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BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. YINGT-NEUVIÈME ANNÉE. — 2me SÉRIE, TOME X. BRUXEBLES . M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1860. BÜLLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — N° 6. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 2 juin 1860, M. Van BENEDEN, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Mar- tens, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, A. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B. du Bus, Gluge, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, membres ; Schwann, Lacordaire, Lamarle, associés; Maus, Gloese- ner, correspondants. 2% SÉRIE, TOME X. 1 (2) CORRESPONDANCE. =— M. Maury, directeur de l’observatoire de Washington el associé de l’Académie, adresse ses remerciments pour les publications destinées à l'établissement qu'il dirige. — M. Lartigue, capitaine de vaisseau, écrit à l’Acadé- mie en lui faisant hommage de son travail sur la théorie des vents et sur le système de circulation atmosphérique de M. Maury. — Remerciments. — M. le secrétaire perpétuel dépose deux ouvrages manuscrits qui lui ont été adressés, savoir : Sur un point de la théorie de la formule de Stirling, par M. Henri Limbourg, répétiteur d'analyse à l’École du génie civil de Liége. Sur une nouvelle fonction génératrice des fonctions symé- triques, par M. F. Meier, docteur en sciences à Liége. MM. Timmermans et Schaar ont été nommés commis- saires pour l’examen du premier mémoire, et MM. Timmer- mans et Lamarle pour le second. — M. Brasseur, membre de l’Académie, présente un ouvrage imprimé de sa composition, inlitulé : Programme du cours de géométrie descriptive. — Remerciments. — M. Florimond adresse de Louvain quelques remar- ques sur les orages qui se sont succédé pendant toute la journée du 28 mai et pendant une partie de la nuit : « Vers 4 heures surtout, dit-il, au milieu d’une rafale, il est tombé beaucoup de grésil mêlé de neige; mais la neige se dis- FE sipait avant d'atteindre le sol. Vers huit heures du soir, les coups de tonnerre étaient assez fréquents. » M. Ad. Quetelet, à qui la lettre cst adressée, dit que le même phénomène a été observé à Bruxelles. Il commu- nique une autre lettre de M. Montigny, correspondant de l'Académie, qui lui apprend que pendant lorage du 19 fé- vrier, qui à été si fatal aux églises du pays, la foudre a frappé le paratonnerre de l’église d'Heyst-op-den-Berg, vil- lage situé à 4 lieues de Malines, entre cette ville et He- renthals; il ajoute que l’on vit le fluide électrique des- cendre le long du paratonnerre sous forme de boule de feu, sans occasionner de dégât. Ainsi sur vingt-cinq églises qui ont été frappées de la foudre, les deux seules qui n'ont rien souffert élaient munies dé paratonnerres, — M. Melsens, ne pouvant assister à la séance, fait part qu'il se propose de constater par écrit les renseigne- . ments qu'il à communiqués précédemment à l’Académie sur quelques faits particuliers relaufs à la déflagration de la poudre à canon. Dans la séance du 31 mars dernier, la classe des sciences , satisfaisant à la demande qui avait été adressée par M. le Ministre de l’intérieur, lui soumit quatre ques- tions appartenant au domaine des sciences physiques et mathématiques et pouvant fournir la matière des concours extraordinaires décrétés en principe par arrêté royal du 26 janvier 1860. Un nouvel arrêté royal vient d'approuver et de ratifier les propositions de l’Académie; en voici la teneur : (4) & LEOPOGLD, roï DES BELGES, ETC. À tous présents et à venir, SALUT. » Vu l'arrêté royal du 10 décembre 1859, disposant que la somme de 5,000 francs affectée au prix quinquennal des . sciences physiques et mathématiques pour la période de 1854 à 1858, prix non décerné, sera appliquée à des con- cours extraordinaires ; » Vu les questions proposées par l’Académie royale de Belgique; Sur le rapport de Notre Ministre de l'intérieur, >» Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÉTONS : » ART. 1*. Un concours extraordinaire est ouvert pour chacune des quatre questions suivantes : Questions des sciences maîhématiques. PREMIÈRE QUESTION. » Généraliser le théorème de Sturm en l'élendant à un système de deux équaiions à deux inconnues. DEUXIÈME QUESTION. » Trouver et discuter l'intégrale de l'équation des lignes de courbure à la surface lieu géométrique des points dont la somme des distances, à deux droites qui se coupent, est constante. | Œusstions des sciences physiques. TROISIÈME QUESTION. > Déterminer, à l’aide d'expériences nouvelles, si une e (5) quantité donnée de travail mécanique peut développer con- stamment une méme quantité de chaleur, et réciproquement si une méme quantité de chaleur est susceptible de produire la même quantité de travail mécanique. QUATRIÈME QUESTION. » On demande si le principe de Joule est applicable aux effets de la poudre dans les bouches à feu. Dans la négative ou dans l'affirmative, déterminer les conditions des mouve- ments des gaz produits par la déflagration de la poudre dans l'âme des bouches à feu et, subsidiairement, dans d'autres circonstances. » ART. 2. Le prix du concours pour la première et la troisième question sera de quinze cents francs ; Le prix pour la deuxième et pour la quatrième sera de mille francs. » ART. 5. Les concurrents adresseront leurs ouvrages au Département de l’intérieur avant le 20 septembre 1862. » Art. 4. Le jugement du concours se fera conformé:- ment aux dispositions qui régissent les concours pour les prix quinquennaux établis par l'arrêté royal du 6 juillet 1851. | » Arr. 5. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté. » Donné à Laeken, le 51 mai 1860. » LÉOPOLD. » Par le Roi : » Le Ministre de l'Intérieur, » CHARLES ROGIER. » (6) RAPPORTS, Sur un nouveau système enregistreur des observations de tous les instruments méléorologiques; par M. Ch. Noël, de Paris. Happort de M. Dupir'ez, « Dans le travail présenté à l’Académie, M. Noël expose un procédé enregistreur des observations météorologiques à l’aide duquel on obtient sur une feuille de papier une courbe qui, une fois la feuille retirée de l'appareil, fait connaître, sans relevé, les observations qu’elle représente. Il choisit, pour appliquer son procédé aux variations de la pression atmosphérique, la disposition particulière em- ployée par M. Liais, dans son baromètre à maxima et à mi- nima; il fait voir que la même disposition peut être adoptée pour un thermomètre dont le réservoir et le tube ont des dimensions suffisamment grandes, et il applique également son système à l’'anémomètre de M. Du Moncel. Ce qui suit pourra donner une idée de l’enregistreur proposé par M. Noël. | Une feuille de papier, imprégnée d'azotate d’ammo- niaque décomposable par un courant électrique, se meut horizontalement d’un mouvement lent et régulier de ma- nière à parcourir un millimètre toutes les trois minutes; une plaque d'ivoire placée horizontalement au-dessus de la feuille de papier, dans une direction perpendiculaire au mouvement de cette dernière, porte une série de pointes de fer, toutes situées sur une même ligne droite, à des | (FE) distances d'un millimètre les unes des autres, et en nombre suffisant pour l'instrument météorologique dont on veut enregistrer les observations : cette plaque est solidement fixée et les pointes sont en contact avec le papier, en sorte qu'une quantité égale de papier passe sous ces pointes dans des temps égaux. Cela posé, et les observations ayant lieu toutes les trois minutes, si l’on imagine qu’à chacune d’elles un courant électrique passe dans lune des pointes, dans celle qui correspond à la position de l'instrument météorologique au moment de l'observation, l’action dé- composante de ce courant sur l’azotate d'ammoniaque mar- quera un point sur le papier, et comme il en sera de même pour toutes les observations successives, on obtiendra sur le papier une série de points placés à distances égales en abseisse et en ordonnée, points qui constitueront par leur ensemble une courbe dont on n'aura plus besoin de faire le relevé. | L’enregistreur de M. Noël est d’une application très- compliquée, lorsqu'il s’agit d’uf instrument météorolo- gique dont les variations ont quelque étendue. Ainsi, par exemple, pour enregisirer par son intermédiaire des dixièmes de millimètre du baromètre, il faut employer autant de pointes de fer en contact avec le papier impres- sionuable par le courant électrique, qu’il se produit de dixièmes de millimètre de variation dans la hauteur baro- métrique; or, comme on peut compler, dans nos climats, sur une variation annuelle de cinq à six centimètres de mercure, on voit que l’enregistrement de cette variation exiserait l'emploi de plusieurs centaines de pointes im- plantées dans la plaque d'ivoire. D'un autre côté, toutes ces pointes doivent communiquer par des fils conducteurs avec autant de divisions métalliques, marquées sur un (8) cercle d'ivoire, et dont chacune répond à une hauteur dé- terminée de la colonne du baromètre, et enfin divers systèmes d'engrenages sont mis en jeu à chaque observa- tion, soit pour faire passer ou arrêter le courant élec- trique, soit pour faire arriver le couteau tranchant d’une palette sur la division du cercle correspondante à la hau- teur que marque l'instrument. J'ignore si M. Noël a soumis le procédé enregistreur qu'il propose à l'épreuve de l'expérience, du moins il ne le dit point dans sa note d’une manière explicite. L’Aca- démie comprendra qu’en l'absence de résultats obtenus et comparés à ceux que fournissent les instruments météo- rologiques observés directement, je ne puis me prononcer sur le degré de précision dont le procédé en question est susceptible; je crois cependant que, par suite de la grande complication qu'il présente dans .ses applications, les erreurs d'observation seront bien supérieures à celles des appareils enregistreurs en usage dans les observatoires. Malgré cette opinion personnelle et l'absence de résultats, je voterais l'impression de la note dans le Bulletin de la séance, Si je n’élais retenu par une considération relative au grand nombre des figures, dont elle est accompagnée : ces figures occupent huit planches, et je ne vois pas que, dans l’état actuel du travail de l’auteur, on puisse les ré- duire à un plus petit nombre. » M. Quetelet, second commissaire, souscrit à ce rapport, qui est adopté par l’Académie, La classe décide que des remerciments seront adressés à l’auteur, et que le rapport de M. Duprez sera inséré dans le Bulletin de la séance. (9) — MM, Schaar, Timmermans et Gloescener font con- naître leur avis sur une notice de M. Zenger, intitulée : Recherches sur la vitesse de la lumière et sa dépendance de l’action des forces moléculaires. Après quelques remarques au sujet de ce travail, il est décidé que des remerciments seront adressés à l’auteur. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Synopsis des AGRIONINES, — 1"*° légion : PsEuDosTiGmA; par M. Edm. de Selys-Longchamps, membre de l’Académie. Je ne donne aujourd’hui que la première Division des Agrionines, comprenant les genres qui ne possèdent pas un vrai ptérostigma bien circonserit et d’une seule cellule. Dans cette division, très-peu nombreuse en espèces, représentant, sous le rapport du ptérostigma, la légion des Caloptéryx, cet organe est remplacé par un faux pté- rostigma mal circonserit, comprenant plusieurs cellules, comme chez les femelles des Calopteryx et des Nevrobasis, ou manque tout à fait, comme chez les Vestalis et la plu- part dês Hetærina. | Les Pseudostigmatées sont les géants des Agrionines, et même des Odonates; mais des géants très-grêles el très- peu robustes, comme d’ailleurs les autres groupes des Agrionines. Nous ne connaissons que douze espèces, tou- tes de l'Amérique tropicale, depuis le Mexique jusqu'au Brésil. (10 ) Linné n’en a décrit aucun; Fabricius et Drury en con- naissaient deux espèces, Rambur répartil ce groupe en trois genres, comprenant douze Mecistogaster, deux Micro- stigma et un Megaloprepus ; mais ces quinze espèces nomi- nales doivent être réduites à six. M. Hagen et moi avons ajouté deux Microstigma (AL. rotundatum , De Selys, et M. maculatum, Hag.), deux Mecistogaster proprement dits (M. astictus, Burm. MS. et M. modestus, De Selys) et deux Mecistogaster d’un sous- genre particulier ({ Pseudostigma aberrans, De Selys et Ps. accedens, De Selys). J'ai été, d’ailleurs, amené à ne con- sidérer les Microstigma de Rambur que comme un sous- genre de ses Xegaloprepus. Le coup d'œil entomologique du docteur Rambur est si perspicace, et les espèces d'Odonates qu'il a créées sont généralement si bonnes, qu'il est juste de dire comment, dans son genre WMecistogaster, il a fallu réduire à quatre ses douze espèces; cela provient de ce que M. Rambur n’a vu qu'un petit nombre d'individus appartenant à des âges et à des sexes différents, et que, dans ce genre, la colora- tion et même la forme du bout des ailes et du faux pté- rosligma varient considérablement sous ce double rap- port, au point que ce n'a pas élé sans peine que je suis parvenu à des résultats que je crois, du reste, positifs. J'ai l'espoir que mes diagnoses, assez courtes, suffiront pour faire reconnaître facilement les douze espèces que je connais. M. le D' Herm-A. Hagen (de Kœnigsberg) a bien voulu me communiquer les renseignements qu’il avait recueillis. Ce sera encore avec sa collaboration précieuse que j'abor- derai incessamment la Monographie des Agrionines. Si aujourd'hui je ne commence pas mon travail par (11) un tableau des diverses divisions des Agrionines, c'est que je ne suis pas encore décidé sur l’ordre le plus naturel dans lequel il convient de présenter les trente à quarante genres et sous-genres que je connais. SOUS-ORDRE DES ODONATES, Fa. + —— Fame 3m. — AGRIONIDÉES. œ— One SOUS FAMILLE — AGRIONINES. Toujours deux nervules antécubitales seulement. ( Ailes très- pétiolées; quadrilatè:e toujours d'une seule cellule) (1). Patrie : Cosmopolites. 4" Division. PSEUDOSTIGATÉES. Un faux ptérostigma, presque toujours traversé par des ner- vules, parfois nul (secteur inférieur du triangle toujours com- plet, aboutissant au bord postérieur au delà du milieu de l'aile). Taille énorme. Abdomen long ou très-long. Patrie : Amérique tropicale. (1) 11 existe une 5e nervule, mais tout à fait basale, et qu’on ne distin- gue qu'en y regardant de très-près, Les ailes sont relevées dans le repos, (12) 1e Légion. — PSEUDOSTIGMA. (Caractères de la 1'° division.) Genre 1. — MEGALOPREPUS, Ramur. Ailes larges, arrondies; quadrilatère à côté supérieur presque égal à l’inférieur ; secteur bref et secteur inférieur du triangle à ramificalions nombreuses, courbées vers le bord postérieur ; le secteur inférieur du triangle se terminant aux deux tiers de l'aile, en formant un espace postcostal d'un grand nombre de cellules en partie pentagones. Abdomen plus long que l'aile inférieure. Pieds courts à cils épineux. Les deux premiers articles des antennes épais, presque égaux, le 5° légèrement plus long que le 2°. o" Appendices anals courts, écartés, presque égaux, à peu près droits; les inférieurs plus épais que les supérieurs. Patrie : Amérique équatoriale. Sous-genre 1. — MEGALOPREPUS, Ras. LisezcLuca, Drury. Lesres, Westwood. Ailes très-larges, hyalines à leur sommet, traversées par une large bande noir-acier avant le ptérostigma, qui est épais, plus long que large, noir. Secteur supérieur du triangle bifurqué dans son tiers final. Le nodus placé à peu près au sixième de la longueur de l'aile. Patrie : Colombie, Mexique. excepté chez les vrais Lestes; les secteurs médian et sous-nodal naissent du principal, à peu près sous le nodus, et le nodal beaucoup plus loin que le nodus. Il n’y a d'exception que chez les vrais Lestes, où le médian et le sous- nodal naissent avant le nodus et le nodal un peu après le nodus, disposition analogue aux Caloptérygines ; enfin, dans mon genre Leptogaster , le sous- nodal prend naissance beaucoup plus loin que le nodus. L.. 4 (15) 4. MecALOPREPES CERULATES, Drury. Lisercuca cæruLATA, Drury. Lesres cxnuzara, Westwood. Abdomen 76-96", Aile inférieure 56-72mm, La bande noir-acier des ailes à double courbure en dedans, élargie à angle droit en dehors jusqu'au niveau du ptérostigma. Corps noir en dessus. Lèvre inférieure, une ligne humérale, côtés ct dessous du thorax et de l’abdomen jaunâtres, excepté une ligne médiane latérale au thorax. Pieds jaunâtres à fémurs noirs en dessus. œ Espace entre la bande acier et le bout de l’aile hyalin. Q Espace entre la bande acier et le ptérostigma laiteux opaque, le bout seul de l'aile hyalin. NB. Je ne suis pas certain si les races que je vais signaler doivent être conser- vées comme telles, ou si ce ne sont que de simples variétés individuelles. Peut- être aussi l’une ou l’autre constituent-elles des espèces distinctes. Race : M. CæruLaTus, Drury. Secteur nodal naissant aux deux tiers ou aux trois cinquièmes du chemin du nodus au ptérostigma, qui est 5-4 fois aussi long que lurge. La bande noir-acier commençant un peu après ou un peu avant le secteur nodal, aux deux tiers de la longueur de lPaile, et s’approchant très-près du ptérostigma (à 5-4 petites cellules près). Cette bande plus large que ehez les autres races , précédée en dedans d’un espace large, laiteux, mais non opaque (o"). Q Inconnue. Patrie : Nouvelle-Grenade, Bogota (Coll. Selys), Choco. (Collect. Hagen.) — Honduras, côte de Mosquitos. (Drury.) Un exemplaire plus petit, et de l'Amérique centrale, que j'avais d'abord nommé intermedius, ne parait en différer que par la bande acier, qui reste notablement éloignée du ptérostigma, et par l’absence de blanc laiteux en dedans de la bande (cc dernier caractère tient sans doute à ce que ce mâle est jeune.) Race : M. BrevisTiemA, De Selys. Secteur nodal naissant aux {rois cinquièmes du nodus ou ptérosti- (+) gma, qui est presque carré, ou le double aussi long que large. La bande acier commencant aux trois quarls de la longueur de l'aile, après le . secleur nodal, beaucoup plus étroite que chez les aulres races, et res- tant notablement éloignée du ptérostigma. Pas d'espace laiteux en de- dans de la bande. ©. o* Inconnue. Patrie : Bogota. (Collect. Selys, par M. Goudot.) — Nouvelle-Gre- nade, près de Las-Palmas. { Musée de Vicnne.) Race : M. LariPennis, De Selys. Secteur nodal naissant à mi-chemin (ou un peu après) du nodus ou ptérostigma, qui est 5-4 fois aussi long que large. La bande acier commencant aux deux tiers ou aux trois quarts de la longueur de l'aile, après le secteur nodal, et restant notablement éloignée du pté- rostigma. Pas d'espace laiteux en dedans de la bande. Ailes plus larges et plus arrondies que chez les deux autres races. & Q. Patrie : Mexique, par M. Sallé. — Guatémala, par M. Galeotti. — Colombic?? (Collect. Selys, Hagen.) Sous-genre 2. — MICROSTIGHA, Rame. Ailes larges, hyalines. Le sommet des supérieures (parfois aussi des inférieures) plus ou moins laiteux ou jaune opaque, à partir du ptérostigma, qui est très-pelit, ponctiforme ou nul. Secteur supérieur du triangle non bifurqué. Le nodus placé à peu près au cinquième de la longueur de l'aile. Patrie : Amérique méridionale équatoriale. NB. Les caracteres distinctifs que je connais se réduisent à peu pres à la taille, au plus ou moins de largeur des ailes , et à l'étendue de l’espace opaque qui ter- mine les ailes supérieures. M. Hagen y a ajouté la forme du bord postérieur du prothorax dans les deux sexes et la présence ou l'absence d’une raie noire sur la poitrine. Quant au ptérostigma noir, jaune ou nul, et à la coloration du bout des aïles inférieures, il ne me parait pas sûr d'en tirer des ca- ractères spécifiques. Je n’ai qu'une confiance limitée dans la fixité de la réticulation plus ou moins serrée du bout des ailes. (1 ) Les espèces connues ont le corps presque semblablement coloré, et les sexes ne diffèrent pas non plus sous ce rapport : Corps noir bronzé bleuâtre en dedans, jaune en dessous. Une raic humérale étroite jaune, ne touchant pas le bord antérieur. Une ligne noire complète médiane aux côtés du thorax. Pieds noirâtres ; tibias jaunes en dehors. Espace intercalaire jaunâtre. 2. MiCROSTIGMA ROTUNDATUM, De Selys. Abdomen 75-78. Aile inférieure 58-61. Taille grande. Aïles très-larges, arrondies. o‘ Ailes supérieures un peu salics au bout, à partir du dernier quart; leur sixième terminal très-finement réticulé, formant une tache jaune safrané bien circonscrite, arrondie en dedans. Sur le milieu du bord de cette tache, on distingue à peine le ptérostigma de même cou- leur, formé d'une douzaine des cellules un peu plus grandes. Aïles inférieures finement réticulées au bout, qui est enfumé; leur pté- rosligma noirâtre, occupant une ou deux ceilules. © Scemblable, mais le bout des ailes moins enfumeé et le ptérosti- gma des inférieures plus épais, brun noiràtre. Patrie : L'Amazone, par M. Bates. (Collect. Selys.) NB. M. Hagen a examiné un mâle (du Musée de Berlin) de même taille, et un autre plus petit, tous deux du Brésil , qu’il avait d’abord nommés JM. ustulatum, et qui sont , sous le rapport des couleurs, intermédiaires avec la race exustum , mais ayant la tache apicale des ailes supérieures comme le rotundatum type. Race : M. ExusTum, De Selys. Abdomen 85. Aile inférieure 65. o* Très-adulte. Taille très-grande, ailes très-larges, arrondies ; les supérieures passant au brun enfumé, à partir de leur dernier quart ; leur dernier huitième terminal très-finement réticulé, formant une tache jaune safrané vif, bien circonscrite, arrondie en dedans, sans ptérostigma. Ailes inférieures finement réticulées au bout, qui est en- fumé, avec un ptérostigma très-petit, noirâtre, de 2-5 cellules. Q Inconnue. Patrie : Le Pérou. (Collect. Selys.) C’est peut-être une espèce distincte du ro{undalum, dont il se s- (16) pare par la bande brune épaisse qui précède la tache terminale sa- france, le diamètre moindre de celle-ci en tous sens, et l'absence de ptérostigma aux mêmes ailes. Je n’ai pas une entière certitude pour la patrie. Race : M. Lunaruum, De Selys. Abdomen G4. Aile inférieure 48. o* Jeune. Taille petite. Ailes assez étroites, à peine salies, sans ptérostigma. Le septième terminal des supérieures à réticulation ex- cessivement fine, formant une tache jaune pâle, arrondie en dedans, bien circonserite. Q Inconnue. Patrie : Le Para? (Bates, Coll. Selys), le Brésil. (Mus. de Vienne.) C'est peut-être une espèce distincte du rotundalum , dont il se sc- pare par sa taille petite, ses ailes plus étroites et l'absence de pte- rostigma. 9. MICROSTIGMA ANOMALUM, Ramb. M. anowazum, Ramb., n°1, y. M. PRoxtmum, Ramb., n° 2, ©. Abdomen 72-81. Aile inférieure 52-57. Taille moyenne. Ailes assez larges, arrondies. o* Adulte. Aïles non salies ; les supérieures, n'ayant guere que leur neuvième terminal très-finement réticulé, formant une tache oblique en dedans bien circonscrite, jaunâtre terne, au milieu du bord su- périeur de laquelle on distingue le ptérostigma un peu roussâtre de 5-4 cellules. Les inférieures à ptérostigma brun noirâtre, de 3-4 cellules. o* Jeune. Le bout des ailes supérieures blanc jaunâtre. Ptérostigma de même couleur aux quatre ailes. @ Le bout des quatre ailes étroitement et obliquement blanc, marqué d'un ptérostigma brun noirâtre de 5-4 cellules; plus gros aux supérieures. Patrie : Le Para, Santarem sur l’'Amazone. (Bates), Cayenne. (Rambur, Collect. Selys et Muséum de Paris.) NB. I diffère bien du rotundatum par la forme oblique et étroite de l’espace ÉTAPE) terminal jaune ou blanc des ailes supérieures. La femelle s’en sepate, en outre, par la couleur foncée du ptérostigma et par la présence d’un ‘espace terminal blane aux quatre ailes: Enfin, c’est la seule espèce, selon M. Hagen, qui ait le bord postérieur du prothorax semblable dans les deux sexes. 4. MicrosriGMA MacuLarrm, Hagen. Abdomen 62-67. Aile inférieure 48-50. Taille petite. Ailes assez étroites, le bout des supérieures seules à réticulation {rès-fine. & Le bout des quatre ailes nox opaque. Ptérostigma très-petit, brun, d’une seule cellule. Q Le bout des supérieures élroilement et obliquement lailteux; ce- lui des inférieures, légèrement. Ptérostigma jaune, de plusieurs cellules (d’une seule chez un exemplaire d'Essequibo). Patrie : Cayenne (9 de la collect. Guérin}, Santarem sur l'Ama- zone (© par M. Bates), Guyane, à Essequibo (o*), Surinam (© par Cordua), (Collect. Selys et Hagen, Musée de Berlin ct de Copenhagen.) NB. Le mâle est jusqu'ici le seul dont le bout des ailes supérieures soit inco- lore et possede un ptérostigma noirâtre. Espèce lrès-distincte, ajoute M. Hagen par le bord postérieur du prothorax très-fendu : la ligne humérale jaune plus courte et plus fine; la bande noire latérale plus large; enfin, l'existence d’une ligne notre médiane au-dessous du thorax (ces deux caractères moins visibles chez la femelle). : La femelle d'Essequibo (Mus. de Berlin) est un peu plus forte que la nôtre de Santarem : elle a la taille de l’anomalum ; le bout des quatre ailes un peu plus largement blanc, et le plérostigma d’une seule cellule. Abdomen 67, Aile infé - rieure 53. . 9, — MECISTOGASTER, Rae. Ailes étroites ou médiocrement élargies. Ptérostigma rudi- mentaire ou variable. Quadrilatère à côté supérieur presque moilié plus court que l'inférieur. Les secteurs presque droits, non ramifiés (excepté parfois le bref à son extrémité). Le secteur inférieur du triangle aboutissant aux quatre cinquièmes de l'aile, en formant un espace postcostal d’un rang (rarement de deux) de cellules tétragones. Le nodus placé à peu près au quart de la longueur de l'aile. eo) “si 27° SÉRIE, TOME x. (18) Abdomen beaucoup plus long que l'aile inférieure, surtout chez les mâles. Pieds excessivement courts, à cils épineux. Les deux premiers articles des antennes épais, presque égaux, le 3° égalant les deux premiers réunis. os Appendices anals supérieurs assez grands, en crochets; les inférieurs très-pelils. Patrie : Amérique tropicale. Sous-genre 1. — PSEUDOSTIGMA , DE SELys. Ailes arrondies, modérément larges. Espace postcostal de deux rangs de cellules un peu après le niveau du nodus. Le secteur bref ramifié à son extrémité en un grand nombre de cellules pentagones. Thorax plus épais en avant que chez les Mecistogaster proprement dits. 9" Aïles hyalines, avec un ptérostigma foncé, de plusieurs rangs de cellules. Appendices anals supérieurs semi-cireulaires, com- primés, épais, non anguleux; le 10° segment peu échancré. © Le sommet des ailes jaune laïteux à partir de la place où serait le ptérostigma, qui n'est pas distinet. Patrie : Colombie, Mexique. 5. PSsEUDOSTIGMA ABERRAXS, Be Seiys. Abdomen 98. Aite inférieure 64. o* Inconnu. Q Ailes {rès-arrondies, un peu salies, l'extrémité formant (y com- pris le bout) un espace serin arrondi, à partir de la place du ptéro- stigma, indiqué par un petit vestige brun, qui se répète souvent dans l’espace qu'il surmonte. Noir acier en dessus, jaune verdâtre en dessous; une bande jaune au front, divisée en deux taches. Devant du thorax avec une ligne päle humérale externe vers le haut, interne vers le bas. Les côtés avec une ligne noire médiane complète. Pieds noirs; l'extérieur des tibias jaune verdâtre. Valves vulvaires très-denticulées au bout. Patrie : Véra-Cruz, Colombie? (Colleet. Selys.) 7? (19) 6. PSEUDOSTIGMA ACCEDENS , De Selys. Abdomen 06" 112, © 99 Aüle inférieure © 60, © 65. Noir acier en dessus, jaunàtre en dessous; un peu plus clair au front. Devant du thorax noir brun avec une double raie humérale Jaune obscur. Les côtés avec une raie brune médiane mal arrêtée, complète. Pieds noirâtres; lextérieur des tibias jaunâtre obseur. o* Ailes subarrondies hyalines, un peu salies, à ptérostigma brun noir, presque carré aux supérieures, où il occupe deux rangs super- posés de 4-5 cellules; celui des inférieures de 4 cellules marginales, avec un prolongement d’une cellule et demie en dessous. Le bout des ailes finement réticulé, un peu chatoyant. 10e segment pâle. Appen- dices anals brun foncé. (40 postcubitales aux supérieures, 55 aux inférieures.) Q Ailes arrondies, l'extrémité formant un espace jaune serin obli- que en dedans, à partir de la place où serait le ptérostigma, mais cet espace borné par la nervure médiane au bout extérieur de laile, qui reste incolore. Bande jaunâtre du front presque interrompue par du noirâtre. Valves vulvaires non visiblement denticulées. Patrie : Un mâle, du Mexique, communiqué par M. de Saussure. Les femelles de Véra-Cruz, par M. Sallé; une autre de Colombie? (Collect. Selys.) NB. Le mâle adulte a le ptérostigma des supérieures dans le genre du Mecist. Marehali, mais plus régulièrement doubie et carré long; celui des inférieures à peu près comme celui des supérieures du M. Lucretia. Ses ailes sont plus étroites que celles de la femelle , et leur réticulation est moins compliquée au bout. Il n’est pas tout à fait sûr qu’il appartienne à la même espèce. Sous-genre 2. — MECISTOGASTER, Ras. LiserLura , Drury. AGRION.. Fabr. Lestes, Westwood. Macrosoma, Leach, De Selÿs (olim). Ailes étroites, pointues, le sommet souvent laiteux ou jaunà- tre à partir de la place du ptérostigma, ou même brun. Espace postcostal d’un seul rang de cellules tétragones. Un seul rang (20) de cellules entre les secteurs bref et supérieur du triangle; thorax plus mince en avant que chez les Pseudostigma. og Appendices anals supérieurs semi-circulaires en crochets; le 10° segment notablement échancré. Patrie : Amérique tropicale. re groupe : (M. LINEARIS.) Ptérostigma confondu avec l’espace terminal, ou jaunâtre, ou brun noirâtre. og Bord des ailes inférieures non dilaté en dehors au pléro- stigma. Appendices anals supérieurs semi-circulaires, compri- més, non anguleux. 7. MECISTOGASTER ORNATUS, Ramb., n° 12. Abdomen 9° 78-91, Q 82. Aile inférieure o' 51-58, Q 58. Ailes un peu jaunâtres, l'extrémité formant un espace jaune sa- frané arrondi en dedans, à partir de la place où serait le ptérostigma (qui manque). Get espace safrané plus vif, et limbé de noir en dedans chez l'adulte. | Brun acier en dessus, jaunàtre pâle en dessous. Face et devant du vertex brun clair (du moins chez le jeune). Devant du thorax avec une large bande humérale jaunâtre ; les côtés sans ligne médiane fon- cée; une large bande médiane noire en dessous. Pieds brun foncé, l'extérieur des tibias brun jaunûtre. o* Appendices anals supérieurs un peu plus longs que le dernier segment, jaunâtres; le bout brun en dessus. Patrie : Mexique, Venezuela, Lima, Caracas, Surinam. (Musée de Paris, de Vienne, de Berlin. Collect. Selys et Hagen.) NB. Chez ces exemplaires types qui, du reste, varient beaucoup pour la taille , la partie opaque safranée occupe 4 rangs de cellules superposées, et sa partie terminale inférieure laiteuse occupe encore 2-3 rangs, finissant au secteur nodal ou même au sous-nodal. Race? — M. Lucruosrs, De Selys. Abdomen 78. Aile inférieure 51-55. La partie opaque de la tache est plus courte ct n'occupe que 5 (21) rangs de cellules superposées. Il en est de même de son extrémité moins opaque. Les ailes moins larges que chez le type (larges de 7'/, à 8wm à l’origine de la tache, tandis qu’elles ont 10wx chez le type.) . o* Très-adulle, — La tache terminale est, en dessous, d’un noir de charbon; son extrémité brun enfumé et transparente. En dessus, la partic noire est presque recouverte par un glacis exsudé gris verdâtre. o* Jeune. La tache terminale jaune safran des deux côtés aux su- périeures, blanc jaunâtre aux inférieures. Patrie : Le mâle adulte de Puerto-Capello, par Appun; le jeune de Surinam, par Cordua. (Collect. Hagen.) M. Hagen croit que ce ne sont que des variétés d’âges ou indivi- duelles de l’ornatus. Mio: 8. NMECISTOGASTER ASTICTuS, Burm., MS. Abdomen 59. Aile inférieure 45. ÿ Inconnu. Q Ailes modérément larges, un peu salies, surtout avant le bout ; l'extrémité formant un espace blanc pur, coupé obliquement en de- dans, à partir de la place où serait le ptérostigma, qui manque tout à fait. Bord postérieur se séparant de la nervure postcostale un peu plus loin que le niveau de l’arculus. Noirâtre acier en dessus; jaunâtre livide en dessous; face brun foncé avec un vestige noir au milieu du front. Vertex noirâtre. Deux petits traits roux sur les côtés du lobe médian du prothorax. Devant du thorax avec deux lignes humérales jaunâtres rapprochées, partant de sens opposé (l’intérieure touchant le bord antérieur et non les sinus, l’extérieure touchant les sinus et non le bas). Les côtés avec une raie médiane noire, interrompue avant le bas; une large bande médiane noire en dessous. Pieds noirâtres; l'extérieur des tibias ct la partie basale interne des fémurs jaune pâle. 9e et 10e segments sans taches latérales claires. Patrie : Brésil (Virmont), Mus. de Berlin et Mus. Britannique. NB. Differe des autres espèces par sa petite taille, le bout blanc des ailes sans plerostigma , et le point de séparation du bord postérieur à peu près comme chez le M. Harchali. (22) 9. MECISTOGASTER LINEARIS, Fab. AGRION LINEARIS, Fab. — TULLIA, Burm. Mecisrocasrer rinicerus , Ramb., n° 10 ( 5° adulte). _ siexaTus, Ramb., n° 9 (Q jeune). _— FLAvISTIGMA , Ramb., n° 11 (© jeune). Abdomen c* 116, © 83-93. Aile inférieure © 55-57, Q 52-69. Ailes un peu salies, l'extrémité formant presque toujours un es- pace semi-opaque oblique, un peu enfumé, à partir du ptérostigma qui est brun roussâtre oblong, et occupe aussi, mais moins longue- ment, la rangée qui est au-dessous de lui (parfois noirâtre en dedans aux secondes ailes). Noirâtre acier en dessus; jaunâtre pâle en dessous. Face brun foncé, avec un vestige noir au milieu du front, Vertex noir. Lobe médian du prothorax avec deux petites taches latérales jaunâtres. Devant dn thorax avec deux lignes jaunâtres humérales rapprochées, partant de sens opposé, l’intérieure touchant le bord antérieur et non les sinus, l'extérieure touchant les sinus et non le bas; les côtés avec une raie noire médiane complèle; une bande médiane noire au-dessous de la poitrine, qui est cerclée de noir. Pieds noir luisant; l'extérieur des tibias citron. Très-adulte. P'érostigma noir. Espace terminal hyalin (1). Semi-adulte. Ptérostigma jaunâtre; espace terminal laiteux sali. Jeune. Ailes incolores. Ptérostigma blane jaunâtre. Espace terminal laiteux. os Les trois derniers segments avec une tache latérale terminale péle, augmentant successivement de largeur. Appendices anals supé- rieurs comme tronqués obliquement au bout en dessus, brun foncé, noirs au bout en dessous, Q Meet 10€ segments sans taches latérales claires. Patrie : La Guyane(Para, Surinam, Amazone), Coll. Selys, Hagen. —- La Colombie? (Coll: Marchal, sous le nom de A. signatus, Ramb.). (1) La tullia de Burmeister est un exemplaire chez lequel le ptérostigma est déjà noir, mais qui a conservé l’espace terminal laiteux. (25) La description se rapporte très-bien au petit exemplaire, femelle jeune, de Santarem, envoyé par M. Bates. NB. L’exemplaire de la collection Banks à Londres, qui passe pour avoir ete éliqueté par Fabricius, est un mâle de cette espèce, à ptérostigma brun (semi- adulte). Les figures de Drury et de Sulzer, citées à l'appui dans l’Entomologia systemutica, sont au contraire la lucretia. Quant à la description de Fabricius, elle peut s'appliquer aux deux espèces. Si l’on devait prendre le linearis de Fa- bricius pour synonyme de lucretia (nom plus ancien), il faudrait adopter pour notre espèce linearis le nom de tullia, de Burmeister. 10. MECISTOGASTER MODESTUS, De Selys. Abdomen 75 Aile inférieure © 40-44, © 40. Ailes hyalines, à réticulation simple, même à leur extrémité. Pté- rostigma des ailes supérieures subtriangulaire, de 5 cellules, attei- gnant en dessous une ou deux cellules contre le secteur principal (comme dans le mâle du linearis); celui des inférieures de 4-6 cel- lules, oblong, d’un seul rang. o* Adulte. Réticulation et ptérostigma d’un noir brun. Corps noirâtre bronzé en dessus; jaunâtre pâle en dessous. Face jaune olivätre. L'épi- stome entouré et traversé de noir. Dessus de la Lête noir, avec un ves- tige de virqule pâle de chaque côté entre les antennes et les ocelles. Deux petites taches jaunâtres sur le lobe médian du prothorax. Devant du thorax avec deux lignes humérales jaunätres rapprochées, pas tout à fait complètes, partant de sens opposé; l’externe plus épaisse touchant les sinus et non le bas; l'interne touchant le bord antérieur, mais non les sinus. Les côtés avec une raie noire médiane complète. Poitrine noirätre. Pieds noirâtres. l'ibias bruns en dehors. (Appendices manquent.) o* Jeune. Réticulation des ailes brun clair ; celle du bout des ailes blanchâtre après le ptérostigma, qui est blanc. Les dessins jaunâtres du corps moins bien marqués. Poitrine cerclée de noir. Front traversé de noir. Q Ailes colorées comme celles du mâle jeune. Patrie : Le Mexique (Collcet. Selys). Cordova, Mexique (Collect. de Saussure), Musée de Paris. NB. Cette espece diffère des autres par sa petite taille et le bout des ailes, (24) dont la réticulation n’est .pas compliquée. Se sépare des deux espèces du groupe lucretia par le bord costal des secondes ailes du mâle non dilaté, des trois du groupe linearis par la taille combince avec la forme du ptérostigma bien circon- serit , les tibias bruns en dehors et l'origine du bord postérieur des ailes. Qme groupe : (M. LUCRETIA). Ptérostigma noirâtre (du moins chez les adultes). Bord des ailes inférieures formant une saillie arrondie vers le plérostigma. Appendices anals supérieurs en tenailles compri- mées, subitement coudés vers le bas avant leur extrémité. 11. MECISTOGASTER LUCRETIA, Drury. LiBELLULA LUCRETHA , Drury, Sulzer (jeune). Mecisrocasrer Lucreria, Ramb., n° 7 (jeune, d’après Drury). Acrion amazA, Burm. ( ç* adulte). -_— 1neanis, Oliv. (@* adulte). Mecisrocasrer Linearis , Ramb., n° 14 ( x adulte). — LEucosriGma, Ramb., n° 8 (© jeune.) — vireatus, Ramb., n° 4 (O° jeune). — FILIFORMIS , Ramb., n° 6 (Q adulte et jeune). — LUCRETIA , Burm. (Q ). Abdomen g' 120-195, © 100-107. Aile inférieure g 59-64, © 59-72. (Un mâle très-petit mesure: abdomen 110, aile inférieure 51.) Ailes légèrement jaunâtres. Ptérostigma assez court, semblable aux quatre ailes. Le bord postérieur des ailes naissant avant le niveau de l’arculus. a Noir bronzé en dessus, pâle en dessous. Face et dessus de la tête noirâtres avec une petile virgule roussâtre bien marquée de chaque côté entre les ocelles et les antennes. Deux grandes taches roussâtres ou verdâtres arrondies sur le lobe médian du prothorax. Devant du thorax avec deux lignes humérales jaunâtres très-rapprochées, par- tant de sens opposé (l’intéricure touchant le bord antérieur et non les sinus, l’extérieure touchant les sinus et non le bas); les côtés avec une bande épaisse d'un roux brun (noirâtre, rousse au milieu chez l'adulte) contre les lignes précédentes, et une raie médiane noir acier commencant en hant, mais interrompue avant les pieds, Dessous (25°) du thorax avec une large bande médiane noire, non cerclé de noir, Pieds brun noirâtre; l'extérieur des tibias jaune verdätre. o* Ptérostigma épais presque triangulaire, occupant 2-5 espaces superposés; celui des ailes inférieures à peine plus long, où, dans toute sa longueur, la côte fait une saillie subite arrondie, au bout de laquelle l'extrémité de l'aile est comme tronquée. Les trois derniers segments de l'abdomen jaunâtres de côté, finissant en une tache ter- minale qui, au derniér, forme un anneau complet. Bord du 10me seg- ment wn peu prolongé, échanéré au milieu. Appendices anals supé- rieurs Zvides, subitement coudés à angle droit vers le bas, après leur milieu; le bout de cette branche inférieure presque bifide. Une dent interne à la base des appendices. Adulte : Ptérostigma noir. Semi-adulte : Ptérostigma enfumé. Jeune : Le bout des ailes étroitement blanchâtre après le ptéro- stigma, qui est jaunâtre. © Ptérostigma carré long, n'occupant en hauteur qu'un rang de cellules. Très-adulle (de Bahia) : Ptérostigma noir, bout des ailes limpide. Dessins de la tête et du thorax verdâtres. Adulte : Piérostigma brun noirâtre, plus foncé aux ailes inférieu- res; le bout des aïles après lui enfumé. Semi-adulte : Ptérostigma enfumé, plus foncé en dedans. Le bout des ailes après lui étroitement enfumé. Jeune : Ptérostigma jaunâtre, le bout des ailes après lui étroite- ment laiteux, Patrie : Le Brésil (Collect. Selys, Hagen) ete., Bahia et San-Paulo. ( Collect. Hagen). 12. MecisrTocasrer MarchALI, Ramb., n° 2. Mecistocaster remiciccarus, Ramb., n° 5 (o'Q jeune), — riLuM, Ramb., n° 5 ( GO adulte). Abdomen g' 155, © 91-95. Aile inférieure 9° 59-62, © 54-62. Ailes incolores, leur extrémité à peine salie. Ptérostigma épais, noirâtre, occupant deux espaces superposés (du moins chez le mâle): (128) . beaucoup plus long aux ailes inférieures. Le bord postérieur des ailes ne naissant qu'après le niveau de l’arculus. Noir bleu en dessus, jaune verdàtre en dessous, Face et dessus de la tête noirâtres, sans taches, avec un vestige plus noir au milieu du front. Deux frès-petiles taches jaunâtres écartées sur le lobe mé- dian du prothorax. Devant du thorax avec une ligne humérale extérieure jaunâtre partant des sinus, mais ne touchant pas tout à fait le bas, et le commencement frès-court d'une ligne intérieure con- tre le bord antérieur, formant comme la suite de la première; les côtés avec unc raie médiane noire complète; une bande médiane noire à la poitrine, qui est cerclée de noir. Pieds noir luisant, l'extérieur des tibias jaune verdâtre. | o* Ptérostigma des ailes inférieures pointu en dedans, allongé ovale en dehors, où dans toute sa longueur la côte fait une saillie non subite. Les trois derniers segments terminés par un anneau päle ang- mentant successivement de largeur, et interrompu sur le dos aux 8e ct 9e segments. Le bord du 10: prolongé ct bilobé. Appendiecs anals supérieurs noirätres, coudés obliquement vers le bas après leur milieu, puis relevés au bout, qui est légèrement bifide. La base sans dent. Adulte : Ptérostigma des ailes supérieures brun; celui des infé- rieures noir. Q Ptérostigma carré long aux supérieures, encore plus long aux inférieures, où il n’occupe presque toujours qu'un rang de cellules. Adulte : Ptérostigma noir. Jeune : Le bout des ailes supérieures obliquement blane laiteux, sans ptérostigma : celui des inférieures hyalin, à ptérostigma enfumé; un anneau terminal clair aux 9e ct 10e segments. Patrie : La Guyane (Para, Surinam, Amazone, Essequibo) Coll. Selys, Hagen, Musée de Paris, etc. NB. Facile à distinguer de la lucrelia par sa poitrine cerelée de noir et l’ori- gine du bord postérieur des ailes. Évidemment le Marchali de M. Rambur ne diffère pas de son filum. Les différences mentionnées dans la description du félum n° 5 tiennent à ee que, par erreur , il dit avoir comparé ce dernier au n° 2 (Marchali), tandis qu'il est évident que la description du filum & Lui (21) est faite en comparaison avec le ne À (Zinearis, Ramb., qui est notre lucretiæ, Drury.) D'ailleurs Rambur n'a pas connu les appendices de son filum. — M. De Koninck rend verbalement compte des dé- couvertes d'ossements fossiles, faites dans les environs de Lierre; il promet de communiquer l'ensemble de ses re- cherches à l’Académie. (28) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4 juin 1860. M. GacHar», président de l’Académie. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron deGerlache, Grandgagnage, de Ram, Ad. Borgnet, De Decker, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, M.-N.-J. Leclereq, Polain, Baguet, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres ; Nolet de Brau- were van Sleeland, associés; Defacqz, Nève, Wauters, Blommaert, correspondants. G MM. Sauveur, De Koninck ét Alvin, membres des autres classes, assistent à la séance. 2 ———— CORRESPONDANCE. — MM. Guillaume, Félix Nève, Alph. Wauters et Blom- maert, remercient l’Académie pour pu nomination de correspondant. Des remerciments semblables sont adressés par MM. Le- lewel et G. Grote , de Londres, pour leur nomination d’as- sociés, (2) La classe apprend en même temps la perte qu'elle vient de faire par la mort de M. Philippe Le Bas, récemment admis au nombre de ses associés. — M.le Ministre de l’intérieur fait parvenir les ren- seignements recueillis, dans les provinces d'Anvers et de Liége, concernant les personnages historiques nés dans ces provinces. Ces renseignements seront transmis à la commission de la Biographie nationale. Une seconde lettre de M. le Ministre, en date du 2 juin, consulte la classe sur le projet de donner une traduction flamande de la Biographie nationale. Cette demande sera examinée ultérieurement. Il appelle, en même temps, l’attention sur la forma- tion d'une collection des grands écrivains du pays, avec traductions et notices, conformément à un arrêté royal du 1% décembre 1845, indiquant les grands travaux im- posés à l'Académie. « Rien n’a été fait Jusqu'ici, dit M. le Ministre, pour remettre au jour, d’une manière digne de l’Académie et du pays, les grands écrivains nalionaux ayant écrit en d'autres langues qu'en flamand; cependant la Bel- gique possède sous ce rapport des monuments littéraires d’une incontestable valeur, et elle s’est laissé devancer déjà par l'étranger pour plusieurs publications, dont elle aurait dû peut-être prendre l'initiative. Je citerai notam- ment les historiens du XV" siècle. Je vous prie, M. le secrétaire perpétuel, d'appeler sur cet objet l'attention spéciale de la Compagnie. Elle trouvera le Gouvernement très-disposé à la seconder par toutes les mesures se ratta- chant à l’accomplissement de cette partie de sa mission. » Différentes opinions sont émises à ce sujet. En réponse à une des objections soulevées, M. Kervyn de Lettenhove ( 90 ) explique qu'il ne saurait entrer dans les vues de l’Acadé- mie d'être l’éditeur d'ouvrages déjà connus; mais qu’il existe de précieux et nombreax documents littéraires inédits; il en inlique un certain nombre et insiste sur Putilité de l'œuvre projetée. M. Kervyn est invité par la classe à présenter, pour ka prrehaienis séance, un rappôrt sur le travail demandé. — Une dernière lettre de M. le Ministre fait connaître qu'une somme de 20,000 francs sera répartie entre les auteurs des meilleurs ouvrages en langue française ou fla- maude sur le développement matériel et moral de la Bel- gique depuis 1830. | — L'Académie royale d'Amsterdam et l’Institut des pro- vinces de France font parvenir les prospectus de leurs COneOurs. — M. J. Lelewel, associé de la classe, fait hommage des ouvrages suivants : Géographie du moyen âge, 4 volumes avec atlas : Pythéas de Marseille et la géographie de son temps. — Remerciments. —_— ——— PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1861. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire du système monétaire établi par les Car- lovingiens, jusqu'à la fin du règne de Charlemagne, tant sous le rapport de la valeur des monnaies que sous celui de leurs types. (5) DEUXIÈME QUESTION. Quelles sont les applications utiles et pratiques du prin- cipe de l'association pour l'amélioration du sort des classes ouvrières el indigentes ? TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'ordre des Templiers en Belgique. QUATRIÈME QUESTION. Faire un exposé historique de l’ancienne constilution brabançonne connue sous le nom de Joyeuse-Eutrée, en in- diquer les origines et en apprécier les principes. CINQUIÈME QUESTION. Tracer un tableau historique et politique des règnes de Jean IL et de Jean LEE, ducs de Brabant. SIXIÈME QUESTION. PRIX D'ÉLOQUENCE FRANÇAISE. — Apprécier Philippe de Commines comme écrivain el comme politique. Le prix, pour chacune de ces questions sera une médaille d'or dela valeur de six cents francs. Les mémoires devront être écrits lisiblement, rédigés en latin, en français où en flamand, et adressés, francs de port, à M. A. Quetclet, secrétaire perpétuel, avant le 1* février 1861. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les cita- lions, et demande, à cet effet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. On n'admettra que les planches manuscrites. (92) Les auteurs ne meltront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu’ils répéteront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse: faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne leur sera point accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soil, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, 1ls sont déposés dans les archives, comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire tirer des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secré- taire perpétuel. La classe inscrit, dès à présent, dans son programme de concours pour l'année 1862, la question suivante : Faire un mémoire historique et critique sur la vie et les ouvrages d'Aubert Le Mire (Aubertus Mirœus). CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR 1862. ——— Sur la proposition d'une personne qui désire garder l’e- nonyme, la classe des lettres a accepté d'inscrire dans son programme et de juger les mémoires qui lui seront adres- sés en réponse à la question suivante : Exposer l'origine belge des Carlovingiens. Discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. (35) Le prix institué pour cette question se compose d’un capital de six mille six cents francs, inscrit, au nom de l'Académie, au grand-livre de la dette publique belge à 21/2 p. °)o, et avec la jouissance des intérêts à partir du 1° juillet 1856. Les formalités à observer pour ce concours sont les mêmes que pour le concours ordinaire de PAcadémie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. —— Le Télémaque du XV” siècle, nouce par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Dans les dernières années du XVIT"”° siècle, un pieux archevêque de Cambrai, qui était en même temps l’un des écrivains les plus éloquents et l'un des politiques les plus éclairés de son époque , empruntait aux fables épiques de la Grèce un récit où de sages préceptes s’offraient sous une forme harmonieuse à un prince de dix-sept ans. Deux siècles plus tôt, un chevalier, qui avait, en par- courant divers pays, mérité le surnom d'adventureux, et qui remarque lui-même qu'il n’était ni clerc ni instruit en clergie, Georges Chastelain, traçait pour le fils du grand- duc de l'Occident, pour l'héritier d’une puissance supé- rieure à celle de bien des royaumes, d’autres maximes sur la science du gouvernement; mais, loin de renouveler les riantes fictions que semait le vieil Homère sur les rivages de l’Hellade, chers aux Muses, il avait choisi pour scène 27e SÉRIE, TOME X. 3 (34) de son poëme en prose ou de son roman, les sombres régions du Nord, voilées d'éternels frimas. Fénelon nous peint Télémaque rude, fier, se croyant su- périeur aux autres hommes, jugeant tout possible quand il fallait le contenter, et d’un naturel ardent qu'irritaient les moindres retardements (1). Si Télémaque est le petit-fils de Louis XIV, nous ajouterons qu'il avait à faire oublier à la France le règne d’un roi dont l’ambition et l’orgueil, dont les passions inconstantes n’avaient jamais connu de frein. Chastelain s'adresse également à l'héritier d'un prince avide de grandeur, enivré de pompes et de fêtes, abandonné « au souhait de ses yeux et au convoit de son cœur (2) », et ce comte de Charolais qu'il veut former par d’austères enseignements se montre aussi, par nature, chaud, bouil- Jant, dur et fier (5) : c’est Charles le Hardi que nous nom- mons parfois Charles le Téméraire. Si Fénelon , recherchant des caractères tout opposés et des influences toutes différentes, montre chez Adraste la puissance parvenue au dernier excès de l’autorité absolue comme le signe du renversement des rois et des royaumes, chez Minos, le respect des lois assurant le bonheur et la prospérité des peuples; si, malgré Louis XIV tout entier à la guerre, il dépeint la guerre comme une cause fatale de ruine et de destruction, il est intéressant de savoir comment Chastelain , au XV”* siècle, a osé s’exprimer sur ces graves questions qui touchent aux droits et aux de- voirs des princes (4). (1) Télémaque, livre XII. (2) Éloge du bon duc Philippe, édition Buchon, p. 507. (3) Éloge de Charles le Hardi vivant, édition Buchon, pp. 508-511. (4) Manuscrit n° 10976, à la bibliothèque de Bourgogne. Ce manuscrit (35 ) Un chevalier qui avait porté les armes en Livonie s’em- barque à Dantzig. Une tempête le jette non sur les côtes hospitalières d’une île habitée par une déesse, mais sur les récifs de Mastrant, et en abordant sur cette plage déserte, il se demande si c’est bien là la patrie de ces races con- quérantes qui visitèrent tant de pays et qui soumirent la Neustrie. Non loin de Mastrant s'élevait le célèbre prieuré de Saint-Olphe, vénéré dans toute la Norwége. Il s’y rend, y prie dévotement, et en se retirant, 1l aperçoit caché entre deux pierres un lambeau de parchemin couveri de carac- tères mystérieux. À son retour en Flandre, 1l rencontre un ami, sans doute quelque marchand de la hanse des Osterlings, qui lui traduit ce qui s’y trouve écrit, et voici ce qu'apprend alors notre chevalier : L’an 1251, après la mort du roi Ruthegheer, qui était preudhomme, cremu et redouté de tous ses voisins, le trône fut occupé par son fils Ollerich , « lequel estoit hardi aux armes et ot moult de » guerres en son temps, à l'occasion de son légier gouver- » nement volontaire, et travailla ses subjets en maintes » manières dont il estoit fort blasmé et reprins des » preudhommes. » Nous reconnaîtrions iei volontiers Phi- lippe le Bon et son fils le duc Charles; mais l’auteur, craignant peut-être que l’allusion ne soit trop évidente, a soin de nous apprendre que le jeune prince à instruire n’est pas Ollerich, mais le petit-fils de Ruthegheer. Cependant Ollerich touche à sa dernière heure. Un n'offre pas d'indication d’auteur; mais jai vu récemment à Paris, à la bibliothèque de l’Arsenal, un manuscrit du même ouvrage, qui porte sur le feuillet de garde une mention qui l’attribue à Chastelain. J’ai tout lieu de croire cette note exacte. — J’ai lu quelque part que le traité analysé dans cette notice a été imprimé à Paris en 1617; je ne connais pas cette édition, (36) vieux serviteur de son père, Foliant de Jonal, sort de la solitude où il s’est retiré et accourt pour consoler le prince mourant qui s'écrie : « OÔ Foliant , que ne t’ai-je écouté! » Du moins, Ollerich veut, par une expiation publique, con- damner les mauvais exemples qu'il a donnés. Il se fait porter dans la grand’salle du palais, y appelle les clercs, les nobles et les gens des bonnes villes et leur demande pardon de ses fautes, puis se tournant vers le sire de Jo- nal , 1l lui dit que l'ayant trouvé loyal et franc, éloigné de toute flatterie et de tout sentiment de convoitise, il l’ex- horte à écrire un livre de maximes, de préceptes, de con- seils dictés par la prudence et la raison : « Voyez, ajoute » Ollerich : j'avais trois royaumes; trente ou quarante » mille hommes n’attendaient pour m'obéir qu’un mot ou » un geste de ma main. Savez-vous ce que les rois empor- » tent de ce siècle pour le déposer aux pieds de Dieu? Le » bien qu'ils ont fait ici bas et pas autre chose. » Suit le recueil des maximes, et je crois que si Fénelon eût vécu au XV”° siècle ,il ne les eût pas désavouées. I] faut être juste, bon, clément, magnanime. Il faut protéger la chevalerie et en même temps écouter les états de ses pays, toutes les fois qu’il s’agit de prendre une résolution impor- tante. Il est surtout utile de se garder de l’orgueil « qui » vient de vaine gloire et de convoitise. » Est-il un fléau plus funeste que la guerre, source inépuisable de désordres et de dévastations? Et voici ce que Chastelain ajoute dans quelques lignes sur lesquelles je ne saurais assez appeler l'attention : « Les chemins par où l’on vient en guerre » sont légiers à trouver, et y esl-on tost venu; mais les » voies et issues par où il en fault saillir en sont dan- » gereuses el difficiles et souvent plus trenchans que » rasor. » (57) Que l'en veuille bien se souvenir que Chastelain éeri- vait sous Philippe le Bon ce livre destiné à l'éducation de - Charles le Hardi et qu’il mourut trois ans avant la bataille de Nancy : l’on reconnaitra qu’il a deviné avec une pre- science admirable la fin de ce prince volontaire, si con- traire aux représentations de ses états, qui s’engagea si légèrement dans de longues guerres et qui en trouva l'issue si difficile jusqu’à ce qu’un dernier désastre tran- chât, comme le rasoir, sa fortune et sa vie. Chastelain explique ailleurs le jugement aussi éloquent qu'impartial qu'il a porté sur Philippe le Bon et sur Charles le Hardi : « J'ai appris du père par longue nour- » riture, et du fils par inspection secrète et bien pro- » fonde. » SE © É. CLASSE DES BEAUX-ARTS. > —— Séance du 31 mai 1860. M. Baro, directeur. M. An. QuerELerT, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, F. Fétis, Navez, Jos. Geefs, Snel, Éd. Fétis, De Busscher, membres. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur communique une lettre de M. le gouverneur de la province de Liége relative aux per- sonnages historiques de cette province dont le souvenir mérite d’être consacré par des inscriptions publiques. Cette lettre et les pièces qui y sont annexées seront re- mises à la commission pour la Biographie nationale, dès qu'elle sera définitivement constituée. — Le conseil de fabrique de l’église du Sablon fait con- naître qu'il a vu avec intérêt que la classe des beaux-arts s’est préoccupée, dès le principe, de la découverte des anciennes peintures murales qui ornaient le chœur de l'éghise, et que plusieurs de ses membres se sont même donné la peine de venir examiner ce qui avait été décou- (39) vert; mais ils ont pu s'assurer, dit le conseil, que cette visite était prématurée, aussi n’ont-ils pu se faire aucune idée de l'importance des objets d’art qui avaient justement attiré leur attention. « Encouragés par la sollicitude qu'inspiraient ces restes précieux, nous avons confié à un artiste intelligent le soin d'enlever successivement et avec précaution le badigeon sous lequel avaient disparu ces peintures : 1l les a ensuite calquées avec soin, et, après avoir transporté ses calques sur papier-carton, il est occupé en ce moment à parfaire le fac-simile de tout ce qu'il a pu retrouver et reproduire. Son travail avance à vue d'œil. Déjà les six grandes figures du côté gauche sont terminées, et il serait utile que la classe, appréciant le sacrifice élevé auquel s’est dé- cidée la fabrique, dans l'intérêt de l’art, daignàt charger une commission de venir faire une deuxième visite, à l'effet de prendre connaissance du travail en exécution. » MM. Navez, Suys, Alvin, Éd. Fétis et De Busscher sont nommés commissaires et chargés de satisfaire au vœu exprimé par le conseil de fabrique. CONCOURS DE 1860. M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu’il n’a reçu encore aucun mémoire, et il rappelle que le 31 mai est le jour fatai pour la remise des pièces destinées à concourir. La classe décide qu’elle arrêtera, dans sa prochaine réu- nion , le programme de son concours pour l’année 1861. ( 40 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. La classe décide qu’elle nommera, dans sa prochaine séance, les cinq membres chargés de la représenter dans la commission de la Biographie nationale. — Îl est résolu que le rapport de M. Alvin, distribué aux membres de Académie, dans la dernière séance générale, et relatif à la propriété des manuserits adressés à ce corps savant, sera inséré dans le Bulletin, afin qu’on puisse l’exa- miner en 1861, lors de la réunion des trois classes. — M. F. Fétis à ensuite donné lecture d’un fragment de l’Introduction de son Histoire de la musique, destinée à faire partie du grand ouvrage que ce savant va publier à Paris. | OUVRAGES PRÉSENTÉS. OEuvres complètes de À. Baron, mélanges en prose el en vers, tome IV et V. Bruxelles, 1860; 2 vol. in-12. OEuvres en vers; par Ad. Mathieu. Bruxelles, 3 vol. in-12. Liste chronologique des édits et ordonnances de la principauté de Liége, de 1507 à 1684. Bruxelles, 1860 ; in-8°. Catalogue des accroissements de la bibliothèque du dépôt de la guerre. Deuxième partie. Bruxelles, 1860; gr. in-8°. Commentaires de Bernardino de Mendoca sur les événements ( 44) de la querre des Pays-Bas, 4567-1577; traduction nouvelle par Loumyer, avec notice et annotations par le colonel Guil- laume. Tome 1°. Bruxelles, 4860 ; 1 vol. in-8&°. | Inventaire analytique et chronologique des chartes et documents appartenant aux archives de la ville d'Ypres; publié par J. L. A. Diegerick, tome V°. Bruges, 1860; 1 vol. in-8°. Interprétation d'un tricus mérovingien du pays des Aulerques, frappé à la fin du VIT"e ou au commencement du VIli® siècle ; par A. Namur. Bruxelles, 1860; in-8°. Essai de tablettes liégeoises ; par Alb. d'Otreppe de Bouvette, 32e livre. Liége, 1860; 1 broch. in-12. Analyse bibliographique de l'ouvrage : Beiträg zur Therapie der Ruckgyratsverkrunmungen von Dr. Axel Sigfrid Ulrich; zweite vermehrte und verbesserte Auflage; par le docteur Henri de Ceuleneer Van Bouwel. Anvers, 1860; 1 broch. in-8°. Annales des travaux publies de Belgique, tome XVT, 2"° et 3e cahiers. Bruxelles, 1860 ; in-8°. Revue populaire des sciences, HE° année, n° 4 à 6. Bruxelles, 1860; 5 broch. in-8°. Journal de l'imprimerie et de la librairie en Belgique, VI®® année, titre et tables. Bruxelles, 1859 ; in-8°. Revue de l'instruction publique en Belgique, VIe année, n° 4 à 6. Bruges, 1860; 3 broch. in-8°. Journal des beaux-arts, XII"° année, n°% 141 à 12. Anvers, 1860; 2 feuilles in-4°. Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, HV: année, 2% livr. Liége, 1860; in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXVIF, livr. 4 à 3. Liége, 1860; 3 broch. in-8°. | L'illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, Vire vol., 4% à 6e livre. Gand, 1860; 35 broch. in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, 18° année, XXX®° vol., avril à juin. Bruxelles, 1860; 3 cahiers in-8°. DM SÉRIE, TOME X. 1 (42) Archives belges de médecine militaire, XW°®° année, 4° à 6m< eahiers. Bruxelles, 1860 ; 3 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, IX"®®° année, 47° à 6° ça- hiers. Bruxelles, 1860 ; 3 broch. in-8°. Annales d'oculistique, XXU1"° année, 47° à 6° liv., avril à juin. Bruxelles, 4860; 2 broch. in-8°. = La presse médicale belge, XWH®° année, n°° 14 à 28. Bruxelles, 1860 ; 15 feuilles in-4°. Annales de la Société de médecine d'Anvers, XX["° année, livraisons d'avril à juin. Anvers, 1860; 5 broch. in-8°. Journal de pharmacie d'Anvers, XVI®® année, avril à juin. Anvers, 1860 ; 3 broch. in-8°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges , XXI”® année , janvier à avril 1860 ; Bruges, 3 broch. in-8°. Over de Kleuren van gemengde plaatsjes (mixed plates van Young); door V.S. M. Van der Willigen. Amsterdam, 1 broch. in-8. Over electrische ontlading in het luchtledige, door V.S. M. Van der Willigen, Z. Amsterdam ; 1 broch. in-8°. Natuurkundige tijdschrift voor nederlandsche indië ; uitgege- ven door de natuurkundige vereeniging in nederlansche indié, onder hoofdredaktie van D" P. Bleeker, deel XX. Batavia, 1859 : 4 vol. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels, tome L, n°° 14 à 26. Table du tome XLIX. Paris, 1860 ; 44 broch. in-8°. Revue de l'art chrétien, IV®° année, n° 4 à 6, avril à juin. Paris, 1860 ;.5 broch. in-8°. Etude iconographique sur l'arbre de Jessé; par M. l'abbé I. Corblet. Paris, 14860 ; in-8°. L'homme fossile; par M. Léopold Giraud. Paris, 4860; in-8°. Nouvelle élude sur la végétation, la culture et la maladie des pommes de terre : n° 17, les pommes de terres dites femelles ; par M. Victor Chatel (de Vire). Caen, 1860; in-5°. ES (45 ) Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. t. VI, n° 45 et 46. Lausanne, 1859-1860; 2 cahiers in-S°. Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstalt, 4860, n° 4 à 6. Gotha; 3 broch. in-4°. Kôniglichen Gesellschaft der Wissenschafien zu Gôüttingen : — Abhandlungen, VI'* Band; — Gelehrte Anzeigen, 1859; — Nachrichten vom jahre 1859, n° 1-20. Gôttingen, 1859; 4 vol: in-4°. et 4 vol. pet. in-8°. Archiv der Mathematik und Physik; herausgegeben von J. A. Grunert, XXXIV:te theil, 1-5 Heftes. Greifswald , 1859 ; 3 broch. in-8°. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandie Fächer, Band XII, Heft 1-5. Heidelberg, 1860 ; 5 broch. in-&. Grundsätsse der Finanzwissenschaft; von D' Karl Heinrich Rau, Il‘ Abtheïlung, 4" vermehrte und verbesserte Ausgabe. Leipzig, 1860; 1 vol. in-8°. Tübinger Universitatschrifien aus dem Jahre 1859. Tubin- gue, 4860; 1 vol. in-4°. Thèses inaugurales. Tubingue, 1859; 9 broch. in-8°. VI Zuwachsverzeichnis des kôniglichen Universitätsbiblio- thest zu Tübingen, 1858-1859.1 vol. in-4°. Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften zu Wien : — ma- thematisch-naturwissenschaflliche Classe : — Denkschriften, XVI band; 4 vol. in-4°. — Sitzungsberichte, XXV -XXIX bandes, 1859, n° 10-28, 1860, n° 1-5; 24 hroch. in-S°. — Register zu den bänden 21 bis 30, IH, 4 broch. in-8°. — Phi- losophisch-historische Classe : — XXX band, heft 2-3 — XXIH band , heft 1. 1829, n°5 2-10, 1860, n° 1, 9 broch. in-8°. — Re- gister zu den bänden 24 bis 30, 1 broch. in-8°. — Archiv für Künde üsterreichischer Geschits-Quellen, XXI band, 2% halfte bis XXIIE band. 5 broch. in-$8°. — Fontes rerum austriacarun, XVI band, 2! abth., XVII band, 2!° abth. 2 vol. in-8°. — Noti- zenblait, 1859, 1 vol. in-8°. — Almanach, 1459; 1 vol in-12. Jahrbücher der K. K. Central-Anstalt für Meteorologie und (44) Erdmagnetismus ; von Karl Kreil, VE band, jharg. 4834. Vienne, 4859; 1 vol. in-4°. Atlas der hautkrankheiten; Text von prof. D' Ferdinand He- bra; bilder von D" Anton Elfinger, 3 Lieferung. Vienne, 1859; in-plano. Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsanstalt, X Jabhrg., n°3. Vienne, 1859; gr. in-6°. Beitrag zum Verständniss der Liber census daniae; von C. Schirrer. Saint-Péiersbourg, 1859; in-4°. Das vaterunser der Heruler, als plagiat erwiesen; von C. Schirren. Saint-Pétersbourg, 1858 ; 1 broch. in-8°. ERRATA Pour la Notice de M. Scohy, tome IX, 27: série, Bulletin le mai 186). Page 452, ligne ir, au lieu de : Elephas fossilis, lisez Elaphus fossilis. Page 455, lisez l'explication des figures dans l’ordre suivaui : Fig. . Surface de... Muevde.ce . Fragment d'os... . Même piece... æ O1 10 Dans l'inscription de la planche qui accompagne la même notice, au lieu de : fassilis, lisez fossilis. | BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 7. — — CLASSE DES SCIENCES. Séance du 7 juillet 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Timmermans, Wesmael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, A. De Vaux, Edm. de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Poelman, d'Ude- kem, membres ; Ernest Quetelet, Gloesener, Montigny, correspondants. M. Guillaume, correspondant de la classe des lettres, as- siste à la séance. DCESERIR, TOME X.. D ( 46 ) CORRESPONDANCE. — L'Académie royale des sciences de Turin et la So- ciété hollandaise des sciences de Harlem, transmettent le programme de leur prochain concours. — M. le docteur B. Schnepp, secrétaire de l’Insutut égyptien, nouvellement établi à Alexandrie, remercie l’Académie pour l'envoi de ses publications. Des remerciments semblables sont adressés par la So- ciété royale de Londres et par l’Amirauté d'Angleterre. — M. Florimond écrit que, le 9 juin dernier, vers 10 1/2 heures du maun, il a vu, à Louvain, un brillant halo so- laire. « Je ne sais , dit-il, l’heure à laquelle il a commencé à être visible, mais à 10 h. °:, il s’est affaibli graduelle- ment, et vers 11 heures, 1l avait complétement disparu. L’extérieur paraissait d'un blanc éclatant, le milieu était jaune foncé ei l'intérieur me semblait être bleuâtre. J'ai mesuré de mon mieux le diamètre moyen de l’auréole; je l'ai trouvé de 49° à peu près. » — M. F. Van Raemsdonek fail parvenir deux notices sur des débris d'animaux fossiles trouvés dans le crag et l’argile de la chaussée de Saint-Nicolas à Belcele. (Commis- . saires : MM. Van Beneden, De Koninck et Nyst.) (#1) NOMINATIONS. La classe s'occupe de l'élection des cinq membres qui doivent faire partie de la commission chargée de la publi- cation de la Biographie nationale : la majorité des suffrages désigne MM. Kickx, Stas, Ad. Quetelet, Van Beneden et d'Omalius, pour représenter la classe des sciences dans la commission dont 1l s'agit. RAPPORTS. Recherches sur la capillarité; par M. Bède. Etcapport de FE. Piateuu. « Dans la partie précédente, M. Bède s'était spéciale- ment occupé des phénomènes de dépression ; dans la par- lie actuelle, 1} traite les phénomènes d’ascension. Il diseute d’abord , avec un soin particulier, la méthode expérimentale par laquelle Simon de Metz à cherché à étudier, dans des limites très-étendues, la loi qui lie l’as- cension de l’eau au diamètre du tube. H répète et varie ces expériences, et arrive à la conclusion que, pour des tubes dont le diamètre est compris entre 0"",4 et 0"",04, ct avec des précautions qu'il indique, le procédé dont il s’agit peut donner des résultats assez exacts; mais que, même entre ces limites, Le procédé ordinaire, savoir la mesure (48 ) directe de l'élévation du liquide prise au moyen du cathé- tomètre, doit être préféré comme plus simple. L'auteur décrit en même temps une série d'expériences qu'il a en- treprises pour examiner quelle influence pouvaient avoir la nature du gaz qui surmonte la colonne capillaire, l'état hygrométrique de ce gaz, et enfin sa pression, celle qui agit sur le liquide extérieur étant, bien entendu, de même intensité; il trouve qu'aucune de ces circonstances ne modifie d’une manière sensible la hauteur de la co- lonne. Dans mon rapport sur le premier mémoire de M. Bède (1), j'avais émis cette opinion, que la différence observée par Simon d’abord , puis par M. Bède lui-même, entre les ré- sultats de l'expérience et la loi théorique à l'égard de l’as- cension de l’eau dans des tubes très-étroits, provenait de la mince couche de liquide adhérente à la surface inté- rieure du tube au-dessus de Ja colonne. Dans son travail actuel, M. Bède a fait une suite d'expériences ingénieuses pour tàcher de déterminer l'épaisseur de cette couche mouillante; 1l a opéré sur différents liquides, et il est ar- rivé à ces résultats inattendus : 1° la couche mouillante en question ne persiste pas, elle disparaît après un temps plus ou moins long, tantôt par évaporation, tantôt en se réunissant au liquide de la colonne; 2° au commencement de l’expérience, lorsque la couche mouillante vient d’être formée, son épaisseur moyenne est d'autant moindre que le rayon du tube est plus petit, et cette épaisseur décroît plus rapidement que le rayon du tube. D'après cela, comme l’auteur le fait remarquer, 1l devient très-probable (1) Bullet. de l'Acad., 1859, 1. XIX, 2° part., p. 470. (49) que ce n’est point dans la présence d’une couche mouil- lante qu’il faut chercher la cause de la différence rappelée ci-dessus. M. Bède expose ensuite les résultats de ses nouvelles expériences sur l'élévation des liquides dans des tubes de verre. Il a opéré sur 29 liquides, et avec un grand nom- bre de tubes de différents diamètres, depuis 0"",1 jusqu’à 20°". Voici les principales conclusions qu'il déduit de cet ensemble : 4° L’élévation des liquides dans les tubes mouillés at- teint la même valeur, qu'elle se produise par un simple mouvement ascendant ou après un mouvement descendant dans le tube. 2° La nature et l’épaisseur des parois du tube n’influent pas sur l'élévation de la plupart des liquides. Parmi les 29 observés, l’eau et l'acide sulfurique sont les seuls qui fassent exception; les inégalités sont du même ordre et dans le mémesens qu'à l'égard du mercure, et peuvent être attribuées aux mêmes causes : en effet, les deux liquides dont il s’agit mouillant assez difficilement le verre, des influences légères, surtout des différences dans la nature des parois intérieures, peuvent, comme pour le mercure, altérer l’angle de contact. 5° Le produit du rayon du tube par la hauteur de la colénne augmenté du tiers de ce rayon, commence à être sensiblement constant à partir d’un diamètre maximum de 2", et la constance se maintient jusqu’à la limite infé- rieure des diamètres employés dans ces expériences, soit ve ,1. En effet, les écarts se montrent partout irrégulièrement distribués, et, sauf pour l’eau et l'acide sulfurique, sont assez petits pour pouvoir être attribués aux erreurs inhé- (50 ) rentes à ce genre d'observations. Je citerai ici, comme exemple, l’une des séries les plus nombreuses dont toutes les mesures aient été prises à la même température (14°,4 centigr.), savoir la série qui se rapporte à l'essence de té- rébenthine : les observations, qui s'étendent depuis un dia- mètre de 1"°,824 jusqu'à un diamètre de 0"",094, sont au nombre de huit; ia moyenne des produits est 6,24, et celui qui s'en écarte le plus est 6,05; la différence 0,21 n'est qu'environ les trois centièmes de la moyenne. M. Bède rapporte, après cela, quelques expériences in- directes qui sembleraient conduire, pour certains liquides, à cette conséquence que la loi du rapport inverse de l’élé- vation au diamètre cesse d’être satisfaite pour des diamè- tres au-dessous de 0"",1 ; du reste, il exprime lui-même des doutes à l'égard de ces résultats. 4° Quant aux tubes larges, M. Bèrle a soumis à l'épreuve de l'expérience la loi théorique générale en vertu de la- quelle le volume liquide soulevé serait proportionnel an contour de la section du tube. Pour l’eau, cette loi ne s’est nullement vérifiée; mais l'eau, nous l'avons vu, présente constamment des anomalies au point de vue des actions exercées entre elle ei le verre. Pour les liquides qui mouillent parfaitement le verre, les écarts sont beaucoup moindres; cependant les résultats sembleraient indiquer qu'à partir d'un diamètre supérieur à 2°°, le rapport dont il s'agit diminue un peu quaud le rayon augmente : pour l'alcool, par exemple, en allant du diamètre 7°",210 au diamètre 15"",702, les expériences donnent, pour le rap- port en question, les valeurs 3,07 et 2,49. Je ne doute pas que ces petits écarts ne proviennent d'erreurs inhérentes à des observations si délicates; en effet, comme on peut le voir dans Je mémoire précé- (54% dent (1), M. Bède a vérifié la proportionnalité dans le cas de la dépression du mercure; comment admettre qu'elle ne le serait pas dans le cas des phénomènes d’ascension ? D'ailleurs, si l'on considère des tubes cylindriques assez larges pour que le liquide soit soulevé simplement vers son bord, en formant ainsi une petite masse annulaire, el que la courbure de cette petite masse dans le sens hori- zounlal puisse être négligée à côté de sa courbure dans le sens méridien, il est évident à priori que le volume de cette petite masse sera proportionnel au contour de la section du tube. Ainsi la loi dont nous nous occupons a élé vérifiée par M. Bède pour le cas de l'ascension dans les tubes étroits : car, à l'égard de ceux-ci, elle est une conséquence immédiate de la constance des produits dont il a été question plus haut; eile est vérifiée à priori dans les tubes d’une très-grande largeur, elle l’a été en outre par M. Bède, pour le cas de la dépression, dans les tubes de moyenne largeur; 1l est done extrêmement probable, comme je l'ai dit, que l'auteur à été trompé par des causes accidentelles inaperçues. J'ai dit précédemment que, dans la série d'expériences relative à la loi théorique du rapport inverse de l'élévation au diamètre dans les tubes étroits, l’eau et l’acide sulfu- rique avaient présenté des écarts notables, et que M. Bède attribuait principalement ces écarts aux différences dans la nature des parois intérieures. Afin d'éclaireir la chose, il a étiré, d'un même tube de cristal, cinq tubes minces de diamètres différents, depuis 1°",416 jusqu'à 0"",169, et il a mesuré l'élévation de l'eau dans leur intérieur à la (1) Voir mon rapport, Bullet, de P Acad., 1839, 9: série, 1. VI, p. 405. (52) température de 15°. Il a fait, avec chacun de ces tubes, deux expériences, qui ont donné des résultats très-rappro- chés dont il a pris la moyenne. Si l’on ajoute à chacune de ces cinq moyennes la correction du tiers du rayon du tube et que l’on multiplie par ce rayon, la moyenne des nombres obtenus est 14,66; les cinq moyennes partielles présentent, avec cette moyenne générale, des écarts irré- gulièrement distribués et dont le plus grand est 0,25, c'est-à-dire moindre que les deux centièmes de cette moyenne générale. Ainsi, quand on s'arrange de manière à opérer dans des tubes à parois intérieures identiques de nature, la loi théorique se vérifie aussi bien pour l’eau que pour les autres liquides. Je n’ai pas besoin d’insister sur l'importance de cette partie du travail de M. Bède; les physiciens savent com- bien la vérification de la loi théorique dont il s’agit a soulevé de discussions depuis les expériences de Simon, et l’on voit que les résultats de M. Bède dissipent tous les doutes à cet égard. Quant à la continuité que présente, dans les tableaux de Simon, l'accroissement des produits, M. Bède fait voir, par des arguments qu'il serait, je pense, bien difficile de réfuter, que les produits de Simon ne peuvent être les véritables moyennes des résultats partiels relatifs à chaque tube, mais sont probablement choisis parmi ces derniers de manière à établir une certaine ré- gularité dans la série. Dans le mémoire précédent, M. Bède avait soumis à l'épreuve de l'expérience, pour le cas des liquides dépri- , la théorie de M. Bertrand relative aux colonnes capillaires interrompues par des bulles d'air, et ses obser- vations ne l'avaient point vérifiée; cela lenaït à des causes de résistance dont l’auteur n’avait pas découvert la nature, (55 ) et qui ont été signalées par M. Jamin dans un travail ré- cent sur le même sujet. Dans le mémoire actuel, M. Bède répète les mêmes essais pour le cas de l'ascension, et il trouve les résultats d'accord avec le théorème pour l'huile d'orange et l’éther sulfurique; il a opéré aussi sur l’eau et l'acide sulfurique, et a trouvé des écarts considérables. Ces résultats s'accordent encore avec ceux de M. Jamin, dont le travail, du reste, n’a été publié qu'après l’époque où M. Bède a présenté le mémoire actuel à l'Académie. L'auteur prenant pour mesure des cohésions des li- quides les produits respectifs des densités de ces liquides par les hauteurs auxquelles ils s'élèvent dans un même tube capillaire, cherche quels changements subissent ces mêmes cohésions quand les liquides contiennent en disso- lution une substance étrangère. Ses expériences s'accor- dent à montrer que la cohésion d’un liquide est augmentée par la dissolution d’une substance solide, et d'autant plus fortement que celle-ci y est en plus grande proportion. Les expériences dont il s’agit paraissent en outre indiquer, mais d’une manière moins nelte, que les cohésions de différentes solutions d’une même substance solide dans un même liquide sont proportionnelles aux racines carrées des densités de ces solutions. L'auteur se propose ensuite de contrôler à l’aide de l'expérience la loi énoncée par Poisson à l'égard de deux liquides superposés et soulevés dans un même tube capil- laire. D’après cette loi, le poids total de la colonne sou- levée serait le même que si le tube ne renfermait que le liquide inférieur. M. Bède a fait trois séries d'expériences, la première sur le naphte superposé à l’eau, la seconde sur le naphte superposé à l'acide sulfurique, et la troisième sur l’eau superposée au chloroforme. Cette dernière série (54) est la seule. qui s'accorde assez bien avec la formule de Poisson ; les deux autres s'en écartent considérable- ment. On ne peut, en effet, s'empêcher de soupçonner à priori quelque erreur dans les caleuls de Poisson : quand deux liquides sont superposés dans un tube capillaire, le plus ou moins de courbure de leur surface de séparation dépend évidemment du rapport des attractions respectives entre ces deux liquides et le verre, et ce plus ou moins de courbure doit influer sur la hauteur de la colonne: or si l'on imagine, par exemple, et l'on est évidemment maitre de le faire, que les attractions des deux liquides pour le verre soient égales, il est clair que la surface de séparation sera plane, et, dans ce cas, cette surface n'exercera aucune aclion pour faire monter ou descendre la colonne; toute l’action résidera donc dans la surface qui termine le hiquide supérieur, et dès lors le poids total de la colonne soulevée devra être nécessairement le même que si le tube ne renfermait que ce liquide supérieur , au lieu du liquide inférieur comme le veut Poisson. Enfin M. Bède s'est occupé aussi de l'influence de la température. Ses expériences confirment d'abord les con- clusions de MM. Brünner, Wolf et Simon sur la propor- lionnalité, au moins aporoximalive, du déeroissement de la hauteur capillaire à l'accroissement de la température, En secoud lieu, d’après la théorie, le poids du liquide soulevé ne doit dépendre que de la température da mé- nisque qui termine la colonne, et non de celle du reste de cette colonne; M, Bède a fait une série d'expériences sur ce sujet, et il a trouvé un accord très-satisfaisant de ses résultats avec la théorie. L'analyse qui précède suffit pour montrer Lout l'intérêt (55 ) que présente ce mémoire, et l’Académie n'hésitera pas, j'espère, à en ordonner l'impression. » M. Daprez, second commissaire, après avoir donné lecture du rapport précédent, ajoute qu'il a examiné le mémoire de M. Bède conjointement avec M, Plateau, et que son opinion est entièrement conforme à celle de son honorable confrère. La classe décide que le travail de M. Bêde sera imprimé dans le recueil des mémoires des savants étrangers de l'Académie et que des remerciments seront adressés à l’au- teur. MM. Ad. Quetelet et Duprez font un rapport favorable sur une notice pour laquelle ils avaient été nommés com- missaires. « Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt, disent-ils, la notice de M. Vinchent sur les effets de l'orage du 15 mai 1860, aux environs de Tirlemont. Nous y avons trouvé des faits intéressants et quelques circonstances partien- lières aux lignes télégraphiques, qui jusqu'ici n'ont pas été mentionnées dans les traités de physique. » Ils proposent, en conséquence, l'impression de cette notice dans le Bulletin de la séance. Conformément à cette proposition, la communication de M. Vinchent, ingénieur en chef des télégraphes de l'Etat, sera imprimée dans le Bulletin. M. Stas fait des rapports favorables sur deux notices qui (56 ) lui ont été communiqués par les auteurs et dont la classe ordonne l'impression. Ce sont : 4° Une note sur l’action du brome sur l'acide succi- nique et sur la transformation des acides succiniques bromés en acides tartrique et malique, par M. Auguste Kékulé, professeur à l’université de Gand. 2° Note sur l'acide acétoxybenzamique, par M. G.-E. Foster. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Télégraphes. Note sur les effets de l'orage du 15 mai 1860, aux environs de Tirlemont; par M. Vinchent, ingénieur en chef. Avant de rendre compte des observations qui ont été faites dans cette circonstance, il convient de décrire suc- cinctement les influences très-variables qu'exercent les orages sur les lignes et les appareils télégraphiques, ainsi que les préservatifs ordinairement employés. Le premier effet d’une nuée orageuse ou d’une atmo- sphère chargée d'électricité est de donner lieu à des cou- rants intermittents agissant sur les appareils à peu près comme les courants développés par la pile. En pareil cas, les sonneries d'appel résonnent, et si deux appareils se trouvent en correspondance, les signaux résultant de la manipulation régulière du poste qui transmet sont con- fondus avec ceux que produisent les courants intermit- tents, la réception devient confuse et doit être interrompue jusqu’à ce que l'influence atmosphérique ait cessé. (97 ) Les mêmes eflets ont élé constatés sans qu'il y eût orage, en coïncidence avec des aurores boréales. Si les courants accidentels deviennent plus violents, les électro-aimants des sonneries et des appareils récepteurs ne leur offrent plus un passage assez facile. Le fil de cuivre très-{in qui entoure les bobines est échauffé, fondu et brûlé; la soie qui l’isole est consumée, et les appareils sont momentanément hors de service, La communication avec la terre se trouvant insuffisante ou interrompue, des étincelles, souvent assez fortes, sont échangées entre les fils conducteurs venant de la ligne et les pièces métalliques communiquant avec la terre. Pour éviter ces derniers effets, qui auraient pour résul- lat une interruption plus ou moins longue dans le service des appareils jusqu’à la réparation ou le remplacement, on emploie dans les bureaux télégraphiques des paraton- nerres offrant une ou deux des dispositions ci-après : 1° Deux séries de pointes très-rapprochées; l’une des séries est en contact avec le fil extérieur, l’autre avec la terre. Les pointes ne se touchent point. Le courant de la pile ne peut donc point sy perdre, maïs l'électricité sta- tique, en trop grande quantité, se dissipe par une série de petites étincelles ; 2° Un fil de fer très-fin entre la ligne et l'appareil. Ce fil entouré de soie est enroulé sur un cylindre métallique en contact avec la terre. Il brüle avant le fil de cuivre des bobines et protége celles-ci ; 5° Une feuille de papier entre deux plaques de cuivre, dont l’une communique au fil extérieur, l’autre à la terre. Le papier est assez isolant pour empêcher toute déperdi- tion du courant de la pile; mais il permet au fluide sta- tique de se dissiper par petites étincelles. ( 08 ) Aprés un service d’une certaine durée, les feuilles de papier sont presque loujours percées d’une quantité de petits trous semblables à des piqûres d'épingles, et qui ne détruisent pas l'isolement. Parfois de fortes étincelles brü- lent le papier et causent même une fusion partielle des surfaces métalliques. Dans ce dernier cas, le paratonnerre conduit immédiatement à la terre; il protége les appareïls pendant la durée de l'orage, et doit être remplacé ensuite pour que le service télégraphique puisse recommencer. Ce dernier système est celui qu'on emploie généralement sur les lignes belges. Les paratonnerres sont construits par M. Lippens, de Bruxelles. Leur entretien et le remplace- ment du papier, de temps à autre, se font très-facilément par le personnel des bureaux. Comme aucun système de paratonnerre n’est infaillible, il est recommandé aux employés, pour assurer plus com- plétement les appareils contre tout dégât, de mettre les fils extérieurs en contact avec le sol dès qu’ils s’aperçoi- vent de l'orage. Les effets qui viennent d'être décrits sont les plus fré- quents et ne s'observent que dans les bureaux. Il est rare que les poteaux et les fils reçoivent des atteintes visibles. Lorsque le cas se présente, les poteaux sont brisés en éclats comme des arbres frappés de la foudre. La cause et l'es ef- fets sont les mêmes. Seulement , les fils conducteurs qui relient entre eux les poteaux voisins semblent les rendre solidaires, car plusieurs poteaux plus ou moins espacés sont ordinairement frappés en même temps (1). (1) On a essayé de protéger les poteaux et les fils par des pointes métal- liques surmontant , de distance en distance, les poteaux les plus élevés, et communiquant au sol par un fil conducteur attaché le long du poteau. Ce préservatif, reconnu sans effet, a été abandonné presque partout. (39) Enfin, plus rarement encore, les fils de fer eux-mêmes sont rompus par la décharge électrique. Ce phénomène vient de se produire pour la première fois en Belgique, depuis dix ans que les lignes principales sont établies. Quelques détails sur les circonstances qui l'ont accom- pagné ne seront peut-être pas sans Intérêt. Le 15 mai 1860, vers huit heures du soir, les fils télé- graphiques ont été frappés de la foudre eur la section de Tirlemont à Landen, à quatre kilomètres de Tirle- mont. Sur ce point, le chemin de fer est à peu près au niveau de la campagne environnante. Il y a, à peu de distance, un bâtiment de ferme qui n’a reçu aucune atteinte. Cinq fils sont placés sur les mêmes poteaux. Les deux supérieurs seuls ont été rompus. Les bouts présentent des traces d'échauffement et d’allongement avant lx rupture. La couche de zinc (c’est du fil de fer galvanisé) a été vo- latilisée sur une longueur de deux à trois centimètres. Il est utile de noter : 1° Que les deux fils supérieurs, placés en 1850, ont 4 millimètres de diamètre; ils sont de fer non recuit, et pouvaient supporter, sans rompre, lorsqu'ils ont été four- pis, un poids de huit à neuf cents kilogrammes; 2 Que le troisième fil placé en 1851 n'a que trois millimètres de diamètre; il à subi un reeuit partiel et ne pouvait supporter avant rupture qu'un poids de 550 à 409 kilogrammes; | 9° Que les deux fils inférieurs, recuits et de 4 millimè- tres de diamètre, ne supportaient aux épreuves que 600 kilogrammes. Ils datent de 1854 et 1857. Le fait que les deux fils les plus tenaces ont seuls été roimpus, sans qu’on puisse assigner à cette particularité (60 ) d'autre cause qu'une différence de hauteur de 25 centi- mètres, est assez remarquable pour être cité. Après avoir exercé cette action sur les fils, le fluide électrique s’est dissipé dans le sol, par l'intermédiaire des poteaux voisins. Ges poteaux sont des brins de sapin in- Jjectés de sulfate de cuivre et placés en 1850. Ils se sont conservés jusqu'à présent sans aucune trace de pourriture, bien que la plupart d'entre eux soient de faible dimen- sion (environ 12 centimètres de diamètre moyen). Leur hauteur au-dessus du sol varie de 4 à 6 mètres et leur écartement est de 50 mètres. Les deux premiers poteaux, de part et d’autre'du point de rupture, ont été brisés en éclats jusqu’à un et deux mètres de sol. | Vers Landen, le 2°° poteau a eu le sommet emporté entre le 2% et le 5°° fil, le 4° poteau a été brisé sous le 5"° fil. Le 5°%* n’a pas été touché, non plus que les suivants, sauf le 9°, qui a été fendu sur toute sa longueur, et le 14° sillonné profondément de haut en bas. Vers Tirlemont, le 2"° poteau, le 5%, le 8"° et le 19"° ont été sillonnés depuis le 5°° fil jusqu’en bas. Les autres n'ont reçu aucune atteinte. Les sillons ont, en moyenne, 5 centimètres de largeur et 6 à 10 centimètres de profondeur. Il semblerait qu'un copeau épais a été enlevé en suivant les fibres du bois, el en diminuant de largeur jusqu’au sol. Les sapins exposés à l'air se tordent souvent. La direc- tion des fibres est alors indiquée par de petites fentes en hélice allongée. Les sillons observés suivent la même direction. Les supports isolants sont des cloches en porcelaine renversées, fixées, par le haut, au poteau et à l’intérieur (61) desquelles est scellé un crochet qui porte le fil. Tous les Supports sont restés inlacts, même sur les poteaux fendus en éclats. Une trace noirâtre sur le poteau, à la hauteur des fils, indiqué que le fluide a passé du métal au poteau à travers la couche d’air et sans toucher à la porcelaine. Pour compléter ces observations, 1l faut rendre compte de ce qui s’est passé dans les bureaux voisins. A Landen, les fils ont été mis sur terre dès l'approche de l'orage, et les appareils n’ont reçu aucune atteinte. À Tirlemont, on a peut-être attendu un peu plus long- temps, et l’on se trouvait plus près du point de la ligne où les faits déjà décrits ont élé constatés, les électro-aimants du relais de sonnerie ont eu leurs fils brülés à l'extérieur des bobines. Le papier du paratonnerre porte la trace de deux fortes étincelles, et sur les bords du papier brûlé, on voit des fragments de cuivre. Les deux plaques de cuivre qui serrent le papier portaient sur les mêmes points des traces de fusion et ont dû être repolies. Ces dernières observations sont conformes à celles qui ont été faites chaque fois que des appareils télégraphiques ont été détériorés par l'électricité atmosphérique. Elles ne présentent quelque intérêt que par leur coincidence avec les phénomènes constatés sur la ligne. C’est avec le 5"° fil seulement que communiquent les appareils de Tirlemont. LA C'est aussi du 5° fil que les poteaux vers Tirlemont ont été frappés. Il y a donc une distinction à faire entre la commotion qui à brisé les fils supérieurs et la cause beau- coup moins énergique qui a agi sur un fil plus faible, sans le rompre, et qui à envoyé jusqu'au bureau voisin un cou- rant suflisant pour détériorer les appareils. 28 SÉRIE, TOME X. 6 (62) Observations sur l'accélération de la vitesse du bruit du ton- nerre; par M. Montigny, correspondant de l’Académie. La question que j'ai soulevée dans une note précé- dente (1), de savoir si la vitesse du bruit du tonnerre n’est pas supérieure à celle du son ordinaire, a été l’occasion d'un appel adressé par M. Moigno, dans le Cosmos, à ceux de ses lecteurs qui sont le plus à même d'observer les orages. Parmi les réponses que M. Moigno a reçues figure, la première en date, une lettre de M. Hirn, écrite de Logelbach, près de Colmar (2). Cet observateur donne raison aux faits que Jai signalés, pour la généralité des cas où la foudre atteint le sol. Voici comment M. Hind s'exprime à cet égard : « Dans la localité que j'habite, et probablement en » raison de la proximité des Vosges, où se forment presque » ous nos orages, la foudre tombe très-fréquemment; je » ne me souviens pas d'une seule année où je n'aie vu » trois ou quatre coups de foudre au moins dans un > rayon qui ne dépasse pas quatre kilomètres autour de » Logelbach. Comme fait, l'observation de M. Montigay » est très-Juste en général, et m'avait frappé depuis long- » temps déjà. À queique distance de notre localité que » j'aie vu tomber la foudre, pourvu que la nuée orageuse » allât jusqu'au zénith, j'ai remarqué que le bruit arrivait > non pas toujours, ce serait trop absolu, mais fort sou- vent beaucoup plus vite que ne semblait le comporter » ma distance au lieu frappé... » Malgré la restriction que renferme ce passage, el quelle ÿ (1) Bulletins de l’Académie, 2° série, L. IX, n° 1. (2) Voir le Cosmos du 22 juin dernier. (65 ) que soit l'opinion de l’auteur à l'égard de la cause des anomalies observées, je erois devoir faire connaître à l’Académie une assertion aussi formelle qui vient à l'ap- pui des faits que j'ai eu l’honneur de lui signaler ; cette confirmation ne peut qu'attirer de nouveau l'attention des observateurs de divers pays sur l’anomalie que le bruit du tonnerre parait présenter à l'égard de sa vitesse de propa- galion. | Note sur l’action du brome sur l'acide succinique et sur la transformation des acides succiniques bromés en acides tartrique et malique; par M. Aug. Kekulé, professeur à l’université de Gand (1). | Parmi les problèmes qui ont provoqué les recherches des chimistes, dans ce dernier temps, 1l y en a un qui a surtout attiré l'attention de ceux qui s’occupent de chimie organique : c’est la transformation d’un acide organique en un autre acide d’atomicilé différente, mais contenant le même nombre d'atomes de carbone et d'hydrogène et ne différant que par la quantité d'oxygène. J’ai fait connaître, en 1858, le premier fait de ce genre, à savoir, la transformation de l'acide acétique en acide glycolique par l'intermédiaire de l'acide monochloracé- tique. Peu de temps après, et indépendamment de mes expériences, MM. Perkin et Duppa ont découvert la même transformation en employant l'acide bromacétique au lieu de l'acide chloracétique. La réaction inverse, la réduction (1) Dans cette note et dans la suivante, on s’est servi de la nouvelle no- tation : H = 1; O = 16; N = 14; C = 12, (64) d’un acide organique, a été réalisée pour la première fois par Ulrich (1859) : c’est la transformation de l’acide tartrique en acide propionique par l’action de l’eau et du zine sur le produit que M. Wurtz avait obtenu peu de temps avant en distillant le lactate de chaux avec le perchlorure de phosphore. En 1860 (février), M. Lautemann fit voir que la même réaction peut s'effectuer d'une manière directe par l’action de l’acide iodhydrique. Le même réactif permit à M. Schmitt (1860, avril) de transformer l'acide tartrique et l’acide malique en acide succinique. Dans ce dernier temps enfin, MM. Perkin et Duppa ont démontré (1860, avril) que l'acide succinique peut se transformer par oxy- dation indirecte en acide tartrique. J'avais continué, de mon côté, des expériences de ce genre, et j'avais tenté à différentes reprises d'obtenir les acides succiniques bromés, pour les transformer ensuite en acide tartrique et en acide malique. L'action du brome sur l’acide succinique ne m’ayant pas donné de résultat bien net, j'ai eu recours à d’autres réactions. J'ai essayé, entre autres, de préparer les acides succiniques bromés par l’action du brome sur le suecinate d’argent. On sait que M. Péligot a obtenu, par une réaction analogue, l'acide bro- mobenzoïque. Le brome réagit en effet facilement et à la température ordinaire sur le succinate d'argent, quand on place ces deux corps dans un flacon bouché. Tout l'argent est éliminé sous forme de bromure d'argent, mais il ne se forme pas d'acide bromé. Le produit extrait par l’eau donne, au contraire, de l’acide succinique parfaitement pur (1). (1) L'analyse de cet acide m'a donné en centièmes : C — 40.2: H — 5.19 L'acide succinique contient C = 40.6; H = 5.08. (6) On sait que MM. Perkin et Duppa , pour obtenir l'acide bibromosuccinique, préparent d'abord le chlorure de suc- cinyle; 1ls le transforment, par l’action du brome, en chlorure de bibromosuccinyle, qui ensuite se dédouble en présence de l’eau en donnant l'acide bibromosuccinique. Cette méthode, très-ingénieuse d’ailleurs, est de longue haleine, et n'a pas permis jusqu'à présent de préparer l'acide monobromosuccinique. La méthode que j'ai em- ployée est beaucoup plus simple, et elle permet de préparer à volonté l'acide monobromo- ou l'acide bibromosuccini- que. Elle consiste à faire réagir le brome dans des condi- tions spéciales sur l'acide succinique. On sait qu'en général les éléments chlore et brome réagissent par substitution quand 1l n’y à pas en pré- sence de l’eau qui puisse intervenir dans la réaction; on sait aussi qu'en présence de l’eau, 1l y a le plus souvent oxydation de la substance organique, avec formation d'acide chlorhydrique ou bromhydrique. L’acide succini- que fait exception à cette règle: à sec, le brome ne donne pas de réaction nette ; en présence de l’eau il y a substitu- tion. Il paraît que la proportion d’eau mise en présence détermine surtout la formation de l’acide succinique bi- bromé ou celle de l’acide monobromé. Acide bibromosuccinique. — La méthode qui m'a paru la plus avantageuse pour préparer cet acide consiste à chauf- fer, dans des tubes scellés à la lampe (à 150°-180°) (1), 12 parties d'acide succinique avec 33 parties de brome ct 42 parties d'eau. (J'ai employé des tubes contenant 12 gr. d'acide succinique et 11 C. €... de brome). Après la réaction, (1) La réaction s’accomplit, mais lentement, même à la température de l’ébullition de l’eau. ( 66 ) toute la masse est transformée en petits cristaux gri- sâtres. Quand on ouvre le tube, il s'échappe beaucoup d'acide bromhydrique. Pour purifier le produit, il convient de le laver à l’eau dans le tube même, en ouvrant, d’un côté du tube la pointe effilée seulement, de manière qu'il forme une espèce d'entonnoir. Le produit lavé est ensuite dissous dans l’eau bouillante et traité par le charbon ani- mal. Par le refroidissement, on obtient de grands cris- taux parfaitement blancs; les eaux mères en donnent de nouveau par l’évaporation lente ou par le refroidissement: des liquides concentrés à chaud. Dans l'espoir d'obtenir l'acide monobromosuccinique, j'avais chauffé, dans quatre tubes, des mélanges de 20 gr. d'acide succinique avec 11 gr. de brome et 10 gr. d'eau. Une température de 1350° avait suffi pour faire disparaître tout le brome. Il y avait dans les tubes deux espèces de cristaux. La partie Supérieure contenait de grands ceris- taux presque blanés, là partie inférieure dé petits cristaux d’une couleur brunâtre. Les premiers sont de l'acide suc- cinique ordinaire (1), les autres de l’acide bibromosuccini- que. (Voyez Analyse n°5). Je n'ai pas trouvé dans lé produit de cette opération de l’acide monobromosuceiniqué. Il paraît done que l’action du brome sur l'acide succinique, en présence d’une petite quantité d'eau, donne toujours naissance à l'acide bibromé, même quand on à employé les substances dans des proportions qui correspondent à là formation de l'acide monobromé. (1) 0.3456 gr. de cet acide succinique ont donné 0.5074 gr. d'acide carbo- nique et 0.1616 gr. d’eau. Ce qui donne en centièmes : Trouvé . . . C — 40.27; H — Caleulé 207% 40.67; = Qt re] © tt (7°) (67) Voici les résultats des analyses de l’acide bibromosuc- cinique : a. 0.6064 gr. ont donné 0.5860 gr. d'acide carbonique el 0.0872 gr. d’eau; b. 0.5018 gr. (d’une autre préparation) ont donné . 0.5208 gr. d'acide carbonique et 0.0720 gr. d’eau ; 0.4882 gr. ont donné 0.6720 gr. de bromure d’ar- gent; | c. 0.5248 gr. (préparés avec un excès d'acide succinique) ont donné 0.5554 gr. d'acide carbonique et 0.0742 gr. d’eau; 0.5848 gr. ont donné 0.5278 gr. de bromure d’ar- gent. Ces nombres donnent en centièmes : CALCULÉ. TROUVÉ. Em — EE I Il III C; —..48 — 17.59 17.36 17.435 17.55 H,— 4— 1.45 1.59 1.59 1.58 Br,— 160 — 57.99 — 58.56 58.37 OU 62 95.17 = _ Le 276 MM. Perkin et Duppa ayant annoncé qu'ils avaient étudié les propriétés de cet acide et de ses sels, je ne me suis pas arrêté sur ce sujet. J'ai constaté cependant la trans- . formation du sel d'argent en bromure d'argent et en acide tartrique. Ce sel d'argent se précipite comme le succinate ordinaire; mais il se décompose avec une facilité telle, qu’on ne peut pas l'obtenir à l’état de pureté. Une ébulli- tion peu prolongée, avec l'eau, suffit pour le décomposer en grande partie. Pour extraire l'acide tartrique du pro- ( 68 ) duit, j'ai suivi la marche suivante : La solution filtrée a été précipitée par l'acide sulfhydrique; filtrée de nouveau et évaporée pour chasser l'excès de ce réactif; on a ensuite neutralisé par l’ammoniaque, et, après avoir chassé l'excès d'ammoniaque par évaporation, on a précipité par le chlo- rure de barium. Le tartrate de baryte ainsi obtenu a été décomposé par l’acide sulfurique. Par l’évaporation de la solution, on obtient des cristaux d’acide tartrique. L’acide tartrique ainsi préparé ne paraît pas exercer d'influence sur la lu- mière polarisée. Acide monobromosuccinique. — Quand on chauffe de l'acide succinique et du brome avec une quantité plus considérable d’eau que celle que je viens d'indiquer pour la préparation de l'acide bibromé on obtient l'acide mo-" nobromosuccinique. J'ai, en effet, obtenu cet acide en chauffant à 180° un mélange d'acide succinique et de brome dans les proportions nécessaires pour la forma- Lion de l'acide bibromé, mais en présence d’une quantité considérable d’eau. Le tube ne contenait pas de cristaux d'acide bibromosuccinique; il était rempli d’un liquide jaune, et il n’y avait que peu de cristaux bruns groupés en mamelons qui n'étaient que de l'acide monobromo- succinique. Il y avait une forte pression dans le tube, et le gaz qui s’échappait contenait beaucoup d'acide ear- bonique. L’acide monobromosuccinique est incolore comme l'acide bibromé, mais 1l est beaucoup plus soluble dans. l'eau, et se dissout même dans l'eau froide en quantité très-considérable. [Il cristallise beaucoup moins facile- ment que l'acide bibromosuccinique, et les cristaux sont beaucoup plus petits, (69) L'analyse de l'acide monobromosuccinique m'a donné les résultats suivants : 0.4498 gr. ont donné 0.4044 gr. d'acide carbonique et 0.1088 gr. d’eau; j 0.2246 gr. ont donné 0.2155 gr. de bromure d'ar- gent. On en déduit : CALCULÉ. TROUVÉ. C, = 48 — 24.37 24.59 H, —= 5 — 92.54 2.63 Br — 80 — 40.61 40.78 Of — 64 — 52.48 — 197 L’acide monobromosuceinique précipite le nitrate d’ar- gent. Le sel précipité se décompose avec une facilité extrême, de manière que la solution, filtrée immédiate- ment après la précipitation, se trouble tout de suite par le bromure d'argent formé. J'ai donc préféré, pour la transformation de cet acide en acide malique, ne pas préparer le sel d'argent par précipitation. J'ai introduit de l’oxyde d'argent dans la solution de l'acide. Cet oxyde se transforme rapidement en un sel blanc, qui se décom- pose, même à froid, et surtout à la température de l’ébul- lition, avec formation de bromure d'argent. La solution contient de l'acide malique. Pour l'en extraire, j'ai préci- pité la solution filtrée par l’acide sulfhydrique, et je l'ai évaporée au bain-marie. Le résidu de cette évaporation était une masse solide imparfaitement cristallisée. Je lai redissoute dans l’eau et saturée exactement par l'eau de barvte. Le sel de baryte ainsi préparé a été évaporé par (70) l’ébullition ; un sel blanc amorphe, qui n’est autre que le malate neutre et anhydre de baryte, s’est précipité. : 0.2350 gr. de ce sel m'ont donné 0.2018 gr. de sulfate de barvyte. Ce qui donne en centièmes . . . Ba — 50.92 La formule C, H, Ba, O; exige . . 50.93 Ce sel est insoluble dans l’eau même à la température de l’ébullition ; il se dissout facilement dans l'acide nitrique. Cette solution neutralisée par l'ammoniaque donne (après l’élimination de l'excès d'ammoniaque) les réactions du malate d'ammoñiaque. Elle réduit le chlorure d’or, et donne, avec l’acétate de plomb, exactement le même pré- pitié que le malate d’ammoniaque ordinaire. Les relations mentionnées au commencement de cette note, — transformation des acides tartrique et malique en acide succinique, et transformation inverse de l’acide suc- cinique en acide tartrique et acide malique, et dont la dernière a été réalisée par les expériences que je viens de décrire, — ne laissent pas de doute sur les liens de pa- renté qui rattachent ces deux acides à l’acide succinique, et, par suite, aux autres corps congénères des alcools. Les ‘acides malique et tartrique trouvent donc maintenant leur place naturelle dans le système que beaucoup de chimistes ont adopté dans les derniers temps, et dont j'ai résumé ailleurs les principes. Ce système est complété dans Île tableau suivant, où l'on a placé, à côté des formules gé- nérales, les formules de substances connues appartenant à ce groupe : ALCOOLS. MO NOBASIQUES. Cn He +1 Cn H2n—1 0 n H9n Hit à H9n 2 Monouromiques: { Alc. méthylique. Ac. Me C2 H3 0 C2 H5 O {0 H | H Ale. Ahylique. Ac. acétique. HO GHSON 6 Ale. nya. Ac. propionique. 7 Cn H2 dE O2 C O0 ; K2 °e s se Carbonates. 1ATOMIQUES. 2 H4),, C2 H2 O ire dE Ho | Êe rlycol Ac. genie. C5 H6 | œ | Hz O | 02 Ho F- H2 = | Glye. propylique. ! Ac lactique. Cr Han —1 3 n Mn _ l 0; C2 H O 0) 0: TRIATOMIQUES, Ac. givoxtique() C5 "Hs | O5 Ac. glycerique. C3 H3 el 03 Giycérin, Cn HT O4 Cn Hon—4 9 Oz 4 ATOMIQUES. C6 Hs O Mannitane (?) On Hon-5 O F. H5 SE 5 ATOMIQUES. Sucre (?} Cr H2y-4 # H6 O6 6 ATOMIQURES. C6 Hs H | 06 ne Cn Han-20 40, | Cr Hon-4 O2} à: n H2n ro À 02 n M2) He | 0? | Cn HAS 0; Cn Hon—5 E Oz | CRoos | AL GEO G C EH 16 0 C Hors O2 È 419) 2 O6 n H A Oc Ce Ha ES Ac. saccharique (?) TRIBASIQUES. BIBASIQUES. Cn Hen3 O2 "Sn l0 Lt LU H Ac. pyruvique (?) TOITS Ac. oxalique. C5 H2 O2 Ho | 02 O2 Ac. Re Ca Hi O2), H2 l 3 Ac. succinique. Ac. tartronique. C4 H5 Oz) H5 °5 Ac. malique. Cn Han —6 O2 al O4 Cn Han 8 05 Hal O4 C6 H4 ne Ac. tartrique. Ac. citrique (?) Cn Has -7 O2 € EH; dE (72) J'ai ajouté les formules de plusieurs substances encore trop peu étudiées pour qu’on puisse les placer d’une ma- nière certaine; ces substances sont marquées de (?). Je rappelleraï à cette occasion que les substances appar- tenant au type eau et contenant des radicaux formés par le carbone et l'hydrogène seulement, sont des alcools et ne possèdent pas «de caractères acides bien prononcéæ Les substances contenant des radicaux oxygénés, au contraire, échangent facilement l'hydrogène du type contre des mé- taux et sont de véritables äcides. Je ferai remarquer, en outre, que les acides contenant un atome d'oxygène dans le radical sont monobasiques; les acides contenant deux atomes d'oxygène dans le radical sont bibasiques ; el ainsi de suite. De manière que la BasicirÉ d’un acide ne dépend pas du nombre d’atomes d'hydrogène typique que le corps con- tient, mais du nombre d’atomes d'oxygène contenus dans le radical. La Dasicité d’un acide est donc indépendante de son alomicilé. Note sur l'acide acétoxybenzamique; par M. G.-E. Foster. Si l’on envisage l’acide hippurique comme du glycocolle dans lequel l'atome d'hydrogène est remplacé par le radical benzoyle, on est conduit à admettre qu'il doit exister un isomère de l'acide hippurique qui est de l'acide oxybenza- mique (ac. benzamique ou amidobenzoïque, dans lequel un atome d'hydrogène est remplacé par le radical acétyle. L'expérience a confirmé celte supposition. J'ai préparé cet isomère de l’acide hippurique de diffé- rentes manières : (1) 1° En chauffant l'acide oxybenzamique avec de l'acide acétique dans un tube scellé à la lampe. À 150-140 de- grés, le mélange devient liquide et se solidifie de nouveau à 160°. La réaction a lieu d’après l'équation CH, NO, + © H, 0, = C H, N 0, + H, 0; 2 Par l’action du chlorure d’acétyle sur l’oxybenzamate de zinc, substance que l’on obtient facilement en précipi- tant l’oxybenzamate de chaux par le chlorure de zinc. La réaction a lieu à 100 degrés : CH ZNO+CHOC—= OC HN 0, + ZrC!; 3° En faisant réagir l'acide acétique sur l'oxybenzamate de zinc. La première de ces méthodes est la plus avantageuse. On dissout le produit dans un alcali et on précipite par l’acide chlorhydrique. L’acide acétoxybenzamique ainsi préparé, se purifie facilement par deux ou trois cristalli- salions et par le noir animal. L'analyse de l'acide acétoxybenzamique m’a donné les résultats suivants : le 0,5788 gr. (préparés par l'acide acétique et l’acide oxybenzamique) ont donné 0,8382 gr. d'acide carbonique et 0,1776 gr. d’eau ; 2° 0,2915 gr. (préparés par le chlorure d’acétyle et le benzamate de zinc) ont donné 0,6596 gr. d’acide carbo- nique et C,159 gr. d’eau ; 5° 0,4565 gr. (d’une autre préparation d'après la même méthode) ont donné : 0,9677 gr. d'acide carbonique et 0,1987 gr. d'eau; :0,4502 gr, ont donné 0,2575 gr. de platine. (74) 0,4442 gr. ont donné 29.2 C. C,. d'azote à 0° et 760; égale à 0,0567 gr. Ces nombres donnent en centièmes : CALCULÉ. TROUVÉ. | LE Il. Hd RD C3 — 108 — 60.33 60.36 59.88 60.49 — H, — 9— 5.05 5.02 5.25 5.06 — N' — 14 — 7.82 — — 7.80 8.95 O: — 48 — 96.82 à — — — — 179 100.00 L'acide acétoxybenzamique est une poudre blanche, formée par de cristaux microscopiques. Il est presque in- soluble dans l’eau froide et dans l’éther; l’eau bouillante le dissout un peu, l'alcool bouillant en dissout beaucoup et le dépose presque complétement par le refroidissement. Il fond à 220°-230° et se sublime en partie sans décompo- sition. | Il peut être bouilli avec de leau et avec des acides étendus sans se décomposer; mais quand on le chauffe à 140° avec de l'acide sulfurique étendu, il subit une dé- composition en se dédoublant en acide oxybenzamique et en acide acétique. J'ai fait l'analyse du chlorhydrate de l’acide oxybenza- mique ainsi préparé, et j'ai constaté la formation de l’acide acétique par l'analyse de l’acétate de baryte. | L'acide acétoxybenzamique est décomposé de même par l’acide chlorhydrique dissous dans l'alcool. On obtient de l’éther acétique et de l’éther oxybenzamique. Une partie de l’acide se décompose cependant en donnant de l'acide L] # oxybenzamique, et je n’ai pas réussi à séparer complé- (75) tement l’éther oxybenzamique de l'acide oxybenzamique. J'ai essayé de préparer l’acide acétoxybenzoïque en fai- sant arriver l’acide nitreux dans une solution bouillante d'acide acétoxybenzamique, ou bien encore en traitant par le deutoxyde d'azote un mélange d'acide acétoxybenza- mique et d'acide azotique. Mais, dans les deux cas, je n’ai obtenu que des acides nitrés. Sels de l'acide acétoxybenzamique. — Les sels de po- tasse et de soude sont très-solubles dans l’eau et dans l’alcool, insolubles dans l’éthér; ils cristallisent difficile- ment. 0,468 gr. de sel de soude desséché à 120° m'ont donné 0,10656 gr. de sulfate de soude, ce qui correspond à 11.52 p. c. de sodium ; le calcul exige 11.44 pour la for- mule : Co Hs N Os. L'acétoxybenzamate de baryte est également très-soluble dans l’eau; par l’évaporation lente de sa solution, on l'obuient sous forme de fines aiguilles. Ces cristaux sont hydratés et perdent leur eau de cristallisation à 130°. 1,8858 gr. desséchés dans le vide ont perdu à 130°- _145° degrés 0,1819 er. i 0.8776 gr. desséchés de la même manière ont perdu O.0887 gr. L'analyse du sel desséché m'a fourni les résultats sui- vanis : 0.6464 gr. ont donné 0.5027 gr. de sulfate de baryte. 0.5783 — 0.1774 — — 0.3918 — 0.1824 — — 0.9185 gr. (brülés par le chromate de plomb) ont donné 1.4625 gr. d'acide carbonique et 0.288 gr. d’eau. Ces résultats conduisent à la formule : C, H, Ba N 0, + 1°}, H, O, (76) qui exige : GALCULÉ, TROUVÉ. em Pa. 0 Re Eau de cristallisation : 9.87 9.60 — 10.11 CALCULÉ. TROUVÉ. RE. RS a ——— C;, — 108 — 45.81 — _ — 43.45 H, — 8 — 53.25 — — — 8.48 Ba — 68.5 — 27.79 97.54 27.52 "97:49 — N — 14 — 5.68 — — — —_ OU Leg lag te MALE ENS 246.5 L'acétoxybenzamate de chaux est moins soluble que les sels précédents; il se dépose, par le refroidissement d’une solution aqueuse saturée à chaud, sous forme de cristaux qui contiennent de l'eau de cristallisation. 0.6428 gr. desséchés dans le vide ont perdu à 150° 0.081 gr. 0.6500 gr. desséchés dans le vide ont perdu à 130° 0.0781 gr. 0.2978 gr. de sel desséché ont donné 0.1059 gr. de sul- fate de baryte. 0.2087 gr. ont donné 0.0722 gr. de sulfate de baryte. 0.353420 gr. ont donné 0.6786 gr. d'acide carbonique et 0.1537 gr. d’eau. La formule LL: C, H, Ca N O0, + 1} H, O 10 2 EXISE : CALCULÉ. TROUVÉ. PR. Se ce. Eau de cristallisation : 12.0 12.6 12.4 CALCULE. TROUVÉ. L LIRE AMIE A Re Ne RARES C, — 108 — 54.55 — — DA H,y — 8 — 4.04 — — 4.54 Ca — 920 — 10.10 10.26 10.17 — N=—= 14" 707 = En EeÀ O, — 48 — 24.24 Le ex # e 198 109.00 Éther acétoxybenzamique., — Comme on l’a déjà dit, ce corps ne se forme pas par la méthode qui a servi& M. Sten- house pour préparer léther hippurique, et qui consiste à chauffer lacide avec une solution d'acide chlorhydrique dans lalcoo!. Quand on chauffe, au contraire, lacide acé- toxybenzamique avec de l'alcool! seul, dans un tube scellé, une réalion se manifeste vers 150°, et on obtient un corps qui, d'après sa formation et ses propriétés, parait êlre l’'éther acétoxybenzamique. Je n'ai cependant pas réussi à l’obtenir à l’état de pureté. J'ai encore fait réagir le chlorure de benzoyie sur Poxy- benzamate de zinc, dans l’espérance d'obtenir «un acide benzoyl-oxybenzamique (i). Le produit de la réaction est en elfet un acide qui est insolubie dans l'éther et dans l’eau froide, peu soluble dans l’eau bouillante, l'alcool et ie chloroforme. Un dosage de lPazote, d’après la méthode de M. Dumas, et les résultats de deux combustions s’accor- dent sensiblement avec la composition de l’acide benzoyl- oxybenzamique. Les propriétés de cette substance sont cependant peu neltes. ; Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'ajouter quelques (1) Corps mentionné par M. Cahours sous le nom : acide glycobenza- mique,. 2% SÉRIE, TOME X. 7 (15 ) observations sur les relations qui existent entre l'acide acétoxybeuzamique et son isomère, l'acide hippurique, et sur la mauière de formuler ces deux substances. Il a été démontré que l'acide acéloxybenzamique se forme par une réaction qui est tout à fait analogue à celle qui donne naissance à l'acide hippurique. On à : a Chlorure d'acétyle. Oxybenzamate de zinc. Ac. acétoxybenzamique. CH OC + CG, 4,20, = “C'E N'OEE Chlorure de benzoyle. Zinc-glycocolle. Ac. hippurique. CHOC CEA 10 ENT + Zh CL De même les deux acides se dédoublent sous l'influence de l'eau, d'après les équations analogues : Ac. acétorybenzamique. Ac. acétique. Ac.oxybenzamique. C, H,N LR be : 4: nb à: H, O0, + GC; HN 0, Ac. Re - Ac. benzoïque. Glycocolle. GHOST 0" — C, H, I ÉSRRS - HN 0, La manière la plus simple d'exprimer ces analogies par des formules consiste certainement à écrire l’acide acé- toxybenzamique comme un dérivé acétylé de l'acide oxy- benzamique, c'est-à-dire comme de l'acide oxybenzamique dans lequel un atome d'hydrogène est remplacé par le ra- dical acétyle; et à représenter de même l’acide hippurique comme du glycocolle dans lequel un atome d’hydrogène est remplacé par le radical benzoyle. Or, dans cette manière de voir, une difficulté se pré- sente. C’est de savoir par quelles formules rationselles on (7) doit représenter le glycocolle et l'acide oxybenzamique. Les substances en question appartiennent à deux séries parallèles comprenant des corps analogues : AcAeétique … .. CH, O,; C; H, O, ac. benzoïque. Ac. chloracétique. C, H; Ci O,; C; H, (N O;) 0, ac. nitrobenzoïque. Glycocolle . CENHANIQUE: C; H; N O, ac. oxybénzamique. Ac. glycolique . C, H, O;; C, “ O, ac. oxybenzoïque. Pour représenter ces substances par des formules ra- tionnelles, on peut adopter deux systèmes différents. On peut indiquer par les formules les relations de génération seulement, où bien, on peut donner à ces substances des formules telles, qu'elles indiquent non-seulement ces rela- tions génériques, mais encore la fonction chimique du Corps. Le premier système, en écrivant les acides acétique et benzoïque comme appartenant au type eau, donnera : Ac. acétique . . C, H:0),.. DEN qu “| O; H O ac. benzoïque. tique. C,H, C0, C,;H,(NO,)0 Ac. chloracétique SH 0; H, (N 0.) lo ac. nitrobenzoïque. H} H) NE H(HN)O C; H, (H Glycocolle C, H (He AU 7 Hi, (Be Ne (0 ac. oxybenzamique. ) Ac. glycolique . C, H, (H Oj O C; H, (HO)O ; HE 2 Be ( : | DAT 1, O ac. oxybenzoïque. Le second système donnera les formules suivantes : H) H H H| Ac. acétique. C, H,” 0 C, H,”0 ac. benzoïque. Type. H H 0; H jo u | O0 CI NO, Ac. chloracét. C, H,” O C;,H,0 : ac. nitrobenzoïque. ni 0: H H fs 1 ac. oxybenzamiq. Type. H Glycocolle. C, H,” 0 a c Hp 0} k Ÿ q JP é Ë H| > H\ a H) re no Ac. glycolig. C,H,/0? * C,H//0 ac. oxybenzoïque, Type. x ) n\0; Hi0 | 0 On voit facilement que, dans les formules données en premier lieu, c’est le type qui reste le même et le radical qui change. Dans les autres formules, au contraire, le radical reste constant, et c’est le type qui change. On pourrait objecter que ces deux espèces de formules sont essentiellement identiques, et qu'il n’y a qu’une dif- férence de forme, à savoir que, dans le premier cas, on écrit les éléments en ligne horizontale, en remplaçant l'hy- drogène du radical; dans le second cas, on sépare ces élé- ments en les écrivant au-dessus des autres. Nous croyons, en effet, que les deux formules sont également admissi- bles , si toutefois on s’en sert dans le même sens. Il nous paraît, cependant, que l’on doit tenir compte des consi- dérations suivantes : 1. Le seul sens que l’on puisse attacher au mot radical, ou Ja seule définition que l’on puisse donner d’un radical (composé), est celle-ci : un radical est un groupe d’atomes qui se trouve dans un nombre plus ou moins grand de com- posés, et qui ne s’altère pas dans des réactions qui trans- forment ces composés en d'autres; dès lors, on ne peut re- garder des substances qui se transforment facilement l’une dans l’autre, comme contenant des radicaux différents. 