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Moiitigny, Sleichen, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alb. Briart et F. Plateau, membres; Th. Schwann, E. Catalan et Aug. Bellynck, associés; J. De Tilly, F. Crépin, F.-L. Cornet, correspon- dants. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 1 ( 2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de rintérieur offre, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la deuxième édition du Traité théorique et pratique de la fabrication du fer et de l'acier, par B. Valerius. — Remercîments. — La Société géologique de Belgique annonce qu'elle vient d'ouvrir une souscription pour élever un monument à feu J.-B.-J. d'Omalius. Elle prie l'Académie de bien vou- loir désigner un membre de la classe des sciences pour faire partie du comité d'exécution. La classe nomme M. P.-J. Van Beneden. — La Société impériale des naturalistes de Moscou an- nonce qu'elle se propose de célébrer, le 15 octobre pro- chain, le cinquantième anniversaire du doctorat de son président actuel, M. le conseiller privé chevalier Alexandre Fischer de Waldheim . Les félicitations de l'Académie seront adressées à ce savant. — Le bureau de l'Association française pour l'avance- ment des sciences annonce l'ouverture de sa quatrième session à Nantes, le 19 août prochain. — Le congrès international des Américanistes invite l'Académie à prendre part à sa première session , qui s'ouvrira en juillet à Nancy. — M. Cavalier transmet son résumé météorologique pour Ostendc pendant le mois de juin 1875. (5) M. Catalan fait hommage, au nom de M. Chasios, associé de la classe, de la nouvelle édition de son mémoire Sur les méthodes en géométrie, mémoire qui a été cou- ronné par TAcadémie en 1829 et qui vient d'être réim- primé par M. Hayez. M. Schwann offre un exemplaire de sa brochure inti- tulée : Mein Gutachten iiber die Versiiche , die an der Stigmatisirten Louise Lateau am ^6. Màrz i869 ange- stelt ivurden. In-8°. M. P.-J. Van Beneden fait hommage d'une brochure intitulée : Un oiseau fossile nouveau des cavernes de la Nouvelle-Zélande. In-8°, Des reraercîments sont votés pour ces dons. — Les établissements scientifiques suivants adressent leurs dernières publications : Les Sociétés des sciences de Batavia et de Bordeaux; la Société des Antiquaires de France, celles d'agriculture et de météorologie du même pays; la Société des sciences naturelles de Coire, le bureau de statistique de Pesth, la Société zoologique de Frankfort S/M, l'Université impériale de Kazan, l'Aca- démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, les Observatoires de Saint-Pétersbourg, de Puikowa, d'Oxford, de Greenwich et du cap de Bonne-Espérance; la Société philosophique et littéraire de Liverpool, les Sociétés d'as- tronomie, de chimie, de géographie, de géologie et de statistique de Londres, la Société royale d'Edimbourg, les Sociétés géologiques de Glasgow et de Dublin; le Comité géologique de l'Inde, l'Institut Lombard de Milan et la Société des sciences naturelles de la même ville; la Société de géographie de Mexico, l'Institut géographique de Rio- Janeiro. (4) Les établissements scientifiques et associés suivants adressent des lettres de remercîments pour le dernier envoi annuel de publications académiques. La Société entomologique italienne à Florence; M. Par- latore, associé, à Florence; la Société de physique et d'histoire naturelle de Florence; l'Observatoire naval de Washington, la Smithsonian institution de Washington; l'Office du Chirurgien général des États-Unis; l'Académie des sciences de Saint-Louis et l'Institut géologique de l'Inde, à Calcutta. — La classe renvoie à l'examen de commissaires les communications suivantes : 1" Sur le calcul numérique {Fragment II), par J.-C. Houzeau. — Conmiissaires : MM. Folie , Catalan et Liagre; 2° Sîir quelques plantes fossiles de l'étage du poudingue de Burnot, par M. A. Gilkinet. — Commissaires : MM. De- walque, de Koninck et Bellynck. o° : L — Détermination, dans la surface réciproque d'une surface S douée de points multiples, du degré de la courbe double et de celui de la courbe de rebroussement ; IL — Sur la détermination des singularités de la courbe d'intersec- tion de deux surfaces qui ont en commun /7. points mul- tiples, u. étant égale ou inférieure à L, par M. L. Saltel. — Commissaires : MM. Folie et Catalan. ( ^) RAPPORTS. MM. Catalan et Folie donnent lecture de leurs rapports sur le travail de M. Paul Havrez concernant les transcen- dantes X : y-i yx et sur celles qui s'en déduisent. — Communication de ces rapports sera faite à Fauteur avant de prendre une réso- lution à l'égard de son travail. — MM. Folie et Catalan font un rapport verbal sur les communications suivantes de M. Saltel : 1° Détermination, dans la surface réciproque d'une surface S douée de points multiples , du degré de la courbe double et de celui de la courbe de rebroussement; 2° Sur la détermination des singularités de la courbe d'intersection de deux surfaces qui ont en commun i^ points multiples , f/ étant égale ou inférieure à L. Conformément à Tavis favorable des deux commissaires, ces notes prendront place dans le Bulletin de la séance. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Emm. Liais adresse une note sur la parallaxe du soleil. [I rappelle qu'il a obtenu, par l'opposition de Mars observée en 1860 à Rio de Janeiro, la valeur 8",760; il (6) fait remarquer l'accord qui existe entre ce résultat, les valeurs de l'aberration obtenues par Struve, Lindenau, Peters et Lundahl, et la nouvelle détermination de la vitesse de la lumière faite par M. Cornu. ïl se propose de profiter, pour de nouvelles déterminations de la parallaxe solaire, des oppositions de iMars qui auront lieu cette année el en 1877 dans des circonstances favorables. Il croit cette méthode supérieure à celle des passages de Vénus. Note S2ir les procédés insecticides du Drosera rotundi- FOLiA L.; par M. Edouard Morren , membre de l'Aca- démie. Depuis la rédaction de ma note sur le Pinguicula lougi- folia, j'ai observé les procédés insecticides du Drosera rotundifolia, une des plantes les mieux caractérisées parmi celles qu'on appelle carnivores. On sait qu'elle croît en abondance, entre les Sphaignes, autour des ruisseaux tourbeux de l'Ardenne et de la Campine , mais j'ai pu m'en procurer sans aller les chercher aussi loin, dans les serres de M. Oscar Lamarche-de Rossius, à Liège, qui emploie cette mousse pour l'entretien de la précieuse collection d'orchidées exotiques qu'il a réunies. Les Drosera mé- langes aux Sphagnum se plaisent en serre chaude : on peut faire observera ce propos qu'ils se développent pen- dant les plus fortes chaleurs de l'année, en plein soleil, et qu'ils se plaisent dans la température élevée qu'on entre- tient dans les serres. Les Drosera sont jusqu'à un certain point des végétaux de la zone tempérée fraîche qu'on (7) pourrait ranger dans la catégorie de ceux que M. A. de Candolle a nommés mégathermes. Je fis choix d'un beau Drosera rolundlfolia dont la jolie rosace foliaire s'épanouissait sur un frais tapis de mousse verdoyante. Deux faibles moucherons, des diptères, avaient déjà été saisis, emprisonnés et détruits. Le 8 juin , vers une heure après-midi, je m'emparai d'une petite mouche, un peu forte, longue de 4 millimètres environ, et, après lui avoir légèrement écrasé le corselet pour la mettre hors d'état de fuir, je déposai cette innocente victime de mon zèle pour la science , sur une feuille bien étalée du Drosera. On sait que le disque de ces feuilles est arrondi, un peu creusé en bassin, large tout au plus d'un centi- mètre quand il est parfaitement développé et tout hérissé sur les bords et sur la face supérieure de prolongements minces et déliés qui se terminent par un renflement glan- duleux; les plus longs atteignent bien trois millimètres: ce sont ceux des bords qui, à l'état inactif, sont étalés comme des cils, tandis que les autres sont dressés sur la feuille. La structure de ces petits organes , entrevue par Meyen , en 1857 (1), a été mieux élucidée , en i85o , par M. J. Groenland (2) et par M. Trécul (3) qui en a donné de belles figures bien détaillées. Elle est si compliquée qu'on ne saurait les considérer comme de simples poils, c'est-à-dire comme n'étant autre chose que des dépen- (1) F.-J.-F. Meyen, Ueber die Sécrétion Organe der Pflanzen, pi. Vï, fig 16. (2) J. Groenland , Note sur les organes glanduleux du genre Drosera, Ann. des sciences nat., 1853, III, 297. (3) A. Trécul, Organisation des glandes pédicellées des feuilles du Drosera rotundifolia, dans les Ann. des sciences nat., 1853, III, p. 303- (8) dances de l'épiderme : ils sont en communication avec le réseau vasculaire du parenchyme au moyen d'un faisceau de trachées qui les taversent de part en part. Ce sont des glandes pédicellées ou , si l'on veut , des lobes des organes foliacés des Drosera. Les observations que nous avons lues sur ces organes ne font pas suffisamment ressortir les différences qui existent entre eux. On doit distinguer en effet entre ces glandes marginales, les glandes inter- médiaires et les glandes centrales. Les glandes marginales sont les plus belles et les mieux développées : leur pédicelle s'atténue en un col mince et délié (fîg. i) : il porte des stomates enchâssés dans son épiderme, en grand nombre et à large ostiole (fig. 2), et, de plus, de petits organes papilleux, singuliers, que Meyen (/. c, fig. 16, litt. a, b, c) et M. Trécul (/. c, planche X, fig. 3, litt. d) semblent considérer, mais avec une certaine hésitation, comme des poils rudimentaires, et sur la nature desquels nous ne nous prononçons pas encore d'une manière définitive : ils nous ont paru être béants à leur sommet et, par leur base, ils sont en com- munication indirecte avec les vaisseaux trachéens qui parcourent l'axe du pédicelle (fig. 5) : celui-ci, long de trois millimètres, s'amincit en un col flexible et délié, et se termine en une glande épaisse, en forme de spatule allongée, plane, de couleur rouge (fig. 4), sauf la base qui est verte. L'épiderme est constitué par des cellules hexagonales remplies d'un liquide rouge et de granules qui sont teints de la même couleur : à la base seulement se trouvent des cellules à chlorophylle. A l'intérieur, on voit un massif de cellules beaucoup plus grandes, de nature inenchymateuse, c'est-à-dire à paroi épaissie sui- vant un filigramme élégant et varié (fig. 5), faiblement (9 ) coloré en rose : ces cellules isolées (lig. 6) font voir des stries anastomosées ou interrompues, transversales et claires. Ces glandes sécrètent une humeur hyaline et très- visqueuse qui les enveloppe : nous avons constaté qu'elle ne rougit pas ordinairement le papier de tournesol. Les glandes intermédiaires ont le pédicelle plus court et moins délié; la glande est plus épaisse et arrondie en forme de disque (fig. 7). On peut remarquer qu'elles sont alternes avec les premières ; mais leur structure anato- mique est, en général, la même. Enfin, les glandes médianes sont plus courtes encore (fig. 8) : elles n'ont point de trachées, mais seulement quelques cellules fines et allongées et leur tête n'est plus rouge. L'épiderme de la feuille est riche en grains de chlorophylle qui bleuissent au contact de l'iode : je n'y ai pas vu de stomates (l). Les remarquables organes des Drosera sont des dépen- dances du feuillage. Auguste de Saint-Hilaire et M. Naudin ont vu , il y a longtemps déjà, en 1840 (2), les feuilles d'un Drosera produire des bourgeons qui provenaient peut-être d'une transformation de ces appendices. Les glandes mar- ginales peuvent s'ouvrir par la rupture de leur épiderme : ce phénomène serait exceptionnel au dire de M. Groenland ou bien habituel, s'il faut en croire M. Trécul, et nous sommes de son avis. Quoi qu'il en soit , la distance morphologique entre ces (1) M. G. Smith a fait connaîlre il y a peu de temps la structure des glandes du D. dichotoma {Gard. Chr^ 1873, 140-2 , c. le.) : elle est essen- tiellement la même que celle du D. rotundifolia. (2) Naudin, Noie sur des bourgeons nés sur une feuille de Drosera , Ann. des sciences nat., 1840, XIV, p. 14. ( 10) glandes sétiformes et l'urne glanduleuse et pédicellée des Népenthes n'est pas aussi grande qu'on pourrait le croire à première vue : au contraire, l'homologie est frappante : Griffith (1) et M. J.-D. Hooker (2) ont établi depuis long- temps « que l'appareil si remarquable qui termine certaines feuilles, dans les Népenthes, avait pour point de départ une simple glande située sur un prolongement de la ner- vure médiane. » Il nous suffît de constater l'unité de plan pour qu'elle s'impose par la force de l'évidence. D'ailleurs on aurait tort de se figurer l'ensemble du genre Drosera par nos seules espèces indigènes : on en connaît mainte- nant une centaine d'espèces, disséminées sur le globe, sur- tout dans l'hémisphère austral , au Cap, à Madagascar et en Australie, où il en est qui sont grandes et caulescentes. Toutes sont munies des glandes caractéristiques. Les questions de structure étant ainsi élucidées, reve- nons à notre mouche que le 8 juin nous avons sacrifiée sur l'autel de la science et que nous avions posée délica- tement sur une feuille de Drosera. L'excitabilité des glandes ne se manifeste pas avec viva- cité chez nos Drosera indigènes, mais on a eu tort de la révoquer en doute (5). Au bout d'une heure environ, les glandes marginales commencèrent à se ployer doucement de haut en bas : c'est dans le col que se manifeste d'abord (1) Griffith, Journal of Nalural Hislonj, de Calcutta^ 1843, p. 231. (2) J.-D. Hooker, Note sur l" origine et le développement des urnes, dans les Népenthes, Ann. des sciences nat., 1859, XII, p. 222. (3) L'excitabililé des feuilles de Drosera a été prouvée par Roth, Beitr. zur Bot., I, 1782, p. 60, et in Roemer et Usler, Mag. fUr die Bot. il, 2 (1787), p. 27. Elle a été plus récemment étudiée par le D"- Tli. Nitschke : Ueber die Beizbarkeit der Blaettes von Dr. rotundifolia L. in Bot. Z ci t., 1860, p. 229. ( H ) la courbure et elle se propage vers la base où elle esl la plus prononcée : les glandes intermédiaires se mirent plus lard en mouvement. Le lendemain matin toutes les glandes étaient couchées sur la mouche : les bords mêmes du limbe foliaire étaient reployés : la mouche se trouvait empri- sonnée sous un treillage, comme dans un garde-manger. Aucun mouvement ne se manifesta pendant deux ou trois jours, après lesquels, la mouche étant d'ailleurs desséchée, les glandes se relevèrent petit à petit. Dans l'intervalle, je déposai de petits fragments de viande ou de blanc d'œuf sur d'autres feuilles; des mouvements se manifestèrent, mais, pendant la nuit , des fourmis et des cloportes vinrent faire rapine et maraude dans mon expérience. Je laissai les choses dans cet état jusqu'au dimanche 15 juin: ce jour-là, ayant un peu de loisir, je voulus poursuivre mes investigations microscopiques. J'allais donc soulever les débris de la mouche, quand je remarquai sur une autre feuille, un malheureux puceron qui venait d'être saisi, à la tête, par une glande marginale ; cette glande, comme une langue papilleuse et gluante, s'était étroitement appliquée sur Tinsecte, entre ses deux an- tennes : il pouvait être 11 heures du matin. Observée sous le microscope, cette lutte offrait un spectacle fantas- tique et sans exemple. Le puceron se démenait de tous ses membres, mais le col de la glande ployait sans se rompre : on aurait dit les mouvements d'une couleuvre. Bientôt les glandes voisines et celles du deuxième rang se ployèrent vers l'insecte , le touchèrent de leur tête et le couvrirent de leur bave qui semble devenir plus abon- dante pendant cette période d'excitation. Rien ne put vaincre leur étreinte implacable : vers 2 heures, le puceron demeura immobile et la victoire était restée à la ( 12 ) plante. Outre les mouvements ondulatoires du col, ce qui me frappa le plus dans cette observation, furent les mou- vements de la glande elle-même : on dirait une langue animale saisissant une proie; elle se courbait et se con- tournait sur sa face supérieure avec une facilité prodi- gieuse (fig. 12, 15, 14). Elles constituent, à n'en pouvoir douter, de véritables organes de préhension et leur moti- lilé est la plus phénoménale que nous connaissions dans le règne végétal. Après avoir joui de ce spectacle bien autrement inté- ressant qu'une lutte de toréador et avoir mentalement applaudi au triomphe de la plante, je revins à ma pauvre mouche. Je me pardonnai à moi-même ma cruauté envers elle, quand je la comparai aux vaines tortures sous les- quelles un chétif puceron avait fini par succomber par le seul jeu des harmonies de la nature. La mouche était sèche, vide; nulle humeur ne la retenait contre la feuille. Mais en raclant la surface contre laquelle elle avait reposé et en observant le produit sous un objectif suffisant, je constatai la présence de tout un lacis mycélien (fig. 15) dont les filaments enchevêtrés formaient un réseau arach- noïde interposé entre l'insecte et la plante (fig. 16). Le résultat de cette observation est donc le même que celui auquel j'ai été conduit par le Pinguicula : d'une part, un appareil insecticide efficace et énergique, une organisation remarquable par ses glandes, ses larges sto- mates, ses beaux vaisseaux et,d'un^utre côté, la décom- position la plus simple et la plus naturelle des insectes, victimes de cette cruauté qui paraît inutile. En effet, rien ne nous a fait voir ni digestion , ni absorption des produits de la décomposition. Ici un obstacle est même interposé entre sa proie et son bourreau. Il y a là une contradiction /htl/ei.2',ye7\l.:XL. -_J '.Mo7-7'e^^ àle.lz:",^. ^■"'.I^etoUerî-i-xere- utk^. Drosera rotiiiiclifolia. ( 13 ) sinon dans la nature, au moins dans ce que nous en con- naissons. Je n'ai d'ailleurs conslalc ici, non plus que chez les Pinguicula, nulle relation entre l'abondance de la chasse et le développement de mes Droscra : je dois déclarer, il il est vrai, que ceux-ci furent peu nombreux et qu'en général on trouve beaucoup d'insectes tués sur les feuilles de nos Drosera indigènes. Dans d'autres espèces , l'excita- bilité est beaucoup plus active et les formes du feuillage sont des plus étranges. M. J.-E. Planchon a publié en 1848 (I) une monographie des Droséracées qui contient les renseignements les plus intéressants sur la structure des espèces australes. Relation de coups de foudre; par M. G. Devvalque, membre de l'Académie. Au moment où la question des paratonnerres nous préoccupe à juste titre, j'ai pensé qu'on ne verrait pas sans intérêt l'exposé de deux accidents sur lesquels j'ai pu me procurer des informations détaillées. Coup de foiuhe à Liège. Un violent orage éclata sur la ville de Liège et les envi- rons, pendant une averse, le 18 juin 1875, vers cinq heures et demie du soir. Le coup de foudre dont je viens faire connaître les effets, est difficile à décrire, dans l'ignorance (1) J.-E. Planchon, Sur la famille des Droséracées , ânn des sciences NAT., 1848, t. IX, p. 79 et spécialement p. 81. (14) OÙ nous sommes clé la direction qu'il a suivie; je me hâte de dire que, si la marche que je vais indiquer ne me paraît point à l'abri de toute contestation, bien qu'elle repose sur les témoignages recueillis sur les lieux, la circonstance que le fluide électrique aurait suivi une autre direction n'influe en rien sur les réflexions que chacun pourra faire à l'occasion des dégâts constatés. La foudre est donc tombée à l'angle de la rue des Guil- lemins et de la place de la Station, sur l'hôlel de Paris, à environ 4o mètres du bâtiment de la gare, 60 mètres du paratonnerre de ce bâtiment et 80 mètres de celui qui surmonte la charpente métallique de la toiture de la gare. Une horloge électrique se trouve fixée à l'angle de la maison susdite; le fll conducteur est accroché à un isola- teur situé à environ 1 mètre en contre-bas du toil. Un fil de terre, renfermé vers le bas sur plus de o mètres dans un tube métallique, mettait autrefois cette horloge en communication avec le sol. Depuis plus d'un an ce fil a été coupé à peu de dislance de l'horloge (environ 50 centi- mètres); son extrémité supérieure arrive à la hauteur d'un store, abrité par une petite toiture en zinc. Une décharge s'est faite entre ce fil de terre et l'horloge, qui a été mise hors de service; cette décharge est encore marquée aujour- d'hui par une large trace noire, et le plâtras formant l'angle de la maison a été ébréché par le passage de l'étin- celle. Une autre décharge s'est effectuée sur le zinc for- mant abri au store; un fragment de cette toiture, de plus d'un mètre de long, a été brisé et enlevé. Comment la décharge s'est-elle faite? A ce qu'on dit généralement, la foudre se serait jetée sur le fd accroché près du toit; une partie serait descendue sur l'horloge, puis, par l'ancien fil de terre, dans le réservoir commun ; ( is ) une autre partie, sous la forme d'un globe de feu, dit-on, aurait suivi le fd conducteur pour produire les dégâts que nous allons voir. De l'hôtel de Paris, le fluide électrique suivit le fd con- ducteur des horloges sur une distance de 7o mètres, jusqu'à la maison n" 89 de la rue des Guillemins , où ce fil est accroché à un isolateur placé comme le précédent un peu au-dessous du toit, puis se détache pour traverser la rue sous un angle de oO*' et continuer dans une autre direction. Une partie de la décharge suivit ce fd et alla mettre hors de service une horloge située à plus de 500 mètres de là. Beaucoup d'horloges furent arrêtées ou endommagées; je n'entrerai dans aucun détail sur ce point. J'avais demandé des renseignements à notre honorable confrère M. Gloesener; il m'a fait savoir qu'il comptait en entretenir l'Académie aujourd'hui même. En arrivant à la maison n" 89, une partie du fluide se jeta sur le tuyau de décharge des eaux pluviales du n" 91 , tuyau qui fut mis hors de service sur 1 mètre de long, environ, entre le toit et le fil de l'horloge. Le reste, conti- nuant sa roule, arriva à l'autre extrémité de cette maison, et se jeta tant sur le chenal métallique du toit que sur le tuyau de décharge. Le chenal fut fortement endommagé et beaucoup de tuiles de la toiture furent brisées; le tuyau de décharge fut brûlé en plusieurs points à la hauteur du fil, et mis hors de service sur 30 centimètres environ. Des- cendant le long de ce tuyau, la foudre arriva vers le bas du premier étage de la maison n"" 87, l'hôtel du Midi. A cette hauteur se trouvait un store relevé, enroulé sur une tige de fer longeant toute la maison, et soutenu à son bord inférieur par une autre tige de fer d'un calibre moitié moindre. Cette dernière se trouvait sans doute plus voisine ' du tuyau : la foudre abandonna ce dernier en y produisant ( 16) une quantité de petits trous que l'on voit encore, entourés d'une aréole noire; une petite partie se jeta sur la toitifre en zinc qui abrite le store, en écornant une brique sur son passage; le reste se porta sur la tige métallique dont nous venons de parler, la suivit sur environ 2 mètres, puis se jeta sur l'autre tige, en traversant? ou 8 doubles de toile, auxquels elle a fait des trous de plusieurs centimètres de diamètre et mis le feu. En même temps 7 carreaux de vitre du rez-de-chaussée volaient en éclats, au grand effroi des personnes de l'hôtel. Continuant sa route le long des barres de fer du store, la foudre arriva à l'autre extrémité de la maison, où elle trouva le tuyau de zinc servant à la décharge des eaux pluviales et recevant un petit tuyau venant du balcon, ainsi qu'un tuyau de fer amenant le gaz de l'intérieur de l'hôtel à une lanterne fermée par deux grandes glaces ovales et faisant saillie d'un mètre à peu près sur la rue. Elle quitta alors les tiges pour se jeter, à une dislance de 15 à 20 centimètres, sur le tuyau de zinc, dont elle emporta de nombreux fragments. Descendant ensuite environ 50 centimètres, une partie de la décharge contourna l'angle de la maison en arrachant une bonne partie de quatre briques qui allongeaient sa route et, se jetant sur le tuyau à gaz, et de celui-ci sur la cage métallique de la lanterne, cage à laquelle elle fit un trou rond, de la gran- deur du doigt, à bords repoussés en dedans, elle fit voler les glaces en morceaux (1). Le reste de la décharge des- cendit dans le sol par le tuyau. 11 est probable que le (1) Les fragments de glace reslés en place muniraient de nombreuses fêlures rayonnantes. La lanterne , qui avait été peinte en rouge quelques mois auparavant, fut complètement noircie, mais non cependant sur toute lepaisseur de la couche de couleur rouge. ( i7 ) fluide électrique, en se jetant sur la garniture métallique de la lanterne, a donné lieu à une étincelle qui a brisé les glaces par suite de la dilatation de l'air. J'ai dit en commençant que la marche suivie par le fluide électrique était très-dilïicile à déterminer. Je devais faire un choix pour la clarté de ma relation : la direction que je fais suivre à la décharge est celle que m'ont indiquée plusieurs personnes de la localité. Je ne prétends point la garantir, mais je la crois la plus probable, bien que j'aie entendu dire que mon savant maître pensait autrement. En efl'et,jene trouve aucun argument pour attribuer à la foudre une marche inverse, c'est-à dire la faire tomber sur le toit du n° 87, descendre par le tuyau de décharge jusqu'à la hauteur du store, passer par les barres de fer de celui-ci sur le tuyau de la maison voisine, remonter jusqu'au toit, et se jeter en passant sur le fd des horloges, tout près du toit, pour continuer de là, en partie vers les horloges de l'intérieur de la ville, en partie vers celles de l'hôtel de Paris et de la station. D'une part, on n'a observé aucune trace du passage de la foudre depuis le toit du n" 87 jus- qu'au niveau des barres du store; de l'autre, le trajet ascen- dant de la foudre le long du tuyau de la maison 89 ne me paraît pas admissible. La foudre a écorné deux coins de murs, au n*^ 87 et à l'hôtel de Paris, et les dégâts sont beaucoup plus marqués sur le premier point; mais je ne crois pas qu'on puisse rien en induire, relativement à la marche qu'elle a suivie. Je serai sobre de réflexions : j'ai eu surtout pour but de fournir aux hommes compétents la relation d'un cas qui m'a paru présenter quelque intérêt et que j'ai, en consé- quence, observé avec soin. Je signalerai seulement quelques points. 2°"*^ SÉRIE, TOME XL. 2 (18) 1° La décharge qui s'est faite sur le tuyau à gaz n'a produit à l'intérieur de la maison aucun effet appréciable pour les habitants ; 2° Le mince fil de terre qui se trouvait à 50 centimètres de l'horloge électrique de l'hôtel de Paris, a suffi pour dériver vers le réservoir commun la partie de la décharge qui a foudroyé cette horloge; 3° La nécessité de relier aux conducteurs des paraton- nerres les masses métalliques situées dans leur voisinage me paraît bien démontrée ici ; 4° Le rôle des fils conducteurs des horloges et des télé- graphes électriques mérite toute attention. Pour terminer, je crois pouvoir ajouter quelques petits faits curieux, observés à l'occasion de ce coup de foudre. On assure que des ouvriers travaillant dans le jardin voi- sin, ont eu leurs outils arrachés des mains sans éprouver autre chose qu'une forte commotion. Un monsieur qui se trouvait à la fenêtre d'une maison voisine, un tire-ligne métallique à la main , se l'est vu enlever sans qu'on ait pu le retrouver. M. Pérard, professeur de physique à l'univer- sité de Liège, m'a rapporté avoir vu des ciseaux et autres outils de tailleurs de pierres, placés sur une pierre dans son jardin , se soulever en l'air à la hauteur de 50 à 60 cen- timètres, comme attirés par un fort électro- aimant, et émettre des aigrettes lumineuses. Coup de foudre de Grimonster. C'est, je crois, en i869, que la foudre frappa le château de Grimonster (Ferrières), appartenant à M. David-Fisch- bach-Malacord, dans les circonstances que je vais tâcher de décrire. (19) Le château est muni d'une tour centrale et de deux tou- relles, qui toutes les trois sont garnies de paratonnerres; les conducteurs, câbles en fil de fer galvanisé, viennent se réunir à l'angle du bâtiment, où ils sont mis en communi- cation avec les chenaux métalliques de la toiture et ils des- cendent de là dans un puits profond de 2 1/2 mètres , environ, ne servant à aucun autre usage, et renfermant de Teau chaque fois qu'on Ta ouvert. On a affirmé au proprié- taire qu'on s'était assuré qu'il y avait de l'eau le jour de l'accident; mais, en tout cas, on peut toujours être certain que le conducteur se termine dans une terre fortement humide. Le paratonnerre avait déjà été frappé avant l'acci- dent que je vais rapporter, et il avait bien fonctionné. Le point intéressant à noter, pour la disposition des lieux, est le suivant. En descendant du toit au puits, le conducteur rencontre à mi-hauteur une plate-forme de zinc. Le constructeur, M. Jaspar, de FJége, a coudé le con- ducteur pour le souder à la plate-forme métallique sur une longueur de 5 mètres environ ; un nouveau coude ramène le conducteur dans la verticale. A côté de cette plate-forme se trouve une toiture vitrée, dont la charpente de fer est en communication vers le haut avec la plate-forme, tandis que le bas, avec son chenal et un tuyau de décharge, est appuyé contre un autre bâtiment, renfermant les cui- sines, etc. Le tuyau de décharge des eaux pluviales recueillies sur la plate-forme et la toiture vitrée se trouve situé à l'angle de ce bâtiment. A l'intérieur de celui-ci et juste en face, séparé par un mur de 0",50, se trouve un robinet de distribution d'eau , terminaison d'une conduite en plomb longue de i,100 mètres, qui amène au château l'eau d'une source du voisinage et qui est constamment remplie d'eau. (20) Voici maintenant ce qui est arrivé. La foudre, étant tom- bée sur le paratonnerre, alla se jeter sur le robinet de la distribution d'eau, pour se perdre en terre le long de ce tuyau. Le trajet suivi est évident : la décharge électrique, arrivée au niveau de la plate-forme, aura, en tout ou en partie, suivi cette voie, puis la charpente métallique de la toiture vitrée et le tuyau de décharge des eaux, au haut duquel un petit éclat de zinc fut arraché ; elle descendit le long de ce tuyau et, arrivée en face de la distribution d'eau, elle se jeta sur elle au travers du mur, sans faire d'ailleurs d'autres dégâts qu'un peu de ciment enlevé entre les pierres. Ce fait se passe de commentaires. J'ajoute que le constructeur, averti de l'accident, se rendit sur les lieux et lit raccorder par une tige de cuivre d'un bon centimètre de diamètre, qui suit le trajet ci-dessus, la plate-forme, la toiture vitrée et la conduite d'eau. Sur la direction de r aiguille aimantée à Bruxelles , en i875; note par M. Ern. Quetelct, membre de l'Académie. Il arrive fréquemment que des renseignements sont de- mandés sur la direction de l'aiguille aimantée à Bruxelles. Je crois donc qu'il peut être utile de communiquer à l'Aca- démie les résultats obtenus cette année dans le jardin de l'Observatoire. L'inclinaison absolue a été déterminée deux fois; l'angle d'inclinaison a été trouvé égal à 66''o6'6 le 14 avril entre 10 heures et demie et midi et demi. BôooS'S le 22 mai entre H heures el midi. (21 ) ■ Pendant les dix dernières années, cet angle a donc diminué de 22'5 ou, en moyenne, de 2 minutes et un quart par année. Trois déterminations de la déclinaison magnétique ont conduit aux résultats suivants : 17o24'4 le 9 juin entre 11 heures et midi el demi. IT^SS'l le 25 juin entre 10 heures et demie et 11 heures et demie. IT^Se'S le 23 juin entre 2 et 3 heures (*). Le décroissement annuel est ici en moyenne de 8 mi- nutes el un quart. Il résulte, d'ailleurs, des données recueillies jusqu'ici que la déclinaison, dans le jardin de l'Observatoire, surpasse de 21,7 minutes celle que l'on obtient quand on observe dans les campagnes aux environs de Bruxelles. Observations par M. Gloesener, membre de l'Académie. J'ai lu à la page 487 du Bulletin du mois de mai der- nier, sous le titre de communications et lectures , une note dont je n'ai aucun souvenir qu'il ait été question à la séance de l'Académie, pas plus que de la présentation à la classe du météorographe de M. Van Rysselberghe. Il est vrai qu'ayant vu un appareil dans la grande salle et m'en étant approché, j'ai reconnu cet instrument qui le lendemain ne s'y trouvait déjà plus. Dans l'intérêt de la vérité que je ne puis cependant sacrifier à celui que j'ai toujours et en toute occasion (*) Cette observation a été faite par M. Hooreman. ( 22 ) hautement et activement témoigné à l'auteur, non plus que dans celui de la justice à rendre aux travaux anté- rieurs aux siens, je me vois forcé de faire toutes mes réserves au sujet de la fin de cette note dont je n'ai eu connaissance que par le Bulletin , lorsqu'elle était déjà imprimée, réserves dont je réclame l'insertion dans le prochain numéro du Bulletin. M. Gloesener annonce pour la prochaine séance une note sur certains effets produits par la foudre à Liège le 18 dernier, note qu'il s'était proposé de communiquer à la séance de ce jour, si le dessin qu'il avait fait faire pour la clarté du sujet ne lui était rentré trop tard pour ter- miner à temps ce travail. Sur la détermination des singularités de la courbe d'inter^ section de deux surfaces qui ont en commun y. points multiples, fx étant égal ou inférieur à 4 (*); par M. L. Saltel. En ayant égard aux trois théorèmes suivants et aux considérations exposées dans le chapitre II de notre mé- moire Sur de nouvelles lois générales régissant les surfaces à points singuliers, chapitre qui traite de la détermination des points simples communs à trois surfaces, on arrive facilement, comme on va le voir, à un théorème général (*) Dans une noie adressée à T Académie des sciences de Paris, séance du 24 mai 187o, nous avions déjà considéré un cas particulier du cas général où les deux surfaces ont quatre points multiples communs. (23) indiquant le rang de la courbe d'inlcrseclion de deux surfaces Mi, M^, d'ordres m, , m^j, qui sont les plus géné- rales de leur espèce (*) et ayant : 1" quatre points com- muns A, B, C, D respectivement multiples d'ordres («i , a^^ (6, , b.^,{c^ , C2), ((/|, d.^',^'' ( points de contacts ordinaires; 3*' (3 points de contacts stationnaires. Théorème I. — Si deux surfaces d'ordres mj, m.2 se coupent suivant des courbes 1|, 12,13, I4... , le rang de Vune d'elles, de \^ par exemple , est égal au nombre des points simples que cette courbe Ij a en commun avec une surface 1 d'ordre mi -+- m2 — 2, moins le nombre des points simples que cette même courbe Ij a en commun avec les autres I2, I5, T4 Théorème II. — Si les deux surfaces Mi , M^ en question ont en commun un point A respectivement multiple d'ordres a|, 83, la surface ^ a ce niême point pour point multiple d'ordre aj H- ag — 2. Théorème Ilï. — Si les deux surfaces M, , M2 ont sur la courbe Ii, t points de contacts ordinaires, et [3 points de contacts stationnaires, le rang de cette courbe I^ est diminué de 2t H- 5(3 unités. Pour bien préciser le sens du théorème général en question , il est besoin de rappeler une définition et une convention. Définition. — Nous disons que deux points A, B mul- tiples d'ordres a, 6, appartenant à une surface d'ordre m, n On dit qu'uue surface d'ordre m salisfaisant à certaines conditions données, est la plus générale de son espèce, lorsqu'on peut obtenir son équation en parlant de féqualion la plus générale d'ordre m, et en assu- jettissant seulement les coefficients de cette équation aux seules conditions exigées pour que les conditions indiquées soient remplies. (2i) forment une combinaison positive d'ordre To*, si dans l'égalité a -^ b =m -h T„é, la quantité T„ô est un nombre positif non nul; la combi- naison est nulle ou négative si T„i est nul ou négatif; Convention. — Les formules du théorème général sui- vant s'appliqueront à tous les cas possibles de fx égal ou inférieur à 4, si, toutefois, l'on convient de remplacer par zéro les valeurs des ordres des combinaisons des couples de points qui pour deux des trois surfaces M i, M2, sou pour toutes les trois, seraient négatifs dans les cas particuliers considérés. Théorèime général. — U intersection des surfaces Mj, Mj se compose : r Des six droites AB, AC, AD, BC, BD, CD que Von obtient en joignant deux à deux les points multiples A, B , C, D , ces droites étant d'ailleurs pour les deux surfaces respectivement multiples d'ordres (^) {Toiôp T„.2{,J, (Tajcp Ta^cjî (Toidj, In^rf-J) (*6ic,» *4jcJ> 2^ D'une courbe I d'ordre. ayant les points A,B, C,D multiples d'ordres (B) 6,62 — Tôjnj • Tft^a, — Ti^e, • Ti,c2 — '^^i'*» * '^«•5''* » (D) c^,f/j — Td,oi • Td.ai — Trfjij • Trfj6o — Trfjci • Trf.^cj » (2S) et dont le rang est marqué par V express ion. Tijcj •Tjjc^ *-b,di ' ^bidi *-cidi • '^c^d^) («1 -+- «2 2) [((iCli *-aibi ' Tojft.^ ^aici ' '^ajct ^aidi ' ^aîdt) — (6, -4-6^-2) {h A - T,^„^ . To,a, — T,^,^ . T,,e. — T,^a, • T,,,,) — («1-+- «2 — 2)(r/ia2 — T^rfiai • Trf,„j — irfiti'Trf^j.^ — irfjd • Td^cj) ~ 2 « — 5(3. A^o^a I. — Connaissant Vordi^e^ le nombre de points stationnaires (3, et le rang de la courbe I, toutes les autres singularités de cette courbe se calculeront immédiatement par les formules de M. Cayley. Nota II. — Si l'on suppose que les deux surfaces Mi,M2 soient uniquement assujetties à avoir les points multiples communs A, B, C, D, on a « = o, (3 = o; nous allons pré- senter dans cette hypothèse, trois applications des for- mules précédentes. APPLICATIONS. i" Deux surfaces du sixième ordre ont en commun quatre points A, B, C, D multiples du quatrième ordre^ et sont les plus générales de leur espèce; on demande le rang de leur courbe d'intersection. Dans ce cas particulier on a mi = nii = 6 , t = o, p = o, donc la formule [y) donne 56 — 6x4 = 12; (26) et la formule (0) donne i2x 10 — G X4-4 =24. 2° Deux surfaces du sixième ordre ont en commun deux points A, B multiples du quatrième ordre, et deux points C, D multiples du second, et sont les plus générales de leur espèce; on demande le rang de leur courbe d'intersection. Conformément à la convention, ici on doit poser T___ 1^ rp __^ rp rp rp rp rp bidi Icirfi '^c-idi 0. La formule [y) donne 56 — 4 = 32 ; et la formule (0) donne 10 X 32 — 2X0 X 12 — 2 X 2X 16 = 112. 3" Deux surfaces du sixième oindre ont en commun deux points k, B multiples du quatrième ordre et un troisième c du second ordre, et sont les plus générales de leur espèce; on demande le rang de leur courbe d'intersection. 11 n'y a qu'à supposer dans les formules relatives au problème précédent r/, = rf^ = 0. De la sorte la formule (y) donne 36 — 4 = 52; et la formule (0) donne 10 X 32 — 6 X 12.2 — 2 X 16= 144. Observation. — Lorsque le mémoire déjà cité Sur de nouvelles lois générales qui régissent les surfaces à points singuliers aura été publié , nous aborderons le cas de fx supérieur à 4. (27) Détermination dans la surface réciproque d'une surface S douée de points multiples , du degré de la courbe double etdeceluide lacourbe de rebroussement ; par M. L. Saltel. MM. Salmon et Cayley ont déjà résolu cette question dans le cas où la surface S est pure de points multiples, mais j'ignore si les deux illustres géomètres anglais ont donné une solution dans le cas où la surface S possède des points multiples d'ordres quelconques. La méthode sui- vante, que nous proposons, repose : 1° sur la détermina- tion des points simples communs à trois surfaces qui ont déjà en commun un certain nombre de points multiples j problème traité dans le chapitre II de notre mémoire Sur de nouvelles lois générales régissant la surface à points singuliers j 2° sur les douze théorèmes suivants : 1° La classe de la surface S résulte de la considération des points simples qu'elle a en commun avec les deux pre- mières polaires de deux points arbitraires de l'espace. 2^ Si la surface S a un point multiple d'ordre p, ce même point est multiple d'ordre (p — 1) pour la première polaire. 5° Le degré du cône tangent proprement dit ^ , qui a pour sommet un point arbitraire P et pour base la partie mobile avec le point P de la courbe d'intersection de la sur- face S et de la première polaire du point P, est égal à la classe d'une section plane arbitraire de la surface S. 4** La classe du cône A est égale à la classe de la sur- face S. S'' L'ordre d'une section plane du cône A est égal à l'ordre de ce cône. 6" La classe d'une section plane du cône A est égal à la classe de ce cône. ( 28) 1° Chaque point multij)le de la surface S donne nais- sance à un point multiple correspondant dans la section plane du cône A , point dont on trouve d'ailleurs facile- ment l'ordre dans chaque cas. 8° Le nombre des points de rebroussement d'une section plane dxi cône A est égal au nombre des points simples communs à la surface S, à la première polaire du point P, et à la seconde polaire de ce même point. 9° Si un point est multiple d'ordre p pour la surface, ce même point est multiple d'ordre p — 2 pour la seconde polaire. 10'' Les nombres déterminés par les théorèmes 5, 6, 7, 8 suffisent au moyen des formules de Pliicker pour calculer toutes les autres singularités de la section plane en question. \\° Le nombre des tangentes doubles de la section plane du cône A est égal au degré de la courbe double de la sur- face réciproque. 42'' Le nombre des points d'inflexion de la section plane du cône A est égal au degré de la courbe de rebroussement de la surface réciproque. APPLICATION. «s L'ordre dans lequel nous venons d'énumérer les théo- rèmes précédents indique suffisamment les recherches successives que l'on doit faire pour arriver dans tous les cas à la détermination des deux nombres qui sont l'objet de cette note. Nous allons en présenter un exemple. Problème. — Détermination des deux nombres en ques- tion dans le cas où la surface S est une surface d'ordre 5m, ayant quatre points A, B , C, D multiples d'ordres 2m. 1° La classe de la surface S est égale ici au nombre des ( 29) points simples communs à trois surfaces d'ordres 3m, om — 1 , om — 1, ayant les points A, B, C, D pour points multiples d'ordres 2m, 2m — 1 , 2m — i. On trouve ainsi d'après les règles indiquées dans le mémoire déjà cité (*) m' H- 2m' -t- m. 2** Le degré du cône i^ug^xU proprement dit est om^ H- om; on le voit immédiatement en remarquant que les six arêtes du tétraèdre ayant pour sommet A, B, C, D sont pour la surface S des droites multiples d'ordre m. 5° Les génératrices du cône tangent proprement dit qui passent par les points A, B, C, D sont multiples d'ordres m^ -H m\ on s'en rend compte facilement. 4° Le nombre des points de rebroussement d'une section plane du cône A est égal au nombre des points communs à trois surfaces d'ordres 3m, 3m — 1 , 3m — 2, ayant les points A, B, C, D pour points multiples d'ordres 2m, 2m — 1 , 2m — 2. On trouve ainsi d'après les règles indi- quées dans le mémoire déjà cité (**) m^ H- 5m^ •+■ 2m. 5'' Sachant que la section plane du cône A est d'ordre (*) Voir la note finale de cet article. Ici toutes les combinaisons sont positives et leurs ordres sont égaux à m pour la première surface et à m — 1 pour les deux autres. (**) Voir la note finale de cet article. Ici toutes les combinaisons sont positives et leurs ordres sont égaux à m pour la première surface, à m — 1 pour la seconde et à m — 2 pour la troisième. ( 50 ) 5m^ -\- 3m, que sà classe est m^ -+- Sm^ -+- m, qu'elle a quatre points multiples d'ordres m2-i-m,etm^H-5m2H-2m points de rebroussements; on en déduit immédiatement au moyen des formules de Pliicker : i^ Que le nombre des points doubles est — j 2° Que le nombre des points d'inflexion est V = 4w {m- — 1). 3° Que le nombre des tangentes doubles est m* H- 4 m** -I- 6 m* — 9 m^ — 4 m^ -4- 8 m "=— i U et V sont les deux nombres demandés. Nota. — Voici le théorème général auquel nous sommes arrivé dans le mémoire déjà cité, concernant le nombre des points simples communs à trois surfaces qui ont déjà en commun (x points multiples (a étant égal ou infé- rieur à 4) et qui sont les plus générales de leur espèce. Théorème général. — Le nombre des points simples cherché est égal au produit des degrés des trois surfaces , diminué de la somme des produits des ordres de multipli- cité de chaque point singulier, cette différence étant aug- mentée de la somme algébrique des produits des ordres des combinaisons formées par ces points combinés deux à deux, pourvu , toutefois^ que Von convienne de remplacer par zéro tout terme de cette dernière somme qui serait le résultat d'un produit de deux facteurs négatifs par un facteur positif, ou bien le résultat de trois facteurs négatifs. (5i ) Par exemple, si les trois surfaces d'ordres W2j, m.2, m^, ont quatre points communs A, B, C, D respectivement multiples d'ordres («1 5 «2 , a^), {fh , 6-2 , 63), (C, , f j, Ts), (/, , rfa , (/s), formant deux à deux six combinaisons dont les ordres sont respectivement l^a,6i> *a.6o) ^ 0363) 5 (trt,«i> laoco^ ^as-^s)' ( ^ iirfi ? To.,^^ , T„^rf^) , - (AftiCi) *■ biC2 J ^ b-cj i (Tôtrfp Té.rf.^, Tijrf.j, (Tc^rfj, Tgjrf^ , T^.3rf.), le nombre des points simples communs est marqué par la formule N = nii m^ m^ — a, a^ 03 — 6, h^ 63 — Cj c^ c^ — d^ d^ d^ _i-T .T .T -j-T T T «1*1 0262 O363 "^ OiCi • '■ a.2C~.i ' * 8363 où Ton convient de remplacer par zéro tout terme de la forme Ta.ti ' Ta.ô^ • T^^^^ qui serait le résultat de deux ou trois facteurs négatifs. Remarque. — Cette règle ne souffre d'exception que s'il arrive qu'il y ait un ou plusieurs groupes de deux points singuliers donnant pour deux des surfaces des combinaisons d'ordres égaux à l'unité, et pour la troisième surface une combinaison d'ordre négatif; dans ce cas il faut considérer comme nul le produit des ordres corres- puodants. Seconde méthode. — Nous profilons de la révision des épreuves pour développer en quelques lignes une nouvelle méthode de détermination du degré de la courbe de rebroussement. (32) Le problème peut évidemment être posé comme il suit : Problème. — En supposant que, pour la surface donné M, d'ordre m, la courbe de contact du cône des tan- gentes issues d'un point arbitraire P se décompose en un certain nombre de courbes Ij, Ig, I5..., invariables avec le point P, et en une courbe I variable avec ce point, trouver le nombre des points simples que cette courbe I a en corn- mun avec VHessien. On sait, d'ailleurs , que si un point P est multiple d'ordre p pour la surface, il est fnultiple d'ordre p — 1 pour sa première polaire, et d'ordre 4- p — 6 pour VHessien; en outre le cône tangent en ce point à VHessien se compose du cône tangent de la surface et d'un cône d'ordre 5 p — 6. Nous allons effectuer cette recherche seulement dans un cas particulier, celui où la surface M possède quatre points A, B, C, D, multiples d'ordres a, b, c, d, formant six combinaisons positives d'ordres rii fTi rwi fTi fT^ np * a6 5 * ac ) A ad 5 * bei * id 5 -^ ci 5 cette surface étant, d'ailleurs, la plus générale de son espèce. D'après le théorème général indiqué dans la précédente noteswr la détermination des singularités , etc., la courbe I est ici une courbe d'ordre K=m(m-i)-T„,(T„,-1)~T„JT„,-i)-T„,(T„,-i) - T,, (T,, - 1) - T,, (T,, - d) - T., (T,, - d), ayant les points A, B, C, D multiples d'ordres (A)a' = a(a-d)-T„,(T„,-1)-T,,(T„,-i)-T„,(T„,-l), (C) c' = c (c - 1 ) - T,„(T,,- 1 ) - T,, (T., - 1 ) - T., (T,, - 1 ), (33) en conséquence, le nombre des points simples que cette courbe a avec PHessien est égal à 4 (m — 2). K, ce nombre étant diminué des points confondus en A, B, C, D. Pour obtenir ce dernier nombre, clierchons, par exemple, le nombre des points confondus au point A. Si chacune des a' branches de la courbe I n'avait pas pour tangente une gén^ératrice du cône tangent en ce point à l'Hessien, elle rencontrerait seulement en ce point cette surface en 4 a — 6 points , mais puisque cette circonstance se pré- sente, ce nombre de points doit être évidemment aug- menté d'une unité. Ainsi le nombre des points confondus en A est a' x (4 a — 5); on peut donc dire que le nombre cherché est exprimé par la formule. (P)...4(m— 2) X K--(4ti— 5)-a' — (46 — 5). b' — (4c— 5)c'-(4rf— 5).rf'. Note V\ — Si l'on change m en 3m, et si l'on fait a = b = c = d=^m, cette formule donne 4m (m^ — j), ce qui s'accorde bien avec la première méthode. Note Il^ — La formule (P) convient à tous les cas pos- sibles qui peuvent se présenter pour une surface ayant quatre points multiples ou un nombre inférieur, si Ton convient de remplacer par zéro les valeurs des ordres des combinaisons qui peuvent devenir négatives dans les cas particuliers considérés. SÉRIE, TOME XL. (34) CLASSE DES LETTRES. Séance du o juillet 1815. M. le baron Guillaume, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. Steur , J. Grandgagnage, J. Roulez, Gachard, P. Devaux. P. De Decker, M.-N.-J. Le- clercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste, Thonissen, Alph. Wauters, Alph. Le Roy et A.Wagener,?7îem6res; J.NoIet de Rrauwere van Steeland, Alph. Rivier, associés; J. Heremans, F. Loise, Stan. Rormans, correspondants. MM. Stas et Ch. Montigny, membres de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal du 24 juin dernier qui approuve l'élection de M. Auguste Wagener, en qualité de membre titulaire de la classe des lettres. — Le même haut fonctionnaire envoie une expédition ( ^^ ) de l'arrêté royal en date du 17 juin dernier, qui décerne, sur la proposition du jury chargé de juger la cinquième période quinquennale du prix de liltératm-e flamande, le prix à l'ouvrage intitulé : Ernest Slaas, aclvocaat, schetsen en beelden door Tony, dii à la plume de feu M. Bergmann, en son vivant avocat à Lierre. — M. le Ministre de la justice offre deux exemplaires du quatrième cahier du sixième volume des procès-ver- baux des séances de la commission royale des anciennes lois et ordonnances de la Belgique. — Bemercîmenls. — MM. A. Tennyson et R. Lepsius accusent réception de leur diplôme d'associé. — La Société de statistique de Londres et l'Institut royal pour la philologie et l'ethnographie de l'Inde néer- landaise à La Haye, envoient leurs derniers travaux. — L'université de Saint-Louis (E.-U.) remercie pour le dernier envoi de publications. — M. le baron Guillaume, directeur, offre. un exem- plaire de son discours Sur le mouvement intellectuel dans Varmée^ prononcé dans la dernière séance publique de la classe. M. Ch. Faider, vice-directeur, offre un exemplaire de son discours Sur Montesquieu et la Constitution belge, prononcé lors de la même séance. M. le baron Kervyn de Lettenhove fait hommage du premier exemplaire du tome XX F des Œuvres de Froissart (Chroniques, table alphabétique des noms historiques, (36) CL-IVR), publiées par la commission académique pour les travaux des grands écrivains du pays. M. Alphonse Le Roy présente, au nom de M. Vincenzo di Giovanni, divers ouvrages de philosophie dont les titres figureront au Bulletin. M. J. Nolet de Brauwere Van Steeland présente, au nom de M. le docteur Wap, un exemplaire de son livre intitulé : Bilderdijk. Eene bijdrage tôt zijn Leven en Werken. In-S". Il offre, en son nom personnel, deux brochures : Een Muizestaartje et Het Menschdoin verlost -h X^^^i- In-8°. M. Joseph de Leva, président de la faculté de philoso- phie et lettres de l'université de Padoue, adresse, à titre d'hommage, les trois premiers volumes de son ouvrage intitulé iStoria documentaladi Carlo V in correlazione aW Italia. In-8^ La note lue par M. Nolet de Brauwere au sujet de l'ou- vrage de M. Wap paraîtra au Bulletin. (Voir communica- tion et lectures.) PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1877. La classe complète son programme de concours de celte année par la cinquième question suivante : Indiquer les analogies et les différences que présente la poésie flamande avec la poésie des autres langues d'ori- gine germanique , ce qu'elle leur doit et V influence qu'elle a eue sur elles. (37 ) COMMUiNICATlONS ET LECTURES. BUderdijk. Eene bijdrage tôt zijn Leven en Werken , door D" Wap. Leiden, E.-J. BHll, 1874; note par M. J. Nolet de Brauwere van Steeland , associé de l'Académie. En publiant la série complète des œuvres poétiques de Bilderdijk, M. Da Costa éleva un monument à la gloire littéraire d'un maître, dont il fut le disciple enthousiaste et le fervent admirateur. Mais Bilderdijk, trop profond penseur pour devenir écrivain populaire, faisait en outre étalage de principes monarchiques et d'un piétisme ortho- doxe, qui lui attirèrent la haine d'implacables détracteurs. Ne pouvant s'en prendre au génie incontestable du poète, ils attaquèrent l'homme dans sa vie privée. Son petit-lils par alliance, M. le pasteur Ten Brummelen Andriesse, leur fournit ample matière à récrimination en livrant à une publicité au moins intempestive , la correspondance particulière de son aïeul. Ces lettres, adressées par le poète à sa première femme, furent éditées avec des commen- taires peu obligeants par le docteur Van VIoten et donnè- rent prise à une malveillance qui devait atteindre Bilder- dijk dans son honorabilité. Admis dans l'intimité du grand poêle, à titre de dis- ciple, d'ami et parfois de commensal, M. le docteur Wap fut pendant bien des années initié aux joies comme aux douleurs de cette vie de famille. Il en connut ce qu'on est convenu d'appeler les petites misères, et mieux que tout autre sa plume parut appelée à démêler le vrai du faux. Mais tout en respectant le génie qui se reflète dans les œuvres ( 38 ) du plus grand de nos poètes néerlandais, M. Wap ne chercha point à atténuer certaines faiblesses, auxquelles l'imagination exaltée et la nature trop ardente de Bilder- dijk ne surent pas toujours résister. A ce double point de vue la publication de M. Wap a une importance réelle, en tant qu'elle est l'œuvre d'un témoin oculaire. C'est ainsi qu'un examen historique et généalogique fort minutieux conduit l'auteur à la conclu- sion, que si une extrême fatuité formait le signe dislinctif du caractère de Bilderdijk et fut la cause primordiale de ses tribulations, il n'en est pas moins vrai que l'allégation, d'après laquelle le grand poète aurait succombé à des dé- faillances coupables, n'est nullement établie. Si donc les découvertes et les nombreuses communications récentes, touchant la vie intime de Bilderdijk, n'ont pu ternir en aucune façon le mérite hors ligne du savant et du poète, M. Wap n'en a pas moins rempli un devoir de justice et de gratitude, en établissant clairement que Bilderdijk n'a pas été séduit, plus que de raison, par les grâces de M"'' Schweickhardt, tant que son mariage avec Catharina Rebecca van Woesihoven — dont l'amabilité laissait d'ail- leurs beaucoup à désirer — n'avait été dissous par le tri- bunal d'Amsterdam. Tout ceci otTre d'autant plus d'intérêt, que l'auteur apprécie avec une juste impartialité des situations parfois fort délicates. Mais si l'on peut regretter la fâcheuse pu- blicité donnée à une correspondance intime, cause pre- mière de débats irritants, auxquels M. le docteur Wap a cru devoir prendre part, on doit savoir gré à ce dernier de ne point s'être écarté de la règle « Amiens SocrateSy amicus Bilderdijk, sed magis arnica Veritas, p (39) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du i"" juillet 4SI 5. M. Alphonse Balat, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : ^\l\. L. Alvin , G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbùre, J. Franck, Gust. De Man , Ad. Siret, F.-A. Gevaert, Adolphe Samuel, Ad. Pauli, membres; Éd. de Biefve, correspondant. M. R. Chalon , membre de la classe des lettres , assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M"' Barye adresse une lettre de faire part de la raort de son époux, M. Antoine-Louis Barye, associé de la section de sculpture de la classe , décédé à Paris le 25 juin 1875, à l'âge de 79 ans. — M. le Ministre de l'intérieur transmet une amplia- lion de l'arrêté royal du o juin dernier qui modifie les articles 12 et 15 du règlement d'ordre intérieur de la classe. (40) — M. Abraham Basevi, associé de la section de mu- sique, à Florence, remercie pour le dernier envoi annuel de publications académiques. D'après Tordre du jour de la séance , la classe s'occupe des modifications demandées par le dernier jury des can- tates au programme des conditions indiquées aux concur- rents pour la composition des poëmes français et flamands. MM. Gevaert, le chevalier de Burbure et Ad. Samuel, membres de la section permanente des grands concours de composition musicale, donnent leur opinion au sujet de ces changements. La classe adopte les modifications proposées, lesquelles seront soumises à M. le Ministre de l'intérieur. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Commission pour la publicatioti d'une collection des grands écrivains du pays. — Chroniques de Froissart, publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove. (Tome XXI. Table analytique des noms historiques, CL — IVR.) Bruxelles, 4875; vol. in-8". Van Beneden (P-J.). — Un oiseau fossile nouveau des cavernes de la Nouvelle-Zélande. Liège, 1875; feuille in-8° avec planche. Faider (Ch.). — Montesquieu et la Constitution belge. Bruxelles, 1875; broch. in-8*'. Kervyn de LtUenhove {Le baron). — La Flandre pendant les trois derniers siècles. (Ouvrage qui sert de suite à « l'his- {il ) toirede Flandre » en 4 vol. in-8". ) Bruges , 4875; vol. in-8°. Guillaume {Le baron G.) — Sur le mouvement intellectuel dans l'armée belge. Bruxelles, 1875; br. in-8''. Schwann (Z)^ Th.). — Mein Gutachtcn iiber die Versuche die an der Sligmatisirten Louise Lateau , am. 26 Marz 1869 angestellt wurden. Cologne-Neuss , 1875; in-8''. ^^olet de Braiiwere Van Steeland. — Een muizestaartje. — Het menschdom verlost -h X^*,. Bruxelles, mai et juin 1875; 2 broch, in-8°. Bruijlants (Gustave). — Recberches sur les hydrocarbures de la formule générale C,. H2„_2. Louvain, 1875; broch. in-8". Frédéricq [Léon). — Génération et structure du tissu mus- culaire. (Mémoire couronné. Concours universitaire de 1875- 1874.) Bruxelles, 1875; vol. in-S". Goebel [Max). — La crise commerciale de la houille 1870- 1874 pour servir de commentaire à la carte de la production, circulation et consommation des charbons belges en 1875. Liège, 1875; broch. in-8'' avec carte in-fol. Heuschling (X.). — Notice sur la statistique ancienne de la Belgique. Liège, 1875; br. in-S". Preudhomme de Borre {A.). — Note sur des empreintes d'insectes fossiles découvertes dans les schistes houillers des environs de Mons. Bruxelles, 1875; br. in-8". Royaume de Belgique. — Chambre des Représentants : Convention conclue, le 20 mai 1875, entre la Belgique £t différents pays étrangers, concernant la création d'un bureau international des poids et mesures. Bruxelles, 15 juin 1875; 2 feuilles in-4°. Commission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances de la Belgique. — Procès-verbaux des séances, sixième vol., IV cahier. Bruxelles , 1875; in-8". Commissions royales d'art et d'archéologie. - Bulletin, XIV'' année, 1874, n"' 3 et 4. Bruxelles, 1875; in-8". Bibliothèque royale. — Acquisitions faites pendant l'année 1874. Bruxelles; feuille in-4". ( 42) Musée de l'industrie de Belgique ^ à Bruxelles. — Bulletin , 34^ année 1875, n°'4, 5 et 6. Bruxelles, Paris; 5 livr. gr. in-8». Société malacologigue de Belgique , à Bruxelles. — Pro- cès-verbal: séances de mars, d'avril et de juin 1875. Bruxelles; feuilles in-8°. Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — Journal, 60'"^ vol., ôô"^" année, mars, avril, mai 1875. Bruxelles ; in-8°. Société pour la propagation du système de notation sim- plifiée par la classification numérique des octaves selon la théorie du diapason. — Projet de prospectus, par M. Meerens. Bruxelles, 1875; broch. in-8''. Becueil des rapports dee secrétaires de légation de Bel- gique , tome II, 10"" livr., juin 1875. Bruxelles; in-8°. Le Bibliophile belge, 9'^' année, 1875, livr. 11, 12. Bruxelles; feuilles in-8''. Annales des travaux publics de Belgique , tome XXXII, 5'"'' cab. Bruxelles , 1874: in-8°. Moniteur industriel belge, vol. II, n"^ 38 à 48, avril-juin 1875. Bruxelles; 9 feuilles in-4''. La Presse médicale , 27™^ année ,1875, n°' 1 8-50. Bruxelles; 15 feuilles in-4°. Anncdes d'oculistique , mai-juin 1875. Bruxelles; liv. in-8°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, mars et avril 1875. Bruxelles; 2 liv. in-8°. Société de médecine d'Anvers. — Annales, mars, avril, mai et juin 1875. Anvers; 2 «ivr. in-8''. Ville de Bruges. — Inventaire des archives de la ville : section l""*. Inventaire des chartes par L. Gilliodts-van Se- veren. 1'* série, XIII'' au XVP siècle, tome III. Bruges, 1875; vol. in-4". Société d'Émulation pour Vétude de Vhistoire et des anti- quités de la Flandre, à Bruges. — Annales, 5""^ série, lomeX, n"^ 1 et 2. Bruges, 1875; liv. in-8°. ( 45 ) Vlllustraiion horticole, 5""= série, 0"'' vol., 4'"% 5""= et C""" livr., avril-juin 187j. Gand; 5 cali. gr. in-8". Société royale des sciences de Liège. — Mémoires , 2'"*' série, tome IV. Bruxelles; vol. in-S". Société médico-chirurgicale de Liège. — Annales, mars, avril et mai 1875. Liège; 2 livr. in-8". Le Scalpel, 27""^ année, avril-juin 1875, n^^ 40-o!2. Liège; 15 feuilles in-4**. Analectes pour servir d l'histoire ecclésiastique de la Bel- gique, tome XII, 1873, 1'"'= livr. Louvain, Bruxelles; in-S". Journal des B eaux- A r ts, XY 11""^ Rnnée, 1875, n°' G-12. Louvain; 7 feuilles in-4'*. Cercle littéraire de Verviers. — Bulletin : Manifestation publique faite le 4 avril 1873 en l'honneur de Th. Bost. Ver- viers, 1873; in-8°. Donders [F.-C). — 13'' jaarl. verslag betrekkelijk de ver- pleging der ooglijders. Utrecht, 1874; in-8°. Wap (D'). — Bilderdijk. Eene bijdrage tôt zijn Leven en Werken. Leide , 1874; vol. in-8''. Institut royal grand-ducal du Luxembourg. — Publica- tion de la section historique, année 1874, XXIX (VII). Luxem- bourg, 1873; vol. in-4°. Ministère des Affaires Étrangères de la République fran- çaise. — Documents diplomatiques de la conférence du mètre. Paris, 1873; vol. in-4". Chasles. — Aperçu historique sur l'origine et le développe- ment des méthodes en géométrie, particulièrement de celles qui se rapportent à la géométrie moderne, etc. (Nouvelle édi- tion.) Paris, 4875 ;vol. in-4°. Hugo [Le comte Lèopold). — Le valhalla des sciences pures et appliquées, etc. Paris , 1875 ; broch. in-8°. Lorin. — Nouveau mode de préparation de l'acide for- mique très-concentré, au moyen de l'acide oxalique déshy- draté et d'un alcool polyatomique. Paris, mai 1873; broch. in-40. (44) Le Progrès médical, S-"" année 1875, n°* 14-18, 20-26. Paris; 12 feuilles in-4°. Journal de l'agriculture , tome 111, avril-juin 1873 , n°' 512- 319 , 521-524. Paris, 12 cah. in-8°. Revue britannique , 51'°'' année, avril-juin, 1875, n°^ 4-6. Parisj 5 demi-vol. in-8°. Revue de France, tome XIV, n" 42, V"^ année, juin 1875. Paris ; vol. in-S". Revue des questions historiques, 55'"*' livr., l*'" juillet, 1875. Paris; vol. in-8«. Sociétés des études historiques , à Paris. — L'Investiga- teur. Journal, 41°"^ année, mai-juin, 1875. Paris; fasc. in-8°. Société d'anthropologie de Paris. — Bulletins, tome X { 2'"*' série), 2™' fasc, mars-mai 1875. Paris; in-8". Société géologique de France, à Paris. — Bulletin, 5"'* série, tome III , 1875, n" 5. Paris, juin 1875; in-8^ Société météorologique de France, à Paris. — Nouvelles météorologiques, VIII™* année, juin 1875. Paris; feuilles in-8^ Horand [le D*" M.-A.). — Recherches expérimentales sur l'action physiologique de l'hématosine. Lyon , 1875; broch. in-8°, 2""= édition. Bulletin scientifique, historique et littéraire du départe- ment du Nord, 1""" année, n"' 5, 4 et 5, mars, avril, mai 1875. Lille; in-8^ Société archéologique du midi de la France, à Toulouse. — Mémoires, tome XI, 1*^* et 2"* livr. Toulouse, 1875; in-4°. Giebel (D'' C.-Q.). — Zeitschrift fiir die Gesammten Natur- wissenschaften. Neue Folge, 1874, Band IX. Berlin; 10 livr. in-8". Naturwissenschaftlicher Verein zu Bremen. — Abhnnd- lungen , 4. Bd., 2 und 5. Heft. — Beilage zu den Abhand- lungen, n° 4. Brème, 1874-1875: 2 livr. in-8<' et broch. in-4». Verein l'iïr Geschichteund Alterlhum Schlesiens,zu Breslau. — Zeitschrift, Bd. XII, 1. und II. Hefl. — Scriptores rerum (4S) Silcsiacarum , IX. Bd. — Codex diplomnliciis Silesiae, VII. Bd., "2. Thcil. Breslaii, 1874, 1875; :2 vol. in-8° et 2 vol. in-4". K, iingar. geologisclie Anstalt zii Budapest. — Mitlhei- lungen, Ili. Band, 1. iind ± Ileft. — A magyar kir. foldtani intézot Evkônyve : III. kôtet, I., II. fiizct; IV. kotet, I. fuzet. Budapest, 1874-1875; 5 fasc.; gr. in-8^ Académie des sciences de Cracovie. — Dwa pierwsze pu- bliczne Posiedzcnia Akadeinii, ete. — Rocznik Zarzadu. Rok, 1875. _ Pamietnik : wydzial filologiczny , lom I , i874 ; wyd- zial niatematyczno, tom I, 1874. — Rozprawy : wydzial histor. filozofic., tom I, II, 1875-1874; wydzial matematyc, tom I, 1874; wydzial filologic., tom I, 1874. — Scriptores Rerum Polonicarum, tomi I, II. — Starodawne Prawa Pols- kiego Pomniki, tom III, 1874. — Monumenta Medii Aevi Historica res gestas Poloniae illustrantia, tomus I, 1874. — Bibliographia Polska, XIX. Stolecia, tom I a II, 1875-1874. — Lud : serya , V, VI, Vil, VIII. — Sprawozdanie komisyi fizyjograficznéj , tom ôsmy a siôdmy, 1875-1875. — Nie- miecko-Polski Slownik Wyrazôw prawniczych i administra- cyjnych, 1874. — Dzieje Bezkrolewia po skonie Jana III, tom I, 4874. — A.-Z.Helcla: Pisma Pozostale, tom I. Cracovie; 8 vol. et broch. in-4° et 7 vol. in-8°. Verein fiir Erdkmide zu Darmstadt. — Notizblatt : 1 . Folge, Nr. 41 -46 ; II. Folge , Jarbg. MIL, Nr. 1 -60 , Mai 1 857 bis Juni 4861; III.Folge,l und 2. Heft,Nr. 1-24; 5. Heft, Nr. 145-156. Darmstad; 7 liv. in-8°. Die Pollichia. — Nachtrag zum XXVIII. et XXIX. Jahres- beriebt. — Jahresbericbt XXX-XXXII. Diirkheim a. d. H., 1872-1874; in-8^ Oberlausitzische Gesellschaft der Wissenschaften, Gôrlitz.— Neues Lausitzische Magazin : Jahrg. 1854, Bd. XII., heft I, II und III ; Jahrg. 1854, Bd. XXXI., Heft I-IV; Jahrg. 1865, Bd., XLII. Gorlitz; 9 fasc. 111-8". Badîsche Universilàts zu Heidelberg. — Thèses, lectures ( 46) et discours universitaires, 1874 et 1875. Heidelberg, 1875; 1 1 broch. in-8°. Medicinisch-natîiriv. Gesellschaft zu Jena. — Zeitschrift fiir Naturwissenschaft, neue Folge, Band IL, Heft 2. Jéna 1873; br. in-8°. K. Albei'tîis-Universitàt zu Kômgsberg in Pr. — Verzeich- niss (Winter-Halbjahre, 1873). — Index Lectionum (per hiemem 1873). Kônigsberg; 2 br. in-4*'. Archiv der Mathematik und Physik,L\U. Teil, 5. und 4. Heft. Leipzig, 1873 ; 2 cah. in-8". Astronomische Gesellschaft, in Leipzig. — Vierteljahr- schrift, X. Jahrgang, 2. Heft. Leipzig, 1873; in-8^ K. Bayer ische Akademie der Wissenschaften zu Mûnchen. — Ueber den religiôsen Charakter des griechischen Mythos von Dr. Conrad Bursian. — Monographie der Sapindaceen- Gattung Serjania von L. Radlkofer. Munich, 1875; br. et vol. in-4^ K. h. Akademie der Wissenschaften in Prag. — Sitzungs- berichte. Jahrg. 1 874. — Abhandlungen vom Jahre 1 874, Sechste Folge, Band VIL Prague 1874-1875; voL in-8° et vol. in-4^ K, K. Sternwarte in Wien. — \nna\en , iuhr. 1875, dritter Folge, Band 25. Vienne 1875; br. in-8<'. Anthropologische Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen, V. Ed., Nr. 1-3. Vienne, 1875, feuilles in-8°. K. K. geologische Reichanstalt in Wien. — Abhandlungen Bd. VIIL, Heft 1. - Jahrbuch , Jahrg. 1875, XXV. Bd., Nr. 1. — Verhandlungen, Nr. 1-3. Vienne 1873; vol. gr. in-i% et 5 feuilles petit in-4*'. K. Akademie der Wissenschaften in Wien. — Anzeiger Jahrg. 1875, Nr. I-XVI. Vienne; feuilles in-8^ ^ K. K. central-Anstalt fur Météorologie und Erdmagnetis- mus. — Jahrbiichcr fiir 1875, neue Folge, Band. X. Vienne, 1873;in-4^ Physikal-Medicin. Gesellschaft zu Wiirzburg. — Verhand- ( ^7 ) lungen, II. Bnnd, Nro. l-u, 14-2^2.— Neiie Folge, VIH Band, 5. und4. Hcft. Erlangen i 851, 1852 iind VVurtzbourg, 1875; 5 liv. 111-8°. ffistorischer Verein fur Untcrfrankemind Aschaffcnhurg zu Wiirzburg. — Archiv. Bd. II, 1854; III, 1855; IV, 1857, 2 und 0. Heft; Bd. V bis X, 1858-1850; Bd. XXIII, Heft I, 1875. Wurtzbourg; 22 fasc. in-8''. Mendcleeff (D.). — Recherches expérimentales sur l'ëlasli- cité des gaz, 1*^' vol. S'-Pétersbourg, 1875 ; in-4°. K. Universiicit in Dorpat. — Meteorol.-Beobachtungen im Jahre 1874, II. Band, 4. Heft. Dorpat, 1875;in-8°. Société chimique de S'-Pétersbourg. — Journal, tome VII, n"' 5 et 6. S'-Pétersbourg, 1875; 2 liv. in-8°. (En russe.) Motard ( Victor). — La vie et les œuvres de Peter Christen Asbjoernsen, par Alfred Larsen, suivie d'un aperçu bibliogra- phique par J. B. Halvorsen. Christiania, 1875; br. in-4". Bureau géologique de la Suède, à Stockholm. — Carte géo- logique; liv. 50 à 55, avec les renseignements. — Glaciala bildningar i Sverige , I. {Gumœlius Otto). — Om Rullstens- bildningar [Hummel, /).). Stockholm , 1874, 1875; 4 cartes in-fol. et 6 br. in-8''. la Cour [Paul). — Note sur un système télégraphique « per- mettant la production d'un grand nombre de signaux simples par un fil conducteur unique. » Copenhague, 12 fév. 1875; feuillet in-4°. Académie royale des sciences de Lisbonne. — Journal n° XVIil, juin 1875. Lisbonne ; fasc. in-8°. Ateneo propagculor de los ciencias naturales de Madrid. — Reglamento. Madrid, 1874; br. in-8''. Millier [Albert). — Ein Fund vorgeschichtlicher Steinge- râthe bei Base!. Bâle, 1875; br. in-4'' avec photogr. Commission géologique fédérale de la Suisse, à Berne. — 3Iatériaux pour la carte géologique de la Suisse, XIIP liv. 1875: carte géologique et profils du Sœnlis, 2 feuilles et 2 planches de profil. (48) Société de géographie de Genève. — Le Globe, journal géo- graphique, t. XIII, liv. 5 et 4, 1874-75. Genève ; in-S**. Société d'histoire de la Suisse romande à Lausanne. — Mémoires et documents, tome XXIX. (Documents relatifs à l'histoire du Vallais recueillis par l'abbé J. Gremaudjt. I, 300- 1255). Lausanne, 1875 ; vol. in-8°. Gozzadini (Le comte J.). — De quelques mors de cheval italiques et de l'épée de Ronzano en bronze. Bologne, 1875; br. in-4°. Filopanti (Quiriciis). — Indication de quelques nouvelles idées scientifiques exposées dans son ouvrage « L'Universo. > Bologne, 1875; br. in-8°. Mensini (Jacopo). — La Spia Sismica. Firenze, 1875; br. in-8''. Brioschi (Francesco). — Sur l'équation du cinquième degré. Paris ; mars 1875; br. in-4°. — Sopra un nuovo punto di corre- lazione fra le forme binarie del quarto grado e le ternarie cubiche. Milan, février 1875; br. ia-4". Omhoni {Giovanni). — Di alcuni oggetti preislorici délie caverne di Vélo nel Veronese. Milan, 1875 ; br. in-8°. Fondazione scientifica Cagnola. — Atti, vol. VI, parte I, 1872. — Sul Caelio Vitellino. Memorie del concordo, 1857. (Davide Nava e Gio. Francesco Selmi). Milan ; 2 fasc. in-8°. R. Osservatorio di Brcra in Milano. — Pubblicazioni,n^ 10. (Suir eclissi solare totale del 5 giugno, 1259.) Pise, 1875; fasc. in-4''. Bullettino del vulcanismo ilaliano, anno H, 1875, fasc. 1 e 2, IV eV. Rome, 187o;in-8". Bullettino nautico e geographico in Borna ^ vol. VI, 1875, n° 10. Rome ; feuille in-4°. Corrispondenza scie?iti/ica in Roma , vol. VIII, 1875, n' 24 e 25. Rome; feuilles in-4*'. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 187S. — No 8. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 7 août 1875. M. A. BiuALMOxM, directeur et président de rAcadémie. Sont présents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Bene- den, H. Nyst, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, E. Qiie- lelet, xAL Gloesener, E. Candèze, F. Donny, Cli. Monligny, Sleichen, Éd. Dupont, Éd. Morren , Éd. Van Beneden , C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart et F. Plateau, membres; Th. Sclnvann, E. Catalan et Aug* Bellynck, associés; Éd. Mailly et J. De Tilly , correspondants. 2"^ SÉRIE, TOME XL. A ( SO ) CORRESPONDANCE. M. le directeur annonce que M. le secrétaire perpétuel Fa prié d*ex primer à la classe ses regrets de ne pouvoir prendre place au bureau à cause de son séjour à Paris comme délégué du gouvernement au Congrès international des sciences géographiques. — M. le Ministre de l'intérieur adresse, pour la biblio- thèque de l'Académie : l"* un exemplaire des procès-ver- baux de la conférence i nier nationale du mèlre ; 2" un exemplaire du mémoire couronné envoyé par M. Léon Frédéricq, élève de l'Université de Gand, au concours uni- versitaire de 1874-1875, en réponse à la question de méde- cine [matières générales). — Remercîments. — Le conseil général d'administration des hospices et secours de la ville de Bruxelles demande l'appréciation de la classe au sujet des meilleurs moyens de mettre à l'abri des atteintes de la foudre les bâtiments récemment cons- truits à l'hôpital Saint-Pierre, rue Haute, en la dite ville, et notamment en ce qui concerne le nouveau système de para- tonnerres dont M. le professeur Melsens est l'auteur. — Renvoi de cette lettre à la Commission des paratonnerres. — L'Académie des sciences de Cracovie transmet toutes ses publications et demande l'échange avec celles de la Compagnie. — Accordé. — La Société géologique de France annonce qu'elle tiendra, cette année, sa réunion extraordinaire à Genève et à Chamounix, à partir du 29 août. ( SI ) — iM. F. Duprez présente le résumé de ses observations météorologiques faites à Gand, en 1874-. M. Cavalier trans- met un résumé semblable, pour Ostende, pendant le mois de juillet dernier. — L'Académie royale des Lyncées de Rome, l'Académie royale des sciences de Bavière, à Munich, la Société des naturalistes du plateau du Rhin « Die Pollichia d, à Durk- heim, remercient pour le dernier envoi annuel de publi- cations de la Compagnie. La section historique de l'Institut luxembourgeois, l'Université d'Heidelberg, l'Académie royale des sciences de Bavière, à Munich, le bureau géologique de la Suède, l'In- stitut royal géologique de Hongrie, à Budapest, et le Musée public de Buenos-Ayres , adressent leurs derniers travaux. — M. Melsens présente, au nom de M. G. A. Hirn, associé, un ouvrage intitulé : Théorie mécanique de la chaleur {V partie, tome I", Z' édition). In-8\ M. Éd. Morren fait hommage d'une brochure de sa com- position, portant pour titre : Charles de l'Escluse, sa vie et ses œuvres, 4526-^609. In-8\ M. G. Dewalque présente la traduction qu'il vient de publier d'un travail de M. T. Sterry Hunt, intitulé : His- toire des noms cambrien et silurien en géologie. A cette occasion M. Dewalque expose les circonstances qui l'ont engagé à entreprendre cette traduction, et rappelle quel- ques faits relatifs à l'histoire des terrains anciens de la Belgique et à la priorité des travaux d'André Dumont. Ayant exposé, il y a quelques jours, à la Société géologique de Liège les mêmes considérations, celles-ci paraîtront dans le Bulletin de cette Société, et il demande seulement que mention en soit faite dans la correspondance de la classe. — Accordé. (52) M. Dewalque offre ensuite, au nom du D' von Lasaulx, professeur de minéralogie à l'Université de Breslau, un exemplaire de son livre intitulé : Elemente der Pétrogra- phie. ïn-8^ M. L. Saltel adresse un exemplaire de sa note intitulée: Influence des points multiples sur le degré de la courbe de rebroiissemenl de la polaire réciproque d'une surface donnée. In-8°. M. le D' Gustave Hinrichs , professeur à l'Université de l'État de lowa (Ïowa-City, lowa, E. U.), offre le n^ 13, pesant 2,665 grammes, de sa collection de météorites d'Iowa Counly, du lî2 février 1875. La classe vote des remercîments aux auteurs des dons précités. Elle exprime le désir que des renseignements soient demandés à M. Hinrichs au sujet de la chute de la météorite qu'il a offerte à la Compagnie. • — Les travaux manuscrits suivants seront l'objet d'un examen : 1° Note sur les tremblements de terre en ^872, avec suppléments pour les années antérieures de i843 à 1874 {XXX' relevé annuel); par M. Alexis Perrey. — Commis- saires : WM. Malaise, Montigny et Duprez. 2° Sur les propriétés de la surface de contact d'un solide et d'un liquide. Rectification d'un passage de ma note précédente; par G. Van der Mensbrugghe. — Com- missaires : MM. J. Plateau et Duprez. 5° Diagnoses de cucurbitacées nouvelles et observations sur les espèces critiques, 1" fascicule (nouvelle rédaction), par M. Alfred Cogniaux. — Commissaires : MM. Morren, Bellynck et Crépin. 4° Sur un aérostat à voiles, par L.-H.-S. Codron, à Pa- ris. — Commissaire : M. Montigny. ( S3) 5° Théorie nouvelle pour l'étude de la nature, par M. Waltier, à Lille. — Commissaires : MM. Montigny et Ern. Quetelet. CONCOURS DE 1875. La classe reçoit, en réponse à la cinquième question du programme de concours de Tannée actuelle : Faire la description du bassin houiller de la province de Liège, un second mémoire manuscrit avec planches. Ce travail , ac- compagné d'un billet cacheté portant pour devise : Omnia vincit labor improbus, est également renvoyé à l'examen de MM. Dewalque, Briart et Cornet. RAPPORTS. Nouvelles observations sur la flore des psammites du Condroz, par M. F. Crépin, correspondant de l'Aca- démie. etappoÊ'l de .If. €i. Mfetcalfjuc « La note dont je viens de rappeler le titre, a particu- lièrement trait à la controverse élevée enlre M. Gilkinet et notre honorable correspondant au sujet d'une plante fos- sile que M, Crépin a décrite sous le nom de Psilophyton Condrusorum et que M. Gilkinet croit être une fougère du genre Sphenopleris. Je n'ai rien à dire du fond, c'est-à-dire des arguments (54) que l'auteur fait valoir, sinon pour maintenir sa première opinion, au moins pour contester le classement de sa plante parmi les Sphenopteris : ceci est l'affaire des spé- cialistes; et l'on peut croire que ces arguments seront, s'il y a lieu, contestés par d'autres et ramenés à leur juste va- leur. Je me bornerai à faire remarquer que l'auteur, créant pour cette plante un genre nouveau sous le nom de Rha- cophytum, a laissé échapper l'occasion de le caracté- riser. Mais la note de M. Crépin nous suggère d'autres ré- flexions. L'article de M. Gilkinet, dont la classe a voté l'impression dans sa séance de mai , a paru dans le Bulle- tin vers la lin de ce mois, plusieurs jours avant notre séance du 5 juin dernier. L'auteur n'y fait pas la moindre allusion : sa réponse s'adresse, non au contradicteur dont il a rencontré la note ici, mais à M. le professeur Schim- per, qu'il a eu l'occasion d'entretenir de la question, le 7 ou le 8 mai. Je me hâte d'ajouter que la note de M. Crépin porte la date du 12 mai. Comme on l'a déjà fait observer, on pourrait se deman- der s'il est bien convenable de donner place dans notre Bulletin à une controverse qui s'engage à propos d'une conversation, au sujet de laquelle les arguments de la personne absente pourraient avoir été mal compris ou inexactement rapportés, mais je crois inutile d'entrer dans l'examen de cette question. Je ne chercherai pas davantage à savoir si M. Schimper est satisfait de l'exposé public qui est fait d'une conversation privée, ni si l'auteur n'aurait pas attribué à cet interlocuteur des arguments présentés par M. Gilkinet, qui accompagnait l'éminent professeur de Strasbourg dans sa visite à Bruxelles. J'ad- mets que l'auteur a ses apaisements sur ces points. (53) La seule observation qui me semble devoir être présen- tée à l'Académie est celle-ci : rauleur a été incomplet, ne fut-ce qu'au point de vue historique. Un correspondant de l'Académie peut moins qu'un autre laisser dans l'oubli un travail qui a paru dans nos publications; je suis persuadé que si son attention avait été portée sur ce point avant qu'il donnât lecture d'une note rédigée depuis trois se- maines, l'auteur se serait lui-même aperçu de la lacune. En conséquence, je crois qu'il verra sans peine la classe le prier de compléter son article en donnant au travail publié par son contradicteur la place qui lui revient à tous égards, d Rapport €te M. tic Koninck. « La notice de M. Crépin a pour but, d'une part, de compléter celle qu'il a présentée à l'Académie au commen- cement de cette année et, de l'autre, de répondre à quel- ques observations qui lui ont été faites par M. Schimper, relativement à la plante fossile désignée par lui sous le nom de Psilopliyton Condrusorum. ]\J. Crépin, se rendant en partie aux arguments de Péminent professeur de Strasbourg, admet que la plante qu'il a décrite n'est pas un véritable Psilophyton et in- dique les motifs qui l'ont engagé à changer d'opinion. Il n'admet pas toutefois que ce soit une Sphénopféridée et il crée pour elle un nouveau genre sous le nom de Raco- phyton. Je n'ai pas d'opinion à émettre en faveur ni de l'un ni de Pautre des champions en présence. Je me borne à constater que la controverse est faite en termes convenables et courtois. Je propose l'insertion de la notice de M. Crépin dans nos Bulletins. » ( S6) Rnpyoft de M. Ed. Dupont. « La paléontologie végétale fut longtemps négligée chez nous. Nos bassins houillers appelaient cependant d'impor- tants travaux et semblaient promettre une riche moisson aux botanistes qui en entreprendraient l'étude. Plusieurs autres de nos terrains contiennent aussi des restes abon- dants de notre ancienne végétation. On pouvait prévoir qu'on [rencontrerait dans la série géologique belge de nombreux matériaux pour la reconstitution des flores fos- siles, de môme qu'elle a fourni de si importants éléments pour la paléontologie animale. Aussi l'Académie a-t-elle accueilli , avec les encourage- ments les plus bienveillants, les travaux que l'abbé Coe- mans commença à entreprendre sur cette intéressante partie de notre géologie. Lorsque cette science fut, à la mort de notre regretté confrère, menacée d'un nouvel abandon, M. Crépin, qui s'était signalé par d'intéressantes études morphologiques et notamment par sa flore de la Belgique, répondit à l'ap- pel qui lui fut fait. L'abbé Coemans avait légué au Musée royal d'histoire naturelle la collection qu'il avait formée et qui comptait déjà une riche série d'empreintes houillères. Cette col- lection servit de noyau à celle qui remplit aujour- d'hui l'une des galeries de cet établissement. M. Crépin s'occupait activement à multiplier par de nouvelles et fructueuses recherches, à préparer et à déterminer ces spécimens d'une flore qui nous intéresse à tant de titres, quand son collègue au Musée, M. Mourlon, lui signala (§7) d'importants gîtes de végétaux fossiles qu'il venait de découvrir à Évieux sur TOurthe dans l'étage des psam- mites du Condroz, c'est-à-dire à la partie supérieure du terrain devonien. Ces gîtes fournirent à notre savant con- frère d'abondants matériaux et il crut devoir momenta- nément interrompre ses recherches sur notre flore houil- lère pour se livrer à l'étude d'une florule qui, à l'intérêt d'être entièrement nouvelle pour le pays, joignait celui d'avoir précédé l'époque où nos bassins houillers se for- mèrent. La florule devonienne d'Évieux était composée, d'après les premières recherches de notre confrère (1), de quatre types: trois fougères — Palaeopteris hibernica représentée non par la forme type d'Irlande, mais par une variété iné- dite à plus petites pinnules; Triphyllopteris elegans déjà signalée en Thuringe; Sphenopteris flaccida, type inédit — enfin, une forme étrange que l'auteur rapprocha du genre Psilop/ujton de Dawson à cause de la disposition des organes de fructification. Le rapprochement de cette dernière forme fut contesté par M. Schimper qui croit y reconnaître un Sphenopten's, fougère voisine du groupe vivant des Trichomanes. Une discussion eut lieu entre l'illustre paléontologiste de Stras- bourg et notre savant confrère. L'opinion du premier fut présentée récemment à l'Académie par M. Gilkinet dans une note critique accompagnée de nombreuses citations bibliographiques et de planches empruntées en partie à l'ouvrage de Dawson et aux Mémoires de l'Académie de Vienne (2). (1) BuU. de rAcalémie roy. de Belgique, îl^ sér., t. XXXVIII, p. 556. (2) Jbid.. l. XXXIX,p.39S. (§8) Celte note, comme on pouvait le prévoir, n'apporte au- cun contingent nouveau à cette florule. Dans le travail qu'il nous soumet aujourd'hui, M.Crépin fait connaître le résultat de ses nouvelles études sur les importantes collections qu'il a su réunir, et il enrichit la florule d'Évieux de deux nouveaux types : un Calamités qu'il ne détermine pas spécifiquement et une Lycopodiacée qui paraît se rapporter au Lepidodendron nothiim Ung. de Saaifeld en Thuringe. Il y examine de nouveau le type aberrant qu'il a décrit l'année dernière sous le nom de Psilophyion Condnisorum et cet examen l'amène à rencontrer les objections de M. Schimper. Il confirme que le mode de fructification de ce végétal litigieux sur les liges duquel on no voit ni feuilles ni écailles, n'a jamais été signalé dans le groupe des Sphoiopferisj tandis que ce mode de fructification ne difl'ère morphologiquement de celle du Psilophyion que par des sporanges plus petits; Que les ramuscules y sont terminés en crochet, ce qui ne se rencontre jamais dans les Trichomanes dont les Sphenopteris doivent être rapprochés et où les extrémités des pinnules sont toujours droites; Que le premier groupe de ramnles sur les ramifications secondaires y est inférieur, tandis que dans les Tricho- manes la première pinnule est supérieure; Que le premier ramule y est intérieur; dans les Tricho- manes, la première division des pinnules est extérieure. Ces faits éloignent complètement celte forme des Sphé- noptéridées. L'auteur persiste donc à se refuser à y voir les restes d'une fougère, comme le voudrait M. Schimper. Cependant la constitution de l'axe de la tige qui est ici continu , sépare ce type des Psilophyton dont le mode de (59) fructificalion le rapproche. M. Crépin se croit dès lors au- torisé, comme noire éminent confrère, M. de Koninck, vient de le dire, à lui donner une dénomination générique propre , celle de Rhacophylon, ce qu'une réserve qu'on ne peut trop approuver dans les sciences descriptives, l'avait empêché de faire dans sa première note où il avait cru de- voir utiliser provisoirement le genre Psilophyton de Dawson. L'auteur relève aussi, à propos de sa variété niinor du Palaeopteris hibernica, une aberration qu'a produite une lecture cursive de son premier travail et qu'on voit à re- gret ligurer, quoique en partie rectifiée déjà, dans nos Bulletins au milieu de la note critique prémentionnée. Tel est en substance l'état de la question que les études de M. Crépin ont fait naître. Comme nous pouvions nous y attendre, ces flores anciennes qui sont si différentes de la nature actuelle et qui ne se présentent en outre qu'à l'état de débris fragmentaires, ne pouvaient tarder à créer des divergences d'opinions et à donner lieu à des discussions entres botanistes. La note que notre savant confrère nous présente té- moigne des recherches sérieuses et étendues qu'il pour- suit et qui ont doté notre pays de la première collection de paléontologie végétale, digne de nos terrains, qui ait encore été formée chez nous. J'ai l'honneur de proposer l'impression de cet intéressant travail dans nos Bulletins. » La classe décide le renvoi de cette note à l'auteur. — MM. Dewalque, Dupont et Briart donnent lecture de leurs rapports sur la proposition de publier une nouvelle carte géologique du pays, soumise par M. Dewalque, dans la dernière séance. (60) La classe décide, à cause de Timportance du sujet, de ne se prononcer sur les conclusions des rapports que dans sa prochaine séance. Note sur un nouvel instrument astronomique , par M. Journeaux-Duhanïel. Rapport de M, Et'u. Qitelelet. « M. Journeaux-Dnhamel a soumis à l'appréciation de TAcadémie un instrument construit par lui et destiné à l'observation des taches du soleil. Cet instrument consiste en un miroir métallique légèrement concave, mobile au- tour d'un axe horizontal, d'environ 5 centimètres de dia- mètre et d'un très-long foyer (plus de 6 mètres). Quand on reçoit sur ce miroir un faisceau de rayons solaires, il se produit par réflexion une image du soleil; en plaçant alors au foyer un écran, on peut aisément étudier le disque solaire et les taches qui s'y montrent fréquemment. Ce petit appareil est assez élégant et peut être utile dans certaines circonstances, mais le principe de sa con- struction ne peut pas être regardé comme nouveau. J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer à la classe de se borner à voter des remercîments à l'auteur pour sa com- munication. » Mtnppoft fie W. jr. Linyfe. > a Je me rallie entièrement aux conclusions de mon honorable confrère M. Ern. Qiietelet. La note de i\L Jour- neaux-Duhamel ne me paraît pas de nature à être insérée dans un recueil académique. » (61 ) Rappot'l de 9t. F. Folie. « La présentation de mon rapport sur le miroir solaire de M. Journeaux-Duhamel a été retardée par suite de la nécessité où je me suis trouvé d'attendre des circonstances favorables pour l'observation des taches solaires au moyen de ce petit instrument. Le ciel a malheureusement été fort souvent couvert tandis qu'il y avait des taches; je suis parvenu cependant à en distinguer très-nettement pendant une éclaircie. Dans ces dernières semaines le temps a été plus beau, mais les taches avaient disparu de la surface du soleil. Une compensation inattendue s'est présentée grâce à la présence de deux facules sur le bord occidental de l'astre; ces facules étaient visibles sur l'image, ce qui prouve la grande netteté de celle-ci. Ce petit miroir pourra donc rendre de grands services dans les cours de cosmographie, dont bien peu ont un télescope à leur disposition. Mais là ne réside pas surtout, d'après moi, le mérite de l'invention de M. Journeaux. Je le trouve plutôt dans l'idée même qu'il a eue de tâcher d'obtenir, au moyen d'un miroir unique, une image du soleil suffisamment grande et nette pour pouvoir être observée à l'œil nu, et dans la réalisation pratique qu'il a su donner à cette idée. On sait les difficultés que présente la taille des miroirs de télescope, difficultés telles que Gregory, Newton, Hers- chell et d'autres astronomes ou physiciens célèbres ont taillé eux-mêmes leurs miroirs; or un miroir télescopique de 15 centimètres de diamètre et de 2 m. de distance fo- cale donnerait une image de \ V2 cent., qui serait éblouis- (62) santé et brûlerait même un écran de carton; il fallait donc agrandir cette image en donnant au miroir une courbure excessivement faible, et un très-petit diamètre pour éviter les aberrations de sphéricité. Telle a été l'idée de M. Journeaux, et il Ta réalisée par lui-même avec beaucoup d'habileté manuelle. Ses miroirs ont 5 cent, de diamètre, et de 6 à iO m. de distance focale, ce qui fait varier la grandeur de l'image de 7à9cent.,tout en lui laissant toujours une neltelé parfaite. L'inventeur parviendra peut-rêtre à tirer parti de son idée pour doter les amateurs d'astronomie d'un télescope économique, bon et durable; il rendrait ainsi un grand service à la vulgarisation de la science. En résumé l'appareil de M. Journeaux m'a paru neuf, ingénieux et utile; et j'ai l'honneur de proposer à la classe, avec mes honorables confrères, d'adresser des remercî- ments à l'auteur de cette intéressante invention. » Conformément aux conclusions de ces rapports, des reraercîments ont été votés à M. Journeaux-Duhamel. Fragments sur le calcul numérique (2*^ partie); par M. J. C. Houzeau. Rappoi't de M, F. Folie. a Notre savant confrère M. Houzeau s'occupe, dans le nouveau fragment qu'il vient d'adresser à la classe, du calcul numérique dans les opérations arithmétiques. Il les distingue, au point de vue de leur étendue, en cursives, communes et laborieuses; au point de vue de (63) leur nature, en opérations dont le résultat est du même ordre (addition et soustraction), ou non (multiplication, division, extraction de racines), que les données. Après avoir insisté avec raison sur l'importance qu'il y a, dans ces dernières surtout, à ne tenir compte que des chiffres utiles à l'obtention du résultat final, il l'ait remarquer que, selon que l'on veut obtenir les premiers ou les derniers chiffres avec exactitude, on doit opérer suivant le mode descendant ou suivant le mode ascendant. Il donne ensuite un exposé très-complet des différents procédés d'addition dans les deux modes. Dans la soustraction, l'auteur, après avoir indiqué un procédé peu avantageux, selon nous, et qui consistée inscrire colonne par colonne chaque reste positif ou né- gatif, puis à transformer le résultat en un nombre positif, ce qui constitue une double opération, mentionne natu- rellement aussi le procédé par complément; et, dans celui- ci, il commet à nos yeux un grave oubli en ne posant pas cette règle qnhin complément doit être pris mentalement^ et jamais écrit Ç); il est obligé ainsi à perdre du temps à récriture de ce complément. Une remarque grammaticale que nous communiquerions volontiers à M. Houzeau , s'il n'habitait la Jamaïque, est celle-ci : il emploie le mot soustrahende, comme on dit (*) Nous avons posé depuis longtemps celle règle dans nos nouvelles tables des logarithmes des nombres naturels et des lignes irigonomé- triques et tables inverses, à 4 décimales. Vqir, entre autres exemples, celui dans lequel nous avons calculé les trois angles d'un triangle et son aire en n'écrivant qu'une seule fois, en tout, les quatre logarithmes de p, p — a, etc. {Mémoires de la Société royale des sciences de Liège , 2^ série , t. P"".) (64) multiplicande, dividende; et soustracteur, comme multi- plicateur, diviseur; nous approuverions ces néologismes si leur sens était conformée l'étymologie; mais souslrahende signifie évidemment qui doit être soustrait, sens radica- lement contraire à celui que lui donne M. Houzeau, et soustracteur signifie qui soustrait. Nous avons entendu un mathématicien de nos amis se servir dans le même but des termes diminuende et diminueur, dont le sens est tout à fait d'accord avec l'étymologie. Notre savant confrère a cru bon d'entrer dans les plus grands détails relativement aux procédés de multiplica- tion ; nous estimons ces détails fort utiles; mais pour être complets, ils auraient dû renfermer, dans les exemples de multiplication à vue, ceux par 5, 2o, etc., et quelques autres moins utiles, mais curieux ; et en outre le procédé de multiplication abrégée qui consiste à n'écrire aucun des produits partiels, procédé usité, à notre connaissance, dans les maisons de banque, et indiqué, du reste, dans plusieurs traités. L'auteur fait quelquefois usage, même en pratique, du procédé de Cauchy; nous avouons qu'il nous semble com- pliqué, et l'on pourra juger des difficultés qn'il présente par l'exemple suivant : 9x7 =11 x 15 = 145 = 63. La préparation des nombres, et la traduction du résultat nous semblent occasionner une grande perte de temps. L'exposé des procédés de division est également très- complet ; et parmi ces procédés il en est plusieurs, très- ingénieux, dont M. Houzeau a, pensons-nous, le droit de revendiquer la paternité. Dans la division simple, il ne pense pas qu'on gagne rien à effectuer mentalement les soustractions : nous ne sommes pas du même avis. ( 6S ) Deux procédés fort avantageux dans certains cas sont ceux que l'auteur indique sous les noms de division en sé- rie et de division par approximations successives. Celui-ci, comme M. Houzeau le fait remarquer, se réduit au fond à multiplier le dividende par le réciproque du di- viseur. Pour que ce dernier procédé, ainsi que l'approxi- mation qu'il fournit, fussent rapides, il faudrait posséder une table des réciproques des nombres d à 1000. L'auteur en a construit une qui s'étend de 1 à 100 pour son usage personnel ; cette table renferme en outre les produits effectués des réciproques par 2, 5. ...9. Une table sem- blable qui s'étendrait jusqu'à 1000 rendrait de grands services. Un autre moyen, parfois très-avantageux, consiste à calculer le réciproque en prenant pour premier terme de la série une puissance entière de 2 ou de 5, de sorte que le premier terme et son réciproque sont finis; malheu- reusement le nombre de leurs chiffres significatifs est sou- vent trop considérable. On le voit par la table de ces puissances dont les valeurs varient depuis i jusque 9. II aurait été utile, croyons-nous, de disposer cette table à double entrée. Comme le dit l'auteur, tous ces procédés, ainsi que celui de la division qu'il appelle mixte, sont fort compli- qués; et c'est avec raison, selon nous, qu'il engage à faire la division laborieuse en dressant une table des multiples du diviseur par 2.. ..9. Ici encore nous croyons devoir signaler une simplifica- tion très-considérable, et fort en usage dans les observa- toires lorsqu'un même nombre, le log. cos. de la latitude du lieu, par exemple, doit être ajouté à d'autres loga- rithmes donnés par de nombreuses observations ; dans ce 2™^ SÉRIE, TOME XL. 5 (66) cas on écrit le logarithme constant au bord inférieur d'une feuille mobile, et on le fait glisser successivement au- dessus de tous les autres nombres. On procéderait d'une manière analogue pour les multiples de 1 à 9 du diviseur, qui ne seraient ainsi écrits qu'une fois en tout pour effec- tuer complètement l'opération. Le procédé donné par M. Houzeau pour trouver le reste d'une division par un nombre rationnel le conduit à des résultats qui peuvent naturellement s'appliquer à la recherche des caractères de divisibilité. Nous ferons re- marquer à ce sujet que nous avons donné, pour arriver (*) à ces mêmes résultats, un autre procédé d'une généralité très-grande. Un dernier paragraphe enfin du travail de notre savant confrère est consacré à l'extraction des racines laborieuses ; il préconise avec raison, nous semble-t-il, l'emploi de la méthode mixte qui consiste à trouver d'abord les 6 pre- miers chiffres exacts de la racine par logarithmes, puis les 6 chiffres suivants par une division opérée également par logarithmes, et ainsi de suite. En résumé, on voit au premier coup d'œil que ce tra- vail est l'œuvre d'un savant habitué à manier les chiffres, à discuter avec beaucoup de pénétration la rapidité et la sûreté des méthodes, et sachant, de plus, en imaginer de très-ingénieuses. Aussi les calculateurs retireront-ils le plus grand fruit de la lecture de ces pages. Cest même pour cette raison, et pour contribuer, dans la mesure de nos moyens, à accroître cette utilité, que nous nous som- mes permis d'indiquer ici quelques simplifications que M. Houzeau avait omis de signaler. {*) Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, 2^ série, t. I^""- (67) Nous proposons avec le plus grand plaisir à la classe de voter, en nieme temps que des remcrcîments à notre sa- vant confrère, l'impression de son intéressant travail dans les Bulletins. » Mtappoi't tie Mt. E. Catalan. Tout en acceptant les conclusions formulées par M. Fo- lie, je crois pouvoir présenter les remarques suivantes, que m'a suggérées la lecture du nouveau travail de notre savant confrère M. Houzeau. ^P. Vn. Addition algébrique. L'auteur désigne ainsi une addition dans laquelle les chiffres des nombres donnés peuvent être négatifs^ ou du moins considérés comme tels. Exemple (n° 45) : 28 175 940 2Î 173 255 47 200 795 Sauf le cas où il s'agit de logarithmes à caractéristiques négatives et à parties décimales positives, on ne voit guère comment l'on peut être (Conduit à de pareilles ad- ditions. 30. I. Soustraction sans emprunts. Il y a quelque cin- quante ans, les élèves des petites écoles ne manquaient pas de dire : « J'emprunte un, qui vaut dix. » J'aime à croire que cette pratique, mauvaise à tous égards, est aban- donnée. Peut-être l'honorable et savant auteur eût-il bien fait de n'en point parler. 30. II. Soustraction transformée {c'est-à-dire, sous- traction avec compléments). On l'a remarqué depuis longtemps, l'emploi des compléments a pour résultat de (68) remplacer, par une soustraction et une addition, la sous- traction proposée : au lieu d'une opération, on en fait deux ! J'ai exécuté beaucoup de calculs numériques ; et l'emploi des compléments m'a toujours paru désavanta- geux. 34. Multiplication de Cauchy. Comme l'a fait observer M. Folie, la simplification proposée par l'illustre Géomètre est, au fait, une véritable complication. Du reste, il n'y a pas à s'affliger de ce résultat : avant de passer au cas géné- ral de la multiplication, l'élève doit savoir, par cœi«r, la table de Pythagore; et la détermination du produit de deux nombres d'un seul chiffre chacun ne doit exiger au- cun travail intellectuel. 40. Division par 9. M. Houzeau s'appuie sur la re- lation 1 _ 1 1 _|_ 9 ~ ÏÔ "^ÏÔÔ"*" 1000 "* Cette formule, étant un cas particulier de celle qui donne la somme des termes d'une progression par quotient, ne peut être démontrée que vers la fin du cours d'arithmé- tique. Heureusement, elle est inutile. Dès 1840, je ne manquais pas de faire remarquera mes élèves que, pour diviser un nombre par 9, on peut commencer par chercher le reste de la division, puis le chiffre des unités du quo- tient, puis le chiffre des dizaines, etc. 43. Notre confrère, comme la plupart des arithméti- ciens, préconise le procédé connu sous le nom de Crible d'Êratosthènes. Je pense que c'est à tort. J'ai indiqué, il y a bien longtemps, une simplification notable, dont cette méthode est susceptible. 46. Division en série. L'exemple choisi par l'auteur (69) prouve, me semble-t-il, que cette manière d'opérer est moins simple que la pratique habituelle. En outre, à cause des termes positifs ou négatifs, les chances d'erreurs sont fort nombreuses. 47. Division par approximations successives. On peut répéter la remarque précédente : le nombre des opérations auxiliaires est si considérable, qu'elles augmentent peut- être le travail total , au lieu de le diminuer. 4<Ç. Division par la recherche du réciproque. M. Hou- zeau s'est donné la peine de construire une table renfer- mant, avec les réciproques des 100 premiers nombres naturels, leurs produits par 1 , 2, ....10. Ces tables, si elles étaient suffisamment prolongées, pourraient servir aux calculateurs, à la condition d'être portatives, peu coû- teuses, etc. Pourra-t-on satisfaire à ces diverses condi- tions? Il est permis d'en douter. 52!. Reste de la division. En représentant par a-+-iOb-{- lO^c +.... le dividende, et par 10 -h A: le divi- seur, notre savant confrère trouve que le reste de la division est R=a— A'6-i- /c^c — Cette formule, que je ne con- naissais pas, me paraît fort remarquable. Mais la démon- stration employée par M. Houzeau est très- compliquée : l'auteur recourt à des développements en séries j à des transformations de séries, etc. On arrive tout de suite au résultat, en observant que les identités donnent 6 (10 + A;) -f- c (10» - fc') -^ d (10' -^k'^)^... =clll) (10 -♦- k) ou oH-106-4-10'c-+- lO'd-h... =cfll>(10-+-A)-+-a — fc&H-fe^c (70) De cette manière, la curieuse formule de M. Houzeau pourra prendre place dans les Traités élémentaires. » La Classe, conformément aux rapports précédents, ainsi qu'à l'opinion de M. J. Liagre, troisième commissaire, décide l'impression du travail de M. Houzeau dans les Bulletins; elle a voté, en même temps, des remercîments à l'auteur. Sur quelques plantes fossiles de V étage du Poudingue de Burnot, par M. Alfred Gilkinet. Rapport de JU. de MionincH. a La notice de M. Gilkinet est relative à deux fragments de plantes qui ont été découverts dans les schistes impré- gnés de malachite des environs de Rouveroy, appartenant à l'étage du poudingue de Burnot. Déjà notre savant et bien regretté confrère Coemans avait eu l'occasion d'examiner ces plantes et les avait désignées l'une sous le nom de Filicites piimatus, et l'au- tre sous celui de Filicites lepidorachis, sans toutefois en faire une description détaillée, ni un examen critique. En soumettant ces mêmes échantillons à de nouvelles recherches, monsieur Gilkinet a pu confirmer que l'une des deux plantes est réellement une fougère et il est d'avis que le nom de Filicites pinnatus, Coemans, doit lui être conservé. Quanta la seconde, M. Gilkinet, croit qu'elle n'a aucun des caractères génériques de la première et qu'elle doit ( 71 ) être classée parmi les Lepidodendron. Les raisons que l'auteur donne pour appuyer son opinion, me paraissent suffisamment fondées et je m'y rallie volontiers; mais je différerai d'avis avec lui lorsqu'il s'agira du nom spéci- fique à donner. Je viens de rappeler plus haut que Coemans avait dési- gné l'espèce dont il est ici question sous le nom de Fili- cites lepidorachis. Or je ne vois aucune raison plausible pour changer ce nom par celui de Burnotense; cette manière de faire est contraire aux règles généralement admises dans les sciences naturelles. On peut (out aussi bien reconnaître la plante sous le nom de Lepidodendron (Filicites) lepidorachis, Coemans, que sous celui de Lepido- dendron Burnotense. Je terminerai en faisant observer que si mes souvenirs sont exacts, Toilliez déjà avait recueilli quelques frag- ments semblables à ceux dont M. Gilkinet s'estservi et me les a montrés peu de temps avant sa mort. Il serait intéres- sant de savoir ce que ces fragments sont devenus. On y trouverait peut-être les éléments d'un nouveau travail. Je propose l'insertion de la notice de M. Gilkinet dans nos Bulletins. » Rapport de M. G. newatque. c( Lorsque Coemans, notre regretté confrère, se fut décidé à s'adonner à l'étude des végétaux fossiles de notre pays, je m'empressai de lui communiquer tout ce que j'avais recueilli en ce genre, notamment les restes de deux plantes rencontrées dans les schistes imprégnés de mala- chite qui ont donné lieu à des recherches assez étendues et à une concession àRouveroy. Quelques années plus tard, (72) lorsque je fis paraître mon Prodrome d'une description géologique de la Belgique, Coemansme remit une liste des espèces qu'il avait déterminées, liste' sur laquelle mes plantes deRouveroy figuraient comme espèces nouvelles, sous les noms de Filicites pimiatus et Filicites lepidora- chis ; il me promettait en même temps de les décrire incessamment, de sorte que je crus pouvoir les faire entrer, à l'article de l'étage de Burnol, dans les listes de fossiles par lesquelles je terminais cet ouvrage. Malheu- reusement notre ami nous fut enlevé avant qu'il eût pu tenir sa promesse. Il y a déjà quelque temps, un de nos jeunes docteurs en sciences naturelles dont l'Académie a déjà couronné les travaux, M. A. Gilkinet, me demanda des renseignements sur ces deux espèces nominales, et je m'empressai de lui remettre les échantillons qui m'étaient revenus après la mort de Coemans, avec des étiquettes accompagnées de quelques mots de diagnose. Je priai M. Gilkinet de bien vouloir s'occuper de ces fossiles, remarquables par leur ancienneté autant que par la stérilité habituelle du dépôt qui les renferme. L'étage du poudingue de Burnot con- stitue, pour presque tous les géologues, la partie la plus élevée du terrain devonien inférieur, ou système rhénan; et la présence de deux fougères à cette époque mérite considération. Le travail que M. Gilkinet soumet à l'Académie est con- sacré à l'examen de ces plantes. La première reste dans la science sous le nom de Filicites pinnatus que Coemans lui a donné; mais la seconde doit être rapportée, d'après l'au- teur, non à une fougère, mais à une lépidodendrée , à laquelle il donne le nom de Lepidodendron Burnotense, pour rappeler son gisement. L'absence de toute foliole (73) dans les nombreux débris dont les échanlillons sont rem- plis, la dichotomie des ramifications, et surtout la dispo- sition spirale des coussinets dont ces rameaux sont garnis ainsi que quelques feuilles lancéolées, et enfin une em- preinte incontestable de tige de Lepidodendron dans un échantillon rempli de ces rameaux, nous paraissent jus- tifier celte manière de voir. La présence d'un large anneau vasculaire entourant une moelle centrale, et l'absence de toute trace de la fructification des Psilophylon empêchent de rapporter notre plante à ce dernier genre. La note de M. Gilkinet est accompagnée de planches dessinées soigneusement par fauteur et représentant ces intéressants végétaux. On peut regretter qu'ils ne soient pas mieux conservés, mais il faut tenir compte de la grande rareté des fossiles à ce niveau. Aussi je crois que cette note intéressera les paléontologistes et j'en propose volontiers l'insertion au Bulletin, avec les planches qui l'accompa- gnent. » Rapport do M. Bellynck. a Je me rallie à mes deux savants confrères M. de Koninck et M. Dewalque, pour demander l'impression du travail de M. Gilkinet, et la reproduction des planches qui l'accompagnent. Je crois aussi que les deux plantes en question appar- tiennent, l'une aux Fougères, l'autre aux Lycopodiacées [Lepidodendron). Si, dans la ramification de cette dernière, la dichotomie semble parfois faire défaut, elle peut n'être que dissimulée; on trouve beaucoup d'exemples d'un déve- loppement inégal des branches de la bifurcation, ce qui constitue une dichotomie sympodiqiie. — Basée sur des ( 74) exemplaires fort défectueux, la détermination spécifique de ces plantes doit nécessairement se réduire à des con- jectures. » La classe, conformément aux conclusions de ces trois rapports, vote des remercîments à M. Gilkinet et décide l'impression de sa note dans les Bulletins. » COMMUNICATIOiNS ET LECTURES. Fragments sur le calcul numérique j par J.-C. Houzeau, membre de l'Académie. FRAGMENT IL OPÉRATIONS DE l' ARITHMÉTIQUE. § G. — Remarques préliminaires. 25. On s'étonnera peut-être qu'il reste quelque chose à dire sur les opérations de l'arithmétique. Nous espérons pourtant que la lecture des pages suivantes ne sera pas dépourvue d'intérêt pour le calculateur numérique. Décomposées dans leur travail élémentaire, les opéra- tions de l'arithmétique se réduisent à des combinaisons de chiffres deux à deux. Un calculateur peut effectuer, en moyenne, mille de ces combinaisons par heure, embrassant ainsi la considération de deux mille chiffres individuels. Il y a toutefois des opérations plus fatigantes et moins ra- pides que d'autres. La variété des opérations successives allège la fatigue d'esprit. (73) 26. Considérées sous le rapport de leur étendue, les opérations numériques peuvent se ranger en trois classes, pour lesquelles les procédés les plus avantageux sont gé- néralement ditïérents. Ces trois classes sont : • A]. Les opérations à vue ou ctirsives, que la brièveté et Ja simplicité des nombres proposés permettent d'exécuter sans transcrire les données, et sans annoter de résultats partiels intermédiaires. B]. Les opérations communes, qui embrassent un nombre modéré de chiffres, et dans lesquelles on par- vient au résultat final après un intervalle de temps qui peut s'évaluer par minutes. Tel est, par exemple, le calcul de la moyenne des passages d'un astre aux cinq ou aux dix fils d'une lunette. Tel est aussi le calcul d'un côté de triangle de nos cartes géodésiques. Ces opérations d'étendue limitée, mais qui exigent l'inscription chiffre à chiffre de résultats partiels, sont celles qui se présentent presque constamment au calculateur. C]. Les opérations laborieuses, dans lesquelles on de- mande un résultat avec une précision considérable, exi- geant, par exemple, un nombre de chiffres que les tables logarithmiques existantes ne sont pas à même de fournir. On peut regarder comme méritant le nom de laborieuse toute opération dans laquelle il y a plus de dix rangs signi- ficatifs aux données, ou plus de dix lignes horizontales au tableau. Les opérations de cette étendue exigent une atten- tion toute particulière, et du discernement dans le choix des procédés à adopter. 27. Considérées dans leur nature, les opérations de l'arithmétique se partagent en deux genres distincts. Dans celles du premier genre le résultat est du même ordre de grandeur que les données, tandis que dans celles du second (76) genre ce résultat et Tune au moins des données sont d'ordre différent. Au premier genre appartiennent l'addition et la sous- traction , qui se réduisent à la rigueur à une seule opéra- tion, l'addition algébrique, c'est-à-dire l'addition dans la- . quelle on tient compte des signes. La multiplication avec l'élévation aux puissances, la division et l'extraction des racines composent le second genre. En effet, un produit, par exemple, est du second ordre par rapport à ses facteurs. C'est surtout dans les opérations du second genre que la présence des nombres complexes introduit des difficultés immenses. Dans les opérations du premier genre, le dernier ordre des données est aussi le dernier ordre du résultat ; il n'y a donc pas, dans celui-ci, de chiffres qui deviennent incer- tains par l'effet des procédés de calcul. Il n'en est pas de même dans les opérations du second genre. Dans ces opé- rations, le dernier ordre change de rang; il importe, par conséquent, de se rendre compte du mode de génération des chiffres-résultats, et de déterminer dans quel rang du résultat général l'abréviation des données permet à l'erreur de s'étendre. Quand nous opérons la multiplication de deux nombres l'un par l'autre, tous les produits partiels après le premier laissent des places vides dans les derniers rangs verticaux à droite, et par conséquent l'addition de ces rangs ne four- nit pas des totaux complets : les dernières décimales du produit total sont donc illusoires. De même quand nous effectuons une division, et que nous ajoutons des zéros dans les rangs inférieurs du dividende, nous faisons par là une hypothèse purement gratuite sur la valeur absolue de ces rangs. Nous aurions été tout aussi fondés à ajouter ( 77 ) des i , ou des % ou des 5, etc.; et les quotients partiels qui dérivent de toutes ces suppositions deviennent également illusoires à un certain nnoment. Jl importe donc de se tenir en garde contre cette admis- sion de chiffres incertains. D'un autre côté il est désirable de supprimer la partie du travail qui serait faite en pure perte, puisqu'elle ne conduirait qu'à des chiffres entachés d'erreur : or, cette partie inexacte formerait parfois la moitié ou près de la moitié de l'opération totale, telle qu'on la prescrit dans les traités élémentaires. Ce sont des con- sidérations de ce genre qui ont conduit entre autres à l'in- troduction de la multiplication et de la division simpli- fiées. Il est vrai que Tinvenlion des logarithmes, en ramenant au premier genre les opérations du second, facilite d'une manière aussi heureuse qu'elle était inattendue la lâche du calculateur. Cette invention ne nous dispense pas cepen- dant, d'une manière absolue, d'exécuter des opérations du second genre. Ainsi, d'une part, toute opération qui peut se faire à vue l'emporte en rapidité sur l'opération loga- rithmique, et d'autre part toute opération qui embrasse un grand nombre de rangs décimaux exige un recours aux procédés directs. 28. Les traités élémentaires, en parlant du sens dans lequel ils prescrivent d'effectuer les opérations, semblent en faire une condition essentielle. Mais les opérations de l'arithmétique peuvent presque toujours être conduites dans deux sens différents. On peut traiter en premier lieu les ordres les plus importants, pour passer successivement à des ordres moindres : c'est opérer dans le sens descen- dant, ou de gauche à droite. Ou bien on commence le calcul par les ordres moindres, pour s'élever de là aux (78) ordres supérieurs : c'est opérer dans le sens montant ou de droite à gauche. L'usage est de conduire la division et l'extraction des racines dans le sens descendant, l'addition, la soustraction et la multiplication dans le sens montant. Toutefois on a presque toujours le choix entre les deux méthodes, et dans ce cas ii convient de se déterminer d'après la nature du résultat cherché. Les opérations descendantes fournissent les termes bu chiffres de ce résultat dans Tordre de leur importance re- lative, et permettent, par conséquent, de s'arrêter aussitôt qu'on atteint le degré requis d'approximation. 11 est donc logique de calculer en descendant toutes les fois qu'on cherche un résultat nouveau dans certaines limites fixées. Toutes les opérations de l'arithmétique se prêtent à cette marche sans difficulté. Au contraire, s'il s'agit d'ohtenir,avec une grande exac- titude, les dernières décimales d'un résultat dont les ordres supérieurs sont déjà connus, il convient d'adopter le sens montant. On est libre alors d'abandonner le calcul lorsqu'on parvient aux rangs déjà connus. Le cas que nous venons d'indiquer se présente, entre autres, lorsqu'on se propose d'étendre un résultat déjà calculé, quand on veut exprimer, par exemple, avec vingt décimales une quantité dont on connaît déjà les dix premiers chiffres. 11 suffît ici d'appeler l'attention sur ce point: nous re- viendrons sur le sens des calculs en traitant des opérations particulières. § H. — Opérations du premier genre. 29. Nous appellerons toujours a tableau » l'ensemble des nombres sur lesquels il s'agit d'opérer, écrits les uns sous les autres, avec correspondance des rangs verticaux. ( 79 ) Lorsque ce tableau est étendu, et que l'opération est, par conséquent, laborieuse, l'addition constitue le travail le plus fatigant du calcul numérique, et présente par suite le plus de chancesd'erreur. Il existe cependant divers moyens, soit d'alléger la fatigue mentale qu'entraîne cette opéra- tion, soit d'accélérer le travail. Nous allons énumérer les différentes métbodes d'addition, en présentant pour cha- cune d'elles les remarques que nous croyons utiles. I. AddUion commune. — C'est l'addition mentale chiffre par chiffre et colonne par colonne. Il faut se débarrasser toutefois de ce qu'on a coutume d'appeler le report, en écrivant intégralement le total partiel de cliaque colonne. On fait à la tin la somme des totaux partiels, écrits en éche- lons. On peut, par cette précaution, vérifier toute colonne particulière indépendamment des autres; on conduit, lors- qu'on le désire, l'opération en descendant; enfin si l'on \ient à être interrompu on perd seulement la colonne sur laquelle on opérait dans cet instant. II. Addition des comptables. — Dans l'exécution de l'addition, la fatigue mentale résulte principalement de l'accroissement continu de la somme partielle, à mesure qu'on suit la colonne. On soulage l'attention en se bornant à suivre le progrès des unités dans cette somme partielle. On met un point ou toute autre marque conventionnelle sur le tableau, à chaque dizaine obtenue. Arrivé au bas de la colonne, on inscrit d'abord les unités, et l'on compte ensuite les dizaines par le nombre des points annotés. Cette méthode est celle suivie dans la plupart des grands établissements de banque de l'Europe. On l'a trouvée très- supérieure, comme sûreté, à l'addition commune. III. Addition par les dix. — On choisit, dans une même colonne, pour les réunir en groupes, les nombres dont la (80) somme partielle fait 10 ou un multiple de 10. On assemble, par exemple, un 1 avec un 9, un 2 avec un 8, un 2 et un 5 avec un 5, un 4 et un 7 avec un 9 On compte ainsi par dizaines entières, dont on retient aisément le nombre; et l'on pomte ou l'on barre les chiffres à mesure qu'on les emploie, pour éviter d'y revenir plusieurs fois. Enfin après avoir formé un certain nombre de dizaines complètes, il reste ordinairement quelques chiffres qui ne sont pas com- plémentaires, et qui ne se prêtent pas à la composition d'un ou de plusieurs dix. On réunit ces chiffres pour en former un appoint que l'on joint aux dizaines déjà obtenues. IV. Addition par espèces. — Cette addition consiste à compter, dans chaque colonne , combien il y a de chiffres de chaque espèce, c'est-à-dire combien de 1, de 2, de 3, etc. Le nombre des retours de chaque chiffre est inscrit dans un tableau particulier. On forme alors, dans une seconde table, les produits que ces répétitions indiquent. On peut entreprendre, parce procédé, de former la somme immé- diate de plusieurs centaines ou même de plusieurs milliers de nombres. Mais, dans ces immenses colonnes, le compte des chiffres n'est pas lui-même sans diiTiculté : l'œil et l'attention se fatiguent. Une des meilleures dispositions consiste à isoler entièrement de ses voisins la colonne que l'on considère actuellement, en la comprenant entre deux règles, ou dans une fente découpée au milieu d'une feuille de papier A nos yeux, l'addition par espèces n'est vraiment avan- tageuse que dans une seule circonstance : pour former le total des premières colonnes à gauche, dans la recherche des moyennes. En effet, dans ce calcul, on a souvent à réunir des nombres dont les premiers ordres varient peu. ( 81 ) V. Àddilion par deux chiffres. — Un moyen simple et efficace (raccélércr l'addition a été proposé par l'Américain Hulchings, qui est doué d'une aptitude particulière pour les calculs numériques. Ce moyen consiste à prendre les chiffres à ajouter non point un par un, mais deux par deux. Tout calculateur fait aisément à vue la somme de deux chiffres, par exemple 4 + 5 ou 6 -h 9. Au lieu de dire 4 -h o = 7, il dira donc immédiatement 7, et au lieu de passer par l'expression 6 -+- 9 il emploiera du premier coup le total 15 de ces deux chiffres. Les quatre nombres cités 4h-3h-6-i-9 se réduiraient alors à l'addition 7+15=22, l'œil embrassant chaque fois deux chiffres donnés. VI. Addition de Cauchy. — Afin de diminuer l'impor- tance croissante des totaux partiels, on peut remplacer, suivant la proposition de Cauchy, tous les chiffres supé- rieurs à 5, par leur complément arithmétique surmonté d'un signe négatif. On assemble les chiffres en tenant compte de leur signe, et l'on écrit au pied de la colonne la somme partielle, positive ou négative (dans ce dernier cas surmontée du signe — ). Cette méthode, qui exige une préparation des nombres, ne doit pas sans doute être re- commandée comme usage général; mais elle peut devenir utile dans les vérifications. Nous avons à peine besoin de dire qu'en préparant les nombres pour cette opération, il faut avoir soin d'aug- menter d'une unité tout chiffre positif qui précède immé- diatement un chiffre devenu négatif ('). En convertissant dans le style vulgaire de numération le résultat final ex- primé par des chiffres les uns positifs, les autres négatifs, (•) En eflfet, 27=33, vingt-sept égale trente moins trois, et ainsi des autres. 