse particulièrement sur le Wanaju, V'Ocuje et le Guaguasi, dont les noms scientifiques sont : Garcinia cornea, Calophyllum Calaba et Laetia apetala. Mais, d’après les résultats donnés par l’analyse chimique de la cire de cet insecte, il suppose que la Trigone doit aussi employer à la construction de son nid certains sucs laiteux élastiques et des gommes-résines du pays, fournis principalement par le Maboa (Cameraria latifolia), le Jaguev (Ficus indica), la Sapote (Achras Sapota), le Morera (Achras tinctoria) et le Cuajani (Bumelia nitida). On trouve, du reste, dans la même ruche, divers mélanges de cire et de résines, mélanges dans lesquels la proportion re- lative de chaque substance varie suivant la destination qu’ils doivent recevoir. La cire est employée plus ou moins pure pour la construction des ravons ; la résine, au contraire, entre pour une part assez large, mais variable, dans l'édification des autres parties du nid. Chez toutes les espèces de Mélipones ou de Trigones, l'entrée du nid est toujours fort petite; c’est ordinairement un trou juste assez large pour laisser passer une ouvrière. Ce trou donne accès dans une espèce de corridor ou de tunnel de cire qui aboutit au nid à couvain. En rentrant de butiner, les ou- vrières sont obligées de le parcourir dans toute sa longueur, puis de traverser les rayons à couvain et le labyrinthe des (1) Felipe Poey, Memorias sobre la historia natural de la isla de Cuba, 1859, t. I, p. 122-176. LES MÉLIPONES. 7h45 feuillets de l’enveloppe, pour aller déposer leur récolte dans les magasins. Il y a lieu de croire que cette disposition inté- rieure de l'habitation est dictée par la prudence, et qu’elle a pour but de mettre les provisions plus à l’abri contre les insectes pillards, « car l’odeur qu’exhalent les outres de miel, dit M. Drory, ne peut s'échapper directement par le trou d'entrée, ni attirer les Abeilles, les Guêpes ou autres insectes. » Si par hasard un de ces voleurs audacieux s’aventure dans le corridor, et s’il arrive jusqu'aux rayons à couvain, et s'1l traverse enfin ce labyrinthe de cire pour atteindre l’objet de sa convoitise, 1l lui sera impossible, même après s’être gorgé du miel délicieux des Mélipones, de retourner sur ses pas et de se soustraire à la découverte et aux poursuites des gardes; car qui pourrait traverser ce labyrinthe sans le fil d'Ariane ?..…... Voilà, je pense, pourquoi ce tunnel a son utilité. » Il peut arriver que le corridor soit double; mais le fait paraît très-rare. «Je n’en connais encore que deux exemples, dit M. Brunet; dans ce cas 1l y a deux trous pour l'entrée et pour la sortie, et deux séries de magasins à miel, l’une au- dessus, l’autre au-dessous du nid. Je n’ai d’ailleurs observé cela que sur deux ruches sauvages qui s'étaient établies dans un espace long, mais étroit. J'ajouterai que ce tube, composé d’abord de cire, est fortifié peu à peu par des malières rési- neuses; dans les vieilles ruches sauvages, ilne contient presque plus de cire, devient épais d’un pouce à sa base et d’une dureté presque égale à celle de la pierre.» Chez quelques espèces, le tunnel se continue en dehors de la ruche, tantôt en forme d’entonnoir droit (Melipona postica) (1), tantôt en forme de cylindre plus ou moins allongé, horizontal ou re- courbé vers le bas, enfin quelquefois en forme de cône. Toutes ces diverses dispositions ont pour résultat de rendre l'accès de la ruche beaucoup plus difficile pour les insectes et . (1) On a pu le constater sur la ruche de cette espèce conservée tout l'été dernier au Jardin d’acclimatation. M. Maurice Girard a signalé ce fait dans le Bulletin des séances de la Société entomologique de france, n° 32, 22 juillet 1874. 3e SÉRIE, T. Il. — Décembre 1875. 48 7k6 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 4 autres ennemis qui peuvent chercher à s’y introduire. Ger- taines espèces, telles que les Lrucus, se contentent de former autour de l’ouverture une sorte de bourrelet. Il y a toujours à l'entrée des ruches de Mélipones une assez nombreuse garde. Chez la scutellaire, qui est grosse, et dont le trou d’entrée laisse difficilement passer plus d’une ouvrière, il n’y a jamais qu'une seule sentinelle : l'ouverture n'en pour- rait d'ailleurs contenir plus; mais, derrière elle, dans le couloir, se tient constamment un poste nombreux de gar- diennes. Pendant les heures de travail actif au dehors, la même sentinelle reste fort peu de temps en faction, bientôt elle part pour butiner aux champs, et se trouve immédiate- ment remplacée par une autre. Aux heures de repos, au con- traire, la même sentinelle reste quelquefois très-longiemps à son poste (Brunet). Rien d’iniéressant, d’ailleurs, comme d'observer les allures. de cette vigilante gardienne, qui est obligée de se déranger à tout instant pour laisser entrer ou sortir les travailleuses qui vont et viennent toujours une à une. «Dans l'orbite sombre du trou, dit M. J. Pelletan (1), on voit constamment cette petite tête éveillée qui, les antennes dressées, l'œil aux aguets, inspecte le voisinage, prête à opposer ses mandibules à toute attaque du dehors. Je dis : l’œil aux aguets, et c’est le mot propre. Car, avancez-vous, faites un geste, la petite bête vous voit, et, à chacun de vos gestes, elle fait un mouvement comme pour esquiver le coup qui la menace. Placez-vous de côté, elle tourne la tête et vous cherche. On voit que son œil vous suit; elle est sur ses gardes et vous surveille. De temps en temps, bien vite, elle passe ses pattes de devant sur ses antennes, comme pour les aiguiser, et les braque devant elle, palpant, auscultant ou flairant l'air avec ces deux filets toujours mobiles, qui sont bien évidemment les organes les plus importants et les plus sensibles de la vie de relation chez l'insecte. (1) Les Méhipones à l'exposition des insectes (Courrier des campagnes du 16 septembre 1874). LES MÉLIPONES. 717 » Armez-vous d’une paille et attaquez la sentinelle. Inti- midée d’abord, elle se recule au fond du trou, mais ne quitte pas son poste, et l’on voit toujours cette petite figure atten- tive qui vous regarde. Éloignez la paille, l’insecte s’avance et suit de l'œil votre mouvement. Revenez à l'attaque : cette fois la sentinelle s’arme de courage et saisit avec ses mandi- bules la paille, qu'elle cherche à vous arracher. Et alors vous vous sentez honteux d’inquiéter ainsi cette petite bête de cœur; vous lui abandonnez la paille, qu’elle jette, voyant qu elle n’est plus menaçante, et vous vous prenez à admirer cette courageuse gardienne, qui se frotte les antennes en signe de victoire, et vous regarde toujours avec ses pelits yeux expressifs où brille quelque chose comme le contente- ment du devoir accompli. » Car, je l'ai dit et je le répète, la Mélipone regarde. On voit son regard. Elle tourne la tête (ce que ne fait pas l’Abeille) pour suivre tous vos mouvements. » Mais supposez qu'un ennemi plus fort, une Guêpe armée de son formidable aiguillün, soit parvenue à passer sur le corps de la sentinelle et à franchir l'entrée ; croyez-vous qu’elle arrive tout droit dans la ruche? Pas du tout! Elle débouche dans l’étroit corridor de cire, un vrai labyrinthe où la Méli- pone seule peut se retrouver et où l’étrangère risque fort de se perdre à jamais. Mais si elle le franchit encore, si elle ar- rive dans le nid du couvain ou dans les magasins à miel, elle est bientôt assaillie dans ce réduit dont elle ignore les détours, ürallée, teñnaillée, épuisée (1) ; on lui bouche les veux avec de (1) « Dans un jour d'observation, dit M. Drory, j'ai vu une Guêpe qui se trouvait dans celte position critique. Tandis qu’elle réfléchit au chemin qu’elle doit prendre, il arrive cinq ou six Mélipones farieuses qui la saisissent en tous sens el se roulent avec elle pendant plusieurs secondes ; tout à Coup le combat cesse, et au moment où je m’attends à voir une ou deux Mélipones tuées par le vigoureux aïiguillon de la Guêpe, je vois au contraire la Guêpe se débattre toute seule par terre. J’apercois sur le devant de sa tête une petile plaque d’une matière claire et transparente (a), qu’elle cherche à (u) C'était très-probablement de la propolis. Cette matière résineuse que les Mélipones ramassent, est claire comme la colophane épurée. 718 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. la cire ou de la propolis, et on la laisse mourir impuissante et désarmée. Morte, on porte son cadavre dans un certain com du nid où sont accumulées toutes les ordures de la ruche, le tas d’ordures de la maison; on l’y laisse sécher, et quand il est sec, on le coupe par morceaux; et, morceau par morceau, on l'emporte avec les autres ordures pour le jeter loin, bien loin de la ruche. » Ainsi, ce trou d'entrée est fait tout petit pour que les grands ennemis ne puissent le franchir, pour que la défense en soit plus facile, et aussi pour qu’il soit plus difficile à voir. La Mélipone, dont le vol est léger et peu bruyant, fait ce qu’elle peut pour qu’on ne voit pas où elle entre. Elle arrive chargée de pollen, fait devant le tronc d’arbre où est son nid deux ou trois allées et venues pour reconnaître les lieux, puis, tout d’un coup, plonge dans le trou et disparaît, Et si vous ne le savez d'avance, vous vous demandez : Où est-elle passée? » « Quand on change de place une ruche d’Abeilles, dit M. le D' Maurice Girard (1), celles-ci, avant de s’envoler défi- nitivement, font de nombreux circuits autour de la ruche, afin de la bien reconnaître. Au contraire, dans le même cas, c’est à peine si les Mélipones font un léger circuit, elles par- tent presque du premier coup, se confiant à une vue meilleure pour retrouver leur habitation. C’est ce qu’a bien des fois constaté M. G. de Layens, qui donnait ses soins à la ruche de M. scutellaris de lexposition des insectes, et la mettait presque chaque matin à une place différente. Il a vu aussi, en leur présentant le miel qui servait à les nourrir, que les Mé- lipones restent en cercle tout autour et ne s’engluent pas, tandis que, en pareille circonstance, les Abeilles, plus glou- enlever avec une fiévreuse anxiété ; mais plus elle se gratte avec les jambes, plus ces dernières se collent à la tête, ainsi que les ailes, et après une minute ou deux, la malheureuse Guêpe ne forme plus qu’une boule ! Deux ou trois jours après, lorsque le cadavre fut sec, les Mélipones le mirent en pièces et le jetèrent hors de leur domicile. » | (1) Note sur les mœurs des Mélipones et Trigones du Brésil (Ann. de la Soc. entom. fr., 1874). LES MÉLIPONES. 79 tonnes ou moins intelligentes, ne tardent pas à s'empêtrer les paltes et à se noyer dans le miel, si on ne le couvre pas avec de la paille. Un bon moyen de nourrir les Mélipones, quand les fleurs manquent au dehors, c’est de mettre du miel dans les amphores de la ruche ». Au Brésil, la plupart des ruches de Mélipones qu’on entre- tient en domesticité près des habitations, proviennent de co- lonies sauvages recueillies dans les bois. «Fort peu de per- sonnes en achètent, dit M. Brunet ; il est si facile de s’en pro- curer dans la forêt voisine ! Quelques recherches font promp- tement découvrir l’essaim désiré ; alors on abat, sans plus de façon, l’arbre ou la branche creuse qui lui sert de domicile, puis on coupe à la hache ou à la scie la partie qui le renferme. Si, par accident, on vient à couper trop près du nid et qu’il se pralique quelque ouverture par où l’essaim pourrait s'enfuir, on la bouche avec de l'argile ou un tampon de feuilles, aussi bien d’ailleurs que toute autre issue, et l’on emporte le tronçon chez soi. Là on fend avec soi la branche pour vi- siter l’intérieur du nid et en enlever les parties qui auraient été trop maltraitées, puis on referme cette ruche toute primi- tive en rapprochant les deux moitiés de branche qu’on liga- ture solidement. » On doit toujours avoir le soin de prati- quer à la partie inférieure un trou correspondant à l'endroit du nid où se trouvent les magasins à provisions. Ce trou, que. l’on bouche avec une longue cheville, sert à récolter le miel, comme nous le verrons plus loin. Une précaution indispensable, c’est de mastiquer soigneu- sement toutes les fentes de la ruche, soit avec de l'argile, soit avec de la cire, ou toute autre substance, afin d'empêcher l'invasion des Blattes et autres insectes, principalement de pe- tites Mouches qui viendraient y déposer leurs œufs en quan- tité prodigieuse, et dont les larves peuvent détruire en trois ou quatre jours la ruche la plus peuplée. On suspend d’ordi- naire ces ruches au toit des habitations, pour les mettre aussi à l’abri d’autres visiteurs intéressés, tels que certains Lézards, par exemple. Au lieu de conserver le nid dans la branche qui le conte- 750 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. nait, on peut, avec un peu de soin, le transvaser dans une boîte quelconque, où on l'installe, autant que possible, tel qu’il était primilivement, et à laquelle on pratique deux ou- vertures : l’une, dans le fond, servant à recueillir le miel etconstamment bouchée par une cheville ; l’autre, à l’une des parois latérales, vers le haut, pour ménager un passage aux habitantes. Quand on possède une colonie très-nombreuse, on peut fa- cilement la dédoubler pour former nne nouvelle ruche; voici comment : On enlève à la ruche mère une partie de ses maga- sins à provisions que l’on transvase dans une boîte de dimen- sions convenables (de 0",50 de côté (1), par exemple), en leur conservant le plus possible la disposition qu’avaient adoptée les insectes. On profite de ce que les ouvrières accourent se jeter sur leurs provisions comme pour les défendre, pour placer du même coup une partie de la population de la ruche dans sa nouvelle demeure, où l’on introduit également la fe- melle féconde, en la maniant avec les plus grandes précau- tions pour ne point la blesser. On ferme la boîte, et on la sus- pend à la place de l’ancienne ruche. Un grand nombre des ou- vrières absentes au moment de l'opération viennent renforcer peu à peu le nouvel essaim, qui réussit généralement quand on a pris tous les soins convenables. Quant à la ruche mère, .on la transporte à quelque distance, et il lui suffit de quelques semaines pour se reconslituer. Au bout de ce temps, on peut recommencer et former un nouvel essaim. M. Salzedo a déjà obtenu successivement huit ruches d’une seule recueillie par lui dans les bois. On peut aussi opérer de la. manière suivante : On installe (4) «Il ne faut pas, dit M. Salzedo, que les boîtes servant de ruches soient trop grandes ; elles doivent avoir un demi-mètre carré, sur un quart de mètre de profondeur. Quand j’en ai employé de plus grandes, les Mélipones s’y sont construit avec de l’argile une sorte de réduit, abandonnant tout le reste de ja boîte et salissant avec de la gomme (propolis ?) la paroi de verre que j’avais établie pour les observer plus facilement, et que j'avais cependant eu soin de recouvrir d’un volet opaque, car la lumière les inquiète beau- coup. » LES MÉLIPONES. 751 dans la boîte, mais avec les plus grandes précautions, une partie des étages supérieurs (1) des rayons à couvain de la ruche mère, lesquels sont très-mous et se brisent facile- ment (2); il int veiller à ne point enlever avec ces rayons la femelle fécondée, qui doit dans ce cas rester dans l’ancienne ruche. On y ajoute quelques provisions, et l’on suspend cette colonie à la place de la ruche mêre, comme précédemment. Toutes deux se sont bientôt complétées et reconstituées entièrement. C’est ce dernier procédé qu’emploie M. Salzedo, et il lui a toujours réussi. On se trouve généralement bien, d’ailleurs, quand on in- stalle les rayons dans une boîte neuve, de les séparer des ma- gasins à provisions par une trés-mince planchette verticale, de trois pouces de haut environ, sur autant de large; les ouvrières adoptent cette disposition et achèvent la ruche sur le même plan, c'est-à-dire qu’elles construisent tous leurs rayons à couvain dans un des deux compartiments formés par la planchetie, et emmagasinent le miel et le pollen dans l’autre. L'avantage de cet arrangement, c’est qu'il permet de récolter plus facilement le miel, et même d’enlever de la cire sans irop endommager le nid. Une précaution recommandée par M. Brunet, comme in- dispensable au Brésil, c’est de parfumer au préalable, avec de l'encens, la boîte qui doit recevoir le nouvel essaim, et cela dans le but, suppose-t-on, d’éloigner par cette odeur la petite mouche mentionnée ci-dessus (3), qui vient toujours en plus ou moins grande abondance déposer ses œufs dans les ruches nouvelles, où les Mélipones, occupées à refaire une partie de leurs travaux bouleversés et à boucher les fentes, (1) M. Salzedo recommande toutefois de ne point enlever de rayons trop récents : Q Il ne faut prendre, dit-il, que ceux dont les larves doivent naître dans peu de temps («de los mos viejos, que deben nacer prailo »), ce qui se reconnaît à ce que les alvéoles sont d’une couleur blanchâtre et paraissent secs, tandis que les nouveaux sont jaunâtres el paraissent humides. (2) La couche de cire qui forme ces rayons n’a qu’une très-faible épais- seur, et le moindre effort pourrait endommager les cellules. (3) Ne serait-ce pas plutôt parce que l’odeur de l’encens plaît aux Méli- pones, et les disposerail à accepter plus volontiers leur nouvelle demeure ? 7952 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. ne peuvent faire une garde assez active sur tous les points menacés par l'ennemi. Quant à la multiplication des ruches par essaimage, elle n’a point encore été étudiée. « Il y a trop peu de temps encore que je les observe à l’état domestique, dit M. Brunet, pour m'être assuré de la manière dont se forment naturellement les essaims. J’ai souvent été trompé par de grandes réunions de Mélipones formant à une petite distance de leur ruche un épais nuage, qui, après ces évolutions, est toujours rentré dans la ruche. » J'ai lieu de croire, d’après mes propres expériences, que la plupart des Mélipones peuvent être réduites en domesticité, au moins — et c’est le plus grand nombre — celles qui vivent dans les troncs d'arbres ou les branches creuses. J'ajouterai que toutes les fois que j'ai essayé d'installer dans des boîtes celles qui suspendent leur nid, j'ai également réussi. Mais jamais je n’ai tenté aucun essai sur le Capuchu, qui fait son nid en terre et s'établit le plus ordinairement dans un nid de Termites abandonné. C’est une espèce qui me parait des plus intéressantes, bien qu’offensive. » Dans mes voyages, J'ai souvent transporté des tronçons de branches creuses contenant des essaims de Mélipones de diverses espèces. Quand je m’arrêtais quelque temps dans un endroit, je les suspendais au toit de l'habitation ou à quelque palissade, et je donnais la liberlé à mes essaims pour les laisser butiner à leur guise. La veille du départ, à la nuit, ou le matin même avant le lever du soleil, je fermais l'ouverture de la ruche avec un bouchon ou une cheville, pour ne la rouvrir que lorsque je faisais une nouvelle station. Il m'est arrivé, il est vrai, de perdre ainsi des essaims; mais unique- ment parce que je n'avais pu les protéger pendant la nuit contre diverses espèces de Fourmis quienvahissaient la ruche et y détruisaient tout. L’isolement par l’eau était même im- puissant pour les protéger contre les Fourmis, appelées ici Toyocas, et qui se jetaient à la nage, attirées par l'odeur de la ruche. Ces Fourmis sont très-fortes, et peuvent lutter avec avantage même contre l’Abeille domestique d'Europe. LES MÉLIPONES. 75à » Les Méliponesont au Brésil denombreux ennemis, savoir : presque toutes les espèces de Fourmis, les Blattes ; les petits Diptères dont il a été parlé plus haut, et qui déposent leurs œufs en si grandnombre dans les magasins à provisions, qu'ils les détruisent, y compris le couvain, en l’espace de quelques jours : en ce cas, la femelle fécondée périt presque toujours et la ruche est perdue (Brunet). » On trouve aussi dans les nids de M. scutellaris un petit co- _léoptère parasite dont l’existence a été constatée par M. Drory, et que M. Maurice Girard a fait connaître (1) sous le nom de Scotocryptus Meliponæ. Les Mélipones comptent aussi au nombre de leurs ennemis , parmi les oiseaux : les Hirondelles, de nombreuses espèces de Tyrannus et autres genres voisins. Parmi les Mammifères, le Grison (Gahctis grison), le Kinkajou (Cercoleptes . caudhvol- vulus), et le Tatou, quis’attaque aux espèces construisant leurs nids sous terre, sont autant d'animaux grands destructeurs de Mélipones. On peut, d’ailleurs, en dire autant de petits Sauriens arboricoles, les Largatixos, qui s'embusquent à l’en- trée des ruches, et saisissent au passage toutes les ouvrières qui s’en vont butiner ou qui en reviennent. Mais les Mélipones ont surtout pour ennemie leur propre espèce ; elles se livrent assez souvent, de ruche à ruche, des combats meurtriers. Vient-on, par exemple, à placer une ruche d'Uruçus près d’une autre déjà anciennement établie, presque toujours une bataille ne tarde pas à s’engager entre les deux essaims, surtout s'ils sont nombreux : c’est une lutte corps à corps qui ne se termine ordinairement que faute de combat- tants, c’est-à-dire quand la ruche la moins peuplée est à peu (4) Loc. cit. « J’en ai retrouvé, dit-il, à Bordeaux, mais morts; M. Drory l’a vu, en été, vivant et courant dans le nid, et d'un noir bleuâtre très- brillant. 