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LR | ‘ “à ON] [M ï * 1 à i l CRT] LUN ] CA ‘ : ‘ “ 1 LI + . . ; ‘ ï bas UE 4 Û Sas 0 dre ex ‘ Û NT “À “à 4774 CCE D : (ao ne à ET dr at Dan aa be 58 fa de de 7 L L * LE à CARRE PL : i W'y 1 4 € à À À +12 ts D dt n br ul (on f BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. > VE ! lo BULLETINS 4 4 L'ACADÉMIE ROYALE SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TRENTE ET UNIÈME ANNÉE. — 9me SÉRIE, TOME XIII. LE LU 6 : O5 & Le $. > WITHBBAWN FROM WW, p LIBRAR% e 2e Hi ES T4 4 , 3 BRUXELLES. M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1862. | DUPLICATE EXCHANGE BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1862. — Ne 1. CLASSE DES SCLENCES. Séance du 4 janvier 1862. M. Lracre, président de l'Académie. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d’Omalius, Sauveur, Wesmael, Martens, Cantraine, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Duprez, Brasseur, Poelman, d’'Udekem, membres; Schwann, «sso- cié; Montigny, Steichen, correspondants. 9m SÉRIE , TOME XII. | (2) CORRESPONDANCE. Il est donné lecture de lettres de MM. Edouard Morren et Steichen, qui remercient l’Académie pour leur nomina- tion de correspondants. M. Valentin, professeur à Berne, remercie de son côté pour sa nomination d’associé; il donne en même temps un aperçu d’un nouvel ouvrage qu’il vient de publier. (Voyez page 8 et suivantes.) — M. le président du Sénat accuse réception , tant en son nom qu’en celui de MM. les Sénateurs, de l’envoi du tome XXXIII des mémoires in-4°, et du tome XXX des mé- noires couronnés de l’Académie. — L'Académie palermitamne a reçu également de la compagnie l’hommage de ses dernières publications. — MM. le professeur Bellynek, de Namur, le profes- seur Bernardin, de Melle près de Gand, Alfred de Borre, de Jemeppe, font parvenir les résultats de leurs observa- tions sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux, recueillies pendant l’année 1861. — M. Jules d'Udekem, membre de la classe, présente un mémoire manuscrit accompagné de cinq planches, contenant la description des infusoires de lu Belgique. (Commissaires : MM. Van Beneden et Gluge.) — M. Ad. Quetelet fait hommage de l'Annuaire de l’ob- servatoire de Bruxelles pour 1862, ainsi que d’un extrait de ce même annuaire offert par M. Ed. Mailly et consacré (5 à retracer l’histoire de la Société royale de Londres. — Re- merciments. = RAPPORTS. Notice concernant quelques plantes rares de la flore de la Belgique; par M. Alfred Wesmael. apport de M. Kick. « La notice de M. Alfred Wesmael sur quelques plantes nouvelles , rares ou critiques de la flore belge, comprend une trentaine d'espèces, dont les plus intéressantes sont les Ranunculus lanuginosus, Hypericum microphyllum, Sedum rubens, Lactuca saligna, Euphorbia dulcis, Spi- ranthes autumnalis, Potamogeton plantagineus, Cyperus fuscus, Cladiuin mariscus et Carex trinervis. Deux des espèces que nous venons de citer n'avaient pas été indi- quées jusqu'ici en Belgique : ce sont le Potamogeton plantagineus, dont l’auteur donne les caractères détaillés, et l’Hypericum microphyllum, lequel, s’il n’est pas une espèce certaine, est au moins, comme le croit De Candolle, une variété digne d'attention, de l’'Hypericum perforatum. Les autres plantes comprises dans le travail que nous avons été chargé d'examiner sont beaucoup plus répan- dues, et tout dans la notice se réduit pour elles à l’indi- cation de nouvelles localités dont le nombre pourrait être pour la plupart augmenté notablement. Quelques-unes cependant sont accompagnées d'observations : ainsi le Teucrium scodium a été retrouvé à Beerlaer, c'est-à-dire dans la localité où le signalait autrefois Roucel ; d’autre part C4 le Carex acuta a fourni à l’auteur deux variétés, dont l’une (y nigra) est l’analogue de celle du Carex vulgaris et du Carex cœspitosa que Dôll à désignée sous le nom de Fuligi- nosa, et dont l’autre (B brevisquama) nous semble être une simple forme peu constante. Nous ne devons pas négliger de faire une remarque au sujet de l’Erythræa pulchella, pour laquelle l’auteur cite deux localités, Melsbroek, près de Vilvorde, et Ostende. La plante de Melsbroek ne soulève aucun doute : elle ap- partient certainement à l’espèce, assez commune d’ail- leurs, dont elle porte le nom. Mais en est-il de même pour l'échantillon d’Ostende, qui pourrait bien être l'Ery- thræa littoralis Fr., abondant sur toute notre côte? C’est là un point que nous ne saurions décider et que nous enga- geons l’auteur à vérifier. Une autre observation nous est suggérée par rapport au Sisymbrium sophia, recueilli près d’Ostende et qui à offert à M. Wesmael des feuilles sensiblement charnues, caractère qu'il faut probablement attribuer, dit avec rai- son l’auteur, au lieu d'habitation. On se tromperait toutc- fois si l’on croyait cette particularité propre à l'espèce : elle est, au contraire, l'effet d’une influence locale qui agit sur la végétation en général. Dans le voisinage de la mer, les végétaux herbacés de l’intérieur prennent une carnosité plus grande, ainsi que le démontrent d’une manière très- distincte une foule d'espèces, entre autres le Sisymbrium lenuifolium, le Lotus uliginosus, l’Anagallis arvensis et tenella, le Senecio jacobæa, le Lycopsis arvensis, l'Eu- phrasia odontites, le Polygonum aviculare, etc., toutes plantes qui, soustraites à leur station maritime et cultivées dans l’intérieur du pays, y reprennent leur feuillage ordi- naire. La même hypertrophie du mésophylle se présente (9) chez les végétaux exclusivement maritimes, tels que les Salsola, Suæda, Salicornia, Cakile, ete. Ce phénomène provient de causes multiples que nous ne pouvons traiter ie d’une manière meidente. En résumé, quoique la notice de M. Alfred Wesmael n'offre point précisément les qualités que l’on serait en droit d'exiger pour son insertion dans un recueil acadé- mique, elle n’est pas néanmoins dépourvue d'intérêt, et nous croyons que la classe peut ladmettre dans ses Bul- letins. Nous avons donc l'honneur d’en proposer l’impres- SION, » Les conelusions de ce rapport, auquel se rallie le second commissaire , M. Martens, sont adoptées par la classe, qui déeide que la notice de M. Alfred Wesmael sera insérée au Bulletin. Note sur les tremblements de terre en 1859 ; par M. Alexis Perrey. FRappost de PT. Damgn'ez. « La première partie de la note de M. Perrey renferme des suppléments aux catalogues des tremblements de terre déjà insérés dans les Bulletins de l’Académie et remontant à 1845; la seconde partie est uniquement consacrée aux tremblements de terre ressentis en 1859. Dans mon opi- nion, on ne peut qu'approuver les efforts que fait l’auteur pour recueillir tous les renseignements concernant lPun des phénomènes les plus remarquables de la physique du globe, dont la périodicité ou les rapports de connexion avec d’autres phénomènes météorologiques ne peuvent Qi) être appréciés que par une longue série d'observations ; j'ai donc l’honneur de proposer à l’Académie d'imprimer encore le nouveau travail de M. Perrey. » Rapport de M. Ad, Quetelet. Depuis près d’un quart de siècle, l’Académie royale de Belgique insère, dans ses publications, les annales des tremblements de terre qui viennent désoler la surface de notre globe. Les soins assidus que met M. Alexis Perrey à signaler tous les phénomènes de ce genre, portent sur un objet d’études du plus haut intérêt. Je ne me serais donc pas dispensé d’en parler avec détail dans mon nouveau travail Sur la physique du globe, Si je n’avais la conviction que ce savant en tracera lui-mêmeles éphéméridesavee plus de soin et plus de compétence que je n’aurais pu le faire. Je dois, en conséquence, approuver l’insertion du nou- veau travail de M. Perrey dans notre recueil; j'émets, en même temps, l'espoir que l’auteur ne tardera pas à nous présenter toutes les conclusions qui resultent de l’ensemble de ses études. Il nous fournira sans doute un des chapitres les plus intéressants sur la structure de notre globe ét sur les causes plus ou moins puissantes de pression qui existent entre sa partie solide et sa partie encore fluide, causes qui donnent lieu à ces tremblements et à ces éjections volca- niques, objet de ses observations. Les conclusions des deux commissaires étant approu- vées , la notice de M. Alexis Perrey sera imprimée dans le recueil in-octavo des mémoires de l’Académie. AE NOMINATIONS. La classe procède ensuite à l'élection de son directeur pendant l’année 1863; M. Wesmael, désigné par la majo- rité des suffrages, vient prendre place au bureau en qualité de vice-directeur. M. De Koninck, directeur pour 1862, remplace au fauteuil M. Liagre, directeur sortant, et propose de Jui voter des remerciments; des applaudissements accueillent cette proposition. COMMUNICATIONS ET LECTURES. « J’ai l'honneur de présenter à l’Académie, dit M. Que- telet, comme complément de l'ouvrage Sur le climat de la Belgique, le volume qui vient de paraître Sur la physique du globe, ouvrage auquel j'ai travaillé avec activité pen- dant plus de trente ans, secondé par un grand nombre de savants de ce pays et de l'étranger. | » J’ai essayé déjà, dans une des séances précédentes, de donner à la classe un aperçu du contenu de ce travail, qui traite successivement des températures de l'air et du sol, de l'électricité statique et dynamique de notre atmos- phère, du magnétisme terrestre considéré sous le rapport des directions et de la force de l'aiguille, des étoiles filantes, des phénomènes périodiques des plantes et des animaux, de la théorie des marées sur nos côtes, etc. » Jl est un point qui a spécialement fixé mon attention, c’est la détermination des époques de l'année remarquables (S) par la renaissance périodique des grands phénomènes de l’at- mosphère. Je citerai comme exemple le 10 août, ainsi que le 2 janvier; ces dates intéressent par des apparitions plus fréquentes soit d'étoiles filantes, soit d’aurores boréales. » Comme on a pu le voir par les Bulletins météorolo- giques distribués chaque jour, par l’observatoire impérial de France, cette année encore, une belle aurore boréale a été signalée à Stockholm, dans la nuit du 1° au 2 de ce mois. L'état de l'atmosphère n’a pas permis de l’aperee- voir sous notre ciel, qui était couvert comme dans la plu- part des pays voisins. Ce qui est à remarquer encore, c’est la température plus douce qui se manifeste habituellement pendant les mêmes jours, température exceptionnelle que j'avais signalée déjà dans mon mémoire Sur les variations périodiques et non périodiques de température; 1. XX VIH in-4° des MÉM. DE L’ACAD. ROYALE DE BELGIQUE, 1854. » Sur les phénomènes physiologiques. Extrait d’une lettre de M. Valentin, de Berne, à M. Ad. Quetelet. « … Permettez, monsieur le Secrétaire, de vous pré- senter quelques observations supplémentaires à une suite de recherches qui m'ont oceupé l'été dernier. » L'étude de la double réfraction des tissus organiques m'a donné l’idée d'examiner si ces parties présentent aussi des axes thermiques de longueur mégale. On sait depuis longtemps que le bois à la plus grande conductibilité dans la direction des fibres. Mes observations démontrent que la masse ligneuse est un corps optiquement et thermique- ment négatif, et que la plupart des tissus de l'homme et des mammifères possèdent des axes thermiques inégaux (9) qui diffèrent quelquefois essentiellement des axes optiques. Les expériences qui le prouvent sont consignées dans un mémoire qui va être bientôt imprimé en Allemagne et que je présenterai à votre Académie aussitôt que possible. » Les fibres musculaires sont des corps optiquement positifs qui ont leur axe optique parallèle au diamètre longitudinal. Elles donnaient des résultats très-variables sous le rapport de la conductibilité de la chaleur. I y avait des cas où le plus grand axe thermique suivait l'axe longi- tudinal de la fibre et d’autres où cet axe était parallèle à l'axe transversal. Ce cas intermédiaire d'égalité des axes thermiques en tous sens ne manquait pas. J'ai déjà sup- posé dans mon mémoire que le parallélisme du plus long axe thermique et du diamètre longitudinal de la fibre mus- culaire répond à l’état frais et naturel de la masse mus- culaire et que les autres cas sont les produits de la décom- position cadavérique. Cette hypothèse a été confirmée par des recherches ultérieures. » Les muscles frais et irritables d’un chat, par exemple, le sterno-maxillaire, le grand oblique, les adducteurs de la cuisse, séchés aussi promptement que possible, ont généralement le plus grand axe thermique dans le sens de la longueur de la fibre. Les exceptions sont en minorité. J'ai trouvé le même résultat dans le droit abdominal d’un homme robuste qui a été décapité, il y a vingt-quatre heures. La rigidité cadavérique a été très-prononcée. Le sterno-cléido-mastoïdien, le droit interne, le couturier don- nent en majorité le résultat contraire trois ou quatre jours et plus après la mort. On peut conclure que la fibre mus- culaire entièrement fraiche et contractile, séchée rapide- ment, a. généralement son plus grand axe de conductibi- lité parallèle à sa longueur. Le commencement de la rigidité (10) cadavérique ne change pas cette direction. La putréfaction ultérieure diminue d’abord la différence positive entre les axes thermiques longitudinal et transversal, la réduit à zéro et la rend enfin négative. En un mot, la décomposition putride du muscle peut renverser le caractère thermique de la masse solide. Le caractère optique reste le même. » {l paraît que le cristallin de l’œil présente le contraire. J'ai déjà remarqué, dans mes publications sur la double ré- fraction , que la lentille fraîche et humide de l’œil est opti- quement positive et la lentille sèche optiquement négative. La putréfaction peut produire le même changement de caractère, Il y à naturellement dans les deux cas un état de transition qui répond pour ainsi dire à zéro, où la masse possède des axes optiques égaux en tous sens, où la double réfraction manque. Ces régions du cristallin produisent des anneaux noirs dans le champ obseur de lappareil de polarisation. Il m’a été impossible de trouver quelque chose de semblable sous le rapport de la conductibilité de la cha- leur. Supposons que ce résultat soit exact, on peut dire : la putréfaction des muscles peut changer le caractère ther- _ mique et pas le caractère optique; celle du eristallin le caractère optique et pas, à ce qu'il paraît, le caractère thermique. » Notice historique sur la vilesse et sur l’aberration de la lumière ; par M. le major Liagre, membre de l’Académie. Quelle que soit l'hypothèse à laquelle on ait recours pour expliquer le phénomène de la lumière, quelque vi- tesse que l’on accorde aux molécules ou aux ondes lumi- (11) neuses par l'intermédiaire desquelles nous apercevons les corps, il est impossible que l’acte de la vision soit instan- tané, dans l’acception mathématique du mot. Comment con- cevoir en effet qu'un fait physique quelconque puisse se dévèélopper et se manifester à nos organes, sans qu'aucun intervalle de temps soit nécessaire à son accomplissement et à sa transmission? | Je ne pense pas que les anciens aient Jamais discuté, ni même posé la question de savoir si la lumière emploie un temps physique à se propager : cependant une trans- mission instantanée ne cadrait pas avec la manière dont ils expliquaient le phénomène de la vision; car, suivant eux, les rayons visuels partaient de l’œil de l’observateur, pour aller atteindre et sentir l’objet lumineux. Cette idée singulière, que l’on trouve exposée dans l’Optique d’Eu- clide et dans celle de Ptolémée, n’était certamement plus rèçue au onzième siècle, et Alhazen ({) dit positivement que les rayons arrivent de l’objet à l’œil : néanmoins il ne parle pas de leur vitesse. C’est Bacon qui le premier a dé- duit, de considérations philosophiques très-justes , la con- séquence que « la vision demande un certain temps pour » s’opérer (2). » | Galilée et Descartes sont, à ma connaissance, les deux premiers philosophes qui aient eu recours à l'expérience, pour essayer de décider cette question délicate. Suivant la théorie de Descartes, qui contient le germe du système des ondulations généralement adopté aujour- d’hui, la lumière ne nous est pas envoyée : visible ou non, (1) Opticae Thesaurus. (2) In visu liquet requiri, in eum actuandum, momenta certa tempo- ris. Novum Organum, lib. Il, 46. (12) elle existe toujours autour de nous; son repos fait les té- nèbres , son mouvement engendre la clarté. Les particules de la lumière, rondes et parfaitement élastiques, sont pres- sées et semées dans tout l'univers, en sorte que chaque point d’un objet visible peut toujours être considéré comme le sommet d’une file de particules aboutissant à notre œil. Tout corps lumineux a la propriété d’ébranler et d’agiter les molécules élastiques; il presse sur l’une des extrémités de la file, tandis que l'autre extrémité, qui repose sur notre œil, y transmet instantanément la sensation de la lumière. C’est ainsi, dit-il, que lorsque le bout d’un bâton presse contre un objet résistant, la main placée à lautre bout reçoit immédiatement limpression de cette résis- tance (1). Pour appuyer son opinion de l’autorité des faits, Des- cartes invoque les phénomènes astronomiques. « S'il fal- » lait, dit-il, dans une de ses lettres datée de 1634, s’il » fallait à la lumière un temps quelconque pour venir » du soleil ou de la lune jusqu’à nos yeux, jamais nous » ne verrions une éclipse à l’instant où elle arrive réelle- » ment; jamais nous ne verrions le soleil, la lune, ni » aucun astre dans le lieu qu’il occupe, mais bien dans le » lieu qu'il occupait à l'instant où s’est faite l'émission de » la lumière. Or les éclipses s'accordent avec les annonces » des astronomes : donc la lumière n’emploïe aucun temps » appréciable à venir du soleil ou des planètes jusqu’à » nous. » Ce passage, où la vérité et l'erreur sont entremêlées, mérite un examen attentif; il renferme une réflexion que, (1) Dioptrique, Chap. I, (15) pour le moment, on doit admettre comme juste : c’est que toujours nous voyons les astres dans la position qu’ils oc- cupaient à l'instant où ils ont lancé l’élément lumineux qui nous arrive; mais on peut répondre à Descartes que les tables du soleil et de la lune sont calculées d’après l'observation, et que, si elles sont exactes, le lieu du ciel qu'elles assignent à ces astres est celui où l’on doit les voir. Les éclipses observées devraient done, de ce chef, s’accorder avec le calcul, quel que füt le retard de la lu- mière. D'ailleurs, ce que le célèbre philosophe français aurait dü conclure de l'accord qu’il trouvait entre le calcul et lobservation des éclipses, c’est que la lumière met un temps inmappréciable à nous venir, non pas du soleil, mais bien de la lune. La raison en est évidente pour les éclipses de lune, et quant à celles de soleil, voici comment il faut envisager le phénomène. Le soleil est le centre d’une immense sphère lumineuse, que nous pouvons nous représenter comme composée d’un nombre infini de rayons, sur lesquels se succéderaient, sans interruption, des molécules lumineuses glissant du centre vers la surface. La grandeur actuelle du rayon de cette sphère est égale à l’espace qu’a parcouru jusqu’aujourd’hui le premier élément lumineux lancé lors de la création de l’astre. Or, dans les éclipses de soleil, la lune s’interpose entre cet astre et nous, et intercepte les molécules qui, glissant le long des rayons dont il vient d’être question, devraient arriver à nos yeux (ou bien, si l’on veut, elle recoit et arrête les vibrations lumineuses, suivant le sys- tème de Descartes); mais elle n’empêche pas les messagers lumineux, qui, à cet instant, sont entre elle et la terre, (14) de poursuivre leur route. Ceux-ci continuent donc à nous arriver, malgré l’interposition réelle de la lune , et l’éclipse solaire apparente ne commence qu'après l’arrivée du der- mer. Elle est donc en retard, sur l'instant du phénomène . réel, d’une quantité égale au temps que la lumière em- ploie à venir de la lune à la terre. Le contraire a lieu pour la fin de léclipse : au moment où la lune laisse libre le dernier rayon solaire qui peut nous parvenir, il ne fait pas encore impression sur notre organe ; il faut pour cela qu'il ait parcouru le chemin qui sépare la lune de nous. La fin de l’éclipse arrive done aussi trop tard, mais la durée du phénomène n’a pas subi d’al- tération. La lumière, comme on le sait aujourd’hui, nous vient de la lune en une seconde environ, quantité dont l’astro- nomie actuelle ne peut encore répondre pour le calcul et l'observation des éclipses. Ces phénomènes paraissaient donc à Descartes s’accorder avec la prédiction; mais ils étaient effectivement en retard d’une quantité qui restait insensible au milieu des incertitudes bien plus grandes provenant des tables. Si la lune parcourait une orbite très- excentrique, on aurait pu reconnaitre, même du temps de Descartes , que les éclipses apogées arrivent plus tard que les éclipses périgées. Delambre , après avoir cité (1) la phrase de Descartes qui vient d’être analysée, dit que ce philosophe est le pre- mier qui ait fait la remarque ingénieuse , que jamais nous ne devrions voir les astres dans le lieu qu’ils occupent. Mais Bacon faisait déjà cette réflexion quatorze ans aupa- (4) Histoire de l'astronomie moderne, t. II, p. 205. (15) ravant, lorsqu'il se demandait (1) « Si l'aspect du ciel ne » représente pas son état passé depuis quelque temps, » plutôt que son état actuel, et s’il n’y a pas lieu, quant » à l'observation des corps célestes, de distinguer l’époque » vraie de l’époque apparente, de même que les astro- » nomes distinguent, dans la théorie des parallaxes, le » lieu vrai du lieu apparent. » Cette question capitale et délicate de la transmission de la lumière demande à être traitée avec beaucoup de cir- conspection, car elle a fait tomber des astronomes, esti- mables d’ailleurs, dans des méprises singulières. Ainsi Francœur (2) et de Pontécoulant (3) disent qu’à l'instant où nous apercevons le soleil à l’horizon, le matin ou le soir, 1l est en réalité déjà levé ou couché depuis 8"15°,2, temps que la lumière emploie à franchir la distance qui nous sépare de cet astre; que lorsqu'il paraît à notre mé- ridien, il l’a déjà dépassé depuis le même temps. La con- fusion de langage a entraîné ici une confusion d’idées. Les choses se passeraient effectivement comme le disent ces astronomes, si le soleil descendait chaque soir au- dessous de notre horizon immobile, pour s’élever le matin au-dessus. Mais, dans la réalité, c’est le point de la terre où nous nous trouvons qui vient, en vertu du mouvement de rotation diurne, pénétrer dans le cône lumineux tan- gent au soleil et à notre globe. Au premier instant de la (1) Nov. organ., lib. If, 1620 : « Utrüm coeli sereni et stellati facies ad » idem tempus cernatur quand verè existit, an potius aliquantd post; et » utrüm non sit (quatenüs ad visum coelestium) non minus tempus verum » et tempus visum, quàm locus verus et locus visus qui notatur ab astro- » nomis in parallaxibus. » (2) Uranographie, 6me édit., Bruxelles, p. 198. (5) Précis d'astronomie théorique et pratique, [re partie, p. 551. (16 ) pénétration, nous recevons l'impression de la lumière, et nous disons que le soleil se lève sur notre horizon, au lieu de dire que notre horizon s’abaisse au-dessous du soleil. C'est ainsi qu'il est midi, à l’instant précis où notre méri- dien vient passer par le centre du soleil. . À la vérité, l'élément lumineux que reçoit notre œil est parti de cet astre depuis 8"13°,2; et comme le soleil a un mouvement propre, nous le voyons toujours dans le lieu du ciel qu'il occupait 813,2 auparavant. Mais, pendant cet intervalle de temps, il ne se déplace que d’une quantité angulaire de 20//,25; et l'effet de ce léger déplacement, facile à calculer du reste, est complétement insensible , lorsqu'on n’envisage que les phénomènes du lever et du coucher des astres. La lettre de Descartes, dont un extrait a été rapporté tout à l’heure, était adressée à un anonyme qui prétendait prouver, par une expérience très-grossière, que la lumière emploie un certain temps à se transmettre. Cette circon- stance prouve que, vers 1654, la question de la propaga- tion de la lumière était déjà agitée, et traitée expérimenta- lement. On tire la même conséquence de la lecture d'un ouvrage de Galilée, imprimé à la même époque (1). L'illustre captif d’Arcetri y soutient la transmission suc- cessive de la lumière ; mais il reconnaît que les moyens de démonstration que l’on & essayés jusque-là sont insufii- sants. Voici l’expérience qu’il propose : Que deux personnes prennent chacune une lumière , et que chacune d’elles s'exerce à découvrir et à couvrir la sienne, à l'instant même où celle de l’autre paraît ou disparaît à ses yeux. (1) « Discorsi e dimostrazioni mathematiche intorno à due scienze atte-- » nenti.alla mecanica ed i movimenti locali, 1638 , Arcetri. » ne) Après avoir acquis une adresse suflisante, les deux obser- vateurs devront s'éloigner l’un de l’autre de deux ou trois milles, et répéter l'expérience, en notant les instants où les lumières paraissent ou disparaissent. Dans le cas où ces instants sembleraient identiques, il propose de s’éloi- gner de huit ou dix milles et d'employer le télescope. Galilée ne tenta l’expérience qu’à la distance d’un mille : aussi ne put-il rien conclure, sinon que la vitesse de la lumière devait être très-grande. S'il avait pu se faire une idée de l’incroyable rapidité du mouvement qu’il voulait mesurer, il aurait senti que son procédé imparfait exigeail une longueur de base impossible à trouver sur un globe aussi petit que le nôtre. Cette base qui lui manquait, l’as- tronome florentin la construisait à son insu , lorsque, au péril de sa hherté, 1l apportait des preuves en faveur de la translation de la terre, lorsqu'il découvrait les satellites de dupiter et qu'il ébauchait des tables de leur mouvement. Si lun des physiciens les plus ingénieux de notre époque, Fizeau, est parvenu à démontrer que la lumière met un Lemps appréciable à parcourir une distance terrestre, c'est par un procédé d’une délicatesse extrême, c’est à l’aide d’instruments exigeant une perfection mécanique dont on ne pouvait avoir une idée au temps de Galilée. Pendant près d’un demi-siècle, les partisans de Des- cartes et ceux de Galilée ne purent étayer leur opinion que sur des raisonnements abstraits. Mais les vérités phy- siques, quelque belles, quelque grandes qu’elles soient, sont condamnées à rester stériles tant qu’elles n’ont pas recu le sceau de lexpérience, qui seule peut leur pérmet- tre d'entrer dans le domaine de la philosophie positive. La gloire de faire faire ce dernier pas à la question était réservée à Roemer. 2% SÉRIE, TOME XI. 2 | (18) Olaüs Roemer, né à Copenhague en 1644, aida Picard dans les observations astronomiques que celui-ci fit à Ura- nibourg en 1671. L’astronome français apprécia les talents de son aide, et l’'emmena à Paris. Le jeune savant étranger y fut accueilli avec honneur; il fut nommé professeur de mathématiques du Dauphin, et, peu de temps après, mem- bre de l’Académie des sciences. Rappelé à Copenhague par son souverain , et promu aux honneurs de la première ma- gistrature de sa ville natale, il voua à lastronomie tous les instants de loisir que lui laissaient les importantes fonctions dont il était chargé. C’est lui qui, avec Picard, introduisit dans l’astronomie pratique l’usage de déterminer les ascensions droites au moyen d’une lunette pivotant dans le plan du méridien; on lui doit également l’idée d'observer les passages des astres dans le premier vertical, idée que Bessel à très- heureusement appliquée. C’est pendant son séjour à Paris que Roemer fit la dé- couverte capitale de la vitesse de Ia lumière. Les tables construites par J. D. Cassini permettaient de calculer d'avance les instants auxquels les éclipses des satellites de Jupiter devaient arriver. En comparant avec ces tables les éclipses du premier satellite, Roemer re- marqua que l'observation s’accordait assez bien avec le calcul, lorsque Jupiter était en quadratures; mais que, vers les syzygies, il y avait un désaccord très-sensible. Le milieu des éclipses se présentait plus tot que le calcul ne lindiquait, lorsque Jupiter était voisin de l’opposition; il arrivait, au contraire, plus tard de la même quantité, quand la planète se trouvait aux environs de la conjonc- tion. Entre ces quatre points, les discordances suivaient une progression régulière. (19) Remarquons que les tables de Cassini, ayant été con- struites d’après un grand nombre d'observations, faites lorsque la terre était en différents points de son orbite, devaient se rapporter à la distance moyenne de Jupiter à la terre. Elles représentaient donc suffisamment les obser- vations faites lorsque Jupiter était à cette moyenne dis- tance, c’est-à-dire en quadratures. Mais à l'opposition de la planète, la terre s’en trouvait plus voisine d’une quan- tité à peu près égale au rayon de l’écliptique, et les éclipses arrivaient trop tôt de tout le temps que la lumière em- ploie à parcourir ce rayon. Le contraire avait lieu lorsque Jupiter était près de la conjonction. Cette explication fut présentée par Roemer dans une dissertation qu'il lut à l’Académie des sciences, le 22 no- vembre 1675 (1). Elle est si simple et si naturelle, que l’on éprouvera sans doute quelque étonnement d'apprendre qu'elle fut d’abord peu goûtée, et même qu’elle fut com- battue dans le sein de l’Académie (2). Quelques remarques suffiront cependant pour faire comprendre que l’explica- tion de Roemer, tout ingénieuse qu’elle parüt, n’était pas concluante , et ne pouvait porter une entière conviction dans des esprits Justes, mais réservés. La théorie des satellites de Jupiter n’était encore qu’ébau- chée; on ignorait leurs perturbations; et l'équation consi- dérable, due à l’excentricité de l'orbite de la planète, n’avait (1) Hist. de l’'Acad., pag. 148. (2) Voyez ce qu’en dit Cassini, dans le tome VIII des Wém. de l'Acad. des sciences. Cet astronome paraît (Duhamel, Aist. de l'Acad., 1675 , pag. 167) avoir songé le premier à attribuer le retard des éclipses du premier satel- lite de Jupiter à un retard de la lumière; mais comme cette hypothèse ne s’accordait pas entièrement avec les observations , il ne donna aucune suite à son idée. i (20 ) pas encore été reconnue, même dans les éclipses du pre- mier satellite. Aussi, la correction indiquée par Roemer Jaissait-elle encore, dans le plus grand nombre de cas, une discordance sensible entre l'observation et le caleul. La grandeur de la correction elle-même était d’ailleurs imcer- laine et inexacte. Roemer admettait que la lumière emploie vingt-deux minutes à traverser diamétralement l'orbite ter- restre (1), Duhamel, l'historien de l’Académie, dit que ce phénomène s’accomplit en « presqu’une demi-heure; » Horrebow, l'élève et l’ami de Roemer, suppose 28"20°. Ces évaluations sont toutes très-exagérées, car Delambre, par la discussion de plus de mille éclipses du premier satellite, lrouve 16"26°,4 (2). Eufin Roemer n’examina pas si son hypothèse s'accor- dait avec les observations des trois autres satellites , et si équation de la lumière avait la même valeur pour les quatre, fait qui lui était contesté et qui fournissait à ses adversaires une objection très-grave. Il ne faut donc pas s'étonner que l'équation de la lumière, appliquée aux quatre satellites, n'ait été admise par Halley qu’en 1694; par Pound qu’en 1719; par Fouchy qu’en 1752; par Whis- ton qu’en 1738. Maraldi enfin, qui avait attaqué l’explica- tion de Roemer en 1707, ne s’y rallia qu'en 1741, alors que l’aberralion était déjà parfaitement établie; et lon peut dire que c'est la découverte de Bradley qui seule donna à celle de Roemer ses droits et son rang dans la science. Ce phénomène de l’aberration, dont J'ai maintenant à (1) Méim. de l’Acad. des sciences, vol. 1, pag. 214; ibid, vol. X, pag. 577. (2) Tables écliptiques des satellites de Jupiter, introduction. (21) m'occuper, résulte de la combinaison de la vitesse de la lumière avee celle de la terre : le fait suivant, cité par Thomson (1), sera très-propre à en donner une idée som- maire; il fera connaître en même temps la circonstance par laquelle Bradley semble avoir été amené à en trouver l'explication. L’illustre astronome était monté sur un vaisseau cou- rant des bordées dans la Tamise par un vent modéré : il remarqua que, chaque fois que le navire changeait de di- rection, la girouette placée au haut du mât déviait un peu, comme s’il y avait eu au même instant un léger change- ment dans la direction du vent. Gette particularité (connue du reste de tous les marins) frappa son esprit observateur, et un peu de réflexion lui en donna l'explication. Lorsque le vaisseau était immobile, ou qu'il avait le vent arrière, la girouette devait prendre exactement la direction du vent; mais quand il se mouvait dans une direction oblique à celle du vent, la girouette était soumise à deux forces, et elle devait prendre la direction de leur résultante. La première de ces forces provenait de la vitesse du vent; la seconde de ce que la girouette, participant au mouvement du vaisseau, venait choquer le courant d'air dans la direc- tion de la marche du navire. La réaction du courant sur la girouette devait donc la faire dévier vers l'arrière, et, par la combinaison de ces deux forces, le point apparent d'où venait le vent se rapprochait du lieu vers lequel se diri- geait le vaisseau. Transportant à la vitesse de propagation de la lumière et à celle de translation de la terre ce qu’il venait de voir (1) History of the Royal Society, p. 346. (22) relativement à la force du vent et au mouvement du na- vire, Bradley en conclut que notre globe, dans sa course annuelle, rencontrant les rayons lumineux lancés par les corps célestes, modifie la direction suivant laquelle ces rayons entrent dans l’œil de l’observateur, de telle sorte que tous les astres doivent généralement paraître à quel- que distance de leur place véritable. En outre, la déviation qui en résulte doit toujours s’opérer du côté vers lequel le mouvement de la terre est dirigé ; et sa grandeur dépendra du rapport qui existe entre la vitesse de la terre et celle de la lumière. On a dit que les plus belles découvertes ont été souvent le résultat du hasard : cette assertion n’est pas exacte; ce qui est vrai, c’est que souvent un travailleur conseien- cieux, consacrant ses veilles à une recherche rebelle à ses efforts, recueille pour fruit de sa persévérance une décou- verte plus belle que celle qu'il poursuivait. Dans ce cas, l’on doit dire avec Plutarque que la découverte est l'effet «non dun hasard heureux , mais d’un mérite récompensé » Où ruyñe Epycy EVN a pEThs eUTUyobTh. C’est ainsi que Brad- ley , cherchant avec plus de talent que tous ses devanciers la parallaxe des étoiles, trouva l’aberration de la lumière. D'ailleurs, la découverte de l’aberration devait néces- sairement précéder celle de la parallaxe, bien‘qu’on cher- chât le second phénomène et que le premier fût tout à fait imprévu : tous deux s’accomplissent dans la même période de temps, la période annuelle; mais les effets de l’un étant cinquante fois au moins plus considérables que ceux de l’autre, la parallaxe ne pouvait être mise en évidence qu’en se dégageant de l’aberration comme phénomène résidu. À peine le système de Copernic eut-il commencé à se produire, qu’un grand nombre d’astronomes, frappés de (25 ) son élégance et de sa simplicité, cherchérent à l’étayer de preuves concluantes et pour ainsi dire palpables. En effet, aux objections nombreuses qu’on leur opposait de tous côtés , les coperniciens ne pouvaient répondre que par des raisons métaphysiques tirées de l’harmonie et de l’analo- gie, ce qui les réduisait à ne présenter leur système que comme une hypothèse très-probable. Les travaux des plus grands observateurs se tournèrent donc vers la recherche d’une démonstration matérielle du mouvement de la terre, vers la parallaxe des fixes. Bien des veilles laborieuses fu- _ rent consacrées à la poursuite d’une découverte qui n’était - pas mûre, et que rendait impossible l’état de l'astronomie, tant sous le rapport de la théorie mathématique que sous celui des moyens d'observation. Tycho était certainement, de son siècle, l’homme le plus capable de décider cette grande question : sa science comme astronome, son adresse comme observateur, la per- fection de ses instruments pouvaient lui donner un espoir légitime de parvenir à la solution du problème. Il observa donc les distances zénithales de la polaire à différentes époques de l’année, et mit à cette recherche tous les soins dont 1l était capable; mais il ne trouva pas le moindre indice de parallaxe annuelle. Après l’invention du télescope, Galilée appliqua son imagination active à la solution de cette question, si im- portante pour le système copernicien dont il s'était con- stitué le défenseur. Il fixa une lunette dans une position invariable, et plaça à une grande distance une lame de métal qui cachait une des étoiles de la grande Ourse à l'instant de son passage inférieur au méridien. Il croyait que, si cette étoile était cachée par la lame dans certaines saisons et devenait visible dans d’autres, ce serait une (24) preuve certaine de l'existence de la parallaxe annuelle. Les effets irréguliers de la réfraction atmosphérique, à une hauteur si peu considérable, le convamquirent bientôt que cette méthode ne pouvait conduire à aueun résultat satis- faisant. Wallis proposa, dans les Transactions philosophiques, d'observer les points de l’horizon où une étoile se couche dans les différentes saisons. Ce moyen, analogue du reste à celui de Galilée, était moins précis encore. Riccioli rapporte, dans le tome If de son Almageste, qu'il observa les hauteurs méridiennes de Sirius, et qu'il n’y trouva aucune différence pendant toute l’année. fi croyait fermement pouvoir répondre des dix secondes, et ceci montre jusqu'à quel point un observateur médiocre se fait quelquefois illusion sur la précision de ses instru- ments et sur l'exactitude de ses résultats : on peut s’assu- rer en effet qu'à linsu de Riccioli, Paberration faisait va- rier la hauteur méridienne de Sirius de vingt-six secondes, du printemps à lPautomne. Hook, en 1669, dirigea une lunette de trente-six pieds de longueur vers y du Dragon, et la fixa dans cette posi- tion. L'étoile élait très-bien choisie, en ce qu’elle passait presque au Zénith de Gresham-College où il observait. Hook mesurait au micromèêtre la distance de l'étoile au centre optique de la lunette : les variations de distance zénithale qu'il erut reconnaître ainsi le conduisirent à l'énorme parallaxe de quinze secondes (1). Picard voulut vérifier ce résultat sur & de la Lyre; mais les hauteurs méridiennes qu’il observa à six mois d’inter- valle lui parurent les mêmes. (1) An afttempt to prove the motion of the earth from observations . 1674 (2) Ce dernier astronome, rapportant les observations de la polaire faites par lui en 1672, dit que, pendant dix ans, il avait remarqué, dans les hauteurs méridiennes de la polaire , des variations annuelles qui pouvaient s'élever à environ vingt secondes et qui se compensaient après chaque année. Il ajoute (1) qu’il songea au mouvement de la terre pour expliquer ces variations, mais qu’il ne trouva rien qui püt le satisfaire, d'autant plus qu’il y avait des années joù ces inégalités étaient moins sensibles. Il est probable que Picard observa des effets d'aberration, ren- dus irréguliers par la nutation qui à dû être assez consi- dérable pendant l’espace de dix années. Flamsteed attaqua à son tour le problème dans les der- nières années du dix-septième siècle : il crut apercevoir, dans les déclinaisons de la polaire, des variations qu'il regarda comme provenant de la parallaxe annuelle. Mais Jacques Cassini démontra (2) que les anomalies observées par l’astronome anglais étaient contraires aux effets qu’au- rait dû produire la parallaxe. Du reste Bradley (3) rend justice à l’exactitude des observations de Flamsteed, et remarque qu'elles étaient beaucoup plus précises que celles de Hook. En effet, bien qu’elles ne s’accordent pas parfaitement entre elles, il déduit de leur ensemble que la polaire était de trente-cinq à quarante-cinq secondes plus près du pôle en décembre qu’en mai ou juillet ; et, d’après les lois de laberration, elle devait effectivement être de quarante secondes plus voisine du pôle en décembre qu’en juin. Peters, en discutant les distances zénithales de la (1) Voyage d’Uranibourg, p. 18. (2) Mémoires de l’ Académie des sciences, 1699. (3) Lettre à Halley, Post-Scriptum, Trans. PxiLos., 1798. ( 26) | polaire prises par Flamsteed depuis 1689 jusqu’en 1697, a trouvé 20’/,676 pour la constante de l’aberration. On voit que, si l’habile observateur anglais avait apporté autant de sagacité dans la discussion de ses résultats que d’exac- titude dans ses observations, il eût ravi à Bradley la gloire d’une brillante découverte. Flamsteed avait fait ces obser- vations à l’aide du cercle mural de. Greenwich; mais il disait qu’une détermination aussi délicate que celle de la parallaxe annuelle, exigerait un instrument de quinze à vingt pieds de rayon, solidement établi sur des fondations invariables. Roemer et son élève Horrebow employèrent, en Dane- marck, une méthode nouvelle et très-ingénieuse pour dé- terminer la parallaxe des fixes. Le point le plus important était de se dégager des mouvements inévitables que devait subir un instrument pendant le cours d’une année : ils levèrent très-heureusement cette difficulté en observant les différences d’ascension droite de deux étoiles : si ces différences changeaient avec les saisons, ils comptaient pouvoir en conclure l’existence d’une parallaxe annuelle, Par ce procédé, ils trouvèrent que la somme des parallaxes de Sirius et de la Lyre était plus grande qu’une demi- minute et moindre qu’une minute et demie. Ce résultat était dû en partie aux effets réunis de l’aberration et de la nutation, en partie à l'insuffisance des moyens chrono- métriques dont on disposait à cette époque. L’illustre astronome danois disait qu’une parallaxe an- nuelle bien constatée était la seule preuve convaincante que l'on püût apporter en faveur du mouvement de trans- lation de la terre. Il ne se doutait pas que trente-six ans plus tard, sa belle découverte de la vitesse de la lumière permettrait à Bradley d'en donner une démonstration tout (PM :) aussi concluante, et bien plus palpable que celle qu’on aurait pu déduire d’une parallaxe ne s’élevant qu’à une fraction de seconde. Vers la fin de 1725, Samuel Molyneux, riche amateur d'astronomie, entreprit de vérifier la parallaxe annuelle annoncée par Hook et par Flamsteed. Il employa à cette recherche un beau secteur zénithal de vingt-quatre pieds de rayon, et de sept à huit minutes seulement d'amplitude. Cet instrument avait été construit avec un soin extrême par Graham, l’un des artistes les plus habiles qu’ait pos- sédés l’Angleterre. Le secteur fut établi à Kew, ancienne résidence royale près de Londres;-et l'étoile sur laquelle Molyneux dirigea ses observations fut celle que Hook avait déjà employée à la même recherche, y du Dragon, située par 75° de lati- tude et 265 de jiitutle: D’après cette situation , l'étoile devait se trouver en con- jonction avec le soleil au milieu de décembre; à la pre- mière quadrature en mars; en opposition dans le mois de juin , et à la seconde quadrature en septembre. Suivant les lois de la parallaxe annuelle, sa latitude devait donc aller en augmentant pendant les six premiers mois de l’année ; arriver à son maximum vers la mi-juin, puis décroître Jusqu'au milieu de décembre, époque où elle atteindrait son minimum. Les latitudes moyennes devaient tomber en mars et en septembre. | Molyneux observa seul pendant quelques jours du mois de décembre 1725; mais Bradley, son ami, se joignit à lui le 17 du même mois, et ils continuèrent ensemble leur recherche. Dès la fin de décembre, ils reconnurent, par l’inspec- tion des hauteurs méridiennes observées, que l’étoile sem- ( 28 ) blait s’avancer vers le sud; cette marche, contraire à la parallaxe, continua jusqu'aux premiers jours de mars 1726 : l’étoile était alors de vingt secondes au sud du lieu où elle avait été observée trois mois auparavant. Après être restée quelque temps stationnaire en cet endroit, elle commença, vers le milieu d'avril, à revenir sur ses pas, et à marcher vers le nord; de telle sorte qu’au commencement de juin , sa hauteur méridienne était redevenue la même qu'à l’époque des premières observations. Le mouvement de l'étoile en déclinaison était alors très-rapide : il s'élevait à une seconde en trois jours. Cette marche vers le nord continua jusqu'en septembre : à cette époque, l’astre avait environ vingt secondes de déclinaison de plus qu’en juin, et trente-neuf de plus qu'en mars. Alors il sembla s’arré- ter un instant, pour se diriger de nouveau vers le sud, et en décembre 1726, il paraissait aux deux observateurs occuper exactement la même position qu'un an aupara- vant, en ayant toutefois égard à la différence de déclinai- son qui devait provenir de la précession des équinoxes. Les observations faisaient donc ressortir à l’évidence une période annuelle, mais elle était en retard de trois mois sur l’époque assignée par la théorie des parallaxes. Le phénomène ne provenait pas non plus d’une nutation de l’axe terrestre, due à l’action du soleil sur la protubé- rance équatoriale de notre globe; car, dans ce cas, une étoile ayant la méme déclinaison que y du Dragon, et douze heures de moins en ascension droite, aurait dû subir un déplacement égal et de signe contraire : or une telle étoile (la 35"° de la Girafe, que Bradley désigne par le nom si- gnificatif d'anti-draco) avait été observée par les deux as- tronomes; et son mouvement, bien que conforme pour la direction à celui qui serait résulté d’une nutation, ne s’éle- ( 29 ) vait qu’à la moitié de la variation subie par 7 du Dragon. Le secteur de Graham fut mis hors d'usage par un acci- dent dans le mois de février 1727. D'ailleurs le dépéris- sement de la santé de Molyneux , et le temps qu’absorbaïent ses fonctions de lord commissaire de lamirauté , le forcè- rent d'abandonner le travail qu'il avait entrepris. Ile remit aux mains de Bradley, lui laissant de nouvelles recherches à faire, une découverte importante à confirmer, et un phé- nomène très-singulier à expliquer. Bradley commença par chercher à généraliser la règle qu'il avait observée sur quelques étoiles seulement. Dans ce but, il fit construire par Graham un nouveau secteur dont l’are s’étendait à 6°1/ de part et d’autre du zénith : il comprenait la Chèvre , et plus de deux cents étoiles du Catalogue britannique, dont douze assez brillantes pour pouvoir être vues au méridien à midi. Ce secteur avait douze pieds et demi de rayon, et donnait la distance zéni- thale à une demi-seconde près (1). L’instrument fut établi chez Bradley, à Wansteed , au mois d'août 1727, et Moly- neux aida à le placer. (1) C'est du moims ce qu'avance Bradley, dans la lettre célèbre qu'il adressa à Halley au sujet de la découverte de l’aberration. Halley, de son côté, était loin de croire que l'industrie de l'homme füùt capable de pro- duire des instruments aussi précis ; il doutait même qu'un observateur püt Jamais répondre non-seulement de la seconde, mais même des dix se- condes. « Ut verum fatear, minuta secunda , vel etiam dena secunda, in- » strumentis quantumvis affabrè factis, cert distinguere vix homiri da- » tum est.» (Trans. phil, vol. XXIX, p. 456). Cet astronome, si remarqua- ble du reste par sa vaste érudition et son génie pénétrant, poussait même à cet égard le scepticisme si loin, qu’il refusa constamment de croire à la nutation, quoiqu'il ait vécu jusqu’en 1742, époque à laquelle Bradley avait établi sa découverte d’une manière incontestable. Le secteur de Bradley est encore conservé à Greenwich. ( 50 ) Pendant un an et demi, Bradley, animé d’un zèle imfa- tigable, continua et étendit la série d'observations commen- cée à Kew : toutes confirmèrent et généralisèrent les ré- sultats déjà obtenus. Il reconnut que chaque étoile, sans exceplion, semblait stationnaire, au nord et au sud de sa position moyenne, lorsqu'elle passait au méridien à six heures du soir ou du matin; que toutes s’avançaient vers le sud lorsque leur passage s’effectuait le matin, vers le nord lorsqu'il avait lieu le soir. Seulement l'amplitude des plus grandes exeursions variait pour chacune d’elles, mais d’après une loi déterminée dont la sagacité de Bradley trouva bientôt l’expression. Ainsi, par exemple, la trente- cinquième de la Girafe, dont j'ai parlé précédemment, avait varié de moitié moins que y du Dragon : or les lati- tudes de ces deux astres étaient respectivement de 29° et de 75°, dont les sinus (0,48 et 0,96) sont aussi moitié Pun de l’autre. IT s’assura bientôt que cette règle était générale, et que les plus grandes excursions des étoiles vers le nord et vers le sud étaient proportionnelles aux sinus de leurs latitudes. Elles étaient denc les perspectives d’excursions égales, accomplies dans des plans parallèles à l’écliptique. Certes la circonstance d’une période exactement égale à la longueur de l’année devait guider Bradley dans l’ex- plication de ce phénomène; il ne pouvait provenir que du mouvement de la terre dans son orbite annuelle, et prou- vait ce mouvement d’une manière incontestable. Mais ce ne fut pas moins un éclair de génie que de songer à la dé- couverte de Roemer, et de combiner la vitesse de la lu- mière avec la translation de notre globe. Dès lors, 1l vit tous les faits s'expliquer de la manière la plus heureuse et la plus naturelle; et son admirable découverte de l'aber- . ration, en même temps qu’elle confirmait celle de Roemer, (51) déterminait la vitesse de la lumière avec une exactitude incomparablement plus grande. | Dans son travail sur l’aberration, Bradley s’attacha spé- cialement à observer les variations en déclinaison ; mais il ne négligea pas entièrement les mouvements en ascension droite, puisqu'il donne les dimensions de lellipse que les étoiles paraissent décrire. L’imperfection des pendules à cette époque explique suffisamment la préférence qu'il accorda à la première des deux coordonnées. Simpson (Essays, 1740) dit que le docteur Bevis est, à sa connaissance , le premier qui ait vérifié par l’obser- vation les mouvements en ascension droite annoncés par Bradley. Mais la lettre que Bevis écrivit à Bradley à ce sujet est datée du 27 avril 1739 (1); il fut donc précédé de beaucoup par Eustache Manfredi, qui, dans une lettre adressée, en 1730, à Ant. Leprotti (2), dit que, malgré quelques exceptions, ses observations lui indiquent un mouvement général en ascension droite, analogue à celui que Bradley a trouvé en déclinaison. Ce fut dans les séances du 9 et du 16 janvier 1729 que Bradley lut à la Société royale son mémoire sur l’aberra- tion; mais on l’imprima dans les Transactions philoso- phiques de 17928, ce qui fait que la plupart des auteurs assignent à cet ouvrage une date fautive. Molyneux était mort dans le mois d'avril 1728 : il est à regretter qu'il n'ait pas assez vécu pour jouir du magni- {ique résultat de la recherche à laquelle il avait si puis- samment contribué, tant par son initiative que par ses qe ) Voyez Rigaud, Corresp. of Bradley. ) Commentar. Acad. Bonon, 1748, vol. I, p. 654. (32) observations. Certes Bradley mérite la gloire que la belle découverte de l’aberration a attachée à son nom; mais celui de Samuel Molyneux méritait-il l'oubli presque total dans lequel il est tombé? Pour compléter mon sujet, je terminerai en disant quelques mots sur l'extinction que paraît subir la lumière dans son passage à travers les espaces célestes. On consi- dère ordinairement la lumière comme n’éprouvant dans ce passage aucune diminution d'intensité : c'est sur cette hypothèse qu'est basée la détermination de la distance des étoiles par voie photométrique; c’est sur elle également que repose le procédé des jauges, employé par Herschel pour déterminer cette même distance. S'il est vrai cepen- dant que l’espace soit rempli d’un fluide éthéré, ce fluide, quelles que soient sa rareté et sa transparence, doit absorber une certaine quantité de lumière ; et comme l’absorpüon suit une progression géométrique, elle doit (quelque faible qu’elle soit à l’origine) acquérir une valeur sensible dans l'immense trajet qu’accomplit la lumière des étoiles pour arriver à nos veux. De Chéseaux (1) et Olbers (2) sont les premiers qui aient traité cette question, en partant de l’idée purement philosophique d’un univers sans bornes, peuplé d’un nom- bre infini de soleils brillant de leur propre lumière; ils démontrent alors que, sans l’absorption, le fond du ciel présenterait, dans toutes les directions, un aspect aussi resplendissant que celui du soleil. (1) Traité de la Comète qui a paru en 1743 et 1744. — Lausanne et Genève, 1744. (2) Uber die Durchsichtigkeit des Weltraums, Bonc's JAHR&UCH, FÜR 1826. ‘ ( 55 ) Se plaçant au point de vue expérimental, Struve a abordé le même sujet, dans ses belles Études d'astronomie stellaire (pp. 83 et suiv.) : par des considérations très- ingénieuses , 1l est parvenu, non-seulement à démontrer que la lumière des étoiles subit une extinction progressive dans son passage à travers les espaces célestes, mais en- core à calculer la valeur numérique de cette extinction. Son procédé est fondé sur la comparaison de la portée théorique et de la portée réelle du télescope de vingt pieds employé par Herschel dans ses jauges du ciel. La portée théorique d’un télescope est à la portée de l'œil nu, comme le diamètre de l'objectif est à celui de la pupille, sauf un coefficient expérimental, exprimant le rapport de la quantité de lumière qui tombe sur l'objectif à celle qui entre dans l’œil après être sortie de l’oculaire. En fonction de ces données, Struve a calculé que la por- tée théorique du télescope de vingt pieds était représentée par le nombre 664 (la distance moyenne des étoiles de première grandeur étant prise pour unité). Mais, calculant, d’un autre côté, le rayon d’une sphère dont la masse serait proportionnelle au nombre d'étoiles qui sont réellement visibles dans le même télescope, Struve h'obtient que le nombre 288, c’est-à-dire le tiers du pré- cédent. Pour expliquer ce fait, l’astronome russe est natu- rellement amené à conclure que « l'intensité de la lumière » décroit dans une proportion plus rapide que la raison » inverse du carré des distances, ce qui veut dire qu'il » existe une perte de lumière, une extinction, dans le » passage de la lumière par l’espace céleste. » La comparaison de la portée théorique (p) du télescope, avec son pouvoir réel de pénétration (p'), permet main- tenant de calculer la valeur numérique du coefficient 4 2€ SÉRIE, TOME XII. 5 s (1) d'absorption. En effet, soit À ce coefficient, pour le pas- sage de la lumière à travers une couche d’une épaisseur égale à l’unité : à la distance 1, l'éclat intrinsèque (e) d’une étoile deviendra eÀ; à la distance 2, el x À—e22. et à la distance p, eX. D'ailleurs l'éclat de l'étoile est réciproque au carré de sa distance ; il peut donc être représenté par — }”, dans le cas où l'absorption existe, et par e dans le cas contraire : égalant ces deux expressions, on trouve DE. di AU je VE = \/a — 09. p 664. La lumière, en traversant l’espace qui nous sépare des étoiles de première grandeur, est donc réduite aux quatre- vingt-dix-neuf centièmes de sa valeur; autrement dit, elle perd un centième de son intensité. Tel est le résultat très- remarquable auquel a été conduit le savant directeur de l'observatoire de Poulkova. En admettant ce coefficient, on voit se rétrécir d’une manière incroyable les limites du firmament visible à l’aide du télescope; on voit, en même temps, se rapprocher con- sidérablement de nous les étoiles télescopiques, dont Her- schel a calculé la distance par voie photométrique. Ainsi la diminution d’éclat apparent, par suite de l’extinction, est pour les étoiles de 6° grandeur, 8 pour 100; » 9; » 50 » et pour les dernières étoiles que voyait Herschel dans son téles- cope de 20 pieds, de 88 Le grand télescope de quarante pieds qui, d’après le calcul de sa portée théorique, devrait pénétrer à plus de deux mille fois la distance des étoiles de première gran- ( 9 deur, se trouve limité à huit eent soixante et dix fois cette distance. Enfin, Herschel cite un amas qui, suivant lui, serait encore visible, mais sous forme de nébuleuse non résoluble , à la distance de trente-cinq mille eent soixante- quinze unités : l’extinction calculée par Struve réduit cette distance à sept cent quatre-vingt-sept, ou à son quaran- tième ! Une augmentation notable du diamètre d’un télescope ne reculerait donc que fort peu les limites de notre vi- sion : la portée du télescope gigantesque de lord Rosse ne serait que de {/6 supérieure à celle du grand télescope d'Herschel. Il existerait un moyen pratique bien simple de résoudre directement la question de l’extinction de la lumière dans son passage à travers les espaces éthérés : ce serait de di- riger vers le même point du ciel deux télescopes, dont les portées théoriques seraient différentes : les nombres d’é- toiles vues à l’aide de ces deux instruments, sur une même portion de la voûte céleste, devront être entre eux comme les cubes des portées calculées. Si le plus puissant des deux instruments donne un nombre sensiblement trop faible, on en conclura que l'extinction existe, et l’on pourra même calculer la valeur numérique de son coeff- elent. La même expérience pourrait se faire avec le secours d’un seul télescope, dont on réduirait l’ouverture par des diaphragmes. ( 56 ) Sur l’origine de l'électricité dans les piles ; par M. Martens, membre de l’Académie. Malgré les nombreux travaux qui ont été faits sur l’ori- gine et le développement de l'électricité dans les piles, on est loin d’être d'accord sur les causes productrices de cette électricité, C’est ce qui ressort d’un nouveau mémoire sur la propagation de l'électricité dans les conducteurs mé- diocres, publié dans les Annales de chimie et de physique, octobre 1861. M. Gangain, s'appuyant sur quelques expé- riences dont il interprète mal les résultats, croit pouvoir établir : 1° que la force électro-motrice ne résulte pas du contact des métaux de nature différente, mais du contact du métal électro-positif , tel que le zine, avec le liquide conducteur ou lélectrolyte de la pile. Je suis loin de con- tester que ce dernier contact ne puisse concourir indirec- tement au développement de lélectricité dans les piles, et on ne saurait en douter en considérant combien la na- ture de ce liquide influe sur l’intensité et même parfois sur la direction du courant de la pile; mais ceei n’exelut pas l'intervention du contact métallique comme la source principale du courant. On me dira, il est vrai, qu’on obtient des courants sans contact de métaux hétérogènes, et ce fait se constate avec En une merveilleuse facilité par l'expérience Le suivante : LE Que lon fixe parallèlement l’une à l’au- tre, dans une plaque de liége, deux lames el | métalliques, l’une de zinc amalgamé, l’autre | | de platine (fig. 1), et que l’on plonge le sys- \ tème de ces deux lames sans contact mu- N re NS (57) tuel dans une eau acidulée par de l'acide sulfurique, de manière que les deux tiers de chaque lame soient seuls plongés dans le liquide; si l’on fait communiquer les par- ties émergées des deux lames par une bande de papier jo- seph imbibée d'une forte solution d’iodure de potassium , on verra, au bout de quelques minutes, la bande devenir alealine contre le zine, et se couvrir d’iode là où elle est ap- pliquée contre le platine. Celui-ei forme donc le pôle positif d’un courant dont le zinc émergé est l’électrode négatif. On est tenté de croire ici que la lame entière de zinc est deve- nue électro-négative par suite de l’action du liquide acide sur ce métal ; mais en examinant les choses de plus près, on voit qu'il n’en est pas ainsi; que le zinc dans sa partie immergée est, au contraire, devenu plus électro -positif qu'il ne l’est en dehors du contact du liquide; et comme la partie émergée du métal n’a pas subi la même modifi- cation électrique, elle forme par cela même un couple métallique avec la partie immergée ; le contact métallique existant ici à la ligne de séparation où le liquide cesse de baigner le zinc. Celui-ci forme , à lui seul, un couple mé- . tallique à deux lames chimiquement homogènes, mais élec- triquement hétérogènes, absolument comme un fil de fer, rendu passif par la chaleur dans une moitié de sa longueur, forme un couple métallique avec l’autre moitié. Ce qui prouve, au reste, que la portion du zinc, immergée dans l’eau acide , n’est pas devenue électro-négative par son contact avec ce liquide , c’est qu’elle est fortement attaquée par ce dernier, et qu’elle forme l’électrode positif du cou- rant qui passe dans le liquide du zine au platine. La lame de platine en regard de celle de zine forme aussi un couple métallique par son immersion partielle dans l’eau acide; mais ce couple est beaucoup plus faible que celui constitué (38 ) par le zinc : c’est donc ce dernier qui doit déterminer la direction du courant produit par le système des deux lames. Le courant se dirigera ainsi, dans le liquide, du zine vers le platine, et, en dehors du liquide, du platine vers le zinc, conformément aux données de l’expérience; 1ei c’est toujours au contact de deux métaux électriquement hétérogènes que l’électricité dynamique se produit, et non pas au contact du métal avec le liquide acide, ce dernier ne faisant pas dans ce cas fonction d’électrode, puisque, s'il en était ainsi, les deux parties de la lame de zme n'auraient pas des états électriques différents. La méprise que beaucoup de physiciens ont commise à ce sujet provient de ce qu’ils n’ont pas tenu compte des modifications électriques que subit un métal lorsqu'il est baigné par un liquide, même en dehors de toute action chimique; ainsi le fer bien brillant reste tel dans l’acide nitrique monohydraté, et, transporté de là dans l’acide nitrique à 36° Baumé, il y reste inattaqué, preuve que son état électrique a été modifié; car s’il s’était simplement recouvert, comme le prétendent quelques-uns, d’une pelli- cule mince de nitrate ferreux insoluble dans l’acide nitri- que monohydraté, cette pellicule saline étant soluble dans l’acide nitrique à 36°, ce dernier devrait attaquer prompte- ment le fer sortant de l’acide monohydraté, ce qui n’est pas. Divérs travaux ont été publiés sur les modifications ap- portées au pouvoir électromoteur des métaux par les liquides qui les baignent, modifications qui persistent plus ou moins longtemps après que le contact du liquide a cessé d'agir. Je crois devoir renvoyer sous ce rapport le lecteur à mes Recherches sur les variations de la force électro-motrice du fer, insérées aus) le tome XIX des MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE. (59 ) C’est parce qu’on a méconnu l’action modificatrice des liquides sur l’état électrique des métaux qui y sont plon- gés, et par suite sur leur force électro -motrice, qu'on à faussement prétendu que les combinaisons chimiques pro- duisaient des courants électriques , appréciables au galvano- multiplicateur. Il est très-vrai que deux corps hétérogènes se constituent par leur contact dans des états opposés d'électricité, et que ces électricités se neutralisent au mo- ment de la-combinaison des deux corps, comme H. Davy l’a démontré; mais cette neutralisation se fait naturelle- ment aux points mêmes où la combinaison des corps s'opère, et non pas à l'extérieur ou au dehors des corps qui se combinent. Elle ne saurait donc produire un cou- rant externe traversant le fil du galvano-multiplicateur; c’est, au reste, ce que j'ai démontré dans le temps expéri- mentalement. (Voir le mémoire cité plus haut p. 37-40.) J'ai constaté que, lorsque l’acide nitrique et une forte so- lution de potasse sont séparés par une cloison vésicale à travers laquelle la combinaison s'opère, 1l ne se manifeste dans le galvano-multiplicateur aucun courant qu'on puisse attribuer à l’action chimique. Car si l’on prend un vase à quatre compartiments séparés par des cloisons vésicales, . dont les deux compartiments moyens contiennent l’un l'acide, l’autre l’alcali, et dont les compartiments extrêmes ne contiennent qu’une solution de nitrate de potasse, l’ai- guille du galvano-multiplicateur n'offre pas la moindre déviation lorsqu'on plonge simultanément dans les cases extrêmes les bouts en platine du fil de l'appareil, quoi- que la combinaison de l'acide et de l’alcah ait lieu. Que si, au contraire, on place dans les cases moyennes du vase la solution nitrée et dans les cases extrêmes l’acide et l’aleali, il suffit de plonger les fils du galvano- multi- (46 ] plicateur dans ces derniers liquides, pour qu'à l'instant même il s’établisse un courant permanent longtemps avant que l'acide et l’alcali, séparés l’un de l'autre par les deux cases moyennes remplies d’eau nitrée, n'aient pu se combiner. Mais la meilleure manière de montrer que les indica- tions du galvano multiplicateur appliqué à un appareil à acide et à alcali, séparés l’un de l’autre par une membrane perméable, sont absolument étrangères à leur combimai- son, c’est d’avoir recours à un petit appareil dont je me sers tous les ans dans mon cours de chimie, et qui se compose de deux petits tubes de verre À et B recourbés à angle droit, (Fig. 2.) (fig. 2), et mis en communication par un tube plus étroit CG, d’un à deux centimètres de longueur, rempli d’une infusion de chou rouge et fermé à ses deux bouts par une membrane vésicale em- pêchant le mélange direct de lacide et de l’aleali que lon verse dans les tubes À et B. On s'aperçoit ici par les chan- gements de couleur que subit, au bout d’un certain temps, linfusion de chou rouge, qu'il faut plusieurs minutes avant que l’acide nitrique et la solution de potasse soient parvenus à se réunir et à se combiner; et cependant, en plongeant les fils du galvano- multiplicateur dans l'acide et dans lalcali, avant même que l’infusion de chou rouge n’ait changé de couleur aux extrémités du tube C, il ya de suite une forte déviation de l’aiguille de linstrument, absolument comme lorsque Pacide et Palcali peuvent se combiner. | Il résulte de ce qui précède qu’on ne saurait attribuer à l'oxydation du zinc, la production de léleetricité dans les CE) piles; que la théorie de Volta est beaucoup plus satisfai- sante, pourvu que lon tienne compte en même temps des changements que subit l’action électromotrice des métaux par leur immersion dans l’électrolyte de la pile, change- ments qui avaient échappé à la sagacité de Volta, qui n'avait vu dans l’action de ee liquide qu’un simple conduc- teur d'électricité. C’est en tenant compte de l’influence du liquide de la pile sur létat électrique des couples métalliques, que lon s’expiique très-bien pourquoi les piles les plus énergiques sont celles où le métal négatif est baigné par un liquide propre à rehausser son état élec- tro-négatif, tel que l’acide nitrique, et où le métal positif est entouré d’une eau acide propre à accroître son état électro-positif. Ces deux circonstances sont parfaitement réalisées dans les piles de Grove, connues par leur puissante énergie. | Les partisans de la théorie chimique de la pile se basent toujours sur l’équivalence que présente l’oxydation du zinc dans chaque auge de la pile avec l’action chimique du cou- rant externe. Mais cette équivalence provient de ce que, dans les auges de la pile close, il y a nécessairement un courant identique avec le courant externe, devant produire la même décomposition d’eau, et par suite la formation d’une quantité équivalente d'oxyde de zine, formée aux dépens de l’oxygène de l’eau décomposée. Quelles que soient, en effet, les causes productrices de l'électricité dans une pile, il est facile dé prouver que, dans chaque auge de la pile, il doit y avoir ie même courant et un courant pa- reil au courant externe. Que l’on se représente une pile ordinaire contournée en anneau ou en cercle, c’est-à-dire ayant ses couples métalliques disposés circulairement, avec interposition d’un liquide conducteur, comme l'indique (42) la fig. 3. Dans une telle pile, les pôles se trouveront aux (Fig. 5.) plaques métalliques où la pile viendrait à être interrompue par la soustraction du liquide conducteur; mais dès que, par la présence de ce dernier, sal Lo TE ÿ | l'interruption vient à cesser, situe 2, les pôles pourront être placés Ke u ele indifféremment aux plaques ' T4 K ; 4 = 1 EN métalliques qui bordent cha- Pa j) 97 que auge, puisque tout est semblable sur tout le contour de la pile; et, par conséquent, il y aura autant de pôles positifs qu’il y aura de plaques de zinc, et autant de pôles négatifs que de plaques de cuivre. En d’autres termes, il y aura la même électricité positive développée à chacune des plaques de zinc, et la même électricité négative sur chaque plaque de cuivre; et, comme ces électricités de nom contraire, développées par la force électro-motrice, doi- vent constamment se réunir par le liquide conducteur qui baigne les surfaces métalliques hétérogènes en regard l’une de l’autre, il s’en suit que, dans chaque auge de la pile close, il doit y avoir un courant de même intensité, et tous ces courants partiels formeront le courant général qui doit produire ainsi les mêmes effets dans toutes les auges. Si l’on vient à remplacer le liquide d’une des auges par un autre liquide conducteur, ce nouveau liquide reçoit le courant partiel propre à cette auge, et l’action chimique de ce courant sera nécessairement équivalente à celle des autres courants partiels de la pile; c’est le cas d’unepile dont les pôles sont en communication avec un liquide dif- férent de l’électrolvte de la pile. Si l’électrolyte vient à être (45) enlevé d’une des auges de la pile, les deux plaques mé- talliques qui bordent cette auge, ne pouvant écouler leur électricité, doivent offrir alors une accumulation de ce fluide ou une tension électrique d'autant plus forte que la conductibilité intérieure de la pile est plus mauvaise, c’est ce que l'expérience a démontré. Cette tension électrique aux pôles d’une pile ouverte n’est que la conséquence de l'électricité dynamique cireu- lant dans la pile close; elle n’a aucun rapport avec l’action chimique du liquide acide sur le zinc; car dans une pile à zinc ordinaire, l’action chimique est plus forte que dans une pile à zinc amalgamée, et cependant dans celle-ci la tension électrique est plus prononcée lorsque la pile est ouverte, et le courant est plus fort lorsque la pile est close. Dans la pile ouverte on ne remarque même aucune action chimique du liquide acide sur le zinc amalgamé; et, en admettant même avec M. De la Rive que cette action puisse avoir lieu au premier moment de contact de l’eau acide avec le zine amalgamé, ce qui est contestable, 1l n’en est pas moins vrai que cette action ne continue pas; et puis- que la tension électrique persiste tant que la pile est ou- verte, elle ne saurait certainement pas dépendre d’une action chimique qui ne dure qu’un instant. On ne saurait done reconnaître d’autre origine que le contact métallique à l'électricité statique des pôles d’une pile à zinc amal- gamé, et c’est elle aussi qui se transforme en électricité dynamique dès qu’on vient à clore la pile. Ainsi, dans les circuits fermés, ce n’est pas la combinai- son chimique qui s’effectue d’abord et qui donne naissance au courant électrique, comme le pense M. Gangain (Ann. de Chim. et de Phys. oct. 1861); mais c’est le courant, dû à la force électromotrice des métaux , qui produit la décom- (44) position électrolytique de l’eau et par suite l'oxydation du zinc. Celle-ci n’est donc que l'effet et non la cause du cou- rant, absolument comme le poids d’un corps ou la pression qu'il exerce contre la surface du sol est un résultat de la gravité et non la cause de celle-er. Nous concluons de ce qui précède : 1° Que le contact métallique est la seule cause directe du développement de l'électricité dans les piles voltaïques. 2° Que l’électrolyte conducteur n’exerce qu’une in- fluence indirecte sur la production de cette électricité, en tant qu'il modilie par son contact l’état électrique des mé- taux électro-moteurs; 9° Que l'oxydation du zinc dans les piles ne concourt aucunement à produire de l’électricité ; que, loin d’être la cause du courant dans les piles closes, elle n’en est que l'effet et résulte presque exclusivement de la décomposi- tion électrolytique de l’eau dans les auges de la pile. Notes sur quelques plantes rares, nouvelles ou critiques de la flore de Belgique; par Alfred Wesmael, répétiteur du cours de botanique à l’école d'Horticulture de Vil- vorde. Lors de la publication du Prodrome de la flore du Bra- bant, en collaboration avec M. H. Van Heurck, je croyais avoir exploré les environs de Bruxelles d’une manière aussi complète que possible, mes propres observations jointes à celles de mes correspondants me paraissant suffisantes pour en faire connaître foncièrement les nom- breuses espèces phanérogames. Cependant, la suite de mes herborisations en 1861, ainsi que les découvertes ( 45 ) faites par des botanistes de diverses provinces avec les- quels je suis en relation, m'a prouvé que plusieurs espèces rares ou nouvelles pour la Belgique avaient échappé à l'at- tention des explorateurs. J'ose espérer que, au point de vue de la géographie bota- nique belge, le résultat de nos nouvelles investigations sera considéré comme n'étant pas sans quelque importance, surtout relativement aux deux espèces qui, à ma connais- L4 sance, n’ont pas encore été signalées dans notre pays. RANUNCUEUS LANUGINOSUS , L. Sp. 779. Cette rare espèce, qui est signalée dans les ouvrages de Lejeune, Tinant, Malisoux et, en dernier lieu, dans le Manuel de la flore de Belgique de M. Crépin, qui note les auteurs que je viens de citer, a été découverte dans les bois montueux des environs de Couvin, par M. Bouillot, jeune et zélé botaniste, élève à l’école d’horticulture de Vilvorde. D’après les indications de cet observateur, la plante est rare dans la localité. SAGINA NODOSA, Fenzl. in Gren. God. F1. fr., vol. E, p. 248. Spergula nodosa, L. Sp. 650. — 5 viscidula, Cos., Germ., F1. par., éd. I, p. 52. Observé sur le bord d’un fossé à Melsbrouck. HYPERICUM MICROPAY&LUM, Jord., in Bor. F£, cent., éd. TIT, p. 124. C'est avec un léger doute que je rapporte la plante ré- coltée aux environs de Virton, par M. Sommeillier, à l’espèce créée par M. Jordan. L’échantillon que j'ai en herbier a les feuilles linéaires, mais non linéaires-obtuses ; à part cette légère différence, tous les autres caractères indiqués par M. Boreau se rapportent parfaitement à la plante des environs de Virton. (46 ) Ayant récolté quelques bonnes graines, elles seront se- nées l’année prochaine : après quelques années de culture, ou même après une seule, peut-être l'espèce de la nouvelle école dévoilera-t-elle sa légitimité spécifique, peut-être au contraire retournera-t-elle à l’une des espèces de l’école linnéenne. S'il s'agissait de rapporter la plante à l’une des espèces de Linné, elle devrait constituer la variété microphyllum de l’Hypericum perforatum. L. CoORYDALIS CLAVICULATA , DC. , F1. fr., 4, p. 658. Cette espèce est assez répandue aux environs de Loke- ren, dans les buissons des terrains humides. Elle m’a été communiquée par M. Campion. SISYMBRIUM SOPHIA , L. Sp. 920. J'ai récolté cette espèce en assez grande abondance dans les environs de la vieille écluse de chasse, à Ostende. Les segments des feuilles sont sensiblement charnus, caractère dû probablement au lieu d'habitat. LATRYRUS APHACA, L., Sp 1029. Cette espèce qui, à ma connaissance, n’avait pas été ren- contrée dans la province de Brabant, a été observée dans un champ de froment par M. Bouillot, près de Vilvorde. Je suis assez porté à croire que la présence de cette espèce en Brabant n’est qu’accidentelle; il est probable que la graine de froment provenait d’une des provinces où cette plante croît assez abondamment. HERNIARIA HIRSUTA , L., Sp. 517. Espèce répandue çà et là dans les moissons des environs de Steenockerzeel, Bergh, Campenhout (Brabant). (es) Sebum RUBENS , L., Sp 619. La présence de cette espèce dans un champ de seigle me paraît tout à fait accidentelle. Il est probable, vu le petit nombre de pieds (trois), ainsi queles stations où elle croit spontanément, que sa présence à Vilvorde est due à une de ces nombreuses causes dépendant des cultures. OENANTHE PEUCEDANIFOLIA, Poll in DC., FL. fr., 4, p. 297. — Gren. God , F1, fr. 1,715. J'ai observé cette espèce sur les bords des fossés, entre Ostende et Blanckenberghe; M. Campion l’a également récoltée aux environs de cette dernière ville. ANAGALLIS TENELLA, L. ManL., 555. — Gren. God , F1. fr., IE, p. 467. Cette rare espèce a été récoltée aux bords d’un marais, à Bergh; je l’ai vainement cherchée dans les environs de cette localité. ERYTHRAEA PULCHELLA, Horn., F1. dan.,t. 1657, J'ai récolté eette espèce dans un bois humide, à Mels- brouck, ainsi que dans les endroits herbeux humides, à Ostende. TEucriuM sCORDIUM, L., Sp. 790. Cette espèce a été observée par M. Campion, aux envi- rons de Berlaere (FI. or.), dans la localité indiquée par Roucel dans son Traité des plantes, p. 59 (1792). PRENANTHES MURALIS, L., Sp 1121. Lactuca Muralis, Fresenius, in Gren. God., F4. fr, Hp. 521. Cette espèce, que je n’avais jamais rencontrée aux en- virons de Bruxelles, croît en assez grande abondance sur les bords du chemin creux derrière la campagne de M. le ( 48 ) comte Coghen, à Uccle. M. Piré me l’a communiquée comme ayant été récoltée dans le bois de la Cambre ainsi qu'à Groenendael. LACTUCA SALIGNA , L. Sp. 1119. Observée par M. Campion aux environs de Blancken- berghe. D’après les renseignements que n'a fournis ce bo- taniste, cette espèce est rare. EuPHORBIA DULCIS, L., Sp. 656. Cette espèce, des parties montueuses de la Belgique, se trouve confinée dans un petit bois dépendant du chà- teau de M. Skiplaeken à Grimbergen; elle y est en grande abondance. D’après ce que m'écrit M. Crépin, elle a été observée par M. Van Heurck aux environs d'Anvers. Muscari comosum, Mill. Dict., t. 5, p. 180. Cette espèce, sortie bien certainement d’un jardin, a été recueillie dans un champ de pommes de terres à Vilvorde. SPIRANTHES AUTUMNALIS, Rich. L. c ; Gren. God., F1. fr., HE, p. 267. Cette rare espèce, que J'avais observée dans un seul en- droit, aux environs d’Andenne, en 1859, a été l’objet de mes recherches pendant le mois de septembre de cette année; et J'ai eu le plaisir de constater sa présence dans la majeure partie des bois entre Andenne et Couthuin. POTAMOGETON PLANTAGINEUS, Ducros, in Gren. God , FL. fr., p. 515.— Koch., Syn. FI. germ., 1, 1845, p. 777. Cette espèce qui, à ma connaissance, n’avait pas encore été rencontrée en Belgique, croit dans les fossés aux envi- rons de Melsbrouck, Perck et Peuthy. Tige ordinairement rameuse, en partie enfoncée dans ( 49 ) la vase, longuement traçante, fortement radicante, cylin- drique, blanche. Feuilles toutes pétiolées, membraneuses, transparentes ; les supérieures opposées, à pétiole plus court que la moitié du limbe, souvent réunies en touffes, ovales ou ovales-aiguës, subcordées à la base, à bords lisses; les inférieures alternes, lancéolées, à base non cordée, à pé- tiole dépassant ou égalant le limbe. Epi fructifère cylin- drique, atteignant en moyenne de trente-cinq à quarante millimètres de longueur, sur cinq à huit de largeur, porté sur un pédoncule cylindrique non dilaté vers le haut, de mème grosseur que la tige, amenant le sommet de l'épi un peu plus haut que les feuilles terminales. Carpelles pe- tits (un millimètre et demi), légèrement comprimés à l’état frais, à dos assez large, portant une carène très- visible et formant avec les deux bords du dos deux ca- naux peu profonds. Cette espèce est très-reconnaissable à première vue; les feuilles supérieures, par leur réunion en rosettes, arrivent ordinairement à moitié hors de l'eau et, vu le grand nomi- bre de plantes qui croissent les unes à côté des autres, elles forment par leur réunion des touffes très-étendues. Ce potamogelon est réparti dans le nord-ouest et le centre de la France; Koch l’indique. POTrAMOGETON RUFESCENS, Schrad., in Gren. God., FI. fr., p. 515, vol. [IT — Koch., Syn., 777. Cette espèce n’est pas rare dans le canal de Louvain à Malines; je l'ai également rencontrée dans un marécage près de Beaudegnée (Liége). Juncus TENUIS, Willd., Sp. 2, p. 214. — Crep, El. Belg., p.190. J'ai récolté cette espèce en grande abondance à Bon- _heyden. M. le docteur Vanhaesendonck m'a dit qu’elle 2% SÉRIE, TOME XII. À ( 50 ) croissait également en profusion à Tongerloo. MM. Piré et Devos m'ont communiqué cette espèce, le premier des en- virons de Lierre, le second des environs d’Aerschot. Pour ma part, je suis assez porté à croire, vu le nombre de localités où cette espèce a été récoltée par MM. Kickx, Dumortier, Malaise, Westendorp, etc., qu’elle est bien imdi- gène. D’après ce que me rapportait M. Vanhaesendonck, lors de sa dernière visite chez moi, le Juncus tenuis est tellement abondant aux environs de Tongerloo, qu’on pour- rait en charger des tombereaux. JunCus GERARDI, Lois , in Gren. God, F4. fr., vol. HT, p. 550. Aux localités de Heyst (Flandre occidentale) et Anvers, citées dans la Flore de Belgique de M. Crépin, il faut join- dre Ostende; j'ai observé cette espèce dans les flaques d’eau saumâtre aux environs de l’ancienne écluse de chasse. CarEex PILULIFERA , L , Sp , 1585. Espèce assez répandue entre Elewyt et Malines. CAREx PANICEA , L., Sp. 1357. Espèce peu répandue dans les bois humides de Perck, Melsbrouck et Peuthy. CAREX FiLIFORMIS, L., Sp. 150. Cette espèce, qui n'avait pas encore été signalée dans la province de Brabant, a été découverte dans un fossé, à Peuthv., par M. Bouillot. Malgré d’actives recherches dans , O ‘les environs de cette localité, je ne l’ai observée qu’à l’en- >] droit cité plus haut. CAREX PALLESCENS , L., Sp., 1586 J'ai, a plusieurs reprises, cherché cette rare espèce à (ot) Zellick, à la localité indiquée par M. Kickx, dans sa Flora Bruxellensis, mais toujours inutilement. Cette année je l’ai observée en assez grande abondance sur les bords de plusieurs fossés, dans les bois'de Peuthy. CaREx TRINERVIS , Desol.,in Gren. God., FL. fr, HU, p. 405. Cette rare cypéracée qui n’est signalée dans la Flore de Belgique de M. Crépin qu'à Wenduyne, a été observée par moi dans les dunes des environs d’Ostende, non loin du fort Napoléon. M. Piré me l’a adressée, provenant des dunes de la Panne. | Carex ACUTA, Fries, in Gren. God., FL. fr. LE, p. 405. D’après l'examen d’un grand nombre de pieds de cette cypéracée à l’état vivant, je lui ai reconnu trois formes bien distinctes et stables, au moins pendant trois années de culture. Je vais proposer trois variétés basées sur la forme des écailles, leur proportion par rapport aux utricules, enfin sur leur couleur : 2. Vulgaris Nob. — Ecailles femelles aiguës, beau- coup plus étroites que la capsule, à sommet atteignant ou dépassant le bec, brunâtres, à nervure verte. 5. Brevisquama Nob. — Ecailles femelles ovales, beau- coup plus étroites que la capsule, à sommet n’atteignant jamais le bec, brunâtres, à nervure peu visible. 7. Nigra Nob. — Ecailles femelles elliptiques, environ de la largeur de lutricule, à sommet atteignant ou dépas- sant le bec, complétement noires. CLaDium MaRiscus, R. Brown., Prod., 9, — Gren. God., F! fre 10e, p. 564, J'ai observé cette rare espèce qui, à ma connaissance, (22) n'avait pas encore été signalée dans la province de Bra- bant, aux étangs de Bergh; elle y est abondante. SCIRPUS SETACEUS, L., Sp. 75. Cette espèce n’est pas rare dans les fossés desséchés d’un bois, à Melsbrouck. CYPvERUS FUSCUS, L., Sp. 69. M. Campion m'a fait part de cette découverte : il a ob- servé la plante sur les bords des fossés, dans un petit bois, à Vilvorde; elle n’est pas rare dans cette localité. LATHRAEA CLANDESTINS, L., Sp. 845. — Crep., F1. belg , p. 98. Clandestina rectiflora, Lam., IL, t. 551, f. 1; — in Gren. God., FT. fr., vol. 2, p. 645. Cette rare espèce qui n’avait pas été rencontrée dans la province de Liége, croit dans les bois humides aux envi- rons de Couthuin, où je l’ai récoltée au mois de septembre de cette année, (53) CLASSE DES LETTRES. Séance du 15 janvier 1862. M. pe Ram, directeur. M. QuerTELeT, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, Gachart, Borgnet, David, De Decker, Snellaert, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, Faider, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon , membres; Nolet de Brauwere van Steeland, asso- cié; Juste, Defacqz, Wauters, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. es La Société havraise d’études diverses, la Société d’ému- lation de Liége, l’Université de Louvain, etc., remercient l’Académie pour l'envoi de ses dernières publications. — MM. de Ram, Gachard, Borgnet, Roulez, membres de l’Académie, présentent différents ouvrages de leur com - position , ou à la publication desquels ils ont coopéré. Parm ces ouvrages se trouvent : 1° Les quatorze livres sur l’histoire dela ville de Lou- ( 04 ) vain, de Jean Molanus, 2 vol. in-4°, publiés d’après le manuscrit autographe, par P.-F.-X. de Ram ; 2° la Corres- pondance de Philippe IF, sur les affaires des Pays-Bas, par M. Gachard, 1 vol. in-4°; 3° la Chronique de Jean de Sta- velot, publiée par M. Ad. Borgnet. — M. Gachard restitue aux archives de l’Académie une lettre que M. Repelaer van Driel, ancien ministre de l’in- térieur, avait adressée à la compagnie, et qui avait été mêlée à d’autres papiers. — Remerciments. — M. Jeanjean, de Philippeville, adresse à la classe un mémoire manuscrit sur la Carte des Gaules, publiée ré- cemment par le gouvernement français. Ce mémoire est renvoyé à la commission précédemment nommée pour l'examen de cette carte. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur le recueil des anciens monuments de la littérature française en Belgique; par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. « La commission à laquelle vous avez délégué la tâche de publier les anciens monuments de la littérature fran- çcaise en Belgique, m'a chargé de vous présenter un rap- port suecinct sur ses premiers travaux pendant l’année qui vient de s'écouler. Votre commission, constituée le 13 mai 1861, sous la présidence de M. le baron de Gerlache, s’oceupa, dès la séance suivante, du choix des auteurs appelés à ouvrir ( DD ) la collection des prosateurs et celle des poëtes. Dans la première série, Georges Chastellam, dont les œuvres sont en grande parte inédites , a réuni tous les suffrages. Dans la seconde, doivent figurer les grandes épopées d’Adenez et les dits si vifs, si piquants , si gracieux, de nos anciens trouvères. J'aurai d’abord l’honneur de vous entretenir de ce qui a été fait pour préparer la publication des œuvres de Chas- tellain. Les éditions de M. Buchon, auxquelles Chastellain, « ce grand et éloquent historien, » comme l'appelle un écrivain moderne , doit la vie nouvelle qui lui est désormais assurée, ne nous ont conservé, toutefois, que des fragments incom- plets. Les sept huitièmes de ses ouvrages sont perdus, et tout fait regretter de si importantes lacunes. Déjà M. Lacroix à Florence, M. Quicherat à Arras, M. le général Renard à Bruxelles, avaient entrepris avec bonheur des recherches qui fixèrent l'attention du monde érudit , et une compagnie littéraire , dont les travaux sont justement estimés, avait résolu d’en faire l’objet d’une publication impatiemment attendue. Vous savez, Messieurs , que la Société de l’histoire de France, désirant donner à l’Académie un gage de sym- pathie, a bien voulu nous céder, sans même réclamer la restitution des frais qu’elle avait faits, toutes les copies réunies par ses SOIns. Je suis heureux de pouvoir ajouter que votre commission a rencontré partout un appui non moins bienveillant et non moins empressé. M. Vallet de Viriville, professeur à l’école des Chartes, à Paris, a bien voulu, malgré les nombreuses occupations que lui impose la publication de son histoire de Charles VIT, » (56) consacrer d’actives investigations aux manuscrits de Chas- tellain, et, pour ne pas entrer ici dans de longs détails, je me bornerai à citer, parmi les correspondants de la com- mission, qui ont bien voulu lui apporter un obligeant con- cours, en France : M. de Cintrat, directeur des archives du ministère des affaires étrangères; M. Lacroix, conser- vateur du dépôt de lArsenal; M. le comte d’Héricourt à Arras; M. Wilbert à Cambrai; M. Le Glay à Lille; M. Go- mart à Saint-Quentin; MM. Grar et Caffiaux à Valenciennes; MM. les bibliothécaires de Dijon, de Douai, du Mans, de Tours, de Lyon, de Boulogne ; en Angleterre : sir Thomas Phillipps ; M. Bond, conservateur du British Museum ; le révérend docteur Stevenson, l’un des éditeurs des Rerum Britannicarum scriptores; M. Reid à Glasgow; en Hol- lande : M. Holtrop, conservateur de la bibliothèque de la Haye; en Italie : M. Tesa, professeur à l’université de Bo- logne, et MM. Vieusseux et Milanesi à Florence. La commission ne peut passer sous silence tout ce qu'elle doit à l’obligeante intervention de M. Van de Weyer et de M. le comte van der Straten-Ponthoz, qui représen- tent si honorablement notre gouvernement à Londres et à Madrid. Elle offre également l'hommage public de sa gra- titude à M. le prince de Ligne, qui a bien voulu mettre à sa disposition un des plus précieux manuscrits du château de Beloœæil. Lorsque le docteur Hæœnel publiait, en 1830, son cata- logue des manuscrits, il n’en mentionnait que neuf sous le nom de Chastellain ; M. Buchon, en 1856, n’en connais- sait que quinze, et les recherches postérieures n’en avaient guère porté le nombre au delà de vingt. Aujourd’hui, grâce à nos efforts et à d’obligeantes com- munications , il s'élève à plus de cent. (51) Non-seulement nous connaissons plusieurs textes des ouvrages dont naguère un seul nous avait été signalé, mais nous possédons aussi des œuvres restées Jusqu'à ce jour complétement inédites. Nous citerons trois fragments historiques qui se rapportent aux années 1420 et 1461 ; un traité, où Entendement s'adresse à Charles le Hardi pour l'instruire ; un autre traité sur le voyage de Philippe le Bon en France, quand il y ramena le Bauphin devenu le roi Louis XI; un mystère sur la mort de Philippe le Bon ; un autre mystère sur la paix de Péronne et un poëme adressé à Charles le Hardi, au moment où il venait de ren- trer à Gand vainqueur des Liégeois. A côté du nom de Chastellain vient se placer celui de Jean le Bel, qui eut l'honneur d'ouvrir, dans nos provinces, la féconde et brillante carrière des chroniqueurs, où il précéda Froissart. Une note, insérée dans la Bibliothèque historique de Lelong, m'avait permis de reconnaître, quoi- qu'il n’y figuràt aucun nom d'auteur, l’œuvre du chanoine de Saint-Lambert, dans un manuserit conservé autrefois dans la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Pierre de Châlons. J'écrivis à ce sujet, au mois de mai dernier, à M. le con- servateur de la bibliothèque de Châlons-sur-Saône; mais ce fut inutilement. Quelques mois devaient s’écouler, comme nous venons de l’apprendre par une importante communi- cation de M. Polain, avant que ce précieux manuserit fût retrouvé, non à Chàlons-sur-Saône, mais à Chàlons-sur- Marne. F La publication de Jean le Bel a été résolue par votre commission, et nous ne doutons point qu’elle ne présente le plus vif intérêt. En'ce qui touche nos anciens poëtes, M. Van Hasselt a bien voulu se livrer à des recherches qui nous permettront ( 58 ) d'apprécier la valeur des œuvres qu'il convient de remet- tre en lumière. Votre commission, à peine constituée depuis quelques mois, croit n'avoir rien négligé pour se rendre digne de la mission que vous lui avez confiée : elle s’efforcera de la poursuivre avec le même zèle et la même activité. » Notice sur une collection manuscrite de documents concer- nant la révolution brabanconne et la restauration au- trichienne, qui est conservée aux archives du royaume ; par M. Gachard , membre de l’Académie. Les archives du royaume se sont enrichies récemment d’une collection manuscrite de pièces qui est assez rare dans son genre pour mériter d'être signalée à l’attention des curieux. Cette collection, intitulée Recueil général des décrets, édits, ordonnances, relations, pièces justifica- tives, salires en vers et en prose sur les troubles des Pays-Bas, depuis l’année 1787, se compose de viNGT vo- LUMES in-folio, ayant ensemble près de TREIZE MILLE PAGES, et d’une table en SEPT VOLUMES in-quarto, qui n’en com- prend guère moins de TROIS MILLE DEUX CENTS. Ces vingt-sept volumes, formant un total de plus de SEIZE MILLE PAGES, sont écrits de la même main; le carae- tère en est net, égal, assez serré : les pages de texte, d'une large justification, ont en moyenne de cinquante à ein- quante-cinq lignes. Aussi, d’après le dénombrement que j'ai fait, ils contiennent GINQ MILLE SIX CENT CINQUANTE PIÈCES environ, dont quelques-unes sont des pamphlets ou d’autres écrits d’une grande étendue. On va me demander sans doute quel est l’auteur de cette ( 29 ) compilation gigantesque, de ce véritable travail d'Her- cule. Je regrette de ne pouvoir satisfaire à une curiosité que je trouve d'autant plus légitime que je la partage : le nom du compilateur ne figure sur aucun des volumes de la collection, et la personne qui l’a cédée aux archives déclare être dans une ignorance absolue à cet égard. Tout au plus peut-on former quelques conjectures sur le caractère et la position de l’auteur par le morceau sui- vant qu'il a placé, en guise d'introduction, en tête de son premier volume : Ce recueil fera voir l’animosité des peuples belgiques pour leurs libertés , prérogatives et priviléges ; il démontrera leur patriotisme , en plusieurs occasions dégénéré en fanatisme et révolte. On y verra le même peuple animé et aigri par le clergé séculier et régulier; leur fiel et leur vengeance dans les satires et pasquinades, la plupart dépourvues de bon sens; leur rage acharnée centre les personnes qu'ils soupçonnoient auteurs des nouveautés que le gouvernement y voulut intro- duire. Ils ménagoient aussi peu leurs souverains Joseph IT, Léopold II et François IT, que leurs ministres et représentants ; les plus sensés se contentoient des humbles représentations, en réclamant leurs droits, fondés sur les Joyeuses-Entrées; les évêques et l’université de Louvain s’opiniatrérent le plus. De là les satires et pamphlets sans nombre des deux côtés, tantôt du parti du gouvernement contre les folies patriotiques, tantôt du zele patriotique contre le gouvernement. Les dan- sers des uns et des autres animèrent de plus en plus les deux partis, et souvent on trembla de voir des scènes de carnage et d'horreur, même au milieu de la ville de Bruxelles et en pré- sence des représentants de Sa Majesté, _Les volontaires des provinces belgiques, surtout ceux du Brabant, du Hainaut et de la Flandre, y jouèrent aussi un assez grand rôle pendant quelque temps, mais sans chefs et ( 60 ) sans soutien : tantôt salirisans, tantôt satirisés, ils finissent par tomber dans l'oubli avec le reste des insurgents. Ce recueil est long, monotone et même souvent ennuvant par les répétitions sans fin par chaque membre des états et différentes corporations de toutes ces provinces; mais les diffé- rents passages des scènes ridicules, et souvent intéressantes, récompensent en quelque sorte cet ennui. Comme j'ai ramassé toutes ces pièces par lambeaux, non sans peines ni dépenses, en différents temps, on trouvera de temps en temps des faits antérieurs ou postérieurs aux dates où ils se trouvent; mais, comme je n'ai écrit ce recueil que pour mot, sans songer qu'il pourroit tomber en d'autres mains, je n'ai pas été fort scrupuleux sur cette négligence, ayant pris pour règle de joindre et le bien et le mal de chaque individu, selon que les pièces me tomboient sous la main, pour ne pas renvoyer à chaque instant vers leur première apparition dans ce recueil. En commencant ec recueil, je ne prévoyois guère les éerits volumineux qui se sont suivis sans interruption; je crois même que, si J'avois prévu leur nombre, les dépenses et les dangers où ils m'exposeroient, j'aurois fini avec les premiers fragments que j'avois copiés par amusement : mais, entrainé insensible- ment, j'en ai fait un passe-temps agréable perdant huit ans de retraite choisie à cette fin. Dans toute cette compilation, je me suis exempté de faire aucune remarque en faveur ou contre personne de l'un ou de l’autre parti, laissant au jugement du lecteur la décision du pour et du contre, tant sur les individus que sur la révolution méme. Comme je me suis constamment refusé à y prendre la moindre part, on ne pourra m'incalper la moindre partia- lité dans le choix des matières qui composent ce recueil , ni dans le but que j’aurois pu me proposer, puisqu'on y trouvera exactement tout ce que j'ai pu ramasser, avec la plus serupu- leuse attention, de tous les partis, de même qu'un silence (61) profond sur le jugement que j'en aurai pu faire dans le temps que les scènes passoient sous mes yeux. N'étant auteur d'aucune pièce de ce recueil, je ne parlera point du style. En général, on v verra des morceaux, tant en prose qu'en vers, qui feront pitié, et d'autres qu'on lira avec plaisir; mais la prose en général m'a paru meilleure que la poésie, dont plusieurs pièces n'ont ni rime ni raison. Mais, comme compilateur exact , j'ai copié le bon comme Ie mauvais, pour faire juger combien les esprits étoient montés générale- ment dans toute la Belgique. Si ce recueil reste dans ma famille, comme je l'espère, je recommande à l'ainé, à qui il compète, de ne le communi- quer que le moins possible au public, et surtout qu'à des per- sonnes d’une probité reconnue, vu le venin que des malveil- lants pourroient en tirer contre des familles respectables qui ont le malheur de s’y trouver compromises. C’est cet espoir qui la sauvé des flammes auxquelles j'ai condamné tous les au- tres écrits de mon loisir, sans en excepter mes remarques de plus de trente années de voyages. _ Puisse ect écrit ne jamais tomber entre les mains de per- sonnes mal intentionnées et ne faire tort à personne! Surtout, que le lecteur se représente fermement, avant de le lire, que la satire est le plus souvent une calomnie atroce et toujours une médisance avérée, et que rien n'est plus méprisable que son auteur. Ainsi celui à qui nous devons cette compilation y con- Ssacra huit années entières de sa vie! On doit supposer qu'il avait beaucoup de temps à perdre. Il est assez difficile de juger, d’après son introduction, s'il était du parti autrichien, ou vonckiste, ou vandernoo- tiste. Peut-être n’étail-il d'aucun parti : même dans les temps de révolution, il y a encore des gens de cette caté- gorie. Les réflexions qu'il fait donnent du moins une idée favorable de sa loyauté et de sa sagesse. (62) Il existe, dans les dépôts publics, plusieurs volumi- neuses collections de pièces imprimées sur la révolution de 1790; je citerai surtout celle de la bibliothèque royale (£), qui comprend quatre-vingt-quinze volumes, presque tous in-8°, et renferme, selon le catalogue, plus de deux mille deux cents opuscules. La bibliothèque des archives du royaume en possède une autre, en soixante et douze vo- lumes, aussi in-8° pour la plupart. Bien probablement, la grande majorité des pièces qu'a transerites notre ano- nyme se trouvent en imprimé dans l’une ou l’autre de ces deux collections : mais, sur les cinq mille six cent cin- quante documents dont est formé son recueil, n’y en eût-1l que quelques centaines, et même moins, qu’on ne trou- vât pas ailleurs, il faudrait encore se féliciter, pour les historiens, de l'acquisition qu’en ont faite nos archives nationales. Ce recueil a d’ailleurs un mérite propre : c’est d’être accompagné de tables alphabétiques qui y facilitent sin- gulièrement les recherches. Voici l’indication du nombre de pages et de pièces, avec les années auxquelles celles-ci se rapportent, que contient chacun des vingt volumes : Le t. [| a 692 pag. et contient 297 pièces, de 1786 et 1787 (2). — II à 660 >» et » SAS de 1787 et 1788. 1 HA 0m A Er © 1447 - » de 1787. = IV 4 712 » et os 122 » . de 1787 et 1788. — NV a 618 » et » 95; 111 de 1788 et 1789. =. |VL,:a:599 ». et... 10,7 de 1789. — NIlIa 629 » et 61 » de 1789. (1) N° 27149 du catalogue Van Hulthem. (2) Nous n’indiquons, pour ce volume et pour les autres, que les dates de la plus grande partie des pièces : il y en a quelques-unes qui sont des années 1781, 82, 85, 84, 85, el même du XVIIe, du XVIe et du XVe siècle. (63) Le t. VIII à 664 pag, et contient 328 pièces, de 1789. IX. à 629 » et s 9505 » de 1789 et 1790. — XX a 698 » et » 157 + de 1789 et 1790. DOI" a 178. » et Û 55 11. de179. — XII a 719'>» et sn 415 » non datées. — XII a 627 » et » 406 : uon datées. — XIV. à 634 » et » 476 » de 1788, 1789, 1790, — XV a647 » et v D02 » de 1787, 1789, 1790. D OONNR à 616 » et » 377 » de1788, 1789, 1790. — XVII a 751 » et » 408 » de1790et 1791. — XVIIa 684 » et » 125 » de 1789, 1790, 1791. — XIX a 705 » et s 890 » de 1789, 1790, 1791. — XX a708 » et 5. 4166 » de 1790, 1791, 1792, 1795. A la collection est joint un portefeuille contenant des gravures satiriques, des pasquinades, des portraits, etc., au dos desquels se trouve l'indication du volume et de la page du recueil où il en est parlé, et où est marqué leur place. NOMINATIONS. La classe s’est occupée ensuite des nominations an- nuelles : elle avait à élire, en premier lieu, son directeur pour l’année 1863; la majorité des suffrages a désigné M. Leclercq pour remplir ces fonctions. M. De Decker, en prenant place au fauteuil pour l’année 1862, a invité M. Leclereq à venir siéger au bureau comme vice-directeur, et 1l a adressé à M. de Ram, le directeur sortant, les remerciments de la Compagnie. Cette allocu- tion a été accueillie par les applaudissements de l'assemblée. M. Leclereq a été maintenu dans ses fonctions de mem- bre de la commission administrative pour 1862. ( 64 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 9 janvier 18062, M. Va Hassezr, président de l’Académie. M. QuerELer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, Fr. Fé- is, G. Geefs, Hanssens, Leys, Navez, Simonis, Jos. Geefs, rin Corr, De Brackeleer, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, Portaels, s#embres; Demanet, correspon- dant. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur fait connaitre que, par arrêté royal du 25 décembre 1861, Sa Majesté à nommé M. Van Hasselt, directeur de la classe des beaux-arts pour l’année 1862, président de l’Académie pour ladite année. — M. le baron Hody donne connaissance de la mort de M. Alex.-Maximilien Laboureur, associé de l’Académie pour la section de sculpture, et décédé à Rome au mois de novembre dernier. La famille de ect artiste distingué était d’origine belge , et s'était établie à Rome dès l’année 1752. ( 6 ) — L'Académie royale de Munich fait parvenir, en mème temps que ses dernières publications, une médaille en bronze rappelant les traits de M. Thiersch. — M. Féuüs père fait hommage du troisième volume de la nouvelle édition de sa Biographie universelle des musti- ciens. — Remerciments. RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports de MM. Fr. Fétis et Daussoigne-Méhul sur une partition de M. Jean-Théodore Radoux jeune, intitulée la Fille de Jephté, épisode lyrique en un acte. Il sera donné communication de ces deux rap- ports à M. le Ministre de l’intérieur, qui avait demandé l'avis de l'Académie sur louvrage du lauréat pensionnaire du gouvernement. Sur la question de l’abaissement ou de la fixation du diapason musical. Hiapport de ME, Fr'.-J. Félis. « Monsieur le Ministre de l’intérieur a demandé, en 1860 , à la classe des beaux-arts de l’Académie son opi- nion concernant la demande formée par le sieur Van Poucke, professeur de musique à Ostende, et tendante à ce que le gouvernement belge fit abaisser le diapason mu- sical, conformément à celui qui a été déclaré en France 2" SÉRIE, TOME XHI. D ( 66 ) diapason normal, et le décrétàt obligatoire en Belgique. Les conclusions de votre commission de musique ont été qu'il n'y avait pas lieu de baisser le diapason, mais de le fixer. La classe, adoptant ces conclusions, a décidé que le rapport serait transmis à M. le Ministre de l’intérieur. Par sa lettre du 7 août 1861, M. le Ministre de l’inté- rieur appelle de nouveau l'attention de la classe sur une nouvelle requête du sieur Van Poucke relative à la même question. Quelques parägraphes de cette lettre ont paru à votre commission avoir assez d'importance pour qu'il fût nécessaire de les rappeler dans ce rapport. M. le Ministre : dit textuellement : « À cette occasion, je crois devoir vous faire Cconnai- tre , monsieur le secrétaire perpétuel, que je suis disposé à examiner les mesures qui pourront être adoptées dans le sens du rapport que vous avez bien voulu me trans- mettre avec votre lettre du 9 novembre dernier. €e rapport, ainsi que vous voudrez bien vous le rappeler, conclut non à baisser le diapason , mais à le fixer. » M. le Ministre de la guerre pouvant, par l’action qu'il exerce sur les divers corps de musique de l’armée, con- tribuer efficacement à atteindre le résultat que l’on a en vue, j'ai cru devoir le prier de vouloir bien me faire connaître sa manière de voir au sujet de cette question; mon honorable collègue m’a déclaré qu'il se ralhie à l’opinion de l’Académie, et que si je jugeais convenable de nommer une commission, il s'empresserait de dési- gner un délégué pour y représenter les corps de mu- sique de l’armée. | » Je vous prie, monsieur le secrétaire perpétuel, de faire remarquer à la classe des beaux-arts que le gou- vernement , s’il jugeait convenable de fixer le diapason, (67) ne pourra cependant l’imposer que dans les corps de musique militaire et dans les établissements sur lesquels il a une action directe, tels que les conservatoires royaux, les écoles normales de l'État, ete. Il ne pourra en aucun cas contraindre les facteurs d'instruments de musique à s’y conformer, pour tous les instruments qu'ils fabriqueront. » D’après la déclaration formelle de M. le Ministre de l'intérieur, votre commission n’a pas cru devoir s’arrêter aux termes absolus de ce passage de la requête du sieur Van Poucke : « L’unite, c’est l'harmonie. Partant de ce » principe, J'ai sollicité un la modéré et obligatoire, par- » ce que sans cela 1! n'y à pas d’art n1 de beauté artistique » possible. » Mais attendu que l'attention publique a été saisie de la question dont il s’agit, et que des pétitions ont été adressées par le sieur Van Poucke à la Chambre des Représentants, dans le but de la réforme qu'il sollicite, vos commissaires croient devoir consigner dans ce rapport une série de faits et d'observations destinée à éclaircir cette question, dont on a beaucoup parlé sans la con- paitre. La fixation d’un diapason est relativement moderne : jusqu’au commencement du dix-huitième siècle, chaque pays eut ses traditions à cet égard ; traditions qui présen- taient entre elles des différences considérables. Le seul * point de ressemblance entre les diverses contrées euro- péennes consistait à admettre deux tons dissemblables : le premier était appelé ton d'église ou ton d'orgue, l'autre, lon d'orchestre où de musique mondaïine. Le ton d'orgue était en général plus bas que le ton d'orchestre. Le pre- mier diapason modèle fut inventé en 1711 par un sergent- trompette de la maison royale d’Angieterre, nommé Jon CV TELUS D X vw ( 68 ) Shore. Hétaiten mème temps luthiste de la chambre du roi. Son diapason , sans aucun doute, avait une forme analogue à celle qu’on donne encore à cet étalon sonore, car il était appelé tuningfork (fourchette d'accord). Shore se servait de ce diapason pour accorder son luth; ses collègues de la musique royale s’'amusaient beaucoup de cette curiosité. Sauveur, membre de l’Académie des seiences de Paris, fut le premier qui s’occupa de déterminer le son fixe d’un orchestre : ses premières observations datent de 1698. En 1715, il trouva que le la de l'orchestre de l'Opéra, corres- pondant à la deuxième corde à vide du violon, faisait huit cent dix vibrations par seconde. C’est ici le lieu de remar- quer l’énorme différence qui existait à cette époque entre le la français et celui de l'Italie ; car ce temps est précisé- ment celui où les plus beaux violons de Stradivarius ont été construits. Or, le célèbre acousticien Savart a trouvé, par des expériences délicates, faites avec un appareil de son invention, que la masse d'air contenue dans le corps de ces instruments produit un son qui fait cinq cent douze vibrations, lequel correspond à un wt d’un tuyau d’orgue de quatre pieds; d’où il suit que le la au-dessus de cet wt faisait alors huit cent soixante-quatre oscillations. Ë Si nous portons nos regards vers l'Allemagne , nous verrons que le théoricien Marpurg à trouvé, en 1752, que le a de l'Opéra de Berlin faisait 843,075 vibrations par se- conde ; d’où 1l résulte qu’alors l'orchestre de ce théâtre . avait un diapason plus élevé que celui de Paris, au temps de Sauveur, dans une proportion qui égale trois cCommas trois cent quatre-vingt-douze millièmes, ou un peu plus d’un tiers de ton. Le diapason de 1752, comparé à celui du même Opéra de Berlin, en 1854, donne une autre ascension de trois ( 69 ) commas, ou un tiers de ton, car il faisait, à cette dernière époque, 885,025 oscillations, d'après des observations très- exactes de l'acousticien Scheibler. Dans cette même année 1854, le diapason de l'Opéra de Paris n’était que d’une seule vibration au-dessous de celui de Berlin ; il faisait 882,05 vibrations , tandis que celui de Vienne en faisait huit cent quatre-vingt-six. Enfin, dans cette même année 1834, un congrès musical tenu à Stutt- gard, décida que le diapason devait être fixé à huit cent quatre-vingts vibrations par seconde, et donna à cette in- tonation le nom de diapason normal. Au mois de mai 1855, des expériences faites au moyen de procédés nouveaux très-ingénieux, par M, Lissajous, professeur de physique au lycée Saint-Louis, démontrèrent que depuis 1854, c’est-à-dire dans l’espace de vingt et un ans, le la de l'Opéra et du conservatoire de Paris s’était élevé à huit cent quatre-vingt-dix-huit vibrations; ce qui, depuis Sauveur, et dans l’espace de cent quarante ans, donne une élévation de plus d'un ton. Le savant M. Dele- zene venait de reconnaître qu'en 1854 le diapason du théâtre de Lille était de neuf cent et une vibrations. On a remarqué qu'en avançant vers le nord, 1l y a progrès d'élévation auquel la position des lieux n’est pas étrangère, car, à une température relativement basse, le diapason s'élève. Ainsi, dans le moment même où l’on constatait que le diapason de Lille était à neuf cent et une vibra- tions, celui du Théâtre-Jtalien de Londres faisait 910,03 os- cillations, et ceux de Berlin et de Saint-Pétersbourg 905 et 905. Votre rapporteur a constaté que le la du conserva- toire royal de Bruxelles produit 906 vibrations, et que celui de la musique des Guides en fait 911. De là vient que les clarinettistes de ce corps de musique, qui jouent dans (70 ) l'orchestre du conservatoire, ont des instruments plus élevés que les autres instruments à vent de cet orchestre, et sont obligés d'en tirer un peu les emboitures pour s’accorder. Après avoir trouvé, par ses expériences, que le diapa- son de l'Opéra de Paris faisait huit cent quatre-Yingt-dix- huit vibrations par seconde, M. le professeur Lissajous proposa de le fixer, en le baissant seulement de sept vibra- tions environ, c’est-à-dire d’à peu près un demi-comma. HI parvenait à ce résultat en prenant si pour prototype tonal, et en Jui donnant l’intonation du chiffre rond de mille vibrations, ce qui donnait pour le {a le chiffre compliqué de 890,895 vibrations; mais M. Bodin, professeur de mu- sique de grand mérite, fit cette objection très-fondée , que la note si n’est le point de départ d’aucun instrument pour l’accord, et que le la qu'on en déduirait serait repré- senté par une quantité irrationnelle, entre huit cent qua- tre-vingt-dix et huit cent quatre-vingt-onze. Tel était l’état des choses lorsque, le 17 janvier 1858, M. le Ministre d'État du gouvernement français prit un arrêté par lequel 1l instituait une commission dont la mis- sion était de déterminer un étalon sonore, lequel servirait de type invariable, afin d’obvier aux inconvénients résul- tant de la diversité des diapasons, et de leur élévation progressive. Après avoir demandé aux différents pays leurs diapa- sons, les avoir comparés, et discuté les opinions contra- dictoires de quelques-uns de ses membres, cette commis- sion, par l'organe de M. Halévy, son rapporteur, proposa à M. le Ministre d'État de baisser le diapason d’un quart de ton, et de le fixer définitivement au la de huit cent soixante-dix vibrations par seconde, à la température de quinze degrés centigrades. Elle demandait en outre : (71) 1° que le Ministre déterminat, pour Paris et les départe- ments, une époque à partir de laquelle le nouveau diapa- son deviendrait obligatoire ; 2 que l’état des diapasons et des instruments, dans tous les théâtres, écoles ou autres établissements musicaux, fût constamment soumis à des vérifications administratives; 5° que dans l'intérêt de l’unité du diapason, M. le Ministre voulût bien intervenir auprès de ses collègues les Ministres de la guerre et du commerce, pour que, d’une part, le nouveau diapason fût adopté pour tous les régiments de l’armée, et d'autre part, qu’à l'avenir, les instruments qui ne seraient pas accordés conformément à ce diapason, ne fussent pas admis aux prochaines expo- sitions. M. le Ministre d’État ne crut pas devoir pousser les choses aussi loin ; son zèle en faveur de l’unité du diapason se renferma dans les. limites du possible et du juste. Le 25 février 1859, le Moniteur universel publia l'arrêté sui- vant : - « LE MINISTRE D'ETAT, ETC. » Vu, etc. » ARRÊTE : » ART. 1%, — Il est institué un diapason uniforme pour tous » les établissements musicaux de France, théâtres impériaux » et autres de Paris et des départements, conservatoires, » écoles succursales, et concerts publics autorisés par l’État. » Arr, 2, — Ce diapason, donnant le la adopté pour l'accord » des instruments, est fixé à huit cent soixante-dix vibra- » tions par seconde : il prendra le titre de diapason normal. » Ant, 5. — L'étalon prototype du diapason normal sera (72) » déposé au conservatoire impérial de musique et de déela- » mation. » Arr. 4 —— Tous les établissements musicaux autorisés » par l'État devront être pourvus d’un diapason vérifié et. » poinconné, conforme à létalon prototype. » Anr. D. — Le diapason normal sera mis en vigueur à Paris » le 4° juillet prochain, et le 1° décembre prochain dans les » départements. » À partir de ces époques, ne seront admis dans les établis- » sements musicaux ci-dessus mentionnés que les instruments » au diapason normal, vérifiés et poinçonnés. » Arr. 6. — L'état des diapasons et des instruments sera » régulièrement soumis à des vérifications administratives. » Arr. 7. — Le présent arrêté, etc. » Paris, 16 février 14859. » Signé ACHILLE FouLp. » L'avis de la commission n'avait pas été unanime pour l’abaissement du diapason; des oppositions s'étaient fait jour. Parmi les membres de la minorité, on remarquait M. Hector Berlioz, l’un des hommes les plus capables en ce qui concerne les instruments et les voix. Il publia, le 30 septembre 1858, dans le Journal des débats, un article remarquable, où 1l déclarait qu'il ne fallait pas baisser le diapason, mais le fixer. C'était aussi l'avis de M. Lissajous, autre membre de la commission. L’argument par lequel on avait soutenu la nécessité de l’abaissement du diapason était l’intérèt de la conservation de la voix des chanteurs. Beaucoup de morceaux, disait-on, qui pouvaient se chanter autrefois avec facilité, occasion- nent maintenant à ceux qui les chantent une fatigue ex- trême, ou même sont devenus inexécutables. En admettant qu'il en soit ainsi pour un certain nombre d’airs et de duos, (1) ce n'est pas par l’abaissement d'un quart de ton du système tempéré qu'on procurera aux chanteurs un soulagement sensible. Ce ne serait pas par un quart de ton qu'il faudrait leur venir en aide dans ce cas, mais par un demi-ton. Pour cela, il n’est pas nécessaire de baisser le diapason, car nos orchestres sont si bien accoutumés à la transposition, que cette opération ne leur cause aucun embarras. Un exemple récent l’a prouvé : M"° Miolan Carvalho répétait un air au Théâtre royal de Bruxelles; elle y éprouvait quelque gêne, à cause de notre diapason élevé; elle en fit l’obser- vation à M. Hanssens, qui, aussitôt, donna l’ordre aux exécutants de lorchestre de jouer un demi-ton plus bas. La cantatrice crut d’abord qu'il s'agissait d’une plaisan- terie, mais bientôt elle acquit la preuve que l’habile chef d'orchestre avait parlé très-sérieusement : la transposition se fit immédiatement par tous les artistes et sans hésita- ion. De pareils faits se produisent souvent dans les con- certs du conservatoire de Bruxelles où chantent des élèves. Nos cornistes et nos trompettistes, ne voulant pas prendre la peine de porter avec leurs instruments les tons de re- change, n'en ont qu'un seul (ordinairement le ton de /à) avec lequel ils transposent dans quelque ton que ce soit, au moyen de leur cor à pistons ou de leur trompette à eylin- dres. Les elarmettistes, qui devraient avoir chacun trois clarmettes, en wt, en si bémol et en la, pour jouer dans tous les tons, n'en portent qu’une (la clarinette en si bémol), avec laquelle ils font toutes les transpositions né- cessaires. Il en est de même de tous les autres instrumen- üistes, lorsque la transposition est indiquée par le chef d’or- chestre. On voit donc que l’argument relatif à la conser- vation des voix n’a rien de solide : on les-soulage bien plus par la transposition d’un demi-ton que par l’abaissement (74) du diapason à un intervalle moindre de moitié et faux de sa nature. | L En voulant éviter des inconvénients, par l’abaissement du diapason à un quart de ton, on en rencontre de bien plus réels qui n’ont pas été prévus. L’un des plus impor- tants est l’altération de la justesse dans les instruments à vent, car les progrès faits depuis un certain nombre d’an- nées, sous le rapport de cette justesse, disparaissent par un changement subit qui détruit toutes les proportions. Aux tätonnements par lesquels les facteurs fabriquaient autre- fois leurs produits, avaient succédé, dans ces derniers temps, des théories rigoureuses par lesquelles la flûte, le hautbois et le basson ont acquis les qualités qui leur man- quaient autrefois. Un rapport si intime existe entre la lon- gueur du tube et la perce, ou conique, ou cylindrique, que ce n’est que par des calculs minutieux que peuvent se ré- soudre une multitude de problèmes relatifs à la justesse comme à la qualité des sons. Or, la longueur du tube est déterminée par le diapason. En changeant celui-ci, on remet tout en question, et les facteurs d'instruments sont obligés d’en revenir aux tâtonnements. On à cherché qu’elles ont pu être les causes de l’éléva- tion progressive du diapason depuis les expériences de Sauveur (de 1698 à 1715) : il en a été indiqué plusieurs. M. Lissajous a émis l'opinion que les musiques militaires y ont contribué puissamment, parce que, destinées à être entendues en plein air, l'éclat est leur condition impé- rieuse, Cette opinion est dans le vrai pour l’époque ac- tuelle ; mais jusque dans la seconde partie du dix-huitième siècle , il n’y a pas eu de musique militaire proprement dite : il n’y avait que des trompettes pour la cavalerie, des fifres et des tambours pour l'infanterie. Lorsque la mu- ( 79 sique militaire commença, elle fut longtemps sans influence sur les autres combinaisons d'instruments et sur l'art en général. La cause véritable de l'élévation progressive du diapason est dans la recherche de l'augmentation de sono- rité qui se fait remarquer dès le commencement du dix- septième sièele, et qui s’est montrée persistante jusqu'à nos jours. Avec un diapason bas, la sonorité est sourde ; les voix manquent d'éclat aussi bien que les cordes mal _ tendues sur les chevalets. Les cordes minces des clavecins et des anciens pianos n'auraient pas résisté à une forte tension; mais lorsque la fabrication des cordes métalliques eut été perfectionnée par degrés, on put se servir de cordes plus grosses, d’une sonorité plus intense, et assez solides pour supporter une tension qui s’èst augmentée . dans des proportions prodigieuses; par là, les pianos ont acquis un éclat qu’ils n’avajent pas auparavant; et les fac- teurs, remarquant que les qualités brillantes de leurs instru- ments croissaient en raison de l’élévation du diapason, ont poussé à cette élévation par de constants efforts. Enfin, les instruments à archet, d’abord dépassés par le mouvement ascensionnel des instruments à vent, se sont engagés à leur tour dans cette voie : on a rebarré les violons pour leur donner la résistance nécessaire à un plus fort tirage des cordes ; par cette augmentation de tension, les instru- ments ont acquis plus d'éclat, une résonnance plus pure et une plus grande portée. Telle est l’histoire réelle de l’élé- vation ‘progressive du diapason. Vouloir rétrograder au- jourd'hui n’est pas chose faisable, parce que l'habitude a créé le besoin de sonorités éclatantes. Les artistes étran- sers qui visitent Paris maintenant trouvent que les violons y ont un son sourd et cotonneux, à cause de l’abaissement du diapason. ( 76 Ce que la commission du diapason demandait en France à M. le Ministre d'État, c'est-à-dire l’abaissement du dia- pason à huit cent soixante-dix vibrations par seconde _. le la, et l’usage obligatoire de ce diapason dans tout e pays, M. Van Poucke le demande pour la Belgique à . le Ministre de l’intérieur : par les motifs développés dans ce rapport, votre commission est d'avis qu'il n’y à pas lieu de prendre sa requête en considération. Elle propose à la classe de décider qu'il sera demandé à M. le Ministre de prendre des dispositions pour que : 1° Le diapason soit maintenu et fixé à neuf cent six vibrations par seconde pour le la d'accord des instruments; 2 Des exemplaires prototypes de ce diapason ainsi fixé soient déposés dans les conservatoires royaux de musique de Bruxelles et de Liége ; 9° L'usage de ce diapason soit obligatoire pour le chant et pour l'accord des instruments dans ces deux établisse- ments de l’État, ainsi que dans les écoles normales ; 4° M. le Ministre de l'intérieur veuille bien s'entendre avec son collègue M. le Ministre de la guerre, pour que l'usage du même diapason soit cn obligatoire dans les corps de musique de l’armée. Ce rapport, auquel ont souscrit les deux autres commis- saires, MM. Daussoigue Méhul et Hanssens, est adopté par la elasse : il sera communiqué à M. le Ministre de l’inté- rieur. MM. Ed. Fétis et Braemt secrétaire et trésorier du €o- mité directeur de la caisse des artistes donnent un aperçu des décisions prises dans la dernière réunion; ils font con- "5 (77) naitre les noms des nouveaux membres qui se sont pré- sentés ainsi que le montant des sommes qui ont été perçues à Spa et à Malines en faveur de l'association. COMMUNICATIONS ET LECTURES. — Considérations sur la question posée au CONGRÈS ARTIS- TIQUE D'ANYERS : € L’expression de l’art monumental » est-elle en rapport avec les autres manifestalions de » l'esprit moderne? » par M. Demanet, correspondant de l’Académie. MESSIEURS ET CHERS CONFRÈRES, Le congrès d'artistes qui s’est réuni au mois d'août der- nier à Anvers, a eu un long et glorieux retentissement. Des discours brillants y ont été prononcés; des lettres du plus beau style y ont été lues; des actes de fraternisation chaleureuse ont resserré encore les liens qui unissent na- turellement les artistes de tous les pays; mais l’on se demande pourtant assez généralement, aujourd’hui, ce qu'ont produit de pratique ces belles et nobles démon- strations. En allant au fond des choses, on remarque, avec peine, que toutes les questions posées sont restées au même point qu'avant l'ouverture de cette brillante solennité. Bien des gens qui s'intéressent aux questions d'art, et je suis de ce nombre, car c’est à ce titre, que je dois l’honneur de siéger parmi vous, bien des gens, dis-je, en avaient espéré mieux. I} y avait, en effet, tant à dire, tant (78 ) d'observations utiles à faire , par exemple, sur les questions d'intérêt artistique qui tenaient au programme du Congrès une large et légitime part. Ces observations, on les entend à chaque instant dans les conversations particulières : elles courent les rues, en quelque sorte; mais je ne sache pas qu'on les ait Jamais faites publiquement; et c'était certes une belle occasion offerte aux hommes de savoir et de talent, qui étaient là en si grand nombre, de les produire avec toute l'autorité de leur nom. ( Ne pouvait-on pas, par exemple, venger les architectes de cette accusation d’impuissance qu’on leur jette sans cesse à la face, en montrant que la raison de cette im- puissance, en tant qu’elle existe , n’est pas dans l’abaisse- mept du génie, mais dans les entraves qu’on ne met que trop souvent à sa libre expansion ? Ne pouvait-on pas montrer que, tout enserrés qu'ils sont par ces entraves , ils ont fait faire à leur art, quoi qu'on en dise, des progrès qui méritent bien quelque louange ? Ne pouvait-on pas expliquer qu'on n’improvise pas le progrès, mais qu'il marche et aboutit à un point donné, d’autant plus vite qu'on laisse plus libres dans leurs allures ceux de qui on lattend ? = Ne pouvait-on pas réclamer enfin un peu de cette liberté d’allures que nos Institutions modernes n’ont que déjà trop réduite, et que des mesquineries ne viennent, hélas! que trop souvent diminuer encore ? Certes, 1l y avait là, pour un de ces vétérans de l'art dont les noms brillaient dans la noble assemblée, le thème d’un utile et bon discours, et jusqu’au dernier moment J'ai cru que quelqu'un se lèverait pour le prononcer. Mais mon attente a été trompée, et l’on à vu le Congrès finir (9 ) sans laisser après lui d'autre trace que celle d’un brillant météore. J'en ai, pour ma part, ressenti un vif regret, et, vous l’avouerai-je, j'ai été jusqu'à me faire le reproche d’être resté muet moi-même, tout insuflisant que je me sente pour traiter de pareilles questions sur un théâtre aussi solennel. J'ai pensé depuis que, au moins dans votre cercle intime et bienveillant, il m'était permis d’en dire quelque chose, et qu'il pourrait encore en résulter du bien. Et d’abord, est-il vrai que l’art de l'architecte soit aussi dégénéré qu'on le dit, que le génie ait fermé ses ailes et dorme aujourd’hui d’un profond sommeil, que nous man- quons d'originalité, et, pour m’exprimer comme la com- mission du Congrès d'Anvers, qu’en résumé : « L’expres- » sion de l’art monumental n’est pas en rapport avec les » autres manifestations de l'esprit moderne? >» Eh bien, au risque de paraître ami du paradoxe, je ré- pondrai résolûment que non. | Que nous n’ayons pas autant progressé en architecture que dans les sciences physiques et industrielles, c’est peut- ètre vrai Jusqu'à un certain point, et nos Institutions mo- dernes en sont bien un peu cause, comme j'espère vous le démontrer; mais que pris dans son ensemble, et c’est ainsi que la question a été posée, l’art monumental soit resté absolument stationnaire, qu’il ait même rétrogradé, qu'il ne soit pas en rapport avec « les autres manifesta- tions de l'esprit moderne, » ainsi que le laissent au moins supposer les développements qui accompagnaient l’énoncé de la question, c’est ce que je nie de la manière la plus formelle. Et voici sur quoi je me fonde pour émettre une néga- | ( 80 ) tion qu'on regardera peut-être, au premier coup d'œil, comme bien hasardée. Voyons d’abord nos villes, et en parcourant nos belles rues bien payées, hordées de larges trottoirs, où le cava- lier comme le piéton circulent en toute sûreté, nos larges boulevards, nos jardins, nos places publiques, qui déver- sent partout l'air pur si nécessaire à la santé des habitants; en voyant ces égoûts qui prennent parfois des proportions tout aussi monumentales que la Cloaca maxima de lan- cienne Rome, et qui emportent au loin toutes ces matières fétides qui, dans des temps encore assez voisins de nous, blessaient la vue autant que l’odorat; ces mille canaux ingénieux par où circulent l’eau qui assainit nos cités et la lumière qui les rend aussi sûres la nuit que le jour; en voyant toutes ces choses, et en les comparant aux rues tortueuses, étroites, sombres, sales et fétides des anciennes villes, n'est-il pas souverainement injuste de nier le pro- grès ? Et c’est pourtant bien à de l’art, même de l’art mo- numental, Si je ne m’abuse. Entrons dans nos maisons, et quelles transformations n’ont-elles pas aussi subies! Partout de la lumière, de l'air, des dégagements et des communications commodes, le confortable, en un mot, substitué à l’incommodité et à l’insalubrité des anciennes demeures. Certes, je suis un sincère admirateur de Part du moyen àge, et c’est avec peine que j'en vois mutiler ou disparaître les moindres débris, parce que j'y vois écrite, avec la ma- ère, l’histoire des temps passés, et que, dans son étude, l’homme trouve toujours d’utiles enseignements; mais je n’en suis pas fanatique au point de regretter l’état ancien des choses et de vouloir, comme certains archéologues, y ramener mes contemporains. Dussé-je même w'attirer leurs (81) malédictions, être signalé par eux comme un rétrograde ou un barbare, je vous confesserai que s’il me fallait monter à mon cabinet de travail par un de ces casse-cous décorés du nom d'escalier, qu'on trouve encore dans de vieilles habitations; que s’il me fallait écrire ces lignes à la clarté douteuse de quelques maigres rayons de soleil, pauvre- ment tamisés par des carreaux translucides, dans une chambre où mes papiers et mes notes se cacheraient dans la pénombre de nombreux recoins; que s’il me fallait vivre au milieu de ces pestilentielles odeurs que répan- daient dans les maisons d'autrefois les éviers, les égouts et d’autres Heux indispensables à notre triste humanité, j'en serais certainement fort ennuyé; et si Je voyais cet état de choses persister au milieu du bien-être qu'on trouve maintenant partout, en voyage, dans les rues, sur la place publique, dans les usines même, j'avoue que je serais peut- être le premier à erier haut et fort que l'art n’est pas en rapport « avec les autres manifestations de l'esprit moderne. » Mais, dira-t-on peut-être, tout cela n’est pas de Part monumental”? Qu’en savons-nous donc, Messieurs et chers confrères ? l’art monumental est si multiple et l'opinion qu’on s’en fait si variable! Les bons bourgeois du moyen âge, en bâtissant leurs maisons en pans de bois qui forment aujourd'hui l’objet du culte des antiquaires, croyaient-ils ériger des monuments? Et qui sait si, lorsqu'un jour nos villes se- ront passées à l’état archéologique, les savants des temps futurs n’en verront pas aussi, là où nous ne voyons que des constructions plus ou moins vulgaires? Naguère encore nos admirables cathédrales gothiques étaient bien traitées de hàtisses informes et barbares, et personne ne s’avisail 2% SÉRIE, TOME XHI. 6 (82) alors de trouver des monuments dans nos vieilles églises de villages. { Dans ces maisons, qui nous semblent aujourd'hui dé- nuées de caractère, ne retrouvera-t-on pas plus tard, aussi bien que dans celles de Pompéia, la trace de nos mœurs, de nos habitudes, de notre manière de vivre, de ce bien- être que nous avons introduit dans notre intérieur, grâce aux progrès de l’esprit moderne et de notre industrie qui n’en est que l’expression ? Quand on veut porter un jugement en pareille matière, il faut nécessairement voir largement les choses et non les rétrécir. Telle est du moins mon opinion. Vous parierai-je, après cela, de nos palais, de nos hô- tels de ville, de nos cathédrales ? On en bätit si rarement par le temps qui court que ça n’en vaudrait guère la peme, et qu'il n’est pas bien surprenant que, dans le peu qui s’en fait, on ne constate pas un progrès marqué; Car: le progrès, son nom l'indique suffisamment , c’est l’amé- lioration progressive, pas à pas, d’une chose donnée. Or comment voulez-vous qu’on progresse, qu’on avance, d’une manière quelque peu sensible, quand ce n’est que de loin en loin que, pour me servir d’une expression de mon an- cien métier, on entend commander : Attention! en avant, marche! Et quand ce eri se fait entendre, que d'obstacles ne sème-t-on pas comme à plaisir sur les pas de ceux qu’on appelle à reprendre la marche en avant! Mais si les architectes de notre époque ne peuvent mon- ter des cathédrales comme Notre-Dame ou Sainte-Gudule, des halles comme celles d’Ypres, des hôtels de ville comme ceux de Bruxelles, de Louvain, d’Audenarde ou de Bruges, des palais comme l’Alhambra, le Louvre ou l’Escurial, ils ( 88 ) peuvent montrer, en revanche, avec un juste orgueil, les palais de la civilisation moderne : des gares de chemins de fer, de vastes marchés couverts et ces palais où l’industrie de toutes les nations du monde a trouvé des caravanserais comme on n’en avait Jamais vu. A quelle époque, avant celle où nous vivons, a-t-on réalisé, conçu même, de telles constructions? Et s'il est vrai qu’elles sont sorties tout entières du cerveau de nos architectes, pourquoi les considérerait-on , au point de vue de l’art, presque comme des lettres mortes? N'est-ce done rien , dans l’art, que ces vastes espaces couverts de fer, ce métal longtemps rebelle et qui s’y mon- tre aujourd’hui tantôt sous forme d’ares élégants et gran- dioses , tantôt sous forme de réseaux, auxquels la perspec- tive donne mille aspects féeriques ? N°y aurait-il done que les colonnes et les entablements, les piliers et les ogives qui valussent quelque chose en architecture? Et, dans les âges passés, comme dans les temps présents, a-t-on compté pour rien, dans l'expression monumentale, les belles char- pentes apparentes des basiliques, les combles à la Philibert de Lorme, les planchers à la Serlio, les charpentes à pendentifs des salles de Weestminster et tant d’autres? Serait-ce donc parce que le fer est une matière moins maniable que le bois qu’il y aurait moins de mérite à en produire de plus belles et de plus hardies? Passons maintenant aux grands ouvrages d'utilité pu- blique. Ici l’on ne doit plus craindre sans doute de voir contester le caractère monumental, car ce serait le dénier, du même coup, aux voies, aux aquedues, aux ponts, aux ports érigés sous la domination romaine, à tous ces grands travaux , en un mot, qui ont, autant que les temples et les amphithéätres, porté le nom romain aux confins de la terre. (84) Si nos routes pavées, si nos chaussées empierrées ne sont que des imitations de lantique via strala, qu'il y a loi des voies romaines à nos chemins de fer! Et je ne parle pas seulement du mode d'établissement de la voie qui à déjà tant révolutionné le monde, mais des travaux sur lesquels elle est assise. Qu’y a-t-1l de compa- rable entre ces hauts remblais, ces profondes tranchées, ces viadues hardis, ces sombres souterrains qui percent le flanc des montagnes, et les deux modestes fossés bordant la voie romaine et se pliant aux inégalités du sol? Où trouve-t-on dans lantiquité un monument pareil au pas- sage du Simmering ou même de notre vallée de la Vesdre? Que sont, à côté de cela, les aquedues de Rome, de Nimes et de Ségovie? Et, en fait‘ d’aqueducs même, trouve-t-on dans les œuvres du peuple-roi rien de comparable à l’a- quedue de Roquefavour, qui, sur près de eimq cents mètres, transporte les eaux de la Durance à quatre-vingt-deux mètres de hauteur ? Qu'il y a loin encore de nos ponts tubulaires ou treil- lagés, qui sauront aussi défier les siècles, à ces antiques ponts de pierre qui ont fait la gloire de plus d’un archi- tecte! Et, dans les constructions en pierre même, à quelle époque a-t-on réalisé des arches comme celles du pont de Londres ou du pont de l’Alma à Paris? A-t-on jamais rêvé, avant l’ère actuelle, des ouvrages comme ceux que le génie de Stephenson a jetés sur le détroit de Bangor et sur le Saint-Laurent”? Et le pont tournant de Brest, qui franchit . un espace de cent sorxante-huit mètres à une hauteur telle, que de grands navires passent en dessous avec leur mà- ture, n'est-il pas un autre colosse plus utile que celui de Rhodes, et non moins merveilleux, quoique ne représen- tant pas la forme humaine ? ( 85 ) À Lous ces gigantesques ouvrages, que le génie et l’in- dustrie modernes ont semés sur le monde entier, on ne contestera pas, sans doute, je le répète, le caractère mo- uumental; mais on objectera peut-être que ce sont œuvres d'ingénieurs et non d'architectes. Je ne le nie pas; et, sup- posant d’abord lobjection vraie, je demanderai quelle en serait la valeur du moment que le caractère monumental de l’œuvre n'est pas contesté ? Mais elle ne l’est pas; car depuis quand les ingénieurs ont-ils cessé d'être architectes? Ne l’étaient-ils donc pas ceux qui ont construit le port d'Gstie, les grands aqueducs de Rome et de Nimes, les ponts jetés sur le Tibre, le Da- nube et le Rhin? Et s'il en est ainsi, pourquoi refuserions- nous ce titre à ceux qui érigent aujourd’hui de semblables ouvrages , et