2. Le seul but des formules typiques étant de repré- senter la fonction chimique des corps, c'est-à-dire la (81) nalure des transformations qu’ils peuvent subir, il nous paraît inadmissible de représenter comme appartenant au même type des substances qui possèdent des fonctions dif- férentes et qui subissent des transformations différentes : Par exemple, les formules : G; H, 0] C; H, (N 0) . C;, H, (HN) O nj° Hit H Ac. benzoïque. Ac. nitrobenzoïque. Ac. oxybenzamique. En écrivant ces trois substances comme appartenant au même type, on semble indiquer que ces corps doivent donner des produits analogues sous l'influence des chlo- rures (chlorure de benzoyle, chlorure d'acétyle, ete.). L’ex- périence a fait voir, au contraire, que les deux premiers corps donnent par celte réaction des anhydrides, et que le troisième donne un acide bien caractérisé. La même différence se fait voir dans l’action des chlorures sur les sels de l'acide acétique et sur les sels du glycocolle. Par ces raisons, on a représenté le glycocolle et lacide oxybenzamique par les formules : H H ai ni Glycocolle. C, HO C, H;’ O) ac. oxybenzamique, ri 0 Hi qui représentent ces deux corps comme des acides amidés de l'acide glycolique (oxyacétique) et de l'acide oxyben- zoique. ; L’acide hippurique et l’acide acétoxybenzamique sont alors représentés par les formules : 5 . . C; y e Ac. hippurique, C, H,” ac. acétoxybenzamique. H/ 0155 C, H;” O0 ji 0 ; H J (82) La cause de l’isomérie de ces deux acides peut alors être énoncée de la manière suivante : dans l'acide hippu- rique , le radical de la série acétique est bibasique, et le radical de la série benzoïque est monobasique; dans l'acide acétoxybenzamique, au contraire, le radical de la série benzoïque est bibasique, et le radical de la série acétique, monobasique. J'ajouterai, en terminant, que je ne prétends nullement revendiquer l'originalité de la formule que j'adopte pour l’acide hippurique. On sait que Gerhardt a déjà repré- senté l'acide hippurique comme du benzoyl-glycocolle. Les formules du glycocolle et de l'acide oxybeuzamique ont été proposées par M. Kekulé, et la formule qu'il donne (Lehrb., p. 150) pour l'acide benzoglycolique ne laisse pas de doute qu'il n'eût écrit l'acide hippurique comme je viens de le faire, si l’occasion s’en était présentée. M. Melsens fait connaître qu'il se proposait de lire à la séance de ce jour une notice sur les effets de la poudre, afin de développer la communication qu'il a faite au mois d'avril dernier, mais que le temps lui a manqué pour en faire la rédaction. La communication est remise à la séance suivante. M. Stas annonce également qu'il dépo- sera, dans la prochaine réunion, son travail sur les poids atomiques. (83) CLASSE DES LETTRES. Séance du 2 juillet 1860. M. GacHar», président de l’Académie et directeur de la classe. M. Ab. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. De Smet, de Ram, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, David, Paul Devaux, Snellaert, De Dec- ker, Carton, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, Ch. Faider, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon, mem- bres ; Nolet de Brauwere van Steeland, associé: Guillaume, Thonissen , Nève, Wauters, correspondants. Assistaient à la séance MM. Alvin, Éd. Fétis et Jehotte, de la classe des beaux-arts. CORRESPONDANCE. ——— M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que le jury chargé de juger le concours ouvert en l'honneur de Jacques Van Maerlant se compose de MM. l’abbé Carton, Ph. Blom- maert, Dautzenberg, Mertens et 3.-F.-J, Hermans, (84) — La Société historique d'Utrecht remercie l'Académie pour l'envoi de ses publications. — La ville de Gand communique son programme de concours relatif à une histoire de Jacob Van Artevelde. — La Société libre d'émulation de Liége envoie égale- ment le programme de son concours pour 1861. — M. le secrétaire perpétuel dépose le programme du congrès international destatistique qui doit s'ouvrir à Lon- dres le 16 juillet prochain. Ce congrès sera présidé par le prince Albert, et réunira aux publicistes les plus distingués de l'Angleterre, les envoyés des différentes puissances de l'Europe. — Ïl est fait hommage, de la part de M. Ad. Mathieu, correspondant de la classe, de deux volumes renfermant ses œuvres en vers et d’une traduction des épiîtres et satires d'Horace. — Remerciments. NOMINATIONS. Ïl avait été convenu, à la séance générale du 10 mai der- nier, qu'il serait nommé une commission chargée de la ré- daction de la publication d'une Biographie nationale. Cette commission doit se composer de quinze membres qui seront élus, en nombre égal de cinq, par ebacune des trois classes, au serulin et à la majorité des suffrages. La commission, du reste, peut s'associer, pour le travail de rédaction , les au- tres membres de l’Académie, et elle est autorisée à y faire concourir des savants el des litlérateurs du pays qui n'ap- partiennent pas à celle compagnie. (85) Les membres de la classe des lettres, nommés à la plu- ralité des voix, sont MM. le baron J. de Saint-Genois, Ker- vyn de Lettenhove, de Ram, Polain et Gachard. prenne COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur le projet d'une collection des grands écrivains du pays. Notice présentée, à la demande de la classe, par M. Ker- vyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Le Gouvernement, dont la haute mission embrasse les jutérêts intellectuels comme les intérêts matériels du pays, a insisté à diverses reprises pour que, sans distinction de races et de langues, les honneurs de la même publicité fussent assurés aux écrivains nationaux les plus éminents. Bien que cette question n’ait reçu aucune solution en ce qui touche les auteurs qui ont écrit en français, la classe des lettres n’a jamais hésité à en apprécier toute limpor- tance. Elle à fait mieux : en choisissant pour ses rappor- teurs MM. de Reiffenberg et de Stassart, elle a donné la preuve que nos meilleures traditions littéraires, loin de s'éleindre, se conservaient dans son sein, noble dépôt confié à son patriotisme et à ses lumières. Pourquoi séparerions-nous, dans la collection des œu- vres les plus remarquables de notre littérature, deux lan- ques qui, dans la géographie comme dans l’histoire, se partagent le sol commun qu’ont fécondé les mêmes labeurs et les mêmes efforts, que couronnent les mêmes institu- tions? Si la langue flamande, à ses limites extrêmes, touche à la fois à l’anglo-saxon du roi Alfred et à Palle- ( 86 ) mand des Minnesingers, nous ne pouvons oublier que la terre des Francs, l’ancienne Francia, la douce France, de Clovis à saint Louis, ne nous est point étrangère, et que ce fut sur nos frontières de Flandre et de Hainaut (nous parlons de nos frontières historiques et non de nos fron- lières actuelles) que se forma la langue française, rivale victorieuse de la langue romane. Le programme du Gouvernement parle des grands éeri- vains. L'expression est peut-être trop ambitieuse; mais nous l’appliquons volontiers aux hommes qui, supérieurs à leurs contemporains par les dons de l'intelligence, ont, par le double mérite de la vigueur de la pensée et de l’élé- gance de la forme, réussi à ouvrir des voies nouvellés, ou du moins à exercer une inflaence considérable. Conçu dans ces termes, le programme nous offrirait à la fois les poëtes et les prosatéhrs, les auteurs chez qui la fiction ne nous charme que sous un voile de fleurs, el ceux à qui il est permis de se passer d’ornements pour mieux rendre à la vérilé sa mâle vigueur mürie par le temps. Une seule objection s'élève : on peut se demander sil n'appartient pas à la Commission royale d'histoire, qui comple vingt-cinq années d’utiles el mémorables travaux, de publier seule les historiens, fussent-1ls auteurs ayant exercé une influence littéraire ou même grands écrivains. Cette revendication ne nous paraît pas fondée, et la raison en est bien simple. Les historiens sincères, les annalistes consciencieux ne sont pas rares; mais si quelques-uns sont arrivés, comme les Thucydide ou les Xénophon, les Sal- luste ou les Tacite, les Froissart ou les Commines, à offrir non-seulement un répertoire de faits, mais aussi des mo- dèles de composition et de siyle, modèles toujours imités, quoique inimitables, 11 faut tenir compte de ce privilége (87) exceplionnel : ne séparons pas ces esprits d'élite qui, dans le poëme de Dante, se saluent du nom de frères. Je continue et je m'elforcerai d'indiquer avec une ex- trême concision les lignes principales de la publication de nos monuments littéraires écrits en langue française, telle que je la comprends, telle qu’elle pourrait s'exécuter ulilement sous les auspices de la classe des lettres avec le concours de savants étrangers à l’Académie. L'histoire de la littérature française en Belgique, limi- tée, d’une part, par le chaos de la barbarie féodale, de l’autre, par les malheurs des guerres religieuses et poli- tiques sous lesquelles s'affaissèrent en même temps les vieilles libertés et les vieilles mœurs, commence à la fin du X[F®° siècle, vers l’époque où Philippe-Auguste chasse les ménestrels de son royaume, pour s'arrêter aux pre- mières années du XVI” siècle, au moment où François [°° revendique pour la France cette souveraineté ldtéraire presque exclusive qu'il transmit à Louis XFV. L'histoire de notre littérature comprend done cinq siècles, ou, si l’on aime mieux, cinq périodes. D'abord Philippe d'Alsace encourage seul les essais des trouvères, puis le duc de Brabant partage avec le comte de Flandre l’honneur de protéger les lettres. Plus tard, cette tâche passe aux comtes de Hainaut. Philippe le Bon la recueille comme héritier de tous ces princes; enfin Marguerite d'Autriche, qui aime tant les vers el qui excelle elle-même dans l’art d'en com- poser, préside à une dernière période, comme si une main illustre pouvait seule fermer le livre de nos annales litté- raires, où la protection généreuse de nos anciens souve- rains était écrite à chaque page. ; Qu'il me soit permis de mentionner rapidement les œuvres qui signalent ces cinq périodes, ( 88 ) La première nous offre Chrétien de Troyes qui, selon le témoignage de Huon de Méry, est, malgré son nom, un poêle hennuyer (1), et parmi les vastes compositions dues à son génie épique, je citerat le Chevalier au lion et le ro- man de Perceval, dédié au comte de Flandre. A côté de Chrétien de Troyes se placent Raoul de Houdanc, égale- ment hennuyer, et Audefroy le Bastard, né vraisembla- blement à Douay (2). La seconde période à aussi son poêle sie c'est Adenez le Roy, dont le poëme de Berle au grand pied, publié il y a quelques années, a été si favorablement accueilli, et qui mériterait sans contredit que l’on mit également en lumière soit le poëme d’Ogier le Danois ou l’Ardennois, soit celui de Cléomadés loué par Frois- sart (5). A côté de ces épopées chevaleresques, où les hommes sont toujours des héros, je placerais volontiers comme antithèse le Renard le Nouvel de Jaquemars Giélée, vio- lente et rude satire où les animaux parodient l’homme pour l’instruire et le corriger. | Cette période serait représentée de plus par un recueil de (1) A cette époque, les noms de famille se transmettaient déià, et souvent ils n’indiquaient que la patrie d’un des aïeux à une époque indéterminée. Le père de Chrétien, né à Troyes, avait pu quitter la Champagne avec Aliénor, fille de Thibaud III, pour la suivre dans le Vermandois, d’où il se serait rendu en Hainaut, lors du mariage d’une princesse de Vermandois avec Godefroi, fils de Baudouin le Bâtisseur. Si Chrétien de Troyes est né en Hainaut, il faut admettre qu’il composa, assez jeune encore, de nombreux poëmes. (2) Une famille du nom d’Audefroy habitait Douay au XIIIe siècle. (5) J'aurais pu citer plusieurs autres chansons de geste du XIII": siècle, dont les auteurs nous sont connus. Je me bornerai à mentionner parmi les poëmes anonymes celui d'Æuberi le Bourgoing, si intéressant pour notre histoire et évidemment d’origine flamande. ( 59 ) dits et de fabliaux, où figureraient avec honneur Henri LH, duc de Brabant, Gilbert de Berneville, Michel du Mesnil, Jacques de Baisieux, Josselin de Bruges, Pierre et Mahieu de Gand, Jean de Douay, Marie de Lille, Jacques de Cy- soing , trouvères élégants et ingénieux qui, en associant à leurs œuvres le nom de leurs villes natales, leur ont légué le soin de les garder de loubli. La troisième période aurait aussi son volume de dits et de fabliaux, où l’on recueillerait les vers de deux grands poëles que.protégea la maison de Hainaut : je veux parler de Vatriquet de Couvin et de Jean de Condé. On pourrait également y comprendre les poëmes inédits de Froissart, conservés à la Bibliothèque de Bourgogne, et d'autres œu- vres poéliques du même temps. Avec la troisième période, nous abordons les auteurs en prose, et nous voudrions y réunir, comme ofirant le tableau des mœurs chevaleresques, le Miroir des nobles du Liégeois Jacques d'Hemricourt, et cet autre miroir de Îa noblesse qu'écrivit, sous forme de chronique, le valen- ciennois Jean Froissart. Quatrième période. La chronique de Froissart s'arrête à l'an 1400, celle de Georges Chastelain commence en 1419 et se prolonge jusqu’en 4474. De ces cinquante-cint années, onze seulement remplissent tout ce qui a été édité par M. Buchon. C'est à peine le cinquième de l'ouvrage complet. Chastelain, ce Rubens de l’histoire, représente fidèlement, après les récits élégants de Froissart, le génie plus rude mais plus profond de la Flandre. En joignant à sa narration l'appréciation impartiale de la valeur morale des faits politiques, il élève, le premier, la chronique à !a hauteur et à la dignité de l’histoire, et la forme même qu'il recherche, en imitant les auteurs latins ou italiens, exerce (90 ) sur $es Contemporains une influence que l’on ne peut mé: connaître. Si Commines emprunte sa méthode historique en associant plus de simplicité à plus de finesse, Molinet, au contraire, exagère les défauts de Chastelain en abusant de l’emphase et de lhyperbole. Molinet, si horriblement mutilé par son éditeur, mériterait toutefois, par quelques pages éloquentes, de trouver sa place après Chastelain, comme le disciple après son maître. Nous souhaiterions que l’on pût faire entrer dans la même série de publica- tions d’autres ouvrages historiques ou philosophiques du même temps, notamment lous les traités sur les devoirs des princes et des chevaliers qui furent écrits au milieu du XV siècle, et nous ne pouvons oublier de mentionner ici comme travail, à la fois historique et moral, cetté chronique de Jacques de Lalaing, dont on conserve, dans les archives de cette illustre maison, un manuscrit sans doute plus complet que celui de Paris. Il faudrait, dans cette même série, réserver un vo- lume aux poëêtes qui chantèrent à la cour des ducs de Bourgogne. Enfin la dernière période, à côté des stances de Mar- guerite d'Autriche et de ses Courtisans, nous offrirait les œuvres de Jean Lemaire de Belges, qui attend la même réhabilitation que Ronsard. Dans ces cinq périodes, la poésie , cette première forme de l'imagination des peuples, qui s'associe à leur jeunesse, et la prose, celte autre forme, qui annonce avec l'ère de Ja maturité, celle de l'expérience et de la raison, dominent tour à tour; et voyez quel est le jugement qu'ont porté les _érudits étrangers Sur ces deux parts de notre patrimoine littéraire. M. Auguis remarque que le Hainaut, la Flandre el les provinces voisines sont celles qui, au XITF"* siècle, ( #7 : ont compté le plus de poëtes et aussi les meilleurs poëtes(1). M. Buchon, s’oceupant plus spécialement des prosateurs ,” fait également observer que le même pays a vu naître Froissart, Commines el Chastelain, « les plus grands » écrivains français du XIV": et du XV"° siècle, qui ont » longtemps été el sont encore de nobles modèles du » Style historique et de la langue (2). » Je ne crois pas me tromper en le disant : une semblable collection de poëtes et de prosateurs justilierait ce titre de monuments littéraires que j'employais tout à l'heure. Le programme même que je viens d'esquisser, développé et revu par nos honorables confrères, serait déjà un résumé asséz éloquent des fastes de noire ancienne littérature. Il n’en est pas moins à regretter que la classe des lettres n'ait pas, depuis longtemps, abordé l'exécution de la pu- blication qui lui était proposée par le Gouvernement. Ces retards prolongés pendant près de quatorze ans ont éu ce résultat que nous nous sommes laissé devancer par des éditeurs étrangers, alors même qu’il s'agissait de nos écri- vains les plus illustres. Dans l’état actuel des choses, je proposerais de surseoir à la réimpression de Froissart et de Commines, parce que, pour le premier, il est permis d'espérer de M. Lacabane, un texte correct revu sur les manuscrits d'Amiens et de Rome, et parce qu'il faut at- tendre pour le second la découverte d'un manuscrit plus ancien où plus complet. Je serais également d'avis d’ajour- ner la publication des poëmes de chevalerie, qui est déjà annoncée par un éditeur, M. Vieweg. Si je puis exprimer ———————_—— mm (1) Les Poëtes français, 1, p.379. (2) Lettre sur un manuscrit de Valenciennes, 1835. ” (92) ici une opinion toute personnelle, il serait utile de com- *mencer celte collection de monuments de notre ancienne littérature française par un volume de prose et par un vo- lume de poésies. Le volume de prose serait consacré aux ouvrages historiques de Chastelain. La Bibliothèque de Bourgogue, indépendamment des rédactions de Chastelain conservées à Tournay, à Douay, à Arras, à Paris, à Flo- rence, à Middle-Hill, possède douze manuserits qui appar- tiennent à notre laborieux historien, et on y rencontre notamment un livre de sa chronique s'étendant de 1454 à 4458, qui, pour cette période si imporlante de la vie de Philippe le Bon et de Louis XT, présente le tableau le plus intéressant et le plus digne d'être médité. Quant au volume de poésies, je serais disposé à choisir celui où Vatriquet 2 de Couvin et Jean de Condé ocenpent la première place. Vatriquet de Couvin offrait ses vers à la dame de Chimay. Jean de Condé fit hommage des siens au bon comte Gnil- laume de Hainaut. À l’époque où ils écrivaient, il n’y avait dans tous les pays de la langue d’oil aucun poëte qui pèt leur être comparé, et nous pouvons placer leurs vers parmi les meilleurs que nous ait légués le moyen àge dans ce genre naif el gracieux, mais légèrement coloré de satire et d'ironie, où 1l semble qu'il se soit complu davantage, et qu'il ait le plus heureusement réussi. La classe, pleine d'indulgence pour cette note évidem- menti incomplète, voudra bien s'associer à la pensée qui l’a dictée. Les siècles où les lettres et les arts se sont élevés dans nos provinces au plus baut degré de la civilisation contemporaine, répandent encore sur la Belgique moderne un reflet de leur lumière jadis si éclatante et si vive. Des soins persévérants assurent la conservation des anciens monuments des arts. Les monuments des lettres ont droit (95 ) au même respect, mais ils demandent quelque chose de plus. Il ne suffit pas que nous sachiouüs qu'ils existent : 1l faut qu'ils soient lus et étudiés, 1f faut qu'ils offrent des modèles à nos jeunes générations habilement dirigées vers les travaux utiles et consciencieux. Telle est la tâche qui me semble digne à la fois du patronage éclairé du Gouver- nement et du concours le plus sympathique de lAca- démie. Le problème de la population, dans ses rapports avec les lois de la nature et les prescriplions de la morale; par M. Thonissen, correspondant de l'Académie. e a « LIRE , 3 (A , = O DE DEoc Lot 4 eUGIs OUVEY MATYY TONUGI, (ARISTOTE.) Le Créateur a distribué la vie dans l'espace et dans le . temps, avec une profusion qui déroute les recherches et dépasse l'imagination de l'homme. Sur la surface du globe, dans les profondeurs des mers, dans toutes les couches inférieures de l'atmosphère, on rencontre, sous les formes les plus diverses, des myriades d'êtres qui naissent, se développent, se propagent et meurent suivant des lois éternellement les mêmes. C'est en vain que, depuis des siècles, la science persévérante s'occupe à compter les genres et les espèces : le catalogue ne sera Jamais com- plet! Chaque fois que les progrès de l'optique augmentent les moyens d'investigation du naturaliste, 11 découvre sans surprise de nouvelles séries de créatures. Il trouve des êtres vivants jusque dans le sang des animaux, jusque 2° SÉRIE, TOME X, a) (94) dans le suc qui nourrit l'arbre et la plante. Une goutte d’eau renferme lout.un monde. Chose plus merveilleuse encore! À chaque degré de l'échelle de la création, les lois relatives à la reproduction de ces êtres innombrables sont déterminées avec une pré- cision en quelque sorte mathématique. Au premier abord on s'étonne de l’abondance prodigieuse des germes; mais bientôt, à la suite d’un examen même superticiel, l'éton- nemeut fait place à l'admiration. On voit que partout le nombre des germes est exactement proportionné, d'une part aux obstacles qui s'opposent à leur éclosion, de l'autre aux chances de destruction qui entourent l'espèce qu'ils sont appelés à perpétuer sur le globe. On voit encore que la fécondité de chaque classe est toujours calculée de ma- nière à ne pas amener la destruction des animaux ou des plantes qui doivent servir à son alimentation. Depuis le moucheron jusqu'à l'aigle, depuis l’humble infusoire jus- qu’au quadrumane voisin de l’homme, tout est réglé, pon- déré, prévu et coordonné avec une sagesse infaillible. Au milieu des luttes incessantes des individus ,'au sein des . évolulions infinies des espèces, l'équilibre exigé par le plan général se maintient à l'abri de toute atteinte. Rien n’est abandonné au hasard; tout s’agite et se développe suivant des lois constantes et de manière à concourir à l'harmonie majestueuse de l'ensemble. En passant du règne animal au règne végétal, on trouve le même équilibre au sein de la même fécondité. Un seul pied de mais produit 2,000 graines, un pavot 52,000, un orme 100,000. Le globe sera-t-il couvert de mais, de pa- vots et d’ormes? L'air et l’espace manqueront-1ils aux fleurs et aux arbres, si nombreux et si beaux, dont le Créateur a orné la demeure de l'homme? Ce n'est pas ainsi que (95 ) procède la nature! Il ne suflil pas que les graines exis- tent; elles doivent trouver une place où elles puissent germer et prendre racine. Celles-ci tombent sur un rocher stérile; celles-là sont englouties par les marais et les ri- vières; d’autres encore, en plus grand nombre, sont jetées sur un sol déjà couvert d’une végélation qui n’admet point de partage : une seule à peine pourra contribuer à la pro- pagation de l’espèce. Plus la science avance, et plus elle atteste que chaque végétal est doué d’une fécondité qui ne pèche n1 par défaut ni par excès. Ici, comme dans le do- maine entier de la créalion, une intelligence souveraine a visiblement procédé de manière à maintenir l’ordre et l'harmonie dans le développement successif des êtres. Toute créature remplit son rôle ; tout phénomène s’accom- plit suivant des lois préétablies; toute force, quel quesoit le mode de sa manifestation, se montre avec sa mesure et sa destination arrêtées d'avance. Une perturbation sé- rieuse et durable est manifestement impossible. L’équili- bre existe partout, et l’on peut dire de Jui ce que Buffon disait de l’immutabilité des espèces : « Il est fixe et per- manent à Jamais. » Cet équilibre cesse-t-1l d'être une conséquence néces- saire du plan divin, quand on arrive au sommet de la créa- tion terrestre, quand on aborde la sphère immense où s'agite l’activité de l’homme ? L’Ordonnateur suprême, dont la nature entière proclame la sagesse et la toute-puis- sance, a-t-il oublié d'établir des lois relatives au dévelop- pement régulier de lespèce humaine? Au milieu des combinaisons infinies de sa prescience, qui maintiennent l'équilibre dans le monde des animaux et dans le monde des plantes, a-t-il dédaigné de régler le sort du roi de la création, du seul être intelligent et libre qu’on rencontre (96) sur la terre? A-t-1] abandonné la multiplication de l'espèce humaine aux brutalités de l'instinct, aux hasards de l'im- prévoyance, aux caprices de la luxure ? Il est rare qu'une année se passe sans queæe vase pro- blème donne naissance au livre d’un médecin, d'un phi- losophe ou d'un économiste. On aurait tort de s'étonner de l'étendue et de la persis- tance de ces investigalions toujours renouvelées. Toutes les branches des sciences politiques et morales touchent, de près ou de loin, aux questions que soulève le principe de population. Si les lois naturelles du développement de notre espèce sont méconnues, le législateur se trompe dans ses prescriptions, le philosophe dans ses doctrines, le moraliste dans ses conseils, l’économisie dans ses calculs, l’homme d'État lui-même dans ses plans le plus ingénieusement combinés. Mais c’est surtout dans ses rapports avec la création, la distribution et la consom- mation des richesses, que le problème présente une impor- tance du premier ordre. En France, en Angleterre, en Allemagne, une foule de publicistes et d'économistes ont tour à tour revendiqué l'honneur de dissiper tous les doutes et de mettre un terme à toutes les controverses; mais, quand on pénètre au fond des choses, on remarque que ces systèmes, en apparence si divergents, se réduisent à deux. Les uns aperçoivent dans la fécondité de l’homme un pouvoir funeste, qui de- mande à être constamment restreint et combatlu, sous peine de devenir une source intarissable de vices affreux et de misères poignantes. Les autres, voyant dans chaque homme un instrument de travail, un capital essentielle- ment produetif, enseignent que la densité de la population est un indice des richesses du pays, une preuve de civili- M LEE (97) salion supérieure, un bien immense à côté duquel cer- {ains inconvénients secondaires, inséparables de toutes nos œuvres, sont dépourvus d'importance réelle. Nous ne venons pas à notre tour formuler ici une doc- trine nouvelle. Notre tâche est plus modeste. Nous nous bornerons à ajouter quelques arguments à ceux que les adversaires de Malthus ont fait valoir pour justifier l’œuvre de la nature, c’est-à-dire de Dieu, dans la propagation de l'espèce humaine. Nous mettrons le problème de la po- pulation en rapport, d'un côté, avec les destinées provi- dentielles de humanité, de l’autre, avec les lois générales qui président au développement de tous les êtres vivant sur le globe. Ce simple rapprochement nous fournira le moyen de dire si les craintes manifestées par l’école de Malthus sont fondées; si les renseignements fournis par une statistique incomplète doivent seuls entrer en ligne de compte; si le moraliste qui condamne des pratiques que réprouve la nature devient, à son insu, une cause de misère et de vice pour les classes inférieures; si la con- trainte morale, exercée sur une vaste échelle, peut seule combler un abime vers lequel le peuple est sans cesse poussé par Les impulsions les plus énergiques de sa nature; en un mot, si l'homme, sous peine d'amener la dégrada- tion éternelle de l'immense majorité de ses frères, doit ici corriger l’œuvre de Dieu. Les réflexions que nous allons émettre seront le com- mentaire, malheurensement très-insuffisant, de cette belle pensée de M. L. Reybaud : « La sagesse humaine ne peut » pas aspirer à tout conduire ici bas. Ce n'est pas elle qui » imprime au globe son mouvement de rotation, qui com- » munique au soleil sa chaleur, à la terre sa fécondité. » Le régime sous lequel les êtres naissent, vivent, se dé- (98) » veloppent et s'anéantissent, doit être soumis à des cal- » culs plus sûrs que ceux de quelques esprits mathéma- » liques. Le grand ordonnateur a sans doute tout prévu, » etil n'a pas voué le monde à la famine (1). » I. — Notions PRÉLIMINAIRES. Pour résoudre complétement l'important problème dela population, il ne suffit pas d'étudier la nature de l'homme, avec ses facultés, ses forces, ses faiblesses, ses vertus, ses passions et ses vices. Il ne suffit pas même de réunir et de coordonner les phénomènes économiques qui se sont pro- duits dans la vie de quelques peuples placés sur une portion plus ou moins considérable du globe. Il faut envisager les destinées de l'humanité tout entière, telles qu’elles se ré- vèlent dans les péripéties en apparence désordonnées de l'histoire. | Sans doute l'individu doit entrer en ligne de compte; car, en définitive, la réunion des individus compose l’es- pèce. Sans doute encore, il faut prêter une attention sérieuse aux faits qui se manifestent, avec quelque con- stance, ne füt-ce que dans le développement de la civilisa- üon d'un seul peuple. Nous voulons seulement que, dans la recherche des lois générales , on n’exagère ni l'influence de l'individu , n1 l'influence de la nation. Quand on con- sidère l'homme isolément, on s'expose à confonûre ce qui est accidentel avec ce qui est universel, ce qui est fortuit el particulier avec ce qui est permanent et général. Quand on exagère la valeur des faits observés dans l’un ou l’autre (1) Journal des économistes, t. 1°, p. 191. . (13) pays déterminé, on court le risque de voir les consé- quences d'une loi de la nature dans les résultats produits par des influences locales et des circonstances exception- nelles. Ce n’est que par létude attentive des évolutions de l’espèce humaine dans son ensemble, que le plan divin peut être découvert dans la vie, la marche et le dévelop- pement des nations. Que dirait-on du naturaliste qui, re- cherchant les lois générales de la vie des animaux et des plantes, bornerait ses études à la constatation des phéno- -mênes qui se produisent dans un milieu amené par des circonstances particulières (1)! Quelles sont donc les destinées providentielles de l’hu- manilé? | Tous les peuples, toutes les races des deux hémisphères ont une origine commune. Au milieu des différences ex- térieures résultant du climat, de la nourriture, de l’édu- cation et des habitudes, l'espèce est une dans tous Îles temps et sous toutes les latitudes. C’est une vérité que les investigations de la science moderne ont établie à la der- nière évidence. En remontant à travers les siècles et les civilisations diverses, on arrive à un premier couple sor- tant des mains du Créateur (2). Pour déterminer le rôle que ce couple était appelé à remplir dans le plan harmonique de la eréation, il n’est (1) Cela ne veut pas dire assurément que le problème de la population ne doive jamais être étudié dans ses rapports avec les intérêts d’un peuple dé- terminé. Cette hypothèse nous occupera plus loin. Il ne s’agit ici que des lois générales (2) Voy., entre autres, les faits recueillis et expliqués par M. Flourens (Cours de physiologie comparée. — De l’ontologie, ou étude des étres. Leçons professées au Museum d'histoire naturelle, recueillies par C. Roux. Paris, Baillère, 1856, (100) pas nécessaire que nous appelions à notre aide les tradi- tions religieuses du monde primitif. Il sufüit de regarder cet admirable enchainement de travaux et d'institutions qui, partant de la tente des pasteurs pour aboutir à la civilisation moderne, nous fait comprendre que l’état ac- tuel du monde n'est qu’un jalon sur la voie large et glo- rieuse du progrès universel. L'homme du XIX°* siècle n’a qu'à jeter un coup d'œil sur les annales de l'humanité, pour savoir que la mission de nos premiers parents se trouve admirablement résumée dans un verset de la Bible : « Croissez et multipliez-vous; remplissez et assujettissez la » {erre. » Peupier toutes les zones, se répandre sur tous les riva- ges, lutter contre les éléments, asservir les animaux, transformer la matière, découvrir et dompter les forces de la naiure, arracher au sol les richesses qu’il recèle dans ses entrailles, braver tous les périls, triompher de tous les obstacles, conquérir le globe par le travail, couvrir Ja terre de moissons et de peuples : tel était le rôle échu à lhumanité. Mission sublime, tâche redoutable qui, à la suite de six mille années de travaux et de luttes, laisse à peine entrevoir sa réalisation à travers les merveilles scien- tifiques du XIX°° siècle ! Ce premier fait, dant l'importance n’a pas besoin d'être signalée, doit occuper ici une place considérable dans la controverse. Si telle était la destinée de l'humanité, — et quel est le philosophe ou l'historien qui ne l'avoue? — une fécondité simplement suffisante pour faire cadrer les nais- sances avec les décès ne pouvait entrer dans les vues de la Providence. El fallait une puissance de reproduction telle que, du moins dans certaines circonstances exceplion- nelles, le nombre des habitants d'un pays ne füt plus en ( 101 ) harmonie avec les moyens de subsistance. L'homme s'at- tache au sol qui l’a vu naître; il brise avec répugnance les mille liens qui l'attachent à ses compatriotes; il aime à se trainer dans les voies frayées par ses ancêtres. D'une part, sa raison , d'accord avec l'instinct de conservation, lui fait redouter les hasards de l'inconnu; de l’autre, sa paresse native à besoin d’être stimulée par les obstacles que ren- contre l’amour inné du bien-être. La crainte de la misère, le stimulant du besoin, l'espoir d’un meilleur avenir, peu- vent seuls l’engager à braver les périls et les travaux insé- parables de la colonisation. Supposez que l'équilibre entre les produits du sol et le nombre des habitants soit toujours invariablement maintenu. Supposez que le coin du globe qu'it habite fournisse à l'homme, abondamment et en toutes circonstances , la nourriture, le vêtement et l'abri nécessaires à lui-même et à sa famille. Aussitôt le mouve- ment d'expansion s'arrête, le progrès général cesse, et la meilleure partie de la terre devient pour toujours le do- maine des brutes. La mission d’assujeltir et de remplir la terre n’est plus le lot privilégié de l'humanité. Mais il est un autre fait qu'il importe de ne pas perdre de vue. L'homme n'obéit pas machinaiement à l’instinet qui, sans contre-poids et sans frein, guide lesinnombrables animaux dont il est entouré sur le globe. Étre intelligent, il calcule les avantages et les inconvénients de ses actes; être libre, 1l peut dompter ses passions et triompher de leurs exigences ; être essentiellement destiné à vivre en sociélé, 1} trouve à chaque pas des besoins qui le pressent et des institutions qui le retiennent. Il en résulte que, toute proportion gardée, les lois de la génération ne font pas sentir leurs effets dans l'espèce humaine de la même manière que dans les espèces animales. Tandis que parmi ( 102 ) les animaux, instruments passifs de l'instinct, le rappro- chement des sexes s'opère sans calcul, sans résistance et dès la première apparition de la puberté, on trouve parmi les hommes mille obstacles qui retardent où empêchent l’accomplissement de cet acte. Avant de fonder une nou- velle famille, les hommes, du moins en très-grande majo- rilé, se préoccupent du sort de leur compagne et du sort de leur postérité; malgré l'attrait qui les sollicite, ils ne se marient, en général , qu'après avoir réussi à se pro- curer des moyens d'existence. Il ne veulent pas s'imposer des privations qu’ils n'ont point connues dans la maison paternelle ; ils tiennent à conserver des habitudes qui leur sont chères; ils redoutent comme un malheur extrême la nécessité de descendre du rang que les leurs occupent dans la hiérarchie sociale; ils se désolent à la seule pensée de ne pas pouvoir donner à leurs descendants une éducation conforme à celle qu’ils ont reçue dans leur enfance. Même en faisant abstraction des vœux de continence dictés par des sentiments religieux , une foule d'individus des deux sexes reslent forcément célibataires; et leur nombre de- vient de plus en plus considérable, à mesure que le déve- loppement de la civilisation unit aux besoins réels des besoins factices, aux exigences de la nature les exigences de la mode et du luxe. Ajoutez-v la pudeur qui protége la femme, le mépris qui s'attache aux unions illieites, les inflexibles rigueurs de Fopinion publique, et, plus que tout cela, l'influence heureuse et constante des preserip- tions religieuses. Ajoutez-y encore, dans un autre ordre d'idées, l'existence de certains vices, qui — nous le ver- rons — peuvent amener la dépopulation d'un grand pays placé dans les conditions les plus heureuses. À tous ces faits licites ou illicites qui empêchent l'homme de naître, ( 103 ) joignez les peines morales qui tuent les individus et les guerres qui moissonnent l'élite des peuples; et vous serez convaincu que, sous peine de rendre impossible la mission assignée à notre espèce, le mariage, c’est-à-dire la seule union légitime des sexes, devait être doté d’une fécondité considérable. Il n'y a donc rien d’étrange ni d’anormal dans la force de reproduction qui caractérise l'humanité. Cette force était nécessaire; elle était impérieusement requise dans le plan du Créateur, tel qu’il nous est révélé en même temps par la religion, par la philosophie et par l'histoire. C’est assurément un procédé peu scientifique que de s’en référer aux décrets mystérieux de la Providence, chaque fois qu'on rencontre un phénomène dont la nature, la cause et les résultats ne peuvent être déterminés avec pré- eision. Mais 1l est un autre genre d'argumentation, bien plus dangereux quoique plus scientifique en apparence, qui consiste à exagérer la force perlurbatrice de l'homme dans l’exécution des lois générales. De même que dans le monde matériel, il existe dans le monde social une foule d'influences qui, tantôt connues et tantôt fatentes, condui- sent les conséquences de nos actes à un état d'équilibre manifestement arrêté d'avance. On en trouve un exemple remarquable dans le rapport des naissances masculines aux naissances féminines constaté dans toute l'Europe. En réunissant tous les États européens, on compte à peu près 1,066 naissances de garçons pour 4,000 nais- sances de filles. Comment expliquer ce fait étrange, qui se reproduit d'année en année avec une étonnante régula- rité? Les conjectures et les systèmes n’ont point manqué. Quelques savants expliquaient le phénomème par la préfé- rence que les parents accordent généralement aux enfants ( 10# ) du sexe masculin ; préférence qui, selon eux, a pour con- séquence de prévenir, après des naissances masculines, l'augmentation de la famille, parce que le premier vœu des parents est accompli (4). D'autres prétendaient que les travaux qui développent les qualités physiques ont la pro- priété d'augmenter le nombre des naissances masculines ; ct comme ces travaux occupeut constamment la majorité de la population, ils en concluaient que le fait doit se re- produire avec. une grande régularité (2). Dans une troi- sième opinion, on faisait tout dépendre de l’âge respectif des époux, le plus âgé communiquant son sexe à la majo- rité de leur progéniture; de sorte que, les hommes se ma- riant en général à un âge plus avancé que les femmes, les naissances masculines devenaient les plus nombreuses en vertu d’une loi inaltérable (5). On n'était d'accord que sur un seul point, la réalité et la permanence du phénomène, lorsque, laissant de côté la recherche de ses causes, on se demanda quels pouvaient être sa raison et son but daus l’économie de la nature. Aussitôt on découvrit que l'excédant des naissances masculines était nécessaire , parce qu'il existe une eause encore incomprise de mortalité, qui frappe de préférence les enfants mâles avant et immédia- (1) Opinion de M. Prevost (Pibliothèque universelle de Genève, oct. 1829). Ce système eut un instant la vogue, parce qu'il semblait expliquer pourquoi le nombre proportionnel des garçons esten général plus grand pour les naïs- sances légitimes que pour les autres. (2} Voy. les recherches communiquées à l’Académie des sciences de Paris, par M. Giron de Buzareignes (Bulletin de M. de Férussac, t. XII, p. 5). (5) Cette opinion, qui avait été soutenue en Allemagne par le professeur Hofacker, a trouvé en Angleterre un défenseur dans M. Sadler (The Law of Population , t. IT). Elle a été reproduite, avec quelques modifications, par M. Bernoulli, dans son Handbuch der Populationistik (Ulm , 1841). ( 405.) tement après leur naissance. Un savant belge soumit à un examen minutieux les documents statistiques si nombreux et toujours si bien dressés de son pays. Il prouva que, dès la première année, l'excédant des naissances masculines se trouve en grande partie détruit, parce que les trois quarts des enfants qui le forment sont moissonnés par la mort. Il fit voir que la différence est tellement sensible que, du- rant les deux premiers mois qui suivent Ja naissance, il meurt quatre garçons pendant qu'il ne meurt que trois filles (1)! Des statisticiens distingués se livrèrent aux mêmes recherches en France, en Allemagne, en Angleterre et ailleurs, et partout le résultat de leurs investigations fut le même. Aujourd’hui le rapport des deux sexes dans les naissances, combiné avec une mortalité plus grande dans le sexe masculin , forme l’une des lois les mieux constatées du mouvement de la population. Si les savants continuent à se disputer sur les causes, ils sont du moins compléte- ment d'accord sur le Yésultat. Tous admettent que la na- ture, en faisant prédominer les naissances masculines, s’est ménagé le moyen de réparer les pertes occasionnées par les dangers plus grands qui entourent l'enfant mâle à son entrée dans la vie. Quand on recherche les lois de l'équilibre dans leurs rapports avec l'humanité, ce fait mérite une attention particulière. Il fallait plus de naissances masculines, . (1) Voy. les belles et intéressantes recherches de M. Quetelet, dans son Essai de Physique sociale, t. 1°", pp. 155 et suiv., et la note du même savant sur les lois générales de la population , lue à la séance de l’Académie royale de Belgique du 5 décembre 1842 (Bull., t. IX, n° 11, p. 550). M. Quetelet s'était arrêté à 1840. Les documents statistiques publiés depuis ont complétement justifié ses prévisions. ( 106 ) parce qu'il meurt plus de garçons que de filles; sans cette précaution de la nature, le rapport entre les deux sexes eul été altéré dans une proportion d'autant plus considé- rable que l’homme, au sortir de l'enfance, parcourt une foule de carrières périlleuses, inaccessibles à la femme, leiles que la guerre, la navigation, les travaux des mines et des usines. En d’autres termes, l'excédant des nais- sances masculines étant nécessaire, la nalure y a pourvu, et l'équilibre se maintient par des faits indépendants de la volonté de l'homme. Ce n’est donc pas seulement dans le monde des animaux et des plantes que le créateur lui- même s’est chargé du maintien de l'équilibre! Plus le champ de l’observation s'agrandira, plus la science fera de progrès, et plus on verra que la force per- turbatrice de l'homme doit être renfermée dans des limites beaucoup plus étroites que celles qui lui sont assignées dans les livres d’un grand nombre d’économisies. Les sciences sociales aboutiront au même résull@t que les sciences na- turelles : la manifestation de plus en plus évidente du règne de la Providence. Nous ne sommes pas loin du temps où l'on saura que, chaque fois qu'il s’agit de nos destinées collectives, l'homme se trouve en présence d’une physique sociale, régie par des lois plus sages que nos systèmes d’un Jour, plus fortes que nos vertus, nos pas- sions et nos vices. Dès à présent, on ne saurail nous accuser de démériter de la science moderne, quand nous disons : L'homme étant doué de tel degré de fécondité, cette fécondité était nécessaire, non pour troubler, mais pour maintenir l'harmonie dans le plan général de la création. Cette proposition, nous le savons, rencontre de nom- breux adversaires. On enseigne que l'homme, prolifique au delà de toute mesure, doit sans cesse, meme dans le D Less 0. ( 1075 mariage, mettre des bornes à sa fécondité, sous peine de préparer à lug même, à sa compagne et à sa postérité une abondante récolte de vices et de misère. Bien plus : on s’érige en théologien, on se pose en casuiste, pour dé- cider que certaines pratiques, que la nature ignore et que la morale universelle réprouve, sont parfaitement légi- times, quand il s'agit d'arrêter le développement de la population. « Au père de famille, dit-on, incombe le » droit d’user, dans cette affaire, plus que dans toute » autre, de son libre arbitre, et de faire acte de créature » intelligente, morale et responsable. Sera-t-il immoral, » s'il ne veut avoir qu'un nombre limité d'enfants, pro- » portionné à ses facultés et à l'avenir que sa tendresse » rêve pour eux, ef sil ne se voue pas dans ce but à l'ab- stinence la plus rigoureuse et la plus absolue ? » On veut que les évêques redressent les notions erronées des jeunes ecclésiastiques, en leur inculquant les principes fonda- mentaux de l’économie politique; on insiste sur les bien- faits dont la société moderne sera redevable au premier prélat qui fera prévaloir cet enseignement dans son sé- minaire (1). | Et sur quoi se base-t-on pour tenir ce langage? Sur des publications officielles, insuffisantes, incomplètes, très- souvent fautives et embrassant à peine l’espace d’un siècle. Sur des lableaux statistiques dans lesquels les partisans des systèmes les plus opposés viennent tour à tour puiser des arguments et des objections; où les uns découvrent que la population tend à se développer avec excès, pen- dant que les autres y voient qu'elle se développe avec S (1) Garnier, Du principe de populalion, p. 98-100 ; 2° édit. (1857). ( 108 ) moins de rapidilé que les moyens de subsistance. Sur de prétendues moyennes nationales qui ne varient pas seule- ment de peuple à peuple, mais qui perdent toute valeur lorsqu'on les met en rapport avec les diverses localités et même avec les diverses classes de la population d'un seul pays (1). En attendant que nous examinions les objections dans tous leurs détails, ramenons encore une fois le problème à ses véritables termes. Envisageons, non tel peuple ni tel groupe de peuples, mais l'espèce tout entière; non tel pays ni telle agrégation de pays, mais le domaine enter de l’humanité, c'est-à-dire le globe tel qu'il se balance dans l'espace, avec ses lerres et ses mers, ses montagnes et ses plaines , ses peuples serrés el ses vastes solitudes. Le globe est-il à la veille de ne plus suffire à la subsis- tance de l’espèce humaine”? La terre va-t-elle manquer aux peuples courageux, avides de travail et de bien-être” Regardez l'Afrique avec son ciel splendide, ses rivages immenses et sa végétation luxuriante. Chaque fois que, poussé par l’enthousiasme de la science, un voyageur in- trépide s'enfonce dans ses profondeurs encore mysté- en (1) Nous n'avons garde de méconnaitre les services rendus par la statis- tique, et nous attendons beaucoup de ses progrès futurs; mais, pour ce qui concerne la population, les tableaux publiés jusqu’à ce jour sont loin d'embrasser une période et une étendue suffisantes ; et cependant, ce n’est qu’en opérant sur des masses considérables qu’on peut obtenir des résultats décisifs. M. Villermé dit avec raison : « Dans des pays parfaitement sembia- » bles sous un rapport quelconque, la proportion des naissances varie sou- » vent beaucoup d’un endroit à l’autre, même d'une année à l’autre, et l'on » peut à la fois, avec les résultats de deux localités d’une catégorie donnée, » Soutenir ou combattre la même opinion. » (Séance de l’Académie des sciences morales et politiques du 9 septembre 1843. Compte rendu de Yergé,tIMope241 ( 109) rieuses , il trouve, au lieu des déserts de sables marqués sur uos cartes, un sol favorisé de tous les dons de la nature, au point que le travail le plus léger suffirait pour lui faire produire des récoltes prodigieuses. EL cependant, cet immense continent africain, sur une surface de près de deux millions de lieues carrées, ne renferme, suivant les calculs les plus larges, que soixante-dix millions d’habi- lants; tandis que la Belgique, infiniment moins fertile, nourrit 148 hommes par kilomètre! Voyez l'immensité de ces régions du nord et du centre de l'Asie, d'où s’élan- çalent jadis des flots de peuples, et que les Romains effrayés nommaient la Mére des nations : le Tartare et le Mongol y dressent aujourd'hui leurs tentes et promènent leurs trou- peaux dans la solitude! Et plus près de nous, quel est le spectacle que nous offre le sol fécond de cette Asie-Mineure où se trouvaient jadis tant de royaumes puissants, tant de cités superbes, tant de merveiiles de la nature et des arts? Des provinces qui nourrissaient tout un peuple comptent à peine quelques centaines de familles nomades. Partout la terre appelle en vain le sec de la charrue et les bras de l’homme. Au delà de PAtlantique, les mêmes tableaux se dérou- lent aux regards de l'observateur attentif. Coupé de fleuves majestueux, réunissant tous les climats, étalant tous les produits, renfermant toutes les richesses, le magnifique continent de l'Amérique du Sud étend d’un hémisphère à l’autre son sol couvert d’une végétation luxueuse. Quelle est la population qu'il nourrit sur une longueur de 1500 et une largeur qui s'étend jusqu’à 4100 lieues? Moins de quiuze millions d'âmes! Avec toutes les ressources d'un sol vierge et tous les éléments désirables de prospérité, le Brésil, sur une surface de sept millions de kilomètres 2e SÉRIE, TOME X. 9 ( 440 ) carrés, c’est-à-dire plus de dix fois le territoire de Ja France, renferme environ six millions d'habitants. Avec ses côtes ouvertes en même temps à l'océan Pacifique et à l'océan Atlantique , la nouvelle Grenade, sur une étendue de 55,000 lieues carrées, compte une population de 1,900,000 âmes. La Confédération Argentine en renferme 800,000, sur une superficie de 200,000 lieues carrées! La Guyane hollandaise est habitée par 60,000 colons, tandis que, suivant des documents irrécusables, publiés 1l y à quelques semaines, elle pourrait en nourrir vingt-cinq millions. Plus haut, dans l'Amérique centrale, sur un terriloire qu'arrosent de nombreux cours d’eau et que Humboldt évalue à 16,740 lieues carrées, les derniers re- censements portent le nombre des habitants, blancs, indiens et métis, à 1,500,000. Dans l'Amérique du Nord elle-même, des terres immenses attendent vainement les capitaux et les bras qui doivent les faire entrer dans le patrimoine des peuples civilisés. Un peu plus de sept mil- lions d'habitants sont disséminés sur les 108,000 lieues carrées qui composent la superficie du Mexique. Calculez l'étendue de ces prairies du Far-West qui séparent les derniers défrichements des deux rivages des États-Unis; comptez les iles des deux hémisphères qui pourraient recevoir une population décuple de celle qu'elles renfer- ment; mettez en ligne de compte les soliludes encore inexplorées de l'Australie; joignez à tous les faits que nous avons énumérés, et auxquels nous pourrions en ajouter une foule d’autres, la statistique des landes et des bruyères qui, même dans les pays civilisés de l'Europe, restent sans culture : aussitôt vous serez convaincu que c'est l’homme qui manque à la terre, et non la terre qui manque à l’homme! (HE ) On le voit : cette espèce humaine qui pullule comme le puceron des roses; qui se précipite, comme l'air dans Île vide, partout où elle trouve quelques pieds de terre qui puissent supporter sa hutte et lui fournir une maigre nourriture ; qui se développe et se propage avec une bru- tale imprévoyance, jusqu’à ce que la pâture lui manque et que la faim compatissante vienne moissonner ses phalanges surabondantés; cette espèce humaine peut exister dans les livres de quelques économistes, mais elle n'existe pas sur le globe. Après soixante siècies d'efforts et de luttes, plus de la moitié de ce globe manque d'habitants! Que serait-il arrivé si, dès l’origine, tous les peuples avaient pratiqué, même au sein du mariage, la contrainte morale lant recom- mandée par les disciples de Malthus? = Nous concevons qu’on recommande la prudence et la prévoyance à l’homme qui songe à s'engager dans les liens du mariage. L'homme étant à la fois un être intelligent et un être destiné à vivre en société, la Providence, en fixant le degré de fécondité de notre espèce, à nécessaire- ment tenu compte des obstacles que le mariage, seule source légitime de la famille, devait rencontrer dans les besoins et les ivslitutions inséparables de la vie sociale. Mais cette prudence et celte prévoyance doivent elles- mêmes avoir des limites, et, pour peu qu'on veuille y réfléchir, on sera bientôt convaineu qu'il peut y avoir un danger réel à recommander aux époux des pratiques que repoussent en même temps la nature et la morale uni- verselle. L'histoire nous fournit à cet égard des enseignements et des exemples qu'un homme sérieux ne saurait pas dé- daigner. Quel est l’économiste qui n’ait pas admiré le mouve- Li ( 112 ) ment si plein de force et de vie que présente la Gréee an- cienne aux beaux siècles de son histoire ? Une race vigou- reuse, intelligente et guerrière, remplissait les villes et les campagnes. La poésie, la philosophie et les arts régnaient au sein de l’abondance. Sur un sol admirable- ment cultivé, le regard du voyageur rencontrait-à chaque pas les merveilles de la nature et les prodiges du génie. Au milieu des guerres étrangères et des guerres inteslines, la population s'était tellement développée que son excé- dant avait suffi pour établir des colonies florissantes sur les côtes de l'Italie, de la Sicile, de la Corse, de la Gaule, de l'Afrique, de l'Asie Mineure et du Pont-Euxin. Tout à coup ce tableau de bonheur, de puissance et de gloire disparut pour être remplacé par le honteux spec- tacle de l'impuissance et de la décrépitude. Toutes les sources de la prospérité nationale s’éteiguirent les unes à la suite des autres. Les villes se dépeuplèrent, les campa- gnes restèrent en friche, et bientôt, à la suite de l'épui- sement successif de toutes les forces vives du pays, la perte de l'indépendance suivit la perte des richesses. Du temps de Plularque, la Grèce, qui avait triomphé des innombrables armées des Perses, n'était plus en état de fournir 5000 soldats pesamment armés (1). Sous le règne d'Augusie, Strabon trouvait partout Ja solitude et la stéri- lité. Il consiate que les habitants étaient devenus rares, et que les soldats romains établissaient leurs camps dans les villes abandonnées (2). Ne pouvant attribuer tous ces maux à la conquête et à (1) Plut., De Defectu orac., c. VIII, trad. d'Amyot, p. 558; édition de 1575. (2) Strab., L VIT, c. VII, 6 5, p. 448; édit. de Leipzig, 1789. LA ( 113 ) la guerre, les Grecs, trop orgueilleux pour songer à leurs vices, accusaient les dieux et la fatalité; mais, dès le deuxième siècle avant l'ère chrétienne, un de leurs conci- toyens les plus illustres avait signalé la plaie et prédit la décadence. « Il ne s'agit pas, disait-il, d'attribuer aux » dieux la dépopulation de vos villes et la stérilité de vos » campagnes. Ce ne sont ni les guerres ni les épidémies » qui ont amené le triste spectacle qui désole la Grèce... » Vous voulez vivre dans la sécurité, le repos et la paresse. » Vous ne voulez ni vous marier ni élever des enfants » procréés hors mariage, ou si, par exception, vous vous » soumettez aux charges d’un ménage, vous vous arrangez » de manière à n'avoir qu'un enfant ou deux, afin que, » comme vous, 1ls puissent vivre dans les richesses et le » luxe. Ce mal s’est propagé en cachette, mais avec une » déplorable rapidité. C’est la source des malheurs dont » VOus vous plaignez; car, lorsqu'on ne laisse qu'un ou » deux enfants, la guerre ou une maladie imprévue les » enlève. Il est donc inévitable que vos demeures devien- » nent désertes.... [1 n’est done pas nécessaire d’invoquer » ici la protection des dieux. Puisque Île fait dépend de > Vous, Vous pouvez vous dispenser de recourir aux ora- » cles. » C'est ainsi que la dépopulation de la Grèce se trouvait neltement prédite par Polybe, deux siècles avant le jour où Strabon dressa le triste bilan de son voyage. Les Grecs avaient trop largement pratiqué la contrainte morale (1) ! Mais les Romains eux-mêmes étaient à la veille de four- uir au monde un saisissant exemple des malheurs et des (1) Polyb. excerpta, 1. XXXIV-XXXVII. Maïü, Scriptorum veterum nova coll., 1, I}, pp. 450-451 (Romae , 1827). ( 114 ) hontes qu'amène infailliblement l'oubli des lois de la na- ture. Les mêmes vices allaient prodaire les mêmes résul- tats dans les belles et fertiles campagnes de l'Italie. Il suffit de se rappeler les interminables guerres de la république romaine, pour avoir la preuve du nombre et de la fécondité des habitants de la Péninsule. Les légions invincibles accouraient au premier appel de la patrie; les unes emboitant en quelque sorte le pas des autres, elles franchissaient les mers et les Alpes pour lutter contre les peuples les plus divers, pour conquérir le monde connu de leurs contemporains. C'était en vain que le glaive, la mi- sère et les maladies venaient éclaircir leurs rangs pressés. Des soldats vigoureux prenaient la place et relevaient les armes des morts; les fils succédaient aux pères sur tous les champs de bataille, et cependant, malgré cette incessante consommation d'hommes à la fleur de l’âge, une popula- tion serrée remplissait les villes et cultivait admirablement les campagnes. La république était grande, puissante, invincible, lorsque tout à coup les magistrats s’aperçurent qu'une cause de dé- cadence inévitable se développait au milieu du triple éclat des armes, des arts et des lettres. Ils remarquèrent que l'amour des plaisirs et de l’aisance détournait les Romains du mariage, pendant que, dans les unions légitimes chaque jour plus rares, les époux pratiquaient, sous des formes variées, les manœuvres que les savants futurs devaient un jour honorer du nom de contrainte morale. Auguste apprécia la grandeur du mal et s'efforça d'y porter remède. Afin de multiplier les mariages, 1l plaça les célibataires dans une position inférieure à celle des hommes mariés. Il appela à son aide les stimulants de l'ambition et de lintérêt, en d’autres termes, les deux ( 445 ) passions dominantes de ses compatriotes, l'avarice et l'or- gueil. Il accorda aux époux des siéges privilégiés aux jeux du cirque, qui occupaient une si large place dans la vie des Romains de son siècle. I fit priver les célibataires du droit de recueillir par testament d’autres héritages que ceux de leurs proches parents, à moins qu'ils ne se ma- riassent dans un intervalle de cent jours après le décès du testateur. [l saisit toutes les occasions de rappeler que le célibat avait été dans tous les temps déconsidéré à Rome. Mais, comme déjà l'expérience avait prouvé qu'il ne sufli- sait pas de rendre les mariages plus fréquents, ces mesures furent combinées avec plusieurs autres destinées à mettre un terme à la stérilité artificielle des unions légitimes. Les époux qui avaient trois enfants l’un de l’autre pou- vaient seuls se donner la totalité de leurs biens. Ceux qui n'avaient point d'enfants ne pouvaient recueillir que la moitié des legs qui leur étaient faits par des étrangers, et la part qu'ils ne recueillaient pas était attribuée à ceux qui, étant appelés par le même testament, avaient des enfants. Le père d'une nombreuse famille se ménageait la chance d'arriver avant l’âge aux fonctions les plus élevées de l'empire, parce que chaque enfant donnait dispense d'un an. Trois enfants à Rome, quatre en Italie, cinq dans les provinces, exemptaient leurs parents de toutes les charges personnelles. La femme ingénue, mère de trois enfants, et la femme affranchie, mère de quatre, étaient délivrées de cette tutelle perpétuelle si génante et si dure, imaginée par la jalousie ombrageuse des anciens légis- tes (1). (1) Voyez, pour les détails et les textes, Troplong, De l’influence du christianisme sur le droit civil des Romaïins ; 2° part., ch. IN. ( 116 ) Vains efforts, tentatives inutiles! Les mariages ne de- vinrent pas plus nombreux, et ils furent de plus en plus stériles. On combina le vice et le crime pour s’épargner l'embarras d'élever une nombreuse famille. Peu à peu la population libre s’éteignit et, de même qu’en Grèce, les terres demeurèrent en friche. Tite-Live se demandait déjà ce qu'étaient devenus ces habitants de l'Italie méridionale, qui se mullipliaient lorsque d'inombrables armées sor- taient de leur sein, tandis que, de son temps, on avait peine à y recruter quelques centuries de soldats en état de porter les armes (1). Quelle douleur ne l'eût pas saisi à l'aspect du tableau que les fertiles campagnes de la pénin- sule offraient sous l’Empire? Des deux côtés des Appen- nins, on pouvait parcourir des districts entiers, sans ren- contrer un habitant! Comme les esclaves eux-mêmes étaient devenus rares, les empereurs avaient eru suppléer au manque de bras en peuplant les provinces de prison- niers barbares; mais les rudes enfants de la Germanie, peu faits pour subir le joug, mouraient à la tâche ou déser- taient en masse pour aller grossir les rargs des ennemis de Rome. Sous le règne de Théodose, un évêque illustre, énumérant les désolations de la belle Italie, versait des larmes à l'aspect des « campagnes en deuil couvertes de » cadavres de villes (2)! » Heureusement que, même dans le vice, la force perturbatrice de l’homme rencontre des limites fixées par la Providence; car l’histoire atteste que toujours les races énervées et corrompues disparaissent ou sont régénérées par la conquête. Ce dernier lot devait échoir au monde romain. Les races indomptées du Nord a = — (1) Æist., 1. VI, e XIE, p. 259 (coll. Lemaire). (2) S. Ambros., Epist. XXXIX, c. 5; éd. Migne, {. LIT, p. 1099. Œiie LA étaient prêtes à se mêler aux races énervées du Midi. La grande loi historique du progrès continu de l'humanité était à la veille de recevoir une nouvelle et éclatante con- firmation. Sur les débris du monde romain allait se former cette vaste communauté des nations d’où devait sortir, à la suite d'un travail de plusieurs siècles, la civilisation large et généreuse de l’Europe moderne. Après ces préliminaires indispensables, nous pouvons procéder à l’analyse des doctrines économiques et morales de l’école de Malthus. IT. — LA DOCTRINE DE MALTHUS, Quelle est la fécondité de l'homme, comparée à la fécon- dité de la terre qui doit lui fournir ses moyens de subsis- tance? Malthus répond : | « Nous pouvons tenir pour certain que, lorsque la » population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va » doublant tous les vingt-cinq ans, et croît de période en » période selon une progression géométrique. » Nous sommes en état d'affirmer, en partant de l'état » actuel de la terre habitée, que les moyens de subsis- » tance, dans les circonstances les plus favorables à l'in- » dustrie, né peuvent jamais augmenter plus rapidement » que selon une progression arithmétique. » Traduisant ces deux lois par des chiffres, le célèbre économiste anglais ajoute : « La race humaine croîtrait comme les nombres 1, 2, 4,8, 16,52, 64,128, 256, tandis que les subsistances Croitraient comme ceux-ci : 4, 2, 5, 4, 5, 6, 7,8, 9. Au bout de deux siècles, la population serait aux moyens de subsistance comme 256 est à 9. » VV Y % ÿ ( F8) À la vérité, cette sombre perspective ne saurait jamais se réaliser, même en partie, parce que, toujours selon Malthus, la population rencontre des obstacles qui s'ap- posent à ses progrès et la maintiennent forcément, à peu près, au niveau des moyens de subsistance. Parmi ces obstacles, les uns préviennent l'accroissement de la population, et les autres la détruisent à mesure qu'elle se forme. Les premiers sont préventifs, les seconds répressifs. Au nombre de ceux-là figurent le libertinage, la prostitution, l’adultère, la promiscuité des sexes, les pas- sions contraires au vœu de la nature, en un mot, le vice; au nombre de ceux-ci, on compte les occupations mal- saines, les travaux excessifs, la misère, la mauvaise nour- riture des enfants, l'insalubrité des habitations, les excès de tout genre, les maladies, les épidémies, la guerre, la famine, en un mot, le malheur. C’est de ces considérations que Malthus déduit les règles fondamentales de sa doctrine. La fécondité manifestement inégale de l’homme et de la terre, combinée avec les obs- tacles préventifs et répressifs que nous venons d'énumérer, forme ce qu'il appelle le principe de population (1). On s'est donné beaucoup de peine pour prouver que l'économiste anglais, en se servant d'une progression géo- métrique poar formuler l'accroissement de la population, et d’une progression arithmétique pour formuler l'accrois- sement des subsistances, ne s’est pas rendu un compte exact des phénomènes qui s'accomplissent dans lune et dans l’autre sphère. On eût pu s’épargner cet embarras. En (1) Essai sur le principe de population, 1. 1°, chap. I et IE. — Les extraits reproduits plus loin sont empruntés à la traduction de M. Prevost (Paris, 1809). ° (M) apparence, Malthus semble attacher un grand prix à ces formules mathématiques; il dit que « l’accroissement de » Ja population en raison géométrique est un principe in- » Contestable (1) ; » il ajoute que toutes les lois de la po- pulalion se trouvent établies dès les six premières pages de son livre (2) : mais, quand on combine toutes les par- lies de son savant et indigeste ouvrage, on voit que les termes dont il s’est servi dépassent sa pensée. Il voulait parler non de faits, mais de tendances. Le fondement de son système, la base sur laquelle il s'appuie, le principe générateur de toute sa doctrine, le phénomène écono- mique et naturel qui lui fait pousser un cri d'alarme, tout cela se trouve uniquement dans la proposition suivante : « La population a une lendance organique et constante à s'accroitre plus rapidement que les moyens d'existence (3). » C’est cette déplorable fécondité qui, au dire de Malthus, est la source permanente de tous les malheurs, de tous les embarras, de toutes les dégradations, de toutes les hontes qui affligent les nations modernes. Et cependant ce serait en vain que les législateurs, les économistes, les philosophes, les savants de toutes les catégories, les tra- vailleurs de toutes les classes, uniraient leurs efforts pour meltre un terme à son influence délétère : la tendance de Ja population à dépasser le niveau des subsistances résulte d'une loi de la nature! Savant convaincu et logicien impi- toyable, Malthus dissipe froidement loutes les illusions qu'on voudrait conserver à l'égard de l’action perpétuelle (1) L. IV, c. XII. (2) Tome IIT, Zppend. (5) C'est ce que M. Garnier a parfaitement prouvé (Principe de, posula tion, p. 15.) ( 120 ) et souveraine de celte loi terrible. Il ne veut pas surtout qu'on attache iei une importance quelconque aux progrès futurs de l’agriculture, quelques considérables qu’ils puis- sent être. Tout effort est vain, toute lutte impuissante, tout travail inefficace et stérile! Voici ses propres paroles : « Pour élever la quantité des subsistances au niveau des » consommateurs, nous serions porlés, au premier coup » d'œil, à diriger notre altention sur les moyens d’accroi- » tre les subsistances. Mais nous trouverions bientôt que » cet accroissement n'aurait d'autre effet que de multiplier > en plus grand nombre les consommateurs... En vain » chaque année les produits iraient en croissant; la po- » pulation croitrait selon une progression beaucoup plus » rapide... Lors même qu'on accorderait que le produit » de la terre est absolument illimité, on n’ôterait rien du » poids de l’argument (1), » A plus forte raison, ne faut-il attendre aucun résultat favorable de l'exercice le plus large et le plus généreux de la bienfaisance.Suivant lillustre auteur äe l’Essai sur le principe de population, la charité publique est un encouragement constant et systématique au mariage; impuissante à multiplier les subsistances , elle multiplie les bouches, et par suite la détresse générale des classes inférieures. La charité privée a la même ten- dance; elle facilite l’entretien d’une famille; elle égalise, autant que possible, les charges du mariage et celles du célibat ; elle doit, tout au plus, servir à soulager quelques souffrances exceptionnelles. L'homme qui donne le jour à des enfants qu'il ne peut nourrir est un coupable qui mé- rite son triste sort. Ici encore Malthus exprime sa pensée ES (1). Æssar, L IV, M: L Ie Let V- (12) sans détours et sans voiles. « Lorsque la nature se charge » Ve, AU AN GyL A7 1 > LA de gouverner et de punir, dit-il, ce serait une ambition bien folle et bien déplacée de prétendre se mettre à sa place. Livrons donc cet homme coupable à la peine pro- noncée par la nature. Il à agi contre la voix de la raison ; il ne peut accuser personne et doit s’en prendre à lui- même, si l’action qu'il a commise a pour lui de fâcheuses suites. L'accès à l'assistance des paroisses doit lui être fermé; et si la bienfaisance privée lui tend quelques secours, l'intérêt de l'humanité requiert impérieusement que ces secours ne soient pas trop abondants. Il faut qu'il sache que les lois de la nature, c’est-à-dire les lois de Dieu, l’ont condamné à vivre péniblement, pour le punir de les avoir violées (1). » Après ces tristes prémisses, l’auteur de l'Essai sur le principe de population devait inévitablement aboutir à cette désolante conclusion : « Le fait est que les maux causés » COCA par les institutions humaines, et dont quelques-uns ne sont que trop réels, peuvent être envisagés comme légers et superliciels, en comparaison de ceux qui ont leur source dans les lois de la nature et dans les passions des hommes (2). » ... « La violence, l'oppression, le CORAN AVI Moy: aussill. ie: XI; LAIT, eV le TE; cc IV; L. IV, c. LT, IV, VII, IX et X. — Dans les premières éditions de l'Essai, Malthus avait poussé ces idées à leurs dernières conséquences .« Un homme, » » » » » » disait-il, qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille ne peut pas le nourrir, Ou si la société ne peut pas utiliser son travail, n’a pas le moindre droit de réclamer une portion quelconque de nourriture, et il est réellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a point de cou- vert mis pour lui. La nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre elle-même cet ordre à exécution. » (2) L. IV. c. VII. (422) » mensonge, la misère, les vices les plus odieux et les » maux de tout genre qui dégradent et désolent les so- » ciélés actuelles, paraissent avoir été engendrés par les » circonstances les plus impérieuses, par des lois qui sont » inhérentes à la nature méme de l'homme, et qui sont » absolument indépendantes de toutes les inslitutions hu- » maines (1). » Pauvre et malheureuse humanité! Voiei un peuple qui, à force de travail, de persévérance et de génie, a cultivé son sol, desséché ses marais, endigué ses fleuves, nivelé ses montagnes; au sein d'une abondance péniblement ac- quise, il a perfectionné ses lois, ses institutions et ses mœurs. Le bonheur de ce peuple n'est qu'un piége gros- sier! Aussitôt que des produits plus abondants arrivent au marché, la population , usant de sa force désordonnée, se développe avec excès et dépasse rapidement le niveau des subsistances. L’avilissement des salaires, l'encombrement des habitations et l'insuffisance des moyens d'existence ra- mènent tous les vices et tous les malheurs résultant de l'absence d'équilibre entre les ressources du pays et le nombre de ses habitants! Mais ce peuple, si cruellement frappé au milieu de ses espérances les plus légitimes, fait un nouvel et généreux effort. Prodiguant l'énergie, le cou- rage et les sacrifices de toute nature, il contraint en quelque sorte le sol à livrer des produits plus abondants et plus variés. Grâce à sa noble persévérance, l'équilibre est encore une fois rétabli. Ce ne sera que pour un jour! Dès le lendemain, la fécondité exubérante de notre es- (1) L. IT, c. IE. — M. Prevost n’a pas suffisamment rendu l'énergie de ce passage. ( 125 ) pèce produit ses conséquences ordinaires, et la nation, promptement désabusée, se trouve encore une fois en face d'un avenir plein de redoutables menaces. « Après une » courte période, dit Malthus, les mêmes marches rétro- » grades el progressives ne manqueront pas de se répé- » ter... Le retour d'une espèce d’abondance relative pro- » duira de nouveau l'accroissement de la population ; » mais, au bout d’un certain temps, cet accroissement sera arrêté par l’action des mêmes causes. L’abon- dance, en favorisant les mariages, amène un état de population excédante, auquel une année commune ne » suffit plus (4). » N'y a-t-1l donc aucun remède assez eflicace pour nous mettre à l’abri de cette situation désespérante ? La même loi de la nature nous condamne-t-elle à subir éteruelle- ment les mêmes misères? Le bonheur de l’humanité res- semble-t-il à ce rocher symbolique qu'un maudit du paga- nisme voyait toujours rouler dans l'abîime, au moment même où il atteignait le sommet de la montagne? Sommes- nous ici en présence d’un fait providentiel, d’un arrêt in- flexible du destin, devant lequel nous n’avons qu’à croiser les bras et à nous résigner en silence? Telle n’est pas l'opi- nion de Malthus. Le remède existe : il se trouve, à son avis, dans la contrainte morale. L'homme, être intelligent et libre, peut se mettre au- dessus de cette loi de la nature qui, dans toutes Îles sphères de la création, pousse au rapprochement des sexes. En substituant la prévoyance à la passion, la raison à l'instinct, l’abstinence à lattrait, il se procure les Œ © © A) L. Je H3LH,e. Xl. ( 124 ) moyens d'éloigner à la fois les obstacles préventifs, compris dans le nom de vice, et les obstacles répressifs, désignés sous la dénomination générale de malheur. « Puisqu’il faut » que la population soit contenue par quelque obstacle, » 11 vaut mieux, dit Malthus, que ce soit par la prudente » prévoyance des difficultés qu’entraîne la charge d'une » famille, que par le sentiment actuel du besoin et de la » souffrance. » Celui qui ne possède pas les ressources nécessaires pour entretenir convenablement une famille doit s'abstenir da mariage; celui qui est marié ne doit pas mettre au monde plus d'enfants qu’il n’est en état d’en nourrir : telle est la double face de cette contrainte morale sans laquelle il n’y a ni bonheur, ni repos, ni dignité pour les peuples modernes. Mais il importe de remarquer que, dans l'opinion de l’économiste anglais, cette contrainte demande, pour être efficace, l'accompagnement d'une vie conforme à toutes les exigences d'une chasteté rigoureuse. À cet égard, il s'exprime de la manière la plus nette et à diverses reprises. Il reproche à Condorcet d’avoir voulu limiter la fécondité de l’homme à l’aide d’une espèce de concubinage ou de mélange des sexes exempt de toute gêne. [1 avait trop de lumières et d'expérience pour ne pas savoir que, même au point de vue des intérêts matériels, la généralisation de la débauche serait le plus grand de tous les maux et la dernière de toutes les humiliations. « Je serais inconsolable, dit-il, d'écrire quoi que ce soit » qui püt, directement ou indirectement, être interprété » dans un sens défavorable à la cause de la vertu. » On peut affirmer tout aussi positivement que Malthus aurait protesté contre la contrainte légale aujourd'hui préconisée par quelques-uns de ses derniers disciples. Il voulait qu'on laissât chaque homme suivre librement son choix, en le ( 125) rendant responsable devant Dieu du bien ou du mal causé par sa détermination (1). Mais cette contrainte morale, abandonnée à la libre appréciation de chaque iüdividu, quelles que soient ses lumières, sa conduite, ses ressources ou sa position S0- ciale; cette contrainte morale, ayant pour toute garantie - un sentiment problématique de prévoyance, suflira-t-elle pour empêcher ces débordements de population, sources de tant de maux et.de hontes? Malihus émet timidement quelques espérances; il demande qu'on ne jette pas l'épi- thète de visionnaire à la face de ceux qui atteudent quelque résultat de la connaissance désormais acquise du principe de population ; 11 affirme qu'il n'ya rien de dérai- sonnable à croire que l’inflaence préventive de la pru- dence, à la vérité très-faible dans le passé, pourra croître et s'étendre parmi les générations futures; mais, quand on lit attentivement le chapitre qu'il a spécialement con- sacré aux moyens d'améliorer le sort des pauvres, on voil que son espoir est bien modeste et sa foi bien faible! « Je ne vois pas, dit-il, comment on peut échapper à » cette conclusion que, jusqu’à l’époque où nous avons » de quoi fournir à l'entretien d’une famille, la contratate » morale est pour nous un devoir... Malgré cela, je ne » CrOÏS pas que parmi mes lecteurs il s’en trouve beau- A A MOST I, NV, XL, a, XIV DT CN cu Ra VIS Ve" XI — On a soulevé des doutes à l'égard de Ja question dé savoir comment Maltbus entendait la contrainte morale dans le mariage. Il ne s'exprime pas ici avec toute la clarté désirable. Nous croyons que, dans sa pensée, fa contrainte morale devait être accompagnée d’une abstinence absolue; mais son traducteur semble pencher vers l'opinion contraire (t. I‘, p. 565, en note). AM SÉRIE, TONE X. 40 ( 126) » Coup qui se livrent moins que moi à l'espoir de voir les » hommes changer généralement de conduite à cet égard. » Aussi la principale raison pour laquelle je viens de tracer » le tableau d’une société, où la vertu que je recommande » serait universellement pratiquée, était de mettre la bonté » divine à l'abri de toute imputation (1). » Atleurs il ajoute : « De tout temps la passion qui unit les sexes a » élé la même, avec si peu de variation, que l'on peut » l’envisager, pour me servir d’une expression algébri- » que, comme une quantité donnée (2). » Ainsi, d’un côté se trouve un mal dérivant des lois de la nature, mal immense, toujours présent, toujours acuf et tellement redoutable que les institutions les plus vi- cieuses pérdent, comparées à lui, toute signification et toute importance; de l'autre, on indique un remède dif- icilement applicable, exigeant des vertus rares, suppo- sant une prudence exceptionnelle, en un mot, d'une elticacité tellement douteuse qu'il faut lindiquer plutét pour juslifier la Providence que pour en espérer un résultat sensible. La fécondité de l'homme devient le plus terrible des fléaux, la source la plus abondante des malheurs et des vices qui désolent la terre! Il serait difficile d'imaginer une doctrine plus sombre, un système plus propre à Jeter le découragement dans toutes les âmes généreuses qui attendent avec confiance le progrès de la moralité, des lumières et du bien-être de l'humanité. - ? (oiv. IVe. Lil (DRE iv. 110 XIE ( 427. 5 Mais qu'importe, dira-t-on, que le système de Malihus soit désolant et sombre? I suffit qu’il soit vrai : là est toute la question. C'est ce que nous allons examiner. IL. — LA DOCTRINE DE MALTHUS ET LES FAITS. Est-il vrai qu’on découvre dans la population une ten- dance permanente et en quelque sorte fatale à se multiplier selon une progression géométrique? L'école de Malthus répond affirmativement, et M. Rossi, l’un de ses défenseurs les plus énergiques, prétend même que rien n'est plus facile que de justifier le langage du maitre à l’aide d’une démonstration rigoureuse. « Toutes » les fois, dit-il, que vous avez plusieurs produits ayant » chacun une force de reproduction égale à celle da pro- » ducteur, vous arriverez nécessairement à une progres- » sion géométrique plus ou moins rapide. Si un produit » deux, et que les nouveaux produits aient chacun la » même force productive qu'avait la première unité, deux » produiront quatre, quatre produirout huit, et ainsi de » suite, Abstractivement parlant, Malthus énonçait donc » un principe incontestable, » Mais n'est-il pas évident que, si l'on écarte tous les obstacles naturels, si l'on transporte le problème dans les régions abstraites du cai- cul, le même raisonnement est applicable, à tous égards, à la multiplication des subsistances? Ne serions-nous pas excessivement modéré, en disant : « Si le travail d’un » homme suffit pour en nourrir deux, le travail de deux » suflira pour en nourrir quatre, le travail de quatre suffira » pour en nourrir huit, et ainsi de suite? » Et que de- viendraient alors tous les calculs de Malihus, toujours ( 128 ) basés sur le développement inéval de la population et des subsistances ? Que l'espèce humaine puisse se développer aussi rapi- dement que la dit l’auteur de l'Essai sur le principe de population, c'est une vérité évidente. Mais l’économiste anglais ne se contente pas d'émettre cette proposition. Fl affirme que toujours, parloul et en toutes circonstances, l'homme a usé de sa force de reproduction d'une manière désordonnée, au point de faire de sa fécondité la source principale de tous ses malheurs et de tous ses vices. [I prétend que la même tendance existe et existera toujours fatalement dans l'humanité. C’est là ce qu’il fallait prouver. Écarter tous les obsta- cles, raisonner dans l'hypothèse où rien ne viendrait contrarier la multiplication de notre espèce, c'est se placer en dehors de la nature et de la société; car les obstacles surgissent toujours, avec plus ou moins d'in- tensilé, dans toutes les sphères accessibles à l’activité de l’homme. II nous importe très-peu de savoir comment l'humanité pourrait se développer dans une situation autre que celle où le Créateur l’a placée. Toute la diffi- culté consiste à déterminer les conditions de son dévelop- pement normal, au milieu des obstacles naturels et artifi- ciels qu’elle rencontre inévitablement dans la vie sociale. Ces simples réflexions suffisent pour faire apercevoir l'insuffisance de la prétendue démonstration de M. Rossi. Si nous ne voulons pas nous égarer dans le dédale d’un débat sans issue, nous devons sortir du domaine de l'ab- straction, pour marcher à la lumière que fournissent les faits attestés par une longue expérience. Agir autrement, ce serait aller beaucoup plus loin que Malthus lui-même; car, ainsi que nous l'avons dit, il s’est servi d’une progres- ( 1295) sion géométrique dans le seul dessein d'indiquer que la population tend à se mettre au-dessus du niveau des sub- sistances. I! faut, disons-nous, des faits atteslés par une longue expérience. Il ne sullit donc pas non plus de s'attacher à un phénomène isolé, dont rien ne démontre la perma- nence, et qui puisse aisément s'expliquer par les circon- slances exceptionnelles au sein desquelles 1ls’est manifesté. C’est là encore une vérité que les disciples de l'économiste anglais perdent de vue, quand 1ls appellent sans cesse notre attention sur les faits qui se passent dans un pays transatlantique. La population des États-Unis d'Amérique était de 5,505,000 âmes en 1800, de 9,638,000 en 1829, de 22,806,000 en 1850; et si l'on compare les périodes de vinot ans, on voit que le nombre des habitants a presque doublé de 1800 à 1820, de 1810 à 1850, de 1820 à 1840, de 1850 à 1850 (14). En admettant, — ce qui nous semble loin d'être démontré, — que l'immigration n'ait que très-faiblement contribué à cet accroissement extra- ordinaire, l'exemple de l'Amérique du Nord mettra-t-il les théories de Malthus à l'abri de toute objection sérieuse ? En aucune manière. D'abord, ce n’est qu'un fait isolé, qui ne s’est point produit ailleurs d'une manière identique, et qui manque par conséquent de ce double caractère de permanence et d’universalité que requiert la base de toute doctrine vraiment scientifique; ensuite si, depuis un demi-siècle, la population américaine s'est développée selon une progression géométrique, la production agricole (1) Garnier, du Principe de population, p. 15 (1857). M. Garnier ne comprend pas dans ces chiffres les habitants des territoires nouvellement annexés. (130) y a marché plus vite encore, ce qui renverse la seconde formule de léconomiste anglais, inséparable, à ses veux, de la première. « Les États-Unis, dit M. de Lavergne, » ont une superficie égale à celle de l’Europe entière, ou » 800 millions d'hectares au moins; leur population en » 1850, époque du dernier recensement décennal, n'étant » en tout que de 25 millions 500,000 habitants, c'était » à peu près une tête humaine par 55 hectares, tandis » que les contrées les moins peuplées de l'Europe comp- > tent une tête par 3 hectares, et les plus peuplées 2 têtes » par hectare, ou soixante et dix fois pius (1). » Qu'y a-t:1l donc de si extraordinaire, de si décisif dans le fait que les États-Unis, sur un territoire d’une superficie égale à celle de l'Europe entière, renferment une population inférieure à celle de la France? Pour que l'expérience fût décisive, il faudrait prouver que les mêmes tendances se produiront lorsque toutes les terres américaines auront trouvé leurs propriétaires , lorsque la production agricole devra se passer du secours des défrichements successifs, lorsque toutes les carrières seront obstruées, lorsque l’espace et la terre manqueront aux esprits aventureux, lorsque la population transatlantique aura la densité de celle des pays les plus peuplés de l'Europe. A cet égard, les naissances et les décès constatés dans la première moilié de ce siècle, quel que soit leur nombre, restent en dehors de la controverse; et quand même ils auraient une importance plus grande que celle que nous leur attribuons, on pourrait encore répondre que le développement acei- dentel d’un seul peuple ne suffit pas pour la détermination (1) Séance de l’Académie des sciences mor. et pol. du 23 janvier 1858; Vergé, t. XLIIT, p. 567. ( 151 ) d'une loi générale de l'humanité. L'exemple de l'Amérique du Nord n'étail pas nécessaire pour nous apprendre que l'espèce humaine peut se maltiplier selon une progression géométrique, lorsque rien n'arrête son expansion. Mais, encore une fois, là n'est pas le problème à résoudre. fl s’agit de savoir si la population , arrivée à l'équilibre entre le nombre des bouches et la quantité des subsistances, conserve une tendance fatale à dépasser ce niveau. Même en supposant que les habitants des États-Unis continuent à se doubler dans chaque période de vingt ans, il faudra près d’un sièele pour les placer dans celte condition nor- male, la seule qui doive préoccuper la science. Comment accueillerait-on les espérances ou les craintes d’un ama- teur de pisciculture, qui, parlant de l’état futur de nos étangs et de nos rivières, appliquerait la progression géométrique aux 540,009 œufs que pond une seule carpe? Et cependant, si l’on fait abstraction de tous les obstacles, de toutes les chances défavorables, cette multiplication prodigieuse devient possible. A ce compte, deux harengs suffiraient pour remplir l'Océan en dix ans (1)! | (1) On a voulu déterminer les périodes de doublement de la population pour tous les États de l'Europe ; mais les résultats auxquels on est parvenu jusqu'ici sont loin d'offrir une importance réellement scientifique. Nous cite- rons comme exemple quelques chiffres applicables à la France. Si l’on prend pour base l'accroissement constaté de 1846 à 1851 , on obtient une période de doublement de 522 ans, tandis que, si l’on se règle sur l'accroissement survenu depuis 1801 jusqu’en 1821 , la période n’est que de 128 ans (Legoyt, Dict. de l’écon. pol., v° Lois statistiques de la population). — M. E. Bou- vard a dressé, en 1856 , une table de mortalité par département, dans laquelle on lit que la population de la France s’est doublée en 157 ans; mais que, dans le département de l'Ardèche, la période de doublement a été de 79 ans ; dans le département de l'Eure, de 1750 ans, etc. (Garnier, Principe de po- pulation, p. 52). (132) Îci, comme dans toutes les branches des connaissances humaines, il est nécessaire de rejeter l'exception pour s'en tenir à la règle. Si nous voulons des faits constants, visibles, incontes- tables, vrais dans tous les siècles, sous toutes les latitudes et à tous les degrés de civilisation, l’histoire universelle nous fournit les suivants : T. La densité de la population n'est pas la conséquence nécessaire de l'étendue du territoire. La petite Belgique nourrit six fois plus d'habitants que les 200,000 lieues carrées qui composent le magnifique et riche bassin de la Plata. | IF. La densité de la population n'est pas la conséquence directe de la fertilité naturelle du sol. Dans ses marais et ses sables, conquis sur la mer et rendus fertiles à force de sueurs et de sacrifices, la Hollande renferme trois mil- lions d'habitants, tandis qu’on en compte à peine le double dans l’immense empire du Brésil, où tant d'éléments de richesses agricoles et industrielles appellent de toutes parts le travail fécondant de l'homme. HT. Le mouvement de la population ne suit pas une marche toujours uniforme. Il n’est ni constamment ascen- dant ni constamment descendant. La multiplication de l'homme se modifie selon les temps, les lieux et la situa- lion économique des peuples. IV. La population, considérée dans son ensemble, est un signe de travail et de force, un indice de richesse et de puissance, un symptôme de vigueur et d'ordre, un té- moignage irrécusable de l'excellence relative des institu- tions. Là où la civilisation et le travail étalent leurs mer- veilles, la population s’accroit; là où régnent l'indolence ou lanarchie, ft-ce sur le sol le plus fertile du globe, la ( 155 ) population décroit avec une rapidité égale au développe- ment de ces deux causes de ruine et de décadence. Pour s’en convaincre, l'homme qui n’est pas entièrement étran- ger aux études historiques n’a qu’à se rappeler les desti- nées des beaux rivages de la Méditerranée. V. La grande loi historique du progrès se manifeste avec éclat dans le mouvement ethnographique du globe. D'un côté, les grands centres de population versent leurs excédants sur les contrées désertes; de l’autre, les races s’'améliorent et les types supérieurs remplacent les types inférieurs. Le monde marche lentement, mais sûrement, vers un double but, l’exploitation intégrale du sol et le mouvement ascensionnel de la civilisation générale. Le dix-neuvième siècle voit se renouveler les scènes qui se passaient, sous une autre forme, sur tous les rivages où les états eivilisés de la Grèce ancienne jetaient l’excédant de leur population industrieuse. Tandis que les défrichements s'étendent sous toutes les latitudes, des peuples d'origine européenne se substituent aux Indiens de l'Amérique, aux Hindous de l'Asie, aux Nègres de l’Afrique, aux Po- lynésiens de l'Océanie. L’émigration est un fait providen- tiel (1). Qu'on étudie ces faits et leur portée avec l'attention qu'ils méritent; qu'on les combine avec les lois générales qu'on rencontre dans tous les règnes de la nature, et l'on verra que les règles qui président à la reproduction de (1) Nous empruntons ce cinquième fait à M. L. Reybaud, qui l’a plus d’une fois invoqué dans ses brillants écrits (Voy. Journal des Écon., t. I‘, p: 191; Revue des Deux-Mondes, t. X (1855), p. 142). — Dans son Histoire de l’économie pol... M. Blanqui envisage aussi l’émigration comme un fait providentiel. ( 134 ) l'homme, susceptibles d’être déterminées avec une certi- tude entière, n’ont rien de commun avec les sombres pré- visions de Maltbus. Plaçons-nons un instant dans l'hypothèse, assurément loule gratuite, de la découverte d’une île immense, parée d'une végétation puissante, mais où jamais la vie animale ne s’est manifestée sous aucune de ses formes. Supposons que des navires européens y jettent, en nombre inégal, une grande quantité d'animaux appartenant à toutes les espèces qui vivent sur notre continent. Qu'arrivera-t-1l ? Îl y aura d'abord désordre, incohérence, lutte, excès d’un côté, défaut de l’autre; mais bientôt, à la suite de quel- ques scuffrances passagères, 1] y aura ordre, harmonie, équilibre entre les espèces animales et la somme de tous les produits spontanés de l'ile. C’est une loi de la nature. La même loi existe pour l'humanité, avee cette seule différence que tout ce qu'elle offre de rigoureux, d'impi- toyable, de brutal, se trouve écarté, en très-grande partie, par les nobles priviléges attachés à l’organisation supé- rieure de l'homme. Tandis que l'animal vit de ce qu'il trouve, l’homme ei- vilisé vit de ce qu'il crée par son travail. Parmi les innom- brab'es êtres disséminés sur la surface du globe, Fhomme seul est en même temps producteur et consommateur. Grâce à l'intelligence et aux facultés puissantes dont le Créateur l'a doué, 11 lui suffit de faire un appel à ses pro- pres forces pour trouver en lui-même le plus fécond des capitaux, la source la plus pure et la plus abondante de ses richesses. Partout où 1l se fixe et se propage, les champs se couvrent d'épis, les marais se transforment en prairies, les déserts se parent de récoltes, les animaux sont domptés, et mille agents naturels, promptement ap- ( 155 propriés, mettent leur force immense au service des gé- nérations qui se succèdent. Des milliers de travailleurs courageux vivent sur la lieue carrée dont les produits spontaänés avaient peiné à nourrir une seule famille de sauvages. Chose plus admirable encore ! Quand le sol, en- tièrement défriché, ne peut plus fouruir la nourriture et le vêtément à des familles chaque jour plus nombreuses, l’homme crée des produits industriels, et ceux-c1, trans- portés au delà des montagnes et des mers, lui procurent, par la voie de l'échange, les ressources qu'il ne trouve plus Sur la terre natale. Voilà pourquoi la population n'est pas nécessairement limitée par l’étendue et par le degré de fertilité du pays. Voilà pourquoi, sur ün territoire exces- sivement restreint, Tyr et Sidon dans l'antiquité, comme Venise et la Hollaride dans les temps modernes, ont pu noürrir un peuple assez nombreux pour les mettre en état de lutter contre des monarchies puissantes. Voilà pourquoi encore, dans l'ordre inverse, le nombre des hommes dé- croit partout où des mœurs et des institutions vicieuses font reculer la production industrielle. Il est donc souvent très-difficile, nous allions dire im- possible, d'indiquer un chiffre au delà duquel la densité de la population, loin d’être un indice de force et de ri- chesse, devient une source de calamités honteuses. Le sauvage et l'animal se mettent forcément en équilibre avec les produits spontanés du sol. Un peuple civilisé trouve ses subsistances non-seulement dans la culture de ses champs, mais aussi dans la somme des produits de toutes ses industries réunies. Qui ne sait que l'Angleterre im- porte aunuellement pour plus de 500 millions de denrées alimentaires ? L'industrie et le capital étant susceptibles d'un développement indéfiui, l'assignation d’une limite (136) précise, fixe, applicable à tous les pays de l'Europe, ne deviendra possible que le jour où toutes les parties du globe auront livré les trésors que peut leur arracher la culture la plus perfèctionnée; car, jusque-là, les innom- brables combinaisons de l'échange pourront toujours sup- pléer à l'insuffisance des ressources locales. Avant cette époque, c'est-à-dire avant l'expiration d’une période de plusieurs milliers de siècles, —éventualité dont nous par- lerons plus loin, — aucun économiste n’a le droit de dire : « Voici le nombre d'hommes au delà duquel tel pays, mal- » gré le travail et l'énergie de ses habitants, ne pourra » jamais subvenir à ses besoins. » Ce langage est d'autant moins admissible que, si l’on ne se contente pas de juger sur les apparences, on trouve que la majeure partie des maux que Malthus attribue à la densité de la population proviennent de causes tout à fait différentes. | L'histoire ne nous à conservé que des documents très- incomplets sur la vie des classes laborieuses du moyen âge, avant l'émancipation des communes; mais nous sa- vons que l’épargne scrupuleuse, constante, continuée de génération en génération, figure au premier rang des causes qui transformèrent les serfs en hommes libres. Le père menait une vie de travail et de privations, les fils avaient une existence un peu moins pénible, mais les pe- tits-fils arrivaient à l’aisance et, par l'aisance, à la liberté. Chaque délassement inulile était supprimé; chaque denier, susceptible d'être soustrait à la consommation journalière, élait soigneusement mis en réserve. N'est-il pas évident que, si les ouvriers modernes avaient conservé les croyances et les mœurs de ces générations austêres, lous leurs maux seraient réduits dans une pro- (ON } A portion considérable? Quand la demande dépasse l'offre des bras, de de provenant de du chlorure d'argent l'argent Ê du chlorure entrainé lors de d'argent d’argent nr Etes fondu dans le gaz Se dQSE dans l’air. au vide |de l’évaporatioff acide au vide d’argent L des liquides. | chlorhydrique. l'argent produisent , Dersent chlorure N° D'ORDRE. Fons gr. gr. gr. gr. 108,553 | 108,549 | 0,0345 144,462 | 144,207 | 132,849 399,667 | 399,651 0,0940 530,787 | 550,920 | 132,846 (2% ) 1°. Synthèse du chlorure d'argent, en dissolvant l'argent dans l'acide azotique, précipitant la solution par l'acide chlorhydrique en léger excès, lavant le précipité, fondant le chlorure dans le gaz acide chlorhydrique et évaporant, tous les liquides à l'abri du contact de l'air, pour recueillir le chlorure entrainé ou dissous. La dissolution de l'argent a été faite dans un appareil identique à celui précédemment décrit. Le contenu du tube à boules et du ballon servant à la condensation de l’azotate entraîné par les gaz, ainsi que les eaux de lavage de ces deux appareils, ont été ajoutés au liquide du ballon. Aprés le refroidissement complet du liquide, j'ai porté le ballon dans une chambre obscure, j'y ai introduit de l’acide chlorhydrique en léger excès, et J'ai fait agiter le chlorure formé, au moins pendant vingt minutes, pour le diviser et pour transformer autant que possible tout l’azo- tate en chlorure. Au bout de ce temps, le liquide du ballon a été chauffé jusqu'à 1000. Sous l'influence de la chaleur, il s’est complétement éclairer, et le chlorure s’est fortement contracté. Le lendemain, j'ai décanté le liquide avec les plus grandes précautions. Le ballon, tout en restant in- cliné, a été chauffé dans un bain jusqu'à 400°; le chlorure a laissé découler ainsi une nouvelle quantité de liquide très-limpide. Jai versé ensuite dans le ballon de Peau bouillante très-légèrement acidulée par de l’acide azotique; Jai fait agiter le chlorure pour le diviser de nouveau. Le lendemain, la liqueur, devenue limpide, a été décantée encore ; le ballon, placé dans une position très-inclinée, a été chauffé, et tous les liquides produits par la contrac- on du chlorure, sous l'influence de la chaleur, ont été décantés et ajoutés aux eaux précédentes. Le chlorure a ( 246 ) été séché complétement, puis fondu dans une atmosphère d'acide chlorhydrique qui, dès que la fusion commence, en élimine à l’instant des vapeurs chloroazotiques. L’at- mosphère d'acide chlorhydrique à été ensuite remplacée par de l’air pur et sec. Le chlorure obtenu était d'un blane de perle. Toutes les eaux décantées et le liquide provenant de la dessiccation du chlorure sont évaporés. Dans l’essai que J'ai fait ainsi sui 995,9995 d'argent, le volume total de ces liquides comptait 2510 centimètres cubes. Soumis à l’éva- poration, ils ont laissé un résidu du poids total de 0f",0065, contenant 0£,0055 de chlorure d'argent. Le restant se composait de traces de chlorure de cuivre et de chlorures alcalins et terreux. . Cette expérience à donné les résultats suivants : Synthèse du chlorure d'argent. Poiäs Poids du chlorure dans l'air d'argent du chlorure totaf d’argent Foids 100,000 l'argent provenant d’argent SE l'argent RÉ de l’évaporation | fondu danslegaz des acide au vide. . au vide. d'argent. eaux de lavage. | chlorhydrique. produisent d’argent ent chlorure N°®% D'ORDRE. dans lPair. | | | gr. gr. gr. 0,00035 132,825 132,8382 132,848 gr. | 99,9925 gr. VI. | 99,9965 [V° Synthèse du chlorure d'argent, en dissolvant le métal dans l'acide azotique, précipitant la solution par le chlo- rure d'ammonium , lavant le précipité et fondant le chlo- rure dans le gaz acide chlorhydrique. Cette détermination à été faite absolument dans les mêmes conditions que la précédente, avec cette différence que l'acide chlorhydrique à été remplacé par le sel ammo- PT © ( 247) niac et que les eaux de lavage et de dessiccation du chlo- rure, avant d’être évaporées, ont élé soumises à un courant de chlore pour détruire l'excès du sel ammoniac et le ni- trate d'ammoniaque formé. Leur évaporation m'a laissé une notable quantité de chlorure. Une synthèse faite par ce moyen , à l’aide de l'argent pré- paré par l’acétate, m'a donné le résultat suivant : POIDS ro1DS du , «| POIDS TOTAL PoiIDs CHLORURE Ë chlorure d’arg dant provenant du ; du produit par l'argent réduit | métal entraîné chlorure dans chlorure 100,000 l'air. . et dissous ré ita : au vide. le duit au vide. de l’argent dans de ce métal. |} eaux delavage. Ë ; gr. gr. ST. sr. ” gr. 8 VIEIL. 98,3175 | 98,3140 0,0360 | 130,5923 | 130,602 | 132,8417 Ainsi mes synthèses du chlorure d'argent ont donné les résultats suivants : ï I. Par la combustion de l'argent | | 1 40 132.841 dans le chlore . qe | 20 132.843 IT. Par la précipitation de l’ar- 3° 152.843 gent par l'acide chlorhydri- que, sans lavage duchlorure. F,. . . . . 4 152.849 He 3 5° 152.846 III. Par la précipitation de l’ar- ; Fe . / 100,000 d’argent. gent par l’acide chlorhydri- que, avec lavage du chlorure. À. . . . . . . 6° 132.848 IV. Par la précipitation de l’ar- gent par le sel ammoniac et Eséertuschlorure Ti VU RME Rs 7° 152.8417 MOYENNE. . . . 152.8445 Comme la sixième détermination, dans laquelle une augmentation de poids est impossible, a donné pour (248) 100,000 d'argent 152,848 de chlorure, je considère la moyenne de 132,8445 comme étant au-dessous de la réa- lité, et je pense que l’on peut admettre, en restant dans la limite de l'expérience, que 100,000 d'argent produisent 152,850 de chlorure. D’où il résulte que le rapport pro- portionnel de l'argent et du chlore est comme 100,000 : 32,850. SYNTHÈSE DE L'AZOTATE D'ARGENT. Afin de déterminer le nombre proportionnel de l'argent en rapport de l'azotate de ce métal, J'ai effectué la synthèse de l’azotate d'argent, qui déjà a été faite successivement par MM. Turner, Penny et de Marignac. J'ai exécuté ces:synthèses dans des vases de verre de Bohême et dans une cornue de platine. Jai pris , à cet effet, toutes les dispositions indiquées à l’occasion de la syn- thèse du chlorure d'argent, pour retenir, lors de la disso- lution du métal, l’azotate d'argent mécaniquement en- traîné par les gaz nitreux; sauf, toutefois, dans un seul cas, où j'ai pratiqué la dissolution, l’évaporation et la fusion dans une cornue de platine, et où 1l m'a été im- possible de faire passer les gaz au travers d’un liquide pour les dépouiller de la solution d’argent en suspension. Je me suis servi de vases de nature différente pour élu- dier linfluence que pouvait exercer l’azotate fondu sur le verre. La solution de l'argent étant effectuée, ce qui a lieu au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures, suivant la quantité de métal employée, J'incline et J'engage le col du ballon dans un récipient, et je procède à l’évaporation complète de la solution. À cet effet, je porte le ballon à une température voisine, mais toujours au-dessous du point d’ébullition du liquide qu’il renferme, ce qui exige ( 249 ) de deux à trois fois vingt-quatre heures. Arrivé à ce résul- lat, j'élève la température du nitrate à son point de fusion, el je l’y maintiens jusqu’à ce que son poids soit constant, ce qui est parfois fort long. Pour activer cette dessiceation, et surtout pour chasser les traces d'acide azotique que le sel retient, je fais passer dans le vase un courant d'air, privé d’abord de matières organiques par son passage à travers un tube de verre de Bohême chauffé au rouge et contenant du cuivre grillé, et desséché ensuite par du chlorure de calcium. J'ai été obligé de faire passer le courant d'air au travers d’une longue colonne d'oxyde de cuivre rougi, avant de le faire dessécher, parce que j'ai constaté que l'air de mon laboratoire, ou même l’air extérieur, simplement fil- tré au travers du coton et séché ensuite, réduit lentement, mais d’une manière continue, l’azotate d'argent chaufté à son point de fusion, et plus promptement encore à l'état fondu, avec élimination d’acide azotique. Lorsque le poids de l’azotate d'argent était parfaitement constant, et que j'avais constaté ce poids, J'élevais de nou- veau la température pour fondre le sel, et je le maintenais en fusion, dans un courant d’air privé de matières organi- ques et d’eau, jusqu’à ce que son poids fût devenu absolu- ment constant. Dans plusieurs expériences, j'ai maintenu à l'état fondu près de cinq cents grammes d’azotate, de- puis huit heures du matin jusqu’à dix heures du soir, sans diminuer en rien son poids. Malgré la fixité de poids de l’azotate fondu, j'ai voulu im assurer si ce sel ne perd rien lorsqu'on le fond de nou- veau dans le vide. J’ai constaté ainsi que le sel fondu ne possède pas de tension appréciable, et qu'après avoir extrait l'air à cinq reprises et l'avoir remplacé chaque fois par de l'air pur, le ballon qui renfermait 472,416 d’azotate n'avait rien perdu de son poids. ( 250 ) Comme l'azotate fondu est un sel très-légèrement hy- grométrique, propriété que le sel cristallisé ne paraît pas présenter, j'ai muni le ballon, pendant le refroidissement, d'un tube de chlorure de calcium ou de ponce acide pour empêcher l'accès de l'humidité. Hors de là, le ballon était hermétiquement bouché, sauf seulement pendant la pesée. Alors le bouchon plein qui fermait le goulot du flacon servant lui-même de fermeture au ballon, était remplacé par un autre bouchon, muni d'une légère rainure, par laquelle l'air du ballon se mettait en équilibre de pression avec lair extérieur. L’azotate obtenu dans toutes les expériences où je me suis servi d'air purifié, était tout à fait incolore à l’état fondu, et d'un blanc nacré, à cassure rayonnée, à l’état so- lidifié : il était toujours neutre au tournesol. Des huit synthèses que je donne plus bas, quatre ont été faites dans des ballons de verre de Bohême, deux dans des cornues de même verre, munies d’un récipient rodé à la cornue et d'un tube recourbé également rodé au récipient pour retenir l'argent entraîné. Les deux dernières, VIT et VIIT,, ont été exécutées dans le platine. Pour le n° VIE, la dissolution du métal lui-même a été faite dans la Cornue de platine. Dans cette expérience, je n’ai pas pu faire pas- ser les gaz, produits lors de la dissolution de l’argent dans l'acide azotique, au travers dun liquide pour retenir le métal entrainé. Cette synthèse est donc nécessairement fautive. Dans la VIT" expérience l'argent à été dissous dans un appareil en verre, et la solution, avec les eaux de lavage des appareils, a été évaporée dans la cornue de platine. L’azotate y à été desséché, fondu et maintenu en fusion pendant six heures. Les deux opérations faites dans le platine m'ont permis d'apprécier combien est ma- nifeste l’action de l'air dû laboratoire sur l’azotate d'argent ( ( 251 ) . fondu. J'ai eu beaucoup de peine à empêcher sa décomhpo- silion par les matières organiques. L'identité du résultat obtenu dans l’expérience VIEF avec le résultat fourni dans les expériences F, If, ET, IV, Vet VI, montre que l’azo- tate d'argent peut être fondu dans le verre sans l’attaquer ni se décomposer. D'ailleurs, j'ai toujours constaté directe- ment, pour chaque expérience faite dans le verre, que Île poids du ballon était identiquement le même, après comme avant la synthèse : tout au plus remarquait-on une aug- mentation de poids de trois à quatre milligrammes, due à de l’acide silicique déposé contre la paroi et provenant du silicium de l'argent. J'ai dit plus haut que l’azotate simplement desséché à son point de fusion perd encore de son poids lorsqu'on vient à le fondre. La différence atteint en moyenne un douze mille cinq centième de son poids. L’azotate d'argent cristallisé pur, desséché pendant six mois sous une cloche avec de l’acide sulfurique concentré, a perdu, dans un essai exécuté sur une assez grande échelle, un quatre millième de son poids par la fusion. Ce sel, qui serait considéré par tous les chimistes comme anhydre, perd donc trois fois autant d’eau que le sel obtenu dans la synthèse directe et séché à son point de fusion. Il me pa- rait d’ailleurs probable que toute la perte éprouvée par le sel eristallisé, lors de la fusion, ne doit pas être attribuée à de l’eau dégagée; il se peut que l'air condensé par les petites lames cristallines y intervienne pour une part. Quoique je croie donc plus rationnel de considérer comme défini l’azotate fondu, je donne, dans le tableau qui suit, le poids du sel dans les deux cas. D'ailleurs, pour l'une ou l’autre hypothèse, les résultats s'accordent dans des limites extraordinairement étroites , et présentent un en- semble qui ne permet pas deux interprétations. ( 252 ) “ouua4our 8] 2p [N°10 27 suvp a)duwoo nuo sed ve uo,u of ‘o3xos ap suep anbipur ref onb jrowu o7 aed ‘ypoexour juea osoyqjuAs , TA EI op 1e1ns94 07 (y) GLY° LGV LS8# LGY | * * * * ‘(;) aNNaxOW | 69%°LGY 88Y°LSY 8CGYIS | 80671£ LLEYIE UNE | 0000‘0 000‘008 800‘008 | ITA || | OG7'LGT 09%‘ LST 106‘Y1S | 698‘Y1e VGG'Y1S 888 71S 0000‘0 000008 800‘00& |'IIA ‘aU210jd op SUDP Sajin] sasoyauñis ‘HIMAS HANODHS : COY LG VLY‘LSOY e12‘LC9 29929 ggL‘Le9 c09‘L29 0000‘0 L66‘707 GL6Y0Y ‘IA OLY‘LGY SLY‘LIT VIF GLY 8Yc°cLY G2Y'GLY 69c‘5LY 0£r0‘0 000‘00€ FF0‘00£ | ‘A À FLY LS 9LY'LEY COY‘GLY c6LC TLY cogr'cLy c992‘GLY cO10‘9 966°66G L00°00£ ‘AI LLY'‘LG c8Y' LS 2e6‘Y1e 168 Y1S 696‘71S LGG‘YTE 0980‘0 986‘66I Y66664 | ‘INT 87° LG OIS‘LGY | OLLY LGT | SOSY‘LOY | GG0S'LSI G18%°LGF 8000 GG66°66 896666 | ‘I YLY'LOT G6Y ‘LOI 6YL9‘1GI S8c9‘1cI 6169°1GH GSLO‘TGI ce10‘0 Y89c LL G}LG'LL al "18 ‘18 "18 28 +28 28 : ‘18 ‘JUPYOT 9P 91490 91 SUVP 9710] sosoyquhs 1 LICE TC URL ‘qJueqsuo09 sprod ‘uorsny |, È 2 gnbsnfuoisny u9 2p quiod uos e 9PIA Ne JINpPou "JIET SUEQ ‘aprane 1mp9ou ‘ATC,I SUEQ 264 sol ‘OpIA NE ‘II, SUCP a f| NU9qureu 95 NP | 2U295$9p [95 np x y sx vw sed puyexquo ù è . H spiod or saade,q| sprod o1 soude, q qinpou ES, | ‘x °w © | — — ——e_— — quosre,p | quo$sae,f op © mm | : jus U 09 sprod e,nbsnf uorsny ua : UOISN} 2p JUIOË uos P o1810z8,] 2p quosue,f 9P = | : eau op 000‘007 xed gnpoud NUPJUIEUT JU9ŸIE,P 9J810Z8,1 9P 2U29559P AU9$4P,p 94810Ze,I 9P $ sprodŒ sprod a l AuUSSAU Pp 9)1U10ZY 12209 Sprod 12202 Sprod SPI0d dE “uo040,P 2101020 7 9p sasoyiuhs SYNTHÈSE DU SULFURE D'ARGENT. Jusqu'ici, il n’y a que M. Dumas qui ait tenté de faire la synthèse du sulfure d'argent. Pour déterminer le rapport proportionnel de ses élé- ments, il a sulfuré directement l'argent par du soufre pur qu'il faisait passer en excès, à l’élat de vapeur, sur le métal chauffé au rouge. Le rapport moyen qu'il a obtenu est celui qui résulte du principe de Prout. En suivant cette méthode, j'ai fait deux séries d'expériences : la première, comprenant trois synthèses, par du soufre pur amené en excès, à l’état de vapeur, sur le métal chauffé au rouge sombre dans un tube de verre de Bohème entouré de magnésie, pour le soustraire à l’action de la flamme du gaz; dans la deuxième, j'ai remplacé le soufre par de l'acide sulfhydrique pur et sec. Dans l'un et l’autre cas, j'ai chassé l’excès de soufre par un eourant d'acide carbonique pur el sec. Comme, dans un premier essai, j'avais constaté, tantôt la formation de traces d’acide sulfureux, tantôt la forma- lion d'acide sulfhydrique, j'ai soupconné la présence de l’oxygène et de l'acide chlorhydrique dans l'acide carbo- nique que je préparais avec l'acide chlorhydrique et le marbre, et que je faisais passer d’abord au travers d’une bouillie de bicarbonate de soude, ensuite au travers de tubes remplis de chlorure de calcium. J’ai donc pris le parti de faire passer l’acide carbonique, avant de le sécher complétement : 1° Au travers d’une bouillie de bicarbonate de soude: 3° Sur du bicarbonate de soude sec contenu dans deux tubes en U; 5° Au travers d’un tube de verre de 90 centimètres de : ( 204 ) longueur, chauffé au rouge sur toute sa longueur, et rempli, dans sa première moitié, de cuivre réduit par l'hydrogène, et, dans la seconde, d’un mélange d'oxyde de cuivre et de cuivre réduit par l'hydrogène. L'appareil à dégagement d'acide carbonique se terminait par deux tubes en U, remplis de chlorure de calcium et suivis de deux autres contenant de la ponce sulfurique. Les causes d'erreurs que j'avais soupçonnées étaient réelles; en effet, quoique j'eusse pris la précaution de laisser dégager l'acide carbonique, pendant trois heures, avant de chauffer le tube à cuivre et à oxyde de cuivre, j'ai vu des traces non équivoques d’'oxydation du métal surune longueur de cinq à six centimètres, lorsque j'ai chauffé le tube au rouge sombre; et de plus, J'ai vu se former une quantité très-notable de sous-chlorure de cuivre, preuve évidente que le courant de gaz entraiînait avec lui des traces d'oxygène et d'acide chlorhydrique. Comme Jai déterminé un courant lent d’acide carbonique, j'espère avoir éliminé complétement les causes d'erreurs que Je viens de signaler. Mais si j'avais à recommencer ces syn- thèses, je remplacerais l'acide carbonique par de l'azote, qu'il est si facile d'obtenir pur à l’aide de l’air et du cuivre réduit par l'hydrogène et chauffé au rouge. L'argent employé dans mes expériences avait été laminé entre deux lames d'argent pur. Le suifure d'argent formé était admirablement cristallisé. Pour être bien certain du résultat, j'ai pesé deux fois le sulfure d'argent : une pre- mière fois, lorsqu'il avait été chauffé au rouge très-sombre dans le courant d'acide carbonique, et une seconde fois, après l'avoir chauflé, dans le même courant, au point de déterminer le ramollissement du verre et la fusion d'une partie du sulfure d'argent. ( 255 ) Dans les deux cas, le poids du sulfure a été absolument le même. La pesée du sulfure produit a été faite, sur les cinq expériences , trois fois dans l'air et deux fois dans le vide. Les résultats sont tellement concordants qu'on à peine à se figurer qu'il soit possible d’arriver à une pa- reille précision dans une expérience. Aussi, malgré les préventions que j'avais conçues contre mes premières syn- thèses, à cause du désaccord qu’elles présentent avec celles de M. Dumas, je ne conserve aucun doute sur l'exactitude de ces déterminations. Voici les données de ces cinq expériences : Synthèses du sulfure d'argent. ki Poids Poids Poids Foids SULFURE , a , = de l'argent de l’argent apparent du sulfure D ARGENT PRODUIT = réduit du réduit par dans l'air, : : 5 & au vide, sulfure d’arg. au vide. 409,00 de ce métal: gr. gr. Sr. gr. I. 59,425 59,4225 68,247 68,248923 114,854 IT. 104,143 104,139 119,606 119,6078 114,853 IT. 191,917 191,9094 220,412 220,4158 114,854 LV. 150,0058 150,000 |* 172,287 172,2765 114,851 \e 249,061 249,076 |* 286,078 286,061 114,849 Moyenne . . . 114,8522 * Les pesées du sulfure marqué d’un astérisque ont été faites dans le vide. (256 ) DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIGNNEL ENTRE L ARGENT ET LE CHLORURE DE POTASSIUM, LE CHLORURE DE SODIUM ET LE CHLORURE D'AMMONIUM. La détermination du rapport proportionnel entre ces quatre corps peut se faire avec une telle exactitude, que si on parvient à acquérir la conviction ou la certitude que les corps mis en expérience sont purs, le résultat obtenu doit être considéré comme presque absolument exact. J'avais donc, dans ces déterminations, un moyen infaillible de sou- mettre la loi de Prout à une épreuve décisive, irrévocable. J'ai mis, en conséquence, tous les soins imaginables pour me procurer ces chlorures purs. À cet effet, j'ai eu recours aux forces physiques et chimiques pour en séparer les corps qui pourraient y être combinés ou mêlés d’une manière plus ou moins stable. Afin de contrôler les résultats les uns par les autres, j'ai répété les déterminations un si grand nombre de fois, que Je doute fort qu’il existe, dans les annales des sciences chimiques , un exemple d’un effort plus considérable pour arriver à la découverte de la vérité. J'ai consacré une année de travail à ces expériences qui, en apparence, semblent si simples. DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIONNEL ENTRE L'ARGENT ET LE CHLORURE DU POTASSIUM. Je vais exposer le plus brièvement possible tous les moyens que J'ai employés pour me procurer du chlorure de potassium. Cette exposition est fastidieuse; mais elle me paraît tout à fait indispensable, parce que j'attache une haute importance à la détermination du rapport pro- portionnel entre l'argent et le chlorure du potassium. ( 257) 1. Chlorure de potassium du chlorate de potasse. — Le chlorate de potasse le plus pur qu'on puisse obtenir à l’aide de la voie de la cristallisation répétée contient tou- Jours du fer, du mangarèse, de la silice et parfois de l’alu- mine et du cuivre. M. de Marignac a déja constaté la dif- ficulté de séparer le fer du chlorate et du perchlorate. Pour arriver à l'élimination de ces matières étrangères, J'ajoute à une solution filtrée et bouillante de chlorate, rendue alcaline par la potasse pure, quelques gouttes de solution de sulfure de potassium. Après un quart d'heure d'ébullition, je filtre le liquide bouillant et j’y ajoute, tout en le maintenant en ébullition, une nouvelle quantité de sulfure de potassium. Si , à la première addition du sulfure alealin, j'ai maintenu le liquide assez longtemps en ébulli- ou, 1l ne se produit plus la moindre coloration à l’addi- tion suivante. Arrivé à ce résultat, je refroidis brusque- ment la solution, afin d'obtenir le sel sous forme de poussière cristalline. La bouillie est introduite dans un appareil à déplacement, dont le bas est bouché par un tampon de linge, lavé à l’eau alcaline d’abord et ensuite . à l’eau acide. Cet appareil est appliqué, à l’aide d’an tube de caoutchouc, sur un réservoir mis en communication avec une pompe preumatique. Quelques coups de pompe éliminent à l'instant l’eau mère, et le sel paraît sec. Je l’ar- rose ensuite d’eau pure, petit à petit, tout en faisant agir la pompe, jusqu’à ce que le liquide qui s'échappe par le bas ne présente plus de réaction alcaline, ne précipite plus et ne se colore plus par l’azotate d'argent. La puri- ficalion ainsi faite exige très-peu d’eau de lavage. Deux kilogrammes de chlorate du commerce donnent, du pre- mier coup, de sept à huit cents grammes de sel complé- tement dépouillé de fer, de cuivre et de chlorure, mais 2° SÉRIE, TOME X. 19 (:258) il retient (oujours de la silice et parfois de l’alumine. Je le redissous ensuite, à trois reprises différentes, dans de l'eau pure, en ayant chaque fois la précaution de refroidir brusquement la solution et d'éliminer l’eau mère dans l’ap- pareil à déplacement, sous l'influence de quelques coups de pompe. | Le chlorate ainsi obtenu et desséché, je le décompose dans une cornue de platine, par une chaleur ménagée. I] se dégage des traces de chlore, et il se produit un chlorure sans la moindre réaction alcaline. En employant le chlorate obtenu par la voie de la cristallisation seule, qui, par con- séquent, relient au moins du manganèse, du fer et de la silice, on obtient un dégagement de chlore plus pro- noncé el un chlorure à réaction alcaline. Le chlorate le plus pur, en se décomposant, produit d’ailleurs un déga- gement très-notable de chlore, lorsqu'on ne ménage pas assez la chaleur. | Comme le chlorure ainsi obtenu renferme encore des traces de silice et parfois de l’alumine, il s’agit de les sé- parer. Voiei les différents moyens auxquels j'ai eu recours pour atteindre ce résultat. Je fonds le chlorure dans un creuset de platine ren- fermé dans un second creuset. Je promène ensuite dans le liquide un fil de platine recourbé, autour de la courbure duquel j'ai attaché une pelote en fil fin de platine. Je ramasse ainsi toutes les matières en suspension. Lors- qu'il n'y a plus de points brillants, car c’est sous cette forme que se présentent la silice et l'alumine dans les chlorures fondus, je laisse refroidir lentement les creu- sets. Une partie du chlorure étant solidifiée, je décante et je fais passer au travers de la masse solide ce qui est resté liquide. J'opère donc une véritable filtration du chlo- ( 259 ) rure fondu au travers des cristaux de cette même matière. Le chlorure reçu dans un vase de platine et solidifié se présente sous forme d’une masse vitreuse, incolore, parfai- tement homogène, ou sous la forme d’une masse cristal- line offrant une texture cubique, suivant que le refroidis- sement s’est opéré rapidement ou lentement. Sous ces deux formes, il possède une pesanteur spécifique sensiblement différente. Je ne me suis servi de ce chlorure pour les détermina- tions que lorsqu'une partie reprise par de l’eau produisait un liquide neutre au tournesol et d’une limpidité absolue, ce qui, Je l'avoue, est très-rare. Les résultats inscrits sous les n° I et IT (2° série) pro- viennent de deux échantillons différents de chlorure obtenu de cette manière. Ce chlorure ainsi purifié a été dissous dans l’eau pure contenue dans une capsule de platine, Après un long repos, la solution, tout à fait limpide, a été décantée dans une cornue de platine et additionnée de chlorure d’am- monium obtenu par la combinaison directe de l’ammo- niaque et de l'acide chlorhydrique purs à l’état de gaz. Le mélange a été évaporé jusqu'à siccité. Le résidu, bien séché, a été introduit par pelites parties à la fois dans un creuset de platine, contenu dans un second , et a été fondu. Après un refroidissement, la partie du chlorure qui était restée liquide a été filtrée au travers de la masse cristalline pro- duite. | Le chlorure de potassium ainsi préparé a toujours été parfaitement incolore, homogène. Dissous dans l’eau, sa solution à été d’une limpidité absolue et tout à fait neutre au tournesol. Les n%IIE, IV eu IX dont la pesée a été faite dans le vide, { 260 ) se rapportent à deux échantillons différents de ce chlorure. Quoique ces chlorures aient fourni des résultats si con- cordants , ils pouvaient néanmoins contenir des chlorures différents. J'ai essayé de m’en assurer par deux voies dis- tinctes : premièrement, en ramenant une partie de ces chlorures par la voie de la cristallisation de sa solution dans l’eau pure en quatre parties successivement décrois- santes ; et, secondement, en faisant agir sur le chlorure une force chimique, c’est-à-dire en l’engageant dans une combinaison parfaitement définie, susceptible d’être bien purifiée. A cet effet, j'ai saturé environ deux cents centimètres cubes d’eau pure et bouillante, contenue dans un vase de platine, par le chlorure de potassium de la détermination n° IX (2°° série), et J'ai déterminé rapidement la eristalli- sation du chlorure. L'eau mère décantée, additionnée de l’eau de lavage, a élé évaporée jusqu'à pellicule et a fourni une deuxième eau mère, qui a été évaporée après l'addition des eaux de lavage jusqu’à pellicule, et a donné une troisième quantité de chlorure. L'eau mère, d'où ce chlorure s'était déposé, a été évaporée Jusqu'à siceité. Les quatre échantillons de chlorure, qui étaient en quan- tités décroissantes, ont été mêlés avec le dixième de leur poids de chlorure d'ammonium pur el soumis ainsi à la fusion. 