1} paraît se nourrir de détritus et d’excréments de Mélipones, régime qui se rapporte bien à la place que je lui ai assignée dans les Silphiens, non loin des Catops. Comme cet insecte est complétement aveugle et aptère, je suppose que les très-petites larves s’attachent aux poils des Mélipones qui essaiment, de sorte que l’espèce est ainsi transportée dans les nouvelles colonies. » 754 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. près épuisée, car il périt toujours de part et d’autre le même nombre d'individus. La paix faite, les deux colonies réparent peu à peu leurs pertes, et vivent ensuite généralement en bonne harmonie. «Dans un de ces combats, dit M. Brunet, j'ai pu évaluer le nombre des morts à plus de trois mille; j'ai été également témoin d’une bataille de ce genre, mais moins meurtrière, de l’Uruçu contre la Tiuba amarella (M. postica), et une autre fois contre l’Abeille ordinaire, qui eut le dessous. » La domesticité semble peu modifier les mœurs des Méli- pones. Toutefois ces insectes s’habituent assez vite au voisi- nage de l’homme. Même les espèces qui, à l’état sauvage, ne souffrent pas qu’on s'approche trop près de leur nid, finissent, en captivilé, par tolérer peu à peu qu’on y touche. Quand la ruche est munie d'un cadre vitré, on peut l'ouvrir et la fermer sans qu’elles paraissent s'en préoccuper beaucoup. M. Salzedo a pu installer un essaim jusque dans une des salles de son ha- bitation, dans une ruche formée d’une cloche de verre, où il peut suivre tous les travaux de la colonie, en ayant seulement soin de tenir habituellement cette cloche couverte d’une sorte de chape d’étoffe épaisse, les Mélipones ne travaillant que dans l’obscurilé. Les Mélipones butinent partout : on en rencontre sur les fleurs, sur les fruits, sur les jeunes tiges des végétaux, sur les troncs d'arbres, etc. (1). Elles se montrent trés-avides de la cire qu’elles trouvent sur leur passage, même de celle produite par des espèces différentes. « Lorsque sur mes croisées il se trouve de la cire ou du miel, dit M. Brunet, diverses espèces arrivent en foule pour s’en emparer, et cela à plus de deux cents mètres de leur ruche. J'avais un jour placé sur une (1) On reproche à certaines espèces, surtout celle désignée au Brésil sous le nom d'Arapua, d'attaquer l'écorce des jeunes pousses d'Oranger, d’Hibis- cus, de Cajanus, et même de Quassia amara ; elles se jetteraient aussi sur de jeunes fruits, dont elles arrêteraient ou empêcheraient le développement. Les très-petites espèces, qui viennent jusque sur les mains de l’homme pour y sucer la sueur, sont parfois incommodes, dans certaines localités, en s’introduisant dans les yeux et dans les oreilles. LES MÉLIPONES. 795 table, dans une des chambres de mon habitation, un ravon de miel d’Abeilles d'Europe; il fut entièrement pillé par l’es- pèce dite Caga-fogo (Trigona flaveola). Ge rayon enlevé, les Mélipones venaient encore en très-grand nombre, le lende- main, tourbillonner autour de la table où elles l'avaient trouvé la veille. » Grâce à la disposition toute particulière des nids de Méli- pones, rien n’est plus facile que d’exploiter leurs réservoirs à miel sans déranger les rayons à couvain, quand on a le soin d'employer des ruches dont la paroi supérieure est à char- mère et forme un couvercle qui, s’ouvrant à volonté, permet de voir où sont les magasins (4). À l’aide d’une baguette taillée en pointe, on perfore chaque réservoir, dont le contenu, toujours assez liquide (du moins chez la Mélipone scutellaire et beaucoup d’autres espèces), s’'échappant aussitôt, vient couler par le trou qu’on a ménagé à la partie inférieure de la ruche, et dont on a enlevé, à cet effet, la cheville ou fausset qui le tenait habituellement bouché. Ce procédé permet d'obtenir le miel très-pur; il est alors parfaitement blanc et transparent ; tandis que lorsqu'on enlève les réservoirs et qu’on les brise pour en exprimer Le contenu, le miel est trouble et de couleur rougeâtre. En outre, lors- qu on n'enlève pas les réservoirs eux-mêmes, pour en utiliser Ja cire, les Mélipones les ont bientôt réparés et remplis. C'est généralement vers la fin de l’été (en mars et avril) que se fait la récolte; car les Mélipones qui ont butiné pendant tous les mois précédents, vivent ensuite surtout aux dépens de leurs provisions, et le produit de la ruche diminue. Passé celte époque, d’ailleurs, elles ne recueillent plus guère que du pollen; tandis que c’est surtout du miel qn’elles emmagasi- nent en été. Leur période de plus grande activité est du com- mencementi de février à la fin de mars. Comme on devait sy attendre d’après le climat des régions (1) Nous avons vu plus haut, d’ailleurs, que par une disposition intérieure de la ruche, on peut amener les Mélipones à grouper sur un point leurs réservoirs à miel. 756 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. qu’elles habitent, les Mélipones sont des insectes très-frileux. Notre confrère, M. Drory, a constalé que pour les conserver vivantes en hiver, il faut que la température de leur ruche : ne descende pas au-dessous de 20 degrés. Déjà à 25 degrés elles se montrent peu actives, et souffrent visiblement. On ne saurait donc conserver l'espoir de les acclimater, soit en France, soit même en Algérie, le climat de notre colonie étant sujet à des abaissements de température qui seraient funestes pour ces Hyménoptères. Du reste, quelque facilité que présente l'exploitation des ruches de Mélipones, les produits qu’on en obtient ne parais- sent guère pouvoir entrer en concurrence bien sérieuse avec ceux tirés des Abeilles. Le miel de plusieurs espèces, notam- ment de M. scutellaris, est, comme on l’a vu plus haut, fort abondant et de la meilleure qualité (1); mais il est très- aqueux et ne granule pas, ce qui le rend plus difficile à con- server que celui des Abeilles. D’un autre côté, la cire produite par les espèces étudiées jusqu'ici est grossière (2) etserait sans doute difficilement uti- lisable dans l’industrie (3). Nous devons ajouter toutefois qu’à (1) Mais d’autres espèces ne produisent que des miels inférieurs, quelques- unes même des miels purgatifs ou vénéneux, soit par leur origine de cer- taines fleurs, soit par une élaboration spéciale à l’insecte. « On sait maintenant, en effet, que les miels des divers Hyménoptères mellifiques diffèrent et ont subi un léger travail interne, bien moindre toutefois que celui de la cire. Le miel des Mélipones en particulier est autre que celui de l’Apis mellifica introduit dans les pays tropicaux, et cependant ces insectes: butinent tous dans les mêmes fleurs. De même nos Bourdons ont un autre miel que nos Abeilles. » (M. Maurice Girard, Note sur les mœurs des Méli- pones et des Trigones du Brésil, Ann. de la Soc. entom. de France, décem- bre 1874.) (2) M. Lewy, qui l’a étudiée comparativement à celles des Abeilles (Ann. de chimie et de physique, t. XIII, 3° série), l’a trouvée composée de 50 parties pour 100 de cire de palmier, plus de 45 parties de cérosie et de 5 parties de matière huileuse. (3) Gette cire paraît difficile à débarrasser de la résine et des autres ma- tières étrangères qu'elle renferme. Au Brésil, on a souvent essayé de l'employer pour la fabrication de bougies, qui brûlent mal, précisément en raison de la grande quantité de résine mélangée à la cire. Nous ne cite- LES MÉLIPONES. 29% l'exposition nationale de Rio-de-Janeiro, en 1861, au milieu d'échantillons des produits d'environ 50 espèces de Mélipones des diverses provinces du Brésil, on remarquait, dit M. le docteur Burlamaqui (1), Çune cire plus blanche qué celle de l’Abeille domestique, etsupérieure en qualité. Elle provenait d’une Abeille (Mélipone) qui niche dans les creux des arbres de certaines régions voisines de l’Amazone ». Cette espèce, qui paraît malheureusement fort peu connue, semblerait donc faire une heureuse exception au milieu de ses congénères par la valeur de ses produits, et peut-être conviendrait-il d’at- tendre de nouveaux renseignements sur son compte avant de se prononcer définitivement sur le parti qu'on pourrait tirer de la domestication de certaines Mélipones. MÉLIPONES AUSTRALIENNES. Le continent australien possède plusieurs espèces de Méhi- ponites sur lesquelles on n’a pu malheureusement recueillir jusqu'ici que des renseignements fort incomplets. Leurs mœurs semblent toutefois se rapprocher beaucoup de celles des espèces américaines. Quelques espèces, les unes très-pe- tites, d’autres un peu plus grosses, s’élablissent en essaims considérables dans les creux des arbres. Nous devons à notre confrère M. Thozet deux spécimens de ces espèces, recueillis par lui à Muellerville, près de Rockampton (Queensland). L’une, la plus grande, connue des indigènes sous le nom de Koreura, habite les branches mortes et creuses, principalement de l'Eucalyptus tereticornis ; l'autre, nommée Araë, fait son nid dans les troncs ou les branches d'arbres entiérement mortes. Les indigènes, très-friands de miel, leur font une chasse active ; mais elles ne paraissent pas avoir beaucoup attiré l’at- rons que pour mémoire l’utilisation de la cire noire de Trigone fulvipède dans la fabrication de l’encre et du crayon lithographiques, indiquée, il y a quelques années, par M. Louis Marquier, lithographe de la Havane. (Voy. Bulletin de la Soc. d’acclim., 1855, p. 334). (1) Manual de apicultura, dans le recueil périodique avant pour titre : O auxaliador da industria national. Rio-de-Janeiro, 1864. 758 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. tention des colons, aujourd'hui en possession des Abeilles ordinaires, qui se sont non-seulernent acclimatées, mais com- plétement naturalisées en Australie, où l’on en trouve dans les forêts de nombreux essaims sauvages. Ces essains attaquent les nids de Mélipones et contribue- raient, dit-on, à faire disparaître peu à peu ces dernières sur certains points. Cependant, Abeilles et Mélipones vivent parfois à peu de distance les unes des autres. « On en a vu, dit M. George Bennett (1), des colonies logées jusque dans la même cavilé d'arbre et séparées par une simple cloison de terre glaise. Mais quand un des deux essaims vient à perdre son couvain, il ne manque pas de s’en prendre à la colonie voisine, et aussitôt s'engage un combat qui ne finit d'ordinaire que par la destruction complète d’une des deux populations. Les petites Abeilles noires (Mélipones) indigènes ne luttent pas toujours trop désavantageusement contre ia grosse Abeille d'Europe : elles s’efforcent de se tenir constamment au-dessus d'elle, pour éviter son terrible aiguillon, et lui coupent les ailes avec les fortes mandibules dont la nature les a douées ; elles la mettent ainsi hors de combat. » Le miel de ces Abeilles natives, continue M. Bennett, est d'une saveur plus agréable que celui produit par l'insecte acclimaté.…. » Telle est également l'opinion de la plupart des personnes qui ont eu occasion de goûter ce miel, et celle, en particulier, de notre confrère M. Thozet (2). Mais il parait toutefois qu’il y aurait lieu de tenir compte des espèces, et que touies ne produiraient pas un miel également bon. D'après des renseignements que nous devons à l’obligeance de la Société d'agriculture de la Nouvelle-Galles du Sud, du miel (4) On the physiology, and also on the utility and importance of the acclimalization and naturalization of Animals and Plants to Australia, by George Bennett, M. D., F. R. C. S$., elc.; lecture faite à Ja séance an- nuelle de la Société d’acclimatation de la Nouvelle-Galles du Sud, avril 1864. (2) Il est à remarquer, du reste, qu’en Australie. le miel de l’Abeille ordinaire est lui-même très-parfumé ; ce qui tient sans doute aux végétaux sur lesquels l’insecte va butiner. Comme les Mélipones indigènes, il recherche surtout : les fleurs d’Eucalyptus, de Leptospermum et de diverses Protéacées. LES MÉLIPONES. 759 récolté dans les environs de Sydnev, aurait été trouvé acide et peu utilisable. D'un autre côté, bien que la quantité de miel produite par chaque essaim soit relativement assez considérable, eu égard à la grosseur des insectes et à leur nombre, on conçoit qu’elle ne doit jamais être très-abondante, et c’est ce qui explique sans doute comment aucune tentative sérieuse de domesti- cation des Méliponites australiennes n’a été faite. Ces espèces semblent d’ailleurs plus farouches que celles de l'Amérique du Sud, et se prêter moins volontiers à une ex- ploitation régulière de leurs ruches. La cire qu’elles produi- sent est brune et plus ou moins mélangée de matières rési- neuses. Notre Société en a reçu quelques échantillons à diverses reprises, et notamment en 1855, grâce à l’obligeance de MM. Mac-Arthur et Bonsfield, commissaires de l'Exposition universelle pour les colonies anglaises. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. > NOTICE SUR QUELQUES ARBRES FRUITIERS NOUVELLEMENT INTRODUITS ET ACCLIMATÉS EN ÉGYPTE Par M. G. DELCHEVALERIE. Parmi les arbres fruitiers nouvellement introduits et accli- matés en Égypte, nous recommandons le Jambosier commun (Jambosa vulgaris), espèce qui entrera rapidement dans la grande culture et qui devrait réussir à Cannes et à Hvéres. Le premier sujet planté au jardin khédivial de Ghezireh a fructifié pour la première fois en 1868. C’est à la fois un arbre fruitier et d'ornement, qui atteint en ce moment 7 à 8 mètres de hauteur, à ramifications trés- nombreuses recourbées presque jusqu’à terre et garnies d’un feuillage épais d'un beau vert, et se couvrant de jolies fleurs blanches en aigrettes d'un très-bel aspect. Les fleurs appa- raissent au commencement d'avril, et six semaines après, les fruits arrivent déjà à leur maturité. Le fruit, charnu, gros comme un œuf de pigeon, a la chair succulente et très- parfumée ; 1l est couronné par le limbe très-large du calice. La récolte a lieu du 15 mai au 1° Juillet. Les graines semées immédiatement germent facilement, et nous avons pu en obtenir ces dernières années un grand nombre de jeunes arbres que nous élevons en pépinière pour les plantations futures. Le fruit, nommé /ambolin ou prune de Malabar, est un manger délicieux et parfumé. On en fait des compotes qui ont l'odeur de la rose, et on le confit à l’eau-de-vie. Cet arbre fructifie abondamment sous le climat du Caire, et nous le recommandons à l’attention des jardiniers du midi de la France, notamment dans les régions où fleurissent et fructifient les Orangers. Le Manguier (Mangifera indica), autre arbre fruitier de l'Inde, s’est également acclimaté en Égypte. Les plus gros Manguiers cultivés dans les jardins du Caire ont 8 à 9 mètres ARBRES FRUITIERS NOUVELLEMENT INTRODUITS EN ÉGYPTE. 761 de hauteur, avec le tronc gros et court, et une têle large et grosse comme celle des Pommiers en Europe. Les fleurs appa- raissent en panicules terminales en avril, et les fruits arrivent à maturité vers le milieu de l’été. Le Manguier fructifie abon- damment dans les jardins du Caire; les fruits sont gros, avec la chair d’une saveur délicieuse : ils sont, dit-on, très-sains et passent pour purifier le sang. La culture de cet arbre n’est pas encore assez répandue dans les jardins du Caire. Le Papayer (Carica Papaya) fructfie ausst à Ghezireh et dans plusieurs jardins du Caire et d'Alexandrie. Il atteint 5 à 6 mètres de hauteur ; 1l se divise à l'extrémité en cinq ou six grosses branches qui se chargent de fruits de la grosseur et de la forme de pelits Melons pulpeux. propres à faire d’excel- lentes confitures. Un pied de Carica Papaya femelle a pro- duit une centaine de fruits, sur chacune de ses six ou sept branches à la troisième année. Il en existe un en ce moment à Ghezireh, âgé de deux ans, dent le sommet de la tige porte plus de cent fruits, à chair ayant la consistance et la forme de celle du Melon, et rangés autour de la tige comme les rosettes autour des Choux de Bruxelles. Il faut toujours avoir soin, en plantant un groupe de Carica Papaya femelles, de planter au milieu un sujet mâle pour la fécondation, c’est ce que nous faisons à Ghezireh, et c’est ce qui fait que nos Carica \ produisent des fruits en aussi grand nombre; de plus, on oblient, par ce moyen, des graines fertiles : landis que les Carica Papaya femelles plantés éloignés des mâles, s'ils don- nent parfois quelques fruits, ceux-ci sont creux, et ne renfer- ment aucune graine. Le Carica Papaya est cultivé aujour- d’hui dans plusieurs jardins en Égypte, au Caire et à Alexan- drie. Nous avons planté cette année deux nouvelles espèces de Carica dans le jardin khedivial de Ghézireh : le Carica fructe rubro, le Carica gracilis, et un arbre de la même fa- mille, le Vasconcella quercifolia, arbre fruitier de Guayaquil. Anone squameuse (Anona squamosa, Linné), arbrisseau de 3 à A mètres de hauteur, de l’Inde et d'Amérique, intro- duit et cultivé aujourd'hui dans presque tous les Jardins de l'Égypte. Cet arbre fleurit au printemps, et la maturité des 3e SÉRIE, T. II. — Décembre 1875. A9 762 SOCIÉTÉ D'ACULIMATATION. fruits a lieu à la fin de l'été. Les Arabes le nomment Kechta, fruit à la crème. Nous avons reçu du Brésil lAncna Cheri- mola, arbrisseau dans le genre du précédent, mais à feuilles plus grandes et plus larges; il n’a pas encore fructifié en Égypte. Nous avons également planté à titre d'essai, cette année, l’'Anona reticulata et l'Anona manizales. Les Goyaviers (Psidium piriferum) sont cultivés dans presque tous les jardins ; les fruits, en forme de poire, ne sont pas très-estimés. Deux autres espèces cultivées dans quelques jardins du Caire ont les fruits plus estimés ce sont : le Ps- dium Catileyanum et polycarpum. Les fruits du ?. piriferum apparaissent vers le milieu de l'été; ceux des deux autres espèces viennent à la fin de cette saison. L’Ægle Marmelos, espèce d’Aurantiacée en arbre, origi- maire de l'Inde orientale, mérite d’être cité et devrait être propagé dans tous les jardins. Il en existe de forts spéci- mens dans les jardins de S. A. le prince héritier, à Choubrah et à Maniel. Cet arbre atteint 7 à 8 mètres de hauteur au Caire, toujours vert, à ramifications armées d’épines simples el garnies de feuilles à trois folioles denticulées, et de fleurs rougeâtres. Le fruit, de la grosseur d’un gros cédrat, basci- forme, turbiné, globuleux, a son enveloppe ligneuse, el con- tient douze à seize loges polyspermes, renfermant un gluten très-tenace et transparent, au milieu duquel sont placées les oraines fertiles. Le fruit exhale un parfum délicieux; il est non-seulement nutritif, mais astringent ; on fait d'excellentes marmelades avec la pulpe de ce fruit. L’Ægle Marmelos fleurit au milieu de l'été, et ses fruits arrivent à maturité vers le mi- lieu de l'été suivant, sous le climat du Caire. Le Bibacier (Eriobotrya japonica) est, depuis quelques années, cultivé en grand dans les jardins et y fruclifie abon- damment à la fin de l'hiver. C’est un arbrisseau de 3 mètres de hauteur ; ses fruits sont abondants sur les marchés depuis la fin de l’hiver jusqu’à la fin du printemps, et se vendent à bas prix. Le Baobab (Adansonia digitata Gonzales des Arabes), estle fruit d’un des arbres les plus gros de l'Afrique tropicale. Get ARBRES FRUITIERS NOUVELLEMENT INTRODUITS EN ÉGYPTE. 763 arbre, planté au Caire 1l y a une quarantaine d'années, dans les anciens jardins d'Ibrahim-pacha, a acquis aujourd'hui le développement des plus gros arbres de l'Égypte. Il n’a pas encore fleuri n1 fructifié sous le climat du Caire. | . Le Feronier (Feronia elephantum), Aurantiacée en arbre, introduite et acchmatée dans les jardins du Caire, acquiert également aujourd’hui les dimensions d’un grand arbre. Le fruit, dans le genre de celui de l’Ægle Marmelos, a l’enve- loppe ligneuse, mais 1l est plus petit et n’est pas comestible. L’Eugenia austral (Eugema australis) atteint 7 à 8 mètres de hauteur sous le climat du Caire ; c’est un bel arbre d’orne- ment qui fleurit abondamment et produit des fruits rouges comestibles dans le genre d’une cerise. Le Sizygium jambolanum, arbre assez élevé, et qui prospère bien dans nos cultures ; planté en avenue à Ghezireh, il promet de s’acclimater dans ces parages, mais n’y a pas encore fructifié. L’Ananas (Ananas sativus), cultivé à une exposition chaude, à nu-ombre pour l'été, avec abris contre les froids de l'hiver, produit des fruits passables sous le climat du Caire, mais qui n’ont pas grande saveur. Aussi, pour en avoir des fruits gros et savoureux, nous le cultivons dans de petites serres ombragées à l’intérieur par des lianes de Vanslla planifolia et Vanilla lutescens, dontles fruits exhalent un parfum délicieux. _ Le Bananier nain de Chine (Musa sinensis), planté depuis quelques années à Ghezireh, n’y atteint guère qu'un mêtre 50 centimètres à 2 mètres de hauteur, mais il donne à la seconde année des régimes volumineux de bananes plus petites que là banane ordinaire d'Égypte (M. paradisiaca), mais qui sont excellentes et très-parfumées. Le Theobroma' Cacao, cultivé à Ghezireh à titre d’essai, n’a pas bien prospéré jusqu’à ce Jour; il craint les nuits {froides de l'hiver et les chaleurs sèches de l'été, et 1l sera dif- ficile, croyons-nous, de le faire frucüfer à l'air hbre sous le climat du Caire. Il en est de même du Jaquier (Artocarpus integrifolia) et de l'arbre à pain (A. ëncisa). Le Balanites ægyptiaca, (Heqhiqy. des Égyptiens), cultivé en 764 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. grand et spontané dans le haut Nil, est cultivé dans quelques jardins du Caire, mais ses fruits n’acquièrent pas sous ce climat la saveur de ceux que l’on récolte dans le Soudan, et que l’on envoie au Caire par le Nil et les caravanes. La matu- ration du fruit de cet arbre peut avoir lieu dans la haute Égypte, où, dans l'antiquité, cet arbre était cultivé en grand, notamment dans le nome Thébaïde. Cet arbre est vénéré des habitants du haut Nil et du Soudan, parce que, disentls, le fruit a la forme du cœur et les feuilles la forme de la langue. Café (Coffea arabica), cultivé en grand dans l'Arabie Heu- reuse. Le Cafier n’est cultivé au Caire, dans les jardins , que comme arbre d'ornement; il y fleurit et y fructufie pendant l'été ; les fruits, qui apparaissent par groupes aux aisselles des feuilles, sont sessiles etressemblent à de petites cerises rouges. Caroubier (Ceratornia Siliqua), arbre cultivé dans quelques jardins, où il fructifie abondamment; les fruits, nommés ca- roubes, sont comestibles et estimés des Arabes. Le Mimusops de lInde (Mnusops Elengi), petit arbre fruitier de l'Inde, acclimaté depuis longtemps déjà, fleurit et fructifie dans les jardins du Caire, notamment dans les anciens jardins de l’île Rhodah, sur le Nil. Le Tamarinier (Tamarindus indica), arbre de l'Inde et spontané aussi dans le Soudan, d’où les barques qui descen- dent le Nil apportent de grandes quantités de pulpes de 1a- marin. Le Tamarinier acquiert au Caire le développement des plus grands arbres, d’un très-bel ornement dans les jardins. Il fleurit et fructifie abondamment au Caire, mais les gousses qu’il produit sont moins longues et moins larges que celles qui proviennent du haut Nil; de plus, la pulpe est moins savoureuse que celle que l’on récolte au Soudan. Avocatier (Persea gratissima), arbre fruitier nouvellement introduit dans les cultures de Ghezireh, où 1l se développe bien, et ne semble craindre ni les chaleurs sèches ni les nuits fraiches de l'hiver ; nous avons l’espoir qu'il s’accommodera du climat du Caire. Les espèces exotiques suivantes sont depuis longtemps l’objet d’une grande culture dans les jardins d'Égypte : ARBRES FRUITIERS NOUVELLEMENT INTHODUITS EN ÉGYPTE. 