pourquoi, dans la comparaison que l’on veut établir, compterions-nous comme nuls pour Part des tra- vaux pareils à ceux du port de Cherbourg ou aux intermi- nables chapelets de ponts, viadues, tunnels, sur lesquels nous dévorons aujourd’hui l’espace ? Que ces grands travaux, par l'importance qu’ils ont ac- quise dans les sociétés modernes , aient créé des spécia- lités qui n’existaient pas autrefois d’une manière aussi tranchée, c’est ce que je concède; mais est-ce là un motif suffisant pour les exelure d’un art auquel elles ont apporté à toutes les époques un remarquable contingent? Cesse- t-on d’être musicien parce qu’on ne fait que de la musique sacrée; peintre, parce qu’on ne cultive que l’histoire ou le paysage; philosophe, parce que, comme au temps d’Aris- tote, on n'embrasse plus l’ensemble des connaissances humaines ? Non sans doute, et pourquoi en serait-il différemment en architecture ? Pourquoi, dans {a question qui nous oc- ( 86 ) cupe, se priverait-on bénévolement d’un des éléments les plus importants d'appréciation? Cela ne serait évidemment pas logique. Je pense que j'en ai dit maintenant assez pour démon- trer que ce n’est pas sans raison que je réponds à la ques- tion posée : Oui, l'expression de l’art monumental est en rapport avec les autres manifestations de l'esprit moderne. Si l’on demande, après cela, si le progrès s’est égale- ment manifesté dans toutes tes branches de l’art et no- tamment si, dans ces édifices publics et particuliers, l'art monumental a fait, comme ailleurs, toutes les conquêtes que permet le développement de l’industrie, il conviendra peut-être d’être moins affirmatif. Toutefois, il serait en- core souverainement injuste de répondre d’une manière absolue dans un sens défavorable au progrès. Pourrait-on soutenir en effet que les édifices érigés de nos Jours n’offrent rien dans leur ensemble qui les distin- gue de ceux des temps passés, ou que ce qui les en fait remarquer c’est un caractère d’affaissement artistique prononcé? N’en a-t-on pas fait qui peuvent soutenir le parallèle avec ceux des temps anciens? Le Louvre nou- veau, la Madeleine, l’are de triomphe de l'Étoile, Sainte- Geneviève, etc., accusent-ils donc un degré si prononcé de décadence? Toutes les constructions du nouveau Paris sont-elles autant dépourvues de caractère monumental que le prétendent quelques esprits chagrins? ne sont-elles aussi que de plates copies de ce qui s’est fait jadis? et notre moderne industrie, notre moderne esprit, ne sont-ils pour rien dans leur expression architectonique ? Où trouve-t-on par exemple, dans les constructions an- térieures à notre siècle, ces immenses verrières derrière (87) lesquelles s'abritent, tout en s’étalant aux yeux des pas- sants, nos richesses industrielles, ces glaces splendides qui déversent des flots de lumière dans nos appartements, tout en donnant aux édifices un air de richesse et de bien-être qu'on ne saurait nier? Toute cette ossature en fer sur la- quelle portent leurs toits et leurs planchers? Tout cela doit-il donc être compté pour rien? Je n’entends pourtant pas prétendre que tout soit pour le mieux, et que dans bien des cas on n’ait à constater la violation des règles du bon goût; mais à quelle époque n’a- t-on fait que des œuvres parfaites? Je ne prétends pas davantage que nos architectes aient fait faire aux édifices publics et particuliers, quant à « leur expression monumentale, » un pas aussi grand que celui réalisé au moyen âge par rapport à l’antiquité; mais n’ou- blions pas, Messieurs et chers confrères, que des pas sem- blables ne peuvent se faire qu'avec le temps, et qu'il a fallu des siècles à nos devanciers pour accomplir le leur. N'oublions pas non plus que notre société n’est plus celle du moyen âge et qu’elle pose, par sa forme et ses manifes- {ations, plus d’un obstacle dans læ voie du génie architec- tural et monumental. C’est là ce que je vais actuellement tâcher de vous démontrer. Autrefois d’abord, au temps des corporations et des communes puissantes, au temps des apanages de famille et du zèle religieux, les architectes trouvaient bien plus d'occasions que de nos jours d’édifier de ces monuments capables de frapper d’admiration et de faire époque dans la vie d'un artiste. Il y avait alors parmi tous les puissants de la terre, comme une fièvre qui les poussait à bâtir, ici des églises, là des hôtels de ville, ailleurs des palais. Par- tout il y avait lutte, les couvents, les corporations, les (8) communes, les patriciens rivalisaient de luxe et de ri- chesse, et tous semblaient vouloir se dépasser dans leur ostentation et leur faste à l'extérieur aussi bien qu'à l'in- térieur. Les temps ont bien changé, et il faut savoir en tenir compte pour l'art. Comment voudrait-on que de nos jours, où la bourgeoisie a remplacé la puissante aristocratie d'autrefois, et ses chà- teaux par des constructions plus modestes; où le clergé, dépouillé de ses inépuisables richesses, est devenu fone- tionnaire public; où les communes, placées sous la tutelle de l'État, ont bien perdu quelque chose de leur ancienne oloire et de leur audacieuse initiative ; où la foi religieuse se noie de plus en plus dans la mer des intérêts matériels; où les corps de métiers sont remplacés par des individua- lités; où ce n’est plus que de loin en loin qu’on érige quelque palais, quelque église d'importance, comment voudrait-on que le progrès marchât comme autrefois et même plus vite? Car, qu'on ne l’oublie pas, malgré ces puissants stimulants qui nous manquent aujourd’hui, il à encore fallu des siècles au moyen âge pour réaliser une de ces transformations qui font époque, ct que nous nous étonnons de ne pas voir encore accomplie par notre société moderne, qui date à peine de soixante et dix années. Mais ce n’est pas tout, et quand, par un hasard heureux, il arrive à l’un de nos architectes d’avoir à construire un de ces édifices qui font la renommée d’un artiste, comment procédons-nous”? Précisément de manière à enchainer son génie, Comme si ce n'était pas déjà assez, pour entraver.le progrès, des circonstances que je viens de rappeler. D'abord nous voulons presque toujours faire vite, à bon marché, et savoir ce que ca coûtera. ( 89 ) \ Ce n’était pas tout à fait ainsi qu'on procédait dans le passé, où l’on ne comptait guère, quand il s'agissait d'un monument, ni avec le temps ni avec les écus. On disait alors à un artiste : Faites bien, faites que cela soit digne de notre Dieu, de notre monastère, de notre corporation, de notre commune, du nom que nous portons, et c'était après qu'on alignait les chiffres. Aujourd'hui, nous commençons d’abord par compter, et cela n’est pas sans influence sur le progrès de Part, comme je vais le démontrer. Donc, pour commencer, nous demandons à l’architecte un devis; et nous voulons surtout un devis (rara avis !) qui ne donne pas lieu à trop de mécomptes. Que suit-1l de là? — À moins que l’architecte auquel on le demande ne soit un esprit aventureux ou un-fanatique de l’art qui se moque du qu'en dira-t-on, et qui fait alors un devis de fantaisie, ou qui comptera que , dans l’exécu- tion, on reculera devant l'esprit mesquin d’un premier programme, 1l opère de facon à rendre aussi minces que possible les chances de ces mécomptes qu'il aperçoit dans le lointain comme une tête de Méduse, dont l'envie ne se fera pas faute , à l’occasion ,'d’agiter les serpents. Et pour opérer de cette manière que doit-il faire? —- Ne rien entreprendre de foncièrement neuf, ne reproduire que des choses rebattues et dont le prix est devenu cou- rant , sauf à en varier plus ou moins les combinaisons sur lesquelles se sont déjà bien escrimés toute une armée de confrères aussi gênés que lui dans leurs conceptions ; éviter les complications, les emmanchements ingénieux et savants qui rendent les calculs plus difficiles en même temps que plus chanceux, et rester, en un mot, aussi terre à terre que possible, | ( 90 ) Qui oserait en effet, sinon un esprit aventureux, entre- prendre une chose qui, n'ayant pas encore été faite, cen- tuple les chances de ces mécomptes dont la perspective donne le frisson aux architectes consciencieux ? Ajoutez à cela la crainte de ne pas réussir du premier coup; d’être entravé par un de ces accidents fortuits qui ont plus d’une fois atteint les plus savantes combinaisons, et qui briserait d'autant plus sûrement sa carrière, que la critique à revêtu de nos jours des formes criardes qu'elle n'avait pas aux anciens temps, et vous comprendrez pour- quoi , en fait d’édifices, l’art ne marche pas aussi vite que nous le voudrions bien. C'est ainsi que, quand nous demandons à l'architecte un projet de monument, nous mettons tout d’abord à la libre manifestation de son génie une première et sérieuse entrave. Mais nous savons en ajouter bien d’autres encore. Voyons d’abord ce qu'il va faire. Dans le choix des moyens connus et dont 1l usera, s’il est sage, il peut s’ar- rêter à ce qu'on est convenu d'appeler les styles classiques, ou à l’un de ceux qui ont pris naissance dans le moyen âge. S'il a recours aux premieïs, n’exige-t-on pas qu'il se conforme aux règles d'école qu’on a posées comme fixes et immuables, bien qu'on ait vingt fois démontré qu’elles n'avaient pas ce caractère aux yeux des architectes de l'antiquité. S'il a recours aux seconds, n’est-il pas en pré- sence des idées encore hien plus absolues, peut-être, des archéologues? Ceux-là ne lui permettent même pas de modifier le profil d’une moulure, et leur fanatisme va sou- vent jusqu'à admirer et vouloir perpétuer des formes que l'enfance de l’art, l’imperfection de l’industrie, peuvent seules justifier aux yeux des gens raisonnables. (91) Ainsi, Messieurs et chers confrères, quand nous de- mandons un projet d'édifice à l'architecte, ce n'est pas seulement avec notre devis que nous embarrassons sa marche progressive, c'est encore par des règles plus ou moins arbitraires qu'il ne peut enfreindre que sous peine d’être blâmé par les connaisseurs. Enfin, le projet est fait dans ces encourageantes condi- tions ; passons maintenant à l’exécution. Après avoir arrêté sur le papier, c’est-à-dire sur une surface plane, les formes d’un objet qui doit avoir les trois dimensions; après s'être rendu aussi bien compte -que possible, par des projections , des dessins perspectifs, des modèles en petit et par le travail de la pensée de l’effet que produira dans l’espace l'édifice qu’il a conçu, l'architecte met la main à l’œuvre, et bientôt les masses principales commencent à sortir de terre et à se des- siner sur le ciel. Ici surgit pour l'artiste toute une série de déboires. Les mille effets de la perspective réelle se produisent : telle masse qui se dessinait d’une manière heureuse dans les projections, heurte durement ses lignes avec celles d’une autre partie de l'édifice qui n’avait pas été considérée encore sous cet aspect; telle autre, qui avait sur le dessin des proportions harmonieuses, paraît maigre et efflanquée depuis qu'elle se détache sur l’azur des cieux; telle autre encore semble lourde depuis que l'œil en embrasse à la fois toutes les dimensions. Que faire! Les plans et devis sont arrêtés , revêtus de tous les visa possibles, les travaux sont adjugés à un entrepreneur qui se soucie fort peu en général de la question d’art, mais beaucoup de n'être pas entravé dans la marche régulière de ses travaux. Que faire! que faire! grave est l’embarras de l'architecte. Laïssera-t-1l le (92) mal s’accomplir? C’est évidemment le parti qui lui don- nera le moins de soucis. Sera-t-il assez consciencieux pour vouloir y porter remède alors qu'il en est temps encore ? Que d'ennuis en perspective! Demandes d'autorisation préalable, rapports, nouveaux devis, discussions, et pen- dant que tout cela dure, plaintes de l’entrepreneur qui va répétant (et il trouve de l’écho) que l’architeete ne sait que faire, défaire et refaire, qu'il n’a pas d'idées arrêtées, que c'est un esprit capricieux , versatile, fantasque. Et pourtant, y a-t1l rien de plus naturel que ces tàton- nements, et n’est-on pas souverainement injuste de les lui reprocher et de les lui rendre tellement pénibles qu'il faut un bien vif amour de lart pour en donner le spectacle, lorsqu'il est si facile d'éviter tous ces embarras en laissant exécuter tranquillement le plan approuvé? Quoi! l’on ne trouve rien à redire à ce qu’un peintre, après avoir arrêté son esquisse, après avoir brossé son ébauche, y apporte, quand il les fait passer à l’état de tableau, tous les change- ments qu'une étude de chaque instant lui suggère ; qu'iei il supprime un accessoire, là qu'il ajoute une figure; qu'il change le mouvement d’un membre, l'expression d'une tête; qu'il mette dans l’ombre telle partie qu’il avait mise en franche lumière ou dans la demi-teinte, et l’on ne se fait nul scrupule de blèmer cet autre artiste du nom d’ar- chitecte, qui réalise des tableaux en chair et en os, s’il m'est permis de m’exprimer ainsi, lorsqu'il a le malheur de ne pas avoir trouvé la perfection par ses études prépa- ratoires et trop souvent écourtées par la hâte qu'on met à les obtenir. Pour le peimtre dont l’œuvre ne se voit que sous un seul aspect, toutes les corrections sont admises comme choses naturelles jusqu’au dernier coup de pin- eau; pour l’architecte, dont l’œuvre peut être vue de face (95 ) et de profil, de haut et de bas et de mille autres facons qui multiplient à linfini les formes et les silhouettes, il semble que chaque changement, chaque correction: soit un méfait, tout au moins une preuve d'ignorance ou d’inexpérience, alors qu’on ne devrait souvent y voir que le résultat de cette étude consciencieuse et de tous les instants que larchitecte, comme le peintre, commence avec son esquisse et ne termine qu'à la pose de la der- uière pierre de l'édifice. J'ai pu, hélas, Messieurs et chers confrères, apprécier de près tout ce qu'a de pénible pour de véritables artistes une pareille situation. Et c’est bien sincèrement que je vous dis qu'au milieu de toutes ces difficultés, de toutes ces entraves, de tous ces ennuis, qu’on rencontre à divers degrés dans tous les pays de PEurope, mais nulle part peut-être autant que chez nous, je suis étonné que Part monumental appliqué aux grands édifices ait pu faire en- core les progrès qu'on y constate. Et c’est bien heureux, quand ces difficultés ajoutées à quelques mécomptes, presque inévitables lorsqu'il s'agit d’un monument important, quand ces difficultés et ces mé- comptes, grossis par l'envie, appréciés par des gens sou- vent étrangers aux exigences de l’art, ne détermiment pas l’évincement de larchitecte et la remise de son œuvre en des mains mhabiles ! Je ne voudrais rien dire 1ei de désobligeant pour per- sonne, mais je ne saurais pourtant me dispenser de men- tionner , à l’appui de ce qui précède, ce fait, que dans une de nos villes importantes, le plan d’un monument conçu par un de nos doyens architectes, par un de nos honorables confrères, à subi les mutilations les plus malheureuses par suite de difficultés de l'espèce, et après la retraite de (9%) l’auteur du plan, dégoûté par les ennuis suscités dès le début des travaux. Quelque jour peut-être, ce monument sera-t-il cité comme une nouvelle preuve à Pappui de la décadence de l’art; et l’on ne saura pas par suite de quelles tristes cir- constances l'œuvre d’un homme de talent, qu’on accusera alors d’impuissance, s’est transformée en une bâtisse sans caractère et sans style. Mais, me demanderez-vous, que voulez-vous donc qu’on fasse pour remédier à tout cela? Voulez-vous aussi nous ramener au moyen âge ? Voulez-vous supprimer les devis, et laisser la bride sur le cou aux architectes? A Dieu ne plaise, Messieurs et chers confrères, que je fasse de pareilles propositions! Enfant du peuple, je sais trop ce que je dois à la grande révolution pour en mécon- naître les bienfaits, et je sais parfaitement subir les petits inconvénients de notre état social, en retour de ses grands avantages. Je comprends très-bien que la bonne gestion des finances publiques exige un contrôle sérieux, et que ce qui gène nos artistes est nécessairé à l'exercice de ce contrôle. Mais ce que je voudrais, c’est qu’on tint compte de tous ces obstacles dans les exigences, ou mieux encore, ce serait un peu plus de largeur dans les appré- ciations de ceux qui ont mission de s'occuper des affaires de l'État ou de la commune; c’est que les gens initiés aux difficultés de l’art cherchassent, quand l’occasion s’en pré- sente, à les faire comprendre du vulgaire, au lieu de les dénier pour mieux écraser les malheureux artistes qui suc- combent à la peine; qu’on n’entendit pas comparer une église à une caserne, un palais à un hôpital! C’est que les architectes, surtout, s’abstinssent de ces critiques souvent inconsidérées et injustes qui, émises par des hommes du (95 ) métier, sont plus acceptées encore que d’autres, et qu'ils n’éviteront pas eux-mêmes; ce que je voudrais, en un mot, c'est, avec une plus saine appréciation des choses, un peu plus de charité et de confraternité, vertus que tout le monde prèche et que si peu de gens pratiquent. Ce que j'ai dit jusqu'ici justifie déjà suffisamment ma thèse; je crois cependant qu'il ne sera pas inutile de l’ap- puyer par quelques autres considérations. Je n’ai encore parlé que des obstacles qui gènent nos architectes dans l'exécution des grands monuments; lexer- cice de leur art dans une sphère moins élevée n’en est pas non plus exempt. Si, dans les monuments publics, la nécessité d’un devis et les autres exigences administratives créent des entraves qui paraissent évidentes, il n’en est plus de même, ou elles semblent ne devoir exister qu'à un moindre degré pour nos constructions urbaines; et pourtant, là aussi, on trouve que nos artistes font bien maigre exhibition de génie et d'originalité. — Mais remarquons d’abord que nous avons remplacé, pour ce cas, ces difficultés par plus d’une autre, et que nous avons surtout pris soin de laisser à nos architectes aussi peu de liberté que possible pour la par- lie de leurs ouvrages sur laquelle nous les jugeons le plus souvent, c’est-à-dire pour les façades des maisons. Nont-ils pas à se conformer à des alignements inflexi- bles? La hauteur des étages et des maisons même ne leur est-elle pas fixée par les règlements? Ne leur est-il pas interdit, sous peine d’amende et de démolition, de dépas- ser certaines saillies pour les plinthes, les balcons et les corniches? et c’est après les avoir ainsi enserrés comme dans un étau, aligné leurs constructions comme des sol- dats dans les rangs, que nous nous étonnons de ne pas les ( 96 ) voir briller davantage par l'originalité de leurs concep- ons! Comme il y a des raisons fort sérieuses pour maintenir ces règlements et ces entraves, on devrait au moins, par esprit de justice, se montrer moins exigeant et moins pro- digue d'expressions de dédain, peu faites aussi pour les encourager. Je pourrais parler ensuite de la liberté professionnelle qui permet au premier venu de s’intituler architecte et de faire des plans : cela a son bien et son mal comme toutes les libertés modernes ; mais je crois pourtant que, dans Ja balance, c’est le mal qui l'emporte, et qu’il se manifeste surtout dans la banalité d’un grand nombre de nos facades. Ce mal à déjà du reste été signalé plus d’une fois, et ce n’est certes pas l’indication de remèdes de plus d’une sorte qui a manqué; mais comme on trouve sans doute qu'il y a moins de danger à mal bâtir qu'à mal plaider, on ne se presse guère d'en tenter l'application. — Je ne m'y arré- teral pas, mais je ne terminerai pas cette étude sans vous dire un mot de nos écoles d'architecture et de l’infiluence qu'elies peuvent avoir aussi sur les progrès de l’art; j’es- père vous montrer que là même où nous ne sommes pas enchainés par les impérieuses nécessités de notre état social, nous ne savons rien faire pour détruire les obstacles qui s'opposent à la marche rapide de ce progrès que nous appelons de tous nos vœux. Qu’apprend-on dans nos écoles à la jeune phalange sur laquelle nous fondons nos espérances d'avenir? D'abord à bien dessiner les ordres, voire le roman et le gothique, à devenir d'excellents têre-lignes, pour me servir d’une ex- pression consacrée, et mème de coquets faiscurs de lavis ; on y ajoute le tracé graphique des ombres ct la perspec- (97) live, puis... ma foi, je crois que c'est à peu près tout. Sans doute, c'est déjà un grand service rendu par nos écoles que de former aussi des praticiens qui viendront en aide aux maîtres comme le calligraphe au poëte, et c'est non-seulement un service rendu aux artistes, mais encore à la société, puisque cela permet à une certaine catégorie de citoyens de trouver dans la vie un emploi honorable ; mais pour l’art, Messieurs et chers confrères, est-ce assez? Est-ce assez de savoir même combiner de toutes les ma- nières des colonnes et des portiques, des pilastres, des voûtes et des nervures, de savoir faire concourir la pein- ture et la sculpture à l’ornementation des frises, des cha- piteaux , des frontons et des moulures? pour ma part, je ne le crois pas, et si nos écoles ont sérieusement en vue de former, pour l'avenir, des maïtres-architectes, elles ont encore bien d’autres choses à leur apprendre. Et d’abord, donne-t-on dans nos écoles suffisamment d'importance aux explications qui doivent faire compren- dre aux élèves, surtout à ceux qui veulent à fond parcourir la carrière , les caractères essentiels des styles et de leur beauté? Je ne le pense pas, mais ce dont je parlerai: d’une manière moins dubitative, c’est de l'insuffisance absolue des connaissances qu'on y enseigne sur la partie la plus essentielle peut-être de l’art, sur l’art de bâtir. J’ai été en position de voir, il n’y a pas bien longtemps, un lauréat du concours pour le grand prix de Rome, un homme plein d'imagination, maniant le crayon et le tire- . ligne d’un facon vraiment remarquable, et c’est ce qui lui avait valu le prix, savoir à peine ce qui distinguait la brique de la pierre , la chaux du plâtre, le chêne du sapin, le fer de la fonte, et qui n’en savait pas plus sur toutes les autres matières du bien modeste programme scien- 2m SÉRIE, TOME XHI. 7 (98 ) tique auquel la classe a coopéré. Or je vous demande, ce que l’on peut attendre d’un jeune homme ainsi préparé! Quel parti pourra-t-il tirer de nos sciences et de notre industrie qu'il ne soupçonne même pas, et comment con- cevoir qu'il ira penser à des combinaisons neuves et sa- vantes, lui qui sait à peine comment on réalise les plus banales? Sans doute l'expérience et le savoir pourront lui venir en travaillant ; mais en travaillant aussi, et en tra- vaillant seul, sans maître et sans guide, lui viendra l’âge qui éteint petit à petit cette flamme du génie, qui ne brüle jamais aussi vive que dans l’âme ardente de la jeunesse. Les anciens, Messieurs et chers confrères, étaient tout autrement préparés, au dire de Vitruve. Ils voulaient qu'un architecte, sans être une encyclopédie vivante, eût au moins des notions assez étendues en mathématiques , en mécanique, en physique, dans la plus large étendue du mot, sans parler de la médecine, de l’astronomie, de la musique et de la philosophie, qu’il ne pouvait pas non plus entièrement Ignorer. Les architectes du moyen âge n'étaient pas moins versés dans les sciences positives, et c’est ce qui leur a permis de laisser tant de chefs-d’œuvre, où l’on ne sait ce qu’il faut louer le plus, ou de la science du constructeur ou du génie de l'artiste. C’est, en effet, la combinaison constante de la science et de l’art qui, dans tous leurs monuments, cause notre admiration. Que serait donc l'architecture gothique sans l’élégance des supports, la hardiesse des voûtes, l’élancement des flèches et toutes ses merveilles d’équi- : libre ? Croit-on que si l’on dépouillait nos vieilles églises, nos hôtels de ville, de cette profusion d’ornements qui les décorent, et dont on regrette parfois la trop grande exubé- rance, 1l ne resterait pas encore des œuvres vraiment hors ligne ? (99 ) Mais si la connaissance parfaite des ressources indus- trielles, si restreintes à l’époque du moyen âge, a déjà pu faire concevoir et réaliser tant de merveilles, pourquoi n’en serait-il plus de même aujourd'hui? N'est-ce pas encore cette même connaissance qui fait la force de nos ingénieurs modernes et qui, dans leur spécialité, leur per- met d'enfanter des prodiges! Les écoles où nous instruisons nos architectes ne sont d’ailleurs pas les seules qui offrent de regrettables lacunes dans leur enseignement : celles où nous préparons nos ingénieurs n'en sont pas non plus exemptes. Là, tout ce qu’on néglige dans l’école d'architecture est enseigné avec toute l'ampleur désirable; mais, par contre, on n’y donne peut-être pas assez d'attention à tout ce qui uent à l'esthétique. On y enseigne parfaitement la con- naissance et les lois de la résistance des matériaux, celles de l'équilibre des murs et des voûtes, les ressources offertes par la mécanique et l’industrie pour réaliser les plus grandes choses; mais on y néglige entièrement les notions sur le sentiment du beau qui doit régner dans les masses, les lignes et les proportions, et qu’on regrette parfois de ne pas trouver dans les œuvres les plus monumentales de notre époque, dont il aurait grandement rehaussé le prix. Ce défaut d’une instruction complète dans les diverses branches de l’art, je n’ai pas besoin de vous le dire, a une influence manifeste sur nos progrès, et ce n’est pas la première fois que la remarque en a été faite; mais, bien que, comme les précédentes, cette cause ne soit pas liée à l'essence même de notre état social, elle n’en persiste pas moins d’une façon désolante. Qu'en coûterait-1l pourtant, soit pour compléter nos écoles d'architectes ou d'ingénieurs par quelques cours qui ( 100 ) leur manquent, et que seraient astreints à suivre ceux-là seulement qui aspirent à parcourir toute la carrière, soit d’obliger au moins les grands prix de Rome, avant qu'il ne leur soit entièrement dévolu, et même en y affectant une partie du prix, à suivre avec fruit les cours indispen- sables à l'exercice de leur art qui se donnent dans les écoles spéciales d'ingénieurs? Croit-on que lè temps passé de cette manière, par les lauréats, serait moins utilement employé qu’à parcourir les temples de la Grèce ou de Rome, sources éternelles du beau, sans doute, mais si loin des nécessités de notre climat et de notre époque! Soyez-en bien persuadés, Messieurs et chers confrères, il y a, dans le complément de l'instruction donnée dans nos écoles un moyen bien plus efficace de faire progresser l’art, que par cette alliance des arts plastiques qu’on a re- présentée comme une chose nouvelle (bien qu’elle soit aussi vieille que la civilisation), comme une sorte de panacée qui, dans bien des cas, n’aura d'autre effet, je le crains, en considérant les sentiments d'indépendance individuelle qui règnent aujourd’hui parmi les artistes, que d'enlever à plus d’un monument l'unité, cette qualité essentielle de la beauté. En résumé, je crois avoir suffisamment démontré que l’art monumental, considéré dans son ensemble, n’est pas resté stationnaire ; que, dans quelques-unes de ses branches même, 1l a réalisé d'immenses progrès, et que si, dans d'autres, il n’en à pas fait d'aussi étonnants, la faute en est, partie à des lacunes dans notre enseignement, que nous pourrions et devrions faire au plus tôt disparaître, et partie à des exigences nouvelles de notre état social qu'il faut bien subir, mais qui pourraient cependant être adoucies dans leur expression en bien de circonstances, ( 101 ) et qui le seraient, sans doute, si les idées que j'ai rassem- blées ici étaient plus répandues. | En tous cas, l’existence et l'influence nuisible des exigences dérivant de l'état actuel de la société, qui est bien , si je ne me trompe, le résumé de toutes les mani- festations de l'esprit moderne, ne sont que des raisons de plus pour répondre affirmativement à la question posée, et je dirai, en terminant celte remarque, que c'était pour- tant une solution diamétralement opposée qui semblait être attendue. » NOMINATIONS. La classe nomme son directeur pour l’année 1863 : M. Ed. Fétis, ayant recueilli la majorité des suffrages, est appelé à remplir ces fonctions. Il est procédé ensuite à l'élection de deux membres pour la section d'architecture, et d’un membre pour la section de musique , places qui sont devenues vacantes par la mort de MM. Suys, Renard et Snel. Au premier tour de scrutin ont été nommés successive- ment : M. Alph. Balat, pour la section d'architecture; M. A. Payen, pour la même section. M. le chevalier Léon de Burbure, pour la section de musique. Ces trois nominations, d’après le règlement, seront soumises à la sanction royale. (102 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. —— Collection de chroniques belges inédites, publiées par ordre du gouvernement : « Les quatorze livres sur l’histoire de la ville de Louvain de Jean Molanus, ete., publiés par P.-F.-X. de Ram. » Bruxelles, 1861 ; 2 vol in-4°. Chronique de Jean de Stavelot, publiée par Ad. Borgnet. Bruxelles, 1862; in-4°. Correspondance de Philippe sur les affaires des Pays-Bas , publiée par M. Gachard. Tome quatrième. Bruxelles, 1861 ; in-4°. Analectes pour servir à l’histoire de l’université de Lou- vain, publiés par P.-F.-X. de Ram, n° 25. Louvain, 1862; in-12, Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles ; par A. Que- telet, etc. pour 1862, 29° année de la collection. Bruxelles; 1 vol. in-18, chez M. Hayez, 1861. Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, contenant la Physique du globe, par A. Quetelet, et la Différence de longi- tude des observatoires de Bruxelles et de Berlin ; par M. Encke, directeur de l'observatoire de Berlin. Bruxelles, 1860 ; 1 vol. in-4°. Rapport sur la situation de l’université de Gand, pendant l’année académique 1860-1861; par J. Roulez. Gand, 1861 ; in-80. | Discours prononcé lors de la distribution des prix du con- cours universitaire et du concours général institués entre les établissements d'instruction moyenne du premier et du second degré ; par 3. Roulez. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Histoire des Belges à la fin du dix-huitième siècle ; par Ad. (105) Borgnet. Deuxième édition. Bruxelles, 1861; 2 vol. in-8°. Des recherches faites dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle pour retrouver le tombeau de Charlemagne ; par M. Arendt. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Biographie universelle des musiciens et bibliographie géné- rale de la musique ; par F.-J. Fétis. Deuxième édition, €. HT. Paris, 1862; gr. in-8°. Compte rendu, pour l’année 1860, de la caisse de pensions des veuves et orphelins des fonctionnaires et employés du mi- nistère de l’intérieur. Bruxelles, 1862 ; in-4°. Annales des universités de Belgique, dixième à seizième années , 1851 à 1857. Bruxelles, 1854-1859; 3 vol. gr. in-8°. Annuaire de l’université catholique de Louvain, vingt- sixième année. Louvain, 4862; in-12. Essai sur les institutions scientifiques de la Grande-Bre- tagne et de l'Irlande; par Ed. Mailly. IT. Bruxelles, 1862; in-1 2. Flore médicale belge; par Armand Thielens. Bruxelles, 1862; in-12. Nécrologe liégeois pour 1858. Liége, 1862 ; in-12. Note sur la position de l’oppidum Aduatucorum ; par Oscar Bocquet. Liége, 1862; in-8°. | Essai de tablettes liégeoises; par AIb. d’Otreppe de Bou- vette. 54° livraison. Liége , 1862 ; in-12. Chorée traitée au moyen de Félectricité ; deux observations recueillies par C. Broeckx. Anvers, 1862; in-8°. Notice sur Samuel Quickelbergs, médecin archéologue au seizième siècle, par C. Broeckx. Anvers, 1861 ; in-8°. Johan Ferreulx boekminnend geneesheer in de XVI eeuw, door C. Broeckx. Anvers, 1861 ; in-8°. Petits poëmes didactiques, par Pierre Montrieux. Mons, in-12. Portefeuille de John Cockerill, 75° à 77° livraisons. Liége, 4851; in-4 oblong. - ( 104 ) Journal des beaux-arts et de La littérature. IV° année, n°* 4 et 2. Anvers, 1862; 2 feuilles in-#°. ; L’Abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun. VIF année, 40° à 12° livr. Bruxelles, 1861-1862 ; 3 broch. in-8°. Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. V, 4° Hivr. Liége , 1862; in-8°. Revue de l’adininistration et du droil administratif de la Belgique, 8° année, t. VIII, 10°-12° livr. Liége, 1861; gr. in-8°. Annales de la Société archéologique de Namur. T. VIF, 2° livr. Namur, 1861; gr. in-8°. Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique. Année 1861, deuxième série, t. IV, n° 11. Bruxelles, 1861 ; in-8°. Annales d'oculistique, XXIV° année, D° et 6° livr. Bruxelles, 4861 ; in-8°. Handelingen der jaarlijksche algemeene vergadering van de maalschappi) der nederlandsche letterkunde te Leiden, ge- houden den 20 junij 1861, in het gebouw der maatschappi] tot Nut van ’t algemeen, te Leiden. In-8°. Werken van het historisch genootschap, gevestigd te Utrecht : — Berigten, VIT: deel, blad 9-27; — ÆXronijk, 1861 ; blad 1- 19. Utrecht, 1861 ; in-83°. Natuurkundig tipdschrift voor nederlandsch Indië ; uitge- geven door de koninklijke natuurkunde vereeniging in neder- lansch Indiëé. Deeles XXII-XXIIT. Batavia, 1860-1861 ; 2 vol. in-8°. Description géographique et statistique de la Confédération Argentine; par V. Martin de Moussy. Paris, 1860-1861 ; 2 vol. in-8°. Notice sur quatre religieuses de Port-royal-des-Champs exilées dans divers monastères d’ Amiens ; par M. l'abbé T. Cor- blet. Amiens, 1861; in-8°. Discours sur l’archéologie au dix-neuvième siècle, pro- (105) noncé le 22 décembre 1861 à la séance solennelle de la Société impériale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille; par E. de Coussemaker. Lille, 1861 ; in-8°. Mémoires de l’Académie impériale de médecine, t. XA\°, le partie. Paris, 1861; 1 vol. in-4°. Bulletin de l’Académie impériale de médecine, t. XXVI. Paris, 1860-1861; 1 vol. in-8°, Bulletin de la Société géologique de France, deuxième série, t. XIX°, feuilles 1-6. Paris, 4861-1862; in-8°. Presse scientifique des Deux-Mondes, année +862, t. 1”, n° 4 et 2. Paris, 1862; 5 broch. in-8°. L'investigateur, journal de l’Institut historique, 28° année, 324° et 522: livr. Paris, 1861 ; gr. in-8°. Revue agricole, industrielle et littéraire de l’arrondisse- ment de Valenciennes , 15° année, n° 6. Valenciennes, 4860; in-8°. Bericht über Thätigkeit der S'. Gallischen naturwissens- chafttichen gesellschaft während des vereinsjahres 1860-61. (Redaktor : Prof. D' Wartmann.) Saint-Galle, 1861 ; in-8°. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles. T. XVIII. Zürich , 4861 ; in-4°. De stella B Lyrae variabili commentaris altera; scripsit Fridericus Argelander. Bonn, 1859 ; in-4° Astronomische beobachtungen auf der Sternwarte zu Bonn; von D: Fr.-W.-A. Argelander, IIT'7-IV'" Bandes. Bonn, 1859- 1861; 2 vol. in-4°. Mittheilungen aus Justus Perthes "geographischer anstalt, von D: A. Petermann. Ergäuzungsheft n° 7. Gotha , 1861 ; in-4°. Archiv des Mathematik und Physik; herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXVII Theil, 2-3 Heftes. Greifswald, 1861 ; 2 broch. in-8°. Neues jahrbuch für pharmacie und verwandie fächer. Band XVI, Heft 5. Heidelberg, 1861 ; 1 broch. in-8°. Amitlicher bericht über die fünf und dreissigste versamim- 2e SÉRIE, TOME XII. 8 ( 106 ) lung deutscher naturforscher und ürzte in Künigsberg (in Preussen) im september 1860. Konigsberg, 1861 ; in-4°. Abhandlungen der Mathemat.-physikalischen classe der koeniglich bayerischen Akademie der Wissenschaften, IX°*° Bandes , 1° Abth. Munich, 1861 ; in-4°. Denkrede auf D" Georg-Thomas v. Rudhart, von Karl-Au- gust Muffat. Munich, 1861 ; in-4°. Ueber briefsteller und Formelbücher in Deutschland wäh- rend des Miltelalters, vertrag von D' Ludwig Rockinger. Mu- nich, 1861 ; in-4°. Denkrede auf Gotthilf Heinrich v. Schubert, von D' An- dreas Wagner. Munich, 1861; in-4°. Rede zur vorfeier des einhundert und zweiten stiftungstages der K. Akademie der Wissenschaften um 26 Marz 1861, gehalten von Justes freiherrn von Liebig. Munich, 1861 ; in-4°. Annalen der küniglichen sternwarte bei München, XII Band. Munich , 1861 ; in-8°. Anzeiger für kunde der deutschen vorzeit, neue folge, VIII’ Jahrgang , 1861 ,n° 11, Novembre. Nuremberg, 1861 ; 1 feuille in-4°. Mikroskopische Messungen der Krystallgestalten einiger Metalle ; von K.-W. Zenger. Vienne, 1861 ; in-8°. Würzburger medicinische Zeitschrift; herausgegeben von der physikalisch-medicinischen Gesellschaft. II“* Band, 5 und 6 Heft. Wurtzbourg, 1861 ; in-8°. Würzburger naturwissenschaftliche Zeitschrift ; herausge- geben von der physikalisch-medieinischen Gesellschaft. If! Band, 2° Heft. Wurtzbourg, 1861 ; gr. in-8°. Oversigt over det Kongelige danske Videnskabernes Selskabs fordhandlinger og dets medlemmers Arbeider à Aaret 1860. Copenhague, 1851 ; in-8°. Kongliga svenska Vetenskaps-Akademiens handlingar. Ny füljd, 3 Bandet, 1 häftet. Stockholm, 1859; in-4°. Om fisk-faunan och fiskerierna à Norrbottens Eün ; resebe- rättelse af H. Widegren. Stockholm, 1861 ; in-12. ( 107) Ofversigt af kongl. Vetenschaps - Akademiens fürhandlin- gar, 17% Argangen 1860. Stockholm, 1861 ; in-8°. Kongliga svenska fregatten Eugenies resa omkring jorden under befäl af C.-A. Virgin àren 1851-1855. Fysik, II, Zoo- logi V (Physique IT). Haftes 8, 9, 10. Stockholm, 1861 ; 4 ca- hiers in-4°. Correspondenza scientifiea in Roma, Vol. sesto, n°° 51 et 32. Rome, 1861 ; in-4°. Bulletino nautico e geografico, vol. I, n° 11. Rome, 1862; 1 feuille in-4°. Astronomical and meteorological observations made at the Radcliffe observatory, Oxford, in the year 1858 , under the superintendance of Manuel J. Johnson, reduced and printed under the superintendance of the rev. Robert Main. Vol. XIX. Oxford, 1861 ; hr. in-8°. The numismatic chronicle, and journal of the numismatic Society. New series, n° IV. Londres, 1861 ; in-8°. The quarterly journal of the chemical society, n° LV. Lon- dres, 1861 ; in-8°. The annals and magazine of natural history, including zoology , botany, and geology. Third series, vol VIIT, n° 43 à 48. Londres, 1861 ; 6 cahiers in-8°. The american journal of science and arts. Second series , vol. XXXIT, n° 96. New-Haven, 1861 ; in-8°. Contribuciones de Colombia a las ciencias t a las artes , pu- blicadas con la cooperacion de la Sociedad de naturalistas neogradinos, por E. Uricoechea. Año primero, pp. 123-194. Bogota , 1860; in-8°. Aa # fs ' En : s. À L' " n° «| Es ER € e ni r # + L ” «2 f Lit : f f [A | é ï « " it 2 FE» . ‘ - = 4 A ar : À , set w 1117) 1 . tAU LT: * 2" LA! OR T + at w M he ( . 0 * “ S ; : ? @: f D L ; \ L LL ’ « LE id uw À . 1 \ Li Le : . ei 151% x 14 [ 2 ; . » sm be = 2R 37 « à, = tn Ré (0 p 2 } "= À LT LE 1 v Ld À gp ‘ 5 À ; b NAT. ai T « V7 ” P? 1 " + - (a 4 BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1862. — Nc 2. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1° février 18062. M. DE Koxixck, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Martens, Kickx, Stas, Van Beneden, A. De Vaux, de Selvs-Longchamps, le vicomte Du Bus, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Puprez, Brasseur, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres; Schwann, Lacordaire, Lamarle, associés; Ern. Quetelet, Montigny, Morren, Steichen, correspondants. 27€ SÉRIE, TOME XII. | 9 (110) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir différents ou- vrages destinés à la bibliothèque de l’Académie. Il trans- met aussi une expédition de l'arrêté royal qui nomme les membres du jury chargé de décerner le prix quinquennal des sciences naturelles, pour la période qui finit le 31 dé- cembre 1861. Ce sont : MM. d’Omalius d’'Halloy, de Selys- Longchamps, De Koninck, Gluge, Kickx, Lacordaire et Van Beneden. — L'Académie impériale de médecine de France et la société royale de physique des Indes néerlandaises, à Ba- tavia, remercient l’Académie pour l’envoi de ses publica- tions. — M. le secrétaire perpétuel présente les observations périodiques annuelles, pour l’étude des plantes et des ani- maux , qu’il a reçues de M. Rigouts-Verbert, pour Anvers, de M. Ed. Lanszweert, pour Ostende, et de M. Moe, pour le jardin botanique de l’université de Christiania. Il dépose également les tableaux des observations météorologiques faites en 1861, à Herve, par M. Parant, à Namur, par M. Maas, et à Liége, par M. Leclercq. M. le Ministre de l’intérieur à bien voulu transmettre les observations météo- rologiques faites au phare d'Ostende pendant l’année 1861. — M. Florimond fait connaître qu'il a observé un bolide des plus brillants, dans la matinée du 22 janvier, vers 6 heures 1/4 du matin. Ce météore est parti de la région zénithale, se dirigeant vers l’est : 1] était assez volumineux (111) et d’une couleur rouge claire, de même que la trainée de quatre à cinq degrés de longueur, dont la trace était visible. L'on n’a pas entendu d’explosion. — La classe reçoit les trois ouvrages manuscrits suivants : 1° Des Institutions de prévoyance en général, et des Assurances sur la vie en particulier, par M. Liagre, membre de l'Académie. (Commissaires : MM. Schaar et Ad. Quetelet.) 2° Mémoire sur le Calcul des variations, par M. Steichen, correspondant de l’Académie. (Commissaires : MM. Schaar, Timmermans et Lamarle.) 9° Description de deux coupes, faites à travers les cou- ches du système scaldisien, ainsi que les couches supe- rieures près de la ville d'Anvers, avec planches, par M. A. Dejardin, capitaine du génie. ( Commissaires : MM. d'Omalius, Nyst et De Koninck.) RAPPORTS. Recherches sur la liaison entre les phénomenes de capil- larité et d’endosmose; par M. Bède. Bapport de M. Plateau. « L'auteur répète et varie, pour l’étudier dans ses rap- ports avec l’'endosmose, une expérience curieuse de M. Ma- gnus. Cette expérience consiste à fermer un tube de verre, (442 } à l’une de ses extrémités, par une membrane de vessie, à le remplir d’eau, puis à plonger l'extrémité ouverte dans un bain de mercure, et à maintenir le tube dans une posi- tion verticale; on voit alors le mercure s'élever graduelle- ment dans ce tube jusqu'à une assez grande hauteur. Le phénomène s'explique aisément : l’eau pénétrant incessam- ment la membrane pour s’'évaporer à la surface extérieure de celle-ci, la pression atmosphérique chasse le mercure dans le tube pour remplacer l’eau qui à ainsi disparu, et celte ascension continue jusqu’à ce que le poids de Ja co- lonne mereurielle soulevée ajouté à celui de la colonne d’eau supérieure fasse équilibre à la force capillaire exercée par les pores de la vessie. M. Bède constate d’abord que le mouvement ascen- sionnel du mercure est uniforme, les petites irrégularités qu'il y remarque devant être attribuées aux variations dans l’état hygrométrique de l’air ambiant, variations d’où résultent de petites différences dans la rapidité de l’évapo- ration. En vingt-trois Jours, le mercure s'était élevé ainsi de 79 millimètres, et cette hauteur aurait sans doute été encore notablement dépassée si la vessie n’était pas entrée en putréfaction. Il en résulte que la vitesse d’ascension du mercure était d'environ 5"",4 en vingt-quatre heures. M. Bède avait soumis en même temps à l'expérience deux autres tubes, dont l’un était plein d'alcool et l’autre d’éther sulfurique. Or, dans le tube à alcool, l’ascension n’a été, pendant cette longue durée, que d'environ 6 mil- limètres, et dans le tube à éther eile doit être considérée comme nulle, les petits mouvements irréguliers qu'a éprouvés le niveau du mereure dans ce dernier tube pou- vant être regardés comme provenant principalement des contractions et des dilatations de la colonne d’éther dues ( 115) aux variations de la température. M. Bède avait fait anté- rieurement une expérience avec l'essence de térébenthine; elle n'avait duré que dix-huit heures, mais l’auteur croit pouvoir conclure du résultat que l'ascension est également nulle avec ce dernier liquide. H résulte de là que lalcool, léther et lessence de térébenthine ne traversent pas la vessie, sans quoi ces liquides auraient non-seulement déterminé l'ascension du mercure, mais, à cause de leur grande volatilité, ils auraient rendu cette ascension beau- coup plus rapide. Le petit effet observé avec l'alcool doit probablement être attribué, suivant M. Bède, à la petite quantité d’eau que le liquide renfermait. Pour augmenter l'intensité du phénomène, lauteur a remplacé la membrane de vessie par un flacon en terre poreuse dans le goulot duquel l'extrémité supérieure du tube était mastiquée. Le flacon et le tube ayant été remplis d’eau, et le tout étant placé sur un bain de mercure, ce dernier liquide s’est élevé dans le tube beaucoup plus ra- pidement que dans l'expérience précédente. Pendant les observations, M. Bède notait en même temps les indica- tions du thermomètre et du psychromètre, et il a pu s’as- surer ainsi que la vitesse d’ascension était modifiée dans le sens qu'indiquait la théorie, c’est à dire que cette vi- tesse augmentait et diminuait avec le pouvoir évaporant de l'air. Il a constaté, en outre, qu’abstraction faite de cette influence, la vitesse d’ascension , au lieu d’être uniforme , comme avec la membrane de vessie, était décroissante : dans une série d'observations, cette vitesse, qui était au commencement d'environ À millimètre par minute, se trouvait, après dix-sept heures, réduite à 0"",12, et, après soixante-six heures, à 0“",02. Le mercure, après avoir atteint une hauteur finale de 61 centimètres, a oscillé au- (444) tour de ce point pendant quelques jours, puis a commencé à rétrograder, et, en quelques heures, était redescendu au niveau extérieur. Cette marche retardée du mouvement ascensionnel du mercure et le mouvement de descente subséquent étaient dus, ainsi que M. Bède l’a constaté par une expérience directe, à ce que, pendant toute la durée des phénomènes, l’air pénétrait dans le flacon par une partie des pores de celui-ci. M. Bède calcule quel doit être le diamètre des pores pour que leur succion capillaire sou- tienne, dans le tube de son expérience, la colonne de mercure de 61 centimètres plus la colonne d’eau qui la surmonte; il trouve que ce diamètre ne doit pas dépasser 0"",0018, et il explique, de la manière suivante, toutes les particularités qu'il a observées. Les pores du vase sont nécessairement inégaux en diamètre, et, tandis que tous ceux dont le diamètre est inférieur à 0"",0018 détermi- nent constamment une succion capillaire qui mène l’eau à la surface extérieure du vase où elle s’évapore sans cesse, les pores d’un diamètre supérieur laissent au contraire rentrer l'air, par l'excès de la pression extérieure sur la pression intérieure, puisque celle-ci n’est que la différence entre la pression atmosphérique et la pression de la co- lonne totale contenue dans le tube et le vase; or, on com- prend que cette rentrée de Pair doit diminuer la vitesse d’ascension du mercure, et qu’elle doit la diminuer d’au- tant plus que le volume d’air rentré est plus grand, car, dans toute la partie du vase occupée par ce volume, les pores n'étant plus en contact avec l’eau, ne peuvent plus déterminer de succion capillaire; enfin, il est clair qu'il doit arriver un moment où la rentrée de Pair fait plus que compenser l'effet de la capillarité, et qu’alors le mercure doit redescendre. M. Bède explique avec la même facilité ( 115 ) l’uniformité du mouvement ascensionnel du mereure dans le cas de la membrane de vessie, cas dans lequel il n’y à pas rentrée de l'air, du moins dans les limites des expé- riences mentionnées. Alors, en effet, tant que l’action de haut en bas exercée par la colonne de mercure plus la colonne d’eau n’est pas suffisante pour faire équilibre à la succion capillaire, l’eau arrive toujours, par tous les pores, à la surface extérieure de la membrane, et, en supposant constant le pouvoir évaporant de l’air, lévaporation enlève toujours la même quantité d’eau dans le même temps, de sorte que la quantité de mercure qui s'élève, dans ce temps, doit également être toujours la même. Pour pouvoir établir nettement une relation entre ces phénomènes et celui de l’endosmose, l’auteur s’est proposé de répéter les expériences avec différentes solutions et de mesurer ensuite l’endosmose de l’eau vers ces solutions. Dans ce but, il a préparé trois solutions d’azotate de soude renfermant, sur quinze parties d’eau, la première une partie, la deuxième deux , et la troisième trois de sel, puis trois solutions semblables de chlorure de sodium. Ces so- lutions ont été versées dans des tubes fermés à une extré- mité par une membrane de vessie, et renversés ensuite dans un bain de mercure; l’auteur avait pris la précaution de tourner, pour chaque tube, le côté interne de la vessie vers l’intérieur du tube. En même temps que ces six tubes, il en avait placé, sur le bain de mercure, un septième ne renfermant que de l’eau. Il a reconnu alors que la vitesse de l’ascension de l’eau l’emportait notablement sur les vitesses des solutions, et que ces dernières vitesses étaient d'autant plus petites que les solutions étaient plus concen- trées. Par exemple, la vitesse moyenne d’ascension du mercure dans le tube contenant la solution la plus con- (446 ) centrée d'azotate de soude n'était qu'environ la moitié de celle qui avait lieu dans IQ tube à eau, et, dans le tube contenant la solution Ia moins concentrée du même sel, elle atteignait près des neuf dixièmes de celle du tube à eau. F résulte de ces expériences que les solutions traver- sent d'autant plus difficilement la vessie qu’elles sont plus concentrées. Or on admet généralement que l’endosmose vers une solution aqueuse à travers une vessie est d'autant plus forte que cette solution est plus concentrée, et M. Bède: obtient de ce principe une vérification en rapport avec les expériences précédentes, en observant lendosmose de l’eau vers les solutions ci-dessus, dans les tubes mêmes qui avaient servi à ses expériences; il a constaté, en effet, que l’endosmose allait en augmentant avec le degré de concentration de la solution. L’explication la plus accréditée de lendosmose attribue le phénomène à ce que la membrane tend, avec des inten- sités inégales, à absorber les deux liquides qui baignent respectivement ses deux faces, de sorte que l’un de ces liquides la traverse en plus grande abondance que l’autre: Or les expériences de M. Bède donnent une confirmation complète de cette théorie. Voicicomment l’auteur s'exprime à ce sujet : € On peut établir une liaison entre ces résultats et les » phénomènes connus d’endosmose en supposant que » dans ces phénomènes les deux liquides ont chacun une » tendance différente à traverser la vessie, semblable à » celle qui se manifeste dans les phénomènes qui nous » occupent, et que c’est en vertu de la différence de ces » tendances qu'a lieu l’endosmose. » Pour mieux faire concevoir notre pensée, imaginons COMT ) un tube fermé à la partie inférieure par une vessie, ren- fermant un liquide À et plongé dans un liquide B. Nous pouvons concevoir les parois du tube prolongées au-des- sous de la vessie, ou, ce qui revient au même, celle-ci placée au milieu de la longueur du tube , et il nous sera permis de faire abstraction du liquide qui entoure le tube. Cela étant, si l’on retrait le liquide B, le liquide A aurait une tendance à pénétrer dans les pores de la vessie capable de faire équilibre à une colonne de mer- cure À; de même, si le liquide A était retiré, le liquide B aurait à pénétrer dans les pores de la vessie une ten- dance capable de faire équilibre à une colonne de mer- cure L! : si, enfin, les deux liquides se trouvent tous deux chacun d’un côté de la vessie, lun d’eux devra traverser la vessie en vertu de son excès de tendance h— h! ou h!—h, et viendra à l’extrémité des canaux capillaires du tissu membraneux se diffuser dans l’autre liquide, au lieu de se diffuser par évaporation dans l'atmosphère comme dans le phénomène observé par M. Magnus. Ainsi se produirait le courant d'endosmose; quant au courant d’exosmose, 1l pourrait être considéré comme un phénomène analogue à celui de la rentrée de l'air que nous avons observé : on pourrait concevoir que dans les pores les plus larges de la cloison, la force h—h! n’est pas suffisante pour vaincre la pesanteur et la force de diffusion mutuelle des deux liquides. » Enfin, pour établir d’une manière plus complète encore la relation entre l'expérience de M. Magnus et le phéno- mène de l'endosmose , l’auteur a fait l'expérience suivante : dans un tube fermé par une vessie à une extrémité, il a versé de leau et un peu de mercure; il à retourné ce tube sur un bain de méreure contenu dans une éprouvette, (118) 6 et il l’a fixé bien verticalement; puis il a rempli l’éprouvette d'alcool. Le tube et la vessie étaient ainsi entièrement plongés dans ce dernier liquide. Il à vu bientôt s'élever le niveau du mercure intérieur au tube, comme lorsque ce tube est plongé dans l'air. L'Académie peut juger par ce résumé de l'intérêt que présente le mémoire de M. Bède, et elle n’hésitera pas, je pense, à en ordonner l'impression dans son recueil. » Conformément aux conclusions précédentes, appuyées par les deux autres commissaires, MM. Duprez et Lamarle, la classe décide que le mémoire de M. Bède sera imprimé dans le recueil des Mémoires des savants étrangers format . in-quarto. -MM. Van Beneden et Gluge font des rapports favorables sur un mémoire présenté à la dernière séance par M. Jules d'Udekem, membre de l’Académie, concernant la Descrip- tion des infusoires de la Belgique. Conformément à leurs conclusions, le travail de M. d’Udekem sera imprimé dans le recueil in-quarto des Mémoires de la compagnie. De l’âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil, près de Gembloux, par M. C. Malaise, pose à l’Institut _agricole de Gembloux. Rapport de M. Dewalque. « La notice que M. Malaise présente à la classe est très- intéressante pour la connaissance des terrains anciens de notre pays : elle a pour but de démontrer l'exactitude du ( 119) rapprochement établi par Dumont entre le terrain ardoi- sier du Brabant et les roches analogues de l’Ardenne, qui constituent le type de son terrain rhénan. Ce rapproche- ment avait été contesté naguère par M. Gosselet, à la suite de la découverte de quelques fossiles; c’est de même par l'étude des fossiles que M. Malaise est amené à des con- clusions semblables à celles auxquelles Dumont était arrivé par une autre voie. Aussi, je n'hésite pas à proposer à la classe d'insérer cette notice dans nos Bulletins et de re- mercier l’auteur pour sa communication, en l’engageant à continuer ses recherches. Je désire ajouter quelques mots relatifs au fond de la discussion. M. Gosselet appuie son opinion sur des argu- ments tirés 1° de la paléontologie, et 2° de la pétrographie des terrains en question; 5° il n’en reconnaît pas au point de vue stratigraphique. 1° Je remarque qu'aucune espèce de M. Gosselet n’est déterminée spécifiquement, sauf une exception sans signi- lication ; les trilobites sont douteux, mais les genres sont siluriens ; les Orthis, dont les espèces, au nombre de cinq, ne sont pas indiquées, sont cependant annoncées comme siluriennes. M. Malaise, au contraire (dont j'ai vu la côl- lection), ne trouve que des fossiles du terrain devonien inférieur ou rhénan, notamment les Orthis Sedgwicki et Orthis Murchisoni, qui sont si caractéristiques et dont la seconde espèce est très-commune, comme j’ai pu m'en as- surer sur les lieux. Je ne sais vraiment que conclure d’une telle opposition. 2° Je reconnais toutes les analogies qu’on voudra entre les roches rhénanes du Brabant et celles du terrain arden- nais des bords de la Meuse; mais je puis assurer que la ressemblance est bien plus grande avec celles du terrain ( 120 ) rhénan de lArdenne (1). Les géologues qui viendront étudier notre pays pourront s'en assurer en consacrant quelques heures à l'examen des collections de roches de l’université de Liége. Il n’y à qu'une exception notable : elle concerne le poudingue de Fépin, qui n’apparait point dans le Brabant: peut-être y est-il recouvert par des ter- rains plus récents, mais il est probablement représenté, comme le pensait Dumont, par les quartzites plus ou moins grisètres, massifs sans phyllade interposé qui oceu- pent la partie septentrionale de cette région. o° Autant que je puis en juger, je crois que Du- mont a surtout été guidé par des vues stratigraphiques, corrohorées par les caractères minéralogiques. En effet, noire terrain anthraxifère se compose d’une série de bas- sins emboités, occupant une dépression du terrain ardoi- sier qui le limite au nord et au sud. Des deux côtés il (1) On à quelquefois admis l’existence du terrain silurien dans lAr- denne, en dehors du terrain ardennais, à cause de la ressemblance frap- pante qui existe entre les phyllades bien feuilletés du système coblencien et les mêmes roches du système revinien ; mais cette manière de voir ne me semble pas admissible. En effet , le terrain rhénan commence partout par une roche parfaitement caractérisée et bien connue , le poudingue de Fépin; un peu plus haut, les recherches de M. Hébert ont fait connaitre une faune devonienne, et j'ai rencontré moi-même, dans des grès inter- calés dans le poudingue, quelques fossiles que M. De Koninck a reconnus pour être de la même époque; aussi est-on d'accord pour admettre que tout le terrain rhénan est devonien. Or, le poudingue de Fépin entoure, en stratification discordante , les quatre massifs ardennais ou siluriens; il doit ainsi former une couche étendue de l’une à l'autre , de telle sorte que le terrain silurien ne pourrait paraître au jour dans l'intervalle, sans s’y montrer entouré de ce poudingue, et constituer ainsi un nouveau massif, très-reconnaissable à ce caractère, et, par là, absolument différent des ardoises intercalées dans les roches rhénanes, VTT ) commence de même par des conglomérats incontestable- ment du même àge, du moins aux yeux de Dumont. Il est naturel d'admettre que la symétrie de la série s'étend plus bas, que le terrain ardoisier du nord est rhénan au méme titre que celui du midi; et, en suivant la même idée, que la partie la plus ancienne du terram rhénan du Brabant est la plus éloignée du terrain anthraxifère. Les analogies minéralogiques confirment ces déduetions. Les recherches de M. Malaise en sont la vérification paléonto- logique (1). » Selon la demande de M. Dewalque, la notice de M. Ma- laise sera insérée dans le Bulletin de la séance. M. Stas fait ensuite un rapport verbal sur une notice (1) Depuis que ce rapport est écrit, j'ai eu connaissance d’une commu- nication que M. Gosselet a faite, en avril 1861 , à la Société géologique de France (Bull, 2me sér., t. XVIIT, p. 558). Il annonce avoir recueilli des fossiles siluriens dans le massif rhénan du Condroz ; M. de Barrande y à reconnu «un Trinucleus, genre caractéristique du silurien moyen, un Sphærexochus, un Dalmanites, l'Halysites catenularia et plusieurs es- pèces d’Orthis semblables à celles de Gembloux. » Le genre Sphærexochus parait être silurien; le genre Dalmania ren- ferme des espèces devoniennes, que lon en sépare quelquefois pour former d'autres genres ; l'Halysites catenulata, d'Orb. (Catenipora escharoïdes, Goldf. } est silurien et devonien et, jar conséquent, sans importance ici. Nous retrouvons donc encore deux ou trois genres de trilcbites siluriens associés à des Orthis ron dénommées. Il serait très-intéressant de savoir si ces Orthis de Fosse et de Grand-Manil ne sont pas les espèces les plus caractéristiques du système rhénan ; et, si elles sont associées à des trilo- bites siluricns, à coup sùr Dumont s’en féliciterait. « (12) de MM. Kekulé et Linnemann relative à l’Action de l’iode sur quelques sulfures organiques. Conformément aux propositions qui lui sont faites, la classe ordonne l’impression de cette notice dans le Bul- letin de la séance. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l’origine des étoiles filantes ; par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel de l’Académie. Dans ces derniers temps, les phénomènes de la météo- rologie et de la physique du globe ont été généralement étudiés avec plus de som; les observations sont assez nombreuses et faites avec assez de connaissance, pour qu'on puisse chercher aujourd’hui à se rendre compte de ce qui, jusque-là, était demeuré sans explication suffi- sante. Ce genre de recherches exige en effet des précautions, et l’on ne peut s’y livrer qu'avec les plus grandes réserves. Je crois devoir rappeler ici plus explicitement les diffi- cultés qui concernent une classe de phénomènes, la plus propre peut-être à verser des lumières sur la question qui nous occupe. Les étoiles filantes ont fait l’objet de mes plus anciennes recherches : il ÿ aura bientôt un demi-siècle que Je crus pouvoir avancer que ces prétendus météores sont exté- (125) rieurs à l’atmosphère de notre globe et proviennent des volcans lunaires. Je défendais une proposition générale- ment admise alors, sous les auspices de l’illustre auteur de la Mécanique céleste, qur voulut bien plus tard m'’en- courager dans mes travaux. Après différentes séries d'observations, faites avec des amis de la science, pour déterminer la hauteur, la direc- tion , la vitesse de translation, etc., des étoiles filantes, je sentis le besoin d'entendre Brandès, Benzenberg, Olbers, de Humboldt et les autres savants allemands qui s'étaient occupés spécialement de ces phénomènes. Je fus heureux de voir que mes résultats calculés étaient semblables aux leurs; mais quand il fallut s'expliquer sur l’origine proba- ble de ces météores, je remarquai avec étonnement des réserves chez quelques-uns d’entre eux; j'avoue que leurs doutes finirent aussi par m'occuper. Avec les idées aujourd’hui admises sur la hauteur et sur la nature de notre atmosphère, on explique difficilement comment se forme une étoile filante, et comment on n’en trouve les traces qu’au-dessus de la partie agitée dans la- quelle nous vivons. Il n’est aucun observateur, en effet, qui puisse dire avoir touché une étoile filante ou même en avoir vu la substance. Pour se rendre compte des difficultés que présente l’explication de ces phénomènes, il suffira de rapporter quelques circonstances qui tiennent à leur nature : 1° D’après la généralité des physiciens calculateurs, les étoiles filantes peuvent être aperçcues à des hauteurs de soixante à quatre-vingts lieues, ce qui donnerait à l’atmo- sphère une élévation beaucoup plus grande que celle qu’on lui suppose. | 2° Les étoiles filantes s’éteignent avant d'arriver à & ( 124 ) terre, et né présentent leur éclat que dans la partie de l'atmosphère supérieure (1). 5° Les étoiles filantes sporadiques (2) se présentent dans toutes les directions, mais elles sont plus nom- breuses : 1° avant le jour, 2° dans la seconde partie de l’année. 4° Outre les étoiles filantes sporadiques, on reconnait aussi des étoiles filantes périodiques. Dans l'hémisphère boréal, par exemple, ces dernières apparaissent annuelle- ment à des époques déterminées; elles se montrent en grand nombre et semblent rayonner d’un même point, comme cela à lieu au 10 août; ou bien leur périodicité est intermittente, et elle ne recommence qu'après un certain nombre d'années, comme on l’observe le 13 novembre. Il est à remarquer que, pour chaque lieu de l’hémi- sphère boréal, l’intensité du phénomène semble dépendre de la même heure de la nuit. J° Le pôle boréal présente, dans son voisinage, un foyer apparent d’émergence pour les étoiles filantes; mais un pareil foyer n’a pas été signalé pour le pôle austral (5). (1) Nous verrons bientot comment quelques savants de mérite écartent cette difficulté en supposant une identité entre les étoiles filantes, les aérolithes, les bolides, ete. Cette identité est loin d’être généralement ad- mise. On peut se demander plutôt s’il n'existe pas une relation entre les étoiles filantes et les aurores boréales, dont l'apparition simultanée se remarque souvent. Ces deux phénomènes, d’ailleurs, présentent les mêmes apparences dans les lieux les plus distants , en Europe et en Amérique, par exemple, et ils ont causé de fréquentes méprises dans le cours des ob- servations qui en ont été faites (2) M. Olbers a emprunté ce terme à la médecine, pour indiquer les étoiles filantes qui n’ont pas de marche commune. (5) Nous n'avons que très-peu d'observations recueillies sous le ciel aus- tal, relativement aux étoiles filantes. Sir John Herschel, vers la fin de son ( 420 ) 6° Les étoiles filantes prennent naissance, ou dans notre atmosphère, ou extérieurement à notre atmosphère : dans le premier cas, elles n’ont que la vitesse du milieu dans séjour au cap de Bonne-Espérance, avait tourné son attention sur ce point, comme on peut le voir par quelques lettres que m'a adressées ce savant et que j'ai insérées dans ma Correspondance mathématique et dans les Bulletins de l'Académie. Malheureusement le petit nombre de recherches qu'il à faites n’a pu nous donner les renseignements qui nous manquaient. Les documents les moins incomplets que nous ayons recueillis sur le ciel austral se trouvent dans la Description géographique et statistique de la Confédération argentine, par M. V. Martin de Moussy, tome I°r, page 581. Paris, chez MM. Firmin Didot frères, in-8°, 1860. Les voici : « La pureté du ciel de la Plata permet de voir un grand nombre de ces météores (étoiles filantes), mais nous n'avons jamais reconnu aucune periodicilé dans leur apparition, quoique nous ayons observé avec beau- coup de soin aux époques du 10 août et du 14 novembre. Toutefois, dans. quelques parties du globe, ces mêmes époques en ont présenté un si grand nombre, toutes dans une direction si pareille, qu’on a été amené à soupçonner l'existence d’un cordon d’astéroïdes qui couperait alors l'orbite de la terre; de sorte que plusieurs de ces corps célestes , sollicités par l'attraction terrestre, seraient entraînés hors de cette orbite et tombe- raient sur le sol, où ils arrivent toujours obliquement, avec une extrême vitesse el sont connus sous le nom d'aérolithes …. » Nous n'avons pas à rechercher si les étoiles filantes et les aérolithes appartiennent à des corps planétaires, ou sont le produit des exhalaisons terrestres, des poussières volcaniques , qui seraient entrainées dans les hautes régions de l’atmosphère, où, se trouvant soumises à des influences diverses, mais où l'électricité (elle explique tout !.…) jouerait un grand rôle, elles se condenseraient, puis s’enflammeraient. Nous pensons que la science est encore trop peu avancée sous ce rapport, que les observations exactes sont trop peu nombreuses, pour que l’on puisse établir autre chose que des hypothèses sur ce sujet intéressant. Ce que nous dirons, c’est que, dans le ciel argentin, nous avons vu des étoiles filantes dans toutes les saisons, sous différentes latitudes, mais toujours d’une manière très-irrégulière.… Les seules dates où nous ayons vu un grand nombre d'étoiles filantes à la fois, sont le 11 décembre 1846, 20 février 1847, & novembre 1849, à Montevideo. » 2e SÉRIE, TOME XI. 10 ( 126 } lequel elles se forment; dans le second cas, elles sont in- fluencées par cette vitesse et conservent celle qu’elles avaient déjà avant d'entrer dans notre atmosphère : elles procèdent, par conséquent, avec une vitesse combinée. M. Edouard C. Herrick, de New- Haven (Connecticut), a depuis longtemps l’obligeance de m'envoyer les résul- tats annuels de ses observations sur les étoiles filantes périodiques. J’ai prié ce savant de me communiquer son opinion sur la nature de ce phénomène : je la connaissais déjà, mais imparfatement, et M. Herrick a bien voulu sa- tisfaire à ma demande, | Il tient à l’opinion que j'ai aussi défendue pendant long- temps, mais, pour parer à une difficulté qu’il a très-bien sentie, 1l se trouve conduit à admettre que les étoiles lilantes , les aérolithes, les bolides, etc., sont les mêmes corps, dans un état de combustion plus ou moins avancé en traversant notre atmosphère. La crainte de ne pas rendre fidèlement la pensée de ce savant me porte à reproduire la lettre qu'il a eu lobli- geance de m'écrire, et je serais heureux si mes correspon- dants habituels avaient l’obligeance de me transmettre également leur opinion. Peut-être du concours de ces lu- mières parviendrait-on à déduire la vérité; la difficulté n’est pas médiocre , il s’agit de résoudre un problème indé- terminé dans lequel plusieurs valeurs doivent être traitées comme des inconnues. Nous ne pouvons atteindre le milieu dans lequel il se passe : nous n’en connaissons d’ailleurs qu'imparfaitement la constitution et la hauteur, et nous ne pouvons pas mieux apprécier la nature du phénomène qui excite notre attention. Sur les etoiles filantes de novembre et de décembre 1861, Lettre à M. A. Quetelet par M. Édouard-C. Herrick de New-Haven (Connecticut). 27 novembre 1861. « Recevez mes remerciments pour votre lettre du 9 de ce mois que je viens de recevoir. Je vois avec intérêt que vous avez assez de santé pour continuer vos importants travaux scientifiques ; je recevrai avec beaucoup de plaisir la Phy- sique du globe que vous m’annoncez, espérant y trouver les fruits müris de votre longue expérience en même temps que les résultats de vos études sur les travaux des autres savants. Il ne me paraît pas probable que les étoiles filantes exercent aucune Influence spéciale sur le climat de notre globe, quoique le nombre moyen de celles qui se montrent, chaque jour, dans toute l'atmosphère et à l'œil nu, surpasse probablement 2,000,000 (deux millions). Mais depuis que M. Leverrier a montré (Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, séance du 3 juin 1861), qu'il existe, à la distance moyenne de la terre au soleil, une masse de ma- tière cosmique équivalente à quelque chose de moins que le dixième de la masse de la terre, nous pouvons raison- nablement conclure que cette matière consiste en étoiles lilantes et en météorites à travers lesquels la terre est con- stamment en mouvement. Je suis fàäché de différer avec vous d'opinion, mais depuis plus de vingt ans, je suis complétement disposé à croire que les étoiles filantes, les bolides et les météores sont tous d’une nature astronomique identique, et qu'ils peuvent (comme les corps le font sur la terre) différer en constitution chimique et en agré- ( 128 ) sation. Ce sont tous des corps circulant autour du soleil en anneaux et en groupes, qui, selon leur marche, traver- sent une partie plus ou moins grande de l’atmosphère de la terre; et qui, en passant soudainement d’un état de froid intense par l'obstacle au mouvement opposé à une marche semblable, et en partie par la compression de l'air sur leur trajet, s'échauffent assez pour brüler entièrement ou en parte, avec où sans détonation. » Quand le corps dans cet état rencontre la terre (par der- rière, par exemple, ou près de cette direction), de manière à parcourir l'air avec une faible vélocité relative, qui est la vélocité pratique, il ne brüle pas entièrement, mais il dé- crépite ou fait explosion; et il arrive jusqu’à terre comme un météorite. La grande majorité se meut si rapidement qu'elle est entièrement consumée et se présente comme des éloiles filantes. Le nombre des météorites qui tombent jus- qu'à terre, dans le cours d’une année, n’est probablement pas inférieur à dix mille; deux ou trois seulement de tous ces météorites sont trouvés et déposés dans les cabinets. » J'ai peine à croire que les étoiles filantes soient géné- ralement plus nombreuses en Amérique qu'en Europe. En effet, d'après le Bulletin de l'Académie belge, où vous donnez, à la séance du 1°" juin 1861, les observations de M. Schmidt, faites en Allemagne et en Grèce, celles de M. Secchi, à Rome, celles de M. Heis et d’autres, on voit que, quand des recherches approfondies sont faites, les météores sont aussi abondants chez vous que chez nous. » Vos remarques sur le mode de rapporter et de coordon- ner les observations des étoiles filantes sont extrêmement Justes ; nous manquons d'observations simples et actuelles, avec toutes les circonstances importantes qui en découlent, et indépendantes de toute hypothèse. Dans les rapports (409 ) que je vous ai fait parvenir et dans ceux que j'ai publiés ici, j'ai cherché à établir d’une manière sûre et simple ce qui a été réellement obserré, laissant au lecteur le soin d'en tirer des conclusions. » Vous serez sans aucun doute charmé de savoir si, pen- dant ce mois de novembre, nous avons eu quelque indica- tion du retour (que nous attendons en 1866 et 1867) de l’averse météorique du 15 novembre. Dans le but d’éta- blir des comparaisons, j'ai observé accidentellement pen- dant les mois qui précèdent cette date. Je vais vous faire connaitre les résultats de mes observations. » 1861. Le 26 octobre, à New-Haven (Connecticut), ciel elair et calme; point de lune. De quatre à cinq heures du matin, j'ai observé, étant seul, dix-sept étoiles filantes. Elles n'étaient pas également partagées sous le rapport du temps; il y eut un espace de quinze minutes, pendant lequel je n’en aperçus point. Plus de la moitié parut pen- dant la première demi-heure. Il n’y en avait point de re- marquables en éclat (une exceptée), et trois ou quatre lais- sèrent des trainées d’étincelles. Elles étaient en général très-rapides dans leur mouvement angulaire, et elles dépas- saient rarement , à la vue, le quart d’une seconde. Je donne une attention spéciale à la place du point rayonnant : il était évident que la plupart des trajectoires visibles, prolongées en arrière, se seraient coupées dàns une région de cmq à dix degrés, diamètre dont epsilon des Gémeaux était à peu près le centre. Ce centre est environ de 15° plus éloigné de la place occupée par le soleil que le point de léchpti- que, vers lequel le mouvement de la terre a lieu dans ce moment ; et il est environ à 2° au nord de l’échiptique. » La lumière zodiacale était, comme de coutume dans cette saison, très-remarquable et pouvait être tracée dans ( 130 ) la direction de Castor et Pollux : les parties supérieures étaient mal terminées. » 1861. 351 octobre. Ciel clair, lune au-dessous de l’hori- zon. De quatre à cinq heures du matin, je veillai seul; et, pendant une heure, je n’observai que cing étoiles filantes. Le point de rayonnement était mal défini et semblait dif- férer peu de la place qu'il avait occupé le 15 précédent. » — 4 novembre. Ciel clair; pendant quinze minutes, aussitôt après cinq heures du matin, j'ai vu trois étoiles lilantes. » — 7 novembre. Ciel clair; pendant quinze minutes, entre quatre et cinq heures du matin, je n’ai vu qu’une seule étoile filante, ayant un mouvement lent dans la di- rection des Gémeaux. » — 12 novembre. Ciel clair; pas de lune. De quatre à cinq heures du matin, Je veillai seul, et pendant une heure j'observai quinze étoiles filantes dont les deux tiers environ divergeaient du voisinage de la constellation du Lion. Le point rayonnant n’était pas bien marqué et aucun des météores n’était brillant. La lumière zodiacale était forte et s’étendait environ jusqu'à Régulus. » — 15 novembre. Ciel clair; pas de lune. Quatre observateurs, MM. W. Haskell, W.-W. Johnson, H.-W. Thayer et moi-même. Les étoiles filantes furent les sui- vantes : 7 NO. SO. SE. NE. 5 adh'du/matin.u 1.015 401 17046 ee météores différents 4 à 5 du matin. . . 25 9 18 20—72) en 2 heures. » Pendantune partie de ce temps, les professeurs Twining et Newton se sont joints à nous, mais ils étaient surtout occupés de l'estimation de la marche rapide des météores ( 1431 ) les plus brillants. Is apercurent néanmoins quatre étoiles filantes qui nous avaient échappé et qui portent le nom- bre des météores observés à cent trente-quatre. Ce fait montre, ce que j'ai dit précédemment, que quatre obser- vateurs ne suflisent pas pour marquer avec assurance tous les météores qui paraissent. Des cent trente-quatre étoiles filantes, observées le matin, deux tiers environ se diri- geaient vers un point d'émanation qui n’était pas claire- ment défini, dans le Lion. Il y eut plusieurs météores épars; quelques-uns avaient des traïnées, mais pas un ne fut re- marquable. » Des résultats du 12 et du 15, j'ai conclu que nous n'avions pas eu, cette année, un retour déterminé de l’orage météorique de novembre, du moins dans cette partie-ci du globe. » — 14 novembre. De deux heures et demie à six heures du matin, le ciel était en général entièrement cou- vert. Vers trois heures, je vis un météore éclatant à travers une percée entre les nuages. » Le matin du 14, à Germantown, près de Philadelphie, (Penn.), par un ciel clair, M. B.-V. Marsch, en veillant seul, observa les vingt-trois météores suivants : De 5h 15m à 4h , . . 5 (il faisait clair de lune.) De 4h Om à 5h, ,. . . 417 De 5h 23m à 5h 38m. . 3 Treize de ces météores étaient brillants et laissaient des trai- nées d’étincelles; dix étaient faibles et sans traînée. « Si du » centre de la ligne qui joint: et du Lion, dit-il, on décrit » une circonférence embrassant ces treize étoiles, dix des » plus éclatantes avaient des directions qui, prolongées » derrière elles, auraient, je crois, traversé ce cercle. Des » trois restantes l’une passait environ à dix degrés de là, » et les deux autres à cinq degrés des dix petites; l’une » était très-régulière, trois l’étaient généralement, et six » autres ne l’étaitent pas. » | » — 15 novembre. Le ciel à New-Haven était couvert de 5 à 6 heures du matin. » Vous savez fort bien qu’en 1798 et en 1838, les étoiles filantes étaient extrêmement abondantes vers le 6 dé- cembre (Journal des sciences de Silliman, 1° série, vol. 55 et 56), mais nous ignorons ce qui caractérise spéciale- ment cette apparition météorique. Nos efforts pour obser- vér cette période de l’année ont été en partie paraiysés par les nuages. Voici du reste les résultats. » — 5 décembre. Ciel clair : la lune brille sur l’hori- zon. Présents quatre observateurs : MM. G.-W. Biddle, W.-W. Johnson, H.-W. Thayer et moi-même; quatorze étoiles filantes ont été comptées de 7° 10" à 8" 10" du soir : vers le nord-est, quatre; le sud-est, une; le sud- ouest, six; et le nord-ouest, trois. De ces étoiles deux étaient de première grandeur; sept de deuxième; eimq de troisième et de moindre grandeur. Le point rayonnant n’était pas bien défini. » — Get 7 décembre. Le ciel était couvert matin et soir. ___» — 8 décembre. Ciel couvert, la lune sur l'horizon; de six heures et demie à sept heures du soir, on vit un mé- téore. Après cela, pendant plusieurs jours, la lune parut accidentellement le soir, et il y avait des nuages le matin. » Près de Philadelphie (Penn.), M. Georges Wood faisait une course à cheval, environ à huit milles vers l’occident, le 12 décémbre, vers quatre heures et demie du matin et à la naissance du jour; il vit de nombreuses et belles étoiles (15) filantes, dont le nombre pouvait être de vingt-cinq; elles se montraient principalement au nord-ouest. » Parmi les météores observés ici, en août 1861, il s’en trouva un très-brillant qui fut aperçu par M. B.-V. Marsh de Burlington (lat. 40°5/N. et long. 74°55/0.). Les obser- vations furent satisfaisantes; elles ont été bien discutées et calculées par M. le professeur EE.-A Newton du collége Yale. La hauteur, au commencement, était de soixante et dix milles anglais, et, à la fin, de emquante-quatre milles; la longueur du trajet était d'environ trente-trois milles, et la vitesse de vingt-sept milles et demi par seconde. Ce mé- téore appartenait au groupe de samt Laurent du 10 août. Il a été trouvé par les éléments de l’anneau météorique, que le demi grand axe était 0,84; l’excentricité 0,28; la distance périhélie 0,60; l’inclinaison 96°; la révolution pé- riodique de deux cent quatre-vingt-un Jours. Ces résultats sont d’un grand intérêt; mais ils présentent naturellement des modifications , lorsque les vitesses des météores régu- liers de la période de sant Laurent différaient beaucoup de la vitesse de celui-ci. Le télégraphe magnétique du père Secchi doit avoir été très-utile au mois d'août dernier et doit donner des résultats nouveaux pour cette question. » Le professeur Élias Loomis a publié dans le journal américain des sciences de Silliman pour 1861, son hui- tième article sur la grande aurore boréale du 28 août au 4 septembre 1859. Dans ces écrits, il est parvenu à plu- sieurs conclusions importantes, qui, autant que je puis en juger, n’ont été aussi bien établies par aucun des investigateurs précédents. L’apparence simultanée de l’au- rore boréale et australe est peut-être le pont le plus intéressant de tous. » Je vous prie de recevoir mes remereiments pour lobli- (134) geance que vous avez eue de m'envoyer l'extrait des Bulle- tins de l’Académie royale de Belgique (2"* série, tome XII, n° 9 et 10), relativement aux météores et au magnétisme ; et je vois avec plaisir que vos observations confirment les nôtres faites en Amérique (1). » — M. Herrick revient ensuite sur une lettre précé- dente (2), communiquée à l’Académie en 1860, et dans laquelle il cite plusieurs localités autour de New-Haven où avait eu lieu une éclosion d’un insecte périodique remar- quable, la cicada septendecim de Linné (Systema naturae, edit. 12°, Stockholm, 1767). — Observations de la lune et des étoiles de culmination lu- naîre faites à l'Observatoire royal de Bruxelles en 1860 et 1861. M. Ad. Quetelet présente les observations faites à l’Ob- servatoire de Bruxelles pendant les années 1860 et 1861, sur les positions relatives de la lune et des étoiles de eulmi- nation lunaire. Ces passages au nombre de 70 font suite aux quatre séries publiées déjà dans les Bulletins et qui portent à 359 le nombre des passages lunaires observés. Ils ont été réunis pour répondre à la demande de quelques observateurs et spécialement de M. Robert Ellery, direc- teur de l’observatoire de Williamstown en Australie. 0 (1) M. Herrick me signale quelques erreurs d'impression dans le Bul- letin de l'Académie du 6 octobre 1860, que je m'empresse de signaler : Page 176, 4"c ligne en remontant , au lieu de 2 (deux), lisez 20 (vingt). Id. 177, lignes 20 et 21, 7’observai, lisez il observa : je vis, lisez àl vit. Id, 178, ligne 16, pour &, lisez M; et ligne 19, pour mal, lisez bien. (2) Bulletin de l’Académie du 7 septembre 1860, tome X, 2"e série, page 419. Observations des passages de la lune et des étoiles de même culmination, faites en 1860 et 1861. (Les observations sans désignation spéciale ont été faites par M. E. Quetelet ; celles marquées d'un B sont dues à M. Bouvy). | Nombre | DE FILS. | DATES. | OBJET. | @ OBSERVÉE, + | @ janvier. ....... B. A. C 541... 1 9w47:11 Ho | 8 Piscium. .. | 1 18 43,71 Housl CR à 1 50 9,79 5 | 8 Arietis ...| 1465581 | 5 | œvArietis :. . 1 59 18,51 Ep ER: . € Arietis .. 2 51 14,45 5 J Arietis . 5 9 59,45 5 Chers. 3 17 50,77 5 17 Tauri. 3 56 355,83 5 ST TAUEE, à + 5 40 52,45 5 RETENIR CHI 4 19 18,86 5 7 Tauri 4 55 52,96 5 . Aurigæ. 4 47 55,16 5 1. CNE | À 4 53 52,90B.| 5 L_ Aurigæ 4 47 55,29 5 OUT PERTE 5 25 4,81 5 # Geminorum. 6 6 28,05 5 « Geminorum. 6 14 51,80 5 | LS: e ... | & Geminorum. 6 14 31,89 5 CR TE CRU 6 32 50,99 À | 7 Geminorum 71.:2*16,24 3 LL Geminorum. 7 17 4,55 5 x Nombre | DATES. OBJET. G OBSERVÉE, | _—_.. | 1860. PT TENTE ne Lt el À Arietis ...}, 5h 5"590l 5 2 “ATIBLIS 22.0 5 6 52,88 5 CT. 21 LIN 49/0266 5 Ds ah pere es y! Tauri....| 4 17 57,90 ÿ D AM AUTLS La 4 55 52,64 5 | CAMERA | 4 51 91,51 5 € Tauri 4 29 19,06 5 X1 Orionis. . . 4 46 7,90 5 + RE M ER: ÿ Canert. . 2 8 24 59,51 5 01 Gancrt . 8 56 46,54 5 | C AMP 911 50,99 | 5 | 0 Leonis . .. 9 55 43,24 5 16294 T0 SN Ts EME MU LTAUPI CUS 8 39 11,22 5 | ATAUR EEE 5 56 26,58 5 | (CE LAS PTE 4 25 46,52 5 L Tauri... . | 4 54 45,55 5 BAPTaunIt Te | 5 17 28,49 5 Aimars ARE STATE t Tauri \ 4 54 45,40 5 Brie Taunihuevie | 5 17 928,51 5 Craie | 5974259 | 5 | | y Geminorum. | 6 6 27,69 5 | g Geminorum. | 6 14 5L56 070 LS avril ae See d Leonis .. | 10 5% 99, 59:R\2 | *X Leonis . .. | 10 57 50,51 5 | C'HRAA lus 54,85 5 | e Leonis ... | 11 23 12,27 5 | hé Leonis .. 11 29 49,57 4 | l Nombre | LE FriLs, œ OBSERVÉE. 4 avril Leonis . . . | 11h25m19;48 11 59 9,17 Virgioiss. | 12 5% 427 Virginis. . . : 7,10 LL > Qi — L22 Virginis. 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La grande série de couches paléozoïques que notre vénéré maître, M. d’'Omalius-d'Halloy, a désignée, il y a plus d’un demi-siècle, sous le nom de terrain anthraxifère, occupe, comme on sait, dans notre pays, une vaste sur- face, allongée à peu près de l’est à l’ouest et partagée, par un relèvement médian des schistes du terrain rhénan de Dumont, en deux massifs ou bassins incomplétement séparés, que l’on peut désigner sous les noms de bassin méridional ou du Condroz et de bassin septentrional ou de Namur, Le premier est remarquable par la puissance de ses diverses as$ises et par des ondulations qui ramènent plus ou moins souvent, suivant les lieux, les mêmes couches à la surface du sol. Le second, dont les diverses séries sont beaucoup moins épaisses , ne présente qu’un affleurement de chacune, à partir du système houiller qui en constitue l’axe; il nous offre ainsi une série symétrique, par bassins emboités, dont des failles suppriment souvent une portion sur l’un ou l’autre bord. Les assises dont nous allons nous occuper correspon- dent à celles que Dumont décrivit en 1830, sous les noms de systèmes quartzo-schisteux inférieur et calcareux inférieur; dans la Carte géologique de la Belgique, il les a réunis en un seul, auquel il a donné le nom de sys- tème eifelien, comprenant deux étages, et correspondant, comme il l’a indiqué sur sa Carte géologique de l’Europe, à ce qu’on appelle généralement devonien moyen. Ce sys- tème eifelien commence par les schistes et poudimgues (147 ) rouges de Burnot et se termine par le caleaire de Givet ou à stringocéphales. Dans une Note sur la constitution du système. eifelien dans le bassin du Condroz (4), je me suis proposé d’exa- miner quelles étaient la nature et la succession des diverses assises indiquées dans ce système et d'en fixer la limite supérieure , dans le bassin où il est le mieux développé. . Aujourd'hui, j'ai plutôt pour but d'attirer l'attention des géologues sur un fait capital, l'existence même de ce sys- tème dans le bassin de Namur. M. Gosselet, dans un im- portant travail (2), résultat d'observations habiles et con- sciencieuses, à contesté naguère le rapprochement établi par Dumont entre certaines couches de ce bassin et les types eïfeliens du bassin du Condroz. Dumont a certaine- ment donné trop d'extension à ce système, comme on l’a généralement admis; mais je vais essayer de démontrer que les eritiques de M. Gosselet ne sont pas bien fondées. J'aurais désiré pouvoir me livrer à une étude complète de ce bassin, avant de faire connaître mon opinion; mais, entraîné par des travaux urgents à l’étude des terrains tertiaires, qui absorbent tout mon temps, je ne crois pas pouvoir différer davantage de revendiquer pour Dumont la constatation d’un fait dont l'importance est capitale pour la classification de nos terrains primaires. En effet, Dumont trouve les premiers dépôts de ce bas- sin en stratification discordante sur le terrain rhénan; et, les rapportant au poudingue de Burnot, qui a suivi im- (14) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1861, 2me série, t. XI, p. 64. (2) Mémoire sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d'Avesnes el du Boulonnais ; Paris, 1860. Analysé dans la Revue univer- selle des mines, etc.; Liége, 1860; 1. VII, p. 487. ( 148 ) médiatement ce dernier sur le bord septentrional de lPAr- denne, il en conclut l’existence d’un soulèvement brusque qui a redressé les schistes rhénans du Brabant, et qui sert ainsi de limite stratigraphique entre le terrain rhénan et le terrain anthraxifère. Suivant M. Gosselet, ces premiers dépôts, au lieu d’être eifeliens, seraient condrusiens, et même de l’âge des psammites du Condroz; par conséquent, l’époque du soulèvement du Brabant reste indécise, et l’on ne peut en tirer aucun argument pour la classification de notre formation primaire. Dans l'impossibilité de vérifier tous les points cités par M. Gosselet, j'ai dû choisir une coupe, et mon choix s’est porté sur celle de Gembloux à Onoz. J'ai été guidé, en partie, par la circonstance qu’elle a été déerite par Dumont, et que, suivant M. Gosselet, c’est le point où l’on voit le mieux la succession des assises; mais la raison détermi- nante se trouve sur les cartes de mon savant maitre. Si l’on consulte la carte géologique de la Belgique, ou mieux, la carte du sous-sol, on voit le calcaire eifelien former, dans la moitié septentrionale du bassin, une longue bande étendue de l’ouest à l’est, d’Ath au sud de Nivelles, où elle disparaît sous des dépôts récents, puis de Sombreffe à Vezin, de Héron à Hueccorgne et enfin à Hozémont. L’étage quartzo-schisteux eifelien forme une bande ana- logue, comprise entre le calcaire du même système, au sud, et le terrain rhénan, au nord. Telle est la disposition générale : mais on observe une particularité remarquable au sud de Gembloux : les deux étages y forment une double bande. Cette disposition, qui pouvait tenir à un développement plus complet de la série, m'a conduit à Gembloux. Je dirai en passant que j'ai profité de l’occasion pour voir les schistes de Grand-Manil, où M. Gosselet à ( 449 ) trouvé quelques trilobites siluriens : M. Malaise, aujour- d'hui professeur à l'Institut agricole de l'État, à Gembloux, m'a conduit à ce gisement, où il a découvert une dizaine d'espèces du devonien rhénan, qu'il ne tardera pas à faire connaître; j'ai eu ensuite l'avantage de faire la coupe avec lui. Les diverses assises anthraxifères que l’on peut obser- ver le long de lOrneau, entre Gembloux et Onoz, pos- sèdent une allure assez régulière ; leur direction est environ est-ouest, comme celle du bassin, avec une inclinaison sud de 10 à 15°. Le fait est important à noter, d'autant plus qu'il paraît constant sur tout le bord septentrional de ce bassin ; il permet d'admettre avec toute probabilité que la série ne présente pas de répétitions de couches, par suite d’un plissement comme on en voit tant dans le bassin du Condroz. Suivant M. Gosselet, on observe la série suivante, de haut en bas : 1 Calcaire de la ferme Fanué. 20 Calcaire noir de Golzinne. 5 Calcaire noduleux à Spirifer Verneuili, de Rhisnes. # Grès schistoïde et poudingue. > Dolonrie cristalline grenue. 6° Schistes argileux à polypiers. 1° Caleaire d’Alvaux. Remarquons d’abord, en passant, qu’il existe entre le calcaire ou la dolfomie carbonifère et le calcaire de la ferme Fanué, une petite assise de psammites et de schistes qui représente celle que M. Gosselet appelle psammites des Écaussines et qui correspond aux psammites du Condroz, au moins, pour leur partie supérieure. Cette légère rectifi- cation n’est pas étrangère à la question, car M. Gosselet fait rentrer toute la série dans le devonien supérieur; et comme ( 430 ) il n’y a pas trouvé les espèces qu'il considère comme ca- ractéristiques des calcaires de Frasne ou des schistes de Famenne, mais bien la Terebratula boloniensis (Atrypa boloniensis, d'Orb., Prodr.), qui appartiendrait exclusive- ment à l’assise des psammites du Condroz et du calcaire d'Etrœungt, il rapporte à ce dernier niveau tous les eal- caires ci-dessus avec les schistes, les grès et les poudingues qui v sont intercalés. L'existence d’une série psammitique à sa place normale est un argument contre cette manière de voir. M. Gosselet a reconnu que le calcaire d’Alvaux repose, en d’autres points, sur un poudingue sans fossiles, diffé- rent de celui dont il vient d’être fait mention, mais, sui- vant lui, ce poudingue est en rapport si intime avec les calcaires qu’il ne voit pas la nécessité ni même les raisons de l’en séparer, pour le elasser à un niveau inférieur à celui des calcaires, c’est-à-dire des psammites du Condroz. C’est là ce que nous allons examiner. Pour nous, nous persistons à voir dans cette coupe les représentants de tous les étages anthraxifères, à peu près comme Dumont. Le calcaire d’Alvaux est le correspondant du calcaire de Givet; c’est du calcaire à stringocéphales. Plus heureux que M. Gosselet, qui n’y à pas trouvé de fos- siles, J'ai réussi à en découvrir qui sont caractéristiques. Dans la carrière qui se trouve à la rive gauche de lOr- neau, vis-à-vis d’Alvaux, j'ai rencontré üne coupe de co- quille bivalve, que sa grande taille et son épaisseur ne permettent pas de rapporter à autre chose qu’au Stringo- cephalus Burtini. Un peu plus à l’est et sur le plateau se trouve une petite exploitation dans laquelle un banc est riche en petits Spirifer lisses; j'y ai trouvé, en outre, quelques polypiers, qui sont restés indéterminés. Nos re- ( 401 ) cherches ont été plus heureuses dans la grande carrière qu'on trouve sur la rive droite, aussitôt qu'on à dépassé le hameau d’Alvaux; le calcaire qu'on y exploite ne montre aucun fossile dans son intérieur, mais il est traversé de fissures verticales dont les parois sont altérées et montrent de nombreux gastéropodes turriculés ; quoique la conserva- tion n’en soit pas excellente, quand on les compare à la Murchisonia bilineata, d'Arch. et de Vern., commune dans certains bancs du calcaire eifelien bien connu de Nismes, il ne peut rester de doute que ce ne soit la même espèce. La roche aussi est remarquablement la même. Le calcaire d’Alvaux renferme done une et probablement deux des espèces les plus caractéristiques du caleaire de Givet. Le même ordre de preuves m'amène donc à une conclu- sion tout autre que celle de M. Gosselet, et je dois ajouter que les conclusions de cet habile observateur ne découlent pas des faits qu'il a observés. En effet, quoiqu'il n'ait pas trouvé de fossiles à Alvaux, il applique au calcaire de cette localité une conclusion qu'il ne pouvait appliquer légiti- mement qu'au calcaire fossilifère de Bovesse ; c’est sans preûves que, dans le tableau où il résume (p. 95, /. c.) ses observations, 1l place ces deux calcaires au même niveau, en regard de fossiles qu'il n’a observés que dans l’un. Il n'aura pas remarqué que le premier ne forme sur la carte qu’une bande qui paraît se prolonger par Mazy et être aimsi supérieure au calcaire d’Alvaux; cette observation leût mis en garde contre un rapprochement qui ne s’est pas vérifié. Le système eifelien existe done ici, mais il n’est pas borné à son étage supérieur. Celui-ci repose sur un pou- dingue pisaire , gris brunâtre ou rougeâtre, que M. Gosselet ne mentionne pas dans sa coupe. Effectivement, il est peu ( 152 ) puissant , et nous ne l'avons pas vu dans le fond de la val- lée; mais on peut facilement l'observer sur la rive gauche, à cent cinquante mètres au sud-est du pont du moulin, dans les champs; et encore mieux un peu plus à l’est, aux Mautiennes, sur le chemin de Bossière. Ce poudingue in- férieur au calcaire de Givet est natureHement le représen- tant du poudingue de Burnot; de sorte que le système est aussi complet ici que dans la plus grande partie de notre pays; si l’assise des schistes et calcaires à calcéoles de Couvin n’est pas représentée, ce que je ne puis affirmer, cette disposition est habituelle en dehors de la partie ocei- dentale du versant nord de lArdenne. Cela étant admis, il ne peut plus être question de rap- porter aux psammites condrusiens exclusivement les as- sises supérieures à celles dont nous venons de parler. Je suis d'accord avec M. Gosselet pour les classer dans le de- vonien supérieur ou condrusien quartzo-schisteux; mais J'admets que les trois étages, calcaire de Frasne, schistes de Famenne et psammites du Condroz, y sont également représentés. Je pense, par exemple, que les calcaires bi- garrés qui, Comme marbre rouge, terminent souvent les calcaires de Frasne vers le haut, sont représentés 1e1 par un calcaire bigarré rougeñtre et jaunâtre, accompagné de schistes rouges, dont j'ai observé les affleurements sur la rive gauche du ruisseau, un peu au midi, c’est-à-dire un peu plus haut que le calcaire d’Alvaux, à mi-chemin entre le moulin et Mazy, dans le taillis qui couvre la côte. Mais la délimitation exacte de ces subdivisions n’est qu’une question de détail sans importance, sur laquelle je ne puis m'expliquer entièrement qu'après une étude attentive et minutieuse de tout le bassin. Je ne puis terminer ce sujet sans faire remarquer que ( 195 M. Gosselet à reconnu le calcaire eifelien dans cette bande à Hozémont ; il le suppose la continuation de celui de Visé, qui se trouve de l’autre côté du terrain houiller ; mais cette observation ne l’a pas conduit à admettre cet étage dans la constitution du bassin de Namur: « c’est, dit-il, que nous avons changé de bassin; nous avons quitté le bassin anthraxifère de la Belgique pour entrer dans celui d’Aix- la-Chapelle. Pendant l’époque devonienne, 11 y avait pro- bablement une sorte d'isthme qui empéchait les deux bas- sins de communiquer ensemble de ce cèté; cet obstacle n’a été surmonté que pendant le dépôt du terraim-houiller. » Je dois avouer que l'examen de la carte ne parle guère en faveur de telles vues sur la géographie physique de cette époque : je ne vois là qu’une hypothèse dont l'unique mé- rite est d'expliquer un fait qui s'explique naturellement par ce que j'ai établi plus haut. Après avoir reconnu l’exactitude des points fondamen- taux de la classification de Dumont, je dois montrer com- ment les observations des paléontologistes , surtout celles de M. Gosselet, doivent en modifier les détails d'application. Pour le dire en deux mots, il convient aujourd’hui d’abais- ser la limite entre l’eifelien et le condrusien, limite que Dumont, qui n'avait pu être guidé que par le caractère minéralogique, avait généralement placée à tort, comme nous l’avons montré dans la note citée plus haut, au-des- sus des schistes et calcaires de Frasne. Pour mieux farce comprendre les modifications dont je parle, je transeris ici la deseription qu’il a donnée de la coupe ci-dessus (1) : « Aux Moutinnes et près du moulin d’Alvaux, le phyl- (1) Memoire sur les terrains ardennais et rhénan, p. 455 ; Mém. de l’Acad, de Belgique , t. XX et XXII. ( 194 ) lade rhénan est grossièrement feuilleté, schisto-compacte ou schisto-terreux, d’un gris verdâtre sale ou gris jaunâtre sale par altération et ne renferme pas de grès. Aux Mou- ünnes, la direction des strates —107° (1) et l’inclinaison S. {7°E.—85"; près du moulin, la direction — 102! et l’incli- naison N. 12° O.—60°. » On voit au sud des Moutinnes le grès verdâtre et le poudingue du terrain anthraxifère inférieur en couches peu inclinées sur les tranches des couches du terrain rhénan. La partie inférieure de létage quartzo-schisteux eifelien parait manquer au sud du moulin d’Alvaux, d’où il résulte que le schiste gris fossilifère à bancs calcaires repose sans intermédiaire sur le terrain rhénan. » On trouve à Alvaux une carrière de calcaire gris bleu dont les bancs sont séparés par un peu de schiste qui en rend lexploitation facile (dir.=— 92°; incl. S. 2 E.— 12°), et plus loi une carrière dans laquelle on observe du cal- caire en bancs d’un à cinq décimètres, séparés par des lits de schiste. Ces calcaires appartiennent à la partie su- périeure de l’étage quartzo-schisteux. » L’étage calcareux du système eifelien commence vers la chaussée de Namur à Mazy, par des bancs à surface iné- gale, composés de rognons de calcaire argileux, séparés par de minces lits schisteux et renfermant beaucoup de fossiles (dir. 172°; mel. E. 8° S. — 18°). Cet étage se prolonge jusqu’à la ferme de Fanué. » On trouve ensuite soixante-dix mêtres de schiste ren- fermant dix mètres de calcaire et un banc de grès ferrugi- (1) Dans ce mémoire, Dumont indique les directions en comptant les degrés à partir du nord et en passant par l'ouest. ( 155 ) ueux, douze mêtresde calcaire, du psammite, de la dolomie et du calcaire condrusien. » Dumont ne faisait entrer dans l'étage quartzo-schisteux du système condrusien que la partie essentiellement schis- teuse et psammitique comprise dans le dernier alinéa. Tout le reste était eifelien ; il considérait la grande assise calcaire de Mazy (n° 1 à 5 de la coupe de M. Gosselet) comme re- présentant l'étage calcareux de ce système. Les couches inférieures (n° 4 à 7 de M. Gosselet) représentaient les schistes gris fossilifères, c’est-à-dire les schistes et cal- caires à calcéoles de Couvin; venait enfin le poudingue eifelien , partie inférieure de l'étage quartzo-schisteux. Nous avons dit que le véritable calcaire eifélien est le calcaire d'Alvaux; sans vouloir l’affirmer catégoriquement, nous ne croyons pas à la présence de l’assise à calcéoles, et nous faisons remonter dans le condrusien tout ce qui est supé- rieur aux calcaires d’Alvaux. En un mot, les observations paléontologiques nous obligent à faire descendre l’acco- lade placée vis-à-vis du système condrusien. Avec cette simple modification, les idées fondamentales de Dumont sont conservées, et la classification présente l’accord le plus satisfaisant entre les caractères minéralogiques ou stratigraphiques et les caractères paléontologiques. Après la lecture de cette notice, M. G. Dewalque à dé- posé une lettre cachetée dont il a demandé la conservation dans les archives : cette lettre, contre-signée sur l’enve- loppe par M. le directeur de la classe, est remise à M. le secrétaire perpétuel, pour être déposée dans les archives. (156) Note sur l’action de l'iode sur quelques sulfures organiques ; par MM. Aug. Kekulé et E. Linnemann. Les quelques expériences, que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie, ont été instituées dans le but de voir jusqu’à quel point une hypothèse que nous avions faite sur l'action de l’iode sur quelques sulfures, était exacte. Qu'il nous soit permis de rappeler les réactions de ce genre que nous avons en vue. Les acides éthyl-sulfocarbonique et éthyl-bisulfocarbo- nique (xanthique) engendrent, quand on traite les sels de ces acides par de l’iode, ue substances que Gerhardt désigne par les noms : CO, GES € 0, te H,S Persulfure éthyl-sulfocarbonique . . 6, H4, 0,8, — {Bicarbonate de bisulfure d’éthyle.) . Persulfure éthyl-disulfocarbonique . 64; H5, 04 S, = {Bioxysulfocarbonate d’éthyle.) co, Hs css GAS Ces corps n’entrent pas d’une manière nette dans la théorie des types, comme Gerhardt l'avait concu, et les parusans de cette théorie n’ont pas mieux réussi que Ger- hardt lui-même à trouver la clef de ces combinaisons un peu exceptionnelles. C’est ainsi que M. Limpricht, en par- lant de ces substances, dit, dans son Traité de chimie organique : « Nous sommes obligés d’avouer que la con- stitution du composé C4 H,9 > S,, que Debus appelle le bioxy-sulfocarbonate d’éthyle, nous est encore imconnue et qu’il nous manque, par conséquent, un nom propre à le désigner, » et plus loin : « Nous n’osons pas donner une formule rationnelle à la substance €, H,, 4 So. » La formation de ces deux corps s'explique cependant ( 197) d’une manière très-simple. L'iode en agissant sur deux molécules d’un sel de l’un ou de l’autre de ces deux acides en élimine le métal, en formant ainsi deux molécules d'un iodure métallique; les restes des deux molécules or- ganiques se réunissent, jouant chacun pour ainsi dire le rôle de radical monoatomique, et formant ainsi une sub- slance de la composition du radical dans le sens de la théorie des hydracides. Si l’on représente les acides éthyl-sulfocarbonique ct éthyl-bisulfocarbonique par des formules typiques, en les faisant dériver du type acide sulfhydrique, on a : CG: H, 0-: | G:H.-60-5$) Le] Le] PA S o 2 SN. H | H { Acide éthyl-sulfocarbonique. Acide éthyl-bisulfocarbonique. et pour les persulfures formés par l'action de l’iode : CG; H; 0) : CG; H; 0 S), EH 6. : Re NP Persulfure éthyl-sulfocarbonique. Persulfure éthyl-bisulfocarbonique. En adoptant ces formules on saisit facilement le carac- tère de bisulfure; on voit en effet que ces corps sont aux acides correspondants exactement ce que le bisulfure d’éthyle est au mercaptan. Cependant, pour rattacher ces deux acides au sulfure de carbone, qui leur donne naissance et surtout pour montrer l’analogie qu'ils possèdent avec les éthers de l’acide carbonique, on est obligé de les représenter par les formules suivantes, qui les font dériver du type intermé- digre : H ©: + ES : Co H; 0 C, H; 0- C" 6 es | Hi HS Acide ethyl-suifocarbonique. Acide éthyl-bisulfocarbonique. 2% SÉRIE, TOME XI. 17 ( 1958 ) Cette manière de voir fait saisir tout de suite une ana- logie parfaite entre ces deux acides et l’acide hyposulfureux, lequel, dans la nouvelle théorie des types, est représenté par la formule suivante, proposée par M. Odling : Acide hyposulfureux. Or on sait que cet acide, ou plutôt ses sels, perdent, sous l'influence de l’iode, un atome de métal pour donner ainsi un tétrathionalte; et on a donc pour cette substance minérale exactement la même réaction que celle que pré- sentent les deux acides organiques mentionnés. Les trois persulfures, formés par l’action de liode, se rattachent donc par les formules suivantes aux acides qui leur donnent naissance : C2 Hs lp G Hs He C'”’ 6. LS et S. | & ru ES H Ur H Ac. éthyl-sulfocarbonique. Ac. éthyl-disulfocarbonique. Ac. hyposulfureux. ie &, LH} sl 11 c'S J | FE ts, 11 S; = +4 G/’ -6- ç"S S 6, DE H, f © G, M H | 6 Persulfure éthyl-sulfocar- Persulfure éthyl-disulfocar - 4 23 RER bonique. bonique. Ac. tétrathionique. De ces réactions , lesquelles, si nous ne nous trompons, n’ont pas d’autres analogues, nous avons conclu que l’iode en réagissant sur un sulfhydrate présente en général une réaction de ce genre. Malheureusement les substances que l’on à examinées jusqu’à présent sous ce rapport possèdent une composition trop compliquée pour démontrer claire- ( 199) ment l'exactitude de notre manière de voir. Elles appartien- vent, non pas au type acide sulfhydrique, mais au type in- termédiaire de l'acide sulfhydrique et l’eau ; de manière que l’on doit admettre que pour eux l’action de liode s'exerce seulement du côté de la molécule où se trouve le soufre. Il nous a donc paru nécessaire d'essayer l’action de l’iode sur d’autres sulfures d’une composition moins compliquée ; et nous avons choisi en premier lieu les sulfhydrates les plus simples de la chimie organique, à savoir : le sulfhy- drate d’éthyle et l’acide thiacétique. Action de l’iode sur léthyl-sulfure de sodium. Nous avons préparé l’éthyl-sulfure de sodium par l’ac- lion du sodium métallique sur le mercaptan ; nous avons dissous une quantité pesée de ce sulfure dans de l’eau et nous avons ajouté de l’iode. Aussitôt 1l s'est manifesté une vive réaction, avec dégagement de beaucoup de chaleur, ét 1l s’est séparé une couche d’un liquide huileux qui s’est rassemblée à la surface. Nous avons ajouté ainsi une quan- tité d’iode égale aux deux tiers, à peu près, de la quantité indiquée par la théorie, et nous avons préféré de ne pas aller plus loin, pour pouvoir mieux purifier le produit. On a séparé ensuite la couche huileuse à l’aide d’un siphon, et, après lavoir lavée avec de l’eau, on l’a desséchée sur du chlorure de calcium et on l’a distillée. La presque totalité du liquide à passé à la température de 151°-152°; le point d’ébullition du bisulfure d’éthyle est à 151°. Un dosage du soufre nous a donné le résultat suivant : 0:',2658 ont donné : 1*,0129 de sulfate de baryte; cor- respondant à 52,26 p. c. de soufre; le bisulfure d’éthyle contient 2,49 p. c. (160 ) Action de l’iode sur les thiacélates. L’acide thiacétique à été préparé par la réaction indiquée par l’un de nous. Nous avons trouvé avantageux d'opérer de la manière suivante : on introduit dans une cornue 300 grammes de persulfure de phosphore (1) et 108 grammes d'acide acétique monohydraté, en employant une cornue assez spacieuse pour que le mélange en occupe aussi exactement que possible la moitié. On chauffe jus- qu'à ce que la réaction commence à se produire et on laisse ensuite celle-ci s’'accomplir d'elle-même. Nous avons obtenu ainsi, en opérant sur 1800 grammes de persulfure de phosphore et 650 grammes d'acide acétique, et en sou- mettant le produit à une seule rectification, 240 grammes d'acide thiacétique parfaitement pur et incolore, bouillant à 92°-95°, et, en outre, la même quantité à peu près d’un acide moins pur, bouillant entre 95°-110°. Nous avons fait réagir l'iode sur les sels de soude, de potasse et de baryte de l’acide thiacétique. La réaction est la même pour ces trois sels: 1! se forme un iodure métal- lique et du bisulfure d’acétyle. , Ca 5 0) 6, H, 6) S+L=2kI+, H, -0- {2 2 ; Pour la préparation du bisulfure d’acétyle, on prend une solution légèrement acide d’un thiacétate, et l’on x (1) Pour préparer ce sulfure de phosphore à l'aide du phosphore rouge et du soufre, il est avantageux d'employer du soufre pulvérisé au lieu des fleurs de soufre ; la réaction est moins violente et on peut, sans inconve- nient, préparer de très-grandes quantités à la fois. ( 161 ) introduit de l’iode pulvérisé par petites parties à la fois, en agitant le liquide. L'iode disparait rapidement et il se dépose un liquide huileux. On peut sans inconvénient in- troduire de l’iode jusqu'au moment où la couleur brune commence à devenir persistante; on n’a qu'à ajouter en- suite une petite quantité encore de thiacétate, pour enlever cet excès diode. Le liquide jaune, qui se trouve au fond du vase, est du bisulfure d’acétyle impur. La purification de ce corps est rendue diflicile parce qu'il contient toujours en dissolution du soufre, qui s’est formé par sa décomposition sous l'influence de Peau, et parce que l’on ne peut pas le soumettre à une distillation , sans qu’il se décompose entièrement. Voici la marche qui nous à paru la plus avantageuse pour la purification du pro- duit. On lave à l’eau froide, on dessèche sur du chlorure de calcium et on filtre. On obtient ainsi un liquide jaune, qui se solidifie peu à peu, si la température n'est pas trop élevée. On peut encore, pour ne pas perdre trop de ma- tière, ajouter de l’éther ou du sulfure de carbone à la sub- stance qui se trouve sur le chlorure de caleium et chasser ensuite le dissolvant en placant le liquide filtré dans le vide. Le bisulfure d'acétyle ainsi préparé est toujours coloré en jaune et contient un excès de soufre. Il est liquide à des températures supérieures à 20°, et il se solidilie entière- ment à 0°. Quand on le maintient pendant quelque temps à la température de 15°-17°, il se solidifie en partie. On sépare alors des cristaux la partie liquide, qui est toujours plus colorée que la matière employée. Les cristaux donnent après fusion un liquide moins coloré , que l’on soumet au même traitement. En répétant cette opération plusieurs fois, on obtient à la fin une substance sensiblement pure, mais qui reste toujours légèrement colorée en jaune. Une ( 162 ) purification complète ne réussit que de la manière suivante : on dissout les parties les moins fusibles dans une très- petite quantité de sulfure de carbone et on expose la solution au froid. Ordinairement il ne se forme pas de cristaux; mais quand on introduit un petit fragment de bisulfure solide, on voit se produire de gros cristaux, parfaitement transparents et incolores, d’une forme eris- talline très-bien définie , et qui ont quelquefois jusqu’à deux centimètres de longueur pour un demi-centimètre d'épaisseur. Le bisulfure d’acétyle pur fond à la température de 20°; il possède une odeur piquante un peu sulfurée ; il est in- soluble dans l’eau, mais il se dissout facilement dans l’alcool, léther et le sulfure de carbone. L’eau le décom- pose à la longue déjà à froid , et plus rapidement par l’ébul- lition; du soufre est mis en liberté et la solution contient de l’acide thiacétique , que l’on peut facilement reconnaître en le transformant en son sel de plomb caractéristique. Les alcalis et leurs carbonates le décomposent rapidement. L’acide nitrique concentré le détruit instantanément avec une sorte de détonation. Sous l’influence de l’acide nitrique étendu, on obtient de l'acide sulfurique, ainsi que de l’acide acétique; nous n’avons pas observé la formation d’une sulfacide organique. Le bisulfure d’acétyle se décompose par la chaleur. La distillation commence à 93° et le thermomètre monte continuellement jusqu’à 160°. Les premières parties du produit sont incolores; ce qui passe ensuite devient de plus en plus Jaune et il reste, dans la cornue, une matière charbonneuse. Aucune partie de ce produit distillé ne cris- tallise par le refroidissement; les premières nous parais- sent contenir de l'acide thiacétique. Ce produit distillé ( 163 }) ressemble d’ailleurs beaucoup au résidu que lon obtient dans la reetilication de l'acide thiacétique lui-même. Comme celui-ci, il provoque fortement'le larmoiement; propriété qui nous parait due à la présence d’une substance parti- culière, qui se forme encore par d’autres décompositions de l'acide thiacétique et de son bisulfure , et dont nous avons remarqué la formation dans la distillation sèche du thiacétate de plomb et encore par l’action du mercure sur le bisulfure d'acétyle. Le bisulfure d’acétyle pur a donné, à l’analyse, les ré- sultats suivants : 1, . .0,2572 gr. ont donné : 0,8022 gr. de sulfate de baryte; Le] 7 20, . . 0,2838 gr. — 0,8882 or. — = On en déduit : CH: 0.) ] rmule : hé PE Ch pour la fo CH 0! * CALCULÉ. TROUVÉ. a l 1] S — 42,66 49,78 42,91 Ayant eu à notre disposition, une quantité assez considé- rable d'acide thiacétique impur, c’est-à-dire contenant une petite quantité d'acide acétique, nous avons cru devoir l’employer pour faire une réaction qui nous a paru ne pas être sans intérêt. On sait que les partisans de la nouvelle théorie des types prétendent généralement que les acides monobasiques, dérivant d’une molécule d’eau comme type, ne peuvent pas engendrer l’anhydride correspondant en perdant sim- plement de l’eau. On regarde une telle réaction comme impossible, parce qu'il n’y a pas de l’eau dans la molécule ( 164 ) de l'acide hydraté. On conçoit aisément qu'un argument de ce genre n’a pas beaucoup de valeur. Il pourrait, en effet, très-bien arriver, que, dans un cas donné, deux molécules d’un acide hydraté se décomposent mutuelle- ment en donnant ainsi de l'eau et lanhydride. CH, 0 | GC, H, 0- | C, H: 0: | H ; Lo NS HP eh OÙ TIRE Ac, acétique. Ac, acélique. Anhydride ucélique. el on admet en effet des réactions analogues dans un grand nombre de cas. Si, pour les acides, la réaction ne se passe pas en ce sens, cela tient évidemment à ce que, sous linfluence des affinités en jeu, 11 y a une réaction exactement en sens inverse; c'est-à-dire que lanhydride se dédouble par l’action de l’eau en deux molécules d'acide hydraté. Or, on comprend que, tout en restant dans la même équation typique, mais en modifiant les éléments et, par suite, les affinités, on doit pouvoir arriver à une limite où le sens de la réaction se retourne. Si l’on remplace, par exemple, dans l'équation que nous venons de donner, l’oxygène typique par du soufre, et l'hydrogène par du plomb , on aura : C2 H; 0) PU LE 1 0) CG H: 9) “ S. 3 i S — S. S- NU Pb C: H: 0!) 00 Pal TU Thiacetate de Anhydride thia- Sulfure de Thiacétale de plomb. plomb. celique. plomb. Dans ce cas, il est certainement peu probable de voir l’anhydride thiacétique se dédoubler sous l'influence du sulfure de plomb, pour donner ainsi deux molécules de thiacétate de plomb; on doit s'attendre, au contraire, à ce que les deux molécules de thiacétate se décomposent mu- ( 165 ) tuellement, pour donner le sulfure de plomb et l'anhydride thiacétique. L'expérience nous a fait voir que la réaction se passe en effet dans ce sens; cependant la décomposition du thia- cétate de plomb n’est pas bien nette. Quand on chauffe ce sel à l’état sec, il se décompose à 150° environ. Il se forme du sulfure de plomb et un liquide volatil, qui se sépare par distillation. Ce produit ne possède pas de point d'ébul- lition constant. La partie bouillante à 120°, point d’ébulli- tion indiqué pour l’anhydride thiacétique, possède les pro- priétés de ce corps et sensiblement la même composition. C'est une huile légèrement jaunûtre , elle possède l'odeur caractéristique, elle est insoluble dans l’eau, mais elle se transforme, quand on la chauffe avec ce véhicule, en acide thiacétique. Un dosage du soufre nous à donné 14,78 9/;; l’anhydride thiacétique contient 15,68 0/,. Nous ne voulons cependant pas tirer trop de consé- quences théoriques de cette décomposition du thiacétate de plomb; on pourrait, peut-être, nous reprocher que le sel que nous avons employé n’était pas bien choisi; que, le plomb étant un élément au moms biatomique, on doit doubler la formule de son thiacétate; et que, par suite, ce sel contient du sulfure de plomb et de l’anhydride thiacé- tique, et qu'il peut ainsi se dédoubler comme le font les acides bibasiques. "Le 152 0- \ FR À C, H, -0- 2 ESS "© S + (Pr, S 11 " Sr H, 0 ) (Pb”’,) } A : Anhydride thia- Thiacetate de plomb. Pre Le thiacétate d'argent, que l’on aurait pu employer en- core pour celte réaction, possède malheureusement des pro- (00) priétés telles, qu’on ne peut pas le préparer en quantité suffisante pour une expérience de ce genre. Le thiacétate de potasse, de son côté, résiste à une température assez élevée; il ne se décompose qu’à 200° en se transformant en une masse noire, sans donner de produit volatil. La formation du bisulfure d’acétyle par l’action de l’iode sur les thiacétates, et la formation du bisulfure d’éthyle par une réaction analogue, nous paraissent démontrer que notre manière d'envisager l’action de l’iode sur les trois substances mentionnées dans le commencement de cette note est exacte. On peut donc représenter maintenant l’acide tétrathionique par une formule typique qui le rat- tache d’une manière assez simple à l’acide hyposulfureux, qui lui donne naissance ; et qui montre en même temps les rapports qu’il présente avec les autres acides du soufre dans lesquels la théorie des types admet le radical sul- furyl : S//-6,. Qu'il nous soit permis de réunir ici les formules par lesquelles dans la théorie des types on peut représenter ces acides du soufre. En donnant ces formules nous croyons cependant devoir faire une réserve; c'est que, dans notre opinion, la théorie des types, appliquée à la chimie minérale, ne présente aucun avantage saillant : qu'il convient, au contraire, ou bien de s’arrêter, comme le fait M. Odling, à des formules purement empiriques, écrites de manière à montrer les analogies et les relations; ou bien, que l’on doit, si l’on veut se rendre compte de la cause des phénomènes, adopter les principes de la théorie de l’atomicité des éléments, comme l’un de nous l’a pro- posé depuis longtemps. ( 167 ) Ce n'est que dans quelques cas et surtout pour les acides du soufre que les formules typiques représentent d'une manière simple les relations. On en jugera d’après le tableau suivant : s''0, S” 0.0 Anhydride sulfureux. | Anhydride sulfurique. H $' 6: FT | ©- Acide sulfurique. | Acide hyposulfureux. Acide hyposulfurique. Acide sulfurique de | (Dithionique.) Nordhausen. | | | (") Acide pentathionique ? On voit facilement que l’acide sulfureux est pour l'acide sulfurique ce que l'hydrogène est pour l’eau. L’acide hypo- sulfurique est, pour ainsi dire, l'acide sulfureux de l'acide sulfurique de Nordhausen. L’acide trithionique présente avec l'acide sulfurique de Nordhausen les mêmes relations que celles qui existent entre l'acide hyposulfureux et l’acide sulfurique ordinaire , etc. A ces corps se rattache encore l'acide tétrathionique, qui, comme nous l'avons démontré plus haut, doit être ( 168 ) envisagé comme le bisulfure correspondant à l'acide hypo- sulfureux. L’acide trithionique dérivant d’un type intermédiaire, formé par l’eau et l'acide sulfhydrique, pourrait, si cette manière de l’envisager est exacte, éliminer de l'hydrogène sous l'influence de liode, et engendrer ainsi un nouvel acide du soufre : S; 6,2 H,, lequel, dans la théorie dualis- tique, serait représenté par la formule : $; 0,,, HO. Nous sommes occupés à vérifier cette hypothèse par l'expérience, et nous nous proposons, en outre, de faire réagir liode sur l'acide thiobenzoïque et sur quelques sulfhydrates organiques d’une composition plus compli- quée. De l’âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil près de Gembloux; par C. Malaise, docteur en sciences, pro- fesseur à l’Institut agricole de PEtat, à Gembloux. On sait que Dumont considérait les assises inférieures des terrains neptuniens du Brabant comme appartenant à son terrain rhénan, et qu'il plaçait le gîte fossilifère de Grand-Manil près de Gembloux dans cette formation. Il a identifié la formation rhénane du Brabant avec celle de l’Ardenne, et il assure positivement que (1) « les » phyllades simples et quartzeux, parfois fossilifères, » de Gembloux, occupent, dans l'étage supérieur, ou (1) À. Dumont, Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan. 2me partie, Terrain rhénan, p. 268. (Mémoires de l'Académie royale de Bel- gique, tome XXIT, 1848.) ( 169 ) » hundsrückien du système coblentzien du terrain rhé- » nan, une position déterminée, analogue à celle des » phyllades fossilifères hundsrückiens de lArdenne et du » Rhin. » Depuis lors, M. Gosselet visita Grand-Manil, et il émit l'opinion, après examen des fossiles, que les roches des terrains anciens de cette localité appartiennent au silu- rien. Il dit y avoir rencontré (1) «un Trinucleus que l’on » peut rapporter à lornatus, une Calymene Voisine de » l'éncerta, le Leptæna depressa et cinq espèces d’Orthis. » M. Gosselet fait valoir en faveur de son opinion que, lorsque la Société géologique de France visita, en 1855, le gite fossilifère de Grand-Manil, elle y trouva une Caly- mene; celle-ci n’a jamais été déterminée, que je sache, mais on l’a prétendue voisine de la C. Blumenbachii, espèec silurienne. Aujourd’hui donc, on se trouve en présence de deux opinions : celle de Dumont, qui admet que le gite fossili- fère de Grand-Manil est rhénan, et celle de M. Gosselet, qui admet, au contraire, qu'il est silurien. Ce sont des considérations purement minéralogiques et stratigraphiques qui ont conduit Dumont à réunir les phyllades grossiers el, quartzeux fossilifères de Gem- bloux aux mêmes roches de lArdenne. Voyons maim- tenant si la paléontologie nous conduira à un résultat semblable. Dès notre arrivée à Gembloux, nous avons visité Grand- Manil, et, à différentes reprises, nous y avons récolté de A (1) Mémoire sur les lerrains primaires de la Belgique , des environs d'Avesnes et du Boulonnais ; par Jules Gosselet, p.52. Paris, 1860. QE à a LE nombreux fossiles. M. le professeur De Koninck a eu l'extrême obligeance de les déterminer, En voici la liste : Pleurotomaria, sp. n.? Cypricardia ? Conularia ? Phacops latifrons , Roem. — Sp. Homalonotus. Spirifer micropterus, Goldf. Orthis Murchisoni, de Vern. (Leptæna plicata, Sow. ). — Sedgwicki, d’Arch. et de Vern. — orbicularis, de Vern. Strophomena laticosta , Sandb. — piligera, Sandb. Leptæna depressa , Sow. — læniolata, Sandb. IE GYSpi Athyris, sp. Chonetes sarcinulata, Schl. sp. Cyathophyllum ? Les espèces dominantes sont les Orthis Murchisoni et orbicularis, de Verneuil. Lors d’une excursion géologique que M. le professeur Dewalque fit à Gembloux; en mai 1861, nous visitämes le gite de Grand-Manil : il y a également trouvé la plupart des espèces précitées. Il résulte de l’examen de ces fossiles que nous n’en avons rencontré aucun qui se rapprochàt du Trinucleus ornalus, ou dés Calymene incerta et Blumenbachii; nous n'avons, par conséquent, aucune forme silurienne. Ceux que nous avons trouvés appartiennent tous au dévonien, et la plupart sont caractéristiques du dévonien inférieur. M. Gosselet lui-même les donne, dans ses listes, comme dévoniens. CS. ) Depuis longtemps, M. De Koninck a rapporté au dévo- mien inférieur le rhénan de Houffalize, et l'opinion. du savant paléontologiste a été admise par Sir R. Murchison. Nous croyons done que la paléontologie vient donner une nouvelle preuve à l’appui de opinion de Dumont, — quant à l'identification des phyllades grossiers et quart- zeux fossilifères de Grand-Manil près Gembloux avec ceux de Houffalize et de l’Ardenne, — que ces deux forma- tions rentrent dans le système coblentzien de son terrain rhénan, et que, de plus, elles viennent se classer, par leur faune, dans le dévonien inférieur. (172) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 fécrier 1802. M. DE Decker , directeur. M. Ab. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. De Ram, Gachard, Borgnet, le baron Jules de Saint-Genois, Daxid, Snellaert, Haus, Leclereq, Baguet, Arendt, le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres ; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Juste, Guillaume, Wauters, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur adresse à l’Académie un exemplaire du compte rendu des opérations de la caisse des pensions des veuves et orphelins des fonctionnaires et employés du ministère de l’intérieur, pour l’année 1860. M. Gabba remercie l’Académie pour lobligeance avec laquelle elle à facilité l'impression de son travail sur le droit de succession, couronné précédemment; 1] Jui an- (173 ) nonce en même temps sa nomination de professeur de philosophie de droit à l'université de Pise. CONCOURS DE 1862. — PREMIÈRE QUESTION. Faire un mémoire historique et crilique sur la vie et les ouvrages d'Aubert Le Mire (Aubertus Miræus). La classe a reçu deux mémoires écrits en français et portant les devises : 1° Instar speculi ; 2° Aubertus Mirœus, assiduë laborans, feliciter ope- rans, perennare dignissimus. Les juges du concours sont MM. de Ram, De Smet et le baron Jules de Saint-Genois. QUATRIÈME QUESTION. Faire un exposé historique de Pancienne constitution brabanconne, connue sous le nom de JoYEusE ENTRÉE; en indiquer les origines el en apprécier les principes. Deux mémoires écrits en francais ont été reçus; Ils portent pour devises : 1° Non tamen pigebit, vel incondita ac rudi voce ; 1RCINO- riam prioris libertatis composuisse ; 2 Labor improbus omnia vincit. Les juges du concours sont MM. David, Grandgagnage et Gachard. 2% SÉRIE, TOME XUHI. 135 (174) SIXIÈME QUESTION. Comparer, particulièrement en Belgique, la condition physique, morale et intellectuelle des classes laborieuses, sous le régime des corporations et à l’époque actuelle. Il a été reçu un mémoire sans inscription. Les juges du concours sont MM. Faider, Devaux et De Decker. CONCOURS EXTRAORDINAIRE. Sur la proposition d’une personne qui désire garder l’anonyme, la classe des lettres avait accepté de juger les mémoires qui lui seront adressés en réponse à la question suivante : Exposer l’origine belge des Carlovingiens. Discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. La classe à reçu un mémoire écrit en français et portant la devise : Viribus unitis. Les commissaires désignés pour son examen sont MM. le baron Kervyn de Lettenhove, le baron de Gerlache et Polain. La classe avait reçu de plus un second mémoire rédigé en allemand, portant pour devise : Nonum prematur in annum; conformément aux prescriptions du programme, qui exigent que les mémoires doivent être rédigés en fran- cais, en flamand ou en latin, elle a décidé que ce travail ne pouvait prendre part au concours. (175 ) COMITÉ DE PRÉSENTATION POUR LES ÉLECTIONS. Le règlement intérieur de la classe des lettres porte que les présentations de candidats aux places vacantes sont faites collectivement par un comité, nommé annuellement et composé de trois personnes désignées au scrutin secret, comité auquel s’adjoint le bureau. La classe désigne, en conséquence, MM. Gachard, de Ram et le baron de Ger- lache comme membres de ce comité; ils se réuniront aux trois membres du bureau, MM. De Decker, Leclereq et Quetelet, pour faire les prochaines présentations. © — COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notes sur l'histoire lilléraire du moyen age; par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. V8 J'ai été souvent frappé de l’esprit d’abnégation qui portait les érudits d’un autre temps à laisser dans l’ombre leur propre renommée, tandis qu’ils transmettaient de gé- nération en génération le flambeau de la science : « Il » semble, écrivais-je 1l y a quelques années, que, gardiens » fidèles de ce que nous appelons la gloire, ils se soient » réservé à eux-mêmes le silence et l’oubli (1). » (1) Notice sur la Chronique de Gilles le Bel dans les Bulletins de l'Aca- démie. ( 176 ) Faudrait-il attribuer cette absence fréquente de données biographiques au dédain qui aurait atteint les lettres elles- mêmes ? Cette opinion me paraîtrait peu fondée. Dans la société religieuse, le nom de clergie confondait dans le même respect le sacerdoce et la science. Clément V, par une bulle de la première année de son pontificat, dé- clara que toutes les abbesses étaient tenues d'être lettrées (litteratae) (1). On montrait comme une relique, dans un monastère de l’ordre de Citeaux, à Arensberg, la main d’un religieux conservée entière et comme pleine de vice (vicida), et on avait soin d'expliquer ce miracle en ra- contant que cette main avait écrit un grand nombre de bons livres (2). Thomas de Cantimpré rapporte aussi que les doigts de Conrad de Villers, sans cesse étendus sur les feuillets, objet de ses études, reluisaient comme des cierges dans les ténèbres (instar candelarum in tene- bris) (5). Il en était de même dans la société politique. Édouard H, en protégeant Froissart, se souvenait que son docte maître, Richard de Bury, avait composé pour lui son traité De amore librorum , et sur une terre rivale, on écrivait sur le tom- beau d'Alain Chartier, qu’en appelant par ses écrits ses concitoyens à la défense de l’honneur national, il avait aussi bien servi son pays par sa plume que Dugueschin par son épée. Si dans quelques villes, on recevait assez mal les poëtes, en les assimilant aux ribauds que les magistrats de Cassel (1) Archives de l'Empire, à Paris. (2) Manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, n° 9575. Cet écrivain se nommait Richard l'Anglais (Richardus Anglicus). (5) Manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, n° 4458. (A ) condamnaient à avoir l'oreille percée d’un fer rouge, ce n'étaient là que de rares exceptions. Les marchands, qui formaient la bourgeoisie des cités aimaient généralement les jongleurs, et Guillaume de Barral va jusqu’à dire : Povre gent et jongleur Cherroient en vilete Se marchant n’en avoient Plus qu'autre gent pité (1). Quoi qu'il en soit, même parmi les hommes qui por- taient la couronne de la sagesse, viri sapientiae supernae diademate laureati (2), 1 n’en est que bien peu dont nous puissions retracer avee quelques détails la naissance, la vie et la mort, et il n’est peut-être pas inutile de chercher, par quelques notes recueillies au hasard, à suppléer à de si nombreuses lacunes. Notre point de départ sera l’ère des croisades : nous nous arrêterons dans cette rapide énumération de noms, au siècle de Charles-Quint. En 1269, au mois de décembre, Théald, archidiacre de Liége, achève un mémoire sur le passage d'outre-mer qu’il adresse au roi de France (3). Cet archidiacre de Liége s'était rendu lui-même en Palestine quand, moins de deux ans après , il devint pape sous le nom de Grégoire X. Je mentionnerai en passant un autre document de ce temps, sur lequel j'aurai à revenir. C’est une vie de saint Louis, composée par un contemporain, qui depuis six (1) Manuscrit n° 10576 de la bibliothèque de Bourgogne. Le nom de l'auteur manque dans le catalogue. (2) Manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne , n° 1484. (5) Archives de l'Empire, à Paris, J. 546/28/1e. (17862 siècles est restée inédite, bien qu'elle ait été consultée par l’anonyme latin publié par Surius. Voici comment l’au- teur, qui déclare avoir connu le saint roi (1), rapporte les belles paroles qu’il adressa à ses fils en partant pour l'Afrique : « Beau fils, pense que autrefois je ai passé la » mer et sui ores de grant aage, et la roine ta mère ense- » ment, et o la grâce Dieu, nous avons nostre royaume » tenu en pes et avons eu largement richèces, délices et » honors. Et.vois que pour l’amor Jesu-Crist, je ne es- » pargne à ma veillèce, ne ne me descoraige la consolation » ta mère, les délices, les honors. Je laisse les richèces, » je abandonne à Dieu et maine o moy toi et tes frères et » ta suer la graigneur, et le quart je menasse se il eust » aage convenable. Et ce je te di pour ce que quant te » tendras le roïaume emprès ma mort, tu ne espargnes » rien, ne fame, ne enfant pour Jésu-Crist, pour l’Église » et pour la foy défendre, et pour ainsi le faire, je donne » example à toy et à tes frères. » Le manuscrit que nous avons eu sous les yeux a été écrit avant 1506, pour Mahaut de Malines, qui épousa Maurice de Craon. Il est impossible de citer le nom de saint Louis sans rappeler celui du bon sire de Joinville. Une charte restée ignorée, si je ne me trompe, de ses commentateurs, nous apprend qu’en 1513, le sénéchal de Champagne, touché du dommage que ses cerfs et ses sangliers causaient au monastère de Saint-Urbain, lui donna cent quatre-vingts arpents de bois (2) : l’année suivante, Joinville signait le (1) Souvent, dit l’auteur, vi ’ vingt povres ayant bonne récréation en sa court. (5) Archives de l'Empire, à Paris. (4 ) premier la confédération des nobles et des communes contre Philippe le Bel. A-t-on remarqué que Joinville avait donné ou confirmé les priviléges d’une ville de commune à la cité dont il portait le nom? Une charte de 1505 men- tionne la commune de Joinville. Moins célèbre que Joinville, Sarrasin nous a laissé sinon une relation complète, au moins une lettre intéressante sur la croisade. Jean Sarrazin, tout bon serviteur qu'il était du roi, était un homme de finances et habitait le Temple (1). Il avait formé une association commerciale avec Pierre de la Brosse « pour faire trafic et marchan- dise. » Le capital, qui était de dix mille livres tournois, avait été fourni par Imbert de Beaujeu, connétable de France, Jean le Boutillier et Érard de Saint-Valéry (2). Puisque nous avons nommé Pierre de la Brosse, résu- mons sa biographie en disant que son père s’appelait Pierre comme lui, et était sergent de saint Louis, que sa mère était la fille de Matthieu de Samt-Venant, qu'il avait épousé lui-même Annette, fille de Brian de Senlis, bour- geois de Tours; qu'il avait d’abord été chirurgien et valet de chambre (3) de saint Louis, puis son chambellan; qu’il devint plus tard, en Afrique, panetier de Philippe le Hardi, et qu’il avait fait son testament en même temps que ce prince, qui l'avait nommé l’un de ses exécuteurs testamen- taires, en lui léguant une rente de cent livres parisis, par acte de dernière volonté dicté au camp devant Carthage (4). (1) Script. rer. franc., XXI , p. 356. (2) Archives de l’Empire, à Paris. (5) Cyrurgicus et valletus de camera (1261). (4) Archives impériales , à Paris. La reine Isabelle, par son testament fait à Cozença, en Sicile, nomma aussi Pierre de la Brosse l’un de ses exécuteurs testamentaires. ( 180 ) Pierre de la Brosse (nous analyserons peut-être quel- que jour son fameux procès) avait acheté une rente de cinquante livres à Jean de Fontaines. Celui-ci déclara, en la vendant, que son père, Pierre de Fontaines, l'avait reçue de saint Louis, et il existe, en effet, une charte de 1259, par laquelle saint Louis accorde à Pierre de Fontaines une rente de cinquante livres sur le Temple. Peut-être ce don représentait-il la part prise à la rédaction des Établis- sements par l’un des plus vénérables fondateurs du droit civil au moyen âge. En 1276, Pierre de Fontaines était receveur royal dans les sénéchaussées de Toulouse et d’Alby (1). | Vincent de Beauvais n’honora pas moins ce siècle par sa grande Encyclopédie du moyen âge (2). La bibliothèque de Bâle conserve son traité de consolation adressé à saint Louis super morte filii, et un autre traité offert à Margue- rite de Provence, De institutione filiorum principum. Qu'est devenu son livre de morte amici, que l’on montrait autrefois dans la bibliothèque de Saint-Martin de Tournay ? N'oublions pas que Guillaume de Lorris, le poëte, était le contemporain de Jean de Joinville, de Pierre de Fon- taines et de Vincent de Beauvais. En 1956, saint Louis donne à Modo de Lorris la maison de Courpalay avec le droit de chasser à l'oiseau et aux petites bêtes (3). Odon de Lorris était clere de saint Louis (4). Au quatorzième (4) Archives de l'Empire, à Paris. Voyez aussi, dans le registre de Philippe le Bel (Archives générales du royaume), une charte en faveur de Philippe de Fontaines (1510). (2) La bibliothèque de l’église Saint-Pierre, à Rome, possède de pre- cieux manuscrits du Speculum de Vincent de Beauvais. (5) Archives de l'Empire, à Paris. (4) Voyez l'Æistoire de saint Louis, par Tillemont. (181) siècle, Lancelot de Lorris provoquait en combat singulier tout ce que le parti anglais comptait « de chevaliers amou- reux. » N'est-1il pas permis de placer parmi ces noms, entre les noms de Joinville et de Guillaume de’Lorris, celui d’Alix d'Audenarde? Comme Joinvilie, Alix d’Audenarde avait pris la croix; mais elle se dispensa d'accomplir son vœu, en envoyant à Guillaume de Sorbonne et aux autres percepteurs du denier d'outre-mer, deux cents livres tour- nois (1). Un chevalier, qui laimait, partit pour Tunis, peut-être pour ne pas en revenir, mais avant de s'éloigner, il traca sur les Chroniques de la Bible (2), ces mots : Aalix, ma douce dame chière, je vous lace (laisse) le cuers de mi : serment de fidélité qui, aussi bien que les serments des princes, prenait à témoin le texte sacré de l'Évangile. On ne sait trop si Alix d’Audenarde faisait des vers, mais cela est fort probable, car on chantait dans les cours d'amour : .... La prus dame d'Audenarde Qui de bien faire ne se tarde. Faudrait-1l attribuer à Alix ces vers d’un registre sei- gneurial d’Audenarde (3), qui semblent se rapporter à saint Louis retiré en Syrie, après sa captivité d'Égypte, (1) Documents aux archives de l'Empire, à Paris. (2) Bibliothèque de Bourgogne, n° 9104 et 9105. (5) Manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, n° 1175. On lit aussi sur le feuillet de garde que ceux qui blâment les doux propos des chambrées de ce temps, sont plus coupables que les vainqueurs des chevaliers sous les murs de Courtray : Chius sont plus manans que mourdreurs, el sur tenés autres li pieur, qui reprendent en vilennie, parlers que on dist en compagnies. ( 182 ) et ému des nouvelles menaçantes qu’il recevait de son royaume : Petit guerdon me rend dur et amer, Dist li rois, par biau parlers piteusement. Franche , pour vo droit garder Voech mon corps abandonner piteusement. Or me vois enclos de mer, Ne vous puis reconforter nullement. Saint Louis nous conduit à Philippe le Bel; Guillaume de Lorris, à Jean de Meung ; l’auteur du traité De erudi- tione regum, à l’auteur du traité De regimine principum. Le pape Boniface VIIT annonce qu'il ne veut pas recon- naître Jean, qui a reçu du pape Célestin l’arehevêché de Bourges, cet qu’il en a disposé en faveur d’'Egidius : c’est Egidius Colonna, ou Gilles de Rome. Pierre de Belleperche fut l’un des conseillers les plus actifs de Philippe le Bel. Un manuscrit nous apprend qu'il fut professeur de droit, et qu’il fit un cours public De actio- nibus, qui fut recueilli par un Anglais nommé Guillaume de Brandestone (1). Vis-à-vis du légiste qui trouvait des arguments pour justifier toutes les usurpations du roi, il faut placer le poëte éloquent qui raconta le triomphe de la Flandre sous les murs de Courtray. Louis de Velthem est cité comme té- moin dans une charte du mois d'octobre 1339 (2), mais on ne peut le confondre avec un religieux du même nom, dont une colonne de lumière fit retrouver, dit-on, le corps entraîné par les eaux au milieu desquelles il s’était élancé (1) C’est le n° 5682 de la bibliothèque de Bourgogne. (2) Manuscrits Van Heurck, à la bibliothèque de Bourgogne. (185 ) pour sauver un enfant. Ceci se passait en 1596; l’auteur du Spiegel historiael eût véeu plus d’un siècle. Philippe le Bel avait protégé les lettres. Ce goût se dé- veloppa chez ses successeurs, et lon comprit de plus en plus que la science était l’une des qualités requises chez les princes et les gentilshommes. A ce titre, peut-être, on en écartait les Juifs, et, lorsqu’en 1521, on les accusa d’avoir reçu l’or des rois de Tunis et de Grenade pour empoisonner les fontaines, l’ordonnance royale qui les isola de la société en leur défendant même de se laver dans les rivières où s'étaient baignés des chrétiens, leur défendit en même temps de posséder plus d’un livre (1). Cependant depuis le Roman de la Rose, les lettres s’as- sociaient à la corruption des mœurs : elles n’enseignaient plus rien à ceux qui les cultivaient. En 1322, nous ren- controns une absolution pour meurtre accordée à Jean de Vignay, homme de fief de Félicité, femme de Jean de Louvain, seigneur de Montcornet. Ne pouvons-nous pas nous étonner de voir Jean de Vignay composer plus tard des traités de moralité pour le roi Jean de France (2)? Mais voici que, sous le règne du sage roi Charles V, les règles salutaires de la justice et du droit, et avec elles les généreuses traditions des lettres, reprennent leur empire, et rien n’est plus touchant que ces détails que nous offrent deux chartes peu connues sur le célèbre traducteur de Sénèque. Laurent Guillot, dit de Primefait, qui avait reçu les ordres mineurs, le 5 février 1378, des mains de Pierre, (1) Archives de l'Empire , à Paris. (2) Archives de l'Empire, à Paris. La bibliothèque de Bourgogne pos- sède plusieurs manuscrits de Jean de Vignay. ( 184 ) évêque de Troyes, achète, en 1404, la part de son frère dans l'héritage de son père Pierre Guillot et de sa mère Élison. L'héritage se compose d’une maison, d'une grange et d’un pourpris, sis au village de Primefait, et le tout est évalué trente livres (1). À côté de ces images de la prospérité et de la paix, sous le règne de Charles V, il en est d’autres qui retracent les revers du roi Jean. Gace de la Bingne achève son livre des Déduits au château d'Heldeford (2). Philippe le Hardi, pour qui il le composa, écrit sur ses heures cette prière : Deus, qui sanctorum tuorum Dyonisii, Georgii, Christo- phori, Blasii et Egidii memoriam agentibus, et eorum opem poscentibus, auxilium in tribulationibus promisisti, ipsorum nos, quaesumus, luere praesidiis, sicut fidelis es in omnibus verbis (3). Saint Denis et saint Georges étaient les protecteurs de la chevalerie, même dans la captivité. Un vieux livre tout froissé, tout usé, de problèmes du jeu d'échecs, écrit dans la seconde moitié du quatorzième siècle, repose à la bibliothèque de Bourgogne près du livre d'heures de Philippe le Hardi (4); n’appartint-il pas aussi à cet illustre prisonnier qui, à propos d’une partie d’échees, tira sa dague contre le Prince Noir? Le vif contraste que présente la brillante témérité de Philippe le Hardi et la sombre mélancolie de son fils, se manifeste dans le manuserit n° 11216 de la bibliothèque de Bourgogne, où l’on n’entretient Jean sans Peur que (1) Archives impériales, à Paris. (2) Manuscrit n° 11185 de la bibliothèque de Bourgogne. (5) —— n° 10592 - —- (4) — n°10502 = a ( 185 ) de sortiléges et de divimations, en lui dépergnant le diable comme l'arbitre et le dispensateur du gouvernement des royaumes. | Un autre traité de divination, où l'auteur s'excuse d’être peu habitué à écrire en français, ne serait-il pas de l’astrologue de Bologne, du père de Christine de Pisan (1)? J'aime mieux entendre le Vénitien Laurent Justiniani adresser au prince de Galilée, à un descendant des Lusi- gnan, une vie de Cimon, fils de Miltiade, en y joignant ce noble éloge de l’histoire : « Sachez, à prince! qu'il y a di- » verses branches des lettres qui peuvent être l’honneur et » l’ornement des hommes illustres, mais l’histoire est sur- » tout utile à ceux qui, comme vous, sont appelés à prendre » part à de grandes choses. L'histoire enseigne aux grands » comment ils doivent vivre, et elle ne peut être ni assez » honorée, ni assez cultivée, ni assez méditée. C’est l’his- » toire qui est l’aiguillon de la vertu, et combien sa mission » n'est-elle pas féconde, quand elle s'adresse à des princes » qu'anime déjà la passion de la gloire! » (2). Sans quitter l'Italie, mentionnons encore, parmi les manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne , un traité de Jean de Lignano, où une note nous apprend qu’en 1360 les guerres civiles l’obligèrent à congédier ses élèves à l’université de Bologne (5), et un recueil original de ser- mons , réunis à la prière de messire Andrioto del Maygno , par frère Jérôme, vice-comes ordinis praedicatorum, c’est- à-dire par Savonarole (4). 