7 Tous les chlorures obtenus étaient incolores, et se dis- solvaient dans l’eau en produisant un liquide neutre d’une limpidité complète. Les résultats inscrits sous les n° IXa, IXb, IXe, IXd se rapportent à la détermination de ces quatre échantillons du chlorure. IT. Chlorure de potassium du chloro-platinate de potas- sium. — J'ai uni le chlorure de potassium du chlorate au bichlorure de platine, ‘pour le séparer des chlorures qu'il ( 261 ) pourrait contenir et que la voie de la cristallisation ne sé- parerait pas. Dans ce but, je me suis procuré du platine pur en assez grande quantité. J'ai suivi pour cela la méthode décrite par Berzelius, qui est dispendieuse, puisqu'elle a entraîné avec elle la détérioration complète d’un grand creuset de platine dans lequel j'ai exécuté l'opération. Jai répété trois fois la purification au lieu de‘deux , comme l’a prescrit l’illustre chimiste suédois. Le platine ainsi purifié, est beaucoup plus blanc que le métal du commerce. Fondu, il est excessivement ductile et malléable, comme M. Henri Sainte-Claire-Deville l’a constaté tout récemment. J'ai dissous ensuite ce platine dans de l’eau régale faible, en employant, à cet effet, un ballon de verre de Bohême. Le chlorure, évaporé jusqu’à siceité, a été repris par de l’al- cool. J'y ai ajouté ensuite une solution aqueuse de chlo- rure de potassium du chlorate, en prenant la précaution de laisser beaucoup de platine non précipité. Le chloro- nlatinate de potassium a été lavé d’abord avec de l'alcool faible contenant du chlorure de platine en solution, et en- suite à l'aide de l'alcool faible et pur. Le chloro-platinate de potassium a été mêlé avec le quart de son poids de chlorure d’ammonium tout à fait pur, et on a caleiné au rouge vif dans un creuset de platine. Le résidu a été repris par de l’eau froide et pure, et la solution a été filtrée au tra- vers de la mousse de platine pure assez fortement chauffée et placée dans un entonnoir efflé. J'ai pris la mousse de pla- tine comme moyen de filtration, parce que j'ai remarqué que la solution des chlorures alealins qu'on fait passer par le papier lui enlève toujours des traces de silice. Afin de me mettre à l’abri de parcelles métalliques qui pourraient être entraînées , j'ai abandonné, pendant vingt- quatre heures au moins, la solution dans un vase de platine au repos absolu. Au bout de ce temps, le liquide a été ( 262 ) décanté avec précaution, mêlé avec du sel ammoniae pur, el évaporé jusqu'à siccité dans un vase de platine. Le mé- lange est, enfin, fondu dans un double creuset de platine. Le chlorure fondu n’a jamais présenté de traces de points brillants. On peut le décanter jusqu'à la dernière goutte sans y apercevoir un corps étranger quelconque. Solidifié, il est tout à fait incolore; repris par de l’eau, il produit une solution neutre d’une limpidité absolue. Les n° V et VI (2° série) du tableau se rapportent au chlorure de potassium extrait du chloro-platinate de potas- sium, el le n° VIT au même chlorure, qui a été combiné deux fois et séparé deux fois par le moyen que je viens d'indiquer. IT. Chlorure de potassium du nitre. — Deux échantil- lons différents de nitre, du poids de deux cent cinquante grammes environ, qui avaient cristallisé au moins une dizaine de fois chacun, et qui étaient privés complétement de fer, de manganèse et de cuivre, etc., ont été mêlés avec une fois et demie leur poids de chlorure d'ammonium pur. Chacun de ces mélanges a été projeté petit à petit dans une grande capsule de platine chauffée au rouge bien décidé. La première partie du mélange attaque assez for- tement le vase de platine, mais une fois le fond de la cap- sule couvert de chlorure alcalin, j'ai pu continuer les additions de mélange sans altérer sensiblement le métal. À chaque addition, il se produit une déflagration. Le chlorure de potassium obtenu est pulvérisé et mêlé à un dixième de son poids de sel ammoniac pur, et de chloro- platinate d’ammonium. Le tout est fondu dans un double creuset de platine. Le platine provenant de la décompo- sition du chloro-platinate d’ammonium entraine avec lui, au fond du vase, la silice que le nitre le plus pur contient toujours, Après un certain temps de repos, on décante le ( 263 ) liquide dans un vase de platine. Le chlorure de potassium obtenu ainsi présente une teinte violacée très-prononcée, due à du platine très-divisé interposé. Pour séparer ce platine, j'a repris le chlorure par de l'eau froide et pure , et j'ai filtré la solution au travers de la mousse de platine assez fortement chauffée. Le liquide filtré ,'âprès vingt-quatre heures de repos, est traité comme Je l'ai dit pour le chlorure de potassium extrait du chloro- platinate de potassium. | Les deux chlorures ainsi produits étaient l’un et l’autre tout à fait incolores , neutres au tournesol , et ont produit un liquide absolument limpide avec l’eau froide. Les déterminations des n® VIIT et X (2° série) se rap- portent à ces deux échantillons de chlorure. Cinquante grammes au moins du chlorure du n° X fu- rent dissous dans l’eau pure, et ramenés par la cristallisa- tion en quatre parlies successivement décroissantes, comme je l'ai dit pour le chlorure préparé à laide du chlorate, J'ai déterminé le rapport proportionnel des quatre échan- tillons ainsi obtenus; le résultat se trouve aux n°% Xa, Xb, Xc, Xd (2° série). IV. Chlorure de potassium préparé à l’aide du tartre. — De la crème de tartre cristallisée dix fois fut carbonisée dans un creuset d'argent, et le charbon épuisé par de l'eau pure. Le carbonate de potasse fut additionné d’acide chlor- hydrique pur en excès, et la liqueur évaporée jusqu’à sic- cité. Le résidu fut chauffé au rouge sombre et repris, après le refroidissement, par de l'eau froide. La solution fut abandonnée au repos jusqu’à ce qu’elle fût devenue com- plétement limpide par le dépôt de silice. Décantée ensuite et sursaturée d'ammoniaque pure, elle laissa déposer des traces de peroxyde de fer et d’alumine. Après que la li- queur fut devenue de nouveau limpide, je l’évaporai dans ( 264) un vase de platine, et je mélai le résidu d’un dixième de son poids de sel ammoniac pur, et de chloro-platinate d’ammonium. Le mélange fut fondu, et le chlorure pro- duit fut traité comme je l'ai dit pour le chlorure de po- tassium préparé à l’aide du nitre. Ce chlorure était absolument incolore, neutre, et se dissolvait dans l’eau en donnant naissance à un diquide tout à fait limpide. | Les données inscrites sous le n° XI se rapportent au chlorure préparé de celte manière. MODE DE DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIONNEL ENTRE L'ARGENT ET LES CHLORURES. Je vais indiquer maintenant comment j'ai procédé à la détermination du rapport proportionnel entre l’argentet les chlorures. J'ai suivi à cet égard le procédé de Gay-Lussac pour l'essai de l'argent par la voie humide. Ce moyen a été appliqué déjà par M. de Marignac et par M. Pelouze. Pres- que tout le dernier travail de M. Dumas sur les équiva- lents repose d’ailleurs sur la méthode de la voie humide. Pour l’exécuter, j'ai pesé, soit dans l'air, soit dans le vide, une cerlaine quantité de chlorure, et j'ai calculé et pesé en- suile, en partant de la loi de Prout, la quantité d'argent nécessaire pour précipiter le chlore renfermé dans le chlo- rure. J'admeltais pour l'argent 108, pour le chlorure de potassium 59 + 55,5 — 74,5; pour le chlorure de so- dium 25 + 55,5 —= 58,5; et pour le chlorure d'ammo- nium 4 + 14 + 55,5 — 55,5. L’excédant d'argent dans le liquide, après la double décomposition, et la valeur de cet excédant me fournissaient le rapport du nombre propor- ionnel de l'argent et des chlorures. Voici comment j'ai procédé à l'opération. L'argent, après ( 265 ) Ë avoir été rougi dans un creuset du même métal, et conve- nablement refroidi dans l'air, est pesé et introduit dans un flacon de verre blanc bouché à l’émeri , à parois très- épaisses, pouvant résister à dix atmosphères au moins de pression intérieure. Je verse ensuite sur le métal dix fois son poids d'acide azotique pur à 25° Baumé. J'adapte le bouchon, et je le fixe solidement à l’aide de fortes ficelles. J'entoure ensuite le flacon d’une toile métallique, et je le place dans un bain où sa température s'élève jusqu’à 45° à 50°. Au bout de vingt-quatre à trente-six heures, tout l’ar- gent est dissous, sans qu'une lrace de gaz se soit dévelop- pée, et, par conséquent, sans que rien soit sorti du flacon. En effet, le deutoxyde d’azote, à mesure qu'il se produit, réduit l’acide azotique à l’état d'acide azoteux ou d'acide hypoazotique, qui, à celte température, reste parfaitement dissous dans le grand excès d’acide azotique employé. Si la température du bain ne dépasse pas 50°, il n’y a absolu- ment rien à craindre. J’ai fait dans ces conditions, et sans qu'il w’arrivèt un accident, au delà de cent dissolutions d'argent en vase clos, en employant de trois jusqu’à cin- quante grammes d'argent à la fois. Seulement, deux fois la température du bain s'étant élevée beaucoup plus haut, deux flacons qui y étaient plongés ont cédé à la pression interne, et ont produit une assez forte explosion. J’ai eu recours à la dissolution de l'argent en vase clos, parce que J'ai acquis la certitude que le procédé de dissolution à vase ouvert, tel qu'il est pratiqué dans les ateliers d'essai des Monnaies, expose à de petites pertes d'argent. J’ai vu des essayeurs d'une habileté éprouvée obtenir, dans trois essais d'un même argent, des résultats présentant des diffé- rences plus grandes que les erreurs que comporte l’admi- rable méthode de Gay-Lussac. Le même fait s’est présenté chez mot lorsque J'ai voulu me familiariser avee cette mé- ( 266 ; thode, pour me préparer à mes déterminations. D'ailleurs, la présence constante de l’argent dans l’eau de lavage du gaz provenant de la dissolution du métal, lors des syn- thèses de l’azotate et du chlorure d'argent, montre suffi: samment la nécessité d'opérer cette dissolution soit en vase clos, soit dans des appareils dans lesquels les gaz qui s’échappent peuvent venir se laver. Je dois ajouter toute- fois, que la perte éprouvée sur un gramme d’argent n'’at- teint jamais l’exactitude de l’essai de l’argent dans les Mon- paies, eu égard à la limite si large dans laquelle on se renferme. La dissolution du métal étant opérée, et le flacon bien refroidi, j'introduis une quantité d’eau pure telle, qu'avec l’acide ajouté, le poids total du liquide s'élève au minimum à trente-cinq et au maximum à cinquante fois le poids de l'argent employé. Dans cet état, je porte le flacon dans une chambre obscure et éclairée à l’aide de la lumière du gaz. Après avoir incliné convenablement le flacon, j'y fais pé- nétrer un tube bouché, fixé à une tige de platine, et conte- nant le chlorure pesé avec la précision que me donnent les balances employées. Je fais tomber ensuite le chlorure dans la solution d'argent, je lave à plusieurs reprises le tube à l’eau, pour ne pas perdre les traces de chlorure qui pourraient y être restées adhérentes. Après avoir solide- ment bouché le flacon et l’avoir enveloppé de caoutchouc, je le fais secouer jusqu’à ce que le liquide, trouble d’abord, se soit parfaitement éclairei. Je procède alors à l'essai de l'argent non précipité. A cet effet, j'ai préparé avec les plus grands soins des liqueurs décimes de sel marin et d’ar- gent , telles qu'on les emploie dans les ateliers d'essai des Monnaies. D'un autre côté, j'ai confectionné moi-même des pipeltes, des tubes qui, étant vidés dans une position verticale, me ( 267 }) fournissent dix, cinq, quatre, trois, deux, un, un demi- centimètre cube de solution décime. J'ai construit en outre des compteurs qui, placés dans une posilion verticale, . débitent des gouttes présentant exactement un vinglième de centimètre cube. Le compteur lui-même et les tubes de un demi-, un et deux centimètres sont subdivisés en ving- tièmes de centimètre cube. Le petit compteur se compose d'un tube gradué de quatre à cinq millimètres de dia- mètre intérieur, effilé au point de présenter une ouver- ture d’un millimètre à peu près de diamètre, et soudé à un plus large tube ouvert, mais dont l'ouverture est cou- verte par une feuille de caoutchouc vulcanisé, repliée sur la paroi du tube et plus ou moins fortement attachée sur celui-ci, suivant qu'on veut avoir un débit plus ou moins rapide de gouttes : mes compteurs n’en donnaient que cinq ou Six par minute. Il est de toute nécessité de tenir les compteurs dans une position verticale; car le même instrument qui four- nit avec la plus grande précision vingt gouttes par centi- mètre cube, en débile dix-sept ou dix-huit, lorsqu'il est incliné vers 45 degrés; dans une position de 10° à 15°, 1l ne faut plus que seize ou dix-sept gouttes pour avoir un centimètre. | Pour faire l’essai, jai pris en outre les dispositions sui- vantes : Dans une caisse longue:et étroite, dont la partie antérieure était munie de verre jaune, et la partie posté- rieure éclairée par une lampe à gaz, je fixai un ballon parfaitement sphérique, et contenant une solution saturée de chromate double de potasse et de soude, de manière à concentrer la lumière et à obtenir un cône de lumière jaune. Je disposai ensuite le flacon contenant l’essai dans une position telle, que la surface du liquide était traversée par le faisceau de lumière jaune. Pour l’observation, je me ( 268 ) plaçai de manière à faire un angle de 60° avec le rayon lumineux traversant le flacon. Lorsqu'on se sert de cet artifice, un liquide renfermant deux milligrammes d'argent par litre produit un précipité de chlorure d’argent jaune opaque el TERNE, par un demi-centimètre de liqueur déeime qu'on laisse tomber avec précaution à sa surface. La quan- tité d'argent étant ramenée à un milligramme, le préci- pilé de chlorure est jaune opaque et BriLLanT; le liquide étant appauvri au point de ne plus contenir au delà d'un vingtième de milligramme d'argent par litre, il se produit encore un trouble appréciable par l'addition d’une quan- tité correspondante de liqueur décime. Il suffit d'attendre assez longtemps, sans toucher au flacon, pour en acquérir la certitude. Cependant, dans mes essais, je n'ai inserit que les dixièmes de milligramme. Dans toutes mes expériences, j'ai continué les additions de liqueur déeime saline tant que j'ai vu apparaître du trouble à la surface du liquide, après un repos de quinze minutes. Lorsque j'étais arrivé à la limite extrême, et qu'enfin je l'avais dépassée, j'ajoutais cinq centimètres de liqueur décime d'argent. Après l'agitation, je détruisais les trois quaris de l'argent mis en excès, de manière à ob- tenir immédiatement, par l'agitation, un liquide limpide et approchant de très-près de la limite extrême. Lorsqu'il y avait une différence dans le-résultat de deux essais, dif- férence qui n’a jamais dépassé deux à trois dixièmes de milligramme, j'ai toujours pris le résultat minimum. Ceux qui ont fait beaucoup d'essais par la voie humide, ont observé que la paroi interne d'un flacon dans lequel ils ont agité pendant longtemps du chlorure d'argent, produit par précipitation successive, se couvre d’une es- pèce de vernis de chlorure, se graisse et perd ainsi sa transparence. Pour mê mettre à l'abri de cet inconvé- ( 269 ) nient, lorsqu'il s’est présenté, j'enlevais, à l’aide d'une pipette propre, une partie du liquide agité et devenu lim- pide par un repos suffisant, je le versais dans un flacon de cristal à parois plates, et recherchais dans ce second flacon même la présence de l'argent ou du sel marin en excès. Le liquide du flacon était toujours ajouté au premier, lors- qu’il fallait continuer l'opération. L’essai présente une autre difficulté, qui peut induire sin- gulièrement en erreur quand on n’en est pas prévenu. Un liquide dont on a précipité, à l’aide d’une liqueur saline, à peu près tout l'argent, mais contenant encore entre un et deux milligrammes d'argent par litre, précipite également par l'addition d’une solution décime d'argent et de sel ma- rin. Mais dans ce cas, il existe une différence très-notable entre le trouble produit. Le précipité résultant de l'addi- tion de la liqueur décime saline, dans l’essai contenant d'un à deux milligrammes d'argent à l’état d’azotate, est toujours jaune opaque et brillant ; tandis que le précipité formé par l’addition de l’azotate d'argent, dans le même liquide, est blanchätre et translucide. Je m'explique cette anomalie par la faible solubilité du chlorure d'argent dans l’azotate alcalin qui est en dissolution, et qui se précipite en présence d’une solution argentifère plus riche qu'elle. Quoi qu'il en soit de cette difficulté, j'ai toujours ajouté de la liqueur décime saline jusqu'à la cessation de tout précipité. Tel est le moyen d'essai que j'ai employé pour toutes mes déterminations par doubles décompositions. Je reviens maintenant au chlorure de potassium. J'ai fait deux séries de déterminations; la première a été exécutée près de trois années avant la deuxième; j'en sépare les résultats, parce que trois des cinq expériences ( 270 ) composant la première série ont été faites avec de l'argent préparé par le procédé de Gay-Lussac. L'argent du n° I avait subi un traitement; celui du n° IT, deux traitements; et celui du n° ITT, trois traitements. Cet argent n’est pas pur, ainsi que Je l'ai dit; mais comme j'ai déterminé avec soin le titre de celui que j'ai employé en le comparant au métal obtenu par l’électrolyse ou par le procédé de M. Lie- big, j'ai pu faire subir aux poids la correction nécessaire. Ces trois déterminalions montrent mieux que tous les rai- sonnements jusqu'où l’impureté du métal peut affecter le résultat. Ce n’est que pour ce motif que je les publie. Les dix-neuf expériences, composant la deuxième série, sont plus que suffisantes pour établir le véritable rapport pro- portionnel entre l'argent et le chlorure de potassium. Les deux dernières déterminations de la première série ont été faites avec de l'argent obtenu, le n° IV par le phos- phore divisé et l’azotate d'argent pur et en excès, et le n° V par la décomposition de l’acétate d’argent cristallisé un grand nombre de fois, et préparé d’ailleurs avec de l'argent déjà purifié. Le chlorure de potassium employé dans les cinq déter- minations de la première série était le même, et provenait des analyses de chlorate de potasse que je déeris plus loin. J'en avais séparé les traces de silice et d’alumine par les moyens indiqués plus haut. La dissolution était neutre, et fournissait un liquide d’une limpidité absolue. L'argent employé pour les déterminations de la deuxième série à été préparé soit par l’électrolyse, soit par le pro- cédé de M. Liebig, ou par la décomposition du chlorure pur à l’aide du carbonate de soude. Tout l'argent avait été comparé au plus pur que j'aie pu me procurer par le moyen indiqué plus haut. Le métal qui a servi à l'expérience n° VIT a été préparé par M. Lrebig. (271) 9201°69 PT 2 2 UN 801 ‘69 &01‘69 1210‘0 6810‘0 00807 008‘0Fr 7008017 0S7'L V9FF'L ‘A F01‘69 70169 &£10‘0 1610‘0 008‘0F 008‘07 Y00S‘OI 0C7°2 1977°L ‘AI C0r‘69 860°69 9810‘0 &810‘0 Y166L°OY 008‘0F Y002‘0T 09%7°L 19572 ‘III 70169 26069 : | O0GF0‘0 CL10‘0 S86L‘0T 008‘0r 7008‘0T 0S7°L T97F°L ‘II c01‘69 8680‘69 L110‘0 6910‘0 9L6L‘OT 00807 700807 0S#7‘L 199% °L ‘] ‘45 ‘28 as °1$ ‘48 ‘A8 ‘48 ‘le1aux np | “"nxq eroux "Jua84e,p id = [994 np ‘uor1s0du093p So 5 ‘JPA ne ; ‘ApIA ne JInp9r “IUT SUEP sprod or saude,p | sprod oj soxde,p ar aranop er soude | 524218 S0T MRRTEUEP 8 _ Le qjuepuodsax109 Iqnop EI 59 Re qimpoz ,unisse10d 9p wunissejod 9p S, ————— 2 a — — — wunisse]od quo£re,p dir SA. quoSae,] 9P o “wunisse]od ap 9naxopqo 2p JueP99X9,] 9P 4 + î EEE fe SENTIR SDDTOTMOENR = e quoçearnbo 9andojgo np CRM SPr0 4 spi Eox ci INAOUV a 000007 sproa ‘AINAS AUAIAAUd “wunissD0d 9p 94N401y9 91 19 quobun,] a4jua pouuonuodoud j10ddmy Y£0F*69 660°69 #01°69 GOr°69 COr‘69 £01°69 LO1‘69 660°69 Gor‘69 : wnisse30d op 24N10[49 x quorearnbo LNA9 UV, 000/007 g6£0‘0 68100 890‘0 6810‘0 8810‘0 y800°0 08000 #200°0 8£00‘0 ‘43 ‘quosae,p AUEParxa,T R quepuodsorxoo wunisse]0d 9P 9amuiO9 np Sprod “unissD)0d 0p 24n40949 9) 49 quobun, ouqua pauuoyuodoud jaoddmy GLS0‘0 80800 GYc0‘0 0£&0‘0 £810‘0 610‘ Srr0‘0 0S00‘0 <800‘0 -4$ “uor1sodu099p o[qnop er soude quasav,p AUEpP?aX9 1 2P SP104 000%°£ CLCYL‘YE G1900°7F LY88 "GI 0828807 076679 85088‘ 02618‘9 9£90‘S ‘18 *PIA Ne JINpox qnuo$ie,| 2p Sprod ‘HINAS MANODAS 0862°3C OOSYL°V £c00‘7T 628851 80886 01 068159 086%°9 01088‘ 81920‘S ‘4$ *XIU,[ Sup quo$ae,[ 2p SPpiod 00623 007018 091996 s0888‘8 (4 &S£60 L (4 1Y70L‘Y 98LY'‘Y c8986‘F 02H60 * 49 ‘OPA ne JIMpau wnisst}04 9p 2ANIO[ 49 np sproŒ goge‘zc 1960°8 g8c09°6 LG88‘8 G&680°L £10L°Y 6SLY ‘y G986°7 G6L60‘G 28 ‘ATE [ SUPP wnissej0d 9p axnuio[yo np SProd ‘HHŒUO,Œ soN (275 ) cOr‘69 101“69 ‘ANNAHX OA [4 66107 002L08‘S LOGISL &6L0‘9 YeLG‘e G186%°L LG90ç‘8 geeeL‘} NS AU 0£619‘07 01908 0GG1SL 088L0‘9 0£Lg‘e S9L6Y‘L gLgec*e orceL‘Y TRES ut G89SG L 1616ç‘£ 1281‘ 0SC67‘7 19778‘e (ETATS S£GL1 Se cr889°c 9196 ‘£ Gz68ç‘e GGGLV‘S 01617 cars'e F2 E, TOME X. 2 ERI SAR DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIONNEL ENTRE L'ARGENT ET LE CHLORURE DE SODIUM. J'ai fait dix déterminations du rapport proportionnel entre l’argent et le chlorure de sodium. A cet effet, je me suis servi de chlorure de sodium préparé par six procédés différents. Je vais exposer brièvement chacun d'eux. I. Chlorure de sodium par le carbonate de soude. — Du bicarbonate de soude du commerce a élé chauffé au rouge sombre dans un vase d’argent, pour rendre insoluble le fer que ce composé renferme toujours. Le résidu refroidi a été repris par de l’eau froide et pure. La solution a été évaporée jusqu’à pellicule dans un vase de platine, et aban- donnée ensuite à la cristallisation, qui a été répélée à dix reprises différentes. Le carbonate a été transformé en chlorure dans le vase de platine même, en faisant passer dans la solution un courant d'acide chlorhydrique pur. Le sel marin obtenu a été desséché et rougi légèrement, puis repris par de l’eau froide. La solution, décantée, après un repos de vingt- quatre heures, pour la séparer de la silice qui s’y était déposée, à été évaporée de nouveau. Le chlorure de so- dium, tout à fait blanc, a été mêlé d’un dixième de son poids de chlorure d’ammonium pur mélangé de chloro- platinate d’ammonium, et a été traité comme je l'ai dit pour le-chlorure de potassium obtenu par l’azotate de po- tasse. Ce chlorure de sodium ainsi produit est tout à fait in- colore, légèrement hygrométrique, propriété que ne pos- sède pas le chlorure de potassium. Sa pesanteur spécifique diffère suivant que, fondu, il a été lentement ou rapide- ( 27 ) ment refroidi. Je l'ai trouvée comprise entre 2,125 et 2,150. En se dissolvant dans l’eau froide, ce chlorure pro- duit une solution neutre et d’une limpidité absolue. Les n° [ et IT représentent les résultats fournis par déux échantillons de chlorure produits par deux carbo- nates de soude distincts. L'argent qui à servi au n° IT à élé préparé par M. Liebig. IT. Chlorure de sodium par le sel gemme incolore. — Du sel gemme tout à fait incolore, dépourvu de fer, de manganèse et de sulfate, mais contenant des traces de magnésium et de calcium, fut soumis, dans un vase de platine, à six cristallisations à chaud. L'eau mére bouil- lante pouvant contenir du potassium a toujours été rejetée. Le sel tout à fait blanc fut pulvérisé et épuisé par de Pal- cool à 96° centésimaux, et mis ensuite en digestion avec de l'alcool à 65° additionné de bichlorure de platine. La solution alcoolique limpide fut séparée et remplacée par une nouvelle quantité d'alcool à 70°, contenant encore du bichlorure de platine, jusqu’à ce que le tiers environ du sel fût dissous. Les solutions furent réunies. La masse saline restante fut traitée par une nouvelle quantité d'alcool à 70° centésimaux et additionnée de bi- chlorure de platine, de manière à laisser indissous le tiers environ du sel employé. Les solutions obtenues dans ce nouveau traitement furent encore réunies. La première et la deuxième solution représentaient donc, chacune, le tiers du poids total du sel mis en expérience. Les deux solutions furent précipitées séparément par du sel ammo- üiac absolument pur. Après un repos convenable, elles furent décantées et évaporées Jusqu'à siccité dans une cornue de platine. Le sel marin fut additionné de sel am- moniac pur et de chloro-platinate d'ammonium pur, et ( 276 ) traité comme Je l'ai dit pour le chlorure de potassium reliré du nitre. Le n° IIL représente le résultat fourni par une partie du premier Uers du sel, et les n°* IV et V se rapportent aux résultats obtenus par une partie du deuxième tiers. Ces résullats d’une concordance si extraordinaire prou- vent l’identité de ces deux chlorures, et démontrent aussi à quelle précision on peut arriver par l'application de la voie humide. III. Chlorure de sodium par le sulfate de soude. — Du sulfate de soude dépouillé de tous métaux étrangers à l’aide de l’ébullition de la solution avec un pelit excès de sulfure de sodium et de carbonate de soude, fut soumis à une dizaine de cristallisations. Le sel ainsi obtenu fut séché dans un vase de platine et mélangé avec deux fois son poids de chlorure d’ammonium préparé par l'action directe de l'ammoniaque et de l'acide chlorhydrique purs. Le mélange fut chauffé au rouge sombre. Le résidu, addi- lionné encore une fois de son poids de sel ammomiac pur, fut chauffé au rouge une deuxième fois. Tout le sul- fate est transformé ainsi en sel marin, souillé de traces de platine et de silice. Il est fondu avec une petite quan- tité de sel ammoniac et de chloro-platinate d’ammonium purs, el traité comme Je l'ai indiqué pour le chlorure de potassium du nitre. } Le n° VI se rapporte au résultat qu'il a fourni. IV. Chlorure de sodium par le tartrate de soude. — Du carbonate de soude pur fut neutralisé par de l'acide tar- trique préparé en décomposant le tartrate de plomb par l'acide sulfhydrique. Le tartrate, cristallisé un grand nombre de fois, fut desséché et bouilli à plusieurs reprises avec de l’alcool à (277) 96 centièmes, et transformé en chlorure par le moyen que j'ai employé pour la préparation du chlorure de po- lassium , à l’aide de la crème de tartre pure. Le résultat fourni est inscrit au n° VIL. V. Chlorure de sodium par le nitrate de soude. — A cet effet, j'ai préparé du nitrate de soude pur par le nitre du Chili, dont j'ai éliminé les métaux étrangers par un mé- lange de sulfure de sodium et de carbonate de soude, et que j'ai fait cristalliser ensuite une dizaine de fois au moins dans de l’eau pure. Ce nitrate à été converti en chlorure pur par le moyen indiqué pour la transforma- tion du salpêtre en chlorure de potassium. Le n° VIIL présente le résultat obtenu à l’aide de ce chlorure. VI. Chlorure de sodium par le chloro-platinate de so- dium. — Le chlorure de sodium du sel gemme purifié par le bichlorure de platine et lalcool, et dont les résultats sont donnés aux n% IIT, IV et V, fut mêlé à trois fois son poids de bichlorure de platine. Le mélange fut dissous dans l’eau pure, et la solution fut évaporée jusqu'à siceité. Le résidu, repris par une pelite quantité d'eau, s'y redissout intégralement. Cette solution évaporée jusqu’à pellicule est abandonnée à la cristallisation ; l’eau mère est décantée. Les cristaux d’un jaune d’or pur sont repris par la plus petite quantité possible d’eau bouillante, et fournissent, par refroidissement, une nouvelle cristallisation de chloro- platinate de sodium. J'ai déterminé ainsi la dissolution et la cristallisation du chloro-platinate de sodium jusqu’à six fois. Arrivé à ce point, j'en ai distrait une certaine quan- tité, et j'ai continué les dissolutions et les cristallisations encore six fois. Les deux chloro-platinates ainsi préparés étaient d’un ( 278 ) jaune d'or pur ; après les avoir dissous dans de l'eau, Je les | ai décomposés séparément par le chlorure d’ammonium pur, et J'ai évaporé la solution jusqu’à siceité dans un vase de platine. Les chlorures obtenus ont été traités ensuite comme je l'ai dit pour le chlorure de potassium du nitre. En faisant subir un si grand nombre de cristalhsations au chloro-platinate de sodium, j'avais pour but de con- centrer dans les eaux mères les chloro-platinates plus so- lubles que celui de sodium, et dans le chloro-platinate de sodium les chloro - platinates moins solubles que lui, comme, par exemple, du chloro-platinate de potassium, si tant est que le sel marin employé à la préparation du sel double pût contenir des traces de composé de potas- sIumM. J'avais commencé l'opération sur trois cents grammes environ de chloro-platinate de sodium, et j'avais entraîné à la fin au delà des deux tiers du composé avec les eaux mères. Le n° IX présente le résultat obtenu à l’aide du sel re- uiré du chloro-platinate cristallisé six fois, et le n° X celui du sel cristallisé douze fois. L'identité presque absolue des deux résultats prouve de la manière la plus évidente que le sel marin employé ne renfermait aucun chlorure capable de produire un chloro-platinate moins soluble que celui de sodium. Cette identité prouve de plus que le sel double ne contenait aucun chlorure présentant un rapport proportionnel plus élevé que celui du chlorure de sodium lui-même. Indistinctement, tous les échantillons du chlorure de sodium mis en expérience étaient incolores : ils se dissol- vaient dans l’eau en produisant un liquide neutre d'une limpidité absolue. Il m'est arrivé de conserver pendant ( 274 ) un mois, dans un vase de verre fermé, une solution de ce composé, sans y apercevoir de trace de dépôt, quelque faible qu'il pût être; aussi suis-je intimement convaincu qu'il est impossible, à l’aide des moyens dont nous disposons aujourd'hui, de préparer ce chlorure dans un plus grand . état de pureté. Comme le sel marin le plus pur est légèrement hygro- métrique, lorsque je l’ai pesé, je l’ai toujours chauffé près du rouge, dans un creuset de platine fermé, et je l’ai in- troduit immédiatement dans un tube fermé par un bout et muni d'un bouchon de verre rodé percé d’un petit trou. Pendant le refroidissement, ce tube était placé sous une cloche avec de l'acide sulfurique. * 8LOS‘YS 5 + © 'ANMAN | 6808°Yg 26700‘0 1600‘0 COGGL' VF OVSL‘ VE 96729 89vS‘9 D 2 2805 ‘7 26210‘0 LGG0‘0 cgy6c'ec GLG6G' CS * SL61'‘8F YLSV'8T "XI 8. 805‘ YLOVO‘O Y610‘0 6679°a8 2879" L£68C/ &988‘Cr | ‘IIIA S | 91057 06L00‘0 SY10°0 02761 268%°61 6Y8ç 01 861901 ‘TA [=] = / 0908 7 £6Y00‘0 1600‘0 9YYQ GI 80YS' GE 96%6L‘9 £T6L‘9 ‘IA 5 | 020579 16L00‘0 9Y10‘0 geca ‘Gr 982961 808901 1SLG' O1 ‘A e | 0L0G‘YS 082000 98000 YOLGSL 99892 SLLO‘Y 67L0‘Y ‘AI E | 0105‘ 92C00‘0 &900°0 G10S1‘8 096818 G8207 "#7. 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En jetant les yeux sur les déterminations du rapport proportionnel de l’argent et du chlorure d’ammonium, faites par M. de Marignac, on s'aperçoit qu'elles s’éloi- gnent considérablement les unes des autres : entre le minimum et le maximum , il y a un sept cent quatre-vingt sixième, ce qui est une différence cinq fois plus grande que l’erreur que comporte la méthode suivie par l'habile chimiste. Lorsque j'ai commencé mes recherches, un fait analogue s’est produit : après de longs tâtonnements, j'ai fini par en découvrir la cause. Cette cause réside dans la faculté que possède le sel ammoniac de prendre un excès d'acide. Ce sel, qui naturellement présente une réaction acide très-prononcée, lors même qu'il a pris naissance au sein d’un milieu très-ammoniacal, retient un excès d’acide lorsqu'il se condense après avoir été très - fortement chauffé à l’état de vapeur. La chaleur, en effet, décompose le sel ammoniac; il se produit de l’azote et de l'hydrogène, et une partie de l'acide chlorhydrique, qui devient libre, se condense avec la va- peur du sel d’ammonium. Cette double propriété qu'offre le sel ammoniac, comme d’ailleurs beaucoup de sels am- moniacaux, de rougir le tournesol et de prendre, en outre, un petit excès d'acide, constitue une difficulté de plas pour la détermination du rapport proportionnel de ce corps. Dans le but de la vaincre, j'ai essayé de déterminer pour chaque échantillon de sel la quantité d'acide chlorhydrique qui s’y trouve en excès; mais J'ai surtout fait tous les ef- forts possibles pour préparer du sel ammoniac sans excès ( 282 } d'acide, afin de me soustraire à la correction, qui est in- certaine. Cette incertitude provient de deux causes : la réaction acide naturelle du sel ammoniac, supposé neutre de com- position , représente évidemment une certaine quantité de base; mais cette quantité est inconnue, et il n'y a aucun moyen de la trouver à priori : ce n’est même que par com- paraison qu’on peut acquérir la certitude que le degré d’acidité n’est pas identique. Le moyen que l’on peut em- ployer pour apprécier l’excès d'acide n’est pas susceptible de la précision qu’il devrait avoir pour donner des nombres absolument exacts; on s’en convaincra en examinant mes: résultats avec attention. ; Le moyen que j'ai mis en usage, pour connaître ce degré d’acidité, consiste à chercher combien il faut ajouter d’eau de chaux titrée pour amener un poids donné du sel à la neutralité mesurée au tournesol ou au curcuma. L'eau de chaux titrée employée renfermait, par centimè- tre eube, une quantité de base représentée par 0%,00035201 d'acide chlorhydrique. Elle était done excessivement faible, afin d'exiger un volume considérable de liquide, et de me permettre ainsi d'apprécier des quantités minimes. Dans les échantillons de chlorure d'ammonium que j'ai préparés pour mes expériences, le degré d’acidité a varié d'un deux centième à un douze millième du poids du chlo- rure, en supposant , bien entendu, que l'acidité soit due à la perte d'ammoniaque. Mais, comme je l’ai déjà fait ob- server, le chlorure d'ammonium,. formé au sein d'un mi- lieu fortement ammoniacal, rougit déjà le tournesol. Cette supposition est donc inexacte, et le chiffre obtenu renferme nécessairement une erreur dont le taux peut être supérieur même au minimum de la quantité constatée. ( 285 } Comme Je crois être parvenu à préparer à volonté du sel ammoniac doué d’une acidité qui n’est guère supérieure à celle qui appartient au composé défini, la difficulté que j'ai essayé de vaincre n’a plus la moindre importance. Je n’en parle même que pour expliquer le désaccord qu’of- frent entre eux les résultats obtenus par M. de Marignac, et la différence que l’on remarque entre les quatre pre- mières déterminations et les dix suivantes. Tous les chimistes ont remarqué la difficulté qu'il y à de se procurer du sel ammoniac se volatilisant sans résidu aucun. Tantôt il reste une matière charbonneuse, tantôt on obtient un mélange de silice, de chlorure alcalin et d’oxydo-chlorure de fer. En effet, le sel ammoniac du com- merce et l’ammoniaque qu'on en retire renferment des ammoniaques composées qui fournissent ce charbon. Il contient également du chlorure de fer. Les chlorures alea- lins et la silice que l’on trouve dans le résidu de la volati- lisation du sel ammoniac proviennent des vases où l'opé- ration à eu lieu. Les dispositions que j'ai prises pour la préparation du chlorure destiné à mes déterminations ont eu pour but de me mettre à l'abri de ces impuretés. Il serait trop long d'exposer ici tous les détours par lesquels j'ai passé, pour me procurer du sel ammoniac dépouillé de toute substance étrangère; ce serait d’ailleurs sans intérêt. Je vais me borner à indiquer les méthodes employées pour préparer les produits que j'ai mis en expérience. [° Chlorure d'ammonium par le sel ammoniac du com- merce. — J'ai purifié le sel ammoniac du commerce dans un double but; d’abord pour m'en servir dans mes déter- minalions, et ensuile pour en retirer l’'ammoniaque pure destinée à la préparation du chlorure d’ammonium, dont ( 284 ) J'ai eu besoin pour le traitement des chlorures de potas- sium et de sodium. Pour détruire les ammoniaques composées existant dans le sel ammoniac du commerce, j'ai eu recours au moyen suivant : une dissolution bouillante et saturée de sel am- moniac, dépouillé de fer et d’autres métaux par le sulfure d'ammonium, est mélée d’un vingtième de son volume d'acide azotique concentré. Le mélange est évaporé à l'abri de toute poussière organique. Le résidu étant séché est arrosé de nouveau d’une petite quantité d'acide azotique et évaporé une deuxième fois jusqu’à siccité. Les ammo- niaques composées sont ainsi totalement détruites, avec une quantité assez notable de sel ammoniac lui-même. C’est de ce sel, ainsi purifié, que j'ai retiré l'ammoniaque pure employée pour la préparation du chlorure d'ammonium destiné au traitement des chlorures alcalins, en la combi- nant directement à l'acide chlorhydrique pur. Pour transformer le sel purifié en chlorure d’ammonium pur, je l’ai sublimé à trois reprises différentes à la plus basse température possible. Le sel renfermé dans le col du ballon, lors de la pre- mière sublimation, renfermait toujours des traces de bisul- fite d'ammoniaque. C'est pourquoi j'ai eu soin de mettre à part tout le chlorure fixé à chaque sublimation dans le col du ballon. Tant que le sel animoniac sublimé reste très- chaud, il est transparent comme du verre, et d'une élasticité extraordinaire ; par le refroidissement, il devient plus ou moins opaque el perd ainsi singulièrement de son élasticité. Les déterminations, n% Let IF, LE et IV ont été faites à l’aide du sel ammoniac obtenu ainsi; 11 était tout à fait incolore et se volatilisait sans le moindre résidu. Comme on peut s’en convaincre par la comparaison des résultats, ( 285 ) ils ont présenté des degrés d’acidité très-différents. Les échantillons soumis à l'expérience avaient été pris dans des parties assez éloignées les unes des autres. Une partie du sel ammoniac a été sublimée une qua- trième fois, mais dans une atmosphère d’ammoniaque sèche. Le résultat inscrit au n° V se rapporte à ce chlorure. Une autre partie du même sel a été dissoute à trois re- prises différentes dans de l’eau ammoniacale, et le sel desséché a été chauffé jusqu’à l’agglutination. Le résultat qu'il a fourni à l'analyse est inserit au n° VIII. II Chlorure d'ammonium par l’action de l’ammoniaque pure et de l'acide carbonique sur le chlorure de calcium pur. J’ai eu recours à ce mode de production pour obtenir, en même temps, une certaine quantité de carbonate de chaux pur. Du beau marbre blanc a été dissous dans de l’acide chlorhydrique pur; le chlorure de calcium obtenu a été mis en ébullition avec un peu de lait de chaux préparé à l’aide de la chaux provenant de la calcination du marbre dans un vase de platine. La solution de chlorure de cal- cium basique à été filtrée et évaporée à siccité; le résidu a été fondu dans un vase de platine. Ce chlorure était complétement incolore; repris par de l'eau froide, la solution alcaline et trouble étant devenue limpide par le repos a été versée dans de l’eau pure, dans laquelle j'avais dissous de l’ammoniaque pure, extraite du sel ammoniac traité deux fois par l'acide azotique. Le mé- lange à été soumis à un courant d'acide carbonique jus- qu'à la précipitation complète du calcium. La solution incolore, légèrement ammoniacale, a été évaporée jusqu’à pellicule. Le sel cristallisé, séparé de son eau mère, a été desséché puis sublimé deux fois ; il était absolument inco- ( 286 ) lore dès la première sublimation. Il n’a laissé absolument aucun résidu à la deuxième sublimation. Le n° VI se rapporte au résultat fourni par ce sel. Une partie du sel précédent à été dissoute dans l’eau ammoniacale, et la solution évaporée dans le videau-dessus de la potasse fondue. Le chlorure obtenu a été sublimé deux fois dans le platine à la plus basse température pos- sible. Le n° VIT donne le résultat de l'expérience. Une autre portion du même sel fut dissoute dans l’eau ammoniacale; après la cristallisation du chlorure, Peau mère alcaline fut décantée, et le sel, présentant déjà une réaction acide très-prononcée, fut exposé sous une cloche avec de la potasse caustique. Après sa dessiceation com- plète, il fut soumis, dans le tube même où il devait être pesé, à un courant d’'ammoniaque pure et sèche, pendant toute une journée. Le lendemain, le courant d’ammo- niaque fut remplacé par de l'air dépouillé de tout corps étranger, et le courant fut maintenu plusieurs heures après que Pair avait cessé d'entraîner de l’ammoniaque. Le ré- -sultat de cette expérience, faite avec un Soin extrême, se trouve indiqué au n° IX. IIIe Chlorure d'ammonium préparé en combinant direc- tement l'ammoniaque pure à l'acide chlorhydrique pur. — L'ammoniaque déplacée par un alcali du chlorure purifié à l’aide de l'acide azotique , *et lavée soigneusement à l’eau, fut dissoute dans l’eau contenue dans un vase de platine. Le liquide, dont l'odeur ammoniacale diffère com- plétement de lammoniaque extraite du sel ammoniac du commerce, fut ensuite neutralisé à peu près par de l'acide chlorhydrique pur. Quel que soit l'excès d’ammoniaque existant dans le liquide, le sel qui se dépose par l’action de l'acide chlorhydrique présente toujours une réaction acide ( 28K ) prononcée. Ce sel fut séché dans un courant d’ammoniaque sèche; et l’ammoniaque. éliminée ensuite par un courant d'air. Il à fallu quatre-vingt-seize heures pour entraîner la dernière trace d’alcali condensé. Le résultat inscrit au n° X se rapporte à ce sel. Ce même chlorure d’ammonium, volatilisé dans un vase en platine dans une atmosphère d’ammoniaque, et puis pesé dans le vide, a donné le résultat inscrit au n° XIL. Voulant m’assurer de l'influence de l’atmosphère d’am- moniaque pendant la volatilisation du sel, j'ai sublimé une seconde fois le chlorure d’ammonium précédent dans le platine. La pesée du sel ayant également eu lieu dans le vide, j'ai obtenu le résultat indiqué au n° XEIE Enfin j'ai voulu faire du sel ammoniac à l’aide de l’am- moniaque produite par la réduction de l'acide azotique. A cet effet, Jai réduit l'acide azotique par un mélange de zinc, d'acide sulfurique et d’eau. La solution des sulfates de zinc et d'ammoniaque ainsi obtenue est versée, après concentration, sur de l’hydrate de chaux contenu dans une grande cornue. Le mélange est chauffé pour éliminer l’ammoniaque devenue libre; le gaz, lavé d’abord à l’eau, est dissous dans l’eau pure. La solution ammoniacale pré- sente, au point de vue de l’odeur, la même différence avec l’ammoniaque extraite du sel ammoniac du commerce, que celle indiquée tout à l'heure pour laleali retiré du sel purifié. Il est incontestable que le gaz possède une odeur plus pure et infiniment moins désagréable. Cette solution ammoniacale est à peu près saturée par de l'acide chlorhydrique pur et abandonnée à la cristalli- Lion, sous une cloche, avec de la potasse caustique solide. L'eau mère alcaline est enlevée, et le sel est desséché sous une cloche avec de la potasse solide, et puis dans un cou- “« ( 288 ) rant d'ammoniaque sèche, remplacé enfin par un courant d'air sec et froid. , Le chlorure d'ammonium produit est d’une blancheur éblouissante ; pesé dans l'air, il a donné le résultat inscrit au n° XI. J'ai évaporé jusqu’à siccité les eaux mères, assez abon- dantes, d’où le sel s'était déposé, et le chlorure obtenu a été mêlé avec un grand excès de potasse fondue et pulvé- risée. Le gaz ammoniaque, desséché par son passage au travers de deux longs tubes en U remplis de potasse fon- due et pulvérisée, a été combiné directement à l'acide chlorhydrique sec et pur, dans une chaudière en platine de 5 litres de capacité, en prenant la précaution de main- tenir toujours l’ammoniaque en excès. Le sel ammoniac produit, qui était d’une blancheur extrême, a été chaufïé dans uneatmosphère d'ammoniaque sèche jusqu’au point de s’agglutiner. Introduit ensuite dans un tube en verre, il a élé soumis à un courant d'air froid et sec jusqu’à ce qu'il eût perdu toute l’ammoniaque condensée. Pesé ensuite dans le vide, il a fourni le résultat inscrit au n° XIV. Pour rendre le tableau suivant intelligible, 1l faut que je dise qu'il présente d'abord le rapport proportionnel entre l'argent et le sel ammoniac, tel qu'il résulte de l'expérience, sans tenir compte de l'excès d'acide que ce composé renferme ou peut renfermer; ensuite, dans l’hy- pothèse que l'excès d'acide est saturé d’ammoniaque et que le poids du sel est augmenté proportionnellement. De la comparaison des deux résultats, on acquiert la conviction que le chlorure d'ammonium peut retenir un excès d'acide chlorhydrique, mais on constate en même temps mon impuissance à mesurer exactement le degré d'acidité. ( 289 ) 109°67 662°6Y 009‘67 66967 G09°6% 809°6% 90967 809°67 709°67 019°6% F19°67 0196 G09°67 909<6% “atinau 9soddns os np || sprod ar soude,p Y169°67 c6S°6Y 169°67 L6S°67 86967 66S‘6Y 009°6# C6S‘6Y 169°67 889°67 c6c‘67 LLS‘6Y GLS‘6Y 18S‘67 89567 “qniq [es np sprod ay saxde,p .v © ‘unIuoume,p 24NIOIUI e quoçeambo ENAOUY , 000007 CLG0‘0 69800 &18G0° 0 GIS10‘0 88810‘0 06?710°0 CLG00‘0 G6600‘0 OFFT0‘0 026000 &YL00‘C Y9Y%00°0 GY900‘0 GILY00‘0 28 “quasuc,p FUEPIDXI TR juepuods2xx09 2ELUOUUE 12s np sp'od SG0 ‘0 £eso‘o L9G0°0 S0£0‘0 0850‘0 0020‘0 89000 6:10‘0 Y660° 0 SLS810‘0 c0S10°0 0600‘0 06&10‘0 02600‘0 ‘28 -uor1s0du099p 9T{NOPLET soude JU9SIE,p AUEP99X9,1 2P SPI0d CLIS‘08 806287 181 9% 1667L°%G YCL90 ‘TG CCE CG 19388°2 782808 918S 9 8609°GI 26001 ‘07 &LSLO‘9 801FSL 280889 ‘oprA ne amppr quo$ re, | 9P SPI04 *SOOU9L19AX9 SAI9IUIIP JNOU S0P ANNEXOH v#12‘0S 8L82‘8r LLLV‘9Y 8C8YL‘YG 00990‘58 00858 GG L£G88"e 702808 908£‘91 0609°GH SETOT‘OE 16L0‘9 190Y7S°L 7088°9 *AB,[ Suep juo$ re, [ 9p SProd 8LG6'‘ Ye YSL6‘2G SLLSS8‘TG 79098 ©7 VSI£6‘01 COTO‘ TE CecsG'r G£700‘7 8c80°8 697 9 86£00°S (LARTS LeyeL'e £L£6£'£ *o4inou psoddus 39 9PIA ne JINP9X 2CIUOUUE les np spiod LGG6'Y% Y1LG6‘25 6918‘50 82098 GI 9688601 8800‘T} SLGGG' I £8800‘# LG80‘8 9Y7S 9 09000 90600‘£ GIS£L‘e l 16£'£ ‘pra ne J1n por JELUOWUUE [9S "UUNAUOUUD,P DUNA0)Y9 91 19 quon à aqua pouuoraodoud j10ddoy GLG6°YG Y26°C5 909838 S6098‘GI SS1G6G'0H 7000°1F OCITG‘ I GL666°C S9L0‘8 8625 ‘9 CL966°Y cL900‘S gaOSL‘£ eggc'e -49 “A1e,] Suep DUIUOUIUE [95 np SPprod "AYŒHO Œ soN 2mC SÉRIE, TOME X. (eo) ( 2909 En jetant les yeux sur ce tableau, on voit que les résul- lats restent à peu près constants à partir du n° V. Lorsque j'ai exécuté les quatre premières déterminations, j’'ignorais la propriété que possède le chlorure d’ammonium de rete- nir un excès d'acide dans des circonstances données. Dans les dix opérations suivantes, je suis parvenu à éviter l'excès d'acide. L'expérience ultérieure pourra seule montrer si les composés que j'ai employés aux déterminations ne renfermaient pas à leur tour un excès d’ammoniaque. Tout ce que je puis affirmer c’est que j'ai fait tous mes eflorits pour éviter cette cause d'erreur. En comparant les résultats fournis par les chlorures d'ammonium cristallisés au sein d’un liquide, on remarque une légère différence suivant que la pesée a été faite dans l'air ou dans le vide. La pesée dans l'air est affectée d’une erreur en plus provenant de la condensation de ce fluide par le sel. Cette cause d'erreur sera très-facile à rectifier par l'expérience ultérieure; je lai aperçue trop tard pour pouvoir en tenir compte. Si l’on veut lirer une moyenne de mes expériences, il me semble que, dans ce cas, ce sont les dix dernières seules qui doivent être prises en considération. Cette moyenne est 49,594. D'où il résulte que le rapport proportionnel entre lar- gent et le chlorure d’'ammomium est comme ae 000 est à 49,5944. DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIONNEL ENTRE L'AZOTATE D'ARGENT ET LE CHLORURE DE POTASSIUM. J'ai essayé de déterminer le rapport proportionnel entre l’azotate d'argent et le chlorure de potassium, dans le but ( 294 } de soumettre mes synthèses de l’azotate d'argent à un contrôle rigoureux. On conçoit que si le sel produit dans ces synthèses retient un excès d'acide ou de l’eau, on doit pouvoir le constater de celte manière. Cette recherche peut d’ailleurs servir à vérifier le principe de Prout. Jai fait à ce sujet trois séries d'expériences : La première a été exécutée avec de l’azotate d'argent préparé à l’aide de l'argent pur, et qui, après avoir été fondu , avait cristallisé un grand nombre de fois. La der- nière cristallisation avait été troublée par un refroidisse- ment rapide de la liqueur, afin d'obtenir le sel à l’état de lamelles fines. Le sel, après avoir séjourné à l'abri de la lumière, pendant plus de six mois, sous une cloche avec de l'acide sulfurique, à été fondu, et maintenu dans cet état dans un courant d'air privé de matières organiques, jusqu’à ce que son poids fût devenu constaut. La deuxième série a été faite avec l'azotate d'argent inserit sous le n° VI du tableau des synthèses de ce sel. Pour la troisième série, j'ai employé un nouvel azotate d'argent provenant de la dissolution daus l'acide azotique de l'argent obtenu par l'électrolyse du cyanure d'argent et de potassium. Le sel avait été fondu et desséché comme je l'ai pratiqué pour les synthèses de lazotate. Le chlorure de potassium employé était une partie du même corps qui avait servi pour établir la comparaison avec l'argent. L’azotate d'argent des trois échantillons était blanc, lamellaire, d’un aspect nacré; sa solution était neutre au tournesol. Avant d'être pesé, il a été concassé en petits fragments, puis chauffé dans un creuset de platine et introduit, aussi chaud que possible, dans le tube où il devait être pesé après le refroidissement. Le tube était ( 2427 placé sous une cloche avec de l’acide sulfurique concentré. A chaque pesée de l’azotate, j'ai constaté l'incertitude qu’elle présente. Rien n’est plus facile que de répondre de la pesée de dix, vingt, trente grammes de chlorure de potassium à un dixième de milligramme près. Mais à cause de la propriété hygrométrique de lazotate d'argent fondu el concassé en petits fragments, je ne suis pas certain de la pesée d’un même poids de ce sel à un et demi-milligramme près. C’est ce qui m’a déterminé à faire une troisième série d'expériences, en pesant cette fois dans le vide l’azo- tate concassé, chauffé préalablement et refroidi ensuite dans le vide même. | Les poids de l'azotate et du chlorure ont été pris dans le rapport déduit de l'hypothèse de Prout, en admettant l'équivalent de l’azotate 170 et celui du chlorure —74,5. L’azotate introduit d’abord dans un flacon était dissous dans trente cinq fois son poids d’eau pure pour constater sa solubilité complète (1). La solution a été additionnée de quatre centimètres cubes d'acide azotique pur par gramme d’azotate, et a été décomposée par le chlorure alcalin. L'opération a ensuite été faite absolument de la même manière que pour le rapport proportionnel de l’ar- gent et des chlorures alcalins, (1) L’azotate d'argent peut renfermer des traces de chlorure et produire une solution limpide, si on y ajoute moins de dix fois son poids d’eau. N® D'ORDRE. [VIIT. ( 295 ) Rapport proportionnel entre l’azotate et le chlorure de potassium. Poids Poids Poids 100,000 d AS lacet du d’azotate Le] , e l’azotate , Ce , Chlorure de l’azotate del’excédant Son f d RER chlorure : d’argent de potasstum lduivalent à ium 4 depotassium d’argent (a 88 de l’azotate P chlorure de potassium réduit réduit corres- 4e dans l’air. au vide. dans l’air. au vide. d’argent. pondant. potassium. PREMIÈRE SÉRIE. gr { gr. gr. gr. gr. gr. 4,1218 4,12463| 10,77850| 10,78100| 0,01323 | 0,00581 43,818 5,1431 5,74618| 11,74020| 11,74295| 0,01400 | 0,00615 43,875 10,082 10,0862 | 23,0100 |! 23,0155 | 0,02709 | 0,01190 43,875 15,3118 | 15,3210 | 34,9532 | 34,9614 | 0,04142 | 0,01817 | 43,874 MOYENNE. . . . . 43,8755 DEUXIÈME SÉRIE. 4,5159 | 4,3186 | 10,3086 1,3110 | 0,00960 | 0,00425 | 43,864 8,9487 | 8,9483 | 20,4140 | 20,4190 | 0,02126 | 0,009396| 43,869 13,6931 13,7014 | 31,2574 | 31,2650 | 0,03685 | 0,01600 45,816 MoyENNE, . , . . 43,870 TROISIÈME SÉRIE (1). 7,9796 | 7,9844 | 18,2210 | 18,2195 | 0,0162 | 0,0112 43,884 11,4234 | 11,4502 | 26,0855 | 26,08553 | 0,0223 | 0,0154 43,878 12,5890 11,59655| 28,7440 | 28,7438 | 0,0256 0,0177 43,885 MoyENNE. . . . . 43,885 MOYENNE, . . 45,87538 (4) Dans la troisième série , toutes les pesées de l’azotate de l'argent ont été faites dans le vide. ( 294 ) DÉTERMINATION DU RAPPORT PROPORTIONNEL DE L’AZOTATE D'ARGENT ET DU CHLORURE D'AMMONIUM. J'ai tenté de chercher le rapport proportionnel entre ces deux corps, pour contrôler simultanément mes syn- thèses de l’azotate d’argent et le rapport que j'ai trouvé entre ce métal et le chlorure d'ammonium. J'ai pris pour ces déterminations une partie de La d'argent qui a servi pour les deux premières séries d’ex- périences avec le chlorure de potassium. J'ai employé le sel ammoniac du n° XI pour le n° HE; le n° XII pour le n° IF; et le n° XII pour le n° HIT et le n° IV: Rapport proportionnel entre l’azotate d'argent et le chlorure d’ammonium. ce | Poids Poids Poids Poids Poids 100,000 m | à d’azotate = | du chlorure | dt chlorure | de P’azotate | de l’azotate | 3, > céqant| du Plorure Ethnbe. 9 DT |a’ammonium d’argent d'ammonium équivalent à 2 |d’ammonium d’argent el de Fazotate 4 3 réduit réduit corres- chlorure > dans l’air. au vide, dans l'air. au vide. d’argent. poadant. |d’ammonium | | gr. | gr. gr. gr. gr. I. | 2,60790 | 4,61144 | 14,64974 | 14,68517 | 0,00898 | 0,00283 IL. | 6,9754 | 6,98077 |22,1767 |22,1819 0,04400 | 0,00440 III. | 7,9061 | 7,91217 | 25,1372 | 25,1450 Le 0,00470 | IV. | 6,5788 | 6,5839 | 20,9171 gr. 20,9220 | 0,01230 | 0,00380 Moyenne ( 295) SYNTHÈSE DE L'AZOTATE ET DU SULFATE DE PLOMB. Avant d'exposer comment J'ai procédé à la synthèse de l’azotate et du sulfate de plomb, je dois d’abord faire con- naître le moyen dont je me suis servi pour me procurer le plomb pur. Du plomb. La préparation du plomb pur présente peut-être plus de difficulté encore que celle de l'argent pur. Après d'assez longs tâtonnements, voici les moyens auxquels J'ai eu re- cours pour obtenir le métal employé dans mes expé- riences : de l’acétate de plomb du commerce a été dissous dans de l'eau chaude contenue dans une grande chaudière de plomb, et maintenu à 40° ou 50° en contact avec des feuilles très-minces de plomb, jusqu'à ce que tout le cuivre el l'argent fussent précipités. La solution filtrée fut versée dans de l'eau presque bouillante, fortement acidulée par de l’acide sulfurique. Le sulfate de plomb a été lavé par décantation, jusqu’à ce que les eaux de lavage ne con- unssent plus de trace d'acide sulfurique. Ce sel fut trans- formé ensuite en carbonate, à l’aide d’un mélange de sesquicarbonate d'ammoniaque et d'ammoniaque dissoute. il suffit pour cela de le délayer dans de l’eau avec le sel alcalin. Il se fait une effervescence qui dure tant qu'il existe du sulfate de plomb non décomposé. Arrivé à ce terme, je décante la solution de sulfate d’ammoniaque formé et le carbonate d'ammoniaque en excès. Je lave à l’eau pure aussi longtemps que les eaux de lavage renfer- ment du sulfate dissous. Le carbonate de plomb ainsi obtenu se dissout intégra- lement dans l'acide azotique dilué. Il est complétement ( 296 ) dépouillé de métaux étrangers, sauf de traces de fer qui étaient fixées sur le sulfate de plomb, malgré l’excès d'acide sulfurique employé. Pour séparer le fer, j'ai transformé une partie de ce carbonate de plomb en oxyde, en le chauf- fant avec précaution dans un vase de platine, et J'ai dis- sous l’autre partie dans l'acide azotique dilué, en prenant la précaution de laisser une petite quantité de carbonate indissoute. J’ai porté la solution d'azotate à l’ébullition, et j'y ai ajouté peu à peu de l’oxyde de plomb. Cet oxyde, en s’y dissolvant, précipite les traces de fer; je filtre le liquide bouillant et je verse la solution dans du sesquicarbonate d’'ammoniaque en excès. Dans le carbonate de plomb ainsi obtenu, il m'a été impossible de découvrir la moindre trace d'un métal étranger. C’est ce carbonate de plomb que j'ai converti en plomb métallique. A cet effet, après l'avoir desséché, je l’ai projeté petit à petit dans du cyanure de potassium pur et fondu. Comme celte réduction doit se faire dans un creuset de porcelaine blanche non vernie, qui est très-sujet à se briser , j'ai eu recours au moyen que j'ai indiqué pour la révivification de l'argent du chlorure et la fusion du métal pur; c’est-à-dire que j'ai fixé le creuset de porcelaine dans un autre plus grand , en inter- posant entre les deux de la terre de pipe caleinée et ré- duite en poudre, et en agglutinant le tout avec einq pour cent de borax fondu et pulvérisé. Le plomb obtenu par une première opération est chauffé une seconde fois avec du cyanure de potassium pur, Jus- qu’à ce qu'il apparaisse, au fond du cyanure, avec une sur- face convexe et brillante comme du mercure pur. Après un refroidissement convenable, je le coule dans une lin- gotière d'acier fondu et poli. Pour peu que le plomb renferme de l’oxyde ou du sul- ( 29) fure de ce métal, il ne présente pas de surface convexe lorsqu'on le fond. Le plomb pur est beaucoup plus blane et plus mou que le métal ordinaire. Exposé à l'air, il m'a paru s’altérer très- rapidement. Au lieu de réduire le carbonate de plomb par le cyanure de potassium , J'ai employé à cet usage le flux noir obtenu en carbonisant le sel de Seignette purifié. Pour priver en- tièrement ce sel de métaux étrangers, je faisais passer d'abord au travers de sa dissolution bouillante un courant d'acide sulfhydrique; ensuite j'y versais quelques gouttes de solution de sulfure de sodium. La solution colorée, abandonnée pendant une quinzaine de jours à elle-même dans un vase bouché à l’émeri, se décolore complétement, en déposant des sulfures métalliques. La solution décantée est agitée avec du tartrate de plomb, aussi longtemps qu'elle contient la moindre trace de sulfure de sodium. Avant de calciner le sel de Seignette, je me suis toujours assuré qu'il ne renfermait ni soufre, n1 sulfate, ni métaux étrangers. Le carbonate de plomb mêlé au flux noir pulvérisé est : réduit par l’action de la chaleur. La température néces- saire pour la fusion de l’alcali étant assez élevée, 1l y a presque toujours une certaine quantité de métaux alcalins réduits qui s'allient au plomb. Pour éliminer ces métaux, J'ai chauffé pendant quelque temps le plomb au contact de l'air, en agitant continuellement le bain métallique avec une tige de terre de pipe. Lorsque j'avais oxydé ainsi une certaine quantité de plomb, je versais sur la masse du cyanure de potassium fondu , et je chauffais le tout jusqu’à la volatilisation d’une grande partie du cyanure. Le plomb amené ensuile près de son point de solidification était coulé dans une lingotière en acier poli. ( 298 ) J'ai aussi obtenu du plomb par la réduction du chlorure. À cet effet, j'ai traité par un excès d'acide chlorhydrique dilué le carbonate de plomb préparé par l’action du ses- quicarbonate d'ammoniaque sur le sulfate de plomb. Les traces minimes de fer contenues dans le carbonate restent en dissolution dans l'excès d'acide chlorhydrique. Je me suis servi de deux moyens différents pour réduire le chle- rure. L'un des moyens consiste à le mêler avec deux tiers de son poids de carbonate de soude pur, et à projeter le mélange bien intime dans du cyanure de potassium fondu. Le plomb métallique produit est versé dans un autre creuset avec une nouvelle quantité de cyanure pur en fu- sion. [l y est maintenu à une température élevée, en agi- tant continuellement les matières jusqu'à ce que la sur- face, de plane et de terne qu’elle est d'abord, devienne fortement convexe et brillante. Refroidi convenablement, il est versé dans une lingotière et conservé à l’abri de l’ar humide. L'autre moyen de réduction du chlorure consiste à chauffer un mélange très-intime de chlorure, de carbo- nate de soude et de flux noir. Le plomb obtenu, fondu et agité pendant quelque temps en contact de l'air, a été chauffé ensuite avec du cyanure pour lui enlever les der- nières traces d'oxyde. SYNTHÈSE DE L'AZOTATE DE PLOMB. J'ai procédé à la synthèse de l’azotate de plomb absolu- ment de la même manière que Je l’ai indiqué pour l’azotate d'argent, en prenant toutes les précautions nécessaires pour arrêter les dernières traces de plomb entraînées avee le gaz, lors de la dissolution du métal, et quelquefois avec ( 299 les vapeurs, lors de l’évaporation de la solution de plomb dans l'acide azotique. En général, pour opérer la dissolution du métal, J'ai employé l'acide le plus concentré capable de l’attaquer. Le plomb décompose avec une grande lenteur l'acide az0- tique concentré, mais en revanche celui-ci ne dissout que des traces d’azotate. Ce sel, à mesure qu'il se forme, se précipite à l’état d’une poussière cristalline. La précipita- uon de l’azotate de plomb, lors de sa formation, est une nécessité de la réussite de la synthèse. En effet, ce sel ne supportant pas une température élevée sans se décom- poser, doit être desséché à une température relativement basse. On acquerrait difficilement une probabilité sur la dessiccation complète de ce sel, s'il se déposait en cris- taux tant soit peu volumineux, comme c’est le eas lors de l'évaporation d’une solution d’azotate. L'attaque de 150 à 200 grammes de plomb par une quantité convenable d'acide plus ou moins concentré, et sous l'influence d’une chaleur continue de 70° à 80°, exige de trente-six à qua- rante-huit heures. J'ai reconnu, de plus, qu'une fois l’action commencée , on est obligé d'entretenir la chaleur nuit et jour, jusqu’à la dessiccation complète du sel produit. Si on néglige cette précaution, on peut considérer l'opération comme perdue; car, dans ce cas, lorsqu'on dessèche la masse saline, elle perd lentement de son poids, et d’une manière continue, pendant six semaines, comme je l'ai reconuu. Pour toutes les synthèses qui se trouvent ins- crites au tableau, j'ai eu soin de continuer de chauffer nuil et jour, une fois l’action commencée, jusqu’à ce qu’il ne se dégaget plus de trace d'acide sous l’influence d'une température de 125° à 130°. En maintenant un ballon continuellement à une température notablement au-des- ( 300 |) sous du point d'ébullition du liquide qu'il renferme, il faut de quatre à six jours pour amener à siccité le produit de l'attaque de 150 à 250 grammes de plomb. Arrivés à la siccité apparente, 160 à 200 grammes exigent une tempé- rature continue de 140° à 155°, entretenue pendant huit à douze jours dans un courant d’air sec et pur, pour être amenés à un poids constant. Dans cet état de dessiccation, on peut élever la température à près de 200°, dans un courant d'air, sans éprouver une nouvelle perte; mais bien peu au delà, il se dégage des vapeurs acides d’une manière continue. J'ai voulu savoir jusqu'à quel point on peut compter sur la dessiccation de l’azotate de plomb à l'état de pous- sière cristalline, et j'ai trouvé que 180“,557 de ce sel, précipité par l’acide azotique d’une solution aqueuse, par conséquent à l’état de poussière cristalline, desséché à 125° d’abord et chauffé ensuite pendant trois Jours à une température comprise entre 125° et 140°, avaient perdu =; de leur poids. Ce même sel, porté pendant huit heures 2543 à 155°, a perdu encore me de son poids. Je l’ai main- 100000 tenu pendant trente-six heures à 155° sans lui faire subir la moindre altération de poids. De 195 °à 200° il a com- mencé de nouveau à dégager des vapeurs acides, pour ne plus cesser jusqu’à ce qu'il fût ramené en partie à l’état d’azotate basique. La Jimite entre le point où l’azotate de plomb perd sa dernière trace d'acide et d’eau, et celui où il se décompose , est donc très-étroite. D'après ce qui pré- cède, cette limite’ ne dépasse pas 55°. La difficulté que l’on éprouve à dessécher le nitrate sans le décomposer explique pourquoi les résultats de l’analyse de ce sel par Berzelius, Anderson et L. Svanberg sont si peu concordants. J'en ai effectué moi-même un grand nombre, qui m'ont donné ( 301 ) également les chiffres les plus contradictoires; mais ce n’est pas le cas de m'en occuper ici. J'ai fait deux séries de synthèses : dans la première série, tout l’azotate a été desséché dans un courant d’air. Ayant conçu quelques doutes sur la possibilité de dessé- cher complétement ce sel sans le décomposer, j'ai entre- pris, un an et demi plus tard, une deuxième série d’ex- périences, mais en opérant cette fois-ci la dessiccation dans le vide. À cet effet, après avoir chauffé d’abord à 80° pendant onze jours el onze nuits, le produit de la disso- lution du plomb dans l'acide azotique, pour l’amener à l’état de siccité, et après avoir maintenu ce sel de 440° à 155° pendant cent vingt heures, j'ai appliqué un ajutage de caoutchouc au ballon renfermant le sel, et j'y ai fait le vide. Tout en conservant la température vers 155°, le sel est resté depuis huit heures du matin jusqu'à onze heures du soir dans le vide. Pendant ce temps, J'ai laissé pénétrer cinq fois l'air, et Je l'ai extrait cinq fois. J'ai re- marqué que l’air du ballon, extrait par la pompe, rou- gissait le papier de tournesol contenu dans un tube que l'air devait traverser avant de se rendre dans les cylindres de la pompe. Voici les détails d’une expérience; ils permettront d’ap- précier la confiance que peuvent inspirer les synthèses de l’azotate de plomb desséché dans Fair. SAPIN Se An Le à pp « chic + « AOOB 802 EmdStdmplomb dans Pair 2. . . . . :\ |: |‘, "100:".007 Poids du ballon avec l’azotate desséché à 1550, jusqu'à ce que letpordSduisehfül constanti, 5 MATE) Eu LT 66968215 Poids du ballon après que le sel eût été chauffé à 155° dans le vidependanfiiroissheures 2: ; 11.404 0 AN SR .P'2N 1664818115 Pords duballenile lendemain: 4.425605, us A N6058%616 ( 302 ) Poids du ballon, le sel ayant été chauffé de nouveau à 155° dans le vide pendant trois heures . . . . . . . . . 653,812 . Poids du ballon, le sel ayant été chauffé une troisième fois pendant Heux heures ENCEINTES Poids du ballon le lendemain. - - . - . . . . - 6e Ainsi, le plus grand écart entre le poids du sel desséché dans l’air et dans le vide est de 0",0115, pour 159,970 d’azotate. Je le répète, quels que soient les soins que j'aie pris pour opérer la dessiccation complète de l’azotate de plomb, quelque remarquable que soit la concordance entre les différentes synthèses, je conçois, cependant, qu'il puisse rester un doute légitime sur la possibilité de sécher absolu- ment d’aussi fortes masses de sels, lorsqu'on ne peut pas les porter à une température élevée sans les décomposer. L'expérience ultérieure en décidera. Tout ce que joserai prédire, c’est que les chimistes qui se placeront dans les mêmes conditions que moi, trouveront absolument les mêmes résultats. Reste à décider si ces conditions sont favorables pour une recherche du genre de celle-ei, et même si l’azotate de plomb n’est pas trop instable pour pouvoir servir à une détermination rigoureuse. Le plomb employé aux synthèses a été préparé : Pour les n° [et I, par le carbonate pur et le ee de potassium ; Pour les n° IIT et IV, par le flux noir et le Ee - de plomb; Pour les n% V et VI, par le chlorure de plomb, le car- bonate de soude et le cyanure de potassium; Pour les n° VII et VIIL, par le flux noir et le carbonate de plomb ; ( 505 ) Pour les n°*IX et X, par le chlorure de plomb, le ear- bonate de soude et le flux noir. Synthèses de l’azotate de plomb. Poids Poids Poids Poids | 100,000 DE PLOME || du plomb de l’azotate de l’azotate du plomb a fournissent réduit de plomb de plomb | dans l'air. N° D'ORDRE. au vide. dans l’air. |réduit au vide.! azotate de plomb : PREMIÈRE SÉRIE. gr. ! gr. 103,0075 | 103,000 | 164,748 164,775 | 159,973 140,695 | 140,6887 | 225,055 | 225,0674 | 159,975 110,2722 | 110,2672 | 176,381 176,408 | 139,982 141,999 141,9927 227,118 227,1527 159,975 148,625 | 148,616 | 237,6695 | 237,702 | 159,968 124,3535 | 124,348 | 198,894 | 198,924 | 159,973 entre 140 à 1600. En = Gi LES an =] c TD © = Q ® an a rs] 2 MoyenNNE . . . 159,974 SECONDE SÉRIE. 100,007 | 100,000 | 159,948 | 159,970 | 159,970 200,014 | 200,000 | 319,885 | 319,928 | 159,964 250,0175 | 250,000 | 399,843 | 399,8975 | 159,959 250,0175 | 250,000 | 399,860 | 399,914 | 159,965 Desseche dans le vide à 1550. MoyENNE . . . 159,9645 SYNTHÈSE DU SULFATE DE PLOMB. Dans presque toutes les déterminations du plomb, les chimistes ramènent ce métal à l’état de sulfate pour le peser. Après avoir exécuté un Si grand nombre d'analyses ( 304 ) délicates, je n’hésite pas à déclarer qu’il n’en existe au- cune présentant autant de difficultés et autant d'incerti- tudes, lors même qu'on s’entoure des précautions les plus minutieuses, les plus fastidieuses. Berzelius a déja fait remarquer l'extrême difficulté qu'on éprouve à mener à bonne fin une synthèse du sulfate de plomb. J'ai essayé d’abord ces déterminations dans le verre ré- fractaire; mais j'ai obtenu ainsi les résultats les plus con- tradictoires. Lorsqu'on essaye de chauffer le sulfate de plomb, le verre est déjà attaqué avant même que l’excé- dant de l’acide sulfurique soit entièrement chassé. Il est donc indispensable d'exécuter l’opération dans des vases de platine. Voici les dispositions auxquelles je me suis arrêté : Afin de m’épargner le travail, plus considérable qu'on ne le suppose, de la préparation de la quantité de plomb nécessaire à une détermination de ce genre, J'ai combiné quelques-unes des synthèses de l’azotate de plomb avec celles du sulfate de ce métal. Ainsi l’azotaie, obtenu dans la synthèse n° IV, à été transformé en sulfate : le n° I du tableau en présente le résultat. Les azotates produits dans les expériences n° V, VIT, VIII, IX et X ont été également convertis en sulfates, et les résultats sont successivement indiqués aux n° IF, IT, IV, V et VI. J'ai procédé à cette transformation de la manière suivante : l’azotate de plomb provenant d’un poids connu de plomb était dissous dans la plus petite quantité possible d'eau chaude et pure, et la solution était versée dans la cucurbite d’une cornue de platine pesée, contenant une quantité d'acide sulfurique pur et dilué un peu plus que suffisante pour transformer tout le plomb en sulfate. Après un repos convenable, l’eau acide, devenue complétement limpide, a été enlevée ( 305 ) avec une pipette el introduite dans une très-grande cap- sule de platine qui avait été pesée en bloc avec la cornuc de platine, et soumise immédiatement à l’évaporation au bain-marie, en garantissant, autant que possible, la sur- face des atteintes des matières suspendues dans Pair. Le ballon de verre, qui avait contenu l’azotate, a été lavé à plusieurs reprises par de l’eau pure. Toutes les eaux de lavage ont été ajoutées à la cucurbite renfermant déjà le sulfate de plomb. Une petite quantité d’acide sulfurique a été versée en- suite dans le liquide de la cucurbite, pour s'assurer s'il n°v avait plus de plomb à l'état d'azotate. À mesure que le liquide dans la capsule s’évaporait, je le remplaçais par une nouvelle quantité puisée dans la cucurbite. Afin d’en- lever, autant que possible, l'excès d'acide sulfurique et toute substance fixe soluble, J'ai lavé à deux reprises différentes le sulfate à l’eau pure. Toutes les eaux de lavage , parfaite- ment éclaircies par le repos, ont été ajoutées aa liquide de la capsule et évaporées à leur tour. Alors j'ai exposé la cucurbite à la vapeur d’eau pour dessécher le sulfate de plomb. Lorsque, sous l'influence d’une température de 100°, elle ne dégageait plus de vapeur quelconque, je lai engagée assez profondément dans un bain de magnésie que J'ai porté graduellement au rouge sombre. Après la volatilisation de tant soit peu de vapeurs d’acide sulfurique, J'ai vu apparaître, dans toutes mes expériences, des va- peurs nitreuses. Comme ces vapeurs pouvaient provenir de la présence de quelques traces d’azotate de plomb en- traîné par le sulfate, J'ai, dans chaque essai et après le refroidissement du vase, arrosé le sel avec de l’eau très- faiblement acidulée par de l’acide sulfurique pur. J'ai des- séché de nouveau la masse au bain-marie et calciné une 27€ SÉRIE , TOME X. 22 ( 306 ) seconde fois le sulfate en chauffant le vase dans le bain de magnésie. Jamais je n’ai vu apparaître des vapeurs ruti- lantes à cette seconde calcination. | Dans toutes mes expériences, le sulfate de plomb a été d’un blanc éblouissant. Sa dessiccation a été faite avec un tel soin , que la paroi de la cucurbite ne présentait ancune trace de projection. Pour garantir le sulfate de plomb, pendant son refroidis- sement, contre l'humidité atmosphérique, j'ai suspendu dans l'intérieur de la cucurbite un vase renfermant du chlorure de calcium. Ce vase était attaché à une tige de verre passant par le col du chapiteau mobile. L'ouverture du col était d’ailleurs fermée par un bouchon. J'arrive maintenant aux eaux de lavage du sulfate de plomb. La capsule de platine qui les renfermait a été main- tenue sur le bain de vapeur tant que son contenu déga- geait des vapeurs. Après que tout le liquide susceptible de se volatiliser à 100° se fut dissipé, j'ai couvert le vase de platine d’une capsule de porcelaine, trouée par le haut, et plus large que lui. Par l'ouverture pratiquée dans la cap- sule, j'ai fait passer un tube de verre jusqu'à près de la surface du résidu liquide contenu dans le vase de platine. J'ai dégagé alors de l’ammoniaque pure, pour transformer en sulfate et en azotate l'acide sulfurique et l'acide azo- tique que celui-ei contenait. Lorsque la masse s’était à peu près solidifiée, j'ai placé la capsule dans le bain de magné- sie et je l'ai chauffée très-lentement jusqu’au rouge. Vers 500°, le sulfate d’'ammoniaque se décomposant en produits volatils, la capsule ne retient absolument que le sulfate de plomb mêlé à des traces de matières étrangères existant dans le plomb ou dans l'acide sulfurique. Pour éliminer les sulfates solubles que pouvait contenir le sul- ( 507 ) fate de plomb dans la capsule, j'ai toujours lavé le sel à l’eau acidulée très-légèrement par l'acide sulfurique. Après le lavage et la dessiccation, J'ai calciné une deuxième fois la petite quantité de sulfate ainsi obtenue. Dans les deux premières déterminations que j'ai faites, J'ai eu la maladresse de jeter les eaux de lavage, j'ignore si elles contenaient un produit fixe. Dans les quatre sui- vantes, je les ai évaporées dans un vase de platine pesé. Le résidu, que j'ai rougi, pesait : Pour le n° If 0£,0140 formés de sulfates alcalins avec traces de fer et de cuivre. Pour le n° IV G#,0193 id. Pour le n° V 0%,0190 out Pour le n° VE 0:,0205 "id. Ces sulfates alcalins provenaient évidemment du potas- sium et du sodium contenus dans le plomb employé. Je dois ajouter que le peu de sulfate de plomb provenant de l'évaporation des eaux de lavage n'était pas absolument blanc, même après avoir été calciné une seconde fois avec un mélange d'acide sulfurique et d'acide tro Ua ;.1l était teint en gris. Après cinq heures de refroidissement à l'abri de Fair humide, la cornue et la capsule de platine ont élé pesées en bloc à la grande balance. Avant de donner le résultat de ces expériences si Épes rieuses, Je dois signaler une cause d'erreur qui m'a échappé. Jai pesé le sulfate de plomb dans l'air, mais ce sel peut condenser une quantité d'air assez grande pour être sensible sur les masses énormes mises en expérience. Il y a moyen de constater le fait et de corriger plus tard le résultat, s’il y a réellement erreur de ce chef, et je n’en serais Pas Surpris. ( 308 ) Je me suis abstenu de corriger le poids du sulfate de plomb produit par 100,000 de plomb, d’après le poids des métaux étrangers enlevés à l’état de sulfate au résidu des eaux de lavage du sel de plomb, parce que je considère cette correction comme étant plus ou moins arbitraire, dans l'ignorance où je suis du rapport du potassium au sodium dans ces sulfates alcalins. D'ailleurs, la présence dans le plomb de ces traces excessivement faibles de mé- taux étrangers diminue le poids du sulfate de plomb; le résultat serait donc plus élevé si le métal employé avait été absolument pur, et cela m’écarterait encore davantage du chiffre calculé d’après la loi de Prout. Synthèses du sulfate de plomb. ss] = Poids Poids Poids Poids Poids = du plomb du sulfate du sulfate de sulfate de plomb © du plomb AN E 3 “a réduit de plomb de plomb produit par e dans l'air. au vide, dans l’air. [réduit au vide.| 100,000 de plomb. & gr. gr. gr. gr. I. | 141,999 | 141,9995 | 207,9295 | 207,9388 146,443 II. | 148,623 | 148,016 | 217,6045 | 217,6141 146,427 JII. | 400,007 400,000 | 146,4125 | 146,419 146,419 IV. | 200,014 | 200,000 | 292,850 | 292,864 146,432 V. | 250,0175 | 250,000 | 366,0365 | 366,0525 146,421 VI. | 250,0175 | 250,000 | 366,041 | 366,0575 146,423 Moyenne. . . . 146,4275 ( 309 ) ANALYSE DU CHLORATE DE POTASSE. La détermination de l’oxygène contenu dans le chlorate de potasse a été faite si souvent, qu'on peut se demander s’il y avait encore quelque utilité à la répéter. Ce qui m'a porté à reprendre cette analyse, c'est que les résultats si concordants de Berzelius, de M. Pelouze et de M. de Mari- gnac, sont en désaccord avec ceux de M. Maumené et de M. Penny, dont j'ai pu apprécier l'exactitude. Pour exécu- ter cette détermination, je me suis servi de deux mé- thodes distinctes, qui devaient me donner des erreurs en sens inverse. En agissant ainsi, J'avais pour but de cher- cher l'extrême limite entre laquelle le véritable chiffre se trouve compris. L'une des méthodes consiste à décompo- ser le chlorate par la chaleur, de manière à peser le résidu de chlorure : c’est le procédé pratiqué successivement par Berzelius, Pelouze , de Marignac et Maumené; l’autre con- siste à décomposer le chlorate par l'acide chlorhydrique et à peser encore le résidu de chlorure : c'est le moyen employé par Penny, mais que j'ai changé dans son exécu- tion. Le chlorate mis en expérience a été préparé par le moyen que j'ai indiqué en parlant du chlorure de potassium obtenu à l’aide du chlorate. Je n'y reviendrai pas. Je dirai seulement que je suis certain qu'il ne renfermait ni fer, ni manganèse, ni cuivre, ni chlorures, ni sulfates alcalins. Je suis au contraire certain qu'il contenait des traces de silice, qu'il n’a pas été en mon pouvoir d'en séparer, sans le décomposer. Je vais faire connaître les dispositions que J'ai prises pour exécuter l'opération par chacune des deux méthodes. (510 ) Détermination de l'oxygène du chlorate en decomposant ce sel par la chaleur. J'ai fait cing expériences par cette méthode : deux dans un ballon de verre dur de deux litres environ de capaeité, muni d’un col de 55 à 60 centimètres de longueur et large de 2 centimètres; et trois dans une sphère de verre dur à deux cols opposés l’un à l’autre, analogue aux appareils que M. Dumas a employés pour la synthèse de l’eau. Pour les expériences dans le ballon simple, j'at courbé le col à angle droit aussi près que possible du réservoir. A l'ouverture de ce col, j'ai adapté, à l'aide d’un masue résineux, une armalure de métal sur laquelle se vissait un robinet : lé système tenait parfaitement le vide. Je déter- minais l'équilibre, en me servant comme contre- poids d'un ballon de capacité et de poids absolument identique à celui qui me servait pour l'expérience, el en mettant en même temps sur les deux plateaux de la balance ua poids supérieur à celui que j'avais à déterminer. Je faisais ainsi des pesées successives par soustraction. Je plaçais ce même poids supplémentaire sur chaque plateau, pour ne pas devoir me fier au maintien de l'égalité des bras de la balance pendant les pesées successives. La correction des poids pour la réduction au vide ne s’opérait ainsi que sur les différences avec les poids primiufs, différences qui, dans ce cas, étaient les poids de la mauère. Lorsque l'équilibre du ballon parfaitement desséché et vide d'air était établi, el lorsque j'avais même, crainte d'accident, déterminé son poids absolu, j'y introduisais le chlorate de potasse pulvérisé que J'avais chauffé dans un courant d'air sec et pur jusqu'à près de son point de ( 311 ) fusion. Le col du ballon étant nettoyé pour détacher toute trace de chlorate adhérent, je plongeais celui-ci dans un bain d'huile chauffé vers 200°, et J'y opérais cinq ou six lois le vide, en y faisant rentrer à chaque fois de l'air pur et sec et qui n’avait point passé par la machine. Après avoir amené exactement la tension interne à ce qu’elle était à la première pesée, je déterminais de nouveau l'équilibre, en soustrayant à cet effet des poids du plateau auquel le ballon avec le chlorate était attaché. Le ballon étant de nouveau rempli d’air sec, Je dévissais le robinet et je remplissais tout le col, depuis l’origine de la sphère jusqu'à dix centimètres de l’armature fixée à son col, d'amiante calciné avec de l’eau régale. J’avais transformé cet amiante en une espèce de feutre, en le délayant dans de l’eau et en recevant ensuite la pâte sur un tamis. Les gaz passent au travers de ce feutre absolument comme un liquide par un filtre de papier. J'opérais encore le vide dans l'appareil en chauffant le col sur presque toute la longueur, pour entraîner avec l'air les moindres traces d'humidité qui auraient pu y pénétrer pendant l'introduction de l'amiante chauffé, et j'en déter- minais une troisième fois le poids, après y avoir raréfié l’air au méme point que dans les deux pesées précédentes. L'appareil étant ainsi préparé, je plaçais le ballon dans un bain de magnésie, de manière que son col fût par- faitement horizontal. Au robinet qui le terminait, j’adap- tais, à l’aide d'un tuyau de caoutchouc, un tube de verre dur de Bohême, de 60 centimètres de longueur sur un et demi-centimètre de largeur, effilé des deux bouts. Le tube contenait, à chacun de ses bouts, un tampon d'amiante feutré, les neuf dixièmes étaient refnplis par de l'argent pur pulvérulent, précipité par le phosphore. Avant d’être ( 312) mis en communication avec la cornue, il était soigneuse- ment séché et pesé. Ce tube était suivi de deux autres, courbés en U, remplis de ponce sulfurique, également pesés et, enfin, d'uu troisième tube en Ü contenant de la ponee sulfurique et destiné à empêcher l’arrivée d’un gaz hu- mide. L'appareil était terminé par un tube recourbé plon- geant, d'un millimètreseulement, dans l’eau d’un flacon de Wouif, qui était lui-même muui d’un tube recourbé per- mettant de recueillir l'oxygène dégagé. Comme tout le monde le sait, la décomposition du chlo- rate de potasse exige, pour s’accomplir lentement, des précaulions excessives. La moindre inadvertance fait perdre l'expérience. Mais, en revanche, une fois bien connue et établie, elle s'exécute avec une régularité extrême. Pour opérer la décomposition lente et régulière du chlorate, il est indispensable que le ballon placé dans le bain ne repose sur la magnésie que par une surface de cinq à six centi- mètres carrés. Le restant de la panse doit en rester éloigné, au moins d’un à deux centimètres, aussi longtemps qu’on y voit du chlorate fondu. Lorsque le chlorate est entière- ment passé à l’état de perchlorate et de chlorure, on peut, sans crainte d'accident, commencer à lasser la magnésie chauffée contre le ballon ; mais on acquiert bientôt la certitude que, eu égard au pouvoir rayonnant considérable de la magnésie, le contact de cette base chauffée n’est nul- lement nécessaire pour déterminer la décomposition du perchlorate. Lorsque le dégagement de l’oxygène commence à se ra- lentir, je tasse la magnésie tout autour du ballon, et j'élève la température du bain jusqu'à près du rouge sombre ; arrivé à ce moment, Je couvre d’une double toile métal- lique la partie supérieure du ballon, j'en entoure égale- (513 ) ment la partie courbée du col, et je rougis faiblement la toile à l’aide de charbons incandescents que je place par- dessus. D'un autre côté, en disposant l'appareil, j'ai engagé le col du ballon, depuis la courbure jusqu'à une quinzaine de centimètres de l’armature , dans une gaine de tôle rem- plie de magnésie. Lorsque l'opération est terminée, Je chauffe également cette gaîne au rouge. De cette manière le chlorate et le perchlorate entraînés à la partie supérieure du-ballon et retenus dans l’amiante contenu dans le col, se décomposent en laissant du chlorure. En même temps que je chauffais le bain de magnésie pour déterminer la décomposition du chlorate, je portais près du rouge sombre le tube contenant de l'argent divisé et précipité par le phosphore. Ce tube était déposé dans une gaine de tôle remplie de magnésie qui le recouvrait complétement. [1 à été maintenu au rouge sombre tant qu'a duré le dégagement du g2z oxygène. Le but de ce tube était de retenir les traces de chlore, qui accompagne presque toujours l'oxygène dégagé par la calcination du chlorate de potasse. Après avoir traversé l'appareil, l'oxygène s’est dégagé tout à fait transparent pendant tonte la durée de l’opéra- lion. Cependant, malgré la précaution que jai prise de dé- composer le chlorate avec une extrême lenteur, et de placer sur le trajet de l’oxygène un long tube contenant de l'argent divisé, je crois que des traces du chlore ont encore été entraînées sans se fixer sur ce métal. En tout cas, l’oxygène, à sa sortie du ballon, ne devait renfermer que des quantités excessivement minimes de chlore, puis- que la majeure partie, retenue par l'argent, ne repré- sentait qu'un trois millième du poids de l'oxygène. 4 ( 514 ) Dans les expériences, la dessiccation du chlorate de po- lasse et des appareils a été si complétement effectuée, que jamais les tubes en U à ponce sulfurique n’ont augmenté au delà de 0%,004. Le ballon étant refroidi, j'ai fait de nouveau le vide et je l'ai pesé. Ainsi la détermination de l'oxygène du ehlorate hé par ce moyen quatre pesées successives : La pesée 4° du ballon vide d'air; + — 2° du ballon avec le chlorate et vide d'air;s — 5° du ballon avec le chlorate et le col rempli d'amiante, destiné à retenir le chlorate et le perchlorate, et vide d'air; — 4° du ballon avec le chlorure et vide d'air. Dans le but de réduire ces quatre pesées à trois, J'ai remplacé le ballon à un col par un autre à deux cols op- posés. A l'ouverture de chacun d'eux, j'adaptais des ar- matures métalliques à laide d'un mastic résineux peu fusible. L'une de ces armatures était munie d’un robinet; l’autre se fermait par une pièce pleine, vissée. Le col muni de l’armature portant un robinet, était rempli aux trois quarts d'amiante feutré. Le ballon étant desséché à une haute température, en y faisant passer un courant d'air, Je le pesais. Par l'ouverture du col opposé, j'y introduisais ensuite le chlorate de potasse desséché et chaud. Après avoir établi, pendant quelques heures, un courant d'air sec au travers du ballon porté à la température de 200° environ, j y faisais le vide, et je le pesais une seconde fois, lorsqu'il était complétement refroidi. Enfin j'adaptais le ballon au système précédemment décrit, et je procédais à la décomposition du chlorate, comme je l'ai dit plus haut, mais avec assez de lenteur pour faire durér l'opération de (315 ) huit heures du matin à neuf heures du soir. Le dégagement de l'oxygène terminé, je décomposais, par le moyen indi- qué, tout le perchlorate et le chlorate déposés à la partie supérieure du ballon et retenus dans l’amiante placé dans le col. Après le refroidissement, j'opérais le vide dans le bal- lon et Je le pesais. On se figure difficilement que des vases de verre puis- sent conserver leur poids intact, lorsqu'on les chauffe pen- dant si longtemps. La concordance si parfaite de mes ré- sultals avec ceux de Berzelius, de M. Pelouze et de M. de Marigoac, doit rassurer à cet égard. Cependant, pour mon- trer jusqu’à quel point on peut répondre de la conservation du poids des vases de volume considérable chauffés dans de la magnésie, je vais donner le résultat d'expériences que J'ai faites avec les ballons mêmes qui ont servi à l’expé- rience n° Î et aux expériences n% HE, IV et V. NC 1° Poids du ballon de 111,729 vide d’air à 0,005 . . . . 8238r,917 2% Poids du ballon, après avoir été chauffé, pendant six heures, dans un bain de magnésie, au point de rendre le fond laiteux, à. Aprés trois heures de refroidissement . . 823sr,915 brAprésthuitiheureseLoteh Ab Jen che 623m017 ce dondematn us dun fr aiNE st SO SE O7. Nos I, IVet V. 1° Poids du ballon vide à 0,0032 . . . su --. : 17668,409 20 Poids du ballon chauffé au rouge dans 14 magnésie, après huit heures de refroidissement. . . . . . 1796:,410 LA * Poids du ballon chauffé dans la magnésie dons us heures du matin jusqu’à quatre heures de l'après-midi. Le fond est devenu complétement laiteux, vide à 0,005, après cinq heures de refroidissement . . . . . . 17563,408 ° Poids du ballon le lendemain . . . . . . . . . . 173568r,409 D ( 316 ) J'ai employé pour l'analyse du chlorate de potasse trois échantillons de sel de sources différentes, mais purifiés par le même procédé. Un échantillon a servi pour l'expé- rience n° TI, un autre pour les n% II et TIT et un troisième pour les n° IV et V. Détermination de l'oxygène du chlorate de potasse à l'aide de l’action de l'acide chlorhydrique. Pour effectuer l’opération et la pesée du vase renfermant les matières, j'ai pris un ballon de verre dur d’un litre et demi de capacité. Sur son col, j'ai fait user à l’émeri un bouchon «le verre dur, percé de deux trous dans lesquels peuvent s'engager à frottement deux tubes de verre dur. Extérieurement, le col du ballon, de verre très-épais, est dépoli sur une longueur de six centimètres; sur cette partie dépolie j'adapte une coiffe de caoutchouc naturel munie d'un robinet, en prenant toutes les précautions que j'ai indiquées en parlant des moyens employés pour faire la pesée dans le vide. Après avoir pesé le ballon vide d'air d’abord, et ensuite vide d'air, mais contenant du chlorate de potasse séché, équilibré dans les deux cas avec un vase fermé de même volume, j'enlève la coiffe de caout- chouc et je la place et la conserve dans le vide avec le fil métallique aplat qui sert de ligature. D'un autre côté, je monte un appareil fournissant de l’acide chlorhydrique pur; à cet effet, je dégage, à l’aide de l’acide sulfurique, le gaz acide chlorhydrique de l'acide chlorhydrique liquide, concentré et dépouillé d’acide sul- fureux. Pour plus de sûreté, je lave le gaz en le faisant passer au travers de deux flacons de Woulf contenant de l'acide chlorhydrique pur. Je mets ensuite l'appareil à dé- ( 317 ) gagement d'acide chlorhydrique en communication avec le ballon, dans lequel j'ai versé, avant d’y mettre le bouchon, une centaine de centimètres cubes d’eau absolument pure. A cet effet, j'engage, dans une des ouvertures du bouchon de verre, un long tube de verre dur descendant jusque dans la panse du ballon, qui est incliné de manière que le col soit presque horizontal. Ce tube est engagé, par son extrémité opposée, dans un tuyau de caoutchouc adapté au tube de dégagement d'acide chlorhydrique. Dans l’autre ouverture du bouchon troué, jJ’engage un tube qui se rend jusqu’à la moitié du col du ballon. La partie de ce dernier tube qui sort du ballon est doublement recourbée, et munie de deux fortes boules faisant l'office de flacons laveurs. Tous les gaz qui sortent du ballon doivent traverser le liquide renfermé dans les boules, avant de se rendre dans un flacon de Woulf, conte- nant de l’eau pureet destiné encore à retenir les traces de chlorure que le premier système de condensation aurait pu laisser échapper. A ce flacon de Woulf était adapté un tube conduisant les gaz dans une bonne cheminée. Après avoir entouré de glace toute la panse du ballon, je dégage de l'acide chlorhydrique. Le chlorate de potasse baigné d’eau est immédiatement attaqué avec dégagement de chlore et même d’acide chloreux, qui sortent du ballon par le second tube, en traversant le liquide contenu dans les boules dont il est muni. Si le dégagement d'acide chlor- hydrique est rapide, la température s'élève trop dans le ballon, malgré la glace qui l’entoure, et l'acide chloreux qui prend naissance délone en venant en présence de l'acide chlorhydrique. Cet accident m'est arrivé dans une expérience et a détruit l'appareil. Si , au contraire, l'acide chlorhydrique pénètre trop lentement dans le ballon, il ( 318 ) se forme de l’hydrate de chlore qui enveloppe le chlorate et rend l'expérience presque interminable. Pour éviter à la fois ces deux inconvénients, j'ai opéré, dans les deux dernières analyses, la décomposition du chlorate sur le sel préalablement fondu. J'avais pesé le sel avant la fu- sion; je l'ai pesé après, et j'ai pu constater que le chlorate de polasse peut étre fondu et maintenu en fusion sans perdre de l’oxygêne. Le chlorate de potasse fondu et couvert d'eau se décompose par l’acide chlorhydrique toujours amené en excès, sans produire sensiblement du gaz acide chlo- reux. J'ai pu décomposer en cinq ou six heures de temps de cent à cent cinquante grammes de chlorate, sans aper- cevoir dans le ballon les vapeurs blanches que produit toujours la présence simultanée de l'acide chlorhydrique et de l'acide chloreux. Lorsque tout le chlorate de potasse est décomposé, ce que l’on remarque immédiatement à la décoloration de l’atmosphère du ballon, j'interromps le courant, J’enlève l'eau glacée, je la remplace par de l’eau de plus en plus chaude; enfin, je débouche le ballon et j'y faits couler tout le liquide contenu dans les boules du tube à dégagement; je procède ensuite à l’évaporation de tout le liquide du ballon. Dans aucune des trois expériences que j'ai faites par ce procédé, la quantité de liquide n'a pas été suffisante pour dissoudre à 0° la moitié de chlorure de potassium produit. Le ballon étant convenablement incliné, j’engage son col dans un ballon de verre dur, et je le chauffe à une tem- température voisine, mais cependant toujours au-dessous du point d'ébullition du liquide qu'il renferme. L'évapo- ration du liquide et la dessiccation du chlorure étant opé- rées, le chlorure restant retient de l’acide chlorhydrique qu'on ne saurait en éliminer sans fondre le chlorure, ce L7 à ( 319 ) qui est une opération impossible dans un vase de verre, même réfractaire. M. Penny avait déjà constaté la présence de l’acide chlorhydrique dans ce cas. Pour éliminer cet acide, j'ai eu recours à l’artifice sui- van! : j'ai ajouté au chlorure une petite quantité de chlo- rate de potasse soigneusement séché el pesé (un à cinq grammes), et puis j'ai versé de l’eau absolument pure sur la masse. J'ai évaporé de nouveau tout le liquide. Pendant l’évaporation , il s’est dégagé une odeur sensible de chlore. Le ballon à été placé ensuite dans un bain de magnésie et porté à une température élevée. Le chlorate contenu dans le chlorure a été détruit avec dégagement d'oxygène, et 1l est resté du chlorure de potassium pur, incolore, tout à fait neutre. Pendant que le ballon se trouvait dans le bain de ma- gnésie, Jai adapté la fermeture de caoutchouc, et après son refroidissement complet, j'y ai opéré le vide. L'eau de lavage contenue dans le flacon de Woulf a été évaporée au bain-marie, dans une petite capsule de porce- laine, et a laissé un résidu qui, étant desséché , a pesé 0°,0058 , consistant en une matière jaune que la chaleur et l’air ont complétement détruite. Il n'y avait donc pas eu de chlorure entrainé. Le liquide, obtenu par l'évaporation du chlorure du ballon, ayant été évaporé à siccité, n’a laissé dans aucune des trois expériences de trace de chlorure. Aussi, quoi qu’on en ait dit, Je suis convaincu qu'on peut évaporer la solution des chlorures alcalins®wsans entrainer avec la vapeur d’eau la moindre trace de ces composés. Les trois analyses que j'ai faites par cette méthode s’ac- * cordent très-bien entre elles, et le résultat se confond avec eelui obtenu par la caleination du chlorate de potasse. | ; | 8878‘09 &LG1‘GS +‘ * ‘ANNIAON L : _ | | | 0cY8‘09 0861 ‘6S c018‘6Y 8800‘0 9200‘0 021867 c0%8 ‘67 QGIG LG GISS'LGI CA CLr8 ‘09 LeG1‘6S 0270‘9 0900‘0 s800‘0 6670‘8C 01909 086 GC 02Y6‘6S] "AI 0#Y8‘09 0991 ‘6C c0LS‘cS 08000 6000 ccLg‘ec qLus‘ee 010998 0Y1S‘98 ‘Ill Q6£8°09 G091‘6S G191 GS 8800‘0 01T0‘0 L691‘&S QYLL'G£ 098158 cser‘cg d | ME ÆR | oscso | osowce | ogoszs | 89000 41000 #602‘13 | aesotrs | ocus‘co | » Je lègue à l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, les ouvrages de ma biblio- thèque concernant l’économie politique, le droit pénal et les prisons , les établissements de bienfaisance, l'éducation et l'instruction, l'hygiène, la statistique, à condition d’en conserver l’ensemble et de l’accroître successivement au moyen de bons ouvrages analogues, de manière à former une section spéciale de publications embrassant toutes lés branches de l’économie sociale. » Bien que cette disposition ne doive recevoir d’exécu- tion qu'après ma mort,.je ne me considère dès à présent que comme le dépositaire du legs que je fais à l’Académie; je continuerai à le gérer avec soin, et les accroissements qu'il pourra recevoir augmentleront successivement sa valeur. Si d’ailleurs l’Académie jugeait à propos de prendre à ce sujet quelque mesure conservatrice, je me tiens à sa disposition. » Veuillez, M. le secrétaire perpétuel , donner connais- ( 393 ) sance de ce qui précède à l’Académie, et agréer l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués. » De vifs applaudissements accueillent cette lecture et de chaleureux rémerciments sont adressés à M. Ducpetiaux pour le don qu'il fait à l’Académie et qu'elle reçoit avec reconnaissance. — La Société des Antiquaires de Londres et la Société de Statistique de la même ville remercient l’Académie pour l'envoi de ses publications. — L'Association nationale de Glascow pour lavance- ment de la science, annonce que sa quatrième réunion annuelle aura lieu le lundi 24 septembre prochain et les Jours suivants. — M. Victor de Montjardin prie l’Académie d'accepter un volume manuscrit de poésies de sa composition. Des remerciments lui seront adressés, de même qu’à MM. les membres qui font hommage des ouvrages sui- vants : les nouveaux Bollandistes, Rapport fait à la Com- mission royale d'histoire, par M. P.-F.-X. de Ram; Un épisode des annales des communes belges, par M. Alphonse Wauters; Le départ de Bellérophon, et Observations gram- maticales et paléographiques sur les miroirs antiques à în- scriptions latines, par M. Roulez. 2°° SÉRIE, TOME X. 25 (354 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Le congres international de Statistique, tenu à Londres, du 16 au 21 juillet 1860 ; notice par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel de l'Académie. La formation des congrès littéraires et scientifiques est récente. On crut d’abord que ces institutions, générale- ment nomades, et ne se réunissant chaque année que pendant quelques jours, étaient appelées à remplacer les sociétés savantes; mais on revint bientôt de cette erreur, et le véritable caractère de ces réunions momentanées fut enfin reconnu. Les principaux pays qui possèdent des congrès périodi- ques, sont l’Allemagne, la France, l'Angleterre et l'Italie; et non-seulement les savants nationaux s'y réunissent, mais on y accueille avec courtoisie les savants des pays étrangers. Ces sortes de réunions sont d’un grand intérêt scientifique, surtout par la facilité des relations qu’elles établissent entre les hommes instruits des différentes nations. Quelques congrès ont pris un caractère international; ils ne se bornent pas à fixer successivement leur séjour dans l’une ou l’autre ville d’un même pays, mais ils se transportent sans peine d’une contrée à l’autre; et, par là même, la discussion prend plus d'importance et embrasse des intérêts plus généraux. Jusque-là les congrès se formaient librement, en de- hors de l’action des gouvernements, entre des hommes ( 399 ) instruits qui ne voyaient que les intérêts des sciences, des lettres ou des arts. Les gouvernements comprirent bientôt l'utilité sociale de ces sortes d'associations, et ils y intervinrent. Les deux premiers congrès des nations, institués de cette manière, s’établirent à Bruxelles, en 4853 : c'était le congrés international de statistique et la conférence maritime entre les nations. Ce dernier, formé sur l'invitation du gouvernement libre des États-Unis d'Amérique, se composa exclusivement des délégués des nations; le congrès de statistique, en dehors de ses confé- rences particulières, convoqua à ses assemblées générales les savants de tous les pays. Le même congrès, réuni cette fois à Londres, comptait les représentants de vingt-quatre pays différents, indépen- damment des délégués des colonies britanniques et des États alliés de la Grande-Bretagne. Les premières séances eurent lieu entre les délégués des gouvernements, et les conférences ne devinrent publiques que le 46 juillet. Dans la Grande-Bretagne, plus qu’en aucun autre pays, les grandes lois qui dominent la société fixent Pattention des hommes les plus élevés par leur rang et par leurs fonctions : c’est ce que l’on a pu remarquer par le pro- gramme même du congrès, et par les nobles expressions de S. À. R. le prince Albert, qui présidait l'assemblée. Les premières paroles prononcées dans cette réunion, com- posée des hommes les plus éminents d'Angleterre et des statisticiens les plus habiles des différents États, font comprendre comment il convient de considérer cette assemblée, et de quelle importance peuvent être ses tra- vaux pour le bien des nations. « Messieurs, dit le prince dans son discours d’installa- tion, en conformité des vœux exprimés par le dernier con- ( 356 ) grès général de statistique à Vienne, en 1857, le Gouver- nement à invité le congrès à tenir sa cinquième session dans cette métropole. Bien qu’en ces circonstances, il eût appartenu mieux qu’à moi, à un membre du Gouvernement, Ministre de la couronne, d'occuper ce fauteuil et de procé- der à l'ouverture de cette assemblée, ainsi que cela a eu lieu dans les précédentes sessions du congrès en d’autres pays, la nature de nos institutions et les habitudes de notre population, au sein de laquelle le congrès devait siéger, ne pouvaient manquer d'exercer leur influence sur son organisation. Nous formons un peuple qui jouit de la vie politique la plus complète , dans laqueile toute question qui intéresse la nation ou qui a de l'importance pour elle est publiquement examinée et débattue. Toute la nation, pour ainsi dire, depuis le plus élevé jusqu’au plus humble, prend une part active à ces débats, et porte à leur égard un jugement sur le résultat collectif des pensées et des opinions appelées ainsi à se produire. Ce congrès pouvait donc être seulement une réunion particulière des délégués des divers gouvernements, discutant des questions spé- ciales au milieu du tumulte commun de l'activité politique, ou bien il pouvait prendre un caractère plus général, en s'adressant au public et en demandant sa coopération. Le Gouvernement s’est décidé pour le dernier parti, et a reçu de tous côtés la réponse la plus décisive. Je erois que le Gouvernement à bien fait, car il est de la plus grande im- portance pour l’objet que le congrès a en vue — à savoir, non-seulement la diffusion des informations statistiques, mais encore la déclaration de l'utilité et de l'importance de cette branche des connaissances humaines, — que le public entier s'empare des questions qui doivent être exa- minées, et leur prête ainsi son puissant concours. Ce queje ( 357 } viens de dire, Messieurs, me sert d'explication et d’excuse pour l’acte que je fais en occupant le poste de la prési- dence, poste à l'égard duquel, sous tout autre rapport, je sens mon insuffisance. Cependant, lorsque les commis- saires de l’organisation du congrès m'ont exprimé le désir que j'agisse ainsi, j'ai cru de mon devoir de ne pas refuser ma coopération personnelle, qui apportait avec elle, pour ainsi dire, l'assurance au peuple anglais que l’objet de la réunion avait les sympathies de la Reine, et témoignait aux délégués étrangers l'estime qu’elle accorde à leurs per- sonnes et la haute appréciation qu’elle fait de la science qu'ils cultivent. Permettez-moi de leur souhaiter la bien- venue au nom du pays. » C’est ici que l’idée d’un congrès national de statis- tique à pris son origine, lorsque les délégués et les visi- teurs de toutes les nations se sont assemblés pour mon- trer, avec une noble rivalité, les produits de leur science, de leur habileté et de leur industrie à l’exposition univer- selle de 1851 ; c’est ici que la statistique a pris ses premiers développements, et M. Farr a rappelé avec justesse que Bernoulli, dont l'autorité est imposante, avait nommé l'Angleterre le berceau de l’arithmétique politique, et que nous pouvons citer notre Domesday book, comme l’un des monuments existants les plus anciens et les plus complets de la science. C'est aussi ce pays qui doit recueillir les bienfaits les plus considérables des progrès de la science, et qui doit, par conséquent, vous témoigner le plus sa reconnaissance pour vos travaux. » Messieurs, quoique votre science soit ancienne et quoique les services qu’elle a rendus à l'humanité soient incontestables, elle est peu comprise par la multitude; elle est nouvelle par la position qu’on lui a faite parmi (358 ) les autres sciences, et elle est encore soumise aux effets d'un grand nombre de préjugés vulgaires. » Elle est peu comprise, car, sous ses expressions arith- métiques représentant des faits vivants par des chiffres et des tableaux comparatifs, elle offre peu d’attrait au pu- blic. Il faut beaucoup de travail pour pénétrer au milieu de nombreuses colonnes de chiffres, beaucoup de patience pour s’y retrouver, et beaucoup d’habileté pour tirer des conclusions précises et correctes des masses de matériaux qu’elle présente à celui qui l’étudie, tandis que la valeur même des renseignements dépend tout justement de leur nombre, car cette valeur s'accroît en proportion de leur quantité et de leur étendue... » Nous croyons devoir nous abstenir de reproduire 1er en entier ce discours, couvert d’applaudissements unanimes, qui se renouvelèrent d’une manière plus active encore lors de la motion de lord Brougham, président de la première section du congrès, et de M. Vande Weyer, parlant au nom des étrangers, qui proposèrent d'exprimer une profonde reconnaissance à S. À. R. pour le remarquable discours par lequel elle venait d'inaugurer la session. ‘ Le lendemain, le prince visita chacune des six sections dont se formait le congrès, et reçut partout les mêmes témoignages de haute estime et de respect. À Bruxelles, en 1853, époque de son origine, le con- grès de statistique ne comptait que trois sections, à savoir : 4° L'organisation et la collection des documents statis- tiques — le recensement et l'inscription des naissances, des décès et des mariages. — Les registres des communes, : le cadastre, ete. — l’émigration et l'immigration ; 2 La statistique de l’agriculture, de l’industrie, du commerce; ( 599 ) 5° Les budgets économiques de la classe ouvrière — le recensement de l’indigence — la statistique de l’éduca- tion — la statistique criminelle. À Paris, on compta une section de plus; l’ordre des tra- vaux fut généralement changé et leur distribution comme suit : 4° La nosologie statistique et la nomenclature des causes de décès — la statistique des lunatiques, des épidémies, des accidents ; 2° La statistique agricole — des chemins de communi- cation — du commerce avec l'étranger; 3° Statistique de la justice civile — table des crimes et délits définis par les lois pénales de chaque contrée — statistique des institutions de réformation; 4° Statistique des institutions de prévoyance. — Des grandes cités. À Vienne, on compta six sections différentes, et une or- ganisation nouvelle fut imprimée aux travaux : 4° Statistique de la mortalité — Statistique des hôpi- taux et de l’organisation sanitaire en général ; 2° Statistique judiciaire (civile et criminelle) — statis- tique des propriétés foncières, etc. ; 3° Statistique financière; 4° Statistique industrielle ; 5° Statistique de l'instruction publique; 6° La statistique dans ses rapports avec les sciences naturelles — usage de la chartographie pour les travaux statistiques — statistique ethnographique. On peut voir par ce qui précède, que l’ordre des tra- vaux, en passant d’une réunion à une autre, fut à peu près complétement modifié : ce qui provenait de ce que les dis- cussions devaient porter sur les parties les moins exami- ( 360 ) nées et discutées jusque-là. Cependant, la marche du con- grès demeura la même : l’unité de vues et la confraternité de sentiments ne cessèrent d’exister entre les membres; la distribution seule du travail reçut des modifications selon les besoins de chaque pays et selon les ressources dont il pouvait disposer. Avant l’ouverture et le discours d'introduction du pré- sident, les délégués jugèrent nécessaire, comme dans les trois congrès précédents, de se concerter et de s’accorder sur certains points qui intéressent plus directement les nations entre elles. C’est ainsi qu’ils S'entendirent cette fois sur la formation d'un plan général de statistique pour les différents pays, dont nous aurons occasion de parler bien- tôt. Puis, après l’ouverture, indépendamment des séances des six sections, où l’on venait résumer les travaux de chacune d’elles et les soumettre au jugement général de l'assemblée, il y avait, pendant la matinée, des réunions particulières où les décisions étaient discutées avec le plus grand soin par des Hommes spéciaux, et résumées par des membres compétents pour les soumettre, en dernier lieu, à l’'assemblé générale. Les six sections du congrès actuel étaient distribuées de la manière suivante (1). Première section. Stalistique judiciaire (2). (1) Un comité préparatoire avait été chargé par le président du board of trade, d'organiser les premiers travaux du congrès; il se composait de plusieurs employés supérieurs des départements publics et des secrétaires de la société de statistique; c'était l'honorable W. F. Cowper, président, MM. Fonblanque, D' Farr, Valpy et Hammack. Le docteur Farr fut invité à préparer l’intéressant programme pour l’organisation des travaux dont nous avons parlé précédemment. (2) Les présidents étaient, pour la première section, lord Brougham; ( 361 ) Deuxième section. Stalistique sanitaire. 37° — Statistique industrielle, manufactu- res, mines et agriculture. 4e — Statistique commerciale. so — * Recensement et statistique navale et militaire. 6° — Méthodes statistiques. Notre intention ne saurait être de donner ici un aperçu des réunions des sections, ni des comptes rendus par les délégués des divers pays sur les études statistiques qui les oceupent. Comme nous l'avons dit, leur but commun est d'introduire le plus d'ordre possible dans les travaux des nations et de les rendre comparables entre eux. Afin d'y parvenir, un des membres rappela, dans une séance prépa- ratoire , quel avait été l’objet des premières réunions, ce qui avait porté obstacle aux désirs communs, et comment on pourrait peut-être réussir à entrer dans la voie désirée. Plusieurs membres, qui se croyaient en état de pouvoir prêter un concours immédiat, s’'unirent pour atteindre le but indiqué primitivement; et M. Quetelet, président du premier congrès de Bruxelles, fut chargé de faire con- naître la résolution prise par quelques-unes des nations et dénoncer l'espoir que bientôt toutes pourraient con- pour la deuxième , le comte de Shaftesbury ; pour la troisième, lord Stanley; pour la quatrième, W. Nassau-Senior; pour la cinquième, le comte de Stanhope; pour la sixième, A. Quetelet. La plupart des délégués des nations étrangères étaient vice-présidents ou secrétaires des sections. On remarquait avec plaisir, parmi les membres ou dignitaires, la plupart des associés an- : glais de l’Académie royale de Belgique, sir Roderick Murchison, sir David Brewster, MM. Nassau-Senior, Babbage, Bowring, le général Sabine, Wheatstone; parmi les membres inscrits se trouvaient également MM. Airy et Whewell, quoiqu'ils fussent en Espagne pour observer l’éclipse solaire. ( 362 ) courir à l’œuvre projetée. Nous terminerons en donnant la communication faite à ce sujet dans l’une des séances générales du congrès. | Statistique comparative des différentes nations. Quand les représentants des différentes nations ont eu leur première conférence, il a été bien entendu qu'il s’agi- rait avant tout des travaux communs à ces nations, et qu’on ne chercherait pas à soulever des questions particu- lières qui peuvent avoir sans doute un grand intérêt, mais qui ne concernent pas leur but général. Il fallait rassembler des notions exactes sur les difié- rents peuples, et faire en sorte que les comparaisons pussent s'étendre d’une manière sûre d’un pays à un autre. Pour éviter à la fois des pertes de temps considérables et des erreurs assez graves, qui peuvent se présenter dans les comparaisons des différents pays, il était important d’avoir des documents recueillis avec soin, comparés entre eux par les hommes les plus intelligents et présentés sous la forme la plus simple. Il fallait, en un mot, que les documents essentiels fus- sent réunis sur un même plan et, s’il était possible, dans une même langue, à côté de la langue de chaque pays. Bien qu'il ne soit ici question que des grands chiffres qui peuvent intéresser la science et les hommes éclairés en général, toutes les nations ne sont pas également prépa- rées à commencer un travail semblable. Celles qui sont le plus avancées dans la récolte des documents statistiques devraient présenter l'exemple, s'entendre entre elles, et montrer comment il convient de procéder pour arriver à une marche commune qui permette de comparer facile- ment les différentes données numériques. ( 363 ) S'agit-il de population, par exemple, il faudrait établir nettement quel est, dans chaque pays, le chiffre des habi- tants par province ou par département, en faisant la dis- linction des hommes et des femmes; connaitre l’influence des âges et donner, s’il est possible, des tables exactes de population et de mortalité (1); faire la distinction des villes et des campagnes, des professions les plus importantes et des différentes races d'hommes, s’il y a lieu. Ces comparaisons, établies d’une manière uniforme, permettraient des rapprochements qui, aujourd’hui, sont à peu près impossibles, si l’on veut marcher d’un pas sûr, et surtout si l’on tourne son attention vers l’agriculture et le commerce. | _ Ine s’agit pas ici de faire la statistique d’un pays, mais de choisir, dans la statistique de chaque pays, les grands nombres qui peuvent avoir quelque importance pour la généralité des hommes, qui montrent par quels côtés les peuples diffèrent entre eux, et ce qui pourrait conduire à améliorer certaines parties qui sont encore en souffrance. On est donc convenu , entre les représentants des divers pays qui, dès à présent, sont en position de le faire, de s'entendre pour arrêter le plan d’une statistique géné- rale, en commençant par la connaissance de la popula- tion, qui doit servir de base à tout. Ceux de mes collègues qui ont bien voulu concourir à ce but, sont : Pour lPAngleterre, M. Farr (2); (1) On trouvait , à la réunion de Londres, les nouvelles tables de mor- talité qui viennent d’être faites pour l'Angleterre, par M. Farr; pour la Ba- vière, par M. le D' Hermann; pour la Suède, par M. le D: Berg; pour la Hollande, par M. le D' Baumhauer; pour la Belgique, par M. Quetelet, etc. (2) M. R. Valpi, qui a émis, dans le programme du congrès international, des idées analogues sur la publication d’une statistique générale, ne refuse- rait sans doute pas son concours à cet utile travail. ( 364 ) | Pour l'Autriche, son excellence le baron Czœrnig : — la Bavière, M. le D' F.-B.