769 Abricotier (WMechmech des Arabes), cultivé dans les jardins. Amandier (Louz des Arabes), très-propagé dans les cultures. Bananier du paradis (Mouz des Arabes), cultivé en grand contre les murailles. Cédratier (Cabbade des Arabes), cultivé dans les vergers. Citronnier sauvage (Leymoun beledy), cultivé comme plan- lations forestières. Gitronnier à gros fruit (Leymoun adhalia), cultivé dans les vergers. Cognassier (Cydonta, Sefergal des Arabes). Produit d’excel- lents fruits en Égypte. Dattier (Nakleb, arbre ; Balah, datte), cultivé sur le pied de quatre millions d'individus femelles. La récolte annuelle est estimée pour toute l'Égypte à 15 millions de quintaux _de dattes. Doumier (Cucifera thebaica), Palmier de la Thébaïde. Ce Palmier constitue de véritables forêts dans la haute Égypte. Le fruit, doum, est enveloppé d’une pulpe comestible. Figuier (Ficus carica), cultivé au Caire, et notamment aux environs d'Alexandrie. Figuier d'Inde (Opuntia vulgaris), cultivé sur la lisière des déserts. Figuier de Pharaon (Ficus Sycomorus), cultivé sur les routes el autour des sakies. Le fruit, d’un beau rose, comme une figue ordinaire, est estimé des Arabes. Grenadier (Roummdn des Arabes), produit des grenades délicieuses en Égypte. Jujubier (Zizyphus spina-Christi), fruits petits, estimés des Arabes. Jujubier cultivé (Zizyphus sativa), fruit plus gros et plus estimés. Müûrier blanc ordinaire (Tout beledy), fruits assez estimés des Égyptiens. Müûrier blanc à gros fruits (Tout frangy), fruits plus estimés que les précédents. Mürier à gros fruits noir (Tout frangy hamar), fruits très- estimés. 766 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Noyer (Juglans regia) , cultivé dans quelques jardins. Olivier (Olea europæa, Zeytoun des Arabes) , cultivé aux envi- rons des villes ; fructifie abondamment aux environs du Caire, au Fayoum et à Alexandrie. Orangers à fruits amers (Narinque des Arabes). Les fleurs servent à faire l’eau de fleur d'oranger. Orangers à fruits doux (Bourtouane helou des Arahes), cul- tivés en grand dans toute l'Égypte. Orangers à mandarines (Bourtouane na affendi), cul- tivés dans toute l'Égypte. Orangers à fruits sanguins (Bourtouane abmar), cultivés aux environs du Caire. Orangers hizerai, mersym, lerinque gridli et autres espèces, cultivés dans quelques jardins. Pêchers (Koukh des Arabes), cultivés dans tous les iardins d'Égypte. Poirier (Kommitra des Arabes), cultivé dans quelques jar- dins ; fruits médiocres. Pommier (Tiffah des Arabes), cultivé dans quelques jardins; fruits médiocres). ‘Prunier (Barkouk des Arabes), cultivé dans quelques jar- dins ; fruits médiocres. | Vigne, cultivée au Caire, au Fayoum, à Alexandrie et à Ismai- lia, pour ses raisins de table. Dans la liste qui précède, iln’y a absolument que les Daitiers, les Jujubiers (Zizyphus spina-Christi), le Figuier de Pharaon et le Figuier d'Inde (Opuntia vulgaris), qui soient réellement propres à l'Égypte. Toutes les autres espèces y ont été intro- duites 1l y a longtemps pour certaines espèces; mais ce n’est que depuis le règne d’Ibrahim-pacha que la culture des arbres fruitiers a été faite en grand en Égypte: ce prince, qui témoignait une vive sollicitude pour les plantations, fit planter ‘des millions d'arbres fruitiers. Les plus beaux jardins et ver- vers, qui font encore aujourd’hui l'admiration en Égypte, sont dus aux soins éclairés du père du khédive actuel. Il. — EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES Un ÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 DÉCEMBRE 1879. Présidence de M. DE QUATREFAGES, vice-président. La séance est ouverte par l’allocution suivante de M. le Pré- sident : « Messieurs, » A votre entrée dans cette salle, vous avez éprouvé à coup sûr une déception en ne trouvant pas au bureau la figure aimée de notre Président. Mais vous savez avec quelle con- science M. Drouyn de Lhuys remplit toutes les fonctions at- tachées à un titre qui lui est cher, et chacun de vous a compris que des occupations impérieuses pouvaient seules le tenir éloigné de Paris à pareil jour. Il a chargé celui qui le rempla- cerait d’être auprès de la Société l'interprète de ses vifs regrets. Nous lui répondrons par les nôtres non moins vifs et non moins sincères. » Cetle absence confère au plus ancien de vos vice-prési- dents l'honneur d'inaugurer notre vingt-deuxième session. Permettez-lui de jeter avec vous un coup d’œil rapide sur le passé et sur le présent de la Société. » Vous savez qu’elle date de 1854. Née de l'initiative intel- ligente de quelques jeunes hommes qui allèrent se grouper autour d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, elle se développa rapi- dement sous une direction aussi active qu'élevée. À la mort de celui que nous regardons tous comme son fondateur, elle était déjà solidement assise et avait un avenir assuré. Sous M. Drouyn de Lhuys, elle grandit tout aussi vite. Le succes- seur d’Isidore Geoffroy mettait, pour ainsi dire à son service, l'influence due à une haute position sociale. Nous ne devons jamais oublier que le cabinet du ministre resta toujours ouvert à uos plus modestes agents, à quiconque avait à parler sé- rieusement des intérêts de la Société. Grâce à cette interven- 768 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. tion toujours présente, à l'intérêt qui s’attachait de plus en plus à ses travaux, la Société comptait, au 1°" janvier 1869, 2050 membres. | » Puis vinrent les mauvais jours, la guerre étrangère etses désastres, la guerre civile et ses horreurs! Dans ces moments terribles, la Société d’acclimatation, on peut le dire, se montra digne d'elle-même; ses procès-verbaux en font foi. Elle tint réguliérement ses séances, et l'avis officiellement envoyé à Berlin et parvenu jusque dans Paris, que 500 000 quintaux de munilions étaient entassés à Versailles pour nous écraser, n’eut d'autre résultat que de faire avancer d’un mois l’ouver- ture de la session. Les membres de la Société présents à Paris tenaient tous à être à leur poste quand arriverait la tempête de fer et de feu. Ils ont siégé le 13 janvier 1871, au plus fort du bombardement. Voilà quel a été sur la Société d’acclimatation l'effet psychologique des menaces et des actes de l’ennemi. Mais on ne traverse pas impunément de pareiïlles crises. La tourmente passée, il y eut des défaillances; la mort, l’ab- sence, firent des vides dans nos rangs ; on nous quitta pour la grande Association des agriculteurs de France. En 1873, le chiffre des membres descendit au chiffre minimum de 1577 Nous avions perdu 473 de nos collègues. » Messieurs, j'ai hâte de le dire. À cette courte période de décadence a succédé une ère de progrès qui dure encore et s'affirme chaque jour. Le nombre actuel de nos membres est de 1990. Il n’est inférieur que de 60 au chiffre atteint par la Société en 1570. Or, dans l’année qui vient de s’écouler, 250 membres nouveaux se sont fait inscrire, et tout annonce que l'année qui s'ouvre ne sera pas moins heureuse pour nous. Il est donc permis d'espérer, sans se flatter outre me- sure,que dans un an la Société sera tout aussi pr ospér e, peut- être plus florissante qu’elle l'ait Jamais été. » Ce fait, messieurs, n’est pas isolé, 1l s’est produit dans Fe Sociétés, libres comme la nôtre et dépendant uni- quement de l'initiative privée. Il est impossible de ne pas y voir la trace de ce mouvement général qui s’est manifesté en PROCÈS-VERBAUX. 769 France au lendemain de nos malheurs, mouvement tout pa- triotique de relèvement par l'étude et par le travail. » Mais, dans ma conviction, un des plus sérieux éléments de ce progrès se trouve dans l’union de plus en plus intime qui s’est établie entre notre Société et le Jardin d’acclima- tation. Après la guerre et les dévastations du siége de Paris, la Société se montra généreuse envers le Jardin; celui-ci a voulu témoigner sa reconnaissance. Tous deux ont eu l'air de faire des sacrifices ; en réalité, tous Les deux ont grandi, grâce à cette générosité bien entendue, justifiant ainsi une fois de plus la vieille devise : L'union fait la force ! » Tout membre de la Société recoit, vous le savez, son entrée personnelle au Jardin et douze billets dont il peut dis- poser à son gré. Il jouit d’une réduction de 10 pour 100 sur les achats qu'il peut avoir à faire. Mais surtout le Jardin nous livre gratuitement chaque année un certain nombre d'animaux vivants, une certaine quantité de plantes et de graines que la Société distribue à ses membres à titre de cheptel. Pour ne parler que des animaux, le nombre des lots dépasse aujour- d’hui 200, qui représentent une valeur de plus de 30 000 francs. » À ce degré de développement, l'institution des cheptels me semble être pour la Société un grand élément de progrès. Nous sortons par là officiellement du point de vue exclusi- vemen! théorique, pour aborder l'expérimentalion à la fois scientifique et pratique. Nous rentrons ainsi complétement dans les idées si justes de notre illustre et regretté premier président. » Mais pour que cette institution porte tous les fruits qu’il est permis d’en attendre, il devient nécessaire, me semble-t-il, de la compléter.Le nombre même des chepteliers, livrés entié- rement à eux-mêmes, complique singulièrement la correspon- dance. Il est tout simple qu'ils s'adressent à nous pour avoir des conseils. Mais leur répondre avec détail devient de plus en plus difi.cile, et d’ailleurs l’enseignement par lettresesttrop habituellement illusoire. D'autre part, la Société n’est souvent renseignée qu'imparfaitement sur le résultat des expériences. 770 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Il me paraîtrait bien utile, à tous les points de vue, qu'un agent d’une compétence certaine allât au moins de temps à autre visiter les cheptels. Cet envoyé ferait profiter leurs pro- priétaires de sa propre expérience, de celle de tous leurs col- lègues, et nous rapporterait des résultats précis. Malheureu- sement ces voyages imposeralent à notre budget une charge nouvelle. Aussi me borné-je à indiquer ces questions. C’est à notre Conseil qu’il appartient de les réscudre, après avoir pesé les avantages et les inconvénients. » Notre Bulletin meñhsuel a constamment paru pendant le siége comme en temps ordinaire ; et si parfois il s’est trouvé quelque peu en retard, le zèle et l’activité de notre secrétaire général nous assurent que ces légères irrégularités disparaî- tront autant que possible. A la fin de l’année, ce Bulletin for- mera une collection de 22 volumes remplis de-faits curieux, intéressants ou utiles. C’est un des éléments nécessaires à la bibliothèque de quiconque s'occupe de l'élevage des animaux ou de la culture des plantes. » En outre, la Société, après avoir concouru à la fondation du journal /’Acclimatation, a jugé préférable d’avoir à elle une publication périodique, essentiellement destinée à faire connaître les offres et les demandes, et par conséquent à pro- voquer, à faciliter les échanges. La Chronique de la Société d'acclimatation vous a été régulièrement envoyée. » Enfin, grâce à la vigilance de notre Secrétaire général, au zèle de notre Agent général et des autres employés du Bureau, la bibliothèque de la Société a été mise en ordre et ses ar- chives ont reçu un classement qui leur manquait. » Vous le voyez, messieurs, au dedans comme au dehors, le présent de la Société ne présente guère que des motifs de satisfaction, et nous pouvons attendre l’avenir sans le craindre. Aussi est-ce avec une pleine confiance que je déclare ouverté la 22° session de la Société. » Ces paroles sont couvertes par de chaieureux applaudisse- ments. — Le procès-verbal de la dernière séance générale ayant PROCÈS-VERBAUX. 774 été, conformément au règlement, approuvé par le Conseil, il n’y a pas lieu d'en donner lecture. | — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : MM. Présentateurs, Duchartre. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Marquis de Pruns. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Ch. Pacqueteau. T. Poey d'Avant. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Ch. Pacqueteau. T. Poey d'Avant. Comte de Couteulx. A. Geoffroy Saint-Hiiaire, Saint-Yves Ménard. J.-B.-J. Gérard. Pons-Peyruc. D' Turrel. , ( Drouyn de Lhuys. À. Geoffroy Saint-Hilaire. L. Simon. { Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | Marquis de Pruns. Le Carbonnier. Une AULIAC (Félix d’), prop. au château de Vixouse, canton de Vic-sur-Gère (Cantal). BARON (Gustave), prop. avocat, avenue de Saint- Cloud, 85, à Versailles (Seine-et-Oise). BarON (Edgard), propriétaire, à Maillezais (Vendée). | | BorDET (René), aux Essarois (Côte-d'Or). | BOURGAREL (Adrien), vice-consul d’Espagne, rue Nationale, 29, à Toulon (Var). DoRLEANsS, fabricant, route du Landy, 87, Clichy-la-Garenne (Seine). FontTetTe fils, (Pierre-Francois de), avocat, propriétaire, rue Neuve, à Aurillac (Cantal). GEORGET (Jean-Christophe-Victor}, aviculteur à Robert-Espagne, par Bar-le-Duc (Meuse). ner DUROBle Renard, René Cailliaud. HAMEL, 60, rue des Écoles, Paris. prise de Lhuys. | À. Geoffroy Saint-Hilaire. LAISNEL DE LA SALLE (Pierre Amédée), receveur { A. Geoffroy Saint-Hilaire. particulier des contributions indirectes, », Same res Ménard. rue d'Orléans, à Neuilly (Seine). ( De Quatrefages. | Drouyn. de Lhuÿs. À, Geoffroy Saint-Hilaire. ! Ch. Pacqueteau. Ch, dela Brosse Flavigny. / Drouyn de Lhuys. Th. Pavie. LEROUX (Benjamin), propriétaire, Prairies-au- | Me Geoffroy Saint-Hilaire. Duc, Nantes (Loire-Inférieure). LOoYsEAU (Auguste René), curé à. Vern (Maine- et-Loire). MARTIN (Odile), concessionnaire au jardin d’ac- climatation, à Neuilly (Seine). Saint-Yves Ménard. De Quairefages. 74e SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. MONTERRAT (Frédéric de), propriétaire, mines Drouyn de Lhuys. et usines de Fagmare, au Ms Prbus À. Geoffroy Saint-Hilaire. (Vendée). Ch. Pacqueteau. {| Drouyn de Lhuys,. À. Geoffroy Saint-Hilaire. ‘ D' Weber. Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. Puaux (Adolphe), fabricant, à Saint-Pierre, près Borr (Alsace). ROUBLOT (Emmanuel), négociant, 20, r. Malher, b } : Ps Ed. Renard. Lh . SMITH (James), armateur, à Kralingen, prèsf DONNE < ms (re A. Geoffroy Saint-Hilaire. Rotterdam, Pays-Bas. ; ; Polvliet. VILLEBRUNE (le comte Raoul de la), château de Edgar Roger. Vilhoet, près Dol de Bretagne (Tile-e1-Vilaine). : “ À. Geoffroy Saint-Hilaire. È Quatrefages. — M. le Président signale les pertes regrettables faites par la Société pendant la durée des vacances, par suite du décès de plusieurs de ses membres : MM. Dufour, délégué de la Société à Constantinople ; Alfred Lecreux ; le R. P. Lemaître, membre honoraire, supérieur des missionnaires de la Com- pagnie de Jésus en Chine: don Gabriel Moreno, ancien prési- dent de la république de l’Equateur, membre honoraire; Rosalès, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Chili; Paul Séguin, ingénieur. — M. le secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : MM. Puaux, Proutière et Fidèle Simon, membre de l’Assem- blée nationale, adressent des remerciments au sujet de leur récente admission. | — M. Balcarce, ministre de la confédération Argentine, écrit à M. le Président : « J'ai l'honneur de vous faire par- venir ci-joint : 1° Un exemplaire de l’ouvrage que vient de faire paraître M. Vicente Quesada, directeur de la bibliothèque de Buenos-Avyres, sur la Patagonie et les Terres australes. L'auteur m’a chargé de faire hommage en son nom, à la So- ciété d’acclimatation, de cette publication importante, et J'ai l'honneur de m’acquitter de ce soin avec empressement. » 2° Une brochure du docteur E. Aberg, membre de la Fa- culté des sciences médicales de Buenos-Ayres, sur l'application PROCÉS-VERBAUX. 773 (à l’occasion des travaux d'assainissement qui se poursuivent dans cette capitale) des eaux d’égout à la fertilisation des sols cultivés, et sur les origines et le rapide développement, dans la république Argentine, de l'Eucalyptus, dont l’auteur possède dans sa maison de campagne 61 espèces diverses, qui rivalisent entre elles pour la croissance et la beauté. » J’ose espérer que la Société d'acclhimatation voudra bien attacher quelque intérêt à ces détails; et je saisis cette occasion de vous réitérer, etc. » — Remerciments. — M. Georges Biard, lieutenant de vaisseau, soumet un Projet de voyages d'études autour du monde. Le but de cette insutution est : 1° d'offrir aux familles la possibilité de com- pléter l'instruction de leurs fils, par laccomplissement d’un voyage autour du monde, exécuté dans les conditions les plus favorables sous tous les rapports; 2° de permettre à toutes les personnes ayant le goût des voyages de voir, en une seule année, presque tous les points les plus remarquables du globe, sans transbordements, ni perte de temps, n1 frais considé- rables. — M. le Directeur du Jardin impérial de botanique de Saint-Pétersbourg, fait parvenir le 5° volume des Annales de cet établissement, et demande à recevoir en échange les travaux intéressant la Botanique, qui seraient publiés par la Société. — M. Gorry-Bouteau demande quelques explications au sujet du prix fondé par la Société pour la multiplication en France du Noyer d'Amérique. — Des demandes de graines mises en distribution par la Société sont adressées par MM. vicomte de Bérenger, de Biré, de Cuverville, Debray, Dormoy, Gorry-Bouteau, Michel, Tou- rasse et marquis de Villeneuve. — Il a déjà été satisfait à ces diverses demandes. | — MM. Paul Caillard, Durand-Gonon, de la Rochemace, marquis du Lau, marquis de Pruns, Rossignol, de Tascher et marquis de Villeneuve, demandent à prendre part aux cheptels de la Société. — Renvoi à la commission spéciale. — MM. Boignes, Bordé, comte de Cambourg, Cliquennois, 2 | | 774 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. de Cuverville, Gorry-Bouteau, Guillemet, Julien, Pitard, Prieur-Carré, Remeau, Salanson, de Toulmon, Turmann et marquis de Villeneuve, adressent des remerciments au sujet des envois de graines ou d'animaux qui leur ont été faits. — M. le prince Pierre Troubetzkoy adresse ses remerci- ments pour la femelle de Dindon sauvage qui lui a été en- voyée el qui lui est parvenue en bon état. Il demande à re- cevoir diverses graines annoncées dans la Chronique. — Des rapports sur l’état de leurs cheptels sont adressés par MM. Bouillod, Brady, Buzaré, E. Garnot, Genesley, mar- quis d’'Hervey de Saint-Denys, Kralik, Le Moine, Lhéritier, Leroy, docteur Maupied, de Miffonis, Pacqueteau, Riban, Riffat, Sénéquier et Vavin. — Ces rapports seront ue ou analysés dans le Bulletin. — M. Munier fait connaître qu’il a déjà obtenu, à Pont-à- Mousson, deux générations successives de Kangourous de Bennett. — Le R. P. Poittevin, de Notre-Dame de la Grande-Trappe; rend compte des soins au moyen desquels il est parvenu à améliorer une race de Poule indigène, dont il obtient des œufs remarquables par leur grosseur. —’Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Gouëzel, conducteur des ponts et chaussées, à Belle- Ile en mer, adresse un travail sur les services rendus par Îles Oiseaux de mer, etsur l'utilité que présenteraient des mesures administratives tendant à protéger ces oiseaux contre la chasse incessante qui leur est faite. — M. Polvhet écrit qu'il a obtenu de sa femelle de Cygne à cou noir une nouvelle ponte de sept œufs, qui tous ont réussi, — MM. Bordé, Leroy-Dupré, Moignet et Renard demandent à être compris dns la distribution d’œufs de grande Truite des lacs annoncée dans la Chronique. — M. Seth Green, commissaire des pêcheries de l'État de New-York, adresse des remerciments au sujet de la récom- pense qui lui a été décernée, en 1875, par la Société d’acch- matation, pour ses travaux de pisciculture. Il veut bien nous PROCÈS-VERBAUX. 775 annoncer un nouvel et prochain envoi d'œufs embryonnés de Salmo fontinalis. — M.-Brierre adresse une notice indiquant les démarches à faire pour obtenir de l'administration de la marine l’auto- risation de transformer des marais salants en prairies, douves et fossés à poisson, à coquillages, etc. Notre confrère fait en même temps connaître le résultat de travaux de ce genre, entrepris par lui à la Grande-Marchaussée, sur la rivière la Vie. — M. Hamet adresse un mémoire sur les maladies des Abeilles. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Bernard fait parvenir une notice sur l’éducation du Ver à soie du Chêne du Japon (Aftacus Ya-ma-mai). — M. Nourrigat fait connaître que son état de santé ne lui a malheureusement pas permis de mettre en essai la graine de Ver à soie du Mürier qui lui avait été adressée, Notre con- frère, qui poursuit les recherches sur la maladie des Vers à soie, dont il a entretenu le congrès séricicole de Montpellier, promet de tenir notre Société au courant du résultat de ses travaux. | — M. Almire Derré, de Sablé-sur-Sarthe, rend compte du résultat donné chez lui par la graine de Ver à soie provenant du Comité agricole de la Sologne. Jusqu’à la troisième mue, les Vers se sont montrés vigoureux; mais, à cette époque, la maladie a commencé à faire des ravages, et la mortalité, après la quatrième mue, a été de plus des trois cinquièmes. — M. Mamarot, secrétaire de la Société d'agriculture de l’Ardèche, adresse également un rapport sur le résultat tout à fait négatif obtenu avec cette même graine par M. Bourret, éducateur et filateur de Privas. La facherie a sévi sur cette éducation avec une telle intensité, que pas un seul Ver n’a filé son cocon. — M. Wailly écrit de Londres qu’une récolte moins abon- dante que celle sur laquelle il comptait ne lui permettra pas de faire à la Société un envoi de graine d’Attacus Fa-ma-mai, comme il le désirait. Notre confrère espère être plus heureux l’année prochaine, et veut bien promettre, le cas échéant, de déaliser ses généreuses intentions. 776 | SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. — M. de Saulcy adresse une caissette contenant vingl-cinq paquets, de 2 grammes chacun, de graine d’Affacus Ya-ma- mai. — Remerciments. — M. Zeiller écrit de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) : «J'ai reçu de la Société, le 15 septembre dernier, 209 œufs d'A tacus Pernyr. La première éclosion a eu lieu le 19 septembre; elle a continué jusqu'au 3 octobre. Il est resté 63 œufs, d’une forme aplatie ou plutôt déprimée, ce qui porte le chiffre ” des éclosions à 146. Les chenilles nées pendant la première semaine, au nombre de 90 environ, ont été mises en plein air sur les jeunes rameaux d’un petit Chêne, dans une enveloppe de gaze qui devait les défendre des oiseaux. Les autres ont été élevées dans une chambre bien aérée, sur des rameaux de Chêne en carafe. » Le 413 octobre, la première mue a commencé pour les chenilles en plein air; leur nombre était alors réduit à 40 en- viron; elles avaient trouvé moyen de sortir de la gaze. Plu- sieurs ont été sucées par la tête par des araignées; d’autres ont dû mourir de faim, car elles montent indifféremment sur tousles végétaux ; j'en ai retrouvé sur des Pins et des Sapins, et le vagabondage en fait disparaître autant et plus peut-être que la voracité des oiseaux. » Le 21 octobre, j'ai dû rapporter en chambre toutes les dt engourdies par la gelée; elles n’ont pas tardé à suc- comber. Celles élevées en chambre dés le début ont mué du 20 octobre au ? novembre ; bien que la chambre füt maintenue àune température douce, ne descendant pas au-dessous de 13 de- erés pendant la nuit, plusieurs ne se sont pas réveillées de leur sommeil. Toutes étaient affaiblies déjà ; je ne trouvais plus à leur donner que des feuilles coriaces, trop dures pour de si jeunes insectes. Enfin, depuis le 10 novembre il m’a été impossible de me procurer des feuilles vertes; tous les arbres enétaient dépouillés. Mes dernières chemilles sont mortes cette semaine. » Je crois que ce résultat était inévitable et que des che- nilles écloses dans notre climat, à la fin de septembre et au commencement d'octobre, étaient condamnées fatalement à mourir de faim. PROCÈS-VERBAUX. 