2°"^ SÉRIE, TOME XL. 6 (82) on prend le complément de toute partie négative, en dimi- nuant d'une unité le chiffre qui la précède immédiatement. L'usage de chiffres des deux signes n'offre rien d'insolite aux calculateurs habitués aux caractéristiques négatives des logarithmes. Les chiffres négatifs sont parfois particulièrement utiles dans les additions de nombres complexes. Si l'on a, par exemple, à ajouter à un grand nombre de quantités diffé- rentes la quantité constante 1"58'49",2, les reports se présenteront presque constamment, par suite de la valeur élevée des minutes et des secondes. Mais écrivons 2M' ï\'\ 2, et les reports se trouveront presque partout évités, comme dans l'exemple : 44« 7' 28';4 -+- 2. îîî,2 Somme 46- 6- 17,6 VH. Addition algébrique. — C'est celle dans laquelle les termes sont de signe quelconque. Au lieu de former séparément la somme des termes positifs, puis celle des termes négatifs, il est souvent plus simple, surtout quand le nombre total des termes n'est pas considérable, de disposer le tout dans un seul tableau, en superposant le signe — à chacun des chiffres des termes à soustraire. Ici il n'y a rien à changer aux figures elles-mêmes. On com- pose ensuite les totaux partiels, colonne par colonne, en tenant compte des signes des chiffres individuels. On transforme enfin le total général dans un style entière- ment positif, d'après la règle de l'article précédent. Ajoutons même qu'il est extrêmement facile de trans- former le total dans le style vulgaire, à mesure des pro- grès de l'addition , sans inscrire à ce total une seule figure négative. En effet, si la somme d'une colonne donne 8, (83) 011 peut immédiatement écrire 2, et reporter i à la colonne suivante. C'est comme si, dans la soustraction, on avait pour chiffre inférieur un 8, qu'il s'agirait de retrancher d'un chiffre supérieur 0. Ci-après , dans les exemples du n° 50, article I, et des n°' 54 et 46, on a d'abord écrit les chiffres avec leurs signes, puis transformé en second lieu le résultat. Mais dans ceux des n*"' 48 et 49 on n'a posé que des chiffres positifs; on a donc opéré la conversion à mesure qu'on écrivait. VFIJ. Addition parcellaire. — La principale cause d'er- reur, dans l'addition , provenant de la longueur des opé- rations mentales, le véritable secret pour obtenir du premier coup des additions sans faute , est de scinder le tableau , et de former la somme séparée de chaque groupe parcellaire. On peut se borner, par exemple, à considérer dix lignes horizontales à la fois. Nous en nommons le total somme décenaire. Réunissant ensuite dix de ces sommes , on forme une somme centenaire , contenant le total de cent nombres du tableau. Au moyen de dix sommes cen- tenaires, on parvient à une somme millénaire, et ainsi de suite. L'addition comprend ainsi, d'une manière peu fati- gante et remarquablement sûre, autant de quantités qu'on le veut, et les vérifications sont aisées. C'est incontesta- blement une des meilleures pratiques pour les additions laborieuses. IX. Addition au ruban. — Un autre procédé , qui tient en partie des moyens mécaniques, mais qui est d'une simplicité extrême, consiste à poser devant soi une règle divisée en parties égales depuis 1 jusqu'à 9, et à mesurer sur un ruban qui porte un nombre indéfini de divisions semblables, autant d'unités à la fois qu'il s'en présente dans chaque chiffre successif à additionner. On procède ainsi à une sorte « d'aunage, » qui absorbe une portion (84) sans cesse croissante du ruban. On n'a rien à tenir en mémoire ; la lecture de la dernière division atteinte, à la lîn de « l'aunage, » fournft d'elle-même le total de la colonne additionnée. Ce procédé, employé dans différentes maisons de banque et de commerce, est un des moins fatigants, et en même temps l'un des plus sûrs. L'expérience a fait connaître que la division de la règle et du ruban en centi- mètres est nn peu petite pour cet usage : le doigt passe trop aisément d'un centimètre à son voisin. Mais le pouce ou le double centimètre répondent très-bien aux besoins de cette méthode. C'est ce procédé que j'emploie depuis plus de dix ans dans les longues additions , et je ne puis que le recommander vivement aux calculateurs. 50. La soustraction est un simple cas particulier de Faddition algébrique dont il a été parlé tout à l'heure. Outre la soustraction commune, enseignée dans les traités élémentaires, on peut noter : L La soustraction sans emprunts, ou si l'on préfère sans reports. — Ce n'est à proprement parler que l'addi- tion algébrique colonne par colonne. Lorsque le chiffre soustracteur est plus grand que le chiffre soustrahende, on écrit une différence négative, c'est-à-dire un chiffre surmonté du signe — . On convertit ensuite le reste gé- néral dans le style vulgaire. Voici un exemple de la soustraction sans emprunts : Soustrahende 47 200 795 Soustracteur 28 173 940 Différence chiffre à chiffre 21 173 255. Différence convertie 19 026 855. (8S) Ce qu'il y a de plus particulier dans celte opération , c'est qu'on peut aussi bien l'exécuter dans le sens descendant que dans le sens montant. II. La soustraction transformée. — La soustraction se transforme en addition si l'on remplace le soustracteur par son complément précédé d'une unité négative de l'ordre immédiatement supérieur, c'est-à-dire lorsqu'on met ï de- vant le complément du soustracteur. L'exemple précédent, traité de cette manière, donne : Soustrahende 47 200 795 Complément du soustracteur Î71 82G 060 Somme 19 026 855. La soustraction est la plus rapide et par conséquent la plus sûre des opérations numériques , parce qu'elle n'em- brasse jamais que deux nombres et fournit sans intermé- diaires le résultat final. § ï. — Opérations du second genre. — Multiplication. 51. Dans la multiplication, le premier point est de se ren- dre compte où l'erreur commence. Les traités établissent que l'erreur d'un produit est égale au plus grand des deux produits particuliers obtenus lorsqu'on multiplie les plus hautes unités de l'un des facteurs par les plus basses unités de l'autre. On peut aisément en conclure que si Ton appelle n le nombre des chiffres exacts dans celui des deux facteurs qui en renferme le moins , Terreur est sus- ceptible de commencer dans le n""" rang du produit. On retrouve donc ici une application du principe de l'éga- lité dans le nombre des chiffres, déjà mentionnée au n" 10. ( 86) Autant de chiffres exacts seront donnés au facteur, autant on pourra en avoir au produit , l'incertitude ne commen- çant qu'à la dernière figure. Réciproquement, si l'on de- mande de former un produit dont l'erreur affecte au plus le if"'' chiffre, on prendra n chiffres exacts à chacun des facteurs. Il résulte de ce qui précède que dans le produit , formé à la manière ordinaire, de deux quantités irrationnelles, exprimées avec un même nombre de chiffres exacts , la moitié ou près de la moitié des chiffres sont incertains. N'est-ce donc pas une perte manifeste de travail que d'em- brasser laborieusement les rangs incertains , dans une opération qui peut être abrégée de près de moitié sans toucher aux rangs exacts du produit? C'est pourtant par ces rangs incertains que l'on commence et que l'on est forcé de passer, lorsqu'on suit la voie ordinaire. 52. MuUiplication simplifiée, — Afin de faire l'éco- nomie du travail consacré à former les rangs incertains, Oughtred avait vu qu'il faut conduire l'opération dans le sens descendant, c'est-à-dire calculer les produits partiels en commençant par les chiffres supérieurs du multiplica- teur, et négliger la partie inférieure de certains de ces produits. A cet effet, il renverse le multiplicateur, écri- vant les plus hautes unités à droite et les plus faibles à gauche, et négligeant à chaque produit partiel un chiffre de plus du multiplicande. On peut donner de la multiplication simplifiée les règles suivantes, que je me permets de reproduire ici parce qu'elles sont peu connues, ou tout au moins peu appli- quées : 1« Ramener d'abord les deux facteurs au nombre re- quis de chiffres exacts, d'après les remarques du n** précé- (87) dent, en abrégeant celui ou ceux qui en contiendraient davantage. Ces deux facteurs sont réduits ainsi à contenir un même nombre de chiffres significatifs; 2"* Copier le multiplicande, et écrire au-dessous le multiplicateur en y renversant l'ordre des chiffres, c'est- à-dire en commençant par le dernier caractère conservé. Le premier chiffre de ce multiplicateur renversé est placé sous le premier chiffre du multiplicande, et le dernier tombe par conséquent sous le chiffre-multiplicande du, dernier ordre ; 3° Exécuter alors la multiplication, en faisant com- mencer chaque produit partiel au chiffre du multiplicande qui est placé au-dessus du chiffre multiplicateur qu'on emploie. On écrit non pas en échelons, mais dans une même colonne verticale à droite , le premier chiffre obtenu dans chacun de ces produits partiels; Âf"" Faire la somme des produits partiels, et placer la virgule d'après les principes connus. On voit que dans cette multiplication on néglige suc- cessivement un plus grand nombre de chiffres à la droite du multiplicande, à mesure que l'opération avance, puis- qu'on ne fait commencer chaque multiplication partielle qu'au chiffre du multiplicande qui est écrit au-dessus du chiffre multipliant. Il est bon de forcer s'il y a lieu, par la pensée, le dernier chiffre conservé de chaque multipli- cande abrégé. Au reste s'il est commode de renverser le multiplica- teur, afin de déterminer d'un coup d'œil à quel chiffre du multiplicande il faut commencer chaque produit partiel, cette pratique n'est pourtant pas d'une nécessité absolue. On peut employer les facteurs tels qu'ils sont donnés, en abrégeant d'un chiffre le multiplicande à chaque inultipli- ( 88 ) cation partielle. II suffît à cet effet de marquer successi- vement d'un point chaque chiffre négligé. 33. Multiplication descendante. — Dans la multiplica- tion d'Oughtred on prend le multiplicateur en descendant, mais le multiplicande en montant. C'est que la formation du produit partiel est plus simple et que l'expression en est plus aisée lorsqu'on emploie les chiffres du multipli- cande de droite à gauche; car dans ce cas les reports se joignent aux unités que l'on obtient pour l'ordre suivant, et qui ne sont pas encore écrites. Il y a cependant quelques circonstances où l'on peut désirer de pratiquer une multi- plication entièrement descendante, et de prendre par conséquent le multiplicande lui-même en descendant. Les reports se présentent alors après que les unités auxquelles ils doivent se joindre sont déjà inscrites. Toutefois on pourrait retenir ces unités, pour les joindre aux dizaines que va produire l'ordre inférieur, justement comme nous retenons les dizaines dans la méthode ordinaire. Mais si l'on préfère, on écrit chaque produit partiel sur deux lignes horizontales superposées, Tune consacrée aux dizaines, et l'autre (où les chiffres avancent d'un rang) affectée aux unités. 54. Multiplication de Cauchy, — Après ce que nous avons dit de l'addition de Cauchy, on se fera facilement une idée de la multiplication pratiquée dans un style ana- logue. On remplace d'abord, dans les facteurs, tous les chiffres supérieurs à 5 par leur complément surmonté d'un signe négatif, en ayant soin d'augmenter d'une unité le chiffre positif qui précède (n° 29, article VI). On ne ren- contre plus alors de figure dont la valeur absolue est supé* Heure à 5. Le plus haut produit individuel, au lieu d'être 9 X 9 = 81 se réduit à 5 X 5 = 25. Il y a des produits (89) négatifs, dont on surmonte les chiffres de signes — . Après avoir fait la somme des produits partiels en tenant compte des signes, on convertit le produit général dans le style vulgaire ou entièrement positif. Voici un exemple de cette multiplication : , , ( 327,43 ^ , , . ( 3 3 3, 4 5 Facteurs donnes j ^^^'^^ Facteurs prépares | j ^ 5 T 2 4 î*' produit partiel (par 4). 2™« « » (par 2). 3™e « » (par î). 4«n« » « (par 5). 5™e » ■ (par 2). 6™« » » (par 1). î 3 î 1 7 2 6 6 6 8 6 3 H 3 4 3 16 4 3 15 6 6 6 8 6 3 3 3 4 3 Somme ou produit total 32216 1, 6615 Produit total converti 27804 0, 458 8. 55. Multiplication par les tables. — On a proposé d'ac- célérer la formation des produits partiels, et de les rendre à peu près indépendants de la fidélité de la mémoire, en recourant à des tables analogues à la table vulgaire dite de Pythagore, mais d'une plus grande étendue. On con- struit, par exemple , une table des produits deux à deux des cent premiers nombres, qui peut tenir dans une feuille. On y prend les produits à mesure qu'il s'agit de les former. Crelle a donné une table des produits deux à deux des nombres de trois chiffres (*). Chacun de ces produits s'y compose de deux parties, l'une dépendant du chiffre des centaines du multiplicateur, et l'autre commune à tous les (*) Une nouvelle édition de cette Table a été publiée il y a quelques années par Bremiker. ( 90 ) multiplicateurs qui ont les deux mêmes chiffres à leur droite. Il y a enfin des machines à calculer qui donnent méca- niquement les produits de deux facteurs exprimés avec un plus ou moins grand nombre de chiffres. Uarithmo- mètre de Thomas fournit, par exemple, avec seize figures exactes, les produits entre eux des nombres de huit chiffres. Mais l'usage de ces machines n'est pas encore répandu , et jusqu'ici il ne fait peut-être que changer la nature du travail, sans en abréger la durée (*). Dans une multiplication par les tables, les différentes parties d'un même produit partiel sont sujettes à empiéter les unes sur les autres. Il serait fatigant de retenir de3 reports considérables. Il est donc préférable d'écrire sur une seconde ligne horizontale les chiffres dont on trouve les places déjà occupées. C'est ce qu'on a déjà indiqué au n° 33. 36. Multiplication mixte. — Le grand avantage d'em- ployer les logarithmes dans la multiplication a conduit à ce procédé, qui en permet l'application, bien qu'avec moins de simplicité, dans le cas même où les tables loga- rithmiques sont insuffisantes pour fournir tout d'un coup, dans l'étendue requise , un résultat demandé. Il reste en effet la ressource de calculer ce résultat partie par partie. L'opération prend un caractère mixte, tenant d'un côté des procédés logarithmiques, et de l'autre des procédés directs. (*) Parmi les moyens mécaniques il faudrait peut-être compter le calcul sur les doigts, quia été pratiqué autrefois avec des développ^^ menls faits pour étonner. Les amateurs de curiosités scientifiques pour- ront consulter à ce sujet l'ouvrage de Uberti Thesoro univcrsale de ahacho; Vinegia , 1548, in-S". (9i ) On forme les produits partiels par parties ou tranches, au moyen des logarithmes, en prenant autant de chiffres à la fois que les tables permettent de le faire avec sûreté. Les tables logarithmiques à sept décimales fournissent jusqu'à la dernière unité le produit de deux nombres de quatre chiffres (*). Ainsi , à l'aide de ces tables, on peut former les produits partiels en prenant à la fois quatre chiffres au multiplicande et quatre au multiplicateur. Les tables logarithmiques à dix décimales permettent de former à la fois les produits de cinq chiffres par cinq chiffres. Remarquons, en outre, que dans le produit de la der- nière tranche à droite, on obtiendrait de cette manière un plus grand nombre de chiffres qu'on n'en doit conserver. De là les règles suivantes : On coupe le multiplicande et le multiplicateur en tran- ches de n chiffres , la dernière tranche à droite pouvant contenir par exception jusqu'à %i — 1 chiffres; et Ton abrège le multiplicande de n chiffres à chaque nouveau produit partiel. La multiplication mixte est commode, mais elle exige beaucoup d'ordre dans la disposition des calculs. 37. MuUipUcation laborieuse. — Lorsqu'il s'agit d'une multiplication qui renferme aux facteurs un grand nombre (*) Dans un produit de quatre chiffres par quatre chiffres formé par Taddition de deux logarithmes à sept décimales, il peut y avoir, dans certains cas, du doute sur la dernière figure. Mais ce doute est sans aucune importance, et mérite à peine une mention. En effet, on le lève immédiatement en se rappelant que le dernier chiffre à droite d'un pro- duit total est le dernier chiffre du produit particulier des deux derniers chiffres des facteurs. Ainsi le produit de 7 427 par 5 684 doit nécessaire- ment se terminer par un 8, qui est le dernier chiffre de 28 ou 4 x 7. On s'assure donc toujours , à vue, du chiffre extrême. (92) de chiffres, le meilleur procédé consiste à préparer d'abord une table des produits du multiplicande par les neuf pre- miers nombres naturels. On construit cette table de proche en proche par addition , c'est-à-dire que l'on ajoute à chaque nombre obtenu le multiplicande lui-même. Si Ton va jusqu'au dixième résultat, celui-ci sert de vériflca- lion, car il ne doit être autre chose que le multiplicande, dans lequel tous les chiffres ont été avancés d'un rang vers la gauche. La table ainsi formée et vérifiée, on écrit en les reculant chaque fois d'un rang et en les abrégeant à l'endroit convenable, les divers produits partiels de- mandés. On procède enfln à l'addition, qui fournit comme à l'ordinaire le produit total. 11 y a, dans cette méthode, peu de calcul mental, et par conséquent peu de chances d'erreur. Ce procédé réunit de tels avantages qu'on ferait peut-être bien de l'adopter même pour les multiplications communes. A coup sûr c'est celui qu'il faut recommander en première ligne pour les multiplications laborieuses. 58. Multiplication à vue. — On trouve dans les traités d'arithmétique des remarques sur la formation et les ca- ractères des produits par les premiers nombres naturels. Je mentionnerai seulement ici que le produit par 9, re- gardé par les commençants comme le plus difficile à former, s'obtient sans effort en retranchant chaque chiffre de son voisin immédiat du côté droit: en effet 9 ==10 — i. Pour rendre l'opération possible , on suppose que le chiffre extrême à droite est suivi d'un zéro. Le produit par H ou dO -+- 1 s'exécute semblablement en ajoutant chaque chiffre au chiffre voisin. Le produit par 12 est le double du pro- duit par 6 et le triple du produit par 4; mais on pourrait aussi le former en ajoutant à chaque chiffre le double du chiffre qui le précède. (93) Il n'est pas inutile d'avoir une certaine pratique de ces simples opérations. 59. Multiplication sommaire. — Aux multiplications cursives se rattache la méthode approximative de former les produits des facteurs voisins de l'unité. Les facteurs qui diffèrent peu de 1 se rencontrent fréquemment dans les applications des sciences physiques. Or, le produit de ces facteurs entre eux peut être ramené, dans certaines limites d'approximation, à une simple addition. Soient A = l + a,B = lH-6, € = 1+ c, des fac- teurs dans lesquels a, 6, c, sont de petits termes, positifs ou négatifs; le produit général P a pour expression P=^i -^- a -h ab -¥• abc ■+■ ... \ -f- 6 -+- «c... > . , . (58) -f- c -+- 6c . ) Mais un terme du second ordre par rapport à «, 6,.... ne peut influer que sur un certain rang décimal n, n étant plus grand que la somme des zéros de position situés à droite de la virgule dans les deux facteurs considérés. Les termes du troisième ordre et des ordres qui suivent seront encore moins influents. Négligeons tous ces termes, le produit se réduit à p = l-i-aH-6-4- c..., ou , en nommant k le nombre des facteurs, p = A-^B-+-C {k—i). . . .(39) D'où l'on voit que le produit de k facteurs qui diffèrent peu de l'unité en dessous ou en dessus, est sensiblement égal à leur somme diminuée de k — 1. Ce produit approché peut être réputé exact jusqu'au (94) if^' ordre inclusivement à droite de la virgule, n étant la somme des 0 et des 9 qui suivent immédiatement cette virgule , dans les deux facteurs qui en renferment le moins. Ainsi, par ce procédé, le produit 1,001 6 x 0,999 4 X 1,003 6 serait exact jusqu'au quatrième rang inclusive- ment à droite de la virgule, c'est-à-dire à 0,000 1 près, et dépendrait de la simple somme ci-dessous : 1" facteur 1,001 6 2'ne » 0,999 4 3«»« » 1,003 6 Somme — 2 1,004 6 = produit approché. Les astronomes font usage de la multiplication som- maire dans les réductions de la réfraction à la température et à la pression barométrique actuelles. § J. — Division. 40. Les plus simples de toutes les divisions sont celles par les diviseurs d'un seul chiffre. On peut généralement les effectuer à vue , sans écrire le détail des soustractions ni des restes successifs. On trouve des remarques sur la formation de ces quotients dans les traités élémentaires. Pour calculer le quotient par 9, on peut recourir à un procédé très-simple, qui n'exige presque pas d'effort mental. On sait que 1 _ 1 1 _J__ 9~~Ï0 "^'ÏÔÔ'*' ÎÔÔÔ"*' et par conséquent , N étant le nombre à diviser, N_ N N N 9 ""TÔ "^ÏÔÔ"^ 1000*" (95 ) Mais les différents termes de ce second membre ne sont que le nombre lui-même reculé chaque fois d'un nouveau rang vers la droite. Il est donc facile de voir que les chiirres significatifs du quotient par 9, en allant en des- cendant, sont I*' le premier chiffre du dividende, 2° la somme des deux premiers chiffres de ce dividende ; o" la somme des trois premiers chiffres, et ainsi de suite. Ainsi le quotient de 526 742 par 9 se formerait par addition successive, comme suit : 3 . . . . 5 -♦- 2 5-4-6 11-4-7 18-4-4 22-4-2 . . 5 5 11 18 22 2,4 24-4-0 24-4-0 24-4-0 24 24 24 Somme. , . . 36 304,666 = Quotieni Semblablement ^ -étant la somme de la série 1 — 4 400 1 10 1000 ***' on a N il~" N N 100 N i"*" 1000 *"' et le même procédé s'applique, en changeant seulement le signe des chiffres alternatifs. 41. On a souvent besoin de rechercher les diviseurs ou sous-multiples des nombres, afin de décomposer ceux-ci dans leurs facteurs. Il n'existe pas à cet égard de méthode directe, et l'on ne peut procéder que par essais. Si le nombre est élevé, l'un des moyens les plus expédilifs consiste à soustraire successivement de son logarithme (96) les logarithmes des différents nombres premiers, à com- mencer par les plus simples. On examine chaque fois si le reste correspond, dans la table logarithmique, à un nombre entier. La règle à calcul est aussi fort utile en pareille cir- constance. Comme son emploi dans les cas de ce genre est P^ ^ jyj peu connu , il n'est pas inutile de le ~ Q rappeler ici. On sait que cette Règle ^ ^ "* est une double échelle logarithmique. Au lieu de la disposer à la manière ordinaire , c'est-à-dire avec les divisions des deux échelles courant dans le même sens, retournons bout à bout Tune des réglettes, et pla- çons les deux échelles MN, PQ, de telle manière que leurs divisions courent en sens contraire. Le point M dé- terminera sur l'échelle PQ la même lecture m que le point P sur l'échelle MN en />, puisque Vm = Mp. Or, un nombre entier quelconque A étant considéré comme le produit de deux facteurs a, (3, on a LA = LaH-L|3. A insien faisant pM==î??P= LA, tous les diviseurs entiers de A, tels que a et 3, fourniront des coïncidences entre les traits des deux échelles, dans l'intervalle PM. Si A = a[3, on a en même temps A = [3a ; toute coïncidence se repro- duit donc symétriquement par rapport aux points P et M. La Règle, disposée comme on vient de le dire, fournit en peu d'instants tous les diviseurs entiers d'un nombre donné A. Il suffît pour cela de tirer les échelles jusqu'à l'indication réciproque de LA, puis de parcourir des yeux l'espace PM, ou seulement une de ses moitiés, en cher- chant les coïncidences comme on les chercherait sur un vernier. On en trouvera autant qu'il y a de manières ( 97 ) différentes de décomposer le nombre donné en facteurs couplés; et si A est premier, il n'y aura pas deux traits qui se correspondront exactement dans tout l'inter- valle PM, sauf les traits extrêmes, qui donnent les fac- teurs 1 et A. Ce procédé est extrêmement simple et expéditif II est vrai que par suite de l'imperfection qui s'attache à tout' procédé mécanique , il peut s'élever des doutes dans cer- tains cas. Il y a parfois des appulses, ou rapprochements de traits, qui pourraient être prises pour des coïncidences véritables. Il sera toujours facile cependant de distinguer ces appulses des vraies coïncidences. 11 suffira de faire le produit des deux chiffres extrêmes à droite, dans les nom- bres qu'on soupçonne d'être diviseurs. S'il y a appulse seulement, ce produit fournira un chiffre des unités diffé- rent des unités de A ; s'il y a coïncidence , on retombera au contraire sur le chiffre final à droite du nombre donné. On remarquera en outre que ce procédé peut servir à la vérification rapide des échelles. Si l'on détermine à l'avance les sous-multiples d'un nombre, et que l'on tire la Règle à la division qui correspond à ce nombre, dans la disposition qui vient d'être indiquée, il faudra que tous les sous-mul- tiples fournissent des coïncidences exactes dans les traits. 42. Il n'est peut-être pas superflu de grouper ici quel- ques remarques sur le chiffre final (ou chiffre des unités), dans un produit entier et ses deux facteurs. Le 0 au produit exige un 0 ou un o dans l'un des divi- seurs. Le 5 au produit exige un 5 au moins aux facteurs. Les chiffres 1, 3, 7 ou 9 au produit ne peuvent provenir que des chiffres 1,3, 7 ou 9 comme unité des diviseurs. Enfin les chiffres 2, 4, 6 et 8 sont engendrés par tous les caractères sauf 0 et o. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 7 (98) Aucun carré parfait ne se termine par 2, 5, 7, 8. Tout carré parfait se termine par un de ces 22 nombres de deux chiffres : 00 01 21 41 61 81 04 24 44 64 84 25 16 36 56 76 96 09 29 49 69 89 43. La difficulté de déterminer les diviseurs d'un nombre, surtout lorsqu'ils sont élevés, rendait désirable de reconnaître et de mettre à part les nombres premiers, qui n'ont d'autres diviseurs qu'eux-mêmes et l'unité, et dans lesquels tous les essais à la recherche des sous-mul- tiples seraient infructueux. On n'a pas découvert jusqu'ici de caractère général qui s'applique aux nombres premiers et qui permette de les reconnaître directement. Le moyen le plus sûr de former une table de ces nombres est le pro- cédé connu sous le nom de crible {cribrum). Il consiste à effacer successivement de la suite des nombres naturels les multiples de 2, puis ceux de o, puis ceux de 4 (qui rentrent dans ceux de 2) , puis ceux de 5 , et ainsi de suite. Tout nombre qui finalement n'est pas effacé, c'est-à-dire qui n'est multiple d'aucun autre nombre, est évidemment premier. Si l'on veut pousser la table jusqu'au nombre N, il suffit manifestement de s'arrêter aux multiples de V^N. Ainsi pour aller jusqu'à 1000, il suffit de marquer les multiples jusqu'à ceux de 51 inclusivement, ce nombre étant la partie entière de l/lOOO. Pour pousser la table jusqu'à 10000, il faut continuer de cribler jusqu'aux multiples ( 99) de iOO inclusivement. Les tables de Buckhardt, qui don- nent les nombres premiers ainsi que les diviseurs de tous les autres nombres, vont jusqu'à 2 000 000. On voit par ces tables que le nombre de nombres pre- miers est pour le premier mille 169 « 2«»« » 135 « û™e » 126 » 5™« » 119 » 6"« « 114 » 7"e » j]7 « 8«>e „ J07 » g^ie » JIO La probabilité de rencontrer un nombre premier est dans un nombre de 1 chiffre 0,556 » » 2 chiffres 0,233 » » 3 » 0,159 » • 4 » 0,118 Dans les grands nombres, il y a donc une chance de trouver un nombre premier sur 9 , et cette probabilité va en diminuant de plus en plus lentement à mesure que le nombre croît. M. La division entre nombres rationnels peut se pour- suivre indéfiniment sans cesser de fournir des chiffres exacts au quotient. Mais si les nombres donnés ne sont qu'approchés, s'ils sont abrégés, par exemple, l'exactitude s'arrête à un certain rang du quotient, comme elle s'arrê- tait dans la multiplication à un certain rang du produit. Cette limite dépend évidemment du nombre des chiffres exacts des données. Il est facile de conclure de ce qu'on a dit à la multipli- cation les règles suivantes : ( dOO ) Si Ton nomme respectivement p et q \e nombre des chiffres exacts du dividende et du diviseur, l'erreur du quotient commence seulement dans le rang marqué par le plus petit des deux nombres p on q. Pour obtenir dans un quotient n chiffres dans lesquels Terreur porte seulement sur le dernier rang, il sera néces- saire, mais suffisant, d'exprimer les deux termes de la fraction avec n chiffres exacts ; mais si l'on veut être sûr de l'unité du dernier rang lui-même, il faudra prendre, au dividende au moins, n -f- i chiffres. A part cette dernière restriction, on trouve encore ici une application du précepte de l'égalité dans le nombre des chiffres. Nous allons, dans tout ce qui va suivre, considérer la division opérée sur des nombres irrationnels, et par con- séquent abrégés. 45. Division simplifiée. — Dans cette division , au lieu d'abaisser des zéros à la manière ordinaire, on abrège d'un chiffre le diviseur à chaque opération partielle. Ce précepte n'est d'ailleurs qu'une généralisation de celui sur lequel Joseph Fourier a fondé sa division abrégée. Les calculateurs trouveraient avantage à laisser entièrement de côté le procédé vulgaire. La division serait alors con- duite d'après les règles suivantes : V Ramener les deux termes, dividende et diviseur, au nombre de chiffres exacts déterminé en vertu du n*' pré- cédent. 2" Exécuter la division dans le sens descendant, mais après chaque division partielle abréger d'un chiffre le di- viseur, en forçant (par la pensée) la partie restante, s'il y a lieu. Le nombre des divisions partielles est donné, dans ce système , par celui des chiffres du diviseur. o° Assigner les rangs en vertu de ce principe : la carac- ( m ) térisliqno du premier chiffre significatif du quotient est celle du rang du dividende sous lequel tombe la virgule du premier soustracteur partiel. Comme pratique générale, nous avons toujours trouvé préférable d'écrire les divers soustracteurs. La soustraction mentale que l'on en fait immédiatement sans en poser les chiffres, est non-seulement apte à introduire des erreurs, mais elle produit une fatigue d'esprit que ne compense point l'économie presque insensible de temps et de travail. 46. Division en série. — Les difficultés de la division viennent moins de la longueur du dividende que de l'éten- due du diviseur. Lorsque ce dernier n'a, par exemple, qu'un seul chiffre, l'opération s'exécute sans peine. Or, il est toujours possible, comme nous allons le faire voir, de ramener le diviseur à un seul chiffre, et de transformer les opérations partielles suivantes en simples multiplications. Soient A un dividende, et C-he nn diviseur, C repré- sentant le terme décimal le plus avancé vers la gauche, et e le reste du nombre. On trouve, en effectuant la divi- sion, A __A A £ A/e^^ C-+- e~'c'~ C ' C "^C \C> -i(âv...,.., Cette série est toujours convergente. Le second membre ne renferme que deux quotients différents ^ et ^, dans lesquels le diviseur est formé d'un seul chiffre significatif; le reste de l'opération se réduit à des multiplications suc- cessives par un facteur constant. On s'arrête, dans tous ces produits, à l'ordre décimal que l'on a reconnu d'avance pour limite des chiffres exacts (plus un rang surnuméraire) ; mais on calcule les termes de la série jusqu'à ce qu'ils deviennent insensibles dans cette étendue. ( 102 ) Ayant, par exemple, à diviser 26,96o 478 748 6 par 87 219,429 067, nous poserons A = 26,965 478 748 6, C = 80,000, e = 7 219,429 067. On en tire à vue A e -= 0,000 337 068 484 35.8, -• = 0,090 242 863 3.4- G (j On calcule ensuite les ternies successifs comme on les voit ci-dessous. Le chiffre placé en exposant près d'un zéro de position indique le rang de ce zéro par rapport à la virgule. 1" terme ou^ 0,0 003370684843 5. 8 2me „ ou — 0,03 337 068 484 36 x ^ .... "oO 4T8 02o Î6.9 Sme „ ou -t- 0,03 030 418 025 17 X ^ .... 2 745 009 68.8 4iDe « ou - 0,05 002 745 009 69 X -^ 247 71 7 53.4 5me « ou -f- 0,06 247 717 53 X ^ 2 2 35 4 7 4.0 6ine « ou - 0,0« 022 354 74 X ^ 2 ol 7 3ÏÏ.6 7ine „ OU -1-0,06 002 017 36 X 4 182 05.2 8">e „ OU — 0,09 185 05 X ^ 16 4 2.8 gme „ ou -h 0,0» 016 43 X ^ 1 4 8.2 lOme „ OU — 0,09 001 48 X ^ 15.3 lime „ OU-+-0,0'2 13 X f; 1-2 lâ'ne » OU — o,o»-^oi X ^ T Somme algébrique 0,0 0 0 3 0 9 1 7 2 2 6 5 7 2.9 Somme convertie 0,0 0 0 3 0 9 1 6 8 25 5 7 1 .1 L'opération est facilitée par ce fait que le multiplica- teur est partout le même, savoir -- On prépare à l'avance une table de ses produits par les neuf premiers nombres naturels. ( i03) La division en série, réduite à ses deux premiers termes, sert avec avantage dans les interpolations tabulaires, pour réduire rapidement les fractions vulgaires en fractions dé- cimales. Ainsi 26 __ 26_ 26 _I^ 48T~ 500 "^ 5ÔÔ^ 5ÔÔ'"' or les quotients de ces nouvelles divisions s'obtiennent à vue, et l'on a 26 26 26 19 ^ ^— X =0,052 H- 0,05 X0,04-. 481 500 500 500 = 0,052 -*- 0,002 ... = = 0,054... De même 576 729 576 ' 700 576 700^ 29 700 ..=0,5c = = 0,557 — 0.022 ... = = 0,515.. Mais pour rendre cette méthode plus expéditive, on simplifiera d'abord la fraction. Il sera inutile de chercher, dans ce but, le plus grand commun diviseur; il suffit d'employer un sous-multiple du dénominateur. Ainsi, dans le dernier exemple, le dénominateur 729 est divisible par 9, d'où Ton conclut .576 _ 41,78 729^ 81 Je me borne à mettre au nouveau numérateur un chiffre de plus qu'il n'en existait à l'ancien. Maintenant, par la division en série, 41,78 41.78 41,78 1 , ^^.^ -^— = — ^x = 0,522 -0,52X0,01 5- 81 80 80 80 = 0,522 — 0,007.. =0,515 ... ( 104 ) Ici on aurait pu pousser plus loin encore la simplifica- tion de la fraction vulgaire, en posant à vue 41,78 _ 4,642 81 ~~ 9 ' d'où Ton eût tiré, également à vue, la valeur 0,516. 47. Division par approximations successives. — Cette division a de grands rapports avec la précédente, mais elle est plus particulièrement adaptée à l'emploi des loga- rithmes. Supposons le diviseur A décomposé en deux tranches a', a"; décomposons semblablement le diviseur B en deux tranches 6', 6"; et cherchons le quotient^ . On a A a' a" 1 a' b" a' b"^ \ b' b" ' b" '" J SI la somme de la première série est S', celle de la seconde sera ^„ S" = S'— , (42) en sorte que l'une résulte immédiatement de l'autre. Dans ces suites infinies, mais rapidement convergentes, le premier de tous les termes ^- est seul très-grand, et d'ordinaire il est le seul qui exige une division directe. Les autres se forment aisément à l'aide des logarithmes. La pre- mière série étant sommée, jusqu'aux derniers termes sus- ceptibles d'influer dans les limites fixées, la seconde série s'en déduit par les logarithmes, d'après la formule (42). Appliquons celte méthode aux nombres de l'exemple précédent. A = 26,965 478 748 6 B = 87 219, 429 067 a' =: 26,965 b' = 87 220 a"=z 0,000 478 748 6 . 6"= — 0, 570 933. ( i03 ) J'exécute une seule division directe, celle |>, dans laquelle j'abaisse les zéros à la manière commune, le quotient de- mandé étant celui de deux nombres exacts. J'obtiens ainsi - = 0,000 309 160 742 94.9 = 1" terme. b' Les autres termes se forment à l'aide des logarithmes : L6" T,756 585 2 — L6' 4,940 616 1 Différence 6,815 969 1 — = L — L^ 4,490 184 3 b' J re somme 9,306 153 4 — 2,023 73.4 = 2»' terme. 2««e sommeH 14,122 12 -t- 1.3 = 3'"nerme. Somme 0,000 309 162 766 69.6 = S' La" 4,680 107 5 La' 1,430 800 4 Différence 5,249 307 1 = L ^ LS' 4,490 187 2 "' Somme. . 9,739 494 3 5 489 01 4 = S" - ^ S'+S". . . . 0,000 309 168 255 71.0 = -' On rendrait l'opération un peu plus simple en disposant de a' de telle façon que ^' soit rationnel, en faisant, par exemple, dans la division que nous venons d'exécuter, ^'= 0,000 o09 exactement, ce qui, sans changer b', exi- gerait que l'on posât a' = 26,9o0 98, et par conséquent a" = 0,014 498 748 6. Les termes de la première série, qui sont parfois trop étendus pour se prêter aux calculs logarithmiques, se formeraient alors en peu d'instants par (*) Cette deuxième somme logarithmique est obtenue en ajoutant à la somme précédente le Ltt* ( i06 ) multiplication directe, n'étant composés chacun que d'un nombre fini et même restreint de produits partiels. 48. Division par la recherche du réciproque. — La division par approximations successives se réduit, au fond, à la recherche du réciproque de B, par lequel on multiplie finalement A. Si Ton suppose B composé de deux parties 6' et b", son réciproque 5^ est par conséquent i = b'-' — b" b'-' -^- b'" b'-' - . . . . (45) B La quantité b' renfermant les ordres significatifs supé- rieurs, la rapidité dans la convergence de la série (43) dé- pendra de l'importance de 6". Si Ton possédait, par exemple, une table des quotients de 1 par les 1000 premiers nombres naturels, c'est-à-dire pour b' > 1000 et b" < 10, il est clair que ^serait tou- jours < 0,01 , et même < 0,00o lorsqu'on s'astreint à employer la position tabulaire la plus voisine. Il en résulte que le terme en 6" influerait au plus sur le o'^""' ordre significatif, et le terme en b"^ sur le 19'^'"'=- Mais si la table ne s'étend qu'aux 100 premiers nombres naturels, c'est-à-dire si l'on a 6' > 100 et b" < 10, le terme en b" peut influer sur le 2''""' ordre significatif, et celui en 6"*^ influe encore sur le 20'"^'"'. La table qui suit présente les réciproques des cent pre- miers nombres naturels, calculés avec vingt décimales, ainsi que leurs multiples par 1,2,5 9. La plupart de ces expressions décimales étant périodiques en tout ou en partie, il est aisé de les étendre au besoin. ( 107 1^131 iSiSi iSSSi iSfii iiP.ii 6(Î6 371 000 444 000 umm iSlîSi l5iii iiSii iSiîi co ce cb t- S iSiii «* OO 05 -^ O vf'?f-r-' VcT ÎO i-'î so >* -* o o' o çs 2 C; 2 2 P. O O O O O o o ooo ooooo 0--OCCO o r-occo OïOOCOO 0»?^ o rc o o»*orco o o o o o o — ' o C't o OOOOO Ot-C=)îCO OOOOO 0 50 0COO OOOOO OC050CCO CSOOi-OO OG^r-CCO o «> o i- o 1.-2 vt co ce co t-OOSîOO 01 o -^ 00 o t-O t^Q^ ■5^ o o ;2; o q5 o G^ ?^ ^ r-;o<0 500 G^ o :c> oo o t- o t~CMO G^ o 0>* o t- ;.T rc -r< o G<1 G^l G^ G^ •îl o" 1 30 t- Gl o >CC CD vt« o >G^(;ciooo o o o --^ o o t^:DC5 o io vt :d 00 o r- ^-^ O) o o îO îD c; o o co rc ->o o o G^ o G^ o o v*CC00OO p 5> o o o t- oo oo:d o o oo:d oo o o p o o o o -o o ô OOOOO OOOOO OOOOO OOOOO OOOOO 0,0 o iO >^ ce «c^ o G^ o ce — OG^IO ce t- O'Gi o ce :e o G^i o ce ce o G-1 o ce G^l o G^ o ce>*oG^ o ce — o G-i o ce t- o G'i o cesooG^o ce 00 i.e G CD o o o -T< G'» o oocscsceo ceoceceo G^ cî t- ce o se o — ce o Ci cî' Gi ce o o o se ce o oocio ceo ce o 30 ce o G es ce Ci -* o o ce o -r< o Oice t- t~ o o ce o se o o ce o ^ '-r CiOOl— ï- C£ ooooc o se se 'r- o o o se G^ o o t~ se «* o o '-i' se ce o o o se o o o t-sece o ot^ se r-o o -^ se --* o o >* se Ci o o Ci se GO o o G^^ se r- o o se se se o o ce se T- o o G-^ se ce o se 00 se o o G^i 00 se G^ o o se se se se ooooo Ci _"Ç»; t~ o o o ^ G1 o o t- se se o o -* --i- o o o oseseoo Ci --■* Ci o o t- seOCD: »* >* o o : O se G^ O : Ci «* oo o : -T- se r- O t O »*>-■?< O : OOOOO o' iGice-*se ot-oocio -r=^ae ot-oocio (108) o O .a. o r iiiii iSiii sisgi 5 3 00 o o 04 ■| Ci iiiii iiiSi iSiSi Sisii ^ l iiiii iSiii siiii S5SS§ Eiiii a. cs^^'cc^f-r:' mil 22g|332g o ijiSi o o o P iiiii Siiii s^ -^ ^ '^i' ?0 o »^-* vj- C3 o o C5 -c*. t- o o -3^ -* i.-î o iigii iiiii Iiiii O îO --* — O SS3gS isiSi = « iiiii iiiii Siiss iiîii iiiii '3 p iiîll -T^'^-r-'^-T-'^Cr t- io 20 -- rc 20 >=». ---t vj" v:}< iisii o 5 O îc 5 O 5§i^g iiiii OG^CS'MO occoorco o 00 30 ■-£ o Iiiii i^igi iiSii iiiii rc 00 oc g g -§ 1 5=: 3= ii 5§ liiEi iiiii ocbôo^o iisii '5 1 i.IPi t~ TC ^^ -T- ^ iijsi piii '^ »^ rc rc ro p g§§§§ iSiii liigl isiii ■f co ooooo o .tr o :^ o S ^ § -3 o giiSi iSISi îO Tl 20 — o I^?,i2gg isËii iSiii Siigi g-?ig§ SElii ^ y? ce G^ -r- ^ o t~ o --C o o i^ iO i£ o o^oq, f :s :o -r-O iC iiî v*< -c}< -cf iiISi o piii o 2 5 3 5 S f?SS.=2g rc 3^1 o ;0 O io 3 :c -^ rc iiggi SSili i =0 iiiii ISiii SilSi igpii iEili ^ 1 ^t G^ o iO o i.-b 3 -o -r. rc œ t- r- t~ o =5Z:-if:g =•'' '^' :r' iS 2 gçî5f?i§ '3 'a 2 22g=22 o SSiil •?» --* t- ?o o psii s: ■S. O "T- G^ ÎC -* SO tO t- 00 Ci o "^ 22 — — i2 scsss 55lîi^^si ( 109 ) 00 -T- 00 -* ce So^îx-^ riiSi => 2 ""^ s ?5 SliSi sS^Si rigii iiëii iiiii iiiii rM O 'N t- 50 siiSi iiiii mmi S532SJ? SSSS3 iliil iiiii iiiii "r-OOO SO — l^ 20 O -r- -T- 50 r- O CD ^ 00 «M O -.-»• -r- <îl 00 O 00-r-«*>*O QOOgiOOv»" àoooS-^ t^ ce O O «* î.O C2 O 05 35 CO I- io o rc -T- t' t-CT5r?i t- tO ?C O CO îO O5C5C5 00 00 oocpoo o ce — — ce o ce 00 G^ ^1 o ceovf C50 ce-r-oocoo ceooco t-o ceoceoo ce-- r-ceo ce 00 «* s^ o ceooioso ceTD o i- iC «* 00 :o ce t- o --* o ooor-^co r^CiO-'^o t- G-l -o 00 :s -T- G-1 :=: -ïl o t:" «^ t- -r- -O G<« 00 i-e G^) O ce-r-o:: r- t- :oc OOOc le ce s-1 — : oooo< o ce o o .a. 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XHl. Soit X = 16, d'où k= h- 6. Le coefficient k\ et ceux qui suivent contiennent x. La formule (ol) se réduit donc à Rjg=a' — 66' -H 4c' — 8(/', qu'on peut écrire R,e = a' — 2 {ôb' — 2c' -t- \d'), . . . (67) et Ton est autorisé à rejeter de la parenthèse tous les 8. XIV. Soit x = 5, et par conséquent k = — 7; R3 = a' -♦- 6' -h c' -+- f/' . . . , ou la somme des chiffres d'où l'on rejette tous les 3. Or il est plus aisé de rejeter les 3 des chiffres eux-mêmes, c'est-à-dire de prendre à vue le reste R'5 fourni par chaque chiffre particulier. Ces restes particuliers sont d'ailleurs ( 129 ) 0, 1 ou T. Leur somme algébrique est le reste cherché. Exemple : N 85 C27 377 904, r; . . . . îT oïl on 001; Somme de ces R3 1 = R, XV. Soit X = 17, d'où A; = -h 7 ; on trouve R„ = a' — Ib' — 2c' — ùd' -^ 4e', . . . (68) expression dont la période aurait un grand nombre de chiffres et serait d'une application incommode. Nous ver- rons plus bas qu'il est plus avantageux de chercher le reste de la division par certains multiples de 17. XVI. Soit X = 2, d'où k = — 8; cette valeur de k con- tenant X, il est clair que le r^te se réduit à R2 = «' , (69) XVII. Soit entin a: = 18, d'où A: = -f- 8; Rj8=a' -1-106' -4- 10c' -V- 10c/'- . . = a' -^ 10(6' -+- c' -\- d'...). Mais il est visible qu'on peut rejeter les 9 de la somme entre parenthèses. Il suffit donc de calculer le reste S'6 de cette somme de chiffres commençant à b'. Ainsi R.s= a' + IOS'6, (70) ou le dernier chiffre plus dix fois la somme de tous les autres. 54. Jusqu'ici nous avons supposé x de la forme a; ==10 H- k. Mais on pourrait aussi bien admettre x=100 -h k, ou x = 1000 H- A;; en général x =10" -h A\ Si l'on suit alors le même raisonnement qu'on a employé au n° 52, on arrive à une formule tout à fait analogue à 2°® SÉRIE, TOME XL. 9 ( 130 ) l'expression (51), et qui en diffère seulement en ce que les tranches sont formées de n chiffres pris à la fois. Nous mettons autant d'accents aux lettres a, 6, c... que les tranches renferment de chiffres. Ainsi avec x == iOO -h k, on a R, = a" — kb" -^k^c" (71) où les tranches a\ b'\ c"... sont de deux chiffres. Avec x= 1000 + A-, on a R, = a'" — A6'" -^k'c'", .... (72) où les tranches sont de trois chiffres. Et ainsi des autres. Toutes ces formules ne sont que l'extension des expres- sions (51) ou (52) à une forme plus générale Rj, = a — kb -\- k^ c . . ., ) ou hien [ (75) R.= «-A'[6-A:(c...)], \ OÙ a, 6, c... (sans accents) représentent des tranches d'un nomhre quelconque de chiffres. Pour que les formules (75) soient d'une application com- mode, il faut presque toujours que k soit petit. Il y a donc avantage à substituer à x un de ses multiples qui approche autant que possible d'une puissance de 10. 11 est vrai que le reste R,,;, ainsi obtenu n'est point celui cherché. Mais comme R„, se réduit à un petit nombre de chiffres, on peut alors y appliquer aisément la formule (51), qui se réduit dans ce cas à un très-petit nombre de termes. Par exemple, s'il s'agit de chercher R17, nous remar- quons que 102 on 100 -h 2 est 6 X 17. Nous posons donc nx == 102, d'où A" = -f- 2, dans la formule (73). Ainsi R,o2=«"-2i6"-2[c"-2(rf"...)]| . . (74) ( 131 ) On partage donc le nombre N en tranches de deux chiffres, et l'on ajoute à chacune d'elles le double du terme voisin, changé de signe. Si ce double donnait des centaines, on appliquerait à celles-ci le même procédé, c'est-à-dire qu'on en inscrirait le double (avec son signe) au-dessous du double des unités et des dizaines. 5o. Le nombre 1001, qui diffère de 10^ d'une seule unité, renferme les facteurs premiers 7, 11 et 15. Il est donc parfaitement adapté à la recherche simultanée des restes des divisions par ces trois nombres premiers. Il est clair d'abord que R,ooi = a"' — b'" -t- c'" . . ., que l'on peut écrire Riooi = 2"'a (75) Ayant coupé N en tranches de trois chiffres, on négativera les tranches paires, puis on fera la somme algébrique des tranches, comme si elles étaient écrites les unes sous les autres. Lorsque cette somme a plus de trois chiffres, on la ramène toujours à trois chiffres seulement, en y appliquant la même marche. Quand Riooi est caculé, ses chiffres constituants étant, de droite à gauche, a, ;3',/, on a par les formules éta- blies au n° 53 : R, = a' -4- 3/3' -t- 2r' , ou bien, en remplaçant le coefficient -+- 5 par son complé- ment à 7, R,==a' — 4P' -H 2r'; (76) et d'ailleurs Rii= a — P' -t- r' > (77) R,3=«' — 51B' — 4r' ..... (78) ( 152) Voici un exemple appliqué au nombre 182 672 456 210 829 901 : N préparé . . . î 8 2 672 43 6 210 8 2 9 9 0[ Somme des tranches, 4 6 4=336=Riooi' De ce premier reste, obtenu en peu d'instants, on tire ensuite R, =6— 4x5-t-2x5 = 6 — 42-t-6=0, R,j=6 — 3 -+- 3=6, R,5 = 6 — 3X3 — 4X3 = 6 — 9 — 1ii== — 15, ou R]3 = — 2 , aussi R,3 = 11. Nous donnons ci-dessous quelques diviseurs x, dans lesquels k ne dépasse pas =f5, et auxquels les formules (75) s'appliquent avec succès : 97 = 1X97 997=1x997 9 997 = 13x769 98 = 2x7x7 998=2x499 9 998=2x4999 99 = 9X11 999=3x9x37 9 999=9x11X101 101=1X101 1001=7x11x13 10001=73X137 102 = 6X17 1 002= 6x167 10 002= 6x1667 103 = 1x103 1003 = 17x59 10 003=7x1429. Prenant en particulier 99 = 9 X H, on voit qu'on peut s'assurer d'un seul coup si un nombre est divisible par 9 ou par 11, en faisant la somme S" a de ses tranches de deux chiffres, puis en considérant si cette somme est elle-même divisible par 9 ou par 11. Par exemple 8 951 417 515 donne N préparé. ... 89 31 41 73 15 Somme des tranches. ... 249 qui par le même procédé se réduit à. . . 51 =R99. Appliquant maintenant les formules particulières (54) et ( ^'^3 ) (55), on trouve Rg = 5 -f- 1 =(5, R,,= — 5 + 1 = — 4,ouRh = 7. On peut remarquer que 299 est multiple de 13, 901 » 17, 399 » 19. Si donc, dans un nombre donné N, on appelle e les deux chiffres à droite et C les chiffres à gauche de ceux-ci , de manière que N == 100 C + e, on a évidemment R,3 = iC-4-e, (79) R„ = _iC-^e, (80) Ri9==iC-4-e (81) On exécute à vue les divisions de C par 3, 9 ou 4, et s'il y a un reste, on le réunit à e comme chiffre extrême à gauche. S'agit-il, par exemple, de trouver le reste de la division de 572 928 par 17, j'ai G = 3 729, et par suite R g= 3. J'écris alors e [précédé du reste de ■- j . . . . 328 — |G (partieentière) —414 Somme — 86=:Ri7. Le résultat contient encore des multiples de 17; mais on peut maintenant les éliminer à vue. Dans les calculs relatifs au calendrier, on a souvent à former le reste d'une division indépendam.ment du quo- tient. C'est ainsi que le nombre d'or v d'une année m est ( 134 ) le reste de *" ^ * . Appliquons la formule (81) à la re- cherche de y pour l'année m == 1582, qui fut celle de la réforme du calendrier. Ici N = 1583, C = 15 dont le R4= — 1, et e = 83. J'écris donc, en mettant R4 devant e Î83 ou plutôt .... Î7 \C (partie entière) 4 Somme — 13 = Rt9. Le complément à 19 est la valeur cherchée v = 6. 4, On a pris 4 et non 3 pour partie entière du quotient par la raison qu'on avait employé le reste négatif 1. 57. J'ajoute, avant de quitter ce §ujet , que si le diviseur donné x est le produit yz de deux facteurs, pour lesquels on a déterminé les restes respectifs Ry et R^ de N divisé successivement par y et par Zj on peut calculer R^^, ou le reste de la division par le produit, au moyen de R^ et R^. Je trouve que toutes les valeurs de Ry^ sont renfermées dans la suite des valeurs entières du second membre de l'expression z — y où la lettre n représente la suite des nombres naturels. Or, dans la plupart des applications usuelles, n = 0 ou tout au plus n =\ satisfait déjà au problème. Si l'on peut supposer n = 0, on voit , par exemple , que le reste de la division par 6 est égal à 3 fois le reste de la division par % moins 2 fois le reste de la division par 3; le reste de la division par 12 est égal à 4 fois le reste de la division par 3, moins 3 fois le reste de la division par 4. ( 155 ) C'est ce qu'on écrirait, dans la notation que nous avons adoptée, Re =3R2- 2R3, (83) Riî = 4R3 — DR4 (84) § L. — Extraction des racines. 58. Dans les circonstances ordinaires, l'extraction des racines s'opère à l'aide des logarithmes. Mais on peut avoir besoin d'une exactitude supérieure à celle que les tables logarithmiques comportent; on peut demander, par exemple, la racine d'un nombre irrationnel, tel que le rap- port 7: de la circonférence au diamètre, ou la base e des logarithmes naturels, avec vingt ou trente figures. Dans ce cas il faut recourir à une opération directe, fort labo- rieuse. Il est vrai que l'on se contente d'appliquer les procédés d'extraction proprement dits aux premiers chiffres r de la racine. On obtient ceux qui suivent au moyen d'une simple division. Mais cette marche, tout avantageuse qu'elle paraisse d'abord , est loin d'être commode en pratique. Si l'on a déjà dix chiffres, par exemple, il faut pour obtenir les dix chiffres suivants, former le carré de r, puis effec- tuer la division d'un nombre de dix chiffres par un divi- seur de dix chiffres également. Or cette dernière opération est pénible. Aussi croyons-nous préférable de ne pas cher- cher plus de sept ou huit chiffres à la fois, et d'exécuter la division au moyen des tables logarithmiques. On sacrifie un peu de l'étendue des quotients partiels, et par suite on a plus souvent des carrés à former; mais en revanche il n'y a pas à faire une seule division directe. Et si la racine n'est pas demandée avec plus de trente chiffres, il y a un ( m ) gain évident. En se servant, par exemple, de tables loga- rithmiques à sept décimales, et en comparant les deux procédés jusqu'à l'obtention du 14"^ chiffre de la racine, on voit que le recours aux logarithmes permet de rem- placer par une simple soustraction la division d'un nombre de sept chiffres par un autre nombre de sept, tout le reste demeurant égal de part et d'autre. On ne peut donc élever de doutes sur l'utilité d'introduire les logarithmes dans l'exécution des détails de ces extractions. Ajoutons qu'en formant les puissances r% (r + r')% (r-hr' -h r'y... des racines calculées par tranches, il n'est pas nécessaire, généralement, de continuer la multiplica- tion dans les rangs extrêmes à droite et à gauche. A droite, on négligera les rangs qui tombent au delà du dernier ordre du reste p que l'on cherche actuellement (sauf un rang surnuméraire). A gauche, on s'arrêtera aux rangs fournis par l'approximation précédente (sauf un rang de comparaison). Cette remarque s'appliquerait également à la méthode d'extraction directe ou ordinaire. C'est une économie de travail que nous signalons aux calculateurs. Il peut arriver du reste, quand la racine approchée pèche par excès, que le reste (ou différence) p soit négatif. Il faudra seulement en conclure que la nouvelle correction de la racine, qui en dépend, doit porter le signe moins. 59. Les avantages de la méthode mixte, sur laquelle nous venons d'appeler l'attention , sont d'autant plus marqués que l'indice du radical est plus élevé. Pour eii donner une idée, j'extrais ci-dessous la racine cubique du rapport tt de la circonférence au diamètre, avec vingt chiffres exacts, en employant des tables logarithmiques à sept décimales. Dans cette opération , je corrige simulta- nément, par des procédés analogues, le carré et le cube de ( 137 ) la racine. La correction r'^') du carré est nécessaire , en effet, pour arriver à la nouvelle approximation du cube. J'ai d'abord Lt. . . 0,497 149 9 jLt. . . 0,165 716 6 . . . 1,464 592 = n . 1'* approximatlou L2. . . 0,501 030 0 Somme. 0,466 746 6 = L2ri |L?r. . . 0,531 455 2 . . . 2,145 029 = n» L3. . . 0,477 121 3 Somme. 0,808 554 5 = Lôr^» Je forme par multiplication directe le carré puis le cube de r,. Mais comme les sept premiers chiffres de gauche sont connus, ces opérations seront limitées aux rangs compris à partir du 8"% plus un rang de comparaison. C'est ainsi qu'on opère ci-dessous : Mulliplicandes . . . 1,464 592 2,145 029 726 464 Multiplicateurs . . . 1,464 592 . . 2.929 184 (10-'2) 1,464 592 produits partiels. 4 290 059.4(10-13) 1.81528 9.3 052 675.7 2.296 0 7.2 514 865.0 8.568 8.0 118 906.0 5.52 0.1 785 587.6 6.8 1.1 890 585.6 2, 2.9 726 464 Somme ou produit général 9.726 464 (10-'*) = r^^ 9.5 377 141 .5 (10-*^) =r», ^ 3,141 59 2 655 589.8 Diflférence (changée de signe) — 0 725 551 .5 (10-'2) = Pj. Les puissances de 10 entre parenthèses indiquent le rang du dernier chiffre écrit, par rapport aux unités. Le point ( 158) sépare les chiffres utiles de ceux surnuméraires à droite et à gauche. De ce qui précède on tire facilement Lp^ . . . 7,859 469 4 — LS/'i^ . . 0,808 554 5 Différence. . . 7,050 9149-. . . — 0,06112 438 5 = r' L2r,. . . 0,466 746 6 Somme. . . 7,517 661 5 — . . . — 0,06329 352 9 = r'W 2""^ approximation r^-^-r' 1,464 591 887 561 5 = r, Tj'h- r'(2) 2,145 029 397 1 1 1 1 = r,«. Les secondes approximations de la racine et de son carré étant obtenues, on répète une autre série d'opérations toutes semblables aux précédentes, à l'effet de placer un nouveau groupe de sept chiffres à la racine. Multiplicandes. . . 1,464 591 8'87 561 5 2,145 029 3^97110 957 458 50 Multiplicateurs . . 1,464 591 8 87 561 5 1,464 591 8 87 561 5 Produits partiels 732 295 9.5(10-20) 1.072 514 7.0 (10-«0) 1.464 5918.9 2.145 029 4.0 7.875 513 2.8 8.701763 8.2 2.295 945 8.0 2.514 698 5.5 2.143 212 9.2 5.205 779 7.7 7.351004 9.6 2.351768 8 1 3.510 049 2.0 3.517 688 8 0 1.887 5615 9 397 110 9.6 9.880 535 5.739 9861.3 5.780 75 8 555 478 7.5 0.246 0 8.445 829 8.4 3.690 6 657 447 5.4 4 60 4.382 085 4.0 1.5 0.957 458 5.0 Somme ou produit général 0,0^^957 458 5.0 = i\* 9.645 558 9.7(10-'^oj =r,5 Chiffres correspondants de ?r . 9 795 258 4.6 Différence (nombre inférieur moins nombre supérieur) ■+■ 149 699 4.9 (10-20) = p. ( i39 ) Je n'ai transcrit de t^ que les rangs qui correspondent aux rangs exprimés de rj^ tous les rangs précédents se trouvant identiques. Cest sur la différence pa ^ue j'opère maintenant. Lpa T3,175 220 3 -♦- LûV 0,808 554 5 Différence. . . . 1,4366 665 8 -♦- . . . . -+- 0,0'«023 263 01 =r". On conclut enfin, avec les vingt chiffres exacts demandés, 1^^;;^= 1,464 591 887 561 523 265 0. Sur quelques plantes fossiles de l'étage du Poudingue de Burnot (dévonien inférieur); par A. Gilkinet, docteur en sciences. Le « Prodrome d'une description géologique de la Bel- gique » de M. le professeur Dewalque mentionne dans la liste des fossiles de l'étage de Burnot deux plantes nom- mées Filicites lepidorachis et Filicites pinnatus (1). Dési- reux de connaître ces plantes qui constituent à elles seules tous les restes végétaux ou à peu près de cet étage impor- tant, et n'en découvrant nulle part la description, je me suis adressé à M. Dewalque qui m'a dit posséder les fos- siles types, dont il devait la détermination à feu E. Coe- mans. M. Dewalque a bien voulu me communiquer les échantillons en question , ainsi que les quelques lignes de diagnose qui les accompagnent; ces plantes n'ont été ni (1) Prodromey p. 315. ( i40 ) figurées ni décrites, et comme elles sont renseignées dans un ouvrage classique pour la géologie de la Belgique, il m'a paru intéressant de les dessiner soigneusement et de les décrire, d'autant plus que Tune des deux espèces ne peut conserver, à mon avis, la place que lui donnait Coemans dans la classification, et doit être rattachée, non pas aux Fougères, mais aux Lycopodiacées. I. — FiLiciTES piNNATus (Coemaus). Ce nom a été donné par Coemans à l'empreinte repré- sentée par notre figure 1. C'est une pinne de fougère mu- nie d'un rachis large, au milieu duquel fait saillie une côte assez proéminente et assez nettement coupée sur ses deux côtés; à droite et à gauche du rachis naissent les pinnules qui paraissent avoir été excessivement serrées les unes contre les autres, et qui portaient à leur tour les folioles, ainsi qu'on l'entrevoit dans la partie supérieure de la figure. Celte fronde n'était certainement pas entièrement déroulée et l'on peut voir vers la droite du dessin des traces obscures de la préfolialion circinnée des pinnules. Cette circonstance explique le rapprochement exagéré des pinnules qui, avec la croissance ultérieure, se seraient plus ou moins écar- tées. Elle explique aussi l'aspect particulier de cette em- preinte qui ressemble, à première vue, presque plus à une Cycadée qu'à une Fougère. Cette forme, quelque obscure qu'elle soit, n'en est pas moins intéressante, en ce qu'elle permet de constater dans nos couches dévoniennes infé- rieures la présence d'une Fougère hautement organisée. La Fougère qui nous occupe était certainement tri-ou qua- dripennée, et devait posséder une taille d'une certaine im- portance. ( i41 ) Cette plante a élé découverte, ainsi que la suivante, dans les schistes cuivreux de Rouvroy; la roche et les em- preintes elles-mêmes sont partiellement transformées en malachite. II. — Lepidodendron Buknotense (Mihi). Filiciles lepidorachis (Coemans). Coemans désigne sous le nom de Filicites lepidorachis l'empreinte figurée par nous, figures 2, 5 et 4; c'est, dit-il (1), « une fronde de Fougère dichotome et très-rameuse, à ra- chisécaillcux, mais sans folioles. » Il m'est impossible de me rallier à cette manière de voir du savant paléontologue; pour moi, les empreintes appar- tiennent non pas à une Fougère, mais à une plante du groupe des Lycopodiacées , à un Lepidodendron^ dont elles constituent les ramifications secondaires. Et d'abord, dans nos échantillons, nous n'avons rien rencontré qui ressemblât à une foliole de Fougère, et ce- pendant nous avons pu isoler des rameaux secondaires sur une longueur assez considérable (fig. 2); nous n'avons pu découvrir la moindre trace d'une nervation quelconque qui aurait survécu à la destruction de la foliole, et les débris qui remplissent les échantillons proviennent tous de ra- mules dichotomiques, semblables à ceux qui divergent de notre rameau principal. Enfin, je dois faire remarquer que, bien que la ramification dichotomique ne soit pas in- connue chez les Fougères, elle constitue cependant l'ex- ception : de plus, les Fougères dichotomes ne revêtent pas (1) Noie manuscrite de Coemans à M. Devvalque. ( 142) l'aspect de la plante ci-dessus; elles se divisent le plus souvent en deux rameaux semblables , de grosseur à peu près égale, portant l'un et l'autre des folioles et qui réa- lisent en tous points la dichotomie vraie. Voici maintenant quelles sont les raisons qui m'ont fait rattacher ces empreintes aux Lépidodendrées. L'inspection de notre figure % dans laquelle le cylindre vasculaire est conservé (1 ), montre une série de petits cous- sinets proéminents; un examen attentif fait découvrir que ces coussinets sont disposés en séries spiralées; qu'à de nombreux endroits ils laissent parfaitement distinguer les orthostiques et les parastiques, et ceci est vrai non-seule- ment pour le rameau principal, mais encore pour les ra- meaux secondaires qui présentent des séries punctiformes spiralées (2). La spirale génératrice paraît assez compli- quée, comme c'est du reste le cas chez les Lépidodendrées. Les coussinets sont dus évidemment aux faisceaux vascu- laires qui se rendaient aux feuilles à travers la partie cor- ticale, disparue, mais qui a laissé des deux côtés de l'em- preinte une trauiée longitudinale également marquée de petites ponctuations. Enfin, la partie supérieure de notre échantillon (ûg. 2) porte latéralement l'empreinte de quel- ques feuilles lancéolées, en tous points semblables à celles des Lepidodendron. Si l'on s'étonne que les empreintes que nous faisons connaître ne soient pas parfaitement (1) Dans tous nos autres échanlillons, ce cylindre est enlevé et ii*a laissé que la contre-empreinte. (2) Voici la diagnose donnée par Schiniper des cicatrices des ramules de Lepidodendron : FoUorum cicatrices in ramuUs rhomheae, parvulae ^ sqimmae formes, conliguae (Schimper : Paléontologie végétale^ t. II, p. 14). ( 1^5) dichotomiques, nous ferons remarquer que la dichotomie vraie n'existe souvent que dans les tiges et les rameaux les plus considérables des Lepidodendron et des autres Lyco- podiacées fossiles [Lycopodium , Ulodendron, Kiiorria),ei que la plupart des ramules se détachent des troncs, et se subdivisent sympodiquement (1). Le sympode est du reste faiblement exprimé dans nos échantillons, et les ramifica- tions de second ordre rétablissent déjà la dichotomie. Ma conviction au sujet de la place de cette plante parmi les Lépidodendrées était déjà fermement établie, lorsque j'entrepris l'étude d'un fragment de tige rencontré avec les fossiles précités dans les schistes cuivreux de Rouvroy; cette tige(fig. 5) appartient, à n'en pas douter, à un Lepi- dodendron d'une taille déjà assez considérable , car le fos- sile n'a pas même toute sa largeur sur notre dessin; les deux parties latérales sont enlevées par la cassure de la roche. La partie corticale est disparue et ne laisse voir que les cicatrices intérieures; les orthostiques et les parasti- ques paraissent inclinés suivant un angle à peu près égal ; il en résulte que les cicatrices affectent presque la forme d'un losange. Eh bien, l'échantillon dont nous parlons est rempli de rameaux semblables à ceux que représentent nos ligures 2, 3 et 4, un peu plus petits, seulement. La partie postérieure, surtout, en contient plusieurs qui donnent naissance à des ramifications, et qui sont munis des mêmes ponctuations spiralées que celles que nous signalions ci- dessus. On peut voir, sur le haut de notre figure 5 et à sa droite, deux de ces branches paraissant sortir de la lige du Lepidodendron. Je dois ajouter que la cassure a reporté (I) Voir Schimper : Paléontologie végétale, pi. LVII, LVIII, fig. 1 et 2; pi. LIX, fig. 2 et S; pi. LXIV, fig. 4; pi. LXV, fig. 8, etc., etc. ( 144 ) cette dernière sur un plan un peu intérieur et qu'il n'y a pas, par conséquent , de communication directe entre elle et les rameaux; cependant, la disposition de ceux-ci, leur grand nombre dans le voisinage du tronc principal , l'ab- sence de toute autre empreinte, et surtout les caractères des Lepidodendron si bien exprimés dans les ramules suf- fisent pour donner la certitude pour ainsi dire complète de la connexion des différentes empreintes entre elles. Les rameaux présentent bien quelque ressemblance avec les rameaux du Psilophyton robustius de Dawson, mais cette ressemblance n'est que superficielle; on peut se convaincre que notre plante possédait, comme les Lepidodendron, un réseau vasculaire périphérique entourant une moelle cen- trale; c'est de ce réseau vasculaire que saillissaient les coussinets des feuilles. A peine remarque-t-on, principale- ment au-dessous de l'insertion des ramules, une dépression étroite qui longe le groupe vasculaire des deux côtés; cette bordure, Irès-réduite, par rapport au cylindre vasculaire qu'elle renferme, est l'indice de l'enveloppe parenchyma- teuse externe. Dans le Psilophyton, au contraire, le cy- lindre ligneux occupe le miHeu de la tige; il proémine à l'extérieur, et est d'une largeur peu considérable en com- paraison de la masse parenchymateuse externe (1); ce cylindre ne forme, par conséquent, qu'une saillie étroite au milieu de la tige. Cette distinction , reposant sur une structure anatomique complètement différente, est d'une (1) Voici les proportions des figures de Dawson. Dans les figures 134 et 14b, le cylindre central n'occupe que le cinquième de la largeur totale de a tige; dans la figure 127, il n'en occupe que le tiers (Dawson : Fossil plants of the devonian and upper siluriaii formations of Canada. Mon- tréal,! 871). Bull T XL. î("?8 AoùnSTS^ litJ'i .par- G-. -Severez/rcs £TuxêlZ& celte d pas, p: et les r grand i sence d des Le/ fisent p la conr rameau rameau ressem] que 110) réseau traie; ( coussin ment ai étroite bordure qu'elle teuse e lindre 1 l'extérit paraisoi cylindn au mili structui (1) Voi. 143,1e cy a lige; da plants of tréal,487 ZitJv.'par &. Sever-eyrzs BTuocêUes . 7 >.  \ ( l^s ) grande importance. De plus, le caractère principal des Psilophyton consiste en ce que ces plantes, qui ont une tige analogue à celle des Lycopodium, possèdent une fruc- tification complètement différente de celle de ces derniers; cette fructification est constituée par une espèce de sores suspendus à l'extrémité de ramules dichotomes; rien ne rappelle de loin ou de près le cône des Lycopodiacées. Or, nos échantillons de Rouvroy ne contiennent que des rameaux; il m'a été impossible d'y découvrir une trace quelconque de fruits, et cela suffisait, indépendamment du caractère important relatif à la structure de la tige que j'ai cité plus haut, pour m'obliger à rejeter toute idée de Psilophyton. Le nom de Filîcites lepidorachis donné par E. Coemans n'est plus admissible, et je ne connais aucune forme de Lepidodendron à laquelle on puisse rattacher avec certi- tude la plante de Rouvroy; aussi, je me crois suffisamment autorisé par ce qui précède à donner aux empreintes figu- rées (fig. 2-5), le nom de Lepidodendron Burnotcnse. Peut- être la découverte de nouveaux fragments de la même plante nous permettra-t-elle de rattacher un jour celle-ci à quelqu'un des types décrits. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Filicites pinnalus Coemzns. 2-4. Rameaux du Lepidodendron Burnotense. — 5. Lepidodendron Burnotense : tronc ou branche principale. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 10 ( 146 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 2 août 1815. M. Ch. Faider, vice-directeur, occupe le fauteuil. Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Let- tenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, Alph. Le Roy et A. Wagener, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; S. Bormans, Ch.Piot, correspo7idants. M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le vice-directeur exprime, au nom de MM. le baron Guillaume, directeur, et Liagre, secrétaire perpétuel, leurs regrets de ne pouvoir venir prendre place au bureau à cause de leur absence motivée. • — M. le Ministre de l'intérieur transmet, pour la Biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage de M. le baron Kervyn de Leltenhove, intitulé : La Flandre pen- dant les trois derniers siècles, fn-8*'. — Remercîments. M. L. Delisle accuse réception de son diplôme d'as- socie. — La Société pour l'histoire et les antiquités silé- siennes à Bresiau, la Société historique pour la basse Franconie et l'Aschaffen bourg à Wurzbourg, le Bureau communal de statistique de Budapest envoient leurs der- nières publications. — M. Aug. Scheler, associé, présente, à titre dom- mage, un exemplaire de son livre intitulé : Exposé des lois qui régissent la transformation française des mots latins. 1875; in-12. M. Léopold Delisle, également associé, adresse aussi comme hommage d'auteur, un exemplaire de sa Notice sur un manuscrit mérovingien contenant des fragments d'Eugyppius, appartenant à M. Jules Desnoyers, 1875; in-4°. M. Alph. Le Roy, membre de la classe, offre, au nom des auteurs, les deux ouvrages suivants : 1° Système com- mercial de la Belgique, par M. Ch. Pety de Thozée, t. II ; in-8*' ; 2° Mémoire sur le texte primitif du 7"* i^écit de la création [Genèse, Ch. I-II. â), suivi du texte du 2^ récit, par M. Gustave d'Eichthal. 1875; in-8^ La classe vote des remercîments aux auteurs de ces ou- vrages et décide le dépôt de ceux-ci dans la bibliothèque de la Compagnie. ( 148 ) Elle décide l'impression au Bulletin d'une note lue par M. Alphonse Le Roy, au sujet des ouvrages de philosophie qu'il a offerts à la classe dans la dernière séance, au nom de leur auteur, M. Vincenzo di Giovanni, de Palerme. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les ouvrages philosophiques de M. Vincenzo di Gio- vanni, de Palerme; par M. Alphonse Le Roy, membre de l'Académie. En présentant à la classe, dans notre dernière séance, au nom de l'auteur, les derniers ouvrages philosophiques de M. Vincenzo di Giovanni , de Palerme , je n'ai fait que rapporter en Belgique une tradition qui à certains égards y a pris naissance, mais qui s'est développée et modifiée au- delà des monts sous le coup des événements de 1848, pour y être ensuite aussi violemment combattue qu'elle avait été chaleureusement accueillie. Je fais allusion à l'illustre exilé Gioberli, doni M. Quetelet père, je me plais à le rappeler, apprécia le premier, à Bruxelles, les hautes conceptions platoniciennes et le patriotisme généreux. Au fort de la tourmente, Gioberti abandonna tout d'un coup les régions de la spéculation pure pour descendre dans l'arène poli- tique, pour tirer les conséquences pratiques des prémisses qu'il avait posées : ses tentatives échouèrent; mais la nation ( i49 ) italienne ne lui en doit pas moins d'avoir acquis la con- science claire des aspirations qui Font finalement unifiée, et Ton peut dire qu'il fut, à côté de Balbo, le véritable pré- curseur de Cavour. Son séjour parmi nous lui avait donné l'occasion d'apprécier le fonctionnement régulier de nos institutions libres, et contribué sans doute à lui faire dé- sirer pour son pays un régime consacrant à la fois l'indé- pendance du pouvoir civil et celle de l'autorité religieuse. Son système de conciliation ou de transition se trouva bientôt dépassé, dans des conditions qu'il n'avait aucune- ment pressenties, mais sans pacifier les esprits, bien au contraire. L'école théologique proprement dite s'est élevée contre le catholicisme libéral et a décidément passé le Rubicon .: non-seulement toutes les libertés modernes lui sont devenues suspectes, mais elle n'admet la philosophie que comme servante de la théologie , selon la formule du moyen âge. Ce revirement, dont il est à craindre que la société euro- péenne n'apprenne trop tôt à connaître la portée, n'a pas empêché quelques esprits sincèrement religieux de per- sister à croire que l'orthodoxie la plus rigoureuse n'est pas inconciliable avec la liberté spéculative. L'école de Gio- berti compte encore des partisans, du moins sur le terrain de la métaphysique. M. l'abbé di Giovanni, notamment, en a relevé le drapeau en Sicile, avec une modération et une fermeté qui commandent le respect, surtout si l'on consi- dère combien une telle attitude est difficile à garder en présence du tumulte des passions. Paisible théoricien, M. di Giovanni n'imite point d'ailleurs celui que, sous toutes ré- serves, il reconnaît pour maître : il ne s'assigne nullement la mission d'un Savanarole; il ne quitte pas un instant les ( im ) hauteurs où il converse avec Platon et Malebranche ; mais sa philosophie est celle d'un esprit libre quoique croyant. Loin d'être passive et désarmée, elle exclut le dogmatisme aveugle comme l'indifférence et le scepticisme, et proclame que le premier intérêt et la plus pressante obligation du penseur chrétien, c'est de mettre la lumière sur le bois- seau, de quelque part qu'elle vienne. Il y a du reste, entre Gioberti et M. di Giovanni, plutôt accord de vues sur la célèbre formule idéale du premier, que rapport véritable de fdiation. Cet accord s'est révélé surtout depuis la publication des œuvres posthumes de Gio- berti, où la théorie platonicienne des idées est interprétée dans un sens voisin du hégélianisme, en sauvegardant tou- tefois le principe de la création. Dans ses derniers écrits, Gioberti se rattache visiblement aux philosophes de la re- naissance; c'est par là surtout qu'il a séduit le professeur palermitain. On ne saurait oublier que M. di Giovanni s'est déclaré, il y a quelques années, admirateur enthousiaste de Miceli, le fondateur de Vécole de Monreale (fm du XVÏIF siècle). Or Miceli, dont il a le premier analysé et publié les œuvres, est un philosophe de la famille du car- dinal de Cusa et de Giordano Bruus, souvent plus voisin qu'il ne faudrait de Plotin et de Proclus : on l'a aussi com- paré au bénédictin Deschamps, c'est-à-dire à un Hégélien antérieur à Hegel; enfin on l'a rapproché, et non sans quelque raison, de Schopenhauer. L'écueil de l'émanatisme, du panthéisme en un mot, est ici bien difficile à éviter : il est vrai que la personnalité divine est soutenue énergique- ment par Miceli; mais je dois l'avouer, la personnalité hu- maine court de grands risques dans son système. M. di Giovanni lutte de toutes ses forces pour le défendre et ( iDl ) pour repousser le panthéisme; mais il ne fait pas que Miceli ne côtoie de bien près ce précipice. Dans tous les cas son éditeur n'y tombe pas : ce que je veux constater seulement, c'est qu'il y a une affinité secrète entre ses idées et celles des métaphysiciens dont Miceli relève lui- même, et par suite une grande complaisance de sa part à faire bon accueil aux dernières thèses de Gioberti. C'est ici que, chrétien et catholique convaincu, M. di Giovanni fait preuve d'une grande indépendance d'esprit. C'est un libre critique sans peur et sans reproche, exempt de tout préjugé et de tout parti pris quand il argumente, et ne se faisant d'aucun nom un épouvanlail. J'essayerai de rendre raison de ce détachement et de cette sérénité dans la polé- mique, qualités si rares en général, mais surtout chez les écrivains qui font une part à la foi comme à la raison. Aussi ardent patriote que Gioberti, M. di Giovanni reven- diquerait volontiers pour sa chère Sicile ce Primato que l'homme d'État turinois a réclamé pour l'Italie. A ses yeux, la philosophie anté-socratique tire principalement ses ori- gines de la patrie d'Empédocle, et l'école dite italique au- rait fleuri en Sicile bien longtemps avant Pythagore. Je n'ai pas à discuter ici le bien-fondé de ces assertions : je ferai seulement remarquer que,pour nos deux auteurs, c'est de l'Italie (ou de la Sicile) que sont sorties les idées philo- sophiques fondamentales sur le développement desquelles a vécu et vit encore l'Occident. M. di Giovanni regarde l'idéalisme ontologique, tel qu'il le conçoit, comme la grande philosophie de l'humanité, autour de laquelle tout gravite, et en même temps comme la philosophie nationale italienne, par excellence. De là, s'il examine les spécula- lions brillantes des Français, des Allemands et des Anglais ( 152 ) modernes, il u'a pourtant pour elles ni engouement, ni antipathie, ni dédain systématiques. Son zèle le porte, en revanche, à exagérer le mérite de ses compatriotes : on s'en assurera en lisant la belle Histoire de la philosophie en Sicile qu'il vient de vous offrir ; mais ce zèle excessif le porte précisément à rabattre quelque chose de nos exalta- lions à Tendroit des philosophes non italiens. L'observatoire d'où il porte ses jugements est très-différent du nôtre; d'autres perspectives s'ouvrent devant lui; de là, rien n'est plus instructif et souvent plus inattendu que ses distinc- tions et ses conclusions. Nous ne connaissons pas assez la philosophie italienne, et pourtant ceux qui la représentent ont raison de dire que l'Italie n'est pas encore la terre des morts. Qu'il me soit permis de m'en référer aux deux vo- lumes de M. Louis Ferri, dont ceux de M. di Giovanni sont le complément naturel : les uns et les autres nous appren- dront, non-seulement à nous défier des mots sonores et des stigmates de convention, mais à rendre plus de justice que nous ne l'avons fait, par exemple, à des penseurs que M. Cousin et ses disciples, entre autres, n'ont pas assez ap- préciés. M. di Giovanni, du moins, s'il est faible pour les siens, fait comme Socrate : il ne se fâche pas et il respecte tout le monde. Vous êtes psychologiste n'est pas dans sa bouche une objurgation comme : vous êtes ontologiste, dans la bouche de ses adversaires. Pour le dire en passant, c'est là un des grands avantages de la forme dialogique , si chère aux véritables philosophes. M. di Giovanni affectionne cette forme, à l'instar des platoniciens et des philosophes de la renaissance, et du grand Leibniz; de plus, comme ses compatriotes en gé- néral, il sait quel est le prix de la forme littéraire : ses ( ^S5 ) ouvrages, tout sérieux qu'ils sont, procurent une lecture agréable. Les Serale cnmpesiri, en particulier, mériteraient les honneurs d'une traduction française. Ce livre a un se- cond titre qui en exprime plus directement la pensée : Sofismi e buon senso. Il s'ouvre par une discussion ma- gistrale sur le panthéisme et sur le matérialisme contem- porain, entre lesquels l'auteur croit découvrir plus d'un point de contact : alors se déroulent sept dialogues, où les représentants des systèmes aujourd'hui portés de part ou d'autre sur le pavois entrent résolument en lice. La logique de Hegel , celle de John Stuart Mill , le positivisme fran- çais, les doctrines matérialistes de MM. Buchner et Mole- schott, les théories critiques de MM. Vacherot, Renan et Ausonio Franchi, les illusions des apôtres de la morale indépendante font tour à tour l'objet de ces entretiens; les deux dernières soirées sont consacrées au mouvement phi- losophique italien et à l'histoire fictive d'un penseur qui, après avoir suivi les sophistes dans leurs égarements, en revient finalement au bon sens, en consultant le fond de sa conscience et en apprenant à bien épeler le grand livre de la nature. Tout cela soutenu par un grand renfort d'éru- dition, mais sans que l'auteur s'en laisse jamais écraser: il domine son sujet et sait d'autre part y pénétrer dans les moindres recoins, avec cette finesse déliée qui est un des apanages de ses compatriotes. J'estime que son petit volume, s'il était acclimaté chez nous, rendrait de sérieux services à la jeunesse lettrée, en la prémunissant contre l'orgueil scientifique des nouveaux Protagoras. Quand on fait de pareilles trouvailles, il est bon de les signaler. Non moins intéressant est le volume intitulé : Scuola, ( io4 ) scienza e crilîca. J'y ai constaté avec plaisir que notre on- tologiste reconnaît judicieusement qu'une saine anthropo- logie est la base véritable du système de l'éducation. Le reste de l'ouvrage se compose de mélanges : j'y noterai un travail sur M^' d'Acquisto, qui prend place entre Miceli et Gioberti; trois bonnes études sur Boëce; d'autres, très- instructives, sur l'histoire de la théorie des idées arché- types, puis des considérations de haute esthétique, voire d'archéologie, celles-ci concernant particulièrement la Si- cile. J'ai dit tantôt que M. di Giovanni n'est pas seulement un philosophe, mais un chaud patriote : ce n'est pas seu- lement de l'amour, c'est de l'adoration qu'il professe pour la Trinacria. De là ses travaux érudits : il se délasse volon- tiers de ses méditations en secouant la poussière des bi- bliothèques et des archives. On lui doit les plus curieuses découvertes : je ne citerai que ses deux volumes Sur la philologie et la littérature siciliennes. L'alliance de ces goûts est plus fréquente en Italie que chez nous : c'est encore un trait qui rappelle les habitudes d'esprit des hommes de la Renaissance. Ne m'occupant quant à présent que des études philosophiques de M. di Giovanni, je n'insis- terai pas : mon but sera pleinement atteint, si je suis par- venu à attirer l'attention de la classe sur un développement d'idées qui ne nous louche pas sans doute d'une manière directe, mais qui peut gagner singulièrement en impor- tance générale, en présence du défi actuellement jeté à la libre spéculation. ( ISS ) Fragment (Vun poëine flamand inédit imité de Li roumans DE Berte aus gra.xs piés; par M. Ch. Piot, correspon- dant de l'Académie. L'écriture du fragment inédit de poésie flamande, re- produit à la fin de cette notice, appartient incontestable- ment au premier quart du X\\^ siècle (1). C'est, à n'en pas douter, une copie faite de main reposée : on n'y remarque aucune surcharge ni rature, rien enfin qui indique un manuscrit original. Sous certains rapports il ressemble au fragment de l'écrit intitulé : Leven van sinte Lufgarde, et publié dans la Dietsche Warande (2). A quelle époque appartient le texte original de ce frag- ment? Précède-t-il le Rouman de Berte ans grans piés? (1) En 1872, M. Vanderslraeten annonça, dans VEendracht (n» 26), la découverte faite aux Archives du royaume d'un fragment du poëme de Flore et Blancheflor, écrit en flamand. Ce fragment sur parchemin servit, dit-il , de couverture à un manuscrit provenant de l'abbaye de Robermont près de Liège, et renfermait la vie de saint Éloy. Après avoir pris connaissance de ce parchemin, nous y reconnûmes cer- taines analogies des scènes décrites dans le roman français de Berte aus grans piés. A notre avis il n'avait rien de commun avec le poëme de Flore et Blancheflor. Au mois de novembre M. Vanderslraeten inséra dans VEendracht (n» 9), une rectification de son premier article, et émit quelques idées générales sur ce poëme, promettant d'y revenir plus tard. Ses occupations ne lui ayant pas permis de satisfaire à cette promesse , nous avons pris la décision de publier le fragment de l'assentiment de M. Vanderstraeten. (2) Tome III, p. 135. ( 156 ) Est-ce une traduction de ce poëme , dont l'auteur Adenés li Rois naquit en Brabant vers 1240 (1)? Ces questions, nous allons les examiner. Première question : A quelle époque appartient le texte original? S'il fallait s'en tenir à l'ancienne opinion concernant l'origine de la poésie flamande, notre fragment devrait avoir paru après les écrits de Van Maerlant, appelé par Jean Boetendale, le père de la poésie thioise. Il n'en est rien. En 1856, feu M. Willems rejeta cette opinion dont il avait été le défenseur officiel, et après avoir appro- fondi la question, il démontra par le poëme de Reinaert de Vos que d'autres poètes flamands avaient précédé Van Maerlant (2). M. Jonckbloet consacre à la démonstration de cette thèse tout le chapitre YI de son travail si remar- quable sur la poésie néerlandaise du moyen âge (3). Cet écrivain y fait voir d'une manière victorieuse, par le texte de Van Maerlant lui-même, qu'il a des prédécesseurs. Aujourd'hui le doute n'est plus permis à ce sujet. Par les écrits, par la critique, par des dissertations approfon- dies, il est démontré que des poésies flamandes remontent certainement au delà du XllP siècle. M. Bormans va plus loin encore. Ce philologue distingué prétend que les poètes français ont beaucoup appris de nos Flamands, opinion (1) Paulin Paris, Li romans de Berte ans grans pies, p. xlv. — Un texte plus correct et revu avec critique a été publié récemment par M. Scheler. (-2) Reinaerl de Vos , publié par Willems, préface, pp. xvi et suiv. (3) Geschiedenis der Midennederîandsche dicfitkunst, t. I , pp. 174 et suiv. Voir aussi Snellaert , Verhandelingen over de Nederlandsche dicht- kunst in Belgie , pp. 42 et suiv. ( 1S7) dont M. Jonckbloet s'est fait Tavocat dévoué (1). Par poètes fiançais, nous entendons les Belges qui, faisant usage de la langue romane, écrivirent pendant le XI IP siècle des poëmes justement renommés. Liège, le Hainaut, le Brabant, l'Artois et la Flandre ont produit les poésies les plus remarquables en langue romane de cette période. En présence de ces faits, rien ne s'oppose à admettre l'existence de poëmes flamands avant l'apparition des écrits de Van Maerlanl. Lorsque cet auteur prit la plume, la poésie flamande s'était développée d'une manière extraor- dinaire. Elle jeta un vif éclat pendant le XIIP siècle, l'époque brillante des communes belges, celle pendant laquelle le commerce et l'industrie avaient créé dans nos provinces des richesses inconnues à d'autres peuples. En examinant attentivement le style et toutes les parti- cularités de notre poëme, il faut admettre forcément qu'il appartient à la grande époque de Van Maerlant. Chez cet écrivain la langue prend, il est vrai, un caractère tout à fait diff'érent de celle employée par l'auteur de notre frag- ment : le dialecte de celui-ci semble moins rude; les formes de son langage sont plus adoucies. Et cependant le sujet, les expressions et les détails de son poëme n'ap- partiennent pas moins à l'époque de Van Maerlant. Le ton chevaleresque de l'épopée, l'amour du merveilleux, une invention assez originale s'y manifestent d'une manière évidente et accusent certainement cet âge. Deuxième question : Notre fragment est-il antérieur au roman de Berthe ? Avant d'entamer cette question, tâchons de déterminer l'âge du roman écrit par Adenés li Bois. (1) Jonckhloel, ^c, t. I,p 288. ( 4S8 ) Ce ménestrel suivit, d'après les témoignages histori- ques, Marie de Brabant lorsqu'elle devint, en 1275, l'épouse de Philippe le Hardi , roi de France. Le voilà attaché à une cour fastueuse, brillante, protectrice des lettres et aimant surtout la nouveauté. A titre d'étranger Adenés devait produire de l'effet, et il dut nécessairement subir par sa position l'influence de sa nouvelle patrie. Ses œuvres s'en ressentirent également. Le poëme de Berthe, éminem- ment français par la facture, les idées et le style, s'étend avec complaisance sur des détails descriptifs. L'auteur aime à y transcrire des tirades, des discours très-étendus, empruntés à l'éloquence du courtisan. Il se plaît à étaler ses connaissances de la topographie de France, connais- sances qu'il devait certainement ignorer avant son séjour dans ce pays. Paris est, dans le roman de Berthe, le centre vers lequel tout converge. Paris c'est la cour. Paris c'est tout. Ce roman, dit M. Léon Gautier, réveille toutes les qualités, tous les défauts d'une civilisation déjà avancée (1). Ajoutons, pour compléter l'idée de l'auteur, que la civili- sation était en effet très-développée dans le Midi, tandis qu'elle revêtait encore à cette époque un certain caractère de rudesse dans le Nord. Tout semble donc démontrer que le roman de Berthe a été composé par Adenés postérieu- rement à son arrivée en France, c'est-à-dire après 127o. Notre poëme flamand étant une imitation de URoumans de Berte ans grans pies , — nous le ferons voir plus loin — il est permis d'en conclure qu'il appartient au dernier quart du XIII' siècle. Troisième question : Celte épopée est-elle une traduc- tion ou une imitation de la Berte d'Adenés? (I) Épopées françaises , t. Il, p. 10. ( m) ) Les poètes français ne dédaignaient pas, il est vrai, les compositions flamandes. Grâce à nos richesses, grâce à nos institutions, l'idiome national avait pris un grand développement dans notre pays : la poésie surtout} avait fait des progrès marquants. Sous le rapport de la vogue le flamand n'avait pas les avantages de la langue française, laquelle visait déjà à l'universalité. C'est ce qui a fait dire par M. Jonckbloet : lorsque le copiste et surtout le traducteur voulaient remplacer le nom de l'auteur par le sien, qui pouvait découvrir la supercherie? qui aurait refusé de croire à la priorité de l'écrit rédigé dans une langue répandue partout ? Il ne serait pas impossible d'ad- mettre que maint poëme composé en flamand et traduit ou imité très-tôt en français, soit considéré comme une production originale de la France (1). Le fragment, dont nous reproduisons le texte, se trou ve- t-il dans le même cas ? Nous n'osons pas le croire. Au surplus, la priorité des versions différentes d'un poëme est- elle une question si importante qu'on le croit générale- ment ? Pendant le moyen âge , époque des associations, si contraires à l'individualisme, les traditions appartenaient aux nations et non aux écrivains. En s'emparant d'une saga, le trouvère la racontait selon les idées du peuple auquel il destinait son récit. Il en faisait des épopées natio- nales. C'est ainsi que les traditions populaires, ce grand livre des nations, s'acclimataient dans chaque pays , en y prenant un caractère spécial. L'antique légende du Cheva- lier au Cygne, n'a-t-elle pas subi des transformations dans tous les pays où elle est connue ? Le poëme français de Berle ans cjrans pies et le frag- (1) L. et. I, p. 289. ( 160 ) ment flamand que nous publions traitent, sans aucun doute, le même sujet. Dans l'un et l'autre de ces écrits Berlhe, fille de Flore et de Blancheflor et femme de Pépin, subit une disgrâce. Elle erre dans une forêt; puis elle est retrouvée par les siens. Dans le poëme flamand les longs détails , les récils traî- nants sont soigneusement évités. Ils sont remplacés par des descriptions très-courtes. Les harangues y sont encore passablement étendues, comme dans le poëme français; mais le style déclamatoire du courtisan disparaît complè- tement : il fait place à une grande simplicité d'expressions. Comme dans le poëme français, Berthe rencontre au milieu de la forêt Simon chevauchant par monts et par vaux. A la vue de la belle, son cœur s'enflamme. Elle le repousse en lui déclarant qu'elle est reine. Dans toute cette scène il y a une naïveté qui fait com- plètement défaut dans le roman français. Enfin l'auteur a écrit un poëme, flamand par la forme, flamand par les expressions, flamand par les idées. Le roman thiois de Berteest au roman français du même nom ce que i?emaer^ de Vos est au renard français, ce que le roman de Floris ende Blancefloer est au roman de Flore et Blancheflor. En publiant le texte flamand de ce poëme M. Hoffmann von Fallersleben fait une observation très-juste et applicable en partie à notre fragment : plus grande, dit-il, est la part que nous devons attribuer au poëte Thierri d'Asse- nede; car en remaniant le roman original français, il a fait de Flore et Blancheflor un poëme nouveau, plus beau et véritablement néerlandais (1). (1) fforae Behjicae, part :2, p. ix : Grôsser aber isl der Antlieil, den wir dem Dichler selbst, Diederic Van Assenede, zu erkennen mùssen, demi er ( 16i ) Un fait nous a frappé en examinant le fragment, dont nous reproduisons le texte. Nous n'y avons pas vu une seule mention de localités françaises; laFrancey est nom- mée une seule fois; tandis que le romande Berteaiis grans pies est prodigue de noms topographiques appartenant à nos voisins du Midi. Nous y avons reconnu certaines idées, des détails de style et d'orthographe semblables à ceux du roman de Floris ende Blancefîoer, édité par M. Hoffmann. La versification est facile et naturelle dans l'un comme dans l'autre de ces deux romans. Ces ressemblances sont telles, que nous sommes très- tenté de l'attribuer au même auteur, Thierri d'Assenede, poëte et clerc de Marguerite de Constantinople et de Gui de Dampierre de 1262 à 1285(1). Nous reproduisons ici le fragment , tel qu'il est transcrit sur le parchemin, dont l'état de conservation laisse beau- coup à désirer. Bon nombre de mots et de lignes y sont effacés ou complètement rognés. Ende scide : willecome , vrient , Ghi hebl iegen mi veidiont , Dal ic u vrient wespii moet. Nu segt mi wat Beerte doet, Hebdi in haer iet bevonden ? Symoen , die len selven stonden Seker heit , meen ic niet , Mer claer, so welic d:U bediet : Dal seker es u coninginne. liât diirch seine Bebandiunge des walschen Originals aus Flore und Hlanchiflore, ein neues nocli sclioneres, echt hoilàndisches Gedicht, ge- schaffen. (1) Voir à ce sujet C A. Serrure, Geschiedenis der Nederlanlsche en Fransche lelterkunde in Vlaenderen, p. 104. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 11 ( 162 ) Den coninc worden al sijn sinne Doen utermaien al le blide. Symoene nam hi tien tide Haestelike biiler hanl, Der hi Blencefloer vant. Der heefti Symoen scire brocht. Die coninc was wel bedocht , Ende sprac: vriende. . . . iel ende ons ellinde we ende al ons zeer heden nenimermeer vrouwe seer verblijt ende dien lijt Der es van hoger aert es u vrienl heefl verdie m . . waer Si werven wel So ic weel in corler stont. Si seide : vrieiit, nu doe mi conl Hoe ghi geraket an niijii kint. Symoen anlwerde met geninl : Vrouwe, giii SPltH noch wel weten. Eens morgens wasic op gcselen, Ende soude comen te woude waeit Scoone was die dach verbaert. Op mijn peerl qnamic gereden Van enen berge toi beneden. Der so vandic , op die ure , ( 163 Ene de scoenste créature, Die ic nie met oeen sach. Nar minen reise gereden , quam Een vrouwe , dat ic der vernam , Die utermaten was alte scone. le boot her mine minne te lone. Si seide dat sijs niet en dade. Doen leidicse buten pade. Met mi en wilde si niet gaen ; Mer si dede mi der verstaen Dat si was i coninginne, Die was in minen sinue. Dat wonder dat sekerlike Dat ghi segt het es u nichie Ghi mocht saken seggen iichte, Die u souden iegen gaen ; Mer, her weert, doet mi verstaen Claerlec wie die vrouwe si , Ende hoe si heet, dat segt mi. Ghi moetet mi te wetene doen. Doen antwerde weert Symoen : Is mi clair becant Dat si Beerte es gênant. Dies es leden . . . v jaer Dat icse , dats seker waer, Int wout te verre van hier. Ic ben foreeslier, Ende heb enigen lijt gewesen. Carie Marteel , den coninc vor desen Die hadde mi lief in waere dinc Mer niet en sieic desen coninc; le en sachen noit met ogen; Der ut weet den prinse vermogen Nu will horen ende verstaen. Eens morgens vroe, sonder waen , Wasic gpseten op niijn paert, Ende soude varen in Mans waerl. ( 164 ) Tcleert vander sonne opganc , Der gemoelic, sonder wanc, Jegen wil dese ionc\ rouwe Makende wel den meesten Irouwe Die ic sach van min en leven . Een deel reedic her bel neven. Si dochte ml so overscone, Al werl om te dragen crone Van algade Vranckerike. Noit en sacli haers gelike. Waer ic qiiani ... iege slonden, Aldus was de scoene vonden. Want was si van coudon doot, le brocht met haesten groot. Wi goed . . Doen si ifier leven Met vragene wi d — cleven Hoesi bi namen wert genaeml? Si seide: Beerle, dais mi befaemt. Doe wirl Pippin alte blide Hi seide dus ten selven tide : Waer bi heb dese niehte gehelen ? Constant seide : dat suldi weten. hier so nam . . Vole Jagers, ridders ende ioncheren, Oft si de mouwe al vol eren lewers hadden ons willen onlleden. Aldus loe dai wi d . . . Dat wi der (26 lignes illisibles. ) In sachse noit fel gemort , Oft datsi I. wort mcslcde. Sies vol der welenlhede, Ende der toe so overscone , Al waert om te spannen crone ( 163 ) Van alden lande van erlerike. So en wislic hoe properlike. I baer Dis es leden wel vi jaer, Leltel meer ofte min , Der houdic in minen sin , Dat hier liep i niemare, Hoe dat i vrouw verloren ware. Dal hem God vergevene moet ; Mer ic die raaliede hin der moet Dat ic was coninginne. In weel hoet quam in minen zinne. Anders haddi mi vercracht. Symoen die scier was bedacht, Seide : scoeiie, eest dan niel waer ? Sides mi hier openbaer ; Wanl die ridder es van danne. Si sprac : ghetegel mi eens. . . . Wanl die he . . , so ic verneme , En neml die vrouwe niel Vor den lijt dal hi u siel. Dal was dat nu de coninc hiet. Doe seide Florijs : die coninc, Dats een redelike dinc Vrouw BlanceÛoer ghi seil der varen. Doet u gereiden, sonder sparen, Sonder enege lange beide. Die vrouwe niet der iegen seide ; Mer bereide si wat si can. ( 166 ) Maximilien-Emmaniiel de Bavière, comte de Nanmr; par M. Stanislas Bormans, correspondant de l'Académie. Après que Jean III eut vendu son comté de Namur à Philippe le Bon par acte passé à Gand le 15 janvier 1421 , le Namurois, administré par des gouverneurs, partagea les destinées du reslede la Belgique. Marie de Bourgogne, fdle de Charles le Téméraire, ayant épousé Tarchiduc Maximi- lienle 18 août 1477, la province de Namur passa, avec les vastes domaines de cette princesse , sous la domination de la maison d'Autriche. Elle retourna ensuite avec les Pays-Bas à Philippe IV, roi d'Espagne, lorsque l'infante Isabelle, tante de ce monarque, mourut sans enfant le i" décembre 1633. La souveraineté des rois d'Espagne dura jusqu'à la paix d'Utrecht (11 avril 1713) qui mit Charles VI, empereur des Bomains, en possession des pro- vinces appelées depuis lors les Pays-Bas autrichiens. Avec la dynastie de la maison de Dampierre finit à pro- prement parler l'histoire du comté de Namur; avec elle aussi, l'ancienne capitale, autrefois animée par la présence d'une cour, tomba subitement au rang de petite ville de province. Ce fut son rôle pendant les quatre siècles environ qui précédèrent la révolution française, sauf un moment où le Namurois, administré directement par son souverain, devint encore une fois le siège d'une cour princière. Cette heureuse situation ne dura guère que deux ans; c'était assez toutefois pour que les habitants de Namur, qui fêtè- rent avec éclat un événement aussi extraordinaire, conser- vassent longtemps le souvenir de Maximilien-Emmanuel, ( 167 ) duc et électeur de Bavière, comte de Namur, de fait depuis le 6 avril 1711 jusqu'au i" décembre 1714, et en droit depuis le 2 jauvier 1712'jusqu'au 11 avril 1713. C'est le règne de ce prince que je veux lâcher d'esquis- ser rapidement. Mais il convient de rappeler d'abord les faits qui amenèrent cette souveraineté éphémère. Maximilien-Emmanuel de Bavière, né le 11 juillet 1662, était fils de Ferdinand-Marie duc de Bavière, électeur du S*-Empire, et de Marie-Henriette-Adelaïde, fille de Viclor- Amédée de Savoie et de Christine, princesse royale de France. Il n'avait que seize ans lorsqu'il succéda à son père dans l'électoral de Bavière. Quelques années plus tard, lorsque Vienne fut assiégée par les Turcs, il prit les armes pour la défense de l'Empire, et contribua puissamment à délivrer la capitale de l'Autriche; puis il alla combattre avec gloire en Hongrie, et emporta d'assaut la ville de Belgrade. Généreux et chevaleresque à cette époque, il ne se contenta pas de payer de sa personne : il dépensa dans cette guerre près de cent millions, n'ambitionnant, pour prix de ce sacrifice, que la satisfaction d'avoir assuré le salut de la chrétienté. Le 15 juillet 1689, il épousa Marie-Antoinette archi- duchesse d'Autriche, fille de l'empereur Léopold I" et petite fille de l'empereur Philippe FV, roi d'Espagne (1). Ce mariage pouvait lui donner, à lui ou aux enfants qui (4) Dès cette époque, le roi d'Espagne fut sollicité de donner ce qui lui restait des Pays-Bas en dot à l'archiduchesse , pour récompenser l'Électeur des services qu'il avait rendus dans l'armée impériale contre les Turcs. ( 168 ) naîtraient de l'archiduchesse, des droits éventuels à la succession de la monarchie espagnole; dès lors, en effet, on prévoyait que le débile roi Charles II mourrait sans héritier direct. L'électeur de Bavière se livra tout entier à l'espérance que faisait naître en lui une telle éventualité, et à partir de ce moment, il ne négligea aucune occasion de se rapprocher du but convoité. Il songea d'abord à s'établir aux Pays-Bas, et fit des démarches à Madrid pour obtenir l'administration de ces provinces (i). Les ministres de Charles II, naturellement hostiles à la candidature d'un prince étranger, combattirent la demande de l'Électeur qui, insinuaient-ils, \isaii à la domination absolue et ne larderait pas à se rendre indépendant du pouvoir royal. Informé de l'opposition qu'il rencontrait, Maximilien écri- vit, le 9 octobre 1691, au faible monarque une lettre des- tinée à en paralyser l'effet; il y protestait hautement de son abnégation, affirmait qu'il n'avait en vue que l'intérêt de l'Espagne, qu'il voulait défendre les Pays-Bas contre les convoitises de la France, suppléerait au manque d'ar- gent par ses propres ressources, et mettrait ses troupes bavaroises au service du roi (2). Ému par ces promesses, Charles II écrivit le 29 novembre à l'Électeur qu'il l'in- vestissait du gouvernement des Pays-Bas en remplacement du marquis de Castaîiaga (5). Maximilien fit son entrée à Bruxelles le 26 mars 1692. Les Belges, fatigués d'être gouvernés par de simples gen- (4) M. Gachard a publié sur ces négociations de nombreux et intéressants dé- tails dans les Bulletins de la Commission royale d'histoire, 8^ série, tome VI, pages 40 et suiv. (2) Ibidem, \\i6, il. (3) Les patentes ne furent toutefois délivrées que le 13 décembre 1691. ( 169 ) tilslioinmes espagnols (l), étaient déjà prévenus en faveur d'un prince dont la bravoure faisait Tadmiration de l'Europe entière; d'ailleurs, outre qu'il était jeune, bien faitetadroit, ce qui plaît toujours aux masses, il ne négligeait, par goût ou par calcul, rien de ce qui pouvait contribuer à le ren- dre populaire : il recberchait le luxe et les fêtes, entrete- nait une cour fastueuse et brillante, aimait les sciences et les arts, protégeait Tindustrie et le commerce, et se pro- diguait au peuple (2). Aussitôt qu'il eut pris en main les rênes du gouverne- ment, il s'appliqua à tirer notre pays de Tétat déplorable où l'avait plongé l'incurie des gouverneurs espagnols; il rétablit les finances, réorganisa la justice, réprima les désordres et la licence des troupes, fil revivre le commerce, créa le système des chaussées, et, par tous ces travaux, conquit des titres réels à la reconnaissance des Belges (5). Dès l'année même de son avènement, le nom de Maxi- milien-Emmanuel se trouve étroitement lié à divers faits intéressant l'histoire de Namur. Entraîné par ses vues ambitieuses, Louis XIV avait, en 1689, déclaré la guerre à la Hollande et à l'Angleterre, et peu après à l'Espagne. La province de Namur devint aussi- tôt le principal champ clos où les belligérants vinrent (i; Gachard, Une visite aux archives et à la bibliothèque royales de Munich, dans les Bulletins de la Commission royale d'histoire, 3c série, t. VI, p. 60. (2) Le portrait lithographie de Ft-lecteur de Bavière se trouve dans Y Histoire de la ville de Bruxelles, par Wauters, tome II, page 123. Il existe aussi, peint à l'huile, en pied, grandeur naturelle, au musée de la Société archéologique de Namur. C'est probablement à cette toile que fait allusion l'extrait du compte du domaine cité plus loin, page 191 , note 2. (3) Sur l'administration de Maximilien-Emmanuel aux Pays-Bas, voyez dans les Bulletins de la Commission royale d'histoire, i"-* série, t. XI. un travail de M. COREMANS intitulé : Miscellanées de l'époque de Maximilien-Emmanuel, 1692-1709, notamment aux pages 669-672. ( 170 ) vider leurs sanglantes querelles (1). Mons étant tombé le 9 avril 1691 au pouvoir du roi de France, on décida de mettre, dans la campagne suivante, le siège devant Namur. Cette ville était alors gardée par une garnison hollandaise, car la cour de Madrid, épuisée d'argent, était dans l'im- possibilité de la défendre par elle-même. Le 26 mai 1692, dans la matinée, Louis XIV parut en personne devant la place. Ce ne fut que dans les premiers jours du mois de juin que l'électeur de Bavière et le prince d'Orange purent se mettre en marche pour la secourir; mais le maréchal de Luxembourg les arrêta sur les bords de la Méhaigne avec une armée d'observation, et ses habiles manœuvres permirent à Louis XIV de mener son entreprise à bonne fin. Le prince de Barbanson, gouverneur de la ville, capi- tula le 30 juin; ce fut alors que Boileau composa son ode célèbre sur la prise de Namur (2). Battus le 29 juillet de l'année suivante à Neerwinden, l'électeur de Bavière et le prince d'Orange, devenu Guil- laume IH, roi d'Angleterre, s'apprêtèrent à prendre une brillante revanche; durant l'hiver 1694-1695, ils formèrent deux puissants corps d'armée dans le dessein d'enlever (1) Au mois de juin 1689, la cavalerie de la garnison française de Dinant vient piller jusque sur les Trienx de Salzhmes, lez-Namur, et y enlève des troupeaux. Elle reprend ensuite la route de Philippeville à travers la Marlagne. Un détache- ment de la garnison de Namur attendait les pillards aux Brocleaux. territoire de Malonne; il tombe sur eux, en tue plusieurs, disperse les autres, les poursuit jusqu'au manoir et ressaisit le butin enlevé. [Procédures de Malonne.) [% La garnison française laissée à Nanmr fut employée à réparer et à agrandir les travaux de fortification; elle reçut de nouvelles pièces d'artillerie après la ba- taille de Neerwinden. Cette même année 1693, Louis XIV vint à Namur avec le cardinal de Bouillon, le prince de Condé et toute sa cour. « On y vit pour lors, dit Galliot. Histoire de Namur, t. V, p. 98, la plus illustre compagnie qui y ait jamais paru. Le roi était logé au gouvernement; il assista à un Te Deum à Saint- Aubain et assista à un combat d'échasseurs. » ( 171 ) Namur à la France. Le 2 juillet 1695 ils campèrent à Corroy-le-Chàteau, et le lendemain ils se présentèrent devant Namur; mais leurs opérations ne se firent pas avec une rapidité telle que le marquis de Boufflers n'eût le temps de se jeter avec quelques troupes dans la place, une heure avant son investissement complet. L'électeur, qui avait sous ses ordres le général Cohorn, occupait le quartier entre la Sambre et la Meuse, avec 24 bataillons et 20 esca- drons de troupes bavaroises et espagnoles ; jusqu'au 4 août, il logea à l'abbaye de Malonne, et ensuite, au désert de Marlagne où il occupa les cellules de l'hospice. Après deux mois d'un siège aussi glorieux pour les vaincus que pour les vainqueurs, et dans lequel le roi d'Angleterre et l'Électeur exposèrent plusieurs fois leur vie, la place capi- tula le 1" septembre; la garnison, réduite de 16,000 hommes à 5,000, sortit par les brèches, le 5 à 7 heures du soir (\). Un Te Deum solennel , chanté ce jour même à la cathédrale de S*-Aubain, et auquel assista l'Électeur, attira toute la population, délivrée de terribles et conti- nuelles appréhensions, et, en ce temps là, peu sympathique aux Français. Le soir, des tonnes de poix enflammée, sus- pendues à deux grands arbres, vinrent illuminer les façades de S'-Aubain et de l'hôtel du comte de la Motterie où logeait l'Électeur (2). (i) Voyez ce siège raconté dans ses plus grands détails par J. Borgnet, Annales de la Société archéologique de Namur, t. Il, pp. 321 et suivantes, tome V, pp. 300 et suiv. La ville capitula le 4 août. Le 6, à midi, les Français, au nombre de 8,000 environ, se retirèrent dans le château. C'est alors que l'Électeur quitta son quartier de Malonne pour s'installer au désert de Marlagne. Voyez Jos. Grandgagnage, Le désert de Marlagne, dans les mêmes Annales, t. I , et l'épître dédicaloire, à Maximilien-Emmanuel, du Solitarius loquens sive confe- rentiae spirituales habitae a religiosis Carmelitis discalceatis in eremo S'« Jo- seph in Marlaniae sylva prope Namurcum commorantibus. Liège, 4698, in-4»' (2) Comptes de la ville de Namur, 1695. ( 172 ) Cependant le maréchal de Villeroi qui, pendant le siège, s'était en vain efforcé de porter secours à la garnison, était allé bombarder Bruxelles du 13 au lo août, et y avait détruit 4,000 maisons. L'Électeur y courut aussitôt; par le courage, la prudence et le dévouement dont il lit preuve en celte douloureuse circonstance, il excita l'admiration et la reconnaissance des bourgeois de Bruxelles; et lorsque l'ennemi se retira, laissant le sol jonché de ruines, Maximi- lien ne se contenta pas de diriger lui-même les travaux de déblai et de reconstruction , il mit encore à contribution ses États de Bavière pour aider à réparer le désastre (1). La paix de Ryswick, signée le 20 septembre 1697 entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et les États généraux, mettant fin aux hostilités, rendit momentanément le calme à l'Europe; elle restituait à l'Espagne toutes les villes et places dont Louis XIV s'était emparé dans les Pays-Bas depuis le traité de Nimègue. Charles II, voyant la tranquillité rétablie, institua par testament, pour son héritier universel à tous les États de la monarchie de l'Espagne et des Indes, le fils de Maximi- lien-Emmanuel, le prince électoral Ferdinand-Léopold de Bavière, né à Bruxelles le 27 octobre 1692. Cette mesure fut en partie déterminée par le traité de partage conclu à la Haye, le 11 octobre 1698, entre la France, la Grande- Bretagne et la Hollande; ces puissances, grandement inté- ressées à ce que les divers Étals qui avaient autrefois obéi à Charles-Quint ne fussent plus réunis sous un même (1) Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles, t. U, p. 130. Bulletins de la Commission royale d'histoire, S^ série, t. VI, p. 73. — Le 9 juillet 1696, le roi d'Angleterre, le duc de Bavière et son frère Joseph-Clément de Bavière, Électeur de Cologne, prince-évèque de Liège, arrivèrent à Namur avec une suite nom- breuse, visitèrent tous les ouvrages de la ville et du château, et retournèrent le même jour à leur camp de Gembloux. (Galliot, t. V. p. 103.) ( 173 ) sceptre, se flattaient, en en concertant à Tavance le démem- brement, d'avoir prévenu d'ardentes compétitions et affermi pour longtemps le repos des nations. Mais un événement inattendu vint confondre les prévisions de la prudence hu- maine, en même temps qu'il brisait les espérances de rÉIecteur : le jeune prince Ferdinand-Léopold mourut à Bruxelles, d'une mort assez mystérieuse, le 6 février 1699(1). Ce malheur anéantissait les droits de la maison de Bavière à la couronne d'Espagne, car, d'autre part, Tarchiduchesse Marie-Antoinette était morte le Î24 dé- cembre 1692 des suites de ses couches. Profondément affecté, Maximilien-Emmanuel manifesta d'abord, sous l'influence de ses premières impressions, l'intention de renoncer au gouvernement des Pays-Bas. Cette faiblesse ne dura toutefois qu'un moment ; ses aspirations ne firent que changer de cours. Mais, à partir de cette époque, on con- state dans le caractère de ce prince une transformation étrange. Sa politique, jusqu'ici ferme et droite, devient in- certaine et changeante. On se demande d'abord quels sont les motifs qui le font agir, et l'on est bientôt obligé de reconnaître que l'ambition a remplacé le désintéresse- ment comme règle de sa conduite. Entraîné dans celte voie trompeuse, il mène pendant dix ans une vie d'aven- tures, et se voit enfin déçu dans ses espérances (2). Charles H, survivant à son héritier, changea ses dispo- (1) Voyez dans la Revue nationale de Belgique, t. XIII, p. i!29, un article de M. Théod. Juste intitulé : Le gouverneur général des Paijs-Bas espagnols MaxiviilieyiEinmnnuel, électeur de Bavière. — Voy. aussi les Mémoires du comte de Mérode- W ester loo, t. I. i%) iM. COREMANS, Bulletins de la Commission royale d'histoire, l^e sér., t. XI, p. o89, tâche de justifier l'Électeur d'avoir abandonné le parti de l'Autriche pour embrasser celui de la France. (174) sitions, et, par leslamenl du 2 octobre 1700, désigna pour recueillir sa succession , Philippe duc d'Anjou, pelit- lils de Louis XIV. A cette nouvelle, le roi de France refusa de reconnaître les conventions de partage auxquelles il avait pris part, et lorsque Charles H mourut le 1" no- Yen)bre suivant, il se fit le champion des droits de son petit-fils. Le duc d'Anjou fut déclaré roi d'Espagne le 24 du même mois à Madrid sous le nom de Philippe V. Son inauguration comme comte de Namur eut lieu en 1702. L'empereur Léopold, qui avait à défendre les droits de sa maison à la succession espagnole, ne pouvait voir avec indifférence la couronne de Philippe II passer à la maison de Bourbon; il appréhendait, avec les autres États de l'Europe, que Louis XIV ne préparât la réunion des mo- narchies de France et d'Espagne. Les deux puissances maritimes, poursuivant le but qu'elles croyaient avoir atteint par le traité de 1698, mais qui leur échappait, se rapprochèrent de l'Autriche et conclurent avec elle, le 7 septembre 1701, le traité de la grande alliance, par lequel elles attribuaient l'Espagne et les Pays-Bas à l'ar- chiduc Charles, fils cadet de l'empereur. Ce fut le signal d'une guerre désastreuse pour la France qui allait essuyer de cruelles défaites, et pour les Pays-Bas destinés à devenir de nouveau le théâtre de la lutte formidable que la succession d'Espagne suscita entre Louis XIV et Phi- lippe V, d'une part, l'empereur d'Autriche soutenu par la Hollande et l'Angleterre, d'autre part. Dans cet immense conflit, Maximilien -Emmanuel se vit obligé de choisir entre le parti de l'Autriche auquel il était attaché par les liens du sang et de la reconnaissance, et celui de la France qui faisait miroitera ses yeux l'appât ( 173 ) d'une couronne. La cour de Vienne n'aurait pas éprouvé grande difficulté à s'assurer de lui si l'état délabré de ses finances avait permis au trésor impérial de rembourser à l'Électeur les sommes considérables avancées par lui dans la guerre contre les Turcs; mais elle n'avait que les res- sources de sa diplomatie, et celles-ci furent insuffisantes. L'Électeur se jeta dans les bras de la France et fit fêter splendidement à Bruxelles l'avènement de Philippe V comme souverain des Pays-Bas (i). Louis XIV, dont les ordres devaient être exécutés dans notre pays comme s'ils émanaient de la cour de Madrid même, lit aussitôt occuper par ses troupes, à titre d'auxi- liaires, les places où les Hollandais tenaient garnison. Cette opération se fil par surprise dans la nuit du 5 février 1701 , et le secret des mesures prises par le marquis de Puységur, d'accord avec l'Électeur, fut si bien gardé, qu'à Namur, où les Français entrèrent dans le châleau par la Marlagne, on fut très-surpris, le matin du 6 février, de les voir circuler dans les rues avant même d'avoir eu vent de leur approche. La petite troupe hollandaise s'estima heu- reuse de pouvoir sortir de la ville au lieu d'être faite pri- sonnière de guerre (2). (4; L'inauguration de ce prince comme duc de Lothier, de Brabant et de Lim- bourg eut lieu à Bruxelles le 21 février 1702. (2j Depuis l'avènement de l'Électeur à la souveraineté des Pays-Bas, les troupes d'Espagne étaient à la solde de la France. {Résolutions du conseil d'État, etc., fol. 58.) L'évêque de Liège, frère de l'Électeur, ayant aussi pris parti pour le duc d'Anjou, reçut également, malgré l'opposition du baron de Méan, grand doyen du chapitre de Saint-Lambert, des Français dans ses places, sous le nom de troupes du cercle de Bourgogne. (Bouille, Histoire de Liège, t. III, p. 5ii.) Ne se croyant plus en sûreté dans sa ville de Bonn, ni même peut-être à Liège, il s'était retiré à Namur où il logeait dans le palais du gouverneur absent, et où il tâchait ( 176 ) Les nécessités de la guerre exigeaient la présence de l'électeur de Bavière dans ses États (fAllemagne qu'il n'avait plus visités depuis neuf ans. L'intérêt de la France s'accordait sur ce point avec celui de Maximilien, et Louis XIV lui fit savoir de remettre le commandement général des Pays-Bas au marquis de Bedmar. Toutefois, avant de quitter la Belgique, Maximilien alla conclure à Versailles, le 9 mars 1701 (l), un traité d'alliance offensive et défensive par lequel il prenait envers la France l'enga- gement de combattre tous ceux qui troubleraient Phi- lippe V dans la possession de ses États. De son côté Louis XIV, désireux de conserver un allié aussi puissant que l'Électeur, lui promit la continuation de ses appointe- ments de gouverneur général des Pays-Bas, et lui fit en- tendre qu'il obtiendrait l'hérédité de ce gouvernement dans sa famille. Maximilien partit de Bruxelles le 25 mars 1701. Le 17 juin de l'année suivante, il recevait du roi de France la garantie formelle que si, dans le cours de la guerre, il était dépouillé de ses États de Bavière, Philippe V lui cé- derait les Pays-Bas pour en jouir en toute souveraineté et propriété jusqu'à ce qu'il eût intégralement récupéré ses d'entretenir, par des fêtes, la popularité de son frère. Le 19 décembre 1702, les Namurois lui donnent le divertissement d'une lutte; les lutteurs, représentant des géants, étaient montés sur des échasses; ils étaient trente contre trente, les uns habillés de rouge, les autres de blanc. Chaque parti avait ses trompettes et ses tambours. Son Altesse leur donna cent ducatons. [Bulletins de la Commission royale d'histoire, Irc série, t. XI, p. 58o.) M. Gachard [ibidem, 3t" série, VI, 98) a publié une lettre curieuse sur les passe-temps de l'évèque de Liège pendant son séjour à Dinant. (l) Le 13 février 1701 , un traité semblable avait été conclu, à Bruxelles, entre Louis XIV et l'évêquc de Liège. ( 177 ) domaines héréditaires. Par des articles secrets, signés le 7 novembre suivant, Louis XIV s'engageait en outre à ob- tenir de son petit-fils la cession des Pays-Bas en faveur de l'Électeur, avec faculté pour celui-ci de les unir à ses États de Bavière ou de les ériger en royaume indépendant pour son second fils (1). Pendant que Maximilien guerroyait en Allemagne pour le compte des rois de France et d'Espagne, Philippe V en- voya, au mois de mai 1702, son frère, le duc de Bour- gogne, avec le titre de vicaire général aux Pays-Bas, muni par conséquent d'un pouvoir supérieur à celui de l'Électeur. Celui-ci se plaignit aussitôt, et comme il menaçait de ne pas signer l'accord du 17 juin 1702, la patente de vicaire général fut retirée au duc de Bourgogne pour lui être con- férée le 10 septembre 1702, le jour même où il s'emparait de la ville d'Ulm (2). Dans la lutte qui se poursuivait entre l'Empire et la France (3), cette dernière puissance, à côté de quelques (1) Gachard, Recueil des ordonnances des Pays-Bas autrichiens, 3^ série, tome II, p. 429. Bulletins de la Commission royale d'histoire, 3^ série, t. VI, pp.To, note, et 94. — Maximilien avait épousé en secondes noces une fille de Jean Sobieski, roi de Pologne. (2) Le 8 mai 1702, on arrêta à Namur quelques personnes impliquées dans une conspiration qui avait pour but de faire proclamer dans cette ville l'archiduc Charles, souverain des Pays-Bas, et d'y introduire des troupes ennemies. Leur chef eut la tête tranchée le 12 août suivant sur la place Saint-Remy; cette tête resta plantée au bout d'une pique sur un bastion du château jusqu'au 10 octobre. [Bull, de la Comm.roy. d'hist.,\^^ série, t. XI, p. 579; Galliot, t. V, p. 106.) Les alliés paraissaient toujours vouloir s'emparer de Namur par un coup de main. Le 9 et le 13 avril 1704 furent pendus, hors la porte Saint- Nicolas, un capitaine et deux hommes convaincus d'avoir voulu livrer la ville aux ennemis et incendier ICvS magasins au moyen de fusées. [Bull, cité, p. 615.. (3) Le 12 septembre 1703, Charles VI, second fils de l'empereur Léopold, se fit proclamer roiJd'Espagne à Vienne, sous le nom de Charles III. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 12 ( 178 ) brillantes victoires (i), éprouva de cruels revers (2). Le 13 août 1704, Mariborough, les princes Eugène de Savoie et Louis de Bade mirent en déroute les troupes françaises et bavaroises à Hochstedt; à la suite de ce désastre, Maxi- milien-Emmanuel, forcé d'abandonner ses Étals, mis au ban de l'Empire (5), vint reprendre le gouvernement des (1) Le 8 juillet 1703, on chanta un Te Deum et on fit de grandes réjouissances à Namur à l'occasion de la victoire remportée par l'armée des deux couronnes sur celle des Hollandais à Eckeren. Le 6 octobre, après la défaite des Impériaux sur le Danube, il y eut à Namur une fête splendide dont l'évéque de Liège fit tous les frais. On éleva quatre arcs de triomphe en l'honneur des rois Louis XIV et Phi- lippe V et des deux Électeurs, et on jeta au peuple une prodigieuse quantité de médailles d'argent représentant les traits de Maximilien avec cette inscription : Lœsœ (d'autres disent ultimus, ce qui détruit le chronogramme) LIbertatls ger- ManlCœ Defensor, et où on lui donnait les titres de roi de Bohême, de Franconie et de Souabe. [Bull, de la Comrn. roy. d'hist., d'e série, t. XI, p. 607.) (2j Au mois de janvier 1704, le bruit courut que les Alliés se disposaient à bombarder Namur où se trouvaient les principaux magasins des deux couronnes. M. de Ximenès, qui commandait la ville, renforça sa garnison et déjoua les projets de l'ennemi. Plus tard, le l^r mai, l'évéque de Liège y passa en revue neuf esca- drons, et assista le soir à un banquet magnifique, donné en plein air, au son de la musique et à la lumière des flambeaux. Cette fête, célébrée avec un éclat inouï, ne fut terminée qu'à dix heures. {Bull, cité, p. 616.) Pendant que les Alliés bat- taient les Français à Hochstedt, le comte de Nassau-Ouwerkerke, général des troupes hollandaises dans les Pays-Bas, fit une expédition contre Namur. Ximenès elle marquis de Bedmar prirent leurs dispositions pour soutenir le siège. L'ingé- nieur de Trognée avait promis à Ouwerkerke de réduire Namur en cendres en vingt-quatre heures. Il ouvrit le feu le 26 juillet à quatre heures du matin. Pen- dant trois jours les Hollandais lancèrent des bombes et des boulets rouges sans faire beaucoup de mal. Enfin, canonnés eux-mêmes par les batteries françaises, ils quittèrent la place le 29 à la pointe du jour. « J'ai ouï dire à un officier hollandais, dit un contemporain, que la question n'était pas encore bien décidée, à savoir si les Hollandais avaient bombardé Namur, ou s'ils avaient estes eux-mêmes bom- bardés devant Namur. » {Annales de la Soc. archéol. de Namur, t. II, p. 32o, et t. V, p. 461 et suiv.) (3) Après la bataille de Schellenberg (2 juillet 1704) , remportée par les Alliés, et qui leur ouvrit la Bavière, le comte de Wratislaw, au nom de l'empereur, avait entamé une négociation avec Maximilien pour l'engager à rompre son alliance avec la France. L'Électeur était sur le point de souscrire à un arrangement, lorsqu'il apprit que 30,000 hommes venaient à son secours. A la suite de la bataille l 179 ) Pays-Bas. Il fit sa rentrée à Bruxelles le i" octobre (1). Afin d'empêcher les alliés de transporter dans nos pro- vinces leurs armes victorieuses en Allemagne, Louis XIV y envoya, en 1705, le maréchal de Villeroi, pour servir sous les ordres de l'Électeur (2). Le 23 mai 1706, jour de Pentecôte, Mariborough les défit complètement près de Ramillies, village sur les l'rontières de la province de Na- mur, dans une bataille où Maximilien fit des prodiges de valeur et révéla un véritable talent stratégique. Celte dé- faite entraîna pour les deux couronnes la perte de presque tous les Pays-Bas catholiques; les Alliés s'emparèrent du Brabant et des Flandres, dont les Français évacuèrent toutes les places, et où Charles III fut aussitôt reconnu comme souverain. Les seules provinces qui restèrent au pouvoir de Philippe V, furent celles de Namur et de Luxembourg. de Hochstedt, l'Électeur, obligé de quitter ses États, chargea, le 47 août, sa femme du gouvernement, l'autorisant à traiter avec ses ennemis. L'Électrice capitula le 7 novembre, remit à l'empereur toutes ses places, avec artillerie et munitions , et licencia son armée. (Schoell, Cours d'histoire des États européens, l. XXVIII, pp. 348, 353.) (1) Gachard, Rec. des ordoun. des Pays-Bas autrichiens , 3^ série, 1. 1, pré- face, p. XLIX. Ce même jour les États de Namur envoient deux de leurs membres à Bruxelles pour complimenter l'Électeur. (2) Le 23 mai 170o, l'évéque de Liège arriva à Namur entre sept et huit heures du soir pour assister le lendemain, dimanche, à la bénédiction de la chapelle de Notre-Dame de Lorette qu'il avait fait ériger dans l'église des Croisiers. Il fut reçu au bruit du canon et complimenté aux portes de la ville. Le 25, il alla visiter ses troupes campées près du village de Wasseige, revint le soir à Namur, et partit le lendemain pour Bruxelles. Le 28, son frère Maximilien-Emmanuel arrive à son tour à Namur, inspecte les travaux du fort et se rend , le 29 , au camp près de Huy. (Galliot, t. V, p. iiO.) Cette ville tomba, le 10 juin, au pouvoir de l'Électeur et du maréchal de Villeroi, qui s'emparèrent ensuite de Liège. L'évéque Joseph-Clément vint une dernière fois à Namur, le 18 mai 1706, arrivant de Dinant avec un brillant cortège. 11 fit son entrée au bruit du canon, alla loger au gouver- nement, et assista le soir au salut dans la chapelle qu'il avait fondée aux Croisiers. [Ibid., p. 1 16.) ( 180 ) Obligé de quitter Bruxelles, Maximilien alla établir son gouvernement à Mons, où il arriva le 19 octobre et où le suivirent les plaisirs dont il aimait à s'entourer. Pendant trois ans, la France parvint à l'y maintenir, ce qui ne lais- sait pas que d'inquiéter la cour de Bruxelles : le 26 novem- bre 1708 il alla même bombarder cette ville qu'il avait autrefois tenté de proléger contre un pareil malheur. Mais le 20 octobre 1709 les alliés s'emparèrent de Mons, et Maximilien se retira en France; à partir de ce moment il cessait réellement d'être gouverneur des Pays-Bas. Cependant, depuis que Maximilien-Emmanuel avait été dépouillé de ses États de Bavière par les alliés, il ne ces- sait de réclamer la cession en sa faveur des Pays-Bas comme cela lui avait été formellement promis par les rois de France et d'Espagne (i). Appuyé par la cour de Versailles, il éprouvait de la résistance de la part de celle de Madrid qui ne pouvait se décider à perdre une possession attachée depuis deux siè- cles à l'Espagne. Le 26 mai 1711, l'Électeur eut une con- férence intime avec Louis XIV (2), et ce fut sans doute à la suite des promesses faites dans celte entrevue que le grand roi obtint enfin le consentement verbal de son petit- fds à céder à Maximilien la souveraineté de ce que l'Es- (1) Le 17 avril 1711 , mourut sans postérité l'empereur Joseph I"", successeur de Léopold, et Charles III succéda à son frère aîné sous le nom de Charles VI Cet événement, qui allait rétablir la réunion de l'empire à la monarchie espa gnole, vint déranger les calculs de la politique. L'Angleterre et la Hollande qui jusque-là, avaient défendu les intérêts de Charles 111, brisèrent l'alliance de 1701 et la France, abattue par ses nombreux revers, se rapprocha de ces deux puis sauces. Bientôt on convint de conférences el un congrès général entre toutes les parties belligérantes fut convoqué à Utrecht pour le 1;2 janvier \H± (2) Mémoires du duc de Saint-Simun, édit. de I8o7, t. VI, pp. 99, 101. ( 181 ) pagne possédait encore dans les Pays-Bas; il fut toutefois convenu que les quatre places de Namur, Luxembourg, Charleroi et Nieuport continueraient à être gardées par les troupes françaises sous l'autorité de leurs chefs ; Maximi- lien aurait seulement le droit de faire prêler serment aux magistrats des villes et d'y percevoir les revenus (1). C'est ainsi que de simple gouverneur de la ville et pro- vince de Namur qu'il était auparavant, Maximilien-Emraa- nuel en devint le véritable souverain. II. Le désir de remplir ses promesses ne fut pas le seul motif qui détermina Philippe V à abandonner une partie de ses États. On peut croire que la considération des grands sacrilices imposés à l'Espagne pour défendre les Pays-Bas contre la France, l'obligation d'en faire de plus grands encore pour arracher aux alliés la partie envahie de ces provinces, et enfin sa confiance dans la fidélité, maintenant éprouvée, de l'Électeur, influèrent beaucoup sur sa détermination. Chose étrange cependant! Pas un document écrit ne consacra, du moins immédiatement, une cession aussi importante que celle de la souveraineté des Pays-Bas; aucun acte solennel ne fut dressé; point de conditions, point de réserves. On ignore même comment l'Électeur fut informé qu'il venait de recevoir une couronne et au- torisé à prendre possession de ses nouveaux États. Cette (i) Gachard, Recueil des ordonn. des Pays-bas, 3^ série, t. II, p. 36o, note. ( 482 ) autorisation fut-elle verbale? Émana-t-elle de Louis XIV ou de Philippe V? On ne le sait (1). Quoi qu'il en soit, le bruit de la cession ne tarda pas à parvenir à Namur. Il y excita d'autant plus d'intérêt que, par suite de l'invasion étrangère, l'Électeur ne pouvak faire reconnaître son autorité que dans cette province et dans celle de Luxembourg, et que Maximilien comptait, disait-on, établir le siège de son gouvernement à Namur. Dès le 17 juin 1711 , les États, informés de cette déci- sion, se préoccupent de l'installation du nouveau souve- rain et ordonnent des changements et des réparations à l'hôtel du roi « pour être terminés dans douze ou quinze jours (2). » Le 2o, les députés des trois Ordres délibèrent sur la réception à faire à l'Électeur. Il est probable que l'opportunité d'une cérémonie y fut contestée, car dans une seconde séance qui eut lieu l'après-midi du même jour, il fut décidé que l'on attendrait, pour en discuter le programme, une notification officielle de l'avènement de Maximilien au trôiie des Pays-Bas; que, cependant, les députés des deux premiers Ordres écriraient à leur collègue , le marquis de Roisin , à Compiègne , pour (1) On ne peut admettre, en effet, que Maximilien aurait pris possession des Pays-Bas sur la simple parole donnée par Louis XIV, sans avoir obtenu le con- sentement de la Gourde Madrid. (Voy. Louville, Mémoires secrets, t. II, et l'Europ. Mercurius de 1711.) (2) « Démolir entièrement un balcon regardant sur la cour, réparer un balcon deseur la terrasse et, au-dessus, une belle balustrade peinturée à l'huile couleur de perles; faire une muraille d'alignement à l'angle de la brasserie des religieuses jusqu'à la tour du Gouvernement; établir des potagers à gauche de la cheminée; item, 4o0 pieds de joniiers, etc. » [Comptes du domaine, 1711, fol. 271.) Pendant douze jours, une vingtaine de femmes allemandes, payées à raison de 10 sois par jour, et six soldats, recevant do sols par jour, sont employés à mettre l'hôtel en état; les soldats notamment « dérodent les herbes du pavé de la Cour depuis l'en- trée jusqu'au donjon. » [Ibid., fol. 227 v», 278.) ( 183) le prier de les informer si Son Altesse Électorale vien- drait bientôt à Nainur prendre possession de sa souverai- neté « comme le bruit en courait » (1). Ce fut sans doute pour répondre à celte lettre, que l'Électeur envoya une dépêche au comte de Saillant, lieutenant général des armées de S. M. T. C. et commandant les troupes des deux couronnes à Namur, par laquelle il l'informait que S. M. C. lui avait fait cession des Pays-Bas, et qu'il arriverait à Namur le 6 juillet, vers les 4 heures de l'après-midi; il exprimait le désir de n'être l'objet d'aucune cérémonie à son entrée dans IVamur : l'évêque et son clergé l'introdui- raient dans la cathédrale Saint-Aubain, oij il se rendrait directement; après le Te Dennij il recevrait à la Cour les compliments des corps politiques et judiciaires de la ville. Une lettre à peu près pareille fut adresée à l'évêque; les autres autorités furent averties verbalement. Cette prise de possession d'un État non moins indépen- dant qu'un royaume était bien modeste pour un homme aussi ami du faste et du cérémonial que l'Électeur. Se trou- vait-il gêné de ne pas présenter ses lettres de souverai- neté sans lesquelles, suivant le droit constitutionnel, on n'était pas obligé de le reconnaître? Il pouvait ignorer, en effet, dans quelles dispositions on se trouvait à son égard à Namur; d'autre part, l'entrée en jouissance sans acte de fîession régulière était chose au moins singulière. Sans doute il restait là encore certains obstacles à vaincre ou certains scrupules à surmonter. Quoi qu'il en soit, il faut avouer que l'absence de titre authentique était de. nature à rendre la position de l'Électeur assez délicate. d] Registres des Èiats, n» IX, fol. 168, et n° XXXV, fol. 85. ( i84 ) Cependant on faisait des préparatifs à Namur pour le recevoir. Dix jours durant, toute une légion d'ouvriers fut employée jour et nuit à mettre dans un état convenable les appartements qui lui étaient destinés à la Cour. Ce qu'on désignait alors sous ce nom, demeure ordinaire des gou- verneurs de Namur, était un groupe de bâtiments très- considérable, avec des cours immenses, plusieurs magnifir ques jardins d'agrément ornés de fontaines, des potagers et des dépendances dont l'ensemble formait une résidence véritablement royale (i). Le 6 juillet, jour fixé par Maximilien pour faire son entrée, son frère Joseph-Clément de Bavière, électeur de Cologne, prince-évêque de Liège, arriva à Namur vers 3 heures, avec une suite nombreuse (2). L'évêque et son clergé, la noblesse, les corps du conseil provincial et du magistrat, exacts au rendez-vous qui leur avait été donné, se trouvaient à Saint-Aubain à 4 heures. Ce ne fut toute- fois qu'à iO 72 heures que Maximilien entra dans Namur par la porte de Buley, au bruit de tous les canons des rem- parts de la ville et du château, mais au milieu d'une ob- scurité profonde, car le magistrat et les habitants, croyant qu'il arriverait en plein jour, n'avaient pas fait de prépara- tifs pour illuminer les maisons sur son passage. L'Électeur alla directement à la cathédrale, s'agenouillla quelques moments sur un prie-Dieu disposé à la porte, et fut en- suite introduit par l'évêque dans l'église pour assister au (i) Il existe deux plans manuscrits de l'ancien hôtel des gouverneurs, avec légendes explicatives, l'un aux archives de l'État, l'autre au musée de la Société archéologique. On conserve aussi dans ce dernier dépôt deux petites gravures re- présentant la vue des bâtiments. (2) On lui présenta les grands vins à son arrivée, et il prit son logement à l'hôtel du marquis d'Aiseau, habité, au temps de Galliot. par M">e de Bioux. ( 185 ) Te Deum, qui fut chanté en présence d'une foule nom- breuse que la curiosité avait tenue sur pied. Après la cérémonie, et pendant que des flambeaux brû- laient en signe de réjouissance devant les maisons des corps exempts (1), Maximilien reçut dans ses appartements les supérieurs des ordres religieux, la noblesse, le Conseil provincial et le Magistrat, qui le félicitèrent sur son heu- reuse arrivée à Namur ; mais personne ne fit allusion à la souveraineté des Pays-Bas dont on n'avait été informé ni par écrit ni d'aucune manière officielle. Ce silence frappa sans doute l'Électeur qui, après avoir reçu ces hommages, déclara aux personnes présentes que le roi d'Espagne lui avait fait cession absolue des Pays-Bas. Les États, ayant délibéré le lendemain dans le lieu de leurs réunions, se dé- cidèrent à aller faire à Maximilien un second compliment sur cette souveraineté; les corps du Conseil et du Magis- trat s'en abstinrent. Deux jours après, 8 juillet, la ville présenta aux deux princes-électeurs, devenus souverains de deux États voi- sins, le spectacle d'un combat d'échasses. Ce divertissement populaire et si éminemment namurois, se donnait d'ordi- naire sur la place Saint-Remy; il eut lieu cette fois dans l'enceinte même du palais (2). Le 1 1 , jour anniversaire de la naissance de Maximilien, le prince entendit la messe chan- tée par son frère dans l'église des Croisiers, puis assista, dans l'après-midi , avec toutes les personnes de sa cour et de celle du prince-évèque de Liège, à une nouvelle fête (1) « Au lieu de tonnes lerquées qu'il était d'usage de brûler devant les mai- sons des corps exempts dans les réjouissances publiques. » [Recez du magistrat de Natnur.) (2) Jules Borgnet. Recherches sur les anciennes fêtes namuroises, dans les Mémoires in-4° de l'Académie, t. XXVIl. ( 186 ) tjui lui fut offerte par le Magistrat de la ville, consistant en une joute sur la Basse-Sambre (1), près du contluent de cette rivière et de la Meuse. Un pont de bateaux, garni sur toute sa longueur de guirlandes de fleurs et de mais de verdure, ayant son point de départ à VAplé (ancien marché au poisson) et passant sous la seconde arche du pont de Sambre, conduisit les illustres personnages à une estrade élevée sur deux bateaux amarrés près du grand moulin; une sorte de cabine, dont la charpente était dissimulée sous des branchages, des bannières et des fleurs, reçut la foule des seigneurs et des dames de distinction qui faisaient partie de leur suite. Après avoir assisté à ce jeu qui, six ans plus tard, devait intéresser si vivement le czar Pierre le Grand, les deux princes furent encore conviés à un autre spectacle. Les bateaux qui avaient servi de pont ayant été enlevés, ceux qui portaient Teslrade descendirent la Sambre et arri- vèrent sur la Meuse en face des Récollets (aujourd'hui hos- pice d'Harscamp) où un feu d'artifice fut tiré au bruit des canons du rempart. A dix heures, les princes et leur suite descendirent de bateau en Gravière, où les attendaient les (1) « Deux escadres, composées chacune de six nacelles ornées de banderolles et portant des couleurs différentes, se rangeaient aux deux extrémités du bassin ou de la basse Sambre. Chaque nacelle était montée par six hommes , savoir : quatre rameurs, un tambour et le jouteur. Ce dernier, entièrement vêtu de toile bleue, avait des nœuds de rubans rouges aux genoux, aux poignets, aux coudes et aux épaules, et portait un bonnet blanc orné d'une cocarde rouge. Debout sur une espèce de tillac, il avait pour armes défensive et offensive, un plastron d'osier qui lui couvrait la poitrine, et une longue lance dont le fer était remplacé par un bouton plat. Au signal donné par trois fanfares de timbales et de trompettes, les deux escadres s'avançaient l'une contre l'autre de toute la vitesse des rames et, au moment où elles venaient à se choquer, le jouteur de chaque nacelle s'effor- çait, à l'aide de sa lance, de culbuter dans l'eau le champion qui lui était opposé. {Ibidem.) \ ^ (187) carrosses de la cour, et retournèrenl au palais par le mar- ché de Saint-Remy et la rue de la Croix; sur leur passage, les maisons étaient illuminées, sfiivant l'usage, par des chandelles placées à toutes les fenêtres et par un grand nombre de flambeaux distribués , aux frais de la ville , aux membres des corps privilégiés. Le lendemain, 12 juillet, dans la matinée, le Conseil provincial et le Magistrat, qui s'étaient abstenus de compli- menter l'Électeur au sujet de son avènement au royaume des Pays-Bas, reçurent chacun une lettre par laquelle Maximilien leur notifiait officiellement que le roi d'Espagne lui avait cédé ces provinces, et leur ordonnait de le recon- naître comme souverain: le prince ajoutait qu'il comptait sur leur fidélité, leur zèle et leur attachement à sa per- sonne, les assurant, en retour, de la bienveillance et de l'af- fection a auxquelles ont droit tous bons sujets. » Il les informait en outre qu'il avait choisi Namur comme lieu de sa résidence, et qu'il y avait établi un conseil d'État auquel ils auraient à s'adresser pour tout ce qui concernait son service et le bien de son peuple. Aussitôt après la ré- ception de cette missive, datée de Namur le 11 juillet 17H, les corps du Conseil et du Magistrat s'empressèrent de se rendre à la Cour pour présenter leurs félicitations à leur nouveau maître. Maximilien-Emmanuel avait en eff'et créé un conseil d'État à Namur. Mais comment? On ne trouve à ce sujet aucune trace d'une ordonnance quelconque; si un décret fut rédigé, on doit croire qu'il ne fut pas communiqué aux corps existants, qui n'auraient pas manqué de le faire inscrire dans les registres de leurs archives. Selon toute probabilité, l'Électeur crut que sa lettre du 11 juillet était une communication suffisante. ( 188 ) Ce qui paraît certain, c'est que le conseil d'État fut réuni pour la première fois le 10 juillet. A cette séance, le marquis de Roisin prit possession de la charge de conseil- ler, et Gilles André Lamblel de celle de secrétaire; ils prê- tèrent serment entre les mains du baron de Zint « comme le plus ancien conseiller. » Le baron de Groesbeek fut installé le lendemain en qualité de conseiller. Le registre du Conseil et les comptes du domaine ne nous fournissent pas d'autres noms de personnages ayant fait partie du con- seil d'État, et l'on peut croire qu'il n'y en eut pas davan- tage. Leurs appointements, qui devaient prendre cours à partir du 1" juillet 1711, furent fixés à 6,000 florins pour les conseillers, et à 2,000 pour le secrétaire; deux huissiers, aux gages de 500 florins, étaient attachés à ce corps. Le 11 juillet, le conseil d'État dépêcha aux gouverneurs et aux commandants des places cédées par le roi d'Espagne, aux corps politiques de Namur et de Luxembourg, etc., quatorze lettres semblables à celles qui parvinrent au Con- seil provincial et au Magistrat de Namur; puis il demanda à ce dernier corps quelles étaient les raisons sur lesquelles on s'appuyait pour demander l'abrogation du placard du 22 avril précédent, publié par Philippe V sur le cours des monnaies; ce fut la première aff"aire administrative sou- mise à l'examen du conseil (1). Le 13, Maximilien partit pour Luxembourg où il fut inauguré solennellement le 18. Au moment de partir, il (ij Le 13, à huit heures du matin, le Conseil reçut le serment de fidélité du comte de Varo, commandant de Charleroy, et de N. de Zweveghem, lieutenant-gou- verneur des ville, château et province de Namur. (Registre aux résolutions du conseil d'État de l'Électeur de Bavière à Namur, 10 juillet 1711 au 29 novem- bre 1714. Reg. de 462 feuillets, aux archives générales du royaume, à Bruxelles.) ( 189) se lit délivrer à Namur une somme de 25,000 florins des- tinée à subvenir aux frais de son voyage et aux largesses qu'il comptait faire à Luxembourg (i). Pendant l'absence de Maximilien, et cette fois sur ses ordres, pour donner satisfaction à ses goûts de luxe, on fit d'importants travaux à son palais; on remarque, notam- ment, qu'il fit construire une chapelle vis-à-vis de son cabinet , et démolir une partie des anciens remparts de la ville dont l'emplacement agrandit les jardins de l'hôtel (2). A la même époque, le Magistrat recueillit diverses plaintes l'accusant de n'avoir pas fait à l'Électeur une réception aussi brillante que celle dont le souverain avait été l'objet à Luxembourg. ïl voulut réparer cette négli- gence au retour du prince et fit faire en conséquence des préparatifs considérables. Mais, tandis qu'on y travaillait, le Magistrat reçut une lettre par laquelle le conseil d'État l'informait que S. A. S. E. ne voulait « absolument pas la D moindre réception, la chose n'estant plus de saison » puisque Elle a déjà fait son entrée dans cette ville; » S. A. S. E. ne voulant plus aucune démonstration de » joie et de libéralité à cette occasion de son avènement (1) « s. A. S. E. à son avènement à la souveraineté de ces pays, passant par cette ville pour aller en celle de Luxembourg, trouva la caisse du compteur épuisée par les assignations du comte de Bergeyck; et souhaitant cependant d'avoir de l'argent pour ledit voyage de Luxembourg et autres fraix, le compteur nous at affirmé par serment d'avoir alors fourni à S. A. la somme de 23,000 florins, laquelle il avait levé ici à fraix. » (Comptes du domaine, 1714, fol. 227 v.) (2) « Construction d'une muraille, depuis l'angle du bâtiment de la Cour jusqu'à celle du cabinet sur la rue ; démolition du vieux rempart depuis le jardin du doyen de Saint-Aubain jusqu'au cabinet qui est au bout de celui du chanoine Godinne. » Le 21 juillet, on repave à neuf la place d'entrée de la Cour, on pose des bailles tout du long. Le 4 août on perce une porte spéciale pour l'entrée du méde';ia de S.-A., etc. [Ibid., 171 1, fol. 271 v» et suiv.) ( 190 ) » à la souveraineté des Pays-Bas, qu'à son temps, et lors- » qu'elle convoquera les États pour se faire prester les » serments accoustumez par eux, par le Conseil et par le » Magistrat. » Pendant les mois d'août et de septembre TÉlecteur n'eut pas de résidence fixe : il courait de Namur à Luxembourg et de Luxembourg à Namur. Par ordonnance du H août, donnée dans cette dernière ville, il notifla aux conseils de justice de ses États « rétablissement du Conseil de ses j> domaines et finances, leur ordonnant d'en donner con- » naissance, à leur tour, dans toutes les villes et villages D de leur juridiction (1). » On ne trouve pas plus pour ce Conseil que pour le conseil d'État de document officiel d'institution. Les comptes du domaine ne nous font con- naître, comme membres de ce conseil, que Barthélémy Thiéry, qualifié « receveur général de Son Altesse, » Nicolas Pasquet, greffier, et deux huissiers. Maximilien ne revint définitivement fixer sa résidence et sa chancellerie à Namur que le 13 octobre. On aura une idée de l'énorme bagage qu'il traînait après lui lors- qu'on saura que, pendant quatre jours, six « porteurs aux sacs i> furent employés à transporter des caisses du rez- de-chaussée aux greniers du palais. La présence du sou- verain donna une nouvelle impulsion aux travaux de res- tauration du palais. Le nombre des états fournis par les peintres, les sculpteurs, les tailleurs de pierre, les ma- çons, les vitriers et surtout les menuisiers, est énorme, et la somme totale des dépenses s'élève à plus de 45,000 (i) Le conseil fonctionnait probablement depuis quelque temps. Ce fut sur sa requête qu'on résolut « d'écrire lettres d'advertence que ledit Conseil était établi à Namur. » (Résoluiioiis du conseil d'État, etc., p. 25.) ( 191 ) florins (1). Parmi ces mémoires on remarque des ouvrages de sculpture fournis par GodelVoid Simon et Meurice Lejeune, et des tableaux livrés par le peintre Juppin; d'autres toiles représentant, pour la plupart, des portraits, lurent apportées de l'étranger (2). Tandis que ces travaux s'exécutaient, Maximilien posait dans ses nouveaux domaines tous les actes attributifs de la souveraineté et faisait, notamment, battre monnaie à son nom et à ses armes (3). Il semble étrange que ce mode de prise de possession n'ait soulevé aucune réclamation de la part des Étals, car évidemment le procédé avait quelque chose d'insolite. Toutefois rien de semblable ne se pro- duisit, et le pays accepta son nouveau maître avec la même docilité que si les choses s'étaient passées de la manière la plus régulière, et que si, relevés de leur serment de fidé- lité envers Philippe V, les Namurois et l'Électeur se fussent (r, Quatre femmes allemandes travaillent pendant cinquante-six jours à coudre des lapissories et des rideaux dans la grande galerie; des soldats bavarois cousent également des tapisseries et des chaises. D'autres distribuent dans les jardins « quarante beignons de grève, de cendre de cuivre, de cendres de briques. » D'au- tres encore arrangent, avec de la terre glaise, l'allée du jeu de passe, qu'ils bar- bouillent ensuite, couvrent le jeu de courte-maille, réparent le jeu de boules. On construit de nouvelles écuries pour les carrosses, etc., etc. Le peintre Juppin fournit des peintures pour 76 florins 16 sols. [Comptes du domaine, 1711, fol. 286, 287 et suiv.) (2) « Pour voilure d'une caisse avec des portraits pour la cour de S.- A. » llbidem, f". 280.) Dans cette caisse se trouvait sans doute le portrait de l'Électeur auquel il est fait allusion dans ce compte : « 960 florins payés au S»" Vuvenne (?), peintre de S. A. S. E, à Paris, pour le portrait de S.- A. [Ibidem, 1712, fol. 233 yo.) (3) 11 fit frapper à Namur des escalins et des demi-escalins, où il se titrait duc de Bourgogne, de Brabant, de Luxembourg, de Limbourg, de Gueldre, comte de Flandre, Hainaut et Namur. En 1713 il fit forger des écus, des demi- écus et des quarts d'écus. Ce furent les dernières monnaies frappées à Kamur. (Chalon, Les monnaies des comtes de Namur ; Pinchart , notice dans la Revue de la numismatique belge.) ( 192 ) engagés par les liens légaux et réciproques qui unissent un peuple et son souverain. Au reste, Maximilien ne donna pas à ses sujets le temps de s'interroger beaucoup sur l'origine de son autorité, et ses actes furent de nature à caresser toutes les espérances. Faisant, d'un côté, de grandes dépenses, ce qui plaisait beaucoup au peuple, il apportait, d'autre part, daais l'ad- ministration du pays, l'activité, l'esprit d'ordre et de mé- thode qu'il avait déployés comme gouverneur des Pays- Bas. Il promulgua plusieurs ordonnances et prit un grand nombre de sages mesures relatives, notamment, au cours des monnaies (l),aux métiers, aux compagnies militaires, à la police (2), à la gestion des finances et à la magistrature communale, où il supprima l'usage d'engager les places d'échevins, contrairement aux lois constitutionnelles de la ville, prescrivant que ces fonctions fussent annuelles (3). (-1) Le registre aux Résolutions du magistrat contient un grand nombre de pièces « sur la prodigieuse quantité de liards qui circulent dans cette ville et pro- vince et qui s'augmentent tous les jours par la nouvelle fabrique que les mon- nayeurs y establis y exercent clandestinement et de nuit, et malgré les réitérées défenses. » Février 1713. (2) Maximilien défendit les privilèges des arquebusiers et des escrimeurs contre les entreprises du magistrat. (Voy Borgnet, Hist. des compagnies militaires de Namur, pp. 50, b9, 61.) Quant à la police, nous remarquons notamment cette réso- lution : 8 novembre 17 13. « S.-A. autorise le Magistrat de Namur. sur l'avis de son conseil d'État, de faire saisir les étrangers qui sont venus s'établir en ville, faisant profession de tenir chez eux des tilles de médiocre vertu, au grand scandale de leurs voisins et du public, et de les faire chasser honteusement de la ville au son du tambour. » [Résoluiinns du magistrat, fol. 131 v».) (3) Par suite de l'acquisition des fonctions échevinales au moyen d'engagères, les échevins étaient devenus inamovibles. L'Électeur, décidé à supprimer cet abus , écrivit le 29 novembre au magistrat : u S. A. S. E. n'ayant pas encore pris résolution sur le renouvellement ou continuation de la magistrature de la ville de Namur, a, par avis et à la délibération de son conseil d'État, deffendu comme elle deffend par cette à tous ceux qui composent présentement ladite magistrature, de se rendre demain, jour de S'- André, à la chapelle de N-.-D. des Grâces dans ( 193) (1 laissa en charge les anciens ofticiers et respecta les institutions qui fonctionnaient à son arrivée : le Con- seil provincial, le Souverain bailliage, les États; ces corps, en effet, continuent à siéger et l'on ne constate aucune interruption dans les registres de leurs archives. La nouvelle forme de gouvernement que Maximilien éta- blit pour l'administration publique et financière de la partie des Pays-Bas qni reconnaissait son autorité, se borna donc à l'organisation des conseils d'État et des finances. D'un autre côté, Maximilien ne négligeait pas les fêtes; les plaisirs, le faste, les divertissements de toute espèce étaient pour lui une sorte de besoin. Un de ses premiers soins fut de faire jouer la comédie à Namur. Les rhétori- ciens amateurs de la ville, qui jusque-là avaient eu seuls le privilège de représenter des moralités à la grande joie de leurs concitoyens, se virent supplantés par des étran- gers. Et comme il n'y avait pas alors à Namur de salle de spectacle, on arrangea à cette fin l'École dominicale, non sans observations de la part des directeurs de cet établis- sement sur l'inconvenance qu'il y avait de faire servir à un usage aussi profane une fondation pieuse. L'appropriation de celte salle coûta près de 6,000 florins; on y travaillait l'église des PP. Récollets, pour y faire les cérémonies accoutumées à pareil jour, jusques à ce que S.-A. S.-E. en ayt disposé autrement. Donné en nostre ville de Namur, le 29 du mois de novembre 1711. » {Résolutions du magistrat.) Une ordonnance du o mai 1712 , rétablit les fonctions échevinales annuelles comme auparavant. Cet édit, de même que tous les autres rendus par Maximilien, se trouve dans le Recueil des ordonnances des Pays Bas autrichiens, publié par M. Gachard, 8e série, t. II. 2""^ SÉRIE, TOIklE XL. \o ( 194 ) encore en 1712 (1). Aux mois de janvier et de mars 1712, rÉlecteur ût donner aux comédiens 1,800 livres de France, puis 7,000 livres pour venir jouer devant lui, à Namur, pendant le reste de Tannée théâtrale, depuis le 15 novembre 1711 jusqu'au carême 1712, « plus encore D 2,000 livres que S. A. leur a suppléées au défaut de ce » que la garnison a fait difficulté de s'abonner. » Mais bientôt il eut une troupe de comédiens attachés à sa per- sonne. Par ordonnance du 6 juillet 1712, il leur donna un traitement de 12,000 livres par an, a à tirer hors des » revenus de ce pays. » Ils furent en oulre logés, aux frais de l'État, dans une maison qui avait été précédem- ment mise, par les Jésuites, à la disposition d'une femme nommée Marie Du Pont, pour apprendre à lire aux en- fants (2). Les registres de la commune font mention d'une fête donnée à l'Électeur le 1 7 novembre 171 1 , on ne sait à quelle occasion, et qui consistait en un feu d'artifice tiré sur la place Sainl-Remi. Il y assista du balcon d'une maison qui, en 1789, fut occupée par la Société patriotique. On lui offrit ensuite un repas magnifique où il fut servi par les principaux bourgeois de la ville. Ces fêles, données et (1) Les directeurs de l'École dominicale ajoutaient que les rues, étant si étroites qu'un carosse pouvait k peine y passer, on ne pourrait éviter des malheurs. Le 19 juillet, le conseil d'État pensa un instant à la halle au blé, mais il revint ensuite à son premier projet. L'entrée des voitures fut ménagée dans les allées des mai- sons des avocats Douchamps et Beaujoz, situées vis-à-vis du collège des Jésuites, et qui par derrière touchaient à la salle de l'École dominicale. (Résolutions du conseil d'État, etc., fol. 46.) Cfr. Vander Straeten, Hist. de la musique aux Pays-Bas, 1. 111. (2) « 40 florins à Marie du Pont pour dédommagement d'avoir dû déloger d'une petite maison que les PP. Jésuites lui avaient laissé suivre pour enseigner les enfants, pour être occupée par les comédiens. [Comptes du domaine, 1711, fol. 240, 242 V».) ( 193) rendues, ravissaient les Namurois qui y trouvaient à la Ibis leur profit, leur délassement et la satisfaction de leur amour-propre : c'est ce qui (it dire plus tard à l'historien Galliot, que iMaximilien, a grand et généreux, menait les » plaisirs dans tous les lieux où il se trouvait , de sorte » qu'il fit de la ville de Namur un des plus agréables » séjours de l'Europe. » Toujours entouré de pompe et de magnificence, il avait, comme les véritables souverains, de nombreux officiers de cour, un héraut et roi d'armes, nommé Constantin Bouhellier de Beaulieu, et il ne sor- tait jamais sans être brillamment escorté par les officiers de ses gardes; il entretenait à grands frais auprès de sa personne une compagnie de hallebardiers de la garde de S. A., une autre d'archers à cheval, gardes du corps de S. A., et un régiment de gardes à pied, bombardiers et maîtres des artifices de S. A. Il continuait à faire de la dépense pour l'entretien et l'ornementation de sa rési- dence, notamment pour les jardins où il fit établir des jets d'eau, des pavillons, des charmilles, et où il faisait cultiver des plantes rares achetées à l'étranger (i). Depuis près de six moisMaximilien exerçait son autorité souveraine à Namur et à Luxembourg sur la simple noti- fication faite par lui aux États et aux Conseils de justice de ces provinces qu'il en avait été investi par le roi d'Espagne. ;i) Réparation d'un jet d'eau du jardin pour 3,610 fl.; établissement d'un pa- villon pour oOO fl.; plantation de 680 pieds de charmille pour d,o67 fl.; achat de cent plantes de zifs; item, d'oignons de tulipes et d'autres fleurs, chez Ancillon, à Bruxelles, pour 291 fl. [Comptes du domaine, -1712 et 1713, fol. 260 v», 262, 289 v°, 29o \o.) Ma.ximilien se plaisait à encourager l'horticulture et, pendant qu'il était gouverneur général aux Pays-Bas, il était le chef-prévôt delà corporation des fleuristes de la paroisse de la Chapelle, à Bruxelles. En 1706 il assista à la fête des fleuristes, qui se célébra le jour de S'<^- Dorothée, à Bruxelles. [Bull, de la Comm. roy. d'hist., I« série, t. XI, pp. 624, 630.) ( i9.6 ) Le diplôme d'investiture n'existait pas encore. L'intention de Philippe V et de Louis XIV, en cédant les Pays-Bas à l'Électeur, n'était pas d'ériger ces provinces en royaume définitif et indépendant; ils n'avaient en vue que de con- stituer à l'électeur un titre efficace pour récupérer ses états héréditaires d'Allemagne , perdus à leur service. Telle est, sans doute, la cause du retard apporté à la rédaction ou à la publication de l'acte qui manquait à l'Électeur. En effet, aussitôt qu'il fut question d'un accord entre les puissances belligérantes et que la paix put être consi- dérée comme certaine dans un avenir plus ou moins rap- proché, l'acte de cession fut signé. Tandis que les pléni- potentiaires de la France et des alliés assistaient au congrès ouvert à Utrecht le 29 janvier 1712, ceux du roi Philippe attendaient à Paris que la monarchie d'Espagne eût été adjugée à leur maître, pour les rejoindre et pro- duire un acte dont ils étaient porteurs, daté du 2 janvier 1712, et en vertu duquel Philippe V cédait, de la manière la plus formelle, les Pays-Bas à l'électeur de Bavière (1). Le roi y déclarait ne pas vouloir différer plus longtemps l'accomplissement de la promesse que Louis XIV, son aïeul, avait faite, en son nom, a au sérénissime prince Maximilien-Emmanuel, duc-élecleur de Bavière, son bon frère, cousin et oncle, vicaire général des Pays-Bas, par- ticulièrement le 7 novembre 1702, touchant la donation des Pays-Bas; qu'ayant égard aux liens étroits du sang et (4) « La restitution de la Bavière à l'Électeur fut décidée dès la première confé- rence. Comme c'était le moyen le plus sûr de faire rendre à ce prince par voie d'échange les Étals dont il avait été dépouillé, il ne se contenta pas d'en avoir pris possession l'année avant, il voulut encore s'en faire reconnaître souverain avec les cérémonies accoutumées d^Van looy, Histoire métallique des Pays-Bas, t. V, p. 209.) ( 197 ) d'amilié et aux relevés mérites et services qui se rencon- trent en sa personne, et à la singulière affection, vigilance et prudence avec lesquelles il les avait régis en son nom,» il lui cédait, pour lui et ses successeurs mâles et légitimes, irrévocablement et à toujours, en pleines propriété et sou- veraineté, les Pays-Bas tels qu'il les possédait à la même date du 7 novembre 4702, alin que ledit duc et ses suc- cesseurs en ligne masculine les tinssent et possédassent en qualité de princes propriétaires et souverains; il ajou- tait, comme condition, que ces princes devaient vivre et mourir dans la foi catholique, et conserver aux provinces, villes et communautés des Pays-Bas, leurs privilèges, insti- tutions, offices et dignitaires. Ce document officiel , qui conférait légalement et légi- timement la souveraineté des Pays-Bas à Maximilien- Emmanuel, ne lui donna pas, en fait, plus d'autorité ni une juridiction plus étendue que précédemment : sauf celles de Namur et de Luxembourg, les provinces des Pays-Bas étaient toujours au pouvoir des alliés. On ignore au juste à quel moment l'Électeur fut mis en possession de ce titre. Ce qui est certain , c'est qu'on en connaissait l'existence dans le public avant le o mars. Ce jour-là, en effet, les députés des trois membres des États de Namur prirent connaissance d'un compliment composé par le pensionnaire de la ville pour être lu ou envoyé à Maximilien. Dans une réunion du A avril , ils décidèrent de ne pas faire graver de médailles à l'occasion de son avènement; mais, le A mai, ils revinrent sur cette décision, et résolurent de faire frapper des jetons en or. Le 2S avril et le 2 mai ils s'étaient occupés des formalités à observer au jour de l'inauguration, du modèle d'un dais pour conduire S. A. depuis la Cour jusqu'à Saint-Aubain, ( 198; et d'autres détails pour la cérémonie. On était absorbé par ces préparatifs lorsque l'Électeur communiqua aux États un extrait de l'acte de cession , accompagné d'une lettre en date du 7 mai, ainsi conçue : « A révérends pères en Dieu, vénérables, chers et » féaux, chers et bien amez les prélats, nobles et dé- » puttez des États de nostre pays et comté de Namur, » représentant les trois Étals du pays. » Sa Majesté Catholique nous ayant fait la cession des » Pays-Bas, nous vous faisons cette pour vous dire que » nous avons fixé le jour de nostre inauguration au 17 de » ce mois, pour faire et recevoir le serment que les princes » souverains desdils Pays-Bas sont accouslumez de faire » et recevoir en ce pays et comté de Namur, et que nous » avons escrit en cette conformité à nostre cher et bien > amé Pierre Simon du Cellier de Wallincourt, lieutenant- » gouverneur de nostre ville, château et province de » Namur, vous requérant de l'ouïr et croire ce qu'il vous i> dira sur cette matière, dans l'assemblée que vous tien- D drez à cet effect le 16 de ce dit mois. Attant, révérends p pères en Dieu , vénérables, nobles, chers et féaux et » bien amez , Dieu vous ayt en sa saincte garde. Namur, » le 7 de may 1712(1). d Dans leur séance du 12 mai, les députés des États déli- bérèrent sur le rang à observer le jour de la cérémonie; à ce propos surgit un conflit de préséance entre les dé- putés et le sieur du Cellier qui prétendait marcher en tète des trois Ordres en sa qualité de lieutenant-gouverneur, recevoir le serment du prince et lui jurer fidélité au (1) Rég. aux résolutions des assemblées générales des États, VII. fol. 34 V". Annales de la Société archéol. de Namur, t. VIII, fol. 333. ( 199 ) nom des États; ce droit lui était dénié par ces derniers, à moins qu'il ne fût délégué par eux à cet effet. Le conseil d'État, consulté sur cet incident, repoussa les prétentions de du Cellier, et déclara qu'à l'avenir aucun lieutenant- gouverneur ne pourrait plus émettre une pareille pré- tention (1). Le 15 mai , la cour des échevins tint séance à son tour, et décida de faire frapper des jetons d'argent et de cuivre pour consacrer la mémoire de l'inauguration de S. A. comme comte de Namur, et de se conformer à cet égard à ce qui avait été réglé, en 1696, à l'avènement du comte de Bruay comme gouverneur de la province. Suivant Tordre qu'ils en avaient reçu, les États de la province se réunirent, le 16, en assemblée générale, à l'hôtel de ville de Namur. Le lieutenant-gouverneur, dé- légué par l'Électeur, y présenta, de la part de son maître, ses lettres de créance, donna lecture de l'acte de cession des Pays-Bas, par lequel le roi d'Espagne relevait ses su- jets du serment de fidélité qu'ils lui avaient prêlé le 21 février 1702, et annonça que Maximilien avait fixé le 17 mai pour être solennellement inauguré comme souverain des Pays- Bas et comte de Namur. La prérogative de recevoir, dans la cérémonie du len- demain , le serment du prince, lit surgir un nouveau conflit entre le mayeur de Hinslin, qui revendiquait le droit de nommer les députés à cet effet et prétendait pouvoir se déléguer lui-même, et les trois Membres, qui réclamaient ce privilège. On en référa d'urgence et séance tenante au Conseil privé, qui se prononça en faveur des États. Ceux-ci (1) Reg. aux résolutious du conseil d'État, etc., fol. 53. ( 200 ) s'occupèrent aussitôt de choisir les députés, au nombre de six (1). L'inauguration de l'électeur de Bavière eut lieu le jour fixé dans les formes les plus solennelles; la relation de la cérémonie qui eut lieu à la cathédrale , ainsi que la des- cription du cortège, ont été conservés par les soins du. Magistrat, qui en fit écrire la déduction dans ses registres. Nous ne pouvons que les résumer. A neuf heures du matin, les États de la province se rendirent en corps au palais de S. A. S. E., et vers dix heures, le cortège, s'étant formé dans les cours, sortit dans l'ordre suivant : en tête marchaient les quatre jurés de la ville, puis le lieutenant-mayeur, les bourgmestres, éche- vins, greffiers et le mayeur. Venaient ensuite les États nobles, savoir : messieurs les barons de Spontin et le comte de Groesbeck, députés, accompagnés d'un grand nombre de gentilshommes de la province et suivis de messieurs de l'État ecclésiastique; puis les deux hérauts d'armes, éblouissants de panaches et de broderies, le caducée à la main. L'Électeur, sous un dais magnifique de velours bleu galonnèet brodé d'argent, offert par les États et porté par les six gentilshommes les plus qualifiés de la province : le comte de Frezin, le comte de Corswarem-Longchamps, le marquis deGlimes deCourcelles, le baron deLiedekerke d'Acre , le comte de Berlo de Sainte-Gertrude et le vicomte de Namur d'EIzèe. Autour du dais, les archers nobles et les gardes du corps. Derrière, les grandes charges de la cour : le comte (i) Reg. aux résolutions du magistrat de Namur, fol. 98 v». ( 201 ) (le Terring et Zeefeld, grand maréchal, chevalier de la Toison d'or, le baron de Dobbelstein, maréchal de camp et colonel d'un régiment de cavalerie, envoyé spécial de rélecteur de Cologne, suivis des ministres et des officiers de Son Altesse. Le cortège se dirigea lentement vers Saint-Aubain, au milieu d'une double haie, l'une, de bourgeois portant des flambeau Y de cire blanche à la main, l'autre, des gardes à pied de S. A., habillés de neuf pour la circonstance, et « fort proprement. » Les officiers, dans leur uniforme bleu galonné d'argent, paraissent avoir été splendides et avoir fait particulièrement impression sur le peuple. A l'entrée de la cathédrale attendait, debout, Mgr de Berlo, évêque de Namur, entouré de tout le clergé régu- lier et séculier de la ville. Arrivé là, l'Électeur se mit à genoux sur un prie-Dieu et adora quelques instants une parcelle de la vraie croix qui lui était présentée par révêque. On entra ensuite dans l'église, toute tapissée de verdure et d'étotïes, avec force chronogrammes, et où se trouvaient déjà messieurs du Conseil des finances, du Conseil provincial et du Souverain bailliage. L'Électeur fut conduit processionnellement sous un dais de velours rouge galonné d'or, placé du côté de l'Évangile. On introduisit les dames, on plaça les musiciens de la chambre de S. A. avec les trompettes et les timbales, et l'office commença, célébré pontificalement par l'évêque. Après la messe, eut lieu l'imposante cérémonie de la prestation du serment. Les abbés de Moulin et de Géron- sart pour le clergé, le baron de Spontin et le comte de Groesbeck pour la noblesse, les sieurs de Glymes-Brabant et de Kessel pour le tiers État, formèrent le cercle autour ( 202 ) du prince qui, la main sur l'Évangile el les saintes reli- ques, prononça à voix haute a el d'une manière fort majes- tueuse, » la formule du serment dressée par le greffier du Souverain bailliage. Aussitôt après, le conseiller pensionnaire lut la procu- ration qui autorisait les députés des États à prêter à leur tour le serment; l'abbé de Moulin le répéta au nom de tous ses collègues levant les doigts. A peine eut-il terminé, qu'un bruit éclatant se fit entendre dans l'église; toute l'assemblée s'écria : « Vive l'Électeur, vive le comte de Namur, notre souverain! » On chanta le Te Deum et, après la bénédiction du Saint- Sacrement, le cortège se reforma pour rentrer au palais, au milieu des décharges d'artillerie et des acclamations populaires. Pendant que les États présentaient à S.A. les jetons qu'ils avaient fait frapper pour consacrer le souvenir de cet événement, des hérauts d'armes précédés d'un timba- lier et d'un trompette richement vêtus parcouraient la ville, jetant à pleines mains, au dire des historiens du temps, des médailles d'or et d'argent au peuple, en répétant le cri: < Vive le comle de Namur, notre souverain! (1) » A midi, l'Électeur dîna en public, servi par les seigneurs de sa cour. Le soir il y eut grand appartement, suivi d'un souper à douze tables, servies par les officiers de S. A., et pendant lequel tantôt les timbales et les trompettes, tan- ci; Les jetons et médailles destinés à perpétuer ces événements furent gravés par G. de Backer. On en distribua encore le tendemain avant de tirer le feu d'ar- tifice, et le 27, lors de l'inauguration de l'Électeur à Luxembourg. (Voy. l'article cité de M, Pinchart, et la liasse des États de Namur, MM, layette 3.) ( 203 ) tôt a une excellente musique » ne cessèrent de se Taire en- tendre (1). L'inauguration de l'Électeur fut suivie de fêtes véritable- ment pompeuses. Durant huit jours ce ne furent que mu- sique, banquets, bals et chasses royales pour la cour, feux de joie, illuminations et réjouissances de toute espèce pour le peuple; le 18 notamment, on joua en plein air, sur les remparts, la comédie «pour le divertissement des dames »; le soir on tira un feu d'artifice qui, d'après la description qui nous en est restée, doit avoir été splendide. Le 19, Maximilien reçut les étudiants des Jésuites, formés en pelotons armés, qui «après plusieurs décharges régulière- ment faites, » lui débitèrent un fort beau compliment en latin. Le soir eut lieu une nouvelle représentation théâ- trale, après laquelle l'Électeur parcourut les rues de la ville pour jouir de l'illumination et lire les nombreux chronogrammes qui ornaient les maisons et les places publiques, et qui étaient fort à la mode à cette époque (2). Le 22 mai, l'Électeur sortit de la porte de Bordeleau (1) La relation de celte inauguration fut imprimée en 1712 chez Charles Gérard Albert, à Namur. Van Loon et le registre aux Résolutions du magistrat la citent. Aujourd'hui on n'en connaît plus un seul exemplaire dans toute la Belgique. On peut donc la recommander à l'attention des bibliophiles. Elle avait heureusement été en grande partie transcrite dans les registres de la ville, et c'est d'après cette copie que l'inauguration de Maximilien a été publiée dans les Annales de la Soc, arcItéoL de Namur, t. VII, p. 'àii'S. (2) Les comptes des domaines contiennent quelques détails intéressants de celte inauguration. « Vaisselle d'argent offerte au S»" Latouche pour les soins donnés au feu d'artifice, ornement et illumination de l'hôtel de ville. Pour le théâtre (estrade) dans l'église S'-Aubain. Pour l'arc de triomphe devant l'hôtel de ville. Pour 60 faix de pecquet et de houx pour garnir l'hôtel de ville. Pour poudre et mèches livrées aux compagnies bourgeoises. Pour ceux qui ont sonné la grosse cloche du château et ont carillonné pendant les fêtes. Pour 60 pots de vin de Bourgogne présenté à S. A. Pour la maison du S' d'Hestroy évacuée pour loger la princesse de Bergh, dame de Montigny , etc. » ( 204 ) pour tirer Toiseaii avec les confrères du Serment des arbalétriers. Ayant abattu l'oiseau , comme il avait déjà fait une fois à Bruxelles, le 1" mai 1698, lorsqu'il était gouverneur des Pays-Bas, avec les membres de la Société de l'arquebuse, il fut proclamé roi du Serment et rentra en ville à pied et en triomphe, portant en main son paci- fique trophée (1). A l'occasion de son avènement à la souveraineté des Pays-Bas, les bourgeois et les commerçants de la ville, d'une part, en vertu d'une résolution des métiers, et les États, d'autre part, offrirent à l'Électeur un don gratuit de 64,000 florins, que des députés lui portèrent le 15 juin, dans deux bourses distinctes (2). Ce fut vers cette époque également, que le Magistrat décida la création d'une rue qui devait être ménagée le long du nouvel hôtel de ville et porter, en l'honneur de Maximilien, le nom de Bavière (3). L'Électeur, mis légitimement en possession de ses États, continua à s'occuper activement de leur administration; il édicta un grand nombre d'ordonnances relatives à la valeur des monnaies, au cours régulier de la justice, à la {{] Gachard, Rec. des ordonn. des Pays-Bas, 3^ série, t. I, préface, p. III. .1. BORGNET. Les compagnies militaires à Nainur. ("2) Dans l'assemblée générale de la noblesse des 3 et 4 janvier 1713, l'Électeur demanda une aide de oO mille florins qui lui turent accordés non sans quelque oppo- sition. Dans une autre assemblée des 30 et 31 octobre 17 14, une nouvelle demande semblable fut trouvée exorbitante pour les forces d'une province ruinée par de longues guerres; on l'accorda cependant « pour marquer l'attachement que les États avaient pour le service de S. A. » {Reg. des Étals, VII, fol 58 v", 74.) (3) Le !20 décembre ■17i!2, la cour des échevins décide « de faire incessamment percer la rue qui, selon le plan d'une nouvelle maison de ville, doit régner le long de la maison Jean Hobeau, et de faire ériger les prisons conformes audit plan, en attendantde pouvoir bâtir ladite nouvelle maison de ville. » {Résolutions du magis- trat, fol. H4.) La rue ne fut percée qu'en 1713. ( 205 ) poursuile des vagabonds, à la réception des chanoinesses dans les chapitres nobles d'Andenne et de Moustier, à la police urbaine, à certains droits des arquebusiers, des arba- létriers et des escrimeurs, à quelques articles des métiers des tailleurs d'habits et des merciers, et au commerce des grains (I). Dans la séance des États qui précéda son inauguration, l'Électeur s'était borné à leur communiquer un extrait de l'acte de cession du 2 janvier 1712. Le 4 août de la même année, le comte de Bergheyck, ministre de Philippe V, écrivit au baron de Malknecht, un des ministres bavarois et conseiller intime de Maximilien, qu'il avait reçu à ce sujet des plaintes de plusieurs officiers et fonctionnaires, et lui fit observer « qu'il était extrêmement contre l'honneur et la réputation du roi, que les États, Conseils et Magistrats n'aient vu qu'un extrait de celte cession , sans aucune con- dition pour le maintien de leurs droits, privilèges et im- munités, ce qui fait juger tous les officiers que S. M. les a entièrement abandonnés par cette cession, ce qui dans la suite pourrait leur être à tous d'un préjudice irrépa- rable, dans l'incertitude du sort de ce pays par la poix. » Cette lettre ayant été communiquée à l'Électeur, celui-ci se hâta d'expédier de Compiègne , le 12 octobre, une copie entière deracte,avec ordre d'arracherdes registres l'extrait qu'il avait d'abord cru devoir suffire, pour le remplacer (1) En 4713 des conférences tenues à Namur réglèrent les difficultés entre les pays de Liège et de Namur au sujet de l'impôt du GO*" sur les marchandises namu- roises passant par le pays de Liège. (Galliot, V. 12o.) II existe au Staats-Archiv, à Munich, plusieurs liasses de papiers concernant le gouvernement qui fonctionna à Namur sous l'administration de Maximilien. Mais elles contiennent peu de choses intéressantes. (Gachard, Notice dans les Bull, de la Coiivn. roy. dhist., 8c série, t. VI, p. 96 et 97.) ( 206 ) par Fade entier. Le 14, les députés des trois membres des Étals, ayant pris connaissance de ce document, de- mandèrent à le confronter avec Toriginal. L'autorisation leur en fut accordée, et le 20 ils se rendirentchez M. Lam- bJet, secrétaire du conseil d'État, oij l'original leur fut mis entre les mains. Les événements se chargèrent de justifier les prudentes précautions des États. En effet, les négociations entre les puissances poursuivaient leur cours, et chaque jour appor- tait de nouvelles probabilités que la paix générale ne tar- derait pas à se faire; chaque jour aussi, il devenait plus évident que le règne de Maximilien ne serait pas de longue durée et que, remis en possession de la Bavière, il devrait dans un bref délai abandonner les Pays-Bas. Aussi, à par- tir de ce moment, prend-il peu d'intérêt à ce qui se passe dans une province qui lui deviendra bientôt étrangère; il n'habite plus guère Namur et ne rend plus que de rares ordonnances. Compiègne devient sa résidence habituelle; les comptes des domaines nous apprennent même, mais sans indiquer de date, que sa troupe de comédiens et ses domestiques le suivirent dans cette ville (1). C'est de là qu'il écrit le 1" novembre, à son conseil d'État, que le roi d'Espagne avait nommé François le Danois, marquis de Joffreville, lieutenant général de ses armées, pour com- mander ses troupes à Namur et dans l'Entre-Sambre-et- Meuse, en remplacement du comte de Saillant; il leur fait savoir en même temps que lui, comme comte de Namur, a aussi confié à ce seigneur le commandement de la place, et ordonne au Conseil de le recevoir et de le loger con- formément aux règlements militaires. {\) Comptes du domaine, i7i3, fol. 237. ( 207 ) Les apparitions de iMaximilien à Namur n'ont plus lieu qu'à de rares intervalles. On l'y trouve le 11 juillet 1715, jour anniversaire de sa naissance, célébré comme précé- demment par des réjouissances populaires. Le 8 septembre suivant, il se rend avec une compagnie nombreuse à la cha- pelle de Notre-Dame-des-Bois, dans la Marlagne, pour as- sister à la première messe d'une fondation qu'il y avait laite. Après la cérémonie, il fit servir un banquet champêtre aux dames et aux gentilshommes de sa cour qui l'avaient suivi à cheval ou en carrosse. Des tentes, des tables, des bancs, la vaisselle, une profusion de tapis et de plantes y avaient été transportés ; les pages de l'Électeur soignaient le service, et ses musiciens faisaient retentir l'immense forêt de leur harmonie. C'est la dernière fête de Maximilien dont les annales de Namur aient conservé le souvenir (1). C'est de S*-Cloud que sont datées la plupart des ordon- nances que l'Électeur édicta encore pour les provinces de Namur et de Luxembourg, dans le courant de l'année 1714. La conclusion générale et définitive de la paix dans un avenir prochain était chose certaine ; l'empereur Charles VI, après avoir refusé de signer le traité d'Ulrecht? conclut le 6 mars 1714 celui de Rastadt, qui stipulait de nouveau le rétablissement de l'Électeur dans la Bavière; vint en- suite le traité de Bade, du 7 septembre, dont l'article 15 garantissait aux Électeurs de Bavière et de Cologne la réintégration dans leurs États, et attribuait à l'empereur la souveraineté des villes et comté de Namur, Beaumont et Chiraay; il ne restait plus qu'à régler la question de la Barrière entre la Hollande et la France. (1) Comptes du domaine, 4714, fol. 244. ( 208 ) Le résultat était si peu douteux que, par lettres patentes du 2 novembre, l'empereur Charles \I chargea le comte de Kônigsegg de prendre en son nom, après Tissue de la négociation relative à la Barrière, possession des provinces, villes et places des Pays-Bas; il assurait déjà du maintien de leurs privilèges et confirmait dans leurs charges les conseils, tribunaux, magistrats et oITiciers royaux. Le traité de la Barrière fut signé le 15 novembre 1714. Il accordait à la Hollande ce qu'elle désirait depuis long- temps, à savoir le droit de tenir garnison dans les places, notamment celle de Namur, qui devaient lui servir de boulevard contre la France. L'empereur fut forcé de subir les conditions des États généraux, et tout en recevant d'eux les Pays-Bas, de leur laisser la garde exclusive de ces places. L'Électeur se disposa alors à quitter définitivement le pays. Le 24 novembre 1714, les députés des États prirent connaissance d'un ordre qu'il avait envoyé au marquis de Maffei, de faire charger ses meubles sur des chariots de la province pour les transporter dans le pays de Luxem- bourg (1). Toutefois, le renouvellement du magistrat se lit encore le 50 novembre 1714 au nom de l'Électeur; ce fut le dernier acte de son administration. Vers cette époque, le marquis de Maffei reçut une lettre du comte de Kônigsegg qui le sommait de remettre à S. M. l. les ville et province de Namur. Comme on n'avait reçu à cet égard aucune instruction officielle, le conseil d'État de l'Électeur envoya le receveur général de Namur à S'-Cloud, pour apprendre de Maximilien ce qu'il y avait (1) « Le 29 novembre- a été vaqué à faire la répartition de 60 chariots pour mener le bagage de S. A., et de 42 chevaux harnachés. » {Résolutions des États.) ( 209 ) à l'aire (1). Ce fut sans doute à la suite de cette démarche qu'il adressa, le 1" décembre, au Magistrat et au Conseil de JNamur, une lettre par laquelle, en exécution des traités conclus à Rastadt et à Bade, il les relevait du serment de fidélité qu'ils lui avaient prêté lors de son inaugura- tion, et les remerciait du zèle et du dévouement avec lesquels ils Pavaient secondé dans sa courte adminis- tration. Six jours après, le comte de KÔnigsegg écrivit de nouveau au conseil deNamur, pour lui l'aire savoir que S. M. I. et C. était entrée en possession des ville et pro- vince de Namur, et pour lui ordonner de ne reconnaître à l'avenir d'autre souverain que l'Empereur et de n'obéir à d'autres ordres qu'à ceux qui lui viendraient par son canal. « En attendant, vous ferez provisionnellement les fonc- tions ordinaires de vos charges, jusqu'à ce que S. M. I. et C. en ait autrement ordonné. » Cette lettre fut lue le 12 décembre en séance des députés des États, qui y firent immédiatement réponse. Les 8 et 17 décembre 1714 et le 4 janvier 1715, le Conseil provincial et les trois Ordres écrivirent au comte de Kôuigsegg et à l'Empereur pour « témoigner leur joie d'être rentrés sous l'auguste domination de la maison d'Autriche (2). » Le comte de Kônigsegg mande, le 8 fé- (1) Comptes du domaine, 4714, fol. 226 v<». (2) Résolutions des États, IX, fol. 194. Voici la lettre du Conseil provincial au comte de Kônigsegg : « Monseigneur, nous avons receu avec beaucoup de joye celle qu'il a plu à Votre Excellence nous faire l'honneur d'escrire le jour d'hier. Nous ne scaurions assé témoigner à Votre Excellence la joye que nous ressentons d'être remis sous la douce et ancienne domination de la très auguste maison d'Austriche, vous asseui^ant, Monseigneur, que nous exécuterons toujours en très profond respet et soumission les ordres qu'il plaira à Sa Majesté impériale et catholique vous donner, et que nous nous attacherons toujours à son service avec tout le zèle et 2"°^ SÉRIE, TOME XL. 14 ( 210 ) vrier 1715, aux Étals qu'il a nommé le comte de Lan- noy administrateur général de la province. De son côté, Charles VI leur exprime, le 16 du même mois, son con- tentement des sentiments de fidélité qu'ils expriment et les assure de son amour paternel, promettant de faire tout ce qui pourrait contribuer à rendre ses sujets heureux (1). Afin de ne plus avoir à s'occuper des affaires de la pro- vince, Maximilien écrivit encore le 12 mai 171 3 à son conseil d'État, qu'il établissait le marquis de Maffei, gentilhomme de sa chambre et lieutenant général de ses troupes, en qualité de gouverneur et souverain bailli de la ville, du château, de la province et du comté de Namur. On en re- fidélité possible; suppliant Votre Excellence de nous vouloir accorder l'honneur de sa protection, et d'être persuadé que nous sommes avec toute vénération, Monseigneur, de Votre Excellence les très-humbles et très-obéissants serviteurs. (Signé.) Les président et gens du conseil provincial de Sa Majesté impériale et catholique, à Namur. — Namur, le 8 décembre 4714. » Superscription : A Son Excellence le comte de Kônigseî^g , plénipotentiaire de s. M. 1. et C, à Anvers. [Correspondance du Conseil provincial de Namur, ITld-lTio^fol. 304.) (1) Voici la lettre de Charles VI : « L'Empereur et Roy. Très chers et féaux les députiez de l'État ecclesiasticque, noble et tiers de notre comté et province de Namur. » C'est bien avec de la satisfaction et d'aggrement que nous avons receu votre lettre du 17 du mois de décembre de l'année passée , par laquelle vous vous anti- cipez pour nous donner une marque de votre fidélité et amour qui corresponde entièrement à notre attente, vu la fermeté et zelle avec lesquels vous avez tou- jours étez attaché à vos princes naturels, nos prédécesseurs. En reconnaissance de quoy, nous voulons bien vous en marquer par celle-cy notre contentement , et vous asseurer en mesme temps de l'amour paternele et du soin tout particulier dont nous vous regarderons constament, et tâcherons de vous procurer tout ce qui puisse rendre contents et heureux de si bons et si fidels sujets . et qui vous puisse convaincre des efîects de notre clémence et protection. Attant, très chers et féaux, nous prions Dieu qu'il vous ayt en sa sainte garde. Vienne, le 46 février 1745. p Signé : CHARLES. Et plus bas : Par l'Empereur et Roy : A. F. KuR. » {Résolutions du magistrat de Namur, 1708-17:20, fol. loOvo.) (211 ) venait ainsi à Fancien ordre de clioses, et Namur retombait sous le régime de la représentation du pouvoir souverain, comme avant l'arrivée de Maximilien. L'inauguration du marquis de Maffei eut lieu avec le cérémonial habituel et fut signalée par des fêtes, des illuminations, la fabrication de jetons commémoratifs , absolument comme sous la domination des rois d'Espagne et des archiducs (1). Le 11 avril 17io fut enfin conclu, entre la France et la Hollande, le traité d'Utrecht, aux termes duquel Phi- lippe V renonçait aux Pays-Bas espagnols en faveur de la maison d'Autriche. Par l'article 9 était révoqué l'acte du 2 janvier 1712 qui cédait en toute souveraineté ces provinces à l'Électeur de Bavière. Toutefois, ce prince en conservait l'administration civile et politique jusqu'au mo- ment de sa réintégration dans ses propres États. Le gou- vernement militaire devait être confié à une garnison hol- landaise, chargée de garder la place au nom de l'empereur jusqu'à la conclusion de la paix générale. En exécution de ce traité, l'Électeur remit, le 29 mai, la ville et le château au commandant de six bataillons de troupes hollandaises (2). Cependant Maximilien-Emmanuel était retourné en Alle- magne dans ses États héréditaires; il y mourut le 26 fé- vrier 1726, laissant la réputation d'un prince plus aven- tureux que sage, mais intelligent, brave et magnifique. Ces qualités, qui excluent généralement l'ordre et le bon (4) Résolutions du magistrat, fol. 122 et 122 v<». « (2) Le 2 juin, les échevins de Namur présentent une pièce de Volnay à MM. Chambrier et de Keppel, commandants des Hollandais, et une demi-pièce au major Salis, pour les engager à tenir leurs troupes en bonne discipline.— La ville fait nettoyer les greniers de la halle au blé pour servir à faire les dévotions à la garnison hollandaise. (Comptes du domaine, 1713, foi. 2o7 v».) ( 212 ) ménage, lui avaient conquis beaucoup de sympathies à Namur, bien qu'il n'y eût guère passé que comme une ombre. Il y laissa des regrets trop fugitifs pour résister à l'action du temps, et peu de Namurois savent aujourd'hui que Maximilien-Emmanuel de Bavière fut un instant leur souverain. Son fils Charles-Albert, qui lui succéda, le 6 août 1697, dans l'Électorat de Bavière, fut élu empereur le 24 jan- vier 1742; mais sa couronne impériale fut aussi éphémère que l'avait été pour son père le sceptre des Pays-Bas, et il y trouva plus d'épines encore. ( 215 ) CLASSE DES BEAUX- 4 ATS. Séance du 5 août i875. M. Alph. Balat, directeur. Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edra. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, membres. M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le directeur transmet à ses confrères les regrets qu'ex- prime M. le secrétaire perpétuel de ne pouvoir venir pren- dre sa place au bureau à cause de la mission qu'il remplit en ce moment, au nom du gouvernement, auprès du Congrès international des sciences géographiques de Paris. — M. le Ministre de l'Intérieur transmet une copie du procès-verbal des opérations du jury chargé de juger le grand concours d'architecture de 1875. 11 résulte de ce document que M. J.-B. De Coster, d'Anvers, a été proclamé lauréat du concours. ( 214 ) Le deuxième prix a été décerné, en partage, à MM. AI- lard, de Bruxelles et Oct. Van Rysselberghe, de Minder- liout (Anvers). — Le même haut fonctionnaire annonce que M. Dieltjens, lauréat du grand concours d'architecture de Tannée 1871, vient d'adresser au gouvernement un Projet de restaura- tmij en style corinthien, du temple de Vesta, à Tivoli, du temps de la République. Cet envoi est fait en exécution des prescriptions de l'arrêté organique du 23 février 1865, qui impose aux lauréats l'exécution d'une copie. M. le Ministre désire savoir si cette œuvre peut jouir du bénéfice de la législation nouvelle des grands con- cours, en vertu de laquelle et sur l'avis favorable de la classe des beaux-arts, une rémunération peut être accordée aux lauréats pour les copies qu'ils exécutent dans le cours de leurs voyages. Les membres de la section d'architecture présents à la séance donnent un avis favorable, lequel est adopté par la classe et sera communiqué à M. le Ministre de l'Intérieur. RAPPORTS. M. L. Alvin donne lecture du rapport qu'il a été chargé de faire, au nom delà classe, sur les arrêtés royaux du 22 mai 1875, relatifs aux grands concours pour les prix dits de Rome; il indique en quoi il est satisfait, par les nouvelles dispositions, aux vœux exprimés à diverses re- prises par la classe des beaux-arts. ( 213 ) La classe décide que des remercîments seront adressés à M. le Ministre de l'Intérieur au sujet de cette législation nouvelle des grands concours. Elle s'occupera, dans sa prochaine séance, de la nomi- nation des membres de la Commission qui sera chargée de dresser la liste des objets d'art qui pourraient être utilement reproduits par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Aux termes de l'article 11 du règlement général de l'Académie, la classe doit tenir sa séance publique annuelle dans le courant du mois de septembre. M. le directeur fait connaître que d'après les renseigne- ments donnés officieusement par M. Gevaert, président du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale, le jugement a dû être forcément ajourné, par décision de M. le Ministre de l'Intérieur, à cause de la ma- ladie d'un des concurrents. En présence de cet état de choses qui ne permet plus de former la partie musicale de la prochaine assemblée delà classe, celle-ci, appelée à s'occuper déjà des pré- paratifs de sa séance publique annuelle, décide qu'elle la tiendra, comme les autres classes, dans la grande salle des Académies; elle cherchera dans son sein les éléments littéraires nécessaires pour composer dorénavant le pro- gramme de cette solennité. ( 2i6 ) CONCOURS DE 1875. D'après le programme des conditions pour le concours de sujets d'art appliqué de cette année, le terme fatal pour la remise des bas-reliefs pour le concours de sculpture, et des médailles pour le concours de gravure, expire le 1" septembre prochain. La classe fixe sa prochaine séance au jeudi 2 septembre pour le jugement des concours. La section de sculpture, à laquelle sera adjoint M. Fétis, et la section de gravure à laquelle seront adjoints MM. L. Alvin et Chalon, se réuni- ront le même jour, à M heures, pour juger les œuvres soumises aux concours précités d'art appliqué. OUVRAGES PRESENTES. Dewalqiie {G.). — Histoire des noms cambrien et silurien en géologie par T. Sterrij Hunt. (Traduction.) iMons, i875; vol. in-8°. Morren (Éd.). — Charles de TEscluse. Sa vie et ses œuvres, 1526-1009. Liège, 1875; vol. in-S". Scheler {Aug.). — Exposé des lois qui régissent la transfor- mation française des mots latins. Bruxelles, 1875; vol. petit in-8». Devillers (Léopold). — Description analytique de Carlulaires et de Charlriers accompagnée du texte de documents utiles à l'Histoire du Hainaut, tome VIP. Mons, 1875; in-8°. ( 217 ) Docx [Le capitaine). — Guide pour l'enseignement de la gymnastique des filles et Guide pour l'enseignement de la gymnastique des garçons. Namur, 1875 , 2 vol. in-8°. Chaton {J.). — La graine des légumineuses. 1" Cellules de la carapace; 2" Albumen. Mons, 1875; br. in-S". Inghels (Adhèmar). — Histoire des comtes de Flandre jus- qu'à l'avènement de la Maison de Bourgogne (805-1384). Bruges, 1875; vol. in-8°. Pety de Thozée [Ch.). — Système commercial de la Belgique et des principaux États de l'Europe et de l'Amérique, tome second. Bruxelles, 1875; vol. in-8». Spring (W.). — Hypothèses sur la cristallisation. Liège, 1875;br. in-8«. Van Elewyck (Le Chevalier), — Rapport officiel sur l'état actuel de la musique en Italie. Paris, Bruxelles, 1875; vol. in-8». Wareg-Massalskî [Urbain). — Recherches sur les acides chloro-bromo-propioniques glycèriques Cg H3 CI Br — COOH. (Dissertation, etc.) Louvain, 1875; br. in-8". Société royale de numismatique de Bruxelles. — Revue belge de numismatique, 1875, 4* liv. Bruxelles; in-8''. De Vlaamsche School, Aflevering 1 a 12, 1875. Anvers, 4875; 12 feuilles in-4». Situation administrative des neuf provinces. — Exposés, rapports et annexes pour l'année 1875. Anvers, Bruxelles, etc.; 12 vol. et 2 br. in-8«. Société chorale et littéraire des Mélophiles de Hasselt. — Bulletin de la section littéraire, 11* vol. Hasselt, 1874; in-8». De Dietsche Warande y nieuwe reeks, 1'" deel, derde afle- vering. Amsterdam, 1875; in-8°. D'Eichthal (Gustave). — Mémoire sur le texte primitif du 1" r(''cit de la création (Genèse, ch. I-IL 4), suivi du texte du 2* récit. Paris, 1875; br. in-8°. Delisle (Léopold). — Notice sur un manuscrit mérovingien ( 218 ) contenant des fragments d'Eugyppius, appartenant à M. Jules Desnoyers. Paris, 1875; gr. in-4°. Marie {Maximilien). — Théorie des fonctions de variables imaginaires, tome 2^ Paris, 1875; vol. in-8^ Société Linnéenne du nord de la France, à Amiens» — Bulletin mensuel, 5** année, mai, juin, juillet et août 1873. Amiens; 4 feuilles in- 8°. Indicateur de l'Archéologue, n°' '23-24, novembre-décembre 1874. Paris; in-S". Société de géographie de Paris. — Bulletin, avril, mai et juin 1873. Paris; 3 fasc. in-8°. École polytechnique de Paris. — Journal , 44^ cahier, tome XXVII. Paris, 1874; in-4''. Société mathématique de France. — Bulletin, t. III, juillet- août 1873, n*»' 5 et 4. Paris; in-8". Société d'histoire naturelle de Toulouse. — Bulletin, IX" année, 1874-1875, 2^ fasc. Paris, juillet 1875; in-S"'. Hirn {G- A). — Exposition analytique et expérimentale de la théorie mécanique de la chaleur, ^^ édition, tome V\ Paris 1875; vol. in-8". Lasaulx {D'' A. von). — Elemente der Pétrographie. Bonn, 1873; vol. in-8°. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monatsbericht, April 1875. Berlin, 187.5; in-8^ Die Naturforschende Gesellschaft in Danzig. — Schriften , Neue Folge, 3. Baud, 5. Heft. Danzig, 1874; pet. in-4°. Verein fur Erdkunde zu Dresden. — XI. und XII. Jahres- bericht. Dresde, 1875; fasc. in -8". Justus Perihes 'Geographische Anstall zu Gotha. — Mit- theilungen: 1856, I; 1860, XI;18G1,VII; 1862, IX; 1866, IX; 1875, 19. Bd., VI; 1875, 21. Bd., VII und VIII. - Ergan- zunsheft, N^ V. Gotha; 9 cah. in-4". Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs- schrift, X. Jahrg., Drittes Heft. Leipzig, 1875; in-8". ( 219 ) K. h. Akademie der Wissenschaften zu Munchen. — Sit- zungsbericlite dcr philosop.-philolog. iind hist. Classe, 1874, Heft IV. Munich, 1874; in-8°. K. K. Universitàt zu Wien. — Offentliche Vorlesungen im Winter-Semcster 1873/70. Vienne, 1873; br. in-4*' (2 exem- plaires). Deutsche Gesellscha/Î fur Natur iind Vôlkerkimde Osta- siens. — Miltlieilungen, 7'" Ilcft, juin 1873. Jokohama; in-4**. 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Padoue et Florence, 1864 à 1873; 6 vol. et 2 br. in-8% br. in-4''. Società entomologica italiuna , Firenze. — Bullettino, anno 7", trimestre II. Florence, 1873; in-8°. Reale Osservatorio di Brera in Milano. — Pubblicazioni, n' IV, V, VIII et IX. Milan, 1873; 4 fasc., gr. in-4°. Regia Accademia di scienze, lettere ed arti in Modena. — Meraorie, lomo XV. Modène, 1873; vol. in-4°. ( 220 ) Accademia agraria di Pesai o. — Esercitazioni, anno l'-XI**, 1830-1848. Pesaro;22 fasc. in-S". Commission géodésique suisse. — Détermination télégra- phique de la difîérence de longitude entre la station astrono- mique du Simplon et les Observatoires de Milan et de Neu- châtel {E. Plantamour et A.Hirsch). Gcnève-Bàle-Lyon, 1875; vol. in-4". Institut Egyptien à Alexandrie.— Bulletin, année 4874- 1875, n" iô. Alexandrie; vol. in-8". Société Kliédiviale de Géographie à Alexandrie. — Statuts de la Société. — Discours prononcé au Caire à la séance d'inauguration le 2 juin 1875, par le D*" G. Schweinfurth. Alexandrie, 1875; 2 br. in-8°. Saunders (/.). — List of tlie books, memoirs, and miscel- laneous papers by D^ John Edward Gray, F. R. S. Londres, 1875;br.in-8». British Association for the Advancement of Science. — Report of the XLIV"' meeting, held at Belfast in August 1874. Londres, 1875; vol. in-8°. Anthropological Institute of Great Britain and Ireland. — Journal, vol. IV, n° H, april 1875. Londres; in-8^ Royal geographical Society o/'Zo/îrfon.— Journal,vol. XLIV, 1874. — Proceedings, vol. XIX, n\ V, 1875. Londres; vol. et fasc. in-8°. Geological Society o f London. — Quaierly Journal,vol. XXXI, part. 2, n" 122. Londres, mai 1875; in-8°. Statistical Society of London. — Journal, vol. XXXVIIl, part II, june 1875. Londres; in -8°. Institution of Civil Engineers ^ London. — Minutes of pro- ceedings, vol. XL and XLI, session 1874-75, parts II and III. Londres, 1875, 2 vol. in-8". Zoological Society of London. — Transactions, vol. 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United States Naval Observatory at Washington. — Astro- nomical and meteorological observations made during the year 1872. Washington, 1874; vol. in-4°. United States geological Survey of Terrifories at Was- hington. — Catalogue of the publications, 1874. — iMiscella- neous publications : No. 1 . Lists of Elévations in that portion of the United States west of the Mississipi River, 5* édit. 1875 (H. Gannett); n° 2, Birds of ihe Noriwest. A hand-book of ihe ornithology of the région draincd by the Missouri river and its Triburies {Elliott Coues). — Report, vol. VI, 1874. Contri- butions to the Fossil Flora of the Western Territories. The Cretaccous Flora (Léo Lesquereux). — Map of the Lower ( 223 ) Geyser Bassin. — Map of Uppcr Geyser Basin. — Montana and Wyoming Territories, einbracing of the counlry about the sources of the 3Iadison, Gallatin, and Yellowstone Hivers, in contour-lines. — Map of the Sources of Snake River and its Tributaries. — PreUminary niap of Central Colorado, Showing the région surveyed in i 875. Washington ; vol. in-i", vol. et 2 br. in-S"; 6 cartes in-fol. Mueller [Ferdinand de). — Fragmento phytographiae Aus- tralise, vol. VI et VII. Melbourne, 18C7-187I; 2 vol. in-8°. Liste des ouvrages déposés par la Commission royale d'histoire dans la Bibliothèque de l'Académie. Ministère de l'instruction publique de France. — Docu- ments inédits de l'histoire de France : Inscriptions de la France du V^ au XVIIP siècle recueillies et publiées par M. F. De Guilhermy. Ancien diocèse de Paris , t. II, 1874; in-4°. — Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu, par M. Avenel. Tome VII% 1642; supplément : 1608 à 1642 ; in-4°. — Lettres du cardinal Mazarin publiées par M. A. Cheruel (décembre 1642-juin 1644), t. I, 1874; in-4°. — Mandements et actes divers de Charles V (1304-1580), recueillis par M. L. Delisle. Paris, 1874; in-4*'. — Mélanges historiques (nou- velle série), t. I, 1873; in-4°. — Mélanges historiques (Table chronologique et alphabétique de la l'"'' série, 1841-1848). Paris, 1874; in-4°. — Rapports au Ministre sur la collection des documents inédits. Paris, 1874; in-4''. — Dictionnaires topographiques : d'Eure-et-Loir (L. Merlet); de lYonne (Max. Quanlin); de la Meurthe (H. Lepage); du Morbihan (Rosenz- weig); des Basses-Pyrénées (P. Raymond); de la Nièvre (G. de Soultrail); de l'Hérault (E. Thomas); du Haut-Rhin (G. Sloffel); du Gard (Germer-Durand); de l'Aisne (Ang. Maiton); de la Meuse (Félix Liénard); delà Moselle (De Bouteillier); de l'Aube (Th. Bouliot et Emile Socard). 13 vol. in -4°. — Répertoire ( 224 ) archéologique : de TAube (D'Arbois de Jubainville) ; de l'Oise (Emm. Woillez) ; du Morbihan (Rosenzweig); de la Seine-Infé- rieure (L'abbé Cochet); du Tarn (H. Crozes); de l'Yonne (Max. Quantin). 6 vol. in-4''. Institut archéologique du Luxembourg. — Annales : t. VU, atlas; t. Vlll, i" et 2« cahiers. Arlon, 4874; gr. u\-H\ Cercle archéologique du Pays de Waes, à S'-Nicolas. — Annales, t. V% ^2*^ liv. décembre 1874; 3* liv. juin 1875. S'-Ni- colas; gr. in-8"'. Société d'agriculture, sciences et arts de V arrondissement de Valenciennes. — Revue agricole : t. XXVIl, 1874, n*" 10, M et 12;t. XXVllI, 1875, n"' 1, 2, 5. Valenciennes; in-8°. Comité flamand de France à Lille. — Annales t. XII, 1875- 1874; — Bulletin, t. VI, n» 11. Lille, vol. et fasc. in-8°. Société archéologique de la province de Namur. — Annales, t. XIII, 1" liv. Namur, 1875; in-8». ' Historischer Verein fur Niedersachsen, Hanover. — Zeit- schrift, Jahrg. 1873. Hanovre, 1874; vol. in-8''. Grossherzôchliche General- Landesarchiv zu Karlsruhe. — Zeitschrift, XXVI. Ed., 4 Heft; XX VII. Ed., 1. Heft. Carisruhe, 1874-1875; 2 cah. in-8°. Historischer Verein zu Darmstadt. — Archiv fiir Hessische Geschichte und Alterlhumskunde, XIII. Ed., 3. Heft. Darmstadt, 1874; in-8». Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications de la section historique, année 1873, XXVIII (VI). Luxembourg, 1874;in-4«. Schoetier (/.). — Catalogue de la Eibliothèque de Luxem- bourg. Luxembourg, 1875 ; voL in-8*. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 187S. — N«« 9 ET 10. CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 septembre 4875. M. F.-A. Gevaert, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Pauli, membres. M. R. Chalon , membre de la classe des lettres , assiste à la séance. 2"' SÉRIE, TOME XL. 15 ( 226 ) CORRESPONDANCE. M. Balat, directeur de la classe, exprime par écrit ses regrets de ne pouvoir, pour motifs de santé, venir présider la séance. — M. le Ministre de Fintérieur transmet, en conformité de Tarlicle 15 de Tarrété royal du 22 mai 187o : i° Le XII' rapport semestriel de M. E. Dielliens, lauréat du grand concours d'architecture de 1871; 2° Le Vl*" rapport de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872. Conformément à la demande de M. le Ministre, ces communications sont renvoyées à l'examen de la commis- sion chargée de s'occuper de la liste des œuvres d'art à reproduire par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. — Le collège des bourgmestre et échevins de la ville d'Anvers a invité l'Académie a bien vouloir assister à l'inauguration du buste du baron GustafWappers qui a eu lieu le mardi 24 août, à 10 heures du matin , dans la salle du Musée des maîtres anciens. — L'Institut royal des architectes anglais à Londres , et l'Académie agraire de Pesaro remercient pour le dernier envoi annuel des publications académiques. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre suivante qui lui a été adressée par M. le professeur Thomas ( 227 ) L. Donaldson, de Londres, associé de la section d'archi- tecture de la classe : « Désireux d'offrir à l'Académie une preuve de mon res- pect et de mon dévouement, et de faire connaître en même temps l'état de la gravure sur acier en Angleterre, j'espère que vous me ferez l'honneur de présenter à mes confrères une épreuve avant la lettre de deux planches publiées dans ces dernières années par V Art-Union de Londres, dont je suis membre du conseil. J'espère que l'Académie y recon- naîtra le talent de nos graveurs, qui n'ont que rarement l'occasion d'en faire preuve depuis la découverte de la photographie. » J'ai ajouté à ces pfanches deux brochures qui en don- nent la description. Je désire à ce sujet appeler votre atten- tion sur le fait étonnant que nous avons, cette année-ci, plus de 18,000 souscripteurs payant chacun une guinéeî ce qui fait une somme d'environ 474,000 francs. » Vous trouverez à la fin d'une des brochures la situa- tion des opérations de la Société depuis son commence- ment. » La classe décide que l'expression de sa plus vive grati- tude sera transmise à M. Donaldson au sujet du don des deux gravures précitées représentant : V La rencontre de Wellington et de Blûcher à la ferme de la Belle-Alliance , le i 5 juin 18 io, d'après la fresque de Daniel Maclisedans la galerie royale du Parlement à Londres, gravée par Lumb Stocks en 1872; 2" le Retour de la pèche (Eight coast scènes), tableau d'A. Willmore, gravé par E.-W. Cooke en 1872. Des remercîments sont également votés à M. le cheva- lier Xavier Yan Elewyck pour l'hommage, fait en son nom par M. Adolphe Siret, de son ouvrage : De l'état actuel de ( 228 ) la musique en Italie. Rapport officiel adressé à M. le Mi- nistre (le l'intérieur du royaume de Belgique. In-8°. — Le comité institué pour célébrer le 4' centenaire de la naissance de Michel Ange envoie le programme des fêtes qui seront célébrées à ce sujet à Florence les 12, 15 et 14 septembre prochain. Il exprime en même temps le désir que l'Académie envoie des délégués. La classe désigne MM. Fraikin, De Man et Slingeneyer. Elle décide en même temps que le gouvernement sera prié de lui prêter son concours dans cette circonstance. ÉLECTIONS. Conformément à l'article 17 de l'arrêté royal du 22 mai 1875, réglant l'organisation des grands concours de pein- ture, de gravure, d'architecture et de sculpture, la classe procède à la nomination de la commission chargée de dresser la liste des objets d'art, tableaux, statues, bas-reliefs, etc., susceptibles d'être reproduits par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. La classe désigne : Pour la peinture : MM.N. De Keyser et Gallait; Pour la sculpture : MM. Joseph Geefs et Fraikin; Pour la gravure ; MM. Franck et Leclercq ; Pour l'architecture : MM. Balat et De Man. MM. L. Al vin et Éd. Fétis, de la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts, feront également partie de la commission. ( 2^29 ) Rapport de M. L. Àlviii sur les arrêtés royaux réorganisant les grands concours du gouvernement pour la peinture, la sculpture, la gravure et VarcJiltecture. (Séance du 5 août.) Messieurs et honorés confrères , « Vous m'avez fait l'honneur de me charger de vous faire un rapport sur les arrêtés royaux du 22 mai dernier relatifs aux grands concours pour les prix dits de Rome et de vous indiquer en quoi il est satisfait par les nouvelles dispositions aux vœux exprimés à diverses reprises par la classe des beaux-arts. Le préambule de ces arrêtés dont il vous a été donné connaissance, dans la séance du mois de juin, vise deux délibérations de notre compagnie et rap- pelle les rapports et les conclusions qui ont été présentés en son nom au gouvernement, sur l'invitation du départe- ment de l'intérieur, rapports portant les dates du 5 août 1871 et du 11 novembre 1872. Après avoir relu ces rapports, je suis d'avis, Messieurs et honorés confrères, que la classe des beaux-arts doit des remercîments à M. le Ministre de l'intérieur. Les nouvelles dispositions arrêtées par le gouvernement font droit, dans une large mesure, aux vœux qu'elle a exprimés. Vous avez désiré que les grands concours de peinture, de sculpture, d'architecture et de gravure fussent réorga- nisés en prenant pour base le règlement du grand concours de composition musicale. Il vous avait paru que l'ensemble de tous ces concours constituant une institution nationale, ils devaient être tous régis par les mêmes principes. L'article 1" de l'arrêté royal du 22 mai maintient, il est ( 230 ) vrai, la ville d'Anvers comme le siège des grands concours des arts graphiques et plastiques; mais il est à remarquer que l'Académie royale de cette ville est une institution na- tionale et qu'elle offre d'ailleurs des locaux parfaitement appropriés aux travaux des concurrents, ce qu'il serait dif- ficile, pour ne pas dire impossible, de rencontrer dans la capitale. L'article o fait droit aux demandes de la classe des beaux-arts en ce qui concerne le concours préparatoire des architectes. Quant à la composition des jurys, il a également été tenu compte de vos propositions; elles ont servi de base à la disposition inscrite à l'article 2 d'un autre arrêté de la même date qui forme le complément du premier. Par l'article 17, qui règle les obligations des lauréats durant leur séjour à l'étranger, le gouvernement a encore donné sa sanction à vos propositions. Seulement, comme ces arrêtés ne s'occupent que des concours des arts graphiques et plastiques , les lauréats des concours de musique n'y sont point compris. Tous vous rappellerez. Messieurs et honorés confrères, que vous aviez proposé d'imposer aux lauréats de cette catégorie, durant leur séjour à l'étranger, certains travaux analogues à ceux qui sont exigés des autres. Il y a lieu d'espérer que le gouvernement, s'il juge à propos de reviser le règle- ment du grand concours musical, tiendra compte de vos propositions. Quelques articles m'ont paru devoir donner lieu à des observations. A l'article 6, il est dit que trois membres choisis par la classe des beaux-arts de l'Académie feront partie du jury chargé de juger le concours préparatoire, mais on a négligé (231 ) de dire dans quelle catégorie et suivant quels principes seront choisis les quatre autres. La même observation peut s'appliquer à l'article 9. L'article 10 a conserve la disposition en vertu de laquelle le montant d'une pension non appliquée est réservé, durant les quatre années, et peut être réparti en encouragements particuliers à déjeunes artistes de mérite. On omet de dire par qui et d'après quels principes cette répartition sera faite. A l'article 15, on oublie d'indiquer le lieu où se réunira le jury qui fera subir l'épreuve littéraire et scientifique aux lauréats avant leur départ pour l'étranger. On ne dit pas non plus qui présidera ce jury. D'après l'ancien règlement ces jurys siégeaient à l'Aca- démie d'Anvers et la présidence était attribuée à un pro- fesseur de cette institution. Enfin, l'article lo désigne encore le directeur de l'Aca- démie d'Anvers comme devant être le correspondant obligé des lauréats, pendant leur absence du pays, même lors- qu'ils ont fait leurs études dans une autre école. Votre com- mission avait critiqué cette disposition de l'ancien règle- ment. En résumé les arrêtés du 22 mai dernier ont apporté de sérieuses améliorations aux règlements antérieurs et, comme je l'ai dit au début de ce rapport, il y a lieu d'en remercier M. le Ministre de l'intérieur. En exécution des dispositions nouvelles, la classe des beaux-arts aura à intervenir dans plusieurs cas. Elle devra désigner, dès la iin de la présente année, trois de ses membres-artistes pour faire partie du jury chargé de juger les concours préparatoires (art. 6). Elle aura à dresser une liste des objets d'art, tableaux. ( 252 ) statues, bas-reliefs, etc., susceptibles d'être utilement re- produits par les lauréats. Il me semble qu'il n'y a point de temps à perdre pour désigner la ou les commissions qui seront chargées de cette besogne. » JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL. Sujets littéraires. La classe avait reçu un mémoire portant pour devise : La sculpture est l'image ou le miroir de l'univers, en réponse à la première question de la partie littéraire du pro- gramme. Cette question avait pour sujet : Faire l'histoire de la sculpture en Belgique aux XVIP et XVIIP siècles. Rapport de M. Ad. Sit-et, pi'etniet* contntissait^e. « L'année dernière la classe des beaux-arts reçut un mémoire volumineux en réponse à cette question. Le jury chargé de l'examen vous exprima ses regrets de ce que l'auteur de ce mémoire eut si mal interprété le sens réel de la question , en négligeant le côté historique pour ne s'attacher qu'à la partie biographique. Celle-ci, il est vrai, était traitée avec un soin et une recherche de travail qui rendaient plus visible la lacune signalée. Telle était, selon nous, la valeur de cette partie du mémoire, que nous fûmes d'avis de décerner à l'auteur une médaille d'argent. Les considérations développées dans notre rapport de l'année dernière, à l'effet de justifier la sévérité du juge- ( 255 ) ment porté sur la partie historique de ce mémoire, ont, paraît-il, frappé Fauteur. Le travail qui est soumis aujour- d'hui à la classe est de la même main ; il est reconnais- sable à l'écriture d'abord, ensuite à la division des matières qui est restée la même. Mais quelle différence entre le manuscrit de 1874 et celui de cette année! Je ne vais point. Messieurs, établir de parallèle entre les deux œu- vres; je me bornerai à esquisser en larges traits le plan et la marche du mémoire de cette année. En comparant le rapport actuel avec celui de 1874, on pourra s'assurer de la différence signalée, différence radicale en effet, car plus de la moitié du manuscrit d'aujourd'hui doit être consi- dérée comme le résultat d'une nouvelle inspiration. L'Introduction prend la chose ab ovo. L auteur établit d'abord les styles architecturaux, c'est le point de départ rationnel de son œuvre considérable ; il énumère, par zones, toutes les œuvres de sculpture proprement dite et de sculp- ture ornementale éclosessur notre sol; cette énumération, pour être complète, devait être longue; elle l'est, en effet, sans qu'on puisse lui reprocher son étendue; l'auteur dé- termine sobrement, mais exactement, les caractères que le mouvement civilisateur et social imprime à l'art plas- tique; il note les œuvres qui ont une valeur consacrée. Du XIP siècle jusqu'à la Renaissance, il s'attache soigneuse- ment à préciser ce qui nous appartient en propre, et cette partie de son mémoire n'est pas la moins instructive. Arrivé à l'extraordinaire épanouissement artistique qui caractérise la Renaissance, l'auteur s'étale dans son sujet avec une véritable béatitude. Les abbayes, les églises, les monuments civils, les tombeaux, les retables, les orne- ments, les autels, les mausolées, tout ce qui constitue enûn l'œuvre d'art par excellence, est passé en revue, et. ( 234 ) à chaque objet, est attaché le nom de l'artiste sans que récrivaîn paraisse se fatiguer d'un travail dont on ne peut se faire une idée qu'en en prenant connaissance. Il y a près d'une centaine de pages consacrées à cette Inlroduc- tion substantielle. îl est vrai que, vers la fin, l'auteur pé- nètre déjà dans le vif du sujet qu'il va attaquer de front, non sans avoir placé entre les deux parties essentielles de son œuvre une note sur l'institution des Gildes artisti- ques dont les annales si utiles peuvent être considérées, en quelque sorte , comme les livres d'or de notre histoire. L'Introduction s'appesantit avec raison sur les troubles religieux et politiques du XVP siècle, si funestes à l'art de la sculpture particulièrement. Jamais le chiffre de nos pertes d'alors ne sera connu, mais on pourra s'en faire une idée quand on saura que dans la seule nuit du 4 novem- bre 1576, nuit de la Furie espagnole, Anvers perdit pour environ cinquante millions de notre monnaie, d'objets mobiliers. Si une seule nuit, si quelques heures d'orgie révolutionnaire ont eu de si calamiteuses conséquences dans une seule ville du pays, on peut plus ou moins se faire un tableau du désastre qui frappa les Pays-Bas en- tiers, à l'exception du pays de Liège, lorsque éclatèrent les furies iconoclastes. Pendant quarante ans environ, nos monuments publics, civils et religieux, étaient restés dans l'état de dévastation oii ils avaient été mis : mutilés et pro- fanés; pendant quarante ans les beaux-arts avaient subi une prostration inouïe dans l'histoire, lorsque parut, en 1614, l'édit des Archiducs qui ordonna la restauration de tout ce qui avait été détruit, notamment l'ameuble- ment des églises. Le réveil fut instantané et d'autant plus radieux qu'il eut pour aube et pour soleil cet astre nommé Rubens. A la chaleur vivifiante et communicative de cet ( 255 ) immortel talent que les Archiducs eurent l'adresse de fixer à Anvers, la sculpture aussi reprit son essor, et c'est à partir de ce moment qu'elle irradia sur nos provinces avec une extrême surabondance de produits. Le style de Vlntroduction est simple, concis; il marche régulièrement, avec assurance et sincérité. L'auteur semble avoir pris pour devise le mot de Quintilien : Scribiliir ad narrandum non adprobandum. Ce système a le défaut de sa qualité, c'est-à-dire que si la prose de notre auteur a le mérite de la simplicité, elle est veuve de tout lyrisme. On serait tenté de croire qu'il s'est gardé, comme d'un appât fatal, de l'enthousiasme qui pourrait lui être reproché. Dans une œuvre de cette nature la modération n'est point une faute. Je dirai plus, elle est ici élevée à la hauteur d'une qualité. Dans mon rapport de 1874 j'ai reproché à l'auteur de manquer de sens esthétique. Ce reproche je le maintiens ici, mais telle est la sérénité avec laquelle nous apparaît l'œuvre de l'historien , que je ne regrette plus l'absence du philosophe. Je suis convaincu que le mémoire que nous avons sous les yeux aurait manqué d'homogénéité si l'au- teur, pour complaire absolument au vœu exprimé en 1874, avait voulu introduire dans sa manière des allures qui ne sont point les siennes et dont, en définitive, les termes du programme n'exigeaient point la présence. Ne forçons point notre talent, c'est le cas de le répéter ici. La seconde partie du mémoire a subi d'importantes améliorations. C'est encore le même système, c'est-à-dire le groupement des artistes par régions : chaque localité importante ou chaque groupe de plusieurs villes réunies sous une même influence, donne à connaître les artistes qui y sont nés et les œuvres que ceux-ci ont produites. II ( 236 ) y a là une grande richesse de matériaux et une succession abondante d'énuinérations d'un réel intérêt. Trois cent cin- quante pages environ sont consacrées à cette partie de l'œuvre, partie essentiellement matérielle et dans laquelle est renfermée toute l'histoire de la sculpture au XVIl^ et au XVKl'' siècle. Les pages qui concernent Duquesnoy , Fayd'herbe, Yerhaegen, Floris, Jonglielincx, Quellyn, Vervoort, Bauerscheit, Verschaffelt, Delvaux, Grupello, Sauvage, Cyfflé, Van Poucke, Jean de Bologne, Ledoux, Leroy, Warin, Cardon et cent autres, sont des pages soi- gnées qui permettent d'apprécier l'étendue des recherches et des travaux d'initiative auxquels a dû se livrer l'au- teur. L'influence de Rubens sur la statuaire du XVIP siècle, la prédominance des ateliers de Yerhaegen , de Fayd'herbe, des Quellyn, des Kerricx, etc., la protection eflîcace et dé- cisive des corporations religieuses accordée pendant près de deux siècles à la sculpture en général, le développe- ment inouï de cet art au sein de nos provinces, avec son débordement, peut-on dire, sur nos petites localités, tout cela est noté consciencieusement dans le manuscrit. De loin en loin, et timidement, un sentiment personnel se fait jour, de même qu'une critique pondérée, mais, ainsi que je l'ai dit, sans enthousiasme. Question de tempéra- ment, sans aucun doute, d'autant plus que chez nous la postérité ne s'est pas encore définitivement prononcée sur le quantum ex2LCt du talent de nos sculpteurs. C'est à peine si nous connaissons^ au juste degré d'admiration qu'elles méritent, certaines œuvres splendides de Yerhaegen, telle que la chaire de vérité de Lokeren ; c'est à peine si l'on a daigné remarquer l'adorable finesse de ciseau et le senti- ment toujours ému des Kerricx qui ont rempli les églises ( 237 ) (l'Anvers de véritables chefs-d'œuvre. J'en passe et des meilleurs, mais je le répète, nous n'avons jamais jusqu'ici accordé qu'une attention trop distraite, je n'ose pas dire indilTérente, à cette robuste statuaire flamande toute exubérante de vie et de sentiment. A coup sûr le livre que j'ai devant moi aidera nos yeux à s'ouvrir et contribuera à faire disparaître cette souveraine injustice. Dans cet ensemble considérable de renseignements de toute nature, au milieu de ces descriptions multipliées et nécessaires, parmi ce monde historié et décrit, dans cette seconde partie enlin, consacrée à un sujet qui exige fatale- ment des formules écrites d'une variété d'allures difficile, j'ai rencontré de légères imperfections de style et quelques inexactitudes de peu d'importance, que le bénéfice des corrections permises fera disparaître. Si j'en parle ici, ce n'est point pour faire un reproche à l'auteur, mais afin d'appeler son attention sur la partie perfectible de son manuscrit. Ceux qui se livrent aux travaux biographiques et d'énumération, savent que, dans cette matière, l'indul- gence est acquise de droit à l'écrivain. Avant d'arriver à mes conclusions, je désire, Messieurs, présenter une observation qui vous fera mieux encore comprendre la valeur du verdict que je vais avoir l'hon- neur de vous soumettre. Comprend-on que dans un pays comme le nôtre où les arts sont en si grande estime, dans un pays comme le nôtre où toutes les branches principales des connaissances humaines ont eu , depuis plus de trois siècles , leurs histo- riens spéciaux, comprend-on, dis-je, que l'histoire de la sculpture n'eût pour pivot, hier encore , qu'une mince et sèche nomenclature de quelques noms renfermés dans une légère plaquette due à Baert et publiée en i848 par ( 238 ) le B°" de Reiffenberg! Quel étrange et incompréhensible ostracisme a donc frappé, depuis quatre cents ans qu'on écrit et qu'on imprime chez nous, cet art qui peut passer pour le premier de tous et dont les Grecs ont fait l'éter- nelle gloire de l'antiquité! La peinture, l'architecture, la gravure, la musique, ont leurs annales enregistrées dans des livres que l'on peut perfectionner mais qui ne sau- raient plus mourir , et la sculpture, elle, en était encore à se demander si réellement elle a jamais existé en Bel- gique ! Aujourd'hui, je n'hésite pas à l'affirmer, grâce à la pré- voyance de l'Académie, cette lacune n'existe plus. Le manuscrit qui vous est soumis a comblé ce vide inexpli- cable. Je déclare en même temps que, s'il est le travail initiatif de l'espèce, je ne veux point prétendre qu'il soit le dernier mot de la question : il en est le premier, et, comme tel , je suis convaincu que les travailleurs de l'ave- nir y trouveront un guide sage, précieux et complet. L'his- torien a accompli sa lâche. Viennent maintenant les com- mentateurs et les philosophes, viennent les discussions, le procès-verbal est fait. » M. Joseph Geefs, second commissaire, déclare se rallier à ce rapport. Rapport de .Vf. C J9e JUan^ tt^oisiètnc comtnissair-e. « Ce mémoire présenté et soumis déjà l'an passé à l'examen de la classe des beaux-arts, avait donné lieu à diverses critiques. L'auteur en a tenu compte, aussi toute la première partie de son travail , d'abord composé pres- que exclusivement de citations et d'emprunts faits aux ( -259 ) écrivains qui ont traité de la sculpture aux XVJI" et XVIiJ'' siècles, a été complètement modifiée; L'auteur s'est iden- tifié avec son sujet; c'est lui qui parle, c'est lui qui raconte et qui nous initie à tous les faits qu'il a recueillis : son style est simple, clair et correct. La seconde partie du mémoire a été maintenue intégra- lement : elle présente un grand intérêt et les rapports précédents en ont déjà rendu compte d'une façon très- élogieuse; aussi je crois inutile d'y revenir. Jugeant donc de l'ensemble de ce travail colossal, j'es- time qu'il répond convenablement à la question, jusqu'à présent négligée, de la sculpture aux XVII" et XYIII*^ siècles. En conséquence je me rallie à la proposition d'accorder à son auteur la médaille d'or. j> La classe, conformément aux conclusions favorables de ses commissaires, vote, en conséquence, sa médaille d'or à l'auteur du mémoire précité; l'ouverture du billet cacheté fait connaître comme étant l'auteur de ce travail, M. Ed- mond Marghal, secrétaire adjoint de l'Académie. Sujets d'art appliqué. La classe avait inscrit à son programme de concours de cette année quun prix de six cents francs serait accordé à la meilleure médaille exécutée par un artiste belge depuis le i^^ janvier i 87 2. Les concurrents devaient soumettre un exemplaire de leur œuvre avant le 1'" septembre 1875. Cinq médailles ont été envoyées pour ce concours : 1" Les victoires de l'Allemagne en 1870-1871 ; ( UO ) 2° La visite du Izar Alexandre à Londres en 1874; 5° L'alliance des républiques américaines du Sud pour la défense de Lima. Ces trois pièces sont l'œuvre de M. Charles Wiener. 4° Le Roi est mort! Vive le Roi! par M. Éd. Geerts; o° L'inauguration du monument de Cliarlemagne , par M. Constantin Jehotte. Le jury, après mûre délibération, propose, à l'unani- mité, que le prix de six cents francs soit décerné à l'au- teur des médailles indiquées sous les n°' 2" et 5°. Le jury signale particulièrement la face de la médaille du tzar et le revers de l'alliance des républiques de l'Amé- rique du Sud. La classe a approuvé ces résolutions. ,. — La classe avait donné le sujet suivant pour le con- cours de sculpture de cette année : On demande un bas-relief pour une frise placée à 3 mè- tres d'élévation et ayant pour sujet l'Horticulture per- sonnifiée. Trois bas-reliefs ont été présentés à ce concours. Le n'' 1 avait pour devise un triangle; Le n" 2 les mots : Horticulture, — Pomone et son cortège ; Et le n° 5 un trophée d'instruments horticoles. Après avoir examiné les trois œuvres, le jury a été d'avis que le n" 2, s'il ne réunit pas les conditions nécessaires pour mériter le prix, offre cependant assez de qualités pour qu'il y ait lieu d'accorder à l'auteur un prix d'encou- ragement consistant en une somme de 500 francs. La classe a ratifié ce jugement. ( 241 ) L'auteur de ce bas-relief a fait connaître depuis qu'il acceptait cette récompense. C'est M. Julien Dillens, qui a remporté un prix d'encouragement de la même somme l'année dernière pour le carton qu'il avait présenté au con- cours de peinture. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. Sur la proposition du bureau du comité directeur, la classe accorde la pension ordinaire ainsi qu'un secours temporaire à la veuve de M. Ch. V..., artiste peintre, qui faisait partie de l'association et que celle-ci a perdu récem- ment. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. La classe s'occupe des préparatifs de la séance publique annuelle, laquelle, d'après l'article 11 du règlement gé- néral de l'Académie, doit avoir lieu dans le mois de septembre. Elle fixe cette solennité au jeudi 30 de ce mois, à une heure, dans la Grand'salle des Académies au Musée. Elle tiendra la veille, à la même heure, dans la salle ordinaire des séances, une réunion préparatoire pour la lecture des pièces qui figureront au programme de la cérémonie. 2"* SÉRIE , TOME XL. 16 ( 242 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 29 septembre 1815. M. F.-A. Gevaert, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert et A. Pauli, membres. CORRESPONDANCE. M. Balat écrit que « Tétat de sa santé le retenant éloi- gné de Bruxelles, il ne pourra avoir l'honneur de présider la séance publique de la classe, comme c'eût été son de- voir. Tout en offrant ses regrets et ses excuses à ses con- frères, il adresse le discours que, suivant l'usage, il avait préparé pour cette circonstance, afin qu'il puisse en être donné lecture si la classe l'approuve. » — M. Jules Devaux , chef du cabinet du Roi, exprime, par écrit, de la part de Leurs Majestés, leurs regrets de ( 243 ) ne pouvoir se rendre à l'invitation qui leur a été faite d'as- sister à la séance publique. M. le général Burnell, aide de camp de S. A. R. Mgr le Comte de Flandre, exprime des regrets semblables au nom de LL. AA. le Comte et la Comtesse. LL. Exe. le baron Gerycjie d'Herwynen, Ministre pléni- potentiaire des Pays-Bas; sir John Savile Lumley, Minis- tre plénipotentiaire d'Angleterre, et MM. le comte d'Aspremont-Lynden, Ministre des affaires étrangères; Beernaert, Ministre des travaux publics; le baron Lam- bermont , secrétaire général du Ministère des affaires étrangères; le baron Snoy, questeur de la Chambre des représentants, remercient pour leur invitation à la séance précitée. — MM. Edmond Marchai , secrétaire adjoint de l'Aca- démie, et Charles Wiener, artiste graveur, écrivent pour remercier la classe de la distinction qui leur a été ac- cordée. — M. Julien Dillens se déclare l'auteur du bas- relief n° 2, portant pour devise : V Horticulture^ Pomone et son cortège, auquel la classe a accordé, à titre d'encou- ragement, une somme de cinq cents francs. — M. V. Stiénon , secrétaire de la commission direc- trice des musées royaux de peinture et de sculpture, adresse, conformément aux instructions de M. le Ministre de l'intérieur, le projet de restauration du temple de \esta, à Tivoli, que M. Dieltjens, lauréat du grand concours d'architecture de 1871, a fait parvenir au gou- vernement à titre d'envoi-copie prescrit par le règlement des grands concours. ( 244 ) — M. Banner, architecte à Paris, demande divers ren- seignements au sujet du mémoire couronné de M. Pin- chart relatif à VHistoire de la tapisserie de haute lisse aux Pays-Bas. — Renvoi à M. Éd. Fétis, qui a été premier commissaire pour ce mémoire. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. L. Alvin rend compte de la mission académique qu'il a remplie avec ses collègues MM. Fraikin et Slinge- neyer aux fêtes du 4-^ centenaire de la naissance de Michel-Ange, qui ont eu lieu à Florence les 12, 15 et 14 septembre. Les applaudissement de l'assemblée accueillent cette relation. La classe s'occupe ensuite des préparatifs de sa séance publique annuelle, qu'elle a fixée au jeudi 30 septembre, à 1 heure, dans la Grand'Salle des Académies au Musée. Indépendamment du discours de M. Balat, qui sera pro- noncé, en l'absence de l'honorable directeur, par M. Ge- vaert, vice-directeur, le programme se composera des lectures suivantes : Souvenir des fêtes du 4^ centenaire de la naissance de Michel-Ange, à Florence, par M. L. Alvin; rapport de M. Ad. Siret sur le mémoire couronné concer- nant VHistoire de la sculpture aux Pays-Bas pendant les XVIP et XVIIP siècles ; proclamation par M. le secrétaire perpétuel des résultats des concours. ( 24S ) CLASSE DES BEAUX- A RTS. Séance publique du jeudi 30 septembre 1875. (Dans la Grand'Salle des Académies au Musée.) M. F.-A. Gevaert, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man , Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer et Alex. Robert, membres; De Biefve et Stappaerts, correspondants. Assistaient à la séance : Classe des sciences : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, Gloesener, Ch. Montigny et C. Malaise, membres; Eug. Catalan, associé. Classe des lettres : MM. J. Roulez , P. De Decker, de Witte, Faider, R. Chalon, Juste, le baron Guillaume et Alph. Wauters, membres; J. Nolet de Brauwere van Slee- land et Aug. Scheler, associés. Le bureau de la classe, composé de M. Gevaert, vice- directeur, remplaçant M. Balat, absent pour motifs de santé, de M. Liagre, secrétaire perpétuel, ainsi que de MM. le baron Guillaume, directeur, et Ch. Faider, vice- ( '^4'^ ) directeur de la classe des lettres, s'est installé sur l'estrade présidentielle, à 1 heure. M. Gevaert, après avoir déclaré la séance ouverte , annonce que M. Balat ne pourra venir présider la solen- nité. M. le vice-directeur a bien voulu se charger de donner lecture du discours de M. Balat conçu, en ces termes : « Messieurs, » A l'une de nos séances publiques précédentes, celle de 1871, le directeur de la classe des beaux-arts, qui était alors l'honorable M. Gallait, se trouva forcé de formuler nn regret sur la situation des beaux-arts dans notre pays. » Il se plaignait qu'au moment même où l'on érigeait , à Bruxelles et à Anvers, de véritables palais aux spécula- tions commerciales et industrielles, les artistes n'avaient pas même un local convenable pour les expositions pério- diques de leurs œuvres. » La lacune en effet était fâcheuse. Sans aborder ici le grand thème de l'influence morale et sociale de l'art, on peut dire qu'il ne compte pas moins que l'industrie dans nos revenus, et qu'il compte peut-être pour plus dans notre gloire. » En remplaçant aujourd'hui notre éminent confrère, je suis heureux d'avoir à constater que la situation regret- table qu'il signalait va cesser d'exister. Les plaintes peuvent même faire place à des remercîments. » Non-seulement la réclamation de l'Académie a été écoutée, mais elle n'a rencontré partout que l'accueil le plus sympathique. ( 247 ) » Appuyée tout d'abord par un Souverain que les arts se sont habitués à considérer comme leur protecteur naturel, TAcadémica pu s'occuper des moyens de réparer elle-même le mal qu'elle avait signalé. Son projet a reçu l'approbation immédiate du gouvernement et a été voté par les Chambres. L'Académie avait, du reste, rencontré tout d'abord l'adhésion unanime du public, et elle avait trouvé sa première récompense dans les remercîments empressés et enthousiastes qu'une députation d'artistes était venue apporter à M. Gallait. » En cette occasion, l'Académie eut un autre mérite: ce fut de porter la lumière dans une sorte de problème resté jusque-là insoluble, et de rendre pratique une idée que beaucoup d'esprits commençaient à reléguer parmi les chimères : l'érection à Bruxelles d'un palais des beaux- arts. » Ce projet, en effet, pendant trop longtemps n'avait guère été qu'une utopie. On demandait au futur palais des beaux-arts de réunir et de satisfaire des services si multiples et si divers qu'ils en étaient presque contradic- toires. Tout ce qui se rattachait d'une façon quelconque aux différents arts devait y trouver place et, en poursui- vant l'idée de ce palais imaginaire, en la développant et en la compliquant outre mesure, on ne s'apercevait pas que ce qui manquait surtout aux arts dans la capitale, c'était, d'abord et fondamentalement, des locaux spacieux pour les expositions triennales. Il n'était pas moins urgent d'en avoir pour les solennités publiques. Tels étaient les deux termes fort simples du résultat à réaliser. » C'était à cette idée qu'il fallait ramener l'opinion. L'Académie a formulé son programme en conséquence. Elle a voulu qu'un seul édifice pût satisfaire à cette double ( !248 ) destination. C'était évidemment le seul moyen de rendre exécutable le palais projeté et de justifler les frais consi- dérables de cette construction destinée à nos expositions triennales : il fallait que, dans cet intervalle de trois ans qui s'écoule d'une exposition à l'autre , le palais des beaux- arts pût rendre encore d'autres services. » L'édifice qui va être érigé rue de la Régence donnera toute satisfaction à ces légitimes exigences. » Une condition essentielle pour le succès des exposi- tions qu'il attend, c'est son emplacement. L'Académie a été assez heureuse pour rencontrer, pour ainsi dire provi- dentiellement, un terrain disponible appartenant à l'État, et tel précisément qu'on pouvait le souhaiter comme situa- tion, étendue, voisinage, réunissant en un mot toutes les conditions consacrées par l'expérience. » Le local définitif de nos expositions dépassera nota- blement en contenance tous les locaux provisoires qui l'ont précédé. On peut donc dire qu'il est en mesure de faire face à tous les développements que peut prendre encore notre production artistique, surtout si l'on se fait un scru- pule de n'y admettre que des œuvres d'un mérite réel. » Dans l'intervalle de nos expositions triennales, il pourra recevoir d'autres destinations auxquelles il est approprié d'avance. Une transformation prévue et facile, dans les dispositions intérieures, permettra de le faire ser- vir aux solennités publiques, aux distributions des récom- penses et même à des concerts réunissant un nombreux public. » Enhn, et sans contrarier aucun de ces services divers, une partie de l'édifice pourra être constamment réservée à des expositions spéciales pour lesquelles les locaux man- quent encore, exposition d'archéologie, exposition de ( 249 ) tableaux anciens tirés de galeries particulières, exposition de cartons, exposition des aquarellistes, etc., etc. D On arrivera ainsi à réaliser une innovation qui semble amenée par la force des choses, que beaucoup de voix réclament et dont bien des esprits attendent les meilleurs résultats: une exposition permanente. » L'artiste n'a qu'un jour tous les trois ans pour se montrer, et ce jour-là il faut qu'il se montre dans la cohue de 1,200 concurrents. La production littéraire, il faut l'avouer, se fait dans des conditions plus favorables. Le livre n'attend pas une exposition pour paraître; 2,000 vo- lumes ne font pas irruption en même temps chez le libraire; ils paraissent un à un, se lisent séparément et ne se com- battent pas l'un l'autre. Pourquoi n'en serait-il pas de même de la production artistique? » Dans une exposition permanente les tableaux seraient naturellement moins nombreux, mieux vus et mieux jugés. Les artistes produiraient alors à leur heure, selon leur tempérament, et n'en feraient que de meilleurs ouvrages. 7> Ajoutons que la faculté de se produire à l'exposition permanente permettrait d'être exigeant pour les admis- sions aux expositions triennales, et que celles-ci, dès lors, deviendraient véritablement un choix, première condition pour qu'elles soient une fête et un enseignement. B Cette exposition permanente, je pense, Messieurs, qu'elle ne trouvera nulle part un emplacement plus con- venable et plus digne que le futur palais des beaux-arts, où on la visitera d'autant plus volontiers qu'elle y sera placée en dehors de toute spéculation et indépendante de tout parti pris. » Le jour où une exposition de cette nature sera ou- verte, où la coutume sera de la visiter, ce jour-là, l'art ( 2S0 ) deviendra l'aliment quotidien, comme le livre ou le théâtre. » Voilà évidemment le plus grand progrès que nous puissions aspirer à réaliser, car l'art ne sera un besoin qu'à condition d'être d'abord une habitude. » — M. L. Alvin a fait ensuite la lecture suivante : G Messieurs, le public bruxellois, accoutumé à trouver chaque année, à la suite du discours ofliciel du président de celte solennité, les attrayantes émotions de la musique, doublées encore par l'intérêt qu'inspire l'exécution de la cantate des lauréats du grand concours de composition musicale, ce public que nous avons un peu gâté, pourrait n'être guère disposé à accepter, comme compensation du régal qui lui était annuellement offert, de simples lectures sur des questions d'art. Nous avons d'autant plus besoin de son indulgence , nous qui ne pouvons l'entretenir que des fêtes auxquelles nous venons de prendre part en qua- lité de délégué de la Compagnie. Le IV' centenaire de Michelange a été célébré à Florence avec un éclat qui défie toute description; mais nous espérons que vous vou- drez bien écouter sans trop d'ennui l'expression des sen- timents que nous y avons éprouvés et dont nous avons rapporté la vive impression. Souvenir du IV^ centenaire de Michelange. « Honneur aux nations qui , comprenant la valeur de l'héritage de gloire que leur ont laissé leurs ancêtres, savent le conserver avec un soin et un respect religieux! Celles-là seules sont dignes d'un avenir pareil à leur passé. ( 25i ) » Lorsqu'une ville a vu naître dans ses murs deux gé- nies tels que Dante et Michelange — sans compter tant d'autres illustrations, — ses magistrats ont de grands de- voirs à remplir. Pour les peuples , comme pour les familles, noblesse oblige. La municipalité de Florence se montre pénétrée de cette vérité, d'abord par la sollicitude dont elle fait preuve pour la conservation des monuments de sa splendeur artistique, exposés pendant des siècles aux ravages du temps, et ensuite par la manière dont elle bonore la mémoire de ses grands liommes. Je n'en veux d'autre témoignage que les fêtes splendides du IV^ cente- naire du génie prodigieux qui, dans le dialecte toscan, si sonore et si doux, a nom Michelangiolo Buonarroti (1), fêtes à la fois somptueuses et populaires, nationales et uni- verselles, auxquelles avaient été conviés tous les corps artistiques, littéraires et scientifiques du monde entier. » L'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique ne pouvait, sans renier le passé de la patrie, se dispenser de répondre à cet honorable appel. Elle a délégué, pour la représenter au centenaire de l'homme qui a été également éminent dans les arts de l'architecture, de la peinture et de la sculpture, trois de ses membres : un architecte, M. G. De Man, un peintre, M. E. Slingeneyer, et un sculpteur, M. A. Fraikin. Des motifs de santé ayant empêché le premier de remplir sa mission, j'ai été désigné pour le remplacer. Je reconnais humblement que je n'avais qualité pour représenter aucune des branches de l'art (1) Les invita lions ofticielles portent toutes Michelangiolo. Dans le recueil des lettres du grand artiste, celui-ci signe Michelagniolo^ troisième forme du nom. ( 252 ) dans lesquelles Michelange a excellé; je n'en ai pas moins accepté, entraîné que j'étais par la séduction qu'exerce la ville de Florence sur ceux qui ont eu le bonheur de la visiter une fois. » L'accueil que nous avons reçu a été aussi cordial que distingué, et nous risquerions d'être taxés d'ingratitude si nous ne saisissions la première occasion qui se présente de témoigner publiquement notre reconnaissance pour une aussi magnifique hospitalité. IL » Michelange avait depuis longtemps, dans l'église de Santa-Croce, son mausolée de marbre , auquel avaient tra- vaillé concurremment les trois sculpteurs Lorenzi, Cioli et Gio deirOpera. Quel nouveau monument lui élèvera-t-on, à l'occasion du IV^ centenaire de sa naissance? Cette ques- tion a dû préoccuper l'édilité florentine; celle-ci Ta résolue de la façon la plus heureuse. » Dominée par un sentiment de modestie, sans doute exagéré, mais assurément respectable, elle n'a voulu con- fier à aucun contemporain l'exécution des statues qui de- vaient décorer la place nouvelle consacrée à perpétuer le souvenir des vertus civiques de l'immortel artiste. Et pour- tant elle eût pu trouver chez elle un sculpteur digne de cette mission. Sur l'emplacement même d'une citadelle que le génie de Michelange avait fortifiée et défendue contre les ennemis de sa patrie, sur la colline de San Miniato, dominant la cité et toute la vallée de l'Arno, s'étend aujourd'hui une place qui portera à l'avenir le ( 253 ) nom du grand homme. Au milieu, se dresse le David, œuvre de la jeunesse du maître {voir la note A), dont le temps commençait à altérer le marbre. Coulée en bronze, celte statue bravera les siècles. Couchées sur le piédestal, les quatre figures magistrales qui décorent les tombeaux des Médicis (également coulées en bronze pour cette desti- nation) complètent le monument. ï> C'est ainsi qu'a été réalisée la pensée de l'éminent syndic, le commandeur Ubaldino Perruzzi : « Michelange est seul digne de faire un monument à Michelange. » » La maison où l'artiste a passé une grande partie de sa vie, où le citoyen a veillé au salut de la patrie, où l'austère penseur a mûri ses subligaes conceptions, a été transfor- mée en un sanctuaire. Elle n'abritera plus désormais que le souvenir de cette puissante intelligence. Là sont re- tracés par le pinceau les épisodes principaux de cette exis- tence si digne, si sévère, si laborieuse; là se conserveront, ce qu'on pourrait appeler les reliques de l'âme : ses écrits, ses correspondances, les croquis jetés par lui sur le papier, aux moments de l'inspiration, et les autographes de ces sonnets que lui dictait la Muse et qui lui ont mérité le nom de poète, afln que rien ne manquât à sa gloire. Cet asile toutefois, qui a pu abriter l'artiste, serait trop étroit pour contenir son œuvre. C'est dans les galeries de l'Académie des beaux-arts qu'a été réuni tout ce qu'il a été possible de rassembler des ouvrages du maître, soit en originaux, soit en copies, soit en reproductions. On avait fait appel à tous les heureux possesseurs de ces trésors, et l'appel a été ( 254 ) entendu. Ce musée constitue un ensemble inappréciable ou les générations futures pourront juger de la puissance de création que Dieu avait départie à un seul homme. » Le comité organisateur des fêtes n'a pas même oublié les absents. A ceux qui n'ont pu et qui ne pourront accom- plir ce pieux pèlerinage, il offre trois publications qui jet- tent un jour nouveau sur la vie du grand homme. C'est d'abord : » Un Album des dessins originaux de Michelange repro- duits par la photolilhographie. (Voir la note B.) » En second lieu, la bibliographie de Michelange com- prenant, avec la liste des ouvrages publiés sur le grand artiste ou à propos de ses ouvrages, le catalogue des gra- veurs qui ont reproduit ses compositions. [Voir la note C.) » En troisième lieu, — et ce livre est lui-même un mo- nument, — les lettres de Michelange Buonarroti, publiées avec les notes et contrats artistiques du maître, par les soins de Gaetano Milanesi, édition magnifique, petit in- folio, de plus de 700 pages [voir la note D), ordonnée par les organisateurs des fêtes du quatrième centenaire de la naissance de leur immortel concitoyen. On trouve dans ce livre non-seulement ce qui avait déjà été publié, mais en- core un nombre considérable de lettres et autres docu- ments absolument inédits, découverts tout récemment dans la maison même des Buonarroti. )) Il faut encore joindre à ces publications les Soicvenirs de Michelange Buonarroti^ adressés au peuple italien par M.G.