-W. Hermann ; — Ja Belgique, MM. Quetelet et Heuschling ; — Je Danemark, M. le D' David ; — la France, M. À. Legoyt; — le Hanovre, M. le professeur Wappäus; — les Pays-Bas, MM. Ackersdyk et BR — la Prusse, M. Engel : — la Russie, MM. Wernadski et Bouschen ; — l'Espagne, M. le comte de Ripalda; — la Suède, M. le D’ Berg ; — la Suisse, M. Vogt. Les États-Unis d'Amérique voudront bien concourir également au même but. Ces pays,-pour premier essai, conviendront entre eux du plan général qui sera suivi, et qui, en plaçant les ob- jets dans un même ordre, rendra les rapprochements plus faciles, et permettra, en dernier lieu, de faire un tableau général qui résumera les travaux recueillis dans les diffé- rents pays; mais il faudra toujours s’en tenir aux grands nombres, et laisser à chaque pays ses chiffres individuels. On dira que de pareilles tentatives ont été faites; mais les vrais statisticiens sauront combien il est difficile, même à l’homme le plus habile, de voir clairement la valeur d’un chiffre pris dans la statistique de tel ou tel pays, surtout en perdant de vue les lois sous lesquelles ils sont recueillis. On peut penser, en conséquence, qu'un des travaux les plus utiles qu’on puisse attendre d’une réunion pareille à la nôtre, c’est que les délégués de quelques nations re- cueillent, par forme d'essai, les chiffres les plus essentiels, qu'ils s'entendent de manière à rendre ces documents comparables, et qu'ils les publient exactement sous la ( 365 ) même forme; on pourra aviser ensuite aux moyens d’ar- rêter un travail comparatif, où ces différents documents seront recueillis sous leur forme la plus générale, et com- parés entre eux d’une manière utile. | Aux travaux de détail, il faudrait donc faire succéder les travaux généraux, en les soumettant aux examens les plus rigoureux : la statistique des-États prendrait ainsi sa véritable place, et chaque PEURIE serait éclairé sur ses in- térêts les plus chers. Un fragment de l'histoire des croisades ; par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Raoul de Caen écrivait, il y aura bientôt huit siècles : « C’est une noble étude que celle qui nous conserve la mémoire des actions glorieuses et se montre ainsi supé- rieure aux ravages du temps. Tandis qu’elle ressuscite les générations descendues au tombeau, elle prépare déjà à celles qui ne sont pas encore, d’utiles enseignements, source féconde d’inspirations de courage et de vertu. Que de fois n’ai-je pas entendu Tancrède rappeler :les exploits des Franks, leurs combats, leurs conquêtes, Antioche surprise la nuit par stratagème, Jérusalem occupée de vive force et en plein Jour: « Dieu, s’écriait-il, » que sont devenus ces poëtes de l'antiquité, si empressés » à chanter la gloire? Ils se plaisaient à créer des fables, » et parmi nous, pas une voix ne s'élève pour célébrer les » victoires du Christ (1)! » » (1) Rad. Cadom. ap. Martène et Durand, Thes. anecd. III, col. 1112. ( 366 ) Le Tasse à répondu à l’appel de Tancrède en le choi- sissant pour le héros de la Jérusalem délivrée, mais je ne sais si les stances élégantes qui charmèrent les voluptueux loisirs de la cour de Ferrare, nous donnent le droit d’ou- blier les tableaux plus rudes et plus fidèles que Raoul de Caen traça d’une main associée à tant d’exploits, et qu'il déposa pieusement aux pieds d’Arnulf, patriarche de Jéru- salem. Avec quel enthousiasme, avec quelle vénération ne re- cevait-on pas en Europe ces témoignages de lintrépidité des croisés, retracés par les pèlerins eux-mêmes et sur le théâtre même de leurs victoires, à l'ombre des lieux saints qu'ils avaient délivrés ! Avec quel soin ne les recueillait-on pas afin qu'ils fussent conservés à la postérité! Le moine Robert et le chanoine Albert, l’un à Reims aux fonts bap- uüsmaux de Clovis, l’autre à Aix au tombeau de Charle- magne, n'étaient pas les seuls qui se crussent tenus de ra- conter la croisade, cette nouvelle et merveilleuse conquête des races frankes. Il y avait aussi dans le cloître de Notre-Dame de Nogent un autre historien de la guerre sainte, qui avait eu pour maître saint Anselme de Cantor- béry. Il avait renoncé aux honneurs de la chevalerie pour se consacrer à l'étude et aux lettres, mais il se souvenait peut-être qu’il n’était étranger, par les alliances de sa fa- mille, ni à Bohémond, ni à Tancrède, lorsqu'il inscrivait sur la première page de ses récits, le plus beau titre qui ait jamais été donné à un livre, celui de Gesta Dei per Francos. Guibert de Nogent compléta son travail en 1415, et il fait allusion, en le terminant, à une relation, envoyée l’année précédente de Jérusalem à Soissons parce qu’elle se rap- portait à l’un des plus nobles chevaliers du Soissonnais. ( 367 ) « Rien n'est plus admirable, s’écriait-1l, Si la croisade » compte un combattant de moins, nous aurons à ho- » norer dans toute la suite des siècles un martyr de plus. » Il se contentait, il est vrai, de rapporter en quelques lignes la mort de Gervais de Basoches, mais afin que cette relation fût plus fidèlement conservée, 1l avait eu soin de la faire copier tout entière à la fin de sa chro- nique. Malheureusement de si sages prévisions devaient être décues. Les derniers feuillets furent arrachés du ma- nuscrit de Pithou, consulté par Bongars. Lorsque dom Luc d’Achéry collationna plus tard un autre manuserit de Saint-Remy de Reims, il offrait à peu près la même mutilation, et ni l’un ni l’autre de ces illustres érudits ne reconnurent dans un fragment de deux à trois pages le commencement de la relation écrite en Orient, la treizième année après la délivrance de Jérusalem. Il est permis aujourd'hui de combler cette lacune. La narration dont Bongars et dom Luc d’Achéry déploraient la perte s’est conservée jusqu'à nos jours à la bibliothèque de Bourgogne, et c’est d’après un manuserit du XIF”* sièele que je reproduirai l’un des épisodes les plus dramatiques et les plus émouvants de la croisade. Qu'on veuille bien se rappeler la splendeur des premiers temps de la domination franke. L’épée de Godefroi, dé- posée dans l’église de la Résurrection , semblait en assurer la défense, Par ses vertus et sa générosité, Baudouin se montrait digne d’être le frère et le successeur du libéra- teur de la cité sainte. Le roi d'Arménie lui avait envoyé les insignes de la royauté, l’empereur Alexis Comnène l'avait adopté pour son fils; les Parthes et les Mèdes l’ap- pelaient même le dieu des Franks. Déjà ses armes victo- rieuses dominaient depuis les cimes du Liban jusqu'aux ( 308 ) sables d'Ammon et de Moab, et elles menacçaient les rives du Nil, quand une trêve fut conclue : c'était la première qu'on eût accordée aux infidèles. L’émir d’Ascalon (dès ce moment nous reproduisons le texte que nous avons sous les yeux) avait profité de celte suspension d'armes pour demander au roi Baudouin la per- mission de le suivre dans la capitale du nouveau royaume des Latins : « Combien serais-je heureux, disait-il, de revoir Jérusalem! On raconte que depuis qu’elle est oc- cupée par les Franks, elle ne ressemble plus à ce qu’elle était jadis. Peu importe que je rentre seul dans ses mu- railles, pourvu qu'il me soit donné de les saluer encore une fois. » Tandis que les Sarrasins se retiraient à Ascalon, l’émir accompagna le roi Baudouin dans la cité sainte, et, dès le lendemain, il put parcourir les divers quartiers de Jéru- salem. Peu d'années avaient suffi pour que leur aspect fût bien changé. On voyait de toutes parts s'élever des ora- toires, des chapelles, et, si quelques pierres à peine rappe- laient le temple de Salomon et le second temple que protégèrent tour à tour Cyrus dans toute sa puissance, Alexandre dans toute sa gloire, les grands souvenirs de ces ruines S’effaçaient devant ceux qu'on vénérait dans l’église de la Résurrection, réédifiée et si considérable- ment agrandie, qu'on y avait réuni le Calvaire et le saint sépulcre (1). Des hymnes, des prières ne cessaient de monter vers le ciel : la voix seule du muezzin ne se faisait plus entendre, et partout le eroissant avait disparu pour faire place à la croix. (1) Æmpliata ex opere solidissimo et sublimi admodum ecclesia priore, dit Guillaume de Tyr, liv. VIIL. ( 369 ) L'émir garda longtemps un profond silence, mais quand il aperçut tant de minarets détruits, tant de mosquées jetées à terre, les chevaliers qui l'entouraient remarquèrent que ses yeux se remplirent de larmes. Cependant il comprima son émotion : « Roi de Jérusalem, dit-il à Baudouin avant de s'éloigner, tout ce qu’on nous a rapporté de ta puis- sance et de ta gloire est bien au-dessous de la vérité, et Je suis réduit à avouer que jamais Jérusalem ne fut plus prospère, n1 plus brillante. Je veux aussi me rendre digne de ta générosité, en contribuant à l'éclat de la capitale de ton royaume. Des marchands sont allés par mes ordres chercher ce que l'Égypte possède de plus rare et de plus précieux ; Je veux les envoyer à Jérusalem, afin que tout ce qu'ils auront apporté avec eux puisse être distribué à bas prix parmi les chrétiens. » Deux jours après, l’émir rentré à Ascalon écrivait au soudan d'Égypte que Jérusalem se confiait aveuglément dans la trêve, et qu'il avait vu lui-même que rien n’était plus aisé que de la reconquérir. Quelques soldats ha- bilement déguisés, quelques armes cachées avec soin, devaient suffire pour assurer le succès de cette entre- prise. Cet appel fut entendu avec joie : seulement il fallait que ce projet restât ignoré, et les soldats qui quittèrent l'Égypte arrivèrent à Ascalon, mêlés à des marchands et portant comme eux de pesants fardeaux qui recélaient leurs armes. Tout était prêt pour l'exécution du complot : le hasard le fit découvrir. Lorsque les croisés, s'emparant de Jérusalem après une opiniâtre résistance, s’avancèrent à travers des flots de sang jusqu’à la mosquée d’Omar, un jeune Ture, se jetant aux pieds de Godefroi de Bouillon, dut la vie à sa protec- 2e SÉRIE, TOME X. 26 ( 310 ) tion (1), et il lui témoigua depuis lors tant de reconnais- sance et de dévouement, que non-seulement il demanda le baptême, mais qu’il obtint aussi d’être admis au nombre des chevaliers croisés (2). Mohammed (tel était le nom qu'il avait continué à porter) profita aussi de la trêve pour aller visiter, sans être reconnu, le camp musulman près d’Asca- lon. Il y apprit ce qui se préparait et s’éloigna en toute hâte. Déjà mille Égyptiens, déguisés en marchands, s’ap- prochaient de Jérusalem. Mohammed, feignant de ne rien soupçonner de leurs intentions, leur fait ouvrir un hospice situé hors de la cité sainte, non loin de la tour de David, et sans perdre un instant, il court vers les frontières de l'Arabie où le roi Baudouin faisait élever de vastes retran- chements. Avant que Baudouin rentrât dans sa capitale, tous les chevaliers qui possédaient des châteaux autour de la eité sainte l’avaient rejoint, et il n'avait plus rien à redouter de l’armée musulmane qui n'avait pas encore paru devant les portes de Jérusalem. Il donna aussitôt l’ordre que l'on étalät sur la place du marché, établie près du portique de Salomon, les riches produits de l'Égypte, et comme les étrangers cherchaient des prétextes pour gagner quelques heures, il les fit tous arrêter. On découvrit partout des ar- mes, et au milieu de ces armes, un magnifique cor d'ivoire orné de pierres précieuses. Par le conseil d’Eustache de Césarée, tous les prisonniers furent mis à mort à l’excep- tion d’un seul, qui apprit aux chrétiens que le signal de (1) Albert d’Aix remarque que Godefroi resta étranger au massacre des infidèles, ap. Bongars, p. 281. (2) Comparez, relativement à Mohammed, la version toute différente d'Albert d'Aix, ap. Bongars, p. 342. ( 371 ) l'assaut devait être donné à l’aide de ce cor, dont on en- tendait le son à une merveilleuse distance. Baudouin profitant de cet avis, ordonne qu’au point du jour on entr'ouvre les portes qu'il fait garder avec soin. Le cor retentit, et les infidèles qui accourent du dehors à ce signal, tombent frappés par les armes qu’ils avaient destinées à la destruction des chrétiens. Leurs têtes san- glantes, leurs membres mutilés sont lancés du haut des murailles par les frondes et les balistes, et toute l’armée de l’émir d’Ascalon, quelque nombreuse qu’elle soit, prend la fuite, saisie de terreur. Que d'actions de grâces s’élevè- rent vers le ciel quand les croisés virent le complot ourdi par leurs ennemis tourner ainsi à leur confusion ! Que de glorieuses dépouilles tombèrent entre leurs maius! Que de précieux trésors ne recueillirent-ils pas dans le camp des infidèles (1)! Un seul chevalier avait manqué à l’appel du roi de Jé- rusalem. C'était Gervais de Basoches, qui, non moins illustre par Son courage que par sa naissance, avait reçu de Baudouin le vaste domaine de Tibériade, l’ancienne capitale de la Galilée (2). Son absence devait-elle s’expli- quer par l'éloignement et la difficulté de traverser les mon- (1) Ilest à remarquer que l'histoire de l’année 1142 est complétement omise par Foulcher de Chartres, Guillaume de Tyr et d’autres historiens des croisades. Foulcher de Chartres se borne à dire un peu plus loin : Sarraceni nobis subditi, quasi alieni, recesserunt a nobis, nos coangustantes undique. (2) Rex Tabariam divertit ut in ea custodiam fortium virorum dis- poneret, qui terram, quam Hugo dono regis obtinuit, magnisque et assiduis graeliis subjecit, simili virtute tuerentur, hostes arcerent, et transire eos montana nullo modo sustinerent. Quapropter Gervasium, virum illustrem et nobilissimum, de regno occidentalis Franciae ortum, ( 572 ) tagnes de la Samarie ? Était-ce un de ces actes d’orgueil et de rébellion dont les plus nobles princes ne donnèrent que trop souvent l'exemple ? Quoiqu'il en fût, Baudouin se montra si irrilé qu'il condamna Gervais à perdre sa terre el sa bannière, et à sortir immédiatement de son royaume. Le sire de Basoches obéit. Suivi de deux chevaliers et de deux hommes d'armes, il quitte Tibériade et les bords fertiles du lac de Génézareth qu'il ne doit plus revoir, mais d'autres pensées déchirent son âme. Il a forfait à l'honneur comme chevalier : il a trahi sa foi comme chré- tien, et le seul de tous les barons de Palestine, il a man- qué à ses devoirs vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des croisés. Son front humilié, ses yeux pleins de larmes, semblent ne pouvoir se détacher de la terre, quand tout à coup un bruit d'armes le réveille. Une troupe nombreuse d'inli- dèles s'approche. Gervais eût pu fuir. Il était presque seul. Avait-il encore le droit de combattre puisqu'il n'avait plus de bannière? Qu'importe! Un lambeau de son vêtement attaché à sa lance lui en tiendra lieu, et, pour me servir des expressions mêmes de la relation écrite en 1112, concisa camisia quam subuculam vocant hastae pro vexillo apposuit. Ses compagnons l’imitent. Aiguillonnant leurs chevaux de l’éperon , ils se précipitent au milieu des ennemis qui, croyant apercevoir l'avant-garde de toute une armée, lâchent pied et fuient en désordre. Quelques jours après, un chevalier entrait à Jérusalem : son glaive était rougi de sang et ses compagnons portaient autour de lui de glo- belli gnarum et assuetum , loco Hugonis, restituit, ac praefecit Tabariae universae region, sciens eum fidelem et bello acerrimum contra omnes Gentilium, Sarracenorum, Turcorum, Damascenorum incursus. Albert d'Aix, ap. Bongars, p. 548. ( 375 ) rieux trophées. C'était Gervais de Basoches, qui venait se jeter aux pieds de Baudouin, et fui promettre désormais, au nom de son honneur réhabilité, la plus complète obéis- sance. Les fêtes de Pâques étaient arrivées. Gervais de Baso- ches ne cessa de prier au pied du saint sépulcre, et de même que Pierre l’hermite avait cru entendre une voix qui lui ordonnait d'appeler l'Europe aux périls et aux épreuves de la guerre sainte, il lui semblait que l’'Homme- Dieu, du haut de la croix du Calvaire, lui reprochait de ne pas avoir fait assez pour réparer un jour d'égarement et d’oubli. Cette fois, le sire de Basoches quitte Jérusalem pour chercher les infidèles et pour leur enlever d’autres trophées , destinés à orner les sanctuaires de l’église de la Résurrection. À l’exemple de ces pêlerins à qui le Tasse promet soit les palmes de la victoire soit les cyprès du sacrifice (1), 1l avait comme chevalier rencontré la gloire : comme chrétien, la foi lui réservait le martyre. S’étant engagé trop loin à la poursuite des infidèles, 1l se trouva dans une vallée entourée de bois et de rochers où s'étaient cachés les archers sarrasins; son cheval s’abattit dans un marais et après la plus héroïque défense , Gervais de Baso- ches se vit au pouvoir de ses perfides ennemis, qui l’ame- nérent chargé de chaînes à Damas. A cette nouvelle, une désolation profonde se répandit parmi tous les croisés. Leurs plaintes et leurs gémissements ne cessaient de re- tentir, quand les envoyés des infidèles se présentèrent devant Baudouin : « Apprends, lui dirent-ils, que Gervais (1) Gir fra? nemici; ivé o cipresso o palma Acquistar per la fede ond’è campione. ( Gerusalem. canto V.) ( 914 ) » vit encore, et nous lui rendrons la liberté si tu consens » à nous livrer Ptolémaïde, Caïpha et Tibériade. Sa vie » est à ce prix. » Mais le roi leur répondit : « Demandez- » nous ce que nous avons de plus précieux, notre or, » notre argent, füt-ce plus de cent mille besans; nous » sacrifierons tout avec joie pour la rançon du sire de >» Basoches, mais je ne pourrais vous abandonner les villes » que vous demandez, lors même qu'il s'agirait de mon » propre frère, de toute ma famille, de tous les chefs des » chrétiens (1). » Dès ce moment, Gervais de Basoches n’était plus qu’une victime livrée aux cruautés des infidèles. Ils l’accablaient d'insultes en le promenant au milieu d’eux dans leurs fêtes et dans leurs divertissements. Ils le pressaient d’abjurer la foi chrétienne, et, sur son refus, ils l’attachèrent à un poteau sur une des places publiques de Damas, et le per- cérent de flèches. Puis l’un des bourreaux le saisissant par sa longue chevelure, sépara sa tête du tronc, afin qu’elle servit de Coupe au sultan de Damas, comme le crâne de Baudouin de Constantinople servit, dit-on, de coupe au roi des Bulgares (2). Ces nobles traditions de l'honneur et du dévouement ne devaient s'étendre ni à Tibériade, ni dans la famille de Gervais de Basoches. C’est à un autre sire de Tibé- riade, également prisonnier, que Saladin demandera la révélation des enseignements de la chevalerie chrétienne; c'est de la maison de Basoches qu'était issu cet évêque de (1) Albert d’Aix, ap. Bongars , p. 557. (2) D’après Albert d’Aix, les infideles ne tranchèrent la tête du sire de Baroches que pour la porter au sommet d’une lance ad suscitandum dolo- rem christianorum, ap. Bongars, p. 557. ( 57 ) Soissons « moult vaillant homme » qui accompagna saint Louis en Égypte, et qui s’y illustra par une mort non moins héroïque : « Quant il vit, dit Joinville, que nos gens s’en » revenoient vers Damiète, il qui avoit grand désir de » aler à Dieu, ne s’en voult pas revenir à la terre dont il » estoit né, ainçois se hasta d’aler vers Dieu. Et féri des » espérons et assembla aus Turcs tout seul, qui à leurs » espées l’occirent et le misrent en la compaingnie Dieu, » au nombre des martirs. » Pourquoi faut-il ajouter que, jusqu’à nos jours, les plus honteuses, les plus atroces traditions de la barbarie se sont aussi perpétuées à Damas comme à Sidon (1)? Le sang chrétien vient de rougir ces mêmes lieux où fut mar- tyrisé Gervais de Basoches. Rachel inconsolable rede- mande de nouveau ses enfants, et les aigles du Liban ont vu monter jusqu’à leur aire les vapeurs du carnage. Quand l'Europe répondra-t-elle à ces voix suppliantes qui ne ces- sent de réclamer son appui au nom de la foi et au nom de la civilisation? En présence de ce fanatisme immobile, de ces horreurs renouvelées d'âge en âge, 1l est permis de répéter avec le Tasse : « Le moment est venu où les peuples » Chrétiens s’uniront, où ils iront avec leurs navires et >» leurs chevaux arracher à une nation féroce cette terre » d'Orient si grande, si glorieuse, si sainte par ses souve- » nirs, Conquise et occupée au mépris de tout droit et de » toute justice, la grande ingiusta preda. » (1) Zomicida Damascus, lisait-on sur l'inscription tumulaire du roi Baudouin. » (376) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 août 1860. M. Suys, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, G. Geefs, Leys, Navez, Roelandt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Ferd. De Braekeleer, Ed. Fétis, De Busscher, Portaels, membres ; Balat, Demanet, Siret, correspondants. MM. Chalon et Nolet de Brauwere van Steeland, de la classe des lettres, assistent à la séance. a = CORRESPONDANCE. ——— M. le secrétaire perpétuel rappelle que, pour compléter le nombre des commissaires qui auront à surveiller la composition et l'impression de la Biographie nationale pro- Jetée-par l’Académie, la classe devra nommer cinq mem- bres chargés de représenter la classe des beaux-arts. Les membres déja nommés par la classe des sciences sont MM. Kickx, Stas, Quetelet, Van Beneden et Dewalque; (MM) par la classe des lettres, MM. le baron J. de Saint-Genois, Kervyn de Lettenhove, de Ram, Polain et Gachard. A la suite de celte communication verbale, il est procédé à l'élection des membres qui doivent être choisis par la classe des beaux-arts, et les suffrages désignent MM. Fétis père, Édouard Fétis, Van Hasselt, De Busscher et Siret. La commission, composée des quinze membres dont les noms précèdent, aura à se réunir prochainement et à déterminer le mode d’après lequel la Biographie nationale sera publiée. Elle soumettra ensuite son plan au Gouver- nement, qui indiquera les moyens de réaliser l’œuvre demandée à l’Académie. — Le conseil académique de l’université de Christiania avait fait parvenir à la classe un exemplaire d’une publica- tion , avec gravures et texte, sur la construction de l’église de Drontheim. Cette église, très-remarquable par son style, bien qu’elle ait été restaurée à différentes époques, deman- dait une étude particulière pour la ramener autant que possible à sa forme primitive. La classe, invitée par le conseil académique de Christiania à émettre son opinion sur le meilleur mode de restauration qu’il conviendra d'adopter, avait nommé, pour satisfaire à cetle demande, MM. Roelandt, Suys et Balat. Deux de ces commissaires, MM. Roelandt et Balat, font provisoirement leur rapport verbal, et promettent de rédiger, pour la séance suivante, un rapport définitif qui sera soumis à l'approbation de la classe. | — La classe s’est occupée ensuite des intérêts de la Caisse centrale des artistes belges, et elle a exprimé le désir de voir la commission directrice de cette Caisse se réunir prochainement pour régler les intérêts de linsti- ( 978 ) tution, en ce qui concerne la fixation des pensions pour les veuves et orphelins des artistes morts dans le malheur. C'est pour remédier, autant que possible, à de pareilles infortunes que la Caisse a été fondée. Son avoir mainte- nant s'élève à près de soixante-six mille francs. — La classe, par suite des vacances académiques, ajourne ses réunions jusqu’à la séance publique du mois de septembre. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Les nouveaux Bollandistes. Rapport fait à la Commission royale d'histoire; par P. F. X. de Ram. Bruxelles, 1860; 1 vol. in-8°. Le départ de Bellérophon; par M. J. Roulez. in-8. Observations grammaticales et paléographiques sur les miroirs antiques à inscriptions latines ; par le même. Bruges, 1/2 feuille in-8°. Traité de calcul différentiel et de calcul intégral ; par A. Tim- mermans. Deuxième édition. Bruxelles - Gand, 4860; un vol. in- 8°. Un épisode des annales des communes belges : avénement et mort du comte de Flandre Guillaume de Normandie, 1127-1198; par Alphonse Wauters. Bruxelles, 1860; gr. in-8°. Monographie des Élatérides; par M. E. Candèze, tome HI Liége, 1860; 1 vol. in-8°. Commentaire de la loi provinciale de la Belgique du 30 avril 1836, modifiée par celles de 1848 et de 1860; par J.-B. Bivort. Quatrième édition. Bruxelles, 1860; gr. in-8° (379) Du défrichement des bruyères et particulièrement des landes sa- blonneuses de la Campine; par Phocas Lejeune. Bruxelles, 1860; 4 vol. in-12. Over de natuer en de scheikundige zamenstelling der vlam ; door Theodoor Swarts. Antwerpen , 1860 ; 1 broch. in-&°. Encore un manuscrit du père de la chirurgie flamande ; par C. Broeckx. Anvers, 1860 ; 1 broch. in-8°. Poésies ; par Victor De Montjardin, 1 vol. in-12 (manuscrit.) Exposés de la situation administrative des neuf provinces de la Belgique, pendant la session de 1860. 9 vol. in-8°. Études sur les Broméliacées , par le docteur C. Kock, traduit de l'allemand par M. Alfred de Borre. Gand, 1860; 1 broch. in-8°. Messager des sciences historiques, ou Archives des arts et de la bibliographie de Belgique. Année 1860, 2%: livr. Gand, 1860; 4 broch. in-8°. De Vlaemsche School. VI° jahrgang, 72-1617 aflev. Anvers, 1860 ; 10 broch. in-#°. Journal des beaux-arts, 11° année n°$ 13 à 15. Anvers, 1860; 3 feuilles in-4°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges, XXI®° an- née, be à 7% livr. Bruges , 1860 ; 1 broch. in-8°. Le Scalpel, XI" année, n° 31 à 56. Liége, 1860; 6 feuilles in-4°. L'illustration horticole; rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, VIH" vol., 7% à 9% livr., juillet à septembre. Gand, 1860 ; 3 broch in-8°. La Belgique horticole ; par Ed. Morren, X"° année, 7° à 9e livr., avril à juin. Liége, 1860; 5 broch. in-&. De l'administration des biens des époux pendant le mariage, d'après le Code civil de Napoléon 1”; par le baron Jean Alexan- dre Hubert-Michiels Van Kessenick. Ruremonde, 1860; 1 vol. in-12. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des ( 980 ) sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels, tome LI, n° 1 à 7 Paris, 1860 ; 7 cahiers in-4°. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; publiée par MM. Firmin Didot frères, sous la direction de M. le docteur Hoefer, tome XXXII (Louise de Savoie- Maldeghem). Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie. Deuxième série, tome VIL. Amiens, 1860 ; 1 vol. in-S&°. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. Année 1860, n° 2. Amiens, 1860; 1 broch. in-&°. Mémoire sur la pourpre; par H. Lacaze-Duthiers. Lille, 4860 ; in- 8°. Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts de L'ar- rondissement de Valenciennes, tome VIme. Valenciennes, 1846; 1 vol. in-8&. Revue agricole, industrielle et littéraire de l'arrondissement de Valenciennes, X"° année, n°° 9 à 19, et X[®° année. Valenciennes, 1859-1860 ; in-8°. -Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstali. Ergaüzungsheft. Reise von 7 Re nach Skutart, von D' H. Barth. Gogha, 1860; in- Heidelberger Jahrbücher der ces LIISte Jahrg, 4°-6° Heftes. Heidelberg, 1860 ; 3 broch. in-8°. Abhandlungen der küniglich sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig : — Auseinandersetzung ener zweck- mässigen Methode zur Berechnung der absoluten Stôrungen der kleine Planeten ; von P. A. Hansen, 5'° Abh.; — Uber einige Ver- halinisse der binocularen Zehens, von G. Th. Fechner; — Zwei . Abhandlungen. I. Beitrage zur Anatomie der Cycladeen. W. Uber Seitenknospen bei Farnen; von G. Mettenius; — Die melanesi- schen Sprachen nach ihrem grammatischen Bau und ihrer Ver- wandtschaft unter sich und mit den malaiisch-polynesischen Sprachen, untersucht von H. C. von der Gabelentz; — Die Classe der hanefitischen Rechtsgelehrten ; von G. Flügel. Laipes) 1839- 1860; 5 cahiers in-4°. (381 ) Berichte über die Verhandlungen der küniglich sächischen Ge- sellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. — Mathematisch-phy- sische Classe. 1859, [-IV; — philologisch-historische Classe; 1859, I-IV ; 1860, I-IL. Leipzig, 1859-1860; 5 broch. in-8°. Erster Bericht des offenbacher Vereins für Naturkunde über seine Thätigkeit von seiner Gründung am 10. Mürz 1859 bis zum 13 Mai. 1$60. Offenbach am Main, 1860; in-8°. Uber die Familie der Rissoiden und insbesondere die gattung Rissoina ; von Gustav Schwartz von Mohrenstern. Vienne, 1860 ; 1 vol. in-4°. Universitas regia Upsaliensis, scripta academica, anno 1859- 1860; edita per officiose mittit. Upsal, 1859-1860 ; in-8°. Sulli terremoti uvvenuti in Roma negli anni 1858-1859, rap- porto di Caterina Scarpellini per la Romana corrispondenza scientifica. Rome, 1860; 1 feuille in-4°. Ode sulle comete, scritta e comentata dal presidente commen- datore Fenicia. Naples, 1860; in-12. Dei recentissimi studii elettrofisiologici e delle loro applicazioni alla medicina; relazione del dott. Giacinto Namias. Venise, 1859; 4 broch. in-&. Proceedings of the royal Society of London, vol. X, n° 39. Londres, 1860; in-8°. The quarterly journal of the geological Society, vol. XVI, part. 3. Londres, 1860; in-8°. The journal of the royal Asiatic Society of Great Britain et Ireland, vol. XVI, part. L. Londres, 1860; in-8°. Report of the twenty-ninth meeting of the british Association {or the advancement of science; held at Aberdeen in september 1859. Londres, 1860 ; 1 vol in-8°. The annals and magazine of natural history, including z00- logy, botany, and geology, third series, n® 25-50. Londres, 1860 ; 6 cahiers in-&°. Reduction of the observations of the moon, made at the royal observatory Greenwich, from 1831 1o 1851; computed under ( 382 ) the superintendance of George Biddell Airy. Londres, 1859 ; 1 vol. in-4°. ; Ideas. Or outlines of a new system of philosophy; by Antoine Claude Gabriel Jobert. Londres, 1848; 1 vol. in-12. The philosophy of geology ; by A. C. G. Jobert (stereotyped edition). Londres ; 4 vol. in-12 Memoirs of the literary and philosophical Society of Man- chester, second series, XV vol., part the 2. Londres, 1860; 1 vol. in-8°. | Proceedings of the literary and philosophical Society of Man- chester. 1858-1859 (p. 1-252). Manchester, 1858-1859; 1 vol. in-8°, F7 On the phosphates et arseniates, microcosmic salt, acide, bases, and water, and a new and easy method of analysing sugar ; by John Dalton. Manchester 1840-42, in-8°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — Nos 9 er 10. CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 24 septembre 1860. M. BaroN, directeur. M. QueteLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Fr. Fétis , G. Geefs, Navez, Roelandt, Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Erin Corr, Snel, Partoes, Ed, Fétis, De Busscher, membres. 2° SÉRIE, TOME X. 97 CORRESPONDANCE. — Il est donné lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’intérieur sur la nécessité d'effectuer des travaux de préser- valion et de restauration à certaines œuvres de Van Dyck, d'Hemling et à celles d'autres maîtres de l’école flamande, œuvres appartenant à des églises et à des hospices. « L'Académie a bien voulu s'occuper récemment, à ma demande, dit M. le Ministre, des questions qui se rat- tachent à la restauration des chefs-d’œuvre de nos anciens maîtres, et elle a manifesté, à cette occasion, le juste in- térêt qu’elle porte à cet objet. » Je vous prie, monsieur le secrétaire perpétuel, de vouloir bien inviter la classe des beaux-arts à déléguer trois de ses membres, qui seraient chargés , avec la com- mission royale des monuments, d'examiner, sur les lieux, tous les points qui se rapportent au travail important el délicat qu'il s’agit d'accomplir. À » La classe voudra, j'en suis certain, prêter le concours de ses lumières à l'administration , dans une circonstance où les intérêts les plus précieux des beaux-arts se trouvent si directement engagés. » Je désirerais même que la mission des délégués dont elle fera choix pût être rendue générale et en quelque sorte permanente, et que le Gouvernement püt avoir re- cours à leur avis, chaque fois qu'il s'agira de restaurer des tableaux anciens appartenant à dés administrations publiques et ayant une valeur particulière. » Conformément à la demande de M. le Ministre, MM. De ( 385) Keyser, Leys et De Busscher sont invités à s’adjoindre à la commission royale des monuments, pour toutes les ques- tions qui se rattachent à la restauration des chefs-d’œuvre de nos anciens maîtres. — M. Van Poucke, professeur de musique à Ostende, demande qu’on établisse dans le pays un diapason uni- forme et obligatoire, comme celui adopté en France et tout récemment employé par le gouvernement russe. M. le Ministre de l’intérieur demande également l'avis de l’Académie sur la proposition de M. Van Poucke, qu'il a déjà soumise à son Jugement. Ces lettres sont renvoyées à l'examen de la section de musique. — M. le Ministre de l’intérieur fait connaître qu’il a reçu la lettre de l'Académie relative à l’exécution de la Biogra- phie nationale, mentionnée dans l'arrêté royal du 4° dé- cembre 1845; il aime à croire qu'il sera pris des mesures pour que ce travail important soil mené à bonne fin. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que les quinze membres délégués par les trois classes de l’Académie doi- vent se réunir, le 6 du mois prochain, pour se concerter sur le plan du travail qui leur est demandé. La classe s’est occupée ensuite de ce qui concerne sa séance publique du lendemain, et elle a entendu Ja lec- ture de la pièce dont M. Fr. Fétis se propose de donner communication. ( 386 ) Séance publique du 25 septembre 1860. (Temple des Augustins.) M. Baron, directeur; M. Suys, vice-directeur; M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, ainsi que les directeurs et vice-directeurs des deux autres classes prennent place au bureau. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, G. Geefs, Navez, Roelandt, Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, Partoes, De Busscher, membres ; Cala- matta, associé; Bosselet, correspondant. Assistent à la séance. Classe des sciences. — MM. Van Beneden, directeur, Liagre, vice-directeur, Wesmael, Martens, Stas, De Ko- ninck, A. De Vaux, Gluge , Melsens, Poelman , membres ; Lacordaire, associé; Ernest Quetelet, correspondant. Classe des lettres. — MM. Gachard, président de l’Aca- démie et directeur de la classe, de Ram, vice-directeur, Borgnet, De Decker, Leclereq, Polain, membres: Nolet de Brauwere van Steeland, associé. À une heure et demie, la loge de gauche est occupée par M. le Ministre de l'intérieur; M. Firmin Rogier, ministre plénipotentiaire de Belgique à Paris; M. Fallon, président de la commission administrative du Conservatoire royal de Bruxelles, et M. Romberg, directeur général des beaux- aris. ES OT STORES ( 387 ) Une assemblée brillante remplit toutes les places de la nef centrale et des deux estrades latérales. À 2 heures, M. le directeur déclare la séance ouverte, et tout aussitôt l'orchestre du Conservatoire royal de Bruxelles exécute, sous la direction de M. Bosselet, l’ou- verture de Quentin Durward, composée par M. Gevaert. Ce morceau est couvert d’applaudissements. M. Fr. Fétis donne ensuite lecture du rapport suivant : MESSIEURS, 71 Dirigé par un sentiment généreux de la gloire natio- nale, M. le Ministre de l’intérieur a appelé lattention de la classe des beaux-arts de l’Académie royale de Belgique sur la rareté, devenue excessive, des œuvres musicales produites par les compositeurs qui illustrèrent notre patrie dans le XV”° et le XVT"° siècle, et lui a demandé son avis concernant l'opportunité de la reproduction de ces mêmes œuvres dans des éditions nouvelles. Une telle ouverture, émanée du Gouvernement, fut accueillie avec une vive sympathie par la classe des beaux-arts : elle prit la résolu- tion de seconder de ses efforts les vues d’un Ministre ami et protecteur des objets de nos études. Cependant une reproduction pure et simple d'anciennes éditions des messes, motets, hymnes, psaumes, madri- gaux et chants mondains de nos vieux maitres, n’attein- drait pas le but que s’est proposé M. le Ministre de linté- rieur, lequel est de procurer aux artistes, ainsi qu'aux amateurs, la connaissance de ces œuvres et d’en faire ap- précier les beautés; car les notations de la musique en usage aux époques où elles ont été produites, ont été abandonnées depuis longtemps et sont inconnues à tous ( 388 }). les musiciens de nos jours. Un très-petit nombre d’hom- mes dévoués à l’étude des antiquités musicales en possè- dent seuls le secret. Il y a donc nécessité de traduire en notation moderne les ouvrages dont il sera fait des édi- tions nouvelles , et, par une conséquence évidente, il est également nécessaire d'initier à la connaissance des an- ciennes notations les personnes destinées à faire le travail de la traduction. Un membre de la classe s’est chargé de ce soin et a ouvert un cours de paléographie musicale pour les élèves instruits dans les sciences de l'harmonie et du contre-point. Parmi les jeunes musiciens qui ont suivi ce cours, deux particulièrement y ont fait preuve d'une aptitude remar- quable : ce sont MM. Van Hoye et Vandervelpen, de Ma- lines, qui se sont distingués dans les derniers concours de composition. Trois mois de leçons et d’études leur ont suffi pour acquérir la connaissance des combinaisons dif- ficiles de tous les signes des notations du XV** et du XVI" siècle, et pour être capables de faire des traductions correctes. Depuis le mois d'avril dernier, ils se sont spécia- lement occupés de ce travail sur les œuvres d’un des plus illustres musiciens belges. . Quel qu’ait été le mérite de nos compositeurs du XV”*et du XVI siècle, 1l y a nécessité de limiter la reproduction de leurs œuvres, et de se borner aux noms les plus célè- bres, aux ouvrages les plusimportants. Après avoir pourvu à l'instruction des traducteurs, il a donc fallu dresser la liste des artistes dont les œuvres pourraient être admises dans la collection projetée. La classe, ayant chargé de ce soin celui de ses membres, qui s’est spécialement occupé de ce genre d'étude, il a divisé la liste dont il s’agit en deux séries, dont la première renferme les noms des mai- ESS PPS ES CT (389 ) tres du XV'"° siècle, et l’autre ceux du XVI", toutes deux composées d'artistes considérés comme chefs d'école, et qui ont exercé une puissante influence sur l’art de leur temps. La première série renfermerait les principaux ouvrages : 4° De Guillaume Dufay, de Chimai, qui était ténor de la chapelle de Clément VIT, à Avignon, en 1580, puis resta au service des papes en qualité de premier chantre jusqu’au pontficat d'Eugène IV, et mourut à Rome, en 1452. 2 D'Égide Binchois, ainsi nommé parce qu’il était né à Binche, dans le Hainaut. Homme de grand mérite, un peu-moins ancien que Dufay, et qui fut premier chantre de la chapelle de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Ces deux artistes furent les véritables créateurs de l’har- monie régulière, et les premiers réformateurs de la nota- tion de la musique. Après eux viendraient les œuvres choisies : 3° De Jean Ockeghem, de Termonde, qui fut chantre de la collégiale d'Anvers, antérieurement à 1445, puis pre- mier chantre et directeur de la chapelle de Charles VF, roi de France , et eut pour élèves les plus habiles musi- ciens de la fin du XV”* siècle et du commencement du AN) 4 D’Antoine Busnois ou de Busne, le plus grand musicien d'invention, antérieurement à 1480, et qui fut premier chantre ou maître de chapelle de Charles le Téméraire. 5° De Jean le Teinturier ou Tinctoris, chanoine de Nivelles, le plus savant musicien de la même époque, premier chantre ou maitre de chapelle de Ferdinand d'Aragon, et qui fonda à Naples, avant 1476, la plus an- cienne école de musique qui ait existé en Italie. (390 ) 6° De Jacques Obrecht, maître des enfants de chœur de la collégiale d'Anvers, grand artiste dont les ouvrages figurent parmi les premiers monuments de la typographie musicale de l’Italie et de l'Allemagne. 7° De Josquin Deprés, le plus original, le plus hardi, le plus grand des musiciens qui brillèrent dans les quinze dernières années du XV"* siècle et dans les vingt premières du XVI". Recherché dans toutes les cours de l'Europe, il fut célébré par les poëtes de l'Italie, de l'Allemagne et de la France, comme l'artiste sans rival. Luther disait de lui : Les musiciens font ce qu'ils peuvent des notes; Josquin seul en fait ce qu'il veut. | Les compositeurs dont les ouvrages formeraient la deuxième série seraient : 8 Adrien Willaert, de Bruges, fondateur de la célèbre école vénitienne d’où sont sorlis une foule de musiciens de premier ordre au XVI"* et au XVIL”* siècle. Il fut maître de chapelle de l’église Saint-Marc de Venise, depuis 1527 jusqu’en 1565, et compositeur aussi renommé que théori- cien savant. 9° Cyprien de Rore, né à Malines, successeur de Wil- laert à l’église Saint-Marc, puis directeur de la musique d'Octave Farnèse, duc de Parme et de Plaisance. 10° Alexandre Agricola, maître de chapelle de Philippe le Beau, et grand musicien, dont les messes et les motets furent imprimés à Venise, dans les premières années du XVI" siècle, 41° Jacques Clément, surnommé non pape, composi- teur de premier ordre, maître de la chapelle impériale à Vienne, sous les règnes de Maximilien [*, de Charles- Quint et de Ferdinand I*. 12° Nicolas Gombert, de Courtrai, artiste de génie et ( 391 ) l’un des musiciens les plus remarquables de son époque, qui fut maitre des enfants de la chapelle de Charles-Quint, à Madrid. 45° Corneille Canis, dont le nom flamand était de Hondt, maître de chapelle du même souverain, à la même époque. 14° Thomas Créquillon, compositeur de la même cha- pelle et artiste de grand talent. 15° Jacques de Kerle, né à Ypres, maître de chapelle de l’empereur Rodolphe IE. 16° Pierre de Manchicourt, d'abord maitre des enfants de chœur de la cathédrale de Tournai, puis maître de chapelle de Philippe IT, roi d'Espagne. 47° Gérard de Turnhout, l'un de ses successeurs dans la même position. : 18 Orland ou Roland de Lassus, né à Mons, d’abord maitre de Saint-Jean de Latran, à Rome, puis maître et directeur de la chapelle d'Albert V, duc de Bavière; le plus grand des musiciens belges, le plus fécond des com- positeurs, et celui dont le génie put traiter avec une égale supériorité tous les genres de musique en usage de son temps. Contemporain de lillustre Palestrina, maître de la chapelle du Vatican, dont les ouvrages offrent encore aujourd'hui des modèles de perfection en leur genre, Lassus eut un talent plus populaire. Sa renommée effaça toutes les autres, et l’on ne peut citer aucun artiste dont les ouvrages ont été reproduits si souvent, sous toutes les formes, et dont il a été fait un si grand nombre d'éditions en Italie, en Allemagne, à Louvain, à Anvers et à Paris. La liste sommaire des œuvres de ce grand homme suf- fit pour faire connaître sa prodigieuse facilité de produc- ( 392 ) tion : on y trouve cinquante et une messes à quatre, €inq, six et huit voix; sept cent quatre-vingts motets ; trente- quatre hymnes; cent quatre-vingts Magnificat; l’œuvre immortelle des sept Psaumes de la pénitence et une mul- tude d’antiennes, litanies, psaumes et lamentalions; trois cent soixante et onze chansons françaises à trois, quatre et cinq voix; deux cent et trente-trois- madrigaux italiens à quatre, cinq et six parties; environ cent chan- sons allemandes «et latines, des villanelles et d’autres pelites pièces. Dans l'examen de l’ordre qui pourrait être suivi pour la publication projetée des œuvres des anciens composi- teurs belges les plus célèbres, il a paru que l'attention publique se porterait avec un intérêt particulier sur les productions de ce grand maître, et l’on a cru que le tra- vail de la traduction en notation moderne et de la mise en partition devait commencer par elles. MM. Van Hoye et Vandervelpen ont reçu, en elfe, Îa mission de meitre en pratique les connaissances qu'ils venaient d'acquérir sur ces mêmes ouvrages. Déjà onze messes à quatre et cinq voix, un livre de leçons de Job, à quatre parties, et environ cinquante madrigaux italiens sont prêts pour la gravure, et ces Jeunes artistes poursui- vent leur labeur avec autant de zèle et d'activité que d’intel- ligence. D’autres élèves du cours de paléographie mysicale viendront par la suite se réunir à eux pour les aider dans la belle entreprise de la restauration de nos ds musi- cales. Les noms des compositeurs belges mentionnés précé- demment sont ceux des plus grands maitres; mais la Bel- gique à vu naître une foule d'artistes qui, sans s'élever au même degré, eurent néanmoins des talents fort recom- ( 595 mandables. On à pensé que ce serait rendre un juste hommage à leur mémoire, et faire en même temps une chose utile à l’histoire de l’art, que de réunir en un ou deux volumes de la collection projetée des spécimens de leur musique, en les rangeant par ordre chronologique. Les compositeurs compris dans cette catégorie seraient au nombre de trente-quatre. L’Angleterre, l'Allemagne et la Hollande ont vu paraître, dans ce dernier temps, des collections d'œuvres de leurs anciens compositeurs exécutées avec un grand luxe typo- graphique; un accueil sympathique leur a été fait par les compatriotes de ces artistes : espérons que la Belgique, fière à juste titre de l'illustration dont elle est redevable aux compositeurs qu'elle à vus naître, ne restera pas indif- férente à la restauration des monuments de leur génie. M. Fr. Fétis prend ensuite la direction de l'orchestre du Conservatoire royal, qui exécute avec son habileté accou- tumée l'ouverture de Struensée et la polonaise qui forme l’intermède du même drame, deux compositions qui se placent au premier rang des grandes productions de Meyerbeer. Cette magnifique exécution excite d’unanimes applaudissements,. TS D CE ———— (394) CLASSE DES SCIENCES. RE — Séance du 6 octobre 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. MM. d'Omalius d’'Halloy, Sauveur, Timmermans, Wes- mael, Martens, Kickx, Stas, De Koninck, Ad. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Liagre , Duprez, Brasseur, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres; Schwann, associé; Ern. Quetelet, correspondant. MM. de Ram et Polain, membres de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. Des remerciments sont adressés à l’Académie, pour l’en- voi de ses publications, par l’Institut impérial de France, l’Institut de Venise, la Société royale de Gôttingue, la Société de physique de Francfort, l'Observatoire royal d’Altona, etc. ( 395 ) La Société royale des sciences d'Upsal fait parvenir ses dernières publications. M. Chasles, associé de l’Académie, fait hommage d’un Aperçu historique sur les porismes d'Euclide qu'il vient de publier. — Remerciments. — M. Emm. Liais adresse à M. le secrétaire perpétuel les éléments de la comète n°3 de cette année, qu'il a cal- culés à l’aide des observations faites au Brésil par la com- mission scientifique dont le gouvernement de ce pays lui a confié la direction. Ces observations ont eu lieu en juillet. « Je me suis servi, dit M. Liais, pour avoir un plus grand mouvement géocentrique, des observations faites à Paris en juin, les seules qui soient jusqu'ici arrivées à ma connaissance. Le déplacement géocentrique, pendant la durée des observations employées à mon caleul, a dépassé 100 degrés. » — Les ouvrages manuscrits suivants sont déposés sur le bureau : 1° Notice sur la méthode infinitésimale, par M. Mani- lius. (Commissaires : MM. Schaar et Brasseur.) 2° Note sur quelques ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés, par M. Constantin Malaise. (Commissaires : MM. De Koninck et d'Omalius.) 3° Sur une variété de Semiotus sanguinicollis et sur l’Ixodes Poortmani (Lucas), par M. Th. Belval, docteur en sciences. (Commissaires : MM. Cantraine et Wesmael.) ( 396 ) CONCOURS DE 1860. La classe des sciences n’a reçu de réponse qu'à une seule des questions de son programme, savoir : On de- mande d'exposer la théorie probable des étoiles filantes et d'indiquer les hauteurs où elles se forment, apparaissent et s'éleignent, en appuyant cette théorie sur les faits observés. Les deux mémoires reçus par la classe portent pour devise : 1° Nocturnasque faces coeli sublime volantes , Nonne vides longos flammarum ducere tractus, In quascumque dedit partes natura meatum. LucrETITS, Je rerum nalura, lib, HE. 2% Un des plus nobles devoirs de l’homme est d'apporter, en raison de ses facultes , son contingent au dépôt commun des sciences. (Commissaires*: MM. Ad. Quetelet, Duprez et Liagre.) RAPPORTS. Nolice sur les paratonnerres; par M. 3. Jaspar, de Liége. apport de MH. F. Duprez. « L'efficacité d'un paratonnerre dépend surtout de la manière dont est établi le contact entre le conducteur et le sol. Si ce contact est suffisamment intime, la foudre se dispersera dans la terre sans laisser de trace de son pas- ( 397 ) sage; dans le cas contraire, elle pourra abandonner le conducteur et se porter sur le bâtiment qu'il devait pro- téger. Cette partie de l'établissement des paratonnerres réclame donc toute l’attention des constructeurs. Pour y satisfaire, les instructions relatives au placement de ces appareils preserivent de terminer le conducteur dans l’eau d’un puits non dallé ou d’une source qui ne tarisse pas, et, à défaut d’eau, dans du charbon de bois fortement calciné. Considérant que cette disposition exige souvent la construction d’un puits ou des travaux analogues oné- reux, M. Jaspar propose d'éviter la dépense qui en résulte, en faisant communiquer, dans les villes, les paratonnerres avec les tuyaux de conduite de gaz ou d’eau, lesquels, par leur grand développement, établiraient, d’après lui, un contact plus que suffisant avec la terre. Il pense qu'on engagerait par là les villes à se munir de paratonnerres, el c’est sur ce mode économique de communicalion avec le sol qu’il demande à l’Académie de vouloir donner son avis. L'idée de faire servir à l'écoulement et à la dispersion de la foudre les tuyaux métalliques destinés à distribuer le gaz ou l’eau dans les différents endroits d’une ville, a déjà été mise en avant par quelques physiciens. Je crois, pour ma part, que, réalisée dans la pratique, elle pourrait con- duire à des résultats dangereux. En effet, on sait que la foudre se porte toujours de préférence sur les corps qui présentent le moins de résistance à son écoulement ; on sait aussi que, complétement inoffensive tant qu’elle par- court un conducteur continu d’une grosseur convenable, elle ne manifeste sa présence par des explosions qu’au moment de sa sortie de ce conducteur et aux environs des points par lesquels cette sortie s’opère. D’après cela, si ( 398 ) l’on suppose que les tuyaux de conduite de gaz ou d’eau, : auxquels est intimement liée l'extrémité du conducteur d'un paratonnerre, forment un ensemble continu jouissant partout d'une même conductibilité, la foudre, en s'écou- lant, se portera évidemment sur tous les conduits et leurs embranchements, les suivra malgré leur contact avec le sol, comme étant meilleurs conducteurs que ce dernier, et, arrivée à leurs extrémités, ne pourra plus y produire, par suite de sa grande diffusion, que des effets inappré- ciables. Dans ce cas donc, quand même le terrain qui en- vironne le conducteur souterrain serait partout sec, on n'aurait aucun accident fàcheux à craindre ni pour l’édi- fice portant le paratonnerre, n1 pour les lieux où viennent aboutir les nombreux embranchements des tuyaux. Mais peut-on admettre la condition d’une homogénéité de con- ductibilité dans toute l'étendue de ces tuyaux? On n’a qu'à réfléchir à la manière dont leurs diverses pièces sont jointes ensemble, pour trouver aux points de jonction des résistances au passage de la foudre, résistances qui, si faibles qu’elles soient, ne peuvent être négligées lors- qu'il s’agit de l'écoulement d'une quantité d'électricité aussi considérable que celle qui constitue un coup de foudre. D'autre part, ces mêmes tuyaux sont sujets à des déran- gements pouvant occasionner de véritables solutions de continuité et détruire le contact intime avec le paraton- nerre. Il suit de là que la foudre dont le paratonnerre aura été atteint, sera loin de suivre les conduits dans leur en- semble; mais que, trouvant des résistances variables dans les divers sens de son écoulement, elle se portera sur ceux des embranchements pour lesquels ces résistances seront les plus faibles. Dès lors ne doit-on pas craindre qu’elle ne fasse irruption dans les lieux où ces embranchements ( 399 ) se terminent avec une intensité capable d'y produire en- core de notables dégâts? Ne serait-ce pas vouloir intro- duire , de propos délibéré, chez son voisin l'hôte dangereux dont on désire se débarrasser soit-même? . Les considérations précédentes me paraissent suffire pour motiver mon opinion : je considère comme dange- reux de terminer les paratonnerres aux conduits de gaz ou d’eau, et j'engage l’Académie à ne point sanctionner par un avis favorable la modification qu'on propose d'apporter à la construction des appareils dont il s’agit. » Ces conclusions auxquelles se rallie M. Quetelet, second commissaire, sont adoptées par l’Académie. Sur un hybride de Cirsiuu; par M. AIf. Wesmael. ne de 2r. Kickæ: « Quoique l'hybridation soit en général plus rare chez les végétaux spontanés que chez ceux que l’on cultive, on rencontre cependant parmi les premiers certains genres où la tendance au croisement est des plus prononcées. Tel est, entre autres, le genre Cirsium. Non-seulement la plupart de ses espèces se croisent avec une ou avec plu- sieurs de leurs congénères, mais il en est même qui forment entre elles, par un double croisement en sens in- verse, deux hybrides différents. Les Cirsium palustre et oleraceum, l’un et l’autre in- digènes, méritent surtout d'être cités à ce titre. Du Cir- sium oleraceum, fécondé par le Cirsium palustre, naît 2" SÉRIE, TOME X. 28 ( 400 ) le Cirsium palustri-oleraceum que Schicde fit connaître le premier et qui fut ensuite décrit successivement par Nœgeli, Grenier, Godron et d’autres; tandis que le Cir- sium palustre, fécondé à son tour par le Cirsium olera- ceum, engendre le Cirsium recedens Koch, ou oleraceo- palustre Nœg., qui fait l'objet de la hote de M. Alf. Wesmael. Il va sans dire que ces deux hybrides peuvent, de leur côté, devenir la souche d’une série d’hybrides se- condaires. | Pas plus que d’autres produits de l'hybridation, le Cirsium oleraceo-palustre n’a de fixité absolue dans ses formes. Elles varient selon que la plante réunit, dans une proportion à peu près égale, les traits caractéristiques de chacun des parents, ou qu'elle se rapproche davan- tage de l’un ou de l’autre. On sait que ces oscillations sont attribuées par M. Grenier à l’inégalité d'action du pollen sur les ovules des porte-graines. Si l'on examine sous ce rapport la plante recueillie et décrite par M. Wesmael, on y remarquesans peine, comme l’auteur l'indique avec raison, une prédominance évi- dente du type paternel, ou du Cirsium oleraceum. Koch a fait la même observation (1) pour les individus qu’il avait sous les yeux. Il en résulte que, d’après les vues de M. Gre- nier, l’hybride dont il s’agit devrait être appelé Cirsium super-oleraceo-palustre, la dénomination de Schiede sup- posant plulôt un état strictement intermédiaire. Cette plante n'avait pas encore été signalée en Bel- gique. M. Alf. Wesmael l'a trouvée dans les prairies spon- gieuses des environs de Peuthy, près de Vilvorde. L’au- (1} Synop. flor. Germ , 5°" édition, 5 vol., paze 1000. ( 401 ) teur en donne une description aussi complète qu'exacte. Nous estimons qu’il serait utile d'insérer la note pré- sentée par M. Wesmael dans les Bulletins. » « Je partage entièrement l'opinion de mon savant collègue M. Kickx, « ajoute M. Martens, second com- missaire, » sur le mérite de la note de M. Wesmael, et J'adopte les conclusions de son rapport. » En conséquence de ces rapports, la notice de M. AÏf. Wesmael sera insérée dans les Bulletins, et des remerci- ments seront adressés à l’auteur. Sur des ossements fossiles trouvés dans les environs de Saint-Nicolas. Communication de M. le docteur Van Ramdonck. Rapport de FX. EX. Nyst. « L'Académie a bien voulu me charger de lui faire, simultanément avec mes honorables collègues, MM. Van Beneden et De Koninck, un rapport sur les deux commu- nications qui lui ont été adressées en dernier lieu par M. le docteur Van Ramdonck, de Saint-Nicolas. En accomplissant cette mission, je crois devoir Jui faire connaître tout d'abord qu’une grande partie des osse- ments fossiles qui viennent de nouveau d'être recueiilis aux environs de Saint-Nicolas, me paraissent appartenir à des cétacés. M. Van Beneden, qui a reçu la plupart de ces ossements, ainsi que l’annonce M. Van Ramdonck, sera plus à même que moi d'entrer à cet égard dans les ( 402 ) détails scientifiques qui les concernent. Je me bornerai à ajouter aux renseignements sur les argiles rupéliennes que j'ai communiqués à la elasse, dans mon rapport précé- dent, qu'outre les Ledu Deshayesiana, Nucula Duchastelii, Astarte Kickxi, Pecten Hoeninghausi, Pleurotoma Sely- | si et Fusus erraticus, les mêmes argiles renferment aussi (d’après les récentes découvertes de M. Van Ramdonck) les Nucula Archiacana, Cardita Kickæi, Axinus Nystü, Arca decussata, Morio (Cassidaria) Nystii, Natica Nystii et Pecten Ryckholtii, ce qui porte à treize le nombre des espèces caractéristiques de ces argiles. Ce nombre est évidemment encore susceptible d'augmentation, puisque plusieurs des moules que nous avons sous les yeux n’ont pu être déterminés jusqu’à présent avec certitude. Nous mentionnerons aussi plusieurs dents et vertèbres de poissons qui sont identiques avec celles que l’on trouve dans les mêmes terrains à Boom, Schelle, Niel, Hemixem, Baesele, etc., et qui appartiennent aux genres Notidanus, Galeocerdo, Carcharodon, Otodus, Oxyrhina et Lamna, tous genres dont les espèces sont, pensons-nous, aujour- d'hui mal connues. Il n’est donc plus permis actuellement de douter de l'identité des argiles de Saint-Nicolas avec celles des autres localités limitrophes. Ce résultat est en très-grande partie dû aux recherches de M. Van Ramdonck et à la libéralité avec laquelle il a mis à la disposition des mem- bres de l’Académie les objets recueillis; nous proposons done à la classe de lui voter des remerciments pour ses intéressantes communicalions. » a (403) Bupport de M. Van Beneden. « Les fossiles recueillis par M. le docteur Van Ram- donck, depuis sa dernière communication à l’Académie, et qui sont indiqués dans le catalogue qu’il a fait parvenir à l’avant- dernière séance de la classe, appartiennent à trois époques géologiques différentes. La première, dans l’ordre de leur ancienneté, correspond à largile rupe- lienne de Dumont, plus communément connu sous le nom d'argile de Boom; la seconde est celle du système scaldisien, désigné généralement sous le nom de crag, et dont la province d'Anvers renferme un si riche dépôt; la troisième est l’époque quaternaire, qui a vu disparaître tant de formes remarquables pendant que d’autres dispa- raissent encore Sous nos yeux. Notre honorable confrère, M. Nyst, s’est occupé sur- tout du soin de vous faire l'énumération des coquilles in- téressantes et caractéristiques recueillies par le docteur Van Ramdonck dans les environs de Saint-Nicolas, et provenant particulièrement de l'argile rupélienne. L’Aca- démie connaît depuis longtemps l'autorité de notre con- frère dans cette partie de la paléontologie; aussi nous nous bornerons à indiquer la nature des débris de vertébrés qui nous semblent offrir quelque intérêt. Parmi les os recueillis dans l'argile rupélienne se trou- vent d’abord un grand nombre de dents et de vertèbres de poissons sélaciens, et nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que, malgré leur ancienneté, ces pois- sons correspondent assez bien génériquement avec ceux qui vivent encore aujourd'hui sur nos côtes. I y a, sous ce rapport, une différence notable avec les mollusques qui ( 404 ) n'ont plus rien de commun avec ceux qui hantent encore nos parages. Ainsi, le genre Lamna , qui a une espèce dans la mer du Nord, que nos pêcheurs connaissent sous le nom de La- tour , est représenté par des dents et surlout par des ver- tèbres le plus souvent isolées , mais très-reconnaissables. M. Van Ramdonck a mis à notre disposition une colonne vertébrale presque complète, qui a parfaitement conservé tous ses caractères. | | Des vertèbres d’une espèce de Carcharias, voisine du Carcharias glaucus , sont aussi très-reconnaissables. Nous y trouvons également des vertèbres de Squatina, dont les caractères ne sont pas douteux non plus et dont une espèce, connue sous le nom de Squatina angelus ou de Zee duyvel (diable de mer), est d’une telle abondance dans la mer du Nord, que pendant l'été, les pêcheurs en apportent à chaque marée. On y trouve encore des vertè- bres de Scillium se rapportant à une espèce voisine des Canicula, au chien de mer, mais d’une taille plus grande que celle qui vit encore. Le genre Spinax y est également représenté, surtout par des piquants qui indiquent une espèce assez grande, et qui se rapproche du Spinax acanthias de nos côles. Mais le genre le plus remarquable, qui a, du reste, été reconnu depuis longtemps dans celte même argile, et dont les dents sont si singulièrement conformées, c’est le genre Notidanus. Dans nos mers, il n’existe plus de représentant _de ce gigantesque plagiostome. Outre les dents, M. Van Ramdonck a recueilli également des débris de vertèbres de ce poisson. L'existence des Raies, que nous avions reconnue depuis longtemps à leurs boucles cutanées, à Boom et à Basele, ( 405 ) est confirmée de nouveau par quelques boucles recueillies par M. Van Ramdonck, et qui semblent même devoir se rapporter à deux espèces distinctes. Comme on le pense bien, les poissons osseux ne fai- saient pas défaut dans cette mer rupélienne, qui ne pou- vait ne pas nourrir d’autres poissons que des voraces pla- giostomes; mais leurs débris sont moins bien conservés. M. Van Ramdonck nous a remis toutefois plusieurs frag- ments très-imporlants de ces poissons homocerques. Il ya, 1° des vertèbres que nous n'avons pu déterminer encore , à défaut d'éléments de comparaison, et qui se rap- portent à un poisson de la taille des Scioena aquila ; ® trois autres vertèbres, probablement d’un même individu, qui se. suivent et indiquent un autre poisson de la taille d’un fort églefin, et 3° quelques autres vertèbres plus petites prove- nant d’un poisson qui n’a pas la moitié de cette dernière dimension. Enfin nous trouvons encore parmi ces débris un fragment fort intéressant de maxillaire inférieure qui facilitera beaucoup la détermination de ces espèces. L'on sait que les débris d'oiseaux fossiles sont partout fortrares, et l’on en comprend facilement la raison; aussi doit-on faire grand cas de ceux que l’on découvre. M. le docteur Van Ramdonck m'en à remis plusieurs qui pro- viennent de cette même couche d'argile et qui se rappor- tent à un oiseau de la taille d’une barge (Limosa). Nous * avons reconnu la portion supérieure d’un humérus assez bien conservé remarquable par sa largeur et la portion inférieure du même os, mais séparé du premier de ma- nière à ne pas pouvoir en mesurer la longueur; une portion supérieure et une inférieure de tibia également séparées, une surface articulaire supérieure de tarso-métatarsien et quelques autres fragments encore moins bien conservés. { 406 ) Ces os ont probablement été tous mutilés par la bêche des ouvriers. Pour faciliter, ou plutôt pour rendre possible la détermination de ces os d'oiseaux, nous avons com- mencé une collection particulière de squelettes. Les ossements provenant du crag, quoique assez nom- breux, se rapportent à des Plésiocètes, et, à l'exception de deux d’entre eux, que nous regardons pour des os propres du nez, de plusieurs caisses de iympan et de quelques os en V, ces pièces sont généralement mutilées et la plupart sans importance. Une vertèbre de Plésiocète trouvée à Rupelmonde même, se trouve mêlée avec celles de Saint-Nicolas, mais semble avoir été apportée des environs d'Anvers. Nous avons quelque espoir que les grands travaux qui s'exéculent autour d'Anvers nous faciliteront notre tâche par la découverte de quelques squelettes en place; nous craignons toutefois que les ordres donnés de tout conser- ver, sans qu'il y ait quelqu'un sur les lieux pour faire un choix, ne fasse négliger les pièces les plus importantes : on n'en recueillera plus, quand on en aura trop à conserver. Ce qui montre combien il reste à découvrir dans les fouilles conduites avec quelque sagacité, c’est la décou- verte faite, l’année dernière, à Hemixem, par M. Adriaen- sens, d’une magnifique tête de Cétacé ziphioide, que nous regardons comme type sinon d'un genre au moins d’une espèce nouvelle. Je suis allé la voir avec M. Nyst, et le : propriétaire ne voulant pas s'en dessaisir, a consenti au moins à l'envoyer le lendemain à la société paléontolo- gique d'Anvers pour la faire mouler. En attendant que nous fassions une étude comparative de cet intéressant Ziphioide, nous proposons de le désigner sous le nom de Dioplodon d'Hemixem. Tout le bec en est conservé Jus- (407) qu’à l’origine des évents, et la partie postérieure du crâne, tout en étant détachée, est restée entière. C’est la pre- mière fois, croyons- nous, que l’on découvre une partie de crâne proprement dit de Ziphioïde fossile. Ce que nous avons trouvé de plus remarquable à la première vue, c’est qu’au-devant des orifices des évents, les os maxillaires supérieurs forment avec les intermaxillaires une excava- tion qui indique peut-être la transition des Ziphius fos- siles aux Hypéroodons vivants. Voici une autre pièce , toute nouvelle pour la science et qui ne contribuera pas moins à compléter l’histoire de ces curieux cétacés. En 1854, on trouva dans les fouilles faites pour la construction de l’écluse maritime, qui doit faire déboucher le canal de jonction de la Meuse à l'Escaut, sous Anvers, une région cervicale assez complète de grand Cétacé dont les affinités avec les Hypéroodons sautent aux yeux. Cette pièce porte le n° 1840 du catalogue du musée de Bruxelles. Les vertèbres sont encore enveloppées d’un sable gris rempli de coquilles parmi lesquelles on distingue facile- ment plusieurs espèces parfaitement caractérisées. Les six vertèbres sont complétement réunies et ne for- ment qu'une seule pièce, tandis que la septième était sans doute séparée du moins par le corps.’ Cette région cervicale, par tous ces caractères, se rap- proche évidemment des Hyperoodons vivants, et ne laisse pas de doute sur la nature ziphioïde. Reste à savoir à quelle espèce 1l faut la-rapporter. | Comme mes savants amis Eschricht et Gervais l'ont entrevu depuis longtemps, l’hiatus, qui semblait d’abord séparer les Ziphius des Cétacés vivants, tend tous les ( 408 ) jours à disparaître. Cette pièce nous apportera peut- “être la preuve de cette transition. | Notre honorable confrère, M. le vicomte Du Bus, a bien voulu, dans l'intérêt de la science, mettre cette belle pièce à notre disposition , ainsi qu'un humérus complet de Plésiocète , dont les surfaces sont parfaitement conservées. Nous prions notre savant confrère de recevoir l'expression de notre vive reconnaissance pour ce bienveillant concours. Nous avons à exprimer ce même sentiment à l'illustre directeur du musée Teylerien de Haerlem, M. le professeur Van Breda, qui, non content de m'envoyer le détail de tout ce que ce riche musée possède surles Cétacés, a poussé . l’obligeance jusqu'à faire dessiner les pièces qui pouvaient le plus m'intéresser. Un des dessins qu’il a eu la bonté de m'envoyer représente une portion de temporal du grand Plésiocète, celle qui loge la caisse du tympan ; elle a été trouvée, dit M. Van Breda, sur la frontière orientale de l'Overyssel, près de Eybergen; les autres planches figurent des vertèbres de la même localité, qui me semblent se rapporter au Delphinus Delannoy, ainsi qu’un os tympanal de Plésiocète. Nous avons Yu aussi avec le plus vif intérêt, dans Staring's Bodem van Nederland, qu’on y a trouvé une dent de Squalodon ou de Zeuglodon, mais nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que ces genres ne sont pas aussi voisins l’un de l’autre qu’on le croît en général : les Squalodons sont de vrais Dauphins, ou plutôt de vrais Cétacés souffleurs, tandis que les Zeuglodons sont des phoques dont le museau était garni d’une trompe. Il résulte de cette communñcation du savant directeur du musée Teylerien que les mêmes espèces qui vivaient dans la mer du crag à Anvers, ont laissé également de leurs dépouilles dans la province de la Gueldre. ( 409 ) La liste de fossiles envoyée par M. Van Ramdonck si- onale eufin une tête d'un animal de très-grande dimension et qui a été retirée du fond de l'Escaut par des pêcheurs. En suivant le contour de la face supérieure, dit M. Van Ramdonck, cette têle est longue de quatre-vingt-sept cen- timètres ; un ruban qui passe par-dessus les arcades zygo- matiques mesure soixante ét treize centimètres en pour- tour. Le croquis de ce crâne est joint à sa lettre et fait voir à l’iustant que nous avons affaire au Contemporain du Mam- moutb , dont on trouve presque partout les débris associés avec les siens et qui semble avoir disparu avec lui; on a déjà deviné que nous voulons parler du Rhinoceros lichorinus. Grâce aux soins éclairés de M. le doeteur Percy, de Rupelmonde, cette pièce remarquable a été sauvée de la destruction , et 1l a bien voulu nous en faire don. A l’ex- ceplion du palais, cette tête est dans un parfait état de conservation, au point que des personnes instruites onl pu croire un instant quelle n’était pas fossile. Il n’est guère douteux que ce crâne ait été enfoui dans le sable qui forme le lit de l'Escaut avec le restant du squelette, et qu’une érosion aît mis toute la dépouille à nu. En effet, ce crâne, surtout à sa base, était couvert de byssus de Dreissena polymorpha, et dans les anfractuosités, nous avons trouvé, outre les Dreissena, plusieurs autres petites coquilles fluviatiles. Comme si une partie de notre faune tertiaire et quater- naire devait nous passer sous les yeux à cette occasion, à peine avons-nous reçu de M. Van Ramdonck la nouvelle de cette tête de Rhinocéros, qu'il nous annonce la dé- couverte du contemporain de ce grand pachyderme, le Mammouth, qui a péri probablement en même temps que lui dans les mêmes lieux. En effet, les pêcheurs ont re- ( 410 ) tiré du fond de l’Escaut les débris d’un Elephas primige- nius mâle et adulte, dont les alvéoles, la base et la partie postérieure du ‘crâne, ainsi que les maxillaires, sont fort bien conservées. Nous voyons avec bonheur se répandre le goût de la pa- léontologie, et l’ardeur infatigable du docteur Van Ram- donck n’a pas peu contribué à le développer; non-seulement Je me rallie avec empressement aux conclusions de notre savant confrère, M. Nyst, de voter des remerciments à M. le docteur Van Ramdonck, mais la classe ne saurait, à mon avis, assez louer le zèle et le concours généreux que cet habile praticien a mis dans la recherche des débris fossiles des environs de Saint-Nicolas. » M. De Koninck, deuxième commissaire pour lexamen du travail de M. Van Ramdonck, fait connaître les motifs qui l’ont empêché de rédiger un rapport. La classe adopte les conclusions présentées par les deux autres commis- saires, et décide que des remerciments seront adressés à l’auteur de la communication qui lui a été faile. a = — COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les éloiles filantes du 7 au 11 août 1860, déterminées à l'Observatoire de Bruxelles ; notice de M. Ad. Quetelet. Les étoiles filantes de la période d’été ont pu être ob- servées cette année à Bruxelles. La soirée du 10 était assez belle. On à pu, en outre, observer le 7, le 9 et le 14, mais ( 411 ) ces trois jours le ciel était peu favorable. Le tableau sui- vant présente le nombre d'étoiles filantes comptées par heure. NOMBRE | ÉTOILES DATES. HEURES. d'étoiles par OBSERVATEURS. observées. 1860, août 7 | 10h56m à 11h13m 11 17 Ad. Quetelet, Ern. Quete- let, Clays. — 9 | 10 38 à 11 33 20 20 Ern, Quetelet, Clays. — 10 | 10 12 à 11 12 62 | 62 Ad. Quetelet, Ern. Quete- let, Clays, Hooreman. — 10 | 11 293 à 11 53 24 48 Ern. Quetelet, Clays, Hoo- reman. — 41/1M0" 494 a 4141 2 24 24 Ad. Quetelet, Ern. Quete- Ict, Clays. 4h 80 d’observat. | 141 météores. | Le 11, il n’y a eu trois observateurs que pendant une demi-heure. Si l’on groupe les étoiles filantes, d’après l’ordre de grandeur et d’après leurs directions, on trouve : qre pme Ame 5me NOMERE grandeur. | grandeur. | grandeur. | grandeur. | grandeur. total. 2 4 0 11 5 1 0 20 ô1 8 5 86 10 3 1 24 ( 412 ) La direction des étoiles filantes était : 1860, août 7 1 0 0 1 — 9 0 1 0 — 10 4 1 1 11 — 11 1 0 1 0 Tora. . . 6 ‘2 | : | | | Le petit nombre d'étoiles filantes des plus faibles gran- deurs doit être attribué à létat de latmosphère. Les étoiles des grandeurs 4 et 5 étaient à peine visibles. Le rayonnement se faisait en général d’un point à peu près central, et la plus grande partie des étoiles filantes se dirigeaient vers le SO. Sur les étoiles filantes du 10 août ; Lettre de M. le profes- seur Duprez à M. Ad. Quetelet. | ‘Gand, 24 août 1860. «.. Je Vous communique les résultats de mes observa- tions relatives aux étoiles filantes périodiques du mois d'août. Je n'ai observé que pendant les nuits du #0 et du 11. Dans la première de ces deux nuits, de 10 à 12 heures, et dans une partie du ciel comprise entre le NNS. et le SE., pouvant équivaloir à un sixième environ, j'ai vu ap- / ( 415 ) paraître 54 étoiles filantes, et dans la seconde, de 9h, 40 m. à 11 h. 45 m., je n’en ai compté que 15. En rapportant au zénith les trajectoires de ces étoiles filantes, je trouve : NUIT DU 10. NUIT DU 11. Du N. aus. 5 2 étoiles filantes. Du NNE. au SSO. 1 ” — Du NE. au SO. 9: 5) — De l’'ENE. à l'OSO. 1 » — De PE. à l'O. 4 1 — Du SE. au NO. 3 1 —- Du S. au N. 51 » æ Du SO. au NE. 1 63 — De l'O. à l'E. . 3 6j — De l'ONO. à l’'ESE. 1 » — Du NO. au SE. 3 9 = 34 15 étoiles filantes. » Parmi les météores observés dans la nuit du 10, il en est surtout un qui s’est fait remarquer par sa grandeur ei son vif éclat. Ce météore s’est montré vers 10 h. 4 m.; son mouvement du SO. au NE. était lent; il s’est éteint près de Persée, et sa traînée, qui était très-longue, présentait la particularité d’être discontinue et de passer successive- ment du jaune au vert et au rouge. » J'ai aperçu ici l’aurore boréale du 10 au 11 août dont M. Coulvier-Gravier a entretenu l'Institut, dans sa séance du 13 de ce mois. Je n’ai pu suivre toutes les phases de cette aurore, à cause des objets qui me cachaient en grande partie la région du ciel où le phénomène se manifestait. Pour le lieu d'observation que j'oceupais, la plus grande intensité s'est montré, vers 11" 20"; des rayons blancs s’élevaient alors du NNO. et illuminaient assez fortement le ciel. » (A4) Sur les éloiles filantes du 10 août et sur les phénomènes périodiques en général. Lettre de M. Edouard C. Herrick à M. Ad. Quetelet. New-Haven, Connecticut, 5 septembre 1860. mo C'est comme un devoir que je vous transmets les observations sur les météores périodiques du mois d’août : vous remarquerez qu'ils présentent essentiellement Île même caractère que vous leur avez trouvé, quand vous avez appelé sur eux’ l'attention des savants en 1857. Toute autre apparition périodique a cessé, celle-ci se maintient seule sans éprouver de changement. Nous ne pouvons douter qu’une zone de millions de petits corps cosmiques n’en- tourent le soleil et ne coupent lécliptique à la place qu’in- diquent les dates du 8 au 12 août ; car bien certainement une masse plus dense de ces corpuscules coupe l'orbite de la terre, puisque nous sommes constamment plongés dans cette zone météorique. .»> Nous avons été extrêmement heureux, cette année, en obtenant de bonnes observations sur les étoiles filantes du mois d'août, comme je vais l’exposer avec quelque détail. » 1. À New-Haven, dans le Connecticut, j'observais au sommet d’un bâtiment élevé, assisté par sir W. Gibbs 3", Charles Tomlinson, sir W. Johnson, W. C. Johnston, H. W. Siglar et J. B. Chase; mais, entre 2 et 5 heures du matin, il n’y avait que six observateurs. Chaque météore était annoncé à haute voix, et aucun n’était compté deux fois. Depuis 10 h. du soir, le 9 août, jusqu'à 5 h. du main, le 10, nous avons observé 565 différentes étoiles filantes, ( 415 ) distribuées de la manière suivante : 10 à 11 heures 41 à 12 heures 0 à 4 heure 1 à 2 heures 2 à 3 heures du soir. du soir. du matin. du matin. du matin. 11 DEEE 29 14 19 24 80 SP 30 29 27 25 20 AU. 0. " 4 47 44 81 65 NO. 2 11 18 17 17 40 105 101 107 97 155 Durant cette période, le ciel était clair, excepté pen- dant un temps très-court, entre 1 et 2 heures du matin; quelques nuages se montraient vers l’ouest; la lune, a son dernier quartier, gênait l’observalion après 11-heures du soir, et cachait probablement le tiers des météores qu’on aurait pu apercevoir en son absence. Nous avons vu aussi 18 météores, seulement à 10 heures du soir, et 5 mé- téores à 5 heures du matin : ce qui forme un total de 588 étoiles filantes, observées dans l’espace de cinq heures et dix minutes. Peu après 3 heures du matin, le brouillard se forma rapidement. » Nous comptions chaque étoile dans la région où elle devenait visible : plusieurs laissaient des traces lu- mineuses, mais 1l ny en avait aucune de véritablement remarquable. La majorité était moindre que des étoiles de seconde grandeur, mais plusieurs étaient brillantes comme des étoiles de première grandeur, et peu l’étaient davantage. [Il était manifeste que presque toutes avaient une direction sud-ouest, et trois quarts au moins se mouvaient dans des trajectoires qui coupaient la voûte célesie dans le voisinage de la main armée de Persée. Si la lune avait été absente, nous aurions probablement 2e SÉRIE, TOME X. 29 (M6) vu 800 étoiles filantes pendant la durée de nos observa- Lions. » À New-Haven, pendant les nuits entières des 8, 10, 11,12 et 15 août, le ciel était totalement couvert. » Les aurores boréales ont été très-fréquentes dans ces climats durant l’été. Mais ont-elles quelques rapports avec les étoiles filantes ? Probablement non. » 2. À Chicago (Hlinois). Des observations ont été faites par M. Francis Bradley, et heureusement elles ont pu être prolongées pendant la plus grande partie de la nuit du 10 au {1, quand le ciel, à New-Haven, était vorlé. » Dans la soirée du 8 août 1860, M. Bradley, observant seul depuis 40 h. 50 m. jusqu'à minuit, ne vit que huit étoiles filantes ; mais le ciel était à peu près couvert. > Dans la nuit du 9 août, de 41 h. 50 m. jusqu’à 4 h. du matin , il observa également seul ; le 40 aoû, 1l remar- qua 57 étoiles filantes, dont 41 furent comptées pendant la dernière heure : le ciel, avant cette heure, avait été couvert de petits cumulus. » Dans la nuit du 10 août, M. Bradley était assisté par Me E.-P. Marsh, W. Dickinson, H.-E. Chesbrough et J.-H. Scupham. Du 10 au 11 août, entre 41 heures du soir et 2 heures du matin, ils observèrent 584 étoiles filantes comme 1l suit : 41 à 42 heures 42 à 1 heure { à 2 heures du soir. du matin. du matin. NE 23 25 15 FE RTE, 40 51 19 S. FRE 26 85 15 5 RCE 4 2 32 35 24 Nr de 22 22 22 ————— —— — 145 146 | 95 ( 417) Pendant la dernière heure, il se forma des nuages en nombre si grand, qu'à 2 heures le ciel était à moitié couvert ; les observateurs durent par conséquent terminer leurs travaux. Après minuit, la lune gêna jusqu’à certain point. De tous les méléores aperçus, environ 30 s'écar- taient de la direction ordinaire du point de radiation, qui, pour la nuit du 10 au 14, était un cercle d'environ deux degrés en diamètre et dont le centre était en ascension droite à 2 h. 8 m. et en distance polaire, à 29°. » L’aurore boréale était visible, chaque nuit, et elle le fut principalement dans la nuit du 10 au 41. » Il résulte des observations précédentes que, nonob- stant ces contrariétés, la nuit du 10 au 11 août a été tout aussi remarquable en étoiles filantes que les années précé- dentes; et elle à présenté généralement plus de météores que les nuits de même date, qui ont ou précédé ou suivi. L'instant de l’apparition de ce phénomène semble s’avan- cer très-lentement dans le cours d’une année, et peut-être pourrait-on regarder cetle avance comme élant à peu près d'un jour en un siècle. » Pendant l’année précédente, plusieurs globes météo- riques très-brillants ont été aperçus dans les États-Unis : j'en mentionnerai trois seulement. » 1. Le 15 novembre 1859, à 9‘, heures du matin, un méléore fut aperçu en plein jour et par un ciel pur; il était d'une intensité brillante et diversement estimé pour sa grandeur; les uns Île faisaient aussi grand et d’autres de la moitié du diamètre du soleil. Un examen des différentes observations prouve que la trajectoire de ce météore se rapprochait de l’ouest, qu'il était incliné sur la verticale d'environ 55°, et que ce globe devenait lumineux quand il fut à plus de 100 milles anglais au-dessus de l'horizon. ( A18 ) Le temps de sa course visible ne fut pas de plus de deux secondes, et sa vitesse absolue paraît ne pas avoir été moindre de 50 milles par seconde. Il fit explosion deux ou plusieurs fois avec un bruit très-intense; il en résulta une colonne de fumée à peu près verticale de 1000 pieds de diamètre et probablement de plusieurs milles de hauteur. Ceci se passait à Dennisville, au comté de Cape May, dans le Nouveau-Jersey. Jusqu'à présent, on n’a trouvé aucun fragment de ce météore ; il paraît probable que lexcessive chaleur, produite par un mouvement si rapide, a dissipé ce corps en enlier. » 2. Le 1* mai 1860 , quelques minutes avant 1 heure de l’après-midi, pendant un soleil très-fort et un ciel couvert en partie, un méléore en apparence aussi grand que la pleine lune apparut dans la partie nord de l'État d'Ohio. Il éclata avec un bruit intense et plusieurs frag- ments sont tombés dans le voisinage de la Nouvelle-Con- corde, comté de Michingan (Ohio). On a déjà trouvé une trentaine de pierres; la plus considérable pèse 105 livres. La pesanteur spécifique est de 3,5417, et, dans son en- semble, la substance de la plupart de ces pierres météo- riques est connue. Une analyse chimique en a été donnée dans le Journal américain des sciences de New-Haven, pour juillet 1860. » 3. Le 20 juillet 1860, vers 9 °/: heures du soir, on wit un globe très-brillant, d’ample dimension et se mouvant avec lenteur dans une traînée visible de près d’un millier de milles. Ce météore fut observé par des milliers de per- sonnes dans les États du Nord et du centre (États-Unis), et les éléments de sa trajectoire ont élé rapidement cal- culés. Son mouvement apparent était très-lent, et, par conséquent, sa direction était à peu près celle de la terre ( 419 ) dans son orbite. La portion visible de sa trajectoire s’éten- dait de la partie nord du lac Michingan au-dessus de Buf- falo et Elmira (N.-Y.), Greenwich (Connecticut) , et l'océan Atlantique. Dans son plus grand voisinage de la terre, sa hauteur était d'environ 41 milles de hauteur. Sa grandeur apparente était la moitié de celle de la pleine lune, et il produisit au moins deux explosions dans son passage. On n'en a pas encore trouvé de fragments. » En mars et en avril derniers, plusieurs de nous se sont réunis dans le dessein de découvrir le passage de la planète Lescarbault ou de quelque autre astre qui aurait pu passer devant le disque solaire. Nous observions au moyen du télescope, autant que le temps le permettait, mais nous n'avons pas découvert de planète. Toutes les observations, dans les différentes parties da monde, ont été également sans succès. » Les aurores boréales ont été extrêmement fréquentes ici pendant cet été, mais je n’ai pu en prendre note, mon temps étant consacré à d’autres affaires. » M'occupant de vos intéressantes recherches concer- nant les phénomènes périodiques, je crois devoir men- lionner une circonstance qui confirme ce qu'on peut regarder comme un fait bien établi en entomologie : des quantités considérables d’un certain genre d'insectes hé- miptères, la Cicada septendecim de Linné, apparut en juin dernier dans le voisinage de New-Haven et dans des en- droits où elles n’ont pas été vues depuis l’année 1845. Au mois de juin 1843, j'ai observé ici le même insecte en grande quantité ; et il est bien prouvé que pendant trois périodes au moins, 1l a régulièrement réapparu ici tous les dix-sept ans, et n’a pas élé aperçu dans les années in- termédiaires. Cet insecte remarquable reste dans sa larve ( 420 ) à l'intérieur de la terre et à l’état de chrysalide pendant dix-sept années ; il réapparaît régulièrement. Vous trou- verez un bon mémoire sur cet insecte dans l’ouvrage de F.-W. Harris, Traité des insectes de la Nouvelle- Angleterre, nuisibles à la végétation; in-8°, 1842. Cambridge, Massa- chusets, 1° édition. » Le 7 septembre 1860, une magnifique aurore boréale s'est produite ici dans la soirée, mais je ne l’ai point ob- servée après 9 heures du soir. On dit que, plus tard, il s'est formé une couronne lumineuse. » Note sur les principales perturbations magnétiques. de 1860, par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel de l’Académie. Les années 1859 et 1860 présentent un assez grand nombre de perturbations magnétiques. Les plus pronon- _ cées de 1860 ont été observées aux époques suivantes : 12 mars, 28 au 29 mars, 9 au 10 avril, 30 juin au 2 juillet, 7 au 15 août, 7 septembre, 16 septembre. On a observé en même temps deux aurores boréales à Bruxelles, le 9. avril et le 10 août , la même nuit qui est remarquable par le retour périodique des étoiles filantes. Je me bornerai à présenter ici quelques-uns des nom:- bres les plus marquants des perturbations de ces deux der- niers mois. (42 ) DÉCLINAISON. | NTENSITÉ | THERMOMÈTRE | DATES. HEURES. Échelle particulière. horizontale, Fahrenheit. d d 1860 , août 7 9h 10m matin. . . 65,74 245 6325 MMOPSS— Lo 57,87 6,37 63,4 OCEAN EE 58,40 7,33 63,9 1 Éd A EU Lu Pa bée ES 58,16 8,31 63,6 SNAO| SOIT MEME. 59,12 17,96 63,3 4 T—..... 48,94 28,00 63,2 RD re 59,57 17,00 63,1 GONE SE 6e 59,05 11,35 62,9 AMIS biidei al. nur: 58,54 9,30 62,3 NOIRS « 60,04 13,70 62,4 AO Midas + ser. 58,40 7,83 62,5 EAN PPAMENENES 58,74 11,47 62,1 Minuit 50 minutes. 59,54 5,80 61,2 = 44 | 9 O matin. . .. 61,58 7,63 61,0 SNOISUIE ee 58,98 10,55 62,0 2 097 Omalin. : . . 60,84 4,21 60,9 RU soirs. 41. 54,38 18,55 62,0: ACTA NE TA 38,62 8,44 61,8 — sept. 7 |. 9 O0 matin. ... 57,91 2,62 61,5 1 40 soir. . . . . 55,59 9,44 63,0 MES AR ES ie 53,178 9,90 64,3 = 15 DT OL, 5 4 61,90 11,70 62,1 — 16 9 Omatin.. .. 60,51 7,09 61,0 TE PAP EN 57,16 5,58 61,2 AALOISOI Le Rte 59,10 8,22 62,1 Il paraît, en outre, que, lors de la grande perturbation du mois d'août, on a éprouvé en Amérique plusieurs se- cousses de tremblement de terre. Les correspondances parlent d’une secousse ressentie, le 4 août, dans la Ca- roline et d’une autre au Kentucky, le 7 du même mois. À Brousse, en Asie Mineure, on a également ressenti ( 422 ) | deux secousses de tremblement de terre le 7 septembre. . Si l’on veut réduire les déclinaisons en valeur absolue, on pourra y parvenir facilement par la petite table suivante : 551 — 19° 38/5 60 — 19 26,9 65 — 19 15,5 Aurores boréales observées pendant le mois d'août 1860; communication de M. le professeur Heis, de Münster. 4. Aurore boréale du 8 au 9 août, observée à Naugardt (Prusse), par M. Klopsch, de 9 h. 40 m. à 10 h. 50 m.; à Münster et à Athènes par M. J. Schmidt, de 8 h. 1/2 à 10 h. Perturbations magnétiques observées à Prague, Paris, Pro- vence, Livourne et Rome. | 9. Aurore boréale du 9 au 10 août, observée à Nau- gardt, à Dramesberg (Prusse), par M. Feldt, de 40h. à 12h; à Lauenenbourg (Poméranie) , à Prague, par M. Karlinski, à Dresde de 9 h. ‘/: à 12 h., à Paris et à Athènes. 3. Aurore boréale du 10 au 11 août, observée à l’île de Vorderaey et à Paris (1). 4. Aurore boréale du 11 au 12 août, observée en West- phalie et à Prague. 5. Aurore boréale du 12 au 153 août, observée à Emden, par M. le docteur Prestel et à Rheine en Westphalie. 6. Aurore boréale du 14 au 15 août, observée à Athènes, (1) Cette aurore boréale a aussi été remarquée à Bruxelles, comme on peut le voir par l’article précédent. ( 425 ) par M. Schmidt. Tout le ciel fut éclairé par une lumière phosphorescente. 7 Aurore boréale du 25 au 26 août, de 7 ‘} à 10 'hh., observée à Velde en Westphalie. ——— Relevé des perturbations qui ont été constatées à Bruxelles dans le service des lignes télégraphiques les 8, 9, 10, 11 et 12 août 1860; communiqué le 13 août par M. Vin- chant, ingénieur en chef des télégraphes. Journée du 8 août. — Lignes de l’est : Interruption de 2 h. 55 m. à 4 h. 56 m. de relevée sur la ligne directe de Bruxelles à Berlin. Pas de dérangement sensible avec Liége, Verviers et Cologne. Lignes de l’ouest. — Mêmes heures : Interruption sur les trois lignes de Londres. Toutefois, sur l’un des fils, communication rétablie à 3 h. 50 m. On recevait de temps à autre des courants d’une certaine durée. Avec Ostende, Gand et Lille, légères perturbations. Lignes du midi. — Fil direct de Bruxelles à Paris par Quiévrain, Douai et Amiens : Interruption de 2 à 5 h. du sOIr. Fil direct sur Paris par Haumont et Saint-Quentin : In- terruption de 1 h. à 5 h. 50 m. De 5 à 6 h., perturbations fréquentes dans les communi- cations avec Mons, Valenciennes et Charleroi. Pas de dérangement avec la ligne du nord et la Hol- lande. Journée du 9 août. — Rien vers l’est ui vers le nord. Lignes de l’ouest. — Correspondance difficile, mais sans ( 424 ) interruption complète, à diverses reprises (midi, 2 h.30 m., 7 h: 50 m., 8 h. 58 m. du soir). Lignes du midi. — Mêmes observations. Journée du 10 août. — Rien au nord. Lignes de l’est, — Courant continu reçu dans les ap- pareils vers Berlin et Cologne, à 414 h. 20 m. et 41 h. 50 m. du soir. Le courant cesse vers 1 h. 30 m., ce qui permet de rétablir la correspondance. Lignes de l’ouest. — Même observation, à la même heure, sur les deux fils de Londres. — En outre, un cou- rant atmosphérique a été remarqué sur l’un d'eux entre 9 et 10 h. du matin, sur l’autre de 4 h. 50 m. à 5 h. du soir. Les fils du service intérieur ont participé plus ou moins à ces phénomènes, et la sonnerie de nuit de la station de Gand a résonné vers 11 h. 50 m. du soir. Un employé a été appelé et s’est mis en relation avec Bruxelles, qui lui a dit la cause de l’appel apparent. Le même appel était parvenu à Ostende, le 9, août vers 10° du soir. Journée du 11 août. — Rien au nord ni à l’est. Courants intermittents, de 9 à 140 h. du matin sur les lignes de Paris et de Londres. — L’interruption com- plète est de courte durée, mais l’effet persiste, de manière à gêner la correspondance pendant une partie de la ma- linée. Journée du 12 août. — Lignes de l’est : Courants inter- mittents sur le fil de Berlin de 10 h. du matin à 5 h. 50m. de relevée. — Mêmes courants sur le fil de Cologne vers 3 h. 30 m. Lignes de l’ouest : Même observation sur les trois fils de Londres, de 10 à 5 h. Lignes du midi : Même observation sur les deux fils de ( 425 }) Paris, de 40 h. du matin à 7 h. du soir.—On a pu échanger un certain nombre de télégrammes, mais il y a eu de fré- quentes interruptions. Dans le service intérieur, on à constaté des perturba- tions dans lesquelles la forte pluie à eu une certaine part. Il n’y à pas eu d'interruption complète. Pas d'observation pendant la nuit du 42 au 13. La nuit qui suit le dimanche est toujours sans besogne télégra- phique. Le télégramme météorologique d'Amsterdam signale une aurore boréale dans la soirée du 12, et une forte in- quiétude magnétique. — Il est remarquable que nous n'ayons pas eu de perturbation, pendant les cinq jours, . sur nos fils directs d'Amsterdam et de Rotterdam. Le 15 jusqu’à 10 h. 50 m. du matin, pas de perturbation. Occultation des pléiades, observée a l'Observatoire royal de Bruxelles, le 6 septembre 1860. Comme nous l'avons annoncé dans plusieurs de nos précédentes séances, M. Bache, associé de l’Académie et chargé de la triangulation des États-Unis d'Amérique, a demandé au directeur de observatoire royal de Bruxelles d'observer en correspondance l’occultation des pléiades. Nous donnerons ici les résultats obtenus le 6 septembre. Les heures sont données en temps sidéral de Bruxelles. Le ciel était peu favorable, nuageux pendant la pre- mière partie de la nuit et ensuite couvert d’un brouillard assez épais, qui n’a pas permis de prolonger les observa- ons après 2 heures du matin. NUMÉRO de IMMERSION EMERSION au au OBSERVATEUAS. L'ÉTOILE. bord éclairé. bord sombre. | 17 29h 39m 2154 EQ. » » » 21,5 H. | 34 23 10 21,3? EQ. | » | DPI LEO H. 41 . | 25 57 34,7 EQ. » | NE DE 17 4 | H. 42 | 23 58 35,2? EQ. » | » » 40,4? H. EMERSION AU SORD SOMBRE, 16 23h24m 5951 EQ. 17 23 35 59,1 AQ. | » » LD 900 EQ. 28 23 43 48,4 H. | | Les entrées des n* 34 et 42 sont notées comme fort douteuses. Il en est de même des sorties des n°® 21, 23 et 42. Sur les protubérances rouges observées pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860. Lettre de M. Lamont, associé de l'Académie, à M. Ad. Quetelet, directeur de l’obser- vatoire de Bruxelles. « Je suis occupé, en ce moment, à rédiger un mémoire sur l’éclipse totale de soleil du 48 juillet, que j'ai observée à Castellon-de-la-Plana, près de Valence, en Espagne; mais, comme probablement mon mémoire ne paraïtra pas avant la fin de l’année, j'ai pensé que des détails sur ce ( 427 ) phénomène remarquable pourront vous intéresser. Ce qui m'a fait entreprendre le voyage en Espagne, c'était prin- cipalement l’espéranee de pouvoir étudier les protubéran- ces rouges qu'on à observées dans la plupart des éclipses totales : je voulais en déterminer la position, la grandeur et les changements. Quant à l’observalion, toutes les cir- constances étaient aussi favorables que j'aurais pu le désirer: le ciel était parfaitement serein, l'atmosphère tranquille, et les protubérances se sont manifestées en assez grand nombre et avec un éclat magnifique. » À peine le soleil était-il couvert par le disque de la lune, que j'aperçus en a une protubérance couleur de rose, un peu pâle; la figure ressemblait à une montagne isolée. L’angle de position AS compté du nord par l’est était de 160’, et la hauteur fut estimée à une minute. Immédiatement après, Je remarquai en b une seconde protubérance com- posée d’un grand nombre de petits nuages blancs bordés d'une teinte rouge : l’angle de position était de 135°. Plus haut, en c, il y avait une protubérance d’un rouge vif, irrégulier, courbée un peu à l'extrémité extérieure : la position était de 50° et la hauteur de plus d’une minute. À l’ouest, il ne parut rien de remarquable au commen- cement; mais à 1" 42° secondes après le commencement de la totalité, la pointe d’une protubérance-rouge se mon- tra en d. L’angle de position était de 270°, et la hauteur augmenta assez rapidement, tandis que les protubérances a € c, qui d'abord semblaient ne pas changer de hauteur, commencèrent à diminuer, et disparurent quelques in- slants avant la fin de la totalité. Je dois encore ajouter que la forme de la protubérance a, sur laquelle j'avais spécia- (428 ) lement dirigé mon aitention, a changée totalement peu après son apparition, et qu'au lieu d’un seul cône, elle prit une figure qui avait quelque ressemblance avec une demi- lune, les deux cornes dirigées au dehors. » Je pouvais distinguer le contour de la lune cinq mi- nutes après la fin de la totalité, et je remarquais en par- tüiculier un petit nuage sur le bord de cet astre, à peu près à l’endroit où j'avais vu la protubérance c. » Quant à la nature des protubérances, mes observations n'ont fourni aucune indication que je puisse considérer comme décisive. On peut supposer que le soleil soit cou- vert de nuages dont la forme et la couleur changent in- stantanément et dont l’existence ne se manifeste pour nous que dans les éclipses totales. De cette manière on obtient une explication, mais la science n’y gagne rien. Il n’y a aucun phénomène qu'il ne serait facile d’expli- quer, s’il était permis d'introduire, sans aucun égard à analogie, les substances, les propriétés, les lois dont on aurait besoin dans chaque cas particulier. » Ce qui dans la science forme le but de nos recher- ches, ce n’est pas une simple explication, c’est la con- nexion des phénomènes, et il ne faut avoir recours à des substances et des lois nouvelles que quand il n’existe au- une analogie avec les phénomènes connus. » Dans le cas dont il s'agit 1c1, l’optique offre des phé- nomènes analogues. Les rayons du soleil en rasant le bord de la lune doivent nécessairement produire des phéno- mènes de diffraction et d'interférence; de plus la lumière qui parvient à l'observateur d'une éclipse totale, passe à travers une atmosphère remplie de vapeur plus ou moins condensée par la dépression de la température, cireon- slance dont j'ai indiqué les effets dans mon Jahresbericht ( 429 \ pour 1854 et 1858. Au reste, il faut convenir que l'appli- cation des lois connues de l'optique offre de grandes difli- cultés, parce qu’il est impossible dans l'expérience d’imiter les conditions qui existent dans la nature. Quant à moi, je ne doute pas que les lois de l’optique suflisent pour ex- pliquer les phénomènes des éclipses totales, mais je suis en même temps persuadé que les observations qui ont été recueillies jusqu'ici sont trop incomplètes pour servir de base à une théorie. » M. Carl, qui depuis trois ans observe assidüment, à l'observatoire de Munich, les taches du soleil, a reconnu qu'il n’y en avait qu'un très-petit nombre qui naissent ou disparaissent sur l'hémisphère visible : c’est sur l’hémi- sphère opposée que s’opèrent les grands mouvements qui produisent ou font disparaître les taches solaires. Ce fait remarquable fut annoncé pour la première fois dans les Astronomische Nachrichten n° 1237, et se trouve constaté par les observations faites depuis cette époque. M. Carl trouve le rapport des deux hémisphères : 1 : 19 pour les taches nouvelles, 1 : 26 pour les taches qui disparaissent. » À celle occasion, je ferai remarquer que l'hypothèse d'Arago selon laquelle la photosphère du soleil serait une couche de gaz inflammable est inadmissible, comme je lai fait voir dans une note présentée à l’Académie de Mu- nich en 1856 et publiée dans les Gelehrte Anzeigen de la même année. » | ( 430 ) Sur des débris d'animaux fossiles trouvés près de Nivelles. Lettre de M. Ch. Montigny, correspondant de l'Acadé- mie, à M. Ad. Quetelet. « Je vous prie de vouloir transmettre à la classe des sciences quelques indications sur la découverte du sque- letie d’un fossile du genre éléphant ou mammouth que l’on fit à Felhuy, près Nivelles, il y a plusieurs années, lors du creusement du canal de Charleroi à Bruxelles, sous le gouvernement des Pays-Bas. Ces indications m'ont été données par M. le docteur Cloquet, qui, à la vérité, n’habitait pas Felhuy à cette époque; mais il les a recueil- lies de plusieurs habitants de la localité : l’un d'eux a donné à M. Cloquet quelques débris du fossile. » Le squelette entier, paraît-il, a été trouvé dans le lit du canal que l’on creusait."La majeure partie des débris de ce squelette , après avoir été plus ou moins mutilés par les ouvriers, ont élé enfouis sous le rivage, à quelques pas du canal. Les pièces que M. le docteur Cloquet possède, et que j'ai vues récemment, consistent en portions de dents mo- laires volumineuses et une partie de défense. Les pre- mières sont formées de lames épaisses soudées ensemble: elles n’ont pas de racines. Le plus gros de ces fragments est encore composé de neuf lames. La partie de défense, qui paraît avoir été sciée vers l'extrémité la pius amineie de l'organe, a dix-huit centimètres de longueur environ. Son ivoire est en grande partie intact, quoique altéré en certains points... » (451) Synopsis des AGRIONINES, Dernière légion : PROTONEvRA ; par M. Edm. de Selys-Longchamps, membre de FAca- démie. Il y a quelques mois (2 juin 1860), je présentais à l’Aca- démie un premier travail sur les Agrionines, comprenant la première légion , celle des Pseudostigma. Je continue maintenant ce Synopsis, en apportant la description des genres et espèces de la dernière légion, celle des Protonevra. Les groupes les plus éloignés se trouvent ainsi ter- minés; et il me restera précisément à faire connaître les légions intermédiaires, dont les espèces sont fort nom- breuses, et sur la classification desquelles M. Hagen et moi ne sommes pas entièrement fixés, en ce qui concerne la série à suivre. C’est pourquoi je n’assigne pas encore de numéro d'ordre à la légion des Protonevra ; me bornant à la qualifier de derniére, parce qu'en elfet, par la simplicité de la réticulation des ailes, elle me semble se placer à la fin de la sous-famille, comme également à la fin de tous les Odonates. J’appelle incomplètes les Agrionines de cette sous-divi- sion, parce que, chez elles, le secteur inférieur du triangle est nul ou rudimentaire (1). —?— a ———— (1) Le secteur inférieur du triangle, lorsqu'il existe, est la veine longitu- dinale qui se détache du bord postérieur de l’aile ou de la première nervule basale transverse , au point à peu prés où l’aile cesse d’être pétiolée. Dans la plupart des groupes de Protonevra, il existe d’une façon rudimentaire, alorsil ne dépasse pas, en tous cas, le bout de l’espace qui se trouve au-dessous du quadrilatére, soit qu’il le divise parallèlement (sous-genres Peristicta. Dis- 2€ SÉRIE, TOME X. 30 ( 452 ) Sur les trente-deux espèces que je signale, cinq étaient décrites (une par Drury, une par Burmeister et trois par Rambur), mais les auteurs qui les ont eues sous les yeux n’ont pas remarqué le caractère important qui distingue leur réticulation de celle des autres Agrionidées et de tous les auires Odonates (1). Parmi les vingt-sept espèces décrites pour la première fois, il y en à treize que j'ai déterminées, et quatorze que M. Hagen m'a fait connaître. Mon fidèle collaborateur à étudié et dessiné avec soin la lèvre inférieure, la base des antennes et les appendices anaïs des mâles; et ces recher- ches m'ont permis d'améliorer et de compléter la elassifi- cation, que j'avais d'abord basée presque uniquement sur les détails de la réticulation des ailes. | Nous divisons la légion des Protonevra en trois grands genres, el dix sous-genres, qui Sont cantonnés géogra- phiquement dans les contrées tropicales des deux mondes. paronevra , Idionevra, Neonevra ; et cingespèces d’Allonevra ) ou obli- quement (sous-genres Palaemnema et Platysticta), ou qu’il y forme une petite cellule basale inférieure (chez cinq espèces d’Ællonevwra). Il est tout à fait nul chez les sous-genres Vososticta, Protonevra , et chez une espèce d’Allonevra. {1} C’est dans un travail concernant les Odonates de Cuba, et inséré par M. Guérin dans l’histoire des insectes de cette île (pages 470 et 471) que j'ai d'abord publié le genre Protonevra et fait connaitre le caractère qui dis- tingue cette légion. SOUS-ORDRE DES ODONATES, Fr. 2 ————— Fame 3m, — AGRIONIDÉES. ——— DM SOUS-FAMILLE. — AGRIONINES. 2e Division. NORMOSTIGMATÉES. Toujours un ptérostisma régulier, d’une seule cellule. (Taille généralement petite ou moyenne). 9me Sous-division. INCOMPLÈTES. Secteur inférieur du triangle nul ou rudimentaire, ne dépas- sant pas le niveau du bout du quadrilatère, qui est long, régu- lier. Arculus fracturé, les secteurs partant de la portion supé- rieure. Pas de secteurs supplémentaires interposés, excepté le postnodal. ; Patrie : Contrées tropicales des deux mondes et sud de l'Afrique. | Dernière Légion. —- PROTONEVRA. (Caractères de la sous-division.) Genre 1. — PLATYSTICTA, DE Sezys. Piérostigma épais en trapèze; son côté marginal plus court ( 454 ) que l'inférieur, surmontant une à quatre cellules. Le secteur inférieur du triangle consistant en une transversale oblique allant de bas en haut dans l’espace sous le quadrilatère. Lèvre inférieure arrondie, à lobes courts. Tête tronguée en avant; rhinarium grand horizontal. Yeux peu éloignés; article premier des antennes très-Court, en anneau. s* Appendices anals supérieurs en tenailles, le double plus longs que le 10" segment; les inférieurs un peu plus courts, minces. Patrie : Contrées tropicales de l'Amérique et de l'Asie. Sous-genre 1. — PALÆMNEMA , DE SELys. LisezLuLa, Drury. Lesres, Westwood. Ptérostigma plus long que large, arrondi en dehors ; oblique- ment pointu en dedans. Le secteur supérieur du triangle abou- tissant au bord postérieur au delà de la moitié de l'aile. Les cellules du bout des ailes assez serrées, plus hautes que larges. Les secteurs de l’arculus partant d'un même point, mais se séparant de suite, le bref seul légèrement fracturé. Cils des pieds longs, fins, nombreux. Patrie : Amérique tropicale. 17 groupe (P. PAULINA). Ptérostigma surmontant 2-4 cellules. Secteur inférieur du triangle finissant à mi-chemin environ du secteur nodal au ptérostigma. 1. PALÆMNEMA PAULINA, Drury. Lwercura PauziNa, Drury, 1, pl. 47, fig. 4. Lesres pauLina , Westwood, id. ibid. Abdomen 4imwm, Aile inférieure 51", os Adulté. Ptérostigma brun noirâtre, grand, surmontant quatre ( 455 ccllules. Le secteur supérieur du triangle aboutissant aux trois quarts des ailes, dont le quart apical est brun noirâtre, cette couleur plus claire contre les nervules; le quart qui précède un peu laiteux; les cellules nombreuses dans la partie opaque. Environ 30 postcubitales. Lèvre supérieure bleu pâle, bordée de noir ; le reste de la tête en dessus noir luisant. Prothorax avec une bande latérale bleue. Thorax noir en avant avec une bande humérale bleuûtre, les côtés jaunâtres avec une bande latérale médiane épaisse brune. Abdomen noirâtre, les 5-7° segments avec un anneau basal clair interrompu ; les 8e et 9e olivâtres; le 10° plus foncé. Appendices anals le double du 10e, noirs, épais à la base, penchés ensuite en pince; les inférieurs presque aussi longs, un peu courbés. Pieds jaunâtres ; fémurs noirs en dehors, les tibias en dedans. Q Inconnue. _ Patrie : Le Mexique, par M. Ghiesbregh; Honduras, d’après Drury. (Collect. Selys.) NB. Cette espece imite la Paraphlebia 20e, De Selys, qui appartient aux Agrio- nines complètes. Elle n’a rien de commun avec l’Euphæa paulina, de Rambur, qui cite mal à propos Drury, et qui , d’après le nombre de nervules antécubitales, est une Caloptérygine inconnue, probablement une Thore, peut-être voisine de ma Th. fastigiata, mais à ailes plus étroites. 2. PALÆMNEMA ANGELINA, DE SELYS. Abdomen 42. Aile inférieure 31. 9 Ptérostigma noirâtre, grand, surmontant deux cellules; le secteur supérieur du triangle aboutissant à peu près aux deux tiers des ailes, qui sont très-légèrement salies après le ptérostigma, où les cellules sont nombreuses. 22-24 posteubitales. Lèvre supérieure, rhinarium et épistome bleus ; le reste de la tête et une bordure fine à la lèvre noirâtres. Prothorax avec une bande latérale glauque. Thorax noir-acier en avant, avec une bande humé- rale glauque. Les côtés jaune verdâtre, avec une bande médiane latérale brune. Abdomen noiràtre, les segments 3-6e avec un anneau basal jaune; les 8° et 9° plus pâles en dessus. Appendices anals supé- rieurs le double du 10e segment, épais à la base, avec une dent supérieure; amincis et penchés en pinces ensuite; les inférieurs. un er 4 ( 436 ) peu plus courts, rapprochés. Pieds jaunâtres, l'extérieur des fémurs, l'intérieur des tibias noirs. Q Inconnue. Patrie : Guatémala. (Muséum de Paris.) NB. Espèce voisine de la Paulina. 2me groupe (P. MELANOSTIGMA). Ptérostigma surmontant une cellule. Secteur inférieur du triangle finissant un peu après l’origine du seeteur nodal, aux trois cinquièmes environ des ailes. 3. PALÆMNEMA MELANOSTIGMA, Hagen. Abdomen environ 59. Aile inférieure 27. o* Ptérostigma noirâtre; ailes à peine salies, assez étroites. 17- 19 postcubitales. Tête noire; une bande transverse blanche occupant le rhinarium et la base de la lèvre supérieure. Prothorax noir, avec trois marques latérales bleues. Thorax noir, avec une raie antéhumérale bleue étroite, courte, touchant le bord antérieur, et une latérale médiane blanc verdâtre. Abdomen noir; un demi-anneau étroit jaunâtre aux 2-6e segments ; les 8e et 9e bleus; le 10° noirâtre, moitié plus court. Appendices anals supérieurs en pinces; les inférieurs un peu plus courts, subcylindriques, presque droits, un peu écartés. Pieds li- vides , lavés de noirâtre aux articulations. Q Inconnue. Patrie : Puerto Cabello. ( Collect. Hagen.) Sous-genre 2. — PLATYSTICTA, DE SELys. DisparonEvra (Pars). Hagen, olim. Le secteur supérieur du triangle aboutissant au bord posté- rieur avant la moitié de l'aile. Les cellules du bout de l'aile carrées. Les secteurs de l’arculus partant d'une tige unique courte (présque nulle chez P. maculata ). Patrie : Asie tropicale. ( 437 ) 1® groupe (PL. MACULATA ). Les secteurs partant d’un même point de l’arculus, La tige presque nulle. Secteur sous-nodal fracturé; le rudiment du sec- teur inférieur du triangle partant de la 1” transversale; aïles un peu élargies. L'espèce est de Ceylan. . PLATYSTICTA MACULATA, Nietner. Disparonevra macuLara, Hagen, Verhdl. Wien. Zool. Bot. Ver., 1859, p- 206, n° 120. Abdomen o* 48, © 56. Aïle inférieure o" 53, Q 99. Secteur médian naissant un peu avant le prolongement oblique du nodus. Ailes un peu jaunâtres ; ptérostigma épais, à peine plus long que large, brun foncé, surmontant deux cellules aux supé- rieures, une aux inférieures. 22-25 postcubitales. g Tête noir luisant; la moitié basale de la lèvre supérieure, le rhinarium et le coin F mandibules blanc bleuâtre. Prothorax noir; la base et les côtés päles. Thorax noir, les côtés avec une bande médiane, une terminale et le dessous jaunâtres. Abdomen noir, grêle, avec un anneau jaune peu sensible aux segments 3-7°; le dessus des trois derniers segments bleu. Appendices anals noirs, les supé- rieurs le double du dernier segment, en pince un peu courbée, amin- cie au bout, subitement dilatés en lame inférieure dans leur seconde moitié. Les inférieurs plus courts, avec un tubercule basal interne, le bout courbé en dedans, pointu. Pieds brun noir, base et dessous des fémurs jaunes; cils brun pâle. ® Prothorax à bord antérieur plus renflé. Abdomen plus court, sans taches bleues aux 8° et 9e, le 10° bleu en dessus, très-court, avec un pli au bout. Appendices très-forts, triangulaires, de la lon- sueur du 10e segment. Valvules étroites dépassant l'abdomen, à peine dentelées au bout en dehors. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. ( Collect. Hagen, Selys.) 92me groupe (PL. HILARIS). Les secteurs de l’arenlus partant d'une même tige; secteur (438) sous-nodal non fracturé; le rudiment de secteur inférieur du triangle partant de la première transversale. Aïles étroites. Les quatre espèces ont été prises à Ceylan par M. Nietner, de même que celle du groupe précédent. 5. PLATYSTICTA TROPICA, Hagen. Abdomen 41. Aile inférieure 26. d' Ptérostigma noirâtre assez long. 13-15 postcubitales. Secteur médian naissant un peu avant le prolongement oblique du nodus. Tête noir bronzé, lèvre supérieure, rhinarium, coin des man- dibules blanchâtres avec une très-étroite bordure brune à la lèvre. Prothorax bronzé, varié de noir; le lobe postérieur noir bronzé; le bord antérieur relevé de chaqne côté en une lame pédicellée longue. Thorax noir brun en avant, les côtés et le dessous jaunes avec une bande médiane latérale bronzée. Abdomen brun bronzé; les segments 3-7° avec une lunule basale oblitérée jaunâtre ; 9 avec une grande tache basale et une terminale bleues en dessus; base du 10e bleue en dessus. Appendices anals supérieurs bruns, ayant plus que le double du dernier segment, penchés en pince après la base, excavés ct dilatés en lame interne dans leur seconde moitié. Les inférieurs moitié plus courts, minces, pointus, presque droits avec une pointe basale. Pieds olivâtres, l'extérieur des fémurs plus foncé. Q Inconnue. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. (Collect. Hagen et Selys.) NB. Remarquable par la forme unique jusqu'ici du bord antérieur du pro- thorax , l'absence de dent aux appendices supérieurs , la finesse des inférieurs. 6. PLATYSTICTA MONTANA, Hagen. Abdomen 5° 45, © 57. Aile inférieure © 28, © 26. o Piérostigma jaune brunâtre, un peu plus long que large; 16-18 postcubitales. Secteur médian naissant un peu avant le prolongement oblique du nodus. Tête noir bronzé, milieu du vertex brun foncé; coins de la bouche, rhinarium et lèvre supérieure blanc un peu verdàtre, celle-ei avec une très-fine bordure antérieure brune. Prothorax brun bronzé plus (439 ) élair sur les côtés au milieu. Lobe postérieur coupé obliquement sur les côtés. Thorax noir bronzé en avant; les côtés et le dessous jau- nâtres sans bande foncée. Abdomen noir bronzé, la base des segments 3-7° jaunâtre; les trois derniers segments brunâtres, le 10° bleuâtre en dessus, très-court. Appendices anals noirâtres, les supérieurs ayant plus du double du dernier segment, penchés en pinces courbées après la base, excavés et dilatés inférieurement en lame vers leurs deux tiers, munis d’une dent supérieure au niveau de l’origine de la dilatation. Les inférieurs un peu plus courts, épais à la base, où ils portent une dent, minces et un peu courbés l’un vers l’autre ensuite, leur bout un peu élargi. Pieds jaunûâtres, les articulations et l’ex- térieur des fémurs plus foncés. © Jeune. Semblable au mâle; ptérostigma jaune. Pas de bleu au bout de l’abdomen; le 10° segment non fendu. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. ( Collect. Hagen et Selys.) NB. Tres-voisine de Pl. hilaris, diffère surtout par le prothorax foncé, les côtés du thorax sans bande foncée, les appendices, le point de naissance du secteur médian. 7. PLATYSTICTA æRILARIS, Hagen. DispaRONEVRA HiLaris, Hagen. Verhdl. Wien. Zool. Bot. Ver., 1859, p. 207, n° 40. AGRION — Hagen , 1b. 1858 , p. 479, n° 40. Abdomen o° 40-45; © 56. Aile inférieure 25. Secteur médian naissant du prolongement oblique du nodus. Ptéro- stigma gris brun, assez long; 45 postcubitales. o Tête noire, la moitié basale de la lèvre supérieure, le rhina- rium et le coin des mandibules blanc jaunâtre. Prothorax pâle, tout son lobe postérieur noir bronzé, arrondi. Thorax bronzé en avant, les côtés et le dessous jaunâtres, avec une bande latérale médiane noire. Abdomen brun bronzé, avec une petite tache basale double aux segments 3-7°; bout du 8° segment et dessus des 9e et 10e bleus. Appendices anals supérieurs ayant le double du dernier segment, assez élargis et tronqués au bout; ayant à leur seconde moitié, en dessus, une dent. Les inférieurs un peu plus courts, dentés à la base, (410) minces, courbés et pointus en dedans au bout. Pieds olivâtres, l'ex- térieur des fémurs un peu plus foncé. © Pas de bleu au bout de l’abdomen ; le 10° segment tronqué au bout, un peu fendu. Appendices anals ur. bruns, courts, écartés. Valvules étroites à peine dentelées au bout, dépassant l'abdomen. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. ( Collect. Hagen, Selys.) 8. PLATYSTICTA DIGNA, Hagen. Abdomen 35. Aile inférieure 23. o Ptérostigma brun olivâtre, finement bordé de blanc, plus long que large. 15-16 postcubitales. Secteur médian naissant du prolonge- ment oblique du nodus. Tête noire ; coins de la bouche, rhinarium et Ée. supérieure jau- nâtres; cette dernière à peine plus foncée à son bord antérieur. Prothorax jaunâtre; le lobe antérieur arrondi, élevé, le postérieur bronzé. Thorax brun bronzé en avant, les côtés et le dessous jau- nâtres (peut-être bleuâtres après la suture humérale). Abdomen brun, les 2-7° segments jaunäâtres à la base, leur extrémité noire; 8° noirâtre; 9e et 10e bleus en dessus, ce dernier très-court. Ap- pendices anals noirâtres ; les supérieurs ayant plus du double du 10° segment, courbés après leur moitié, où ils sont excavés; la pointe plus pâle, dilatée, arrondie, excavée en dedans; les inférieurs assez larges, droits, avec une pointe basale, ct #ne forte dent interne à leur milieu. Pieds médiocres, jaunâtres, un peu plus foncés aux articulations. Q Inconnue. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. (Collect. Hagen.) NB. Voisine de PI. tropica ; diffère surtout par la dent médiane des appendices inférieurs. 3e groupe (PL. QUADRATA ). Les secteurs de l'arculus partant d'une même tige. Secteur sous- nodal non fracturé ; le rudiment de secteur inférieur du triangle naissant du bord postérieur plus loin que la première transver- sale. Ailes très-étroites. L'espèce que je déeris est de Singapore. (4H) 9. PLATYSTICTA QUABRATA, De Selys. Abdomen 35. Aile inférieure 21. a Ptérostigma presque carré, noir, finement entouré de blanc. 11-12 postcubitales. Le secteur médian naissant wn peu après le prolongement oblique du nodus. Tête noire; le rhinarium et la lèvre supéricure blanc verdâtre ; celle-ci largement bordée de noir luisant. Prothorax jaunâtre, son lobe postérieur noir. Devant du thorax noir bronzé, les côtés et le dessous jaunâtres, avec une bande latérale médiane noir bronzé. Abdomen noirâtre, un anneau basal jaunâtre et un submédian aux segments 2-7°; la seconde moitié du 8° et le dessus du 9: bleus. Appendices anals noiràâtres, les supérieurs le double plus longs que le 10°, légèrement courbés en pinces vers le bas; une dent supé- rieure aiguë à la première moitié; le bout un peu aplati, dilaté; les inférieurs aussi longs, pâles à la base avec un tubercule, subcylin- driques, le bout courbé, échancré, précédé d’une dent interne. Pieds livides, les articulations et une marque aux fémurs noirâtres. Q Inconnue. Patrie : Singapore, par M. Wallace. ( Collect. Selys.) Genre 2. — ALLONEVRA, DE Sezys. Ptérostigma médiocre, rhomboïidal ou en losange, son côté marginal égal à l'inférieur ou plus long, surmontant une cellule (rarement deux cellules). Le secteur inférieur du triangle con- sistant en une veine parallèle au bord, divisant l'espace qui est sous le quadrilatère, en partant de la première transversale, ou bien courbé vers le bas et atteignant le bord avant la fin de cet espace (ou bien manquant tout à fait). Lèvre inférieure arrondie, à lobes courts. Tête non tronquée en avant; rhinarium petit, vertical. Yeux très-distants. os Appendices anals supérieurs épais , irrégulièrement tri- gones, non semi-circulaires (rarement plus longs que le 10° seg- ment). L ( 442) Patrie : Contrées tropicales des deux mondes et sud de PAfrique. Sous-genre 1. — PERISTICTA, HaAGEn. Secteurs de l'arculus naissant d’une même tige et restant réunis pendant un court espace; le supérieur du triangle abou- tissant aux quatre ailes à leur moitié; le bref notablement frac- turé dans sa seconde moitié; le rudiment de secteur inférieur naissant de la première transversale et divisant en deux espaces superposés le dessous du quadrilatère. Ptérostigma rhomboïdal, un peu plus court que la cellule qu'il surmonte; sa nervule in- terne non prolongée en dessous. Ailes courtes; un peu élargies. Premier article des antennes aussi long que le second. o Appendices supérieurs plus longs que le 10° segment, épais et dentés en dedans à la base, minces ensuite, formant une pince _très-peu courbée; les inférieurs nuls. Patrie : Brésil. 10. PERISTICTA FORCEPS, Hagen. Abdomen 24. Aile inférieure 15. œ Ptérostigma jaunâtre, brun au milieu, très-aigu en dehors contre la côte; 10-12 postcubitales; secteur supérieur finissant 3-4 cellules après le niveau du nodus. Tête noire en dessus, bord de la lèvre supérieure, rhinarium, devant du front et deux petites taches près des antennes rougeûtres. Prothorax noir, taché de rouge. Thorax noir, une large bande anté- humérale et une large latérale médiane rougeûtres., et, en outre, une fine ligne humérale jaune. Abdomen noir, avec une lunule basale jaune aux segments 3-6°; le 10e jaunâtre au centre en dessus, le bord élevé et échancré au milieu. Appendices supérieurs jaunâtres, noirs au bout; leur moitié basale forte, excavée en dedans, puis formant une dent inférieure interne au premier tiers; le bout mince, un peu en pince. Pieds (manquent). Q Inconnue. Patrie : Brésil. (Colleet. Hagen.) (415) Sous-genre 2. — DISPARONEVRA, DE SErys. AGRION (Pars). Burm. ARGta (Pars). Ramb. Secteurs de l’arculus naissant séparés ; le secteur supérieur du triangle finissant à la moitié de l'aile, le bref notablement fracturé ; le rudiment du secteur inférieur naissant de la première transversale, et divisant en deux espaces superposés le dessous du quadrilatère. Ptérostigma rhomboïdal allongé, un peu plus long que la cellule qu'il sarmonte ; sa nervule interne prolongée obliquement en dessous. Premier article des antennes aussi long que le second. Pieds médiocres, à cils longs, au nombre de 8 au moins. o* Appendices supérieurs de la longueur du dernier segment, épais, irrégulièrement érigones, à pointe dirigée en dehors; les inférieurs un peu plus longs, plus minces. Q Lobe postérieur du prothorax quadrifide. Patrie : Afrique australe et Asie tropicale. ler groupe (D. GLAUCA). Secteur supérieur du triangle finissant avant la moitié des ailes, qui sont étroites. Abdomen très-long. Les espèces sont de l'Afrique australe. 11. DISPARONEVRA GLAUCA, Burm. Acrion ccaucum, Burm., n° 17. — Drégé, Catal., 1511. AGRION FRENULATUM, Drégeé, Catal. Abdomen © 28, 9 29-31. Aile inférieure o° 20, Q 21-22. Ptérostigma brun, un peu plus foncé au centre, rhomboïde ; 12-14 postcubitales; le rudiment de secteur inférieur du triangle parallèle au quadrilatère, même à son extrémité, où il finit presque au milieu de la transversale qui prolonge le côté externe du quadrilatère. Tête noirâtre en dessus; lèvre supérieure obscure. Derrière des yeux pâle. Prothorax noirâtre, plus pâle de côté. Thorax noirâtre en ( 444 ) avant; avec apparence d’ine bande antéhumérale pâle et une fine ligne humérale rougeâtre. Les côtés pâles, avec une raie médiane noire. Abdomen grêle, noir, avec une raie dorsale fine sur Les seg- ments 5-8°, ne touchant pas le bout des segments. Pieds à fémurs pâles en dessous ; tibias pâles en dehors. o Adulte. Une bande transverse aux ocelles, une partie du pro- thorax, le devant du thorax, une raie posthumérale, la base de l'abdomen saupoudrés de bleuâtre. Bord postérieur du prothorax wn peu sinué aux côtés ef au milieu ; 10° segment court, son bord arrondi au milieu, sinue de côté. Appendices supérieurs noirs, formant en dessus une plaque triangulaire aiguë au bout, divariquée en dehors, ayant vers la moitié interne une très-forte dent penchée en bas. Les inférieurs très-courts, leur bout interne cylindrique, recourbé subi- tement en haut l’un contre l’autre. © Adulte. Bord postérieur du prothorax quadrifide , une ligne ex- terne pâle aux fémurs. La ligne dorsale jaune de l'abdomen prolongée jusqu’au bout et élargie sur les trois derniers segments. Appendices très-courts, pâles. Valvules non dentelées, ne dépassant pas l'abdomen. Jeune : Ptérostigma plus pâle. Tête brun clair. Une raie transverse aux ocelles et une à l’occiput noirâtres. Prothorax pâle avec une raie latérale noire. Thorax jaunâtre avec une ligne dorsale, une raie antéhumérale rapprochée, isolée, deux bandes humérales très-rap- prochées et deux raies latérales noirâtres. Les six premiers segments de l'abdomen blanchâtres, avec les articulations et les stigmates pos- térieurs noirs; le 7° noir avec une ligne dorsale blanche; 8e, 9%, 10e blancs en dessus, ainsi que les appendices. Pieds blanchâtres, l’intérieur des tibias, les tarses et une ligne extérieure souvent double aux fémurs , noirâtres. Patrie : Cap de Bonne-Espérance, par Drégé. — Port natal. (Collect. Selys, Hagen.) NB. Le jeune âge, par sa coloration, imite bien la Platycnemis pennipes au même âge. 12. DISPARONEVRA FRENULATA, Hagen. Abdomen 26. Aile inférieure 17. Adulte. Ptérostigma brun, plus foncé au centre; 41-15 post- ( 445 ) cubitales. Le rudiment de secteur inférieur du triangle courbe vers le bas, au point de toucher à peu près le bord à son extrémité, où il rencontre la transversale qui prolonge le côté externe du quadrila- tère. Tête noirâtre en dessus, une marque entre les ocelles et les yeux, et le derrière de ceux-ci bruns. Prothorax noir. Lobe postérieur court, déprimé, un peu plissé au milieu, coupé obliquement aux côtés. Thorax noir en avant, les côtés livides, avec une raie médiane noire. Espace intcralaire saupoudré de bleu. Abdomen grêle, noir avec une ligne dorsale pâle très-fine du 2° au 5° segment, reparaissant sur le 8°. Bord du 10° échancré de chaque côté et un pli longitudinal au milieu. Appendices supérieurs noirs, formant en dessus une plaque subtriangulaire un peu conique, aiguë au bout, un peu en dehors ayant, vers la moitié interne, une forte dent penchée vers le bas. Les inférieurs très-courts, leur bout interne cylindrique, recourbé subi- tement en haut l’un vers l’autre. Pieds noirs ; fémurs postérieurs un peu pâles en dedans co" Jeune : Ptérostigma plus pâle. Tête pâle, une raie étroite en avant des ocelles et une en arrière brunes. Prothorax avec une bande latérale noirâtre. Thorax pâle en avant, le milieu noir, à arête pâle; une ligne humérale noire; les côtés avec une bande post- humérale et une ligne médiane brunes. Abdomen blanchâtre, les incisions et deux marques apicales sur les segments 2-6e noires (le reste manque). Pieds pâles, fémurs bilignés de noir. Q Inconnue. Patrie : Cap de Bonne-Espérance, par Tollin. (Collect. Hagen.) NB. Espèce difficile à distinguer de la glauca. Elle en diffère surtout par quel- ques détails dans la forme du prothorax , du 10€ segment et des appendices anals supérieurs. J'ai cru aussi trouver un caractère dans la direction du rudiment de secteur inférieur du triangle, mais il faudrait voir un plus grand nombre d’exem- plaires. we groupe (D. QUADRIMACULATA). Secteur supérieur du triangle finissant aux {rois cinquièmes des ailes, qui sont arrondies. Abdomen médiocre. L'espèce est de l'Inde. (446) 15. DiISPARONEVRA QUADRIMACELATA, Ramb. ARGIA QUADRIMACULATA , Ramb., n° 2 5. Abdomen 29-30. Aile inférieure 20-992. Ptérostigma assez épais jaunâtre. Environ 15 posteubitales. Coloration brun clair; prothorax roussâtre avec une bande latérale noire. Thorax avec une ligne dorsale, deux antéhumérales, deux humérales et deux latérales noirâtres. Abdomen ayant les articula- tions, les stigmates postérieurs noirâtres, et des taches latérales aux 8° et 9° segments de même couleur. Intérieur des tibias et une ligne externe aux fémurs brun foncé. o* Une large bande transverse brune aux ailes, entre le nodus et le ptérostigma, plus rapprochée de celui-ci aux inférieures. Appen- dices anals supérieurs formant en dessus une plaque subtriangulaire un peu aiguë en dehors au bout, prolongés en dedans inférieurement en une dent longue, aiguë, noire au bout. Les inférieurs en lame étroite, recourbée au bout en dedans. Abdomen à articulations et segments noirâtres. Lobe postérieur du prothorax arrondi. Q Ailes sans bande brune. Une bande transverse noirâtre au vertex et à l’occiput. Abdomen brun foncé en dessus sur les six pre miers segments; un demi-anneau à la base des segments, un autré avant la fin, et une arête dorsale jaunâtres. Prothorax à bord posté- rieur largement échancré, formant deux lobes redressés suivis de deux lobes postérieurs déprimés. Patrie : Bombay, ancienne collection Serville. Inde, par M. Wal- lace et Hügel. (Collect. Selys et Musée de Vienne.) Sous-genre 3. — ALLONEVRA, DE SELys. ARGIA (Pars) Ramb. Disparonevra (Pars) Hagen olim. Secteurs de l’arculus plus ou moins séparés dès leur naïssance, le bref très-fracturé, le supérieur du triangle finissant un peu avant ou à la moitié de l'aile ; le rudiment de secteur inférieur du triangle naissant de la première transversale et divisant en deux espaces superposés celui qui forme le dessous du quadrilatère, (AT) ou bien courbé vers le bas et atteignant le bord avant la fin de cet espace, ou bien.