1) Manuscrit n° 11204 de la bibliothèque de Bourgogne. M =, no1465" = de (9) — n° 10848 — —— 4) — no 10757 — — Le catalogue, ‘occupant de ce précieux manuscrit, omet le nom de Savonarole, GE ( 186 ) Le moment est venu de rentrer dans nos riches et heu- reuses provinces, où écrivaient les Jean le Bel et les Frois- sart. Mentionnerai-je, dans le manuscrit n° 9591 de la bibliothèque de Bourgogne, l’oraison de sainte Marguerite, que le chanoine de Chimay réeitait chaque matin ? Feraï-Je remarquer qu'un Jean le Bel, condamné en 1510 pour Je ne sais quel délit, à être promené nu-pieds dans les rues de Paris, ne peut être le belliqueux et joyeux chanome de Saint-Lambert? (1) J'aime mieux terminer en rappelant que, vers la même époque, un des ancêtres du législateur du Parnasse s'était fixé sur les bords de la Meuse. Un siècle avant que Guillaume Boilewe, ou Boileau, fût rece- veur des rentes de la reine Charlotte en Languedoc (2), un demi-siècle avant que Charles V mourant instituât son sous-aumônier Hugues Boilewe l’un de ses exécuteurs Les- tamentaires (5), Jehan Boilewe était échevin de Liége (4). Était-ce un petit-fils du prévôt des marchands auquel nous devons Le livre des métiers de Paris ? Nous touchons au siècle de Philippe le Bon, et cette époque si féconde en chroniqueurs, en poëtes et en scribes, nous permettra de glaner dans des sources inédites d'anste notes biographiques. (1) Archives de l'Empire, à Paris. (2) Manuscrit n° 1180 (supplément français) à la bibliothèque Impériale , à Paris. (5) Testament du mois d'octobre 1574. Archives de l'Empire, à Paris. (4) En 1559. Manuscrits Van Heurck. (187) CLASSE DES BEAUX -ARTS. Séance du Ô février 1802. M. Van Hassezr, président de l’Académie. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, Jos. Geefs, Érin Corr, Fraikin, Ed. Fétis, De Busscher, Aug. Payen, membres ; Daussoigne-Méhul, associe. a —— << — CORRESPONDANCE. MM. Alphonse Balat, Aug. Payen et le chevalier Léon de Burbure remercient la classe pour leur élection de membres, et pour l’empressement qu’elle à mis à les in- former de cette décision. Un membre s’informe si les récipiendaires ont été pré- venus également de l’assentiment royal qui confirme leur nomination et qui se trouvait inséré dans les journaux de la veille. Il est répondu que l’annonce n’a pu être faite, la classe n'ayant pas encore reçu du ministère de l’intérieur com- munication de l'approbation royale. ( 188 ) — La classe s'occupe ensuite de différents objets d'ordre intérieur, qui n’intéressent pas directement ses travaux, etelle prend, après examen, des décisions sur les princi- paux points qui concernent ces questions. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Ed. Fétis, membre de classe, donne lecture d’une notice Sur la peinture monumentale. L'auteur prévient que les idées énoncées dans son écrit doivent être présentées dans une prochaine leçon publique sur histoire de Part, dont le cours lui a été confié par le Gouvernement; il n’a d'autre intention, en ce moment , que de connaitre l’opinion de ses collègues sur le sujet dont il aura à s’occuper. Con- formément à ses désirs, plusieurs observations sont suc- cessivement présentées par des membres, et envisagées dans leurs différents rapports avec l’histoire de l’art. OUVRAGES PRÉSENTES. Sur lu découverte du texte primitif de la chronique de Jeun le Bel; par M. Polain. Bruxelles, 1861; in-8°. Rapport sur les coutumes de Liége, de Stavelot et de Bouil- lon; par M. Polain. Bruxelles, 1862; gr. in-8°. Aux éditeurs des œuvres de Julien Chamard, pièce de vers; par André Van Hasselt. Bruxelles, 1862; in-8°. Vaderlandsch Museum voor nederduische letterkunde, ( 189 ) oudheid en geschiedenis, uitgegeven door C.-P. Serrure. IVä deel. Gand, 1861; in-8°. La Belgique sous le règne de Léopold L°" ; par J.-J. Thonissen seconde édition , t. IL. Louvain, 1861; in-8°. Quelques mots sur les premières inscriptions liégeoises écriles en langue romaine ; par U. Cfapitaine]. Liége ; in-8°. Notice sur les Atuatiques , le comté de Lomme et le comté de Namur; par le docteur L. Dinon. Namur, 1862 ; in-8°. La république du Paraguay; par Alfred M. du Graty. Bruxelles, 1862; in-8°. Journal des beaux-arts et de la littérature, IV®e année, n°° 3 et 4. Anvers, 1862; 2 feuilles in-4°. Messager des sciences historiques, ou archives des arts et de la bibliographie de Belgique, année 1861, 4"° livr. Gand, 1861; in-8°. Bulletin de la fédération des Sociétés d’horticulture de Bel- gique , 1861. Gand, 1862; gr. in-8°. Journal historique et littéraire, t. XXVIIT, livr. 40 et 11. Liége, 1862; 2 broch. in-8°. Annales d’oculistique , 25"° année, t. XLVIT, 1° et 2° livr. Bruxelles , 1862 ; 1 broch. in-8°. Flora batava, of afbeelding en beschrijving van nederland- sche gewassen, door wijlen Jan Kops, vervolgd door P.-M.-R. Gevers Deijnoot, 185°'° aflevering. Amsterdam, 1862; in-#°. Archives du Muséum d'histoire naturelle, publiées par les professeurs-administrateurs de cet établissement, t. X, livr. 3 et 4. Paris, 1861; 2 cahiers in-4°. Bulletin de la Société géologique de France, deuxième série, t. XIX, feuilles 7-12. Paris, 1861 à 1862 ; in-8°. Des avantages que présenterait en Algérie la domestication de l’autruche d'Afrique (Struthio camelus, Linné); par L.-A. Gosse. Paris, 1857; in-8°. Nouvelle biographie générale, depuis les temps les plus re- culés jusqu’à nos jours , publiée par MM. Firmin Didot frères, 2€ SÉRIE, TOME XIII. 14 ( 190 ) sous Ja direction de M. le Dr Hoefer, t. XXXVIIT. Paris, 1861; in-8°. Mémoires de la Société impériale d’émulalion d’Abberille, 1837 à 1860. Abbeville, 1861; in-8°. Revue sur le système d’inoculations curatives du doc- leur Télèphe Desmartis ; par J.-B. Corbiot. Bordeaux, 1859; in-8°. Philologie orientale appliquée, note chronologique sur les travaux de l’École vulgarisatrice. Nancy, 1862; in-8°. Précis analytique des travaux de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen , pendant l'année 1860- 1861. Rouen, 4861; in-8°. Revue agricole, industrielle et littéraire de l'arrondissement de Valenciennes, XIV" année, n° 1, janvier. Valenciennes, 1862 ; 1 broch. in-8°. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchätel, t. V, 3" cahier. Neuchâtel, 1861; in-8°. Die Fortschritte der Physik im Jahre 1859; dargestellt von der Physikalischen Gesellschaft zu Berlin. XV Jahrgang. Berlin, 1861; in-8°. | Archiv der Mathematik und Physik, herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXVII Thiel, 4 Heft. Greifswald, 1861; gr. In-8°. Neues Jahrbuch fur Pharmacie, und verwandte Fächer, Band XVI, Heft 6. Heidelberg, 1861; in-8°. Sitzungsberichte der künigl. bayer. Akademie des Wissen- schaften zu München, 1861, II, Heft 1. Munich, 1861, 1 broch. in-8°. Abhandlungen der philosoph.-philologischen Classe der koeniglich bayerischen Akademie der Wissenchaften. IX Ban- des, 2% Abth. Munich, 1861; in-#°. Ueber die lange Dauer und die Entwickelung des chinesis- chen Reiches , rede von Joh. Heinrich Plath. Munich, 1861; in-4°. (497 } Rede in der äffentlichen Sitzung der k. Akademie der Wis- senschaften am 28 November 1861 zur feier des allerhüchsten Geburtsfesten Sr. Majestät des K. Maximilian IT, gehalten von Justus Freiherrn von Liebig. Munich, 1861; in-#°. Gedachtnissrede auf Friedrich Tiedemann, von Th.-Ludw. Wilh. Bischoff. Munich, 1861; in-#°. Von der Bedeutung der Sanskritstudien für die griechische Philologie, Festrede von Wilhelm Christ. Munich , 1860; in-#°. Festgabe gewidmet der XX XVII Versammlung deutscher Naturforscher und Arzte zu Speyer, von deren I. Geschafts- fübhrer D° Joseph Heine. Spire, 1861; in-#°. Beilage zum Tagblatt der 56% Versammlung deutscher Nu- turforscher und Arzte in Speyer, vom 17 bis 24 September 1861. Spire, 1861; in-4°. Zu dem Nibelungenliede. Ursprüngliche Einheit im Epos und Dichter - Entwicklung des einheitlichen Grundplanes. — Au- torschaft nach Zeit, ort und Persünlichem. Spire, 1861; in-4°. Jahrbuch der kuiserlich-küniglichen geologischen Reichs- anstalt. XIXI Band, n° 1. Vienne, 1869; gr. in-8°. Olafs Saga hins Helga; udgivet af R. Keyser og C.-R. Unger. Christiania , 1849; in-8°. Foreningen til Norske fortidsmindesmerkers Bevaring. Aarsberetning for 1860. Christiania, 1861 ; in-8°. Samling af forskjellige Love, Resolutioner, Circulaerer M. V. vedrorende kongeriget Norges Handel og Skibfart : utgivet til Brug for de forenede Rigers consuler efter Foran- staltning af Departementet for det Indre. (Texte norwégien et français). Christiania , 1861; in-#°. Eihnographisk Kart; af J.-A. Friis, n° 1,2 et 5. Christiania, 1861; 6 feuilles in-fol. Norke Bygninger fra Fortiden (norwegian Buildings from {romer times, i tegninger og med Text, Udgivne af Foreningen til Norske fortidsmindesmerkers Bevaring. Andet Hefte. Chris- tiania ; in-fol. ( 192 ) Bulletin de la Société impériale archéologique russe, t. Let IL. Saint -Pétersbourg, 1859-1861; 2 vol. in-4°. (En langue russe.) Alla memoria dell illustre sapiente G. B. Biot, decano dell impériale Istituto di Francia, lettera di Caterina Scarpellini, al Ch. Sig. Cav. de Angelis. Rome, 1862; in-8°. Anuario del real observatorio de Madrid , tercer año , 1862. Madrid, 1862; in-192. Observations météorologiques faites à l’École polytechnique de Lisbonne, octobre à décembre, résumé de juillet à sep- tembre 1861. Lisbonne; in-plano. The quarterly Journal of the chemical Society, n° 54. Lon- dres, 1862; in-8°. The royal London ophthalmic hospital reports, and journal of ophthalmie medicine and surgery, vol. IF, n° 4. Londres, 1862; in-8°. | Journal of the geological Society of Dublin, vol. IX, part 1. 1860-61. Dublin, 1861; in-8. | Proceedings of the royal Society of Edinburgh, session 1860-1861, vol. IV, n° 55. Édimbourg, 1861; in-8°: Transactions of the royal Society of Edinburgh, vol. XXI, part 5. Édimbourg, 1861; in-4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1862. — No 5. CLASSE DES SCLENCES, Séance du 1” mars 1802. M. De Konixck, directeur. M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Sauveur, Wesmael, Mar- tens, Stas, Van Beneden, A. De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Bras- seur, Dewalque, #embres; Schwann, Lacordaire, Lamarle, associés ; Candèze, Steichen, correspondants. 2€ SÉRIE, TOME XI. 15 (194) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que M. Mar- tens, professeur à l’université de Louvain et membre de l’Académie, a été nommé membre du jury pour le prix quinquennal des sciences naturelles, en remplacement de M. Van Beneden, qui n’a pas accepté cette mission. M. le Ministre transmet aussi, pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire du tome XIII des Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles. — La Société des sciences naturelles de Neuchâtel, en Suisse, remercie l’Académie pour l'envoi de ses dernières publications. ; — La Société de pharmacie de Bruxelles demande à l'Académie d'échanger son bulletin contre celui qu’elle publie. — Accordé. — M. Cavalier fait parvenir le résumé de ses observations météorologiques, faites à Ostende pendant l’année 1861. M. Alfred Wesmael transmet également ses observations des phénomènes périodiques, faites à Vilvorde pendant la même période. | — La classe recoit les ouvrages manuscrits suivants et nomme des commissaires pour les examiner : 1° Méthode pour mesurer la parallaxe horizontale des astres, par J.-C. Houzeau, membre de l’Académie. (Com- missaires : MM. Quetelet et Liagre); 2° Note sur les logarithmes. — Note sur les surfaces de ( 195 ) révolution du second degré, par M. Loxhay, répétiteur à l’École militaire. (Commissaires : MM. Timmermans et Lamarle); 5° Observations tératologiques, par M. Alfred Wesmael (Commissaires : MM. Kickx et Martens). RAPPORTS. —— MM. Schaar et Quetelet avaient été nommés commis- saires pour l'examen d’un écrit de M. Liagre, concernant les Institutions de prévoyance en général et les assurances sur la vie en particulier. Conformément à leur avis, ce travail sera imprimé dans le recueil des Mémoires; mais, d’après les usages académiques, les rapports sur les travaux des membres ne sont pas publiés dans le Bulletin. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur le magnétisme et sur l'électricité statique et dynamique pendant les orages ; par MM. A. Secchi, directeur de l’observatoire de Rome et Ad. Quetelet, directeur de l'observatoire royal de Bruxelles. Lettre de M. Secchi à M. Ad. Quetelet. Rome, le 14 février 1862. “TPS Je vous en félicite, et je me réjouis d’être un des premiers à avoir le bonheur de profiter de votre ouvrage ( 196 ) (la Physique du globe) : ce qui m'intéressait le plus pour le moment, c’étaient les relations entre l’électricité et le magnétisme, Mais je vois que vous n’aviez pas encore assez apprécié ces relations à l’époque de la rédaction de votre travail : vous en parlez même un peu avec désavantage à la page 265. Je regrette que la lenteur de l'impression des mémoires de notre Académie ne me permette pas de vous adresser un deuxième mémoire sur cette matière; Yous x trouveriez parfaitement établie ma démonstration de la re- lation entre les variations météorologiques, et surtout de l'électricité et du magnétisme terrestre. Actuellement Je n'en saurais plus douter : pendant que je lisais votre bel ouvrage, J'ai eu 161 une confirmation de cette relation. » Le ciel était très-beau; le magnétomètre bifilaire très- régulier ; tout à coup le ciel commence à se troubler, et le bifilaire descend de quinze divisions. Un léger voile obscur se forme avec halo du côté du couchant, et le bili- laire descend un peu et remonte ensuite. Les nuages dis- paraissent; mais le bifilaire redescend de nouveau, et peu après il est évidemment en perturbation. Ce même soir, à neuf heures, tous les instruments sont en une légère per- turbation, mais le ciel est très-beau. Le lendemain matin, le temps est magnifique, et J'étais tenté de rire pour avoir cru que la perturbation annonçait un changement de temps; mais, à dix heures, les nuages apparaissent, et le 4, après midi, une bourrasque passa à l’est de Rome, sous notre vue, et nous donna même quelques gouttes de pluie. Ceci est un des cas innombrables qui sont arrivés, et je vous le cite, parce que je Hisais alors la page 265 de votre livre, qui parait peu favorable à cette théorie. » Je vous prierais d'engager l’un de vos assistants à faire quelques séries d'observations du bifilaire, surtout dans (AOT ) cette direction, et en le comparant soigneusement à l'état du ciel : vous trouverez que les changements de temps vous seront annoncés longtemps avant leur arrivée. » Du reste, je ne doute pas que cela ne soit dû aux cou- rants d'électricité, qui sont mis en jeu par les phénomènes météorologiques ; j'en ai la preuve dans la parfaite corres- pondance entre les mouvements du bifilaire et de l'aiguille du galvanomètre, introduite dans un conducteur télégra- phique de vingt-deux kilomètres. » Nous allons commencer iei systématiquement la publi- cation de nos observations météorologiques et magnétiques, avec une publication mensuelle dont vous recevrez le pro- gramme. Comme il parait très-intéressant de connaître les choses qui se passent loin de nous, je vous prie de nous honorer de votre correspondance. Pour que vous puissiez mieux connaître cette publication, je vous lenverrai au fur et à mesure qu’elle sera publiée. Ce que je désirerais le plus, ce serait de recevoir, à la fin du mois, une liste des maxima et minima du baromètre, avec les époques déduites de votre appareil graphique , pour IE comparer à mes propres observations. » Réponse de M. Ad. Quetelet. Bruxelles, le 50 février 1862. « J'ai lu avec intérêt la lettre que vous venez de m’adres- ser; je vous remercie pour la manière obligeante dont vous jugez mon travail Sur la Physique du globe et Vois que vous appréciez mes efforts pour en vérifier quelques points importants. Depuis longtemps, vos recherches se tournent (198 ) plus particulièrement de ce côté, et je remarque la même tendance chez plusieurs de mes correspondants habituels. Seulement, en parlant des idées qu’il s’agit de modifier, ils reculent peut-être devant la crainte de se mettre en oppo- sition avec les opinions généralement reçues. Je partage, je l’avoue, ces mêmes craintes; mais, en les suivant trop, on n’arriverait peut-être jamais à la vérité. » J'apprends avec plaisir votre projet de faire une pu- blication mensuelle pour votre pays et particulièrement pour votre observatoire. C’est ce qu'a fait avec succès M. Kæmtz pour l’université de Dorpat. Je recevrai avec reconnaissance les premiers numéros que vous voulez bien m’annoncer. La physique du globe et la météorologie en sont venues, je pense, à une époque de leur développement où il conviendrait d'examiner soigneusement les princi- pales lois sur lesquelles ces sciences reposent. Il faut, après un certain temps, que les théories passent par un examen semblable. Je puis me tromper, mais si l’on ne vérifie avec prudence les idées admises sur certains points, où finira par se trouver dans l'impossibilité d’aller plus loin. » Vous avez pu remarquer que, dans l’exposition des * faits, j'admets, autant que possible, les idées générale- ment reçues en théorie : ce n’est que vers la fin de mon ouvrage que j'élève quelques doutes sur plusieurs d’entre elles. L’exemplaire de cet écrit que je vous ai envoyé est le seul, je crois, qui jusqu’à ce jour ait dépassé nos frontières. Cependant j’ai fait connaître ma manière de voir à M. Her- rick de New-Haven, sur la nature et l’origine des étoiles filantes. Vous verrez bientôt la réponse de ce savant physi- cien, que j'ai insérée dans le Bulletin de l’Académie du mois de janvier 1862. Ses idées ne sont pas tout à fait les miennes : je pensais autrefois comme lui, mais, ainsi que (199 ) Chladni, Benzenberg, Brandès, ete., J'ai depuis changé d'opinion sur le lieu de formation de ce phénomène, qu'il est sans doute très-difficile d'expliquer en adoptant les idées actuellement admises. » Je ne me suis pas suffisamment exprimé sur les rela- tions entre l'électricité et le magnétisme. Ma conviction sur la similitude, et peut-être sur l'identité de ces deux fluides, est une des choses auxquelles je tiens le plus; mais, à la page 265, dont vous parlez, j'indique que les actions toutes spéciales des nuages électriques, en traversant l'atmosphère, produisent des effets locaux très-limités qu'il ne faut pas confondre, je crois, avec les effets magnétiques généraux, qui s’exercent simultanément dans les pays les plus éloi- gnés. C’est un sujet que j'ai eu l’occasion de considérer souvent dans mes écrits antérieurs et sur lequel je n’ai pas cru devoir revenir dans mon dernier ouvrage. » Les effets des orages se montrent avec énergie, quel- quefois à des distances qui ne dépassent pas deux à trois lieues : l'électricité statique et l'électricité dynamique éprouvent alors les perturbations les plus violentes, tandis que le barreau aimanté se déplacé à peine (1). Il semble- rait que les perturbations électriques croissent en raison - inverse de l'étendue de l'orage. » Au milieu des aurores boréales, au contraire, le ma- gnétomètre semble parfois aussi vivement affecté que l’élec- (1) On peut voir que, pendant les averses du 11 juin 1852 (tome XIX, 2me partie, page 318, des Bulletins de l'Académie), les deux montres pla- cées, l’une auprès du galvanomètre dans le bas de l'observatoire et l’autre près de l’électromètre sousla tourelle orientale de l’établissement, cessèrent tout à coup simultanément leur marche. Cette interruption dans le batte- ment des deux montres, observée en même temps par des personnes diffé- rentes, est un des faits électriques les plus remarquables que j'aie observé, ( 200 ) tromètre. Il est évident que les deux instruments éprouvent alors dés perturbations analogues, mais le foyer influent parait plus élevé dans l'atmosphère, et le champ d'action du phénomène n’est pas du tout le même. » Ainsi je ne prétends pas dire qu’au moment où écla- tent de grandes perturbations magnétiques, qui se font sentir à la fois dans le nord de l’Europe et de l'Amérique, le foyer‘ d'action se trouve en un point rapproché de nous comme pendant un orage. » Il faut bien remarquer que souvent, durant l'agitation de l'aiguille statique, non-seulement le barreau magné- tique, mais même l'aiguille de l'électricité dynamique, n'éprouve aucun dérangement. » Je vous remercie, du reste, pour les observatiohs que: vous voulez bien m'adresser. Je suis loin d’avoir la pré- tention de ne pas m'être mépris parfois sur le mode d’ac- tion de certaines forces. Si je me suis présenté le premier, c’est pour inviter mes amis à entrer également en lice. Je crois que les faits observés sont assez nombreux pour qu'on puisse aujourd'hui parvenir à des notions plus exactes sur les phénomènes qui ont été observés, et je compte spécialement sur votre concours comme observa- teur instruit. » Les sciences expérimentales se composent de deux parües distinctes : d’un côté, de l'observation des faits nou- veaux, et, de l’autre , de la théorie sur laquelle lexplication des faits repose. Je pense que l'observation doit précéder, mais sans négliger l'examen des causes, au point de laisser les faits sans explication probable, On a remarqué, et avec raison , que le besoin d'appuyer une théorie, qui peut-être sera rejetée ensuite, peut conduire à des faits ignorés qu'on aurait laissés dans Foubli : la théorie de l'émission et celle ( 201 ) des interférences, par exemple, ont tour à tour dominé avec avantage dans le champ de loptique et leurs succès n'ont tenu souvent qu'à des vérités nouvelles, qu'on devait au savoir et à la ténacité de leurs adhérents. » La météorologie fera, je l'espère, des pas immenses, mais elle doit acquérir du côté de la théorie tout autant que du côté de la partie expérimentale. On peut arriver à ce qui lui manque par différents chemins, mais il n’en est pas qui me semble plus large ni mieux à la portée des observateurs que le phénomène des étoiles filantes. L’ex- plication précise de cette branche importante produirait des résultats considérables dans l'étude de la météorologie, l'une des sciences les moins avancées pour Fe moment, bien qu'on puisse la considérer comme l’une des plus im- portantes. » Sur la non-existence du terrain houiller dl Menin . » par M. G. Dewalque ‘ membre de l'Académie. On sait que notre bassin houiller de Mons se prolonge souterrainement en France, recouvert par des terrains plus récents, vers Valenciennes, Douai et Béthune. Dans ces dernières années, les recherches paraissent avoir pris une autre direction, et plusieurs sondages ont été entre- pris au nord de ce bassin, dans l'espoir de rencontrer de la houille. J’ignore entièrement quelles considérations ont porté à admettre l'existence d’un second bassin houiller au nord de Taille : toujours est-il qu'un sondage a été entre- pris , il y a cinq ans, à Halluin, à quatre lieues de cette ville et près de Menin. Dans la séance du 16 avril 1858 de la Société géologique de France (Bulletin, t. XN, p. 461), ( 202 } M. l'ingénieur Meugy l’a fait connaître en détail : il croyait y voir le terrain houiller, le calcaire carbonifère et les schistes, les psammites et le calcaire dévonien; aussi a-t-il conseillé de nouvelles recherches au nord de ce point. Quoique cette opinion ait été plus ou moins contestée par MM. Dormoy, Delanoue et Gosselet, on a exécuté, à Menin , un sondage que l’on vient d'arrêter, après avoir tra- versé sans succès trois cent six mètres, dont les cent vingt derniers paraissent constitués exclusivement de schistes noir bleuâtre. Notre honorable confrère, M. Ad. De Vaux, a bien voulu m'apprendre que ce travail, soumis à une com- mission d'ingénieurs belges et français, a été abandonné. Je comptais déposer ici, sous pli cacheté, le résultat de mes observations sur une question qui à pour moi tant d'intérêt; mais les journaux politiques nous ayant appris que la commission avait été loin d’être unanime, et que de nouvelles recherches allaient être poussées dans la même direction, je erois le moment venu de dire ce que j'en pense. Je regrette heaucoup de ne pouvoir donner la coupe détaillée de ce forage; je n’ai même pas été assez heureux pour voir la série complète des roches primaires que l’on a rencontrées ; mais le peu que j'ai vu suffit pour que je sois convaincu que cétte grande série de schistes appar= tient au système coblencien du terrain rhénan. S'il en est ainsi, il est clair que toute nouvelle recherche au nord de Menin est parfaitement superflue : on retom- bera sur les roches coblenciennes jusque vers Thielt, où l’on rencontrera probablement le système inférieur ou gé- dinnien du même terrain rhénan, système dont j'ai con- staté la présence dans les sondages de Laeken et d’Ostende. ( 205 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 mars 1862. M. De Decker, directeur. M. An. Querezer, secrétaire perpétuel. « Sont présents : MM. Grandgagnage, de Ram, Gachard, le baron J. de Saint-Genois, David, Snellaert, Leclercq, Polain , Baguet, Faider, Arendt, le baron Kervyn de Let- tenhove, Chalon, membres ; Nolet de Brauwere Van Stee- land, associé; Defacqz, Thonissen, Th. Juste, Wauters, correspondants. MM. de Selys-Longchamps, membre de la classe des sciences, et Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur a fait parvenir trente et un exemplaires du quatrième volume de la Correspondance de Philippe IL sur les affaires des Pays-Bas, publiée par M. Gachard, membre de l’Académie. Ces exemplaires se- ront distribués aux membres de la classe. ( 204 ) — Le comité du Congrès international de bienfaisance, qui doit se réunir à Londres, le # juin prochain, envoie plusieurs exemplaires de son programme. — M. H.-E. Bonnell, de Berlin, accuse réception de son mémoire mapusérit sur les Carlovingiens, qui n’a pu être admis au dernier concours, comme ne satisfaisant pain aux termes du programme. — La classe recoit, à titre d'hommage, les onvrages im- primés suivants : 1° Rapport sur les coutumes de Liége, de Stavelot et de Bouillon, par M. Polain, membre de l'Académie; 2° La Belgique sous le règne de Léopold I", HI"° volume, par M. Thonissen, correspondant de l'Académie; 3° Vader- lansche Museum voor nederduitsche letterkunde, IN deel, par M. C.-P. Serrure, correspondant de l’Académie. — M. Kervyn de Lettenhove annonce qu’un comité s’est formé récemment à Paris pour offrir à M. de Caumont une médaille d’or destinée à rappeler les services si éclatants et si persévérants rendus par ce savant à l’archéologie chré- tienne. Depuis longtemps, l’Académie royale de Belgique a l'honneur de compter M. de Caumont parmi ses associés, et M. Kervyn de Lettenhove sera heureux de transmettre au comité qui à bien voulu l'admettre au nombre de ses membres, les noms des souscripteurs qui prendraient part à cet acte de légitime gratitude. ( 205 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Gachard donne lecture d’une notice sur le feld-maré- chal prince Charles-Joseph de Ligne; ce travail se rapporte particulièrement aux relations du prince avec sa patrie. M. Thonissen donne ensuite communication d’une no- üice sur la vie et les travaux de Nicolas Cleynaerts, orien- taliste de l’ancienne université de Louvain , que ses gouts et ses travaux avaient porté successivement en France, en Espagne et en Afrique. ‘: Ces deux notices, destinées à être lues dans la séance publique de la classe du mois de mai prochain, seront in- sérées au Bulletin de cette séance. Un mot encore sur l'étude du latin; par M. Baguet, mem- bre de l'Académie. La dernière lecture, relative à l’enseignement, que j'ai eu l'honneur de faire à la classe (1) avait pour but d’indi- quer un procédé particulier tendant à fortilier l'étude de la langue latine. J’eus en même temps l’occasion de rappeler les deux moyens que notre honorable confrère M. Devaux nous avait précédemment signalés comme étant les seuls (1) Bulletins de l'Académie, 2° série, t. V. p. 54 ( 206 ) propres à renforcer l’étude de cette langue. Le premier de ces moyens, disait-il, c’est-de faire rentrer dans son an- cienne insignifiance l’enseignement des matières autres que le latin; le second, c’est d'étendre la durée générale des études moyennes. Cependant, comme j'eus soin d’en faire la remarque, notre honorable confrère n’a pas hésité à reconnaitre que les besoins réels de la société ne permettent guère de son- ger à l'emploi du premier moyen, et que l’application du second froisserait des idées trop répandues aujourd’hui sur la durée des études. Depuis lors, un autre de nos confrères, mon savant ami M. Roulez, a, dans une circonstance solennelle (1), appelé de nouveau l’attention sur l’emploi de ces deux moyens. Comme M. Devaux, il croit aussi que, l’enseigne- ment ayant dû être mis en harmonie avec les besoins du siècle et les progrès de la civilisation générale, personne n’oserait songer à réduire considérablement le nombre des matières et à revenir à l’ancien programme. Quant à l’au- tre moyen, 1l ne partage pas l’avis de notre honorable confrère. Il ne reste, dit-il, d'autre alternative qu’une augmentation du nombre des années d’études. Si M. Roulez ne recule pas devant l'application de cette mesure, bien qu'il né s’attende nullement, comme il en convient, à ce qu’elle reçoive un accueil favorable de la généralité du public, cela s'explique facilement. Partant de ce principe que la langue latine constitue la base des humanités, convaincu, d’un autre côté, que le perfection- (1) À la dernière distribution des prix du concours universitaire et du concours général entre les établissements d'instruction moyenne. ( 207 nement des méthodes, les examens de passage dans les différentes classes des colléges, l'institution des concours généraux et enfin l'établissement de l'examen gradué en lettres ne peuvent nous donner lespoir que les études la- tines se releveront de leur infériorité actuelle, M. Roulez devait nécessairement arriver à la conclusion qu'il a for- mulée. Aussi, j'ai hâte de le reconnaitre, les raisons qu’il a développées à l'appui de sa thèse sont, à mes yeux, une nouvelle preuve de cette logique serrée, de cette force d’argumentation que la classe à toujours distinguée dans tout ce qui sort de la plume de notre savant con- frère. Si donc je me permets de ne pas me déclarer partisan de la mesure que M. Roulez propose, c’est que son point de départ, le fondement de sa thèse, ne me paraît pas être en harmonie avec les besoins du siècle et les progrès de la civilisation. Eh quoi! l’on tient compte des tendances de l’époque pour maintenir à côté du latin les autres matières que ces tendances réclament, et, d'autre part, on se re- fuse à en tenir compte, afin de pouvoir conserver au latin la place qu’il occupait à bon droit dans le passé! Que de fois n’ai- je pas entretenu la classe du résultat de mes réflexions sur la nécessité de changer la base de l’enseignement moyen en réservant l’étude des langues anciennes aux trois dernières années des humanités ? Je le sais, un changement de ce genre ne peut s’opérer que lentement; mais ne sommes-nous pas aujourd’hui bien loin du temps où le latin était, pour ainsi dire, la langue universelle, la langue indispensable dans toutes les rela- tions littéraires et scientifiques? Ceux d’entre nous qui ont fait leurs études universitaires avant l’époque de notre émancipation politique ont été témoins des derniers efforts ( 208 ) lentés pour perpétuer l'usage de cette langue. Alors le latin était encore la langue officielle des universités : c'était en latin que se faisaient les cours, les examens et les dis- sertations inaugurales. Tout cela à disparu irrévocable- ment; pourquoi donc envier à la langue maternelle cette prépondérance qu'elle à acquise et qui ne cesse de grandir de jour en jour? Mais, dit M. Roulez, ce n'est pas seulement pour con- naitre les langues anciennes qu’on les étudie, c’est encore parce que cette étude est l'instrument le plus parfait pour la culture de lesprit, qu’elle développe ses forces et l’oblige à travailler le plus sur lui-même. Loin de moi la pensée de méconnaitre les nombreux avantages qu'offre l'étude approfondie des langues an- ciennes, à l’enseignement desquelles j'ai déjà consacré les deux tiers de ma vie! La classe voudra bien me rendre cette justice que dans toutes les considérations relatives à l’enseignement que j'ai eu lhonneur de lui soumettre, jamais je n’ai eu d’autre dessein que de contribuer à rendre les études plus fortes et plus sérieuses. Si plus d’une fois J'ai parlé expressément de la nécessité d'accorder à l'étude de Ja langue maternelle une place plus large dans nos pro- grammes, c'est que l’expérience m'a prouvé qu'il est pos- sible de faire étudier la langue maternelle par les élèves comme on veut qu’ils étudient une langue ancienne. Aussi ne puis-je m'empêcher d'exprimer le regret qu’en persis- tant à donner, d’une manière absolue, la préférence à la langue latine pour le développement des facultés de Pme, on n’ait point rencontré les arguments que j'ai si souvent produits à l'appui de l’opinion que je défends (1). Toute- (1) Voir particulièrement la notice intitulée : Examen d'une objection ( 209 }) lois, je suis heureux dè pouvoir imvoquer en faveur de cette opinion le témoignage de notre honorable confrère M. Van de Weyer dont les titres à la reconnaissance de l’Académie et des amis des lettres ne sont ignorés d'aucun de nous. Dans son projet de loi de 1846 pour la réorgani- sation de l’enseignement moyen, il adopta la distribution des matières que j'avais proposée l’année précédente (1). Mais, pour revenir à mon sujet, en admettant même que, comme instrument pouvant servir à l'exercice et au déve- loppement des facultés intellectuelles, le latin l'emporte sur la langue maternelle, ne sommes-nous pas forcés d’avouer que l’enseignement, aussi bien que toute autre institution humaine, ne peut rester indifférent aux exi- gences et aux besoins de l’époque? Quoi qu'il en soit, je suis convaincu que l'élève dont l'esprit aura été soigneusement cultivé pendant un certain nombre d'années, à l’aide de la langue maternelle, n’en sera que plus apte et beaucoup mieux disposé à aborder l'étude du latin. Son application sera plus sérieuse et ses progrès plus sûrs et plus rapides. Cette étude nouvelle, il l’envisagera non comme un but, mais comme un moyen d'instruction. Et, comme Je l'ai dit dans une de nos séances, lorsqu’à la lecture et à l’interprétation des auteurs anciens viendront se joindre des exercices dans l’art d'écrire, il comprendra que ce n’est pas en vue de lui faire acquérir le talent, désormais superflu, d'exprimer ses pensées dans une langue morte que ces exercices lui sont prescrits; il y verra uniquement un moyen propre à lui faire saisir relative à la langue maternelle, considérée comme base de l’enseigne- ment. BULLETINS DE L’ACADÉMIE , t. XXII. {re partie, p. 575. (1) Considérations sur l'organisation des colléges. Louvain, 1845. 2° SÉRIE, TOME XIII. 16 ( 210 ) mieux toutes les nuances, toutés les finesses, tous les secrets de style et à le rendre capable, en parcourant et en admirant les trésors de l'antiquité, d’y puiser les vrais principes du goût et le sentiment du beau (1). Ajoutez à cela que les connaissances dont il aura ainsi enrichi son esprit recevront une application immédiate dans l’usage de la langue maternelle. Elles lui procureront des ressources précieuses non-seulement pour augmenter Ja puissance de son jugement, mais même pour épurer, pour perfectionner son style. Si, après cela, il se décide à prendre part aux concours de la classe, il trouvera des juges heureux de n’être plus dans la nécessité d’écarter un mémoire pour cause d’incorrection et d’imperfection dans la forme. (1) Bulletins de l’Académie, t. XXI, 2e partie, p. 401. (211) CLASSE DES BEAUX -ARTS, Séance du 6 mars 1862. M. Van Hassezr, président de l’Académie. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont presents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, Fr. Fétis, Navez, Jos. Geefs, Érin Corr, De Braekeleer, Fraikin, Par- toes, Ed. Fétis, De Busscher, Balat, Payen, le chevalier de Burbure, membres. M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de la classe ‘des lettres, assiste à la séance. ZT CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’intérieur, qui fait parvenir une expédition de l’arrêté royal du 51 janvier, approuvant l'élection de MM. Alph. Balat et Aug. Payen, en qualité de membres titulaires de la classe des beaux-arts (section d'architecture), et de M. le chevalier Léon de Burbure, à la section de musique. — M. Van Hasselt présente une pièce de vers de sa com- ( 212 ) position, intitulée : Aux éditeurs des œuvres de Julien Chamard. M. E. de Coussemaker, associé , fait parvenir également une traduction, faite par lui, en notation moderne, d’une messe du treizième siècle. — Remerciments. — M. le secrétaire perpétuel dépose le vingt-huitième Annuaire de l’Académie royale de Belgique, qui vient de paraître. Outre les documents relatifs à l’organisation de l’Académie, à ses règlements, à ses travaux et à ses con- cours, on y trouve des notices sur Félix Bogaerts par M. Edm. De Busscher, sur Léonard Jehotte par M. Alvin, et les discours prononcés sur les tombes de Bruno Renard et Tilman Suys par M. Van Hasselt, ainsi que celui de M. F. Fétis, aux funérailles de M. François Snel. RAPPORTS. M. le secrétaire perpétuel rend sommairement compte de l’état des finances pour l’année 1861 , d’après le règle- ment des comptes que viennent d'approuver la commission administrative de l’Académie et les commissions spéciales de chacune des trois classes. M. Ed. Fétis fait connaître que l’état des finances de la Caisse centrale des artistes belges, dirigée par les soins de la classe des beaux-arts, est également dans un état très- prospère : son avoir ne tardera pas à atteindre la somme de cent mille francs. Il ne pouvait être donné de pension ( 213 ) aux veuves et orphelins des artistes malheureux qu'après le terme de dix années ; jusqu’en 1860, il n'avait été ac- cordé que des subsides temporaires. Pendant le dernier exercice, il a été accordé deux pensions, dont les valeurs annuelles, quoique peu élevées, sont plus que doubles du versement total fait par les artistes défunts pendant les dix années de leur participation à la Caisse centrale. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Fétis père fait une communication verbale sur la découverte des œuvres de Mathias Van den Gheyn, com- positeur de musique et organiste de l’église Saint-Pierre à Louvain; découverte due à M. le chevalier Van Elewyck, de Louvain. D'après les ouvrages de ce maître qu’on est parvenu à recueillir, M. Fétis le place à côté des plus grands musiciens du dix-huitième siècle. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de La Commission royale d'histoire ou recueil de ses bulletins , 2"° série, €, TEE, 3° et 4% bulletins. Bruxelles, 1861; in-8°. Collection de mémoires sur l’histoire de Belgique, seizième siècle : Mémoires de Francisco de Enzinas, texte latin inédit ( 214) avec la traduction francaise du seizième siècle en regard, 1543- 1545 ; publiés avec notice et annotations par Ch.-Al. Campan. Tome Ie, 1"° et 2° parties. Bruxelles, 1862; 2 vol. in-8°. De la situation et des besoins des caisses de prévoyance en faveur des ouvriers mineurs ; examen des comptes des années 1856-1860; par M. Aug. Visschers. Bruxelles, 1862; in-8°. Trois tiers de sou d’or semi-romains, ou imitations bar- bares franques du type byzantin; par A. Namur. Bruxelles, 1862 ; in-8°. Fastes des calamités publiques survenues dans les Pays- Bas et particulièrement en Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours; par Louis Torfs. — Hivers. — Tremblements de terre. Tournai, 1862; in-8°. Rapport ou exposé sommaire des actes posés et des travaux accomplis par l’Institut archéologique liégeois pendant une période de dix ans; par Alb. d’Otreppe de Bouvette. Liége, 1862; in-8°. Lettres à M. le docteur P.-J. Van Meerbeeck, de Malines, sur une publication de R. Dodoëns inconnue des bibliophiles ; par C. Broeckx. Anvers, 1862; in-8°. Nederduisch letterkundig jaerboekje, voor 1862. Gand; in-12. Idées sur l’enseignement civil ; par M. J. Bruxelles, 1862; in -8°. Revue populaire des sciences , rédigée par J.-B.-E. Husson, jme année, n® 1 à 5. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. Revue universelle des arts, 7%° année, 14° vol., n°° 10 à 12. Bruxelles, 1862; 3 broch. in-8°. L’abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun. VIII" année, 1° à 5° livr. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. Revue de la numismatique belge, 5° série, t VE, {°° livr. Bruxelles, 1862; in-8°. Revue de l'instruction publique en Belgique, nouvelle série, t. V, n% 1 à 5. Bruges, 1862; 3 broch. in-8°. ( 215 ) La Belgique contemporaine, revue mensuelle , 2°° année , t. DIE, dre à 5e livr, Liége, 1862; 5 broch. in-8°. Journal historique et littéraire, t. XXVIT, livr. 12. Liége, 1862; in-8°. Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur, en 1861. Namur, 1862; gr. in-8°. Annales de l’Académie d'archéologie de Belgique, t. XVI, 3e et 4e livr. Anvers, 1861; 2 broch. in-8°. Journal des beaux-arts et de la littérature, IV"° année, n° 5. Anvers, 1862; 1 feuille in-4°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie. 20" année, 54%° vol., janvier à mars. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. Bulletin de la Société de pharmacie de Bruxelles, 6”° année, n® 1 à 5. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, 11° année, 1% à 3"° ca- hiers. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. La presse médicale belge, XIV”* année, n° 1 à 12. Bruxelles, 1861-1862; 12 feuilles in-4°. Annales de la Société de médecine d'Anvers, 25"° année, livr. de janvier à mars. Anvers, 1862 ; 5 broch. in-8°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers, 18° année, janvier à mars. Anvers, 18692; 5 broch. in-8°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges, XXW®° année, septembre et novembre 1861. Bruges, 1862; in-8°. Le Scalpel, XIV”: année, n° 17 à 24. Liége, 1862; 8 feuilles in-#°. L’illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, 9% vol., 1° à 5° livr., janvier à mars. Gand, 1862; 5 broch. gr. in-8°. La Belgique horticole, journal des jardins, rédigé par Édouard Morren, 1862, 1° à 3° livr. Liége; 3 broch. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie ( 216 ) des sciences, par MM. les secrétaires perpétuels, t& LIV, n°1 à 15. Paris, 1862; 13 broch. in-#°. Revue de linstruction publique en France, 21% année, n° 40 à 52. Paris, 1862; 15 doubles feuilles in-4°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée, par M.F.-E. Guérin-Méneville, 2"° série, t. XIV, n°% 4 à 5. Paris, 1862; 3 broch. in-8°. Presse scientifique des Deux - Mondes, année 1862, t. Ie", n®5 à 6. Paris, 1862; 4 broch. gr. in-8°. Novus codex diplomaticus Brandenburgensis, von D' Adolph-Friedrich Riedel, XXI-XXIT Bandes. Berlin, 1861 ; 2 vol. in-#°. Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preus- sischen Rheinlande und Wesphalens, XVIII Jahrgang, 1-2 Hälftes. Bonn, 1861 ; in-8°. Jahres-Bericht de physikalischen Varess zu Frankfurt an Main für das Rechnungsjahr 1860-1861. Franefort S/M, 1862; in-8°. Gôüttingische gelehrte Anzeigen. Unter der aussicht der kÿ- nigl. Gesellschaft der Wissenschaften. Jahr 1861. Gottingue; 5 vol. in-12. Nachrichten von der Georg-Augusts Universitat, und der künigl. Gesellscheft der Wissenschaften; vom Jahre 1861. Got- tingue ; 1 vol. in-12. Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstalt ; von D' A. Petermann, 1862, I und IIL Gotha; 5 cahiers in-4°. Neues Jahrbuch für pharmacie und verwandte Füächer, Band XVII, Heft 1. Heidelberg, 1862; broch. in-8°. Heidelberger Jahrbucher der literatur, unter Mitwirkung der vier Facultäten, LV Jahrg., janvier à mars. Heidelberg, 1862 ; 5 broch. in-8°. Sitzungsberichte der künigl. bayer. Akademie der Wissen- schaften zu München. A861. IX, Heft 2. Munich, 1861 ; in-8°. ( 247 ) Az erdélyi muzeum-egylet évkünyvei, 1 Kôtet. Szerkesztette Brassai Samuel. Kolozsvärtt, 1861 ; in-4°. Bullettino nautico e geogra/ico. Appendice alla corrispon- denza seientifica di Roma, vol. 4 , n° 12. Rome, 1862; 1 feuille in-#°. | Nota al rapporto del chimico Dumas intorno alle scoperte spettroscopiche dei sig. Bunsen e Kirckhoff con documenti ; del cav. prof. Franc. Zantedeschi. Venise, 1862; in-8°. Observations météorologiques faites à l’école polytechnique dé Lisbonne, résumé: des mois de juin à août. Lisbonne, 1861; in-folio. Trabalhos do observatorio meteorologico do infante d. Luiz na Escola polytechnica, 7° anno, 1861. Lisbonne, 1862; in- folio. Programme du Congrès international de bienfaisance et Na- tional association for the promotion of social science, session convoquée à Londres pour le 4 juin 1862. à l’occasion de l’ex- position universelle. Londres, 1862; in-#°. Catalogue of a geological and geographical collection of minerals from the artic regions, from cape Farewell to Baf- fins bay; by the late sir Charles Giesecké. Dublin ; in-8°. Short account of experiments made at Dublin, to determine the azimuthal motion of the plane of vibration of a freely sus- pended pendulum , [by Samuel Haughton]. Dublin, 1851; in-8. On the use of the hygrometer in the measurement of heights, [by Samuel Haughton]. Dublin, 1855; in-8°. On the reflexion of polarized light from the surface of transparent bodies , by Samuel Haughton. Édimbourg, 1855 ; in-8°. | On some new laws of reflexion of polarized light ; by Sa- muel Haughton. Édimbourg, 1854; in-8°. On the solar and lunar dicernal tides of the coasts of Ire- land ; by Samuel Haughton. Édimbourg, 1856; in-8°. On the tidal currents of the irish sea; considered with re- 2€ SÉRIE, TOME XI. 17 (28 ) ference to cases of shipwreck ; by Samuel Haughton. Dublin, 1860; in-8°. On the natural constants of the healthy urine of man, and a theory of work founded thereon; by Samuel Haughton. Dublin, 1860; in-8°. The tides of Dublin bay and the battle of Clontarf, 25° april, 4014; by Samuel Haughton and James Henthorn Todd. Dublin, 1861; in-8°. The american Journal of science and arts, conducted by prof. B. Silliman, Jr., and James D. Dana. Seconde série, n° 97. New-Haven, 1862; in-8°. BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1862. — Nc 4. CLASSE DES SCLENCES,. Séance du à avril 18062. M. DE Koxixcx, directeur. M. An. QuerEeLeT, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, Mar- tens, Cantraine , Kickx, Stas, Van Beneden , A. De Vaux, de Selys-Longchamps, du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, membres; Schwann, Spring, Lacordaire, La- marle, associés; Maus, Gloesener, Montigny, Steichen, correspondants. 2e SÉRIE, TOME XII. 18 CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition de son arrêté par lequel M. le vicomte B. du Bus, membre de la classe des sciences de l’Académie, est nommé mem- bre du jury pour le prix quinquennal des sciences natu- relles, en remplacement de M. de Sely “HS qui n’a pas accepté cette mission. — L'École impériale polytechnique de France remercie l'Académie pour l’envoi de ses dernières publications. — Le Cercle archéologique du pays de Waes fait con- naître qu'il a résolu de publier la biographie de Philippe Verheyen, célèbre anatomiste du dix-septième siècle, et d’ériger son buste à Verrebroek, village du pays de Waes où il naquit en 1648. M. le directeur dépose la liste de souscription qui lui est parvenue. — La classe reçoit de M. de Selys-Longehamps les ob- servations des phénomènes périodiques du règne animal qu'il à faites à Waremme avec M. Michel Ghaye pendant l’année 1861 ; et le catalogue des observations semblables, faites à Bruxelles, par MM. Vincent père et fils. Elle reçoit, en même temps, l'exposé de l’état de la vé- gétation, au 21 mars dernier, d’après les observations faites à Waremme par MM. de Selys-Longchamps et Michel Ghaye; à Liége, par M.-G. Dewalque; à Melle, près de ( 221 ) Gand, par M. Bernardin, et à Jemeppe, par M. Alf. de Borre. — M. Edmond Bultinck, d’Ostende, fait parvenir une notice manuscrite sur l'électricité médicale. (Commis- saires : MM. Duprez et Poelman.) RAPPORTS. Observations tératologiques ; par M. Alf. Wesmael. Rapport de M. Kickx. « La notice de M. Alf. Wesmael a pour but de faire connaitre en détail deux phénomènes tératologiques qu'il a observés aux environs de Vilvorde, l’un sur le Juncus lampocarpus, l’autre sur lé Carex acuta. La métamorphose de l'appareil floral en une touffe bractéiforme est assez fréquente chez le Juncus prénommé, ainsi que chez quelques espèces voisines, telles que le J. acutiflorus et uliginosus, tandis qu’elle est rare chez les Juncus lenuis, squarrosus et bufonius, et qu’elle n’a ja- mais été observée, croyons-nous, dans les luzules, malgré leur étroite affinité avec les jones proprement dits. La chlo- ranthie n’est, du reste, pas toujours également com- plète, quelques glomérules restant parfois normaux; elle est souvent aussi accompagnée d’une prolification de l'axe, et alors la touffe bractéiforme surmonte l’inflorescence or- dinaire. Ce sont ces diverses chloranthies qui constituent les ( 222 ) prétendues variétés vivipares des J. lampocarpus, ete., décrites dans la plupart des flores, variétés qui ne sont en réalité que des formes luxuriantes. La cause occasion- nelle qui les produit doit évidemment être une de celles qui provoquent un afflux de sexe vers les sommités flo- rales, et il serait curieux de s’assurer si, comme on Pa dit, la piqure d’un insecte aphidien , la Livia juncorum, Latr., contribue à déterminer cette exubérance de végétation. L'autre cas tératologique décrit par M. Wesmael est une prolification axillaire floripare de lépi femelle du Carex acuta. L’analogie physiologique des divisions péri- goniales avec la bractée et avec la feuille, analogie sur laquelle auteur insiste beaucoup, ne saurait faire l’objet. du moindre doute. Moquin-Tandon, qui cite plusieurs mo- difications tératologiques de cette nature, n’hésite même pas à établir que des bourgeons peuvent se développer à l’aisselle de tous les éléments de l'appareil floral, opinion à l'appui de laquelle ou peut citer plusieurs faits bien constatés. ri Les deux phénomènes ont été étudiés par l’auteur avec beaucoup de soin. Nous avons l’honneur de proposer à la classe de voter l'impression, dans le Bulletin de la séance, de l’intéressante notice de M. Wesmael et des deux plan- ches qui s’y trouvent jointes. » Conformément aux termes de ce rapport, auxquels à souscrit M. Martens, second commissaire, la notice de M. AÏf,. Wesmael sera insérée au Bulletin. (225 ) Sur les dérives pyrogenés de l'acide malique et de l'acide citrique; par M. Auguste Kekulé, professeur à luniver- sité de Gand. Rapport de M. Slas. « Le nouveau travail présenté par M. Kekulé à l’Aca- démie est la continuation de ses Recherches sur les dérivés pyrogénés de l'acide malique et de l'acide citrique. On se rappelle que le savant chimiste est parvenu à transformer en acide succinique les acides maléique et fumarique. Cette transformation s’accomplit par une addition directe d’hy- drogène. Il a montré, de plus, que ces deux acides isomères se combinent directement au brome pour donner nais- sance à deux acides isomères de l'acide bibromo-sucei- nique. Il existe trois dérivés de l’acide citrique, isomères entre eux et homologues des acides maléique et fumarique : ce sont les acides itaconique, citraconique, et mésaconique. Or M. Kekulé a prouvé que l'acide itaconique se con- vertit, sous l'influence de l’amalgame de sodium, en acide pyrotartrique homologue de l'acide sucecinique, et qu'il se combine directement au brome pour produire de l'acide pyrotartrique bibromé, homologue de l'acide bibromo-suc- cinique. Il résulte des nouvelles recherches de M. Kekulé que les acides eitraconique et mésaconique soumis, comme leur isomère, à l’action de l’hydrogène dit naissant, pro- duit, soit par l’amalgame de sodium, soit par l'acide iodhy- drique, se transforment également en acide pyrotartrique et que, par leur contact avec le brome, ils se. combinent directement , par addition, à deux atomes de brome, et forment ainsi des acides qui présentent la composition de l’acide pyrotartrique bibromé. Mais, fait bien digne de re- ( 224 ) marque, les trois acides pyrotartriques résultant ainsi de l’addition directe du brome aux acides itaconique, citraco- nique et mésaconique, n’offrent pas les mêmes propriétés : ils sont isomères au lieu d’être identiques. Ces acides se comportent done absolument, à l’égard de l'hydrogène et du brome, comme le font, vis-à-vis de ces mêmes corps, leurs homologues les acides maléique et fumarique, les- quels fournissent l’un et l’autre, avec l'hydrogène de l'acide succinique identique et avec le brome, des acides bibromo- succiniques isomères, au lieu d’être identiques. L’acide bibromo-pyrotartrique provenant de lacide ci- traconique et que M. Kekulé désigne par le nom d’acide citra-bibromo-pyrotartrique pour rappeler son origine, peut se transformer en acide crotonique mono-bromé, lequel peut lui-même passer à l’état d’acide butyrique. M. Kekulé termine son remarquable et important travail par des considérations très-ingénieuses sur la cause pro- bable à laquelle il croit pouvoir attribuer le fait que les acides maléique et fumarique, et les acides itaconique, citraconique, mésaconique, produisent, en se combinant à l'hydrogène, les uns de l’acide succinique, les autres de l'acide pyrotartrique identiques, et donnent, au contraire, en s’unissant au brome, les uns des acides bibromo-succi- nique , et les autres des acides bibromo-pyrotartrique seu- lement isomères. Il trouve la cause de ces différences dans le fait que les acides succinique et pyrotartrique renfer- mant chacun deux atomes d'hydrogène dits typiques, c’est-à-dire capables d’être remplacés facilement par des radicaux, contiennent l’un deux paires d’atomes, l’autre trois paires d’atomes d'hydrogène, combinés au carbone. L'existence de ces deux paires d’atomes d'hydrogène dans l’acide suceinique, et des trois paires d’atomes d’hydro- ( 225 ) gène dans l'acide pyrotartrique, explique, suivant lui, la possibilité et la cause de l'existence de deux acides de sub- stitution isomères pour le premier, et de trois acides de substitution isomères pour le second. En effet, rentrant dans cet ordre d'idées, on conçoit la formation d’un 1so- mère, suivant que l’une ou l’autre paire d’atome d’hydro- gène de l'acide succinique ou de l'acide pyrotartrique est enlevée et remplacée par du brome. Mais tout en recon- - naissant que cette explication fait concevoir la possibilité du fait et qu’elle est des plus ingénieuses, 1l ne me paraît pas cependant qu'il ne faille y attacher qu’une importance relative comme à toutes les spéculations qui ont pour but l’arrangement ou la position des molécules dans les com- posés. M. Kekulé, d’ailleurs, a prouvé par son beau travail même que les idées que les chimistes se sont faites de la nature des produits de substitution doivent être entière- ment réformées. En faisant la découverte inattendue que les composés de substitution peuvent se produire par simple addition d'éléments, il a sapé par sa base l’opi- nion admise qu’un corps qui se substitue à un autre oc- cupe nécessairement la place du corps qu’il remplace. II faut que j'ajoute que M. Kekulé lui-même sent que son hypothèse exige un fondement plus solide que celui qu’il à pu lui donner dans sa note. Il espère nous le fournir par sa théorie sur l’atomicité des éléments. Nous ne sau- rions trop l’engager à exposer dans leur ensemble ses idées sur cette doctrine, laquelle, si elle est impuissante à expli- quer tous les faits connus et même à les embrasser tous, permet du moins de rattacher les propriétés intimes des composés aux propriétés des éléments qu’ils renferment. Je reviens au travail lui-même. Le mémoire présenté à l'Académie renferme un grand nombre de faits nouveaux, ( 226 | exposés avec autant de sobriété que de lucidité, L’habileté et la pénétration bien reconnues de l’auteur nous sont un sûr garant qu'ils ont été bien observés et qu'on doit les considérer comme définitivement acquis à la science. Dans ieur ensemble, 1ls constituent à nos yeux un progrès con- sidérable pour la chimie organique. En conséquence, J'ai l'honneur de proposer à l’Académie d'ordonner l'impression du travail de M. Kekulé dans le Bulletin de ses séances, de lui voter des remerciments pour sa communication et de l'engager à exposer dans leur ensemble ses idées sur l'atomicité des éléments. » Conformément aux conclusions du rapport, la note de M. Kekulé sera insérée au Bulletin. M. Steichen, correspondant de l’Académie, avait éga- lement soumis au jugement de l’assemblée un Mémoire sur le calcul des variations. MM. Schaar, Timmermans et Lamarle avaient été chargés de l’examiner; un rapport fa- vorable à été présenté par le premier de ces membres, qui a demandé limpression du travail. « Le mémoire, a-t-il dit, a pour objet l'examen des conditions auxquelles est assujettie la variation de second ordre d’une mtégrale dé- finie dans les questions de maximum et minimum, qui sont du domaine du calcul des variations. Le procédé est nouveau et se distingue des résultats connus par une plus grande simplicité et par la facilité avec laquelle il se prête aux applications. » La classe à confirmé le jugement de ses commissaires ; mais M. Steichen l’a priée d’ajourner l’im- pression, désirant rattacher à son travail une seconde partie qui doit le compléter. COMMUNICATIONS ET LECTURES. —— Sur les paratonnerres, notice par M. F. Duprez. « L'Académie a été consultée plusieurs fois par le Gou- vernement sur des questions relatives aux paratonnerres. Dans une note que j'ai rédigée à ce sujet et qui a été in- sérée au Moniteur (1860, p. 5455), j'ai fait ressortir les dangers auxquels sont exposés les édifices dépourvus de paratonnerres, et j'ai montré, en m'appuyant sur de nom- breux exemples, le degré de confiance qu’on peut avoir dans lefficaeité des moyens employés pour se garantir des effets de la foudre. A la suite de cette note, le Gouverne- ment ma fait demander, par l'intermédiaire de l’Acadé- mie, de me charger de la rédaction d'une nouvelle note contenant une instruction sur le placement des paraton- nerres. C’est cette nouvelle note que j'ai l’honneur de déposer aujourd’hui. Je m’y suis proposé de mettre les administrations publiques à même de surveiller Pétablisse- ment des paratonnerres, en leur indiquant les principes et les règles qui doivent servir de guide dans la construction de ces appareils. J'ai emprunté, à cet effet, mes rensei- gnements aux différents rapports adoptés par l’Institut de France sur le même objet, et aux écrits des physiciens qui se sont occupés des paratonnerres d’une manière spéciale. » La notice de M. Duprez sera adressée au Ministre de l’intérieur, et des remerciments sont votés à l’auteur pour la rédaction de ce travail. ( 298 ) De la variation annuelle de l’inclinaison et de la décli- naison magnétiques, à l'Observatoire royal de Bruxelles, depuis 1827 jusqu’à ce jour; par M. Adolphe Quetelet. L’inclinaison de l’aiguille magnétique n’avait jamais été observée à Bruxelles, n1 même dans le royaume, lorsque J'entrepris, en 1827, de la déterminer. J’employai à cet effet un excellent instrument de Troughton, que j'ai fait con- naître dans les Annales de l'Observatoire et dans les Mé- moires de l’Académie royale ; il est donc inutile de revenir iei sur la valeur de cet instrument. Jusqu’en 1854, les observations ont été faites exclusivement par moi; depuis 1855 , elles ont été continuées par mon fils, qui, ces jours derniers, entre 10 heures du matn et midi, à trouvé pour valeur de linclinaison 67°25/,35. J’ai eu soin de communiquer, chaque année, les résul- tats obtenus par l’observation. Cette fois, je les présente dans leur ensemble, en y joignant les valeurs calculées par le célèbre physicien Hansteen qu’on peut regarder, à juste titre, comme un des savants les plus distingués qui se soient occupés du magnétisme terrestre. « Quelle remar= quable harmonie introduit l’instrument de Troughton entre les différentes années , » dit ce savant (1), « et combien vous avez évité heureusement les perturbations assez fré- quentes. » On verra que, depuis 1827 jusqu’à ce jour, l’in- clinaison a diminué en effet d’une manière très-régulière de 68°56/,5 à 67°25/,35, c’est-à-dire de 1°31/,2 ou de deux à trois minutes par année. (1) Bulletins de l’Académie royale de Bruxelles, séance du 12 octobre 1861, XXXme année, p. 188. ( 299 ) Une seule fois, pendant qu'on construisait l'Observa- toire, la différence annuelle entre l'observation et le calcul s’est élevée à 4,5 : en ne supposant même aucune alté- ralion accidentelle dans la marche du magnétisme, cette différence est extrêmement faible. Voiei les résultats observés à Bruxelles (1) et ceux qui ont été calculés par le savant professeur norwégien. La for- mule qu'il a employée pour les calculs de vérification est . Ja suivante : t— 69°1',596 — 2,3216 (4 — 1827) +- 0’,017071 (4 — 1827)2. Le coefficient du facteur (t— 1827) varie selon les épo- ques indiquées dans les deux dernières colonnes de la table ci-après, page 250. On n’a pas fait la correction pour la variation horaire; on s'est borné à prendre la variation pour la moyenne des heures. (1) Les variations de l’inclinaison magnétique, en 1862, ont été obser- vées par M. Ernest Quetelet, dans le cabinet magnétique de l'observatoire, placé au fond du jardin, le 28 mars dernier : à 10h40m du matin, . . . . 670268 à 1140 id. MOINE Test Moyenne. . . . 67025/35 Ces mêmes variations, pour la déclinaison magnétique, observées le 2 avril 1862, ont été successivement, à 9h55m du matin. . . . . 190 8/1 à 10 58 id. ent LOUIS Moyenne. . . . 419011/9 ( 230 ) Inclinaison magnétique à Bruxelles. | INCLINAISON Ai (12 es x EN re F , DIMINUTION NUMERO. | ANNÉE, DIFFERENCE,| EPOQUE. anauelle | Observée. Caleulée. de | | l’inclinaison. 1 1827,8 68056/5 68058194 — 2/44 | 1850 — 5,219 2 1850,2 68 51,7 68 51,14 +-0,56 1840 - 2,878 ; 3 1832,2 68 49,1 68 4%,79 +4,51 1850 | .—2,536 : | 4 1835,2 68 42,8 68 41,66 +1,14 1855 —92,566 | 5 18354,2 63 38,4 68 58,56 —0,16 | 6 18355,2 68 35,0 68 55,51 — 0,51 7 1856,2 68 52,2 68 52,48 — 0,28 8 1837,2 68 28,2 68 29,49 — 0,69 9 | 1858,2 68 26,1 68 26,53 — 0,45 440 1839,2 68 22,4 68 25,61 — 1,21 10 | 1840,2 68 21,4 68 20,75 +0,27 12 18#1,2 68 16,2 68 17,87 — 1,67 15 18#2,2 68 15,4 68 15,05 +-0,55 14 1845,2 68 10,9 68 12,26 —1,56 15 1844,2 68 9,2 68 9,51 — 0,51 16 1845,2 68 6,5 68 6,80 —0,50 |! 17 1846,2 68 3,4 68 4,11 —0,71 | 18 1847,2 68 1,9 68 1,47 +0,45 | | 19 1848,2 68 0,4 67 58,85 +1,55 20 1849,2 67 56,8 67 56,27 +-0,53 SZ 1850,3 67 54,7 67 53,47 +-1,23 29 1851,3 67 50,6 67 50,96 —0,356 95 1852,3 67 48,6 67 48,75 —0,13 | 2% 1853,3 67 47,6 | 67 46,05 | +1,55 | 25 1854,22 67 45,0 67 43,83 +1,17 | 26 1855,24 67 42,7 67 41,41 +-1,29 27 1856,21 67 39,2 67 59,21 — 0,01 28 1857,2 67 34,2 67 57,00 —92,80 | 29 1858,3 67 54,0 67 34,80 — 0,80 30 1859,9 67 51,9 67 32,60 — 0,70 | 51 1860,5 67 50,8 | 52 1861,2 67 27,9 | fs 5 | 1862,2 67 25,5 Î L’instrument de déclinaison, construit également par l’habile mécanicien Troughton, n'offre cependant pas la même précision, quoiqu'on puisse le citer parmi les bons instruments de ce genre, Il est juste de dire aussi que les variations diurnes du déclinomètre sont beaucoup plus fortes que celles de l’inclinomètre, et nous donnons ie les nombres tels qu’ils ont été observés. ANNEES. 1828 (1). . 1829. . . Do. : un: | . TR DE 0) . LES :. nn . Fo 1858. . Non: à. 1840 (2). . THIS 1842. . . 1845. . . 1844. . . ETCERER EE . . D d. ne . en: En. … : ue . Nes. . 1853 (2). . . 1855 (5). . ne) à. RAT à à» 1858. . . 1859 . . EU: !. 1861. … , 1862.) +". (1) De 1828 à 1859, les résultats sont puisés dans le mémoire Sur l'élat du magnétisme ter- restre à Bruxelles, tome XII des MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE, page 32, et, pour les autres Déclinaison magnétique à Bruxelles. ( 251 ) ÉPOQUE. 22 novembre 6 mai ,. 5 mars . 28 et 51 mars 99 et 51 4 avril . 28 mars, …; hole: HR : QE, 6 PB % € » 28 et 29 mars Mars . ‘% » 1 (2 » TE 2 » . . » # » RE ‘ » : » . . » . 6 avril . FOR 5, L 924 » 50 mars , ” 21 et 25 avril 29 mars . 6,7et2# dvrilé 27 mars. 20 16 avril ; 29 » 4 > 925 mars . 2 avril . . HEURE. 2 heures. t heure RQ 1 à2 heures. . 1a 4 ne 20 1 UD à 1 heure nu HE à 2 heures, a 5 heures . à 2 SCENE 1àa2 4 13 » Midi, 2 4 heures. . 10 4/2 h. matin. Midi à 1 heure. 1 à 512 heure. Avant midi. . 10 à 12 heures. 2 à 10 f/2 h. à midi. Midi à 3 heures. 2 h. 40 m. 12 h. 20 m. . 11*h-#40ma 1 h. 10 m. {th.710:me | 10 1/2 h, matin. magnétique observée. 220980 22 29,0 22 25,6 22 18,0 22 13,5 29 15,2 22 52 7,6 22 4,1 22 5,7 21 53,6 21 46,1 21 38,2 . 21 35,5 on 19 28,9 19 51,9 19 249 1921459 années, voyez les Annuaires de l'observatoire et en particulier celui de 1859, page 239. (2) La déclinaiscn de 1840 à 1848 a été déterminée par la moyenne des Uhsouvatbns du magnétomètre de Gauss, faites à midi, 2 et 4 heures, pendant le mois de mars tout entier, en Ja corrigeant sur les observations absolues, FETES EU dans le jardin. (5) Ces valeurs ont été diminuées de # pour la réduction à la même heure. (4) La première partie de la grille de fer qui sert de clôture à l’observatoire vers l’ouest fut placée en 1853, et le tout fut achevé en 1855. La plus courte distance au point d’ observa- Lion est de vingt-quatre mètres. (5) A partir de 1855, les observations ont été faites par mon fils. DEÉCLINAISON | à | ( 232 ) D’après M. Hansteen, la déclinaison positive se prolon- gera jusque dans le siècle prochain, et ne finira qu’en 1924 pour devenir négative ensuite; d’après mes calculs, ce terme serait un peu plus reculé. Méthode pour mesurer la parallaxe horizontale des astres ; par J.-C. Houzeau, membre de l’Académie. 1. C’est seulement à partir de Bradley que les astro- nomes ont commencé à étudier avec soin les petites équa- tions qui affectent les positions apparentes des astres. Les constantes sur lesquelles reposent les corrections de pré- cession, de nutation, d’aberration, de réfraction et de parallaxe , sont difficiles à bien déterminer, en raison de leur petitesse même. Bessel et Struve ont consacré une partie de leur vie à revoir ces constantes délicates, dont leurs travaux indiquent suffisamment l'importance. Il est resté toutefois un élément de correction qu'ils n’ont point abordé : c’est la parallaxe du soleil. Cette parallaxe sert de base au caleul de toutes les au- tres parallaxes du système, à l’exception seulement de celle de la lune, toutes s’en déduisant comme fonctions. Les anciens astronomes, qui la faisaient d’abord beaucoup trop grande, avaient été amenés à la réduire à mesure du perfectionnement de leurs instruments. Cassini la déter- mina le premier avec une certaine exactitude; il fit voir qu'elle diffère peu de 10”, sans atteindre toutefois cette valeur. Les passages de Vénus, en 1761 et 1769, présen- tèrent ensuite un moyen de la mesurer plus exactement. Les observations de ces deux passages, calculées par Encke ( 255 ) en faisant usage des meilleurs éléments de réduction, ne sont pas parfaitement d'accord entre elles. Elles ont con- duit ce savant à adopter le chiffre 8”,5776 pour la paral- laxe horizontale équatoriale du soleil. Mais Henderson ayant discuté plus tard les observations méridiennes de Mars qu’il avait faites au cap de Bonne-Espérance, et les ayant comparées à des observations correspondantes faites en Europe, a trouvé un résultat plus fort, sensiblement supérieur à 9”. La planète Mars offre cependant des conditions favo- rables pour la détermination de la parallaxe. Elle s’ap- _ proche de la terre, dans ses oppositions, à une distance moitié de la distance solaire, proximité qui permet de me- surer l'élément cherché par un déplacement double en grandeur. Le transport au soleil de la parallaxe apparente de Mars se fait ensuite, au moyen des tables de cette planète, avec une exactitude qui s’étend au delà des der- nières décimales conservées. -La discordance qui reste entre les résultats obtenus jus- qu'ici permet par conséquent d'affirmer que, de toutes les constantes délicates de l’astronomie sphérique, la pa- rallaxe solaire est incontestablement la plus incertaine. C’est la seule peut-être que l’on puisse espérer de reviser avec fruit, dans l’état actuel des instruments astronomi- ques, après les beaux travaux dont les autres éléments de correction des étoiles ont été l’objet à Kônigsberg, à Dorpat et à Pulkowa. oi 2. Les prochains passages de Vénus étant encore éloi- gnés (1874 et 1882), c’est directement, par les déplace- ments du soleil ou des planètes les plus rapprochées, telles que Mars et Vénus, qu'il faut mesurer la parallaxe. Nous écarterons immédiatement l’idée de déterminer à l’aide de ( 234 ) mesures absolues une valeur angulaire aussi faible. C’est seulement par des comparaisons différentielles entre deux objets, l’un affecté du déplacement à mesurer et l'autre lixe, que l’on peut apprécier avec exactitude les petutes quantités. C’est ainsi notamment que Bessel à opéré lors- qu'il a cherché la parallaxe annuelle de la soixante et unième du Cygne. On pouvait objecter alors que la paral- laxe annuelle de l'étoile de comparaison n’était peut-être pas insensible. On ne pourra pas en dire autant de la pa- rallaxe horizontale, qui est vingt-quatre mille fois moindre que la parallaxe annuelle, et qui demeure bornée, pour les étoiles fixes les plus rapprochées, à la cinquième déci- male des secondes. Comme la parallaxe annuelle a pu être étudiée en com- parant, pendant un an, les deux objets voisins, de même la parallaxe horizontale résultera d’une comparaison pour- suivie entre le lever et le coucher de l’astre. La nécessité d'employer une étoile pour point fixe oblige de renoncer aux observations diurnes, et par conséquent à celles du soleil et de Vénus. Màis Mars se prêtera aux observations nocturnes ; et l’on pourra étudier, d’un même lieu, les dé- placements qui s'opèrent dans sa situation apparente, à ses différentes hauteurs sur lhorizon. 5. C’est à un but semblable que paraissait particuliè- rement adapté, dans son origine, l’équatortal, appelé d’abord machine parallactique. Mais on ne songera pas aujourd'hui à faire servir cet instrument à un tel usage, soit qu’on l’emploie à mesurer des différences d’ascension droite et de déclinaison , soit qu'on y adapte le micromètre de position et de distance. Dans le premier cas, la seconde angulaire entière est à peine sûre, dans une comparaison individuelle , et le résultat coüterait des centaines d’épreu- ( 235 ) ves avant de se renfermer dans de bonnes limites d’ap- proximation. On n'opérerait d’ailleurs que sur les com- ” posantes de la parallaxe suivant le cercle horaire et le parallèle, composantes généralement moindres que la pa- rallaxe de hauteur d’où elles proviennent, et fractions seu- lement de la parallaxe horizontale. Dans le second cas, les séries seraient bornées à des intervalles de temps trop courts, par l’impossibilité de conserver dans le champ Mars et une même étoile de comparaison. En effet, la planète, lors de l'opposition, parcourt près de six minutes de temps par jour en ascension droite, soit environ #4’ d’are par heure. Il serait donc pratiquement impossible de la rapporter à une même étoile, dans une série de mesures micrométriques, depuis le méridien jusqu’à l'horizon. Si l’on déplace la lunette sur le limbe, les erreurs de gradua- ion et les corrections de l'instrument introduisent de nou- velles sources d'incertitude ; en sorte que l’équatorial, qui se prête si bien à la mesure des parallaxes annuelles, ne peut être regardé comme applicable à celle des parallaxes de hauteur. Ces dernières s’exercant dans le sens vertical, c’est évi- demment l'intervalle vertical entre la planète et l'étoile qu'il convient d'évaluer. La mesure directe de cet élé- ment serait sujette aux mêmes difficultés que nous venons d’énoncer. Mais nous possédons , dans l’horloge à enregis- trement électrique, un instrument d’une grande précision, . pour eompter le temps qui s'écoule entre l’arrivée succes- sive des deux astres sous un fil de hauteur immobile. On a reconnu de toutes parts le succès avec lequel cette hor- loge a fonctionné en Amérique, et les travaux récents entrepris pour la révision des longitudes de la carte de France ont confirmé ce Jugement. Les observations que 2e SÉRIE, TOME XHI. 19 ( 256 ) nous proposons sont, en conséquence, des passages con- jugués par l’almicantarat, ou parallèle à l'horizon. Ces passages conjugués ont une grande analogie avec les hauteurs correspondantes. Toutefois, l'intervalle qu'il s’agit de déterminer n’est pas celui qui s'écoule entre le passage ascendant et le passage descendant, mais simple- ment l'intervalle très-court entre le passage , dans le même sens, de deux astres fort voisins. La petitesse de cette durée est une garantie de son exactitude. En outre, les deux observations se faisant pour ainsi dire au même point du ciel, et presque au même instant, toutes les correc- tions, tant instrumentales que physiques, ne s'appliquent que par des différences du second ordre, circonstance qui rend ces petites équations ou insensibles ou parfaitement sûres. Il en est ainsi notamment de la réfraction, de l’aberration diurne et de la correction du niveau. Enfin, les temps perdus de l’appareil électrique sont sans influence sur ces mesures, où tout est pris par différence. 4. Supposons un instant que l'étoile et la planète (dé- pouillée d’ailleurs de son mouvement propre) coïneident en position géocentrique. Par l'effet de la parallaxe, la planète atteindra toujours un almicantarat donné sous un angle horaire moindre que celui de l'étoile. Nous désigne- rons la différence sous le nom d'intervalle temporel : c’est la différence entre les deux termes d’une observation con- juguée , ou la durée qui s'écoule entre l’arrivée successive des deux astres au même cercle de hauteur. Cet intervalle présente des variations symétriques des deux côtés du mé- ridien. Les observations se partageront, par conséquent, en deux séries, qui se reprodulront symétriquement et que nous nommerons, l’une série montante et l’autre série descendante, selon que les astres traversent les fils hori- ( 237 ) zontaux en montant ou en descendant. Ces deux séries se vérifient sans dépendre l’une de l’autre. Chacune est sufli- sante par elle-même pour établir le résultat cherché. On se disposera à l'observation comme s'il s'agissait de hauteurs correspondantes. On emploiera, par exemple, un cercle vertical, dont la lunette restera fixée sur le Himbe pendant la durée d’une comparaison. Lorsque l’axe du cercle a été rendu bien vertical, on peut passer alors d’un astre à l’autre, dans deux azimuts très-voisins, sans que les variations de hauteur de la lunette deviennent sensi- bles. Dans tous les cas, le niveau les contrôle, avec une exactitude d'autant plus grande que les mouvements de la bulle embrassent une moindre étendue de léchelle, et que les lectures se font à des intervalles plus rapprochés entre eux. La liaison invariable de ce niveau avec l'axe optique, et l’uniformité de l'horloge à registre électrique, durant quelques minutes de temps, sont les seules conditions instrumentales sur lesquelles le succès de ces observations doive reposer. Indépendamment d’un outillage si simple et de l’élimination de toutes les quantités absolues, les passages conjugués par l’almicantarat jouissent encore du mérite d’amplifier les effets de la parallaxe. Enfin, dans les circonstances favorables, 1ls font tomber les plus grandes variations non pas entre le méridien et l’horizon, mais entre le méridien et des cercles horaires médiocrement éloignés de ce plan. On abrége par là les séries, et l’on évite les observations dans les brumes et dans la zone des réfractions variables, sans rien perdre de l’étendue des effets produits. Un premier examen rapide permettra dans un instant de reconnaitre ces avantages. 5. Soient P le pôle, Z le zénith, EF un parallèle et EG ( 238 ) un almicantarat. Admettons que la planète et l'étoile de comparaison soient toutes deux privées de mouvement propre, et supposons en outre qu’elles coïncident en posi- lion géocentrique. I sera toujours facile de tenir compte du mouvement horaire relatif, et de l'appliquer à la diffé- rence d’ascension droite et de dé- P, PU à clinaison qui à lieu à l'époque, au 4 NE 4 \ passage méridien, par exemple. f | è ja | Lai CAE HDR « / \NE | Si Q est la situation géocentri E M | que commune, et QM la parallaxe de hauteur, la planète atteint l’al- micantarat EG au moment où son angle horaire géocen- trique est ZPQ. L'étoile, au contraire, continuant à décrire l'arc de parallèle QE, ne traverse l’almicantarat que sous l’angle horaire ZPE. La différence, ou l’angle QPE, me- sure l’avance de la planète par l'effet de la parallaxe, ou ce que nous avons nommé l'intervalle temporel. Il s’agit d'évaluer cet angle QPE, que nous désignerons à l’avenir par la lettre f. Dans une première étude, on peut se contenter de re- garder le petit triangle EMQ comme rectiligne, et rectangle en M. Soient 5 la parallaxe horizontale, z la distance zé- nithale, D la déclinaison de lastre, & la latitude géogra- phique du lieu, p l'angle horaire, enfin e l'angle à l’astre entre le cercle horaire et le vertical, égal à l'angle éntre l’almicantarat et le parallèle. On sait d’abord que Sin P COS © QM—=6sinz,t et sine sin Z Maintenant, dans le petit triangle EMQ, on a QM & sin? z sine sinp Cos ÉQe= ( 239 ) Mais f — a “8 , ou en mettant pour EQ sa valeur, l sin? z = 6) — Eu COS cosD sin p (1) Telle est l'expression approchée de notre intervalle tem- porel. Il est visible qu'elle devient maximum et infinie pour sin p — 0, Sin z conservant une valeur finie. C'est-à-dire que l'intervalle temporel a un maximum aux méridiens, supérieur et inférieur. Il est d’ailleurs impossible de con- tinuer les observations jusqu’au méridien même, à cause de la lenteur des passages; mais on peut aisément les pousser jusqu’à une faible distance de ce plan. 6. Pour trouver ensuite où tombe le minimum de 7 1 faut examiner l'expression — SE, On sait que cos z — sin 9 sin D + cos + cos D cos p. J'élève au carré, et j'obtiens pour sin? z, in?z—1— sin?; sin?D — cos?9cos?D cos?p —2 sin £ cos ; sin D'cos D cos p. substituant , l'expression considérée devient | —sin?2,sin? D cos? p ; | — €0s? > cos’ D — 2 sin ? cos o sin D cos D cot p, sin p sinp . : ” qui ne renferme plus que la variable p. Le coefficient dif- férentiel , égalé à zéro, nous donne alors, pour condition du maximum ou du minimum , 1— sin? sin? D cos? © cos2D _ —— COS D + —— sin? p i sin? p 2 sin ? cos » sin D cos D (2 cos p — cos5p) 7 sin? p ( 240 ) que l’on peut écrire cos5 p cos? cos? D + cos p(1 — sin? sin? D — 2 cos? + cos? D) — 2 sin 4 cos ; sin D cos D — 0; ou bien encore, après avoir divisé par le coefficient de COS5 p, COS5P — COS P (2 + tang? + tang? D — rs) L cos? + cos? D — 2 tang + tang D — 0. Mais | —————— — l + (an 2,  + tan © D —= tan 2 tane? D cos?» cos? D À 8?) ( s D) be + tang? + + tang? D + 1. Donc le coefficient de — cos p se réduit à 1 — tango — tang? D; et l'équation du maximum où minimum prend enfin la forme cos5 p + cos p (tang? + + tang? D—1)—2tang tang D—0. (2) Dans l’équateur céleste, le terme connu s’annule; O est alors une des racines de la proposée, et par suite p=—7+90°. Lorsque D change de signe, le terme connu change de signe avec lui, et par conséquent aussi cos p; d’où p prend la valeur supplémentaire. Aussi longtemps que, dans l’équation (2), le coefficient de cos p est positif, cette équation ne peut avoir qu’une seule racine réelle. Or ce coefficient sera toujours positif, quelle que soit la valeur de D, lorsque tang ? est > 1. Ainsi, entre le parallèle géographique de 45°, nord ou sud, et le pôle de même dénomination, l’intervalle temporel n’a ja- mais qu'un seul minimum, entre deux culminations oppo- sées, quelle que soit la déclinaison de la planète. (24 ) Mais entre le parallèle géographique de 45° et l'équateur terrestre, l'équation (2) peut, dans certaines limites de D, renfermer trois racines réelles. Les limites dont il s’agit sont déterminées, comme on sait, par la relation (tang? + + tang2D — 155 — me (2 tang + tang D}?. # Extrayant la racine cubique, puis transposant le second membre, cette formule devient 2 2 = 5 5 tang? > + tang?D — 1 + 5 tang + tang D — 0, ou bien LU 2 tang? D + 5 tang + tang D — (1 — tang? +) — 0, et encore 6 2 2 tang” D + 5 tang” + tang” D — 9 tang 4 cot 2 — 0. (5) L’équation (3) peut être résolue à la manière du troi- 2 sième degré, en prenant pour inconnue tangs D. Il est manifeste qu’elle n’a jamais qu’une racine réelle, le coeff- 2 cient 3 tang* o étant essentiellement positif. Mais cette racine donnera pour tang D deux valeurs égales et de signes contraires. Ainsi, sous une latitude géographique inférieure à 43°, l’équation (2) fournira trois racines réelles, pour tous les astres situés entre deux parallèles célestes déterminés par la relation (3), et symétriquement placés par rapport à l'équateur. C’est seulement dans ces limites célestes, et dans la zone terrestre ici définie, que les trois racines réelles existeront. Le tableau snivant fera mieux connaître ces limites. (22) Tageeau I. TE _ | LIMITES | LATITUDE ge | déclinaison , NetSentre | GÉOGRAPHIQUE. lesquelles l'équat. (2) | fournit trois racines | réelles. | | | ? D | 450 00 0” | | 40 2 6G 3» LS r 50 9 38 | | 25 44 7 | 20 18 57 | 15 | 2% 4 | 10 | 29 33 | 5 | 55 44 | | 0 | 45 0 | Mais comme l'équation (2) détermine un cosinus, il reste à reconnaitre si ces racines seront toutes trois moindres que 1, et par conséquent applicables au problème. = Nous remarquons en premier lieu que le coefficient tang 2 @ + tang ? D — 1 est toujours négatif, puisque les trois racines sont réelles par hypothèse. On en conclut qu'il a pour limites Ô et — 1. Ceci posé, substituons dans la proposée une valeur positive telle que cos p < 1, il vient tang? © + tang?D > 2 tang & tang D; tandis que pour toute racine positive > 1 on aurait l'iné- quation opposée - tang? © + tang? D < 2 tang e tang D. Or le terme 2 tang o tang D est, par sa nature, générale- ment moindre que tang 20 + tang ? D, et par conséquent l’unité est la limite supérieure des racines positives. Quant aux racines négatives, on arrive par un raison- nement semblable à une conclusion analogue, c’est-à-dire ( 245 ) que la limite supérieure de ces racines est encore l'unité. Ainsi, lorsque l'équation (2) a ses trois racines réelles, celles-ci sont toutes trois propres à la fois à représenter des cosinus; et par conséquent, dans les limites du ta- bleau , l'intervalle temporel offre deux minimum et un maximum entre les passages successifs de la planète par le méridien supérieur et le méridien inférieur. 7. Appliquons la formule (2) aux conditions qui se pré- sentent dans notre pays. Faisons o = + 51°, et prenons successivement pour D des valeurs de 5° en 5°, de part et d'autre de l'équateur céleste. Nous calculerons ainsi l’an- gle p, sous lequel l'intervalle temporel est réduit à sa moindre valeur. Les résultats sont présentés dans le ta- bleau ci-joint, où l’on a inséré, en outre, la distance zénithale qui correspond à chaque angle horaire p, et le rapport Ê , Calculé par la formule (1), c’est-à-dire la gran- deur de l'intervalle temporel minimum, en fonction de la parallaxe horizontale, | TaeLEau I. Valeurs qui correspondent au minimum. DÉCLINAISON ——_———— —_—_—_—_—_—. © de Intervalle temporel, en fonction de la parallaxe horizon- tale. la planète. ANGLE HORAIRE. DISTANCE ZÉNITHALE, 1449 47/— 9h59m 142036 158 51 130 35 23 CS LC 19 19 QI OI À ©) =1 00 © © IN I = CI © OI — 19 KO =] ( 244 ) Les dernières lignes montrent que, dans l’Europe moyenne, et pour une planète placée dans les deux signes solsticiaux les plus élevés, il suffit de limiter les séries deux heures et demie ou deux heures trois quarts, avant ou après le passage méridien, pour embrasser toute la variation de nos intervalles temporels. Quand l’astre est dans les signes austraux, au contraire, on voit par les valeurs de z, qu’il faudrait, pour jouir du même avantage, le suivre sous l'horizon. | Si maintenant pour D = + 20° et o — + 51° comme précédemment, nous formons les valeurs du coefficient de & de demi-heure en demi-heure, dans l’équation (1), nous obtenons les résultats suivants, auxquels on à joimt les valeurs correspondantes de z et de e: TaBLeau III. ANGLE entre le parallèle et l’almicantarat. ANGLE HORAIRE,| DISTANCE ZÉNITHALE. FACTEUR DE 6). £ &) 3,550 2,466 1,955 1,506 1,556 1,277 1,270 (minim.) 1,273 1,296 1,337 QI O1 O1 C1 CI GO 1 © — "en (o +] 0 { 1 2 2 42 2 3 3 # En accordant, par conséquent, que les observations puissent seulement se poursuivre jusqu’à trois quarts ( 245 ) d'heure du méridien, la différence entre les facteurs ex- trêmes de à serait 2,466 — 1,270 — 1,196 ou > 1. Et en poussant les observations jusqu’à une demi-heure du mé- ridien, ce qui ne parait pas impraticable, on mesurerait la parallaxe horizontale par 5,550 — 1,270 — 2,280 fois sa valeur, ou plus du double de cette quantité elle- même. 8. Les prochaines oppositions de Mars tomberont en automne et en hiver. Les oppositions de novembre 1864, décembre 1866 et février 1869 seront particulièrement favorables. La planète s’élèvera considérablement sur l’ho- rizon de l’observatoire de Bruxelles et de la plupart des observatoires d'Europe. Il résulte du tableau IT qu'aux époques cilées, la parallaxe de Mars, dans une série mon- tante ou dans une série descendante, et dans l’espace de deux heures, sera mesurée par une variation de l'intervalle temporel au moins égale à cette parallaxe horizontale elle- même. Si l’on prend 9” pour la parallaxe solaire, ou 0°,6 en temps, la parallaxe horizontale de Mars en opposition est environ 1,2. C’est de cette quantité au moins que les intervalles temporels s’allongeront ou se raccourciront, dans une durée de deux heures. Or on peut mesurer aisément six intervalles temporels par heure. Pour peu que l’on réussisse à trouver une étoile de comparaison située à une petite distance de la planète, il sera même facile d’en déterminer un plus grand nombre. Admettons que le réticule embrasse un champ de 5, et calculons la durée occupée par le passage de l’astre, à différentes distances du méridien. Dans la formule cos z — sin ; sin D + cos + cos D cos p, différentions par rapport à z et à p, et servons-nous du (246) symbole 9 des différences finies, il vient ‘ » sin z DD = 22 . . . . . (4 sin p COs » cos D Prenons toujours © — + 51°, D = + 20°; faisons dz = 5 (d’are) — 20° (de temps), et mettons successivement dans cette formule les valeurs de p et de z qui figurent au tableau IT, nous obtenons : TaBLEau IV. Sas DURÉE ANGLE HORAIRE, a da ht verticalement le réticule de #. p dp oh 30m 2m1651 | 0 45 1 52,5 | 1.0 41 11,8 | 1 50 0 51,8 2 0 0 42,7 2 30 0 37,8 3. 0 0 35,0 5 50 0 35,4 4 0 0 52,4 Un intervalle de cinq minutes de temps serait donc su- fisant pour une observation conjuguée, jusqu’à une demi- heure du méridien, lorsque les deux astres se succèdent immédiatement. En accordant dix minutes, nous allouons cinq minutes pour le surplus de la différence en ascension droite et les préparatifs de l’observation. Les lunettes employées aux annotations électriques por- tent habituellement dix fils parallèles. Le résultat d’une série reposera, par conséquent, sur cent vingt différences ( 247 ) au moins, enregistrées mécaniquement. Supposons qu'une observation complète soit exacte à -: de seconde de temps, qui est le chiffre adopté par Walker dans des circonstances moins favorables; l'erreur probable du résultat d’une série unique serait sensiblement inférieure à + 0°,01, qui ne ferait que 0”,075 sur la parallaxe du soleil; et deux séries, c'est-à-dire les mesures d’une nb réduiraient lerreur probable de la parallaxe solaire à =” seulement. On voit avec quelle rapidité on peut , par cette méthode, approcher du résultat demandé. Pendant plus de deux mois que dure la rétrogradation de la planète Mars, on réunira une trentaine de séries, soit en montant, soit en descendant ; et dans cet intervalle, la parallaxe horizontale sera déterminée par des observations quotidiennes, aussi exactement que la parallaxe annuelle d’une étoile le serait au bout de quinze ans. 9. Chaque observation conjuguée se compose des don- nées suivantes : hk ou l'heure du passage de la planète , soit Ia moyenne des fils; h' — — delétoile, _ — ; N ou la position du niveau dans le premier cas, N’ _— — le deuxième cas ; t température de l'air ambiant à l'instant du passage de la planète, l' cette température à l'instant du passage de l'étoile; £ lecture du cercle vertical. Les températures £ et {’, respectivement contemporaines des deux passages, différeront très-peu pour l'ordinaire. Nous indiquerons (n° 24) à quel usage elles doivent servir. Quant à la lecture £, elle a pour objet de faire connaitre la distance zénithale apparente z = Z — €, où Z est la si- tuation du zénith sur le limbe. Mais cet arc z peut toujours ètre déduit, au moyen du calcul, de l'angle horaire p qui ( 248 ) se trouve déterminé par l'heure. I ne devient nécessaire de faire la lecture £ qu'autant que l’on s’astreigne à ob- server la planète descendante aux mêmes hauteurs exac- temert où on l’a observée en montant. On peut se con- tenter alors d'amener la ligne de foi de l’un des verniers en coïncidence avec un trait donné du limbe, comme on le pratique pour les hauteurs correspondantes. La distance zénithale n’entre, d’ailleurs, dans les for- mules développées ci-après, que comme argument de quel- ques corrections très-petites, pour lesquelles il suffit de la connaitre à 1”, et de la calculer à l’aide des tables à cinq décimales. Voici un moyen simple de la former, bien adapté au caleul logarithmique. Prenons l’are auxiliaire #, déterminé par tang? + = cot y cot D cos p, on à sin # sin D COS2x Cette formule est applicable aussi longtemps que les données fournissent tang ? x positif, c’est-à-dire dans toute l'étendue des séries d'observation que nous proposons iei. Elle à, sur l’are auxiliaire habituellement employé, l’avan- tage de dispenser. de chercher x en degrés, minutes et secondes : 1l suffit de passer de la colonne log tang x à celle log cos x, dans les tables. 10. Le premier soin de l'observateur sera de choisir une étoile de comparaison convenablement située. Cette étoile doit être assez éloignée pour ne point pénétrer dans le réticule avant que la planète en soit sortie, ou récipro- quement. Nous prendrons partout pour limites de l’angle horaire , où les observations s'arrêtent, © du méridien comme limite inférieure, et quatre heures comme limite ( 249 ) supérieure, À moins d'une demi-heure de la culmination , les passages deviennent trop obliques et trop lents; à plus de quatre heures du méridien, la réfraction commence à acquérir trop d'influence. Cherchons d’abord la distance en déclinaison. L’équation cos z = sin # sin D + cos » cos D cos p, différentiée par rapport à D et à p, nous donne, en pre- nant toujours à pour symbole des différences finies. tan dp = 0D | - SF . SIN P — tang D cot p). 164008) Posons dD — 1’ (ou 4° de temps), et nous en déduirons le tableau suivant, relatif à la latitude + 51° et la décli- naison + 20° : TABLEAU V. VARIATION de ANGLE HORAIRE, l'angle horaire pour une différence de 4’ en dé: clinaison. 0 1 1 2 2 5 5 Q Prenant maintenant le rapport entre les dp du tableau IV et ceux correspondants du tableau V, on voit que ce rap- ( 250 ) port varie seulement de 5 à 6 + environ. En sorte qu’une différence de déclinaison de 7 à 8’, ou plus générale- ment de 1 £ fois la largeur du réticule, serait amplement suflisante, sous les latitudes de la Belgique, et quand la planète. est placée dans les signes les plus élevés, pour donner à l'observateur le temps de passer d’un astre à l’autre. Si la différence des coordonnées, au lieu d’être en décli- naison, Se portait uniquement sur l'ascension droite, il faudrait qu’elle dépassèt le plus grand des dp du tableau IV, et par conséquent 2 ? minutes (de temps), ou sept fois la largeur du réticule. Sous une latitude différente, ou pour une situation de Ja planète dans une autre partie de l’écliptique, on détermi- nerait d’une manière analogue les limites de distance de l’étoile de comparaison, soit en déclinaison, soit en ascen- sion droite. On pourrait regarder ces limites comme les demi-axes d’une petite ellipse, dont la planète occuperait le centre, el au dedans de laquelle létoile de comparaison ne peut être située. Appelant R la largeur totale du réticule, nous venons de voir que ces demi-axes auraient pour valeur, dans le cas particulier que nous envisageons, 7R (selon le parallèle) et 15 R (selon le cerele horaire). Cette ellipse étant fort excentrique ne diffère pas notablement du rec- tangle circonscrit dont les côtés sont parallèles aux axes. On adoptera pour précepte de choisir l’étoile de compa- raison en dehors du petit quadrilatère sphérique tracé au- tour de la planète, et qui a pour demi-longueur, dans le sens des parallèles, 7 fois le champ du réticule, et pour demi-largeur, dans le sens des cercles horaires, 1 © fois le même champ. 1l faut ajouter, en outre, aux axes, le mou- 1 2 _ { ( 21 ) vement propre de la planète dans la durée des obser- valions. Les étoiles qui bordent de tous côtés le petit espace cé- leste ainsi déterminé, sont propres à devenir étoiles de comparaison. On se guidera dans le choix définitif, d’après l'éclat de l’astre et l'accord des catalogues qui en fournis- sent la position. Lorsqu'il sera nécessaire de s'éloigner du petit quadrilatère cité, 11 vaudra mieux s’écarter en ascen- sion droite qu'en déclinaison. En effet, la différence de la première coordonnée se porte directement sur l'intervalle temporel , tandis que la différence de déelinaison ne s’ap- plique à cet intervalle qu'après une réduction particulière. Nous supposerons, par la suite, que cette différence de déclinaison ne surpasse jamais 10°. 11. L'étoile de comparaison étant choisie, l’observation immédiate se compose des passages aux fils horizontaux et des lectures du niveau qui contrôlent Pinvariabilité de Palmicantarat. Il se présente d’ailleurs deux manières d'observer, soit en tenant la lunette immobile pendant le passage entier de l’astre, soit en suivant celui-ci avec le fil azimutal (vertical). Dans la première méthode, une seule lecture du niveau est suffisante pour chaque astre; mais on peut craindre, sur les bords du champ, l'influence de linclinaison des fils horizontaux, toujours difficile à bien déterminer. Il est vrai qu'on élimine les effets de cette inclinaison, en disposant la lunette tel- lement que lastre traverse le fil verti- cal AB dans le milieu O du réticule. En d’autres termes, on fait en sorte que Ja trajectoire EE’ de l’astre coupe symé- triquement le réticule MNPQ. Toutefois l’obliquité de cette 2me SÉRIE, TOME XII. 20 ( 292 ) trajectoire rejetterait souvent les points E et E’ en dehors du champ. Il est facile de voir que _ — cote; c’est l’or- donnée y du point d'entrée, en fonction de la'demi-largeur du réticule (tableau VI ci-après). Cette méthode, qui se- rait bonne dans les régions tropicales, où les planètes s'élèvent presque verticalement, n’est donc pas applicable, d'une manière constante, sous les latitudes européennes. Afin d'imprimer aux observations une marche uniforme, il sera préférable de suivre l’astre dans son mouvement, et de le maintenir près du fil vertical pendant tout le transit. Le plan: du cercle subira, en conséquence, un petit déplacement en azimut. Il se peut alors que le ni- veau ne reste pas absolument invariable. Il suffira cepen- dant de lire cet instrument immédiatement avant le pas- sage de l’astre sous le premier fil horizontal, et après le passage sous le dernier fil; et l’on attribuera au passage moyen la moyenne des lectures. On reconnaît, au reste, en jetant les yeux sur le tableau suivant, que le mouvement azimutal nécessité par le déplacement de l’astre durant son passage au réticule, est toujours peu étendu. Reprenons la considération du petit triangle EON, dans lequel OH est la variation de distance zénithale dz. On a la relation EH = OH cote; , . EH : et le déplacement en azimut a pour valeur. Nom- mons DA cette petite variation angulaire, il vient cot e AA — 0 (6) © TE » à Sin 7 formule dans laquelle on prendra pour 0z la largeur ver- ticale R du réticule. ( 253 }) Introduisant les valeurs de z et de e du tableau HE, prenant pour @ et D les valeurs particulières déjà em- ployées, posant enfin R—5", nous trouvons pour le mou- vement azimulal du cercle durant le transit d’un astre par un réticule de 5 : TaBLEaAU VI. MOUVEMENT azimutal durant la ANGLE HORAIRE, traversée d’un ré- ticule de B’ (de dia- mètre vertical). ORDONNÉE du point d’entrée dans | le réticule. D d'A Ob50m 60/7/’ 59 38 29 17 13 55 135 45 10 46 8 54 7 42 6 54 0 1 1 2 2 5 5 CS Si la marche du niveau ne peut être grande, dans la durée du passage d’un astre, elle ne sera pas non plus considérable en transportant la lunette d’un astre à l’autre, dans une même comparaison. En effet, l'équation sin D — sin # cos z + cos # sin z cos À, différentiée par rapport à D et à A, donne, après avoir remplacé sin A par sa valeur "F2, 1 M no D sus) idles LOI COS 9 Sin p Faisant, par exemple , 2D— 10", qui est la limite que nous + ( 254) avons adoptée, on trouve que dans les conditions indi- quées, le plan azimutal varie des quantités suivantes (abstraction faite du signe), en passant de la planète à létoile sans quitter lalmicantarat : TaBLeau VII MOUVEMENT azimutal pour retrou- | ver, dans le même al- micantarat, deux as- | tres qui sont distants | de 10’ en déclinaison. ! ANGLE HORAIRE, Ob30m 0 Il [l 29 98 20 2 18 21 CT C1 19 t9 & Ainsi, soit que l’on considère la traversée oblique d’un astre dans le réticule, soit que l’on envisage le déplace- ment de la lunette en allant de la planète à l'étoile de comparaison, dans l’almicantarat, les petits mouvements azimutaux seront toujours fort limités : c'est à peine s'ils dépasseront 5° dans les cas extrêmes. Dans cette étendue, les variations du niveau seront rarement sensibles. Si elles existent, elles ne donneront lieu qu’à de très-petites corrections, qui sont calculées plus loin , et dont la valeur, résultant d'indications différentielles très-voisines et pres- que contemporaines , peut être regardée comme sûre. 12. Comme on l’a déjà dit, les temps perdus de l'ap- ( 255 ) pareil électrique sont sans influence sur les intervalles temporels. Il en serait de même de l’équation personnelle de l'observateur, si l’on pouvait supposer que les bissec- tions soient appréciées de la même manière pour les deux astres, lesquels traversent d’ailleurs le réticule sous une obliquité et avec une vitesse sensiblement égales. Mais on sait que l'appréciation d’une coïncidence ne se fait pas d’une manière identique pour des étoiles de grandeurs différentes, et a fortiori pour une étoile fixe et une planète qui pos- sède un disque. On le démontre par le fait que les lati- tudes mesurées par un même astronome, au moyen de hauteurs méridiennes prises au nord et au sud du zénith, offrent des différences qui sont variables suivant léclat relatif des deux étoiles employées. Ainsi, par une erreur systématique de jugement, nous augmentons ou raccour- eissons l'intervalle de deux astres de grandeurs inégales, observés en mouvement. Ce fait étant connu, il devient nécessaire d'examiner l'influence qu'il peut avoir sur nos observations différen- tielles. L’équation personnelle dont il s’agit est une équa- Lion d'espace, qui s'exerce perpendiculairement au fil, et qui porte, par conséquent, directement, sur la distance zénithale. Nous la désignerons par la lettre E. C’est une quantité, toujours fort petite, que l’on devra tirer des observations : c’est une des inconnues du problème. Mais si l’on suppose, selon toute vraisemblance, que sa valeur reste la même, en descendant comme en montant, il suffit pour l’éliminer de former des sommes deux à deux des intervalles temporels, mesurés des deux côtés du méridien à des hauteurs correspondantes. Ces intervalles temporels couplés ne présentent alors que l'effet doublé de la paral- laxe, dégagé du mode relatif de bissecter. ( 256 ) Indépendamment de cette équation d’espace, il peut exister chez l’observateur une équation de temps, C’est-à- dire un retard relatif d'enregistrement. Il est clair que ce retard T est compris tout entier dans la différence a des ascensions droites, que l’on doit également corriger d’après les observations, n° 20. Nous n’avons, du reste, aucun intérêt à l’en dégager. Mais comme il n’est pas impossible que T prenne des valeurs différentes en montant et en descendant, il sera nécessaire de tirer séparément des deux séries, celle montante et celle descendante, la constante a que nous venons de définir. 15. L'observation de l'étoile ne présente pas de diffi- culté particulière. Mais pour la planète, qui offre un disque sensible, on se demande s’il est préférable, pour notre. objet, d'observer le centre ou les bords. Les passages des bords sous les fils paraissent, au pre- mier aspect, quelque chose de plus certam, de plus fixe, de plus indépendant de notre jugement. Il s'attache ce- pendant aux observations de contact des difficultés parti- culières. Ces difficultés sont attestées par les discordances des observations d’éclipses, et par la grande erreur moyenne, des passages méridiens de la lune. Elles ont leur source non-seulement dans l’impossibilité de saisir dès son ori- gine le changement de figure, mais aussi dans l’épaisseur sensible des fils. L’œ1l juge au contraire, avec beaucoup de précision, du centre de figure d’un petit disque. Quand deux segments superficiels symétriques sont en présence, une très-petite Inégalité entre eux devient appréciable. Dans les observations géodésiques, par exemple, les vi- sées opérées en plaçant le signal entre deux fils équidis- tants, sont loin de le céder en précision à celles dans les- quelles on recouvre le signal par un fil unique. ( 257 ) L'observateur, en s’attachant à déterminer, dans la planète, un point fixe au milieu de la masse de lumière, éliminera d’ailleurs les effets de laplatissement et de la phase. Celle-ci pouvant être regardée comme invariable dans une série de quatre heures, les visées auront porté sur un même point intérieur du disque, duquel on comp- tera les coordonnées relatives de l’étoile. Mais si l’on prend le parti d'observer les bords, il faut tenir compte des différentes circonstances qui influent sur la figure apparente de la planète. Même en se réduisant à l'observation d’un seul bord, il serait impossible, en gé- néral, de faire tomber les contacts de l’almicantarat sur le limbe éclairé, durant une nuit entière. Ces contacts se porteront, au bout d’un certain temps, sur le limbe obscur. Heureusement, dans Mars, la limite de la phase est nette, et la lumière crépusculaire est insensible ou très-étroite. : Il en est surtout ainsi dans le voisinage de l'opposition. Lorsqu'on observe les deux bords simultanément, on élimine le demi-diamètre. Les petites quantités E et T (ou plus exactement a), tirées des observations, renfer- ment alors l'équation personnelle relative, qui peut exister entre les deux bords. Mais si l’on n’observe qu’un seul bord à la fois, 1l faut corriger la distance zénithale pour le demi-diamètre vertical apparent, et l'erreur qui reste sur cet élément se confond évidemment dans la quantité E, de laquelle il serait sans intérêt de la dégager. 14. La pratique de former la moyenne arithmétique des passages aux fils individuels, et de l’attribuer au point du champ de la lunette que l’on pourrait appeler le centre de gravité des fils parallèles, repose sur une hypothèse : celle d’un mouvement uniforme ou tout au moins symé- triquement varié. Mais si cette loi est celle des passages ( 258 ) par le méridien, elle ne peut s'appliquer aux almicanta- rats. Dans le voisinage de la culmination principalement , un même astre ne met pas des temps égaux à monter de quantités égales. On ne peut plus considérer sa vitesse de transit comme uniforme dans toute la traversée du réti- cule. Le mouvement est plus lent dans les fils supérieurs. Néanmoins cet effet demeure le même sur deux objets cé- lestes, lorsque ceux-ei possèdent exactement la même déclinaison, et traversent par suite l’almicantarat sous le même angle horaire. Il suflira par conséquent de corriger nos passages conjugués pour la différence des effets, en- gendrée par le petit déplacement de la ligne de visée. Nommons }, l'instant du passage d’un astre par le centre du réticule; x le nombre des fils, que nous suppo- serons pairs en premier lieu; et + l'intervalle filaire en arc de grand cercle. Soient encore M, N, P, Q..., les coefti- cients différentiels des ordres successifs, = SE Les heures H et H' des passages de l’astre sous les deux fils qui occupent la position centrale, seront respectivement 1 1 1 1 IH == lo — ; M RE 8 Nr? — 18 P-° + — Qr = il | H'— h+ à M+ Ne + 48 PS + — Q7t + dont la somme est : 3 es 1 H + W—2h+-N2 + — Qt + 4 92 Semblablement, la somme des passages aux deux fils qui occupent les positions voisines, symétriques de part et d'autre de ces fils centraux, aura ee valeur M + M = Mo + + 7 2 + 5 Qt + —. 192 ( 239 ) Et la somme générale des passages aux fils individuels sera | H+H+H EN + mn, + Nr 52... (0 — 11 x | + Q:tAt + 54. + (n—1)]…, 192 ” dont la moyenne arithmétique k a pour expression Si à était impair, on obtiendrait par des considérations analogues , 4 san? 9 ) EEE #,.+ (° à Jef sos. ñn 2 19h +). dirt Lette) Supposons maintenant que la déclinaison de l’astre varie, et par conséquent l’angle horaire sous lequel il traverse l’almicantarat. Il s’agira de calculer les variations de N et de Q. Cherchons d’abord les valeurs explicites de ces quantités. On à vu, équation (4), n° 8, que dp sin Z = Le ne ee | D dz sinp cos? cos D ” Différentions de nouveau, nous trouvons aisément dp \ | A — M cat z — M? cot p = N. dz? Puis encore ds M 5 ET COt z —————92MN cot p + — é dz5 sin? sin? p ( 260 ) Dans cette dernière expression, nous pourrons négliger les deux premiers termes vis-à-vis des deux derniers; et comme p est petit dans le voisinage. du méridien, nous remplacerons, dans le troisième, N par sa valeur appro- chée ee Nous écrirons par conséquent De 53 He Le LME ge des) --simêp Enfin , en différentiant cette expression approximative, et posant cos p—1, dép 15 A she — 0. dzt sinÿ p Remplaçant maintenant M par sa valeur, on obtient pour les développements explicites S COS Z sin?z COS p 15 sin*z F sin p COs COS D | sinôp cos2e cos2D° * | sin?p coske cosiD La première formule est rigoureuse; la seconde n’est qu’approchée. Mais dans les conditions particulières des observations dont il s’agit, nous pouvons supposer cos D—1 ; et comme N et Q ne deviennent sensibles qu'avec sin p petit, nous mettrons également cos p—1. Nous aurons ainsi pour valeurs suffisamment approchées de N et de Q 2 COS Z sin?z ; 15 sin*z HU = m—————— #) — — sinpcoss sin5p cos » sin? p Coste Différentiant les seconds membres par rapport à p, il vient, en remplaçant toujours cos p par l'unité, aN' COS Z 5 sin? z dQ' 105 sintz nn NET CE PS ) OVEELUN TE ET TATIL DUR dp sin?p COS? Sin*p COS? + ———— A ———————————————— € dp sins$p coste ( 261 ) Mais on a vu, équation (5) du n° 10, que dp tango == — {ang D cot p dD sinp F 4 ou par approximation, dans les circonstances que nous considérons , dp tang 9 — tang D dD Sin p AN’ (5 sin?z — cos z sin?p cos &) (tang + — tang D) 2 et: dD sin® p COS? » dQ" 105 sin#z (tang y — tang D) :.. du sin” p cos ? On aurait aussi, en se bornant au terme le plus influent, ŒN (5 sin?z (tang © — tang D}? Une sin? p cos? » Passant enfin aux différences finies, et substituant à la place de ON, 22N, 90, leurs valeurs respectives en fonc- tion de 9D, on obtient par l’équation (8) nc. dh— LE + 52..,+(n—1}] \(5 sin?z — cosz sin?p cos +) (tang + — tangD) D ( sinÿp cos? y 5 sin?z (tang + — tang D)? D mr En} 2 sin? p cos? + ré 1997 105 sin#z(tang + — tang D PSS NAN Sans De 1.43 -1- 14454... +{(n—1)t } sin°p cos* © Si 2D ou l'excès b de la déclinaison de l'étoile sur celle de ( 262 ) la planète est exprimé en secondes d'arc, que + et 2 soient en secondes de temps; si de plus on pose n—10, cette formule devient sl 49 2 (5sin?z créens sin" piQEs {ans 9—tang D) = — ar 1 72 —— — 5 sin” p COS? 2 7425 sin?z(tang » — tang D} 6 sin? p Cos? 2 298 450 125 né dfane Lu je 228 450 125 aret db sin*z (tang ;—tang D) DER eee € [a 3 pans 128 sin’ p cos o ou en gemplacant les constantes numériques par leurs logarithmes mis entre crochets, L 5 sin?z — cos z sin? p cos 2) (tang » — tang D dh—19,162 661 +2b Gaine consonnes sin p cos? s sin? z (lang ; — tang D? —- [1 1,725 5] T2? — — - (10) sin? p COS? » = sin#z (tang »? — tang D 2 [ 16,994] rl on 2 .…. sin” p COs* 9 Faisons r — 2%, b — 10° — 600”, © + 51°, D = + 20°, p—0"50"— 750", et nous trouverons pour la valeur maxima que N peut acquérir dans nos séries, c’est-à-dire dans les conditions et les limites que nous avons posées, dh = + 05464 62 — 05,011 25 + 000 56. Les deux premiers termes seuls sont sensibles, et l’on peut par conséquent s’y borner. Le second terme lui- même, qui est à peu près réciproque à sin 7p, devient négligeable aussitôt qu’on s'éloigne un peu plus du méri- dien. À trois quarts d'heure de ce plan et au delà, il ne sera plus nécessaire d’en tenir compte. La somme des carrés des termes d’une progression ( 265 ) arithmétique, commençant à l'unité, est sensiblement proportionnelle au cube du dernier terme ou #°, quand ce dernier terme est grand. On en conclut que si l'on augmente où que l'on diminue le nombre des fils du réti- cule, sans faire varier le champ qu'il embrasse, la petite équation 9h conserve à peu près sa valeur. Mais cette équation croit, au contraire, comme le carré du champ total occupé par les fils parallèles. On voit d'autre part que l'inégalité des intervalles lilaires ne porte que sur des termes du second ordre par rapport à k, et qu'il suit à cet égard de la précision mé- canique qu'un bon artiste est capable de donner à l’équi- distance. Pour en examiner l'influence, on formerait, dans le réticule donné, la somme des carrés des distances res- pectives de chaque fil au centre de gravité des fils paral- lèles. Soit = +? cette somme. On substituerait alors eette valeur à la place de ! 2 [12 + 52... + (n—1Ÿ], dans l'équation (8), qui deviendrait Lo 5 SID?z— cos z sin?p cos 2) (tang > — lang D Jh = — are2 152 ( p.C0s 2) ( oi she, ) n | …. (11) sin p COS? » Cette formule convient indistinetement aux réticules de lils pairs ou impairs. Les - et 2h sont toujours exprimés en secondes de temps, tandis que b l’est en secondes d'arc. La correction 94 s'applique avec son signe à la moyenne l des passages de la planète sous les fils individuels. Cette moyenne se trouve alors rapportée au même point du champ auquel était relative la moyenne k' des passages individuels de l'étoile. 15. L’intervalle temporel, tel qu'il résulte de la com- paraison des heures ainsi préparées, reste affecté : 1° De la différence des effets produits par laberration diurne ; ( 264 ) 2° De la différence des ascensions droites des deux as- tres, renfermant l’équation personnelle de temps (n° 12); 5° De l'avance ou du retard qui dépend de la différence en déclinaison. Après avoir été corrigé pour ces diverses causes, l’inter- valle observé 4'— (h + dh) se change dans l'intervalle vrai &. Nous convertirons celui-ci en secondes d’are, et nous cal- culerons quelle variation de distance zénithale dz il repré- sente. Ce petit arc 2z se compose d’abord: et principalement de la parallaxe de hauteur, qui est une fonction connue de la parallaxe horizontale. Il renferme en outre quelques quantités d’un ordre moindre : 1° La phase, qui a fait observer trop bas on trop haut, suivant qu’elle affectait le bord supérieur ou le bord infé- rieur du disque ; 2° La variation du niveau et celle de la réfraction qui en dépend; 2° L’équation personnelle d'espace, E (n° 12). Ces différentes quantités, réunies à la parallaxe de hau- teur, composent la variation totale de distance zénithale, que nous égalerons au 0z donné, déduit de l’intervalle 5. Tel est le principe de la mise en équation. Examinons successivement les différents termes. 16. L’aberration diurne ne serait absolument identique, dans les deux astres, qu’antant qu'ils fussent observés rigoureusement au même point du ciel. Cette condition n’est jamais réalisée. Il y a entre la planète et l'étoile une différence b de déclinaison, que nous avons étendue au besoin jusqu’à 10’. Les nombres de la seconde colonne du tableau V, multipliés par 10, font connaître la variation correspondante de l’angle horaire. FM ( 265 ) Les formules de l’aberration diurne sont, T COS + COS P en ascension droite, ? = -——— ; cos D en déclinaison, y —— 9 cos # sin D sinp, où s est la constante 0”,511 —0°,0207. Différentions la première expression par rapport à p et à D, nous obte- nons g COS y SIN p ç COS + COS p sin D cos D cos? D Mais comme 0p dépend de 9D en vertu de la relation (5), n° 10, nous pouvons, en nous bornant au terme le plus . { œ . influent , remplacer dp par du niveau 4 pour expression “a NA rare (41) Cette correction renferme à la fois le mouvement de la lunette et la petite variation qui en est résultée dans la réfraction. Il y a plus encore. La température de l'air ambiant subit parfois des changements rapides, qui affectent “en peu d’instants la réfraction. Celle-ci a pour premier terme , en tenant compte du coeflicient thermométrique, € Lang z F—- L—— L + 0,005 671 .Où L représente la température de l'air extérieur en degrés centigrades. On en tire d’abord, en effectuant la division, r —= € tang z — c tang z. 0,005 67 { + …, dr —= — c. tang z. 0,003 67 d1.., Prenons pour 94 la différence #! — 4 entre les tempéra- tures notées lors des deux passages, {' relatif à l'étoile, t à la planète, et nous aurons à joindre à l'expression (41) une dernière correction + € tang 3. 0,005 67 (4 — 5). Exprimons ici c en secondes, multiplions-le par le facteur numérique , et nous obtenons finalement DU | [44689] + y—=k(N'—N) £ — È … + [1,547 5] (l'—-1) tang z. (42) .9 COS Quant à la pression barométrique, elle ne varie jamais assez, dans lintervalle de cinq ou de dix minutes, et ses 2" SÉRIE, TOME XII. 22 ( 284 ) variations n'influent pas suffisamment sur la réfraction, pour qu'il faille la considérer dans cette crrconstance. 25. Tous les calculs de réduction qui précèdent peuvent s'exécuter par les tables logarithmiques à eimq décimales, à l'exception seulement du premier, et quelquefois des deux premiers termes, de la série (1). Is ne présentent done pas les longueurs qu’on serait tenté de leur attribuer, en raisonnant sur l'emploi des grandes tables et des inter- polations développées. Leur nombre est inhérent à la na- ture de la question ; et l’on sait d’ailleurs qu'il n’y à pas, “en astronomie , une seule mesure délicate qui n’exige des réductions provenant de sources variées. En négligeant certaines corrections comme insensibles, on simplifie le calcul sans doute, mais on altère immanquablement le résultaL. L Réunissant entre eux les petits termes calculés dans les n° 22, 25 et 24, et les égalant aux différents termes dont se compose la variation de distance zénithale, on trouve pour l’équation de condition fournie par chaque observa- tion conjuguée sin Z ” ï N , ] 1 9 + G À- 7 + E —=— U.’ pre Uc ni A 15 M.U.6. :) A Les quantités G, » et Ui sont entièrement connues; on peut les confondre en un seul terme V, tel que V=Ui—6G — », Ceci posé, l'équation de condition prend la forme Sin Z 1 V———x+E+Uz+—MUS. . . (45) A D Les inconnues sont : x ou la parallaxe horizontale du so- ieil, à la distance moyenne , pour le lieu d'observation; E ou l'équation personnelle relative (entre la planète et ( 285 ) l'étoile); x la correction de la différence admise entre les ascensions droites des deux astres (au passage méridien) ; 5 la correction analogue pour la différence en déclinaison (à la même époque). Ces équations de condition , dès qu'elles seront en nom- bre supérieur à quatre dans une même série, seront com- binées entre elles par la méthode des moindres carrés. Si l’on suppose que la constante E ne fasse que changer de signe, lorsque les passages par les fils s’opèrent dans le sens contraire, et si l’on met un accent à la valeur de & relative à la série montante, et deux accents à la même quantité déduite de la série descendante, les observations d'une même nuit fournissent les deux formes d'équations Sin Z X l : 24 V— Enr act Ua D el sin Zz ; 1 ; + V= —— x — E + 5 M.U.6 + Uz”. A 15 On combinera toutes ces équations de condition entre elles par la méthode des moindres carrés, pour en tirer cinq équations finales à cinq inconnues, savoir : x, E. æ!,æ" et 5. Selon toute vraisemblance, on reconnaitra bientôt que les valeurs z/ et «” ne diffèrent pas sensible- ment entre elles , ou bien diffèrent chaque jour de la même quantité. Les inconnues se réduiraient alors à quatre, pour les observations d’une nuit. On prendra enfin la moyenne des valeurs quotidiennes de æ, en attribuant à chacune d'elles Le poids qui lui est assigné dans l'application de la méthode des moindres carrés. L'accord entre les résultats des différents jours sera une garantie de l’exactitude des mesures. ( 286 ) Tels sont les observations et les procédés de calcul qui nous semblent propres à remplir une lacune existante dans les éléments numériques de l'astronomie sphérique. Cette méthode repose ‘sur des moyens mécaniques si simples, et dépend d'un si petit nombre de conditions instrumentales, qu’elle parait digne*au moins d’un essai. Nous n'avons pu présenter ici aucun spécimen pratique ; mais nous osons espérer de voir un jour ce projet mis à épreuve par ceux qui, plus fortunés que nous-même, jouissent des moyens de l’exécuter. Sur un mode particulier de production de bulles de savon; par M. Félix Plateau. Sunpie étudiant de la faculté des sciences, j'aurais re- gardé comme prématuré de soumettre à l’Académie les résultats d’une observation que le hasard seul nravait fournie; mais j'ai cédé aux pressantes sollicitations de mon père, qui trouve cette observation curieuse en elle- méme et importante au point de vue d’une question de météorologie. J'étais allé, sur la demande de mon père, jeter dans notre jardin un liquide de mauvaise qualité ayant servi à réaliser des lames et contenu dans une capsule. Je voulus essayer, en le lançant obliquement en l'air, de étaler en nappe; J'obtins une nappe, en effet, mais je la vis avec surprise se convertir en une bulle creuse de huit à neuf centimètres de diamètre, descendant avec lenteur. Je répétai l'expérience un grand nombre de fois, en em- ployant simplement de l’eau de savon, et j'arrivai bientot ( 287 ) à réussir à coup sûr; seulement il se formait presque tou- jours plusieurs bulles, et quelquefois jusqu'à quinze; leur diamètre, qui pouvait atteindre huit où neuf centimètres dans les plus grosses, se montrait d'autant moindre qu'elles étaient plus nombreuses. Les conditions qui n'ont paru les meilleures sont les suivantes : il convient de prendre un vase de la forme d'une capsule, et d'environ quinze centimètres de largeur; cependant on réussit aussi, mais moins aisément, avec des vases d’autres formes ou d’autres dimensions; le liquide doit être en quantité assez grande; on le lance sous un angle d'environ quarante - cinq degrés avec l'horizon, en tournant rapidement sur soi-même, de facon à produire la nappe la plus étendue possible; enfin le liquide qui m'a donné les résultats ies plus développés, est une solution d’une partie de savon de Marseille dans quarante parties d'eau. Pour mieux déméler la manière dont le phénomène s’ac- complit, je l'ai observé d’une fenêtre supérieure, tandis qu'une autre personne, placée en dessous, effectuait lex- périence comme je l'ai indiqué. J'ai constaté ainsi que la nappe liquide, de nie très- irrégulière et dentelée sur ses bords, se résout, le long de ceux-e1, en nombreuses gouttes pleines, tandis que le reste se déchire généralement en plusieurs portions, dont chacune se ferme avec rapidité de facon à constituer une bulle ereuse complète. Mon père voit dans ce phénomène un argument à lappui de l’état vésiculaire de la vapeur des nuages. En effet, l’une des principales objections élevées contre cette hypothèse, consiste dans l'impossibilité de concevoir comment les mo- lécules de la vapeur gazeuse pourraient, lorsque celle-ci ( 288 ) repasse à l’état liquide, s'agglomérer de manière à con- situer des enveloppes fermées emprisonnant de l'air; or, on le voit maintenant, cette agglomération immédiate en enveloppes fermées n’est plus nécessaire; il suffit que les molécules d’eau se réunissent en lamelles ouvertes, de ligures et de courbures quelconques; chacune de ces la- melles se fermerait aussitôt d'elle-même pour donner nais- sance à une vésicule. Sans doute la génération de ces lamelles n’est pas non plus très-aisée à comprendre, mais elle paraît, du moins, beaucoup plus admissible que la for- mation de toutes pièces des vésicules. Synopsis des AGRIONINES; par M. de Selys-Longchamps , membre de l’Académie, (Suite. } En 1860, l’Académie a bien voulu accueillir deux no- tices séparées, dans lesquelles jai donné le signalement des espèces d’Agrionimes qui, dans ma classification de cette sous-famille, constituent la légion des Pseudostigma et celle des Protonevra. La partie nouvelle que je viens de terminer contient la légion des Lestes, que je considère provisoirement comme la deuxième de la sous-famille, tout en me réservant éven- tuellement de changer l’ordre des légions, lorsque le tra- vail séparé sur chacune d'elles sera terminé. Les Lestès ne forment, en réalité, qu'un seul grand genre très-naturek qui se distingue de toutes les autres Agrionines par le point de départ des secteurs sous-nodal et médian, qui naissent du principal plus près de l’arculus ( 289 ) que du nodus. Ce caractère rappelle ce qui existe dans la plupart des Caloptérygines. On serait encore porté à consi- dérer, sous d’autres rapports, les Lestès comme devant être placées à la tête des Agrionines ; car chez elles, le ptérostigma est constamment oblong comme chez les fa- milles supérieures, Æsehnidées et Libellulidées, auxquelles on pourrait encore les comparer jusqu’à un certain point, à cause du quadrilatère qui prend pour ainsi dire la forme d’un triangle et du grand nombre de cellules pentagones qui sont formées par une réticulation en partie anguleuse, et fortifiée par un certain nombre de secteurs supplémen- taires interposés, tous caractères qui, chez les autres lé- gions d’Agrionines, sont exceptionnels ou ne se présentent pas réunis. Les appendices anals supérieurs des mâles sont constamment en pinces, comme chez les Caloptérygines, ce qui se voit, il est vrai, dans quelques autres Agrio- nines. Enfin, la plupart des Lestès ont les ailes étendues horizontalement dans le repos, à linstar des Æschnidées et des Libellulidées, et non relevées verticalement comme celles des autres Agrionidées. Les Lestès forment, comme je viens de le dire, un genre très-naturel. Les sous-genres que j'adopte ne sont pas fondés sur des caractères très-Importants. Toussaint de Charpentier a créé celui des Sympycna. Je propose ceux de Megalestes, Archilestes et Platylestes, fondés sur la présence ou l’absence de secteurs supplémentaires inter- posés entre le sous-nodal et le médian; — sur le point de départ du secteur nodal; — sur le secteur sous-nodal an- guleux ou non; — sur la proportion du ptérostigma ; — enfin, sur la forme des appendices anals des femelles. Malheureusement ces démembrements ne simplifient pas beaucoup la détermination, parce que chacun ne com- prend jusqu'ici qu'une seule espèce. ( 290 ) Les Lestès, sont cosmopolites. Les cinquante espèces que le {docteur Hagen et moi connaissons se répartissent ainsi qu'il suit, sous le rapport géographique : Europe, sept; Asie, onze; Afrique, quatre; Australie, sept; Amé- rique, vingt et un. Les européennes se retrouvent presque toutes dans les parties de l'Afrique et de l'Asie qui tou- chent à la mer Méditerranée. Linné n'a décrit aucune espèce; Fabricius une seule (la Lestes barbara) ; les autres espèces européennes ont été successivement connues, grâce à Vander Linden, Hanse- mann, Toussaint de Charpentier et Eversmann. Dans les deux ouvrages généraux que nous possédons , nous trou- vons que Burmeister, en 1858, donne en tout six espèces ; et Rambur, en 1842, seize espèces. Ce nombre est porté, dans le travail que je présente, à cinquante. Parmi les Lestès nouvelles qui y sont décrites, J’en ai nommé huit, et mon ami Hagen dix-sept. Les Lestes eurina, Say, et viridula, Rambur, sont les seules que j'aie dû signaler par voie de compilation , ne les ayant pas eues sous les veux. ( 291 ) SOUS-ORDRE DES ODONATES, Fi FAMILLE 9, AGRIONIDÉES. 9€ SOUS-FAMILLE. — AGRIONINES. 2e Division. NORMOSTIGMATÉES. Toujours un ptérostigma régulier d'une seule cellule. (Taille généralement petite ou moyenne). Are Sous-division. COMPLÈTES. Secteur inférieur du triangle complet, finissant au bord postérieur plus loin que le niveau du quadrilatère. Patrie : Cosmopolites. 2e Légion. — LESTES. Le secteur médian el le sous-nodal naissant (rapprochés l'un de l’autre) du principal plus près de l'arculus que du nodus. Le quadrilatère presque en triangle, à angle externe inférieur aigu, penché en bas, le côté supérieur étant plus court que la moitié de l'inférieur. Ptérostigma oblong, deux et demi à cinq fois aussi long que large. Secteur supplémen- ( 292 ) taire interposé ultra-nodal plus ou moins anguleux (1). Le sous-nodal plus ou moins onduleux, ainsi que le bref au milieu et le secteur inférieur du triangle; ces secteurs formant ainsi des cellules pentagones. Des secteurs supplémentaires inter- posés entre le médian et le bref. Espace post-costal d’un seul rang de cellules. Ailes hyalines presque toujours pétiolées jusqu’à la première nervule post-costale, presque toujours horizontales dans le repos. Colloration du corps presque toujours bronzé métallique en dessus. | Pieds assez longs, à cils presque toujours longs. Lèvre inférieure oblongue, ovale, aussi large au milieu qu’à la base, peu échancrée à l'extrémité, les deux bouts formant des angles presque toujours arrondis. Antennes à 1° article très-court; le 2° article un peu plus long, épais; le 3"° article mince, plus long que les deux pre- miers réunis. . Appendices anals supérieurs de la longueur environ du 10° segment, en tenailles semi-cireulaires, ayant en dedans une ou deux dents près desquelles le bord est dilaté. Appen- dices inférieurs plus courts, variables selon les espèces. Q. Appendices anals presque toujours plus courts que le 10° segment. | Patrie : Cosmopolites. Genre unique. — LESTES , Leacn. AGri0oN Fab., Vander L. (1) J'appelle secteur ultra-nodal ou post-nodul la veine, toujours tres-constante dans tous les Odonates , qui se sépare du secteur principal entre le nodal et le ptérostigma. Elle se prolonge jusqu’au bout de l'aile, entre le secteur principal et le nodal, et existe même chez les Agrionines à réliculation excessivement simple. ( 295 ) (Caractères de la légion.) Sous-genre 1. — MEGALESTES, DE SEerys. Ailes eessant d'être pétiolées un peu avant la premitre ner- vule post-costale, Secteur nodal naissant trois à cinq cellules après le nodus; le sous-nodal non anguleux ; secteur ultra- nodal interposé à son origine, et secteur bref sous le nodus à peine ondulés. Pas de secteurs supplémentaires interposés entre le sous-nodal et le médian. Ptérostigma dilaté, trois fois aussi long que large, surmon- tant trois cellules. Quadrilatère à côté interne ayant le tiers de l’inférieur ; l'angle externe inférieur assez aigu. Lobes de la lèvre inférieure presque pointus. Cils des pieds médiocres. Coloration vert bronzé, sur fond jaunâtre. ©. Appendices anals cylindriques subulés, plus courts que le 10° segment. Patrie : Inde méridionale. NB. Reconnaissable des autres sous-genres à l’absence des secteurs interposes entre le sous-nodal et le médian , et au bord postérieur des ailes, qui prend nais- sance un peu avant la premiere nervule post-costale : un vestige de ce caractère se voit parfois , il est vrai, chez la Lestes viridis. C’est aussi le seul sous-genre où les lobes de la levre inférieure soient presque pointus. 1. MEGALESTES Masor, De Selys. Abdomen © 54, Q 45-47mm, Aile inférieure 36m. Ptérostigma assez épais, brun nojirâtre, entouré de noir, surmontant à peu près trois cellules. 16-20 posteubitales aux ailes supérieures. Vert bronzé en dessus, ainsi que la lèvre supérieure , le dessus et le derrière de la tête. Devant du thorax vert bronzé avec une ligne humérale noire ; les côtés et le dessous jaunes, avec une ligne vert bronzé à la su- ture médiane, bordée supérieurement en dehors par une raie noir bronzé. Les deux derniers segments de l'abdomen jaunâtres (saupoudrés chez le o° adulte). Pieds jaunètres en dehors, noirâtres en dedans. Jeunes : Ptérostigma et une fine ligne humeérale jaunètres. d'. Appendices supérieurs bruns, en tenailles, ayant en dedans une dent basale carrée et une autre plus petite subaiguë après le milieu; le ( 294 ) bout mousse; le bord externe un peu villeux, pas visiblement denticulé. Appendices inférieurs très-courts, jaunàtres , ‘un peu villeux, formant deux petites pointes noires aiguës, un peu écartées , relevées en haut. ©. Appendices noirätres Valvules vulvaires aussi longues que l'abdo- men, en partie noirätres, denticulées au bout. Patrie : Inde méridionale, (Collect. Selys, Hagen.) NB. Ressemble à la Lesles viridis. Tressdistinclte par sa grande taille , par le point de naissance du bord postérieur des ailes el par l'espace entre les secteurs bref et médian , où il n’y a que deux rangs de cellules. Sous-genre 2. — ARCHILESTES, DE Srrys, Lesres, Ramb. (Pars). Secteur nodal naissant ane cellule et demie après le nodus. Le sous-nodal non anguleux; le secteur ultra-nodal interposé à son origine et le bref sous le nodus, à peine ondulés. Deux secteurs supplémentaires interposés entre le sous-nodal et le médian. Ptérostigma dilaté, quatre fois aussi long que lorge, surmontant 5-4 cellules. Quadrilatère large, à côté interne ayant {a moitié de l’inférieur; angle externe inférieur modé- rément aigu. Cils des pieds assez longs. Coloration vert bronzé sur fond jaunâtre. Q. Appendices anals cylindriques subulés, plus courts que le 10° segment. Patrie : Amérique tropicale. NB. Sous-genre distinet de tous les autres par le point de départ du secteur nodal. 