-C. Sansoni, brochure de plus de 200 pages, écrite au moyen des documents nouvellement exhumés. [Voir la note E.) ( 255 ) » Enfin, une médaille reproduisant les traits de Michel- ange a été frappée et distribuée, comme les publications qui viennent d'être citées, à tous les représentants étran- gers qui assistaient au centenaire. La médaille porte cette courte mais significative inscription : Michel puj che mortal Angel divino. ni. » Ce qui frappe surtout dans la ville de Florence, c'est le grand caractère de ses monuments, la teinte sévère et profondément religieuse qu'y revêtent tous les arts. L'ar- chitecture y a conservé la tradition étrusque; celle-ci se fait sentir jusque dans les constructions de nos jours. Les palais étaient autrefois des forteresses; exposés à soutenir des sièges dans les luttes intestines de cette turbulente république , ils se distinguent par leur majestueuse am- pleur, leur solidité, leur élévation. L'appareil en est presque brutal, à peine équarri et rappelant les murs cyclopéens. Les blocs de granit entassés les uns sur les autres pour former le soubassement du Palais Pitti, ne diffèrent point de ce mur étrusque récemment mis à découvert sur l'em- placement occupé jadis par le berceau de Florence, l'an- tique cité de Fiesole. Ce qui, partout ailleurs, paraîtrait lourd et grossier, est ici élégant et harmonieux, grâce à la magie des proportions. Ce caractère de grandeur s'est com- muniqué de l'architecture à la sculpture et à la peinture, deux arts qui, en acceptant la subordination, ont trouvé îe moyen d'arriver aux effets les plus puissants. Les peintres et les sculpteurs ont su porter leur pensée à un niveau très- élevé en la proportionnant à l'espace qu'ils avaient à rem- plir. ( 256 ) » De l'étude de ces monuments , il ressortait pour nous , avec une entière évidence, que Florence a été véritablement le plus vaste et le plus intense foyer de lumière de cette époque à jamais mémorable où la civilisation, servie par Tart, s'est dégagée des langes du moyen âge, en dépouil- lant la raideur byzantine. » C'est là que l'art moderne a pris naissance, qu'il s'est librement développé, s'aidant, il est vrai, des travaux de la période grecque , nouvellement remis au jour, mais ne s'y laissant point absorber; cherchant avant tout ses modèles dans la nature, cette source inépuisable que l'artiste a tou- jours à sa portée, quand il le veut; source q^ui ne tarit jamais; car, à la différence des œuvres humaines, l'œuvre de Dieu, la nature, ne vieillit point; les siècles, au con- traire, en s'accumulant, la rajeunissent. IV. » Quant à nous, que l'Académie avait délégués pour prendre part à ces fêtes , nous nous sommes efforcés d'y tenir haut et ferme la bannière artistique de la patrie belge. En effet, nous ne pouvions nous soustraire à une émotion mêlée de fierté nationale en retrouvant, sur ce sol semé de tant de merveilles, la trace du passage des plus illustres de nos artistes. » Nous rencontrions à chaque pas les beaux ouvrages de ce Jean de Boulogne, que l'Italie a adopté pour un des siens, qu'elle a rebaptisé du nom de Bologna; les pan- neaux de nos Van Eyck; les triptyques de Roger Van der Weyden , de Jean de Mabuse et de ce Hugo Van der Goes , ( 257 ) si peu connu dans sa patrie et dont Florence possède le chef-d'œuvre {voir la note F). Avec quel plaisir nous retrou- vions les pages magistrales de Rubens et de Van Dyck sou- tenant, au palais Pitti, le voisinage des plus belles œuvres de Raphaël, de Fra Bartolomeo , d'Andréa Del Sarto et du Titien. [Voir la note G.) » Jamais nous n'avions mieux saisi les rapports si con- tinus qui, depuis les premiers temps de la Renaissance, ont rapproché les Pays-Pas des belles contrées de l'ïtalie et particulièrement de Florence, cette riante cité qui, sui- vant l'heureuse expression d'un illustre représentant de rinstitut de France, « est non-seulement la ville des plus belles fleurs de la nature, mais aussi la ville des plus belles fleurs de l'esprit humain. » » N'étions-nous pas témoins de l'admiration qu'excitent les œuvres de nos vieux maîtres, même lorsqu'elles se trouvent rapprochées des merveilles de cet art italien dont ils ont été les émules et non les copistes? » Jamais nous n'avions mieux compris de quel secours les deux écoles ont été l'une pour l'autre, aux époques de leur commune splendeur, lorsqu'elles échangeaient frater- nellement leurs idées et leurs enseignements. D C'est, dominés par ces impressions, que nous nous sommes mêlés au groupe qui entourait S. A. R. le prince de Carignan et les autorités florentines, sur les degrés du monument élevé à la gloire de Michelange; et, lorsque est venu notre tour de prendre la parole, nous étions heureux et fiers de pouvoir aflîrmer nos sentiments devant un au- ditoire sympathique et enthousiaste. » 2"^ SÉRIE, TOME XL. 17 { 2§8 ) Nous nous sommes exprimés en ces termes : « Monseigneur, Messieurs, » Tous les peuples accessibles aux délicates ou aux su- blimes impressions de l'art ont applaudi à réclatanle ma- nifestation préparée, avec tant de munificence et de solli- citude, par l'illustre municipalité de la ville de Florence. » Notre pays, — si étroit que soit l'espace qu'il occupe sur la carte de l'Europe , — ne pouvait demeurer sourd à votre appel : si nous avions négligé d'y répondre, on eût été en droit de nous le faire sévèrement expier en nous remettant en mémoire que le petit coin de terre d'où nous venons a donné naissance à une célèbre école de peinture, et que le monde entier, d'un consentement unanime, re- connaît, dans les productions de cette école, l'expression la mieux caractérisée de l'une des deux tendances princi- pales de l'art. » L'école flamande salue en ce jour sa noble sœur, l'école italienne! » L'Académie royale de Belgique, qui réunit dans son sein des représentants des sciences, des lettres et des beaux-arts, nous a chargés de vous apporter son tribut d'admiration pour le génie gigantesque dont vous fêtez si dignement le quatrième centenaire; et le gouvernement de notre Roi, si sympathique à tout ce qui peut aider au progrès de la civilisation , s'est associé avec empressement aux sentiments de l'Académie, en assurant aux délégués de la classe des beaux -arts l'accomplissement de leur pieuse mission. ( 259 ) 7> En présence de l'inimensiléde Tœuvre de Michelange, embrassant le triple domaine des sciences, des lettres et des arts, Timagination demeure confondue. Il y aurait témérité à hasarder une appréciation qui serait toujours incomplète, — dût-on y consacrer des volumes. — On est contraint de se renfermer dans un respectueux silence, de se borner à l'expression des sentiments les plus sympathi- ques envers la nation qui a produit de tels hommes. » La Belgique artistique, scientifique et littéraire se contentera donc de vous apporter, par notre bouche, le salut fraternel de l'école flamande à sa noble sœur l'école italienne. » Nous ne pouvons nous rappeler sans émotion l'échange fécond d'idées et d'enseignements qui n'a point cessé entre elles depuis plus de quatre siècles. » Ces deux sœurs, — bien distinctes de physionomie, — se ressemblent pourtant, comme il convient à des sœurs (1), par quelques beaux et grands côtés : elles pro- fessent Tune et l'autre le culte de la nature, où le beau idéal jaillit de l'élude du réel. » Les deux écoles, malgré tant de rapports intimes, ont marché constamment dans deux voies parallèles sans se confondre jamais. Émules et non rivales, elles ont voué réciproquement une sincère admiration aux chefs-d'œuvre de l'art, qu'ils eussent pour berceau le Nord ou le Midi. (1) ^> Faciès non omnibus una i> Nec diversa lamen. Qualem decet esse sororum. (P. OviDii ^ASosiSf Metamophoseon. Lib. II, v. 15-14.) ( 260 ) » Si nos musées réservent une place d'honneur aux toiles et aux marbres de vos artistes immortels, nos pein- tres et nos sculpteurs ont laissé dans l'Italie d'impérissa- bles souvenirs, et l'illustre cité qui nous honore en ce jour d'un si splendide accueil est particulièrement riche en té- moignages de ces glorieux échanges. » Aujourd'hui, comme autrefois, les jeunes artistes belges, suivant une tradition quatre fois séculaire, vien- nent tremper leur talent aux sources vivifiantes ouvertes en si grand nombre dans vos riches contrées. Nous nous rappelons, non sans quelque fierté, que si l'Italie a souvent trouvé des émules et des imitateurs parmi les nôtres, elle a aussi quelquefois rencontré chez nous des modèles aux- quels elle n'a point marchandé ses hommages. » Salut donc, salut fraternel, à l'Italie artistique, scien- tifique et littéraire, et daigne la Providence lui réserver, dans l'avenir, de nouvelles gloires dignes de son passé! » NOTES. (A) L'exécution du David est un véritable tour de force. Cette statue fut commandée à l'artiste en 1501 dans les conditions suivantes. Depuis près de quarante ans, gisait, dans la cour des ateliers de Sancta Maria de' Fiori, un bloc de marbre de Carrare qu'on nommait le Géant. Un sculpteur maladroit l'avait gâté en voulant en faire une statue. C'est cette masse mal ébauchée que Michelange fut chargé de mettre en œuvre, besogne à laquelle tous les autres sculpteurs avaient dû renoncer. Le jeune artiste, l'ayant examinée, jugea qu'il en pourrait tirer une flgure de David s'apprêtant à lancer avec la fronde la pierre qui devait abattre Goliath. Il fit d'abord un petit modèle en cire, qui se conserve à la ( 261 } maison l>uoiiarroli , puis il allaqua résolùmeiU le l)loc, et son ciseau créateur en fil sortir l'une des plus belles œuvres de l'art moderne. Le David fut placé en 1504 au lieu même qu'avait occupé la Judith de Donatello, devant le Palazzo Vecchio. Il vient d'être transporté, après avoir été reproduit en bronze, dans une cour de l'Académie des beaux- arts, où un vitrage le protège désormais contre les intempéries des saisons. (R) Album Michclangioksco clei discgni on'ginali riprodotti in fotoU- tografia; 1873. Stab. FotoUtografico cl calcografico , P. Smorti e O'^, Firenze. Folio oblong. Trente feuilles de dessins à la plume, au crayon noir et au crayon rouge. Ce sont des études anatomiques, des croquis de quelques-unes des figures, exécutées à la chapelle Sixtine, soit pour le jugement dernier soit pour la frise. Enfin quelques idées architecturales pour l'ensemble du tombeau de Jules II, pour ceux des Médicis et pour la coupole de Saint- Pierre à Rome. (C) La Bibliografia di Michelangelo Buonarroii e gli ijisisori délie sue opère , Firenze coi tipi di M, Cellini e. c. alla Galileiana. MDCCCLXXV. Ce volume de 350 pages, grand in-S"^ contient, outre la préface signée Luigi Passerini, un catalogue alphabétique des livres et autres écrits dans lesquels il est traité de la vie et des ouvrages de Michelange. Il occupe environ la moitié du volume. L'autre partie est la liste également alpha- bétique des graveurs qui ont reproduit des œuvres du grand artiste, accompagnée de la description de chaque gravure. (D) Le lettere di Michelangelo Buonarroii pubblicate coi ricordi ed conlratti arlislici , per cura di Gaelano Milanesi. In Firenze^ coi tipi dei successori. Le Monnier MDCCCLXXV. Cette publication, de 721 pages, est divisée en trois parties : les let- tres, les notes ou souvenirs (Ricordi) et les Contrats artistiques. Les lettres sont au nombre de 495, dont 341 adressées à des membres de la famille de l'artiste, à savoir : 45 à son père, depuis l'année 1497 jusqu'en 15^23; quatre-vingt-dix à ses trois frères : Buonarroto, Giovan Simone et Gismondo; elles vont jusqu'à l'année 1546; et à son neveu Lionardo, de 1540 à 1565, au nombre de 206. Le reste, 154 lettres, sont adressées à divers personnages parmi lesquels on distingue les papes Clé- ment VJI et Paul III; les ducs de Florence, Laurent et Côme de Médicis; le roi de France, François I"; les cardinaux Jules de Médicis, Bernard Dovisi, Rodoifo Pio di Carpi; les sculpteurs Donato Benti , et Benvenuto ( 26^2 ) Cellini; les peintres Sebasliano ciel Piombo el Georgio Vasari; Pielro Arelino, Tarchilecte Guliano de San Gallo et enfin Vittoria Colonna. Cette correspondance occupe 560 pages. Les éditeurs en ont emprunté les éléments d'abord aux publications antérieures. Ils ont recherché le reste dans les collections publiques ou privées qui en conservent les originaux. Les archives de la famille Buonarroli ont fourni 293 lettres. Le Musée britannique 165. Les autres ont été puisées à la Bibliothèque nationale de Florence, aux Archives de rÉiai et de la cathédrale de Santa Maria de' Fiori de la même ville. Le Musée de Berlin a donné une lettre importante et élendue adressée à Sébastien del Piombo. Les collec- tions parliculières d'Ashburnham d'Oltley, de Piuo et du chevalier Palagi ont aussi été mises à contribution. On est surpris de ne rencontrer dans ce recueil aucune pièce empruntée aux diverses collections et archives de la France. Il doit cependant y avoir dans ce pays plus d'un autographe de Michelange. Il existe , entre autres, au Musée de Lille , collection Wicar, un recueil de dessins accompagnés de notes manuscrites attribués par le premier possesseur à Michelange. Cette attribution, consignée dans le catalogue imprimé en 1856, a été contestée et définitivement reconnue inexacte à la suite des savantes et patientes recherches dont M. Benvignat, membre de la Société des sciences, de l'agriculture et des beaux-arts de Lille, a discuté les résul- tats dans un rapport inséré dans les Mémoires de ladite Compagnie ; nmis, indépendamment de cette collection, les autographes de l'immortel artiste florentin ne peuvent manquer absolument dans un pays qui compte tant de beaux musées, tant de riches bibliothèques et tant d'ama- teurs éclairés. Les notes et souvenirs [Vi.\covà\) embrassent les années 150o à 1563; ils sont rangés par ordre chronologique. Comme pour les lettres, la majeure partie provient des archives de la famille Buonarroti; un assez bon nombre est emprunté au Musée britannique, quelques pièces seulement aux Ar- chives de l'État à Florence. Ce n'est donc point précisément un registre tenu par Michelange; le classement appartient à l'éditeur qui, comme on le voit, a recueilli les notes partout où il a pu les trouver. Enfin les Contrats artistiques^ au nombre de 66, concernent des commandes faites à l'artiste ainsi que les conditions d'exécution de l'œuvre et le prix qui lui sera compté. Le premier en date est du 27 août 1498. Le cardinal de San Dionisio fait à Michelange la commande de la Pieta qui se voit à Saint-Pierre du Vatican, à Bome: « Un groupe en marbre, de grandeur naturelle, représentant la Vierge Marie velue, tenant sur ses genoux le corps de Jésus mort, » lit-on dans l'acte. Le prix ( 263 ) est fixé à 450 ducats d'or, et l'ouvrage doit être exécuté en un an. Grand nombre de ces contrats ont pour objet l'acquisilion des marbres dont l'artiste avait besoin pour ses travaux. Ils sont empruntés aux Archives du Vatican, de l'État à Florence, de plusieurs églises de la même ville, de la commune de Carrare, et de celles de Massa et de Sienne. Le Musée britannique a encore fourni sa part à cette division. (E) MiCHEL.VNGIOLO BuOXARROTl RICORDO AL POPOLO ITALIAXO. Ai Vap- presentanti che intervengono aile [este centeinarie del grande artista offre il Comitato. — Ix Firejize, GC. Saxsoni, editore 1875. Cette publication, destinée à raviver et à perpétuer chez le peuple italien le souvenir du grand homme, se compose de divers opuscules dus à la plume de plusieurs auteurs. Après l'avertissement de l'éditeur Sansoni, vient l'épigraphe dédicatoire signée Cesare Guasti, puis une notice de G. Milanesi sur les portraits de Michelange; la Vie de l'artiste par Luigi Venturi; deux appréciations du sculpteur, l'une par G.-E. Sal- tini, qui s'occupe exclusivement du David et du Moïse, et l'autre de G. Dupre, qui analyse les tombeaux des Médicis à San Lorenzo. Le peintre est jugé par G. Mongeri qui traite spécialement de la chapelle Sixtine, Les œuvres d'architecture du maître sont aussi examinées par des hommes compétents : l'architecte civil S.-G.-E. traite successivement de la bibliothèque des Médicis, de la sacristie de San Lorenzo, de la place et du palais du Capitole et de la basilique de Saint-Pierre. L'architecte militaire, le capitaine R.-P., étudie les fortifications de Florence à L'époque du siège de la Cité. Michelange poëte est l'objet d'une étude de L. Venturi. Enfin G. J. Gavallucci donne un guide pour visiter les œuvres de Mi- chelange dans la ville de Florence. Le volume est clos par quelques octaves de E. Frullani : Michelange au lit de mort de Vitloria Colonna. Enfin les dernières pages sont consacrées à reproduire les inscriptions du monument de la nouvelle place. (F) Le tableau principal du triptyque de Hugo Van der Gocs repré- sente l'Adoration des bergers; sur les deux volets sont les portraits de la famille de Portinari pour laquelle cette peinture a été exécutée. Jus- qu'à ces derniers temps, elle était restée dans le chœur de la chapelle de l'hôpital de Santa-Maria-Nova ; elle vient d'être transportée, après avoir été restaurée, dans un petit musée installé en face de l'hôpital. (G) Je dois signaler à l'attention des Belges qui visitent Florence un grand tableau de Sustermans, représentant le sénat de Florence qui prête ( 264 ) le serment de fidélité à Ferdinand II. Comme celte toile se trouve relé- guée, au Musée des Offices, dans la salle des Niobides, et qu'elle n'est pas fort bien éclairée, elle peut facilement échapper aux regards des visiteurs. — M. Ad. Siret, inscrit au programme de la séance pour la lecture de son rapport sur le mémoire de concours en réponse à la question : Faire l'histoire de la sculpture aux Pays-Bas pendant les XVII^ et XVI 11^ siècles, a pris place à son tour sur l'estrade, pour faire cette lecture (voir Bulletin, page 232). — La parole a ensuite été donnée à M. le secrétaire perpétuel pour proclamer les résultats des concours sui- vants . CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE. Sujets littéraires. La classe avait reçu un mémoire portant pour devise : La sculpture est l'image ou le miroir de l'univers, en réponse à la première question de la partie littéraire du programme. Cette question avait pour sujet : Faire l'his- toire de la sculpture en Belgique au XVIF et au XVIIF siècle. Conformément aux conclusions favorables des rapports des trois commissaires chargés d'examiner ce mémoire, la classe a décidé de lui décerner la médaille d'or de la valeur de mille francs. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme étant l'auteur de ce travail M. Edmond Marchal, secré- taire adjoint de l'Académie. ( 265 ) M. Edmond Marchai, présent à la séance, est venu recevoir sa médaille aux applaudissements de l'assemblée. Sujets d'art appliqué. La classe avait inscrit à son programme de concours de cette année qu^un prix de six cents francs serait accordé à la meilleure médaille exécutée par un artiste belge depuis le 7^** janvier 1872. Cinq métailles ont été envoyées pour ce concours : 1° Les victoires de l'Allemagne en 1870-1871 ; 2° La visite du czar Alexandre à Londres en 1874; 5^ L'alliance des républiques américaines du Sud pour la défense de Lima. — Ces trois pièces sont l'œuvre de M. Charles Wiener; 4° Le Roi est mort! vive le Roi! par M. Ed. Geerts; 5° L'inauguration du monument de Charlemagne, par M. Constantin Jehotte. La classe, conformément à l'avis unanime du jury chargé de juger ce concours, a voté le prix aux deux médailles de M. Charles Wiener : la visite du czar Alexandre à Lon- dres en 1874 et Valliance des républiques américaines du Sud pour la défense de Lima. — Le sujet suivant avait été donné pour le concours de sculpture de cette année : « On demande un bas - relief pour une frise placée à » 3 mètres d'élévation et ayant pour sujet V Horticulture D personnifiée. » Trois bas-reliefs ont été présentés à ce concours : Le n" 1 avait pour devise un triangle; ( 266 ) Le n° 2, les mots : Horticulture. — Pomone et son cor- tège. Et le n° 5, un trophée d'instruments horticoles. Le jury, après avoir examiné ces œuvres, a été d'avis que le n*" 2, s'il ne réunit pas les conditions nécessaires pour mériter le prix de 1,000 francs inscrit au programme, offre cependant assez de qualités pour qu'il y ait lieu d'ac- corder à l'auteur un prix d'encouragement consistant en une somme de 500 francs. Ce jugement a été ratifié par la classe. L'auteur du bas- relief, M. Julien Dillens, s'est fait connaître depuis et a accepté cette récompense. GRAND CONCOURS d'aRCHITECTURE DU GOUVERNEMENT. Conformément aux résolutions du jury chargé, au nom du gouvernement, de juger le grand concours d'architec- ture de cette année, M. J.-B. De Coster, d'Anvers, a été proclamé lauréat. Le 2^ prix a été décerné, en partage, à MM. Ernest Allard, de Bruxelles, et Octave Van Rysselrerghe , de Minderhout (Anvers). Le sujet du concours, auquel trois concurrents ont pris part, demandait les plans, coupe et élévation d'un conser- vatoire royal de musique et de déclamation pour les deux sexes (environ 500 élèves) en style classique ou dérivé du classique. MM. De Coster et Allard sont venus au bureau recevoir la récompense qu'ils ont remportée. ( 267 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 9 octobre 1875. M. A. Brialmont, directeur et président de rAcadémie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck, P.-J. Yan Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nysl, H. Gluge, Melsens,F. Duprez, G. Dewalque, Ern. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, E. Candèze, Cil. Montigny, Steichen , Éd. Dupont, Éd. Morren , Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Alb. Briart et F. Plateau , membres ; E. Catalan et Aug. Bellynck , associés ; J. De Tilly, F. Crépin, P.-L. Cornet et Ch. Van Bambeke , correspondants. CORRESPONDANCE. La classe apprend avec un bien vif sentiment de regrets la perte qu'elle a faite en la personne de l'un des plus anciens associés de la section des sciences mathématiques et physiques, M. Richard Van Rees, ancien professeur à l'Université d'Utrecht, décédé dans cette ville le 25 août dernier. M. le secrétaire perpétuel s'est empressé d'exprimer à ( 268 ) la famille du défunt les sentiments de condoléance de la compagnie. — M. le Ministre de l'intérieur adresse, pour la biblio- thèque de l'Académie, différents ouvrages qui seront men- tionnés dans le Bulletin de la séance. — Remercîments. — M. le D' Jules Morel, de Gand, avait invité la com- pagnie, au nom du comité d'organisation, à se faire représenter par des délégués à la fête qui a eu lieu à Delft, le 8 septembre 187o, pour célébrer le 200' anniversaire de la découverte des infusoires par Leeuwenhoek. Plusieurs membres se sont rendus à cette invitation. — M. le général-major Lemaire, directeur du dépôt de la guerre, écrit que l'intérêt que l'Académie a toujours porté aux travaux scientifiques du dépôt de la guerre l'engage à lui communiquer un résumé des déterminations acquises, tel qu'il a été adressé à la commission perma- nente de l'Association géodésique internationale. « J'ai donc l'honneur, ajoute-t-il, de vous transmettre le rap- port fait dans la séance du 22 septembre, à Paris, et je l'accompagne du procédé que nous mettons en pratique pour la compensation du réseau par la méthode de Bessel et Baeyer, avec prière de bien vouloir le présenter à la classe des sciences dont l'opinion pourrait nous encou- rager dans la rude tâche entreprise par l'établissement sous ma direction. La classe désigne MM. Liagre, Ern. Quetelet et F. Folie pour l'examen de ce travail. — La Société hollandaise des sciences à Harlem com- munique un exemplaire de son programme de concours pour 1875. ( 269 ) — Les nouvelles Sociétés de zoologie de Rotlerdam et des sciences naturelles de Pise envoient les premiers fas- cicules de leurs publications et demandent l'échange. Renvoi à la commission administrative. — Les établissements scientifiques suivants adressent leurs récents travaux : La Société des sciences de Harlem, l'Université de Leyde, l'Institut philologique et ethnographique des Indes néer- landaises, à La Haye, la Société des arts et des sciences d'Utrecht, l'Académie de Stanislas, à Nancy, la Société d'Émulation de Cambrai, l'Institut royal géodésique de Berlin, la Société de géographie de Dresde, celles des sciences de Hambourg, des sciences d'Iéna, l'Observatoire de Prague, l'Institut géologique et la Société anthropolo- gique de Vienne, l'Académie des sciences de St-Péters- bourg et la Société de géographie, les Sociétés des sciences de Dorpat et de Moscou, l'Académie des sciences de Copenhague, l'Université d'Upsal, la Société des sciences naturelles de Boston, l'Office géologique et l'Observatoire naval de Washington, l'Académie des sciences de Madison, l'Office météorologique du Canada et la Société des sciences naturelles de Mexico. La Société des sciences de Middelbourg, l'Université de Kiel, celles des sciences de Danzig et de géographie de Stuttgart accusent en même temps réception du dernier envoi des publications académiques. — Le congrès scientifique de France annonce que l'ouverture de sa XLP session aura lieu à Périgueux en novembre 1875. — M. Van Rysselberghe adresse à la classe plusieurs ( 270 ) exemplaires d'un diagramme obtenu à Ostende à Taide de son météorographe enregistreur. — M. C. Rodenbach, à Gand, demande à pouvoir ren- trer en possession du manuscrit de son mémoire : VÉtalon prototype universel des mesures de longueur de Vantiquité, dont le dépôt a été. ordonné aux archives sur les conclu- sions des rapports des commissaires. M. le secrétaire perpétuel a répondu que ce manuscrit est devenu la propriété de l'Académie, mais que l'auteur peut en faire prendre copie à ses frais. — M. J. Cavalier envoie son résumé météorologique pour Ostende, pendant le mois d'août 1875. — La classe reçoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments : Opuscules de botanique^ par M. B.-C. Du Mortier, vol. in-8"; Hepaticœ Europœ, par le même, vol. in-8°; Sur la grande Balénoptère du Nord [Balaenoptera Sibbaldiï), par M. P.-J. Van Beneden, br. in-8% Sur les asymptotes des courbes algébriques, par M. E. Catalan, br. in-S"; Note sur les nombres de Bernoullij par le même, br. in-4°; Swr la constante d'Euler et la fonction de Binet^ id., br. in-4°; Considérations sur la production et V emploi de l'air com- primé dans les travaux d'exploitation des mines, par M. F.-L. Cornet, br. in-8°; Théorie analytique élémentaire du planimètre Amsler, par M. G. -A. Hirn, br. gr. in-8". ' M. le capitaine d'état-major Hennequin fait hommage d'une Carte géologique de l'Europe à l'échelle du 8,000,000% carte établie pour faciliter l'étude de la géologie en général, et accompagnée d'une note explicative. Des remercîments sont votés à l'auteur. ( 271 ) — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : i° Sur le calcul numérique [Fragment III), par M. J.-C. Houzeau. — Commissaires : MM. Folie, Catalan et Liagre; 2" Recherches sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique j par M. F. Plateau. — Commissaires : MM. Sclnvann et Éd. Van Beneden; 5° : a, Études sur la planète Mars (8^ notice); b, Sur r aspect de l'ombre du 21^ satellite de Jupiter, le 25 mars i874, par M. F. Terby. — Commissaires : MM. Quetelet et Liagre ; 4° Recherches sur la structure de Vépiderme des cyclo- stomes , par Alexandre Fœttinger. — Commissaires : MM. Van Bambeke et Schwann; 5° Sur l'étage dévonien des Psa^nmites du Condroz dans le bassin de Theux, dans le bassin Septentrional et dans le Boulonnais, par M. Michel Mourlon. — Commis- saires : MM. Dewalque, de Koninck et Dupont; 6*^ Orages du 15 septembre ^874 au 15 septembre 4875 , qui ont éclaté à Liège et sur la province , par M. D. Leclercq. — Commissaires : MM. Quetelet, Montigny et Duprez. — M. P.-J. Van Beneden annonce qu'il s'est rendu à Delft, où il a rencontré M. Félix Plateau, pour assister aux fêtes du 200^ anniversaire de la découverte des infu- soires par Leeuwenhoek. Une réception des plus flatteuses a été faite aux délégués. M. Harting a prononcé un dis- cours sur Leeuwenhoek, discours dont la substance a été en grande partie puisée dans les nombreuses lettres de ce savant à la Société royale de Londres. ( 272 ) RAPPORTS. Sur les propriétés de la surface de contact d\in solide et d'un liquide. — Rectification d'un passage de ma Note précédente; par M. G. Van der Mensbrugghe. Mtappot't de M. «F. Flateaw» G Dans sa Note précédente, l'auteur avait considéré ceux des coefficients constants de la formule qu'il discutait qui se rapportent à la surface commune d'un solide et d'un liquide, comme représentant toujours une force con- tractile ou tension; or un examen plus attentif l'a conduit aujourd'hui à reconnaître que cela n'est pas exact d'une manière générale : dans la Note actuelle, il déduit d'une formule de Gauss la conclusion que la force dont il s'agit est, suivant les relations entre les actions moléculaires, tantôt contractile et tantôt extensive; dans ce dernier cas, elle tend à étaler le liquide sur la portion libre de la sur- face du solide. La classe n'hésitera pas, je pense, à ordonner l'inser- tion de cette Note additionnelle dans le Bulletin. » Conformément à ces conclusions auxquelles a souscrit M. F. Duprez, second commissaire, la classe a décidé l'im- pression au Bulletin de la note précitée. ( 273 ) Diagnoscs de Cucurbitacées nouvelles et observations sur les espèces critiques; par M. Alfred Cogniaux. M9euac4èu»e rapport de MM, Éldottat*d Morren. « A la suite de mon rapport du 5 juin, dont l'Académie a bien voulu adopter les conclusions, M. Alfred Cogniaux a demandé l'autorisation de reprendre son mémoire, auto- risation qui lui a été accordée dans la séance du 3 juillet. L'auteur l'a représenté à l'Académie qui, dans la séance du 7 août, l'a de nouveau soumis à mon examen. M. Cogniaux a remplacé quatre pages de son premier manuscrit par douze pages nouvelles : profitant des obser- vations que j'avais faites il a remanié et complété son tra- vail ; il a caractérisé les genres qu'il propose en termes expli- cites et sous la forme scientifique que j'avais demandée ; il les a comparés entre eux et il a discuté leur valeur ; il a élagué quelques passages inutiles, en un mot, il a donné à son travail tout ce qui, à mes yeux, lui manquait d'abord. J'aurais donc bien mauvaise grâce de ne point louer le nouveau travail de M. Cogniaux et je le ferais sans réserve, s'il ne s'y trouvait pas un passage de deux lignes dont je prie l'Académie d'exiger la suppression (page 45), et sous cette condition je n'hésite pas à proposer l'impression dans les Mémoires in-8°. » Mteuaciènte fappo»*t de Jfi. A. Beïtynch. « Nous avons examiné les modifications apportées par M. Cogniaux à ses Diagnoses de Cucurbitacées nouvelles,... et nous croyons qu'elles sont de nature à satisfaire toutes les exigences. Nous nous empressons donc de voter de nouveau l'impression du susdit travail. » â""^ SÉRIE, TOME XL. 18 ( 274 ) Deuaciètne t'appoft fie .W. JFf. Cè'épin. « Nous partageons entièrement l'opinion de notre sa- vant confrère M. Bellynck sur le travail deM.Cogniaux et, comme lui, nous nous empressons de voter de nouveau l'impression de ce travail. » La classe vote, conformément aux conclusions de ces rapports, l'impression de ce travail dans le recueil des Mé- moires in-8^ — MM. Ch. Montigny et Ern. Quetelet, chargés d'exa- miner une note de M. Waltier, intitulée : Théorie nouvelle pour l'étude de la nature, en proposent le dépôt aux archives. — Adopté. — Une décision semblable est prise à l'égard d'une note de M. Codron, relative à un nouveau système aérosta- tique. M. Ch. Montigny avait été chargé d'examiner cette communication. Projet de publication d^une nouvelle carte géologique de la Belgique, proposition faite par M. Dewalque dans la séance du 5 juin 1875. Rapport de Mt. WfettaMqwe» seconde édition ! Le respect qui entoure la mémoire du j> grand géologue empêchera, je l'espère, une pareille pu- » blication. » Il n'y a en réalité dans ces modifications à apporter à la légende qu'un changement ou mieux une addition de mots, un allongement ou une diminution d'accolades. Placer a côté l'une de l'autre la légende de Dumont qui exprime les relations précises des terrains belges et leur localité typique, et une légende indiquant le raccordement de ces terrains à la série classique, me paraît au contraire un complément très-avantageux qui ne dénature en rien l'œuvre du grand géologue et ne fait que lui rendre son opportunité. Ce serait bien étrangement comprendre le respect dû à ces admirables travaux que de les supprimer par crainte de leur donner le complément qu'ils devaient, par leur nature même, inévitablement recevoir. Voici donc quels ont été les effets de 25 ans sur la carte de Dumont : Elle reste l'une des cartes les plus détaillées de l'Eu- rope; Les contours des terrains y sont reconnus extrêmement précis ; Quelques changements, faciles à introduire, doivent être apportés dans les relations stratigraphiques des terrains; La légende peut être en partie complétée par l'adjonc- ( 304 ) tion (les synonymes étrangers aux noms locaux des étages. Est-il beaucoup de travaux d'une pareille étendue et d'une si grande complexité, qui puissent, après 25 ans, espérer pareille sanction ? Et ces constatations n'augmen- tent-elles pas encore notre admiration pour cette grande œuvre qu'il s'agirait de faire disparaître ? Que manque-t-il de réellement important à cette carte? C'est son texte descriptif commencé par Dumont, pour la confection duquel il a réuni de grandes collections et laissé de nombreuses notes. Le traité de géologie de la Belgique de M. d'Omalius, qui eut en 15 ans trois éditions, le Prodrome d'une des- cription géologique de la Belgique de M. Dewalque, l'ar- ticle étendu publié par M. Mourlon dans Patria belgica, n'ont pu, malgré leur mérite, y suppléer. Des provinces entières, les deux Flandres notamment, n'ont pas encore été décrites. Plusieurs étages importants nous sont encore presque inconnus. Les travaux de M. Gosselet que je viens d'avoir l'hon- neur de vous rappeler, donnent à cet auteur une autorité particulière pour juger l'œuvre de Dumont. Voici la con- clusion d'une communication qu'il flt à la Société géolo- gique de France en 1860, en lui présentant son mémoire sur les terrains, primaires de la Belgique (Bull, de cette Société, 2^ sér. t. XVIIl, p. 54) : « La carte de Dumont, » on ne saurait trop le dire, est vraiment admirable par D ses détails et sa précision, mais il est à désirer que le » gouvernement belge la fasse compléter par un texte » explicatif avec coupes, etc., pour qu'elle devienne par- )) faitement intelligible et qu'elle acquière tout le prix j> qu'elle mérite. » ( 305 ) Combien ne devons-nous pas déplorer que ce texte des- criptif ne soit pas encore exécuté, quand tout semblait réuni pour en dicter impérieusement le devoir et pour en faciliter l'achèvement. Si nous abordons Texamen de l'échelle de la carte de Dumont, nous remarquerons qu'elle a son utilité incon- testable, et que si l'on supprimait cette carte, soit à cause de cette échelle, soit pour les motifs que l'honorable M. Défalque vient de faire valoir, il faudrait en exécuter une autre sur une échelle analogue. En effet les cartes du Dépôt de la guerre au 7^0,000 et au 720,000 ont respective- ment 72 et 456 feuilles et s'étalent sur une surface telle qu'on ne pourrait par leur moyen, sauf le cas d'une con- struction spéciale, envisager dans son ensemble la géologie du pays. Cette circonstance exige la confection d'une carte dont l'échelle permet l'étalage sur les murs des apparte- ments ordinaires. Pourquoi dès lors supprimer la carte de Dumont qui, par son échelle seule, sera toujours né- cessaire ? Au surplus, quelle est la signification réelle des avis donnés par les géologues éminents que M. Dewalque a consultés. Elle consiste en ceci : Si le gouvernement belge fait procéder à un nouveau levé géologique de notre pays, il est indispensable de faire choix d'une très-grande échelle, afin d'y indiquer les nombreuses divisions et les accidents stratigraphiques qu'on ne peut renseigner sur l'échelle du 7i6o,ooo. Cet avis me paraît d'une justesse évidente et incontes- table. Si une nouvelle carte géologique était exécutée, elle devrait l'être à l'échelle du ^20,000, mais le plus simple raisonnement nous dit que nous ne pouvons en reste 2"' SÉRIE , TOME XL. 20 ( 506 ) dépourvus jusqu'à rachèvement d'une aussi grande entre- prise. On pourrait faire l'objection que si la carte au 7ico,ooo qui, dans l'esprit de l'arrêté de 1856, est destinée autant à favoriser l'industrie que la science, a été et est encore très- utile pour les recherches industrielles, elle est absolument insuffisante pour guider l'exploitation, que la géologie ap- pliquée réclame des caries à grande échelle et qu'elle ne doit pas être sacrifiée à la géologie théorique. L'objection serait fondée et le gouvernement l'a compris dès 18o2, alors qu'il décrétait l'exécution de la Carte générale des mines. Le Département des travaux publics fait relever, de 100 mètres en 100 mètres, dans toute l'étendue de notre terrain houiller,des coupes verticales qui, raccordées entre elles sur un plan à 156 mètres au-dessous du niveau de la mer, donneront une carte houillère d'une exactitude aussi grande que les exploitants peuvent la désirer. L'échelle de la Carte générale des mines est non pas le V'iojooo ni le 7^0,000, mais le 7^,000; c'est-à-dire le double de celle dont M. Ramsay se sert pour les districts miniers du pays de Galles. M. l'inspecteur général Jochams a eu l'obligeance de me remettre les renseignements suivants sur le degré d'avancement de cette énorme entreprise que dirige M. l'ingénieur en chef Van Scherpenzeel-Thim. Le levé du bassin de Liège est à peu près terminé ; on en attend la carte manuscrite en 1876. Le levé des coupes de 100 mètres en 100 mètres est en cours d'exécution dans les bassins du Borinage et de Charleroi.Dansle bassin du Centre, on a levé les plans de surface, mais les coupes verticales ne le sont pas encore. Le bassin de Namur n'est pas commencé. ( 507 ) Le titre de ce grand travail indique assez que ces levés doivent s'étendre à nos gîtes métallifères. Sur ce point, le gouvernement a donc pourvu à ce qui était nécessaire. En résumé, je suis depuis longtemps convaincu, de même que l'honorable M. Devvalque, qu'il serait à désirer qu'une carte géologique à grande échelle fût exécutée. Mais les cartes de Dumont étant entièrement épuisées depuis plusieurs années, ses notes n'étant pas publiées et la description complète de notre sol n'existant pas, je ne puis me rallier à une proposition qui consiste à supprimer complètement les cartes de Dumont comme surannées et à commencer le levé d'une carte détaillée à l'échelle du 7*0,000 ou du 720,000. La première partie de cette propo- sition repose, comme je viens de le démontrer, sur une appréciation inexacte, le monument élevé à la science par Dumont ayant conservé toute son éminente valeur. La seconde partie causerait un détriment considérable à la géologie belge, si les cartes de Dumont n'étaient pas re- mises au préalable et le plus tôt possible entre les mains des géologues, car à en juger d'après toutes les analogies que nous possédons, l'achèvement de cette carte détaillée réclamera au minimum 20 à oO ans. Dans ces conditions, je me demande si le devoir de l'Académie n'est pas d'insister auprès de M. le Ministre de l'intérieur pour qu'il soit pourvu avant tout à l'exécution de nouvelles éditions des cartes de Dumont et à la publi- cation du texte descriptif qui devait, dans l'esprit de leur illustre auteur et suivant le vœu de tous les géologues, couronner cette grande œuvre scientifique. ( 508 ) Kappoft de MM. Bt'iat't. La question qui nous est soumise est d'une importance majeure, que mes deux honorables collègues ont parfaite- ment comprise et qu'ils ont fait ressortir dans les deux rapports dont vous avez entendu la lecture. Il faut néces- sairement une carte géologique à la Belgique, une carte que chacun puisse se procurer quand il le désire et sans devoir attendre que le hasard lui en fournisse l'occasion. Depuis quelques années les cartes de Dumont ne se trouvent plus dans le commerce, et ce fait, peut-être unique en son genre, pourrait porter un très-grave pré- judice à la géologie belge. Les cartes de Dumont, lorsqu'elles parurent en 1853, ont placé notre pays à la tête du progrès. L'éclatant succès qu'elles obtinrent àl'Exposition de 18oo, fut un stimulant pour les autres nations, qui se sont empressées d'activer la construction de cartes semblables pour elles-mêmes. Chez nous, au contraire, tout est resté dans le même état, comme si, de prime abord, on avait atteint la perfection. C'est la suite ordinaire des grands succès. Nous nous trouvons actuellement devancés par nos voi- sins. Rien ne se fait ici ou presque rien, tandis que dans la plupart des autres contrées de l'Europe une espèce d'agi- tation se manifeste, des commissions sont nommées, des levés géologiques se font avec la plus grande activité, et bientôt seront complétées des cartes en rapport avec les progrès de la science, et, généralement, beaucoup plus détaillées que ne l'étaient celles de Dumont. Mes deux honorables collègues de la commission recon- naissent l'impérieuse nécessité de faire cesser, pour la Bel- ( 309 ) gique, un élat Je choses aussi préjudiciable aux intérêts de la science géologique; mais quant aux moyens à employer pour atteindre le but, ils arrivent à des conclusions diffé- rentes, en se basant sur des arguments que je vais essayer de rencontrer. M. Dewalque s'étend longuement sur la nécessité de dresser une carte géologique de notre pays, nouvelle et en rapport avec les progrès que la science a faits depuis la mort de Dumont. Il demande de plus que cette carte soit faite à une échelle beaucoup plus grande, qui permette de la détailler davantage et d'atteindre à un plus haut degré de précision. Il ne me paraît pas nécessaire de revenir ici sur les ar- guments présentés par notre honorable collègue. Ces argu- ments reposent principalement sur l'exemple des pays étrangers qui tous font dresser leurs cartes géologiques à des échelles beaucoup plus grandes que l'échelle de Du- mont, et sur des exemples tirés de notre pays même, où différents auteurs n'ont pu donner des détails assez cir- stanciés sur la géologie de certains points intéressants qu'en adoptant une plus grande échelle. Il s'appuie égale- ment sur l'avis des savants géologues chargés de dresser les cartes géologiques de l'empire d'Autriche, des îles Bri- tanniques, de l'Allemagne, etc., qui tous s'accordent à re- connaître que la carte de Dumont a été dressée à une échelle trop restreinte, et conseillent vivement, dans le cas d'une nouvelle carte, d'adopter le '/^o.ooo ou même le */20,000. M. Dupont, de son côté, tout en admettant en principe la grande utilité d'une carte à grande échelle, n'en reconnaît pas la nécessité immédiate. Il reconnaît à la carte de Dumont autant de précision et d'exactitude que les besoins ( 510 ) tJu moment peuvent le l'aire désirer, et il conclut en en demandant une nouvelle édition, revue, corrigée et aug- mentée, mise, en un mot, à la hauteur des progrès que la science à réalisés depuis son apparition en 1835. Je désirerais, Messieurs, remplir ici un rôle de concilia- tion, rôle que l'Académie attend peut-être du troisième commissaire qu'elle a nommé pour examiner cette impor- tante question, entre deux opinions qui paraissent si op- posées, mais qui , je pense, sont plus près d'être d'accord qu'on ne le pourrait croire à première vue. Il y a peut-être un peu de présomption de ma part à émettre un tel avis, surtout à espérer d'arriver à un moyen terme qui rallie toutes les opinions; mais il m'a paru que la chose était loin d'être impossible , que surtout elle était on ne peut |)lus désirable, et que le moyen le plus simple et en même temps le plus sûr pour y arriver, était de rejeter du débat tout ce qui y est étranger, tout ce qui n'aurait pas du y entrer. Je veux parler ici de la question du texte descriptif de la carte de Dumont, que notre savant confrère, M. Dupont, regrette beaucoup de ne pas avoir vu publier. Je regrette beaucoup, de mon côté, que cette question ait été soulevée, et je ne m'y arrêterai que pour émettre l'avis suivant : si cette publication avait eu lieu, si ce texte descriptif avait paru, de deux choses l'une, ou il eût été le reflet exact, la description fidèle de la carte de Dumont, et dans ce cas il n'aurait tenu aucun compte des progrès que la géologie de la Belgique a réalisés depuis la mort de cet illustre géologue, ou bien il eût tenu compte de ces progrès, et il serait l'argument le plus péremptoire en faveur de la réforme de là carte de Dumont, ou plutôt de la confection d'une nouvelle carte géologique. ( 3H ) Pas plus que mes deux savants confrères, je ne veux amoindrir en rien Toeuvre monumentale de notre grand géologue, mais je ne puis non plus admettre que ce soit manquer de respect à cette œuvre, ni vouloir Ja supprimer, que de proposer la confection d'une nouvelle carte, plus grande, plus détaillée, et avec les modifications que la force même des choses est venue imposer. La géologie est une science naturelle, par conséquent éminemment perfectible. Les naturalistes les plus éminents ont laissé des œuvres que le temps a modifiées, et j'ai souvent entendu déplorer le trop de respect que l'on portait à ces œuvres, respect qui, par son exagération même, finissait par entraver les progrès ultérieurs de la science. Il y a lieu de se demander ici en quoi consiste Tœuvre deDumont. Je ne veux pas revenir sur le plan conçu par lui, plan qu'a très-bien développé, du reste, l'honorable M. Dupont; mais je dois me demander si l'œuvre de Du- mont consiste dans le format de ses cartes, si cette œuvre serait atteinte davantage^sijjg)^ Bîtes' à une plus grande ( 512 ) de présenter celte œuvre comme l'œuvre de Dumont; on ne peut pas dire que celte œuvre n'est pas dénaturée, et s'il y a suppression, il y a suppression dans un cas comme dans l'autre. Du reste, cette expression de supprimer l'œuvre de Dumont est tout à fait impropre; l'œuvre de Dumont ne peut pas se supprimer. A-t-on supprimé l'œuvre des Linnée, des Jussieux, des Cuvier, parce que des naturalistes venus après eux, profitant des progrès de la science auxquels ils avaient eux-mêmes contribué, ont modifié les systèmes de ces illustres auteurs, changé leurs nomenclatures et leurs classifications et établi de nouvelles subdivisions? Je ne le pense pas et personne ne pourrait le prétendre. Quel que soit donc le projet auquel on s'arrête , l'œuvre de notre grand géologue restera ce qu'elle est, ce qu'elle a toujours été, un monument impérissable, un sujet d'étonnement et d'admiration pour tous ceux qui s'occupent de semblables travaux; en un mot, l'entreprise géologique la plus colos- sale qu'il art été aon..^ v --»-. j^oaune^eul de tenter. Il y a donc lieu, selon moi, délaisser ae c6t4 toutes ces considérations et de rechercher les moyens de pourvoir aux nécessités du moment. Deux propositions sont en présence : L'une consistant à demander la confection d'une nou- velle carte à une grande échelle (740,000) en y introduisant les modifications réclamées par les progrès que la science a faits depuis la mort de Dumont; l'autre à conserver le format de la carte de Dumont, mais en y introduisant les mêmes modifications, probablement en faisant subir aux pierres qui ont servi à l'impression des premières caries, les changements demandés. Il semblerait résulter de cette dernière proposition, si ( 515 ) toutefois j'en ai bien saisi le sens, que ces pierres peuvent encore servir et qu'elles ne sont pas aussi fatiguées qu'on le croit. Nous y reviendrons plus loin. L'objection principale, et selon moi la plus sérieuse qui soit fiiite à la proposition de iM. Dewalque, est celle-ci : le levé d'une carte à grande échelle exigera un temps très- long, que M. Dupont estime au minimum à 20 ou 30 ans. 11 me semble que notre honorable collègue exagère beaucoup ce qui reste à faire. 11 faut remarquer en effet que tout ici n'est pas à recommencer, et qu'une très-grande partie du travail est faite. Dumont lui-même s'est servi, pour les études nécessaires à ses tracés géologiques, des cartes à grande échelle. On possède même une carte au 720,000 coloriée géologiquement d'après ces études. D'au- tres géologues venus après lui ont suivi la même voie , et l'on peut dire que, dans la plupart des cas, il suffirait d'un travail de révision , de complément, de modifications de détails, et que dans peu de temps on pourrait mettre la main à l'œuvre et commencer l'impression. Mais enfin ce travail demandera du temps, et bien que la carte au 7*0,000 du dépôt de la guerre, dont on propose de se servir, soit fort avancée, carte tout à fait convenable pour un semblable travail, on doit reconnaître qu'il s'écou- lera encore quelques années avant de voir paraître les pre- mières feuilles, et pendant ce temps la Belgique resterait sans carte géologique, ce qu'il faut éviter à tout prix. L'honorable M. Dupont croit trouver la solution de la question dans une nouvelle édition des anciennes cartes de Dumont auxquelles on ferait subir les modifications nécessaires. Cela pourrait se faire, dit-il, très-facilement. L'énumération qu'il fait des principales modifications, énumération très- longue, comme on l'a pu voir, prouve déjà, selon moi, que la chose ne sera pas aussi facile ni ( 314 ) aussi simple qu'ifle pense, el qu'elle exigera, de son côté, un temps plus ou moins long. Quant à la prétention d'opé- rer tous ces changements et de modifier entièrement la légende sans dénaturer l'œuvre primitive, c'est, je le ré- pète, une illusion que nous devons laisser de côté. On se servirait, comme je le pense, pour la réalisation du projet de M. Dupont, des pierres qui ont servi à la pre- mière édition des cartes. Je ne suis pas assez compétent pour juger si ces nombreux changements n'auront pas pour résultat de les détériorer plus qu'elles ne le sont déjà; mais il me semble que la chose a assez d'importance par elle-même pour n'élre tentée qu'après un sérieux examen. Quoi qu'il en soit, il paraîtrait que ces pierres ne sont pas tout à fait hors d'usage. C'est ce que je tiens à con- stater et c'est ce qui fait la base d'une proposition que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie. Je demanderai à ce qu'il soit fait, non une nouvelle édi- tion des cartes de Dumont, revue et corrigée, mais un nou- veau tirage, pur et simple , qui respecte le tracé graphique aussi bien que la légende. Nous aurons de cette manière, il est vrai, les cartes telles que nous les a laissées notre illustre compatriote, sans les modifications réclamées par les progrès que la science a faits depuis sa mort, mais cet inconvénient me semble peu grave en présence de l'avan- tage incontestable de les avoir immédiatement. Il est, du reste, peu de personnes, parmi celles qui s'occupent sérieu- sement de la géologie de notre pays, qui ne soient au cou- rant de la plupart des modifications réclamées, au moins de celles que le monde savant admet généralement et qui ne sont plus contestées. Ces personnes pourront facilement suppléer à ce que la carte ne leur dira pas, en attendant mieux, c'est-à-dire, en attendant des cartes nouvelles. Quelque chose a déjà été fait dans ce sens, ainsi que (515 ) nous l'apprend M. Dupont. L'autorisation a été donnée de procédera un nouveau tirage de la petite carte au 7«oo,ooo de la Belgique et des contrées voisines. C'est déjà un grand pas de fait, mais l'Académie jugera, sans doute, que ce n'est pas suffisant, et qu'un nouveau tirage des grandes cartes ne serait pas de trop, surtout en présence du peu de frais que la mesure entraînerait. Malheureusement, il peut se faire, contrairement aux espérances que l'on nous donne, que les pierres ne puis- sent plus servir. On se trouverait, dans ce cas, en présence de la nécessité d'une nouvelle gravure, et la question de l'échelle à adopter se poserait de nouveau devant nous. La mesure que je viens de proposer n'est, du reste, qu'une mesure purement transitoire; elle na qu'un but, celui de combler une lacune. Dans ce cas comme dans l'autre, que la tentative réussisse ou ne réussisse pas, je n'hésite pas à recommander l'étude et l'exécution de nou- velles cartes à l'échelle du ^/4o,ooo, échelle qui réunit, selon moi, toutes les conditions désirables pour arriver à un ex- cellent résultat et satisfaire à tous les besoins. Je suis heureux de me trouver d'accord en ce point, au moins quant à la question de principe , avec mes deux ho- norables collègues. L'adoption de la grande échelle fait le fond de la proposition de M. Dewalque. Quant à M. Dupont, bien qu'arrivant à des conclusions différentes, il est loin de révoquer en doute ce qu'une carte détaillée aurait d'avantageux pour notre pays. « Je suis depuis longtemps convaincu, dit-il, de même » que M. Dewalque, qu'il serait à désirer qu'une carte géo- » logique à grande échelle fût exécutée. » Tl dit encore plus haut : « Cette carte détaillée serait )) incontestablement des plus importantes, tant pour la » science que pour ses applications. » ( 316 ) Dès le commencement de son rapport il émet une asser- tion dont la gravité n'échappera à personne: « Cette ques- » tion a déjà fait, depuis deux ans, dit-il , l'objet d'un » examen sérieux en d'autres lieux , et le gouvernement » y a donné récemment un commencement de solution. » J'ignore si notre savant confrère entend ici faire allu- sion au nouveau tirage auquel il vient d'être procédé, de la carte au 7800,000 de la Belgique et des contrées voisines, ou bien s'il s'agit d'une carte détaillée dont la proposition a été faite dès 1872; mais, dans tous les cas, il semble- rait en résulter que, si la première carte de Dumont a été exécutée sous les auspices et sous le contrôle de l'Aca- démie, le gouvernement n'en^nd plus, contrairement au vœu exprimé par M. Dewalque, conserver à ce corps savant cette haute prérogative. Je désire ardemment me tromper, et je ne doute nullement que des explications ultérieures ne viennent éclaircir la situation. Je conclus, Messieurs, en proposant à l'Académie de prier M. le Ministre de l'intérieur : 1" De faire procéder, dans le plus bref délai possible, à un nouveau tirage des deux cartes géologiques de la Bel- gique dressées par Dumont et connues sous le nom de : Carte du sol et Carte du sous-sol; S'' De faire commencer immédiatement l'étude d'une nouvelle carte géologique à l'échelle de 7^0,000. La classe remet à la séance prochaine la décision à prendre au sujet des trois rapports précédents. (517) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Observations présentées par M. Liagre, membre de l'Académie. En rendant compte, dans le Bulletin du mois de mai dernier, de la présentation faite par M. le professeur Van Rysselberghe de son appareil enregistreur universel, je signalais particulièrement les résultats fournis par le ma- réegraphe installé à Ostende, et je terminais ma commu- nication par ces mots : « La possibilité d'enregistrer à distance est donc un » fait acquis, et c'est à M. Van Rysselberghe que revient » le mérite d'avoir le premier résolu pratiquement cet ï> important problème. » Notre savant confrère, M. Glœsener, a présenté une réclamation à ce sujet dans le Bulletin du mois de juillet. « Dans l'intérêt de la vérité, comme dans celui de la justice » à rendre aux travaux antérieurs à ceux de M. Van Ryssel- » berghe, il se voit forcé, dit-il, de faire toutes ses réserves » au sujet de la fin de ma communication, et il réclame l'in- » sertion de ces réserves dans le Bulletin de nos séances. » Malgré le vague de l'expression , cette phrase ne peut avoir qu'un seul sens : celui de contester à M. Van Ryssel- berghe le mérite que je lui attribuais d'avoir le premier résolu pratiquement le problème de V enregistrement des observations à distance. Je suis donc fondé à demander à notre confrère, dont l'autorité en cette matière est si grande, qu'il veuille bien sortir d'une réserve dont la ( 318 ) jalousie pourrait s'armer pour chercher à amoindrir le mérite du jeune professeur d'Ostende, peut-être même pour l'accuser de plagiat. Il consentira, je l'espère, à citer les noms des savants qui, antérieurement à M. Van Rys- selberghe, avaient résolu pratiquement le problème de V enregistrement à distance; il indiquera les appareils qu'ils ont employés à cet effet; il signalera enfin les résultats qu'ils ont obtenus. Tout cela doit être d'autant plus facile à notre savant confrère, que les travaux antérieurs dont il parle ne peu- vent être que fort récents. En effet, dans le rapport très- favorable qu'il a lu à l'Académie dans la séance du 2 août J875, il mentionne « le moyen proposé par M. Van Rys- » selberghe pour enregistrer les indications fournies par » des instruments placés à une grande distance de » l'enregistreur. » C'était alors le moment de faire toutes ses réserves , s'il y avait lieu; M. Glœsener n'en a formulé aucune. Son opinion a donc subi un changement depuis cette époque; et l'Académie qui avait, conformément aux conclusions de son rapporteur, encouragé par ses suffrages le travail de M. Van Rysselberghe, a le droit de connaître aujourd'hui le motif de ce changement. On s'étonnera sans doute, après avoir lu la réclamation de M. Glœsener, qu'aucun des savants qui, d'après lui, auraient déjà résolu pratiquement le problème de l'enre- gistrement à distance, n'ait jugé à propos d'exposer son appareil et d'en envoyer les résultats au congrès interna- tional des sciences géographiques, tenu dernièrement à Paris. Les météorologistes de tous les pays y ont examiné, avec lieaucoup de curiosité et d'intérêt, Tenregistreur universel de M. Van Rysselberghe, et aucun d'entre eux n'a soulevé la moindre question de priorité. Aussi le jury ( 319 ) des récompenses a-t-il accordé, à runanimité, à M. Van Rysselberghe la plus haute distinction dont ii pouvait dis- poser: il lui a décerné la lettre de distinction, qu'il avait réservée aux institutions officielles, ou aux collectivités ayant exposé des travaux hors ligne; et parmi tous les exposants, M. de Quatrefages est la seule individualité qui ait partagé cet honneur avec M. Van Rysselberghe. En présence d'un pareil résultat, il faut autre chose que de vagues réserves, pour enlever à notre compatriote le mérite de son invention. Étoiles filantes. — Les perséides en 1875. Observations faites à rObservatoire royal de Bruxelles; communi- quées par M. Ern. Quetelet, membre de l'Académie. L'apparition périodique des étoiles filantes du mois d'août 1875 a pu être observée à Bruxelles dans des con- ditions assez favorables. L'observation de ce phénomène a été faite pendant les soirées du 9, du 10 et du 11 août sur la terrasse de l'Ob- servatoire. Les observateurs étaient le 9 août : MM. Ern. Quetelet, L. Estourgieset A. Lancaster; le 10, MM. Ern. Quetelet, C. Hooreman et L. Eslourgies; le M, MM. C. Hooreman et A. Lancaster. Le 9 août, le ciel étant en partie couvert de cirrhus et de cirro-cumulus, l'observation n'a duré qu'une heure (de lO*" 50"' à IT' 30"") pendant laquelle 16 météores ont été aperçus répartis comme suit : o de la 1'^ grandeur dont 2 avec traînée, 5 de la deuxième grandeur, 7 de la troi- sième et 1 de la quatrième. ( 320 ) Leurs directions dans le ciel se classent ainsi : 5 vers le SW., 2 vers le Sud , 2 vers l'Est, 2 vers le NNW., i vers le SSW., 1 vers le SSE., 1 vers le NW., 1 vers le SE. et 1 vers le Nord. Le 10 août, le ciel , assez incertain au commencement de la soirée, s'est mis au beau et a permis de suivre le phénomène à son maximum caractéristique dans de bonnes conditions. L'observation, commencée à 9^ So'", a été continuée jus- qu'à 10'^ 55°^; elle a été reprise ensuite de 11^ 45°^ jus- qu'à minuit 45 minutes; pendant la l'"^ heure on a compté 51 étoiles filantes; pendant la seconde 59; en tout 90 mé- téores ont été aperçus parmi lesquels 13 de première grandeur, 17 de deuxième, 34 de troisième, 15 de qua- trième et 8 de cinquième; leurs directions se répartissent comme suit : 36 vers le SW., 9 vers le Sud , 8 vers l'Ouest, 8 vers le SE., 6 vers le SSW., 5 vers le WSW., 3 vers le SSE., 2 vers le NNW., 2 vers le Nord, 2 vers l'Est, 2 vers le NE., 2 vers le NW., 1 vers le WNW, et 1 vers PESE. L'étoile la plus brillante de cette série a paru vers H*^ 1 S"" dans l'Aigle; elle avait un éclat comparable à celui de Jupiter et laissait une magnifique traînée qui a persisté pendant 20 secondes. Onze autres météores ont laissé des traînées plus ou moins persistantes qui n'ont pas donné d'indices de cou- rants supérieurs atmosphériques. Le 11 août, l'éclat du ciel n'a permis de suivre le phéno- mène que pendant une heure (de 9'» 50"^ à 10^ 50"^) ; 34 mé- téores ont été observés dont 2 de première grandeur , 6 de deuxième, 10 de troisième, 8 de quatrième, 7 de cin- quième et 1 de sixième se dirigeant comme suit : 21 vers ( 321 ) leSW., 4 vers le SSW., 5 vers le Sud, 2 vers le SE., 1 vers le SSE., 1 vers l'Est et 1 vers l'ESE. Le relevé général de ces trois séries d'observations donne comme résultat : 51 météores de la troisième grandeur. 28 — deuxième — 24 — quatrième — 18 — première — 15 — cinquième — 1 — sixième — Leurs directions suivies se répartissent de la manière suivante : 63 vers le Sud-Ouest. 14 vers le Sud. 1 1 vers le Sud-Est. 11 vers le Sud Sud- West. 8 vers l'Ouest. 5 vers l'Est. 5 vers le Sud-Sud-Est. o vers rOuest-Sud-Ouest. 4 vers le Nord-Nord -West. 3 vers le Nord. 3 vers le Nord-Ouest. 2 vers PEst-Sùd-Est. 2 vers le Nord-Est. et 1 vers l'Ouest-Nord-Ouest, Le phénomène du mois d'août, signalé il y a quarante ans par mon père, a donc été assez brillant cette année, mais on ne peut cependant pas dire que ce soit une année exceptionnelle. D'après les renseignements reçus, l'appa- rition a été plus remarquable dans le Sud. En France et en Italie on a compté un grand nombre de météores. 2"*' SÉRIE, TOME XL. 21 ( 322 ) M. Terby, écrit de son côté qu'à Louvain le 10 août un observateur, regardant le NE de 10'' à minuit, a compté soixante-treize météores. Ce résultat concorde avec ceux qui ont été obtenus à l'Observatoire. U éclipse de soleil du 29 septembre i875; communication de M. Ern. Quetelet, membre de l'Académie. Cette éclipse a pu être observée à Bruxelles, quoique les circonstances atmosphériques fussent assez défavora- bles. Toute la journée du 28, il avait plu abondamment et le jour du phénomène astronomique , l'air était très- ondulant, et des nuages floconneux rapides passaient fréquemment devant le disque du soleil. Une autre cir- constance qui rend les nombres obtenus moins sûrs, c'est que la phase de l'éclipsé était très-petite à Bruxelles, de sorte que le mouvement apparent de la lune était extrê- mement oblique. Quoiqu'il en soit, voici les heures qui ont été annotées pour le commencement et la fin de l'éclipsé. Commencement, . Ilh58°»29»8 EQ. t. m. Bruxelles. Fin 12 19,2 H. — 12 19,4 E. M. Ern. Quetelet observait à l'équalorial, M. Hooreman à la lunette de Troughton dans les deux tourelles et M. Es- tourgies avait sur la terrasse la lunette de Dollond. ( 323 ) Les Pachyacanthus du Musée de Vienne; notice pai' M. P.-J. Van Beneden , membre de l'Académie. Avant de publier la description des ossements fossiles des mammifères marins, que les travaux, exécutés autour d'Anvers, ont mis au jour, nous avons voulu étudier ceux que Ton a recueillis en Italie, en Autriche et dans quelques localités en Allemagne, pour voir les rapports, qui peu- vent exister, entre les Thalassothériens du sud et du nord de l'Europe, à l'époque miocène et pliocène. A cet effet nous avons visité, l'année dernière, les musées de Turin, de Milan, de Bologne, de Vienne, de Linz, de Munich et de Stuttgart, qui renferment tous des restes de Phoques, de Siréniens et de Cétacés souf- fleurs. Nous nous proposons de communiquer successivement à la classe le résultat de nos observations, et nous com- mençons cette série de communications par une étude critique du genre nouveau, désigné sous le nom de Pa- chyacanthus par M. J.-F. Brandt, de l'Académie de Saint- Pétersbourg (1). Toute l'importance des recherches paléontologiques repose sur la détermination plus ou moins rigoureuse des (1) J.-F. Brandt, Untersuchiingen iiber die Fossilen und SubfossUen Cetaceen Europa's — Mém. Acad. imp. des Se. de Saim-Pétersbourg, vile sér., l XX, n" 1, 1875. — Ergdnzungen zii den Fossilen Cetaceen Europa's, ibidem , t. XXI, n*> 6, 1874. ( 324 ) espèces, et, comme le savant académicien russe s'est spé- cialement occupé de ces animaux, nous ne croyons pas pouvoir différer plus longtemps de faire connaître notre appréciation sur ce nouveau genre. Cette étude offre d'autant plus d'intérêt , que les céto- logues ne savent à quoi s'en tenir sur la valeur systéma- tique des Pachyacanthes; cependant leur détermination rigoureuse est nécessaire, pour apprécier la topographie, ou mieux l'hydrographie, de l'Europe à l'époque tertiaire moyenne. Le genre Pachyacant/ms est-il établi sur des caractères d'une valeur véritable et les animaux désignés sous ce nom appartiennent-ils aux Balénides, aux Cétodontes ou aux Siréniens? Telles sont les questions que nous allons exa- miner. La détermination précise des os démontrera si nous avons sous la main des restes d'animaux pélagiques et de haute mer, ou des animaux qui ne hantent que les côtes ou l'embouchure des fleuves. Qu'il nous soit permis d'exprimer ici toute notre gratitude pour l'obligeance et les attentions délicates que MM. Czermak, directeur de l'Hof-Mineralien-Cabinet de Vienne, et Fuchs, conservateur de ce riche musée, nous ont témoignées pendant l'étude de ces ossements. Non-seulement ces savants ont mis tout ce qu'ils possé- daient à notre disposition , mais ils ont bien voulu nous envoyer en Belgique les pièces originales et uniques, pour les comparer avec les ossements d'Anvers. Un jeune natu- raliste de Vienne, M. Letocha, a bien voulu également nous envoyer les principales pièces de Pachyacanthes qu'il s'était procurées pour son musée particulier. L'Institut géologique el le Musée d'histoire naturelle, si savamment dirigés par ( û25 ) MM. von Helmersen et von Peizelln, n'ont pas mis moins d'empressement à nous envoyer, en communication, les objets qui nous intéressaient pour ces études. Il y a, dans les environs de Vienne, deux localités où l'on extrait une argile qui n'est pas sans ressemblance avec notre argile rupelienne et qui renferme, entre autres fos- siles, des ossements de Cétacés fort intéressants : ces localités sont Nussdorf et Hernals (1). Ces ossements se rapportent pour la plupart à des Cétacés à dents, pour ne pas dire à des Delphinides; mais il en est aussi parmi eux qui possèdent des caractères par- ticuliers fort remarquables et qui indiquent un groupe tout différent; le professeur Brandt en a fait une étude sur les lieux, mais il a hésité sur la question de savoir s'il fallait faire des animaux auxquels ces restes ont appartenu, des Baleines ou des Dauphins. Il a fini par leur donner le nom de PachyacaîUhus, à cause de l'épaisseur "des apophyses épineuses de leurs vertèbres, et il leur a assigné le rang de Myslicète. C'est la forme la plus éloignée des vraies Baleines parmi les Mysticètes, dit le savant académicien {Die Gattiing Balaena einerseils, und Pachyacanthus an- dererseits sind die extremslen imd anomalsten Gattungs- typen). Nous ne saurions partager cet avis. Le grand épaississe- ment des apophyses épineuses est pour nous une disposi- (1) La couche qui renferme ces ossements est considérée par M. Fuchs comme étendue jusqu'en Perse et porte le nom de Sarmatique [Untersar- malische Tegel) Elle renferme , avec les Cétacés et les Phoques, des Trionyx, des Caranx, des Scorpenoptera et des Gobius. — Ces poissons ont été décrits par M. Sleindachner dans les Siizungsb. de Vienne, 1859. ( 526 ) tion individuelle, disposition qui est assez propre au groupe auquel nous attribuons ces os. Les vertèbres et les côtes proviennent, d'après nous, de Siréniens , c'est-à-dire d'animaux voisins des Dugongs, des Lamantins et des Stellères parmi les vivants. En second lieu, les divers os que le professeur Braadl rapporte aux Pachyacanthes, proviennent, selon nous, d'animaux d'ordres différents qu'il représente : le sternum (pi. XVII, ûg. 10) n'est ni de Sirénien, ni de Balénide, mais d'un vrai Cétodonte; il en est de même de la nageoire pectorale (même planche, fig. 12-14), tandis que les ver- tèbres (même planche, fig. 1-9) et les côtes (pi. XVI, fig. 4-20) appartiennent à un Sirénien. En troisième lieu, le Pachyacantfms , désigné sous le nom spécifique de Trachyspondylus (pi. XVIIl, fig. 1-4), ne repose, à notre avis, que sur des vertèbres malades, comme on en trouve assez souvent chez les Cétacés vivants et fossiles. Enfin ce sont des vertèbres normales, à apophyses non épaissies (pi. XIV, fig. 1-5) , qui ont servi, si nous ne nous trompons, à l'établissement du Cetotherium ambiguum. Les figures 6 et 7 de la pi. XIV représentent, non pas un maxillaire de Pachyacanthus, mais un maxillaire de mammifère terrestre provenant du diluvium. Nous proposons de conserver le nom de Pachyacanthe pour désigner le Sirénien auquel se rapportent les vertèbres et les côtes du Pachyacanthe de Brandt.Nous verrons plus lard à quel genre de Cétodonte il faudra rapporter le ster- num et le membre. Nous allons passer successivement ces os en revue pour mettre en évidence leurs caractères propres. ( 327 ) A l'exception de la tèlc, nous avons pu éludier toutes les pièces du squelette alliibuéesau g^emc Pnc/ujacanihiis ; il existe en effet des vertèbres de toutes les régions, des côtes nombreuses, un sternum et des membres à peu près complets. 11 est fort remarquable que parmi tant de débris re- cueillis, et recueillis même avec soin, il n'y ait aucune pièce distincte de la tête, pas même des restes de dents ou de maxillaires. Nous avons trouvé seulement dans une boîte une caisse tympanique qui lui est attribuée. 11 est vrai, iM. Brandt signale un maxillaire inférieur qu'il rapporte à ce genre, mais il suffit de jeter les yeux sur le dessin qu'il en donne (1) pour s'apercevoir que cet os n'appartient ni à un Cétacé ni à un Sirénide. N'est-ce pas le bout antérieur d'un maxillaire de bœuf? En passant en revue les recherches du savant naturaliste de S^-Pétersbourg sur l'animal de Linz, auquel nous avons donné le nom d'Aulocète, nous avons remarqué qu'il a eu l'idée de rattacher cette tête au Pachyacanlhe de Vienne. Comme nous le verrons bientôt, nous nous sommes as- suré, après une étude nouvelle de ces ossements, que le genre Aulocète est réellement un type de Cétacé à fanons, mais que M. Brandt a eu grand tort de le rattacher aux Pachy acanthes. VAulocète ou le Stenodon est positive- ment un Balénide voisin des Balénoptérides d'Italie. Les deux os les plus importants de tous ceux qui ont été recueillis sont les deux premières cervicales, l'atlas et l'axis, que nous avons pu étudier et comparer avec soin. Nous avons même eu plus d'un allas sous les yeux, et nous avons pu facilement nous assurer que cet os n'a au- (1) Planche XIV, figures 6 et 7. ( 328 ) cun des caractères ni de Balénide ni de Delphinide, mais qu'il présente, au contraire, tous les traits distinctifs des Dugongs et des Lamantins. L'arc inférieur de la vertèbre est comparativement mince et délicate et se distingue surtout par une facette articulaire assez large, qui loge l'apophyse odontoïde. Le bord postérieur, en dessous de cette surface articulaire, se prolonge en dessous de l'apophyse de l'axis, en une espèce de bec et protège puissamment la seconde cervicale dans tous ses mouvements. Dans le Dugong vivant celte surface articulaire est plane et correspond à la base de l'apophyse, tandis qu'ici la facette est creusée de manière à loger la tête même. A la face postérieure de l'atlas, on voit les deux surfaces, correspondant aux condyles, nettement séparées l'une de l'autre parla facette articulaire dont nous venons de parler. L'apophyse transverse supérieure est plus forte que l'in- férieure et se recourbe en arrière; l'inférieure est à peine distincte, et ne consiste que dans un tubercule. La partie supérieure de l'arc manque, non pas qu'elle fasse défaut dans la vertèbre complète , mais elle a été brisée comme cela arrive pour la plupart des vertèbres. L'échancrure au devant de l'arc supérieur est large et profonde pour loger l'artère vertébrale. En comparant cet atlas avec celui d'un Sirénide, il n'y a pas moyen de ne pas reconnaître, à l'instant, qu'il appar- tient à un animal de cette famille : il en a l'épaisseur, les apophyses, les surfaces articulaires et surtout la facette articulaire si bien marquée, qui loge et sert de point d'ap- pui à l'apophyse odontoïde. Nous avons trouvé des atlas brisés, mais assez complets, dans l'Hof-Mineralien-Cabinet de Vienne et dans la collée- ( 529 ) lion particulière de M. Letocha. Dans cette dernière col- lection il y a un atlas et un axis du même animal, dont les principales parties sont parfaitement conservées et qui offrent exactement les mêmes caractères. L'axis ne se distingue pas moins bien de Taxis de tous les Cétacés véritables, par le corps, qui est beaucoup plus épais que dans les autres cervicales et par le grand déve- loppement de l'apophyse odontoïde. Cette apophyse est très-large à la base, de forme conique, et présente sur toute sa partie inférieure une surface articulaire, corres- pondant à la facette articulaire de Tare inférieur de l'atlas, dont nous avons parlé plus haut. A la face inférieure on voit, sur la ligne médiane, un bourrelet, qui s'épaissit d'arrière en avant et qui fait saillie, en regardant la vertèbre de face par derrière. Les apo- physes transverses sont fortes et simples; elles occupent la même hauteur que les apophyses transverses inférieures de l'atlas. La surface articulaire antérieure est, pour ainsi dire, continue des deux côtés, et ne présente qu'à peine une ligne de démarcation en dessous et sur le côté de l'apo- physe odontoïde. Toute la face inférieure de cette apophyse est transformée en surface articulaire. Nous avons trouvé dans l'Hof-Mineralien-Cabinet de Vienne un axis dépourvu de l'arc supérieur (1), avec lequel il se trouve une troisième cervicale. La collection de M. Letocha renferme également un (1) Cet arc manque presque toujours dans toutes les vertèbres de Cétacés fossiles et nous ne pourrions partager Tavis du professeur Brandi, en attachant de Timportance à son absence, comme il le fait pour le genre Cetollierium. ( 350 ) autre atlas, d'un plus jeune animal, avec Taxis correspon- dant; l'apophyse transverse inférieure est aussi très-forte, mais brisée dès sa base. Cette apophyse est beaucoup plus développée que dans le Dugong. Ces deux premières cervicales, sous le rapport de leur union par l'apophyse odontoïde, ne sont pas sans analogie avec l'atlas et l'axis des Primates; elles sont toutefois plus massives, l'atlas dans sa partie latérale et supérieure, l'axis dans sa partie inférieure; ces vertèbres sont même plus solides que dans les Siréniens vivants et elles indiquent une mobilité de la tête sur le cou, que l'on ne rencontre dans aucun Cétacé souffleur. M. Brandi a figuré ces deux premières vertèbres du cou, pi. XIV, fig. 8 et 10 , pi. XV, fig. i et 1 A , a, b. D'après ce que nous venons de dire, ces os ne provien- nent ni d'un Cétacé à fanons ni d'un Cétacé à dents , mais ils présentent, au contraire, tous les caractères des Dugong et des Lamantins vivants. Indépendamment des deux premières cervicales, on a recueilli heureusement les quatre vertèbres suivantes, et il y a tout lieu de croire qu'avec ces six vertèbres cervi- cales la région du cou est complète. Elles sont toutes séparées comme dans les Siréniens; le corps est mince et l'on remarque fort peu de différences entre elles, si ce n'est que le corps est plus épais en dessus chez les uns, plus épais en dessous chez les autres. Dans le Dugong vivant, les quatre dernières cervicales vont en diminuant d'épaisseur d'avant en arrière, et l'épais- seur de deux d'entre elles égale l'épaisseur du corps de l'axis. Les apophyses transverses occupent toute la hauteur du ( 531 ) corps des vertèbres, ce qui provient de la fusion à la base des apophyses Iransverses supérieures et inférieures. Elles ont été figurées par M. Brandt, pi. XV, fig. i a-f, et fig. 1 A. Les figures 8, 9, 10, 11 et 12, pi. XIV, repré- sentent également les prenfiières cervicales. Cette région cervicale est-elle complète avec ces six ver- tèbres? Nous avons tout lieu de le croire et il est sans doute inutile de faire remarquer que c'est encore une rai- son de plus de séparer les Pachyacanthes des Cétacés véri- tables, puisque les Sirénides sont les seuls mammifères qui s'éloignent, sous ce rapport, de la disposition générale. C'est à tort, croyons-nous, que M. Brandt a figuré la vertèbre fig. 1 a, pi. XV comme une septième cervicale. Les vertèbres dorsales, lombaires et caudales présentent toutes des caractères propres des Dugongs et des Lamantins, aussi bien par la forme du corps que par les apophyses transverses et épineuses. Ces vertèbres sont plus trapues et les arcs comme les apophyses plus massifs que dans les Cétacés ordinaires. Le corps des vertèbres dorsales est assez long d'avant en arrière et les apophyses transverses, tant celles des arcs neuraux que du corps des vertèbres, sont très-peu déve- loppées. Ces vertèbres sont légèrement carénées à leur face inférieure, surtout les dernières. Elles portent toutes et assez profondément, comme les Cétacés herbivores, une forte dépression correspondant à la tête des côtes. L'arc et l'apophyse épineuse sont brisés dans les diverses vertèbres dorsales. Dans les premières lombaires le corps est un peu moins épais que celui de l'axis. Il est un peu plus large que haut et présente une légère carène en dessous. L'apophyse trans- verse naît autant de l'arc que du corps de la vertèbre, et, après s'être portée directement de dedans en dehors, elle • ( 532 ) s'abaisse jusqu'au-dessous du corps des vertèbres. Il n'y a pas de surface articulaire à voir sur le corps de l'os. Nous avons trouvé une vertèbre de cette région dans l'Hof-Mineralien-Cabinet et une toute pareille dans la col- lection de M. Letocha. Une lombaire suivante a le corps une demi-fois plus épais que celui de la précédente; les apophyses transverses, excessivement larges, s'élèvent de bas en haut et de de- dans en dehors, présentant au haut de la face inférieure une large surface articulaire correspondant sans doute à l'os du bassin. Le canal vertébral est large, son plancher n'est pas creusé. Parmi les os que M. Letocha a eu l'obligeance de nous communiquer, se trouve une vertèbre caudale antérieure fort intéressante : elle se fait remarquer d'abord par son apophyse épineuse supérieure, qui présente, d'avant en ar- rière, une largeur presque aussi grande que le corps même de la vertèbre. Cette apophyse est en même temps fort épaisse, dans son milieu surtout; et elle est si peu élevée au-dessus du canal rachidien, que celui-ci en est presque obstrué. On dirait que l'apophyse épineuse s'est étendue dans tous les sens, mais non pas dans le sens de la lon- gueur. Cette oblitération du canal rachidien est telle, que la moelle épinière n'a pu se loger dans sa gouttière sans éprouver fortement la compression de la voûte de l'arc osseux (1). (1) Pour preuve que les apophyses des Pachy^caiithes sont anormales, c'est que la moelle épinière serait écrasée par Parc osseux qui la recouvre. On ne saurait passer une lame de couteau dans le canal rachidien. Du reste M. Letocha a reçu un exemplaire presque complet avec des apophyses épineuses non gonflées. ( 333 ) . Il ne faut pas, pensons-nous, invoquer d'autres dispo- sitions, pour démontrer que cet épaississement des apo- physes épineuses n'est pas une disposition qu'on puisse qualifier de normale. Cette vertèbre lombaire est encore remarquable par la longueur du corps, la largeur des apophyses transverses et la longueur exceptionnelle des mélapophyses, qui em- brassent la vertèbre suivante pour donner à l'échiné plus de solidité. Ces mélapophyses si fortement développées , sont-elles dirigées en avant ou en arrière ? Dans le Dugong vivant ce sont les mélapophyses antérieures qui sont les plus impor- tantes, tandis que dans le genre qui nous occupe, ce sont les postérieures. Au milieu de la région caudale , les posté- rieures ont disparu chez le Dugong, tandis qu'ici les mêmes vertèbres n'ont plus déjà des mélapophyses antérieures, mais des postérieures très-fortes. Ce n'est pas sans élonnement que nous voyons les ver- tèbres dePachyacanthus,flgurées par M. Brandi, avec leurs mélapophyses en avant, ce qui fait que les apophyses trans- verses sont également dirigées en avant au lieu de l'être en arrière. Toutes ces vertèbres, même celles qui sont en place, ne doivent-elles pas être retournées? La vertèbre, pi. XIV, flg. 14, est figurée en place et montre ses mélapophyses en arrière comme elles doivent être. Ce sont ces apophyses épineuses, épaissies extraordinai- rement dans la région lombaire surtout, qui ont déterminé M. Brandi à créer le genre nouveau , auquel il a donné le nom de Pachyacanthus. Il suffît de faire remarquer que cette disposition ne se trouve pas dans tous les individus, pour montrer que cette nouvelle coupe générique doit être ( 554 ) établie sur d'autres caractères. M. Letocha a reçu un sque- lette assez complet avec des vertèbres normalement déve- loppées et qui, d'après le savant académicien, devrait prendre place dans les Cetotherium ambiguum. Une des moyennes caudales avec ses surfaces articu- laires pour les os en V, a le corps plus épais mais moins long, les apophyses transverses de forme conique dirigées directement d'avant en arrière et un peu de dedans en dehors, les métapophyses encore très-fortes et l'apophyse épineuse également large d'avant en arrière, très-épaisse et oblitérant presque complètement le canal rachidien. Les vertèbres, même les cervicales, ont toutes leurs épi- physes des deux côtés soudées au corps des vertèbres. Dans les Siréniens vivants on sait que ces épiphyses font généralement défaut, mais les Siréniens fossiles de nos terrains miocènes ont tous leurs vertèbres à épiphyses comme celles des Pachyacanthes. Le sternum, attribué par M. Brandt au genre Pachya- canthe, et dont nous connaissons deux exemplaires, est formé de deux pièces; l'antérieure est large en avant et fournit une surface articulaire pour la première paire de côtes. La seconde pièce est fort étroite et porte une seconde paire de côtes en avant et une troisième en arrière. Les deux appendices qui terminent le sternum sont fort courts. La surface externe est toute couverte de granulations. M. Brandt a figuré ce sternum, pi. XVII, fig. 10 et 11. Nous ne comprenons pas comment le professeur Brandt a pu figurer un sternum formé de deux pièces, et ne pas s'apercevoir qu'un sternum pareil ne peut provenir d'un animal à fanons. 11 n'appartient pas davantage à un Siré- ( 335 ) nien. Les Dugongs et les Lamantins ont bien deux pièces dans leur sternum, mais seulement pendant le jeune âge, et les surfaces articulaires, s'il y en a, sont réunies vers le milieu de Tos. Il n'y a que le sternum de Delphinide qui offre ce caractère. Aussi est-il de toute évidence pour nous que cet os est propre à un Cétacé à dents, et il appartient sans doute au même animal que les membres, que M. Brandt a gratuite- ment attribués au Pachyacanthus. Il est assez remarquable qu'une ancienne étiquette, qui accompagne encore ce sternum au cabinet de minéralogie , indique la nature de Delphinide. Cette étiquette date de 1859. Notre savant confrère doit l'avoir eue sous les yeux. Les côtes sont singulièrement grosses et épaisses, dit Cuvier, en parlant des os de Dugong, leurs deux bords sont arrondis, et elles sont aussi convexes en dedans qu'en dehors. Je ne connais aucun autre animal qui ait des côtes de cette forme, ajoute-t-il. On ne peut se tromper sur la nature de ces os, les côtes des Pachyacanthus de M. Brandt ont toutes ce caractère in- diqué par Cuvier. La tête et le col de la tête sont fort peu distincts; il en est de même des bords antérieurs et posté- rieurs ainsi que de la gouttière qui doit loger les vaisseaux et les nerfs intercostaux; ces côtes sont toutes fort peu courbées, très-renflées vers le milieu de leur longueur et perdent toutes leur état spongieux. A voir un fragment on croirait avoir un éclat de silex sous les yeux. Les côtes sont les os les plus disposés à la Pachyostose. Nous pouvons dire que les côtes sont régulièrement courbées, mais, au lieu d'avoir une surface aplatie et une autre surface bombée, elles sont complètement arrondies ( 356 ) et d'une épaisseur excessfve, surtout vers leur extrémité libre. Il n'est pas un cétologue qui, en brisant un de ces os, ne reconnaîtra immédiatement qu'ils proviennent d'un Sirénien. Le membre antérieur est figuré par Brandt, pi. XVIÏ, fig. 12 à 14. Tous les os qui le constituent accusent un vrai Cétacé souffleur et il est probable qu'il appartient au même animal que le sternum. L'omoplate est fort remarquable; cet os a bien sa forme ordinaire, mais l'apophyse acromion , qui fait quelquefois défaut dans les Balénides, a pris ici un développement comme nous ne l'avons vu dans aucun autre genre vivant ou fossile ; cette apophyse s'étend comme une trompe en avant, se recourbant légèrement et se relevant vers son extrémité libre. Les deux faces sont assez semblables et l'extérieure ne nous présente ni épine ni apophyse coracoïde. Cet os mesure d'un angle à l'autre, c'est-à-dire entre les angles supérieurs, en ligne droite 11 Ya centimètres. C'est une même omoplate, qui porte au Musée de Vienne sur une étiquette écrite, le nom de Cetotherhim priscum; une autre omoplate figure ensuite sous le nom de Del- phimis karreri et porte sur l'étiquette, C. 5. Une troi- sième omoplate est, en tout, semblable aux deux précé- dentes, rapportée au Pachyacanthiis. Pour nous c'est la même omoplate qui est rapportée au Cetotherhim priscum, au Delphinus karreri et au Pachya- canthus suessii. Les os du membre antérieur viennent tous de Nussdorf et portent au Musée les n"' 6, 108 (humérus) 6, 109 (cubi- tus) 6, 110 (radius) 6, 111 (omoplate). ( 337 ) L'humérus a la forme ordinaire d'un humérus de Céto- donle. Il est court et robuste et plutôt comprimé qu'ar- rondi. L'extrémité supérieure de l'os n'est pas formée par la tête, mais pas le grand tubercule qui dépasse la hauteur du col. La surface articulaire inférieure forme un angle fort aigu et l'on ne voit pas la surface, corres- pondant au cubitus, remonter en arrière pour s'unir à J'apophyse olécranienne. Cette seconde surface articulaire est bien plus large que celle qui correspond à la surface du radius. Le cubitus a la même largeur dans toute sa longueur. L'olécrane manque complètement. Au milieu de sa face interne le cubitus offre une échancrure régulière. Ces deux os présentent deux surfaces articulaires par lesquelles ils s'unissent plus étroitement et entre lesquelles on voit une échancrure formée surtout par le radius. Le radius se distingue surtout par sa grande surface articulaire du côté du carpe. La conformation du membre indique un Cétodonte, différent de tout ceux que nous connaissons, et il est pro- bable que nous avons ici un type propre au bassin de la mer Noire. Cet animal est remarquable, dit le professeur Brandt, par l'épaississement des apophyses épineuses des dernières dorsales, et particulièrement des lombaires et des pre- mières caudales, l'absence de l'olécrane, ses larges côtes, etc. [Merkwûrdige Anschwellung der obern Dornfortsdtze der hintern Rucken, ganz besonders aberder Lenden und vor- 2""^ SÉRIE, TOME XL. 22 ( 558 ) dern Schwanzwirbel, den Mangel eines Olecranums, sehr hreite Rippen..,., etc.). II se rapproche le plus, dit-il, des Cetotherium, mais il lient également des Delphinoïdes... {neigt aber unverkenn- bar auch etwas zu den Delphinoiden hin (1). Nous avons tout lieu de croire que les os que M. Brandt a rapportés à l'animal, pour lequel il a créé le genre Pachya- canthus, que ces os proviennent de deux animaux bien différents : les vertèbres, aussi bien les cervicales que les lombaires et dorsales, sont, à notre avis, de Sirénien ; les membres au contraire et une caisse tympanique , que nous avons trouvée à côté, et portant la même lettre, ainsi que le sternum , sont de Cétacé véritable et sans aucun doute de Cétodonte. Nous trouvons là, comme à Anvers, des ossements de Cétacés pélagiques mêlés avec des ossements de Thalassothériens côtiers. La première erreur semble avoir été commise par un fragment de maxillaire, que Tonne retrouve plus à Vienne, mais qui n'appartient évidemment pas à un maxillaire de Cétacé et encore moins à un maxillaire de Balénide. La seconde erreur est le résultat d'une fausse interpré- tation de l'épaisseur des apophyses épineuses. Nous ferons remarquer que celte hypertrophie de certains os est propre à tous les Siréniens. Dans presque tous les individus adultes, si pas dans tous, les côtes non-seulement s'épais- sissent extraordinairemenl, mais elles prennent une con- sistance toute particulière, au point de n'avoir plus, dans leurs fractures, l'aspect d'un tissu osseux. On dirait un (1) Sitzb. der K. Akad. der Wissensch. 1 Âbth. April Heft. Jabr. 1872. ( 539 ) silex pour certains fragments de cotes par Taspect comme par le poids. Ces os épaissis constituent-ils un animal à part, ou bien, ne sont-ils pas des os modifiés par une espèce d'hypertrophie osseuse? Ce n'est pas précisément une ma- ladie des os, ce sont certaines pièces du squelette qui, dans la plupart des individus d'une même espèce, ont cette ten- dance anormale. N'en voyons-nous pas des exemples dans les côtes des Siréniens vivants et parfois même dans le crâne, comme nous en avons signalé dernièrement dans l'animal auquel nous avons donné le nom de Crassilherium. Nous avons trouvé, en effet, depuis la publication de notre notice sur ce Crassilherium, dans les mêmes terrains, un animal jeune qui ne nous offre qu'un épaississement du crâne fort ordinaire. M. Brandt a fait une seconde espèce de Pachyacanthusj avons-nous dit plus haut, sous le nom de Trachyspondylus, Ici nous sommes encore tout aussi éloigné de son avis. Le Pachyacanthus trachyspondylus est basé uniquement sur une série de vertèbres malades et dont la surface du corps est plus ou moins défigurée. 11 n'est pas rare de trouver cet état pathologique dans les ossements fossiles. Nous en avons plusieurs exemples à Anvers (Musée de Bruxelles et Musée de Louvain) ; nous en avons trouvé également au musée de Turin qui viennent d'Asti ; ce sont quatre ver- tèbres dorsales de Balénide plus ou moins soudées entre elles. A Milan nous avons vu également des vertèbres fos- siles de vraie Baleine soudées les unes aux autres par des excroissances osseuses. Cette hypertrophie de certains os, qui a fait proposer le nom de Pachyacanthus , se retrouve également dans quel- ( 340 ) ques os de poisson comme disposition normale à l'âge adulte. Un des exemples les plus remarquables est l'hu- mérus des Gadus œrjlcfîmis à l'état adulte et les apophyses épineuses des vertèbres d'un poisson , connu sous le nom de Ephippus géant. M. Steindachner en a signalé divers exemples dans des poissons fossiles des environs de Vienne. En résumé, le genre Pachyacanîhus de M. Brandt est formé de deux animaux distincts et ni l'un ni l'autre n'ap- partiennent, comme il le suppose, à un Balénide. La colonne vertébrale et les côtes sont d'un Sirénien, le sternum et les membres d'un Cétodonte. Le Pachyacanîhus trachyspondylus repose sur un état maladif du corps des vertèbres. Le Celotherium ambiguum du même auteur est établi sur des vertèbres normales. A notre avis il y a donc lieu de supprimer le Pachya- canîhus suessxi, le Pachyacanîhus trachyspondylus et le Celotherium ambiguum, d'assigner une place au Sirénien désigné sous le nom de Pachyacanîhus et d'établir les affinités du Cétodonte dont proviennent le sternum et le membre. Le nom de Pachyacanîhus peut rester à l'animal dont proviennent les vertèbres et les côtes. ( 34i ) Sur les propriétés de la surface de contact d'un solide et d'un liquide. — Rectification d'un passage de ma Note précédente j par M. G. Van dcr Mensbrugghe. Dans une Note récente (*), j'ai démontré, on se le rap- pelle, que la théorie de Gauss conduit à admettre Texis- tence d'une tension à la surface libre d'un liquide , ainsi qu'à la surface commune à deux liquides qui ne se mêlent point, et consacre, delà manière la plus complète, l'expli- cation des phénomènes d'étalement d'un liquide sur un autre, fondée sur le principe de la tension superficielle. Après avoir établi l'accord de l'analyse et de l'observa- tion à cet égard, j'ai conclu, par analogie, que, dans tous les cas, il existait également une tension à la surface de contact d'un solide et d'un liquide ; à celte occasion , j'ai rappelé un fait qui, selon moi, confirmait pleinement cette assertion. Depuis lors, j'ai reconnu que, d'après la théorie de Gauss elle-même, ma conclusion n'est vraie que dans certains cas particuliers, et que d'ailleurs mon interpréta- lion du fait en question manque à la fois de netteté et de rigueur. La Note actuelle sert de rectification et de com- plément à cette partie de mon dernier travail. Soit un liquide dont F est la force de réunion, ii la sur- face libre, Hasurface de contact avec une paroi solide, et i l'angle de raccordement ; la théorie de Gauss fournit l'expression gfzdm -+- ¥ît — ¥t cos i, {') Sur la théorie capillaire de Gauss et l'extension dhm liquide sur un autre (Bull, de I'Acad. roy, de Belgique, 2^ série, t. XXXIX, p.oTo). ( 342 ) qui doit être un minimum pour que l'équilibre ait lieu. Pour simplifier les déductions, admettons que la masse liquide sur laquelle on opère soit assez petite pour qu'on puisse négliger l'effet de la pesanteur, c'est-à-dire le terme gCzâm. Pour plus de généralité, remplaçons F cos 2 par sa valeurs F' — F donnée aussi par la théorie de Gauss; F' désigne l'attraction du solide pour le liquide. Dès lors nous n'avons qu'à discuter le binôme Fm — (2F' — F) l. Or si la surface xi existe seule , ce qui a lieu lorsque la masse est abandonnée à elle-même, le minimum du terme F?« exige que la surlace libre soit aussi petite que possible; c'est le cas bien connu d'une gouttelette de pluie qui a une forme sensiblement sphérique, malgré l'action de la pesan- teur. Ainsi que je l'ai déjà montré , la tension de la sur- face libre vaut précisément F par unité de longueur. Mais quelle est la force qui règne à la surface de con- tact Û Pour le savoir, remarquons que, abstraction faite de la surface libre w, le minimum du terme — (2 F' — F) i donnera lieu à des conditions différentes suivant le signe de 2 F' — F. En premier lieu, soit2F'> F; le terme — (2 F' — F) ^ sera un minimum pourvu que la surface de contact soit aussi grande que possible; les choses se passe- ront donc comme si cette surface de contact était sollicitée, non plus par une force de tension, mais bien par une force A' extension , en vertu de laquelle le liquide tend à occuper sur le solide une portion de plus en plus étendue, si au- cune autre force n'y met obstacle. En effet, d'après ma Note précédente, nous pouvons regarder — (2 F' — F) t comme exprimant l'énergie potentielle de la surface de contact; ( 345 ) or imaginons une plaque solide dont la surface est mouillée par un liquide sauf sur une portion circulaire de rayon r, et supposons que sur chaque unité de longueur de la cir- conférence se trouve appliquée une force E capable d'em- pêcher l'extension ultérieure du liquide. Si nous donnons à r un accroissement dr, il y aura évidemment un gain (2 F' — F) 2nrclr d'énergie potentielle de la surface mouillée; mais il aura fallu produire- un travail ^n rEdr, toujours abstraction faite de l'énergie de la surface libre; on conclut de là que 2 F' — F = E, c'est-à-dire que, numé- riquement, l'énergie potentielle de Tunité de surface de contact est égale à la force d'extension de cette surface par unité de longueur. En second lieu, soit 2 F' = F ; alors l'énergie poten- tielle de la surface de contact est nulle , et cette surface ne tend ni à augmenter, ni à diminuer. Enfin si 2 F' < F, le terme — (2 F'— F) t devient posi- tif et n'est minimum que si t est aussi petit que possible; dans ce cas, la surface commune au solide et au liquide possède une véritable force de tension, absolument comme la surface liquide libre; seulement cette force équivaut à F — 2 F' par unité de longueur. Il suit de cette discussion que la surface de contact d'un solide et d'un liquide peut être soumise à l'action d'une force de tension ou bien d'une force d'extension suivant la nature des corps mis en présence. Actuellement il est très-facile de prévoir les phénomènes qu'on observera dans les différents cas qui peuvent se pré- senter. I. Cas où la surface t possède une tension. — Si 2 F' < F, nous venons de voir que la surface t tend à dimi- nuer autant que possible, si rien ne l'en empêche. C'est ( 344 ) le cas d'un liquide qui ne mouille pas le solide. Pour le faire voir, on prend un tube capillaire en verre dont une des extrémités est recourbée à angle droit; on le remplit de mercure, puis on plonge Tune des branches dans un vase contenant du mercure, de telle sorte que l'autre branche du tube soit horizontale et très-rapprochée du niveau dans le vase; à l'instant même où l'on abandonne le mercure de l'extrémité plongée à lui-même, le tube se vide rapidement; c'est que les filets liquides voisins de la paroi sont tirés par la force de contraction de la surface de contact, et que, en outre, les autres filets sont sollicités par les pressions provenant de la tension du ménisque con- vexe libre. D'autres faits encore, tels que l'équilibre d'une masse de mercure sur une paroi de verre, rendent manifeste la tension de la surface de contact du liquide avec le solide; je n'y insiste pas, attendu qu'on lésa déjà souvent inter- prétés comme je devrais le faire moi-même. II. Cas où la surface de contact est soumise à une force d'extension. — i*' Supposons d'abord que F' soit plus grand que F, c'est-à-dire que l'attraction mutuelle du solide et du liquide soit supérieure à l'attraction du liquide pour lui-même ; alors le binôme 2 F' — F sera plus grand que F, ou, en d'autres termes, la force d'extension 2 F' — F sera plus grande que la tension superficielle du liquide libre; conséquemment, si nous déposons une gouttelette d'un liquide convenable sur une paroi solide horizontale, la force 2 F' — F qui tend à produire l'extension ne pourra pas être contre-balancée par la tension F de la surface libre du liquide; la gouttelette s'étalera donc indéfiniment. C'est ce qui a lieu quand on brise un morceau de verre et que sur l'une des surfaces mises fraîchement à nu , on dépose ( 345 ) une goutte d'eau distillée; celle-ci s'étend toujours et re- couvre bientôt en couche très-mince la surface tout entière. Il suit encore de là que si Ton plonge dans l'eau distillée un morceau de verre présentant une cassure fraîche, on ne peut le retirer du liquide qu'avec une couche mouillante qui occupe uniformément cette cassure. 2'' Soit F' égal à F; alors le binôme 2 F' — F est en- core positif, et équivaut à F; la force d'extension d'un liquide sur une couche du même liquide attachée à une paroi solide est donc égale à la tension de la surface libre; c'est ce qui explique l'étalement de l'eau distillée sur une couche du même liquide recouvrant, par exemple, une plaque solide horizontale ; c'est ce qui fait comprendre éga- lement pourquoi un liquide s'élève dans un tube capillaire dont la paroi intérieure est déjà couverte d'une couche du même liquide. Dans ce cas, la force d'extension coïncide avec ce que Dupré nomme force de réunion du liquide. 3° Enfin soit F' < F et > |; alors le binôme 2 F' — F sera toujours positif, mais inférieur à F; cela veut dire que la surface de contact possédera une force d'extension 2 F' — F, mais moindre que la tension F du liquide ; con- séquemment une gouttelette liquide déposée sur une lame solide horizontale remplissant les conditions ci-dessus, prendra une forme lenticulaire telle que, en chaque point de son contour, la composante F cos / de la tension de la surface libre sera égale et opposée à la force d'extension; nous retrouvons ici bien simplement la formule de l'angle de raccordement obtenue dans la théorie de Gauss par l'application du principe des vitesses virtuelles. Les conditions actuelles se réalisent quand on dépose une gouttelette d'eau distillée sur une surface horizontale de verre ordinaire. On voit très-bien maintenant que cette ( 546 ) expérience, citée à la fin de ma dernière Note, ne prouve nullement, comme je le croyais d'abord, l'existence d'une force contractile à la surface de contact d'un solide et d'un liquide, et doit être interprétée ainsi que je viens de l'in- diquer (*). Si une lame de verre était en partie plongée verticale- ment dans l'eau distillée, celle-ci s'élèverait le long de la lame en vertu de la force d'extension 2 F' — F, et il se formerait un relèvement capillaire concave qui se raccor- derait avec la paroi sous l'angle donné plus haut; or les tensions qui régnent aux différents points de cette surface concave donnent lieu à une traction dirigée de bas en haut, et cette traction agit jusqu'à ce qu'elle fasse équilibre au poids des filets liquides soulevés au-dessus du niveau. Il suit de là que si l'on pouvait empêcher l'action de la pesanteur de contre-balancer l'effet de cette force de trac- tion, le liquide s'étalerait indéfiniment sur la paroi solide. Pour réaliser la condition dont il s'agit, on prend le tube capillaire à deux branches, décrit plus haut; l'une d'elles plonge dans l'eau d'un vase; et l'autre est disposée hori- zontalement et très-près du niveau du liquide dans le vase; l'eau s'engage rapidement dans la branche horizontale, et le ménisque concave qui termine la colonne , atteint bien- tôt l'extrémité ouverte du tube. Rappelons ici, à l'appui delà théorie précédente, les (') Au mois d'août 1874 , j'ai avancé, devaut la Section de physique du congrès de Lille (voir le comple rendu de ce congrès, p. 237) , que la sur- face de contact d'un solide et d'un liquide est toujours douée d'une ten- sion; la Note actuelle fait connaître le cas oîi cette assertion n'est pas exacte, et, de plus, montre nettement le rôle respectif des forces qui caractérisent la surface libre d'une part, et la surface de séparation d'un solide et d'un liquide, d'autre part. ( 347 ) curieuses expériences par lesquelles M. Plateau a montré que, si Ton neutralise complètement Faction de la pesan- teur, un liquide monte indéfiniment dans un tube d'un diamètre quelconque (*). Dans un prochain travail, j'aurai l'occasion de montrer combien la considération de la force d'extension est utile dans les questions capillaires, et jusqu'à quel point elle permet de résoudre simplement des problèmes en appa- rence bien compliqués. — La classe s'est ensuite constituée en comité secret pour entendre la lecture des listes des candidatures aux places vacantes arrêtées par les sections des sciences ma- thématiques et physiques et des sciences naturelles, dans leur séance du matin. (*) Statique expérimentale et théorique des liquides soumis aux seules forces moléculaires, t. T. §§ 22 à 29. (348) CLASSE DES LETTRES. Séance du H octobre 4815. M. le baron Guillaume, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Grandgagnage, J. Roulez, Paul Devaux, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lelten- hove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, Érn. de Borchgrave, A. Wagener, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland , Aug, Scheler, asso- ciés; Edm. Poullet, Stan. Bormans, Piot, correspondants. M. Al vin, membre de la classe des beaux-arts, et M. Ch. Monligny, membre de la classe des sciences , assis- lent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur écrit que la 6^ période pour le prix quinquennal d'histoire nationale , et la 5^ période pour le prix quinquennal des sciences morales et politi- ques seront closes le 31 décembre prochain. Il demande que la classe veuille bien lui adresser la liste double pour la formation des jurys chargés de juger ces concours. La classe s'occupera de ce choix lors de la prochaine séance. ( 3i9 ) — M. le Ministre de l'intérieur envoie, pour la bibliothèque de r Académie, un exemplaire : 1° de V Histoire des comtes de Flandre jusqu'à Vavcnement delà maison de Bourgogne, par Adhémar Ingcls, 865-1384, in-S"; 2" du 11' \olume du Bulletin de la section littéraire de la Société des Mélo- manes de Hasselt, in-8°; 3° du tome VII de la Description analytique des cartulaires et des chartriers du Hainaut, par L. Devillers, in-8°; 4'' du Nederduitsch letterkundig jaarboekje voor 1875, 42'" jaargang, in-12; S'' de la livraison (Gebrek-Geducht) du Woordenboek der Neder- landsch taal, 3' reeks, 4' aflev., door P.-J. Cosyn en E. Verwys, in-8°. M. le Ministre de la justice envoie également pour la Bibliothèque deux exemplaires : 1° du 4^ cahier du VP vo- lume des procès-verbaux des séances de la commission royale des anciennes lois et ordonnances de la Belgique; 2° le tome 5« des coutumes du quartier d'Anvers et le tome ^^ des coutumes de Bruges, publiés par la même commission. — M. Gachard écrit que la Commission royale d'histoire vient de publier, sous le titre : le Livre des fiefs du comté de Looz sous Jean d'Arckel, un petit volume in-8'' qui forme annexe aux Bulletins et qui, par conséquent, doit être envoyé aux établissements et aux personnes qui re- çoivent ce recueil. — Cet envoi a été fait. — L'Académie de Stanislas, à Nancy, adresse le volume de 1873-1874 de ses Mémoires. — L'Université de Tienne remercie pour le dernier envoi annuel de publications académiques. ( 3^0 ) — La direction générale du Willems-Fonds, à Gand, adresse le programme du concours, en flamand, pour une histoire de la Pacification de Gand. — La Société libre d'émulation de Liège envoie le pro- gramme des questions arrêtées par le conseil administratif pour le prochain concours, à clôturer le 1" juin 1878. — La Société littéraire le Parnasse, à Athènes, transmet ses premiers travaux et demande l'échange avec les publi- cations de l'Académie. — Les Sociétés d'histoire de Gratz et d'Utrecht , la So- ciété royale des antiquaires du Nord, à Copenhague, la Société d'art et d'antiquités, à Ulm, la Société de littéra- ture néerlandaise , à Leide , envoient leurs derniers tra- vaux. — Les travaux manuscrits suivants seront examinés par des commissaires : 1° Antiquités de V époque romaine découvertes à Assche, notice par L. Galesloot, chef de section aux Archives du royaume. — Commissaires : MM. Wauters et Piot; 2° Notes biographiques concernant Corneille Duplicius Scepperusj par P. Génard, archiviste de la ville d'Anvers. — Commissaires : MM. Gachard, le baron Kervyn de Let- tenhove et Wauters. — M. le baron Kervyn de Lettenhove fait hommage du tome XXIP des Œuvres de Froissart, in-8". Ce volume comprend les lettres J-Q de la Table analytique des noms historiques cités dans les Chroniques. M. Th. Juste fait hommage d'un exemplaire de l'ouvrage (351 ) qu'il vient de publier sous le titre de : Précis de Vhistoire contemporaine (\%\^'\%1\), i vol. in-i2. La classe vote des remercîmenls aux auteurs de ces dons. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Suite à ma notice sur le duc Henri III de Brabant : Les doctrines des hérétiques du XI 11^ siècle, le duc Henri IV, les premières années de Jean P^j par M. Alphonse Wau- ters, membre de TAcadémie. L Dans le travail que nous avons consacré au duc de Bra- bant Henri III, nous avons dit quelques mots des dogmes hétérodoxes qui, à cette époque, avaient fait des prosé- lytes dans nos contrées et, en particulier, à Cambrai et à Anvers. Ce que Ton en savait se réduisait à peu de chose; en effet, ce n'est que comme en passant que les auteurs du temps, entre autres Thomas de Cantimpré, en parlent. Il y a quelques mois, nous avons eu l'occasion de con- sulter, à la Bibliothèque nationale de Paris, un document qui permet de combler une lacune dans l'histoire des héré- sies en Belgique. C'est un fragment perdu dans un recueil de sermons , recueil formé au XIII'' siècle. Il est intitulé : comarque (! c'est-à-dire seigneur) de la terre de Mude et de Nyeulandt » près de Gand, et de dame Marguerite de Masmines, arrière-petit-fils de V la nièce du vénérable Balderic, évéque de Tournai. » Le souverain pontife ajoute qu'il a nommé Henri protonolaire à cause de son éminente doctrine, qui lui a valu, lorsqu'il a été promu docteur en théologie, le litre de docteur solennel, et cela non-seulement pour Paris, mais poiu* tous les diocèses de la Gaule et aussi celui de Tournai (Voyez Huel, Recherches sur Henri de Gand, p. 9). Ce dernier trait complète le tableau et permet de classer avec certitude le bref en question parmi les nom- breux faux dont est agrémentée T histoire des fabuleux Bonicolli. (2) Manuel de l'histoire de la philosophie (publié sous le nom de Cousin), t. II, p. 289 (Bruxelles, édit. de 1857). ( 357 ) D réaliste, il associa aux formes aristotéliques les idées » de Platon, auxquelles il ailribua une existence réelle, D indépendante de rintclligence divine. » A la même école que Henri appartenaient : Odon ou Eudes, de Douai, l'un des amis de Guillaume de Saint- Amour et des fondateurs de la Sorbonne; Siger de Cour- trai, doyen du chapitre de l'église Notre-Dame, dans la ville de ce nom, de qui la Bibliothèque nationale de France possède encore les Fallacia et la Summa modorum signi- ficandi (MS. n° J 6,222); Siger de Brabant, que le Dante a chanté et qu'il ne faut pas confondre avec l'homonyme dont nous venons de parler (i), Siger de Brabant, l'auteur des bnpossibilia (MS. n** 16,297), des Questiones de anima intellecliva (MS. n° 16,153), etc., orateur fougueux, que ses adversaires s'empressèrent de classer parmi les infi- dèles convertis (2); son ami Berner de Nivelles, comme lui chanoine du chapitre de Saint-Martin, de Liège, comme lui, à son heure, signalé à l'Inquisition; Godefroid de Fon- taines, le docteur vénérable, chanoine de Liège, de Colo- gne, de Paris; Michel de Brabant, plus obscur (3), etc. Si l'on veut se faire une idée des forces vives qui se groupaient sous la bannière de l'Université de Paris et qui, de ce centre d'activité philosophique, agissaient puissam- ment sur les pays voisins et principalement sur la Bel- gique, il suffît de consulter le travail que l'un des hommes les plus savants et les plus laborieux de notre temps. (1) Comme Tonl fait plusieurs auteurs et, dans le nombre, M. Leclerc {Hisloire littéraire de France, t. XXi). (2) Voyez V Histoire littéraire de France, t. XXI, pp. 96 et suiv. (3) Auteur d'une Summa modorum signi ficandi que Ton trouve dans le MS. n° 16,222 de la Bibliothèque nationale. .