772 » Je serais très-désireux de connaître le résultat des éle- vages entrepris avec la même graine par d'autres personnes. » — M. Hignet écrit également que l’éclosion intempestive des œufs d’Affacus Pernyi qui lui avaient élé remis par la Société ne lui a pas permis d'en mener l'éducation à bonne fin avant son départ de Paris, pour rentrer à Varsovie. Notre confrère signale en outre ce fait, récemment observé en Car niole par M. Mach, que des chenilles de Pernyi mises en li- berté en pleine forêt montraient une préférence marquée pour le Noisetier; portées sur des branches de Chêne, elles cherchaient à les quitter, et n’y filaient point leur cocon, tandis qu’elles se mettaient immédialement à filer dès qu’on les replaçait sur un Noisetier. M. Hignet termine sa lettre en faisant connaître que la sériciculture tend à prendre un sérieux développement en Pologne, grâce à l’absence complète de maladie. | — M. le baron Poisson, qui s’occupe en ce moment de re- cherches sur les Lépidoptères de différents pays, qui font, non pas des cocons, mais des nids avec leur produit soyeux, prie la Société de vouloir bien lui indiquer les travaux qui auraient été déjà publiés sur ces insectes. — M. Franz Kreuter adresse de Vienne (Autriche) six pieds de variétés de Mürier originaires du Japon. — Remerci- ments. [l joint à son envoi des renseignements sur les résultats obtenus de diverses graines provenant de la Société. Le Za- pallito lui paraît inférieur en qualité à certaines espèces de Courges, notamment à celle de forme ôblongue, cultivée en Turquie sous le nom de « Courge d’asperge », qui est fine, tendre, douée d’une saveur particulière, et qu’il considère comme un des meilleurs légumes connus. M. Kreuter a fait en Grèce, aux environs d'Athènes, dans un domaine appartenant à notre confrère S. Exc. le baron Sina, d'importantes plan- tations d'Eucalyptus, au sujet desquelles 1l adressera ulté- rieurement un rapport à la Société. — MM. Bouguet, vicomte de Bélizal, Duchastel, Faton, comte de Lautrec, vicomte de Montrol, de la Rochemacé et Roger-Dubos, ainsi que la Société d’horticulture de l’arrondis- 3° SÉRIE, T. Il, — Décembre 1875, 50 718 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. sement d'Étarmpes, adressent des rapports sur les résultats ob- tenus de diverses graines provenant des distributions faites par la Société. — M. Robert d'Eshougues demande à recevoir en cheptel une collection de Bambous, et rend compte de ses cultures d'Eucalyptus dans les environs d'Hendaye. «Désirant, dit-il, boiser 35 hectares de dunes qui se trouvent entre la mer et l'embouchure de la Bidassoa, les graines que j'avais reçues de la Société étaient insuffisantes; je fis donc venir de chez un grainetier (Loise et Chauvière) du quai de la Mé- gisserie 60 francs de graines dE. Globulus : ce qui fait qu'avec ces derniers semis, je possède actuellement en godets 7682 plants, que je vais garder jusqu'au mois de rnars, époque à laquelle je les mettrai en pleine terre. J'aurai du reste l’hon- neur de vous transmettre des détails sur cette entreprise toute désintéressée de ma part, car elle est faite sur un terrain im- productif et appartenant à la commune. » Je dois vous faire observer que le climat est très-doux, au point que j'ai conservé des Héliotropes en plein air toute l’année, sans qu'ils soient gelés. Je possède aussi des Orangers en pleine terre depuis cinq ans, et qui n’ont jamais souffert. J'ai planté au printemps des Ficus elastica que je veux laisser cet hiver en pleine terre. » — M. Trouette écrit de Saint-Denis (île de la Réunion) : « J'ai l'honneur de vous annoncer que les graines de Teosinte (Reana luxurians), qui m'ont été envoyées par la Société d’acclimalalion, et que j'ai distribuées à quatorze personnes établies à des altitudes différentes, ont parfaitement levé à 50 mètres, 600 m. et1500 m. chez quatre propriétaires. Je n'ai pas encore de nouvelles des autres; mais 1l est vraisem- blable que le même succès aura été obtenu partout. » J'ai vu, dans un des numéros du Bulletin de la Société, que M. le comte de Malartic et M. Vernejoul de la Roque, n'étaient pas d'accord sur l’espèce de Ramie qu'il convient de culliver de préférence : l’un préconisant le Bæhmeria candh- cans, à feuilles blanchâtres et cotonneuses en dessous; l’autre soutenant la supériorité de l'espèce à feuilles vertes des deux PROCÈS-VERBAUX. 779 côtés. La colonie est disposée à se livrer à cette culture. Est- il possible de la fixer sur l’espèce à laquelle elle doit s’atta- cher? Le jardin colonial a donné ces jours-e1 peut-être cent cinquante mille boutures de Ramie que nous croyons être le Bœhmeria nivea. Comme c’est la seule espèce que nous ayons, et comme des nuances de couleur ne peuvent guëre être dis- linguées que par le rapprochement, nous nous demandons si ce que nous avons sous les yeux est ce que les livres appel- lent blanc, ou ce qu’ils appellent blanchätre. » Les graines d’Eucalyptus Globulus qui m'ont été remises par le gouvernement de la colonie, et qui lui étaient venues de la Société d'acclimatation par l'entremise du ministère de la marine, ont parfaitement bien levé. Je m'en sers pour l’as- samissement de Saint-Denis, grosse opération que je poursuis sans me rebuter, malgré les plus décourageantes prédictions. Un de mes regrets, c'est de n'avoir pas reçu d'Australie les oraines d'Eucalyptus resinifera que j'ai demandées en mars dernier, et de n'avoir pu en trouver à Maurice. Nos ouragans nous font une obligation de rechercher les espèces les plus solides. J’ai environ 40 000 Globulus, 700 resinifera , puis des rostrata, obliqua, tereticornis dark et pale, lon- gifoha, macrophylla, hœæmiphloia, paniculata, vimi- nalis, amyqdalina, Stuartiana, Risdon, Gunnii, gigantea, robusta, platibus, nutans, goniocalyx et coccafera, qui ont levé en plus ou moins grande quantité, espèces plus ou moins sûres pour le littoral, mais que j'ai dû semer en l’absence des graines que J'aurais préférées. Néanmoins je ne suis pas fâché d’en faire l’essai. Je crains de n’avoir pas assez de rostrata pour les terrains marécageux que j'ai à couvrir. M. de Chä- icauvieux est très-heureux de la beauté de ses Gunni à 1000 ou 1200 mêtres d'altitude. » — M. Léo d’Ounous annonce l'envoi par la poste de diverses semences d'arbres exotiques — (Remerciments}), et demande à prendre part à la distribution de graines annoncée dans la Chronique. — M. Geoffroy Saint-Hilaire fait connaître que des Euca- lyptus cultivés à Hyères, chez M. Godillot, et d’autres dans 7 80 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. les environs de cette ville, chez M. Barnéo, ont déjà donné des graines fertiles. — M. Naudin signale la parfaite réussite, à Collioure, du Lippia ægyptaca, qui y fleurit abondamment. On se souvient que celte plante a été signalée par M. Delchevalerie comme susceptible de rendre de sérieux services dans notre Midi, en remplaçant les Graminées dans les terrains arides. — Le capitaine Mohammed ben Driz, agha de Touggourt (Algérie), écrit, en date du 8 novembre, à M. le Secré- taire général : « J’ai reçu du général de Lacroix des graines d'Eucalyptus Globulus et d’'E. colossea que je vais ensemencer au printemps. Déjà Touggourt est une petite pépinière; j'ai partout de jeunes arbres qui poussent admirablement. Les Acacias, le Gommier, viennent très-bien ici. » — M. de la Rochemacé adresse des échantillons de raisins de trois cépages cultivés sur ses terres, qui lui paraissent offrir de l'intérêt. « Le roth Syloaner, dit-il, dont vous pourrez ap- précier la beaulé comme raisin de vigne, non épampré, non palissé, donne de dix-sept à vingt-quatre grappes au cep, disposées en corymbe autour de la tête de celui-ci : il s’é- pampre un peu de lui-même à la façon des fins pinots de Bourgogne. » Il m'a éouours donné plus que les autres cépages et n’a pas gelé chez moi en hiver, tandis que son bois gèle à Tours, tuf calcaire. Mon sous-sol est argileux. » Parmi le rotk Syloaner s’est trouvé un plant blanc que je vous envoie sous le nom provisoire de wveiss Syloaner, qui lui ressemble beaucoup, sauf la couleur ; son produit est un peu moindre, douze à dix-sept grappes par pied: je l’ai cependant multiplié. » Enfin, j'ai Joint les derniers grapillons existant encore d’un raisin qui. m'a été fourni sous le nom fort impropre de Schiraz violet. » Tout celui-ci a été mangé depuis un mois, et il ne faut pas juger des grappes par l’échanüllon; elles sont fortes, ailées et tassées. Ce cépage très-fertile échappe à la maladie quand elle sévit autour de lui; et se charge tous les ans à court PROCÈS-VERBAUX. 781 bois. Celui-ci, très-rigide, présente le même phénomène que l’Ischa, celui d'être plus gros à un mêtre de la souche, qui a son point de départ de celle-ci. Mais ce n’est pas l'Ischia, 1l est sensiblement plus vigoureux, plus productif, et ses grappes sont plus grosses que dans le cépage précité, qui se rapproche davantage des pinots. Il ne s’épampre pas comme eux, mais sa maturité étant fort hâtive, c’est sans inconvénient. » Je compte planter ce cépage en vigne pour obtenir du vin rouge, s’il possède assez de principe colorant, si non du vin blanc. J'aurai, cet automne, l'honneur d’envoyer du plant enraciné au Jardin d’acclimatation. » Les raisins adressés par M. de la Rochemacé, dégustés par MM. Ménard et Quihou, ont été trouvés délicieux. — M, Christian Le Doux rend compte des essais, malheu- reusement infructueux, faits sur sa demande, à l’École supé- rieure de pharmxcie, par M. le professeur Planchon, en vue d'utiliser la matière colorante fournie par les figues de Bar- barie adressées à la Société par M. Héritte, consul de France à Palerme. — M. le baron Poisson, président du conseil d’adminis- tration de la Société de Saint-Louis du Rhône, remercie de l'envoi. qui lui a été fait de la copie d’une lettre de M. Naudin, relative aux plantes qu'il conviendrait de mettre en culture sur les terrains que possède cette Société à l’embouchure du Rhône. « En ce qui concerne le Cactus Opuntia, dit-il, les renseignements que J'ai reçus Jusqu'à ce jour sur la végé- tation de cette plante, sont très-favorables et permettraient d’espérer une réussite complète, puisque les plants repiqués ont déjà donné des pousses nouvelles nombreuses; malheu- reusement les dangers signalés par M. Naudin sont toujours à redouter, et il faut attendre la fin de la saison hivernale pour répondre à la communication que vous avez bien voulu me transmettre. » J'aurai l’honneur, lorsque le moment sera venu, de vous faire connaître comment ces plants auront supporté les rigueurs de l'hiver, et les espérances qu’il pourrait nous être permis de conserver au sujet de la réussite de cet essai, » 782 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. — M. Mueller, directeur du Jardin botanique de Melbourne, adresse à M. le Président une lettre (voy. au Bulletin) dans laquelle il rappelle que plusieurs Acacias et autres végétaux australiens peuvent réussir admirablement dans le midi de la France, et conviendraient ainsi fort bien pour les cultures que la Société de Saint-Louis du Rhône désire essayer sur les terrains dont elle dispose. — M. Persin, président du comice agricole de Montier en Der, écrit, à la date du 7 novembre : « Je suis en train d’ar- racher les Panais fourragersdontla Société m'avait confié une petite quantité de semence. » Me conformant aux recommandations de la Société, je viens vous dire que je ne crois pas qu'il soit possible d’avoir une plus belle réussite. » Ces Panais, semés dans un riche terrain, sont venus assez gros, malgré qu'ils aient peut-être été semés trop serrés. d'estime qu'ils donneront autant de poids à l’hectare que mes Carottes fourragères blanches à collet vert, c’est-à-dire sur le pied de A5 à 50 000 kilos à l’hectare. » Je ne sais encore s'ils seront du goût du bétail, mais je crois qu’il n’y a aucune crainte à avoir à ce sujet. » Le plus grand inconvénient, c est la difficulté de l’arra- chage et du nettoyage. » Ce Panais, comme le Panais comestible, ne sortnullement de terre et a plus de radicelles que la Carotte. » S'il n’est pas meilleur à manger ou de meilleure conserve, je lui préférerais la Carotte ; à moins cependant encore qu'il ne soit moins difficile sur le choix du terrain. » — M. Alfred Remeau, facteur des postes à à Tours, adresse de la semence d’un Dolic de l’île de Cuba, importé en France par son frère, 1l y a déjà quelques années. « Ce Dolic, dit M. Remeau, est remarquable par la longueur des gousses, qui atteignent de 75 à 90 centimètres. Il y a trois ans, j'en ai récolté qui mesuraient un mètre de longueur. M les Cubains l’appellent-ils Frezo/ a la barre (Haricots au mètre). Mon frère a remarqué qu'ici les feuilles sont plus amples et les gousses plus grosses et plus longues. » PROCÈS-VERBAUX. 783 M. Remeau désirerait que la Société voulüt bien mettre à sa disposition des graines de diverses plantes‘exotiques, dont la culture pourrait être tentée en Touraine. — M. le Secrétaire donne communication de la liste sui- vante des cheptels accordés par la Commission spéciale, lors de sa récente réunion : ANIMAUX. MM. BAILLET (Henri de), propriétaire, à Siregeolle, près de Ber- gerac (Dordogne). Une paire de Faisans ordinaires. BEAUPRÉAU (comte de), au château de la Rive-au-Bois, par Neuville-aux-Bois (Loiret). Une paire d'Oies de Toulouse ; Ghèvres naines du Sénégal. Benoîr-CHampy {G.), au château du Faite, par Arnay-le-Duc (Côte-d'Or). Une paire de Dindons sauvages ; une paire d’Oies de Guinée. | BezansonN (Charles), à Savigny (Haute-Marne). Une paire de Cygnes noirs. BorGues (E.), à Brain, par Nevers (Nièvre). Une paire de Faisans versicolores. Boisraierry (marquis de), 92, boulevard Malesherbes, à Paris. Une paire de Lapins à fourrure. BorneT (René), aux Essarois (Côte-d'Or). Une paire de Canards du Labrador. BoucGuer (J.), à Huningue (Alsace-Lorraine). Un couple de Colombes longhup. Burky (Jean), à Longprax-sur-Vevey (Suisse). Une paire de Faisans de Swinhoe. GAILLARD (Paul), aux Bordes, par Beaugency (Loiret). Une paire de Faisans vénérés. CamBourG (comte de), château de Marchais, par Thouarcé (Maine-et-Loire). Un mâle et deux femelles de Kangurous. CHATARD (Alfred), rue de Rome, 47, à Paris. Une paire de Lapins à fourrure. CLer (Émile), à Coublevie, par Voiron (Isère). Une paire de Perruches ondulées ; une paire de Canards mandarins. 78h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. CLiquennois-BaparT, à Lille (Nord). Une paire de Lapins _à fourrure. | CoarD (Alfred-Joseph), à la Grange-Rouge, par Arquian (Nièvre). Une paire de Dindons sauvages. CRETTÉ DE PALLUEL, à Dugny, par le Bourget (Seine). Un couple de Macropodes de la Chine. CRoNau, à Strasbourg (Alsace-Lorraine). Une paire de Canards de Bahama ; un lot de Poules nègres. | DanrTu (Daniel), à Steene, près de Bergues (Nord). Une paire de Cygnes noirs. DELAMAIN (Henry), à Jarnac (Charente-Inférieure). Une paire de Léporides. DERRÉ (Almire), notaire, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Une paire de Faisans de Swinhoe. DEsROCHES (l’abbé), à Esves-le-Moutier, par Ligueil (Indre- et-Loire). Une paire de Faisans vénérés. DurAND-GonoN, à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord). Une paire de Faisans vénérés. EPRÉMESNIL (comte d’), château de Croissy, par Chatou (Seine-et-Oise). Une paire de Canards de Bahama. Garnor (Émile), pavillon de Bellevue, près d’Avranches (Manche). Une paire de Canards casarkas. Gorry-BouTEAU (J.), à Belleville, près de Thouars (Deux- Sèvres). Une paire de Faisans vénérés. GUILLEMET (Gaston), à Fontenay (Vendée). Une paire de Dindons sauvages; une paire de Canards de Bahama. Guy aîné, à Toulouse (Haute-Garonne). Une paire de Faisans vénérés ; une paire de Macropodes de la Chine; une paire d’Axolotls. HAtVvEL (comte du), château du Pin, par Moyaux (Calvados). Une paire de Faisans vénérés. JULIEN (Frédéric), à Chantonay, près de Nantes (Loire-Infé- rieure). Üne paire de Faisans vénérés. LAFon (J.-J.), à Sainte-Soulle, par Lajarrie (Charente-Infé- rieure). Une paire de Canards casarkas. Lau D'ALLEMANS (le marquis du), à Paris. Une paire de Faisans versicolores. PROCÈS-VERBAUX. 785 Marrasr (Georges de), Port-Lhoumeau, à Angoulême (Cha- rente). Une paire de Canards mandarins. MEnanT (Léon), à Couches-les-Mines (Saône-et-Loire). Une paire de Faisans vénérés. MicHEL (Marius), à Toulon (Var). Moineaux mandarins. Mier (C.), à Paris. Moineaux mandarins; un couple de Perruches ondulées. MonTuLé (Victor Dupois de), à Angoulême (Charente). Une paire de Perruches de Paradis. Munier, notaire, à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). Un lot de Cerfs cochons. Nicoras (Charles), à Mondovi, près de Bône (Algérie). Une paire de Grenouilles bœufs. PERsIN (Jules). Un lot de Poules de Houdan ; une paire de Lapins de Sibérie ; un litre de montée d’Anguilles. PirarD (François-Charles), à Laval (Mayenne). Une paire de Faisans vénérés. PERRIGNY (comte de), à Versailles (Seine-et-Oise). Une paire de Faisans vénérés. PrIEUR-CARRÉ (Victor), à Gonnord, par Saint-Lambert du Lattay (Maine-et-Loire). Un couple de Faisans de lady Amherst. | RENARD (Edmond), à Mognéville, par Révigny (Meuse). Une paire de Canards carolins; une paire de Lapins à fourrure. ROCHEMACÉ (Félix de la), château de la Roche, par Oudon (Loire-Inférieure). Une paire de Canards d’Aylesbury. RoGer (Edgar), à Paris. Un lot de Cerfs cochons. SALANSON (Fernand), à Florac (Lozère). Un lot de Poules de Houdan ; un litre de montée d'Anguilles. TascHer (Louis de), château de Boissier, par Savigné- l'Évêque (Sarthe). Une paire de Faisans de Swinhoe. TouLmon (de), château de Mervilly, par Orbec en Auge (Calvados). Une paire de Dindons sauvages. TurManx, à Eaubonne, par Ermont (Seine-et-Oise). Une paire de Macropodes de la Chine; une paire de Léporides. VariN (Jules), au Boulne, près de la Ferté-Alais (Seine-et- Oise). Une paire de Léporides. 786 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. VizLEBRUNE (le comte Raoul de la), au château de Vilhoet (Ille-et-Vilaine). Un couple de Canards du Labrador. VILLENEUVE (le marquis de), château de Hauterive, près de Castres (Tarn). Un lot de POUIeS de Crévecœur ; un lot de Poules de Houdan- ZEILLER, à Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Une paire de Faisans de SR VÉGÉTAUX. MM. AezAGa (Camilo de), à Bordeaux (Gironde). Collection des Bambous de la récion de l’Olivier. Barnsey (Robert), à Tours (Indre-et-Loire). Eucalyptus Gunnü., viminalis, coriacea et urnigera. BaïzLeT (Henri de), à Siregeolle, près de Bergerac (Dor- dogne). Vignes américaines. BoiGues (E.), à Brain, par Nevers (Nièvre). Vignes améri- caines. | BoucxEz, à Seurre (Côte-d'Or). Noyaux de pêche de Tullins. Brosse-FLaviGxy (Ch. de la), à la Venrière, par Candé (Maine-et-Loire). Collection de Bambous. Burky (Jean), à Longpraz- sur-Vevey (Suisse). Thuopsis dolabrata; Bambusa Quilioi, Simonti et violascens. BuzARÉ (Alfred), à la Mora (Deux-Sèvres). Bambous, Bégo- nias, Pélargoniums. CamBourG (comte de), château de Marchais, par Thouarcé (Maine-et-Loire). Collection de Bambous. ROCHEMACÉ (Félix de la), château de la Roche, par Oudon (Loire-Inférieure). Begonia fuchsioides, rex, duchesse de Brabant et Pootsu. RopELLEG pu Porzic (de), château de Pezennau, par Quimper (Finistère). Begonia fuchsioides, rex et subpeltata rubra; la collection des Fuchsia et Pelargonium destinée, docteur Nélaton et Vestale. Pomme de terre farineuse rouge. CozLarD (Alfred), à la Grange-Rouge, par Arquian (Nièvre). Bambusa niGra el véridi-0 -qlaucescerts. | CUvVERVILLE (de), château de Kerauter (Côtes-du-Nord). Bambusa nigra ei viridi-glaucescens. PROCÈS-VEREAUX. 787 DERRÉ (Almire), à Sablé-sur-Sarthe. Collection de Bambous. EsnouGues (Robert d'), à Hendaye (Basses-Pyrénées). Col- lection de Bambous; Séipa tenacissima. Gorry-BouTEAU, à Belleville, près de Thouars (Deux- Sèvres). Collection de Pommes de terre. GUILLEMET (Gaston), à Fontenay (Vendée). Collection de Pommes de terre. LiÉnarp (Auguste), à Jonchery-sur-Vesle (Marne). Fleurs de pleine terre et de serre tempérée. Lurré (vicomte 0. de), château de Saint-Martin (Lot-et- Garonne). Collection de Bambous. Nicozas (Charles), à Mondovi, près de Bône (Algérie). Acacia melanozylon et mollissime ; Cucurbita Zapallito; Pois nain ridé vert impérial, mange-tout ridé nain, ridé nain blanc, hâtif et vert hâtif. SALANSON (Fernand), à Florac (Lozère). Bégonias, Fuchsias, Pelargonium zonale. SEMALLÉ (René de), à Versailles (Seine-et-Oise). Bambusa viridi-glaucescens; Pomme de terre Marjolin à œil rose. SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE D'ÉTAMPES, à Étampes (Seine-et- Oise). Collection de Bambous. SouzaA (José de), à Lisbonne (Portugal). Zapallito. TurrEL (le docteur), à Toulon (Var). Collection de Beite- raves. Varin (J.). au Boulne, près de la Ferté-Alais (Seine-et-Oise). Bambusa aurea; collection de Pommes de terre (non jugée). — Monsieur le Président donne lecture de la lettre suivante adressée par M. Tellier, ingénieur civil : « Jai eu l'honneur d'entretenir la Société d’acclimatation de mes expériences sur la conservation de la viande au moyen du froid. » Une compagnie s’est formée, qui arme en ce moment un vapeur pour expérimenter en grand ce moyen d'action. » Ce vapeur, le Frigorifique, partira vers le mois d’avril pour l'Amérique du Sud. Il visitera Ric-Janeiro, Montevideo, Buenos-Ayres. Il pénétrera assez loin dans les fleuves Uruguay et Parana. 