2, ARCHILESTES GRANDIS, Ramb. Lesres cRannis Ramb., n°9 1. — Hagen, Amér., n° 1 (1). Abdomen © 44-48; © 57-42. Aile inférieure 55-51. Ailes légèrement jaunètres. Piérostigma très-long, surmontant 5-4 cel- (1) Par cette abréviation Hagen, Amér., je signalerai, dans ce Synopsis l'excel- lent ouvrage du Dr Hagen: Synopsis of the Neuroptera of North America, with a list of the South American species, publié par la Smithsonian Enslitution. Washing- ton , juillet 1861. ( 295 ) lules, noirätre, épais (long de 5 à 3 1 çmm), 14-16 posteubitales aux ailes supérieures. Vert bronze obscur eu dessus Derrière de la tète brun; lèvre supérieure bleu olivätre ; devant du thorax avant une double raie médiane et une bande humerale brun jaunätre; les côtés et le dessous jaunes, avec une large baude médiane brune. (Espace interalaire et les deux derniers seg- ments blanchètres pulvérulents chez les adultes). Pieds noiràtres avec une raie jaunètre, double sur les fémurs Jeunes : Plérostigma brun clair. o". Appendices anals supérieurs bruns, en tenailles, avanten dedans une dent basale aiguë et deux fois échancrés après leur milieu. L’extérieur denté, le bout subarrondi. Appendices inferieurs très-courts, obtus, poilus, jauuètres , écartés. Les quatre tibias postérieurs sans lignes claires. Q. Une ligne externe jaunatre à tous les Gbias, les parties bronzées du thorax plus étroites et mieux circonscriles ; valvules aussi longues que l'abdomen, noirätres, très-denticulées au bout. Appendices anals noirà- tres. Patrie : Colombie, Venezuela, Porto GCabello, Yéra-Cruz. (Ancienne collection Marchal et collection Selys et Hagen.) NB. Taille analogue à la Megulestes major, mais moins gréle. Sous-genre 5. — LESTES , LEAcH. AGRiON, Fab. AXAPETES , Charp. Ailes horizontales dans Ie repos. Secteur nodal naissant trois à cinq cellules après le nodus. Le sous-nodal non anguleux, ou à peine ondulé. Le secteur ultra-nodal interposé et le bref sous le nodus anguleux. Deux secteurs supplémentaires interposés entre le sous-nodal et le médian. Ptérostigma trois à quatre fois aussi long que large, surmontant 2-4 cellules. Quadrilatère à côté interne ayant le tiers ou le quart de linférieur. ©. Appendices anals cylindriques, subulés, plus courts que le dernier segment (déprimés chez la L. præmorsa.) Patrie : Cosmopolites. NB. Sous-genre fonde sur la combinaison de caracteres qui se Irouvent isole- ment et non réunis chez les autres. Nous ignorons si les sous-genres exotiques Archilestes, Megalestes et Platylestes portent les ailes horizontales ou relevces dans le repos. ( 296 ) Je divise le sous-genre Lestes en deux sections, selon que le quadrilatère forme un triangle modérément ou extrèmement aigu. PREMIÈRE SECTION. Angle externe inférieur du quadrilatère modérément aigu. Les cils des pieds toujours longs. Je sépare ces espèces en quatre groupes, prenant pour pre- micr caractère le derrière de la tête noirâtre bronzé ou jaune, et pour seconde indication les appendices anals inférieurs du male courts ou longs. Je ne me dissimule pas que ce système ne rapproche pas d’une manière tout à fait absolue certaines espèces qui sem- blent voisines, mais il a l'avantage de faciliter la détermination des espèces nombreuses qui se placent icr. 1er groupe (L. VIRIDIS). Derrière de la tête bronzé noirätre. Appendices anals infé- rieurs du mâle courts. Coloration vert ou acier bronzé. Les lignes jaunes du devant du thorax très-étroites ou oblitérées. Patrie : Europe et côtes méditerranéennes de l'Asie et de l'Afrique. A. Ptérostigma noir très-long (L. macrosligma). B. Ptérostigma roux épais (L. viridis). 9. LESTES MACROSTIGMA , Eversm. AGrion macrosriGma, Eversm., 1836. Lesres macrosriGma, Ramb., n° 8. — De Selys. — ricreri, Géne. De Selys (olim). Abdomen 6° 55, © 52. Aile inférieure g 24, Q 2». Ptérostigma noirâtre (jaunètre chez les jeunes), grand, dilaté, un peu plus clair au bout, surmontant 5-4 cellules. Ailes assez larges, 15-14 post- cubitales aux supérieures. Vert bronzé en dessus. Thorax, base et extrémité de l'abdomen violet (297 ) métallique (bleu pulvérulent chez les adultes). Lèvre supérieure acier, bordée de jaunâtre en avant. Pieds noirs. 0". Appendices supérieurs noiràtres, ayant intérieurement une dent ba- sale obtuse et une dilatation médiane. Les inférieurs moitié plus courts, s'écartant à leur pointe, qui est terminée par un bouquet de poils pâles. Q. Appendices anals noirâtres, villeux. Lames vulvæires assez courtes, violâtres, visiblement denticulées dans presque toute leur longueur. Patrie : Espagne, Hongrie, Russie méridionale, à Orembourg (Evers-. maun), Sardaigne (Gené), Sicile (Ghiliani), Asie Mineure, Chypre. (Col- leet. Selys, Hagen.) NB. Diffère de toutes les autres par la levre supérieure, les côtés et le dessous du thorax et les pieds noir acier. 4. Lesres vininis, Vander Linden. AGnion vinimis, Vander L,. Lesres — De Selys, Hagen, Ramb., n° 10. AGmRion LeucorsaLLis , Charp. Abdomen & 54-59; Q 52-55. Aile inférieure 25-27, Ptérostigma roussàtre clair (jaune chez les jeunes), dilaté, entoûré d’une nervure noire, surmontant deux cellules. 11-15 postcubitales aux supé- rieures. Vert bronzé en dessus; lèvre supérieure bleu clair. Dessus et derrière de la tête vert bronzé. Devant du thorax vert bronzé avec une fine ligne humérale jaune (oblitérée chez les adultes) ; les côtés et le dessous jau- uätres après la première suture latérale, avec une ligne brune à la suture médiane. Pieds jaunâtres, le côté externe des fémurs et l’intérieur des Libias noirs. gd". Appendices supérieurs blanc jaunâtre, à pointe noirätre , ayant inté- rieurement une dent basale et un tubercule avant l'extrémité. Les infe- rieurs très-courts, coniques , presque contigus. Q. Appendices anals bronzés. Lames vulvaires jaunâtres, noirâtres et fortement dentelées au bout. Patrie : Europe tempérée et méridionale, Asie Mineure, Algérie. (Col- lect, Selys, Hagen, etc.) NB. Différe des espèces voisines par la forme et la coloration du ptérostigma , la couleur des appendices anals supérieurs du mâle, la brièveté des inférieurs, les lames vulvaires de la femelle tres-dentelées; differe des L, barbara et virens par le derrière de la tête bronze , etc. ( 298 ) Dme yroupe (L. SPONSA). Derrière de la tête bronzé où noiratre. Appendices anals inférieurs du male longs. Coloralion en dessus vert ou brun bronzé. Ptérostigma unicolore, noir ou brun. A. Appendices anals de Ja femelle non dentelés (L. simples, —- unguiculat, — hamalu, — nympha,— sponsa, — dis- juucla, — furcipalu, — alacris, — minuta, — vigilax, — rectanqularis). Patrie : Europe et les deux Amériques. B. Appendices anals de la femelle denticulés en dehors. (L. sublata). D'Amérique. D. LESTES SiMPLEX, Hagen, Anécr., n°6. Abdomen 52. Aile inférieure 21. Plerostigma Court, épais, noir, à peine pale au bout, surmontant un peu moins de deux cellules ; 12-15 postcubitales aux supérieures. a" adulte. Noirètre, à peine bronzé en dessus. Lèvre supérieure verdàtre. Vestige de deux raies brunes transverses au front. Derrière les yeux sau- poudré de bleuàtre ainsi que le prothorax, la plus grande partie du thorax, la base et le bout de l'abdomen. Sur le devant du thorax apparence d’une bande antéhumeérale verdàtre assez large. Abdomen grêle, les 3-72 seg- ments avec un cercle basal pàle interrompu. Pieds bruns avec une ligne double aux fémurs, et l'intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs noirs, à bout très-courbé, épais, arrondi, ayant intérieurement une forte dent basale aiguë, suivie d’une dilatation denti- culée qui se réunit presque insensiblement à la partie courbe du bout sans échancrure distincte. Appendices inférieurs assez épais, surtout à la base, un peu écartés ensuite, courbés alors Fun vers l’autre, leur bout mousse non aminei, penché en bas, atteignant à peu près le bout de la dilatation des supérieurs , égaux à leur moitié. o" Jeune. Non saupoudré, excepté derrière les veux, où le fond parait noiratre, Une raie verte au front. Devant du thorax avec une crête dor- sale fine et une bande juxtahumérale entière verte assez large. Espace entre la suture humérale et la première latérale brun bronze obscur et un vestige médian supérieur; le reste des côtés et du dessous olivätre sans marques noires. Q inconnue. ( 299 ) Patrie : Mexico (Deppé) (Mus. de Berlin), Texas (Fridrich). NB. Ressemble à la congener, dont elle differe notamment par le derriere des veux brun bronze , l'absence de traits noirs au-dessous du thorax, la raie juxta- humérale plus large , l'absence de tache médiane claire au bout du prothorax , la dilatation interne des appendices supérieurs non suivie d'une échanerure; les inférieurs plus longs ; le ptérostigma noir chez l'adulte. Diffère des autres espèces brunes (forcipata, disjuncta) par les appendices infe- rieurs plus épais , plus courts. 6. LESTES UNGUICULATA, Hagen, A4mnér., n° 11. Abdomen 0° 25-51, Q 24-27, Aile inférieure o° 17-21, Q 20-22. Ptérostigma assez court, épais, un peu dilaté, enfumeé, plus foncé au cen- tre, blanchätre aux bouts, surmontant deux cellules ou un peu moins. 8-12 posteubitales aux supérieures. Ailes un peu élargies. Abdomen assez épais. o" adulte. Brun verdàtre bronzé. Lèvre supérieure et face jaunes; le derrière de la tête, prothorax, espace interalaire, côtés du thorax, base et extrémité de l'abdomen saupoudrés de blanchàtre. Fond du prothorax noiratre, Devant du thorax avant une crête dorsale fine et une raie hume- le ne touchant pas le haut, jaune verdàtre; côtés avec une bande médiane irrégulière noire envahissant presque tout, et une large tache de même couleur aux hanches des quatre pieds antérieurs. Pieds jaunètres avec une double ligne sur les fémurs et l’intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs orangés en dessus, bruns au boul qui est un peu aplati et arrondi, ayant intérieurement une dent basale courte, aiguë, suivie d’une dilatation concave fortement denticulée, finissant aux deux tiers par une petite échancrure. Les inférieurs plus courts, noirâtres, épais et écartés à la base, diminuant insensiblement, le bout mousse un peu aplati. Vus en dessus, ils sont écartés à la base, courbés l'un vers l’autre, au point de se croiser, et la pointe croisée inclinée en dehors et fortement relevée en haut, ce qui se voit bien en les regardant de profil. Q colorée comme le mâle, mais non saupoudrée. Une large bande jaune derrière la tête, allant d'un œil à l'autre, Raie humérale jaune complète. Prothorax jaune, ayant le milieu brun, marqué d’une tache centrale jau- nätre. Côtés et dessous du thorax jaunes, n'ayant qu'un vestige de ligne supérieure noire à la suture médiane. Crête du 1‘ et du 2° segment jaune; les deux derniers bruns en dessus, sans taches. Appendices anais jaunes, noirs en dedans. Lames vulvaires bordées de noir, fortes , denticulées. Patrie : Saint-Louis (Missouri) et New-Jersey. (Collect. Hagen et Selys.) NB. Semble représenter la barbara en Amérique. Remarquable par le ptero- 2€ SÉRIE, TOME XHI. 23 ( 300 ) stigma court et un peu bicolore , le derrière de la tête à bande jaune (du moins chez la Q), les appendices inférieurs du mâle courbes et croisés en S, imitant de profil ceux de l'Onychogomphus forcipatus , la dent basale des supérieurs petite (presque nulle chez un exemplaire monstrueux). 7. LESTES HAMATA, Hagen. Lesres roncirara, Hagen, Amér., n° 13 (excel. syn.). Abdomen ©" 26-52, 24-29, Aile inférieure © 19-22, Q 19-24. Pterostigma court, épais, noir, à peine blanc aux extrémités , surmon- ant un peu moins de deux cellules. 11-14 postcubitales aux supérieures. Ailes un peu élargies. Abdomen épais. Tête forte. o* vert bronzé foncé en dessus, Lèvre supérieure bleu verdàtre. Der- rière de la tête bronzé, ainsi que le prothorax. Devant du thorax vert bronzé, à sutures noires. Les côtés et le dessous jaune pâle avec une bande médiane irrégulière noire envahissant presque tout. Pieds jaunà- tres avec une ligne double aux fémurs et l’intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs noirs, un peu bruns à la base; le bout très-courbé, mousse, ayant intérieurement une forte dent basale aiguë, suivie d’une seconde un peu plus rapprochée de la première que chez la nympha; ces deux dents réunies par une dilatation très-denticulée. Appendices infé- rieurs atteignant presque le niveau de la seconde dent , éloignés l’un de l’autre après la base, presque droits en dehors, aplatis, Capités ou élargis l'un vers l’autre au bout. o* tres-adulte. En partie saupoudré de bleuàtre, comme les espèces voisines. Q colorée comme le mâle, mais d’un vert métallique plus clair. Lèvre supérieure jaune. Base, bords et sutures du protorax jaunètres. Suture dorsale et humérale du devant du thorax finement jaunes. Les côtés et le dessous jaunes avec vestige d’une ligne médiane brune. Des taches noires aux hanches contre le prothorax. 17 segment à tache bronzée, carrée anté- rieurement; 9e et 10° bronzés, presque toujours sans Laches en dessus. Appendices anals jaunâtres, bruns en dedans et ou bout. Valvules fortes, bordées de noir, à dentelures fortes. Patrie : Chicago, Illinois, par le baron d’Osten-Saekeu. Washington. (Collect. Selys et Hagen.) NB. Très-voisine de la nympha. Le mâle en diffère par les deux dents des appen- dices supérieurs moins éloignées , la première dent étant un peu plus longue, ce qui le rapproche de la sponsa, et par les appendices inférieurs un peu rétréeis au milieu. Ce n’est probablement qu'une race locale de la nympha. ( 501 ) 8. Lesres Aympna, De Selys. Lesres roncipua , Ramb., n° G (nec Charp.). — Sronsa, (Pars), Steph., Leach, Addomen 26-55. Aile inférieure 19-26. Ptérostigma noir (jaunètre chez les jeunes), un peu plus pâle aux extre- iuités, un peu dilaté, surmontant environ deux cellules. 12-15 posteubi- lales aux supérieures. Ailes assez arrondies. Vert bronzé en dessus; tête robuste. Lèvre supérieure jaunâtre (bleue, chez le o' adulte). Dessus et derrière de la tête bronzés. Devant du thorax vert acier; sutures dorsale et humérale bronzées (la médiane jaune chez la Q). Côtés et dessous jaunâtres avec une fine ligne brune à la suture médiane, Abdomen assez robuste. 4er segment ayant en dessus une tache bronzée carrée antérieurement. Pieds jaunètres, l'extérieur des fémurs , l’intérieur des tibias noirs. © adulte. Thorax, base et extrémité de l'abdomen bleu pulvérulent. | Le jaune des pieds réduit sur les tibias à une ligne courte. | Appendices supérieurs ayant intérieurement une dent basale aiguë , | suivie d’une seconde plus petite assez éloignée de la première, à laquelle - elle est réunie par une dilatation denticulée. Appendices inférieurs allon- ses, écartés, dilatés à leur extrémité, qui est un peu courbée en dedans. Q. Le haut des hanches des quatre pieds antérieurs noir, joignant le prothorax , qui à deux grandes taches brouzées, arrondies, entières. Ap- pendices anals noirs, jaunes à la base. Lames vulvaires grandes, finement dentelées, bordées de noir. Patrie : Europe. NB. Souvent difficile à distinguer de la sponsa. Comparez le ptérostigma, la tête, les appendices anals, les lames vulvaires, la tache du 4er segment de l'abdomen. 9. Lesres sPONSA , Hansem. Lesres sponsa , De Selys, Ramb., n° 7. — AUTUMNALIS, Leach. — Nympga, Leach, Stephens. AGrion Forciruca , Charp., Burm., n° 32, ; — srecrrum, Kolenati, Melet. Ent. Bull. Moscou, 1856. Abdomen 9° 25-50, © 25-29. Aile inférieure 18-21. Ptérostigma noiràtre (jaunàtre chez les jeunes), un peu plus pàle aux extrémités, étroit, surmontant à peu près deux cellules. 12-14 postcubi- tales aux supérieures. Ailes assez étroites. LA “ ( 502 ) Vert bronzé en dessus. Tête médiocre. Lèvre supérieure jaunâtre. Dessus el derrière de la tête bronzés. Devant du thorax vert métallique. Suture dorsale et humérale jaunes. Les côtés et le dessous jaunâtres. Abdomen assez grêle. 1° segment ayant en dessus une tache bronzée, arrondie antérieurement. Pieds jaunâtres; l'extérieur des fémurs et l’intérieur des tibias noiràtres. og" adulte. Thorax, base et extrémité de l'abdomen bleu pulvérulent. Sutures du devant du thorax noirâtres. Le jaune des pieds réduit à une raie interne aux fémurs; l'extérieur des tibias brun. Appendices supérieurs ayant intérieurement une dent basale aiguë suivie d’une seconde semblable ; ces dents plus rapprochées l’une de l'autre que chez Ta nympha. Appendices inférieurs allongés, écartés, à peine dilatés à leur extrémité, droits. Q. Prothorax avec deux taches bronzées irrégulièrement dentelées, chacune pénétrée par une raie jaune partant de devant. Haut des hanches des quatre pieds antérieurs roux ou jaunàtre, sans taches bronzées dis- tinctes, du moins à la première paire. Appendices anals jaunàtres, excepté à la pointe. Lames vulvaires médiocres. Patrie : Europe tempérée et méridionale. (Gellect. Selys, Hagen, etc.) NB. Voir pour les différences avec la #ympha , l'article de cette derniére. 10. LESTES pissuncra, De Selys. Abdomen g' 28, © 26. Aile inférieure 20. Ptérostigma brun foncé, à peine plus pàle aux extrémités, allongé , non dilaté, surmontant deux ou deux et demi cellules, 15-14 posteubitales aux supérieures. Abdomen assez grêle, Tète médiocre. o* noirètre bronzé en dessus. Lèvre supérieure et face jaunes. Derrière de la tête noirâtre, ainsi que le prothorax. Devant du thorax noiràtre bronzé avec uve raie humérale vert clair assez étroite, n’allant pas jusqu’en hauL. Les côtés et le dessous jaunâtres avec une bande noire médiane large, irré- gulière (nulle chez les jeunes et chez la ©), confluente avec le devant sous l'aile supérieure. Pieds jaunâtres avec une double ligne aux fémurs et l'intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs noirs, un peu roussàtres à la base en dessus: leur bout mousse, pas fortement courbé , ayant intérieurement une dent basale aiguë assez courte, suivie d’une dilatation épaisse très-dentelée, finissant par une seconde dent semblable à la première (moins éloignée que chez l'hamata et la nympha, en un mot, comme chez la sponsa) et suivie d’une forte échancrure. Appendices inférieurs longs, dépassant la Rd dés (505) seconde dent des supérieurs, droits, à peine aplatis au bout, éloignés, mais pouvant se croiser l’un sur l’autre (comme chez la sponsa), plus épais que chez la forcipala. ©. Ptérostigma surmontant deux cellules. Prothorax brun en dessus, taché de jaunàtre. Raie humérale jaunätre, complète, médiocre , confluente par le haut avec le jaune des côtés; ces derniers avec une fine ligne supé- rieure noirâtre à la suture médiane, Tache brune du 1° segment arrondie vers la base. Les 9 et 10€ bronzés en dessus, sans taches, Valvules à peine denticulées. Appendices anals jaunàtres, noirs en dedans. Patrie : Nouvelle-Écosse, Maine, IHinois, Chicago (baron Osten-Saeken. Redman, ete.), Mus. Brit. Collect. Selys, Hagen. NB. Représente la sponsa en Amérique et n'en parait qu'une race locale, dis- linete par sa coloration bran bronzé plutôt que vert , et les bandes humérales elaires plus larges. Ressemble aussi à la forcipata, quant à la couleur, mais le mâle de la forcipata a les deux dents des appendices supérieurs plus éloignées, et les appendices inférieurs plus longs , plus grêles, plus capités au bout , le ptérostisma plus épais, et le 9e segment de la Q à une tache ovale dorsale jaunâtre. 11. LESTES FORCIPATA. Ramb., n° 4. Lesres mamara, Hagen, Æmer., n° 12. Abdomen 9° 50-55 ; © 28-55. Aile inférieure o* 19-24. Ptérostigma brun foncé, à peine plus clair aux extrémités, médiocre, épais, dilaté, surmontant deux cellules. 9-11 posteubitales aux supé- rieures. Abdomen médiocre. Tête large. o* noirälre bronzé en-dessus. Lèvre supérieure et face jaunâtres. Der- rière de la tête noirâtre, ainsi que le prothorax. Devant du thorax noirâtre bronzé avec une raie antéhumérale marron plus large en bas, adossée à une humérale verte plus étroite. Les côtés et le dessous jaunâtres avec une fine ligne noire à la suture médiane. Pieds jaunàtres avec une double ligne aux fémurs et l’intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs nôirâtres, à peine roussâtres à la base en des- sous; le bout mousse non fortement courbé, ayant intérieurement une forte dent basale aiguë assez longue , suivie d’une dilatation peu épaisse , finement denticulée, finissant par une seconde dent peu aiguë. (Ces dents, aussi éloignées l’une de l'autre que chez la hamata et la nympha, suivies d’une forte échancrure.) Appendices inférieurs dépassant en longueur la seconde dent, écartés, droits, subeylindriques , amineis au milieu, le bout un peu élargi et spatulé. ©. Prothorax brun, taché de noir. Les raies claires antéhumérales plus ( 304 ) larges, du moins chez les jeunes. La crête médiane du thorax jaune. 9° seg- ment avec une tache dorsale, ovale, médiocre, jaunàtre. Lames vulvaires médiocres, denticulées. Appendices anals jaunâtres, bruns au bout. Patrie : Amérique septentrionale (types de Serville et Rambur), New- Jersey, Géorgie, Illinois. (Collect. Selys.) NB. Intermédiaire, d’une part, entre les nympha et hamata , dont elle a le ptéro- stigma et les appendices supérieurs , et , d'autre part , les sponsa et disjuncta , dont elle a le premier segment et les appendices inférieurs. Distincte des deux espèces européennes par la coloration brun bronzé et non vert métallique. Race? — LESTES sTULTA, Hagen, North. Am. Neur., p. 67, n° 4. Connue seulement par une femelle dont presque tout l'abdomen manque. Aile inférieure 24mm, Tête et thorax un peu plus robustes, une grande tache brune mieux arrêtée sur chaque côté du prothorax, pas de vestige noir après les pieds postérieurs. Dessus du 1° segment de l'abdomen noi- râtre, excepté à la base. Bandes humérales roussâtres plus étroites, tra- versées par une raie dorsale pâle. (Le reste manque.) Patrie : San-Francisco, en Californie. (Collect. Hagen.) 12. LESTES ALACRIS, Hagen. Lesres azacer, Hagen, n° 3. Abdomen 51-52. Aile inférieure o' 20-25, © 23-95. Ptérostigma assez épais, noirâtre (plus long chez la © ), surmontant deux cellules ; 9-14 posteubitales aux supérieurs. Ailes étroites. Abdomen grêle. g' adulte. Noirâtre bronzé en dessus. Lèvre supérieure olivâtre; der- rière des yeux, espace interalaire, base et extrémité de l'abdomen sau- poudrés de blanchâtre. Prothorax noirâtre, Devant du thorax noiràtre avec une raie antéhumérale assez large (bleuâtre). Le reste des côtés et le dessous olivâtres avec une large bande médiane noirâtre touchant les ailes, mais non les pieds. Ceux-ci jaunâtres avec une ligne brune interne, qui est double sur les fémurs. Appendices supérieurs bruns en dessus, à pointe mousse, ayant inté- rieurement une dent basale courte, non aiguë, suivie d’une dilatation médiane large , convexe, légèrement denticulée, terminée par une échans- crure. Appendices inférieurs ayant les deux tiers des supérieurs, subeylin- driques, arrondis et villeux au bout, où ils se rapprochent: un peu écartés auparavant. à (303 ) Q adulte. Colorée comme le mâle, Lames vulvaires médiocres, pas visiblement denticulées. Q jeune. Ptérostigma brun clair. Derrière de la tête noir, plus elair inférieurement. Une partie du prothorax, côtés et dessous du thorax, es- pace interalaire, crête dorsale des {er et 2e segments, côtés des autres et appendices anals roussàtre clair. Patrie : Véra-Cruz, par M. Sallé (Collect. Selys), Texas, à la rivière Pecos , le 42 mai. (Collect. Hagen.) LS istingue des espèces américaines voisines par la grande largeur des NB. Se distingue des espèces a a es pari le larg l bandes claires du devant du thorax, la dent basale des appendices anals supé- vieurs du mâle peu prononcée; la seconde nulle; les appendices inferieurs assez épais ; la coloration brune et roussâtre de la femelle, quoique ses derniers seg- ments, même chez les jeunes , soient noirätres, sans taches dorsales claires , et que le prothorax soit loujours noirâtre au centre. 15. LESTES MinurTa, De Selys. . Hagen, Amér. (Sans description.) Abdomen 27. Aile inférieure 17. Ptérostigma noir, allongé , surmontant presque deux cellules. Ailes légè- rement salies. Onze postcubitales aux supérieures. 9" noir bronzé en dessus. Lèvre supérieure vert pâle. Derrière de la tête noir, plus pâle inférieurement, Prothorax noiràtre, Devant du thorax noir bronzé avec une crête dorsale et une raie antéhumérale étroite, vert pâle, adossée à une ligne humérale courte, pàle. Les côtés et le dessous vert pâle avec une bande médiane très-large noiràtre ; espace interalaire saupoudré de blanchâtre. Pieds olivâtres. Le côté externe des fémurs avec une bande, et l’intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs noirâtres, brun clair en dessus, ayant intérieu- rement après la base une dilatation un peu velue, qui se termine, après leurs deux tiers, par une forte dent aiguë, suivie d’une échancrure profonde. Le bord externe fortement denticulé. Appendices inférieurs écartés, presque droits, subeylindriques, assez épais ; le bout arrondi, villeux, atteignant en longueur la dent des supérieurs. Q inconnue. Patrie : Brésil (Collect. Selys). NB. L’espece la plus petite du groupe, facile à reconnaitre par l'absence de dent basale aux appendices supérieurs, et la forte dent médiane combinée avec la forme des appendices inférieurs, | (306 ) 14. LESTES VIGiLAx, Hagen, Abdomen 55-38, Aile inférieure 21-25. o* adulle. Ptérostigma brun olivètre, un peu allongé, surmontant deux et demi à trois cellules. Quatorze posteubitales aux supérieures. Ailes non salies. Abdomen long, grêle. Tête petite. Vert métallique en dessus. Lèvre supérieure olivâtre. Épistome, front , dessus de la tête noir bronzé; derrière de la tête noirâtre, pulvérulent, jaune entre les veux. Prothorax vert bronzé pulvérulent de côté. Devant du thorax vert bronzé jusqu'à la première suture latérale; la suture dor- sale du devant et lhumérale finement jaunâtres; le haut des côtés entre la première suture et la médiane vert bronzé; le reste et le dessous jau- nâtres, un peu pulvérulents, avec une tache noirâtre latérale oblitérée, Le vert du dessus de l'abdomen passant au noir sur les deux derniers seg- ments, qui sont un peu pulvérulents. Les fémurs jaunàätres avec une double ‘aie noirâtre , et les tibias bruns en dehors. Appendices supérieurs noirs ; leur première moitie jaunâtre obscur en dessus. IIS sont plus longs que le 10° segment, un peu courbés l’un vers l’autre, la seconde moitié penchée en bas. Ils portent intérieurement une forte dent basale aiguë, suivie d’une seconde aussi forte, moins aiguë, et d'une troisième obtuse. Le bout épaissi, mousse, villeux, presque courbé en dehors. Appendices inférieurs aussi longs que les supérieurs, rappro- chés à leur base, qui est brune, élargie; le reste formant les deux tiers finaux excessivement mince, filiforme, penchés l’un vers l’autre. o* jeune. Bords antérieur et postérieur du prothorax jaunes. Une large bande humérale de même couleur. Patrie : New-Jersey (Uhler). (Collect. Hagen, et Mus. de Vienne. Col- lect. Selys.) NB. Differe de la rectangularis par l'abdomen moins long, les ailes moins courtes, le ptérostigma jaunâtre, la tête plus petite, la dilatation interne des appendices supérieurs divisée en trois dents, ee qui ne se trouve pas chez d’autres espèces d'Europe ou d'Amérique ; enfin , les appendices inférieurs aussi longs que chez la forficula, mais encore plus fins. 15. LESTES RECTANGULARIS, Say. Journ. acad. Phil., VU, n° 1. Hagen , Amér., n° 2, Abdomen © 40, © 51. Aile inférieure 22. Ptérostigma noir, épais, assez court, surmontant un peu plus de deux ( 507 ) cellules; 11-12 postcubitales aux supérieures. Ailes un peu salies, courtes. Abdomen très-long (9°), long (Q). Noir bronzé en dessus, Lèvre supérieure vert jaunàtre. Derrière de la tête noir, Prothorax noiratre, borde et taché d'olivâtre. Devant du thorax noir avec une crête dorsale fine et une bande humérale jaunes; cette der- nière confluente par en haut et par en bas avec les côtés et le dessous jaunètre clair. Pieds jaunètres avec une raie aux fémurs et l'intérieur des tibias noir. o". Appendices supérieurs noiràtres, leur extrémité fortement courbéc en dedans et en bas, ayant intérieurement une dent basale aiguë, suivie d’une dilatation assez large et denticulée, qui se termine aux deux tiers par une dent plus forte et plus aiguë finissant par une échancrure subite. Appendices inférieurs un peu épais à la base, écartés, s'amincissant graduellement en se rapprochant vers la pointe, qui est un peu mousse el fortement penchée vers le bas, atteignant la seconde dent des supérieurs. Q. Appendices anals bruns, valvules médiocres, pas visiblement denti- culées. Patrie : Indiana et Massachusetts (Say), Maryland (Uhler), Savannah: New-York. — Illinois. (Coll. Selys et Hagen, Mus. de Berlin.) NB. Le mâle est tres-distinct par son abdomen excessivement long et par la forme de ses appendices inférieurs. Lorsqu'il est vivant, les yeux sont bleus d'outre-mer. La femelle est notable dans ce groupe par le vert jaunâtre assez pur des parties claires. 16. LESTES SUBLATA , Hagen. Abdomen 50. Aile inférieure 24. Ailes un peu salies. Ptérostigma brun jaunàtre, allongé, surmontant deux cellules ; 15-14 postcubitales aux supérieures. Abdomen et tête médiocres. go" inconnu. ©. Lèvre supérieure jaune olivätre. Front, dessus et derrière des yeux noirâtre bronzé ; cette dernière partie masquée par une villosité blanchàtre. Prothorax olivätre avec une large bande dorsale bronzée. Thorax jaune oli- vätre ayant en avant une très-large bande dorsale noirätre bronzé n'allant pas jusqu'aux ‘sutures humérales. Le dessous avec vestige de deux points noirätres de chaque côté de la poitrine. Dessus de l'abdomen noirâtre bronzé , cette couleur un peu échancrée aux articulations, qui sont jaunà- tres ainsi que le dessous. Pieds jaunâtres avec une ligne brune latérale aux fémurs, noire et interne aux tibias. Appendices anals subeylindriques bruns , denticulés sur les côtés, à ( 308 ) pointe mousse, plus courts que le 10e segment. Valvules médiocres, pas visiblement denticulées. ‘ Patrie : Surinam. (Par Cordua, Mus. de Berlin.) NB. Se distingue par la bande dorsale unique et large du devant du thorax et par les appendices supérieurs de la femelle denticulés, ome groupe (L. FORFICULA ). Derrière de la tête jaunâtre. Appendices anals inférieurs du mâle longs. Coloration noirâtre bronzé, les bandes claires du devant du thorax larges. Ptérostigma unicolore noir ou brun. Appendices anals de la femelle non dentelés. Patrie : Amérique tropicale (L. forficula et spumaria). 17. LESTES FORFICULA, Ramb , n° 5. Hagen, Amnér., n° 7. Abdomen © 26-52, © 28-54; aile inférieure o° 20-22, Q 19-24. Ptérostigma noirâtre, épais, assez allongé, surmontant deux celulles ; 10-15 postcubitales aux supérieures. Abdomen grêle. Tête médiocre. Vert bronzé en dessus. Lèvre supérieure vert clair. Derrière de la tête roux clair (saupoudré de blanchâtre chez l'adulte). Prothorax roux brun (adulte), roux jaunâtre (jeune). Thorax roussàtre en dessus, plus pâle sur les côtés et en dessous, ayant en avant quatre raies droites vert bronzé isolées, ne touchant pas le haut, l’une entre la suture dorsale et l'humé- rale, l’autre après cette suture. (Les côtés et l’espace interalaire blane pul- vérulent chez le o”' adulte.) Pieds roussätre pâle avec une double ligne fine aux féemurs, et l’inférieur des tibias finement noirâtre. og. Appendices supérieurs brun noirâtre; le bout mousse, pas fortement courbé, ayant intérieurement après la base une forte dent aiguë, allongée, suivie d’une dilatation convexe, garnie de dentelures pectiniformes vers son extrémité, qui se termine d’une manière arrondie aux ?/3 de leur lon- gueur. Appendices inférieurs écartés, droits, cylindriques, dépassant le bout de la dilatation, minces après la base, à peine épaissis au bout, qui est villeux. ©. Les deux raies vertes du devant du thorax plus étroites, surtout la juxta-humérale, qui est plutôt brune que métallique. Une fine crête jaunà- tre aux premiers segments; les derniers roux ou bruns avec une bande latérale acier. Appendices anals brun acier (roux chez un exemplaire). Valvules médiocres, brun noirâtre, très-finement denticulées. Patrie : Le mâle, type de Rambur, indiqué d'Amérique (méridionale ?) ( 309 ) — Plusieurs couples du Brésil, par M. Clausen. Cuba, Mexique (Mus. de Vienne); Cayenne, Para. (Coll. Selys, Hagen.) ” Races ou variétés. A. Le type o* de M. Rambur, d’après lequel sont décrits les appendices anals, a les quatre bandes métalliques du thorax plus épaisses (et vert violätre) que d'autres du Brésil, avec appendices semblables, reçus avec les femelles. B. Un o" du Para à les dentelures de la dilatation des appendices su- périeurs plus courtes, moins nombreuses. C. Lesres srriara, De Selys, Hagen, Amér. (sans description), de Mé- rida (Vénézuéla), reçue de M. Parzudhaki, est peut-être fondée sur des in- dividus plus jeunes. Les raies antéhumérales bronzées très-étroites; les deux post-humérales nulles. Le 0" a, vers l'extrémité de la dilatation, deux dentelures plus fortes que les autres, et la femelle, dont les ailes ont jusqu’à 32mm, à les appendices anals brun foncé, NB. Cette espèce et ses races ou variétés se distinguent de toutes les autres , et notamment de la forcipata (voisine par ses appendices), par le prothorax roux sans taches , par le peu d’étendue des espaces bronzés du thorax réduits à deux ou quatre raies isolées , et par le roux clair dominant partout. La dilatation des appendices anals supérieurs du mâle est aussi différente de celle de la forcipata, étant convexe, garnie de fortes dentelures et finissant d’une manière arrondie , sans former de seconde dent. 18. LESTES sPuMaARIA , Hagen. Abdomen 9" 55, © 54. Aile inférieure o" 22 1/2, © 24. Ptérostigma noirâtre, épais, assez allongé, surmontant deux cellules. 12-15 postcubitales aux supérieures. Abdomen grêle. Tête assez forte. Vert bronzé en dessus. Lèvre supérieure claire. Derrière de la tête pâle. Prothorax brun (plus clair @). Devant du thorax jusqu’à la première suture des côtés bronzé, avec la suture dorsale et une bande juxta-humé- rale roussàtres. Le reste des côtés et le dessous blanc jaunâtre avec deux taches noires de chaque côté de la poitrine. Espace interalaire saupoudré. o'. Appendices supérieurs plus longs que le 10e segment, brun noirâtre, à bout un peu courbé en dedans d’abord , puis en dehors et en bas à l’extré- mité, qui est villeuse, ayant intérieurement, après la base, une dilatation commençant par une petite dent et se terminant après la moitié de la lon- gueur des appendices. Appendices inférieurs très-minces et distants, pen- chés ensuite l’un vers l’autre, atteignant à peine le bout de la dilatation. ( 510 ) Pieds jaunâtres avec une ligne externe aux fémurs, interne aux tibias noirâtre. Q. Une fine arète jaunâtre au 2° segment. Appendices bruns, valvules médiocres, foncées, pas visiblement dentelées. Patrie : Porto-Rico (Moritz). (Mus. de Berlin.) NB. Differe de la forficula : 1° tête plus large ; 2° le bronzé occupant plus d’es- pace au-devant du thorax; 3° appendices supérieurs du mâle à pointe recourbée en dehors, leur dilatation n'ayant qu'une dent basale tres-petite et non denti- culée ensuite ; 4° les inférieurs plus minces , plus courts ; 5° la femelle n’avant pas de bande métallique aux derniers segments. 4me groupe (L. BARBARA ). Derrière de la tête jaune ou jaunâtre. Appendices anals in- férieurs du male courts. A. Appendices anals de la femelle denticulés en dehors. (L. exolela, — undulata.) D’Amérique. B. Appendices anals de la femelle non denticulés. a. Espèces américaines. (L. aurita, — tricolor, — picla, — lenuata, — ? eurina, — congener.) b. Espèces européennes et méditerranéennes (L. virens, — barbara). Cette dernière est la seule qui ait le ptérostigma franchement bicolore. e. Espèce de Syrie et Égypte (L. sellata). d. Espèces de l'Asie tropicale (L. elata, — præmorsa, — concinna, — ? viridula, — orientalis). e. Espèces de l’Afrique tropicale et méridionale (L. virgata, — plagiala, — pallida, — ochracea). Chez ces dernières espèces, le fond de la coloration est constamment ferrugineux ou jaunàtre, et les raies métalliques du thorax étroites. Le 2° segment du thorax à peine aussi long que la moitié du 5° chez le mâle, ou plus court chez la femelle. 19. LeSTES EXOLETA, Hagen, Ameér. (Sans description.) Abdomen d'environ 56, © 41. Aile inférieure g' 52, © 55. Ptérostigma brun noirâtre (g*'}), brun jaunètre (Q}), assez épais, sur- montant deux cellules. 14-16 posteubitales aux supérieures, Abdomen meé- diocre, Tête robuste, Taille forte. ( 511 ) Coloration olivatre clair varie de bronzé en dessus, jaunûtre pèle en dessous. o'. Lèvre superieure vert où bleu clair, Dessus de la tête brun clair. Prothorax et thorax olivètres, plus piles en dessous, le thorax ayant, en avant de chaque côté, adossée à la suture dorsale, une bande noirätre isolée, divisée en deux par une raie bronzée. Suture bumérale brune, Un tubercule noir au bas de la médiane latérale et quatre petites taches loncees à la poitrine. Dessus des segments 2° à 6° noir bronzé avec une raie dorsale et les articulations vert clair, (Le reste manque.) Pieds jau- nätres avec une bande aux fémurs et l'intérieur des tibias foncés. © jeune. Plus pàle. Thorax sans bandes en avant. Dessus de l'abdomen brun elair avec une ligne fine dorsale interrompue jaune clair aux 2°-5° segments. Les derniers sans tache, le 10€ fendu. Pieds livides avec vestiges des lignes brunes. Appendices anals bruns, villeux, denticulés au bout en dehors. Patrie : Brésil (Olfers). (Mus. de Berlin.) NB. Ressemble en trèes-grand à la forficula, surtout à la race striutu. Par sa taille, elle se rapproche de l'Archilestes grandis, mais s'en sépare de suite par le quadrilatère moins large, par le point de départ du secteur nodal , quatre a cinq cellules après le nodus, et par le ptérostigma plus court. Differe encore plus de la Megulestes major par les secteurs interposés entre le sous-nodal et le médian; de la Lestes orientalis par la coloration. 20. LESTES UNDULATA, Say. Journ. acad. phil., t. VI, p. 55. Lisres vrrrara, Hagen in Selvs., Rev. Odon. Eur., p. 351. AGRION viminivirTaruM, Gay, /ist. de Chile, Zoolog., 1. VE, p. 118, no 1. Atlas zoolog., Nevropt., 1. I, fig. 7, 1849. Abdomen 6° 50, © 27-29, Aile inférieure 20-22, Pierostigma brun jaunàtre, médiocre, un peu plus clair aux extrémités. 11-12 postcubitales aux supérieures; rétieulation brune. Abdomen et tète médiocres. o" jeune. Varié de brun, de roux et de jaunâtre, à dessins vert bronzé. Tète brun jaunâtre, un peu plus foncé à la lèvre supérieure. Une large bande vert métallique entre les yeux à travers les ocelles. Prothorax et devant du thorax roussàtres avec deux bandes étroites vert métallique assez rapprochées de la crète dorsale du thorax, ne touchant pas tout à fait les sinus, et une raie isolée de même couleur limitant le brun à la première suture latérale ne touchant pas le haut. Le reste des côtés, le dessous et l'espace interalaire jaures. Abdcmen brun jaunètre, varié d'acier ver- (512) dâtré. 1° segment sans tache, une bande métallique de chaque côté de la crête dorsale du 2°; une tache terminale de même couleur aux 5°-5°; les 6°, 7€ et 8€ brun bronzé en dessus ; 9° et 10° brun jaunâtre. Pieds jau- nâtres avec une raie noirâtre double et externe aux fémurs, simple el interne aux tibias. a. Appendices supérieurs variés de jaunàtre et de brun, égalant les deux derniers segments. Vus de profil, ils sont relevés en haut dans leur première moitié, penches en bas par une double courbure en S dans leur seconde. Vus en dessus, ils sont légèrement courbés l'un vers l'autre, les bouts se touchant avant l'extrémité, qui ést renflée en dedans, aplatie en dessus et presque recourbée en dehors. Is portent intérieurement , de suite après la base, une forte dilatation ou dent arrondie qui se prolonge jusques un peu après leur moitié, où elle finit en dent à angle droit. Appendiees inférieurs excessivement courts, sous forme de tubercules rapprochés, | villeux. ©. Les 5°-7e segments avec une bande dorsale brun bronzé; les 8e-9e brun jaunâtre avec une bande brune de chaque côté de l’arête. Le dessus du 40€, qui est très-échancré, brun. Appendices coniques, distants, denti- culés en dehors (jaunâtres chez les jeunes), égalant à peine la moitié du 10e segment. Valvules denticulées au bout. Q plus adulle (du Chili). La réticulation plus foncée. Appendices noi- ràcres, ainsi que le bord des valvules; les uns et les autres moins denti- culés Front noir. Épistome bordé et traversé de noir en Z. Patrie : Valdivia, au Chili, Monte-Vidéo, Buénos-Ayres. (Collect. Hagen et Mus. de Berlin.) NB. Elie offre une cert&ine ressemblance de stature et de coloration avec la L. analis de la Nouvelle-Hollande , mais est bien distincte par la forme du qua- drilatère plus large, les appendices, les dessins du thorax. Se sépare de toutes les espèces connues par la grande longueur des appendices anals supérieurs contournés du mâle. La femelle est également reconnaissable aux appendices denticulés, aux deux bandes étroites vert acier du devant du thorax et au ptérostigma brun elair. 21. LESTES AURITA, Hagen. Adomen 26. Aile inférieure 18. 9". Ptérostigma brun, un peu clair au bout, médiocre, surmontant deux cellules. 10 postcubitales aux supérieures. Abdomen grêle. Tête assez ro- buste, brun olivètre, plus foncé entre les yeux. Prothorax roussitre, le lobe postérieur ayant deux petites taches bronzées rapprochées. Devant du thorax roussatre jusqu’à la suture humérale, ayant une double bande (515) dorsale vert brouzé divisée par Kà suture. Les côtés et le dessous jaune pèle avec une bande médiane roussàtre et deux taches noires de chaque côté de la poitrine après les pieds. Dessus de l'abdomen bronzé ; un anneau terminal vert métallique aux segments; leur articulation basale roussâtre. Pieds noirâtres. Intérieur des fémurs et l'extérieur des tibias brun clair. Appendices supérieurs plus longs que le 10° segment, noirâtres, pas fortement courbés avant la pointe; celle-ci un peu inclinée en dehors et vil- leuse. Is ont intérieurement après la base une dilatation échancrée en demi-cerele et se terminant en diminuant après la moitié des appendices. Les inférieurs moitié plus courts, jaunètres, épais et rapprochés à leur base, atténués insensiblement jusqu’à la pointe, où ils sont légèrement distants; celle-ci légèrement inclinée en dehors. Q inconnue. Patrie : Bresil, à San Joao del Rey. (Mus. de Berlin.) NB. On peut la comparer à la minuta dont elle a la petite taille , mais qui en diffère considérablement par la coloration de la tête, du prothorax, du devant du thorax et par la forme des appendices anals. 22. Lesres rRICOLOR, Hoffmansegg, Erichson. Voyage de Scom- burgk, II. Abdomen 0° 58, Q 26. Aile inférieure o" 25, Q 24 12. 0". Ptérostigma noir (jaunàtre chez les jeunes), dilaté, assez court, sur- montant environ deux cellules ; 12-14 postcubitales aux supérieures. Bronzé foncé en dessus. Lèvre supérieure et rhinarium bleu verdâtre. Épistome et dessus de la tête brun bronzé avec marques oblitérées brunes. Derrière des yeux jaune obscur. Prothorax bleuàtre pâle avec une tache latérale et des nuances médianes foncées. Devant du thorax à bandes de couleurs variées, savoir : une double dorsale noire, marquée elle-même latéralement d’une raie vert doré, suivie d’une large bande juxta-humé- rale bleu clair; suture bumérale rousse; l’espace, jusqu’à la première laté- rale, brun noirâtre ; le reste des côtés bleuàtre au milieu vers les ailes, passant au jaunâtre en dessous, ayant, après les pieds postérieurs, de chaque côté une tache noire en V; ces deux taches réunies par leur base au centre de la poitrine. Abdomen brun ou vert bronzé en dessus; la base plus claire; les 2-7e segments avec un anneau basal vert clair. Pieds jaune roussâtre avec une ligne double aux fémurs, interne aux tibias, noire, Apperdices supérieurs noirs, roussàtres au bout, presque aussi longs que les deux derniers segments, peu courbés; le bout aigu, très-penche en bas. Ils ont intérieurement après la base une dilatation subite ou dent (514) arrondie, qui est suivie d'un feston concave et qui finit aussi en dent avant le bout des appendices courbé en bas et renflé avant son extrémité. Appendices inférieurs noirs, n'ayant que le tiers des supérieurs , droits, minces, écartés, mais la base subitement épaissie et rapprochée inté- rieurement. © plus claire, en partie brun rougeàtre. Base des antennes et vertex orangés. Prothorax roussätre au milieu, jaunètre latéralement. Devant du thorax roussätre avec une bande bleue antéhumérale ; une bande posthu- mérale bleue bordée de brun. Abdomen roussätre en dessus. Un anneau Jaune interrompu à la base des 2-6° segments. Les 8-10c à bande dorsale jaune. Appendices noirs, jaunes à la base. Valvules jaunes, noires en de- hors, dentelées au bout Ptérostigma brun, plus pèle au bout. Patrie : Bahia, Pernambuco, Guyane (Schomburgk, Veilenmann ). (Coll. Hagen etMus. de Berlin, coll. Selys.) NB. Le mâle, facile à reconnaitre à ses appendices inférieurs courts, minces ; aux supérieurs peu courbés, n'ayant en dedans qu'une dilatation excavée sans véritables dents ; diffère surtout de la tenuata par ses appendices inférieurs. Les deux sexes se séparent des espèces voisines par les bandes bieues du devant du thorax, combinées avec le derrière de la tête jaune foncé , assez mal arrête. 25. Lisres Picra, Hagen, Amér. (Sans description.) Abdomen 0" 54; © 52. Aile inférieure 22. Ptérostigma noiràtre, épais, assez allongé, surmontant deux cellules. 10-12 postcubitales aux supérieures. Abdomen grêle. Tête médiocre. o* noirâtre bronzé en dessus, varié de bleu et de roux orangé. Lèvre supérieure bleue. Derrière des veux roux brun. Prothorax brun. Devant du thorax brun avec une raie vert métallique avant une autre juxta-humérale bleue. Une raie humérale orangée, suivie d'un espace brun jusqu’à la pre- mière suture latérale. Le reste des côtés et le dessous bleu verdàtre avec trois taches noires cerclant en partie la poitrine après les pieds postérieurs. Abdomen très-long grèle, vert bronzé foncé. Le 2° segment avec une bande dorsale, les 5-7 avec un anneau basal, les 8-9 bleus. Fémurs rous- stres bi-lignés de noir. Extérieur des Libias verdâtre, l’intérieur finement uoir. Appendices supérieurs plus longs que le 10° segment, noirètres, peu courbés, denticulés en dehors, ayant intérieurement après là base une dilatation épaisse, qui se continue presque jusqu'au bout après un retré- cissement dans son milieu; leur pointe mousse. Appendices inférieurs n'ayant que le tiers des supérieurs, épais à la base; subitement amincis en dedans, de manière à être alors distants, mais courbés l'un vers l’autre. ©. Base des antennes, face, prothorax roux clair ou orange. Devant du ( 919 ) thorax roussàtre; une raie noire presque contre la raie bleue juxta-humé- rule, La raie dorsale du 2° segment est jaunûtre et prolongée sur le 5°, Le dessus des derniers segments bronzé noiràtre avec une bande dorsale brune. Appendices (et valvules peu denticulées) noirâtres. Patrie : Brésil. (Coll. Hagen.) NB. Voisine de la fenuata. Le mâle en différe surtout par la bande dorsale bleue du 2€ segment ; les 8-9 de même couleur; le tubereule basal interne des appen- dices supérieurs réuni à la dilatation qui suit , et les appendices inférieurs courbes Pun vers l’autre, non épaissis au bout , rétrécis en dedans après la base. La femelle se sépare de la tenuata par l'absence de vert métallique au-dessus de la tête, par la présence des deux raies noires du devant du thorax, les appendices noirs et les valvules peu denticulés. 24, Lestes TENUATA, Ramb.. n°2. De Selys, Odon. de Cuba (dans l'ouvrage de Poey ). Hagen, Amér., n°9. Abdomen 0° 57, © 50. Aile inférieure 22-25. 0". Ptérostigma brun noirètre, un peu plus clair au bout, dilaté et assez court, Surmontant deux cellules. 12-14 posteubitales aux supérieures. D'un vert violet obscur. Lèvre supérieure olivtre. Derrière de Ia tête gris jaunatre. Prothorax jaunatre sans lache. Thorax roux olivätre, plus pale de côté et en dessous ; le devant avec une bande antéhumérale et une posthumérale isolées vert violtre. Abdomen très- long et gréle. Pieds livides avec une ligne noire double aux fémurs, simple et interne aux tibias. Appendices supérieurs noirätres en dessus, à pointe arrondie, ayant intérieurement une dent basale presque carrée, suivie, après le milieu, d’une dilatation denticulée ; Pextérieur des appendices denté. Les inférieurs avant le tiers des supérieurs , assez rapprochés, épaissis et obtus au bout, villeux. © jeune : Ptérostigma gris brun. Les parties métalliques du dessus de la tête et les quatre bandes du thorax d’un vert brillant sur fond gris brun. Le dessus de l'abdomen d'un violet clair peu métallique, sur lequel se, dessine, au bout des 2-6° segments, un anneau acier plus vif que les 1°”, 8e, 9e et 10°; avec une bande latérale vert métallique basale au 10c; le reste de ces segments étant gris chair, ainsi que les appendices anals. Les val- vules finement denticulées. Patrie : La Martinique. (Colicet. Selys, types provenant des collections Guérin et Serville.) — Antilles. (Coll. Hagen.) NB. Distincte des autres par le thorax ayant en avant quatre bandes métalli- 2€ SÉRIE, TOME XHI. 24 KL : (316 ) ques étroites , le prothorax jaunâtre, l’æbdomen presque aussi long que chez la reclangularis. Notable parmi les espèces américaines par les appendices inférieurs du mâle court , l'absence de seconde dent aux supérieurs. 25. LESTES EURINA, Say, Hagen, Amer., n° 10. Lesres eurRinus , Say , Journ. acad. phil., VUIX , n° 5. Abdomen environ 58. Aile inférieure ? o*. Ailes légèrement lavées de jaune verdâtre. Ptérostigma noiràlre. Corps bleu (acier), varié de vert et de violet en dessus. Lèvre supérieure el ses côtés jaunâtres. Thorax ayant en avant une raie jaune humérale bifide et divariquée postérieurement. Les côtés et la poitrine jaunes, ainsi que l’espace interalaire. Abdomen bleu (acier ); les segments verdâtres au bout, ayant en dessous une raie noire et le bout des segments noir. Pieds noirs ; fémurs blanchâtres en dessous ; tibias avec une ligne blanche externe. Appendices supérieurs bidentés intérieurement en dessous; les infé- rieurs coniques, moins longs que la moitié des supérieurs. Q inconnue. Patrie : États-Unis, par le docteur Harris. (Compilé sur le texte de Say.) NB. Say la compare à sa rectangularis à laquelle , dit-il , elle ressemble , mais, avec le corps beaucoup plus court et les ailes plus longues, les appendices infé- rieurs plus courts et les supérieurs pas autant penchés en bas. D'après cela, elle doit être très- voisine de la tenuata , si elle n’est pas identique , et je l'y aurais rapportée , si Say ne mentionnait pas que les appendices supérieurs ont deux dents internes, et si sa description du devant du thorax était plus précise. 26. LESTES CONGENER , Hagen, Amér., n° 5. Lesres minuscuLa , Uhler, MS. (Q). Abdomen 9 29, $ 95. Aile inférieure © 21, Q 20. Ptérostigma brun roussètre, plus clair aux extrémités, un peu dilaté, ‘surmontant deux cellules. 10-11 postcubitales aux supérieures. Noiràtre bronzé en dessus. Lèvre supérieure, rhinarium et derrière &e la tête jaunâtres. Devant du thorax brun foncé jusqu’à la suture médiane latérale; l’arête médiane et une ligne humérale jaune roussàtre. Le reste des côtés et le dessous jaunâtre livide avec deux traits obliques noirs après les pieds postérieurs. (Espace interalaire , dessous et côtés du thorax sau- poudrés de cendré chez les adultes). Pieds jaunàtres avec une ligne externe aux fémurs et l’intérieur des tibias noirs. (317) « d". Appendices supérieurs, jaunes en dessus; leur moitié finale noiràtre , ayant intérieurement une dent basale courte, aiguë, suivie d'une petite dilatation médiane droite, finissant par une échancrure obtuse. Le bout des appendices modérément courbé, aplati, mousse, Appendices inférieurs jaunâtres, plus courts que la moitié des supérieurs, un peu distants après la base, à pointes mousses villeuses relevées et courbées l'une vers l'au- tre. Les côtés du 10° segment largement jaunes. Q. Une fine ligne dorsale jaune à l'abdomen. Appendices anals noirs, jaunes en dehors. Valvules jaunes, un peu noires au bord apical, qui est finement denticulé. Le jaune des côtés du 10° segment moins étendu. Patrie : Delaware, New-York, (Collect. Hagen.) NB. EHe me parait représenter , en Amérique, la virens d'Europe , dont elle diffère par la coloration noir bronzé et non vert métallique, et par les appendices supérieurs du mâle un peu plus courbés, à pointe aplatie. Les inférieurs, qui sont courts, la séparent bien de l’unguiculatu. Race? — LesrTes vipua, Hagen. (N. Am. Neur., p. 69, n° 89.) Tête un peu plus robuste. Le derrière des yeux marqué inférieurement d’une tache foncée. Taille plus forte : aile inférieure 22mm, (Le bout de l'abdomen manque.) Patrie : Nouvelle-Orléans, par Mme Pfeiffer, (Mus. de Vienne.) 27. LESTES VIRENS, Charp. AGmiox virens, Charp. Lesres virens , De Selys, Hagen. — vesraLis, Ramb., n° 9. AGRion BarBara, var., Vander L. Abdomen © 29-50, © 26-27. Aile inférieure 20. Ptérostigma roussätre (jaune chez les jeunes), plus clair aux extrémités, un peu dilaté, surmontant deux cellules. 9-12 posteubitales aux supé- rieures , Vert bronzé doré en dessus. Lèvre supérieure, rhinarium, derrière de la têle jaunes. Devant du thorax vert bronzé jusqu'à la suture médiane laté- rale avec une ligne humérale jaune ; le reste des côtés et le dessous jaune soufre avec une ligne noire très-fine à la suture médiane et une tache noire souvent double, très-petile de chaque côté après les pieds posté- rieurs. (Espace interalaire et dernier segment de l'abdomen saupoudrés de cendré chez le o° adulte.) Pieds jaunes avec une ligne fine externe aux fémurs et l’intérieur des tibias noirs. ( 318 ) 0". Appendices supérieurs jaunes en dessus; leur moitié finale noirätre, ayant intérieurement une dent basale courte, aiguë, suivie d'une petite dilatation médiane droite. Le bout des appendices modérément courbe. Les inférieurs jaunes, très-courts, un peu distants après la base, à pointe mousse villeuse, se rapprochant lun vers l'autre. Q. Appendices anals jaunätres, à pointe noiràtre, ainsi que les lames vulvaires; ces dernières très-finement denticulées au bout. Patrie : Europe tempérée et méridionale, Asie Mineure, Algérie. (Coll. Selys, Hagen, etc.) NB. Diflere surtout de la barbara par le ptérostigma unicolore et la petite tache latérale noire après les pieds; des autres espèces européennes par le der- riere de la tête jaune, la forme des appendices, etc. 28. LESTES BARBARA, Fab. AGRION BAREARUM, Fab.. Burm., n° 51. Lesres Bansara, De Selys, Hagen, Ramb., n° 11. Abdomen 0° 26-54, 9 29-52. Aile inférieure 0" 21-24, Q 22-25. Ptérostigma dilaté, brun; sa moitié postérieure et le bord interne blan- chàtres, surmontant environ deux cellules. 11-14 posteubitales aux ailes supérieures. Vert bronzé en dessus. Lèvre supérieure, face et derrière de la tête jau- natres. Devant du thorax vert bronzé avec une raie humérale jaune; les cotés et le dessous jaunes avec un vestige de ligne foncée à la suture mé- diane. Pas de trait noir latéral après les pieds. (Espace intéralaire et der- nier segment saupoudrés de cendré chez le o* adulte.) Pieds jaunàtres; une ligne latérale aux fémurs et l'intérieur des tibias noirs. o". Appendices supérieurs jaunàtres, à pointe noiràtre, ayant intérieure- ment une forte dent basale et une petite dilatation médiane presque droite. Les inférieurs d’un tiers plus courts , rapprochés, coniques, à pointe mince villeuse, relevée en haut et divariquée. Q. Appendices anals jaunâtres, ainsi que les lames vulvaires ; ces der- nières denticulées. Patrie : Europe tempérée et nréridionale, côtes de la Méditerranée, Asie Mineure, Algérie. (Collect. Selys, Hagen, etc.) NB. Distincte des autres espèces par son ptérostigma bicolore et le 2€ article | des antennes rétréci à la base, 29. LESTES SELLATA , Hagen. Abdomen © 51, Q 50. Aile inférieure 20. Ptérostigma brun, un peu plus elair au bord costal, un peu dilale, sur- montant deux cellules. 9-10 postcubitales aux supérieures. (319) o adulte. Noir bronzé en dessus. Tête roussètre pâle, passant au jau- nètre derrière les veux et à la èvre supérieure, et au brun sur le front. Prothorax noirâtre ; le bord postérieur jaunâtre. Devant et côtés du thorax noirs avee une bande dorsale roussàtre ; une humérale entière, une mé - diane latérale et une latérale postérieure assez larges, jaunàtres. Le dessous de même couleur. (Espace interalaire et les côtes un peu sau- poudrés de blanchètre chez l'adulte.) Côtés de Fabdomen jaunàtre pale , excepté les trois derniers segments, où ces parties sont noires. Pieds jau- mètre pâle avec une ligne interne, double aux fémurs, simple aux tibias, noire. Appendices jaunàtres passant au noiràtre dans leur seconde moitié en dessus ; les supérieurs ayant intérieurement une dent basale courte, aiguë noire, suivie d'une dilatation médiane arrondie finement denticulée; les inférieurs très-courts, un peu distants, chacun d'eux presque fourchu. (Peut-être incomplets ?) o" jeune. Tête plus pèle. Bandes claires du devant du thorax plus larges ; bandes noires des côtés du thorax rudimentaires, nulles inférieurement. Dessus de l'abdomen plus clair. Valvules peu dentelées au bout. Ptéro- stigma plus long , plus pâle. Q inconnue. Patrie : Syrie et Egypte (Ehrenberg). (Mus. de Berlin et collect. Hagen.) NB. Espèce qui imite assez bien par les formes la virens d'Europe, mais sys- tème de coloration sans vert doré, ce qui la rapproche de l’orientalis en petit et des autres espèces asiatiques du Sud. Le quadrilatère est assez large. 90. LESTES ELATA , Hagen. Syn. Neur. Geylons, n° 36. Zoo!. Bot. Gesellsch., 1858. Abdomen 9° 55, © 51. Aile inférieure co" 20, © 25. Ptérostigma brun noiràtre assez court, épais, surmontant deux cel- lules. 10-11 postcubitales aux supérieures. o adulte. Vert métallique en dessus, roux jaunâtre en dessous. Lèvre supérieure, face, front brun foncé. Dessus de la tête et du prothorax vert bronzé avec quelques maïques roussàtres au vertex. Derrière de la tête roussätre pulvérulent. Thorax roux avec une large bande vert métallique de chaqué côté de la suture dorsale, élargie en dehors vers le haut, et ap- parence de deux bandes analogues supérieures sur les côtés, entre la suture humérale et la première latérale, et entre celle -ci et la suivante (mais ces dessins peu distincts, les côtés et le dessous du thorax de même que l’espace intéralaire, les côtés du prothorax et le bout de l'abdomen étant ( 320 ) saupoudrés de blanchâtre). 1er segment roussätre avec une double bande dorsale brune, rétrécie au milieu. Le dèssus des autres segments vert métallique, passant au noir sur les 9e et 10€, avec un anneau basal jau- nâtre aux 2€ et 6e. Pieds jaunätres; l’intérieur et une ligne latérale aux fémurs noirs. Appendices jaunâtres. Le tiers final des supérieurs noir, terminés par des poils jaunes en dehors. Ils ont intérieurement une dent basale courte, aiguë, brune, suivie d’une dilatation médiane arrondie, finement denti- culée. Appendices inférieurs très-courts, un peu écartés, en tubercules presque échancrés en dedans. ©. Derrière de la tête, lèvres, face et prothorax jaunâtres; ce dernier avec quelques marques brunes. Côtés du thorax roux jaunâtre sans bande foncée, avec deux points bronzés inférieurs entre la suture humérale et la médiane latérale. Les côtés et le bout du 9e segment et le 10° en entier jaunâtres , ainsi que les appendices. Valvules non denticulées. Patrie : Ceylan à Rambodde (Nietner). (Collect. Hagen ) Tranquebar, (Mus. Lund Schelstedt.) NB. Elle rappelle les européennes , notamment la wirens, par la stature, la cou- leur vert métallique et le quadrilatère large. On peut cependant la rapprocher des espèces du sud de l'Asie, à cause de l’étendue de la couleur roux jaunâtre à la tête et au thorax. Differe bien de la sellata par le vert métallique. 51. LESTES PRÆMORSA, Hagen. Abdomen 50. Aïle inférieure 21. o* inconnu. Q adulte. Aïles à peine salies. Ptérostigma noir, médiocre, surmontant deux cellules. 10-12 posteubitales aux supérieures. | Lèvre supérieure gris brun. Dessus de la tête foncé, passant au bronzé entre les yeux. Le derrière de la tête gris pulvérulent. Prothorax gris brun; le lobe postérieur subémarginé, foncé. Thorax gris brun, plus clair sur les côtés et le dessous. Le devant ayant de chaque côté de la suture dor- sale une bande vert bronzé qui, extérieurement, est déchiquetée en trois lobes ou festons arrondis. (Les deux bandes adossées l’une à l’autre for- mant en quelque sorte une feuille de chêne.) Environ sept points noirs ou bronzés, isolés, sont répartis sur chaque côté du thorax, à partir de la suture humérale. Espace intéralaire et le dessous pulvérulents. Abdo- men assez épais; le dessus brun verdàtre bronzé. Les articulations des segments 2-6Ge livides, ainsi qu'un large anneau basal au 7°. Pieds jaunâtres avec deux lignes externes, foncées aux fémurs. CGils noirs, longs. ' (521 ) Appendices anals écartés, un peu plus courts que le 10° segment, foncés, poilus, un peu aplatis au bout, qui est noir, Patrie : Manille (Meyen). (Mus. de Berlin.) NB. Espèce jusqu'ici unique par la bande bronzée, déchiquetée, du devant du thorax et les appendices anals aplatis, qui rappellent ceux de la Platylestes platy- styla. Notable encore par l'anneau basal du 7° segment. 52. LESTES CONCINNA, Hagen. Abdomen 9° 52, 28. Aile inférieure o" 28-51, Q 19-22, Ailes uh peu salies. Ptérostigma médiocre, noir, plus pâle à la côte et au bout (°) brun clair (Q), surmontant deux cellules. 11-12 posteubitales aux supérieures. o" adulte (de Batavia). Ailes plus jaunies, ou salies; front et dessus de la tête foncés. Lèvre supérieure et derrière des yeux pàles. Prothorax fonce , pâle sur les côtés. Devant du thorax olivätre avec une bande anté- humérale ; les côtés avec une médiane et une terminale foncées. Dessins de l'abdomen foncés se rétrécissant aux 9° et 10e segments. Pieds longs, jaunètres , à cils médiocres ; les fémurs et les tibias avec une ligne externe et l’intérieur finement noirs. Tarses jaunes. Appendices anals jaunètres ; les supérieurs noirs au bout, dilatés inté- rieurement après la base jusqu'au delà du milieu; cette dilatation formant une dent inférieure à son origine , arrondie et denticulée ensuite. Appen- dices inférieurs foncés, plus de moitié plus courts que les supérieurs, sub- coniques, un peu relevés, contigus à leur base, un peu divariqués et écartés ensuite. o jeune (de Chine). Ailes non enfumées. Tête et thorax olivâätre clair, passant au blanchâtre en dessus. Pieds non lignés de noir. © jeune (de Manille). Colorée comme le male jeune, mais le devant du thorax avec une bande médiane dorsale brune mal arrêtée, et le dos de l'abdomen brun très-clair, excepté aux trois derniers segments, où le dessin, plus tranché (celui du 8° sinué, dessinant une tache longitudinale distincte- ment trilobée), devient noiràtre comme chez le mâle. Appendices coniques, écartés, jaunâtres, un peu plus courts que le 10° segment. Valvules petites, _ à peine denticulées. © plus adulte? (de Batavia). La coloration du corps roussâtre clair, plus pâle en dessous, sans autres marques que la bande dorsale brun clair du thorax et une raie dorsale étroite régulière aux trois derniers segments. Patrie : Batavia (le mâle et la femelle adultes }, — Chine {le mâle jeune), — Manille (la femelle jeune). (Mus. de Berlin et Coll. Hagen.) NB. La différence du dessin foncé au 8e segment chez la femelle de Manille et ( 322 ) celle de Chine me paraissent indiquer l'existence d'une autre espèce à séparer de la concinna. Dans ce cas , M. Hagen propose de donner à ces exemplaires de Batavia le nom de Lesres Amara, le nom de concinna étant réservé à la femelle de Manille. D'un autre côte, il n'est pas bien sûr que la concinna soit differente de la viridula de Rambur , indiquée de Bombay. (Coll, Marchal et Mus. de Paris.) Cependant l'abdomen vert elair en dessus et les deux lignes dorsales rapprochées vert bronzé du thorax , enfin les appendices anals inférieurs du mâle droits semblent s'opposer à ce que la viridula soit identique à la concinnu. Cette dernière est remarquable par la coloration roussâtre pâle, qui rappelle les espèces africaines voisines de la virgata , la Plat. platystyla et même les Agr. Coromandelianum et glabrum. 99. LESTES ViRiDULA , Ramb., n° 15. Abdomen environ 28. Aile inférieure environ 21, o* Ptérostigma assez long, d’un jaune un peu obscur. Corps jaunâtre. Tête roussâtre. Thorax blane jaunâtre, un peu obscur en dessus avec deux lignes rapprochées vert bronzé, Abdomen long , grêle, blanc jaunàtre en dessous, vert bronzé pâle en dessus, excepté la partie postérieure des 9e et 10€ segments. Pieds jaunâtres , à cils longs. Appendices blanchâtres; les supérieurs noirs au bout, en pinces, dilatés intérieurement, à partir de la base jusqu'au milieu. Cette dilatation échan- crée intérieurement en dent pointue, arrondie ensuite et denticulée. Le bout des appendices courbé en dedans se croisant l’un sur l’autre. Appendices inférieurs plus de moitié plus courts, droits, non atténués, obtus au bout, qui est un peu tronqué. *Q inconnue. Ç Patrie : Bombay. (Collect du Muséum et ancienne coll. Marchal.) (Com- pilé d’après Rambur.) NB. Je n’ai pas vu cette espece, dont les appendices, quoique plus courbés au bout , se rapprochent de ceux de la cyanea. Elle s’en éloigne beaucoup par les eils des pieds, qui sont longs, et par la coloration du ptérostigma et du thorax, qui a du rapport avec celle des espèces africaines virgata et plagiata. 34. LESTES ORIENTALIS, Hagen. Syn. Neur. Ceylons, n° 119 , 1859. Zool. botan. Gesellsch. Wien. Abdomen 6° 52, Q 49. Aile inférieure 9° 38, Q@ 40. Ptérostigma jaunâtre (jaune chez les jeunes), dilaté, entouré d’une ner- vure noire, surmontant deux et demi-cellules. 18-20 posteubitales aux supérieures. Secteur ultra-nodal peu ondulé. Vert noiràtre bronzé en dessus. Lèvre supérieure jaunètre clair. Dessus de la tête bronzé. Derrière des yeux jaunâtre. Devant du thorax vert bronzé avec une bande dorsale et une humérale jaunâtres; les côtés et le dessous (323 ) jaune päle avec deux traits bruns de chaque côté de la poitrine. Pieds noirètres ; la base des fémurs plus claire, surtout en dessous, o'. Appendices supérieurs noirâtres ayant intérieurement une dent obtuse au premier quart, et un tubereule inférieur à la moitié, Leur pointe non dilatée. Appendices inférieurs coniques très-courts. @. Le 10e segment brun, un peu fendu. Appendices bruns, aigus. Va!- vules aussi longues que l'abdomen , très-denticulées au bout, jaunàtres. Patrie : Rambodde, ile de Ceylan, par M. Nietner. (Collect, Hagen et Selys.) LA NB. Un peu plus grand que la Megalestes major, dont elle differe par la pré- sence de deux secteurs interposés entre le sous-nodal et le médian, le ptérostigma plus court, la lèvre supérieure pâle. Diffère de l'Archilestes grandis par le ptérostigma court, le secteur nodal ne commencant que 5-6 cellules après le nodus, 93. LESTES VIRGATA, Burm. AGRION VIRGATUM, Burm. , n° 30. Abdomen 55. Aile inférieure o° 25, Q 27. Ptérostigma épais, dilaté, surmontant 2-5 cellules, rétréei et très-obli- que au bout. Ailes plus où moins ocracées ; aux supérieures, qui ont 12-15 posteubitales, le bord postcostal commence légèrement avant la première nervule postcostale., Il y à quelques cellules doubles entre les secteurs 1°° et 2e du triangle. Coloration testacé pèle. Le dessus de la tête vert métallique ; cette mar- que deux fois sinueuse vers l’occiput. Une raie antéhumérale et une post- humérale vert métallique. Une bande noire en Y après les pieds sur la poitrine. Dessus de l'abdomen noiràtre bronzé jusqu’au 9° segment, avec une crête testacée oblitérée sur plusieurs segments. Une bande noire ex- terne aux femurs, interne aux tibias. 0" adulte. Ailes salies, surtout vers leur extrémité. Ptérostigma noir. 9% segment blanchàtre pulvérulent ; le 10° brun. Appendices supérieurs en crochets, noirâtres, un peu penchés en bas, ayant intérieurement après la base une dilatation divisée en trois dents obtuses ; la première plus forte , inférieure, la dernière plus petite, supérieure. Appendices inférieurs très- courts , testacés, épais à la base, contigus, coniques; le bout mousse, un peu recourbé en haut. Q. Ailes salies, ocracées surtout au bout. Ptérostigma noir, jaune au centre. 9% segment noirätre en dessus avec une tache basale testacée; le 10e testacé, ainsi que les appendices anals; ceux-ci noirâtres au bout. ( 324 ) Lames vulvaires fortes, dépassant l'abdomen, denticulées, bordées de noir, Patrie : Cap de Bonne-Espérance (Dregé); Port Natal. (Musée de Halle et collect. Selys ). 56. LESTES PLAGIATA. Burm. AGRION PLAGIATUM , Burm., n° 29 (jeune ). Lesres roncers , Ramb., n05 (adulte). Abdomen 54, Q 54. Aile inférieure o* 26, Q 27. Ptérostigma épais, un peu dilaté, surmontant un peu plus de deux eel- _lules, un peu oblique au bout. Ailes un peu salies. 10-16 posteubitales aux supérieures. Coloration jaunàtre et testacée, variée de noir bronzé. Tête noire. La lèvre supérieure et le derrière des yeux jaune olivâtre. Pro- thorax noirâtre. Thorax jaunâtre et testacé; le devant ayant une três- large bande dorsale noire (à crête médiane claire). Les côtés avec deux larges bandes noires; la première sous les ailes supérieures , ne descen- dant pas jusqu’en bas, où elle fait un crochet qui atteint la suture humé- rale ; la seconde à la suture médiane, descendant entre la 2° et la 5° paire de pieds. Le dessous après les pieds marqué d’une tache obscure. Pieds jaunètres; l’extérieur des fémurs, l’intérieur des tibias avec une bande noire. o* adulte. Ptérostigma noir, limbé de roux contre la costale. Abdomen long, noir en dessus avec une crête pâle sur les premiers segments et un anneau basal interrompu jaunâtre aux 5-7° segments. Appendices supérieurs noirâtres, plus longs que le dernier segment , peu courbés, mais penchés en bas vers le bout, ayant en dehors, vers le milieu, 8-10 dentelures aiguës, et intérieurement, après la base, une forte dent inférieure, puis une dilatation qui se rétrécit au milieu et finit avant le bout, qui est testacé, droit et penché en bas. Appendices inférieurs très- courts, formant une petite saillie sur le bord externe de leur base. o jeune. Presque en entier jaune rougeàtre sur le thorax; le commence- ment des parties obscures vert bronzé avec le dessin comme chez la femelle. Ptérostigma jaune. Appendices pâles. © adulte. Ptérostigma plus épais, testacé, limbé de brun, un point triangulaire jaune de chaque côté des ocelles. Prothorax brun , Jaune aux côtés. Thorax testacé, plus foncé en avant, ayant une raie antéhumérale complète et une posthumérale isolée ne touchant ni le haut ni le bas, vert bronzé; deux lignes brunes entre ces raies et une autre également brune entre l’arête dorsale et la première bronzée; enfin un vestige de bande (325 ) brune, épaisse, entre la branche latérale et le bord postérieur, Abdomen brun bronzé en dessus jusqu'au 8° segment, avec vestige de crête testacée. 9e et 10e jaunètre obscur, le 9° ayant une raie dorsale et une latérale noirâtres ; le 10€ très-fendu. Appendices jaunâtres ; le bout noiràtre. Val- vules testacées bordées de brun, très-denticulées , dépassant un peu labdo- men. Fémurs jaunes bilignés de brun. © jeune. Plus pâle. Coloration comme chez le mâle jeune. Patrie : Port Natal et cap de Bonne-Espérance (Dregé et coll. Serville, coll. Selys, etc.) NB. Le mâle est tres-distinct de la virgata par la forme des appendices anals et le ptérostigma moins dilaté, ainsi que par la large bande noirâtre, presque postérieure des côtés du thorax. La femelle s'en distingue par le même caractère tiré de la forme du ptérostigma , le dessin du 9€ segment , etc. 57. LESTESs PazLIDA, Ramb., n° 12. Q Abdomen 51. Aile inférieure 25. | o* inconnu. Q jeune. Aïles hyalines, à réticulation jaunâtre. Ptérostigma jaune, dilaté entre des nervures noires, peu oblique au bout, surmontant deux cellules. 9-10 posteubitales aux supérieures. Le secteur supplémentaire ultranodal devenant double deux cellules seulement avant le ptérostigma. Tête jaune, un peu obscure entre les yeux, avec une fine ligne trans- verse noire au bord supérieur de l’épistome. Prothorax jaune avec une bande dorsale noirâtre divisée en quatre points. Thorax jaune pâle, blan- châtre en dessous, ayant en avant deux larges raies noires ne touchant pas les sinus et séparées par une bande dorsale roussâtre. Une fine ligne noire à la suture humérale, plus épaisse vers le bas. Abdomen jaunâtre en dessus, ayant une bande dorsale brune sur les 7-8-9° segments, se rétrécissant au bout de ce dernier. Pieds jaunes; les fémurs avec une double ligne noirâtre, les tibias antérieurs avec uue ligne latérale noire. Appendices anals jaunes, presque aussi longs que le dernier segment. Patrie : Le Senegal, d'après l'étiquette du type femelle de la collection Rambur, qui fait partie de la mienne, bien que cet auteur l'indique du cap de Bonne-Espérance. 98. LESTrEs OcuHRACEA , De Selys. Abdomen environ 50, Aile inférieure 21. o", Ailes ocracé pâle. Ptérostigma noirâtre, un peu limbé de brun à (32% ) la côte , allongé, surmontant deux cellules; réticulation brune Le secteur ultranodal devenant double quatre cellules avant le ptérostigma. 12-413 posteubitales aux supérieures. Lèvre supérieure jaunâtre. Épistome et dessus de la tête noirâtres; der- ricre de la tête jaunâtre, strié de noir vers le haut. Prothorax brun avec une bande dorsale noire, Thorax testacé en avant, jaunàtre de côté et en dessous, ayant une raie dorsale médiane et une antéhumérale interrompue noirâtres et un point noir latéral après les pieds postérieurs. Abdomen jaunätre, devenant Lestacé vers le bout, 1er segment clair; 2-5° avec une bande dorsale brun bronze terminée avant le bout et les articulations cerclées de noir; la bande dorsale plus courte au 6°, (Le reste manque.) Pieds jaunatres, testaces avec un rudiment de ligne brune aux féemurs. © inconnue. Patrie : Afrique. Probablement du cap de Bonne-Espérance. NB. Stature de la pallida, dont elle diffère par le secteur ultranodal , devenant double plusieurs cellules avant le ptérostigma , la rétieulation plus serrée au bout et au bord postérieur et par le devant et le dessus de la tête noirâtre. DEUXIÈME SECTION. Angle externe inférieur du quadrilatère excessivement aigu. Coloration noirâtre bronzé, mélangée de bleu ou de roux clair. Appendices inférieurs des mâles courts. Les espèces sont de l'Asie tropicale et de l'Océanie. On peut les répartir en deux groupes d’après la longueur des cils des pieds. Cette section se rapproche des Sympycna par la forme du quadrilatère. {re Groupe (L. CINGULATA). Cils des pieds longs. A. De Ceylan. — L. gracilis, — divisa. B. De l'Australie. — L. Colensonis, — psyche, — 10, — leda, — annulosa, — analis, — cingulatu. NB. Je ne puis deviner à quelle espèce il faut rapporter celle que M. Mac Leay signale par la diagnose suivante, dans l'appendice du Voyage du capitaine King aux côte septentrionales de l'Australie, publié en 1831, n° 120: Lxsres BeLLADoNNA : Supra viridis subtüus albescens, pedibus nigris. Alis quatuor cultratis macula ad marginem apicalem alba. On pourrait soupconner qu'il a eu en vue la L. analis, décrite plus tard par (527) M. Rambur ; mais pour pouvoir y rapporter la trop courte diagnose de Mac Leay, il faut supposer que cet auteur à eu sous les yeux un individu femelle fort jeune, el qu'à cet àge le ptérostigma serait blanc. Dans ce cas , les mots pieds noirs ne seraient pas exacts, aucune Lestes de la Nouvelle-Hollande n'ayant les pieds tout à fait noirs. 99, LESrEs GraCitiIS . Hagen. Syn. Neur. Ceylons , n° 57. Zool. Bot. Gesellsch. Wien. 1858. Abdomen 9° 50-55, Q 29-50. Aile inférieure 0° 20-22, Q 25. Ailes à peine salies. Ptérostigma noir (brun © jeune), médiocre, épais non dilaté, non oblique en dehors, surmontant deux cellules, 11-12 post- cubitales aux supérieures. . d'. Lèvre supérieure et épistome bleuätres, Dessus et derrière de Ja tête noirètres. Prothorax olivàtre avec deux bandes submédianes épaisses noirätres. Devant du thorax noir bronzé, cette couleur formant une très- large bande n’allant pas jusqu’à la suture humérale, qui, par en haut, est marquée de noir. Le reste des côtés bleuâtre, passant au jaunâtre en dessous avec un trait en baut de la suture médiane et une tache après chaque picd postérieur, suivie sur la poitrine; de chaque côté, d’un trait allongé noir. 1er et 10e segments bleu verdàtre; le 1 avec une tache basale carrée, foncée ; le 2e de même, mais avec deux bandes longitudinales submédianes brouzées, à ‘peine séparées par larète claire, qui s'élargit au milieu en point arrondi. Les segments 5-8 bronzé noiràtre en dessus avec une fine crète dorsale et un anneau basal bleuâtres. 9° plus pale, avec la bande dorsale noirâtre, faurchue , finissant avant le bout. Pieds jaunàtre obscur cn dehors, noirs en dedans, à cils assez longs, peu nombreux. Appendices supérieurs bruns à la base, noirâtre ensuite, en tenailles, denticulés en dehors après le milieu, peu courbés, ayant intérieurement après la base une dilatation peu épaisse mais subite , qui se termine , après le milieu, en une dent aiguë; le bout penche vers le bas, coupé en biseau en dedans, de manière à former une pointe presque inclinée en dehors. Appendices inférieurs moitié plus courts, épais, contigus, à pointe mousse peuatténuée. ©. Le bleu remplacé par de Polivätre ou du roussàtre, Appendices anals écartés, subcaniques bruns, plus courts que le dernier segment. Lames vulvaires courtes, denticulées au bout. L Patrie : Ceylan, à Rambodde, par M. Nietner, (Collect. Hagen, Selys ) NB. Elle imite assez bien , par sa coloraticn , les Allonerra de la même contree. Race ? Je ne puis séparer comme espece les individus envoyes sous le nom de L. infelix. Selon M. Nietner, elle serait taut à fait d'ur bleu clair pendant la vie. (328 ) I y a parfois sur l'abdomen une ligne dorsale bleue , fine , plus large chez le mâle Jeune. L'abdomen de la femelle est plus largement pâle sur les côtés ; le bout des segments avec un large anneau noirâtre. Le dernier segment et les appendices pâles. 40. LESTES pivisa , Hagen. Abdomen g' 55, © 51. Aile inférieure 21, Excessivement voisine de la L. gracilis. Elle en diffère par ce qui suit : 1° Dessus de la tête bronzé. 2° Bande dorsale du devant du thorax d'un vert bronzé; plus mince antérieurement, 9° La tache basale foncée du 1° segment est vert mélallique et touche les deux bouts. . 4° Il en est de même de la bande dorsale du 2° segment. »0 La partie basale dorsale foncée du 9e segment chez le mâle , au lieu d'être fourchue est au contraire pointue en arrière et atténuée de côté. Chez la femelle tout ce segment est foncé. 6° Les appendices supérieurs du mâle sont jaunes au milieu; la dilata- tion interne ne commence pas subitement par une dent, mais iasensible- ment; la dent finale de cette dilatation est plus longue; le bout des appen- dices plus court, arrondi, non en biseau, sans tubercule en dessous. 7° Le ptérostigma est un peu plus court. Patrie : Rambodde, Ceylan (Nietner). (Coll. Hagen.) , 41. LEsTEs CoLENsonIS , Adam White. Açrion Cozensonis, A. White, Zool. of Erebus and Terror, lab. 6, fig. 5 o. (Sans description.) Abdomen © 56, Q 54. Aile inférieure o° 23-24, Q 26. Ailes à peine salies. Ptérostigma assez long, noir (brun © et jeune), sur- montant trois cellules, non dilaté, peu oblique au bout, 11-15 posteubitales aux supérieures. o". Lèvre-supérieure olivètre, finement limbée de noir. Dessus et der- rière de la tête noir bronzé. Prothorax noir avec une tache dorsale bleue à chacun des trois lobes. Devant du thorax noir bronzé avec une bande antéhumérale bleue, devenant posthumérale et presque fourchue par en baut. La bande noire qui la borde sinuée en dehors et prolongée par en haut sous les ailes jusqu’à la suture médiane des côtés. Le reste des côtés olivàtre, passant au jaunàtre en dessous, où la poitrine est marquée en arrière, de chaque côté, d’une tache noiràtre allongée. Abdomen grêle, vert bronzé, bleuâtre en dessus jusqu'au 9e segment avec un anneau basal bleuätre aux 5°-7°, passant au jaunàtre, qui occupe le dessoüs. 10€ très- ( 329 ) échancre à angle droit, bleu pèle avec une tache latérale basale noire. Pieds jaunàtre obscur en dehors, noirs en dedans, à cils divariqués assez longs. Appendices supérieurs bleuûtres à la base, noirâtres ensuite, en tenailles, peu courbés, denticulés en dehors, ayant intérieurement à la base un tubereule qui est le commencement d’une dilatation qui se termine vers le milieu par une dent très-aiguë. Le bout penché en bas, coupé en biseau en dedans de manière à former une pointe presque inclinée en dehors. Appendices inférieurs plus de moitié plus courts, brun clair, épais, con- tigus, à pointe mousse peu atténuée. Q. Le bleu remplacé par du jaune. Appendices anals écartés , subcÿlin- driques, jaunâtres, plus courts que le dérnier segment. Valvules médiocres denticulées au bout. Pieds bruns en dedans. Patrie : Nouvelle-Zelande (Muséum brit. et collect. Selys). Des exem- plaires sont indiqués de Sydney, peut-être par erreur. NB. Elle est certainement voisine de la gracilis par ses appendices anals, et s’en distingue de suite par sa grande taille, la bande noire posthumérale, les 4er et 2° segments bleu violet sans tache en dessus, le ptérostigma plus long. Res- semble à la eyanea par le thorax , mais fort différente par la couleur de l'abdomen, les cils des pieds plus longs, quelques détails des appendices. En très-grand, elle a des rapports évidents de formes avec la io, dont les 1er et 2 segments sont aussi presque semblables. 42. LEstTEs PSyCHE, Hagen. Abdomen o”* 27, © 25. Aile inférieure 17. Ailes à peine salies. Ptérostigma assez long, noir (brun ©), surmontant environ deux cellules. 9-12 postcubitales aux supérieures, Stature grêle. d'. Noir acier bronzé en dessus, varié de bleu ; le dessous roux jaunàtre. Lèvre supérieure bleue , bordée de noir en avant. Dessus de la tête et der- rière des yeux noir bronzé, excepté une marque jaune centrale derrière l’occiput. Prothorax noirätre. Devant du thorax noir bronzé avec une raie juxta-humérale bleue ne touchant pas le haut. La bande noire qui la limite très-large , non anguleuse en dehors et largement prolongée sous les ailes par en haut jusqu’à la suture médiane des côtés, qui forme une raie noire complète , épaisse. Le reste des côtés bleuâtre, passant en dessous au jaune roussâtre , avec un trait noir arrondi, non en V, de chaque côté après les pieds postérieurs. Abdomen grêle, jaune roussètre en dessous, bleu azure en dessus, marqué d'acier verdàtre ainsi qu'il suit : 1er segment acier, son articulation postérieure bleue; 2e acier sans tache, cette couleur rétrécie latéralement au milieu ; 5-6: vert bronzé avec un anneau bleu occupant leur sixième basal; 7-9 noiràtre bronzé avec le bord postérieur jau- ( 590 ) nätre et un anneau basal étroit au 7°; le 10° noirätre en dessus. Pieds jaunâtres ou roussàtres en dehors , noirs en dedans. Appendices supérieurs noiràtres, en tenailles, modérément courbés de- puis la base, ayant intérieurement après la base une dent courte non aiguë penchée en bas, et après leur milieu une dent aiguë plus longue, plus épaisse et un peu roussàtre. Le bout mousse, un peu épais. L’extérieur linement denticulé. Appendices inférieurs mayant que le tiers des supé- rieurs, jaunâtre obscur, très-contigus, formant par leur réunion un gros tubercule arrondi. ©. Abdomen plus épais. Lèvre supérieure non bordée de noir. Bande humérale claire plus étroite, le bleu moins pur, un peu verdàtre (roussàtre chez les jeunes, ainsi que le ptérostigma). Les traits noirs après les pieds oblitérés. (L'extrémité de l'abdomen manque.) Patrie : Nouvelle-Hollande, (Collect. Hagen et de Selys.) NB. Les deux sexes sont distincts des autres espèces du même groupe par le deuxième segment en dessus acier ou noir, sans marque dorsale claire. Le mâle , qui ressemble surtout à l’io et à la leda, s*en distingue, en outre , par les anneaux bleus très-étroits et coupés net sur le bronzé qui suit. Ses appendices anals supé- rieurs sont à peu pres comme ceux de l'io, mais les inférieurs, contigus, arrondis, sont encore plus courts que chez la L. Colensonis, un peu plus longs que chez l'analis. 45. LEstres 10, De Selys. Abdemen 07 25-28, Q 27, Aile inférieure g' 17-19, Q 20-22. Ailes étroites. Ptérostigma assez long, noir, peu oblique au bout, sur- montant 2-5 cellules. 9-10 postcubitales. Stature grêle. o". Noir bronzé en dessus, varié de bleu. Le dessous roux jaunatre, Levre supérieure olivätre. Une marque jaunâtre derrière locciput. Dessus de Ja tête el derrière des yeux noir bronzé, Cette dernière partie avec une tache inférieure bianc lustré, Prothorax noirûtre avec une très-petite tache dorsale claire à chacun des trois lobes. Devant du thorax noir bronzé avec une raie Juxta-humérale bleue, ne touchant pas le haut, où elle se termine, un peu fourchue, par un prolongement court posthuméral. La bande noire qui la limite très-large, presque anguleuse en dehors, et lar- sement prolongée sous les ailes par en haut, jusqu'à la suture médiane des côtés, qui forme une raie noire complète. Le reste des côtés bleuâtre, pas- sant au jaunâtre en dessous, où la poitrine est marquée de chaque côté d’un trait noir allongé, partant du centre en forme de V. Abdomen très- grèle, jaune roussätre en dessous, bleu azuré en dessus, marqué de vert bronzé ainsi qu'il suit : 17 segment vert bronzé, articulation finale bleue ; + ( 591 ) 2e vert bronzé; la crète dorsale de Ja seconde moitié bleu elair, commen cant au milieu par une petite tête un peu plus large ; 5°-6e avec une bande dorsale occupant les deux tiers postérieurs, divisée par une fine arête jaune qui la rend fourchue antérieurement, où se forme Panneau bleu basal; 7°, 8e et 9e noirâtres avec le bord postérieur bleuûtre et un an- neau basal au 7°; le 8e avec une grande tache basale latérale noire ; 10e bleuâtre. Pieds jaune roussàtre en dehors, noirs en dedans. Appendices supérieurs roussàtres, noiràtres aux extrémités , en tenailles, modérément courbés depuis la base, ayant intérieurement après la base une dent courte aiguë, penchée en bas , et après leur milieu une dent aigue , plus longue, plus épaisse; le bout mousse, mince; extérieur finement den- tieulé. Appendices inférieurs d’un tiers plus courts, roussàtre pèle, en partie noirètres en dessus, épais à la base, où ils sont contigus, coniques, alténués au bout, qui y estredressé et où les deux extrémités, qui sont un peu distautes, se rapprochent de nouveau. Q. Abdomen plus épais. Le vert remplacé par du bronzé noiràtre, le bleu du thorax par de Folivètre, celui de Fabdomen terne, formant des an- neaux plus etroits. La crête du 2° segment non capitée. 10€ noiràtre. Appendices anals noiratres en dessus, subulés, écartés. Lames vulvaires très-finement denticulees. Q (douteuse, Jeune, de Melbourne). Le 10e segment avec une tache roussètre à la base de chacun des deux appendices anals, qui sont rous- satres au centre. Patrie : Nouvelle-Hollande. Par M. Deyrolle. Une femelle douteuse de Melbourne. (Collect. Selys.) NB. Ressemble en petit à L. Colensonis par les 1r et 2 segments, mais avec un cercle postérieur bleu au premier. Ressemble à la leda pour le reste, dont elle diffère par la dent basale interne des appendices plus courts, et les appendices inférieurs plus longs que chez les autres espèces. La femelle est difficile à bien ca- ractériser. 11 faut s’en rapporter aux deux premiers segments , à la grande étendue du noir sur les côtes du thorax , au 10€ segment noiràtre. 44. Lestres LEvA, De Selys. Abdomen 27-29. Aile inférieure œ' 18-20, Q 21. Ailes étroites, légèrement salies. Ptérostigma médiocre, brun foncé (plus clair ©), surmontant deux cellules, 8-10 posteubitales. Stature grêle. o* noirâtre bronzé, varié de roussàtre et de bleu. Lèvre supérieure olivâtre ainsi que le centre du derrière de locciput. Dessus de la tête et derrière des yeux noirètre bronzé. Prothorax noiràtre, un peu bordé de roux. Devant du thorax noiràlre bronzé avec une bande juxta-humérale 2e SÉRIE, TOME XII. 25 392 ) étroite, jaunâtre, n'allant pas jusqu’en haut, mais avec vestige de prolon- gement supérieur post-huméral, La couleur noirâtre qui la borde en dehors sinuée et prolongée par en haut sous les ailes, de maniere à rejoindre une ligne noire complète à la suture médiane. Le reste des côtés bleuatre, passant au jaunâtre en dessous, où la poitrine est marquée en arrière, de chaque eôté, d'un trait oyal noiràtre. Abdomen (rès-grêle, jaune rous- sâtre en dessous, bleu clair en dessus, marqué de vert bronzé ainsi qu'il suit : 1° segment avec une tache en fer à cheval, dont les deux pointes ne touchent pas le bord postérieur; 2° vert bronzé avec une tache dorsale bleue , étroite, lancéolée, dont les deux pointes touchent presque les ex- trémités; 5°-7e avec une bande dorsale, occupant presque les deux tiers postérieurs, divisée par une fine arête jaune, qui la rend fourchue anté- rieurement, où se forme l'anneau bleu basal ; 8e et 9e noiratres ; 10e bleu ou jaunètre. Pieds jaune roussätre en dehors, noirs en dedans. Appendices supérieurs bruns, noiràtres aux extrémités, en tenailles, modérément courbes depuis la base, ayant intérieurement, après la base, une dent longue, mince, aiguë, penchée en bas, et après le milieu une dent aiguë plus épaisse. Le bout mousse ; l'extérieur très-finement denti- culé. Appendices inférieurs bruns, moitié plus courts, épais, rapprochés à la base , s’écartant un peu lun de l’autre au bout. ©. Abdomen plus épais; le bleu remplacé partout par du jaune rous- sätre. 1 segment plus largement noir, 10e noirâtre. Appendices anals brun clair, écartés, subulés. Lames vulvaires en partie noirâtres , pas visiblement denticulées. Patrie : Nouvelle-Hollande, Melbourne, côté nord-est. (Collect. Selys , Mus. de Berlin) NB. Ressemble assez pour le dessin de l'abdomen à l'analis, surtout pour les 1er et 2€ segments. En diffère notablement, ainsi que de toutes les autres, par la longue dent basale des appendices supérieurs, et les inférieurs presque aussi longs que chez l'io. La femelle differe de l’analis par l'occiput non jaune en avant, la couleur du pro- thorax , la ligne noire latérale du thorax, le 10€ segment fonce. 45. LESTES ANNULOSA, De Selys. Abdomen ©* 50, © 28-29. Aïle inférieure o* 20-21, © 22-25. Ailes légèrement jaunàtres à la base; un peu arrondies. Ptérostigma médiocre, brun jaunâtre, un peu plus elair au bout, où il est un peu oblique, surmontant un peu plus de deux cellules. 9-10 posteubitales. Stature assez robuste. Noir bronze, varié de roussàtre (ou de bleu). Lèvre supérieure et centre Mie: L ( 335 ) de l'occiput en arrière seulement jaunàtres, Dessus de la tête, derrière des Yeux el devant de locciput noir bronzé. Prothorax presque noirâtre (o”} ou entoure et traversé longitudinalement de roux (Q). Devant du thorax noir bronze avec une crête dorsale jaunàtre et une bande juxta-humérale bleuàtre (9°), jaunàtre (@), s'arrêtant d’une manière arrondie avant le haut. La couleur noire qui la borde en dehors sinuée et prolongée par en haut sous les ailes, de manière à atteindre la suture médiane, qui forme une ligne noire complete. Le reste des côtés bleuûtre, passant au jaunâtre en dessous, où la poitrine est marquée en arrière, de chaque côté, d’un trait woirätre. Pieds jaunàtres en dehors , noirs en dedans. a". Abdomen assez robuste, jaunâtre en dessous. Le dessus bleu, mar- que de vert bronzé ainsi qu'il suit : presque tout le dessus du 1° segment, la base et la seconde moitié du 2e, une tache postérieure formant demi- anneau aux »‘-7°; cette lache pointue antérieurement sur le dos, de ma- nière à occuper la moitié postérieure des segments. Les 8e, 9e et 10° noi- ratres. Appendices superieurs noirâbr'es, en tenailles, assez robustes , fortement courbes l'un vers Pautre à partir du milieu, ayant intérieurement , au pre- mier tiers , une forte dent courte, penchée en bas, et après le milieu une seconde dent aiguë, plus longue. Le bout épaissi , arrondi ; le bord externe avec huit à dix petites dents. Appendices anals inférieurs jaunètres , très- courts, larges , légèrement distants , tronqués au bout. Q. 1er et 2e segments bronzés en dessus; les taches dorsales bronzées des 5° et 7° plus étendues, moins pointues en avant, de façon à ne laisser subsister qu'un anneau dorsal, basal, bleu, équivalent au cinquième des segments. Appendices anals noiràtres en dessus. Valvules vulvaires mé- diocres, pas visiblement dentelées Patrie : Adélaïde ,en Australie. (Collect. Selys.) NB. Le mâle differe bien de l’anulis par la dent basale épaisse des appendices supérieurs, leur forte courbure, et leur couleur noirâtre, de même que par le 2 segment , ayant un tres-large anneau médian bleu. Le dessin de ce segment, la dent basale épaisse des appendices supérieurs, et la brièveté des inférieurs la séparent des trois autres espèces voisines de la même contrée. Quant à la femelle, elle est plus difficile à reconnaitre. Il faut faire attention au 2€ segment tout bronzé, sans crête claire. La couleur du 10€ segment et des appendices anals et la suture latérale noire du thorax la différencient en outre de l’analis. 46. LESTES aNauIs, Ramb., n° 14. Abdomen 50-52, Aile inférieure © 17-19, Q 21-24. Ailes étroites, légèrement salies à fa base. Ptérostigma médiocre, brun « (334 ) jaunatre, un peu plus clair à l'entour (celui des inférieures un peu plus foncé), surmontant deux cellules ; oblique au bout; 9-11 posteubitales. Stature grèle. Noir bronze, varié de roussätre (peut-être de bleu chez Fadulte}. Lèvre superieure et occiput jaunâtres, {ant en arrière qu'en avant. Dessus de la Lète et derrière des yeux bronzés. Prothorax noirâtre entouré et /raversé tongitudinalement de jaunàtre. Devant du thorax noirâtre bronzé, avec la crête dorsale et une bande juxta-humérale jaunàtres; cette dernière deve- nant post-bumérale par en haut. La couleur noirätre qui la borde en dehors sinuee et prolongée par en haut sous les ailes, de manière à rejoindre un trait supérieur à la suture médiane des côtés. Le reste de ceux-ci et le dessous jaunâtres. La poitrine marquée de chaque côté d’un trait posté- rieur noirâtre, Abdomen grêle, noirètre bronzé en dessus, jaune roussàtre en dessous, avec une crête dorsale de mème couleur, commencant aux segments 5-72 par un anneau basal roussàtre (ou bleuètre chez l'adulte). Le milieu du 1er segment clair, excepté à la base; cette couleur se continuant en bande ‘dorsale sur tout le 2e, Les 8° et 9° bronzé noiràtre en dessus; 10€ jaunà- tre avec un trait basal et latéral noir. Pieds jaunàtres avec une bande noire latérale aux fémurs, interne aux tibias. 0". Appendices supérieurs jaunâtres, subilement noirs au bout en de- ‘ans, en tenailles minces, régulièrement courbes en ovale, ayant inté- rieurement, à la base, un léger renflement, et après leur milieu une dent aiguë. Le bout (noir) coupé en biseau en dedans. Le bord externe avec 6-8 petites dents. Appendices inférieurs jaunâtres, extrêmement courts, épais, Contigus , amineis au bout, qui est mousse. Q. Abdomen plus épais. Appendices anals jaunàtres, écartés, subules, plus courts que le 10€ segment. Lames vulvaires assez longues, denticulees au bout. Patrie : Nouvelle-Hollande , d'après la femelle type de Rambur, un couple de la rivière des Cygnes, un couple d’Adelaïde, une femelle de Van Diemen. (Collect. Selys, Mus. de Vienne.) NB. Diflére des espèces voisines de la Nouvelle-Hollande par les appendices supérieurs du mâle sans dent basale , à bout noir, les inférieurs tres-courts, la large bande dorsale claire du 2€ segment , l’occiput jaunâtre même en avant. 47. LESTES CINGULATA, Burm. AGRION CINGULATUM , Burm. , n° 28. Abdomen 51. Aile inférieure 22. 9". Ailes légèrement salies. Ptérostigma long , surmontant deux et demi à ( 53 ) trois cellules, noir brun, limbé de roux contre la côte. 10-12 posteubitales. Vert bronzé varié de roussätre (et de bleu), Lèvre supérieure olivàtre. Dessus de la tête et derrière des veux bronzes; le derriere de l'occiput jau- nâtre au centre. Prothorax presque tout bronzé; sa base olivâtre. Devant du thorax vert bronzé, avec une bande juxta-humérale étroite, olivatre, Wallant pas jusqu'en haut La bande bronzée qui la limite en dehors est prolongée de manière à atteindre sous les ailes Ja suture médiane qui forme une ligne noirälre complète. Le reste des côtés olivâtre, passant au jau- nätre en dessous, où la poitrine est marquée de chaque côté en arrière par un trait noir. Abdomen grêle, bronze en dessous, jaunâtre en dessus. Le dessus bleu clair, marqué de bronzé, ainsi qu'il suit : Presque tout le des- sus du {°° segment; une tache épaisse occupant le dessus du 2°, excepté la base extrème, où elle est fourchue, étant échancrée en fer à cheval. Le dessus des 5-7°, excepté un anneau basal dorsal bleu, coupé carrément et aceupant le cinquième de la longueur des segments. (Le reste manque.) Pieds jaunâtres en dehors, noirs en dedans. oO" jeune ? (d’après Burmeister), Les parties claires sont d’un rouge jaune, y compris les anneaux de Fabdomen. Appendices anals en tenailles , dentelés en dehors. ©. Aïles jaunàtres; à ptérostigma jaune rougeàtre. Patrie : Nouvelle-Hollande, (Musée de Halle et collect. Hagen et Selys.) NB. Le mäle adulte incomplet qui n'a été communiqué différe des autres espèces voisines par son plérostigma plus long , la tache bronzée antérieurement fourchue du 2° segment, et celle des suivants, qui forme les anneaux en étant su- bitement coupée et nullement atténuée. 2e groupe (L. CYANEA). Cils des pieds courts. Ptérostigma long. Réticulation serrée, — Une seule espèce de l'Inde : L. cyanea. 48. LESTES cYANEA , De Selys. Abdomen 56. Aile inférieure 25. Ailes un peu salies Ptérostigma long (de 2m), noir, dilaté, surmontant trois cellules et demie. 12-15 posteubitales. _o". Lèvre supérieure olivätre. Dessus et derrière de la tête noirâtres. Prothorax noirâtre, taché d’olivätre. Devant du thorax noir bronzé avec une raie humérale olivètre un peu plus mince et fourchue vers le haut; la bande noire qui la borne en arrière prolongée supérieurement sous les ailes. Les côtés jaune olivàtre plus pâle en dessous, qui est marqué de chaque côté, après les pieds postérieurs, d’une tache noire allongée. Les (336) six premiers segments de Fabdomen bleu verdàtre en dessus; la base et une ligne latérale au 1; une bande latérale épaisse et interrompue avant sa fin au 2 noires, ainsi que les artieulations et une tache latérale posté- rieure aux 5,4, 5 et 6e. Ces taches pointues en avant, confluentes en arrière sur le dos. Base du 7e et dessous de tous roussâtres; dessus des 7, 8 et 9° noiratre; 10e plus pèle. Pieds roussätres. Fémurs avec une bande latérale épaisse et intérieur des tibias noirs. Appendices supérieurs roussàtres, passant au noirètre au bout, en tenailles, peu courbés, ayant intérieurement, après la base , une dilatation qui se termine subitement, après le milieu, par deux dents, la première aiguë. Le bout épais, penché en bas , presque recourbé en dehors à l'extré- mité, qui est tronqueée. Appendices inférieurs courts, rapprochés. Q inconnue. Patrie : Inde, par M. Stevens. (Collect. Selys.) NB. Facile à reconnaitre à la coloration , qui rappelle celle de l’Agrion puella, au ptérostigma noir très-long , et aux cils des pieds très-courts, Sous-genre 4. — SYMPYCNA, Cart. AGR10N, Vander L. Lesres, Ramb., De Selys (olim). SymPECcMA, Burm., De Selys (olim). Ailes relevées dans le-repos, pétiolées jusqu’à la première nervule postcostale. Sécteur nodal naissant quatre à cinq cel- lules après le nodus; le sous-nodal non anguleux ou à peine ondulé. Secteur interposé ultra-nodal et secteur bref sous le nodus anguleux. Deux secteurs supplémentaires interposés entre le sous-nodal et le médian. Ptérostigma trois à quatre fois aussi long que large, surmontant presque deux cellules. Quadrilatère à côté interne n’ayant que le cinquième de l’infé- rieur; l’angle externe inférieur très-aigu. Le prothorax f{or- mant en arrière trois festons, dont le médian plus avance. Cils des pieds assez courts. Coloration bronzée sur fond roussâtre clair. ©. Appendices anals sublancéolés déprimés , aussi longs que lé 40° segment. Patrie : Europe, Asie Mineuré ct Afrique méditerranéenne. NB. Je n'aurais considére l'espèce qui forme ce sous-genre que comme un (337) simple groupe des Lestes, si le caractere de porter les ailes relevées dans le repos n'indiquait une organisation differente des autres Lestès d'Europe, ce qui donne plus de valeur qu'ils n'en auraient sans cela aux autres caractères que nous avons releves. Les Sympyena ont en commun avec le groupe cyanea les pieds à cils courts; avec le groupe cingulalu le quadrilatère très-étroit à angle très-aigu ; avec le sous- genre Platylestes les appendices anals'de la femelle aussi longs que le 10* segment. Aucun des autres sous-genres n’a le prothorax trilobé en arriere. 49. SymPpycna FUSCA, Vander L,. AürioN Fusca, Vander L. Lesres rusca , De Selys, Ramb., n° 15. AGR1ON PHALLATUM , Charp., Burm., n° 27. Abdomen 27-928. Aile inférieure 18-22. Ailes un peu pointues, réticulation brune. Ptérostigma brun jaunâtre plus clair à l'entour (noiràtre chez les très-adultes), surmontant un peu moins de deux cellules. Bronzé obseur en dessus ; jaune roussàtre en dessous. Lèvre supérieure, épistome, raie au front, derrière de la tête jaune roussâtre, ainsi qu’une double bande humérale. Abdomen à taches dorsales bronzées, sinuées latéralement sur chaque segment, celle du 10€ plus étroite, noire. Pieds roussètre pâle, avec une ligne bronzée externe aux fémurs, presque nulle et interne aux tibias. 9". Appendices supérieurs roussàtres, en tenailles, ayant intérieurement une forte dent basale aiguë, suivie d’une dilatation qui finit par une dent mousse après le milieu. Le bout assez épais, mousse; l'extérieur denticulé. Appendices inférieurs courts, contigus, triangulaires , à pointe atténuée. Q. Appendices anals sublancéolés , roussàtres, pointus, aussi longs que le dernier segment. Patrie : Europe, Asie Mineure, Afrique méditerranéenne. (Coll. Selys, Hagen, etc.) NB. La forme et la coloration des appendices anals des deux sexes distinguent de suite cette espece des Lestes bruns , qui lui ressemblent. Sous-genre 5. — PLATYLESTES, De SeLys. Lesres, Ramb. Ailes pétiolées jusqu’à la première nervule postcostale, Sec- teur nodal naissant trois à quatre cellules après le nodus; le sous-nodal anguleux. Secteur ultra-nodal interposé et secteur (538 ) bref sous le nodus anguleux. Deux secteurs supplémentaires interposés entre le sous-nodal et le médian. Ptérostigma carré long, épais, à peine deux fois el demie aussi long que large, surmontant presque deux cellules. Quadrilatère à côté interne avant un peu plus du tiers de l’inférieur; l'angle externe infé- rieur modérément aigu. Cils des pieds longs. Coloration roussâtre pâle avec dessins foncés. ©. Appendices anals ovoïdes très-déprimés, aussi longs que le dernier segment. Patrie : Inde méridionale, NB. Distincte des autre coupes par le ptérostigma épais, court , le secteur sous- nodal anguleux et les appendices anals de la femelle ovoïdes aussi longs que le 10° segment. C'est d'apres leur longueur que M. Rambur a pensé que cette espèce élait voisine des Sympycna; mais elle en diffère sous beaucoup de rapports, et notamment par la coupe des ailes et les cils des pieds longs. 90, PLATYLESTES PLATYSTYLA, Ramb. Lesres pLarysryca, Ramb., n° 16. Abdomen 55, Aile inférieure 25. o inconnu. Q. Ailes assez arrondies, à réticulation brune. Ptérostigma gris brun, un peu plus clair à l’entour, carré long, très-épais, surmontant presque deux cellules, 10-11 posteubitales aux supérieures. D'un gris brun jaunâtre uniforme presque sans taches, plus pâle en dessous. Vestiges de deux bandes antéricures courtes au thorax. Les stigmates et les articulations de l'abdomen plus foncés. Les 5-8° segments ayant de chaque côté à la base une petite tache pâle ; les 8° et 9° un peu noirâtres en dessus. Appendices anals très-aplatis, ovoïdes, blanchâtres , rapprochés. Lames vulvaires plus courtes que l'abdomen, un peu den- ticulées au bout. Pieds longs, lhivides avec une ligne interne foncée, Cils longs, divariquées, noirâtres. Ceux des tibias au nombre de 5-6. Patrie : Inde orientale, d’après le type de Rambur. (Collect. Sels.) NB. Cette espèce, qui est une Lestes par l’ensemble de sa réticulation , rappelle les Platycnemis par la coloration, par les cils des pieds et par le ptérostigma. (339 ) Sur les SaccuLiNa. — Extrait d'une lettre de M. J. Gerbe, adressée à M. Van Beneden. Paris 6 mars 1862 « …. J'ai fait moi-même des recherches sur quelques- unes des espèces qui sont figurées et décrites dans l’ouvrage que vous avez eu l’obligeance de m'adresser, et notam- ment sur les Sacculina, où Peltogaster des Cancer mœnas, Xanthus floridus, Portunus marmoreus et Galathea squarn- mifera. Le Cancer mœnas m'a présenté les plus fréquents exemples de ce singulier phénomène. J'ai vu les œufs du Sacculina de cette espèce dans presque toutes les périodes de leur évolution et après éclosion de la larve, si toutefois c'en est une. Les jeunes éclos diffèrent notablement de l'embryon dans l'œuf, dont vous avez représenté un sujet pl. XX, fig. 8 et 9 de votre mémoire. Ainsi l’extrémité an- térieure est armée d'une double épine, et à l'extrémité cau- dale s'articule un double appendice styliforme. Les mem- bres natatoires, au nombre de trois paires, comme vous les avez figurées, ont, à la paire antérieure, une hanche et deux articles; les deux autres paires, une hanche et un seul article bifide. Le nombre, la forme, la longueur des épines qui terminent les appendices natatoires varient non-seu- lement d’un appendice à l’autre, mais encore d'espèce à espèce. En sorte que ces épines peuvent constituer un bon caractère spécifique. J'ai pu parfaitement distinguer, sur- tout sur le Sacculina du Xanthus floridus, une bouche, un anus, un sac digestif, des côtés duquel partent deux cœ- eums qui s'enfoncent dans les masses de globules qui me paraissent représenter le foie. Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est une différence constante entre les embryons ou larves de la même espèce; différence qui ne peut que ( 340 ) se rapporter au sexe. À mon avis, le mâle et la femelle des Pellogaster venant de naître seraient déjà parfaitement distincts. Le mâle à sa partie, que j'appellerai abdominale, moins développée que la femelle, et les deux appendices, situés à l’extrémité postérieure, sont plus larges et plus allongés dans celui-ci que dans celle-là. Mais les organes génitaux internes sont-ils appréciables dans les deux sexes? C’est ce que je ne puis encore affirmer. Cependant j'oserai presque considérer comme ovaire, chez les individus que Je crois être femelles, un organe situé au-dessous de la masse qui représente pour moi le foie. Cet organe ren- ferme, en effet, de petites vésieules sphériques très-trans- parentes, comme des œufs primitifs, et granuleuses comme eux. Si les recherches ultérieures viennent confirmer ces appréciations, un coin du mystère qui couvre ces singu- liers animaux pourrait en être soulevé. Je vous tiendrai au courant de mes observations à ce sujet, que Je poursui- vrai lorsque le temps me le permettra. En attendant, et pour mieux vous faire apprécier l'importance des faits que je vous signale, je joins à ma lettre un croquis grossier de quelques-unes des figures que j'ai en carton. » M. Van Beneden , en faisant la communication qui pré- cède, dépose un ouvrage imprimé qu’il fait connaître par la note stivante : Sur le RHYTINA STELLERI. « Tout ce qui se rattache à l’histoire du Rhytina stelleri, ce trop confiant sirénéen de Pile de Béring, dont espèce entière semble réellement détruite, intéresse non sans rai- son tous les zoologistes. EH v à quelques années, on ne pos- (541 ) sédait de eet animal singulier que quelques débris, qui sont conservés au musée impérial de Saint-Pétersbourg. Plu- sieurs naturalistes russes ont eu à cœur de compléter l'his- toire du Rhytina. L'été passé, j'eus le bonheur de recevoir, m'éerit Alex. von Nordmann, de Helsingfors, à la date du 27 mars 1862, un squelette presque complet de cette bete rare, disparue du nombre des animaux vivants depuis à peu près cent ans. Pour le moment, la Russie en possède trois squelettes : le premier est à l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, le deuxième au musée zoologique à Helsingfors, et le troisième à Moscou. Je vous envoie deux exemplaires de mon mémoire sur ce squelette d'Helsing- fors. Vous me feriez un grand plaisir si vous vouliez avoir la bonté d’en communiquer un à l’Académie de Belgique. J'ai l'honneur de présenter cet intéressant mémoire à l'Académie. I contient la description détaillée des divers os du squelette, et le savant zoologiste de Helsingfors à fait représenter, sur cinq planches, toutes les parties mté- ressantes de ce curieux mammifère. Ce travail sera bien accueilli par tous ceux qui s'intéressent à la zoologie. » Note sur les dérivés pyrogénés de l’acide malique et de l'acide citrique; par M. Aug. Kekulé, professeur à l’uni- versité de Gand. Dans deux notes que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie, il y a quelque temps, j'ai démontré que l’acide fumarique se combine directement à l’hydrogène pour engendrer de l'acide suecinique, et qu’il se combine de même, par addition, au brome en donnant ainsi de lacide suceinique bibromé. Fai fait voir ensuite que l’acide ita- ( 342 ) conique, se comporte vis-à-vis de l'hydrogène naissant et du brome exactement comme son homologue l'acide fu- marique. Cet acide, en effet, se transforme, sous l’influence de l'amalgame de sodium, en acide pyrotartrique, homo- logue de l'acide succinique, et il donne, en se combinant par addition au brome, un acide homologue de l'acide bibromo-suceinique qui ends la composition de l'acide pyrotartrique bibromé. Depuis lors J'ai continué mes recherches sur les acides pyrogénés de l’acide malique et de lacide eitrique. Jai étudié d'abord les décompositions que les acides suceinique et pyrotartrique bibromés éprouvent sous l'influence des bases; j'ai examiné ensuite l’action de hydrogène naissant et du brome sur les acides. isomères de lacide famarique et de l'acide itaconique , et j'ai tenté, en outre, quelques expériences avec les anhydrides maléique et citraconique et avec le chlorure fumarique. Forcé par des circonstances spéciales, j'ai publié ail- leurs (1) une partie de ces expériences. La note que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie contient les résultats que J'ai obtenus depuis. Pour faire comprendre ces résultats, qu'il me soit permis de résumer en quelques mots les principaux faits consignés dans le mémoire allemand que je viens de mentionner, et dont j'ai l'honneur d'adresser un exemplaire à l’Académie. L'acide bibromo-suceinique se décompose chaque fois que l’on fait bouillir ses sels avec de l’eau, soit seuls ; soit en présence d’un excès de base. Dans ces décompositions, il se forme toujours du bromure métallique; mais la na- ture de la substance organique qui prend naissance en (1) Annalen der Chemie und Pharmacie, LÀ Suppl. Band., pp. 538-580, ( 945 ) méme temps dépend de la nature de la base que lon a employée pour opérer la décomposition. Quelquefois il ne s'élimine qu'un seul atome de brome; dans d’autres cas, on en élimine deux. Ce brome est remplacé, dans quelques décompositions, par le reste H€ de l’eau; dans d’autres, au contraire, 1 prend de Fhydrogène à la substance orga- nique même, pour s'éliminer sous forme d'acide br omhy- drique. On peut exprimer ces quatre cas possibles par les formules suivantes : L C,H, Br, 0-,+ H,0—= HBr+C, H, Br 0, Acide bromomalique. IRC, H, Br, ©. — HBr+cC, ss Br ©, Acide bromomaléique. I. C, H, Br, 0-,+2H,0—21Br+C, H, 0% Acide tartrique. IN. €, H, Br2 ©. —2HBr+-C, ! ©, (Inconnu). De ces quatre réactions on a réalisé jusqu'à présent les Lois premières. La décomposition exprimée par l'équation IL à lieu, comme MM. Perkin et Duppa l'ont trouvé les premiers, quand on fait bouillir le sel d'argent de lacide bibromo- succinique avec de l'eau. Elle peut se réaliser encore par l’ébullition de l'acide bibromo-succinique dissous avec un léger excès de chaux. La première décomposition s'effectue par l'ébullition d'une solution de bibromo-succinate de soude; la seconde par l’ébullition d’une solution de bibromo -succinate de baryte. Du brom-maléate acide de baryte on peut extraire facilement l’acide brom-maléique lui-même. L’acide pyrotartrique bibromé, préparé à l'aide de l'acide itaconique, présente dans ses décompositions une certaine analogie avec son homologue lacide bibromo-succinique. Il parait cependant que, pour cet acide, les deux atomes de brome s’éliminent avec une facilité égale; on n’a pas réussi, au moins jusqu'à présent, à réaliser une décomposition ( 544 ) par laquelle un seul atome de brome s’élimine pendant que l’autre reste dans le groupe organique. On a done pour les décompositions de lacide pyrotartrique bibromé les deux équations suivantes : FC, H, Br, 0, + 2H, 0-—2HBr + C, H, 6, Acide homotartrique. 11. G, H, Br, 6, —2Hir + C,; H, 0, Acide aconique, Une décomposition dans le sens de la première équation a lieu quand on fait bouillir avec de Peau le sel d'argent de l’acide pyrotartrique bibromé. Quand, au contraire, on décompose par l'ébullition une solution d'acide pyrotar- . trique bibromé en présence de trois équivalents de soude, la décomposition se passe d’après l’équation IE, et lon obtient Paconate de soude sous forme de gros cristaux par- laitement transparents et très-bien définis. RECHERCHES SUR LES PRODUITS PYROGÉNÉS DE L'ACIDE CITRIQUE. Action de l'ammalqame de sodium sur les acides citraco- nique el mésaconique. — Les deux isomères de l'acide ilaconiIque se comportent, à l'égard de l'hydrogène nais- sant, exactement comme l'acide itaconique lui-même. On n'a qu'à les mettre en contact pendant quelque temps avec de l’amalgame de sodium et de l’eau pour les transformer en acide pyrotartrique. Je me suis assuré par l’analyse (1) que les produits de cette réaction possèdent la composition de l’acide pyrotartrique; j'ai constaté de plus qu'ils en pos- sèdent le point de fusion. Action de l'acide iodhydrique sur l'acide citraconique et (1) Je me contenterai, dans cette note, de citer les analyses des corps nouveaux, el je passerai sous silence Lous les dosages exécutés seulement pour constater l'identité d'un produit. ( 545 ) sur l'acide mésaconique. — Les résultats que j'avais ob- tenus antérieurement en faisant réagir l'acide iodhydrique sur les acides résultant de la déshydratation de l'acide ma- lique m'ont conduit à soumettre les produits pyrogénés de l'acide citrique à l’action du même agent. On se rap- pelle que l'acide fumarique se réduit ,; quand on le chauffe avec de l'acide 1odhydrique concentré, et qu'il donne ainsi de l’acide succinique; l’acide maléique, de son côté, se transforme , avant de subir de réduction, en son isomère l'acide fumarique. Les acides pyrogénés de l'acide citrique se comportent à l'égard de l'acide iodhydrique d’une manière tout à fait analogue. L'acide itaconique, et de même l'acide mésa- conique, se réduisent, quand on les chauffe pendant quel- ques heures avec de l'acide iodhydrique concentré. Le produit de cette réduction est de acide pyrotartrique possédant la composition et le point de fusion de Facide pyrotartrique obtenu par d’autres procédés. L’acide citraconique , lequel, dans le groupe des dérivés de l'acide citrique, paraît correspondre à l'acide maléique du groupe homologue, lui ressemble encore par la trans- formation qu'il subit sous l'influence de l'acide iodhy- drique. Il se transforme, quand on le chauffe pendant quelques heures avec de lacide 1odhydrique à 100°, en son isomère l’acide mésaconique. Action du brome sur lacide citraconique et sur l'acide mésaconique. — Les deux acides isomères de lacide ita- conique se combinent, comme celui-ci, directement au brome. Les produits possèdent la composition de l’acide pyrotartrique bibromé, mais 1ls ne sont nullement iden- tiques avec l'acide préparé à l’aide de lPacide itaconique. Je vais désigner ces trois isomères par les noms : acide ( 546 ) ila-bibromo-pyrotartrique, acide citra-bibromo-pyrotar- lrique et acide mésa-bibromo-pyrotartrique. Acide citraconique. — En présence de l’eau, cet acide se combine déjà au brome à la température ordinaire. Le produit est beaucoup plus soluble que lacide ita-bibro- mo-pyrotartrique. Sa solubilité extrême rend la purification du produit assez diflicile et occasionne une perte considé- rable de matière. L'’acide pur est parfaitement blanc. Sa solution aqueuse ne donne que rarement des eroûtes cristallines formées par des cristaux d’une certaine grandeur; le plus souvent, elle peut être concentrée par évaporation spontanée jusqu’à consistance sirupeuse, et elle se solidifie alors en une inasse blanche formée par de petits cristaux groupés en choux-fleurs. Le nouvel acide est très-soluble dans Péther; il s'obtient par l'évaporation de cette solution sous forme de cristaux mieux définis. L'analyse de lacide citra-bibromo-pyrotartrique a donné les résultats suivants : (1). 0,7920 gr. ont donné 0,5906 gr. d’ac. carb. et 0,1498 gr. d’eau. (1). 0,4944 gr., décomposés par lamalgame de sodium, ont donné 0,6450 gr. de bromure d'argent e10,0054 gr. d'arg. (2) … 0,6062 gr, décomposés par l'amalgame de sodium, ont donné 0,7596 gr. de bromure d'argent et 0,0200 gr. d’arg. On en déduit : CALCULE. TROUYE. EE, A ——— I. 1, (us 60 20,69 20,55 _ H, 6 2,07 2,10 ae Br, 160 99,17 29,89 29,76 0, 64 22,07 Le 290 100,00 ( 947 ) L'acide citra-bibromo-prrotartrique se décompose avec une grande facilité quand on fait bouillir ses sels avec de l’eau. Les produits de ces décompositions sont entièrement différents de ceux que son isomère, engendré par lacide itaconique, donne dans les mêmes circonstances. Quand on neutralise la soitution de acide par la soude et quand on porte le liquide à ébullition, 1l se dégage une quantité considérable d'acide carbonique, et la solution contient le sel de soude d’un acide possédant la compost- tion de l'acide erotonique monobromé. La décomposition s'explique par l'équation : C, H, Br, ©-, = C, -H, Br 0, + HBr + CO: On n'a qu'à ajouter un petit excès d'acide sulfurique à la solution du sel de soude, pour précipiter l'acide eroto- nique monobromé sous forme de petites aiguilles aplaties. On le purilie en le faisant cristalliser d'une solution aqueuse faite à chaud. L’acide qui, dans ces opérations, reste dans les eaux mères peut en être extrait par l'éther. A l'effet de pouvoir mieux étudier la décomposition des sels de l'acide citra-bibromo-pyrotartrique , je me suis pro- curé le sel de chaux de cet acide à l’état cristalhisé, et je lai décomposé ensuite en le faisant bouillir avec de l’eau. Pour préparer ce sel de chaux, J'ai neutralisé la solution de l'acide par lammoniaque, et J'ai ajouté à la solution, en- core légèrement acide, du chlorure de calcium. Il ne s’est pas formé de précipité dans ja solution aqueuse; mais l'addition d’un volume égal d'alcool à occasionné la for- mation d’un précipité blanc et cristallin. En opérant avec des solutions étendues, j’at obtenu des cristaux assez bien définis. 2me SÉRIE, TOME XHI. | 26 ( 348 ) L'analyse de ce sel de chaux, desséché à 120°, a donné les résultats suivants : 0,5554 gr. ont donné 0,5628 gr. d'acide carbonique et 0,0746 gr. d'eau. 0,1974 gr., décomposés par l’almagame de sodium, ont donné 0,2210 gr. de bromure d'argent et 0,0054 d'argent. 0,5842 gr. ont donné 0,1568 gr. de sulfate de chaux. De ces résultats on déduit : CALCULÉ. TROUVÉ. RE —_—— G, 60 18,29 17,88 H, 4 4,22 1,49 Br, | 160 48,78 48,91 Ca, 40 12,19 12,00 ©, 64 19,52 — 328 Le sel de chaux une fois précipité est peu soluble dans l’eau. Quand on le fait bouillir avec ce véhicule, il se dégage une quantité considérable d'acide carbonique, et il se forme un nouveau sel de chaux qui eristallise de la solution con- venablement concentrée sous forme de petits mamelons blancs. La solution de ce dernier sel, ainsi que les eaux mères, donnent, par l'addition de l’acide chlorhydrique, un précipité cristallin d'acide bromo-crotonique. La décom- position du sel de chaux de lacide citra-bibromo-pyrotar- trique a done lieu d’après l'équation : 6. H, Br, Ca, 9, = G, H, Br Ca 6, + Ca Br + 66... Acide bromo-crotonique. — Cet acide cristallise en de longues aiguilles aplaties qui ressemblent beaucoup à de l’acide benzoïque. Il est légèrement soluble dans l’eau froide; Peau chaude le dissout beaucoup plus facilement. Son point de fusion est à 69°. Chaulfé avec de l’eau en (549 ) quantité insuffisante pour le dissoudre, il se fond à une température inférieure à 0°. Cette propriété explique ai- sément le fait qui se présente quand une solution aqueuse préparée à chaud se refroidit. Il se précipite alors, à des . températures supérieures à 50°, une huile qui se concrète par le refroidissement, et ce n’est qu’à des températures inférieures à 20° que l'acide se précipite directement à l’état cristallisé. | L'analyse de l'acide crotonique monobromé m'a donné les résultats suivants : ni. 0, 3524 er. ont donné 0,5558 gr. d’ac. carb. et 0,0955 gr. d’eau. (1) … 0,5558 gr., décomposés par l’amalgame de sodium, ont donné 0,5970 gr. de bromure d'argent et 0,0052 d'argent. (2) … 0,4508 gr, décomposés par la chaux (1), ont donné 0,5122 gr. de bromure d'argent et 0,0046 gr. d’argent. De ces analyses on déduit : CALCULE. - TROUVÉ. er CR... OS F IL. G, 48 29,09 29,02 — ’ H, 5 3,05 93,12 — Br 8Ù 48,45 48,15 49,10 ©, 52 19,40 — = 165 100,00 Quand on fait réagir en présence de l’eau l’amalgame de sodium sur l’acide crotonique monobromé, on obtient un sel qui, distillé avec un léger excès d'acide sulfurique, dégage un acide volatil de l'odeur de l'acide butyrique. Le sel d'argent préparé à l’aide de cet acide m'a donné à l’ana- (1) On a employé pour le dosage un échantillon de chaux ordinaire par des raisons qui seront indiquées plus loin. ( 590 ) lyse des nombres qui, eu égard à la petite quantité de ma- tière qui m'avait servi à cette expérience, ne laissent pas de doute sur la composition de l'acide : 0,2908 gr. ont donné 0,2570 gr. d'acide carbonique et 0,0944 gr. d'eau. La formule du butyrate d'argent exige : CALCULÉ. TROUVE. PRE IR PRE AS RERT €, 48 24,62 24,10 H, 7 3,98 5,61 A, 108 29,98 — ©, 952 16,42 — 195 100,00 La formation de l'acide butyrique s'explique d'ailleurs facilement par l'équation suivante : CG, H, Dr 6, + Na, + H, = CG, H, Na 6, + Na Br. On peut admettre qu'il y ait d’abord substitution in- verse, et que l’acide crotonique ainsi formé se combine ensuite par addition à deux atomes d'hydrogène. Cette der- nière réaction ne présente même rien de surprenant, el elle pourra probablement se réaliser avec l'acide croto- nique lui-même. Je ne puis pas quitter ces dérivés bromés de l'acide e1- traconique sans faire mention de deux notes que M. Ca- hours à publiées sur le même sujet (1). Si je ne parle de ces deux notes que tout en passant, c’est en partie parce que le savant français , contrairement à l'usage qui guide la plupart des chimistes dans des cas pareils, a cru devoir (1) Comples rendus de l'Académie des sciences de Paris, L LIV, pp.179 et 206. 991 ) s'occuper de ces recherches sept mois après que j'eus présenté mon premier mémoire sur ce sujet à lAcadé- mie, et trois mois après que ce mémoire fut rémprimé en France. C'est en partie encore parce qu'il m'est difficile, même maintenant, après la publication de la seconde note de ee savant, de donner un résumé bien net des résultats auxquels il est arrivé. En effet, dans la première note, il affirme que lacide cristallisable, qui se forme par la décomposition de l'acide bibromo - citraconique , est de Facide dibromo-butyrique. « L'analyse lui assigne la composition G, H; Br, 6; » il ajoute : « Le produit bromé , qui possède la composition de l'acide bibromo-butyrique , en possède aussi les propriétés | comme j'ai pu m'en convaincre en préparant ce dernier par l’action du brome en vases clos à 140° sur l'acide mono- bromo-butyrique ! » Dans la seconde note, l'acide G, H, Br, 6, s’est trans. formé en C, H; Br 6, : « Les différences que j'observai tout d’abord dans l'étude comparative des propriétés de ce corps et de celles de lacide bibromo- butyrique n'ayant laissé des doutes sur sa composition, etc. » « L'erreur pro- vint de l'emploi d'un échantillon de chaux impure dans le dosage du brome. » (Une erreur de 16,5 pour cent!) (1). Il maintient néanmoins l'existence d’un acide G, H, Br, 6, ; mais cet acide n’est plus identique, il est seulement isomère de l'acide dibromo-butyrique. J’ajouterai encore que l’assertion de M. Cahours : que ces réactions se reproduisent d’une manière identique lors- qu'on remplace l'acide citraconique par son isomère, l’acide itaconique , est entièrement erronée. Elle prouve seule- oo (4) Comparez la note page 549. ( 492 ) ment que ce savant n’a fait aucune expérience sur l'acide itaconique. Je me suis assuré , en effet, par de nouvelles expériences, que l'acide bromé obtenu de l'acide itaconi- que ne donne, par la décomposition de ses sels, aucune trace d'acide bromo-crotonique. Le produit de décompo- sition de cet acide est l'acide aconique, dont j'ai déerit le sel de soude dans un mémoire antérieur. Acide mésaconique. — Cet acide, isomère de l’acide ita- conique et de l'acide citraconique, se combine aussi di- rectement, et-par addition au brome. Pour réaliser cette combinaison, on est obligé de chauffer à 60° environ. Le produit est plus soluble dans l’eau que son isomère, formé par l’acide itaconique, beaucoup moins soluble, au con- traire, que l’acide engendré par l’acide citraconique. Il cristallise ordinairement, par l’évaporation lente de sa solution, sous forme de gros mamelons translucides. Par l’ébullition de son sel de soude, on n'obtient pas d’aco- nate de soude; il paraît, au contraire, que ce sel se dé- compose à peu près comme le sel de l'acide bromé, dérivé de l’acide citraconique. Je n’ai pas encore terminé l'étude de ces produits de décomposition. J’ai remarqué seulement que la solution neutre du sel de soude devient acide par l’ébullition , qu'il se dégage beaucoup d’acide carbonique, qu'il se volatilise avec la vapeur d’eau un acide eristallisa- ble, et qu'il se sépare une huile qui cristallise par le re- froidissement. Cette huile, ainsi que l'acide cristallisé, que l’on peut encore précipiter du sel de soude formé en le décomposant par un acide, sont identiques avec l'acide volatilisé et me paraissent identiques avec l'acide bromo- crotonique obtenu par la décomposition de l'acide citra- bibromo-pyrotartrique. Les points de fusion de ces acides sont, en effet, les mêmes : 65°. : ( 529 ) L'analyse de l'acide mésa-bibromo-pyrotartrique, prove- nant de deux préparations différentes, m'a donné les ré- sultats suivants : (1) … 0,5598 gr. ont donné 0,4092 gr, d'ac. carb. et 0,0992 er. d’eau. 0,5422 gr., décomposés par lamalgame de sodium, ont doñné 0,4404 gr. de bromure d'argent et 0,0050 gr. d’arg. (2) … 0,5286 gr. ont donné 0,5972 gr, d'ac. carb. et 0,1022 gr, d’eau. 0,6092 er , ont donné 0,7740 gr. de bromure d'argent et 0,0082 er. d'argent De ces résultats on déduit : CALCULE. TROUVÉ. EE in LE de | à IL, G, 60 20,69 20,67 20,50 H, 6 2,07 2,04 219 Br, 160 9,17 9,41 9,06 #, 64 22,07 — — 290 Anhydride citraconique. — J'ai démontré, dans une de mes notes précédentes, que l'anhydride citraconique donne, quand on le chauffe avec du brome dans un tube scellé, un produit de substitution monobromé. J'ai répété cette expé-. rience depuis. Il m’a paru que les deux corps se combinent d’abord par addition, et que le produit ainsi formé se dé- compose par l’action prolongée de la chaleur ou par la dis- üllation. Je crois, en effet, qu'il se passe deux réactions SUCCESSIVES : G; H, 6, + Br, = 6, H, Br, 6, G, H, Br, 6; — GC, H, Br -6:, + HBr. Je n’ai cependant pas réussi à obtenir le premier produit à l’état de pureté. ( 394 ) L'anhydride citraconique monobromé se dissout lente- ment dans l’eau froide : la dissolution est facilité par la chaleur. Il se forme ainsi de Facide citraconique mono- bromé : GC; H, Br 6:,. Cet acide se décompose avec une facihté extrème en eau et en anhydride, La décomposition s'opère déjà au sein de l’eau même, quand on évapore une solution de l'acide au bain-marie. On voit alors une huile se séparer, qui cristallise par le refroidissement et pos- sède les caractères de lanhydride monobromé. L'existence de l'acide bromo-citraconique est établie par l'analyse de son sel d'argent. On obtient ce sel sous forme d’un précipité biane flaconneux, et qui se transforme rapi- dement en cristaux quand on ajoute du nitrate d'argent à la solution de l’anhydride dans Feau, neutralisée par lam- moniaque. L'analyse de ce sel d'argent, desséché à 100°, a donné les résultats suivants : 0,5222 gr. ont donné 0,1672 gr. d'acide carbonique et 0,0224 gr. d’eau. 0,5950 gr. ont donné 0,2676 gr. de chlorure d'argent. De ces dosages on déduit : CALCULÉ. TROUVÉ, : Ce 69 14,18 14,19 He d 0,71 0,78 Br 80 18,91 — AUR 216 51,07 91,24 ©, 64 45,13 —— 423 100,00 J'ai préparé encore les sels de baryte et de chaux de cet acide. On obtient le sel de baryte quand on ajoute du chlo- rure de barium à la solution de lanhydride dans l’eau, ( 59 ) préalablement neutralisée par l'ammoniaque. Il ne se forme pas de précipité d'abord, mais en peu de temps le sel se dépose à l'état eristallisé. Le chlorure de calcium ne donne pas de précipité dans la solution aqueuse du bromo-citra- conate d'ammoniaque; quand on ajoute de laleool, il se précipite un sel blanc et cristallin. RECHERCHES SUR LES DÉRIVÉS DE L'ACIDE MALIQUE,. Chlorure fumarique. — Le chlorure fumarique qui m'a servi à mes expériences à été préparé par l’action du per- chlorure de phosphore sur l'acide famarique. On a mélangé 84 grammes d'acide fumarique avec 290 grammes de per- chlorure de phosphore; on a chauffé le mélange tant qu'il s’est dégagé de lacide chlorhydrique; on à enlevé une petite quantité d'acide fumarique non attaqué par filtration, et l’on à distillé le produit en recueillant à part ce qui passait entre 140°-170°. Pour éliminer autant que possible loxv- chlorure de phosphore, on à fait passer pendant plusieurs heures un courant d'air sec à travers le produit, maintenu à la température de 120°, et on l’a soumis à une nouvelle rectification. La presque totalité a passé à 160°. Le chlorure fumarique se combine directement et par addition au brome. Cette combinaison s'effectue quand on mélange le chlorure avec du brome see, dans les propor- tions indiquées par l'équation : PO CL, Br. —,, €, H, Br, 6: CL Chlorure fumarique. Chlorure bibromo-succinique. et quand on chauffe le mélange pendant quelques heures à 140°-150°. Le produit de cette addition est identique ( 356 ) avec le produit de substitution que MM. Perkin et Duppa ont préparé par l’action du brome sur le chlorure sucei- nique : C, H, 0, CL, + 2Br, — €, H, Br, 0, CL. Le chlorure bibromo-succinique est un liquide incolore ; il bout à 218°-2920°. On peut aisément le purifier par dis- üillation, quoiqu'il se décompose toujours en partie. L'eau le décompose en donnant de l’acide chlorhydrique et de lacide bibromo-succinique. Cette décomposition est lente par l’action de l’eau froide; elle a lieu rapidement par l’ébullition. L'acide bibromo-succinique, préparé de cette manière, possède tous les caractères de celui que l’on ob- tient par l’action du brome sur l'acide succinique ou sur l’acide fumarique. Jai constaté surtout qu’il donne, par l’ébullition avec l’eau de chaux, le tartrate de chaux, et qu'il se transforme, quand on fait bouillir avec de la ba- ryte, en bromo-maléate acide de baryte. Soumis à l’analyse, cet acide a donné les résultats sui- vants : (1) .. 0,4945 gr. ont donné 0,5124 gr. d’ac. carb. et 0,0664 gr. d’eau. 0,7488 gr, décomposés par l’amalgame de sodium, ont donné 1,0137 gr. de bromure d'argent et 0,0027 gr. d'arg. (2). 0,584 gr. ont donné 0,4854 gr. d’ac. carb. et 0,1046 gr. d’eau. De ces analyses on déduit : CALCULÉ. TROUVÉ. Le ie RAR AUTRE US |: I. Il. C, 48 17,39 47,25 17,38 Li 4 1,45 1,49 1,55 Br, 160 58,00 57,89, — GC, 64 25,16 — —— 276 100,00 ( 397 ) J'ai constaté encore que le chlorure bibromo-succinique, en se décomposant par l’alcoo!, donne de l’éther bibromo- suecinique cristallisable , identique avec le même éther que j'avais préparé antérieurement de lacide bibromo-sucemi- que. Cet éther a montré le point de fusion 55°. On peut distiller le chlorure bibromo-succinique avec un excès de brome, ou le chauffer pendant longtemps à 180° sans qu'il subisse d’altération. Anhydride maléique. — Cet anhydride bout à 196° (les auteurs indiquent 176°). Il se combine directement et par addition au brome, quand on le chauffe à 100° seulement pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure. €, H, 6: + Br, = &, H, Br, 0. Il ne se forme alors qu'une trace d'acide bromhydrique. Le produit, liquide d’abord, se solidifie peu à peu. Après l'avoir pulvérisé et exposé sous une cloche conte- nant de la chaux vive, on l’a dissous dans le sulfure de car- bone, et on a obtenu, par l'évaporation de ce véhicule, des paillettes cristallines, formées par l’anhydride bibromo- suceinique sensiblement pur. Un dosage du brome a donné 60,39 p. %o; le calcul exige 62,01 p. %. L'anhydride bibromo-suceinique fond au-dessous de 100°, Quand on le chauffe dans un tube scellé à 160°, il se dé- compose d’après l’équation : G, H, Br, 0: = GC, HBr 6: + HBr. L'action de l’eau sur l’anhydride bibromo-succinique donne des produits différents, d'après la température à laquelle on fait l'opération. L’eau froide le transforme d’abord en une masse solide qui se dissout ensuite. La so- ( 358 ) lution concentrée donne, par l'évaporation spontanée, un acide qui possède la composition de l'acide bibromo-suc- cinique, mais qui en diffère considérablement par ses pro- priétés. Il v a donc addition directe de l'eau à l'anhydride : 4 H ue L a LEO C, H, Di de + H, QG — G, H, Br, de Anhydride bibromo- Acide iso-bibromo- succinique. succinique, Quand, au contraire, on fait réagir l’eau bouillante sur l’'anhydride, où quand on évapore à chaud sa solution, il se forme une quantité considérable d'acide bromhydrique, el on obtient un acide qui possède la composition de l'acide bromo-maléique et que je vais désigner par le nom : d'acide iso-bromo-maléique. La formation de ces produits s’expli- que par la décomposition que subit l'acide iso-bibromo- succinique par l’ébullition avec de l'eau. Cet acide se. dé- compose, en effet, en donnant de l'acide bromhydrique et de l'acide iso-bromo-maléique. | GE; HS Bret = ERP OO VEE NHBr; Acide iso-bibromo- Acide iso-bromoma- succinique. léique. Dans ces décompositions de l’anhydride bibromo-sucti- nique, on obtient toujours une petite quantité d’une poudre blanche peu soluble dans l’eau et que l’on reconnait aisé- ment comme de l'acide bibromo-succinique ordinaire. Acide iso-bibromo-succinique. — Cet acide, obtenu par l’action de l’eau froide sur l’anhydride bibromo-suceinique, cristallise , par l’évaporation spontanée d’une solution con- centrée, sous forme de gros cristaux parfaitement transpa- rents et très-bien définis. Il est beaucoup plus soluble dans l'eau que l'acide bibromo-suecinique ordinaire. II fond au- ( 599 ) dessous de 160° et il se décompose à 180° environ, en donnant de acide bromhydrique et de l'acide 1so-bromo- maléique. La même décomposition a heu quand on le fait bouillir avec de l'eau. Par toutes ses propriétés, l'acide iso-bibromo-succinique diffère considérablement de l'acide bibromo-sucemique or- dinare; les sels d'argent des deux acides se décomposent cependant de la même manière, On obtient le sel d’ar- gent de l'acide iso-bibromo-succinique sous forme d'un précipité blanc, quand on ajoute du nitrate d'argent à la solution de l'acide neutralisée par lammoniaque. Le sel d'argent se décompose quand on le fait bouillir avec de l'eau, en donnant du bromure d'argent et une solution acide, qui, après ètre neutralisée par lammoniaque, occa- sionne dans le chlorure de calcium un précipité blanc pos- sédant les propriétés du tartrate de chaux. Ce sel se dissout dans lacide chlorhydrique et se précipite de nou- veau par l’ammoniaque. Il constitue alors des prismes microscopiques , ‘identiques par la forme au tartrate de chaux que Pacide bibromo-succinique ordinaire donne dans les mêmes circonstances. De nouvelles expériences sont cependant nécessaires pour établir si les deux acides tartriques , engendrés par les deux modifications de acide bibromo -succinique, sont identiques dans toutes leurs propriétés. La décomposition que lacide iso-bibromo-succinique éprouve quand on le fait bouillir avee de la baryte, parait différente de celle que lacide bibromo-succinique ordi- naire présente dans les mêmes conditions. Il se forme beaucoup d'acide carbonique , et l’on obtient deux sels dif- férents qui n’ont pas encore été examinés. ( 360 ) L'acide 1s0-bibromo-suceinique, soumis à l'analyse, a donné les résultats suivants : 0,6679 gr. ont donné 0,4590 gr. d'acide carb. et 0,0954 gr. d’eau. 0,5109 gr., décomposés par l’amalgame de sodium, ont donné 0,6876 gr de bromure d'argent et 0,0028 gr. d'argent. De ces dosages on déduit : CALCULE. TROUVE. €, 48 17,59 17,9 H, 4 1,49 1,59 Br, 160 58, 00 97,67 0, 64 25,16 — 276 100,00 Acide iso-bromo-maléique. — Cet acide se forme, comme on vient de le voir, par l’action de la chaleur (180°) sur l'acide iso-bibromo-suceinique , ainsi que par l’ébullition de cet acide avec de l’eau. On peut le préparer directement en évaporant à chaud une solution de l’anhydride bibromo- sucecinique dans Peau. L’acide iso-bromo-maléique est extrêmement soluble dans l’eau. La solution concentrée donne de petits cristaux prismatiques groupés en étoile, qui ressemblent beaucoup à l’acide bromo-maléique ordinaire, extrait du sel de baryte qué l’on obtient par l’ébullition de l'acide bibromo-suceimi- que ordinaire avec de la baryte. Il existe cependant entre les deux modifications de l’acide bromo-maléique des différences très-notables. L’acide bromo-maléique ordinaire entre en fusion à 1925", et il se décompose à 150° environ en eau et en anhydride. L’acide iso-bromo-maléique ne fond qu’à des températures supé- rieures à 160°. L ( 56! ) Une autre différence saillante se fait voir dans les sels d'argent. Le sel d'argent de l'acide bromo-maléique ordi- naire ne se décompose que d’une manière très-incomplète par l’ébullition avec de l’eau ; on peut même le cristalliser de l’eau bouillante. L'iso-bromo-maléate d'argent, au contraire, se décom- pose instantanément, quand on le chauffe avec de l'eau. L'analyse de l'acide iso-bromo-maléique a donné les ré- sultats suivants : 0,7220 gr. ont donné 0,6442 gr. d’ac. carbonique et 0,1050 gr. d’eau. 0,4574 gr. ont donné 0,4416 gr. de bromure d'argent et 0,0055 gr. d'argent. De ces dosages on déduit : CALCULE. TROUVÉ. 