( 558 } M. Léopold Delisle, que la classe des lettres vient de s'as- socier, a consacré au dépôt actuellement confié à ses soins (1). En traitant spécialement des trésors que la grande Bibliothèque de Paris a recueillis dans l'héritage de la Sorbonne, M. Delisle énumère les généreux bien- faiteurs qui ont légué des livres à cette dernière. Là se rencontrent, pour le XIIP siècle seulement, bien des noms mêlés à notre histoire politique et littéraire : Maître Berner de Nivelles, qui ne donna pas moins de 2d volumes en 1277, et de qiri proviennent les manuscrits delà Bibliothèque nationale portant les numéros 15,347, 15,348, 15,400, 15,411, 15,531, 15,540, 15,604, 15,611, 15,665, 15,813, 15,905, 16,417. Maître Gualter ou Walter de Douai, doyen de Tournai , donateur du MS. nM5,430. Maître Henri de Ecclesia ou de l'Église, doyen de Notre- Dame, de Courtrai, professeur en théologie, donateur du MS. n^ 16,612, où il est qualifié de « Fleur des Flamands » (Flos fuit. Flamingorum). Sire Joseph de Bruges, chanoine de Tournai, donateur duMS. nM 5,629. Maître Mathieu Castelet, d'Arras, qui légua à la Sor- bonne, en l'an 1306, les manuscrits 15,228, 16,270, 16,300 et 16,383. Maître Michel Herlekin, donateur du MS. n« 15,707. Maître Michel de Warenghien, évéque de Tournai, mort en 1291, après avoir légué 20 livres pour la fonda- tion de deux bourses destinées à de jeunes étudiants de (1) Nous voulons |)arler de la publication inlilulée : Le cabinet des ma- nuscrits de la Bibliothèque impériale. Le passage auquel nous emprun- tons les délails qui suivent est au lome II, pp. 142-178. ( 559 ) théologie, originaires de la partie wallonne (ou française) de son diocèse. Maître Nicaise de la Planque (ou Vandcr Plancken), de Menin, clerc, donateur des MSS. n°^ 16,088 et IG,672. Maître Nicolas, archidiacre de Tournai, donateur de quatre volumes, dont il ne reste actuellement que le MS. n° 15,704, et qui fonda, en octobre i266, des bourses destinées à des élèves flamands du diocèse de Tournai. Maître Pierre de Saint-Omer, maître en théologie, nommé chancelier de Paris en 1296 et archidiacre de Brie en 1502, donateur des MSS. n«^ 15,764, 15,774 et 15,792. Maître Philippe, chanoine d'Arras, donateur du MS. n« 15,500. Maître Robert de Douai, mort en 1262, l'un des fonda- teurs de la Sorbonne, à laquelle il donna 1,500 livres et légua tous ses livres de théologie, bibles, gloses et œuvres des pères (notamment le n° 15,220). Maître Siger de Courtrai, doyen de l'église de Courtrai, donateur d'une collection des œuvres de Saint-Thomas d'Aquin en huit volumes, dont il reste les manuscrits n«' 15,552, 15,787 et 15,790. Maître Simon de Furnes, donateur des MSS. n*" 15,761 et 15,772. Maître Simon Widelin, chantre d'Arras, qui donna, en Tan 1285, le n° 15,750. Comme on le voit par celte liste, la Belgique comptait beaucoup d'amis des lettres et des sciences à la même époque où tant de trouvères célébraient dans leurs chants les hauts faits des anciens héros et l'amour des dames et des tournois ou ridiculisaient dans leurs chansons les ( 360 ) vices et les travers de leurs contemporains, à Tépoque où écrivait Van Maerlant, où naissaient Hocsem, Van Heelu , Van Velthem, Boendale ; à l'époque où le premier en dignité des princes belges, la fleur de la chevalerie, le vainqueur de Woeringen, se plaisait à imiter l'exemple de son père et, de même que celui-ci, prenait place parmi les poètes. Nous traversions alors une de ces belles jour- nées que les nations rencontrent dans leur existence et pendant lesquelles éclosent, à l'ombre de la paix, comme sans peine et sans se compter, ces fleurs de l'intelligence que le destin refuse à des temps plus agités et plus sombres. Tï. Les écrivains belges, et Ton peut dire que c'est chez eux un système presque général, rattachent au règne du duc Jean I" les années qui suivirent immédiatement la mort de son père, époque de la régence de sa mère Aleyde. Cette opinion ne constitue pas, à proprement parler, une erreur, car la duchesse resta la tutrice de ses enfants et, sauf certaines restrictions, gouverna le pays; toutefois on se tromperait si l'on croyait que Henri, l'aîné des fils de Henri III, ne porta pas le titre de duc : il est formellement décoré de cette qualification dans un acte de son frère Jean I", daté du 28 avril 1272; celui-ci y approuve le con- sentement que sa mère et son frère Henri, yac/Zs duc de Brabanty avaient donné à la cession de l'abbaye de la Ramée près de Jodoigne, d'un fief situé à Wamont (1). (1) Voyez AiNNEXES , n" II. ( 361 ) L'histoire de la tutelle de la régente Aleyde est encore entourée de quelque obscurité. Toutefois, les détails que Ton a fait connaître et qui sont résumés et groupés dans notre Mémoire sur le duc Jean /"■, couronné par l'Aca- démie en 1859, ont éclairci plus d'un point qui était resté dans les ténèbres. Ainsi l'on sait actuellement que la ma- nière dont les chroniqueurs brabançons rapportent les ten- tatives des princes de la maison ducale pour enlever à la duchesse la régence, n'est pas d'une exactitude absolue. Henri deGueklre, évêque de Liège, et son frère, le comte Othon , prirent une part assez active à l'administration du duché, de 1261 à 1265 (1).L'évêque,qui jouait alors un rôle très-important en Belgique (2), venait fréquemment en Brabant. C'est ainsi qu'il se trouva à Ylierbeek près de Louvain le 22 octobre 1261, lorsqu'il y confirma à l'abbaye du Parc-les-Dames le don d'une petite dîme et, à Louvain même, le 28 du même mois, quand il autorisa la commu- nauté de ce monastère à faire célébrer la messe dans ses granges ou fermes, chaque fois que l'abbesse, des chape- lains, des frères ou des sœurs du Parc-les-Dames s'y ren- draient (o). Il y revint encore le jour de la Sainte-Agnès 1265, 21 janvier 1266, et y ratifia la cession à l'abbaye de Sainte-Gertrude, de Louvain, du patronat des églises de Weerde et de Langdorp, près d'Aerschot (4). On pourrait encore multiplier ces exemples. L'union étroite que les communes du Brabant contrac- tèrent dans différentes assemblées qui eurent lieu à Cor- (1) Voir mon Mémoire , p. 31, (2) Ibidem , p. 32. (3) Voyez Annexes , n» III. (4) Ibidem, n« IV. ( 562 ) tenberg, à mi-chemin entre Bruxelles et Louvain, en 1261 et 1262; Tenipressement avec lequel les Louvanistes de- mandèrent au pape Urbain lY des confirmations solen- nelles de leurs privilèges, le premier et pour ainsi dire le seul exemple d'un pareil recours qui se soit produit en Bra- bant; l'acte énergique par lequel les bourgeois de Léau comminèrent, en 1265, des peines sévères contre ceux d'entre eux qui refuseraient de marcher contre les ennemis de la commune; le soulèvement des bourgeois de Nivelles contre l'autorité de l'abbesse de cette ville et la résistance qu'ils opposèrent, pendant plus de deux années, à la pres- sion dont usaient à la fois sur eux cette abbesse et son chapitre et Tévêque de Liège; tous ces épisodes témoi- gnent d'une sorte de réaction contre la grande autorité exercée par Henri III. Sous la faible direction d'une étran- gère, en face de vassaux turbulents et divisés, les bourgeois essayèrent, dans la mesure du possible, de s'entendre pour le maintien de leurs droits et de les défendre contre toute atteinte. L'intervention de Henri de Gueldre dans les troubles de Nivelles ne fut peut-être pas étrangère à la rupture qui ne tarda pas à éclater entre ce prélat et le Brabant. A la même époque une autre cause de désunion aigrissait les rapports existants entre les Liégeois et les Brabançons. L'un des principaux barons parmi ceux-ci, sire Arnoul de Wesemale, était avoué du chapitre de Saint-Barthélémy, de Liège, à Lincent. De concert avec son frère, sire Gérard, seigneur de Wesemael, il ne cherchait qu'à empiéter sur les droits de l'église. Tantôt ils enlevaient de vive force les produits de ce domaine, tantôt, par l'intermédiaire de Quarteloltus, leur officier, ils y défendaient au maire et aux échevins de rendre la justice et aux habitants de cultiver ( -"îeô ) OU de moissouner les champs, de sorte que les actes de Iransmission de biens ne se passaient plus et que les ré- coltes pourrissaient sur place. Ému par les plaintes du cha- pitre de Saint-Barlhélemy, qui perdait de ce chef plus de 580 muids d'épeautre, le chapitre de Saint-Lambert en- joignit au doyen du concile de Jodoigne, à l'investi ou curé de Tirlemont et à Tinvesli de Houtain-l'Évéque d'ou- vrir à ce sujet une enquête, de mettre à néant les ordres donnés par les chevaliers de Wesemale, et de faire con- naître à ceux-ci la mission dont ils étaient chargés, soit à Lincent, soit à Louvain, où ces chevaliers avaient alors leur domicile (18 mars 1265-1266). Le 10 avril suivant, les curés de Houtain et de Tirlemont exécutèrent en effet les ordres dont ils étaient porteurs; ils constatèrent que les exigences des Wesemale s'étaient manifestées à Lincent depuis plus de sept années; mais, n'osant se rendre à Lou- vain, à cause de l'influence dont ces seigneurs y jouissaient, ils remirent un double de leur enquête au serviteur de Gérard de Wesemale et à Quartelottus précité. Peu de temps après, le pape Clément IV intervint; il ordonna à l'écolâtre de l'église Notre-Dame, de Maestricht, de sévir contre les frères de Wesemale (bref, daté du 16 juin 1267) (1). Peu de temps après fut signé, le 5 août 1267, un accord par lequel sire Guillaume de Rotselaer, chanoine de Lou- vain, Amelez ou Ameil, chanoine de Saint-Denis, et le che- valier Robert de Limont furent chargés de terminer ce débat; 100 marcs furent déposés par les parties entre les mains du doyen de Liège et Gérard s'engagea à faire lever les défenses qu'il avait portées. Après quatre années d'un régime tout à fait arbitraire, régime qui avait privé le cha- (1) Voyez Annexes, n^V. ( 36i ) pitre de Saint-Barihélemy de 700 muids de blé et de 100 marcs de Liège, une sentence arbitrale fut prononcée en faveur de ce corps : les usurpations de Gérard furent con- damnées, mais on laissa aux parties le soin de s'accorder au sujet des torts que Tune d'elles pourrait avoir subis (21 janvier 1267-1268). Des détails dont il vient d'être donné connaissance, il résulte que les Wesemael avaient établi leur domicile à Louvain en mars 1266 et qu'ilsy jouissaient d'une grande influence. C'est vers ce temps aussi que la guerre éclate entre la duchesse Aleyde et l'évêque de Liège. Tandis que celui-ci s'allie aux bourgeois de Cologne, au comte de Ju- liers, aux évéques de Minden et d'Osnabruk, celle-là se confédéré avec l'archevêque de Cologne et le comte de Clèves. Le traité d'alliance d'Aleyde et de l'archevêque de Cologne a été publié; celui par lequel la duchesse promet son appui au comte est daté du même jour et renferme des stipulations analogues. L'un et l'autre sont confirmés, au nom de la duchesse, par son beau-frère, le landgrave de Thuringe, les seigneurs d'Enghien, de Malines, de Rotse- laer, de Wesemael, de Walhain et de Bautersem, et par les chevaliers Henri Berthout , frère du seigneur de Malines , et Henri d'Assche (J ). Les espérances d'Aleyde furent détruites par la funeste bataille de Marienholtz, où l'archevêque En- gelbert et le comte de Clèves furent faits prisonniers par les bourgeois de Cologne et leurs alliés , le 1 8 octobre 1 267. Elle-même avait été attaquée par l'évêque de Liège et, bien que celui-ci n'eût pas complètement réussi dans son entre- prise sur Malines, il avait cependant remporté sur les Bra- bançons des avantages que l'on ne peut dissimuler. (1) Voyez Annexes, n" VI. ( 365 ) Il faut placer dans les premiers mois de Tannée 1267 la rébellion du sire de Wesemael contre la régente Aleyde, qui avait conçu le projet de remplacer par son deuxième fils, Jean, son fils aîné, Henri, dont Tintelligence et la force corporelle ne répondaient pas aux nécessités de la dignité ducale. Les particularités nouvelles manquent sur ce qui se passa alors, sur la courte lutte qui se livra entre les Louvanistes et les vassaux de Walter Berthout,sur les conditions de la réconciliation des premiers avec Aleyde. Un seul fait dont il a rarement été fait mention s'établit avec certitude : c'est que le seigneur de Wesemael, Arnoul, soit zèle religieux, soit dépit d'avoir échoué dans ses des- seins, quitta le monde et entra, de 1267 à 1270, dans Tordre du Temple (1). (1) Godefroid, frère d' Arnoul, était déjà seigneur de Wesemael et ma- réchal de Brabant en 1270. En cette année, le 1" août ijour de S^-Pierre es liens), il donna à l'abbaye du Parc-les-Dames, pour la posséder à per- pétuité moyennant un cens annuel de 6 muids de seigle et de 2 deniers de Louvain , son moulin de Beverslus, à Wesemael. Le 6 décembre suivant , pendant la nuit de la Saint-Nicolas, il approuva toutes les acquisitions faites par ce monastère du temps du chevalier Arnoul de W^esemale, qui était alors seigneur de Wesemael (qui tune erat dominus de Wesemalé) ; ces cessions furent certifiées par les sept échevins de ce dernier village, qui vinrent à cet effet porter témoignage devant les échevins de Louvain, et les notables {boni homines) de Wesemael reconnurent en même temps n'avoir aucun droit sur les biens cédés. Mais dès la Toussaint de 1275, Godefroid était mort et ce furent alors sa veuve , Gertrude, et son fils Ar- noul ([ui reconnurent devoir à Tabbaye deTongerloo 150 livres de Louvain, jadis prêtées à frère Arnoul, chevalier du Temple, ex-seigneur de Wese- mael {Arnoldus, miles milicie Templi, quoadam dominus de Wesemalé). Gertrude et Arnoul promirent de rembourser par annuités de 20 livres cette somme, qui était hypothéquée sur la dîme d'Oelen. Arnoul le jeune n'ayant pas encore de sceau, ce fut sa mère qui munit cet acte du sien. Voyez, au surplus, ce que nous avons dit des troubles de Louvain et des Wesemael dans mon Mémoire déjà cité, pp. 44 et suiv. 566 ) UT. Les premières années du règne du duc Jean I" passent presque inaperçues dans l'histoire et il ne s'y trouve que deux événements sur lesquels on possède réellement quel- ques détails : l'un appartient aux annales de la race ducale même: c'est l'épisode du mariage de Marie de Brabant,sœur du duc, avec le roi de France Philippe lil et la condam- nation de l'ennemi de Marie, Pierre de La Brosse; l'autre est plus intimement lié avec les fastes du duché : c'est la lutte qui a pris le nom de la Guerre de la Vache. Sans entrer dans l'examen minutieux de l'un ou de l'autre de ces événements, qui ont occupé maint historien, nous nous bornerons à éclaircir quelques faits au sujet des- quels nous avons recueilli des détails inédits. Tel est, d'abord, le premier mariage du duc. L'union négociée, dès l'an 1257, entre Marguerite, l'une des filles du roi Louis IX, et Henri, l'héritier du Brabant, n'avait pu se conclure par suite de la renonciation de ce dernier prince au trône ducal et de son entrée dans un monastère; mais, dès l'avènement de Jean F", ce projet fut repris à son profit, et son mariage avec Marguerite célébré au mois de janvier 1270-1271. Quoique cette alliance matrimoniale n'ait duré que peu de temps , la jeune épouse étant morte en couches au mois de septembre de l'année suivante, il ne sera pas sans intérêt d'analyser et de reproduire ici plusieurs actes im- portants, tous restés inédits jusqu'à présent et par les- quels les liens d'amitié, qui existaient déjà entre la France et le Brabant, furent encore resserrés. Nous les ( -ïC? ) avons copiés à Paris, aux Archives nationales, où les ori- ginaux existent dans un état parfait de conservation. Le premier est du mois de février 12G9-1270. A cette date le mariage fut décidé. Jean I", se trouvant à Paris, promit alors à son futur beau-père, à ses enfants et à ses frères une affection toute particulière. Il s'engagea à les protéger et défendre au besoin , à ne pas permettre que ses sujets leur causent du préjudice, à ne jamais s'allier avec leurs ennemis. Il ne fit de réserve que pour ce qui con- cernait la fidélité et l'hommage qu'il devait à ceux de qui il tenait en fief son patrimoine. C'était déclarer qu'il en- tendait ne pas méconnaître ses devoirs de vassal et de prince de l'empire d'Allemagne (i). Le roi Louis avait donné en dot à sa fille 10,000 livres tournois, somme égale, remarquons-le, à celle que le duc Henri III, dans le codicille que nous avons fait connaître, avait légué aux mêmes fins à sa fille Marie, qui devint reine de France. La moitié seulement de cette somme avait été remise au duc Henri HI, l'autre moitié fut payée à Jean ['% qui s'obligea à la restituer, dans le cas où sa future femme mourrait sans avoir d'enfants. II n'y avait pas lieu à restitution , si Marguerite mourait après avoir eu un enfant, celui-ci fut-il mort avant elle. Le duc Jean, de son côté, assigna à sa fiancée, pour son douaire, un revenu annuel de 6,000 livres de Louvain, dont elle devait jouir dès l'instant de son mariage et pendant toute sa vie, con- damnée à être si courte (2). Ce douaire devait être déter- (1) Voyez Annexes, n» VII. (2) Charte datée du mois de février 1^69-i'27 0 {Actum Parisius , anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo nono^ mense fehruario). Trésor des chartes à Paris , carton n» 323, n" 3. ( 368 ) miné par les soins de Jean de Nesle, comte de Ponthieu, de Montreuil et d'Aumale, mandataire du roi de France, et parWalter Berthout, seigneur de xMaiines, mandataire du duc; en cas de doute, Simon, seigneur de Nesle, était chargé de terminer la contestation. Les principaux barons du Brabant : la dame de Gaesbeek [domina de Gazebeke), sire Henri de Louvain, son fils; Walter Berthout, seigneur de Malines; Henri, seigneur de Bautersem; Henri Berthout, et Walter, seigneur d'Enghien, s'engagèrent à faire ob- server ces conventions et promirent, au besoin, de venir se constituer prisonniers à Saint-Quentin : le dernier en se faisan! remplacer par un chevalier, les autres en per- sonne, jusqu'à ce que leur prince eût satisfait à ces obliga- tions (1). Les formalités prescrites ne tardèrent pas à être remplies. Jean de Nesle et Walter Berthout vinrent en Brabant et désignèrent les biens dont le douaire de la du- chesse se composerait, après en avoir fait expertiser la valeur, en se basant sur les chiffres suivants : Le muid de blé , mesure de Louvain, valait 12 sous de Louvain. Le muid d'avoine 5 sous. Le chapon 6 deniers. La coupe d'un bonnier de bois 20 sous. Le produit d'un bonnier d'étang 50 sous. La duchesse Marguerite acquit le droit d'exercer ou faire exercer la juridiction dans toute l'étendue de ses nouveaux .domaines , d'user à son profil des bois qui lui étaient aban- donnés, de recevoir les reliefs des fiefs compris dans son (1) Acte daté comme le précédent : Datum Parisiis, etc. Ibidem. — L'acte émané des seigneurs existe également à Paris , avec la souscrip- tion : Actum Parisius^ anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo 110710, mense februario. ( 569 ) douaire, à charge, d'autre part, d'entretenir les châteaux et habitations qui s'y trouvaient. D'après le contrat, ex- trêmement détaillé , dont nous donnons ici la teneur, les biens assignés à Marguerite de France embrassaient les villages situés dans les bailliages de Bruxelles et d'Over- Yssche (l) et une partie de celui de Louvain, ou, pour nous faire comprendre plus facilement, dans le pays s'élendant depuis la Flandre jusqu'à la Dyle, à l'exception toutefois des franchises des villes de Bruxelles et de Louvain et des terres où des seigneurs particuliers avaient la justice. Ainsi Corbeek-sur-Dyle, Neer-Yssche, Winxel , Velthem, Thil- donck, Hérent, quoique ressortissant à la mairie de Lou- vain, y étaient englobés. La Hulpe, qui forma depuis une dépendance du bailliage du Brabant- Wallon , y fut aussi compris. Les produits de toute espèce que le douaire reti- rait des villages précités s'élevaient à 5,500 livres. Pour compléter la somme promise on sépara de la forêt de Soi- gnes 2,700 bonniers de bois, dont 250 compris dans le parc du château de Tervueren (2) et qui furent soigneuse- ment bornés, et 2,450 contigus aux précédents et déli- mités, d'autre part, par le chemin conduisant de Bruxelles à Hoeylaert (5). (1) Le bailliage d'Over-Yssche cessa plus tard d'exister et fut réuni à d'autres circonscriptions administratives. Le ressort de la recette doma- niale de Ter-Vueren,Over-Yssche et La-Hulpe,qui fut ensuite annexée à celle de Vilvorde, en représentait sans doute retendue primitive. Dans les derniers siècles Ter-Vueren et Over-Ysscbe dépendaient de la mairie de Vilvorde, subdivision de Tammanie de Bruxelles, et La Hulpe était le chef-lieu d'une mairie du bailliage du Brabant wallon. (2) Pour le parc qui existait à cette époque consultez VHisloire des en- virons de Bruxelles , t. III, p. 384. — Voir Annexes, n" VIII. (3) Ce chemin est celui qui passe à la chapelle de Notre-Dame de Willerieken et de là se dirige sur Boitsfort. 2""' SÉRIE, TOME XL. 24 ( 370 )■ Les Archives nationales de France possèdent l'acte par lequel les deux seigneurs ratifièrent cette assignation la veille du jour où le duc en scella la confirmation ou appro- bation (1); on y trouve également l'assignation même, où l'on énumère longuement les biens compris dans le douaire (2). Voici quelques détails sur les localités que l'on y mentionne et le produit que l'on en retirait : Ophemjuxta Vuram. C'est le hameau d'Ophem annexé actuellement à la commune de Wesenbeek. Cortbeke et Nederische (Corbeek-sur-Dyle et Neer- Yssche). Berghe et Hockensele ( Bergh et Neer-Ockerzeel ). Bullincshem et Berghe (Bullesom, hameau sous Bergh et ce dernier village, de nouveau). Binneberghe , où le domaine levait 9 muids d'avoine. C'est un champ qui se trouve entre Steen-Ockerzeel etErps. Woelewe Sancti Bumoldi; on appelait Woluwe-Saint- Rombaud une partie de Woluwe-Saint-Élienne. Bimelenghem; Bymelghem , dans ce dernier village, où il y avait un grand moulin à eau qui produisait un re- venu de 40 muids de seigle (3). Bouts fort ou Boitsfort, dont le moulin rapportait, par an, 21 muids de seigle (4). (1) La souscription de cet acte porte : « Faite et donée à Le Vure, en » l'an del incarnation Nostre Segnor milCC. sissantedis, le venredi de- » vant la Nativitet Notre Dame, el mois de sietembre. » Le sceau de Jean de Nesie y est encore appendu. L. c, no o'''^ (2) L. c.y n» 5'". Cette pièce est intitulée : Isti sunt rcdditus deputati et assignati ad dotem domine Margarete , filie excellentissimi Ludovici Dei gratia régis Francis. Elle est sans date, mais également scellée par les deux seigneurs précités. (3) Apud Rimelenghem de molendino siliginis XL modios (4) Apud Boulsfort de molendino siliginis XXI modios. ( 374 ) Ouderenghem ou Auderghcm , dont le moulin rappor- tait 18 muids de seigle (1). Yetterbeke et Elsele (Etterbcck et Ixelles). Scarenbeke et Ten-iYoîtrfe ( Schaerbeek et Ten-Noode). Ces deux villages, qui sont transformés en une ville im- mense, figuraient alors dans les registres du domaine ducal pour un modeste cens de 50 sous et de 40 muids d'avoine; on y exploitait des tourbières, pour lesquelles on donnait 30 autres sous, et nos ducs y avaient, déjà à cette époque, un moulin à eau (l'usine qui fut depuis convertie en une machine hydraulique), dont le produit était considérable, sans doute à cause de sa proximité de Bruxelles , et s'éle- vait à 60 muids de seigle (2). Ucle ou Uccle, où l'on payait 9 muids de seigle pour un champ appelé la Culture des enfants de Zeecrabbe (5). Ce nom, qui s'est conservé jusqu'à nos jours dans celui à'hof te Zeecrabbe , donné à la propriété de la famille de Tbysebaert, près de Bootendael, n'est pas indigne d'at- tirer notre attention. Il provient évidemment des débris de mollusques et, en particulier, de crabes (crabes marins ou zeecrabbe), que le sol y recèle. Récemment, lorsqu'on a construit à proximité de cet endroit une grande tran- chée pour le passage du chemin de fer de Bruxelles à Luttre, la pioche en a mis au jour en grande abondance. Nederdoi^nepe et Usenghem (Neerdorp et Huysinghen). E/ce/o (Essele , à Tourneppe). (1) Apud Ouderenghem de molendino siliginis XVIII modios. (2) Apud Scarenbeke et Ten Noude, de censu XXXII solidos, avene XL modios. Ibidem de turbonibus XXX sol. Ibidem de molendino siliginis. LX modios. (3) Uole. De cullura filiorum Zeecrabbe ( 372 ) Mergihen. Dans le bourg de Merchten, que le duc Henri II avait érigé en franchise , le domaine possédait des constructions, un verger et des étangs produisant 20 livres, une halle aux draps produisant 10 sous, des moulins à vent et à eau dont le rapport s'élevait à 42 muids de seigle. En outre l'abbé d'Afflighem payait 2 antres muids et la maceria, c'est-à-dire la taxe sur la fabrication de la drêche, prélevée tant à Assche qu'à Merchten, valait, par an, 4 livres et 10 sous (1). Ascha. Une halle à Assche rapportait 9 sous et les wastines, c'est-à-dire les bruyères récemment mises en culture , produisaient 65 muids de seigle (2). Capella Sancti Nycholai ( Capelle-au-Bois) payait un cens de oO sous 4 deniers, 24 chapons et 1 poule blanche. Le droit de congé qui se prélevait dans la mairie de Bruxelles produisait 15 livres (3). Une taxe sur les charrues est indiquée comme valant 25 muids de seigle et autant d'avoine (4). Une étendue d'étangs, comprenant 72 bonniers situées dans les mairies de Bruxelles et d'Yssche, rapportait 108 li- vres; le produit des droits de reliefs des fiefs 15 livres, celui des forfaits , c'est-à-dire des amendes, 550 livres; le cens de Wambeke et Lombeke (Wambeek et Lombeek- Sainte-Catherine) 40 livres, les bois d'Assche (le bois dit (1) De caminagiis, pomerio et vivariis XX libras , de domo pannali X sol., de moleiidinis venti et aque XLII mod. siliginis, de abbale de Haffligheu II mod. sil., de maceria in Merhten et Ascha IV lib. et X sol. (2) Apud Ascha de quadam halla IX sol. Ibidem de wastinis LXVmod. sil. (5) La villicatu de Bruxella de venditionibus terrarum XV^ lib. (i) De blado aratrorum XXV mod. siliginis, avene XXV mod. ( 375 ) de Crevai, dont Jean III donna nne partie à l'abbaye de Forêt) 100 livres. La plupart des étangs qui ornaient jadis nos environs ayant disparu, ce n'est pas sans intérêt qu'on en lira la nomenclature. La voici : Les étangs voisins de la Maison de Ter-Yueren com- prenaient 8 bonniers. L'étang situé plus en aval (en suivant la rivière la Voer, près du moulin de Vossem) , mesurait 9 bonniers. L'étang â'Horensele (?), 2 bonniers. Deux autres étangs contigus, V2 bonnier. L'étang d'Hertsweghe (à Duysbourg) 1 1/2 bonnier. Quatre étangs adjacents, 5 journaux. Dans la vallée d'Yssche, 5 journaux. L'étang près la Bouverie (?), i 1/2 journal. L'étang près de Satenberghe (?), 1 bonnier. L'étang près de Groenendael (c'est la plus ancienne mention de cette localité depuis si célèbre), 4 bonniers. L'étang à Vlossee (de F losse vy vers, enire Xuderghem et Tervueren), 1 bonnier. L'étang de Stockel , 2 bonniers. L'étang de Val-Duchesse (à Auderghem), 11 bonniers. L'étang de la Maison des Veneurs (à Boitsfort), 5 bon- niers. Les trois autres bonniers adjacents, 2 bonniers. L'étang de Ten-Noode, près de Bruxelles , 10 bonniers. Celui de Gempe (à Winghe-Saint-George, entre Lou- vain et Diest), 12 bonniers (1). (1) L'étang de Gempe est la seule propriété dominiale comprise dans le douaire de Marguerite de France qui fut placée en dehors des limites dont nous avons parlé, c'est-à-dire à TE. de la Dyle. i 574 ) Celui d'Obbrussel ou Saint-Gilles, 1 bonnier. Celui d'Humbeek, 1 V^ bonnier (1). Tous ces détails géographiques donnent une certaine importance aux actes qui accompagnèrent le premier mariage de Jean I". C'est ce qui nous a déterminé à les analyser et à les publier. Il n'existe, sur le Brabant, aucun document du même genre qui soit aussi ancien : les comptes des officiers de justice , soit en rouleaux, soit en registres ou cahiers, les comptes du domaine, les comptes des reliefs de fiefs et les rôles de fiefs ne com- mencent que plus tard. A part leur signification historique, ces actes ont donc une grande valeur à cause des données géographiques qu'ils renferment, données dont l'exacti- tude ne pourrait être contestée. La mort de saint Louis, qui expira devant Tunis le (1) Vivaria juxla domum de Vura continent octo bonuaria. Vivarium inferius, juxla molendinum,... Vivarium juxla Horenselele... Ibidem duo vivaria... Unum juxta Herlsweghe... Ibidem quatuor vivaria... In vallede Ische... Vivarium juxta Beverye... Vivarium juxta Salenberghe... Vivarium juxta Grunendale... Vivarium juxta Vlossee. .. Vivarium juxta Stokele... Vivarium juxla Abbatiam ducisse... Vivarium juxla domum Venalorum... Ibidem tria vivaria... Vivarium juxta den Noede, juxta Bruxellam... Vivarium de Ghenpe... Vivarium de Obbruxella... Vivarium de Honebeke... (575) 25 août 1270, et celle de la jeune Marguerite ne portèrent aucune atteinte à l'amitié des familles de France et de Louvain. En l'année 1274 fut signé : le 21 août, au châ- teau de Vincennes, le mariage de Marie de Brabant et de Philippe dit le Hardi , fils et successeur de Louis IX, et, le 8 septembre, à Paris même, un diplôme dans lequel Jean 1" s'engageait à accompagner son futur beau-frère à la Terre-Sainte, en déclarant toutefois que si le roi était empêché de partir, il se considérait de son côté comme délié de toute obligation (1). On n'ignore pas que les bonnes relations entre la France et le Brabant se perpétuèrent pendant tout le règne de Jean I". La politique qui présida au gouvernement de ce prince, du moins pendant les premières années, fut surtout une politique d'apaisement et de modération. A l'intérieur, Jean 1" s'efforça de rétablir la tranquillité, à l'extérieur il ouvrit des négociations qui, aidées par des démonstrations militaires pleines de vigueur, contribuèrent à rétablir dans nos provinces une paix à peu près complète. Résumons cette situation aussi brièvement que possible : La peirsonnalité d'ArnouI de Wesemael n'avait été étrangère à presque aucune des causes de troubles qui s'étaient manifestées en Brabant : les privilèges de Lou- vain ayant été confirmés et étendus par le duc^ cette ville rentra dans le calme; à Ternath, où un conflit s'était élevé entre le chapitre de Nivelles et Arnoul, à propos du par- tage du produit des bruyères récemment défrichées, un accord fut conclu, au mois d'octobre 1268, entre le duc, Arnoul et le chapitre, qui se partagèrent ce produit par (1) Voir Annexes, n» IX. (376) tiers, en se garantissant la perception des cens dus par ceux qui viendraient habiter et exploiter ces bruyères (i). L'entrée d'Arnoul dans l'ordre du Temple, entrée qui eut lieu vers ce temps, ne fut pas une disgrâce, car il resta en relations étroites avec la famille ducale (2). Il eut pour successeur son frère Godefroid, seigneur de Perck. Quant à son second frère, Gérard, il s'était déjà réconcilié avec le chapitre de Saint-Barthélémy, de Liège, au sujet des actes de violence commis par lui à Lincent (5). Nivelles, la seule ville où une véritable agitation s'était manifestée pendant la régence d'Aleyde, regagna insen- siblement ses franchises, grâce à Fappui que Jean I" lui accorda, à l'exemple de ses prédécesseurs. La nouvelle abbesse, Isabelle de Bierbais, vécut peu en harmonie avec ses chanoinesses, dont l'humeur procédurière ne fut jamais aussi ardente qu'à cette époque; elle semble s'être mieux entendue avec la bourgeoisie, à laquelle elle donna quit- tance, en septembre 1275, de soixante des 100 livres qui lui étaient dues pour la fondation d'une chapellenie, en vertu d'une clause de la convention imposée à la ville huit années auparavant (4). Marguerite de Constantinople entretint pendant toute sa vie d'étroites relations avec les ducs de Brabant. Son bien- aimé lils Guillaume de Dampierre avait été le beau-frère et l'ami de Henri III ; lorsque Jean I" devint veuf, ce fut à la postérité de Guy, autre fils de Marguerite, qu'il de- manda une seconde femme. Elle s'appelait Marguerite (1) Voyez V Histoire des environs de Bruxelles, t. ï, p. 401. (2) Voyez mon Mémoire sur le duc Jean I", pp. S7, 39 et 84. (3) Voyez plus haut, § H. (4) AMNEXES,n''X. ( -"î?? ) comme son aïeule. Elle et Jean vécurent ensemble douze années, du mois d'août 1275 au o juillet 1285, date de la mort de la duchesse, qui paraît avoir joui du douaire pré- cédemment assigné à Marguerite de France. On liquida à cette occasion les arriérés du douaire de Béatrix, veuve de Guillaume de Dampierre, arriérés qui s'élevaient à 5,512 livres en 1268(1). Deux grands événements qui se produisirent l'année même du second mariage de Jean I" : la mort de sa mère Aleyde et l'élévation au trône impérial de Rodolphe de Habsbourg, apportèrent de notables changements dans la position de notre duc. La duchesse Aleyde avait exercé de fait une autorité qui vint alors à cesser et, d'autre part, on vil se renouer, bien affaiblis il est vrai, les liens qui ratta- chaient le Brabant à l'empire. A partir de ce moment, les efforts pour une pacification générale se multiplient et se développent. Jean 1" fortifie la petite ville de Thiel, au nord de la Meuse, mais il termine ses différends avec la Gueldre , qui sont soumis au juge- ment de six arbitres choisis de commun accord (2). L'en- tente avec la Hollande est affermie par une déclaration du bailli Nicolas de Subburch, qui déclare recevoir sous son sauf-conduit les Brabançons venus en Hollande (o). L'ar- chevêque de Cologne, Sifroi, alors ami du Brabant comme l'avait été Engelbert de Fauquemont, son prédécesseur, demande à Jean 1" d'interposer sa médiation entre lui et le comte de Juliers, et de plus, sollicite les villes du duché, et principalement Louvain et Bruxelles, d'appuyer ses (1) Annexes, n" XI. (2) En 1274. Voyez Annexes, n« XII. (3) En 1275. Voyez Ibidem, n° XIII. ( 578 ) efforts dans ce but (1). Partout les villes échangent entre elles des promesses d'appui contre le soulèvement des gens du métier et surtout des tisserands et des foulons; sur tous les points du cours de la Meuse et du Rhin les grandes cités renouent les rapports étroits qui entrete- naient l'amitié entre elles avant le fatal interrègne dont on venait de sortir. Un seul peuple, le peuple liégeois, reste livré à la fois aux discordes intérieures et à la guerre étrangère. Après une réconciliation de peu de durée entre Jean I" et son parent, l'évêque de Liège Henri de Gueldre (2), le bon accord cessa, et le duc, profitant du soulèvement des villes du pays de Liège contre le prélat, se fit recon- naître avoué de la ville de Saint-Lambert, le 26 no- vembre 1270. Les deux princes reprirent les armes l'un contre l'autre, en 1273, pour les déposer bientôt, à la nouvelle de la mort de la duchesse Aleyde. Enfin, après que Henri eut été déposé par le pape Grégoire X, à cause de sa conduite désordonnée, éclata la sanglante guerre de la Vache qui fit tant de victimes et à laquelle le Bra- bant ne prit, à ce qu'il paraît, qu'une part médiocre. Nous nous arrêterons ici dans cette esquisse des pre- mières années du règne du duc Jean P% de ce règne que la victoire de Woeringen a immortalisé et pendant lequel le Brabant, à l'exception de quelques localités situées aux limites du pays, ne connut ni les misères des discordes intestines, ni le fléau de la guerre étrangère. (1) Enl277. /6/dm,no XIV. (2) En 1268. Voyez mon Mémoire déjà cité, p. 37. — Ce fut pour se for- tifier contre l'hostilité des Liégeois que Jean le»" détermina, d'une manière plus précise, la nature du fief que le seigneur de Heinsberg tenait de lui. A?iNEXEs, n" XV.) (379) ANNEXES. I. Hec sunt hereses que fuerant dampnate contra quosdam DE AnTVERPIA. Dicebant quod indulgencie prelatorum non prosunt ani- raabus. Item quod infernura non erit post diem judicii. Item quod nullus polesl dare elemosinam de superfluo. Item quod nullus dives potest salvari et quod omnis dives est avarus. Item quod nullus pauper potest dampnari, sed omnes sal- vabuntur. Item quod siraplex fornicatio non est peccatum, viventi in paupertate. Item quod nullus potest excommunicari vel excoramu- nicare. Item quod nullus potest salvari cum duplici veste ejusdem generis. Item quod sacerdos existens in mortali non potest conficere, nec absolvere aut ligare. Item quod non sunt nisi tria peccata mortalia : invidia, avaricia et prodigalitas indiscreta et cognoseere uxorem suam irapregnatam. Item quod licitum est auferre divitibus et dare pauperibus. Item quod invitans divitem ad convivium peccat mortaliter et invita tus. Item quod inobedientia non est peccatum, dum tamen nesciat prelatus. ( 380 ) Item quod quilibet sacerdos potest absolvere de quolibet peccato, sicut episcopus. Item quod nullus potest sacerdoti auferre potestatem ab- solvendi. Item quod nullum sit peccatum quod dicitur peccatum contra naturam. Item quod nullus vir non potest cognoscere uxorem , nisi ter in ebdomada. Item quod omnimodo veritas sacre scripture non est aperta et quod omniraoda veritas non predicatur. Item quod melius est accipere corpus Christi semel in anno, etiam in mortali, quod non accipere. Item quod quanto aliquis est in altiori gradu ordinis, tanto plus débet esse pauper. Item quod bene et sine peccato potest mulier se prestare . si sit indigens et pauper. MS. de la Bibliothèque nationale de Paris, n» 13,954. f«263 v. II. Jean, duc de Brahant , approuve l'acte par lequel sa mère et Henri, son frère, jadis duc, avaient consenti à la cession d'un fief à l'abbaye de la Ramée. 28 avril 1272. Nos Johannes, Dei gratia Lotharingie dux, n(otum facimus) universis quod nos factum karissime domine nostre et matris ac d(omini) fratris nostri Henrici, quondam clucis Brabantie, in eo scilicet quod hoc suum adhibuerint consensum et assen- sum ut Regaldus et Fredebors de Hanut, uxor ejus, septem ( 581 ) bonuaria feodi jacentia apud Wa(mont conlulerint) in elemo- sinam domui de Ramcia jiixta omncra formam I(ittcrarum karissime) domine nostre et matris sigillo sigiliaUirum, quas vidimus et dictae litterarum laudamus, approbamus, ratara tenemus et confirmamus presentium (teslimo)nio litte- rarum, recognoscentes etiam quod defuncto Abraham, qui de diciis bonis homo fuit feudalis, Henricus de Merbeke, dudum ballivus Geldoniensis, dicta bona de nobis nomine dicte domus et mandato requisivit et jure feudali roboravit. Datum anno Domini M. CC. LXX secundo, dominica ante Ascensionem. Original , fort endommagé et présentant des lacunes , dans le charlrier de la Ramée, aux Archives du royaume. III. (CONFIRMACIO DOMINI HeNRICI LeODIENSIS EPISCOPI SUPER DECIMA DE RoTSLAER.) Confirmation, par l'évêquede Liège, Henri, du don fait à l'abbaye du Parc-les-Dames de la dime de Rot- selaer. 22 octobre 1261. Henricus Dei gracia episcopus Leodiensis universis pré- sentes lilteras inspecturis salutem in Domino. Cum vir nobilis Arnoldus, dominus de Rotslar, dictus dapifer Brabantie, divine pietatis intuitu, ob remedium anime sue suorumque prede- cessorum, decimam majorera et minutam, quam in territo- rio et parrochia de Rotslaer cum aliis bonis suis a duce Bra- bantie in feodum possidebat et habebat,de voluntate nobilis mulieris Beatricis, uxoris sue, consensu, et rectorum loci interveniente, monasterio Dominarum de Parcho, Cister- ciensis ordinis, donatione inter vivos in elemosinam contulit ( 582 ) et dictara decimam in manus iliustris matrone, domine Alei- dis duxisse Brabantie, tutricis légitime terre predicle, et suorum liberorum, reportavit ad opus monasterii supradieti, ducissaque jamdicta, ob remedium anime iliustris viri domini Henrici magne memorie ducis Brabantie , sui mariti , dona- tioni predicte suum consensum adhibens et assensum, dictam decimam monasterio predicto in elemosinan contulit, nomine suo et suorum liberorum et eam in manus abbatisse dicti loci reportavit, ab ipsa abbatissa et ejus conventu in perpetuum ut eorum allodium possidendam, prout in litteris desuper hoc confeetis vidimus plenius contineri. Nos tam pium dictorum nobilium propositum atque factum laudantes, ratificantes et approbantes, decimam predictam monasterio supradicto de Parcho dominarum approbamus et confirmamus ac perpetuo incorporamus. In cujus rei lestimonium et evidenciam pré- sentes litteras sigillo nostro duximus roborandas. Datumin monasterio Fliderbacensi juxta Lovanium, ordinis sancti Benedicti, feria tercia ante festum beatorum Symonis et Jude apostolorum , anno Domini M.CC. sexagesimo primo. Cartulaire de Pabhaije du Parc-les-Dames , fol. 21. Il existe une autre charte de l'évêque Henri en faveur du Parc-les-Dames, du même jour, mais datée de Louvain. En voici la teneur : (QUOD POSSUMUS IN CURIAS SEU GRANGIAS DIVINA FACERE CELE- BRARi.) L'évêque de Liège autorise la communauté du Parc- les-Dames à faire célébrer l'office divin dans celles de ses fermes où Tun de ses membres se trouvera. 28 octobre 1261. Henricus Dci gratia Leodiensis episcopus personis religio- sis suis dilectis in Christo abbatisse et conventui monasterii de Parco, Cisterciensis ordinis, salutem in Domino. Monasterium ( 585 ) vestrum dileclione speciali amplectentes ac vobis gratiam facere intcndentes vobis indulgemus et concedimus ut quan- docunque abbatissam vestram seu ah'quos de capellanis vel fratribus vel sororibiis veslris vcl aliquas personas vestri or- dinis ad curias seu grangias vestras dulci (i) contigerit, pos- sitis ibidem divina facere celebrari. Datum Lovanii, in die beatorum Siraonis et Jude apostolo- rum, anno Domini M.CC. sexagesimo primo. Ibidem, fol. 16 v". IV. Henri, évêqiie de Liège, confirme au couvent de Sainte-Ger- trude, de Louvain, le 'patronat des églises de Weerde et de Langdorp, près d'Aerschot. 21 janvier 1266. Henricus, Dei gratia episcopus Leodiensis, universis ad quos presens seriptum pervenerit salutem in Domino. Prepo- sito Sancte Gertrudis in Lovanio et canonicis intelleximus , referentibus quod jus patronatus de Werde et de Langhedorp longo tempore de consuetudine pertinebat ad Renerum militem dictum Cluet et ad dominum Willelmum militem de Ponte et Jobannem dictum de Pulchra curia et ad alios laicos pro portionibus contingentibus eosdem. Dicti vero prepositus etcanonici, veri religiosi et persone ecclesiastice, obtinuerunt jus patronatus a predictis laicis b'beraliter eisdem donando, sed cum dicta donatio valere non debeat nisi consensu nostro accedente, a nobis humiliter supplicaverunt ut consensum (1) Ily a : dulcL ( 384 ) noslrum eidem donationi adhibercmus. Nos attendentes peti- tionern eorum esse legitimam et honestam, precibus eorum inclinati, donationi tali adhibemiis assensum. Datum anno Domini M.CC sexagesimo quinto, in die béate Agnetis, apud Lovanium. Char trier de l'abbaye de Samte-Gertrude, de Louvain. (Copia bulle Clemeistis pape quarti qui siandat sententiam EXCOMMUNICATIONIS LATAM PER CAPITULUM LeODIENSEM CONTRA - DOMINOS ArNOLDUM ET GeRARDUM DE WeSEMALE INVIOLABILITER OBSERVAHi.) Le pape Clément IV, sur les plaintes du cha- pitre de Saint-Barthélémy, de Liège, ordonne à Vècolàtre de Notre-Dame, d'Utrecht, de faire observer strictement la sentence d'excommunication portée contre sire Arnoul et sire Gérard de Wesemale. 16 juin 1267. Clemens episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio sco- laslico ecclesie Béate Marie Trajectensis, Leodiensis diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Dilecti filii, decanus et capitulum ecclesie Sancti Bartbolomei Leodiensis nobis humi- liter supplicarunt ut excommunicationis sententiam quara decanus et capitulum ecclesie Leodiensis, prout ad eos de an- tiqua et approbata et hactenus pacifiée observata consuetudine perlinet, in Arnoldum et Gerardum, fratres de Wesemale, Leodiensis diocesis, pro eo quod ipsi predictos decanum et capitulum Sancti Bartbolomei quibusdam decimis, redditibus et rébus aliis contra justiciam spoliarunt, et ab eis moniti diligenter décimas, redditus et res hujusmodi dilectis decano et capitulo Sancti Barlholomei restituere contumaciter dene- garent, cum hoc csset ita notorium quod nuUa posset tergi- ( 58S ) versatione celari, quo circa discrétion! Luc pcr apostolica scripta mandanius, qualenus scntcntiam ipsam,sicut rationa- biliter est prolata, facias auctoritatc nostra usque ad satis- factionem condignam, appellationc reinota, inviolabiliter observari. Datum Viterbii, XVÏ kalcnd. julii, pontificatus nostri anno tercio. Registres iioirs de la Chambre des comptes, t. III, fol 24, aux Archives du royaume. — Tous les actes relatifs à la conlestalion au sujet du village de Lincent sont en copie dans ce registre. VI. (CONFEDERATIO INTER AlEYDEM, DUCISSAM BrABANTIE, ET COMITEM Clevensem.) Traité d'alliance conclu entre Aleyde, duchesse de Brabant, et la comtesse de Clèves. 18 novembre 1266. Nos Aleidis, ducissa Lotharingie et Brabancie, notum faci- mus universis présentes litteras visuris, quod nos ab bac die in antea usqiie ad Pascha proximum venturum et ab eodem Pascba per quatuor annos immédiate continue subséquentes promittimus data fide quod nos nobili viro Theoderico, comiti Clivensi, contra quoscunque, Romano imperio excepto, assis- temus et eumdem potenter juvabimur et patenter, nos ad hoc tenore presentium oWigantes, tali apposita conditione quod si qui hominum terras ipsius comitis hostiliter intrare volue- rint et idem cornes nos per suas litteras requisierit ut eosdem, ne terras suas hostiliter seu violenter intrent, impediamus, nos bona fide pro posse nostro hujusmodi suos adversarios stude- 2"^ SÉRIE, TOME XL. 25 ( 386 ) bimusimpedire, terras eorum,si necesse fuerit, hosliliter inva- dendo. Et si prêter ipso ipse cornes pro defensione terrarum suarum vel alias ad nocendum suis adversariis, ipsum vel terras suas impugnare volentibus, nos duxerit requirendum ut homi- nes nostros in suura miltamus auxilium, nos infra très septi- manas post raonitionem suara transmittemus eidem in nostris expensis centura équités cum arrais, tara milites qiiam filios militum, sibi quamdiu necesse habuerit auxilium prestituros, hoc adjecto quod si iidera homines nostri in aliqiio conflictu vel alias in suo auxilio constituti, dampnum aliquod sustinue- rint vel captivati fuerint, ipse comes non tenebitur dampnum aliquod nobis aut ipsis nostris horainibus restaurare vel ipsos ab hujusraodi captivitate liberare. Si vero dicli homines nos- tri aliquem vel aliquos de adversariis ipsius comitis caplivave- rint, solis capitaneis exceplis, de illis captivis nostram facient voluntatem, hoc eliara adjecto quod si diclus comes homines nostros ultra Renum fluvium duxerit transducendos, extunc eis in victualibus providebit. Promittimus etiam data fide quod si aliquod castrum seu munitio ipsius comitis ab adversariis suis circumdata fuerit vel obsessa, nos ad obsessionem hujus- raodi propulsandara et defendendara, eidera pro posse nostro potenter et patenter consilium et auxilium impendemus. Pro- mittimus etiam quod si qui fidèles ipsius comitis occasione quod eidem contra nostros astiterint adversarios, iniraicias incurrerent vel offensas aliquorura, nos eisdera ad defensio- nera suara efficacitcr assisteraus. Promittimus etiam quod sine ipso comité et fidelibus suis predictis, nobis cum eo auxilium prestantibus, nullam cum adversariis ipsorum pacem seu con- eordiam inibimus aut faciemus, ad hoc fide data nos simi- liter obligaïUcs. Et ut predictam confederationem seu prorais- sionera firmius observemus, rogavinius dilectum fratrem nostrum Henricura, lantgravium Thuringie et dominum Has- sie, et viros nobiles, fidèles nostros, Walterum, dominum de Aicnghom ; Walterum Bertolt, dominum Machliniensem; ( 387 ) Henricuiîi, fratrem ejus; Henricuni de Asca, milites; Arnol- diim, dominum de Rodchelaer; Arnoldum, dominum de Wese- inale; Arnoldum, dominum de Walehayn, et Ilenricum, domi- num de Bautershem, ut se per fidei dationcm ad hoc obligent ut ad observationem omnium premissorum idem frater noster nobis assistât, et predicti horaines et fidèles nostri monilioni- bus, exhortationibus etconsiliis nos inducant, et nos Henricus, Jantgravius predictus, pro dicta domina nostra ducissa ac ejus liberis, fidedata promittimus eidem domine nostre ducisse ad observationem predictorum assistere et eam efficaciter adju- vare. Et nos quoque Walterus, dominus de Aiengbem, Walte- rus Bertolt, Henricus frater ejus, Henricus de Asca, Arnoldus de Rodchelaer, Arnoldus de Wesemale, Arnoldus de Walchem atque Henricus, dominus de Bautershem, predicti, rogati a domina nostra ducissa predicta, fide data promittimus et ad hoc nos obligamus quod prediclam dominam nostram ducis- sam ad observationem omnium premissorum pro posse nostro monitionibus, exhortationibus et conciliis nostris inducemus. In cujus rei testimonium nos Aleidis, ducissa predicta; Henri- cus, lantgravius Thuringie; Walterus , dominus de Aienghem; Walterus Bertolt, Henricus frater ejus, Henricus de Asca, Arnoldus, dominus de Rodchelaer; Arnoldus de Wesemale, Arnoldus, dominus de Walehem, atque Henricus, dominus de Bautershem, predicti, sigilla nostra presentibus litteris duxi- mus apponenda. Dalum anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo sexto, in octavis beati Martini hyemalis. Cariulaire de Brabant B, fol 47. ( 588 ) VII. (LiTTERE JOHANNIS, DUClS LOTHARINGIE ET BrABANTIE, DE CONFEDE- RATIONIBUS CUM DOMINO REGE LuDOVlCO RATIONE MATRIMONII.) JeaUj duc de Brabanl , ù l'occasion de son mariage avec Marguerite de France, promet amitié et appui au roi de France et à sa famille. Février 1269-1270. Universis présentes litteras inspecturis Johannes, dux Lotha- ringie et Brebancie, saliitem. Cum nos indicat affectio quam liabemus erga excellenlem dorainuni Ludovicum, regem Fran- cie illustrem, per contractum matrimonium initum inter nos et Margaretam , filiam régis ejusdem, ut ipsiim regem, here- dem suum regem Francie , filios et fratres ipsius favore et amore specialissimo amplectiamur, concedimus, promittimus et ad hoc nos specialiter obligamus quod si eis opus fuerit, in nobis et nostris et terra nostra favorem invenient et araorem et quod cis non inferemus nec inferri sustinebimus per nos vel homines nostros morantes in terra nostra violenciara, rao- lestiam vel gravamen aliquod quoquomodo, salva tamen fide- litate illorum, quibus fidelitatem vel homagium, racione hcre- ditatis nostre, tenemur de jure facere et debemus, nec cum inimicis eorum contra eos confederationem aliquam faciemus. In cujus rei tcstimonium nostrum sigillum presentibus litteris duximus apponendum. Actum Parisius.anno Domini millesimoCC.LX'"'' nono, raense februario. Trésor des chartes, aux Archives nationales de Paris, carlon coté J. 323, n» 4. ( 389 ) VIII. (LiTTERE DUCIS BhABANTlE DE DOTE MaUGARETE FILIE REGIS LuDO- vici.) Le duc Jean I'"' ratifie l'assignation de 6,000 livrées de terres qui avait été faite à sa fiancée, .Marguerite de France, pour lui servir de douaire. 6 septembre 1270. Nos Jehans, par le gratie de Deu, dus de Braibant et de Lo- iherike, faisons savoir à tos cels ki sunt et ki à venir sunt ki cesle présente chartre verront et orront que nos, par les co- venances del mariage fait entre nos et haute dame noble, Mar- gerite, fille au très haut roi de France, avons doné, otroié et assené à la devant dite Margerile, en non de doaire, sis mil livrées de terre par an au tornois, assises en Braibant. C'est à savoir en le Wre et à Yske et es appartenances et as plus pro- chains de ces deux viles, fors mises les franchises de Brosele et de Lovaing, lesqueles sis mil livrées de terre par an furent prisiés et esgardés et assises par nobles homes Jehan de Neele, conte de Pontiu, de Monsteruel et d'Aubemarle, esleut de par le roi de France por Margerite, se fille devant nomée, et VVa- tier Berthaut, segnor de Maslines, por nos, liquel firent lor prisie et lor assise del doaire devant dit en tel manière : Premièrement il prisièrent et assisent par loïal pris de terre et par loïal esgart à Margerite, notre feme devant nomée, por son doaire, le Vure et les apartenances, Yske et les aparte- nances, le baillie de Brosele, hors mise le francise de Brosele et de Lovaing, et li ont assise le baillie d'Yske et partie de le baillie de Lovaing, desqueles bailliez devant dites les viles sunt nomées en après. Li non des viles sunt tel : Duzeborch (i), (1) Duysbourg près de Ter-Vueren. ( 390 ) Moersloe (1), Zaventhines (2), Starbeke (5), Ophein (4), Cort- beke (5), Basse-Yske (6), la Helpe (7), Holeir (8), Voshem (9), Levedale ( \ 0), Cortenberghe, Erpse, Campenhout, Berghen (H ) , Ockensele (12), Bulchen (15), Berghen (14), Winckensele (15), Veltliem, Herenlh, Thieldonch, Benswiec (1 6), Nossenghem ( 1 7), Rennemberghe, Welewe (18), Didenghem (19), Haren (20), Machle (21), Haert (22j, Rimelghem (25), Welewe (24), (1) Moorseloo, hameau sous Ter-Vueren et Leefdael. (2) Saveulhem. (3) Sleriebeek. (4) Ophem, hameau à W'esembeek. (5) Corbeek-Djle. (6) Neer-Yssche. (7) La Hulpe. (8) Hoeylaerl. (9) Vossem. (10) Leefdael. (11) Bergh près de Campenhout. (1:2) Neder-Ockerzeel. Sleen-Ockerzeel était alors un domaine du cha- pitre de SaiDt-Rombaud,de Malines, et des Berlhout. (13) Bullesom, hameau sous Bergh. (14) C'est probablement une répétition du nom déjà cité. (lo) Winxel près de Louvain. (16) Binswyck, localité voisine de la même ville et qui dépendait de la paroisse de Wilseie. (17) Nosseghem près de Saventhem. (18) Woluwe. A en juger par les lieux qui précèdent et qui suivent, ce doit être Woluwe-Saint-Étienne. (19) Dieghem. (20) Haeren. (21) Machelen-Sainle-Gerlrude. (22) Peut-être Ham, sous Steen-Ockerzeel. (23) Le nom de Rymelghem était porté par un grand moulin situé à Woluwe-SaintÉtienne; il fut longtemps possédé par les habitants d'Erps, qui le tenaient à cens du domaine. (24) Ce Woluwe est sans doute Woluwe-Saint-Pierre. ( 391 ) Stocle (1), Watremale (2), Bochcfort (3), Oderghem (4), Ophem (5), Yetterbeke (G), Elchere (7), Scaircnbeke (8), Noude (9), Opbrosele (10), Uccle, Nederdorncpc (H), Eise- ghem (12), Essele (15), Lake (14), Anderlecht, Ganshoren, Ossenhem (l5),Carnevelt (16^ Wammele (17), Mcrchsten (18), Slrombeke, labié de Hafllengbem (19), Aske (20), Liesele, Stie- nufle(21), Maire (22), la Chapele S.-Nicbolai (23),Wolverthem, (1) Stockel, hameau à Wolume-Saint-Plerre. (2) Watermael. (3) Boitsfort, qui forme aujourd'hui une seule commune avec Water- mael. (A) Auderghem. (5) Encore un Ophem. Serait-ce le hameau de ce nom qui se trouvait entre Saint-Josse-Teu-Noode et Schaerbeek? Voyez V Histoire des envi- rons de Bruxelles, t. III, p. 32. Est-ce une simple répétition de VOphem sous Wesembeek , déjà cité. (6) Etterbeek. (7) Il faut évidemment lire Elsene, Ixelles. (8) Schaerbeek. (9) Saint-Josse-Ten-Noode. (10) Op-Brussel ou Saint-Gilles. (11) Neerdorp, hameau à Tourneppe. (12) Eysinghen, partie delà commune de Biiysinghen. (13) Essele, à Tourneppe. (.14) Laeken. (15) Osseghem, hameau à Laeken. (16) Careveli, ferme à Molenbeek-Saint-Jean. (17) Wemmel. (18) Merchten. (19) La grande abbaye d'AfiQIghem , à la limite de la Flandre. (20) Assche. (21) Steenhufifel. (22) Malderen. (25) Capelle-au-Bois, dont Péglise est dédiée à saint Nicolas. ( 592 ) Ophem (1), Copenghem (^), Bettenghem (3), Rekensele (4), Zemse {^), Wierde (6) et Sordonch (7). C'est à savoir que les viles devant nomées valent de rentes en deniers, en menus bos, en vignes (8), en aiguës (9), en prés, en forfais (10), en reliés (M), en vendages de terres (12), en chapons, en blés, en avaines, chascun an trois mil livrées et trois cens livrées de tornois. Après il ont prisié et assis à le devant dite Margerite, pour deus mil et siet cens livrées de terre par an au tournois deus mile et siet cens boniers de bos en notre forest de Soigne, au plus près de le Vure,en quanque nos avons de bos entre Duseborch et le voie ki va de Holers à Brosele, hors dou parc, liquels bos vaut en surame, par loïal mesure, deus mile quatre cens et cincquante boniers de bos, etpor parfaire le summe de son doaire, il li ont assis dedens le parc, au plus près de le Vure, deus cens et cincquante (1) Ophem près de Brusseghem. (2) Cobbeghem. (3) Beiteghem, grande ferme à Cobbeghem, qui appartenait à Tabbaye deSaint-Bavon, de Gand. (4) Beckerzeel, (5) Sempst. (6) Weerde près de Sempst. (7) Sordonck, ferme située à Hombeek près de Malines et dont nous avons eu occasion de parler dans notre travail sur le duc Henri III. (8) Nouvelle preuve qu'aux environs de Bruxelles il y avait alors d'im- portants vignobles. (9) C'est-à-dire eaux : étangs, pêcheries. (10) Forfais ou amendes de justice. (11) Reliefs, droit de mutation perçu sur les 6efs. (12) 11 se prélevait, au moyen âge, sous le nom de droit de congé, un véritable droit de mutation consistant en un dixième ou un vingtième de la valeur du bien vendu ou hypothéqué; ce droit se percevait au profit du seigneur de l'endroit. ( 393 ) boniersdebos, mesurés et bonnes (1) en tel manière: li uns des bonnes (2) est assis à Putdalc, devers le Vure, li antres est assis sor le voie dou Moulin, li tiers est assis à Chabolfontninne, li quars est assis à le kiewe dou vivier, li cincimes est assis en le voie ki soloit aler d'iske à Brosele, li sissimes est assis h le taille del Goulich, li sietimes est assis en celé taille meismes h quatre boniers près, li wilimes fu assis dencosle le palich, sor le vies foss^t del Parc. Les bonnes devant dites firent li devant dit priseur asseoir devant els en lor présence et par devant bonc gent. Là furent présent mesire Henris de Ricxentsart (3), me- sire Willaumes de Liere, chevalier; mesire Pieres de Loher- raine, chapelains le conte devant nommet; Nicholes de la Pierre, maistres Jehans de l'Arche, adonc venderes de nos bos; Jehans de Beudenghen, Jehans Pipeken , eschevins de le Vure; Jehans de Welewe, Henris d'Yske li clers, Nicholes d'Ouden, Ernols de Lakeborne, Schavars, Jehans Dantonnai, mesureur; Amelric la Purpre, Gilles, ses frères; Jehans de Toulete, canonies d'Abeville, et Jehans, clers monsegneur Pierron. Et est asavoir que li priseur devant dit ont prisiet en lor assise et lor prissie del doaire devant dit, chascun mui de blé XII s(ous) de Lovegnois, au mui de Lovaing; chascun mui d'avainne, au mui de Lovaing, cinq s. de Lovegnois; chascun chapon sis deniers Lovegnois, chascun bonier de bos de le forest de Sogne vint s. de Tornois, chascun boniers des viviers trente s. de Lovegnois. Après li devant dit priseur ont dit en lor prissie et le volons ensi et ottroions que la devant dite (1) C'est-à-dire abornés. (2) Ou bornes. (3) Henri de Rixensart, chevalier, fut l'un des plus fidèles vassaux de Jean l*»-, à la suite de qui il mourut, en 1283, pendant une campagne tentée par le roi de France dans le royaume d'Aragon. ( 394 ) Margcrite, notre fcme, aura en toutes les viles, en tos les bos et en tos les lius devant nomée totes justices hautes et basses et totes segnories, autretans que nos aviens au jor que nos Tes- pousaraes. Et porra faire la devant dite Margerite, par le dit et par l'assise des présentes, et par notre assentement, quite- raent et en pais, tolc se vie, son porfit et se volentet de tos les bos en la forest de Sogne et dehors, si cum il sunt devant nomé et de totela terre qu'il li ont assise pour son doaire, s'il ave- noit que li doaires li escheist. Et doit la devant dite Margerite, par le dit et par l'esgart des priseurs devant només, retenir et sostenir le chastiel de le Vure et les maisons de son doaire, as us et as costumes du pais. Et doit avoir tos les homages dont li fief et les tenances sont asis dedens son doaire, par tos les lius, les viles et les baillies devant dites, ne ne puet le devant dite Margerite bos essarter, ne faire paistre bestes en bos de- saagie. Toutes ces choses si comme eles sunt desus escriles, nos les avons en covent à tenir fermement à le devant dite Marge- rite et à garantir tote sa vie et nos obligons à ce tôt plainne- ment et nos oirs ausi,ki après nos venront. Et por ce que totes ces choses demorent fermes et estables et que nous ci après ne puissiesmes encontre aler, par nos ne par autrui, ne autres après nos, si avons nos ceste présente chartre saielée de no propre saiel, ki fu faite et donëe à le Vure, en Tan del incar- nation Nostre Scgnor mil CC et sissante dis, le semedi devant le Nalivitet Notre Dame , el mois de septembre. Original, muni du sceau du duc, où Jean I" est vêtu en damoisel. Ibidem , 1. c. n" S*. ( 395 ) IX. QUALITER DUX BrABANTIE PROMISIT IRE IN TeRRAM SANCTAM CUW (rege Philippo.) Le duc Jean P'' s'engage, envers le roi de France, à l'accompagner à la Terre Sainte. 8 septembre 1274. NousJehans, dus de Brabant et de Loherreine, fesons à savoir à tous ceus qui sont et qui seront, que nous nous obli- gons et prometons, par le foi de notre cors, que nous avons bailliée sur ce, que nous irons avec notre très-haut seigneur, Phelippe, par la grâce de Dieu noble roi de France, en sa com- paignie, es parties de la Sainte Terre d'Outremer, se il avient que il i aille, en tele manière que se il avient par aucun em- peechement que il ni puisse aler, ou que il ni voist pas, nous ne voulons estre tenuz ne obligiez en aucune manière par ceste promesse d'aler es parties desus dites, se nous ne le vou- lons fere de notre propre volenté. En tesmoing de la quele chose nous avons fet mettre notre seel à ces présentes letres. Données à Paris en l'an de Nostre Seigneur mil deuz cenz soixante et quatorze, le feste de la Nativité Notre-Dame. Original, scellé du sceau du duc. Ibidem, I. c, n» 6. ( 596 ) (Lettres de quittanchez al ville de Nivelle d'une somme d'ar- gent.) Isabelle, abbesse de Nivelles, donne quittance à la ville de ce nom de soixante livres qui lui étaient dues pour la fondation d'une chapellenie. Septembre 1273. Nous Ysabiaul, par la grasse de Dieu, abbesse de Nivelle, et le capilles mimes liu , à tous chiaus ki cest lettre veront et oront salus et cognoistre veriteit. Nos faisons savoir à tos que nous avons recbuit à le ville de Nivelle LX libres de Lovignois, de cent libres que li ville de Nivelle devant ditte devoiet, por faire une cappellerie en l'église de Nivelle, ke li ville eut en couvent à payer quant om fist pais de débat qui fut entre me damme Odain, jadis abbesse de Nivelle, et les bourgois de Nivelle de le commugne. Et nos avons en couvent que se nuls de bourgois de Nivelle avoet paene ou damage por le paement des LX libres devant dittes, ki a nos est fais, nos les en deli- vercriens en quitte pais, et ke nos les renderons por acbateir rente aous le cappellerie devant dilte. En tesmonage de laqueil chose, nos en avons donées nos letres saeellées de nos saias, à le ville devant dilte. Che fut fait en l'an del incarnation Jhesu-Crist M.CC. et LXXIII, ou moes de septembre. Cartulaire du chapitre de Nivelles , f» 266. ( 397 ) XI. Jean, duc de Brabant, s'engage à payer, à quatre termes qu'il détermine, la somme de 3,512 livres de Flandre, qui étaient encore dues à Marguerite , comtesse de Flandre et de Hainaut, comme arrérages de la dot de Béatrix , dame de Cour tr ai. 20 novembre 4268. Joo Jehans, dus de Brebant, fais à savoir à tous ke comme le convenance du mariage ki fu fais entre noble homme Guil- laume, jadis conte de Flandres, et ma chiere anle madame Béa- trix, dame de Courtray, remaignent encore à paier à noble dame, madame Margheriete , contesse de Flandres et de Hay- naut, en tout trois mil et chine cens et douze libres de le monnoie de Flandres a boen conte à venir, li queil denier de ce mariage estoient deviseit et assenei à payer à li contesse devant dite de ces trois mil et chine cens et douze livres, ai en couvent et promis et promet à rendre et à paier à le de- vant dite contesse ou à son certain commant, comme ma propre dette, à Gant ou à Alost, as termines ci-après nommés. Ce est à savoir la première quarte partie de la devant dite somme à che prochain Noeil, la seconde à la Nativiteit Saint- Jehan-Bapliste prochainement suiwant après, la tierche à Noeil suiwant après et la daraine quarte partie à la Nativiteit Sain-Jehan-Bapliste suiwant, ki sera en l'an del Incarnation mil deus cens sissante et dys, et se il avenoit que je fuisse en defTaute de payer aucun de ces paiemens à termines ki num- meit sunt et le contesse devant dite en a voit cous , ne damage, ne fcist empruns ou despens pour chose dou jours de paiement seroit passées, je li ai en couvent et promet ke je li renderai tout entièrement à son plaint dit, sans à autre provanche et ( 398 ) sans li somme dou paiement ou des paiemens dont je seroie defaillans a amenri. Et de che tenir, si comme dit est, met je tous mes biens meubles et non meubles, ke jou ai et aurai en son abandon, ke elle les puist prendre et faire prendre et saisier et vendre et despendre en mon boen conduit sens meffaire, tant ke ele soit plainement payé de la devant dite somme à boen conte à venir et de cous, de damages et de despens, se il istoient si avant ke deviseit est. En tesmoignage de che lettres ki furent faites et douées en l'an del incarnation Nostre Signeur mil et deus cens et sissante et wyt , le lundi après les octaves Saint-Martyn hyeraale. Cartulaire du Brabant ci lé, fol. 85 v. XII. Renaud j comte de Gueldre, promet de faire exécuter la sen- tence qui sera rendue entre le duc de Brabant et les per- sonnes accusées de la mort du chevalier René de Hese. 1d avril 1274. Nos Raynaldus, cornes Gelrie, notum facimus universis présentes litteras inspecturis, quod nos illustri principi Jo- hanni, Dei gratia duci Lotharingie et Brabantie et consan- guineo nostro karissimo, promittimus per présentes quod si nobilis vir Arnoldus de Wilre, miles, et sui consanguinei et in terra nostra commorantes recusaverint comparare in festo beati Jacobi apostoli nunc instante apud Rode Sancte Ode (1), (1) Sinl-Odenrode , près de Bois-le-Duc. ( 399 ) ubi ad dictuni dicm dictus dominus dux prefixit eisdcm diem, qiiod de quercla niortis Rciieri de IIcsc, militis , proponant quod voluerint, ubi ctiam dictus dominus dux pcr se vcl per alium ad proposita respondcrit, et si volucrit acquiescere sen- tenciali pronunciationi , quani aliquis nobilium Iiominuin dicli domini ducis, cui pronuncialionem liujusniodi super pro- positis et responsis sub debilo prestite fidelitatis comnïiserit faciendam, vel si forte magis elegerit stare dictis aut ordina- tionibus Walteri Bertaulb, domini Mechliniensis; Henrici, domini de Bautersheim ; domini Roberti de Hoesden , Wil- lelmi, domini de Bronehorst; Gerardi, domini de Batenborch, et Willelmi, domini de Hernen(l), qui inter dictum dominum ducem et nos super causis et querelis quibuslibet sunt ordi- natores et modéra tores statuti, et eorura ordinacioni, quam sccundum jus inter predictos dominum ducem et Albertum et suos consanguineos declarabunt parère noiuerint {sic) y nos extunc dominum Albertum, Jacobum consanguineum suum et Theodericum de Lente, complices ipsius Alberti, diffîdaviraus eteos extra terram nostram et nostrum dominium repellemus, bonis eorum eos privabimus et eadem bona ipso domino nostro duci vel ei, cui ipse mandaverit, assignabimus et in posses- sione ipsorum honorum eum tamquam dominus tuebimur et defendemus. In eujus rei testimonium présentes litteras eidem domino nostro duci dedimus sigillo nostro munimine robo- ratas. Datum anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo quarto, in dominica qua cantatur Misericordia Domini, apud Buscum ducis. Cartuîaire de Brabant cité, fol. 83 v». (1) Herpen? ( 400 ) XIII. Nicolas de Suhburch, halli de la Ziiyd-Holland de concert avec le chevalier Nicolas de Cats , accorde \in sanf'-conduit aux Brabançons pour venir en Holland. 5 décembre 1275. Universis presentia visuris Nicholaus de Subburch, ballivus Zuethollandie, salutem cum noticiam verilalis.NoUim facimus universis présentes litleras visuris quod nos de pannitione et discordia habita hue usque inter bomines domini ducis Branbantic(l), ex una parte, et liomines domini nostri comitis HoUandie, ex altéra, scilicet de hominibus de HoUandia, de consilio hominorum dicti domini nostri comitis et precipue domini Nycbolai de Catse, militis, ae mandati, cum nobili viro domino Egidio dicto Bertoldo, de aliis hominibus domini ducis talem de dictis discordiis et panniciis fecimus ordina- tionem, scilicet quod nos recipimus ex parte domini ducis comitis et nostra in noslro conductu omnes homines terre Brabantie in terram Hollandie venientes ac commorantes, re- deuntes et excientes pro sue libito voluntatis, usque ad festum beati Johannis Baptiste proximo venturum, et nos predictos homines Brabantie de nobis et hominibus domini nostri comi- tis usque ad diem predictum, de omnibus pandiciis assecura- vimus et nos Nycholaus miles dictus de Catse predictum con- ductum ratificamus et sicut est suprascriptum observari facie- mus. In cujus rei teslimonium nos Nycholaus de Catse predictus miles et nos Nycholaus de Subburgh predictus présentes litte- (i) Pour Brabantie. ( 401 ) ras sigillonostroduximus roborandas.Supcrscriplura Brabantis approbamus. Datum anno Domini millcsimo ducentcsimo septuagcsimo (juinlo, in vigilia beati Nycholai. Cartulaire de Brabant cité, fo!. 86. XIV. Sifridj archevêque de Cologne, prie les juges, les échevins, les consuls [oit jurés) et tous les bourgeois de Louvain, de Bruxelles et des autres villes du Brabant, d'insister auprès du duc Jean pour la conclusion de la paix avec le comte de Juliers. 23 février 1277? Sifridus, Dei gratia Coloniensis ecclesie archiepiscopus, Sacri Imperii per Ytaliara archicancellarius, judicibus, scabinis, con- sulis et universis burgensibus Lovaniensis, Bruxellensis ac aliorum oppidorum Brabantie salutem et sincerum affectum. Inter alias soUicitudines nostras quibus fréquenter premimiir, illa specialiter insidet cordi nostro et augit mentein nostram qualiter vobis aliisque mercaloribus tranquillitatem procure- mus et pacem,statumqiie patrie qui nimis heu inequalisfuitet lurbidus, facientibus hoc lalruncuhs et predonibus in villis latenlibuset in castris,adequaHtatemdebitamdeducamus. Sed conlra hoc insurgit nobilis vir cornes Juliacensis, hujusmodi predonum et latronura publicus defensator, nos et ecclesiam nostram Coloniensem incendiis devastans et rapinis, in hoc non parceris(l)ordini, sexuiveletati, et quod abomnihumana (1) Lisez : parciens. 2*"* SÉRIE, TOME XL. 26 ( 402 ) ratione prorsus est alienum, munasterium ordinisCysterciensis hostilileraggreditur, viclu quamquam tenui spoliât et permit- tit depredari. Porro nos ad counnicendam(l)ejus maliciam ex- hibuimus quod magnifico viro, domino Brabantie, committere velleraiis causam nostram, qui quidem dux, tamquam preci- puus inter alios terre principes magnalos, boni status zelator et pacis, nuncios suos sollertos, fratrem Wulfardum et nobilem virum, dominum de Baltersbem, propter hoc ad partes nostras deslinavit, ut eis mediantibus aliqua posset intervenire pax in- ter nos etcomitera rnemoratum. Et licet super hoc prudenter laborarentur, quamquem a nobis haberent potestatera omnia prout ipsis visum fuissent expediens complanandi, dictus co- rnes adaliquam pacem se flectere curavit. Universilatem igitur vestram rogamus quatinus ipsi domini duci grates ex parte nostra, iramo et nostro, referre velitispro eo quod jam sincère interponere noluit (2) partes suos, cujus adhuc beneplacitis et ordinalioni parati sumus stare, scire vos yolentes quod ad nostra (3) commoda et protectiones semper volumus esse prompti. Datum Legonich, VIP kalend. marcii. Cartulaire de Brahant cité, folio 58. (1) Pour conviDcendam. (2) 11 faut évidemment voluit. (5) Veslra ? ( 403 ) XV. (Heynsberch.) Thierri , seigneur de Heinsberg, devient le vassal de Jean, duc de Brabant , pour une rente annuelle de tOO livres de Louvain, que le duc lui assigne sur le produit de la halle aux draps de cette ville. 22 juin 1267. NosTheodericus, dominus de Heynsberghe, notum facimus universis présentes litteras inspecturis, quod illiistris prin- ceps Johannes, dux Lotharingie et Brabantie et raarehio Im- perii, nobis redditus centum librarum Lovaniensium con- tulit in feodiim et de dictis redditibus nos et nostros heredes, dominos de Heynsberch , infeudavit, nosque ratione feudi hujusmodi, nos et nostros heredes, dominos de Heynsberch, predicto Johanni et ejus heredibus, ducibus Brabantie, ad homagium astrinximus, servicium et fidelitatem , et cisdem assistere et servire tenemur et eosdem juvare, qiiemadmo- dum homo fidelis dominum sunm juvare et eidem assistere alque servire tenetur. Assignavit autem dictus Johannes nobis redditus predictos annuatim percipiendos apud Lovanium de redditibus domus pannorum de ponttol ibidem et clawiren, tribus in anno terminis : tertiam videlicet partem in festo Omnium sanctorum et aliam etiam partem ad Pascha, reli- quam vero terciam partem in festo beatorum Pétri et PauH apostolorum. Incipiet autem tempus et terminus receptionis in festo Omnium sanctorum proximo futuro. Poterunt autem prediclus Johannes et ejus Hber, dominus Brabantie, diclos redditus redimere et liberare pro mille hbras Lovanienses, queUbct quinquagenta hbre videhcet pro quingentis liberis (I) (I) Lisez : libris. ( 404 ) nionete predicte, ita videlicet quod quandocunque quingente libre Lovanienses nobis vel nostris heredibus fuerint perso- lute, extunc alie quinquaginla predictariini centum librarum ad ipsum Johannem vel ejus heredes libère revertentur et absolute, et sic fiet de reliquis quinquaginla libris. Cum autem dicta pccunia mille librarum vel quinquagintarum librarum nobis vel nostris heredibus ab ipso Johanni vel suis heredibus fuerit pcrsoluta, deponetur eadem pecunia apu4 monasterium Vallis Dei , Cistercicnsis ordinis , Leodiensis dyocesis, donec de ipsa pecunia bona aliqua ad valorem red- dituum prediclorum emere poterimus vel comparare, vel de allodio nostro redditus ad valorem predictam assignare. Et bona sic empta vel assignata nos vel nostri heredes in manus Johannis ducis predicti vel qui pro tempore dux fuerit Bra- bantie, reportabimus et ab ipsis ea in feodum recipiemus. Debebit autem feodum hujusmodi integrum semper pênes dominum de Heynsberch permanere, nec ab eo dividi, vendi vel aliquatenus alio modo poterit alienari, absque volun- tatem ducis Brabantie et expresse consensum. In cujus rei testimonium présentes Htteras sigillo nostro duximus robo- randum. Datum anno Domini millesimo CC. LXVIl, feria quarta ante festum beati Johannis Baptiste. Carluïaire de Brabant cité, fol. 24. — M. Charles Piot a donné ensuite lecture de la pre- mière partie d'une notice intitulée : La diplomatie concer- nant les affaires maritimes des Pays-Bas vers le milieu du XVr siècle jusquà la trêve de Vaucelles. Il continuera cette lecture lors de la prochaine séance, tixée au lundi 8 novembre. ( 405 ) CLASSE DES BEATX-ARTS. Séance du H octobre 1815. M. Alph. Balat, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MiM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Ed. De Busscher, Aug. Payeo, le chevalier LéoQ de Burbure, J. Franck, Gust. De Mail, Ad. Sirel, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Bobert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel et A. Pauli, membres; F. Slappaerts, correspondant. M. B. Chalon , membre de la classe des lettres , et M. Ch. Piot, correspondant de la même classe , assistent à la séance. COBBESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur communique un projet d'arrêté par lequel le conseil d'administration de l'Acadé- mie des beaux-arts d'Anvers propose de remplacer l'ar- rêté royal du 28 février 1865 concernant les copies à fournir par les lauréats des grands concours, arrêté qui se trouve virtuellement abrogé par le règlement du 24 mai dernier portant réorganisation générale des dits concours. La classe renvoie ces pièces à la commission chargée ( 406 ) de dresser la liste des œuvres d'art à reproduire par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. — La classe désigne ensuite MM. Balat, De Man, Payen et Pauli pour examiner s'il y a lieu d'appliquer au projet de restauration du temple de Vesta à Tivoli, par M. Diel- tiens , l'article 17 du nouveau règlement des grands con- cours. — M. Chalon, membre de la classe des lettres, fait hommage d'un exemplaire du discours d'ouverture qu'il a prononcé comme président, le 4 juillet dernier, à l'assem- blée générale annuelle de la Société royale de numisma- tique. 11 offre ensuite, au nom de M. le baron Bernard de Koehne, associé de l'Académie et directeur du Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, une notice intitulée : Le monete ossidionali cli Brescia, brochure in-8^ La classe vote des remercîments aux auteurs de ces dons. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1876. La classe s'occupe de la formation de son programme de concours de 1876 pour lequel les deux questions sui- vantes ont déjà été adoptées l'année dernière pour la partie littéraire : PREMIÈRE QUESTION. Rechercher tes origines de Vécole musicale belge. Dé- montrer jusqu'à quel point les plus anciens maîtres de cette école se rattachent aux déchanteurs français et an- glais du XII% du XIIP et du XIV' siècle. ( 407 ) DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire de la céramique au point de vue de l'art, dans nos provinces, depuis l'époque romaine jus- qu'au XVIII' siècle. La valeur de la médaille dV, attribuée comme prix à chacune de ces questions, sera de mille francs pour la première et de huit cents francs pour la seconde. La troisième question du programme de 1875 : Faire l'histoire de l'école de gravure sous Rubens, n'ayant pas donné lieu à une réponse, formera la troisième question du programme de 1876. Un prix de huit cents francs lui sera également attribué. Conformément à l'article 13 du règlement intérieur, une commission composée de MM. Balat , Payen , De Man , Pauli et Alvin , s'occupera du choix d'une quatrième ques- tion qui concernera l'architecture. D'après le roulement établi pour les sujets d'art appli- qué, la commission s'occupera aussi du soin de choisir un sujet d'architecture pour cette partie du concours. MM. Gevaert, le chevalier de Burbure et Samuel pro- posent comme sujet musical : « une messe solennelle à quatre voix mixtes, pour le jour de Pâques, avec la prose Victimœ Paschali et l'offertoire du jour. Le compositeur tâchera de ne pas dépasser la durée normale du service religieux. d La messe devra être entièrement inédite. » Toutes les dispositions complémentaires et réglemen- taires concernant ce programme seront prises dans la prochaine séance. ( 408 ) RAPPORTS. M. Éd. Félis, chargé d'examiner une lettre par laquelle M. T. Baner, architecte à Paris, demande divers renseigne- ments relatifs au mémoire couronné de M. Alexandre Pinchart, sur la tapisserie de haute lisse aux Pays-Bas, propose Tordre du jour sur cette communication. — Adopté. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Quelques lettres de la correspondance de Grétry avec Vitzihumb; notice par M. Ch. Piot, correspondant de l'Académie. Les correspondances des hommes d'élite les font con- naître, dit-on, dans leur intimité. Celle de Grétry avec Ignace Vilzthumb a en outre l'avantage de révéler diffé- rentes particularités concernant les œuvres du célèbre com- positeur liégeois et le théâtre de Bruxelles. Vitzthumb, chef d'orchestre de ce théâtre, musicien dis- tingué et compositeur, avait pris la direction de la scène de Bruxelles, de concert avec Compain. Les octrois, qui leur en donnaient le privilège exclusif, datent des 30 juin 1766 et 14 août 1771. Depuis la concession de ces actes, la cour et le public ( i09 ) étaient devenus très-exigeanls. La tragédie et la comédie ne les satisfaisaient plus. Il fallait un plus grand nombre de représentations consacrées à dos pièces mêlées de mu- sique et à Topera bouffe surtout. On est ici, disait Vitz- thumb, dans une lettre adressée à Moreau, beaucoup plus amateur du comique que du sérieux, et de la musique que delà déclamation. Pour attirer les spectateurs, il fallait de la musique. Celle de Grétry obtenait dans ce moment toutes les faveurs des Bruxellois. Pareilles exigences amenaient nécessairement un sur- croît de frais, auxquels les directeurs ne pouvaient plus faire face. Par exemple, pendant les deux premiers mois de Tannée théâtrale de 1777 à 1778, les comptes consta- tent une dépense de 1? 18,182-0-1 Vô et une recette de 17,910-17-4; par conséquent, un déficit de fl^ 271- 2-9 V3. Pendant une autre année le compte accuse une recette de fl^ 00,552-5-11 et une dépense de 55,782-10-2, donc encore un déficit de 251-6-10. Durant Tannée théâtrale de 1772 à 1775 les dépenses s'étaient élevées à un chiffre bien plus considérable encore. Elles étaient réparties comme suit : ActPurs et actrices 38,030- 0-3 Opéra et ballet 27,563- 4-7 Pensionnaires et gagistes .... 6,533-10-9 Personnes sans emploi désigné . . . 4,228-16-3 Orchestre 11,719- 3-9 Total. . . û^ 88,109-13-9 On le voit les dépenses augmentaient toujours (1). Enfin (1> Nous donnons ici en note les emplois des acteurs et des actrices à ( 410 ) elles surpassaient les ressources des directeurs, artistes sans fortune, qui avaient été obligés d'emprunter de l'argent celle époque, avec indication de leurs appointements en livres, au théâtre de Bruxelles : Emplois de la comédie. Livres. Premier rôle tragique et comique, S'-Fal 6,000 Fort premier, rois, raisonneurs, elc.,Bursai 4,000 Père noble, rois, etc,Vanhove ou N 4,000 Jeune premier, N 3,000 Premier comique, Baltos 7,000 Manteau, financiers, etc.. Pin 5,000 Crispin, marquis ridicules et Poisson, N 5s600 Troisième rôle et à récits, N 2,000 54,600 Mesdames : Premier rôle tragique et comique, M^ Bursai 4,000 Premier rôle en partage et grande coquette, Goault .... 6,600 Reine, mère noble, eic, N 4,000 Première soubrelle, N 5,600 Premier caractère et deuxième duègne, N 3,600 Deuxième soubrette, N 1,500 Seconds caractères, N 1,500 20,800 Opéra. Première haute-contre, N : • • 6,000 Seconde haute-contre et Colins, N 3,000 Première bas.se-tail le, Chenaud 4,000 Première en partage, Mees 4,000 Premier Laruelte, Bultos « Second Laruette, Berger 2,000 Mesdames : Première chanteuse, Rogier 5,000 Première en double, Schitiiens 2,400 Rôle de Beaupré et Dugazon. Mees 3,000 Première duègne, Goault "^ Total. . . . 84,800 ( 411 ) pour faire face aux premiers frais. Ils demandaient en con- séquence à l'État de pouvoir se retirer de la direction, moyennant une indemnité raisonnable à leur payer par les futurs entrepreneurs. Une bonne partie de ces dépenses ayant été employée à l'embellissement de la salle du théâtre, ils croyaient leur demande très-bien justifiée. Ils sollicitaient, disaient-ils, cette somme pour la faire servir à éteindre leurs dettes. Dans les requêtes qu'ils adressè- rent à ce sujet au gouvernement, ils firent connaître, en termes assez vagues, la triste position de l'entreprise, en se servant de mois peu convenables et de phrases ressem- blant singulièrement à des récriminations. La cour du prince Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas au- trichiens, s'en irrita. De Neny, président du conseil privé, chargé de diriger toutes les affaires grandes et petites, s'en montrait très-piqué. Loin d'accorder aux pétitionnaires leur demande, le gouvernement exigea la mise à exécu- tion très-rigoureuse du contrat. Ils furent obligés de faire agréer par la cour les acteurs et actrices engagés, tandis qu'ils voulaient jouir, sous ce rapport, de la liberté la plus grande, pour ménager les dépenses. L'orchestre devait être mieux soigné et avoir, aux représentations ordinaires, l'importance de l'opéra, afin de pouvoir exécuter, pendant les repos, des symphonies bien choisies. Burney fait en effet, dans son livre intitulé : The présent state of music, le plus grand éloge de ces symphonies et de Vitzthumb, qui les dirigeait. Le gouvernement fit observer aussi que, contrairement à leurs obligations, les directeurs accor- daient souvent des congés aux artistes, ou bien ils dispen- saient les principaux acteurs de remplir les rôles pour les remplacer par des sujets peu capables. C'était les résul- tats des pérégrinations que les directeurs faisaient en pro- ( 412 ) vince avec la troupe, et la suite nécessaire des permissions qu'ils donnaient aux musiciens de l'orchestre d'assister aux représentations théâtrales données dans les rési- dences des grands seigneurs de cette époque (1). La durée du spectacle prescrite par le règlement n'était pas même observée. Parfois il finissait avant huit heures, parfois il durait jusqu'après dix heures sonnées. A cette époque le spectacle devait commencer, selon les disposi- tions en vigueur, au plus tard à 6 heures et Vi et ne pouvait finir avant 8 heures ^/^, ni durer au delà de 9 heures et *k. (1) Les meilleurs musiciens du théâtre avaient été appelés à embellir une fête chez le duc d'Areiiberg, à Héveilé. Vilzihumb avait beau écrire pour les faire revenir, le duc ne voulut pas le leur permettre, et les représenta- lions restaient en souffrance à Bruxelles. Voici au sujet de celte fêle une lettre du comte de Figuerola, adressée à Vilzihumb : J'ai reçu votre lettre, Monsieur, je Tay communiquée à M. le duc; mais j'avois prévu sa réponse. Il ne m'a pas été possible d'obtenir le retour de vos messieurs. Il veut absolument les garder icy pendant le lems que sa compagnie y restera. Pour moy, je pense, qu'en retardant encore de quelques jours votre représentation d'Ernelinde, ce relard ne pourra que vous être favorable, d'autant plus que je crois que les Anglais qui sont icy, s'arrêteront à Fîruxelles Je suis fâché de n'avoir pu dans ce moment-cy vous donner des preuves de l'envie que j'ay de vous faire plaisir. Je suis parfaitement, Monsieur, votre très-humble serviteur. Le comte DE FIGUEROLA, Si le comle de Figuerola était le très-humble serviteur de Vitzihumb, que devaitêtre celui-ci vis-à-vis du duc d'Arenberg? En mai 1 TTôl'orchestre du théâtre de Bruxelles était à Héverlé chez le duc d'Arenberg pour y assister aux représentations données par le duc dans son château. Ce qui empêchait Vilzihumb de donner au théâtre de Bruxelles l'opéra demandé par le prince Charles de Lorraine. (Lettre de Vilzihumb du 22 mai 1773.) ( un ) Au lieu de faire connaître à la cour le répertoire des pièces à représenter pendant chaque semaine, ils les choisissaient à leur guise. Puis ils annonçaient subitement une repré- sentation nouvelle par abonnement suspendu. Bref le gou- vernement démontra à l'évidence la non -exécution des engagements qu'ils avaient pris, et les jugea par conséquent peu dignes d'une faveur quelconque. Cependant Charles de Lorraine voulut bien faire, plus tard, quelques con- cessions. Il se montrait assez disposé à introduire des mo- difications au contrat en ce qui concerne le ballet, dont les dépenses étaient élevées. Si le chiffre de ces frais était réduit, il fallait engager des danseurs d'un ordre inférieur. Ainsi posée, la question prenait une tournure telle que la cour n'osa trancher la difficulté de sa propre autorité. Le conseil privé, chargé d'après l'acte d'institution « de traiter » les matières de la suprême hauteur et souveraine auto- » rite de S. M. et choses procédant de grâces tant au civil » qu'au criminel, » fut consulté sur l'opportunité du main- tien ou de la suppression des danses et du ballet. Après avoir pesé gravement le pour et le contre de la question, le conseil déclara que mieux valait ne pas avoir des dan- seurs que d'en avoir des mauvais. C'était un argument sans réplique. Le gouverneur général partagea cet avis et in- scrivit sur l'extrait du protocole la formule ordinaire : Je me conforme, en y ajoutant la date : io avril 1773. Les ballets et les frais en résultant furent supprimés. Dans la prévision d'une ruine complète, Compain renou- vela sa demande. Il l'obtint, lorsque mieux informé de la vraie situation du théâtre, le gouvernement s'aperçut de la vérité des faits allégués parles directeurs. Tous les droits au privilège de l'exploitation du théâtre furent résignés par Compain en faveur de Yitzthumb (19 janvier 1775). ( MA ) Celui-ci resta seul à la direction, sous la condition expresse de se choisir un associé, agréé par la cour. Cette clause ne fut pas mise à exécution ; le gouvernement semble y avoir renoncé tacitement. Il n'en parla plus, sans doute à cause du caractère honorable de Vitzthumb,dont un acteur fran- çais disait ingénument dans une de ses lettres : « J'ai » trouvé en vous une droiture, qui se rencontre rarement » dans des personnes de notre état (1). » Aveu bien naïf dans la bouche d'un comédien. A l'époque vers laquelle Compain résignait ses droits, commence la correspondance de Grétry avec Vitzthumb. Croyant pouvoir sauver la situation au moyen de l'opéra, le nouveau directeur eut avec Grétry un échange actif de lettres, dont nous publions le texte. Les lettres des deux artistes ont trait à la partie finan- cière de l'administration du théâtre et à la partie artistique. La première concerne le contrat entre Grétry, d'une part, et Compain , d'autre part , et les modifications que Vitz- thumb voulait y introduire (2). Ces difficultés furent apla- (1) Lettre adressée à Vitzthumb par Callais, et datée du faubourg de St-Germain à Paris. (2) Voici ce qu'on lit au sujet de cet arraugement avec Compain dans une lettre qu'il écrivit à Franck , secrétaire du Ministre plénipotentiaire d'Autriche à Bruxelles : Paris, 24 février 1774. J'ai vu M. Grétry ce soir aux Italiens. Nous n'étions pas placés commo- dément pour parler de nos affaires. Cependant je lui en ai dit deux mots. Et voici sa réponse : qu'il serait d'autant plus aise de satisfaire nos désires à l'avenir , en nous procurant tous les opéras manuscrits, qu'il ne vouloit plus les faire graver. Les répétitions qu'il fait demain et après d'une pièce nouvelle et auxquelles je lui ai demandé la permission d'assister, m'em- ( 41S ) nies. Les propositions de Grétry devinrent définitivement pécheront de le voir . mais je ne manquerai pas d'aller chez lui dimanche matin. Paris, 12 mars 1771. M. Grétry, qui a reçu mon billet ce malin, n'étoit pas levé , vient de me faire l'honneur de me venir voir. Voici l'arrangement qu'il me propose : nous lui donnerons 26 louis d'or pour nous procurer ses œuvres manu- scrites à fur et à mesure qu'elles paraîtront à Paris, et nous les enverra le lendemain de la première représentation, à commencer par la Rosière, que j'emporterai avec moi. J'attendrai que vous m'ayez répondu pour donner à M. Grétry une parole certaine et sur laquelle nous puissions compter. J'attendrai que vous m'ayez répondu pour le prier de faire copier la Rosière. Il est d'autant plus avantageux pour nous de prendre cet arrangement avec M. Grétry, qu'il ne veut plus rien faire graver, et que d'un autre côté, nous sommes à même d'avoir les pièces en même temps que Paris. Pour Céphale et Procris, il persiste de ne pas le donner que lorsqu'il le mettra à Paris. M. Grétry s'engage à faire partir pour Bruxelles toutes ses pièces indistinctement le lendemain qu'elles auront été jouées à Paris , moyennant 600 livres. Réponse de Franck. Bruxelles, 15 mars 1774. Pour ce qui regarde les propositions de M. Grétry , Vitzthumb croit que ce n'est pas un bien grand marché que de lui payer 600 livres par pièce manuscrite indistinctement, comme il le demande. 11 s'agira de faire avec lui un arrangement par écrit, autant pour sa siirelé que pour la nôtre; et comme on prendrait toutes les pièces quelconques grandes et petites et que cet arrangement se ferait pour la durée de notre entreprise, il semble que M. Grétry pourroit se contenter d'un prix inférieur, tel que 400 à 500 livres , payés au comptant. D'ailleurs M. Grétry se proposant de venir voir , on pourrait convenir avec lui. CoMPAiN A Franck. ^ Pans, 27 mars 1774. J'ay payé ce malin 25 louis d'or à M. Grétry pour la partition manu- scrite de la Rosière, ainsi que la pièce copiée à la main... J'ai été voir M. Grétry pour l'engager à se relâcher de ses prétentions, mais il m'a paru choqué que M. Vilzlhumb et moi nous les trouvassions trop fortes. Je n'ai pas insisté. ( 416 ) loi entre les parties. Le compositeur liégeois devait tou- cher 25 louis par partition demandée, peu importe son étendue. Malgré l'assurance donnée à Compain , de ne plus faire graver sa partition, Grétry voulait conserver, contrairement aux propositions de Vitzlhumb, sa liberté la plus entière. L'abbé Niccoli à Paris devait faire les payements. Il y eut à ce sujet un malentendu, qui froissa singulièrement l'amour-propre de G ré iry, toujours pas- sionné lorsqu'il s'agissait de sa personne ou de ses œuvres. Au lieu de solder cette somme à l'artiste, l'abbé voulait la lui avancer à titre de prêt, faute d'instructions suffisantes. Irrité d'une pareille proposition, Grétry écrivit à Vitz- lhumb une lettre bien dure. Mais cet incident si désa- gréable disparut bientôt, par suite des explications données par le directeur du théâtre de Bruxelles. La partie la plus intéressante de la correspondance est, sans conteste, celle concernant les opéras de Grétry. Par sa lettre du i9 janvier 1775 adressée à Compain, précisément au moment où celui-ci abandonna la direc- tion, Grétry lui annonça la prochaine représentation de la Fausse Magie , dont il avait fait la musique. Cette comédie, composée par Marmontel en deux actes et en vers mêlés d'ariettes, fut en effet représentée la première fois, le i" février 1778, aux Italiens à Paris (1). Malgré le nom de Marmontel, le libretto de cet opéra ne réussit pas. Ce fut un des phis mauvais auxquels Grétry travailla. Au moment de la première représentation de la pièce, le compositeur ne voulait pas encore souscrire au verdict prononcé par les Parisiens sur cette production littéraire. Il la jugeait (1) Grétry, Mémoires, 1. 1, p, 259. ( 4.17 ) avec beaucoup plus d'indulgence que dans la suite : « Je » ne vous le cache pas, disait-il à Vitzlliumb, les paroles » ont été fort crilitpiées. On juge racadérnicicn dans un > 0|)éra houllon, et l'on est bien injuste sur le compte de > M. Marmontel (I). » Dans ses ménnoires Grétry rcîcon- naissait néanmoins les graves défauts du librctto écrit par son ami (2). Quant à la musique de celte pièce, il la choyait, a F^e » premier acte; de la Fausse Magie , dit-il , est pent-ètre ce » qu'il y a de plus essentiel dans nies ouvrages : en n'écou- » tant que le chant de cet acte, on est tenté de le mettre » au rang des compositions faciles; mais le travail des » accompagnements, les routes harmoniques qu'ils par- » courent, arrêtent le jugement trop précipité; et l'on » stnt enfin que le caractère distinctif de celte production » vient d'un certain é(|uilibre entre la mélodie et l'har- » monie (3). » J.-J. Rousseau partageait, paraît-il , cet avis (4). La musique de Grélry sauva la pièce; le duo : Quoi y cest vous qu'elle préfère , eut un succès éclatant. On le voit par sa correspondance avec Vitzthumb, Grétry avait un grand faible pour cette partition, qui, à notre avis, est loin d'avoir les belles qualités de plusieurs de ses autres œuvres. Il n'en disait pas autant de Cép/iale et Procris, partition d'un mérite incontestable. A Paris, disait-il, les accessoires de la Fausse Magie sont, à tort, très-négligés. Il attendait mieux du théâtre de Bruxelles. Ensuite il raconte à son correspondant (1) Lettre du 21 février 1775. (2) Memoh'es, l I, p. 261. (5) /6(/.,p 260. (4) Ibd,21i. . 2"°*= SÉRIE, TOME XL. 27 ( 418 ) comment une personne avait proposé de faire exécuter après le chœur : 0 grand Albert, une pantomime d'om- bres derrière un transparent, représentant des cérémonies de magie pratiquées sur un second personnage nommé Dalin , qui figure sur l'avant-scène. Personne à Paris n'osait risquer ce coup de théâtre, qui aurait peut-être réussi s'il avait été dirigé d'une manière convenable. Il fallait produire un effet de nuit après le chœur, et faire renaître le jour après le morceau : A^e troublons pas le mys- tère. Toutes ces opérations parurent très-embarrassantes à Paris. « Au lieu de faire apporter la glace par M. Dalin, » continue-t-il , ce sont les Bohémiens eux-mêmes qui » apportent un miroir magique en cérémonie sur la » marche; et au lieu de dire : Ayez-moi seulement une » glace, la Bohémienne dit : Avec ce miroir ayez-moi » seulement un ruban , etc. » Grétry finit par prier son correspondant de l'informer du succès de la pièce à Bruxelles lorsqu'elle y sera représentée (1). Vitzthumb promit de faire exécuter la pantomime décrite par Grétry, de manière à en faire espérer la réussite. Il aura soin de lui faire connaître le résultat de la première représenta- tion, qu'il comptait donner dans la première quinzaine de l'ouverture du théâtre. A cette époque les dernières repré- sentations de l'année théâtrale devaient finir la veille du premier dimanche de carême. Le théâtre restait fermé jusqu'après Pâques, lorsque la nouvelle année théâtrale commençait. Vitzthumb finissait sa lettre en invitant Grétry à venir voir ses pièces (2). Les Pâques étaient passées depuis longtemps, et la (1) Lettre du 21 février 1773. (2) Lettre du 23 février 1773. ( 419 ) Famse Marjie n'avait pas encore paru sur la scène de Bruxelles. Impatient de recevoir des nouvelles de sa pièce, Grélry en écrivit à Yitzthunil) (21 avril 1775). Celui-ci lui fit savoir que la première représentation était fixée au 10 mai, et qu'il avait été dans l'impossibilité de la donner plutôt « étant dépourvu d'accessoires, dit-il, et n'osant » pas risquer. » Enfin la Fausse Magic fut exécutée. La pièce obtint beaucoup de succès. Grétry en était ravi. Le 3 juillet 1776 il écrivit à Vitzthumb pour lui annoncer son prochain passage à Bruxelles en se rendant à Liège. « J'aurai bien » du plaisir, Monsieur, à vous entendre, dit-il, et vous » admirer dans mes ouvrages mêmes, que vous savez » faire exécuter, à ce que dit l'Europe entière, dans la » plus grande perfection. Je serai surtout content de voir » la Fausse Magie, que vous donnez, dit-on, mieux qu'à » Paris (1). » Il introduisit à la partition quelques chan- gements,-dont il fit l'envoi à Vitzthumb (15 juillet 1776). Dans la lettre du 21 août 1775 il annonça, pour le 2 mai, la première représentation de Céphale et Procris, tragédie en trois actes et en vers, par Marmontel. La pièce telle qu'elle fut représentée à Versailles, en 1773, à l'occasion du mariage du comte d'Artois, obtint un succès médiocre. Tout le monde ne voulait pas souscrire à ce jugement. Le secrétaire Franck, correspondant de Compain , pendant le séjour de celui-ci à Paris , lui écrivit de Bruxelles (6 mars 1774): « Je vous conseille d'in- » sistersur l'acquisition de Céphale et Procris, et je crois » qu'en promettant à M. Grétry de ne donner cette pièce (1) Lettre du 3 juillet 1776. ( 420 ) » que 15 jours après qu'elle aura été donnée à Paris, il » pourra aisément vous céder une partition manuscrite. » Six jours plus tard (12 mars 1774) Compain répondit : d Céphale et Procris seront joués immédiatement après 1» l'opéra de M. Gluck (1), et M. Grétry vient de s'engager » à aller à Bruxelles lorsqu'on le donnera, et sera présent > aux répétitions. » Tous ces projets furent abandonnés lorsque Paris confirma (2 mai 1775) le verdict de Ver- sailles (2). Le succès l'ut médiocre. Pourquoi? Parce que sorti de l'ornière ordinaire, Grétry avait fait de la musique dramatique, celle qui parle au cœur, et à laquelle le pu- blic et les acteurs de celle époque ne comprenaient rien. Les chanteurs ne voulaient pas même observer la me- sure (5); les habitiiés du théâtre préféraient l'opéra bouffon. Parfaitement au courant des goûts des Bruxellois, Vitz- thumb le comprit lorsqu'il refusa la partition sous prétexte que ce genre de musique n'était pas goûté à Bruxelles (4). Mieux que personne, cet artiste était en état de jtiger avec tact les productions musicales recherchées par son auditoire. Compositeur lui-même, il avait fait des opéras, des sym- phonies, des messes, etc. Il avait montré par une de ses ariettes ajoutées à Annette et Lubin sur les paroles : Non, non, je ne crains personne, qu'il cultivait la musique gracieuse avec succès (5). Ce morceau obtint une grande (1) Cel opéra était : Iphigénie en Aulide, représenté le 19 avril 1774. (2) Voir au sujet des mérites de la musique de Céphale et Procris un compte rendu dans V Esprit des Journaux de juin 1775, p. 286. (3) Grétry, Mémoires y 1. 1 , pp. 27 et suiv. (4) Lettre du 3 août 1775. (5) Annette et Lubin, musique de Delaborde, fut représenté à Paris la première fois le 18 février 176:i, Poisol, Hisi. de la musique en France ^ p. 537. ( i21 ) vogue à Cadix. Bonncville, régisseur du lliéâlre de la cité espagnole, écrivit (^25 janvier 1774-) qu'il « avait obtenu » les applaudissements réiléi'és et les acclamations des » parfaits connaisseurs. » Il ajouta encore : a il a été » chanté par une de nos basses-tailles. Ce qui (ait désirer » à l'autre (basse-taille), qui a plus belle voix, de par- » tager les agréments de celte ariette. Mais le premier, » jaloux d'un bien si précieux, veut en jouir tout seul et » priver, par ce moyen, le public de l'entendre aussi y> souvent qu'il le désire. En conséquence, pour éviter » les coiUestalious particulières etsatisfaire au goût épuré, » j'ose me charger de vous la demander telle que vous » l'avez composée, ses accompagnements et dans le vrai » ton. » Les Mariages Samniles, drame en trois actes par De Rozoi, musique de Gréiry , avaient été représentés la pre- mière lois chez les Italiens à Paris, le 22 juin 1776. Cette œuvre ne réussit pas mieux que Céphale et Procrù. Sdon Grétry le préjugé contribua à la chute. Les spectateurs ne voulurent pas s'habituera voir, sous le casque, les acteurs qu'ils voyaient chaque jour dans des rôles conn'ques (I); Grétry annonça l'envoi de cet opéra à Vilzihumb (13 juillet 1776). « Je vous envoie, dit-il, un changement que nous » avons jugé nécessaire pour précipiter l'action. A la place » de l'air : Dans les airs, acte 3, p. 47, nous avons mis » le dialogue que je vous envoyé. Si vous avez une bonne » basse-taille , et si vous ne craignez pas les longueurs , » comme nous, je vous enverrai l'air qu'on a trouvé très- B nécessaire de retrancher. » Le changt^ment envoyé par Grétry étant imprimé dans la seconde édition des Mariages (l) Mémoire, 1. 1 , p. 288. ( AT2 ) Somnites, il est inutile d'en parler. Grétry termina sa lettre par annoncer à Vitztliumb son départ pour Liège vers le 15 août, et son arrivée probable à Bruxelles le 17 du même mois. ter les Samnites, continue-t-il, et que je puisse vous » être utile, j'en serai bien enchanté. » Son séjour à Bruxelles ne devait pas être long. Obligé de reconduire dans son pays sa sœur la chanoinesse , il se proposait de passer quelques moments en cette ville; mais il comptait y faire, en retournant à Paris, un séjour plus long pour voir les Mariages Samnites et la Fausse Magie. Ce projet ne se réalisa pas; nous en ferons connaître les motifs plus loin. Le départ de Grétry pour Bruxelles était à Paris un évé- nement auquel ses amis et ses connaissances s'intéressaient beaucoup. Un Liégeois nommé G. Moreau , qui s'intitule : ordinaire de l'Académie royale de musique à Paris, se préoccupait singulièrement de celte excursion. Il en écrivit à Vitzlhumb une lettre, dont nous avons observé rigou- reusement l'orthographe, très-peu académique : « Monsieur , » Vous serez peut-être très-étonner qu'après plusieurs » années , je pense à vous écrire. Soyez persuadés que vous 0 n'avez pas été hord de mon souvenir. La sirconstance est » qu'ayant appris de M. Grétry qu'il passeroit par Bruxelle en » allant à Liège et quil auroit le plaisir de voir représenter la » nouvelle pièce intitule les Mariage Samnite, j'ai commu- » niquer à ce sujet à M. Dcrozoir (De Rozoi), auteur des » paroles de ce drame. H m'a parut brûler du désir de voir » votre spectacle. Je lui ai consciler de vous faire le sacrifice » de son Richard trois, tragédie qui eut déjà été donné ici si ( ^^23 ) » nos comédiens néloicnt pas aussi lent à lire les ouvrages » que paresseux à les aprendre. Cette tragédie jouit ici de la » plus haute réputation, vu que lorsque son auteur fit un j» voyage à Toulouse, il y fit représenter sa pièce. Le corps » de ville, le magistrat, l'université lui donnèrent une cou- » ronne de lauriers en plein théâtre. » Enfin j'ajoutai de moi-même que vous étiés assé mon » ami pour que vous vous intéressiez pour cela, et qu'il en o fit hommage au prince Charle, que je croyoit assurément » assez généreux pour le dédommager de son voyage. 11 m'a » aussi prié de vous offrirc, ci il étoit nécessaire à quelque » chose pour contrihuer à la splendeur d'un spectacle si cé- » lèhre en Europe comme le sont les Mariage Samnite. Il » profiterois du même temps pour faire entendre son Richard » trois. Enfin, mon cher ami, sil m'est encore permit de me » servire de ces termes, je vous prie de faire pour cela tous » ce qu'il dépendra de vous. Vous ohligcrez infiniment cclu' » qui a l'honneur d'être avec respect. » Votre très-humble et très-obéissant serviteur » G. MOREAU, ordinaire de l'Académie royale de musique, rue du Sepulchre. A Paris , ce 30 juillet i 776. Vitzthumb lui écrivit quelques jours plus tard (3 août 1776). D'après sa réponse : il serait enchanté de voir De Rozoi réussir dans son projet; mais il n'osait pas lui pro- nnettre du succès pour deux motifs. Le prince Charles de Lorraine passe ordinairement l'été à la campagne ; le pu- blic aime mieux le comique et la musique. Il conseilla donc à De Rozoi de ne pas risquer sa tragédie dans un pays où ce genre de spectacle n'est pas goûté. Si tôt ou ( 424 ) lard la pièce venait à enrichir le répertoire de Bruxelles, il n'épargnera ni temps, ni dépenses pour la l'aire repré- senter avec toute la pomj)e et l'appareil nécessaires. Moreau adinetiait ces raisons. Mais ayant ap|)ris de De Rozoi (|u*il élail décidé à rejoindre Grélry à Bruxelles, au moment de la représentation des Mariages Samnites, il proposa à Vilzthuml) une idée. Grélry était, d'après Moreau, occupé à composer une œuvre musicale, que nous n'avons trouvée nulle part mentionnée, pas même dans ses Mémoires. (Tétait PhjmaUon, dont le libretto était dû à la plume de De Rozoi. Grétry semble y avoir renoncé. Le 16 décembre 1780, cette pièce est représentée à Paris sous le nom de De Rozoi, mus'que de Bonesi (I). Voici com- ment Moreau s'exprime dans une lettre rédigée par un tiers el signée par lui, au sujet de la musique à laquelle travail- lait le compositeur liégeois : « Monsieur, » Grclry est occupé , dit-il, de mettre en musique Le Pig- » malion de M. de Kozoi, acte aunoncé ici comme un tableau » délicieux. Le costume blanc des Mariages Samnites sufïîroit » pour les habits; et il n'y a, dit-ou , qu'un seul acteur. » M. Grétry, qui e4 mon compatriote, m'a dit que cet ou- » vragc ro;'cupoit beaucoup; (piil en porloit la musique à » Liège, pour ne pas le perdre de vue pendant son séjour en » celte ville. » H m'a paru, Monsieur, que ce seroit pour vous un coup » de parti décisif, si tenant les deux auteurs, vous profiliez -» de ce moment pour donner, à la ville de Bruxelles, les pré- (1) ViÀsoi, Histoire de la musique en France, p. 341. ( 425 ) » miccs d'un acte, qui doit èlrc un clief-d'œiivre, vu le sujet » et In niusi(iuc, que M. Grélry est capable d'y adapter. » Le souvenir de votre ancienne amitié pour moi, mérite » bien que dès que mon cœur diète une idée, qui me |)aroîl » heureuse, je la saisisse aussitôt. Si M. Grétry est parti » pour Liège avant que vous recevez ma lettre, écrivez lui. » Ce sera le moyen qu'il se liàle de rassembler ou de finir ces » morceaux. Lui-même ou vous, iMonsieur, écrivez à M. de » Rozoi d'envoyer toujour-; le poëme, ce serait un accord » charmant. Kt je serai enchanté que mon cher compatriote » doive un nouveau triomphe à mon zèle pour lui er ce » qu'on en dit ici. Je vous réponds d'un succès aussi brillant » qu'avantageux. » » J'ai Lhonneur, etc. G. MOREAU. Paris, ce 16 août 1776. Grétry arriva, en effet, quelques joura plus lard à Bruxelles. Il fut comblé de prévenances par Vitzlhiunb, et assista, paraît-il, à une représentation théâtrale, pendant laquelle on exécuta une de ses œuvres. Tout à coup, au milieu de l'exécution, il entendit des sons étranges, des phrases musicales à lui inconnues, des corrections enfin. Jamais coup de foudre n'avait retenti d'une manière plus sinistre à ses oreilles. Une main téméraire, ime plume sacriLége avaient introduit des changements à la partition. Vivement irritédeceprocédé,Grétry écrivit de Bruxelles, (21 août 1776) une lettre qui respire le dépit le plus cruel, un froissement excessif de l'amour-propre. Après avoir chaleureusement remercié son hôte,Giétry ajoute : a Que » ne puis-je vous dire autant de ma musique, Mon- » sieur. Mais elle est loin d'être aussi satisfaite de vos ;> prétendues corrections.... Ne comptez plus sur mon ( 426 ) » retour à Bruxelles, Monsieur... Vous m'avez banni à » jamais du théâtre de Bruxelles. » Tel fut Tanathème prononcé par Grétry contre son cor- recteur et le théâtre de Bruxelles. Désormais leur souvenir sera condamné. Jamais leurs noms ne seront prononcés dans ses Mémoires. Ce fut la dernière lettre écrite par Grétry à Vitzthumb. Bientôt celui-ci subit le sort de Compain. Moins heureux encore que son ancien associé, il voulait réparer sa for- tune en donnant un grand nombre de nouveautés sur son théâtre; il fit avec sa troupe des pérégrinations coûteuses en province , organisa l'opéra flamand à Bruxelles et ailleurs, déploya une grande activité, qui finit par une déconfiture complète. En 1777 il se retira de la direction du théâtre de Bruxelles et obtint, comme on disait en termes de barreau à cette époque, un permis de faire ces- sion misérable de ses biens. Durant l'année 1784 il signe encore en tête des musiciens du théâtre de la Monnaie une pétition tendant à engager les gouverneurs généraux à les maintenir dans leur ancienne position. Plus tard (27 décembre 1786) il fut nommé maître de la chapelle royale à Bruxelles , et ne rentra plus jamais au théâtre. A M. Compain. Dans quinze jours au plus lard, Monsieur, je donne aux Italiens une pièce en deux actes intitulée la Fausse Magie. Les paroles sont de M. Marmontel. Faites-moi l'amitié de me dire si vous vous êtes assez bien trouvé de la Rosière pour conti- nuer notre marché. Si vous voulez bien m'écrire d'abord à la réception de ma lettre, je pourrai vous expédier mon envoi au plus tôt. Mandez-moi encore une fois à qui il faut remettre le ( 427 ) paquet. Recevez, Monsieur, les assurances de mon amitié et de ma parfaite considération , avec laquelle je suis votre très- humble serviteur. Grétry. Paris, ce i9 janvier 1775. Monsieur , A M. Grétry. Du 24 janvier 1775. La société qu'il y avait entre M. Compain et moi étant dis- soute et restant seul directeur, j'ai l'honneur de répondre moi-même à la lettre que vous lui avez fait l'honneur de lui écrire le 19 du courant. Je désirerois beaucoup pouvoir m'arranger avec vous pour les opéras nouveaux et notamment pour la Fausse Magie; mais ce seroit à condition que vous ne feriez graver qu'après une année les opéras dont j'aurois fait l'acquisition. Ce qui n'a pas été observé pour la Rosière; auquel cas je vous prierois, Monsieur, de fixer une fois pour toutes tel prix pour les opéras en un acte, tel pour ceux en 2 actes, tel pour ceux en trois actes, etc., outre la copie de la partition et du poëme, que je paierois séparément. Si (comme je n'en doute point) vos prétentions sont assez raisonnables, pour s'accorder avec mes intérêts, vous aurez la bonté de remettre chez M. l'abbé Niccoli , secrétaire de léga- tion du duc de Toscane au Petit Luxembourg, faubourg Saint-Germain, tous les envois que je vous prierois de me faire, et la même personne vous feroit pareillement toucher le prix de vos honoraires. Espérant un mot de réponse , qui m'informe de vos inten- tions à ce sujet, je vous prie de me croire avec la considération la plus distinguée. Monsieur, votre, etc. ViTZTHUMB. ( 428 ) A M. Vitzlhumb. Je reçois la lettre, Monsieur, que vous me faites l'honneur de m "écrire. Quant aux différenls prix que vous voulez assi- gner scion le nombre des actes, je crois, Monsieur, que vous demandez une chose qui vous nuiioit à l'avenir. J'aurois pu vous proposer, je suppose, de me donner 1:2 louis pour un acte, ï>5 pour deux et 50 pour trois ou quatre; mais nous avons pris le milieu de cette somme, et j'élois convenu avec M. Compain de vous envoyer mes ouvrages indiffércnment, pour la somme de 525 louis. Céphale et Proeris, tragédie, que je donne à Topera, à la rentrée de Pàque, éloit dans mes arrangements. Cependant si (jueiqu'un me demandoil Céphale seul, eerlaincnient j'exigerois 30 louis. Ainsi, Monsieur, mon dernier mot sur cet article est de nous en tenir à notre arran- gement, si vous y trouvez vos intérêts. Quant à ce qui regarde le tems où je [)uis faire graver, je ne puis là-dessus prendre aucune entrave. Vous savez qu il vous est impossible de jouer mes j)iè(es en même temps qu'à Paris, qu'il faut au moins six mois avant que la gravure vous parvienne. Je ne puis là-dessus vous en dire davantage, Monsieur. Il arrivera quelques fois que vous serez fâché d'avoir payé 25 louis pour trois ou quatre mois; d'autres fois vous serez enchanté d'avoir donné 25 louis pour un opéra immense et d'en avoir profité huit ou dix mois avant le })ublic. En tout cas, monsieur, je vous supplie de ne voir en celte convention que vos intérêts. S'ils ne sont pas bien à couvert, croyez que je ne désire rien. C est M. Compain qui m'a proposé cet arrangement, auquel je n'aurais point pensé. Je me charge de la copie d'une partition. Voilà de quoi nous étions convenus. Je suis. Monsieur, avec la plus parfaite consi- dération et un extrême désir d'entendre un jour mes foibles productions exécutés sous vos ordres, Votre très-humble et très-obéissant serviteur. Grétry. Paris , ce 29 janvier 1775. ( 429 ) A M. Grctry. Du 11 février 1775. Monsieur. J'ai rrçii la lettre que vous m'avez fait l'honneur de niécrire le 29 janvier dernier, par où vous me mandez être convenu avec M. Compain sur le pied de "25 louis pour chaque ouvrage indi>liuclement, compris la copie de la partition. Je m'en liens à cet arrangement, pourvu que vous veuillez me prévenir à tcms de chaque ouvrage que vous aurez envie de me céder. Et puisque la clause de ne faire graver qu'après une année vos ouvrages vous paraît trop onéreuse, je n'insisterai point là-dessus; mais en ce cas josc me promettre, Monsieui-, que vous aurez soin de me les faire parvenir aussitôt après qu'ils serontachevés. J'attends avec impatience la Fausse Migic, que je vous prie de faire remettre chez M. lahbé Niccoli, chargé des affaires de la cour de Toscane, au Petit Luxembourg, fau- bourg Saint-Germain. La même personne vous satisfera de vos honoraires à mesure que je recevrai les envois que vous aurez la bonté de me faire. Si j'ai quelque jour l'agrément de vous voir ici, je ferai mon possible pour vous y prouver la satisfaction que vous désirez. J ai l'honneur d'être, etc. VlTZTHUJMB. A M. Vitzlhumb. J'ai envoyé, Monsieur , la partition de la Fausse Magie et la pièce imprimée à M- labbé de Niccoli. Il m'a promis delà faire partir le même jour. Vous devez bien sentir, Monsieur, que j'ai refusé les 25 louis que M. l'abbé veut me prêter. Si j'avais besoin d'argent, c'est à mes amis à qui j'en demandrois. Ils ( 430 ) mériteroient la préférence. Je suis fâché, Monsieur, que vous m'ayez exposé à cette démarche. Faites-vous connoître, je vous en prie, pour une autre fois. Je vous envoyé la lettre de M. Niccoli , afin que vous ne doutiez pas de ce que j'avance. J'attendrai que M. Niccoli m'envoye dire d'aller tirer cet argent. La pièce que vous allez recevoir est susceptible de beaucoup de soin. Paris néglige tous les accessoires, et ils ont grand tort. Une personne nous avoit proposé d'exécuter une pantomime d'ombres derrière un transparent. La place étoit après le chœur : 0 grand Albert. Nous n'avons pas osé risquer cette plaisanterie, qui peut-être auroit réussi. Le sujet de la pantomime auroit été en cérémonies de magie exécutées sur un second Dalin pareil à celui qui est sur la scène. Enfin ce projet n'a pas été bien digéré. La nuit qu'il aurait fallu faire après le chœur, le jour qu'il auroit fallu faire revenir au dénouement, c'est-à-dire au morceau : IVe troublons pas le mistère, tout cela a paru embarassant. Au lieu de faire apporter la glace par M. Dalin , c^est les Bohémiens eux-mêmes qui apportent un miroir magique en cérémonie sur la marche; et au lieu de dire •.Ayez-moi seulement une glace, la bohémienne dit: Avec ce miroir ayez-moi seulement un ruban , etc. Vous me ferez un sensible plaisir, Monsieur, de me faire part du succès de cet ouvrage. Je ne vous cache pas que les paroles ont été fort critiquées. On juge l'académicien dans un opéra bouffon, et l'on est bien injuste sur le compte de M. Marmontel. Je suis. Monsieur, avec la plus parfaite considération, votre très- humble serviteur. Grétry. Mardi 2i février 1775. ( 431 ) A M. Grétry. Du 25 février 1775. Monsieur, J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 2i du courant. M. l'abbé Niccoli ne pouvoit vous payer les 000 livres en question, n'ayant pu l'en prévenir qu'après la réception de l'opéra, dont il s'agit. Je suis fâché de ce malentendu; mais pour obvier à l'avenir à tout inconvénient, j'aurai soin, dès que je serai informé de la part de M. l'abbé Niccoli , que vous lui avez remis quelque ouvrage pour moi, de vous envoyer aussitôt l'assignation du paiement de vos honoraires. En conséquence, Monsieur, vous trouverez ci incluse celle des 25 louis qui vous sont dus pour la Fausse Magie, dont j'ai reçu la partition et le poëme, et dont M. l'abbé Niccoli vous paiera le montant. Quant à cet opéra, j'en ferai exécuter la pantomime indiquée par votre lettre, de manière à en espérer de la réussite; et j'aurai soin. Monsieur, de vous mander quel succès en aura eu la première représentation , que je compte donner dans la quinzaine de l'ouverture de notre spectacle; la clôture de cette année devant s'en faire la veille du 1^"^ dimanche de carême. Du reste soyez assuré. Monsieur, que j'y emploierai tous mes soins, et que vous ne sauriez me faire un plus sensible plaisir que de venir entendre l'exécution de toutes les pièces de votre composition, goûtées et suivies universellement. J'ai l'honeur d'être avec la considération la plus distinguée. Monsieur, votre dévoué, etc. ViTZTHUMB. ( 432 ) A M. Vilzthumb. Je suis impatient, Monsieur, d'apprendre le sort de la Fausse Magie à Bruxelles. Je donnerai le "2 may la I""^ repré- sentation de Céphale et Procris, tragédie en trois actes. Je vous prie de me dire s'il faut vous l'envoyer. Après deux représenlalions, nous serons très-bien convenus de tout mes changemens. Je vous en ferai tirer une copie, et vous pourez recevoir cet ouvrage vers la fin de may. Recevez, Monsieur, les assurances de la parfaite considération, avec laquelle je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur, Grétry. Paris, ce 21 avril 1773. A M. Grétry. Du 30 avril. Monsieur, Des circonstances particulières m'ayant empêché jusqu'à présent de donner la Fausse Magie, j'en ai fixé la 1"^^ repré- sentation à mercredi 10 mai prochain, étant dépourvu d'ac- cessoires et n'osant pas risquer. Quant à Céphale et Procris que vous me proposez de pré- senter au public, c'est un spectacle de ce genre pour lequel il ne paroît avoir nul goût. Je suis obligé, bien malgré moi, de renoncer à en faire i'acquisilion. J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus distinguée , Monsieur, votre serviteur, ViTZTHUMB. J'aurai soin devons informer, Monsieur, du succès qu'aura eu la Fausse Magie; et quand vous aurez quelque chose de ( 433 ) nouveau dans le genre comique, je vous prie, Monsieur, de vouloir bien vous souvenir de moi. J'ai l'honneur d'être, etc. A M. Vitzlhuml). PîH'is. ce mercn^dy 5 juillet 1770. Les Mariages Samnites, Monsieur, ont eu tout le succès que j'osois en espérer. Et d'après Icntretien que j'ai eu avec M. Franck, qui est venu me voir de votre part, Monsieur, j'ai fait copier la partition que j'enverai cette semaine à M, l'abbé Niccoli. Si M. Franck vous a rendu un compte exact de notre conver- sation, il vous aura dit que je préméditois un voiage dans ma patrie. Quelques circonstances m'empêchent encore de me décider. Je désire cependant faire ce voiage, et c'est beaucoup pour un homme libre. Si mon voyage a lieu , comme l'espère , j'aurai bien du plaisir, ^Monsieur, à vous entendre et vous admirer dans mes ouvrages mêmes, que vous savez faire exécuter, à ce que dit l'Europe entière, dans la plus grande perfection. J'aurai 1 honneur, Monsieur, de vous informer dans la huitaine si mon voiage de Bruxelles à Liège aura lieu. Je serai surtout enchanté de voir la Fausse Magie, que vous donnez, dit- on, mieux qu'à Paris. Je suis, Monsieur, avec la plus grande considération, votre très-humble et très-obéissant serviteur, Grétry. A M. Vitzthumb. Il y a déjà plusieurs jours, Monsieur, que j'ai envoyé à Monsieur l'abbé Niccoli un paquet qui renferme la partition des Mariages Samnites, la pièce imprimée et les changements de la Fausse Magie. Quant à ce dernier article vous en traiterez avec M. Haubaut, copiste de la comédie Italienne. Je lui ai 2"^ SÉRIE, TOME XL. 28 ( 434 ) déjà permis de les envoyer dans plusieurs provinces de France, et il en retire un petit bénéfice. Je vous envoie un changement que nous avons jugé néces- saire pour précipiter l'action. A la place de l'air : Da?ïs les airs, acte 5*, p. 47, nous avons rais le dialogue que je vous envoyé. Si vous avez une bonne bassetaille, et si vous ne craignez pas les longueurs comme nous, je vous enverai l'air qu'on a trouvé très-nécessaire de retrancher. Je pars le 15 août de Paris, elle M je serai bien près de Bruxelles. Si vous êtes en train de répéter les Samnites, et que je puisse vous être utile, j'en serai bien enchanté. Je ne ferai plus long séjour en arrivant à Bruxelles. Je ramène ma sœur qui est chanoinesse dans mon pays, et je compte revenir ensuite à Bruxelles pour voir les Samnites et la Fausse Magie, telle que vous l'avez donnée jusqu'à présent. Recevez, Monsieur, les assurances delà parfaite considéra- tion et des sentiments distingués avec lesquels j'ai l'honneur d'être , Votre très-humble et très-obéissant serviteur , Grétry. Paris, ce 15 juillet 1776. Le chef. C'est moi, oui oui qui les défendrai (les droits de son fils). Assez j'ai fait parler la loi, il est tems que la nature triomphe. Oui, citoyens, Agathis oublia l'Etat pour son père; mais son père alloit périr Il tomba au milieu de la mêlée. Son fils s'ouvre un passage, l'enlève dans ses bras et bientost oubliant son père pour la patrie, il retourne au combat, et notre vengeance est assurée. Citoyens, voudriez-vous condamnera la douleur le vieillard qui lui-même combattit si souvent pour vous? Voudriez-vous couvrir d'opprobre sa vieillesse? Et qu'il dise en descendant au tombeau : mon fils seroit heureux s'il mavoit moins aimé? Interrogez vos cœurs, et voyez qui de ( 435 ) VOUS, dans un pareil moment, refuseroit d'être ou père aussi heureux ou fils aussi sensible. Le choeur. Agathis, Agalhis. De ses vertus qu'il ait le prix. A M. Vitzthumb. Bruxelles, ce 21 aoust 1776. Oserai-je vous prier, Monsieur, en cas que l'on vous adresse encore quelques lettres pour moi, de me les envoyer à 1 Hôtel de l'Agneau, sur 3Ieuse, à Liège. M. De Viltaneuse et moi, Monsieur, nous vous prions d'agréer nos remerciements de toutes les honnêtetés dont nous avons été comblés par vous pendant notre séjour à Bruxelles. Que ne puis-je vous en dire autant de la part de ma musique , Monsieur. Mais elle est bien loin d'être aussi satisfaite de vos prétendues corrections que nous le sommes, M. de Viltaneuse et moi, de toutes vos honnê- tetés. Ne comptez plus sur mon retour à Bruxelles, Monsieur. Je viendrois vous gêner dans vos opérations. Vous m'avez banni à jamais du théâtre de Bruxelles. Mais l'honnête Mon- sieur Vitzthumb conservera toujours sur mon cœur les droits que l'homme de probité obtient si naturellement des âmes reconnoissantes. Je suis. Monsieur, avec la plus grande et la plus parfaite estime, votre très-humble et obéissant servi- teur (1), Grétry. (1) Malgré l'absence de l'adresse et la distinction que l'auteur semble établir entre Monsieur, et M. Vilzlhumb, nous croyons qu'elle lui est écrite. L'oncle de Grétry et d'autres personnes encore avaient adresse leurs lettres à Vilzlhumb pourles faire remettre à Grétry pendant son séjour à Bruxelles. ( 436 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Commission pour la publication d'une collection des grands écrivains du pays. — OEuvres de Froissart, publiées avec les variantes des divers manuscrits par M. le B"" Kervyn de Let- tenhove. Chroniques, t. XXIK Table analytique des noms his- toriques, J.-Q. Bruxelles, 1875; vol. in-8°. Du Mortier (Darlliélemy, C.) — Opuscules de botanique (186:2-1875). — Hepaticae Europae. Bruxelles, 1873, 1874; 2 vol. in-8°. Van Beneden. (P.-J.) — Notice sur la grande Balénoptère du Nord (Balaenoptera Sibbaldii). Bruxelles; br. in-8°. Juste {Th.) — Précis de l'histoire contemporaine (1815- 1871). Bruxelles, 1875; vol. in-12. Catalan [E.) — Note sur les nombres de Bernouilli. — Sur la constante dEuler et la fonction de Binet. — Sur les Asymp- totes des courbes algébriques. Paris; 2 br. i\\-¥ et br. in-8". Cornet (F.-L.) — Considérations sur la production et l'em- ploi de Tair comprimé dans les travaux d'exploitation des mines. Mons, 1875; br. in-8°. Hennequin {Le capitaine d'état-major). — Carte géologi(iue de l'Europe à l'échelle du 8,000,000'= avec notice explicative. Bruxelles, 1875; feuille in-pl. et br. in-8°. ffeuschling {Xavier). — Épidémie typhoïde de Bruxelles, en 1869. Compte rendu analytique des travaux de la commis- sion d'enquête. (Extrait du Moniteur belge. Septembre 1875.) Bruxelles; br. in-8". Royaume de Belgique. — Recueil des rapports des secré- taires de légation de Belgique, tome 2,11" liv., août 1 875. Bruxelles : in-8°. ( ^37 ) Académie royale de médecine de Belgique ^ à Bruxelles. — Bulletin, 5'' série, année 1875, t. IX, n°* o et 7. — Mémoires couronnés, in-8% t. III, o'^ fascieule. Bruxelles, 1875; 2 fase. in-8°. Cominission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances de la Belgique. — Recueil des anciennes lois et coutumes de la Belgique : Pays et comté de Flandre. Quar- tier de Bruges, tome second {L. Gilliodls-van Sevei-en). — Pays et comté de Brabant. Quartier d'Anvers, tome 5" {G. De Longé). Bruxelles, l87o; 2 vol. in-4°. Commissions royales d\ut et d'archéologie, à Bruxelles. — Bulletin, XIV« année, 1873, n°^ 5 et 6. Bruxelles. 1875; in-8°. Association belge de photographie. — Bulletin , 2^ année, 1875, n"M , 2 et 3. Bruxelles; 5 cah. in-8°. Musée de l'industrie de Belgique. — Bulletin, 34^ année, 4873, t. G8, n"'* 1, 2 et 5, juillet, août, septembre, Bruxelles; 5 cah. gr. in-S". Moniteur industriel belge, vol. II, 1875, n"^ 49 à 55. Bruxelles ; 7 feuilles in-4°. Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — Journal, 55^ année; GO" vol., juin 1875; 61^ vol., juillet, août et septembre 1875. Bruxelles; 4 fase. in-8°. Société royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 19*^ année, 1875, n°« 7, 8, 9 et 10. Bruxelles; 4 fase. in-8". Société malacologique de Belgique. — Procès-verbal : séances de juillet, août et septembre 1875. Bruxelles; feuilles in-8°. Société entomologique de Belgique, à Bruxelles. — Compte rendu, série II, n"' 15-17, juin-septembre 1875. Bruxelles; feuilles in-8°. Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin, tome XI V% n° 1 . Bruxelles, 1 875 ; in-8°. La Presse médicale belge, 27" année 1875, n"'' 31-43. Bruxelles: 13 feuilles in-4°. ( 438 ) Annales de médecine vétérinaire, ^li" année, juillet à octo- bre 1875. Bruxelles; 4 cah. in-8°. A nnales d'oadistique, 1 ■"% 2% 5'' et ¥ liv.Juillet-octobre 1 875. Bruxelles; 2 fasc. in-8'. Le Bibliophile belge, tome X, liv. !, 2, 5, 4. Bruxelles; feuilles in-8°. L'Abeille, XXP année, juillet-septembre 1873, 5^ à 1^ liv. Bruxelles; in-8°. Biblingraphie de Belgique, n"' 5 à 9, 1" année, mai à sep- tembre 1873. Bruxelles; feuilles in-8°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 51^ année, mai , juin et juillet 1873. Bruxelles; 5 cah. in-8". Société de médecine d'Anvers. — Annales, XXXV' année, juillet, août et septembre 1873. Anvers; 2 cah. in-8". L'Illustration horticole, 5' série, 6^ vol., 7" liv., juillet 1873. Gand; in-S". Journal des Beaux-Arts, 17^ année 1873, n"' 15 à 18. Louvain; 6 feuilles in-4°. Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut , à Mons. — Mémoires, 5*' série, tome X^ iMons, 1873; vol. in-8". Société archéologique de Namur. — Annales, tome Xin% 2' liv. Namur, 1875; in-8». Société médico-chirurgicale de Liège. — Annales, XIV*" année, juin et juillet 1873. Liège; cah. in-8^ L'Echo vétérinaire f 3* année, 1873, n°' 3,6 et 7. Liège; 5 fasc. in-8''. Le Scalpel, 28'' année, juillet-septembre 1875, n"* 1-15. Liège; 15 feuilles in-4''. Société hollandaise des sciences à Harlem. — Archives néer- landaises des sciences exactes et naturelles, tome X, 1"^% 2* et 3* liv. La Haye, 1873; 5 liv. in-8^ Cosijn (A)' P.