788 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. » Il a à son bord quelques places de passagers de pre- mière classe. » La compagnie fondatrice m'a autorisé à en mettre une, à titre gratuit, à la disposition de la Société d’acclimatation, pour le cas où elle voudrait envoyer un délégué explorer les contrées que nous allons visiter. » Je n'insisterai pas sur l'intérêt que présenterait ce voyage. Le climat des rives de la Plata est à peu de chose près le même que le nôtre ; il est probable qu’il y aurait en plantes, en animaux, de nombreux types à signaler ou à recueillir. » S'il vous est agréable, monsieur le Président, de recevoir sur notre expédition de plus amples détails, je suis à votre en- tière disposition. » — (Renvoi au Conseil.) — M. l’Agent général dépose sur le bureau : 1° Un échantillon du bois d’un arbre non déterminé, pro- venant de la Terre de Feu, et signalé par M. de la Rochemacé comme intéressant à introduire dans le nord de la France et les contrées septentrionales de l’Europe. 2° Une touffe d’Alfa (Spa tenacissima), adressée par M. Joseph Auzende ; 3° De la part de M. Béchu, des graines de Daubentoma Tripetu etde petits citrons des environs de Biskra, sur lesquels notre confrère donne les renseignements suivants : «C’est une espèce que je n'ai jamais vue qu’à Biskra. Les feuilles de ce Gi- tronnier sont très-petites ; il est très-joli comme arbre d’orne- ment, et donne une grande quantité de fruits qui mürissent ici avec toutes les autres espèces de la même famille. Ces citrons sont très-fins et cette espèce se multiplie facilement de graines. J'ai pensé que le Jardin d'Hyères ne l'avait pas et qu’elle ferait bonne figure dans la collection d’Aurantiacées que l'on y crée. » Je vous envoie des citrons au lieu de graines, parce qu’il ne faut pas que ces dernières sèchent pour obtenir une bonne germination, et pour que vous puissiez juger de leur qualité et de leur espèce. » — M. Vavin dépose sur le bureau un flacon de sirop de peñte Tomate du Mexique, accompagné d’un article publié par notre PROCÈÉS-VERBAUX. 739 contrére, dans l’Æcho de Seine-et-Oise, sur cette plante et ses propriétés médicinales. — M. Geoffroy Saint-Hilaire informe la Société que le Jardin zoologique d’acclimatation a reçu récemment en dépôt un animal dont la naissance est attribuée au croisement du Bélier avec la Chévre. Il dépose sur le bureau une note concernant ce curieux animal, envoyé par son propriétaire, M. de Lamangarny. M. Geoffroy signale, à cette occasion, un autre fait assez rare d'hybridité, observé également par M. de Lamangarny : celui d’un mêétis de Chardonneret et de Bruant. — M. le Secrétaire général donne lecture de l'extrait suivant d’une letire qui lui est adressée par M. Julius de Mosenthal, au sujet de la domestication de l’Autruche dans la colonie du Cap: «On a fait depuis peu de temps un progrès immense : figurez-vous que la statistique officielle constate déjà 32 000 oiseaux domestiqués dans la colonie. Je vais prochainement publier sur la question un petit volume que je m’empresserai de vous faire parvenir. Je me suis procuré, concernant les Autruches, des renseignements les plus exacts, en Égypte, en Barbarie, en Algérie (où on les a toutes tuées), au Maroc et au Sénégal. » On s’occupe en Angleterre de la question de savoir si l’'Autruche africaine pourrait être utilisée pour la viande dans les pays du Nord. Déjà des expériences dans ce sens ont lieu au Cap. Dans la colonie et en Égypte, la production des plumes agit, dès maintenant, de telle façon sur les marchés, que les prix ont baissé de 25 pour 100 au moins. » — M. À. Geoffroy Saint-Hilaire communique à la Société une lettre qui lui est adressée de Romans (Drôme), au sujet des chiens chercheurs de Truffes. « Je vous envoie, dit cette lettre, les renseignements que vous me demandez au sujet des chiens truffiers de la Drôme. La recherche des Truffes à l’aide des chiens est l’industrie de notre pays pendant l'hiver, et nous voyons travailler les ani- maux dressés jusque dans notre jardin. » La recherche des Truffes fait gagner beaucoup d’argent 790 SOCIÉTÉ B'ACCLIMATATION. à nos campagnards, qui, à cette époque de l’année, n’ont pas d'autres ressources. » Les chiens destinés à devenir des chercheurs de Truffes ne peuvent être dressés que de six mois à dix-huit mois. La meilleure race est celle appelée Chiens de la Brie, ou celle de Chiens loups qu’on appelle vulgairement Loulous. » Il faut pratiquer le dressage quand les chiens n’ont rien mangé depuis la veille; on leur donne des Truffes quelques jours de suite, ce dont ils sont en général très-friands. Puis on cache successivement des Truffes dans la terre en leur faisant chercher en différents endroits. » Après quelques jours d’essais, on voit si le chien se mettra à ce service. » On dresse aussi dans notre pays, à la recherche des Truffes, des chiens de chasse, mais cela est plus difficile. Les meilleures races pour cet usage sont celles que J'ai indiquées plus haut. » Quand la saison des Truffes commence, on est dans l’ha- bitude de donner très-peu de nourriture aux chiens destinés à les chercher. | » On a vendu ces jours-ci, pour des départements voisins, deux des meilleurs chiens chercheurs de Truffes de nos en- virons. Îl en reste encore un excellent, on pourrait l’acquérir pour 430 francs. » La recherche des Truffes avec des chiens ne se fait que dansnospays du Dauphiné. En Poitou et en Périgord, tout le monde sait cela, on remplace nos chiens par des cochons. » À l’occasion de cette lettre, M. Cosson dil que dans certaines localités des environs de Paris, où l’on trouve assez souvent des Truffes dans les bois, on les recherche également à Païde de chiens dressés dans ce but. A Étampes, la récolte des Truffes rapporte souvent plus que l’exploitation même des bois. Il y a quelques années, à Nemours, on pratiquait éga- lement cette récolte à l’aide de Chiens loulous, habitués à ce service de la même façon qu’on le fait en Dauphiné, et ce genre de sport ne laissait pas que d’êire trés-attrayant et parfois assez lucratif. Mais c’est seulement, ainsi que l’a con- PROCÉS-VERBAUX. 791 staté M. Chatin, dans les terrains calcaires qu'on a chance de rencontrer de la Truffe; fort rare dans les vieux bois de Chênes, la Truffe se montre surtout dans les semis de dix à vingt ans. M. Vavin fait remarquer que ce n’est pas seulement dans les bois de Chênes qu'on trouve des Truffes ; 1l en a vu récolter l’année dernière une quantité considérable sous des Müriers, près de la localité qu'il habite dans la vallée de Montmorency. M. Lichtensiein dit qu'à Montpellier on en récolte en effet sous diverses espèces d'arbres, notamment les Lauriers-tins. On emploie quelquefois des chiens pour les découvrir ; mais on préfère généralement se servir de pores, qui montrent plus d’ardeur, et chassent une journée entière sans se rebuter. Un article publié récemment par M. Planchon, dans la Revue des deux mondes, donne, du reste, sur ce sujet, de trés-intéres- sants détails. M. Millet rappeile que, depuis fort longtemps, il a, en di- verses occasions, insisté sur ce fait que la Truffe ne se ren- contre pasuniquement dans les bois de Chênes, mais sous toute espèce de peupleraents; elle n’est pas en effet, comme quel- ques personnes le croient, le produit d'une galle ou le résultat d’une piqûre d'insectes sur les racines du Chère, mais bien un Cryptogame souterrain, dont la production est simplement fa- vorisée par le couvert que le feuillage des arbres donne au sol. — M. le Secrétaire général donne lecture d’une lettre par laquelle M. Thozet adresse de Rockhampton (Queensland) des cocons Soyeux filés par une Araignée australienne, et qu'il désirerait voir examiner au point de vue de la mOn Hit de leur utilisation dans l’industrie. Ces cocons sont mis sous les yeux de lt de M. Lichtenstein constate qu'ils ressemblent beaucoup à ceux d’une espèce du genre Épeire, assez commune dans nos dé- partements méridionaux. Il pense qu’en ce qui concerne la question dont se préoccupe M. Thozet, on ne saurait mieux faire que de consulter M. le Président de la Société d’entomo- logie, auteur de travaux des plus remarquables sur les Ara- chnides. 792 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Bonne note est prise de cet avis. Notre Société sera très- heureuse de pouvoir, en cette circonstance, recourir à une autorité aussi compétente que celle qui lui est indiquée. — M. Dareste fait part à la Société du résultat de ses ré- centes recherches sur les œufs clairs (voy. au Bulletin). — M. Carbonnier donne lecture d'une note sur la nidifi- cation du Poisson arc-en-ciel de l'Inde (voy. au Bulletin). Il est déposé sur le bureau : 1° Statistique de la France. Nouvelle série; années 1871 et 1872, 2 volumes (offert par le ministère de l'Agriculture et du Commerce). 2° Deux exemplaires de l'Exposé de la situation de l’Al- gérie (envoi de M. le Gouverneur général civil). 8° Transactions and Proceedings of the Royal Society of Victoria, vol. XI, 1874. k° Revised List of the vertebrated Animals now or lately living in the Gardens of the Zoological Society of London, 1875. | 5° De la part de l’auteur, M. Bernardin, conservateur du musée commercial etindustriel de la maison de Melle-lez-Gand : Supplément à la classification de 100 caoutchoucs et qutta-perchas. Supplément à la classification de 250 matières tannantes. Classification de A0 savons végétaux. 6° Le Tabac devant l'hygiène et la morale. conférence par M. Decroix (offert par l'auteur). 7° Un programme des prix proposés par la Société indus- trielle de Rouen, pour être décernés en décembre 1876. 8° Un programme de l’exposition internationale d’horticul- ture qui doit avoir lieu à Amsterdam en 1877. PROCÈS-VERBAUX. 793 SÉANCE GÉNÉRALE DU 24 DÉCEMBRE 1879 Présidence de M. DRoUYN DE Luuys, président, — Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — À l'occasion du procès-verbal, qui mentionne l’allocu- tion dans laquelle M. le Président signale l'accroissement du nombre des membres de la Société, M. Pichot reconnaît que notre association est effectivement en progrès de ce côté, mais il pense que l’on pourrait faire plus encore. D’autres So- ciétés, avant un but moins éminemment utile, voient leurs rangs grossir plus rapidement. En faisant quelques efforts, chacun de nous pourrait facilement, dans le cercle de ses con- naissances, recruter au moins un nouvel adhérent, et notre ef- feetif serait ainsi promptement doublé. M. Pichot est aussi d'avis que notre Société n’est point suffisamment connue, et que c’est précisément ce qui nuit au recrutément de nouveaux membres. Il importerait de donner plus de publicité à son but, à ses travaux. La part qu'elle pourrait prendre à certaines Expositions, aux Con- cours régionaux, etc., semblerait être un excellent moyen de publicité. — M. le Président déclare partager entièrement la manièrede voir de M. Pichot, au sujetde la nécessité de faire de nombreuses recrues. Très-souvent il a fait appel au zèle des membres de la Société à ce sujet, et il ne saurait trop insister sur l’intérêt majeur qui s'attache à ce que chacun fasse en sorte d'amener quelque nouvel adhérent. Quant aux moyens de publicité auxquels la Société pour- rait recourir, C’est une question qui a certainement son im- portance; elle sera soumise au Conseil, qui l’examinera avec toute l’attention qu’elle comporte. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : | 3° SÉRIE, T. IL. — Novembre 1875. 51 79h SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. ASSELIN DE CRÉVECOEUR (Augusle-Charles), offi-/ Douyn de Lhuys. Cier supérieur en retraite, au château dIrre- ville, par Evreux (Eure), ét AL, STUE nd Londres, à Paris Dupin. Gindre-Malherbe. \ ! Comte d’Épremesnil. BÉHAGUE (le comte Octave), avenue Bosquet, | }, 1 : Geoffroy Saint-Hilaire. Paris. j É x ‘ A. Pierre Pichot. : : rte. BICHELBERGER (Paul), directeur de ja papeterie | ? Mu, xt Ro 2 ) Drouyn de Lhuys. de Claire-Fontaine, à Etival (Vosges). L ( Dupin. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | jules Grisard. Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Pierre Pichot. | A. André. \ 7 ; BLEICHER (A.), directeur du domaine ia Bellah, à Cherchell (Algérie). BRINQUANT (Raoul), propriétaire, au château de Villers-aux-Bois, par Avize (Marne). Cousin (Louis-Antoine), propriétaire, rue de Rivoli, 190, à Paris. J.-B. André. Drouyn de Lhuys. DurorT (Aimé), S.-inspecteur de l’enregistre-! Drouyn de Lhuys. ment et des domaines, propriétaire, ‘à Espa- lion, Aveyron, et 185, rue Saint-Honoré, à A Jules Grisard. Paris. GODEFROY (Edgar), propriétaire, 41, quai de La Dupin Flury-Hérard. Pêcherie, à Corbeil (Seine-et-Oise). | de Ja Rue. { Drouyn de Lhuys. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | P. Rondeau. Drouyn de Lhuys. A Geoffroy Saint-Hilaire. | P. Rondeau. P. Caillard. Drouyn de Lhuys. Saint-Yves Ménard. Drouyn de Lhuys. A Geoffroy Saint-Hilaire. GUILLAUME (Charles), médecin-major, rue Tour- | nefort, 43, à Paris. GuILLAUMET (Émile), fabricant, 29, rue Labor- | dère, Saint-James, à Neuilly (Seine). LAURENSE (Arthur), propriétaire, 6, place du| Martroy, à Orléans (Loiret). LEENHARDT (Roger), négociant, 35, rue Saint | Guillaume, à Montpellier (Hérault. Lichtenstein. Ë : ; Devrez. MESLAY AHRe Mienep, mie rue de A{ Geoffroy Saint-Hilaire. Brest, à Saint-Brieuc (Gôtes-du-Nord). Mu MosENTHAL (Jules de) consul général des Répu-{ Drouyn de Lhuys. bliques de l’Afrique du Sud, 89, boulevard { Dupin. | A. Geoffroy Saint-Hilaire. Malesherbes, à Paris. PROCÈS-VERBAUX. 795 Drouyn de Lhuys. Jules Grisard. Lefort des Ylouses. PLÉ (Jules Edmond), propriétaire, 50, rue des | ROSsIGNOL (P.-J. Auguste), secrétaire du dj Drouyn de Lhuys. Marguettes, à Paris. agricole, boulevard Saint-Germain, 268 A. Geoffroy Saint-Hila re. Paris. Jules Grisard, Paul Gaillard. V UYON + d » »s Étaoir , - AUGUYON (Henri de), propriétaire, place € Prouyn Fo 0 Hercé, à Laval (Mayenne). | Saint- Yves Ménard. VILLA-FRANCA (le baron de), Fregueria de Nosse | Drouyn de Lhuys. Signora do desterro de quissaman, province | Dupin. de Rio-Janeiro (Brésil). \Saint-Yves Ménard. — M. je Président fait part à la Société des pertes regret- tables qu'elle vient d’éprouver par suite du décès de MM. Cne- valier, gérant du Cercle agricolé et secrétaire des confé- rences, à Paris; baron Fallon, membre de la Commission administrative des hospices civils de Namur; et du D' Vouga, professeur à la Faculté des sciences de Neuchâtel (Suisse). — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance : MM. Blondel (Charles), Plé, Bougarel et Julius de Mosenthal, adressent des remerciments au suJet de leur récente admission. — M. le lieutenant de vaisseau Georges Biard, auteur d’un projet de Voyages d'études autour du monde, remercie de l'invitation qui lui a été faite d’assister à une de nos séances pour exposerson projet, etannonce qu’il se rendra très-volon- tiers à cette invitation. — À]. Cliquennois accuse réception et remercie du couple de Lapins à fourrure qui lui est altribué en cheptel. — M. Rabuté demande à pre part aux cheptels de la Société. — MM. Ch. Huber et H. d Montrol font parvenir des demandes de graines. — Des demandes d'œufs de Sala fontinalis sont adréssées par MM. Ch. Renouard et Moignet. — MM. L. Dériard et Gorry-Bouteau demandent que la Société veuille bien mettre à leur disposition de la graine de Ver à soie du chêne du Japon (Aftacus Fama-mui). 796 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — Des rapports sur leurs cheptels sont envoyés par MM. Dupont et Victor Fleury. Suivant l’usage, ces rapports seront publiés ou analysés dans le Bulletin. — M. A. Cambon, de Nimes, fait connaître le résultat de ses élèves de Canard du Labrador et de Lapin argenté. — M. Féry d'Eselands adresse une note sur l'établissement de pisciculture de Saint-Genès, près Riom (Puy-de-Dôme). —M. Balcarce fait parvenir des renseignements sur le Za- pallito et sur le Maïs blanc doux ridé des États-Unis. Des échantillons sont joints au rapport de M. Balcarce. — M. Hamet: complète l’envoi des notes sur les maladies des Abeilles qu’il désire voir soumettre à la Commission des récompenses. — M. Lichtenstein adresse la lettre suivante : « La Société d’acclimatation a eu la bonté de m'envoyer, le 6 avril, un pelit paquet de graines de Vers à soie Yama-maï. Une portion était éclose en route. » Cent œuls me sont arrivés en bon état, ils m’ont donné 80 chenilles qui ont très-bien et normalement accompli leurs évolutions en mangeant indifféremment le Quercus pubescens ou le Quercus Ballota (chêne à glands doux). Six de ces chenilles ont été élevées sur un petit chêne en plein air et ont suivi les mêmes phases de développement que celles éle- vées en chambre, mais mises pourtant chaque jour au grand air, et cette année-ci a été très-favorable à la santé de ces insectes, car je n'ai eu aucun malade. » Les 80 chenilles ont filé leurs cocons qui m'ont donné 76 papillons . » Ici a commencé mon insuccès; J'ai laissé éclore ces pa- pillons dansune chambre assez vaste (d'environ A mètres carrés) mais presque sans ouverlure et je n’ai pas pu constater un seul accouplement quoique, à un moment donné, J'ai vue 20 à 25 papillons de chaque sexe en présence; ils n’ont produit que derares œufs dont très-peu fécondés, et la majeure partie est aplatie et vide de germe comme ceux que je joins à la pré- sente ; très-peu (et en général seulement ceux qui étaient sur les barreaux d’une persienne de l’étroite ouverture qui don- PROCÈS-VERBAUX. 797 nait de l'air à la chambre) m'ont paru bons et féconds, Je les joins aussi à la présente. » Désolé d’échouer au port, je pris le parti héroïque de donner la liberté à mes prisonniers, et par une belle soirée des premiers jours d'août, j’ouvris les portes de leur prison et Je lâchai une cinquantaine de papillons dans le jardin. » Ils surent bien vite trouver leur chemin et j'eus le plaisir de voir ces beaux insectes papillonner autour des chênes, mais trop haut pour pouvoir suivre leurs ébats. Je les revis deux ou trois soirs de suite; mais Je ne sais pas s'ils auront déposé des œufs féconds sur les arbres et s’il me sera donné de trouver des chenilles au printemps. » Jugeant par analogie, ce doit être possible, car J'ai lâché ainsi des Bombyx de l’ailante l'année passée et J'ai trouvé des cocons en hiver dans des buissons de Lilas qui entouraient les pieds des ailantes. » Mon insuccès pour les accouplements dans une chambre privée de jour est une preuve de plus qu’on ne doit les tenter pour l’Arfacus Yama-maï qu’en plein air et dans des cages comme au Japon. Je m’installerai pour que cela ait lieu ainsi cetle année-c1, regrettant vivement de ne pouvoir offrir à la Société qu'un lot insignifiant de graines, dont je suis encore loin de pouvoir garantir la santé ». — MM. Gensollen, Laberenne et de Souza, ainsi que la Société d'agriculture, d’horticulture et d’acclimatation du Var et des Alpes-Maritimes, rendent compte des résultats obtenus de graines distribuées par la Société. — M. Barutel fait parvenir la lettre suivante : «Jai semé au printemps deruier les graines de Maïs de Cuzco que j'ai recues de la Sociélé d’acclimatation. » Le maïs est, dans ce pays, cultivé très-en grand et d’une façon, pour ainsi dire, générale. dJ’ai dû, en conséquence, prendre des précautions minutieuses pour éviler tout danger d'hybridation. Un champ me paraissait favorable à cet essaï. Mais comme je redoutais la dent des troupeaux, d'autant plus dangereuse que le semis était fort restreint, je ne fis enterrer que cent grains de maïs au milieu de ce champ que je remplis 798 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. avec d’autres plants. J’ajoute tout de suite que mes craintes se Justifièrent, et que des bœufs échappés broutérent au mo- ment de la floraison les pieds de maïs, nés d’ailleurs en très- petit nombre. » Les autres grains furent semés à la houe et par lignes trés-espacées, sur une ancienne pelouse du pare, rompue depuis deux ans, partiellement ombragée, très-sèche, incom- plétement débarrassée du chiendent, et par-trop exposée au vent d'automne qui est le fléau du pays. Je tiens à noter ces divers points qui éclairent cet essai et en expliquent en partie les résultats. Au reste ce terrain est très-fertile, et je redoutais partout ailleurs les ravages des bestiaux ou l'hvbridation. » Une centaine de pieds à peine sont nés de ce semis. Ils se sont développés avec beaucoup de vigueur, et plusieurs tiges ont dépassé 2 mêtres d’élévation. Les nœuds de ce maïs sont irès-espacés, ce qui naturellement élève le point ou se dévelonpe l’épi. Je parle de l’épi inférieur, car :l s’en dé- devoppe plusieurs et jusqu'à cinq sur la même tige, chacun à un nœud différent. En outre, ce maïs es très-cassant, et un vent violent brisa plusieurs tiges en une matinée. Je me hâtai d’attacher les autres à des tuteurs et d’enlever à quelques- unes la panicule mâle immédiatement au-dessus du dernier épi. | » L’humidité excessive de cette année a dü, Je pense, con- trarier la végétation d’une plante habituée à un autre climat. Le fait est qu'un assez grand nombre de pieds, des plus vi- goureux, n’ont pas donné d’épis. Ceux qui se sont formés sur les autres sont restés chétifs et ont eu peine à mürir. J'ai dû, à l’époque des pluies et des gelées, arracher les tiges et les suspendre en un lieu aéré, où le grain a pu atteindre sa complète maturité. » Les tiges rompues par le vent étaient les plus belles, je veux dire les plus précoces; elles présentaient aussi les épis les plus beaux. J’en conclus qu'un semis précoce eût peut-être donné de meilleurs résultats. Reste à savoir si les froids tardifs ne seraient pas funestes aux jeunes plantes. » L'accident que je viens de rappeler m’a donné occasion PROCÈS-VERBAUX. 