(rarement) manquant tout à fait. Premier article des antennes un peu plus court que le second. Pieds longs ou médiocres, à cils longs, au nombre de huit ou plus. g Appendices supérieurs à peu près de la longueur du dernier segment, épais, irrégulièrement trigones ou bifides, non en tenailles ; les inférieurs plus minces, à peu près de la même lon- gueur. Patrie : Asie tropicale et Malaisie. 1er groupe (A. GOMPHOÏDES). Secteur supérieur du triangle finissant à la moitié environ de l'aile où un peu auparavant; ptérostigma en losange surmontant à peu près deux cellules. Pieds longs. o Appendices supérieurs presque égaux aux inférieurs. Les deux espèces sont des Neelgherries (Inde continentale) et peuvent à la rigueur constituer deux sections de groupe, à cause de la différence qui existe entre le secteur inférieur. 1. Secteur inférieur du triangle parallèle au quadrilatère et divisant en deux l’espace que celui-ci surmonte. 14 ALLONEVRA VVESTERMANNI, Hagen. Abdomen 51. Aile inférieure 55. g Ptérostigma noirâtre; 27 postcubitales; ailes hyalines. Tête noire; lèvre supérieure noir bronzé; côtés de la bouche et une large bande inférieure au front (interrompue au milieu) bleus. Prothorax noir, à bord antérieur bleu. Thorax noir en avant, avec une raie antéhumérale bleue, ne touchant pas le haut; les côtés bleus, avec une raie médiane noire, prolongée sous les ailes infé- _rieures. Abdomen grêle, noir; côtés du 1er segment, bord final du 2e, un anneau basal (interrompu au milieu) sur les 3-6°, moitié finale du 7e et les trois derniers bleus. Appendices noirs ; les supé- rieurs noirs, forts, droits, formant en dedans une branche ou dent supérieure médiane courte, le bout de la branche inférieure arrondi en dessus; les inférieurs égaux, épais à la base, minces et courbés Qme SÉRIE, TOME X. 51 (448 ) en dedans au bout. Pieds noirs; tibias un peu pâles en dehors. : Q Inconnue. Patrie : Les montagnes bleues de Neelgherries, à l’ouest de Madras. Donnée à M. Hagen par M. Westermann. NB. La plus grande espèce du genre , très-analogue à la gomphoïdes, dont elle diffère bien par la taille et la direction du rudiment de secteur inférieur. ( 2. Secteur inférieur du triangle réduit à une nervule courte, courbée en bas, et finissant avant la moitié du quadrila- tère en formant une cellule marginale isolée. 15. ALLONEVRA GOMPHOÏDES, Ramb. ArçtA compmoïres, Ramb., n° 5. Abdomen 39. Aile inférieure 29. is © Ptérostigma jaunâtre; 20-26 postcubitales. Ailes légèrement jaunûtres. Tête noire; lèvre supérieure jaune entourée de noir ; côtés de la bouche jaunes. Épistome noir luisant; une bande jaune inférieure au front. Prothorax noirâtre avec le bord antérieur, deux taches mé- dianes et le lobe postérieur jaunes. Thorax noir en avant, avec une bande antéhumérale orangée ; les côtés jaunâtres avec une raie mé- diane brune. Abdomen grêle, noir bronzé; les articulations jaunà- tres, interrompues; 8° segment bleu en dessus; 9 avec une tache analogue. Appendices supérieurs droits, forts, divisés en deux bran- ches, dont la supérieure courte, l’inférieure penchée, courbée, à bout tronqué, obtus; les appendices inférieurs aussi longs, échancrés à la base. Pieds noirâtres ; fémurs jaunâtres en dedans; tibias bruns en dehors. Q Inconnue. Patrie : Neelgherries, par Perrotet. (Collect. Selys.) 2me groupe (A. TENAX). Secteur supérieur du triangle finissant un peu avant la moitié de l'aile, après le niveau du nodus. L'inférieur du triangle paral- lèle au quadrilatère, et divisant en deux l’espace que celui-ci surmonte. Ptérostigma surmontant une cellule ou un peu plus. Pieds longs. s Appendices supérieurs plus courts que les inférieurs. Ce groupe, de Ceylan, se compose de trois espèces recueillies par M. Nietner. 16. ALLONEVRA TENAX, ilagen. AGrion TENAx , Hagen Verhandl. Wien. Zool. Bot. Fer. 1858, ne 39. Diparonevra TENAx , Hagen , ibid. 1857, n° 39. Abdomen 35-59. Aile inférieure 25-26. Ptérostigma noirâtre, en losange allongée; 19-21 posteubitales. Ailes parfois un peu enfumées. D'un noir un peu bronzé, varié de rouge ainsi qu’il suit : les yeux, deux bandes transverses subinterrompues allant d’un œil à l’autre, l’une sur l’épistome, l’autre aux ocelles; une raie latérale maculaire au prothorax, dont le lobe postérieur est tronqué ; une raie antéhumérale dans son prolongement, et deux raies presque équi- distantes de chaque côté du thorax, la postérieure plus jaune; un vestige dorsal médian au 2e segment, et un point basal aux 3-4°. Le 10° un peu avancé et déprimé au bout. Appendices supérieurs dola- briformes, de la longueur du 10e segment, épais à la base, leur moitié apicale subitement amincie, inclinée en dehors, le dessous comprimé en plaque triangulaire; les inférieurs plus longs, penchés en bas, comprimés, courbés au bout en dedans. Pieds noirs, tibias postérieurs bruns en dehors. © Les bandes d’un jaune vif, lèvre supérieure jaune, bordée de noir. Bord postérieur du prothorax très-échancré, formant deux lobes latéraux relevés et deux latéraux penchés; Intérieur des fé- murs et extérieur des tibias livides ; 40° segment très-fendu. Appen- dices très-courts; un vestige jaunâtre au 9° segment. Valvules dente- lées, courtes. Le ptérostigma finement entouré de jaune. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. (Collect. Hagen et Selys.) 17. ALLONEVRA CENTRALIS, Hagen. DisraronevrA cenrTRaLis , Hag. ’erhandl., etc., p. 207, n° 121. Abdomen 53. Aile inférieure 24. Ptérostigma assez épais, rhomboïde, brun noirâtre, plus clair à l'entour ; 47-419 postcubitales; ailes hyalines. ( 450 ) Noir, varié de jaune pâle ainsi qu'il suit : une bande allant d'un œil à l’autre sur l’épistome; une raie latérale au prothorax ; deux raies latérales au thorax, la postérieure plus mince; des marques latérales à la base de l'abdomen. co Lobe postérieur du prothorax arrondi, les côtés échancrés; 10° segment court, presque tronqué. Appendices supérieurs de la lon- gueur du dernier segment, globuleux à la base, subitement amineis ensuite par une échancrure externe, le bout pointu; le dessous en lame triangulaire; les inférieurs plus longs, penchés en bas, aplatis en dessus, le bout un peu rétréci, très-subitement courbé en dedans. Pieds noirs. © Bord postérieur du prothorax échancré en deux lobes aigus relevés. 10° segment à peine échancré. Appendices forts, très-courts. Valvules courtes dentelées. ® Très-jeune. Partie du front, apparence de bandes antéhumé- rales, partie de l’abdomen et pieds livides. Ptérostigma blanchätre, obscur au milieu. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. (Collect. Hagen et Selys.) 18. ALLONEVRA CÆsIA, Ilagen. Abdomen 54. Aile inférieure 25. ® Très-adulte : Ptérostigma noir, en losange. 17-18 posteubi- tales. Ailes hyalines. Noir. Yeux bleus (sur le vivant), une tache jaune entre les yeux et l'épistome. Prothorax saupoudré de bleu, à lobe postérieur ar- rondi. Thorax saupoudré de bleu. Bord du 40° segment tronqué. Appendices supérieurs un peu plus courts que le 10° segment, glo- buleux à la base, subitement amincis en une pointe courte extérieure, vus en dessus; ayant en dessous une lame triangulaire échancrée à la base. Les inférieurs plus longs, penchés en bas, le bout très- aminci, subitement courbé en dedans, la base épaisse. Pieds noirs, intérieur des fémurs pulvérulent. Q Inconnue. Patrie : Ceylan, par M. Nietner. (Gottéet. Hagen. ) NB. Voisine d® la centralis ; en éliminant le caractère du thorax saupoudré de (451) bleu , qui n’appartent certainement qu’à l'adulte, on trouve encore des différences spécifiques dans la forme du bord postérieur du prothorax et duns celle des appen- dices anals. Se groupe ( A. COLLARIS). Secteur supérieur du triangle finissant un peu après le niveau du nodus; avant la moitié de l'aile. Ptérostigma surmontant une cellule ou un peu plus. Pieds médiocres. he Appendices supérieurs plus courts que les inférieurs, Je connais sept espèces, toutes de la Malaisie et recueillies par M. Wallace (1). \ 1. Le rudiment de secteur inférieur du triangle parallèle au qua- drilatère, et divisant en deux l’espace au-dessous de celui-ci. 19. ALLONEVRA anauIS, DE Selys. Abdomen co 51, © 27. Aile inférieure 18. Ptérostigma en losange assez allongée, noirâtre; un peu plus clair à l’entour, surmontant une cellule; secteur supérieur du triangle aboutissant à une cellule plus loin que la veine transverse qui part du nodus ; 14 postcubitales. o Noirâtre; lèvre supérieure et une large bande au vertex, côtés du prothorax ({e milieu du lobe postérieur restant noir), bande anté- humérale large, un peu fourchue en haut et deux latérales orangées. Une tache orangée ovale, pointue en arrière, de même couleur au 2e segment. Un triangle aux 9e et 10° jaunes, ainsi que des vestiges de demi-anneaux aux segments intermédiaires. Appendices supérieurs pâles, très-épais et globuleux en dessus, le bout en pointe externe courte en dessus, et une longue pointe interne penchée en bas près de l'extrémité ; les inférieurs comprimés , penchés, à pointe subitement (1) Les espèces de ce groupe sont difficiles à distinguer ; les caractères qui m'ont fourni les moyens de les séparer sont : la direction du rudiment de secteur inférieur ou sa nullité; le point où aboutit le secteur supérieur; la forme du ptéro- stigma ; le dessin de la lèvre, de l’épistome et du vertex; celui du prothorax; la raie antéhumérule claire; la coloration du 2€ et des derniers segments de l’abdo- men; enfin la forme des appendices anals des mâles et du prothorax des femelles. (452) courbée en dedans. Intérieur des fémurs, extérieur des tibias jau- nâtres. Q Lobe postérieur du prothorax très-largement échancré, les côtés formant deux lobes élevés en pointe et deux lobes déprimés. Bandes du thorax d’un vert pâle; la tache du 2e segment en raie. Appendices courts, larges. | Patrie : Mont Ophir, à Malacca, par M. Wallace. (Collect. Selys.) NB. Cest la seule espèce dont le secteur inférieur du triangle traverse tout l'espace sous le quadrilatère et dont le mâle ait, aux appendices supérieurs , une dent inférieure très-rapprochée de l'extrémité. $ 2. Un seul espace sous le quadrilatère, le rudiment de secteur inférieur courbé en bas, et finissant de suite en formant une cellule marginale (rudimentaire à l’une des ailes chez un exemplaire de collaris). Cette organisation est la même que celle de V4. gomphoïdes, n° 15.) 20. ALLONEVRA NOTOSTIGMA, De Selys. Abdomen 93. Aile inférieure 17. Ptérostigma en losange allongée, brun noirâtre, un peu plus clair à l’entour, surmontant une et demie à deux cellules ; cellule margi- nale formée par le secteur inférieur assez longue ; secteur supérieur aboutissant aux ailes supérieures une cellule plus loin que la veine transverse qui part du nodus; 15-16 postcubitales. Lèvre supérieure claire; 9e et 10° segments obscurs. o Lèvre supérieure bleue. Un point latéral orangé (ou oblitéré) au vertex. Prothorax noir avec une large bande latérale bleu pâle. Bande antéhumérale bleu pâle, large en bas, pointue en haut, les deux latérales verdâtres. Une tache étroite oblongue au 2° segment, le reste et les appendices noirâtres. Les supérieurs épais, coniques, pointus, ayant en dessous une pointe inférieure médiane recourbée. Les inférieurs comprimés en lame, penchés, à pointe également comprimée, le bout courbé en dedans. Extérieur des tibias bleuâtre. © Lèvre supérieure roussâtre clair, un trait au vertex et un point latéral jaunâtres. Lobe postérieur du prothorax échancré, les côtés de l’échancrure redressés en pointes coniques peu éloignées, sans ( 495 ) lobes postérieurs. Bande humérale jaunâtre plus étroite; crête des 2% et 3e segments pâle. Intérieur des fémurs, extérieur des tibias brun roussâtre. Appendices obtus, pâles. Patrie : Singapore, par M. Wallace. ( Collect, Selys,) NB Différe des espèces voisines par le ptérostigma plus long , les appendices supérieurs du mâle plus régulièrement coniques en dessus. 21. ALLONEVRA VERTICALIS, De Selys. Abdomen 29. Aile inférieure 181/,. o* Ptérostigma brun foncé, en losange allongée, assez épais, sur- montant une cellule; cellule marginale formée par le secteur infé- rieur assez large aux ailes supérieures, plus petite aux inférieures ; le secteur supérieur aboutissant aux ailes supérieures au prolon- gement de la veine transverse qui part du nodus; 15-16 postcubi- tales. Lèvre supérieure et bande à l’épistome rousses. Une bande rouge au vertex, traversant l’ocelle antérieur. Une bande latérale rouge au prothorax, touchant les côtés du lobe postérieur à sa base. Bande antéhumérale et première latérale rouges, larges; la 2 orangée, Tache du 2e segment lancéolée, touchant les bouts ; dessus des arti- culations jaunes jusqu’au 7° segment. Appendices livides, épais à la base, coniques, à pointe fine, un peu en dehors, prolongés intérieure- ment en dessous en une lame médiane recourbée; les inférieurs com- primés, amincis au bout, qui est subitement courbé en dedans. Base interne des fémurs et extérieur des tibias roux. Q Inconnue. Patrie : Bornéo, par M. Wallace. ( Collect. Selys. ) NB. Differe des autres espèces du $ 2 par le point où aboutit le secteur su- périeur. 22. ALLONEVRA INTERRUPTA, De Selys. Abdomen 29-30. Aile inférieure 18. Ptérostigma noirdtre, court, en losange, à côté externe légère- ment renflé, surmontant une cellule ; cellule marginale formée par le secteur inférieur frès-petile ou même rudimentaire; secteur supérieur ( 454 ) aboutissant aux ailes supérieures une ou deux cellules après la veine transverse qui part du nodus; 15 posteubitales. Lèvre supérieure et une bande au vertex passant sur les ocelles bleues. Une bande latérale au prothorax, touchant les côtés du lobe postérieur à sa base; une antéhumérale éronquée subitement avant le haut, et deux latérales au thorax bleues. Une tache carrée de même couleur au 2° segment; vestiges jaunâtres aux articulations; un triangle dorsal final au 9, et le 10° segment bleus en dessus. Appen- dices supérieurs bleus, épais à la base, coniques, le bout aigu dirigé en dehors, le dessous prolongé en dent submédiane droite; les infé- rieurs noirs, comprimés, échancrés perpendiculairement avant le bout, dont la branche inférieure est subitement courbée en dedans. Pieds noirâtres; tibias bleu pâle en dehors. Q Inconnue. Patrie : Singapore, par M. Wallace. ( Collect. Selys.) NB. Distincte des autres espèces du groupe par les bandes humérales bleues, subitement interrompues à mi-chemin de la hauteur du thorax. 23. ALLONEVRA HUMERALIS, De Selys. Abdomen © 50. © 28. Aile inférieure 18. Ptérostigma assez large, surmontant une cellule et demie, rhom- boïde en dehors, brun; cellule marginale formée par le secteur inférieur médiocre; le supérieur aboutissant aux ailes supérieures une cellule et demie plus loin que la veine transverse qui part du nodus ; 15 posteubitales. | Lèvre supérieure brune, plus foncée au centre; une raie brune étroite à l’épistome. Tibias en dehors, fémurs en dedans roux pale. o Vertex noir, sans {aches. Prothorax noir avec un petit point latéral rouge. Ligne antéhumérale rouge, fine, finissant avant le haut, les deux latérales brunes; crête dorsale courte, jaune aux Aer et 2e segments; un demi-anneau de même couleur jusqu’au 7°. Ap- pendices foncés, les supérieurs coniques, le bout allongé, légèrement incliné en dehors, le dessous un peu renflé en tubercule arrondi, sans dent; les inférieurs comprimés, amincis au bout, qui est re- courbé en haut et en dedans. ( 459 ) © Jeune. Ptérostigma gris brun, plus clair à l’entour; un vestige livide aux ocelles et un de côté ; lobe médian du prothorax avec une tache livide, le postérieur très-largement échancré, les côtés de l’échan- crure redressés en deux lobes étroits. Raie humérale plus large, livide. Crête des 2e et 5° segments jaunâtre; un second demi-anneau antéterminal livide aux segments médians. Appendices pâles, obtus. Patrie : Malacca, par M. Wallace. (Collect. Selys.) 24, ALLONEVRA COLLARIS, De Selys. Abdomen © 29, 31, Q 29-50. Aile inférieure 18-19. Ptérostigma noirâtre, un peu plus clair à l’entour, en losange peu aiguë, à peine rhomboïde en dehors, surmontant une cellule; cellule marginale formée par le secteur inférieur variable (médiocre ou ru- dimentaire), le secteur supérieur aboutissant, aux ailes supérieures, au prolongement de la veine transverse qui part du nodus, ou même auparavant; 15-18 postcubitales. Lèvre supérieure noirâtre. Une bande bleue au vertex, rétrécie au milieu, où elle passe contre l’ocelle antérieur. Vestige de raie livide à l’épistome. Abdomen noirâtre sans taches. Pieds noirâtres ; tibias un peu bruns en dehors. Prothorax noirâtre; une bande latérale bleue ainsi que la plus grande partie du lobe postérieur, Bande antéhumérale bleue excessivement large vers le bas, ne touchant pas le haut. Les deux latérales plus pâles. Dernier segment tronqué au bout. Appendices supérieurs bleus, coniques, allongés , le bout mousse, un peu in- cliné en dehors, renflés après la base en dedans inférieurement en lame un peu triangulaire; les inférieurs pàles, comprimés, le bout aminci, courbé en dedans. Q La bande latérale du prothorax verdâtre, le lobe postérieur noirâtre, étroitement échancré en deux festons rapprochés, non re- dressés ; raie antéhumérale étroite, bleu verdâtre, pointue vers le haut, où elle s'arrête à la moitié de la hauteur. Intérieur des fémurs parfois pâle à la base. Appendices noirs, très-courts, obtus. Patrie : Malacea et Bornéo , par M. Wallace. (Collect. Selys.) NB. J'ai éprouvé quelque hésitation à attribuer aux mâles les femelles qui, par la brièveté de la raie antéhumérale, rappellent l’inierrupla; mais je me suis (456 ) déterminé au rapprochement d’après le point d'arrivée du secteur supérieur du triangle. Ces femelles diffèrent de celles des trois autres espèces qui sont connues, par la forme du prothorax à lobe postérieur non redressé. Le seul exemplaïre de Bornéo (un mâle) et une femelle de Malacca ont la cellule du secteur inférieur presque nulle, surtout aux ailes inférieures. ( 3. Secteur inférieur du triangle nul; par suite, il n’y a aucune cellule dans l’espace sous le quadrilatère (comme dans les sous-genres Vosonevra et Protonevra). 25. ALLONEVRA DORSALIS, De Selys. Abdomen 50. Aile inférieure 19. © Ptérostigma brun, un peu plus clair à l’entour, en losange al- longée ; le côté externe un peu plus haut, surmontant une cellule; secteur supérieur aboutissant aux ailes supérieures, au prolongement de la veine transverse qui part du nodus; une cellule plus loin aux inférieures ; 15-16 antécubitales aux supérieures. Lèvre supérieure noirâtre; une raie livide au rhinarium; un triangle roux entre l’ocelle latéral et les antennes. Lobe médian du prothorax noir avec une grande tache latérale et un double point dorsal roux; lobe postérieur tout roux. Tout le devant du thorax roux, excepté un petit triangle mésothoracique noir. Bande large humérale noire, les deux latérales bleuâtres. Une raie incomplète pâle au 2° segment. Bord du 10° segment échancré. Appendices supérieurs (manquent); les inférieurs blanchâtres, comprimés, un peu amincis au bout, qui est subitement recourbé en dedans. Pieds noirs; tibias roussâtres en dehors. Q Inconnue. Patrie : Bornéo, par M. Wallace. ( Collect. Selys. ) NB. Distincte de toutes les espèces du groupe par l’absence de secteur infé- rieur du triangle , la couleur du prothorax et du devant du thorax. Sous-genre 4. — NOSOSTICTA, HaAcen. Secteurs de l’arculus naissant presque d’un même point, immé- diatement séparés ; le bref très-fracturé. Secteur supérieur du triangle très-court, ne traversant pour arriver au bord que la moitié de la cellule marginale qui suit le niveau du quadrilatère. (457) Pas de rudiment du secteur inférieur. Ptérostigma rhomboïdal, épais, un peu plus long que la cellule qu'il surmonte. Ailes étroites, le bout elliptique. Premier article des antennes un peu plus court que le second. Pieds longs, à cils longs, au nombre de 8 où plus. Thorax plus robuste que chez les trois autres sous-genres. o Lobe postérieur du prothorax non redressé. Appendices (inconnus). @ Lobe postérieur du prothorax fortement redressé au milieu. Patrie : Nouvelle-Hollande. 26. Nososricra socipa, Hagen. Abdomen environ 51. Aile inférieure 19. Ptérostigma brun épais, en losange allongée, surmontant un peu plus d’une cellule; 13-14 postcubitales ; ailes hyalines très-étroites. Tête noire; une bande jaune allant d’un œil à l’autre au bas du front; une tache orangée au vertex de chaque côté de l’ocelle posté- rieur. Prothorax noir , avec une bande latérale orangée. Thorax noir en avant, avec une large bande antéhumérale orangée, ne touchant pas tout à fait le haut; les côtés orangés, avec une ligne médiane noirâtre. Abdomen grêle, noir; les deux premiers segments orangés ; un demi-anneau basal jaune aux suivants jusqu’au 6e {l'extrémité manque). Une crête jaune aux segments médians de l'abdomen, presque nulle chez le mâle. Pieds jaunes, extérieur des fémurs, inté- rieur des tibias plus foncé ; tarses et cils noirs. Patrie : Adélaïde (Nouvelle-Hollande), par le Dr Behr. (Colleet. Hagen.) Un mâle complet au Musée de Berlin. NB. Distincte de toutes les Agrionines connues jusqu'ici par le secteur supé- _ rieur du triangle presque nul. Il existe 150 cellules aux ailes supérieures. Genre 3. — PROTONEVRA, De Seys. Ptérostigma médiocre, rhomboïdal ou en losange, son côté marginal égal à l’inférieur ou plus long , surmontant une cellule. Le secteur inférieur du triangle tout à fait nul, ou bien consis- ( 458 } tant en une veine parallèle au bord, divisant seulement l'espace qui est sous le quadrilatère. Lèvre inférieure fendue, à lobes allongés aigus, rapprochés. Tête non tronquée en avant, rhinarium petit, vertical. Yeux très-distants. Premier article des antennes un peu plus long que le second. | os Appendices anals supérieurs irrégulièrement trigones, non semi-cireulaires (inconnus pour le sous-genre Protonevra), de la longueur du 10° segment. Patrie : Amérique tropicale. Sous-genre 1. — IDIONEVRA , DE SELys. Secteurs de l’arculus naissant d'un même point, séparés immé- . diatement; le supérieur du triangle aboutissant aux quatre ailes avant la moitié, un peu après la veine transverse qui se trouve dans le prolongement du nodus; le bref notablement fracturé dans sa seconde moitié. Le rudiment de secteur inférieur du triangle naissant un peu après la première transversale, et divi- sant en deux espaces superposés le dessous du quadrilaière. Ptérostigma en losange, un peu plus court que la cellule qu'il surmonte. Ailes arrondies. Pieds médiocres, tibias portant cing cils longs. Abdomen long, grêle. d Appendices supérieurs épais, dentés. Les inférieurs nuls (en tubercule peu visible). © Lobe postérieur du prothorax fortement redressé au milieu. Patrie : Amérique méridionale tropicale. 27. EDIONEVRA ANCILLA, Hoffmansegg, MS. Acrion (sans nom spécifique), Hagen et De Selys, Rev. Odon., page 332. Abdomen o* 52, © 98. Aile inférieure o 17, © 19. Ptérostigma roux ; 11 postcubitales. Dessus de la tête, front et moitié basale de la lèvre vert bronzé, le reste roux pâle. Prothorax roux. Thorax roux, le devant noir bronzé. Abdomen noir bronzé au-dessus. Une lunule basale aux seg- (459 ) ments médians, les trois derniers roux; les côtés et le dessous jau- nâtres. Pieds et appendices anals roux. d' Ptérostigma plus court, un peu rhomboïde. Appendices supé- rieurs un peu plus courts que le dernier segment, écartés, assez épais, subcylindriques, ayant en dessous une bifurcation qui s’ar- rête à leur moitié et dont la pointe est recourbée en dedans. Les deux premiers segments de l’abdomen roux. © Ptérostigma plus long, plus en losange. Une partie des deux premiers segments noirâtre; le 10e fendu, un peu élevé au bout. Appendices triangulaires. Valvules longues, non dentelées. Patrie : Bahia, Brésil, Mus. de Berlin. (Coll. Hagen et De Selys.) NB. Nous avons dit quelques mots de la femelle de cette espece dans la Revue des Odonates , d’après un exemplaire indiqué à tort par M. Beschke comme pro- venant du midi de la France. Sous-genre 2. — NEONEVRA, Des Seys. Secteurs de l’arculus naïssant d’un même point, séparés immé- diatement ; le supérieur du triangle aboutissant aux quatre ailes avant la moitié, un peu après la veine transverse qui se trouve dans le prolongement du nodus; le bref notablement fracturé dans sa seconde moitié. Le rudiment du secteur inférieur nais- sant de la première transversale et divisant en deux espaces superposés le dessous du quadrilatère. Ptérostigma en losange rhomboïdale surmontant une cellule. Aïles un peu arrondies. Pieds courts, tibias portant huit cils ou plus, courts. Abdomen médiocre. o Appendices supérieurs épais, les inférieurs égaux ou plus courts. ® Lobe postérieur du prothorax divisé en deux et fortement redressé au milieu (du moins chez la bilinearis ). Patrie : Amérique méridionale tropicale. 28. NEONEVRA RURRIVENTRIS , De Selys. Abdomen 27. Aile inférieure 19. co Ailes un peu enfumées; 10-11 postcubitales. Ptérostigma petit, ( 460 ) brun en losange allongée. Tête et prothorax rougeûtres, variés de noirâtre. Devant du thorax brun, finement strié transversalement de noir et de jaunâtre; les côtés variés des mêmes couleurs. Abdomen rouge, le dessous noir; le: dernier segment un peu obscur, le bord un peu redressé et évidé au milieu. Appendices rougeâtres plus courts, les supérieurs subconiques, mousses, bifides en dessous à la base, et ayant après leur moitié une dent interne penchée en bas; les inférieurs plus courts, cylindriques, épais à la base, un peu divariqués. Pieds roussâtres, les quatre postérieurs ayant l'extérieur des fémurs et l’intérieur des tibias noirs. Q Inconnue. Patrie : Le Para, par M. Bates. (Collect. Selys. ) 29. NEONEVRA BILINEARIS, De Selys. Abdomen ©” 24, © 21. Aile inférieure © 16, Q 15. Ailes un peu jaunâtres, surtout chez le mâle ; 10 postcubitales. Ptérostigma brun olivätre rhomboïde assez longs. Corps olivätre varié de noir. d Tête olivâtre variée de noir en dessus et en arrière. Prothorax arrondi, noir, avec une grande tache latérale jaunâtre. Thorax olivâtre, avec deux bandes submédianes épaisses, rapprochées, une humérale double et une ligne latérale noires. Abdomen olivâtre, passant au bleu aux 7° et 8° segments, avec une ligne latérale on- dulée, et le bord postérieur des segments noirs ; 9e et 10e noirâtres ; 40e court à bord un peu avancé et arrondi au milieu. Appendices supérieurs beaucoup plus courts, noirs, cylindriques en tubercule; les inférieurs plus longs que le dernier segment, et plus écartés que les supérieurs, subcylindriques, minces, comprimés. Pieds olivà- tres; l'extérieur des fémurs et une ligne interne aux tibias noirs. . Q Prothorax (voir les caractères du sous-genre). Les dessins noirs beaucoup plus étroits et ébauchés sur la tête et le corps. Bord du 10e segment tronqué. Appendices courts, livides, coniques. Patrie : Le Para, par M. Bates. (Collect. Selys.) (461) Sous-genre 5. — PROTONEVRA, DE SeLys. AGrioN (Pars) Ramb. Secteurs de l’arculus naissant d'une même tige et restant réunis pendant un court espace; le supérieur du triangle aboutissant aux qualre ailes avant leur moitié, vers la veine transverse qui se trouve dans le prolongement du nodus; le bref légèrement fracturé vers son extrémité; aucun rudiment de secteur inférieur du triangle. Piérostigma un peu en losange surmontant une cellule. Aïles étroites, le bout elliptique. Pieds courts, tibias portant cinq cils médiocres (du moins chez Pr. sancta). Abdomen long, grêle. og‘ Appendices anals (inconnus ). © Prothorax à lobe postérieur non redressé ni fendu. Patrie : Amérique tropicale. 30. PROTONEVRA CAPILLARIS, Ramb. AGRION carILLaRe, Ramb., n° 30. Abdomen environ 25. Aile inférieure 17 (large de 21},). co Ailes très-étroites longuement pétiolées; le nodus étant aux 2]. de la base au ptérostigma; celui-ci noir, carré long, surmontant une cellule. Le secteur sous-nodal naïssant dans le prolongement oblique du nodus ; 10 postcubitales (124 cellules ). Corps très-grêle. Prothorax noir violet. Thorax azuré, le devant noir violet. Abdomen capillaire, 1% segment bronzé en dessus, le 2e noir violet; le 5° {rès-long, olivâtre avec une grande tache vert azuré pâle, occupant le’ premier tiers; les suivants brun violacé, avec un petit anneau basal pâle (tête, pieds et appendices inconnus). Q Inconnue. Patrie : Cuba, ancienne collection Guérin. (Collect. Selys.) 51. PROTONEVRA TENUIS, Dale, MS. Taille : environ celle de la capillaris. Troisième segment de l'abdomen noir violet. (462) Thorax noir, avec deux bandes antéhumérales rousses. Q Thorax avec trois lignes latérales ( dont une antéhumérale?) jaunes. Patrie : Le Para, par M. Bates. ( Collect. Dale.) NB. Je ne possède sur cette espèce que la note ci-dessus, que j'ai prise en visi- tant la collection de M. Dale. 82. PROTONEVRA SANCTA., Hagen. Abdomen environ 26. Aile inférieure 19. o Inconnu. Q Ailes moins étroites, moins longuement pétiolées, le nodus étant au ‘|, de la base au ptérostigma, qui est en losange un peu plus court que la cellule qu’il surmonte, brun. Le secteur sous-nodal naissant un peu plus loin que le prolongement oblique du nodus. A1 postcubitales (121 cellules). Tête petite, noire en dessus, jaune en avant, pâle en arrière. Épistome noir. Prothorax noirâtre, jaune sur les côtés, à lobe posté- rieur arrondi, déprimé, Devant du thorax vert métallique, avec une raie antéhumérale et l’espace interalaire roussâtres; les côtés et le dessous jaune pâle, avec une fine ligne latérale noire. Abdomen grêle, noir en dessus, jaune aux côtés et en dessous, avec une lunule basale interrompue jaune aux segments 2-7e (le bout manque). Pieds jaunes, à cils noirs, un peu plus longs et moins nombreux que chez les Meonevra. Patrie : Lagoa Santa (Venezuela), par Lund. (Collect. Hagen.) — « Notice sur une hybride de Cirsium ; par M. Alfred Wesmael, répétiteur à l’École d’horticulture, à Vilvorde. Dans une herborisation faite, le 25 juillet, aux envi- rons de Vilvorde, nous avons eu l’occasion d'observer, dans une prairie à Peuthy, une grande quantité de Gir- sium oleraceum et de C. palustre. Le hasard nous conduisit ( 463 ) vers une plante.que nous avons considérée comme hy- bride, et ayant pour ascendants les deux espèces précéden- tes. Nous reconnümes tout de suite la prépondérance du C. oleraceum , qui, bien certainement, avait servi de père ; toutefois, l’hybride s’en écarte par la décurrence des feuilles sur une étendue variable, en comparant entre eux les di- vers entre-nœuds, ainsi que par les calathides, qui sont de moitié plus petites. Notre plante se rapproche du C. pa- lustre par la décurrence des feuilles, par la nervure des écailles du péricline qui est blanche (1), et par les feuilles florales, qui sont d’un vert foncé et beaucoup plus étroites que dans le C. oleraceum. Voici la description de l’hybride à laquelle nous don- nons, avec Nâgeli, le nom de C. oleraceo-palustre. Plante atteignant environ soixante à soixante ct dix cen- timètres. Calathides portées sur des pédoncules de huit à dix millimètres , réunies au nombre de cinq à huit au sommet de la tige en corymbe. Feuilles florales décurrentes beaucoup plus longues que les calathides, vertes, jamais décolorées comme dans le C. oleraceum. Péricline ovoide , atteignant environ treize millimètres jusqu’à son rétrécis- sement. Écailles extérieures lancéolées-aiguës , scarieuses vers leur moitié inférieure, aranéeuses, terminées par une épine plfs ou moins étalée, pourvues sur le dos et sous le sommet d’une nervure saillante blanche ; écailles inté- rieures linéaires, scarieuses sur les bords et au sommet, mutiques. Corolles jaunâtres. Anthères de certaines cala- thides violettes, d’autres jaunâtres. Feuilles beaucoup plus, épaisses que dans le C. oleraceum, d'un vert sombre à la (1) Gette nervure a noirci par la dessiceation. 27° SÉRIE, TOME xX. 32 (464) face supérieure, qui est parsemée de quelques rares poils spinescents très-courts; plus pâles à la face inférieure, et couvertes d’un léger duvet appliqué, subaranéeux (1); pennatipartites, à segments lancéolés-dentés spinuleux ; décurrentes sur une longueur variable, suivant les méri- thalles. Tige dressée, sillonnée et très-velue. Probable- ment vivace. Fleurit en juillet. Habitat : Prairie spongieuse à Peuthy. MM. Grenier et Godron, dans la Flore de France, vol. IE, p. 215, décrivent une hybride sous le nom de Girsium palustri-oleraceum Nägeli. C’est la plante que Koch décrit sous le nom de C. hybridum. Nous n’avons pas découvert dans notre plante les caractères donnés par ces auteurs ; du reste, la plante de Koch a plus d’affinités avec le Gir- __ sium palustre qu'avec l’oleraceum, tandis que, dans celle que nous décrivons, les caractères du C. oleraceum se font reconnaître bien plus que ceux de C. palustre. — M. Van Beneden présente un mémoire manuscrit, accompagné de planches, Sur les crustacés du littoral de Belgique. Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. d'Ude- kem, de Selys-Longchamps et Cantraine. ? (1) Ce duvet a plus ou moins disparu par la dessiccation. { 465 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 3 octobre 18060. M. GacHarD, directeur et président de l’Académie. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, De Smet, Roulez, baron de Saint - Genois, David, De Decker, Snellaert, Carton, Leclercq, Polain, Arendt, Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Th. Juste, Nève, corres- pondants. | | M. Stas, membre de la classe des sciences, Alvin et Éd. Fétis, membres de la classe des beaux-arts , assistent à la séance. Après la lecture et l'approbation du procès-verbal, M. le directeur prend la parole en ces termes : « Messieurs et. chers confrères, avant d'aborder notre ordre du jour, j'ai à vous faire une communication qui, je n’en doute pas, sera accueillie avec faveur par vous, car elle répond à un sentiment qui est dans vos cœurs. » [l y a ea un quart de siècle, cette année (1), que notre (1) M. Ad. Quetelet a été élu membre de l’Académie le 1°" février 1820. Le 5 mai 1852, il a été désigné comme directeur, et a présidé la Compagnie depuis cette époque jusqu’au 17 janvier 1835. Le 7 février suivant, il est entré en fonctions comme secrétaire perpétuel, ( 466 ) honorable confrère M. Quetelet a été appelé aux fonctions de secrétaire perpétuel de l’Académie. Personne de vous, messieurs, n’ignore tout ce qu’il a mis de zèle et de talent au service de la compagnie pendant ce long espace de temps : on peut dire que la prospérité, les succès de l’Aca- démie n'ont cessé d’être, depuis lors, sa préoccupation constante; et certes, si la compagnie s’est placée au rang qu’elle occupe aujourd’hui parmi les institutions savantes de l’Europe, c’est à son secrétaire perpétuel qu’elle en est en grande partie redevable. Est-il besoin de vous parler des qualités morales qui distinguent notre honorable con- frère, et qui lui ont conquis notre estime et notre affec- tion? Chacun de vous n'est-il pas prêt à rendre témoignage de la dignité de son caractère, de sa parfaite courtoisie, qui répand tant de charme sur nos relations journalières avec lui ? » Plusieurs membres de la compagnie, qui ont bien voulu me choisir pour leur organe, et je les en remercie, ont pensé qu’à l’occasion de ce vingt-cinquième anniver- saire, l'Académie avait une dette de reconnaissance à ac- quitter envers son secrétaire perpétuel, et nous venons engager la classe des lettres à en prendre l'initiative. » Nous proposons qu’une médaille soit frappée en l’hon- neur de notre digne et cher confrère. | » Si, comme nous en sommes Convaincus, celte propo- sition est adoptée, nous demanderons que votre résolution soit transmise aux classes des sciences et 115 beaux-arts, avec invitation de s’y associer. | La classe accueille, par des AE unanimes, la proposition de son directeur, et décide qu'elle sera trans- mise aux deux autres classes, consignée au procès-verbal et insérée dans le Bulletin. Elle désigne MM. Chalon et de ( 467 ) Saint-Genois pour régler, de concert avec les commissaires que nommeront les classes des sciences et des beaux-arts, les détails d'exécution de la médaille. M. Quetelet remercie l'assemblée en ces termes : « La proposition que vient de faire notre directeur, et que vous avez daigné accueillir avec tant de bienveillance, est pour moi si imprévue qu'elle me trouve inhabile à vous en remercier. Les expressions me manquent pour vous dire jusqu’à quel point elle m'émeut et me touche; mais vous comprendrez mon trouble, vous l’excuserez, vous voudrez bien ne l’attribuer qu’au sentiment de gratitude dont votre affectueux témoignage me pénètre. » Mon temps, mon zèle, mes soins sont, il est vrai, depuis longtemps consacrés à l’Académie; mais votre con- cours n’a cessé d'alléger ce que mes fonctions auraient pu offrir de pénible ou de trop laborieux, et je dois reporter en grande partie sur vous- mêmes, mes chers confrères, les éloges qu’une voix amie vient de m’accorder. Si j'ai été, en eflet, assez heureux pour faire un peu de bien en deve- nant en quelque sorte le lien de vos études, de vos tra- vaux, de vos succès, vos aflectueuses sympathies m'ont récompensé et me récompensent de nouveau aujourd'hui bien au delà de mes labeurs. » De nouveaux applaudissements accueillent ces paroles. CORRESPONDANCE. M. le duc d'Ursel annonce la perte cruelle que sa fa- mille vient de faire par la mort de son père, décédé, le ( 468 ) 27 septembre dernier, au château de Hingene, Feu M. le duc d'Ursel était un des membres les plus anciens de la compagnie; il avait été associé à ses travaux dès le 3 juil- let 1816. La classe charge M. le secrétaire perpétuel de transmettre à la famille du défunt l'expression de ses vifs et profonds sentiments de condoléance. — M. le Ministre de l’intérieur communique à l’Acadé- mie les rapports faits par les administrations de Bruges, Courtrai, Dixmude, Ostende, Ypres, Harlebeke, Lamper- nisse, Merckem et Pitthem. Ces rapports donnent la liste des personnages historiques nés dans ces diverses com- munes et dont les noms méritent d’être consacrés par des inscriptions monumentales.Ces documents seront transmis à la commission chargée de la rédaction d’une Biographie nalionale, et elle sera invitée, conformément aux termes de la dépêche ministérielle, à vouloir bien bâter son tra- vail sür cet objet. — Une seconde lettre de M. le Ministre de l’intérieur, transmise à l’époque des vacances académiques, porte à la connaissance de la classe des lettres les résultats des concours ouverts par le Gouvernement en l’honneur de Jacques Van Maerlant : le prix de poésie a été décerné à M. J. Van Beers, professeur à l’école normale de Lierre; le prix pour le mémoire en prose à M. C.-A. Serrure, fils, avocat à Gand. — M. Vrambout, gouverneur de la Flandre occiden- tale, remercie la Compagnie pour l'envoi des trois volumes des œuvres de Van Maerlant, publiés par les soins de l’Aca- démie, et dont celle-ci avait fait l'envoi à la ville de Damme ( 469 ) à l’occasion du monument élevé et inauguré dans cette ville en l'honneur du célèbre poëte flamand. M. le secrétaire perpétuel fait connaître, à cette occa- sion, les motifs qui ont empêché le bureau de la classe d’assister à cette inauguration et de se rendre à l’invita- tion transmise, à cet effet, par M. Versnayen, secrétaire de la commission organisatrice des fêtes. — M. Carvallo, ministre plénipotentiaire du Chili, adresse à l'Académie les dernières publications faites par l’université de Santiago. Des remerciments lui sont adres- sés pour cet envol. — M. Chalon fait hommage de différents opuscules de sa composition, et M. le chanoine Carton du résumé d’un mémoire de feu M. Delfortie, mémoire couronné par la classe des lettres et ayant pour titre : Analogie des langues flamande, allemande et anglaise. M. le comte de Montalembert, associé de la classe, fait également hommage de son Histoire des moines d'Occident. — Remerciments. — M. le secrétaire perpétuel annonce la réception d’un mémoire de concours en réponse à la deuxième question du programme, ainsi conçue : Quelles sont les applications utiles et pratiques du principe de l'association pour l'amé- lioration du sort des classes ouvrières et indigentes ? — Ce travail à pour titre : L’égoïsme est stérile. — Le terme fatal pour l'envoi des manuscrits n’expire que le 2 février 1861. (470 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. L'ordre du jour appelle la discussion du rapport déposé à l’une des séances précédentes par M. Kervyn de Letten- hove, sur la collection des écrivains nationaux. M. Kervyn de Lettenhove demande la parole pour com- pléter certaines parties de son rapport, auxquelles il a craint de donner trop de développement, et pour aller au- devant des objections qui pourraient être présentées. Sa communication verbale se résume dans les observations suivantes : « Le rapport soumis à l'appréciation de la classe n'offre qu'un aperçu rapide et concis de ce qu’il faut entendre par une collection des écrivains nationaux : il suffisait d’indi- quer les prineipales lignes du cadre à remplir, et l’on ne peut oublier que le succès même de la publication pro- jetée dépend des limites qu’on saura lui imposer. » Reprocherait-on à ce rapport de ne pas avoir assez insisté sur le caractère épique de la poésie des trouvères, empruntant tour à tour ses inspirations aux légendes des guerres de Charlemagne et à celles des croisades, ces deux luttes gigantesques de l’Europe chrétienne contre la barba- rie ? Était-il nécessaire de rappeler qu’à la même époque, la poésie des troubadours était à peu près réduite à la mo- notonie de ses plaintes amoureuses que relevaient à peine les traits acérés de la satire ? Fallait-il citer Jacques Ber- taut, Gandor de Douai et tous nos vieux poëtes épiques ? Ne convenait-il pas, au contraire, de laisser cette tâche à ceux qui écriront plus tard l’histoire des origines de notre (471) littérature, c’est-à-dire la préface de la collection dont nous nous occupons? Le rapport présenté à l’Académie mentionne uniquement les auteurs qui méritent d’être mis en lumière, et à ce point de vue, il faut bien reconnaître qu’en laissant de côté un grand nombre de chansons de gestes d'une inabordable prolixité, on ferait déjà beau- coup en décidant la publication complète des épopées de Chrétien de Troyes et d’Adenez le Roi. » Peut-être même, avant d'entreprendre ce grand tra- vail, y aurait-il lieu d'imprimer des œuvres moins éten- dues, et surtout remarquables par la vivacité de l’expres- sion et de la pensée. Un seul volume suffirait pour réunir nos auteurs de dits et de fabliaux jusqu’à Jean de Condé, jusqu’à Vatriquet de Couvin dont la bibliothèque de Bour- gogne possède le manuscrit original. On rechercherait dans les divers dépôts de l’Europe savante les textes qui en ont été conservés; on s’attacherait à recueillir dans nos propres archives les données biographiques qui manquent presque toujours sur les trouvères. Ainsi, pour ne citer que Mahieu de Gand, nous savons que ses compositions poéliques se trouvent à Paris el à Rome; mais quelle fut sa vie? Il se borne à nous dire qu'il abjura le judaïsme pour plaire à une noble dame, et nous voyons qu’il compta pour amis les plus fameux trouvères de son temps. Ajou- tons que les fils de ce juif converti conservèrent leur an- cien surnom et peut-être aussi leurs anciennes habitudes. Ils siégeaient parmi les échevins de Gand qui, en 1501, firent grand accueil à Philippe le Bel, le faux monnayeur. Ils prêtaient aussi de l'argent aux comtes de Gueldre, et quand ce pays passa aux Châtillon, l’un d'eux épousa, dit-on, une fille (oubliée par les généalogistes) de Jean de Blois, le protecteur de Froissart, et depuis leurs descen- ( 472 ) dants portèrent les armes des Châtillon, comme les Lou- chard d'Arras portaient depuis Philippe le Bel les trois fleurs de lis d’or en champ d’azur. Le Mahieu de Gand, du XII: siècle, est-il l’aïeul d’un autre Mahieu de Gand qui composa, un siècle plus tard, une lamentation latine sur Mariage et Bigamie, dont la bibliothèque de Montpellier possède une traduction en vers français ? Celui-ci était-il le damp Mahieu dont parle Eustache Deschamps? Quel lien existe, enfin, entre ces Mahieu, poëtes malgré leurs tré- sors, et les Mahieu rivaux des Yoens, « riches hommes, » subtils et entreprenants grandement ? » Chaque auteur a une biographie à nous demander, chaque page réclame un commentaire. » Faut-il justifier l'importance que nous attachons à une édition complète de Chastelain? Sa chronique n’est- elle pas le plus vaste et le plus précieux monument du XV” siècle, et sans rappeler ici son Miroir des nobles, récemment retrouvé à Bruges, et ses autres poésies, n’y a-t-il pas lieu de s’attrister de la tardive réhabilitation d’un grand historien ? Ne sera-ce pas de Chastelain qu'il faudra s'occuper d’abord, puisqu’une société étrangère, connue par d'excellentes publications, nous promet depuis dix ans Froissart qui eût dû passer le premier, Froissart dont il nous eût appartenu d’annoter tous les chapitres consacrés à des chevaliers qu’il loue et recommande plus que les autres pour ce qu’ils estoient de Hainaut ? » Ïl reste à ajouter que, malgré l'autorité de M. Reiïffen- berg, les anciens auteurs qui ont écrit en latin ont été écartés de notre programme. Trop souvent, chez les éeri- vains qui emploient une langue morte, l'élégance du style ue voile qu'une laborieuse imitation, et quel que soit le respect qui entoure le nom de tant d'illustres docteurs que (473 ) la Belgique donna aux écoles du moyen âge, la publica- tion de leurs traités de théologie, de philosophie, de dia- lectique paraît devoir rester étrangère à ce qu’il est permis d'entendre aujourd’hui par une collection de nos grands écrivains nationaux. » M. le baron J. de Saint-Genois et M. le chanoine Carton rendent compte des congrès qui ont eu lieu récemment à Bois-le-Duc et à Bréda, et de accueil qu'ils y ont reçu en qualité de délégués de la compagnie. En dernier lieu, M. le directeur a fait connaître qu'en sa qualité de président de l’Académie, il a installé, le G oc- tobre, la commission de la Biographie nationale, et que cetle commission à constitué son bureau, en appelant aux fonctions de président, M. le baron J. de Saint-Genois (membre de la classe des lettres) ; à celles de vice-prési- dent, M. Stas (membre de la classe des sciences), et à celles de secrétaire, M. Ed. Fétis (membre de la classe des beaux-arts). M. Félix Stappaerts, attaché, depuis de lon- gues années, au secrétariat de l’Académie, a été nommé secrétaire adjoint de la commission. (474) CLASSE DES BEAUX-ARTS. ——_— Séance du 11 octobre 1860. M. BaroN, directeur. M. Ep. Féris, faisant fonctions de secrétaire. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, Navez, Roelandt, Simonis, Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, De Braekeleer, Fraikin, Partoes, De Busscher, membres; Calamatta et Daussoigne Mehul, associés ; Bos- selet et Balat, correspondants. MM. Chalon et Nollet de Brauwere Van Steeland, mem- bres et associés de la classe des lettres, assistent à la séance. M. le directeur fait connaître que M. le secrétaire per- pétuel se trouve empêché de se rendre à la séance, et que M. Éd. Fétis a été invité à le remplacer. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et la ré- daction en est adoptée. (475 ) CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d'une communication faite par M. Gachard, directeur de la classe des lettres, ainsi que d'un extrait du procès-verbal de la séance que cette classe a tenue le 8 octobre. La proposition transmise par ces deux écrits est accueillie par de vifs et unani- mes applaudissements : elle a pour but de faire frapper et d'offrir à M. Ad. Quetelet une médaille commémora- tive à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son entrée en fonctions comme secrétaire perpétuel de l’Aca- démie. À} Gi MM. Alvin et Braemt sont désignés pour régler les dé- tails, ainsi que les moyens d'exécution de cette médaille, et pour se concerter, à cet eflet, avec les commissaires des deux autres classes. — Une lettre de M. Benoit, lauréat du grand concours de composition musicale , est transmise par M. le Ministre de l’intérieur et renvoyée à l'examen de la section perma- nente du jury. Une seconde lettre de M. le Ministre de l’intérieur trans- met une expédition de l'arrêté pris le 4 de ce mois, et par lequel « les sieurs De Keyser, directeur de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers; Leys, peintre d'histoire, à Anvers, et E. de Busscher, archéologue à Gand, sont adjoints, à titre permanent, à la commission royale des monuments, afin d'examiner, de concert avec elle, toutes les questions qui se rattachent à la restauration des ta- (476) bleaux. » Notification de cet arrêté ministériel a déjà été donnée aux intéressés. — M.P. Genard, archiviste de la ville d'Anvers, adresse à la classe une Notice sur un triptyque du XV”* siècle, qui se trouve à l'église Saint- Gommaire, à Lierre. (Commis- saires : MM. André Van Hasselt et Éd. Fétis.) RAPPORTS. M. F. Féts fait connaître que les membres de la sec- tion de musique se sont réunis avant la séance, et qu'il a été chargé de rédiger le rapport sur une demande trans- mise par M. le Ministre de l’intérieur et relative à l’adop- tion d’un diapason musical uniforme. Ce rapport sera lu à la séance du mois de novembre. Monographie de la cathédrale de Trondhiem (Drontheim), publiée par ordre du gouvernement norwégien. Rapport de M. Balat. « Les anciens monuments de la Norwége sont peu connus; on ne cite guère parmi les églises, qui sont pres- que toutes construites en bois, que celles de Borgund et d'Urnès, dans l’arrondissement de Bergen, et de Hitterdal, dans l'arrondissement de Tellemark, édifices appartenant ( 4717 ) tous trois au XIT"° siècle. Aussi la publication que vient de faire le gouvernement norwégien d’un ouvrage reprodui- sant les restes importants de la cathédrale de Trondhiem est-elle en quelle sorte une révélation pour les archéolo- gues étrangers et intéresse-t-elle au plus haut point l’his- toire de l’art (1). La classe des beaux-arts de l’Académie de Belgique à reçu avec le plus vif intérêt la communication de ce tra- vail, qui lui à été transmis par l’université royale de Chris- tiania, et elle a désiré qu'une commission, composée de plusieurs de ses membres, en fit l'examen et lui en rendit compte. La partie de l’ouvrage qui a tout d’abord attiré l’at- tention de la commission est celle qui offre, par des plans et des élévations architecturales, la représentation de l’état actuel de l’église métropolitaine de Trondhiem. Elle a été frappée de l'importance de ce monument et du beau caractère de quelques-unes de ses parties; mais en même temps il lui a fallu reconnaître une absence d'unité de style, malheureusement trop fréquente dans les édifices du moyen âge, entre les diverses parties ruinées ou en- core debout qui composent l’ensemble de cette construc- tion. Le plan figuré à la planche première offre la disposition d’une croix latine : 1l se compose du chœur et son abside, d'un transept et d’une nef qui se termine par un portail accompagné de deux flèches à bases carrées. Le chœur est excessivement allongé, et nous verrons plus loin la cause (1) Throndjems Domkirke, udgivet efter Foranstaltning af den norske Regjering ; text af prof. P. A. Munch, tegninger af arch. H. E. Schirner. Christiania, 1859 ; 1 vol. in-fol. (478) de cette forme anormale dans les églises de cette époque. Avant d'entrer dans quelques développements histori- ques indispensables, il est bon de marquer ici la place des divers styles d'architecture qui ont successivement parti- cipé à la formation du plan que nous avons sous les yeux. Les deux branches du transept, terminées par des pi- gnons et des porches, et accompagnées de petites cha- pelles-absides , appartiennent au style anglo-normand du milieu du XIL°° siècle, L’arc plein-cintre y figure exclusi- vement et se distingue, dans le triforium et la claire-voie, par ses élégantes dispositions et la richesse de son ornemen- tation. Le plafond, très-élevé, est horizontal. Mais au delà de ces parties capitales du monument, la forme romane disparaît pour faire place au style ogival de l’époque pri- mordiale, auquel appartient la nef, son portail et ses tours, les bas-côtés du chœur, y compris l’élégante cha- pelle octogone, si heureusement agencée entre l’abside et le pourtour du chœur. | Ce dernier style presse en quelque sorte les construc- tions précédentes; il envahit même la croisée du transept pour y établir les quatre arcs sur lesquels s’élève un clo- cher carré à plusieurs étages. Cette dernière construction surtout remplit un grand rôle dans la physionomie de l'édifice. Il est à observer que le plan n'indique point les piliers qui ont dû nécessairement (du moins pour ce qui concerne la partie de l’église destinée aux fidèles) exister entre la nef principale et ses collatéraux. L’incendie et l'abandon dans lequel on a laissé les ruines sont les causes natu- relles de cette lacune dans la nef; quant à l'absence des mêmes piliers dans le chœur, nous indiquerons bientôt à quelle circonstance il convient de l’attribuer. ( 479 ) Complétons cel aperçu en disant que les constructions de cette deuxième période ne sont pas exemptes, dans quelques-unes de leurs parties, d'une certaine corruption de style; elle se manifeste surtout dans {es élévations de la chapelle octogone du chœur. Les restaurations suc- cessives qui ont eu lieu après Les incendies de 1398 et de 4551, et dont quelques-unes se sont faites à l'époque de la décadence du style ogival, expliquent ces imperfee- tions. | Signalons encore, comme signe caractéristique, l’in- fluence de l’art anglais qui se manifeste dans ces diverses pérrodes architecturales. D’autres faits historiques, que nous puiserons dans le texte de l'ouvrage norwégien, ser- viront aussi d'éclaircissement à l'exposé que nous venons de faire. Trondhiem (Nidaros), situé à l'embouchure de la rivière te Nid, peut-être considéré comme le berceau du christia- nisme en Norwége. Dès le XI" siècle se succèdent sur la tombe du saint roi Olaf, petit-fils d'Harald, qui mourut en 996, plusieurs édifices religieux primitivem:nt en bois qui firént place à une église dédiée au Christ, construite en pierre dans un style roman eu anglo-saxon assez lourd. Cette église à une seule nef renfermait la tembe du saint considéré comme le palladium de la nationalité norwé- gienne (1). (1) Le prestige attaché à ce lieu remonte à l’origine des temps histo- riques. La tradition rapporte que déjà sous Harald le suffrage du peuple de Trondhiem pouvait seul conférer le pouvoir souverain. Après l'établissement du christianisme, cette tradition se maintint, mais prit un autre caractère. Sous l'influence de l’archevêque Eystein, il fut décidé que la couronne de (x | 20e SÉRIE, TOME X. 0 ( 480 ) Cette modeste église existait lorsque fut enfin com- mencée une de ces vastes et dispendieuses constructions qu’il fallait des siècles pour terminer et qui ne furent achevées que grâce à la dévotion et à la piété du moyen âge. Ainsi s'exprime textuellement l’auteur norwégien sur le monument qui fait l’objet de ce rapport. Première période. — L’archevêque Eystein Erlendsson fut le fondateur de cette basilique. Ce prélat, homme énergique et puissant, en jeta les premières bases en 1160 et en poursuivit l'érection jusque vers l’an 4180 : c'est à celte époque qu'appartiennent le transept et ses chapelles, beaux spécimens de l’architecture anglo-nor- mande. On pourrait à bon droit s'étonner de voir Eystein com- mencer son édifice par le transept et négliger le chœur, partie fondamentale de tout temple chrétien; mais cette circonstance trouve son explication immédiate dans l’opi- nion, développée très-logiquement par l’auteur, que l’église romane du Christ, dépositaire du tombeau du saint pa- tron de la Norwége, a été combinée dans le plan'de l’ar- chevêque pour servir, du moins provisoirement, de chœur à son église. | Ce fait important donne la justification de la longueur exceptionnelle du chœur et explique aussr l'absence des piliers, qui auraient dû occuper l'emplacement du mur d'enceinte de l’ancienne église, lorsque plus tard, au Norwége appartiendrait à l’église et à saint Olaf, et qu’au décès de chaque roi, cette couronne serait déposée dans la cathédrale. Cet usage s’est, à cer- tains égards, maintenu jusqu’à nos jours : c’esl encore dans la cathédrale de Trondhiem que les rois de Suède se font sacrer. ( 481 ) XIII" siècle, on construisit les bas-côtés du pourtour du chœur (1). L'auteur croit qu'Eystein a dû comprendre dans son plan une nef avec ailes qui devait s'étendre vers l’ouest d’une manière régulière et dans les proportions usuelles. Probablement, dit-il, elle devait être ornée de deux tours, ainsi qu'il convient à une église métropolitaine. Il en trouve la preuve dans les ouvertures destinées à corres- pondre aux trois nefs et qui existent encore dans les murs du transept. Il ne paraît pas cependant qu'Eystein pût terminer au- cune partie de cette nef; mais, quoi qu'il en soit, celle-ci a dû être détruite plus tard, attendu qu'il est expressément relaté que des nouvelles fondations furent jetées en 1248; d’ailleurs tout ce qui subsiste de cette division importante de l’église appartient au style de cette époque. Donc les transepts et l’ancienne église transformée en chœur existaient seuls à la mort de l'archevêque, qui décéda en 11388. Deuxième période. — Les guerres civiles empêchèrent ses successeurs de donner une suite régulière à ses projets. Les travaux furent en quelque sorte abandonnés jusqu’à l’avénement de Sigurd Eindriadason au siége métropoli- tain (1251-1252). Ce fut cet archevêque qui fit con- struire, au milieu du XIIL”* siècle, la nef et son portail — aujourd’hui en ruines —; non-seulement il apporta de notables changements au plan original, dont il augmenta (1) Il est à remarquer que ce mur d’enceinte n’a pas été maintenu intact; notamment au XVI: siècle, lorsque la réforme prit possession de l’église, on le consolida et on le rendit plus massif en l’appropriant aux besoins du nouveau culte. ( 482 ) es dimensions, principalement dans la largeur de la nef, modification qui causa de grandes perturbations dans Îles lignes du raccord avec les anciens transepts; mais, en outre, suivant l’usage des continuateurs de son temps, il substitua au style primitif la forme ogivale, qui était alors en honneur. Si l’on a des renseignements certains quant à l’édifi- cation de la nef, il n’en est pas de même pour les tra- vaux de lagrandissement du chœur. Cependant il ne peut y avoir nul doute sur l'entière analogie de leur architec- ture, seulement le style est un peu moins riche, dit le texte. On peut donc en conclure que si ces travaux n'ont pas été ordonnés par Sigurd, ils ont certainement été accom- plis par ses successeurs immédiats. En effet, 1l est établi que les évêques qui lui succédèrent firent travailler à l’édi- fice depuis 1268 jusqu’à son achèvement, qui eut lieu sous l'archevêque Jhan, en 1280. La chapelle octogone située à l'extrémité du chœur mé- rite une mention spéciale : elle est ouverte sur l’église, au point de l’abside, au moyen d’une division d’arcatures superposées d’un magnifique aspect. On ne peut que louer les dispositions architecturales de cette partie de l'édifice. Cependant, son style est moins pur; on y re- marque surtout des détails qui se rapportent au type anglais de la décadence. La notice dit qu'il est à présumer que cette chapelle a élé construite par les soins de l’archevêque Eilif, dans la première période du XIV”* siècle (1311-1552), et que les détails incorrets signalés plus haut ont pu compter parmi les restaurations faites après l'incendie de 1328, et ensuite vers 4520 par l'archevêque Eric de Walkensdorif. ( 483) Ainsi au commencement du XVI” siècle, la cathédrale était complète dans ses trois parties : 1° le chœur agrandi et enrichi par la chapelle octogone, si ingénieusement intercalée dans l’abside ; 2° le transept avec son beffroi érigé au centre, et, enfin 5° la nef et son portail, bien qu'il y ait du doute sur l'achèvement des deux tours de l’ouest. La cathédrale devait offrir, malgré la diversité des styles, un aspect imposant et monumental. Nous sommes arrivés à un événement fatal qui vint dé- truire.,ce bel ensemble. L'église, déjà éprouvée, en 1598, par un violent incendie, fut encore ravagée par le feu en 1551. Presque toute l’église, dit le texte, fut endommagée. à l'exception du chœur et de l’octogone, et même ce der- nier fut si gravement atteint, que sa restauratjon coûta 7000 couronnes. Les fonds ayant manqué, la nef, qui était la plus belle partie de l’église et qui avait le plus souffert, ne fut jamais relevée : on la laissa tomber en ruine et se réduire aux proportions minimes qu’elle offre maintenant. D’autres infortunes étaient réservées au monument déjà bien mutilé. Plusieurs incendies vinrent encore le dévas- ter; nous ne citerons que la dernière catastrophe causée, en 4749, par la foudre, qui renversa le beffroi et consuma tout ce qui était combustible dans l’église. Les réparations faites au moyen des dons particuliers furent terminées en 1760, et l’on peut se rendre compte par l'inspection des planches 3, 4, 5 et 6 de l'aspect actuel de la cathédrale de Trond- hiem. | L'influence de l’art anglais est évidente dans les diver- ses parties du monument; elle s'explique par les relations étroites qui existaient entre les deux pays et par la supé- riorité de la civilisation anglaise à cette époque. I est d’ail- ( 484 ) leurs certain qu'Eystein ramena d'Angleterre des archi- tectes et que cet exemple fut suivi par ses successeurs (1). Résumons maintenant la situation de l'édifice dont le gouvernement norwégien propose la restauration. La nef, le portail et les tours ne présentent plus que des ruines à peine élevées de quelques mètres au-dessus du sol; mais le transept, la tour carrée centrale, les bas- côtés du chœur et la chapelle octogone subsistent. Les étails, en général, moins endommagés qu'on ne pourrait le supposer après tant de désastres, ont subi cependant, surtout à l'extérieur, des altérations sensibles, soit dans les éléments de la construction, soit dans les formes ar- chitecturales, et par suite les tourelles, les contre-forts, enfin tous les membres saillants sont dégradés ou n’ont été rétablis qu’en partie. La chapelle octogone notamment à été recouverte d'une espèce de coupole renflée appartenant évidemment au XVIF®- siècle, et qui n'est point en harmonie avec son en- tourage. | Le projet si louable de reconstruire la cathédrale de Trondhiem dans sa splendeur ancienne est exprimé dans l'ouvrage publié par le gouvernement norwégien, par un plan et deux vues perspectives, l’une prise sur le portail, l’autre sur le chœur et ses coilatéraux. (1) Il faut pourtant signaler l'originalité de certains détails, particulière- ment dans les chapiteaux. Une disposition dont nous ne connaissons pas d'autre exemple, mérite de fixer l'attention : plusieurs des nervures du pla- fond du chœur sont creuses, forment de véritables porte-voix et aboutis- sent à des têtes humaines sculptées en pierre, ayant leur orifice soit dans ie grenier, soit dans la claire-voie. Il est permis de supposer qu’on utilisait cette disposition pour produire des effets surnaturels, et qu'on cherchait à frapper ainsi l'imagination d'un peuple encore primitif. ( 485 ) La reconstitution du plan est bien entendue, le rétablis- sement des piliers de la nef et du chœur parfaitement combiné, et nous sommes heureux de remarquer que les parties primitives de l’église sont religieusement respec- tées. Le vif intérêt que nous inspire le remarquable travail qui est mis sous nos yeux nous engage à présenter quelques observations sur certains détails qui nous semblent dé- parer le bel ensemble de la restauration projetée. Il nous à paru que les arcs-boutants des contre-forts de la chapelle octogone et des bas-côtés du chœur sont d'un aspect grêle; ils ne sont d’ailleurs point complets : l'in- trados seul à été conservé, mais le rampant rectiligne qui doit le surmonter est absent. Ainsi construits, ils sont évidemment insuffisants à remplir leur office de soutene- ment. À la moindre poussée, ils se rompraient, et nous avons remarqué , dans les dessins représentant l’église ac- tuelle, qu’afin de prévenir cet accident, on a renforcé chacun de ces arcs-boutants par deux tirants de fer. Nous avons déjà signalé plus haut lanachronisme du couronnement renflé de la chapelle octogone; on l’a fait judicieusement disparaître dans le projet publié; mais la pyramide, tronquée et brisée à sa base qui l’a remplacé, est-elle plus satisfaisante? Nous ne le croyons pas, et nous appelons l’attention sur cette brisure qu’on ne rencontre jamais, pensons-nous, dans les amortissements de cette époque. | Qu'il nous soit permis d'émettre un vœu : celui de voir effacer les traces de la décadence du style ogival, que des restaurations récentes ont laissées subsister sur les arcades et sur le triforium de la chapelle octogone, à l’intérieur de l’église. | ( 456 } Après avoir indiqué ces légères imperfections, qui n'au- roat sans doute point échappé aux savants auteurs du projet de restauration, nous jelterons un dernier coup d'œil sur la planche de l'ouvrage qui nous offre une vue d'ensemble de l’église réédifiée et considérée du côté de Ja façade principale. Le large portail, accompagné de ses deux tours et, plus loin, le beffroi surhaussé qui domine le centre de l'église, les grandes ligues des nefs et des transepts forment un ensemble imposant vraiment monumental, et que ne dé- pare pas une certaine lourdeur. Ainsi reconstruite, la cathédrale de Trondhiem figurera parmi les plus beaux édifices du moyen âge. La Belgique a donné trop de preuves de son respect pour les anciens monuments el attaché trop de prix à leur conservalion, pour que l’Académie puisse rester in- différente à la généreuse résolution du gouvernement nor- wégien : aussi fait-elle des vœux pour le prompt accom- plissement d'une œuvre qui fera le plus grand honneur à la nation qui l'aura entreprise et qui aura su la mener à bonne fin. MM. Roelandt et Suys, premier et deuxième commis- saires, déclarent adhérer pleinement au rapport présenté par leur collègue, M. Balat. Ce rapport est également ap- . prouvé par la classe, qui en vote l'impression et décide qu'il en sera transmis des exemplaires à l’université rovale de Christianta. + 487 } COMMUNICATIONS ET LECTURES. — Les artistes belges à l'étranger : Paicipre BuystTer; par M. Ed. Fétis, membre de l’Académie. Né en 1595, à Anvers et non à Bruxelles, comme l'ont avancé la plupart des biographes, Philippe Buyster fit ses études sous la direction d’un certain Gillis Van Paepen- hoven. Trouvant peu d'occasions d'employer son talent autrement qu’à de petits ouvrages qui n’avançaient ni sa réputation ni sa fortune, il se décida à partir pour Paris où tous les ciseaux habiles, comme tous les vaillants pin- ceaux , trouvaient de l’occupation, soit dans les bâtiments de la couronne, soit dans les fastueux hôtels des grands seigneurs et des financiers. Ses commencements furent modestes; il entra dans l'atelier d’un maître, comme c'était alors l'usage , et exécuta , pour le compte de son patron, de nombreux ouvrages de sculpture en bois pour la décora- tion des églises et des habitations particulières, aussi bien que pour les carrosses des personnes de qualité, dans les- quels le luxe de ce genre d’ornementation était porté très- loin. Ce n'était pas, pour un artiste de talent, une occupa- tion fort relevée, mais on n'y regardait pas alors de si près. Pour juger équitablement les hommes et leurs actions, il faut tenir compte des idées du temps où ils ont vécu. Philippe Buyster employait les heures qu'il ne passait pas dans l'atelier du maître avec lequel il avait souscrit un engagement, à travailler pour son propre compte, et à faire de véritable et bonne sculpture. Son premier mor- ( 488 })- ceau fut un groupe de pierre ayant pour sujet l’Annoncia- tion, dont il orna le portail de l’église des Jacobins. Cet heureux essai lui procura la commande d’un autre groupe représentant l'apparition de la Vierge à saint Bernard, pour le portail de l’église des Feuillants. Il s'était fait trop bien connaître par ces deux ouvrages, pour rester dans une position subalterne, La maitrise lui fut conférée, el, en peu de temps, il fut élevé aux premières charges de la corporation dont il était membre. Devenu l’un des sculpteurs les plus renommés et les plus occupés de Paris, Philippe Buyster fut chargé de tra- vaux importants pour un grand nombre d’églises. Il fit, dans le même temps : pour le séminaire de Saint-Sulpice, trois grandes figures de pierre, la Vierge couronnée par l'enfant Jésus, Saint Joseph et Saint Jean l'Évangéliste ; pour l’église des Quinze-Vingts, une statue colossale de saint Roch et une autre plus petite du même saint rece- vant les consolations d'un ange; pour l'église Saint-Eus- tache, une Vierge avec l'enfant Jésus. La réputation que notre artiste s'était faite par ces dif- férents travaux, fixa sur lui l’attention de Jacques Sarrazin, qui venait d’être chargé des sculptures du pavillon prin- cipal, ainsi que des grands escaliers du Louvre, et qui lui proposa de devenir son collaborateur pour l’exéeution de celte commande royale. Tout occupé qu’il était dans son propre atelier, Buyster n'eut garde de repousser une offre qui lui procurait l'avantage , alors vivement ambitionné, d'être inscrit parmi les artistes employés pour le service du roi. Jacques Sarrazin était en grand crédit; 1l pouvait lui être utile et lui rendit, en effet, des services signalés en plusieurs occasions. Notre Anversois accepta donc la collaboration qui lui était offerte. La part qui lui échut ( 489 ) dans les sculptures du pavillon du Louvre se composa de deux groupes de cariatides, d’une Renommée, de figures de femmes et d'enfants, de têtes de satyres, etc., dans les Lympans des croisées et dans la frise. Du pavillon du Louvre, Buyster passa à celui des Tuileries, où il fit deux Renom- mées, avec tous les ornements du fronton, et six grandes figures allégoriques de la Religion, de la Justice et des Vertus morales. Après de nombreux démêlés dont le récit forme toute une odyssée, la paix avait été signée entre l'Académie et la communauté des maîtres peintres et sculpteurs. Une des clauses de la fusion opérée entre les deux sociétés rivales , était que l’Académie recevrait, parmi ses douze anciens, quatre membres de la maîtrise, au nombre des- quels fut compris Philippe Buyster. Quelque temps après, de nouvelles querelles surgirent entre les académiciens de fraiche date et leurs aînés. On parla de cabale; le mot de conspiration fut même prononcé. Buyster était un des conspirateurs. L'Académie fit sommer ceux-ci de venir se justifier dans une assemblée générale; mais ils s'abstin- rent d’y paraître. [ls furent jugés par défaut et condamnés à la déchéance des priviléges et droits des académiciens, à moins de se soumettre au payement d'une amende de trente livres et aux autres satisfactions convenables qui leur seraient imposées. L'auteur des Mémoires pour servir à l’histoire de l’Académie royale de peinture et de sculpture dit que Philippe Buyster persista dans son égärement, et demeura jusqu'à sa mort séparé de l’Académie. Dans une notice conservée en manuscrit aux archives de l’école des beaux-arts de Paris, et publiée dans les Mémoires iné- dits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie, Guillet de Saint-Georges, après avoir parlé des démêlés de ( 490 ) la maîtrise avec l'Académie, ajoute : « M. Buyster eut beau- coup de part à ces contestations, même il sortit du corps de l’Académie. Mais enfia, en l’année 1665, il quitta entièrement les maîtres, et, s'étant attaché à l’Académie, il y fit présent d’un satyre de terre cuite qui à dix-huit pouces de hauteur, et qui tient d’une main une grappe de raisin et de l’autre cette espèce de flûte à plusieurs tuyaux que les anciens appelaient syrinx. » À ce passage de la no- tice de Guillet de Saint-Georges, un anonyme contemporain a ajouté cette note qui renferme des indications précises : « Il (Buyster) refusa avec opiniâtreté de reconnaître l’au- torité de l’Académie; ainsi, il en fut exclu et destitué de sa qualité d’ancien. » C’est le prononcé d’un arrêt rendu en forme, le 2 janvier, après trois citations. Cependant il fut rétabli dans son premier état le 26 mai 1665, et, le 4 janvier 1665, il donna son morceau de réception. Le talent de Philippe Buyster était mis à contribution par les particuliers, dans les moments de liberté que lui laissait sa coopération active aux travaux des résidences royales. C’est ainsi qu’il fit : Dans le château du président des Maisons, près de Saint- Germain en Laye, des groupes d’enfants représentant les génies des beaux-arts, pour la décoration du grand esca- lier, et un groupe de Mars et Minerve, qui fut un des Fe cipaux ornements du pare. Dans le château de Videville, près de Poissy, apparte- nant à M. de Bullion, surintendant des finances, plusieurs figures et un groupe de marbre, ayant pour sujet deux enfants jouant avec une chèvre. Ce morceau passe pour être un de ses ouvrages les plus distingués. On estime qu'il n’était guère resté inférieur à Du Quesnoï dans l'exé- cution des figures d'enfants. ù ( 491 ) Au château de Rincy, appartenant au fermier général Bordier, des groupes d’enfants chargés de trophées, de grandes figures soutenañt une vaste cheminée et un excel- lent bas-relief de marbre de la Présentation de la Vierge au temple. Nous ne citerons pas tous les travaux de notre artiste, faits pour des particuliers; 1ls sont en grand nombre. Toutefois nous en mentionnerons encore un, à cause de sa singularité. Le sculpteur anversois n'avait été employé que pour de grands seigneurs et de riches financiers, quand un client d'une condition plus obscure vint faire appel à l’habileté de son ciseau. Ce client était une cliente, la veuve d’un rôtisseur célébre en son temps, qui avait fait une fortune considérable à débiter de la volaille cuite à point, dans une petite boutique de la rue de l’Arbre-Sec. La veuve, encore jeune, voulut quitter le commerce et jouir de l'indépendance opulente que lui permettaient de goûter les biens considérables amassés par son mari. A la place de la petite boutique, elle fit élever un magnifique hôtel, où le luxe de la décoration ne fut point épargné. Elle s'était adressée aux premiers artistes de l'époque, à ceux qui travaillaient pour la plus haute noblesse, et Buyster avait reçu, pour sa part, la commande d’un groupe destiné à surmonter la porte de l'hôtel. La belle rôtisseuse s'appelait Anne : elle invita notre artiste à prendre pour sujet du groupe sainte Anne apprenant à lire à la Vierge. On croira peut-être que, comme la plupart des parvenus, elle s’efforça de faire oublier et d'oublier elle-même son ancien état. Il n’en fut rien. D’après le désir qu'elle ex- prima au sculpteur, celui-ci représenta, dans un bas-relief en forme de cartouche, placé sous le- groupe qui vient d'être cité, un trophée dans la composition duquel entrè- æ (492 ) rent exclusivement des pièces de volaille. Plus d'une fois, quand la tradition de l’origine d’une fantaisie si singulière se fut perdue, ce blason d’une” nouvelle espèce mit à l'épreuve la sagacité des archéologues. C'étaient bien là des armes parlantes, ou chantantes, si l’on aime mieux. Une circonstance de la vie du sculpteur anversois, rap- portée par Guillet de Saint-Georges, avec une apparence de mystère, a vivement excilé notre curiosité, et nous avons fait beaucoup de recherches dans les mémoires du temps pour l’éclaircir; mais nos efforts n’ont point abouti à la découverte du mot de l’énigme. Voici comment s’ex- prime l’historiographe de l’Académie : « Il (Buyster) se vit malheureusement embarrassé dans une affaire violente qui se passa dans le Cours de la Reine et qui coûla la vie à un homme. On fit contre lui des poursuites de justice. En cette affaire épineuse, M. Sarra- zin, qui aimait fort M. Buyster, lui rendit de très-bons offices, en lui procurant l'appui de M. Desnoyers, secrétaire d'État, qui, chérissant les beaux-arts, vanta les talents de Buyster à M. le cardinal de Richelieu, de sorte que l'autorité de Son Éminence termina la chose par un ac- commodement. » Quelle pouvait être cette affaire violente et quelle part y à prise notre sculpteur? C’est ce que nous n’avons point découvert. D’après les expressions dont se sert Guillet de Saint-Georges, il paraîtrait que .Philippe Buyster n’y fut impliqué que secondairement, et n’en fut ni le promoteur, ni l’acteur principal. S'il en eüt été autrement, tout lin- : térêt que lui portaient Sarrazin et M. Des Noyers n'aurait pas eu le pouvoir de lui faire obtenir la protection du car- dinal de Richelieu. Philippe Buyster n'avait pas discontinué ses travaux (493) pour les églises de Paris, qui s’adressaient de préférence à lui quand il s’agissaft de sculpture en bois, genre dans lequel on sait que les aïtistes des Pays-Bas ont excellé de . tout temps, et où 1l avait une supériorité incontestée sur tous ses confrères français. Seulement, par une bizarrerie inexplicable, l’usage s'était établi à Paris de peindre les sculptures en bois de manière à leur donner l'apparence de la pierre, ce qui ôtait aux ouvrages de cette espèce leur mérite particulier, et les plaçait dans des conditions d’as- pect défavorables. À l’église des religieuses du Calvaire, par exemple, Buyster avait exécuté, pour le grand autel, une composition où quatre figures d’anges, placées sur des colonnes torses, soutenaicnt un fronton surmonté d’une allégorie de la divinité. Le tout était en bois, mais blanchi en couleur de pierre, comme le dit une ancienne descrip- tion, et rehaussé de filets d’or. Aux carmélites de la rue Chapon, Buyster exécuta égale- ment la sculpture du maître-autel, dans lequel il fitentrer des figures d'anges tenant des guirlandes de fleurs. fei l'or remplaça la couleur de pierre, pour cacher le ton naturel du bois. Mademoiselle d'Orléans, duchesse de Montpensier, ayant conçu le projet de faire exécuter, dans le jardin des reli- gieuses de la Visitation , un lieu de retraite où les pieuses recluses de cette maison allassent se livrer à de saintes . méditations , ce fut Philippe Buyster qu'elle chargea de ce travail. Notre artiste fit élever un pavillon circulaire sur- monté d’une coupole, sous laquelle il plaça un groupe représentant la sépulture de Jésus-Christ près duquel se tenaient la Vierge, saint Jean , la Madeleine, Marthe, Jo- seph d’Arimathie et Nicodème. Quand la reine mère, Anne d'Autriche, fonda le mo- ( 494 ) nastère du Val-de-Grâce, elle désigna elle-même Philippe Buyster comme devant être chargé d'une partie des seulp- tures de l’église. Il y fit de jolies figures d'anges et des or- nements auxquels se mêlent les chiffres de la reine. Buyster n'avait pas le temps d'exécuter lui-même tous les travaux qui lui étaient commandés; souvent il se bor- : nait à donner des modèles d'après lesquels travaillaient des artistes désignés par lui. On citait, comme ayant cette origine, les sculptures de l’église du Sépulere, dans la rue Saint-Denis, et celles du principal autel de l’église des re- ligieuses bernardines de Port-Royal, où un tableau de Philippe de Champagne était placé entre une statue de la Vierge et un saint Jean-Baptiste de notre Anversois, ce qui faisait une œuvre tout à fait belge dans son ensemble. Plusieurs tombeaux de personnages célèbres figurent dans la liste des productions de Buyster. Son chef-d'œuvre en ce genre fut le mausolée du cardinal de la Rochefou- cauld, grand aumônier de France, qu'il fit pour l’église abbatiale de Sainte-Geneviève du Mont. Ce mausolée, de marbre noir, était surmonté de la statue de marbre blanc du cardinal, lequel était représenté à genoux et revêtu d'un long manteau’, dont l'extrémité était soutenue par un génie de la douleur. Piganiol de la Force s'exprime ainsi au sujet de ce morceau, dans la Description historique de la ville de Paris : « Dans une chapelle (de Sainte-Gene- viève du Mont) qui est à côté du grand autel, est un ma- gnifique tombeau de marbre noir, sur lequel on voit la statue de marbre blanc du cardinal de la Rochefoucauld à qui un ange sert de caudataire. Ce chef-d'œuvre de seulp- ture est de Philippe Buyster, sculpteur du roi. » Nous citons ce passage non-seulement pour montrer de quelle manière l'ouvrage de notre artiste était qualifié par un ( 495 ) auteur impartial, mais encore parce qu'il nous apprend que Philippe Buyster eut le titre de sculpteur du roi, par- ticularité que nous ne voyons pas mentionnée dans les biographies. Le tombeau du cardinal de la Rochefoucault fut trans- porté, à la fin du X VITE" siècle, au Musée des monuments français, rue des Petits-Augustins. Lors de la suppression de ce musée, il fut réédifié dans léglise de l’hospice des Incurables, dont le cardinal avait été le fondateur. Le devis des ouvrages de sculpture et architecture, de marbre et de bronze du monument destiné à la sépulture du cardinal de la Rochefoucault, existe en manuserit à la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris. II à été reproduit textuellement dans la Revue archéologique (année 1850), et renferme des détails très-précis, très-minutieux sur la manière dont 1l doit être procédé aux travaux, la nature des matériaux, le prix et les termes de payement. Suivant un usage très-ancien et encore suivi à l’époque dont nous parlons, le devis a la forme d'un acte notarié. Le sculp- teur s'engage à exécuter son travail, conformément à un plan signé des parties, dans le délai de quatorze mois, et les religieux de l’abbaye de Sainte-Geneviève du Mont pren- nent, de leur côté, l’engagement de lui payer la somme de six mille livres. Dans l’acte authentique dont il s’agit, Philippe Buyster est qualifié de sculpteur ordinaire du roi, ce qui vient à l’appui de la désignation donnée par Piga- niol de la Force. Il est dit aussi qu’il demeure dans l'hôtel des Tuileries, où les artistes les plus renommés obtenaient seuls la faveur d'un logement. Ce sont des témoignages trop significatifs de la considération dont jouissait notre sculpteur, pour que nous. négligions d’en tenir note. Philippe Buyster a eu, comme le dit Guillet de Saint- DM SÉRIE, TOME X. 34 ( 496 ) Georges, « beaucoup de part aux ouvrages de Versailles. » Il fit, pour les massifs qui entourent la fontaine d’Apol- lon , huit figures de faunes et d’hamadryades ; à l’un des côtés de l’entrée du château, Neptune armé de son trident el ayant un cheval marin à ses pieds, et de l’autre côté, deux grandes figures de Cérès et de Bacchus. Enfin, près du bassin de la Pyramide d’eau, il plaça un faune en mar- bre, son dernier ouvrage. Voulant terminer dans le repos une carrière longue et bien remplie, Buyster se retira dans une maison qu'il avait acquise aux Porcherons. Rarement le repos complet satis- fait l'artiste accoutumé au mouvement d’une vie laborieuse. Buyster avait renoncé aux travaux commandés; mais il voulut s'occuper encore selon sa fantaisie. Il fit les mo- dèles d'ouvrages de sculpture dont il s'était proposé d’en- richir la chapelle de Notre-Dame de Lorette, dépendant de la cure de Montmartre, près de la retraite qu'il s'était choisie, et il en dirigea l'exécution. Les figures de saint Roch et de saint Sébastien, qu’on y voyait aux deux côtés du tabernacle, étaient de ses élèves; mais il voulut qu’il y eût aussi quelque chose de ses mains, et il fit deux figures d'anges qui surmontaient l'entablement. Une singulière idée vint à notre artiste. Il forma le pro- jet de faire lui-même son tombeau, qu’il voulait avoir dans la chapelle de Notre-Dame de Lorette, et de consacrer les dernières années de sa vie à ce travail, qui n’était pas de nature, 1l faut l'avouer, à lui inspirer des idées riantes. Il n’alla pas vite en besogne, n'étant nullement pressé, comme on peut le croire, de prendre possession de l’ha- bitation où devait reposer la partie mortelle de son être. On aurait dit que le destin se mettait d'accord avec lui, pour qu'il pût réaliser son étrange caprice. Sept années se (497) passèrent ainsi, Buyster travaillant un peu chaque jour, et le tombeau avançant lentement, mais avançant. Il ve- nait d’être terminé, quand celui dont il devait renfermer les restes, mourut, le 15 mars 1588, à l’âge de quatre- vingt-treize ans. Le tombeau que Philippe Buyster s'était fait de ses maïns, était de marbre blanc. Le portrait de l'artiste, en forme de médaillon, était attaché à une colonne élevée sur un piédestal , entre deux "génies versant des larmes. Sous le bas-relief se trouvait une plaque de marbre portant deux inscriptions, l’une en latin, l’autre en français, à la louange du défunt. « On y voit, dit Guillet de Saint-Georges, un témoignage de sa charité envers les pauvres, car, ayant fondé à perpétuité un service pour lui et un autre pour sa femme, 1l veut qu'à chacun de ces services, on distribue aux pauvres une aumône de cent sous, d’où l’on doit con- clure le bon usage qu'il a fait du bien que ses talents lui ont légitimement acquis. » S'il faut en croire Mariette, Buyster était l'auteur des deux inscriptions, dans les- quelles ses vertus étaient célébrées. On devra convenir que notre artiste était un homme de précaution, et qu'il poussait très-loin la foi dans cette maxime, que nos affaires ne sont jamais mieux faites que par nous-mêmes. mé ( 498 |) \ OUVRAGES PRÉSENTÉS. Un coup d'état manqué (1722); par Renier Chalon. Bruxelles, : 860 ; in-8°. Monnaies rares ou inédites; par le même. Bruxelles, 1860; in-8°. : Les opuscula de Jean Despiennes ; lettre à M. le président de la Société du Hainaut; par le même. Bruxelles, 1860; in-8°. Fragment d'un roman de chevalerie du cycle carlovingien, transcrit d’après un parchemin du XII" siècle; par P. Blom- maert. Lille, 4860; in-8°. Analogies des langues flamande, allemande et anglaise, ou étude comparée de ces idiomes; par E. J. Delfortrie. (Résumé de ce mémoire, par le chanoine Carton.) Gand, 1860; in-12. Was graef van Egmont, inderdaed een verrader? door J. Van de Velde. Vry naer onuitgegeven fransch pardon van E. $. Audenaerde, 1860 ; in-8°. De l'expropriation forcée, ou commentaire du titre premier de la loi du 15 août 1854, t. I; par M. Martou. Bruxelles, 1860; 4 vol. in-8°. Catalogue des coléoptères de Belgique; par C. Mathieu. Bruxelles, 1860; in-8°. Bulletin du conseil supérieur d'agriculture du royaume de Belgique. Procès-verbaux du conseil (session de 1860), €. XHE, première partie. Bruxelles, 1860; in-4°. Programme des cours de l'université de Bruxelles pendant l'année académique 1860-1861. 1 feuille in-plano. Revue de la numismatique belge, 3% série, t. IV, 3"° livraison. Bruxelles, 1860 ; in-8°. Revue de l'administration et du droit administratif de la Bel- gique, VIL®e année, t. VII, 8° et 9e livr. Liége, 1860; grand in-8°. ( 499 ) Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, 1. XVii, 3e livr. Anvers, 1860; 1 broch. in-8°. Messager des sciences historiques, ou Archives des arts et de la bibliographie de Belgique. Année 1860, 3"° livr. Gand; in-8°. _ Revue populaire des sciences, rédigée par J. B. E. Husson, Ile année 1860, n°° 7 à 9. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. Journal des beaux-arts, I"° année, supplément au n° 17 et n°® 18, 19 et 20. Anvers, 1860; 4 feuilles in-4°. L'abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun, VI"° an- née, 7% à 9e livr., septembre à novembre. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-&°. Revue de l'instruction publique en Belgique, VII” année, n® 7 à 10, juillet à octobre. Bruges, 1860; 3 broch. in-6°. Journal historique et littéraire, t. XXVIL, livr. 4 à 6. Liége, 1860; 3 broch. in-8°. Annales de la Société archéologique de Namur, t. VE, 3" livr. Namur, 1860; in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, 18° année, XXXI® vol., juillet à septembre. Bruxelles, 1860 ; 5 cahiers in-8°. | Annales de la Société anatomo-pathologique de Bruxelles. Bul- letin n° 3. Bruxelles, 4860 ; in-S°. Archives belges de médecine militaire, XIP"® année, Juillet à septembre 1860. Bruxelles; 3 cahiers in-8°. Archives de médecine vétérinaire, IX"® année, 7° à 9e ça- hiers. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. La Presse médicale belge, XIH®° année, n°5 29 à 46. Bruxelles, 1860; 18 feuilles in-4°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers, XVI"° année, juillet à septembre. Anvers, 4860; 3 broch. in-&°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges, XXI: année, août et septembre 1860. Bruges; in-8°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, IV®® année, juillet à septembre 1860. Bruxelles; 35 broch. in-8&°. ( 200 ) La Belgique horticole, X"° année, 10° à 12% livr., juillet à septembre 1860; 2 broch. in-&. Rapport du conservateur-secrétaire, A. Namur, sur les tra- vaux de la Société archéologique du grand-duché de Luxembourg, pendant l'année 1859. Luxembourg; in-4°. Détermination de la loi du mouvement d'un point matériel sur un plan incliné, à une latitude quelconque, en ayant égard à l'influence exercée par la rotation diurne de la terre; par de Col- net d'Huart. Luxembourg, 1860 ; 1 broch. in-8°. Koninklyke Akademie van wetenschappen, gevestigd te Amster- dam : — Verslagen en mededeeligen, afdeeling natuurkunde, X‘% deel; — afdeeling letterkunde, V® deel; — Jaarboek voor 1859; — Catalogus van de boekerij, Kt® deels, 2% stuk'; — Verslag over den Paalworm. Amsterdam, 1860; 5 vol. in-8°. Tijdschrift voor entomologie, onder redactie van J. Van der Hoeven, C. Verloren en S. C. Snellen van Vollenhoven, IIE® deel, 4-6 stuks. Leide, 1860; in-8. Levensberigt van Mr. da Costa; door H. J. Koenen. Leiïde, 4860; in-8°. Verzaemeling van zeldzame oorkonden betrekkelijk het beleg van ‘S Hertogenbosch in den jare 1629 ; door D" C. R. Hermans, 2% stuk. *S Hertogenbosch, 1860 ; in-&. Beantwoording der vraag : Welke verbeteringen zijn wen- schelijk in het algemeen polderregt in Noord-Brabant? door J. F. Boogaard. ’S Hertogenbosch, 1860; in-8°. "de Catalogus der Noord- en Zuid-Nederlandsche munten , en der historie- en andere penningen van het provinciaal Genootschap van kunsten en wetenschappen in Noord-Brabant. *S Hertogen- bosch, 1860; in-8°. De togt van Heemskerk naar Gibraltar (in 1607) poésie; door A. Bogaers. Rotterdam ,.1860; in-8°. Feestcantate bij de plegtige onthulling van het standbeeld van Tollens, den 245% september 1860 ; door A. Bogaers. Rotterdam, 1860; in-8°. ( 501 ) Les trois livres de porismes d'Euclide, rétablis pour la première fois d’après la notice et les lemmes de Papus, et conformément au sentiment de R. Simson sur la forme des énoncés de ces pro- positions; par M. Chasles. Paris, 1860; in-8°. Statistique de l’agriculture de la France; par Alex. Moreau de Jonnès. Paris, 1848; in-8°. Les moines d'Occident, depuis saint Benoît jusqu'à saint Ber- nard; par le comte de Montalembert, t. Let II. Paris, 1860; 2 vol. in-&°. Histoire du conseil d'État, depuis son origine jusqu à ce jour ; par À. Regnault. Paris, 1851 ; 1 vol. in-8°. Voyage en Orient, Grèce, Turquie, Egypte ; par A. Regnault. Paris, 14855; 1 vol. in-8°. Esquisses historiques sur Moscou et Saint-Pétersbourg, à l’époque du couronnement de l'empereur Alexandre II; par À. Regnault. Paris, 1857; 1 vol. in-8°. Aphorismes administratifs; par A. Regnault. Paris, 1859; 4 vol. in-12. Grammaire comparée des langues de la France ; par Louis de Baecker. Paris, 1860 ; 1 vol. gr. in-8°. Mémoire sur les altérations frauduleuses de la garance et de ses dérivés, contenant un procédé usuel propre à les reconnaître; par M. D. Fabre jeune. Avignon, 1860; in-8°. Observations météorologiques faites à Lille pendant l'année 1858-1859; par Victor Meurein. Lille, 4860 ; in-8°. Essai sur la théorie de la variation diurne barométrique, sur la constitution de l'éther et sur l'analogie de ce fluide avec le fluide électrique; par C. L. Henry. Troyes, 1860 ; gr. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels, table du t. L., t. LI, n° 8 à 14. Paris, 1860; 8 broch. in-4°. Bulletin de la Société géologique de France. 2% série, t. XVIF, feuilles 29-44. Paris, 1859 à 1860; in-8°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée ; par M. F. E. Guérin-Méneville, 1860 , n° 7 à 9. Paris; 3 broch. in-S°. ( 502 }) Revue de l'instruction publique en France, XX®° année, n° 14 à 28. Paris, 1860; 13 doubles feuilles in-4°. Presse scientifique des deux-mondes; revue universelle du mouvement des sciences pures et appliquées. Année 4860, £. F®, n® 4 à 5. Paris, 4860; 5 broch. in-8&. L'Investigateur, journal de l'Institut historique, 308% et 309€ liv. Paris, 1860 ; in-S°. Journal de la Société de la morale chrétienne, t. X, n° 4. Paris, 1860; 1 broch. in-8°. Revue de l'art chrétien, IV®® année, n° 7 à 9. Paris, 4860; 5 broch. in-8°. Congrès archéologique de France. Séances générales tenues à Strasbourg, à Rouen, à Saint-Lo et à Vire, en 1859, par Ja Société française d'archéologie pour la conservation des monu- ments historiques, XX VI": session. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. — Séances publiques du 29 janvier et du 24 août 4859. Besançon, 1860 ; in-8°. Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon: Mémoires : — classe des sciences , t. VIH et IX; classe des lettres, t. VIL Lyon, 1858-1859; 3 vol. gr. in-8°. Société impériale d'agriculture, etc., de Lyon : — Annales des sciences physiques et naturelles, d'agriculture et d'industrie, 5me série, t. Il et HE. Lyon, 1858-1859; 2 vol. gr. in-8°. ‘ Annales de la Société linnéenne de Lyon. Nouvelle série, t. V et VI. Lyon, 1858-1859; 2 vol. gr. in-8°. Règlement de la Société linnéenne de Lyon. Lyon, 1860: in-8°. Observation de l'éclipse totale de soleil du 18 juillet 1860, à Castellon de la Plana (Espagne) ; par M. le professeur E. Plan- tamour. Genève, 1860; 1 broch. in-8°. Notice sur les travaux scientifiques effectués depuis quelques années dans l'observatoire de Bruxelles, rédigée par M. le pro- fesseur Gautier. Genève, 4860 ; 4 broch. in-8°. Novus codex diplomaticus Brandenburgensis. Haupttheil oder Urkundensammlung für die Geschichte der allgemeinen Landes- ( 503 ) und kurfürstlichen Haus-Angelegenheiten ; von D' Adolph. Frie- drich Riedel. Zweiter und XIX Bandes. Berlin, 1860; 2 vol. in-8°. Uber alterthümer des ostindischen Archipels insbesondere die Hindu-Alierthümer u. Tempelruinen auf Java, Madura u. Bali, nach Mittheilungen Brumunds und V. Hoevells aus dem Hol- laendische bearbeitet; von D’ Johannes Mueller. Berlin, 1859; in-8°. Sieben und dreissigster Jahres-Bericht der schlesischen Gesell- schaft für vaterlandische hultur. Enthält : Arbeiten und Verän- derungen des Gesellschaft im Jahre 1859. Breslau; 1 vol. in-4°. Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstalt. 1860, VII-IX. Gotha, 1860; 3 cahiers in-24°. Verhandlungen des naturhistorisch-medizinischen Vereins zu Heidelberg. Band, II n° 2. Heïdelberg, 1860; in-8&. Zeitschrift des Ferdinandeums für Tirol und Voral berg ; herausgegeben von dem Verwaltungs-Ausschusse desselben. Dritte Folge, neuntes Heft. Innsbuck, 1860; in-8°. Ferdinandeum. Achtunzwanzigster Bericht des Verwaltungs- Ausschusses über die Jahre 1857, 1858, 1859. in-8°. Die Pferdekôpfe auf den Bauerhaüsern, besonders in Nord- Deutschland ; von prof. Chr. Petersen. Kiel, 4860; petit in-8°. Siützungs berichte der künigl. bayer. Akademie der Wissenschaf- ten zu München. 1860, heft 1-2. Munich; 2 broch. in-8°. Würtembergische naturwissenschaftliche jahreshefie, XVI Jahrg., 2 und 3 Heft. Stuttgart , 1860; in-8°. Studien aus der Natur ; von D' Adolf J. G. Weiss. Zweite Aus- gabe. Troppau, 1860; in-12. Die Krystallformen , einiger chemischen verbmdungen, von D' Adolf Weiss. Vienne, 1859; in-&°. : Untersuchungen über den zusammenhang in den anderungen der dichten und brechunt exponenten in gemengen von Flüssig- keilen; von D' Adolph Weiss und Edmund Weiss. Vienne, 1858; in-8°. Untersuchungen über den zusammenhang in den anderungen 2m SÉRIE, TOME X. 39 e ( 504 ) der dichten und brechungs exponenten in gemengen von Flüssig- keïten und Verbindungen von Gasen; von Aloïs Handl und Adolf Weiss. Vienne, 1858; in-8°. Jahrbuch der kaiserlichen-küniglichen geologischen Reichsan- stalt, XI Jahrgang, n° 1. Vienne, 1860 ; gr. in-8. Nova acta regiae Societatis scientiarum Upsaliensis. Seriei tertiae, vol. JI. Upsaliae, 1856-1858; 1 vol. in-4°. Arsskrift; utgifven af kongi. Vetenskaps- Sortie 1 Up ES Argangen, Upsal, 1860; in-8°. Sociélé impériale géographique de Russie : — Mémoires, t. XIII; — Bulletins, t. XXVIT, n° 10-19, t. XX VIII, n° 1-4; — Compte rendu pour l’année 1859 (traduit du russe), Saint-Pé- tersbourg, 1859-1860; in-8°. (En langue russe.) Die makrokephalen im boden der Krym und Osterreichs , ver- glichen mit der Bildungs-Abweichung, welche Blumenbach Macrocephalus genannt hat; von K. E. v. Baer. Saint-Péters- bourg , 1860; in-4°. Repertorium für meteorologie, herausgegeben von der kas. geographischen Gesellschaft zu Saint-Petershourg, redigirt von D' Ludwig Friedrich Kämtz, I band, 1-4 Heftes. Dorpat, 1859- 4860; 4 cahiers in-4°. Société impériale des naturalistes de Moscou : — Nouveaux mémoires, t. XI, XII et XIII; 5 vol. in-8°: — Bulletin, année 4859, n°5 2-4; année 1860, n° 4. Moscou, 1859-1860; 4 cab. in-8°. Bullettino nautico e geografico. Appendice alla Corrispendenza scientifica di Roma. Vol. I, n° 3. Rome, 1860; in-4°. Atti dell’ imp. reg. Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti, dal novembre 1859 all octobre 1860, t. XV', serie terza, dispensa 8°. Venise, 1859-1860; in-8°. Observations météorologiques faites à l'observatoire de l'Infant don Luiz à Lisbonne, pendant les mois d'avril à juin 1860. Lis- bonne, 1860 ; in-fol. The quarterly journal of the chemical Society, vol. XI, 2, n° L. Londres, 1860; in-8°. ( 505 ) Transactions of the royal Society of literature. Second series, vol. VI. Londres , 1859; in-8°. Memoirs of the royal astronomical Society of London, vol. XXVIIL. Londres, 1860; 1 vol. in-8°. The proceedings of the zoological Society of London, 1859, parts I-ITI; 4860; parts I-IL. Londres, 1859-1860; 4 cahiers in-8°. The american Journal of science and arts. Second series, su XXX , n° 88. New-Haven , 1860 ; in-8°. Lei de presupuestos para los gastos jenerales de la administra- cion publica de Chile para desde 1859 hasta 1859. Santiago 1853-1858; 6 vol. gr. in-8°. Coleccion de tratados celebrados par la repuüblica de Chile con los Estados extranjeros, t. I. Santiago, 1857; 1 cahier gr. in-8°. Memorias que los ministros de Estado en los departementos del interior, de relaciones exteriores, de hacienda, de justicia , culto e instruccion publica, de querra , de marina present. al congreso nacional de 1859. Santiago , 1859; G cahiers gr. in-8°. Noticia sobre el terreno carboniféro de Coronel à ilota, à sobre los trabajos de esplotacion en él emprendidos; por don Paulino del Barrio. Santiago , 1857; in-8°. Cuenta general de las entradas à gastos fiscales de la republica de Chile en 1854,1855, 1857, 1858. Santiago, 1855-1859, 4 vol. gr. in-8°. .Côdigo civil de la republica de Chile. PAPAAED 1858 ; 1 vol. in-8°. Transcripcion andälisis comparado de nuestra legislacion pi poiecaria; por Enrique Tocornal. Santiago, 1859; 4 vol. in-8°. Certamen literario celebrado en loor del cuadrajésimo nono aniversario de la independencia de Chile, por el Cireulo de Amigos de las letras. Santiago, 1859; in-8°. Proyecto de côdigo penal para la republica de Chile; por M. Carvalho. Libro 1 1 IL. Santiago, 1859; in-8°. Censo jeneral de la republica de Chile levaniado en abril de 4854. Santiago , 1858 ; in-plano. L 2 ( 506 ) Essai sur le Chili; par V. Perez-Rosales. Hambourg, 1851 ; 1 vol. in-8°. El gobierno à la revolucion. Santiago, 1859 ; in-8°. Ordenanza de aduanas de la republica de Chile. Valparaiso, 1851; À vol. in-8°. Los detractores de Chile en el estranjero. Santiago, 1859; in-8°. Appendix to american statistical annual : (Republic of Chile). In-8°. Cuarto informe anual de la junta directiva del ferro-carril del Sur, presentado a los accionistas de esta empresa (setiembre 50 de 1859). Santiago, 1859; in-8°. Exämen comparativo de la tarifa à lejislacion aduanera de Chile con las de Francia, Gran Bretaña i Estados-Unidos; por J. H. Courcelle Seneuil. Santiago, 1856 ; in-8°. Ferro-carriles norte-americanos y europeos comparados y juzgados por un injenioro ingles, comisionado por el Gobierno Britanico. Valparaiso , 1859; in-8°. Estracios de auloridades inglesas sobre locomotoras america- nus, respeluosamente dirijidos a los senores directores de ferro- carriles en Chile. Valparaiso, 1859 ; in-8°. Tarifa de avaluos que debe rejir en las aduanas de la republica de Chile para el año de 1858. Valparaiso , 1857; gr. in-8°. Documentos parlamentarios discursos de apertura en las sesiones del congreso, à memorias ministeriales correspondientes a la administracion Prieto, — dal primer al segundo quinquenio de la administracion Bulnes, — en los dos primeros 1 en los tres ültimos anos del primer quinquenio, à en los dos primeros ânos del segundo quinquenio de la adminisiracion Montt. t. I-VI. (Desde 1831 hasta 1858). Santiago , 1858-1859; G vol. in-8°. Cuenta de los ingresos à gastos que tuvo la republica de Chile en el año de 1853. Santiago, 1854; gr. in-8°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 11. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 novembre 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’Halloy, Sauveur, Wes- mael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, Ad. De Vaux, Gluge, Nerenburger, Schaar, Liagre, Brasseur, Poelman, Dewalque, Jules d'Udekem, membres ; Spring, Lacordaire, Lamarle, associés. 2" SÉRIE, TOME x. 36 (508 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître les mesures prises pour recueillir, dans les fouilles et terrassements qui s'effectuent autour de la ville d'Anvers, les objets de nature à intéresser la science. « Si la classe ne partage pas ma manière de voir et juge des mesures spéciales néces- saires, ajoute M. le Ministre, je vous prie, M. le secrétaire perpétuel, de vouloir bien l’engager à me faire connaître ses vues et à me soumettre des proposilions. » MM. le vicomte Du Bus, Van Beneden, Dewalque, De Koninck et Nyst sont chargés d'examiner la demande faite - par le Gouvernement et de proposer le projet de réponse à lui communiquer. — Une autre lettre ministérielle adresse à l’Académie trois exemplaires de la première partie du tome XIII des Bulletins du conseil supérieur d'agriculture. — Remerci- ments. — L'Association américaine de Cambridge pour l’avan- cement des sciences, transmet le treizième volume de ses bulletins. L'Académie californienne des sciences naturelles remer- cie l’Académie pour l’envoi de ses dernières publications. Des remerciments semblables sont adressés par le collége de Dartmouth, dans le Hanovre aux États-Unis, en même temps qu'uneliste des ouvrages que cet établissement destine à la bibliothèque de l’Académie. ( 09 ) La société des sciences naturelles du Wurtemberg re- mercie également pour la réception des dernières publi- cations, et annonce l'envoi des numéros 2 et 3 du seizième volume de ses mémoires. M. le docteur Jean Müller, de Berlin, en offrant la pre- mière livraison de son ouvrage récent sur lantiquité de l’archipel des Indes orientales, écrit qu'il se fera un plaisir de transmettre les livraisons suivantes. M. Adolphe Weiss fait la même promesse, en envoyant la première partie d’un ouvrage qu'il vient de publier. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que, le 19 du mois dernier, il a reçu de M. Lamarle un paquet cacheté dont il fait le dépôt. Ce paquet est contre-signé par M. le directeur. La classe reçoitensuite les ouvrages manuscrits sui- vants : "e 1° De M. Alexis Perrey, une notice Sur les tremblements de terre en 1858. (Commissaires : MM. Duprez et Quetelet.) 2 De M. Ed. Sacré une note Sur la construction des paratonnerres. (Commissaires : MM. Duprez et Liagre.) _ 3° De M. Florimond, une notice sur l’orage du 19 fé- vrier 4860; sur la génération de l'électricité et la formation des orages en général ; sur la fréquence des coups de foudre pendant les orages d'hiver. (Commissaires : MM. Duprez et Quetelet.) — M. le secrétaire perpétuel communique les résultats suivants, qu'il a reçus de M. Buys-Ballot, directeur de l'observatoire météorologique d'Utrecht, sur l’intensité relative des vents, observée dans cette ville pendant les années 1849 à 1854. (510 ) Intensité relative des vents, observée à Utrecht, pendant les années 1849 à 1854. INTENSITÉ INTENSITÉ INTENSITÉ Lrecés oi NOMBRE moyenne NOMBRE ne NOMBRE moyenne s d’observat. à d’observat à d’observat. à 8 h. du mat. 2 h. du soir. 10 b. du soir. A SAS 84 1.20 121 1.98 150 0.81 NNE. .. 112 1.18 173 1.73 114 0.96 I NE....) 209 1.27 163 1.89 214 1.27 ENE. . . 120 1.44 103 1.82 79 1.24 oo 53 1.02 38 1.89 43 0.70 ESE. .. 41 1.13 34 1.47 35 0.60 Sr 96 1.00 88 1.33 72 0.82 SSE. . . 121 1.12 115 1.39 82 0.95 SE 143 1.40 138 1.49 164 1.33 SSO. . 166 1.70 157 1.87 153 1.35 SO. 340 1,77 255 2.14 288 1.60 OSO. . . 209 1.79 238 2.54 185 1.60 D. ER 450 1.35 161 2.04 150 0.70 | ONO ..] 113 1.01 138 1.82 145 0.74 NO’: !: 137 1.22 134 1.76 191 0.59 NNO. .. 116 1.25 145 1.87 126 0.65 L’inspection de ce tableau fait voir que la plus grande intensité arrive à 40 heures du soir. La première colonne indique que la direction du vent change le soir, et que deux composantes, une de l'ONO. et une autre de l'ESE. se joignent, le matin, aux autres composantes ; c’est ce que M. Wenchebach avait déjà démontré. (511) RAPPORTS. Sur quelques ossements humains fossiles el sur quelques silex taillés. Notice de M. C. Malaise. Rapport de M. De Koninck. « Depuis que l’on a cessé de considérer les fossiles comme de simples jeux de la nature, depuis qu'il à été prouvé que les fossiles ne sont que les dépouilles d'êtres vivants qui ont précédé ceux qui existent encore à la surface de notre globe, l'homme fossile est devenu, pour certains na- turalistes et pour quelques philosophes, le but d’actives et de nombreuses recherches. Pendant un certain temps, on a cru la question résolue par la publication pompeuse de l’'Homo diluvii testis de Scheuchzer, qui, peu familiarisé avec l’étude de l'anatomie, confondit avec le squelette humain celui d’un reptile d’eau douce d’assez grande taille (Andrias Scheucheri, Tschudi) et très-rapproché, quant aux caractères, de notre sala- mandre ordinaire. | La réfutation éclatante de l'erreur dans laquelle avait versé le naturaliste suisse, par l’illustre Cuvier, avait rendu plus circonspects ceux qui étaient tentés de suivre la même voie. Une réaction trop prononcée avait été la con- séquence de celte réfutation, car lorsque notre savant confrère Schmerling annonça, dans son remarquable ou- vrage sur les ossements des cavernes, qu'il avait découvert des ossements humains mêlés à ceux d'animaux, éteints ( 512 ) en ce moment et dont les restes se retrouvent néanmoins dans le diluvium, peu de géologues ajoutèrent foi à ses as- sertions. La plupart même étaient d’avis que l'observation était probablement mal faite, ou bien que le mélange était dù à un de ces accidents forluits qui souvent conduisent à des appréciations erronées, lorsqu'on s’en tient aux ap- parences. | Îl n’a fallu rien moins que les patientes recherches d'un archéologue, M. Boucher de Perthes, et la confirmation de ses découvertes par d’éminents géologues anglais et fran- çais, pour détruire l'espèce de défaveur dans laquelle était tombée Ïa question se rattachant à l'existence de l’homme fossile. | Sir Charles Lyell s’en occupe activement en ce moment. - Déjà ce savant et infatigable géologue a visité les prin- cipales localités où des restes antédiluviens de l’homme ou de l’industrie humaine ont été signalés, et il est probable que bientôt il communiquera au publie le résultat de ses recherches. bébés | C'est en quelque sorte à son instigation, pendant son dernier séjour à Liége, que M. le D* Malaise à cherché à donner une solution définitive à la découverte faite par Schmerling. Dès sa première visite dans la grotte d'Engi- houl, il fut assez heureux d'atteindre son but. Il découvrit deux portions de mâchoire inférieure et trois fragments de crâne. Ces ossements étaient enfouis sous une couche de stalagmite épaisse de deux à trois cen- timètres et à une profondeur de cinquante à soixante centimètres, dans un limon très-poreux et caillouteux, pêle-mêle avec des ossements d'ours des cavernes, de pa- chydermes et de ruminants. Comme ce limon ne portait aucune trace qui püût faire ( D13 ) admettre qu'il ait été remué, et que tous les os offraient exactement le même aspect, il faut bien conclure que tous sont contemporains. Ce sont ces os humains qui sont décrits dans la note, communiquée par M. Malaise, et qui sont figurés en partie sur la planche jointe à cette note. Néanmoins ces os n’é- taient pas accompagnés des fragments de silex, évidem- ment travaillés de la main de l’homme et dont Schmerling en à figuré un dans son ouvrage. Mais M. Malaise en a découvert d’autres de même forme à Spiennes, près Mons. C'est dans cette même localité que depuis plusieurs années, M. Albert Toilliez, ingénieur des mines à Mons, à trouvé plus de deux cents haches et autres instruments gros- sièrement taillés en silex, qui font partie de sa collection. La parfaite similitude de ces haches avec celles découvertes aux environs d'Amiens, avait fait croire que leur position géologique pourrait être la même que celle de ces der- nières. Je me disposais à examiner celle question avec toute l'attention qu’elle mérite, lorsque J'ai reçu de M. Toil- liez une lettre dans laquelle il m’annonce qu'il a positi- vement reconnu- la superposilion sur le limon hesbayen, du ht superficiel de cailloux mélés de silex travaillés. Ce lit, ajoute-t-il, est donc bien différent du dépôt caillouteux in- férieur du limon qui contient les restes de Rhinocéros et d'Elephas. Pour moi, ce lit superficiel, quoiqu'il couvre, sur deux collines, environ une cinquantaine d'hectares, d'une manière plus ou moins complète, n'est plus que l’em- placement d’un immense atelier de fabrication de haches de silex, celui-ci étant trés-abondant dans le voisinage. IT est très-probable‘qu'aux observations faites par M.Toil- liez, il s’en joindra bientôt d’autres, et que l’on ne tardera ( 914 ) pas à être fixé d’une manière définitive sur l'opinion émise par ce savant ingénieur, En attendant, je propose d'adresser des remerciments à M. le docteur Malaise et de faire imprimer sa notice dans - les Bulletins de l'Académie. » Rapport de M. d’'Omalius. « Ayant toujours été porté à croire que l’homme exis- tait pendant la période que les géologues actuels nomment quaternaire, je vois avec plaisir multiplier les obserya- tions qui tendent à appuyer celte opinion, et je crois que lon doit leur donner toute la publicité possible; de sorte que je me joins à mon savant confrère, M. De Koninck, pour proposer à la classe de faire imprimer la note de M. Malaise dans les Bulletins. Je crois toutefois devoir ajouter que les faits, décrits ou rappelés dans cette note, ne me paraissent pas -encore suffisants pour que l’on considère la question comme défi- nitivement jugée. Ces faits sont de deux çatégories, dont l’une se rapporte aux ossements humains et l’autre aux silex taillés. Quant aux ossements, ils n’ont encore été trouvés que dans des cavernes; or on sait que, d’après la disposition de la plupart de ces cavités, des objets peuvent y avoir été introduits depuis le moment de leur formation jusqu’à l'époque actuelle. A Ia vérité, les ossements découverts par M. Malaise, ainsi que quelques-uns de ceux recueillis par ses prédécesseurs, étaient recouverts par une couche le stalagmite, ce qui prouve qu'ils sont antérieurs à la for- ( 015 ) mation de cette couche; de sorte que l’on pourrait avoir une notion positive de leur antiquité, si l’on savait quel est l’âge de la stalagmite; mais, jusqu’à présent, on n’a trouvé, ou du moins on n’a publié, aucune indication de cette nature, et l’on sait qu'il y a des cavernes où il se forme encore des stalagmites, tandis qu'il y en à d’autres où le sol n’est recouvert que de matières meubles à l’état terreux ou arénacé. On conçoit donc que des ossements ou des objets d'industrie humaine , introduits à diverses époques dans des cavernes de cette dernière catégorie, peuvent se mêler indéfiniment, et qu'ensuite si quelques changements dans le régime des eaux autour d’une de ces cavernes vient un jour à y déterminer la formation de sta- lagmite, on pourra, plus tard, trouver sous cette stalag- mite un mélange de traces de toutes les populations qui se sont succédé sur la terre, depuis le moment de la for- mation de la caverne jusqu'à celui où a commencé celle de la stalagmite. Quant aux silex taillés, je conçois que l’on doit hésiter à élever des doutes depuis les opinions qui ont été émises dans ces derniers temps par des géologues éminents ; cependant , 1l est-à remarquer que, sauf ceux qui accom- pagnaient les ossements des cavernes, tous les autres n’ont élé trouvés que dans des dépôts meubles. Or on sait avec quelle facilité les dépôts meubles glissent lorsqu'ils sont humectés , avec quelle facilité ils se crevassent dans les tremblements de terre ou par le simple desséchement, et enfin avec quelle facilité ces crevasses se referment sans laisser de traces de leur existence; de sorte que l’on doit être très-circonspect avant d’avoir la conviction que tous les objets qui se trouvent dans des dépôts meubles y ont # été introduits lors de leur formation originaire. En effet, ( 916 }) si, par exemple, des hommes avaient établi, pendant la période actuelle, une fabrique de haches de silex dans les dépôts de cailloux roulés qui se trouvent dans le voisinage des marais des bords de la Somme, des tremblements de terre pourraient avoir fait glisser les cailloux de manière que les fosses où l’on taillait les silex aient été refermées sans que l’on aperçoive de dérangement dans les diverses assises meubles qui composent le sol. Il est à remarquer à cette occasion que l'intéressante communication de M. Toilliez, que M. De Konincek vient de nous faire connaître, tend jusqu'à un certain point à augmenter les doutes, puisque le savant ingénieur a reconnu que les silex taillés du Hainaut, que l’on nous dit semblables à ceux de Picardie, reposent au-dessus du limon de Hesbaye, qui est considéré comme un des der- niers termes des dépôts de la période quaternaire. Je pense donc que la démonstration ne sera complète que quaud on aura trouvé les ossements ou les traces de l’industrie humaine dans l’intérieur ou au-dessous d’une couche cohérente dont l’âge soit bien constaté par la pré- sence de fossiles quaternaires. D'un autre côté, je ne dois pas laisser ignorer à la classe qu'il existe üne troisième catégorie de faits dont 1} n’est pas question dans le mémoire de M. Malaise. Je veux par- ler de la communication faite à l’Académie des sciences de l’Institut de France, le 19 mars 48690, par M. Lartet, concernant des os de Rhinoceros tichorinus et d’autres ani- maux quaternaires, qui porteraient des traces d’instru- ments tranchants qui auraient atteint ces os lorsquils étaient à l’état frais. On conçoit que, s’il est une fois re- connu que ces atteintes d'instruments tranchants ont effectivement eu lieu lorsque les os étaient à l’état frais, (ORNE :)" il ne restera plus de doutes sur la contemporanéité de l’homme et des animaux quaternaires; mais, quelle que soit la confiance qu'inspirent les travaux aussi savants que consciencieux de M. Lartet, on doit attendre, avant de considérer la question comme résolue, que la science se soit prononcée sur cette ingénieuse découverte. » : D’après la demande des commissaires, la notice de M. Malaise sera insérée au Bulletin, et des remerciments lui seront adressés pour sa communication. — D'aprèsles rapports favorables des trois commissaires, | MM. d'Udekem, Edm. de Selys-Longchamps et Cantraine, le mémoire de M. Van Beneden, intitulé : Recherches sur des crustacés du littoral de la Belgique, sera imprimé dans les Mémoires de l’Académie , avec les planches qui lui ser- vent de développement. Aux termes du règlement concernant les écrits des membres, les rapports détaillés auxquels ce mémoire a donné lieu, ne peuvent être insérés dans le Bulletin de la séance. — MM. Cantraine et Wesmael demandent à faire quel- ques observations à M. Belval, sur les deux notices qu'il a soumises à l’Académie, avant de lire leur rapport définitif. — MM. Schaar et Brasseur font un rapport verbal sur le mémoire de M. Manilius, concernant la méthode infini- tésimale, et ils en proposent le dépôt aux archives, — Cette proposition est adoptée. (548) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. le secrétaire perpétuel communique les résultats suivants qu'il a reçus concernant les phénomènes pério- diques observés pendant l’année 1860 : 4. Observations faites dans le jardin botanique de Vienne, par M. Ch. Fritsch, sur le règne végétal et le règne animal ; 2, Observations faites dans le jardin de l'observatoire de Bruxelles, par M. Ad. Quetelet, sur le règne végétal ; 5. État de la végétation à Waremme, le 21 avril 4860; observations de MM. de Selys-Longchamps et Michel Ghaye; 4. État de végétation, le 21 octobre dernier : A Bruxelles, dans le jardin de l'Observatoire; par M. Ad. Quetelet; À Melle, près de Gand; par M. Bernardin ; A Jemeppe; par M. Alfred de Borre. — Sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux; par M. A. Quetelet, secrétaire perpétuel de l'Académie. Les premières recherches comparatives sur les époques périodiques des plantes et des animaux datent de l’autre siècle. Elles furent faites à la demande de Linné; mäis comme cet illustre naturaliste ne précisait pas suflisam- _ ment le but qu’il voulait atteindre, ses observations, peu ( 519 ) comparables à celles de ses correspondants, durent être suspendues quelques années après avoir été entreprises. Différentes tentatives isolées ont été renouvelées depuis, mais elles sont restées à peu près constamment sans ré- sultat utile. Cette fâcheuse lacune me frappa, quand je cherchaï, il y a plus d’un quart de siècle, à réunir dans un même travail l’ensemble des phénomènes terrestres qui dépendent de la succession des jours et des saisons. J'en fis la remarque à l’Académie et, en 1839, je lui pré- sentai les premières observations sur les phénomènes pé- riodiques des plantes que j'avais recueillies, pendant le cours de cette année, dans le jardin de l'Observatoire. Je sentis dès lors la nécessité de publier un programme, si Je tenais à recevoir des observations comparables aux miennes. CRUE J’eus recours aux lumières de plusieurs de mes con- frères de l'Académie, et je fus secondé tout à la fois par la coopération de savants belges et étrangers. Je dois citer particulièrement avec reconnaissance mes collègues MM. Kickx, Martens, Morren, de Selys-Longchamps (1), Dumortier, Cantraine, Wesmael, Gauchy, Dumont, Van Beneden, De Koninck, Bernard Du Bus, Schwann, Spring, Duprez, Gluge, Dewalque, Montigny, Sommé, Galeotti, etc. Je puis dire que tous les observateurs en général secondèrent cet utile projet. Peu à peu le plan s'agrandit, et les hommes les plus distingués dans les sciences voulurent bien appuyer mes idées pour arriver à établir un plan comparatif de recher- (1) M. de Selys-Longchamps a demandé, depuis, qu’on fit l'observation de l’état des plantes à des époques déterminées, soit les 21 mars, avril et octobre ; ces observations ont lieu, du moins en Belgique. ( 520 ) ches. Je nommerai en particulier de Humboldt, Berzelius, Robert Brown, Herschel et parmi nos collaborateurs, MM. de Martius, le comte Gasparin, Decaisne, Jenyns, Zantedeschi, Fritsch, Dureau de la Malle, Bravais, Mar- ins, d'Hombres Firmas, Colla, Wartmann, Kupffer, Hess, Dorn, Goppert, Cohn, etc. Presque en même temps que l'observation des phéno- mènes périodiques s’organisait en Belgique, une organi- sation semblable se faisait par les soins de MM. Kreil et Fritsch, d'abord à Prague et plus tard à Vienne. Différents pays suivirent cet exemple, et plusieurs villes importantes devinrent le centre de nombreux travaux : je citerai en par- üculier Breslau, Berlin, Saint-Pétersbourg, Stockholm et Londres, Les relations qui s’établirent à ce sujet, d’un pays à l’autre, firent sentir la nécessité d'opérer avec le plus grand ordre et de ne présenter que des observations rigoureusement comparables entre elles : on comprit le besoin d’arrêter et de formuler un programme général. Cet utile travail fut entrepris au congrès de statistique de Vienne, et l’on voulut bien m’y charger, avec M. Fritsch, de le présenter plus tard au congrès de Londres (1). En l'absence de mon collègue, je l’ai soumis, au mois de juillet dernier, à la sixième section de l'assemblée, dont J'avais l'honneur d'être le président; et, après qu’il y eut reçu l’approbation de mes collègues, je le communiquais au congrès en séance générale. Un important progrès s’est donc réalisé, et désormais les observations des phénomènes périodiques des plantes 2 (1) Le catalogue, semblable du reste à celui employé précédemment à Vienne et à Bruxelles, a été rédigé par les soins de M. Fritsch et a reçu lap- probation de l’Académie des sciences de Vienne avant d’être présenté au congrès international de Londres. (521 ) et des animaux se feront en tout pays d’après les mêmes principes et seront comparables sous tous les rapports. Cette unité était de la plus grande importance pour le but qu’il s'agissait d'atteindre. Si je me permets aujourd'hui de vous entretenir de l’espèce de lien qui vient de s’établir entre tous les peu- ples, au sujet des phénomènes périodiques, c'est que vous avez élé les premiers à en donner le signal et des plus constants à en activer les progrès. Sur les mouvements du cœur, spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo -ventriculaires ; par M. À. Spring, associé de l’Académie. Il règne encore, en physiologie, une fâcheuse incerti- tude à l'égard du mode d’après lequel s’exécutent les mou- vements du cœur. Selon l’opinion qu’on rencontre le plus souvent, cet organe agit à la manière d’une pompe fou- lante, dont les coups de piston se succéderaient à des in- tervalles égaux, et qui se rechargerait par un excédant de pression communiqué au liquide. Sa contraction ou systole alternerait régulièrement avec la dilatation ou diastole, qui ne serait que le temps de repos. Beaucoup d’observateurs maintiennent même la doctrine de Haller, d’après laquelle les oreillettes se trouveraient à l’état de systole pendant que les ventricules se remplissent, et leur diastole coïnciderait exactement avec la systole de ces autres compartiments. Cependant les recherches des comités saisis de cette question, en 1855 et 1837, par l’Association britannique pour l'avancement des sciences, ont démontré à l'évidence ( 522 ) qu'il n'existe pas d’alternance régulière entre les actes auriculaires et les actes ventriculaires; que la contraction des oreillettes n’est à la.rigueur pas distincte de celle des ventricules et, par conséquent, qu’on a tort d’opposer la systole des premières à celle des seconds. La théorie que Laennec et ses disciples immédiats avaient donnée des- bruits accompagnant les actes cardiaques a dû être aban- donnée à la suite de ces recherches, dont l'autorité se fondait à la fois sur l’habileté remarquable des savants qui en étaient chargés et sur la largesse des subsides que l'Association britannique y avait consacrés. Il était irré- vocablement prouvé que le choc ou impulsion du cœur correspond à la systole ventriculaire et coïncide avec le premier bruit, et que le deuxième bruit indique le com- mencement de la diastole. Il n’était, en outre, plus guère possible, depuis, de chercher la cause du deuxième bruit ailleurs que dans le claquement des valvules sigmoïdes, dont la fermeture s’opère brusquement par le choc de re- tour de la colonne sanguine artérielle. Mais il s’en faut de beaucoup que la question ait été réso- lue également bien, en ce qui concerne le premier bruit. Les comités de Dublin et de Londres n’ont obtenu, à son égard, que des résultats négatifs; aussi la manie des hypo- thèses, refoulée des autres points, s’est-elle rabattue avec d'autant plus de vigueur sur celui qui lui restait accessible. Pour sortir de la confusion qui menaçait de devenir de plus en plus grande, j'avais tenté, dès 1838, quelques expériences relatives aux causes et au mécanisme des pul- sations cardiaques. Chaque fois que je tenais en mains le cœur d’un animal vivant, je fus frappé de la force avec laquelle il exécutait sa dilatation. Ce qu'on avait autrefois dit d'une dilatation active me revint alors à la mémoire, ( 923 } et, quelques années plus tard, J'osais aborder ce problème directement, tout en sachant bien que je m’exposais à une désapprobation à peu près générale. De nouvelles expé- riences me démontrèrent la réalité de ce que les anciens physiologistes avaient appelé l'aspiration du cœur, et il me fut impossible de ne pas y voir la preuve que les ven- tricules de cet organe s'ouvrent ou se dilatent activement. En présence de ce fait, ma perplexité fut grande toute- fois quand j'essayais de me rendre compte des circon- stances et du mécanisme de cette dilatation. Quoique appuyée de nos jours par un physiologiste de la valeur de William Carpenter, le pouvoir d'élongation de la fibre musculaire, tel que lPavaient compris Bichat et Dumas de Montpellier, me parut inadmissible; et, d’un autre côté, je trouvai exact, en les soumettant à un nouveau con- trôle, tous les arguments classiques qu’on opposait à la dilatation active. Après avoir été tenu en échec, pendant quelque temps, devant cette double difficulté, il m'a été permis de m’avancer d’un pas, en reconnaissant une erreur qui a été commise par tous ceux qui, depuis Harvey et Lancisi, se sont oc- cupés des mouvements du cœur. Tous ont pris pour sy- nonymes la diastole et la dilatation. Mais la diastole n’est pas l’opposé de la systole; elle est tout simplement, l’éty- mologie le dit du reste déjà, la pause, le silence, l’état de repos. J'ai trouvé que les ventricules ne se remplissent pas immédiatement après leur évaeuation systolique , mais l'instant avant cette évacuation, et qu’au lieu de deux actes, chaque révolution cardiaque se compose en réalité de trois qui se succèdent dans l'ordre suivant : dilatation, resserre- ment, pause ou : présystole, car c’est ainsi que j’ai nommé le premier acte, systole, diastole. 