2 TENTE PCR UT EEE 13 G, 48 24,62 24,33 H, 9 1,94 1,98 Br 80 41,02 41,64 vd 64 52,82 = 195 100,00 ‘Acide maleique. — Dans une de mes notes précédentes, J'ai fait voir que l'acide maléique se combine au brome comme l'acide fumarique , et qu’il se forme ainsi de l’acide bibromo-succinique. J’avais ajouté alors : « Il me parait cependant que, dans le cas de l’acide maléique, la quantité d'acide bromhydrique formé est beaucoup plus grande qu'elle ne l’est pour l'acide fumarique. J'ai trouvé de plus qu'il se forme en même temps et à côté de l'acide bibro- mo-succinique un autre acide beaucoup plus soluble que celui-ci. » ( 562 ) J'ai cru utile de reprendre cette expérience, quoiqu’elle trouve déjà son explication dans ce qui vient d’être dit sur l'acide iso-bibromo-succinique et l'acide iso-bromo-maléi- que. Voici les résultats auxquels je suis arrivé. Quand on chauffe de l’acide maléique et du brome pen- dant peu de temps seulement à 100°, il ne se forme qu’une quantité très-petite d'acide bromhydrique. On obtient une certaine quantité d’un produit peu soluble dans l’eau, et qui n’est que de l'acide bibromo-succinique ordinaire. Cet acide dont j'ai communiqué l'analyse dans une note anté- rieure, donne, en effet, par l’ébullition avec de l’eau de chaux ou de l'eau de baryte, le tartrate de chaux ou le bromo-maléate acide de baryte. À côté de cet acide bibromo-succinique ordinaire, il se forme un autre acide beaucoup plus soluble et qui n’est autre que l'acide iso-bibromo-succinique. On obtient, par l'évaporation spontanée de la solution, de grands cristaux transparents et bien définis qui possèdent tous les carac- tères que j'ai mentionnés plus haut pour lacide iso-bromo- succinique. Quand, au contraire, on évapore par l'ébulli- on, on n'oblient que les produits de décomposition de cet acide, à savoir : l'acide bromhydrique et l'acide iso- bromo-maléique. Je crois pouvoir admettre que c’est l'acide 1s0o-bibromo- succinique qui se forme par l'addition directe du Prome à l’acide maléique. L’acide bibromo-succinique ordinaire prend naissance, me paraît-il, par l’action du brome sur de l’acide fumarique, qui se forme, pendant la réaction même, par une transformation moléculaire de l'acide maléique. Cette manière de voir est confirmée par l'observation que l'acide maléique se transforme facilement, par le contact avec lacide bromhydrique, en acide fumarique; fait que « ( 565 ) J'ai déjà communiqué antérieurement et que j'ai eu l’oc- casion de confirmer depuis. L'observation que l’acide mésaconique, que lon obüent ordinairement par l’action de l’acide nitrique sur l'acide cltraconique, se forme aussi quand on chauffe ce dernier acide avec de l'acide 1odhydrique, m'avait fait penser que l'acide que j'avais préparé par l’action de lacide iodhydri- que sur l'acide maléique pourrait se trouver un isomère plutôt de l'acide fumarique , que de l'acide fumarique lui- même. 11 m'a paru nécessaire, de plus, de soumettre l'acide maléique à l'influence de l'acide nitrique, pour voir s'il ne se forme peut-être pas le même acide isomère. On aurait pu obtenir ainsi le troisième isomèxe de Facide fumarique et de l'acide maléique, lequel, dans le groupe des dérivés de l'acide malique, aurait été le terme paral- lèle de l'acide mésaconique dans le groupe des dérivés -citriques. J'ai trouvé, en effet, que l'acide maléique donne, quand on le fait bouillir avec de l'acide nitrique, un acide peu soluble dans l'eau. Mais cet acide, ainsi que celui qui se forme par l'action de l'acide iodhydrique sur l'acide maléique, n’est autre que l’acide fumarique ordimaire. Qu'il me soit permis, en terminant, de faire ressorur quelques-unes des considérations théoriques qui me pa- raissent découler des faits consignés dans cette note el dans les mémoires que j'ai publiés antérieurement sur le même sujet. Je me contenterai, d’ailleurs, d'en signaler les points fondamentaux, en laissant chacun libre de les amplifier et de les transcrire dans le langage qui lui parait le plus rationnel. J’ajouterai que je prends, pour ma part, ces considérations (dans la forme au moins sous laquelle 2e SÉRIE, TOME XII. PAT É ( 364) ; je les communique aujourd’hui), pour une espèce d'image plutôt que pour des vues véritablement théoriques. Les acides fumarique et maléique, produits de la déshy- dratation de l'acide malique , sont véritablement homolo- ques des trois acides pyrogénés de l'acide citrique, à savoir: l’acide itaconique, l'acide citraconique et l'acide mésaco- nique. DIFFÉRENCE : CH, Re Ac. fumarique . . 6, H, 6. C,; H, €, Ac. itaconique. Ac. maléique. . —- - Ac. citraconique. ee Ac. mésaconique. Or, comme l’un de ces groupes est formé par trois termes, tandis que lautre n’en contient que deux, ilest difficile de décider quels sont les acides des deux séries qui se correspondent réellement. On peut dire cependant que les acides maléique et citraconique se correspondent, en ce qu'ils sont capables de donner des anhydrides et de se régénérer par l’action de l’eau sur ces anhydrides. D’un autre côté, l'acide itaconique paraît le terme correspondant à l'acide fumarique. Resterait l'acide mésaconique, qui, au premier abord, paraît ne pas avoir d’analogue parmi les dérivés maliques. Or on à démontré que l’acide maléique se transforme en acide fumarique sous l'influence des mêmes agents qui font passer l’acide citraconique à l'état d'acide mésaconique ; on peut donc dire que l'acide fu- marique représente à la fois l’acide itaconique et l’acide mésaconique. Les deux acides isomères, G, H, 8,, dérivés de l'acide malique, ne diffèrent de l’acide suceinique que par deux atomes d'hydrogène qu'ils contiennent en moins; 1ls pos- sèdent la propriété de se transformer facilement en cet ( 56 ) acide en se combinant à deux atomes de cet élément. Les trois acides isomères, GC, H, 6, dérivés de l'acide ci- trique , présentent, par rapport à l’aeide pyrotartrique , la même différence , et ils se combinent par addition à deux atomes d'hydrogène pour engendrer eet acide. D'un autre côté, les acides fumarique et maléique se combinent directement et par addition à deux atomes de brome , et donnent ainsi deux acides isomères que l’on peut envisager comme dérivés des ubstitution de l'acide succi- nique. Les trois acides isomères, dérivés de l'acide citrique, possèdent la même propriété : ils se combinent directe- ment et par addition à deux atomes de brome, et forment ainsi trois acides isomères qui possèdent la composition d'un produit de substitution de l'acide pyrotartrique. Ce qui m'a frappé dans l’ensemble des faits que je viens de résumer, c’est tout d'abord la facilité exceptionnelle avee laquelle ces acides se combinent par addition, soit à de l'hydrogène, soit à du brome. C’est ensuite le fait, qu'il n'existe que deux acides isomères de la formule CE; H, 6, tandis que Pon connaît trois isomères de la formule CG; H; €. C'est encore l’observation que les. acides succinique et pyrotartrique, qui s’obtiennent par l'addition directe de l’hydrogène, sont identiquement les mêmes, n'importe duquel des acides isomères on les a préparés. C’est enfin que, par l’action du brome, il se forme autant de modifications d’un acide bromé qu'il existe de modifications isomères de l’acide normal qui leur donne naissance. Il me parait que tous ces faits trouvent leur explication dans les considérations suivantes. Les acides succinique et pyrotartrique, que l’on peut regarder comme les pivots des autres acides en question, ( 906 ) contiennent chacun deux atomes d'hydrogène typique, c’est-à-dire deux atomes d'hydrogène qui se remplacent facilement par des radicaux et qui, d’après la théorie de l’atomicité des éléments , se trouvent combinés au carbone d’une manière indirecte seulement, c’est-à-dire par Pin- termédiaire de l'oxygène. Si l’on fait déduction de ces deux atomes d'hydrogène, comme le font, d’ailleurs, les for- mules typiques : C, H, D: C, H, 0, HE TA 0- 1L TT: H. 0, Ac. pyrolartrique, 2 AC. succinique : p,{ O2» 2 on voit qu'il y a encore dans l'acide succinique deux paires d’atomes d'hydrogène, landis que, dans l'acide pyrotartrique, il en existe encore trois. La théorie de l’ato- micité admet que cet hydrogène se trouve combiné direc- tement au carbone, et que ce sont toujours deux atomes d'hydrogène qui sont en combinaison avec le même atome de carbone, comme on le voit plus facilement encore en appliquant à ces substances le système de formules graphiques que j'ai employées ailleurs pour exprimer ces idées. Que l’on suppose maintenant que, dans l’un ou l'autre de ces acides, deux atomes d'hydrogène viennent à man- quer, on aura, d’un côté, les acides fumarique et maléique, d’un autre côté, les acides itaconique , citraconique et mé- saconique. Comme il y a dans lacide suecinique deux paires d’'atomes d'hydrogène, on comprend la possibilité de l'existence de deux acides isomères, suivant que €’est l’un ou l’autre de ces deux couples d'hydrogène qui man- que. Pour l’acide pyrotartrique, on saisit de même la possi- bilité de l'existence de trois isomères, suivant que lou enlève à cet acide l’une ou l’autre des trois paires d’atomes ( 367 ) d'hydrogène qui, dans l’intérieur de la molécule, se trou- vent combinées directement au carbone. Là où les deux atomes d'hydrogène manquent, il y aura deux unités d’aflinité du carbone non saturées ; 11 y aura, pour ainsi dire, une lacune. On pourrait s'expliquer ainsi la grande facilité avec laquelle ces acides se combinent à l'hydrogène et au brome : les affinités libres tendent à se saturer et la lacune à se remplir. Que l’on remplisse ces lacunes par de l'hydrogène, on aura toutes les affinités du carbone, dans l’intérieur de la molécule, saturées par le même élément (l'hydrogène), et on ne voit aucune raison pour l'existence d’un isomère. Que l’on mette, au contraire, du brome à cette place vide, on aura le carbone saturé en partie par de l’hydro- gène, en partie par du brome; et on comprend que les produits doivent posséder des propriétés différentes d’après la place à laquelle se trouve le brome. On comprend en- core que chaque modification isomère des acides G, H, 6, et C; H, 6, forme, en se combinant au brome, un acide bromé différent et qui correspond à l'acide qui lui à donné naissance. On peut prévoir, de plus, que ces acides : bromés isomères doivent donner, par substitution inverse, un acide normal identique. Si je ne poursuis pas. plus loin ces spéculations, qui, d'ailleurs, se prêtent à une application assez générale, c'est pour ne pas m'exposer au reproche de me laisser entraîner par des hypothèses vagues et sans fondement ; reproche qui pourrait paraître fondé tant que l’ensemble des idées fondamentales qui servent de base à la théorie de l’atomicité ne sera pas connu. Je me permettrai cependant d’ajouter que l’on peut se rendre compte de la même manière de l'existence des ( 568 ) différentes modifications de l'acide tartrique, et que l’on arrive même, en poursuivant un peu plus loin ces idées, à concevoir l’existence de deux modifications isomères, symétriques par rapport aux propriétés chimiques, mais qui cependant possèdent quelque chose de non symétri- que dans l’arrangement des atomes; propriété qui ser- vira peut-être un jour à nous expliquer les phénomèmes curieux de dyssymétrie moléculaire que plusieurs modifi= cations de l’acide tartrique possèdent à un degré si pro- noncé. Observations tératologiques; par M. Alfred Wesmael, répé- titeur à l’École d’horticulture de Vilvorde. Dans l’organogénie végétale, on remonte à travers toutes les modifications que subissent lés organes, jusqu’à leur type primitif, jusqu'aux lois en vertu desquelles ces phé- omènes s’accomplissent. Mais, qu’une circonstance parti- culière vienne à déranger ces organes en voie de formation ou de développement, il pourra en résulter deux choses : où l’organe dérangé ne croîtra plus et avortera, où 1l se déve- loppera dans un sens et d’après des lois autres que celles auxquelles il obéissait primitivement, ét prendra alors des formes tout autres que celles qu’il aurait eues sans cette circonstance. Dans les deux cas, il y à ün organe présentant des caractères différents de ceux qu'il devait avoir : il y aura anomalie, monstruosité. Je vais passer en revue deux phénomènes tératologi- ques observés dans mes herborisations de l’été dernier. Dans une herborisation aux environs de Campenhout, j'eus l’océasion d'observer le Juncus lamprocarpus Ehrh., ( 569 ) en très-grande abondance. En récoltant quelques pieds, un - d'eux attira mon attention, vu le singulier port qu'il offrait à sa base. Je reconnus de suite que des organes floraux étaient transformés en grandes bractées hérbacées, trans- formation nommée chloranthie. Les inflorescences normales du Juncus lamprocarpus sont des cymes plus ou moins étalées, rapprochées en un corymbe terminal; les glomérules sont formés de quatre à douze fleurs ; chacune de celles-ci est msérée’ à l’aisselle d'une bractée scarieuse. Une fleur normale se compose : 1° d’un périanthe à six divisions; 2 de six étamines; 5° d’un ovaire formé de trois carpelles soudés. Connaissant le nombre de verticilles, ainsi que celui des organes constituant ces premiers dans une fleur bien con- formée, je vais rechercher si, dans la monstruosité qui fait le sujet de cette note, on trouve les différents verti- cilles et les bractées à l’aisselle de chacune desquelles les fleurs normales se développent, en un mot, si, outre la transformation des organes de la fleur en expansions folia- cées, 11 n’y a pas eu d’avortéement£. La plante présente deux tiges; la première (fig. 1, e) s’est développée normalement; elle est terminée par üne inflorescence (/) dont les fleurs sont bien conformées; la seconde tige (d) s'élève beaucoup moins haut que la pre- mière; elle porte trois glomérules de fleurs modifiées (a, b, c). Le premier groupe de fleurs métamorphosées (a) ést porté sur un axe secondaire (g) qui se développe à l’aissélle d’une bractée (A); mais ce dernier organe n’a aucune ana- logie avec les bractées à l’aisselle desquelles prennent naissance les deux groupes supérieurs. Cette première bractée sé présente sous l'aspect d’un faisceau de soies vertes, courtes, provenant bien certainement des ner- ( 570 ) vures qui apparaissent dans le tissu d’une bractée nor- male. Si l’on étudie ce premier groupe de fleurs, on remarque d'abord deux grandes bractées. A l’aisselle de la plus infé- rieure, s'observe une première fleur modifiée, représentée par cinq expansions foliacées, dont l'inférieure est beau- coup plus grande que les autres. A l’aisselle de la seconde bractée, existe une deuxième fleur modifiée : celle-ci est formée par cinq expansions foliacées. Enfin à l’aisselle d’une troisième bractée, celle-ci portée plus‘haut que les deux premières, s'observe une nouvelle monstruosité, com. posée, comme dans la seconde, de cinq bractées foliacées. Dans le glomérule intermédiaire (b), c'est-à-dire celui qui est situé au-dessus de linférieur, il y a présence de trois fleurs métamorphosées. La première de ces transforma- tions nous montre emq bractées, la seconde se compose de huit, enfin la troisième est constituée par douze feuilles. Le glomérule supérieur (c) se compose de cinq fleurs modifiées : le nombre des bractées foliacées constituant ces métamorphoses varie depuis cinq jusqu’à huit; ainsi la fleur modifiée la plus inférieure se compose de sept bractées, la seconde n’en présente que cinq, la troisième sept, comme chez la plus inférieure, enfin les deux supé- rieures sont constituées par huit feuilles chacune. Si l’on compare les différentes chloranthies au point de vue du nombre des bractées qui les constituent, on con- state qu'il n’y à rien de stable : les unes sont constituées par cinq bractées, d’autres par six, certaines par sept ; on en observe où le nombre huit est représenté; enfin les plus parfaites sont constituées par douze expansions fo- liacées. Si, parallèlement au nombre des bractées consti- tuant chacune des fleurs métamorphosées, nous compa- ( 371 ) rons celui des organes constituant une fleur normale, nous constatons que le périgone est formé par six divisions ; l'androcée se compose de six étamines, enfin le gynécée est formé par trois carpelles qui se soudent pour former Vovaire. L’addition des différents organes d’une fleur nor- male nous donne le total de quinze. Or, si nous compa- rons ce nombre avec celui que nous accuse la chloranthie composée par le plus petit nombre de bractées, nous voyons que toutes les divisions périgonales ne se sont pas développées et que, outre la transformation des divisions périgonales en bractées herbacées, il y en à une qui à avorté. Ainsi dans les chloranthies constituées par cinq bractées , il y a eu avortement d'une division périgonale, du verticille, de l'androcée et du gynécée. Dans les chloranthies composées de sept folioles, je suis porté à croire que les six bractées extérieures représen- tent le périgone : un examen attentif nous a démontré que trois de ces bractées sont extérieures, et que trois sont intérieures, disposition que l’on observe, du reste, dans le périgone d’une fleur normale. Quant à la septième bractée, on doit supposer qu'elle représente le verticille de Pan- drocée, et cette opinion est d'autant plus fondée que la bractée semble embrasser, à peu près complétement, l'axe de la fleur modifiée. Certaines chloranthies sont constituées par huit brac- tées, dont les six Imférieures représentent le périgone; elles sont disposées trois par trois, comme dans les métamor- phoses formées par sept bractées. Quant aux deux folioles supérieures, elles représentent évidemment, l’une le ver- ticille des étamines, l’autre les carpelles. Ainsi que dans le cas précédent, tous les organes de l’androcée se sont soudés entre eux , mais dans ce cas-ci, les trois carpelles se pré- (372) sentent sous l'apparence d’une bractée dans laquelle on distingue fort bien trois nervures très-prononcées , prove- nant certainement des côtes médianes des feuilles ear- pellaires. Dans les chloranthies les plus complètes, on constate la présence de douze bractées. Or, d’après leur disposition , les six bractées inférieures appartiennent au verticille péri= gonal ; les trois, qui sont situées plus haut, représentent l’androcée; seulement, dans ce cas, chaque foliole repré- sente deux étamines-soudées; enfin les trois supérieures proviennent de la transformation des carpelles : chacune est munie d’une nervure primordiale bien prononcée. D'après l'exposé des faits précédents, je crois pouvoir conclure : 1° Que, dans les fleurs modifiées , dans celles au moins où le nombre six des bractées foliacées n’est pas dépassé, ce sont les divisions périgonales qui se sont transformées en bractées, fondant ma manière de voir sur le mode d’in- sertion de ces mêmes bractées; 2° Que l’altération atrophique , d’une part, et le phéno= mène tératologique, d'autre part, croît du dehors au dez dans, c’est-à-dire que les organes les plus protégés sont les plus profondément atteints ; 5° Que le phénomène tératologique de certains organés peut être suivi de la soudure de ces mêmeés organes entre eux; | 4° Que les divisions périgonales, l’androcée et le gyné- cée, peuvent se convertir en feuilles ; »° Enfin l’analogie qui existe entre les différentes par- ties de la fleur et les feuilles : les unes et les autres sont des organes appendiculaires, des phylles qui, dans cer- (aines circonstances et sous l'influence de certains phé- (373) nomènes, difliéiles à définir et à comprendre, passent de l'un état à l'autre, mais ayant un même berceau, un ma- melon cellulaire appendiculaire. EXPLICATION DE LA FIGURE À. a. Premier groupe de fleurs métamorphosées, b. Deuxième groupe. c. Troisième groupe. d. Axe portant les métamorphoses. e. Axe portant les fleurs normales. f. Inflorescence normale. Inflorescence femelle ramifiée chez un Carex acuTA Ehrh. * L'espèce de Carex, chez laquelle j'ai observé le phéno- mène tératologique dont je vais tàcher de déterminer le mode de développement, porte des fleurs réunies en épis unisexués. Les épis femelles sont constitués par un axe sur lequel s’insèrent des bractées à l’aisselle de chacune desquelles se développe une fleur portée sur un axe très- court. La fleur femelle se compose d'un axe sur lequel prennent naissance deux bractées, qui se soudent entre elles de facon à constituer une espèce de petit utricule. Cet utricule représente, à mon avis, l'enveloppe florale. À l’intérieur de ce petit périgone s’observe le gynécée : cet organe est porté au sommet de l’axe de la fleur; 1l se compose de l’ovaire formé de deux feuilles carpellaires, nombre deux indiqué par celui des stigmates. Ces deux organes font saillie par l’orifice ménagé au sommet de l’utri- eule, orifice formant un bec court, entier : voilà en peu de mots la structure d’une fleur normale chez le Carex acuta. Dans la plante que j'ai récoltée à Vilvorde, au mois de juim 4861, plante qui frappa mon attention par le singu- ( 574 ) lier port des épis femelles, ces derniers étaient ramifiés. Si l’on recherche le mode de développement d'un épi ramifié normal, par exemple, celui du Panicum crus-galli Ebrh., on remarque que les axes secondaires de l'inflores- cence se développent toujours à l’aisselle de bractées in- sérées sur l'axe de première génération. Connaissant cette règle générale, qui préside à toutes les inflorescences ra- miliées, recherchons si les phénomènes ont suivi cette même loi pour la formation de l’épi ramifié dans le Carex acut«. D'abord, dans la fleur normale, nous avons constaté la présence de l’axe de la fleur qui prend naissance à l’aisselle d’une bractée insérée sur l'axe primaire de lépi. Cet axe floral, après s'être allongé un peu, donne naissance à deux bractées opposées qui se soudent et que je regarde comme une véritable enveloppe florale. Si nous recherchons, au point de vue organogénique, l’origine des phylles consti- tuant le verticille périgonal, nous savons qu'entre ces or- gane appendiculaires et la feuille normale, 1l n’y a qu'une différence extérieure : tous deux sont le résultat du dévelop- pement d’un mamelon utriculaire, et combien d'exemples n’avons-nous pas de pétales ou sépales convertis en vérita- bles feuilles! Mais, quel est un autre caractère de la feuille normale? c’est de protéger à la base de son pétiole un bourgeon né de l’axe phyilifère. Je démontrerai tout à l’heure la haute importance de l’analogie qui existe entre une feuille et une division périgonale, surtout au pomt de vue du bourgeon qui se développe toujours à l'aisselle d’une feuille normale. Je disais plus haut que, dans les inflorescences en épis ramifiés, les axes secondaires de l’inflorescence naissent toujours à l’aisselle de bractées développées sur l'axe pri- ( 57d maire. Or, dans l'inflorescence anormale du Carex aCuU« ; l’ordre de développement de lépi ramifié n'a pas du tout suivi la même règle, Lorsqu'on regarde la disposition des axes de deuxième génération dans le Carex, on croirait que chacun de ces axes secondaires se développe et prend naissance au som- met et sur le bord de lutricule, utricule que Jj'at consi- déré comme une véritable enveloppe florale; mais, avec un peu d'attention et l'œil armé d’une loupe, on reconnait que cet.axe sort, en compagnie des deux stigmates, par l’orifice ménagé au sommet du périgone ou utricule. Si maintenant, à l’aide de la pointe d’une aiguille, on déchire l'enveloppe florale, on constate que l’axe se pro- longe le long de l'ovaire sans y contracter la moindre sou- dure, et que sa base prend naissance à l'angle formé par une des deux divisions périgonales et l'axe de la fleur; axe qui continue, sur une longueur d'un quart de millimètre, à s’allonger pour être terminé par l'ovaire. Voilà done une ramification qui prend naissance à l’aisselle d’une division périgonale. Si nous étudions le développement de cet axe secondaire ayant un centre d'évolution anormal, puisqu'il a pour berceau l'axe de la fleur, nous constatons qu'après un allongement hors de lutricule d’un demi- millimètre environ, il se développe une première fleur; celle-ci est constituée normalement et elle naît à l’aisselle d’une brac- tée insérée sur l’axe secondaire, ayant tous les caractères de celles qui, à leur aisselle, produisent des fleurs nor- males. À la suite du développement de cette première fleur, l'axe secondaire de l’inflorescence continue à s’al- longer, et après un développement d’un millimètre, il produit une seconde fleur; seulement ici, Faxe secondaire se prolonge normalement, c'est-à-dire qu'il continue son ( 570 ) évolution comme dans l'allongement de tous les axes nor- maux. Après le développement de la seconde fleur, l'axe secondaire est arrêté dans son élongation, vu que la se- conde fleur est terminale, Je n'ai pu observer sur aucun des axes de seconde génération plus de deux fleurs. = J'ai insisté plus haut sur l’analogie qui existe entre une feuille normale et une division périanthide, de plus, sur le caractère normal de toute feuille, c’est-à-dire de porter un bourgeon à son aisselle. Or, si l’analogie entre la feuille normale et un phylle du périgone est incontestable, pour- quoi ne pas admettre qu’à l’aisselle d’un pétale ou d’un sépale, il pourrait se développer un bourgeon tout aussi bien qu’à l’angle formé par la base du pétiole et le rameau sur lequel il prend naissance? Selon moi, le phénomène tératologique produit par le Carex acuta ne peut recevoir de solution rationnelle qu’en admettant qu’un bourgeon s’est développé à Paisselle d’une des deux divisions péri- sonales. En examinant la figure 2, on voit une partie d’une fleur anormale. En a, on distingue une cicatrice provenant de la section tranversale de laxe qui portait la première fleur femelle, En b, se remarque l’axe secondaire de l’inflores- cence qui prend naissance au point c, qui est laisselle formée par une des deux divisions périgonales d; cette der- nière n’est figurée qu’en partie , et l'axe primaire e se pro- longe pour être terminé par la fleur primordiale. Ainsi, le point de développement de l’axe secondaire de l’mflores- cence est, il me semble, suffisamment démontré. Cet axe résulte du développement d’un bourgeon né à laisselle d’une des deux divisions périgonales. L'observation de ce phénomène tératologique nous dé- montre, une fois de plus, l’analogie qui existe entre les 4 LETe le) er CS à de 1 SLA LE. L + Zom HI LE sert, page 877. Lib. par E Severeyrs él, de l'Acad, ÿ | LAS rl TORTR A: REA L Ni ja FLN 0 LKd bear ons di d v. j | L ef | s' 2 l LA 1 é; ; PA 180 Dr M4 0 » + N s +3 L] v NATIONS are Al “à A à s 178 FAQ, & de Gabnp à 7 L *. dde : "A ‘ PEU À ù 118 x 2! où +7 PDR sf: : TT x PA à 14 Ci) / ( 377 ) différentes parties constituant les verticilles de la fleur et les véritables feuilles. La conversion des carpelles, des élamines, des pétales et des sépales en feuilles est un fait acquis à la science depuis bien longtemps; et l'observation d’un bourgeon se développant à Paisselle d’une des parties de la fleur, ne fait que fortifier l'opinion de la plupart des botanistes, qui distinguent, dans la partie aérienne de l’'axophyte, des axes et des phylles, phylles qui, dans cer- tains cas, forment des feuilles normales , dans d’autres cas , des sépales , des pétales, des étamimes et des pistils; mais peu importe à quel état nous les observons, leur étude organogénique nous démontre un même état originaire : tous commencent par n’être qu’un mamelon utriculaire. La figure 3 représente une ramification de l’inflo- rescence. En a, on remarque une partie du périgone; l'autre partie a été enlevée pour mettre à nu lovaire b. La portion périgonale enlevée est celle qui, à son ais- selle c, a produit la ramification d. L’axe primaire de l'imflorescence est figuré en e. Sur l’axe secondaire d, on observe deux fleurs f et g, développées chacune à lais- selle d’une bractée insérée sur l’axe secondaire de l’inflo- rescence. La figure 4 représente une inflorescence ramifiée a bractée à l’aisselle de laquelle se développe la fleur nor- male; b utricule ou périgone; c stigmates; d axe secon- daire de l’inflorescence passant, en même temps que les stigmates, par l’ouverture e de l’utricule. CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 avril 1862. M. DE Decker, directeur. M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Grandgagnage, de Ram, Gachard, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, Paul Devaux, Snellaert, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, Faider, Arendi, Kervyn de Lettenhove, Chalon, menbres ; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Félix Nève, Wauters, correspondants. MM. De Koninck, Stas et Éd. Fétis, membres des deux autres classes , assistent à la séance. CORRESPONDANCE. La Société des antiquaires de Picardie et la Bibliothèque communale d'Amiens remereient PAcadémie pour l'envoi de ses publications. — M. le comte de Montalembert, associé de l'Académie, fait hommage d’un volume qu'il vient de publier et qui (51 ) est consacré à retracer la vie et les travaux du père La- cordaire. — Remerciments. — Le Cercle archéologique du pays de Waes annonce qu'il se propose d'ériger un buste à Philippe Verheyen, célèbre anatomiste belge du dix-septième siècle, et il fart parvenir, à cet effet, une liste de souscription. Cette liste est déposée sur le bureau. — M. Jeanjean, conseiller provincial à Philippeville, adresse un nouveau mémoire manusérit sur la position de la quatrième légion romaine, commandée par Labiénus au moment de la révolte d’Ambiorix. (Commissaires : MM. Roulez, Borgnet et Wauters.) RAPPORTS. Sur la carte de la Gaule sous le proconsulat de César. fHiapport de M, Houlez, « En renvoyant à l'examen de commissaires la Carte de la Gaule sous César, dressée par une commission spé- ciale, instituée au ministère de l'instruction publique, d'après les ordres de Sa Majesté l'empereur des Francais, la classe a voulu sans doute connaitre leur opinion, non pas sur l’ensemble de ce vaste travail, mais seulement sur la partie qui concerne la Belgique. Jai, quant à moi, con- sidéré ma tâche comme circonserite dans ces limites. Les indications que renferme cette partie de la carte 2% SÉRIE, TOME XHI. 28 L à ( 380 ) peuvent se diviser en trois catégories. On y trouve d'abord les noms des peuples qui habitaient la Belgique au mo- ment de la conquête; puis les marches des légions ro- maines, les champs de bataille et les camps dont font mention les Commentaires de César, et, en troisième lieu, les localités où l’on a déterré des monnaies et des armes gauloises. La position donnée par la commission aux Nerviens, aux Ménapiens, aux Éburons, aux Aduatiques, aux Tré- vères, qui étaient les cinq peuples principaux de la Bel- gique , ainsi qu'à deux autres petits peuples, les Condruses et les Pœæmanes, est celle que l’on s’accorde généralement à leur assigner aujourd’hui; elle est basée, du reste, sur le texte des Commentaires. Les Cærèses, qu'avec Bertholet, Walckenaer, Schayes ct d’autres, Je crois avoir occupé le pays de Caros ou Cœæros*Gow du moyen âge, entre Bouillon, Kerpen et Pruim, sont placés du côté de Carignan et de Villers-de- vant-Orval, le long du Chiers, probablement sur l'autorité de d’Anville, qui voit de l’analogie entre le nom de Ceæresi et celui de cette rivière. La position assignée aux Segni, sur les frontières ac- tuelles de la Belgique et de la France, du côté de Chimar, a lieu de surprendre, puisque César (chap. V, 58; VI, 52) nous dit qu'ils habitaient entre les Éburons et les Trévères. Les Commentaires mentionnent dans un seul passage cinq peuplades qui étaient sous la dépendance des Ner- viens. Ils ne disent rien relativement à leur posilion; mais la suite du récit indique suffisamment qu'il faut leur en donner une sur le territoire du peuple dominant, où au moins dans le voisinage. Une grande latitude est done laissée aux géographes, et la commission en a usé. Elle ( 581 ) place les Centrons sur la rive gauche de la Sanibre, entre Gilly et Fleurus; les Grudii à Tirlemont, comme l'avait fait Baert, les Levaci dans le Limbourg, entre Hasselt et Maesevek ; les Plewmoxii entre la Dyle et le Démer, dans la partie du Brabant où sont situées les villes de Louvain, d'Aerschot et de Diest; les Geiduni dans le pays d’Entre- Sambre-et-Meuse, vers Philippeville. Je ne puis deviner les motifs qui ont fait choisir ces diverses positions : celle des Levaci me parait bien hasardée, puisque cette partie du Limbourg devait appartenir au territoire des Éburons. Une autre peuplade, les Ambivarites, n’est mentionnée non plus qu'une seule fois par César. Des Roches et d'autres savants, S’imaginant, en dépit de toutes les règles de la science étymologique, découvrir une analogie entre les noms Ambivariti et Andverpienses (comme si ce dernier ne venait pas d’Antwerpen), croient que ce peuple habitait à Anvers. Selon Schayes, il aurait occupé quelque point de la Campine, et selon Walckenaer, les environs de la rivière d’Amblève. La carte de la Gaule nous le montre dans l’ancien duché de Clèves, entre le Rhin et la Meuse. Cette position est certainement plus conforme que les autres au texte des Commentaires, mais elle n’y répond pas encore tout à fait. D’après le récit de César, les Tenchtres et les Usipêtes, qui campaient entre le Rhin et la Meuse, avaient détaché une partie de leur cavalerie pour aller, au delà de ce dernier fleuve, fourrager et faire du butin chez les Ambivarites. (César, IV, 9.) Or ces Germains ne devaient pas avoir leur camp lom du con- fluent des deux fleuves, puisque, attaqués et mis en déroute par les Romains, ils s’enfuirent vers ce point, et que ceux d'entre eux qui n'avaient pas péri par le fer y cherchèrent la mort dans les flots. (César, IV, 15). 1 faudrait conclure ( 582 ) que les Ambivarites habitaient le Brabant septentrional, aux environs de Bréda, et qu'ils formaient une dépendance des Ménapiens. César (V, 5} parle d’un peuple du nom de Meldi, chez lequel 1! fit construire des vaisseaux pour son expédition dans la Bretagne. La commission, avec d’Anville, Walke- naer et d’autres géographes modernes, place ce peuple dans un endroit nommé Meld ou Maldeghem veld, aux en- virons de Bruges, et, par conséquent, dans le pays des Mé- napiens. À part d’autres raisons qu’on à invoquées contre cette hypothèse, j'en ferai valoir une tirée des Commen- taires mêmes : A Ja fin de la campagne, qui a précédé l’ex- pédition en question, les légions, sous le commandement de Q. Titurius et de L. Cotta, avaient envahi le territoire des Ménapiens, et, après avoir ravagé les champs, coupé les moissons, incendié les demeures et repoussé les ha- bitants au fond de leurs forêts, s'étaient retirées pour prendre , comme toutes les autres légions, leurs quartiers d'hiver dans le Belgium. Or c’est pendant cet hiver et par les soins des lieutenants de César que furent construits les vaisseaux dont il s’agit. Est-il vraisemblable qu'après le rude châtiment que les Romains venaient d’infliger aux Ménapiens, sans cependant les subjuguer, ils eussent pu, pour la construction de leurs vaisseaux, se mettre en rela- tion avec une peuplade placée au milieu du territoire de ceux-ci et sans nul doute dépendant d'eux ? J'arrive maintenant à l'invasion de la Belgique par César. La seconde de ses campagnes dans la Gaule fut signalée surtout par la défaite successive des Nerviens et des Adua- tiques. La bataille sanglante dans laquelle le premier de ces deux peuples fut vaincu, se livra sur les bords de fa Sambre. L'hypothèse qu’elle avait eu lieu au village de ( 583 ) Presles, si peu fondée en raison qu'elle fût, était devenue prédominante chez nous, quand M. Arthur Dinaux la ré- fata complétement, dans un judicieux travail communiqué à l'Académie. Notre savant associé démontra jusqu’à lévi- dence que ce champ de bataille devait être cherché du edté de Maubeuge, vers Hautmont : c'est l'opinion qui à été suivie par la commission, dont deux des membres, MM. le général d'état-major Creuly et Alexandre Bertrand, avaient exploré les rives de la Sambre sur une grande distance. On a émis également diverses opinions sur la situation de l’'oppidum où les Aduatiques furent assiégés par César : on a placé cette forteresse au village de Fallais sur la Méhaigne, sur la montagne d'Hastédon, près de Namur, et ailleurs. La commission la fixe sur le mont Falhise près de Huy. Les termes du rapport du ministre de l'instruction publique à l'empereur sémbleraient insinuer que personne avant elle n'avait encore désigné cette position. Aussi ont-ils excité une certaine émotion dans notre pays, et un article inséré dans le Bulletin archéologique liégeois, par un officier de notre armée , revendique vivement l'honneur de la décou- verte pour le colonel von Goeler, aide de camp du grand-duc de Bade. Il est incontestable que la priorité revient dans tous les cas à l’officier badois, dont l'ouvrage intitulé Cæsar's gallischer Krieg in den Jahren 58 bis 53 vor Christus, a paru en 1858. Mais son livre aurait pu rester inconnu aux savants français, et il n’y aurait pas d'impossibilité que l’un d’eux ne füt arrivé, par les mêmes moyens, au même résultat que lui. Ce ne serait pas la première fois que la même découverte aurait été faite par deux per- sonnes, indépendamment l’une de l’autre. Toutefois je suis plutôt disposé à croire que la- commission à connu l'opi- ( 384 nion de M. von Goeler, et qu’elle l’a adoptée après avoir fait visiter les lieux par deux de ses membres. C'est sans doute un malentendu qui s’éclaireira plus tard, Mainte- nant que trois officiers supérieurs d'état-major ont exploré séparément le plateau de Falhise et reconnu qu'il répond à tous égards à la description que donne César de la forte- resse des Aduatiques, nous n'avons pas de meilleur parti à prendre, nous autres antiquaires, que de nous ineliner devant ces autorités et d'adopter cette position. D'ailleurs la distance de Huy à Hautmont s'accorde fort bien avec le récit des Commentaires. Seulement ce fait vient déplacer quelque peu les limites que nous avons assignées aux peu- ples de cette contrée. Il en résulte, en effet, que les Adua- tiques devaient faire une pointe assez forte dans le Condros, qui, à cette époque, ne pouvait donc pas être habité entié- rement par les Condruses. Au retour de sa seconde expédition dans la Bretagne, César envoya ses troupes dans leurs quartiers d'hiver. La difficulté de les nourrir, à cause du peu d’abondance de la récolte, l’obligea à les placer à de plus grandes distances les unes des autres que de coutume. Une légion, sous les ordres de Fabius, alla s'établir chez les Morins; une autre, commandée par Q. Cicéron, chez les Nerviens; une troi- sième, ayant pour chef L. Roscius, chez les Essuens; une quatrième, sous le commandement de Labiénus, dans le pays des Rémois, aux confins des Trévères. Titurius Sabinus et Aurunculejus Cotta, avec une légion et cinq cohortes, prirent position chez les Éburons. Trois autres légions campèrent dans le Belgium. L'armée se trouva distribuée de manière que tous les camps étaient compris dans un rayon de cent mille pas, ou plutôt de cent lieues gauloises. (385 ) On a mis en avant bien de conjectures sur l’emplace- ment de ces camps et de tous les systèmes qui ont été pro- posés, il n’en est pas un seul qui n’ait son côté vulnérable. J'ai à m'occuper 1e1 seulement des camps de Sabinus et Cotta, de Cicéron et de Labiénus. La carte de la Gaule nous montre le premier à Tongres, le deuxième aux envi- rons de Gembloux et le troisième entre Marche et Ciney. J'ai examiné moi-même autrefois cette question dans un travail que j'ai eu l'honneur de communiquer à lAca- démie, et qui a été imprimé dans le recueil de ses Mé- moires (tome X1[). Me fondant sur le fait tout matériel et non sujet à être altéré, que le nom d’Aduatuca, donné par César au premier de ces camps, était resté attaché à la ville principale des Tongrois, successeurs des Éburons sous l'empire, et que cette dernière occupait l’emplace- ment de la ville actuelle de Tongres, j'ai cru devoir en conclure que le camp lui-même n’a pu exister ailleurs, et cela malgré les détails du réeit de César, qui semblent don- ner tort à cette opinion. Ce n’est done pas sans une cer- taine satisfaction que je vois une commission, composée d’antiquaires et de militaires, se décider en faveur de la même position. L'emplacement assigné au camp de Cicéron près de Gembloux, n’avait été proposé jusqu'ici, à ma connais- sance, que par le général Renard. Selon lui, le quartier général étant à Amiens, ét le camp du pays des Éburons se trouvant soit à Tongres, soit entre Maestricht et Colo- gne, les camps devaient être échelonnés dans cette direc- tion, J’ignore si ce sont également des considérations mi- litaires qui ont déterminé le choix de la commission. Mais en plaçant à Gembloux le camp de Cicéron et à Tongres celui de Sabinus et Cotta, elle semble n'avoir pas tenu ( 386 ) compte de lassertion de César, d’après laquelle une dis- tance de cinquante mille pas environ séparait les deux camps. L'auteur des Commentaires avance encore que le camp de Labiénus était éloigné d’un peu plus de cinquante mille pas de celui de Sabinus et Cotta, et de soixante mille pas du camp de Cicéron. On croirait que la commission n’a pas eu égard non plus à ces deux conditions, puisqu'elle place le camp de Labiénus entre Ciney et Marche. En outre, ce camp se serait ainsi trouvé sur le territoire des Condruses ou des Pæmanes, tandis que César dit positivement que Labiénus campa dans le pays des Rémois, sur les confins des Trévères. | Je serai bref relativement à la troisième catégorie d’in- dications. On voudra bien ne pas perdre de vue que la carte ne doit offrir que les localités qui ont fourni des antiquités antérieures à l’époque romaine. Si, malgré cela, les anti- quaires de notre pays y remarquent un certain nombre de lacunes, ils ne doivent pas les imputer à la négligence avec laquelle les savants français auraient recueilli leurs ren- seignements. Je crois de mon devoir de déclarer que j'ai moi-même adressé à la commission, sur sa demande, une note qui renfermait un plus grand nombre de localités: elle aura fait un choix, mais j'ignore d’après quelles règles. Une omission toutefois que je ne saurais attribuer qu'à une inadvertance, c’est celle de la pierre de Brunehaut ou dol- men de Hollain, près de Tournai. En résumé, la carte de la Gaule, sous le proconsulat de César, présente, en ce qui concerne la position géographi- que des peuples de la Belgique et l'emplacement des camps romains, plusieurs innovations, dont quelques-unes se trou- vent même en contradiction avec les données des Commen- ( 987 ) taires. Mais avant de les approuver ou de les désapprouver, nous devons attendre, je pense, que le volume de texte, qui accompagnera sans doute la carte, nous fasse connaitre les motifs sur lesquels elles se fondent. » Rapport de M, HBorgnet. « Je pense aussi que la classe, en envoyant à l'examen de ses commissaires la belle Carte de la Gaule ancienne, publiée récemment en France par le dépôt de la guerre, n'a entendu demander leur opinion que sur la partie de ce travail qui concerne notre pays. Réduite à ces termes, la mission me parait avoir été remplie par le rapport de M. Roulez, dont la compétence en ces matières est sufli- samment connue. Il est en histoire certaines questions à l'égard desquelles on ne doit pas espérer d'obtenir une dé- monstration complète; on pourra arriver à une probabi- lité plus ou moins grande, mais jamais à cette évidence qui brise d'avance toute objection. Telles sont en particu- lier celles qui concernent la fixation de plusieurs localités indiquées par César dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules. Quelques recherches que l’on fasse, si l’on ne parvient pas à retrouver d’autres textes que ceux que nous possédons, il est évident pour moi que nos arrière-neveux n'en sauront pas plus que nous; et cela ne peut faire doute pour quiconque se représente les changements que ‘plus de dix-huit siècles ont apportés à la condition du terri- toire, et la manière de lécrivain qui se contente de re- tracer à grands traits les principaux faits de sa mémorable expédition, sans tenir un compte rigoureux de ses étapes ni des lieux qu'il a traversés entre deux points placés C3) souvent à des distances assez considérables. N'ayant rien de neuf à dire, je ne vois pas grande utilité à joindre mes hypothèses à celles des savants qui m'ont précédé, et je crois devoir me borner à adopter, sur la plupart des ques- tions , les judicieuses réflexions de mon savant confrère. Les observations qui suivent, au fond peu importantes, ont pour objet les unes de confirmer, les autres de com- battre certaines conclusions de son rapport. Je sais que plusieurs historiens, Schayes entre autres, placent dans la contrée montagneuse de lEvffel, le pagus minor des Cérésiens ; à ee système, défendu par M. Roulez, je tiens pour préférable celui de la commission française , qui, avec d’Anville, a adopté le territoire situé entre la Semois et la Chiers. Mais, avec mon savant confrère, Je demandera le motif qui a engagé cette commission à placer les Ségniens entre les Véromanduens et les Nerviens, quand César dit bien positivement qu'ils étaient, avec les Condrusiens, entre les Tréviriens et les Éburons. Je crois aussi que les Ambivarites auraient dû être placés à l’ouest, et non à l’est de la Meuse comme le fait la commission ; le texte de l'historien à cet égard me semble décisif. Quant aux localités, elles se réduisent à cinq. Il s’agit de fixer l'endroit où les Nerviens livrèrent bataille à César, celui où les Atuatiques soutinrent un siége contre lui, le camp d'où Sabinus et Cotta sortirent pour tomber sous les coups d’Ambiorix, et les deux autres où Cicéron et Labiénus parvinrent à se maintenir contre les attaques des populations soulevées. Sur les trois premiers emplace- ments, mon savant confrère adopte le système de la com- mission française, et je ferai comme lui, excepté pour l’oppidum des Atuatiques. S'il est dans les Commentaires un lieu sur lequel nos antiquaires aient disserté, c’est à ( 389 |) coup sûr celui-là, et si l’on me demandait auquel de ces systèmes je donne la préférence, je répondrais fort hum- blement : je ne sais pas. Le mont Falise près de Huy est une candidature qui s'est produite depuis quelques an- nées, et je reconnais que c'est un avantage d’avoir pour patrons des hommes versés dans la science militaire. Mais il ne suffit pas que l'état des lieux réponde plus ou moins exactement à la description de lillustre écrivain; on trou- verait, je erois, assez aisément dans nos pittoresques provinces de Namur et de Liége, plus d’une montagne présentant la même conformité. Il faut que d’autres cir- constances viennent corroborer cette première donnée, et je ne sais trop si elles ne font pas défaut ici. Ainsi est-il probable que les Atuatiques aient placé leur oppidum à la limite extrême de leur territoire vers les Condrusiens ? Ainsi encore, quand on objecte avec raison aux défenseurs des prétentions de la ville de Namur que, dans l'hypothèse où cet oppidum aurait été situé au confluent de la Meuse et de la Sambre, César n'aurait pas omis cette circon- stance essentielle, l’objection n'est-elle pas également ap- plicable au système soutenu par les savants militaires qui se sont fait les défenseurs du mont Falise ? Quant aux camps de Cicéron et de Labiénus, je dirai avee M. Roulez que je ne saisis pas les motifs qui ont engagé la commission française à les fixer, l’un à Gem- bloux, l’autre entre Ciney et Marche. Alléguer la distance que César dit avoir établie entre les positions assignées à ses lieutenants n’est pas une raison suffisante, et pour le camp de Labiénus surtout, le texte des Commentaires est assez précis : il le place sur le territoire des Rémois, vers les frontières des Tréviriens. Des historiens l'ont établi entre la Sémois et le Chiers, là où la carte francaise a ( 590 ) nlicé les Cérésiens, et cet emplacement me parait plus conforme au texte des Commentaires. » Happort de M. Waulers. « La carte de la Gaule sous le proconsulat de César, qui vient d'être publiée par les soins du gouvernement fran- ais, m'a paru nécessiter un examen approfondi, à cause de l'autorité qu'elle doit nécessairement obtenir dans le monde savant. Le talent des hommes qui ont présidé et concouru à l'exécution de cette œuvre remarquable, les travaux de toute nature qu’elle a provoqués, les dépenses qu'elle à occasionnées, ont produit un résultat irrépro- chable, au moins sous certains rapports. Selon toute appa- rence, la nouvelle carte des Gaules est appelée à faire oies celle de d’Anville. Comme cette dernière publica- tion, elle deviendra d’un usage général. C’est ce qui m'a déterminé à en faire une revue minulieuse, afin d’em- pêcher, si c’est possible, qu'on n’adopte d’une manière irrévocable certaines indications concernant la Belgique, que nous croyons erronées. Pour procéder avec méthode, nous traiterons : 1° Des peuples; 2° Des villes, forteresses, etc. ; 5° Des marches et des € A à des généraux ro- mains. Nous terminerons par quelques considérations générales. S gli: Grâce aux nombreux travaux qui, depuis le seizième siècle, ont successivement étendu le cercle de nos con- * ( 991 ) naissances sur l'ancienne géographie du pays, on est géné- ralement d'accord sur la situation des territoires qu'occu- paient les principaux peuples de la Gaule belgique, les Aduatuques seuls exceptés, au sujet desquels nous revien- drons , en parlant de celle de leurs forteresses qui fut as- siégée el prise par César. La grande querelle qui divisa jadis les érudits au sujet de Tournai, que les uns assignaient aux Nerviens et les autres aux Ménapiens, s’est depuis longtemps terminée à l'avantage de ces derniers, en considération surtout de ce que la contrée qui s'étend entre Tournai et les environs de Dunkerque, Nieuport, etc., conserva pendant plusieurs siècles le nom de pagus Mempiscus où pays des Ména- piens. J'observerai à ce sujet que les auteurs de la carte des Gaules se contredisent à propos des Ménapiens : d’une part, 1ls n'étendent leur territoire vers le sud que jus- qu'à Bruges, où commence la Morimie, et, d'autre part, is baptisent Cassel du nom de Castellum Menapioruim , nom que la Table théodosienne attribue formellement à cette ville; que Fréret lui à conservé (Observations sur la silualion de quelques peuples de la Belgique et sur la posilion de quelques places de ce pays, lors de sa conquète par les Romains, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, L XLVIT, p. 457); que d’Anville lui à ma- lencontreusement enlevé, en y subsütuant celui de Cas- lellum Morinorum (Notice de l'ancienne Gaule, p. 208), et que notre regretté confrère Schayes (Recherches sur la vraie position du Castellum Menapiorum, dans les Ar- chives historiques du baron de Reïffenberg, t. VI; — Mé- moire sur le Castellum Menapiorum, dans les Publications de la Societé des Antiquaires de la Morinie), suivi depuis par le baron Walckenaer (Géographie ancienne, historique ( 392 ) el comparée des Gaules, L. Y, p. 445), lui a définitivement restitué. Peut-être la contradiction n’est-elle qu’apparente, et les géographes français considèrent-ils les Ménapiens comme s'étant avancés vers le midi, postérieurement à l’époque de César, en empiétant sur le pays des Morins. S'il en est ainsi, il aurait fallu en avertir; je dirai pius, puisque la carte se rapporte exclusivement au temps de César, on aurait dù, ce me semble, distinguer, en les pla- cant entre parenthèses, les noms latins qui ne sont men- lionnés que dans des écrivains postérieurs. De cette ma- nière, on aurait pu indiquer, sans inconvénient, toutes les dénominations à tournure gauloise, dont fourmillent les itinéraires et les autres documents du temps de l'Em- pire, et que César et ses contemporains ne mentionnent pas. La présence des parenthèses prémunirait constam- ment contre le danger de croire ces localités plus anciennes qu'elles ne le sont authentiquement. Si aucun doute n’est possible au sujet des Trévires, des Nerviens, des Éburones, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les petits peuples qui étaient les clients de tribus plus puissantes, et surtout pour les clients des Tré- vires et des Nerviens. Quatre peuplades sont mentionnées par César comme portant, en même temps que les Éburones, le nom collectif de Germanes où Germains. Les Condruses, les Pæmanes, les Sègnes et les Cæraeses étaient tous les clients des Trévires ; du moins le fait est certain pour les premuers (César, 1. IV, chap. 6), qui étaient les plus éloignés de tous de la Trévirie, dont ils étaient séparés, comme nous le verrons, par le territoire des Pæmanes et des Sègnes. Avant d'aborder ce que J'ai à en dire, je ferai remarquer que ces peuples elients doivent se chercher dans les par- E ( 395 ) es les plus montagneuses et les plus sauvages de FAr- lenne. On peut établir & priori que le peuple dominateur ou protecteur s'était réservé les possessions fertiles, les grandes lignes commerciales et stratégiques. Les Tré- vives, maîtres de la belle vallée de la Moselle, depuis Metz jusqu'au Rhin, atteignaient probablement la Meuse par les bassins de la Semois et du Chiers, qui les mettaient en communication directe avec les Rèmes. Par ce qui précède, on concevra que je place les Cæ- ræses, non sur le Carus ou Chiers, mais au nord de Trèves et de Bidbourg, sur les rives de la Prüm. Là, en effet, a existé, sous les rois francs , un pagus dont le nom reproduit exactement celui des Cæræses : Le pagus Caros (762; Carouvascus pagus, 762-804; Carascus pagus, 777, 804; pagus Caroscus, 778; pagus Caroascus, SO, 851 ; pagus Karascus, 945, ete.) De ce côté, on rencontre aussi une localité dont l’étymologie est la même : Carasco villa où Carescara (861, 895), aujourd’hui Kersch près de Trèves. Le pagus Caros ou Carosqau avait peu d’éten- due : la plupart des localités qui sont mentionnées par les diplômes comme v étant comprises, se trouvent près de l'antique abbaye de Prüm, dont l’histoire se rattache par tant de liens à celle de la race de Charlemagne. L’exis- tence du Carosgau et son étendue , ainsi que la similitude frappante des mots Cœræses et Garos, similitude d'autant plus grande que le ec en latin, placé devant certaines voyelles , se prononçait comme le k grec, ont été signalées par le père Wiltheim (dans Ghesquière, Acta Sanctorum . Belgii, t. 1, pp. 509 à 3512). Elles me semblent fournir des arguments décisifs en faveur de lopinion la plus généralement adoptée en Belgique, celle que soutient M. Roulez, contrairement à d’Anville, à la commission française et à M. Borgnet. * ( 394 ) Jusqu'à ce jour, on à constamment placé les Sègnes dans lArdenne. César, en effet, dit formellement de ce peuple et des Condruses qu'ils habitaient entre les Trévires et les Éburones ( Segni, Condrusique, ex gente el numero Germanorum, qui sunt inter Eburones, Trevirosque. L. VI, chap. 52). Pourquoi la commission de la carte des Gaules les place-t-elle dans PEntre-Sambre-ct-Meuse, vers Philippeville et Rocroiï? Leur séjour dans lArdenne me semble expliquer l'origine du nom d'Oessenine, par lequel on désignait autrefois cette contrée, et dont la première syllabe, Ges, Os, entre dans la composition de plusieurs dénominations locales : Osa ou Oos, près de Prüm; Ossima ou Usme, prés de Saarbruck; Osonia où Ossogne , à Ha- velange; Oschamp ou Ochamps, près de Saint-Hubert. L’appellation d'Oschinc ou Oessening (in Ardenna, id est Oschinc, lin du neuvième siècle; 1x pago Osninge no- minala, in comitatu Gozilonis, 982) apparait d’abord appliquée à la partie du grand comté d’Ardenne qui avoi- sine Saint-Hubert et Neufchâteau. C’est dans lOsninge que se trouvait Langlare (Langlar, près de Viel-Salm, ou Longlier, près de Neufchâteau), où les rois mérovingiens et carlovingiens aimaient à prendre le plaisir de la chasse, où les uns et les autres ont approuvé plus d’un diplôme important. Plusieurs siècles plus tard, lOesselinc ou Oessenine revient dans les vers de Van Heelu et de Van Velthem. Le chantre de la bataille de Woerimgen désigne à la fois sous ce nom : au singulier, l'Ardenne ; au pluriel -(die Oesselingen, Oesseninge), les guerriers de ces con- trées. Tantôt il nous montre Jean I‘ chevauchant à tra- vers l’Oessenine, «le pays le plus sauvage de l'Allemagne » (int wilste lant van Almaengen, 1. F, v. 5,500), et allant vassiéger Aywaille; tantôt il cite, parmi les plus vaillants ( 595 ) j de ses habitants, des chevaliers d'origine évidemment germanique : sire Gobelin d'Huckelbach et sire Adelin (I. 1, v. 7,252). A travers ce qu'il y à de vague dans la forme et dans l'emploi du mot Oessenince, on discerne une appellation donnée à la erête"même de l’Ardenne, de Neuf- château jusque vers Limbourg, aux lieux où César place les Sègnes, entre la vallée trévirienne de la Moselle et les bords éburoniens de la Vesdre. Je répugne d'autant moins à assimilation dont je viens de parler, que deux autres cantons voisins, la Famenne (Falminne pagus, 862) et le Condroz (comitatus Condrus- tum, 859; pagus Condustrio, 955) ont, de l’aveu de tous, conservé le souvenir des Pæmanes et des Condruses. Mais ici, non plus, je ne suis pas absolument d'accord avec la commission de la carte des Gaules, qui assigne à la pre- mière de ces tribus le pays voisin de Neufchèteau, lequel selon moi, obéissait aux Sègnes, et qui permet à la seconde d’empiéter sur l'Entre-Sambre-et-Meuse. Or la Famenne ne descendait pas autant vers le sud. D’après Dewez, qui en à nettement déterminé la circonscription (Dictionnaire géographique de la Belgique et de la Hollande, p. 158), elle formait une longue lisière de terrain qui longeait au sud-est le Condroz, en englobant Marche, ville à laquelle est resté le nom de Marche-en-Famenne, et Rochefort. C'est là que se trouvent les localités que des diplômes du neuvième siècle placent dans le pagus Falminne. Quant au Condroz, dont le nom est encore usité aujourd'hui, il semble n'avoir jamais dépassé les limites qu'on lui re- connut au moyen äge. En tout cas, rien ne prouve qu'il se soit jamais étendu à l’ouest de la Meuse, au sud-ouest de Namur. Remarquons à ce propos que la tribu condru- sienne doit avoir survécu à la domination romaine et aux 2€ SÉRIE, TOME XII. 29 ' ( 596 ) invasions franques, car un diplôme du roi Carloman, frère de Pepin le Bref, de lan 746, mentionne plusieurs per- sonnages comme appartenant à cette race ( homines nostri, ex genere Condustrenst ). S'il est possible de rendre à chacun des peuples de l’an- tique Ardenne son ancien territoire, un travail pareil présente bien plus de difficultés quand il s’agit des tribus clientes des Nerviens, de ces cinq peuplades que César seul nomme et qu'il ne mentionne qu’une fois (liv. V, chap. 39), sans ajouter le moindre détail de nature à éclairer nos doutes. La carte des Gaules place les Geidunes ( dans quel- ques manuserits, les Gordunes) dans lEntre-Sambre-et- Meuse; les Centrones , au nord de la Sambre et de Namur; les Pleumoxiens, entre la Dyle et la Grande-Gette; les Grudiens, sur les rives de la Petite-Gette; les Lévaques, à l’est des précédents, jusqu'à Hasselt. Ces peuplades, qui Jouèrent un rôle si peu important, qui ont passé presque inaperçues dans l’histoire, s‘étalent en grands caractères sur la carte, ne laissant aux puissants et valeureux Adua- tuques qu’une étroite lisière de terrain, près de Huy et de Namur. De toutes les positions indiquées plus haut, je n’en ac- cepte qu’une seule, celle des Geidunes, dont le nom se retrouve sans difficulté dans celui de Gourdimne, village du canton de Walcourt; mais alors il faut renoncer à écrire Geiduni. Les Centrones, que l’on a placés parfois près de Courtrai, en se fondant sur une prétendue mention d'un Mons Ceuteron, dans un diplôme accordé par le ro1 Othon I°", l'an 944, au chapitre de Cambrai, diplôme que Gramaye seul cite, me semblent devoir être aussi placés dans l'En- tre-Sambre-et-Meuse, mais, plus au sud, au delà de Chi- mal, où on trouve, dans la commune de Séloignes, un - ( 3897 ) hameau appelé Cendron (à Grez, en Brabant, un hameau porte, de temps immémorial, le nom de Centri). Au sujet des Lévaques, nous pourrions hésiter entre l'Entre-Sam- bre-et-Meuse, où on rencontre Lesves, et le Brabant, où plusieurs localités présentent la syllabe Lew et s’appe- laient anciennement Lewis : Leeuw-Saint-Pierre, Dender- leeuw, Léau, et aussi Leefdale, que l’on pourrait traduire par la Vallée des Lèves. Enfin une partie du mot Pleu- moxii se retrouve sans altération dans Moxhe et Moxhe- ron, petits villages arrosés par la Méhaigne. Quant aux Grudiens, toutes nos recherches pour parvenir à leur assi- gner une situation qu'il soit possible de justifier, ont été infructueuses. Mais, si on admet les indications signalées plus haut, on sera amené à les placer également à proxt- mité des autres clients des Nerviens, entre ce peuple et les Aduatuques, et non plus dans la Flandre, à l’ouest de l'Escaut, comme on l’a fait longtemps. Jusqu'à présent, on était assez généralement d'accord pour placer les Ambivarites, sinon du eôté d'Anvers, dont le nom paraissait, à tort ou à raison, offrir quelque ana- logie avec celui de ce peuple, au moins dans la Taxandrie ou Campine, et on supposait que les Tenchtres et les Usi- pètes avaient été vaincus par les Romains dans les plaines de la Gueldre méridionale. La commission de la carte des Gaules a interverti cet ordre, et nous montre les légions de César bataillant contre les envahisseurs transrhénans aux environs de Bois-le-Duc, et les Ambivarites habitant au sud de Nimègue. Deux passages de César nous semblent en contradiction manifeste avee cette manière de raisonner. Par le premier (liv. IV, chap. 6), on voit que les Tenchtres et les Usipètes avaient poussé leurs courses dévastatrices jusque dans le pays des Condruses; leur armée opérait done ( 998 ) dans le pays situé entre la Meuse et le Rhin. Dans le second passage (iv. IV, chap. 15), les guerriers transrhénans, après leur défaite, sont poussés vers le confluent de la Meuse et du Rhin, c’est-à-dire, comme l'ont compris pres- que tous les commentateurs, vers l'endroit où le Wabhal unit entre eux les deux fleuves. Si on adopte ces prémisses, on est obligé de placer les Ambivarites à l’ouest de la Meuse, puisque, d’après César, ce fut en traversant ce fleuve qu'un détachement de l’armée qui fut alors vaincue par lui, at- teignit le territoire des Ambivarites, où 1l porta la dévas- tation ({. c., chap. 9). L'existence, sur les côtes de Ja Flandre, d’un peuple du nom de Meldi, est uniquement fondée sur la fausse interprétation, par d’Anville (4. c., pag. 452), d’un pas- sage des Commentaires (liv. V, chap. 5), où 1l est ques- tion de soixante navires que César aurait fait construire Meldis, pour faciliter sa seconde descente en Angleterre. Cette assertion, déjà combattue par Schayes (Histoire des Pays-Bas avant et pendant la domination romaine, 2° 6dit., t. I, pag. 59) et dans le rapport de M. Roulez, ne doit plus être réfutée. Je terminerai ce que je crois avoir à dire des peu- ples de la Gaule belgique, en regrettant que la commis- sion de la earte ait éliminé les noms de quelques tribus, telles que les Oromansaces, voisins de Gessoriacum ou Boulogne, les Brilanni ou Bretons, les Castologes, les Suécones, ete. (Voyez Pline, Historia naturalis, Nv. IN, chap. 51). Elles sont, il est vrai, restées inconnues à César, mais très-certainement elles existaient déjà de son temps. Combien d’autres peuplades ne sont nommées par l’illustre général que d’une manière toute fortuite. Sa célèbre liste des peuples belges (liv. If, chap. 4) n'est-elle pas in- ( 399 ) complète, puisqu'il y omet des tribus que lui-même cite ailleurs : les Sègnes et les Ambivarites entre autres ? V2 i I est peu de localités à propos desquelles on ait émis autant d'opinions différentes que la ville des Aduatuques qui fut assiégée par César. Sans vouloir rentrer dans une discussion qui menace de ne se terminer jamais, je me bornerai à quelques observations. Pour moi, l’origine com- mune du nom d'Aduatuca (ou Tongres) et de celui du peu- ple aduatuque, me paraît incontestable. En éeartant toute idée préconçue, rien de plus naturel que de considérer Aduatuea comme la ville des Aduatuques, et ceux-ci comme les fondateurs, les possesseurs d’Aduatuca. H n'y a pas d'exemple, je erois, d’une ville qui porte la dénomimation, non de ses habitants, mais d’un peuple voisin. Cependant, a-t-on objecté, Aduatuca appartenait aux Éburones (César, lv. VI). EH faut distinguer : oui, en l’année 55 avant notre ère ; mais, ne l’oublions pas, deux ans plus tôt, César avait exempté les Éburones du tribut qu’ils payaient aux Adua- tuques, et délivré le frère et le neveu d’Ambiorix, que ce dernier peuple gardait enchaïinés (Zbidem, liv. V, chap. 27). En outre, il avait vendu à l’encan 53,000 Aduatuques (li. 1, chap. 52), c’est-à-dire environ la moitié de la tribu vaincue. N'est-1l pas présumable qu’en trafiquant des habi- tants, il aura trafiqué du sol. Et à qui aura-t-1l vendu les champs qui restaient déserts, si ce n’est à la population la plus voisine, à celle qu’il venait de délivrer de l’oppres- sion et avec laquelle il avait contracté alliance? Les Ner- viens gémissaient encore de leur défaite sur la Sambre, les Trévires, alors amis des Romains, étaient trop éloignés. Cette supposition, qui n’est pas neuve, me sourit au- ( 400 ) jourd’hui d'autant plus que je vois les Aduatuques rejetés vers le nord, dans la Hesbaye, conformément aux opinions exprimées déjà par plusieurs de nos devanciers. I n’est pas possible de les maintenir au sud-est de la Meuse, vers le Condroz, ni dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, que je €rois devoir abandonner aux peuplades clientes des Nerviens. Ni Namur, dont les environs sont cependant si riches en an- tiquités gauloises, ni le mont Falise, dont l’emplacement est si voisin du Condroz, ne conviennent comme emplace- ment de leur principale forteresse : la seconde position, ainsi que le fait remarquer M. Borgnet, présente des diffi- cultés analogues à celles que depuis longtemps on a recon- nues à Namur. Le site de Falais, préconisé par d’Anville et l’empereur Napoléon I‘, et la montagne d'Hastédon, que préfèrent Des Roches et Dewez, se rapportent médiocre- ment à la description donnée par César. J'aurais admis la localité indiquée par M. Roulez, Montaigu ou Sichem; mais mon honorable collègue, qui est pourtant sicompétent dans les questions dont nous nous occupons aujourd’hui, aban- donne son ancienne opinion et se détermine en faveur du mont Falise. J'avoue que les arguments de MM. Creuly et Bertrand (voyez la Revue archéologique, nouvelle série, 2%e année, tom. IV, pag. 461) ne m'ont pas convaineu; je ne comprends pas comment César aurait pu faire con- struire, en quelques jours, une grande circonvallation dans un pays couvert de rochers; comment il n’aurait pas parlé de la Meuse, que cet ouvrage devait traverser ou atteindre en deux endroits différents. Quant à moi, j'incline pour Tongres ou pour une loca- lité du voisinage. A-t-on visité, par exemple, les hau- teurs de Calmont, qui sont peu éloignées de cette ville, vers le nord? Au surplus, en se déterminant, soit pour hé do ds ( 401 ) Montaigu, soit pour les environs de Tongres, on établit les Aduatuques à une certaine distance du champ de bataille de la Sambre, et entre les Eburones et les Nerviens. On a de la latitude pour les étendre du côté du nord, de ma- nière à leur donner un territoire en rapport avec le nom- bre de guerriers qu'ils pouvaient fournir (vingt-neuf mille hommes environ). La carte des Gaules place à l’endroit où fut depuis Co- logne l'oppidum Ubiorum. Or, on le sait par le témoignage de César lui-même (iv. E, chap. 54; Hv. IV, chap. 5, 16, etc.) les Ubiens habitaient au delà du Rhin; ils ne furent trans- plantés en deçà du fleuve que par l'empereur Auguste. 9. A Il est peu de particularités des marches et des campe- ments de César et de ses lieutenants au sujet desquelles nous soyons d'accord avec la commission de la carte des Gaules. On ne me demandera pas, sans doute, de la suivre pas à pas sur ce terrain, en renouvelant des discussions dont l’Acadérnie a déjà été tant de fois occupée. J’essayerai d’être aussi concis que possible. Il reste peu de choses à ajouter à tout ce qui a été dit sur la bataille livrée près de la Sambre. Cependant une observation m'a frappé. On place le combat sur la rive oc- cidentale de la rivière, ce qui entraîne cette conclusion, que les Nerviens avaient pris position sur la rive opposée. Je ne comprends pas bien le résultat que leur chef Bodno- gnat aurait eu en vue. Ne devait-1l pas craindre de laisser César, plus fort que lui en cavalerie, pénétrer dans le cœur même de son pays, et arriver jusqu'aux relraites maré- cageuses où s'étaient réfugiés les femmes et les enfants des Nerviens? Or ces retraites se trouvaient, comme on ( 402 ) l'a déjà conjecturé, dans les parties de la Nervie baignées par l'Eseaut et le Rupel. Pour en fermer les issues, pour se poster entre elles et les Romains, les guerriers de Bo- duognat ne pouvaient se retirer dans lEntre-Sambre-et- Meuse. On s'explique mieux les incidents de la bataille lorsqu'on se représente César, arrivant dans cette contrée, et rencontrant, postée sur les rives occidentales de la Sambre, une armée qui essaye de lui interdire l'accès du centre de la Nervie, c'est-à-dire des alentours de Bavaï. La situation des camps que, deux ans plus tard, César distribua dans nos contrées, a été souvent discutée. Les placer respectivement à Tongres, à Gembloux et près de Marche, au cœur de PArdenne, c’est bouleverser toutes les idées généralement reçues. I n° a à plus rien qui cadre avec les données de César lui-même. Ce général place le camp de Labiénus dans le pays des Rèmes, sur les confins du pays des Trévires (liv. V, chap. 24), et non, loin de là, près de Marche. Le territoire voisin de cette ville était certainement habité par les Condruses, les Pæmanes, les Sègnes. Or, aueune opération militaire n’eut lieu de ce côté; les Commentaires sont positifs à‘cet égard. Lorsque le pro- consul romain, revenant des contrées rhénanes, envahit l’'Éburonie, il recut une députation des Sègnes et des Con- druses, qui le prièrent de ne pas considérer ces peuples comme ennemis, et lui assurèrent qu'ils n'avaient fourni aucune aide à Ambiorix. Non-seulement César accueillit leurs réclamations, mais il promit de ne pas entrer sur le territoire des deux peuples (fines eorum se violaturun negavil. Liv. VF, ch. 52), s'ils s’'engageaient à lui livrer les Éburones qui chercheraient chez eux un asile. Quant au prétendu camp de Cicéron à Gembloux, dont l'idée est due au général Renard (Histoire politique et ( 405 ) militaire de la Belgique, 1° partie, p. 439, note 4), on pourrait l'admettre, si l'on rejetait Aduatuca au delà de la Meuse ; mais dès l'instant où l'on renonce à cette partie de l'opinion du savant général que nous venons de citer, il faut aussi en abandonner la seconde partie, et, pour être fidèle aux indications de lillustre auteur des Commen- taires, ramener le camp de Cicéron plus à l'ouest. L’Aca- démie me permettra de lui rappeler que longtemps après la publication du mémoire de M. Roulez, intitulé : Nouvel examen de quelques questions de la géographie ancienne de la Belgique (Mémomes , L. XI), M. Galesloot et moi lui avons signalé, à Assche, l'existence d’un camp romain encore en partie conservé sous Îa dénomination d'Oude vesten (Les vieux remparts). Dans le travail intitulé : Nouvelles _ conjectures sur la position du camp de Quintus Cicéron (Mémormmes GOURONNÉS ET MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRAN= Gers, t. XXI), je crois avoir épuisé tout ce que l’on pouvait alléguer en faveur d’Assche. Depuis, j'ai retrouvé le même camp cité, sous le nom de Jardin de César (Ortum Ce- saris), dans un acte des échevins du seigneur d’Assche, de l'an 1514 (voyez l'Histoire des environs de Bruxelles, 1.1, p. 425). J'irai au-devant d’une objection qu'on m'adres- sera sans doute, en ajoutant que le mot César ne peut ici se rapporter à un empereur ou roi de la Germanie, Car, au quatorzième siècle, la propriété du territoire d’Assche ap- partenait exclusivement, depuis des siècles, aux ducs de Brabant, aux seigneurs d’Assehe et à l'abbaye d’Affighem. Le domaine impérial n°y avait rien conservé. $ 4. Il me reste à présenter quelques observations secon- daires. Que l'Académie veuille me pardonner si je suis un ( 404 ) peu long : importance du débat me fournira une excuse. * M. Roulez a signalé l'oubli de la pierre Brunehaut. Je demanderai à mon tour pourquoi la carte des Gaules ne mentionne ni la Pierre du diable, de Jambes, avec son cromlech, sur lesquels on trouve de si curieux détails dans un beau livre de M. Jules Borgnet (Les Promenades dans Namur); ni l'antique enceinte dite Les vieux murs, qui a existé jusque vers l’an 1700, à proximité de Namur, entre la Meuse et la Sambre, et dont M. Borgnet a révélé l’mté- ressante histoire (ouvrage cité, p. 30); mi la pierre drui- dique de Bray, près de Binche; ni celles que M. Grandga- gnage a retrouvées dans la province de Liége ( Bulletins de l’Académie, 1. XVI, 2° partie), et d’autres savants dans le Luxembourg (Annales de la Societé archéologique du Luxembourg belge, 1847-1849), ni le célèbre Riesen- saüle des environs de Mayence, etc. Il y avait cependant de l'importance à constater, au moyen de ces monuments, que la civilisation druidique avait jadis dominé jusqu’au Rhin. Une autre question qui se rattache au développement social des peuples belges, c’est celle de l'étendue des forêts qui se trouvaient sur leur territoire. Admettre encore que notre pays était presque entièrement boisé, c’est contester des faits authentiquement prouvés aujourd’hui : le dévelop- pement assez considérable de nos anciennes populations, leur initiation à la culture des céréales, l'adoption par elles de méthodes perfectionnées pour l'amélioration des terres, etc. Sur la carte des Gaules nous voyons la Nervie couverte de forêts, qui s'arrêtent cependant là où com- mence la forèt de Soigne, encore existante en partie. Où done habitaient les soixante mille guerfriers nerviens et leurs familles? Abattons ces forêts, et admettons simple- ment qu'il en existait chez ce peuple de très-considérables, ( 405 ) principalement sur les frontières. L'ouvrage de M. Schayes (Les Pays-Bas avant et pendant la domination romaine , 2e édition, t. Il) contient sur ce point des données pré- cieuses; mais on doit se tenir en garde contre le système de l'auteur, qui considérait les anciens Belges comme des barbares. Enfin, pour en finir avec cette fastidieuse série de rec- üfieations, je ferai remarquer qu'il est regrettable que la commission de la carte des Gaules ait dessiné les côtes de la Flandre et les îles de la Zélande d'après leur état moderne, sans tenir compte des nombreuses modifications que leur configuration à subies. Entre autres travaux qu'il est essentiel de consulter à ce sujet, je me bornerai à mentionner une Notice sur les limites de l’ancien diocèse de Liège, depuis la Meuse jusqu'à la Dyle (REVUE D'HIS- TOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE, t. 1); on y verra de quelle im- portance pour l’histoire est l’étude de la géographie phy- sique , on y étudiera les changements considérables que les années ont apportés au cours de nos fleuves, particulière- ment à proximité de leur embouchure dans la mer. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. ——— La dernière Sibylle ; par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Dans les premières années du quinzième siècle, on re- marquait à la cour de Louis d'Anjou un jeune écuyer provencal qui s'était signalé à la prise de Ceuta et qui associait déjà, dans ses rêves ambitieux, les palmes des (406 ) lettres à celles de la guerre : c'était Antoine de la Sale (1), célèbre depuis par son roman du Petit Jehan de Saintré et de la Dame des Belles Cousines (2), esprit souple et flexible qui, s'inspirant tour à tour des exploits des chevaliers et des ruses des négociateurs, devait refléter dans ses écrits le double caractère d’un siècle qui commenca avec Frois- sart, Lahive et Jeanne d'Arc, pour finir avee Commines, Olivier le Diable et maitre Jean des Habiletés (5). (1) Antoine de la Sale, qui s'appelle lui-même « un escuyer de la conté de Provence, » à écrit le récit de la conquête de Ceuta. Parmi ses com- pagnons d'armes se trouvaient plusieurs chevaliers de Hainaut et de Flandre, entre autres Henri d'Antoing , Jacques de Hennin, Philippe et Martin de la Chapelle. (Voyez le Trailé de Consolation qu'il adressa à sa fille Catherine de Neufville, dame du Fresne. Manuscrit 10748 de la Bibliothèque de Bourgogne.) La Bibliothèque de Bourgogne possède de nombreux manuscrits d'Antoine de la Sale, et sans recourir aux éditions de la Salade et même du Petit Jehan de Saintré, souvent assez fautives, j'ai jugé préférable de ne consulter que les sources originales pour la rédaction de cette notice. Les biographes d'Antoine de la Sale le font naître en 1398. Ceci ne peut être exact, car il rapporte, dans la Salade , qu'en 1406 (v. st ), il voyageait en Sicile. (2) J'ai voulu expliquer ailleurs (Études sur Froissart, t. 1, p. 90) le nom de la Dame des Belles Cousines. L’anachronisme est l’une des formes historiques que recherche Antoine de la Sale. Dans le récit d’une anecdote peu authentique où le prince Noir est peint avec les couleurs les plus noires, figure un sire du Plouec, cousin du sire du Chastel. Ici encore, il y à un anachronisme de quatre générations. (5) Rien n’est plus frappant que ce caractère d’antithèse et d'opposition entre le début et la conclusion des ouvrages d'Antoine de la Sale. Sans n'arrêter au Petit Jehan de Saintré, je citerai la Salade , qui s'ouvre par ces beaux vers, empruntés aux Distiques de Calon : Bien doit estre sire elamés Qui de ses hommes est ames, Et cils n’est pas sire de son pays Qui de ses hommes est hays. Mais l’auteur y traite, dès le second livre «des très-plaisants phallases (sic) (408 ) ‘ Au milieu des complots qui menacatent Son maitre, Antoine de la Sale se plaisait à parcourir cette rive volup- tueuse où Parthénope, mollement endormie, ne se réveille que sous le soulle brülant du volcan qui bouillonne ou de la révolution qui s'agite, et on le voyait interroger d’un œil curieux les ruines à demi voilées sous le lierre, poé- tique emblème du silence et de oubli. Tantôt il bravait les périls, fort surnaturels d’après lui, des iles de Vulcain, de concert avec le sire de Preuilly, dont 1l fit plus tard, par un léger anachronisme (1), le protecteur du héros de son roman ; tantôt il se reposait sur le Pausilippe, d’où l’urne de Virgile regardait Sorrente comme pour y pro- phéuser le berceau du Tasse, ou bien‘il visitait Pouzzoles et Baies, le Lucrin et l'Averne (1), Cumes surtout, Cumes qui conservait ses temples et ses monuments, mais la sibylle n’habitait plus lantre où l’on montrait son trépied, où l’on croyait encore entendre sa voix. Elle avait dis- paru comme Îles livres fatidiques où elle traça les desti- nées de Rome. Notre jeune Provencal, nourri dans les champs Elysées d'Arles (2) voulait, semble-t-il, retrouver, à quelque prix que ce füt, une sibylle en Ausonie. I savait bien son Vir- gile, 1l me cessait de le relire. Si le poëte de Mantoue à ou tromperies. » Là, entre autres exemples qu'il appelle « une noble par- tie de subtilité et callidité , » figure celui de Mare Antoine, qui n'écrivait pas ses discours « adfin que se une aultre fois il disoit le contraire , il le peust afermer sans ce que on le peust reprendre par son eséript. » (1) Aux bords de PAverne, près du Monte Barbaro , se font encore, dit Antoine de la Sale, « grans merveilles, » (Manuscrit n° 10959.) (2) Antoine de la Sale fut viguier d'Arles, et il a recueilli à ce titre, dans ses Exemples de moralité (Manuscrit de Bruxelles, n° 10959), la touchante histoire du dévouement d'une femme pour un lépreux. ( 408 ) placé près du cap Misène le sentier que suivit Énée, il a eu soin d'ajouter que, plus au nord, | Au sein du Latium, sous des rochers déserts, S'étend un noir vallon où des feuillages sombres Entretiennent l'horreur de leurs épaisses ombres. Partout l'œil y rencontre un deuil majestueux. Sous leur voüte funèbre, un torrent tortueux Roule, et, battant les rocs de ses eaux vagabondes, Fatigue les échos du fracas de ses ondes. Là, des vapeurs du Styx empoisonnant les airs S'ouvre un antre profond, soupirail des enfers, Du séjour ténébreux épouvantable entrée (1). Là aussi est la région du Cocyte, Cocyti sedes; là aussi sera lantre d’une sibylle, non pas de cette sibylle qui, avant d'aborder sur le rivage où elle retrouva le culte de Sérapis, à dû ses graves inspirations à l'Égypte ou à la Chaldée, mais d’une autre sibylle qui a véeu à Tibur au temps où Horace s’y couronnait de parfums et de roses. Vers la fin de l’année 1422, cette année mémorable par la mort presque simultanée de Henri V et de Charles VF, une ambassade bourguignonne, composée de l’évêque de Senlis et de messire Gauthier de Ruppes, arriva à Rome. De quoi s’agissait-11? Probablement de remontrer au pape que si la loi salique était écartée, l'héritier légitime de Philippe le Long était le duc de Bourgogne, qui descendait de sa fille, et non pas le roi d'Angleterre, qui n’était issu que de sa sœur (2). Gauthier de Ruppes avait été, trois ans (1) Æneid., Gb. VI, v. 562, trad. de Delille. (2) Je reviendrai ailleurs sur un précieux manuscrit de la Bibliothèque de Bourgogne , où, sous les auspices mêmes de Philippe le Bon, la légitimité des prétentions des dues de Bourgogne au trène de France est discutée et démontrée. ( 409 ) auparavant , chargé d'annoncer au due Philippe le meurtre de Jean sans Peur, et sans doute, il eût combattu vivement toute réconciliation avec Charles VIT; mais, sur les bords du Tibre, au sein même de cette mission, d’autres soins le préoccupaient : « Un oncle de mon père, disait-il à An- » toine de la Sale (1), est venu avant moi en Italie. En se » dirigeant d’Ancône vers Spolette ou vers Viterbe, il a » trouvé sur son passage l’antre de la sibylle et n’a plus » reparu. Mais on assure, ajoutait-il, que vous-même vous » y êtes descendu. » Antoine de la Sale protesta qu’on l'avait ealomnié : il raconta toutefois qu'il avait visité, avec l’autorisation du podestat, le lac et la montagne de la sibylle, situés non loin de Norchia. Au milieu du lac était une île à laquelle on arrivait par une petite chaussée. C'était là que les devins et les magi- ciens allaient empruater leurs secrets et leurs ruses. Il n'était rien qui y fût refusé à leur art, et un jour qu’un nécromancien portait une tempête dans son sac, il le laissa s’entr'ouvrir, et une affreuse tourmente ravagea tout le pays : malheur à ceux qui conspirent avec les tem- pêtes (2)! Quant à la montagne, elle était d’une merveilleuse hau- (1) Antoine de la Sale avait accompagné à Rome Louis d'Anjou Ce prince, après avoir remis le château d’Aversa aux légats du pape, s'était retiré à Rome, où il arriva le 21 mars 1422 (v. sL.). 1 y passa dix-huit mois. (2) Antoine de la Sale rapporte une autre tradition d’après laquelle les démons du lac gardaient la tombe de Pilate. D’après cette tradition, Pilate -était encore à Jérusalem quand Vespasien l'y arrêta, afin de le faire con- duire à Rome , où il fut décapité. Cependant Pilate, avant son supplice, demanda que son corps füt déposé sur un char attelé de quatre bufiles et qu'on les laissàt le conduire à leur gré, Les buffles se piéoiphiéient dans le lac enchanté. E- ( 410 ) teur , et de là on distinguait à la fois les deux mers qui baignent Ostie et Venise. La cime en était constamment couverte de neige, et sur ses flancs stériles on s’avançait, sans découvrir ni herbe, ni feuillage, jusqu'à ce qu'on rencontrt une crête étroite suspendue sur labime, qu'il fallait suivre non sans grand péril. Enfin on arrivait au pied d’une roche énorme, si faible à sa base que le moindre souffle l’ébranlait et la mettait en mouvement. Là se trou- vait l'entrée sombre et resserrée de la caverne. Antoine de Ja Sale venait d'y pénétrer avec un docteur nommé Jean de Soria, quand des sons éloignés frappèrent son oreille. I crut y reconnaitre le ramage de quelque oiseau; mais ses guides lui dirent avec effroi que c’étaient des chants qui sortaient du paradis de la sibylle. Malgré le désir d'Antoine de la Sale d'aller plus loin, il s'était, disait-il, cru lié par la promesse faite au podestat; mais, avant de se retirer, il voulut laisser dans le vestibule des régions souterraines son nom et sa devise (1). Les parois intéricures de la caverne étaient humides et couvertes de mousse. En les essuyant de la main, 1l aperçut quelques lettres et lut : Her Hans von Bamberg INtRaNIT. Quel était ce nom ? Comment se trouvait-il à? On apprit à Antoine de la Sale que ce nom était l’un des plus illustres de l'Allemagne, puisque, pendant trois siècles, les sires de Bamberg ont été ducs et marquis d'Autriche avant le glo- rieux avénement de Rodolphe de Habsbourg. Quant à Hans de Bamberg lui-même, voici le récit qu'Antome de la Sale recueillit de la bouche d’un habitant du pays, récit mille fois précieux, puisque maître Fumato (c'était son. (1) Antoine de la Sale descendit dans la grotte de la sibylle, le 18 mai 1420. ( 411 ) nom) le tenait de l'intrépide chevalier qui était descendu dans l’antre de la sibvile. De même qu'aux siècles d'Ulysse et d'Énée, de terri- bles épreuves attendent le mortel téméraire qui franchit le seuil de ces lieux redoutables. D'abord c’est un tourbillon Si violent qu'on n'ose s'y engager, mais à peine y a-{-on pénétré qu'il se calme aussitôt; puis c’est un pont large d'un pied, suspendu au-dessus d’un gouffre où mugit un torrent furieux. S'y hasarde-t-on, le pont s'élargit, le gouffre se comble, le torrent disparait. Plus loin, ce sont deux énormes dragons dont les yeux étincelants éclairent seuls l’éternelle nuit, mais, vus de près, ce ne sont plus que de grossières images sans mouvement et sans vie. Enfin on découvre deux grandes portes de bronze qui s'ouvrent et se referment sans cesse avec un bruit retentissant comme si elles devaient écraser quiconque oscerait les franchir. Là encore , 1! suffit de ne pas trembler pour qu'elles s'arrêtent devant un pas tranquille et lent. Les épreuves sont épui- sées : voici que s'ouvrent les longues galeries d’un palais de cristal. « D'où venez-vous? crie-t-on à l'étranger. » — « De l'Allemagne. » — « Que cherchez-vous? » — « La » gloire. » Des pages, des lutins, des serviteurs tous éga- lement empressés , couvrent aussitôt le chevalier allemand des plus riches habits et se hâtent de le conduire, soit sous des voûtes d’albâtre, soit plutôt sous de riants ombrages chargés de 4ruits et de fleurs. Ce n’est plus la sombre rive du noir Cocyte, ce sont les jardins d’Armide, tels que, plus tard, devait les pendre la muse de la Jérusalem délivrée. Des dames élégantes, des chevaliers, des écuyers se pres- saient autour de Hans de Bamberg. Enfin 1l arriva devant le trône de la reine Sibylle, et s’inclina respectueusement. La sibylle était aussi gracicuse que belle, et, après Pavoir 2€ SÉRIE, TOME XHI. 150 ( 412) interrogé sur sa patrie, elle lui demanda : « Avez-vous dans » votre pays des richesses semblables à celles que lon » admire ici? Vous voyez le séjour du bonheur et des » plaisirs; mais sachez quelle est la règle de cet empire : » Quiconque passe 1e1 sa neuvième journée doit attendre » la trentième pour en sortir; la trentième passée, qu'il » attende la trois centième; si la trois centième s'achève » sans qu'il s'éloigne, 1l n’en sort plus jamais. Qu'importe! » En ces lieux, chaque année s'écoule comme un jour, » chaque jour comme une heure. Ainsi se consommeront » les siècles sans fatigues et sans soucis. » — « Mais quand » les siècles se seront évanouis comme une lueur fugitive, » interrompit Hans de Bamberg, que deviendrez-vous » sous la main de Dieu? » La reine Sibylle ne répondit pas, mais les dames les plus aimables et les plus belles entouraient le chevalier. Le neuvième jour se passa, le trentième aussi. Cependant Hans de Bamberg sentit le remords troubler ses voluptueux loisirs. Dans ce séjour de délices non in- terrompues auxquelles présidait la reine Sibylle, que deve- nait le devoir, cette première loi de la chevalerie, eette première vertu du chrétien , le devoir qui, de lutte en lutte, d’obstacle en obstacle, s'élève assez haut pour dominer le temps et même la mort (1)? Que la sibylle de Tibur, exilée (1) Antoine de la Sale ne serait-il pas l’auteur anonyme de la chronique en prose de Duguesclin, évidemment bien postérieure au poëme de Cuve- lier ? Cet auteur anonyme commence par dire qu'il n’est pas clerc : «Jasoit ce que clere ne soie point, » mais qu’il se délite à ouïr raconter les faits des anciens qui, « sous la gràce de Notre-Seigneur » sont encore la source « de cognoissance de raison. » L'auteur de la Salade raconte aussi, dès la première page, qu'il n’est pas clere, mais qu'il se délecte, « bien qu’ils » n'aient senti la gràce de Dieu » aux faits mémorables des ariciens. Le premier chapitre de la chronique rappelle par la forme le premier chapitre ( 445 ) du temple sous lequel FAnio roule son flot rapide, se con sole par les préceptes faciles que chanta ami de Mécène: qu'elle ait recueilli quelques fleurs semées jadis sur les autels de la Rome antique! Qui oserait le lui reprocher; mais un chevalier avait.recu d’autres leçons, d’autres en- seignements qui placaient l'épreuve avant la récompense, le combat avant le repos, et la trois centième Journée n'avait pas commencé quand Hans de Bamberg alla résolüment prendre congé de la reine Sibylle. Gelle-e1, touchée et afli- gée de son départ, crut devoir, en souvenir du séjour du chevalier dans son paradis, lui offrir quelque don. Quel don pouvait faire la sibylle, si ee n’est le rameau d’or (1)? Cette fois, 1l n'était pas destiné à calmer la fureur du nocher du Styx, mais le chevalier devait le rapporter avec lui-au milieu de ses contemporains, et la sibylle y avait attaché la vertu de rester invisible à tous les regards sans rien . perdre de sa puissance. « Qu'arriva-t-il depuis au chevalier de Francomie? » se hàta de demander Antoine de la Sale à maître Fumato, qui poursuivait son récit sans hésiter. Maitre Fumato répondit assez tristement que Hans de Bamberg avait déploré sa folle témérité, mais que, subjugué par le charme des sou- venirs restés sans cesse présents à son cœur, 1l était rentré plus tard dans l'antre de la sibylle pour ne plus le quitter. Maitre Fumato affirmait tout ceci. Quelques habitants du pays lui reprochaient, il est vrai, de se laisser troubler, à du Petit Jehan de Saintré, et au chapitre XLVIT, on retrouve le quatrain sur Bouciquaut et Saintre, qu'on lit également dans le chapitre XLVII du roman. Ceci expliquerait l'éloge que la chronique de Duguesclin fait du duc d'Anjou. (1) Dans le Petil Jehan de Saintré, c'est, au contraire, le héros du roman qui donne aux dames « une vergelte d'or, toute esmaillée à fleurs de sou- « viengne-vous de moy. » ( 414) certaines heures, par le désordre de ses pensées, mais 1 en était d’autres qui prétendaient avoir entendu résonner le tourbillon infernal, et avoir même apercu les portes de bronze. De plus, on raconta à Antoine de la Sale qu'a la suite de l’étrange aventure de Hans de Bamberg, les ma- gistrats avaient défendu de descendre dans la caverne, en mème temps qu'ils faisaient détruire la chaussée de Pile que hamtatent les nécromanciens. A quoi devait servir le rameau d’or donné par la si- bylle? Antoine de la Sale voulut aussi le savoir, afin de deviner quelles étaient les merveilles qui lui étaient pro- mises. Hélas, on ne lapprit point, et au milieu de cette incertitude, les hommes du quinzième siècle se laissèrent sans doute entrainer à des interprétations bien diverses et bien opposées. Un jour Antoine de la Sale raconta cette aventure au bon roi René et à son fils le due de Calabre (1). Pour le. bon roi René, le rameau d’or, c'était Pillusion tenant lieu de l’espérance, l'illusion qui console de la pauvreté et du malheur (2) et qui d’un roi fait un berger en lui donnant pour sceptre une houlette (3). (1) « Quant il vous plaira de y aller, ajoutait Antoine de la Sale, les » dames vous y festoieront très-voullentiers. » (2) Les lettres du duc Philippe de Bourgogne par lesquelles il rend la liberté au duc d’Anjou ne se trouvent plus à Bruxelles. Elles portaient fa date du 28 janvier 4456 (v. st.). Lorsque, quelques années plus tard, René d’Anjou eut à lutter contre l'ambition de Louis XI, les demandes qu'il présenta furent renvoyées à l'avis du seigneur d'Argenton. Quel était ce seigneur d’Argenton? Philippe de Commines. (5) Qui ne connaît les vers de Chastelain : J'ay ung roy de Cécile Veu devenir berger , etc. René d'Anjou s’est peint lui-même dans un poëme intitulé : Le Berger et ( ANS ) Un autre jour, notre auteur provençal répétait le même récit, au château de Genappe, à un dauphin de France exilé, et celui-ci voyait le rameau d'or qui gouverne Île monde, dans l'intrigue corruptrice et vénale (13. {Juatre siècles se sont écoulés. On a souvent cherché le rameau d'or, mais personne n'a pu le découvrir. IF est même douteux que les poëtes et les romanciers parvien- nent jamais à retrouver la trace de la dernière sibylle. la Bergère. Voyez l'Histoire du roi René, par M. de Villeneuve Barge- mont, &. IF, p. 228, et les OEuvres du roi René publiées par M. de Quatre- barbes. (1) On sait que notre auteur, qui avait composé tant de beaux traités de moralité pour René d'Anjou, se signala entre tous les littérateurs réunis à Genappe près de Louis XE (alors Dauphin), par les récits les plus licencieux de ce mauvais livre qu'on appelle les Cent Nouvelles nouvelles. (416 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 35 avril 1869. M. Van Hassezr, président de l’Académie. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Fr. Fétis, G. Geefs, Navez, Jos. Geefs, Érin Corr, De Braekeleer, Fraikin. Partoes, Éd. Fétis, De Busscher, Portaels, Balat, Payen, le chevalier de Burbure, membres; Daussoigne-Méhul, associé; Demanet, Siret, correspondants. CORRESPONDANCE. La classe apprend avec douleur la perte qu’elle vient de faire par la mort d’un de ses membres, M. Auguste- Alexis-Floréal Baron, décédé subitement à Liége, le 24 mars dernier, à l’âge de 68 ans. Le corps universitaire, dont il faisait partie, a rendu les derniers honneurs à sa dépouille mortelle, qui a été transportée aussitôt après à Bruxelles et inhumée, le même jour, dans le cimetière de Saint-Josse-ten-Noode. Ce malheur presque subit et l'ignorance à peu près (M7) complète sur le lieu de l’enterrement n'ont permis qu'à peu de membres d'assister aux funérailles; l'Académie était représentée cependant par quatre d'entre eux, MM. Braemt, Madou, Partoes et Quetelet. — Le conseil d'administration de l’Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam fait parvenir le programme de l'exposition publique d'ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et dessins d'artistes vivants, qui aura lieu dans son local, le lundi 1°" septembre prochain. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. Il est donné un aperçu de l'avoir de la Caisse centrale des artistes helges, qui s'élève actuellement à environ 90,000 franes. Deux nouveaux membres ont été admis à faire partie de l’association. COMMUNICATIONS ET LECTURES, Aperçu sur l’ancienne corporation des musiciens instru- mentistes d'Anvers dite de Saint-Job et de Sainte- Marie-Madeleine; par M. le chevalier Léon de SUP membre de l’Académie. Jusqu’à ce jour, on s’est peu occupé, en Belgique, d’étu- dier l’organisation des anciennes corporations des musi- ciens instrumentistes, communément appelés menestruee- len et speellieden dans le pays flamand, ménestrels en France. Plusieurs écrivains français ont traité ce sujet. Pour ( 418 ) Paris, ils avaient à leur disposition les documents de la corporation de Saint-Julien des ménétriers et les ordon- nances royales qui réglementèrent cette institution, M. Cas- til-Blaze et d’autres ont fait connaître quelques détails de son organisation depuis le quatorzième siècle, et, quoique d’un intérêt bien inférieur à celui que présente l’histoire de la musique religieuse à la même époque, ces renseigne- ments ont suffi pour établir la part due à cette corpora- tion dans les transformations successives de l’art musical Jusqu'à nos jours. La Belgique, où, relativement aux pays voisins, la mu- sique vocale avait très - anciennement atteint un haut degré de perfection, la musique instrumentale ne pouvait être restée stationnaire. Aussi vit-on, dès les temps les plus reculés, les solen- nités civiles y être constamment accompagnées, autant que les cérémonies religieuses, de l'exécution de mor- ceaux de musique, joués par de petites compagnies, ou, comme on avait la coutume de le dire au seizième siècle, par des bandes d’instrumentistes. Nombreuses dans les processions, elles étaient plus nombreuses encore dans les solennités, moitié profanes, moitié religieuses, des foires et des kermesses, vulgairement nommées ommegangen. Les églises et les villes payaient avec une égale générosité les musiciens qui, par leurs accords, venaient en rehausser l'éclat, et chaque localité s’ingéniait à surpasser ses voi- sins par la nouveauté, sinon par l’étrangeté des détails. A l'appui de ce qui précède, nous citerons un ommegang d’une ville flamande, petite à la vérité, mais dont on‘com- prendra que nous ayons compulsé les archives avee un intérêt tout particulier. Cet ommegang eut lieu en 1405, au mois d'août, à ; ( #19 ) Termonde, à l'occasion de la grande kermesse. Dix-sept compagnies, où bandes de musiciens, v furent présentes, formant un total de soixante instrumentistes dont les comptes nous ont conservé la liste. La désignation de plusieurs instruments sur lesquels ils se firent entendre s'y trouve aussi : nous y remarquons, outre des instru- ments à vent et à cordes dont les noms ne sont pas spé- cifiés, des harpes, des psaltérions et un apportatif. Dans une procession qui avait eu lieu en la même ville, dix ans auparavant, en 1595, des ménestrels (ainsi sont-ils nommés dans le compte) jouaient de la trompette, d'au- tres du luth, de la harpe, d’autres enfin d’un instrument nommé akar où ackaer, que nous ne pouvons définir (1). Après s'être acquittés de leur mieux, durant la journée, de leur tèche à lommegang, on fit venir, le soir, nos soixante musiciens à l'hôtel de ville, où, avant d’être payés, ils exé- cutèrent encore divers morceaux, pendant qu'on les ré- galait de vin. Les salaires qui leur furent donnés variaient de quatre à quatorze deniers, monnaie de Flandre, par personne. A Anvers, en 1598, une réunion pareille, qui eut lieu (1) 1581. Item Willem Croenkene van Bruessele up de ackaren speelt, ter vorseide feeste onthouden wesende, ghegheven. . . .. 1H se. IT gr. 1595. Item ter feeste van onser dedicatie ter grooter kerke op St.-Jans dach decollatie vorseit, es te wetene dat vele menestreels waren trompers, akaerspèelders , pipers, up luuten, up harpen spelende, ende menegher- ander andere, mannen, die som ghehaelt waren ende onthoden ende oec sommighe niet ghehaelt noch onthoden, spelende voer ‘’{ sacramente ende elders in den ommeghanc, daer sy ghesocht ende gheordineert waren. Den welken in al ghegheven wierd, den eenen meer den anderen min, XXVI se. Item van vele punoenkenen (pennonceaux) met der poort wapene te ver- wene, ghehangen an der ministruels instrumente; daer af betaelt Gillise EC OO OT ER IL. ( 420 ) le soir de l’ommegang de la Pentecôte, fut honorée de la présence des échevins, des receveurs, des secrétaires de la ville et d’autres notabilités. Le vin qu’on y but coûtait six deniers le pot. Ces usages étaient généralement suivis, et les comptes de nos villes (qui n’ont guère été compulsés par des per- sonnes qui s'intéressent particulièrement à l’archéologie : musicale) doivent en contenir des traces nombreuses. On serait tenté de conclure de ce qui vient d’être dit, que là où non-seulement on tolérait la présence, mais où on appelait des exécutants nomades à embellir les fêtes publiques, les corporations locales de musiciens n’exis- taient pas encore : 1! était, en effet, de l’essence de ces institutions de monopoliser partout l'exercice de leur pro- fession , et elles n’eussent pas souffert que des étrangers fussent venus empiéter sur leurs priviléges. Il n’en était pas ainsi cependant : car, au seizième siècle et plus tard, lorsque les corporations locales étaient par- tout bien organisées, on se départissait encore, pour cer- taines époques, de la rigueur avec laquelle on exeluait des villes en d’autres moments les musiciens étrangers. C'était, par exemple, à Anvers, lors des grandes foires bisannuelles, temps de luxe et de bombance, où l’affluence des marchands étrangers, les nombreuses visites des pa- rents et les réjouissances de toute sorte exigeaient une quantité de musiciens si grande, que la corporation n’eût pu suffire à toutes les demandes. Pendant les deux foires (et deux mois après, s'ils déela- raient leur intention de s'établir à demeure à Anvers), les musiciens étrangers pouvaient y exercer librement leur profession. Pour y rester au delà de ces termes, ils étaient obligés de devenir d’abord bourgeois de la ville, ensuite (421 de se faire admettre dans la gilde des instrumentistes, après avoir passé leurs épreuves. Cette corporation était placée, à Anvers, sous l’invoca- tion de saint Job et de sainte Marie-Madeleine, se fon- dant peut-être, quant à saint Job, sur le passage de son livre, chapitre XXF, où il dépeint les enfants des heureux du monde se récréant en jouant du tympanon, de la ei- thare, et se réjouissant au son de lorganum : fn/fantes eorum exultant lusibus. Tenent tympanum et citharam, et gaudent ad sonitum organi. Le motif qui a fait choisir sainte Marie - Madeleine comme la seconde patronne de la gilde des instrumentistes se trouve dans la Légende dorée, qui nous apprend que la pécheresse repentante s'étant retirée dans un désert près d’Aix en Provence, était transportée sept fois par jour par des anges dans les régions éthérées, où l'audition des concerts célestes renouvelait ses forces corporelles sans qu’elle prît aucune nourriture (1). Le plus ancien règlement de cette corporation qui soit venu jusqu’à nous date du 6 septembre 1535. Sans indi- quer l’époque précise où elle fut instituée, les considé- rants dont cet acte est précédé disent que, trente ans auparavant déjà cette gilde était en possession de faire cé- lébrer des services religieux à un des autels de l’église Saint-Jacques. Son existence doit donc être reculée au moins jus- (1) Qualibet autem die in septem horis canonicis ab angelis in ethera elevabatur et celestium agminum gloriosos concentus etiam corporalibus auribus audiebat. Unde diebus singulis his suavissimis dapibus satiata et inde per eosdem angelos ad locum proprium revocata, cor POFAliDRs ali- mentis nullatenus indigebat. (Legenda aurea. Édition de Lyon, in-4°, 1509, fo 81 recto). (42 ) qu’au commencement du seizième siècle : elle est probla- blement beaucoup plus ancienne, L'exercice d’une profession commune, le culte d’un patron spécial et la célébration de quelques services reli- gieux en son honneur formaient, dans le principe, avec les prières pour les confrères décédés, la base de toutes les corporations. Si la gilde prospérait, si elle parvenait à acquérir quel- ques rentes, ou, chose plus rare, quelques immeubles, elle mettait toute son ambition à avoir, à son usage parti- culier, un autel et quelquefois une chapelle entière. Elle ornait l’autel de tableaux, de sculptures; les fenêtres de vitraux; les murs de peintures symboliques. Tels furent sans doute les développements que prit la corporation de Saint-Job et de Sainte-Marie - Madeleine ; car aujourd'hui encore nous pouvons admirer, dans sa chapelle à l'église Saint-Jacques, plusieurs tableaux peints pour elle par Otho Vænius, et son bel autel de marbre, orné de trophées d'instruments et érigé vers 1646. Le nouveau vitrail qui, depuis 1855, orne la fenêtre, n’a fait que remplacer une verrière du dix-septième siècle, dont la partie supérieure représentait saint Job assis sur le fumier et conversant avec ses amis. Un règlement de la gilde des musiciens, du 31 janvier 1518 (1519, nouveau style), est rappelé dans Pacte de l'année 1555; mais le texte n’en est pas parvenu jusqu'à nous. Comme tous les règlements semblables, il stipulait de nombreuses amendes contre les confrères qui y contre- venaient; seulement, point essentiel! on y avait négligé de rendre assez forte l'autorité des doyens, chefs annuels de la corporation. Ceux-ci n'étant, en effet, institués que par le choix des ( 425 ) confreres, sans intervention aucune du magistrat ni de l’'écoutète d'Anvers, n'avaient pas le pouvoir légal de faire respecter leurs arrêts, qui demeuraient souvent inexécutés. Pour parer à cette lacune, qui minait son existence même, la gilde sentit la nécessité de se mettre sous la protection de lautorité, et elle s'engagea, en 1555, à agréer à l'avenir pour ses doyens les deux confrères que le magistrat désignerait annuellement parmi quatre can- didats, choisis et présentés par la corporation. Grâce à ces changements au règlement de 1518, les décisions des doyens contre leurs suppôts devinrent exé- cutoires par voie de justice. Mais, pour sauvegarder les intérêts des plaignants, on stipula en même temps que, en cas d'opposition de leur part, il leur serait permis de faire juger à nouveau le différend par le magistrat lui-même, moyennant caution ou consignation préalable de la somme réclamée par les doyens. Le magistrat, dans ce cas, Juge- rail sans appel. Quoique au moyen de ces modilications on erüt avoir paré à toutes les diflicultés, l'interprétation des termes mêmes du règlement de 1518 et la fixation de la valeur des monnaies hors d'usage qui y étaient mentionnées, con- ünuaient à faire naître chaque jour de nouveaux diffé- rends; tellement que, sur la demande de la corporation elle-même, le magistrat déclara enfin qu'il était devenu urgent de reviser toutes les ordonnances et de les refon- dre en une seule. Une rédaction nouvelle fut demandée, le 5 novembre 1554, à une commission choisie dans le magistrat et pré- sidée par l’écoutète-margrave messire Jean Van Schoon- hoven : elle compara avec les anciens règlements un projet nouveau, présenté par la gilde des musiciens, et 1l résulta ( 424 ) de ses délibérations un règlement général qui fut octroyé à la corporation par décision du magistrat du 25 décembre 1555. | Nous traduisons sommairement du flamand les disposi- tions de ce document : Règlement du 25 décembre 1555. Une des causes qui obligent Ie magistrat d'Anvers de ré- former les anciennes ordonnances de la corporation des musi- ciéns, est la hardiesse avec laquelle le premier venu, avant d’être recu dans la bourgeoise ou dans la gilde, et sans con- naitre seulement la musique, se vante de savoir jouer des in- struments et ose faire payer chèrement ses services : le tout au grand détriment et déshonneur de la corporation et de ses membres. Arr. 1‘. Nul ne sera admis dans la gilde, s’il n'est d'abord bourgeois d'Anvers. Les doyens qui Pauront admis avant qu'il ait obtenu cette qualité payeront une amende de douze sols, applicable à l'entretien de l'autel de la gilde. Ant. 2 Quiconque veut être reçu à la franchise de la cor- poration doit d’abord faire convenablement preuve de talent, et payer un droit d'entrée de trois florins carolus (1). (1) Les formalités de l'épreuve ou de l'examen à passer par les candidats joueurs d'instruments à cordes sont détaillées à l'article 6 du règlement du 27 juillet 1676 : le postulant se présentait à la salle de réunion de Ja corpo- ration de Saint-Job devant l’hoofdman (président à vie) et les doyens, et il leur remettait l'instrument sur lequel il demandait de faire ses preuves. Après l'avoir entièrement démonté, les doyens rendaient l'instrument au récipiendaire , qui, pour premier signe de capacité, devait immédiatement le remettre en état de servir et d’être joué d'accord avec ceux des autres musiciens présents. Comme deuxième épreuve, le candidat était tenu de jouer quelques airs de danse. Enfin, comme complément de son examen, il devait tenir sa partie dans ( 425 ) Anr. 5. Nul, s'il n'est préalablement devenu bourgeois et membre de la gilde, ne sera admis à prendre part, avee un instrument de musique quelconque, à des noces, à des ban- quets, à des mascarades (monmmerien), ni à aucune autre fête, quelle qu'elle soit, sous peine de confiscation de ses instruments et d’une amende d’un réal d'or pour chaque instrument dont il se sera servi. Ces amendes seront payées par tiers, au sou- verain , à la ville et à la gilde pour l'entretien de son autel. Toutefois, en vertu des anciennes ordonnances, il est dé- rogé à cet article pendant la durée des deux grandes foires de cette ville. En outre, si des musiciens étrangers au pays ou à la ville exprimaient leur intention de fixer leur demeure à Anvers, ils y pourront exercer leur profession durant deux mois en plus, après l’avertissement qui leur aura été donné par les doyens pour s’y déterminer. Ce temps expiré, et s'ils veulent rester définitivement habiter Anvers, ils devront se faire recevoir dans la bourgoisie et devenir membres de la gilde, sous peine des confiscations et des amendes précitées. Arr. 4. Aucun confrère ne pourra prendre d’engagement pour jouer, à la même heure, à plusieurs noces, banquets, mascarades ou autres fêtes à la fois. Il sera tenu de remplir son engagement en personne, soit seul, soit avec sa bande (bende) ou compagnie. Cependant, chaque membre de la gilde faisant partie d'une bande ou compagnie, pourra accepter, comme tel, autant d’en- gagements qu'il pourra en faire remplir par ses associés et par les élèves qu’il aura en pension. Toute bande doit être suffisamment nombreuse et formée exclusivement de membres de la gilde. trois motets ou autres morceaux de musique sérieuse, exéculés à pre- mière vue. Tant qu'il restait en défaut sur une de ces épreuves, le postulant ne pouvait être admis dans la corporation. Les joueurs de clavecin et les organistes n’élaient pas obligés de devenir membres de la gilde de Saint-Job. ( 426 ) Le chef de la bande est tenu de payer à ses compagnons la totalité de la somme convenue qu'il aura reçue, sous peine de perdre la part lui revenant pour sa participation. Arr. D. Tout confrère sera obligé de payer un demi-sou à la gilde, chaque jour où il aura joué à une noce, à un banquet, à une mascarade où à une autre fête. Anr. 6. Les membres de la gilde sont obligés d'être modérés dans les demandes de salaire qu'ils feront aux personnes qui les auront appelés. Is ne taxeront pas trop haut les bourgeois, les marchands et les habitants de cette ville. En cas de diffi- culté, leurs prétentions seront soumises à l'arbitrage des bourg- mestre et échevins. Anr. 7. Si quelque confrère s'était engagé à jouer, et qu'ayant recu le denier à Dieu ( Godtspenninck), il n'eut pas exécuté son engagement, la personne au service de laquelle il eùt dû se mettre pourra prendre en son remplacement un autre con- frère, aux frais et à la charge du défaillant, qui payera, en outre, une amende aussi forte que la somme pour laquelle il s'était primitivement engagé. Arr. 8. Aucun membre de la gilde ne pourra accepter, rece- voir chez lui, ni instruire un élève qui se destine à devenir musicien de profession, à moins que celui-ci, avant de com- mencer son instruction, n'ait payé douze sous au profit de l'autel de Saint-Job. Le maitre qui transgressera cette défense sera tenu de payer lui-même ladite amende. Aur. 9. Un élève qui aura appris la musique chez un mem- bre pendant deux ans, dans l'intention de devenir musicien de profession, sera immédiatement après obligé de se faire rece- voir dans la corporation et de payer les droits d'admission, sous peine d’une amende ce deux florins carolus et d’être em- péché de jouer, ni avec son maitre, ni avec aucun confrére, aussi longtemps qu'il ne se sera pas mis en règle. AnT. 10. Aucun confrère de Saint-Job n’acceptera doréna- vant à Ja fois, et ce pour un terme seulement de deux années, ( 427) plus d’un élève se destinant à la profession de musicien. 1 devra le faire inscrire dans le registre de la gilde au moment de l'acceptation, sous peine d’un réal d'or. Ant. 41. Tout confrère qui aura été appelé, de la part des doyens et des jurés de la gilde, à comparaitre devant eux, et qui aura été convaincu d'avoir transgressé un de ces derniers articles, devra, sans aucune observation, payer ladite amende d’un réal d'or, sous peine, s'il s’y refusait, d’être condamné au double. Anr. 12. Si un des confrères, après avoir comparu, comme il est dit, prétend avoir été injustement puni, il pourra, après avoir préalablement fait le dépôt du montant de l'amende in- fligée, en appeler aux bourgmestre et échevins, qui ouvriront une information sommaire en présence des doyens et des jurés, et, après avoir entendu les deux parties, prononceront en der- nier ressort, sans autre procédure. Arr. 45. Chaque fois qu’un membre de la corporätion des musiciens se permettra d'injurier ou de diffamer un de ses confrères, soit devant lui, soit en son absence, il payerà une amende de deux florins philippus. Arr. 14. Finalement, aussi longtemps que les confrères de la gilde de Saint-Job observeront les ordonnances et pri- viléges présents, ils seront obligés de faire accompagner les principaux ommegangen de cette ville et les processions générales où sera porté le saint sacrement, par quatre de leuts confrères au moins, qui joueront chacun leur partie spéciale. Ceux-ci seront choisis et désignés à cet effet par les dovens et jurés. Si quelqu'un d’entre eux tentait de se soustraire à cette obligation, ou s’il refusait d’obéir aux ordres des doyens; il encoürrait une amende d’un réal d’or. Les confrères s'engagent également à prendre part aux exer- cices des trois chambres de rhétorique de cette ville, soit qu’elles célèbrent leur fête annuelle, soit qu’elles donnent des 2" SÉRIE, TOME XII: 51 ( 428 ) représentations théätrales devant l'hôtel de ville, dans leur local ou sur des chars (1). La ville ni les chambres de rhétorique n'auront de ce chef à supporter aucune dépense. Toutes réserves faites pour le magistrat d'Anvers, de pou- voir augmenter, diminuer ou anéantir en tous.temps ce qui, dans cette ordonnance, lui paraîtra convenable, sans fraude ni dol. En foi de quoi, l’écoutète y a fait apposer son sceau person- nel, et les bourgmestre et échevins le sceau de la ville d’An- vers ad causas, le 25 décembre 1555. La mise à exécution de ce règlement eut pour premier effet que plusieurs musiciens étrangers se firent immé- diatement recevoir bourgeois d'Anvers et sollicitèrent leur admission dans la gilde de Saint-Job : leur but était de pouvoir prendre part aux fêtes et à la réception que la ville préparait pour larrivée du roi Philippe I, qui, quel- ques jours plus tard, venait tenir, à Anvers, un chapitre de la Toison d’or. Accourus de toutes parts, nous {rouvons parmi ceux inscrits dans la bourgeoisie, la veille même des solen- nités, des instrumentistes nés à Tournay, Bruges, Doren- weert (Gueldre), Maestricht, Lille, Bois-le-Duc, Diest, Bréda, Cambrai, Tirlemont, Mons et Venise. Nous y re- marquons, en outre, le nom d’un virtuose, natif de Pa- doue, nommé Julio Serdaine, fils de Philippe, pour qui ces fêtes furent fatales. Une grande émulation régnait dans toute la population anversoise pour faire au roi un accueil brillant. Les négo- (1) Dans les règlements postérieurs, cette clause n’est plus reproduite. ( 429 ) clants étrangers avaient fait ériger en différents endroits de la ville par où devait passer le cortége du nouveau sou- verain , des ares de triomphe et d’autres constructions mo- numentales. Les marchands génois, voulant se distinguer, firent construire un arc de triomphe plus beau et plus coûteux que tous les autres. I était d’une largeur, d’une profondeur et d'une hauteur colossales. Une compagnie nombreuse de musiciens avait été engagée et placée au sommet de cette gigantesque construction, peinte et ornée de tous côtés d’allégories, de statues et de groupes. Julio Serdaine était au nombre des exécutants. Dans l’intérieur avaient été disposées avec art diverses représentations de sujets mythologiques et allégoriques, tels que Jupiter foudroyant les Titans, Encelade écrasé sous l’Etna, et d’autres qui, au moment où le roi passe- rait, devaient être mises en action à l’aide de poudre et de feux d'artifice. Plusieurs grosses pièces d'artillerie, cachées derrière le monument, devaient, à un moment donné, augmenter le bruit et aider à l'effet général de la mise en scène. Tout était parfaitement disposé et préparé, et les orga- nisateurs s’attribuaient d'avance le plus grand honneur de ces coups de théâtre. Mais ils n’avaient sans doute pas prévu les suites de ces formidables détonations, car à peine le roi fut-il arrivé à proximité de l’arc de triomphe, que l'explosion subite de divers engins remplis de feux grégois et d'artifices, causa au sol un ébranlement d’une violence telle, que la plus grande partie de l’arc de triom- phe, celle-là même sur laquelle on avait placé les musi- ciens et les timbaliers, s’écroula avec fracas et écrasa sept personnes sous ses débris; des morceaux de fer, lancés au ( 450 ) loin, allèrent mème tuer le cheval d’un gentilhomme de la suite du roi. Le pauvre Julio Serdaine fut au nombre des victimes, et le magistrat fit acte de justice en restituant à sa famille l'argent que l’infortuné avait payé la veille pour son ad- mission dans la bourgeoisie. Reddita fuit haeredibus pecunia quia miser fuit ex- tinctus postridie super arcu triomphali Jenuensium, id- que in ingressu regis Philippi, «à 1355, 18 januartü, stilo Brabantiae. Ainsi s'exprime le registre des inscriptions. Cette catastrophe fit une profonde impression sur le roi et sur toute la population, mais particulièrement sur les compagnons de Serdaine. Les jours suivants, les réjouissances annoncées conti- nuèrent cependant, et les musiciens durent faire taire leur douleur pour y coopérer. Is prenaient d’ailleurs part à ces fêtes à plus d’un titre : membres d’une corporation qui avait choisi pour deuxième patronne sainte Madeleine, ils n'étaient pas que musi- ciens; beaucoup d’entre eux exercçaient aussi la profes- sion de maître de danse. Ils avaient en cette qualité, chez eux, des réunions très-fréquentées , où, sous prétexte d'apprendre à danser ou pour le faire réellement, une nombreuse jeunesse accourait se divertir, surtout les di- manches. | Le goût de ces assemblées était même devenu si géné- ral et détournait tant de personnes des offices de l’église, que les doyens de la gilde s’en inquiétèrent et que, le 14 avril 1964, 1ls demandèrent aux confrères qui tenaient ces réunions (ils étaient alors au nombre de vingt) qu’ils signassent l'engagement volontaire de ne plus ouvrir leurs salles les dix-sept fêtes principales de l’année. 7, ( 451 ) Cet engagement fut pris et, en outre, ils promirent de ne plus laisser commencer les assemblées, à certains au- tres jours de fête, qu'après l'heure de midi, sous peine d’une amende d’un réal d'or. Pendant les troubles des années suivantes, cette con- vention tomba en désuétude, si bien qu’en 1589, le magis- trat et l’écoutète d'Anvers arrêtèrent que, les dimanches, les réunions dansantes pourraient avoir lieu dans la mati- née, de onze heures à midi; dans l’après-dinée, de trois à cinq heures, et non jusqu'à sept et huit heures du soir, comme l'habitude s’en était mtroduite. L'année d’après, ils adoucirent cette décision en per- mettant aux amateurs de la danse de rester assemblés jus- qu’à sept heures du soir. En 1560, 1605 et enfin en 1651, l'ordonnance de 1555 fut revisée par le magistrat. Vingt-cinq ans plus tard, en 1676, ses stipulations furent de nouveau modifiées et rendues plus explicites. La corporation de Saint-Job et de Sainte-Marie-Made- leine fut supprimée après l'entrée des Français, en novem- bre 1795. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Procès-verbaux des séances de la commission pour la pu- blication des anciennes lois et ordonnances de la Belgique, 4e vol. Bruxelles, 1862; in-8°, Bulletin du conseil supérieur d'agriculture du royaume de Belgique, t. XIV, Bruxelles, 1862; in-4°. ( 432 ) Bulletin du conseil supérieur de l'industrie et du commerce, publié par le ministère de l’intérieur, session de 1860-1861, t. I‘, 17° partie. Bruxelles, 1862; in-4°, Rapport de la commission administrative de la caisse de prévoyance établie à Charleroy en faveur des ouvriers mi- neurs, sur les opérations de l’exereice 1861. Mons, 1862; in-8°. Rapport de la commission administrative de la caisse de prévoyance établie en faveur des ouvriers mineurs des houil- lères du Centre, sur les opérations de l'exercice 1861. Mons, 1862; in-8°. Notice sur l’hôpital Saint-Jean. Étude sur la meilleure ma- nière de construire et d'organiser un hôpital de malades, par André Uytterhoeven , 2"° édition. Bruxelles, 1862; in-8°. De l’âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil, près de Gembloux ; par M. C. Malaise. Bruxelles, 1862; in-8°. | Essai de tablettes liégeoises ; par AIb. d'Otreppe de Bouvette, 92° livraison. Liége, 1862; in-12. Le baron Seutin, notice nécrologique par Fay. Bruxelles, 1862; in-8°. | De l'analyse spectroscopique. Étude sur la nouvelle méthode analytique de MM. Bunsen et Kirchhoff, et résumé de leurs recherches sur le cauesium et le rubidium ; par Fr. Dewalque. Liége, 1862 ; in-8°. Situation de l’industrie minérale en Autriche. Extrait d’un travail de M. J. Friese, inséré dans le Zeitschrift des oest Ingenieur-Vereines; par Fr. Dewalque. Liége , 1862; in-8°. Journal des beaux-arts et de la littérature, publié sous la direction de M. A. Siret, IV" année, n° 6 à 8 et supplément au n° 7. Anvers, 1862; 4 feuilles in-4°. Revue de l’administration et du droit administratif de la Belgique, t. IX, 9° année, 1"° et 5"° livr. Liése, 1862; gr. in-8°. L’abeille, revue pédagogique publiée par Th. Braun, 8° an- née, 1° à 5° livr. Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. ns. (455) Journal de l'imprimerie et de lu librairie en Belgique, Yme année, n° 2. Bruxelles, 1862; in-8°. Annuaire de la Société libre d'émulation de Liége pour lan- née 1862. Liége, 1862, in-12. Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, 4e année, 4° livraison. Liége , 1862; in-8°, Journal historique et littéraire , t. XXVIIT, livr. 12. Liége, 1862; in-8». Annales de la Société anatomo-pathologique de Bruxelles, bulletin n° 6. Bruxelles, 1862; in-8°. Annales d’oculistique, 25"° année, 3"° et 4° livr. Bruxelles, 1861; broch. in-8°. La Belgique horticole, 1862, 4" et 5" livr. Liége, 1862; broch. in-8°. Verslagen van het verhandelde in de algemeene vergadering van het provinciaal utrechtsche Genootschap van kunsten en wetenschappen, gehouden den 26 junij 1860 en de 25 juni 1861. Utrecht, 1860-1861 ; 2 broch. in-8°. Aantekeningen van het verhandelde in de sectie-vergade- ringen van het provinciaal utrechtsche Genootschap van kun- sten en wetenschappen, gehouden in 1859, 1860 en 1861. Utrecht, 1859-1861 ; 5 broch. in-8°. Entwickelungsgeschichte der AmpuLLariA pouira Deshayes, nebst Mittheilungen über die Entwickelungsgeschichte einiger andern Gastropoden aus den Tropen; von Carl Semper. Utrecht, 1862 ; in-8°. Recherches sur l’évolution des araignées ; par M. Édouard Claparède. Utrecht, 1862; in-4°. L’Investigateur, journal de l'Institut historique, 29*° année, 326% et 527°° livraisons. Paris, 1862; gr. in-8°. Annuaire de l’Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, 1862. Paris ; in-8°. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du départe- ment de Maine-et-Loire, 32"* année. Angers, 1861; in-8°. ( 434 ) Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 2% série, t. VIII. Amiens, 1861; in-&. Bulletin historique de la Société des antiquaires de la Mo- rinie, 10% année, 59° et 40%: livr. Saint-Omer, 1861 ; in-8°. Revue agricole, industrielle et littéraire de l’arrondisse- ment de Valenciennes, XIV®° année, n° 2. Valenciennes, 18692; in-8°. Le Père Lacordaire ; par le comte de Montalembert. Paris, 1862; in-12. Notice extraite du mémoire adressé à l’Académie impériale de médecine de Paris sur la composition et les propriétés mé- dicales des huiles, des eaux et des extraits de foies de morues ; par Despinoy et Garreau. Lille, 1862; in-12. Recherches sur la scène antique, justifiées par létude du théâtre d'Orange; par Auguste Pelet. Nimes, 1861; in-8°. Études historiques sur la législation russe ancienne et mo- derne; par Spytidion G. Zézas. Paris, 1862; in- 8°. Lettre à M. R. Chalon, à propos de la notice nécrologique sur feu M. le marquis de Lagoy; par le baron Chaudrue de Crazannes. Bruxelles, 1860; in-8°. | Lettre à M. de la Saussaye, membre de l’Institut, au sujet d’une médaille, grand-bronze, de l’impératrice Julia Ma- maea, au prétendu type de Junon-Phallophore; par le baron Chaudruc de Crazannes. Paris; gr. in-8°. Sur les noms et les œuvres de deux monétaires ou mon- noyers mérovingiens de Lyon; par le baron Chaudrue de Cra- zannes. In-8°. Monnaies de Metz et de Saintes ; par le baron Chaudruc de Crazannes. Bruxelles; in-8°. Coup d’œil rétrospectif sur l’état des études classiques et de la culture des lettres dans l’Aquitaine-Novempopulaine pen- dant la domination romaine et jusqu’au cinquième sièele de notre êre ; par le baron Chaudruc de Crazannes. Toulouse ; in-8°. } ( 459 ) Encore un poids monétiforme inédit du midi de la France ; par le baron Chaudruc de Crazannes. Bruxelles, 1856; in-8°. Lettre à M. E. Hucher sur la numismatique gauloise ; par le baron Chaudrue de Crazannes. Bruxelles, 18359; in-8°. Notice sur une inscription el un buste antiques décourerts près d'Aiquillon (inédits); par le baron Chaudrue de Cra- zannes. Agen, 1859; in-8°. Notice historique et biographique sur M. le marquis de Lagoy; par le baron Chaudrue de Crazannes. Toulouse, 1860; in-8°. Monnaie massaliote ; par le baron Chaudruc de Crazannes. Bruxelles ; in-8°. Les neuf peuples principaux el les douze cités de l’Aqui- taine-Novempopulaine , province ecclésiastique d’Auch; par le baron Chaudrue de Crazannes, Auch, 1861; in-8°. Encore sur les monnaies gallo-grecques de Marseille ; lettre à M. R. Chalon, par le baron Chaudruc de Crazannes. Bruxel- les; in-8°. Notice sur un cachet égyptien (scarabée), inédit ; par le baron Chaudruc de Crazannes. Bruxelles, 1837 ; in-8°. Numismatique gallo-romaine. Lettre à M. de Witte sur quelques médailles des deux Tétricus ; par le baron Chaudruc de Crazannés. Paris, 1837; in-8°. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, aus dem Jahre 1861, n° 469-496. Berne, 1861; in-8°. Untersuchungen über organische Süuren ; von August Ke- kulé. In-12. Monatsberichte der küniglichen preuss. Akademie der Wis- senschaften zu Berlin, aus dem Jahre 1861. Berlin, 1862; in-8°. Apollon mit dem Lamin. Einundzwanzigstes Programm zum Winckelmanpns Fest der archäologischen Gesellschaft zu Berlin ; von Karl Fricderichs, nebst Nachschrift von Eduard Gerhard und einer Bildtafel. Berlin, 1861; in-4°. Abhandlungen , herausgegeben von der Senckenbergischen 2e SÉRIE, TOME XHI. 32 ( 436 ) naturforschenden Gesellschaft, IV'* Band, 1° Lieferung. Francfort-sur-le-Main, 1862; in-4°. Verhandlungen des naturhistorisch-medicinischen Vereins zu Heidelberg, Band IF, n° 5. Heidelberg, 1862; in-8. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer, Band XVII, Heft 2. Heidelberg, 1862; in-8°. Anzeiger für Kunde der deutschen Vorzeit, neue Folge, VII Jahrg., n° 11 et 12; VIII Jahrg., n° 4 et 8. Nürem= berg, 1860-1861; in-4°. Schrifien der küniglichen physikalisch-ükonomischen Ge- sellschaft zu Künigsberg, °° Jahrg., 1-2 Abth. Kôünigsberg , 1861-1862 ; 2 cahiers in-4°. Verhandlungen der kaiserlich-küniglichen zoologisch-bo- tanischen Gesellschaft in Wien. Jahrgang 1861, VI“ Band, Heft I-IV. Vienne, 1861; 4 cahiers in-8”. Nachträge zu Maly's Enumeratio plantarum phanerogami- carum Imperit Austriaci universi; von August Neilreich. Vienne , 1861 ; in-8°. | Synopsis der im rothen Meere vorkommenden Crustaceen ; von D' Cam. Heller. Vienne, 1861; in-8°. Beitrag zur Kenntniss der Insekten-metamorphose aus dem Jahre 1860 ; von G. Ritter v. Frauenfeld. Vienne, 1861; in-8°. Album de fac-simile des régents, capitaines et hommes d’Etat, depuis l'an 1500 jusqu’en 1576; dessinés sur les originaux et expliqués par Charles Oberleitnér. Vienne, 1862; in-#°. Beiträge zur Kenntniss der Knochen-Baues der Rhytina Stelleri; von D' Alexander van Nordmann. Helsingfors, 1861; in-#°, Memorie dell” Accademia delle scienze dell Istituto di Bologna, tomo X, fase. 2, 5 e 4; tomo XI, fase. 1 e 2. Bo- iogne, 1860-1864; à cahiers in-4°. Rendiconti delle sessioni dell? Accademia delle scienze dell” Istituto di Bologna. Anni academici 1859-1860, 1860-1861. Bologne, 1860-1861 ; 2 vol. in-12. . ( 437 ) Rendiconti delle adunanze della r. Accademia economico- agraria dei Georgofili di Firenze ; triennio IV, anno 2, fase. 1, 2 e 4. Florence, 1862; 5 broch. in-8°. 1 Ghiacciaj antichi e il terreno erratico di Lombardia ; memoria del dottor Giovanni Omboni. Milan, 1861; in-8°. Bibliografia : Gastaldi. Epoca glaciale miocenica. Cantoni. Nuovi princip] di fisiologia vegetale; par Giovanni Omboni. Milan, 1861; in-8°. Cenni sulla carta geologica della Lombardia; di Giovanni Omboni. Milan, 1861; in-8°. Il sogno, componimento estratto dai manoseritti del com- mendatore Salvatore Fenicia. Naples, 1862; in-12. Avviso, del commendatore Fenicia dato nel febbrajo del 1862. In-8°. Corrispondenza scientifica in Roma, volume 6‘, n° 54. Rome, 1862; in-#°. Fauna adriatica, part. 1; da Adolfo Stossich. Trieste , 1860; in-12,. Memorie dell I. R. Istituto Veneto di scienze, lettere ed art, vol. IX, parte HT; vol. X, parte I. Venise, 1861; 2 vol. in-#°. Atti dell? I. R. Istituto Veneto di scienze, lettere ed art, serie terza, tomo 4°, disp. 7-9; tomo 5°, disp. 4 et 8; tomo 6°, disp. 4-10; tomo 7°, disp. 1 e 2. Venise, 1858-1862; 13 broch. in-8°. Memorias de la real Academia de ciencias de Madrid, tomo IL, 2° serie, ciencias fisicas, tomo , parte IT, tomo IV, 5" serie, ciencias naturales; tomo II, parte 3 ; tomo V°. Madrid, 1859-1861; 3 vol, in-4°. Resumen de las actas de la real Academia de ciencias de Madrid, de 1853 a 1860. Madrid, 1857-1869 ; 7 broch. in-8°. La botänica y los botänicos de la peninsula hispano-tusi- tano ; por don Miguel Colmeiro. Madrid, 1858; gr. in-8°. Elementos de physiologia humana, com a histologia corres- ( 458 ) | pondente por Antonia Augusta da Costa Simôes, F* parte, Phy- siologia general, tomo 1. Coïmbre, 1861; in-8°. Toxicoloqia judicial e legislativa; por José Ferreira de Macedo Pinto. Coïmbre, 1860; in-8°. The numismatic Chronicle, and journal of the numismatie Society, new series, n° b. Londres, 1862; in-8°. The natural history Review, n° VI, april 4862. Dublin: in-8°. The journal of the royal Dublin Society, n° XX-XXW. Dublin. 18614; 2 cahiers in 8°. BULLETIN DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1862. — Nc ». CLASSE DES SCIENCES. Séance du 14 mai 1862. M. DE Koxixcx, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d’'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Wesmael, Martens, Cantraine, Kickx, Van Be- neden, le baron de Selys-Longchamps, le vicomte B. du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, d'Udekem, Dewalque, mem- bres; Schwann, Spring, Lacordaire, associés ; Montigny, Morren, Stcichen, correspondants. 27° SÉRIE, TOME XII. 5aà ( 440 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir à l'Académie trois exemplaires du tome XIV du Bulletin du conseil supérieur d'agriculture, pour être déposés dans sa biblio- thèque. — La Société royale de Londres, par l’organe de M.Walter White, remercie l’Académie pour l’envoi de ses dernières publications. Des remerciments semblables sont adressés par la Société royale de Gôttingue, la Réunion des natura- listes de la Prusse rhénane et de la Westphalie, la Société des sciences naturelles de Berne, la société senckenber- geoise des naturalistes de Francfort S/M, l’Institut des sciences, des lettres et des arts de Venise, la Société pro- vinciale des arts et sciences d’Utrecht, la Société impériale Léopoldino-Caroline des curieux de la nature de Jéna, la Société de physique et de médecine de Würzbourg, etc. Plusieurs de ces sociétés ont eu, en même temps, l’obli- geance de faire parvenir leurs publications, qui seront an- noncées à la fin du Bulletin. — Ilest fait communication des observations recueillies sur l’état de la végétation, le 21 avril dernier : à Wa- remme, par MM. de Selys et Ghaye; à Liége, par M. de Selys; à Jemeppe, par M. Alf. de Borre; à Melle, par M. Bernardin; à Munster, par M. le docteur Heis, qui a donné en mème temps l’état de l’effeuillaison , le 24 oc- tobre dernier, et les observations sur les étoiles filantes et la lumière zodiacale en 1861. Ç 441) — M. de Malzine communique une note manuscrite sur une nouvelle espèce de Littorine, qu'il nomme Ro- bianii. (Commissaire : M. Nyst.) RAPPORTS. Description de deux coupes faites à travers les couches des systèmes scaldisien el diestien, ainsi que les couches supérieures près de la ville d'Anvers; par M. Dejardin, capitaine du génie à Anvers. Happort de M. Nyst. « Le travail que M. Dejardin a adressé à l’Académie et sur lequel nous avons été chargé de faire un rapport, con- cerne les différentes couches des terrains des environs d'Anvers qui sont mis à nu par les travaux des nouvelles fortifications. Ce travail, qui comprend quatorze pages, est accompagné de deux planches, dont l’une présente la carte du sous-sol et l’autre deux coupes géologiques. L'auteur de ce travail ayant uniquement en vue d’uti- liser ses moments de loisir, annonce lui-même, dans sa préface, que n'étant ni géologue ni paléontologue, il ne s’est attaché qu’à donner l'allure du terrain, amsi que des diverses couches de sable qu'il a pu observer. Parmi les travaux qu’il a consultés concernant la con- stitution géologique des environs d'Anvers, M. Dejardin cite ceux de la Jonckaire, de MM. Lyell et de Wael, et fait remarquer que, jusqu’à ce Jour, aucune coupe de terrain n’a été donnée, si ce n'est celle publiée par la ( 442 ) Société paléontologique en 1839. 