-J.) en Verivijs (D' E.) — Woordenboek der Nederlandsche taal. Derde Reeks, Aflevering 4. (Gebrek- Geducht). La Haye, 1873; in-8°. ( i59 ) A'. InslUuiU voor de Taal- Land- en Volketikunde van Mederlandsch Indië. — Bijdragen, 3" Volgrecks, Dec! X, I' Siiik. - Rcislochtcn naar de Gecivinkbaai op Nicuw-Giiinea in de jaren 1869 en 1870, door C. IL H. von Roscnherc/. La Haye, 1875; fasc. in-8" et vol. in-4". Université de Leijde. — Annales Aeademici, 1870-1871. Leyde, 1875; vol. in-4«. Maatschappij der Nederlandsche Lelierkunde, te Leiden. — Nieiiwe werken : I Dl., v Si., 1825; II Dl., 1 en 2 St., 1850; III Dl., î2 St., 1854; IV Dl.; V Dl., I en t> St. — Nieuwe Reeks van Werken : I Dl., 1846; III Dl., 1847; VII Dl., i en 2 St.. 1852. — Verhandelinojen, 1)1. III, 1" St., 1819. — Ilandelingen, 1827, 1829, 1865, 1872, 1875. Leyde; vol. et fasc. in-8". Zeeuivsch Genootschap der Welenschappen, te Middelbury. — WeL — INaanilijst van Directeurcn en Leden. Middelbourg, 1874; 2 br. in-S". Nederlandsche Dierkundicje Vereeniging , te Rotterdam. — Tijdschrift, jaargang 1874, 1« Deel, 1% 2% 5^ en 4« Aflevering. Rotterdam; 5 fasc. in-8°. Historisch Genootschap, te Utrecht. — Kroniek, 6" Ser., IV« Deel, 29'' jaargang, 1875. — Werken, Nieuwe Reeks, n» 20 (Brieven en onuifgegeven slukken van Johannes Utenbogaert. Derde Deel. Derde Afdeeling, 1650). — Histoire des Provinces- Unies des Païs-Bas, depuis le parfait establissement de cet Estât par la paix de Munster. Tome IV [Abraham de Wicque- fort). Utrecht; 5 vol. in-8°. Société provinciale des arts et des sciences d'Utrechl. — Aanteekeningen gehouden in het jaar 1874. — Verslag gehouden den 30 Juni i874. — Het Kloo-stcr te Windesheim en zijn invloed, door D"- J. G. R. Àcquoy. — Peintures murales de l'église St-Jacques, à Utrecht. Utrecht et Leyde; 2 fasc. et \ol. in-8% vol. in-fol. Société linnéenne du .Yord de la France y à Amiens. — ( 440 ) Bulletin : 5' année, n° 39 ; 4' année, n° 40. Amiens, 2 feuilles in-8». Société des antiquaires de Picardie, à Amiens. — Bulletin, année 1875, W^ 1 et 2. Amiens; 2 fasc. in-8°. Société d'Émulation de Cambrai. — Mémoires, t. XXXI11% V" partie, 1874. Cambrai, 1875; in'8°. Société savoisienne dliistoire et d'archéologie, à Chambéry. — Mémoires et documents, tome XV% l*^^ partie. Chambéry, 1875;in-8°. Académie de Stanislas, à Nancy. — Mémoires, CXXV^ année, •1874, 4^ série, t. VII. Nancy, 1875; vol. in-8°. Garcin De Tassy. — La langue et la littérature liindous- tanies : de 1850 à 18C9 (seconde édition); en 1871, 1872, 1873 et 1874. Paris; 5 vol. in-8°. Lorin. — Faits relatifs à l'étude des alcools polyatomiques proprement dits. — Application à un nouveau mode d'obten- tion de l'acide formique cristallisable, Paris, 1875; br. in-4°. Neyreneuf (F.) — Sur le rôle, dans les phénomènes élec- triques, des substances isolantes en contact avec des corps conducteurs. Paris, 1875; br. in-4*'. Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus, tome LXXXI, n"' 1-15, juillet-septembre 1875. Paris; 15 cah. in-4". Revue politique et littéraire, "i" série, 5^ année, 1875-76, n"' 1 à 15. Paris; 13 cah. in-4°. Revue scientipque, 2*^ série, 5^ année, 1875-7G, n*'* 1 à 15. Paris; 15 cah. in-4''. Revue britannique, juillet, août et septembre 1875. Paris; 5 demi-vol. in-8". V Institut, ï\ow\q\\^ série, 3* année, juillet à septembre 1875, „os |;29 à 141. Paris; 13 feuilles in-4''. Archives de médecine navale, tome 24% n*" 1, 2, 5, juillet- septembre 1875. Paris; 3 cah. in-S". ( Ui ) Le Progrès médical, 5'"*= année 1875, n°' 27-39. Paris; l 5 feu il les in-4". Journal de ragriculture, tome III, juillet-septembre 1875. Paris; 15 cali. in-8". Revue hebdomadaire de chimie, (j* année 1875, n°' i à 38, juillet-septembre. Paris; 1875; 58 feuilles in-8°. Société de géographie de Paris. — Bulletin, juillet, août et septembre 1875. Paris; 3 fasc. in-8°. Société d'anthropologie de Paris. Bulletins, S'' série : t. IX^ 5" fîisc, juillet à novembre 1874; t. X% 3« fasc. mai et juin 1875. Paris; 2 fasc. in-8°. Société géologique de France. — Bulletin, 3* série : t. H, 1874, n" 7; t. IIl, 1875, n°^ 6 et 7. Paris; 3 liv. in-8°. Société météorologique de France. — Annuaire, tome XXIP 1874, feuilles 5 à 15 incl. —Nouvelles météorologiques? 8^ année, juillet-octobre 1875. Paris; 6 fasc. in-8*'. Société centrale d'agriculture de France, à Paris. — Bul- letin des séances, n"' 4, 5,6 et 7, 1875.— Séance publique an- nuelle tenue le 27 juin 1875. — Mémoires, année 1875. Paris; 5 fasc. et vol. in-S". Société mathématique de France. - Bulletin . tome III, n*»' 5 et 6, septembre-octobre 1875. Paris; 2 liv. in-8''. Société des amis des sciences naturelles de Rouen. — Bul- letin, 2* série, 11^ année 1875, 1 semestre. Rouen, 1875: in-8°. Société d'agriculture , sciences et arts de V arrondissement de Valenciennes. — Revue agricole , 27^ année 1 875 , t. XXVIIÏ, n"' 4 à 7. Valenciennes ; 2 liv. in-8°. Hirn{G.-A.) — Tbéorie analytique élémentaire du plani- mètre Amsler. Paris, 1875; br. in-8°. K. P. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monats- bericht, Mai-Juin 1875. Berlin , 1875 ; 2 fasc. in-8°. K. P. Geodcitische Institut. — Astronomisch-seodâtische Ar- ( 442 ) beiten in den Jahren 1875 und 1874. Berlin, 1875; vol. in -4°. Bureau central de l'Association géodésique internationale. — Comptes rendus des séances de la quatrième conférence i^éodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe, réunie à Dresde du 23 au 28 septembre 1874. Berlin, 1875; in-4". Deutsche cheniische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, VIII. Jahrg, 1875, N' 12, 15, 14 und 15. Berlin , 1875;4fasc. in-8». Gesellschaft fur Natur- und Heilkunde in Dresden. — Jahresbericht, October 1874 bis Mai 1875. Dresde; in-8^ JVeue Zoologische Gesellschaft in Frankfurt A. M. — Zeit- schrift, XVI Jahrg. Januar-Juin 1875. Francfort S/M; 6 cah. in-8». Justus Perthes" Geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- iheilungen, 21. Band, 1875, IX. und X. — Erganzungsheft , N'. 45 Gotha; 5 cah. in-4''. Historischer Verein fi'ir Steiermark zu Graz. - Mitthei- lungen, XXIII^ Heft , 1875. — Beitrage zur Kunde Steierra. Geschichtsquellen, 12. Jahrgang. Graz, 1875; in-8°. Natur wissenschafilicher Verein, Hamburg. — Abhandlun- gen : V. Band, 4 Abth.; VI. Band, 1. Abth. Hambourg, 1875; 2 fasc. in-4°, Medicinisch-naturwissenschaftliche Gesellschaft zu Jena. — Jenaisehe Zeitschrift, IX. Bd., N. F., II. Bd., 5. Heft. Jena. 1875;in-8°. Universitàt zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1874, Band XXI. Kiel, 1875; vol. in-4«. Archiv der Mathematik und Phijsik, LVIII. Teil., 1. Heft. Leipzig, 1875; in-8'=. K. B. Akademie der Wissenshaften zu Miinchen. — Zit- zungsberichte der philoso.-philolo. und histor. Classe, 1875; Bd. I., Heft III. Munich, 1875; in-8°. ( 445 ) K. K. Stermvarte zu Prag. — Astronomischc, Magnolische und Meteorologischc Bcobaclitungen, 55. Jahrgang, 1874. Prague, 1873; in-4°. Casopis Léimnir Ceskych, Rocnik XIV, 1875, Cislo 26-31, 53-45. Prague; 17 feuilles in-4^ Verein fur Vaterlandische Naturkunde in Wurltemherg. — Wurltenibergischc naturwissenscliaftliche Jahresliefte, Jahr- gang XXI., 1875.S(uUgard, 1875; in-8°. Verein fur Kunst und Allerthiim in Ulm und Oberschwa- 6ew.— Verbandlungeii, Neue Rcihe, VII. Heft. Ulm, 1875; in-4". K. K. Geologische Beichansfall in Wien. — Jahrbucli, Bd. XXV, N« 2, April , Mai , Juni 1 875. — Verbandlungeii , N° 6-1 0 , April-Juni 1875. Vienne; fasc. et 5 feuilles petit in-4". Antropologisclie Gesellscliaft in Wien. — Mittbeilungen, V. Band, Nr. 4 u. 5, 6 u. 7, 8 u. 9. Vienne; feuilles in-8'' avec planches. Dorpater Naturforscher Gesellschaft. — Archiv fiir die Na- turkunde, 1. ser. : V, Bd., 1.-4. Liefer.; VII. Bd., 2.-4. Liefer. — Sitzungsberichtc, III. Bd., V. und VI. Heft, 1873, 1874. Dorpat, 6 fasc. gr. in-8'' et 2 fasc. pet. in-8^ Kurldnd. Gesellschaft fur Lileratur und Kunst, Mitau. — Sitzungs-Berichte aus denj Jahre 1874. Riga, 1875; in-8°. K. Upsala Universitets. — Arsskrift , 1874. (vol. in-8°). — Fôrelâsningar ocb Ofningar (2 br. in-8°). — Nagra Bidrag till Upsala theologiska fakultets historia, I., II., III. (C. A. Corné- lius).— Slatistisk undersôkning rôrande Valdsamma dôdsfall i Sverige, 1. [Klas G. Odén) in-4°. — Thèses académiques, 65 br. in-8° et br. in-4''. Académie Royale Danoise des Sciences et des Lettres, à Co- penhague. — Bulletin, n°2, mars-septembre J 874. — Mémoires , classe des lettres, 5* série, vol. IV, n° 11. Copenhague; fasc. in-8° et fasc. in-4*'. Société Royale des Antiquaires du Nord, à Cope?ihague. — ( 444 ) Aarbôger for Nord. OEdk. og Historié, 1874. — Tillœg, aar- gang 1873. — Mémoires, nouvelle série, 1875-1874, feuilles 7 à lô. — Islendinga Sôgur, III. vol. 1875. — Njala, 1873. — Kongehôiene i Jellinge og deres ivndersôgelse efter kong Fre- derik VU'' befaling i 1801. {J. Kornerup). Copenhague; 5 vol. et feuilles 10-8"; vol. in-4°. Société Vaudoise des sciences naturelles, à Lausanne. — Bul- letin, 2^ série, vol. XllI, n° 74. Lausanne, mai 1873; in-8". Société de géographie de Genève. — Mémoires et Bulletin, tome XIV, liv. 1 à 5, 1873. Genève, Baie, Lyon;in-8°. Mensini [lacopo). — La Spia ortosismica. Nuovo apparecchio avvisatore dei terremoti sussultori. Florence, 1873: br. in-8°. Orsoni (Francesco). — I microfiti ed i microzoi délia cbi- mica organica. Noto, 1873; br. in-4". Pessina{Enrico). — Appunli interno al nuovo schéma di codiec pénale per il regno d'Italia e lezioni sulla pena di morte. Naples, 1875: vol. pet. in-8°. /?. Comitato geologico d'Italia. — BoUettino, anno 1875, n". 5 e 4, 5 e 6. Rome, 1873; 2 fasc. in-8". Socielù Toscana di Scienze Naturali, Pisa. — Atli, vol. 1 , fasc. 1 e 2. Pise, 1873; "1 fasc. in-8«. Nature, vol. XI, 1873, N- 282-^287, vol. XII, N«* 288-309, april-september 1875. Londres, 1875; 28 cah. in-i". Iron, New Séries, vol. VI, 1875, N°' 129-143. Londres: 13 feuilles gr. in-4''. Royal geographical Society of London. — Proceeding-', vol. XIX, N"' Vil and VIII. Londres , 1875; 2 fasc. in-8". Meteorological Society of London. — Quarterly Journal, july 1875. Londres: in-8'\ BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX- ARTS DE BELGIQUE. 1875. —NMl. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 novembre 4875, M. A. Brialmont , directeur et président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétueL Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps , H. Nyst, H. Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, Ern. Que- telet, H. Maus, M. Gioesener, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen , Éd. Dupont , Éd. Morren , Éd. Van Beneden, G. Malaise, Alb. Briart et F. Plateau, membres ; T. Schwann , E. Catalan et Aug. Bellynck , associés; Éd. Mailly, F. Crépin, et Ch. Van Bambeke, correspondants. 2"°" SÉRIE, TOME XL. 29 ( 446 ) CORRESPONDANCE. La classe a perdu, le 20 octobre 1875, sir Charles Wheatstone , I'uq de ses associés de la section des sciences mathématiques et physiques, décédé à Paris à l'âge de 74 ans. — La Société impériale des naturalistes de Moscou remercie pour les félicitations académiques qui lui ont été adressées au sujet du 50^ anniversaire du doctorat de son président, M. le conseiller privé Alex. Fischer de Wald- heim. Elle annonce en même temps qu'elle fera part de ce témoignage lors du jour de la fête jubilaire. — L'Institut royal des sciences, des lettres et des arts, à Venise, adresse le programme de ses concours pour les années 1875, 1876 et 1877. — M. le professeur Bernardin envoie ses observations sur le règne végétal faites à Melle le 21 octobre dernier. M. J. Cavalier adresse son résumé météorologique pour Ostende , pendant les mois de septembre et octo- bre 1875. — L'Académie nationale des sciences exactes de l'Uni- versité de Cordova, l'Académie physio-médico-statistique de Milan et la Société photographique de Toulouse en- voient leurs récentes publications et demandent l'échange. — Les Sociétés zoologiques de Londres et de Francfort- ( 417 ) sur-Mein et la Société asiatique du Bengale, à Calcutta, envoient également leurs derniers travaux. — M. Edouard Morren, membre de la classe, offre les deux ouvrages suivants : i° Bulletin de la Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique^ 1874; 2° Correspon- dance botanique. Liste des jardins^ des chaires et des mu- sées botaniques du monde, 5^ édition. La classe vote des remercîments pour ces dons. — Les travaux manuscrits suivants sont envoyés à l'examen de commissaires : 1° Les dépôts littoraux de l'assise paniselienne dans les enviroîis de Bruxelles, mémoire manuscrit avec billet cacheté renfermant les noms des auteurs. — Commis- saires : MM. Dupont, Nyst et Briart; 2° Les roches réputées plutoniennes des Ardennes fran- çaises, seconde partie et fin du mémoire couronné de MM. de La Vallée-Poussin et Renard. — Commissaires : MM.Dewalque, De Koninck et Malaise; 5** Théorèmes sur les polygones réguliers et sommation de quelques séries trigonométriques, par M. le capitaine d'artillerie Beinemund. — Commissaires : MM. De Tilly et Catalan ; 4" Sur le problème de deux liquides superposés dans un tube capillaire, par M. G. Van der Mensbrugghe. — Com- missaires : MM. J. Plateau et F. Duprez; 5" Descriptions de quelques oiseaux nouveaux, par M. Alphonse Dubois. — Commissaire : M. de Selys Long- champs. ( us ) RAPPORTS. Conformément à Tordre du jour de la séance , la classe est appelée à prendre une résolution sur les conclusions des * rapports de MM. Dewalque , Dupont et Briart concernant le projet de publication d'une nouvelle carte géologique de la Belgique. Après une longue discussion , à laquelle beaucoup de membres ont pris part, la classe a décidé de prier M. le Ministre de l'intérieur de faire faire un nouveau tirage de la carte de Dumont, en attendant que le gouvernement donne suite au vœu, que lui exprime l'Académie, de voir exécuter une nouvelle carte géologique à grande échelle. L'exécution de cette carte serait confiée à un comité pour la composition duquel l'Académie réclame le concours des départements de l'Intérieur, de la Guerre et des Travaux publics. Note sur les tremblements de terre en ^872, avec supplé- ments pour les années antérieures de i843 à ^812, par M. Alexis Perrey. Rapport de M. C. MÊataise. a Le travail de M. A. Perrey comporte 124 pages. C'est une espèce de statistique des phénomènes séismiques, pro- venant de la réunion de notes publiées dans les journaux ( U9 ) périodiques, etc., et de communications reçues de diverses personnes. Ce résumé est-il complet pour chaque année? Il est permis d'en douter vu les nombreuses annotations ajoutées sous forme de supplément. Dans un moment où l'on marchande les subsides accor- dés à l'Académie, pour l'impression de ses travaux, je suis à me demander si ce n'est pas grever inutilement notre budget que de voter l'impression du travail de M. A. Per- rey dans nos Mémoires. N'y a-t-il pas en France de recueil où ce genre de travail pourrait tout aussi bien figurer qu'ici. Et d'ailleurs ne publie-t-on pas en Alle- magne et en Italie des résumés de tout ce qui se rapporte aux tremblements déterre et aux phénomènes volcaniques. J'ai l'honneur de proposer à la Classe le dépôt dans les archives du mémoire de M. A. Perrey. d JRappot*t de MM. Ch. .Wontigny. a En accueillant, depuis 1843, dans ses publications les catalogues des tremblements de terre réunis par M. Alexis Perrey, l'Académie a eu l'intention de mettre en lumière des documents qui sont indispensables à l'étude de la cause de ce grand phénomène naturel. L'importance de semblables documents s'était fait sentir depuis long- temps; aussi plusieurs savants s'étaient-ils occupés de leur réunion. Arago, entre autres, dès 1817, avait commencé ce recensement. Forcé d'interrompre cette tâche en 1830, ce savant se félicita de la voir reprise plus lard par M. A. Perrey et poursuivie par lui avec un zèle infatigable, comme Arago le dit lui-même. Un an avant sa mort, il se plaisait à reconnaître que les catalogues de son continua- ( .450 ) leur étaient plus complets que les siens, et qu'ils présen- taient l'avantage de s'étendre à un plus grand nombre de contrées. Il admettait, en outre, les conclusions que M. A. Perrey avait déduites de ses premiers recensements, et suivant lesquelles les secousses de tremblements de terre sont influencées par la marche de la lune (1). En effet, les principales conclusions que M. A. Perrey a tirées de ses recherches, qui ont successivement em- brassé des périodes de temps de plus en plus étendues, sont les suivantes (2) : l** La fréquence des tremblements de terre augmente vers les syzygies; 2"* Elle est aussi plus marquée lorsque la lune est au voisinage de son périgée. Ces conclusions sont citées par plusieurs savants , entre autres par sir Charles Lyell (5). Ce célèbre géologue rap- pelle, au sujet de ces conclusions, la remarque de sir John Herschel que voici : « Bien que l'action du soleil et de la » lune, dit Herschel , soit impuissante à produire un mou- j) vement de marée dans la croûte solide de la terre, elle » tend pourtant à le faire, et produirait ce résultat, si cette » croûte était fluide; et qu'en réalité elle fait donc passer » alternativement les portions solides de la surface ter- (1) OEuvres d'Arago, l. XII, pp. 209 et -264. Voir aussi le t. XYIl, p. CCXLIl. (2) Propositions sur les tremblements de terre et les volcans formu- lées par M. Alexis Perrey, professeur à la Faculté des sciences de Dijon, 1863. (3) Principes de géologie, etc., par sir Charles Lyell, ouvrage traduit par M. J.Ginestou en 1875, l. II, p. 293. ( 451 ) D restre de Tétat d'extension à celui de compression, d (Herschel, Familiar lectures on Scientific Subjets, 1866). Si j'appelle ici l'attention de la classe sur les faits qui précèdent, c'est sans autre intention que de donner plus de relief encore aux travaux de M. A. Perrey, en citant des savants qui ont pris en considération les conclusions qu'il en a déduites. La science est donc en voie de recueillir des fruits de la publication des nombreux documents que notre Académie a insérés dans ses Recueils, et qu'il n'apparte- nait peut-être qu'à un corps savant de mettre au jour, vu leur étendue et la spécialité de leur objet. Je ferai remarquer, en outre, que la coordination si labo- rieuse d'une statistique des tremblements de terre ne peut se compléter en peu de temps, les documents pour les an- nées écoulées n'arrivant que tard et successivement à l'au- teur. Aussi n'y a-t-il pas lieu d'être surpris si, dans le tra- vail que la classe a bien voulu soumettre à mon examen , M. A. Perrey a publié un supplément où sont indiquées les secousses relatives aux années 184^3 à 1872 qu'il n'avait pu signaler primitivement. Dans l'exposé plus étendu des mouvements qui ont agité la surface terrestre pendant l'année 1872, M. A. Perrey me paraît avoir tenu compte d'une remarque critique de notre honorable confrère M. Mailly, au sujet des développements trop étendus que l'auteur avait donnés à plusieurs citations inscrites dans les catalogues précédents. En présence des considérations qui précèdent, j'ai l'hon- neur de proposer à l'Académie l'insertion du nouveau tra- vail de M. A. Perrey dans le recueil des Mémoires in-8% et que des remercîments soient également adressés à l'au- teur. » ( 452 ) BappofI de JUt. Oup»*€z. « Mon opinion au sujet de l'utilité des recherches sur les tremblements de terre dont M. A. Perrey continue à s'occuper d'une manière spéciale, est en tous points con- forme à celle qui se trouve exprimée dans le rapport de M. Montigny, et je me joins à notre confrère pour appuyer l'impression de la nouvelle Note présentée par l'auteur. Quant à la question financière soulevée dans le rapport de l'honorable M. Malaise, je me crois incompétent à la traiter, et j'en laisse la solution à l'appréciation de l'Académie. » En présence de la divergence d'opinions des commis- saires et des ressources restreintes dont l'Académie dis- pose pour ses publications, la classe a dû se borner à voter des remercîments à l'auteur; elle a, en même temps, décidé le dépôt de son travail dans les archives. MM. Folie, Catalan et Liagre, chargés d'examiner le Fragment III, du travail de M. J.-C. Houzeau, sur le calcul numérique, donnent lecture de leurs rapports. Conformément aux conclusions de ces trois commis- saires, la classe décide l'impression au Bulletin du frag- ment précité ; elle a voté, en même temps, des remercî- ments à M. Houzeau. ( 455 ) 1" Éludes sur la planète Mars (S'' notice); 2° Sur l'aspect de l'ombre du 2!' satellite de Jupiter le 25 mars 1874; notices par M. F. Terby. Rapport de M. JEfn. Quetetei. « La notice que M. Terby présente à l'Académie se com- pose de trois parties distinctes. La première contient les observations de la planète Mars, faites à Louvain pendant l'opposition de 1875. Les conditions de distance étaient favorables, mais malheureusement la déclinaison de la planète était très-australe. L'auteur a pu cependant réunir un certain nombre de dessins qu'il a comparés avec soin aux ligures de Mars obtenues depuis 1864. Il trouve que la situation des taches sur le disque présente beaucoup d'ana- logie cette année avec celles des années 1864 et 1858. Or, dans ces trois circonstances, les observations ont été faites à des époques voisines des équinoxes martiels : en 1858 et 1875 l'équinoxe du printemps méridional, en 1864, l'équinoxe du printemps boréal. L'auteur présente une des- cription détaillée des diverses taches et fait ressortir l'in- fluence considérable qu'exercent les saisons sur l'apparence et quelquefois même sur la visibilité de certaines d'entre elles. La 2^ partie est un appendice au mémoire intitulé Aréo- graphie que l'Académie a publié parmi ses Mémoires in4". L'auteur a reçu communication de quelques ouvrages qu'il ne connaissait pas à l'époque où a paru son premier travail, notamment deux mémoires de l'astronome italien Salvator Serra et un autre de Dominique Cassini. Cette bibliogra- ( lU ) phie mentionne aussi quelques travaux modernes qui sont comparés avec ceux que M. Terby a déjà fait connaître. Dans le Bulletin du mois de novembre 1874, M. Terby avait attiré l'attention des astronomes sur la différence de teinte qu'avaient présentée, dans la soirée du 25 mars précédent, les ombres des 2' et 3' satellites de Jupiter pro- jetées sur le corps de la planète; l'ombre du o*^ lui avait paru décidément noire et celle du second, grise. M. Flammarion était parvenu à un résultat analogue. M. Terby, dans la 3^ partie de sa note, rectifie ce qu'il avait dit relativement à l'observation faite par M. Knobel. Cet astronome a vu l'ombre du 2^ satellite noire et non pas grise. M. Webb l'a trouvée également noire. D'après M. Birmingham, l'ombre était brune et faible et selon M. Buffham elle fut grise pen- dant */6 du temps du passage. Cette diversité d'appréciation est d'autant plus remarquable que l'on avait à côté comme point de comparaison l'ombre du 5*^ satellite que tous les observateurs semblent s'être accordés à regarder comme noire. L'auteur se borne à constater le fait sans en cher- cher l'explication. Ces notes constituent une suite intéressante aux re- cherches déjà publiées par M. Terby sur l'aspect des grosses planètes de notre système et j'ai l'honneur d'en proposer l'impression. » Conformément à cet avis partagé par M. Liagre, second commissaire, la classe décide l'impression au Bulletin des notes de M. Terby. ( 4SS ) COMMUNICATlOiNS ET LECTURES. Fragments sicr le calcul numérique, par M. J.-C. Houzeau , membre de TAcadémie. FRAGMENT III. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS NUMÉRIQUES. 60. Je ne m'occuperai ici des équations qu'au point de vue des méthodes les plus avantageuses pour le calcul numérique. Je laisserai de côté la recherche des racines imaginaires, sauf dans quelques cas particuliers, tels que les équations du second et du troisième degré. Dans les applications des sciences physiques on n'a guère besoin, en effet, que des racines réelles; mais il est important d'arriver rapidement et sûrement à ces racines. J'ordonnerai partout les équations numériques suivant les puissances croissantes des inconnues. Pour les équa- tions à une inconnue, j'écrirai par exemple : 0 = A -t- Bx -h Cx' - -t- Jx*"-' -+- Kx"-' -t- x"*. . (85) De cette manière, quel que soit le degré de l'équation, A représentera toujours le terme connu, R le coefficient du terme du premier degré, C celui du terme du second degré, et ainsi des autres. Pour toute équation de degré n, ( 456 ) n étant < m, il suffira d'égaler à l'unité le coefficient de x", et de rendre nuls tous les coefficients qui suivent. En outre, lorsqu'une équation de la forme (85) a subi une préparation quelconque, lorsqu'elle a été par exemple privée à dessein d'un de ses termes, ou qu'un de ses coeffi- cients a reçu une valeur voulue, je remplacerai x par y (nouvelle inconnue), et les capitales A, B, C... par les lettres basses a, b, c... J'écrirai alors 0 = a -\- by -^ cy^ ... -^jy'^"^ -f- %•""* -<- 2/"* . . (86) § M. — Solution trigonométrîque du second degré. 61. La résolution de l'équation du second degré à une inconnue, par le secours des lignes goniométriques, est tellement simple, et si bien adaptée au calcul des loga- rithmes, que l'on doit s'étonner de la trouver complè- tement négligée. Cette équation est, d'après la notation du numéro précédent, 0 = A 4- Bx -+- x' (87) Pour la résoudre par la trigonométrie on considère séparément deux cas, suivant que les racines sont de même signe (et par conséquent A positif), ou que ces racines sont de signe différent (et par suite A négatif), /*•■ cas, A positif. — Si les racines sont toutes les deux de même signe, il est permis de les représenter par deux facteurs tels que k tang^ f, et A cot | y , dans lesquels k peut toujours être pris positivement, (4S7) pourvu que le signe de 9 reste à déterminer. Multiplions X — k tang \ 9 par x — k 001^9, et égalons ce produit à zéro, nous formerons Téquation du second degré 0 = P — k (tang ^ î? H- cot ^ î?) ar H- x% ou bien 0=ifc'_A:— x -+- x« (88) sin ^ Comparant (88) à la proposée (87), on voit que les coefficients de celle-ci ont respectivement pour valeur A = A;^B sm 9 d'où Ton tire d'abord A:=l^A, et ensuite 21/ UangiyV/Â,) ,^^^ sm«) = —-, et x = \ ^ '[ . 89 ^ B (cot if\/I.} ^ ^ 2'"' cas, A négatif. — Les racines étant de signe différent, on peut représenter Tune par k tangl 9, et l'autre par — A; cot 1-9, A; étant essentiellement positif et 9 d'un signe à déterminer. Multiplions x — k tang y 9 par oc -h A; cot 4 9, et égalons à zéro, nous obtiendrons 0 = ~ k^— k (tang if — cot i î») X -4- xS ou bien 0 = — A:* H- 2A cot ^ . a: H- x^ . . . (90) qui montre que les coefficients de la proposée ont dans ce cas pour valeur * A=— A% B = 2A:cotî); ( 458 ) on en tire d'abord /: = V/-— A, et ensuite B (tangiî>\/^^) cotf= =:=, et a;= .y . (91) 21/— A (_cotiy\/— A.) 62. Ces solutions trigonométriques du second degré fournissent les racines réelles avec une promptitude remarquable. Les équations de cet ordre se rencontrent si souvent dans le calcul, que ces procédés tirent de la fréquence des applications un plus haut degré d'utilité pratique^ Lorsqu'il s'agira d'en faire usage, on distinguera donc deux cas, dans la proposée (87), selon que A, qui est formé du produit des racines, se trouve affecté du signe -+- ou du signe — . 1° Si A est positif, on prend l'arc auxiliaire siny = -?^, (92) et les racines sont (tangi.l^,) (cot ifl/Â;S c'est-à-dire, par le calcul logarithmique, La;=^LAzpL tang if ... . (94) Le radical peut toujours être pris positivement , et (p, qui est de signe contraire à B, s'étend de — 90° à h- 90°. Le signe de 9 est d'ailleurs essentiel pour déterminer celui de x. Si £^ est > 1 , cette valeur ne peut plus convenir pour ( 459 ) un sinus : les racines sont imaginaires. Nous traiterons de ce cas tout à l'heure. 2° Quand A est négatif, on prend l'arc auxiliaire tangp= — - — , . . . . (95) et les racines sont ( — cotiç>l/— A;] ^ c'est-à-dire, parle calcul logarithmique, Lx(=f) = i L [- a] zp L tang ^f... (97) Le radical peut toujours être pris positivement, pourvu que cp s'étende de — OO'' à h- 90% et que cet arc soit du signe de B. L'expression ~^ peut, quelle que soit sa valeur, repré- senter une tangente, et les racines sont toujours réelles. 63. Soit par exemple l'équation 0 = — 1 2,01 9 887 — 6,753 825 x + x* . . (98) A étant négatif j'applique les formules (95) et (96) : L2 . . . 0,301 030 0 LV/^^.. 0,539 948 7 coLB.... 1,170 450 2 — Somme. . . 0,0 11 428 9 — = L tang f ... ~ 45M5'13;'72 = f . lp= — 22.52.36,86 Ll^^TÂT. . 0,539 948 7 Llanglp. T,625 252 5- Somme . . . 0,165 2010— . . . . — 1,462 854 = j^i (-) Différence 0,914 696 4 -♦- .... -+-8,216 681 = a?,. ( 460 ) 64. Il est rare que les racines imaginaires soient de- mandées dans le calcul numérique. Voici cependant com- ment on peut les tirer d'une équation du second degré, par voie goniométrique. Une semblable équation, dont les racines sont imaginaires, peut être mise sous la forme 0 = J^-^2kx-^x' .... (99) sin^f On en tire, en la résolvant à la manière ordinaire, et en faisant attention que \ — sin^ô =cos2£, x== — kz^—\/-cos'e = — k{\z^coU\/^^) (100) sine En comparant (99) à la proposée 0= A + Bac h- x2, on voit que k = -iB, et A = --:-^, dou sine = ---=.; donc, par la substitution dans (100), a;= — |B(1 qicotel/^^) . . . (101) Il résulte de là que, dans l'équation (92), lorsque^ est > 1 , il suffit de renverser les termes de la fraction , dont on peut d'ailleurs négliger le signe, et de poser sin£ = -, (102) 21/A 5 compris entre 0° et 90^ Alors les racines sont a;^_xB(liFcot£l/^) = — lB=FlBcot£l/— 1 (105) Dans le calcul numérique, sans s'arrêter à chercher l'arc £, on tire directement des tables son Lcot d'après son L sin. ( 461 ) § N. — Nouvelle solution trigonomé trique du troisième degré. 65. Les procédés ordinaires, employés pour résoudre l'équation du troisième degré, sont différents suivant la nature des racines f). Ils exigent donc qu'on reconnaisse d'abord cette nature. Dans l'équation 0 =a-4- 6t/ -+-2/% (104) déjà privée du terme du second ordre, il faut par exemple calculer le binôme Ab^ h- 27 a^ ce qui peut être assez long. Une solution qui s'applique à tous les cas, sans autre con- sidération que les signes des termes, est évidemment pré- férable, pourvu qu'elle joigne le mérite de la simplicité.. Or, toute équation du degré m pouvant être considérée comme le produit membre à membre d'équations de degrés moindres, décomposons l'équation du troisième degré en une génératrice du second degré et une autre du premier. Dans la génératrice du second degré compre- nons, ce qui peut toujours se faire, deux racines de même signe. Nous appellerons celles-ci racines conjuguées , et c'estévidemment parmi elles qu'il peut se trouver un couple d'imaginaires. Toutes ces génératrices sont comprises dans les deux formes 0=k^ — ksiiif.y-^y'^, ou bien 0^=k^sïn^f — ky-^y^] (*) La solution générale de Tarlaglia, qui passe plus communément sous le nom de Cardan, et que Bombelli a développée et Albert Girard simplifiée, est sans doute trop négligée aujourd'hui. Quel qu'en soit le mérite analytique, elle a toutefois l'inconvénient d'être fort incommode pour les calculs logarithmiques. 2""^ SÉRIE , TOME XL. 50 ( 462 ) Â: et 9 ayant des valeurs dont on peut disposer. Multiplions membre à membre par une équation du premier degré , dont nous nommerons la racine racine singulière^ et telle que le coefficient du terme eu ?/2 s'annule dans le produit. On prendra pour cette génératrice soit 0 = A: sin y H- î/, soit 0 = fc -f- y. Il vient alors par la multiplication , 0 = F sin f -4- k^ cos^ ?• 2/ -*- 2/' ? • • (i05) 0 = P sin\ — /c' cos\. 1/ -*- 3/' . . . (106) Ces deux types représentent manifestement toutes les équations du troisième degré privées du terme du second ordre. En les rapportant à la forme générale 0 = a-+- 6î/-f-2/% (107) on voit que le premier type répond à 6 positif, et le second à b négatif. Considérons ces cas tour à tour. Premier cas, b positif. — On tire d'abord, en compa- rant (105) à (107), ^ sin ç) V/6"' ,5 «^o3 et cos"^) ▼ sin y T Sin o d'où la racine singulière t/i = — ksm ^= —Va. sin* f . On pourrait ensuite résoudre la génératrice du second degré à la manière ordinaire, et introduire dans l'expres- sion de y qui en résulte la valeur de A:, ce qui donnerait pour les racines conjuguées ( 465 ) et comme jr^ est toujours > 1 , on conclut immédiatement que ces racines sont imaginaires. Appliquons à cette géné- ratrice les formules (102) et (105) du n" 64. Nous devrons poser, dans ces relations, A = /:*, B = — k sin ,?; et par conséquent k sin f sin f = ; — = — i sm '^ , ''2k OU aussi bien, sin e= ^ sin f, parce que la colangente de s est employée ci-après avec le double signe. Enfin les racines imaginaires seront t/ = |Asin'^(izpcott 1/ — i) = iva.sm^f(i zp colfl/ — J). Deuxième cas, h négatif. — On a d'abord et la racine singulière La génératrice du second degré , traitée par les procédés ordinaires, fournit pour les racines conjuguées, y = ik{[qzV i - I,sm\) = i\/ ~ {i qzV^i- 4sin';}^ ▼ sin f Il est facile de voir que sin (p = 4 donne des racines égales, sin 9>4 des racines imaginaires, et sin 9 <4 des racines ( 464 ) réelles inégales. Celte génératrice du second degré devient, en substituant pour k sa valeur, 0 = — 6tang\ — 2/-»-v'- • • (^08) COS f Nous traiterons l'équation (108) par les procédés du n° 61 , en faisant A = — 6 tang^ », B = . COSÇ) Si les racines sont réelles, l'introduction de ces valeurs dans la formule (92) nous donne, en appelant 2 v// l'arc auxiliaire (f de cette expression, si„2* = Bl^E5l^5îîSl = 2sin, . . (109) COS f Maintenant, en vertu de sin2 v/> = 2 sin ;// cos ^ , on trouve sin v/y COS i// = sincp , et par conséquent sin . sin f ( 465 ) Enfin en remplaçant ^ ou k par sa valeur égale V^, on peut embrasser les trois racines réelles dans la formule V sin^^ U X l sin' h { cos' a — = (H4) cos" f l/— 6^ Cette équation fournit l'arc auxiliaire 9, comme nous le montrerons dans un instant. Si 50° il y a deux racines imaginaires. Lorsque toutes les racines sont réelles on pose sin2 ^ = 2sinî), (115) et ces racines sont réunies dans l'expression commune y=V-rT-X sin^^, . . . (116) ^ \ cos* ^ . Quand cp est > 50°, on a d'abord une racine réelle .v. = -V-T-; .... (117) (467) puis on pose sine ==—7—, (H8) et les racines imaginaires ont pour expression y = ^V-^0=FCOt.V/^:T) . . (119) 67. Le seul point qui exige maintenant quelque éclair- cissement, est celui de la détermination de Tare auxi- liaire (p, d'après les formules (110) ou (114). Comme il est permis, dans ces équations, de disposer du signe du radi- cal, on prendra toujours le premier membre positif, et 9 sera compris entre 0" et 90^ On pourrait d'abord remar- quer que sin 9? 1 rf^ L cos f cos'

; VARIATION \C0S3,J>/ VARIATION pour 1'. pour 1'. Oo l2 » ôô » i 2,242 05 724 4,483 91 1 448 2 543 61 363 3,086 43 727 3 720 59 243 439 39 484 4 846 76 183 690 35 364 S 945 25 148 885 55 292 6 î,026 39 124 2,045 63 244 7 095 64 107 181 54 210 8 156 30 95 299 85 185 9 210 47 86 404 81 166 1 10 259 62 78 499 29 149 11 r,304 76 72 2,585 35 137 12 346 67 67 664 55 127 13 385 92 63 738 00 118 14 422 96 60 806 64 110 15 458 16 58 871 16 105 ( 469 ) Fondions du troisième degré (suite). 1 /si„y| VARIATION -^ VARIATION F- pour V. pour 1'. 16o 1,491 81 55 2,932 15 98 17 524 15 53 990 08 94 18 555 36 51 î,045 35 90 19 585 63 50 098 27 86 20 615 09 49 149 15 83 21 f,643 87 47 1,198 20 80 22 672 08 47 245 65 78 23 699 80 46 291 68 76 24 727 12 45 336 44 73 2o 763 06 45 394 39 71 26 1,780 86 44 1,422 70 70 27 807 40 44 464 45 68 28 833 80 44 505 41 68 29 860 11 44 545 68 67 30 886 38 44 585 35 66 31 1,911 04 44 r,622 88 65 32 938 95 44 663 16 65 33 965 33 44 701 44 63 34 991 84 44 739 40 63 35 0,018 50 44 777 09 62 36 0.045 35 45 Ï.814 56 62 37 072 02 46 851 48 62 38 099 75 46 889 09 62 39 127 36 46 926 24 62 40 155 31 47 963 37 62 41 0,183 60 47 0,000 55 62 42 212 29 48 037 80 62 43 241 40 49 075 18 62 44 270 97 49 112 74 62 45 301 03 50 150 52 63 46 0,331 62 50 0,188 55 63 47 362 78 52 226 91 64 48 394 54 53 265 61 65 49 426 95 55 304 73 65 50 460 05 56 344 31 67 51 0,493 89 57 0,384 39 67 52 528 51 58 425 04 68 53 563 96 60 466 31 70 54 600 30 61 508 26 70 55 637 59 63 550 96 72 ( 4.70 ) Fonctions du troisième degré (suite). / sin ?) A VARIATION ^ (cOS3y) VARIATION ?■ \^C0S5 f j pour 1'. pour 1'. 560 \ 0,675 89 65 0,594 46 73 S7 715 27 67 638 86 75 58 755 79 68 684 21 76 59 797 55 70 730 61 78 60 840 62 73 778 15 80 61 0.885 11 75 0,826 93 82 62 931 11 78 877 04 85 63 978 74 81 928 62 87 64 1,028 13 84 981 79 90 65 079 43 87 1,036 71 93 66 1,132 79 91 1.093 52 96 67 188 59 95 152 62 100 68 246 44 99 213 61 104 69 307 16 104 277 32 109 70 370 83 109 343 82 113 71 1,437 74 114 1,413 41 119 72 508 26 121 486 47 125 73 582 79 128 563 39 132 74 661 83 136 644 67 140 75 745 96 145 730 90 148 76 1,835 88 .155 1,822 78 158 77 932 46 167 2,021 18 170 78 2.036 77 181 027 17 184 79 150 15 197 142 10 200 80 274 34 217 267 69 219 81 2,411 62 241 2,406 24 243 82 565 09 271 560 84 273 83 739 07 310 735 82 312 84 939 91 362 937 52 363 85 3,177 46 434 3,175 80 436 86 3,468 19 543 3,467 13 544 87 843 00 724 842 41 725 S8 4,371 28 1 087 4,371 01 1 087 89 5,274 37 2 174 5,274 30 2 175 90 00 » 00 • Cette courte table ne peut être évidemment qu'appro- chée. Mais elle donne (p, en très-peu d'instants, à quel- ( 471 ) ques minutes près, et dans la plupart des cas à 1'. Elle fait donc connaître à quelle page il s'agit d'ouvrir les tables trigonométriques. Ainsi guidé, on aura bientôt une valeur plus exacte de 9, en formant Lsincp — 3 L cos cp, ou 2Lsin9 — 3 L cosç (suivant les cas), dans les tables de SchrÔn, de Shortrede ou de Vega. Toute valeur simplement approchée de 9 conduira, pour ce logarithme X' de la fonction ^,ou de celle ^, à une grandeur un peu différente de celle demandée X. Il existera dans ce logarithme une erreur e, savoir e= \' — X. Mais soient s la différence des L sin, dans les tables trigo- nométriques, pour l"et pour la valeur admise de 9, c la différence relative aux L cos, ces deux différences prises sans considération de signe. Nommons enfin /*la correction ou appoint à appliquer à 9 (en secondes), il est facile de voir que f== — V f^^^) s -f- 3c rendra l'équation (110) satisfaite , et /•=_ — - — .... (121) fera évanouir Terreur dans l'équation (114). On peut d'ailleurs, dans ces formules (110) et (114), attribuer au radical le signe nécessaire pour rendre le premier membre positif, et cp sera toujours compris, comme on l'a dit, entre 0° et -h90^ 68. Un exemple facilitera l'application du procédé que l'on vient d'exposer, et montrera avec quelle rapidité et quelle sûreté cette marche fournit les racines d'une équa- ( 472 ) tion du troisième degré. Il ne faut pas oublier que, dans les méthodes ordinaires, outre la nécessité de reconnaître au préalable la nature des racines, on n'obtient cer- taines racines réelles qu'après de longues combinaisons de termes, et en rencontrant aux dénominateurs des diffé- rences qui peuvent devenir très-petites. Le procédé qui vient d'être exposé est adapté, au contraire, au calcul logarithmique. Soit proposée l'équation 0 = 5 — 7.vH-i/% qui est du type 0 = a-hby-hy^. Le coefficient 6 étant négatif, j'applique la formule (114). La. sans considération de signe. Diflférence. . . . 1,209 474 3 = a. Notre table pour f = 21". î, 198 20 Différence. ... 11 27 Variation pour i' . . . 80 D'où appoint de 9 en minutes = -^-^=14, et 9 approché =21°14'. Avec cette valeur, je forme, à l'aide des tables trigono- métriques à sept décimales, l'expression lT^^) , savoir : SLsinjp . . . SLcosp . . . 1,1178176 s = 54,2 2s = 108,4; sans considération Ï/J08 406I c 8,2 3c 24,6) désigne. Différence. î,209 4115 = /' Somme. . . 133,0 î,209 474 3 Différence. — 62 8 = e Le(-). . . 2,798 -f- L (2s H- 3c). 2,124 Diff. . . 0,674 H h4';72=A Donc 9 = 21" 14' 4",72; et de cette valeur de 9 < 30°, je (473) conclus que la proposée renferme trois racines réelles inégales. Pour déterminer ces racines je pose L2 . . . 0,301 030 0 \ Lsinp. . 1,558 934 4 I sans considération I de signe. Somme. T,859 964 4 =L sin 2^ . . . 46'>25'i;'24 = 24*/ ^ = 23.12.30,02 Et ensuite La . . . 0,477 121 3 -t- Lsin'p . T,H7 868 8-+- Diff. . . 1,359 252 5 -f-... Lsin«^ î,191 165 0 +... Lcos» ^ î,926 703 6 l Diff.(- ) . 0,453 084 2 — = Ly^ ; 0,453 084 2 -4- 0,4o3 084 2 Sommes 1,644 249 2 -t- =L7/2; 0,379 787 8 h- = Ly,. Ainsi, passant aux nombres, les trois racines de la pro- posée sont y, = ~ 2,858 469, i/^ = -t- 0,440 808, 1/3= -t- 2,597 661 ; dont la somme algébrique est nulle, comme elle doit l'être dans toute équation privée du terme avant-dernier (vul- gairement le second). 69. Au lieu de calculer cp, comme nous venons de le faire, par les fausses positions, on pourrait également l'obtenir par des séries convergentes. On trouvera cepen- dant que le recours aux tables trigonométriques est géné- ralement préférable. Aussi ne présenterons-nous rapide- ment ces séries que dans le but de compléter le sujet. Occupons-nous d'abord de la fonction ^ , que nous supposerons toujours positive, ^ étant compris, comme on l'a vu, entre 0° et 90°. Nous appellerons h la valeur donnée à laquelle cette fonction doit satisfaire. On peut écrire le numérateur sous la forme sin ^9 h- sin 9 (i — sin2(p), ( 474 ) ou sin^ç-hsinycos^ç;^ par suite la fonction h devient sin' © -+- sin o cos' «p sin% sinsî , ,.^^^ h= i -^ ^-= — -^ -+- '- = t&n^f-i- tangf (122) COS f COS^f COS^) L'inconnue est maintenant tang ç), quantité susceptible de passer ici par toutes les valeurs absolues , depuis 0 jus- qu'à -h 00 . Mettons l'équation (122) sous la forme iangf = h — tang' 5?, . . . . (125) et supposons d'abord tang 9 fort petit; le terme du troi- sième ordre peut être négligé dans une première approxi- mation, ce qui conduit à poser tang f = h, d'où tang' f = h^. Substituant dans (123) cette valeur de tang^cp, il vient pour seconde approximation tang (f = h — /i% d'où tang' f = P — S/i** h Opérons une nouvelle substitution , qui nous fournira une nouvelle valeur de tang ^9?, et ainsi successivement, nous trouvons pour la série cherchée tang y = A — /i' -+- U' — 12/^' -*- 55/i' — 275A*^ ) -f- 1 428/i^' - 7 752/i'« -f- 45 223A*' )' ' ^ ^ Toutefois la fonction trigonométrique qu'il s'agit d'in- troduire dans les formules (111) et (115) n'est pas tangcp, mais sin2(p. De l'égalité ^ = A nous tirons cos2(p=*^; puis sin2(j)=^— ^^^?. Enfin en mettant pour lang^sa valeur (124), sin* f = h^— 5/i* -+- 12/i' — 55/1» -4- ... , ou bien , en représentant les coefficients par leurs loga- (475 ) rithmes, sinV=/i'— [0,477121 254 7]/t*-4-;[i,07918I24G0]/i« \ — [1,740 562 70] h' -+- [2,456 162 6] /t*° — [5,454 728 2] h'^ i (125) H- [5,889414] /t**— [4,655 7] h'' + [5,589] /t*« — [6,14] h'' .•• ) Celte série peut servir jusqu'à h=\ ou cp = 15** environ ; mais il est permis d'en étendre l'usage en sommant empi- riquement le reste de la suite. En effet la raison des der- niers termes diffère peu de — 7r"5/i^ en sorte qu'on pourra prendre pour expression du dernier terme et du reste [6,d4] h-^o reunis •l + [0,75]/i'** Si au contraire h et tang cp sont très-grands, on écrira tang' f = h — tang y, OU tangf = (/i — tangy)^ , et en développant le second membre, 1 1 -2 1-5 5 -^ tang? = /i'— -/i nangy— -/i Uang^ f—--h 'tang'^ . (126) ù y oi Prenons pour première approximation tang9=/i^, puis à chaque approximation successive un terme de plus, nous trouverons, en suivant la marche auparavant développée, et en représentant immédiatement les coefficients numé- riques par leurs logarithmes , sin' y = 1 — r^ -+- [r,522 878 745 5] h~-^ — [2,091514 981 1]/i-^ — [5,614 595 726 4] IC '-^-t- [4^785 090 O] h~ -^ [4,404 878 7] /i"^ — [5;685 9l] /r^— [F,337 54] /r'^ -^ [MGs] h~^ -f- [6,527] h-^ •" (127) ( 476 ) Cette série répondrait aux besoins ordinaires pour toute valeur de h plus grande que ^ou que^, et elle devient très- convergente pour h >10. Mais si h diffère peu de \ , au-dessous ou au-dessus, il est nécessaire de développer la série en fonction des puis- sances croissantes de h — 1. Avec un peu d'attention, et en recourant à quelques transformations sur lesquelles il n*est pas nécessaire de nous étendre , nous avons trouvé : sin' f =0,517 672 11)6 2 + [17425 595 045 5] (/t— 1) — [T;065 972 617 4] (/i - df -t- [2,610 032 726 3] (/i — if — [4;5264962](/i— i)*-.[2;2952657]{/i— 1)'' \ (128) -4- [2,453 1506] (/i— if l — [27451 626 0] (/i — 1)' -+- [2;556 52] [h — \f\ — [2;218 20] {h — 1)^ -I- [2,001] [h — !)•»... \ Cette série servira dans l'intervalle des deux autres. 70. Quant à la seconde des fonctions considérées du troisième degré, savoir ''^J--, nous la nommerons k, quan- tité susceptible de prendre ici toutes les valeurs depuis 0 jusqu'à 4- 00 . On peut la mettre sous la forme 1 — cos' y 1 1 , . k = , — - == — = sec' f — sec îP , (129) COS" y COS^ (f COS f relation dans laquelle, A; étant donné, l'inconnue est deve- nue séc cp. La fonction dont nous aurons besoin ensuite, pour l'introduire dans les équations (116) ou (1 18) et (119), est -^; et on reconnaît aisément que -^= 1 H--^, Après avoir calculé séc 9, c'est l'expression -J^ que nous formerons. D'abord si k est petit, séc 9 diffère peu de 1 , et l'on ( 477 ) peut prendre riinité pour première approximation de l'in- connue. Passant de là aux approximations successives, on trouve séc <.-= i ^ -k--k''-^-k''--—t -^- là 2 8 2 428 2 5 005,, \ 024 et, par conséquent, 1 1 5 5, \ ., 105 3_ k -\-'-k^ 1 -\- -k (450) sin ? A' 2 8 2 428 5 005,, 4 024 OU en remplaçant les coefficients numériques par leurs logarithmes, 4 4 5 ^-v- = !-+-;:— R^.S74 054 267 71 A -4- [r,C98 970 004 5] k^ — [T,94 5 979 55] P -h [0,4 76 094 26] /c* [ (^ ^^ — [0,467 255 4] A« -+- [0,778 4 54] /c« — [4,403 55] k"' -t- [4,439 33] k^ — [4,785 8] A;' -f- [2,4 55] /v^"... En second lieu, si A; est grand, on prendra d'abord séc9 = A;3; puis en corrigeant celte première valeur on trouve la série 14 4 4 4 4 4 4 4 séc o = k 5 4 77 3^1 84 ^1 245^1 6 564 ^¥ 4 9 683 ^^ 4,594 525 ,^¥ 400 4 "^ 4 782 969 ^"*' i 2'"*= SÉRIE, TOME XL. 51 / (132) (478) et par suite, en substituant aux coefficients numériques leurs logarithmes , _JL = 1 -+- A"^ -+- rr,o22 878 745 51 H \ — [2,091 Dl498H]A;~~'-t-[5;61459D7264]^~^ f — p,785 090 O] Ir"^ -+- [4^404 878 7] k~~^ l '^^^' — [5;G85 9l]r^°H- [5,357 54]r^ | — [6,665j k~~^ -^ [C',527] k''^' ... , | expression qui diffère seulement de la formule (127) par les signes de certains coefficients. Enfin si A: était voisin de + 1 on obtiendrait, en déve- loppant séc 9 selon les puissances de A: — 1 , -7-—= 2,524 71 7 937 2 - [0,057 518 602 9] (k — i) sin 'f -+-[0,016 612 550 7] (A- if — [0,008 459 458 7] (A — 1 f -4- [0,004 61 9 15] (A -1)*— [0,002 650 95] (A-1)^) (^^^^ H- [0,001 572 mk — if — [0,000 522] {k—if -+■ [0,000 1 6] (A — 1 )« — ['r,999 9]{k—\f -+-[î;999 8](A;— If... Or il est à remarquer que le rapport des derniers termes de cette suite est très-sensiblement — (A; — 1), en sorte qu'on peut sommer empiriquement le reste, en rempla- çant le dernier terme conservé t (k — 1)" par iSÏ:zl>l, Cette observation permet d'étendre notablement l'usage de la formule (154). § 0. Équation complète du quatrième degré. 71. On se borne, dans les traités généraux, à décom- poser en ses génératrices du second degré, l'équation du quatrième degré privée de son terme en x^. Mais comme ( ^^79 ) la préparation de celle équation , exigée par cette méthode, n'est pas sans être laboriense, nous allons montrer com- ment on peut traiter immédiatement l'équation complète. Soit celle-ci 0 = A -+- Bx -4- Cx' -4- Dx^ -+- X*. . . (135) Il faut distinguer deux cas, suivant le signe qui affecte A. Premier cas ^ A positif. — Prenons les deux équations du second degré 0 = l/A_. tang iv^ + (I D -h /c) X -f- x^ I ^ ^ ^ . 0 = 1/a .cot i ^ -f- (i D — A;) X -f- x'. i * ' * ^ ^ OÙ 9 et A; ont des valeurs dont on peut disposer. Multi- plions ces équations membre à membre, en observant que tang^cp + cot^cp=;j|^, et tang 3 — coti(p= — 2 cot 9. Il vient f'D y^x , . /- , 0 = A -f- 1 -H 2^l/A.cot9)x sin j 2 l/Â -+- i D"^ — F)x' -t- Dx' -4- X*. sin 'j / En comparant cette expression à la proposée (I3o), on établit la valeur des coefficients B et C. Je remplace cot cp par — *~'y""^ , et j'obtiens pour B D l/Â ''2k\/ \ y \—~s\n^ «p B = -^--4- : ^r, sm y sin » ,, , , B .sine. — DV/Â doù ^'= — . .... (157) 2 l/A . \/ I — sin^ ^ J'élève cette valeur de k au carré, et je l'introduis pour k- ( 480 ) dans l'expression de C, qui devient ainsi 21/T B'sin^^^ — SBDl/Â.sinç^H- AD^ C • — ; h 3; 1) • sm ^ 4A — 4A sia-

r d'où l'on lire ici a\,= — 5,780. Mais cette valeur, bien qu'approchée, n'est pas exacte jusqu'à sa dernière décimale, car l'hypothèse des varia- tions proportionnelles substitue un élément rectiligne à celui de la courbe donnée, ou en d'autres termes, fait abstraction des différences du second ordre et des ordres supérieurs. On serait toutefois guidé dans de nouvelles supposi- tions. Nous ferons les suivantes X = -5,9 -5,8 — 5,7 qui donne y = -»- 2,137, 7,651 , 16,150. La formule (145) fournit ensuite x„= — 5,879 6, valeur beaucoup meilleure que la précédente. Continuant de cette manière on amènerait l'approximation au point désiré. Mais au lieu de passer par des essais successifs, qui supposent deux points connus de la courbe, et un élément rectiligne qui les relie, rien n'empêche d'introduire immé- diatement les «- termes de courbure, d et par conséquent de passer d'emblée de la valeur approchée à la valeur exacte. Déjà Newton, au lieu d'interpoler entre deux points donnés, s'était proposé de passer d'un seul point connu ( 486 ) à la racine, c'est-à-dire d'un point donné près de l'inter- section de la courbe et de l'axe des x, à cette intersection même. Toutefois il se bornait au terme du premier ordre. Or, Joseph Fourier a fait remarquer que dans certaines parties de la courbe, surtout au voisinage des sommets, le premier terme est absolument insuffisant, attendu que les différences du second ordre sont alors comparables et parfois supérieures aux différences du premier. C'est pour parer à cet inconvénient que Cauchy a introduit la consi- dération d'un second terme. Mais il est possible d'em- brasser tout d'une fois dans le calcul les différences des divers ordres successifs. 74. Soit F (a;) = 0 l'équation proposée. Pour un point de la courbe qui n'est pas exactement dans l'axe des x, c'est-à-dire pour une valeur de x telle que X, un peu différente d'une racine, la substitution de X dans F(x) ne donne pas 0, mais une valeur finie -j. Désignons ê par F' (x), fl F" (X) F'"(x), La valeur X de x substituée tour à tour dans F'(x), F"(x) ..., donnera des résultats v\ v\ ... qui ne seront autres que les coefficients différentiels^, -^î, ... relatifs au point de la courbe qui a pour coordonnées X et v. Or il s'agit d'annuler l'ordonnée, et par conséquent de faire varier y de — y. A cet effet nommons f l'appoint cherché de X, et appli- ( 487 ) quons la série de Taylor, il vient dy I dhj , 1 dhj ^, dx \ .îldx'' \ .'l.ù dx'' \ 1 = v' ^ -^- u" t- -t- v" f ... . 1.2 1.2.3 (147) n s'agit maintenant de trouver 1 à l'aide de u; il faut donc passer à la série inverse, ce qui donne, toute réduction faite, -v' .{^v^ — uu u' 2 y'' fiu'^^ ^ -^(I5i>"' — 10u'o"u"' -4- ly":^'' 24:;"^ [\mu"'—\^^u'v"'v"'-^-\Ov'^v""- ^ (U8) 120:.- H- lOL»'^ u" j'^ u'^ v") -(945:."'- 1260 i;'u"^'" 720 u"' j Cette série fournit la correction t de X dans toute limite d'approximation désirée. Si l'on se borne au pre- mier terme §=-4, (i49) V on a la correction de Newton , qui ne fait que donner une approximation nouvelle. Supposons qu'après avoir obtenu au n** 73 la première valeur x = — 5,780, on ait voulu passer immédiatement à la valeur finale, par notre formule (148). La distance entre cette valeur de x et la véritable racine était encore trop grande pour appliquer cette formule avec rapidité. Mais c'est à dessein que je prends cet exemple dans des conditions défavorables. ( 488 ) Je forme d'abord le tableau des expressions (146), qui n'exigent que des multiplications très-simples : F (x) = 4,014 127 + 8,141 291 x — 7,74o 523 x^- H- 1,410086x^-4- X*, F' (x) = 8,141 291 — 15,490 6dOx ~+- 4,250 258 x' -+- 4x% / (' 30) F" (x) = — 15,490 650 x-t- 8,460 516 X-+- 12 x% l F"' (x) = 8,460 516 -+- 24 X, | F'' (x) = 24. ' Les dérivées suivantes sont nulles. Substituons maintenant dans ces polynômes la valeur x = — 5,78 Lx = 0,577 491 80 — . Je prends Lx avec huit décimales, afin d'être sûr de la septième dans 2Lx, 5Lx, ALx. La substitution dans F(x) doit être pratiquée avec toute l'exactitude possible. Dans les dérivées qui suivent on peut négliger chaque fois une décimale de plus. On trouve sans beaucoup de travail, pour les résultats de ces substitutions, V :=— 9,428 85 , v' =— 88,9010, u" =-f- 125,989, u"' = — 82,26, v'" =-{- 24, v" et tous les v suivants. . . nuls. J'introduis maintenant ces valeurs dans la formule (148). Les premiers termes sont logarithmiques et faciles à cal- culer. Le premier seul a besoin d'être exprimé avec toute la rigueur que les données comportent. Ce premier terme, ou terme newlonien, donne = — 0,106 060, ([489 ) correction qui , ajoutée à la valeur admise de x, fournirait pour la racine x= — 5,880 000. Or, cette valeur serait encore éloignée de la vérité, beaucoup plus éloignée même que n'était notre seconde approximation du n° 73, savoir : a; = _ 5,879 6. Mais si nous calculons les termes suivants de la série (148), nous trouvons successivement : Valeur admise de a; 3,780 OÔU.Ô Série (148) l«r terme 10(3 o60.J S^^e » 7 844.2 3™e » 976.3 4"*e « _ 147.9 5™c » 24.8 6""^ » 4.5 Somme. . . • . — 3,879 064.6, OU en retranchant le chiffre surnuméraire et forçant le dernier ordre conservé , 0;= — 5,879 005, exact jusqu'à la dernière décimale exprimée. Les derniers termes ne sont pas aussi longs à former que l'étendue des parenthèses dans l'expression (148) pourrait le faire penser. En effet, il suffit à ces derniers termes d'un très-petit nombre de chiffres significatifs, et d'autre part toutes les dérivées d'un ordre su[)érieur au degré de l'équation considérée sont nulles. 7o. Au lieu de corriger directement la valeur approchée X, il peut être préférable de corriger LX, puisque l'on fait usage des multiples de ce logarithme pour calculer les termes qui contiennent les puissances croissantes de x. Appelons z la correction à apporter à F^X, et M le module. ( 490 On sait que X -X z z^ z' 4- X M 2M^ 2.5M' 2. 3. 4M* et par conséquent X"» M 2M' 2 . 5 M' "*' Les termes successifs de l'équation proposée nous donnent A _A=0, „2 /(m-lk (m-ifz^ (m-ifz^ Kx-"-*-KX"-* = KX*'-M- -^ - M 2 M^ 2 . 5 M' 2 „2 ,,^3 „3 /mz m z m z" \ ••» X"* = X"* « -+- ■ ... I \ M 2M2 2.3M^ j Sommons ces égalités , après avoir effectué les produits indiqués, nous arriverons à une expression de la forme où Ton a posé p =A-+-BX-+- CX^H- DX^..= F(X), p' = BX + 2 CX^ -H 3 DX' ... = X F' (X), j p" = BX-^-2^'CX^-^-3'DX^.., (152) »"'= BX-f-2^CX^-+-3^DX^.., \ ( 491 ) On voit que p n'est autre que F (X), c'est-à-dire la pro- posée dans laquelle on a introduit la valeur X pour ac, et p' la première dérivée multipliée par X. Ainsi les deux premiers coefficients p et p\ qui sont les plus importants, dépendent des mêmes calculs que v et v du n° précédent. Pour tirer z de l'équation (151) nous remarquerons que cette quantité est toujours petite par hypothèse. Nous con- vertirons donc la série ordonnée suivant les puissances ascendantes de z, dans la série inverse, ordonnée selon les puissances croissantes de — p, et nous obtiendrons ^ == _ M R -^ -4, V" + -^ (5/)- - V' p'") |_p ^p ojo Y2J-79 (losp"* - mp'p"'p"' -+- 10p>' 15/3'^p" />'" — p'^ p") -^-^^y(943p '^- 1260p'p">"'-t-280/?'»"" \ (IS^) Cette série fournira la valeur de j3, et par conséquent celle de Lx, dans toute limite d'approximation désirée. Les premiers termes seuls ont besoin d'être calculés avec le nombre total des figures que les données comportent. Mais il est bon de partir d'une approximation de Lx qui n'est pas trop éloignée. ( 492 ) L'exemple du n*' précédent donnerait, avec X =— 3,78 = [0,577 491 80 — ] , p =v = — 9,428 83 , j9' =Xv' = -^ [2,5-26 398], p" = -+-2,107 65, p"'=-H 10,094, p'' = -+- 44,294, p- == -t- 187,000, p^' = -+- 774,000. Les deux dernières quantités ne sont calculées qu'avec trois chiffres exacts , ce qui est suffisant. Les valeurs p", p" et suivantes se forment plus rapide- ment que v'\ J"..., parce qu'il suffit de multiplier les C par 2, les D par 3, etc., dans chaque polynôme succes- sif (152). On a maintenant, en mettant en nombres la formule (155), 1er terme 0,012 1^85 G, 2me „ î 072 2, Soie n 140 7, 4«ie 0 21 y, 5""^ » 5 7, 6'°'= " /, Somme. . . . -t- 0,011 2Ô5 2 = -. Ajoutant enfin cette valeur de j3 à LX, il vient LX -i- z = 0,588 727 0 = Lac. D'où la racine (qu'on sait être négative) x = — 5,879 065 , identique à la valeur trouvée précédemment. ( 493 ) 76. Cette correction du logarithme peut servir de moyen de vérification. Mais si l'on a déjà une valeur fort approchée de x, la méthode précédente se simplifie beau- coup en substituant au calcul de l'expression (lo2) les dif- férences tabulaires des logarithmes , telles qu'on les prend à vue. Ce procédé empirique repose sur le raisonnement suivant. Dans le calcul logarithmique d'un terme quelconque de la proposée, le logarithme de ce terme varie seulement en vertu du changement de x, puisque les coefficients numé- riques A, B, C , ... sont constants. Les sommes successives LB + Lx, LC + 2Lac,LD + SLx, ... sont donc affectées respectivement d'erreurs z, 2^:, 5^, ...js: étant l'erreur de hx. Les nombres correspondants Ba;, Coc^, Dac^, ... varieront respectivement de y'z, ^v"z, o/"z..., où /, v", v'"... indi- quent les différences tabulaires relatives à ces nombres et rapportées à un même ordre décimal, exprimées par exemple en unités du dernier ordre. Affectant chacune des quantités v\ 2^', 3v"'... du signe du terme auquel elle se rapporte, et nommant T la somme algébrique des valeurs ainsi obtenues, il est clair que ^ = -| • (1S4) rendra nul le second membre de la proposée. Ce procédé suppose constantes les différences premières v', v\ v" ... des tables, et par conséquent il ne fournit un résultat satisfaisant qu'autant que z est assez petit pour négliger les différences secondes et celles des ordres sui- vants. Ces différences -J , v", y'"... sont celles des tables antilogarithmiques, où le logarithme est l'argument et le 2°"^ SÉRIE, TOME XL. 32 ( 494 ) nombre la variable correspondante. Des tables de ce genre ont d'abord été préparées par Dodson [Anti-logarithmic canon) , et sont reproduites dans quelques recueils, notam- ment dans celui de Shortrede. Mais si Ton ne dispose pas de tables où le logarithme est l'argument , on pourra par- venir aisément aux différences inverses , en recourant aux remarques suivantes. On sait qu'un logarithme vulgaire étant donnée LN, on trouve la différence v au moyen de la relation Lv = LN — LM == LN -t- 0,362 22 d'où l'on conclut L9v= LN-f- 0,362 22... -t-L^f, . . . (155) q représentant un facteur numérique. A mesure que l'on forme les sommes logarithmiques L(Bx), L(Cx2), L(Dx5) ..., on calculera donc, avec trois ou quatre décimales seulement. U =L(Bx )-+-0,d62 2, L(2j/") =L(Cx')-^0,66d3, L(3v'") =L(Dx^) -t- 0,839 3, L(4v") =L(Ea;*)-t-0,964 3, L(5/) =L(Fa;«)-+-i,06l2, L(6v") = L(Ga;T - L(7v-') = L(Hx') - L(8/"') = L(Ix«) - L(9v«) =L(Ja:^) L(10/) ^L[Y^x'') i,140 4, 1,207 3, 1,265 3, Wl56) 1,316 5, V 1,362 2, Ce petit tableau permet d'obtenir en peu d'instants les termes qui entrent dans la composition de la quantité T. On forme alors la valeur (154) de z, et l'on arrive très-rapi- dement à corriger Lx. Ainsi ayant trouvé au n'' 73 une approximation suffi- ( i95 ) samment voisine de la valeur véritable, savoir X = — 5,879 6 = [0,588 787 0 — ], je vais corriger celte racine par le procédé qui précède. On trouve d'abord dans cette hypothèse, u= -4- 0,054 55 = p. Maintenant, en calculant les expressions (156) avec quatre décimales, W =^,861 7, L(5/") = 2,754 9, L(2y") = 2,729 9 , L(4v") = 5,51 9 5. Passant aux nombres et affectant du signe convenable chacun des termes qui entrent dans la composition de T, T = — 73 — 537 — 569 -+- 2 087 = -+- 908. Et par la formule (154) 0,054 35 908 = — 0,000 059 9; d'où enfin Ix ==0,588 7271, et x = — 5,879 065. Cette méthode de correction, très-simple en elle-même, est aussi plus rapide que toute autre , et nous la recom- mandons aux calculateurs. Elle exige seulement de partir d'une fausse position peu distante de la vérité. 77. Nous terminons ce paragraphe par la table que nous avons annoncée. Elle abrège et facilite le travail des sub- stitutions, aussi longtemps qu'il s'agit seulement de valeurs approchées. f 496 ) Logarilhiucs des pvi.s.sances croissaiitei X. L X. LxK Lx-. I hx\ L.t3. ■ 0,000 00 0,000 00 0,000 00 0.000 00 0.000 00 2 301 03 602 06 903 09 1,204 12 1.505 15 3 477 12 954 24 1.431 36 908 49 2,383 61 4 602 06 1.204 12 806 18 2,408 24 3,010 30 5 698 97 397 94 2,096 91 795 88 494 83 6 0.778 15 1.556 30 2.334 45 3,112 61 3,890 76 7 845 10 690 20 535 29 380 39 4.223 49 8 903 09 806 18 709 27 612 36 315 43 9 954 24 908 49 862 73 816 97 771 21 10 1,000 00 2,000 00 3,000 00 4,000 00 5,000 00 41 1.041 39 2.082 79 3.124 18 4.165 57 5,206 96 12 079 18 158 36 '237 54 316 72 393 91 13 113 94 227 89 341 83 453 77 369 72 14 146 13 292 26 438 38 584 51 730 64 15 176 09 352 18 528 27 704 37 880 46 16 17 1,204 12 230 45 2,408 24 460 90 3,612 36 691 35 4.816 48 921 80 6.020 60 -152 24 18 255 27 510 55 765 82 5,021 09 276 36 19 278 75 557 51 836 26 115 01 393 77 20 301 03 602 06 • 903 09 204 12 505 15 21 1,322 22 2,644 44 3,966 66 5.288 88 6,611 10 22 342 42 684 85 4.027 27 369 69 712 11 23 361 73 723 46 085 18 446 91 808 64 24 380 21 760 42 140 63 520 84 901 06 25 397 94 793 88 193 82 591 76 989 70 26 1 414 97 2.829 93 4.244 82 5.659 89 7.074 87 27 431 36 862 73 294 09 725 46 156 82 28 447 16 894 32 341 47 788 63 235 79 29 462 40 924 80 387 19 849 59 311 99 30 477 12 934 24 431 36 908 49 385 61 31 1 491 36 2,982 72 4,474 09 5,965 45 7,456 81 32 505 15 3,010 30 515 45 6,020 60 525 75 33 518 51 037 03 555 54 074 06 592 57 34 581 48 062 96 594 44 125 92 657 39 33 544 07 088 14 632 20 176 27 720 34 36 1,536 30 3.112 61 4.668 91 6,225 21 7,781 51 37 568 20 136 40 704 61 272 81 841 01 î^ 579 78 159 57 739 35 1 319 13 898 92 39 591 06 182 13 773 19 364 26 933 32 40 602 06 204 12 806 18 408 24 1 1 8,010 30 ( 497 ) les cent premiers tiombres naturels. L .rs. L t1«. 0,000 00 2,107 21 3,339 85 4.214 42 892 79 5,447 06 915 69 6,321 63 679 70 7,000 00 7,289 75 554 27 797 60 8,022 90 232 64 8,428 84 613 -14 786 91 951 28 9,107 21 9,255 53 396 m 532 09 661 48 785 58 9,904 81 10,019 55 -130 11 236 79 339 85 10.439 53 536 05 629 60 720 35 808 48 10.894 12 977 41 11.058 49 437 45 214 42 0,000 00 2,408 24 3,816 97 4,816 48 5,591 76 6,225 21 760 78 7,224 72 633 94 8,000 00 8,331 14 633 45 911 55 9.169 02 408 73 9,632 96 843 59 10,042 18 230 04 408 24 10,577 75 739 38 893 82 11,041 69 -183 52 -14,319 79 450 91 577 26 699 48 816 97 41,930 90 42,044 20 448 44 254 83 352 54 42.450 42 545 64 638 27 728 52 816 48 0,0(10 00 2.709 27 4,294 09 5,418 54 6,290 73 7,003 36 605 88 8.127 81 588 48 9,000 00 9,372 54 712 63 40,025 49 315 45 584 82 40,837 08 41,074 04 297 45 508 78 709 27 44,899 97 42,081 80 255 55 421 90 581 46 12,734 76 882 27 13.024 42 161 58 294 09 13,422 26 546 35 666 63 783 31 896 61 44,006 72 443 82 248 05 319 58 448 54 0,000 00 3,040 30 4:771 21 6,020 60 989 70 4 2 •3 4 7.781 51 8.450 98 9,030 90 542 43 40,000 00 6 7 8 9 40 40,443 93 791 84 44,439 43 461 28 760 94 12,041 20 304 49 552 73 787 54 43,040 30 43,222 49 424 23 647 28 802 44 979 40 44,449 73 343 64 474 58 623 98 774 24 44.943 62 45,054 50 485 44 344 79 440 68 45,563 03 682 02 797 84 910 65 16.020 60 11 42 43 44 45 46 47 48 49 20 24 22 23 24 25 26 27 30 34 32 33 34 35 36 37 38 39 40 ( 4.98 ) Logarithmes des puissatices croissantes Ix^. L j:3. 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 58 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 74 72 73 74 75 76 77 78 79 80 i,612 78 623 25 633 47 643 45 653 21 4,662 76 672 40 684 24 690 20 698 97 4.707 57 746 00 724 28 732 39 740 36 4,748 49 755 87 763 43 770 85 778 45 1.785 33 792 39 799 34 806 48 842 94 4,849 54 826 07 832 51 838 85 845 10 1.851 26 857 33 863 32 869 23 875 06 1,880 81 886 49 892 09 897 63 903 09 3,225 57 246 50 266 94 286 91 306 43 3.325 52 344 20 362 48 380 39 397 94 3,445 14 432 01 448 55 464 79 480 73 3,496 38 511 75 526 86 541 70 556 30 3.570 66 584 78 598 68 612 36 625 83 3.639 09 652 15 665 02 677 70 3.702 51 714 66 726 65 738 46 750 12 3.761 63 772 98 784 19 795 25 806 48 L .r*. 4,838 35 869 75 900 44 930 36 959 64 4.988 27 5,046 29 043 72 070 59 096 94 5,422 74 448 04 472 83 197 48 224 09 5,244 56 267 62 290 28 312 56 334 45 5,355 99 377 18 398 02 418 54 438 74 5,458 63 478 22 497 53 516 55 535 29 5,553 78 572 00 589 97 607 70 625 18 5.642 44 659 47 676 28 692 88 709 27 6,451 14 493 00 533 87 573 81 612 85 6,651 03 688 39 724 96 760 78 795 88 864 01 897 10 929 58 961 45 6,992 75 7,023 50 053 71 083 41 112 61 7,141 32 169 57 197 36 224 72 254 65 7,278 48 304 30 330 04 355 40 380 39 7,405 03 429 33 453 29 476 93 500 25 7.523 25 545 96 568 38 590 54 642 36 ( 499 ) îes cent premiers nombres naturels (suite). Lx6 Lx-i. hx^. L x^. L xio. X. 9,676 70 739 50 41.289 49 362 74 12,902 27 985 99 14,515 06 609 24 16,127 84 232 49 41 42 800 81 434 28 13,067 75 701 22 334 68 43 860 72 504 17 147 62 791 07 434 53 44 949 28 572 49 225 70 878 91 532 13 46 9,976 55 11,639 30 13,302 06 14,964 82 16,627 58 46 47 40,032 59 704 69 376 78 15,048 88 720 98 087 45 768 69 449 93 131 17 812 41 48 444 48 831 37 521 57 211 76 901 96 49 493 82 892 79 591 76 290 73 989 70 60 10,245 42 11,952 99 13,660 56 15.368 13 17,075 70 61 52 296 02 12,012 02 728 03 444 03 160 03 345 66 069 93 794 21 518 48 242 76 63 394 36 126 86 859 15 591 54 323 94 54 442 18 182 54 922 90 663 26 403 63 55 10,489 43 19,237 32 13,985 50 15,733 69 17,481 88 56 535 25 291 12 14,047 00 802 87 658 76 57 580 57 344 00 407 42 870 85 634 28 68 625 41 395 96 166 82 937 67 708 62 59 668 91 447 06 225 21 16,003 36 781 54 60 10,714 98 42,497 31 14,282 64 16,067 97 47,853 30 64 754 35 546 74 339 43 131 53 923 92 62 796 04 595 38 394 72 194 06 993 41 63 837 08 643 26 449 44 255 62 18,061 80 64 877 48 690 39 503 31 316 22 129 13 65 40,917 26 12,736 81 14,656 35 16,375 90 18,196 44 66 956 45 782 52 608 60 434 67 260 75 67 995 05 827 56 660 07 492 58 325 09 68 44,033 09 '070 59 871 94 710 79 549 64 388 49 69 915 69 760 78 605 88 450 98 70 14,i07 55 12,958 81 44,840,07 16,661 33 18,612 58 74 443 99 13,001 33 858 66 715 99 573 32 72 479 94 043 26 906 58 769 91 633 23 73 215 39 084 62 953 85 823 09 692 32 74 250 37 425 43 45,000 49 875 55 1 750 61 76 44,284 88 348 94 43,165 70 205 44 45,046 51 091 93 16,927 32 978 42 18,808 14 864 91 76 77 352 57 244 66 136 76 17,028 85 920 95 78 385 76 283 39 181 02 078 64 976 27 79 448 54 324 63 224 72 427 81 49,030 90 80 ( SOO ) Logarithmes des ptiissances croissantes 1 X. L X. Lx'^. Lx\ LxA. L^5. 81 1,908 49 3,816 97 5,725 46 7,633 94 9,542 43 8i2 913 81 827 63 741 44 655 26 569 07 83 919 08 838 16 757 23 676 31 595 39 84 924 28 848 56 772 84 697 12 624 40 85 929 42 858 84 788 26 717 68 647 09 86 1,934 50 3,869 00 5,803 50 7.737 99 9,672 49 87 939 52 879 04 818 56 758 08 607 60 88 944 48 888 97 833 45 777 93 722 41 89 949 39 898 78 848 17 797 56 746 95 90 954 24 908 49 862 73 816 97 771 21 91 1,959 04 3,918 08 5.877 12 7,836 17 9.795 21 92 963 79 927 58 891 36 855 15 818 94 93 968 48 936 97 905 45 873 93 842 21 94 973 13 946 25 919 38 892 51 865 64 9o 977 72 955 45 933 17 910_89 888 62 96 1.982 27 3,964 54 5,946 81 7,929 08 9,911 36 97 986 77 973 54 960 32 947 09 933 86 98 991 23 982 45 973 68 964 90 956 13 99 995 64 991 27 986 91 982 54 978 18 400 2.000 00 4,000 00 6,000 00 8,000 00 10,000 00 § Q. Recherche des racines d'après leur grandeur. 78. Lorsqu'on s'exerce à la résolution d'équations numé- riques, on n'est pas longtemps à apercevoir que les racines substituées dans la proposée F(x), ont, suivant leur gran- deur absolue, une influence très-inégale sur les termes des ordres successifs. Si elles sont grandes, les termes des degrés supérieurs prédominent, tandis que si elles sont petites ces termes n'affectent pas le résultat d'une manière notable. Les approximations devraient donc, dans les deux cas, être conduites de manières différentes. A cet effet nous ( SOI ) es cenl premiers nombres naliirels (suite). Lj-6. Lx\ La^s. Lj-9. L l'O. r. 4I,4oO 91 13,359 40 15,267 88 17,176 37 19.084 85 81 ■m 88 396 70 310 61 224 32 138 14 82 514 47 433 55 352 62 271 70 190 78 83 545 68 469 96 394 23 318 61 242 79 84 576 51 505 93 435 35 364 77 294 19 85 11,606 99 13,541 49 15,475 99 17,410 49 19,344 98 86 637 l;2 576 63 516 15 455 67 395 19 87 ^M 90 611 38 555 86 600 34 444 83 88 696 34 645 73 595 -12 644 51 493 90 89 7^25 46 679 70 633 94 588 18 542 43 90 11,754 "25 13,713 29 15.672 33 17,631 37 19,590 41 91 782 73 746 52 710 30 674 09 637 88 92 810 90 779 38 747 86 716 35 684 83 93 838 77 811 89 785 02 758 15 731 28 94 866 34 844 07 821 79 799 61 777 24 95 11,893 63 13,875 90 15,858 17 17,840 44 19,822 71 96 920 63 907 40 894 17 881 15 867 72 97 947 36 938 58 929 81 921 03 912 26 98 973 81 969 45 965 08 960 72 956 35 99 12,000 00 14,000 00 16,000 00 18,000 00 20,000 00 100 classerons les racines d'après leur valeur absolue. Nous appellerons grandes racines celles qui sont sensiblement > i , racines moyennes celles qui sont voisines de l'unité, petites ?'acnzes celles qui sont sensiblement < i. Nous faisons ici abstraction du signe de ces racines. Les trois classes vont être envisagées séparément. 79. Soit d'abord x < 1. Les puissances croissantes de cette quantité vont en diminuant de valeur absolue. On peut écrire la proposée sous la forme — A = Bx H- Cx^ -4- Djc' ••• -+- Jx"'-' H- Kx"-* ^ x-, (157) ( 502 ) et considérer le second membre comme une série ordonnée suivant les puissances croissantes de la variable x < i. La série convertie fournit x dans une suite développée suivant les puissances croissantes de A. C'est ce qu'on appelle quelquefois résoudre une équation par le développement en série. Voici la formule explicite jusqu'au terme du sixième ordre inclusivement : A A' A' x = :C (2e - BD) A* -^(SC — 5BCD-*-B^E) _:^(i4C*-2lBC'D-4-3B^D'-^6B'CE — B'F) B giA — 7B=^DE— 7B^CF-+-B*G) (158) Lorsqu'il existe une petite racine, cette série est dans la plupart des cas très-convergente. En la poursuivant suffisamment, elle fournirait cette racine dans toute limite d'approximation désirée. Il est vrai qu'à partir du 4°^^ ou du 5""^ terme les poly- nômes s'étendent; mais les calculs peuvent alors s'exé- cuter avec trois ou quatre chiffres significatifs seulement. Enfin l'on peut se contenter d'employer les premiers termes de la formule (158) à la recherche d'une valeur approchée de la plus petite racine, et corriger ensuite cette valeur par les procédés du § précédent. ( 1)05 ) 80. Nous réunirons ici les expressions particulières de la formule (158), pour le second et le troisième degré. Soit réquation 0 = A -4- Bx-f- a:'; (159) il suffit de poser dans (158) C = i , D = 0 ainsi que tous les coefficients suivants. On a dans ce cas , A A* A' A* A'^ A« x = 2- — 5 14 42 — B B' B» B' B' B»^ A' A^ A' A*" 429 1450-^ — 4 862 — g.3 * ^ B'» B" B*' A" A" -16796--58 786^ Dans réquation du second degré résolue au n° 65 , on trouverait par le premier terme seul de (160), x = — 1,78. Ce serait une première approximation de la plus petite racine, qui est en réalité x = — 1,46. Mais on voit qu'on aurait déjà une idée assez exacte de cette racine, bien qu'elle soit ici > 1. Dans l'équation complète du troisième degré 0 = A-^ Ba:-+- Cx'h-x', . . . (161) la formule (158), convenablement étendue, fournit pour ( 504 ) l'expression de la plus petite racine, -44— C(5e--6BC^-+-!2B^) _6^(22C«-55BC*+50B^C^_2B^) ^ ^^^^^ — 55 ^„ C(i5 C — 59BC* -\- 50 B^ O— 5 B^) — 55— (26C« — 9lBe-+-91B2C*— 26B'C--+-B*) B" A'" — 145— C(54C^-i56BC'^-Hi68B2C*-70B^C^-4-7B*) Et dans cette équation privée de son lerme du second degré 0 = a H- 6?/ -t- î/% ^13 ^15 ^17 _ 1428- +7 732^-45 225-... (163) Ainsi dans l'équation 0 = on trouverait 5- -7i/ + 2/% i'"'" lerme . . . 2«»e « ... 3-e « . . . 4me ., . . . 3me „ . . . Q^^ t> . . . . . H- 0,428 571 11 245 885 93 . . 11 1 ^omme. . -\- 0,440 806 = ij ( 505 ) On a ainsi, par des calculs bien faciles, Tune des racines de la proposée du troisième degré. Il peut arriver cependant que les séries qui précèdent ne soient pas convergentes. Dans ce cas , on ne peut pas conclure généralement à l'absence d'une petite racine, bien qu'il en soit presque toujours ainsi. On passe alors à la recherche de racines d'une autre classe. 81. Si le procédé pour la recherche de la plus petite racine est parfois employé (bien qu'il soit fort négligé des calculateurs), on manque de guide pour la recherche des grandes racines et des racines moyennes. Voici comment on peut arriver à des valeurs approxi- matives de ces dernières. Afin de fixer les idées, je supposerai en premier lieu qu'il s'agisse d'une racine positive, voisine de h- 1. Lors- qu'une telle racine existe, la somme algébrique S des coefficients, savoir S=A-+-B-t- C •• + J-4- K + i, est peu différente de zéro. Elle peut cependant s'en écarter dans des limites d'autant plus étendues que les coeffîc'îents A, B, C ... sont plus grands. 11 faudra donc comparer S à ces coefficients, ou plus simplement au coefficient moyen, abstraction faite des signes. Soit M la somme absolue des coefficients d'une proposée de degré m, le coefficient moyen a pour valeur ^^^. Nous regar- dons les procédés qui suivent comme particulièrement applicables, toutes les fois que S est < ~-^. Appelons S', S", S'" ... les résultats de la substitution de H- 1 dans les dérivées différentielles des ordres succès- ( 506 ) sifs. On a S' =B-+-2C-+- 3D-*.m.., S" = d . 2 C -+- 2.3D 4- 3.4E..., S'" = i.2.5D-t-2.5.4E...,' * ' ' ^^^ Ces quantités se forment très-rapidement, les multiplica- tions étant des plus simples, et n'exigeant pas les loga- rithmes. Si la première approximation de x était ■+- 1, la seconde sera 1 — |f, par Tapplication du terme newto- nien. Introduisons cette nouvelle valeur dans la proposée et dans sa dérivée du premier ordre, nous obtiendrons deux résultats a et o-', savoir : .' = B.2c(i-|)^ôd(i-|)\.., Développant, et comparant aux expressions (164) ci- dessus , on trouve aisément que _ ___ _ C" C'" _| c«» Cv 2 S'^ 6 S'' 24 S'* 120 S'« "*' Si S^ 1 s^ i s* et a' = S' — S"— -4--S'"— S"—, -4- —S'—... S' 2 S'^ 6 S'= 24 S'* Enfin, en appliquant un nouveau terme newtonien, la troisième approximation a pour valeur _ S (T qui fournit, en introduisant pour a et o-' leurs valeurs pré- ( 507 ) cédentes, et après réduction, ''"" S''i[(S'*- SS")S'-+-^S*S"']S'-iS'S-jS'... ^^^^^ s étant petit les puissances ascendantes de cette quantité vont en diminuant rapidement. La manière la plus commode de mettre en nombres l'expression (165), est de former tour à tour un terme du numérateur et le terme correspondant du dénominateur. On effectue la division. Puis on ajoute de part et d'autre un nouveau terme, qui ne change pas considérablement le quotient. Lorsqu'on arrive de cette manière à des quotients qui ne varient plus de quantités notables, on peut s'arrêter. On a, dans ce cas, une approximation de x équivalente à la troisième approximation dans la méthode de Newton. Au second degré, où S" = 2, et où toutes les dérivées suivantes sont nulles, il viendrait § g'« § Ainsi l'équation 0 = — 12 -f- 4xH- x', donnerait et par suite . 7 45 qui ne diffère de la valeur exacte -h 2 que par le chiffre des millièmes, bien que cette racine soit déjà assez éloi- gnée de H- i. ( 508 ) Au troisième degré , où S'" = 2x3 = 6, S S'= — iSS'S"-+- 2S' S'il s'agit d'une racine voisine de — i, la même marche est applicable , en changeant seulement les signes de tous les termes qui contiennent des puissances impaires de x. C'est-à-dire qu'on posera S =A — Bh-C— D..., S' = — B — 2C — 5D..., S" = — i .2C -t- 2.5D..., et l'on aura ensuite j|-(S'2 _ s S") S' -+- i S''' S'"] S' — 1 S^ S'^ j S' ... ' 82. Le logarithme d'une quantité voisine de l'unité varie d'une manière rapide, et seulement en fonction du module. 11 y a donc avantage à déterminer par son loga- rithme une racine moyenne d'une équation. Ayant calculé comme ci-dessus les quantités 5, s\ s" ... qui résultent de la substitution de + i dans la proposée et dans ses déri- vées des divers ordres, nous introduisons ces valeurs en place des y, dans la série (148), ce qui donne S S^ S' Appelons z la somme de tous les termes qui contiennent des S, c'est-à-dire posons X = i -i- z. (168) ( 509 ) on sait que [ 2 5 OÙ M est le module. Formons les puissances croissantes de z en fonction de S, S', S"..., et réduisons, nous trou- vons F=-| -S'(^' - S") -i|[2S■»^S'(3S"-S"0-3S'■^ i s* ^CS''^- S'^(12S" — 4S'"-4- S") -f- S' (1 5 S"^ -- i 0 S" S'") -+- i D S"^] \ S-'' . — [24S'*-+-S'^(C0S" -20S'" -f- 5 S" — S') -4- S'' (90 S"^ — 60 S" S'" -+- 1 0 S'""' ■+- i 5 S" S'') h-S'(IOdS"^— 105S"2S'")-t-'I0SS"*] \ (169) — — . — ^[120 S'=^ -+- S'* (560 S" — I20S'" -+- 50S'^ — 6S^-+- S^') -\- S" (G50 S"^ — 420 S" S'" -+- 70 S'"' -+- 1 05 S" S" — 35 S'" S'^ — 2 1 S" S^) -+- S'^(840S"^ — 840S"'S'" h- 280S"S"'' -+- 2I0S"^S") -H S' (945S"*— i 260S"'S'") -+- 945 S"^] Telle est l'expression de Lx, dont on peut pousser l'approximation aussi loin qu'on le désire. Mais les termes supérieurs au troisième sont laborieux à calculer. Toute- fois si S est très-petit par rapport aux dérivées suivantes S', S", S"' ... la formule (169) se simplifie, sans perdre, dans cette hypothèse, de son exactitude pratique. Ordonnons le second membre de (169) par rapport aux puissances croissantes de ^7, puis négligeons dans les 2"' SÉRIE, TOME XL. 35 ( 310 ) parenthèses et crochets les termes qui dépendent de S, la valeur cherchée se réduit à " 2S'^ ~" 24 S"^ 8 S" ' Mais il est important de se rappeler que cette dernière formule n'est qu'approchée, et que pour l'appliquer il faut que S soit très -petit relativement aux dérivées des ordres suivants. S'il s'agissait d'une racine voisine de — 1, les séries (159) et (160) seraient encore applicables, pourvu qu'on prenne pour s, s', s"... le résultat des substitutions de — 1, et que l'on écrive pour premier nombre ^■ 83. Les grandes racines influent particulièrement sur les termes supérieurs. On sait, par exemple, qu'on a atteint la limite des racines réelles, lorsque la substitution d'une certaine valeur X dans la proposée rend le terme en m plus grand que la somme de tous les termes de signe con- traire. Au lieu de considérer cette somme entière, on peut se borner, dans un premier essai , à son terme le plus influent Gx", de signe différent de x"'. On a dans ce cas pour approximation de la plus grande racine On pourrait aussi isoler les trois termes supérieurs, Jx"* 'h- Ka'"-' -f- x"\ et les égalant à zéro résoudre l'équation du second degré 0 = J -+- Kj M- x\ oli ) Si celle équation l'ournit deux racines réelles, la plus Jurande (absolunienl) sera une première approximation de la plus grande racine contenue dans la proposée. Ainsi dans l'équation (144) résolue au n" 72 on aurait écrit 0-= — 7,74o 3-2:3 -v 1,410 080 jc + .x% qui donne _ I — 5,570 , '^~') -^ 2,100. La première de ces valeurs est une approximation de la plus grande racine de la proposée, qui est, comme on Fa vu au n° cité, x = — 3.879 065. La détermination de cette première valeur approchée, exacte à j:^ près de sa valeur absolue, n'a coûté que quelques minutes de travail. Toutefois ce moyen très-simple laisse souvent à désirer. La marche suivante conduit alors à des approximations plus resserrées. Si les racines de Féquation 0 = J + Kj + .t2 sont réelles, nous avons vu que la plus petite a pour valeur approchée — ^. L'autre racine (la grande racine par hypothèse) sera donc x = — K -+- ^ "= — k~- Introduisons cette valeur dans la proposée et dans sa première dérivée différentielle, et nommons n et n' les résultats de ces substitutions. On trouve (m - 2) J K Développons les puissances de J — K^^ réunissons les termes semblables, puis effectuons la division (hi —n ( 512 ) par n'. Joignons enfin le quolient à la première valeur approchée, et nous aurons pour seconde approximation, contenant l'application du terme newtonien; x = -K-+--:-- J I H -f- J^ G -+- 5 IJ F -4- ^2J'-+- 4HJ — (m — 5)P K (171) Au second degré I et tous les coefficients précédents sont nuls; on a donc a: = — K-t-_-4- — -4-2 — -f- 4 — ..., K K iv^ K' OU bien d'après la notation employée plus haut, où A est le terme connu et B le coefficient de a-, A A* A' A* nc= _ B -4- --+-— -4- i> H 4— (17^2) B B^ B« B' ^ ' Au troisième degré on trouve semblablement pour plus grande racine (approchée) de 0 = A + Bx -h Cx^ -h x^, B A B' 5AB 2B^ ^,^^^ c c^ c^ c* e ^ ' 84. Les formules qui précèdent sont d'une application commode lorsque le coefficient du terme avant-dernier ou en rfii — 1 est grand. Mais il n'en est plus ainsi quand ce coefficient est sensiblement < i, ou même quand il est petit par rapport aux autres coefficients. Ces formules seraient d'ailleurs tout à fait inapplicables quand l'équa- tion est privée de son terme avant-dernier (vulgairement le second). Dans ces différentes circonstances, on résoudra d'abord l'équation 0 = J h- Ko; + x^, qui fournit pour racine x = — i K =:f^T+TP^; et comme K et surtout K'^ { 3i-"i ) sont par hypolhèse pou inniieiUs à côté de J, on pourrait prendre pour première approximation .x = =f \^ — J, ou plutôt en négligeant seulement le ternie du second ordre par rapport à K , a; = =Fl/-J-iK (174) On voit déjà que lorsque K est petit, il n'y a de grande racine qu'à la condition de J négatif. Prenant la valeur (174) de x pour première approxima- tion, et calculant la correction newtonienne, il vient après réduction, I 1 K^ \ I i H -^ - IK— — [m' — 2^i m - 6) K* ± ___ Mais à mesure que les puissances de qz k — J s'élèvent aux dénominateurs, les termes qui dépendent du carré et des puissances supérieures de K cessent bientôt d'être influents. Supprimons, dans les numérateurs, les termes en R2, K^, K^..., nous obtiendrons I II 2H+IK G-t-HK La formule (17o) fournit deux valeurs de x, à cause des doubles signes qu'elle renferme. D'ordinaire ces deux valeurs correspondent l'une et l'autre à de grandes racines. Toutefois la plus grande des deux, qui sera la seule à laquelle il convienne de s'arrêter, sera presque toujours celle que l'on obtient en affectant le radical d'un signe contraire à celui de K. ( ^1^ ) Si l'équation que l'on considère est privée de son ternie avant-dernier, il suffît de faire K=0 dans l'expres- sion (175). 85. Les méthodes qui précèdent seront d'un usage com- mode et souvent fort rapide, pour déterminer dès l'abord les valeurs approchées des racines. 11 est vrai que ces pro- cédés peuvent faire connaître au plus quatre racines réelles : une petite racine, deux racines moyennes (l'une voisine de + 1, l'autre de — 1), et une grande racine. Mais cela suffit en pratique; car si l'on détermine une seule racine réelle, on peut alors abaisser l'équation par la division, et chercher les racines de l'abaissée. Ici encore une racine suffirait à la rigueur, et de proche en proche, en continuant à abaisser l'équation, on obtiendrait toutes les racines réelles. Il arrive que les formules relatives à la plus petite racine et aux racines moyennes ne conduisent qu'à un seul et même résultat. C'est lorsqu'il n'existe pas de petite racine proprement dite. Car en l'absence d'une racine d'une certaine classe, les formules applicables à cette classe fournissent une approximation, peu sûre il est vrai, d'une racine d'une classe voisine. C'est ainsi qu'en cher- chant une grande racine, on peut obtenir pour réponse une racine qui serait mieux dénommée racine moyenne, et dont l'approximation serait meilleure par les procédés applicables aux racines voisines de 1. Il arrive aussi que certains essais ne sont pas fructueux, c'est-à-dire que les séries ne sont pas convergentes. Dans ce cas l'on devra chercher un couple imaginaire, au lieu d'une racine réelle. Quant à l'abaissement de Téquation par la division, il est bon de faire à ce sujet une remarque qui est loin d'être sans importance dans les calculs pratiques. Il n'est pas aussi aisé qu'on pourrait le penser, d'abaisser une équation par la division, sans altérer les rapports de ses coelTicienls et par conséquent les racines de l'équation restante. La moindre inexactitude dans la valeur numérique employée pour X entraîne bientôt, à la suite des soustractions répétées, des erreurs notables dans les coefficients de l'abaissée. Il faut donc, au préalable, s'assurer de la par- faite exactitude de la racine obtenue, avec un chifl're sur- numéraire au moins. On tiendra compte ensuite' des remarques suivantes. Si la racine déterminée r est < l , on eff'ectuera la division or"* -+- Kx"'~^ -4- Jx'"----- -4- Cx- -h Bx -4- A X — ?' et les nouveaux coefficients, dans l'abaissée x"' * -h jx"'~^ ... -4- cx' -+- hx -+- « = 0, seront j = K -t- r, i = i -\- jr, ... 6= C -+- cr, « == B -t- br, 0= A h- ar. (i 76) Le dernier est une vérification. Mais si r > 1, il sera préférable d'ordonner suivant les puissances croissantes de x et d'exécuter la division A -4- Bx -+- Cx- ••• H- Jx'"-'^ -+- Kx'"-' -+- X'" Les coefficients de rat)aissée sont dans ce cas, A , B — « C— 6 J — ^• K — / a= . h = ,r= , ...j = , 1 = - -^.(177) r r r r r La racine r ligure ici aux dénominateurs. La dernière égalité est encore une vérification. On peut tirer un autre enseignement de ce qui précède. Quand r est grand il est très-difficile d'obtenir v (du n" 74) ( 516 ) avec un nombre de chiffres exacts suffisant pour la cor- rection définitive de la racine. En effet les puissances supé- rieures de r et leurs multiples, à substituer dans la pro- posée, ne sont données par les tables logarithmiques ordinaires qu'avec sept ou huit figures. Les derniers rangs des unités sont donc incertains, et comme y(o\iu) est petit et tombe entièrement dans les rangs inférieurs, on voit que cette quantité sera très-mal déterminée. Mais remplaçons la substitution par la division, et formons les nouveaux coefficients j\ i ...c,b, a, par les formules (176), la quantité a à laquelle ce procédé conduit n'est autre que y (ou v). De cette manière on aura u avec autant de décimales exactes qu'il y en a dans a. Ainsi en cherchant u au n° 74, par la substitution de — 3,780 000 0 dans F (a?) , nous n'avons pu exprimer cette quantité qu'avec cinq décimales, bien que A en eût six. C'est que nous avons eu à prendre des différences dans lesquelles entraient des valeurs, telles que Coc^, qui s'éle- vaient aux centaines, et les sept chiffres certains du loga- rithme de C ne nous donnaient alors que les cent-millièmes, auxquels nous avons été forcé de nous arrêter. Le chiffre des millionièmes eût été illusoire. Mais si nous prenons la marche qui vient d'être indiquée, nous aurons successi- vement rf=D-4- X = — 2,369 914, c = C -4- dX. = -+- 1,212 948, /> = B -4- cX = -4- D,5oG 5i7, a = A -+- b\ = — 9,428 864 --= u. Dans cette valeur le dernier chiffre est à peine incer- tain de quelques unités. On est certain de la 5™' décimale, qui, pour les raisons mentionnées, est préférable ici à celle du n" 74. (517 ) 5^ R. — Équations transcendantes et équations à plusieurs inconnues. 86. La marche suivie au n*' 74 s'applique aux équations iraiiscendantes, et permet de pousser l'approximation tout d'un coup jusqu'à la dernière décimale demandée. Soit 0 = F(x) une telle équation. Égalons F(x) à une variable y, et formons ^ que nous nommerons F'(x), ^ qui sera F"(x), etc. Si maintenant la substitution d'une valeur approchée X dans F(x) donne e, dans F'(x) ... e', dans F"(x) ... e'\ et ainsi des autres dérivées, on a e 1 e^ i e^ X = X — e" (3 e'"— e' e'") ..., e' 2 e" 6e"^ ' tout à fait analogue à la série (148). On commencera donc par former les expressions parti- culières des coefficients différentiels, dans l'équation que l'on considère. Soit par exemple la proposée X — sin^x -4-- = 0; (179) les dérivées successives sont F' (x) = 1 — 2 sin X cos x = 1 — sin !2x , F" (x)= — 2cos2x, F"' (x) = 4 sin 2 x , F'^- (x) = 8cos2x, par conséquent, en remplaçant v par e dans la for- mule (147), 2 2^ — e=(l — sin2x)f cos2x.ê^-+- sin2x.t^ 1 .2 I .2.5 25 H cos2x.§* (180) ( ^^8 ) Eniin, en convertissant la série, § = 1 ros 2x d — sin2a: (I— siri2a;)^ e" 5 (1 — sin 2 X -J6cos'i>jc — 2sin2a:(l — sin^x)]... (181) Cette série donne rapidement la correction de x, quand on a une première valeur approchée. Or, dans notre exemple, il est clair que x ne peut avoir de valeur posi- tive, puisque a:; = 0 donne y = -h 0,5, et que pour toute valeur croissante de x la différence x — sin -x va en aug- mentant. Mais un x négatif peut satisfaire à la question. On reconnaît bientôt, par quelques essais, que l'arc cherché est très-voisin de — 21° 10', qui répond à 3c = — 0,369 428 05. Cette valeur fournit en peu d'instants e = — 0,369 428 05 — 0,1 50 580 29 -+- 0.500 000 00 = -^ 0,000 191 68. En même temps 1 — sin 2x = 1 — sin (42" 20') = 1 ,073 4 = e' , — 2 cos 2x = — 2cos (~ 42" 20') = — 1 ,470 6 = e" , De là nous tirons : Ic"^ terme - 0,000 114 55 2«nc ), -f- 1 Somme . . — 0,000 114 54 = H. Appliquant cette correction il vient x = — 0,569 542 37, ou en arc x = — 2IM0'25",65. 87. Lorsque les équations renferment plusieurs incon- nues, mais sont du premier degré, on peut employer le calcul des déterminants. Il est bon toutefois d'avertir que r 519 ) ce calcul exige le plus grand ordre et les précautions les plus minutieuses, surtout quand le nombre des inconnues s'élève. Pour la laeilité et la sûreté des opérations numé- riques, la méthode des coefficients égaux nous paraît mé- riter la préférence. On sait en quoi elle consiste. On divise chaque équation par le coefficient d'une même inconnue, calculant par exemple b' c' p' X -t- ci h' y -+- a' c" • -+- ci v" 0, X H- a ;.V -+- a" r •• -+- a" :0, Puis prenant les différences il vient n — \ équations de la forme h\ y -\- c'i z '•■ -f- p\ = 0, b'i y H- c',' iT ••• -t- /)'/ = 0, qu'on translorme en ^1 pi 6, b. On prend de nouveau les différences, et ainsi de suite jus- qu'à la dernière inconnue. Puis on remonte par degrés pour déterminer les autres, chaque équation surnuméraire donnant une vérification. 88. Si les équations qui contiennent plusieurs incon- nues, renferment des puissances diverses et des produits de ces inconnues, on ne peut trop recommander le recours au tracé graphique. Un exemple fera comprendre l'avan- ( 520 ) tage de ce moyen auxiliaire, mieux que de longues expli- cations. Soient proposées les équations a5-4-2î/^ = 1, (182) o;y'-+-a:' — 2x?/ = 4. . . . (183) Je commence par tracer les courbes par points. Dans l'équation (182) je prends x pour donnée, et je trouve successivement pour a: = 0 ...?/ = rp 0,71 , X = -4- i ... y = zpO;00, et pour toutes les valeurs de x ^ -+- \ y serait imaginaire; pour X == 1 ... î/ r=r zp 1 , a:=-2...7/=zF2,l!2, X = — 5 ... y = qz ô,74, -10...2/=-f2-2,4. La courbe qu'on voit en A GBC, dans la figure ci-jointe, ( 521 ) est symétrique par rapport à l'axe des x, et forme bientôt deux branches presque droites , qui se prolongent à l'infini. Dans l'équation (185) je me donne ij, et j'obtiens suc- cessivement 2,00, pour y = 0 ... X = '^ ' 2,00, V = 0,5...x==)-''^^' ^2,40, y = -H I ...a:= -t- 1 , et pour toute valeur de 2/ > -+- 1 on voit aisément que x est imaginaire ; pour y = — ... X = { ■^ U 2,16, y = — 2 ...X = y ^= — Z ... X = — 8,95, -t- 4,93, — 15,00, + 9,00. Cette courbe D G E F a deux branches non symétriques, qui sont aussi bientôt presque droites, et s'étendent à l'infini. Ces premiers calculs, qui se font très-rapidement à trois décimales, suffisent pour tracer l'esquisse des deux courbes; et l'on reconnaît que celles-ci ont un seul point d'intersec- tion G. Il n'y aura donc qu'une seule valeur réelle de x et de y, qui satisfera à la fois les deux équations (182) et (185). Pour déterminer approximativement ces valeurs, je me- ( 522 ) sure sur la figure l'ordonnée du point G, et je la trouve manifestement comprise entre -+- 0,7 et -h 0,9. J'intro- duis successivement les trois valeurs y ^ -h 0,1 , y = -+- 0,8, y= -\- 0,9 dans les équations (182) et (185), et je lire X dans chacune de ces hypothèses. xpar (182). xpar (183). Différence. — - . .yx< — ^i^-.. -^--w--^— - 0,7 — 0,27 — 0,95 H- 0,68 0,8 — 0,65 - 0,64 — 0,01 0,9 — 0,85 - 0,18 - 0,67 L'équation (185) fournit pour x deux racines, mais je ne considère ici que celle qui appartient à la branche GD. Si les X variaient dans les deux courbes proportionnel- lement à y, on en déduirait y voisin de 0,798. J'essaie les trois valeurs 0,797, 0,798 et 0,799, celte fois en em- ployant des logarithmes à cinq décimales, et je trouve : y X par (182). x par (183). Différence, -+- 0,797 — 0,646 7 — 0,6oô 4 -f- 0,006 7 -t- 0,798 — 0,649 2 — 0,649 8 -+- 0,000 6 -+- 0,799 — 0,651 7 — 0,6^6 0 — 0,005 7 On voit par ce tableau que les valeurs véritables sont voisines de x= — 0,649 4 et y = -^- 0,798 1 . Je prendrai ces valeurs pour xeiy provisoires, et j'aurai par les procédés de la différentiation, en me bornant aux termes du premier ordre, ^x-r) X -^ 4]/ J/y = - a . . . . (184) i^y^^y -+- ^2xrîx— =li/ âx — ^x rjij = — b, (185) ( 5^23 ) où ^x et ôy représentent les variations des inconnues, et a et 6 les seconds membres des équations (182) et (185), dans la fausse position adoptée, diminués respectivement des seconds membres donnés -h i et h- 4. On trouve d'abord, en faisant usage de huit décimales, x^H- 5?/^ =1,000 062 1, .... (186) of -f- X- — 2 xij = 4,000 095 î) ; . . (1 87) d'où a = —621, et 6 = — 959 du dernier ordre, qui est ici le septième ordre décimal. Je forme maintenant 1rs équations (184) et (185) en employant quatre décimales seulement, et j'obtiens ' 1, 265 (?x -4- 3,1 92 c? 7/ = — 621 , 9,554 c?»/— 1,299 rîx — 1,596 Jx-+- 1,299 c?f/ = — 959, ou après réduction , :^ . . . (188) 1,265 âx -+- 5,192 (??/ = — 621 ,f 10,855 rhj — 2,895 c?x = — 959 De ces équations on lire âx = — 160, '-^jj = — 131. Corrigeons de ces quantités les valeurs admises, il vient X = — 0,649 416 0, y = -+- 0,798 086 9 ; c'est la seconde approximation. Si l'on en veut une troisième, il faut mettre en nombres les équations (182) et (185) en employant ces nouvelles ( nu ) valeurs, et en se servant de logarithmes à dix ou à onze décimales. On trouve alors a;^-i-2î/'=0,999 999 935 7, 5 2^3 H- x' — 2 xy = 4,000 000 069 7 ; d'où l'on conclut a = -+- 4(35 , 6 = — C97 du dixième ordre fractionnaire. Les premiers membres des équations (188) peuvent servir tels qu'ils ont été calculés plus haut; il n'y a donc à changer que les seconds membres, et l'on a 1,265 --^x-t- ô,\nây= -\- 463, 10,855 >^y — 2,895 rJx = — 097. On en tire par les logarithmes à quatre figures, oX = -+- 510 . f)y = -\- 20. Appliquant ces corrections aux dernières approximations, il vient enfin, à une unité près de la dixième décimale, x = — 0,649 415 9684, y = -\- OJdS 086 902 0. On voit que même dans ces limites de précision, la réso- lution des équations proposées n'a pas entraîné des calculs extrêmement développés ni très-laborieux. ( 525 ) Note sur le Drosera binaïa LabilL, sa siructure et ses procédés insecticides ; par M. Edouard Morren, membre de l'Académie. OROSKRA BiXATA LabiU., Nov, //o//. (1804), p. 78, tab. 405. - D. C, Prodr. ,18^24), I, p. 317. — Bot. Mag., LVIII, tab. 3082. - J. E. Planchon, Sia- la famille des Droséracées, Ami. des Se. nai., 1849, IX, p. 2C6.— M. G Smith, The Seusitivc Glands of Drosera in Gard. Cliron., -1873,4). 1403, ic. 284. — Cil. Darwin, Inscctivorous Plants, 1875, p. 281. — Drosera diehoio)na Manks et Sol. )nss. ex Smith in Rees cijclop. — Drosera pedata Pcrs., Ench. I, p. 357. D. C, Prodr. I, 317. — Drosera intennedia Ricli. Cunningh. in Anu. o/Nat. hist, yol IV, p. 409 (non Hayne) ; Dr. Cunninqhami Walp., Report., 1, 229. Les questions relatives aux plantes insecticides excitent plus que jamais l'intérêt des naturalistes depuis la récente publication des Insectivorous Plants par M. Charles Dar- >vin. Dans ce volume, l'illustre naturaliste a particulière- ment étudié le Drosera rotundifolia et plus sommairement d'autres espèces du même genre, le Dionaea muscipula, VAldrovanda vesiculosa, le Drosophyllum , les Pinguicula et les Uiriciilaria. On peut remarquer qu'il laisse complè- tement à l'écart les Nepenthes^ les Sarracenia et autres plantes à urnes. Ses études sur le Drosera sont un chef-d'œuvre d'ana- lyse : appelant tour à tour à son aide la sagacité du na- turaliste, l'observation microscopique et l'analyse chimique, il scrute la structure des tentacules, selon son heureuse expression, leurs mouvements, les circonstances et les con- ditions de leur irritabilité, l'action des matières azotées et surtout du carbonate d'ammoniaque, l'agrégation du pro- 2™*" SÉRIE, TOME XL. 54 ( S26 ) toplasme sous l'influence de ces matières, la dissolulion de l'albumine coagulée, etc., etc. Il établit l'acidité du fluide sécrété par les glandes terminales des tentacules et il a quelques motifs pour croire que cet acide est du groupe des acides propionique, butyrique et valérianique. Il a constaté, par exemple, que le contact d'un bout de cheveu pesant 0"'^000822 suffit pour provoquer le mouvement du tentacule; que 0'"^00048 de carbonate d'ammoniaque amènent l'agrégation du protoplasme dans les cellules supérieures du tentacule. Les phénomènes de relation con- cernant la transmission des impressions sont étudiés avec un soin inimitable. Mais à partir de ce point, les démon- strations deviennent moins péremptoires. M. Darwin admet, sur de faibles indices, la présence dans ce même suc acide d'une matière analogue à la pepsine et qui interviendrait seulement à la suite de l'excitation de certaines substances peptogènes. Quant à l'absorption de l'albumine dissoute, elle aurait lieu par les glandes des tentacules, c'est-à-dire par les organes mêmes qui sécrètent le suc gastrique. Nous ne nous trouvons pas dans les conditions qui nous permettraient de pousser, aussi loin que nous le voudrions l'essayer, les observations sur cet intéressant problème de physiologie végétale. Cependant nous ne voulons négliger aucune occasion pour chercher la vérité. 11 faut bien le reconnaître, si la théorie nouvelle a excité un vif intérêt, elle a aussi rencontré une certaine incrédulité. Nousavons exposé déjà maintes considérations théoriques qui militent en sa faveur, mais nos premières observations, en consta- tant l'intervention des facteurs ordinaires de la putréfac- tion, autorisaient le doute en ce qui concerne la digestion des animaux capturés. Nous avons été heureux de pouvoir faire de nouvelles observations qui ont donné les résultats ( 5*27 ) les plus élonnanls et en quelques points favorables à la théorie de la digestion. Elles ont porté sur le Drosera binala (fig. 1), jolie plante des environs de Sidney, qu'on rencontre sur divers autres points des Nouvelles-Galles du Sud, dans la Nouvelle-Hol- lande. On le signale aussi dans l'île Van Diemen et à la Nouvelle-Zélande. Il a été rapporté pour la preniière fois par de la Billardière, dans ses herbiers, au retour de son grand voyage dans les terres australes et publié dans les Novae-Hollandiae plantariim spécimen. Maintenant on le cultive en Europe où il est encore assez rare, bien qu'il propsère dans un sol humide et tourbeux sous le simple abri d'une serre tempérée. Il est acaule, mais ses pétioles étroits, lisses, un peu cannelés, peuvent s'élever jusqu'à vingt centimètres : le limbe des feuilles, qui se bifurque une ou deux ou trois fois, selon la vigueur des plantes, atteint quinze centimètres. Certaines formes ont été prises naguère pour des espèces distinctes; la plus simple, à feuilles une fois divisées, a été décrite sous le nom de Drosera pédala par Persoon ; la plus compliquée, dont les feuilles se bifurquent deux ou trois fois, sous le nom de Drosera dichotonia par Banks et Solandre. Ces deux formes, unies d'ailleurs par le Drosera hitermedia de Rich. Cunningham, ont été fondues par M. Planchon, dans sa belle monographie des Drosera, en une seule espèce et ramenées au Drosera binata (1). Les divisions foliaires sont longues, étroites comme un (1) Sur la culture du Drosera binata , on peut consulter : Ed. Otlo, in Hamb. Gart.-u. Blumenz., 1861, p. U; A. Steizner, id., 1865, p. 49; E. Mayer, in Gartcnflora, 1868, p. 195; Mac Nab, in The Garden, 1873, page 4. ( 528 ) cordonnet; légèrement concaves le long de ia iigne médiane, elles s'épaississent sur les deux bords : la face inférieure, un peu convexe dans le milieu, est lisse, tandis que les bourrelets latéraux et la page supérieure sont tout hérissés de tentacules (fig. 2). Les tentacules marginaux sont les plus longs, jusque 0"S00o, c'est-à-dire près de deux fois la largeur des feuilles; les autres vont successivement en diminuant jusqu'au centre de la feuille oii ils ne dépas- sent pas un demi-njiliimètre. On en remarque même, de dimensions moyennes, sur le bord inférieur de la feuille. Les grands tentacules (fig. 4) du Drosera binala sont droits, vert pâle, insensiblement atténués de la base au sommet : leur épidémie est çà et là perforé jjar de vastes stomates dont l'osliole est largement béante. Jls se termi- nent en une glande sphérique dont la base est verte et la plus grande partie d'un rose vif; le centre paraît même un peu pourpré : elle sécrète un liquide très-visqueux et lim- pide qui s'accumule surtout à la partie supérieure de la glande en une gouttelette hyaline. Le tentacule est traversé d'un bout à l'autre (tig. 5 et 15) par un ou plusieurs vais- seaux, ordinairement des trachées, quelquefois des vais- seaux annulaires, qui aboutissent dans un amas de cellules d'inenchyme occupant le centre de la glande. Les tenta- cules plus courts ont la même structure, plus ou moins réduite proportionnellement à leur taille (fig. 6 et 7) : tous ont le vaisseau central et les cellules à spiricule dans la glande. On sait que les feuilles de Drosera ont la vernation cir- cinale, ce qui suppose, pensons-nous, un accroissement acrogène. Ces feuilles se déroulent lentement et l'on peut remarquer que les glandes commencent à sécréter quel- ques jours seulement après leur apparition. Au sommet ( 5^29 ) aminci des feuilles sont quelques tentacules plus longs et plus déliés que les autres. La feuille est formée de parenchyme riche en cliloro- phylle, sauf dans l'axe des bourrelets marginaux où se trou- vent les principaux faisceaux entourés de cellules inco- lores (lig. 5). L'abondance des trachées est remarquable jusque contre l'épiderme. Celui-ci est sur la face supé- rieure abondamment pourvu de stomates à grandes ouver- tures (fig. 8, 9;; il |)orte, de plus, beaucoup de petites glandes sessiles, formées de 2, 4, 8 on 16 cellules (lig. JO) et remplies de granules bruns; on en trouve aussi sur l'épiderme inférieur et même sur les tentacules (fig. 4.). Cette structure est dans tous les points essentiels la même que celle de notre Drosera rofnndifoiia : elle avait été très- sommairement examinée déjà par M. W. G. Smith. Nos observations ont été faites à la fin du mois d'octobre sur des spécimens cultivés en serre et en pleine végéta- tion. Nous les avons rapportés de Hambourg et nous les devons à l'obligeance de M. Kramer. Le liquide des glandes, très-gluant, est franchement acide: il fait rougir instantanément le papier de tournesol. Nous l'avons essayé à plusieurs heures du jour et de la nuit, chaque fois avec les mêmes résultats. A l'état de repos, les tentacules sont droits et diver- gents (comme il est représenté Hg. 2 et 3) : la glande est d'un rouge brillant et la gouttelette visqueuse étincelle à la lumière. Les feuilles hautes d'un pied sont disposées comme les mailles d'un fdet. Dans cet état, il semble vrai- ment que la plante, comme une araignée dans sa toile, guette et attende sa proie. Au sommet des feuilles se dressent quelques tentacules encore plus longs que les autres et qui sont là comme en vedette. ( 530 ) Dans la nature la chasse est abondante, puisque les feuilles deviennent sales et paraissent défigurées sous les dépouilles animales (1). Dans une serre, il n'en est pas de même; au mois d'octobre surtout, les moucherons sont rares et la plante est d'une fraîcheur exquise avec ses mille perles irisées et son feuillage à reflets rouges. Nous lui avons d'abord présenté quelques pucerons [Aphis), qm, mis en contact avec les glandes des tentacules marginaux, ont été fortement englués. Immédiatement, ces tentacules se sont mis en mouvement, et, en se courbant sur leur face interne ou supérieure, ils ont porté leur charge sur le limbe même de la feuille. Ce mouvement de translation s'opère en deux ou trois minutes, presque toujours deux minutes et demie. Les tentacules demeurent courbés sur leur proie ; la glande surexcitée, exsude une surabondance de suc (fig. 11 et 12). Cependant la vie est lente à s'éteindre dans ces chétives victimes : nous en avons vu qui ont vécu 24 heures dans cette glu avant leur immolation définitive. En général les tentacules se relè- vent après 2 ou 5 jours : parfois ils demeurent plus long- temps dans cette situation. Nous avons répété l'expérience avec des fragments d'albumine coagulée : ils adhèrent fortement, et, presque à vue d'œil, les tentacules se courbent; ceux du voisinage s'infléchissent, et tous ensemble portent l'albumine et la poussent dans le milieu de la feuille : ils restent ainsi ployés, arc-boutés sur le fragment qu'ils couvrent de leur sécrétion acide et gluante : quelques heures plus tard, l'albumine estdevenue transparente , ses angles s'émoussent et après un jour ou deux, il en reste peu de trace. (1) Darwin, /. c.,p. 282. — Mac Nab, /, c. ( S3i ) La courbure des tentacules et la translation (Je l'albu- miii€ se font en deux ou trois minutes, ordinairement en deux minutes et demie. Il n'y a nulle différence, sous ce rapport, entre le jour et la nuit. Des fragments de feuilles coupées au ciseau ont donné, nous a-t-il paru, des mouvements plus lents, parfois nuls. Dans ces conditions et à l'obscurité, il arrive que l'albu- mine est rendue transparente sans avoir été transportée par les tentacules marginaux sur le limbe même de la feuille. La courbure et le mouvement de translation n'intéres- sent ordinairement que les tentacules d'un seul côté de la feuille qui se trouve en contact avec l'albumine ou dans son propre voisinage : le côté opposé demeure indifférent (fig. H). Les résultats sont les mêmes avec des moucherons, des fragments de tipules, de cloportes, de petits limaçons, des vermisseaux, en un mot, avec des matières azotées. Tou- jours, en cent cinquante secondes environ, nous avons vu ces matériaux alimentaires portés sur la feuille, et bientôt couverts par le suc que sécrètent les glandes terminales. Nous avons, à l'exemple de M. Darwin, expérimenté l'in- fluence d'une solution très-faible de carbonate d'ammo- niaque, et nous l'avons vu provoquer une prompte flexion des tentacules. D'un autre côté, nous avons tenté l'expérience avec le papier, la moelle de sureau, la cire de bougie, etc., toutes matières dépourvues d'azote : elles adhèrent bien aux glandes, mais, chose vraiment étrange, les tentacules demeurent indifférents, la glande semble même se dessé- cher de manière à ne point retenir ces substances inu- ( 532 ) tiles; bien plus, les tentacules se réfléchissent quelquefois vers le dehors et cherchent manifestement à se libérer du fardeau qui les embarrasse. Il est très-exceptionnel de voir une légère flexion causée par ces corps inertes : des frag- ments sont parfois portés jusqu'à un certain point, mais bientôt le mouvement s'arrête : tous les tentacules, ou la plupart, se relèvent; en tous cas, la sécrétion tarit et le vent ou un léger choc contre les feuilles amènent la chute des matériaux que la plante ne veut pas retenir. Ainsi donc, le Drosera binata, admirablement organisé pour la chasse, littéralement couvert d'appâts, attire à lui, fixe contre ses feuilles légèrement creusées en gout- tière, la matière animale qu'il peut atteindre. Cette même plante écarte et rejette les substances inutiles, dont elle n'a que faire. La courbure des tentacules s'opère ici avec beaucoup plus de rapidité que dans le Drosera rotundifolia : elle n'intéresse pas seulement une partie de l'organe, mais toute son étendue, puisqu'il prend la forme d'un grand arc de cercle. Dans celte situation, le microscope ne révèle pas de modifications dans l'état organique. Nous mentionne- rons toutefois, non sans une certaine hésitation, quelques plis transversaux qui semblent se manifester à la paroi profonde des cellules intérieures les plus proches du vais- seau central (fig. 15). Nous avons, à plusieurs reprises, soumis à l'examen microscopique les fragments d'albumine devenus transpa- rents, et nous n'y avons constaté ni bactéries, ni monades, ni aucun des facteurs de la putréfaction. Sous ce rapport, les résultats de ces nouvelles observations ditfèrent, jusqu'à présent, de ceux que nous avions constatés naguère. Cette ( 555 ) l'ois nous n'avons, au cours do nos investigations, rencon- tré qu'un seul filament mvcologique, fixé sur la glande d'un tentacule : son apparence, assez singulière, rappelle un peu une conjugaison de Mucorinée (fig. 14). Ce vestige est d'ailleurs sans importance ici. Mais nous avons, d'autre part, été frappé de cette circonstance que des pucerons englués par les tentacules sont demeurés intacts pendant 24, 36 et même 48 heures, sans manifester les phéno- mènes ni de la putréfaction, ni de la digestion. Dans nos premières observations sur le Pinguicula et le Drosera rotundifolia, nous avions rencontré les êtres sapro- gènes dans les substances animales fixées sur leur feuillage. Cette circonstance a fait naître en nous quelques doutes sur la faculté de dissoudre et de digérer les matières albu- minoïdes attribuée au liquide sécrété par l'extrémité des tentacules.Cetle fois, nous n'avons point constaté de putré- faction : l'albumine est réellement rendue transparente , comme M.Darwin l'a découvert sur le Drosera rotundifolia. 11 est possible qu'elle soit liquéfiée et transformée en prin- cipes absorbables. Pendant la digestion animale l'albumine est modifiée en matières crislalloïdes qu'on appelle pep- tones : elle éprouve cette modification sous l'influence de l'acide chlorhydrique et de la pepsine. Ici, on sait mainte- nant que le suc excrété est acide, vraisemblablement par la présence d'un acide gras. Quant à la pepsine, son inter- vention est encore problématique. Mais, on ne saurait négliger l'extrême viscosité du suc glandulaire; c'est là son principal caractère : il s'étire au coniact du doigt- en fila- ments longs d'un centimètre au moins. Ce ne sont ni les acides gras, ni la pepsine qui peuvent rendre compte de cette nature gluante. Au contact de l'alcool, sur le porte- ( 534 ) objet du microscope, il prend l'apparence d'un réticule alvéolaire. Nous voudrions pousser plus loin les investigations et déterminer les organes de l'absorption. Quanta la der- nière question, M. Darwin ne doute pas que ce ne soient les glandes elles-mêmes, et il en voit la preuve dans l'état d'agrégation du protoplasme qui est déterminé par les substances ammoniacales. Il y aurait cependant quelque chose d'insolite à ce qu'une glande fût en même temps un organe d'absorption, d'autant plus que son activité sécré- toire est ici périodique. 11 conviendrait d'ailleurs de recher- cher le rôle qui peut être dévolu aux énormes stomates dont toutes les plantes insecticides sont munies, et la signi- fication des petites glandes sessiles qu'elles portent sur leur épiderme. Dans le Drosera binata, l'ostiole des stomates mesure en longueur jusque deux centièmes de millimètre. La nécessité et même l'utilité des matériaux que les végétaux insecticides savent se procurer par le singulier pouvoir dont ils sont doués, ne sont pas établis. En effet, il semble démontré jusqu'ici que ces végétaux vivent, grandissent, fleurissent et fructifient en dehors de toute intervention de matière animale. Nous voulons, l'année prochaine, nous former à ce sujet une conviction fondée sur des observations directes. Nous former une conviction basée sur l'observation de la nature est d'ailleurs notre seul but en intervenant bien modestement, dans cette belle et difficile question, traitée avec tant de mérite et d'autorité par M. Ch. Darwin. Les quelques notes que nous avons recueillies et publiées jus- qu'à présent sur ce sujet sont de peu d'importance et ne concernent que les côtés superficiels du phénomène. Il Irri^' C Sever-cyns, ^ricxelles. Drosera binatoL LabUl. iill.cle l'Acad 'Ul L ith . par G. uzvgreyns ,Braxe lies . jDrosera binaia LabiLl. PL. m. J Y m F^ -jU II W/ à^^il^ T., y» JO d -r "4 ZitA par G. Severez/Ji^ , Bruxelles . \ lJro.';cra buiata Labill. lill.de l'Acad, PLIV V l^âi^c mmi::^il Ix ,^i Cl'r^: ^'^ V> ^é^; \ ^ ZitÀ par Gr. uevereiim , Bruxelles . ( 555 ) faudrait une atteulion soutenue et un travail minutieux et obstiné pour y pénétrer plus avant, pour suivre la voie ouverte, et surtout pour y ajouter quelque chose de ce qui lui manque encore pour atteindre le but. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Drosera binata Lahill. — ± Un fragment de feuille avec les tentacules à l'état inactif. — 5. Coupe transversale d'une feuille. — 4. Un tentacule marginal. — 5. Coupe longiluilinale à travers un tentacule. a. Cellules épidermiques renfermant quelques grains verts contre la paroi postérieure. b. Cellules parenchymateuses avec des grains verts pariétaux c Vaisseaux. d. Inenchyme central dans lequel aboutissent les vaisseaux. e. Cellules riches en grains de chlorophylle. f. Cellules contenant un pigment rouge liquide et granuleux. — 6 et 7. Tentacules minimes vers le milieu du limbe. — 8. Coupe dans lepiderme et le parenchyme supérieur à travers un stomate. — 9. Stomates avec quelques cellules du derme. — 10. Glandes épidermiques : «et 6, structure normale; cet d, struc- tures plus rares. — 11. Fragment de feuille dont la moitié des tentacules sont courbés sur un morceau d'albumine. — 12. Un autre fragment dont les tentacules sont courbés. — 13. Coupe dans l'axe d'un tentacule courbé ; en a ou voit des plis transversaux dans la membrane cellulaire. — 14. Filament mvcélien. 536 ) Les ossements fossiles du genre Aidocète au Musée de Linz ; par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. Dans la mollasse des environs de Linz, qne les géolo- gues placent généralement dans le miocène, on découvrit, il y a une trentaine d'années, des vertèbres d'un assez grand Cétacé, et deux ans après on mit au jour, dans la même localité, un crâne assez complet muni de ses con- dyles, quelques fragments d'os de la face , des côtes et des débris de sternum. Ces os étaient accompagnés de restes de Sqnalodon et de Halitherium. Avec eux se trouvait une caisse tympa- nique assez bien conservée et une dent droite, à une seule racine. M. Ehrlich a figuré ces pièces dans ses Geognos- tische Wanderungen, publiées à Linz, en 1854 (1). Cette dent et cette caisse tympanique ont induit plu- sieurs naturalistes dans l'erreur et, nous l'avouons sans dé- tour, nous avons été de ce nombre. La caisse tympanique et la dent ont été attribuées à tort au même animal que le crâne. M. Herm. von Meyer à été le premier a étudier ces os (2) et, le genre Balénodon n'étant que vaguement déterminé par celui qui l'a proposé, il crut pouvoir désigner l'animal nouveau, dont ces restes provenaient, sous le nom de Balœnodon lenzianum. Il avait rapporté, comme nous, la (1) Planches II , IH el IV. (2) Balœnodon lenzianum, Herm. von Meyer, Leonard's uiid Bronn's Jahrbuch, 1849, p. o-i9 et 1850, 2^ Heft, p 201. ( ^^ ) caisse tynipanique, la dent et le crâne à un même aninial. Après un examen rapide sur les lieux, où nous nous étions rendu pour étudier le Squalodon, nous avions cru devoir placer cet animal, d'après la dent et la caisse qui accompagnaient la tète, dans cette famille de Cétacés car- nassiers qui comprenait les Zeuglodons et les Squalodons; mais, ne pouvant adopter le nom de Balénodon, nous avions proposé de lui substituer celui di'Aulocèle (i), que nous aurions dû conserver au lieu de le changer en Sté- nodon (2), C'est dans une lecture faite à la séance publique de l'Académie, le 16 décembre 1861, que nous avons em- ployé la première fois ce nom d'Aulocète, pour désigner le sillon profond que forme l'occipital de ce Célacé. « L'ani- mal appelé de ce nom de Balénodon, disions-nous, est un type nouveau, qui n'a rien de commun avec les Cétacés trouvés jusqu'à présent dans le bassin d'Anvers. » INous n'avions pas cru devoir rapporter la caisse de l'oreille et la dent à un autre animal et nous étions encore sous l'influence de ce rapprochement, quand nous avons pro- posé le nom de Sténodon. Le docteur Brandi visita le musée de Linz en 1871 ; il rapporta la caisse et la dent à un autre animal que celui dont provenait le crâne, rapprocha celui-ci des Cetothe- rium, et éleva le genre nouveau auquel il donna le nom de Cetotheriopsis, au rang d'une division nouvelle : les Celothcriopsinœ. La caisse ainsi que la dent sont rapportées au genre Squalodon. C'est une forme particulière entre les (1) Bulletin de VAcad. royale de Belgique, 2^ sér. t. XII 1861, p. 481. {±) Van Benedeo, Recherches sur les Squalodons, Mém. de l'Acad. ROYALE DE BELGIQUE, l. XXXV, 186-J. ( 558 ) Balénoptères et les Cetotherium , dit le savant naturaliste de Saint-Pétersbourg, raais plus près, ajoute-t-il , des pre- miers que des derniers (1). M. Brandt à raison de rapporter le crâne à un Mysti- cète, c'est-à-dire à un Cétacé à fanons; mais, contraire- ment à ce qu'il suppose en dernier lieu, les vertèbres qu'il attribue à différents Squalodons aussi bien que la cervi- cale qu'il rapporte à une Halianassa, proviennent, à notre avis, d'un seul et même animal. Nous ferons remarquer en passant que les vertèbres attribuées d'abord par M. Brandt à l'Aulocète (pag. 44) sont ensuite considérées comme vertèbres de Squalodon (pag. 555) et plus loin définitivement rapportées au Squa- lodon E/ir/îc/?u dans l'explication des planches (pag. 554). Ces vertèbres ont certes une forme bien particulière, mais n'appartiennent pas moins, à notre avis, à VAulocète. Pendant un nouveau séjour à Linz, en 1874, nous avons passé en revue toute la collection d'ossements fossiles du musée de cette ville, et, grâce au concours obligeant que nous a prêté son savant directeur, M. Cari Ehrlich , nous avons pu nous convaincre que la colonne vertébrale attri- buée en partie à des Squalodons et en partie à une Halia- nassa est au contraire d'un seul et même animal; cette colonne, qui est presque complète, se rattache parfaite- ment à la tête. Nous avons eu la chance., en arrivant à Linz, de nous y trouver au moment même où M. Ehrlich venait de rece- voir, de Saint-Pétersbourg, les ossements qu'il avait com- muniqués au professeur Brandt, et nous avons pu déballer (1) Cetotheriopsis^ Bull. AcAd. imp. de Saint-Pétersbourg, novem- bre 1874. p. 563. ( S59 ) iions-mcme les vertèbres et les autres os qui portaient encore les notes écrites de la main du professeur de Saint- Pétersbourg. Nous allons passer ces divers os en revue, mais résu- mons d'abord la synonymie avec l'indication des publica- tions qui ont eu cet animal pour objet. Balaenoptera mollassica, Juger, foss. sàugclh. Wurtcmb. 1857. Zeuglodon, Jo/i. MuUer, Die Zeuglodonten , pag. 29. Balaenodon lentianus, h. von Meyer Jahrhuch, 1850, 2" H., p. 201. — — Ehrlich. Ucho.r die Nordôstlichen yJlpen, Linz, 1850. — — Ehrlich, Geognosiische Wanderungen in Ge- hiele der Nordôstlichen Àlpen, in-8o Linz, 1856, p. 81. pi. II, III ellV. AuLOCETUS, Van Beneden. La côte d'Ostende et les fouilles d'Anvers, Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2csér., t.XII, p. 480, 1861. Stenodon lentianus. Van Beneden, Recherches sur les SqualodonSy MÉMOIRES de l'Académie royale de Belgique, t. XXXV, 1865. Cetotheriopsis linziana, Brandt, Bulletin de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg, t. XVI, p. 565, et t. XVII, p. 121 , Mel. Biol. (t. VIII, p. 196 et 527), Untersitchungen ûber die Fossilcn iind Sitbfossilen Cctaceen Europa's, 1875, p. 40. Les premières figures ont été données par M. Ehrlich, dans ses Geognosiische Wanderungen. Les planches II, III et IV le représentent. Dans notre mémoire sur les Sr/im/ocZows, nous avons représenté le crâne planche IV, d'après un dessin que M. Ehrlich avait envoyé à Joh. Muller pour son travail sur les Zeuglodons. ( o40 ) M. Brandi reproduit ensuite la tête, p!. XiX, des ver- tèbres, pi. XVIll, fig. 5-11, de ses Untcrsuchungcnj et pi. I, lig. 7-14 et pi. V, lig. 0-12, de ses Ergànzungen. Le crâne de l'Aulocèle a tous les caractères des Balé- noptérides du midi de l'Europe et la dent ainsi que la caisse tympanique que nous avions cru devoir lui rappor- ter, proviennent, la première d'un Sirénien, l'autre d'un Squalodon. Toute la boîte crânienne est conservée avec la plus grande partie du temporal ; en regardant la tête par des- sus, on voit que tout l'occipital, au lieu d'être aplati ou même bombé, est au contraire déprimé, de manière que les bords se relèvent et forment une crête soutenue laté- ralement par les pariétaux et les temporaux. Si l'on place le crâne devant soi à la hauteur des yeux, et si on le regarde soit du côté de l'occiput, soit du côté de la face, on reconnaît qu'il présente au milieu un profond sillon dans toute la longueur de l'occipital. Le docteur Brandt se demande, la tête du Pachy acanthe n'ayant pas encore été trouvée, si, par hasard, cette tête d'Aulocète ne serait pas celle de ce ïhalassothérien. Dans la dernière note que nous avons lue à l'Académie, nous n'avons pas hésité à soutenir l'opinion que le Pa- chy acantJnis est un Sirénien; il ne faut donc pas chercher la tête de cet animal dans un Cétacé souffleur. 