2m SÉRIE, TOME X. 37 ( 524 ) La présystole ou dilatation appartenant évidemment à la période d'activité du cœur, la question se présenta ensuite de savoir si les fibres musculaires du cœur ne se trouvent pas, les unes à l'égard des autres, dans un rapport d'an- tagonisme semblable à celui qui existe entre les fibres lon- gitudinales et les fibres circulaires de l’utérus, de la vessie, de l'æsophage et, en général, de tous les organes muscu- leux de la vie organique à laquelle le cœur appartient également. Je me suis demandé même si des deux nerfs moteurs qui animent le cœur, du pneumogastrique et du grand sympathique, l'un ne préside pas à la contraction des fibres dilatatoires et l’autre à celle des fibres qui opè- rent le resserrement des ventricules? L'observation que, par une forte irritation galvanique du nerf pneumogas- trique, les mouvements du cœur s'arrêtent à l’état de di- latation, me semblait y autoriser. J'ai pu réunir plusieurs faits et considérations d’un autre genre pour donner un certain degré de probabilité à l’assertion que des deux ordres de fibres musculaires du cœur, des fibres communes et des fibres propres, les premières se contractent pen- dant la présystole pour opérer la dilatation des ventri- cules; les secondes, pendant la systole, pour produire leur resserrement. Quelques années après la découverte de la présystole ou de la dilatation préalable, j'en fis une seconde, à savoir que cette découverte avait été faite déjà par André Vésale. Non-seulement il distingua trois actes cardiaques qu'il fit se succéder dans l’ordre indiqué plus haut, mais il soutint encore l’antagonisme des fibres musculaires, en faisant dépendre des fibres droites ou longitudinales la dilatation, et des fibres circulaires ou transversales le resserrement. Tous les analomistes et physiologistes qui lui ont succédé ont passé cette doctrine sous silence. ( 525 ) À partir de 1848, l'occasion existait pour moi de me livrer journellement à l’auscultation du cœur, à l’état nor- mal et à l’état de maladie. Je découvris le fait important qu'il n’y a pas deux tons ou bruits, mais trois; seulement le premier et le deuxième se succèdent sans intervalle, tandis que le troisième est nettement séparé du deuxième. L'idée a dû venir que le premier ton appartient à la présys- tole, le deuxième à la systole, alors que le troisième, con- formément à l’opinion générale, correspond à la diastole. Ceci m'a obligé à aborder la question si controversée du jeu des valvules auriculo-ventriculaires. Les recher- ches poursuivies dans cette direction m'ont donné pour résultat, que les valvules mitrale et tricuspide sont abaïis- sées violemment et tendues, lors de la présystole, par l’ac- tion des muscles papillaires qui, comme les anatomistes le savent depuis longtemps, ne sont autre chose qu’une des terminaisons des fibres musculaires communes, c’est- à-dire de celles qui opèrent la dilatation des ventricules. Abaissées violemment et tendues, elles se trouvent dans les conditions à produire un son, et puisque l'observation des malades me démontrait que les lésions de ces valvules amenaient ou l’absence ou l’altération du premier ton, je n’hésitai pas à l'appeler Le ton présystolique. Le deuxième, ou le ton systolique, est dù au choc communiqué aux mêmes valvules, ainsi qu'aux cordages tendineux, par le sang qui, lors de la systole, est violemment comprimé par les fibres musculaires propres des ventricules. Mes recherches sont exposées en détail et leurs résul- tats sont consignés dans le mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie. Son premier article traite de l'ordre de succession des actes cardiaques; le second du mécanisme de la dilatation ventriculaire; un troisième ar- ( 526 ) ticle examine les conditions du pouls cardiaque; enfin un quatrième est consacré au jeu des valvules auriculo-ventri- culaires et à ses effets acoustiques. Ici je demanderai seulement la permission de résumer très-brièvement la doctrine que je voudrais substituer à celles qui se disputent actuellement le pouvoir, et dont l’insuffisance est surtout sensible aux médecins qui essayent d'en faire l'application au diagnostic des maladies du cœur. : Description des mouvements du cœur. — Chaque révo- lution du cœur s’accomplit en trois temps : la présystole, la systole et la diastole. Pendant les deux premiers temps, l'organe est actif; il est en repos pendant le dernier. 4° La présystole. Pendant ce premier temps, les ventricules s'ouvrent ou se dilatent, et exercent ainsi une succion sur le sang con- tenu dans les oreillettes. L’entrée du sang est rendue pos- sible par l'abaissement brusque des valvules auriculo-ven- triculaires. Elle est facilitée par la contraction des parois des oreillettes, qui a lieu en même temps. Ainsi trois actes simultanés constituent la présystole : 4° la dilatation des ventricules ; 2 l’abaissement des val- vules auriculo - ventriculaires, et 5° la contraction des parois auriculaires. Tous les trois sont l'effet de la con- traction d’ane seule et même espèce de fibres : des fibres musculaires communes. Dans la présystole, le cœur prend une forme sphérique : la pointe se rapproche de la base, et en même temps celle-ci s’abaisse un peu vers la pointe; la section de la base, qui était elliptique, devient circulaire, et les dia- mètres transversal et antéro-postérieur augmentent. La réplétion des ventricules se fait en une fois et brus- ( 527 ) quement; mais les oreillettes ne se vident jamais entiè- rement : cest que les effets de la succion ou aspiration ventriculaire se font sentir plus loin, jusque dans les prin- Cipaux troncs veineux, qui sont ainsi soumis à un affais- sement présystolique. Quand le cœur est fortement serré contre la paroi tho- racique , alors le retrait de la pointe devient visible au dehors : le retrait présystolique. Enfin l’abaissement brusque des valvules auriculo-ven- ‘ triculaires et leur tension produisent un son qui se trans- met à travers les liquides et les tissus jusqu’à l'oreille de l’observateur; plus. distinctement cependant à la région de la base qu’à celle de la pointe : le fon présystolique. Tels sont les trois signes auxquels on reconnait la pré- systole et dont l’altération permet de pressentir et de dia- gnostiquer les lésions morbides se rapportant : 4° à l’in- nervation et à la myotilité des ventricules, et spécialement des muscles papillaires ; 2 au volume des oreillettes ; 5° aux orifices veineux, et 4 aux valvules auriculo-ven- triculaires. 2° La systole. Le deuxième temps de la révolution cardiaque com- prend le resserrement des véntricules et l'expulsion du sang dans les artères. Il succède à la présystole sans aucune interruption et a une durée double pour le moins. La cavité des ventricules est resserrée graduellement, et à la fin même presque annulée. La contraction systolique est progressive; elle s'étend rapidement de la base à la pointe, et revient de là pour se terminer à l'insertion des troncs artériels. Elle semble être plus forte latéralement que dans les autres sens. Le cœur systolique à une forme conique ; ( 528 ) la pointe semble s’allonger ou se porter en avant, tandis que la grosseur du cœur, d'avant en arrière, persiste et tend même à augmenter encore. Les valvules auricul6-ventriculaires sont relevées, c’est- à-dire appliquées aux orifices, tandis que les valvules sig- moides s ouvrent sous la pression exercée par le sang ven- triculaire. Les ventricules se vident presque complétement. Rien d’actif ne se passe dans les oreillettes, qui recom- mencent à recevoir le sang que la pression hydrostatique leur amène du côté des veines. Trois actes simultanés caractérisent donc la systole : 1° le resserrement des ventricules; 2° l’ouverture des val- vules sigmoïdes , et 5° la fermeture des valvules auriculo- ventriculaires. Au dehors, elle s’indique par trois signes : 4° le pouls cardiaque; 2 le pouls artériel, et 5° le ton systolique. Le pouls cardiaque ou choc de la pointe consiste dans un ébranlement communiqué à cette région du thorax qui correspond à la pointe du cœur. Chaque fois que les eir- constances le permettent, la région indiquée éprouve en outre un soulèvement. Les deux phénomènes : l’ébranle- ment et le soulèvement, sont dus à l’action unie de trois causes différentes, à savoir : la protrusion de la pointe, l’endurcissement brusque de la substance ventriculaire et un mouvement de projection communiqué à l'organe dans sa totalité. Le mécanisme du pouls artériel est étranger au présent travail. Enfin, le ton systolique , qui est en continuité avec le ton présystolique, a, comme ce dernier, son siége dans les valvules auriculo-ventriculaires. Ces valvules sont éta- lées horizontalement lors de la systole, planes ou con- ( 229 ) vexes à leur face auriculaire; les cordages tendineux de deuxième et de troisième ordre les empêchent d’être re- foulées dans les oreillettes. Le choc qui leur est commu- niqué, ainsi qu'aux Cordages tendineux, par la brusque interversion du cours du sang, les fait entrer en vibration. Le pouls cardiaque subit des modifications selon les circonstances suivantes : 4° l’état de l’innervation; 2 le degré de développement des fibres musculaires propres des ventricules ; 3° la capacité de ces compartiments, et 4° le rapport de cette capacité avec celle de l’orifice artériel. L'altération du ton systolique peut dépendre à la fois d'une lésion des orifices ou des valvules auriculo-ventri- culaires, ou d’un rétrécissement des orifices aortiques, voire même de certains vices des valvules sigmoïdes. 3° La diastole. La systole se termine brusquement, comme si les ven- tricules s’abandonnaïent à une force de ressort. La colonne sanguine artérielle, perdant tout d’un coup la force qui la fit avancer, revient sur elle-même, et opère ainsi la ferme- ture des orifices aortique et pulmonaire. Le choc qu’elle communique aux valvules sigmoïdes donne lieu à un cla- quement : au {on diastolique. Pendant la diastole, le cœur ventriculaire s'aplatit et s’élargit, sans prendre toutefois une forme déterminée. Il ressemble à une poche inerte; on n’y remarque aucun mouvement, ni actif ni passif, Les orifices, tant artériels que. veineux, étant fermés, et les parois appliquées les unes aux autres, les cavités ventriculaires sont nulles ou presque nulles, sauf, bien entendu, les sinus, qui précè- dent l’origine des deux troncs artériels. ( 530 ) Les oreillettes continuent d'être distendues par le sang qui leur arrive des veines sous une pression variable. Les appendices auriculaires se remplissent les derniers, et font alors saillie au-devant des troncs artériels. Un soubresaut qu'on y remarque indique la fin de la diastole ou le com- mencement d'une nouvelle révolution cardiaque. Ainsi, la diastole se reconnaît à deux signes : le ton diastolique et le silence ou la pause. L'altération du ton diastolique indique nécessairement un trouble ou une lésion, soit des orifices aortique ou pulmonaire, soit des valvules sigmoïdes. | A la suite de cette lecture, M. Spring dépose le mémoire dans lequel il examine avec plus de soins et de détails tout ce qui concerne les Mouvements du cœur et spéciale- ment le mécanisme des valvules auriculo-ventriculaires. Les commissaires chargés de l'examen de ce travail sont MM. Gluge, Poelman et d'Udekem. Note sur le développement homalographique des surfaces de révolution ; par M. Ernest Lamarle, associé de l’Aca- démie. On entend par développement homalographique un dé- veloppement dans lequel les lignes tracées sur la surface à développer changent, en général, de forme et de gran- deur, tout en conservant aux aires qu’elles circonscrivent leurs étendues premières. L'objet que nous nous proposons dans cette note con- siste à exposer, sans calcul et d’une façon tout élémentaire, (531) comment on peut concevoir et réaliser le développement homalographique d’une surface quelconque de révolution. De là résulte , entre autres avantages, celui de préciser le rapport existant entre l’aire plane, prise pour unité de mesure, et toute une classe des aires que leur double cour- bure ne permet pas de ramener au type-plan sans une transformation préalable. Faisons glisser, l’un par rapport à l’au- L' tre, deux segments ab, a'b!, pris et as- /| sujettis à rester, sur des droiles fites et parallèles. Le déplacement qui résulte de BY | ce glissement peut être quelconque; néan- | moins il ne produit jamais ni augmenta- } . ° GRIS . Ne , . ù | tion, ni diminution de l'aire trapézoïidale 4 aa/b'b. Concluons que, dans le cas d’une | série continue de segments rectilignes, tous juxtlaposés le long des génératrices d'un cylindre, on a le théorème suivant, facile à démontrer avec une entière rigueur. Lorsqu'on fait glisser, les uns par rapport aux autres, les segments interceptés sur les génératrices d'un cylindre entre deux lignes quelconques (chacun d’éux conservant sa longueur primitive et restant sur la génératrice qui lui correspond), l’étendue de l’aire, déterminée par l'ensemble de ces mêmes segments, demeure invariable. c Cela posé, soit S une surface de révo- - lution, aa! son axe, cc! une portion de la | | ligne méridienne. RE |, Prenons la ligne cc’ pour section droite d'un cylindre dont les génératrices puis- sent glisser sur elles-mêmes, ‘sans sortir du lieu qu'elles occupent dans l’espace. (532) Imaginons que la surface S tourne d’un certain angle autour de l'axe aa’, et supposons que, pendant cette rota- tion, chacun des parallèles compris dans la zone acc/a’ communique à la génératrice qu'il touche la vitesse de son point de contact. Il est visible qu'au moment où la rotation s'achève, l’arc compris, pour chaque parallèle, entre le point où le contact subsistait à l’origine et celui où 1l s'arrête, se trouve développé suivant la génératrice correspondante du cylindre, et que celle-ci a glissé d’une longueur précisément égale à cet arc. Désignons par A l'aire que détermine sur la surface S un contour quelconque tracé entre les deux parallèles ca, c'a! et les positions extrêmes du méridien qui coïincidait d'abord avec la ligne cc’. Tous les points de l'aire A se sont appliqués successive- ment sur la surface cylindrique, de manière à former une série continue de segments rectilignes, juxtaposés, paral- lèles, et n'ayant subi, les uns par rapport aux autres, au- cun déplacement, si ce n’est celui qui résulte du glisse- ment inégal des génératrices sur lesquelles ils sont situés respectivement. La conséquence évidente est que l’aire, déterminée sur le cylindre par l’ensemble de ces mêmes segments, a une étendue précisément égale à celle de l'aire À sur la surface S. Il ne reste donc plus qu'à déve- lopper le cylindre, c’est-à-dire qu'à rectifier sa section droite, pour obtenir le développement homalographique de l’aire A. Concluons que toute surface de révolution comporte, pour chacune de ses parties, de même que pour leur ensemble, un mode de développement qui satis- fait à la condition de ne point altérer ni l'étendue du tout, ni celles des parties. Ajoutons qu’au point de vue gra- phique, ce mode rigoureux est en même temps très-simple et très-élémentaire. ( 999 ) Appliqué à l'hémisphère terrestre, le développement homalographique présente une grande analogie avec le système de projection homalographique de M. Babinet. II s’'identifie, d’ailleurs, avec la projection Flamsteed. Dans le système de M. Babinet, le méridien central est représenté par le diamètre de la sphère; les autres par des ellipses ayant pour grand axe commun ce même dia- mètre, et pour petits axes des longueurs qui croissent en progression arithmétique. Le dernier méridien conserve sa forme et sa grandeur. Les parallèles sont figurés par des droites, toutes perpendiculaires au grand axe des el- lipses et espacées inégalement, de manière à maintenir, entre les aires planes qu’elles interceptent, le rapport établi entre les zones sphériques qui leur correspondent (.'fl suit de là que l'hémisphère conserve, en projection figurée, la moitié de son étendue réelle, et qu'il en est de même de toutes les portions de surface déterminées sur cet hémi- sphère par des contours quelconques. Dans le développement homalographique, le méridien central étant rectifié, la longueur de ce méridien reste, après rectification, ce quelle était d’abord : les autres méridiens sont représentés par des sinusoides (”), les pa- rallèles par des droites équidistantes, toutes perpendicu- laires au méridien rectüfié, et déterminées, comme lui, par la rectification des arcs qu'elles représentent. On sait, (*) En désignant par À la latitude d’un point et par x — sin y la dis- tance comprise entre le centre et le parallèle rectifié correspondant, Péquation fondamentale à résoudre est la suivante : 20 + sin 2 = 7, sin À. (**) Ces sinusoïdes sont disposées , les unes par rapport aux autres, comme le sont les ellipses méridiennes dans le système de M. Babinet. ( 264 ) d'après ce qui précède, que ce mode de développement conserve leurs étendues respectives aux aires, qui se cor- respondent de part et d'autre sur l'hémisphère terrestre et sur le planisphère homalographique. Ajoutons quelques détails, pour préciser davantage et faire mieux ressortir la simplicité de la construction. Le rayon de la sphère étant pris pour unité, soit PEP ( 95 ) une ecirconférence de cercle décrite du centre O avec un rayon égal à + — 1,5708 (‘}. Représentons par POP le méridien central rectifié et par EOE le parallèle équatorial. Divisons l'arc PE en neuf parties égales et prenons la suite naturelle des nombres 1, 2, 3,..... 9, pour marquer, à partir de P, les points successifs de division. Opérons de la même manière en ce qui concerne le rayon PO (”). ———— EE (*) Soit o Ie centre d’une circonférence au rayon oA = 0oB — 1; AA’, BB’ deux diamètres qui se coupent à angle droit; LOL Let En a] NET PES OT PRTE PATTES DENTE < A / \ Da 4 Net ik A j SE 4 \ ! # / \ ee 4 hic Ni. AR Lo 7 \ di \ | A \ 4 / " | A Me A LA Re A EE + m le point de division obtenu sur l’axe AB, en prenant la corde Bm égale à l'unité; n le point d’intersection du rayon Om avec la tangente en A. On détermine le point c, en prenant sur la tangente nA la longueur nc — 53. Cela posé, il suffit de tirer la droite A’c pour obtenir avec toute l’approximation graphique désirable, AC = 7; Nous devons à une obligeante communication de M. Babinet la connais- sance de ce mode très-simple de construction gap On le trouve exposé à la page 117 de l’ouvrage suivant : Calculs pratiques appliqués aux sciences d'observation; par MM. Ba- binet et Houssel. Paris, Mallez-Bachelier ; 1857. (**) La construction indiquée s'applique évidemment à un même nombre quelconque de divisions égales, effectuées les unes sur l’arc PE, les autres sur le rayon PO. Il va sans dire que lorsqu'on passe de Parc au rayon, la grandeur absolue des divisions change nécessairement. ( 536 ) Par les points de division marqués sur le rayon PO, menons des droites normales à ce rayon, et limitons cha- cune de ces droites par la perpendiculaire abaissée sur elle du point de division qui porte le même indice sur la circonférence. Les segments de droite ainsi déterminés représentent les parallèles rectifiés : le lieu de leurs extré- mités est le développement homalographique du méridien situé à angle droit sur le méridien central. S'agit-il d’un méridien quelconque M, faisant avec le méridien central un angle de m degrés? Pour obtenir le figuré du méridien M, il suffit de prendre, à partir de PO, sur chacun des segments qui correspondent aux différents parallèles, une partie de ces segments représentée pour chacun par une fraction de sa longueur égale au rapport = - Revenons au cas général. Tout se réduit aux opérations suivantes : 4° Recüfier un méridien quelconque; 2° Conserver sur le méridien rectifié les points de divi- sion marqués par les parallèles; 3° A partir de ces points, rectifier les parallèles suivant des perpendiculaires au méridien rectifié; 4 Reporter sur les parallèles rectifiés les points de di- vision marqués par les méridiens. Les détails qui précèdent montrent suffisamment en quoi consiste le procédé général du développement homa- lographique d'une surface de révolution. Indiquous, en quelques mots, les ressources que ce procédé peut offrir pour obtenir, sans calcul, certaines quadratures. Soit S une ligne plane composée de deux parties bmm'b', bnn'b', disposées symétriquement par rapport à la droite bb". Prenons en dehors de la ligne S un axe aa’ parallèle à ( 291 ) la droite bb’, et considérons la surface engendrée par la révolution de la ligne S autour de l'axe aa’. Le développement ho- malographique de la zone compriseentre deux plans quelconques mn, m'n/, respectivement normaux à l'axe de révolution, peut s'effectuer en appli- quant l’un sur Pautre les A aresreclifiés mm, nn/, et P P: cela, de manière à obte- nir deux quadrilatères mixtulignes, figurés et disposés respectivement comme le sont les quadrilatères mm'p'p, nn'p'p. De là se déduit immédiatement la conséquence suivante : D — De même que la somme des aires planes nu’p'p, mm’p/p, équivaut au double du rectangle oo!'p'p, de même l'aire de la zone mm'’n/n a pour mesure le double produit de l'arc _mm/ par la circonférence de cercle dont le rayon est op. de: Soit S une ellipse mnn!'m/ et P m7 pe son plan. ref | Prenons dans le plan P un axe pisse . quelconque aa’, situé en dehors de m 1er l'ellipseS, et joignons par une droite 5 ® À les points m, m' où les tangentes à | | l’ellipse sont perpendiculaires à l'axe Cela posé, considérons la surface À engendrée par la révolution de l'ellipse S autour de l'axe aa’. ( 538 ) Le développement homalographique de la surface A peut s'effectuer, comme tout à l'heure, de manière à donner deux quadrilatères mixtilignes, figurés et disposés res- pectivement comme le sont les quadrilatères mnm/p'p, mn'm'p'p. De la résulte la déduction suivante : De même que la somme des aires mnm’p/p, mn/m'p'p, équivaut au double du trapèze mm'’p'p, de méme la sur- face À a pour mesure le double produit de l’arc mnm' par 5 , mp + m'p la circonférence de cercle dont le rayon est =. M. Lamarle présente en même temps un mémoire ayant pour litre : Exposé géométrique des calculs différentiel et intégral, précédé de la cinématique du point, de la droite et du plan, et fondé iout entier sur les notions élémentaires de la géo- métrie plane. 3 Les commissaires sont MM. Schaar, Brasseur et Tim- mermans. Note sur quelques ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés; par Constantin Malaise, docteur en sciences, professeur de sciences naturelles à l'Institut agricole de l'État, à Gembloux. L'existence de l’homme fossile semble mise hors de doute par la découverte de silex taillés de main d’hemme et d’autres objets de l'industrie humaine, trouvés à une ( 939 ) certaine profondeur dans le diluvium, d’abord aux envi- rons d'Abbeville, par M. Boucher de Perthes, puis par feu le docteur Rigollot, près d'Amiens, et enfin tout récem- ment aux environs de Paris, par M. Gosse. Ces différents objets se trouvaient avec des ossements de grands cerfs, d’éléphants, de rhinocéros et de grands chats des ca- vernes. Cette découverte, qui prouvait l’existence de l’homme à une époque contemporaine de celle des grands mammifères trouvés dans le diluvium, fut longtemps contestée, et telle est l'influence d’une idée préconçue, qu'on nia, sans Îles examiner, les faits annoncés par M. Boucher de Perthes et le docteur Rigollot. I] ne fallut rien moins que les as- sertions de géologues étrangers des plus distingués, tels que M. Prestwich et sir Ch. Lyell pour qu'on se rendit à l'évidence des faits. Après eux MM. Gaudry, Desnoyers, Buteux, Hébert et autres savants ont déterminé la position occupée par ces silex taillés. a M. Hébert dit (1) qu'il résulte, pour lui, des obser- » vations qu'il a faites, en 1854, à Amiens et à Abbeville, » que les assises dans lesquelles MM. Prestwich, Gaudry, » Desnoyers, etc., viennent de trouver des silex taillés, » et où MM. Boucher de Perthes et Rigollot ont reconnu » un nombre si prodigieux (plus de mille) de ces débris » de l’industrie humaine, sont très-certainement quater- » naires; que ces assises sont bien celles dans lesquelles on » trouve les ossements d’Elephas primigenius et de Rhino- » ceros tichorhinus ; qu'elles n’ont point été remaniées pos- (1) Bulletin de la Société géologique de France, 9e sér., t. XVII, p. 18. 2" SÉRIE, TOME X. 98 ( 40 ) > térieurement; qu’elles sont recouvertes par un diluvium > argileux rougeûtre, avec silex brisés et en général non » roulés, identique de tous points avec le diluvium rouge > des environs de Paris; que le lœss ou terre à brique » est superposé à tout le système, et qu’il est tout à fait im- > possible d'admettre que les silex taillés aient pu être introduits dans leur position actuelle postérieurement > au dépôt de ces deux dernières assises. Pour cette der- nière conclusion , qui est la plus importante, l’opimion » de MM. Lyell et Prestwich est entièrement conforme à la sienne. » Ces découvertes nous ont d'autant plus frappé, que nous avons recueilli, au mois de juillet dernier, à Spiennes, des silex taillés analogues à ceux trouvés par Schmerling, dans les cavernes de la province de Liége, et à ceux figurés dans l’ouvrage de M. Boucher de Perthes, sur les Antiqui- tés celtiques et antédiluviennes, et que, depuis celte époque, nous avons rencontré, à Engihoul, des ossements humains. Encouragé par cette double découverte, nous osons sou- mettre à l’Académie des sciences le résultat de nos inves- tigations, précédé d’un aperçu sur la position occupée, dans notre pays, par les silex taillés. Depuis longtemps, M. Albert Toilliez, ingénieur des mines à Mons, avait trouvé aux environs de cette ville, au mont Panisel et à Spiennes, des haches taillées et non polies; mais jusqu'à présent la position exacte de ces silex n’a pas été constatée. Nous croyons savoir que M. Toilliez fait des recherches à cet égard et nous espérons qu'il en publiera bientôt le résultat. | Nous nous bornerons à faire observer que, dans une ex- cursion faite à Spiennes, nous avons rencontré parmi les haches, des silex taillés qui ressemblent à ceux trouvés S Y des 172 ( 41 ) par Schmerling dans les cavernes d'Engis, des Fonds-de- Forêt, etc,, el qui sont conservés au Musée de l'université de Liége. | Nous avons figuré, à la fin de notre travail (figures 4°, 15), un de ces silex, qui présente une grande analogie avec ceux trouvés par Schmeriing. On n’a pas jusqu’à présent trouvé d'ossements humains parmi les silex taillés d'Amiens, d'Abbeville et de Paris. Schmerling, qui à consacré une partie de sa vie à la re- cherche des ossements des cavernes, a été plus heureux(1). Il a découvert dans la caverne d'Engis, parmi des restes fossiles d’éléphants, de rhinocéros et de carnassiers d’es- pèces inconnues dans la création actuelle, des ossements humains appartenant à trois individus différents, ainsi que des silex et un os grossièrement taillés. La caverne d'En- gihoul lui en à aussi fourni plusieurs provenant de diifé- rents individus , et là aussi ces restes étaient mélés sans distinction avec des débris d'espèces fossiles et dans des conditions identiques avec celles qui se présentent dans les autres cavernes (2). Et pour en revenir aux silex tail- lés, restes précieux de l’industrie humaine primitive, nous (1) P. C. Schmerling, Recherches sur les ossements fossiles découverts dans les cavernes de la province de Liége , 2 vol. in-4°, avec atlas in-folio de planches. Liége, chez Collardin, 1835-1834. (2) Nous croyons devoir faire observer que, d’après la déclaration de M. Spring lui-même, les ossements découverts par lui dans la caverne de Chauvaux se trouvaient dans des conditions entièrement différentes de ceux d'Engihoul, décrits par Schmerling, et que, par conséquent, il n’est pas permis de conclure des uns aux autres. ( Bulletins de l’ Aca- démie royale de Belgique, t. XX, 3"° part., p. 456, 1855. M. A. Spring, Sur des ossements humains découverts dans une caverne de la province de Namur). (34 ) croyons qu'il n’est pas superflu de rappeler que, dans toutes les cavernes de la province de Liége, où Schmer- ling à rencontré des ossements en abondance, il a trouvé de ces silex portant des indices évidents du travail humain. Selon l’opinion du même auteur, ils auraient servi de flèches ou de couteaux. Placé à proximité des lieux témoins des fructueuses re- cherches de Schmerling, et encouragé par les conseils bienveillants de sir Ch. Lyell, nous avons voulu tenter aussi quelques recherches. | Nous avons exploré une caverne située à Engihôûl et découverte après la mort de Schmerling, dans laquelle, selon M. le professeur Spring (1), on a trouvé des os d'ours des cavernes, d’hyène, de cheval, de rhinocéros et de ruminants. Ce même savant signale encore une mà- choire inférieure humaine complète, dont les caractères s'accordent entièrement avec ceux de la race actuelle. Il n’a pu obtenir des renseignements précis relativement aux circonstances dans lesquelles cette mâchoire a été trouvée. \ Nous avons constaté dans la caverne d'Engihoul les restes humains suivants : Deux portions de mâchoires inférieures et trois frag- ments de crâne. | Les deux mächoires n'ont conservé que les trois der- _nières molaires, Sur l’une, la moins incomplète des deux, la première molaire est assez usée, à couronne presque plate, inclinée en dehors et en arrière. La dernière mo- (1) M. A. Spring, Sur des ossements humains découverts dans une ca- verne de la province de Namur. (Bulletins de l’Académie royale de Bel- gique , 5%° part. t. XX. p. 444, note 5.) ( 043 ) laire est peu usée, mais elle est cariée à sa partie anté- rieure. (Figures 32 et 3°. Sur celte dernière figure le crâne est indiqué par la lettre c.) Longueur de l’apophyse coronoïde, prise à son point d'insertion, 24 millimètres. Depuis l’angle de la mâchoire jusqu’à la symphyse, 98 millimètres. . Hauteur de la mâchoire, mesurée au niveau de l’inter- stice, entre la troisième et la quatrième dent molaire, 29 millimètres. L'épaisseur, mesurée à ce même niveau, est de 17 milli- mètres. Épaisseur de l'os, depuis l’apophyse geni jusqu’au men- ion , 148 millimètres. Longueur depuis l’apophyse coronoïde jusqu’au bord inférieur de la mâchoire, 33 millimètres. Depuis le bord inférieur de l’apophyse coronoïde jus- qu'au bord postérieur de la branche de la mâchoire, 38 millimètres. Si on place la mâchoire sur un plan horizontal et qu'on tire alors une ligne sur la face antéfieure de la mâchoire, dans la ligne médiane, depuis le menton jusqu'au com- _ mencement de l’arcade alvéolaire, cette ligne se dirige de _ bas en haut et d'avant en arrière. Elle est donc inclinée en arrière et forme avec l'horizon un angle d'à peu près 62 degrés; tandis que, chez un crâne de nègre, le seul qui se trouve à la collection anatomique de Liége, ce même angle est de 90 degrés. Les dents de l’autre portion de mâchoire sont fort usées, à surface un peu concave et assez fortement in- clinée en dehors, l’antérieure surtout. (Figures 24, 2.) Hauteur de la mâchoire, mesurée au niveau de l'inter- ( 244 ) stice, entre la troisième et la cie: dent molaire, 29 millimètres. L’épaisseur, mesurée à ce même niveau, est de 45 milli- mètres (1). M. le professeur Spring , qui a bien voulu examiner les fragments de crâne, y a reconnu les parties suivantes : 1° Une portion de l’occipital correspondant au centre de la portion écailleuse; 2 Un fragment assez grand de pariétal gauche avee une portion de l’occipital, dont la suture est très-serrée et complétement ossifiée. Ce fragment est d’une épaisseur remarquable (8 millimètres); 3° Une autre portion de pariétal. C'est sous une couche de stalagmite, épaisse de 2 à 3 cen- timètres, et à une profondeur de 50 à 60 centimètres, dans un limon très-poreux, contenant des cailloux peu arron- dis, parmi lesquels il y en a d’assez volumineux, et des fragments de stalagmite, que nous avons d’abord trouvé les trois débris de crâne humain. Ils étaient disséminés pêle-mêle avec ceux d'ours, de pachydermes et de rumi- uants. Un ouvrier, Que nous avions chargé de continuer les recherches, a découvert, à proximité de l'endroit où nous avions trouvé les fragments de crâne, et identique- ment dans les mêmes conditions, les deux portions de mâchoires humaines que nous avons fait représenter. La partie de la caverne où nous avons rencontré ces osse- ments était inexplorée, et la couche de stalagmite qui recouvrait le limon était complétement intacte. De même que Schmerling, nous avons pu constater (1) Ces mesures ont été prises autant que les morceaux le permettaient. ( 545 ) que, par la couleur, le degré de décomposition et le gise- _ment, les ossements humains ne se distinguaient point des autres restes d'an:maux fossiles de nos cavernes. En rapprochant les saits suivants : 1° Que Schmerling à trouvé, à Evngis, des ossements hu- mains mêlés à des silex iaillés ei à des restes d’éléphants, de rhinocéros, d'ours «es cavernes, d’hyènes, etc. ; 2° Que, dans une caverne, à Engihoul, on en a aussi trouvé dans les mêmes conditions que celles dans les- quelles ont été rencontrés les ossements d’Engis; 3° Que l’on trouve à Syiennes, avec des haches taillées analogues à celles recueillies à Amiens et à Abbeville, des silex travaillés de même forme que ceux trouvés par Schmerling dans les cavernes de la province de Liége; 4° Que les ossements du diluvium, où se trouvent les haches, appartiennent aux mêmes espèces d'animaux que _ ceux des cavernes. Nous croyons pouvoir conclure que les ossements hu- mains trouvés par Schmerling dans les cavernes et ceux dont nous venons de donner la description, appartiennent, selon toute probabilité, aux hommes qui ont taillé les silex d'Amiens et d’Abbeville et peut-être aussi de Spiennes. Maintenant que l'attention des géologues est fixée sur ces points, on ne tardera probablement pas à examiner les faits divers qui ont rapport à l'existence de l’homme fossile et auxquels on avait accordé trop peu d'importance jusqu’à ce Jour; alors seulement on pourra arriver à des résultats définitifs. Nous ne discuterons pas ici le mode de formation des cavernes ni la manière dont les ossements qu’elles ren- ferment y ont été amenés; nous avons dû nous rendre à l'évidence des faits observés, et nous dirons que, puisque ( 546 ) nous trouvons des ossements humains mêlés avec des ossements de grands chats, d’ours des cavernes, de rhino- céros, elc., nous ne voyons pas pourquoi on devrait ad- mettre que les uns y ont été introduits par une cause et les auires par une autre. Nous concluons donc que les ossements humains ont été enfouis dans les cavernes à la même époque que les ossements des différentes espèces éteintes que l’on y ren- contre, et que, par conséquent, ces animaux étaient con- temporains de l’homme. Pull. de lan Leg. Ton. X Drrao x y ZA » Î MUTE D ALO Ten X, 2 sert, pére T50: * Pull de l'Aetd Po. (547) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 novembre 1860. M. GacHaRD, directeur et président de l’Académie. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Grandgagnage, de Ram, Moke, Borgnet, le baron de Saint-Genois, De Dec- ker, Snellaert, Haus, Leclercq, Polain, Baguet, Faider, Arendt, Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, mem- bres ; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé ; Th. Juste, Wauters, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. M. le directeur annonce que la classe des sciences et la classe des beaux-arts se sont associées, d’une voix unanime, à la résolution, prise par la classe des lettres, de faire frapper une médaille en l’honneur de M. le secrétaire per- pétuel de l’Académie, à l’occasion du vingt-cinquième anni- versaire de son entrée en fonctions ; il fait part aussi qu'il a, le matin même, en sa qualité de président de la compagnie, réuni la commission des trois classes, laquelle à pris toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution et la distribution de la médaille. C’est à M. Braemt, membre de la classe des beaux-arts, qu'a été confiée la gravure du coin. La médaille sera remise à M. Quetelet au mois de mai ( 548 ) 1861, lors de l'assemblée générale annuelle des trois classes. ; M. le directeur donne ensuite lecture d’une dépêche de M. le Ministre de l’intérieur, qui lui est parvenue au mo- ment où 1l allait ouvrir la séance. Cette dépêche, adressée au président de l’Académie, est ainsi conçue : « Les trois classes de l’Académie royale ont décidé, par des résolutions successives, qu’une médaille serait frappée en l’honneur de M. Quetelet, secrétaire perpétuel de l’Aca- démie, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son entrée en fonctions. La compagnie a voulu à la fois rendre hommage aux qualités dont M. Quetelet ne cesse de faire preuve dans ses relations avec ses collègues, et reconnaitre les efforts qu'il a faits, avec un succès incontestable, pour assurer à l’Académie royale de Belgique une place élevée parmi les institutions savantes de l’Europe : sous ce der- nier rapport, particulièrement, le Gouvernement ne sau- rait rester indifférent à la démarche de la compagnie, et il désire s’y associer autant qu'il est en son pouvoir, en contribuant, pour la moitié, à l'offre et à la dépense de la médaille. » Je vous prie, Monsieur le président, de vouloir bien communiquer ces intentions à l’Académie, et de me faire connaître si elles ne donnent lieu à aucune objection de sa part. » r La elasse accueille avec empressement et gratitude la proposition de M. le Ministre. Elle y trouve un nouveau témoignage de la bienveillance et de la sympathie dont, en plus d’une occasion déjà, l’Académie à reçu des marques signalées de sa part. Elle y voit aussi, avec une satisfac- üon infinie, l'intention du Gouvernement de reconnaître les services rendus à la compagnie par M. Quetelets ( 549 ) «+ Elle décide que cette dépêche sera insérée au procès- verbal de la séance, ainsi que dans le compte rendu qu'il est d'usage de donner au public tout à la fois par la voie du Moniteur et par celle du Bulletin. Enfin ,M. le directeur communique la lettre suivanie que le conseil d'administration du Cercle artistique el littéraire a écrite, le 4 novembre, au président de l’Académie : « Nous avons appris avec une extrême satisfaction la résolution des trois classes de l’Académie, d'offrir à M. Que- . telet une médaille commémorative du vingt-cinquième anniversaire de sa nomination au poste de secrétaire per- pétuel. » Le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles n’a pas oublié que l’illustre savant est un de ses fondateurs; qu'il a été son président pendant plusieurs années, les plus brillantes de l'existence de la société, et qu'il est encore en ce moment l’un de ses présidents d'honneur. » Notre conseil d'administration, dans sa séance du 2 novembre, a déeidé qu’il demanderait à l’Académie d’as- socier le Cercle au témoignage de sympathique reconnais- sance offert à M. Quetelet. » Îl appartient à la commission, nommée par les trois classes, de déterminer de quelle manière et dans quelles limites il sera permis au Cercle d'intervenir : nous sommes prêts à nous entendre, à cet égard, avec les commissaires de votre compagnie. » | M. le directeur dit qu'il a soumis cette lettre à la com- mission des délégués des trois classes; que la commission a été heureuse d’y voir l'expression des sentiments du Cer- cle artistique et littéraire pour le savant et digne secrétaire perpétuel de l’Académie; qu’elle a apprécié, comme elle méritait de l'être, la proposition qui y est énoncée, mais { 590 ) qu'elle a éprouvé le regret de ne pouvoir l’accueillir : car, en le faisant, elle serait sortie des limites de son mandat; et de plus, d’autres institutions, d’autres sociétés encore auxquelles appartient M. Quetelet, auraient sans doute aussi demandé d’être associées à la manifestation de l’Aca- démie, laquelle aurait perdu par là le caractère que la compagnie a eu en vue de lui donner. CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel entre en séance et donne lec- ture de la correspondance. La Commission centrale de statistique du royaume fait parvenir à l’Académie royale le huitième volume de son Bulletin. M. Félix Nève fait hommage de neuf volumes et brochures comprenant ses dernières publications. M. Duc- _ petiaux présente un opuscule sur la colonisation pénale. — Remerciments. — L'Académie d'Arras, la Société Dunkerquoise pour l’encouragement des sciences, des lettres et des arts, la Société provinciale de Bois-le-Duc, la Bibliothèque de la ville de Hambourg, etc., remercient l’Académie pour l'envoi de ses dernières publications. — L'Académie de Stanislas de Nancy envoie le volume de ses mémoires qui vient de paraitre. ( 551 ) ÉLECTIONS. M. le Ministre de l’intérieur écrit qu'aux termes de l’ar- rêté royal du 50 septembre 1859, instituant un prix triennal de littérature dramatique française, la première période de trois années sera close le 1° janvier 1861. L'article 4 de cet arrêté portant que le jugement se fera par une commission de trois membres au moins, choisis sur une liste double de présentation dressée par la classe des lettres , il demande que l’Académie satisfasse à cette stipulation. Conformément à ce désir, la classe procède à l'élection nécessaire, et la liste double des candidats pour le jury sera transmise à M. le Ministre de l’intérieur par les soins de M. le secrétaire perpétuel. La classe à également satisfait au désir exprimé par une seconde lettre de M. le Ministre, en présentant une liste en double des sept membres, appelés à décerner le prix quinquennal d'histoire nationale, pour la période 1855- 1860. ( 552 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. a — — Séance du $ novembre 1860. M. Suys, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Ad. QueTEeLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin Braemt, De Keyzer, Fr. Fétis, Navez, Roelandt, Van Hasselt, Jos. Geefs, Snel, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, Portaels, membres : Cala- matta, associé; Balat, Demanet, Bosselet, correspondants. Il est donné communication d’une lettre de M. Gachard, président de l’Académie, et d’une dépêche ministérielle relative à la médaille qui sera offerte à M. QueteleL. De vifs applaudissements accueillent ces deux commu- . nications. | Des explications sont données ensuite par M. Alvin sur ce qui s’est passé au sein de la commission, nommée par les trois classes pour l'exécution de la médaille dont il s'agit. CORRESPONDANCE. Depuis la dernière séance, M. le secrétaire perpétuel a reçu de M. le Ministre de l’intérieur une partition de M. Be- ( 553) noît, lauréat du grand concours de composition musicale de 1857, avec prière de faire connaître l’avis de la section permanente du jury des concours de musique, sur la demande, faite par le lauréat, de pouvoir passer à Paris l’année 1861. | M. Fr. Fétis, à qui la partition a été adressée immédiate- ment après sa réception, dit qu'il l’a examinée avec intérêt, et la dépose sur le bureau pour qu’elle puisse être ren- . voyée à ses collègues MM. Daussoigne-Méhul et Snel. rm EE RAPPORTS. — Sur la question soulevée par le sieur Van Poucke, concer- nant l'établissement d’un diapason uniforme et D NET en Belgique. Rapport de M. Fr. Fétis. « Le sieur Van Poucke, professeur de musique à Ostende, a présenté, le 18 septembre 1859, à la Chambre des repré- sentants, une requête ayant pour objet d'établir en Bel- gique un diapason uniforme et obligatoire, tel que celui qui a été récemment adopté en France. Dans sa séance du 29 février 1860, la Chambre a renvoyé cette requête à M. le Ministre de l’intérieur. | Par sa lettre, en date du 15 mars suivant, à M. le se- crétaire perpétuel de l’Académie royale de Btués M. le Ministre de l’intérieur a appelé l'attention de la classe des beaux-arts sur la question soulevée par le sieur Van Poucke. Par cette même lettre, M. le Ministre informe la (54) classe qu'il a cru devoir consulter l'opinion du directeur du Conservatoire de Bruxelles, et que ce fonctionnaire, dans sa réponse, a dit qu'à l’occasion d’une démarche faite précédemment près de la classe par M. Grégoir, com- positeur de musique à Anvers, il avait émis l’avis qu'une résolution définitive à ce sujet serait prématurée et aurait de sérieux inconvénients, attendu qu'il y a de graves ob- jections à élever contre le diapason récemment fixé en France, et qu'il en résulterait de grandes dépenses pour les artistes qui jouent des instruments à vent. M. le Minis- tre, considérant la question comme importante, invitait la classe à en faire l’objet de ses délibérations. Écrivant à M. le Ministre de l’intérieur le 14 août 4860, le sieur Van Poucke insiste de nouveau pour qu’une réso-* lution soit prise dans le sens de sa requête du 18 septembre 1859. En envoyant cette lettre à M. le secrétaire perpétuel de l’Académie, M. le Ministre a rappelé sa lettre du 15 mars précédent et sa demande d’un rapport sur l’objet dont il s'agit; et, par suite de cette nouvelle communication, une commission, composée de MM. Snel, Daussoigne et moi, a été chargée, par M. le directeur de la classe, d'examiner cette question et d’en faire un rapport. Nous nous sommes réunis à cet effet, et après avoir pris connaissance de l’état dans lequel la question nous était présentée, nous avons cru devoir écarter les considéra- tions d’acoustique qui ont été savamment traitées dans des ouvrages spéciaux , et nous abstenir de tout jugement sur ce qui à été fait récemment, dans un pays voisin, pour la solution de la même question. Nous bornant au point de vue pratique, en ce qui.concerne la Belgique, nous avons reconnu : 1° Que le diapason, c’est-à-dire le son modèle qui sert ( 590 |) à déterminer les rapports de tonalité dans la musique, s’est élevé progressivement depuis près de deux siècles, et que depuis l’époque où Gluck fit représenter ses ouvrages à l'Opéra de Paris (1774), le la, qui est le son modèle ou diapason, s’est élevé d’un ton; en sorte que le sol du ton de nos orchestres actuels était le la de cette époque; 2° Que la tendance ascendante a été plus rapide depuis trente ans qu’elle ne l’avait été dans les soixante années précédentes ; 5° Que les facteurs d'instruments à vent sont la cause première de l’élévation excessive du diapason actuel, parce qu'ils ont voulu donner plus de brillant à la sonorité de leurs flûtes, hautbois et clarinettes ; 4° Que, sauf de certaines nuances peu sensibles, le diapason est le même en Belgique, en Allemagne, en Ita- lie et en Angleterre. Les légères différences qui se mani- festent à cet égard dans les festivals, où se réunissent les artistes de divers pays, disparaissent facilement par des anches ou plus longues ou plus courtes pour les hautbois el bassons, par un bec plus ou moins long pour les clari- nettes, et par les pompes d'accord pour les instruments de cuivre. La France seule s'est placée en dehors de ces conditions par la réforme faite récemment à Paris. Cela posé, nous avons examiné quelles seraient, pour la Belgique, les conséquences de l’abaissement du diapason, dans une proportion quelconque, au point de vue de la conservation des voix, qui est l’objet essentiel de la ques- tion. La discussion à laquelle nous nous sommes livrés a donné pour résultat les propositions suivantes que nous considérons comme certaines : 1° À mesure que le diapason s’est élevé, les composi- teurs auraient dû, s'ils s'étaient proposé de ne pas porter 9 + 27€ SÉRIE, TOME X. Q1 ( 06 ) alteinte aux voix aigués, telles que les sopranos et les té- nors, écrire les parties chantantes dans des limites plus étroiles vers l'aigu : or c’est le contraire qui est arrivé. Si l'on compare les anciennes partitions avec celles des compositeurs de nos jours, on verra, en effet, que Jamais les ténors, les barytons et les voix de femmes n’ont atteint, dans les anciens opéras, à une époque où le diapason était bas, les notes des régions élevées dans lesquelles les chan- teurs de l’époque actuelle sont tenus constamment; d'où il suit qu’ils sont tenus de crier plus qu'ils ne chantent. 2 Les chanteurs dramatiques, dont l'intérêt de conser- valion serait de demander aux compositeurs qu’ils ména- geassent leur organe en écrivant pour eux des chants moins élevés, loin d’avoir cette sagesse, dépassent de beaucoup les limites dans lesquelles la musique est écrite. Les ténors imitent aujourd’hui les castrats d'autrefois et croient faire preuve de talent, lorsqu'ils chantent dans les notes natu- relles aux voix de sopranos. Les cantatrices se livrent de véritables assauts pour atteindre à des notes impossibles et .dont l’intonation est plus ou moins douteuse. Les plus beaux talents même se laissent aller à cet entraînement; ainsi, M"° Carvalho lance çà et là le contre-mi aigu; M”° Cabel va jusqu’au contre-fa, et M”° De Lagrange ne craint pas d'aborder le contre-sol. 3° Que pourrait l’abaissement du diapason, füt-il même d’un demi-ton, contre de pareils abus? Ce qui ruine les voix dans un court espace de temps, ce sont les extrava- gances et les cris des chanteurs qu'encourage le public. 4° L’abaissement du diapason, qui serait désirable sil pouvait avoir les avantages qu'on lui suppose, et s'il était adopté d’un commun accord par toutes les nations, aurait de graves inconvénients pour la Belgique entrant excep- ( 597 ) tionnellement dans cette voie. D'une part, ainsi qu'on la dit déjà, il en résulterait une dépense considérable pour les artistes qui jouent des instruments à vent. De plus, lors- qu'ils voyageraient en Allemagne, en Angleterre, dans le nord de l'Europe, en Russie, en Amérique, leurs nouveaux instruments ne seraient pas au diapason qu'ils y trouve- raient, et ils ne pourraient s’y faire entendre. 5° Les orgues, construites partout depuis un certain nombre d'années, ont été faites au diapason actuel ; or si l'on peut. élever le ton d’un instrument de cette espèce en diminuant la longueur des tuyaux et les dimensions des anches , on peut les baisser sans changer toutes les dispo- sitions de l'instrument et refaisant les tuyaux des notes graves pour tous les jeux. Il est à remarquer qu’en Bel- gique, comme dans l'Allemagne catholique, en Italie, en Espagne, les instruments se joignent à l'orgue dans la musique solennelle d'église : il doit donc y avoir par- fait accord entre eux. 6° La Belgique a, dans la fabrication des instruments à vent de bois el de cuivre, une source productive des commerce d'exportation; or, si l’on y adoptait un diapason qui ne serait plus celui des pays où elle exporte des pro- duits en ce genre, cette voie d'écoulement lui serait fermée. | 7° Par ces considéralions, vos commissaires sont d'avis : qu'il y a lieu non de baisser le diapason, mais de le fixer, afin qu'à l'avenir le caprice des facteurs d'instruments et de certains chefs de musique militaire, qui n'ont pas été étrangers au mal d’une élévation excessive, ne puisse plus le modifier. Es pensent donc que les facteurs d'instruments de tout genre devraient être tenus de faire vérifier chaque année leur diapason avec un étalon déposé soit au Minis- ( 558 ) tère de l’intérieur, soit au secrétariat de l’Académie royale de Belgique. Une commission, munie de ce diapason mo- dèle, se ferait exhiber la preuve que l’intonation des instru- ments nouvellement fabriqués y serait conforme. Ainsi serait mis un terme à l’abus contre lequel on s’est élevé depuis plusieurs années en divers pays, sans perturbation pour le présent. » Les conclusions de ce rapport sont admises par la classe. Sur un triptyque du XV" siècle ; notice par M. P. Génard. Rapport de M. Van EIassellt. « Parmi les productions de l’ancienne école flamande, il en est peu qui aient donné lieu à autant de conjectures opposées et d’assertions diverses, que le triptyque qui orne l'autel de la chapelle des Arquebusiers dans l’église collé- «giale de Saint-Gommaire à Lierre. Non-seulement cet ou- vrage, digne par lui-même de figurer au nombre des créations les plus importantes de l’art flamand, a été suc- cessivement attribué à chacun de nos peintres les plus célèbres du XV*° et du XVI®* siècle, depuis Jean Van Eyck jusqu’à Bernard Van Orley; mais encore une tradition, dont nous n'avons pu découvrir l’origine, a donné à ce tableau une importance tout à fait historique. On sait que l'union de l’archidue Philippe le Beau avec Jeanne de Cas- tille fut bénie, en l’an 1496, dans l’église de Lierre, par Henri de Berg, évêque de Cambrai. Partant de ce fait, et considérant que le panneau central du triptyque représente le mariage de la Vierge et de saint Joseph, on en est (559 ) venu jusqu’à voir dans cet ouvrage un présent fait à l’église de Saint-Gommaire par l’archidue lui-même en commé- moration de son propre mariage. On ne s’est pas arrêté là. On à voulu retrouver dans les traits de Marie ceux de la princesse Jeanne, dans la physionomie de saint Joseph le portrait de Philippe le Beau, et dans celle du grand prêtre la représentation de Henri de Berg. De sorte qu’on a brodé lentement autour de ce tableau une légende tout entière. : C'est en vue de dégager la vérité de toutes ces inventions que M. Génard a entrepris une étude sérieuse et approfondie du triptyque de Lierre. Ce travail revenait de droit au sa- vant et laborieux collaborateur de la Vlaemsche School, à l'écrivain si avantageusement connu dans le monde des lettres par la publication de la généalogie des grandes fa- milles artistiques d'Anvers. M. Génard examine le tableau à un triple point de vue. Le triptyque est-il, peut-il être une commémoration du mariage de l’archidue Philippe et de Jeanne de Castille? L'auteur du mémoire démontre jusqu’à l’évidence que ce fait est inadmissible; il prouve que le peintre a eu sim- plement en vue de représenter une suite de scènes relatives à la vie de la Vierge, d’après la Légende dorée de moi di de Voragine. Les portraits des personnages qui figurent dans la scène principale du triptyque sont-ils historiques ? M. Génard combat cette opinion par des arguments qui ne me semblent laisser ouverture à la moindre objection. À quelle époque remonte ce triptyque ? En prenant pour point de départ la généalogie de Jean- Baptiste Colibrant et de Jacqueline Meyngiaert, dont les portraits et les blasons figurent sur les volets, et qui furent ( 360 ) évidemment les donateurs du tableau, M. Génard établit que celte peinture ne saurait appartenir qu’à la fin du XV”* siècle ou au commencement du siècle suivant. Jusqu'ici l’auteur de cette intéressante notice a marché sur un terrain solide, sur le terrain des faits appuyés de preuves incontestables. Mais 1l aborde la question de savoir à quel maître le trip- tyque pourrait être attribué. A ce sujet il se livre à plusieurs hypothèses fort ingénieuses, et croit, d’après une marque introduite par l'artiste même dans le panneau principal et représentant un singe assis sur un ours, pouvoir conclure que cette peinture est de la main d’un Marin DE Beer. Cette conjecture me semble d'autant plus plausible que le regis- tre de Saint-Luc d'Anvers présente, entre l’année 1490 et l’année 1554, quatre peintres portant le nom de de Beer. Peut-être quelque nouvelle découverte viendra-t-elle donner la force d’une preuve à la conjecture émise par M. Génard. L'étude sur laquelle la classe m'a chargé de lui faire un rapport, me parait digne d'attirer l’attention de ceux qui s'intéressent à l’histoire de l’ancienne école flamande. Aussi, Messieurs, j'ai l’honneur de vous demander l’in- sertion du travail de M. Génard dans les Bulletins de l’Aca- démie. » « J'adhère, dit M. Éd. Fétis, second commissaire, aux conclusions du rapport de mon savant confrère A. Van Hasselt, sur la notice de M. Génard, et je me joins à lui pour proposer à la classe l'impression de ce travail dans les Bulletins de l’Académie. » Ces conclusions sont adoptées. ( d61 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notice sur un triptyque du XV” siècle qui se trouve à l’église de Saint-Gommaire, à Lierre; par M. P. Génard. . L’autel de Saint-Christophe, dit des Arquebusiers, dans l’ancienne collégiale de Saint-Gommaire, à Lierre, est orné d'un tableau à volets, ou triptyque, datant de la fin du XV”° ou du commencement du XVI"* siècle. Cette œu- vre d'art, qui compte parmi les meilleures productions de notre école ancienne, a, comme on le pense bien, attiré plus d'une fois l'attention des connaisseurs. Différents écrivains en ont parlé avec éloge; quelques-uns d’entre eux ont même essayé de lui donner une importance historique. « Le triptyque, dit M. Edmond Le Poittevin de la Croix, dans son Essai historique sur la ville de Lierre (1), le triptyque dont l’archidue Philippe (2) fit présent à l’église collégiale, en commémoration de son mariage avec Jeanne la Folle, est peint par Hemmelinek, de Bruges. Ce tableau est du plus grand mérite. Le centre représente le mariage de saint Joseph et de la sainte Vierge (sous les traits du duc et de la duchesse) ; le grand prêtre, revêtu d’un cos- tume épiscopal, est, dit-on, le portrait de Henri de Berg, évêque de Cambrai. La cérémonie a lieu dans une église gothique du plus beau style. Cinq gentilshommes et au- (1) Anvers, Froment, 1847, in-8°, p. 85. Nous choisissons la description de M. Le Poittevin, parce qu'elle est la plus complete, (2) Philippe le Beau, né à Bruges, le 22 juillet 1478. ( 562 ) tant de dames d'honneur, sur le second plan, assistent à la cérémonie, à laquelle ils ne semblent pas porter toute l'étiquette que réclame le rang des personnages. Sur le devant du tableau, dans le coin à gauche (1), deux singes accroupis sont d’un effet fort original. Le volet de gauche représente l’Annonciation de la sainte Vierge; celui de droite, saint Siméon tenant l'enfant Jésus. La partie archi- tecturale, que présente l'arrière-plan de ces volets, est d'une composition riche, exécutée dans le meilleur goût. » Sous l'écorce du gothique, ce beau triptyque fait apercevoir cette délicatesse de pinceau, cette noblesse de pensée, ce coloris harmonieux qui caractérisent Hem- melinck. Les têtes sont remplies d’une expression naïve, d'une grâce et d’une finesse de sentiment le plus exquis. Il règne dans l'ordonnance une harmonie douce, une sage simplicité qui rend la composition noble et grande, altei- gnant au sublime sans effort. Ajoutons, à la gloire du pein- tre, que Je fini extraordinaire des détails est le caractère distinctif de cette admirable production , qui suffirait à elle seule à immortaliser l'artiste, dont elle est sans contredit le chef-d'œuvre. Ce tableau est toujours fermé : c’est à celte circonstance qu'il est redevable du parfait état de conservation dans lequel nous l'avons admiré. Il a environ six pieds de hauteur. » M. Le Poittevin de la Croix assure, comme l’on voit, que le triptyque est l’œuvre de Hemmelinck, ou, pour nous servir du véritable nom de l'artiste, de Hans van Memmelinghe (2); toutefois constatons que, bien long- (1) Du spectateur. — Dans nos descriptions, nous entendons par droite, le côté de l'Evangile; par gauche, celui de l'Epitre. Pb: (2) Voyez, dans notre travail, Luister der Sint-Lucas gilde van Ant- (565 ) temps avant la publication de l’Essai historique sur la ville de Lierre, on avait attribué le tableau (1) de Saint-Gom- maire à l’un des Van Eyck (2); plus tard , on avait pré- tendu qu'il était l’œuvre de l’un des Van der Weyden, ensuite d'Albert Durer, puis de Bernard Van Orley, pour s'arrêter définitivement à Jean Gossaert, de Maubeuge. « Le tableau, dit l'administration communale de Lierre, dans son Rapport officiel sur la situation des affaires de la ville (exercice de 1851-1852), le tableau représentant la célébration du mariage de Philippe le Beau avec Jeanne . d'Aragon, attribué d’abord à Albert Durer, puis à Ber- nard Van Orley, paraît définitivement être dû au pinceau de Jean de Mabuse (sic), né à Maubeuge en 1499 (5). » — Décidément il n’y avait que lembarras du choix! On nous pardonnera l’aveu, mais cette grande diver- gence d'opinions, au sujet d'une pareille question, n’était guère de nature à satisfaire notre curiosité. D’après nous, elle prouvait fort peu en faveur de l’état actuel des études archéologiques , et nous montrait, en outre, de la manière la plus évidente, que nos données sur l’ancienne école flamande sont loin d’être complètes. werpen , p. 27, les notes fournies par M. l’abbé Carton; voyez aussi le Ca- talogue du Musée d'Anvers , deuxième édition, p. 87. (1) Nous avons fait mesurer le tableau du milieu; il a un mètre quatre- vingt-quinze centimètres de hauteur, sur un mètre cinquante-trois centi- mètres de largeur; les volets réunis ont la même dimension. ; (2) M. A. Van Hasselt, dans la Belgique monumentale, et M. Sleeckx, dans sa Description de la province d’ Anvers, font remarquer que c’est à tort que l’on attribue ce triptyque à Van Eyck. (3) Erreur. — Jean Gossaert, de Maubeuge, naquit vers 1470; en 1495, il peignit un tableau représentant les trois enfants du roi d'Angleterre, Henri VII. Voyez Catalogue du Musée d’ Anvers, deuxième édition, p. 59. ( 264 ) Attiré par le désir d'apprendre, nous nous rendimes, il y a quelque temps, à Lierre pour examiner le fameux triptyque, objet de tant d’assertions contradictoires. Faut- il le dire, nous avons été bien étonné et des noms des maîtres à qui l’on attribue le chef-d'œuvre et du sujet que ce dernier doit représenter. Sans crainte d’être démenti, nous déclarons que le triptyque n’est l’œuvre ni de Van Eyck, ni de Vander Weyden, ni de Van Memmelinghe, ni d'Albert Durer, ni de Van Orley, ni de Maubeuge, à moins que l’on ne prétende que les œuvres authentiques de ces maîtres ne leur appartiennent pas; — nous affir- mons, en outre, que le tableau principal n’a pas pour sujet le mariage de l’archiduc Philippe, et qu'il n’est pas plus un don de ce prince. Expliquons-nous. Mais avant de parler de l’auteur de ces peintures, qui en tout cas a été un artiste de premier ordre, examinons d’abord les sujets qu'elles représentent. Nous avons vu que l’on prétend reconnaître les portraits de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle sous les traits de saint Joseph et de la mère de Dieu. Mais notre archiduc avait à peine atteint l’âge de 18 ans, lors de son mariage, à Lierre, en 1496, avec la princesse espagnole, tandis que le saint Joseph du triptyque, et cela contrairement aux idées admises par les iconographes, n’en a pas moins de soixante (1). En vérité, si l’on voulait à tout prix (1) Voici de quelle manière le savant Molanus s’exprime contre ceux qui représentent saint Joseph sous les traits d’un vieillard : F’erum nullo modo convenisset virum centenarium et imbecillem senem adhiberi Mariae custodem, cui fugiendum esset in Ægyptum, cum puero et matre ejus ; et inde redeundum. Et plus loin : Credo igitur conformius esse Evan- gelicis itteris, si Joseph credatur fuisse juvenis, fortis et valens, qui ( 965 ) trouver les portraits de Philippe le Beau et de Jeanne de Castille dans les tableaux de Saint-Gommaire , il faudrait les chercher dans le jeune homme imberbe et la jeune dame portant coiffure noire qui accompagnent Joseph et Marie. Qui sait si, de cette façon, il n’y aurait pas moyen de donner raison à la tradition populaire? Pour nous, cependant, qui n’aimons ni à faire des sup- positions, ni à émettre des opinions hasardées, nous voyons uniquement dans le sujet principal du triptyque de Lierre, la simple, mais poétique représentation du ‘mariage de la sainte Vierge, rien de plus, rien de moins; nos lecteurs en jugeront. Au moyen âge, cette époque de religion profonde et de faits héroïques, le génie de l’homme, frappé par la gran- deur des événements qui s’'accomplissaient sous ses yeux, cherchait dans le merveilleux et le mystère un aliment pour son imagination exaltée; c’est alors que l’on vit pa- raître cette foule de romans, de récits plus fantastiques, plus étranges les uns que les autres ; chaque grand saint eut sa légende particulière, et maint érudit consacra son temps et son talent à recueillir des histoires incroyables, mais qui quélquefois ne manquaient pas de grâce et d’ori- ginalité. Il ne nous appartient pas de juger le but que se propo- saient les auteurs de ces légendes ; nous croyons même que plusieurs d’entre eux, poussés par un zèle aveugle, pensaient agir dans l'intérêt de la religion, mais la vérité nous oblige de dire aussi que l’extravagance de ces contes poluerit industria et labore aetatis , virginem defendere et urgente peri- culo mox puerum in Ægyplum deferre et reducere , ac suis laboribus nutrire. De Historia SS. Ixacinun ET Picrurarum, lib. IT, cap. XIT. ( 566 ) éveilla de bonne heure l'attention des chefs de l’Église, et que différents conciles condamnèrent les sources d'écrits (1), destinés seulement à fausser le jugement du peuple, en lui faisant confondre le vrai avec le faux, la foi révélée avec [a fable (2). Parmi les recueils de légendes les plus connus, nous de- vons citer en premier lieu la Légende dorée de l'archevêque de Gênes, Jacques de Voragine (3). Ce livre curieux, com- posé vers le milieu du treizième siècle, eut une vogue immense; rendu populaire par des copies sans nombre, répandu partout, pendant les quarante premières années qui suivirent l'invention de l'imprimerie, par plus de soixante et dix éditions différentes, sans compter une trentaine de traductions en diverses langues, on com- prend qu'il fut, durant plusieurs siècles, non-seulement la lecture favorite de nos ancêtres, mais aussi le guide, le vade-mecum de nos artistes; une foule de sujets de pein- ture, aujourd’hui incompréhensibles, trouvent leur expli- cation dans l’œuvre de Voragine. D'ailleurs, ce livre avait plus d’un attrait ; un auteur français moderne, François de (1) Voyez dom Calmet, Dissertation sur les Évangiles apocryphes, dans ses Commentaires sur la Bible, t. VIT, p. xLv. (2) C’est en grande partie pour détruire ces légendes que l’œuvre des Acta Sanctorum fut commencée par le jésuite Rosweydus. «Ce père, dit M. Gachard, dans son beau Mémoire sur les Bollandistes et leurs travaux, ce père, travaillant, vers le commencement du dix-septième siècle, à corriger el épurer les martyrologes romains, et convaincu, sans doute, du tort que pouvaient faire à la religion les fables dont ils étaient mêlés, forma le des- sein gigantesque de faire une collection nouvelle des vies de tous les saints; en puisant à des sources plus pures. » Messager des sciences histori- ques, etc., année 1855, p. 202. (5) Jacques de Voragine ou Varagine naquit à Varaggio, sur la côte de Gènes, vers 1250; il mourut en 1298. (567 ) Neufchâteau, en parle même avec éloge. « Il serait, dit-il, possible que Jacques de Voragine, en écrivant la Légende dorée, n’eût voulu composer que des contes moraux et des romans mystiques : en relisant, sous ce point de vue, quelques-uns de ses récits, on verra qu’ils ont parfois toute la finesse de l’allégorie, et parfois tout le sel de la satire. » C'est dans la Légende dorée que nous chercherons le sujet du tableau principal du triptyque de Lierre; le chapitre de la Nativité de la sainte Vierge nous fournira tous les dé- tails nécessaires (1). « Lorsque Marie, dit l’archevêque de Gênes, eut quatorze ans accomplis, le grand prêtre an- nonça publiquement que les vierges, qui étaient élevées dans fe temple et qui avaient atteint l’âge fixé par la loi, relourneraient chez elles pour se marier. Toutes obéirent à cet ordre; la seule Vierge Marie répondit qu’elle ne pou- vait le faire, d’abord parce que ses parents l’avaient con- sacrée au service du Seigneur, ensuite parce qu'elle avait fait vœu de chasteté. Ces paroles troublèrent le grand prêtre; 1] ne croyait pas qu'un vœu püt être rompu d’après l'Écriture qui dit : Failes des vœux et accomplissez-les ; d’ailleurs, il n’osait introduire une coutume inconnue à sa nation. Il convoqua donc les anciens des Juifs à l’ap- proche d’une fête; tous furent d’avis que, dans une affaire aussi douteuse, il fallait consulter le Seigneur. Après qu’ils (1) Cette légende forme le chapitre CXXII de l'édition en caractères gothi- ques, sans date, probablement antérieure à 1474, et dont parle M. J.-Ch. Bru- net, dans le Hanuel du libraire, t. III, p. 579, édition de 1820, et le chapitre CXXVI de l'édition de Liége faite, en 1509, par les soins de Jacques Huguetan; nous l’avons vainement cherchée dans la traduction française, en deux volumes, faite par M. G. B., et publiée à Paris, en 1843, par M. Ch. Gos- selin. Pour notre traduction, nous nous sommes servis du texte le plus ancien, _ qui diffère en quelques points de celui de 1509. ( 568 ) eurent prié quelque temps et que le grand prêtre se fut avancé vers l’autel, pour consulter le Seigneur, tous en- tendirent une voix sortant du lieu où l’on priait, et qui disait : « Que tous les hommes nubiles de la maison de » David, qui n'étaient pas mariés, apporteraient chacun » un rameau pour être déposé sur l'autel , et que celui dont » la branche fleurirait et sur le sommet de laquelle, selon » Ja prophétie d’Isaïe, le Saint-Esprit se reposerait sous la » forme d’une colombe, serait certainement l’homme à » qui la Vierge devait être fiancée. » Joseph, de la maison de David, était du nombre; comme 1! lui paraissait peu convenable qu'un homme déjà avancé en âge devint l'époux d’une si tendre vierge, 1l enleva secrètement sa branche, lorsque les autres apportèrent les leurs. Il en résulla que la parole divine ne paraissant pas accomplie, le pontife crut devoir consulter de nouveau le Seigneur. Il en obtint cette réponse : « Que celui-là seul à qui la Vierge devait » être fiancée, n'avait pas apporté de rameau. » Joseph ayant été ainsi découvert, et ayant apporté sa branche, elle fleurit à l'instant même, et une colombe descendant du ciel vint se poser à son sommet. Il fut donc établi aux yeux de tous que c'était lui qui était destiné à devenir l'époux de Marie. La Vierge ayant donc été fiancée à Joseph, celui-ci retourna chez lui dans la ville de Bethléem, pour tout disposer et se procurer ce qui était nécessaire à la cé- lébration des noces. Marie retourna à Nazareth dans la maison de ses parents, avec sept vierges de son àge, qui avaient été élevées avec elle, et que, par suite du miracle, le grand prêtre lui avait données pour compagnes. En ce temps-là l’ange Gabriel lui apparut et lui annonça que le fils de Dieu naîtrait d'elle. » Cette légende, qui donne au mariage de la sainte Vierge ( 569 ) une forme toute mystique, quoique recueillie par quelques Pères, n’a aucun fondement sérieux (4); elle a pour unique source l'Évangile de la nativité de Marie et le Protoévangile de saint Jacques le Mineur (2), ouvrages apocryphes et rejetés comme tels par l'Église (3); toutefois, nous l'avons déjà dit, cette légende avait son côté poétique, et présen- tait, par conséquent, plus d’un attrait pour nos artistes. « Les anciens livres apocryphes, dit Dom Calmet, dans sa savante Dissertation sur le mariage de saint Joseph (4), les anciens livres apocryphes dont nous avons parlé, suivis en cela de quelques Pères, nous apprennent que les pré- tres du temple de Jérusalem, voulant donner à la Vierge Marie un époux, ou plutôt un témoin oculaire de sa pu- reté, qui fût selon le cœur de Dieu, convièrent tous ceux de la tribu de Juda qui étaient veufs et à marier, de se trouver au temple ayant chacun une verge à la main, afin que celui dont la verge fleurirait, et sur laquelle le Saint- Esprit se reposerait en forme de colombe, füt choisi pour époux de Marie. Tous les prétendants s'étant donc assem- blés dans le temple, la verge de Joseph fleurit, et le Saint- Esprit, élant sorti de dessus sa verge, se reposa sur sa tête; à ce signal on ne douta point qu’il ne fût destiné de Dieu pour recevoir Marie dans sa maison, et pour être le gardien de sa virginité. » C’est sur cela, ajoute le savant Bénédictin, qu'est fondée la pratique des peintres. (1) Voyez la note aux Acta Sanctorum, p. 6. t. III, de Mars, Vie de saint Joseph. (2) Voyez Dom Calmet , Commentaires sur la Bible, t. VII, p. 415. (3) « Voilà, dit Dom Calmet, quels ont été les Évangiles apocryphes con- nus dans l'antiquité. La haine et le mépris que l'Église a témoignés contre leurs auteurs , a fait supprimer ces ouvrages de ténèbres. » Op. cût., t. VII, p. lüj; voyez élonént p. 586 du même volume. (4) Op. cit., t. VIT, p. 414. ( 570 ) Rogier Van der Weyden le vieux se servit de cette lé- gende pour un tableau remarquable qui orne aujourd’hui l’église Notre-Dame d'Anvers (1); le peintre du triptyque (1) Nous avons parlé de cette œuvre, généralement attribuée à Rogier Van der Weyden le vieux, dans différentes publications, mais jamais nous n’en avons fait la description; la voici : Ce tableau , mesurant 1",29 1/2 de hauteur sur 1",42 de largeur, a, suivant toutes les apparences, fait partie d’un grand triptyque, dont il doit avoir été l’un des volets; nous fondons notre opinion sur cette particularité, qu'il a été constaté que le revers du panneau contient une peinture due au pinceau du même maître. L'artiste a divisé sa composition en deux parties : à droite, une église ogivale dans laquelle se passe la Scène des Rameaux décrite par Voragine ; à gauche, en plein air, prés du portail extérieur de cette église, les Epou- sailles de la sainte Vierge. Le premier de ces sujets est traité de la manière suivante : Dans la nef principale, le grand prêtre, en costume d’évêque romain, portant une mitre blanche et chape bleue, est agenouillé près de l’autel placé devant le chœur et dont le retable représente Dieu donnant à Moïse les tables de la Loi; la statue même du prophète se trouve dans une niche au-dessus du retable. Le grand prêtre invoque le Seigneur pendant que le temple est rempli d’une foule de gens de tout âge, portant le costume de Bourgogne et tenant chacun une petite branche d’arbre ; les conviés sont debout, à l’exception de deux, qui sont agenouillés à l’avant-plan ; il est probable que la plupart de ces figures sont des portraits. Saint Joseph, vêtu d’une tunique et d’un manteau rouge, se tient près d’un pilier; il veut cacher le rameau qu’on lui a remis, mais un des anciens des Juifs, habillé à la turque, le montre tout fleuri ; le futur époux de Marie parait troublé à la vue du miracle. L'église appartient, ainsi que nous l’avons dit, au style ogival; elle est d’une riche ordonnance et contient bon nombre de vitraux peints; parmi ces derniers nous remarquons ceux de Sainte Barbe, de Sainte Catherine, de Saint Georges et d'un Saint Evéque. La seconde partie du tableau représente, nous le répétons, les Épousailles de la sainte Vierge. Joseph et Marie sont debout devant le grand prêtre qui les bénit ; la scène se passe devant le portail du temple. Saint Joseph et le grand prêtre portent le même costume de la composition précédente. La sainte Vierge est vêtue de bleu; sa tête est ornée du diadème. Derrière ce groupe, à droite, deux hommes, et à gauche, une femme et ( 971 ) de Lierre y eut également recours, peut-être à limitation du grand maître, car les deux tableaux possèdent plus d’un trait de ressemblance : même groupe, mêmes dispositions, un homme, probablement sainte Anne et saint Joachim ; à l’avant-plan , une jeune fille, richement vêtue, et à ses côtés, cinq religieuses ; à droite deux personnages de distinction, l’un d’eux porte le collier d’un ordre de cheva- . lerie. Fond : un cimetière; une dame et deux Bourguignons se rendent à l'église; plus loin, les rues d’une ville; un cavalier traverse l’une d’elles; dans le lointain une rivière avec ponts à arcades, et un paysage montagneux. L'œuvre de Rogier Van der Weyden le vieux fut nettoyée, en 1859, par ordre de Padministration de l’église Notre-Dame; le restaurateur, M. Mail- land, s’acquitta de sa tâche à la satisfaction des connaisseurs. Ayant examiné le dos du panneau, l'artiste y découvrit, sous une couche noire, une seconde peinture due, ainsi que nous l'avons dit plus haut, au pinceau du même maître. Quoique nous ayons déjà rendu compte de cette trouvaille, dans la revue de V’laemsche School (t. VI, p. 11.), nous nous faisons un devoi d'indiquer de nouveau le sujet du tableau. Au centre, la figure colossale d’une sainte (sainte Ursule?); pres d'elle, mais d’une petite stature, deux de ses compagnes, vêtues du costume de Bour- gogne. À droite, un homme agenouillé, sans doute le donateur du triptyque Le reste était méconnaissable. Nous regrettons sincèrement, pour l’art et pour l’histoire, que l’état de cette peinture n’ait pas permis de la faire restaurer. Le tableau de l’église Notre-Dame est d’un coloris plus sombre que le célebre triptyque des Sept Sacrements , peint, ainsi que nous l'avons prouvé ail- leurs (Luister der S. Lucasgilde et Catalogue du Musée d’ Anvers, éd.), par ordre de l’évêque de Tournai Jean Chevrot; c’est ce qui a fait penser que le premier pourrait bien être l’œuvre d’un autre maitre que Van der Weyden le vieux. Mais à cette objection on peut répondre qu'il est probable, pour ne pas dire certain, que le tableau de la cathédrale a été exécuté anté- rieurement à celui du Musée. En tout cas, on ne saurait contester les mé- rites de cette œuvre; l’auteur y a déployé une science profonde; le dessin . en est soigné; les types sont choisis et le coloris, tout puissant qu’il est, possède une grande harmonie; plusieurs figures, entre autres les deux jeunes gens agenouillés à l’avant-plan, sont traitées avec hardiesse. Un artiste de nos amis, pour l'opinion duquel nous avons une grande déférence, nous dit en contemplant le Mariage de la sainte F’ierge : « Ce tableau a presque toutes les qualités de celui des Sept Sacrements, mais ce dernier indique une main plus exercée. » Que cette peinture soit donc de Van der Weyden ou d’un QC SÉRIE, TOME X. 40 ( 272 ) mais différence complète dans les types, dans le faire, dans l'entente du coloris. Voyons maintenant de quelle manière le peintre du ta- bleau de Lierre a exprimé son sujet. Dans une vaste et belle église de style ogival, la sainte Vierge et saint Joseph debout se donnent la main devant le grand prêtre qui les bénit. Marie est vêtue d’une robe bleue et d’un manteau de la même couleur; sur son front - brille le diadème. Joseph, en tunique rouge et manteau rose, tient d’une main une béquille fleurie. Suivant l'usage de l’époque, le peintre a donné au grand prêtre le costume d'un évêque romain; il porte la chape bleue et la mitre verte (1). À la droite de saint Joseph se trouvent deux jeunes gens de la tribu de Juda, habillés en gentilshommes de la cour de l’empereur Maximilien, et deux anciens des Juifs, vêtus à la turque ; les premiers sont munis d’une branche ou rameau. Derrière eux, dans le fond, le por- trait d’un homme d’un âge mur, probablement celui de l’auteur du triptyque; il a une barbe et des moustaches et semble plongé dans une profonde méditation. Trois jeunes filles accompagnent la sainte Vierge, et occupent la partie gauche de la composition; plus loin, près d’une porte grillée, deux hommes vêtus du costume de Bourgogne. Un jubé masque tout le foad du tableau; il renferme autre maitre, un tel éloge suffit pour la placer au rang des plus belles pro- ductions de notre école ancienne. (1) Les peintres du moyen âge donnaient aux mitres des couleurs symbo- liques ; ainsi la mitre d’un cardinal était rouge , celle d’un archevêque ou d’un évêque, verte, celle d’un abbé, blanche. Ces mêmes couleurs sont réservées aujourd’hui pour les chapeaux de ces dignitaires. ( 573 ) une série de statuettes, parmi lesquelles on remarque celles de différents rois de Juda; dans la niche du milieu, couronnée par le Saint-Esprit, Moïse tenant les tables de la loi. A droite et à gauche, des bas-reliefs figurant la Pente- côle, le Couronnement de la sainte Vierge, la Fuite en Égypte et le Christ retrouvé au milieu des docteurs; le chœur et l’abside contiennent une rangée de onze fené- tres ogivales; elles présentent un coup d’œil admirable. Notre description n’est pas achevée : dans un des coins du tableau, à la gauche du spectateur, se trouvent deux de ces figures caustiques que les artistes du moyen âge aimaient à introduire, à tort ou à raison, dans leurs com- positions les plus sévères; figures qui, la plupart du temps, nous paraissent incompréhensibles, voire même ridicules, mails qui, peut-être, cachent, sous la forme du rébus, des renseignements de la plus haute importance pour lhis- toire. Sur le panneau principal du triptyque de Lierre, on voit un singe, la chaîne au cou, assis sur un ours couché à terre (1); ces deux animaux, qui, sous aucun rapport, n’appartiennent à la composition , y ont probablement été introduits pour y représenter le nom du peintre; cette question offrant quelque intérêt, nous y reviendrons plus loin. Le volet de droite représente l’Annonciation. Dans une salle moitié gothique, moitié renaissance, la sainte Vierge, habillée de bleu et la tête nue, est agenouillée à un prie- Dieu; de la main gauche, elle tient un livre de prières, à (1) On se rappelle que M. Le Poittevin y a vu deux singes. “ ( 574 ) couverture noire, et dont les feuillets sont entr'ouverts; près d'elle, à l’avant-plan , un vase de porcelaine d’où sort une tige de fleurs de lis. : Marie paraît tout absorbée dans sa prière. L'ange, debout, salue respectueusement la future mère de Dieu; il porte l’aube, et, sur cet ornement, une dalmatique. brune, brodée d’or et bordée de vert. De la gauche, Ga- briel tient un sceptre; ses ailes sont irisées : vert sombre, brun et vert clair. Le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, plane au-dessus de la tête de Marie. Quatre bas-reliefs ornent la partie supérieure de cette composition; 1ls représentent : la Visitation, l'Adoration des bergers, l’Adoration des mages et le Sauveur apparais- sant, aprés sa résurrection, à sa sainte Mère. Une porte, ou arcade ouverte, donne vue sur un pay- sage montagneux. On y voit saint Joseph hachant du bois; dans le fond, un bœuf et un âne broutant l'herbe. Une troisième scène se passe dans une maison à droite; Par- tiste y à peint saint Joseph dormant; l’ange lui apparaît en songe et lui fait connaître le mystère de l’incarnation. (Évangile de saint Matthieu, ch. I, v. 20.) Le volet de gauche a pour sujet : la Présentation au temple. Les personnages sont groupés dans une église go- thique. Saint Siméon , figure respectable à tête chauve et à barbe blanche, tient dans ses bras le Sauveur du monde. Le peintre, partageant sans doute l’idée de ceux qui voient dans le saint vieillard un prêtre de la loi (1), l’a habillé de vert et de brocart d'or. À ses côtés s’avance un homme portant un cierge. La sainte Vierge occupe le milieu de la (1) Voyez Dom Calmet, op. cit., t. VII, p. 457-458. (27) composition ; elle est vêtue de bleu; un voile lui couvre la tête; ses mains sont croisées sur sa poitrine. Derrière elle, deux femmes, dont l’une est, suivant toutes les appa- rences, Anne la Prophétesse. A sa droite, saint Joseph portant l’offrande de deux colombes. On prétend que le vieillard coiffé d’un bonnet noir, qui se tient dans le coin du tableau à la suite de saint Siméon, est un portrait; le fait est possible. A travers une arcade, le regard tombe sur la façade d'un temple pourvu d’une tour romane. La partie supé- rieure du panneau contient, en outre, quatre bas-reliefs : le Portement de la croix, le Crucifiement, la Descente de croix et l'Ensevelissement du Sauveur. Par le choix des sujets, le triptyque de la collégiale de Lierre forme donc une espèce de poëme en l'honneur de la mère de Dieu : au milieu, son Mariage; à droite, l’'An- noncialion ; à gauche, la Présentation au temple, et dans les bas-reliefs, la Visitation, l’Adoration des bergers, l’Ado- ration des mages, la Fuite en Égypte, le Christ retrouvé au milieu des docteurs, le Portement de la croix, le Crucifie- ment, la Descente de croix, l'Ensevelissement du Sauveur, l’Apparition du Christ à sa sainte Mère après sa résurrec- tion, la Pentecôte et le Couronnement de la sainte Vierge. Si quelques-unes de ces compositions n'avaient pas rem- placé celles du Christ au Jardin des Olives, de la Flagel- lation, du Couronnement d’épines, de l’Ascension et de l’Assomption, nous aurions cru que l'artiste avait eu pour unique but de peindre les quinze mystères du saint Ro- saire; sil ne l’a pas fait, 1l y a, en tout cas, puisé ses inspiralions. L’extérieur des volets est également peint, et cette par- tie du tableau, qu'aucun auteur ne semble avoir jugée - ((1876 ) digne d'une attention spéciale, est cependant celle qui nous à mis à même de faire une découverte importante. En effet, nous y avons trouvé les portraits de différents personnages, qui, d’après l'usage, sont ceux des donateurs et de leur famille. A droite, sur un coussin blanc, est agenouillé un che- valier âgé d'environ quarante-cinq ans; il est habillé du costume du XV”* siècle et porte la cotte d'armes; son pa- tron saint Jean-Baptiste se trouve à sa gauche avec l'agneau mystique. Derrière le chevalier, on voit ses deux fils; comme leur père, ils ont l'épée au côté et sont revêtus de la cotte d'armes; le premier, à tête blonde, porte une cui- rasse d'acier, le second, à chevelure brune, en à une d’or. La partie supérieure du panneau contient les armoiries du chevalier; elles sont : d'argent à deux fleurs de lis au pied coupé de sable, au franc-quartier d’or à trois merlettes de sable, l’écu surmonté d'un casque d'acier, liséré d'or ; ci- mier : une cuvetle d’or d'où sort le buste d'un homme por- tant barbe, vétu d’une veste d'argent et coiffé d’un bonnet du méme métal à bordures de pelisses brunes. Lambrequins d'argent et d'or (de sable?) Le volet à gauche nous ARE le portrait de la dona- trice. Comme son mari, elle est à genoux et a les mains jointes; un voile blanc lui couvre la tête. Près d'elle, sa fille unique, âgée d’environ quatorze ans, et à ses côtés, son patron, saint Jacques le Majeur. Dans la partie supé- rieure du tableau, un ange, tenant les armoiries de la dame; elles sont de gueules à deux tétes de femme de car- nalion en chef et une étoile d’or de six rais en pointe. Découvrir les noms des familles auxquelles appartien- nent ces blasons, ne fut pas difficile ; nous les avons rencontrés bien des fois dans nos recherches. Que l’on (571) abandonne donc pour toujours l’idée d’un archiduc et d’une princesse espagnole; un simple chevalier et sa femme au- ront désormais l'honneur d’avoir fait peindre l'important triptyque de Saint-Gommaire. Le blason du mari appartient à la famille CoLrBRANT; celui de la femme, à la famille MevncraerT; les prénoms des donateurs nous étant révélés par leurs saints pro- tecteurs, il ne nous resta plus qu'à trouver la preuve du mariage, au XV”: siècle, du chevalier JEAN-Barrisre CoLr- BRANT aVeC JACQUELINE MEYNGIAERT (1). Contre-temps inat- tendu; ce ne fut qu'avec peine que nous pûmes nous procurer des documents propres à nous donner les ren- seignements nécessaires ; car les détails que nous fournis- saient une foule d'ouvrages imprimés, et, entre autres, la Généalogie de la famille Vander Noot, par Azevedo, étaient loin de répondre au but de nos recherches ; la confusion, qui existait dans les lignages, nous fit perdre un temps précieux. Enfin, grâce à l’obligeance de deux bibliophiles, ‘MM. Henri Le Grelle et P. Th. Moons-Vander Straelen, nous fûmes mis à même de consulter les généalogies originales el manuscriles des deux familles; ce ne fut pas sans éprouver une véritable satisfaction que nous (1) Dans son intéressant travail, de Collegiale kerk te Lier, M.G. A. Avont- rcodt prétend que les armoiries peintes dans le tableau de Saint-Gommaire sont celles des familles Van WacurEnponcx et CoiiBRANT, et que les person- nages agenouillés sont Henrt Van WacnTENDONcK et JEANNE COLIBRANT avec leurs enfants Jacques et Francois. Nous regrettons de ne pouvoir partager l'opinion d’un savant pour qui nous professons un grand respect. Dans l'in- térêt de l’histoire, qu’il nous soit permis de lui faire observer que les armoiries de Van WacnTenponcx sont d’or à la fleur de lis de gueules ; M. Avontroodt en trouvera la preuve sur la pierre sépulcrale de Henri Van WACHTENDONCK lui-même , placée devant l'autel des Arquebusiers. ( 978 ) y trouvâmes, à l'époque mentionnée, l'indication authen- tique du mariage constaté par le tableau de Lierre. La famille CoziBranr, une des plus anciennes du duché de Brabant, descend, comme on le sait, de l’antique mai- son de Van L1ERE (1), dont elle a constamment porté le blason, brisé avec les armoiries de la famille Kerreman, placées en franc-quartier. La famille MEYNGIAERT, qui avait donné un bourgmestre et des échevins à la ville d'Anvers, comptait également parmi les plus honorables de nos pro- vinces; elle se glorifiait même de son alliance avee un des descendants de Pierre Pot, le célèbre fondateur de l’abbaye de Saint-Sauveur à Anvers et l’un des principaux bienfai- teurs de la métropole du commerce belge. Jean-Baptiste Colibrant était fils de Jean Colibrant et de Jeanne Van Heffene, cette dernière appartenant à une fa- mille qui, au XV: siècle, résidait à Malines (2). De sa femme Jacqueline Meyngiaert (3), Jean-Baptiste Colibrant avait eu trois enfants; l’aîné de ses fils se nom- (1) Geci était écrit lorsque M. G. Van Vugt, archiviste de l’église Saint-Gom- maire, nous envoya l'extrait suivant confirmant nos assertions en tous points : Heer Willem Van Lier, die men heet CoziBranT, ridder ende schoutet van Lier, sterf 1256. (2) Pour mettre le lecteur à même de juger avec connaissance de cause, nous donnons à la fin de cette notice la généalogie de la famille Colibrant, d’après le manuscrit original appartenant à M. Henri Le Grelle. Ce document présente un grand intérêt pour l’histoire de Lierre, les Colibrant ayant, pen- dant plusieurs siècles, fait partie de la magistrature de cette ville. | (5) Nous n’avons pu nous procurer qu’un fragment de la généalogie de la famille Meyngiaert ; nous le transcrivons en faisant observer que la Jacque- line qui s’y (trouve mentionnée, ne peut être la donatrice du triptyque. Maître Guillaume Meynÿiaert épousa, par contrat passé, en 1458, devant les échevins d'Anvers, Marie Pot, fille d’Adrien et de Catherine à la Truie; ül mourut le 15 janvier 1507 et fut enterré à Hove ; sa femme, décédée le 15 ( 579 ) | mait Georges, le cadet Jean, comme son père; le nom de la fille nous est resté inconnu. Georges mourut en Pales- üiue le 12 août 1511 (1), sans avoir contracté mariage. Quant à son frère puiné, il épousa Jeanne Van Houbra- ken, dont il cut deux filles : 4° Josine, qui s’unit à Jean Berwouts, et ® Jeanne, qui eut pour mari Luc Moninex, échevin de Lierre. Jean-Baptiste Colibrant remplit probablement aussi des fonctions officielles à Lierre (2); nous supposons même qu'il y fut chef-homme du serment des Arquebusiers, et nous cherchons dans cette particularité lexplication des juillet 1491 , avait été ensevelie dans l’abbaye de Saint-Sauveur à Anvers. Sept fils et cinq filles étaient nés de ce mariage : 1. Jean, mort jeune ; 2. Jean , décédé en septembre 1532 et qui, de sa femme Catherine Wylants, eut quatre enfants : a. Jean, qui contracta ma- riage ayec Barbe Cloets; b. Pascal, mort jeune; c Jacqueline; d. Josine, morte jeune; 3. Vicolas ; 4. Georges, qui se noya en Frise ; 5. Michel, mort jeune ; 6. Adrien , mort jeune; 7. Fenri, qui épousa Catherine Appeltern; {ous deux moururent de la peste le jour de Saint-Pierre et Paul 1509 et furent enterrés au cimetière de Notre-Dame à Anvers; 8. Catherine mariée à Pierre Back; 9. Marie, morte jeune; 10. Guillelmine, morte jeune; 11. Marie; et 12. Élisabeth , morte jeune. (Extrait de l’arbre généalogique Ms. de la famille Pot, appartenant à M. Moons-V'an der Straelen.) (1) Joris Colibrant sterft onderwegen Jerusalem op 12 aug. 1511. Te Lier gehouden van 20 mott. anno 1512. 923 meert. (Extrait des archives de l’église de Saint-Gommaire, communiqué par M. Van Vugt) (2) Nous ne pouvons rien préciser à cet égard , puisque la liste des bourg- mestres et échevins de Lierre ne commence qu’à l’année 15053. En 1503-1514, Georges Colibrant, frère de Jean-Baptiste, remplit les fonctions d’échevin. La loi ne permettant pas que deux aussi proches parents siégeassent en même temps dans le conseil de la ville, les archives de Lierre ne peuvent donner que peu de renseignements sur les dernières années du donateur du triptyque. Nous saisissons cette occasion pour adresser nos vifs remerciments à M. Berchmann, bourgmestre de Lierre, et à M. De Coster, doyen-curé de Saint- Gommaire, qui, lors de nos visites, ont daigné nous faire l’accueil le plus flatteur. ( 580 ) différentes largesses que lui et sa famille ne cessèrent de faire à la corporation. En effet, nous voyons que le trip- tyque du mariage de la sainte Vierge orna de tout temps l'autel de la chapelle de Saint-Christophe (1), bâtie en 1480 par le chevalier Georges Colibrant (2), frère cadet de Jean et échevin de Lierre en 1505-1514. A cette époque, cette chapelle était ornée de vitraux peints (5), offerts à la gilde parles familles anversoises de DRAECK (4), Van DE WERYE (5) (1) L’autel actuel porte encore les armoiries du serment des Arquebusiers ou de Saint-Christophe : d'azur à deux arquebuses posées en sautoir ; en chef une couronne d’or. (2) Nous devons ce renseignement à l’obligeance de M. Van Vugt; voici l'extrait qu'il a bien voulu nous communiquer : Anno 1480 wiert de thresorye gemaeckt ende gewelft met dry capellen, te weten : de capel van den Hantboghe , de Backerscapel en de capel van heer Joris Colibrant des ridders. Un manuscrit, conservé aux archives de la province d’Anvers, fournit en outre la preuve qu’au XV: siècle, la chapelle des Arquebusiers n’était con- nue que sous le nom de chapelle des Colibrant : Ende wiert betaell aen Henrick Perre met syne medeghesellen, voor in den ommegangkh de vier voors. capellen te welven , te wetlen voor het sa- cristeyn , voor sinte Sebasliaenschoor, voor Antonie van Paduachoor, nu de Backers, ende voor de Colibrantsche vor nu de Colovenierschoor, tsaemen IX L. Brabantsch. (Extrait fait au XVIIw: siècle des comptes de Saint-Gommaire.) (3) De vensters van sinte Christoffelskoor zyn gegeven een van Coli- brant, d’ander van Draeck en Van de Werve en Van Wachtendonck. Op eene vensler : ‘Tr Es AL KINDERSPEL. » (Note de M. Van Vugt.) (4) Jean Draeck avait épousé Barbe Colibrant; il mourut le 28 novembre 1598; sa femme le suivit dans Ja tombe le 27 septembre 1538. Ils furent enterrés dans l’église Saint-Jacques à Anvers, où l’on voit encore leur sé- pulture. « (5) Arnould Van de Werve, chevalier, bourgmestre d'Anvers, contracta mariage 1° avec Guillelmine Colibrant ; 2 avec Adrienne Van Liere d’Immer- seel, fille de Jean, chevalier, marcgrave d’Anvers, seigneur d’Iteghem, et de Josine Tollins, vicomtesse d’Alost. II mourut en 1532. ( 581 ) Van WAcHTENDONGK (1) toutes trois alliées à celle de Coli- brant; on y lisait la devise de cette dernière : ’T ES AL KINDERSPEL. Le chevalier avait, en outre , étendu sa géné- rosité à la collégiale même, et déjà, en 1476, il avait enri- chi le chœur de cette église d’un grand vitrail peint, placé au-dessus de la statue de saint Pierre (2). Des documents qui précèdent et des dates y relatées, il semble résulter que le triptyque de Saint-Gommaire a été peint vers la fin du XV”* siècle. Différentes considérations nous engagent à soutenir cette opinion, et quoique, à notre grand regret, les ar- chives de la ville et de la collégiale ne nous aient fourni aucun renseignement positif, un simple résumé des faits nous donnera raison. Nous avons vu par le portrait de Jean-Baptiste Coli- brant, que ce seigneur avait, à l’époque de l'exécution du triptyque, atteint l’âge de quarante-cinq ans. En admet- {ant pour un instant que la tradition, qui veut que le tableau a été peint vers 1496, soit conforme à la vérité, il en résulte que notre chevalier est né vers 4451. Il avait done vingt-cinq ans en 1476, au moment où il offrit, d’a- près les registres de Saint-Gommaire, un vitrail à la col- légiale de Lierre; il en avait trente en 1481, époque (1) Henri Van Wachtendonck avait épousé Jeanne Colibrant ; il mourut le 6 septembre 1529, et fut enterré à Saint-Gommaire, où l’on trouve encore la pierre de son tombeau , ornée de ses armoiries et portant l'inscription suivante : Hier lighet begraven Henrick Van W'achtendonck poirter van Ant- werpen zone van heere Rombout Fan Wachtendonck ridder sterf MDXXIX den seste dach septembris. (2) Zn ’t jaer 1476, hceft äe ridder heer Jan Colibrant eene venster gegeven in den middenbeuk, boven het beeld van S' Pctrus. (Note de M. Van Vugt.) ( 582 ) présumée de son mariage avec Jacqueline Meyngiaert. Sa fille aînée, que le volet gauche représente comme étant de quatorze ans, serait née vers 1482, et ses fils Georges et Jean, paraissant âgés de douze à treize ans, auraient vu le jour en 1485 et 1484. Le premier avait, par consé- quent, atteint l’âge de vingt-huit ans, lors de sa mort à Jérusalem, en 1511. Comme on le voit, ces dates n’ont rien de hasardé, et sont de nature à lever les scrupules des archéologues les plus minutieux ; d’ailleurs les cos- tumes seuls indiquent d’une manière péremptoire que le tableau a été peint au commencement du règne de Phi- lippe le Beau. Mais quel est le nom de l'artiste chargé de l'exécution Fe cet important travail? Nous déclarons franchement que nous l’ignorons. Sa manière ne ressemble nullement à celle des autres maîtres dont nous possédons des productions authentiques (1), et nous aimons trop la vérité pour citer au hasard un nom dans le seul but de combler une lacune. Faute de renseignements officiels, force nous est d’avoir, encore'une fois, recours à des hypothèses. (1) Pour détruire en une fois toutes les suppositions que l’on pourrait faire encore quant à l’auteur du triptyque, nous dirons que les frères Van Eyck, Thierry Stuerbout, Josse de Gand, Gérard Van der Meere et Rogier Van der Weyden le vieux étaient morts à l’époque où il a été peint; il ne saurait être ni de Van Memmelinghe ni de Rogier Van der Weyden le jeune, dont la manière ne ressemble nullement à celle de l’auteur du tableau ; en- suite on ne pourrait l’attribuer ni à Quentin Matsys, ni à Jean Gossaert de Maubeuge, ni à Bernard Van Orley, ni à Albert Durer, ni à Jean Mostaert, artistes, qui, en 1496, ne faisaient que commencer leur carrière , tandis que notre peintre était un maître accompli, dans toute la force de son talent; d’ail- leurs sa manière n’a pas plus de rapport avec celle de Matsys, Maubeuge, Mostaert, Durer et Van Orley qu'avec celle de Van der Weyden le jeune, ou de Van Memmelinghe. : ( 269 ) Nous avons vu que l'artiste a peint dans un des coins du tableau principal deux figures caustiques : un singe as- sis sur un ours. Serait-il défendu de voir dans ces ani- maux une espèce de rébus devant représenter les noms du peintre? Nous ne le croyons guère. Au XV, au XVI"° et au XVIL”* siècle, ces sortes de jeux d'esprit étaient fort à la mode, et nous en trouvons plus d’un exemple dansles dic- tionnaires de monogrammes .Albert Durer, entre autres, portait dans ses armoiries une porte à deux baltants ou- verts, répondant au mot allemand Thüren, et Martin De Vos, faisant allusion au sobriquet flamand de Marte, Merte, Mertekin, Martin, donné au singe, suivant le témoignage du savant Van Kiel (Kilianus), et au mot Vos, en français Renard , ne signa-t-1l pas plusieurs de ses productions avec un rébus composé d’un singe et d'un renard? Martin Van Cleef en agit de même; différents tableaux de ce maître portent, en guise de griffe, un singe marqué sur la poi- trine des lettres V et C ( Van Cleef ). Nous avouons que ces derniers exemples nous ont vive- ment frappé; dans le tableau de Lierre, il y a également un singe; S'il y figurait, comme dans les compositions de De Vos et de Van Cleef, le prénom du peintre, ce dernier s’appellerait donc Martin; l'ours, couché sous lui, en flamand Beer, donnerait pour nom de famille le mot De Beer ; les noms réunis de l'artiste seraient MARTIN DE BEEr. Mais, dira-t-on, pareils noms sont entièrement incon- nus; ils ne figurent pas même dans une seule histoire de nos peintres. Un instant! Depuis quand le passé de notre ancienne école est-il entièrement dévoilé? Il y a à peine quelques années, on attribuait, pour ainsi dire, tous les tableaux du XV”° siècle aux seuls frères Van Eyck; aujour- d’hui on cite quelques maitres de plus; s’ensuit-il qu’au- ( 584 ). cun nom d'artiste n'ait échappé aux recherches des savants? Certes non; une école aussi florissante que la nôtre doit avoir eu, au XV”* siècle, comme de nos jours, une foule de représentants; des peintres tels que les Van Eyck, les Van der Weyden, les Van Memmelinghe, les Van der Meere, les Maubeuge, les Matsys, ne venaient pas seuls; ils étaient les conducteurs, les chefs d’une phalange nom- breuse qui suivait, souvent avec succès, la carrière illus- trée par leur talent. Vouloir résumer l’école du XV” siècle en quatre ou cinq hommes hors ligne, c’est méconnaître et le génie des arts et le mouvement intellectuel d’une époque. Cependant que l’on ne s’y trompe pas, le nom - de de Beer n’est pas inconnu dans le domaine du beau. Le Liggere, ou registre d'inscription des membres de la cor- poration de Saint-Luc d'Anvers, nous montre que toute une famille d'artistes de ce nom a fleuri dans cette ville au XV et au XVI”° siècle. En 1490, Jean de Beer entre dans l’atelier de Gilles Van Cueren; neuf ans plus tard, en 1499, Thomas de Beer est élève de Luc Thonys; en 1504, un peintre du nom de Jean de Beer est admis à la maîtrise; il devait jouir d’une grande considération, car, en 1515, il fut élevé aux fonc- tions de premier doyen de la confrérie de Saint-Luc; ses élèves furent : en 1510, Antoine Ariaenssens, et en 1515, Benoit... Un autre membre de cette famille, Pierre de Beer, mi- roitier, fut admis à la maîtrise en 1510; il eut pour élèves, en 4511, Martin Lemmens, et en 15925, Jean de Clerck; quatre ans plus tard, en 1529, le Liggere fait mention de l'entrée dans la gilde d’un peintre du nom d’Arnould de Beer, artiste de mérite, qui, d’après le témoignage du judi- cieux Van Mander, excellait dans l'exécution de patrons ( 980 ) (on dirait aujourd’hui cartons) pour les peintres sur verre, et devint le maître du célèbre peintre Lambert Lombard. Arnould de Beer reçut dans son atelier, en 1554, Jean Loys, et en 1556, Antoine Pots. Enfin en 1535, un confrère du nom de Jacques de Beer eut pour. disciple Jean Daems ; nous regrettons de n'avoir pu découvrir l’époque de son admission à Saint-Luc. La simple citation de ces noms doûne à nos conjectures un caractère de vraisemblance, particulièrement quand on considère que bien des fois, aux siècles passés, l’art se transmettait de père en fils pendant plusieurs généra- tions (1); Martin de Beer peut très-bien avoir été le père ou l’aieul des artistes dont le Liggere et Van Mander nous ont révélé l'existence. Toutefois, nous le répétons, notre opinion n'est fondée que sur des hypothèses dont la nou- veauté forme, peut-être, le seul mérite. Espérons donc que l’une ou l’autre découverte viendra, dans l'intérêt de l’histoire, nous donner tort ou raison. Mais, quel que soit le maître auquel nous devons le trip- tyque de Lierre, il est constant qu’il prend place parmi les artistes les plus distingués du XV”° siècle. Par sa ma- nière, il appartient à l’école de Van Eyck, ou plutôt à celle de Van der Weyden, c’est-à-dire à la plus belle école du moyen âge : même sentiment religieux, même éléva- tion de la pensée. Sa composition est parfaitement or- donnée; elle se recommande par une noble simplicité, tant dans l'aspect général que dans celui des lignes; il y règne ce calme si bien en rapport avec la gravité des scè- nes bibliques. Ses figures possèdent une grande distine- (1) Voyez à ce sujet notre travail : les Grandes Familles artistiques d’ Anvers, dans la Revue d’histoire et d’archéologie , publiée à Bruxelles. (586 ) tion ; leur maintien est modeste et digne; leurs types sont bien choisis; plusieurs têtes sont admirables. Les drape- ries, auxquelles les peintres du XV” siècle prêtaient une si grande attention, sont traitées avec sévérité dans un style large et grandiose; surtout la figure de la sainte Vierge, dans le volet : La Présentation, mérite d’être étudiée. Comme coloriste, le peintre a également droit à nos éloges, et, quoiqu'il n’ait pas atteint à la vigueur des Van Eyck, des Van der Weyden et des Van Memmelinghe, on ne saurait lui contester le premier rang immédiatement après ces maîtres célèbres; il laisse derrière lui les Van der Meere et les Josse de Gand, et marche de pair avec les Thierry Stuerbout et les Gossaert de Maubeuge, dans leurs meilleures productions; son pinceau possède beau- coup de force, jointe à une grande harmonie. Les détails dans lesquels nous sommes entrés, prouvent que nous altachons une grande importance au triptyque de Lierre, que, de l'avis d'hommes compétents , nous ran- geons parmi les œuvres les plus remarquables produites par les peintres du XV”° siècle. Cependant cette impor- tance s’accroit encore quand on considère que ce tableau sert de point de liaison entre l’école de Van der Weyden et celle de Quentin Maitsys, puisque l'artiste, tout en ap- . partenant à la première par les types et la composition, tend néanmoins la main vers la seconde, par l'introduc- tion de certains ornements van constatent l'influence de la renaissance. Comme l’a fait observer M. Le Poittevin de la Croix, le triptyque se trouve dans un état satisfaisant de conser- valion; toutefois des écailles commencent à se détacher dans quelques endroits du panneau. Pour arrêter le mal dans sa naissance, il serait donc utile de prendre immé- DLIBRA ILLAUME COLIB| isa Catherine JEAN CoziBran a Jeanne van H Henri CociBra Sa .... van [mr JLAIRE CoLIBR1 usa Jean Gotti, s postérité. DILLAUME COLI1E Isa. | Li ne es — GÉNÉALOGIE GUILLAUME COLIBRAND épousa ISABEAU VAN CU GUILLAUME COLIURANT épousa Anne van de Werve: GUILLAUME COLIPRANT, épousa IsabeauMyS MancuEriTe COLIBRANT épousa GolefroiMDraeck® JEAN VCOLIDRANT épousa Jeanne yanBerlatr: | Sanskpostérité® JEAN COLIBRANT épousa Adélaïde Detelar GUILLAUME COLIBRANT épousa lsabeau van Som- NON oocscocecoca Henni CoriBnaNn épousa Jeanne JEAN COLIBRANT épousa Digne vanMRans(” Sans,postérité, CATIENINE COLIRRAND anlGoellens Sans JEAN COLIHRANT épousa N..Sclioof Sans GUILLAUME COLIBRANT,, écoutèterde/Lierre;-épousa Jeanne van Halmale | ADÉLAÏDE COLIBRANT, | épousa JeaniyandenGrate: Sans postérité N°, “illemunique,-épousa | Jossevan Rode Sanspos> DE LA FAMILLE COLIBRAN Bulletins del'Acadèmie 2mssérie, tome Xp. 387. GuILTAUNE COLIBRANT ÉPOUSA vanter Est FLORENT COLIBRANT épousasBarbevan demDel fu JEAN Corisnanr épousa Cathierinemvan Me CRETE PE er JEANNE CortBnaANT ÉpOUSA Sans postérités MARGUERITE COLIBRANT | épousa Jean van Mechelenk Sans postérité: CATHERINE COLIBRANT abbesseducloitredeRoosen= uael” GEONGESICOLINRANT épousa CatherneKerreman: | \ van de Werve: | BAnpe CoLiBnANT GUILLAUME COLIBTANT { épousa Jean Draeck épousa CatherinenKets. le 12 août 1511 Jean CoriBnanT épousaeannevan Heffene M | JEAN COLIURANT épousa Temere, Meyn= JEAN CoriBnanr, HEC écuyer,fépousanTcannevan (Houbraken GEONGES GOLIDRANN, époisa Anne yanderStrae” (en JEAN CoLinnant, morben 1514 (fille-) GEONGES/COLIBRANT, chevalienmortadérusalem, { GEORGES .COLINNANT épousa Anne Kerremans: CLAIRE COLIBRANT épousa Jean Matthys HENRLIGOLIERANR JT ONTITÉRINE COLIBRANT. épousa "vanimmerseel, \ JEANNE COLIDRANT épousa HenrivanWachten” donck. CrAtRE COLIBRANT. épousa Jean Gottignies: Sansspostérité, DIGNENCOLITNANR épousa Jean Tessthe CrAIME COLIBNANE épousanLibert'ieRreynes Lu CATIERINEMCOLIBRANTS n MANGUERITE COLIDRANTS GUILLAUME COLIER ANT épousa. ; . KTORENTACOLIERANTe Josine CoLinnANr épousa Jean Benwouts. JFANNE COLIDRANT épousa LueMoninex, éche= Lvinde Lierre, ( 587 ) diatement des mesures pour la restauration de cette pein- ture; en appelant sur ce point l'attention de qui de droit, nous croyons rendre un véritable service aux arts. M. Fr. Fétis fait une communication verbale sur les œuvres de Jean Tinctoris, musicien belge. Il dépose une traducuon française des écrits de ce célèbre musicien. Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. Van Hasselt et Snel. | OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou recueil de ses Bulletins , troisième série, tome [®, 4° bulletin. Bruxelles , 1860; in-8°. Bulletin de la Commission centrale de statistique, tome VIH. Bruxelles, 4860 ; in-4°. Observations sur les voies romaines de la Belgique; par M. J. Roulez. Gand, 1850 ; in-4°. La Colonisation pénale et l'emprisonnement cellulaire ; par E. Ducpetiaux. Bruxelles, 1860; in-12. ‘Vaderlansche Museum voor nederduitsche letiterkunde, oudheid en geschiedenis, uitgegeven door C. P. Serrure, III deel, 3% en 4% stuk. Gand, 1860; in-8°. Des recherches, récemment mises au concours, sur la littéra- ture chrétienne de l'Éthiopie ; par Félix Nève. Louvain, 1860; in-S°. | Exposé des guerres de Tamerlan et de Schah-Rokh dans l'Asie DME SÉRIE, TOME X. 41 ( 288 ) occidentale, d'après la chronique arménienne inédite de Thomas de Medzoph ; par Félix Nève. Bruxelles, 1860; in-8°. Voyageurs, savants et artistes sur le sol de la Grèce ; par Félix Nève. Bruxelles, 1860; in-8c. L'Église d'Orient et son histoire, d'après les monuments syria- ques ; notice littéraire par Félix Nève. Paris, 1860 ; in-8°. Rapport sur l'enseignement supérieur en Prusse, présenté, en mars 1845, à M. Nothomb, Ministre de l'intérieur ; par Charles Loomans. Bruxelles, 1860; gr. in-8°. Reisbrieven uit Dietschland en Denemark; van C. J. Hansen. Gand, 1860; in-8°. Noordsche letteren, als vervolgt op de Reisbrieven uit Dietsch- land en Denemark ; door C. J. Hansen. Gand, 1860 ; in-8°. Destruction d'Eptiacum de la carte de Peutinger (aujourd'hui Lizig, dans le grand-duché de Luxembourg), vers l'an 262 de l'ère chrétienne, prouvée par la numismatique; par M. le d' A. Na- mur. Bruxelles, 4860 ; in-&8°. Biographie de M. Ch. de Brouckere, représentant de l'arron- dissement de Bruxelles et bourgmestre de la capitale; par Eugène Bochart. Bruxelles, 4860 ; in-8°. Notice sur le genre Philadelphus ; par le D' Ch. Koch, traduit de l’allemand par A. de Borre. Gand, 1860 ; in-8°. Revue trimestrielle, 28" volume. Bruxelles, 1860; in-12. Revue de l'administration et du droit administratif de la Bel- gique; par MM. R. J. Bonjean, J. B. Bivort, J. J. Cloes et E. A. Dubois, 7% année, tome VIF, 10% à 12% livr. Liége-Paris, 4860 ; gr. in-8°. | Annales de l’Académie d'archéologie de Belgique, tome XVIF**, A4ne livr. Anvers, 1860; in-8°. Journal historique et lilléraire, tome XXVII, liv. 8. Liége, 1860; in-8°. Mémoires des concours et des savants étrangers, publiés par l'Académie royale de médecine de Belgique, tome V, 2m fasc. - Bruxelles, 1860; in-4°. | ( 289 ) Annales de la Société de médecine d'Anvers, XXI"° année, li- vraison de juillet à septembre. Anvers, 1860 ; 3 broch. in-8°. Le Scalpel, XU”° année, n° 1 à 10, 10 feuilles. Liége, 1860 ; 10 feuilles in-4°. Journal de l'imprimerie et de la librairie en Belgique, VI®e année, n° 7. Bruxelles, 1860; 1 broch. in-8&°. De Vlaemsche School, VE jahrgang, 17n-94tien en afleventafel. Anvers, 4860; in-4°. Koninklijk zoologisch genootschap , Natura urtis magistra, te Amsterdam. — Bijdragen tot de dierkunde, IV%, Va, VIS VITISte aflev., 4 cahiers in-4°. — Jaarboekje, 1852-1860. Amsterdam ; 9 vol. in-12. Werken van het historisch genootschap gevestigd te Utrecht. — Berigten, VII° deel, blad 6-8. — Kronijk, 1860; blad 1-13. — Codex diplomaticus, 2° serie, IV® deel, 2° afd., blad. 13-19. Utrecht, 1860; in-8°. L'Investigateur, journal de l'Institut historique, XX VII: année, 310°-311° livr. Paris, 1860; in-8°. Journal de la morale chrétienne, t. X, n° 5. Paris, 1860: in-8. Tableau géologique, classification el définition minéralogique et paléontologique des terrains qui composent la portion connue de l'écorce solide du globe terrestre ; par J. Bourlot. Lille, in-plano. De l'homme antédiluvien et de ses œuvres ; par M. Boucher de Perthes. Paris, 1860; in-8°. Note sur les canons rayés en hélice et les progrès récents de l'artillerie; par Leroy (d’Étiolles). Paris, 4860; in-8. Notice sur Leroy (d'Étiolles), lue à la Société de médecine de Paris ; par M. Boys de Loury. Paris, 1860; in-8°. Études sur la monorchidie et la cryptorchidie chez l’homme ; par M. Ernest Godard. Paris, 1857 ; gr. in-8°. Recherches sur la substitution graisseuse du rein ; par M. Er- nest Godard. Paris, 1859; gr. in-8°. Recherches tératologiques sur l'appareil séminal de l'homme ; par M. Ernest Godard. Paris, 14860; gr. in-8°. ( 590 ) Exercices pratiques d'analyse, de syntaxe et de lexigraphie chinoise ; par Stanislas Julien. Paris, 1842; in-8°. Examen critique de quelques pages de chinois relatives à l'Inde, traduites par M. G. Pauthier, accompagné de discussions gram- maticales ; par M. Stanislas Julien. Paris, 4841 ; in-8°. Simple exposé d'un fait honorable, odieusement dénaturé dans un libelle récent de M. Pauthier; par Stanislas Julien. Paris, 1842; in-8°. Réponse à l'examen critique de M. Stanislas Julien inséré dans le numéro de mai 1841 du Journal asiatique; par M. G. Pau- thier. Paris, 1842; in-8°. Dernière réponse à M. Stanislas Julien, suivie d'un parallèle de sa nouvelle traduction de Lao-Tseu avec une traduction précé- dente; par G. Pauthier. Paris, 1842; in-8°. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, année 1860, n° 5. Amiens, 1860; in-8°. Mémoires de la Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, W®° série; 5" et 6° vol., années 1858 et 1859. Lille, 1859-1860; 2 vol. in-82. Notes statistiques sur le mouvement de la population de la ville de Lille pendant l'année 1858; par le D' Chrestien. Lille, 1859; in-8°. Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1859. Nancy, 1860; 2 vol. in-8°. | Mesures hypsométriques dans les Alpes, exécutées à l'aide du baromètre ; par E. Plantamour. Genève, 1860; in-4°. Observations astronomiques faites à l'observatoire de Genève dans les années 1855 et 1856; par E. Plantamour. XV®° et XVI®° séries. Genève,1860 ; in-4°. Résumé météorologique de l'année 1859 pour Genève et le grand Saint-Bernard; par E. Plantamour. Genève, 1860; in-8°, Mémoire sur l'échange simultané de plusieurs dépêches télégra- phiques entre deux stations qui ne communiquent que par un fil de ligne; par M. Élie Wartmann. Genève, 1860; in-4°. ( 591 ) Abhanlungen der küniglichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, aus dem Jahre 1859. Berlin, 1860; in-4°. Der Phosphor in seiner Wirkung auf den thierischen Kôrper als Arzneimittel und als Gift; van prof. Mayer. Bonn, 1860; in-8°. Die Landtafel des Markgrafthumes Mähren, XV-XNII Liefe- rung. Bogen 75-114. Das VII, IX, X und XI. Buch der olmüt- zer Cuda. Brünn, 1860; in-4°. Algemeine deutsch Universitäts- Zeitschrift; redigirt von D' Eduard Lôwenthal. VII Heft, n° 19, 21, 23. Francfort s/M., 1860 ; in-8°. Neues lausitzisches Magazin; im auftrage der oberlausit- zischen Gesellschaft der Wissenschaften. XX VII Band, 1-2 Dop- pelheftes. Gorlitz, 1860; in-8°. Historische Beschreibung der weïtberümbten, kaiserlichen Hauptstatt Wienn in Osterreich ; durch Wolfgang Latzio. Vienne, 1854; in-4°. Notitia S. Rom. Germanici imperi rerum; per Jacob Wil- helm Imhofü. Stuttgart, 1699; in-4°. Grœcium inclyti ducatus Styriæ metropolis, topographice descriptum ; per Joannem Macher. Gratz, 1700; in-4°. Nicolai de Beckmann.— Idea juris slatutari et consuetudinarii Stiriaci et Austriaci cum jure romano collati in quantum singula cum illo conveniant, et in quantum indè recedant. Gratz, 1688 ; in-4°, Metropolis salisburgensis; a Vviguleo Hvndio, cum diploma- tis saummorum PP. Imp. regum, principvm, etc., et notis Chris- tophori Gevvoldi. Monachii, 1628; in-4. Chronicon gotwicense, seu annales liberi et exempti monas- terii Gotwicensis, deinde ejusdem monasterii. 1752; 2 vol. in-folio. Genealogia diplomatica augustæ gentis Habsburgicæ , accu- rante R. P. Marquardo Herrgott. Vienne, 1757; 5 vol. in-fol. Valentin Preuenhuebers: — Annales Styrenses, samt dessen übrigen historisch und genealogischen schrifften, zur nôthigen ( 592 ) Erläuterung der osterreichischen, steyermarckischen und steyerischen Geschichten. Nuremberg , 1740; in-4°. Historia ducum Styriæ in tres partes divisa. Gratz, 1778;in-4°. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer, Band XIV, Heftes 1-5, Heidelberg, 1860 ; 3 broch. in-8°. Schriften der Universität zu Kiel, aus dem Jahre 1859, Band VI. Kiel, 4860; 1 vol. in-4°. Sitzungsberichte der künigl. bühmischen Gesellschaft der Wis- senschaften in Prag, Jahrgang 1839, Juli-Dec., 1860, Januar- Juni. Prag, 1859-1860; in-8°. Das Gesetz des menschlichen Wachsthumes, und der unter der Norm zurückgebliebene Brustkorb als die erste und wich- tigste Ursache der Rhachitis, Scropulose und Tuberculose; von Franz Liharzik. Vienne, 1858; 1 vol. in-&°. Würzburger naturwissenscha/tliche Zeitschrift; herausgege- ben von der physikalisch-medecinischen Gesellschaft , Is Band, 2 Heft. Wurtzbourg, 1860; in-8°. Würzburger medecinische Zeitschrift; herausgegeben von der physikalisch-medecinischen Gesellschaft, IST Band, 2-4 Heft. Wurtzbourg, 1860; in-8&.. Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg : — Mémoires, tome II, n° 4 à G; tome III, n°5 4 et 2; — Mé- moires: sciences mathématiques et physiques, tome VII et der- nier, — Mémoires présentés par divers savants, tome IX et dernier; — Mémoires, sciences politiques, histoire et philologie, tome IX et dernier; — Bulletin, tome II, n° 4 à 3. Saint-Pé- tersbourg, 1859-1860; in-4°. Accademia delle scienze dell'Istituto di Bologna : Memorie, tomi VIIL, IX et X, fase 1; — Rendiconto delle sessioni 1857- 1859. Bologne, 1857-1860; 9 cahiers in-4° et 2 broch. in-12. L'uomo fisico, intellettuale e morale; opera di Carlo di Blasis. Milano; 1857; in-8°. Delle composizioni coreografiche e delle opere letterarie; di Carlo Blasis. Milan, 1854; in-8°. ( 293 ) Biografia di Virginia Blasis e onori poetici. Milan, 1853; in-8°, Notes upon dancing, historical and practical; by C. Blasis. Londres, 1847; in-8°. Relazioni sulla corte di Spagna dell’ abate Doria del Maro e del conte Lascaris di Castellar, ministri di Savoia, pubblicate per cura del commendatore Domenico Carutti. Turin, 1860; in-4°, Del principü del governo libero ; per Domenico Carutti. Turin, 1852; in-&. | Storia del regno di Vittorio. Amedeo H, scritta da Domenico Carutti. Turin, 4856 ; in-8°. I. R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti: — Memorie, vol. VIP, parte 3, vol. VIP, parte 1. 2 vol. in-4°; — Atti, serie terza, tomo XIV°, disp. 7-9; tomo XV°, disp. 4. Venise, 1859. 4860; 4 broch. in-8°.. Observations météorologiques faites à l'Observatoire de l'Infant Don Luiz à Lisbonne, pendant les mois de juillet à septembre 1860. Lisbonne, 1860; in-fol. Bulletin de l'Institut égyptien, année 1860, n° 3.-Alexandrie d'Égypte, 1860; in-8°. Spedizione verso le origini del Nilo, diretta da G. G. Miani. Carta geografica ed’ estratto del suc giornale 1859-1860. Caire, 1860 ; in-X. The quarterly Journal of the chemical Society, n° 41 (vol. XII, 3). Londres, 1860; in-8°. The terrestrial air-breathing mollusks of the United States, and the adjacent territories of North America: described and illustrated by Amos Binney. Edited by Augustus A. Gould. Vol. IL. Boston, 1851 ; in-8°. A plain and faithful narrative of the original design, rise, progress and present state of the indian Charity-School at Leba- non, in Connecticut. 1762-1775. Boston and Hartford; 4 broch. in-8°. | e ( 594 ) Memoirs of the american academy of arts and sciences; new series, vol. VII. Cambridge et Boston, 1860; in-4°. Proceedings of the american Association for the advancement of science. XIII meeting. Cambridge, 4860; in-8°. Dreizehnter Jahresbericht der Ohio Staats -Landbaubehôürde, mit einem Auszug der Verhandlingen der County Ackerbau- Gesellschaften and die General-Verzammlung von Ohio, fur das Jahr 1858. Columbus, 14859; in-®&. Catalogus collegii Darmuthensis, 1858. Hanovre, 1858; in-8°. Catalogue of the officers and students of Darmouth college, for the academical year 1859-1860. Hanovre, 1859; in-8&. The american Journal of science and arts, conducted by prof. B. Silliman, B. Silliman, jr., second series, n° 89, vol. XXX, september. New-Haven, 1860; in-8°. Transactions of the american philosophical Society, held at Philadelphia; for promoting useful knowledge, vol. XI, new series, part 3. Philadelphia, 1860; in-4°. Proceedings of the american philosophical Society, vol. VIF, n° 63. Philadelphi, 1860; in-8°. List of the members of the american philosophical Society, held at Philadelphia, for promoting useful knowledge, formed on the 21 of january 1769. Philadelphie, 1860; in-8°. BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1860. — No 12. 8 CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1° décembre 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, Ad. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Jules d'Udekem , Dewaique, membres ; Schwann, Lamarle, associés; Gloesener, Montigny, correspondants. M. Guillaume, correspondant de la classe des lettres, assiste à la séance, 9"e SÉRIE, TOME x. 42 ( 596 ) CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel dépose les cartes pour les tri- bunes réservées du Sénat et de la Chambre des représen- tants, qui lui ont été adressées par les questeurs. — M. le Ministre de l’intérieur transmet à la compa- gnie la relation sommaire d’un voyage de M. Miani dans l'Afrique centrale. — M. G.-B. Airy, directeur de l'observatoire royal de Greenwich et associé de l’Académie, demande quelles sont . les publications de létablissement qu'il dirige qui pour- ‘raient manquer à la bibliothèque de la compagnie, afin d’y suppléer, s'il est possible. M. le secrétaire perpétuel dit qu'il s’est empressé de répondre à cette demande obli- geante. ; — La Société littéraire et philosophique de Manchester, la Société géographique impériale de Russie, l’université impériale de Saint-Pétersbourg, etc., expriment leurs remerciments pour l'envoi des dernières publications de l’Académie. —— M. Piazzi Smith, directeur de l'observatoire d'Édim- bourg, avait demandé des observations météorologiques d'heure en heure pour les cinq jours, du 50 octobre au 5 novembre, pendant lesquels a éclaté un violent orage en Écosse et dans le nord de l'Angleterre. M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu’il a répondu aussitôt en trans- ( 297:) mettant les observations faites à Bruxelles, celles faites à Gand par M. Duprez, ainsi que celles réunies à Namur par M. A.-J, Maas. — M. de Selys-Longchamps dépose les observations pé- riodiques sur les plantes et les animaux, faites le 21 avril et le 21 octobre dernier, avec M. Michel Ghaye, à Wa- remme , dans le voisinage de Liége. Des observations semblables pour la dernière époque sont déposées par M. Quetelet pour Bruxelles; par M. Ber- nardin pour Melle, près de Gand; par M. Émilien De Wael pour la commune d'Eeckeren, province d'Anvers, et par M. Alfred de Borre, pour Jemeppe. M. Ch. Fritsch transmet les observations sur les plan- tes et les animaux qu’il a faites, en 4860, dans le Jardin botanique de Vienne. — M. Ph. Gilbert, professeur à l’université de Louvain, communique les renseignements suivants sur un PASSE mène d'optique atmosphérique. « Le 6 septembre dernier, dit-1}, j’allai de Thionville à Metz, en chemin de fer, entre cinq et six heures du soir, lorsque j'aperçus, dans la direction est-nord-est, un nuage très-foncé et assez nettement terminé, de petite étendue; il était traversé par une bande plus claire, à courbure ré- gulière, qui présentait distinctement quelques-unes des couleurs de larc-en-ciel; toutefois, la position du centre de courbure de l'arc coloré visible, eu égard à la situation du soleil au même instant, ne permettait évidemment pas de rapporter à un arc-en-ciel ordinaire les apparences qui frappaient mes regards. Les teintes de l’arc coloré étaient d’ailleurs sombres et peu appréciables : il disparut rapide- ( 598 ) ment. Je n'ai pu trouver une explication plausible de ce phénomène; cependant, la région opposée du ciel était alors parsemée de nuages éclatants. J'ai pensé depuis lors que, peut-être, l’un de ces nuages aurait pu jouer ici le rôle de soleil dans l’arc-en-ciel , mais j'ignore si cette supposition pourrait être admise. » — M. Plateau, membre de l’Académie, fait parvenir un cinquième mémoire manuscrit sur un sujet dont 1l s'occupe depuis plusieurs années. Ce travail, portant pour üutre : Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équi- libre d’une masse liquide sans pesanteur, est renvoyé à l'exa- men de MM. Lamarle et Ad. Quetelet. La classe reçoit également une note manuserite de M. Alfred Wesmael , intitulée : Notice sur un Cirsium hy- bride. MM. Kickx et Martens sont nommés commissaires. a ———— RAPPORTS. M le secrétaire perpétuel fait connaître que la commis- sion administrative s’est réunie dans la matinée pour s’oc- cuper des impressions de l’Académie et de différents objets d'ordre intérieur. ( 599 ) Rapport de la commission chargée de l'examen des mesures à prendre pour la conservation des objets d'histoire na- turelle découverts dans les travaux d'Anvers. Rapport de M. Dewalque. « À la suite d’une dépêche de M. le Ministre de l'inté- rieur, relative aux mesures à prendre pour assurer la con- servation des objets d'histoire naturelle découverts dans les travaux d’agrandissement d'Anvers, vous nous avez chargé d'examiner cette question et de vous présenter les propositions que nous croirions utile de soumettre à ce haut fonctionnaire. Vos commissaires ont tous visité les lieux à plusieurs reprises et ont pu apprécier la bonne volonté et le zèle des personnes appelées à diriger les travaux; mais ils sont obligés de reconnaitre que l’on n’a presque rien recueilli jusqu’à ce jour. Ce résultat négatif, qui à justement pré- occupé M. le Ministre, peut être attribué, en partie, à la pauvreté inattendue de la zone dans laquelle s’exécutent actuellement les fouilles. Mais votre commission estime qu’une autre partie doit être attribuée à d’autres causes, notamment au manque de stimulant pour les ouvriers, aux nombreuses occupations des directeurs des travaux et à-l’absence de connaissances ou d'instructions spéciales sur le but à atteindre et la manière d'y arriver. En effet, s’il faut des soins tout particuliers pour recueillir conve- nablement des objets souvent fragiles et en assurer le transport sans risque d'accidents, il est encore beaucoup de renseignements à prendre sur les lieux et dont l'ab-- == LS ( 600 ) sence fait perdre aux débris découverts une grande partie de leur importance scientifique. On ne peut énumérer toutes les circonstances utiles à noter, mais il en est quelques-unes qui s'appliquent à tous les cas. Nous eïte- rons notamment l'indication exacte de la nature du terrain où l’on rencontre des ossements, des dents, des coquil- lages, elc.; l’épaisseur de cette couche et la profondeur à laquelle on l’atteint; la position du fossile, son degré de fréquence ou de rareté; pour les coquilles bivalves la réu- nion ou la séparation des valves, eic.; enfin, pour tous, les circonstances qui peuvent faire présumer que l’animal a péri sur place ou bien que ses débris y ont été entraînés par les eaux. Dans ces circonstances, la première chose à faire serait de renouveler la consigne de conserver tout ce qui peut intéresser les sciences naturelles ; mais le zèle de Messieurs les officiers n’y suffirait point. Il faut surtout, et ceci nous paraît indispensable, que quelque personne compétente soit spécialement chargée d'examiner ces objets au fur et à mesure de leur découverte, d'en constater la valeur et de diriger toutes les mesures nécessaires pour en assurer la bonne conservalion et le transport immédiat aux musées de l'État. M. Du Bus, directeur du Musée de Bruxelles, et M. Nyst, qui habite Anvers, sont naturellement désignés pour ces fonctions: leur zèle nous est garant des fruits que le pays et la science peuvent espérer de leur mission. Mis officiellement en rapport avec Messieurs les officiers du génie d'Anvers, 1Îls pourront leur éviter des soins superflus, qui seront réservés pour ce qui est réellement utile, et quelques explications verbales sur les lieux les renseigne- ront au besoin sur ce que nous espérons de leur zèle. Tel est, Messieurs, le résultat de notre examen. Si vous ( 601 ) adoptez notre manière de voir, nous vous proposerons comme conclusions : 1° D'adresser des remerciments à M. le Ministre de l’intérieur ; 20 De lui transmettre copie de notre rapport, en le priant de vouloir bien s’entendre avec M. le Ministre de la guerre pour que MM. Du Bus et Nyst soient personnel- lement chargés des soins qu’exigent les objets découverts, et notamment de choisir et d'enlever immédiatement ceux qu'ils jugeront assez précieux pour être mis en sûreté au plus tôt; 3° De le prier d'accorder un crédit spécial à vos délé- gués pour couvrir les frais de déplacement, d'emballage, de transport, etc.; 4° De lui demander de faire obtenir de M. le Ministre de la guerre l'autorisation de circuler sur les travaux à ceux de vos commissaires qui ne l'ont pas encore, MM. De Koninck et Van Beneden. » Ce rapport, signé par MM. Van Beneden, B. Du Bus, De Koninck, Nyst et Dewalque, est adopté par la classe et sera communiqué à M. le Ministre de l’intérieur. Mémoire de M. Spring, sur les mouvements du cœur, etc. Mapport de M. Gluge. « J'ai lu avec un vif intérêt le remarquable travail présenté par notre savant confrère M. Spring et intitulé: ( 602 ) Mémoire sur les mouvements du cœur et spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo-ventriculaires. J'ai l'honneur d’en proposer l'impression dans le recueil de nos Mémoires. » Happort de M. Poelman. « En commençant son Mémoire sur les mouvements du cœur et spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo- ventriculaires, notre savant collègue M. Spring constate que, malgré les travaux nombreux publiés sur les mou- vements du cœur, ce point de physiologie est encore enve- loppé d’une grande obscurité. Dans le mémoire présenté à la classe, M. Spring s'est imposé la tâche d'élucider les principales questions encore en litige. Il examine successivement l’ordre dans lequel se suc- cèdent les mouvements du cœur — le mécanisme de la dilatation de cet organe, — le choc du cœur, — le méca- nisme des valvules auriculo-ventriculaires et la cause du premier ton cardiaque. Toutes ces questions l’auteur les traite longuement, et les observations et arguments qu’il apporte à l'appui de sa manière de voir sont de nature à jeter une grande lu- mière sur les points encore controversés. Je suis d'accord avec mon estimable collègue M. Gluge pour proposer l'impression du remarquable travail de M. Spring dans les Mémoires de l'Académie. » Conformément au jugement porté dans les deux rapports ( 605 ) précédents, et partagé par M. Schwann, troisième com- missaire, la classe a voté des remerciments à M. Spring et a ordonné l'impression de son travail dans le recueil des mémoires. Note sur les tremblements de terre en 1858; par M. A. Perrey. Fupport de MW. Duprez. « Depuis 1845, l’Académie publie dans ses Bulletins les catalogues de M. Perrey sur les tremblements de terre. Le même savant présente aujourd'hui à la compagnie un nouveau travail, dont la première partie est un supplé- ment à ses catalogues antérieurs, et la seconde, une énu- mération des tremblements de terre ressentis en 1858. Ce travail m'a paru ne renfermer, en général , que les dé- tails nécessaires à l'interprétation des phénomènes qu’il mentionne; je crois donc pouvoir proposer à la classe de l’insérer, comme les autres, dans le recueil de ses Bulletins. » Après avoir entendu ce rapport, auquel souscrit le se- cond commissaire, M. Ad. Quetelet, la classe ordonne l’impression du travail de M. A. Perrey, et des remerci- ments seront adressés à l’auteur. — Dans ia séance du 51 mars 1860, M. Florimond avait présenté un mémoire sur l'orage qui eut lieu dans la soirée du 19 février 1860. MM. Duprez et Ad. Quetelet ( 604 ) avaient été nommés commissaires pour l’examiner,; et, dans la séance suivante du 11 mai, ils avaient proposé de remercier l’auteur, en déposant sa notice aux archives. Dans la séance de novembre, M. Florimond a présenté un second travail sur le même sujet, et les mêmes com- missaires ont été nommés par l’Académie. MM. Duprez et Ad. Quetelet font connaître que le nouveau travail pré- senté reproduit l’ancien avec diverses additions; et ils prient l’Académie de vouloir nommer d’autres commis- saires. MM. Montigny et Gloesener sont désignés à cet effet. Sur la construction des paratonnerres; par M. Edm. Sacré. Rapport du major Liagre. « Dans la note qu'il a soumise au jugement de l’Aca- démie, M. Edmond Sacré propose d'apporter à la construc- tion des paratonnerres quelques modifications destinées à assurer leur bonne exécution et à diminuer leur prix. Ce travail renferme des idées dont les unes me paraissent d'une bonne application et dont les autres méritent d’être discutées ou expérimentées ; en outre, il est de nature à appeler l'attention des constructeurs sur les soins et la prudence qu’exige l'érection de ces appareils si utiles, mais parfois si dangereux : à ce double titre, je erois qu'il y a lieu d'insérer au Bulletin la note de M. Edmond Sacré. Toutefois, je demanderai à la classe la permission de lui présenter quelques observations au sujet de certains détails d’exécution qui ont laissé-du doute dans mon esprit. Pointe du paratonnerre. — {| y a certainement économie ( 605 ) à remplacer la pointe massive en platine par une pointe en cuivre revêtue d'un cornet de platine; mais est-il pru- dent de laisser le métal de ce cornet aussi mince près du sommet qu’à la base de la pointe? La pointe seule étant exposée à être fondue, oh devrait consacrer quelques grammes de platine à la renforcer, et surtout apporter les plus grands soins à la soudure, pour qu'il n'existe pas la moindre solution de continuité entre la pointe de cuivre et son revêtement en platine. L’espèce de soudure à em- ployer doit aussi fixer l'attention des constructeurs : il faut qu’elle ne soit pas exposée à se fondre sous l’action de la haute température que la pointe est appelée à sup- porter. Ajustages. — Le procédé indiqué par M. Edmond Sacré pour réunir entre eux les tronçons de la tige du paraton- nerre diminue nécessairement la force de cette tige aux points de jonetion ; il serait prudent d'appliquer ici les manchons taraudés dont l’auteur se sert pour ajuster les conducteurs, et de donner à ces manchons des dimensions telles que la tige offre aux points de jonction autant de solidité qu'ailleurs. | Le mode d'ajustement des conducteurs, formé de deux pas de wis en sens opposés, taraudant dans un manchon, me parait excellent et digne d'être recommandé. Toutefois l'expérience a prouvé que, dans certains cas analogues, le plomb interposé entre les deux conducteurs en fer est fondu par le passage du fluide électrique, ce qui peut pro- voauer des accidents. Il est done prudent de proscrire l'emploi du plomb et d'établir le contact directement de fer à fer. Conducteurs. — Je ne vois pas grand avantage à substi- tuer un tube de fonte à l’aqueduc en maçonnerie employé ( 606 ) jusqu’aujourd'hui. La fonte, il est vrai, conduit mieux l'électricité que la brique humide; mais le diamètre du tube sera probablement moindre que celui de l’aqueduc; par suite, la couche de terre avec laquelle il est en con- tact sera moins étendue, et Soutirera une moindre frac- tion de la quantité totale d'électricité apportée par le paratonnerre. Il serait d’ailleurs assez difficile de tasser régulièrement de la poussière de charbon autour du con- ducteur dans un semblable tube. J'approuverais entière- ment la modification proposée, si le tube, environné de coke très-conducteur, était destiné à contenir du charbon mélangé à de la chaux vive qui, ne pouvant se carbonater dans un espace hermétiquement clos, donnerait une ga- rantie de plus contre l'oxydation de cette partie du con- ducteur, laquelle, par sa position, est soustraite à toute surveillance. | Il serait utile également, me semble-t-il, de zinguer le conducteur dans tout son trajet souterrain, et surtout dans la partie qui pénètre dans le puits. Cette dernière partie, en effet, se trouve rapidement entamée par la rouille, particulièrement vers la surface de l’eau, où les variations incessantes du niveau exposent le métal à des alternatives continuelles de sécheresse et d'humidité. La large plaque de fonte immergée dans l’eau du puits donne à peu de frais une surface suffisante; ce dispositif est bon, à condition qu'il soit placé au fond même du puits, et qu'indépendamment de la plaque, on fasse péné- trer, pour les cas de sécheresse, un conducteur ordinaire dans la terre qui forme le fond du puits. Je ne suis pas persuadé que le cylindre de cuivre rouge, de deux mètres de surface, offre plus de garantie que les longs conducteurs que l’on emploie d'ordinaire : il peut ( 607 ) arriver plus facilement que la terre soit sèche sur un es- pace d’un mêtre que sur une longueur de vingt ou trente. Dans l’exemple des télégraphes électriques qu'il cite pour prouver la nécessité d’une large surface de contact, M.Sacré paraît croire que la faible tension de la pile est plus favo- rable à l’écoulement du fluide que ne l’est la tension con- sidérable de l’électricité statique : c’est le contraire qui doit se présenter. Cordes métalliques. — Le conducteur formé de fils de zinc enroulés sur une corde de fer, doit offrir de grands avantages sous le rapport de la commodité et de l’écono- mie, Mais le zinc devient cassant à l'air : est-il dès lors prudent de l'employer sous une forme qui l’expose à des flexions fréquentes ? Les fils de fer résisteront, je le crois; mais, séparés du zinc, ils cesseront d'offrir un écoulement suffisant au flux d'électricité. Je préfère donc le premier système en barres de fer rond, décrit par M. Sacré, à ce second système dont l’efficacité ne m'est pas démontrée. » La classe adopte les conclusions de ce rapport, auquel souscrit le second commissaire, M. F. Duprez, et décide que la notice de M. Sacré sera insérée au Bulletin. — MM. Timmermans et Lamarle font un rapport ver- bal sur une notice de M. Meier, docteur en sciences, sur une nouvelle fonction génératrice des fonctions symétriques. Conformément à l’avis favorable des deux commissaires, la classe ordonne l'impression de ce travail; des remer- ciments seront adressés à l’auteur. | ( 608 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur une nouvelle fonction génératrice des fonctions symé- triques ; par M.F. Meier, docteur en sciences. je Les fonctions symétriques des racines d’une équation peuvent être calculées par plusieurs méthodes; mais quand il s’agit de rechercher les propriétés dont jouissent ces fonctions, quelques-unes de ces méthodes méritent la préférence. La méthode la plus générale et Ia plus féconde dans ces sortes de recherches, sera celle qui résout le problème : Établir une fonction dont le développement renferme toutes les fonctions symétriques et entières des racines d’une équa- tion, el au moyen de laquelle on puisse assigner la valeur d’une fonction symétrique quelconque. C'est M. Borchardt qui, le premier, a ce problème. Si l’on désigne par el par ( 609 ) | le produit des binômes qu’on obtient en retranchant cha- cune des quantités sera le coefficient du terme en nine "HN Me) — (Pn + 1) X 2 dans le développement de la fonction GER AURA) M dE FRET à (=) PP d ERP BEEa te) Ars d TS Telle est la méthode que le savant géomètre a exposée dans le Journal de Crelle (tome LIIT, page 195). Pour le but que nous nous proposons, en écrivant ce mémoire, nous avons cru bien faire de citer cette formule: nous voulons la mettre en regard d’une nouvelle fonction génératrice qui résout le même problème. Cette fonction se présente sous la forme d’un déterminant dont le déve- loppement renferme les fonctions symétriques et entières des racines d’une équation, et dont toute fonction symé- trique , entière et homogène est une dérivée partielle. Entre autres conséquences, elle fournit l'expression de la somme des fonçtions symétriques des racines, ainsi que plusieurs théorèmes nouveaux relatifs à cette somme; elle donne également l'équation aux puissances de ces racines et la démonstration d’un théorème dû à Lagrange. ( 610 De même que l’auteur de la première méthode, nous n'envisageons que le côté théorique de la question, il nous suffira de constater qu’elle est très-avantageuse dans la recherche des propriétés des fonctions symétriques. IF. Soient D Ni e Le ” les racines de l'équation fx =a, + ax + ax + ...….... | Substituons tour à tour ces racines dans le polynôme suivant, dont les coefficients sont d’ailleurs quelconques, CE nc PE 0 BE DIE CA A “RIRE CAS SE REA € + VE". CE et posons R — GX 9 GX; Peas ose = ohslele a Th — UZ + dix, —+ b,x°? ZE ane oo cc + b,x7) (2 OO ER PONT + b,x°) (3) (bo + db; + b,r2 Se oo ot et = re b,x3) nes MD Le CUNINE FA 4 b,x") Il est visible que le développement de R renferme toutes les fonctions symétriques et entières des racines de l’équa- tion (4) dans lesquelles aucun exposant n’excède n. C’est ainsi, par exemple, que a pour coefficient D? D. rec 0,5 de sorte que Doris Pa Ph d'R DAS Te Ligne 4) Nous discuterons plus loin les cas particuliers de cette formule. Nous avons supposé qu'aucun des exposants ne surpasse n; s'il arrivait que l’un d'eux, p; füt plus grand que #, on pourrait toujours le rabaisser; car après avoir multiplié l’équation (1) par x, x°, x°, etc., la substitution de x: à la place de x donnera successivement les quantités n +1 n +2 n +3 T; ’ Ti , bn en fonction des x; x”,. . . . .æ”. Les facteurs qui entrent dans R nous sont inconnus ; mais il nous suffirait de connaître leur produit R; done la question est ramenée au problème : Déterminer KR en fonction des coefficients des polynômes (1), (2), sans avoir recours à la méthode des fonctions sy- métriques. Pour cela, remarquons que NE est la condition nécessaire et suffisante de l'existence d’une racine commune aux équations fx =0, $x — 0. Donc R est le premier membre de l'équation R = 0, qui 9Me SÉRIE, TOME X. . 43 ( 612 ) résulte de l'élimination de x entre ces deux équations, ou ne difière de ce résultat que par un certain facteur. Cette élimination peut s’opérer par la méthode de Bé- zout, telle qu'elle à été modifiée par Jacobi (Journal de Crelle, tome XV, page 101); mais nous donnerons à ce résultat une forme assez simple pour pouvoir l'écrire immédiatement à vue de l'équation (1). IT. Les premiers membres des équations ÎLE QAR GE AS EEE + CL = 0 PEER ph — bd, 20,2% + 0,7 0e | © peuvent s'écrire fra, +ax-+ Han + (Qi +6 43 Ë 2 COPIES ct = b,, + Bt +... 0,2 + (0,21 20,100 2 COCO De Ïlà on tire (b,41+0,,90+...+ ba) fe—(u,_,+a, +. +02") pt =u, (7) en posant u,—={(4, + a,x +... + 4,2") (bis + D,19Œ +... + DE TA — (db, + b,x + + D,x") (G,14 + @,iaŒ + + ALT ES) Faisons dans cette équation pr — 0 AMOGUBUN. LUE 08 n — 4 et désignons par (613) » le coefficient de x, dans uw,, on a le système d'équations À. + AE —+- A522 Ce ia Dole n —+- je à ia === Uo A ja At + K, 2 ER IN EIRE + OUT — U} A2, se Ao1T + A Sd Hodlo se + OU — ÙU (9) A,0 + À,12 + Mesa HET CNT ME 1 A tre — ù, 2 re Re A ,_10 + A,_y1T == A, 19% = Gooococ = Au Art = Us} Mais en posant, d’après la notation usitée pour repré- senter un déterminant, ee LAN RE NE LEE A À;1 9 + + 0 + « AN P— | 10 À r,0 À, . ee + … e A r,1—1 ) | Ayn-1,0 Aus OMCONOMOMONCUC Ares on à Di dP dP dA d Ld =U, — WT ns 000000 F JA . d'A; Ÿ He dÂ;, h à Ho dA,,_ ;; ee Or l'équation (7) montre que si x — x; satisfait aux équa- tions (5), (6), on a en même temps HU 0, et par suite, en vertu de (11) P —=:0. ( 614 ) Donc P = 0 exprime la condition de l'existence d’une ra- cine commune aux deux équations (5), (6) et est, par suite, le résultat de l'élimination de x entre ces deux équations, Cherchons actuellement la loi d’après laquelle on for- mera les diverses colonnes du déterminant (10). En vertu du l’équation (8), on a À, ET CAEN HA b,a,:511) = (ab,+, ZA b,a,..) Le (a2b,,s 1 ra b,a,1, 1) Sn. SPAS CNRS ATEN om (a,b,:1 e b,a;11) (12) D'après cela, on peut écrire : aob,- bots abs ba: Qb:-b 54; .… a 0,-b5a, dob2-boa3 a;-0,43+a 102-0,@3 Gb,-boa+a 10;-b,az DE ab, ba, Qbs-boûs Goby-bods+b3-bias dbs-ba+ab,-bia,+a:b;-b:a …@2b,-b20, 2 . ab,-bça,+40, 1-0: @,1t090,.2-020, à … a,-bo+b, 1-10, à +a,0,-b,a, +a,b,1-bia,, … ab,-bia, + b,- bia, +ab,- b,a, .… An10n dy. 14% Il est bien facile de former et de retenir ce déterminant, en remarquant que les diverses colonnes sont écrites d’après la loi suivante : La première colonne à gauche ne renferme qu’une seule ligne verticale de binômes de la forme à bd — D, 4, ayant pour premiers indices o, et pour seconds indices la suite des nombres naturels depuis 1 jusqu'à n. La seconde colonne se compose de deux lignes verti- cales de binômes ; la première de ces lignes a pour pre- miers indices o, et pour seconds indices la suite des nombres naturels depuis 2 jusqu’à n; la seconde de ces ( 615 ) lignes, commence à côté du second terme de la précé- dente, et s'obtient en forçant d’une unité les premiers indices de la précédente, à partir du premier terme, sans toucher aux seconds indices. La troisième colonne renferme trois lignes verticales de binômes, dont la première a pour premiers indices o et pour seconds indices la suite des nombres naturels de 2 jusqu’à n; la seconde de ces lignes commence à côté du second terme de la précédente et s'obtient en forçant d’une unité les premiers indices de celle-ci, sans toucher aux seconds; la troisième de ces lignes se forme au moyen de la seconde, de la même manière que celle-ei a été formée au moyen de la première. En général la r"° colonne renferme r lignes verticales de binômes, dont la première a pour premiers indices o et pour seconds indices la suile des nombres naturels depuis r jus- qu'à n; et chacune des lignes suivantes s'obtient en forçant d'une unité les indices de la précédente, à partir du premier terme, sans toucher aux seconds, et en ayant soin d'écrire le premier terme de la ligne à former à côté du second élé- ment de la précédente. On pourrait dire aussi que l’une quelconque de ces lignes s’obtient en faisant glisser la précédente d’un rang en bas et en forçant les premiers indices d’une unité. Cette manière d'écrire le déterminant (13), donne lieu aux remarques suivantes : 1° Chaque élément A,, est une fonction linéaire des a et des b. | 2% Aucune des quantités a, b ne peut figurer dans le même élément À,, deux fois avec le même indice. 3° Les dérivées des éléments d’une colonne par rapport (616) à une lettre b, sont nulles ou bien indépendantes des b. 4° La dérivée r“”"“* du déterminant est égale à la somme des déterminants qu'on obtient en dérivant de toutes les manières possibles les n colonnes r à r, sans toucher cha- que fois aux n — r colonnes restantes. 5° Toute dérivée n°"* par Pere: aux lettres b, est in- dépendante des b. 6° Si les Æ premiers coefficients AS , ai, x O2, CRC | dy sont nuls à la fois, le déterminant est divisible par b£ Cette dernière propriété, conséquence immédiate: de la manière dont nous avons écrit le déterminant, a déjà été démontrée par M. Rosenhain. (Journal de Crelle, tome XXVIIT, page 268.) Pour obtenir maintenant la relation entre R et P, ob- servons que dans le produit (5) le coefficient de b; est l'unité posilive, tandis que le terme en b’ du déterminant (15) s'obtient au moyen des termes de la diagonale qui joint le dernier terme de la première colonne au premier terme de la dernière , et est par suite a(n+i) LDHEUSE TL. L’exposant de (— 1) provient de ce que le produit dé- terminé par la diagonale dont nous parlons a pour signe (— _— ”. En effet, pour la changer dans la diago- nale de l’autre nn il faut renverser le déterminant, ce qui introduit “=? changements de signe, et remar- quer ensuite que les termes en b, ont tous le signe —, ce : n(R — 4 Un qui donne en tout "= + n — ""? changements de signe. (617) Concluons de là que ou bien Rom 2e soil. oo (A) si l’on pose 1 DÉSERT Ten(nd) OT ST UP) IV. Expression des fonctions symétriques. En vertu des équations (4), (43), (14), on a Pa Pa Pn d'P ZX La ..L, = M dbp, dbp, .... dbp, (1) Si n—s des exposants deviennent égaux, alors sous le signe sommatoire figureront 1.2... (n—s) termes iden- tiques, et si nous voulons au signe sommatoire garder sa signification (de somme de combinaisons), nous devons écrire Pi Pa Ps P P m De ETC PCR — — 12 …. (n—s)(,. (mn _d'P | bidon. dat Si sous le signe sommatoire il ne figure que s racines, on fera dans (TI) p —= 0, (6181 d'où ai le, 0 SUR OR 12... (n—s) db», dbp, … dbp, dbr =" Si en même temps p, = p,...... — D; —p, il VIRE US ER, 1.2...(n—s) db’, dbÿ Si les exposants forment deux groupes de nombres égaux, il vient : Pi P1 Pa p? m Ze et, Lips = ———————. 12..s.12...(n—s) (,..1(V) lg. D dbp; dbp"—* Si les exposants forment trois groupes de nombres égaux, il vient : Pi P1 Pa Ps Ps DE 21 L; Let Lotsti x, = m d'P 7 125.12...8.12 8" dbp, dbp, dbps"? pourvu que s + s' + s//—n. Remarque. — Si nous convenons de désigner par Hi rs la dérivée de A” par rapport à b,,, on pourra, d’après la remarque (3) du n° III, écrire symboliquement | Pi P Pi Pn HF Hi, LA (LL ET RMC HEC Pi Hi l Pn H,, DA GE CL ET MRC 1,n—1 Pi P Pi Pn S Sr | _. Us E., Hi. Ses Hs, ES [5 Pp Pa a ll Pn Ho, HS, te n—1,i—1 ‘°°°: Ho à le signe = du second membre se rapportant à la somme de tous les déterminants qu’on obtient en permutant les lettres de toutes les manières possibles; on remarquera que chaque fois p est le même pour tous les éléments d’une même colonne. V. Théorèmes qu'on déduit de cette méthode. THÉORÈME Î. — Si les coefficients d'une équation sont des nombres entiers et celui de la plus haute puissance de l’inconnue égal à l'unité, toute fonction symétrique ration- nelle et entière des racines est non-seulement une fonction entière, mais elle est elle-méme un nombre entier. En effet, si les exposants de la fonction symétrique sont inégaux et en nombre n, la formule (1) fait voir que si a, — 1, m est entier et par suite le second membre est un nombre entier. Si, au contraire,n—s des exposants de- viennent égaux, la dérivée n“”* de P renferme nécessaire- ( 620 ) ment 1.2... (n—s) termes égaux, d’après la loi indiqué dans le numero précédent et est par suite divisible par 1.2... (n—s); donc les seconds membres des formules IF, [TT sont des nombres entiers. De même pour les autres formules. Ce théorème, bien connu, n’a pu être démontré que par des méthodes postérieures à celle de Newton. THÉORÈME IT. — Les p°"* puissances des racines de l'équa- lion proposée (1) sont celles de la suivante d'P n 4 ed ne 1) | dE à pi à = bise = arret De db; Ad lbs 1.2... db nin-1)..(n-s+1 d'e d"P DE A l'ONAMeNS ab; * db? db, En effet, si l’on remarque que le r“" coefficient d’une équation est égale à la somme des combinaisons des ra- cines r—1 à r—1, avec le signe de (—1)"" cette équation résulte immédiatement de la formule IV du n° V et de la suivante Cette dernière s'obtient en faisant dans la formule (1) du n° V,D,—pD,.....— Pn —p, Ce qui produit 4. 2... n termes identiques, et en posant ensuite p — 0, ce qui donne Sel AT RUE DT Remarque. — L’équation CFA ae n(n—1) d'P Es 1 db; mii—2 db db, A2 dbtdà d"P db" + Er ( 621 ) est la même que la proposée, à un facteur numérique près. Nous appellerons somme des fonctions symétriques des racines de l'équation (1), la somme de toutes les fonctions symétriques et homogènes dans lesquelles les racines ont tous les exposants depuis o jusque n; si nous désignons par S cette somme, on a S — 1 + CT + ET Lo —+- ST: + ST Lo > —- Ex? 9 —+-- SU M LS ce. Die cela posé, je dis que : THÉORÈME III. — La somme des fonctions symétriques des racines d’une équation est égale au déterminant ROUE GIIANE MAT E GE AR OUT NN rate a, MER EC eu Tdies CORRE &o s ; 1 15 a, — n(u—1) | ne urpon 6 rar. ohgeut (17) Des ten nr ll à DNS PAR AME Lie NET ERP | L'Eau ses: An | La première colonne de ce déterminant a tous ses élé- ments égaux à À; et la r“”"* se compose des coefficients de l'équation, à partir de a,_. dans l’ordre circulaire D US CODE ns os dis - 3. En effet, pour obtenir cetie somme, il faudra dans l’équa- tion (5) et par suite dans (15), faire ( 622 ) On obtient alors do di do (1 do = Az … do À, A A2 Ao= 3 + = 2 A5” di+di- As ; 43 d-d, Ao— dz lo A+ di = Az Ao- A+ = Qi+ 2-0; “.. l- 4, Pi do DA a, + di Te Uni 27 Co de (2 7) … do An *Oi- Un 1 += nt 2 Una + Any dr do dy d-t; +d5-0, Or, on sait, par un théorème bien connu, que la valeur d’un déterminant ne change pas si, aux éléments d’une colonne, on ajoute les éléments respectifs d’une ou de plusieurs autres colonnes, multipliés tous par une quan- tité positive ou négative. Cela posé, si, dans le déterminant P’, on laisse la pre- mière colonne telle qu’elle est; si, hors des éléments de la seconde, on retranche les éléments respectifs de la pre- mière; si ensuite, dans ce nouveau déterminant ainsi formé, on retranche hors de la troisième colonne les sommes des éléments respectifs des deux premières, puis dans ce nouveau déterminant la somme des éléments res- pectifs des trois premières colonnes hors de la quatrième, et qu’on continue le même procédé, 1l vient do DER. (7 Ui ua, o lo LT a; CP hi a, 9 — 2 U — A3 — ee... An — À, lo — Us Qi SE A (17) == (A7 ohale cie dh-1 Qi P' — | ae à ns ve ( 623 ) Or, ce déterminant est égal au suivant du degré n+1: À Go —Qo Qi — Qi A —Q ...... Enr — Aya ; | a, ie UN Qi ER (4) A — Az CRC dy-1 ar a, e il Ao — da Qi — A — dy * + Lbilahe Ay_1 GE 2 d, _— Pie Ga La —d, —@ d— 0 ...... En — car tous les éléments de la première ligne horizontale sont nuls, à l'exception du premier, qui est 1. Si actuellement, de chaque colonne, on retranche les éléments respectifs de la première, multipliés par a, r étant le rang de la colonne, et qu’ensuite on change les signes des n dernières, on à LEADER D ed te 4e (+ A 2 ANT NC ET ARR RE de (re RC AU rate Eee a, a, P—(— 1) (18) FOR CRE TR ER ” AS CHANGES puise PO MO AS EP CID EU a, Or, si R’ désigne ce que devient R (3) pour bo = bi — be... — bn — 1,0n à, en vertu de (14), (15) n(n+1) Pi 22. fc né Mais R' représente précisément la somme de toutes les fonctions symétriques; donc P’ S — n(n2+4-1) , ME ne nm ( 624 ) Ce qui démontre le théorème énoncé, si l’on a égard au signe de P’ dans l'équation (17). ExEmPLe I*. — Chercher la somme des fonctions symé- triques des racines de l'équation ; Ant Nu LE Et — 0. On a il j 1e da | ri EN ® 1: , ou bien, en effectuant À 4 SX, + EUX + SN SR CES 2 2 LD — — [nues a — «|. 2 ExEMPLE IT. — Chercher la somme des fonctions symé- triques des racines de l'équation EN DCE 00 Hd AU. On a I | 120 LOUE S  OX d'A NE us 4 6, allo a; CEA D'où , en effectuant, AE ET EST SE DUT ETAT EN + D'IRT — + is — À — UE Æ 00,00 — 0% — 20 02 C0 — — + die — A0 + a + 2AA> — As — À + AG 3 2 2 2 2__9 5 — as —- as +00 + 00-005 + a. ( 625 ) THéorèME IV. — Si l'on opère une substitution circu- laire sur les coefficients de l'équation MORE TR) ANT A Le. à | Ut No EL LA 0e (a) de sorte qu'on produit la suivante y + AN + AE + ce... ee OCT MN Qh. : (B) la variation de la somme des fonctions symétriques, en pas- sant de (x) à (5), ne dépend que des derniers termes de ces deux équations ; et si S’ représente cette somme pour l’équa- tion (6), on a  ne | fL S À S’ == — = ) . n n dy do En effet, si, dans l’équation (17), on opère une substitu- Uon circulaire, le coefficient n(n—1) n(n—1) 2 b (—1) ee La) ad, tandis que le déterminant lui-même, en conservant sa valeur numériqne change ou ne change pas de signe sui- vant que n est impair ou pair ; d’ailleurs, par cette substi- tution circulaire, le nouveau déterminant est, par rapport à (6), ce que S est par rapport à (a). Corollaire. — Si nous continuons à opérer toutes les substitutions circulaires, nous produirons en tout n + 1 équations, et si S, S’,S/!,.....S"+T1 représentent les sommes des fonctions symétriques, relatives à ces équa- tions, on a D OL, een en ( 626 ) THÉORÈME V. — Si on augmente tous les coefficients de l'équation On NT SF TU RTCLE. - 0,7" 100 NS d'une méme quantité d, on formera une autre équation ON EMULE UD ET... + LOC (8) telle qu'on a à/j — a; + 0; et je dis que la variation de la somme des fonctions symétriques, en passant de (à'), à (B'), ne dépend que de la variation du dernier terme, de sorte que irc (4.26) ee n S: S — En effet , le déterminant (17) ne change pas, si aux élé- ments de chaque colonne, on ajoute ceux de la première, multipliés par 9; mais si en même temps le coefficient n(n—1) n(n— 1) Ar 1 se change en 17 (M (a, + d)" ? alors S devient $/, ce qui démontre le théorème énoncé. THÉORÈME VI. — Si, dans l'équation DENT I ET VENUS. HG LORS (æ''), on échange les coefficients à égales distances des termes ex- trêmes, de sorte qu'on obtient GÉANT Le + = © x SCORE (8”') la variation de S ne dépend que des derniers termes de ces deux équations, de sorte que ( 627 ) En effet, par ce changement le coefficient de (17) devient n(n—1) (ne (ER , tandis que le déterminant devient DAT DER ECS ER D A eee Ua: lola vie o BAT an TT GO FAT ue à SR A AA de EPL CPS ET a, REF PATES UE Or si, dans ce déterminant, on échange les deux pre- mières lignes horizontales, ce qui produit un changement de signe, et qu'ensuite on écrive les n — 1 lignes horizontales restantes à rebours, de sorte que la dernière de ces lignes 5e 5 & .,(n—1) (n —2) prend la place de la première, ce qui introduit —;—— changements de signes, ce déterminant deviendra | a n—1 (77 n—2 a n—3 . «ee A7 | 1 a, he dia biere Un : ET a, (TPE ETS Ca \ 4 «a a DENT ne a (n—1) (n—2) 1 : L a =: (—  ) a e . . STE JU ee eee 4. 0 AE GARE a, Si, enfin, dans ce dernier déterminant, on écrit les n der- nières colonnes à rebours, de manière que la dernière, l’avant-dernière , etc., deviennent respectivement la se- An SÉRIE, TOME X. 44 ( 628 ) conde, la troisième, etc., ce qui produit “= change- ments de signe, on obtient précisément le déterminant de la formule (17), multiplié par nin—1) (n—1) (n—2) UT +1 ou par DE Remarque. — L'équation (6//) peut être obtenue en changeant dans &/’ la racine x en =, et en multipliant par x”; donc une fonction symétrique à exposants posilifs de l’équation ($/”) est équivalente à la fonction symétrique correspondante à exposants négalifs de l’équation (x/’). On peut donc dire que si S, S’' expriment les sommes des fonctions symétriques à exposants positifs et négatifs, on a | Le qe EPA care À ya a, (7 VI. La méthode de Tschirnaüs (‘), pour faire disparaître tant de termes qu'on veut d’une équation, se base sur le problème : Étant donnée une équation UT UNE LS EPL 6:70 (&) , la transformer en une autre Ep 0; (*) Voyez Cours d’algèbre supérieur, professé à la faculté des sciences de Paris, par Serret, 2m+ édition, page 115. (629) dont la racine soit une fonction rationnelle et entière de celle de la proposée. Le déterminant P (formule 11 de notre mémoire) peut être employé avec avantage pour résoudre cette question. En effet si, dans l'équation (6), on remplace bo par bo — y, il vient D —y + br + br + ....…. DT ON, (8) ou bien L LES VASE TENUE TASER LAURE DS MNT NT (») Or l'équation V — 0, qui résulte de l'élimination de x entre («) et (5) ne diffère de P—0, qui résulte de l'éli- mination de x entre (5) et (6) qu'en ce que bo a reçu l’ac- croissement — y; donc on a, d’après la formule de Taylor, dP y dP y dP V=P—y un — > — © — €... dbo 1.2 db 1.2.5 dbf y" d”P 44 nm RS MO : o ° ë à ji 1.9. … n db, Telle est l'équation dont les racines jouissent de la pro- priété (y), par rapport à celles de (c). Les termes P, dP d’P d'P Abe 00e ED sont, comme nous avons vu, des fonctions entières et homogènes par rapport aux b, et leurs degrés respectifs par rapport à ces lettres sont : ( 630 ) Si l’on veut faire disparaître les à termes qui précèdent le dernier, on posera n — à des constantes bo, ba... Ün égales à zéro, et l’on dispose des coefficients des b qui res- tent, de manière à satisfaire aux équations d”"1 P d"? P di P —10 — db, db 0 db, D’après la remarque faite plus haut, et d’après le théo- rème de Bézout sur le degré de l’équation finale, la déter- mination des b, au moyen de ces équations, dépendra d’une autre équation de degré 1. 2... L. La disparition de tous les termes, excepté le premier et le dernier, exigerait conséquemment la résolution d'une équa- tion de degré 1. 2. 3......n — 1....(). Si l’on connaissait les racines de l'équation (0) ainsi transformée, on trouverait facilement celles de l’équa- tion (x). En effet, en remarquant qu'en vertu de ?, y est fonc- tion des b, l'équation (9) donne CAE Lu al & les parenthèses indiquent qu’on a différentié partielle- ment. Or, en vertu de (y), on à (*) Ce théorème est conforme au résultat obtenu par Lagrange. (Mé- moires de l’Académie des sciences de Berlin, années 1770 et 1771.) donc A ul | db, Er -ou bien dv us dV dy Il est facile de se convaincre, au moyen de l'équation (0), que Ftstaense de sorte que Les équations (y) et (0) donnent également la relation k (a) (a) (y) (ar) à DE D RDC 1 0 er DEPOT 3 Et | LE db,/ * \æb,/ * \&, db, Sur la construction des paratonnerres. — Note de M. Edmond Sacré. La circulaire par laquelle M. le Ministre de l’intérieur a récemment engagé toutes les autorités à préserver les édifices contre les dangers de la foudre, a appelé mon attention sur la construction des paratonnerres et sur ( 632 ) leur mode d'établissement le plus efficace et le plus éco- nomique. La science, je le sais, a déjà formulé des règles sur la nature des métaux à employer pour les différentes parties de ces appareils, sur les soins à apporter aux ajustements, sur la force et les dimensions à donner aux conducteurs, etc.; mais les règles ne sont pas complètes, et quelques- unes même sont d’une mauvaise application. Il en résulte que, dans la pratique, la construction des paratonnerres est abandonnée à un arbitraire qui peut devenir très-dan- sereux pour la sécurité publique; car un paratonnerre défectueux est de nature à appeler le danger plutôt qu’à le conjurer. Pénétré de l'importance de cette question, je prends la confiance de communiquer à la classe le résultat de mes réflexions et de mon expérience personnelle. Pointe. — La pointe de cuivre rouge, surmontée d’une capsule de platine de forme conique et reliée à celle-e1 par une soudure, me paraît celle que l’on doit préférer. Elle est représentée ( Fig. FI.) à l'échelle de ‘/:. La pointe de cuivre rouge fortement dorée, ainsi que le conseille Ganot , dans son Traité de physique, est certai- nement ce qu'on peut faire de plus simple et de moins coûteux ; mais la dorure, si épaisse qu'en soit la couche, finit toujours par être enlevée sous l'influence des déchar- ges électriques; le cuivre, se trouvant mis à nu, s’oxyde el le paratonnerre perd alors une partie de son action préventive. La différence entre les prix de ces deux espè- ces de pointes n’est que de quinze à vingt-cinq francs, et elle est plus que compensée par la durée des pointes de platine et par la sécurité qu’elles présentent. Le diamètre de la pointe de platine doit être de seize ( 633 ) millimètres à la base du cône; sa hauteur, de quatre centimètres, et l'angle au sommet, de vingt-cinq à trente degrés. On trouvera peut-être que le diamètre de seize millimè- tres est un peu fort; mais je le trouve nécessaire pour résister aux décharges extraordinaires qui peuvent sur- venir. Un diamètre moindre est certainement susceptible de fonctionner pendant longtemps, mais si une force électrique considérable se développait subitement dans le voisinage, la section pourrait ne pas suffire à l'écoulement du fluide, le paratonnerre serait foudroyé, et la pointe pourrait être mise en fusion. Nous avons sous les yeux un exemple de cette action dans les paratonnerres du Musée de l'industrie, dont les pointes de platine n’ont que sept à huit millimètres de diamètre à la base. Quoique réunis en assez grand nombre sur un petit espace, ils n’ont pu suffire entièrement à l’écoulement de la matière électri- que, et se sont échauffés à un tel point que toutes les pointes sont courbées. Pécher par un excès de précaution ne pourra jamais nuire à ces appareils, tandis que le contraire peut avoir des conséquences funestes. Ajustages. — La pointe de cuivre doit être ajustée au moyen d’une vis de dix-huit millimètres de diamètre, pratiquée au bout d’une tige de fer rond, de forme co- nique (1), ayant à la base de quarante à soixante milli- mètres de diamètre, selon la hauteur, qui varie avec l'étendue à préserver. Ces tiges, ayant jusqu’à neuf et dix mètres de hauteur, sont assez difficiles à transporter; rien n’empécherait de les faire en deux pièces ajustées à vis, (1) Je crois le fer rond préférable au fer carré, par la raison que les angles sont beaucoup plus attaqués que les surfaces unies. (634) l’une dans l’autre, comme le représente en coupe la fi- gure IT. Conducteurs. — Nous avons deux moyens de mettre la tige du paratonnerre en communication avec la terre. Le premier, c'est le conducteur fait de barres de fer : c’est : le plus durable, mais aussi c’est le plus cher et le plus difficile à établir, tant pour la construction que pour le placement, bien entendu lorsqu'on lui donne les dimen- sions reconnues nécessaires. Ce conducteur demande à être fait avec soin, attendu qu'il nécessite une infinité d’ajustements , qui, exécutés tels qu'ils sont indiqués dans l'instruction sur les paratonnerres de l’Académie des sciences de Paris, du 23 avril 1823, page 40, peuvent présenter de graves inconvénients. En effet, si, dans le placement, une barre force un peu, comme les ajuste- ments sont des parties plus faibles, il s'ensuit qu’en ces points, il peut y avoir disjonction partielle; par consé- quent , le conducteur n’agit plus avec la même surface. Les variations de température sont encore des causes de disjonction, même pour des ajustages parfaitement faits dès le principe. Il en résulte que l'humidité s’introduit entre deux bârres consécutives et y occasionne la forma- tion d’une couche de rouille, qui diminue considérable- ment la puissance conductrice du système. Je propose de former les conducteurs de barres de fer rond, de dix-huit millimètres de diamètre. Pour les relier entre elles, on formerait, au bout de la première, un pas de vis à droite, et, au bout de la seconde, qui doit être raccordée à la première, un pas de vis égal, mais à gau- che. On ferait un manchon ayant intérieurement deux pas de vis, l’un à droite, l’autre à gauche, de manière qu'en faisant tourner le manchon et tenant les deux ( 635 ) barres fixes, on les rapprocherait l’une de l’autre. Dans ce mouvement, un morceau de plomb, placé préalable- ment dans l’intérieur du manchon, serait refoulé entre les deux barres, entrerait dans toutes les cavités formées par le pas de vis, et produirait ainsi un contact parfait entre les barres et le manchon. La figure IT représente ce genre d'ajustement en coupe. Le conducteur est relié au pied de la tige au moyen d’un collier A, soudé au cuivre. De cette manière, on a la certitude que, depuis la pointe de platine jusqu’au bout du conducteur, la section conductrice présente vingt-deux à vingt-cinq millimètres carrés de surface. Je crois cette surface nécessaire pour toute éventualité; c’est aussi la dimension indiquée par l’Académie des sciences de Paris, à l'exception de la partie du conducteur qui se trouve vers la terre et dans le puits. Pour celle-ci, qui est plus sujette à être détériorée par l'humidité, le conducteur est porté à vingt millimètres de diamètre. Pour le préserver dans son passage sous la terre, c’est- a-dire du pied de l'édifice au puits, je propose de le faire passer, de préférence à un aqueduc de maçonnerie, dans un tuyau de fer de fonte, qui, par sa conductibilité, ser- vira à l'écoulement du fluide dans le réservoir commun. Si le conducteur aboutit dans un puits, je le termine par une plaque de fer de fonte, donnant quatre-vingt-quatre décimètres de surface, et, dans le cas où je suis obligé de faire un trou pour introduire le conducteur dans le sol, je le termine par un cylindre de cuivre rouge, ayant une surface de contact de deux mètres carrés. Je crois cette grande surface une mesure de précaution bonne à pren- dre, vu que l'expérience a démontré, en France, qu’un télégraphe électrique, dont on voulait faire le retour par le ( 636 ) sol, n’a pu fonctionner que lorsque le fil avait été terminé par une surface présentant un contact avec la terre de plu- sieurs mètres carrés; Cependant la tension dans un télé- graphe est bien loin d’être aussi grande que celle d’une décharge de la foudre. Le second mode de construction que je propose pour les conducteurs, c’est la corde métallique. Nous avons trois métaux propres à faire des cordes, c’est le cuivre, le zinc et le fer. Le cuivre est certainement, de ces trois métaux, celui qui conduit le mieux le fluide électrique; mais il offre un inconvénient : c’est son prix élevé. Le zinc aurait certainement un grand avantage, sous le rapport de l'économie; mais 1l a l'inconvénient, étant exposé à l'air, de devenir cassant, ce qui fait qu'on ne pourrait l'employer sans avoir à craindre que quelques-uns des fils composant la corde, ne vint à se rompre. | Par ce fait, la surface de la section ne serait plus propre à supporter toutes les décharges. Le fer, quoique galva- nisé ou zingué, n’est cependant pas garanti contre l’oxyda- tion de manière à pouvoir se conserver pendant un temps indéfini. Les télégraphes électriques ont donné des ré- sultats certains sur la durée du fil zingué; ainsi le fil ordi- naire peut durer au plus trois ans sans solution de conti- nuité. On ne peut donc pas l’employer avec sécurité. Pour obvier à ces divers inconvénients et avoir un conducteur qui offre toute la sécurité possible, je propose de faire des cordes de zinc dont la surface métallique de la section serait de dix-huit à vingt millimètres carrés. Ce fil de zinc serait tordu sur une corde de fils de fer zingués, c’est-à- dire que, sur un toron formé de trois fils de fer zingués, on enroulerait les fils de zinc, mais en sens contraire de la torsion des fils de fer; de manière à laisser les mouve- la >< Il < 8 S = É R È D ë £ où E [= (e] £ [#e] on E =! à Bull. de L'Acad.t.X, 2° " J A] lé, ° L AL RTE Lea ESA : _ Le mt" 4 RAP à LL: LI : Fes . DEL es . rc , hi ( 637 ) ments de dilatation complétement libres pour chacun. Dans ces conditions, Je crois que ces cordes auront une longue durée et présenteront toutes les garanties désira- bles, à l'exception toutefois pour les bâtiments de mer, où . il faut nécessairement avoir recours aux cordes de cuivre. Quant à l'ajustement, 1l est ici le même que pour l’autre conducteur. Ainsi la corde est soudée à l’étain dans un manchon de fer, figure 4, dont l’autre bout est taraudé pour entrer dans le manchon représenté figure 5. A deux mètres du sol, la corde est reliée à une barre de vingt millimètres de diamètre, qui continue jusqu'au fond du puits ou du trou pratiqué pour l’écoulement du fluide. M. De Koninek met sous les yeux de la classe différents ossements fossiles se rapportant à une communication précédemment faite par M. Malaise; il présente quelques explications à ce sujet. (658) CLASSE DES LETTRES. Séance du 3 décembre 1860. M. GacHaRD, président de l’Académie. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, de Ram, Roulez, De Decker, Snellaert, Haus, Leclereq, Baguet, Faider, Arendt, Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres: Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Tho- nissen, correspondant. | MM. Alvin et Éd. Fétis, membres de la classe des beaux- arts, assistent à la séance. —_———— CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que, dès le mois de janvier prochain, une allocation spéciale sera mise à la disposition de l’Académie, afin de subvenir aux premiers frais qui résulteront de la publication d’une Biographie nationale. M. le Ministre rappelle que la deuxième période pour le prix quinquennal des sciences morales et politiques, (639 ) finira le 31 décembre prochain, et il demande qu'on lui fasse parvenir la liste double des candidats pour le jury qui doit décerner ce prix, en conformité de l’article 5 de l'arrêté royal du 29 novembre 1851. Cette liste est formée pendant la séance et sera trans- mise à M. le Ministre de l’intérieur. Une autre lettre ministérielle demande à la classe d’an- nexer trois nouveaux noms aux six déjà désignés, pour la formation du jury chargé de juger le concours triennal de littérature dramatique française. [Il est immédiatement satisfait à celte demande. M. le Ministre de l’intérieur demande aussi qu’on lui transmette, dès qu’il sera terminé, le projet de publica- tion des œuvres des grands écrivains du pays, ayant écrit en d’autres langues qu’en flamand, « projet, dit ce haut fonctionnaire, dont je vous priais de saisir l’Académie. » La commission fait connaître qu'elle ne tardera pas à ter- miner le plan de la publication qui lui est demandée. Enfin une autre lettre de M. le Ministre de l’intérieur appelle l'attention de l’Académie sur les prix fondés par M. le baron de Stassart. M. le secrétaire perpétuel apprend qu'il s'est empressé de répondre que l’un des deux prix, celui de 3,000 francs, consacré au meilleur travail sur l’un des points de notre histoire nationale, a été fondé au moyen d’une inserip- tion de 10,060 francs, faite sur le grand-livre de la dette publique en rentes à 5 pour cent; mais que la conversion de ces fonds ayant eu lieu, postérieurement à l’inscrip- tion, en rentes à 4 pour cent, il à fallu capitaliser une partie des intérêts déjà échus, soit une somme de 1,200 francs, pour que le prix püt, en effet, être décerné tous les six ans, ainsi que l'avait prescrit le donateur; il en ( 640 ) résulte que ce prix ne pourra être donné qu'en 1865, et que le concours qu'il nécessite sera seulement ouvert en 1861. L'autre prix, ayant pour objet la publication d’une No- tice sur un Belge célèbre, a été fondé au moyen d’un ca- pital de 2,216 francs, donnant un revenu de 99 francs , en rentes à 4 ‘2 pour cent, a déjà été décerné une première fois pour une notice due à M. Van Bemmel et consacrée à M. le baron de Stassart lui-même. Il pourra être décerné aussi en 1865. —— Il est fait hommage d’un quatrième volume des œuvres de Van Maerlant, publié par la Commission de littérature flamande et édité par les soins de M. Snellaert, l’un de ses membres. La classe remercie M. Snellaert pour les soins qu'il a consacrés à cette publication. — Des remerciments sont également adressés à M. Rou- lez pour un exemplaire de son Rapport sur la situation de l'université de Gand_en 1860. — La Société des antiquaires de Londres remercie la classe pour l’envoi de ses dernières publications. (641 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Le Procès de Robert d'Artois. Notice par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. L. La classe a bien voulu me permettre de l’entretenir, à diverses reprises, de questions historiques obscurcies dès leur origine par des passions diverses et des intérêts op- posés, et entourées, après un laps de plusieurs siècles, de ténèbres de plus en plus profondes. A peine y voit-on parfois scintiller un vague et pâle rayon, reflet incertain d'une lumière évanouie, et lors même que l’on s’y égare, on a droit à quelque indulgence. Je m'occuperai aujour- d’hui de la plus célèbre contestation juridique du moyen âge, de ce procès de Robert d'Artois qui ouvrit la France aux Anglais et qui ne fut pas sans influence sur notre propre histoire (1). Le roi Louis VIII et Blanche de Castille laissèrent trois fils qui continuèrent leur postérité. L’ainé fut saint Louis que, pendant six siècles, invo- 4 quèrent comme leur aïeul ces rois, glorieux à divers (1) On peut consulter sur cette question le travail que Lancelot à inséré dans les Mémoires de l’ Académie des Inscriptions, sous le titre de Justi- fication de la conduite de Philippe de Valois. M. Leroux de Lincy a publié une analyse plus complète du proces de Robert d'Artois dans la Revue de Paris, en 1859. HO? ) titres, qui s’appelaient Charles V, Louis XIT, Henri LV ou Louis XIV. | Le plus jeune, connu dans l’histoire sous le nom de Charles d'Anjou, alla fonder sur les rivages de l'Italie une faible et chancelante monarchie, où le sang, qui de siècle en siècle se mêlait à tous les complots, semblait rejalhir de l'échafaud de Conradin. Le troisième (c'était Robert), par le titre qu’il portait, par les événements de sa vie, appartenait plutôt à la France septentrionale. Héritier des villes d'Artois qui avaient formé la dot d'Élisabeth de Hainaut, arbitre dans les dif- férends des maisons de Dampierre et d’Avesnes, il avait été fiancé à la fille de la comtesse de Flandre, avant d'épouser celle du duc de Brabant. Quelques lignes suffisent pour résumer toute la généa- logie des comtes d'Artois, issus de Louis VITE et de Blanche de Castille : Robert, dit le Vaillant ou le Fier, mort sous les traits des Sarrasins à la bataille de la Massoure; Robert, surnommé le Noble, percé de trente coups de pique à la bataille de Courtray; Philippe, mort des blessures reçues au combat de Furnes ; Jean, fait prisonnier à la’bataille de Poitiers, mort peu. après la bataille de Roosebeke , où il combattit sous la bannière de Charles VI; Philippe, fait prisonnier à la bataille de Nicopoli, mort pendant sa captivité chez les infidèles ; Charles, fait prisonnier à la bataille d’Azincourt et re- tenu vingt-trois ans par les Anglais. Un nom manque à cette triste énumération des sacri- fices qu'imposa un dévouement chevaleresque et patrio- (643 ) tique : c'est celui de Robert d'Artois, qui conduisit les Auglais en France et qui fut mortellement blessé dans les rangs anglais en combattant les Français, de Robert d'Artois qui fut publiquement flétri comme faussaire et privé de tous ses biens, à ce point que son fils fut sur- nommé Jean sans Terre! Nous savons assez combien cette sentence fut fatale, lors même qu'elle aurait été juste, car elle inaugura ce siècle de désastres et de calamités placé entre ces deux dates : 1331, l’infamant exil de Robert d'Artois; 1451, le glorieux martyre de Jeanne d'Arc. Le devoir de l’historien est de remonter plus haut pour rechercher l’origine des longs malheurs qu'il aura plus tard à retracer. Nous devons nous demander si le petit- fils du héros de la Massoure fut aussi coupable que les érudits modernes le représentent, sil n'eut jamais d'autres armes que le mensonge, d'autre appui que la fraude. Certes, au XIV"* siècle, l’honneur chrétien, tel que saint Louis l’avait pratiqué, enseigné et propagé, était déjà bien déchu; mais, avant de condamner Robert d’Ar- tois sans réserve, souvenons-nous qu'il eut pour adver- saire la mère de deux reines adultères, et pour Juge un prince qui s'appuya aussi sur des lettres fausses, pour faire décapiter les plus nobles barons de Bretagne. On racontait que Robert d'Artois (celui qui fut sur- nommé le Noble), prêt à se rendre en Italie pour servir la cause de Charles d'Anjou (1), s'était jeté aux pieds du roi (1) Guillaume de Nangis ne place le départ de Robert d’Artois pour l'Italie qu’en 1282; mais Guillaume de Nangis se trompe, car une charte de Robert d'Artois, conservée aux archives de Lille, établit qu’en 1274, il se préparait à se rendre en Italie. Le témoin Foulques de Précy, qui assista, au château 2° SÉRIE, TOME X. 45 ( 644 ) Philippe le Hardi : « Sire, lui avait-il dit , je pars pour la » Pouille, et je ne sais si j'en reviendrai jamais; je vous » confie mes enfants, et je remets entre vos mains mOn » comté d'Artois. Disposez-en, comme vous l’entendrez, » pour l'avenir. Il suflit que la jouissance m'en soit assurée > tant que je vivrai (1). » La reine de France appartenait, comme la mère de Robert, à la maison de Brabant. Dans son empressement à assurer un établissement convenable à l'héritier des comtes d'Artois, elle jeta les veux sur une jeune fille qu'on élevait près d'elle et qui était de la plus illustre naissance : c'était Blanche de Bretagne, fille de Jean de Bretagne et de Béatrice d'Angleterre (2). Le con- trat de mariage, qui assurait sa main au jeune Philippe d'Artois, fut passé au mois de juillet 1280; mais ee ne fut qu’au mois de novembre 1281 que le mariage fut solennellement célébré dans l'église de Saint-Eustache de Paris, en présence des seigneurs et des dames de la cour (5). Le prêtre allait passer l'anneau au doigt de la de Neuville, aux adieux que fit Robert au roi Philippe le Hardi, dit aussi que ceci eut lieu en 1274 ou 1275. Philippe le Hardi se trouvait, au mois de septembre 1275, au château de Neuville. (Recueil des hist. de France, XXI, p- 426.) (1) Déposition de Foulques de Précy. Je suis, pour les actes du procès de Robert d'Artois, la copie conservée à la Bibliothèque de Bourgogne, n° 18,647. (2) J'ai publié une lettre inédite de Blanche de Bretagne, dans le tome XXII des Bulletins de l'Académie. (5) On cite comme ayant assisté à cette cérémonie les comtes de Blois et . de Saint-Pol, le connétable de France, le maréchal de Champagne, les sires de Mailly. Parmi d’autres témoins moins illustres qui déposèrent plus tard dans les enquêtes, se trouvaient, d’une part, Gérard de Juvigay, horloger et valet du roi ; d'autre part, Guillaume et Richard de là Chambre, valets de la + J» sont les convenances qui assurent le comté d’Artois à » Robert. » Le prévôt d’Aire se retourna : « Pourquoi » avez-vous pris ces lettres, » dit-il avec reproche; mais Jeanne de Divion les tenant avec force, lui répondit : « Vous ne les aurez plus; je les rendrai à celui à qui elles » appartiennent, et il me donnera bien pour cela deux » mille livres de rente. Vous êtes faux et mauvais, vous » êtes un traître déloyal en retenant ainsi le bien d'’au- » trui. » Thierri de Hérisson , changeant de langage, pro- mit de décharger sa conscience, et fit si bien que les lettres lui furent rendues, mais son agitation était si grande qu'il se retira, laissant Jeanne de Divion diner ce jour-là toute seule (4). | Cependant Mahaut espérait que, par ses bienfaits, elle enchaîinerait à jamais l’aveugle dévouement du prévôt d’Aire. À la fin de 14527, elle obtint que l’évêque d'Arras, Jean Pasté, qui appartenait à une famille dévouée à Robert d'Artois (2), fût transféré au siége de Chartres, afin de lui donner le prévôt d’Aire pour successeur. Mais le Ciel sembla ne pas tolérer ce nouveau scandale. A peine Thierri eut-il touché cette chaire épiscopale, illustrée par saint Vaast, que la main de Dieu s’appesantit sur lui. Aux infirmités physiques se joignaient les douleurs mo- rales, et l'âme était plus malade que le corps. Une se- crête inquiétude accroissait l’amertume de ses regrets. (1) Déposition de Regnaud d’Arras. (2) Thomas Pasté était au nombre des chevaliers qui proclamerent Robert comte d'Artois. Ce fut l’évêque Jean Pasté qui célébra le mariage de Jean de Bretagne et de Jeanne de Flandre. ( 657 ) L’avénement de Philippe de Valois, la faveur croissante de Robert, appelé au commandement d’une partie de l’armée française dans l'expédition de Cassel et créé pair du royaume, lui annonçaient que la situation politique n'était plus la même. Une lettre que le comte de Beau- mont (tel était le titre que portait alors Robert d'Artois) lui adressa fut reçue avec empressement et avec recon- naissance. Il se mit à parler à la plupart de ceux qui ve- naient le voir des légitimes prétentions de Robert d'Artois, quelquefois même de ses propres remords. Mahaut lap- prit : elle craignit que l'influence de Jeanne de Divion ne lui fût devenue hostile (1) et elle résolut de chercher à y met- tre un terme. « C’est mademoiselle de Divion, et non pas » moi, qui est comtesse d'Artois », écrivait-elle à Thierri de Hérisson , en le pressant de rompre un lien coupable. Bientôt elle apprit que le mal dont était atteint Thierri de Hérisson laissait peu d’espoir de guérison, et elle crai- gnit sans doute qu'avant sa fin, il ne fit quelque retour sur lui-même et ne satisfit à sa conscience. Sans tarder plus longtemps, elle se rendit près de lui, et afin que cette visite exerçât plus d'autorité, elle se fit accompagner par sa fille la reine Jeanne, veuve de Philippe le Long. « Évêque, lui dit-elle, en insistant sur ce qu’elle lui avait » déjà mandé, pensez à votre âme. — Madame, répartit » le prélat, ce qui me préoccupe le plus, c’est que le » pauvre comte de Beaumont a été injustement dépouillé » du comté d'Artois. Au nom de Dieu, ayez pitié de lui » pour le salut de votre âme et de la mienne. — Évéque, me (1) Sous Philippe ie Long on trouve un conseiller-maitre au parlement nommé Jean de Divion. Devait-il cette position à l'influence de Mahaut et de Thierri de Hérisson ? ( 68 ) » n’en doutez pas, reprit Mahaut : si j'avais dix comtés » comme le comté d'Artois, je les perdrais plus volon- » tiers qu'un ami dévoué comme vous, et si vous veniez » à mourir, Je ferais tant d'’aumônes pour le salut de » votre àme, qu'elle serait bien déchargée. » Mais l’évé- que accueillit dssez mal ce discours de Mahaut : « Si je le voulais, dit-1l après son départ au bailli d'Arras, je » pourrais lui faire perdre le comté d'Artois, car Robert » y a plus de droit qu'elle. Ma santé m'est assez revenue » pour que je le fasse (1). » Thierri se faisait illusion ; son mal allait s’aggravant de jour en jour, d'heure en heure. On l'avait transporté à Hesdin. Mahaut l’y suivit avec une persévérance que rien ne semblait devoir lasser. En effet, on lui avait rapporté qu'afin de réparer le dommage causé à Robert (2), il avait annoncé l'intention de lui léguer tous ses biens, qui va- laient plus de cent mille livres (cinq millions de notre monnaie, d'après la puissance moderne de l'argent) : il était important qu’elle ne le quittàt plus. Elle veillait à son chevet; elie affectait les soins les plus affectueux, les plus assidus : « Je perds en lui la fleur du monde », disait- elle au médecin maître Gilbert (3), puis se tournant vers Thierri, elle lui tenait à peu près le même langage : « Doux frère, doux compagnon, doux ami, le plus loyal » et le meilleur serviteur qui soit au monde, pourquoi ne & (1) Dépositions de mademoiselle de Gomer, de Tas$ard de Staples, de Robert Corbel, chanoine de Fauquemberghe, de Guillaume des Planques, d’Alleaume Cacheleu, bailli d'Arras , de Jean le Blond, etc. (2) Dépositions de Guillaume des Planques, de Pierre de Desnay, de Guil- laume de Malleval. (3) Déposition de mademoiselle de Gomer. ( 659 ) faites-vous pas sceller votre testament? Si vos biens ne » suffisent point, disposez des miens comme s'ils étaient » à vous. — Soyez tranquille, répondait l'évêque mou- » rant, mon testament sera scellé. » Mais tandis qu'il parlait, la main de Mahaut, glissant sous son chevet, en- levait le scel que l’évêque y avait caché afin que personne ne pût y toucher. Le scel dérobé , un testament étant de- venu, par conséquent, impossible, Mahaut s'éloigna et ne reparut plus. Tels furent les adieux de la comtesse d’Artois à son complice qui, ne trouvant plus son scel, devina aisément la fraude. Pendant trois jours et trois nuits en- tières, on l’entendit répéter, tantôt avec colère, tantôt avec tristesse : « Oh! la’ méchante femme (1)! » Ce fat ainsi qu'il expira, regrettant sans doute amèrement ses fautes, mais sans qu'il lui fût donné d'en assurer la répa- ration. Thierri de Hérisson avait fondé, près du château de Mahaut à Gonnay (2), une vaste chartreuse entourée de murailles. Ses restes y furent transférés (3), et, selon les rumeurs populaires qui se sont perpétuées depuis cinq siècles, des apparitions qu’on n'ose expliquer, visitent encore aujourd'hui sa tombe. Qu'est devenue la famille de Thierri de Hérisson? En quelles mains a passé l’héritage paternel auquel 1l devait son nom, et qui lui rappelait ses premières années, plus sereines et plus heureuses? Je me suis posé ces deux ques- 2 (1) Dépositions de maître Gilbert le physicien (médecin), de Regnaud d'Arras, etc, (2) Gonnay pres de Béthune. Philippe le Bel avait, en 1511, cédé Béthune à Mahaut en échange de 1151 livrées de terre en Bourgogne, (5) L'épitaphe gravée sur la tombe de Thierri de Hérisson était assez courte. On y lisait : Comitissae Mathildi operam suam impendit. (GaLura œnisr., III, col. 536.) 2 SÉRIE, TOME X. 46 ( 660 ) tions , et j'ai été assez étonné d'apprendre que ses neveux s'étaient alliés tour à tour aux familles parmi lesquelles se retrouvent les aïeux de Jean Daillon (maître Jean des habiletés), le cynique ministre de Louis XI et ceux du cardinal de Richelieu, le sombre ministre de Louis XIE. Quant au domaine de Hérisson , il forma, au XVI”* siècle, l’un des biens abandonnés en apanage à je ne sais quelle Diane de Châtelleraut, légitimée de France. Cependant Mahaut, à qui les échevins d'Arras repro- chaient déjà d’avoir falsifié certaines chartes commu- nales (1), n’hésita pas à leur présenter deux testaments revêtus du sceau de Thierri de Hérisson. Par le premier, portant la date du 13 novembre 1598, il faisait quelques legs pieux et laissait le soin de les réduire ou de les com- pléter à la comtesse Mahaut, qu’il choisissait pour exécu- trice de ses dernières volontés; par le second, il lui lé- guait, pour reconnaitre les biens et les honneurs qu'il avait reçus d'elle, tous ses meubles, ses chevaux (2), ses harnais et certaines créances (3). Mahaut s'installa aussi- tôt au palais épiscopal d'Arras, sous le prétexte de prendre possession des meubles qui lui étaient légués, et l’on s’y (1) Voyez l'ouvrage de MM. d’'Héricourt et Godin, intitulé : Les Rues d'Arras, 1.1, p. 60. - (2) Une convention relative à deux chevaux « bons, sains, marchans et esprouvés, » que Thierri de Hérisson vendit à l’abbé d’Andres pour 140 livres parisis, montre jusqu’à quel point il poussait la précaution et la méfiance, Par deux chartes fort longues, passées devant l’officialité de Paris, nous voyons que l’abbé d’Andres s'engagea à payer ladite somme, la main droite placée sur le cœur, sous peine d’excommunication. Cela ne suffisait pas : Jean de Werchin dut intervenir comme caution. (Manuscrit de la biblio- thèque de Bourgogne, n° 20540.) (5) Znv. des arch. d’ Artois. Le second testament portait la date du 15 novembre 1328. ( 661 ) livra par ses ordres aux plus actives recherches, pour retrouver les convenances de 1281. Elles furent inutiles. Mabhaut ne s’en crut pas moins tenue de remplir la pro- messe qu’elle avait faite au prélat mourant. « Pour la dé- charge de l’âme dudit évêque, » comme le porte la charte que nous résumons, elle donna des rentes considérables en argent et en blé à la Chartreuse de Gonnay, et établit qu’on accueillerait, dans l’hôpital qui y était Joint, non- seulement les malades, mais aussi les étrangers, les in- firmes et les femmes en couche, qui recevraient « tant en » pain, potage, chair et vin que leur est de nécessité (4). » Mahaut, déçue dans son espoir de découvrir les conve- nances de 1281 parmi les meubles de l’évêque, soup- çonna aisément qu'elles se trouvaient entre les mains de Jeanne de Divion. Il eût peut-être été aisé de les lui ache- ter : elle aima mieux recourir aux menaces; car déjà elle lui reprochait une rente viagère de deux mille livrées de terre qui lui avait été assurée par Thierri de Hérisson. Il n'est pas douteux que Jeanne de Divion n'ait compris le péril qui la menaçait. Sans perdre un instant, elle alla porter le coffret qui contenait les convenances dans une petite chambre haute, sans plafond, où l'on pendait aux poutres la chair de porc salée, et, à l’aide d’une échelle, elle l'y cacha entre les tuiles et la gouttière. Cela fait, elle se réfugia sous la protection des sergents royaux de Beau- quesne, qui la conduisirent à Paris. (1) Znv. des arch. d’ Artois. Dans une charte du 10 janvier 1398 (v. st.), également relative à l'hôpital de Gonnay, Mahaut rappela de nouveau cette clause si extraordinaire du testament attribué à Thierri de Hérisson, en vertu de laquelle elle pouvait réduire ou accroître ses legs. Cette charte ori- ginale se trouve à la Bibliothèque de Bourgogne, n° 20556. e ( 662 ) Robert d'Artois se trouvait en ce moment dans la cité royale : Jeanne de Divion se vanta de lui rendre les titres du comté d'Artois; mais Robert, avant de l'écouter, lui demandait de justifier la possession de ce document. Était-il entre les mains de l’évêque? Comment l’évêque le lui avait-il remis? Y avait-il quelque preuve de son authenticité? Pourquoi Thierri de Hérisson, avant de mou- rir, n’avait-il pas rétabli les droits de la justice et de la vérité, ce qu’il eût pu faire mieux que personne? Toutes ces questions devaient être résolues avant que l’on püt récompenser généreusement un si grand service. Le vendredi avant le dimanche des Rameaux, Jeanne de Divion retourna secrètement à Arras, à l'hôtel de Marie de Fouquières, et elle y fit appeler aussitôt un clerc de l’église de Notre-Dame, nommé Jacquemon Rondelet, à qui on servit, par son ordre, un repas qu’arrosèrent des flots de vin. Quand elle lui vit Ja raison quelque peu trou- blée, elle lui fit traduire de latin en français ou, comme l’on disait alors, de gaulois en picard (1), une lettre de Thierri de Hérisson adressée à Robert d'Artois, qui com- mençait par ces mots : « Je me rens coulpables à vous et » vous en cri mercy, monsieur Robert d'Artois, de chou » que jou ay tant cette chose célée. » Suivait, en termes assez bizarres, un legs universel auquel était jointe la des- cription de la charte de 1281, dont il disposait également en faveur de Robert d'Artois. Cette lettre écrite, made- moiselle de Divion craignant d’être arrêtée à Arras, re- tourna immédiatement à Paris avec une de ses meschines nommée Jeanne de Charennes. (1) Zn lingua picardica. in linqua gallicana. Déposition de Raoul Gri- mouart. ( 665 ) Quelle confiance Robert d'Artois ajouta-t-il d'abord aux déclarations d’une femme si décriée? Elle fut sans doute assez faible, mais il était néanmoins plus que jamais per- suadé que ces convenances avaient existé. Tous les anciens serviteurs de sa famille l’attestaient : c’étaient le médecin, le elere, le fauconnier, le forestier, et même la chapelière de son père. C'étaient aussi ceux qui avaient veillé sur son enfance, et jusqu'à sa nourrice, qui avait mêlé aux chants du berceau le souvenir de l’héritage paternel in- justement usurpé (4). Bientôt d’autres voix d’une bien plus grande autorité s’élevèrent comme si elles n'avaient pas été complétement étouffées par la dictature de Mari- gny. Un fils du chancelier de Philippe le Bel, Pierre Flotte, lui écrivit de l’abbaye de Vézelay, que le bon droit était de son côté. Un autre chevalier lui mandait que, vieux et faible, il se ferait porter en litière pour rendre témoi- gnage dans sa cause. Ce chevalier s'appelait le sire de Molay (2). Le nom du dernier grand maître de l’ordre du Temple ne pouvait pas manquer à loutes ces prolesta- tions dirigées contre le règne de Philippe le Bel. (1) 11 n’est pas inutile d’énumérer ces anciens serviteurs. Citons André de Courcelles; Simon de Douvrin, ancien clerc de Robert le Noble; Jean, son forestier ; Baudet et Jeannot Ruel, ses fauconniers; Agnès, sa chapelière (marchande de bouquets). Citons aussi Aubin et Simon de Malregard, qui avaient élevé Robert d’Artois , et demoiselle Marguerite, sa nourrice. A ces noms il faut ajouter celui de Pierre de Brabant, qui avait accompagné Robert d'Artois en Pouille et en Calabre, et qui, pour prix de ses services, en avait reçu une foresterie que Mahaut lui enleva. Le prévôt de Trame- court déclara que tous les anciens serviteurs de Robert le Noble partageaient la même opinion. (2) Déposition de Jean Aubry. Il resterait à rechercher quel lien unissait les sires de Molay qu’on retrouve en Lorraine, en Franche-Comté et en Nor- mandie. ( 664 ) Cependant, Mahaut d'Artois devenait plus inquiète (1): elle venait d'apprendre que le roi avait ordonné d’exami- ner la validité du testament de Thierri de Hérisson, et de placer provisoirement tous ses biens sous séquestre. Ceci était évidemment le résultat des propos de Jeanne de Divion, mais il était bien à criandre qu'elle ne provo- quât d’autres informations. Mahaut chargea donc les baillis d'Arras et de Lens et son receveur, André de Mouchy, de s'adresser aux sergents du roi, pour qu'ils lui fissent avoir les lettres de convenances, si Jeanne de Divion les avait portées à Beauquesne. Elle alla même, jusqu'à faire écrire à l’un d’eux, nommé Martin de Nieuport, qu’elle savait bien qu’il aimait beaucoup une demoiselle de Flandre, et qu'étant grande amie du comte de Flan- dre (2), elle la luï ferait avoir s’il embrassait son parti (3). À d’autres elle faisait espérer de l'argent et des honneurs. C'est ainsi qu’elle offrit une chanoisnie à Jacquemon Ron- delet, le clerc qui avait dîné chez mademoiselle de Divion; elle alla même jusqu'à s'arrêter pour causer dans la rue avec un sergent nommé Raoul de la Halle, neveu ou petit- neveu d'Adam de la Halle, qui se doutait peu sans doute de la renommée poétique que la postérité réservait à son nom. Un autre jour, on lui entendit dire à une cousine de (1) Mahaut cherchait à conjurer l'orage. Le 28 mars 1328 (v. st.), elle conclut une transaction avec Philippe de Valois, sur certaines créances. (Znv. des archives d’ Artois.) (2) Marguerite de France, petite-fille de Mahaut, avait épousé Louis de Nevers, comte de Flandre. (3) Déposition d'André de Mouchy, receveur d’Artois. Un autre jour, Ma- haut chargea Alleaume Cacheleu d'offrir 2000 livres à Martin de Nieuport , et elle lui faisait mander en même temps que s'il parlait, elle dépenserait 200,000 livres pour le faire mourir. ( 065 ) Jeanne de Divion : « Ne seriez-vous pas courroucée si » vous perdiez votre colte? Ma cotte à moi, c’est le comté » d'Artois (1). » Des bruits de plus en plus alarmants ne cessaient de se répandre. Robert, plus puissant que jamais, avait accompagné Philippe de Valois à Amiens, et 1] parais- sait résolu à solliciter une enquête. A cette nouvelle, Mahaut n’hésita plus. Le temps des négociations était passé : il était urgent de mettre la main sur les per- sonnes qui connaissaient ou pouvaient connaître les se- crets de mademoiselle de Divion, et de l'empêcher ainsi, s'il en était temps encore, de produire les lettres de con- venances. Le 25 mai 1529, les sergents de la comtesse reçurent l’ordre de fermer, avec de nouvelles serrures et de nou- veaux verrous, les portes de la maison qu'avait occupée Jeanne de Divion, sous le prétexte qu'il y avait dans les greniers des blés dépendant de la succession de l’évêque. En même temps, ils arrêtèrent les deux meschines qui y étaient restées , en leur reprochant aussi d’avoir introduit des blés sans payer les taxes qui étaient dues à la com- tesse. Comme il était déjà tard, ils les conduisirent dans la prison de Mahaut, hors du jugement des échevins, promettant de les ramener dès le lendemain sous la juri- diction légale (2); mais, pendant la nuit, on les lia sur des chevaux. L'une, nommée Marotte la Noire ou la Ca- muse, fut envoyée à Fampoux; l’autre, Marotte de Béthen- court, qui passait pour la principale confidente de Jeanne "ee — (i) Déposition de Marotte de Fouquiéres. (2) Mahaut craignait que les échevins d’Arras ne fissent mettre les deux meschines en liberté. (Déposition d’'Huart de Douvrier.) | ( 666 }) de Divion (1), fut conduite au château de Remy, où se trouvait la comtesse d'Artois. Les baillis d'Arras et de Lens, assistés de deux clercs dévoués aux intérêts de Mahaut, l’interrogèrent en employant tour à tour les promesses et les menaces. Elle ne voulut point s'expliquer sur les convenances. On la fit revenir, on la pressa de déclarer ce qu’elles étaient devenues ; on alla jusqu’à lui offrir mille livres, qui représentaient plus de cinquante mille francs de notre monnaie. Enfin, comme elle repous- sait toutes les propositions, on eut recours aux moyens d'intimidation qui pouvaient l’ébranler. Le bâillon, les cordes, l’eau, le fer, elle brava tout d’abord avec courage; mais quand on l’eut dépouillée de ses vêtements, quand peu à peu on la descendit dans un puits profond et sombre, d’où il lui semblait qu’elle ne sortirait plus; quand elle entendit les sergents de la comtesse lui dire : « De meil- » leures que vous ont péri dans ces supplices », sa réso- lution faiblit et elle fit des révélations. Elle avoua qu'elle avait accompagné Jeanne de Divion ( probablement pour porter l'échelle), le jour où l’on avait caché les lettres de convenances, et elle déclara aussi que mademoiselle de Divion avait composé une fausse lettre attribuée à Thierri de Hérisson. Mahaut assistait à cet interrogatoire. Elle se montra fort Joyeuse et fit donner à Marotte de Béthen- court une belle chambre semée d’herbe verte où on lui servit du bon vin (2). Le lendemain, on la ramena à Arras où, paraît-il, elle continua à faire bonne chère avec les (1) Probablement la sœur de Marguerite de Béthencourt, objet d'une libé- ralité de Mahaut en 1317. Leur frère, Robert de Béthencourt, avait dû quitter l’Artois pour avoir commis un meurtre. (/nv. des Chartes d’ Artois.) (2) Dépositions de Marotte de Béthencourt et d’Alleaume Cacheleu. { 667 ) sergents de la comtesse, dont l’un s'appelait Jean le Cer- voisier ; puis elle feignit d’être malade. On la laissa seule et on ne la retrouva plus. « Qu’est-elle devenue ? » se demandèrent les sergents; « n’aurait-elle pas été enlevée » par le diable (1)? » Cependant maitre Huart de Douvrier, le clerc qui avait dirigé l’interrogatoire de Marotte de Béthencourt au chà- teau de Remy, s'était rendu dans la maison de mademoi- selle de Divion, suivi de couvreurs, de charpentiers, d'ouvriers de tout genre. Pendant trois jours, 1ls cher- chèrent de tous côtés (2). Tandis que ceci se passait, maître Jacquemon Rondelet, qui avait su résister à l'offre d’une chanoïsnie, était arrêté et mis en cep et en fers dans un cachot où la lumière ne pénétrait jamais. « Vous pourrirez dans cette prison » lui dirent brutalement les sergents de Mahaut; mais comme il gardait le silence, on le mit à la torture, et si violem- ment qu'on lui rompit le bras. Maître Rondelet avoua tout alors, en disant, pour se justifier, qu'après un repas, l'esprit appesanti par les fumées du vin se laisse plus aisé- ment entrainer au mal (5). Mahaut, satisfaite de ses aveux, le combla de bienfaits pour lui faire oublier ce qu'il avait souffert (4). Telle était la situation des choses, quand Robert d’Ar- Lois, qui venait d’être, à Amiens, l’un des témoins de (1) Déposition d’Huart de Douvrier. (2) Dépositions de Pierre d’Aix, charpentier, d’Alardin et de Tassart, couvreurs, etc. (5) Æora qua post prandium quilibet homines vino et cibario repleti ad delicta facilius inclinantur. Déposition de Raoul Grimouart. (4) Déposition d’Alleaume Cacheleu. ( 668 ) l'hommage d'Édouard HE, obtint de Philippe de Valois des lettres royales dont il faut citer les premières lignes : « Donné nous a esté à entendre que ou traitté de mariage > de notre très cher-cousin Philippe d'Artois et de Blanche » (le Bretaigne, par notre très-cher et amé cousin Robert » lors comte d'Artois, père dudit Philippes, fu conve- » nancié que la conté d'Artois venroit audit Philippe et » à ses hoirs, fût que ledit Philippes mourût avant sondit » père ou après, et que de cette convenance furent faites » deux paires de lettres, confirmées du roy notre ayeul » en cire verte et en lacs de soye, dont l’une fut mise en » l’archif de notre palais à Paris, et furent enregistrées » en notre cour ès registres: lesquelles lettres ont esté >» fortraittes par notre chère cousine Mahault d'Artois, » qui ores tient ladite comtée, et lesdits registres effacées » affin de osier à notre très-cher frere Robert d'Artois, » comte de Beaumont, ladite comtée à qui elle appartient » par la convenance dessusdite et en li fraudant d’icelle » à son grand grief, dommage et préjudice... Pourquoy » nous voulons pourveoir sur ce à notredit frère comme » il affiert, etc. » Suivait l’ordonnance d’enquête : elle portait la date du 7 juin 1329. L'enquête s'ouvrit, à quelques jours d'intervalle, à Amiens, où se trouvaient le roi et Robert, à Arras, où l’au- torité était exercée par les officiers de Mahaut. À Amiens, on entendit Pierre de Machaut, que l’on citait comme. lun des hommes les plus intègres du XIV”* siècle, et plusieurs chevaliers des plus illustres maisons d'Artois, connus eux-mêmes par de longs services et presque tous fort âgés; car il en était parmi eux qui avaient connu Phi- lippe le Hardi et même saint Louis. À Arras, les commis- saires interrogèrent les baillis et les clercs qui avaient, ( 669 ) par l’ordre de Mahaut, enlevé les meschines de mademoi- selle de Divion; 1ls pressèrent surtout de questions Huart de Douvrier, sur ce qu’il avait fait, pendant trois ou quatre jours, dans la maison, qu’il avait tour à tour fermée avec soin, puis visitée avec une impatiente curiosité. Huart ne s'expliquant point, ils résolurent de se rendre eux-mêmes dans l'hôtel de Jeanne de Divion. Guidés par sa déposi- tion devant les commissaires du roi à Amiens, ils entrérent dans le lardier et s’assurèrent qu'il n’y avait plus de coffret sous la gouttière. « Toutes fois, déclarèrent-ils dans leur » procès-verbal, le lieu où la demoiselle de Divion disoit » que elle avoit mucié (caché) le coffret est bien tel et si » ordené, que on y pourroit mucier un coffret et plus » grande chose. » Les convenances de 1281 ne devaient plus se retrouver : il nous reste à raconter comment Robert crut pouvoir y suppléer pour assurer le triomphe de ses droits. (670) CLASSE DES BEAUX -ARTS. Séance du 9 décembre 1860. M. BaroN, directeur. M. En. Féris, faisant fonctions de secrétaire. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, G. Geefs, Navez, Roelandt, Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Partoes, Baron, De Busscher, membres ; Cala- matla, associé; Siret, correspondant. - M. Kervyn de Lettenhove, membre de la classe des lettres, assiste à la séance. M. Ed. Fétis fait connaître que, M. le secrétaire perpé- tuel se trouvant empêché de se rendre à la séance, il a été invité par lui à remplir ses fonctions. CORRESPONDANCE. « M. lé Ministre de l’intérieur transmet à l’Académie une expédition imprimée d'un arrêté royal dont la teneur suit : (671 ) Rapport au Roi. SIRE, Le gouvernement de Votre Majesté a encouragé, par différents actes , la publication des anciens monuments de la littérature et de l’histoire nationale. Dans un autre ordre de travaux de l'intelligence, le passé nous a légué égale- ment de précieux souvenirs à recueillir et à mettre au jour. Les musiciens belges du XV”* et du XVF”°siècle comp- tent parmi les compositeurs les plus originaux et les plus savants qui illustrèrent les premiers âges de la musique moderne. À côté des noms de Tinctoris, de Josquin Des- prez, d'Adrien Willaert, d'Orlando de Lassus, dont la renommée n'a point pal, il en est un grand nombre d’au- tres qui méritent d’être remis en honneur. Malheureuse- ment les œuvres de nos anciens maîtres sont peu connues des musiciens de nos jours, à cause des changements qui ont élé introduits dans la notation de la musique en usage aux époques où ces ouvrages ont paru. J'ai pensé que l’on rendrait à l’art un service non sans importance, en faisant traduire et publier en notation moderne les principales productions des compositeurs belges du XV”° et du XVI”* siècle. Ce projet a été soumis à l’Académie royale, qui lui a donné son approbation. L'éminent directeur du Conservatoire royal de musique de Bruxelles a bien voulu se charger d'ouvrir, dans cet établissement , un cours de paléographie musicale, et les traducteurs, formés par ses soins, ont appliqué d'abord les connaissances qu’ils ont acquises à la mise en notation moderne du plus grand et du plus fécond des compositeurs belges, Roland de Lattre. Déjà une partie des ouvrages les (672 ) plus remarquables de cet illustre musicien est prête pour l'impression. J'ai l'honneur, Sire, de proposer à Votre Majesté de consacrer le principe de cette restauralion de nos anciens maitres, et de m’autoriser à prendre les mesures que com- portera la publication des principales œuvres de l'école belge au XV”*et au XVI” siècle. J’ai lieu de penser que cette publication, eu égard à son intérêt spécial, pourra se faire à des conditions peu oné- reuses pour le Trésor. Le Ministre de l'Intérieur, CH. RoOGIER. LÉOPOLD, Roi nes BeLces, A tous présents et à venir, SALUT. Sur la proposition de Notre Ministre de l'intérieur, Nous AvONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : ART. 4°. Il sera publié, par les soins du Gouvernement, une collection des œuvres les plus remarquables des anciens com- positeurs belges, traduites en notation moderne. Notre Ministre de l’intérieur prendra les dispositions néces- saires pour cette publication. ArT. 2. Notre Ministre de l'intérieur est chargé de l’exécu- tion du présent arrêté. Donné à Laeken , le 42 novembre 1860. LÉOPOLD. Par le Roi : Le Ministre de l'intérieur, Cu. Rocier. ( 673 ) — M. F. Fétis fait connaître qu'il a été chargé par M. le Ministre de l’intérieur de s'entendre avec différents édi- teurs, et que la publication projetée pourra commencer d'ici à peu de temps. — La classe ayant, dans une séance précédente, ex- primé le désir qu’un dessin pût être Joint à la notice de M. Génard, Sur un triptyque de l’église Saint-Gommaire, à Lierre, il est donné lecture des lettres adressées, à ce sujet, au secrétaire perpétuel, par M. Suys, vice-président . de la Commission royale des monuments. Il résulte de cette correspondance que l'autorisation, nécessaire pour déplacer et photographier le tableau dont il s’agit, a été accordée immédiatement par la Commission des monu- ments , et que la notice de M. Génard recevra ultérieure- ment le complément demandé par la classe. — M. Bal, artiste graveur, adresse un exemplaire de la gravure en taille-douce qu’il a exécutée d’après le tableau de M. Gallait, représentant : Jeanne la Folle. Cette gravure est destinée à concourir pour le prix quinquennal, fondé par la classe le 4° janvier 1856 et dont le terme fatal expire le 31 décembre 1860. Quelques membres demandent que le concours qui va être clos soit, avant sa fermeture, signalé de nouveau à l'attention des artistes; il est décidé qu’une note sera, à cet effet, transmise aux différents journaux. — La classe, accueillant la proposition faite par M. le président de la Compagnie, désigne les membres, qui se- ront chargés de faire partie de la députation qui représen- tera l’Académie au Te Deum, célébré le 16 de ce mois à l'église de Sainte-Gudule. ee ( 674) RAPPORTS. Sur le manuscrit des traités de musique de Jean Tinctoris el sur la traduction française de ces ouvrages; par M. Fr. Fétis, membre de l’Académie. Rapport de M. Van Hasselt. « La classe des beaux-arts ne peut que s’applaudir d’avoir vu l'arrêté royal du 42 novembre dernier rattacher la publication des œuvres des principaux compositeurs belges du XV”° et du XVI" siècle à l’intéressante série des travaux dont l’Académie royale s’est chargée ou qu'elle a provoqués, soit par sa propre initiative, soit par celle de ses membres. Ces grands artistes , qui donnèrent tant d'éclat au nom belge et qui, attachés à la cour des princes les plus ma- gnifiques de leur temps, ou aux cathédrales les plus re- nommées de la chrétienté, fondèrent, dans différents pays de l’Europe, des écoles musicales devenues soudainement célèbres, ces artistes méritaient, à coup sûr, d’être tirés de l'oubli où leurs compositions sont tombées par suite du changement qu’a subi le système de notation suivi par eux. Cette espèce de fouille archéologique, que nous nous félicitons de voir placée sous la savante direction et sous la surveillance de notre confrère M. Fétis, est un pieux et légitime hommage rendu à la mémoire de nos anciens compositeurs de musique. Elle remettra aussi en lumière une foule de productions qui auront leur importance pour ( 675 ) l’histoire de l’art en général et pour l’histoire de l’école belge en particulier. Toutefois, messieurs, dans cette collection, on ne pourra guère étudier que sous une seule face le talent ou le génie de nos anciens compositeurs, c’est-à-dire leur côté pra- tique, s’il m'est permis de m’exprimer de la sorte. A la vérité, on pourra reconnaitre, par voie d'analyse, dans leurs œuvres mêmes, la doctrine ou la théorie musicale qui leur a servi de base. Mais il me semble que, s’il est possible de rattacher aux productions de nos maîtres du XV”° siècle un exposé théorique des différentes parties de la science musicale à cette époque, et de montrer que cette théorie, écrite par un Belge, est antérieure à toute autre, notamment à celle de Gafuri, la plus ancienne con- nue jusqu’à ce jour, nous devons tenir à honneur de con- stater le fait et d'en fournir la preuve au publie savant. Or cette preuve réside précisément dans le manuserit de Tinctoris, sur lequel vous avez bien voulu me charger de vous présenter un rapport. Jusqu'à présent, on ne connaissait qu'un seul écrit théorique de Tinctoris : c’est le Terminorum musicae def- nitorium, imprimé vers la fin du XV”* siècle et classé parmi les raretés bibliographiques ({). Outre ce traité, le manuscrit dont j'ai à vous entretenir en contient dix autres qui n’ont jamais été livrés au public, si dignes qu'ils aient paru depuis longtemps d’être traduits et im- primés. | (1) Haïin, Repertorium bibliographicum quo libri omnes ab arte in- venta ad ann. MD typis expressi ordine alphabetico enumerantur, t. IT, part. IT, p. 415; Forkel, Ælgemeine Geschichte des Musik, 1. IT, p. 457 sqq. 2€ SÉRIE, TOME X. | AT ( 676 ) Ce manuscrit, qui forme un petit volume in-folio de cent vingt-six feuillets à deux colonnes sur la page, date du XV** siècle, époque où Tinctoris vivait encore. Après avoir successivement appartenu à M. Fayolle et à M. Perne, il fait aujourd'hui partie de la précieuse collection de M. Fétis. Présenté, en 1812, à l’Institut impérial de France, par le Ministre de l'intérieur, il fut soumis à l'examen de la classe des beaux-arts de cette compagnie, qui chargea trois de ses membres d'en faire l’objet d’un rapport. Ces trois membres furent Choron, Méhul et Gossec, hommes certainement fort compétents et dont la science nous garantit un examen sérieux des théories de notre Tinctoris. Permettez-moi, messieurs, de vous présenter une ana- lyse succincte du rapport qu'ils formulèrent et dont le texte fut inséré au Moniteur de l'Empire (1). « Les traités de Tinctoris se divisent en trois séries distinctes. » La première série, qui constitue un exposé complet de la séméiotechnie musicale du XV”° siècle, comprend les sept traités intitulés : » 1° Expositio manus (Exposition de la main harmo- nique). C'est le tableau des tons du système renfermés dans les limites des voix, avec la description des lettres, des clefs et des autres signes par lesquels on les représente en eux- mêmes sans égard à la durée; l’auteur y donne la théorie des muances et la description des intervalles. » 2 Liber de natura et proprietate tonorum (Livre de la (1) N°73, an 1815. (677) ñalure el de la propriété des modes). C’est un traité fort bien fait des modes de la musique, selon la doctrine de ce temps. » 5° Tractatus de notis et pausis (Traité des notes et des pauses). C’est une description des notes et des pauses alors en usage. » 4° Tractatus de regulari valore pausarum (Traité de la valeur régulière des pauses). Ce traité, qui fait suite au pré- cédent, est l'exposition de la valeur ordinaire des notes de musique, selon les principes de la division binaire ou ter- naire qui étaient alors l’une et l’autre également usitées el que l’on désignait sous les termes de parfaile et d’im- parfaite. » 5° Liber imperfectionum notarum (Livre de l’imperfec- tion des notes). Ce livre fait voir comment, dans la division parfaite, une note peut devenir imparfaite. » 6° Tractatus allerationum (Traité des altérations). Dans ce traité, l’auteur explique comment une note peut prendre la valeur d’une autre note. » N° 7. Scriptum super punctis musicalibus (Traité des points musicaux). Dans cet écrit, l’auteur traite des diffé- rents points en usage dans la notation de son temps, et qui avaient la propriété de séparer, d'augmenter ou de perfectionner la note. À » La deuxième série se compose des deux traités sui- vants : » N° 8. Liber de arte contrapuncti (Livre sur l’art du contre-point). Ce livre, divisé en trois parties, est un traité fort étendu du contre-point simple. La première s'occupe, avec beaucoup de détails, de la succession des muances; la seconde, des dissonances et de leur emploi; la troi- sième est plus particulièrement consacrée au contre-point; ( 678 ) | elle en prescrit les règles et en donne de nombreux exem- ples. | » N°9. Proportionale musices(Proportionnalde musique). C’est un traité des proportions qu’observent entre eux les signes de musique : proportions qui servent de fondement aux canons et aux autres contre-points artificieux qui Com- mençaient à être connus à l’époque où écrivait Tinctoris. » Enfin, la troisième série comprend deux traités d’un caractère plus général, à savoir : » N°10. Definitorium musices (Définitoire de la musique). C'est un recueil de définitions par ordre alphabétique, et par conséquent , un dictionnaire des termes de musique alors en usage. » N°11. Complexus effectuum musicae (Traité des effets de la musique). Le titre de cet ouvrage en indique suff- samment l’objet.» Cependant qu’il mesoit permis d'ajouter que ce traité ne me paraît être qu’un développement d’une lettre adressée par le célèbre Cassiodore, au nom de Théo- doric, roi des Ostrogoths, à Boëce, à qui ce prince commit le soin de choisir en Italie un citharède, destiné à chanter à la table de Clovis, roi des Frances (1). | Ces différents ouvrages théoriques, ou plutôt didacti- ques, de Tinctoris, sont complets, à l'exception du der- nier, auquel il manque treize chapitres sur vingt et un dont il doit se composer. Mais cette lacune a été heureu- (1) Cassiodori Variarum lib. IT, epist. 40 : « Cum rex Francorum, » convivii nostri fama pellectus, a nobis citharoedum magnis precibus expe- » tisset, etc.» Cette instante prière de Clovis constitue un trait assez carac- téristique dans la vie des premiers chefs francs, et fournit une preuve de plus de l’ardeur avec laquelle ils cherchaient à s’approprier les usages romains. Les scaldes barbares ne leur suflisaient plus; il leur fallait des chantres latins. Cf. Cassiodori libr. de Musica. ( 679 ) sement comblée par M. Fétis, à l’aide d’un manuscrit de ce traité qui se conserve dans la bibliothèque de l’univer- sité de Gand. De sorte que nous possédons la collection tout entière des œuvres didactiques du maître, telle qu’elle est indi- quée par le père Martini, dans son catalogue des auteurs de musique (1). Deux de ces écrits portent une date certaine : c’est, d’abord, celui qui est désigné sous le n° 2 et qui, dédié à Jean Okeghem et à Antoine Busnois, finit par un expli- cit, où 1l est dit que cet ouvrage fut terminé le 6 novem- bre 1476; — c'est, ensuite, celui qui figurè au numéro 8 et dans l'explicit duquel nous lisons que l’œuvre fut ter- minée le 41 octobre 1477. Les traités portant les chiffres 4, 10 et 11 doivent avoir élé écrits avant le 45 novembre 1476; car ils sont adressés à la fille da roi de Naples, Béatrix d'Aragon, que Tinctoris qualifie encore de Virgo, qualification qui ne pouvait plus être donnée à cette princesse, devenue l’é- pouse du célèbre Mathias Corvin, roi de Hongrie, et cou- ronnée reine, à la date qui vient d’être indiquée. Ceux qui portent les numéros 8 et 9 sont adressés à Fer- dinand F*, roi de Naples, et doivent, par conséquent, être antérieurs à l’année 1494, où ce prince mourut. Quelques recherches biographiques sur les personnages auxquels les autres traités sont dédiés, notamment Jean de Lotinis (n° 1) (2), Martin Hanard, chanoine de Cam- (1) Storia della Musica, t. Is, p. 496. (2) L'histoire du droit en Italie nous signale, au XVI®e siècle, un Jean Lottini, jurisconsulte, auteur des Ævvedimenti civil, imprimés à Florence en 1575. ( 680 ) brai et chantre apostolique (n° 3), Jacques Frontin (n° 5) et Guillaume Guinand, jurisconsulte, poëte et premier maitre de chapelle du due de Milan (n°6), —ces recherches, me semble-t-il, pourraient amener différents faits d’où il serait aisé de déduire la date approximative ou certaine à laquelle il faut rapporter chacun des ouvrages dont il s’agit ici, et, par conséquent, d'établir la classification chronologique des écrits de Tinctoris. Ici, messieurs, je reprends les termes du rapport de l'Institut impérial de France sur les travaux de notre cé- lèbre compatriote. « La section de musique, dit-il, n’hé- » site point à déclarer que la traduction et la publication > des œuvres de Jean Tinctoris est d’un grand intérêt » pour l’art musical, et surtout pour l’honneur de l’école » française (4); et voici de quelles raisons elle appuie son » Opinion à cet égard. » Les œuvres de Tinctoris sont importantes pour l'art, » quant à l’érudition et à quant à l’art en lui-même: quant » à l’art en lui-même, parce que, le plan de l’auteur em- » brassant toute la musique pratique, il expose sur toutes » les parties une doctrine d’une exactitude irréprochable. » Sa marche est très- méthodique; ses définitions sont » d’une rigueur et d'une précision remarquables, et ses » développements d’une extrême clarté. Une grande partie » de cette doctrine, et notamment toute celle qui porte » sur le contre-point, est encore en usage aujourd'hui. » Tout ce qu'il dit sur la succession des intervalles est » infiniment supérieur à tout ce qu’on a fait avant lui, et (1) L'expression, école française pouvait être juste à une époque où la Belgique faisait partie de la France. Elle n’est plus de mise aujourd’hui, et il faut la remplacer par celle d'école belge. ( ( ( 681 ) Jajouterai même à tout ce que l’on à depuis écrit sur cette matière, l’une des plus importantes de toute la composition, puisqu'elle en est la première base. » Ces œuvres seraient très-utiles pour l’érudition musi- cale, parce qu’elles contiennent beaucoup de citations et de détails sur une époque où l'histoire de l’art présente jusqu’à ce moment une lacune immense. » Les sept premiers traités sont ce que l’on a fait de mieux sur l’ancienne notation musicale : notation en- tièrement ignorée aujourd’hui, qu'il serait intéressant de connaître, et sur laquelle il n'existe aucun ouvrage propre à être mis entre les mains de toutes sortes de lecteurs, ceux qui en traitaient étant écrits en latin ou en langues étrangères, et étant devenus d’une rareté extrême. Enfin, ces œuvres offrent le résumé de la doc- trine de tout le moyen âge qui, perfectionnée par l’école française (1) de cette époque, peut être regardée comme la liaison de l’antiquité et de l’école moderne : en sorte qu'elles forment une introduction à l'étude de la pre- mière et l’explication d’une partie de la seconde. e 0 e L2 L] e. e L e e » Rien n’est donc mieux motivé ni mieux établi que le mérite de Jean Tinctoris et de ses ouvrages; mais ce qui nous reste à démontrer, c’est que la gloire de l'école française (2) de musique n’y est pas moins intéressée que l'utilité de l’art lui-même. » Nous avons dit, dans une autre occasion, qu'il fut une époque où cette école fut la principale école de mu- sique de l’Europe; c’est un fait que prouve l’histoire de 1) Même observation. 2) Même observation. » ( 682 ) l’art et que prouvent les aveux des auteurs de toutes les nations qu'il n'est pas de notre objet de citer ici; mais c'est un fait que les œuvres de Tinctoris mettront dans la plus haute évidence. » En effet, si l’on étudie ce recueil , et que l’on le com- pare à tout ce qui l’a précédé et à ce qui l’a suivi, on voit clairement : 1° qu’il y a unedistanceimmense, tant pour le fond que pour l’exposition de la doctrine, entre les écrits de cet auteur et ceux de lous ses prédécesseurs; 2° que tous les auteurs qui sont venus après lui dans les diverses nations, pendant plus d’un siècle, tel que Fr. Gafforio, Ornitoparchus, P. Aaron, Vanneo et toute celte foule de didactiques italiens qui se sont succédé jusqu'à Zarlin en 1560, n’ont fait autre chose que de suivre la marche qu’il avait tracée, sans rien ajouter à sa doctrine. Surpassé par Zarlin et ses successeurs à raison des progrès de l’art en diverses parties, 1l leur est demeuré supérieur en toutes celles qui, de son temps, étaient déjà l’objet d’un enseignement positif. » En conséquence, la classe pense qu'il est utile est honorable pour la littérature française, qui est très- pauvre en érudition musicale, que l'ouvrage de Tine- toris, dit Teinturier, soit traduit et imprimé; il prou- vera que la France (1) a eu longtemps la meilleure et la seule école de musique qui existât. Peu de personnes, surtout parmi les musiciens, étant en état de lire l’ou- vrage original, c’est en quelque sorte retrouver et met- tre en circulation un titre littéraire honorable , et l’op- (1) Tinctoris étant Belge, il ne peut s’agir ici de la France dont notre pays ne fait plus partie. ( 683 ) » poser aux étrangers , qui avaient droit d’affecter dans » ce genre une supériorité réelle et une antériorité qu'ils » n'auront plus. » | Malgré le vœu si formellement exprimé dans les con- clusions du rapport présenté à la classe des beaux-arts de l’Institut de France, il ne fut pas donné suite au projet de publier une traduction des œuvres didactiques du célèbre musicien belge. Du reste, les événements politiques, qui se succédèrent en Europe depuis 18153 et qui permettaient déjà de prévoir la chute imminente de l'empire, n'étaient guère de nature à laisser les esprits livrés aux paisibles préoccupations de l’art et de la littérature. Aujourd’hui que la Belgique, rendue à elle-même, re- cherche pieusement et remet en lumière tous les titres qu'elle peut faire valoir dans le domaine des sciences, des lettres et des arts , elle ne saurait se dispenser de réa- liser pour elle-même le vœu exprimé par l'Institut de France en 1815. Il est de son honneur, me semble-t-il, de faire pour Tinctoris ce qu’elle a fait pour Van Maerlant et pour les chroniqueurs publiés par la Commission royale d'histoire, ce qu'elle a décidé de faire pour les principales productions de nos anciens compositeurs de musique, et ce qu'elle fera peut-être un jour pour ceux d’entre nos poëles et nos prosateurs qui ont figuré avec le plus d'éclat dans la littérature du moyen âge. Car je considère l’œu- vre de Tinctoris comme le complément indispensable de la collection dont la publication à été décidée par larrêté royal du 12 novembre dernier. Cette collection attestera le génie et l'habileté créatrice de nos anciens artistes du XVe et du XVI" siècle; l’œuvre de Tinctoris attestera que, sous le rapport des connaissances théoriques, ces maîtres étaient en avant de tous ceux qui, à cette épo- ( 684 ) que , ont figuré en Europe. L'une et l’autre fourniront au monde savant la preuve la plus évidente de la supériorité de nos musiciens dans la pratique aussi bien que dans la science de leur art. À ce sujet je n’ai rien à ajouter au jugement si clair, si bien appuyé, que les trois commis- saires de l’Institut de France ont exprimé dans le rapport dont j'ai eu l'honneur de vous rappeler quelques extraits. La traduction des écrits didactiques de Tinetoris, si instamment réclamée par eux comme un travail qui inté- resse la gloire nationale, la voici toute prête, grâce au zèle de notre savant confrère M. Fétis, qui a déjà enrichi de tant de précieuses découvertes l’histoire de l’art musical, et qui nous donne iei une nouvelle preuve de son dévoue- ment pour tout ce qui peut servir à rehausser le nom belge. Cette traduction, je l'ai collationnée sur le texte du manuserit avec tout le soin que mérite une œuvre si importante, et j'y ai consacré, pendant un mois, les loi- sirs si rares que me laissent les occupations de commis, qui forment les deux tiers de ma besogne officielle. C’est vous prouver, messieurs, quel attrait puissant ce travail a eu pour moi. Aussi Je crois pouvoir vous dire que la version de M. Féus a toute la franchise et la libre allure d'une œuvre originale, et qu'en même temps elle reproduit, avec la fidélité la plus rigoureuse, la pensée de Tinctoris. On y retrouve cette clarté, cette pureté, cette élégance qui distinguent les écrits de notre confrère, et jusqu’à cette naïveté d'expression qui caractérise le maître de cha- pelle du roi Ferdinand [* dans ses dédicaces et dans ses épilogues. Pour rendre sa version plus intelligible et la mettre à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs, le traducteur a eu soin de transerire en notation moderne tous les exemples et tous les modèles que Tinctoris four- ( 685 ) nit à l'appui de ses théories, et qu'il donne naturellement en notation ancienne dans ses différents traités. Quoique le manuscrit qui a servi de base à M. Fétis soit en général fort soigné, il contient cependant quelques leçons défectueuses, qui proviennent évidemment du co- piste à qui le manuscrit est dû et qui résultent, soit de la corruption, soit de l’omission de certains mots. Le tra- ducteur me semble avoir suppléé à ces lacunes et avoir rectifié ces altérations avec la sagacité d’un vrai critique. Il a joint aussi au dernier des onze traités, à celui qui a pour objet les effets de la musique, une suite de notes philologiques qui intéressent l’histoire de l’art musical et qui témoignent à la fois de l'érudition de l’auteur original et de son translateur. Cependant qu'il me soit permis de faire, à ce sujet, quelques observations que je soumets au jugement de notre savant confrère et qui le détermineront peut-être à modifier ou à faire disparaître quatre de ces notes. Dans le chapitre troisième du traité dont il s’agit ici, Tinctoris cite ces vers d'Ovide : SEPT Lyraeque Tibiaque et cantus, animi felicia laeti ArTgumenta, sonant (1). Cette version est conforme au texte de la plupart des éditions classiques du poëte des Métamorphoses, éditions où ce passage est écrit de la manière suivante: JE de ubique lyraeque Tibiaque et cantus, etc. Dans quelques autres éditions, ce même passage est (1) Ovidii Metamorphoseon , lib. IV, v. 759 seqq. ( 686 ) donné d’une autre façon, c’est-à-dire que le mot ubique est remplacé par le mot lotique. Il] me semble qu’en pré- sence de ces variantes, et ne sachant d'une manière pré- cise quel texte Tinctoris à eu sous les yeux, on ne saurait lui reprocher de n’avoir pas cité en entier le passage d’Ovide et d’avoir ignoré peut-être la signification du mot Loti, flûtes lotines, ou faites de lotus, qui, selon Pline (1), servaient plus particulièrement dans les jeux profanes, tandis que les flûtes de buis étaient plus spécialement em- ployées dans les cérémonies religieuses, et appelées pour ce molif tibiae sacrificae. Par conséquent, la note jointe par M. Fétis au texte de notre auteur, n’a pas d’objet bien déterminé. Deuxièmement, je ne pense pas que Tinctoris mérite le reproche d’avoir, dans le septième chapitre du même traité, altéré ou mal compris un texte de l’épître de saint Jacques. Ce texte, ainsi conçu en grec : Kamonaeï Tics év duiy; mpoceuyéo0o. Etdoue tis; Lalléro , est traduit dans les termes suivants par la Vulgate : « Tristatur aliquis ves- trum ? oret. Aequo animo est? psallat. » Or ce sont exac- tement ces mêmes termes qu'emploie Tinctoris. Seulement son copiste, dans un moment de cistraction sans doute, a négligé de ponctuer cette phrase, et a remplacé le mot est par ef. Il s’agit donc simplement de rétablir la ponc- tuation et de rectifier le mot tronqué, pour retrouver le passage intact, comme a dü l'écrire un latiniste aussi dis- tingué que Tinctoris l’était. Quant à la partie de la note que M. Fétis a attachée à ce passage, et qui concerne la fausse application que Tinctoris a faite ici du texte de saint (1) Plinii Histor. natural. lib. XVI, cap. 56. ( 687 ) Jacques, elle est parfaitement exacte. En effet, ce texte ne vient aucunement à l’appui de la proposition que l’auteur développe, à savoir que la musique a le pouvoir de chas- ser la tristesse. Une autre note, qui est jointe au même chapitre, et dans laquelle M. Fétis fait ressortir la justesse avec laquelle Tinctoris a établi le véritable sens d’un vers de Virgile, au moyen d'une ponctuation que les éditeurs et les traduc- teurs de ce poëte n'ont ni comprise n1 admise, cette note me paraît surabondante. Voici pourquoi. Il s’agit ici du passage dans lequel Virgile décrit la douleur du cyclope Polyphême. Quelques textes portent : Trunca manum pinus regit et vestigia firmat. Lanigerae comitantur oves ; ea sola volupias Solamenque mali; de collo fistula pendet (1). Sans doute, il serait beaucoup plus naturel de rappor- ier, comme fait la ponctuation de Tinctoris, les termes sola voluptas solamenque mali au mot fistula, c’est-à-dire de remplacer, par une simple virgule, le point-virgule qu'on met d'ordinaire après le mot mali. Mais il faut obser- ver que les éditions les plus correctes de Virgile ne don- nent pas les mots de collo fistula pendet, qui sont regardés par les critiques les plus compétents comme interpolés dans le but de compléter le vers 6641"°, que Virgile a laissé inachevé, comme il en a laissé beaucoup d’autres. Il y au- rait dès lors une petite modification à faire à celle note. Quatrièmement, dans le chapitre dixième du traité dont je m'occupe, le traducteur attribue à Tinctoris une idée que je ne trouve point exprimée dans le texte original, et à (1) Zérgilii Aeneidos lib IV, v. 659 seqq. ( 688 ). ce propos, il le soupçonne de n'avoir pas compris un pas- sage d’Aristote auquel ce texte fait allusion. Parlant, d’après le philosophe grec, de l'effet que produisait sur ses auditeurs le célèbre joueur de flûte phrygien Olympus, élève (1) ou père (2) de Marsyas, Tinctoris dit : Melodiae Olympi faciunt animas raygtas (les mélodies d'Olympus ren- dent les âmes enthousiastes, ou les plongent dans le ravis- sement). Ces termes ne me semblent en aucune manière vouloir dire que les mélodies ravissent les âmes de l'Olympe. Ce qui prouve, du reste, que l’auteur n’a pas voulu donner à ses paroles cette dernière signification, c’est un texte de Quintilien qu'il cite immédiatement après, et dans lequel il est question d’un homme rendu furieux par un chant du mode phrygien qu’un joueur de flûte venait de faire entendre (3). Je crois donc que toute la note relative à ce passage de Tinctoris devrait disparaître. Je vous demande pardon, messieurs, à vous et à notre honorable confrère, d’être entré dans ces minutieux détails. à propos de quelques simples rectüfications à faire aux savantes annotations qu'il a jointes au texte. Quand on n’est pas riche, on aime à montrer le peu que l’on pos- sède, et c’est ce que votre indulgence voudra bien me pardonner d’avoir fait. D'ailleurs , si l’histoire a ses pala- dins, la science a également les siens; et, s'il leur appar- tient à eux de mettre leur gloire aux grands actes de bravoure, laissez du moins à l’humble servant d'armes celle d'effacer çà et là de l'épée de son maître quelque légère piqûre de rouille. — ———————_—_—_—_——_—_— —— (1) Platon, Conviv. 