11 à voulu protiter de l’occasion exceptionnelle que présentent les travaux mili- taires qui s’exécutent en ce moment, et donner deux coupes, dont l'une, désignée sous le n° 1, passe par le fossé capital de l'enceinte, depuis l’ancienne citadelle du Sud à celle du Nord, et l’autre, désignée sous le n° 2, qui passe par le fossé de la face principale des forts détachés. Il fait remarquer que, sur l’ensemble de ces travaux, qui s'exécutent sur une longueur de quatorze mille et de dix- sept mille mètres , il a eu des coupes qui descendent en moyenne à huit mètres et qui, par quelques sondages, sont arrivées jusqu’à neuf mètres en certains endroits. Sous le rapport paléontologique, M. Dejardin s'est borné à indiquer les différents travaux qui ont été publiés dans les volumes de la Compagnie, et il est à regretter qu’à la suite des facilités dont jouit l’auteur pour suivre ces grands travaux, il n’ait pas mentionné un plus grand nombre d'espèces principales qu'il a été à même de re- marquer dans les différentes couches étudiées par lui. Nous espérons que M. Dejardin voudra bien nous don- ner, par la suite, ses nouvelles observations à ce sujet, et qu'il nous fournira les listes complètes des espèces fossiles qu'il aura été à même de recueillir. Le dernier chapitre, auquel l’auteur consacre cinq pages, concerne la description des différentes couches qu'il a pu observer et pour lesquelles il adopte la classification de notre savant et regrettable confrère Dumont. D’après l’au- teur, ce serait dans la couche de sable gris que l’on aurait trouvé, avec le Pecten Lamallii, le Squalodon antwer- piensis Vanh. Nous pensons que le Pecten Lamallii étant une espèce des sables diestiens, ce sera plutôt dans ce dernier dépôt que le nouveau cétacé aura été découvert. ( 443 ) Des renseignements à ce sujet pourront être pris auprès de M. le capitaine Cocheteux, qui dirige les travaux du fort n° 4, sur l'emplacement duquel des parties du crâne de ce même animal ont été recueillies par les soims mtelli- gents de cet oflicier, à qui la paléontologie est déjà rede- vable de la découverte d’un grand nombre de fossiles qui tous ont été déposés au musée de l'État. En terminant, Messieurs, nous pensons que l’Académie approuvera les efforts faits par M. le capitaine Dejardim pour recueillir tous ces renseignements qui ont un grand intérêt pour la science, et nous concluons en proposant à la classe d'adresser des remerciments à l’auteur pour sa communication, et d'imprimer son travail, ainsi que les deux planches qui l’accompagnent, dans le Bulletin. » —— Rapport de M. D'Omalinus. « On conçoit qu'après les appréciations d’un homme qui à aussi fortement contribué que M. Nyst à nous faire connaître les dépôts sur lesquels s’élève la ville d'Anvers, il ne me reste qu'à me joindre aux conclusions de notre savant confrère, tendantes à faire imprimer dans notre Bulletin la notice de M. Dejardin, ainsi que le plan et les coupes qui l’accompagnent. Les grands travaux qui s’exécutent en ce moment à Anvers, ayant permis de mieux connaitre l’allure des di- _vers dépôts dont on avait déjà reconnu l'existence dans cette contrée, il était à désirer que de bons dessins missent la science à même de conserver le souvenir des coupes que ces travaux ont mises au jour et que la friabilité, l’horizontalité, ainsi que la faible altitude du sol font, ( 444 ) en quelque manière, disparaître aussitôt qu'elles ont été faites. Or les dessins géognostiques de M. Dejardin, exé- cutés avec la précision qui caractérise les travaux des offi- ciers du génie, satisferont complétement à ce besoin de la science, si l'Académie en ordonne la reproduction dans ses recueils. » M. De Koninck, troisième commissaire, ajoute aux rapports précédents : « Je me joins avec plaisir aux conclusions de nos sa- vants collègues, et je désire aussi que la notice et les cartes de M. Dejardin soient imprimées dans le Bulletin. » La classe adopte ces conclusions et vote des remerci- ments à l’auteur du travail. — MM. Timmermans, Lamarle et Schaar font un rap- port verbal sur la suite du mémoire relatif au Calcul des varialions, présenté, dans la dernière séance, par M. Ster- chen, correspondant de l’Académie. Conformément à la demande de MM. les commissaires, le mémoire de M. Stei- chen sera inséré dans le recueil des publications acadé- miques. — La classe entend également un rapport verbal de MM. Timmermans et Lamarle, sur deux notes concer- nant la théorie des logarithmes et la théorie des surfaces du second degré, qui lui ont été présentées par M. Loxhay, répétiteur à l’École militaire. L'auteur sera invité à faire disparaître de son travail ce qui appartient aux calculs différentiel et intégral, et à simplifier autant que possible l'exposé de ses recherches. ——————_———— ( 445 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les nebuleuses. M. Ad. Quetelet communique l'extrait suivant d’une lettre qu’il vient de recevoir de sir John Herschel, rela- tive à un grand travail que prépare l'illustre astronome anglais. « ….Je prépare en ce moment un Index général ou cata- logue de toutes les nébuleuses connues, rangées d’après l'ordre des ascensions droites, et réduites à l’époque de 1860. C’est, je crois, un sujet bien désiré par les astro- nomes, aujourd'hui que les télescopes, doués d’un pouvoir suffisant pour observer les faibles nébuleuses, sont deve- nus beaucoup plus communs. | » La disparition de la nébuleuse de Hind paraît con- firmée, et j'ai trouvé un autre exemple d’une nature semblable : une des nébuleuses observées par mon père (Nebulæ IF, 115 , et Nebulæ IT, 116) a disparu. Une seule a été vue par M. d’Arrest, et comme mon père les a ob- servées deux fois, dans le même champ de la lunette et à un intervalle de trois ans, savoir le 8 avril 1784 et le 14 janvier 1787, l'étoile qui manque ne peut être considérée comme appartenant aux comètes. » Les places de ces nébuleuses, pour 1850, sont les suivantes : Nebula If. 115 AR 12h29%m1451 NPD 750 32 45 — Il. 116 12: 22-4991 15 955 45 ( 416 ) » Quoique M. d’Arrest n'eût qu'une seule détermination de la position de la nébuleuse, savoir : 12h 92m 415,0 750 32’ 9” il dit qu'il la souvent aperçue dans cette position; mais il ne fait mention d'aucun satellite. Des faits semblables, et l’apparition d’une étoile brillante non accompagnée par une nébuleuse, à la place de la quatre-vingtième nébuleuse de Messier qui a été observée par Pogson et Auwers, attirera assurément l’attention sur cette classe de phénomènes. » + A Sur l’hygrométrie. En mai 1847, un travail assez considérable avait été fait à l'observatoire de Bruxelles, à la demande de M. Regnault, membre de l’Institut de France, sur les valeurs compara- tives des différents instruments hygrométriques. M. Kæmtz, auteur du Traité de météorologie dont M. Ch. Martins a donné la traduction, adresse à M. Quetelet quelques re- marques à ce sujet, et particulièrement sur les discor- dances qu’on peut rencontrer dans ce genre d'observations. « …. Vous verrez, dit ce savant, dans le quatrième ca- hier de mon journal, que chaque psychromètre demande une autre formule. A présent il s’agit de la question de savoir quelle est la température que donne un thermo- mètre mouillé infiniment petit (à peu près comme pour lés ares infiniment petits dans les oscillations). Mais une autre circonstance exerce une grande influence dans ces obser- vations : la radiation de la chaleur n’influence pas les deux thermomètres d’une manière semblable. C’est pour cela que, HEsge US ( 447 ) depuis peu , j'observe un troisième thermomètre couvert de mousseline, mais sec. Mes pesées ainsi que la méthode de condensation , avec quelques précautions, donnent pres- que les mêmes nombres que la formule de Regnault au- dessus de zéro. » Le résultat est tout différent, si vous prenez des tem- pératures au-dessous de zéro. Vous n'avez pas de grands froids à Bruxelles, mais certainement vous avez observé que le thermomètre mouillé est parfois plus haut que le thermomètre sec. Dans les grands froids, c’est un phéno- mène qui arrive souvent : on à, par exemple, thermomètre see — — 16°,5; thermomètre mouillé — 15°,88 centi- grades. Chaque quantité est la moyenne de vingt obser- vations faites pendant 1 !/2 heure; vous diriez que l'air est saturé. Mais en même temps l’hygromètre de Saussure donne 83", la pesée de la vapeur 0"",8492, tandis que la saturation serait 1"",283. En comparant les observations de Greenwich (psychromètre de Daniell) à la formule de Regnault (tables de Haeghens), la dernière donne toujours une quantité trop grande; la différence augmente à Dorpat, dans des froids plus grands. Enfin aucune formule ne s’ap- plique à ces cas où le thermomètre mouillé est plus haut, si nous ne déterminons pas la radiation par un troisième thermomètre; mais si nous prenons le thermomètre ordi- naire, alors la formule, en se servant des millimètres, devient | e— 6, — 0,71994 (t — t, + 0,46) + 0,02444 (4 — 4 + 0,46)à Les deux séries de comparaison (Greenwich et Dorpat) donnent une grande concordance à cette formule. D’après celle-e1, la radiation élève la température du thermomètre mouillé de 0°,46; cetle quantité changera avec la consti- ( 448 ) tution du ciel : j’ai trouvé quelquefois 0°,9; mais je crois qu'en moyenne, ma formule est plus exacte que les autres. Comme preuve, je vous donne la moyenne de quelques ob- servations à la température dont J'ai parlé auparavant : t— — 15,56, 1, — — 150,62, e — Omm,957 (pesées et condensations), e — Owm,950 (calcul). J'ajoute que les différences entre le calcul et l’observa- tion ne sont pas toujours si petites que dans le cas actuel, mais pourtant elles sont toujours telles qu’on peut les dé- sirer des circonstances atmosphériques. » Sur les variations périodiques de l’atmosphère, d’après les observations faites en Autriche et les pays environ- nants. Lettre à M. Ad. Quetelet par M. Kreil, directeur de l’établissement central pour la météorologie et le ma- gnétisme terrestre en Autriche. Vienne, le 6 mai 1862. « La lettre intéressante que M. Lamont vous à fait parvenir (Bulletins de l’Académie, tome VIIT, n° 9 et 10) et dans laquelle il éclaireit la théorie des changements diurnes de la pression atmosphérique, de même qu'un abrégé d’un écrit semblable de M. Allan Brown, que j'ai trouvé dans le Rapport de la vingt-neuvième réunion de l'Association britannique, page 45, m'ont rappelé un tra- vail que j'ai élaboré en grande partie depuis plusieurs années et que j'ai regretté souvent de ne pouvoir Lerminer. Si vous aviez le projet de rechercher jusqu'où s'étendent les changements de température et leurs effets sur le mou- (449) vement des masses d'air, et de jeter quelques lumières sur ce phénomène , il me semble que, dans les circonstances actuelles, 1l ne serait pas inutile de terminer ce travail ; je me permets donc de vous en communiquer les résultats principaux. » Il m'a paru d'abord nécessaire de rechercher si les changements de l'air qui s'élève peuvent être assimilés aux changements de l'air ordinaire, alors qu'on n’a pas d'appareil sous la main pour en mesurer les changements; j'ai cru que Je m'éloignais peu de la vérité en prenant le changement diurne de la force du vent comme étant sa mesure, Car on n’opère pas lei sur des valeurs absolues mais seulement sur leurs différences. La force diurne du vent, pour les différentes époques et pour l’année entière, a été déduite des observations de sept années faites à Prague, au moyen de l’anémomètrographe. Le même résultat a été obtenu, pour la pression de l'air, d’après treize années d'observations données par le barométrographe de la même ville. Les nombres déduits des premières équations don- naient, d'heure en heure, les valeurs les plus probables de la force des courants d’air naïssants ; les nombres tirés des secondes équations présentaient les valeurs les plus probables de la pression de l’air, et leurs différences mar- quaient les changements horaires; enfin les changements annuels montraient que la cessation la plus prompte de la pression atmosphérique commençait à une heure après midi, et qu'à la même heure avait également lieu la plus grande intensité du vent naissant. » Les comparaisons entre les différentes époques de l’année montrent que les deux maxima s'éloignent en été de l'heure de midi, et qu'aux autres époques ils s’en rap- prochent. L’amplitude des variations pour les deux élé- ( 450 ) ments diminue de l'été à l'hiver pour la force du vent dans le rapport de 4,61 : 1 ; et pour la pression atmosphé- rique de 1,69 : 4. On concoit ainsi que, par l’abaissement du courant d'air, nos girouettes ne sont mises en mouve- ment que d’une manière peu sensible, et qu'à proximité de la terre, elles sont à peu près immobiles, excepté dans les lieux où, par le voisinage de la mer, il se fait un flux; car le courant d'air ne pourrait produire de résultat par lui-même. » Le courant qui s'élève est, comme on le sait, égale- ment dépendant de la pureté de Pair; et, par suite, les changements de la pression atmosphérique, aussi bien ceux qu'il produit que ceux formés par le courant qui s’abaisse , doivent être en rapport avec lui. » Voiei ce qu'ont fait connaître, pour ces deux éléments, les observations de cinq années, faites à Prague de 1848 jusqu’en 1852. On trouve, d’après la moyenne annuelle de six cent quatre-vingt-deux jours couverts et de eimq cent cinquante-six jours clairs, les changements de la pression atmosphérique : lignes, De 10h du matin à 41 de l'après-midi, pour les jours couverts = 0,254 » » » sereins — 0,477 De 4h du soir à 11 heures, on a » couverts = 0,519 » » » sereins —=0,165 Les premiers changements, de 10" du matin à 4”, reposent sur des courants qui s'élèvent; ceux du soir, de 4" à 11", sur des courants d’airs qui s’abaissent. Les premiers, pen- dant les jours sereins, sont deux fois aussi grands que pendant les jours couverts; ce qui n’exige pas d’explica- tion, mais les seconds ne sont, pendant les jours sereins, que la moitié de ce qu’ils sont pendant les jours couverts. (451) ) Je crois que ceci doit être attribué en: grande partie à l’échauflement du globe, lequel est beaucoup plus fort pen- dant les jours sereins que pendant les jours couverts, et qui, dans la soirée, apparait par le rayonnement et forme obstacle au courant qui s'abaisse. De ces recherches je n'ai pu déduire de motifs suflisants pour répondre à la supposi- üon que les changements journaliers de la pression atmo- sphérique résultent uniquement du mouvement verticaldes masses d'air par suite de l’échauflement, surtout en ayant égard aux autres propriétés et effets, tels que l’élasticité et l’inertie de l’air, l'échauffement de la terre, etc. » Je me représente la succession des faits de la manière suivante : au lever du soleil, la couche inférieure de lat- mosphère se trouve resserrée par le refroidissement de la terre et par la descente des couches supérieures plus denses; avant le Jour, ce resserrement augmente encore, malgré l’échauffement insensible de la terre et de l'air, c'est pourquoi la pression sur le baromètre devient plus forte, jusqu’à ce que le courant d'air qui monte sous l’in- Îluence du soleil levant devienne assez fort pour que la diminution de pression sur lair fasse sentir son action el montre l’accroissement de la chaleur naissante : c’est alors l'instant du maximum. Bientôt après, la pression atmo- sphérique diminue , et cela d'autant plus rapidement, que le courant montant devient pius fort. Par suite, on re- marque, vers midi ou aussitôt après, en même temps que l'ascension plus rapide de Fair, une diminution plus rapide de sa pression. Puis commence une pression plus forte, peu sensible dès sa naissance. Elle dure plusieurs heures, tandis que la température augmente, et aussi tandis que la masse d’air une fois mise en mouvement ascensionnel conserve cette marche à cause de sa lenteur. D'abord, ( 452 ) quand le #aximum de la chaleur est atteint, se trouvent réunies toutes les conditions qui ont pour effet de pro- duire le minimum de pression. Cela résulte du repos des masses soulevées vers le haut : les supérieures s'arrêtent par le mouvement des couches d’air inférieures qui se pressent; elles cherchent à s'étendre vers le bas, et il se forme alors un mouvement inférieur qui a pour effet de rapprocher les couches du bas et d'augmenter la pression atmosphérique; ce mouvement devient bientôt d'autant plus rapide que le courant qui s'élève se relâche davan- tage et que le refroidissement du globe, à cause du man- que d’air, emprunte plus d’élément à la chaleur solaire. » Ce courant d’air montant, formé par les causes men- tionnées, poursuit son mouvement ascensionnel, avec sa lenteur acquise, tant que les couches inférieures seule- ment, par leur pression mutuelle et par leur force d’expan- sion plus grande, suffisent pour le soulever : c’est l'instant du maximum qui se formera à une heure plus avancée de la soirée, et qui, d’après cet aperçu, n’exige pas d’autres forces pour son développement que celles manifestées par le mouvement naturel des masses. » En cet état de choses, l’atmosphère n’est pas encore dans son état d'équilibre, car, par la cessation du mouve- ment du haut vers le bas, les couches inférieures, pressées ensemble, prennent un surplus de force qui se manifeste en ce qu’elles repoussent ce qui pèse sur elles. Il s'opère par là un nouveau mouvement vers le haut, et en même temps il se forme un mouvement beaucoup moindre que celui du courant d'air du malin, qui doit produire une dimi- nution d'air et conduit vers-le minimum après minuit. Ce mouvement n’est cependant pas en état d'arrêter long- temps le courant descendant des couches supérieures, sur- ( 455 ) tout s’il n’est pas soutenu par une température crois- sante : le refroidissement progressif du globe lui porte obstacle. Néanmoins, si sa durée se trouve raccourcie, il devient, dans des jours plus longs, tout à fait msigni- fiant; car le matin, lorsque le soleil s'approche de lho- rizon et bien avant qu'il l'ait dépassé, la tension des couches inférieures d'air se forme en même temps que impression au développement, et alors le jeu recommence de nouveau. » Ainsi se dispose le mouvement des parties inférieures de l’atmosphère que le changement journalier de la pres- sion reproduit comme les oscillations d’une masse élas- tique entre deux murs horizontaux, dans des positions fixes, dont l’une est la terre et l’autre se compose des couches d’air supérieures où les courants verticaux n’at- teignent plus. » Si cette exposition est fondée dans la nature, les déductions qu’on peut en tirer doivent aussi s’accorder avec l'observation. Les changements de pression atmo- sphérique doivent être moindres dans les stations mari- times qu'à l’intérieur des terres, car le voisinage de la mer permet un libre écoulement de l'air allant et venant, puisque la dilatation et la contraction de Pair produit par les courants verticaux est moindre. Ces changements, au contraire, seront considérables dans des lieux peu élevés et bornés, car de pareilles vallées s’échauffent fortement par les rayons du soleil qui descendent directement sur elles; ils décèlent ainsi un courant d’air puissant qui s’é- lève et qui peut être plus difficilement vaincu que dans la plaine par l’air qui se presse sur les côtés. Les phéno- mènes doivent se présenter tout autrement dans des lieux qui sont bien au-dessus de la vallée, sur des talus ou sur ( 494 ) des sommets; car là se présente une autre circonstance qui est d’une grande signification pour la substance et la progression du phénomène. En effet, dans de pareils lieux, le mélange d’air qui repose sur la station n’est pas con- stant, comme cela a lieu dans la profondeur de la vallée; au contraire, il s’'augmente par l’ascension du courant et diminue par sa descente. Cette cause modifie celle qui produit dans les profondeurs les changements de pression, et, au contraire, agit d'autant plus puissamment que le lieu est plus élevé, tandis que les autres diminuent avec les hauteurs. Du rapport entre ces deux forces résulte pour ces stations la courbe des changements journaliers de la pression de Pair. » Pour comparer ces résultats aux observations, J'ai pris soin, dans la plupart des stations dont les valeurs observées étaient suffisamment nombreuses, de caleuler les variations trouvées entre les trois instants d’observa- tion, 6" du matin, 2" et 10" du soir; quoique ces heures ne s’accordassent pas suffisamment, cependant il s’en trouvait toujours deux dans les environs d’un maximum , et la troisième tombait dans le voisinage d’un minimum ; de sorte que les nombres pourront donner assez d’éclair- cissements sur les valeurs mentionnées. » Si l’on fait la somme des variations qui précèdent * midi (de 6" à 12°) et de celles qui viennent après cette heure (2" à 10"), on trouve pour les stations maritimes, Trieste —0"”,185 ; Raguse=-0””,144; Venise —0””,122; et pour les stations terrestres voisines, Klagenfürt—0"”" GAT: Milan — 0,552; Adelsberg — 0,275. Ces variations comportent des valeurs beaucoup plus grandes. » Si les trente-huit stations que j'ai soumises atf caieul sont rangées selon l’ordre de grandeur de leurs variations, ( 409 ) la série commence par les nombres suivants : Méran — 0,855; Trôpolach=— 0,745 ; Saint-Paul — 0,691 ; Kla- genfürt = 0°”,647; Obervellach — 0,466; Salzburg — 0"’,458 ; Kremsmunster —0””,492 : ce sont des stations qui se trouvent dans des vallées, entre de hautes montagnes ou de leurs prolongements. Pour ces lieux, les variations barométriques sont notablement augmentées. » Les lieux éloignés des montagnes et qui se trouvent dans des plaines, conservent le milieu; ainsi Prague — 0,299; Vienne— 0”,264; Cracovie 0""”,1853; Debrec- zin— 0,180. » Dans les stations élevées, il est bon de séparer les observations du matin de celles du soir, à Sainte-Made- leine (480 toises au-dessus de la mer), les observations du matin donnent 0°”,055; à Saint-Pierre (hauteur 698 toises), 0"",027 ; à Plan (855 toises); 0””,010; à Sainte-Marie sur le Stilfserjoch (1269 toises), la variation devient négative ou bien —0”,007. La variation de lPaprès-midi, il est vrai, est plus grande dans toutes les stations, mais elle diminue également d’une manière sensible avec les hau- teurs ; par exemple, elle est de 0°”,229 à 0°”,160, 0°”,159, jusqu’à 0°”,027. ; » Ces nombres doivent inspirer sans doute beaucoup d'intérêt : ils permettent de déduire quelques conclusions fondées; cependant ils ne présentent pas encore un aperçu bien évident sur les phénomènes appartenant aux stations élevées ; car les heures des observations ne s'accordent pas identiquement avec les heures des vents. Sous ce rapport, J'ai calculé les nombres qui suivent, d’après les observa- tions des six années de 1851 à 1856, donnés par M. Plan- tamour, dans les résumés météorologiques de Genève et du Saint-Bernard. 2e SÉRIE, TOME XII. 54 ( 456 ) POUR GENÈVYE. 444 à oh{20 matin, 1 minimum = — 0,055 ce: 1er maximum = + 0,195 à 414 soir 2me minimum — — 0,241 A 40 47: 2me maximum— + 0,108 POUR LE ST-BERNARD. à 4:25 matin, 1e minimum = — 0168 à 10 52 » 1er maximum—= + 0,052 à 5 8 soir -2me minimum —= — 0,025 à 9:29 » 2me maximum—= + 0,159 » On voit par ces nombres que.le premier #inimum, à Genève, est , abstraction faite des signes, la plus petite des quatre quantités extrêmes : on en a déjà indiqué pré- cédemment les causes. Au Saint-Bernard, au contraire ; le premier minimum est la plus grande des quatre valeurs extrèmes , tandis que la plus petite appartient au courant * descendant. » D'une autre part, le second minimum à Genève est le terme extrême, parce que, en vertu de la cause la plus puissante , il devient inévitablement le courant d’air domi- nant. Au Saint-Bernard, au contraire, ce second minimum a la moindre valeur, parce que l'effet de ce courant est presque entièrement arrêté par la masse d’air qu'il élève au-dessus de la station. » Dans les nuits d'été, où le courant a sa plus grande hauteur et sa plus forte intensité, s’effacent par cela même les deux termes extrêmes du jour (premier maximum et deuxième minimum), et ils se réduisent à une grandeur inappréciable; la pression se manifeste alors seulement sur le Saint-Bernard, pour le #aximum, à 10" du soir et pour le ménimun vers 5" du matin. | { 1 > | 2 ( 457 ) » Pour reconnaitre si les deux stations, également éle- vées, de Sainte-Marie et de Saint-Bernard ne donnaient pas des valeurs opposées, 1l fallait, d’après les séries d’oh- servalions faites à la dernière station, rechercher les valeurs des changements de pression pour les instants de 6" du : matin, 2" et 10°, et en rapprocher ceux de Sainte-Marie. Je trouvai sur le Saint-Bernard que le changement de 6" à 2" égalat 0,115, et qu'il était négatif comme à Sainte-Marie; d'autre part, de 2" à 10°, il égalait 0°”,160, et la valeur était positive dans les deux stations; mais, dans les deux cas, le changement sur le Saint-Bernard est plus grand qu'à Sainte-Marie, ce qui provient du voisinage plus grand des plames de la Lombardie, qui doit oecasionner un courant d'air ascendant très-puissant. » J'ai pris soin de calculer aussi les équations pour les mois séparés, d’après les observations du Saint-Bernard, et de comparer les résultats avec les valeurs des obser- vations de Prague. J'ai choisi Prague pour faire cette comparaison, dans la pensée que cette station est moins influencée que Genève par l’action inévitable des montagnes élevées. Il me fut facile de reconnaître par là avec exacti- tude la marche annuelle des changements dans chaque station, et en même temps plusieurs résultats qui pré- sentent une image fidèle des courants d’air verticaux de chaque jour, dont il serait trop long d’analyser ici tous les détails. Je veux cependant en faire connaître deux points principaux. » Les nombres donnés plus haut pour les extrêmes indiquent que le second maximum sur le Saint-Bernard se présente 11/2" plus tôt qu'à Genève. La comparaison avec Prague montre que le terme extrême, dans cette dernière localité, retarde de deux heures par rapport ( 458 ) au Saint-Bernard. Il peut paraitre surprenant que, dans une station élevée au moins d’une lieue et où le courant descendant doit, à cette élévation, avoir à peine commencé, on puisse encore parler d’un #aximum , lorsque, par la chute des masses d'air, la pression atmosphérique éprouve une diminution progressive. La remarque serait juste, si le courant, dans sa marche vers les régions inférieures, ne rencontrait pas d’obstacle. Seulement l’échauffement de la terre fait que, dans les régions inférieures, la pres- sion augmente encore, tandis qu'elle décroit déjà dans la partie supérieure. Dans de certains cas, des courants d'air doivent, par cela même, rencontrer une vitesse op- posée et les flux supérieurs se confondre avec des masses paisibles ; ensuite arrive une compression d’air et consé- quemment une augmentation de pression atmosphérique. Il est évident que cette pression commence dans le haut et qu'elle se transmet ensuite aux parties inférieures; c’est pourquoi le maximum se produit d’abord dans les parties élevées. » Un second point mérite une explication, que je ne puis donner encore actuellement, parce qu'il appartient moins aux variations diurnes qu'aux variations annuelles des phénomènes. » Lorsqu'on compte, par exemple, pour chaque mois, d'après les treize années d'observations faites à Prague, les temps et les grandeurs des maxima et minima, et qu’on en déduit les grandes variations, C'est-à-dire les intervalles de temps entre les deux termes #aximum et minimum, on trouve un #naximum pendant les époques de nuit (le maximum avant minuit et le minimum après) pour les intervalles aussi bien que pour les grandeurs des ( 459 ) termes extrêmes en février et en novembre; puis, pour les époques du jour (le maximum avant et le minimum après midi), les intervalles, aussi bien que les grandeurs extrêmes, atteignent un minimum dans les mois dési- gnés. Quoique ces mois ne jouent, à ma connaissance, aucun rôle jusqu'à présent, ni en astronomie, ni en mé- téorologie, on peut les considérer comme mois de retour, et ils sont d'autant plus remarquables que, par eux, lan- née se partage en deux parties tout à fait inégales, que l’on ne peut comparer en aucune facon pour les changements de température. Bien que ces égalités, signalées aussi par M. Lamont, laissent entrevoir ces faits sous quelques rap- ports, ils ne me semblent cependant pas assez sûrs; et je calcule encore une série de dix années d’observations faites à Kremsmunster, station remarquable pour l'accord de ses résultats et qui ne se distingue pas seulement de Prague par une différence de localité, mais par sa position dans une vallée assez étroite au sortir des Alpes, dont les ob- servations , au lieu d’être recueillies par des instruments autographiques, le sont par des observateurs qui consul- tent les instruments et conStatent des résultats cherchés en grand nombre, comme aussi les différentes anomalies qui peuvent être en opposition avec les recherches. Au Saint- Bernard, on n’en trouve point de traces. » Comme je l'ai dit, je ne suis pas encoré en état de donner des éclaireissements à cet égard ; cependant je ne puis taire les pensées qui me préoccupent à cet égard ni fixer un point d'arrêt. On se persuade facilement que les courants verticaux diurnes dépendent de la chaleur ainsi que de la constitution et de l’état des nuages, et que tout changement qui s'y produit doit aussi exercer une in- ( 460 ) fluence sur les mêmes courants. Un changement pareil a lieu, et d’une manière très-rapide, par la chute de la neige et du grésil, qui, dans nos contrées, se montrent souvent en novembre et en février. » Vienne , le 11 mai 1862. « Je suis tout à fait de votre avis que la météorologie exige des réformes, mais il lui faut aussi un plus grand nombre de travailleurs. Dans la masse des observations qui sont à notre disposition depuis plus d’un siècle, 1l y a des trésors de découvertes à faire. Permettez-moi de vous parler d’un sujet d’un intérêt moins grand sur lequel mon attention s’est portée, il y a quelques semaines. » En discutant les observations barométriques de Prague, qui complètent une série de soixante années, je ne pou- vais me persuader que la marche de la pression, de- puis le minimum du printemps jusqu'au maximum de l'automne, fût continuellement croissante. 11 me paraissait que, de juin à juillet, elle dût être ou constante ou décrois- sante : c’est pourquoi j'ai pris la moyenne de dix en dix ans de ces deux mois, et voici ce que j'ai trouvé : Juillet-juin. Moyenne de 1800-1809 juin 330,31; juillet 329,69 différence — 0,62 » 1810-1819 » 329,54 » 529,36 » — 0,18 » 1820-1829 » 329,77 » 929,69 » — 0,08 » .1830-1839 » 529,75 » 390,16 » + 0,45 » 1840-1849 » 329,53 » 329,51 » + 0,18 » 1850-1859 » 329,42 » 329,44 » . + 0,02 J'étais si frappé des résultats de ces nombres, que je m'empressai de les constater par d’autres observations. | (461 ) Le premier volume des Annales de notre Institut con- tient les observations de Milan depuis 1765, celles de Vienne depuis 1775 et celles de Kremsmunster depuis 1822. Ces trois lieux donnent les différences juillet-juin. VIENNE. MILAN. KREMSMUNSTER, 1770-1779 +- 0,24 + 0,41 ês 1780-1789 + 0,25 + 0,07 di 1790-1799 — 0,19 — 016 ie 1800-1809 — 0,48 — 0,43 en 1810-1819 — 0,07 045 bc 1820-1829 +- 0,15 + 0,25 + 07/28 1850-1839 + 5,54 à 043 +0,45 1840-1849 + 0,16 + 0,12 + 0, 28 1850-1859 + 0,11 0,00 gg: » Voilà une oscillation ou onde barométrique de la durée de soixante ans; de manière que, pendant trente années, la pression de juillet dépasse celle de juin; pour les trente autres années, celle de juin est plus grande que celle de juillet. » Il y a encore une autre oscillation au mois de janvier, mais d'une nature différente. Si l’on prend les moyennes de ce mois de dix en dix années , pour chacune de nos quatre stations, et qu’on réunisse les quatre nombres réduits à la même hauteur en une seule moyenne, on trouve la série suivante : Moy. de janvier. Différence. LL ne PR IAR 1. ie 40 a 1770 à 1779 524,10 — 0,97 » ne 1780 à 1789 523,15 + 1,09 » 2 1 oué plat arc Me ie 1790 à 1799 324,22 — 1,57 Vienne, Milan et Prague . . . . . .. 1800 à 1809 322,65 + 1,06 » » PAIE NET UP . 1810 à 1819 525,71 — 0,41 » » » et Kremsm. 1820 à 1829 323,50 + 0,52 » » » » . 1830 à 1839 525,82 — 0,89 » » » » . 1840 à 1849 322,93 + 0,50 » » » » . 4850 à 1859 525,43 — “ (462 ) Ces nombres manifestent une oscillation de vingt années qui diminue, à ce qu'il semble, parce que les quatre pre- mières différences sont à peu près le double des quatre dernières; mais cette diminution est peut-être l'effet d'une période qui n’a pas exactement la durée supposée de vingt ans. » ]I parait que la période magnétique de dix à onze ans ou ses multiples, va s’insimuer aussi dans la météorologie. Mais qui nous donnera la clef de ces énigmes? » Sur les SquALonox. Lettre adressée par M. Paul Gervais à M. Van Beneden. Montpellier, le 8 avril 1862. « Parmi les mammifères marins de genres éteints que les recherches des paléontologistes ont fait découvrir , l’un des plus singuliers est sans contredit celui que feu M. Gra- teloup, de Bordeaux, à nommé Squalodon, et sur lequel tant d'auteurs, au nombre desquels nous pourrions, vous et moi, nous citer, ontsuecessivement donné des détails. Vous avez, plus qu'aucun autre naturaliste, la possibilité de nous donner maintenant la monographie de ce genre curieux de Thalassothériens, et cela grâce aux pièces, trouvées à Anvers, que vous possédez dans les musées de la Belgique, ainsi qu'aux différents fragments appartenant aussi à des squalodons que vous avez vus à Bordeaux, à Lintz et ail- leurs. C’est ce qui m'engage à vous envoyer le dessin d’un fossile de ce groupe que vient de me communiquer l’un de nos géologues les plus habiles, M. Matheron , de Marseille, auquel on doit tant de remarques importantes sur les fos- ( 465 ) siles de la Provence et sur l’âge des roches qui les ont fournis. » La pièce dont il s'agit est le bout d’un rostre d’un squalodon trouvé dans la molasse de Barie, près Saint- Paul-trois-Châteaux ( département de la Drôme); et ce qui rend particulièrement ce morceau intéressant, c’est qu’il provient, ainsi que me l’a assuré M. Matheron, de la tête même qu'a décrite, il y a quelques mois, M. le professeur Jourdan, de Lyon, et qui sert de type au Rhizoprion ba- riensis de ee savant naturaliste (1). » Cette extrémité de rostre, que M. Jourdan croyait détruite, a passé successivement dans plusieurs mains avant de m'être remise. Elle permettra de compléter la description donnée par M. le directeur du musée de Lyon. La partie osseuse en est presque entièrement détruite, mais la masse calcaire dans. laquelle l’ensemble du crâne était retenu a conservé aux dents la situation respective qu'elles avaient du vivant de l'animal , et la pièce en montre ainsi neuf dont je vais successivement parler : ce sont les deux supérieures et les deux inférieures terminales du côté gauche, ainsi que les deux supérieures et les trois infé- rieures , également terminales , du côté droit. » Comme vous le remarquerez sur le dessin que je joins à cette lettre, la première paire des dents supérieures et, parmi les inférieures , la terminale du côté droit, ont leur couronne en partie usée, ce qui résulte de frottements actifs et fréquents opérés par l’animal lui-même sur ses dents, qui avaient plus d’un décimètre de long et qu’on pourrait presque appeler de petites défenses. » Le même développement se retrouve sans doute, à (4) Comptes rendus de l’Acad. des scienc. de Paris, t. LIT, p.595; 1861. ( 464 ) peu de choses près, dans celles qui leur succèdent immé- diatement pour l’une et pour l’autre mâchoire; mais je suppose que les dents suivantes étaient moins grandes. Toutes celles que je possède ont leur couronne irrégulière, et leur racine est couverte d’une épaisse enveloppe de cément entourant l'ivoire que la cassure de plusieurs d’entre elles permet d'observer. » La première dent supérieure du côté gauche, marquée a et a! sur mes figures, est visible des deux côtés de la pièce, ce qui a permis de la représenter par sa face externe (a), qui est la plus entamée par l’usure, ainsi que par sa face interne («'). Cette dent est longue de 0",105, dont 0",08 pour la racine et le reste pour la couronne. L’en- semble de la dent est irrégulièrement fusiforme. La se- conde du même côté est à peu près entière; une cassure accidentelle en a cependant enlevé la pointe. Elle est plus longue que la précédente et plus arquée. Sa longueur totale était de 0",15 dont 0",09 pour la partie radiculaire. » La première des dents inférieures du même côté est proclive et presque droite, à bords un peu carénés. La pointe de sa couronne est un peu usée; sa racine n’est plus entière. La dent qui suit, ou la deuxième inférieure gauche, est un peu arquée et assez semblable sous ce rap- port à sa correspondante d’en haut. Sa couronne, à peine usée au sommet, mesure 0",044. » La première dent supérieure du côté droit était, avec sa correspondante d’en bas, celle que l'animal frottait de préférence contre les corps étrangers; aussi est-elle fort usée , et presque toute sa couronne a disparu. Sa racine est longue de 0",085. La dent suivante a perdu une petite partie de sa couronne; ce qui en reste égale 0,055, et la racine a à peu près 0",060. LL :* ( 465 ) » Reste à signaler les trois dents inférieures du côté droit. La première est, comme nous l'avons déjà dit, nota- blement entamée par l'usure, et, du côté extérieur, cette usure se prolonge jusqu’à son collet, c’est-à-dire jusqu’au point où commence le cément. La deuxième a eu aussi une partie de sa couronne détruite par le frottement; ce- pendant elle a encore une longueur de 0",35 au-dessus: du collet. Quant à la troisième , elle est incomplète; mais, par suite d’une mutilation , elle a perdu sa pointe coronale et l'extrémité inférieure de sa racine. » Cette dent mérite.une mention spéciale. Elle rappelle sensiblement celle trouvée à Léognan, c’est-à-dire avec le squalodon type de Grateloup et avec les deux màchoires inférieures déjà signalées, par feu M. Pedroni, comme étant de ce dernier genre, que j'ai rapportées, de mon côté, au genre du dauphin à longue symphyse (genre Champsodel- phis P. Gerv.). » Malheureusement le fragment de squalodon de Barie, . que je décris dans cette note et que je vous envoie, ne va _ pas au delà de l'insertion de la troisième paire de dents; et comme M. Jourdan n’a encore publié ni la description détaillée, ni même une figure de la tête qu’il possède à Lyon , et dont ce fragment a été détaché, toute conclusion définitive au sujet de ces fossiles laisse évidemment à désirer. >» Je pourrais donc me borner à l'énoncé des détails des- criptifs qui précèdent et terminer en rappelant, ce que l’on sait d’ailleurs maintenant, que le squalodon avait des dents de deux sortes, les antérieures, simples et uniradiculées, les postérieures, compliquées, à racines plus ou moins net- tement divisées et à couronne d’une forme particulière et crénelée postérieurement. C’est à cause de cette disposi- ( 466 ) tion bizarre que les dents postérieures des squalodons ont été comparées à des molaires véritables. » Ce caractère nous permet de séparer nettement des squalodons une partie des fragments que j'ai donnés, d’après Cuvier, comme étant du dauphin à longue symphyse. Tels sont les deux fragments de màchoires inférieures du musée de Dax (Cuvier, €. V, 4° part., pl. XXIIF, fig. 4-5) et le frag- ment de màchoire supérieure du muséum de Paris (Cuvier, fig. 9-11; P. Gerv., pl. XLI, fig. 6, aux deux tiers de la grandeur naturelle). Les dents y sont d’une seule sorte. » Les dents manquant aux mâchoires inférieures, déjà signalées par M. Pedroni, et dont je donne aussi des figures (pl. XLE, fig. 7-8), il v a pour ces deux pièces plus de diffi- cultés. Toutefois M. Valenciennes (1) à eu raison de dire qu'elles n’appartiennent pas aux Champsodelphis, et il faudra peut-être accepter, avec M. Pedroni, qu’elles pro- viennent des squalodons. C’est ce qui me paraît plus par- ticulièrement admissible pour celle de ma figure 7 (7 àun tiers et 7° à deux tiers de la grandeur naturelle). La forme el la direction des alvéoles antérieures indiquent, pour cette partie, des dents qui devaient être fort semblables à celles du squalodon de Barie ; mais l'espèce était sans doute différente, car le nombre des dents n’était pas le même, l'espèce trouvée à Barie en avant plus que celle de Léo- gnan. Il est regrettable que, chez cette dernière, elles ne soient connues que par leurs alvéoles. » Ainsi, nous pouvons affirmer que les genres nommés Squalodon, Delphinoïdes, Crenidelphinus, Phocodon et Rhizoprion, ne doivent pas être séparés et que, probable- ment, il faut aussi réunir au squalodon le prétendu phoque = —— — —— (1) Comptes rendus hebdomadaires, t. LIV, p. 788. ( 467 ) signalé à Léognan et la machoire inférieure (pl. XLE, fig. 7) du mème terrain que j'avais à tort regardée comme étant de Champsodelphis. Hàtons-nous de dire que ces fossiles ne sont pas les seuls dont la séparation générique est au- jourd’hui contestable; et, pour ma part, je ne serais pas très-surpris que l’on dût également voir une pièce appar- tenant aux ‘squalodons, peut-être la deuxième dent infé- rieure de ce genre, dans la dent que j'ai signalée autrefois, sous le nom provisoire de Smilocamptus, n'ayant pu’à cette époque lui trouver quelque ressemblance qu'avec le fossile américain , aujourd’hui assimilé aux zeuglodons dont M. Gibbes a fait son genre Dorudon. » Le fragment de rostre du squalodon de Barie que m'a remis M. Matheron, me permet aussi d’entrevoir comme possible une autre rectification. Jai donné, comme pou- vant faire soupçonner un animal du groupe des Otaries, une dent caniniforme trouvée dans la molasse d'Uzès (Gard), et j'en ai reproduit la figure dans la pl. VIII de mon ouvrage. Cette dent à bien quelque analogie avec la canine inférieure du genre de phoques que je viens de citer; mais en en comparant le dessin avec les dents antérieures du squalodon de Barie, je suis porté à me demander si elle ne provient pas aussi d’un animal de cette espèce ou du moins d’un cétacé peu différent. Dans tous les cas, on ne devra plus citer qu'avec une extrême réserve les otaries comme ayant élé représentées parmi les animaux de l’époque mio- cène. » Si les rapprochements que j'ai indiqués dans cette lettre se vérifient, le nombre des gisements du genre Squalodon déjà observés, devra être regardé comme plus considérable qu'on ne le pensait. En même temps, plu- sieurs des espèces inscrites sur la liste de nos thalassothé- ( 468 ) riens miocènes devraient être rayées de cette liste. Le genre qui nous occupe serait, en outre , une nouvelle preuve des difficultés que l’on rencontre dans l'appréciation exacte des fossiles isolés, lorsque ces fossiles ont été laissés par des animaux ayant réuni un ensemble de caractères diffé- rent de ceux que nous montrent les espèces actuelles aux- quelles nous pouvons les comparer. M. de Christol en avait donné un exemple dans ses recherches sur le genre Hali- therium, et j'en at signalé moi-même un autre, non moins curieux, pour les reptiles du trias, auxquels on donne maintenant le nom de Simosauriens. Dans ces deux cas, et dans d’autres encore, des pièces appartenant à la même espèce ou à des espèces très-voisines, ont, à cause de la singularité même des animaux auxquels elles avaient ap- partenu, été regardées comme signalant des espèces dif- férentes, qu'on a classées dans des genres très-éloignés les uns des autres, et dont il a été ensuite très-difficile d'établir le rapprochement Des squelettes entiers ou des parties considérables de squelettes ont seules permis d’ar- river à ce résultat. Il est remarquable, en ce qui concerne les squalodons, que les débris en aient été rapportés tantôt à l’ordre des cétacés, tantôt à celui des phoques, et qu'aujourd'hui encore les naturalistes qui possèdent les pièces les plus complètes de ce genre bizarre discutent entre eux pour savoir si les thalassothériens de ce genre appartiennent bien à l’ordre des cétacés ou, au contraire, à celui des phoques. » C’est à vous, mon cher Van Beneden, que doit re- * venir l’honneur de fixer définitivement notre opinion au sujet de ces singuliers mammifères. Aussi, quoique j'aie autrefois été , avec vous, de l’avis que ce sont des cétacés et que, pour vous dire toute ma pensée, je croie celte ma- LE di. n * { va a, ET Tee à 20 FT Li RUÉTEINTS gave fr sus UT PT TITI NS Pa se + Te # 7, nes Lu: ME ie 16 : ' sr : ’ + PA Me" : FT 4 ETES î ' « 4 L LFP 1) “ Lan 2 ‘ L : : : . \ MR 4 LJ : | ’ . { ’ ‘ 1 q 141 24 (l : + jf : "A 7 ; NN .. Tom. À WW 9 me sente, page 409 Pull. de l'Hrad. Loy. Zita par 6 Severeyrs Lil died Jeversyns ad nat. Lit? a i i { é x“ 1 \ \ Bull. de L'Acad. Loy. 17 A é 1 L E, L k d A ( 469 ) nière de-voir plus conforme que l’autre à la réalité, je ne diseuterai pas en ce moment ce point délicat, voulant laisser aux faits le temps de se produire; et personne n’a, plus que vous, qualité pour parler en leur nom. » La zoologie paléontologique est entrée, en ce qui con- cerne les thalassothériens, dans une phase nouvelle. Les démonstrations positives s’y substituent maintenant aux inductions incomplètes et problématiques qu'on avait d’abord enregistrées. Les précieux matériaux dont vous disposez vous rendront ces rectifications faciles , et je serais heureux, pour ma part, si vous réussissiez à élucider quelques-uns des points encore problématiques que j'ai abordés dans cette lettre. » EXPLICATION DE LA FIGURE. Extrémité du rostre d’un squalodon de la molasse de Barie, près Saint- Paul-trois-Châteaux (Drôme), dont M. Jourdan a décrit le reste de la tête dans les Comptes rendus hebu., t. LIT, page 959.11 y a © dents en place, du côté gauche, et © du côté droit. La première dent supérieure gauche, marquée a et a’ sur la figure ci-contre , est visible à droite et à gauche de la pièce, ce qui a permis de la représenter par sa face externe & et par sa face interne a’. Les + dents antérieures droites sont usées à leur couronne, ce qui indique un frottement fréquent fait par l'animal lui-même. La pre- Mmière supérieure gauche est aussi notablement usée, mais moins que sa correspondante droite, et la première inférieure gauche l’estsbeaucoup moins que sa correspondante de droite. La pièce est figurée de grandeur naturelle. Une particularité des dents de cet animal qui se retrouve chez d’autres cétacés ziphioïdes et physétéroïdes est celle de la présence d’une couche épaisse de cément dans la partie radiculaire. La cassure de la pre- mière dent (b) inférieure de gauche et l'usure de la première supérieure * de droite montrent bien cette disposition; c est l'impression laissée par une troisième dent supérieure à gauche ; c’ impression de la troisième dent de droite; d, racine de la troisième dent inférieure de gauche, vue par le côté interne. On voit la couronne de cette même dent en d’. (470 ) Description de deux coupes faites à travers les couches des systèmes scaldisien et diestien, ainsi que les couches supérieures, près de la ville d'Anvers; par A. Dejardin, capitaine en premier du génie. A la vue des nombreux fossiles mis à nu dans la fouille des fossés pour les nouvelles fortifications qui s’exécutent en ce moment autour de la ville d'Anvers, ainsi que des couches de terrain coupées si nettement et se succédant quelquefois d’une manière si régulière, l’idée me vint de faire des coupes géologiques passant par ces fossés. J’avais commencé ce travail, lorsque j'appris que -M. Dewalque était chargé de la même étude par Académie. Ce savant m'ayant honoré de sa visite, Je lui fis l’offre de l’aider dans sa besogne, en tant qu'il était en mon pouvoir, et surtout à cause des facilités que ma présence sur les lieux pouvait me donner. II m'engagea à continuer mon travail et à le présenter en mon nom à l’Académie. J’ar donc fait, dans la limite de mes connaissances, ce que j'ai pu pour rendre la _plus parfaite possible la tâche qui m'était dévolue : je ne suis pas géologue et encore moins paléontologue. Je me suis donc attaché seulement à donner l’allure du terrain, ainsi que celle des couches diverses de sable, en les sépa- _rant l’une de l’autre d’après mon peu d'expérience dans ces sortes de travaux. Je n’ai pas fait l’analyse des terrains, Je me suis borné à les examiner à la loupe, et j'ai pu ainsi donner la description des sables. Je laisse à d’autres à dé- terminer leur composition chimique, qui, au reste, doit être assez compliquée. Je dois à l’obligeance de M. H. Nyst la détermination des coquilles fossiles recueillies dans les différentes couches ( 471 ) et aux différents endroits de mes coupes, chose indispen- sable pour distinguer ces couches. Je ne donne pas cepen- dant de listes des fossiles que j'y ai trouvés et qui nront servi à les distinguer les unes des autres. Des nomenclatures assez nombreuses ont été publiées, soit dans les Mémoires, soit dans les Bulletins de l'Académie : il est vrai qu'il y a peu d’analogie dans ces listes, et que beaucoup sont de- venues incomplètes par suite des nouvelles découvertes. Je dois cependant faire exception pour celle publiée en dernier lieu par M. Nyst, qui contient les coquilles du sable noir d'Edeghem (1). Il est à désirer que ce savant fasse paraitre bientôt les listes du sable gris, du sable jaune , ainsi que de Fargile du Rupel. Personne mieux que lui ne saurait s'acquitter de ce travail. On a déjà beaucoup écrit sur la constitution géologique des environs de la ville d'Anvers. On s’est principalement occupé des fossiles que l'on rencontre à diverses profon- deurs; mais, jusqu'à présent, on n'a pas fait de coupe géologique dans les terrains si variés de ces localités. II est vrai de dire que cela eùt été impossible; car on n’au- rait pas pu recueillir de données suffisantes pour rendre cette coupe d’une assez grande étendue ou d’une assez grande exactitude. On ne peut citer que des faits isolés, des sondages opérés en différents endroits, souvent très- éloignés les uns des autres et dans des directions tout à fait différentes. Le premier travail paru à ma connaissance sur l’objet qui nous occupe, est une Notice géologique sur les environs d'Anvers, par M. de la Jonkaire, datant de (1) Notice sur un nouveau gite de fossiles se rapportant aux espèces faluniennes du midi de l'Europe, découvert à Edeghem , près d'Anvers. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 1861, t. XIT,p 29. 2e SÉRIE, TOME XUI. 99 ( 472 ) . 1852 (1). Plus tard, en 1851, parurent les renseigne- ments recueillis par sir Charles Lyell (2), ceux publiés par M. N. Dewael , en 1855 (5), ceux consignés dans les Bulle- lins de la Société paléontologique de Belgique, en 1858 et 1859. Il n’y a que les renseignements qui ont servi à À. Du- mont pour établir sa carte géologique de la Belgique qui ne soient pas connus, et qui doivent être aussi intéressants que nombreux. Le creusement des fossés de la lunette d'Herenthals et les fouilles au Stuivenberg ont été d’un grand secours à M. H. Nyst pour la détermination des fos- siles mentionnés dans sa Description des coquilles et des polypiers fossiles des terrains tertiaires de la Belgique (4). Le même savant avait eu occasion, avant cela, de recueillir un grand nombre d'espèces , lors de la restauration de la _citadelle, après le siége de 1832, mais elles n'étaient plus en place. On à pu également examiner les coupes du ter- rain et recueillir des coquilles et des ossements en 1852, lors de la construction des fortins en avant de l’enceinte. in dernier lieu, et pendant la construction des nouveaux bassins au Kattendyck, on a encore recueilli des données très-curieuses. Enfin, maintenant, 1l se présente une occasion excep- (1) Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, t. Ier, p. 110. (2) On the Tertiary Strata of Belgium and French Flanders, inséré dans le huitième volume du Quarterly Journal of the PE Society of London, 1852. Ce mémoire a été traduit en français par MM. Le Hardy de Beaulieu et Toilliez, et à paru dans les Annales des Travaux publics de Belgique, t. XIV, p. 559 (1855-1836). (5) Observations sur les formations tertiaires des environs d'Anvers. BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, t. XX, p. 50 (1885). (4) Inséré dans les Mémoires couronnés par l Académie royale de Bel- gique , t. XVIF, année 1845. ( 475 ) ; tionnelle dont il faut profiter. Par suite du creusement des fossés de la nouvelle enceinte de la ville et de la ligne des forts détachés, on a mis à découvert tout ce qui se trouvail enfoui sous la terre sur une très-grande zone : on à des coupes du terrain qui descendent jusqu'à 8",00 sous le sol, et, par quelques sondages, on a même été jusqu'à 9,00. On à déterré un grand nombre de fossiles appartenant à toutes les classes d'animaux et qui ont été recueillis par le gouvernement et par quelques amateurs. J'ai done tàché d'utiliser les divers travaux faits, j'ai pris les coupes du terrain en un grand nombre d’endroits; J'ai souvent pu suivre d’un point à l’autre les différentes couches. J'ai eu recours à l’obligeance de mes camarades du génie, attachés aux travaux en cours d'exécution et aux officiers de la bri- gade topographique, pour avoir les cotes du terrain et des diverses couches. J'espère que mon travail pourra être de quelque utilité à ceux qui voudraient reprendre la même étude après moi et qui n'auraient pas les mêmes facilités pour le faire, quoique ayant plus de connaissances. J’ai fait deux coupes : l’une passant par le fossé capital de l’enceinte et formant une grande courbe continue de près de 14,000 mètres de développement, et l’autre pas- sant par le fossé de la face principale de chacun des huit forts. détachés et atteignant une longueur de 17,000 mè- très. Ces huit faces étant à peu près dans le prolongement Pune de Pautre, en les reliant on obüent une grande courbe concentrique à celle de l'enceinte. La première coupe (planche 1) commence à l’ancienne citadelle du Sud; elle suit le fossé capital, et J'ai désigné par les numéros des saillants les points où elle passe der- rière ces saillants , en commençant par le n° 12, qui se trouve à l'extrémité de la longue branche qui relie la nou- : (474) velle encemte à la citadelle, et allant ainsi jusqu’au n° #, qui se trouve près de la nouvelle citadelle du Nord. Elle contourne alors cette citadelle en commençant par le n° 6 et terminant par le saillant 2, près de l'Escaut. La deuxième coupe (planche 1) commence à l'Escaut, en amont de la ville d'Anvers, près de endroit nommé Den Berg, dans le prolongement de la face principale du fort n° 8, à Hoboken ; puis elle suit le fossé de cette face, ainsi que le fossé de la face correspondante des sept au- tres forts, d’abord n° 7, entre Hoboken et Wilryck, n° 6 à Wilryek, n° 5 à Edeghem, n° 4 à Vieux-Dieu, n° 3 à Bors- beck, n° 2 à Wommelghem et n° 1 à Wyneghem. D’un fort à l’autre, jai relié par une ligne droite en raccordant les couches dans cet intervalle. Je m’arrête à l'extrémité droite au canal de la Campine. Cette coupe est donc concentrique avec la première; mais elle n’embrasse pas la même étendue de terrain; son développement est cependant un peu plus grand. [la aussi été fait une grande excavation en avant de cette ligne, à Edegliem, pour l'établissement d’uné bri- queterie. Cette excavation, assez profonde, pourra être très-utile pour la constatation des couches en cet endroit ; je n'ai cependant pas pu la faire figurer sur ma coupe. Le plan de comparaison du niveilement passe à la hau- teur de la basse mer moyenne des vives eaux d’Ostende, formant le zéro du port. J'ai dù faire l'échelle des hauteurs cent fois plus grande que celle des longueurs, pour rendre plus sensibles les dif- férences de niveau dans un terrain qui est presque plat, el pour pouvoir mieux indiquer l'épaisseur des couches, qui est souvent fort faible. Avant d'entamer la description particulière de Re ( 475 ) couche, jetons un coup d'œil sur la disposition générale du terrain et de chacune des conches qui le composent, en même temps que sur leur horizon géologique. Fat, pour cet objet, admis les dénominations de Dumont. D'abord, nous voyons la terre végétale; au-dessous de celle-ci, le système moderne est représenté par les dépôts ferrugineux et la tourbe. Le système diluvien lest ensuite par le sable campinien. Je range dans le système scaldisien les sables jaunes, rouges et gris, et dans le système dies- tien les sables verts et noirs. À la partie inférieure, le sys- tème rupélien est représenté par la marne argileuse. Je pense que le système boldérien manque totalement iei. Passons maintenant à [a description particulière des couthes, en commençant par la partie supérieure. Terre végétale.—Nous trouvons d'abord la terre végétale. Cette terre est formée de grains de quartz et d’humus. A Austruweel, elle est remplacée par largile des polders, déposée par lEseaut, et qui contient quelques coquilles dont l'espèce est encore vivante, entre autres le Cardium edule : e’est un limon fort adhérent par l'humidité, mais qui se contracte et se crevasse par la sécheresse. An Kiel, la terre végétale est fort sablonneuse : le sable pur y est mêlé de matières organiques brunâtres , en petite quantité. Dépôts ferrugineux. — Au-dessous de la terre végétale vient le sable campinien; mais, en certains endroits, on rencontre avant cela, soit du sable ferrugineux, soit de la tourbe. | Le sable ferrugineux est formé d’une substance dure, d’un brun noirâtre, contenant des grains de quartz et d’'hy- drate de fer à peu près en égale quantité : on y trouve aussi des racines de végétaux. ( 476 ) Ce sable à été désigné par A. Dumont sur ses cartes géologiques, sous le nom de dépot ferrugineux. Je ne lai trouvé à une épaisseur assez notable que sur une partie du terrain indiqué par ce géologue près du saillant n° 2 de l’enceinte (coupe n° 4 de la pl. I) et près du saillant n° 5. D’après la carte de Dumont, il se trouverait aussi du sail- lant n° 5 au saillant n° 5, c’est-à-dire le long du grand Schyn, ainsi qu’à la citadelle du Nord, comme je l'ai indiqué sur la planche F. Il s’y rencontre en effet, mais l'épaisseur en est fort peu considérable. La deuxième coupe doit aussi rencontrer les dépôts ferrugineux qui longent le Schyn et qui passent ici entre le fort n° 1 et le fort n° 2; mais cette partie n’a pas été explorée. Au fort n° 5, 1l y a une couche de minerai de fer à peu près à la surface du sol qui em- pêche toute végétation. Enfin au fort n° 8, on rencontre par-c1 par-là des amas de fer immédiatement au-dessous de la couche végétale : ce sont probablement des lambeaux se raccordant aux dépôts ferrugineux qui longent les bords de l’Escaut, d’après la carte de Dumont. (PI. I.) Tourbe. — Au-dessous des dépôts ferrugineux, on trouve la tourbe. Cette tourbe n’est pas très-ancienne; elle peut s'être formée, comme le pense M. N. Dewael, après la construction des digues. On y trouve en effet des débris d'animaux dont l’espèce vit encore dans le pays, des armes, des poteries d’une époque peu reculée; on y distingue aussi des tiges de végétaux non encore transformés. La tourbe ne se trouve que dans les parties les plus basses du ter- rain, c’est-à-dire sur tout le développement du fort du Nord (pl. I) jusqu’au saillant n° 2 de l’enceinte , et ensuite du saillant n° 5 au saillant n° 4. Elle remplit les creux qui se trouvent dans le sable campinien. Sable campinien. — Le sable campinien vient ensuite : ( 471) c’est un sable incohérent, formé de grains de quartz blanes, recouverts de diverses substances très-variables : c'est quelquefois de l'hydrate de fer, d’autres fois de largile; il est rouge dans le premier €as, jaune dans le second. Les deux espèces peuvent être mélangées, et alors il est bi- garré de jaune et de rouge. Il peut être aussi tout à fait pur, dans cet état il est blane : cette particularité se ren- contre près du saillant n° 2, à l'enceinte. Parfois ce sable contient un léger mélange de matières calcaires; alors il est gris et les ouvriers le nomment sable boulant, à cause de la fluidité qu'il acquiert quand il est imprégné d’eau. Ïl renferme aussi quelquefois des grains de glauconite, qui lui donnent une teinte verte qui peut le faire confondre avec les sables verts dont nous parlerons plus loin. Le sable campinien est tout à fait dépourvu de coquil- lages. Ce sable se répand sur tous les environs d’Anvers; il n’y à que la ville elle-même avec ses faubourgs qui n’en soil pas couverte. Cette ville a dû former une île dans la mer Campinienne, dont le sol était constitué par le sable coquillier du système scaldisien. La coupe n°1 (pl. IF) con- tourne cette île en entier : 1} n’y a que l'extrémité, près de la vieille citadelle, qui en rencontre une petite partie. La couche de sable campinien existe donc sur tout le développement de la coupe n° 1. Cette couche règne aussi sur toute la longueur de la coupe n° 2. Cailloux. — À la base du sable campinien et au-dessus du sable scaldisien, on trouve presque partout un lit de pe- tits cailloux roulés de quartz blanc ou noir mêlé à de petites -dents de poisson : c’est probablement la couche de cail- loux ardennais. Au-dessus de cette couche, on a trouvé des ( 478 ) dents de mammouth, et une partie de crâne avec des cornes gigantesques. Cette couche forme-t-elle la partie inférieure des sables campiniens ou la partie supérieure des sables scaldisiens ? Je serais assez tenté d'admettre la première hypothèse, car ces cailloux se trouvent toujours à la base du sable cam- pinien, méme quand le système scaldisien manque. Ils se sont naturellement déposés à la partie imférieure, puis- qu'ils étaient plus pesants que le sable. Sable jaune coquillier.— Le système scaldisien est formé, à la partie supérieure, d’un sable argileux jaune dans lequel on trouve des dents de Squale (Requin, Carcharodon, Oxyrhina, Trigonodon, etc.) de Lamna, de Phoque, de Zi- phius; des vertèbres de Baleine, de Ziphius, ete.; des os d'oreille de Balaenoptera (Rorqual), ete., et des moules de coquilles dans une argile durcie ou un grès ferrugineux ayant presque toujours la forme sphérique. Les sables qui viennent en dessous sont argileux. Ils se composent de grains de quartz pur, de débris de coquilles, de quelques grains noirs de glauconite et d'argile colorée par l’hydrate ferrique entourant l’un et l’autre et donnant au sable sa couleur jaune. Dans quelques parties, ce sable est plus gris, à cause de la couleur différente de l'argile ou d’un peu de chaux carbonatée. Dans d’autres, il est de eou- leur ferrugineuse, foncée ou ocreuse et réuni en masse com- pacte par l’hydrate de fer. C’est ce qui se voit au fort n° 1. On trouve dans ce sable une quantité considérable de coquilles brisées. Quoique toutes ces coquilles déterminent bien la couche, l'abondance des espèces varie cependant d'un endroit à l’autre, ce qui est cause de la grande dis- semblance qui parait exister dans les listes de coquilles données par les différents savants qui ont exploré cette ( 479 ) couche : c’est le crag-rouge et le crag corallin de Suffolk des Anglais. Cette couche se rencontre immédiatement au-dessous de la terre végétale, à la gauche de la coupe n° 1, près de la citadelle du Sud; mais elle s'enfonce de suite très-fort et puis manque jusqu’au delà de Berchem, qui est sur une hauteur : c’est un versant qui probablement aura été lavé. Au delà de Berchem, sur l’autre versant, elle reparaît, et plus loin que le canal d’Herenthals, elle acquiert une épaisseur parfois très-considérable. Quoique, selon la carte de Dumont, le système scaldi- sien ne doive pas s'étendre fort loin de la ville et n’aille pas jusqu'aux forts détachés, on voit cependant, d'après la coupe n° 2, qu'il pousse des pointes jusque-là. Mais, à la . limite, on rencontre, dans les couches des déplacements, des mélanges, comme il s’en rencontre souvent à la ligne où vient finir un système. Ainsi, au fort n° 8, la couche supérieure est formée d'argile jaunâtre et de petits cail- loux roulés. En dessous, on rencontre par-ei par-là des parties de sable vert. (Cette couche ne se trouve pas représentée autrement en cet endroit, où elle n’est pas d’ailleurs à sa place.) Après cela viennent des rognons de silex , ayant fait partie des couches inférieures rupéliennes, qui se trouvent iei immédiatement au-dessous de la couche qui nous occupe. À la partie mférieure, le sable jaune re- paraît avec une grande quantité de coquilles brisées et de cailloux roulés. Cette dernière couche doit être la véri- table, c’est-à-dire celle qui n’a pas subi de remaniement. Elle vient s’éteindre au fort n° 7. Il y en a un lambeau au fort n° 6 (1), et puis elle ne reparaît plus qu’au fort n° 4, (1) D'après la carte de Dumont, le système rupélien se trouverait au- ( 480 ) où elle est d’abord très-peu épaisse; de là elle va en aug- mentant jusqu’à la limite de la coupe (1). Les fossiles renfermés dans cette couche sont ceux des listes n° 53 et 54 données par M. d’'Omalius, dans sa Géo- logie de la Belgique, pages 392 et 394, trouvés à Deurne, au Stuyvenberg et à Calloo. Sable gris. — Au-dessous de cette couche s’en trouve une autre, qui renferme les mêmes fossiles, mais dont la couleur est grise. Le sable de cette couche contient beau- coup plus de débris de coquilles réduites en poudre fine que celui de-la couche supérieure , et beaucoup moins d’ar- gile (2). Ce sable a ordinairement une odeur particulière , due à une poudre très-ténue qui paraît être du carbone, provenant probablement des plantes qui croissaient à la surface du sol recouvert ensuite par ce sable. Le sable gris contient beaucoup de coquillages. Mais je dois ici faire la même observation que celle que j'ai faite pour l’autre couche de sable scaldisien : c’est que ces co- quilles varient en nombre et en espèce d’un endroit à l’autre. Ce sont, au reste, les coquilles du sable jaune qui se trouvent dans cette couche ; mais elles sont colorées en gris au lieu de l’être en jaune. Cette couche contient égale- dessous du sable campinien aux forts n°5 7 et 6; nous voyons cependant qu'il n'en est rien (1) D’après la carte de Dumont, les forts n°5 4, 5 et 2 seraient en plein diestien. Ce système y est cependant recouvert par le système sealdisien. De même ce serait le système boldérien que l’on devrait trouver au fort u° 4, au-dessous du sable campinien : il n’en est rien, Car le système scaldi- sien y est bien marqué, Il faut donc reculer la limite du système boldérien plus au nord. (2) Nous verrons plus loin que c’est la mème chose pour le sable vert et le sable noir du système diestien. Le limon hesbayen est également supe- rieur au sable campinien, (481 ) ment beaucoup d’ossements , les mêmes que ceux que lon trouve dans la couche supérieure : des vertèbres, des mor- ceaux de tête de baleine, ete. A la base de cette couche, on rencontre des blocs formés de grains de quartz et de quelques grains de glauconite agglutinés par un ciment calcaire formé probablement par la dissolution des coquilles. Ce mélange s’est souvent dé- posé sur des corps solides qui se trouvaient dans leur mi- lieu, soit coquilles, soit ossements, soit même branches d'arbre : c’est ce dernier cas qui a donné naissance à ces pierres trouées que l’on rencontre souvent, et où la branche, s'étant décomposée, est entièrement disparue et a laissé un vide à sa place. Ce sable ne se rencontre à l'enceinte qu’en très-petite quantité. Au Kiel, d’abord, on le trouve, soit à l’état fria- ble, soit à l’état agglutiné et contenant un grand nombre de Pecten Lamallii entiers. Il en est de même entre la caponnière 7-8 (canal d'Herenthals) et la caponnière 6-7 (fortin n° 5). Ce doit être là qu’on a trouvé les morceaux de màchoires avec dents d’une espèce de vertébré in- connue jusqu’à présent, et à laquelle M. Van Beneden à donné le nom de Squalodon Antrerpiensis (1). En cet en- droit, au-dessous des blocs dont il a été question plus haut, M. Nyst a trouvé la Terebratula perforans (variabilis, So- werbyana) (2) en très-grande abondance et presque tou- jours avec les deux valves réunies, ce qui prouve qu’elles vivaient en cet endroit. Ces térébratules sont presque (1) Sur un mammifère nouveau du crag d'Anvers BULLETINS DE L'ACA- DÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 1861, t XII, p. 22. (2) Notice sur quelques recherches paléontologiques failes aux envi- rons d'Anvers. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 1861, t. XI, -p-625. (482) toutes remplies du même ciment calcaire que celui qui constitue les blocs, quelquefois le ciment est argileux et jaune, d’autres fois elles sont remplies du sable vert qui se trouve immédiatement en dessous. Enfin, des blocs de sable gris se trouvent au saillant n° 5, à Deurne, encroù- tant souvent des vertèbres. On a trouvé en cet endroit un squelette presque entier de cétacé tout couvert de térébra- tules plus petites que celles trouvées plus loin. Une autre espèce recueillie en cet endroit avait plus d’analogie avec celle-e1; mais elle est aussi plus petite. J’y ai trouvé encore des morceaux de bois entièrement noirs, imprégnés de sulfure de fer (pyrite ). La couche de sable gris commence sur la coupe n° 2, au fort n° 5. 11 parait cependant qu'il y en a quelques lam- beaux au fort n° 4, où on à trouvé aussi quelques mor- _ceaux de mâchore du squalodon cité plus haut, ainsi que des blocs calcaires. L’épaisseur de ce sable devient assez “forte aux forts n° 2 et 1. Au premier de ces forts, on a trouvé une grande quantité d’un Spatangus, qui n’est pas encore bien déterminé , et de Ditrupa subulata, ainsi que des bryozoaires, des Lingula Dumortieri et des Terebra- tula Sowerbyana (1). | Sable vert.— Les sables formant le système diestien qui viennent ensuite, sont formés de grains de quartz blane arrondis et de grains de glauconite ou de silicate de fer noirs ou d’un vert foncé, de la même grosseur que les grains de quartz, et en plus grande quantité. Les sables de (1) Notice sur une nouvelle espèce de coquille fossile du genre Pecten, trouvée dans le crag noir d'Anvers, ainsi que sur un gisement à échino- dermes, bryozoaires et foraminiferes. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE , 1861 , €. XIS, p. 201. ( 485 ) la partie supérieure de ce système sont imprégnés d'argile Jaune, ce qui leur donne un aspect vert; les autres parais- sent tout à fait noirs, vus en masse. Les grains noirs de ces sables sont assez peu consistants et s’écrasent facilement; ils forment alors une poudre d'un vert assez pâle qui se remarque: sur les planches de roulage où le sable à été écrasé sous les roues des brouettes, ou même lorsqu'on fait avee un bâton un trait dans la couche en place. C’est sur- tout dans la couche supérieure de sable vert que ce fait se remarque , probablement à cause de la présence de l'argile. On trouve encore dans la couche de sable vert de petits noyaux de sable blanc incohérent, qui auront probable- ment été amenés là par des mollusques sans test calcaire, ou des vers qui, s'étant remplis de ce sable, soit de leur vivant, soit après leur mort, auront été recouverts par le sable vert, et auront ensuite perdu leur matière organique par la décomposition. Le sable vert est presque toujours sans coquillages ni ossements, et ceux que l’on y rencontre sont des espèces particulières, dont le gisement est limité dans un espace peu étendu de la couche, comme nous le verrons plus loin. Cette couche règne d’une manière continue sur toute l'étendue de la coupe n° 1. Je n’y ai trouvé des coquilles que près du canal d’Herenthals : à, on voit une grande quantité d'Ostrea non encore déterminées, dont une valve est arquée et l’autre beaucoup plus petite et intérieure. L’Isocardia lunuiata Y est aussi très-abondante , ainsi que d’autres espèces du sable noir. Entre le sable vert et le sable noir, on rencontre, au Kiel, à la caponnière 10-11, une couche d'argile ferrugi- neuse d'environ 0,10 d'épaisseur, dont on ne peut pas bien expliquer la présence. ( 484) Dans la coupe n° 2, le sable vert commence au fort n° 8 et vient finir au fort n° 5. Nous avons vu plus haut qu'il y en aval une seconde couche, supérieure à celle-ci, au pre- mier de ces forts. I s’en présente encore quelques lambeaux au fort n°1. Sable noir. — La couche de sable noir est très-impor- tante, tant par son épaisseur que par le grand nombre de fossiles qu'on y rencontre; mais les espèces varient en nombre d’un endroit à l’autre, comme dans les autres couches coquiilières. C’est le crag noir ou crag glauconifère des Anglais. Cette couche forme la base de mes coupes et règne sur tout leur développement. Nulle part elle n’a été traversée entièrement, de sorte qu’on n’en connaît pas l'épaisseur. Ce n’est qu'au fort n° 8 qu’on a été au delà; mais elle cesse en cet endroit et est très-mince. L'espèce de coquillages qui domine dans ce sabie est le Pectunculus variabilis. 1 paraît à la première vue que cette espèce compose à elle seule tout le contingent, tant elle est nombreuse ; mais, en réalité, il y a une quantité d’au- tres espèces beaucoup plus petites que le Pectunculus, et souvent renfermées dans l’intérieur de ce dernier. Ces co- quillages se trouvent par couches entre le sallant n° 8 et le saillant n° 6 (ou entre le chemin de fer et le canal d’Herenthals), à l'enceinte. Il y a ordinairement deux couches où les coquilles sont solides, et quelquefois au- dessus deux couches où elles sont pour ainsi dire pourries. Les deux valves sont d’ailleurs toujours rassemblées, de sorte qu’elles sont en place. Les autres fossiles que l’on rencontre dans cette couche se rapportent à la liste n° 32 donnée par M. d'Omalius, dans sa Géologie de la Belgique, p. 591, du fort Heren- vr IUS SOL DES ENVIRONS D'ANVERS. ZX D'serie, page 184 CPI il CARTE GÉOLOGIQUE DU SO | \ 7 = à | As 5ÿ Ses _ Ÿ SMeraent. à Y J,._ SF Wyne ler NU r 7 7 7 Ven —… I 7 Z / 7, 4 Le CZ 7 4, 2 Wommelghem Vremde’ o 18 pe & | ‘TRE j £ | ‘es a rer ke LEdeghen Ÿ Bonchout o F Ï lo15 pour: 1000 métres (66666 ) Hove SES | TEE \E a bar Rs - à Pagètres ; Dons G.Jeveneyns, Le, de LAcadr. à 3 POUR L PES 7 AT A 2 r Re ENS À re: , LA Tom. MU 2° serie, page 484. PL. NS È à - È Ÿ à > S * LI = S à : — ; à NS > Word (Hastrimveel ) R | S * RPM ES | & A eo à | à à 5 L & D Sétune N° = Saullart |! | | | | | | | ere. . (-z700) Canalde la Campine ; = 0 : ( . ee W. 1( HyneghenT | {tit Selyn Lirivi A CN CR Le RS st Chrromolithy C devererns th de L Acad ve & OP à ï Qu = Coupes GÉOLOGIQUES A TRAVERS LES TERRAINS SCALDISIENS ET DIESTIENS DES ENVIRONS D'ANVERS. il Tom, XI 9" serie, rage #84. PL.IL. | # | $ | | k 6 $ N° Re ee . ; L Explication hr oleur < È N°1 Coupe suivant ie fossé capital de l'enceinte . | | d © - ê SN E | | È È S D Ÿ È Ÿ ë | - l NY 7 Fe Ÿ UE ES : = | ÿ Terre végétale. De { Se S Ÿ D ÿ 5 È < | S Ÿ ÿ à DS Ÿ À ? | à où Ÿ RULES Ÿ < NU 5 5 ES CPR arte = <> SR PTS ER CÉRRO D LÈ . à BRAS : È : Système moderne . 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Ce terrain à été désigné sous les noms d'argile marine du Rupel, de marne argileuse de Boom : c’est une argile tout à fait noire ou de couleur bronzée; le grain en est très-fin , et on peut la couper en lames très-minces : elle a alors un aspect luisant. Elle contient des pyrites (sulfure de fer) en concrétions allongées, des blocs de calcaire argileux appelés Septaria ou Ludus Helmontii encroûtant souvent le Nautilus Aturi; des rognons de silex, des dents de Carcharodon heterodon ou angustidens, et seize espèces de coquilles, citées par M. Nyst (2) parmi les quarante-trois des argiles rupéliennes données par M. De Koninck (5). On fait des briques avec cette argile, à Edeghem et en beaucoup d’autres endroits, où elle est plus rapprochée de la surface du sol. (1) Notice sur un nouveau gîte de fossiles se rapportant aux espèces faluniennes du midi de l'Europe, découvert a Edeghem, près d'Anvers. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, 1861 , t. XII, p. 51. (2) Notice sur ain nouveau gite de fossiles, etce.,p. 50, (5) Description des coquilles fossiles de l'argile de Basele, Boom, Schelle , elc. NOUVEAUX MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES, t. XI, 1837. ( 486) CLASSE DES LETTRES. Séance du 15 mai 1862. M. P. De Decker, directeur. M. A. QuEeTELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Gachard, Borgnet, le baron de Saint-Genois, David, Paul Devaux, Snellaert, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, De Witte, Faider, Arendt, le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Stecland, associe. MM. Sauveur, #embre de la classe des sciences, et Alvin, membre de la classe des lettres , ‘assistent à la séance. CORRESPONDANCE. S. A. R. le Comte de Flandre exprime ses regrets de ne pouvoir, par suite de crrconstances fâcheuses, assister à la séance publique de la classe des lettres et des sciences morales et politiques. - — M. le Ministre de l’intérieur fait connaître « qu'aux termes du programme du concours ouvert par la ville d'Ypres, pour la publication d’une histoire de cette ville, pendant la période des comtes de Flandre, depuis Bau- ( 487 ) douin Bras de Fer jusqu'à Philippe IE exclusivement, le travail des concurrents devait être adressé à l'administra- tion locale avant le 1° mars de cette année. » À l’époque déterminée, la ville n'ayant encore recu aucun ouvrage, le conseil communal a décidé, en séance du 29 mars dernier, d'accorder un nouveau délai pour la présentation de l’œuvre historique dont il s’agit, et de fixer le terme fatal pour la remise des ouvrages au 1° mars 1864. » Conformément à la demande qui m'a été faite par l'administration communale de la ville d’Ypres, ajoute M. le Ministre, je viens vous prier, Monsieur le secrétaire perpétuel, de vouloir bien faire insérer cette décision, sous forme d'avis, dans le prochain numéro des Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. » — Le Gouvernement fait don, pour la bibliothèque de l’Académie, d’un exemplaire du tome premier du Bulletin du conseil supérieur de l'industrie et du commerce, ainsi que du quatrième volume des procès-verbaux des séances de la Commission des anciennes lois et ordonnances de Belgique. — Le ministère des affaires étrangères transmet, pour être remis à la Commission chargée de publier une collec- tion des anciens monuments de la littérature francaise en Belgique, trois manuscrits de Georges Chastelain, apparte- nant à la bibliothèque royale de la Haye et dont l'emprunt . a été fait par son intermédiaire à cette même bibliothèque. — La légation impériale du Brésil et la légation espa- gnole à Bruxelles, MM. les consuls de Russie, de Por- 9me SÉRIE, TOME XII. 56 ( 488 ) tugal et de Danemark font connaitre qu'ils transmettront avec plaisir, dans leurs pays, les dernières publications de l'Académie. — La Société des antiquaires de Londres et la Société historique d'Utrecht remercient l'Académie pour les envois de livres récemment reçus. M. Bogaers, associé de l’Académie, adresse, de Rotter- dam, des remerciments semblables. — M. Chalon, membre de la classe, fait hommage de différents opuscules qu’il a publiés dans la Revue numis- malique belge. — Remerciments. — M. Kervyn de Lettenhove annonce qu'il vient de re- trouver les Commentaires de Charles-Quint. Ws s'étendent, comme l'indiquaient les lettres de Guillaume Van Male, de 1515 au mois de mai 1550. Commencés pendant une navigation sur le Rhin au mois de juin 1550, 1ls ont été (ainsi se trouve confirmée l'hypothèse de M. Arendt) con- tinués et achevés à Augsbourg, où Charles-Quint passa plus d’une année; mais ce fut seulement au commencement de 1552 qu'il les envoya d’Inspruck à son fils. Ces commen- taires , où Charles-Quint à pris soin d'exposer les considé- rations qui l'ont guidé dans sa politique, répandront sans doute une vive lumière sur l’histoire de la première moitié du seizième siècle. M. Kervyn de Lettenhove fait connaître aussi que la commission chargée de publier les monuments de la lit- térature française en Belgique est prête à mettre sous presse le premier volume des mémoires de Georges Chas- * telain. mu é Se 4 — _, LE ( 489 ) CONCOURS DE 1862. La classe des lettres avait mis au concours six questions sur différents sujets; il a été répondu à trois de ces ques- tions. PREMIÈRE QUESTION. Faire un mémoire historique et critique sur la vie et Les ouvrages d'Aubert Le Mire (AuBerTus MiRÆus). Rapport de M, de Ram. « En proposant, pour le concours de 1862, un mémoire sur la vie et les écrits d’Aubert Le Mire, on a voulu rendre un hommage, trop tardif peut-être, à la mémoire de cet infatigable serutateur dont le nom a obtenu, par de vastes et importantes recherches diplomatiques, une juste popu- larité. Deux concurrents ont répondu à l’appel de l'Académie, et les mémoires qu'ils ont présentés sont dignes d'une sérieuse attention. L'un des mémoires que nous désignons sous le nu- méro |, a pour épigraphe les mots suivants : Mirœus as- sidue laborans, feliciter operans, perennare dignissimus ; l'autre, qui devient pour nous le numéro If, porte pour épigraphe la devise de Miræus : Instar speculi. Chaque mémoire est divisé en deux parties, la partie biographi- que et la partie bibliographique, division indiquée d’ail- leurs par les termes mêmes de la question mise au con- COUrS. ( 490 ) L'auteur du numéro 1 a puisé dans les sources les plus abondantes; il a compulsé un grand nombre de documents, tant imprimés que manuscrits, et il a recueilli avec une minutieuse exactitude tout ce qui concerne Miræus; aussi l’une et l’autre partie de son mémoire se distinguent-elles par une grande richesse de détails. Comme œuvre d’érudi- tion, comme travail d'investigation et de laborieuses recher- ches, le numéro 1 l'emporte incontestablement sur le nu- méro IT, qui, par contre, se distingue par une plus grande correction de style, mais qui me semble avoir présenté un travail beaucoup moins complet que celui de son concur- FeniL. Pour ce qui concerne la biographie, le numéro I entre dans des détails qui sont passés sous silence par le nu- méro IT ou qui lui sont restés inconnus. 11 me semble aussi que pour l'appréciation des nombreuses publications de Miræus, pour la partie critique du mémoire, il y a plus d’exactitude, plus de réserve dans le numéro [ que dans le numéro Ïl. Les notes que j'ai extraites des deux mémoires pour la rédaction d’un rapport, pourront confirmer mes asser- tons. Mais, comme il m'est impossible dans ce moment de m'occuper de cette rédaction, et qu'il importe que les mémoires du concours ne restent pas trop longtemps entre les mains d’un seul commissaire, je demande à mes hono- rables et savants confrères, MM. De Smet et de Saint- Genois, la permission de formuler ici sommairement et conditionnellement mes conclusions, à savoir : « Le prix » (avec impression) au mémoire numéro 1; une mention » très-honorable au numéro IT. » ( 491 ) Rapport de M. J.-J. De Smet. « En mettant au concours un mémoire sur la vie et les écrits d'Aubert Le Mire, la classe n’a fait qu’acquitter une dette trop longtemps différée et que, peut-être, elle aurait dû payer avant de proposer l'éloge de Vivès. Le Mire avait le double avantage d’être né belge et d'avoir dévoué sa vie à des travaux d’un intérêt bien plus direct pour le pays que ceux du savant espagnol, dont nous ne voulons d'ailleurs aucunement rabaisser le mérite. Sans compter Baillet, dont les jugements n’ont qu'une médiocre impor- tance, plusieurs critiques, tant étrangers que regnicoles, ont jugé notre infatigable historien avec trop de rigueur et quelquefois même avec peu d'équité. N’était-ce pas une raison de plus pour désirer vivement un travail où toute justice fût rendue au polygraphe à qui nos études histo- riques ont eu tant et de si grandes obligations ? Nous pouvions donc espérer que plus d’un studieux concurrent aurait répondu à l'appel de l'Académie, et cette espérance n’a pas été trompée. La classe a reçu deux mé- moires importants, dont l’un, désigné par le numéro I, porte pour épigraphe : Aubertus Mirœus assidue laborans, feliciter operans, perennare dignissimus; l’autre, le nu- méro IT, porte le motto ; Instar speculi, qui est la devise de Miræus lui-même (1). Tous deux suivent une marche semblable, indiquée, à la vérité, par le programme. Après avoir rappelé les sources où ils ont puisé et décrit assez longuement la généalogie du laborieux chanoine, ils nous (1) Ze Mire , comme chacun sait, désignait au moyen âge le médecin- . chirurgien; nous ne savons comment ce nom à fait songer à son miroir. ( 492 ) présentent tous les détails biographiques qu'ils ont pu recueillir : c’est là la première partie ; la seconde comprend l'examen critique des ouvrages et des opuscules de Le Mire. Ce plan n’a rien que de rationnel, mais il aurait beau- coup gagné, nous paraît-il, si, dans une introduction suc- cincte, on avait exposé l’état des sciences et des lettres à l’époque des travaux de notre auteur. Ce simple apercu, bien fait, était de nature à faire tomber les principaux reproches qu'on s'est permis de lui adresser. On l’accuse, par exemple, d’être souvent superficiel, parce qu’on ou- blie qu’une masse immense de documents, qui ont enrichi le domaine public aujourd’hui, étaient encore ensevelis, au commencement du dix-septième siècle, dans les biblhio= thèques des monastères ou dans les archives des villes et des corporations. Nos deux concurrents ont consciencieusement rempli la tâche qu'ils se sont imposée; mais, pour l'étendue et l'exactitude des recherches, comme pour la rectitude des jugements, le numéro I l’emporte sur le numéro IE. Quant au style, celui du numéro IF, bien qu'un peu décoloré, est en général correct et facile; celui de son compétiteur moins pur et quelquefois négligé, ce que nous regrettons vive- ment. Il faut, nous semble-t-il, dans cette sorte de com- positions un style simple, sans prétention n1 recherche, mais qui se distingue par la concision, la clarté et la jus= tesse d'expression. Les corrections et les ratures sans nombre du numéro Ï nous portent à croire que, pressé par le temps, l'écrivain n’a pu remettre son ouvrage sur le métier et a dù laisser à un autre temps le travail de révision, dont il a senti sans doute le besoin. Nous sommes d'avis qu'il n’y a pas lieu d'accorder de ( 495 ) médaille d'or, mais nous décernons volontiers la médaille d'argent à chacun des concurrents, en exprimant le désir de voir la question remise au concours. » Rapport de M. le baron J. de Saint-Genois. « Deux mémoires vous ont été envoyés en réponse à la question : Faire un mémoire historique et critique sur la vie et les ouvrages de Mirœus ou Aubert Le Mire. Le numéro Ï a 240 pages in-quarto, le numéro II à 520 pages in-folio. Ces deux monographies biographiques se distinguent par d’abondantes recherches , puisées aux meilleures sources, imprimées et manuscrites, sur la longue carrière d’Aubert Le Mire et ses nombreux écrits, ainsi que par d’ingénieux aperçus historiques et par une saine et Judicieuse critique. Elles renferment sur cet érudit des détails minutieux, peu connus et dont l'importance, çà et là assez mince, est heureusement relevée par des excursions dans l'histoire du temps et des allusions à des hommes considérables de cette époque, tels que Juste Lipse, le président Jeannin, Grotius, Rubens, le cardinal Du Perron, André Schott, J.-B. Chifflet, l’archiduc Albert, ete. Nous ne saurions cependant approuver l'étendue qui a été donnée à ces dis- sertations, surtout en ce qui concerne l'analyse des ou- vrages laissés par Miræus. Lorsqu'on traite la biographie d’un érudit, polygraphe laborieux plutôt que savant hors ligne, il faudrait pou- voir justifier tant de prolixité, en esquissant d’abord, avec quelque développement, le milieu scientifique et littéraire ( 494 ) dans lequel le personnage à vécu, et en offrant ainsi un tableau succinet de son époque, au point de vue intellec- tuel. Les petites particularités donnent du piquant à la biographie d’un grand capitaine, d’un artiste célèbre, d’un savant à qui le monde doit d'importantes découvertes, d'un homme politique, d’un écrivain qui a fait école; mais nous estimons qu'elles ne sont pas à leur place, quand il s'agit d'un auteur de second ordre, dont nous nous plai- sons, du reste, à reconnaître la science, les nobles qualités, les services rendus à la chose publique. Toutefois, nous imputerons moins ce défaut à la mé- thode adoptée par les concurrents qu’à ce genre de ques- tions même, qui indique assez naturellement la marche à suivre et qui, chaque fois qu’il se représentera, amènera des résultats identiques, si le personnage appelé aux hon- neurs d’une semblable dissertation n’a pas Joué un grand rôle dans l’histoire ou exercé une influence considérable sur ses Contemporains. À propos de Le Mire (comme cela aurait lieu d’ailleurs pour toutes les notabilités locales ou professionnelles d’un mérite secondaire, quoique réel), les concurrents ont tout fouillé, tout déniché, tout dit; afin de donner plus d’am- pleur à leur cadre, ils ont allongé ainsi sa biographie et grossi la valeur de ses multiples publications. Cette prolixité est assez excusable dans-un travail privé ; elle l’est moins, quand il s’agit d’un concours académique, où la concision et la sobriété sont des qualités essentielles. Ainsi, pour citer des exemples à l’appui de notre eri- tique, nous voudrions voir considérablement abréger les détails concernant l'établissement des bibliothèques pu- bliques à cette époque, ceux relatifs aux démêlés de Miræus avec le chapitre de la cathédrale d'Anvers, ceux enfin qui ( 495 ) ont rapport à la construction de l’église Saint-Willebrord. La révision des œuvres de ce savant chanoine, qui constitue la seconde partie du Mémoire, forme un ap- paratus crilicus qui dégénère en véritable commentaire bibliographique dont une bonne partie eût pu être sup- primée, malgré les patientes investigations qu'il atteste. Nous signalerons encore les notes interminables qui, dans les deux mémoires , accompagnent les divers titres de l'ouvrage, connu sous la dénomination générale de Opera diplomatica, un des plus importants, il est vrai, de Miræus. L'auteur du numéro I y a consacré vingt pages in-quarto, celui du numéro IT, dix-sept pages in-folio. La Bibliotheca ecclesiastica du même auteur fait, dans le numéro 1, l’objet de onze pages d'examen; dans le numéro IT, de dix pages. Quelque intéressantes que soient ces remarques au point de vue de l’histoire littéraire, c’est là une abondance hors de propos. Pourquoi, à l’occasion des Opera diplomatica, donner in extenso ces longues citations empruntées à des auteurs qui ont critiqué cette œuvre de Miræus ? Les deux concurrents, dans tout leur travail, font abus de ce genre de preuves. | Une autre publication de l’érudit chanoine à été forte- ment attaquée par les bibliographes et les historiens : nous voulons parler de l'édition de la Chronique de Sigebert de Gembloux. Cette circonstance à engagé l’auteur du nu- méro [ à écrire quatorze pages, et celui du numéro IT, neuf pages sur ce sujet de polémique littéraire. On recon- naitra que ce sont là des intempérances de détails qu’il faut savoir réprimer. Les deux mémoires sont donc déparés par les mêmes défauts. J'avoue, avee mes deux honorables confrères , que ( 496 ) le numéro [ contient plusieurs particularités biographiques que l’auteur du numéro IT à ignorées, surtout pour la dér- nière partie de la vie de Miræus. Mais, d'autre part, ce dernier se distingue -par un style plus sûr, plus coulant, mieux agencé, plus littéraire en un mot, qualité qui manque généralement à l'autre mémoire. Le résumé qui termine la partie biographique du numéro IT est une page élégante qui peint parfaitement Miræus dans son caractère, ses habitudes, ses sentiments intimes; la fin de la même partie du numéro [I est flasque et manque de couleur. A notre avis, ces deux mémoires ne seraient dignes réellement des honneurs de l'impression. que si les con- currents supprimaient les détails trop longs ou trop futiles de la biographie, et s'ils remaniaient, pour l’abréger, la partie bibliographique de leur travail. En présence de ces mérites et de ces défauts, qui se balancent quand ‘on veut établir la valeur"comparative de deux auteurs, il nous semble qu’il serait équitable de placer les concurrents sur la même ligne et de leur décerner à tous les deux la même distinction, à savoir, la médaille d'argent. Nous émettons en même temps le vœu que la question soit remise au programme du prochain concours.» Après avoir entendu ses commissaires, la classe décide que la*médaille d’or ne sera pas décernée, qu’une médaille d'argent sera accordée à chacun des concurrents et que la question sera maintenue au programme du prochain concours. (497 ) QUATRIÈME QUESTION. Faire un exposé historique de l’ancienne Constitution bra- banconne connue sous le nom de JoyEuSE- ENTRÉE, en indiquer les origines el en apprécier les principes. Rapport de M. le chanoine David. « La classe a reçu deux mémoires en réponse à sa ques- tion sur la Joyeuse-Entrée brabançonne. L'un des deux : porte pour épigraphe : Labor omnia vincit improbus. Je commencerai mon rapport par celui-ci, quoique je l'aie reçu et examiné en dernier lieu. Dans une introduction un peu vague, l’auteur présente. quelques considérations sur nos institutions nationales d'aujourd'hui comparées à celles des siècles passés. Il par- tage ensuite son travail en trois parties, dont la première est consacrée à l'Origine des libertés inscrites dans les Joyeuses-Entrées. Cette première partie n’est pas longue : elle n’occupe qu'une quarantaine de pages du mémoire, qui en compte plus de cinq cents. Du reste, elle est écrite faiblement ; le style en est flasque, souvent peu correct, et l’auteur s’y livre à des raisonnements qui ne se rattachent pas toujours au sujet qu’il se propose de traiter. En somme, là première partie du travail a très-peu de mérite. La deuxième partie porte l’inscription suivante : Ana- lyse historique des principes inscrits dans la Joyeuse- Entrée, Etude des chartes, diplômes, lettres des souve- Fains , et autres documents qui ont fourni des éléments à la Constitution brabanconne. Cette partie, à laquelle l’au- teur à consacré cent soixante et dix pages de son mémoire, ( 498 ) est mieux traitée que la première; mais il y a aussi du décousu, des hors-d’œuvre, des redites et, par-ei par-là, des appréciations inexactes. On voit que l’auteur n’est pas complétement maitre de son sujet, qu'il est plus ou moins étranger au langage du droit, et que souvent les termes propres lui manquent. Un autre défaut, c’est que trop de matières disparates sont réunies dans cette partie. L'auteur aurait du la diviser en chapitres, comme il l’a fait pour la troisième partie. De cette manière il y aurait eu plus d’or- dre, et la lecture en eût été plus facile. Je ne Jui fais pas un reproche d’avoir cité, dans les notes, beaucoup de textes, soit latins, soit flamands; mais, outre qu'il y en a d’inutiles, bon nombre sont plus ou moins fautifs et trahissent une main peu exercée. Quant aux textes complets de la charte de Cortemberg et d’autres, rédigées en langue flamande, 1l aurait dû se contenter d'en traduire les dispositions remarquables, et réunir les textes originaux , Ceux du moins qui n’ont jamais été publiés exactement, dans un appendice, comme pièces justifica- tives. Cette observation regarde aussi la troisième partie inti- tulée : Les Joyeuses-Entrées du Brabant. L'auteur insère, dans son premier chapitre, le texte flamand tout entier de la Joyeuse-Entrée de Jeanne et de Wenceslas. Par là, il donne une forme hybride à son travail, et ill’allonge inutile- ment, puisqu'il est obligé de traduire la charte en français, traduction qu'il fait suivre de remarques sur quelques articles particuliers. Tout cela est peu méthodique. Vient ensuite un assez long chapitre qui ne se rattache qu'imparfaitement au sujet du mémoire et dont certaines parties auraient été mieux traitées ailleurs. L'auteur y a de nouveau inséré, en note, le texte flamand d’une charte ( 499 ) très-étendue, dont 1! traduit les dispositions, tandis qu'il aurait dû et pu éviter ce double emploi. Je crois pouvoir en dire autant de plusieurs chapitres qui se suivent, et dans lesquels il est question des Joyeuses-Entrées d’An- tome de Bourgogne, de Jean IV et de Philippe de Saint- Pol. L'auteur examine et compare les stipulations de ces différentes chartes ; mais il entremêle son travail de parties absolument historiques qui n° sont pas à leur place, et qui en détruisent l'unité. Ces chapitres sont également surchargés de textes originaux donnés dans les notes, pour lesquels 1l suflisait de renvoyer aux placards de Brabant ou à d’autres collections de ce genre. Le même défaut se fait remarquer dans tous les chapi- tres suivants de la troisième partie : des chartes flamandes sont presque entièrement reproduites dans les notes ou insérées intégralement dans le corps du mémoire, puis traduites et quelquefois longuement commentées, mais toujours de manière à rompre l’ensemble et à rendre la lecture plus que diflicile. Je reconnais que, parmi les expli- cations et les remarques de l’auteur, 1} y a beaucoup de bonnes choses, mais l’ordre , l'économie, la méthode man- quent à ce travail. Je ne puis donc que me rallier aux con- clusions de mon honorable confrère M. Gachard, et dé- clarer avec lui que, tel qu'il est, ce mémoire ne saurait être couronné. Le travail du second concurrent à une tout autre va- leur : c’est œuvre d’un homme qui n’est nullement étran- ger au langage du droit et qui, ayant profondément étuché son sujet l’a traité avec toute la régularité désirable. Dans une introduction de cinq pages, en général bien écrites , l’auteur du mémoire expose brièvement les céré- ( 500 ) monies de l'inauguration des anciens dues de Brabant, et les fait suivre de quelques considérations sur les causes de la grandeur à laquelle parvint ce duché. L'auteur à divisé son travail en douze chapitres et par- . tagé ceux-ci en différents paragraphes. Le premier chapitre traite des origines éloignées de la Joyeuse-Entrée braban- çonne. Dans 1 premier paragraphe de ce chapitre, lau- teur parle de l’état de nos provinces, et en particulier du Brabant, avant la concession des chartes communales, ainsi que des premières faveurs accordées aux villes nais- santes ou renaissantes du duché. Le deuxième paragraphe traite des premiers priviléges généraux octroyés aux Bra- bançons ; le troisième des origines immédiates de la Joyeuse-Entrée; et le quatrième comprend un aperçu sur les états de Brabant. Ce premier chapitre et les quatre paragraphes dont il se compose répondent parfaitement à leur titre d'Origines de la Joyeuse-Entrée, et, quoiqu'il soit assez étendu, formant le huitième du mémoire, on n°v rencontre point de longueurs : la marche de Pauteur est rapide et ses appréciations me semblent généralement exactes. Le deuxième chapitre, le plus long des douze, est con- sacré tout entier à la première Joyeuse-Entrée proprement dite, celle de Jeanne et de Wenceslas. Il est divisé en quinze paragraphes, dont voici les titres : +. Indivisibihté de l'État, union du Limbourg, ete. — 2. De la garde des chartes. — 3. Du droit de guerre et d'alliance et de la conservation des frontières. — 4. Du commerce. — 5. Des offices. — 6. Des garanties de juridiction. — 7. Des vio- lences commises sur les femmes. — 8. Du droit de grâce. — 9. Des vengeances privées. — 10. Du droit de chasse. — 11. De la monnaie. — 12. Des hommes de Saint-Pierre. ( d01 ) — 15. Des bourgeois de la Hulpe, Merchtem, ete. — 14. De la confirmation des priviléges ecclésiastiques. — 15. Ap- pendice de la charte de Cortemberg, renouvelée en 1572. Ces quinze rubriques sont consciencieusement remplies. L'auteur expose et commente toutes les dispositions de la première Joyeuse-Entrée avec ordre et méthode. Il s’ap- puie presque toujours sur les traités, publiés ou inédits, des Wynants, de Loovens, de De Pape, d’Anselme, de Raepsaet et d’autres; et quoique ce deuxième chapitre remplisse quatre-vingt-six pages du manuscrit, on ne peut pas dire que l’auteur se soit écarté de son sujet ou lui ait donné des proportions exagérées. Le troisième chapitre, divisé en quatre paragraphes, n'occupe que neuf pages. Il est consacré à la Joyeuse- Entrée d'Antoine de Bourgogne, dont l’auteur examine les dispositions nouvelles que ce prince introduisit dans l’an- cien droit brabançon. Dans le quatrième chapitre, il expose les faits qui donnèrent lieu à deux actes importants connus sous les noms de Privilege du Ruwaert et de Nieur Regi- ment, dont le contenu est expliqué d’une manière claire et exacte. Vient ensuite le cinquième chapitre, divisé en neuf para- graphes et traitant de la Joyeuse-Entrée du comte Phi- lippe de Saint-Pol, devenu duc de Brabant à la mort de son frère Jean IV, qui ne laissa point d'enfants. Pendant la minorité de Jean IV, et plus tard encore sous son faible gouvernement, les états du pays acquirent une grande influence sur les affaires publiques. Aussi, à l’avénement de son frère , celui-ci fut-il obligé de faire de larges conces- sions dans sa Joyeuse-Entrée. L'auteur les fait connaitre les unes après les autres. Il montre les attributions du con- seil ducal mieux déterminées, le pouvoir du prince forte- ( 902 ) ment restreint, surtout pour la nomination des officiers publics, les précautions prises pour assurer l'authenticité du sceau ducal, ainsi que pour la desservitude personnelle des six grands justiciers du Brabant. Le sixième chapitre , divisé comme le précédent en neuf paragraphes, traite du pacte inaugural de Philippe le Bon. L'auteur remarque justement que les droits de ce prince à la souveraineté de Brabant étaient contestables, et que son titre principal était le vœu des états du pays, qui lui donnèrent la préférence sur ses compétiteurs en considé- ration de sa grande puissance comme chef de la maison de Bourgogne. Il suit de là que Philippe, pour s'assurer un si riche héritage, dut passer, à son tour, par les con- cessions raisonnables qu’on exigeait de lui, et c’est ce qu'il fit. Mais cela ne l’empêcha point, dans la suite, de rendre au pouvoir ducal toute la force et toute l'autorité que ses deux faibles prédécesseurs avaient perdues : aussi l'avéne- ment du bon-duc marque-t-il l’époque où le rôle des états brabancons, prépondérant depuis l’extinction de la maison de Louvain, devint bientôt secondaire, comme il lavait été auparavant. Dans les deux premiers paragraphes, lau- teur explique l'engagement pris par le nouveau prince, de tenir pour valable tout ce qui avait été fait par les états du pays après la mort du comte de Saint-Pol, et sa pro- messe de n’employer que le sceau ducal de Brabant pour les affaires qui regardaient ce pays, comme aussi de prendre tous les titres qu’avaient portés ses prédécesseurs, et de sauvegarder ainsi la nationalité brabançonne. Le troisième paragraphe comprend une histoire abrégée du Conseil souverain de Brabant. L'auteur remonte aux origines du conseil ducal, dont il indique ensuite les déve- loppements successifs, les attributions et la transforma- ( 205 ) tion en conseil souverain. Cette partie du mémoire est particulièrement intéressante. Dans les paragraphes suivants, on trouve des détails sur les devoirs et les fonctions du Lieutenant des fiefs et d’autres ofliciers brabancons, des mesures prises contre les excès des gens de guerre, des concessions importantes faites au commerce, des dispositions financières réclamées par les besoins de l'époque, des garanties contre les em- piétements de la juridiction ecclésiastique , des moditica- tions apportées aux droits de tonlieu, et plusieurs autres règlements devenus nécessaires sous un prince qui réu- nissait déjà dans ses mains diverses principautés belges et qui devait, plus tard, les réunir presque toutes. Le chapitre sept comprend la Joyeuse-Entrée de Charles le Téméraire, où sont reproduites les dispositions de celle de Philippe le Bon, sauf quelques points ayant trait à des intérêts temporaires, mais qui, devenus sans objet, dis- parurent de la charte brabançonne. Ce prince n’accorda à ses sujets aucune faveur nouvelle : d’abord, le pouvoir ducal avait, sous le règne de Philippe le Bon, repris tout son ascendant, et puis le caractère altier et violent de Charles ne se prétait en aucune manière à faire des con- cessions au peuple, qui dut se croire heureux de conserver intactes ses anciennes libertés. Ces remarques appartien- nent à l’auteur du mémoire, qui ajoute encore d’autres considérations non moins exactes et judicieuses. I parle ensuite de Particle 8 du pacte inaugural, qui se rapporte à l’imdivisibilité de l'État et à l'union plus intime du Lim- bourg ainsi que des pays d’outre-Meuse au Brabant, et il entre dans quelques détails pour expliquer la situation politique et administrative de ces annexes. Le chapitre suivant s'étend sur le règne de Marie de 2% SÉRIE, TOME XUI. 57 ( 204 |) Bourgogne, dont la Joyeuse-Entrée porte, dans bon nom- bre de ses articles, un caractère évident de réaction. Les états de Brabant, comme ceux de toutes les provinces, profitent de l’affaiblissement de la puissance bourgui- gnonne, arrachent à la jeune princesse de nouveaux privi- léges et apportent de nombreuses restrictions à l'autorité souveraine. Dans son premier paragraphe, l’auteur signale les dispositions de la nouvelle charte tendant à retourner vers l’état de choses qui avait précédé l’avénement de Phi- lippe le Bon. Au deuxième paragraphe, il montre la réac- tion contre les empiétements des autorités centrales. Dans les paragraphes suivants, il indique les modifications ap- portées à l’exercice des charges publiques, les nouvelles garanties données à la propriété privée, ainsi qu'à d’au- tres intérêts majeurs. Le neuvième chapitre est consacré à la Joyeuse-En- trée de Philippe le Beau. Ce prince ayant été émancipé en 14924, cassa l’acte inaugural de sa mère et ne voulut point reconnaitre les concessions faites par elle. Il prit pour base de sa Joyeuse-Entrée celle de ses deux ancêtres Charles le Téméraire et Philippe le Bon. L’auteur n’a done pas ici à s’occuper des dispositions déjà connues et expli- quées ; mais il s'étend, en quatre paragraphes, sur tout ce que le pacte de Philippe le Beau présente de particuher, et sur le développement d'anciens droits ou leur modifiea- tion amenée par les besoins du temps. L'auteur n’agit pas autrement à l'égard de Ja Joyeuse- Entrée de Charles-Quint, dont il s'occupe dans son dixième chapitre. Ici encore le fond reste le même. Lors de son inauguration, en janvier 1515, le jeune archidue, né et élevé en Belgique et fort attaché à ses compatriotes, ne se contente pas de ratifier tous les priviléges accordés par ( 205 ) ses prédécesseurs aux sujets brabançons; mais, la mème année, il augmente considérablement leurs libertés par deux additions émanées, l’une le 12, l’autre le 26 avril. L'auteur passe en revue ces deux pièces importantes; il en explique les différents articles, surtout ceux de la seconde addition, qui regardent les tonlieux , la juridiction ecclé- siastique, les lettres de sauvegarde ou de répit, le droit de chasse, la liberté du domicile, les devoirs des officiers pu- blics, la législation des mainmortes, ete. Tout cela est ex- posé avec ordre et méthode, et présente beaucoup d'intérêt. Enfin l’auteur consacre son onzième chapitre à la der- nière Joyeuse-Entrée, celle de Philippe IL. Dans des con- sidérations préliminaires, 1l signale le grand changement . Qui s'était opéré dans les relations du souverain avec ses sujets. Non-seulement toutes les provinces des Pays-Bas étaient alors réunies sous un même prince, mais celui-ci possédait encore des provinces et des royaumes étrangers qui l’empêchaient, la plupart du temps, d’habiter notre pays. De là naquit pour lui le besoin de se faire rem- placer par un gouverneur général, et de donner à celui-ci des moyens d'administration applicables au pays tout en- üer. Déjà en 1507, Marguerite d'Autriche, en acceptant la tutelle de son neveu l’archiduc Charles et l'administra- tion de ses États héréditaires, s’entoura de nombreux con- seillers choisis dans les différentes provinces. Plus tard, lorsque Charles lui-même confia le gouvernement à sa propre sœur, en 1531, il lui adjoignit trois conseils colla- téraux, dont les attributions furent prises en grande partie sur celles du Conseil de Brabant. Dans la suite, l'Empereur forma le projet de faire retrancher de la Joyeuse-Entrée les articies surannés ou devenus inutiles, et de modifier ceux qui entravaient l’action du gouvernement général. A ( 06 ) celle fin, il négocia avec les états du duché, et, en 1549, il dressa, de concert avec eux , Pacte d’inauguration de son fils Philippe, qu'il voulait faire reconnaitre comme duc de Brabant, avant que lui-même abdiquât en sa faveur. Dans son premier paragraphe, l’auteur du mémoire in- dique les principes qui disparurent définitivement de la Joyeuse-Entrée. Dans le deuxième paragraphe, il donne le texte français des articles, points et priviléges que, en: 1549, Jurèrent conjointement Charles-Quint et son fils. Puis, dans un troisième paragraphe, il énumère, en les expliquant, les changements et les modérations apportés par la charte de Philippe à celle de Charles-Quint, et qui furent maintenus sous les règnes suivants. L'auteur à consacré un douzième et dernier chapitre à . des considérations judicieuses et même savantes sur la confirmation des priviléges exigée de chaque prince à son avénement, et en particulier sur le refus de service en cas de non-observance. Le mémoire se termine par une conclusion, où l’auteur porte un jugement d'ensemble sur les origines et les dé- veloppéements de la Joyeuse-Entrée. Ier encore 1l fait preuve d'un esprit éclairé et impartial, rendant pleme justice au passé et au présent, comparant les hibertés mo- dernes à celles d'autrefois, et prouvant très-bien que la Joyeuse-Entrée brabançonne consacrait, au fond, les droits civiques assurés désormais au peuple belge tout entier par l'œuvre immortelle de notre Congrès national. Telle est l'analyse, aussi exacte que possible, du mé- moire soumis à notre examen. Ce travail présente incon- testablement de grands mérites : c’est une véritable his- toire de la Joyeuse-Entrée brabançonne, écrite dans un style simple, mais généralement pur. Il est vrai que lau- ( 507 ) teur a beaucoup consulté les manuscrits de Wynants sur l'ouvrage du conseiller De Pape ,et qu'il a pris là la matière principale de ses commentaires. Mais en agissant ainsi, il puisait précisément aux meilleures sources, et d’ailleurs, il n’en a négligé aucune autre, car son travail présente, du commencement à la fin, les preuves d’une étude con- sciencieuse et approfondie. Le seul reproche qu'on pourrait être tenté de faire à l’auteur, c’est que son mémoire est très-long, trop long peut-être. En effet, si je ne me suis pas trompé dans mon calcul, il formera, avec les notes, environ quatre cents pages d'impression in-quarto; et ce- pendant je n'y ai pas remarqué des longueurs ou des redites inutiles et susceptibles d'être supprimées. Mais comme il s’y rencontre à chaque page des textes ou des parties de textes insérés littéralement, je pense qu’on ré- duirait considérablement le volume en employant pour ces citations un caractère plus petit. Ce mode de publi- cation, loin de nuire au mémoire, en faciliterait au con- traire la lecture. En somme , et pour ma part, je n'hésite pas à décerner la médaille d’or au travail portant pour épigraphe le pas- sage de Tacite : Non tamen pigebit, ete. » Rapport de M. Grandgagnage. « Je me range à l'avis de mon honorable confrère, M. David, premier rapporteur, qui, dans une analyse pré- eise et complète, vous fait parfaitement connaître le mé- moire sur la Joyeuse-Entrée ayant pour épigraphe : Non tamen pigebit. Le sujet y est traité dans toutes ses parties, et l’ouvrage est généralement bien écrit : ordre et clarté ( 08 ) font un de ses mérites. Ce n’est pas que, dans un travail aussi considérable et dont le fond a exigé de laborieuses recherches, il ne puisse y avoir parfois quelque imperfec- tion dans la forme; mais s’il s’y est glissé çà et là certaines expressions ou incorrecles ou impropres, où peut-être encore quelque peu prétentieuses, il suffira, pour les faire disparaître, d’une simple révision lors de l’impression de l'ouvrage. Il me semble qu'un défaut plus grave s’y ren- contre, c’est une longueur excessive, près de quatre cents pages in-quarto. À ce propos, je ne puis que répéter ce que je n’ai eu que trop souvent l’occasion de dire en cette enceinte, qu'on devrait s'appliquer un peu plus au grand art de concentrer son style. Nous devons toutefois nous féliciter de ne pas trouver dans ce mémoire, comme il nous arrive quelquefois, un recueil de documents pré- sentés sèchement : l’auteur rattache son sujet à l’ensemble de nos anciennes institutions et l’éclaire par des vues gé- nérales qui ne manquent pas de portée. Il y a plus que de l’érudition dans son œuvre, 1l y a des idées. Aussi j’es- time, avec le premier rapporteur, que la médaille d’or doit lui être décernée. Je ne connais pas encore l’opinion du troisième rapporteur. Quant au mémoire sur la même question ayant pour épigraphe : Labor improbus omnia vincil, il ne peut, sous aucun rapport, entrer en concurrence avec l’autre. Cepen- dant, comme c’est un travail qui n’a pu être fait qu'après de longues recherches et dont quelques parties m'ont paru assez bien traitées, je demanderai à mes honorables con- frères, MM. David et Gachard, si l’on ne pourrait lui ac- corder une mention honorable à titre d'encouragement. » dtosssss à ns + ( 509 ) Rapport de M. Gachard. Sur le Memoire ayant pour devise : Labor improbus omnia vincil. Ce mémoire à cinq cent trente et une pages, d'un petit format à la vérité, mais enfin il à cinq cent trente et une pages, et l’auteur, dans une note, annonce que, si son travail est favorablement accueilli, 11 y ajoutera, au moyen d'un supplément, certains documents qui n’y ont pu trouver place où qui ont été oubliés! N'est-ce pas le cas de renouveler l'observation qui, plus d'une fois déjà, a été faite dans le sein de la compa- gmie, sur la propension des concurrents à donner aux ou- vrages qu'ils nous présentent des proportions démesurées, au lieu de les renfermer dans les limites raisonnables d’un mémoire académique ? Elle est iei d'autant plus à propos que, sur les cinq cent trente et une pages du mémoire, il y en à un tiers au moins qui est consacré à la reproduction de textes depuis longtemps publiés, tels que la charte de Cortenberg, la charte wallonne, la walsch Charter, la Joyeuse - Entrée de Jeanne et Wenceslas, celle de Philippe IF, les additions de Philippe le Bon et de Charles-Quint, etc. Vainement objecterait-on que les publications faites de ces documents sont défectueuses : cette raison aurait peu de valeur, car l'Académie n’a pas demandé un recueil diplo- matique , c’est un ouvrage historique qu'elle a eu en vue. Sans m'appesantir davantage sur ce point, j'aborde l'examen du mémoire. L'auteur, après une introduction d’une dizaine de pages, . ( 510 ) en consacre deux cents environ à l'exposition des origines de la Joyeuse-Entrée, prescrite par le programme; exposi- tion qu'il divise en deux parties, la première intitulée : « Origine des libertés inscrites dans la Joyeuse-Entrée ; » la seconde : « Analyse historique des principes inserits » dans la Joyeuse-Entrée. Étude des chartes, diplômes, » lettres des souverains et autres documents qui ont fourni » des éléments à la constitution brabançonne. » Dans la première partie, qui remplit une quarantaine de pages, il s'efforce d'établir que les peuples de nos pro- vinces ont été redevables surtout à l’industrie, à l’agricul- ture, au commerce, au travail en un mot, des libertés qu'ils ont acquises. Je ne saurais mieux faire que de me référer, à cet égard, à ce que disait l’un des commissaires du précédent concours, M. le baron de Gerlache, à propos d'un mémoire où la même thèse était soutenue : « L'auteur » regarde comme une des causes premières des libertés » civiles, le travail qui produit la richesse. Je pense que » cette thèse, présentée en termes généraux, est trop » absolue (1). » Et M. de Gerlache, comme M. David, aussi l’un des commissaires pour cette question, faisait remar- quér que les priviléges, les franchises, accordés aux sujets par les princes, le furent, le plus souvent, à prix d'argent ou pour services rendus. Je partage entièrement la manière de voir de mes honorables et savants confrères. J'ajouterai que, selon moi, l’auteur aurait pu, sans inconvénient, abréger de beaucoup cette première partie, sinon la re- trancher tout à fait. Il y a de grandes recherches dans la seconde partie. Les chartes octroyées aux villes, franchises et pays de Bra- (1) Bulletins, 2me série, €. X[, p. 542. ( d11 ) bant depuis la fin du douzième siècle jusque; vers le mi- lieu du quatorzième, y sont citées et analysées, ainsi que d’autres actes qui ont un rapport plus ou moins direct aux constitutions du pays. Un peu plus de précision dans les analyses et la suppression de certains détails qui ne se lient pas nécessairement au sujet, ajoutcraient à l'intérêt qu'offre ce chapitre du mémoire. Arrivé à la Joyeuse- Entrée de Jeanne et Wenceslas (1555), qui ouvre la série de ces monuments si fameux de notre ancien droit publie, l’auteur en donne, comme je l'ai dit, le texte original; il le fait suivre d’une traduction française ; puis il entre dans quelques explications sur cer- taines clauses de la même Joyeuse-Entrée qui, n'ayant qu'un caractère d'intérêt momentané, disparurent dans celles des successeurs de la duchesse Jeanne. Après cela, vient un chapitre d’une trentaine de pages, où l’auteur traite de quelques événements qui se passèrent dans l'intervalle des années 1356 à 1406. Je ne sais si ce n’est pas là, en partie du moins, un hors-d’œuvre. Des modifications furent apportées à la Joyeuse-Entrée que jurèrent, en 1406, Antoine de Bourgogne; en 1427, le comte Philippe de Saint-Pol; en 1450, Philippe le Bon; l’auteur les fait connaître. Dans cette dernière occa- sion, les états profitèrent habilement de leurs avantages. La mort de Philippe de Saint-Pol laissait vacante la suc- cession au duché de Brabant; plusieurs compétiteurs se présentaient pour la recueillir : les états ne se prononcè- rent en faveur du duc de Bourgogne, qu'après avoir obtenu de lui non-seulement le maintien mais encore une exten- sion de leurs franchises. Il est à regretter que l'histoire nous ait transmis si peu de détails sur les négociations qui eurent lieu entre les états et les envoyés du due. ( 512 ) À la réserve de certaines dispositions transitoires, la Joyeuse-Entrée que signa et jura Charles le Hardi ne dif- férait point de celle de son père. Il en fut autrement à sa mort. On sait dans quels embarras se trouva Marie de Bourgogne après le désastre de Nancy. Ses sujets, abusant de sa faiblesse, s’efforcèrent à l’envi de lui arracher des concessions. Dans cette réaction contre un despotisme dont la jeune princesse ne pouvait être rendue responsable, les états de Brabant ne furent pas ceux qui montrèrent le moins d’ardeur; ils remanièrent entièrement la Joyeuse- Entrée, y ajoutant une foule d'articles nouveaux, et modi- fiant la plupart de ceux qu’ils y laissaient subsister : le tout au détriment de l’autorilé souveraine (1). | Il n’eût pas été hors de propos de donner un précis des changements que subit alors la constitution brabançonne. L'auteur du mémoire que nous examinons a cru pouvoir s’en dispenser, par la raison qu’ils n’eurent qu’une exis- tence éphémère; il se borne à signaler ceux des articles de la Joyeuse-Entrée de la duchesse Marie qui peuvent servir à l’intelligence des Joyeuses- Entrées postérieures. Philippe le Beau, lorsqu'il fut émancipé, ne voulut con- tracter, comme duc de Brabant, d’autres engagements que ceux auxquels son aïeul et son bisaïeul avaient souscrit ; mais, quelque temps après, au mois de mars 1496, il signa des lettres additionnelles renfermant plusieurs clauses auxquelles les états attachaient une certaine importance, (1) On peut consulter là-dessus, aux Archives du royaume, le registre numéro 20 de la chambre des comptes. Il contient une énumération détail- lée de ces changements, faite par la chambre des comptes de Brabant, en réponse à une lettre que Maximilien d'Autriche lui écrivit le 22 no- vembre 1477. ( 513) et qui n'étaient de nature à préjudicier en rien à ses droits (1). De la Joyeuse-Entrée de Philippe le Beau, l’auteur du mémoire passe, sans transition, à celle de Philippe EF. I y a là, dans son travail, une lacune manifeste : ear le règne de Charles-Quint, dont il ne dit pas un seul mot, fut mar- qué par des faits qui ne peuvent être omis dans l'histoire de la constitution brabanconne. Ce fut d'abord, sous la régence de l’archiduchesse Marguerite, sa querelle avec les abbés, querelle d’un caractère assez grave pour qu'elle fit saisir le temporel de ces prélats (2) et sollicitàt l’'Em- pereur, son neveu, de se faire délier, par le pape, du ser- ment qu'il avait prêté à son inauguration : les abbés , en effet, s'étaient pourvus contre l'acte de l’archiduchesse devant le conseil de Brabant, en se prévalant de la Joyeuse- Entrée. Dans les premières années de la régence de la reine Marie, les contestations entre le gouvernement et les états, sur la portée et l’application du pacte fondamental, furent incessantes; un des points qui y donna lieu surtout con- cernait le conseil de Brabant. Les états soutenaient avec raison que le chancelier et les conseillers dont était formée cette cour souveraine devaient prêter le serment d'observer la Joyeuse- Entrée; le gouvernement s’y opposait, préten- dant qu'il y avait, dans la Joveuse-Entrée, des disposi- tions qui n'étaient plus en usage. Sur ce point et sur les autres questions en litige, il y eut une sorte de transaction dont les termes sont énoncés dans un acte de la reine, du 20 juin 1556 (3) : cet acte statue, quant au serment du (1) Placards de Brabant , 1.1, p. 189. (2) Décret du 22 mai 1527. (3) Reg. n° 672 de la chambre des comptes, fol. 9. ( 14 }y chancelier et des conseillers de Brabant, qu'ils le prêteront en conformité de la Joyeusc-Entrée, sauf pour une dizaine d'articles de cette charte, à l'égard desquels chacune des deux parties demeurera en son entier. Charles-Quint, vou- lant faire recevoir et inaugurer le prince son fils comme son futur héritier, convoqua les états de Brabant : il était présent, ainsi que la reine Marie, à cette assemblée, où, par son ordre, le chancelier du duché proposa, avec la ré- ception du prince et la pragmatique que l'Empereur vou- lait établir pour la succession des Pays-Bas, la révision de la Joyeuse-Entrée. Les états consentirent à tout; en con- séquence, des conférences s’ouvrirent où furent discutées, à lamiable, les modifications dont la loi fondamentale pa- raissait susceptible. La Joyeuse - Entrée que Philippe con- sacra par son serment, le à juillet 1549, fut le résultat de cette entente entre le souverain et les représentants du pays; les états, par une résolution du 28 juin précédent, avaient acquiescé à la plupart des changements qui leur étaient demandés (1). Et, comme une erreur s'était glissée dans l’article 58 de la nouvelle charte, un acte de l'Empe- reur, du 8 mars 1555 (1554, n. st.) la redressa, en réta- blissant le texte de cet article tel qu'il avait été adopté dans les communications tenues entre les commissaires du gouvernement et ceux des états (2). Après avoir reproduit tout au long la Joyeuse-Entrée de Philippe IT, l’auteur donne de même les deux lettres addi- tionnelles à celle de Charles-Quint, du 12 et du 16 avril 1515, lesquelles, à ce qu'il semble, selon les règles de la logique et de la chronologie, auraient dû la précéder. II (1) Registre n° 672 de la chambre des comptes, fol. 219, (@) Ibid., fol. 251 :vr. ( 12 ) revient ensuite à la charte du à juillet 1549; 11 la traduit en français, article par article, et il en accompagne d'un commentaire les principales dispositions. Quelques mots sur les serments que le due et les états prètaient lors de l'inauguration, et sur ce que cette cérémonie avait de so- lennel, terminent le mémoire. La Joyeuse-Entrée de Philippe IE servit de type à celle de tous ses successeurs : c’est sans doute la raison pour laquelle l’auteur à jugé inutile de pousser son travail plus loin. Cependant il n’eût pas été sans intérêt de rechercher les faits principaux qui, sous les règnes suivants, se lient au renouvellement du code des libertés brabanconnes. Par exemple, je trouve que, en 1666, avant de consentir à l'inauguration de Charles IF, les états présentèrent au mar- quis de Castel-Rodrigo des remontrances où ils se plai- gnaient des atteintes qui avaient été portées à la Joyeuse- Entrée sous le règne de Philippe IV, et en réclamaient la réparation (1). Je vois encore qu'en 1717, ayant été appelés à délibérer sur l'inauguration de l'empereur Charles VT, ils commencèrent par demander que les stipulations du traité de la Barrière contraires à la Joyeuse- Entrée fus- sent regardées comme non avenues (2). Si je ne me trompe, ces faits méritaient d’être rapportés; et sans doute, en cherchant bien, on en trouverait d’autres également dignes d'être tirés de l'oubli. | N’eüût-1l pas été convenable aussi de rappeler la cassa- ion de la Joyeuse-Entrée par Joseph IF, et la révolution qui en fut la conséquence ? Je ne sais si le commentaire que l’auteur a placé à côté (1) Archives des états de Brabant, (2) Reg. n° 555 des états de Brabant, fol. 52 ve. ( 10 ) du dermier texte de la Joyeuse-Entrée répond à ce que l’Académie a entendu par « l'appréciation des principes » de cette charte; en fait de commentaire, nous avions déjà celui du chef et président de Pape, qui en vaut bien un autre. J'aurais voulu, pour ma part, que, sans s’asservir à l’ordre des articles de la constitution brabanconne, l’au- teur mit en relief les grands principes de liberté qu’elle renfermait; qu'il montràt comment ils furent pratiqués ; qu'il racontàt, au moins sommairement, les contestations auxquelles ils donnèrent lieu entre les représentants du peuple et les dépositaires de Pautorité souveraine. Que de débats, par exemple, n’eurent-ils pas leur source dans les articles de la Joyeuse-Entrée qui concernaient la compo- sition du conseil et de la chambre des comptes de Brabant, l’apposition du paraphe du chancelier du sceau de Bra- bant, outre la signature d’un secrétaire brabançon, à toutes les ordonnances, règlements, décisions, octrois, qui de- vaient être exécutés dans cette province , enfin le privi- —lége, si cher aux Brabançons, de non extradendo ! Sur toutes ces choses, les Archives du royaume, et en par- ticulier la collection des actes des états de Brabant, lui auraient fourni des documents aussi nombreux qu'authen- tiques (1). J'ai signalé plusieurs lacunes dans le mémoire qui m'oc- cupe : il en est d’autres encore que je ne puis passer sous silence. (1) L'auteur aurait pu consulter aussi la Notice historique sur la cham- bre des comptes, insérée dans l’/nventaire des archives de la chambre des comptes, t. T; les documents publiés dans les Procès-verbaux de la Commission royale des ordonnances, t. [, pp. 75-154, et t. IT, pp. 167- 197; le Mémoire sur la composition et les attributions des états de Bra- ban, dans les Mémoires de l'Académie, t. XVI ; l'Histoire des Belges à la fin du dix-huitième siècle, par M. Borgnet. ( 17 ) Sous les premiers ducs, la Joyeuse-Entrée était jurée par ces princes dans les quatre chefs-villes de Brabant. Plus tard, ils la jurèrent seulement à Louvain, comme capitale du duché. Au commencement du dix-septième siècle, Bruxelles enleva cette prérogative à Louvain, et, malgré les protestations réitérées des Louvanistes, elle la conserva toujours depuis. Le mémoire ne dit rien de tout cela. Il ne parle pas non plus de la part que prenaient à l'inauguration du duc de Brabant les états de Limbourg, auxquels les priviléges de la Joyeuse-Entrée étaient com- muns , mais qui avaient, de plus, leurs priviléges propres, dont le prince jurait aussi l'observation. Il n'entre enfin dans aucun détail sur cette imposante cérémonie. Il y aurait pourtant plus d’une particularité curieuse à extraire des actes qui s’en sont conservés. Ainsi, quand Philippe Il Jura la Joyeuse-Entrée à Louvain, le 5 juillet 1549, il fal- lut qu’on la lui traduisit en espagnol, car il ne connaissait pas le flamand , et 1l prêta serment en latin, au lieu que ses prédécesseurs l’avaient prêté dans la langue du pays. Il y eut encore cette circonstance à noter, que l’audiencier lut seulement les douze premiers et les derniers articles de la Joyeuse-Entrée, « pour la prolixité d’icelle, » est-il dit dans une relation que firent rédiger les états de Bra- bant (1). En résumé , il y a de bonnes choses dans le mémoire qui nous a été envoyé; plusieurs des parties dont il se com- pose attestent de l'étude et un esprit investigateur : mais la partie historique a besoin d’en être complétée. D'autre part, il faudrait que l’auteur en élagut les détails étran- a — — D (1) Archives des états de Brabant, reg. n° 555, fol. 7 et suiv. ( d18 ) sers au sujet, mais surtout — j'insiste particulièrement sur ce point — qu'il en fit disparaître tous ces textes qui le grossissent inutilement, puisqu'on les trouve partout. Qu'il se persuade que, en resserrant son travail, il ne lui Ôtera rien de sa solidité : bien au contraire. Je n’ai point Jusqu'ici parlé du style; sous ce rapport également, le mémoire doit être revu : l’auteur ne se garde pas assez de l’enflure , et il n’est pas toujours cor- rect. La conclusion de ce qui précède se déduit de soi-même : c’est qu'il n’y a pas lieu de décerner le prix au mémoire dont je viens de rendre compte. Sur le memoire portant pour devise un extrait de Tacite. « J'avais terminé mon examen de l’autre mémoire, lors- que celui-ci m'est parvenu, accompagné du rapport du premier commissaire, M. le chanoine David. C’est pour- quoi j'en parlerai séparément. M. David a donné, avec la précision, la clarté qui lui est habituelle, l'analyse de ce mémoire; je ne saurais rien y ajouter. | Je m’associe volontiers aux éloges que mon honorable et savant confrère accorde à ce travail. Avec lui, je recon- hais que l’auteur s’est livré à de sérieuses études; qu'il fait preuve d'érudition et de connaissances juridiques; que, dans ses appréciations de l’ancien droit public du Brabant, dans le parallèle qu'il établit entre la Joyeuse- Entrée et les libertés modernes, il montre en général un esprit judicieux et sage. Mais j'ai pourtant à faire quelques résgrves. L'auteur, comme son concurrent, a négligé de consulter ( 919 ) les archives ; il ne tient pas compte des écrits et des do- euments qui ont été publiés sur la matière depuis une vingtaine d'années (1); il a ainsi laissé dans l'ombre la partie la plus intéressante de son sujet, je veux dire le tableau des luttes auxquelles donna lieu, dans les trois der- miers siècles, entre les états et les souverains, entre le conseil privé et le conseil de Brabant, l'interprétation de la Joyeuse-Entrée. Une autre observation, c'est que l’auteur s’abandonne trop au penchant de tout commenter, de tout expliquer : il tombe par là dans des longueurs que M. David a signa- lées lui-même. Je me hâte d'ajouter que ces critiques tiennent à la ma- nière dont j'envisage la question qui a été mise au con- cours. Il me semble que le programme demandait moims de discussions et plus de faits. Selon moi, l’appréciation des principes de la Joyeuse-Entrée aurait dû ressortir sur- tout des débats dont ce contrat entre les peuples du Bra- bant et leurs souverains fut si fréquemment la cause. En un mot, j'aurais voulu que l'histoire oceupat plus de place dans la réponse à la question proposée. Peut-être cette manière de voir n'est-elle pas celle de la classe. Aussi j’attendrai, pour conclure, que la discussion n'ait éclairé à cet égard. | Je ne connais pas encore, d’ailleurs, lopinion du deuxième rapporteur, mon honorable confrère M. Grand- gagnage. » La classe, après avoir entendu ses commissaires, décerne a ——— (1) Je les cite dans le rapport qui précède. 2e SÉRIE, TOME XII. 58 ( 220 ) la médaille d’or au mémoire portant pour devise : Non lamen pigebit, et accorde une mention honorable à l’au- teur du mémoire portant pour devise : Labor improbus omnia vincil. L'ouverture du billet cacheté joint au premier mémoire a fait connaitre qu'il a pour auteur M. Edmond Poullet, docteur en droit à Louvain. SIXIÈME QUESTION. Comparer, particulièrement en Belgique, la condition phy- sique, morale et intellectuelle des classes laborieuses, sous le régime des corporations et à l’époque actuelle. Happort de M. Ch. Faider. « J’exprimerai en peu de mots mon appréciation du mémoire envoyé en réponse à la question relative à la con- dition des classes laborieuses. S'il s'agissait d’un article de revue, résumant les doctrines et les opinions des bons économistes, et offrant quelques aperçus ingénieux ou spirituels, je pourrais accorder un suffrage favorable à l’auteur du travail présenté ; mais c’est un mémoire acadé- mique qu'on lui a demandé : or il suffit de lire le résumé qui nous est Soumis pour se convaincre que, sous aucun rapport, il n'offre les qualités voulues pour remporter un prix : l’auteur à puisé dans Turgot, dans Say, dans Rossi, les éléments de son travail; nous n’y avons rien trouvé de neuf, ni vues pratiques, ni recherches statisti- ques, ni larges appréciations. Le style, en général facile et coulant, n’a rien de relevé, quoique, en de certains en- droits, il soit un peu déclamatoire; en un mot, l’œuvre ( 21 ) n'a pas assez d'importance et de mérite pour obtenir le suf- frage de l'Académie. » « J'adhère aux conclusions ci-dessus, ajoute M. Paul Devaux, second commissaire, le mémoire présenté man- quant de valeur scientifique, soit comme théorie, soit comme étude de faits dans le présent ou dans le passé. » Le troisième commissaire, M. De Decker, partage l’avis de ses deux confrères, MM. Faider et Paul Devaux. D’après cette unanimité, la classe n’a pas cru devoir décerner le prix proposé. CONCOURS EXTRAORDINAIRE. Happort de M. Kervcyn de Lettenhove. « La question présentée, sous les auspices de la classe, dans un concours extraordinaire, est ainsi conçue : Exposer l'origine belge des Carlovingiens. Discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. Peut-être, dans la pensée de la classe, eùt-il suffi de se borner aux faits historiques qui se rapportent à l’origine et à l'élévation des Carolingiens, et dans ce système, il eût été permis de s'arrêter à Charlemagne, qui, du jour où lempire d'Occident se reconstitue, clôt lui-même de ses mains glorieuses, l’histoire des luttes et des épreuves au milieu desquelles les Pepin ont grandi en associant à leurs triomphes les noms de la patrie belge, les noms de Lan- den et d'Héristal. Quoi qu’il en soit, la rédaction de la question proposée lui assignait plus d’étendue : elle semblait réclamer lhis- ( 522 ) toire complète des Carolingiens dans ses rapports avec la Belgique, jusqu’au jour où ils revirent, malheureux el proscrits, ces rives de la Meuse qui avaient salué jadis la puissance de leur race et qui cette fois ne leur réservaient qu'un tombeau. À ce point de vue, il fallait diviser les an- nales des Carolingiens en deux périodes à peu près égales, deux siècles de victoires et de succès, deux siècles de décadence et d’humiliation , et montrer pendant ces phases diverses de leur fortune, la civilisation et les institutions se développant et s’abaissant tour à tour en Belgique avec la dynastie carolingienne. C’est en ces termes et dans ces vastes limites que la question a été comprise par l’auteur du mémoire qui porte pour devise : Viribus unilis. Le cadre du travail se trouvant ainsi tracé, l’auteur du mémoire a abordé sans hésiter la solution des difficultés les plus graves et les plus sérieuses qui s’offraient à lui. « On remarquera peut-être, dit-il, que nous n’avons pas » donné les mêmes développements à toutes les parties » de notre sujet. En effet, nous nous sommes borné à » exposer, d’après les meilleurs auteurs et en les citant » avec soin, les questions qui ont déjà été traitées d’une » manière supérieure, tandis que nous nous sommes livré » à des études critiques, même minutieuses, sur les points » où nous n'avons pas rencontré de travaux approfondis. » (Préface, p. vu.) Le livre I‘, intitulé Introduction à l’his- loire des Garolingiens offre une suite de dissertations sur la confédération des Francs, sur leurs établissements sous les Mérovingiens et sur leur organisation politique. Bien que nous ne puissions partager l'opinion de l’auteur sur l’origine et le caractère de la mairie du palais, nous recon- naissons qu'il l’a soutenue par des arguments puisés aux meilleures sources. ( 25 }) Dès les premières pages du livre IT, nous abordons la question si importante de l'origine belge des Carolingiens. Le premier chapitre est consacré à Pepin de Landen. Dans le second, l’auteur s'attache à démontrer que saint Arnulf, aïeul paternel de Pepin d'Héristal, était de race franke. I se livre à une discussion très-développée des textes an- ciens et des travaux des érudits modernes. Mais, d’une part, l’auteur nous parait négliger trop absolument les traces, vagues et indécises, 1l est vrai, de la famille ea- rolingienne avant Pepin de Landen; d'autre part, quel que soit notre désir de multiplier les liens qui unissent à la Belgique la race de Charlemagne , il nous est bien diffi- cile de nous rallier, comme le propose l’auteur et comme . l'ont fait d’ailleurs les bénédictins et les plus savants hagio- graphes , à l’origine franke de l’évêque de Metz. Ces deux questions présentent le plus grand intérêt, Qu'étaient les Carolingiens avant que Pepin résidât à Lan- den? Ne peut-on pas remonter plus haut pour découvrir leur orîgine et pour déterminer également quelle fut, dans les temps les plus reculés, leur influence politique? Com- ment devinrent-ils les puissants Instruments du développe- ment de la religion et de la civilisation ? Comment l'élément frank, resté si longtemps ineulte et barbaré dans nos pro- vinces, s'y éclaira-t-1il tout à coup des vives lumières que lui apportait l'élément gallo-romain, resté dépositaire des traditions d’un autre âge? Comment, en un mot, cette génération d'hommes illustres, s’élevant de degré en degré, arriva-t-elle à produire le fondateur de la société nouvelle, Charlemagne ? ù Nous ne pouvons que louer l’auteur de sa prudence, lorsqu'il se borne à enregistrer des faits incontestés; mais au delà des horizons qui appartiennent à l’histoire, il y a ( 524 ) une pénombre qui n’est pas encore la nuit, et où la science peut porter son flambeau. Il est dans la mission de la science de chercher sans cesse à reculer le cercle des vé- rités historiques. Nous eussions souhaité que l’auteur du mémoire, après nous avoir souvent donné la preuve de sa critique consciencieuse, eût courageusement entrepris cette tâche, et plus nous sommes convaincu des difficultés qu'elle présente, plus nous aurions été disposé à lui tenir compte de ses efforts pour les faire disparaître. Un anonyme racontant les exploits de Charles Martel en 727, l'appelle : Karlus Saxo (1). La chronique de Mar- chiennes, rédigée d’après les documents les plus précieux et les plus dignes de foi, désigne aussi Pepin de Landen par le nom de Pepinus Saxo. Enfin, le texte des annales primitives de Saint-Vaast, retrouvé à Douay, que Dom Pitra et M. Bethmann ont successivement signalé à l’atten- tion des érudits, lui donne le même surnom. Quelle est la valeur de cette désignation commune à Pepin de Lan- den et à Charles Martel, et probablement à toute leur race (2)? Les plus anciens témoignages ne nous appren- (1) Manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, n° 7505. (2) Il faut aussi signaler un passage fort remarquable de la vie d’Aldric, évêque du Mans, écrite au neuvième siècle. L'auteur , racontant qu’Aldrie appartenait à la famille de Charlemagne, non pas par sa mère, qui était boioware, mais par son père, se sert de ces termes : Natione patris fran- cus sive saxo. (Baluze, Miscell., t. Ier,. Adalard et Wala, petits-fils de Charles Martel, exprimaient leurs sympathies pour la race saxonne. (Acta ord S. Bened.,t. V, pp. 445, 451 et 452), et, après la mort d’Adhalard, Paschase Radbert rappelait les larmes et les regrets du Saxon : Rustica concelebret, romana , latinaque lingua, Saxo qui, pariter plangens, per carmina dicat : Vertite huc cuncti, cecidit quum maximus ille! (Acta SS.,t.1, Jan.) ( 525 } nent-ils pas que leur puissance s’étendait jusqu'aux limites du pays des Frisons, c’est-à-dire à l’ouest de l'Escaut? Ne savons-nous pas que le nom de Saxons était fréquemment | donné à ces populations du Littus Saxonicum, établies à côté des Franks et tour à tour leurs alliées et leurs rivales, qui se pressaient sur les bords de la mer, depuis Hulst, le Saxiportus , jusqu'aux bouches de la Loire, témoin ces vers que Venantius Fortunatus adressait à Félix, évêque de Nantes : Aspera gens, Saxo vivens quasi more ferino, Te medicante sacer, bellua reddit ovem. N'est-ce pas vers le Fleanderland, assez près du Zittus Saxonicum qu'il faut chercher les premières possessions héréditaires des Pepin? Nous trouvons à Gand la retraite du karling saint Bavon, à Bruges, l’alleu du karling saint Trond , à Douay, le château du karling Erkembald , à Mer- ville, læ résidence du karling saint Maurontus. Aire re- vendique le karling Leudesius et même Pepin de Landen, qui aurait été, selon l'affirmation, toujours quelque peu absolue, du P. Malbrancq, gouverneur de la Morinie. Le nom de Karl n'est-il pas saxon? Les noms de Pepin et de Begge n’appartiennent-ils pas à ces rivages où le christia- nisme rapprochait rapidement dans une même ardeur de conversion et de prosélytisme, Irlandais, Scots et Anglo- . Saxons? Ceci n’explique-t-il pas comment saint Columban trouve l’un de ses plus zélés disciples dans le karling Wan- dregisil , et comment tous ces apôtres anglo-saxons et irlandais, les saint Willebrod, les saint Folian, les saint Liévin, les saint Boniface, les saint Virgile, sont recus comme des frères dans le palais des Pepin? Ceci n’ex- plique-t-1l pas aussi comment Grimoald, fils de Pepin de ( 526 ) Landen, choisit au delà de la mer la retraite qu'il assigna à Dagobert IF, et comment Charlemagne lui-même se plut à chercher dans la patrie de samt Boniface et de saint Folian, les Alcuin et les Jean Érigène, appelés à le se- conder dans sa mission civilisatrice? Peut-être objecte- rait-on que c’est en Austrasie que la famille de Pepin grandit et s'élève, mais cet argument serait-il péremptoire ? De Raganher à Clother, sous Chilpérie comme sous Clother, nous voyons sans cesse la Neustrie divisée en deux factions ennemies : la première, implacable et féroce, qui obéit à Ebroïn ; la seconde, plus civilisée et déjà chrétienne, qui s'appuie sur l'alliance du jeune Pepin d'Héristal. Le lien qui unit la race des Pepin à la Neustrie est encore si puissant au commencement du septième siècle, que le premier fait historique dans lequel ils interviennent est un complot pour livrer l’Austrasie au roi de Neustrie, Chilpérie. | | Ces révolutions mêmes de la Neustrie, au mikeu des- quelles on retrouve sans cesse des hommes qui, comme Ébroïn, se souviennent de Frédegunde (1), ne nous ap- prennent-elles pas comment les Pepin se sont trouvés conduits, des bords de lEseaut et de la Lys, dans le Bra- bant et dans la Hesbaye? C'était, 11 faut le remarquer, la position qui convenait le mieux à leur puissance, à leur courage, à leur habileté. De Landen, de Jupille ou d'Her- stal, ils dominaient en Austrasie, sans que la Neustrie, dont les frontières étaient voisines, püût se dérober à leur influence. 