799 de remarquer avec quelle vigueur plusieurs tiges se dévelop- pent à la place de celle qui a été rompue. Il me fait penser qu'il y aurait peut-être là un fourrage à deux coupes, dont les bestiaux sont très-avides. » Dernière remarque : On sait que du nœud inférieur du mais tend à se développer une couronne de racines dont le buttage a pour but de faciliter l’évolution. La variété dont Je m'occupe ici paraît posséder cette tendance à un degré extra- ordinaire, et de petits rejets poussaient même des nœuds non. enterrés. J’ignore si ce fait se reproduit régulièrement, ou s’il ne doit pas être attribué à l’exceptionnelle humidité du sol et de l'atmosphère. » Je n'ai pas égrené les épis, pour mieux conserver la force germinative. Je tiens à la disposition de la Société, la propor- tion de grains qu’elle désirera. Les autres seront serrés avec soin ». — M. Naudin écrit de Collioure : « J'aurais voulu avoir de bonnes nouvelles à vous donner de nos essais de culture (à l'air libre) des plantes de la Nouvelle-Calédonie dont les oraines, apportées par M. de Villemereuil, ont été semées ct. Malheureusement l'échec a été complet! Malgré tous les soins et tous les artifices de culture (autres que des serres chaudes ou tempérées, dont je suis dépourvu), les plantes n’ont pu ré- sister aux alternatives de chaleurs torrides et de refroidisse- ments nocturnes, non plus qu’à la sécheresse de l'air particu- lière à ce climat. » Du reste, ce résultat ne m'a point surpris, après beau- coup d’autres échecs analogues. Il y a des difficultés climaté- riques qu’on ne surmonte pas. Il ne faut pas oublier que la Nouvelle-Calédonie, située entre les tropiques et au nulieu d’un vaste océan, jouit d’un climat à la fois chaud, humide et très-égal, ce qui est juste le contrepied des nôtres. Chez nous, dans le midi de la France surtout, les différences de tempéra- ture entre le jour et la nuit, au printemps et en automne, sont très-grandes relativement à ce qui se passe dans les climats maritimes des pays intra-tropicaux. De plus, 1l y a des froids souvent très vifs, quoique passagers, en hiver, et une 800 SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. chaleur torride, accompagnée ordinairement d’une sécheresse excessive en élé; toutes circonstances qui rendent impossible ici l'introduction de plantes de pays à température et humi- dité à peu près uniformes dans toutes les saisons de l’année. » Les seuls points de l’Europe, qui, suivant moi, offriraient quelques chances de succès pour les plantes néo-calédo- niennes, sont les Açores et peut-être la pointe méridionale et océanique du Poriugal. Là, le climat est chaud et humide, et de plus l'hiver y est très-tempéré et sans gelée. Je crois donc qu'il y aurait un véritable intérêt à y essayer des plantes de la Nouvelle-Calédonie et de climats analogues, et je suis per- suadé que M. do Canto, grand agriculteur et grand amateur de plantes, à Saint-Micnel-des-Açores, se prêtcrait bien vo- lontiers à faire cette expérience. » Ce qui réussit généralement bien ie le midi de a France, à Collioure en particulier, ce sont les plantes du con- tinent australien méridional, de Van-Diémen, de l’Afrique australe, de l’Ôrient, du Mexique septentrional et de toute l’A- mérique du Sud au delà du 34° ou 35° parallèle. Il faut y ajouter le Chili et en partie le Pérou, à cause du climat par- ticulier de ces deux régions. Dans son dernier article, M. Verlot, du Muséum, a trés-bien indiqué, d’une manière sommaire, Ce que nous aurions à emprunter au Chili. » Quant aux plantes de la Nouvelle-Calédonie, celles qui pourraient encore réussir chez nous sont simplement des espèces annuelles. auxquelles quatre à cinq mois suffisent pour parfaire tout; leur végétation. Les plantes vivaces, arbres et arbrisseaux, ne peuvent être conservées qu’en serre chaude. Toute tentative qui aurait pour objet de les faire végéter à l’air libre n'aboutira qu'à des mécomptes. Ainsi, des plantes sim- plement annuelles de la Nouvelle-Calédonie, sont tout ce qu’il nous faut. » Il y a encore un point sur lequel il importe d’appeler l'attention. des collecteurs de graines : c’est le soin à donner à ces dernières pour qu’elles conservent leur vitalité jusqu'à leur arrivée en France, ce qui est plus difficile qu’on ne croit. Dans les longs voyages par mer, surtout par paquebots à va- + .Z a ae Lai sara adult cons toedenminenns ist Ex de dons PROCÈS-VERBAUX. 801 peur, la grande majorité de ces graines périt par suite de la chaleur qu’elles éprouvent dans le trajet. L’humidité n’y est pas étrangère non plus. L'endroit le plus périlleux à traverser, c'est la mer Rouge, où la chaleur est souvent plus qu’exces- sive. Les horticulteurs savent, par expérience, combien 1l y a de déchet dans les semis de graines apportées dans ces con- ditions, tant de l'Inde que de la Chine et du Japon ». — M. Christian Le Doux adresse un rapport sur l'acclima- tation du Panais fourrager dans la Lozère, et demande l'envoi de ce travail à la commission des récompenses. — M. Trempé rend compte, en ces termes, des résultats que lui ont donnés diverses semences envoyées par la Société : « Le Maïs de Bolivie a trés-bien levé, la tige est parvenue à une hauteur de 2 mètres, l’épt était très-bien formé mais le grain n’a pas müri, ce que j’attribue à la plantation trop tardive ; j'ai très-bonne opinion de ce produit pour les vo- lailles. » La pomme de terre de Bolivie a été plantée dans le même terrain et en même temps que la pornme de terre ronde or- dinaire. Elle à produit des tiges en grande quantité. » Quant au tubercule, ils’est reproduit sous la même forme que celle de l'échantillon que vous m’aviez remis, mais en grande quantité et aussi plus petit. » — M. le Président donne lecture d’une lettre dans laquelle M. Gustave Heuzé, inspecteur général de l’agriculture, sol- licite le concours de la Société d’acclimatation pour la sous- cription ouverte par son initiative, à l'effet d’ériger un buste à l’illustre agronome Tessier, créateur et propagateur de la race mérinos française. — Renvoi à l'examen du Conseil. — Sur l'invitation de M. le Président, M. le lieutenant de vaisseau Georges Biard, qui assiste à la séance, veut bien donner quelques explications sur son projet de voyages d'é- tudes autour du monde. Il fait ressortir les nombreux avan- tages que présenteraient de semblables expéditions périodi- ques, non-seulement au point de vue des études géographi- ques, mais encore de la plupart des autres sciences. Rien, dit en terminant M. Biard, ne saurait mieux seconder l’œuvre de S02 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. la Société d’acclimatation, dont un représentant, qui ferait partie de chaque expédition, pourrait, muni d'instructions spéciales, recueillir, chemin faisant, de précieuses notes, collectionner des plantes et des animaux et donner aux envois faits à la Société tous les soins et la surveillance nécessaires. — M. le Président adresse au nom de la Société des re- merciments à M. Biard, pour son intéressante communication, accueillie avec une grande faveur par l’Assemblée. La question sera, sans retard, portée devant le Conseil, qui avisera aux moyens d'utiliser le précieux concours offert à la Société. — M. Richard (du Cantal) fait hommage à la Société d’un exemplaire de la nouvelle édition qu'il vient de publier de son livre sur la production du cheval au point de vue des besoins de l’armée. Notre savant confrère rappelle à cette oc- casion tout l’intérêt qui s'attache à la production du cheval de guerre ; il signale les conséquences fâcheuses des principes erronés mis en pratique, depuis Bourgelat, par les éleveurs français; des croisements inintelligents ont amené la perte de presque toutes nos bonnes et anciennes races chevalines, qui étaient une des principales richesses nationales, et qu'il im- porte de reconstifuer par l'application des règles véritable- ment basées sur l’observation. — M. le Secrétaire général donne lecture de l'extrait sui- vant d’une lettre qui lui est adressée par M. de Mosenthal : «En attendant que je prenne une part plus active aux travaux de la Société, il me sera permis de vous dire que l’acclimata- tion de la Chèvre d'Angora, dans l'Afrique du Sud, où j'ai importé les premiers spécimens en 1857, a été le succès de ma vie. » J'ai écrit sur la Chèvre d’Angora une brochure que j'ai eu l'honneur de vous adresser. » La colonie du Cap a rapporté cette année pour plus de trois millions de francs de laines d'Angora et la quantité va en augmentant tous les ans. » Quant au Mouton, après avoir partout en Europe cherché la meilleure espèce (c’est-à-dire celle qui a une grande taille PROCÈS-VERBAUX. 803 et beaucoup de viande de boucherie, Joint à une quantité de belle laine) feu mon frère a trouvé en 1857 les troupeaux de M. Godin aîné, dans la Côte-d'Or (vendus depuis), comme réunissant toutes ces qualités. Depuis, nous avons tré de France, des différentes races de Rambouillet, plus de 2000 béliers, et l'Afrique du Sud exportera cette année pour plus de soixante-quinze millions de franes de laines mérinos; en 1825 elle n’en avait pas encore exporté du tout, etl’on n'y con- naissait que le mouton à grosse queue « fat tail sheep ». » Quant à mon livre sur l’Autruche, 1l paraîtra sous peu ». — Sur l'invitation de M. le Président, M. de Mosenthal, qui est présent à la séance, veut bien donner quelques ren- seignements sur la domestication de l'Autruche dans la co- lonie du Cap. Il rappelle que cet oiseau est depuis longtemps soumis à l’homme dans le Sud de l'Afrique ; lorsque Cook vi- sita le cap de Bonne-Espérance, en 1770, il y vit des Autru- ches domestiquées et servant de montures. Aujourd’hui, presque tous Jes oiseaux sauvages ayant élé détruits, les plumes livrées au commerce proviennent surtout d'autruches élevées en captivité. Plusieurs fermes en possèdent des trou- peaux considérables ; les plus importantes sont celles appar- tenant à M. Douglas, inventeur d’un appareil d'incubation qui donne les meilleurs résultats; avec cet appareil on perd beau- coup moins d'œufs qu’en les laissant couver par les oiseaux. La méthode suivie pour la récolte des plumes, qui sont assez brutalement arrachées, laisse à désirer; elle fait souffrir loi- seau et peut déterminer parfois chez lui une maladie de Pap- pareil de la respiration (diphthérite). Il conviendrait de trouver un moyen plus rapide et surtout moins douloureux pour l'animal. On cherche en ce moment à utiliser la chair de lJ’Autruche pour l'alimentation. Chaque oiseau peut donner une quarantaine de livres de viande. Certains auteurs affir- _ment que cette viande a un goût détestable; le fait peut être exact quand il s’agit d’Autruches sauvages, à cause de leur genre de nourriture; mais 1l en est autrement des Autruches domestiques, nourries de luzerne, de caroites de graines diverses, etc. ; elles donnent une viande qui rappelle un peu celle du Bœuf, quoique plus fade. 80/1 SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION. — En remerciant M. de Mosenthal de ces renseignements, M. le Président rappelle que la question de la domestication de l’Autruche est une de celles dont notre Société se préoccupe depuis fort longtemps. D’importantes communications sur cette intéressante question lui ont été faites à diverses re- prises, notamment par M. Gosse, de Genève, en 1855 ; depuis, par MM. Bouteille, Graëlls (de Madrid), Hardy, Rivière, et, tout récemment encore, par M. le capitaine Crépu. La Société recevra donc avec le plus grand intérêt les renseignements que M. de Mosenthal compte, à son tour, publier sur cette question, dans le volume qu'il va prochainement faire paraitre. — M. Vavin dépose sur le bureau un échantillon de Trufles récoltées à Bessancourt (Seine-et-Oise), dans le parc de M*° veuve Clerget. Ces truffes, de très-bonne qualité, ont l'aspect de celles du Périgord ; presque toutes sont noires, marbrées de filets blancs. Elles ont été trouvées sous des Mù- riers et des Noiseliers; le jardinier en a récolté 20 kilos au moins, vers le commencement d'octobre, qui paraît être le meilleur moment pour cette récolte. Les Truffes ont, à cette époque, loute leur saveur et n’ont reçu aucune atteinte de l'humidité que produisent les brouillards de novembre. M. Vavin met également sous les yeux de l’Assemblée un échantillon de Daïcon ou radis du Japon. plante qu'il a cultivée avec succès et qui lui paraît mériter l’éloge qu'en ont fait la plupart des journaux d’horticulture. Le spécimen qu’il dépose sur le bureau mesure 0",80 de long sur 0",29 de circonférence. La graine, semée le 3 juillet, a donné ce produit à la fin de septembre; elle occupe donc la terre fort peu de temps. « On se souvient, dit M. Vavin, que c'est M. Léonard-Lille, de Lyon (qui lui-même en avait reçu la graine de M. le docteur Hénon), qui a fait connaître le Daïcon et en à recommandé la culture. Les bestiaux se montrent très- friands de cette plante, qui semble appelée à rendre de grands services dans les années où, par suile de sécheresse, les four- rages viendraient à faire défaut ». Notre confrère présente, en outre, de magnifiques Panais cullivés pour servir de fourrage; il rappelle que l’année PROCÈS-VERBAUX. 805 dernière il avait offert de la part de M. Le Bian une certaine quantité de graines de cette plante si utile pour la nourriture des chevaux, vaches, etc. Sa racine ne craignant pas le froid peut être récoltée tout l'hiver ; elle a donc le grand avantage de procurer une nourriture fraîche et saine pendant plus de quatre mois. » Ce printemps, dit M.Vavin, M. Le Bian, qui habite l’'Ermi- tage, près de Brest, nous promet encore de la graine; mais il regrette que les membres qui en ont reçu n’aient pas tenu leur promesse de rendre compte du résultat obtenu; il im- porterait cependant de savoir si ce fourrage, dont tous les cultivateurs de la Bretagne reconnaissent le grand avantage, peut rendre les mêmes services sur d’autres points. — M. Geoffroy Saint-Hilaire dépose sur le bureau des fruits de Diospyros lotus et Kaki récoltés dans les environs d’Hyères. Il donne ensuite lecture d’une note sur les hydro-incuba- teurs exploités industriellement à Gambais, près Houdan (Seine-et-Oise), par MM. E. Roullier-Arnoult et E. Arnoult (Voy. au Bulletin). M. Daresie, tout en. reconnaissant que les couveuses sans foyer constituent un progrès considérable sur les premiers ap- pareils proposés pour l’incubation artificielle, est d'avis qu'elles présentent encore certains inconvénients : on ne saurait, sans une surveillance continuelle, maintenir à l’in- térieur une température constante. Aussi, depuis deux ans qu'il poursuit ses recherches sur l’incubation, prélère-t-1l se servir d’une couveuse chauffée par le gaz et dans laquelle, au moyen d'un apparail qui se règle automatiquement, 1l obtient une température absolument invariable et n’exigeant aucune surveillance. Malheureusement ce système nécessitant l'emploi du gaz ne peut être employé partout. M. le Président demande si l’appareil régulateur employé par M. Dareste ne serait pas un peu coûteux pour être em- ployé sur une grande échelle ; excellent pour des expériences de laboratoire, peut-être exige-t-il une certaine habileté de main et répondrait-1l moins bien aux besoins d’une exploita- tion commerciale. 506 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. M. Dareste ne saurait indiquer exactement ce que coûte l'appareil dont il s’est servi; la dépense de chauffage lui paraît peu élevée: d'ailleurs, avec les autres appareils, il y a égale- ment une certaine dépense de combustible pour le chauffage de Peau. M. Geoffroy dit que les hydro-incubateurs de MM. Roullier et Arnoult entraînent une dépense de 2 francs 50 cent. pour 200 œufs. M. Carbonnier croit qu’il est moins difficile qu’on ne le suppose d'obtenir une température uniforme dans les cou- veuses ; la question lui paraît résolue depuis longtemps. Les simples tonneaux chauffés au fumier dont se servit d’abord Réaumur donnaient d'excellents résultats ; Bonnemains réus- sissait très-bien également avec l’appareil qu'il fit connaître en 1812, et qui était l’idée première du thermosiphon. Sorel, avec son pyromèêtre, obtenait une température qui ne variait pas d’un degré. Notre confrère est convaincu qu’on peut, avec toute espèce de couveuse, mener à bien une incubation arti- ficielle ; il faut simplement savoir s’en servir. La véritable dif- ficulté, dit-il, c’est que, dans ces appareils, les œufs s’évapo- rent trop : la veille de l’éclosion, ils ont généralement perdu 1/5 et même 1/4 de leur poids, tandis que ceux couvés par une poule perdent à peine 1/6. Si l’incubation artificielle réussit fort bien en Égypte pour les œufs de Poule, si au Cap on fait de même éclore très-facilement les œufs d’Autruche, c’est que la température y est irès-élevée, et que, dès lors, il n’est pas nécessaire de chauffer autant les appareils. Pour rendre l’évaporation moins facile, il y a lieu de choisir des œufs à coquille trés-épaisse; les Poules élevées dans un es- pace restreint donnent des œufs à coquille excessivement mince; 1l importerait de leur faire absorber de la matière cal- caire dans leurs aliments. Les œufs des oiseaux sauvages ont une coquille relativement beaucoup plus épaisse, aussi conservent-ils infiniment mieux leur vitalité. M. Geoffroy Saint-Hilaire fait remarquer qu’il n’a nullement prétendu dire que MM. Roullier et Arnoult aient découvert quelque système nouveau, mais ils ont su faire entrer dans la Poe: PROCÈS-VERBAUX. 807 pratique des procédés restés jusqu'ici à l’état d'expériences de laboratoire. M. Millet dit qu'il a vu en Italie, dans les environs de Brescia, des couveuses à fumier fonctionner fort bien. Il faut, dans tout appareil incubateur, entretenir une chaleur humide; les couveuses à air sec ne donnent que peu ou point d’éclosions. Quant au moyen d’obtenir des œufs à coquille épaisse, rien de plus simple; il suffit de mêler à la nourriture des Poules de la coquille d’œuf pilée. M. Bocquet rappelle qu’il est généralement connu que les Poules habituées ainsi à manger des coquilles pilées cassent assez volontiers leurs œufs. M. Pichot considère cette opinion comme peu fondée; il a vu fréquemment donner de la coquiile pilée à des Poules, sans que celles-ci aient pris l'habitude de casser leurs œufs. Il est déposé sur le bureau : 1° L'Observatoire du pic du Midi et la neige rouge, par M. le D' Armieux (extrait des Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse). Offert par l’auteur. 2° Rapport sur les travaux exécutés en Norvége, en vue de favoriser les pêcheries d’eau douce, par M. Hetting, 1874. 3° Les animaux au point de vue de leurs rapports ‘avec l’homme et avec la médecine. Leçons préliminaires de zoologie pour les médecins, professées à la Faculté de Moscou, en août et septembre 1875, par M. 4. P. Bogdanoff. IL est offert à la Société : de la part de M. Thozet, des graines diverses de végétaux australiens. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Végétaux australiens à propager dans certaines parties arides du Midi de la France. Lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, président de la Société d’Acclimatation. x Monsieur le Président, Dans une lettre insérée dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation du mois d'avril dernier, M. le Président du conseil d'administration de la Société de Saint-Louis du Rhône exprimait le désir de recevoir de notre association quelques indications sur les plantes qu’il conviendrait de mettre en culture pour utiliser les parties stériles des terrains silués sur la rive gauche da Rhône; non loin de l'embouchure de ce fleuve Permettez-moi, Monsieur le président, de vous signaler les essences australiennes qui pourraient être essayées avec chance de succès. L’Acacia decurrens, le pycnantha et le saligna réussiraient certainement dans cette contrée et dans d’autres localités sablonneuses du midi de la France telles que les Landes et les terres avoisinantes du bassin d'Arcachon. J'ai déjà eu l’occasion d'attirer l'attention sur la richesse de ces arbres en acide tannique, tant dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation que dans celui de la Société d’Alger et le Journal d'Horticulture pratique de Coïmbre. Ces acacias viennent facilement de graine, poussent rapidement et s’ac- commodent fort bien d’un sol stérile ; l’Acacia pycnantha, particulièrement croîtrait dans un sol sablonneux. A quatre ans, l’écorce de ces arbres peut être utilisée pour le tannage : elle contient 18-50 pour 100 d’acide mimoso-tannique et donne A0 pour 100 de catechu. L’exportation de ces écorces précieuses se fait sur une grande échelle dans les provinces de Victoria, Australie méridionale, Tasmanie et Nouvelle- Galles du Sud ; mais la production décroît sensiblement chaque année par suite des déboisements des forêts australiennes. / Si le terrain des Bouches-du-Rhône était trop salin pour permettre la culture des arbres mentionnés ci-dessus, on pourrait essayer d'introduire quelques arbustes croissant ici dans un sol analogue, plusieurs espèces d’Atripleæ, de Rhagodia, de Kochia, etc. (dont les moutons se nourrissent si avantageusement). Il se pourrait que les Lupinus albiflorus et arboreus cultivés sur les côtes sablonneuses de la Californie donnassent aussi de bons résultats. Agréez, elc., Baron Ferd. VON MUELLER. ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION du 4° janvier au 31 décembre 1875. DONATEURS. MM : AGUIRRE-MONTUFAR (J.). AUZENDE. | BaLcarce, ministre de ! la République Argentine, à Paris. Bazzieu (Th. de), consul OBJETS DONNES. Graines de Taxo, de Granadilla et de Quinoa blanc. Une touffe d’A/fa. Échantillons de Cocons et de Soies. . Zapallitos et Mais ridé sucré des Etats-Unis. Graines de diverses espèces d’'Eu- de France, à Honolulu|calyplus, (Hawaï. BARBIER, ingénieur ci- vil. Bécau (Jules), à Biskra (Algérie). BiGoT, à Pontoise. BLaIse (J.-B.), à Choloy (Meurthe-et-Moselle). Bowaccorsi, à Calenzana | (Corse). BRIERRE, à Saint-Gilles (Vendée). | Comité agricole de la So- logne. CorDier, à El-Aliah (Al- gérie). CorTÈs (Me de). Graines diverses de la Plata. Graines de Daubentonia et petits citrons Lime-Tektir. OEufs d’Attacus Pernyi. Millet de Russie. Filasse de chanvre, géant du Pié- mont. Trois Cédrats. Haricots divers. OEufs de Sericaria mori. Graines de diverses espèces d’Eu- calyptus. Graines de Quinua amarga et de Mais de Cuzco. 32 SÉRIE, T. Il. — Décembre 1875. ‘RENVOI | AU BULLETIN. | 49 929 45 268 810 DONATEURS. SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. OBJETS DONNES. COURNIL DE LAVERGNE (Mlle), à Brives-sur-Cor- rèze. DECROIx, vétérinaire en premier à l'état-major gé- néral de l’armée de Lyon. DeErRé (Almire), à Sablé- sur-Sarthe. DucasTez, à Vernantes (Maine-et-Loire). DurtEu DE MaAiIson- NEUVE, à Bordeaux. Fozsu, à Marseille. GENSANO (la marquise). Gicpas (le frère), à Rome Gorry-BouTeau, à Bel- leville (Deux-Sèvres). Jardin d’Acclimatation. de Jardin botanique Melbourne. Jardin botanique de Sa- harunpore. KRANTZ. KREUTER (Franz), à Vienne (Autriche). LABRUYÈRE, à Nantes, LAFONT, à Paris. LICHTENSTEIN (Jules), à Montpellier. Mizy (le vicomte de), à Paris. Cocons de Sericaria Mori. Graines d’Adenanthera Pavonina. Cocons de Sericaria Mort. Graines de Mais divers. Graines de petit Melon à rames. Un régime de Chamærops excelsa. Haricots de Madagascar. Pieds de Vigne napolitaine. Élixir d’'Excalyptus (6 flacons). Haricots du Mexique. Graines diverses. Graines d'Eucalyptus colossea. Graines de l’Inde. Collection de graines du Japon, Graines et tubercules du Japon. Six pieds de Mürier, variétés di- verses. Fruits divers. Graines diverses. OEufs d’'Attacus Yama-mai. Cocons d’Attacus Cyntlia. RENVOI AU BULLETIN. 