215 b., édit. Stephan. ; Aristophan., Equit. 9. (2) Apollodor., I, 4, 2. | (5) Quintilian., Znstit. orator. lib. 1, cap. 10, À 55. (689) Maintenant, messieurs, j'arrive à la transcription du manuscrit original, que j'ai collationné en partie sur le texte primitif. Elle présente un certain nombre de discor- dances de leçons, qui proviennent de ce que le copiste n’a pu jusqu'ici procéder lui-même au collationnement de son travail, mais qu'il sera fort aisé de faire disparaître au moment de la correction des épreuves, si l’on se décide à imprimer le texte latin en regard de la traduction fran- çaise. Ces discordances ne portent, en général, que sur des mots altérés, lus incorrectement ou omis. Cependant, il en est deux qui ne manquent pas d’une certaine importance en ce qu’elles rendent tout à fait in- intelligibles les passages où elles se rencontrent. À la vérité, elles n'ont pas exercé une influence bien sensible sur la traduction française de ces mêmes passages, dont M. Fétis a parfaitement saisi et rendu la portée. Mais elles ont donné lieu à des notes critiques qui signalent une double corruption de texte et qui n’ont plus leur raison d’être lorsqu'on rétablit ces passages tels qu'une lecture attentive les fait reconnaître dans le manuserit lui-même, après une étude approfondie du système de l’abréviation suivi par le scribe du XV”* siècle. Le premier de ces deux textes, voici comment Je l'ai lu dans le manuscrit, feuillet 3 verso, première colonne, ligne première, où Tinctoris parle de la quatrième clef ou b rond : « Nec praetereundum est quod etiam ista clavi » quarta, seilicet b rotundo utimur in omui loco in quo » fa irregulariter canitur. » Ce qui signifie : « Il ne faut » pas laisser ignorer que nous nous servons également de celte quatrième clef, c’est-à-dire du b rond, dans tous » les lieux où l’on chante accidentellement par fa. » Dans la copie le même passage est écrit comme suit : y ( 690 ) » Nec praetereundum est quod etiam ista clavi, sct- > licet b rotundo, in omni loco in quo fa irregulariter » Çanitur. » Le copisie ayant, comme il le dit dans une note, pris le mot quarta pour quadrata, d'où devait nécessairement ré- sulter un non-sens, puisqu'il s’agit ici du b rond et non pas du b carré, a également fait disparaître le verbe utimur, qui cependant est indispensable pour empêcher la phrase d'être boiteuse. En lisant, d’après le manuserit, quarta au lieu de quadrata et en rétablissant le verbe utimur, on oblient un texte parfaitement clair et parfaitement con- forme à la pensée que Tinctoris a voulu exprimer. Quant au deuxième passage, dont la leçon, donnée par la copie, me paraît erronée, voici comment je l’ai lu dans le manuserit, feuillet 10 recto, 2°° colonne, ligne 22°° et suivantes : « Herclè et antequam et postquam hoc Pro- » portionale edidissem , consideraticni ejus contenti » operosissime vacavi, aC in memoriam quicquid im eo » dixerim revocans, me hactenus vera praecepisse, nec » indigne vestros errores circa praefata proportionum » signa reprehendisse constantissima mente confiteor. » Ce qui signifie : « Je puis affirmer, qu'avant aussi bien » qu'après la publication de ce Proportionnal, je me suis » appliqué avec le plus grand soin à en peser le contenu; » et,en me rappelant tout ce que j'ai dit dans ce travail, » Je soutiens fermement que je n’y ai rien prescrit que » de vrai, sans avoir d’une manière inconvenante attaqué » les erreurs que vous avez faites au sujet des signes de » proporlion prémentionnés. » Or, dans la transcription du manuscrit, page 50, le même passage est reproduit de la manière qui suit : « Et » antequam et positquam hoc Proportionale edidissem , ( 691 ) » considerabam omnis contenti operissime vacavi, at in » memoriam quidquid in eo dixerim revocans, me hacte- » nus vera praecepisse nec indigne veros errores Circa » praefata proporlionum signa reprehendisse constantis- > sima mente confiteor. » La transformation des termes considerationi ejus en ceux de considerabam omnis rend le texte inintelligible; et, plus loin, le changement de ves- tros errores en veros errores, outre qu'il ne présente pas de sens positif, Ôte à la proposition tout son caractère ; car il faut remarquer que, dans le prologue auquel ce texte appartient, Tinctoris prend à partie ses confrères, Okeghem et Busnois, auxquels 1l reproche de s'être mé- pris sur les signes des proportions, et combat les erreurs où ils étaient tombés, ce qui justifie l'expression de ves- tros errores. | Je pense donc que les deux passages que je viens de citer devront être rectifiés dans le sens indiqué plus haut, lorsqu'il s'agira de collationner la copie du manuscrit latin. Après ce qui vient d’être dit, je n'ai presque plus besoin, messieurs, de formuler une conclusion, que vous avez pressentie depuis le début du rapport dont j'ai l'honneur de vous faire lecture. Je le répète, mon opinion est que la publication de la traduction de l’œuvre de Tinctoris intéresse au plus haut degré l’histoire de l’école de musique belge, et que ce tra- vail forme un complément naturel de la publication dé- cidée par l'arrêté royal du 12 novembre dernier. Aussi, messieurs, j'ai l'honneur de vous proposer de voter une demande tendante à obtenir de M. le Ministre de l’intérieur, soit un subside spécial destiné à couvrir les frais d'impression du travail de Tinctoris, traduction avec 2€ SÉRIE, TOME X. 48 ( 692 ) texte en regard, soit l'admission de ce volume parmi ceux dont sera formée la collection des œuvres de nos anciens compositeurs belges. » Bapport de M. Snel. MESSIEURS, « Chargé de vous rendre compte de la traduction fran- çaise que notre honorable confrère M. Fétis à faite des œuvres didactiques de Tinctoris , je viens vous faire con- naître l'impression que la lecture de ce manuscrit m'a laissée. Je ne crois pas devoir entrer dans l’analyse détaillée des onze traités dont se compose le travail de l’ancien compo- siteur de Nivelles. Elle a été faite d’une manière suffisamment lumineuse par MM. Choron, Méhul et Gossec, dans le rapport pré- senté par ces artistes célèbres à lInstitut impérial de France en 1813; et elle vient de vous être citée en partie par notre honorable confrère, M. Van Hasselt, dans le rapport dont il vous a fait lecture et dont il m’a donné communication. Je me bornerai à vous dire, Messieurs, que je n’ai pu lire l’œuvre de Tinctoris sans éprouver un vif étonnement, ou mieux encore, sans ressentir un légitime orgueil pour notre patrie qui à produit, dès le milieu du XV”* siècle, un homme aussi avancé dans la théorie de l’art musical; car, non-seulement on y trouve, comme disent très-bien les rapporteurs de l’Institut, les lumières les plus complètes sur l’ancien système de notation et sur toute la musique ( 693 ) pratique, telle qu'elle était connue à l'époque où vivait l’auteur, mais encore on y reconnait, particulièrement sous le rapport du contre-point, une science que personne, jus- qu'à présent, n’avait cru trouver si loin dans le passé et qu'il est de notre honneur de constater publiquement. Désormais ce n’est plus à Gafury, mais ce sera plus haut, c'est-à-dire à Tinctoris que l’on devra faire remonter une doctrine, la seule qui ait animé l’art musical jusqu’au mi- lieu du XV[I"* siècle. La preuve authentique en sera four- nie au monde savant par le manuscrit que nous avons là devant nous. | Ce travail, Messieurs, je ne l’ai pas seulement examiné quant au fond, qui est partout substantiel, et quant à la forme, qui est d’une clarté et d'une précision remarquables, mais encore j'ai vérifié la traduction en notation moderne de tous les exemples donnés par Tinctoris, traduction dont j'ai constaté la rigoureuse exactitude, Je ne pense pas, Messieurs, qu'après la lecture de cette œuvre, on puisse se refuser un seul instant à reconnaître le haut mérite du travail qui est soumis à votre apprécia- tion. Au nombre des productions de nos anciens écrivains qui, depuis quelques années, ont été mises en lumière, il en est peu dont la publication ferait autant d'honneur à la Belgique que celle des écrits de Tinctoris; car 1l doit en résulter pour nous la preuve la plus irrécusable que notre école de musique fut la première et la plus ancienne qu’il y ait eu en Europe. En outre, ce travail me semble consti- tuer un corollaire indispensable de la collection des œuvres les plus remarquables des compositeurs belges du XVre ei du XVI"* siècle, que le Gouvernement s’est décidé à faire traduire et publier en notation moderne. En-conséquence, Messieurs, je conclus en vous priant ( 694 ) de rechercher le moyen de publier le texte de l’œuvre de Tinctoris, avec la traduction qui en a été faite par M. Fétis. Ce sera là une chose aussi utile à la science qu'honorable pour le Gouvernement belge. » Conformément aux conclusions de ces commissaires, la classe décide qu’une demande sera adressée au Ministre, soit pour obtenir un subside spécial destiné à couvrir les frais d'impression du travail de Tinctoris (traduction avec texle en regard), soit pour obtenir l'admission de ee vo- lume parmi la collection des œuvres des anciens composi- teurs belges. Elle décide également que des exemplaires des rapports de MM. Van Hasselt et Snel seront transmis à M. le Ministre de l’intérieur. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. M. Éd. Fétis fait connaître, en qualité de secrétaire de la Caisse centrale, que S. A. R. le Duc de Brabant a bien voulu donner un nouveau témoignage de la sympathie que lui inspire cette institution en la gratifiant d’un don de trois cents francs. La classe accueille cette communication avec un senti- ment de gratitude et décide que des remerciments seront adressés à Son Altesse Royale. (695 ) CLASSE DES SCIENCES, Séance du 15 décembre 1860. M. Van BENEDEN, directeur. M. LuaGreE, vice-directeur, faisant fonctions de secrétaire. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wes- mael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, Ad. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Duprez, Bras- seur, Poelman, Dewalque, Jules d'Udekem, membres; Lamarle, associé. M. Gachard, président de l’Académie et membre de la classe des lettres , assiste à la séance. rem EE CORRESPONDANCE. M. Jules Van Praet, Ministre de la maison du Roi, fait connaître que Sa Majesté a le regret de ne pouvoir as- sister à la séance publique du 16 de ce mois, et qu'elle charge le secrétaire perpétuel de transmettre ses excuses et ses remerciments à MM. les membres de l’Académie. S. À. R. le Duc de Brabant se fait également excuser ( 696 ) de ne pouvoir se rendre à cette solennité académique. L'Académie royale des sciences de Prusse et la Société géologique impériale de Vienne remercient la compagnie pour l'envoi de ses dernières publications. M. le vicomte de Seisal, ministre plénipotentiaire de Portugal à Bruxelles, transmet à l’Académie les fac-si- mile de plusieurs anciennes cartes d'Afrique, qui se trou- vent au Musée britannique et qui tendent à établir la priorité des Portugais pour les découvertes faites dans l’intérieur de cette contrée, découvertes que les voyageurs anglais se sont attribuées récemment. Ces fac-simile sont offerts au nom de M. le comte de Lavradio, qui les a fait exécuter à Londres. — Remerciments. A — M. Gilbert, professeur à la faculté des sciences de l'université de Louvain, fait parvenir une notice manu- scrite intitulée : Remarques sur la théorie des équations différentielles linéaires. Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. Lamarle et Timmermans. rem ms = RAPPORTS. . MM. Schaar et Brasseur donnent successivement lec- ture de leurs rapports sur un mémoire de M. Lamarle, intitulé : Exposé géométrique des calculs différentiel et in- tégral. Conformément aux conclusions présentées par les rapporteurs, la classe vote l'impression de ce travail dans le recueil des mémoires in-8°. ( 697 ) CONCOURS DE 1860. La classe avait inscrit cinq questions à son programme de concours; elle n’a reçu de réponse qu’à une seule, celle formulée dans les termes suivants : On demande d'exposer la théorie probable des étoiles filantes, et d'indiquer les hauteurs ou elles se forment, ap- paraissent et S'éteignent, en appuyant celte théorie sur les faits observés. Les deux mémoires adressés à l’Académie et consacrés à résoudre cette question, portent pour devise : 1° Vocturnasque faces coeli sublime volantes, Nonne vides longos flammarum ducere tractus, In quascumque dedit partes natura meatum. (Lucrenius, De Rerum natura, lib. IT.) 2% Un des plus nobles devoirs de l’homme est d'apporter, en raison de ses facultés, son contingent au dépôt commun des sciences. Æapypoz:t de F. Ad. Quetelet. « Deux mémoires ontété reçus par l’Académie ; et tous deux n’ont considéré malheureusement qu'un côté de la question inscrite au programme. L'un de ces travaux cependant, celui qui porte pour devise : Nocturnasque faces coeli, est moins incomplet que l’autre; mais il ne peut être considéré que comme un assemblage de ma- ( 698 ) tériaux. L'auteur ne paraît pas avoir eu le temps d’em- brasser le sujet indiqué dans toute son étendue. La question était posée d’une manière générale : l’on demandait d'appuyer la théorie sur les faits observés et non sur quelques faits particuliers. Les noms de Brandès, Benzenberg et Chladni ne sont pas même cités une seule fois dans le mémoire ; et il en est de même de ceux d'OI- bers, d'Herschel, de Bogulawski , d’'Herrick, etc. La question des étoiles filantes se résout donc unique- ment par les travaux de l’auteur, qui se sert de ses ob- servations et de celles de ses amis. Voyons cependant comment il a traité son sujet, en faisant d’une question générale une question tout à fait particulière. Le mémoire se compose de deux volumes in-4° de plus de 500 pages, mais dont le texte n’en forme guère plus de 25 à 50; le surplus est consacré à des résultats de cal- culs et à des constructions graphiques. Il est évident qu’au lieu de donner des résultats numériques et une figure. pour chaque météore, vu de deux ou de plusieurs lieux, l’auteur pouvait beaucoup abréger sa besogne, en indi- . quant nettement les formules dont il a fait usage et en don- nant un seul exemple de calcul pour expliquer sa méthode. Quoi qu’il en soit, j'accepte les résultats calculés comme exacts, et les procédés graphiques comme re laissant rien à désirer, bien qu'il y ait peut-être sujet à contester sur ce point. L'auteur s'occupe d’abord de recherches sur les trajec- toires moyennes et sur les centres d'émanation pour les étoiles périodiques des mois de juillet, août, octobre, novembre et décembre : ces étoiles sont au nombre de 92; pour lesquelles il trouve 13 centres d’émanation dif- férents : « il a cherché, de plus, à dériver des trajectoires ( 699 ) » moyennes, de nouvelles trajectoires moyennes de second » ordre, » page 10, 1% vol. On reconnaitra que 92 étoiles filantes, observées de plu- sieurs points, sont bien peu nombreuses pour déterminer 15 centres d'émanation; et encore ces centres ont-ils plu- sieurs trajectoires moyennes de second ordre. Quoi qu'il en soit, ils se distribuent ainsi qu’il suit, pour onze an- pées : 52 étoiles filantes, du 1*au 20 août. 8 » » du 2 au 50 juillet. 10 » » du 5 au 51 octobre. PAU En » du 3 au 15 novembre. > » du 2 au 13 décembre. Outre ces différents centres indiqués pour cinq mois de l’année, il en existe encore plusieurs pour les autres mois, mais qui ont été moins examinés. L'auteur n’avait pas les éléments suffisants pour déterminer ceux-ci : nous ne nous arrêterons donc pas à les considérer. Il existe différentes méthodes pour le calcul des étoiles filantes (1). L'auteur prend de préférence celle de Bessel , qu'il dit être la même que celle de M. Heis; « mais sou- » vent, ajoute-t-il, une construction géométrique donne » des résultats plus exacts. » Il est à regretter que ses for- mules soient plutôt indiquées que démontrées : cette la- cune est fàächeuse à côté de deux volumes remplis à peu près exclusivemeni de constructions et d’applications. Cepeudant ces deux volumes méritent l'attention de l'Académie; on sent que l’auteur, sans avoir résolu la (1) Nous en avons indiqué trois dans la Correspondance mathématique (t. IX, pp. 180 et suiv.; 1837) : l’une d’Olbers, une autre de Brandès et une autre que j'ai publiée moi-même. ( 700 ) question, a le mérite d’avoir préparé des éléments qui peuvent l’élucider. Voici quelques-uns des points de la question que l’au- teur avail à examiner : Les étoiles filantes sont-elles d’origine cosmique? se forment -elles dans l’atmosphère ou sur notre globe ? L'auteur se prononce pour la première question, mais sans la discuter. Cette question est cependant de la plus grande importance; elle à constamment occupé les savants qui ont le plus étudié les étoiles filantes, notamment Brandès, Benzenberg et Chladni. Leurs doutes, eroyons-nous, pro- venaient de l'ignorance où nous sommes encore sur les vrais éléments de la constitution atmosphérique. Les trajectoires de ces météores sont-elles des lignes droites ou des courbes? Cette question n’est pas examinée : l’auteur cependant ne parle jamais, dans ses constructions, que de trajectoires rectiligues. Les trajectoires se prolongent-elles jusqu’à la terre? L'auteur, comme concluaient Benzenberg et Brandès, et comme j'ai cru pouvoir le faire aussi d’après le système d'observation établi en Belgique, pense que les étoiles filantes cessent d’être lumineuses à une certaine distance de la terre. Il croit que cette distance est d'environ 14 à 15 milles géographiques, quoiqu'il en trouve de plus hautes et de plus basses. « Il est très-remarquable, dit-il (tome I, page 215), » que les étoiles s’éteignent dans une hauteur moyenne » de 11,7 mêtres géographiques, qui est presque égale à la » hauteur qu'on donne à notre atmosphère. Il est très- >» Curieux de voir que les météores , au lieu de s’allumer » en entrant dans l’atmosphère, comme on le eroit ordi- » nairement, s'éteignent plutôt. » (704 ) Le calcul de l’auteur peut donner lieu à des critiques, mais nous admettrons, avec lui et ses prédécesseurs, que les étoiles filantes s'éteignent, en effet, en descendant vers la terre. Mais, si elles marchent en ligne droite, que deviennent-elles ensuite quoique éteintes? D'où vient que, pendant les plus grandes apparitions, depuis que l'ob- servation procède d’une manière régulière, personne n'ait pu se vanter d’avoir tenu une étoile filante entre les mains ou même d'en avoir vu les vestiges. L'auteur trouve, pour vitesse absolue d’une étoile filante, 4 à 10 milles géométriques ; mais son résultat n’est dé- duii que de cinq observations (t. [, p. 220) : j'avais, ainsi que Brandès, trouvé à peu près le même résultat. Ces nombres sont évidemment trop faibles, parce qu'il faut tenir compte de la direction de la terre et de celle de l'étoile filante. Nous ne nous arrêterons pas à tous les problèmes qui peuvent se présenter et que l’auteur ne paraît pas avoir eu le temps d'examiner. Nous regrettons, toutefois, de ne pas même lire un mot sur une des questions les plus importantes , sur la fréquence habituelle des étoiles fi- lantes, sur ce qui influe par rapport à leur nombre selon les pays, selon les époques de l’année et selon les heures de la nuit. L'auteur, en rejetant tout ce qui avait été fait avant lui et autour de lui sur le sujet important qui l’occupe, n’a pu, on le conçoit, prendre là question dans tout son ensemble, ni en déduire les conséquences légitimes et nécessaires. Nous persistons à croire que la question sur les étoiles filantes est une des plus intéressantes que l’on puisse pro- poser, parce qu'aucune ne fera mieux sentir, indépen- (702 ) _ damment de son importance spéciale, l’état d'ignorance où nous sommes encore sur la forme et les vraies lois de notre atmosphère. Nous sommes donc d'avis de remettre la question au concours pour 1862, et de ne pas publier les résultats calculés par l’auteur; il est juste de lui en garantir la propriété. Agir différemment serait d’ailleurs méconnaître ses droits et mettre ses pensées et ses écrits à la disposition de ses compétiteurs. » HBapport de DM. F. Duprez. « L’Académie à reçu deux mémoires en réponse à la question relative aux étoiles filantes. Le premier de ces mémoires, qui a pour devise: Un des plus nobles devoirs de l’homme est d'apporter, en raison de ses facultés, son contingent au dépôt commun des sciences, n’est qu’un court exposé de l’état de nos connaissances sur les étoiles filantes et les bolides. Cet exposé, quoique incomplet, ne manque pas de mérite; mais il suffit d’une simple lecture pour se convaincre qu'il ne satisfait point à la question. Le second mémoire, ayant pour épigraphe ces vers de Lucrèce : Nocturnasque faces coeli sublime volantes, Nonne vides longos flammarum ducere tractus, In quascumque dedit partes natura meatum. présente plus d'importance. Il est divisé en deux parties, dont la première traite des centres d’émanation des étoiles filantes, et peut être considérée comme faisant suite à un travail que M. Heis, de Münster, a publié sur le ( 703 ) même sujet. Antérieurement à cette dernière publication, notre honorable secrétaire avait déjà appelé l'attention des observateurs sur l'existence d’un point du ciel d’où les météores périodiques du 10 août paraissent rayonner. En traçant et en prolongeant sur une sphère céleste les tra- jectoires d’un grand nombre d'étoiles filantes observées de 1839 à 1849, M. Heis avait montré, de son côté, qu'il existe treize centres d’émanation des étoiles filantes pério- diques des mois d'août, de septembre, d'octobre, de no- vembre et de décembre. L'auteur du mémoire soumis à notre examen confirme l'existence de ces centres d’éma- nation, par la discussion de plus de six mille observations faites par lui-même et par d’autres pendant les années 1849 à 1860, et les positions qu’il leur assigne, pour les mêmes mois, ne diffèrent pas beaucoup, en général, de celles que M. Heis avait indiquées. Il cherche, en outre, à établir, au moyen de ses propres observations, les points d’où paraissent diverger les trajectoires des étoiles filantes qui se montrent dans les autres mois de l’année, et qui sont généralement connues sous le nom de spora- diques ; mais ses observations sont évidemment trop peu nombreuses pour permettre d'en déduire quelque conclu- Sion. Dans la seconde partie de son mémoire, l’auteur expose les deux constructions graphiques qui lui ont servi à dé- terminer les hauteurs des points d'apparition et des points d'extinction de cent quatre étoiles filantes ou bolides ob- servés simultanément en divers lieux, et se rapportant en grande partie à la période du mois d’août. Par l’applica- tion de ces deux constructions, il trouve 132 kilomètres pour la hauteur moyenne des premiers points et 87 kilo- mètres pour celle des seconds. A ces hauteurs, il joint les ( 704 ) longueurs des trajectoires parcourues, les inclinaisons de celles-ci par rapport à l'horizon, et, dans le cas de don- nées suffisantes, les vitesses des météores observés. Cette seconde partie est accompagnée d’un volume de planches, contenant, pour chaque étoile filante ou bolide, celle des deux constructions graphiques employées. Il m'a paru résulter de l’examen de ce second mémoire que l’auteur n’a répondu qu’à une partie de la question. La théorie probable des étoiles filantes, que l’on deman- dait d'exposer, y est à peine eflleurée. Au lieu de la traiter avec tout le soin qu'il convient à ce point important, de discuter les diverses opinions émises et d'établir jusqu'où elles s'accordent avec les faits observés, l’auteur se borne à énoncer en quelques lignes ses idées sur la nature des météores qui font l’objet de son travail. D'autre part, je crois qu’il était inutile de rapporter, dans un volume de planches, toutes les constructions graphiques qui ont donné les hauteurs des points d'apparition et des points d'extinction ; les deux méthodes graphiques étant expo- sées d’une manière claire et correcte, l’auteur pouvait, il me semble, se contenter d'indiquer simplement, pour chaque étoile filante ou bolide, les éléments ou données . nécessaires à l'application de ces méthodes; seulement j'aurais désiré, comme moyen de contrôle, qu'il eût indi- qué en même temps les sources où il avait puisé ces don- nées, à moins qu'il ne s’agit d'observations qui lui étaient propres. J'ajouterai une dernière remarque : on voit que l’auteur écrit dans une langue qui n’est pas la sienne; son travail, peu clair en différents endroits, présente de si nombreuses incorrections de style, qu’il aurait été impos- sible de l’imprimer, lors même qu'il eût répondu parfai- tement à la question. (705) Afin de laisser aux auteurs le temps de modifier et de compléter les deux mémoires qui font l’objet de ce rap- port, et dans l’espoir que d’autres concurrents entreront en lice, j'ai l'honneur de proposer à l’Académie de remet- tre la question au concours. » — Rapport du snajor Liagre. « Je partage l'opinion de mes honorables collègues MM. Ad. Quetelet et Duprez, relativement au peu d’im- portance du mémoire n° 1, portant pour épigraphe : Un des plus nobles devoirs de l’homme, etc. Je suis également d'avis avec eux que l’auteur du mé- moire n° 2, portant pour épigraphe : Nocturnasque faces coeli, etc., n’a pas complétement résolu la question pro- posée par la classe, en ce qui concerne la théorie phy- sique des étoiles filantes; qu'il a négligé de discuter les diverses opinions émises jusqu'aujourd'hui sur la nature de ce phénomène mystérieux ; que son style décèle un idiome étranger ; enfin, que le volume de planches est inutile. Mais ce mémoire me paraît sagement et sobre- ment pensé, et il renferme surtout un irès-grand nombre d'observations qui sont le fruit d’un travail digne d’éloges. On sait, d’ailleurs, combien il est difficile d'obtenir le con- cours d'hommes réunissant la capacité et le dévouement nécessaires pour faire, en divers endroits, des observa- tions contemporaines sur les étoiles filantes. A ce point de vue, nous trouvons ici des documents utiles et bien coor- donnés, auxquels le nom de l’auteur et ceux de ses colla- borateurs ne feraient, sans doute, qu’ajouter un nouveau ms ( 706 ) prix. Le calcul de la position des divers centres d’émana- tion; celui de la hauteur à laquelle les étoiles filantes ap- paraissent et s’éteignent; celui de la longueur de leurs trajectoires, de leurs vitesses apparentes ou réelles, etc., constituent aussi des matériaux intéressants, propres à conduire à la solution future de la question délicate pro- posée par la classe et dignes, par conséquent, d’être re- cueillis par elle. Concluant donc, avec mes deux collègues, qu'il n’y a pas lieu de décerner le prix, je proposerai cependant à la classe d'accorder une mention honorable à l’auteur du mémoire n° 2, et de voter l'impression du texte de ce mé- moire, si l’auteur consent : 1° A faire connaître son nom et ceux de ses collabo- raleurs, ainsi que les sources où il a puisé; 2° À laisser modilier son travail sous le rapport du style. IL serait aussi à désirer que l’auteur réduisit en kilo- mètres les hauteurs et les distances qu'il à exprimées en milles. En émettant ce vœu, l’Académie saisirait l’occa- sion de manifester sa manière de voir au sujet de l’uni- formité de mesure, si désirable én toute circonstance, mais surtout dans les données numériques fournies par la science. » La classe décide que la question restera inscrite au programme du prochain concours et qu'il n’y à pas lieu à décerner un prix. Elle accorde néanmoins une men- tion honorable au mémoire n° 2 et elle en vote l’impres- sion, si l’auteur la demande et s’il accepte, en outre les conditions spécifiées par l’un des rapporteurs: 1° De faire connaître son nom et ceux des collabora- ( 707 ) teurs qui l'ont aidé dans ses observations, ou à indiquer les sources où il a puisé ses résultats; 2° A laisser modifier son travail sous le rapport du style, qui décèle trop l'habitude d'employer un idiome étranger. ÉLECTIONS. Pour compléter le nombre des correspondants déter- miné par les statuts organiques, la classe avait la faculté de procéder à trois nominations; elle a décidé d’ajour- ner provisoirement ces élections et elle a simplement pourvu au remplacement du seul associé décédé pendant le cours de l’année : M. Gérard Vrolik, naturaliste hol- landaïis. En vertu de cette décision et conformément à la pré- sentation de la section des sciences naturelles, les suffrages se sont portés sur M. Guillaume Vrolik, secrétaire général de l’Académie royale des sciences d'Amsterdam. penseurs éd COMMUNICATIONS ET LECTURES. La classe arrête le programme de sa séance publique du lendemain et entend successivement la lecture : 1° Du discours de M. Van Beneden directeur de la classe; 2 D'une Notice sur la vie et les travaux de Ch. Lenor- 2° SÉRIE, TOME X. 49 ( 708 ) mant, associé de l’Académie, par M. le baron de Witte, membre de la classe des lettres. M. Melsens dépose un travail qu’il se réserve de lire et, au besoin, de compléter à une prochaine réunion; ce tra- vail est intitulé : Note sur les épreuves des poudres de guerre, de mine et de chasse et sur quelques phénomenes de la déflagration des poudres. ( 709 ) Séance publique du 16 décembre 1860. M. Van BENEDEN, directeur de la classe, occupe le fau- teuil; M. Lracre, vice-directeur, M. Gacnarp, directeur de la classe des lettres et président de l’Académie, et M. Baron, directeur de la classe des beaux-arts, prennent place au bureau. Sont présents : Classe des sciences : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wesmael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninek, À. De Vaux, de Selys-Longchamps, Nyst, Gluge, Melsens, Ne- renburger, Schaar, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewal- que, d'Udekem, membres. Classe des lettres : MM. De Decker, Faider, Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, membres; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Wauters, correspondant. Classe des beaux-arts : MM. Alvin, F. Fétis, Van Has- selt, Jos. Geefs, Partoes, E. Fétis, De Busscher, membres. Le directeur de la classe, M. Van Beneden, ouvre la séance par le discours suivant : MESSIEURS, Le 4* janvier 1835, avant de quitter le fauteuil de la présidence, M. Quetelet, appelé au poste élevé de secré- taire perpétuel par les libres suffrages de ses collègues, fit la proposition d'organiser tous les ans une séance pu- blique le 16 décembre, jour de la fondation de l’Académie ( 740 ) par Marie-Thérèse et anniversaire de la naissance du Roi. Il y a Lout juste vingt-cinq ans aujourd’hui que le baron de Stassart inaugurait cette première séance publique par un discours parfaitement approprié à la circonstance, et, dix ans plus tard, c’est-à-dire en 1845, le Roi, ayant dai- gné installer [ui-même la nouvelle Académie, le baron de Stassart adressa les paroles suivantes à notre auguste souverain : « Sire, disait-il, le jour où Votre Majesté daigne venir elle-même installer l’Académie, réorganisée par sa bien- veillante sollicitude, doit faire époque dans l’histoire des sciences, des lettres et des arts. C’est un jour heureux, dont le souvenir restera profondément gravé dans nos cœurs. » J'aime à rappeler ces paroles, et, si l’Académie ne peut aujourd'hui s'adresser directement au Roi, elle pourra du moins joindre sa voix à celle de la nation, qui, de l’une à l’autre extrémité du pays, vient d’acclamer, avec tant d'enthousiasme, le digne souverain qui préside à ses des- tinées. Si déjà le commerce et l’industrie, les forces vives du pays, se sont unis à la grande voix populaire pour faire remonter jusqu'au pied du trône l'expression de leurs sentiments d’attachement, l’Académie à son tour, avant que cette brillante page de 1860 soit tournée, est heu- reuse d'ajouter à ce concert unanime de louanges l’ex- pression de son profond et respectueux dévouement. Et puisque, en ce jour solennel , je me rends l'organe des sentiments dont nous sommes tous animés, qu'il me soit permis, Messieurs, de citer un autre nom qui, depuis longtemps , se trouve entouré de toutes nos sympathies. Si le premier bienfaiteur de l’Académie est le Roï, qui nous a donné l’ordre, la paix et la prospérité, le second bien- (T1) faiteur est M. Quetelet , notre honorable secrétaire perpé- tuel. C’est à son concours intelligent, à son incessante acti- vité et à la haute position qu'il s'est créée dans le monde savant, que l’Académie de Belgique est, en grande partie, redevable du rang élevé qu’elle occupe dans l'opinion du pays et de l'étranger. Empressée de saisir une occasion de témoigner à M. Que- telet son affectueuse sympathie et d’acquitter envers son secrétaire perpétuel une dette de reconnaissance, l'Acadé- mie a décidé, à l'unanimité des suffrages, qu'une médaille serait frappée à son honneur, à l’occasion du vingt-cin- quième anniversaire de son entrée en fonction. Dans cette circonstance, le Gouvernement a bien voulu de nouveau témoigner à l’Académie et à ses membres tout l'intérêt qu'il porte à leurs travaux. Par sa lettre du 5 no- vembre dernier, M. le Ministre de l'Intérieur a fait savoir au président que le Gouvernement désire s'associer, autant qu'il est en son pouvoir, à la démarche de l’Académie, en contribuant pour la moitié à l'offre et à la dépense de la mé- daille. Ainsi qu’on devait s’y attendre, toutes les classes ont accueilli cette intervention bienveillante de l’administra- tion centrale avec autant d'empressement que de gratitude. Par sa position, la Belgique ne peut prétendre à d'autre gloire que celle qui résulte du progrès des sciences, des lettres, des arts et de l’industrie; mais, ainsi que l’a si bien dit M. de Lamartine, la grandeur des nations ne se mesure plus qu’à l'échelle des intelligences. Ce n’est plus le nombre de bras qu’un pays doit exhiber pour être grand, mais bien le produit de son activité intellectuelle et mo- rale; et, sous ce rapport, personne n’a plus de droit à nos hommages que celui qui a tant contribué à pousser la nation dans la voie de sa véritable grandeur. ( 172 ) Proclamer cette reconnaissance, c’est entrer directe- ment dans la mission que les compagnies savantes sont appelées à remplir au dix-neuvième siècle. Car, ne l’ou- blions pas, Messieurs, c'est surtout aujourd’hui qu'une Académie à une mission à remplir : le culte de l’utile a tout usurpé; la science pour la science et l’art pour l’art ne sont plus que de vains mots. C’est aux corps savants à opposer une digue à ce lorrent qui menace de tout enva- hir et de tout niveler. Lagrange ou Laplace ont-ils créé des usines ou des industries ? demandait, il y a peu de temps, ce respecta- ble et vénéré Biot, en parlant des exigences du siècle, qui ne veut que jouir et pour qui le résultat matériel est tout. Gardons-nous tous, tant que nous sommes, qui cultivons les sciences, de nous laisser troubler par ces exigences populaires, ajouta ce vétéran illustre de la science; conti- nuons à étudier la nature dans ses secrets intimes, à dé- couvrir, mesurer, calculer les forces qu’elle met en œuvre, sans être nullement préoccupés des applications profitables qu'on pourra en faire. Nous croyons que, jusqu’à présent, l’Académie est restée dignement fidèle à cette haute mission, et c’est sans doute, pour mieux la remplir, que Marie-Thérèse , en instituant notre compagnie, en 1772, avait proscrit la médecine des occupations ordinaires de la classe. Je voudrais bien faire ressortir ici l’importance des tra- vaux que celte institution bientôt séculaire a publiés; mais notre honorable secrétaire perpétuel a jeté depuis long- temps les bases de ce grand travail, et c’est lui qui, dans une autre occasion, nous exposera tout l'intérêt de ces publications. Qu'il me soit permis seulement de rappeler parmi lant d'œuvres d’un haut intérêt, celle qu'a l'avant- (715 ) dernière séance publique, notre illustre confrère, M. d'Omalius, a bien voulu lire, et qui a pour objet une des questions les plus délicates et les plus difficiles de l’onto- logie, pour me servir de l'expression du savant secrétaire perpétuel de l’Institut de France, M. Flourens. Nous nous rappelons tous la vigueur avec laquelle notre confrère a attaqué le principe, si généralement admis, de la fixité et de l’immutabilité de l'espèce, et, pour ma part, J'éprouve un profond regret de ne pas l'entendre aujour- d'hui sur la même question. Un formidable champion, M. Darwin, est entré dans son camp, armé de pied en cap de faits recueillis pendant de longs et importants voyages; mais ses arguments, sans ébranler la conviction de ses adversaires, ne semblent pas moins produire un grand effet dans leur camp. Espérons que bientôt il vou- dra bien nous entretenir de nouveau de cetie grande question. L’année dernière, un autre de nos confrères, notre honorable vice-directeur, M. Liagre, à qui j'aurai bientôt l'honneur de céder le fauteuil, nous a entretenus, avec cette lucidité qui est le cachet d’une haute intelligence, de la question de la pluralité des mondes. Vous avez tous présents à la mémoire les merveilleux détails du tableau qu'il a déroulé sous vos veux, et par lequel il à fait pres- que toucher du doigt les mystérieux habitants des astres. Permettez-moi de ne pas suivre notre honorable confrère dans cette voie lointaine, elle est trop élevée pour moi, mais de vous entretenir un instant des habitants de la terre, c'est-à-dire des grands et des petits, dans le temps et dans l’espace. (744) Il semble que tout ce qui peut étre est. (Burron.) L'homme ne contemple généralement pas ce qu'il a tous les jours sous les yeux. Il s’habitue même à voir sans émotion le sublime spectacle de la voûte céleste. Quel est celui, toutefois, qui n'a jamais été frappé de la profu- sion avec laquelle la vie est répandue sur la terre, de la diversité de formes qu'’affectent les plantes et les animaux, de la petitesse de volume des uns, de la taille colossale des autres? Nous ne parlons ici ni de l'étendue, ni de l’immensité de l’espace, accusées par la vitesse de parcours de la lu- mière dans l’éther et dans l'atmosphère. Elle nous arrive du soleil, on le sait bien, en huit minutes de temps, tout en opérant ses effets, et cependant, d’après les calculs de sir John Herschel, elle ne demande pas moins de 2,000 ans pour parvenir des étoiles de la voie lactée à nous. Notre imagination s’avoue impuissante à se figurer un espace que ce fluide mettrait vingt-quatre heures à parcourir, et ce fluide court en ligne droite, avec une vitesse égale, pendant deux mille ans! Tout ce que nous voyons du monde n’est qu'un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature. Nulle idée n’approche de l’étendue de ces espaces, dit Pascal. Mais ce n’est pas seulement en présence de cette gran- deur sans limites que l'esprit de l’homme hésite et se trouble. Son imagination devient de nouveau impuis- sante lorsque, détournant ses regards du firmament, il cherche à se rendre compte de ces myriades d'êtres qui vivent à la surface du globe, sous des formes tellement ( 715 ) exigués, que l'œil, alors même qu’il est armé par la science, a peine à découvrir leur trace dans la création. Nous pouvons embrasser du regard le Wellingtonia de la Californie, dont seulement une partie du tronc a pu se tenir debout dans le palais de cristal de Sydenham, sapin gigantesque qui pourrait aisément servir d'étui à plus d'une tour d'église; nous pouvons mesurer encore facile- ment la longueur d'une Baleine, même de celles qui habitent l'océan Glacial arctique, qui n’ont pas moins de vingt pieds de long en venant au monde, et qui lo- geraient facilement une petite tribu d’Arabes, avec cha- meaux et bagages, dans la cavité de la bouche; mais, nous ne pouvons plus mesurer aussi facilement, ni com- prendre aussi aisément ces infiniment petits, ces infu- soires et ces plantes unicellulaires, qui se placeraient, au nombre de plusieurs millions, dans une fine goutte- letite suspendue à la pointe effilée d’une épingle. C’est entre ces extrêmes que flottent les formes diverses qui constituent, dans les différentes régions géographi- ques, les faunes et les flores. Est-ce le hasard qui a présidé à la répartition sur la terre de ces formes et de ces grandeurs? La parfaite harmonie qui règne entre tous les êtres dans chaque région de la terre répond suffisamment à cette question. Tout est calculé, quant au volume et quant au nombre, a dit depuis long- temps le livre de la Sagesse, Omnia fecit in numero, in pon- dere et in mensura, et les naturalistes ne peuvent que confirmer cette sentence! Non-seulement il existe une corrélation assez étroite entre les animaux et les plantes, entre les carnassiers sanguinaires, qui ne vivent que de carnage et de sang , et les douces gazelles, qui leur servent de pâture, mais on aperçoit même des relations assez in- ( 716 ) times entre la taille des mammifères et l'étendue des con- tinents qu'ils habitent. Voyons d’abord si cette variété de formes et de gran- deurs à présenté des fluctuations aux différents âges du globe; nous verrons après quels sont les véritables puis- sants de la terre et si, contrairement à l'opinion générale, ce ne sont pas plutôt les petits organismes qui règlent la destinée des grands. Jetons un coup d'œil rapide sur ces couches fossilifères, ces catacombes, comme dit Al. de Humboiïdt, où gisent les faunes et les flores des époques antérieures. On n’a plus à craindre, je crois, qu'on prenne les pois- sons pétrifiés, en Ftalie et ailleurs, pour des poissons rares, rejetés de la table des Romains, parce qu'ils n'étaient pas frais, ni les coquillages pétrifiés, pour des coquilles rap- portées par les pèlerins de Syrie ou de terre sainte, dans le temps des croisades. On est pius instruit aujourd'hui qu’au siècle dernier. Comment se peut-il, dit Buffon, en faisant allusion à Voltaire, que des personnes éclairées, et qui se piquent même de philosophie, aient encore des idées aussi fausses sur ce sujet ? Bien des personnes ne se doutent pas néanmoins que les tablettes de marbre de leurs fenêtres et de leurs chemi- nées sont couvertes de coquillages et de polypes; elles ne savent pas que les dalles que nous foulons aux pieds, dans les rues de Bruxelles même, sont souvent tout incrustées de ces médailles fossiles. Et si l’archéologue s'arrête avec complaisance devant l’œuvre de l’homme, qui date à peine de quelques siècles, qu'on ne s'étonne pas tant si le natu- raliste est dans l'admiration devant ces marbres el ces temples de polypes, pétris par une toute-puissante main, et sil place ces fragments de pierre de taille bien au- (717) dessus des colonnes de porphyre, des fresques ou des inseriptions de Pompéi et d’Herculanum. C'est daus ces antiques médailles de l’organisation, semées par le Créateur sur la route du temps, que l’homme éludie l’histoire de la terre. Suivant les dernières données de la science, une cer- taine uniformité régnait dans toute la création au début de la vie sur notre planète : des pôles à l’équateur, on n'aperçoit guère de diversité. Pendant ces longues nuits des temps primitifs, la terre, uniformément chauffée par le foyer du feu central, roulant dans une atmosphère brü- lante épaissie par les vapeurs, ne pouvait guère nourrir que des animaux uniformément constitués et se répétant à toutes les latitudes. D'abord, avec quelques formes inférieures , on voit les singuliers trilobites, des mollusques céphalopodes, les gracieuses crinoides, puis des poissons d’une forme étrange dont les débris sont déposés dans les couches du système silurien. La taille est en genéral petite à cet âge du globe : c'est la période primaire que l’on désigne aussi sous le nom de règne des poissons. La période suivante voit la croûte terrestre se fendiller plus profondément : des rides plus fortes se forment à sa surface; des montagnes s'élèvent à de plus grandes hau- teurs ; les eaux s'encaissent avec plus de régularité pour former les mers et les continents, et les reptiles ou les amphibies apparaissent avec quelques oiseaux sous les formes les plus singulières. À côté des crapauds monstrueux, connus sous le nom de Labyrinthodon, se montrent ces gigantesques {chthyo- saures, moilié poissons, moitié reptiles, première ébauche des dauphins et des baleines. Puis, ces Plésiosaures, au ( 718 ) long cou de serpent, munis de nageoires de marsouin , ces Iguanodon et ces Mégalosaures , atteignant jusqu'à quinze mètres de longueur; ressemblant, les uns aux lourds rhinocéros, les autres aux dangereux crocodiles; et, enfin, les curieux Ptérodactyles, qui préludent à l’ap- parition des oiseaux. La montagne de Saint-Pierre de Maestricht à servi de tombeau à un de ces monstrueux reptiles , connu sous le nom de Mosasaure de Camper, qui fait aujourd’hui encore l’ornement des galeries du muséum de Paris. C'est, pour ainsi dire, le moyen âge de l’animalité, le règne des reptiles, ou mieux l’époque secondaire, pour parler le langage de la science. La période tertiaire, qui suit immédiatement la for- mation de la craie, est surtout le règne des mammifères. Les cartons font place aux tableaux. La luxuriante vé- gétation des houillères, pendant l’époque primaire, ne connaissait pas plus l’hiver que les régions équatoriales aujourd'hui. Mais, pendant cette nouvelle période, le soleil commence à faire sentir sa salutaire influence. Les Pyrénées apparaissent, ainsi que les Apennins et les Kar- pathes ; en élevant leurs cimes dans les cieux, ces chaînes de montagnes créent des barrières naturelles; des régions géographiques nouvelles et distinctes surgissent, et le refroidissement de la terre permet aux saisons, pour la première fois, d'exercer tout leur empire. La terre, dès cette époque, a son printemps et, par conséquent, sa période d’amour pour tout ce qui à vie. À ce changement considérable dans la configuration du sol correspond une modification, peut-être plus pro- fonde encore, dans la vie des animaux. En effet, après que la mer, au fond de laquelle la craie a été déposée, se fut retirée, nous voyons apparaître les (7419 ) formes les plus élevées de la série animale: les mammifères prennent place à côté de nouveaux genres de poissons, de reptiles et d'oiseaux plus variés de forme et de grandeur, mais moins redoutables et moins robustes. Tous les ani- maux terrestres à sang froid, sauf les tortues, sont sur leur déclin. Les premiers mammifères sont tous de fort petite taille, comme l'ont été les premiers reptiles et les poissons. Mais, vers le milieu de cette longue période, apparaissent les grands herbivores. Aux tortues gigantesques des couches tertiaires subhimalayennes, les Megalochelys atlas, qui ne mesurent pas moins de dix-huit à vingt pieds de lon- gueur (des tortues de vingt pieds de long! six rempli- ralent ici la salle), et dont les membres égalent au moins la grosseur d’un pied de rhinocéros, succèdent les oiseaux de la Nouvelle-Zélande, les Dinornis, que l’on compare. pour la taille à la girafe, ainsi que l'OËpyornis de Mada- gascar, qui avait près de quatre mètres, et dont un seul œuf équivaut à cent cinquante œufs de poule et à plus de mille cinq cents œufs d’oiseau-mouche. Cette même période tertiaire a débuté, au centre de l'Europe, par ces nombreux petits pachydermes, décou- verts d’abord dans les carrières à plâtre des environs de Paris, et décrits par Cuvier sous le nom de Palæotherium et d’Anoplotherium. | Vers le milieu de cette intéressante époque paléonto- logique se montrent les premiers mastodontes, les élé- phants et les fameux Dinotherium, dont la tête seule est bien connue jusqu’à présent. Puis aux premiers pachydermes succèdent les nom- breux ruminants qui, sous la forme de bœufs surtout, seront d’une si haute utilité au genre humain, qui est sur le point de faire son apparition. (720 ) Le globe tressaille une dernière fois. Une terrible con- vulsion s'empare de la croûte terrestre. Les plus hautes montagnes, c’est-à-dire le Mont-Blanc, l'Himalaya et la Cordillère des Andes, sortent des entrailles de la terre, el l'œuvre du Créateur se complète par l'apparition de l’homme. La période quaternaire ou moderne commence. Les grandes espèces terrestres ont conservé à peu près leur dimension; mais les mammifères aquatiques, ou pour mieux dire les baleines, atteignent seulement leurs plus fortes proportions. Il ne nous est même pas dé- montré qu'il existe de vraies baleines avant l’époque quaternaire. A l'apparition des mammifères correspond ainsi uue diminution dans la taille des batraciens et des reptiles, comme plus tard, à l'apparition de l’homme correspond une diminution dans les mammifères terrestres. Le vo- lume s'accroît jusqu’à la fin pour les cétacés, mais pour les animaux terrestres, on dirait que la matière cède suc- cessivement la place à l'intelligence. Eh bien, pendant ces diverses périodes, au milieu de ces formidables bouleversements qui font disparaître toutes les grandes espèces, les infiniment petits continuent paisiblement leur perpétualion jusqu’à l’époque actuelle , s’'accommodant de toutes les vicissitudes de milieu et de température! Ils prennent même part, à diverses époques, à la formation de couches puissantes par le simple dépôt de leurs débris, et si, dans la mer silurienne vivaient déjà des Rhizopodes polythalames semblables aux nôtres, au fond de la mer de craie habitaient des espèces qui vivent encore aujourd'hui dans la mer du Nord et dans la Bal- tique. Ils ont traversé ces longues périodes géologiques ( 721 ) sans avoir été atteints par cette mystérieuse influence qui a causé l'extinction si subite et si complète de tant de races différentes dans toutes les classes supérieures du règne animal. Quoi qu'il en soit, en poursuivant l'étude de la vie à travers tous les âges, il est évident pour tout observateur qu'il y à unité de plan dans tous ces êtres organiques, et que le Tout-Puissant, en donnant, pour ainsi dire, son premier coup de marteau dans la matière, pour en faire jaillir la vie, avait déjà en vue celui qui, un jour, devait le contempler. Les animaux comme les plantes sont répartis à la sur- face du globe, non au hasard, comme on pourrait le croire, car rien n’est abandonné au caprice des évé- nements, mais, d'après des lois fixes, constantes et gé- nérales. Les premiers principes de celte répartition géogra- phique ont été inventés, pour ne pas dire devinés, par Buffon. C’est même un de ses principaux titres de gloire. Le grand naturaliste à remarqué qu'aucune des espèces de la zone torride d’un continent ne se retrouve dans l’autre continent, et que les animaux d'Amérique sont, comme leur pays, petits, comparativement à ceux de l’an- cien monde. Il y a plus, les animaux que l’homme a transportés d'Europe en Amérique, comme le cheval, l'âne, le bœuf, et tant d'autres, y sont devenus tous sen- siblement plus petits, dit Buffon. Aujourd'hui, c’est une des lois principales de la zoologie géographique, que les plus grands mammifères terrestres, comme l’éléphant, le rhinocéros, la girafe, lhippopotame, appartiennent tous au plus grand continent, c’est-à-dire à (722 ) l'ancien monde, et qu'il existe un rapport véritable entre la taille des mammifères et l'étendue du terrain qu’ils ha- bitent. Les mammifères aquatiques ne font même pas exception, puisque les plus grands de tous, les baleines, vivent dans un milieu qui recouvre les trois quarts de la surface du globe. On a même remarqué, et je crois que c’est Agassiz qui, le premier, a fait cette observation, que, dans chaque groupe naturel, les espèces aquatiques sont toujours su- périeures en taille aux espèces terrestres. | Si l’ancien monde nourrit l'éléphant et le rhinocéros, le nouveau monde n’a, dans sa partie méridionale, que le lama et le jaguar, l’Australie, le kanguroo , et Madagasear, lindri, qui ne dépasse pas la taille d’un macaque ordi- naire. C’est que les petits trouvent partout les conditions d'existence, tandis que les grands, pour leur nourriture comme pour leur propagation, exigent de l'air et de l'es- pace. Aussi cette étude de la répartition des êtres à la surface du globe ne présente-t-elle pas seulement l'intérêt des re- cherches ordinaires; elle fournit les éléments de solution des plus hautes questions philosophiques. Si les espèces véritables descendent réellement les unes des autres, on doit pouvoir reconnaître et suivre pas à pas les modifica-- tions que chaque climat a dû imprimer au type répandu dans l’espace, et de l’espèce on pourra remonter aisément au genre et à la famille, pour faire provenir ensuite tout le règne animal d’une ou de quelques formes primitives. Cette étude de géographie animale, des grandes espèces surtout, ne jette pas moins de jour sur les questions les plus importantes de la physique du globe. L'examen com- paratif des animaux qui habitent les Iles Britanniques, ( 125 ) par exemple, ne fera pas seulement connaître que l’An- gleterre a dû se séparer violemment de la France, par la rupture d'un isthme, mais celte étude fera même juger de l’époque à laquelle cette séparation s’est effectuée. Dans les affaires criminelles, ne parvient-on pas à con- vaincre le jury, que tel feuillet de papier a été détaché de telle souche, en comparant ces feuillets entre eux? Il en est de même de Gibraltar et de Ceuta. La comparaison des animaux, autant que la ressemblance des plantes et du sol, nous indique que la Méditerranée n’a pas toujours versé ses eaux dans l'Atlantique, que l’Europe et l'Afrique ont eu longtemps aussi leur isthme de Panama. Le magot, le seul singe européen qui vive encore au- Jjourd'hui sur les rochers de Gibraltar, indiquerait au besoin à lui seul qu’il a été soudainement séparé de sa race, que sa descendance est pour toujours éloignée de la mère patrie. L'animal qui a servi de modèle aux descrip- tions anatomiques humaines des anciens auteurs, est donc primitivement étranger à l’Europe. C’est notre grand Vé- sale qui a relevé le premier les erreurs que cette substitu- tion a fait commettre aux anciens anatomistes. Et si les grandes espèces terrestres ont une haute im- portance pour la solution de graves et intéressants pro- blèmes, les grandes espèces aquatiques n'ont pas moins leur éloquence et leur valeur. Qu'il me soit permis de rappeler ici, ce que l’étude de quelques habitants des fleuves et du littoral nous fait entrevoir. On sait qu'il existe des animaux marins que l’imagina- tion des anciens s’est plu à embellir de divers attributs et dont les poëtes ont fait les dieux de la mer, sous les noms de Triton et de Sirène; dieux perfides, joignant à une tête 2" SÉRIE, TOME X. 90 | ( 724 ) humaine un torse et une queue de poisson, et hantant, sous cette forme étrange, les rivages et les gouffres, où les flots de la mer allaient s’abimer et mourir : ce sont les siré- niens des naturalistes ou les cétacés herbivores. Nous recommanderions volontiers, soit dit en passant, ces singuliers animaux à l'attention des directeurs des jar- dins d’acclimatation. Sans croire précisément François Lopez, qui fait mention d'un Lamantin privé quittant l’eau à l'appel de son nom Hato, pour prêter son dos et conduire son cavalier sur une autre rive, il est reconnu , que la chair de ces siréniens est fort estimée, surtout les jours maigres, et que leur peau n'est pas sans une certaine valeur. Ils sont loin d’être rares et tous les jours, dit de Castelnau, pendant que l'expédition descendait de Nanta à Pebas (haut Amazone), on pêchait des Vaccas marinas, ajoute-t-il, qui forment la base de la nourriture animale des habitants. Les naturalistes connaissent trois genres de ces sirènes. Les Lamantins habitent les deux versants de l’Atlan- tique et se tiennent surtout dans le Sénégal et Amazone ou à leur embouchure. Ils remontent, d’après le rapport des voyageurs, très-haut dans l’intérieur des terres en Afrique comme en Amérique. Les Dugongs habitent deux autres versants, la côte orien- tale d'Afrique, y compris le littoral de la mer Rouge, et le versant opposé des îles de la Sonde et de l’Australie. La mer des Indes sépare ces deux versants, F Un troisième genre, appartenant au détroit de Behring, c’est-à-dire au fond de cette immense Atlantique, qui sous le uom d'océan Pacifique, sépare l'Asie de l'Amérique, porte le nom de Stellère. La cupidité des marchands semble avoir détruit en quelques années ce trop confiant animal. Voilà pour les siréniens vivants. ( 725 } Mais on trouve assez abondamment des siréniens à l’état fossile. En Égypte, le long du cours du Nil, dans la vallée de Bouik, à quelques lieues de la mer Noire, en Autriche, en Suisse, en Bavière et surtout dans le midi de la France, les paléontologistes en ont signalé de nombreux débris. Ils appartiennent tous à l’époque tertiaire moyenne et supérieure. Si le colossal Dinotherium appartient aussi à ce groupe, il en résulterait que les siréniens seraient arrivés à leur plus grand développement à l’époque tertiaire moyenne, et il faudrait en conclure que les fleuves de l’Europe avaient, à cet âge du globe, une autre importance que le Missis- sipi, l'Amazone ou le Sénégal d'aujourd'hui. Les Halitherium, c'est le nom sous lequel on désigne généralement ces animaux fossiles, fréquentaient sans au- cun doute l'embouchure de fleuves se déversant dans une atlantique, et on ne peut guère en douter, la mer des Indes, à l’époque où vivaient ces siréniens en Europe, _communiquait par la mer Rouge et le golfe Persique avec la Méditerranée, la mer Noire et la mer Caspienne. Cette atlantique australe, autrement dit la mer des Indes, qui avait aussi sa mer des Antilles et son isthme de Panama, devenu plus tard détroit de Gibraltar, recouvrait probable- ment toute la Russie européenne jusqu’à la mer Blanche, laissant les monts Ourals et la nouvelle Zemble comme versant occidental du continent asiatique. Si nous ne nous trompons, le globe aurait donc été couvert , à cette époque, de trois grands continents, sépa- rés incomplétement par une méditerranée, et montrant entre eux trois océans atlantiques, confluant aux deux pôles. Nous avons vu quelque part cette pensée des trois ( 126 ) grands continents exprimée dans un langage très-poétique. « L’Asie, le pays du soleil et de la volupté, aura son pié- destal, tout comme l’Europe savante et l’industrieuse Amérique du Nord. Et la terre sera formée de trois cou- ples harmonieusement placés, chacun de deux contrées immenses : Europe et Afrique; Amérique du Nord et Amé- rique du Sud; Asie et Océanie (4). » Aussi, le Jour où la zoologie sera en possession des faits les plus importants de la distribution géographique des animaux actuels, de leur succession dans le temps, ainsi que des changements successifs de configuration du sol et des continents, ce Jour il sera peut-être possible de saisir quelques rapports importants entre la paléonto- logie, la géographie animale et leur distribution, et peut- être n’y a-t-1l pas trop de témérité à penser, qu'alors on pourra soulever un coin du voile qui couvre encore si complétement ce grand et impénétrable mystère de l'ap- parition des espèces. Après l'étude de ces colosses de la terre, il semblerait que les petits sont dorénavant sans importance, que les grands seuls méritent l'attention de l’homme du monde et du naturaliste. Il n’en est pourtant point ainsi. (1) Le même sort qui a fait disparaitre cette Atlantique entre l'Europe et l'Asie, est-il réservé à l'Atlantique des géographes? Le repos de la terre est plus apparent que réel; nous en avons un exemple remarquable sous les yeux. On sait depuis longtemps que la Suède et la Nor- wége se soulèvent lentement. Eh bien, Al. de Humboldt a fait le calcul que, dans douze mille ans, le fond de la mer, qui a cinquante brasses de profon- deur, sera mis à sec, et les plantes marines qui le recouvrent aujourd’hui feront place à la riche végétation terrsetre de ces contrées. Quelles seront les conséquences de ce soulèvement dans la configuration de cette presqu’ile de la Scandinavie? CNr2T ) Ces animaux, qu'on appelle petits, microscopiques ou inférieurs, ne jouent pas, dans l’économie de la nature, un rôle moins important que ceux qui sont qualifiés de grands ; leur place n'est pas moins bien marquée dans la hiérarchie générale, et, s'ils ont assez peu d'apparence pour être le plus souvent l’objet de mépris du vulgaire, ils ne sont pas moins destinés à produire, avec une spon- tanéité souvent effrayante, les plus terribles effets, les phé- nomènes les plus extraordinaires, les plus singulièrement imprévus. Il n’y à de petit dans la nature que les petits esprits, a-t-on dit depuis longtemps et avec beaucoup de raison. Le microscopique infusoire que le vent sème sur la mon- tagne ou que la marée entraîne jusqu’au fond de l'abîme, mérite autant, si pas plus, l'attention du naturaliste et du philosophe que le papillon qui voltige de fleur en fleur, que le lion qui ébranle la forêt de ses rugissements. Et si lon n'avait égard qu'à leur importance seule, les petits de- vraient prendre le pas sur eux! Pline n’a-t-il pas dit : Natura maxime miranda in mi- nimis ? Ces êtres infimes existent depuis que la vie a surgi sur la terre! [ls ont traversé, avons -nous dit, les grandes époques géologiques sans subir de notables changements; ils remplissent de leur présence tous les milieux où leur développement est possible; ils se répandent du pôle à l'équateur, de la cime des plus hautes montagnes jusqu'aux grandes profondeurs de l'Océan! Et partout ils se main- tiennent et prospèrent par une fécondité sans bornes et sans mesure. La fonte des glaces, par 78 degrés de latitude, a révélé des formes animales très-reconnaissables, Près du sommet ( 728 ) du Mont-Blanc et du Chimborazo, à 14,000 et à 18,000 pieds de haut, la vie est encore répandue, sinon sous la forme d’animalcules, au moins par des lichens, et, à 42,000 pieds de profondeur dans la mer, c'est-à-dire à une pres- sion de 400 atmosphères, on a trouvé des diatomées ou des bacillariés. Au fond de nos houillères, où le jour ne pénètre jamais, ne trouve-t-on pas encore une flore dis- tincte et des animalcules variés? Il n’y a que la tempéra- ture ou la pression qui arrête leur propagation. La révélation de ces résultats, si éminemment intéres- sants, est principalement due à la persévérante sagacité d’un des plus habiles et des plus actifs naturalistes de l’époque, M. Ehrenberg, de Berlin, que l’Académie des sciences de France a nommé dernièrement son associé étranger. On pouvait croire ce sujet à peu près épuisé par le savant secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin, quand der- nièrement un habile chimiste, pour répondre à des expé- riences conduites en apparence avec toute la précision des travaux modernes, a soumis à de nouvelles recherches l'air et les corpuscules qu'il tient en suspension. Muni de ballons , M. Pasteur a été recueillir de l'air au sommet du Jura et dans les Alpes, à 2,000 pieds de hauteur; il a comparé cet air avec celui de la ville, recueilli dans les places publiques et les caves de l'observatoire, et il a pu se convaincre que l'air sème partout sur son passage, aussi bien ces spores et ces germes organiques qui enfantent la moisissure sous la forme de champignons microscopi- ques, que ces légions d'êtres qui pullulent dans l’eau que nous buvons, dans le pain que nous mangeons. Les pous- sières en suspension dans l'air sont l’origine exclusive, la condition première et nécessaire de la vie, dans les in- ( 429 ) fusions, dans les corps putrescibles et dans toutes les liqueurs capables de fermenter, dit M. Pasteur. Les dernières expériences (1) ont donné la sanction aux recherches précédentes de ce savant et, malgré tout le bruit que font les partisans de la spontiparité et l’acharne- ment, pour ne pas dire la passion, avec lequel ils conti- nuent à repousser les faits les plus solidement établis, M. Pasteur à mis à néant, pour les infusoires comme pour les plantes microscopiques, cette vieille hypothèse de la génération spontanée, digne tout au plus des siècles d’igno- rance. | Ces êtres tellement exigus, qu’il faut très-souvent des instruments puissants pour les découvrir, tout en opérant tous les Jours mille merveilles, ne produisent pas moins des ravages comparables, pour la gravité, à la peste et à la famine, et donnent même lieu aux plus grands phéno- mènes terrestres; les petits, peut-on dire, révèlent, hien plus que les grands, les magnificences du Tout-Puissant ! Il n’est personne qui ne connaisse la levüre. Tous nous savons, la femme de ménage comme l’homme du monde et le savant, qu’il faut de la levüre pour faire monter le pain; que, sans fermentation, il n’y à ni vin n1 bière. Mais sait-on ce que c'est que la levûre? Que l’on regarde au microscope une goutte de cette substance, que dis-je, la plus minime partie qu’une pointe d’épingle puisse porter, et on dislinguera des milliers de plantes vivantes sous la forme de petites cellules arrondies. Et Loutes ces plantes sont en vie. Chacune d’elles se nourrit, respire et (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences, 5 novembre et 12 no- vembre 1860. ( 759 ) pourvoit à la conservation de l'espèce. On connait, sans Île savoir, non leurs amours, mais leur extrême fécondité. Qui n’a pas vu s'élever, par la bonde du tonneau, cette masse écumeuse qui monte lentement et éclate en mille jets, si on ne lui facilite pas le passage ? La multiplication de ces plantes est si rapide, qu'on les voit pour ainsi dire naître et grandir. C’est véritable- ment un champ de levüre dont la récolte suit presque immédiatement le semis. M. Pasteur sème une trace presque impondérable de la levüre de bière dans l’eau pure, tenant en dissolution du sucre candi, un sel d’ammoniaque et des phosphates, et bientôt le sucre fermente, c’est-à-dire le champignon croît et se multiplie en prenant du carbone au sucre, de l'azote au sel d’ammoniaque et sa matière minérale aux phosphates. Et si ua pouce cube renferme plus d’un milliard cent cinquante millions de sujets, jugez du nombre qui pousse, au bout de quelques heures, dans un tonneau de bière en fermentation. En songeant à ces individualités, on est presque autant frappé de l'étendue en petit que nous l'avons été plus haut en parlant de l’espace dans le ciel. Il y à quelques années, un de nos savants confrères a attribué le phénomène de la fermentation à un acte phy- siologique; mais pour les chimistes, même pour Berzé- lius, ces végétaux mycodermiques de la levûre de bière n'étaient qu'un précipité chimique de forme globuleuse. Un illustre chimiste, le plus célèbre de tous, erut avoir tout dit en faisant observer que, d’après la nouvelle théorie de la fermentation, certains infusoires mangent du sucre, vomissent de l’acide carbonique et urinent de l’alcool. (NIET ) Heureusement ou malheureusement, je ne sais ce qu'il faut dire, ce ne sont pas toujours les plus savants qui font la science. Il n’est pas au pouvoir du plus grand d'arrêter le torrent de la vérité. On a pu perdre de vue, pendant quelques années, l’opinion émise il y a vingt- cinq ans; mais l'habile chimiste, dont nous avons cité le nom plus haut, M. Pasteur, revient aujourd’hui à cette même théorie et ne craint pas de proclamer que des végé- taux mycodermiques , les plus bas placés dans échelle des êtres, sont l’origine de toutes les fermentations propre- ment dites. Voilà donc la vie des infiniment pelits qui intervient dans un des phénomènes qui intéressent l’homme au plus haut degré et qui semblaient jusqu'à présent exclusivement du domaine de la chimie. Et.si les infiniment petits nous préparent notre pain, notre vin, notre bière, s'ils interviennent ainsi tous les jours directement jusque dans les opérations de la vie domestique, que l'on ne s'étonne donc pas tant si des naturalistes consacrent leurs veilles et leur énergie à l'étude de cette vie si éphémère et si peu manifeste. Mais ce qui paraîtra plus exträordinaire encore, c’est que ces infiniment petits ne produisent pas moins d'effet dans l’immensité de l'Océan que les tremblements de terre et les éruptions volcaniques. Jean Reinhold, le compagnon de Cock, reconnut le premier, en 1780, que plusieurs îles de la mer du Sud doivent leur existence à la rapide multiplication des co- raux, et voilà des polypes, à peine visibles à l'œil nu, qui forment des récifs dangereux et deviennent la frayeur des navigateurs ! Les coraux élèvent des bas-fonds, sèment des écueils et, avec une rapidité aussi effrayante que sin- ( 132 ) gulière, 1ls changent le fond de la mer et bätissent des iles au milieu de l'Océan. C’est une tour de Babel que ces colonies élèvent, non à la hauteur des nuages, mais au delà même de leur atmosphère liquide. Un autre phénomène, non moins connu par ses effets singuliers, c’est la phosphorescence de la mer. Tout le monde sait que, certaines nuits d'été, la mer devient lumineuse; que des lignes de feu courent, en ondulant, le long des côtes pour aller expirer au pied des dunes; que des étincelles jaillissent du choc des vagues; que le sable de la grève même fulmine sous les pieds; qu'enfin, dans quelques parages, ce n’est pas seulement une vague lueur phosphorescente, mais des guirlandes de feu qui se balancent au milieu d’une mer embrasée. À qui est généralement dû ce phénomène? À un petit animal arrondi, de la grosseur d’une tête d’épingle, transparent comme le cristallin de l’œil, por- tant une petite languette mobile en forme de pied et que les naturalistes appellent Mammaria ou Noctiluca. C’est une armée, que dis-je, un monde de ces animalcules qui, comme la luciole ou le ver luisant au pied de nos buissons, projettent chacun leur part de lueur phospho- rescente, et donnent, par leur éclat varié, un firmament éloilé aux habitants de l'Océan. | Dans tous ces êtres infimes la rapidité de reproduction, autrement dit leur fécondité, n’est pas moins remar- quable que leur petitesse. Nous n'en citerons qu'un seul exemple, Ehrenberg a calculé qu'un seul de ces végétaux, dits végétaux unicellnlaires, peut produire, en vingi- quatre heures, un million et cent quarante billions d’in- dividus en quatre jours. Et quant à l'abondance et à la ténuité de quelques-uns d’entre eux, le même savant (755) rapporte qu'un pouce cube de tripoli comprend quarante et un millions de Galionella distans , et la Galionella fer- ruginea se loge dans le même volume au nombre de un billion sept cent cinquante millions, et on trouve des couches de ce tripoli qui ont treize mètres de puissance ! Nous pourrions citer encore ces couches de terre, sou- vent épaisses de plusieurs mètres, et d’une étendue consi- dérable qui sont presque exclusivement formées de dé- bris d'animalcules. En 1837, de Humboldt écrivit à l’In- stitut de France que le professeur Retzius, de Stockholm, venait de reconnaître la véritable nature de la Farine des montagnes, dont les Lapons se nourrissent dans les an- nées de disette, et que cette terre n’est autre chose que des débris d’infusoires. La pluie de sang, le papier et la ouate météoriques, la coloration en vert ou en rouge des flaques d’eau et des étangs, ne sont-ce pas autant de phé- nomènes produits par des animaux microscopiques? Quand, le 26 janvier 1845, après plusieurs années de préparatifs, une batterie galvanique fit tomber, près de Douvres, au moyen de cent quatre-vingt-cinq quintaux de poudre, plus de vingt millions de quintaux de rocher cal- caire, contre qui cette formidable batterie était-elle di- rigée? Schleiden répond avec raison (1) : contre des débris de créatures, que la simple pression des doigts anéantit par milliers en les touchant. | Sont-ce bien les grands de la terre qui décident des évé- nements importants, qui remuent le monde et l’huma- nité? Dans la nature, cette tâche incombe évidemment aux petits. C'est tout au plus si les grands laissent des — EE — (1) Za Plante et la Vie. ( 754 ) traces de leur passage. L'homme peut vainere le lion et le tigre; il peut purger la terre des loups et des animaux nuisibles; 1l fait même fair l'éléphant et le rhinocéros, mais 1l est impuissant contre ces êtres microscopiques qui remplissent l’air et l’eau de leur présence, qui cher- chent au besoin un refuge dans la profondeur de ses pro- pres organes, attaquent la peau, les muscles, le cerveau, le cœur, et se montrent comme le brigand qui demande tantôt la bourse, tantôt la vie. L'homme héberge ainsi sans le vouloir, et souvent sans le savoir, des insectes et des vers dont les plus grands et les plus riches de la terre ne sont pas plus exempts que l'enfant du pauvre au berceau. Ne méprisons pas les petits, mais accordons-leur, comme aux grands, toute l'attention qu'ils méritent. C’est, partout et toujours, le moucheron de la fable, qui sort victorieux de la lutte, même contre le lion. L'im- portance du petit n'avait pas échappé à la Fontaine. Le lion a beau mépriser ce chétif insecte, cet excrément de la terre ; l'avorton de mouche en cent lieues le harcèle et rit de voir qu'il n'est ni griffe, ni dent en la béte irritée, qui de la mettre en sang ne fasse son devoir ; et l'insecte du com- bat. se retire avec gloire; comme il sonne la charge, il sonne la victoire. Nous le répétons en terminant, non, les pelits n'ont, pas moins que les grands, leur importance marquée dans l’économie de la nature; ils remplissent, avec non moins d'ordre et de mesure, leurs diverses fonctions dans ce vaste laboratoire où la vie se tient éternellement debout sur la mort. La science de l’homme a puissamment contribué à propager les animaux utiles et à arrêter le développe- ment des loups et des tigres, mais que peut-elle contre ( 795 ) l'invasion de l'oidium et de tant d'êtres microscopiques! Sans parler des maladies épidémiques , ne voyons-nous pas que la part attribuée à ces petits êtres, dans diverses maladies de l’homme et des enfants, devient tous les jours plus grande; que le pathologiste vient s’éclairer de plus en plus aux lumières de la zoologie et de la botanique. Ne sont-ce pas ces êtres infimes enfin, en apparence sans nom et sans forme, qui, malgré leur exiguité et leur extrême délicatesse de structure, en attaquant seulement la vigne el les pommes de terre, peuvent ruiner des provinces entières, compromettre la sûreté des États et mettre en danger la vie des nations? Sur l'invitation du directeur de la classe, M. Gachard a bien voulu ensuite donner lecture d’une notice due à la plume de M. le baron de Wilte, notice destinée à l’An- nuaire de 1861 et consacrée à apprécier la vie et les tra- vaux de Charles Lenormant , archéologue français et l’un des associés de l’Académie royale de Belgique. > En dernier lieu, M. Liagre, vice directeur de la classe, a proclamé le résultat du concours annuel et celui de l'élection faite la veille. (Voir pages 697 et 706.) — RE °C a ——— ( 736 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu de la première période décennale de la Caisse centrale de prévoyance des instituteurs et professeurs urbains (années 1849-1858); publié par le Ministère de l'intérieur. Bru- xelles, 1860; in-4°. Procès-verbaux des séances des conseils provinciaux des neuf provinces, année 1860. 9 vol. in-8°. Rapport sur la situation de l’université de Gand, pendant l’année académique 1859-1860 , lu à la séance solennelle pour louverture des cours, le 16 octobre 1860 ; par M. Roulez. Gand, 4860; in-8°. Traité élémentaire d'économie politique; par le D' Th. Olivier. Paris-Tournai, 1860; in-192. Mémoire sur Baudouin E”, dernier vorslier et premier comte de Flandres ; par M. Edmond Croissant. Nieuport, 1860 ; in-12. Histoire du collegium medicum Bruxellense; par C. Broeckx. 4'e livraison. Anvers, 1860; in-8°. Étude sur une nouvelle théorie de La formation des queues co- métaires ; par M. l'abbé A. Lecomte. Bruxelles, 1860 ; in-8°. Essai d'une théorie sur la formation et la suspension aérienne des nuages ; par L. J. Vereecke. Namur, 1860; in-&. Notice sur quelques plantes grimpantes herbacées, apparte- nant à la famille de cucurbitacées; par M. le D" C. Koch, tra- duit de l'allemand par A. de Borre. Gand, 1860; in-8°. Notice relative à une collection de manuscrits , possédée, dans la seconde moitié du XVIL"*° siècle et les premières années du XVIII", à Dordrecht, par David Flud van Giffen, et vendue à la Haye en 1705, par le D' F. L. Hoffmann. Bruxelles, 4860; in-8°. ( 737 } Revue de la numismatique belge. 3% série, tome IV, 4° livr. Bruxelles, 1860; 1 broch. in-8°. Revue de l'instruction publique en Belgique. VI"® année, n° 10 à 12. Bruges, 3 broch. in-8°. Journal historique et littéraire, tome XX VIF, livr. n°9. Liége, 1561 ; in-8°. Revue populaire des sciences, H"° année, n° 10 à 12. Bru- xelles, 14860 ; 3 broch. in-8°. Journal des beaux-arts et de la littérature, publié sous la di- rection de M. Ad. Siret, If année, n°‘ 21 à 24 et titre. Anvers, 18690 ; 5 feuilles in-4°. Bulleiin de l’Académie royale de médecine de Belgique. 2"° sé- rie, tome IE, n° 5 et 6. Bruxelles, 1860 ; 2 broch. in-4°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 18° année, 51° vol., octobre à décembre. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. Archives belges de médecine militaire, XII année, octobre à décembre. Bruxelles, 1860 ; 2 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, IX"® année, 10e à 42" ça- hiers, octobre à décembre. Bruxelles, 4860; 3 broch. in-8°. Annales d'oculistique, 235% année, tome XLIV, 4'e à 6e livr. Bruxelles, 1860, 3 broch. in-8°. La Presse médicale belge, XI®° année, n°‘ 47 à 52. Bruxelles, 1860; G feuilles in-4°. Annales de la Société de médecine G Ayeras XXI année, oc- itobre à décembre. Anvers, 4860; 3 broch. in-8°. Journal de pharmacie d'Anvers, XVF°® année, octobre à dé- cembre. Anvers, 1860 ; 3 broch. in-8°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, IV"® année, octobre à décembre. Bruxelles, 1860; 3 broch. in-8°. L'illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, VIe vol., 10m à 19e livr, Gand, 1860 ; 3 broch. in-&°. ( 738 ) La Belgique horticole, rédigée par Ed. Morren, tome XI, hvr. 1 à 3, octobre à décembre. Liége, 1860; 3 broch. in-8°. De chambre mi-partie van het munstersche vredestractaat, eene bijdrage tot de geschiedenis der nederlandsche diplomatie ; door M" F.J. K. Hoogstraten. Utrecht, 1860 ; in-8°. Revue de l'instruction publique en France, XX"° année, n°° 29 à 41. Paris, 1860; 13 doubles feuilles in-4°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; par M. J. E. Guérin-Méneville, 1860, n°% 10 à 12. Paris; 3 broch. in-8°. Presse scientifique des deux mondes, tome I®, n° 4 à 12. Paris, 4860; 12 broch. in-8°. Revue de l'art chrétien, IV®° année, n°° 10 à 12. Paris, 1860; 3 broch. in-8°. ; Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, publiée par MM. Firmin Didot frères, sous la direction de M. le D’ Hoefer, tome XXXIII®°. Paris, 14860 ; in-8°. [Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, tome VI, 1858. Cherbourg, 1859; in-8°. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, tome XI", Soissons, 1858 ; 1 vol. in-8°. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, tome XV, 2° partie et titre. Genève, 1860; in-4°. Die Fortschritte der Physik im Jahre 1858, XIV Jabrgang, 45e, 2e Abth. Berlin, 1860; 2 vol. in-8°. Archiv für wissenschaftliche Kunde von Russland, herausge- geben von A. Erman, XX Band, 1° Heft. Berlin, 1860; in-S. Register zu den ersten fünf und zwanzig Jahrgängen des Archiv für Naturgeschichte; von D'J.H. Troschel. Berlin, 1860; in-8°. , Klinik des ocuten Gelenkrheumatismus ; von Hermann Libert. Erlangen , 1860 ; gr. in-8°. Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstalt, 1860, X-XIL. Gotha, 1869; 3 broch. in-4°. Archiv der Mathematik und Physik; herausgegeben von Jo- ( 789 ) hann August Grunert, XXXIV Theil, 4 Heft; XXXV Theil, 1-4 Heft. Greifswald, 1860 ; 5 broch. in-8°. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Facultäten, LIT Band, 7°-10° Heftes. Heidelberg, 1860; 4 broch. in-8°. Schmidls Jahrbücher der in- und auslandischen gesammiten Medicin, redigirt von prof. d' H. E. Richter und prof. d'A. Winter, Band 109, n° I. Leipzig, 1861 ; gr. in-8&. System und Geschichte des Naturalismus, oder : neuste For- schungsresultate; von Eduard Lowenthal, 1 Abth.: System des Naturalismus. Leipzig, 1861 ; in-12. Entomologische Zeitung, herausgegeben von dem entomolo- gische Vereine zu Stettin, XXISt® Jahrgang. Stettin, 1860; in-8e. Linnaea entomologia, Zeitschrift herausgegeben von dem en- tomologischen Vereine in Stettin, XIVr'# Band. Leipzig, 1860; in-8°. Collection de thèses inaugurales, publiées par l'université de Marbourg , en 1860. 23 broch. in-4° et in-&. Süzungsberichte der künig. bayer. Akademie der Wissen- schaften zu München, 1860, Heft IT. Munich, 1860 ; in-8:. Kaiserlichen Koniglichen Akademie der Wissenschaften zu Wien : — mathematisch-naturwissenschaftliche Classe, Denk- schriften, XVIIe Band; Sitzungsberichte, XXXIX Band, n° 6 und XLI, n° 19, 4 vol. in-4° et 14 broch. in-8° ; — Philosophisch- historische Classe, Denkschrifien , X'* Band; Sitzungsberichte, XXXIII Band, 2? Heft und XXXV Band, 1 Heft, 1 vol. in-4° et 4 broch. in-S° ; — Fontes rerum austriacarum, XX Band, 2 Abth. A vol. in-8°; — Archiv für Kunde üsterreichischer Geschits- Quellen, XXIV Band, 1-2 Hälfte, 2 broch. in-8°; — Almanak, Xater Jahr., 4860, 4 vol. in-12. Ansprache, gehalten in der Jahressitzung der K. K. geolo- gischen Reïchsanstalt, am 30 October 1860; von Wilhelm Hai- dinger. Vienne, 1860; gr. in-8°. Oversigt over det Kongelige danske Videnskabernes Selskabs 27€ SÉRIE, TOME X. 1 (740) Forhandlingar og dets Medlemmers arbeider à Auret 4839; af G. Forchhammer. Copenhague, 1860; in-8°. Konglika svenska vetenskaps-akademiens Handlingar,ny Fôljd, IT Bandet, 2 Häftet. Stockholm, 1858; 4 vol. in-4°. Ofversigt af kongl. vetenskaps-akademiens Fôrhandlingar, X Vionde Argângen. Stockholm, 1859; 1 vol. in-8°. Meteorologiska iakttagelser à sverige ; utgifna afkongl. svenska Vetenskaps-Akademien, bearbetade af Er. Edlund, 1° Bandet. Stockholm, 1859; in-4° oblong. Konglika svenska fregatien Eugenies resa omkring jorden under befül af C. A. Virgin Aren 1851-1853; vetenskapliga iakttagelser Po H. M. K. Oscar den Fôrstes, befallning utgifna af K. Svenska Vetenskaps-Akademien, zoologie IV. Stockholm, 1859; in-4°. Memorie dell osservatorio del collegio romano, nuova serie, 4859, n° 11 à 16, 19 à 21 et 24. Rome, 1859; in-4°. Africa, extrahido do atlas m. s. feito por Diogo Homem en 1558, existente no Museo britannico; publicado pelo conde de Lavradio en 1860. Londres, 2 feuilles in-plano. (Fac-simile.) Continente Africano, etc., extrahido de une mappamundi existente no Museo britannico, por ordem del conde de Lavradio en 1860. Londres; 1 feuille in-plano. (Fac-simile.) Observations météorologiques faites à l'observatoire de l'Infant don Luiz, à l'école polytechnique à Lisbonne, pendant les mois d'octobre à décembre 1860, in-plano. Proceedings of the royal Society, vol. X, n°‘ 40 et 41. Lon- dres, 1860 ; in-12. The Journal of the royal asiatic Society of Great Britain et Ireland, vol. XVII, part 1. Londres, 1859; in-8°. The quarterly Journal of the geological Society, vol. XV, parts 2-5 ; vol. XVE, parts 1 et 4. Londres, 1859-1860; in-8°. List of the geological Society of London, september, 4 st. 1860; in-8°. An accentuated list of the british Lepidoptera, with hints on (7) the derivation of the names; published by the entomological So- cieties of Oxford and Cambridge. Londres, 1858; in-8°. The american Journal of science and arts. Second series, vol. XXX (dernière livr.) with an index to vols. XXI-XXX. New- Haven, 1860; in-8°. Law and regulations of the american philosophical Society, held at Philadelphia, for promoting useful knowledge as finally amended and adopted, december 16, 1859. Philadelphie, 1860; in-8°. Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia, new series, vol. IV, part 5. Philadelphie, 1860; in-4°. Proceedings of the Academy af natural sciences of Philadel- phiu. 1859, f. 20 à 27, titre et table; 1860, f. 4 à 6. Philadel- phie. 1859-1860; in-8°. Memoirs of the historial Society of Pennsylvania, vol. 1, HT, IV et VIL Philadelphie, 1860; in-8°. Report of the case of trustees of Darmouth college, against Wil- ham H. Woodward. Portsmouth; in-8°. Smithsonian contributions to knowledge, vol. XI. Washington, 4860; in-4°. Catalogue of the described Lepidoptera of North America, pre- pared for the Smithsonian institution by John G. Morris. Was- hington, 14860; in-8°. Check list of the shells of North America, prepared for the Smithsonian institution, by Isaac Lea, P. P. Carpenter, Wm. Stimpson, W. G. Binney, and Temple prince. Washington, 1860; in-8°. | Instructions in reference to collecting nests and eggs of North American birds. Washington , 1860; in-8°. Reports of explorations and surveys, to ascerlain the most practicable and economical route for a railroad from the Mis- sissipt river to the Pacific Ocean, vol. XI. Washington, 1855; 4 vol. in-4°. Description of plants collected upon the expedition for the ex- ( 742) plorations for a railroad route from Mississipi river to the Pacifie Ocean; for E. Durand and T. C. Hilgard. SE | 1855 ; in-4°. Memoir of the late Thomas Nuttall; by Elias Durand. Phi- ladelphie, 4860 ; in-8e. FIN DU TOME X DE LA 2€ SÉRIE, BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME DIXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1860. TABLE DES AUTEURS. À. Académie impériale de Vienne. — Hommage d'ouvrages, 178. Académie royale de Turin. — Envoi de son programme de concours , 49. Académie royale d’ Amsterdam. — Envoi de son programme de concours, 50. | Airy.— Offre de combler les lacunes de la bibliothèque de l’Académie, 596. Alvin. — Commissaire pour des fresques découvertes dans l’église du Sablon, 39; rapport sur ces fresques, 161; commissaire pour la médaille de M. Quetelet , 475. Association américaine de Cambridge. — Hommage d’un ouvrage, 508. Association des sciences de Glascow. — Annonce de sa quatrième réunion, 556. B. Bal. — Envoi d’une œuvre pour le concours quinquennal de gravure en taille-douce, 673. 744 TABLE DES AUTEURS. Balat. — Rapport sur la monographie de la cathédrale de Trondhiem (Dront- heim), publiée par ordre du gouvernement norwégien, 476. Baron. — Hommage d’un ouvrage, 160. ; Bède. — Rapport de M. Plateau sur son mémoire intitulé: Recherches sur la capillarité, A7. Belval. — Présentation d’une note sur une variété de Semiotus sanguini- collis et sur l’Zxodes Pcortmani (Lucas), 595. Benoît. — Rapport trimestriel ; come lauréat du concours de composition musicale, 475. Bernardin. — Dépôt d'observations botaniques faites à Melle en 1860, 510, 597. Blommaert. — Remerciments au sujet de son élection de correspondant, 28; membre du jury chargé de juger le concours ouvert en l’honneur de Van Maerlant, 85. PBraemt. — Commissaire pour la médaille de M. Quetelet, 475; chargé de l’exécution de cette médaille, 547. Brasseur. — Hommage d’un ouvrage, 2; commissaire pour une notice de M. Manilius, 395; rapport verbal sur cette notice , 517; commissaire pour un mémoire de M. Lamarle, 558 ; lecture de son rapport sur ce mé- moire , 696. | Buys-Ballot. — Sur l'intensité relative des vents, à Utrecht, de 1849 à 1854, 509. C. Candèze. — Hommage d’un ouvrage, 179. Cantraine. — Commissaire pour une notice de M. Belval, 595; observation relative à cette notice, 517 ; commissaire pour un mémoire dé M. Van Be- neden , 464; lecture de son rapport sur ce mémoire, 517. Carton. — Membre du jury chargé de juger le concours ouvert en l’hon- neur de Van Maerlant, 85 ; hommage d'un ouvrage, 469; compte rendu du congrès dé Bréda , 475. Carvallo (Son Excellence). — Envoi d'ouvrages au nom de l’université de Santiago , 469. Cavalier. — Envoi des observations météorologiques faites pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860, 185. Cercle artistique et littéraire de Bruxelles. — Lettre relative à la médaille de M. Quetelet, 549. Chalon. — Hommage d'ouvrages, 469; commissaire pour la médaille de M. Quetelet, 466. Chasles. — Hommage d’un ouvrage, 595. LR] TABLE DES AUTEURS. 745 Commission centrale de statistique du royaume. — Hommage d’un ou- vrage, 550. Congrès international de statistique. — Dépôt du programme de la session qui aura lieu à Londres, le 16 juillet , 84; notice de M. Ad. Quetelet sur ce congrès , 554. Conseil de fabrique de l’église du Sablon. — Lettre relative à des fresques découvertes, 58 ; rapport de M. Alvin sur ces fresques, 161. D. Dautzenberg. — Membre du jury chargé de juger le concours ouvert en l'honneur de van Maerlant, 85. De Borre (Alfred). — Dépôt d'observations botaniques faites à Jemeppe en 1860, 518 , 597. De Busscher (Edm). — Commissaire pour l'examen des fresques de l’église du Sablon, 59; membre de la commission de la Biographie nationale , 377; membre de la commission royale des monuments, 384, 475. De Keyzer. — Membre de la commission royale des monuments, 584, 475. De Koninck.— Communication verbale sur des fossiles découverts à Lierre, 27 ; commissaire pour deux notes de M. Van Raemsdonck, 46 ; remarque au sujet de ces notes, 410 ; dépôt du rapport de M. Nyst sur ces notes et remarques à ce sujet, 180; commissaire pour une notice de M. Malaise, 595; rapport sur cette notice, 511 ; commissaire pour les fouilles faites à Anvers, 508 ; observations sur des ossements fossiles, 637. De Lavradio (le comte). — Hommage d'ouvrages, 696. De Montalembert (le comte). — Hommage d’un ouvrage, 469. De Montjardin (Victor). — Hommage d’un ouvrage manuscrit, 553. D’Omalius. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 47; donne sa démission de membre de cette commission, 179 ; commissaire pour une notice de M. Malaise, 395 ; rapport sur cette notice, 514. De Ram (P.-F.-X.). — Membre de la commission de la Biographie natio- nale , 85 ; hommage d’un ouvrage, 555. De Saint-Genois (le baron). — Membre de la commission de la Biographie nationale , 85 ; désigné comme président de cette commission, 473; compte rendu du congrès de Bois-le-Duc, 473 ; commissaire pour la médaille de M. Quetelet, 466. De Schlagintweit frères (MA.). — Renseignements sur les proportions de l'homme en Asie, 179. De Seisal (Son Excellence le vicomte). — Envoi d'ouvrages, 696. De Selys-Longchamps. — Synopsis des Agrionines, 1"° légion : Pseudo- 746 TABLE DES AUTEURS. stigma, 9; dernière légion : Protonevra, 451; commissaire pour un mémoire de M. Van Beneden, 464; lecture de son rapport sur ce mémoire : 517 ; dépôt des observations botaniques faites à Waremme en 1860, 518, 597: D’Udekem. — Commissaire pour un mémoire de M. Van Beneden, 464; lecture de son rapport sur ce mémoire , 517; commissaire pour un mémoire de M. Spring, 550. D’Ursel (le duc). — Annonce de sa mort, 467. De Wael (Émilien). — Dépôt d'observations botaniques faites à Eeckeren en 1860 , 597. Dewalque. — Membre de la commission pour la Biographie nationale, 180; commissaire pour les fouilles faites à Anvers, 508 ; rapport sur ces fouilles, 599: De Witte (le baron). — Lecture de sa notice sur Charles Lenormant , 735. Du Bus (le vicomte). — Commissaire pour les fouilles faites à Anvers , 508. Duc de Brabant (S. 4. R. le). — Don d’une somme à la Caisse centrale des artistes belges , 694 ; exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique du 16 décembre, 695. Ducpetiaux. — Legs d’une partie de sa bibliothèque à l’Académie, 351; hommage d’un ouvrage, 550. Duprez. — Rapport sur une notice concernant un nouveau système enregis- treur des observations de tous les instruments météorologiques par M. Ch. Noël, 6; rapport sur une notice de M. Vinchent, 55 ; commissaire pour une notice de M. Jaspar, 179 ; rapport sur cette notice, 596; commissaire pour deux mémoires de concours, 396; rapport sur ces mémoires, 702; sur les étoiles filantes du 10 août 1860, à Gand, 412; commissaire pour une notice de M. Perrey, 509; rapport sur cette notice, 603; commissaire pour une note de M. Sacré, 509 ; rapport sur cette note, 607 ; commissaire pour une notice de M. Florimond , 509 ; observation relative à cette no- lice , 603. F. Fétis (Éd). — Commissaire pour l’examen des fresques de l’église du Sa- blon, 59; membre de la commission de la Biographie nationale, 577; nommé secrétaire de cette commission, 473 ; commissaire pour une notice de M. Génard, 476; rapport sur cette notice, 560; les artistes belges à l'étranger : Philippe Buyster, 487; communication au sujet de la Caisse des artistes, 694. Fétis (Fr.). — Lecture de l’introduction de son histoire de la musique , 40 ; membre de la commission de la Biographie nationale, 377 ; discours sur TABLE DES AUTEURS. 141 les œuvres des anciens maitres de l’école belge de musique , 387 ; rensei- gnement sur l'adoption d’un diapason musical, 476; rapport sur cette question soulevée par le sieur Van Poucke, 553; commissaire pour une partition de M. Benoît, 552; présentation d’une traduction des œuvres de Tinctoris avec annotations, 587; rapports de MM. Van Hasselt et Snel sur ce mémoire, 674, 692; éditeur des œuvres des anciens compositeurs belges, 673. Florimond. — Remarque sur les orages du 18 mai 1860,2; note sur un _; halo solaire, 46; envoi des observations météorologiques faites pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860, 185 ; note sur différents sujets de physique du globe, 509 ; observations de MM. A. Quetelet et Duprez sur cette note , 605. Foster (G.-E.). — Note sur l'acide acétoxybenzamique, 72. Früsch(Ch.). — Envoi d'observations botaniques faites à Vienne en 1860, 518, 597. G. Gachard. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 85; propose de frapper une médaille en l'honneur du vingt-cinquième anniver- saire de l'entrée en fonctions de M. Quetelet comme secrétaire perpétuel, 465 , 475, 547. Génard (P.). — Notice sur un triptyque du XV siècle, qui se trouve à l'église Saint-Gommaire , à Lierre, 476, 561 ; rapports de MM. Van Hasselt et Éd. Fétis sur cette notice, 558 , 560 ; résolution d’ajouter un dessin à sa notice , 675. Ghaye. — Dépôt des observations botaniques faites à Waremme en 1860, 518, 597. Gilbert (Ph.). — Sur un phénomène d’optique atmosphérique , 597 ; présen- tation d’une notice intitulée : Remarques sur la théorie des équations différentielles linéaires , 696. Gloesener. — Rapport verbal sur une notice de M. Zenger, 9 ; commissaire pour une notice de M. Florimond , 604. Gluge. Commissaire pour un mémoire de M. Spring, 550; rapport sur ce mémoire , 601. Grote (G.). — Remerciments au sujet de son élection d’associé, 28. Guillawme. — Remerciments au sujet de son élection de correspondant, 98. HI. Heis — Auroles boréales observées pendant le mois d'août 1860, 422. 748 TABLE DES AUTEURS. Hermans (J.-F.-T.). — Membre du jury chargé de juger le concours ouvert en l’honneur de Van Maerlant, 83. Herrick (Ed.-C.).— Sur les étoiles filantes du 10 août 1860 aux États-Unis et sur les phénomènes périodiques en général, 414. I. Institut des provinces de France. — Envoi de son programme de concours, 50. J. Jaspar. — Notice sur les paratonnerres, 179; rapport de M. Duprez sur cette notice, 396. Jolly (le baron). — Note sur la restauration des peintures murales décou- vertes dans l’église de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles, 163. K. Kekulé. — Note sur l’action du brome sur l'acide succinique et sur la trans- formation des acides succiniques bromés en tartrique et malique, 63; faits pour compléter l’histoire de l’acide salicylique et de l’acide benzoïque, 537. Kervyn de Lettenhove. — Commissaire pour un projet de collection des grands écrivains du pays, 50; rapport sur ce projet, 85; complément de ce rapport, 470; le Télémaque du XVe: siècle, notice, 55; membre de la commission de la Biographie nationale, 85 ; un fragment de l’histoire des croisades , 565; le procès de Robert d’Artois, 1'° partie, 641. Kickx. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 47 ; com- missaire pour une notice de M. A. Wesmael, 179 ; rapport sur cette no- tice, 599; commissaire pour une seconde notice du même, 598. L. Lamarle. — Commissaire pour un mémoire de M. Meier, 2; rapport verbal sur ce mémoire, 607; dépôt d’un billet cacheté, 509; note sur le déve- loppement homalographique des surfaces de révolution, 530; rapports verbaux de MM. Schaar et Brasseur sur ce mémoire, 696; présentation d’un mémoire, 538; commissaire pour un mémoire de M. Plateau, 598 ; commissaire pour une notice de M. Gilbert, 696. Lamont. — Sur les protubérances rouges observées pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860 , 426. TABLE DES AUTEURS. 749 Lartigue. — Hommage d’un ouvrage, 2. Le Bas (Ph.). — Annonce de sa mort, 29. Lelewel. — Remerciments au sujet de sa nomination d’associé , 28 ; hommage d'ouvrages, 50. À Leys. — Membre de la commission royale des monuments, 584, 475. Liagre. — Commissaire pour deux mémoires de concours, 596; rapports sur ces mémoires, 705; commissaire pour une note de M. Sacré, 509 ; rapport sur cette note, 604. Liais. — Envoi des éléments de la comète n° 3, de 1860, 395. Limbourg (Henri). — Présentation d’un mémoire sur un point de la théorie de la formule de Stirling , 2; rapports de MM. Timmermans et Schaar sur ce mémoire et annonce du décès de l’auteur, 180. M. Malaise (C.). — Note sur quelques ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés, 395,538; rapports de MM. De Koninck et d'Omalius sur cette notice, 511, 514. Manilius. — Notice sur la méthode infinitésimale , 395. Martens. — Commissaire pour une notice de M. A. Wesmael, 179; rapport sur cette notice, 401 ; commissaire pour une seconde notice du même, 598. Mathieu. — Hommage d'ouvrages, 84. Maury. — Remerciments pour un envoi d'ouvrages, 2 ; lettre relative à une prochaine réunion de météorologistes, 178. Meier (F.). — Mémoire sur une nouvelle fonction génératrice des fonctions symétriques, 2, 608; rapports verbaux de MM. Timmermans et Lamarle sur cette notice, 607. Melsens. — Annonce la présentation d’un mémoire, 3, 82; dépôt de ce mé- moire, 708. Mertens. — Membre du jury chargé de juger le concours ouvert en l’hon- neur de Van Maerlant, 83. Miani. — Hommage d’un ouvrage, 596. Ministre de l’intérieur (4. le). — Documents relatifs à la Biographie na- tionale , recueillis dans les provinces d'Anvers, de Liége et de la Flandre occidentale , 29, 38, 468 ; arrêté royal ouvrant un concours extraordinaire dans la classe des sciences, 3; lettre relative à une traduction flamande de la Biographie nationale, 29 ; lettre relative à une collection des grands écrivains du pays, 29; lettre sur la répartition d’une somme de 20,000 francs accordée à divers ouvrages, 50 ; composition du jury chargé de juger le concours ouvert en l’honneur de Van Maerlant, 83; résultats de ce con- mi 50 TABLE DES AUTEURS. cours, 468; lettre sur la restauration des œuvres des anciens maitres de l’école flamande, 584; envoi d’une lettre de M. Van Poucke, 385 ; accuse la réception d’une lettre relative à l'exécution de la Biographie nationale, 585; envoi d’un rapport de M. Benoît, 475; lettre et arrêté nommant MM. De Keyser, Leys et De Busscher membres de la commission des mo- numents, 475; mesures prises pour les fouilles faites à Anvers et demande d’un rapport, 508; envoi d'ouvrages, 508; lettre relative à la médaille de M. Quetelet, 548 ; lettres relatives aux jurys des concours triennal de lit- térature dramatique flamande et du prix quinquennal des sciences morales et politiques, 551, 658 ; envoi d’un ouvrage de M. Miani, 596; annonce d’une allocation spéciale destinée à la commission de la Biographie na- tionale , 658 ; lettre relative au jury de littérature dramatique française, 659 ; demande d’un projet de publication des œuvres des grands écrivains du pays, 659; lettre relative aux prix de Stassart, 639; rapport au Roi et arrêté royal relatif aux œuvres des anciens compositeurs belges, 671, 672. Montigny. — Lettre sur l'orage du 19 février 1860, 3; observations sur l'accélération de la vitesse du bruit du tonnerre, 62; détermination et comparaison des hauteurs barométriques sous l'influence des différents vents, avec les intensités et les températures de ces vents, d’après les ob- servations faites à Bruxelles, 187; sur des ossements d'animaux fossiles trouvés près de Nivelles, 450 ; commissaire pour une notice de M. Flori- mond, 604. Müller (Jean). — Hommage d’un ouvrage, 509. N. Navez.— Commissaire pour l'examen des fresque de l’église du Sablon, 59. Vève (Félix). — Remerciments au sujet de son élection de correspondant , 28 ; hommage d'ouvrages, 550. Noël (Ch.). — Rapport de M. Duprez sur sa notice relative a un nouveau système enregistreur des observations de tous les instruments météorolo- giques, 6. Nyst. — Commissaire pour deux notices de M. Van Raemsdonck, 46; rapport sur ces notices, 401; commissaire pour les fouilles faites à Anvers, 508. 0. Observatoire de Madrid. — Envoi d'observations météorologiques, 178. Observatoire de Rome. — Envoi d'observations météorologiques, 178. TABLE DES AUTEURS. 754 P. Perrey (Alexis). — Présentation d’une notice sur les tremblements de terre en 1858 , 509 ; rapport de M. Duprez sur cette notice, 603. Piazzi Smith. — Demande d'observations météorologiques, 596.. Plateau. — Rapport sur un mémoire de M. Béde intitulé : Recherches sur la capillarité, 47; présentation de la cinquième série de ses recherches sur les figures d'équilibre d’une masse liquide sans pesanteur, 598. Poelman.— Commissaire pour un mémoire de M. Spring, 530 ; rapport sur ce mémoire, 602. Polain. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 85. Q. Questeurs du sénat et de la chambre des représentants (MM. les). — Cartes pour les tribunes réservées, 596. Quetelet (4d.). — Remarques sur les orages du 18 mai 1860, 5; membre de la commission de la Biographie nationale, 47; rapport sur une notice de M. Vinchent, 55; commissaire pour une notice de M. Jaspar, 179; note sur l’éclipse partielle de soleil, observée à Kensington, le 18 juillet 1860, 185 ; notice sur le Congrès international de statistique, tenu à Londres du 16 au 21 juillet 1860, 554; commissaire pour deux mémoires de con- cours de la classe des sciences, 396 ; rapport sur ces mémoires, 697; sur les étoiles filantes du 7 au 11 août 1860, déterminées à l'observatoire royal de Bruxelles, 410 ; note sur les principales perturbations magnétiques de 1860, 420 ; sur l’occultation des pléiades, observée à l’observatoire royal de Bruxelles, le 6 septembre 1860, 495 ; remerciments pour la proposition faite par M. Gachard, de faire frapper une médaille en son honneur, 467; commissaire pour une notice de M. Perrey, 509, commissaire pour une notice de M. Florimond , 509; dépôt des observations botaniques faites dans le jardin de l’observatoire en 1860, 518 ; sur les phénomènes pério- diques des plantes et des animaux, 518, 597 ; commissaire pour un mé- moire de M. Plateau, 598 ; observation relative à une notice de M. Flori- mond , 608. Quetelet (Ern.). — Note sur l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860 , observée à l'observatoire royal de Bruxelles, 181. KR. Roulez. — Hommage d'ouvrages, 353, 640. Y ‘”) 1 7152 TABLE DES AUTEURS. S. Sacré (Edmond). — Note sur la construction des paratonnerres , 509, 631; rapport de M. Liagre sur cette note, 604. Say (Horace). — Annonce de sa mort, 351. Schaar. — Commissaire pour un mémoire de M. H. Limbourg, 2; rapport sur ce mémoire , 180; rapport verbal sur une notice de M. Zenger, 9; commissaire pour une notice de M. Manilius, 595; rapport verbal sur cette notice, 517; commissaire pour un mémoire de M. Lamarle, 558; rapport verbal sur ce mémoire, 696. Schnepp (B.).— Remerciments pour un envoi d’ouvrages adressé à l’Institut égyptien, 46. Serrure fils (C. A.). — Lauréat du concours ouvert en l’honneur de Van Maerlant, 468. Siret. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 577. Snel. — Commissaire pour un mémoire de M. F. Fétis, 587; rapport sur ce mémoire, 692. Snellaert. — Éditeur d’un volume des œuvres de Van Maerlant, 640. Société d’Émulation , à Liége. — Envoi de son programme de concours, 84. Société des sciences, à Harlem.— Envoi de son programme de concours, 46. Société des sciences, à Upsal. — Hommage d'ouvrages, 595. Spring. — Sur les mouvements du cœur, spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo-ventriculaires, 521; présentation d’un mémoire sur ce sujet, 550; rapport de MM. Gluge et Poelman sur ce mémoire, 601, 602. Stappaerts ( Félix). — Nommé secrétaire adjoint de la commission de la Biographie nationale, 475. Stas. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 47; désigné comme vice-président de cette commission , 475; rapport sur deux notices de MM. Kekulé et Foster, 55; annonce la présentation d’un mémoire, 82; recherches sur les rapports réciproques des poids atomiques, 208. Suys. — Commissaire pour l'examen des fresque de l’église du Sablon, 39. 4 ie Thonissen. — Le problème de la population, dans ses rapports avec les lois de la nature et les prescriptions de la morale, 93. Timmermans. — Commissaire pour un mémoire de M. Limbourg, 2; rapport sur ce mémoire, 180; commissaire pour un mémoire de M. Meier, 2; TABLE DES AUTEURS. 753 rapport verbal sur ce mémoire, 607; rapport verbal sur une notice de M. Zenger, 9; hommage d’un ouvrage, 179; commissaire pour un mé- moire de M. Lamarle, 558; commissaire pour une notice de M. Gilbert, 696. L'Æ Van Beneden. — Commissaire pour deux notices de M. Van Raemsdonck, 46 ; rapport sur ces notices, 405; membre de la commission de la Biogra- phie nationale, 47; présentation d’un mémoire sur les crustacés du littoral de la Belgique, 464; lecture des rapports de MM. d'Udekem, de Selys- Longchamps et Cantraine sur ce mémoire, 517; commissaire pour les fouilles faites à Anvers , 508 ; discours prononcé à la séance publique du 16 décembre, 709. Van Peers (J.). — Lauréat du concours ouvert en l’honneur de Van Maer- lant , 468. Van Ertborn. — Envoi des observations météorologiques faites pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860, 185. Van Hasselt. — Membre de la commission de la Biographie nationale, 377; commissaire pour une notice de M. Génard, 476; rapport sur cette notice, 558; commissaire pour un mémoire de M. F. Fétis, 587; rapport sur ce mémoire, 690. V’an Poucke. Demande l'établissement d’un diapason musical uniforme et obligatoire, 585 ; rapport de M. Fr. Fétis sur cette question, 555. Van Praet.— Exprimeles regrets de Sa Majesté de ne pouvoir assister à la séance publique du 16 décembre, 695. Van Raemsdonck. — Notices sur des débris d'animaux fossiles trouvés dans le crag et l’argile de la chaussée de Saint-Nicolas à Belcele, 46; rapport de MM. Nyst et Van Beneden sur ces notices et remarque de M. De Koninck, 401, 405, 410. Ville de Gand. — Envoi du programme de concours ouvert en l'honneur de Jacques Van Artevelde, 84. Vinchent. — Note sur les effets de l’orage du 15 mai 1860, sur les fils télé- graphiques aux environs de Tirlemont, 56; relevé des perturbations qui ont été constatées à Bruxelles dans le service des lignes télégraphiques du 8 au 12 août 1860, 493. Vrambout. — Remerciments, au nom de la ville de Damme, pour l'envoi des œuvres de Van Maerlant, 468. Vrolik (G.).— Élu associé , 707. 754 TABLE DES AUTEURS. VW. Wauters (4.). — Remerciments au sujet de son élection de correspondant, 28 ; hommage d’un ouvrage, 353. Weiss (Adolphe). — Hommage d’un ouvrage , 509. Wesmael (4.). — Notice sur une plante hybride observée dans les environs de Vilvorde, 179, 462; rapport de MM. Kickx et Martens sur cette notice, 899 , 401; notice sur un Cérsium hybride, 598. W'esmael (C.). — Commissaire pour une notice de M. Belval, 595; observa- vation relative à cette notice, 517. Z. Zenger. — Rapports verbaux de MM. Schaar, Timmermans et Gloesener sur sa notice intitulée : Recherches sur la vitesse de la lumière et sa dépen- dance de l’action des forces moléculaires , 9. TABLE DES MATIÈRES. A. Archéologie. — Rapport de M. Balat sur la monographie de la cathédrale de Trondhiem (Drontheim), publiée par ordre du gouvernement norwé- gien, 476. Arrétés royaux. — Ouvrant un concours extraordinaire remplaçant le prix quinquennal des sciences mathématiques et physiques pour la deuxième période, 5; décrétant la publication des œuvres des anciens compositeurs de musique de l’école belge, 671. Astronomie. — Note sur l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860, observée à l'observatoire royal de Bruxelles, par M. Ernest Quetelet, 181; sur le même phénomène , observé à Kensington, par M. Ad. Quetelet, 185 ; com- munication des éléments de la comète n° 5 de 1860, observée par M. Liais, 395; occultation des pléiades, observée à l’observatoire royal de Bruxelles, le 6 septembre 1860, 495; sur les protubérances rouges observées pendant l’éclipse de soleil du 18 juillet 1860, par M. Lamont, 496. B. Billets cachetés. — Dépôt par M. Lamarle, 509. Biographie. — Renseignements historiques pour la Biographie nationale, transmis par le Ministre de l’intérieur, 29, 58, 468; élection des membres de cette commission, 47, 84, 179, 576; lettre ministérielle demandant l'exécution de l’œuvre projetée, 585; constitution du bureau de cette com- mission, 473; les artistes belges à l'étranger : Philippe Buyster, par M. Ed. Fétis, 487. Botanique. — Notice sur une plante hybride observée dans les environs de Vilvorde, par M. A. Wesmael, 462 ; rapport de MM. Kickx et Martens sur cette notice, 599, 401. | 2me SÉRIE, TOME X. 52 756 TABLE DES MATIÈRES. C. Caisse centrale des artistes belges. —-Annonce d’une réunion de ses admi- nistrateurs, 577; don fait par S. A. R. le duc de Brabant, 694. Chimie. — Note sur l'action du bronze sur l’acide succinique et sur la trans- formation des acides succiniques bromés en acides tartrique et malique, par M. Kekulé, 63; note sur l'acide acétoxybenzamique, par M. Foster, 72; recherches sur les rapports réciproques des poids atomiques, par M. Stas, 208; faits pour compléter l’histoire de l'acide salicylique et de Vacide benzoïque, par M. Kekulé, 337. Commission. — De la Biographie nationale, 29, 47, 84, 179, 376, 585, 468, 475, 658; pour l'examen des fresques de l’église du Sablon, 39, chargée de juger le concours ouvert en l'honneur de Van Maerlant, 83; pour la restauration des œuvres des anciens maitres de l’école flamande de peinture, 584; pour l'exécution de la médaille de M. Quetelet, 466; pour l'examen des fouilles faites à Anvers, 508 ; pour le prix triennal de littéra- ture dramatique française , 551, 639; pour le prix quinquennal d'histoire, 551 ; pour le prix quinquennal des sciences morales et politiques, 638. Concours de la classe des beaux-arts. — Résultat du concours de 1860, 99 ; programme pour 1861 et 1862, 168; programme pour le prix quin- quennal de gravure en taille-douce, 170; réception d’une gravure pour ce concours , 673. Concours de la classe des Lettres. — Programme pour 1861 et 1862, 50; programme pour la question sur l’histoire des Carlovingiens , 82; réception d’un mémoire de concours , 469. Concours de la classe des sciences. — Résultats du concours de 1860 et nomination de commissaires , 396 ; rapports de MM. Ad. Quetelet, Duprez et Liagre, sur deux mémoires en réponse à la deuxième question, 697, 702,705. Concours extraordinaires. — Arrêté royal ouvrant un concours remplaçant le prix quinquennal des sciences mathématiques pour la deuxième période, 3; jury chargé de juger le concours ouvert en l'honneur de J. Van Maer- lant, 85; résultat de ce concours , 468 ; dispositions concernant le concours pour les prix de Stassart, 639. D. Discours. — Sur les œuvres musicales des anciens compositeurs de Pécole belge, par M. F. Fétis, prononcé à la séance publique de la classe des beaux-arts, 587; discours prononcé par M. Van Beneden à la séance pu- blique de la classe des sciences, 709. A TABLE DES MATIÈRES. 7871 Distinctions honorifiques. — Proposition par M. Gachard de décerner une médaille à M. Quetelet en l'honneur du vingt-cinquième anniversaire de son entrée en fonction comme secrétaire perpétuel et remerciments de celui-ci, 465 , 475, 547 ; lettre ministérielle et du Cercle artistique relatives à cette proposition, 548. Dons. — Ouvrage offert par M. Lartigue, 2 ; par M. Brasseur 2; par M. Lele- wel, 50; par M. Ad. Mathieu, 84; par M. Baron, 160 ; par MM. Timmermans et Candèze, 179; par M. Ducpetiaux, d’une partie de sa bibliothèque, 551; ouvrage manuscrit par M. V..de Montjardin, 555; ouvrage par MM. de Ram, Roulez et A. Wauters, 553; par M. Chasles, 395; par l’université de Santiago, 469; par MM. Chalon, Carton et le comte de Montalembert, 469; par le Ministre de l’intérieur, 508 ; par MM. Muller et Weiss, 509; par la commission centrale de statistique et par M. Nève, 550 ; cartes pour les tribunes réservées du sénat et de la chambre, par NM. les questeurs, 596; ouvrage par M. Miani, 596; par M. Roulez, 640 ; somme donnée par le duc de Brabant pour la Caisse des artistes, 695 ; cartes géographiques par M. de Lavradio, 695. E. Économie politique. — Le problème de la population, dans ses rapports avec les lois de la nature et les prescriptions de la morale, par M. Tho- nissen , 93. Élections. — MM. Kickx, Stas, Ad. Quetelet, Van Beneden et d’'Omalius, élus membres de la commission de la Biographie nationale, 47; MN. le baron de Saint-Genois , Kervyn de Lettenhove, de Ram, Polain et Gachard, membres de la même commission, 84; M. Dewalque élu en remplace- ment de M. d’Omalius, membre de cette même commission, 179; MM. F. Fétis, Ed. Fétis, Van Hasselt, De Busscher et Siret, membres de cette même commission, 576; MM. De Keyser, Leys et De Busscher nommés membres de la commission royale des monuments par arrêté ministériel, 584, 475; constitution du bureau de la commission pour la Biographie nationale, 475; jurys pour le prix triennal de littérature dramatique fran- çaise et pour le prix quinquennal d'histoire , 551 ; M. Vrolik, élu associé de la classe des sciences, 707. Entomologie. — Synopsis des Agrionines , par M. de Selys-Longchamps ; 17e légion : Pseudostigma , 9; 2%° légion : Protonevra, 451. Ethnographie. — Lettre de MM. Schlagintweit sur les proportions de l’homme en Asie, 179. | Qt (ee) TABLE DES MATIÈRES. G. Géogénie. — Discours prononcé par M. Van Beneden à la séance publique de Ja classe des sciences du 16 décembre, 709. EH. Histoire. — Un fragment de l’histoire des croisades, par M. Kervyn de Let- tenhove, 365; le procès de Robert d'Artois , 1'° partie, par le même, 641. L. Littérature — Le Télémaque du XV®+: siècle, notice par M. Kervyn de Let- tenhove, 35; demande par le Ministre de l’intérieure de la formation d’une collection des ouvrages des grands écrivains du pays, 29; rapport de M. Kervyn de Lettenhove sur ce projet, 85, 470. PF. Mathématiques. — Note sur le développement homalographique des surs faces de révolution, par M. E. Lamarle, 530; sur une nouvelle fonction génératrice des fonctions symétriques par M. F. Meier, 608. Météorologie et physique du globe. — Remarques sur les orages du 18 mai 1860, par M. Florimond, 2; sur l'orage du 19 février 1860, par M. Mon- tigny, 5; rapport de M. Duprez sur un nouveau système enregistreur des observations de tous les instruments de météorologiques, par M. Ch. Noël, 6; observation d’un halo à Louvain, le 9 juin 1860, par M. Florimond, 46; télégraphie, note sur les effets de l'orage du 15 mai 1860, aux enwi- rons de Tirlemont, par M. Vinchent, 56; rapport de MM. Ad. Quetelet et Duprez sur cette note, 55; observations sur l'accélération de la vitesse du bruit du tonnere, par M. Montigny, 62; lettre de M. Maury au sujet d’une prochaine réunion de météorologistes, 178; déterminaison et comparaison des hauteurs barométriques sur l’influence de différents vents, avec les intensités et les températures de ces vents, d’après les observations faites à Bruxelles, par M. Montigny, 187 ; sur les étoiles filantes du 7 au 51 août 1860 , déterminées à l’observatoire de Bruxelles, notice par M. Ad. Que- telet, 410; sur le même phénomène observé à Gand, par M. Duprez, 412; sur le même sujet et sur les phénomènes périodiques en général observés aux États-Unis, par M. Herrick, 414; note sur les principales perturbations magnétiques de 1860 , par M. Ad. Quetelet, 420 ; aurores boréales obser- vées pendant le mois d’août 1860, par M. Heis, 422; relevé des perturba- TABLE DES MATIÈRES. 759 tions qui ont été constatées à Bruxelles, dans le service des lignes télégra- phiques les 8,9, 10, 11 et 12 août 1860, par M. Vinchent ,423; sur l'intensité relative des vents observée à l'observatoire d’Utrecht, par M. Buys-Ballot, pendant les années 1849 à 1854, 509 ; sur un phénomène d'optique atmo- sphérique observé par M. Ph. Gilbert, 597 ; rapport de M. Duprez sur une notice de M. Perrey, relative aux tremblements de terre observés en 1858, 605. Musique. — Demande, par le sieur Van Poucke, d'établir en Belgique un diapason musical uniforme et obligatoire, 585; rapport de M. F. Fétis sur cette proposition, 553; discours par le même sur les œuvres des anciens maitres de l’école belge, prononcé le 25 septembre 1860 , 587; rapport de MM. Van Hasselt et Snel sur le manuscrit des traités de musique de Jean Tinctoris et sur la traduction française de ces ouvrages, par M. F. Fétis, 674,692. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Ph. Le Bas, associé, 29; de M. H Say, associé, 851; de M. le duc d'Ursel, associé, 467. ©. Ouvrages présentés. — 40,171, 878, 498, 587, 755. | P: Paléontologie. — Rapports de MM. Nyst et Van Beneden sur des ossements fossiles trouvés dans les environs de Saint-Nicolas, communication de M. Van Raemdonck , 401, 405; sur des débris d'animaux fossiles trouvés près de Nivelles, lettre de M. Montigny, 450; lettre ministérielle relative aux fouilles faites à Anvers, 508; rapport de M. Dewalque sur ces fouilles, 599; note sur des ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés, par M. Malaise, 558; rapports de MM. De Koninck et d'Omalius sur cette notice, 511,514. Peinture. — Découverte des peintures murales dans l’église du Sablon à Bruxelles, 58 ; rapport de M. Alvin sur ces peintures, 161; note sur la res- tauralion de ces peintures, par M. le baron Jolly, 163; lettre ministérielle relative à la restauration des œuvres des anciens maîtres de l’école fla- mande , 584 ; notice sur un triptyque du XVe siècle qui se trouve à l’église Saint-Gommaire à Lierre, par M. Génard, 561; rapports de MM. Van Hasselt et E. Fétis sur cette notice, 558, 560, 760 TABLE DES MATIÈRES. Phénomènes périodiques. — Dépôt des observations faites en 1860, 518, 597 ; sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux, par M. Ad. Quetelet, 518. Physiologie. — Sur les mouvements du cœur, spécialement sur le mécanisme des valvules auriculo-ventriculaires, par M. Spring, 521; rapports de MM. Gluge et Poelman sur un mémoire du même auteur, relatif aux mou- vements du cœur, 601, 602. Physique. — Rapport de M. Plateau sur le mémoire de M. Béde intitulé: Recherches sur la capillarité, 47 ; rapport de M. Duprez sur une notice de M. Jaspar relative aux paratonnerres, 396; notice relative à la construc- tion des paratonnerres, par M. Sacré, 631; rapport de M. Liagre sur cette notice, 604. S. Statistique. — Le congrès international de statistique , tenu à Londres du 16 au 21 juillet 1861, notice par M. Ad. Quetelet, 354. Z. Zoologique. — Voyez géogénie et phénomènes périodiques. Ta ERRATA. Page 2, ligne 23, au lieu de : 28 mar, lisez : 18 mai, 2 EN EOOE E = prospectus, lisez : programme. — 60, — 14, — de sol, lisez : du sol. — 84, — 4, — Jacob Van Artevelde, lisez : Jacques Van Artevelde. — 195, note, ligne5, — des années 1849-1851, — les années 1849-1859, — 205, ligne 14, — 3mm, lisez : 2mm, — 412, — 4, — (le 9 août) O, 0, lisez : O, 1. — — — 2%, — NNS, lisez : NNE. D de 29, — Sue dE Je — — — 2%, —— sir, — J, — 415, — 15, — seulement, lisez : justement. — 416, — 921, — Mrre, lisez : M. — 428, — 14, ,— changée, lisez : changé. — sam (Q-Q Os — Fi AET à # aa j AUTEA fe SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES LULU 3 9088 01300 2183