1 fallait de plus, en présence de la décadence de la race mérovingienne, suppléer à sa faiblesse en mon- trant dans le maire du palais le dux ex virtute de Taeite. (1) De Fredegunde tibi subveniat in memoriam. GESTA REGUXM , #5. LA ( 527 ) Il était nécessaire de ne pas trop s'éloigner du Rhin pour être toujours prêt à repousser de nouvelles invasions qui se préparaient, et peut-être aussi, si les Carolingiens eu- rent de bonne heure, comme tout l'annonce, le pressen- timent de leur haute fortune, se souvenaient-ils que c'était de ce même pays des Thoringi où des Tongrois que les ancêtres des rois mérovingiens s'étaient élancés, mtrépides et redoutés, à la conquête de la Gaule. Tout portait, d’ailleurs, les Carolingiens, si zélés pour la propagation du christianisme, à se rapprocher des siéges épiscopaux de Maestricht, de Trèves et de Metz. C'était de ee côté qu'ils devaient rencontrer un précieux appui dans une autre école de missionnaires, accourus du midi de la Gaule, qui compléteront l'œuvre abordée par les pré- dicateurs anglo-saxons et irlandais. Pepin de Landen épouse Iduberge, issue d’une famille aquitaine, et bientôt saint Amand arrive d'Aquitaine pour porter la foi dans les régions les plus barbares des bords de l’'Escaut. Pepin, comme maire du palais, protége les efforts de saint Amand, et après la mort de Pepin, c’est de sa main qu'Iduberge prendra le voile. Le Gallo-Romain saint Éloi suit de près l’Aquitain saint Amand. Tout ceci n’explique-t-il pas com- ment Pepin de Landen, honoré lui-même comme saint, put être amené à donner sa fille à l'héritier d’une famille gallo-romaine, aussi distinguée par sa piété et son zèle religieux que par sa puissance ? | Est-il certain, comme l’affirme l’auteur du mémoire, que la généalogie gallo-romaine de saint Arnulf n’a été composée que sous Charles le Chauve? N’est-elle pas déjà mentionnée dans des documents qui remontent à Charle- magne et même à Pepin? N°y est-il pas même fait allusion dans ces antiquissima carmina quibus veterum requm ( 528 ) actus canebantur, recueillis par Charlemagne, selon le té- moignage d'Éginhard, et cités par le poëte saxon? Est-il permis d’invoquer le silence de Paul Diacre, qui se borne à dire que les descendants d’Ansgise furent élevés à la royauté par la bénédiction de saint Arnulf, lorsqu'on re- . marque que ce passage relatif à la bénédiction de l’évêque de Metz est tiré d’une vie de saint Clodulf, bien plus an- cienne que ne l'ont cru les Bollandistes, où l’on attribue à la famille d’Ansbert une origine sénatoriale, c’est-à-dire gallo-romaine (ex antiquo senatorum genere )? La vie de saint Gondulf, la vague indication de ses relations avec : saint Arnulf relevée par l’auteur du mémoire, ne condui- raient-elles pas à quelque conclusion opposée à celle qu'il adopte? A l’exemple de saint Gondulf, qui quitte la Bour- gogne pour devenir évêque aux bords de la Meuse, sous la protection d’une famille qui ne lui était peut-être pas étrangère, ne faut-il pas joindre un autre exemple qui ex- pliquerait la migration même des Carolingiens de Neustrie en Austrasie, celui de saint Hubert, un moment maire du palais de Théodorie HIT, aquitain par sa famille et sa nais- sance, qui fuit la vengeance d’Ébroïn , et trouve un asile en Austrasie, près de Pepin d'Héristal ? Si nous nous représentons la famille carolingienne comme issue, d’une part, de la race saxonne , qui fut émi- nemment civilisatrice, et de l’autre, de la race gallo- romaine, qui ne trouvait plus que Dieu pour la consoler de tant de grandeurs éteintes, c’est que nous ne pouvons séparer la mission qu'elle remplit de ce double enseigne- ment de l’apostolat chrétien, confié tour à tour aux saint Liévin et aux saint Boniface, aux saint Amand et aux saint Éloi, et la puissance même de la famille carolin- sienne, quelque éelat qu’aient pu lui donner tous ses suc- CR ne - ( 529 ) cès et toutes ses victoires, fut surtout fondée sur cette protection assurée aux progrès de la religion et de la civi- lisation, pendant les deux siècles qui séparent saint Pepin de Landen de Charlemagne. L'auteur du mémoire nous parait n'avoir pas assez insisté sur ce point. Quelque opinion que l'on adopte, du reste, sur l’origine des Carolingiens, il suffit d'étudier leur histoire pour re- marquer combien ils furent intimement liés à la Belgique, Où 1ls trouvèrent un appui et des sympathies persévérantes qui, même à l'heure passagère des revers, leur permet- taient encore d'y reconnaître une patrie. Le mémoire déféré à notre examen passe assez rapide- ment sur la biographie d’Ansgise, de Pepin d’'Héristal, de Charles Martel, de Pepin le Bref. Le lieu de la naissance de Charlemagne y est l’objet d’une discussion approfondie, dont les conclusions sont favorables à la Belgique. Cepen- dant l’auteur se hète de reprendre l’histoire politique des Carolingiens, depuis la mort de Brunehaut, et expose les luttes de la Neustrie et de l’Austrasie, en attribuant aux cruautés d’'Ébroïn un caractère que nous ne pouvons accepter. Tous les événements qui s’accomplirent sous Charles Martel et sous Pepin le Bref sont retracés avec soin, et l’auteur n’en sépare pas le tableau de l’état des mœurs, du développement des lumières. La présence de saint Boniface au concile de Leptines et l'Indiculus super- stitionum lui permettent de se livrer à des recherches remarquables par la science et la critique qui y ont pré- sidé. Ainsi s'achève le second livre. Nous abordons l’époque de Pepin le Bref, et nous étu- dions tour à tour, avec l’auteur, la révolution de 752 et le gouvernement de Pepin. Ceci nous conduit à un travail plus considérable , à l'examen de la situation sociale sons (530 ) Charlemagne. Cette appréciation, qui ne renferme pas moins de cent pages, nous présente tour à tour l’illustre Empereur dans ses guerres et dans ses conquêtes, dans ses efforts pour reconstituer l'empire d'Occident, et sur- tout dans ses travaux d'organisation administrative, où, trop souvent, selon nous, on est disposé à voir des créa- tions, lorsqu'il ne faudrait y chercher que des transfor- mations justifiées par les temps et les mœurs. L'ordre politique, l’ordre judiciaire, tels qu’on les découvre au neuvième siècle, sont exposés d’après les Capitulaires avec beaucoup de pénétration et de sagacité, et nous ne crai- gnons pas d'ajouter que plusieurs de ces chapitres résu- ment heureusement les meilleurs travaux de l’érudition moderne. C’est avec la même attention que l’auteur s’oc- cupe de la civilisation carolingienne et des progrès ma- tériels et intellectuels qui en furent la suite, et rien ne manque au tableau qu'il a tracé des monuments de cette. grande époque, où, pour emprunter l'expression d’un ha- giographe, une éclatante lumière s’éleva au-dessus des ténèbres de la barbarie. La classe me permettra de ne pas m'arrêter sur le cha- pitre IF, qui reproduit l’histoire de Louis le Débonnaire et de ses fils, jusqu’au traité de Verdun, ni mème sur le livre IV, qui présente les annales de la décadence caro- lingienne , de 845 jusqu’à la fin du dixième siècle. Nous signalerons le chapitre FV du livre HT, intitulé : La Bel- gique sous les premiers rois carolingiens, qui comprend la description des pagi, lénumération des établissements ecclésiastiques, et une dissertation spéciale fort intéres- sante sur le séjour de Pepin le Bref, de Charlemagne et de Louis le Débonnaire en Belgique. La topographie ecclé- siastique offre toutefois beaucoup de lacunes, et c’est l’une ( doi ) des parties les moins satisfaisantes de ce mémoire (1). Nous nous bornerons aussi à indiquer, dans le livre IV, un pa- ragraphe du chapitre [°° consacré aux modifications que subirent les institutions politiques et judiciaires après Charlemagne; un paragraphe du chapitre IF qui résume l'histoire de la Belgique au dixième siècle, et enfin un autre paragraphe du même chapitre qui offre le résumé chronologique de tous les diplômes relatifs à la Belgique, postérieurs à la mort de Charles le Chauve. Nous sommes heureux de proclamer la valeur incontes- table du mémoire que nous avons eu à examiner. Nous croyons , il est vrai, que quelques sources dispersées dans de vastes collections ou mises au jour à une époque déjà éloignée de nous, auraient pu être utilement consultées; mais l’auteur a suivi fort attentivement toutes celles qu’of- {rent les importants recueils de Dom Bouquet, de Bréqui- gny, de Baluze, de Ghesquière et de M. Pertz, et il en est beaucoup d’autres qu'il a également citées, en s’en servant avec succès. Il à surtout étudié avec une infatigable per- sévérance les travaux des érudits modernes , et la plupart des dissertations publiées en Allemagne ont subi une ana- lyse ou une discussion qui attestent une fois de plus com- bien l’auteur s’est appliqué avec soin à de longues et péni- (14) J'ai noté, sur quelques points particuliers, certaines inexactitudes qu'il sera aisé de corriger. Les missionnaires anglais et irlandais (page 75) fondèrent des monastères selon la règle de Saint-Columban plutôt ‘que selon la règle de Saint-Benoît; page 87, l’auteur omet l'abbaye de Tron- chiennes ; page 250, l’auteur reproduit, sur lémigration des Saxons en Flandre, sous Charlemagne, une allégation qui ne repose sur aucune source ancienne ; page 426, l'abbatia Werdinensis , est-elle bien celle de Verdun ? Ne faut-il pas lire Werden, en Allemagne ? Je ne veux pas multiplier ces observations trop minutieuses, ( 532 ) bles investigations. Ce mémoire, qui embrasse plus de six cents pages, sans les pièces justificatives que l’auteur se propose d’y joindre, répond, par son importance, à tout ce que pouvait espérer l’Académie, et la forme, qui est correcte, simple et élégante, y relève davantage le mérite d’une science laborieuse et d’une critique éclairée. Nous proposons à la classe des lettres de couronner le mémoire qui porte pour devise : Viribus unitis. I importe, croyons-nous, à l'honneur de la Belgique et de l'Académie de ne pas ajourner plus longtemps la proclamation des ré- sultats d’un concours qui doit répandre une lumière plus vive sur la patrie de la grande dynastie carolingienne; il faut aussi ne pas différer plus longtemps le public hom- mage qui est dû au fondateur anonyme de ce prix extra- ordinaire. Il y a à, à la fois, un noble exemple dont les lettres seront reconnaissantes, et une pensée patriotique qui trouvera un écho dans le pays, car la Belgique ne peut oublier que c’est en restant fidèle à toutes ses gloires qu’elle affermira de plus en plus sa nationalité et sa liberté. » apport de M. le baron de Gerlackhe. « C’est une inspiration toute patriotique qui a dicté la question qui vous est aujourd’hui soumise sur l’origine belge des Carlovingiens (1). La Belgique, ou plutôt les an- (1) La question est ainsi posée dans le programme de l’Académie : « Exposer l'origine belge des Carlovingiens Discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. | « Le prix pour cette question se compose d’un capital de six mille six cents franes inserit au grand-livre de la dette publique à 2 12 p. 1/0, avec la jouissance des intérêts à partir du 1° juillet 1856. » hd dns ( 035 ) ciens Pays-Bas, étaient le pays des Francs et le siége de leur domination. Les grands noms de Pepin de Landen, de Pepin d'Herstal, de Charles Martel, de Charlemagne sont inscrits sur le sol belge; notre géographie nationale les réclame ainsi que notre histoire : ce sont en quelque sorte pour nous des noms dé famille (1). Quand on pour- rait élever des doutes sur certaines circonstances de leur vie, par exemple, sur le lieu de naissance de Charlemagne, toujours est-il vrai qu'ils appartiennent à la Belgique et qu'ils l’habitaient de préférence à tous les autres pays de leur vaste domination. Mais, chose étrange et qui a amené les plus incroyables quiproquo historiques! Ces descendants des Gallo-Romains, plusieurs fois envahis et vaincus par les Francs, héritèrent et se parèrent du nom de leurs vain- queurs; ils s’appelèrent Français, c'est-à-dire, descen- dants des Francs, quoiqu’ils n’en descendissent que pour une partie si minime qu'elle est aujourd’hui inappréciable, puisque l'élément germanique a presque entièrement dis- paru de chez eux, et que leur langage même les dément. En effet, les peuples de la Gaule proprement dite ne par- lèrent jamais le franc ou le teuton, comme on le parlait à la cour de Charlemagne , mais un idiome dérivé du gaulois et du latin. Devenus puissants à leur tour, ces Gaulois- Romains, se disant Francs ou Français, comptèrent ceux qui les avaient conquis et subjugués, au nombre de leurs glorieux ancêtres ! Is dirent, notre Pepin, notre Charles (1) Quoique les surnoms de Pepin de Landen et de Pepin d'Herstal ne se trouvent pas mentionnés dans les auteurs contemporains, ils n’en sont pas moins aujourd'hui généralement admis pour les distinguer et comme spécifiant les lieux qu'occupaient ordinairement ces grands hommes. ( 584 ) Martel, notre Charlemagne, qui devinrent ainsi des princes purement français. Et par une induction toute naturelle, conduisant à de grandes conséquences, ils aflirmèrent que les provinces belges, et bien d’autres, n'étaient qu'une fraction du grand empire de Charlemagne, dont ils étaient les représentants. C’est ainsi que raisonnait, vous le sa- vez, le plus fameux annexioniste des temps modernes. Et l’amour-propre national aidant, ce système finit par de- venir, Chez nos voisins, une sorte de credo historique pro- lessé par les hommes de tous les partis. Mais l’histoire les dément (1). Messieurs, ne soyons pas exclusifs ni étroits à force de patriotisme. Soyons justes. En réalité, lillustre race des Pepins n'appartient ni aux Français, ni aux Alle- mands, ni aux Belges; nul n’a le droit de la revendiquer (1) « Les Frances (dit Sismondi), sous la conduite du père et de Païeul de Pepin le Bref, semblent, pour Ja seconde fois, avoir conquis la Gaule: €’est une invasion nouvelle de la langue, de lPesprit militaire et des mœurs de la Germanie... Dans deux siècles et demi, les premiers conquérants s'étaient déjà naturalisés parmi les Romains ou Gaulois. Mais cette race s'était ra- pidement éteinte parmi les débauches de la paix et les fureurs de la guerre. Lorsque Charles Martel ou Pepin conduisirent de nouveau leurs armées austrasiennes dans la Neustrie, tout le peuple de la contrée consi- déra ces soldats germaniques comme étrangers et comme ennemis. (Æis- loire des Français.) « Les Carlovingiens n'avaient point pour Paris la prédilection qu'avaient montrée les Mérovingiens ; cette ville, abandonnée par les rois, cessa d'être considérée comme une capitale, Charlemagne montrait surtout une préférence marquée pour les pays où l’on parlait la langue allemande. Paris, qui avait conservé l'usage du latin, ou plutôt du dialecte qui s'était formé par corruption des débris de cette belle langue, et que l’on commen- cait à nommer roman, paraissait montrer aux Francs, dans ce dialecte même, des preuves de sa servitude : ils ne se croyaient chez eux qu'en Alsace, en Austrasie, sur tous les bords du Rhin et dans les provinces d’où sortaient leurs soldats, » (/bidem.) ( 299 ) en particulier, et Charlemagne notamment. C'était Fhomme des nations, l'empereur d'Occident, le grand prince chré- tien qui avait relevé l'empire romain en le christianisant et en posant les bases à jamais durables de la civilisation moderne. Autre chose est l’histoire d’une nation, autre chose est l'histoire d'un pays et des populations qui Pont successivement envahi ou dominé: autre chose aussi est l’histoire des races royales où des dynasties qui ont suc- cessivement gouverné ce pays au milieu des conflits et des bouleversements de la conquête. L’historien impartial se garde bien de confondre des objets si différents, au risque même de déplaire, en heurtant de front des préjugés nationaux généralement et profondément enracinés. Je w’ai rien à ajouter au rapport de notre savant con- frère, M. Kervyn, sur le mémoire qui vous est soumis. Il l’a examiné dans toutes ses parties et il l’a jugé digne du prix. Telle est aussi mon opinion. Je pense que ce travail, comme œuvre d'érudition, est un des plus remarquables que vous ayez recus depuis longtemps. Évidemment (ee qui ne nous arrive pas toujours) l’auteur était préparé par de sérieuses études; il a puisé aux sources originales, il a mis à contribution les travaux de l’érudition belge et alle- mande, de sorte qu'il semble résumer assez exactement l’état actuel de la science sur cette importante question de notre histoire nationale. Je dois faire cependant quelques réserves sur un point capital : à mon avis il a mal com- pris la politique de Charlemagne, qu'il n’a peut-être pas Jugée sans prévention. « Après avoir été couronné empe- » reur (dit-il, pp. 260-261 de son mémoire), Charles de- » vint un idéaliste politique; Sa puissance lui parut plus » forte et plus étendue; 1! la considéra comvme théocrati- » que. » Et plus lom : « Charles, comme tous ses con- 2€ SÉRIE, TOME XHI. 5, ( 96 | » temporains, attachait une haute importance aux affaires » religieuses; il se croyait le droit de les régler et admi- »_nistrer aussi librement que les affaires profanes. L'Église » était dans l'Empire, et non l'Empire dans l'Église. » Puis, il répète encore : « Charlemagne était évidemment » un idéaliste politique; sa doctrine était politico -théo- » cratique… » Tout cela est à mes yeux bien confus, bien nébuleux et bien inexact. D'abord, qu’entend-1l par lidéa- lisme politique de Charlemagne? Il aurait bien dû nous l’expliquer. Si l’idéalisme politique voulait dire ici un perfectionnement nouveau, inouï, de la société, comme l’idéalisme dans les arts signifie la perfection élevée et en quelque sorte surnaturelle de la forme ou de l’expres- sion, je croirais comprendre la théorie de l’auteur; mais telle n’est point évidemment son intention. Pour moi, Je pense que Charles, homme de génie et de gouvernement, si Jamais il en fut, se montra toujours positif, très-sage, très-habile dans sa conduite. « L'Église dit l'auteur, était » dans l’Empire, et non l’Empire dans l’Église. » Si cette assertion était juste, Charles, qui se proclamait le protec- teur et le défenseur de Église et le dévot fils du saint-père, n’eût été qu’un despote; il eût opprimé la conscience de ses sujets au lieu de la protéger. Il est bien vrai que Charles, qui s'occupait de beaucoup de choses, se mêlait aussi de celles de la religion; et il le fallait bien , car à cette époque d’ignorance et de barbarie, le clergé lui-même avait be- soin d’être surveillé, éclairé et contenu. Mais en cela le prince était d'accord avec l'Église; il est faux qu'il se soit arrogé le droit de régler les affaires religieuses ainsi que les affaires profanes. Dans un mémoire lu à lAca- démie en 1855, où je suis entré dans d’assez longs détails sur le caractère et la politique de Charlemagne, j'ai rap- S ( 97 } pelé sur ce point l'opinion de Bossuet , juge très-compé- lent et très-peu suspect en ce qui touche les rapports des deux puissances (1). L'Église était alors l’institutrice né- cessaire, la directrice intellectuelle de la société, parce qu'il n'y avait de science, de lumière et d'expérience que chez elle. Seule, au milieu des ténèbres générales, elle avait conservé des traditions, des principes de droit, de raison et de justice. Mais pour pouvoir s'appuyer sur un tel auxiliaire, 1l fallait fortifier et respecter son autorité et la rendre respectable aux yeux des peuples : c’est ce que fit Charlemagne. Loin de craindre d’affaiblir sa puissance en la partageant, il y vit un moyen de létablir sur une base solide. Charlemagne paraît avoir été mû par deux grandes pensées : il voulait, comme on dit aujourd'hui, unifier les peuples différents de langues, de mœurs et d’origine, soumis à sa vaste domination, par les liens d’une même foi religieuse. Et comme l'expérience lui avait démontré que £’était dans ses provinces germaniques que se trou- vaient le centre, le cœur et les forces vives de l'Empire, aux prises avec tant d’ennemis, c’est en Germanie, sur les bords du Rhin, et non pas dans les Gaules, qu’il voulait établir et consolider le siége de sa puissance. Charlemagne est un prince qui, à mon avis, n’a pas eu son pareil dans toute l’histoire. Le puissant, l’invin- cible guerrier s’efface pourtant devant le législateur et le civilisateur. Les autres princes, ceux même qui sont ré- putés les plus magnanimes, ont fait la guerre par ambi- tion, par intérêt, par vaine gloire, pour augmenter leurs possessions, le plus souvent contre toute Justice et toute raison ; et leur politique, en temps de paix, n’a pas été (1) Voir mes Œuvres complètes, L. VI, p. 72. ( 58 ) moins perfide et moins cruelle que leurs guerres. Or toutes les guerres de Charlemagne furent des guerres dé- fensives, au profit de la civilisation contre la barbarie. H protéga l’Église à double titre : parce qu'il voyait là le centre de toute autorité morale, et parce qu’elle conservait les débris de cette vieille civilisation romaine qu'il recueil- lait soigneusement pour les rallumer et les épurer au feu de l'Évangile, La force sans le droit ne peut rien fonder; le droit sans la force ne peut rien non plus; mais la force au service du droit peut beaucoup. C’est là le véritable idéal d'un bon gouvernement : c’est celui que s'était proposé Charlemagne. Il ne pouvait être question alors de constituer la liberté des peuples telle que nous lentendons à notre époque. Il fallait d’abord constituer la société elle-même, lui don- ner des mœurs et des lois civiles appropriées à ses besoins. Voilà ce qu’on peut répondre, ce me semble, aux idéa- listes, qui ne voient dans le système de Charlemagne qu'une {héocralie politique et font un crime à ce grand homme de n’avoir pas deviné leurs modernes théories. Je pense donc en résumé, qu'il y a erreur d’appré- clalion, au point de vue de la politique et de l'histoire, dans certaines parties du mémoire qui vous est soumis. Toutefois, comme œuvre de recherches et d’érudition, #l me semble conserver une assez grande valeur pour me ral- lier à l'avis de notre honorable collègue, M. Kervyn, qui conclut à lui décerner le prix. » M. Polain, troisième commissaire, fait un rapport ver- bal, et déclare se rallier aux conclusions de MM. Kervyn de Lettenhove et de Gerlache. Conformément à ces conclusions, la classe décerne le ( 39 ) prix institué à MM. Gérard, substitut de l'auditeur général à Bruxelles, et Warnkænig, professeur à l'université de Stuttgard; elle décide, en outre, à l'unanimité, que des remereiments seront adressés au fondateur anonyme de ce concours extraordinaire. COMMUNICATIONS ET LECTURES. , La CROISADE PACIFIQUE. — Vie et travaux de Nicolas Cley- naerts; par M. Thonissen, correspondant de l’Aca- démie. On sait avec quelle ardeur les générations chrétiennes du douzième et du treizième siècle se précipitèrent, à huit reprises, sur les contrées de l'Orient envahies par les sec- {ateurs de lislamisme. Partout où-la parole du moine prêchant la guerre sainte se faisait entendre, des milliers de soldats, pleins de confiance et d'enthousiasme , venaient se ranger sous la bannière vénérée de la croix. Les tradi- tions politiques des États, les rivalités séculaires des peu- ples, les habitudes contractées dès l'enfance , les liens du sang, les affections et les intérêts des familles, tous les motifs qui guident les hommes étaient oubliés, méconnus, foulés aux pieds avec un désintéressement dont on ne trouve pas un second exemple dans les annales de lEu- rope. C'était en vain que la trahison, l’ineptie, la famine, les maladies et le glaive faisaient disparaître des armées entières dans les plaines et les défilés de l'Asie : bravant la mort sous toutes ses formes, d'innombrables pèlerins armés accouraient sur les chemins blanchis par les osse- ( 540 ) ments de leurs frères. Les femmes mêmes saisissaient le bouclier et endossaient la cotte de mailles, pour aller combattre et mourir sur les champs d'outre-mer (1). Un mouvement identique entrainait toutes les populations européennes avec une force irrésistible. Des Danois pro- tégèrent les côtes de la Syrie, et des Norwégiens assistè- rent au siége de Sidon. Anne Comnène n’a point exagéré, quand elle s'écriait qu’une impulsion toute-puissante sem- blaitsavoir arraché l'Europe de sa base, pour la précipiter sur l’Asie. Il y avait autre chose qu’une pensée religieuse au fond de ces redoutables migrations. Il ne s'agissait pas seu- lement de reconquérir le tombeau du Rédempteur et de protéger le trône qu'un prince belge allait ériger dans la cité de David. Au moment où les premiers croisés pre- naient le chemin de l'Orient , l'Europe était attaquée à ses deux extrémités, à l’ouest dans la Péninsule ibérique, à l’est dans les provinces dépendant de l'empire de Byzance. Elle se trouvait pour ainsi dire entre deux fleuves de sang et de barbarie, dont l’un menacait de franchir les Pyré- nées et l’autre le Danube. Les guerriers qui tombaient dans les vallées de l’Euphrate, de l’Oronte et du Nil, mouraient en réalité pour la défense de la civilisation et de l'indépendance de l'Occident. Groupées sous une ban- nière commune, les nations chrétiennes attaquaient les {forces de l’islamisme à leur source. Qui sait où l’étendard du prophète se serait arrêté, si les peuples occidentaux, troublés par la discorde et épuisés par la licence, avaient dû lutter sur leur propre sol, avant d’avoir acquis la re- (1) Pour les exploits des femmes aux croisades, voyez le chapitre VIT du livre XXI de l'Histoire des croisades de Michaud. | ( 41 ) doutable unité d'action et de but qu'ils trouvèrent dans les croisades? Plus de deux siècles avant la conquête de Constantinople, le sultan du Caire, le redoutable Saladin, écrivait à Frédéric Barberousse : « Ce n’est pas assez pour » nous d'avoir conquis cette terre maritime où nous » sommes; nous passerons les mers, s'il plaît à Dieu; et, » protégés par la justice divine, nous subjuguerons vos » royaumes d'Occident (1). » Cependant le jour vint où l'Europe catholique, affaiblie de nouveau par des guerres intestines, perdit cette in- domptable ardeur et n’adressa plus aux chrétiens d'Orient que des vœux stériles ou des promesses fallacieuses. De- puis la fin du treizième siècle, toute une série de papes, Nicolas IV, Célestin V, Boniface VIII, Benoît IX, Clé- ment V, Jean XXII, prodiguèrent vainement les exhor- tations et les prières pour réunir de nouvelles armées chrétiennes. Les princes, qui prenaient encore la*croix, cherchaient et trouvaient mille prétextes pour se dispenser d'entreprendre le périlleux voyage d'outre-mer. La no- blesse, toujours avide de combats et d'aventures, courait prodiguer sa valeur sur des théâtres moins éloignés. Le peuple lui-même ne prêtait plus qu’une attention distraite aux discours des missionnaires qui lui retraçaient, sous de sombres couleurs, les outrages prodigués au sépulere du divin fondateur du christianisme. C’est avec bonheur qu’on découvre que cette heure de (1) Michaud, Histoire des croisades, t. IX, p. 206, édit. belge de 1841. Jl importe peu que la foule des croisés n’eüt pas l'intelligence des pro- portions majestueuses de l'œuvre à laquelle elle prêtait le concours de son bras. Ainsi que l’a très-bien dit M. Michaud, « ce que chaque génération connait le moins, c'est l'esprit et le caractère des événements auxquels elle à pris part. » (/bid ,t.X,p. 11.) ( 542 ) découragement et de faiblesse avait été prévue dès long- temps par un petit nombre d'hommes supérieurs à leur siècle. Unissant à la piété du moine, au génie méditatif du savant, cette intelligence supérieure des effets et des causes qui caractérise l’homme d'État, ils s'étaient préoe- cupés du jour où la parole et la doctrine devraient prendre la place de la lance et du glaive. | Dès le milieu du douzième siècle , un bénédictin, Pierre le Vénérable, écrivit une réfutation du Coran , après lavoir fait traduire en latin par deux prêtres que l'amour de l’astrologie avait attirés chez les Mores d'Espagne (1). Au commencement du siècle suivant, Humbert de Romans, devenu supérieur général des dominicains, engagea ses religieux à apprendre, outre le grec et l’hébreu, la langue arabe et les autres idiomes que parlaient les barbares armés contre la civilisation et contre l'Église (2). Cent ans plus tard, Raymond Lulle invoqua et obtint l'assistance de Philippe le Bel, de Clément V et du concile général de Vienne, pour faire établir des chaires de langues orientales dans les universités de Rome, de Bologne, de Paris, d'Ox- ford et de Salamanque (5). Une foule de savants, parmi (14) Voyez Mabillon et Martène, Ann. ord.S. Benedicti, ad an. 1141, t. VI, p. 545. Les deux traités que Pierre le Vénérable avait écrits contre les Sarrasins se trouvent dans l'Amplissima Collectio de Martène et Du- rand, €. IX, pp. 1120-1440. (2) Thesaurus novus anecdotorum, par Mabillon et Martène, t. IV, p. 1706. Quetif et Échard , Scriptores ordinis praedicatorum, t. 1, pp. 141- 149. Histoire littéraire de la France, t. XVI, Discours préliminaire, p. 159. (5) Le Thesaurus novus déjà cité renferme trois lettres que Raymond écrivit dans ce dessein, la première au roi, la seconde à un personnage influent dont le nom est inconnu, la troisième à l’université de Paris (EF, pp. 1516 et suiv.). Pour l'érection des chaires destinées à l’enseignement des langues orientales, Voyez Cap. Inter soll., Clem., V,1, ( 543 ) lesquels brille le nom d'un Belge, Guillaume de Meerbeke, suivirent ces exemples, et leurs efforts réunis organisérent enfin une croisade pacifique qui, elle aussi, sans atteindre complétement son but, ne resta pas sans profit et sans gloire pour les nations européennes. Nous lui devons deux résultats immenses, l’un scientifique et littéraire, l’autre religieux et politique. Elle à puissamment contribué à faire renaitre l'étude des langues et des institutions de l'Orient; elle a conservé les croyances de ces populations vigou- reuses qui nous tendent aujourd’hui les bras, depuis les plateaux du Liban jusqu'aux rives du Tigre, et qui, bien- tôt peut-être, seront le canal par lequel l'Europe répandra les merveilles de sa civilisation aux lieux qu’un despotisme douze fois séculaire à couverts de sang et de ruines (1). C'est dans cette croisade pacifique, qui attend encore son historien, que doit figurer, à l’une des places les plus émimentes, le nom d'un compatriote, d’un Brabancon, Nicolas Cleynaerts. Nous ne nous proposons pas d’envi- sager aujourd'hui sous toutes leurs faces la vie et les tra- vaux de cet homme d'élite. Nous garderons le silence sur ses études purement littéraires, quoiqu’elles aient eu pour résultat de le placer au premier rang des philologues de (4) Le savant orientaliste, Guillaume de Meerbeke, dont nous venons de citer le nom, devint archevèque de Corinthe et mourut dans cette ville au commencement du quatorzième siècle, (Voyez Echard et Quetif, Scriplores ordinis praedicatorum, 1. F, p. 588.) Daunou à publié la vie du célèbre Flamand, dans l'Histoire liltéraire de la France, t. XXI, pp. 145-151. Paquot, dans ses Mémoires (4. HE, p. 25, édit. in-folio), est loin de se conformer aux témoignages des contemporains , lorsqu'il dit que Guillaume de Meerbeke « savoit probablement l'arabe. » Quant à Valère André, il a confondu Guillaume de Meerbeke avec Thomas de Cantimpré (Bibl. belg., p. 559 , édit de 1645). (544) son siècle (1). Nous prendrons le même parti à l'égard des services qu’il a rendus à l’histoire et à la science, par son intrépide voyage sur la côte septentrionale de l'Afrique (2). Nous ne dirons rien de son rare talent épistolaire, que le marquis du Roure à fait ressortir avec autant d’esprit que de verve, dans un livre trop peu connu (3). Notre tâche se bornéra au récit sommaire des efforts auxquels il s’est livré et des sacrifices qu’il s’est imposés, pour arriver à la régénération de l'Orient par des moyens plus nobles et plus sûrs que l’effusion du sang des infidèles. Né à Diest le 5 décembre 1495, Cleynaerts termina ses études et embrassa l’état ecclésiastique, au moment où la double impulsion de la renaissance et de la réforme pro- duisit cette incroyable activité des esprits qui distingue le seizième siècle. Après avoir fréquenté, avec un rare succès, les cours du collége des Trois-Langues (Collegium Tri- lingue), que Jérôme Busleiden venait de fonder à Lou- vain , il obtint de l’autorité académique, en 1520, la per- mission d'enseigner, soit en public, soit en particulier, les langues latine, hébraïque et grecque. Installé au collége (1) M. Félix Nève s'est acquitté de cette tâche, dans une Notice sur l'enseignement, les œuvres et les voyages de Nicolas Cleynaerts, pu- bliée dans l'Annuaire de l'universilé catholique de Louvain pour 1844. (2) Sous le titre de Relation d'un voyageur chrétien sur la ville de Fez et ses écoles dans la première moitié du seizième siècle, M. Félix Nève a publié, dans le Messager des sciences historiques de Belgique de 1845 (pp. 552 et suiv.), tout ce que les lettres de Cleynaerts renferment de plus intéressant sur l’état politique et littéraire du Maroc à la date de son voyage. M. le baron de Saint-Genois a consacré un chapitre à Cleynaerts, dans son intéressant ouvrage Les voyageurs belges du treizième au dix- septième siècle , &. 4, pp. 210 et suiv. (Bruxelles, Jamar, 1846). (5) Analectabiblion, ou extraits critiques de divers livres rares, ou- bliés où peu connus, & 1 (Paris, Techener, 1856-1857, 2 vol. in-8°). (245 ) d'Houterlé, il y composa successivement ses Tabulae in grammaticam hebraeam et ses Institutiones linquae grae- cae, qu'on à tant de fois réimprimées et qui, pendant plus d'un siècle, ne cessèrent pas d'être en usage dans Îles écoles de la France et des Pays-Bas. Il cultivait en même temps les sciences théologiques, sous la direction de lil- lustre Latomus, qui sera plus tard le confident de ses joies et de ses douleurs, quand la passion du savoir et lardeur du prosélytisme l’entraineront sur les plages lointaines de l'Afrique (1). Ce fut l'étude approfondie de lhébreu qui conduisit le jeune professeur à la culture de la langue arabe. Ayant remarqué que plusieurs rabbins, entre autres le . célèbre Aben-Ezra, l’auteur de lJesod Mora ou Base de l'enseignement, nvoquaient sans cesse des locutions arabes pour se tirer d'embarras dans les passages difficiles, 1l conçut de bonne heure le projet de s'approprier ce riche et antique idiome. Mais comment réaliser ce dessein ? Les maîtres, les livres, les manuscrits, tout faisait défaut, et, pendant plusieurs années, Cleynaerts s'épuisa en vains (1) La première édition de ses Tabulae in linguam hebxaïcam fut impri- mée à Louvain, en 1529, par Martin d’Alost. D’autres éditions parurent à Paris en 1552 et en 1564; à Cologne, en 1561 et en 1567.—Les /nstitutiones linquae graecae virent le jour en 1530 et furent plusieurs fois réimprimées, On remarque surtout les éditions que R. Étienne en a données à Paris, en 1549, en 1551 et en 1578; celle de Paul Manuce, imprimée à Venise, en 1570 ; celles des Elsevir d'Amsterdam, de 1650, 1660 et 1672, corri- gées et complétées par Gérard Vossius. — En 1551, Cleynaerts publia en outre un livre intitulé Meditationes graeconicae in arlem grammaticam , qui a été aussi réimprimé plusieurs fois, soit séparément, soit à la suite de la grammaire grecque. Pour le mérite de ces ouvrages et la méthode que leur auteur suivit dans son enseignement, on trouve d'intéressantes recherches dans la notice déjà citée de M. Félix Nève. ( 546 ) efforts pour se procurer au moins quelques pages de cette « langue d'Ismaël, » qui fournissait tant de ressources aux commentateurs du Talmud. Un instant il se crut à la veille de voir réaliser ses vœux, lorsque le riche impri- meur Daniel Bomberg, partant pour Venise, prit l'enga- sement de lui envoyer un exemplaire des œuvres d’'Avi- cenne. Mais Bomberg oublia son ami au milieu des splendeurs de la reine de l'Adriatique, et l’ardeur du lin- guiste flamand, toujours privée d’aliment, ne faisait que s’accroitre en face des obstacles. La pensée qu'un petit nombre de rabbins possédaient le monopole de l'arabe, en decà du Bosphore, lui devenait chaque jour plus in- supportable, [1 nous a lui-même révélé ses regrets et ses angoisses ; il nous dit naïvement qu’il avait la passion , la soif de l'arabe, au point de préférer cette langue au plus « riche des canonicats, » quand tout à coup un de ses élè- ves, «€ qui connaissait sa maladie, » lui remit, en sautant de joie, le Psalterium nebiense, renfermant les psaumes en latin, en grec, en hébreu, en chaldéen et en arabe (1). Le voilà donc enfin devant un livre arabe ! Ce qu'il avait si vainement cherché, ce qu'il avait si ardemment désiré pendant plusieurs années, un heureux hasard le placait sous ses yeux. Son âme d’érudit en fut inondée de joie. Beatus eram , s'éerie-t-1l, et praeter arabismum frigebant omnia! Mais toutes les difficultés ne sont pas vaineues : loin de là, elles se présentent et s'accumulent avec une intensité qui aurait infailliblement découragé une intelligence vul- (1) Le Psalterium nebiense était l'œuvre d’Alphonse Giustiniani, évêque de Nebbio en Corse. Son livre, dédié à Léon X, avait le titre suivant : Psal- terium hebraicum, graecum, arabicum, chaldaïcum cum tribus latinis interpretationibus et glossis. I fut imprimé à Gènes, en 1516. ( 047 ) gare, Cleynaerts ne possède ni grammaire ni lexique : les caractères mêmes fui sont inconnus. Comment parviendra t-il à lire l'arabe? Et quand il saura lire les mots, com- ment réussira-t-1l à déterminer leur signification? Com- ment saisira-t-1l 1e rapport des signes avec la pensée qu'ils représentent? Là où d'autres auraient commencé par s'avouer vaincus, le savant et infatigable Brabançon, pro- cédant avec cette persévérante vigueur qui distingue les vocations réelles, se mit immédiatement à l'œuvre. C’est avec autant d'étonnement que d’admiration, que nous le voyons appliquer, trait pour trait, à l'étude de l'arabe, les procédés à laide desquels, trois siècles plus tard, Cham- pollion réussira à trouver la clef de la langue mystérieuse de l'Égypte. Il commença par se faire un alphabet, au moyen de la comparaison des noms propres d'hommes et de fieux qui, dans toutes les langues sémitiques, ont des consonnances et par conséquent des lettres communes. A force de pa- tience, d'adresse et de tentatives sans cesse renouvelées, il finit par découvrir la place qu’un certain nombre de ces noms occupaient dans le texte arabe, placé en regard des textes hébraïque et chaldéen. Lot et Ismaël lui fournirent ies lettres L et T; Salmana, les lettres S et M; Moab et Gébal, la lettre B; Oreb, Assur, Sisara, la lettre R, etc. Il fit si bien que quelques mois d’un travail opinitre lui suflirent pour se procurer un alphabet complet. Aussi faut- il voir l'enthousiasme qui règne dans sa curieuse Épitre aux chrétiens, où il rend compte du résultat de ces labo- rieuses et patientes recherches. I compare le bonheur que lui faisait éprouver la découverte d’une lettre à celui du mineur qui trouve un nouveau filon dans les mines d’or de l’Arabie heureuse. ( 048 ) Un grand pas était fait : Cleynaerts savait lire l'arabe. : Ce premier succès eut pour conséquence naturelle de stimuler son ardeur et de doubler son zèle. Sans prendre un seul jour de repos, il se remit à l'étude pour découvrir le sens des mots et la structure des phrases. Suivant tou- jours la même méthode de comparaison entre les divers textes, 1} se fit un glossaire, en se servant surtout des psaumes où cerlains termes se représentent à diverses reprises. Il s’attacha ensuite à saisir les inflexions indi- quant les cas et les nombres des noms; il découvrit suc- cessivement les pronoms, à l’aide d’une ingénieuse et pé- nible analyse; il procéda de la même manière pour se procurer la connaissance des temps des verbes, et enfin, après un an d’incroyables efforts, il savait lire assez cou- ramment le psautier arabe. Un fragment de la Bible avait suffi pour lui fournir l’intelligence d’une langue étrangère. Alphabet, glossaire, grammaire, syntaxe, il devait tout à lui-même (1)! C'est 1er le lieu de dire que, chez Cleynaerts, une pensée de prosélytisme présidait, autant que l'amour de la science, au dévouement qu'il manifestait dans son en- seignement et dans ses études. « Il faut, disait-il, qu'on » encourage l'étude de la littérature hébraïque, non-seu- (1) Nous empruntons ces détails et la plupart de ceux qui suivent aux lettres que Cleynaerts écrivit à ses amis pendant ses longues et lointaines pérégrinations , et dans lesquelles il se plait à rappeler souvent les inei- dents qui marquèrent son séjour à Louvain. ( Nic. Clenardi epistolarum hibri duo. Antx., Plant, 1666, 2 vol. in-12.) Ces lettres , de même que tous les écrits de Cleynaerts, furent plusieurs fois réimprimées. L'édition la plus complète est celle que nous venons de citer. On y trouve un deuxième livre composé de lettres que le célèbre botaniste Lecluse, de Bruges, avait rapportées d'Espagne , et dont il raconte la découverte dans une dédicace à Thomas Redigerus. ( 249 ) » lement pour que l’on comprenne mieux le texte de l'An- » cien Testament, mais aussi afin que, parmi les chrétiens, » on trouve au moins un certain nombre d'hommes con- » naissant assez bien l'hébreu, pour combattre, par la » parole et par la plume, les superstitions du Talmud et les » leçons de la synagogue. » Mais ce prosélytisme généreux n'avait rien de l'intolérance brutale et sanguinaire qui régnait alors dans quelques parties de l'Europe. Le jeune professeur blàmait et raillait les inquisiteurs espagnols, qui forcçaient les Juifs à se faire chrétiens, et qui ensuite les brülaient parce qu'ils n’aimaient pas le christianisme. Il leur disait : « Éclairez l’intelligence de vos adversaires. » Ne brülez ni les Juifs ni leurs livres. Rendez les Juifs » chrétiens à l’aide de l’enseignement, et, si leurs livres » sont dangereux, 1ls sauront bien les brûler eux-mêmes. » Les apôtres ne faisaient violence à personne (1). » Cette même pensée de prosélytisme généreux et pur surgit dans l’âme de Cleynaerts, avec une force nouvelle, au moment où 1l eut acquis une connaissance superticielle de l’arabe. Effrayé, de même que tous ses contemporains, des progrès incessants de l’islamisme, 1} se demanda, comme Raymond Lulle et Guillaume de Meerbeke, s’il n’était pas possible de vaincre les Sarrasins avec des armes plus nobles et plus efficaces que le glaive. Ses hésitations ne furent pas longues. Avec cette promptitude d'exécution qui fut un des traits distinctifs de son caractère, il prit immédiatement son paru. Apprendre lParabe, de manière à le parler et à l’écrire avec autant de facilité que sa lan- (1) Pour les sentiments de Cleynaerts à l'égard des Juifs, voyez sa lettre à l'évèque du cap Vert, datée du 4 décembre 1540. (Lib. IL, pp. 195 el sqq. ) (oo ) sue maternelle ; étudier à fond les dogmes, les usages, les mœurs et les superstitions de l'Orient; profiter de ces études pour joindre aux cours de théologie de Louvain Fen- seignement de Ja langue et des institutions des sectateurs du prophète; faire de lAlma Mater une pépinière de mis- sionnaires assez courageux pour descendre sur la côte afri- caine, assez savants pour s'entretenir, dans la langue même du Coran, avec les prêtres et les sages de lislamisme ; répandre, sur tous les rivages de la Méditerranée, des réfu- lations mises à la portée des peuples musulmans; faire de la Belgique le centre de cette propagande de religion, de paix et de science : tel était le vaste plan qu'il osa conce- voir et auquel il voua sa vie tout entière. « Il existe, disait- il, plus d’une réfutation du Coran en langue latine. Que » font aux Mores, aux Persans, aux Arabes, ces livres » dont ils ne comprennent pas une syilabe? Qu'on se » serve du latin contre les hérétiques, parce qu’ils le com- » prennent; mais, si l’on veut être utile aux mahométans, » il faut apprendre à parler et à écrire comme eux. Que » penseraient les théologiens du soldat qui se servirait » d'un glaive fait de telle manière que ses coups ne puis- » sent jamais atteindre l'ennemi (1)? » Ÿ (1) Lettres à Latomus, du 12 juillet 1559, du 7 avril 1540 et du 9 avril 1541; lettres à Streyter, abbé de Tongerloo , du 12 avril 1541 ; lettre à l'empereur Charles V, du 17 janvier 1542. (Epist., lb. 1, pp. 55, 54, 55, 42,45, 44, 91, 62,65; lib. 11, pp. 215 et seq.) — Cleynaerts n’était pas arrivé immédiatement à l’idée de cette croisade pacifique. Au début, il n'avait d'autre dessein que de résoudre, à l'aide de l'arabe, les diflicultés qu'il rencontrait dans le texte hébraïque de la Bible (Principio cum dis- cendi laborem instituissem, nihil aliud proposilum habebam , quam ut affinilate linguae penilius intelligerem hebraica, nec superstitionem mahomelicam somniabam. (Erisr., lib. 1, pp. 28 et 55.) Sa manière de vivre, jusque-là si paisible et si mono- tone, subit aussitôt un changement complet. Disant adieu à ses amis, réalisant ses faibles ressources, faisant deux ballots des exemplaires non vendus de ses grammaires hébraïque et grecque, il se mit en route pour Paris, afin de se procurer sur un plus vaste théâtre les ressources qui lui manquaient à Louvain. Au seizième siècle, le voyage de Paris, surtout pour les laborieux et modestes savants flamands, n’était pas ce qu’il est aujourd'hui : c'était une longue et fatigante excursion qui faisait époque dans la vie d’un homme et dans les souvenirs de sa famille. Malgré la fermeté de son caractère et la vigueur de son courage, Cleynaerts fut ému au mo- ment où les tours de sa chère cité universitaire disparurent à l'horizon. « J'avais, dit1l, des habitudes et des goûts » tellement sédentaires que, quand je passais une seule » nuit hors de mon collége, il me semblait que le ciel » allait tomber sur ma tête... Je me mis en: route » pour Paris, comme si je m'étais acheminé vers les » Indes (1). » Il y arriva néanmoins sans encombre en 1550, et ses premières démarches dans la grande vilie se firent sous d'heureux auspices. Peu de temps après son arrivée, il écrivit au professeur Hoverius : « Tout me réussit ici au » delà de mes vœux. Le ciel et les mœurs des hommes » me plaisent beaucoup... J'Y suis nourri à raison de » cinquante couronnes (290 fr.) par an, et j'ai pris un » élève qui m'en donne trente... Je ne mourrai donc pas » de faim cet hiver... J'ai vendu cinq cents exemplaires (1) Lettre aux chrétiens, (Epist., Bb. IT, p. 228.) 2" SÉRIE, TOME XII. 40 LR ( 992 ) » de ma grammaire grecque et trois cents de ma gram- » maire hébraïque... J'ai fait la connaissance d’une foule » de savants, et leur commerce me sera très-avanta- » geux (1). » Il y rencontra notamment un moine portu- gais, Roch d’Almeida, qui ne cessait de vanter en termes pompeux le mérite et la gloire de l’université de Sala- manque. « Tous les savants, disait-1l, v vivent dans » l'abondance, et toutes les branches des connaissances » humaines y sont tenues en honneur insigne. II y à un » professeur de grec, un professeur d’hébreu, un pro- » fesseur de chaldéen et même un professeur d’arabe. » Un professeur d’arabe ! Ces derniers mots pénétrèrent jus- qu’au fond du cœur de Cleynaerts (postremum verbum altius in pectus meum descendit) et lui inspirèrent le désir ardent de franchir les Pyrénées, aussitôt qu’il aurait amassé assez de couronnes pour séjourner, pendant quel- ques mois, dans la vieille cité universitaire du royaume de Léon. Ce projet lui souriait d'autant plus qu’il n’avait pas trouvé à Paris les manuserits et les livres qu’il y était venu chercher (2). Rappelé en Belgique au printemps de 1531, par un procès dans lequel il était depuis longtemps impliqué, — procès qui dura dix ans et qu'il compare finement aux in- terminables combats des compagnons de Ménélas acharnés à la conquête de la belle Hélène, — Cleynaerts consentit à reprendre son cours de grec au collége d’'Houterlé. I était loin cependant d’avoir renoncé au dessein qu’il avait conçu (1) Epist., lib. I, p.56. La lettre n’est pas datée. — L'élève payant trente couronnes à Cleynaerts était un neveu de Latomus. (2) Nec aliud deinceps somniabam , quam profectionem hispaniensem. (Lettre aux chrétiens. Epist., lib. II, p. 229.) RL 77 ts es | ( 595 ) à Paris. Les paroles pompeuses de Roch d’Almeida reten- lissaient sans cesse à ses ofeilles. Les splendeurs littéraires de Salamanque, et surtout le professeur d’arabe, trou- blaient son repos et surexcitaient son imagination. Le jour, la nuit, dans sa chaire, au milieu de ses livres, il ne son- geait qu'aux moyens d'effectuer un voyage en Espagne (1). Cette fois encore, une circonstance fortuite et complé- tement inespérée vint à son aide. à En 1551, Fernand Colomb, fils de l'illustre navigateur à qui nous devons la découverte d’un nouveau monde, arriva à Louvain en compagnie d’un poëte latin très-dis- tingué, le Portugais Resendius, qui avait eonnu Cleynaerts pendant son séjour à Paris. Don Fernand, l’un des biblio- philes les plus passionnés du seizième siècle, avait par- couru l'Europe entière pour acheter des livres rares des- tinés à sa riche bibliothèque de Séville. Cherchant un homme eapable qui, «moyennant un salaire honnête, » consentit à l’aider dans le choix de ses livres et dans le développement de ses études, il offrit à Cleynaerts de lat- tacher à sa personne et de l’emmener en Espagne. Il n’est pas nécessaire de dire que notre savant linguiste accepta (1) Le procès qui rappela Cleynaerts en Brabant concernait la cure du béguinage de Diest, à laquelle il avait été destiné par ses parents et appele par les vœux unanimes des béguines elles-mêmes. Malheureusement un concurrent s'était présenté pour lui disputer la possession de ce bénéfice, et de là surgit une longue procédure devant la juridiction ecclésiastique. Cleynaerts finit par quitter définitivement le pays, en abandonnant les béguines à son adversaire (/raditis beguinis adversario); mais il ne pardouna jamais aux hommes de loi les tracasseries et les ennuis qu’ils lui avaient suscités. Il est peu de ses lettres qui ne renferment quelque trait caustique à l'adresse des fabricants de procès, des sangsues du pauvre peuple, etc. (Voy. Epist., lib. IT, p .230 et seq.) ( Dù4 ) celte offre avec bonheur. Rassemblant de nouveau son inodeste bagage, il prit, quelques jours plus tard, avec son patron et son ami, le chemin des Pyrénées et de Sala- manque. « Mes concitoyens, dit-il, étaient tout ébahis de » cé que, jouissant des mèmes avantages pécuniaires à » Louvain, j'entreprisse ce lointain voyage. Is ne connais- » saient pas les aiguillons qui me pressaient les flancs. Je » voulais échapper aux hommes de loi et j'avais soif » d’arabe (1). » Nous garderons le silence sur les incidents de ce long voyage, fait à dos de mule, à petites journées, et pendant lequel l’inexpérience de Cleynaerts dans l’art de l’équi- tation amena plus d’une aventure comique. Nous trans- porterons immédiatement les trois voyageurs dans lan- tique auberge de la Croix à Salamanque, où ils arrivèrent à la fin d'avril 1532. Avec cette impatience féconde qui constitue le feu sacré de la science, Cleynaerts, sans même changer de vête- ments, Se mit à parcourir les rues et arriva Sur une vaste place où quelques centaines d'étudiants se promenaient en attendant l’ouverture des cours. Il remarqua avec bonheur que son humble costume brabançon ne provoquait ni sou- (1) Lettre aux chrétiens. (£pist., lb. If, p. 225.) — Le marquis du Roure ne dit pas assez en donnant à Fernand Colomb le titre de « parent de » limmortel Christophe. » Fernand était le fils de Christophe et de Béatrix Enriquez, issue d’une famille noble de l'Andalousie. 11 avait reçu en nais- sant le nom tout espagnol de Fernando Colon. Il est auteur d’une biogra- phie de son illustre père et de plusieurs autres ouvrages. (Voy. la notice que M. Ferdinand Denis lui a consacrée dans la Biographie générale , pu- bliée par MM. Didot frères. )— Foppens, parlant de Fernand Colomb, daus la Biographie de Jean Vasée, l'appelle Christophori magni novi orbis inventoris filius. ( Bibl. belg., t. I, p. 745.) ( DD ) rire ni raillerie; aussi, abordant immédiatement l'un des promeneurs, il le mit au courant de ses projets et lui demanda le nom du professeur de langue arabe. Hélas ! le capucin Roch d’Almeida s'était laissé entrainer par les élans de son imagination méridionale. Le profes- seur d'arabe, de même que le professeur de chaldéen, était un mythe! À Salamanque comme ailleurs, les sages prescriptions du concile général de Vienne avaient été perdues de vue. On devine sans peine quelle devait être la stupéfaction du voyageur flamand, à la réception de cette étourdissante nouvelle. Cependant tout espoir de se perfectionner dans la connaissance de la « langue d’Ismaël » n’était pas perdu pour Cleynaerts. Son jeune interlocuteur lui apprit que le professeur de langue grecque , Fernand Nunez, avait jadis cultivé l'arabe; il ajouta que cet homme, aussi savant que bon , l’accueillerait avee une grande bienveillance. Cleynaerts courut aussitôt chez Nunez, et celui-ci le reçut à bras ouverts; mais, loin de l’encourager à persé- vérer dans ses projets, il tàcha de le dégouter de la langue des Sarrasins. « Que vous importe, dit-il, cet idiome bar- » bare? C'est déjà beaucoup de bien connaître le grec et » le latin. Dans ma Jeunesse, j'ai été travaillé par la même » folie; je voulais aussi joindre l’arabe à l’hébreu. A pré- » sent, je me contente du grec seul. Faites de même. » Toutefois, comme il s’aperçut que notre compatriote n’était pas d’humeur à se conformer à ces conseils, il finit par Jui donner un exemplaire des quatre évangiles imprimé en magnifiques caractères arabes. Il eut même la bonté de lui expliquer l'usage des points-voyelles, dont l'absence dans le Psalterium nebiense avait beaucoup tourmenté Cleynaerts, en l’empêchant de saisir la prononciation ( 56 ) exacte des syllabes (1). Ce n’est pas tout : quelques jours après, le linguiste belge eut le bonheur de se procurer la grammaire de Mohammed-ben-Daoud, puis celle d’Albu- casim, ensuite le texte d’Avicenne et enfin la traduction arabe du livre de Galien sur les aphorismes. Alors, livré tout entier à ses études favorites, pouvant arabiquer (ara- bicari) à son aise, il bénit mille fois le ciel de lavoir conduit en Espagne. Malgré l'absence du professeur qu'il était venu chercher à trois cents lieues de sa patrie, il finit par partager l'enthousiasme de Roch d’Almeida. Il ne voyait plus rien au delà de Salamanque. | Cette ville était, à cette époque, dans toute la splen- deur de sa gloire littéraire. Rivale glorieuse de Louvain, elle avait recu des Espagnols le titre pompeux de Mère des vertus, des lettres et des arts. Quatre-vingts professeurs richement rétribués, et dont la plupart furent bientôt les amis de Cleynaerts, y enseignaient toutes les sciences re- ligieuses et profanes en honneur au séizième siècle. Des bâtiments somptueux, des églises magnifiques , des monas- tères peuplés de moines savants, une ville que les bruits et le tracas du commerce n'avaient pas envahie, cinq mille étudiants portant un vêtement uniforme et gardant en toute occasion la gravité du caractère espagnol : tel était le spectacle que Cleynaerts avait sous les yeux. Cet im- mense atelier intellectuel lui semblait si beau, si majes- tueux , que, perdant momentanément de vue son projet de conversion des musulmans, il se mit à chercher le (1) On sait que les Arabes, de même que les Juifs, n'écrivent que les consonnes dans le corps de la ligne, et indiquent les voyelles à l’aide de signes particuliers nommés points-voyelles. ( 597 ) moyen de s'aflilier à cette vaste et splendide corporation universitaire (1). De même qu'à Paris, tout lui réussit à souhait. Le 5 novembre, 1l vit arriver à lauberge de la Croix deux doc- teurs en théologie, professeurs à l’université, qui venaient, au nom du sénat académique, lui offrir un traitement an- nuel de cent ducats, à condition de donner chaque semaine deux lecons, soit de grec, soit de latin, avec liberté absolue dans le choix des auteurs et de la méthode. Cleynaerts accepta cette offre, qui n’était qu’un moyen imaginé pour “ le retenir à Salamanque , et bientôt un nouvel emploi améliora considérablement sa position financière. Ayant été informé de son mérite, le cardinal Jean de Tolède, évêque de Cordoue, lui remit la direction plutôt nominale que réelle des études de son neveu Louis de Tolède, fils du due d’Albe, vice-roi de Naples et proche parent du terrible Alvarez qui fit couler tant de sang dans nos pro- vinces. Le même cardinal usa de son crédit pour faire résilier les engagements que notre compatriote avait con- tractés envers Fernand Colomb, qui l'avait amené en Espagne. Voilà donc que, par un étrange enchaïinement de circonstances heureuses, un modeste prêtre de Diest, parti de Louvain pour devenir bibliothécaire à Séville, devient gouverneur d’un fils de vice-roi et enseigne le grec à Salamanque! il s’acquitte même si bien de cette dernière tâche que, suivant ses propres expressions, il attire au pied de sa chaire un concours d’auditeurs comme on n'en (1) On trouve des détails très-intéressants sur l'université de Sala- manque dans un ouvrage hollandais, publié à Leyde en 1707 : Beschry- ving van Spanjen en Portugal, ete., pp. 59 et suiv. ( D98 ) avait pas encore vu en Espagne. Aussi, au commencement de 1535, est-il nommé professeur en titre et définitive- ment agrégé à l’un des corps savants les plus célèbres de PEurope (1). On a dit souvent que la fixité dans les goûts n’est pas précisément la qualité qui distingue les savants et les soli- taires. Cleynaerts nous fournit une nouvelle preuve de la vérité de cet adage: Après avoir passé trois années à désirer une chaire publique à Salamanque, il se dégoûte de sa position aussitôt que ses vœux sont remplis. À la fin de sa douzième lecon, il fait ses adieux à la jeuñesse universi- taire, donne sa démission et se jette dans une nouvelle série d'aventures. Il est vrai que cette fois il répondait à l’appel d'un roi. Après avoir accompagné Colomb jusqu'à Séville, le poëte portugais Resendius, compagnon de voyage de Cleynaerts, s'était retiré dans sa patrie. Un prince ami des lettres, Jean Ti, digne successeur d’'Emmanuel le Grand, l’attira à sa cour, l'admit dans sa familiarité et le consulta sur le choix du précepteur qu'il voulait donner à son Jeune frère, le célèbre cardinal Henri, archevêque de Braga, dont l'éducation s’achevait en ce moment. Sans un seul instant d’hésitation, Resendius désigna le professeur flamand de galomidnetté) Son conseil fut agréé, et le poëte, porteur d’une lettre du roi et d’une autre du prince, se mit en route pour l'Espagne. Surpris et ébloui de l'honneur qu'on lui faisait, Cley= naerts éprouva quelques serupules. « Comment , disait-i} , (1) Pour le séjour de Cleynaerts à Salamanque, il faut surtout consulter ses lettres à Jean Vasée et son épiître aux chrétiens. (Æpist., lib. IT, pp. 114, 129, 130, 214, 255, 240 à 245.) ( 559 ) » voulez-vous que je me fasse courtisan ? Je ne parvien- » drai jamais à échanger mes manières rustiques contre » celles des grands personnages qui vivent autour des » trônes, J'ai près de quarante ans, et je suis né sous le » ciel de la Campine (1)! » Il céda cependant avec une facilité qui étonne au premier aspect, mais dont on trouve l'explication dans le rapprochement de quelques-unes de ses lettres. Homme paisible et voué tout entier à ses tra- vaux littéraires, il commençait à connaître les ennuis de la célébrité. « À Salamanque, écrit-il à Latomus, il faut » en quelque sorte vivre en public et consacrer tout son » temps à cette amitié vulgaire qui consiste à faire et » à recevoir des visites. Ayant toujours été maladroit et » ami de la solitude, je ne savais pas me faire à cette » politesse raffinée. À mon âge, on ne change pas, surtout » quand on est né sous le ciel épais de la Campine, Un » autre usage reçu en Espagne me fatiguait beaucoup. fl ne suflit pas de faire son cours : le professeur y est une » espèce d'oracle que tous peuvent consulter et qui doit » répondre sérieusement à toutes les questions que.le » caprice de ses interlocuteurs se plaît à lui adresser (2). » Au lieu de ces fatigues et de ces distractions, Resendius lui promettait le silence, le repos et la paix à la cour lettrée d'Évora. Ajoutons que la passion de l'arabe, un instant assoupie, s'était réveillée avec une force nouvelle, et que le poëte portugais faisait valoir, outre les connais- sances spéciales d’un médecin de la cour qui lisait cou- ramment Avicenne, le voisinage de l'Afrique et la facilité des rapports entre Île Portugal et le royaume de Fez. (1) Lettre aux chrétiens. (Epist., Gb. Il, p. 245) (2) Lettre à Latomus, du 26 mars 15535. (Epist., lib. [, p. 8.) ( 60 ) Disons enfin que les appointements étaient magnifiques pour l’époque. Il avait cent philippes par an à Sala- manque : on lui offrait cent doubles ducats à Évora , outre le logement, la nourriture et la promesse d’une rente via- gère pour subsister honorablement dans sa vieillesse. Les offres étaient d'autant plus séduisantes qu'il ne devait s'engager que pour le terme de quatre années (1). Cleynaerts accepta et se mit en route pour Évora, où résidait alors la cour de Portugal. Le roi et la reine, qui l’accueillirent avec autant de distinction que de bienveil- lance, commencèrent par lui accorder cinquante ducats de gratification. Son royal élève, le cardinal Henri, se montra heureux d'être confié à ses soins et ne tarda pas à lui témoigner une sincère affection. On ne lui Imposa d'autre obligation qu’une heure de leçon par jour. La position lui semblait tellement magnifique qu'il s'empressa d’éerire à Jean de Voorda : « J'ai plus d’appointements qu'un cha- » noine d'Anvers, et je n’ai presque rien à faire. Je passe » une heure à donner une leçon au prince ou à causer » agréablement avec lui; et cela même n'arrive pas tou- » jours. J'ai de nombreuses vacances; je suis libre le di- » manche et les jours de fête, et rarement la semaine se > passe sans qu'une journée soit absorbée par un incident » quelconque, surtout par la chasse. Quand mes maitres » se livrent à ce plaisir, je reste à la maison et je chante » pour moi et pour les Muses; car, quoique devenu théo- (1) Lettre à Latomus, du 26 mars 1555. (Epist., lib .[, p. 9.) Lettre aux chrétiens. (Epist., lib. II, pp. 246, 247.) La présence à la cour d'Évora d’un médecin connaissant l’arabe avait été pour beaucoup dans le départ de Cleynaerts de Salamanque. (Non leve momentum fuerat ad accipiendam conditionem lusitanicam.) ( 61 ) » logien de cour, je ne chasse pas même les bénélices (1). » Aussi profita-t-il de ses nombreux loisirs pour reprendre ses études favorites avec un zèle extraordinaire, Quoique le médecin dont Resendius lui avait parlé fût presque com- plétement sourd, il le vit très-souvent jusqu’à ce qu'il eût tiré profit des connaissances que ce triste et désagréable personnage avait acquises dans les lettres arabes. Ne recu- lant devant aucun labeur, il se remit à étudier la gram- maire, et acquit bientôt la connaissance parfaite des verbes. A l’aide du texte d’Avicenne et de la version des apho- rismes de Galien, il arrangea, épura et compléta le dic- tionnaire qu’il avait composé à Louvain et corrigé à Sala- manque. 1 finit même par établir entre son médecin et lui un commerce épistolaire en langue arabe. Enfin, après sept mois d’un travail opiniâtre, sa modestie exemplaire ne l’empêcha pas de se croire en état d'introduire à Lou- vain une nouvelle branche d'enseignement, à son retour en Belgique (2). Les trois années (1555-1537) que Cleynaerts passa à la cour d’'Évora furent incontestablement les plus belles et les plus calmes de sa vie. Entouré de personnages in- struits, logé avec Resendius, il dinait à la table d'un savant docteur parisien, Jean Petit, que la munificence du roi avait attiré en Portugal, où il était devenu évêque de Saint-Jacques du cap Vert. Chaque jour était marqué par un exercice littéraire , et les repas mêmes étaient mis à profit. On y lisait des fragments de l'Ancien Testament en hébreu et du Nouveau Testament en grec, et on se livrait ensuite à d’utiles et paisibles entretiens sur le sens des pas- (1) Lettre datée des calendes de mai 15354. (Epist., lib. I, p 95) (2) Lettre aux chrétiens. (Epist., lib. IT, pp. 247 et sqq.) . (562) sages difficiles. Toutes les lettres de Cleynaerts qui sont datées d’Évora respirent le bonheur et la joie. Satisfait du présent, sans inquiétude pour l'avenir, une seule chose lui manquait pour rendre sa félicité complète : l'air de la pa- trie. Tout en se félicitant vivement d’être venu en Portu- gal , il écrivait # ses amis : « Quoique je sois avide de repos » et que je jouisse ici d'avantages que je n’ai jamais pos- » sédés, que je n'aurais pas même osé espérer parmi les > miens, je ne sais pourquoi je rêve toujours de mon pays » natal. Ulysse avait bien raison de ne pas vouloir échan- » ger son ile d’Itaque contre l’immortalité !... Qu'y a-t-1l > de plus doux que Louvain? (Quid dulcius Lovanio?)(4)» il était dans ces sentiments lorsque, vers la fin de l'été de 1537, il se mit en route pour Braga avec son royal élève, qui allait enfin prendre possession de ee riche dio- cèse, Ici encore sa vie fut douce, paisible et tout entière consacrée à l'étude et au progrès des lettres. Une foule de grands personnages, fonctionnaires, magistrats, évêques, cardinaux mêmes, y accouraient sans cesse pour se pro- curer la protection du prince, et très-souvent ils surent tirer profit de la complaisance et de l'inépuisable bonté de Cleynaerts. Le crédit de celui-ci était si bien connu que le bruit de son élévation à la dignité épiscopale et même au cardinalat se répandit un instant parmi ses anciens col- lègues de Louvain, et qu'il vit arriver à Braga un pauvre prêtre de Diest venant lui demander quelques bribes des innombrables bénéfices dont on le disait surchargé (2). C'était mal connaitre l'âme candide et désintéressée, les (1) Lettre à Jean Vasée, non datée (Epist., lib. If, p. 155); lettre à Hoverius, du 9 septembre 1558 (Epist., lib. [, p. 60.) (2) Lettre aux chrétiens , p. 255. ( 565) , gouts simples et modestes de notre compatriote, Tandis qu'on le croyait lancé à la poursuite des honneurs de l'Église, il consacrait la meilleure partie de son temps à l'organisation d'une école que son élève venait de fonder pour l'enseignement des lettres latines. Après avoir donné d'excellents conseils pour le choix des” professeurs et l'adoption des méthodes, il enseigna lui-même pendant plusieurs mois; puis, en novembre 1538, il se sépara défi- mitivement du cardinal Henri. Ce dernier le récompensa avec magnificence, lui remit une somme amplement sufti- sante pour ses frais de voyage, et prit l'engagement de Jui faire servir sur le trésor royal de Portugal une pension viagère de trois cents ducats (1). Dès cet instant, Cleynaerts songea sérieusement à re- tourner en Brabant. Ce fut en vain que l’université de Salamanque, désireuse de s'attacher un homme dont la réputation remplissait la Péninsule, lui fit des offres bril- lantes. « S'il m'était possible, répondit-il, de vivre plus » longtemps loin de ma patrie, je ne quitterais ni mon » prince, ni la cour de Portugal (2). » Revoir la Belgique, vivre au milieu des siens, introduire l’enseignement de a (1) Lettres à Latomus, du 21 août 1557 et du 12 juillet 1559 ; à Hove- rius, du 27 février 1558 ; à l'évêque de Saint-Jacques du cap Vert, du 18 septembre 1541. (Epist., lib. 1, 25, 24, 59, 199 et sqq.) Lettre aux chrétiens, p. 248. Avant son départ de Braga, Cleynaerts avait fait placer à la tête de l'école fondée par le prince Heuri un de ses amis intimes , Jean Vasée, de Bruges, qui avait quitté la Belgique le même jour que lui , en compagnie de Fernand Colomb. Vasée céda plus tard cet emploi à son fils, et alla en seigner les lettres latines à Salamanque, où il mourut en 1562. ( Foppens, Bibl. belg., L. 11, p. 745.) (2) Si liberel diulius aulicari el carere patria, nullam aulum prae- ferrem lusilanicae. (Lettre à Hoverius citée ci-après.) ( 64 ) l'arabe à Louvain, former une phalange de missionnaires intrépides, organiser contre le Coran la redoutable pro- pagande de la science, tels étaient les projets qui le préoc- cupaient sans cesse. Le 9 septembre 1538, il écrit à Hove- rius, directeur de l’école latine de Malines : « Rien ne » pourra me décider à prolonger mon exil. Jour et nuit » je ne songe qu’à ma patrie. Déjà je me vois à Malines, » Je me vois à Louvain, je m'entretiens avec vous, Je » badine avec mon cher Latomus..…… Mes cheveux com- » mencent à grisonner et je veux être enseveli au milieu » des miens (1). » Son cœur candide et pur battait d’en- thousiasme à la pensée du lustre qu'il allait ajouter à la gloire de l’Alma Mater, de la « mère chérie des études » qui avait guidé ses premiers pas dans la carrière des let- tres. « Je rêve, disait-il, un rêve royal (regium somnio » somnium). Les livres hébraïques que Bomberg imprime » à Venise vont partout trouver les Juifs, en Égypte, en » Afrique, aux Indes, dans tous les lieux de la terre. fl » en sera de même des livres arabes que nous ferons im- » primer à Louvain. Nous publierons le Coran avec des » notes et des réfutations que me fourniront nos théolo- » Sens... Nous ferons crouler le Sunna.…… Nous lan- » cerons le bélier de la science contre la forteresse de » lislamisme (2). » (1) Lettre à Hoverius, du 9 septembre 1538. (Epist., lib. 1, pp. 59 et 60.) (2) Lettre à Latomus, du 12 juillet 1559. (Epist., Gb. [, pp. 55 et 54.) — Cet amour ardent de la patrie se montre dans toutes les lettres de Cleynaerts. Le 9 avril 1541, il écrivait de Fez à Latomus : « Plaise à Dieu » que je puisse vous revoir au mois de septembre ! Voilà neuf ans que jai » quitté Louvain, ma ville chérie... Je croyais m’absenter seulement » pour trois ans... Où donc m'a entraîné l'amour des lectres ? J'ai résolu » de ne plus agréer désormais une proposition quelconque qui puisse ( 565 C'était, en effet, un rêve royal digne du noble cœur et du génie ardent de Cleynaerts; mais, hélas! ce n’était qu'un rêve. Jusqu'iet notre 1llustre compatriote n'a connu que la paix, le bonheur, le succès et la gloire. Désormais il ren- contrera les déceptions, la souffrance, la trahison, la mi- sère. II ne reverra jamais sa patrie , et les dernières années de sa vie ne seront qu’un long chapitre à ajouter à l’his- toire des infortunes imméritées des hommes de lettres. Avant de reprendre le chemin du Brabant, Cleynaerts crut devoir faire un voyage dans le midi de l'Espagne. D'un côté, il cherchait à se procurer une riche collection de manuscrits et de livres arabes, en se faisant remettre ceux que le zèle brutal de l'inquisition destinait aux flammes comme entachés d'hérésie et d’impiété; de l’autre, il voulait acheter un esclave ou s'attacher un musulman libre , qui pût, à l’aide d’une conversation journalière, le familiariser avec les idiotismes de la langue arabe, que jusque-là il n’avait étudiée que dans les livres. A Séville, il découvrit un néophyte, vieux potier aux mains calleuses, qui passait pour un grammairien habile; mais ce vieillard, soupconnant quelque mystère du saint office, refusa bru- talement de le suivre, en donnant pour prétexte qu'il n’aimait pas à s'occuper d’un enseignement où les su- perstitions de sa jeunesse se présenteraient sans cesse » me retenir loin de ma patrie. » ( Lib. T, pp. 42 et 55.) Il adressait des reproches à Jean Vasée qui , disait-il, applaudissant à la sentence d’Aris- tophane, semblait placer sa patrie là où il se trouvait bien : HaTrpis Vap EGTL TAG 19 ay TPATTY Ts EU. (Lettre à Vasée, Epist., Gb. IT, p. 155.) ( 966 ) dans sa mémoire et sur ses lèvres; 1l ne voulut pas même que notre compatriote vint se placer à côté de sa roue, au milieu de l'atelier, pour lui soumettre un petit nombre de dificultés grammaticales. Le linguiste flamand fut plus heureux auprès d’un Tunisien lettré qui, moyennant vingt oboles par Jour, consentit à lui servir de précepteur et méme à l’accompagner en Belgique; mais, malheureuse- ment, au moment où il allait acheter cet esclave, celui-ci reçut sa rançon et s'empressa de retourner dans sa patrie, Le « Despautère africain » se contenta de dire à Cleynaerts qu'un prisonnier more, qui passait pour très-savant, se trouvait à Alméria, à trente lieues au delà de Grenade. Il n'en fallut pas plus pour lui faire entreprendre un mou- veau voyage. Malgré les rigueurs d’un hiver exceptionnel, il franchit les montagnes couvertes de neige, arriva dans l’ancienne capitale des Mores et se repdit directement chez le vice-roi, marquis de Mondexar, pour réclamer une pro- tection qui lui fut accordée avec une courtoisie extraor- dinaire. On découvrit sans peine le captif d'Alméria; mais son propriétaire réclama d’abord deux cents, puis trois cents ducats. Déjà Cleynaerts se désespérait, lorsque le vice-ro1 Jui dit : &« Apprenez le grec à mon fils et à moi; » Je ferai venir l’esclave à Grenade, et je le mettrai à » votre disposition. » Il accepte, s'installe à Alhambra, y est bientôt suivi du prisonnier, et passe six mois à parler arabe et à étudier à fond les dogmes et les traditions de lislamisme. Ce genre de vie était si agréable, si calme, si conforme à ses goûts que, malgré l’inaïtérable candeur de son carac- tère, il eut recours à la ruse pour faire durer son bon- heur. Arrivé à la fin de juin, il appela à son aide une fraude innocente qu'il raconte lui-même en ces termes, (267 ) dans une lettre adressée à Latomus : & Je fis semblant de vouloir parür, quoique je n'en eusse nulle envie; car J'étais résolu à tout souffrir plutôt que de nréloigner sans l’esclave précepteur, dont j'avais su apprécier les connaissances littéraires. Le marquis et son fils, voulant me retenir à Grenade, alléguèrent que les chaleurs étaient trop fortes pour se mette en route, et m’en- gagèrent vivement à rester encore deux mois... Je leur dis : Achetez-moi ce More, et je resterai jusqu’au mois de janvier. Is me répondirent : Nous vous le donne- rons, quand même nous devrions le payer mille écus » d'or. » Clevnaerts resta, mais ne tarda pas à s’aperce- voir qu'il avait affaire à des Castillans plus fins que lu. II n'obtint pas son Arabe et dut finir par lacheter pour cent quatre-vingts ducats. Il ne réussit pas mieux à arracher aux büchers de lin- quisition les manuscrits et les livres qu’elle avait entassés dans sa succursale de Grenade. Ce fut en vain que Cley- naerts, faisant valoir le but éminemment chrétien qu'il voulait atteindre, prodigua les démarches et les prières pour se faire remettre « ces papiers plus nécessaires à lui » qu'à Vuleain. » Les recommandations du marquis de Mondexar, qui secondait chakeureusement les efforts de son hôte, furent tout aussi infructueuses. Celles du cardinal Jean de Tolède, devenu archevêque de Burgos, eurent le même sort : linexorable inquisition refusa de lcher sa proie. Un savant théologien, Jean-Martin Silicæus, pré- cepteur de Philippe If, fit cependant entendre à notre compatriote que ses vœux pourraient être exaucés, s'1l consentait à fonder son école, non à Louvain, mais à Grenade, où une multitude de néophytes faisaient sem- DMC SÉRIE, TOME XII. A1 JS “. AE St CO 2 De D OT | ( 568 ) blant de professer le christianisme, tout en conservant les préceptes de Mahomet au fond du cœur. Mais le linguiste belge lui fit cette réponse, doublement remarquable à cause du pays et de l’époque où elle fut émise : « C’est en » Brabant et nullement en Espagne que je poserai les » fondements de mon œuvre. Je cherche des compagnons » d'armes pour lutter là où la lutte peut être loyale et » franche. Les habitants du royaume de Grenade n’ose- » raient pas me répondre, puisque la terreur de lin- » quisition les force à se dire chrétiens. Le combat est » impossible là où personne n’ose assumer le rôle de l’en- » nemi (1). » Réduit encore une fois à ses propres forces, Cleynaerts conçut et exécuta un projet audacieux, qui devint la source des malheurs et des déceptions qui empoisonnèrent la dernière période de sa vie. Comme il ne pouvait se pro- curer en Espagne les livres dont 1l voulait enrichir sa fu- ture bibliothèque de Louvain, il prit le parti d'aller les chercher en Afrique, dans la ville de Fez, au centre même de la civilisation arabe. Capitale d’un royaume indépen- dant, Fez était à cette époque une eité florissante, qui avait servi d'asile à un grand nombre d’Arabes lettrés, après leur expulsion de l’Esfagne, à la suite de la prise de Grenade par Ferdinand et Isabelle. Avec son infati- gable ardeur, Cleynaerts se disait : « Mon retour en Bel- (1) Pour le séjour de Cleynaerts à Grenade, voyez ses lettres à Lätomus du 12 juillet 1559, du 7 avril 1540 et du 9 avril 1541 ; à l'abbé de Ton- gerloo, du 12 avril 1541 ; à l'évêque de Saint-Jacques du cap Vert, du 5 juillet et du 18 septembre 1541; à Charles V, du 17 janvier 1542; Epuist., lib. 1, pp. 25, 35, 61, 200, 215 et sq. ( 269 ) » gique ne sera retardé que de quelques mois. La paix est » conclue entre l'Espagne et le chef du royaume africain. » Pourquoi ne me rendrais-je pas dans une capitale po- » puleuse, où les lettres musulmanes sont brillamment » cultivées? » Laissant donc à l'Alhambra son esclave arabe, en se contentant de lui demander une lettre de recommandation destinée au roi de Fez, il se mit en route pour Gibraltar avec son vieux et fidèle domestique Guil- laume , qui l'avait constamment suivi depuis Salamanque. Il y passa les fêtes de Pâques, « afin d'entendre chanter » l’Alleluia en Europe, peut-être pour la dernière fois; » puis, s’'embarquant avec résolution, il se fit jeter sur la côte africaine , à une lieue de Ceuta. Le modeste et pieux savant de Diest, pour qui une journée passée hors du col- lége d'Houterlé était jadis une aventure, avait franchi les colonnes d’'Hercule. L'amour des lettres a aussi son hé- roisme ! A Ceuta, puis à Tétouan, Cleynaerts, procédant comme il Pavait fait à son arrivée à Salamanque, aborda sans facon les Juifs et les Mores qu’il rencontrait sur son pas- sage et qui lui semblaient appartenir aux classes intelli- gentes. Cachant soigneusement son caractère sacerdotal, il se présenta comme un grammairien voyageur, venu en Afrique pour se procurer des livres et se perfectionner dans la connaissance de l’arabe, afin de pouvoir enseigner cette langue dans les colléges des chrétiens, où l’on ensei- gnait déjà toutes les autres. « Grand », écrit-il à Latomus, « grand fut l’étonnement de ces hommes lorsqu'ils enten- » rent un Flamand citer des fragments du Coran et par- » ler leur langue plus correctement qu'eux-mêmes, parce » que je l’avais apprise dans les livres. Le fait merveilleux ( 70 ) » d’un Flamand lisant, écrivant et parlant larabe, me » valut un tel concours de visiteurs, que j'en fus impor- » tuné outre mesure. On n'’amena même un jeune homme » qui avait obtenu de grands succès dans les écoles de » Fez. J’entrepris avec lui une dispute sur certaines diffi- » cultés grammaticales, et je remportai Ja victoire (1). » À Fez, tout marcha d’abord au gré de ses désirs. Obte- nant immédiatement une audience du roi, 1l harangua celui-e1 en arabe et lui remit la lettre de l'esclave lettré qu'il avait laissé à Grenade, lettre dans laquelle ce capuf faisait un pompeux éloge de la douceur et de la bienveil- lance de son maitre. Le roi le combla de caresses, lui promit de laider dans la réalisation de tous ses projets, et s'engagea même à subvenir généreusement à ses dépenses pendant son séjour en Afrique; mais toutes ces marques de bienveillance étaient subordonnées à une condition : la vente et par suite la mise en liberté de l'esclave qu’il avait laissé en Espagne, personnage mystérieux dont on n’a Jamais bien connu le nom et le rang. Cleynaerts, malgré le prix énorme de cinq cents ducats, consentit à regret, parce qu’il voulait « conduire ce More à Louvain. » Aussi crut-il que, moyennant ce sacrifice, toutes les difficultés étaient désormais aplanies. Ruminant toujours les plans de la croisade pacifique qu'il voulait diriger contre lisla- misme , 1l écrivit de Fez à son vieil ami Jean Petit, lévèque (1) Immédiatement après, il ajoute avec sa modestie ordinaire : «Je ne » vous dis pas cela, mon maître, pour me vanter, mais pour que Yous sa- » chiez que, quoique Campinaire au plus haut degré, j'espère me faire » beaucoup d'amis à Fez, avec la gràce de Dieu. » (Lettres à Latomus du 21 avril et du 8 mai 1540.) (MES ) de Saint-Jacques du cap Vert. « Je vais entreprendre une » grande œuvre, à laquelle je songe le Jour et la nuit... » Je m'adresserai aux princes chrétiens, et s'ils ne favo- risent pas mes desseins, j'aurai recours aux académies chrétiennes... Comme je n’agis ni par le désir d’ac- quérir des richesses, ni pour me procurer une vaine gloire, j'espère que Dieu couronnera cette œuvre d'un heureux succès (1). » Hélas ! Cleynaerts ne savait pas que la bienveillance affectée du roi de Fez était une de ces ruses propres aux barbares, quand ils n'osent pas recourir à la violence. L’esclave de Grenade, si prodigue d’éloges dans sa lettre de recommandation, était un traitre qui avait trouvé le moyen de fare connaitre à Fez la pensée de prosélytisme qui dirigeait les pas de son maitre sur le sol de l'Afrique. Tous les projets de notre compatriote étaient connus avant son arrivée, et si le souverain musulman n’avait pas su que son hôte possédait des protecteurs puissants en Es- pagne et en Portugal, 1l est probable qu'il n'aurait jamais repassé la frontière. On devine aisément ce qui suivit. Au lieu de remplir ses promesses, le roi entoura Cleynaerts d’espions habiles, qui déjouèrent toutes ses démarches et rendirent impossible l’accomplissement du but de son voyage. L’imprimerie n’avait pas encore franchi le détroit, l’industrie des copistes avait dégénéré, pas une boutique de libraire n'existait dans la capitale, et, pour comble de malheur, les manuscrits se vendaient, le vendredi de chaque semaine, après la prière, dans la partie la plus WA ep". (1) Lettre à Latomus, du 8 mai 1540; lettre à l’évêque de Saint-Jacques du cap Vert, du 5 juillet 1540. (372 ) reculée des mosquées (ad summum templum), où ne pou- vait pénétrer ni Juif ni chrétien, Le gouvernement avait le jeu d'autant plus beau que le peuple, habilement pré- paré, croyait que cet étranger, si avide de livres musul- mans, était un émissaire des princes chrétiens, envoyé en Afrique pour étudier le côté vulnérable du pays. Malgré des peines infinies et des sacrifices considérables, le savant voyageur ne parvint à se procurer qu'un très-petit nombre de volumes. Il se serait peut-être consolé de cet échec, si l’état florissant des écoles avait pu lui fournir un dédom- magement. Mais les Mores de Fez n'étaient plus cette race poétique qui faisait fleurir les lettres, les sciences et les arts dans la vallée parfumée du Xénil, pendant que la majeure partie de l’Europe était encore plongée dans les ténèbres. Les maîtres se contentaient de faire apprendre par cœur, d’abord le Coran, puis une sorte de résumé grammatical en vers, subdivisé en mille distiques. L'élève qui voulait aller plus loin devait voler de ses propres ailes (1). Ce n’est pas tout : grâce à des calomnies répan- dues par un renégat portugais, le fanatisme des docteurs musulmans s’exalta au point qu'ils ourdirent un complot contre la vie de Cleynaerts, et que, sans les avertissements d’un esclave chrétien, 1l n’eût pas échappé à leurs coups. Après plusieurs mois de séjour à Fez, il dut enfin songer à retourner promptement en Espagne; mais ce parti même offrait des obstacles insurmontables pour le pauvre lin- guiste. Les Juifs chez lesquels il était logé avaient fait chèrement payer leurs services; les quelques manuserits (1) Le résumé grammatical était l'A/fiyya, de Dyêmal-eddin-Mohammed, dit Ebn-Malek, que'M. Silvestre de Saey à édité à Paris, en 1855. ( 573 ) qu'il possédait avaient coûté un prix énorme; il avait racheté cinq esclaves qui gémissaient dans les moulins de Fez; il avait déboursé cent ducats pour la rançon d’un parent du comte de Linarès, et celui-et avait eu lindéli- catesse de ne pas lui restituer cette somme; son cher élève, l'archevêque de Braga lui-même oubliait la pension qu'il avait promise au guide de sa jeunesse. Réduit à la misère, au point de devoir subsister du pécule péniblement amassé par quelques captifs chrétiens, ilenvoya son fidèle Guillaume en Portugal pour recueillir l'argent qui lui était dû; mais Guillaume revint les mains vides et atteint d’une maladie qui le conduisit jusqu’au bord de la tombe. Enfin, son vieil ami, l’évêque de Saint-Jacques du cap Vert, lui fit parvenir quelques secours à l’aide desquels il paya ses dettes et réussit à regagner l'Espagne. Arrivé en Afrique au mois d'avril 1540, il en sortit au mois d'août de l’année suivante, sans avoir même la consolation d’emporter ses précieux manuscrits, si péniblement acquis et si chère- ment payés : ils lui furent volés en route (1)! Retiré à Alhambra de Grenade, où le marquis de Mon- dexar lui donnait pour la seconde fois l'hospitalité, Cley- naerts y reçut la triste nouvelle de la suppression de la rente viagère que le cardinal Henri lui avait promise à Braga. Dédaignant de proférer une plainte ou de faire une (1) Pour le séjour de Cleynaerts en Afrique, on trouve des renseigne- ments complets dans les lettres suivantes : À Latomus, du 7, du 15 et du 21 avril 1540 ; au même, du 15 mai 1540 et du 9 avril 1541 ; à l'abbé de Tongerloo, du 12 avril 1541; à l’évêque du cap Vert, du 5 juillet et du 4 décembre 1540; au même, du 18 septembre 1541; à Charles V, du 17 jan- vier 1542: (Epist., Gb. 1, pp. 56-65; lib. 11, pp. 195, 207, 212 et sqq.) ( 974 ) seule démarche humiliante, il écrivit à l’évêque de Saint- Jacques ces simples et touchantes paroles : « Je ne veux > ni Supplier le prince de rester fidèle à ses engagements, » hi lui fournir le prétexte de les rompre. Que la volonté » de Dieu soit faite! Je ne mourrai pas de faim pour LA » n'être plus nourri par le Portugal... Ce malheur ne me » préoccuperait en aucune manière, s’il ne m’enlevait pas » le moyen de revoir ma patrie (1)! » I ne voulut pas non plus implorer l'assistance des nombreux amis qu’il avait laissés en Belgique et qui, bien certainement, se seraient empressés de venir à son aide et de lui procurer un poste honorable, Épuisé par les fatigues de ses études et de ses voyages, accablé d’infirmités précoces, 1l se résigna à son sort et n'eut plus qu'une seule crainte, celle de voir mourir avec lui la grande œuvre de propagande pacifique à laquelle il avait voué sa vie. Le 15 janvier 1542, il adressa à l’empereur Charles V une longue lettre, à la fois respectueuse et ferme, dans laquelle il exposait ses plans el réclamait de nouveau, au nom de la religion et des lettres, les nombreux manuserits arabes que linquisition (1) Voyez la lettre à levèque de Saint-Jacques du cap Vert, du 18 sep- tembre 1541, et une autre lettre, non datée, adressée au même. (Æ£pis?., lib. 11, pp. 199,211 et sqq.) Cleynaerts qui, dans tous ses malheurs, manifeste la fermeté et la dignité de son caractère , ne s'exprime pas clairement sur les causes de la suppression de la rente viagère qu'on lui avait promise à Braga. Quelques phrases plus ou moins vagues permettent de supposer que le prince Henri était blessé de ce que, devenu pensionnaire du Portugal, Cleynaerts s'était chargé de l'éducation du fils d’un gouverneur de Grenade. Le marquis du Roure attribue l'événement à cette pénurie fainéante et dépensière qui , à cette époque, dans la plupart des cours, faisait évanouir les recettes en prodigalités frivoles et les dettes en nuageuses banqueroutes. ( d7 ) destinait aux flammes (1). Sentant que sa fin approchait, il entreprit la rédaction d'une autre lettre destinée au peuple chrétien, sorte d’autobiographie naïve entremêlée de pré- cieux conseils sur les mesures à prendre pour arrêter, sans eflusion de sang, les ravages toujours menaçants de l’islamisme (2). La mort ne lui permit pas d'écrire les der- nières pages de ce noble testament religieux et littéraire. 1 mourut au commencement de 1545, à l’âge de quarante- sept ans, loin de sa patrie, de ses parents, de ses amis, et avec la douleur de laisser inachevée la tâche qui lui avait coûté tant de labeurs et tant de souffrances. Le marquis de Mondexar le fit inhumer dans la mosquée de Alhambra, que Ferdinand et Isabelle avaient convertie en église chré- tienne. Bien des Belges ont visité cette merveille du palais des rois mores, sans songer qu’ils marchaïent sur les cen- dres d’un compatriote illustre, que le seizième siècle pla- çait au premier rang de ses philologues, et qui mourut en dirigeant ses derniers regards vers le pays qu'il voulait illustrer par l’enseignement des langues et de la littérature de l'Orient (5). Quoique nous n’ayons étudié qu’une seule face de la carrière littéraire de Cleynaerts, les lignes qui précèdent suflisent pour prouver que son nom est aujourd’hui beau- Coup trop oublié parmi ses compatriotes. Sans doute, il n’a (1) Epist., lib. IT, pp. 212-217. (2) /bid., pp. 218 et sqq. (5) Outre une grammaire latine , on trouva dans les manuscrits de Clev- haerts 11 grammaire et le lexique arabes dont il parle si souvent dans ses lettres et qu'il voulait faire imprimer à Louvain. Ces écrits, confiés à son ami Jean Perez, de Valence, sont probablement à jamais perdus pour la postérité. (Foppens, Bibl. belg., t. KW, p. 905.) x ( 276 ) pas atteint le but de ses longs et persévérants efforts. Il n'a pas réussi à organiser contre l’islamisme cette croisade pacifique dont il se plaisait à calculer les résultats dans ses doubles aspirations de chrétien et d'homme de lettres. Ii n’a pas fondé une école de savants orientalistes au sein de sa patrie. Mais est-il juste, est-il digne de la science d’appré- cier Félévation de la pensée et la grandeur des efforts sui- vant la seule mesure des résultats obtenus? Ne serait-ce pas introduire, dans la région élevée des lettres, les pro- cédés égoiïstes et purement matériels du bilan commercial? Ne serait-ce pas justifier les tendances déplorables qui, malgré les progrès splendides réalisés depuis un demi- siècle, font déjà vaciller le flambeau de la science dans une grande partie de l'Europe? Quand un homme, doué d’un esprit supérieur, conçoit une idée noble, généreuse et fé- conde; quand il consacre à la réalisation de cette idée toute l'énergie de son âme, toutes les forces de son intelligence, tous les travaux et toutes les joies de sa vie, cet homme est grand; et pour quiconque sait penser, son œuvre estgrande comme lui, alors même que le succès n’a pas couronné ses infatigables efforts. Lorsque les historiens futurs, après la régénération de l'Orient, glorifieront les hommes et les institytions qui conservèrent les germes du christianisme dans cette belle partie du monde, ils n’oublieront pas les études opiniâtres, les longues pérégrinations et les mal- heurs immérités de Cleynaerts. Mais c’est surtout en Bel- gique que sa mémoire doit être entourée du souvenir reconnaissant de la postérité. Une gloire nouvelle eût illustré notre patrie si, dès le seizième siècle, elle fût de- venue le centre d’une propagande généreuse et le berceau des orientalistes modernes. (577) ÉLECTIONS. Une place d'associé étant devenue vacante par suite du décès de M. Windischmann, la classe des lettres à pourvu -au remplacement du titulaire défunt, et la ma- jorité des suffrages a désigné à cet effet M. Lüher, membre de l’Académie de Munich et professeur à l’université de cette ville. (578 ) Séance publique du 15 mai 1862. M. De Decker, directeur de la classe. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le baron de Gerlache, Gachard, Borgnet, le baron de Saint-Genois, Haus, Bormans, le baron de Witte, Faider, Arendt , le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres; Nolet de Brauwere van Steeland, Lôher, associés; Guillaume, Wauters, corres- pondants. Assistent à la séance : Classe des sciences. — MM. De Koninck, directeur; Wes- mael, vice-directeur; d'Omalius d’'Halloy, Sauveur, Mar- tens, Cantraine, Kickx, Van Beneden, le baron de Selys- Longchamps, Nyst, Gluge, Nerenburger, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, membres ; Lacor- daire , associé. Classe des beaux-arts. — MM. Van Hasselt, président de l’Académie ; Éd. Fétis, vice-directeur; Alvin, Braemt , G. Geefs, Navez, Roelandt, J. Geefs, Érin Corr, Fraikin, Partoes, De Busscher, Portaels, le chevalier Léon de Bur-- bure, membres ; Daussoigne-Méhul, associé. MM. De Decker, Van Hasselt, Ad. Quetelet, De Koninck et Éd. Fétis prennent place au bureau. La séance est ou- verte à une heure et un quart. La parole est accordée à M. Gachard, qui donne lecture de la notice suivante : ( 919 ) Le feld-maréchal prince Charles-doseph de Ligne. PARTICULARITÉS ET LETTRES INÉDITES. Les biographes n'ont pas manqué au prince Charles- Joseph de Ligne. Aussi, dans cette galerie de célébrités qui répand tant d'éclat sur le dix-huitième siècle, trouve- rait-on diflicilement une figure plus séduisante, plus sym- pathique. Grand seigneur, guerrier, homme du monde, écrivain, sous ces aspects si divers, le prince de Ligne se présente à nous avec un égal avantage, et l’on comprend le prestige qu'il exerça sur les hommes les plus éminents qui furent ses contemporains, comme on s'explique l’in- térêt qui s'attache à sa vie et à ses ouvrages. Nous aimons à le constater, — car la maison de Ligne est une des illustrations de la Belgique, et ce nom, auquel se rattachent tant de beaux souvenirs, est encore aujour - d’hui dignement porté, — c’est parmi ses compatriotes que le prince de Ligne a surtout trouvé des historiens et des appréciateurs. Il nous suffira de citer les écrits du baron de Reiffenberg (1) et de Peetermans (2); la notice de (1) Le feld-maréchal prince Charles-Joseph de Ligne, dans les Nou- veaux Mémoires de l Académie, L. XIX, 1845. (2) Le prince de Ligne, ou un écrivain grand seigneur à la fin du dix- huitième siècle ; Liége, 1857. ( 280 }) M. Charles Hen (1); les considérations de M. Albert La- croix placées en tête de la plus récente édition des œuvres du prince (2). Une chose peut étonner toutefois : c’est que les biogra- phes nationaux du prince de Ligne, qui s'étendent avec complaisance (nous ne leur en faisons pas un reproche) sur ses Campagnes, sur ses succès dans les cours et dans les salons de Vienne, de Paris, de Berlin, de Bruxelles, sur son voyage en Crimée , sur ses rapports avec les som- mités littéraires de son temps, sur ses qualités et ses défauts comme écrivain, s'occupent si peu de la part qu'il prit aux affaires de son pays, et que, dans les quelques lignes qu'ils y consacrent, 1] y ait tant d’inexactitudes. Nous nous sommes proposé de combler cette lacune, de redresser ces erreurs. IL. Quelques mots d’abord du père de Charles-Joseph de Ligne, dont 1} fait, dans ses Mémoires, un si singulier portrait. Le prince Claude-Lamoral de Ligne, deuxième du nom, avait, de bonne heure, à l’exemple de ses ancêtres, em- brassé la carrière des armes. Il prit part, aux Pays-Bas, à la guerre de la succession d’Espagne, et alla ensuite servir en Hongrie sous les drapeaux du prince Eugène; 1l se distingua au siége de Belgrade (3). Il devint successi- (1) Les Belges illustres, 5% partie, 1845, pp. 17-52. (2) Œuvres du prince de Ligne, t. 1, 1860, Introduction, pp. 5-51; Mémoires du prince de Ligne , 1860 , Introduction , pp. 5-24. - (5) Mémoires du prince de Ligne, p.27 de l'édit. de Bruxelles, 1860. ( 81 ) vement colonel, général-major, général d'artillerie et enfin, comme son frère le prince Ferdinand, feld-maréchal dans les armées impériales. Nous le trouvons commandant de la forteresse de Charleroi en 1795 (1). Charles VI, en 1718, voulut donner une forme déli- nitive au gouvernement des Pays-Bas, qui n’avait subsisté que d'une manière provisoire depuis le traité de la Bar- rière : il établit un conseil d'État, qu'il investit de toutes les attributions exercées, jusqu’au règne de Philippe V, par les trois conseils collatéraux d’État, privé et des fi- nances (2). Des places furent réservées, dans ce conseil, à la haute noblesse : les unes, qui exigeaient une assistance régulière aux séances, étaient rétribuées; aucun traitement n'était attaché aux autres, dont les titulaires avaient la faculté, plus que le devoir, d'y siéger, quand ils se trou- vaient à Bruxelles. Le prince Claude-Lamoral de Ligne fut nommé à l’une de ces dernières (5). L'année suivante, le marquis de Prié (4) le désigna pour aller prendre possession, au nom de l’empereur, de la . Flandre et du Tournaisis, rétrocédés par la France en vertu de la paix d’Utrecht (5) : les états généraux des Provinces-Unies n’avaient consenti à remettre à Charles VI ces deux districts des Pays-Bas, qu'après avoir obtenu, au moyen de la convention signée à la Haye le 22 dé- (1) Reg. n° 54 du conseil d'Etat, fol. 215. (2) Diplôme du 29 mars 1718. | (5) Décret du 1er avril 1718 (reg. n° 54 du conseil d'Etat, fol. 60 vo). (4) Ministre plenipotentiaire et qui gouvernait les Pays-Bas en l'absence du prince Eugène de Savoie, (5) Acte du 28 août 1719, aux archives du conseil d’État et de la chan- cellerie aulique des Pays-Bas. ( 582 ) cembre 1718, le règlement de toutes les prétentions qu'ils élevaient à la charge de sa couronne. Le prince de Ligne remplit avec éclat la commission qui venait de lui être donnée. Le 12 février 1720, il recut, à Ypres, les ser- ments de fidélité et d’obéissance des magistrats de cette ville et de sa châtellenie, ainsi que des députés des villes et châtellenies de Furnes et de Warneton, des villes de Werwick, Poperinghe, Loo et Dixmude. Le 25, 1l présida à la même cérémonie à Menin. De là 1l se rendit à Tour- nay, où l’empereur devait être inauguré : car la cour de Vienne, qui n'avait pas voulu rétablir la West-Flandre dans le droit d’être représentée aux états de la province, avait reconnu l’existence constitutionnelle des états de Tournay et du Tournaisis. Le 29 février, 1l prêta aux uns et aux autres le serment d'observer leurs priviléges, cou- tumes et usages; ces deux corps d'états, à leur tour, ju- rérent entre ses mains qu'ils seraient fidèles et dévoués à leur nouveau souverain (1). L'empereur, le 25 novembre 1721, le fit chevalier de la Toison d’or; il en recut le collier au château de Wes- terloo, le 24 mars 1722, des mains du feld-maréchal comte (1) Relation du prince, du 25 mars 1720 , aux archives du conseil d’État et de la chancellerie aulique des Pays-Bas. Dans les actes de sa commission, le prince s'ivtitule ainsi : « Nous, Claude-Lamoral, prince de Ligne, d'Amblie et du saint-embpire, souverain de Fagnolles, marquis de Roubaix, de Ville et de Pommerœuil, comte de Fauquemberghe et de Néchin, premier beer de Flandre, pair, maréchal et sénéchal de Hainaut, pair de Namur, baron de Belœæil, An- Loing, Cisoing, Werchin et Jeumont, chambellan de Sa Majesté Impériale et Catholique, de son conseil d'État en ses Pays-Bas, général-major de ses armées et colonel d’un régiment d'infanterie, etc, » ( 89 }) de Mérode-Westerloo, doyen de ordre aux Pays-Bas (1). La constitution donnée au gouvernement de ces pro- vinces, en 1718, n'avait pas répondu à ce que son auteur s’en était promis : Charles VI résolut d'en revenir à celle dont une expérience de deux siècles avait sanctionné les avantages; le 19 septembre 1725, 1l rétablit les trois con- seils collatéraux. Le prince Claude-Lamoral de Ligne conserva le caractère, dont 1} avait été revêtu , de membre du conseil d'État, qui demeura composé de ministres d'épée et de robe. Le 8 mai 1756, il fut élevé aux fonctions plus éminentes “de conseiller d'État intime actuel (2). Les événements politiques qui suivirent la mort de l'empereur Charles VI ne permirent pas que Marie-Thé- rèse, sa lille et son héritière, fût, aussitôt après son avé- nement, inaugurée aux Pays-Bas; cette cérémonie, si chère à la nation, put s’accomplir seulement en 1744. Le prince de Ligne fut, cette fois encore, envoyé à Tournay, pour y représenter sa souveraine (3). Ce ne fut pas sans difficulté qu'il parvint à remplir sa mission. La guerre était déclarée entre la France et PAu- triche. Arrivé à Courtray, le prince de Ligne apprit que la route de cette ville à Tournay était imterceptée par les troupes françaises. Il fut obligé de revenir sur ses pas et de prendre le chemin d’Audenarde; une demi-heure plus tard, 1 tombait au pouvoir des Français, qui s'emparèrent (1) Mémoires du feld-maréchal éomte de Mérode-Westerloo, publiées _par le comte de Mérode-Westerloo , son arrière-petit-fils, €. IF, p. 291. (2) Dépêche de l’empereur à l’archiduchesse Marie-Élisabeth, du 50 juin 1756. (5) Lettre du duc Charles de Lorraine au prince de Ligne, du 9 avril 1744. (Archives du conseil prive.) 2" SÉRIE, TOME XHI. 49 ( 84 ) de Courtray sans coup férir. Cet événement se passait le 17 mai 1744. Le même soir, le prince de Ligne, auquel une réception brillante avait été préparée , mais qu’on n’at- tendait plus, entra incognito dans Tournay. Le lendemain , il procéda à l'inauguration; les consaux et états de la ville et les états du Tournaisis donnèrent à cette solennité toute la pompe que comportaient les circonstances (1). Le prince de Ligne devait aller aussi à Ypres, pour faire prêter serment de fidélité à la reine par les magistrats de la Flandre rétrocédée (2); mais déjà les Français investis- saient cette ville, dont ils ne tardèrent pas à se rendre mai- tres, et 1l lui fallut retourner à Bruxelles. : La paix d’Aix-la-Chapelle ayant rétabli les choses, aux Pays-Bas, en l’état où elles étaient avant la guerre, le due Charles de Lorraine renouvela la commission dont le prince de Ligne avait été, cinq années auparavant, chargé dans la Flandre rétrocédée (3). Le prince arriva à Ypres le 30 septembre 1749. Le 1°" octobre, il y fit son entrée solen- nelle (4), et, ce jour-là, il reçut les foi et hommage des (1) Relation officielle de la cérémonie, rédigée par le secrétaire Misson; lettre de Misson au comte de Kômigsegg-Erps, ministre plénipotentiaire pour le gouvernement des Pays-Bas. (Archives du conseil privé. ) (2) L’archiduchesse Marie-Anne et le duc Charles de Lorraine lui en avaient donné la commission par acte du 9 avril 1744. (3) Acte du 1er juillet 1749. (4) On lit, dans la relation officielle, à propos de cette entrée, la note suivante, qui ne laisse pas d’être curieuse, s'appliquant à une place où il y avait une garnison hollandaise , composée d'infanterie et de cavalerie, et commandée par un lieutenant général ( Burmania ) : « N. B. On observera que, n’y ayant point de canon dans la place, il ne s’est pas fait de décharge d'artillerie, comme il devoit se faire, ni à l'arrivée ni au départ du prince , non plus que pendant le Te Deum qui a suivi la cérémonie de la prestation de serment. » ( 85 ) magistrats des villes et des châtellenies. La cérémonie fut conforme à celle qui avait eu lieu en 1720, à la seule dif- lérence que, en 1749, les députés de la ville et de la verge de Menin prêtèrent serment avec ceux des autres admi- nistrations (1). Nous ne connaissons pas d'autre circonstance de la vie publique du prince Claude-Lamoral de Ligne, qui mourut à son château de Belæil, le 7 avril 1766 (2). Ce seigneur était très-attaché à la maison d'Autriche; le fait que nous allons rapporter en fournit la preuve. Le prince de Ligne possédait, dans la Gueldre prus- sienne, la terre de Wachtendonck; à ce titre, il était vassal du roi Frédéric I. Lorsque ce monarque, profitant des embarras où se trouva Marie-Thérèse à la mort de son père, eut envahi la Silésie, il ordonna (3) à tous ses vas- saux qui se trouvaient au service de la reime de Hongrie, de s’en retirer pour passer au sien. La commission ou ré- (1) Relation officielle, rédigée par le secrétaire Misson. Dans les actes de la cérémonie de 1749, les titres suivants sont donnés au prince : « Claude-Lamoral, prince de Ligne, d'Amblise et du saint-empire, marquis de Roubaix, de Ville et de Pommerœuil, comte de Fauquem- berghe et de Néchin, premier beer de Flandre, pair, maréchal et séné- chal de Hainaut, pair de Namur , baron de Belœæil, Antoing, Cisoing, Werchin et Jeumont, chevalier de l’ordre de la Toison d’or, conseiller d’État intime de Leurs Majestés Impériales et Royales, général d’artillerie de leurs armées, et colonel d’un régiment d'infanterie à leur service. » (2) Nous consignons ici cette date, dont nous sommes redevable à la Gazette des Pays-Bas (Suppl. au n° XXIX, du 10 avril 1766), parce qu’on ne la trouve ni dans le Nobiliaire des Pays-Bas, ni dans le Recueil généalogique de Francquen , ni dans les différentes biographies qui ont été publiées du prince Charles-Joseph de Ligne. (3) Par des lettres avocatoires datées du 51 août 1741 , en son quartier général à Reichenbach. ( 586 ) sence prussienne de Gueldre transmit cet ordre au prince de Ligne. Le prince s'excusa d'y obtempérer, alléguant que la terre de Wachtendonck appartenait à son fils, dont 1l n'était que le tuteur (1). Frédéric IF ne trouva pas cette excuse entièrement satisfaisante ; il voulut bien toutefois exempter le prince de le servir en personne, mais à la con- dition qu’il prit l'engagement de faire entrer au service de Prusse celui de ses fils qui lui succéderait dans la sei- gneurie de la terre en question : il promettait de placer convenablement le jeune prince à sa cour ou dans ses ar- mées, selon le mérite qui se révélerait en lui, et les incli- nations qu’il manifesterait (2). Claude-Lamoral de Ligne fit au rescrit du roi de Prusse la ee suivante : « Le prince de Ligne est sensible, au ab de toute ex- pression, aux offres gracieuses de ga Majesté Prussienne. Son zèle pour ses anciens maîtres ne lui permet pas de rien accepter pour son fils unique, âgé de six ans. D'ailleurs, celte terre de Wachtendonck fait partie d’un bien qui lu est substitué. » La maison du prince de Ligne est accoutumée à faire (1) Relation du comte Frédéric d'Harrach à Marie-Thérèse, du 14 jan- vier 1742 ; rapport du conseil suprème des Pays-Bas à la reine, du 9 fe- vrier suivant. (Archives du royaume, collection de la chancellerie des Pays-Bas à Vienne.) (2) « …..Wofern er anderst sich entschliessen will den jenigen von seinen Sôohnen, der ihm dermabl einst in besagtem Lehn succediren soll, in un- sere Dienste tretten zu lassen, welchen wir dann auch entweder an un- serm Hoff, oder auch unter unserer Armee, worzu er am meisten Neigung spubren wird convenablement zu placiren gnädig intentioniret sind. » Ce rescrit est daté de Berlin, le 28 novembre 1741 ; il est en copie dans la collection ci-dessus citée. ( 287 ) de plus grands sacrifices à l'auguste maison d'Autriche, par rapport à la fidélité inviolable que ses ancêtres lui ont vouée depuis près de trois siècles; elle a été, dans tous les temps, à toute épreuve. Dans celui des troubles et révolu- lions des Pays-Bas, elle peut se vanter d'avoir été quasi la seule qui n'a jamais varié (1), de même que, pendant la guerre de 1667 et celle de 1700, que la France, pour at- tirer les familles, brüloit et ruinoit tout , ses princes sont toujours restés inébranlables. » Si donc le bon plaisir de Sa Majesté Prussienne est de (1) On est surpris, en effet, que, seule entre toutes les grandes maisons des Pays-Bas, la maison de Ligne soit restée étrangère à la révolution du seizième siècle. Le chef de cette maison, Philippe, s'était trouvé, très-jeune, aux ba- tailles de Renty, de Saint-Quentin et de Gravelines; il fut fait chevalier de la Toison d’or le 5 août 1559, dans le chapitre tenu par Philippe IT à Gand, avant son départ pour l'Espagne. Il assista à plusieurs assemblées des chevaliers de cet ordre illustre qui eurent lieu à Bruxelles sous le gou- vernement de la duchesse de Parme, et notamment à celles où il fut résolu de demander au roi l’éloignement du cardinal de Granvelle. Nous ne le voyons plus, après cela, figurer nulle part, et peut-être faut-il en chercher l'explication dans l’état de sa santé. C’est du moins ce qui paraît résulter d’une lettre qu'il écrivit à don Juan d'Autriche le 4 mars 1577, et de la réponse de don Juan. Voici sa lettre : « Monseigneur, ayant entendu comme Sa Majesté a esté servie donner à Vostre Altèze la cherge et gouvernement des provinces de par dechà, et que présentement les diflicultez y émeues sont tant bien assoupies que tous povons avoir matière {rès-grande de resjouyssement et de louer Dieu, pour l'espérance que debvons concepvoir d’ung prince tant prudent et débon- naire, par le moyen duquel ces pays poldront estre réduitz en sceur repos et tranquillité supresme, j’ay grandement désiré, passé quelque temps, d'aller baiser les mains à Vostre Altèze et, en la bienviengnant, luy offrir mes humbles services et fidelle continuation en iceux. Mais, sçachant Vostre Altèze fort occupée aux affaires de par dechà , j'ai bien voulu différer jusques à ce qu’elle fût raprochée, Dont entendant l’arrivée en la ville de ( 288 ) s'emparer de la ville et pays de Wachtendonck, le prince de Ligne, en perdant son bien, se flatte de mériter l’estime d’un si grand roi, ce qui lui est plus avantageux et glo- rieux que l’acquisition de tout domaine, et, par la même raison, se rendre digne, aux occasions, de sa royale pro- tection. » Nous ignorons l'impression que ce noble langage pro- duisit sur le grand Frédéric; mais la cour de Vienne y reconnut « le louable zèle, le parfait attachement et l’in- » violable fidélité » du prince de Ligne. Ce sont les propres Louvain, je n’ay voulu mancquer prier mon frère, le conte de Faulcquem- berge, qui va faire son debvoir de baiser les mains à Vostre Altèze, luy présenter ceste de ma part, et la supplier humblement me pardonner sy, pour le debvoir que je dois à icelle, je n’y viens en personne, espérant que la maladie de laquelle, QUELQUE ESPACE D'ANNÉES, suis esté détenu et suis encoires pour le présent, me servira d’excuse légittime : m'estant impos- sible de me mettre en chemin par quelque voye que ce soit. Veuillant toutésfois bien asseurer Vostre Altèze que ne fauldray jamais au debvoir de la fidélité que je dois à Sa Majesté, et à Vostre Altèze de l’obéissance re- quise. Sur ce, monseigneur, baisant bien bumblement les mains à Vostre Altèze, prieray le Souverain donner à icelle, en toute prospérité, bonne, AS mu longue et heureuze vie. De Bellœæil, ce nue de mars 577. » De Vostre Altèze bien humble et obéissant à luy faire service, » PHLES DE LIGNE. » Don Juan lui répondit dans les termes suivants : « Mon cousin, j'ay receu vostre lettre, et par icelle entendu le grand désir qu’aviez de me venir trouver et m'offrir vostre service : Ce que ne vous à permis la maladie qui vous a tenu depuis quelques années, comme le conte de Fauquenberge, vostre frère, m'a déclaré. Dont il m'a grandement des- pleu, pour le désir que j’ay de vous veoir; et seray fort aise d'entendre vostre entière convalescence, afin de vous veoir : qui sera pour faire tout ce que me sera possible pour l’advanchement de vous et des vostres. Et n'estant ceste à aultre fin, je prye Dieu vous, mon cousin, donner ce que plus désirez, etc. » Philippe de Ligne mourut en 1585. ( 89 ) termes d'une dépèche que Marie-Thérèse adressa au comte d'Harrach, gouverneur intérimaire des Pays-Bas. Dans la même dépêche, elle chargeait son lieutenant « de faire » entendre au prince sa loyale et parfaite satisfaction, » et de l’assurer « que, lorsque l’ouverture s’en présenterait, » elle ne laisserait point de lui faire ressentir les effets de » sa royale gratitude (1). » FEI. Ce fut en 1779 que le prince Charles- Joseph de Ligne (2) se vit appelé, pour la première fois, à remplir des fonctions publiques dans son pays : Marie-Thérèse le nomma , non pas comme le dit un de ses biographes (5), (1) Cette dépêche est du 10 février 1742. Elle est transerite dans le registre aux dépêches de la chancellerie des Pays-Bas pour l’année 1742, p. 0. j (2) Les prénoms et titres du prince sont ainsi énumérés dans un acte du 15 décembre 1779 par lequel il fait donation à son fils aîné, Charles- Joseph-Antoine-Lamoral, de la terre et pairie de Baudour; cet acte est transcrit au registre des déshéritances des fiefs tenus de la cour féodale de Hainaut, de 1777 à 1781, fol. 128 : « Charles-Joseph-François-La- » moral-Alexis, prince de Ligne, d’Amblise et du saint-empire, souve- » rain de Fagnoelles et comte immédiat en Empire, marquis de Roubaix » et de Ville, comte de Fauquemberghe, baron de Belæil, de Jeumont et » d’Antoing, seigneur de la franchise et terre de Rumpst, de Baudour , » Estambruges, Silly, Ellignies-Ste-Anne, Quevaucamps, Thulin, Mon- » trœuil , Maulde et Autrage, Imbrechies, Villerot, d'Huisse, Castre, etc., » premier beer de Flandre, pair, maréchal et sénéchal de Hainaut, pair » de Namur et d'Artois, grand d’Espagne de la première classe, chevalier » de l’ordre de la Toison d’or, gouverneur de Mons, lieutenant général » et colonel propriétaire d’un régiment d'infanterie au service de Leurs » Majestés Impériales et Royales Apostoliques, etc , ete. » (5) Peetermans, Le prince de Ligne, p. 120. ( 590 ) gouverneur @ivil et militaire de la provmee de Hainaut, mais gouverneur militaire de la ville de Mons. Depuis trois siècles, les charges de grand bailli de Haï- naut, de lieutenant et capitaine général de la même pro- vince et de gouverneur militaire de Mons avaient été pres- que toujours réunies dans les mêmes mains; elles donnaient à celui qui en était revêtu, une influence, une autorité, qui surpassait, en quelque sorte, dans la province, celle du gouverneur général des Pays-Bas (1). À la mort du due Charles-Marie-Raymond d’Arenberg (2), qui avait succédé dans ces charges au duc Léopold-Philippe-Charles-Joseph , son père, Marie-Thérèse supprima le ütre de lieutenant et capitaine général de Hainaut; elle sépara le gouvernement militaire de Mons d'avec le grand bailliage; elle restreignit les prérogatives de cette dernière dignité. Le gouverne- ment de Mons fut donné, comme je l'ai dit, au prince de Ligne; l’impératrice conféra la charge de grand bailli à Louis - Engelbert, due d’Arenberg, d’Arschot et de Croy, fils ainé de Charles-Marie-Raymond (5). Le prince de Ligne prit possession de son gouvernement de Mons le 18 août de la même année. Ce jour-là, toute © — —————— 7 — (4) Voy., dans les Procès-verbaux de la Commission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances, t. IF, pp. 86-124, la con- sulte du conseil privé, du 25 décembre 1778, et le rapport de la jointe des administrations et des affaires des subsides, du 16 mars précédent, où sont énumérées les attributions et prérogatives attachées à ces charges. La jointe dit, entre autres, que le grand baïlli « jouissoit , dans la pro- » vince et dans les états, de l'autorité , si lon pouvoit dire, la plus ab- » solue. » (2) Le 17 août 1778. (5) Voy., dans les Procès-verbaux cités, p. 165, la dépêche du due Charles de Lorraine aux états de Hainaut, du 25 août 1779. ( 59 ) la population de la capitale du Hainaut fut en mouvement. Les échevins avaient fait placer sur les remparts l’artille- rie de la ville. Un bataillon du régiment de Ligne formait la haie dans les rues que le prince avait à traverser pour se rendre à son hôtel; un autre bataillon occupait la Grand'Place; quatre escadrons du régiment d'Arberg dra- gons étaient en bataille sur la place Saint-Jean. Le prince lit son entrée au bruit de l'artillerie, au son de la grosse cloche et du carillon du château, et aux acclamations du peuple (1). Dès qu'il fut parvenu à son hôtel, le magistrat en robe alla ly complimenter et lui présenter le vin d'hon- neur (2); il répondit, de la façon la plus obligeante (5), au discours qui lui fut adressé; 1l témoigna en outre, par toute sorte de courtoisies, combien il avait à cœur de ga- guer l'affection des représentants de la commune (4). —_——__——_——_—_—_—__—__——"_—_—_—_—_—_—_——_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—— (1) Ce sont les expressions de la relation oflicielle. (2) La relation oflicielle donne la description suivante de la corbeille où était contenu le vin d'honneur : « Deux des sergents portoient une cor- » beille d'osier, proprement travaillée, de forme ovale , garnie en taffetas » de gaze, aux couleurs des armoiries de la ville et en fleurs artificielles , » le dedans doublé de basin blanc; le taffetas, d’un rouge un peu plus » foncé que &e qu'on appeile cerise, faisoit la base de la garniture, re- » troussée de distance en distance ; les replis étoient soutenus d’une gaze » blanche chiffonnée , qui régnoit autour de la corbeille en forme de guir- » lande, et la couverture, aussi de mème taffetas, jetée négligemment sur » la corbeille, pour couvrir trente-deux bouteilles de vin qu’elle conte- » noit, étoit garnie d’une bande de pareille gaze, à double plis, large de » quatre bons doigts. » (5) Expression dela relation oflicielle. (4) « Le magistrat, ayant pris congé de Sadite Altesse, sortit de la salle; et, parvenu à la porte de celle d'entrée, il remarqua qu'il étoit suivi par le prince, qui, témoignant le désir de l'accompagner plus avant, fut prié de n'en rien faire; et quoiqu’à cette prière, Son Altesse se fût retirée , le magistrat, parvenu au milieu de la cour, ne fut pas peu surpris d'en être ( 592 ) Ceux-e1 étant partis, les députés des états se présentèrent, et, par l'organe de leur conseiller pensionnaire, le compli- mentèrent à leur tour. Le soir, après la comédie, il donna un souper, suivi d’un bal, aux chanoiïinesses de Sainte- Waudru ainsi qu'aux dames de la noblesse et de la ville. La journée du lendemain fut consacrée à de nouvelles fêtes (1). En 1781, le duc Albert de Saxe-Teschen, usant des pouvoirs qu'il tenait de Joseph IT, commit le prince de Ligne pour représenter l’empereur dans son inauguration en qualité de duc de Luxembourg (2). Cette cérémonie eut lieu le 20 août. Le 19, le prince arriva dans la capitale du duché. Une députation des états (3) vint au-devant de lui jusqu’à Strassen, à une lieue de la ville; à la porte inté- rieure, 1l trouva le magistrat avec les maîtres des métiers; il fut harangué au nom des deux corps. La bourgeoisie était sous les armes , enseignes déployées. Depuis la porte d'entrée jusqu’au refuge de l’abbaye de Saint-Maximin , où le prince devait loger, il y avait une double haïe de soldats de la garnison. La foule était énorme dans toutes les rues par lesquelles passait le cortége. Charles-Joseph de Ligne, occupant seul un magnifique carrosse, attelé de six che- vaux, fut fort acclamé des bourgeois; le prince Charles, suivi encore, et ce ne fut qu’en cet endroit qu’on put l’engager de rentrer dans ses appartements. » (Relation officielle.) (1) Tous ces détails sont tirés d'une relation conservée dans les archives de la ville et que M. Lacroix à eu l’obligeance de m'envoyer. (2) Lettre du duc au prince, du 26 juillet 1781. (Archives du conseil privé.) (5) Elle était composée des abbés de Saint-Maximin et d'Orval, des barons du Prel et de Breiderbach, de l’état noble, de MM de Seyl et de Malempré , du tiers état, et du conseiller pensionnaire Merjai. { 595 ) son fils, le précédait dans un autre carrosse, aussi à six chevaux, conduit par un cocher et des postillons russes qui excitèrent particulièrement la curiosité publique. Ar- rivé à son logement, le représentant de l’empereur reçut le conseil provincial, le corps entier des états, les ofliciers de l'état-major et de la garnison, le magistrat. Le lende- main eut lieu la prestation réciproque des serments, suivie d'un Te Deum à l'église des Récollets, d’un grand diner à l'hôtel de ville, d’un souper et d’un bal (1). Cette solennité laissa de longs souvenirs aux Luxembourgeois (2). Le prince de Ligne, cette année-là et les deux suivantes, fut assez souvent absent des Pays-Bas; il y revint dans l'été de 1784. Comme il annonça alors l'intention de se lixer à Bruxelles, et qu'il était le plus ancien lieutenant général en activité de service, on lui remit le gouverne- ment militaire de cette ville (3); il eut aussi, au même titre, à suppléer le commandant général des armes pen- dant ses absences (4). Ce chef des troupes impériales aux (1) Relation officielle conservée dans les archives du conseil privé. (2) Le prince de Ligne y fait à peine allusion par quatre ou cinq mots dans ses Mémoires : « Namur me donne et habille , à ses frais, à ma livrée » rose, jaune et argent, une compagnie d’échasseurs, qui, de même que » tous les paysans de mes terres, restèrent bons royalistes, et le Luxem- » bourg aussi, qui avoit prété serment entre mes mains » (Page 89 de l'édition de Bruxelles, 1860) (5) « Le lieutenant général prince de Ligne s’étant annoncé , à son re- tour dans ces pays, de demeurer dorénavant à Bruxelles, et lui voulant, comme le plus ancien des lieutenants généraux présentement en activité, se charger des affaires concernañt le commandement de la ville de Bruxel- les. j'ai enjoint à M. le lieutenant général comte d’Arberg de les lui remet- tre, etc. » (Rapport du comte de Murray aux gouverneurs gériéraux, du 4 septembre 1784, aux archives de la secrétairerie d'État.) (4) C’est en ce sens qu'il faut entendre ce que le prince dit dans ses Mémoires (p. 108 de l'édition de Bruxelles) : « J’étois lieutenant général » commandant les troupes aux Pays-Bas, etc. » ( 594 ) Pays-Bas était le comte de Murray, baron de Melgum, « bonhomme — dit le prince dans ses Mémoires (1) — » qui avait plus d'âme que de tête », et qui le prouva assez dans les troubles de 1787. Joseph 11, à cette époque, poursuivait une entreprise qui, s’il Peût mise à fin, l’aurait rendu aussi populaire en Belgique, que ses intempestives réformes et ses actes ar- bitraires l’y rendirent odieux. H avait obligé les Hollandais, par la démolition des places fortes, d'en retirer leurs gar- nisons; 1} avait ainsi porté le dernier coup au traité de la 3arrière, que déjà, sous le règne de sa mère, le gouverne- ment des Pays-Bas avait regardé comme non avenu dans plusieurs de ses dispositions principales : il voulut, de même, déchirer la clause du traité de Munster qui stipulait la fermeture perpétuelle de lEscaut. Les états généraux avant résisté à ses prétentions, 1l ordonna qu’une armée de soixante mille hommes füt rassemblée aux Pays-Bas, alin d'agir contre la république. Un corps de troupes fut posté le long de l'Escaut, sur les frontières du Brabant et de la Flandre : le prince de Ligne en recut le commande- ment (2); il établit son quartier général à Anvers, dans l’abbaye de Saint-Michel. Le général en chef de l'armée impériale devait être le due de Saxe-Teschen. Le prince de Ligne à publié, sous le titre original d’His- — _—_————— —————_—_—_—_——_—_—_——Z—Z (1) Page 108. (2) « J'ai l'honneur de mettre, ci-joint, sous les yeux de Vos Altesses Royales, l'instruction que je fais parvenir au lieutenant général prince de Ligne, qui prend le commandement des troupes à Anvers, ainsi que celui de celles de Stabroeck et de Santvliet et dans le pays de Waes, qui sont sous sa brigade. » (Rapport du général comte de Murray aux gou- verneurs généraux, du 15 octobre 1784, aux archives de la secrétairerie d'État.) Sd ( 29 ) toire d'une querre de sept jours, pour étre jointe à celle de sept ans et celle de sept mois (4), le récit des principaux faits de son commandement à Anvers depuis le mois d'oc- tobre 1784 jusqu'à la même époque, à peu près, de l’année suivante. 