208 DONATEURS., Moreau, à Couhé-Vérac (Vienne). NauDiN, à Collioure (Py- rénées-Orientales). Nicocas (Ch.), à Mon- dovi (Algérie). Ounous (Léo d’). PÉPIN. Picaor (Pierre). À Ravisy, au Vault de Lu- | gny (Yonne). REMEAU. : Rey (Toussaint), à An- | necy. ROCHEMACÉ (de la). RossiGNoN, à Guatémala. SÉGUIER DE SAINT-BRIs- | son (le marquis), à Paris. SAULCY (de), à Metz. SELVE {le marquis de), à | Paris. Tassy. Tuozer, à Rockhampton | (Queensland). DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ. OBJETS DONNÉS. 511 RENVOI AU ‘| BULLETIN. Graines de Melon à rames. Graines de Cytisus proliferus. Graines de Retama monosperma. Graines de Manihot Carthage- nense. Graines de Thapsia Garganica, | Acacia lophanta et Grevillea. Graines diverses. Graines de diverses espèces de Co- nifères. Graines d’Hypophea rhamnoides et d'Apocynum Sibiricum. Pommes de terre diverses. Dolique des Antilles. OEufs d’Attacus Yama-maï. Une boite Raisins d'Amérique. Un échantillon de Bois. Graines de Reana luxurians. Pommes de terre diverses. 50 grammes d'œufs d’Aélacus | Yama-mai. Graines de petit Melon vert à rames. Graines de Pin Laricio. Graines d'Australie. 683 485 636 687 942 SONT 779 Wii) | 780 812 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. RENVOI DONATEURS. OBJETS DONNÉS. AU BULLETIN. TROUETTE, à la Réunion. | Graines de Crypiostegia Mada- gascariensis. 233 TurreL (le D'),àToulon.}| Cônes de Pinus Sabiniana. 249 Vavin (Eug.), à Paris. Oignons du Gabon. 65 Graines de Panais fourrager. 1271 Viczmorix (Henry), à Pa-| Graines de Radis blanc de Russie | ris. et de petite Tomaie du Mexique. (46277 DONS FAITS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ. Annual report of the trustees of the Museum of comparative Zoology, at Harvard College, in Cambridge. Boston. Cartes, plans, dessins, documents historiques et statistiques composant l'exposition de la direction de l’agriculture. Catalogue of the entire herd of Norfolk Polled Cattle and flock of South- down sheep, late the propety of the Right hon. Lord Sondes, Discursos leidos ante Academia de Ciensias exactas fisicas y naturales en la reception del Fr. Don Ramon Llorente y Luzaro el dia 3 de Enero de 1875. Fifth anvual Report of the Board of state charities of Massachusetts. Ja- nuary, 1869. Forty-first annual Report of the Trustees of the Perkins institution and Massachusett Asylum for the Blind. October 1872, Boston, 1873. Ilustrated catalogue of the Museum of comparative Zoologie at Harvard College, n° 7 et 8. Kolonial Museum op het Paviljoen bij. Haarlem, 1875. Offert par M. van Eeden. Lists of elevations principally in that portion of the United States West of the Mississipi River. Third edition. Washington, 1875, Message from the president of United States containing information in relation to the cultivation of timber and the preservation of forest. Ninth annual Report of the board of State charities of Massachusett. Ja- nuary, 1873. Notice sur les objets exposés à Vienne en 1873 par le Ministre de l’a- griculture et du commerce. Organisation d’une expédition dans l'archipel indien. Institut géogra- phique de Paris. Offert par M. J. Grisard. Pomologie de la France ou histoire et description de tous les fruits cul- tivés et admis par le Congrès pomologique, institué par la Société d’hor- ticulture pratique du Rhône. Report on the progress and condition of the botanic garden and govern- ment plantations during the year 1874. Adelaïde, 1875. Revised list of the vertebrated animals now or lately living in the gar- dens of the Zoological Society of London, 1875. 814 : SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Statistique de la France. Nouvelle série : années 1871 et 1872. Offert par le Ministère de l’agriculture et du commerce. Statistique des pêches maritimes, années 1872 et 1873, publiée par le Département de la marine. Offert par M. Hennequin. Tableau de l’âge des animaux domestiques : âges du cheval. Tableaux des tares et défectuosités du cheval. Tableau de la ferrure du Cheval, du Mulet et du Bœuf. Tableaux de l'anatomie élémentaire du maniement et des coupes de boucherie. Tableau des principales races du Chien et des maladie dont ils sont gé- néralement atteints. Tableau des formes extérieures et anatomie élémentaire du Cheval. ° Tableaux synoptiques de minéralogie. Terzo congresso degli Allevatori di bestiame della regione veneta e mos- tra provinciale d’animali in Udine. Offert par la Société agraire de Frioul. The Third annual Report of the Board of Managers of the Zoological Society of Philadelphia. ALBERG (Ernst). — Irrigation y Eucalyptus. Offert par l’auteur. ALBERIC. — Les Abeilles et la ruche à porte-rayons. ANQUETIN (Modeste). — Les dates et les usages horaires de la terre. ARMIEUX (Dr). — L'observatoire du Pic du Midi et la neige rouge. Offert par l’auteur. Baunemexr (Émile). — Les races bovines au concours universel agricole de Paris, en 1876. BEerxarDix. — Supplément à la classification de 250 matières tannantes. Offert par l’auteur. BernarDix. — Classification de quarante savons végétaux. Offert par l’au- teur. - BERNARDIN. — Supplément à la classification de cent caoutchoucs et gutta-perchas. Offert par l’auteur. BoGpaxorr (A. P.). — Les animaux au point de vue de leurs rapports avec l’homme et avec la médecine. BoxwaronT (D'). — Les trombes de mer. Offert par l’auteur. Bossix. — Le Melon vert à rames. Offert par l’auteur. Boucuon-BRranpEzy. — Rapport au Ministre de l'instruction publique sur l’état de la pisciculture en France et dans les pays voisins. Offert par l’au- teur. CarroxwiER (P.). — Découverte d’une station préhistorique dans le dé- partement de la Seine. Offert par l’auteur. DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ. 815 CarLorri (Régulus). — Assainissement des régions chaudes insalubres au moyen de plantations d'Eucalyptus. Offert par l’auteur. Cassar-DEsaiN (le marquis). — Il Solanum tuberosum et la Doryphora decemlineata. Offert par l’auteur. CanDËzE (D'). — Les moyens d'attaque et de défense chez les insectes. Offert par l’auteur. CHarTEL (Victor). — Dégâts causés aux végétaux par les Acarus. Offert par l'auteur. CHawzy (général). — Exposé de la situation de l'Algérie. Offert par l’au- teur. Decroix. — Le Tabac devant l'hygiène et la morale. Offert par l’auteur. Decrorx. — Influence curative du climat de l'Algérie sur le farcin. Offert par l’auteur. 4 DevroLce fils (E.). — Tableaux pour l’enseignement primaire des scien- ces naturelles, avec manuel explicatif. Offert par le Ministère de l’agri- cullure Drouyx DE Luuys. — Discours d'ouverture prononcé à la sixième session générale annuelle de la Société des agriculteurs de France. Offert par l’au- teur. Drouyn DE Lauys. — Fondation du laboratoire de chimie agricole de la colonie du Mettray et visite au domaine de La Briche. Offert par l’auteur. Gaupry (Jules). — Notice sur François Cavé. Offert par l’auteur. GirARD (0.). — France et Chine, vie publique des Chinois anciens et modernes (deux vol. in-8°). Offert par le Ministère de l’agriculture. Girnarp (Maurice). — Note sur les mœurs des Mélipones et des Trigones. du Brésil. Offert par l’auteur. Gogix (A.). — Müriers et Vers à soie. Paris, 1874. Offert par l’auteur. Gorry-BouTEAU. — Bulletin métérologique. Offert par l’auteur. Gouszec. — Les oiseaux de mer, leur utilité au point de vue de la navi- gation et de la pêche. Offert par l'auteur. GRisEBACH (A.), traduit par P. de Tchihatcheff. — La végétation du globe. Offert par le traducteur. Guérin (P.) — Le Phylloxera et les Vignes de l'avenir. Offert par l’au- teur. Guxor (Jules). — Études des vignobles de France, pour servir à l’ensei- gnement mutuel de la viticulture et de la vinification frauçaise (trois vol. in-8, avec figures dans le texte). Offert par le Ministère de l'agriculture et du commerce. Hauer (H.). — Cours pratique d’apiculture (4° édition avec figures). Of- fert par l’auteur. Herrinc. — Rapport sur les travaux exécutés en Norvége en vue de fa- voriser les, pêcherie d’eau douce. 816 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. LAURENGIN (Paul). — La pluie et le beau temps, avec figures. Offert par le Ministère de l’agriculture. Layexs (Georges de). — Élevage des Abeilles par les procédés modernes ; pratique et théorie. Offert par M. Maurice Girard. Leivcre. — Notice sur l’Eucalyptus globulus. Offert par M. Ramel. Leroy (E.). — Aviculture : Faisans, Perdrix, Colins. Offert par l’auteur. LEsQuEREUx (Leo). — Contributions of the fossil flora of the territories. Part. 1. The cretaceous flora. Washington, 1874. Lymax (Théodore). — Commemorative notice of Louis Agassiz. Moxpaix (l'abbé). — Instructions sur la culture des Asperges suivies de quelques notes sur le Ramié. Offert par l’auteur. Morrex (Édouard). — Charles de l’Écluse, sa vie et ses mœurs. Offert par l’auteur. Vox MueLcer. — Second supplement To the Select plants readily eligi- ble for Victoriam industrial culture. Offert par l’auteur. NourriGar (Émile). — Mémoire sur la sériciculture. Un vol. in-8. Offert par l’auteur. Passy (Antoine). — Description géologique du département de l'Eure. Offert par M. Drouyn de Lhuys. Pierre. — Notice sur une espèce d'Isonandra fournissant un produit si- milaire à la gutta. Offert par l’auteur. Quesapa (Vicente). — La Patagonie et les terres australes. Offert par M. Balcarce. RaverET-WATTEL. — L'Eucalyptus : son introduction, sa culture, ses propriétés, son usage, etc. Offert par l’auteur. ReBoux. — Trois brochures sur les instruments et les animaux de l’âge de pierre. Offertes par M. Drouyn de Lhuys. REVNAL (J.). — Traité de la police sanitaire des animaux domestiques. Offert par le Ministère de l’agriculture. RicHarD (du Cantal). — Production du cheval au point de vue des be- soins de l’armée. Offert par l’auteur. RozsLer (D' L.). — Istruzione popolare sulla Phylloxera vastatrix tradu- zionne dat Dott. Alberto Levi. Rosny (L. de). — Traité de l'éducation des Vers à soie au Japon, avec planches. Offert par le Ministère de l’agriculture. SAtNT-GAL (M.-J.). — Flore des environs de grand Jouan. Offert par le Ministère de l’agriculture. SALLÉ (Auguste). — Notice nécrologique sur José-Apolinario Nieto. Offert par l’auteur. PL LEUR Ce US DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. 817 SCHNETZLER (J.). — Entretiens sur la botanique. Offert par l’auteur. SPENCER J. BAR. — Rapport annuel sur l’industrie de la pêche et la pis- ciculture. Offert par l’auteur. *# (baron). — Études pratiques sur le Canard Labrador. Offert par l’auteur. Taomas-ANQUETIL. — Aventures et chasses dans l'extrême Orient (2° par- tie). Offert par l’auteur. TROTTIER. — Sur la nécessité de boiser en Algérie avec les essences aus- traliennes à croissance rapide. Offert par l’auteur. Trouyer. — Aux amis de l’industrie séricole et séricigène. Offert par M. Nourrigat. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX # MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. | Abeïlte, 188-189, 277-280, 450. Acherontia, 192, Acridotheres, 386. Algozelle, xLI-xLr1. Alose. 260-261, 7114. Anas, 54. Ane, xXLIII. Anguiile, 289-290, 448. Antilope, xXLI-xLII. Arctomys, 53. Attacus, 17-19, 40-43, 130, 172-179. Cynthia, 192-193, 307, 313. — Pernyi, 49-50, 240, 253- 2944 314-315,/298-3209/ 351; 397-401. — Yama-mar, 100-117, 199, 217-229, 541-243, 254, 310-311, 323-328, 334, 591-397, AA9- 450,478,631,683-684,796-797. Autruche, 789, 803-804 Avicule, 283-281. Bécasse, 412-443. Bœuf, xu1, 377, 433-434, 438, 579. PBombyx, voy. Attacus. neustria, 113. Bouc, xL1. Brochet, 270-271. Bryotropha, 212, 272-273. Buïfle, 358-559. Cabouc, 54. Caïille, 4A2. Calmar, 451. Canard, xivur, 3, 54, 146-147, 213, 216, 310-341, 385, AAl-412, 519-550, 644-696. Cardinal, 9, 239. Carpe. 295, 417. Casoar, 213. Cerf, 434. Cerf axis, 388. Chalcophaps, 385. Chat, xLvur, AO. rar Chelonia, 282-283. Cheval, xzmi-xLvi, 210-211, 378, 438- 139, 579, 802. Chèvre, xLi, 266, 378, 435. Chien, 437, 439-140, 789-794. Chien de prairie, 53. Chrysomèle, 192-193. Cochenille, 330. Cochon xLvi-xLvr. Colaspidema, 193. Colin, 8, 344, 553, 697. de Californie, 3, 55-56. plumifères, 491-492. de Virginie, 95. ; Colombe, 54, 553, 696. | Combattant, 290. ‘4 Corbeau, 443. Crabe, 448-149. | Crevette, 449. | Crocodile, 288-289 Cygne, 341-342, 550, 696. Cyprin, 293-295, 321-322, 448. Demoiselle de Numidie, xLIx. | Dendrocygnre, 54. Dindon, 340, 359-360, 444, 694. Doryphora, 78,134, 191-193. Ecureuil, 54. Eponge, 286. Faisan. 8, 54, 349-343, 387, 442, 551-553, 639-640, 697-699. de Cuvier, 3-4. de Lady Ambherst, 8. de Swinhoë, 3, 214. vénéré, 3, 147-148, 196-197, 214, 494-495. Faucon, 413. Fauvette, 410-411. Flamant, 53. Fourmi, 710. Gazelle, xLI-xLIr. Geai, 9. Gelechia, 223-229. — — cr R É Me 4 # PC» INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. Gourami, 259, 573. Grue, 93. couronnée, 9. — de Numidie, xLix, 53. Hareng. 446. Heterornis, 386. Hirondelle, 286-288. Haliotide, 295-296, 451. Holothurie, 284-285. Homard, 449. Huître, 335-337, 451, 710-741. Hyène, xLvir. Janthenas, 385. Kagou, 162-174, 197-198, 333, 385, 389. Kavgurou, 53, 146. Lainprotormis, 53. Lapin, 147, 340, 436, 548, 693. de Sibérie, 148. Léporide, 340, 548-549. Lièvre, 434. blanc, 53. Lion, XLVIIL. Loxia, 239. Macropus, 53. Madrépore, 286. Mainate, 9. Martin, 9, 541. Mélipone, 732-759, Merle des Moluques, 385. bronzé, 9, 58. Milan 443-444. Morue, 446, 418. Mouton, xL1, 214, 377, 135, 802-803. Mylabris Indica, 208. Négril, 193. Noctuelle, 492. Notou, 385. Oie xzvir, 441, 442, 550. — à col noir, 334. Oiseaux, 1-16, 344, 582-585, 690, 713-731, 805-807. Ortyx, 55. Ours, 436. Owaby, 295-296. Paroare, 9. Perroquet, 9. Perruche, 10, 147, 215-216, 344, 385, 183, 540, 553, 561-564, 699. Phanorrhina, 385. Phylloxera, 240-241, 248-249, 427- JDE Pie, 9. Pigeon, xzvur, 262-263,385, 441,413. 819 Pintade, 387, 441. Poissons, 281-299, 444-118, A53- 457, 652-667, 684-686. Poisson arc-en-ciel, 333. Porc, 56, 138, 378-379, 027-528. 435-436, .| Potamochærus, 138. Poule, 148, 340, 440, 550-551, 693- 694. Raie, 448. Requin, 285-286, 416, 418. Rhinochetos, 162-171, 197-198, 333, 3859 F7: Salmo fontinalis, 67. Sanglier, 138, 434. Sarcelle, 54, 441. Sardine, 446. Saumon, 187-188, 269, 147. Sauterelle, 385, 495-496. Sciurus, 94. Sericaria mort, 301-306, 308-310, 458-463. Serin, 239. Serranus, 446. Singe, xXLVIII, 436-137, Sphinx, 192. Strongle, 640. Sturnix, 386. Sturnopastor, 386. Syngamus, 386-595. Talégalle, 50-52, 54. Tapir, 420-491. Taureau, xLi. Teisne, 223-229. Thon, 445. Tinéide, 272-273, 357-358. Tortue, 151-152, 281-983. Tourterelle, 443, 444: — Turvert, 8. — Lumachelle, 9. — Longhups, 9. — grivelée, 11. Troupiale, 11. Truite, 262. | Ver à soie, 79-80, 257-258, 268- 269, 300-313, 322, 335, 408- h10, 417, 425, 668-676, 775- Tr. Vers à soie de l’ailante. Voy. Atta- cus Cynthia. Ver à soie du chène de Chine. Voy. Attacus Pernyr. Ver à soie du mürier. Voy. Sericaria mort. Yponomeuta, 413. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Abies, 32-39, 183. Abricotier, 513. Acacia, 630, 808. Acer 515, Ail, 512. Alfa. Voy. Séipa tenacissimu. Adenanthera, 208-210, 256. Ægle, 762. Agar-agar, 286, Algue, 296-297. Alpinia, 708-709. Alsophylla, 379, Ananas, 763. Andropogon, 377-378. Anis, 913. Anone. 761-762. Apocynum, 205. Arauja, 93. Arbre à suif, 50, 56-57. Asperge, 512. Aucuba, 518. Aulne, 516. Avocatier, 764. Azalea, 90. Balanites, 763-764. Balsamine, 516. Bambou, 54, 57, 4183, 511, 553, 573, 699. Bananier, 763. Baobab, 762-763. Begonia, 89-90, 472-473. Berberis, 516. Betteraÿe, 165-166, 167. Bibacier, 762. Biota, 28. Blé, 66, 510. Bœhmeria, 778-779. Bouleau, 516. Brassica, 508 Cactus, 330, 478-180, 781. Ca duoc, 209. Caféier, 556, 764. Camellia, 516. 79-76, 153-161, 490, 200, 216, 344, 411, 464, Campanule, 516. Canne à sucre, 424, 511. Canagua, 488, 688. Caprier, 573-574. Carica, 761. Caroubier, 764. Carotte, 466, 513. Cecropia, 421. Cèdre, 30-32. Cephalotaxzus, 26. Ceratonia, 764. Cerisier, 513. Chamæcyparis, 27. Chamærops, 257, 689. Champignon, 525. Chanvre, 63, 517. Chataignier, 511. Chêne, 253, 518-519, Chène- truffier, 129. Chèvrefeuille, 517. Chimonanthus, 516. Chou, 466, 469, 508. Chou caraïbe, 507. Chrysanthème, 517. Ciboule, 512. Cinchona, 48,118-195,243-245, 337- 338, 125, 485, 541-542. Citronnier, 20-23, 200-201, 507-508, 788. Citrouille. 509. Cofjfea, voy. Caféier. Cognassier, 914. Colza, 518. Colocasia, 507. Composées, 517. Conifères, 24-39, 517-518. Coqueret, 69-74. Cotonnier, 521, 557-558, 559-560. Cresson, 508. Croton sebiferum, 50, 56-57. Cryptomeria, 28-29. Cryptostegia, 231-233. Cucurbita Zapallito, voy. Zapallito. | Cupressus, 27, 629. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. Cycas, 509. Cyprès, 27. Cytisus proliferus, 422-424, 481-4182. Daïcon, 56. 88, 133, 508, 804. Daphne, 520, 524. Dattier, 572. Datura, 209. Daubentonia, 543. Dioscorea batatas, 86 87. Diospyros, 509. Diss, 575. Distylium, 449, 549. Dolichos, 512, 782. Ehretia, 76-77. Elæococca, 575. Erable, 515. Eriobotrya, 762. Eucalyptus, 54, 57, 66-67, 140, 180- 185, 248, 329, 477, 484, 486- h87, 193-494, 534-537, 543, 976-577,628-629,630,632, 633- 631,680-681, 682-683, 699-700, 1192/0718, 1179; V%80: ” cortacea, 67. Eugenioides, 236. globulus, 47, 50-51,139-440, 150-151, 329, 569, 572. rostrata, 143-144. Eugenia, 763. Feronier, 763. Festuca, 575. Fève, 512. Fevillea, 710. Ficus elastica, 230-236. Figuier, 512. Fœniculum, 522. Fougère, 525. Fraisier, 514. Framboisier, 514, Fuchsia, 473-474. Fucus, 296. Fusain, 517. Gardenia, 523. Genévrier, 26-27. Gentiana, 519. Geranium, 519. Gingembre, 506. Gingko, 524. Gin seng, 519. Girgantia, 286. Goyavier, 50, 762. Granadilla, 256. Grenadier, 511. Haricot, 65, 344, 471-472, 512. Hevea, 232-233. Hortensia, 519. Panais, 65-66, 242, 419-490, 782 S21 Hoteia, 524. Houx, 519-520. Hypopheu, 205. Igname, 86-87. Iris, 520. Isonandra, 231. Jambosier, 760. Jujubier, 513. Juniperus, 26-27. Kendyr, 205. Kom-bou, 296. Labiées, 520. Lierre, 516. Légumineuses, 920. Ligustrum, 91. Eine 92170 Lin de la Nouvelle-Zélande, 580. Lippia, 91, 780. Lis, 512, 521. Lythrariées, 521. Magnolia, 521, 707-708. Maïs, 344-545, 511, 688, 797-799 Malvacées, 521. Manguier, 760-761. Marronnier, 132. Melaleuca, 235, 380-381, 681. Mélèze. 30. Melia, 521. Melon, 269, 274-275, 509. Melongène, 515. Menispermées, 521. Millet, 511. Mimusops, 764. Moutarde, 508. | Mürier, 254-255. Musa, 763, Nardosmia, 515. Nasturtium, 508. Navet, 466, 469. Nelumbo, 513. Niaouli. Voy. Melaleucu. Noisetier, 511. Noyer, 511. Oblepicha, 205. OEillet, 517. Oignon, 65, 512. Omphalea, 709-710, Olivier, 236. Oranger, 135, 137, 201, 507, 687. Osmanthus, 522. Oxalis, 522. Palmier, 706-707. Palo blanco, 76-77, 804-805. à Papavéracées, 522. 822 Papayer, 761. Patate, 518, 572, 575. Patience, 513. Paulownia, 522. Pêcher, 513. Pelargonuium, 345, 474. Persea, 764. Philadelphées, 522. Phormium, 111, 580. Physalis, 69-74, 190. Pin (Panus), 32, 36-37, 37-38, 419, 517-518, 575, 630. Pinus Sabiniana, 320. Pissenlit, 515. Pitiosporum, 522. Podocarpus, 26. Poirier, 514. Pois, 345,470-471, 512. Poivrier d'Amérique, 63. Polygala, 522. Polymnia, 164-465. Pomme de terre, 64, 81-86, 132, 133, 345, 357-358, 466-467, 169-170, 514-515, 688, 701- 704. Pommier, 514. Portulaca, 522. Pourpier, 513. Primulacées, 523. Prunier, 513. Psidium, 50, 762. Quinoa, 488, 688. Quinon amarga, 252. Radis du Japon, 56, 88, 133. de Russie, 127. Ramié, 253, 679. Raphanus, 88, 508. Renonculacées, 523 Relama, 636. Retinospora, 27. Rhamnées, 523. Reana luxurians, 480-481, 484, A87, 937-539, 631-635, 778. Rhus, 419, 524. Riz, 509-510. Rosacées, 923. Safran, 511. Salisburia, 26. SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. Sapin, 32. Saponaire, 517. | Sarrasin, 513. Sauje, 524. Scabieuse, 549. Sésame, 514. Schinus molle, 63. Sequoia, 29-30, 482, 629. Sizygium, 763. Solanum tuberosum, 81-86. Spiranthes, 522. Stipa tenacissima, 259, 314-317, 402- 406, 574, 704-706. Sureau, 517. Tabac, 62, 74, 241, 524, 558. Tagasate. V. Cytisus proliferus. Tamarix, 524. Tamarinier, 764. Taxo, 256. Tazus, 26. Teosinte. Voy. Reana luxurians. Tetragone, 247-248. Thé, 508, 555-556. Theobroma, 763. : Thior, 231. Thuiopsis, 27. Thuya, 27-28. Tillenl, 525. Tomate du Mexique (petite), 69-74. 73-74. Trichosanthes, Troëne, 91. Truffe, 46-47, 789-791, 804. Tulipe, 91-93. Tulipier, 708. Vaheu, 232. Vanillier, 144-195. | Végétaux, 95-99, 140, 449, 191, 207, 266-267, 273, 506-526, 596- 626, 633, 635-636, 688-689, 700, 765-766, 799-801. | Vigne, 77, 88-89, 191, 427-439, 506-507, 641-651, 780-781. Violette, 525 Vitis, 507. Xanthozylon, 525. Zapallito, 86, 190-191, 467-169. Yucca, 411, 483. 918. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Anonyine. Aventures et chasses dans l'extrème Orient, par M. Thomas- Anquetil, 279. — Utilisation de la sauterelle d’Afri- que, 495. — L'Alpinia nutans, 708. — L'Eucalyptus ; son introduction, sa culture par M. Raveret-Wat- tek, 742, ABAYE. Cheptel de volailles, 693. — Cheptel de Lapins à fourrure, 693. Acassiz (Ch.). Cheptel de Faisans de Swinhoë, 699. AMEZAGA (DE) éducation d’Atéacus Yama-mai pendant les campa- gnes,1871-72-73 et 74, 247. ARNOULT et ROULLIER-ArNouLT. Notice sur les couveuses artificielles, DA AUZENDE et docteur Turrez. L’Alfa dans le Midi de la France, 314. AUZENDE. Sur la propagation de l’Alfa dans le Midi de la France et sur sa récolte future, 704, AVRAINVILLE (A. d’). Manière de con- server les graines de certains palmiers, 706. BARAILON. (J. B.). Cheptel de Moutons chinois prolifiques, 214. 