11 avait accepté cette charge avec joie; 1l se fat- tait que les hostilités allaient immédiatement commencer; il aurait été d'autant plus heureux de se battre, lui qui aimait tant l'odeur de la poudre, qu'il se serait battu cette fois pour les intérêts de son pays. Aussi combien fut vif son désappointement, quand il apprit qu'on négociait, quand il vit écarter toutes les mesures énergiques propo- sées par lui, et enfin quand il sut qu'on venait « de faire » la paix sans avoir fait la guerre (2)! » Pendant qu'il se morfondait à Anvers dans une inaction si opposée à ses instincts belliqueux, il fut témoin d’une des plus grandes catastrophes financières dont notre mé- tropole commerciale ait gardé le souvenir : je veux parler de la faillite de la compagnie asiatique de Trieste, faillite qui non-seulement engloutit tous les capitaux des action- naires de cette compagnie, mais encore entraina la ruine de beaucoup de ses créanciers. I y à aux Archives du royaume une lettre écrite par le prince, sur cet événement, au comte de Belgiojoso (3) : il y traite assez durement les victimes des spéculations plus ou moins aventureuses de la compagnie (4); mais ce (1) Mélanges, t. XVII, 1796. (2) lbid., p.150. (5) Ministre plénipotentiaire pour le gouvernement des Pays-Bas. (4) « Dans un pays où il n’y à ny énergie, ny fermeté, ny intelligence , mon cher comte, excepté dans les recrues, qui deviennent excellens sol- dats, j'ai tàché d'empêcher tous ces actionnaires de parler tous à la fois et de chercher des éclaircissements et des ressources. » ( 96 ) n'est pas pour cela que je la cite, c’est pour quelques lignes relatives à un personnage qui, peu de temps après, Joua sur la scène politique un rôle assez considérable. Voici ces lignes : « Je voudrois bien que vous fissiez » laver la tête, mon cher comte, au grand pénitencier » Van Eupen, qui à fait, dimanche passé, un sermon » séditieux contre l'autorité du gouvernement, en décla- » rant damnés tous ceux qui iroient au spectacle, et » ameutant les esprits du peuple contre eux (1). » A quoi le ministre plénipotentiaire répond, d’un ton plus calme : « Il est étrange, sans doute, qu’on se soit avisé de prècher » à Anvers d’une manière trop sévère contre le spectacle. » J’avois déjà ouï dire que le prédicateur dont il s’agit étoit » un scrupuleux outré; et, s’il se permettoit encore des » écarts, Je serois sans doute dans le cas de délibérer sur » l’admonition : mais, dans ce moment-ci, j'ai pitié de ses » erreurs, surtout dans la circonstance des embarras où » se trouve son frère. » Le frère du chanoine Van Eupen était un des trois directeurs de la compagnie asiatique de Trieste; les deux autres étaient le comte Charles de Proli et le baron de Borreckens. IV. On sait que le prince de Ligne était en Crimée, à l’épo- que où éclatèrent, dans sa patrie, les premiers mouve- ments qui aboutirent, deux années après, à la déchéance de Joseph IT; qu'à la suite de ce voyage, il alla combattre (1) Cette lettre, du 16 février 1785, est conservée, ainsi que la réponse du comte de Belgiojoso, datée du 21, aux archives de la secrétairerie d'Etat, carton intitulé Compagnie asiatique de Trieste. Sn ( 97 ) avec les Russes contre les Ottomans, et qu'après il fut ap- pelé à un commandement dans l'armée autrichienne de Servie, placée sous les ordres du maréchal Laudon. Le second de ses fils, Louis-Eugène, qu'il avait fait entrer au service de France , et qui, à peine âgé de vingt-cinq ans (1), avait déjà le grade de major dans le régiment d'Orléans cavalerie, se trouvait, au mois d'octobre 1789, chez la princesse, sa mère, à Bruxelles. Louis-Eugène de Ligne avait la tête ardente et le cœur plein d'enthousiasme; il faisait des vœux pour le succès de la révolution qui était en train de s’accomplir dans les Pays-Bas, et il ne s’en cachait point. Le jour où l’on apprit que les msurgés bra- bançons qui s'étaient rassemblés dans la Campine hol- landaise, avaient franchi la frontière, 1! partit subitement, laissant un billet à sa mère où 1l disait que des raisons ma- jeures l'avaient empêché de prendre congé, qu'on aurait bientôt de ses nouvelles, qu'il ne ferait rien contre l'hon- neur (2). La princesse lui envoya une personne de con- fiance, pour le dissuader de se joindre aux insurgés : 1l avait exprimé l’intention de visiter la Haye; elle l’enga- geait à s’y rendre directement. Il répondit que son dessein n’était pas de s’arrêter ; qu'il continuerait sa route aussitôt qu’il aurait satisfait sa curiosité personnelle (3). Peu de temps après, on recevait la nouvelle qu’il était entré à Gand à la tête d’une troupe de patriotes qui avait pénétré dans le (1) I était née le 7 mai 1766. (2) Lettre du comte de Trauttmansdorff à l'empereur, du 50 octobre. (Archives du royaume, chancellerie des Pays-Bas : Révolution braban- çonne , t. XVII, fol. 422.) (5) Dépêche du chevalier de la Gravière, ministre de France à Bruxelles, au comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, du 16 novem- bre. (Archives des affaires étrangères , à Paris.) ( 998 ) pays de Waes par le Doel et Kieldrecht (1). Les lettres qui arrivaient de la Flandre ne parlaient que de sa bravoure ; on disait qu'il était monté le premier sur les remparts de Gand, où il avait été blessé. II est aisé de concevoir l'effet que sa présence parmi les insurgés produisait sur les po- pulations (2). | Cette équipée de jeune homme dut plaire médiocrement au prince de Ligne : Juste au moment où son lils allait faire le coup de fusil dans les rangs des patriotes belges, l'em- pereur lui envoyait les msignes de commandeur de l'ordre de Marie-Thérèse, pour la part brillante qu'il avait eue à la prise de Belgrade (5). Joseph IL toutefois n'aurait pu, sans injustice, lui en faire un grief : aussi, quoi qu'on en ait dit (4), n’admettons-nous pas qu’il ait encouru , même momentanément, la disgrace de ce monarque. Les paroles affectueuses que PEmpereur lui adressa, peu de Jours (1) Lettres du comte d’Alton à Joseph IF, des 13 et 14 novembre; lettre du général comte d'Arberg au comte d'Alton, du 14 novembre, dans le Memoire justificatif de d’'Alton, pp. 181, 182, 296. (2) Le chevalier de la Gravière écrivait, le 17 novembre, au comte de Montmorin : « La présence et le nom du prince Louis de Ligne ont pro- » duit, dit-on, un grand effet parmi le peuple. Il y est en frac, dit qu’e- » tant venu comme curieux, on ne lui laisse pas Ja liberté de s’en aller, » et, tout en disant cela, il se trouve à tous les endroits où il y a du » danger. » Dans une lettre de la veille, il disait que, d’après tous les témoignages, le prince était monté le premier sur les remparts de Gand. Enfin il mandait, le 21 novembre, au même ministre : « Depuis la révo- » lution de Gand, on ne nomme plus le prince Louis de Ligne, qu’on » suppose retourné en France. On dit qu'il n'a pas été blessé à la main, » qu'il a eu seulement une balle dans le chapeau. » (Archives des affaires étrangères, à Paris) (5) Gazette de Leyde, n° du 50 octobre 1789, (4) Mémoires ou mélanges historiques et lilléraires, Notice, t&. I‘, p. xu; de Reiffenberg , p. 55; Peetermans, p. 158. ES ne. ( 299 ) avant sa mort (1), nous paraissent prouver, au contraire, qu'il lui avait conservé son amitié et sa confiance. Dans tous ses écrits, le prince de Ligne, sans approuver le système de gouvernement qui fut mis en pratique aux Pays-Bas, a assez témoigné combien il était opposé au soulèvement de ces provinces. Nous ne saurions done don- ner aucune créance à une lettre qui fut publiée sous son nom au mois de janvier 1790 : dans cette lettre, prétendu ment écrite à la princesse sa femme, il déclarait « qu'il » étoit beau à la nation belge d’avoir chassé les Autri- » chiens; » il s’extasioit sur « l'âme de Vander Noot, » sur « le cœur et le grand talent de Vander Meersch (2). » . (1) Œuvres , t. IH, p. 176, édit. de Bruxelles. (2) Cette lettre fut publiée dans le n° 20, du 25 janvier 1790, du Journal de Bruxelles, feuille qui venait d’être créée par un Français, le sieur Beaunoir. Elle fut aussi imprimée à part, en trois pages in-0ctavo (sans nom d'imprimeur). Un exemplaire de cet imprimé se trouve dans le 52e portefeuille de la collection de pièces et de brochures sur l'histoire des Pays-Bas, à la bibliothèque de Mons, n° 6881 du catalogue. En voici le contenu : Copie d'une leltre du prince de Ligne à la princesse son épouse: « Je n’en reviens pas. On n’a jamais lu dans l’histoire, et je dis plus, on ne verra ni ne lira une révolution pareille, puisque, cette fois-ci, cela est clair, l’article de la Joyeuse-Entrée étant bien prononcé. Je vous avoue que, pour le mouvement qu'il y à eu pour quelques changemens qu'on auroit pu faire tout de suite, il y a trois ans, et où Belgiojoso, par sa bêtise et sa dureté, avoit mis beaucoup du sien, j’avois trouvé qu'on avoit fait trop ou trop peu. On disoit: « Nous nous révoltons ; » mais cette fois-ci, on ne l’a pas dit, on l’a fait, et d’une manière qui fait autant d'honneur à l'invention qu’à lexécution. Il est beau à notre nation d’avoir chassé les Autrichiens avec autant d'humanité que de valeur, et couvert de honte une demi-douzaine de généraux. Le calme qui à régné après la cassation des états, auroit dù être effrayant pour le sot et cruel gouverne- 2e SÉRIE, TOME XHI. 435 ( 600 ) En temps de révolution, il est assez ordinaire de recourir à des artifices de ce genre, pour exciter l'esprit publie. Dans le même but sans doute, on fit plusieurs fois circuler ment général ; et je me souviens que le duc d’Ursel et moi, quand nous lisions les bêtes de gazettes , nous traitions de ridicule cette armée nais- sante. Nous disions : « Que veulent donc faire ces émigrans, que nous » imaginions être quelques ouvriers ou déserteurs qui vouloient piller? » et je croyois même que le pays s’opposeroit à ce qu’on appeloit des ban- dits et des brigands. » C’est bien le second tome de Vivent les queux. Mais quand j'ai vu la belle manœuvre de Vander Meersch à Turnhout, le beau passage de l'Escaut , la brave attaque de Gand, j'ai admiré l’âme de Vander Noot, premier mobile de tout cela, à ce qu'il me semble , et le cœur et le grand talent de Vander Meersch. On devroit faire à Bruxelles deux statues de d’Alton et de Trauttmansdorf, et ici deux efligies de ces deux messieurs qui, militairement, politiquement et humainement, se sont conduits si épouvantablement , et ont fait plus pour cette révolution-ci que les princes d'Orange n’avoient fait pour l’autre. Ferdinand Traut{mansdorf”, avec ses sottes lettres , n’a prouvé qu’un homme borné et désobéissant à son maître , lorsqu'il vouloit remettre les états, le lendemain de leur cassation, avec quelques changements, et en lui représentant que c’étoit par un acte de pareille foiblesse que le roi de France s’étoit détrôné. » Mais le d’Alton est un monstre, contre lequel j'ai adressé, cette année-ci, une plainte formelle au conseil de guerre, malgré tous les dés- agréments que je pouvois en avoir, et qui auroit suffi pour le devoir faire rappeler. » Me trouvant presque à la tête des armées, et toujours, depuis deux ans, commandant des corps considérables , vous sentez bien que ma car- rière est trop avancée pour que je quitte le service. Je ne serai ni transfuge ni ingrat; et cela ne plairoïit pas même à ma nation. Je ne servirai pas contre elle, ni avec elle contre l’empereur. Mais je servirai le pays, jusqu’à la dernière goutte de mon sang, contre toutes les autres puissances de l'Europe. » Vienne, le 5 janvier 1790. » Il est à remarquer que cette prétendue lettre ne fut insérée ni dans la Gazette des Pays-Bas, qui paraissait avec la permission des états de Brabant, ni dans la Gazelte de Leyde , où l'on trouve toutes les pièces inté- ressantes de cette époque. ( O01 ) le bruit que le prince allait quitter le service de l'empereur et revenir aux Pays-Bas (1). Lors du couronnement de Léopold II à Francfort, le prince de Ligne s'attendait à recevoir le bâton de maré- chal, Il ne lui fut pas donné; il en conçut assez de mécon- tentement pour offrir la démission de toutes ses charges (2). Est-ce une raison de croire, avec plusieurs de ses biogra- phes, que Léopold ait voulu le punir d’avoir été dans la faveur de son frère (3)? Ce serait faire injure à ce mo- narque , dont les grandes qualités ont été reconnues par tous ses contemporains, Nous y croyons d'autant moins que, si le prince ne fut pas élevé au maréchalat par Léo- pold , ce fut à l'initiative personnelle de l’empereur, comme on va le voir, qu'il dut d’être fait grand bailli de Hainaut. Le due Louis-Engelbert d’Arenberg avait eu le malheur, dans sa jeunesse, de perdre la vue à la chasse. Cette infir- mité n'avait point empêché Marie-Thérèse de lui conférer le grand bailliage de Hainaut; seulement elle avait prescrit certaines précautions pour les expéditions qui se feraient sous sa signature (4). Joseph IT, qui poussait jusqu’à l’ex- trème rigueur la sévérité des principes, en jugea autre- ment : 1l n’admit pas qu’une charge aussi éminente que celle de grand baiïlli püt être exercée par quelqu'un qui (1) Voy. le Journal de Bruxelles du 2 février 1790, n° 28, et la Gazette des Pays-Bas du 31 janvier, n° 9, p. 71. | (2) Voy. Mémoires, p. 111 , édit. de Bruxelles. (5) Voy. la Biographie de Michaud, la notice placée en tête du 1er vo- lume des Mémoires ou mélanges historiques et littéraires, p. xIv, de Reiffenberg , p. 56, etc. (4) Elles devaient être contre-signées par un secrétaire ayant prêté ser- ment entre les mains du chef et président du conseil privé. Voy. l’art. 44 des instructions du duc d’Arenberg , datées du 15 avril 1779, dans les Procès-verbaux de la Commission royale pour la publication des anciennes ordonnances, t. 11, p. 160. ( 602) était privé de Ja vue; il trouva mauvais aussi que le grand ball de Hainaut ne résidàt pas à Mons (1). Au mois de décembre 1787, sans consulter son chancelier le prince de Kaunitz, sans même l’en prévenir, il expédia au comte de Trauttmansdorff un courrier porteur de l’ordre « de faire » immédiatement rendre vacant le grand bailliage de Haiï- » naut (2). » La commission était délicate : prononcer ou réclamer la démission d’un personnage aussi considérable que le duc d’Arenberg, sous tout autre règne et avec tout autre ministre, c’eùt été une mesure qui aurait soulevé les plus sérieuses objections. Trauttmansdorff obéit sans hésiter. Il signifia au duc les volontés de l’empereur en des termes qui ne souffraient pas de réplique. Le duc répon- dit, avec beaucoup de dignité, que, s’il n’avait pas offert sa démission plus tôt, c'était à cause de l’état de trouble où se trouvait le pays; qu’il lui suffisait maintenant de savoir que ses services n’élaient plus agréables, pour la demander sur-le-champ. « Mon état, il est vrai, ajoutait-il, m'a fait » sentir en ces derniers instants tout son poids et son » amertume; mais on a des forces, quand c’est l'honneur » et l’attachement pour la patrie et le souverain qui nous .» guident(5). » L'empereur nomma, en remplacement du (1) Alors, comme aujourd’hui, c'était à Bruxelles que la maison d’Aren- berg avait sa résidence principale. (2) Ce sont les termes dont se sert le comte de Trauttmansdorfi dans une dépêche du 21 décembre ;'où il rend compte au prince de Kaunitz de l’ordre qu’il a reçu de l'empereur , et de la suite qu’il y a donnée. (Archives du royaume, collection de la chancellerie des Pays-Bas : Révolution bra- bançonne, t. VIL.) * (5) Nous croyons devoir donner ici le texte entier de la réponse du duc, en le faisant précéder de la lettre du comte de Trauttmansdorff : « Monsieur le duc, en conséquence des ordres nouvellement réitérés par Sa Majesté , il va ètre porté une disposition qui non-seulement im- pose aux grands baillis, gouverneurs civils et tous autres ofliciers publics ( 605 ) due d’Arenberg, le lieutenant général comte d'Arberg de Valengin (1). sans exception, l'obligation de résider désormais permanemment dans le siège de leur office, mais qui donnera aussi constitutionnellement plus d'activité à ces officiers. » En vertu de cette résolution réitérée, Sa Majesté l'empereur à pris en considération, monsieur le duc, l’état où vous met le malheur d’être privé de la vue, et qui vous constitue dans l'impossibilité de remplir ce qu'elle a résolu irrévocablement à l'égard des charges de grand bailli. » Je suis au désespoir d’avoir à vous parler de la cause qui vous met dans l'impossibilité d'exercer par vous-même , comme Sa Majesté l'entend généralement, et avec le zèle héréditaire dans votre maison, les fonctions du poste important de grand bailli de Hainaut; mais l’empereur a prévu, monsieur le due, que vous proposeriez vous-même, dans cette circon- stance , de remettre ce poste à la disposition de Sa Majesté. Je crois même devoir y ajouter que, dans cette attente, Sa Majesté m'a déjà annoncé des dispositions pour le choix d’un successeur. » En vous en informant, je me flatte que vous agréerez ma franchise , et que vous serez bien persuadé des sentimens , etc. » Bruxelles, le 20 décembre 1787. » « Monsieur le comte , mon serment et mon devoir vis-à-vis de Sa Ma- jesté m'ont empêché de lui offrir plus tôt ma démission du grand bailliage du Hainaut , persuadé que , dans ces derniers embarras, mon attachement pour l’auguste maison et mon zèle pourroient ramener la confiance, et par là concourir aux vues bienfaisantes de Sa Majesté. » Îl me suflit que mes services ne puissent plus lui être agréables pour que, sur-le-champ, je vous prie de lui présenter l'acceptation de ma démis- sion. Mon état , il est vrai, pénible pour moi, m'a fait sentir en ces der- niers instants tout son poids et son amertume ; mais on a des forces quand c’est l'honneur et l'attachement pour la patrie et le souverain qui nous guident , et ce sont eux qui ont présidé à toutes mes actions. » Agréez , s’il vous plait, les sentimens du parfait attachement et de la considération très-distinguée avec lesquels j'ai l'honneur d’être, » Monsieur le comte, votre très-humble et très-obéissant serviteur, » LE Duc D'ARENBERG. » Bruxelles, le 20 décembre 1787. » - (1) Lettres patentes données à Vienne le 27 février 1788. (Archives de la ( 604 ) Ce changement fut vu avec autant de déplaisir dans la province de Hainaut (1) que dans la haute noblesse; on regarda la démission forcée du due d’Arenberg comme une alteinte au pacte constitutionnel. Après la restauration, l’empereur Léopold, qui s’était engagé à redresser les in- fractions faites par son frère aux priviléges du pays, offrit au duc d’Arenberg de le rétablir dans la charge dont 1l avait été privé. Le duc était en ce moment-là à Rome : il remercia l’empereur, mais il s’excusa d'accepter, sur la malheureuse situation où sa cécité le plaçait (2). Léopold alors, de son propre mouvement, conféra le grand bail- liage au prince de Ligne (3). Ainsi furent de nouveau réunis les deux postes importants de grand bailli de Hai- naut et de gouverneur de Mons (4). chancellerie des Pays-Bas, reg. Patentes d'office de 1783 à 1794, p. 202.) Nicolas-Antoine, comte d'Arberg de Valengin et du saint-empire ro- main, était chambellan de l’empereur, lieutenant général, chef d’une division de ses armées , colonel propriétaire d’un régiment de dragons et grand maître des cuisines de l’archiduchesse Marie-Christine et du duc Albert de Saxe-Teschen. (1) Le chevalier de la Gravière, ministre de France à Bruxelles, écri- vait au comte de Montmorin, le 15 novembre 1788 : « M. le comte d’Ar- » berg, grand baïilli du Hainaut autrichien, a été très-froidement aceueilli » par les habitants de Mons. » (Archives des affaires étrangères, à Paris.) De son côté, le comte de Mercy-Argenteau mandait au prince de Kaunitz, le 27 mars 1791 : « Je ne puis dissimuler que la personne du comte d’Ar- » berg, remplaçant le duc d’Arenberg après une démission forcée de » celui-ci, n’a jamais été agréable à la province... » (Archives de la chan- cellerie des Pays-Bas.) Pendant la révolution, la maison du comte d’Ar- berg avait été pillée. (2) Rapport du prince de Kaunitz à l'empereur, des 15 avril et 14 mai 1791. (Archives de la chancellerie des Pays-Bas.) (5) Lettres patentes datées du 20 mai 1791 , à Milan. (/bid., reg. Patentes d'office de 1783 à 1794, p. 297.) (4) Un traitement de dix mille florins , payé par la province , était at- taché à la charge de grand bailli, et un décret du conseil aulique des À ( 605 ) Le prince se trouvait à Vienne, quand l’empereur signait, à Milan, ses patentes de grand bailli. Il ne tarda point à partir pour les Pays-Bas, et il arriva à Bruxelles le 15 juillet (1). De là il se rendit à son château de Belæil. Le Hainaut avait accueilli de la manière la plus sympa- thique la nomination du prince de Ligne à la première dignité de la province (2). Dès qu'on apprit, à Mons, son guerres, du 2 juin 1779, avait attribué au prince de Ligne, comme gou- verneur de Mons, dix-neuf mille deux cents florins par an, dont douze mille étaient payés aussi par la province. Après le gouverneur général et le ministre plénipotentiaire , il n’y avait, aux Pays-Bas, aucun dignitaire, militaire ou civil , qui eùt une position aussi considérable, (1) Gazette des Pays-Bas , n° du 17 juillet 1791. (2) Le comte de Mercy-Argenteau l’annonça aux états de Hainaut par la lettre suivante : « Messieurs , sur la répugnance que M. le comte d’Arberg a marquée, depuis longtemps, de reprendre les fonctions de grand bailli de Hainaut, l’empereur a trouvé bon de conférer cette charge à M. le prince de Ligne, chevalier de la Toison d’or, commandeur de l’ordre militaire de Marie- Thérèse, général d'infanterie des armées impériales, pair du Hainaut. Sa Majesté , connaissant toutes les qualités éminentes dont il est doué, à cru ne pouvoir faire un choix plus agréable à la province. Je me fais un plaisir de vous l’annoncer, et de vous assurer des sentiments distingués, etc » Bruxelles, 9 juin 1771. » Les états répondirent au ministre plénipotentiaire le 10 juin : « Monseigneur, nous sommes bien reconnoissants de la continuation des attentions de Votre Excellence, en nous annonçant la promotion du prince de Ligne à la dignité de grand bailli de Hainaut. Nous avons l’honneur d'en remercier infiniment Votre Excellence, et de la supplier de faire connoître à Sa Majesté toute la sensibilité que nous avons éprouvée de ce qu’elle a daigné, pour faire un choix agréable à ce pays, de conférer à ce prince cette charge. » Nous sommes, avec respect, monseigneur, de Votre Excellence les très-humbles et très-obéissants serviteurs , » Les états du pays et comté de Haïnau, » Du PRÉ. » (Archives du royaume, collection de la secrétairerie d’État.) ( 606 ) arrivée dans sa résidence, les états et le magistrat lui en- voyèrent des députés pour le complimenter, et convenir avec lui du jour où il ferait son entrée. Le 8 août fut fixé pour cette cérémonie (1). C'était un événement que l'installation d’un grand bailli de Hainaut, et, quoique les prérogatives de cet officier eussent été restreintes, ainsi que je lai dit, sur la fin du règne de Marie-Thérèse, 1l n'en était pas moins demeuré, aux termes des chartes, le « représentant et tenant le lieu » du souverain, comme prince et comte de Hainaut; » à ce titre, il lui fallait jurer lobservation des priviléges du pays, ainsi que le faisait le souverain lui-même à son inauguration. Les attributions qu'il avait conservées étaient telles, au surplus, que, dans les autres provinces des Pays- Bas, il n’existait aucun officier royal dont lautorité fût comparable à la sienne. | Dans ses Mémoires, le prince de Ligne ne parle qu’en (4) On conserve, aux archives de l'État, à Mons, en original autogra- phe, la lettre suivante que le prince écrivit, à ce sujet, à la députation permanente des états de Hainaut : « Messieurs, j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, Le terme du 8 août me convient extrêmement ; et, quand il ne me conviendrait pas , il suffit qu'il vous soit agréable pour qu’il me le soit aussi. Non-seulement , messieurs , dans cette occasion-ci, mais dans toutes les autres, je n'aurai d'autre but que d’être utile à la province , en écarter toutes les innovations, soutenir la constitution, et vous rendre service à tous et en particulier. » J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments de la plus haute considé- ration, messieurs, votre très-humble et très-obéissant serviteur, » LIGNE. » Belæil, ce 35 juillet 1791. » C’est encore à M. Lacroix que je suis redevable de la communication de cette lettre. ( 607 ) passant, et pour répondre à un pamphlet publié contre lui (1), de la journée du 8 août. Nous sommes en mesure, grâce à d'obligeantes communications, de suppléer à son silence. Nous avons, de son entrée à Mons, une relation à laquelle une foi entière peut-être ajoutée, car elle est l'ouvrage d’un membre du conseil de Hainaut qui fut té- moin de ce qu'il raconte (2). Un escadron de uhlans ouvrait la marche du cortége. Venaient ensuite : le capitaine de la garde du grand baïlli supprimée en 1779; le capitaine de la maréchaussée de la province, à la tête d'un détachement considérable de ses cavaliers ; les six compagnies bourgeoises de Mons, fortes de deux cents hommes chacune, précédées d’un corps de musique; la maison du prince; ses gardes de bois et de chasse; les receveurs, baïllis et greffiers de ses terres ; un carrosse à six chevaux où était le prince, ayant à ses côtés le prince Charles, son fils, dont la bravoure hérédi- taire venait de se signaler au siége d’Ismaïil (5). Après marchait un escadron de dragons de la Tour, précédant une troupe considérable de villageois de Belœæil, de Bau- dour et des villages circonvoisins, habillés en hussards. Les voitures de la suite du prince, d’une foule de per- (1) Ce pamphlet, que le prince attribue à un avocat de Nivelles nommé Masson (voir Mémoires , édit. de Bruxelles, pp. 114 et 115) a quatre pages in-octavo , sans indication du lieu ni de la date de l'impression. M. Hip- polyte Rousselle, à Mons, en possède un exemplaire dans sa bibliothèque. C'est une satire des plus violentes contre le prince. (2) Le conseiller Paridaens. Sa relation se trouve dans un manuscrit, intitulé Journal du palais et historique , qui fait partie aussi de la biblio- thèque de M. Rousselle. Je saisis cette occasion d'offrir à M. Rousselle l'expression de ma gra- titude, pour les communications qu'il a eu la bonté de me faire. (5) Voir la Gazette des Pays-Bas du 27 janvier 1791 , p 61. ( 608 ) sonnes de la ville qui étaient allées à sa rencontre, des députés des états, terminaient le cortége. « Cette entrée, dit notre narrateur, fut des plus cor- » diales et fort brillante; un peuple innombrable dans les » rues, et aux fenêtres des cris de joie qui sembloient » devoir rompre la voute des cieux, la rendoient extrême- » ment touchante (1). On s’est aperçu que le prince en » étoit attendri, ainsi que le prince Charles de Ligne, son » fils. La princesse, femme du prince, avec les deux prin- » cesses leurs filles, qui étoient arrivées la veille, virent » passer le cortége de chez M. le président. » N'oublions pas une circonstance que le prince nous raconte lui-même. Pendant la marche du cortége, de très-jolies filles jetaient des bouquets dans sa voiture : la foule les ayant forcées de s'arrêter près de la portière, il se pencha vers elles, les remercia avec effusion, et leur dit qu'il les trouvait char- mantes (2). Le soir, les princes et les princesses assistè- rent au spectacle; ils parcoururent ensuite la ville, qui était tout illuminée; puis ils assistèrent à un souper et à un bal donnés par les états. Le lendemain, le prince prêta les serments d'usage dans les églises de Sainte-Waudru et de Saint-Germain; il accepta un banquet que la ville lui offrit ; il donna, en son hôtel, un souper, suivi d’un bal (3). (1) La Gazette des Pays-Bas, du 18 août 1791, n° 66, p. 528, rendant compte de l’entrée du prince, disait : « Un peuple nombreux s’étoit porté » sur le passage de ce prince, pour lui témoigner, par des cris de joie, » le plaisir que la nation haïnuière ressentoit de le voir à la tête de la » province. » (2) Mémoires, p. 114. (5) « Où toutes les personnes de distinction furent invitées, jusqu'aux » femmes dés membres du conseil de ville, » dit le conseiller Paridaens. ( 609 ) Le grand baiïlli de Hainaut était tenu d'accomplir, dans l’église de la collégiale de Saint-Vincent, à Soignies, les mêmes formalités qu'il avait accomplies à Sainte-Waudru et à Saint-Germain. Le prince s’acquitta de ce devoir le 10 août. La ville de Soignies eut, à son tour, l'honneur de le traiter avec le prince son fils et les princesses. Le 11, il se rendit au conseil de Hainaut. Comme grand bailli, il était le chef de cette cour souveraine. Il exerça successivement ses fonctions dans les trois chambres dont elle était composée. Le président lui ayant adressé un petit discours où il lui demandait la continuation de sa bien- veillance, et exprimait le vœu qu’il assistàt quelquefois aux séances du conseil, il répondit qu’il le ferait bien vo- lontiers; que le meilleur moyen pour lui dé s’instruire était de s’éclairer des lumières des membres de la compa- gnie. Il donna à diner, ce jour-là, au conseil, à la députa- tion des états, à des membres des deux ordres du clergé et de la noblesse, et à des militaires. L’après-midi, la prin- cesse reçut; toutes les dames de la ville vinrent lui faire leur cour. Le soir, il y eut encore souper et bal au grand bailliage. | | Les fêtes se terminèrent, le 12, par un bal que le prince donna au théâtre, et un autre bal qu'il offrit au peuple sur la place Saint-Jean, brillamment illuminée. Il y avait, dans le même temps, un troisième bal à la redoute, lieu des réunions de la société bourgeoise. Les princes et les princesses se montrèrent partout; les filles du prince pri- rent part aux danses du théâtre et de la redoute (1). (1) Paridaens fait la remarque que, au concert bourgeois, c’est-à-dire à la rédoute, les jeunes princesses dansèrent « une Contré-dansé seu- » lement. » (610) V Le prince de Ligne était pair de Hainaut, et, en cette qualité, membre de droit de la chambre ou de l’ordre de la noblesse dans les états de cette province. Il n’y avait jamais siégé jusqu'alors; il s’y était fait recevoir, par pro- curation, seulement le #4 juin 1791. Le 9 août, il y com- parut en personne. Il assista à plusieurs des séances tenues dans les mois de septembre et d'octobre (1). On lui a attribué, 1l s’est peut-être attribué lui-même dans un accès de belle humeur (2), une boutade qui lui aurait pris devant les états assemblés : il aurait dit à ceux-ci « que, s’il n'avait pas été en Crimée avec l'empereur Joseph » et l’impératrice de Russie, lorsqu'avait éclaté leur sotte » rébellion, il l’aurait arrêtée, d’abord en leur parlant en » concitoyen fidèle, zélé et raisonnable, et ensuite, s’il » n'avait pas réussi, en général autrichien, à coups de (1) Registres aux procès-verbaux de la chambre de la noblesse, aux archives de l'État, à Mons. Les séances auxquelles le prince assista furent celles des 20 et 27 septembre, 10, 12, 15, 14, 17 et 18 octobre. (2) Gette boutade est rapportée dans la Biographie de Michaud (t. XXIV, 1819, art. LiGxE, p. 480); dans les Mémoires el mélanges historiques et liltéraires, par le prince de Ligne, en 4 vol, 1827 (4. Ier, Introduction, p. x1v);, dans une Notice historique sur La maison de Ligne, par M. De- lestrés, p. 41; dans la notice du baron de Reiffenberg, p. 56. M. Albert Lacroix la cite (Œuvres du prince de Ligne, t. I, Introduction, p. 19). Mais aucun de ces écrivains ne fait connaître la source où il l'a puisée : l'auteur de l’article de la Biographie, Michaud jeune , se borne à dire que la chose est racontée par le prince lui-même. J'ai fait de vaines recher- ches, pour découvrir le passage où il en est question, dans lacollection des œuvres du prince (incomplète, à la vérité) que possède notre Biblio- thèque royale. ( 611 ) » canon sans boulet, mais qui les eussent fait mourir de >» peur. » Que des écrivains étrangers aient donné créance à cette anecdote, nous n'y voyons assurément rien d’extraordi- naire; mais qu'elle ait été admise sans réserve par des écrivains belges, c'est ce qui à bon droit nous surprend, Comment n'a-t-on pas réfléchi à ce qu'aurait eu d’incon- venant, d'insultant mème pour les représentants du Hai- naut, le langage qu'on met dans la bouche du prince? Comment ne s’est-on pas dit que, ayant recu la mission de calmer les esprits, d'attirer les cœurs vers le nouveau : souverain , il aurait par là manqué complétement son but? Nous n’hésitons pas à déclarer que les paroles citées sont apocryphes : non-seulement il n'existe pas la moindre trace, dans les actes des états, d’un discours que le prince leur aurait adressé (1), mais encore un discours tel que celui qu’on lui prète est démenti par toute sa conduite à cette époque; elle l’est particulièrement par sa lettre du 25 juillet 1791 à la députation des états (2). Et c’est 1ei le lieu de faire remarquer l'erreur où sont tombés tous les écrivains qui se sont occupés de la bio- graphie du prince , en rattachant les paroles prétendûment prononcées par lui à la présidence des états qu'il aurait exercée. Ni comme maréchal héréditaire de Hainaut, quoi qu'en dise le baron de Reïffenberg, ni comme grand baïllr, le prince de Ligne n'avait qualité pour présider les états, qui, d’ailleurs, ne délibéraient point en corps, mais sépa- (4) M. Lacroix, conservateur des archives de l'État, à Mons, s'en est assuré , et l'on sait quelle confiance doit être placée dans les résultats de ses recherches. (2) Voy. la note 1, à la page 606, ( 612 ) rément, chaque ordre dans sa chambre. Le grand bailh était, à la vérité, le commissaire ordinaire du gouverne- ment auprès d'eux; c'était lui qui leur faisait, au nom du souverain, les propositions sur lesquelles ils avaient à dé- lhbérer; mais 1l ne pouvait prendre part aux discussions que s'il était membre de l’un ou de l’autre des trois ordres, et dans la chambre à laquelle il appartenait. Le grand bal n’était le président que de la députation permanente (1). Lorsque le prince de Ligne entra dans l’exereice de sa nouvelle charge , les affaires les plus épineuses avaient été réglées avec les états, et ils étaient occupés à délibérer sur la pétition du subside ordinaire, ainsi que de la liste cavile des gouverneurs généraux, pour l’année 1792. Son 1n- fluence ne fut pas inutile au succès de cette double de- mande. L'un et l’autre subside furent accordés, à l’unani- mité des voix, sans conditions et avec beaucoup de zèle (2). Le prince de Ligne s’empressa de l’annoncer à l’archi- duchesse Marie-Christine et au duc de Saxe-Teschen, aimsi qu'au ministre plénipotentiaire : « La manière dont Vos (1) Voy. les Procès-verbaux de la Commission royale pour la publiea- tion des anciennes ordonnances , t. IF, p. 92. (2) On lit, dans la Gazette des Pays-Bas, du 15 octobre, n° 82, p. 652 : « De Mons, le 10 octobre. Les deux premiers ordres des états de cette province ayant voté les subsides de Sa Majesté, l’assentiment du tiers état s’y est joint par acclamation. Au lieu de s'arrêter à la délibération usitée, les communes du Hainaut, ne voulant point calculer le tribut de leur re- connoissance envers notre magnanime souverain, ont préféré d’user du droit de signaler le juste retour de leur attachement. La même unanimité et les mêmes cris d’allégresse ont éclaté dans la concession du subside. destiné à l'entretien de la cour. Le prince de Ligne, grand bailli de la province , jaloux d'unir ses sentiments à ceux de l'assemblée, est venu , après la séance, mêler l'expression de sa sensibilité aux transports de joie de l'assemblée générale. » ( 615 ) » Altesses Royales — éerivit-il aux gouverneurs généraux » — ont traité les députés, à leur dernier passage, n’a pas » peu contribué à la réussite et à la promptitude, puisqu'on » a été ici extrêmement reconnoissant de la bonté qu’elles » ont bien voulu témoigner. J'ai annoncé que Vos Altesses » Royales me permettoient de dissoudre l’assemblée. On » s'y conforme , comme de raison, avec la soumission que » nous devons tous à Vos Altesses Royales. On prendr: » seulement la liberté de leur demander la permission d’en » avoir une seule, après la liquidation (1), qui durera peut- » être encore Cinq ou six mois. Ainsi j'espère pouvoir m'y » trouver, à mon retour de Vienne, si Vos Altesses Royales » daignent me permettre d'y aller passer l’hiver... (2). Il ajouta , dans sa lettre au comte de Metternich : « La crainte du mal françois (outre la bonne volonté naturelle) » engagera les états à se rallier sans cesse au gouverne- » ment. Mais j'avoue que tous les rapports que je me fais ÿ (1) Celle qui devait se faire , entre les états des provinces, des dettes contractées pendant la révolution, (2) Lettre autographe, du 10 octobre 1791, conservée dans les archives de la secrétairerie d'Etat. Les gouverneurs généraux firent au prince la réponse suivante : a Monsieur, nous avons reçu, avec une vraie satisfaction, les actes par lesquels les états de Hainaut viennent de consentir le subside pour l’année 1792. Nous porterons, ayec beaucoup de plaisir, à la connoissance de l’empereur l'unanimité de ces consentements. Sa Majesté la regardera, ainsi que nous, comme un des heureux fruits de l’union et de la con- fiance qui commencent à s'établir dans la province, et entre le gouverne- ment et les états; elle y reconnoitra aussi le zèle qui vous anime en toute occasion pour le service royal. Vous avez débuté dans une nouvelle car- rière comme vous avez toujours agi dans celle que vous avez spécialement courue jusques ici. » Nous vous prions d’être bien persuadé de la sincérité des sentiments avec lesquels nous sommes, etc. » ( 614 ) » donner du plat pays sont effrayants, et qu'on n’y parle » que de l'assemblée nationale et du bonheur des voisins, » qui sont les seuls qui l’ignorent, car ils en sont bien » Jas (1). » Cette affaire réglée, le prince se mit en route pour Vienne, après avoir, à son passage par Bruxelles, fait sa COUT aux gouverneurs généraux. 1. Les choses n’allaient pas aussi bien, pour l’empereur, dans le Brabant que dans le Hainaut. Là, après de longues et laborieuses négociations, le gouvernement n'avait pu parvenir à s'entendre avec les états; ils étaient même en lutte ouverte. La composition du conseil de Brabant en était la cause principale (2). Le 25 février 1791, le comte de Mercy-Argenteau (3) avait réorganisé ce tribunal souverain (4). Il en avait ex- clu, pour leur opposition systématique, cinq des conseil- lers qui avaient prêté serment aux états et siégé pendant (1) Lettre du 11 octobre 1791, en copie dans les archives de la chan- cellerie des Pays-Bas : Restauration autrichienne, 1. X. (2) On peut consulter, sur ce démèélé, l'excellente Histoire des Belges à la fin du dix-huitième siècle, de M. Ad. Borgnet. Dans la Gazette des Pays-Bas de 1791, on trouve la plupart des pièces officielles qui y sont relatives. (5) Il avait été revêtu du caractère de ministre plénipotentiaire pour le gouvernement des Pays-Bas, en attendant que le comte de Metternich- Winnebourg, destiné à cette charge, püt se rendre à Bruxelles. (4) Ce décret est dans la Gazette des Pays-Bas, du 26 février, p.151. Il composait ainsi le conseil : chancelier, M. de Crumpipen ; vice-chance- lier, M. Van Velde; conseillers, MM. Viron, Cuylen, Charlier, Vanden Cruyce, de Jonghe, baron de Bartenstein, Huys de Bois-Saint-Jean, Merex. ( 615 ) la révolution (1); d’un autre côté, 1l s'était abstenu d'y comprendre aucun de ceux qui, après la cassation de la Joyeuse-Entrée, en 1789, avaient consenti à faire partie du grand conseil de Malines (2), auquel, à cette époque, furent transférés la juridiction et les pouvoirs exercés par le conseil de Brabant. Les états s'émurent de ce coup d'autorité; ils prirent fait et cause pour les conseillers exclus; ils représentèrent au gouvernement que le seul moyen de ramener le calme et une confiance réciproque était la réintégration de ces conseillers dans leurs charges ; ils ne lui cachèrent pas que, s’il restait sourd à leurs remontrances, ils se verraient obligés de recourir au moyen extrême du refus des sub- sides (3). Le gouvernement leur fit répondre que les voies de la justice réglée étaient ouvertes aux conseillers pour lesquels ils réclamaient. I] fit un pas de plus : il leur pro- posa une transaction qui, dans des temps moins agités, eüt sans doute été acceptée avec empressement: elle consistait à faire rentrer à la fois dans le sein du conseil, et les cinq magistrats auxquels les états s’intéressaient, et cinq des sept conseillers qui avaient passé au conseil de Malines (4). C'était établir entre eux et le souverain une sorte de parité qui aurait dù, ce semble, les disposer à un accommode- ment. Ils n’y voulurent pas entendre toutefois, mais ils (1) MM. de Villegas d'Estaimbourg, Van Doorselaer , d'Overschies, Arts et Strens. (2) MM. Duchesne , Orts, de Fierlant, Villegas de Pellenberg, Anthonis, Van Langhendonck et Stacquet. (5) Note du chancelier Crumpipen au comte de Mercy-Argenteau, du 15 mai 1791. (4) Voir la dépêche des gouverneurs généraux aux états, du 5 août 2,242 2e SÉRIE, TOME XIII. 44 ( 616 ) protestèrent contre la composition du conseil, soutenant qu'elle était illégale (1); et enfin, réalisant leurs menaces, après que cette cour (2) eut déclaré leur résolution atten- tatoire aux droits de l’empereur ainsi qu’à la constitution du pays, l’eut fait lacérer au rôle et biffer dans leurs regis- tres (5), ils refusèrent péremptoirement de voter les sub- sides. Cette conduite des états de Brabant choqua d'autant plus Marie-Christine et le duc son époux, que toutes les autres provinces , se montrant animées d’un esprit de con- ciliation, s'étaient arrangées avec le gouvernement sur les questions nées de la révolution qui venait de finir. Hs signi- fièrent aux états : que l’empereur ne légitimerait et ne revêtirait de sa sanction souveraine aucune partie des dettes contractées et des constitutions de rentes créées par eux pour et à l’occasion des troubles; que les actions intentées et à intenter par les conseillers fiscaux à leur charge, du chef de la saisie des effets royaux, de la dis- sipation des deniers du trésor, de la soustraction de papiers dans les archives de l’État, seraient activement poursui- vies; que le gouvernement se réservait d’accorder l’ad- Jonction des mêmes fiscaux aux personnes qui auraient des actions légitimes à exercer contre eux, en général ou - en particulier, et que la publication de lamnistie, en ce qui concernait le Brabant, serait différée (4). (1) Résolution des états du 16 juillet 1791. (2) Par sentence du 17 octobre 1791 , insérée dans la Gazette des Pays- Bas du 25 octobre, p. 676. (3) Gazette des Pays-Bas Aw27 octobre 1791, p. 685. (4) Dépêche du 13 décembre 1791, dans la Gazette des Pays-Bas du 15 décembre, p. 776. ( 617 ) Dans cette situation violente, lés états résolurent d’en- voyer une députation solennelle à l’empereur. Une telle démarche exigeait l’assentiment préalable du monarque ; les états jetèrent les yeux, pour aller le solliciter à sa cour, sur le comte de Baillet, d'Anvers (1). Le caractère et les talents de ce gentilhomme, les services déjà rendus par lui à son pays, l'avaient désigné à leur choix , quoiqu'il ne fit point partie de leur assemblée. M. de Baillet jouissait d’une grande estime dans la province (2). Jeune encore, le suffrage de ses concitoyens avait plusieurs fois inscrit son nom sur la liste des candidats pour les charges de la magistrature municipale (3). Appelé, pen- dant la révolution , à faire partie de l’échevinage d'Anvers, et, en cette qualité, à siéger au congrès souverain, il avait été l’un des quatre députés envoyés à la Haye, au mois de novembre 1790 (4), pour solliciter, de lintervention (1) Sa commission porte la date du 24 décembre 1791. (2) Les états, répondant, le 50 janvier, à sa lettre du 17 que nous citons plus loin, lui écrivaient : « Ce n’est pas vous flatter que de vous » dire, monsieur, que nous ne pouvons pas mettre notre confiance dans " une personne qui en soit plus digne. Nous sommes tous à l’unisson sur » ce point , et nous pouvons ajouter, avec autant de vérité que de satis- »* faction, que le publie des villes et des provinces pense comme nous. » (Archives des états de Brabant.) (3) En 1784, 1788 et 1789. L’évêque d'Anvers, de Nélis, le peignait ainsi, dans son avis sur les candidats présentés en 1788 : « Homme de naissance, d’esprit, et d’un » bon esprit; plein de sagacité et de prudence, fait pour honorer toute » place de magistrature. » L’amman d'Anvers, M. de Villegas de Borsbeck, rendait de lui le même témoignage en ces termes : « Homme d’esprit, prudent et sage, et très- s capable de remplir la place de magistrat avec honneur. » (Archives du conseil privé.) (4) Les trois autres étaient le conseiller de Grave, député de Flandre; M. Petit-Jean , député de Namur, et le chevalier de Bousies, député de ( 618 ) des puissances médiatrices, une suspension d’armes entre l'armée belge et les troupes impériales. Les états remirent au comte de Baillet, avec la repré- sentation qu’ils adressaient à l’empereur, des lettres pour le prince de Kaunitz, le vice-chancelier de cour et d’État comte de Cobenzl et d’autres personnages influents de la cour et du ministère (1); ils lui en donnèrent une aussi pour le prince de Ligne. Cette dernière était de la teneur suivante : Mox PRince, Si les états de Brabant, connoissant à la fois votre attache- ment sincère à la véritable gloire, aux véritables intérêts de notre souverain, et votre dévouement non moins sincère pour la patrie, pouvoient avoir un seul instant d’autres sentiments à cet égard, ou des pensées différentes des vôtres, ils n'ose- roient jamais adresser, comme ils font dans ce moment, à ce méme souverain leurs représentations respectueuses, et les porter directement aux pieds de son trône. Les états sont persuadés qu’ils n'ont jamais demandé au gouvernement des Pays-Bas que des choses raisonnables et justes, et dont leur serment et la voix impérieuse du peuple leur faisoient un devoir. Ils se flattent, après cela, d’être exau- cés, surtout si vous daigniez, mon prince, interposer vos bons offices en leur faveur auprès d’un souverain si digne de l'être, Hainaut. Voy. Documents poliliques et diplomatiques sur la révolution delge de 1790, 1854, pp. 595 et suiv. (1) Le prince de Starhemberg, ancien ministre plénipotentiaire et gou- verneur général ad interim aux Pays-Bas, le prince Charles de Lichten- stein , le baron de Lederer , référendaire pour les affaires des Pays-Bas à la chancellerie de cour et d’État, et le baron de Spielmann, référendaire d’État, qui jouissait de toute la confiance du prince de Kaunitz. (619) et qui ne connoit point de dignité ni de grandeur au-dessus de celle de se faire aimer. Il sait, ce souverain (et combien ne le savez-vous pas vous-même ?), qu'une confiance réciproque est la plus grande puissance qu’il y ait sur la terre. Rendez-nous done cet immortel service de nous obtenir la confiance de notre souverain ; et, comme les états le disent dans leur respectueuse lettre (1), tous Les cœurs, toutes les volontés, l'industrie et la fortune de tous Les habitants sont à lui. Vous avez déjà rendu un pareil service à la province du Hainaut : celle du Brabant voudroit vous persuader qu'elle n’en est pas moins digne; du moins elle ne vous est pas moins attachée, ni elle ne sera pas moins reconnoissante. Nous sommes, avec beaucoup de respect, mon prince, etc. (2). Le comte de Baillet fut parfaitement accueilli à Vienne, mais comme particulier, non comme envoyé des états. Malgré toutes les peines qu’il se donna, toutes les solli- citations qu'il fit, il ne put parvenir jusqu’à l’empereur ; les ministres ne voulurent même point recevoir ses dé- pêches. Le comte de Cobenzl, dans la première audience qu'il en eut, lui dit que les états, par leur refus des subsides, étaient envisagés comme se trouvant dans un état de dés- obéissance et de rébellion vis-à-vis du souverain. En vain il essaya d'expliquer, de justifier la conduite de ses com- mettants; le vice-chancelier lui répliqua : « Que les états » se comportent en sujets fidèles, et Sa Majesté ne leur (1) La représentation des états à l'empereur, du 10 décembre. Ils s’y exprimaient ainsi : « Daignez, sire, daignez, par votre justice et par votre s bonté, pacifier tout; et les cœurs et les volontés, l'industrie et la for- + tune de tous les habitants sont à vous. » (2) Cette lettre est transcrite au procès-verbal de la séance des états du 22 décembre. ( 620 ) » refusera pas l’accès de sa personne (1). » Sans se laisser abattre par ces paroles décourageantes, de Baiïllet retourna plusieurs fois chez le ministre, ne négligeant rien pour l’amener à quelque concession; mais il le trouva inébran- lable : « Tenez, lui dit Cobenzl, les états n’ont autre chose à faire qu'à demander, sans perte de temps, au gou- vernement la permission de s’assembler, et à accorder les subsides purement et simplement; et, même en ce cas, Je ne répondrois pas que la députation, étant à Vienne, seroit très-agréable; mais alors j'en ferois mon affaire (2). » De Baillet était trop loyal, trop ami de la vérité, trop dévoué à son pays (3), pour dissimuler aux états la situa- tion réelle des choses; il leur écrivit : « L’obstacle qui est » et sera toujours le motif du refus de vos dépêches et de l’admission de la députation aux pieds du trône, est le délai de votre consentement aux subsides; quelles que soient les explications que l’on puisse donner de la légalité de ce moyen, elles ne pourront jamais satisfaire, parce DISCERL Ce CN Cu "AS: — al! — ES | (1) Lettre du comte de Baillet aux députés des états, du 17 janvier 1792 : « Je vousdaisse juger, messeigneurs, — dit-il à ce propos — des » tristes réflexions que je fis en me renfermant chez moi; je puis vous » assurer que je me trouvai atterré. » ( Archives des états de Brabant.) (2) Lettre du comte de Baillet aux députés des états, du 16 février. (Jbid.) (5) Il leur disait, dans sa lettre du 27 février, citée plus loin : « Je veux » croire que plus d'adresse et d'habitude des affaires vous eussent mieux » servis peut-être ; mais, quant au zèle , à la droiture , à la bonne volonté, » je me flatte que personne ne m'auroit surpassé. Aucun motif étranger » n'a et n'aura jamais, j'espère, de pouvoir sur mon àme : le caractère » d’honnête homme est le seul auquel j'attache du prix; il me prescrit le + devoir de mettre la vérité dans tout son jour, quelque désagréable » qu'elle puisse être. » ( 621 ) » que l’on à adopté, comme principe fixe et invariable, » que l'emploi de ce moyen est une offense faite au sou- » verain. Et ce principe n’est pas celui des ministres de » Sa Majesté exclusivement, mais il est généralement reçu » lei : je ne parle pas seulement des personnes auxquelles » vous avez adressé des lettres particulières ; mais , en gé- » néral, dans toutes les classes comme chez tous les indi- » vidus, tout le monde pense de même sur ce point (1). Sur ces entrefaites, l’empereur Léopold mourut pres- que subitement (2). Le comte de Baillet, qui se disposait à retourner aux Pays-Bas, sollicita, avant de partir, l’hon- neur de rendre hommage au nouveau souverain de son pays : 1l l’obtint, à la condition de ne. présenter au mo- narque aucun papier quelconque de la part des états, de ne l’entretenir en nulle manière de l’objet de sa mission. François II reçut deux fois le député belge. A son arrivée à Bruxelles, M. de Baillet fit aux états, réunis en assemblée générale (3), un rapport si favorable de l’affabilité de ce prince, de sa candeur, de l'esprit de (1) Lettre du 27 février 1792. (2) Il avait donné audience, le 26 février, à l'ambassadeur de Ja Porte Ottomane. Le lendemain, il ressentit des symptômes de pleurésie ; on le saigna plusieurs fois dans les journées du 28 et du 29. Son état semblait s'être amélioré, et l’on croyait que tout danger avait disparu, lorsque, dans l'après-midi, on apprit qu'il venait de rendre le dernier soupir. Dans une lettre du 2 mars, où il transmettait ces particularités aux états, M. de Baillet ajoutait : « La consternation universelle peint, mieux » qu'on ne sauroit l’exprimer, la profonde douleur dont tous les cœurs » sont affectés ; et depuis le philosophe jusqu’à l'être le plus ignare et le » plus borné, tout le monde déplore la perté d’un ami de l'humanité, qui » a sacrifié l° ambition des conquêtes à l’amour de la paix, et a n’avoit » d'autre désir que de rendre ses sujets heureux. » (3) Le 18 avril 1791. ( 622 ) sagesse et de justice dont il se montrait animé (1), que le clergé et la noble$se, d'accord avec les représentants des villes, décidèrent, séance tenante, à l’unanimité des voix, de voter les subsides refusés par eux jusqu'alors (2). La même assemblée générale prit une résolution des plus flatteuses pour celui qui s'était acquitté , avec tant de dex- térité et de zèle, de la mission dont il venait de lui rendre compte (5). (1) Voici comme il s’exprimait dans son rapport : « Sa Majesté daigna me donner audience le vendredi 16 et le dimanche 18 mars. Que l’on se fasse une idée, messeigneurs , de tout ce que la can- deur à de noble, l’affabilité d’aimable, la bonte de touchant, et on sera à portée de juger de l'impression que notre souverain doit produire nécessai- rement sur tous ceux qui ont le bonheur de l’approcher.... C’est en consé- quence de ce, messeigneurs, que j’ai l'honneur de vous assurer que jamais moment ne fut plus propice pour parvenir au retour du calme et de la paix : mais il faut en profiter et ne pas le laisser échapper. Nous avons un roi ( je le répète ) qui est la candeur personnifiée. Son discernement dans le choix des personnes qui l’approchent de plus près, la prudence et la sagesse ainsi que les sentiments de justice qu’il a manifestés déjà, son respect connu pour la religion et pour les mœurs, tout doit nous porter à fonder sur lui notre plus ferme espérance : il s’agit seulement de le pré- venir en notre faveur, de lui donner, par une offre volontaire et spontanée , un témoignage non équivoque d'amour et d’attachement.… » (2) Procès-verbaux des états. (5) Nous nous plaisons à consigner ici les termes de cette résolution , rédigée en flamand, comme l’étaient tous les actes des états : « Zynde alsdan s00 op dit schriftelyk als mondeling verslag gedelibe- reert , is goetgevonden ende geresolveert door alle de heeren, z00 van den eersten als van den tweeden ende derden staet, dat den raedpension- naris, uyt def naem dezer generaele vergaederinge, den heere grave de Baillet zal doen groote danckzegginge over de wyze op de weleke hy zig heeft gedraegen in zyne voorschreve commissie, hem t’eenewegen voor- draegende, dat myne heeren ten uyttersten voldaen zyn over zyne voorzigtigheyd ende voorsienigheyd de weleke hy in de voorsehreve com (625 ) Nous avons dù entrer dans ces détails, étrangers en apparence à notre sujet, pour lintellience de la lettre des états de Brabant au prince de Ligne, et de la réponse de ce prince que le comte de Baillet leur rapporta. Cette réponse était contenue dans les deux lettres suivantes (1): MESSIEURS, Je vous prie de vouloir bien recevoir les assurances de’ ma reconnoissance pour la confiance dont vous m’honorés, et les choses flatteuses que vous voulés bien y ajouter dans la lettre que M. le comte de Baillet m'a apportée de votre part. missie heeft doen uytscheynen, ende dat zy hem altyd in alle omstandig- heden hunne erkentenisse zullen bewyzen. » Ende zal copye deser resolutie woorden behandight aen den ge- melden heere grave de Baillet. » Le comte de Baillet (Jean-Baptiste-Joseph-François) fut nommé par l'archiduc Charles bourgmestre du dehors ou premier bouremedre d'An- vers, au mois de mai 1795. Sous le régime français, il ne voulut accepter aucune fonction publique. A l'entrée des alliés, en 1814, il fut appelé aux fonctions de receveur général de la province d'Anvers ; mais, sur sa de- mande, il fut remplacé par son fils aîné, le comte Charles de Baillet. Il mourut à Anvers le 7 août 1815; il était né dans la même ville en 1759, s M. le comte Joseph de Baillet, qui a été membre du sénat, de 1851 à 1851 , est l’un des fils du-comte Jean-Baptiste-Joseph-François. Le dévoue- ment à la patrie et au souverain est héréditaire dans cette noble famille. (1) Ces deux lettres existent , en original (la seconde est tout entière de la main du prince), parmi les papiers de Vonck, conservés à la Bibliothèque royale (n° 14892 du catalogue); elles sont transcrites au procès-verbal de la séance des états de Brabant , du 19 avril 14792. M. Borguet est le premier qui les ait citées (Histoire des Belges, ch. XI, t. IT, p. 8). Comment ces lettres passèrent-elles des archives des états dans les mains de Vonck ? On ne peut se l’expliquer que par les relations étroites qu'il avait avec des membres de cette assemblée. - ( 624 ) Pour vous prouver que j'en suis digne, permettés-moi de vous dire ce que je pense. N’étant point l'organe des volontés du souverain, n'ayant aucune mission à votre égard, Je puis vous prier, messieurs, vous conjurer, au nom de notre païs, de ne pas pousser plus longtemps une résistance qui peut lui être si funeste. Attrapés vos ennemis qui vous ont tendu des piéges pour vous anéantir. Offrés dans l'instant même les subsides, et vos regrets d’avoir autant tardé, par quelque malentendu, et demandés ensuite à notre nouveau roi la permission de lui envoyer une députation, qui pourra entrer dans quelques détails sur ces mêmes malentendus. Que cette députation même ne soit pas composée des individus qui n’ont été que trop cités dans la révolution. On ne croira jamais, messieurs, que le tiers état, si uni avec les autres chambres contre le souverain dans ces mal- heureux temps de troubles dont vous devés tâcher de faire effacer le souvenir, ne le soit pas, lorsqu'il prend un mouve- ment de mauvaise volonté pour un mouvement de conscience. Si cela étoit, vous seriés obligés de l’éclairer, et de vous justifier même aupres de lui de votre facilité à vous plier aux volontés du souverain. Si vos cinq conseillers étoient dignes de votre intérêt, ils vous prieroïent eux-mêmes de ne plus penser à eux. Quelle honte pour notre nation dans l'histoire, si l'on y lit un jour qu’une partie a été égarée par un avocat, et qu’une autre partie a été la victime de la séduction d’un autre avocat, dans un autre sens contraire à la constitution! Si vous l’aimés autant que moi, messieurs, vous éviterés de faire triompher le vonckisme, qui a juré votre perte. Vous suppléerés même à votre conviction, si tant est que vous n’en ayés pas une entière, de la légalité qu’on vous a prouvée, par le sacrifice de ce que vous croyés qui y manque, ou par le besoin que vous avés du souverain, pour résister à la rage de tout détruire que le voisinage des François et les principes dé ( 625 ) quelques autres avocats ont portée dans notre malheureuse patrie. Souvenés-vous, messieurs, que nos troupes, victoricuses contre les infidèles de l'Orient, ont été obligées de marcher contre ceux de l'Occident; qu’elles ont passé la Meuse; que vous vous êtes trouvés abandonnés des vôtres et des puis- sances étrangères, qui n’ont jamais osé vous avouer protégés par elles. Souvenés-vous que tout trembloit à l’arrivée de nos hussars, et de l'avant-garde que le comte de Browne a menée lui-même dans Bruxelles. La convention de la Haye, que quelques malintentionnés yous ont conseillé de réclamer, n’est qu'un piége de plus pour votre destruction , puisqu'elle sert de prétexte aux prétendues améliorations que vos ennemis veulent faire à notre consti- tution , qui n'en à pas besoin. Le roi de Hongrie montrera autant de fermeté dans les affaires, qu'il en a montré à la guerre. Son caractère est porté à la douceur et à la clémence, qui est le partage de nos princes : mais il doit commencer son règne avec vigueur. C’est par la vigueur qu’on évite la rigueur. Que deviendroit notre inauguration, messieurs, si ce refus injurieux des subsides devoit encore durer un mois ? C’est ayant de me mettre à ses pieds que je prends la liberté de vous donner mes conseils. Les tristes devoirs qu’il a à rem- plir m'en empêcheront encore pendant plusieurs jours : mais je me dépêche de vous engager à une démarche qui sera d’un heureux augure pour le calme et la splendeur de son règne. Le Hainaut s’est bien trouvé de mes avis. Il a levé de lui- même les doutes auxquéls se seroient livrés peut-être de mauvais esprits, Il a senti le danger qu’il y a à ne pas se rap- procher plus que jamais des intérêts du souverain, surtout dans le temps de l'épidémie générale qui a juré le renver- sement du trône, des puissances, des ordres et des lois des États, Il a senti que ce qui étoit tout au plus des sujets de ( 626 ) représentation, n’en étoient pas de résistance, et j'ai tout à espérer que cette province, par l'harmonie, la soumission et la bonne volonté des trois chambres, et l'argent qu’y appor- tent l'augmentation de nos garnisons et les émigrés, ne se sentira plus bientôt des pertes et des suites de la plus funeste des révolutions, dont le nom est déjà presque oublié. Je vous parle, messieurs, avec la franchise d’un soldat. Né parmi vous dans un temps de tranquillité qu'il est nécessaire de reprendre, j'en avois goûté l'habitude. Rappelons ee temps heureux; en voici bien le moment. Pardonnés-moi eette effu- sion d’un cœur qui sera alors tout à vous, et soyés persuadés qu'il n’y a rien que je ne fasse pour mériter la continuation d’une confiance aussi précieuse, et vous montrer le parfait attachement et la considération distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d’être, Messieurs, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, Le Prince De Line. Vienne, ce 8 mars 1792. MESSIEURS, Vous recevrés par d'autres que par moi, des assurances de la confiance que vous pouvés et devés prendre dans les bontés du roy. Je ne puis assés vous exprimer, messieurs, la nécessité d'y répondre au plus tôt. Il n’y a pas un petit moment à perdre. Si, dès le jour de l’arrivée de la lettre que j'ai l'honneur de vous écrire, vous n’engagés pas le tiers état à s’unir à vous pour l'accord des subsides (chose que je sais vous être très-facile), tout est manqué. Le parti francois et vonckiste triomphe; et vos enfans, messieurs, auront à vous reprocher les suites funestes d’une résistance pour des choses qui peuvent se traiter après cette première démarche. Je vous prie, messieurs, après avoir offensé deux souve- ( 627 ) rains, de ne pas offenser le troisième, qui, le jour même de son avénement au trône, s'est occupé de notre pays. Je serais fâché de voir que vous m'ôtassiez tout le pouvoir de vous être quelquefois utile, si, ayant obtenu la permission de venir iey en députation, d’abord après avoir consenti aux subsides , tout cela n’est pas fait avant trois semaines. En grâce, messieurs, point de lenteur dans ce qui doit faire le bonheur du pays, et en donner bonne idée à Sa Majesté. Je la crois pressée d'approfondir les intérêts de toutes ses pro- vinces, pour pouvoir fixer ses inaugurations. Je n'ai que le tems de vous assurer de mon attachement. Si vous aviés les plus petites réflexions à faire (ce que je ne crois pas), vous pourriés me les faire parvenir. Je les ferois passer au roy; n'étant chargé de rien, n'ayant d'autre mission que mon zéle, Je suis sans conséquence. Sa Majesté sait que je ne désire rien que la gloire de son régne et le bonheur de ses sujets. Je vous réitère mes prières et les protestations des senti- mens que J'aurai pour vous, dès que j'aurai obtenu de vous le calme, l'union, la fidélité et l'extinction de vos ennemis. J'ai l'honneur d'être, avec bien de la considération, Messieurs, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, LE PRixce DE Licx. Vienne, ce 15 mars 1792. Ces lettres furent lues dans la séance des états du 19 avril. Le procès-verbal laisse plutôt deviner qu’il ne constate l'impression que cette assemblée en recut; il porte seule- ment que la députation répondra en temps et lieu à la se- conde (1). 11 paraît que la députation ne répondit point; (1) « Is goetgevonden dat de deputatie by tyde zal antwoorden op den tweeden brief. » ( 628 ) on ne trouve du moins aucune lettre d'elle dans les actes des états. Le prince de Ligne était encore à Vienne, lorsque la perte de la bataille de Jemmapes fit tomber la Belgique au pouvoir de la France républicaine. Ce fut dans cette capi- tale qu'il reçut la nouvelle de la mort de son fils ainé. Ce Jeune seigneur servait (1) dans le corps du général Cler- fayt, qui avait pénétré en Champagne avec l’armée du due de Brunswick. Emporté par son ardeur martiale, dans une attaque que les Français dirigèrent contre les troupes au- trichiennes, le 14 septembre 1792, il s'était élancé sur les batteries ennemies, et y avait été frappé mortellement (2). Cette nouvelle plongea le prince dans une inexprimable affliction (5) : il aimait tendrement son fils Charles, et il (1) En qualité de colonel du génie. (2) Les historiens français donnent peu de détails sur cette affaire. Le gouvernement prussien en fit publier, à Berlin, une relation officielle dont on trouve une traduction française dans le Journal de Bruxelles du 14 oc- tobre 1792, n° 247, p. 98. La cour de Vienne fit, de son côté, imprimer une relation des mouvements de l’armée autrichienne sous les ordres du général comte de Clerfayt. Celle-ci est insérée dans l'Esprit des gazettes, t. XXVI, n° 12, p. 248 ; en voici un extrait : « Le 14 au matin, M. Dumouriez vint nous attaquer au poste de Roux- au-Bois avec environ six mille hommes : mais nos troupes se défendirent avec leur bravoure ordinaire ; et ce poste ayant été renforeéé de deux esca- drons, l'ennemi fut repoussé avec une perte considérable, et on le força à repasser la rivière de l'Aisne dans le plus grand désordre. y Quelque avantage que nous ayons retiré de cette affaire, il ne sauroit compenser la perte que nous y avons faite par la mort du colonel du corps de génie prince Charles de Ligne, dont le caractère excellent, les talents militaires, ainsi qu’une intrépidité et une activité sans bornes méritent les plus justes regrets : entraîné par son zèle et son courage, il marcha, avec quelques hommes seulement, droit sur l'artillerie de l'ennemi, et fut atteint d’un boulet à cartouches qui le tua. » (3) Voir ses Mémoires, édit. de Bruxelles, p. 121. ( 629 ) était fier de lui ; il avait de justes motifs de se flatter que cet héritier de son nom ajouterait un nouveau lustre à l’éelat de la maison dont il était issu. Le prince Charles de Ligne ne comptait que trente-deux ans (1). Trois mois avant sa mort, il avait représenté l’empereur François I dans son inauguration à Mons (2) : en lui transmettant ses pleins pouvoirs pour cette cérémonie, le due de Saxe- Teschen lui disait « qu’il ne pouvait choisir pour le Hai- » naut personne qui, plus que lui, réunit les qualités pro- » pres à plaire à la province (5). » L'occupation de la Belgique par la France ne fut pas cette fois de longue durée. L'armée autrichienne , qui, à la suite de la bataille de Jemmapes, avait battu en retraite Jusque sur le territoire de l'Empire, reprit l'offensive au mois de mars 1795; elle forca les retranchements des Français à Aldenhoven (4); quelques jours après, elle les mit en déroute à Neerwinden (5). L'empereur recouvra les Pays-Bas aussi rapidement qu’il les avait perdus. A cette époque, les cabinets de l’Europe se faisaient d’étranges illusions sur l'issue probable de la guerre qu’ils soutenaient contre la convention nationale (6). Le prince de Ligne les partageait vraisemblablement, puisque, avant de quitter Vienne pour retourner aux Pays-Bas, au mois de mai 1795, il présenta à la chancellerie aulique un mé- (1) Il était né le 25 décembre 1759. (2) Le 12 juin 1792. (5) Lettre du 20 avril 1792, conservée en minute dans les archives de la secrétairerie d'État. (4) Le 1er mars. (5) Le 18 mars. (6) Voy. Mémoires tirés des papiers d'un homme d'État, édition de Bruxelles, 1838, t. I, p. 171. ( 650 ) moire où 1l revendiquait les prérogatives qui avaient été, en 1779, retirées aux grands baïllis de Hainaut (1). Son séjour aux Pays-Bas, sur la fin de 1795 et au com- mencement de 1794, ne fut marqué par aucun acte qui soit parvenu jusqu’à nous. Par des raisons qu’on ne con- nait pas, tandis que ses compatriotes Clerfayt, Baillet la Tour, Beaulieu, étaient employés à l’armée et y illus- traient le nom belge, lui, il se voyait forcé de laisser son épée dans le fourreau. Un passage de ses Mémoires montre que cet oubli de ses services ne lui fut pas indifférent : c’est celui où il raconte les excursions qu'il fit, de son chà- teau de Belœil, pour assister au siége de Valenciennes : « Je riois moi-même, dit-il, de voir finir ma carrière comme » je l’avois commencée, et je haussois les épaules de ce que » les événements me mettoient dans le cas de contempler » la gloire des autres, au lieu de les rendre témoins ou » coopérateurs de la mienne (2). » Au moment où s’ouvrait la campagne de 1794, dont le résultat devait être si funeste à son pays, il quitta la Bel- gique, pour ne la revoir Jamais (5). Je lisais dernièrement quelque part : « La ville de » Bruxelles se glorifiera toujours d’avoir vu naître le prince » de Ligne dans ses murs (4). » Oui, Bruxelles doit être (1) Voir l’Appendice A. (2) Page 120 de l'édition de Bruxelles. (5) La plupart des écrits et même des lettres du prince de Ligne ne sont pas datés; c’est une difficulté pour ses biographes. Aussi avons-nous cru qu'on nous saurait gré de constater la durée des séjours qu'il fit à Bruxelles, de 1772 à 1794, Voir l’Appendice B. (4) De Francquen, Recueil historique, généalogique , chronologique et nobiliaire des maisons et familles illustres et nobles du royaume , art. LIGNE, p. 11. ( 651 ) lière de pouvoir inscrire parmi ses enfants un homme dont le nom est environné d’une juste célébrité. Mais, s’il en est ainsi , n’a-t-elle pas un devoir à remplir, une dette à ac- quitter envers la mémoire de cet homme célèbre? On a entrepris d'élever des monuments à nos gloires nationales, et c’est un dessein auquel tous les amis de la patrie ap- plaudissent hautement : honorer les grands hommes, c’est susciter les grandes actions. Pourquoi donc ne verrions- nous pas la statue du prince de Ligne décorer lune de nos places publiques? Un tel monument serait un hommage rendu à la fois à celui dont il consacrerait le nom, et à cette suite de guerriers et d'hommes d'État que Charles-Joseph de Ligne comptait parmi ses ancètres. APPENDICES. APPENDICE 1. (Voy. p. 650.) — Memoire pour le prince de Ligne, concernant les prerogalives et au- torites du grand bailli de Hainaut, à Son Excellence monsieur le comte de Frauttmansdorff, chancelier des Pays-Bas autrichiens. Sa Majesté l'empereur ayant pris la bienfaisante résolution de faire le bonheur de ses fidèles sujets dès Pays-Bas par le maintien intégral de leurs constitutions et de l’ancien régime sous lequel ils ont vécu, le prince de Ligne, comme chevalier de l’ordre de la Toison d’or, grand bailli de la province de Hainaut et gouverneur de la ville de 2€ SÉRIE, TOME XI, 45 ( 632 ) Mons, doit espérer qu'elle daignera s'occuper du rétablissement des prérogatives attachées à ces dignités dont il est revêtu. Ces préroga- tives tiennent, sous bien des rapports, à la constitution de cette pro- vince, et particulièrement celles annexées à la charge de grand bailli, qui sont pour la plupart consignées dans les chartres mêmes du pays, ou au moins fondées sur des anciens usages qui paroissent y être équi- valents et qui, jusques ce siècle, avoient été observés comme tels. Privés du bonheur de vivre sous les yeux de leur prince, les habi- tants du Hainaut voyaient avec satisfaction son autorité exercée au sein de leur province par l'officier souverain qu'il y préposoit : ils l’honoroïent dans la personne du grand bailli qui le représentoit, et qui, par ses prérogatives, étoit le dispensateur de ses grâces comme de sa justice, et c’étoit un lien de plus qui entretenoit la confiance, le respect et l'amour des sujets. Ces prérogatives ont cessé peu à peu ; les unes ont été supprimées, d’autres ont été restreintes. Celle à laquelle on attachoit le plus d'importance étoit la nomina- tion à l’échevinage de la ville de Mons. Elle avait toujours compété au grand baiïlli; mais, en 1725, Sa Majesté se réserva et à son gouver- nement général la nomination à tous les emplois et offices qui don- nent voix el séance aux élats, réserve qui pouvoit donner de l’ombrage et diminuer la confiance des sujets dans les délibérations des états. Cependant la nomination à l’échevinage de Mons et conseil de la ville continua d’être attribuée au grand bailli par des dispositions particulières, et ce n’est que dans ces dernières années qu'elle fut ré- servée totalement au gouvernement général à Bruxelles. Au sortir des troubles qui ont agité la Belgique, le rétablissement de cette ancienne prérogative des grands baillis seroit sans doute un puissant moyen de consolider la confiance et l’amour dont les sujets sont actuellement pénétrés envers Sa Majesté, en leur démontrant de plus en plus combien elle désire de ramener l’ancien régime après lequel ils ont aspiré. Il en est de même de diverses autres prérogalives attachées à la charge de grand bailli de Hainaut, telles que les suivantes : 4° Le pouvoir d'accorder grâces et rémissions de crimes. Ce pou- voir compétait au grand bailli sur pied des chartres de la province. ( 633 ) En 1754, il a été réservé au souverain ou à son représentant dans le gouvernement général. Cependant, en 1755, l'on accorda encore au due d'Arenberg, par une dépêche particulière, {a faculté de faire grâce et rémission de certains crimes et délits sur le pied que le duc d’Arenberg, son père , en avoil joui en la même qualité de grand bailli ; mais cette faculté est actuellement ôtée au grand bailli. 2% La prérogative d'avoir des gardes à pied et à cheval, préroga- tive qui, en donnant un grand relief à la dignité importante de grand baïlli, ne contribuoit pas peu à inspirer une idée imposante de la majesté du prince dont il est l'officier principal. 5° Le pouvoir d'accorder des octrois. Il étoit une des principales prérogatives du grand bailli, et ce pouvoir étoit établi et déterminé par les chartres du Hainaut. Cependant, après plusieurs atteintes y portées successivement, le règlement du 48 juin 1751 détermina enfin les octrois qui étoient réservés à Sa Majesté et à son gouverne- ment, et ceux qui demeuroient attribués au grand bailli concursive- ment avec le conseil de Hainaut. 4 Les collations d'emplois, qui avoient toujours appartenu au grand baïlli comme officier souverain du pays, ont aussi été res- treintes successivement. Les instructions données au duc d’Arenberg, en 1754, portoient qu'il auroit la collation de lous les emplois non réservés spécialement. Au contraire, à présent le grand bailli n’a que la collation des emplois qui lui sont spécialement attribués. Tous ces changements ont toujours été regardés comme des at- teintes portées aux constitutions de la province, et ils ne se sont opérés que malgré les représentations multipliées et même les récla- mations, tant des états que des grands baillis successifs et du conseil de Hainaut, qui ont fait tous leurs efforts pour maintenir cet ancien ordre de choses si cher au peuple de cette province. Plusieurs ducs d’Arenberg ont joui de tous ces droits, de père en fils. Quand on les en privoit à leur avénement à cette charge, on sen- toit, au bout de très-peu de temps, la nécessité de les leur rendre, et on les leur rendoit. Le prince de Ligne est le premier grand baïilli à qui on ne les a pas encore accordés. Il a fait ses preuves de fidélité aux dépens de ses intérêts. Il répond de celle de la province, qui est la seule, dans ( 654 ) ce moment-ci, où l'esprit de parti ne se montre plus. Il y tient la main, même dans son absence. C’est lui qui l’avoit éteint par sa pré- sence. Mais il y renaitra, si les places du magistrat dépendent des cabales. S'il en dispose, c’est le seul moyen de conserver tous les esprits dans sa dépendance, et de ne pas laisser courir les intrigants à Bruxelles pour solliciter. S'il y a une seule mauvaise tête dans le magistrat, comme j'y en connois plusieurs que j'ai arrêtées, l'esprit de vengeance s’y remettra contre la noblesse et le clergé; et la meil- leure des provinces deviendra la plus mauvaise, à cause de la proxi- mité de la France, et de la propension générale que j'y ai trouvée pour ses malheureux principes. Ce moment où Sa Majesté prend à tâche de remplir les vœux de ses fidèles sujets, et où elle s'est déjà si heureusement concilié tous les cœurs, est sans doute la circonstance la plus favorable au rétablisse- ment des anciennes prérogatives des grands baillis de Hainaut. Le gouvernement militaire de la ville de Mons a été de même reconnu partie de la constitution de la province, qui a fait, il y a deux ans, des représentations pour qu'il soit rétabli, d'autant plus que les places de l'état-major de Mons et d’Ath, qui font la récom- pense des vieux officiers du pays, augmentent la consommation. Le grand bailli, qui doit être l'ennemi des clubs, des mauvais propos et des mauvais desseins, peut bien plus les arrêter, étant revêtu de l’au- torité militaire. Il n’étoit pas honorable pour mon grade de voir, il y a deux ans, un colonel commander dans la place, où j'avois l'air d'être un homme de robe. Dans le temps que Sa Majesté l’empereur paroit avoir fixé pour le rétablissement de l’heureux et ancien régime, est compris aussi celui des priviléges des chevaliers de la Toison d'or. Il seroit bien digne de sa grandeur de les remettre à l’état où ils ont été constamment, depuis leur érection jusqu'aux quinze dernières années du règne des. M. l’im- pératrice Marie-Thérèse. Les ancêtres du prince de Ligne en ont joui près de trois siècles et demi; il est le premier qui en ait été privé, ainsi que le premier grand bailli sans prérogatives, et le premier gouverneur militaire sans autorité. Il est cependant le premier des sujets zélés de l’auguste maison d'Autriche, et prend la liberté de représenter qu'après douze campagnes et avoir commandé des corps ( 655 à la satisfaction de ses supérieurs, il est plutôt dans le cas des execp- tions en sa faveur qu'à son préjudice. C'est pour cela qu'il s'adresse à Son Excellence le chancelier des Pays-Bas, pour qu'il obtienne pour lui, de Sa Majesté, les justes objets de ce mémoire qu'il a l'honneur de lui présenter. Vienne, ce 49 mai 1793. Licxe. (Original, aux Archives du royaume : collection de la chancellerie des Pays-Bas.) APPENDICE B. (Voy. p. 650, note 5.) — Tableau des séjours du prince de Ligne à Bruxelles, de 1772 à 1794. Le prince de Ligne fut nommé chevalier de la Toison d’or, le 50 novembre 1772. Les chevaliers de la Toison d’or recevaient, sur le trésor royal, quand ils résidaient à Bruxelles, un pain de 2 sous ‘/, et deux pots de vin, de 16 sous chacun par jour. Cette gratification leur était payée en argent. Il nous a paru curieux de constater le temps qu’il passa dans cette ville depuis sa nomination dans l’ordre de la Toisor d’or, et nous en donnons le relevé, d'après les ordonnances de payement contenues dans les archives du conseil des finances. C'était sur une déclaration du trésorier de l’ordre, indiquant le nombre des jours, sans en spécifier les dates, que les ordonnances de payement étaient expédiées. ordonnances de payement. 12 janvier 1775. . . 14 decembre 1775 . 9 janvier 1777. . . dr ad) ATTES.2 10 id. 1780... 15 decembre 1781 , 28 octobre 1782. . . 8 mars 1785. . (ere: 1 mai 1784 . . .. ( 636 ) NOMBRE des journées de séjour. 351 271 258 ÉPOQUES DES SÉJOURS. Du 30 nov. 9 oct. Du Du 21 Du 1772 au S8Soct. 1714. 1774 au 20 nov. 1775. 1775 au 351 déc. 1776. janvier au 31 décembre 1777. janv. 1778 au 31 déc. 1779. janv. 1780 au A4oct. 4781. nov. 1781 au 19 oct. 1782, au 31 octobre 1782. nov. 1782 au 31 janv. 1783. février au 31 octobre 1783. nov. 1784 au 31 oct. 1785. 1785 au 31 oct. 1786. 1786 au 10 nov. 1791. 3 févr. 1794. 10 novembre 1785 . févr. 29 id, 1786 . 14 décembre 1791 ,. 10 mai 1794 . .. nov. nov. juillet 1793 au Après la lecture faite par M. Gachard, la parole est donnée à M. Kervyn de Lettenhove, qui rend compte en ces termes des résultats du concours extraordinaire ouvert sur la question carlovingienne : « La Belgique, qui invoque, comme la base de sa na- tionalité, cette ère florissante du moyen âge où elle fut le centre du développement des lettres, des arts et de la civilisation, ne peut oublier que, dans des temps bien plus reculés encore, elle vit sortir de son sein ces puissants dominateurs, ces illustres conquérants qui tour à tour constituèrent l’Europe chrétienne et arrêtèrent les enva- bissements de l'Asie musulmane. Si Godefroid a sa statue dans la capitale du Brabant, celle de Charlemagne ornera bientôt les bords de la Meuse, et aujourd'hui même nous rendons ici un nouvel hommage au grand homme, à peu ( 637 ) près sans rival dans l'histoire, qui, fécondant par la reli- gion un nouvel ordre politique encore Inculte et stérile, fonda la société moderne sur l'union des libertés du monde barbare et des lumières du monde romain. La Belgique n'a cessé de revendiquer son berceau; elle sait, et ceci est placé hors de contestation, qu'il préférait sa langue et ses usages; qu'il aimait, aux grandes fêtes de l’année, à résider dans ses cités et, quand venait l’automne, à chasser dans ses forêts; enfin qu'il rapportait lui-même, comme nous l’apprend le poëte Nigellus, à la terre d'où s'était élevée la fortune des Francs, la gloire qu’il avait acquise en recueillant le sceptre des Césars et l’héritage de Romulus. C'était sur notre sol qu'avait grandi sa race; c'était parmi nos pères qu'elle avait trouvé un constant appui au jour des périls de Charles Martel comme sous l'influence victorieuse des Pepin. Amblève, Landen, Her- stal, Jupille, vous rappelez à toutes les générations qui se sont succédé depuis mille ans, les fastes des premiers temps de nos annales , et vos ruines, cachées sous l'herbe, sont autant de monuments sur lesquels planeront long- temps encore les plus glorieux souvenirs du passé. » El appartient aux lettres, que Charlemagne protégea et qu'il eultiva lui-même, de rappeler les liens qui l’unissent à la Belgique. Il est bon de raconter l’histoire des Caro- lingiens sans cesse associée à l’histoire même de notre pays ; il est utile de rechercher les traces de nos institutions et de nos mœurs dans ces Capitulaires que Charlemagne rédigea et que, selon l'observation de Montesquieu, il fit exécuter et accepter par toutes les nations soumises à son autorité. Quelle que soit l'opinion que l’on adopte sur le lieu de sa naissance, il faut montrer à quelle source il puisa, comme législateur, les inspirations de son génie. (658 ) » Lorsque en 1854, un anonyme déféra à l’Académie le jugement solennel qu’elle ne devait prononcer qu'après six années d'épreuves renouvelées, la question se trouvait limitée à lindication précise du lieu de la naissance de Charlemagne. Huit mémoires déposés en 1856 et en 1858 furent déclarés insuffisants, bien que l’un d’eux, celui de M. le docteur Hahn, de Berlin, fût reconnu digne des honneurs de l’impression. » En 1858, la classe, d'accord avec le fondateur du prix, modifia la question proposée, et en appelant de ses vœux une solution moins difficile, mais non moins intéressante, elle inserivit comme objet du concours extraordinaire, l'histoire des Carolingiens dans ses rapports avec l’his- toire nationale. Une première épreuve fut de nouveau stérile, mais, quelque regret que nous en ayons éprouvé, il s’est évanoui devant l’examen d’un mémoire déposé cette année, qui approfondit toutes les parties de cette vaste question et qui résume, avec la vigueur et la luci- dité d’une profonde érudition, les textes nombreux des anciens historiens, et surtout les précieux travaux de la seience moderne. » En fermant ce concours, également exceptionnel par l'importance de la question proposée et par celle du prix offert, la elasse regrette de ne pouvoir signaler à la gra- titude publique le généreux donateur de la médaille qu’elle va décerner; elle s'en afflige d'autant plus qu’elle ne sau- rait assez proclamer le nom de ceux qui donnent d'aussi excellents exemples, car elle est persuadée que c’est en les honorant comme ils le méritent qu’elle peut espérer de leur trouver des imitateurs. L’Académie a voulu toutefois, par la mission même qu'elle à acceptée et par la prudente maturité qu’elle a mise à la remplir, témoigner hautement ( 639 ) combien elle apprécie l'institution et les résultats du con- cours extraordinaire ouvert sous ses auspices. » Conformément à l'avis unanime de ses commissaires , la classe a couronné le mémoire rédigé par M.Warnkœænig ancien professeur aux universités de Liége, Louvain et Gand, et par M. Gérard, substitut de l'auditeur général à la haute cour militaire de Bruxelles. » Sur l'invitation de M. le directeur, M. Gérard, présent à la séance, est venu recevoir la palme qui lui était dé- cernée, ainsi qu'à M. Warnkænig. CONCOURS ANNUEL ET CONCOURS EXTRAORDINAIRES. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que sur les six questians inscrites au programme du concours, il est par- venu des réponses à trois de ces questions. Sur la première question, relative à la vie et aux ou- vrages d’Aubert Le Mire (Mirœus), deux mémoires ont été présentés. Le prix n’a point été décerné; mais la classe, voulant publiquement reconnaître les études sérieuses que révèlent les travaux des concurrents, a décidé qu’il leur serait accordé une médaille d'argent et que la question serait maintenue au Concours. Depuis cette décision, l’un des concurrents, M. P.-V. Le- couvet, professeur à l’athénée royal d'Anvers, a déclaré être l'auteur de celui des deux mémoires qui porte pour épigraphe : Instar speculi, et est venu, à l'appel de son nom, recevoir la médaille qui lui était destinée. ( 640 ) La classe n’a reçu qu’un seul mémoire en réponse à la question ayant pour objet de comparer la condition phy- sique, morale et intellectuelle des classes laborieuses sous le régime des corporations et à l’époque actuelle. Le travail présenté en réponse à cette question ne réu- nissant pas les qualités requises pour un mémoire aca- démique, aucune récompense n’a pu lui être accordée. Enfin, deux mémoires ont été adressés à l’Académie sur la question demandant un exposé historique de l’ancienne Constitution brabanconne, connue sous le nom de JoOYEUSE- EnrRée. Une mention honorable a été accordée à celui des deux mémoires portant pour devise : Labor improbus omnia vincil. La médaille d’or a été décernée au second mémoire, portant pour devise ces mots empruntés à Ta- cite : Non tamen pigebit.…. L'ouverture du billet cacheté, joint à ce dernier travail, a fait connaître qu'il a pour auteur M. Edmond Poullet, docteur en droit et en sciences administratives à Louvain. M. Poullet, présent à la séance, est venu recevoir la récompense qui lui a été décernée par la classe (1). Ainsi que le prescrit l’article 7 de l’arrêté royal insti- tuant un prix triennal de littérature dramatique flamande, M. le secrétaire perpétuel a proclamé le jugement du jury, en donnant lecture de l'arrêté suivant : LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, Vu l'arrêté royal, en date du 10 juillet 1858, qui institue un prix triennal pour la composition d'une œuvre dramatique en langue flamande, dont le sujet doit être pris, soit dans l’his- © (1) Voir les différents rapports sur le concours, pages 489 à 538. ( 64 ) toire, soit dans les mœurs nationales, et qui fixe, indépen- damment de la médaille, le minimum et le maximum du prix qui pourra être accordé en argent; Vu le rapport du jury chargé de décerner le prix pour la deuxième période triennale (1859 à 1861); Considérant qu’il résulte de ce rapport que le drame Grétry, par D. Sleeckx, professeur à l'École normale de Lierre, a été jugé, à l'unanimité, digne du prix; ARRÊTE : ARTICLE UNIQUE. — Le prix en argent, alloué au sieur D. Sleeckx, est fixé à la somme de quinze cents francs. Bruxelles, le 7 mai 1862. Signé) Arp. VANDENPEEREBOOM. ÉLECTION. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que, dans la séance de la veille, M. Lôher, professeur à l’université de Munich, a été élu associé de la classe. Cette commu- nication est accueillie par les applaudissements de l’as- semblée. ( 642 ) CLASSE DES BEAUX -ARTS, Seance du 15 mai 1862. M. Van Hassezr, président de l’Académie. M. À. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Fr. Fétis, G. Geefs, Navez, Roelandt, Jos. Geefs, Érin Corr, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, De Busscher, Portaels, Paven, le chevalier Léon de Burbure, membres ; Daussoigne-Méhul, associé. MM. Polain et Alphonse Wauters, membre et correspon- dant de la classe des lettres, assistent à la séance. - CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet une copie de son arrêté qui nomme une commission à l’effet de déterminer les mesures à prendre pour assurer l’exécution des propo- sitions de l’Académie royale de Belgique, concernant la fixation du diapason musical. — M. de Coussemaker, associé de l’Académie, fait par- venir un exemplaire d’une publication qu'il vient de faire 2, ( 645 ) sous ce titre : Messe du treizième siècle, traduite en nota- tion moderne et précédée d’une introduction. — M. Alvin présente un exemplaire photographié du médaillon de feu M. Jehotte père, correspondant de l'Aca- démie. Cette photographie sera reproduite par la gravure, pour être jointe à la notice biographique rédigée par M. Alvin et qui se trouve dans l'Annuaire de l’Académie pour 1862. — M. De Busscher demande que le portrait de M. Bo- gaerts soit ajouté comme complément à la notice bio- graphique sur ce savant qu'il a donnée dans le même annuaire. — Accordé. RAPPORTS. Sur la construction des prisons cellulaires, mémoire accompagné de deux plans, par M. Ed. Ducpetiaux, mem- bre de l’Académie. Ce mémoire, qui traite de la construction des prisons cellulaires, reproduit en grande partie les idées déjà émises dans un travail présenté.par l’auteur à la classe des let- tres, dans la séance du 9 février 1857, et sur lequel il à été fait un rapport par MM. Faider, Haus et Paul Bevaux, le 12 mai suivant. Conformément à leurs conclusions, le travail de M. Ducpetiaux a été inséré ensuite dans les Mé- moires de l’Académie, tome VIT, 1858. Le mémoire présenté aujourd’hui à la classe des beaux- arts traite plus particulièrement des constructions. Les ( 644 ) trois commissaires, MM. Roelandt, Partoes et Balat, char- gés de l’examiner, ont émis leur avis dans des rapports particuliers qui seront communiqués à l’auteur, l’aruele 20 du règlement académique stipulant que les rapports des commissaires sur les mémoires de leurs confrères ne sont point livrés à la publicité. Des remerciments seront adressés, en même temps, à l’auteur pour son intéressante communication. ( 645 ) Séance générale des trois classes. (14 mai 1862, à 1 heure.) M. Van Hassezr, président. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Classe des sciences. — MM. De Koninck, directeur; Wes- mael, vice-directeur ; d’'Omalius d’'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Martens, Cantraine, Kickx, Van Beneden, le baron de Selys-Longchamps, le vicomte Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman , Dewalque, membres ; Schwann, Spring, Lacordaire , associés. Classe des lettres. — MM. De Decker, directeur; Leclercq, vice-directeur; le baron de Gerlache, Roulez, Gachard, Bor- gnet, le baron Jules de Saint-Genois, Haus, Bormans, Polain, De Witte, Faider, Arendt, le baron Kervyn de Let- tenhove, Chalon, membres; Nolet de Brauwere van Stee- land, associé. Classe des beaux-arts. — M. Éd. Fétis, vice-directeur ; Alvin, Braemt, G. Geefs, Navez, Jos. Geefs, Érin Corr, De Brakeleer, Fraikin, Partoes, De Busscher, membres ; Daussoigne-Méhul, associé. L'Académie, constituée en assemblée générale, avait à soccuper de différentes décisions d'ordre intérieur, con- ( 646 ) cernant à la fois les trois classes; elle a entendu, de plus, le rapport suivant de M. Éd. Fétis, au nom de la commis- sion pour la Biographie nationale, ainsi que le prescrit l’arrêté royal du 29 mai 1860, relatif à ce travail acadé- miqu.e COMMISSION DE LA BIOGRAPHIE NATIONALE. Rapport annuel de 1862. La commission à laquelle vous avez confié le som de former le plan d’une Biographie nationale et de préparer l'exécution de cet ouvrage, n’est pas demeurée inactive. Les personnes pressées de voir des résultats ont pu croire qu'elle mettait de la tiédeur dans lPaccomplissement de sa tâche. Eh quoi! deux ans se passent et l’on ne voit rien paraître; pas une feuille n’est livrée à l’impression; les organes de la publicité sont muets en ce qui concerne les actes de la commission, dont le zèle s’est assurément ra- lenti! Cette pensée, vous ne l’aurez pas eue, Messieurs ; ces reproches, vous ne les aurez pas adressés à vos man- dataires. Vous savez combien les travaux préparatoires d’une entreprise littéraire semblable à celle dont nous sommes chargés sont importants, longs, minutieux, et quels soins doivent leur être donnés, si l’on veut éviter, pour la suite, les mécomptes et les regrets. C’est peu de faire vite : il faut bien faire. La rapidité, qui est la règle suprême des actions humaines dans le temps où nous vi- vons, n'est pas, ne sera jamais applicable à l'élaboration des œuvres d’érudition. Pour celles-ci il faut, avant tout, ( 647 ) la patience, l'attention et la conscience. Laissons courir la vapeur pour tout le reste; mais lorsqu'il s'agit d'art, de littérature et de science, marchons paisiblement, d’un pas prudent et sûr. Nous irons, d’ailleurs, plus vite ainsi, n'étant pas exposés à faire fausse route et à rétrograder pour trouver une meilleure direction. Livrer prématurément une partie quelconque de lou- vrage eût été une imprudence. Ceux qui nous reprochent de ne pas nous presser, nous critiqueraient vivement, si nous avions péché par erreur ou par omission. Nous n’avons pas recouru à la publicité pour faire connaitre au dehors les résultats progressifs de nos efforts, parce que nous croyons qu'il faut user de la publicité avec mesure et seu- lement lorsqu'on en peut attendre quelque utile effet. Le moment de nous adresser au publie ne devait venir que lorsque nous aurions à lui faire connaître les noms, provi- sorrement recueillis, pour figurer dans la Biographie na- tionale. Jusque-là , qu'aurions-nous eu à lui dire? La formation de la liste des personnages appelés à rece- voir une place dans la Biographie à été le principal objet de nos travaux. C’est [à fa base de l'édifice que nous avons la mission d'élever. Il importait de la faire solide. Nous avons eu l'honneur de vous exposer, dans notre précédent rapport, comment la commission avait décidé qu'il serait procédé à ce travail préparatoire. Le moyen le plus conve- nable pour arriver à former une liste aussi complète que possible, avait paru être de faire dépouiller à Gand, par une personne choisie par M. de Saimt-Genois et sous sa direction, les ouvrages où 1l est fait mention de person- nages belges appartenant à toutes les catégories de pro- fessions. Ce dépouillement ayant été opéré sur soixante- quinze ouvrages, le travail sembla assez avancé pour être MC SÉRIE, TOME XII. 46 ( 648 ) livré à l’impression. La commission savait qu’il ne pou- vait pas être complet; elle s'attendait à y trouver beaucoup de lacunes, des noms qu’en revanche il serait nécessaire de faire disparaître, d’autres enfin dont les titres devraient être examinés; mais elle était convaincue que la révision de la liste ne pouvait avoir lieu que sur un texte im- primé. Les bulletins recueillis furent donc transcrits dans l’ordre alphabétique, et l’impression de la liste générale eut lieu dans les ateliers du Moniteur. Klle formait cent soixante colonnes in-quarto. La commission avait pensé que cette liste aurait pu, après révision, être publiée dans le journal officiel, conformément à une disposition de l’arrêté royal relatif à la Biographie nationale. Elle pria donc M. le directeur du Moniteur, qui voulut bien y consentir, de faire conserver les formes, qu'il aurait suffi de remanier, en y introduisant les corrections indiquées. La commission fut obligée de revenir sur sa première ré- solution à cet égard. Le temps considérable exigé pour une révision complète ne permettait pas que la composi- tion füt Immobilisée dans les ateliers du Moniteur pendant le temps de la session, et d’ailleurs les modifications que devait recevoir la liste rendaient une nouvelle composition plus simple, en quelque sorte, qu’un remaniement. Chacun des membres de la commission avait recu des exemplaires de la liste imprimée et s'était engagé à indi- quer les corrections qu’il croirait devoir y être faites. II fut convenu que toute addition d’un nom nouveau, pro- posée par un membre, serait accueillie sans examen, sous : Ja seule garantie de celui qui s’en faisait le parrain; mais qu'aucune radiation d’un nom déjà inscrit sur la liste ne pourrait avoir lieu sans un vote de la commission. La plupart des membres se conformèrent à l’invitation ( 649 ) qui leur avait été adressée de faire parvenir au président leurs corrections à la liste; d’autres s'étaient réservé de les communiquer en séance. | Dans la première réunion qui suivit la distribution des exemplaires de la liste imprimée, des observations géné- rales furent présentées par plusieurs membres, au sujet du tableau indicatif des sources consultées pour former cette liste. On fit remarquer que des ouvrages importants ayant une véritable autorité scientifique avaient été né- gligés, tandis que d’autres, d’une valeur secondaire, étaient indiqués comme ayant été soumis au travail du dépouille- ment. La dignité de l'Académie souffrirait, a-t-on ajouté, des critiques que soulèverait l'examen de la liste des sources consultées, si des lacunes aussi considérables que celles qu'on y remarque n'étaient pas remplies. Le président répondit à ces observations que l’on avait commencé par dépouiller les recueils historiques et bio- graphiques généraux, afin de réunir immédiatement le plus grand nombre possible de noms. Il n’ignorait pas qu'il restait encore à opérer le même travail sur bien des ouvrages spéciaux d’une grande valeur scientifique. Tous ceux que lui communiqueraient les membres de la com- mission seraient successivement consultés , si l’on consen- tait à voter la dépense à laquelle donneraient lieu les nou- velles recherches. Une résolution fut prise immédiatement dans ce sens. La continuation de l’opération du dépouillement des sources , combinée avec les communications reçues direc- tement des membres de la commission, amena la publi- cation d’un premier supplément de huit pages in-quarto, comprenant toutes les lettres de l'alphabet, et d’un second supplément de quatorze pages, où l’on s'était borné à réu- ( 650 ) nir les noms commencant par les trois premières lettres de Palphabet : car on avait reconnu la nécessité de di- viser le travail de la révision, afin de pouvoir arriver plus promptement à un commencement d'exécution de l'ouvrage. i Chacun des membres de la commission avait examiné la liste au point de vue de la connaissance que ses travaux habituels lui avaient fait acquérir de certaines catégories de personnages; mais il restait d’autres catégories qui avaient échappé à tout contrôle, et certains noms contimuaient de figurer sur la liste, sans avoir cependant des titres à y être maintenus. On prit alors le parti de faire, en séance, l’appel de tous les noms, après avoir décidé que ceux dont un membre garantirait la notoriété seraient conservés, tan- dis qu’il serait procédé à un nouvel examen des titres que pouvaient avoir ceux auxquels tout patronage ferait provi- soirement défaut. Les résultats obtenus prouvèrent que la commission avait eu raison d'adopter ce mode de vérifica- Lion, qui pouvait seul conduire à une bonne rédaction défi- nitive des listes; mais si le moyen était bon, il n’était pas expéditif. Deux séances entières furent employées à l’exa- men des noms commençant par la lettre À. On prit alors la résolution de se borner, pour le moment, à la publication de cette première partie de la liste. La commission a cru devoir se montrer trésaitiéé sur l'admission des noms dans la liste provisoire. Parmi les personnages qui s’y trouvent inscrits, il en est peut-être dont les titres à figurer dans la Biographie nationale ne se- ront pas jugés suffisants, lorsqu'on en viendra à la rédac- tion des notices; mais il a semblé qu'il valait mieux se réserver la faculté de certaines éliminations que de s’ex- poser à commettre des oublis injustes. D'une autre part, ( 651 ) il ne fallait pas laisser subsister des noms sans notoriété. C'est cette double considération qui a fait de la révision de nos listes un travail très-délicat et très-long. La question de notoriété, exigée pour l'inscription sur les listes, a été longuement discutée. Il a été décidé que la condition de la notoriété ne pouvait être considérée comme remplie que par les personnages dont 1l serait possible de citer des actions ou des travaux. La seule inseription d’un nom dans un document historique, de quelque nature qu'il soit, ne suflit pas pour lui valoir une place dans la Biogra- phie nationale. Il faut qu’on puisse dire ce qu’a été le per- sonnage et ce qu'il à fait; il faut qu'il se soit distingué par un certain genre de mérite. La Biographie nationale n’est pas destinée à faire double emploi avec l’état civil. Le travail de la formation des listes a done principale- ment occupé la commission pendant le courant de l’année qui vient de s'écouler. Voie l'exposé sommaire des phases par lesquelles à passé ce travail et des résultats qui ont été obtenus : 1° Rédaction et impression d’une première liste géné- rale et d’un supplément à cette liste ; 2° Rédaction et impression d’une liste supplémentaire des noms commencant par les trois premières lettres de l'alphabet ; 9° Rédaction définitivement arrêtée, après une révision scrupuleuse, des noms commencant par la lettre À. Cette dernière liste vient d’être livrée à l'impression ; elle sera publiée dans le Moniteur, en exécution de lar- ticle à du règlement. Afin que le publie soit informé que la commission ne considère pas elle-même cette liste comme absolument complète, elle portera un titre ainsi concu : ( 652 ) Liste des noms provisoirement recueillis pour la ré- daction d'une Biographie nationale. Elle sera également précédée d’un exposé des principes généraux qui ont guidé la commission dans son travail. Il sera dit, en outre, à la suite de cet exposé, que l’Académie fait appel aux lumières et au patriotisme de tous ceux qui auraient à lui signaler des lacunes ou des inexactitudes dans la liste provisoire, et qu’elle sollicite la communi- cation de tous les documents dont il pourrait être tiré parti pour la rédaction de la Biographie nationale. Aussitôt que la première liste aura paru dans le Moni- teur, il en sera adressé un exemplaire à tous les membres de l’Académie, titulaires, correspondants ou associés, ré- sidant en Belgique, avec invitation de signaler au prési- dent de la commission, dans le délai d’un mois, les erreurs et les lacunes qu'ils y auraient remarquées. La liste sera également adressée aux sociétés scienti- fiques du royaume avec invitation semblable. La commission pense n’avoir négligé aucun des moyens dont la mise en œuvre devait aboutir à la formation de bonnes listes pour la Biographie nationale. Il y a eu d’abord, elle ne cherche pas à le dissimuler, des tâton- nements dans sa manière de procéder. Chargée d’un travail nouveau, elle a dü faire des essais, revenir parfois sur ses premières déterminations, aimant mieux, comme nous l'avons déjà dit, mettre quelque lenteur dans ses opéra- tions que de faire de mauvaise besogne : la méthode à laquelle elle s’est arrêtée lui permettra désormais de mar- cher à la fois rapidement et sûrement. Le dépouillement des sources continue. Quatre-vingt-treize ouvrages ont actuellement subi cette opération; de nouveaux noms s'ajouteront aux noms déjà recueillis, et, dans un délai peu ( 695 ) éloigné, nous aurons une liste générale qui formera une base solide pour le monument élevé à nos gloires na- tionales. Tout en nous occupant de compléter nos listes, nous allons pouvoir entreprendre l'exécution du corps même de l'ouvrage. Une de nos plus prochaines séances sera consacrée à la distribution des notices à rédiger. Il résulte de l'exposé que nous venons d’avoir l'honneur de vous faire que la formation des listes des personnages appelés à figurer dans la Biographie nationale absorba la plus grande partie de notre temps. Cependant des ques- tions qui se rattachaient au plan même de l'ouvrage ont été discutées. La plus importante fut celle qui était relative à l'admission dans la Biographie nationale des étrangers qui ont vécu en Belgique et qui ont rendu des services à notre pays. Peut-être vous étonnerez-vous que cette question, qui avait été longuement débattue l’année der- nière et dont la solution s’est trouvée consignée dans notre rapport précédent, se soit présentée de nouveau. La majorité de la commission aurait pu opposer la décision prise à ceux de ses membres qui insistaient pour la re- mettre sur le tapis : elle aima mieux laisser rouvrir une diseussion devant laquelle ne reculaient point, d’ailleurs, ceux dont l’opinion avait une première fois prévalu. L'un des membres qui se prononcèrent le plus chaude- ment en faveur de l'admission des étrangers dans la Bio- graphie nationale avait, lors de la première discussion, voté pour leur exclusion absolue. Il le rappela lui-même, en faisant connaître les motifs qui l’avaient porté à changer de sentiment sur ce point. La raison de son premier vote, a-t-il dit, était la difficulté d'arriver à poser des règles fixes pour déterminer les droits des étrangers à figurer ( 04 ) dans la Biographie nationale. Depuis lors, la décision de la commission qui décrète le principe de la rédaction d’un supplément consacré à la biographie des étrangers avant vécu en Belgique, replaça, suivant notre collègue, la dis- cussion sur son premier terrain. Îl reprit la question et l’examina mürement, par rapport à la province qu’il habite. Il résulta pour lui de cet examen que plusieurs person- nages dont les noms se lient glorieusement à l’histoire de sa province se trouveraient exelus de la biographie, si la règle qui en écarte les étrangers était maintenue. Le sup- plément leur reste; mais notre collègue craint que sa pu- blication ne soit tardive. Il s’est demandé s'il ne vaudrait pas mieux chercher dans l'exécution même de la résolution prise un moyen d'éluder la difficulté. On a voulu, en dé- crétant la rédaction d’un supplément, que les étrangers ne fussent pas confondus avec les nationaux. Ils ne le seront pas, si l’on fait précéder leurs noms d’un signe distinetif. Nos voisins ne nous reprocheront pas de leur avoir pris leurs grands hommes, si nous avons témoigné par ce signe notre respect pour leur véritable nationalité. Selon la ma- nière de voir de notre confrère, ce qu’il proposait était moins un retour sur une résolution prise qu’un mode d'exécution pour cette résolution. Son intention était de proposer, d’ailleurs, des règles sévères pour l'admission des étrangers dans la Biographie nationäle, règles en vertu desquelles les hommes tout à fait hors ligne auraient seuls obtenu d'y figurer. D'autres membres plaidèrent encore en faveur de lad- mission des étrangers dans la Biographie nationale, Leurs arguments furent ceux qui avaient été mis en avant lors de la première discussion. Suivant eux, lexclusion des étrangers du corps de l'ouvrage serait un témoignage d’in- ( 695 ) gratitude à l'égard d'un grand nombre d'hommes distingués qui sont venus s'établir dans notre pays et qui lui ontrendu des services. Cette exclusion laisserait, a-t-0n ajouté, des lacunes regrettables dans l'histoire du mouvement poli- tique et intellectuel de la Belgique. Il a été répondu à ce dernier argument que certaines personnes se préoccupaient trop des lacunes de histoire. On à fait remarquer que lAcadémie est chargée de faire non pas une histoire de la Belgique, mais une Biographie nationale, et que le titre même de cet ouvrage indique assez que les étrangers doivent en être exclus. Un des arguments, mis en avant pour justifier l’admis- sion des étrangers dans la Biographie nationale, a semblé à plusieurs membres de votre commission un motif de plus pour maintenir leur exelusion du corps de l'ouvrage. On à exprimé la crainte que notre Biographie n’eût qu’une faible importance et n'offrit qu'un intérêt médiocre, si l’on persistait à n’y faire figurer que des Belges de naissance. Le membre qui s’est exprimé ainsi a, sans doute, été au delà de sa pensée; mais la critique étrangère ne pourrait- elle pas raisonner de la même manière, si nous inserivions des noms d'étrangers parmi eeux de nos compatriotes? Ne serait-il pas à craindre qu’on ne dit que si nous sommes parvenus à donner de l'étendue et de l'importance à notre Biographie qualifiée de nationale, c’est grâce à ce que nous l'avons en partie remplie de noms étrangers ? Évitons d’attirer ces critiques sur notre œuvre. Il faut que la Biographie nationale soit une occasion de nous compter. Voyons ce que notre pays a produit d'hommes distingués dans tous les genres, dans toutes les carrières. N'empruntons à l'étranger aucun élément de cette statisti- que intellectuelle; ne sortons pas de nos provinces pour ( 656 ) opérer ce dénombrement des serviteurs du pays. Nous ne croyons pas nous faire illusion en affirmant que peu d’États de l’Europe présenteraient, proportionnellement à leur po- pulation, un ensemble plus remarquable d'hommes s'étant distingués à des titres divers. La Belgique doit, plus qu'aucun autre pays, s’abstemir de faire figurer dans sa Biographie nationale les étrangers qui se sont établis chez elle. Tous ces étrangers ne sont pas venus de leur propre mouvement se fixer dans notre patrie. Il en est un grand nombre qui sont arrivés à la suite des armées par lesquelles la Belgique a été succes- sivement occupée, À leur présence parmi nous se rat- tache l’idée pénible de la domination étrangère. Le fait de cette domination ne peut pas être effacé de l’histoire; mais doit-on s'étonner que nous aimions, quand cela nous est permis, à en écarter le souvenir, à reformer le faisceau de notre vraie nationalité? Nous n'avons pas d’ailleurs con- servé de rancune pour les hommes; la preuve, c’est que nous avons décidé la création d’un supplément qui sera comme un monument élevé par notre reconnaissance aux services qu'ils ont rendus à la Belgique pendant le séjour qu'ils y ont fait. On à dit que nous faisions preuve d’ingratitude en exi- lant de la Biographie nationale les étrangers qui ont pris part au mouvement intellectuel de la Bélgique. C’est une fausse idée; nous ne les exilons pas : la vérité, c’est que, d’une part, nous ne voulons pas être accusés par leurs na- tionaux d’avoir usurpé leur gloire, tandis que, d'une autre part, nous tenons à ce qu'on puisse voir ce que la Belgique a réuni d'hommes distingués, sans avoir besoin de se re- cruter parmi les nations voisines. La nouvelle discussion à laquelle a été soumise la ques- ( 657 ) tion de l'admission des étrangers dans la Biographie natio- nale à eu pour résultat de faire confirmer, par un second vote, la décision prise une première fois : le corps de lou- vrage ne contiendra que des Belges; les articles relatifs aux étrangers qui ont vécu dans le pays et qui s’y sont distingnés, trouveront place dans un supplément. Les noms de ces derniers formeront une liste-à part, qui sera publiée en même temps et sous la même forme que celle des nationaux. Pour être conséquente avec elle-même et se conformer au principe qu'elle avait posé, la commission a décidé que les fils de Belges qui seraient nés dans un pays étranger et s'y seraient définitivement fixés, ne figureraient pas dans la Biographie nationale. Voilà ce que nous avons fait et ce que nous nous propo- sons de faire. Ce rapport serait incomplet, si nous n’ajou- tions que la commission, voulant justifier la confiance que vous avez placée en elle, s'applique avec un zèle soutenu à remplir la tâche confiée à ses soins. Elle avait d’abord décidé qu’elle choisirait pour ses réunions mensuelles un des jours de séance des classes de l’Académie. S'étant aper- çue que le temps dont elle pouvait disposer alors ne suffi- sait pas à ses travaux, elle prit la résolution de tenir ses assemblées en dehors de ces mêmes jours. Les membres qui habitent des localités éloignées furent donc obligés de faire exprès le voyage de Bruxelles pour assister à nos séances. Leur assiduité ne s’en ressentit pas : il n’y eut guère de réunion où la commission ne füt presque au complet; ses procès-verbaux en font foi, et nous sommes heureux de le constater ici, pour répondre aux personnes qui ont, dans le principe, accueilli avec défiance le projet qu'elle a recu la mission de réaliser. ( 68 ) Le Gouvernement ne cesse de témoigner l'intérêt qu'il porte à notre œuvre. Il nous à donné une nouvelle preuve de cet intérêt en élevant, cette année, le chiffre du subside porté au budget pour les dépenses occasionnées par les travaux préparatoires de la Biographie nationale. Son pa- tronage ne fera jamais défaut, nous en avons l'assurance , à l’entreprise que nous espérons conduire à bonne fin, grace au précieux concours que nous venons solliciter de vous et que vous ne nous refuserez pas. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Documents statistiques , publiés par le département de lin- térieur, avec le concours de la Commission centrale de statis- tique, t. VI. Bruxelles, 1862; in-4°. Agriculture. Recensement général (51 décembre 1856), publié par le Ministre de l’intérieur. Bruxelles, 1862; in-4°. Médaille de Robert Willocqueau, abbé de Saint-Pierre, à Gand; par R. Chalon. Bruxelles, 1862 ; in-8°. Un sceau du chapitre de Liége; par R. Chalon. Bruxelles, 1862; in-8°. Plaque sépulcrale de Jacob Cavalli ; par R. Chalon. Bruxelles, 1862; in-8°. Monnaies, médailles et jetons rares ou inédits, IV" ar- ticle; par R. Chalon. Bruxelles, 1862; in-8°. Notice sur Félix-Guillauine-Marie Bogaerts, membre cor- respondant de l’Académie; par Ed. De Busscher. Bruxelles , 1862; in-8°. Heures de grâce ; par Adolphe Mathieu. Bruxelles ; in-12. Jean Bellegambe, de Douai, le peintre du tableau polyp- dé. ( 659 ) tyque d'Anchin ; par M. Alphonse Wauters. Bruxelles, 1862; gr. in-8°. Le pays de Wues considéré au point de vue de l'histoire . de l'archéologie et des beaux-arts; par Adolphe Siret. Gr. in-8°. Essai historique sur la musique et les musiciens dans les Pays-Bas; par Édouard-G.-J. Grégoir, Bruxelles, 1861 ; in-4°. Revue trimestrielle, 54% volume. Bruxelles, 1862; in-12. Annales de travaux publics de Belgique, t. XIX, 2% et 2° cahiers. Bruxelles, 1862; in-8°. Revue de la numismatique belge, 5° série, 4 VE, 2° livr. Bruxelles, 1862; in-8°. Revue universelle des arts, 7% année, n° 1 à 5, Bruxelles, 1862; 5 broch. in-8°. Journal de l’imprimerie et de la librairie en Belgique, we année, n° 5. Bruxelles, 1862; in-8°. Messager des sciences historiques, où archives des arts et de la bibliographie de Belgique. Année 1862; 1" livr. Gand ; in-8°. Journal historique et littéraire, t. XAEX, livr. 2. Liége; 1862; in-8°. Annales du conseil de salubrité publique de la province de Liége, t. V®°, 1‘ fase. Liége, 1862; in-8°. Compte rendu des travaux du conseil de salubrité publique de la province de Liëge, présenté à la séance du 41 février 1862 ; par M. A. Spring. Liége, 1862; in-8”. Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, tome V, 2": fase. Tongres, 1862; in-8°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges, 22% année, décembre 1861. Bruges; in-8°. | Tijdschrift voor entomologie, onder redactie van prof. J. Van der Hocven, M'S.-C. Snellen van Vollenhoven en D'J.-A. Herklots, IV®% deel, 5°-6° stuk. Leide, 1861; in-8°. Toonkunst. Schets van het toonstelsel der harmonieleer en ( 660 ) volksgezang; door Wilhelmus Smits. Amsterdam, 1855 ; in-8°. Voorbereidende school voor eerstbeginnende organisten en alle die zich in gebonden spel willen oefenen, met bijgevoegde vingerzetting ; van W.-J.-F. Nieuwenhuijzen door Ch. Rinck. La Haye; in-4° oblong. Tee gezangen (duitsche en hollandsche tehst), voor man- nenstemmen, solo en Kkoor; musiek van Wilhelmus Smits. Am- sterdam, 187; in-8°. Zes liederen, woorden van J.-P. Heye, in muzijk gebragt voor eene zangstem met piano-forte; door L.-F. Revius. La Haye; 2 feuilles in-#°, Smachtend (aspiration), poésie hollandaise du D" Heye; composée par L.-F. Revius. La Haye; in-4°. Moedervreugde, gedicht van CS-H° Broekhuyzen; door C.-R. Marx. Amsterdam, 1859; in-#°. Zes lieestlemmige liederen, gedichten van J.-P. Heye, met begeleiding van piano; gecomponeerd door Richard Hol. La Haye ; in-4°. Zwei gedichte von Nicolaus Lenau, componirt von 3.-G. Van Eyken. Rotterdam; in-4°. Élégie sur la mort d’un artiste, composée pour le piano- forte; par David Koning. Amsterdam ; in-4°. Niederland, Lied für zwei Singstimmen, componirt von Maria und Henrietta P.; zugeeignet von Richard Hol. La Haye ; in-#°. Balladen en andere dichtstukjes ; door M. A. Bogaers. Rot- terdam, 1862; gr. in-8°. Bulletin de la Société géologique de France, 2” série, t. XIXe, feuilles 15-20. Paris, 1861 à 18692 ; in-8°. | L’Investigateur, journal de l'Institut historique, 29% an- née, 528€ à 550%: livr. Paris, 1862; 2 broch. in-8°. Presse scientifique des deux mondes, t. 1‘, n°7 à 12, 1862; Paris; 6 broch. in-8°. Revue de l'instruction publique, de la littérature et des ( 661 ) sciences en France et dans les pays étrangers, 22° année, n°1 à 13. Paris, 1862 ; 15 doubles feuilles in-#°. Quatre sonates et deux concertos pour le clavecin, compo- sés par M.S. Simon, œuvre Ie, Paris; in-4°, De la balistique chez les anciens; par A.-3.-H. Vincent. Paris, 4862; in-8°. Mémoire sur les antiquités du Bosphore Cimmérien , figu- rées et décrites dans le grand ouvrage publié, en 1854, sous les auspices du gouvernement russe ; par M. Ch. Lenormant. Paris, 1861; in-4°. Commentaire sur le Cratyle de Platon; par Charles Lenor- mant. Athènes, 1861 ; in-8°. Le lion et le bœuf sculptés aux portails des églises; par M. l'abbé J. Corblet. Paris 1862; in-8°. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie, XHF°° vol. années 4860-1861. Paris, 1862; in-4°. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, VF" vol. année 1860-1861. Caen, 1862; in-5°. La fée des eaux , poëme de ***, traduit du suédois et arrangé en seène lyrique divisée en quatre chants, précédés d’une intro- duction par T.., pour voix seule avec accompagnement de piano , musique de L. Gastinel. Paris; in-4°. Réponses du président (P.-G. de Dumast) aux récipien- daires (MM. Renard, Alexandre et Leupol), dans la séance pu- blique de l’Académie de Stanislas, du jeudi 22 mai 1862. Nancy, 1862; in-8°. La salle des cerfs et tout ce qu'elle a vu; vers prononcés par le secrétaire perpétuel de la Société d'archéologie lorraine le 20 mai 1862, lors de l'inauguration du lieu comme galerie principale du Musée lorrain. Nancy, 1862; in-8°. Observations astronomiques fuites à l'observatoire de Ge- nève, dans les années 1857 et 1858, XVII" et XVII"! séries; par E. Plantamour. Genève, 1861; in-4°. Résumé météorologique de l’année 1860 pour Genève el le ( 662 ) grand Saint-Bernard; par E. Plantamour. Genève, 1861 ; in-8°. Note sur les variations périodiques de lu température et de la pression atmosphérique au grand Suint- Bernard; par M. E. Plantamour. In-8°. Die Specialgesetze der Ernährung sämmitlicher Organis- mu ; Yon D' Carl Enzmann. Dresde, 1862; in-8°. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer, Band XVII, Heft 5. Heidelberg , 1862; in-6”. Verhandlungen der Kaiserlichen Leopoldinisch-Carolini- schen deutschen Akademie der Naturforscher, XXIX Band. Jéna, 1862; in-#°. Deux mélodies pour violon, avec accompagnement de piano- forte, composées par A. Berlyn. Leipsick; 1n-4°. Tüne der Liebe aus dem hohen Lied von G.-Fr. Daumer für eine Singstimme, mit Begleitung des piano-forte; componirt von C.-L. van Evken. Leipsick ; in-4°. Sitzungberichte der Künig. Bayer. Akademie der Wissen- schaften zu München, 1861, Band IF, Heft I. Munich, 1861; 1 broch. in-8°. Magnetische und meteorologische Beobachtungen zu Prag, XXIF': Band. Prague, 1862; in-4°. Physikalisch-medicinischen Gezellschaft zu Würzburg. Nu- turwissenschaftliche Zeitschrift, M Band., IIS Heft; He- dicinische Zeitschrift, Il% Band., F'S Heft. Wurtzbourg, 1862; in-8°. Fin pu TOME XIII DE LA 2° SÉRIE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME TREIZIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1862. TABLE DES AUTEURS. A. Académie royale de Munich. — Hommage d'une médaille, 65. Académie royale des beaux-arts d Amsterdam. — Envoi du programme de son exposition, 417. Alvin. — Présente le portrait de feu Jéhotte père, 645. B. Baguet. — Un mot encore sur l'étude du latin, 205. Balat. — Nommé membre, 101; remerciments pour son élection, 187; approbation royale de son élection, 211 ; rapport verbal sur un mémoire de M. Ducpetiaux, 645. Baron (A.). — Annonce de sa mort, 416. Bède. — Rapport de M. Plateau sur ses recherches relatives à Ja liaison entre les phénomènes de capillarité et d’endosmose, 111. Bellynck. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Namur en 1861, 2. | 2" SÉRIE, TOME XII. 47 664 TABLE DES AUTEURS. Bernardin. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Melle en 1861, 2, 221, 440. Bonnell (H.-E.). — Accuse la réception de son mémoire manuscrit, 204. Borgnet. — Hommage d'ouvrage , 53; commissaire pour un mémoire de M. Jeanjean, 579; rapport sur la carte des Gaules, publiée par le gou- vernement français, 587. Braemt. — Situation de la Caisse des artistes, 76. Bultinck (Ed.).— Présentation d’une notice sur l'électricité médicale, 221. C. Cavalier. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Ostende , en 1861, 194. Cercle archéologique du pays de Waes. — Annonce la publication de la biographie de P. Verheyen, 220, 579. Chalon. — Hommage d'ouvrages , 488. ’omte de Flandre (S. 4. R. le). — S'excuse de ne pouvoir assister à la séance publique du 15 mai, 486. Congrès international de bienfaisance de Londres. — Invitation faite par le comité, 204. D. Daussoigne-Méhul. — Lecture de son rapport sur une partition de M. Ra- doux , 65. : David. — Commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à la Joyeuse-Entrée , 175; rapport sur ces mémoires, 497. De Borre(A.). — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Jemeppe en 1861 ,2, 221, 440. De Burbure (Le chev.).— Nommé membre, 101; remerciments pour son élection, 187; approbation royale de son élection, 211; aperçu sur l'ancienne corporation des musiciens instrumentistes d'Anvers, dite de Saint-Job et de Sainte-Marie-Madeleine , A1T. De Busscher. — Demande que le portrait de M. Bogaerts soit joint à sa notice , 645. De Coussemaker. — Hommage d'ouvrages, 212, 642. De Decker. — Remerciments au directeur sortant , 65; commissaire pour un mémoire de concours , 174. De Gerlache (Le baron). — Commissaire pour le concours extraordinaire sur l’origine belge des Carlovingiens, 174; rapport sur ce concours , 992; membre de la commission de présentation, 178. Dejardin (4.). — Description de deux coupes, faites à travers les couches TABLE DES AUTEURS. 66) du système scaïldisien , ainsi que les couches supérieures près de la ville d'Anvers, 111, 470 ; rapports de MM. Nyst et d'Omalius sur cette notice, 441 , 442. De Koninck. — Remerciments au directeur sortant, 7; membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles, 110 ; commis- saire pour une notice de M, Dejardin, 111. De Malzine. — Note sur une nouvelle espèce de littorine , 441. Pemanet. — Considérations sur la question posée au congrès artistique d'Anvers : « L'expression de l’art monumental est-elle en rapport avec les autres manifestations de l'esprit moderne ? » 77. De Montalembert (Le comte). — Hommage d’un ouvrage, 578. D’Omalius.— Membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles, 110 ; commissaire pour une notice de M. Dejardin, 111; rap- port sur cette notice, 445. De Ram. — Hommage d'ouvrage, 55; commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à Aubert Le Mire, 175; rapport sur ces mémoires, 489; membre de la commission de présentation , 175. De Saint-Genois (Le baron J.). — Commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à Aubert Le Mire, 173; rapport sur ces mémoires, 493. De Selys-Longchamps. — Membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles , 110; n'accepte pas ces fonctions, 220; dépôt des phénomènes périodiques observés à Waremme en 1861, 220, 440 ; Synopsis des agrionines (suite), 288. De Smet. — Commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à Au- bert Le Mire, 175; rapport sur ces mémoires, 491. D’Udekem. — Présentation d’un mémoire contenant la description des infusoires de la Belgique, 2. Devauzx (P.). — Commissaire pour un mémoire de concours , 174. Dewalque. — Rapport sur une notice de M. Malaise, 118; notice sur le système eifélien dans le bassin de Namur, 146; dépôt d’un billet ca- cheté, 155; sur la non-existence du terrain houiller à Menin , 201 ; dépôt des phénomènes périodiques observés à Liége en 1861 , 220. Du Bus (Le vicomte B.). — Nommé membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles, 220. Ducpetiawx (Ed.). — Rapports verbaux de MM. Roelandt, Partoes et Balat, sur son mémoire relatif à la construction des prisons cellulaires, 645. Duprez. — Rapport sur la note de M. Perrey relative aux tremblements de terre en 1859, 5; commissaire pour une notice de M. Bultinck, 221; sur les paratonnerres , 227. 666 TABLE DES AUTEURS. F. Faider (Ch.). — Commissaire pour un mémoire de concours relatif aux corporations, 174; rapport sur ce mémoire , 520. Felis (Ed.). — Situation de la Caisse des artistes , 76, 212 ; élu directeur pour 1865 ; lecture d’une notice sur la peinture monumentale, 188; rapport surles travaux de la commission de la Biographie nationale pen- dant l’année 1862, 646. Fétis (F.). — Hommage d’un ouvrage, 65; lecture de son rapport sur une partition de M. Radoux, 65; rapport sur la question de l’abaissement ou de la fixation du diapason musical, 65 ; communication verbale sur la découverte des œuvres musicales de Mathias Vanden Gheyn, 215. Florimond. — Observation d’un bolide à Louvain, 110. G. Gabba. — Remerciments pour l'impression de son mémoire, 172. Gachard. — Hommage d'ouvrage, 55 ; restitution d’une lettre de M. Re- pelaer van Driel, 54 ; notice sur une collection manuscrite de documents concernant la révolution brabanconne et la restauration autrichienne , qui est conservée aux Archives du royaume, 58; commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à la Joyeuse-Entrée, 175; rapports sur ces mémoires , 09; membre de la commission de présentation, 175; le feld- marechal prince Charles-Joseph de Ligne , 205, 579. Gérard. — Lauréat du concours de la classe des lettres, 559 , 639. Gerbe (J.). — Lettre adressée à M. Van Beneden sur les Sacculina, 559. Gervais (P.).—Lettre adressée à M. Van Beneden sur les Squalodon, 462. Ghaye (M.). — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Waremme en 1861 , 220 , 440. Gluge. — Commissaire pour un mémoire de M. d’'Udekem , 2; lecture de son rapport sur ce mémoire, 118; membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles, 110. Grandgagnage. — Commissaire pour deux mémoires de concours relatifs à la Joyeuse-Entrée , 173 ; rapports sur ces mémoires , 507. H. Heis. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Munster en 1861, 440. à TABLE DES AUTEURS. 667 Herrick: (Ed.-C.). — Lettre à M. Ad. Quetelet sur les étoiles filantes de novembre et de décembre 1861, 127. Herschel (John). — Extrait d'une lettre sur les nébuleuses, adressée à M. Ad. Quetelet, 445. Hody (Le baron). — Annonce la mort de M. Laboureur, 64. Houzeau. — Méthode pour mesurer la parallaxe horizontale des astres, 194, 252. J. Jeanjean.— Notice sur la carte des Gaules , 54; mémoire sur la position de la quatrième légion romaine, commandée par Labiénus au moment de la révolte d’Ambiorix, 579. K. Kaemtz. — Extrait d'une lettre à M. Ad. Quetelet sur les valeurs com- paratives des différents instruments hygrométriques, 446. Kekulé. — Note sur l’action de l’iode sur quelques sulfures organiques , 156; rapport verbal de M. Stas sur cette notice, 121; sur les dérivés pyrogénés de l'acide malique et de l'acide citrique, 541; rapport de M. Stas sur cette notice, 225. Kervyn de Lettenhove. — Sur le recueil des anciens monuments de la lit- térature française en Belgique, 54; commissaire pour le concours ex- traordinaire sur l'origine belge des Carlovingiens, 174; rapport sur ce concours, 521 ; résultats de ce concours , 656; notes sur l’histoire litté- raire du moyen âge, 175; annonce de la formation d’un comité pour frapper une médaille à l'effigie de M. de Caumont, 204; la dernière sibylle, 405; annonce la découverte des Commentaires de Charles- Quint , 488; annonce la publication prochaine du premier volume des mémoires de Chastelain, 488. Kickx.— Membre du jury pour le concours quinquennal des sciences na- turelles, 110; commissaire pour une notice de M. A. Wesmael, 195 ; rapport sur cette notice, 221. Kreil. — Lettres à M. Ad. Quetelet sur les variations périodiques de l’at- mosphère, d'après les observations faites en Autriche et dans les pays environnants, 448. L. Laboureur. — Annonce de sa mort , 64. Lacordaire. — Membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles , 110, 668 TABLE DES AUTEURS. Lamarle. — Commissaire pour un mémoire de M. Steichen , 111 ; lecture de son rapport sur ce mémoire, 444; commissaire pour deux notes de M. Loxhay, 194; lecture de son rapport sur ces notes, 444. Lanszweert (Ed.).—Dépôt des phénomènes périodiques observés à Ostende en 1861, 110. Leclercq. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Liége en 1861, 110. Leclercq (M.-N.-T.). — Élu directeur pour 1865, 65. Lecouvet (P.-F.). — Lauréat du concours de la classe des lettres, 639. Liagre. — Notice historique sur la vitesse et sur l’aberration de la lu- mière , 10 ; présentation d'un mémoire sur les institutions de prévoyance en général, 111; lecture des rapports de MM. Schaar et Ad. Quetelet sur ce mémoire, 195; commissaire pour une notice de M. Houzeau, 194. Linnemann (E.). — Note sur l’action de l’iode sur quelques sulfures or- ganiques, 156; rapport verbal de M. Stas sur cette note, 121. Lôüher. — Élu associé, 577. Loxhay. — Note sur les logarithmes. Note sur les surfaces de révolution du second degré, 194; lecture des rapports de MM. Timmermans et Lamarle sur ces notes, 444. M. Maas. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Namur en 1861, 110. Mailly (Ed.). — Hommage d’un ouvrage, 2. Malaise. — De l’âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil près de Gembloux, 168 ; rapport de M. Dewalque sur cette notice, 118. Martens. — Sur l’origine de l'électricité dans les piles, 56; membre du jury pour le concours quinquennal des sciences naturelles, 194; com- missaire pour une notice de M. A. Wesmael, 195. Ministre de l’intérieur, — Envoi d’un arrêté royal nommant M. Van Has- selt président de l’Académie pour 1862, 64; hommage d'ouvrages, 110, 172, 194, 205, 440, 447; transmet copie de l'arrêté royal nommant lé jury pour le prix quinquennal des sciences naturelles, 110; envoi d’un arrêté royal approuvant l'élection de MM. Balat, Payen et de Bur- bure , 211; fait connaître les résultats du concours ouvert par la ville d'Ypres, 486; annonce la composition d’une commission destinée à fixer le diapason musical, 642. Ministre des affaires étrangères. — Transmet trois manuscrits de Chas- telain appartenant à la Bibliothèque royale de la Haye , 487. mr sn à TABLE DES AUTEURS, 669 Moe. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Christiania en 1861, 110. Morren (Ed.) — Remerciments pour sa nomination de correspondant, 2. N. Nyst. — Commissaire pour une notice de M. Dejardin, 14 ; rapport sur cette notice, 441, v. Parant. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Herve en 1861, 110. Partoes. — Rapport verbal sur un mémoire de M. Ducpetiaux, 645. Payen. — Nommé membre, 101; remerciments pour son élection, 187; approbation royale de son élection, 211. Perrey (4.). — Rapport de MM. Duprez et Ad. Quetelet, sur sa note rela- tive aux tremblements de terre en 1859, 5. Plateau. — Rapport sur un mémoire de M. Bède, 111. Plateau (Félix). — Sur un mode particulier de production de bulles de savon , 286. Poelman. — Commissaire pour une notice de M. Bultinck, 221. Polain. — Commissaire pour le concours extraordinaire sur l’origine belge des Carlovingiens, 174; rapport sur ce concours, 558; hommage d’ou- vrage, 204. Poullet (Edm.). — Lauréat du concours de la classe des lettres, 520, 640. Président du Sénat. — Remercie pour les publications de l'Académie , 2. Q. Quetelet (Ad). — Hommage d'ouvrage, 2 ; rapport sur la note de M. Perrey relative aux tremblements de terre en 1859, 6; présentation du com- plément de son ouvrage sur le climat de la Belgique, 7; commissaire pour un mémoire de M. Liagre, 111 ; lecture de son rapport sur ce mé- moire, 195; sur l’origine des étoiles filantes, 122; commissaire pour une notice de M. Houzeau , 194; lettre à M. Secchi sur le magnétisme et sur l'électricité statique et dynamique pendant les orages , 197 ; état des finances de l’Académie pour 1862, 212; de la variation annuelle de l'inclinaison et de la déclinaison magnétiques, à l'observatoire royal de Bruxelles, depuis 1827 jusqu’à ce jour, 228. Quetelet ( Ern.). — Observations de la lune et des étoiles de culmination 670 TABLE DES AUTEURS. lunaire, faites à l'observatoire royal de Bruxelles en 1860 et 1861 (suite), R. Rigouts-V'erbert. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à An- vers en 1861 ,110. Roelandt. — Rapport verbal sur un mémoire de M. Ducpetiaux, 645. Roulez. — Hommage d'ouvrage, 55; commissaire pour un mémoire de M. Jeanjean, 379 ; rapport sur la carte des Gaules dressée par le gouver- nement français, 579. S. Schaar. — Commissaire pour un mémoire de M. Liagre, 111 ; lecture de son rapport sur ce mémoire, 195 ; commissaire pour un mémoire de M. Steichen, 111 ; lecture de son rapport sur ce mémoire, 226, 444. Secchi. — Lettre à M. Ad. Quetelet sur le magnétisme et sur l'électricité statique et dynamique pendant les orages, 195. Serrure. — Hommage d'ouvrage, 204. Sleeckx (D.).— Lauréat du concours triennal de littérature flamande, 641. Société de pharmacie de Bruæelles. — Échange de publications, 194. Stas.— Rapports verbaux sur des notices de Vars Kekulé et Linpemaune 121 ; rapport sur une notice de M. Kekulé, 22 Steichen. — Remerciments pour sa nomination Le correspondant, 2; pré- sentation d'un mémoire sur le calcul des variations, 111; lecture du rapport des commissaires sur ce mémoire, 226, 444. LE: Thonissen. — Hommage d'ouvrage , 204; notice sur la vie et les travaux de Nicolas Cleynaerts , 205, 559, Timmermans. — Commissaire pour un mémoire de M. Steichen, 111 ; lec- ture de son rapport sur ce mémoire, 444; commissaire pour deux notes de M. Loxhay, 194; lecture de son rapport sur ces notes, 444. j à Palentin.— Remerciments pour sa nomination d’associé, 2; lettre à M. Ad. Quetelet sur les phénomènes physiologiques, S. Van Beneden. — Commissaire pour un mémoire de M. d’Udekem, 2; lecture de son rapport sur ce mémoire, 118; membre du jury pour le TABLE DES AUTEURS, 671 concours quinquennal des sciences naturelles, 110; sur le Rhytina stelleri, 540. l'an Elewyck (Le chev.). — Découverte des œuvres musicales de Mathias Van den Gheyn , 215. Van Hasselt. — Nommé président de l'Académie pour 1862, 64; hom- mage d’un ouvrage , 212, Vincent (J.-B. et fils). — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Bruxelles en 1861, 220, l'on Nordmann (Alex.). — Hommage d'un ouvrage, 540. W. arnkoenig. — Lauréat du concours de la classe des lettres, 559, 639. F'auters (A.). — Commissaire pour un mémoire de M. Jeanjean, 579 ; rapport sur la carte des Gaules publiée par le gouvernement français , 390. 1J'esmael (4.).— Notice sur quelques plantes rares de la flore de la Bel- gique, 44; rapport de M. Kickx sur cette notice, 5; dépôt des phéno- mènes périodiques observés à Vilvorde en 1861, 194; observations téra- tologiques, 195, 221, 568; rapport de M. Kickx sur cette notice, 221. IP'esmael (C). — Élu directeur pour 1865, 7. TABLE DES MATIÈRES. A. Architecture. — Considérations sur la question posée au congrès artis- tique d'Anvers : « L'expression de l’art monumental est-elle en rapport avec les autres manifestations de l'esprit moderne ? » par M. Demanet, 77; rapports verbaux de MM. Roelandt, Partoes et Balat sur un mémoire de M. Ducpetiaux relatif à la construction des prisons cellulaires, 645. Astronomie. — Notice historique sur la vitesse et sur l’aberration de la lumière , par M. Liagre, 10; sur l’origine des étoiles filantes, par M. Ad. Quetelet, 122; sur les étoiles filantes de novembre et de décembre 1861, par M. Herrick, 127; observations de la lune et des étoiles de culmina- tion lunaire, faites à l'observatoire royal de Bruxelles en 1860 et 1861 (suite), par M. Ern. Quetelet, 134; méthode pour mesurer la parallaxe horizontale des astres, par M. Houzeau, 252; lettre de M. Herschel sur les nébuleuses, 445. B. Biographie. — Annonce de la biographie de Ph. Verheyen, par le Cercle archéologique du pays de Waes, 220, 579; vie et travaux de N. Cley- naerts, par M. Thonissen, 559; le feld-maréchal prince Charles-Joseph de Ligne, par M. Gachard, 579; rapport annuel de 1862 sur les travaux de la commission de la Biographie nationale , par M. Éd. Fétis, 646. Botanique. — Notice concernant quelques plantes rares de la flore de Ia Belgique, par M. A. Wesmael, 44; rapport de M. Kickx sur cette notice, 5; observations tératologiques par M. A. Wesmael, 568 ; rapport de M. Kickx sur cette notice , 291, TABLE DES MATIÈRES. 675 C. Caisse centrale des artistes belges. — Situation administrative et finan- cière, par MM. Braemt et Ed. Fétis, 76,212, 417. Chimie. — Sur l’origine de l'électricité dans les piles, par M. Martens, 36; note sur l’action de l’iode sur quelques sulfures organiques , par MM. Kekulé et Linnemann, 156; sur les dérivés pyrogénés de l'acide ma- lique et de l'acide citrique , par M. Kekulé, 541 ; rapport de M. Stas sur cette notice, 225. Commission des monuments de la littérature française. — Sur le recueil des anciens monuments, par M. Kervyn de Lettenhove, 54. Commissions. — Jury chargé de décerner le prix quinquennal des sciences naturelles pour 1862, 110,194, 220; rapport annuel de 1852 sur les travaux de la commission de la Biographie nationale, par M. Éd. Fétis, 646. Concours de la classe des lettres. — Résultats du programme de 1862 et nomination des commissaires , 175; rapports de MM. de Ram, De Smet et le baron de Saint-Genois sur la première question relative à Miraeus, 489,491,495; de MM. David, Grandgagnage et Gachard sur la quatrième question de ce concours (Joyeuse-Entrée), 497, 507, 509 ; de MM. Faider et Devaux sur la sixième question de ce concours (régime des corpora- tions }, 520 ; proclamation des noms des lauréats, 639. Concours extraordinaires. — Résultats du concours ouvert pour la ques- tion sur l’origine des Carlovingiens et nomination des commissaires , 174; rapports de MM. Kervyn de Lettenhove et le baron de Gerlache sur ce concours , 221, 532; résultats de ce concours , par M. Kervyn de Let- tenhove, 656; proclamation des noms des lauréats, 659; résultats du concours ouvert par la ville d’Ypres, 486. D. Dons. — Ouvrage par M. Ad. Quetelet, 2; par M. Mailly, 2; par MM. de Ram, Gachard, Borgnet et Roulez , 535; médaille par l’Académie de Mu- nich, 65 ; ouvrage par M. F. Fétis, 65; par M. le Ministre de l’intérieur, 110, 172, 194, 205, 440, 487; par MM. Polain, Thonissen et Serrure, 204; par MM. Van Hasselt et de Coussemaker, 211; par M. le comte de Montalembert, 578; par M. Chalon , 488 ; par M. de Coussemaker, 642 ; d'une photographie par M. Alvin, 645. 67% TABLE DES MATIÈRES. E. Élections. — M. Wesmael élu directeur pour 1863, 7; M. Leclereq élu di- recteur pour 1865, 65 ; M. Leclercq élu membre de la commission admi- _ nistrative pour 1862, 63; M. Van Hasselt, nommé président pour 1862, 64; M. Éd. Fétis élu directeur pour 1865, 101 ; MM. Balat, Payen et le chevalier de Burbure élus membres, 101; du comité de présentation chargé de présenter les candidats aux places vacantes dans la classe des lettres, 175 ; M. Lôüher élu associé, 577. G. Géologie. — De l'âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil près de Gembloux, par M. Malaise, 168; rapport sur cette notice, par M. De- walque, 118; notice sur le système eifélien dans le bassin de Namur, par M. Dewalque, 146; sur la non-existence du terrain houiller à Menin, par M. Dewalque , 201; description de deux coupes faites à travers les couches des systèmes scaldisien et diestien, ainsi que les couches supé- rieures près de la ville d'Anvers, par M. Dejardin, 470; rapports de MM. Nyst et d'Omalius sur cette notice , 441, 445. H. Histoire. — Notice sur une collection manuscrite de documents concer- nant la révolution brabanconne et la restauration autrichienne, qui est conservée aux Archives du royaume, par M. Gachard, 58; rapports de MM. Roulez, Borgnet et Wauters sur la carte des Gaules, 579, 387, 590; la dernière sibylle, par M. Kervyn de Lettenhove , 405; annonce de la découverte des Commentaires de Charles-Quint, par le même, 488; rap- ports de MM. de Ram, De Smet et le baron de Saint-Genois sur la pre- mière question du programme de concours de la elasse des lettres ( Mi- raeus), 489, 491, 495; rapports de MM. Pavid, Grandgagnage et Gachard sur la quatrième question de ce concours (Joyeuse-Entrée), 497, 507, 509 ; rapports de MM. Faider et Devaux sur la sixième question de ce concours (régime des corporations), 520 ; de MM. Kervyn de Lettenhove et le baron de Gerlache sur le concours extraordinaire relatif à l’origine belge des Carlovingiens , 521, 552. Histoire littéraire. — Notes sur l'histoire littéraire du moyen âge, par M. Kervyn de Lettenhove , 175. TABLE DES MATIÈRES. 67) L. Litterature flamande. — Arrèté royal accordant à M, Sleeckx le prix pour la deuxième période triennale de littérature dramatique, 640. Littérature francaise. — Sur le recueil des anciens monuments de Ja lit- térature francaise en Belgique, par M. Kervyn de Lettenhove, 54, M. Meteorologie et physique du globe. — Rapports de MM. Duprez et Ad. Que- telet sur une note relative aux tremblements de terre en 1859, par M. A. Perrey, 5; aperçu par M. Ad. Quetelet de son mémoire sur la physique du globe, 7 ; observation d’un bolide à Louvain, par M. Florimond, 110; sur le magnétisme et sur l'électricité statique êt dynamique pendant les orages, lettres par MM. Secchi et Ad. Quetelet, 195; sur les paraton- merres , notice par M. Duprez, 227; de la variation annuelle de Fincli- haison et de la déclinaison magnétiques, à lobservatoire royal de Bruxelles , depuis 1827 jusqu'à ce jour, par M. Ad. Quetelet, 228; lettre de M. Kaemtz sur les discordances des observations hygrométriques , 446; lettres de M. Kreil sur les variations périodiques de l'atmosphère, d’après les observations faites en Autriche et les pays environnants, 448. Musique. — Rapport de M. F. Fétis sur la question de l’abaissement ou de la fixation du diapason musical, 65 ; conmunication verbale de M.F. Fétis sur la découverte des œuvres de Mathias Vanden Gheyn, 215; aperçu sur l’ancienne corporation des musiciens instrumentistes d'Anvers dite de Saint-Job et de Sainte-Marie-Madeleine, par M. de Burbure, 417; annonce de la formation de la commission chargée de proposer un dia- pason uniforme, 642. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Laboureur, 64; de M. Baron, 416. 0. Ouvrages présentés. — 102, 188,215, 451, 658. P. Paléontologie. — Voir Zoologie. Phénomènes périodiques. — Dépôt des observations faites en 1861 el en 1862, 2,110, 194, 228, 440. 676 TABLE DES MATIÈRES. Philologie. — Un mot encore sur l’étude du latin, par M. Baguet , 205. Physiologie. — Lettre de M. Valentin sur les phénomènes physiologi- ques , 8. Physique. — Rapport de M. Plateau sur un mémoire de M. Bède renfer- mant des recherches sur la liaison entre les phénomènes de capillarité et d’endosmose, 111; sur un mode particulier de production de bulles de savon, par M. Félix Plateau, 286. Rapports. — De M. Kickx sur une notice concernant quelques plantes rares de la flore de la Belgique , par M. A. Wesmael, 5; de MM. Du- prez et Ad. Quetelet sur une note de M. A. Perrey relative aux tremble- ments de terre en 1859, 5; verbaux de MM. F. Fétis et Daussoïigne-Mé- hul sur une partition de M. Radoux, 65 ; de M. Plateau sur des recherches sur la liaison entre les phénomènes de capillarité et d’endosmose, par M. Bède, 111; de MM. Van Beneden et Gluge sur un mémoire de M. d'Udekem, contenant la description des infusoires de la Belgique, 118; de M. Dewalque sur une notice de M. Malaise relative à l’âge des phyllades fossilifères de Grand-Manil près de Gembloux, 118 ; verbal de M.Stas sur une notice de MM. Kekulé et Linnemann relative à l’action de l’iode sur quelques sulfures organiques , 122; verbaux de MM. Schaar et Ad. Quetelet sur un mémoire de M. Liagre relatif aux institutions de : prévoyance en général et les assurances sur la vie en particulier, 195; sur une note de M. A. Wesmael relative à des observations tératologi- ques , 221; de M. Stas sur une notice de M. Kekulé relative aux dérivés pyrogénés de l'acide malique et de l’acide citrique, 225; verbaux de MM. Schaar, Timmermans et Lamarle sur un mémoire de M. Steichen relatif au calcul des variations, 226, 444; de MM. Roulez, Borgnet et Wautres sur la carte des Gaules, 579, 587, 590; de MM. Nyst et d’Omalius sur une notice M. Dejardin relative à la constitution géo- logique d'Anvers, 441, 445; verbaux de MM. Timmermans et Lamarle, sur des notes de M. Loxhay relatives aux logarithmes et à la théorie des surfaces, 444; de MM. de Ram, De Smet et le baron de Saint-Genois sur la première question du programme de concours de la classe des lettres(Miraeus), 489, 491, 495; de MM. David, Grandgagnage et Gachard sur la quatrième question de ce concours (Joyeuse-Entrée), 497, 507, 509 ; de MM. Faider et Devaux sur la sixième question de ce concours (régime des corporations), 520 ; de MM. Kervyn de Lettenhove et le ba- ron de Gerlache sur le concours extraordinaire relatif à l’origine belge TABLE DES MATIÈRES. 677 des Carlovingiens, 521, 552; verbaux de MM. Roelandt, Partoes et Balat, sur un mémoire de M. Ducpetiaux relatif à la construction des prisons cellulaires, 645. Z. Zoologie. — Sur. l'éclosion d'un insecte périodique à New-Haven par M. Herrick, 154; synopsis des agrionines (suite), par M. Selys - Long- champs, 288; sur les Sacculina , lettre de M. Gerbe, 559; sur le Rhy- tina stelleri, par M. Van Beneden, 540; lettre de M. P. Gervais sur les squalodon , 462. s \ ‘ - ri. e } : Û . 3 F. « e * : ? \ Li ' N . . , «, 1 ; 7: 4. . ! mi L (l i L Mai LR PT NÉ { FPREON l Dal a! * WE DL, k è Qu ‘ 8 s S ; # 1 ” L L à 4 x 1: = ? ' mie. > NSP 5 av BU À DAT CPE ! i Le Fe \ nf à fa \ + TT * * 2° ; l'y / ' { ñ AT À 1: ] ré te. " ML é 4. nn 4 j 4 " pe ?. _ 14 « re | "af à ’ L MU * AUTRE ARE ; aa A We . « Ne LA ATI " ; pu M PERTE 1 Û Tu L''POL 4 Frn'a ADP EE " W Li CA LM LA Ce "4 4 i À, è AA He # LUPe W 1 LA SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES LULU 3 9088 01300 2217