3ERCE. Notice sur les éducations d’un Bombycien séricigène métis des Attacus Yama-mai et Pernyi, 40. BERTHOULE. Cheptel de Dindons sau- vages, 694. — Cheptel des Canards carolins, 695. Besserre. Cheptel de Canards carolins, 049. Bicor (F. A.). Éducations d’Atfacus Yama-mai faites à Pontoise en 1874, 100. — Éducation de métis d’At/acus Yama-mai et Pernyr faites en 1874, 472. Bizzarp. Cheptel de Léporides, 549. BoispuvaL (docteur). Nouvelle mala- die des Pommes de terre, 272. BonnaIRE (baron). Végétaux, 699. BonnEroN. Éducation de trois onces de graines de race milanaise jaune, 158. Bossix. Note sur le Physalis edulis et quelques autres espèces du même genre, 69. Boucxez (A.). Cheptel de Faisans Swinhoë, 552. — Cheptel de Colombes Longhups, 993. Bouizcop. Cheptel de Casoars, Oies barrées de l'Inde et Canards spinicaudes, 213. Brapy (L.). Cheptel de Lapins argen- tés A4) 27107 Brimonr (comte de). Cheptel de Fai- sans de Mongolie, 551. BrionvaL. Cheptel de Lapins argentés, 548. — Cheptel de Faisans de Mongolie, 551. — Cheptel de Faisans versicolores, 992. Brux. Voyez Société d’horticulture et d’acclimatation du Var. Bussière DE Nercy. Cheptel de vo- laille, 693. — Cheptel de Colins, 697. Buzaré, Cheptel de Canards Casarkas, 990. : — Cheptel de volaille, 550. CamBox. Cheptel de Canards Labra- dor, 340. — Cheptel de lapins à fourrure, 340. — Cheptel de végétaux, 34/. CHarLor. Cheptel de Perruches ca- lopsittes, 699. Chepteis de la Société d’acclimatation. Règiement et liste des animaux 52 et des plantes qui pourrort être | données en cheptel en 1875-76, 497. Courtaxs (E. pe). Cheptel de Faisans vénérés, 214, 697. \ — Cheptel d'oiseaux divers, 344. CRETTÉ DE PALLUEL. Rapport au nom de la commission des récom- penses. (Deuxième section.) Liv. CruGy (Emile). Maladie des pattes chez les Faisans vénérés, 494. Davrau. Cheptel de Faisans Swinhoë, 214, 343, 699. DELAMAIN (Philippe). Éducation de Perrnches Palliceps, 561. DELCHEVALERIE. Sur quelques arbres fruitiers nouvellement intro- duits en Egypte, 760. Dezcarp (Baron Paul). Culture du tabac en Algérie, 74. Derré (Almire). Cheptel des Canards mandarins, 1446, 341, 549. Desroces. Cheptel de Canards de la Caroline, 549. -— Cheptel de Faisans, 551. — Cheptel de Colins, 553. Drevrous (Léon). Cheptel de Perru- ches ondulées, 344. Drouyx pe Lauys. Notice biographi- que sur M. Antoine Passy, 346. — Admission de S. M. le roi d’Espa- gne, 122: Duroxr (Alfrède). Cheptel de Lapins à fourrure, 548. Duraxp-Goxox. Cheptel de Canards Casarkas, 341. — Cheptel de Faisans Swinhoë, 343. BSPERONNIÈRE (Comte de 1’). Cheptel de Canards, 341. Faro (Louis). Rapport sur le cheptel de végétaux de l’Institut natio- nal genevois, 464. Fauque (Achille). Éducations d’oi- seaux faites à la faisanderie de M. Gustave Andelle à Épinac (Saône-et-Loire), 1. Fery D’Escraxps. Étude sur l’incuba- tion artificielle, 582. Fiever-PÉRiNeT. Cheptel de Pigeons, DO: FLeury (Victor). Cheptel de Colins de Californie, 344. — Cheptel de végétaux, 344, 345. — Cheptel de Lapins, 148, 340. Fremy. Cheptel de Faisans Swinhoë, 343, 552. re SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION GarxOT (E.). Cheptel de Canards La- brador, 213, 549, 696. à GauLLier. Cheptel de Perruches ca- lopsittes, 344. — Cheptel de volailles, 340. GexesLey. Cheptel de Cygnes noirs, 341, 550, 696. GEOFFROY SAINT-HILAIRE (A ..). Situation financière du Jardin d’acclima- tation sur l'exercice de 1874, vij. — Rapport au nom de la commis- sion des récompenses. Récom- penses hors classe, L, Lxxr. — Les hydro-incubateurs exploités industriellement à Gambais,713. GErmaIN (V.). La Nouvelle-Calédonie au point de vue de l’acclimata- tion, 377. Gizpas (le Frère). L’Eucalyptus dans la campagne de Rome, 180. GiNDRE-MALHERBE. Rapport au nom de la commission des récom- penses. (Première section). Lu. GirarD (Maurice). Rapport au nom de la commission des récompenses. (Quatrième section), LxIv. Müriers et Vers à soie, par M. A. Gobin, 79. Élevage des Abeilles par les pro- cédés modernes. Pratique et théorie par M. de Layens, 277 Éducation faite à la magnanerie du Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne en 1874, 300. Séance du conseil du 2 juillet 1875, 415. | Le Phylloxera et les vignes de l’avenir par P. Guérin, 427. Séance du conseil du 30 juillet 1875, 475. Séance du conseil du 27 août 1875, 532. Séance du couseil du 1° octobre 1875, 627. Séance du conseil du 5 novembre 1875, 677. Gorry-BoutEau. Cheptel de volailles, 310. GouBERvILLE (pe). Le Dindon en France en 1559, 359. Ierry. Végétaux, 700. Hérrite. Note sur la maladie des ci-. tronniers, 20. JacquemarTt (Fréd.). Rapport de la commission de comptabilité sur l'exercice de 1874, Lxxur. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. JEANNEL (docteur). Expériences entre- prises au jardin du Luxembourg sur l’engraischimique horticole, 95. Laron (J. J.). Cheptel de Canards Aylesbury, 147, 341, 695. — Cheptel de Faisans vénérés, 147, 342, 697. Le Doux (Christian). Dévidage des cocons des Attacus, 17. — Les vers à soie du chêne du Japon et de la Chine dans la Lozère, 391. Leroy. Cheptel de Canards manda- rins, 341, 550. — Cheptel de Faisans, 342, 698, 699. Liénarn. Cheptel de Faisans, 698. — Cheptel de végétaux, 700. Martez-Houzer. Cheptel de Canards mandarins, 213, 694. — Cheptel de Faisans de Mongolie, 698. Mèxe (Édouard). Rapport au nom de lacommission des récompenses. (Cinquième section), LxIx. Mreronis (DE). Cheptel de Colombes Lophotes, 696. — Cheptel de Faisans Swinhoë, 698. Mizcer. Rapport au nom de la com- mission des récompenses. (Troi- sième section), LVIL. Mizcon. Cheptel de Canards manda- rins, 949. Mozrrer. Cheptel d'Oies de Guinée, 990. Moncraxp (E.). Éducation de Vers à soie en 1875, 668. Moreau. Cheptel de Lapins à four- rure, 918. — Cheptel de volaille, 551. — Parasite laryngien des Faisans, 639. Muezrer (Baron F. Von). Végétaux australiens à propager dans le midi de la France, 808. Naupin. (Ch.). Le Melon vert à rame par M. Bossin, 274. — Le Tagasaste des Canaries, 422. Ouxous (d’)}. Magnolias et Tulipiers cultivés à Saverdum (Ariége), 707. — Cheptel de Bambous, 553. PacquerTEau (Ch.). Cheptel de Faisans de Mongolie, 342, 698. — Cheptel de végétaux, 344, 699. 32 SÉRIE, T. 1. — Décembre 1875. 829 Partior (G.). La vigne à Malaga : cul- ture, les vins, les raisins secs, 641. PERRAUDIÈRE (J. DE La). Cheptel de Perruches ondulées, 147. PERRIER (Edmond). Un dangereux parasite des oiseaux de basse- cour, 986. PERRIGNY (Comte de). Cheptel de Ca- nards et de Faisans, 341. PERRONNE. Cheptel de Colombes Lo- photès, 696. — Cheptel de Faisans, 698. Picuot (Pierre-Amédée), La Faune domestique de l’ancienne Égypte, XXX VIII. Poxté. Cheptel de Canards carolins, 695. Poucet (Comte). Note sur le Kagou, 162” Puzzieny (Vicomte de). Rapport sur les Conifères cultivés au Ches- ney-sur-Ecos (Eure), 24. Qurnou. Cultures faites en 1874 au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne, 81. RaBuTÉ. Cheptel de Perruches on- dulées, 215. Racoxor. Note sur la teigne des Pom- mes de terre, 223. RaAmEL. L'Eucalyptus à Rome, 493. RanDox (le Maréchal). Culture du Ta- bac du coton et autres plantes exotiques en Algérie, 558. RAVERET- WATTEL. Procès-verbal de la 18° séance publique annuelle, XIX. Procès-verbaux des séances géné- rales des 8 et 22 janvier 1875, A4, 58. Procès-verbaux des séances géné- rales des 5 et 19 février 1875, 126, 136. Chasse aux Tortues dans l’'Améri- que du Sud, 151. Séances générales des 5 et 19 mars 1875. 186, 194. Séances générales, 2, 16 et 390 avril 1875, 237, 250, 264. Conséquences du déboisement, 273 Procès-verbaux du 14 et 28 mai 1875, 318, 331. Rapport annuel sur les travaux de la Société d’acclimatation en 1874, 361. 93 S26 11 juin 18795, 407. — Rapport sur les Mélipones, 732, — Procès-verbaux des 10 et 23 dé- cembre 1875, 767, 793. Ravisy. Pommes de terre cultivées au Vault-de-Lugny (Yonne), 701 RexarD (Ed.). Note sur une nouvelle espèce de Bambou et sur des ob- jets fabriquésavec ce végétal,153. — La Pêche et la Pisciculture dans l'extrême Orient, 281. Risax. Cheptel de volailles, 148, 340, 341, 694. RBEauD. Cheptel de Canards manda- rins, 949. — Cheptel de Faisans Swinhoë, 552, 699. RicarDp-BÉRANGER. Cheptel de Ca- . nards Ccarolins, 695. RimBaup. Les causes de la cherté du Poisson, 652. Rivière Eucalyptus globulus au point de vue de l'assainissement des régions malsaines, 150. — Un nouvel ennemi des Pommes de terre, 357. RopELLEc-pu-Porzic (E. de). Cheptel de Canards carolins et de Bam- bous, 216. RossiexoL. Cheptel de Faisans versi- colores 698. — Cheptel de végétaux, 700. ROULLIER-ARNOULT et ArnouLT. Notice sur les couveuses artificielles, 121 Rousse. Cheptel de Perruches, 553. Roy (G.). Cheptel de Faisans de Mon- golie, 698. Sacuor (Octave). Chronique d’Améri- que, 75, 424, 709. SAINT-LÉON BOYER FONFRÈDE. Cheptel de Kangurous, 146. SAINT-QUENTIN (DE). Cheptel de Perru- ches ondulées, 344. SAINTE-FARE (A. DE). Conservation des glands 554. Sarrus. Cheptel de Faisans Swinhoë, 313, 699. — Cheptel de Colins de Californie, 344, 697 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. “Raverer-Warrec. Séance générale du | SEMALLÉ (René de). Cheptel de Faisans | de mongolie, 551. : | SÉNÉQUIER. (cheptel deCanar ds caro- lins, 695. — Cheptel de Colombes Lophotès, 696. SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE LA (ÔTE- D'Or. Cheptel de végétaux, 149. SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE ET D’'ACCLIMA- TATION DU Var. Cheptel de Ca- vards Aylesbury, 549, 695, 551. SURIGNY (A. DE). Cheptel de Lépori- des, 340. Suxx (Jean) Éducation de Colins plu- mifères, 494. TExaIx. Cheptel de végétaux, 344, 345. — Cheptel de Léporides, 340, 548. Touzmon (DE). Cheptel de Faisans Swinhoë, 552. TRoOUETTE (Emile). Acclimatation des arbres à caoutchoucàla Réunion, 230. TRUBESSÉ (Baron A. de). Cheptel de Cygnes noirs, 342. TurREL et AUZENDE. L’A/fa dans le midi de la France, 314. TurreL. De la propagation de l’A/fa dans le midi de la France, 402. — La trève des filets trainants, 453. — Cheptels.— Voyez Société d’horti- culture et d’acclimatation du Var. — Essais d’acclimatation et expéri- mentations dans le Var, 565. VAzBEZEN (E. pe). De la culture du Thé, du Café et du Coton dans l’Inde anglaise, 555. VerLoT. Liste des plantes du Chili rares ou non encore introduites, 596. ’ VerNOUILLET (DE). Du Buffle dans les États romains, 358. Vipar. Animaux et plantes utiles du Japon, 433, 506. VizreNEUVE (Marquis de). Vin factice. Tsien-ià de Chine, 492. Vixsox. Acclimatation des arbres à quinquins, à la Réunion, 118. TABLE DES MATIÈRES DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ. Organisation pour l’année 1825. PareauetiConseil d'administration. 4 4... ee a d0 de Ÿ Délégués de la Société en France et à l’étranger................... vi COMBO DUuDICALION. Ms ee d'un RE lee slt cfa el o à vi PT un odes cheptel: une de ue RUE aol ot eus «te VII Fonmmisioniédicalez:-: 2 ".121pr mime ne cs dla ie de dé een en VII Commission permanente des récompenses .....................,. VIT Vingtième liste supplémentaire des Membres et des Sociétés affiliées et LSTÉT LEE QE VO PMR ER Er CDEE EN ERREURS VIN Rapport de la Commission de comptabilité sur l'exercice 1874, par MM. Eug. Durin et Fréd. JACQUEMART, rapporteur............... LXXIII DIX-HUITIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Procès-verbal de la dix-huitième séance publique annuelle, tenue Île 7 mai 1875, dans la salle du théâtre du Vaudeville............ XIX Prix extraordinaires encore à décerner. Généralités......... s 4 ri ans Hein de DSL ls ARS) SRE Prix perpétuel fondé par feue M€ GuÉRINEAU, née DELALANDE. xx1v Prix fondé par feu M. AGRON DE GERMIGNY........ KI SNL TAUTE Le XIV Première section. — Mammifères. »: BA MASER ET XXIV=XX VII Prix perpétuel fondé par joue Mme ia DuTRÔNE, mée GALOT... XXYV Deuxième section. — Oiseaux 4 ul ces uusdassssuescsosasee XENTI-XXX Troisième section. - .. sus usure ne ASE SEA HS EEE SN -72 XXX-XXXII Heptiles. een RE ARE aa AUSNEN AE 3H at RCA 6 à XXX Dose blansanebe jai su insg Es : ARE ra XXX Mollusques.. .......... PRES EE pat has as. er 2 AISNE CES ÉAPES En vu DS A Mate este has ant ti 15 268.28. ON 828 SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Onatéeme section. — Insbctes ee PA RO ER XXXII-XXXV Séricicultufe :.:1 222000 SES SEE RER XXXIII Prix fondé par, M. DROUYNDE LAUTS. er ce EE XXXIIL PTT LS LACS OP CO OT MU UT 5 - à > + 'XXAT Cinquième section.=—1Végétaux.£ 7. #45... REC XXXV-XXXVII Discours prononcés à la séance. Pierre Amédée Picaor. — La Faune domestique de l’ancienne Egypte. xxxvui Rapport sur les récompenses par MM. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, secrétaire général ........... nr RSR A. GINDRE-MALHERBE , rapporteur de la 47€ section......... LIL A. CRETTÉ DE PALLUEL, — De = Ne ARR LIV C. MILLET, — DE: nn RE LVil Maurice GIRARD, —— Re. = pie SES LXIV Édouard MÈXE, FE arts Dé Lee DRAM LXIX GÉNÉRALITÉS, À. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Rapport présenté aux actionnaires aunom du Conseil d'administration du Jardin d’acclimatation. Assemblée gé- nérole Qu A or TESTS RENE TL en de à 0e eee ELITE NE Oct. Sacor. — Chronique d'Amérique .................. 75, 424, 709 D' JEANNEL. — Expériences entreprises au Jardin du Luxembourg à l’effet de reconnaitre les effets de l’engrais chimique horticole. ..... 95 Correspondance des Membres chepteliers....... 146, 213, 340, 548, 693 RaGoxoT. — Note sur la leigne des pommes de terre... ..... 11" 223 Boispuva. — Nouvelle maladie des pommes de terre............... 272 DrouyN DE Lauys. — Notice biographique sur M. Antoine Passy...... 346 RIVIÈRE, — Un nouvel ennemi de la pomme de terre............... 397 C. RAvERET-WATTEL. — Rapport annuel sur les travaux de la Société d’acclimatation en" 18746 20 t ONE CHORR NS PSE CEE 361 Victor GERMAIN. — La Nouvelle-Calédonie au point de vue de l’acclima- tationarats PRE AC ETAT. EE, SRE TREATELINT SEUMMÉENNESSEE 377 Admission de S. M. le roi d'Espagne. Mt. GREC VAE SC RRRRRERE 422 D' Vipaz. — Animaux et plantes utiles du Japon.............. 433, 506 Marquis DE VILLENEUVE. — Vin factice Tsien-ia de Chine............ 492 Cheptels de la Société d’acclimatation. — Règlement et liste des Animaux et Végétaux qui pourront être donnés en cheptel aux membres de la Société en 1875-76... .......... PORT dede se à dus 1 CONNUE 497 Dr TurreL. — Essais d’acclimatation et expérimentations dans le Var... 565 Edmond PerriEr. — Un dangereux parasite des oiseaux de basse-cour.. 536 MOREAU. — Parasite laryngien des Faisans........................ 639 TABLE DES MATIÈRES. MAMMIFÈRES. DE VERNOUILLET. — Du Buffle dans les États romains............... OISEAUX. Achille FAUQUE. — Éducations d'oiseaux faites à la faisanderie de M. Gus- tave Andelle, à Épinac (Saône-et-Loire). ...................... Comte Pouçrer. — Note sur-lenKagout.. 42% ae ia a 0 DE GouBervize. — Le Dindon en France en 4859 ................ a Suvrk. — Education de Colins-plumiféres...:,5:....".2#.. 1102 Emile Crugy. — Maladie des pattes chez les Faisans vénérés......... Philippe DELAMAIN. — Educations de Perruches Palliceps ........... FÉRyY D’EscLanps. — Etude sur l’incubation artiäcielle...........,.. A. GEOFFROY-ST-HILAIRE. — Les hydro-incubateurs exploités industriel- lement Gama AL 38 .043%a20 alles mb ocre pene ni eue ii se E. RouLzier-ARNouLT et E,. ARNOULT. — Notice sur les couveuses artifi- MOES onoloh mABnS M io Chan al AA ertaeé de POISSONS, CRUSTACÉS, ANNÉLIDES, ETC. Raverer-WATTEL. — Chasse aux Tortues dans l'Amérique du Sud..... Edouard Renarp. — La pêche et la pisciculture dans l’Extrème-Orient. DeMunnaL— La:trève des, filets 'trainants.....:... 1.1.1... .... Rimsaup. — Les causes de la cherté du poisson.................... INSECTES. Christian Le Doux. — Dévidage des cocons des Aétacus............. Berce. — Notice sur les éducations d’un Bombycien séricigène métis des Ads Vantamanet POrTRUYO MONARAEL EE TRE Sr MMA EIRE F.-A. Bicor. — Éducations d'Atfacus Yama-maï, faites à Pontoise, en TE A So cms a EE RECRUE Fe PES LES AR SRE B EELIE LE RUE AS ECO ES Le même. — Éducation de métis d'Affacus Yama-mai et Pernyt, faites BE, Elo UE on PP RC LA LP RES CP SEP EL NUE CE Eu etes DE AmEzAGA. — Éducations d’Attacus Yama-maï faites en Kspagne pen- Wintiles campagnes de 1471-79273-700 nr 01301030 AU 7 Maurice GirARD, — Éducations faites à la magnanerie du Jardin d’accli- MAL OM CN LOT LU Ro a en SE nr UN ein ins nf LE Doux. —- Les Vers à soie du Chêne du Japon et de la Chine, dans LAN UZERONE RAD es demie ser end CMGNN GIBIER SN BonNEFoN. — Éducation de trois onces de graines de race milanaise jaune. Dühsatren de:la-Sauterelle d'Afrique: : 22220028 9 FINE. JE 21m Dr E. MoxGranD. — Educations de Vers à soie, faites à Saintes en 1875. Raveret-WATTEL. — Rapport sur les Mélipones.................... 829 L53 6952 17 “ 830 SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION. VÉGÉTAUX. Hémarre. — Note sur la maladie des Citronniers ................... Vicomte DE PuLLieny. — Rapport sur les Conifères cultivés au Chesnay- curés (Eure)é se 2m ns dencre: COUR + DECRERRE Boss. — Note sur le Physalis edulis et quelques autres espèces du onente senre.- 2486: «2.05... 40002-00080) 2804LE d. MENTER Baron P. DezLarp. — Culture du Tabac en Algérie................ Quisou. — Cultures faites en 4874, au Jardin d’acclimatation du Bois de POUIOSMP"E AU scott ee à SVONME AOL cote SR Dr Vixson. — Mémoire sur les essais d’acclimatation des arbres Quin- Œœuina, à la: Réunion! : 4293. 46/0 OR SRORAONRIE SES ARE Aug. RIVIÈRE. — L'Eucalyptus globulus au point de vue de l’assainisse- menfides résions mralsaines: EG LILI 20. SUITE Ed. RexarRD. — Note sur une nouvelle espèce de Bambou et sur des ob- jets fabriqués avec ce végétab2097, 25. JUJOEIE..h Ja4908 RNA TR Frère Girpas. — L'Eucalyptus dans la campagne de Rome........... | Émile Trougrte. — Acclimatation des arbres à caoutchouc, à la Réunion. RAVERET- WATTEL. — Conséquences du déboisement................ AUZENDE et TURREL. — L’Alfa dans le midi de la France...,......... TurREL. — De Ia propagation de l’Alfa dans le midi de la France. ..... Ch. Navubin. — Le’ Tagasate des Canartés #2. 2. SOU D 2 SMEMRNER Louis FATON. — Rapport sur le cheptel de végétaux de l’Institut national PÉRONOIS EL: LS er rdc DNS EUR CNRC RauEL. = L'Euvcalyptus à/Rome:.. 2... nt. 1 REVERS A. DE SAINTE-FARE. — Conservation des Glands.................... E. DE VALBEZEN. — De la culture du Thé, du Café et du Coton dans l'Indeiangiaisemaisie doissda of asbaunadacubaaotréé 4e Maréchal RAnDox. — Culture du Tabac, du Coton et autres plantes exo- tiques em: laémié à ab déce broder sise hate BE céapanhles à ef 5 ER VERLOT. — Liste des plantes du Chili rares ou non encore introduites. . G. PARTIOT. — La Vigne à Malaga; culture, les vins, les raisins secs... Ravisy. — Pommes de terre cultivées au Vault de Lugny (Yonne)... AUZENDE. — Sur la propagation de l’Alfa dans le midi de la France et sur sa récolte future... 21... SÉMS GRSRÉ E SSS RE A A. D'AVRAINVILLE. — Manière de conserver les graines de certains Pal- SPEED RE CIO ne © OO ac De à A ee ele D'Ounous. — Magnolias et Tulipiers cultivés à Saverdun (Ariége)...... Anonyme. 1l'Alpinig nutans. 24.064. 26 2 0e ei COR DELCHEVALERIE. — Notice sur quelques arbres fruitiers nouvellement introduits et acclimatés en Égypte ..... pen é Es 2 Laura RS SE ES Baron Vox Muezzer. — Végétaux australiens à propager dans le midi de la France free tite sanoddé bosse Miactae due ete 20 24 69 74 81 118 450 153 180 230 273 314 402 422 L64 493 094 555 558 996. 641 701 704 AU pi) 1 ME , * TABLE DES MATIÈRES. on EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX.Æ { é te 4 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. LD En n Séance du 8 janvier........ 44 | Séance du 16 1 122 janvier... 4 58 — 30 — DMENDIBRS 126 — di — 'LONIEVrIEL. 11.002: : 136 — 28 — D'OMATS.:/ Sr euume 186 — Al jui — OPA A ee 194 — 410 — DUR ee Te 237 — 24 Séance des 2 et 30 juillet... 415,475 | Séance du 1% octobre .:..... 627 ET AUD er ne 532 — 5 novembre ..... * 677, BIBLIOGRAPHIE. Mumersrel Vers à soie, par M. /Gobint..:...::...:,..4:..1.4:.. 1.2 ME PeMelon vertia rames, par M. Bossin. +... ....... 1 .)..)...1... CHEN" Aventures et chasses dans l’Extrème-Orient, par Thomas-Anquetil..... 275 Elevage des Abeilles par les procédés modernes. Pratique et théorie, par MPidetayens..:...:..:.,.... MAUR AAA ne RARES ATEN Mt EN RUE A DATI FI Le Phylloxera et les Vignes de l’avenir, par M. J. Guérin ........... 427 L’Eucalyptus, son introduction, sa culture, ses propriétés, usages, etc. PHediton: par M. Raveret-Wattel...:...0.:..1..,:...,402. 711 LITE LOIR PR OPERA ER EE RE RE RES RU PRES 132 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Le gerant : JULES GRISARD. PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 tr a? s 14 et 7 1H Us AL d PRE" CELL je Cr 13 re 1ag, te + dB ANS ‘HA AIREMNIRAMI AE RUSNITS TEA À \ © A NEVYy LA . \4 - MANN A VYEYVE YYVVLA CHAR Ÿ Ÿ y VW Y \ V4 UUUU JEUN M SUV V \ AM il | 1 ” VE | À dx PANIER PRE A ANUS " * \ » À # 4 ä; UV UGC d K W EU: PAU VN 4 N 2 || Q “ | | d : ; Ne; . | M A || ; ! à | > \ ; ; LANTA à } AT; 4 À À LAVAGE ANT IATR- d NC à (7 SA À + si L d : * K LA RSFRAMR LS L | à Lam VW. 1, ? A A4 ŸZ _- À 7 ‘ 2 D AU | a È ARRET A AIR w\ \ 2 NE S ee EL Ed à . w | af Di LCR C2 À je et (1.7 NAS are DE Ë 1e Le és 4 Ÿe et me = IS Ne V LA VIE HU I . { ALAIN : + \Y | # ÿ D ® LA | #7 Le | SAME 1 A DA tel È V UV WW “ AA Ÿ PAU, NW. LA SAV UNIVERS \ 4 M % V y ÿ LUE Ù VÜ + à A } : 2 F1 D. Œ TO À l / U Ç « Î 9 4 7} ” | à 7 k ‘ \ À y FA / ANT À à À [ ( WAVA air LA A à î \ Am 1 ! ñ 4 Re 7 ; “5 Ne ASIA AS NU , AAA TE û à “sk +. (LA #4, Q à L | 1 : " } RE { A À/\ AIS “| \ + h. "À à TA il à Ê 9e 7 10 RER | { et . “ ! : A ni \ ol à ui à ÿ CC? À À OLITAN Û | ds ta 4 4 ë bp | | ss, | 4 nee L fu ; it is” : Ah A |: | LE LAS EN à \ A cé « - - ré | y À PA KA w ù AY x NA 7. À Vi | Ad NV y A NA Wu ÿ Se v MAUR eut 1 7 u AA y Vy V D MIA PAT LA VE QU Ÿ Ë UE } hù UN: dr j VV V ; DAS OR CON Ed EU VON IENNCUEES VW TV: jy Î Vi 9 ; CA \ 4 1\ UV À” UUVY VV AV VV >: >>: DD 3 D : À V w. Ly 71) / | CUS 0 M MAUIU AVION À] Yv » LU NN MU EU mi è ty » 4 Pt Ÿ | 2 » _#l À) \) VE NY ARR ME VAT PSS à se 23 22 >> >. D DD PS5 DS 0 DD 22» > 3 2 Bo; 2D 23202 D 23» »>D 3> >» : D» >»5%5)) D>D > 2) - er }\ ] À AA A AI AS) N v V ÿ ÿ % V V VU V VIN VVUMY VW) VUVY (7 D = D DD 2 22 ( DID» 22 >. 395 x 2 F3 ÿ D», » > 22 >» V VV YJYVVVY NV V Ë “ D> » > | >> » 22 D >. wi SSTT e 5) DD» >>> _»>>» TERRES» 22 | es z LB55D»D D 227 » 22232» 2D23D>S$ | 3232 > DITES, 222P): D» 2222052 > DE SD ? AAA AAAAAI AA a PAR ARAAARL AR Ni >» > 2 D. DE 2 3: Dr DM DE >> D. DES SS à PILE 2 DD FD 2 » = a > | LL > a ” 2». » 2 D 2 DD D > 2» D 2 > : DD > D ASTUE DD» > DD» : »>. > 0 >> . RL ER : Do He Mais RAR A2 CÉARAAANA ANT : AAA a ANAPA AAA MAAPANA AAA an VAS AA A PET AR AAAMAA à ES AAA AA | ne ie da AAA ANA AAA a ARR AA TR AA IT D A0 SAAA AE À À AAA nn AAA AA AA AAA AA A AAAANA an f 248128 A PIS AAA AANANA À Nan 22 ri ANA AAA panne AAA AAA PARA a a PV Aañnans À ana s ÉÉAAAANTARAN MA AAA MA RE AAA nana RAR AE RS AAA AAA EMA AAA a A TE A ARE M EE CAEN AAA AANMN AE RES AAA NA AAN A LAN ATEN , ne Me FL Fn A AE AR ANA EY A ANANAANRE AAA en anaaan AMAR à RU RAA AAA LEA SEE , AAA TEA RAMANAAMAL Nana A nan FAAPAAN 5 > 3 & nf x 7 | AABRRA DT PA | 2222 eanne nan 27000 AARAAAARARARAANA AAA ne ANA ARR Re AR ANNE AN AMEL AS RP RUN PNEN Nat A NAN VE IPN EN LR Re LE EN OR PACA NAN a Aa À SN HER AAA n, A7 AAA AAA nn nf. l: AAA A A a à FA MAÉ ARAA A fa ei. Va. re. x M AAA AA; [IN | | A À 15 * : 44 Pam, AAA MA D AAA RC AR ARE VAR CRE ons ANA AAA Mn Ana ram A RAIN MATE ANA AAAAA AR: | AR F4 D. a a at OPA AA ASP | PC NA NN A A A * À AARARARL AA MSA: dei ANT UP MiLEf" NI AAA AT nr Te CU Ke. #5 PURE a A en ARE 0" Ain 3 || Ill ll mn ll | Il Il ll