11 ne peut rien y avoir de commun entre l'Aulocète et le Pachyacan- thus;\\ y a entre ces deux genres toute la différence qui sépare le Sirénien herbivore du Cétacé souffleur. Indépendamment de la boîte crânienne, on a déterré deux fragments de maxillaire supérieur assez aplatis et larges et qui, par leur peu de courbure, indiquent une V Ui ) Ijaloine à courts lauons. Ils sont mal conservés cl l'orl déli- cats. L'un a presque le double de la longueur de l'aulre. En 1871, M. Brandt reconnut que ces os sont des frag- ments de maxillaire supérieur, d'après ce que nous avons vu écrit sur l'éliquette, encore attachée à la pièce à Linz. Le maxillaire inférieur est incomplet; les deux bouts manquent. On reconnaît la nature de cet os plutôt parle tissu et la direction des mailles que par la forme de l'os. La caisse tympanique que nous avons figurée dans notre mémoire sur les Squalodons se distingue, comme nous l'avons dit plus haut, de celle de tous les Mysticèles, par son grand développement du côté de l'axe et sa forme rétrécis en arrière, qui lui donne un aspect propre, tout différent de celui des Cétacés véritables. M. Brandt a eu recours aux lumières de ses savants confrères MM. Steenstrup et Malm pour reconnaître les affinités de la caisse tympanique, que je croyais appar- tenir à l'Aulocèle; avec beaucoup de raison, ces savants ont exprimé l'opinion que cette caisse n'appartient ni à un Hyperoodon , ni à un Ziphius. Cette tète a été moulée, mais il n'en existe malheureu- sement que trois exemplaires : un à Vienne, un autre à Berlin et un troisième à Gratz. A Vienne il porte encore le nom de Balaenodon lentianus. IXous avons comparé le crâne de l'Aulocète avec ceux des Balénoptérides fossiles de la Bussie méridionale, d'Autriche , de France , de Portugal et de Belgique et, pour autant que nous pouvons en juger par la comparaison des pièces qui sont conservées, il n'existe au fond que peu de différences entre elles. Tous ces os proviennent, à l'exception de la Balaena etriisca de Capellini, de Balénoptères plutôt que de Ba- 2™^ SERIE, TOME XL. 35 ( W2 ) leines véritables, comme le montre la largeur et la direc- tion du frontal aussi bien que la courbure régulière de la face. L'os frontal se dirige de dedans en dehors et d'arrière en avant dans les espèces fossiles, tandis que nous le voyons se diriger d'avant en arrière dans les vivants. Les os nasaux sont toujours fort allongés, les maxil- laires supérieurs fort larges, les intermaxillaires très- effilés en haut, chez tous les Balénoptères fossiles. Dans les vivants, le pariétal et le frontal ne forment plus qu'une étroite bande entre le nasal et l'occipital : dans les fossiles cet espace est toujours fort allongé. L'occipital recouvre ainsi de plus en plus, depuis l'époque miocène l'os pariétal et il se termine toujours en formant un angle aigu en avant. L'épaisseur des parois crâniennes est toujours fort grande dans les diverses espèces fossiles. Dans la mollasse de Baltringen on a trouvé, il y a une quarantaine d'années, un fragment de maxillaire inférieur, provenant d'un Cétacé à fanons, et qui se rapporte peut- être à l'animal qui nous occupe. En tout cas, ce n'est pas, comme Brandt le suppose, un animal voisin des Pachya- canthes. Ce fragment a été signalé par Jaeger, dans ses mammifères fossiles de Wurtemberg (1857). Nous connaissons heureusement presque toute la co- lonne vertébrale de l'Aulocète de Linz. Comme nous l'avons dit plus haut, plusieurs vertèbres ont été attri- buées par M. Brandt à d'autres animaux. La première est un atlas qui correspond parfaitement, par ses surfaces articulaires, aux condyles de l'occipital (lu crâne attribué au Balénodon. Nous sommes persuadé que cette vertèbre est non-seulement de cette même espèce, mais du môme individu. Elle est complète à ( :.-i5 ) l'exceplion de la partie moyenne de Tare neural. Par ce qui en reste, on peut dire qu'il est faible. Cette vertèbre mesure en largeur, d'un bout de l'apo- pbyse transverse à l'autre, 19 centimètres. L'arc inférieur qui correspond au corps de la vertèbre a 5 centimètres d'épaisseur. Cet atlas à tous les caractères de la première cervicale des Cétacés à courts fanons et non des Zeuglodontes, comme on l'a supposé à diverses reprises. ï.a surface articulaire antérieure est séparée sur la ligne médiane et elle est fort large en avant. L'apophyse trans- verse est courte et faible. Le canal rachidien est fort large. F^a seconde vertèbre, qui a été déterrée en même temps, est une troisième, ou quatrième cervicale; le corps est fort bien conservé, et les apophyses transverses supé- rieures et inférieures sont représentées par leur base. Elle est fort régulière, un peu plus large que haute, légèrement courbée en dessous, creusée en dessous et mesure en lar- geur 85 millimètres, en hauteur 65 millimètres et en épaisseur 50 millimètres. Cette vertèbre a été regardée par Brandt, comme ayant appartenu à une Halianassa. Elle n'a pas été envoyée comme plusieurs autres à S^-Péfersbourg. Les vertèbres se ressentent presque toutes d'une com- pression extérieure qui leur a fait perdre leur forme symé- trique. Une des premières dorsales se distingue par la parfaite régularité du contour du corps; le pédicule du cerceau est large à la base et se porte faiblement de bas en haut et de dedans en dehors. Nous avons trouvé un Iragment séparé de la partie supérieure de Parc neural et, sans qu'il s'adapte à l'apophyse brisée, nous pouvons cependant ( Mi ) reproduire en partie le diamètre du canal qui loge la moelle. Le corps de cette vertèbre ne porte pas de trace de facette articulaire pour les côtes. Son épaisseur est de 5 centimètres. Deux autres dorsales du milieu de cette région ont le pédicule de leur cerceau beaucoup plus étroit et s'élevant plus directement. Le corps mesure jusqu'à 6 centimètres d'épaisseur= Au Musée de l'iiof- Mineralien - Cabinet à Vienne, nous avons trouvé une vertèbre, découverte à Pad en Croatie, et qui porte sur l'étiquette qui l'accompagne, indépendamment de l'indication des lieux, 18o4, VIF, 7. Nous la regardons comme une dorsale de l'animal qui nous occupe. Elle est de la même taille et ne diffère des autres que par la lace inférieure du corps qui est légèrement carénée. Ce caractère indique qu'elle appartient à une des dernières dorsales. Le même Musée renferme encore une vertèbre du Leitnakalk des environs de Vienne, qu'il faudrait compa- rer avec soin. Nous avons également trouvé une vertèbre au Musée de Stuttgart, venant de la mollasse marine supérieure de Oberschwalben (le même terrain qui contenait l'Arionus de Herm. von Meyer, qui est un vrai Squalodon), et nous croyons également pouvoir la rapporter à l'Aulocète qui nous occupe. Cependant cette vertèbre, une des dernières dorsales, a le corps plus comprimé latéralement, de manière que, vue de face, elle prend |)lus ou moins la forme d'un cœur. Elle indique un animal plus grand de taille que celui de Linz. Le corps mesure près de 15 centimètres d'épaisseur et 10 Va ^'^ hauteur. Une des premières lombaires a la surface du corps large (Je 9 cenlimèli'cs et d'avanl en arrière 10 cenlinièlres et demi. Elle n'a pas de carène à sa face inférienre. Muth- masslkh eiitcrder hinteren Lendwirbel von Cetholcriopais, porte l'étiquelle, et ce dernier mot est écrit de la main même de Brandi. Celle verlèbre a été envoyée à S*-Pélers- bourg. J. Muller avait jugé, d'après les dessins que M. Ehrlich lui avait envoyés, que les vertèbres caudales provenaient d'un Zeuglodon. Une autre vertèbre lombaire, mais plus incomplète encore, présente les mêmes dimensions dans le corps. Les vertèbres dorsales ont le corps plus large que haut. Les vertèbres caudales ont le corps aussi haut que large, mais les suivantes changent notablement sous ce rapport. Les trois vertèbres caudales, qui sont figurées dans Brandt [Foss. Cétac, pi. XXIII, fig. 91-1), sont fort remar- quables, par le grand développement de leurs apophyses. Les vertèbres dans cette région de la queue n'ont plus guère que des rudiments d'apophyses dans les autres Cé- tacés. Ainsi le corps de la caudale la plus complète est haut de 11 centimètres, long de 10 '/^^ ^t la zygapophyse seule à 8 centimètres de largeur au-dessus du canal neu- ral. Une autre caudale dont le corps a la même hauteur, a une apophyse transverse, inclinée en dessous, de 8 cenli- nièlres el demi. La caudale atlribnée à un Squalodon (Brandi, pi. V, (ig. 12) (1) est fort remarquable par sa forme comprimée; le corps a une hauteur de 98 millimètres sur 75""' de largeur et 95""™ de longueur. (1) Ergànzungen zu den fossilen Cetaceen Europa's. ( 546 ) Ce sont ces deriiiers os qui caractéiisenl le mieux les Aulocètes. Nous rapportons toutes ces vertèbres, non-seulement au même genre et à la même espèce, mais nous ajouterons au même individu, tandis que le professeur Brandt, comme nous l'avons dit plus haut, les rapporte à des animaux fort divers. Ainsi les vertèbres qu'il figure dans ses Ergdn- zungen zii den fossilen Celaceen Europa's (1874), pi. V, fig. 9-12 sont rapportées au Squalodon hypsispomhjlus; les fig. 5-8 de la même planche au Squalodon incerlus, et les fig. 15-15 de la pi. IV au Squalodon E/irlichii. Les pre- mières dont Brandt fait son Squalodon hypsispondijlus sont des vertèbres caudales; les fig. 5 à 8 dont il fait le Squalodon iïicerlus , sont des vertèbres lombaires elles fig. 13-15 de la pi. IV sont également des caudales. Les fig. 7 à 15 de la pi. l de ses Ergdnzungen sont des vertèbres d'Anlocète. Brandt pourrait supprimer le signe de doute qui figure sur la planche. Cette même planche reproduit un os, fig. 4 à 6, qui n'est évidemment pas un maxillaire de Célacé et qui provient, selon toute probabilité, d'un animal terrestre. On trouve encore deux fragments d'un os plat que nous croyons devoir attribuer au sternum. Mais ces fragments sont trop incomplets pour que l'on puisse se représenter la forme qu'affectait cet os. On n'a trouvé ou du moins on n'a conservé au Musée de Linz que deux fragments de côte; l'un est long de 15 cen- timètres, large de 5, presque droit et tout a fait distinct par sa forme carrée des côtes des Cétacés vivants. Elle n'est en effet ni arrondie comme dans les Baleines, ni aplatie comme dans les Balénoptères et nous avons retrouvé dans le sable noir à S^-Nicolas des côtes semblables au milieu de restes de Balénides. ( sn ) L'autre fragnicnl esl im peu plus court et plus mince et il (lifl'ère du précédent par un côté complètement aplati, de manière que la coupe représente une ligne dioile d'un coté, une ligne courbe du côté opposé. L'un et l'autre morceau indiquent une côte fort solide. Cette côte n'est pas du tout los que Brandt a ligure sous ce nom, pi. I, fig. 16 (1). Nous ne donnons aucune figure de cet animal, par la raison que les divers os, comme nous l'avons dit plus haut, ont été sulïisamment reproduits. La première figure en a été donnée par M. Ehrlich en 1854; ensuite j'ai repro- duit ces mêmes pièces dans mon mémoire sur les Squa- loclous et dans ses dernières recherches Brandt a encore reproduit la tète et les principales vertèbres. La colonne vertébrale de l'Aulocète est donc représentée par un atlas assez complet dont Tare inférieur mesure 5 centimètres dans le sens antéro-postérieur et une autre cervicale qui n'a que la moitié. Une première dorsale, peut-être la première, a 5 centi- mètres d'épaisseur et une autre dorsale a 5 centimètres et demi. Il y a ensuite cinq vertèbres qui se suivent et qui appar- tiennent, à la région lombaire; elles mesurent environ 9 centimètres chacune. La région caudale a sept vertèbres qui mesurent à peu près 10 centimètres; la dernière, avec un canal neural complet, mais des apophyses rudimentaires, n'est guère moins longue que les autres. On pourrait fort bien, par ces vertèbres, supputer celles (I) nrganzuntjcn zu dcn fossili'n Celaceen Europa's. ( us ) qui manquent et apprécier la longueur totale de l'animal. VAulocetus qui nous occupe devait avoir environ 6 mè- tres de longueur, c'est-à-dire la taille de notre Balenoptera rostrala. Brandt ne lui accorde que douze pieds. Gomme les Balénoptères des environs d'Anvers, TAulo- cète avait le corps des vertèbres cervicales beaucoup plus épais que dans les espèces suivantes et les métapophyses des vertèbres caudales extraordinairement développées. Ces ossements proviennent, ainsi que nous l'avons dit, de la mollasse des environs de Linz et ont été trouvés mêlés avec des ossements de Squalodon et de Haiithe- rium. Nous avons trouvé au Musée de Linz, à côté d'eux, des vertèbres de Lamna ciispidala et des dents de Car- charodon anrjuslidens ^ provenant du même terrain. Pour donner une idée de la répartition des Thalassothé- riens dans le bassin de Vienne à l'époqne miocène, nous devons faire remarquer, que Ton trouve ici, comme en Italie, en France et ailleurs, des ossements de Sirénides et de Squalodons, mêlés avec des ossements de Balénop- térides, c'est-à-dire, des animaux de rivage et d'embou- chure avec des animaux de haute mer, ce qui semble indi- quer, que les cadavres flottants ont été poussés par les vents dominants dans certains estuaires, où les os se sont entassés et ont été jetés pêle-mêle, pendant un long laps de temps. En résumé lo Balénide déterré dans les environs de Linz, et qui est conservé au musée de cette ville, est repré- senté par le crâne, des fragments de maxillaire supérieur et inférieur, des vertèbres de toutes les régions, des frag- ments de côte et de sternum. ( 549 ) Cet animal est désigné sous le nom de Balcnodon len- tianus (ISoO), par Herman von Meyer, Avlocclus et Slcno- don Icntianus, par nous (I8G0), Celotherwpsis leiitianiis , parBrandt(I87J). Il a été découvert dans la mollasse des environs de Linz (haute Autriche) à côté des Squalodons et des Halianassa, et de deuxiSquales, bien connus, le Lamna cornubica et le Carcharodon anguslidens. Jusqu'à présent on l'a trouvé seulement à Linz; mais certains ossements trouvés dans le Wurtemberg et en Croatie peuvent lui être rapportés. Ëfudes sur la planète Mars (S' notice); par M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain. I. — Observations faites a louvain pendant l'opposition DE 1873, ET REMARQUES SUR DIVERSES APPARENCES QUE PEUVENT OFFRIR LES TACHES DE CET ASTRE. La déclinaison australe si prononcée de la planète Mars pendant son opposition de cette année enlevait presque tout espoir d'obtenir, dans nos contrées, des résultats utiles. Cependant l'on ne pouvait se dispenser de tenter quelques efforts et de profiter de la grande proximité de cet astre, arrivé en même temps en opposition et dans un lieu voi- sin de son périhélie, tandis que la terre atteignait ses plus grandes distances du soleil. Aussi ai-je tâché de poursui- vre mes observations malgré toutes les circonstances défa- vorables qui se présentaient en foule, et je suis heureux ( ooO ) de contribuer à empêcher que l'année 187o ne laisse une lacune dans les recherches sur raspecl physique de celte planète. C'est dans ce but que j'ai mullipHé les observa- tions et recueilli le plus grand nombre possible de des- sins : ils se confirment mutuellement et montrent le degré de confiance qu'on peut attribuer aux détails qu'ils ren- ferment; j'ose donc espérer qu'ils seront utiles à consul- ter. Selon toute apparence, en effet, les observaiions au- ront été très-peu nombreuses en 1875 comme en 1860, et il faut attendre les résultats les plus détaillés et les plus importants des observatoires méridionaux. Les dessins que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie continuent l'ensemble des observaiions que j'ai commencées il y a onze ans, et offrent plusieurs dé- tails intéressants concernant l'aspect que peuvent prendre les taches de Mars dans les conditions diverses de netteté. Il peut paraître singulier, au premier abord, que les cir- conslances généralement défavorables de cette année aient précisément conduit à plusieurs conclusions qui ne sont pas dépourvues d'intérêt, et qui sont capables d'aider puissamment à l'explication des dessins, soit anciens, soit modernes, tout en confirmant la permanence des taches, et en préparant les recherches ultérieures sur la durée de rotation. Malgré le trouble presque constant de l'image, il a été aisé de reconnaître les taches observées pendant les oppo- sitions antérieures : ce sont celles que j'avais désignées par les lettres d (Mer de Kaiser et Océan de Dawes) , /"(ensemble des Mers de Hook et de Maraldi), b (Océan De La Rue), c (Détroit d'Herschel 11). La tache a (Mer de Tycho) était moins marquée qu'en 1871 à cause de la posi- (S31 ) lion moins inclinée de Taxe rclalivemenl an rayon visuel. Toutes les lâches, en etret, étaient notablement abaissées sur le (lis(|ue apparent comparativement aux positions qu'elles occupaient en 187J ; la mer de Tycho n'atteignait plus le centre. L'opposition de 1864 présente beaucoup d'analogie avec celle de 1875 quant à la situation des taches sur le disque apparent : j'ai l'ait remarquer ailleurs que l'année 1858 est assez comparable à 1864 sous le même rapport (J). Les observations de 1858, de 1875 et de 1864 correspondeni, en effet, à des époques voisines des équinoxes martiels ; mais 1875 et 1858 se rapportent à l'équinoxe du prin- temps méridional, tandis que 1864 coïncide avec l'équi- noxe du printemps boréal. Je rappelle ces circonstances parce qu'il est intéressant de noter qu'en 1875 la mer de Tycho a été assez marquée, comme en 1858, tandis qu'elle a été à peine observée en 1864. En 1875 et en 1858 l'été boréal avait dissipé tous les voiles susceptibles de cacher cette mer; le contraire avait lieu en 1864 par l'effet de l'hiver. Pour permettre la comparaison des dessins que j'ai fails depuis 1864, j'ai mis en regard les taches identiques dans le tableau suivant : (I) \oh' Aréographie, ou étude comparative des observations faites sur l'aspect physique de la planète 3Iars depuis Fontana {IGoQ) jusqu'à nus jours (1873); tome XXXIX des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étramjers, pul)Iiés pnr F Académie royale de Belgique , 1875, in-i"; p. 45 et p. 90, en note. ( m ) Taches b et c (Océan De La Rue et Détroit d'Her- schcl II). Tache a [Mer de Tychu). Tache d [Mer de Kaiser et Océan de Daives). Tache f [Mer de Maraldi] OPPOSITION de 1S64. OPPOSITION de 1867. OPPOSITION de iSTl. OPPOSITION de 1875. OPPOSITION de 1875. Y VA. 1,13. lf.I2.18. Fig. 4, o, 6.8; fig. 14, 15, 16. Fig. 18à 23. Fig. 4 à 13 et I fig. 28, 30. Fis; 14. fig. lu à 19: ; fie. 21, 22, ! ^ 29. : fig.3ià3:;. Fig. 20, 21 Fig. -1,2; 22 et 23. fig. 10 à 43 fig. 45. Fig. 45, 16, Fig. 3, 4, 24 et 25. 6,7; ï\". 44 à 48. i Fig. 4, 20; ' fig. 23 à 26. ! fig. 36. ' Fi 17 49; fig. 26. 18. Fig. 3, 4, 6 7,8,9; fig. 46 à 22 (•) Bulletins de l' Académie roxjalede Belgique, 2* série, lome XXXI ,p. i7(i. (2) Id. id. id. 3) Id. id. tome XXXI I, p. 57. (*) Id. id. tome XXXVI , p. 556. L'observation des lâches polaires était souvent très- (iifticile en 1875: c'est à peine si j'ai remarqué la tache neigeuse boréale avant le 20 juillet; depuis cette date l'observation en est devenue certaine. Quant à la calotte polaire blanche australe, elle apparaissait souvent avec beaucoup de nelteté et spécialement au-dessus de FOcéan De La Rue et de la partie la plus occidentale de la Merde Maraldi jusqu'au 10 juillet. Le 20 juillet, elle apparaissait aussi au-dessus de l'Océan de Dawes. On peut en conclure qu'elle était plus marquée ou s'étendait beaucoup plus d'un côté du pôle, dans les régions qui, sur la carte de M. Proctor, sont comprises entre les longitudes de 170** et de SeO** environ. ( 555 } La difliculté crobserver la lâche polaire boréale en 1875 s'explique parfaitement; en effet, l'équinoxe, ou le com- mencement du printemps pour l'hémisphère sud, avait lieu le 7 juin (i). Le pôle nord avait déjà subi l'action de l'été: sa tache blanche était considérablement réduite; elle était déjà tort petite, quoique bien visible encore, en 1871 et en 1875. Quant au pôle sud, il avait, lors des observations de 1875, subi les effels de l'hiver : ainsi s'explique le développement de sa calotte neigeuse. L'examen des taches polaires dans la série des observa- lions faites de 1871 à 1875 conduit à des résultats très- nets et parfaitement en rapport avec les saisons de Mars. C'est un fait bien connu et bien évident qu'en observant des oppositions successives de cette planète, on la retrouve chaque fois dans des positions plus avancées de son orbite, ou correspondant à des longitudes héliocentriques plus considérables; l'on assiste donc ainsi à la succession des aspects dus à l'ordre des saisons, de la même manière que l'on constaterait cette succession si l'on pouvait observer la planète d'une façon continue pendant la durée d'une révolution entière. C'est ainsi qu'en étudiant Mars en 1871, en 1875 et en 1875, nous voyons cette planète progres- ser depuis son été boréal jusqu'à son équinoxe d'automne boréal ou jusqu'à son printemps austral : aussi, en 1871, la tache neigeuse boréale apparaît-elle constamment : elle est visible à cause de l'inclinaison de l'extrémité nord de l'axe vers la terre, mais très-petite à cause de l'action de Tété. La tache neigeuse australe n'apparaît qu'accidentel- lement, surtout au-dessus de l'Océan de Dawes, accusant (1) Monlhly notices ; tome XXXV, p. 506. Ephemeris for phijsical ob- servations of Mars, by A. Marth, esq. ( mi ) ainsi son immense développement dans une direction prin- cipale et l'influence de l'hiver. En 1875, la tache horéale n'est plus visihie aussi constamment et je remarque plus fréquemment la tache australe. En 1875 entin, cette der- nière lâche est longtemps seule visible. Ces phénomènes se produisent évidemment aussi lonâ^ que la planète occupe ces positions successives dans les limites d'une seule révolution ; l'été boréal réduit de plus en plus la tache polaire boréale située du côté du soleil, tandis que la tache australe se développe. L'extrémité sud de l'axe, en s'inclinant ensuite peu à peu vers nous, favo- rise de son côté et de plus en plus la visibilité de cette dernière calotte neigeuse très-étendue d'ailleurs. On peut s'attendre à voir cette même tache australe en 1877, mais déjà notablement réduite par l'elfet des rayons solaires. Détail des observations (1). Fig. /. Le 31 mai 1875, de 12 h. 25 m. à 12 h. 55 m. Mars est très-ondulant; on voit l'Océan De La Rue [b] et la Mer de Tycho («). Celle-ci est bien réduite comparative- (1) Ces études onl élé faites , comme celles de 18G4, de 1867, de 1871 et de 1873, à l'aide d'une lunelle astronomique de Secretan, ayant 9 cen- timètres d'ouverture utile; les grossissements employés ont élé de 120, de 180 et de :240 fois La planche qui accompagne cette notice représente l'aspect de Mars tel qu'il apparaissait dans le champ de la lunette, c'est-à- dire que les images sont renversées et que, conliairement à ce que j'a fait en 1871 et en 1875, je n'ai point placé verticalement l'axe de rotation la position rigoureuse de ce dernier étant souvent sujette à quelque doute à cause de l'invisibilité des taches polaires. Le diamètre vertical apparent au moment de l'observation est donc placé veiticalenunt dans toutes les ligures. Il sera aisé d'incliner un peu les dessins et de retrouver approxi- mativement la position de l'axe de rotation i our comparer ces observa- lions avec celles de 1871 et de 1875. ( Wô ) mciit aux oppositions de 1871 el de 1875(1). L'Océan De La Riio, au contraire, présente beaucouj) plus de déve- loppement, effets naturels de la position de l'axe. Les deux taches polaires sont certaines; la tache neigeuse mé- ridionale est étendue et très-marciuée; la tache boréale apj)araît par moments connue une faible blancheur. Au commencement des observations les deux taches polaires ne se trouvaient pas sur un même diamètre, mais à 12 h. 55 m. elles sont plus exactement opposées. Fi(j 2. Le 2 juin, à 12 h. 25 m. iMars est si ondulant que l'on peut seulement constater la présence de l'Océan De La Hue (6) et sa forme générale; je ne vois pas les ta- ches polaires. J'omettrais de citer cette observation si elle ne me per- mettait d'apporter une confirmation à l'explication que j'ai donnée ailleurs d'une singulière anomalie que l'on rencontre dans les dessins de Schroeter. J'ai insisté déjà, à plusieurs reprises, sur la présence, dans les Areogra- phische fragmente^ d'un grand nombre de taches se termi- nant en pointe du côté du nord, et ne pouvant pas toutes s'identifier avec la Mer de Kaiser, qu'elles imitent pourtant ta s'y méprendre (5). Ce fait semble étrange quand on (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XXXII, p. 57; voirid. l. XXXVI, p 550. (-2) Areograpkisc/ie fragmente^ manuscrit et dessins originaux el iné- dits de raslronome J. H. Schroeier, de Lilienihal, dans les Mémoires cou- ronnés et Mémoires des savants étrangers, de TAcadémie royale de Bel- gique, t. XXXVI, pp. 15 à 18. — J'ai la salisfaction d'apprendre à l'Aca- démie, par la même occasion, que M. Van d(> Sande Bakhuyzen a acquis, pour la bibliothèque de l'Observatoire de Leyde, le précieux manuscrit qui lait l'objet de ce mémoire. Configuration des tâches de Mars à la fin du XVIII^ siècle, d'après ( o56 ) examine la carte de M. Procter et porterait même à ad- mettre des changements dans la conliguration des taches de Mars. J'ai émis l'opinion que ces apparences offertes par les dessins de Schroeter, de W. Herschel et d'autres observateurs devaient s'expliquer par la présence des Baies de Dawes, de Béer et du Détroit de Dawes, souvent confondus ensemble, ou par celle de l'Océan De La Bue; j'ai même invoqué, à ce sujet, le Détroit de Huggins pour une autre région. Or, le 2 juin, en observant l'Océan De La Bue, dont l'image était fort troublée, j'ai cru, par mo- ments, avoir sous les yeux la Mer de Kaiser. La iig. 2 de cette notice confirme d'ailleurs cette ressemblance. Mais, dans les moments de plus grand trouble, la tache que j'ai dessinée paraissait s'allonger beaucoup plus vers le bas du disque et une méprise était réellement possible. Le mauvais temps et la présence presque constante des nuages à la faible hauteur de Mars empêchent d'observer avant le 14, et font perdre l'occasion d'étudier le Détroit d'Herschel II. Fig. 5. Le iâ juin, à H h. 15 m. L'image est fort troublée; néanmoins le dessin réussit bien. Je vois la Mer de Kaiser (d) et la Mer de Maraldi (/"). La nuance sombre de la tache n'est pas uniforme, mais les ondulations de l'image empêchent de préciser ces détails. L'aspect rap- pelle tout à fait la bande coudée d'Arago (I) et, par moments, on attribue à la tache une forme de croissant. Schroeter; Bullelins de r Académie, 2' série, t. XXXYl, pp. 175, 176, 179 et suivanles. Aréographie. Mémoire cité; pp. 41, 6-2, 65, 71, 70, 87, 88, 95, 90. (1) Mémoires scientifiques de F. Arago, t 2; Mémoire sur Mars, p. 293,ag. 12, 15. ( •>^7 ) Fig. 4. Le I i juin, de li h. 2o m. à II h. 35 m. Mars est un pou plus net; j'aperçois par moments la dentelure m qui doit s'expliquer par la saillie de la Merde Ilook(l); ce détail reste faible. Avec le grossissement de 180 fois, je suis frappé de trouver un aspect exactement conforme à celui que Schroeter dessina le 9 septembre 1798, à 9 h. 55 m. du soir; j'ai reproduit ce dessin de Lilientbal dans la fig. 5 de cette notice, car il va nous conduire à une conclusion intéressante; pour le moment, il suffit de con- stater que la tache visible le 14 juin, à 11 h. î25 m. (en- semble des Mers de Hook, de Maraldi et de Kaiser) m'ap- paraissait comme une vaste étendue grisâtre assez pâle, et munie d'une pointe très-noire qui, seule, attirait immédia- tement l'attention; cette pointe occupait la région de la Mer de Kaiser comme dans le dessin de Schroeter (2). De plus, le peu de développement apparent de la Mer de Kai- ser vers le nord rend compte de l'aspect attribué par Ma- raldi à la tache qui lui servit à déterminer la durée de rota- tion en 1704, et qui devait aussi être cette mer (3). Fig. 5. Mars observé par Schroeter le 9 septembre 1198, à 9 h. 55 m. du soir. Fig. 6. Le H juin, de /^ h. à 4^ h. 5 m. La Mer de Kaiser, plus rapprochée du diamètre vertical par le pro- grès de la rotation, apparaît plus nettement que dans les observations précédentes, et l'ensemble de la tache visible est encore gris, sauf une région très-noire que l'on recon- (1) Aréographie, mémoire cité; p. 9o, remarques sur les baies des Mers (le Hook et de Maraldi. (2) Areographische fragmente, mémoire cité. p. 12. (3) Mémoires de V Académie des sciences de Paris^ année 1706, p. 74. Observalioiis de Mars faiiesen 1704, par Maraldi. 2'"'' SÉRIE, TOME XL. 5G ( 5o8 ) naît immédiatement pour celle dont il a été longuement question dans mon Aréographie (1). La comparaison de cette figure avec la figure 4 explique la pointe noire que contient celle-ci : il devient évident, en effet, que cette partie très-sombre, la plus marquée de la tache, était seule visible à 11 h. 2o m. à la faveur de la nuance plus pâle des régions avoisinantes et de leur plus grande proximité du bord. Lorsque la Mer de Kaiser arriva plus près du cen- tre, la véritable configuration de cette tache noire apparut et son identité avec la région sombre sur laquelle M. Kno- bel a insisté en 1875 (2), et que j'ai étudiée dans mon mémoire (3), devint indubitable. La pointe noire observée par Schroeter, et qui, d'abord, donnait un aspect étrange à la xMer de Kaiser, était due à la même cause, et l'astro- nome de Li lien thaï a observé le premier cette région plus sombre dans une mer de Mars. Le trouble de l'image, en modifiant légèrement l'aspect des taches, fournit donc l'explication de beaucoup de dé- tails singuliers consignés dans les dessins notamment an- ciens. J'ajouterai aussi que la Mer de Kaiser, vue dans les moments de grande ondulation de l'image, prenait une forme simplement triangulaire bien caractérisée, tout à fait identique avec celle qui a été si souvent décrite. Pendant ces trois observations du 14 juin, je n'ai pas vu les taches polaires, bien que j'y portasse une extrême atten- tion. Fig. 7. Le 15 juin, de il h. io m. à H h. 25 m. Image (1) Aréographie, Mémoire cilé, p. 54. Absence d'uniformité dans la teinle sombre de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Davves. (-2) Monlhhj notices; t. XXXIII. juin 1873. (5) Aréographie, p b-i. ( 559 ) très-ondulante. Je vois la Mer de Maraldi et la Mer de Kai- ser. La tache présente par moments la forme d'un crois- sant bien caractérisé; elle rappelle certaines descriptions données par Maraldi (1), la bande crochue et le croissant d'Arago (2). Fig. 8. Le 19 juin , de 10 h. 55 m. à ii h. ^15 m., et à H II 41 m. L'image est extraordinairement ondulante. La Mer de Maraldi est très-marquée, mais il est impossible d'en voiries détails. La bande se termine brusquement un peu au delà du diamètre vertical. Ce détail trouvera plus loin son explication. Je ne vois pas de taches polaires. Firj. 9. Le 26 juin, de 10 h. 55 m. à H h. 10 m. Tout l'horizon est vaporeux. L'image de Mars, vue à traversées légères vapeurs, est très-nette et absolument exempte d'ondulations. Jamais la couleur rouge du disque ne m'est apparue aussi distinctement (o); cette teinte contraste avec la blancheur parfaite de la tache polaire australe. On ne peut donc, aujourd'hui, attribuer cette coloration si marquée à la proximité de l'horizon. La bande sombre (Merde Maraldi) est également très-nette. Je ne vois pas de tache neigeuse boréale. (1) Mémoires de l'Académie des sciences de Paris; année 1720 ; p. 1-14. (2) Mémoires scientifiques de F. Arago; l. 2; pp. 293 à 299. (5) Je saisis celte occasion pour répondre à une question que M. le général Liagre m'a posée dans son rapport sur mes observations de 1875. Le savant secrétaire perpétuel de TAcadémie, après avoir rappelé que M. Flammarion avait trouvé la coloration rouge de Mars moins intense que d'habitude en 1875, disait qu'il serait intéressant de savoir si j'avais fait une remarque analogue. Je déclarerai donc ici que je n'ai pas été frappé par une diminution de la coloration rouge de Mars en 1875, mais que, mon attention n'ayant pas été fixée expressément et avec intention sur ce point, je ne puis ni confirmer, ni infirmer à ce sujet les remarques de l'astronome français. ( o60 ) Le ^7 juin, de 10 h. 25 m. à 10 h. 55 m. Mars esl un peu ondulant; néanmoins bonne observation. L'aspect est si seml)lable à celui du 26 juin qu'il est tout à fait inutile d'en reproduire le dessin; la bande sombre /"est pourtant moins large et plus rapprochée du bord du disque (1). Elle limile encore la tache polaire australe qui est d'un blanc prononcé. Le restant du disque est d'un rouge moins mar- qué que le 26. Fifj. 10. Le 2 juillet, de 9 h. 40 m. à 9 h. 50 m. Mars est très-ondulant et ne peut être observé qu'à travers de petites éclaircies. On voit l'Océan De La Rue (b) et la Mer de Tycho (a); celle-ci est très-pàle. La tache polaire sud est franchement blanche; la tache neigeuse inférieure-est faible et douteuse. Ces détails sont certains malgré les circonstances défa- vorables de l'observation. Fig. il. Le 3 juillet j de 10 h. 15 m. à 10 h. 25 m. Mars est très-ondulant, La division entre les taches /" et 6 est restée douteuse. La tache «est très-faible. La tache polaire supérieure est blanche et certaine, l'inférieure douteuse. Fig. 12. Le7 juillet, de 9 h. 55 m. à 10 h. iO m. L'image est très-ondulante. La tache polaire supérieure est très- blanche. On voit nettement le Détroit d'Herschel II (c) et la Mer de Tycho (a). La bande supérieure (cb) a générale- ment une forme rectangulaire, mais, par moments, etgrâce (1) Ce fait s'explique parfaitement : l'on sait, en effet, que la Mer de Maraldi se rapproche du pôle en s'étendaiit vers l'ouest; le :27 juin, en observant i)lus lût que le 26, j'avais sous les yeux une région un peu plus occidentale de la bande sombre; celle-ci devait donc paraître située un [)eu plus haut sur le disque apparent. On se rappelle que ce phénomène a conduit Schroeter à admettre que cette bande se déplaçait réellement vers le sud. Voir Areoyraphische fragmente ; mémoire cité, p. ii. ( SCI ) à un redoublement d'altenlion, on voit les deux inégalités que j'ai figurées à son bord inférieur; celle de droite (6) correspond à fOcéan De La Rue, celle de gauche (c) aux baies du Détroit d'Herschel. Fig. 15. Le 10 juillet, de 9 h. W m. à 9 h. 30 m. Un vent violent s'ajoute aux ondulations de l'image pour ren- dre les conditions de l'observation très-mauvaises. Néan- moins la présence et la forme générale de la tache sont certaines; cette tache est très-faible et ressemble à la Mer de Kaiser; il serait aisé d'être induit en erreur à ce sujet. Elle ne peut être que le Détroit d'Herschel dont les baies confondues (c) s'avancent vers le nord, un peu à droite du centre. Je ne vois pas de taches polaires. Évidemment Schroeter a pu donner à cette région une forme tout à fait analogue à celle qu'il attribuait à la Mer de Kaiser, comme je l'ai déjà fait remarquer (1). Fig. 14. Le 77 juillet, de 9 h. 5 m. à 9 h. 15 m., éclair- cies; Mars est très-ondulant; néanmoins très-bonne obser- vation. Les taches polaires sont incertaines, la limite supé- rieure de l'Océan de Davves est indécise ; toute la tache est grise, à l'exception de la région très-noire signalée par M. Knobel en 1873. La dentelure m est certaine et l'on soupçonne une strie brillante suivante???. Fig. 15. Le 77 juillet, de 10 h. 75 m. à 10 h. âO m. Les deux taches polaires sont presque certaines à la fin de Tobservalion. Le grossissement de 240 fois confirme l'existence de la bifurcation en i. Il y a donc trace de la Mer de Lambert. J'arrive aux observations du 20 juillet, qui ont été (1) Aréographie , 1. cil. ( o62 ) faites dans des conditions exceptionnellement favorables pour cette année : Fig. 16. Le 20 juillet^ de 8 h. 35 m. à 8 h, 45 m. Je soupçonne toujours un trait brillant suivant mn; la Mer de Kaiser, sous forme d'un triangle très-noir (d), rappelle tout à fait les dessins de M. Gledhill pour 1871 (1); la ta- che polaire inférieure est certaine, blanche, brillante. Je ne vois pas de tache neigeuse méridionale. Fig. n. Le W juillet, de 9 h. 2 m, à 9 h. W m. La netteté est parfaite et les détails se voient admirablement bien. Le trait brillant mn paraît certain. La tache sombre visible est munie de trois pointes se dirigeant vers le nord; ce sont, en allant de droite à gauche : 1° la Mer de Kaiser (d), 2° l'origine septentrionale de la Mer de Hook [m), 3° l'origine septentrionale de la Mer de Maraldi (/"). De 9 h. lo m. à 9 h. 20 m., je commence à voir la tache polaire méridionale; elle apparaît comme une blancheur prononcée, mais peu limitée; elle reste visible ensuite. La tache polaire nord est toujours très-marquée et déborde même le disque par irradiation. Fig. 18. Le W juillet , de 10 h. 15 m. à W h. 50 m. L'image devient ondulante à la fin de l'observation. La région d est la plus noire; on soupçonne toujours une divi- sion suivant m n; la pointe m et la petite bande h (Détroit de Nasmyth) sont certaines. Je vois encore la tache polaire sud, et, chose très-curieuse, on remarque deux amas blan- châtres au bord septentrional, au lieu de la tache polaire si visible pendant les deux observations précédentes. Il faut noter encore que la grande tache était mal limitée (I) Aréographie, mémoire cité; voir surtout fig. 41. ( o63 ) supérieurement et que toute la Mer de Kaiser senil)lail très-noire; la tache sombre partielle si remarquable dans la figure 6 semblait donc s'être étendue sur toute cette mer. Le 2i juillet, j'ai fait deux dessins, le premier de 8 li. 30 m. à 8 h. 35 m., le second de 9 h. 45 m. à 10 h. Je ne les ai pas donnés dans cette note, parce que les images étaient moins nettes que le 20, et que le vent troublait Tobservalion. Cependant ces deux dessins sont assez bien réussis et confirment tous les détails renfermés dans ceux du 20 juillet; le premier reproduit le dessin 16, et le second le dessin 17, à part, nécessairement, une légère différence de position. La tache polaire nord a été visible au commencement de la première observation (8 h. 50 m.) et est devenue très-douteuse à la fin; elle était, en tous cas, moins pro- noncée que le 20. A 9 h. 45 m., je n'ai plus réussi à la voir. Le 20, cette tache polaire s'était comportée d'une façon tout à fait analogue : visible parfaitement de 8 h. 55 m. à 9 h. 20 m. et remplacée par deux taches blanches indistinctes de 10 h. 15 m. à 10 h. 50 m. Quant à la tache neigeuse méridionale, je ne l'ai pas aperçue le 21 juillet. Le 23 juillet, à 9 h., j'ai fait un dessin très-incomplet et très-imparfait à cause des nuages très- fréquents. Je voyais la mer de Maraldi et la tache polaire inférieure. Fig. 19. Le 2â juillet, de 8 h. 45 m. à 9 h. Mars ondule beaucoup, surtout au commencement de l'observation; néanmoins le dessin est très-bon. Je ne vois pas de taches polaires; la tache sombre inférieure est très-faible. L'aspect représenté est dû à la présence du détroit de Huggins de M. Proctor, et la pointe /"correspond à l'ori- ( 564 ) gine boréale de la mer de Maraldi. Ce dessin offre la même région que notre figure 8\ il explique pourquoi la bande sombre de cette ligure, comme celle de la figure 20, est interrompue avant d'atteindre le bord oriental : cette apparence correspond, en effet, à Téchancrure profonde découpée dans la bande sombre à l'orient de la mer de Maraldi; la bande est rétrécie dans cette région et il en résulte que sa continuation est invisible près du bord apparent. Fifj. 20. Le 26 juillet, de 8 h. 25 m. à 8 h. 45 m. Très- bonne image; les deux taches polaires sont d'une blan- cheur prononcée et très-étendues. La tache sombre infé- rieure est très-faible. La bande f ne touche pas le bord oriental. Fiç). 21. Le 26 juillet, de 9 h. 30 m. à 9 h. 40 m. L'image devient ondulante à la fin de l'observation. Les taches polaires sont moins nettes qu'à 8 h. 25 m. Le 28 juillet, j'ai fait deux dessins, l'un de 8 h. 5 m. à 8 h. 15 m., l'autre de 9 h. 5 m. à 9 h. lo m. On voyait la mer de Maraldi. A 8 h. 5 m. les deux taches polaires étaient très-blanches et très-prononcées, aussi inexacte- ment opposées que dans la fig. 22. A 9 h. 5 m. l'image était excessivement faible et les taches polaires n'appa- raissaient plus que comme de faibles lueurs, douteuses par moments. Fig. 22. Le 29 juillet, de 8 h. 10 m. à 8 h. 15 w., très-bonne observation. Les deux taches polaires sont très- blanches. En étudiant les observations qui précèdent, on constate qu'elles renferment des exemples remarquables de la variabilité d'éclat et d'étendue des taches neigeuses. Cette variabilité est souvent apparente seulement, et correspond ( 565 ) à diverses positions do la planète par l'effet de la rotation; en effet, les variations (l'éclat on d'étendue se reproduisent souvent périodiquement et dans le même ordre. C'est ainsi que, dans les dernières observations dont il a été question, on voit les deux taches polaires, très-nettes au commencement de la soirée, devenir presque invisibles plus tard. Il y a là évidemment un effet de la rotation. Les changements de position de l'une des deux taches polaires par rapport à un diamètre passant par le milieu de l'autre ont également démontré que les centres de ces amas ne coïncidaient pas avec les pôles de rotation, et que l'extension des neiges à partir de ces pôles était très- variable suivant les diverses directions. Je terminerai en émettant le vœu que les observatoires méridionaux nous fournissent cette année de nombreux dessins, afin d'aider à combler la lacune qui résultera nécessairement de la position défavorable de la planète pour les observateurs de nos contrées. II. — Premier appendice au catalogue général DES observations PHYSIQUES DE MaRS (1). Depuis la publication de V Aréog rapine , j'ai pu prendre connaissance d'un certain nombre de dessins de Mars qui m'étaient inconnus lorsque j'achevai ce travail. Je crois nécessaire de les mentionner dans cet appendice, tant pour appeler sur eux l'attention dès aujourd'hui que pour témoigner ma reconnaissance aux astronomes qui veulent bien m'aider dans ces recherches. Les lignes qui suivent (1) Voir Aréographie ^ mém. cité, p. 6. ( m ) sont donc un complément du catalogue que j'ai donné en léte de V Aréographie ^ et renferment des détails sur les circonstances les plus importantes que présentent ces dessins. Grâce à l'obligeance de M. Fraissinet, secrétaire de l'Observatoire de Paris, j'ai pu examiner, dans cet établis- sement, trois ouvrages relatifs à la planète Mars, et qu'il m'avait été impossible de découvrir jusqu'ici : Salvator Serra; 1666; Martis revolubilis observationes romanae ab affictis erroribiis vindicalae. Salvator Serra; 1666; second ouvrage portant le même titre; celui-ci est accompagné du dessin qui a été reproduit dans les Transactions philosophiques avec ceux de Cassini et de Campani : cette figure est désignée, dans les Transactions, par la lettre 0, et donnée comme ayant été obtenue par des astronomes romains se servant de verres de Divini. L'un de ces astronomes romains n'était autre que Salvator Serra (i). Cassini ; Martis circa axem proprium revolubilis obser- vationes Bononiae a D. Cassino habitae. — Cet ouvrage contient deux plancbes dans lesquelles j'ai trouvé, outre les dessins K , L , M , N , 0 et P des Transactions philoso- phiques (2), vingt-deux dessins de Cassini qui m'étaient complètement inconnus. W. Norle; 1858, 1860, 1862, 1864, 1866, 1869, 1871. — Le capitaine Noble a eu la complaisance de m'envoyer une série de beaux dessins dressés à son observatoire de Forest-Lodge avec une lunette de 4,2 pouces d'ouverture et de 61 pouces de longueur focale. 11 y a quatre dessins (1) Phil. Iransact. for 1666 and 1666, p. 242. (2) Phil. trans., I. cit. ( S67 ) pour 1858, un pour 18G0, trois pour 186:2 , deux exécutés en 1864, deux en 1866, un en 1869 et deux en 1871. Les dessins de 1858 et de 1860 sont d'autant plus impor- tants que, jusqu'ici, Ton ne peut mentionner que très-peu d'observations pour ces deux époques. Je me contenterai, pour le moment, de dire que le capitaine Noble a dessiné les principales taches de Mars. J'aurai l'occasion, plus tard, de mieux faire ressortir les détails intéressants que con- tiennent ces observations. Trouvelot; 1875. — M. A. Searle, chargé de la direc- tion de l'Observatoire de Harvard-Collège (Cambridge, E. U.), depuis le regrettable décès de M. Winlock, m'a l'ait parvenir quatre superbes dessins exécutés en 1875, dans cet établissement, par M. Trouvelot. Cet astronome a employé le grand réfracteur de 15 pouces d'ouverture du collège Harvard et a obtenu de magnifiques résultats. Les dessins, de 75 millimètres de diamètre, et teintés légère- ment de rouge, se rapportent aux 25, 24, 26 et 29 mai, pendant la soirée. Ils sont extraits d'une série de planches astronomiques publiées par l'Observatoire Harvard. Je crois utile de signaler ici les importants détails qu'ils ren- ferment, en répartissant ces données suivant les diverses régions de la planète que j'ai considérées dans VÀréogra- phie, et en me bornant aux faits qui peuvent aider à la solution des questions posées dans cet ouvrage. I. — Mer de Kaiser et Océan de Dawes. (Dessins du 26 et du 29 mai.) Le bord oriental de la grande tache de Mars est garni d'une zone blanche dans ces deux dessins de M. Trouvelot; dans celui du 26 mai, ce bord est dentelé et l'on peut, ( 568 ) sous ce rapport, établir une analogie entre robservatioii de Harvard-Collège et celles de M. Lassell (I). -Les deux dessins de Cambridge contiennent le Détroit de Nasmyth, mais il est muni des expansions dirigées vers le sud que j*ai signalées dans d'autres figures dues notamment à MM. De La Rue, Secchi, Joynson et Green (2). Ces expan- sions, qui ne figurent pas dans la carte de M. Proctor, méritent d'être recherchées et étudiées avec précision. Dans les deux dessins, le Détroit de Nasmyth est bordé de blanc du côté septentrional. II. — Détroit d'Herschel II. Cette région figure dans les quatre dessins de M. Trou- velot. Le bord septentrional du Détroit d'Herschel II est garni, notamment dans les figures du 25 et du 24 mai, de deux dentelures excessivement marquées. Leur situation relativement à la Merde Tyclio ne permet d'en identifier aucune avec la partie la plus méridionale du Détroit de Dawes, et l'on doit donc y voir la Baie de Béer et la Baie de Dawes non dédoublée; ces deux dentelures sont bordées de blanc du côté occidental le 24, détail qui n'est pas figuré le 25 mai. On trouve des taches blanches analogues le 26 mai; et le 29 il règne une zone blanche le long du Détroit d'Herschel, du côté septentrional; mais ce détroit présente de plus, dans ces derniers dessins (26 et 29 mai), une dentelure située si près de la Mer de Kaiser qu'on peut difTicilement l'identifier avec la Baie de Dawes. Cette circonstance vient donc étayer l'existence d'une baie peu (1) Aréographie, mém. cit., p. 56. (2) Idem, pp. 48 et 49. ( 569 ) connue que j'ai appelée Ikiie de J. Sdwndl, et qui figure notamment dans certains dessins du P. Secchi pour 1858 (i). J'ai rattaché à cette région le Continent de Dawes. Dans Je dessin du 29 mai de M. Trouvelot, on voit, dans ce con- tinent, une tache sombre isolée; elle ne figure pas sur la carte de M. Proclor; elle apparaît aussi, quoique dans une situation légèrement dilTérenie, par suite de la difficulté de l'observation sans doute, dans un dessin de M. J.Schmidt qui a servi de modèle à la ligure 17 de V Aréograpliie (i6 mai i873), et qui présente la ressemblance la plus frappante avec celui de M. Trouvelot, comme M. Searle me l'a fait remarquer dans une de ses lettres. L'étude de cette tache isolée, comparable à celles que l'on trouve vers les mêmes parages dans les dessins de M. von Franzenau, de Mâdler, du capitaine Jacob et que j'ai signalées dans V Aréographic (2), est donc recomman- dable à tous les astronomes qui disposent d'instruments puissants, et désirent contribuer à compléter la carte de Mars : sans aucun doute, une mer nouvelle est à découvrir dans celte région. M. Trouvelot n'a pas représenté l'Océan De La Rue ni la Mer de Maraldi. Je passe donc à la cinquième région. V. — Mers de Tycho et de Delambre. Les dessins de M. Trouvelot deviennent ici d'une extrême importance : ils prouvent encore une fois que si l'on peut apporter à la carte de Mars des perfectionne- (1) Aréographie, p. 74. (H) Idem, pp. 75 et 76. ( 570 ) ments notables, c'est assurément dans la représentation de ces mers. Dans le dessin du 25 mai , la Mer de Tycho affecte la forme que j'avais déduite aussi de mes propres observa- tions (1): c'est un anneau sombre incomplet entourant un continent qui, pour M. Trouvelot, est d'une blancheur évidente (2). La Mer de ïycho semble se recourber ensuite vers le sud et rejoindre le Détroit d'Herschel, mais en lon- geant de trop près le bord oriental; c'est une forme ser- pentante ou ondulée bien caractérisée. On ne remarque aucune espèce de division dans cette vaste tache. Ajoutons qu'un espace blanc très-marqué, ressortant sur le fond rougeâtre, figure aussi au sud de la tache Tycho, sur les confins des Continents de Dawes et de Màdler. Dans le dessin du 24 mai, la Mer de Tycho est plus près du bord; sa limite orientale est très-irrégulière; on voit parfaitement les deux bandes sombres qui s'en détachent à l'occident et se dirigent vers la Mer de Kaiser; j'ai longuement parlé de celles-ci dans VAréographie à propos des dessins de MM. Jacob, Knobel , etc. (5). (1) Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, 2^ série, t. XXXVI. p. 536; fig. 20, 21, 2*et 25. Je me permeltrai d'appeler spécialement ratlention sur l'observation faite à Louvain, le 12 mai 1873, de 8 h. 20 m. à 8h 30 m., et sur l'accord irréprochable qu'elle présente avec le dessin du 23 mai de M. Trouvelol. Gel accord se manifeste spécialement pour la mer de Tycho et pour les deux baies que j'ai figurées en c, et qui ont élé vues ideniiquement par l'observateur de Cambridge. On ne s'attendrait pas à trouver une identité si grande entre des dessins exécutés à l'aide de deux instruments dont les dimensions offrent des différences aussi colossales. (2) MM. Knobel et Green ont observé aussi ct tle blancheur vers la même épocjue. (3) Aréugraphic, pp. 100 et suiv. ( S71 ) VI. — Mer de Béer. Dans les dessins du 26 et du 29 mai, la Mer de Béer est séparée du Détroit de Nasmyth par une strie blanche, comme je l'ai fait remarquer plus haut. Dans les dessins du Collège Harvard, le bord de la pla- nète est blanc et, le 24 mai, la tache polaire boréale a une forme très-irrégulière. Ces beaux résultats obtenus par M.ïrouvelot, à l'aide du grand équatorial de Cambridge , montrent quel parti l'on pourrait tirer des instruments gigantesques dont dis- posent certains observatoires, si l'on voulait les employer d'une manière suivie à dessiner les apparences de cette belle planète. Backhouse; 1867, 1869, 1871, 1875. — Je venais de terminer cette notice lorsque je reçus, de M. T.-W. Back- house, six dessins de Mars, exécutés à Sunderland, à l'aide d'une lunette de 4 1/4 pouces d'ouverture et de 5 pieds de distance focale. Deux observations ont été faites en 1867, deux en 1869, une en 187J et une en 1873. Je suis heureux de constater que ces dessins présentent la res- semblance la plus frappante avec ceux que j'ai obtenus à Louvain. Ces figures dues à M. Backhouse contiennent toutes la Mer de Tycho, et confirment ce que j'ai dit anté- rieurement de cette partie de la surface. Dans le dessin du 22 mars 1871, à 9 h. 55 m. (t. m. de Greenwich) , cette mer se recourbe vers l'Orient et l'on retrouve une forme très-analogue à celle qu'ont fournie spécialement les observations de 1875. La même tendance se manifeste déjà, pour M. Backhouse, en 1867 et en 1869. (d72) Sur l'aspect de l'ombre du 2' satellile de Jupiter le 25 mars 1874; par M. F. Terby, docteur en sciences, à Lou- vain. Une circonstance singulière qui s'est produite le 23 mars 1874, pendant le passage des satellites II et ÎII de Jupiter sur le disque de cette planète, me force à ajouter un com- plément à l'une des notes que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie et qui ont été insérées dans ses Bulletins (1). Après avoir exposé brièvement, dans ce travail, les ré- sultats de mes observations de Jupiter faites en 1874, j'ai donné quelques détails sur ce passage des deux satellites: l'un des faits principaux sur lesquels je voulais insister était la différence notable, frappante, de nuance offerte par les ombres de ces petits corps célestes, celle du 2" m'ayant paru grise, et celle du o^ complètement noire. Ces deux ombres se projetaient sur le disque à une très-petite dis- tance apparente l'une de l'autre, circonstance qui rendait leur comparaison plus facile et plus instructive. La même différence a été constatée, comme je le disais, par M. Flam- marion, qui observait le même soir à Paris (2). La lecture de ma notice pourrait faire supposer que M. Knobel, qui a observé aussi le phénomène à Burton-on- Trent, avait remarqué la différence de nuance des deux ombres. Je le croyais d'ailleurs à cette époque, et c'est le préjugé que je veux détruire par la présente note, en in- sistant sur la singularité de ce fait. (1) Bull, de VAcad. roy. de Belgique, 2' sér., t. XXXVIII, n" 1 1. (2) Comptes rendus de rinstitut, 1874. ( 375 ) Le Rév. M. Webb voulut bien m'écrire le premier qu'il avait étudié les mêmes passages à Hardwick , par un ciel des plus favorables, et qu'il n'avait pas remarqué la teinte grise de l'ombre du 2' satellite. Les deux ombres lui ont semblé parfaitement noires : « both were perfectiy black j> and round, » écrit-il dans son journal. Étonné de ce fait, je relus la note de M. Knobel, et, n'y trouvant en réalité aucun renseignement explicite sur la nuance des deux ombres, j'écrivis à cet astronome pour lui demander quelles avaient été ses impressions à ce sujet. M. Knobel me répondit que l'ombre du 2' satellite lui avait paru noire et non pas grise. Cet observateur appelle mon attention sur les remarques que MM. Birmingham etBuff- ham ont faites pendant le même phénomène. D'après M. Birmingham, l'ombre du 2^ satellite était brune et faible, et celle du 5' très-noire. D'après M. Buffham, l'ombre du 2' satellite fut légèrement grise pendant le sixième de son passage (1). Le désaccord entre ces renseignements est d'autant plus remarquable et d'autant plus évident qu'il s'agissait ici de comparer deux ombres voisines sur le disque de Jupiter, et non d'apprécier la nuance d'une ombre isolée. Dans ce dernier cas, on ne pourrait attacher la même importance à ces remarques, chaque observateur ayant pu baser son appréciation relative sur des données différentes; dans le cas présent, au contraire, tous ont dû se baser sur l'aspect que leur a invariablement présenté l'ombre du 3^ satellite. Il serait difficile, croyons-nous, d'assigner à cette ano- (1) V. Astronomical regisler^ may 1874, et English mechanic, apiil 1874. 2"""' SÉRIE, TOME XL. 57 ( 374 ) malie sa cause véritable. Pour tenir compte de la part qui revient à la puissance des instruments employés, j'indi- querai ici que M. Flammarion s'est servi d'un télescope à miroir argenté, ayant 7 pouces anglais, 87 d'ouverture et armé d'un grossissement de 500 l'ois. M. Webh employait un télescope de 9 pouces et des grossissements de 212, de 27o et de 5o7 fois. Quant à M. Knobel , il se sert d'un miioir argenté de 8 7-2 pouces, dont les grossissements varient entre 144 et 306 fois. M. Buffham possède un ex- cellent télescope à miroir argenté de 9 pouces, qui lui a permis de voir des tacbes blanches sur la planète Uranus et de tenter la détermination de sa durée de rotation. Je ne possède pas de renseignements sur l'instrument qu'a employé M. Birmingham. On sait que la lunette astrono- mique dont je me suis servi ne présente que 5 '/^ pouces d'ouverture et était armée d'un grossissement de 180 fois. Donc l'ombre du 2*^ satellite a paru grise aux observa- teurs qui se sont servis des instruments les moins puissants (M. Flammarion et moi); notons pourtant que iM. Buffham lui attribue la même teinte, mais pour une partie minime seulement de son passage. Il faut considérer qu'à Louvain l'état du ciel n'était pas des plus favorables, puisque des nuages sont venus inter- rompre les observations; M. Flammarion nous apprend qu'il a joui d'une bonne atmosphère; quant à MM. Webb et Knobel, ils ont observé dans des conditions très-favo- rables. Mais, en supposant que ces deux circonstances, force des instruments et état de l'atmosphère, aient ici leur in- fluence, n'est-on pas en droit de se demander pourquoi celle-ci s'est exercée seulement, ou à un plus haut degré, sur l'ombre du 2'' satellite , et non sur celle du 5% qui lui ( m^ ) était contiguë? Il y aurait aussi à tenir compte de la nuance affectant la partie du disque planétaire sur laquelle se pro- jetait l'ombre; mais, sous ce rapport, tous les observateurs se trouvaient en réalité dans les mêmes conditions. On se demande encore si la petite tache ne peut va- rier réellement d'intensité pendant la durée d'un passage. Quoique digne d'attention, cette dernière hypothèse serait déplacée en présence des faits relatés dans cette note , puis- que, parmi les observations citées comme contradictoires, il en est plusieurs qui ont eu lieu simultanément (1). Il est utile de mentionner ici dt^ux remarques que j'ai faites à Louvain, en 1875, et que j'extrais de mes notes sur Jupiter pendant l'opposition de la présente année : Le 27 avril 1875, à 9^0"" [t. m. de Louvain), j'ai aperçu Tombre du 2*^ satellite qui effectuait son passage; elle était petite et faible, généralement assez pâle et grisâtre, mais, dans les moments de grande visibilité, elle paraissait noire. Dans un remarquable travail sur les ombres des satellites de Jupiter, M. Burton relate une observation analogue : « Le 5 octobre 1870, l'ombre du 2" satellite acquérait » son maximum d'obscurité quand l'image était très- » nette (2). » Le 29 mai 1875, de 9'^15'" à 9^25°^, j'ai observé l'ombre (1) Voici, en temps moyen de Greenwich, les heures données par les divers observateurs : Webb. . . . g^oO-a à \Q^^2^. Knobel . . . 8h50'»i el 10^. Flammarion. . 8^56™ à 10''23". Terby. . . . 8^57"! à 9^12™ et 9''o7™ à lOfalT"". (-2) Monlhly notices, vol. XXXV, décembre 1874, p. 66. « The shadow » of II on the pianet was blackest when the défi nil ion ^vas mosl » sieady. » ( S76 ) (lu 2*^ satellite sur la planète : grisâtre d'abord, elle devint plus noire à la fin de l'observation. Pendant ces deux passages de 1875, l'ombre du 2^ sa- tellite suivait une bande sombre qui servait de bordure à la calotte polaire septentrionale. Je me contenterai de soumettre ces faits à l'attention des observateurs; ils m'ont paru dignes de remarque; mais je ne chercherai pas, pour le moment, à les expli- quer d'une manière plus précise. Pour compléter l'histoire des passages du 25 mars 1875, j'ajouterai, en terminant, que le diamètre de l'ombre du 2'' satellite a paru à M. Webb plus petit que la moitié de celui de l'ombre voisine , et que cet astronome a reconnu facilement le 3"^ satellite dans le point noir f de mon dessin (1). — La classe se constitue ensuite en comité secret pour s'occuper de la discussion des titres des candidats présentés aux places vacantes, et pour la présentation de candida- tures supplémentaires, s'il y a lieu. — Elle s'est également occupée des préparatifs de la séance publique annuelle qui aura lieu, comme les années antérieures, le 16 décembre prochain. (1) Depuis la présentation de cette note, M. N.-E. Green a bien voulu me transmettre Tobservalion qu'il a faite le 25 mars 1874, à 10*^ SO"», t. m. de Greenwich, à Paide d'un réflecteur de 9 pouces et d'un grossisse- ment de ISO fois. L'ombre du '2" satellite y est moins sombre que celle du 3«, et le 3*^ satellite lui-même a paru presque aussi noir que l'ombre du :2<^. Mon point /'était bien le S*" satellite, d'après M. Green. ( 577 ) CLASSE DES LETTRES Séance du 8 novembre 1875. M. le baron Guillaume, directeur. iM. Ll\gre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Grandgagnage , J. Roulez, Paul Devaux, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R Chalon, Thonissen,Th. Juste, Alph. Wauters, E. de Laveleye, G. Nypels, Alph. Leroy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener, membres; J. Noletde Brauwere Van Steeland, Aug. Sche- 1er, Alph. Rivier, associés; Edm. Poullet, J. Heremans, Stan. Bormans, Gh. Piot, correspotidanls. M. Stas, membre, et M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur demande l'avis de l'Acadé- mie sur le vœu qui lui a été exprimé par le dernier jury du concours triennal de littérature dramatique en langue fran- çaise que le gouvernement examine la question de savoir s'il y a lieu de « subordonner encore la victoire à la corn- (378 ) position d'un sujet national, condition qui pour le genre de la comédie contemporaine , par exemple, est difficile à observer. Seulement à mérite égal la palme serait naturel- lement décernée à la pièce dont le motif appartiendrait en propre au pays. » La classe décide l'inscription de cette question à Tordre du jour de la prochaine séance. — M. le Ministre de l'intérieur fait connaître que la cin- quième période du concours triennal de littérature en lan- gue dramatique française sera close le 51 décembre pro- chain. II demande que la classe veuillebien lui faire parvenir, en temps utile, la liste double de présentation pour la com- position du jury chargé de juger cette période. La classe s'occupera de la formation de cette liste en même temps que de celle des jurys quinquennaux d'histoire nationale et des sciences morales et politiques inscrites à l'ordre du jour de la séance. — Le même haut fonctionnaire précité fait parvenir, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire du Car- tulaire de la commune de Couvin , recueilli et annoté par M.Stanislas Bormans, 1 vol. in-S". M. le baron Kervyn de Lettenhove présente à titre d'hommage de la part de M. Gachard, le tome I" de l'ou- vrage publié parce dernier dans la collection des chroni- ques de la Commission royale d'histoire, sous le titre de : La Bibliothèque nationale à Paris : Notices et extraits des manuscrits qui concernent l'histoire de Belgique , tome I", vol. in-4% M. G. Nypels offre la 7' livraison de l'ouvrage qu'il pu- blie sous le titre de : Le Code pénal belge interprété. In-8". ( 579 ) M. Rivier fait hommage d'un exemplaire de son discours [H'ononcé le il oclobre J875 à l'université de Bruxelles sous le litre de : Une nouvelle histoire du droit; br. in-8". M. J. Heremans présente une nouvelle livraison de l'ou- vrage qu'il publie sous le titre de : Werkcn Van Zuster Hadewijcfi, ï, gedichten 2*'" stuk. ln-8°. M. Slan. Bormans adresse la i""^ livraison de son livre intitulé : Les fiefs du comté de Namur (XII P et XIV'^ siè- cles). In-8°. M. Garcin de Tassy, de la Bibliothèque nationale , à Paris, envoie un exemplaire de sa revue : La langue et la littérature hindoustanies. In-8". M. Eug. Bernimolin, avocat à Liège, envoie un exem- plaire de son travail intitulé : L'école populaire et le ratio- nalisme contemporain. In-8°. La classe vote des remercîraents aux auteurs de ces dons. RAPPORTS. Antiquités de l'époque romaine découvertes à Assche ; par M. L. Galesloot. Rapport de n. Alph. IWautcwa, a Le travail ci-joint de M. Galesloot complète les com- munications intéressantes qu'il nous a adressées à plu- sieurs reprises sur des découvertes d'antiquités romaines effectuées aux environs de Bruxelles. Sa note contient en particulier de curieux détails sur le résultat des explora- ( 380 ) lions poursuivies, avec une constance très-louable, par M. Cricx, à Assche. Elle mentionne, notammant, de petites figurines en terre, représentant des chevaux; de nombreux débris de vases, où M. Cricx a lu des noms de potiers encore inconnus; un petit Mercure en bronze, et enfin, une statuette en argent, que M. Galesloot dit être d'un travail exquis. Ces découvertes, ainsi que la mise à jour de ves- tiges de chemins empierrés, établissent à Tévidence que le bourg d'Assche était important pendant la domination romaine. M. Galesloot, en terminant, tait connaître une inscrip- tion romaine, restée jusqu'ici inédite et que possédait le président Roose. Le hasard a lait tomber entre mes mains une partie des papiers de famille de ce célèbre homme d'État, qui élail aussi bibliophile et antiquaire. Dans le tré- sor en argent monnayé qu'il laissa à sa mort et qui était compris dans le lidéicommis institué par lui, figurent à plu- sieurs reprises des monnaies anciennes : « Twee antique goude stucken die moeten worden » gewegen om die weerde te kennen ende alhier gesup- » pleert worden. » « Item 40 antique stucken van munten van den ouden » tyt. » « Item 128 antique medaillien van zilver van de Romey- r> nen{\). » Roose, comme le dit M. Galesloot, avait reçu une partie de ses richesses en antiquités d'un autre magistrat, le con- seiller de Rrabant Georges Uwens, seigneur de Berchem- (1) Éiat des médailles et pièces d'or faisant partie du majorai, remis au nommé Catz par le conseiller et général de la iMonnaie, en date du 12 août 1708. Archives de la ville de Bruxelles. (381 ) Saint-Laurent, qui avait aussi le goût des livres et des médailles (1). Dans un manuscrit de la Bibliothèque royale, le 11" 19755-19756, on peut lire le testament par lequel Uwens, se trouvant sans enfants, disposa, le 51 mars 1645, de ses biens meubles et immeubles. Nous en extrayons les passages suivants où nous voyons que l'urne dont il est parlé dans la note ci-jointe provenait du bourgmestre Rockox, l'ami de Rubens, regardé, au commencement du XVJi^ siècle, « comme le premier antiquaire des Pays- Bas. » Il y est constaté de plus que le conseiller Uwens possédait, par don ou par achat, non-seulement des mé- dailles romaines, en or, en argent, en bronze, tant consu- laires que des empereurs, mais des médailles grecques, et d'autres antiquités, notamment deux têtes de marbre, dont l'une représentait Jules César. Les dispositions qui suivent, copiées dans le testament de Georges Uwens, nous apprennent en quelles mains passa ensuite cette collection inestimable. fi Le livre qui contient les armoiries de tous les cheva- » liers de l'ordre de la Toison d'Or, avecq quelques » pourtraits de ducqs et chefs dudict ordre, je laisse et » donne pour mémoire à monsieur le chef-président » (lequel j'ay tousjours honoré et aymé doiz ma jeunesse), » comme aussy un livre intitulé la Finance métallique et » un aultre livre intitulé le Vrais pourtraits des Roys de » France. Item laisse audict sieur président les médailles » qui ont appartenues au feu Archiducq Albert, un coffre » particulier, item les médailles de douzes premiers empe- » reurs très-curieusement faittes par le Padrian; item un » urne de marbre avecq son inscription, pièce très-rare, (1) Voyez V Histoire des environs de Bruxelles, 1. 1, p. 100. ( o82 ) » qui m'a esté donnée par feu monsieur Rockox, premier » antiquaire de nostre temps en ses pays. » A monsieur Laufin, chevalier, conseillier des conseils » d'eslat et privé de Sa Majesté, mon beau-frère, je laisse » la tasse d'argent dorée, embellie de belles médailles an- » ticques, à sçavoir des 24 premiers empereurs de Rome , » priant de la vouloir laisser à mon nepveu, le lieutenant D civil, son lîls aisné... » iMa bibliothèque (exceptez les livres dont j'ay desjà » disposé ou pouraye encor disposer) sera partagée par j> portions esgales entre mon frère le conseillier à Luxem- » bourg et le collège des pères jésuistesd'icy... les dicts pères » prendront mémoire et liste pertinente de tous les livres » qui seront venus de moy, comme aussy des médailles » antiques que je leur donne et laisse, j'entens toutes les 7) grecques, tant d'argent que cuivre, venues du cabinet, » de feu monsieur Rockoy (1 ) et par moy achaptées après 5) son trespas, item des autres 60 d'argent, romaines, et î> semblables 100 de cuivre, qui leur seront aussi données, » et donne par cette même disposition, à charge de rien » de tout ce que dict est, pouvoir donner, obliger, ny » vendre à jamais, soubz quelque prélext que ce soit, et » à peine de perdre ce légat et estre incontinent appre- » hendé par mon dict frère, ses enfants masles ou à leur » défaut par mon nepveu, le S"" Henry Florent Laurin, » lieutenant civil de Gand, obligeant ses dits pères, en cas » d'acceptation dudict légat de livres et médailles, dont » mon dict frère prendra acte et récépissé, de mettre à » tousjours mon pourlraict en leur bibliotecque, avecq » mes armoiries et devise comme benefacteur d'icelle, et (1) Rockox ( d85 ) » ce à peine que dessus, lequel pourtrait fait et tiré d'un » bon maistre leur sera donné endéans trois mois après » ma mort en chargeant de ce mon dit frère. B Mes autres médailles que j'ai fait achapter en la mai- » son mortuaire du dict feu S' Rockocx, vivant chevalier » et premier bourgmestre de la ville d'Anvers, et très-en- D tendu en matière d'anticquilé et médailles, à scavoir » toutes celles de cuivres et toultes celles d'argent, tant p empereurs que consulaires, exceptées les grecques dont j> j'ay disposez cy dessus, je laisse et donne à mon dit » nepveu, le S' Henry Florent Laurin, escuïer, priant de » les vouloir avoir en estimes pour estre un trésor fort » curieux en matière d'anticquité et autant rare qu'il y at p en ce Pays-Bas. D Pareillement je laisse aussy à mon dit nepveu quel- » ques petites urnes avec les lampes et les deux testes de » marbre dont l'une est asseurement de Jule César et une D statue de bronse aussi la teste Cléopâtre, luy défendant » bien expressément de vendre, donner ou obliger les dites D médailles ou aucunes des dites anticquités, soubs quel B prétexte que pourroit estre, mais ordonne et veux qu'il » les laisse toutes à son fils aisné qui ne serat d'église et » au défaut.des enfants masles à son frère Charles Renon, » luy défendant pareillement de les vendre, donner ou » obliger comme dit est, faisant la mesme défense aux D enfants masles du dict Henry Florent et aux enfants du D dict Renon, s'ils viennent onques audict Renon. » Mes médailles d'or anticques, au nombre de vingt et i> quattre,je laisse et donne à dame Marie de Pecque. ï> douarière de Reusve, dame de Tildoncq, comme aussy » touttes mes porcelaines (exceptés les deux éléphans) et p pareillement mon pourtraict, si ne luy ai donné devant ( 584 ) » ma mort, la priant de laisser après sa mort lesdictes » médailles à mademoiselle de Lesclatière, sa fille, à qui » je donne un grand grenadier et un myrlus, suppliant » l'une et l'autre de prier pour le repos de mon âme. » Mes autres restantes médailles, tant de cuivre que D d'argent, partie empereurs, partie consulaires (dont je » n'ay disposé sy devant), que j'ay ramassé l'espace de » plusieurs années, venants aucunes du cabinet du feu » prince de Chimay, autres du cabinet du l'eu marquis » d'Aytona, aussy fort belles et curieuses, je laisse à mon- » sieur De Bie, greffier des finances, mon cousin par » alliance , et au second fils de monsieur le conseillier » iMalineus, moitié par moitié... n Il y aurait un beau livre à écrire sur les collections litté- raires et artistiques qui ont existé dans nos Pays-Bas. Cette terre féconde ne s'est pas contenté de fournir aux lettres et aux arts de nombreux adeptes; il s'y est rencontré aussi, à toutes les époques, de patients et intelligents col- lectionneurs. En vain les guerres extérieures et les guerres civiles y ont détruit ou en ont fait fuir les belles toiles et les manuscrits précieux, en vain l'or de l'étranger y est venu profiler de nos moments de détresse et de nos heures d'indifférence, le culte des belles choses n'y a, jamais été abandonné, et dans ces temps difficiles où la Belgique avait à lutter à la fois contre ses voisins du Nord et ses voisins du Midi, c'était avec un soin pieux, avec une sollicitude pour ainsi dire paternelle, que Rockox, Uwens, Roose, entre autres, se transmettaient les plus belles de ces épa- ves de l'antiquité, remises en honneur par la renaissance des lettres. Sachons gré à M. Galesloot d'avoir appelé notre attention sur cette particularité intéressante. Je propose à la classe d'insérer sa note au Bulletin. • ( o85 ) Mtappofi do m. et*, fiot. « Le travail de M. Galesloot, relatif à des antiquités dé- couvertes près d'Assche, m'a été remis seulement samedi dernier. Je n'ai par conséquent pas eu le temps d'en faire un examen approfondi. Ce motif m'engage à présenter ici quelques observations concernant le point principal de la notice : la découverte des nombreuses figurines en terre de pipe représentant des cbevaux. C'est, à ma connaissance , le dépôt le plus considérable de ce genre qui ait été trouvé en Belgique. Jusqu'ici on en avait recueilli seulement des spécimens isolés dans des substructions romaines, par exemple à Elewyt, ou dans des tombeaux. Les Jahr bûcher des Vereins von Aller thumsfreunden mentionnent des figurines de chevaux appartenant à des collections d'antiquités dans les Pays-Bas (1). k Rome on en a également recueilli de terre cuite. Klemm, dans son Handbuch der germanischen Aller thiimskunde (p. 365), constate la découverte de figurines semblables à Prague et dans un tombeau renfermant des os calcinés appartenant à un enfant. Lui-même en possédait des exemplaires d'ar- gent. Dans les tombeaux païens les figurines de chevaux étaient des symboles funéraires, comme l'ont démontré MM. Schultzet l'abbé Cavedoni (2). Des tombeaux païens ces emblèmes passèrent au même titre dans les sépul- (1) Livraison VII, p. 61. (2) Bullel. archéol y 1840, p. 65; Osservat. sopra un sepult. etrusc, pp. 45, 55; BuUelino delV inslitul. di correspond. archeoL, 1848, p. 174; Annales de rinstil. archéol. 1847, pp. 218, 259. ( 586 ) tures chrétiennes, peut-être avec une signification diffé- rente (1). Toutes les figurines de chevaux n'avaient sans doute pas la même signification , ni la même destination. Tantôt elles servaient de symboles de nationalités, par exemple sur les monnaies, tantôt d'emblèmes funéraires sur les lampes sépulcrales et les vases, tantôt d'ex-voto. Les chevaux, vainqueurs dans les jeux des cirques, étaient honorés au point que leurs images figuraient sur les vases et dans les bas-reliefs. Leurs noms étaient également rappelés dans les inscriptions, dont Gruter reproduit un grand nombre (2). Rome renfermait aussi plusieurs figures de chevaux (5). Anciennement ils y servaient d'emblèmes, comme chez les Gaulois et les Germains. Ceux-ci les employaient pour les augures, ainsi que le démontre M. J'àhns dans son travail si remarquable intitulé : Ross uncl Reiter in Leben. uncl Spruche, Glaube iind Geschichte der Deutschen. Le grand nombre de ces figurines trouvées à Assche proviennent sans doute, dit M. Galesloot, d'un artisan de la localité, qui y débitait sa marchandise. Mais, ajoule-t-il, reste à savoir à quoi elles servirent. A mon avis c'étaient ou des symboles ou des ex-voto. Cette dernière hypothèse me semble avoir plus de vraisem- blance. Caylus constate en etïet l'emploi des figurines de chevaux à titre d'ex-voto par les campagnards romains (4). A la suite de sa notice, M. Galesloot mentionne une in- (1) Desbassyns de Richemoiil, Nouvelles études sur les catacombes rom.y p. 452; Krar.s, Die romischen katakombi n, p. 228. (2) Voir la liste de ers chevaux dans Oniuphii Pavinii, de ludis cir- censibus, lib. II. (3) Gv'jev'ius, Thésaurus antiquitatum, l. VII, p. 17S4. (4) Uecueil d'antiquités égyptiennes, étrusques , romaines et gauloises , l. Il, p. 321; t. VI, p. 287. ( .''87 ) scriplion romaine et une urne provenant de la collection numismatique de Pierre Roosc, président duconseil privé, mort le 27 février 1675. Cette collection, épave de celles formées en Belgique dès le commencement du XVh siècle, jouissait d'une grande réputation (1). Goltzius comptait dans les limites actuelles de la Belgique 110 collections semblables, dont 22 à Anvers et 25 à Bruxelles ; sur cha- cune d'elles il fournit des renseignements. A Bruxelles il cite les cabinets de Charles-Quint, de Philippe n,d'Éléo- nore d'Autriche, de Marie d'Autriche, de Christine, fille du roi de Danemark, d'Antoine Perrenot, de Lamoral d'Egmont et d'un grand nombre d'autres personnages importants, dont il indique les noms. Le cabinet d'Abra- ham Van Goerle, à Anvers, était, d'après le témoignage du professeur Vorstius, un des plus riches du XVP siècle. A cette époque le goût de la renaissance avait donné lieu à la formation de plusieurs collections artistiques d'une grande valeur. Chaque famille importante avait la sienne. De même que M. Wauters , j'ai l'honneur de proposer à la classe d'imprimer la notice de M. Galesloot. d Conformément aux conclusions favorables de ses deux commissaires, la classe décide l'impression de la notice de M. Galesloot au Bulletin. (1) Voir Hemelaers, Imperatorum romanorum numismata aurea ex- cellentissimi Caroli ducis Croyi et Arschotani, dont la troisième édition, qui a paru en 1654, mentionne 180 monnaies nouvelles recueillies par les soins de Nicolas Rococx. Albert Rubeus y ajouta un long commentaire explicalif à la demande de Gevartius. ( o88 ) ^otes biographiques sur Corneille Duplicius Scepperus; par M. P. Génard , archiviste de la ville d'Anvers. Rapport de M. fiachard. Corneille Scepperus, qui , dans le cours d'une longue carrière politique et diplomatique, ne cessa de mériter la confiance de Charles-Quint et de sa sœur la reine Marie, est appelé, par Sanderus, par Paquot et par d'autres écri- vains, Cornélius Duplicius Scepperus. Dans une notice présentée à la Compagnie il y a quelque trente ans (1), notre vénéré confrère M. le chanoine de Smet se demanda ce que signifiait le mot de Duplicius. Fallait-il y voir un prénom? C'était en vain que dans les Martyrologes les plus complets on cherchait un saint qui s'appelât ainsi. N'était-ce pas plutôt que les parents de Scepperus, ayant perdu un premier fils en bas âge, lui auraient donné le môme prénom de Corneille, en y ajou- tant l'épithète de second? M. de Smet n'attachait du reste que peu d'importance à cette conjecture. Un peu plus tard un autre de nos confrères, que nous avons malheureusement perdu, M. le baron de Saint-Gé- nois, fit insérer, au Messager des sciences et des arts de la Belgique (2), des Recherches sur le véritable nom, le lieu de naissance, la famille, etc., de Scepperus. Après y avoir établi que Scepperus avait lui-même pris le nom de Duplicius dans des lettres revêtues de sa signa- ture, et que nombre d'actes émanés de Ferdinand I"'" et de (1) Bulletins. I. X, S*^ partie, p. 67. (2) Tome XXIV. ( •)89 ) Charles-Qninl le lui donnaient aussi, M. de Saint-Gonois prenait à lâche de rechercher le nom patronymique du ministre de Charles-Quint. 11 admettait d'abord, avec Sanderus, que Scepperus, en flamand de Scipper, le marin, ou de Scepper^ le corsaire, n'était qu'un surnom ou un sobriquet qui avait été ap- pliqué à IVieul de Corneille, Jean, lequel s'était rendu fa- meux dans les guerres navales du règne de Philippe le Bon et était devenu vice-amiral de Flandre. Le fils de Jean avait fait usage de ce surnom , et Corneille avait suivi son exemple. « C'était assez la mode alors — disait M. de Saint- » Génois, — d'ajouter au nom propre un sobriquet, qui » passait ainsi dans la suite aux héritiers de celui qui p l'avait porté le premier. Les noms flamands provenant j> de sobriquets militaires existent encore en grand nombre » chez nous » Quant au nom patronymique de la famille, M. de Saint- Génois concluait en disant que le vice-amiral s'appelait « peut-être » DeDobbele, nom très-commun en Flandre et dont on aurait fait Diiplicius en le latinisant. M. Génard , conservateur des archives de la ville d'An- vers, qui a exhumé et mis en lumière tant de documents historiques intéressants restés enfouis dans cet important dépôt, y a récemment découvert des pièces qui, à son avis, changent en certitude la supposition de M. de Saint-Gé- nois. C'est la communication de ces pièces qui fait l'objet de la Notice envoyée par lui à la Compagnie. La première est une lettre, en français, écrite d'Anvers le 21 avril 1526, par Scepperus, au pensionnaire de cette ville Adrien Herbouts, pour lui annoncer qu'il va bientôt aller trouver l'Empereur en Espagne. Celte lettre est signée CoRMLLE Double, alias Sceppere. 2""^ SÉFUE, TOME XL. 38 ( 590 ) La deuxième est une lettre en latin, datée du 28 mai lo26, à Paris, où Scepperus annonce à son ami Herbouls son arrivée dans celle capitale et lui donne quelques nou- velles politiques. Celle-ci esl signée Cornélius Duplicius et au-dessous Scepperus. La troisième est une lettre, aussi en latin, que Scep- perus écrit à Herbouls, de Gènes, le 5 juillet 1527 : il l'y instruit du danger que le grand chancelier de l'Empereur (Gattinara) et lui ont couru en venant d'Espagne en Italie, les navires qui les portaient ayant été attaqués par des vaisseaux français de beaucoup supérieurs en nombre. Cette troisième lettre est signée Cornélius Dupl. et au- dessous Scepperus, eques , etc. Comme les deux précé- dentes, elle repose en original aux archives d'Anvers. M. Génard fait connaître, de plus, dans leur texte inté- gral, deux documents dont le même dépôt possède une copie. L'un est une patente en latin de Charles-Quint donnée à Manloue, le 17 avril 1550, par laquelle il commet Corné- lius DuPLicius Scepperus pour rechercher, dans l'Alle- magne et les Pays-Bas, les faux chrétiens [menlitos ac simulatos christianos) qui se disposaient à s'enfuir en Orient avec leurs biens, et les marchands qui fournissaient en secret des armes aux Turcs, saisir leurs personnes et leurs biens, et les livrer aux officiers et juges ordinaires des lieux où ils seraient pris, afin que ceux-ci instruisissent leurs procès : autorisant Scepperus à substituer des com- missaires, avec un pouvoir égal à celui qui hti était conféré, dans les provinces des Pays-Bas et de la Germanie où i! ne pourrait se rendre de sa personne. L'autre document esl un acte passé à Augsbourg, le 19 juillet 1550, devant le notaire Reyiengger, où Scep- ( 591 ) perus, qui s'y nomme et qualifie Cornélius Duplicius ScEPPERUs, EQUEs AURATus, clélèguc pouF Ics Pays-Bas Jean Vuystinck, d'Ulrecht. De ces faits et de ces documents il résulte, on ne sau- rait le contester, que Phomme d'État belge dont les succès diplomatiques nous ont été racontés dans un ample mé- moire de MM. de Saint-Génois et Yssel de Schepper (1), porta jusqu'en 1530 le nom de Double ou de Duplicius, c'est-à-dire celui de sa famille, en le faisant suivre du surnom de Scepperus. Quand abandonna-t-il ce nom, qui vraisemblablement lui parut trop plébéien, trop trivial, dans la position oii il se voyait élevé? Ce dut être fort peu de temps après : car nous avons, aux Arcbives du royaume, plusieurs lettres originales de lui à Charles-Quint, du mois de juin 1551, où il signe simplement Cornille Scepperus. Et, après cette époque, il ne prend ni on ne lui donne plus d'autre nom. J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion au Bul- letin de la Notice de M. Génard. Cette notice résout la question qui s'est élevée relativement au nom de famille de Scepperus; elle contient, en outre, des détails qui étaient ignorés sur les faits et gestes de ce personnage. Je conseillerais toutefois à M. Génard de revoir le pas- sage de son travail où il commente la patente du 17 août 1530, car il me semble qu'il a donné à cet acte de Charles- Quint une signification à quelques égards erronée. Selon lui les commissaires délégués par Scepperus auraient in- tenté des poursuites contre les principaux négociants des (1) Mémoires de l' Académie, l. XXX, année IbS") ( o92 ) Pays-Bas, et le magistrat d'Anvers aurait fait opposition à ces juges extraordinaires : or la patente statue, en termes exprès, ainsi qu'on l'aura remarqué, que les prévenus se- ront livrés aux officiers et juges ordinaires des lieux où ils auront été Sirrèlés^ et offîcialibus et judicibus ordinariis lo- corum in quibus capti fuerunt tradant. M. Génard, je crois, aura confondu la patente de 1350 avec des ordonnances de Charles-Quint et de la reine Marie concernant les juifs portugais qui, après avoir été contraints de recevoir le baptême, vinrent s'établir à Anvers. Cette patente n'était pas un acte destiné à prendre place dans la législation des Pays-Bas; on a vu qu'elle regardait l'Allemagne aussi bien que nos provinces : c'était une mesure temporaire, qui avait spécialement pour but d'empêcher que les Ottomans, contre lesquels la chrétienté avait en ce moment à soutenir une guerre terrible, ne reçussent des secours des ennemis de la foi répandus dans les États héréditaires de l'Empe- reur et dans l'Empire romain. Nous ne trouvons nulle part de renseignements sur l'exécution qui lui fui donnée et les effets qu'elle eut : il est assez probable que ceux-ci furent de peu de conséquence. Rappot't de .ff. le bat*ott Refvyn de l^etlenhore. « Deux de nos honorables confrères, l'un dont nous avons vivement regretté la perte prématurée, l'autre que nous espérons conserver encore longtemps malgré l'âge qui n'a point ralenti ses travaux, MM. de Saint-Génois et De Smet, ont consacré à Scepperus des notices où ils ont fait ressortir avec intérêt ses nombreux services et les divers inciflentsde sa longue carrière diplomatique. Quelques doutes subsistaient sur le nom porté par Scep- ( 593 ) perus. M. Génard, archiviste de la ville d'Anvers, dont les érudiles recherches ont à plusieurs reprises fixé l'attention delà classe, à réussi à les lever par des documents authenti- ques qui de plus ajoutent quelques détails importants à ce que nous savions déjà de la biographie de Scepperus. Je ne saurais mieux faire que de me rallier aux observations pré- sentées par mon savant confrère M. Gachard et de pro- poser également l'insertion au Bulletin de la notice de M. Génard. » Mtappoi't tic .n. Alph. Wattlet's. urûani marmoream cui inscriptio (1) : D. M. C PONTIUS SODALIS JULIA CAMPANA OLL.IE. II. « Quam urnam, cum parte numismatum, teslaraento » mihi legavit Georgius Uwens, regius in consilio Bra- » banliae senator (2), mihi à praetexla Lovanii percarus, » ob virtutem. » Comme il arrivait ordinairement, le fidéicommis in- stitué par le président Roose donna lieu à un grand procès entres ses descendants (5). J'ignore si ceux qui existent encore sont restés possesseurs de cette urne antique. Le tumulus de Saventhem. — Un autre renseignement puisé aux Archives du royaume concerne la tombe ro- maine de Saventhem dont l'ouverture , tout au commen- cement du seizième siècle , excita si vivement la curiosité publique. Cet intéressant monum.ent a donné lieu à plus d'une publication. M. le conseiller Schuermans, qui s'en (1) Celte inscription n'est pas dans le Recueil de Gruterius. Je ne sais si elle l'est dans celui de Graevius ou dans d'autres de l'espèce. (2) Il fui nommé conseiller au conseil de Brabanl, en 1621 , et mourut à Bruxelles , le 29 septembre 1645, a Tàge de 58 ans. Son épitaphe se irouvail dans le chœur de l'église abbatiale de Coudenberg. {Voy. le Théâtre sacré de Brabanl, t. I", p. 2'22. ) (3) En 1750 Ce procès fut plaidé devant le conseil de Brabaut. Il néces- sita l'impression du testament de Pierre Roose (38 pages in-folio). Ce document est précédé d'une généalogie. A la fin on trouve les noms des parties en cause. (Archives du conseil de Brabant.) ( 601 ) est occupé le dernier (I), à propos d'un article qui a paru en Allemagne, a fait suivre ses remarques critiques d'une note bibliographique, ou comme il le dit, de l'indication de la litléralure du tumulus. Le sujet paraissait donc épuisé, quand il m'est venu à l'idée de consulter les registres aux contrats passés devant les échevins de Savenlhem. J'y ai trouvé un renseignement qui peut avoir de l'utilité pour éclaircir le débat soulevé relativement à la date de l'ouverture, ou plutôt du nivellement du vaste tertre. Il résulte de ces registres que ce fut le 6 septembre 1504 que Renier Cleerhage, l'explorateur, acquit la terre sur laquelle il s'élevait. Elle est indiquée dans l'acte de vente sous le nom Aen die tomme. Le vendeur était Henri Estor, seigneur de Grand-Bigard , issu d'une vieille souche bra- bançonne. Le champ de la tombe [tomvelt) est encore désigné ainsi à Saventhem. Il est situé non loin de l'église, près d'une vallée et contre un chemin large et profond qui conduit à la chaussée de Louvain. Nul doute que le per- sonnage dont la cendre reposait sous ce mausolée agreste, de plus de cinquante pieds de haut, n'habitât une villa dans l'endroit qui, sous la période franque apparemment, reçut le nom énigma tique de Saventhem (2). Les tuiles romaines abondent dans le voisinage et la contrée était certainement très-habitée, comme le prouve d'abord l'im- portant établissement d'Elewyt. A Melsbroeck , qui est plus près, il y avait une belle villa, à en juger par ses vestiges. Des Francs s'y étaient établis. (1) Bull, des Comm. d'art et d'arch., t. XIII, pp. 25-41. (Juin 1873), (2) Ce nom a peu varié. {Voy. l'Histoire des environs de Bruxelles, par Alpli . Waulers , t. III , p. 154. ) ( 602 ) Notes biographiques concernant Corneille Duplicius Scepperus; par M. P. Génai d , archiviste de la ville d'Anvers. Deux membres de l'Académie royale de Belgique, M. le chanoine J.-J. De Smet et l'eu M. le baron Jules de Saint- Génois, qni se sont occupés de la biographie de l'ancien diplomate belge Corneille Duplicius Scepperus, oni fait des recherches inutiles pour découvrir le véritable nom de ce personnage célèbre. Une dissertation publiée par M. le chanoine De Smet, dans le tome X, 2*^^ partie, des Bulletins de l'Académie ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BELGIQUE, Ct intitulée : Note sur quelques particularités relatives à Cor- neille Scepperus, vice-chancelier du Roi de Danemarck, Christian H, contient à ce sujet ce qui suit : « Dans les livres que nous avons de l'illustre vice-chan- j> celier de Christierne II et dans l'épitaphe qui orne sa » tombe, nous ne lui trouvons que le prénom unique de » Corneille; comment lui serait venu celui de Duplicius î> (si c'est toutefois un prénom) que lui donnent à la fois » Sanderus, Paquot et bien d'autres encore? Ou aurait » beau feuilleter les martyrologes les plus complets, celui » d'Usnard, par exemple, avec les auctaria si anjples du » P. Du Sollier, pour rencontrer un saint du nom du Dupli- jt dus. Il conviendrait toutefois admirablement à un diplo- » mate, puisque ce titre même a sa racine dans rjnrxôsij D duplex ou versipcllis et ({u'un croit assez com:nunémenl r> que les agents politiques des puissances emploient bien ( 603 ) » peu le mot propre. Mais dans cette supposition on n'au- 9 rail pu donner qu'après coup un nom pareil à notre 9 diplomate et Tun ou l'autre de ses savants amis, tel que » le caustique Erasme, nous en eût dit apparenmient » quelque chose. 11 est encore aujourd'hui des parents qui, » ayant perdu un (ils en bas âge, donnent son prénom à » un enfant qui vient à leur naître plus tard, en y ajou- » tant l'épithète de second; ne serait-ce pas un motif sem- » blable qui a valu à Corneille de Sceppere le singulier » surnom de Duplicius? Cette conjecture est à la vérité » bien légère, mais la question elle-même heureusement » a fort peu de gravité. » M. le baron de Saint-Génois combat l'opinion de M. le chanoine De Smet dans ses Recherches sur le véritable nom, le lieu de naissance^ la famille et les armoiries, la sépul- ture et les écrits de Corneille de Schepper, dit Scepperus, insérées dans le tome XXIV du Messager des sciences et des arts de la Belgique : « Comme pour beaucoup de grands hommes des temps » anciens, dit M. de Saint-Génois, on ne sait pas même » au juste quel était le véritable nom de famille de l'habile j> et infatigable négociateur que nous trouvons, pendant i> plus de trente ans, voyageant nuit et jour, traitant des » affaires sans nombre, minutant la plus volumineuse des » correspondances, arpentant toutes les grandes routes de D l'Europe comme un véritable courrier de cabinet, allant D tantôt en Autriche, tantôt en Turquie, tantôt en Suisse » ou en Italie, tantôt encore en France, en Espagne, en » Pologne, en Angleterre et surtout en Allemagne pour j compte de quatre tètes couronnées, célèbres à plus d'un » titre. La question de son véritable nom nous offre assez » d'intérêt pour que nous nous y arrêtions un instant. ( 604 ) » M. le chanoine De Smet traite cette question briève- B ment dans la notice qu'il a consacrée à Scepperus, dans D les Bulletins de l'Académie royale de Belgique. D II y examine la signification de ce singulier prénom » de Duplicius, que nous voyons accolé au nom de ce D diplomate. Dans son opinion, ce prénom équivaudrait D au mot secundus, et ne lui aurait été donné que parce D qu'il était le fils puîné de son père. » Jl va plus loin et croit que son frère aîné s'appelait i> aussi Cornille et qu'après sa mort, notre Cornille j> aurait pris le surnom de Duplicius^ comme si on avait D x'oulu désigner par là qu'il était le 2^ Cornille de la 3> famille. M. De Smet ajoute que ce nom ne lui a été donné » que par Sanderus et quelques autres biographes, mais » que Scepperus ne le prit point lui-même. » Contrairement à l'assertion de notre savant confrère, » nous avons de nombreuses preuves que le mot Dupli- î> dus faisait partie de son nom propre, que lui-même » l'employait dans sa signature, et que Ferdinand I et j> Charles-Quint l'ajoutaient la plupart du temps à son nom » dans les actes et les lettres où il est question de lui; j) nous citerons entre autres la correspondance de Charles- » Quint, publiée par Lanz, et le recueil édité par Von D Gevai sous le titre de Urkunden und Aclenstucke , con- » cernant les ambassades du roi des Romains à Constan- » tinople, où le mot Duplicius est souvent joint au nom de » notre ambassadeur. Nous avouons cependant que Cor- » nille est le seul de celte famille que nous ayons trouvé » affublé du prénom de Duplicius. Quoi qu'il en soit, nous » dirons avec M. De Smet, que ce point onomastique n'a D pas heureusement d'importance absolue. » Sanderus le prétend issu de l'ancienne et noble famille ( m ) 9 des Duplicii, qu'on a voulu faire dcsceinlre, dil-il, des » coinles de Flandre; de façon que Scepperus ne serait i> qu'un surnom, « quasi agnomentum a gente naulica, » avo ejus Joanni Duplicis datum. » » Admettant avec Sanderus que Scepperus ou De Scep- j> per ne serait qu'un sobriquet, nous avons dit ailleurs » que le vrai nom de notre Cornille pourrait bien avoir » été De Dobbele, nom qui était très-commun en Flandre. » Le grand-père de Cornille Scepperus,cité sous le nom » de Jean Duplicius, par Sanderus, s'était rendu célèbre de » son temps par la part qu'il avait prise aux guerres navales D sous Philippe-Ie-Bon contre les Anglais et le duc de » Glocester. Il avait aussi combattu sur terre contre les » Français. En récompense de ses services, if obtint la » dignité de vice-amiral de Flandre. » Sa profession de marin lui aura attiré, d'après San- » derus, le sobriquet de De Schipper (le marin), ou peut- » être même celui de De Schepper (le corsaire). Car, D comme beaucoup de nos marins de celte époque, Jean D Duplicius se sera distingué comme corsaire en faisant » la cbasse aux Anglais, et en écumant la mer au profit du » duc de Bourgogne. » C'était assez la mode alors d'ajouter au nom propre > un sobriquet qui passait ainsi dans la suite aux héritiers i> de celui qui l'avait porté le premier. Les noms flamands, D provenant de sobriquets militaires, existent encore en » grand nombre chez nous ; nous citerons ceux de Brise- D maille^ Brisetête, Klincspoor , Lanczweert ^ Langer ock^ D Onge7iae, Pylyzer, Spanoghe, Stauthamer, Tayspere et » Yzerbyter. Le fils du vice-amiral de Flandre aura » ajouté à son nom de Duplicius ou de Dobbele , le sobri- ï quet donné à son père, et rien d'étonnant que son 2"'*' SÉHIE, Ï0>1E XL. 59 ( 606 ) > pelit-fils Cornille ait continué à le porter dans la suite. » Nous donnons du reste, dans l'absence de toute preuve » positive, cette conjecture pour ce qu'elle vaut, et nous » concluons en disant que le vice-amiral s'appelait peut- » être De Dobbele, que sa profession le fit surnommer > De Schipper (le marin) ou De Schepper (le corsaire) et » que le nom propre réel de notre ambassadeur était » Duplicius^ forme latinisée du nom flamand De Dob- » bêle. » La dernière supposition faite par le Baron de Saint- Génois semble se vérifier. En etTet, il résulte d'une lettre conservée aux archives d'Anvers et datée de cette ville du 2! avril 1526, que notre diplomate signait du nom de : Cornille Double alias Sceppere. Yoici cette pièce intéressante, relative au procès inlenlé par le magistrat à Diego de Vaille, frère de l'amman d'Anvers (1), et qui est comme un jalon dans la biographie du secrétaire de Charles-Quint : A Monsieur maistre Adrien (Herbouts), pensionnaire de la ville d'Anvers. Monsieur le Pensionnaire, Je me recommande de bon cueur à vous, faisant sçavoir que j'ai inicntion de me mestre en chemin vers l'empereur, mou maistre, de brief. Par quoy je vous prie vouloir dépesccr l'instruction et les lettres de crédence au plus tost, aflin que je m'en puisse aller. En ce faisant, me ferez chose agréable, (1) Toutes les pièces concernanl cet imporlanl procès ont été insérées (l«ns le Bulletin des Archives d'Anvers, t. VII , pp i46 el suiv. (607) laquelle vers vous selon mon povoir déservirai. Et à tant je prie à Nostre Seigneur vous donner bonne vie et longue. Et dictes s'il vous plaist à mon serviteur combien il me fauldra encores ici demourer, car depuis que j'ai entreprins la bcsoigne je ne la veulx point de ma part délaisser. Escript en Anvers ce XXI"'* d'avril, l'an XV"= XXVI. Le vostre bon ami, CoRXiLLe Double alias Sceppere. Une lettre flamande également conservée aux archives d'Anvers et datée de Grenade du 28 septembre 1526, porte la même signature. Il nous semble donc que la ques- tion soulevée au sujet du véritable nom du diplomate belge doit être considérée comme résolue. Nous venons de voir que le 21 avril 1526, Scepperus se trouvait à Anvers. Une série de lettres conservées aux archives de cette ville permet en quelque sorte d'indiquer les étapes du voyage qu'à cette époque il fit en Espagne. Le 5 mai, il fut à Malines; le 28 du même mois on le retrouve à Paris, d'où il adressa au pensionnaire d'Anvers, Adrien Herbouts, une lettre que nous croyons devoir reproduire, puisqu'elle contient quelques renseignements concernant les affaires politiques qui, à cette époque, agi- taient l'Europe. Clarissimo Domino Hadriano Herboo, Penslonario oppidi Antverpiensis , nieo tanquam fratri charissimo. S. Honorabiliset magnifiée Domine. Postexhibitionem obse- quiorum meorum XXVII" die mensis Maii, Lutetiam adveni salvus et incolumis; inde recta iturus in llyspanias et cnraUi- rus négocia vestra. Quod ad res novas pcrlinet, Rex Francns ( 608 ) adlîuc agit in Vasconibiis Congiaci. Ad hune venit Hugo a Moncada cum prorege neapolitano. Hic aiunt bellum futurum, quod omen ulinam falsura sit. Sane negant ducatum Bur- gundiae restiiutum iri; scd oninia adhuc dubia sunt. Mirum quod animavcrint hos homines Angli quos profecto arbilrantur parlibus suis nentiquam defuluros. Scribam ad D. tuam fré- quenter ex itinere; interea eadeni me Magistratui eonimen- dabit audactcrque pollicebilur me nihil operae praetermissu- rum esseinobeundis earum rerum negociisquasmihicommisit. Lutetiae Parisiorum XXVIII" die mensis Maii,annoM.D. XXVI*. Tuus ex animo. Cornélius Duplicius Scepperus. Le 28 septembre Scepperus était à Grenade; il y était encore le 7 décembre. Le 5 des calendes de juillet (o juil- let) de l'année suivante, il était à Gênes, ville d'où il adressa à Herbouts la lettre que voici : Ornatissimo viro D. Hadriano Hylherio , oppidi Antverpien- sis PensionariOj amico tanquam fratri syncere dilecto, S. ORNATISSIME VIR , Jam toties scripsi ad te, ut pudeat iterum reiterare; si qui- dem nihil unquam a te litlerarum accepi — id quod non reor culpa tua usu venisse, sed ipsorum vel nebulonum quibus nego- ciura id commissum fuit — ego lum ex parte mea nihil praeter- misi quod ad splendorem vestrum attinet; cujus rei,cura meliorem adducere nequeam, lestem habeo Dominum supre- mum Cancellarium. Forsitan neque omnino ignoramus quid vos ab ollicio aver- icrit. Quod qualecumque est, isque qualiscumque est, sane vos viros, ut reor, non bonos modo, sed et jirudentes decipere ( 609 ) aut avcrtcrc non clcbuit. Quicqiiid id est, ego sanc non desi- nam, quacumqiie in parte de vobis bene mereri. Supremus Dominus Cancellarius atquc ego hcri Genuam applicuimus, conflictu habito in mari cuni sedccira triremibus francicis, pugnaviniusque boris septem, cum solum très nobis trirèmes adessent, cum myoparone uno quem .Bergantinum vocant; sed hune, cum triginta viris, Galli ex nobis cepere. Nos vero sani evasimus, paucis ex nobis vuhieratis, pervenirausque in portum sinum qui ditionisest Genuensium, ab coque postritlie profeeti, niissis ad nos sex aliis triremibus a duce Genuensium, Illustri Antonio Jo. Adurno, Genuam pervenimus incolumes. Id quod ideo tibi significare volui, ut si quid sit quod in rem vestram efïicere queam, vobis persuadere possilis nibilo me permotum esse diulurno vestro silentio; id quod nuilius alte- rius rei gralia scribo quam ut testimonium euloginmque hoc apud te reliaquam studii mei atquc benevolentiaeerga vos. Cni tamelsi ne litteris quidem respondere dignali estis, nolui tum ego ofïicio meo déesse. Bene vnic. Ex Genua, V Kalendas Julias anno Domini M.D. XXVII». Tuus ut solet, Cornélius Dupl. Scepperus, eques, etc. Dans leur Mémoire sur les missions diplomatiques de Corneille Duplicius de Schepper, inséré dans le tome XXX des Mémoires de l'Acadé-uie royale des sciences, des let- tres ET des beaux-arts DE BELGIQUE, MM. le baroH J. de Sainl-Genois et (i. A Yssel de Schepper attribuent au confident de Charles-Quint un rôle de conciliateur dans les affaires religieuses de celte époque. Ils assurent qu'avant de rédiger la fameuse confession d'Augsbourg, Melanchton avait eu une conférence préalable avec lui et Valdez, un autre secrétaire de Tempereur, qui, tous de\^x attachaient une grande importance à son opinion. ( 6i0 ) Les savants auteurs que nous venons de citer, semblent ignorer que vers cette époque, le 17 avril 1530, l'empe- reur Charles-Quint, par lettres datées de Mantoue, confia à Scepperus les fonctions de commissaire suprême pour la poursuite des soi-disant nouveaux chrétiens ou Juifs baptisés de Portugal ,* accusés d'apostasie , d'intelligence avec les Turcs ennemis de l'empereur, et, par suite, du crime de lèse-majesté. Le diplôme était contre-signe par le même Valdez auquel MM. de Saint-Génois et Yssel de Schepper ont fait allusion. De par l'empereur, Scepperus avait le privilège de nommer un nombre indéfini de sous-commissaires. Le 19 juillet 1530, par acte notarié passé à Augsbourg, il institua Jean Vuystinck d'Utrecht, comme sous-délégué pour les Pays-Bas. Nos dépôts publics contiennent de nombreux dossiers relatifs aux poursuites souvent arbi- traires dirigées par ces délégués contre les principaux négociants établis en nos contrées, poursuites qui se terminaient ordinairement par la mise à la rançon des accusés. Nous ferons connaître dans le Bulletin des Ar- chives d'Anvers y l'opposition du magistrat de cette ville à ces juges extraordinaires, qui prétendaient que les privi- lèges de la commune ne devaient pas être respectés, puis- que le crime de « judaïser » n'était pas prévu dans la Joyeuse entrée des ducs de Bradant j et devait consé- quemment être jugé, non point par nos échevins, mais par des commissaires spéciaux envoyés par l'empereur (1). Pour le moment nous transcrivons en entier les actes concernant les nominations de Scepperus et de Vuystinck , ces pièces présentant un intérêt exceptionnel, tant pour la (1) Extrail d'une requèle du magistrat d'Anvers à l'empereur. ( 611 ) biographie du secrétaire de Charles V que pour l'histoire de notre pays (1) : De commissie van Scepperus aengaende de nieuive kerstenm comende van Portugal ende van die die lien souden willen transporteven in Turckyen. \s ivoMiiVE DoMiNi Amex. Novcriiit unîversi hoc praesens pn- bliciim instrumentum visuri, lecluri seu audiluri, quod anno n Nalivitate Ejusdem millesimo quingentesimo Iricesirao, in- dictione lercia, die niensis JuHi décima nona,hora circiter uii- decimam anle meridiem, pontificatus Sanclissimi in Christo Patris et Domini Domini Nostri Cleinenlis, Divina Providentia Papae septimi anno septimo, in mci Notarii publici testium- que infrascriptonim, ad hoc speciaUter vocatoruni et rogalo- riini, praesencia, personahler constitutus magnificiis et spec- labilis Dominus Cornélius Duplicius Scepperus, Eques auratus, Sacralissimique et Potentissimi Principis et Domini Domini Caroli, ejus nominis quinti, Divina favente clemencia Romano- l'um Imperatoris semper Aiigusti, Germaniae, Hispaniarum, ulriusque Sicilliae, Jherusalem, etc. Régis, Archiducis Aus- Iriae, Ducis Bourgundiae et Galliae Belgicae Domini, etc , Cle- mentissimi Domini Nostri Consiliarius et Secretarius, habuit et lenuit in suis manibus unum qnoddam mandatum in per- gameno conscriptum,manu praefati Sacratissimi Caesaris signa- tnm, et ejusdem Sacratissimae Majeslalis sigillo Imperii ex cera rubra, in capsulam cerae flavae impresso, dependente, sigilla- tum, cujus quidem mandati ténor sequitur et est talis : « Carolus quintus, Augustus, Divina favente clemencia, Romanorum Imperalor, ac Germaniae, Hispaniarum, utriusque (1) Fail remarquable, à l'époque où l'empereur Charles V signa cet éclil contre les nouveaux chrétiens, le pape Clémenl VII, par l'intermé- diaire (le son légal, le cardinal Benoit de Accollis, admit dans ses Élats les Juifs, les Turcs et tous les peuples orientaux. ( 612 ) Sicilliae, Hierusalem, iiisularum Baiearium Fortunatarumque et noyi orbis Indiarum, etc. Rex, Arcliidux Aus(riac,Diix Biir- gundiae et Galliae Belgicac Dominus, etc. Cum audiaiiius quani plures Cristiariam religionera simulantes Cristianosque sub Cristiana specie atque habitu decipientes, parliiii, collectis rébus suis omnibus atque etiam alienis,fugam in Orientem et ad Turcarum aliorumque boslium Cristianae fidei dominia et terras parare, partim, occasionem commodiorem lemporis ex- pectantes, in dominiis terrisque lam Imperii (juani Galliae Bel- gicac Germaniaeque heredilariis Noslris dcgere,alios etiam ad frequenlanda comraercia et coëmenda quae eis ex usu viden- tur, quaeque poslca transmiltant vcl secum ferant, ad eadeni dominia jNostra fréquenter commigrare, subditos Xostros deci- pientes, facultatibus spoliare bisque bostes fidei Nostrae et Nos- iros clandestine et apcrte eliam juvare, quo sic melius ipsi tandem ad dictas terras boslium Cristianae fidei et Noslros commigrare cl se cum suis omnibus conferre possint, prout multi eorum jam fccerunt niercatore , etiam qujosdam arma offensiva ad cosdem Turcas secreto mittere, nostraque intersit in hujusmodi mentitos Christianos mercatore^que, qui arma offensiva transmittunt, animadvertere cosque meritis poenis aflicere et punire, probibereque ne Nostram ditionem ac sub- ditos facultatibus spolient bisque bostes Nostros juvent, de fide, industria atque dexleritale spectabilis, fidclis, 'Sohïs di- lecti CoRNELii DuPLicii ScEPPERi. Consiliarii et Secretarii Noslri plurimum confisi, eumdem Commissarium Nostrum ad eam rem elegimus , crcavimus ac deputavimus, ac tenore praesen- tium eligimus, crcamus ac dcputamus, cum facullale ac poles- tate uninn vel plures Commissarium vel Commissarios ido- neos,tamen iihi ipse personaliter his exeqtiendis {nteressc nequiveril, loco sui suhstiluendi, suhrogandi ac snbdelegandi, qui similem aut alias limilatam habeant poUstaiem ut, vi ar nomine Xoslro, et lanquam Xoster in hac parte Commissa- rius aut Commissurii in quuscumque \oslrae ac Romani Imperii ditionis ac dominiorum Nostrorum Galliae Belgicae ( 615 ) et Gcrwaniae partes se conférant , al(iiie hujusinodi inciilitos ac siimiliitos Chrislianos, alios cliaiii inoi'calorcs arma offcnsiva ad ïurcas mittcntcs eorumque incrccs ac hona mobilia et im- mobilia, si qunc illos liahere coniii;(Mit et qiiacuinque ca fucrint, iibivis i:çentiijiii repcrlos et reperta, capiaiit seii capi ne earceri- bus detineri faciaiit, et oftîcialibus ae judicibus ordinariis loco- riim in quibus capti luerint, Iradanl, ut, in cos sumniaric pro- cedendo, processus forment, instruant, décidant et expeditam justiciam , et, si casus id exigere videattir, causa cognita et juslicia praevia etiam usque ad ultimum supplicium ethujus- modi bonoruni con/iscalioneni procédant et procedi faciant, atque alia omiiia et siiigula exequanlnr qiiae in pracniissis et circa ()racmissa necessaria visa fuerint; mandantes et serio praeeipienles quibuseiinique locum lenenlibus.Giibernatoribus et Olïîeiariis Noslris, tani mediatis quam immediatis,seu eorimi Jocum tenentibiis, in Romano Imperio et aliis dominiis ae pro- vinciis Nostris lieredilariis, tam in Italia scilieet quam in Gal- lia Belgiea et Germania, inslitutis vel inslituendis, quoeum- que nomine nuneupatis et quavis fungantur dignilate, oflîcio vel auctorilate, atque universiset singulis Principibus tam, ec- elesiaslicis quam seeularibus, Ducibus,i\Iarcionibus, Comitibus, Baronibus, Militibus, Capitaneis, Tribunalibus quoque genera- libus et parlicuiaribus, Consiliariis, Regentibus, Potestatibus, Burgimagistris, Consulibus ceterisque Magislralibus quarura- cumque provinciarum, civitaturn, opj)idorum, Jocorum et ter- rarum alque aliis quibutcumque Nostris et Romani Imperii subditis, (juocumque nomine nuneupatis et cujuseuraque status, dignitatis aut condilionis fuerint, ut quotiescumque ab ipso CoRNELio, Conrmissario Nostro, aut a Commissariis ab eo siib- delegandis aut deputandis, admoniti, et his litteris Nostris aut earum auclenlico exemplari requisili fuerint, hujusmodi reos eapiant, deliiieanl et arreslent scu capi, detineri et arreslari fa- eiant ; videlicet tam personas eteorpora praefatorum ementito- rum Cbrislianorum et ad Turcas iter parantium,ae eorum qui melioremoccasionem eo conferendi se ex[;ectantes,inter Chris- ( 614) tianos et subditos Nostros, sub habitu et spocie christiana, in doiiiiniis Iraperii et Galliae Belgicae Gerraaniaeque, heredita- riis Nostris, degunt vel degere comperti fuerint, aut ad ea do- niinia, specie ut supra, coëmpturi res necessarias, occulte se conferunt merca tores, etiam eos qui arma offensiva ad diclos ïurcas transmittere comperti fuerint, quam bona, tam mobiiia quam imraobilia, si quae illos habere contigeritet quaccumque ea fuerint, et merces taliter deiinquentium subditosque Nos- tros fraudanlium ; quas quidem merces et bona Nobis expositum est illos sub falsis insigniis extrahere solitos, sarcinas etiam niercatorum quorumcumque signissignatas, de quibus légitima informatio erit, quod in eis praefalorum emenlitorum Cbristia- norumbona contineantur, quae tam diu teneantur, donec con- sliterit certo ad quos pertineant et quorum sint, utque etiam illi mercatores,qui talia bona aliquando sub suis marcis et signis foras misère aut mittere comperti sunt, desuper via juris re- quirantur coganturque deponere et teslificari veritatem, quid et quantum sciant, et bona. apud se deposita vel commissa, pan- dere et in raanus judicum assignare, ubieumque inveniantur et capi poterunt, et nullo pacto relaxent, donec de hujusmodi dtlictis alque excessibus constito débite ministretur justicia, declareturque quid de hujusmodi personis et bonis sic de- lentis jure praevio sit statuendum et alias ab bis qui, ut prae- mittitur,capientur, omnibus mediis legitimisetajure permissis Veritas erualur et passim ab eis intelligatur, etiam per ques- lionem, si justiciae et indiciorum qualitales id exigere videan- lur, quid inter se dosignavcrint, quosque hujusmodi conspi- rationis socios habuerint, qui ejus rei fuerint conseil et, bis habitis, in alios quoque meritis poenis animadverli possit, bona autem ita adjudicata serventur et custodiantur fideliler et in- tègre, eodem in loco ubi sentencia contra illos prolata erit, neque ad cujusque arbilrium aut voluntatem dimoveantur aut distrahanlur, donec et quousque, alio Nostro mandato, quid de illis fieri mandaverimus apparuerit. Et cum hoc, per universum Romanuin Im})crium ac dominia Nostra hcredifarin Galliae Bel- (615 ) gicae cl Germanicic vl Ilaliac, ut pracmilliliir, excqui debeanl, volumus, decernimus et jnboimis ul liis litteris, vel carum auc- tentico excmplari.ab omnibus et ubiquc parcatur et obediatur, non obslantibus salvis-eonduclibus, indultis , litteris passagii et quibuscumque aliis permissionibus, per ipsos falsos et enien- titos Cristianos, sub Cbristianitatis colore, aut alios praedictos (raudulenter, subrepticie et obreptive impelratis et quovis praelextu ab eisdein allegato concessis, ac omnibus aliis in contrarium facientibus, cessanlibus quibuscumque, quibus omnibus et singulis, pro bac vice tantum, derogamus et de- rogatum esse volumus, harum testimonio lilterarum, manu Nostra subscriplarum et sigilli Noslri Caesarei appensione mu- nitarura. Datum Mantuae, die XVIP mensis Aprilis, anno Do- mini millesimo quingentesimo tricesimo, ImperiiNostri decimo, aliorumque Regnorum decimo quinto. (Signât mn) Carolus. El super plicam : Ad mandatum Caesareae et Catholicae Màjestatis proprium. Alph. Valdesius. Et a tergo : Recepta. Obernburger. Cujus quidem mandati sive commissionis vigore, praefatus niagnificus Dominus Cornélius, ut Commissarius in bac parte generalis, cum in omnibus se praesentem adesse, aut omnia ea se praesentem obire quae in ipso raandalo continenlur, non posse diceret, sibisubstituitacsubdelegavit, ac tenore praesen- tium substituit ac subdelegat, cum poteslate per ipsum subdele- gatumel subcommissarium etiam subdelegandi et subslituendi unum vel plures, cum eadem poteslate, subcommissarium vel subcommissarios, aut subdelegalum vel subdelegatos, si casus id exigere videatur, in mei Notarii pnblici testiumque infra- scriptorum praesentia, honestum virum Johannem Vuvstinck, . ^ 610 ) (le Trajecto, tanqiiam suum in hae parle veruni-, legitiimim et indubitatiim subcoinniissarium et subdelegatum , per totiini Romanum Imperium et ubiqiie locoriiiii, prout in mandato conlinetur; ita tamen quod sibi liberiiin relinqui petit alios cadem potestate substitnere, iinmn vel plures, quorum subsli- lutio cl subdelcgatio praesenti subslitutioni non derogelur, reservans etiam sibi liberam revocalioneni quandocumque sibi visum fueril vel cxpedire judicavcrit, in quos quidem subcom- inissarios et subdelegatos suo ; cl eorum queinlil)et ])Otestatem plenariam ea omnia et singula faciendi et exequendi, irans- tulit et traiisfudit et, leiiore praesentium, transfert et trans- l'undit, quani ipse vi praefati mandati sive commissionis a Sa- eralissima Caesarea et Catboliea Majeslate accepit ; hoe tamen caulo et expresso, quod, ubi primum ab iisdem snbcommissa- riis et subdelegalis, aut eorum quolibet, aliquid realiter et cum effeclu contra reos, nomine ut in mandato, altcntatum vel exequulum fuerit, teneanlnr et obligenturadeum, tanquam ad Commissarium in hae parte generalcm, actionuni suarum rationes referre, eum(iue de omnibus et singulis suis actiscertio- rcm reddere, voluntatemque et decretnm ipsius expectare,qua tamen expectalionc non obstante, interea libère possint contra caplos aut detentos, aut bona et merces, nomine ut supra arreslatas, juridice proeedere seu procedi facere, etiam usquc ad dilTinitivam sentenliam ; quibus omnibus ut supra eautis, praefalum Joannem VuvsTinNCK prosuo vero, Icgiltimo et indu- bilato subcommissario et subdelegato, cum potestate plenaria omnia et singula exequendi, ut supra baberi petit, omnemque ci fidem adbiberi, assistenliam favoiemque impendi quae sibi, ut in hae parte Commissario generali, ex Sacralissimae Caesa- reae Majestafis jussu et mandalo adhiberctur et impenderetur; in eujus quidem subcommissionis, siibdelegationis et transfu- sionis per eum in j;raefatam per.-onam factae fidcm, robur el testimonium, praefatus magnificus Dominus Cornélius, Com- missarius generalis, a me Xolario publico infrascriplo, tanquam persona auctentica'et fide digna, rogavit, petiit et rcquisivit (617) uniim aut pliira, lot quoi forent nrccssarin, publicum scu pu- blica cdi alqucconUci in-.lrunicnlum aut inslriinicnta. Acla siint liacc Augustac Vindelicorum, in acdibus Jacobi Rcylcnggcr, cjiis oppidi civis, anno, indiclione, mcnsc, die, hora et |)ontiru'atu qiiil)iis siipra, pracsenlibus ibidem Matthia SiMMERMAN, clerico Treverensis et Cu.vno (?) Algoet, clerico Tornacensis diocesis, leslibus ad praemissa rogatis atque requisilis. Sic signatum : Alexander Cii. W. Sic subseriptum : El quia ego Alexander .... (sic) ab Herborn, Treverensis diocesis, supradictae Sacratissimae Caesarae et Catbolicae Ma- jestatis Seeretarius ordinarius, pubh'cus Apostolica aucloritate Notarius, praediclae substitulioni, subdelegalioni, poteslatis dationi et reservationi, omnibusque aliis et singuiis, dum sic fièrent et agerentur, una cum praenominatis testibus praesens interfui eaque omnia et singula sic fieri vidi et audivi, ideo hoc praesens publicum instrumentum, manu alterius fideliter scriptum, evinde confeci et pubiicavi, signoque, noraine et cognomine meis solitis et consuetis signavi et subscripsi, in fidem et lestimoniuni omnium et singulorum praemissorura, rogalus et requisitus. Recogniliim cum originali instrumento per me J. DE Keyser (1). Corneille Diiplicius Scepperiis qui, comme nous l'avons vu, était constamment en relation avec le magistrat d'An- (I) Jean de Keyser remplissait, à cotte époque, les fonctions de secré- taire d'ADver.ç. ( 618 ) vers, revint dans cette ville, vers 1556. D'après le témoi- gnage de plusieurs auteurs, il y mourut le 28 mars de cette année, âgé d'un peu plus de 52 ans. M. Alphonse Le Roy donne lecture d'une notice biogra- phique sur Adolphe Borgnet, membre de la classe, décédé à Liège le 15 février dernier. La classe vole des remercîments à M. Le Roy pour cette lecture; elle décide, en même temps, l'impression de celle- ci dans le prochain Annuaire de la compagnie. Cette notice sera accompagnée du portrait du défunt. Vu l'heure avancée, la continuation de la lecture de M. Piot Sur la diplomatie concernant les affaires maritimes des Pays-Bas vers le milieu du XVP siècle jusqu'à la trêve de Vaiicelle, est remise à la séance du mois de décembre qui aura lieu le lundi 6. M. Alph. Rivier est également iuvscrit à l'ordre du jour de cette séance pour une lecture portant pour titre : Les méthodes au XVP siècle. Jean de Drosay, ( 619 ) CLASSE DES BEArX-ARTS. Séance du 4 novembre 1875. M. Alph. Balat, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Al vin, L. Gallait, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert,Ad.Samuel,wïem6res;Éd.de Biefve, correspondant. M. Chalon, membre., et M. Ch. Piot, correspondant de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. J.-P. Colfs, de Bruxelles, exprime par écrit le désir de pouvoir disposer du grand vestibule des académies pour y exposer une découverte archéologique relative à l'art architectural. La classe confirme la réponse faite déjà à ce sujet par M. le secrétaire perpétuel à M. Colfs : « que l'Académie ne se prononcera naturellement qu'après avoir pris cou- ( 620 ) naissance de la découverte de Tauleur, si celui-ci la lui communique. » M. le secrétaire perpétuel annonce que la commission nommée pour examiner s'il y a lieu d'appliquer l'article 17 du nouveau règlement des grands concours au profit du projet-copie de restauration du temple de Vesta à Rome, par M. Dieltiens, s'est réunie le vendredi 29 octobre der- nier, à 5 heures, au local de l'Académie. La commission, après examen des quatre plans du pro- jet-copie, a reconnu que cette œuvre rentre dans la caté- gorie des travaux prescrits aux lauréats des grands concours pendant leur séjour à l'étranger. Elle a décidé, en même temps, qu'il y a lieu d'accorder une rémunération à l'artiste; elle prend cette décision en faisant ses réserves au sujet des idées de M. Dieltiens au point de vue de la restauration du monument, et en consi- dération du mérite et de la bonne exécution de son projet. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1876. La classe a arrêté de la manière suivante son pro- gramme de concours pour l'année 1876 : IS1IJET§> E,ITTÉ:nAIRES. PREMIÈRE QUESTION. Rechercher les origines de l'école musicale belge. Démon- trer jusqu'à quel point les plus anciens maîtres de cette ( C2I ) école se rattachent aux décliantcurs français et anglais du Xlt, du XIII et du XV siècle. DEUXIÈME QUESTION. Faire r/iistoire de la céramique au point de vue de l'art dans nos provinces, depuis Vépociue romaine jusqu'au XVIV siècle, TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'école de gravure sous Rubens. Donner un aperçu historique sur les édileurs des pro- duits de cette école et sur l'exploitation commerciale con- temporaine qui fut faite de ces gravures dans tous les pays. QUATRIÈME QUESTION. Déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVP et du XV ir siècle. Indiquer les édifices des Pays- Bas dans lesquels ces caractères se rencontrent. Donner l'analyse de ces édifices. La valeur des médailles d'or, présentées comme prix pour chacune de ces questions, est de mille /ra^îcs pour la première et pour la quatrième, et de huit cents francs pour la deuxième et pour la troisième. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doivent être lisiblement écrits et peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, avant le \'' juin 1876, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie, place du Musée, 1. Les auieurs ne mettront pas leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. 2""^ SÉRIE, TOME XL. 40 [ 6n ) Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours, L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations; elle exige, à cet effet, que les concurrents in- diquent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement. Les planches manuscrites seront seules admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils ont droit à recevoir cent exemplaires particuliers de leur travail. Ils ont, en outre, la faculté de faire tirer des exem- plaires supplémentaires en payant à l'imprimeur une indem- nité de quatre centimes par feuille. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais , en s'ad ressaut, à cet effet, au secré- taire perpétuel. .«iirjETS D'AUT APPLIQUÉ. MUSIQUE. On demande la composition d'une messe solennelle^ à quatre voix mixtes, pour le jour de Pâques, avec la prose ViCTFMiE Paschali et l'offertoire du jour. Le compositeur tâchera de ne pas dépasser la durée normale du service religieux. La messe devra être entièrement inédite. (i^i.l ) ARCFIITECTIJRE. L'Académie demande un projet de pont monumental, en pierre, à placer sur un fleuve de iOO mètres de largeur. Les concurrents pourront faire emploi de statues, de niches, de galeries et d'arcs de triomphe. Le projet comprendra les abords du pont, avec rampes décorées conduisant au (leuve. Les artistes produiront le plan, la coupe et l'élévation à l'échelle de 1 centimètre pour i mètre. Les partitions et les plans devront être remis au secré- tariat de l'Académie avant le 1" septembre 1876. Un prix de mille francs, attribué à chacun des sujets précités, sera décerné à l'auteur de l'œuvre couronnée. L'Académie n'acceptera que des travaux complètement achevés, tant sous le rapport de l'exécution que du tracé graphique. Le manuscrit de la partition musicale et une reproduc- tion du projet d'architecture deviendront la propriété de l'Académie. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. ( 624 ) COAJMUNICATIONS ET LECTURES. Particularités inédites concernant les œuvres musicales de Gossec et de Philidor; par M. Cli. Piot, correspon- dant de la classe des lettres. Malgré les critiques amères, dirigées contre l'opéra par le sire de Saint-Evremont et par Voltaire, ce genre de spectacle, que défendait si vivement Dufresny, était com- plètement à la mode dès le XYIP siècle. 11 en fallait par- tout, peu importe le style, fût-il italien, français ou allemand. L'Allemagne elle-même ne put résister au cou- rant. Berlin, Manheim, Dresde, Dusseldorf et d'autres grandes villes de l'empire germanique avaient des théâ- tres d'opéras français. Né en Italie pendant le XVP siècle, l'opéra passa en France, de là aux Pays-Bas, où il fut pendant la seconde moitié du XVHP, le principal amusement du public. Bruxelles, comme la province , avait son opéra flamand et son opéra français (1). (1) Burney , The stat. of miisic, t. I, p. 152. Les coridilioiis imposées aux sujelsaltachés à l'opéra flamand étaient plus dures queceJles de la troupe française. Voici les obligations que Vitzthumh voulut imposer à M'i"^ J. Borremans, chanleuse à l'opéra flamand : 1» 11 n'y a ni aura jamais dans l'opéra flamand aucun emploi déterminé; eu conséquence chaque artiste devra renjplir les rôles qu'il lui assignera; 2o Personne ne pourra se dispenser de chanter dans les chœurs, ni de paraître sur la scène française, toutes les fois qu'il en sera requis; ô» On observera rigoureusement le costume prescrit par le directeur pour les spectacles flamands et français (Lettre du 29 février 1776;. ( C2:; ) Le lliéàlre français de Bruxelles, fréquenté par le gou- verneur général elsa cour, Pélite de l'aiislocratie du pays el les hauts fonctionnaires de l'Etat, s'était acquis une grande réputation à l'étranger. On le considérait généralement comme une des principales scènes de l'Europe, après celle de Paris. Burney constate que la salle était une des plus élégantes au nord des Alpes (l). Par suite d'une bonne entente, Compain , excellent chanteur, et Vilzthumb, musicien célèbre, étaient parvenus à imprimer une direc- tion convenable au goût des Bruxellois. Afin d'y parvenir mieux encore, et dans le but de faire augmenter les re- cettes, ils voulaient produire du nouveau. Compain reçut, à cet effet, la mission d'aller à Paris engager de bons chanteurs, d'y acheter les partitions des opéras d'élite et les meilleures comédies à la mode. Pen- dant son séjour en cette ville, il eut une correspondance très-suivie avec Franck , secrétaire attaché à la personne du prince de Starhemberg, ministre plénipotentiaire de l'impératrice-reine aux Pays-Bas autrichiens, et spéciale- ment chargé de surveiller le théâtre. Nous avons puisé dans celte correspondance et dans celle qu'il eut avec Vitzthumb un grand nombre de ren- seignements concernant les compositeurs d'opéras établis dans la capitale de la France et des pièces représentées aux théâtres de cette ville. Dans cette notice nous parle- rons seulement de Gossec el de Philidor. Au mois de février 1774 Compain était à Paris fure- tant partout, liant connaissance avec les artistes les plus distingués et les compositeurs les plus en vogue. Précisé- (1) Burney, /. c, p. 22 ( m ) ment à son arrivée on donnait à l'opéra la première repré- sentation (22 février 1774), d'nne œuvre nouvelle de Gossec, compositeur célèbre établi à Paris et né à Ver- gnies, commune appartenant actuellement à la Belgique- C'était son grand opéra intitulé Sabiniis. Compain assista à cette représentation et admira le style vigoureux et puis- sant du créateur de la symphonie en France. Par l'intro- duction d'instruments non encore employés dans l'orches- tration , Gossec parvint plus tard à modilier complètement la musique de l'opéra. De l'avis de Compain, la partition de Sabinus était délicieuse; mais le libretto était détes- table, sans liaison aucune. « Il n'a pas, conlinue-t-il, le » sens commun. De sorte que cet opéra ne fera pas à » M. Gossec tout l'honneur qu'il mérite. » Le corres- pondant de Franck admirait les ballets et les costumes de la pièce et particulièrement la mise en scène du troisième acte. Quant aux acteurs, ils laissaient, selon lui, beau- coup à désirer. Nous le comprenons. Au lieu de chanter, les artistes criaient à tue-tète , pensant par ce moyen pro- duire un grand elfet et dominer complètement l'orchestre. A cette époque c'était une manie générale , dont nous rendrons compte dans la suite. Le peu de mots écrits par Compain au sujet de Sabinus suffisaient pour exciter l'enthousiasme de Vitzthumb. Il voulait absolument faire la connaissance de la partition de cet opéra , se souciant très-peu de la médiocrité du poème. De la Place, poète et écrivain français, qualifié par Quérard de fécond et des plus médiocres du XVIU' siècle, était à cette époque le factotum littéraire de la scène de Bruxelles. Il s'était engagé à introduire dans le libretto de Sabinus les changements jugés nécessaires par Vitz- thumb, grand amateur de modifications dans les poèmes et la musique des opéras qu'il dirigeait. ( 627 ) Loin (le partager cet enlhousiasme , Compain jugea la pièce peu convenable pour la scène de Bruxelles, malgré le mérite incontestable de la partition. « Quelque belle » que soit la musique de cet opéra, dit-il, il ne nous » produira rien. iMais j'attends que M. Gossec, ainsi qu'il j> me l'a promis, m'indique un jour pour aller chez lui le I prier de nous vendre les opéras non joués ou non p gravés qu'il peut avoir en son portefeuille (1). » Vitz- thumb insistait. Mais l'opéra n'était pas gravé, et Gossec avait annoncé à Compain qu'à l'avenir le burin ne repro- duirait plus ses œuvres, si ce n'est par souscription. On avait aussi supprimé à Paris un des actes. Au lieu de cinq il n'y en avait plus que quatre. C'est en effet, selon les biographes de Gossec, un opéra en trois ou quatre actes. Le cinquième leur semble inconnu. « Je vous préviens, » ajoutait Compain en faisant part de cette suppression, » qu'il n'y a ni queue, ni tète à présent. Je vous envoie » le poëme dont M. Gossec m'a fait cadeau et tel qu'il a » été joué chez le roi. » Toutes ces objections tombaient devant la volonté de Yitzthumb. Il voulait posséder la partition primitive de Sabinus. Cependant la pièce n'a jamais paru sur la scène de Bruxelles, si nous devons nous en rapporter exclusive- ment au Calalofjue des pièces qu'il est permis de repré- senter sur les théâtres des Pays-Bas autrichiens jusqu'à ce jour 12 avril 1788. Pendant qu'il s'opposait de tout son pouvoir à l'acqui- sition de Sabinus, Compain proposait celle de Périgourdin, opéra burlesque en un acte , composé par Gossec pour le (1) Lellre adressée à Franck le 5 mars 1774. ( 628 ) prince de Conti , qui l'avait nommé son directeur de mu- sique, et joué seulement chez lui. Cette pièce, dont Hédouin (1), un des biographes les plus consciencieux de Gossec, ne fait pas mention, était sur le point d'être représentée aux Italiens, lorsqu'au moment de la répé- tition une difficulté obligea le compositeur à la retirer. « Il veut, dit Compain, nous en rendre propriétaire » moyennant 40 louis d'or. Je l'ai prié d'attendre que » j'eusse consulté M. Vitzthumb. Ayez la bonté de m'en- » voyer des instructions à cet égard. Il voulait 50 louis. » Je l'ai prié de nous traiter en gens à talents. Et il m'a » dit que sa prétention seroit de 40 louis. Ainsi c'est à » prendre ou à laisser (2). » Ce prix paraissait encore trop élevé, et le projet -de monter le Périgourdin fut aban- donné comme celui de représenter Sabiniis. La fille de Compain, qui avait assisté à la représentation de la pre- mière de ces pièces, l'avait déclarée mauvaise (3). Il fallait cependant du neuf. A cet effet les directeurs du spectacle de Bruxelles s'entendirent avec un poète français , nommé Plein- chesne, ancien capitaine d'infanterie, dont le véritable nom était Roger-Timolhée Regnard de Pleinchesne. Ce personnage, sur lequel Quérard fournit des renseigne- ments très-incomplets, était auteur de quelques pièces dramatiques (4). A Paris il suivait les théâtres, où il jii- (1) Hédouin, Mosaïque, peintres^ musiciens^ littérateurs , artistes dramatiques. (2) Lettre du 9 mars 1774. (5) Lettre de Compain à Franck du 14 mars 1774. (4) France littéraire, t. VII, p. 200, où se trouve une liste de ses œuvres, qui peut être complétée au moyen de la correspondance que nous avons sous les yeux. Celle-ci mentionne : 1» Le malentendu , comédie ( 629 ) geait les partitions et les poëmes avec une certaine pré- tention. Comment était-il entré en relation avec les direc- teurs de la scène de Bruxelles? Nous l'ignorons. Ce fut sans doute par suite de la rencontre qu'il avait faite de Compain, dans l'un des salons de Paris. Il fit pour notre théâtre une pièce intitulée Bcrthe, comédie héroï-pasto- rale en trois actes et en vers, mêlée d'ariettes. Le librctto, imprimé à Bruxelles en 1774, indique Philidor et Gossec à litre d'auteurs de la musique. Ce qui n'est pas tout à fait exact; nous le ferons voir plus loin. Cet opéra, dont nous n'avons pas pu trouver la parti- tion, n'est indiqué nulle part par les biographes de ces deux artistes. Le sujet en a été emprunté au roman de Berte ans grans pies, composé par un Belge, Adenès Li Rois, après l'année 1275 (1). Aussi peu historien que poète, Pleinchesne fait remonter, dans son Avant-Propos, ce poème au XI*" siècle. Il fut composé, ajoute-t-il, par un nommé Leroy d'Adenaise et dédié à Jean Tristan, troisième fils du roi Saint-Louis, mort à Tunis en 1270. Ces contradictions de dates ne lui semblaient nullement choquantes. Elles ne le gênaient en aucune façon dans la préface. française clans le genre italien en 5 actes, jouée à la comédie italienne; 2° La vérité, comédie en deux actes, écrite à la louange du roi et de la reine; S» Le prince Tiri, id., 4° Le fanfaron, id. ; 5" Le B tiré, opéra comique, sujet emprunté au comte Menom par Voltaire; 6° L'épreuve de Maricoux, opéra comique; 7° L'heureux engagement, opéra co- mique en un acte; 8° Le bon médecin, opéra comique en 5 actes (Lettre du 23 avril 1773, adressée par Pleinchesne à Vitzthumb). (1) Voir à ce sujet notre Notice intitulée : Fragment d'un poème fla- mand inédit, imité de Li romans de Berte aus grands pies (Bulletin DE l'Académie royale de Belgique , 2^ série ). ( 650 ) Le libretlo, au débit froid et glacial , sans combinaisons dramatiques, sans intrigue aucune, fut remis par l'auteur à Gossec pour en faire la musique. Une comaiande sem- blable ne devait guère flatter l'artiste. Il avait à faire à un poëte, sur lequel Phiiidor avait prononcé condamna- lion en le qualifiant d'homme sans ordre. Il devait s'inspi- rer d'un poëme, sans poésie, parsemé de vers très-singu- liers, comme par exemple les suivants : Raimond, peut-on donner ce qui n'est pas à soi? Pour vous parler votre langage , Des maux, dont je vous deuil, je sens le désarroi. Tous deux même torture en ce tems nous partage. Pleinchesne se plaignit, il est vrai, dans une lettre adressée à Vitzlhumb (25 avril 1775) des changements portés à son libretto. « Par le plus grand hasard du » monde, dit-il, il m'est tombé entre les mains, en route, » un imprimé de Berthe, daté de Bruxelles, que je n'ai » pas reconnu pour être votre ouvrage, ni le mien. On y a » tellement massacré, défiguré, anéanti à plaisir mon » dialogue, dont on a si bien ôté toute chaleur et tout » inlérest, qu'il m'a soulevé moi-même à sa lecture, et )) que je ne peux pas croire que cette pièce, dans cet état, » pût obtenir une seule représentation sur un théâtre, D comme le vôtre. » Selon Yitzthnmb, la faute devait en être rejetée sur la censure, dont les ciseaux l'avaient forcé à faire des changements (i). Ce n'étaient pas les seuls. L'auteur en introduisit à son tour, lorsque son travail avait déjà été remis à Gossec. Toutes ces modifications (1) Voir plus loin, dans les correspondances la lettre de Vitzthumb à Pleinchesne du 11 mai 1775. ( 651 ) paraissent avoir singulièrement contrarié l'artiste. (îossec traînait; il ne finissait pas l'ouvrage. Lorsque Pleinchesne lui écrivit pour le [)rier d'achever la partition, Gossec vint le trouver. « Vous connoissez, dit Pleinchesne, sa simpli- » cité, son honnesleté et sa modestie, Il m'a l'ait observer D qu'il était chargé de travaux; que ce qu'il avoit lait jadis » dans Berlhe ne pouvoil pas servir; que la musique » depuis ce temps avoit fait beaucoup et de très-grands » progrès en France; que le genre étoit changé; que » moi-mérne j'avois l'ait beaucoup de changements dans » mes paroles; que le tems étoit trop court; et qu'il a eu » beaucoup de peine à se rendre et à s'en charger. En tin » à l'orce de le solliciter, je Fai déterminé, et vous trou- » verez ci-joint sa soumission et les conditions qu'il y a » mises (1). » Quelques jours plus tard (22 août 1774) il écrivit de nouveau à Compain. Selon lui Gossec, occupé à composer la partition deBerthe, avait envie de se rendre à Bruxelles, où il se proposait de l'aire exécuter dans l'église Sainte- Gudule, au 2 novembre, jour des Trépassés, sa célèbre (1) Lettre du 18 août 1774. Voici ces conditions écrites pour Plein- chesne et signées de la main de Gossec : Je soussigné, m'engage et promets à MM. les directeurs du spectacle de Bruxelles, de mettre en musique le poëme de Topera de Berthe , paroles de M. Pleinchesne, moyennant la somme de douze cent livres, dont 600 livres me seront paies sur-le-champ à la réception du présent enga- gement, sans compter mes frais de voyage, si je suis nécessaire pour l'exécution de la pièce; me réservant la propriété totale de ma musique tant pour la gravure, que pour le parti que je pourrai en tirer vis-à-vis de tout autre spectacle que celui de Bruxelles. Je m'engage de plus à fournir la partition entière, et les parties simples et les rôles à part, le tout d'ici au premier octobre. Fait et convenu avec M. Pleinchesne, chargé de ce traité par MM. les directeurs de Bruxelles. — A Paris 17 aoust 1774. Gossec. ( 632 ) messe de Requiem. « Je suis même occupé , ajoute-t-il , à j> déterminer mon ami Richer, que vous connaissez cer- » tainement et qui sans contredit est l'homme du royaume » qui chante le mieux, à être des nôtres à faire ce voyage » pour chanter son rôle (sic) dans la messe de Gossec, » pour venir à nos répétitions, pour donner quelques » leçons à vos chanteurs dans leur rôle de Rerthe, enfin » pour donner, lui-même avec Gossec, quelque concert D de bénéfice, qui le dédommage de son déplacement. » Aucun de ces heaux projets ne devait se réaliser. Plein- chesne écrivit le 28 août 1774 : Gossec m'est venu dire « que l'ouvrage était plus considérable qu'il ne l'avait j) cru, et qu'il étoit tellement surchargé d'autre besoigne » àne pouvoir terminer son travail au jour convenu. » Le poëte engogea finalement Gossec à continuer la partition, en lui proposant d'en charger un second compositeur, de diminuer le nombre des morceaux et de les abréger. A cet effet il frappa à toutes les portes. « J'ai fait, dit-il , des pas, ï> des démarches, des suppliques vis-à-vis des trois ou » quatre de nos amphions (sic) qui tous ont fait les diffi- » ciles et les renchéris, me demandant des sommes. Enfin î> par un chef-d'œuvre de mon génie et de mon bon génie, » je suis parvenu à faire exécuter cette entreprise par » Gossec et notre ami Philidor, que j'ai accroché, ser- » moné , persuadé, piqué d'honneur, et enfin mis à la » besoigne, Dieu merci! le tout conformément à la sou- j) mission que je vous ai envoyée de Gossec, qui dans la » vérité n'est pas chère. Ils sont convenus de partager » les 25 louis, que Gossec vous a demandés d'avance , » qu'il attend et qui , probablement sont en chemin. » En un mot ils mettent en communauté tous les béné- » fices et toutes les charges. J'ai réduit les morceaux de » musique à 18. Chacun en a pris 9, le morceau d'en- ( 655 ) i> semble et cinq ariettes. Gossec ne me paroît pas aussi » anlhousiasmé de cette association que Pliilidor et moi. » A la réception de cetle nouvelle combinaison , les direc- teurs du théâtre de Bruxelles demeurèrent aussi froids que Gossec. Jls comprenaient, sans doute, ce qu'il y avait de singulier dans la position de deux compositeurs ayant chacun leur style et travaillant ensemble à un même opéra. A peine répondirent-ils aux lettres si pressantes et si nombreuses de Pleinchesne. Ils ne s'adressèrent pas même, par écrit, aux deux compositeurs, pour ratifier la convention, les remercier ou les engager au travail. La f)ièce était destinée à embellir la fête du 12 décembre, anniversaire de la naissance du prince Charles de Lorraine, et jour de Gala à la cour. Cette fête devait être célébrée en 1774 avec plus d'éclat que d'habitude, à cause du séjour de l'archiduc Maximilien à Bruxelles. D'après le programme les deux princes assisteraient à la messe ; en- suite ils recevraient les compliments des ministres et de l'aristocratie. Puis ils iraient dîner chez le ministre pléni- potentiaire, se rendraient au spectacle du grand théâtre, à l'issue duquel ils iraient souper chez le comte de Mas- laing, grand écuyer de la cour. Tout le monde comptait sur Berlhe pour la solennité. Le jour tant désiré appro- chait et rien n'était prêt pour l'opéra. Philidor, atteint d'un accès de goutte, n'avait pas pu travailler. Dès le mois de juillet il avait proposé de remettre le libretto à Blanchi, compositeur de mérite, qui se serait fait un plaisir d'y travailler (i). De son côté, Gossec, peu disposé à se sacrifier, ne fit pas grand'chose, et songea à se faire aider par un tiers dans la composition. (1) Lettre du 50 juillet 1774. ( (oU ) « Ils ont pris, dit Pieinchesne, un musicien pour aide, B qui est un jeune homme plein de zèle, de talents et de » docilité. Il joint à ces qualités essentielles celle d'être » aimable, d'avoir une jolie figure et dans le fait une » basse-taille fort agréable. » Ce jeune compositeur était Bolson , artiste sur lequel nous n'avons pu recueillir aucun détail dans les biographies des musiciens. De l'aveu de Gossec il avait fait le tiers de la partition (1). Celle-ci parvint successivement par fragments aux direc- teurs du théâtre de Bruxelles. A la fin de décembre elle n'était pas encore complète. Rien n'avançait. Impatients de ces retards, les directeurs de la scène de Bruxelles firent prendre des informations. Le Fuel de Méricourt, auteur dramatique et rédacteur du Nouveau spectateur, leur fit connaître les causes jusqu'ici impénétrables de cette len- teur. Pieinchesne ayant touché, chez l'abbé Niccoli,les sommes dues aux compositeurs, en avait complètement perdu mémoire, malheur assez fréquent chez les poètes parisiens de cette époque. Selon de Méricourt , Gossec se plaignait de n'avoir rien reçu, pas même de lettre, et faisait prier Vitzlhumb de distinguer sa musique de celle de Botson (27 décembre 1774). La lettre de Méricourt fut une révélation pour Yitz- thumb. Sans retard il en écrivit à Gossec et à Philidor pour leur faire ses excuses et leur dénoncer la mauvaise foi de Pieinchesne (5 janvier 1775). A Gossec il recom- manda de vouloir engager Philidor à terminer l'ouverture de Berthe, au sujet de laquelle il lui écrirait après la première représentation « pour vous complimenter ainsi » que M. Philidor sur la musique, que j'ai trouvée char- (1) Lettre du 19 janvier 1775. ( 655 T> mante. » Dans sa réponse Philidor enlrelinl son cor- respondant d'une pièce nouvelle, dont il avait fait la musique, et intitulée les Wiémois ou les feintes in/ldé' lifés. « Si, dit-il, la première représenta-tion se passe, » selon mes désirs, je vous en enverrai une partition sur- » le-champ aux conditions convenues entre M. Compain » et moi. J'espère beaucoup de cette pièce, le poème étant » à faire rire aux larmes et du bon faiseur, c'est-à-dire de » Sodaine. Point d'embarras, tant pour les décorations » que pour les comparses. Car il n y a que 6 acteurs en » tout, et tous les rôles presque aussi bons les uns que » les autres. Je vous réitère tous mes remercîments pour D les soins et toutes les peines que vous voulez bien j> prendre pour mes ouvrages et pour ma réputation D (13 janvier 1775) (1). » (I) Voici ce-que nous lisons dans une lettre de Le Fuel de Méricourt adressée à Vitzthurnb du 21 au 30 mars i775 : on vient enfin de donner aux Italiens les Rhémois sous le nom des Femmes vengées. J'ai eu l'hon- neur de vous en parler, Monsieur; mais elle a eu encore un plus grand succès que je me l'étais imaginé, et ce succès ne peut être momentané. Sur le ihéâlre il n'est point de pièce plus gaie et d'un meilleur comique. Tous les gens , même qui n'aiment pas M. Philidor, trouvent que c'est un chef-d'œuvre, et qu'il n'existe point de musique plus chantante. J'aurois désiré qu'il vous l'eùl envoyée. Mais il a été piqué de n'avoir point reçu les 15 louis qui lui sont dus. 11 part demain pour l'Angleterre, où il restera 5 à 6 mois, et à son retour il la fera graver. Je lui ai dit que je vous écrirai et il m'a laissé le maître de vous la faire copier à ces conditions : Pour copie 2 louis 48 liv. Pour le prix dont on est convenu ...... 240 — El 15 louis qui lui sont dus 221 — 509 liv. La pièce dure i heure et VV Si elle vous plaît , écrivez-moi un mot, et je donnerai ce qu'il faut à W Philidor. ( 656 ) La réponse de Gossec fut plus intéressante. Il annonça à Yitzthumb qu'il avait, il est vrai, renoncé à tous les honoraires et comptait en faire cadeau à Pleinchesne, qui s'en défendit beaucoup; mais certaines circonstances le forçaient dans ce moment d'accepter la somme dont on lui était redevable. Il finissait sa lettre en faisant connaître à Yitzthumb les morceaux de Berthe, dont il avait com- posé la musique. Ces morceaux sont les suivants : i" L'ariette du 1" acte, scène 1 : Dans la prière Chaque malin. 2" L'ariette du même acte, scène VI Onc des yeux on n'a vu 3° L'air du 2' acte , scène III : Brillante aurore d'un beau jour , ' Fleur de lys, perle d'Amour. Primitivement le poème portait , comme l'assure Gossec luisante aurore. 4° L'ariette du même acte , scène V : Que j'admire Le délire, 3° L'ariette du même acte, scène I : Fils de Vénus , j'éprouve la puissance Tous les morlels sonl faits Pour élre les sujets ( 657 ) 6° Le chœur du 5'' acte, scène I : Nous n'avons qu'une âme, Qu'une même flamme. Les autres morceaux, dit-il dans sa lettre du 9 janvier 1775, ne lui appartiennent pas. Ceux-ci avaient été com- posés soit par Philidor, soit par Botson. « J'ai reconnu , p répondit Vitzlhumb à Gossec, les vôtres et ceux de » M. Philidor, comme un connoisseur connoît deux ta- » bleaux, qui quoiqu'également bons, sont de maîtres » différents. Et j'ai l'honneur de vous faire à tous deux 9 mes plus sincères remercîments (i). d Ces lettres sont précieuses. Elles font connaître un grand nombre de détails inédits concernant les œuvres et la vie de Gossec et de Philidor. Elles font regretter l'im- possibilité dans laquelle nous sommes de pouvoir étu- dier la partition de Berlhe, qui permettrait peut-être de distinguer le style de Philidor de celui de Botson, et d'in- diquer les morceaux dus aux inspirations de l'un et de l'autre de ces deux compositeurs. Malgré l'absence de l'ouverture , la pièce fut représentée la première fois au théâtre de Bruxelles, le 18 janvier 1775 (2), lendemain des fêtes qui eurent lieu à l'occasion de l'inauguration de la statue élevée en l'honneur du prince Charles en cette ville. « Toute la musique, disait » Vitzthumb à Gossec, en a été trouvée charmante , et la » pièce eût eu un succès achevé si le poème, que l'on a D trouvé un peu froid, avoit été goûté de même. Je n'en (1) Lettre du 2-4 janvier 1773. (2) Lettre du 21 janvier 1773 de M. Vilzfhnmb à Gossec. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 41 ( 658 ) p augure cependant point mal pour cela, d'autant plus » que les opéras qui plaisent le plus aujourd'hui, sont » précisément ceux que l'on a le moins accueillis d'abord. D D'ailleurs une première représentation n'est guères » qu'une répétition générale... Je suis on ne peut plus » content des morceaux de musique, dont vous êtes » l'auteur, et ils ont été parfaitement accueillis du pu- » blic, ainsi que ceux de Philidor. Il n'y en a pas un dans j> toute la pièce qui n'ait pas été applaudi (1). » Deux artistes remarquables, aimés du public et do l'aristocratie, avaient singulièrement contribué au succès (le la pièce. C'étaient : Compain, chargé du rôle de Rain- Iroi, et M"' Angélique, chargée de celui de Berthe. Cette chanteuse, qualifiée de belle Angélique dans une lettre de Compain, était très en vogue, et avait été engagée vers ce temps, par l'administration du théâtre de Bruxelles. Compain la vitaux italiens, à Paris, où elle était accom- pagnée du prince de Ligne, le grand seigneur le plus galant de cette époque, et de M. de Marbais. Il commença d'abord par faire la cour au prince. Puis il se présenta chez elle. « J'y ai trouvé, dit-il , M. le chevalier Gluck, qui » m'a promis de nous donner son Orphée. Je dois dîner » avec lui ce jour-ci , et je ne manquerai pas de lui rappe- » 1er sa promesse (2). » ^1) Lollrc (lu 2i janvier 1775 de W. ViUlliumb à Gossec. (2) Lettre de Compain à Franck du o mars 1774. Ang('rKiue était lille de Jean-Nicolas Servandoni d'Ilannetaire né à Grenoble, mort à liruxelles en 1780 et auteur des: Observations sur Cari du comédien. Ses trois filles, nommées Eugénie, Angélique et étaient connues à IJruxelles sous le nom des Trois Grâces. C'est à Eugénie que le prince de Eigne adressa ses Lettres sur les spectacles imprimées en 1774, cl dont il disait : « Ce ne sont point des lettres d'amour, ma ( C59 ) Après les premières représentations de la pièce il s'agissait de liquider les sommes dues aux compositeurs et dont Pleinchesnc était resté en possession. Finalement le poète s'exécuta. Gossec reconnut le payement de la dette, et M"*' Philidor, chanteuse au concert spirituel, en lit autant pendant l'absence de son mari en Angleterre. Ce payement mit lin à la correspondance des directeurs du théâtre de Bruxelles avec Gossec et Philidor. Vitz- Ihumb se décida à ne plus faire paraître sur la scène que des pièces reçues à Paris. Gossec lui écrivait encore une lettre pour recommander des artistes français. Nous reproduisons ici, à titre de pièces justificatives, les lettres de Gossec, de Philidor et de Vitzlhumb. Philidor à Compain. Je vous envoyé, Monsieur, les deux opéras comiques du Bon Fils et de iHuitre et les Plaideurs. Ce sont mes propres originaux que je vous remets. Ils sont corrects, quoiqu'un peu sales. Mais jaime mieux garder les manuscrits de mon copiste , que j'aurai tout le tems de corriger. J'ai joint à la chère Eugénie. L'Amour n'a point d'imprimeur. Il s'imprime lui-même où il peut. » Voici ce qu'il dit d'Angélique : « Votre charmante sœur fait l'ornement du speclacle. Les sons enchanteurs, sa méthode à pré- sent et son goût lui attirent la plus brillante répulalion. Sa négligence même a des grâces; et avec son air honnête et distingué, elle fait un grand tort à toutes ces actrices, qui jouent, chantent el mâchent toul . qui s'avancent avec la cadence du grand opéra, qui font des bras partout, el qui ont l'air de ne chanter que pour le parterre.... La douleur d'Angé- lique l'embellit encore s'il est possible ; et je l'aime autant désolée dans Louise que très-gaie et malicieuse sans indécence dans Colombine,elc. (Lettres à Eugénie, pp. U9 et suiv.) (Voir aussi dans VAnnuaire drama- tique de ISiO l'arlicje intitulé : Établissement du spectacle français a Bruxelles, p. 37.) ( 640 ) musique les deux pièces imprimées avec des notes nécessaires pour l'exécution. Quant au plaisir que j'aurois de vous donner à dîner, prenez votre jour lorsque vous serai libre. Faite-le moi savoir la veille , et le jour qui pourra vous convenir sera toujours le mien. J'ai l'honneur, etc. Ad. Philidor. Le mercredy 9 mars 1774. Philidor à Compain. Monsieur. J'aurai l'honneur de vous attendre mercredi prochain pour dinner avec moi, étant le jour qui vous convient. Nous cau- serons sur le prix que vous m'offrez pour les changements d'Ernelinde. Je ne puis accepter cinq louis; car il m'en coû- tera une vintaine d'écus pour le copiste seulement, et il faudra que je passe une journée pour marquer exactement les ren- voys sur l'ancienne partition. J'en passerai par où vous vou- drez; mais je compte sur votre équité. J'ai l'honneur , etc. Ad. PHiLmoR. Ce 13 mars 1774. Monsieur , Compain à Franck. Paris, ce 22 mars 1774. J'ai remis hier à M. l'abbé Nicolly Ernelinde et Acajou avec une seconde brochure d'Ernelinde, sur laquelle il faudra que M. Vitzthumb fasse recopier toutes les notes qui sont écrites sur celle que M. Philidor m'a remise.... J'ai donné à M. Phi- lidor 10 louis d'or. J'ai cru ne devoir pas marchander avec ( 64i ) lui, pour un louis de plus ou de moins. Je n'ai pas reçu de réponse de M. Gosscc, sur la lettre que je lui ai écrite pour le prier de nous proeurer la partition manuscrite de Sabinus et celle du Périgourdin. J'y passerai demain, ou lui écrirai si jo ne le trouve pas. Je n'ai pas trouvé M. Grétry chez lui hier. J'y repasserai ce malin, et lui écrirai si je ne le rencontre pas; car je voudrais bien emporter la Rosière avec moi.... J'ai diné hier chez M. Philidor avec M. Blanchi, italien, compositeur de musique célèbre. Il m'a promis de nous donner gratuitement la musique des Sabots, qu'il a faite; mais il désireroit être témoin de l'exécution de cette pièce et que ce fut quinze jours ou 3 semaines après Pâques. Je lui ai dit que dès qu'il aurait envoyé à 31. Vitzthumb sa pièce, on la met- troit à l'étude, et que quand elle seroit à peu près sçue, je l'en informerois. Il n'exige d'autres dédommagements que ceux des frais de son voyage. Cela n'est pas un objet bien considérable. Quant à moi, je le logerai et le trailerai pendant son séjour. M. Philidor viendra entendre la i" représentation de son Ernelinde, et m'a prié de l'en prévenir quand on la donnera. Il vient demain malin , avec M. Pleinchesne, me lire la pièce dont je vous ai parlé, Monsieur, et qu'il se propose de mettre en musique pour le Gala du prince. Je ne me flatte pas d'avoir fait un voyage bien fructueux Votre, etc. COMPAIN DeSPIERRIÈRES. A Paris, ce 27 juin 1774. Philidor à Vitzthumb. Monsieur , Je suis on ne peut pas plus sensible et plus reconnaissant des témoignages d'estime et d'amitié, dont vous voulez bien ( 642 ) m'honorer. Je vais me mettre après la pièce de Berthe, puis- qu'il me paroît que le poëme est jugé digne d'être représenté sur votre théâtre. Je ferai de mon mieux pour que vous puissiez être un peu content de ma besoigne. Vous me ferai le plus grand plaisir, Monsieur, de vouloir bien vous charger des danses, connais- sant mieux que moi les sujets qui sont sous vos ordres, et peut-être mieux que moi ce genre de musique. Je vous prie d'assurer Monsieur Compain de toute mon amitié et de me croire avec l'estime la plus distinguée, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur , Ad. Philidor. Philidor à Pleinchesne. Malgré tous les avantages, Monsieur, que j'avois à faire votre ouvrage pour Bruxelles , je pense qu'il seroit très-pru- dent de ne pas faire commencer à travailler aux décorations, que je ne sois parfaitement certain d'être prêt. Je ne puis dé- cider cette question que vers la fin du mois prochain. Cepen- dant si vous avez des engagements à Bruxelles, qui vous mettent dans l'impossibilité de reculer, je suis très-assuré que Blanchi, qui est un musicien de mérite, se fcroit un plaisir de faire un ouvrage qui pourroit lui être lucratif, et je me ferois moi-même un véritable plaisir de vous faire causer en- semble. J'ai l'honneur, etc. Ad. Philidor, Ce 30 juillet 1774. ( m ) Vitzthuml) à Gosscc. Du 5 janvier 1775. Monsieur, Je viens d'apprendre de M. Méricourt que vous n'avez pas encore rien reçu des 000 liv. qui vous restoient dues confusé- ment avec M. Philidor pour vos honoraires au sujet de la musique de Berthe. J'en suis d'autant plus étonné, que cette somme a été comptée par M. l'abbé de Nieolià M. PIcinchesne aussitôt après que j'eus revu le 3*" acte de cette pièce, et ce dernier auroit diî vous la payer il y a au moins 6 semaines. M. Méricourt me mande que M. Pleinchesne a payé 288 liv. à M. Philidor, qui probablement attend qu'il ait reçu le sur- plus pour vous en donner avis et vous compter en même tems ce qui vous en revient pour votre part. Je suis désespéré de ce malentendu et vais à l'instant en écrire à M. Pleinchesne, D'une manière ou de l'autre vous ne tarderez pas à élre satis- lait de vos honoraires, ainsi que M. Philidor, à qui je viens d'écrire à ce sujet. J'attends de jour en jour l'ouverture de Berthe. Je vous prie, Monsieur, d'engager M. Philidor à y travailler et à me l'envoyer incessamment, afin que je ne sois point dans le cas de donner la pièce sans son ouverture. Je compte là-dessus. Pardon, Monsieur, si je ne vous ai point écrit à vous-même depuis quelque tems. Mes grandes occupations en sont la cause. Mais si M. Pleinchesne veut vous l'avouer, il n'est pas de lettre qu'il n'ait reçue depuis trois mois, où je ne me suis souvenu de vous et de M. Philidor, et où je ne vous assure l'un et l'autre de mille amitiés. J'altendois, pour vous écrire, la {"représentation de votre opéra pour vous complimenter, ainsi que M. Philidor sur la musique, que j'ai trouvée char- mante, et du succès de laquelle j'ose répondre. J'en suis on ne ( 644 } peut plus satisfait, et vous remercie, Monsieur des soins que vous avez bien voulu y donner. Agréez, je vous prie. Monsieur, mes souhaits d'une heu- reuse année. J'ai l'honneur, etc. ViTZTHUMB. Vitzthumb à Philidor. Du 5 janvier 1775. Monsieur, Je viens de recevoir une lettre de M. Méricourt, que j'avois prié de passer chez vous afin de vous , engager à accélérer l'ouverture de Bertlie; et je suis d'autant plus surpris que vous n'ayez pas touché en entier les 600 livres que je m'étois engagé à vous faire tenir pour parfait paiement de notre con- vention, que celte somme a été comptée à Paris à M. Plein- chesne immédiatement après que j'eus reçu le 5' acte de Berthe. Je vous prie, Monsieur, de faire demander à M. Plein- chesne pourquoi il ne vous a pas payé conformément à mes instructions. Je lui écrirai moi-même incessamment, et d'une manière ou de l'autre vous ne tarderez point à être satisfait. J'espère que cet événement ne retardera point l'expédition de l'ouverture de Berthe, que je vous prie de m'envoyer assez tôt pour que je ne sois point dans le cas de donner la pièce sans ouverture. Je compte sur vous, Monsieur, et j'espère hien n'être pas trompé dans mon attente. Pardonnez-moi si je ne vous ai pas écrit depuis quelque tems. Jai écrit plusieurs lettres à M. Plcinchesne et l'ai chargé chaque fois de vous dire de ma part mille choses obligeantes. Je ne doute pas qu'il ne l'ait fait. Agréez , etc. Ce n'est point par négligence, mais ouiie que mes occupa- ( 64d ) tions m'en ont laissé peu de loisir, c'est que j'attcndois pour le faire une première représentation de votre opéra , afin de vous complimenter en même tems sur le succès que j'ose m'en promettre; car toute la musique en est charmante et tous les morceaux d'ensemble travaillés avec un art et un goût admi- rable. Je vous suis on ne peut plus reconnaissant de vos soins ainsi qu'à M. Gossec, à qui j'écris par le même courrier. De Paris ce 13 juin. Monsieur. Philidor à Vitzthumb. De Paris, 13 janvier 1775. Monsieur , Votre lettre m'a fait un sensible plaisir; car je vous avoue- rai franchement que je croirois que e'éloit un oubli de votre part de ne m avoir pas fait toucher les 600 liv. dont nous étions convenus. C'est avec douleur que j'apprends avec cer- titude l'abus de confiance de M. Pleinchesne, tant envers vous, qu'envers moi. Il n'a cessé de me persécuter pour l'ouverture de Berthe, en me promettant toujours de me satisfaire. Je le crois dans rimpossibilité de pouvoir effectuer ses promesses, n'ayant point assez d'ordre dans ses affaires. Ainsy , Monsieur, je m'en remets à votre honnêteté pour que je ne perde pas le fruit de mon travail. Je remettrai sous 2 ou 3 jours mon ouverture chez M. l'abbé Nicoli, pour quïl vous la fasse tenir au plus vite. La Fausse Magie est toujours retardée par la foible santé de Clairval. Ce sera mon tour après pour les Rhémois ou les Feintes Infidélités. Et si la 1'* représentation se passe selon mes désirs, je vous enverrai une partition sur-le-champ aux conditions convenues entre M. Compain et moi. J'espère beaucoup de cette pièce, le poëme étant à faire rire aux ( 646 ) larmes, et du bon faiseur, c'est-à-dire de Sedaine. Point d'embarras tant pour les décorations que pour les comparses. Car il n'y a que 6 acteurs en tout, et tous les rôles presque aussi bons les uns que les autres. Je vous réitère tous mes remercîments pour les soins et toutes les peines qne vous voulez bien prendre pour mes ouvrages et pour ma réputa- tion. C'est avec toute la reconnoissance que j'ai l'honneur d'être avec estime et considération. Monsieur, Votre très-humble serviteur, Ad. Philidor. P. S. Dans ma lettre j'oublie de vous marquer que j'ai reçu de M. de Pleinchesne 12 louis qui font 288 liv. Reste à payer 512. Philidor à Vitzthumb. Monsieur , Je viens de remettre à M. l'abbé Nicoli l'ouverture de Bcrthe. Le courier qui doit partir demain 1 9 doit en être chargé. Je désire sincèrement que vous puissiez en être content. J'ai vu M. Gossec ces jours passés, qui me paroît aussi inquiet que moi sur le payement de ce qui devoit nous reve- nir. Toutes les apparences sont que M. de Pleinchesne a gardé probablement l'argent qui nous éloit destiné. Ainsy , Mon- sieur, nous nous en remettons à votre honnêteté pour nous faire tenir ce qu'il doit nous revenir selon nos conventions. J'ai l'honneur d'être, etc. Ad. Philidor. Ce mercredy 18 janvier 1773. ( U7 ) Viizthumb à Pliilidor. Du 2 1 janvier 1775. Monsieur, J'ai reçu, conformément à l'avis que vous m'en donnez par voire lettre datée du 18 du courant, l'ouverture de Berthe, que j'ai trouvée très-bien travaillée, de même que la pièce, dont j'ai donné la V" représentation mercredi dernier. Elle a eu quanta la musique tout le succès qu'elle mériloit , c'est-à- dire infiniment , et celui que j'avois lieu d'en attendre, d'après les soins que vous et M. Gossec vous êtes donnés. Le poëme a paru un peu froid; mais on ne peut décider du sort d'une pièce à la 1'^"' représentation, qui n'est proprement qu'une répétition générale. J'en augure néanmoins d'autant mieux pour la suite, que les pièces auxquelles on fait d'abord un foible accueil , sont souvent celles qui dans la suite sont le mieux goûtées. Quant à vos honoraires , je vous prie, Monsieur, de n'avoir aucune inquiétude. Je n'attends, pour prendre un parti à cet égard, qu'une réponse de M. de Pleinchesne, à qui il ne m'a pas été possible d'écrire jusqu'à présent. Je le fais raijourdhui, et j'espère que sous peu de jours vous serez entièrement satisfait. J'ai rhonneur d'être, Monsieur votre, etc. ViTZTHUMB. Gossec à Vitzthumb. Paris, ce 19 janvier 1775. Monsieur Sitôt votre lettre reçue, j'ai vu Monsieur Philidor pour l'engager de bâter l'ouverture de Berthe, que j'ai trouvée avancée. En conséquence vous la rccevrés sous peu de jours. { 648 ) Il est bien vrai, Monsieur, que je n'ai rien touché des 600 livres, qui restoient à payer et pas même des GOO liv. du premier payement qui fut fait d'avance, laquelle somme fut distribuée à M. Philidor et à l'auteur d'un autre tiers de Berthe. Et tout ce que j'avois à prétendre sur les arrange- raens faits pour cette pièce m'est encore dû. Il est bien vrai aussi que j'avois renoncé à tout , ne pouvant faire la pièce entièrement, et que je complois faire présent de mon tiers à M. Pleinchéne, qui s'en deffendit beaucoup , en m'assurant qu'il vouloit s'acquiter envers moi, soit par un cadeau ou par argent. Des circonstances m'obligent à présent d'accepter la somme due. Et puisque vous voulés bien m'en procurer la satisfaction, vous m'obligerés beaucoup. Monsieur, de me la faire payer. Je suis charmé que la musique de cette pièce vous plaise. Comme M. Pleinchéne a fait faire une partition au net de mes airs, je ne sais s'il les a intitulés de mon nom. Comme je serois bien aise que vous sachiez, 3fonsieur, ce qui m'appar- tient dans cette pièce, afin de recevoir votre approbation sur les morceaux qui vous plairont et vos observations sur ceux qui mériteront votre censure, voici ceux que j'ai faits : 1 Dans la prairie chaque matin. . . . Berthe. 2 One des yeux on a vu Balmon. 3 Luisante aurore Balmont. 4 Que j'admire le délire Rinfroi. 5 Fils de Vénus Pépin. 6 Nous n'avons qu'une âme Chœur. Je vous prie. Monsieur, de me conserver une part dans votre estime, et me croire avec la plus parfaite considération, Monsieur , Votre très-humble et très- obéissant serviteur, GOSSEG. ( 649 ) Vitzthumb à Gossec. Du 24 janvier 1778. Monsieur, J'ai l'honneur de vous remercier du soin que vous avez bien voulu prendre d'engnger M. Philidor à accélérer l'ouver- ture de Berlhe. Je l'ai reçue conformément à l'avis que vous m'en donnez, mais pas assez tôt pour pouvoir l'exécuter à la première représentation de la pièce, qui s'est faite le d 8 de ce mois. Toute la musique en a été trouvée charmante, et la pièce eût eu un succès achevé, si le poëme, que l'on a trouvé un peu froid, avait été goûté de même. Je n'en augure cepen- dant point mal pour cela, d'autant plus que les opéras qui plaisent le plus aujourd'hui sont précisément ceux que l'on a le moins accueillis d'abord. D'ailleurs une première repré- sentation n'est guère qu'une répétition générale. Et je n'épar- gnerai ni soins, ni peines pour lui donner le succès qu'il mérite de votre part et de celle de M. Philidor. Je suis on ne peut plus content des morceaux de musique dont vous êtes l'auteur; et ils ont été parfaitement accueillis du public, ainsi que ceux de M. Philidor. Il n'y en a pas un dans toute la pièce qui n'ait été très-applaudi. J'ai reconnu les vôtres et ceux de M. Philidor, comme un connoisseur connoît deux tableaux , qui quoiqu'également bons, sont de maîtres difîférents. Et j'ai l'honneur de vous faire à tous deux mes plus sincères remer- cîmens. Quant au prix de notre convention, je n'attends qu'une réponse de M. Pleinchesne pour prendre à cet égard les arran- gemens convenables. Mes grandes occupations ne m'ayant point permis jusqu'à présent de lui écrire, je viens de le faire pour le menacer d'user envers lui de rigueur s'il différoit davantage à se libérer de ce qui lui reste de 1200 livres qu'il ( 6S0 ) a touchées pour vous satisfaire, ainsi que M. Philidor de vos honoraires à cause de la musique de Berthe, conformément à la convention que vous ne tarderez pas à l'être incessamment. J'ai l'honneur, etc. ViTZTHUMB. Gossec à Vitzthumb. Paris, ce 11 février 1775. Monsieur, Ce n'est point au sujet de Berthe que j'ay l'honneur de vous écrire, quoique nous n'ayons point vu ny entendu parler de M. Pleinchesne. C'est pour vous entretenir d'un sujet qui pouroit peut-être vous convenir dans les rôles de caractères , c'est-à-dire ce que nous appelions à Paris l'emploi de Cailleau. Il a une fort belle voix basse- taille, une mémoire très-heureuse et beaucoup d'adresse dans son jeu, très-bien de figure, gros papa de bonne mine. Il a eu beaucoup de succès dans la province, où il a été un an, et on l'a vu à Paris dans les théâtres de société avec un très-grand plaisir. Et je ne doute point que s'il étoit sous votre direction. Monsieur, seulement un an, vous en fériés le plus grand sujet. C'est à un théâtre comme le vôtre, Monsieur, qu'un acteur peut puiser des talents. Je crois vraiment que celui-ci vous feroit honneur dans peu , attendu qu'il a la plus grande ardeur du travail. II est homme de bien, on ne peut pas plus rangé, ayant une petite fortune, dont il avait placé une partie dans le commerce. Souvent les entreprises ne réussissent point. Pour sauver le reste de celte petite fortune , il quitte le commerce pour reprendre le parti de la comédie. Il est marié et son épouse, qui est bien née, est fort inté- ressante. Elle remplit avec beaucoup de finesse les rôles de ( 6S1 ) soubrette dans la comédie; mais elle ne chante pas, n'ayani point de voix. Si l'homme peut vous convenir, c'est ce que nous désirons. 11 voudroit s'engager pour Pasques. Voies, Monsieur, si vous pouvez vous en charger et quel traitement vous pouriés lui faire si vous l'acceptes. J'oubliois de vous dire qu'il remplit très-bien aussi les rôles à tablier, c'est-à-dire le bas comique. J'attends votre réponse à ce sujet, Monsieur, que je vous prie de noter , afin que notre homme ait le temps de se retourner. Je vous prie, Monsieur, de me conserver votre estime et de me croire, etc. GOSSEC. Rue des Moulins, Butte S'-Roch. Vitzthumb à Gossec. Du 20 février t775. Monsieur , Les circonstances ne me permettant point d'engager des sujets que vous avez la bonté de me proposer, j'ai l'honneur de vous remercier bien sincèrement de lïntérét que vous voulez bien prendre à ce qui me regarde. J'ai pour doubler l'année prochaine l'emploi de Cailleau un sujet de plus que cette année (M. Compain l'ayant tenu seul jusqu'à présent), et outre cela deux bons accessoires. Quant à l'emploi des sou- brettes, l'actrice qui tient celui des Duègnes, tient aussi en chef remploi des soubrettes, et comme cette femme, d'ail- leurs remplie de bonne volonté, nous suffît, je serois fâché de la contraindre à un partage qu'elle paroît vouloir éviter. J'espère, Monsieur, que cet inconvénient ne me privera point dans une autre occasion de la préférence dont vous voulez bien m'honorer en celle-ci, et quand vous aurez à placer quelque bon sujet, vous voudrez bien songer à moi. J'accep- ( 652 ) lerai avec empressement tout ce qui me viendra de votre part, à moins que des circonstances contraires ne me rendent la chose impossible. J'ai écrit à M. Pleinchesne , et n'en ait point eu de réponse» Il est plus qu'apparent qu'il ne m'en fera point, et que je seraj dupe de cet homme de toute façon. Le tems du carnaval ne me laissant point le loisir de régler cet objet à votre égard. Mon- sieur, et à celui de M. Philidor, je remets jusqu'au carême à prendre les mesures convenables pour vous satisfaire. J'ai l'honneur, etc. VlTZTHUMB. M* Philidor à Vitzthumb. Ce 9 mars 1775. Monsieur, Mon mari est appesens pour deux mois, et ille ma charger de ces affaire en son apessence. Je me praisse de vous faire scavoir que la faire de M. Piainchene est enfin ter miner. IJle ma fais le nir treiz louis qui restai, et je lui ei faite un reçus de 600 liv. Pour la partition des Femmes Vengers , je la fais copier, et je laremetré sur le chara pour la sommes dont vous aitte convenue avec mon mari. Je vous prie de croire, Mon- sieur, que cette pettite la quinne, dont vous netiés pas garans, na point diminuer la confience que mon mari a toujours eu en vous. Mais M. dePlainchainenous avoisleurés tous les deux, et ille ne ma paier que le 9 de ce moi. Je proflîtte de cette occasion pour vous dire que je suis avec la considération la plus parfaitte, Votre tres-humble et tres-obéissante servante Richer, F. Philidor. ( 655 ) Vitzthumb à M-^ Philidor. Du 23 avril 1775. Madame, Je suis bien charmé d'apprendre, par la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 9 de ce mois, qucM.Plein- chcsne se soit exécute vis-à-vis de M. Philidor. Les précautions que je prendrai à l'avenir en pareil cas me mettront à l'abri des desagrémcns que j'ai essuyés par sa faute en cette cir- constance. Je viens de recevoir la partition des Femmes Vengées. J'ai Ihonneur de vous remercier. Madame, du soin que vous avez bien voulu prendre d'en diligenter l'expédition. J'aurai soin , Madame, de vous informer ou M. Philidor du succès qu'elle aura eue ici après la i'" représentation. J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus distinguée, Madame, Votre, etc. Vitzthumb. Vitzthumb à Pleinchesne, Du n mai 1775. Monsieur, Sans les plaintes portées contre vous par MM. Philidor et Gossec sur le manque de payement, dont vous avez touché le montant, j'aurois ignoré votre existence. M* Philidor m'a fait savoir que son mari étoit satisfait de la prétention qu'il avoit à votre charge. Mais je ne sais pas s'il en est de même à l'égard de M. Gossec, qui ne m'a pas écrit depuis quelque 2"*^ SÉRIE, TOME XL. 42 ( 6S4 ) teins. Je ne me serois sûrement pas attendu à un procédé pareil de votre part, et pour ne pas m'y exposer une seconde fois, vous permettrez, Monsieur, que je rompe tout com- merce avec vous. J'ai d'ailleurs été si peu content, des ou- vrages que vous m'avez fait passer en vertu de notre conven- tion, que je n'en ai pu tirer aucun parti. Vous les trouverez tous dans le. paquet ci-joint, ainsi que la musique de Rosalie et les dessins du costume de Bertlie. La personne qui vous remettra ce paquet vous payera également vos déboursés , montant à 404 liv. Et moyennant quoi, tout est terminé entre vous et moi , plus à votre avantage qu'au mien. Quant à Berthe , comme il m'est défendu de représenter un spectacle quelconque sans en avoir soumis le poëme à la cen- sure du gouvernement, votre pièce n'a pas pu passer telle qu'elle étoit en manuscrit. Et ayant fait la dépense de la mu- sique, décoration et vestiaire, j'ai été forcé d'y faire faire les changements dont vous vous plaignez, et au moyen desquels seuls la pièce a pu supporter une représentation. J'ignore si cette année-ci je pourrai en donner une 2^ , sans y faire encore d'autres changements. Vous verrez par là que les succès de votre pièce ne sont ni hrillans, ni assurés, et qu'elle eut été sans effet si on l'avoit laissée telle que vous me l'avez envoyée. C'est tout ce que j'ai à répondre à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 25 du mois dernier. Et j'ai celui d'être très-parfaitement Monsieur votre , etc. VlTZTHUMB. La classe s'est formée ensuite en comité secret pour arrêter la liste des présentations aux places vacantes sou- mises par les sections. ( 6S5 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Académie royale de Belgique. — Commission royale d'his- toire. — Collection de Chroniques belges inédites : La Biblio- thèque nationale à Paris, t. I, publié par M. Gachard. Codex Dunensis, etc., publié par M. le baron Kervyn de Lettenhove. — Le Livre des fiefs du comté de Looz sous Jean d'Arckel (C. de Borman). — Compte rendu des séances, 4"" série, tome II, VII' Bulletin. Table générale de la 3"« série. Bruxelles, 1875; 2 vol. in-4% vol. et 2 br. in-8^ Gachard {L.-P.). — La Bibliothèque nationale à Paris. Notices et extraits des manuscrits qui concernent l'histoire de la Belgique, t. I, 4875. Bruxelles ; vol. in-4''. Vaîi Beneden P.-J.). — Les Pacbyacanthus du musée de Vienne. Bruxelles, 1875; br. in-8''. Chalon (Renier). — Discours douverture prononcé à l'As- semblée générale annuelle du 4 juillet 1875 de la Société royale de numismatique de Bruxelles. Bruxelles; br. in-8°. Morren {Ed.). — Correspondance botanique. Liste des jardins, des chaires et des musées botaniques du monde, 3™^ édit. Liège, octobre 1875; br. in-8°. Cornet {F.-L.) et Briart (A.). — Sur le synchronisme du système hervien de la province de Liège et de la craie blanche moyenne du Hainaut. — Note sur l'existence dans le terrain houiller du Hainaut de bancs de calcaire à crinoïdes. Liège; 2 br. in-8°. Nypels[J.'S.-G.). —Le code pénal belge interprété, 7™' liv. Bruxelles, 1875; in-8''. Bivier [Alphonse). — Une nouvelle histoire du droit. (Dis- cours prononcé le 11 octobre 1875 à l'Université de Bruxelles.) ( 6S6 ) Bruxelles , 1875; br. in-S". — Berichte Burgundischer Agenlen in der Schweiz von 1619 bis 1629. Zurich, 1873; br. in-8°. Heremans {J.-F.-J.) en Ledeganck (C,-J.-K.). — Werken van Zusler Hadewijch. l. Gedichten, S'^* stuk. Gand, 4875; in-8^ Crépin [François). — Matériaux pour servir à l'histoire des roses, S""" fasc. — Observations sur quelques plantes fossiles des dépôts dévoniens rapportés par Dumont à Tétagequartzo- schisteux inférieur de son système eifelien. Gand, 1874-75; 2 broch. in-8°. Bormans (Stanislas). — Les fiefs du comté de Namur. i'^ liv., XIII""^ et XI V""^ siècles. — Cartulaire de la commune de Couvin. Namur, 1875; 2 vol. in-8°. Bernimolin [Eug.). L'école populaire et le rationalisme contemporain, tome L Liège, 1875; vol. in-8°. Bergmann [Atiton). — Philips van Marnix van S'-Alde- gonde. 2*^" Druk. — Geschiedenis der slad Lier. — Verspreide schetsen en novellen. — Ernest Staas, schetsen en beelden. Liège, Anvers, Gand; br. et 3 vol. in-8°. Davreux. — Sur la contagion du choléra par les cadavres des cholériques. Liège, 1875; broch. in-8'' De Polter (Frans), Ronse [Edmond] et Bore {Pieter). — Geschiedenis der stad en kastelnij van Veurne. Gand, 1875; vol. in-8". Génard [P.). — Notice sur la Société royale d'harmonie d'Anvers. — L'hôtel des monnaies d'Anvers (Mémoire couronné le 25 février 1872 par l'Académie d'archéologie de Belgique). — Levensschets vanCornelis van Kiel (Kilianus). — Notice sur les architectes Herman (le vieux) et Dominique de Waghe- makere. Anvers; 4 br in-8''. Hermans [V.). — La vérité sur Op Signorken. Malines, 1875; br. pet. in-8°. Preudhomme de Borre [A.). — La possibilité de la natura- ( 6§7 ) lisation de la Leptinotahsa Decemfjneata examinée au point de vue de la concurrence vitale. Bruxelles, 1875; 2 feuillets in-8°. Vander Straeten [Edmond. — La musique aux Pays-Bas avant le XIX^ siècle, t. III. Bruxelles, 1875; vol. in-8". Van Rysselherghe. — Courbes métcorographiques , gravées à Ostende en juin 1875, par Tenregistreteur universel. Feuille volante. Stad Turnhout. — Verslag over het Bestuur en den Toe- stand der Zaken. Turnhout, 1875; in-8°. Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, ô*"" série, tome IX, n"* 8 et 9. Bruxelles, 1875 ; 2 fasc. in-S". Annales des Travaux publics de Belgique, tome XXXÏII, l"cah. Bruxelles, 1875; in-8^ Aiialectes pour servir à Vhisioire ecclésiastique de la Bel- gique, tome XII, 1875, 2"^ livr. Bruxelles; in-8°. Bulletin des archives d'Anvers, tome VII, 2Miv. Anvers, 1875; in-8». Willems-Fonds te Gent. — Uitgave, n'* 81 , feuilles 11-22. Gand, 1875; in-8''. — Volks-Almanak , 1876. Gand, br. pet. in-8^ L'Illustration horticole, 3^ sér., 6 vol., 8^ et 9'' liv., août et septembre 1875. Gand; 2 liv. in-8°. Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique. — Bul- letin, 1874. Liège, 1875; vol. in-8«. Gleichman [J.-G.]. — Het leven van M*" A. Bogaerts (1795- 1870). Amsterdam ; vol. pet. in-4^ Physiologisch Laboratorium der Utrechtsche HoogeschooL — Onderzoekingen, Derde reeks. III. Aflev. II. Utrccht, 1875;in-8°. De Dietsche Warande, nieuwe reeks, l^'^'deel, S'^*' Afleve- ring. Amsterdam, 1875; in-8''. Institut R. Grand-Ducal de Luxembourg, — Publications ( 6d8 ) de la section des sciences naturelles, tome XV, 1875. Luxem- bourg; vol. in-S". Lasaulx {D'" A . Von). — Études pétrographiques sur les roches volcaniques de l'Auverge, etc. (traduites par F. Gon- nard). Clermont-Ferraud, 1875; vol. in-8°. Société d'agriculture , de sciences et d'arts séant à Douai. — Mémoires, 2^ sér., t. XII, 4872-1874. Douai, 1875; vol. in-8". Coussemaker [E. de.). — Fondation de chapelles et de cha- pellenies. Lille , 4875; br. in-8". Maire {Le Docteur). — Discours prononcé en la Séance publique du 29 septembre 1873 de la Société nationale Ha- vraise d'études diverses. Le Havre 1875; br. in-8°. Barghon Fort-Rion [F. de). — Étude historique sur S. E. Jean-André Van der Mersch. Paris, 4875 ; br. in-8''. Delaborde (Le vicomte Henri). — Éloge d'Auber. Paris, 4875; br. in -4°. Perrey (A.). — Sur la fréquence des tremblements de terre relativement à l'âge de la Lune. Paris, 4875 ; br, in-4°. Catalogue de livres d'histoire naturelle et particulièrement de géologie et de conchyliologie composant la Bibliothèque de M. G.'P. Deshayes, avec notice biographique. Paris, 4875; in-8". Revue des questions historiques j 40'"'' année, 30 liv., 4" octobre 4875. Paris; in-S". Société d'histoire naturelle de Toulouse. — Bulletin, IX'"*' année, 4874-4875, 3""= fasc. Paris, octobre 4875; in-8\ Société archéologique du midi de la France j à Toulouse. — Bulletin: feuilles 5, 6 et 7, 4873 ; feuilles 6 et 7, 4875. Tou- louse; in-4*'. Krônig. — Das Dasein Gottes und das Gluck der Menschen. Berlin, 4874; vol. pet. in-8°. Kihiig. Preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. ( 639 ) — Monatsbericht, Jiily und Augiist 1875. — Abhandlungen. Berlin, 187o; vol. 10-4" cl faso. in-8°. Rerliner Gesetlscha/Ï fur Anthropologie , Ethnologie und Urgeschichte. — Vcrhanillungcii , Jalirgang 1875 : Silzung vom i6 Januar bis 19 Jiini. Berlin, 1875; 0 rah. gr. in-S". Naturhistorisch-Medicinischer Verein zu Ileidelherg. — Vcrhandlungen, Ncuc Folge, 1. Bd., 2. fleft. Hcidelberg, d875; in-8°. Ferdinandeum fur Tirol und Vorarlberg. — Zeitscbrift, III. Folge, 19. Heft. Innsbruck, 1875; in-8^ Kommission zur Untersnchung deutschen Meere , in Kiel. — Jabresbericht, fiip die Jahrc 1872, 1875, II. und III. Jabrg. Berlin, 1875; gr. in-i". K. Universitat zu Freiburg i.jB. — Programme pour 1875 et 1876. — Liste du personnel enseignant pour la même année scolaire. — Dissertations inaugurales. Fribourg en Brisgau; 6br. in-4"ct 18 br. in-8''. Putzeys {Félix). — Ueber die Abiogenesis Huizinga's. Br. in-8'' s. 1. n. d. Schlagintv)eit-Sakûnliinski [Hermann V.). — Einsendung eines Gescbenkes von Herrn D"" Armin Wittstein. — Angaben zur Characteristik der Kru-Neger. Br. in-8'' s. 1. n. d. Archiv der Mathematik und Physik , LVIII. Teil. 2. Heft- Leipzig, 1875; in -8°. K. B. Akademie der Wissenschaften zu Milnchen. — Sit- zungsbericbte der math.-pliysik.-Classe, 1875, Heft II. Munich; in-8". Zoologisch-mineralogischer Verein in Regensburg. — Cor- respondenz Blatt, 6""* année à 20'"' année, 1852-1 806. — Abbandlungen, X. Heft. Ratisbonne et Munich; 16 vol. pet. in-S". Handelmann (Heinrich). — Die prahistorischc Archaologie in Schleswig-Holstein. Kiel, 1875; br. in-8^ ( 660 ) K. Statisticli-Topograpliische Bureau, Stuttgart. — Wurl- tembergische Jahrbùcher fur Statistik und Landeskunde, Jahigang 1874, 1. und 11. Theil. — Beschreibung des Oberamts Rotlweil. Stuttgart, 1875; 2 vol. gr. in-S*» et vol. pet. in-8\ Kaiserl. Universitàt, Wien. — Verwalstungs-und Zustands- bericht fiir die Studien Jahre 1875/4 und 1874/3. Vienne, 1875; in-8». Geographische Gesellschafl in Wien. — Mittheilungen , XVII. Bd., 1874. Vienne, 4874; vol. in-8°. Koehne (Bernardo Barone di). — Le monete ossidionali di Brescia. Br. in-8% 1874. Société de chimie de St-Pétersbourg. — Journal, tome VII, n*»" 7 et 8. S'-Pétersbourg; in-8°. Jardin Impérial de Botanique de St-Pétersbourg. — Tra- vaux, tome m, n° 2. S'-Pétersbourg, 1875; vol. in-8°. Société Impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin , année 1875, nM. Moscou , 1875; in-8''. Société des naturalistes de la Nouvelle-Russie à Odessa. — Mémoires, tome III, cah. I. Odessa, 1875; in-8^ Société royale des sciences à Upsal. — Nova acta, sér. III, vol. IX, fasc. II. — Bulletin météorologique, vol. VI, 1874. Upsal, 1875; fasc. et br. in-4". Nordisld medicinskt Arhiv , Bd. VII,Tredje Haftel. Stock- holm , 1875; in 8". Cordeiro [Luciano). — De la découverte de l'Amérique, Lisbonne, Paris, 1874; br. in-8^ Fuyais de la Bastida {don Vicente). — Historia de la nu- mération con no vedades de grande importancia universal. Madrid, 1875; br. ln-12. Trajford {F.-W.-C). — Amphiora ou la vue du monde, 2'"'= notice. Zurich , 1875; br. in-8^ Schw. Gesellschaft fur die gesammten Naturwissenschaf- ten, Bern. — Verhandlungen : 47. Versammlung, 1865; ( 661 ) 37. Jahrcsversammluug, 1873-1874. Coiie; "1 vol. pet. in-8". Naturforschende GeseUscliaft in Bern. — Mitthcilungen nus dcni Jahre 1874, N-" 828-875. Berne, 1875; in-8". Société de physique et dltisloire naturelle de Genève. — Mémoires, tome XXIV, 1^" partie. Genève, 1873-1874; vol. in- 4". Société des sciences naturelles de Neiichatel. — Bulletin, tome X, second cahier. Neuehatel, 1875; in-8". Gatta (Luigi). — La sismologia ed il magnetismo terrestre secondo le piu recenti osservazioni fatte in Italia. Rome, 1875; br. gr. in-8°. Genocchi (Angelo). — Interno ad alcune série. Turin , 187o; br. in-8». Volpicelli (Paolo). — Sopra un principio eletlrostatico , riconosciuto dal sig. D" Palagi (1852). — Lettera del sig. abate Regnani, diretta al padre Secchi, contro la teorica dell' illustre fisico italiano Melloni, e risposta del prof. P. Vol- picelli (1855). — Riflessioni del prof. F. Ratti sullc due comunicazioni del prof. P. V^olpicelli, relative alla pola- rità elettrostatica, e risposta dello stesso Volpicelli (1855). — Comunicazione del prof. F. Ratti sulla seconda lettera del prof. P. Volpicelli al sig. V. Regnault e risposta dello stesso Volpicelli (1855). — Sull' epoca délia compléta cecità di Ga- lileo (18C8). — Di un barometro fotografico e formule per compensare automaticamente gli effetti délia temjjcratura in un barometro qualunque (1869). — Opinioni e sperienze entiche e moderne circa il calore del raggiamento lunare ed anche stellare (1870). — Formula générale per la variazione del tono, prodotto dal moto del corpo sonoro, e dell' ascolta- tore : corollari di questa formula, e considerazioni sul modo, col quale credesi potei'si spiegare la sposlamento délie righe di Fraunhofer nello spettro del sole, a motivo del suo moto rotatorio (1870). — Esposizione del modo col quale per la ( 662 ) prima volta fu applicato il calcolo alla elettrostatica e ne fu concluso che la elettricita' indotta non tende (1870). — SuUe variazioni di teinperatiira prodotle, sia dall' urto di una cor- rente d'aria, sia dall' assorbimento di questa per le polveri; e formule atte ad assegnare tanto la dispendenza fra la quautita' di assorbimento, ed il calorico sviluppato in esso, quanto a tradurre le indicazioni di qualunque terraometro ad aria, in quelle del terraometro a mercurio (1871). — Sullo scopo del piano di prova, e sulle cause da cui dipendono gli effetti elet- trostatici di questo istromento (1871). — Sulle correnti elet- triche, già dette di flessione (P nota, 1871). — Su talune trasformazioni di forza viva in calorico e sulla quistione a cio' relativa tanto fra il gesuita Grassi e Galileo quanto per l'attrito deir aria (1871). — Soluzione compléta e générale mediante la geometria di situazione del problema relative aile corso del cavallo sopra qualunque scacchiere (1872). — Necro logico cenno relativo al duca Mario Massimo (1875). — Effetti délia persistenza dei colori sulla retina (1875). — Sur l'in- fluence électrique (1874). — Dimostrazione di un teorema di meccanica enunciato e non dimostrato da Poisson (1875). — Necrologia dell' astronomo G.-B. Donati (1875). — Nécrologie© cenno relativo ad Augusto de la Rive (1875). Rome; 18 br. et vol. in-i"; vol. in-8°. Società entomologîca italiana di Firenze. — Builettino , anno 7% trim. III, 1875. Florence; in-8''. Accademia ftsio-medico-statistica di Milano. — Atti, anno XXXI, 1875. Milan, 1875; in -8°. R. Accademia délie scienze di Torino. — Atti, vol. X, Disp. l'-8% novembre 1874-giugnio 1875. Turin; 8 fasc. in-8\ Osservatorio delta Regia Università di Torino, — Builet- tino raeteorologico ed astronomico, anno VIII (1875). Turin. 1875; in-4". ( 6(J3 ) Academia oUmpica di Vicenza. — Alli, vol. VU, 1° e 2° se- mesl. 1874. Viccnzc, 1874; 2 fasc. in-8°. Blanford [Hmry F.). — The Winds of Northern India , in relation to the Température and Vapour-consli(ucnt of llie Atmosphère. Londres, 1874; in-4''. Anthropological Jnstitute of Great Brîtain and Ireland. — Journal, vol. V, n° I, July 1875. — List of the members, 1875. Londres; 2 br. in-8". Royal asiatic Society of Great Brîtain and Ireland. — Journal, New Séries, vol. II, pt. IL — Fifty-second annual Report, 1875. Londres et Hertford , 1875; vol. et br. in-8". Institution of civil engineers of London. — iMinutes of proceedings, vol. XLII, session 1874-1875, i)t. IV. Londres 1875; vol. in-8^ Zoological Society of London. — Transactions , vol. IX, pt. 4,1875. — Proceedings, 1875, pt. II and pt. III. — Revised listof the vertebrated animais now or lately living in ihe gar- dens of the Zoological Society of London. (Supplément). Lon- dres; hv. in-4°, 2 liv. et br. in-8°. Numismatic Society of London. — The numismatic chro- nicle, 1875, pt. IL Londres; in-8°. Chemical Society of London. — Journal, ser. 2, vol. XIII, may, june and july, 1875. Londres; 3 eah. in-8°. Lotîdofi mathemaiical Society. — Proceedings, vol. VI, Nos. 81, 82, 85 and 84. Londres, 1875; in-8». Asiatic Society of Bengal , Calcutta, — Bibliotheca Indica, New Séries, Nos. 517, 318,319 and 520 (in-4''); Nos. 310, 511, 316, 321 , 322, 325, 324, 325, 326 (in-8°). — Proceedings, Nos. VI-VIII, June-August 1875. — Journal : pt. 1, No. II, 1875; pt. II, No. 1 and extra number 1875. Calcutta; 2 br. in-4° et 14 br. in-8^ American Jour 7ial of science and arts, vol. X, july-no- vemher 1875. New Haven, 1875; 5 fasc. in-8°. ( 664 ) The Penn Monthhjj vol. VI . Nos. 67-72, july-decem- ber 1875. Philadelphie ; 6 fasc. in-S". Willson {W'-G.). — Meteorological abstract for the year 1874. — Report of Ihe Midnapore and Bardwan cyclone of Ihe 1 0 th and 1 6 th of october 1874. Calcutta, 1 875 ; 2 vol. in-4«*. California Academy of sciences. — Proceedings, vol. IV, 1870, pts. II and III. San Francisco , 1870; 2 fasc. in-8^ Geological Survey of Canada. — Rapport des opérations pour 1875-1874. Montréal, 1875; vol. in-8°. Sociedad de Geografia y Estadislica de la Repuhlica Mexi- cana. — Boletin , 5'' epoca , tomo II, n*" 5, 6, y 7. Mexico , 1 875 ; in-8". Sociedad Mexicana de Hisloria Natural. — La Naturaleza, tomo III, entregas 6-14. Mexico, 1875; 9 cah. in-4°. Inslituto Historico Geographico e Etimographico do Bra- siL — Revisla trimensal, tomo XXXVII, parte 2^ IV trim.; t. XXXVIII, parte V, I e II trim. Rio de Janeiro , 1874, 1875; 5 fasc. in -8°. Académie nationale des sciences exactes de l'Université de Cordova. — Bulletin, part. IV. Buenos- Aires, 1875; in-8''. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALK DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1875. — N« 12. CLASSE «ES SCIENCES. Séance du 4 décembre 1875. M. A. Brialmoînt, directeur et président de TAcadémie. M. LiAGBE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, Edra. de Selys Longchamps, H. Nysl, Th. Gluge, L. Melsens, F. Duprez, Ernest Quetelet, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Morren , Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie et F. Plateau, membres; Eug. Catalan et Aug. Bellynck, associés; Éd. Mailly, J. De Tilly, F.Crépin, F.-L. Cornet et Ch. Van Bambeke, correspon- dants. *2"^ SÉRIE, TOME XL. 45 ( 666 CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'intérieur fait parvenir à la demande de M. le Ministre des Pays-Bas, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la 2* édition de la Pinaco- fjrophia de M.Snellen van Vollenhoven; in-i". — Remer- cîments. — MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des représentants adressent des cartes de tribune réservée pour la session législative de 1875-1876. — Remercî- mentSc — M. le secrétaire perpétuel annonce que la classe des beaux-arts, conformément à une décision récente de la commission administrative, a confié à une commission composée de MM. Balat , Payen, G. Geefs, Fraikin et Monligny, le soin de s'occuper d'un plan et d'un devis pour le monument à élever à feu M. Adolphe Quetelet. — Il donne ensuite communication de la motion faite par M. Alvin, dans la séance de la classe précitée, au sujet d'un commencement d'incendie qui s'est déclaré dans le laboratoire de chimie de rËcole industrielle placée sous l'Académie et la Bibliothèque royale. La classe décide qu'elle s'associe à la demande, faite à ce sujet, par les établissements intéressés, « que des me- sures soient prises pour le déplacement immédiat de l'F^lcole industrielle. » MM. Slas, Melsens et Donny déclarent faire leurs ré- ( ^^>7 ) serves au sujet de cet accident dont «on a, disent-ils, exagéré l'importance. » — jM. F. Crépin fait hommage de deux brochures de sa coniposilion : i° Matériaux pour servir à Vhistoire des roses, ù' fascicule, in-8°. — 2" Observations sur quelques plantes fossiles des dépôts déroniens, etc., in-S". M. de Selys Longchamps présente une brochure im- primée portant pour titre : D'Omalius d'Hntloy. Biogra- phie. (Extrait du Journal Franklin). In-12. M. Melsens présente de la part de M. le D"" P. Calli- burcès un exemplaire de son mémoire intitulé : Recher- ches expérimentales sur l'influence exercée par la chaleur sur les manifestations de la contraclilité des organes. ln-8». M. Dove, associé de la classe, offre Tannée 1874 du tra- vail qu'il publie dans le recueil des publications du Bureau royal de statistique de Berlin sous le litre de Druck, Tem- peralur, Feuchtigkeit und Niederschlàge und fiinftàgige Wdrmemitlel. In-S". M. M. Mourion adresse, de la part de M. A. von Lasaulx, professeur à l'Université de Bonn, un exemplaire de la traduction, faite par M. F. Gonnard, de son travail intitulé : Études pélrograpfiiques sur les roches volcaniques de l'Auvergne. ln-8°. M. F.ouis Gatta, de Rome, fait parvenir un exemplaire de son ouvrage intitulé : La Sismologia ed il magnetismo terrestre. Gr. in-8*'. M. Herman von Schiaginlweit, de Munich, adresse une brochure imprimée de sa composition : Zur Characteristik der Kru-Neger. In-8". Le classe vote des remercîmenis pour ces dons. ( (UicS ) — Les élablissemeDls scientifiques , dont l'énmnératioii suit, font parvenir leurs derniers travaux. L'Institut anthropologique de la Grande-Bretagne à Londres, la Société de pliysique et d'histoire naturelle de Genève, la Société helvétique des sciences naturelles de Berne et la Société des naturalistes de la même ville, TAca- demie impériale des sciences de Vienne, la Société minéra- logique de Ratisbonne, le Jardin impérial de botanique de Saint-Pétersbourg et la Société des naturalistes d'Odessa. La Smithsonian institution de Washington remercie la classe pour le dernier envoi de publications académiques. — Les travaux manuscrits suivants seront l'objet d'un examen : i" Note sur le second principe delà théorie mécanique de la chaleur, par M. J. De Tilly, correspondant de l'Aca- démie.— Commissaires iMiVL F. Folie et Eug. Catalan; 2" Tables de logarithmes à douze décimales, jusqu'à 454 milliards, par M. A. Namur, avec une introduction rédigée par M. P. Mausion, professeur à l'Université de Gand. — Commissaires MiM. E. Catalan, F. Folie et Liagre; 5° Sur les dépôts déKoniens rapportés par Diimonl à iélage quartzoschisteux inférieur de son système eifélietij par i\L iMichel Mourlon. — Commissaires .>L\L Alb. Briart, F.-L. Cornet et C. Malaise; 4" Sur la relation qui existerait entre la température de fusion et le coefficient de dilatation des métaux , par M. P. De Ileen, ingénieur à Louvain. — Commissaires MM. M. Gloesener, Ch. Montigny et F. Folie. ( m) ) RAPPORTS. Sur le problème des liquides superposés dans un tube capillaire; par M. G. Van der Mensbrugghe. itnppot't de -fff. J. Pintamt. « La question des liquides superposés dans un même tube capillaire a été traitée par Laplace et par Poisson. Os géomètres sont arrivés, par des méthodes rigoureuses, à la conclusion que le poids total soulevé est le même que si le liquide inférieur était seul , et M. J. Bertrand a déduit de la théorie de Gauss le même résultat. Or Young avait déjà signalé un fait qui ne s'accorde nullement avec la loi ci-dessus, et si l'on consulte les expériences de M. Bède, et surtout celles de M. Quincke, on y trouve de nombreux- exemples d'un semblable désaccord. Faut-il en conclure que les illustres géomètres français se sont trompés, mal- gré une apparente rigueur de leurs théories? C'est ce point délicat que M. Van der Mensbrugghe aborde dans le Mé- moire actuel; il admet la complète exactitude des calculs rappelés plus haut, mais il montre que ces calculs suppo- sent une condition physique qu'il est impossible de réali- ser expérimentalement, bien qu'on puisse la concevoir par la pensée. Cette condition consiste en ce que la ligne suivant laquelle la surface commune à deux liquides abou- tit à la paroi du tube, soit parfaitement régulière et parfai- tement nette, et que, dans les mouvements que peut prendre la colonne totale, celte ligne se déplace tout d'une ( ^70 ) pièce en conservant sa régularité et sa netteté. Or si l'on fait l'expérience de manière que le liquide inféiieur monte d'abord dans le tube et qu'on ajoute un autre liquide par- dessus, ce qui fera descendre le premier d'une certaine quantité, celui-ci laissera nécessairement en arrière une mince couche adhérente à la paroi, couche qui formera une gaine dans laquelle s'engagera le liquide supérieur; la surface commune du ménisque n'aboutira donc plus à la paroi, mais bien à cette gaine. Si, au contraire, comme dans le procédé de iM. Quincke, le liquide destiné à être le supérieur monte d'abord dans le tube, et qu'on permette ensuite à l'autre liquide d'y pénétrer, c'est alors le liquide supérieur qui abandonne sur la paroi une gaîne dans laquelle s'engage le liquide inférieur. Dès lors les résultats de l'expérience ne peuvent plus correspondre à la loi trou- vée par Laplace et Poisson. On obtient, au contraire, un accord très-satisfaisant entre la théorie et l'expérience, quand on cherche la valeur du poids total soulevé en fonc- tion des tensions de la surface libre supérieure et des sur- faces communes aux liquides en contact. La formule qui donne le poids exprimé de cette manière, avait déjcà été trouvée par Poisson ; seulement ce géomètre ne rattachait pas les constantes qui y entrent à l'idée des tensions; M. Van der Mensbrugghe la fait aisément découler aussi de la théorie des pressions de Laplace et de la théorie de Gauss. Cette même formule est indépendante de la condi- tion théorique irréalisable dont j'ai parlé, et voilà pour- quoi elle fournit des résultats que l'observation vérifie. Enfin aux expériences citées dans ce qui précède. Tau- leur en ajoute qui lui sont propres, et qui constituent de nouvelles confirmations de la formule fondée sur les ten- sions. On le voit, le travail de M. Van der Mensbrugghe ( «71 ) tend à faire disparaître dans la théorie des phénomènes capillaires, une difficulté qui semblait inextricable; il a donc un haut degré d'intérêt, et je ne doute pas que la classe n'en décide l'impression dans le recueil des Mémoires in-4^ D La classe a adopté ces conclusions auxquelles a adhéré M. F. Duprez, second commissaire. Théorèmes sur les polygones réguliers et sommation de quelques séries trig onomé trique s ; par M. le capitaine d'artillerie Reinemund. Rapport de JU. Jf. Oc Tilly, »-l)...(m-.-i)^.. 1 . '2 ... m ' mais la démonstration n'est faite que pour le cas où m est inférieur à n et la formule elle-même comporte cette restriction. Il ne paraît pas que Ton ait trouvé jusqu'ici une solution plus complète, c'est-à-dire une formule analogue à (I), présentant à peu près les mêmes facilités pour le calcul numérique, se réduisant à (1) lorsque m est inférieur à n, mais indéj)endante, dans sa forme générale, de toute hypo- thèse sur les valeurs de ces deux quantités. M. le capitaine Reinemund fait connaître cette formule générale dans la Note soumise à notre appréciation. ïl en déduit quelques sommes de séries trigonomélriques, natu- rellement plus générales aussi que celles que l'on peut déduire, par une méthode analogue, des formules de Ste- wart. L'analyse de Tau leur est exacte. Sa méthode d'investi- gation me paraît constituer une application ingénieuse et remarquable des imaginaires à la Géométrie. Ses résultats sont d'une importance comparable (*) à celle de l'Ouvrage même de Stewart. Enfin , un exemple bien choisi vient montrer que le calcul numérique est tacile, au moins dans une infinité de cas particuliers, qui échappent complète- ment à la formule du géomètre anglais. (*) Je dis comparable cl non supérieure, car si la formule de M. Rei- nemund est plus générale sous le rapport de la valeur de m, celle de Slewarl l'est davantage sous le rapport de la position du point 0. D'ail- leurs, l'Ouvrage de Stewart traite d'autres questions encore. Pour ces motifs, j'ai l'honneur de proposer à la Classe (le voler l'insertion du travail de M. Reincmund dans le Bulletin de la séance et d'adresser des rcmercîments à l'auteur. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. K. Catalan, second commissaire. Sur r étage devonicn des psammites du Condroz dans le bassin de Theu.r, dans le bassin septentrional (entre Aix-la-Chapelle et Ath) et dans le Boulonnais; par M. Mourlon. Minppofl tic M. f-i. Ucicalqne. 91 toplasme cortical dépourvu de granulations vilellines s'ac- cumule autour de la vésicule et forme avec elle une lentille biconvexe, que j'ai appelée la lentille cicalriculaire. La lentille cicalriculaire déprime la masse médullaire. 4. Dès que la vésicule germinative arrive au contact de la zone pellucide, le nucléole s'accole à la membrane de la vésicule du côté de la surface de l'œuf, là où la vésicule est appliquée contre la membrane. 11 s'aplatit contre la mem- brane et se soude avec elle; sa substance plastique s'étale en une plaque qui présente d'abord un épaississement médian. Cette lame je l'ai appelée plaque nucléolaire. o. En même temps la membrane de la vésicule germi- native s'amincit partout où elle se trouve au contact du protoplasme cicatriculaire. Il est probable que la substance qui constituait cette membrane est attirée vers la plaque nucléolaire et qu'elle finit par s'y confondre avec la sub- stance de l'ancien nucléole. 6. Le nucleoplasma avec les pseudo-nucléoles donne naissance, dans l'intérieur de la vésicule germinative, à un amas de substance granuleuse, plus ou moins bien cir- conscrit que j'ai appelé corps nucléoplasmique. 7. Le contenu liquide et limpide de la vésicule germina- tive se confond avec le protoplasme cicatriculaire, proba- blement à la suite de la déchirure de la membrane de la vésicule germinative. 8. En même temps la plaque nucléolaire, grâce proba- blement à la contractilité inhérente à sa substance , con- tractilité reconnue par Auerbach pour les nucléoles des cellules embryonnaires des Muscides et par de la Valette pour la tache deAVagner, se ramasse en un corps de forme variable, souvent ellipsoïdal, quelquefois lenticulaire ou en forme de calotte, que j'ai appelé le corps nucléolaire. ( ()9^2 ) 9. F.c moment de la disparition de la vésicule se con- fond avec celui del'élimination des corps directeurs {Bich- ttingshlàschcn de Fritz Millier; globules polaires de Robin). 10. Les corps directeurs ne sont pas des parties équiva- lentes d'un même tout : ils n'ont ni la même composition, ni la même significalion : l'un est le corps nucléolaire, l'autre le corps nucléoplasmique de la vésicule germinative modifiée. Le premier se colore en rouge par le picrocarmi- nate d'ammoniaque; l'autre ne prend pas la matière colo- rante. 11. La lentille cicatriculaire, après le mélange de son protoplasme avec le liquide de la vésicule, devient granu- leuse et se confond avec la couche corticale de l'œuf. 12. Au moment de la disparition de la vésicule germi- native commence le retrait du vitellus, qui s'accompagne de mouvements amœboïdes et consiste dans l'expulsion d'un li(|nide transparent, qui s'accumule entre le vitellus et la zone pellucide. Ce liquide je l'ai appelé liquide pêrivi- lellin. Dans ce liquide se trouvent les corps directeurs. 15. Après le retrait, le vitellus reprend sa forme splK'rique; on n'y reconnaît plus la division en couche cor- ticale et substance médullaire; le vitellus [)rend un aspect particulier; l'œuf redevient un cytode et mérite le nom de Monerula qui a été donné par Haeckel à l'œuf dépourvu de sa vésicule germinative. 14. La disparition de la vésicule germinative, la pro- duction des corps directeurs, le retrait du vitellus et la cessation de toute séparation en substance corticale et mé- dullaire sont des phénomènes indépendants de la féconda- lion. Ils se rattachent à la maturation de l'ovule. Chez le Lapin ils s'accomplissent dans l'ovaire. Je ne veux pas affirmer cependant que dans certains cas ils ne puissent se ( 695 ) passer dans l'oviductc. Cependanl je n'ai jamais trouvé dans roviducte d'œuC pourvu de sa vésicule genninalive. 15. Le dépùl autour de l'œuf d'une couche alhuininoïdc sciait aussi bien autour de l'œuf non fécondé qu'autour de l'œuf qui a subi l'action des spermatozoïdes. La ques- tion de savoir si l'oeuf p(Hit encore être fécondé après que ce dépôt s'est elTectué reste indécise. CIIAPITHL IL LA TKCON DATION. 1. Jamais je n'ai trouvé d'ovule fécondé dans une vési- cule de De GraaL Jamais je n'ai aperçu de spermatozoïde ni dans un œuf ovarien, ni dans un follicule. Je ne pense pas que la fécondation s'acconq)lisse jamais t/a/i.s f inférieur de l'ovaire. ± Les spermatozoïdes |)énètrent à l'intérieur de l'ovule en traversant la zoih; pellucide. On en trouve un grand nombre, dans tout ovule fécondé, en suspension dans le liquide [)érivitellin, non-seulement au début du dévelop- pement, mais durant tout le cours du fractioinuMuent et môme encore quand la vésicules blaslodermique a atteint plusieurs millimètres de diamètre. Ils s(^ trouvent invaria- blement, dans ce cas, sous la zone pellucide entre celle-ci et la vésicule l)lasl()(lermi'> ) Pendant que ces phénomènes s'accomplissent le noyau prend la forme d'une bandelette à bords parallèles. Entre les deux disques s'accumule le suc nucléaire (très-faible- ment teinté en rose par le picrocarminate), qui avait d'abord été refoulé aux pôles du noyau, f.es disques finis- sent par gagner les extrémités de la bandelette nucléaire et se mettre en contact immédiat avec le petit amas clair qui s'est formé aux pôles de l'ancien noyau, au centre des figures étoilées (pronocleus engendré?). Le corps de la cellule montre un commencement d'étranglement cir- culaire. Cet étranglement n'intéresse (pie le corps de la cellule; il n'envahit jamais la bandelette claire qui est le reste de l'ancien noyau et qui se constitue maintenant des deux disques polaires, colorés en rouge ou en bleu, et d'une pièce intermédiaire peu ou point colorée. Il se pro- duit au milieu de cette pièce intermédiaire, au niveau de l'étranglement cellulaire une différenciation de substance. Le nitrate d'argent y fait apparaître des points noirs de plus en plus nombreux. Ces points finissent par s'aligner et par former la cloison de séparation des deux cellules en- gendrées. Les parties de la pièce intermédiaire adjacentes à la cloison se confondent de plus en plus avec les zones corticales des cellules engendrées; la partie adjacente au disque polaire devient, au contraire, granuleuse et se fond peu à peu dans la masse médullaire de la cellule. Le disque polaire devient le noyau de la cellule engendrée; il paraît s'agrandir aux dépens de la petite masse claire à laquelle il s'est accolé, dès que les corpuscules qui le formaient se sont fusionnés en une masse homogène; celle-ci prend une forme ovalaire de plus en plus régulière ; la substance qui constitue les jeunes noyaux se colore de moins en moins par le carmin et par l'hématoxyline au fur et à ( 736 ; mesure que la cellule grandit; le corps cellulaire ne se colore bientôt plus du tout. ï.a cellule s'étale et s'aplatit. Les cellules de l'endoderme se multiplient également par division et le phénomène suit exactement la marche que je viens d'exposer en décrivant la multiplication des cellules de l'ectoderme. Je m'abstiens de faire ici aucune réfl 'xion sur les faits que je viens de décrire. Je veux me bornera exposer dans ce résumé les résultats de mes ob- servations. ^ Le squelette de la Baleine fossile du Musée de Milan ; par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. Dans les deux séances précédentes l'Académie a bien voulu recevoir quelques observations critiijues sur deux genres de Cétacés fossiles des Musées de Vienne et de Linz, c'est-à-dire le genre Pachijacanthus et le genre Aulocetus. Nous avons l'honneur de communiquer aujourd'hui une nouvelle notice sur une Baleine fossile du Musée de Milan dont les vrais caractères, à notre avis, avaient été mieux appréciés par Cortesi et par Cuvier, qui en ont fait men- tion au commencement de ce siècle, que par les natura- listes qui s'en sont occupés dans ces derniers temps. Au mois de novembre 1806 on mit au jour, sur le ver- sant oriental du monte Puignasco, à une hauteur de 1800 pieds au-dessus de la plaine, un squelette presque complet d'unCétacé à fanons, qui fut décrit et (iguré avec soin par Cortesi. Kn 1816 un autre squelette plus petit fut découvert dans un vallon moins élevé et décrit par le même naturaliste. ( >'">^ ) Le squeletle de 1806, le plus beau cl le plus complet, est un tk'S plus précieux ornements du beau Musée de Milan; le second est conservé au Musée de Parme. On est resté quelque temps sans savoir ce qu'il était devenu. Cortcsi a parlaitement apprécié les affinités de ces Ba- leines, en les comparant aux Balénoptères d'aujourd'hui et particulièrement à lu petite Balénoptère de la mer du Nord. Desmoulins a donné le nom spécifique de B. Cuvierii à l'espèce dont le squelette est à Milan et qui vient, comme nous venons de le dire, de Monte Puignasco, et de Bal. ^^jorfesii à l'espèce dont le squelette, aujourd'hui au Musée de Parme, a été trouvé à Montezago, dans le Plaisantin. Desmoulins croit que le second squelette appartient à une espèce distificte parce qu'il est plus petit de taille (12 V2 pieds au lieu de 21) et que cependant la consoli- dation des cartilages intervertébraux est complète. Nous ne croyons pas, à en juger par les ossements fossiles d'Anvers, que ce caractère ait assez de valeur pour justifier l'établissement de deux espèces distinctes. Dans ses Recherches sur les ossements fossiles Cuvier consacre tout un article à la description de ces Baleines de Cortesi, et les rapporte comme Cortesi au sous-genre des Rorquals. C'étaient les seuls Balénides fossiles connus alors. Depuis on a mis au jour dans diverses localités en Ita- lie, même à Malte, de nombreux restes de cétacés à fanons fossiles, qui sont conservés aujourd'hui dans les Musées de Turin , de Bologne, de Florence et de iXaples. Presque partout ces ossements de Balénides sont mêlés avec des débris de Cétodontes, de Sirénides, de Phoques et de Squalodons. ( 758 ) En 1865 le professeur Capellini a publié un intéressant mémoire sur un squelette découvert en 1862 à S. Lo- renzo in Collina, à 247 mètres au-dessus du niveau de l'Adriatique, et qu'il a rapporté à l'espèce de Cortesi. Dans l'Ostéographie des Cétacés vivants et fossiles que je publie à Paris, avec la collaboration de M. Paul Gervais, j'ai fait mention de ces fossiles et j'ai cru devoir les rap- porter au genre Plésiocète, que j'avais établi, pour des Cétacés fossiles d'Anvers. Dans ces derniers temps, le Docteur J. -F. Brandt a cru devoir ériger un genre nouveau pour cette Baleine de Mi- lan, et il a proposé le nom de Cetoteriophanes. Nous ver- rons plus loin que c'est une omoplate mutilée qui a induit en erreur le savant naturaliste de Saint-Pétersbourg. Le dernier travail sur les Balénides fossiles d'Italie est du professeur Capellini. Le savant naturaliste de Bologne a fait du Rorqualus Corlesii l'objet d'un mémoire nouveau cl il adopte le nom de Cetoteriophanes Capetlinii proposé par M. Brandt. Nous allons démontrer dans les pages qui suivent, que les deux squelettes de Baleine de Cortesi , ainsi que le squelette de Bologne, décrit par Capellini, ne présentent point des différences qui justifient l'établissement de plus d'une espèce; que le genre Cetoteriophanes ne repose (jue sur une erreur d'observation, et que nous ne voyons pas de raison de séparer génériquement ces Balénides du genre Plésiocète. Le magnifique squelette du musée de Milan, que Cor- tesi et après lui Cuvier ont décrit el figuré, est à peu près complet. Dans ces derniers temps, M. Cornalia, le savant directeur de ce riche musée, l'a fait nelloyer avec une rare ( 759 ) habileté el les divorscs pièces, y compris même la tête, sont aussi propres à rétudo que si elles provenaient d*un animal vivant. On peut en juger par la conservation de la tète dont nous reproduisons ici la belle photographie, que M. Cor- nalia a bien voulu faire exécuter à notre demande. Ce squelette a 21 pieds de long, c'est-à-dire, 6"\ 81 (1). La tète ressemble beaucoup à celle des Balénoptères vivantes comme l'ont ditCortesi et après lui Cuvier; toutes les proportions sont les mêmes, aussi bien celles du crâne que celles de la face; le maxillaire inférieur même ne diffère guère et l'on peut dire avec assurance que les fanons devaient être conformés comme ceux des Rorquals d'aujourd'hui. Il y a toutefois une différence dans le volume relatif de la boîte crânienne; le crâne est plus petit que dans les espèces vivantes. Comme pour les mammifères terrestres, le cerveau semble également avoir augmenté de volume chez ces Thalassothériens, depuis l'époque quaternaire. L'occipital s'étend en avant jusqu'aux apophyses mon- tantes des maxillaires; il forme à lui seul toute la voûte du crâne. Les deux crêtes temporales vont se joindre au- dessus du frontal, et l'espace qui reste entre elles s'élargit brusquement en arrière; l'occipital est déprimé sur la ligne médiane jusqu'au trou occipital, et de chaque côté il est légèrement bombé. On voit tout le trou occipital quand la tête est placée debout. La ligure 1 la représente dans cette situation. Lescondyles articulaires de l'occipital sont très-saillants (1) L'autre squelette de Cortesi n'a que 4™ ,05 (12 pieds, 5 pouces) et celui dePodesta,coDservé égalemenl à Parme, 7'°,50. ( 740 ) et, à côlé d'eux, la surface de roccipital est fort échancrée. I/occiput se termine en pointe en avant. Les condyles de l'occipal indiquent que la tête s'articule aux premières cervicales comme dans les vraies Baleines en formant un angle avec la colonne vertébrale. Sous ce rapport les Rorquals fossiles semblent ditïérer plus ou moins des vivants et se rapprocher davantage des Baleines à longs fanons. Les os frontaux sont très-dé veloppés, fort larges en de- dans et, comme le fait remarquer Cuvier, d'après la figure de Cortesi, le bord postérieur est en courbe concave tan- dis que le bord antérieur est en courbe convexe; on peut dire que dans les espèces vivantes ces bords sont presque droits, de manière que la partie du frontal, qui forme la voûte de l'orbite, est tronquée. En arrière et en dehors le frontal se termine en une pointe arrondie, qui va à ren- contre du temporal. Le diamètre antéro-postérieur de la fosse temporale est plus grand dans ce Rorqual fossile que dans les espèces vivantes. Le bord antérieur du frontal forme une courbe convexe, au lieu d'être droit ou concave; aussi le frontal comme l'oc- cipital suffiraient-ils pour distinguer ces Balénoptères. Mais de tous les caractères fournis par le crâne, le principal, c'est la largeur de la bande du frontal qui sépare l'occipital des os nasaux, et la longueur de ces derniers. Ces os, au lieu de former un coin, s'allongent d'une manière excessive, se perdent en haut entre les maxilliaires et les frontaux, et s'étendent en avant sur la même ligne que le bord antérieur des frontaux. C'est dans cette disposition étroite et allongée des os du nez, que nous trouvons un des motifs qui justifient leur établissement en un genre (741 ) particulier. Dans la Balaenoplera rnusculiis le bord anté- rieur des frontaux s'étend beaucoup au-devant des nasaux. On peut conclure de la fusion des os dans cette région et surtout des os du nez, que ces animaux sont parfaite- ment adultes malgré leur petite taille. La face inférieure du frontal présente aussi des carac- tères propres. Dans les espèces vivantes le canal du nerf optique est placé vers le milieu de l'os, tandis qu'ici il est situé le long du bord postérieur, ce qui indique que le point oii le nerf optique prend son origine, est plus en arrière que le bord postérieur du frontal ; il doit se diriger d'arrière en avant au lieu de se diriger directement en dehors. Le frontal de cette Balénoptère se distingue donc de celui des espèces vivantes par les courbures des bords anté- rieur et postérieur, par le prolongement en arrière, ainsi que par la situation reculée de la gouttière du nerf optique. Les os nasaux sont fort longs et peu larges; ils se ter- minent en arrière par des lamelles en dedans de la branche montante du maxillaire. En avant ces os sont tronqués. M. Brandt répètece qu'avait dit Cuvier,que les os nasaux manquent dans le squelette de i^Jilan. On peut voir, au contraire, que ces os sont en place, dans le dessin que nous reproduisons ici d'après une photographie. La tète n'était pas suffisamment nettoyée quand Cortesi en a donné la description et nous ne sommes pas étonné que Cuvier ait pu dire, en s'appuyant sur les observations dunaturaîiste italien, que les os propres du nez avaient dis- paru. Il les a cru absents, parce qu'ils ne sont pas disposés tout à fait comme dans les espèces vivantes. Les jugaux manquent et cela se conçoit aisément, si l'on songe que le squelette a été couvert assez longtemps par la mer pour ( lit ) que des huîtres aient pu s'y établir et s'y développer cora- plétenient. Ce squelette étant resté entier avec les mem- bres et les côtes, il faut en conclure qu'il était échoué dans une crique, à l'abri des courants et de la dent des grands carnassiers. Nous avons vu des huîtres encore en place sur les os. Les inlermaxillaires qui sont fort distincts se terminent à la hauteur des os nasaux. Le maxillaire s'élargit en arrière et, à la hauteur des nasaux, il forme au-devant du frontal une apophyse qui rappelle la disposition de cet os dans les vrais Balé- nides. Le maxillaire s'étend sous le frontal, comme dans tous les Cétacés à fanons, tandis que dans les Cétacés à dents il passe au-dessus et se trouve en grande partie caché. En avant, le maxillaire se termine en pointe sur Tinter - maxillaire qui forme seul le bout du rostre. L'intcrmaxil- laire nous paraît tronqué au bout. LesditTérencesprincipales,queronremarqueàlabasedu crâne, résultent de ce que les maxillaires se terminent en arrière, au-devant du frontal, plus brusquement que dans les Rorquals vivants; de ce que les frontaux ont, comme nous l'avons dit plus baut, leur bord externe et posté- rieur en courbe concave; de ce que la fosse temporale est plus grande et enfin de ce que l'arcade zygomatique se recourbe fortement en dehors. A la face inférieure on voit aussi fort distinctement que les maxillaires sont un peu plus larges vers le milieu de leur longueur (jue dans les espèces de la nature actuelle. Un os important pour la distinction des genres et des espèces, c'est la caisse tympanique. Il est encore en place dans le squelette de iMilan. Nous lui trouvons à peu près ( 743 ) les dimensions de la caisse de la Balaenoptera rosfrala. Elle est de forme ovale, à surface exlerne régulièromenl arrondie et affeclant l'aspect d'un caillou roulé. Ce n'est pas une caisse de Baleine, puisqu'elle n'est pas compri- mée; ce n'est pas non plus une caisse de Balénoptère, puisqu'elle n'a pas son bord comprimé; elle se rapproche le plus de celles des Plésiocèles. M. Capellini a donné une bonne figure de cet os dans son dernier mémoire, pi. If tig 8. L'apophyse que nous désignons sous le nom de masloïde, dont le sillon qui la loge est toujours si bien marquée dans le temporal, est droite, fort épaisse, un peu élargie à un des bonis et longue de 7 centimètres à peu près. Nous en trouvons de semblables parmi les ossements d'Anvers. M. Capellini a donné une tigure de cette apophyse dans son premier mémoire, pi. H, fig. 5 et 4. Un des os les plus importants pour la distinction des genres et des espèces, est le maxillaire inférieur. Cet os se termine en avant sans se tordre sur lui-même, et con- serve une largeur assez grande; celte partie antérieure de l'os reste dans une position verticale quand il esl en place. Nous avons compté sept orifices provenant du canal dentaire le long du bord et deux autres en dehors. Le maxillaire se termine en avant en présentant l'échan- crure ordinaire du maxillaire des Myslicètes. Le bord in- féi'ieur ne présente pas le sillon des Baleines véritables. En arrière cet os se termine par un condyle, dont la surface articulaire est séparée par une échancrure profonde pour le passage du nerf maxillaire inférieur, qui pénètre par l'orifice postérieur du canal dentaire. La surface articulaire occupe la partie postérieure du condyle comme dans Its Balénoptères, plutôt que la partie ( 744 ) supérieure comme dans les Baleines. La capsule articu- laire, destinée à recevoir ce condyle, doit être placée plus en arrière et moins verticalement que dans les vrais Mys- ticètes. L'apophyse coronoïde est développée également comme dans les Rorquals vivants; elle en a la courbure aussi bien que la hauteur. Nous ferons remarquer que la liguredu maxillaire inférieur, publiée par M. Brandt,donne l'idée la plus fausse des caractères essentiels du condyle. On pourra s'en assurer en comparant le maxillaire que nous figurons d'après une photographie, avec le dessin publié par ce savant. En résumé, le maxillaire inférieur est fort peu courbé; il ne se rétrécit guère au bout, ni ne se tord sur lui-même comme dans les Baleines proprement dites; son apophyse coronoïde est développée comme dans les Balénoptères et Ton peut en dire autant du condyle articulaire. Cortesi figure un maxillaire inférieur fortement courbé et on peut se demander si cet os provient du même animal qui a les maxillaires presque droits. On sait que sous ce rapport il y a des différences notables dans les genres vivants. Aussi s'il fallait s'en rapporter exclusivement à cette mandibule, figurée par Cortesi, pi. !V, fig. 1 , fau- drait-il la rapporter plutôt à une Megaptera qu'à un Plé- siocète. La colonne vertébrale est presque complète. !1 y a 41 ver- tèbres. Les sept cervicales sont toutes fort bien conservées. Elles diffèrent peu entre elles par leur diamètre antéro- postérieur. L'axis est un peu plus fort toutefois que l'atlas, ainsi que la septième de cette région. L'atlas mesure en hauteur 18 centimètres, en largeur i29 centimètres. Ces dimensions sont à peu près celles de ( 743) l'atlas de la Balaenoptera rostrata. Les apophyses trans- verses sont étroites et s'insèrent vers le milieu de la hau- teur de Tarcneural. Le canal spinal est fort large surtout à sa partie inférieure. L'atlas du squelette de Parme, dont M. Slrohel a bien voulu m'envoyer un dessin , a les apophyses Iransverses plus massives; elles prennent naissance un peu plus haut. L'atlas du squelette de Milan ressemble plus à celui de la Balaenoptera rostrata; dans le squelette de Parme l'atlas est plus semblable à celui de la Balaenoptera borealis. L'atlas conservé à Turin, et que M. Brandt a figuré plan- che XXI, figures 7-10 ressemble plus au dernier qu'au premier. L'atlas du squelette de Bologne est en trop mauvais état pour que l'on puisse en apprécier les vrais caractères. L'axis a près de 40 centimètres d'un bout de l'apophyse transverse à l'autre; en hauteur il mesure 20 centimètres. Son diamètre antéro-postérieur est de 5 V2 centimètres; les ailes formées par les apophyses transverses supérieures et inférieures sont fort larges et le trou qui les sépare est relativement petit. La surface articulaire postérieure mesure en travers 14 centimètres. Cette vertèbre est éga- lement conservée au squelette du Musée de Bologne; mais quoiqu'elle soit un peu mieux conservée que l'atlas, on ne pourrait en reconnaître les caractères principaux. Si nous avions à comparer cette vertèbre avec l'axis des espèces vivantes, c'est avec celui de la Balaenoptera rostrata que nous trouverions le plus de ressemblance. La troisième cervicale a une épaisseur de 0,034. Le canal spinal mesure en travers 10 centimètres. Les apophyses transverses supérieures et inférieures sont très-délicates. ^""^ SÉRIE, TOME XL. 48 ( 746 ) Nous avons pu dessiner tous ces os de grandeur natu* relie, mais sans leurs apophyses. Nous comptons de douze à treize vertèbres dans la région dorsale. Les apophyses transverses de la première dorsale sont le plus développées et, depuis la seconde dor- sale, elles diminuent régulièrement en longueur jusqu'à la sixième. A la septième dorsale les apophyses transverses s'allongent de nouveau et à la douzième elles ont une longueur double de celles de la sixième. La première dorsale a ses apophyses transverses à peu près horizontales; mais dans les suivantes elles s'élèvent successivement comme dans les baleines. Le canal spinal est beaucoup plus large que haut dans les vertèbres de cette région; mais nous n'oserions assurer que les arcs n'ont pas subi une pression extérieure après leur enfouis- sement; ce qui semble démontrer que cette déformation s'est produite, c'est que le canal n'est plus symétrique dans quelques vertèbres. Les facettes articulaires des côtes sont distinctes en avant comme en arrière du corps de ces vertèbres. On les voit de même à la dorsale suivante dont le diamètre antéro-poslérieur est de 5 centimètres. A la huitième dorsale le corps de la vertèbre change de forme; au lieu d'être plus large que haut comme dans les premières dorsales, il devient plus haut que large et se rétrécit notablement en dessous. Le corps qui n'a que 5 centimètres d'épaisseur à la pre- mière dorsale, ail centimètres à la huitième dorsale. Les vertèbres de la région lombaire deviennent carénées en dessous; elles se creusent au milieu de leur longueur; le diamètre antéro- postérieur augmente, les apophyses épineuses sont larges et hautes et les zygapophyses sont très-développées. M. Brandt figure quelques-unes de ces ( 717 ) vertèbres (pi. XXI, fig. 6-i 1), d'après des dessins que Ini a envoyés M. Cornalia. Nous ferons remarquer, en passant, que dans les mêmes vertèbres de l'Aulocèle du Musée de Linz, les zygapophyses ont également un fort développe- ment. On n'a trouvé qu'un seul os du sternum, de forme trian- gulaire, dit Cuvier en parlant du squelette de Milan. On sait aujourd'hui qu'il n'y a jamais plus d'un os au sternum chez les cétacés à fanons. Le slernum ressemble par la forme à celui de la Balaenop- teramusctdus vivante et de la Balaenoptera robusta fossile. 11 a trois lobes, deux de côté assez larges et un en arrière terminé en pointe. Les latéraux sont un peu plus longs que les autres. Par là le sternum diffère complètement de celui de la Balaenoptera roslrata, qui a la forme d'une croix latine. M. Strobel a bien voulu nous envoyer un dessin du sternum complet du Musée de Parme. Les côtes sont toutes en place, comme on peut le voir par la ligure de Cortesi. On en compte douze. Elles ont toutes leur col depuis la seconde jusqu'à la septième. C'est la quatrième qui a le col le plus long. La première est longue de 0,36 en suivant la courbe et large à son extré- mité inférieure de 0,0o5. Si nous comparons la côte antérieure à la première de Balenoptera rostrata , nous trouvons une différence no- table dans la courbure à la partie supérieure. Cette cour- bure est telle que la cavité thoracique doit avoir une capa- cité notablement plus grande que chez la Balaenoptera rostrata. C'est un caractère qui rapproche l'espèce fossile plutôt des Baleines que des Balénoptères. Il nous a paru que la première côte de gauche du sque- lette de Milan, n'est pas la première; elle n'est pas assez ( 7« ) large et elle porte un prolongement en haut. La pre- mière côte de gauche serait donc perdue. Il y aurait douze ou treize côtes. Par le nombre des côtes la Baleine fossile de Lombardie se rapprocherait le plus des deux petites espèces vivantes, la Balaenoptera rostrata et la borealis. L'omoplate a la forme d'un éventail, dit Cortesi, et nous ajouterons qu'elle a tous les caractères de Tomoplate des Balénoptères. Ainsi elle est, comme dans ces dernières, beaucoup plus étendue d'avant en arrière que de haut en bas; ceci s'observe chez les vraies Baleines. Cette omoplate paraît avoir été mutilée, dit Cuvier, et il n'est pas possible, ajoute-t-il, d'en faire une comparaison exacte avec nos espèces vivantes. Cette omoplate du squelette de Milan est en effet mu- tilée et c'est pour n'avoir pas remarqué cette mutilation, que M. Brandt a commis l'erreur de faire de cet animal le type d'un genre nouveau. Il n'existe ni acromion ni apo- physe coracoïde à l'omoplate de Milan, cela est vrai; mais ces apophyses manquent-elles naturellement? Nous ne le pensons pas : en examinant attentivement le bord anté- rieur de l'os, on voit que la moitié de son épaisseur man- que et, à l'aide d'une restauration habile, on a dissimulé la disparition des deux apophyses (1). Les os des membres diffèrent beaucoup de ceux des Balénoptères vivantes surtout par leurs proportions; l'hu- mérus n'a pas une fois et demie la longueur des os de (1, Une omoplate du Musée de Parme est complète. Elle a ses deux apophyses parfaitement développées, semblables à celles des Balénoptères vivantes. Comme ces squelettes de Parme et de Milan sont si semblables pour tout le reste, et que la mutilation de l'omoplate de Milan est évi- dente, il n'y a pas lieu de douter qae la restauration du bord antérieur a été faite aveè plus d'habileté que d'exactitude. ( 7i9) Tavant-bras. Cet os est remarquable par sa forme allongée, le peu (le développement des tubérosités; il le cède sous ce rapport aux humérus de tous les genres vivants; il a 37 centimètres de long sur iS de large. Ce sont des me- sures que le professeur Strobel a bien voulu m'envoyer d'après l'exemplaire du Musée de Parme (1). On peut voir dans la figure de Cortesi les proportions des os du bras comparativement à ceux de l'avant-bras. L'humérus de tous nos Plésiocètes d'Anvers présente également une longueur très-grande relativement à son diamètre et à la longueur de l'avant-bras. Cet os dans plu- sieurs Mysticètes vivants est presque aussi large que long. Le radius est droit, fort, massif; il a presque le double de la largeur du cubitus. Ce dernier présente une apophyse olécrânienne très-développée comme dans les Balénoptères vivantes. Les Métacarpiens et les Phalanges ne nous ont rien offert de particulier. La main semble avoir atteint la lon- gueur de l'avant-bras. Comme nous l'avons dit plus haut, le second squelette décrit et figuré par Cortesi et dont Desmoulins a voulu faire le type d'une autre espèce, est déposé au Musée de Parme. M. Strobel à bien voulu me donner des renseignements sur cette pièce intéressante après l'avoir fait nettoyer avec soin et après l'avoir débarrassée de la roche qui l'encroûtait encore. Il a eu l'obligeance de m'envoyer des dessins des (1) Un humérus de Balénoïde du sable jaune de Plaisance, provenant d'un animal de 25 mètres de long d'après M. Strobel, faisait partie de la seconde collection de Cortesi. ( 750 ) principales pièces dont quelques-unes sont parfaitement conservées. La tête est assez complète. Les maxillaires supérieurs et inférieurs sont en place ainsi que l'intermaxillaire; les frontaux sont mutilés près du bord des orbites. Toute la partie postérieure de la tête est conservée avec le prolon- gement du temporal, et, en la comparant avec celle de Milan , il nous serait difficile de dire en quoi elle diffère. Les maxillaires inférieurs sont aussi droits dans le der- nier que dans l'autre. Cortesi assure du reste, et avec raison, que la forme de la tête du squelette découvert en 1816 (fig. 1 pi. V) est parfaitement semblable à celle de son premier squelette. Le professeur Strobel a eu Tobligeance de nous envoyer également un croquis de la tête du Musée de Parme, appar- tenant au squelette recueilli par J. Podesta , et il ne nous est pas possible de trouver des raisons qui justifient l'éta- blissement d'une espèce distincte. Nous savons que le sque- lette de Podesta a 7 mètres 50 centimètres. Nous ferons remarquer, comme nous l'avons dit plus haut, que le maxillaire inférieur, figuré par Cortesi, (Saggi..., pi. IV, fig. 1) qui est au Musée de Parme, est fortement courbé et non pas droit comme plusieurs autres et particulièrement celui de Milan. Il en est de même du maxillaire inférieur de Turin (1) que M. Brandt a figuré pi. XXI, fig. 29. Cette courbure paraît aussi prononcée que dans celui de Parme. A Turin, on conserve des ossements de cette même Ba- leine; ils ont été déterrés à Cortanzone et à San Lorenzo; (1) Dessins envoyés par M. Gastaldi à M. Brandi. ( m ) les verlèbres ont été mises au jour en novembre i862, à la Calunga, près de la station de San Domiano. Ces osse- ments consistent en une tête assez complète, des vertèbres, comme nous venons de voir, des côtes et des os du membre. M. Gastaldi a envoyé des dessins de ces pièces à M. Brandt qui les figure pi. XXI en les rapportant avec quelques auteurs à une espèce distincte de celle de Milan. — C'est la taille qui semble avoir décidé ces auteurs et nous ne pouvons partager cet avis. Après avoir comparé os par os, nous ne trouvons absolument aucun caractère qui justifie cette séparation. La pi. XXI, fig. 29, des Re- cherches de M. Brandt représente deux os maxillaires infé- rieurs et non des côtes (das vordere Bippenpaar) comme il est dit dans l'explication des planches. Le Musée de minéralogie de Turin possède une tête assez complète avec les maxillaires supérieurs et inférieurs, une quinzaine de vertèbres qui se rapprochent de la Balaenoptera rostrata, deux lombaires qui sont voisines du Plesiocetus Garopii, des vertèbres d'une petite espèce du même genre, puis des vertèbres malades ûeBalaenula qui sont soudées entre elles. Ces dernières viennent des environs d'Asti. Nous rapportons au même animal le Borqual de Bo- logne que notre savant confrère Capellini a décrit der- nièrement, sous le nom de Cetotheriophanes Capellinii. Quand nous sommes arrivé à Bologne en 1874, le pro- fesseur Capellini a mis le plus grand empressement a mettre sous nos yeux les restes de l'animal, qu'il avait décrit quelque temps auparavant. Après avoir étudié le squelette de Milan nous étions fort curieux de pouvoir lui comparer celui de Bologne. ( 752 ) Le crâne est tronqué vers le tiers antérieur de Toccipi- lal et le professeur Capellini a complété la première figure qu'il a donnée de cette tète d'après les dessins de Balé- noptères de Cuvier. Je remarquai de suite une pièce qui était mêlée avec d'autres débris et je la mis en place pour compléter la boîte crânienne. C'est la pièce que Capellini a représentée sur sa nouvelle planche et qui complète le crâne. Je comprends que le savant professeur de Bologne n'ait pas songé à mettre cette pièce allongée à sa place, persuadé qu'il était, que la boîte crânienne devait finir en avant comme il l'avait figurée sur la planche qui accom- pagne le premier Mémoire. Cette portion de crâne étant en place, nous nous sommes mis ensemble à nettoyer la surface des os pour distinguer exactement leur forme et leur suture et c'est ce net- toyage que M. Capellini a continué après mon départ. Il a fait apparaître les parties du maxillaire, du pariétal et de l'occipital, qu'il a si bien figurées sur la planche qui accom- pagne son dernier Mémoire. Si par la pensée on restaure des deux côtés cette tête en mettant les frontaux en place, ainsi que les maxillaires et les temporaux, on reproduit exactement la tête de celui conservé à Milan. Nous ne ferons qu'une observation au sujet de cette belle planche de M. Capellini qui représente la tête du Plésiocète de Bologne, c'est que les maxillaires inférieurs sont mis un peu trop en avant; il n'y a pas en arrière une lacune aussi grande pour atteindre la surface articulaire du temporal. Les sept cervicales sont également conservées dans le squelette de Bologne, mais les apophyses transverses inférieures ont toutes disparu. Les supérieures sont encore en place dans les vertèbres trois, quatre, cinq et sept. ( 7S3 ) \x corps de ces vertèbres ressemble beaucoup, pour la dimension surtout, aux cervicales de la Balaenoptera borealis. Si maintenant nous comparons les vertèbres de Turin, reproduites par M. Brandt{pl. XXII) d'après des dessins de Gastaldi ou celles de Bologne figurées par Capellini, dans son Mémoire de 1865 avec celles de Milan, il est évident que nous avons affaire à des espèces qui ont les plus grandes affinités entre elles si même elles ne sont pas identiques. Sous quel nom faut-il désigner cette Baleine fossile dont Cortesi a le premier fait mention et que Cuvier décrit et figure en la plaçant dans le sous-genre des Rorquals? Cortesi, en faisant connaître le squelette du Monte Pul- gnasco, trouve avec raison que cet animal était voisin de la Balénoptère à museau pointu de Lacépède, c'est-à-dire, de la Balaenoptera rostrata des cétologues modernes. On sait que cette espèce ne dépasse pas trente pieds de lon- gueur. Cuvier, sans se prononcer sur ce rapprochement, établit parfaitement les affinités génériques de l'animal; il agissait avec sa prudence et son tact habituels en ne se prononçant pas sur la question de l'espèce. On connaissait si peu, à cette époque, les Balénides de nos mers d'Europe, que Cuvier croyait devoir nommer la Balénoptère ordinaire du Nord , Rorqual de la Méditerranée. Toutefois si le grand natura- liste avait proposé un nom il lui serait resté. Nous avons vu plus haut que le docteur Brandt a créé un nom générique nouveau pour la Balénoptère de Milan et qu'il rapporte à des espèces distinctes les squelettes de Milan, de Parme et de Bologne, sous les noms de ( lU ) Cetotheriophanes Cuvierii, Cortesii et Capellinii^ d'après des renseignements descriptifs et iconographiques qu'il a obtenus par correspondance. M. Brandt n'admet pas seu- lement ces trois espèces, mais peut-être même une qua- trième, ce qui, dit-il, ne doit pas étonner, puisque le bassin tertiaire de la Russie méridionale fournit quatre espèces et le bassin de Vienne à peu près autant. Il fait mention de six espèces à Anvers. M. Brandt caractérise ainsi son genre : les cerceaux des vertèbres non épaissis; le canal vertébral des lombaires plus haut que large; l'omoplate sans açromion et sans coracoïde. Les caractères tirés de l'épaisseur plus ou moins grande des cerceaux et de l'élévation du canal vertébral plus ou moins élevé relativement à la largeur, ne peuvent, à notre avis, jamais servir à former un nouveau genre. Quant à l'absence des apophyses de l'omoplate, il n'en serait pas de même. Mais nous l'avons déjà dit, ces apophyses ne manquent pas plus que dans les autres Balénoptères. Après un examen rigoureux des deux squelettes deCor- tesi, nous nous rangeons à l'avis de ce savant naturaliste italien; nous croyons qu'ils appartiennent à une même espèce, et nous croyons de plus qu'il n'y a pas lieu d'en séparer les squelettes de Bologne, de Turin et de Parme. J'ai déjà dit dans l'Ostéographie des cétacés (p. 242) que tous ces ossements de Bianconi, Gortesi et Capellini appar- tiennent à une seule et même espèce, et aujourd'hui que nous avons pu voir et examiner la plupart de ces os, notre conviction à cet égard est encore plus complète. Je ne suis, du reste, pas le seul de cet avis et si Cuvier avait dû se prononcer à ce sujet aussi bien que Blainville, ils n'eussent pas hésité à trancher la question dans ce sens. (755) On ne trouve vraiment entre ces squelettes que des diffé- rences individuelles. Nous réunissons ces Balénoptères d'Italie dans un mênoe genre avec les Plésiocètes d'Anvers, à cause de leur man- dibule inférieure, de leurs os propres du nez, de la largeur et de la conformation du frontal au-devant de l'occipital, de la forme du tympanal et de l'apophyse mastoïde, de la lon- gueur de l'humérus, etc.; et quant au nom spécifique, nous croyons devoir conserver celui de Cortesi. Nous désigne- rons cet animal sous le nom de Plesiocetus Cortesii. Nous pouvons donner la synonymie suivante avec l'indi- cation du nom des auteurs qui s'en sont occupés et des ouvrages qui en font mention. Cortesi, Sugli scheletri d'un Rhinoceronte afri- cano etd'una Balena... Milano 1809. Cortesi , saggi geologici, Piazenza 1819. Cuvier, Ossements fossiles, t. V, 1'"*' part. p. 390. 1832. Baleine de Cuvier et de Cortesi. Desmoulins, Dictionn. classique d'hist. nat., art. Baleine, vol. 11, p. 165. 1822. Rorqualus Cortesii, Capellini, Balenottere fossili, Bo- logna, 1765. Plesiocetus Cortesii... Van Beneden et Gervais, Ostéo- graphie des cétacés, Paris, pp. 242 et 288. Cetotherium [Cetotheriophanes) Cuvieri, Cortesii, Capel- linii, Brandt, Untersuchungen ùber die Fossilen und Sub- fossilen Cetaceen Europa's. S*-Petersburg, 1875. J. F. Brandt, Ergânzungen zu den fossilen Cetaceen Eu- ropa's, S*-Peterburg, 1874. Cetotheriophanes Capellinii , Capellini, sui cetoterii Bolognesi... Bologna, 1875. ( 7d6) Ces ossements ont été trouvés dans les couches de marne bleue, ou de sable jaune que l'on place générale- ment dans le Pliocène. Les principales localités où ces découvertes ont été faites sont : Monte Pulgnasco (1806); Montezago, Castelarquato (Podesta) près de Chiavenna Rochesta (1816); Prada- libno (1865); Montelalcone, S. Lorenzo (1862); Briatico, golfe de Saint-Theophême, à Sienne (vertèbres au Musée de Pise); Pietra leccese, in terra d'Otranto et enfin dans le Val d'Arno (Gervais.) On a signalé également des ossements de cétacés à Malte, avec des restes de Dugongs et de Phocodon. On conserve au Musée de Milan le grand squelette de Cortesi. A Turin, au Valentino, Musée de l'École d'application des ingénieurs sous la direction du professeur de géolo- gie, M. B. Gastaldi, se trouvent les ossements décrits et figurés par M. Brandt et au Musée de minéralogie, sous la direction de M. Aug. Sismonda, sénateur du royaume, on voit une tête et de n?)mbreuses vertèbres de divers cétacés à fanons. A Bologne se trouve le beau squelette décrit et figuré par le professeur Capellini , dans le Musée dirigé par ce savant. A Parme, d'après les renseignements que le directeur Pellegrino Strobel a bien voulu me fournir, le Musée possède : IMe squelette de Montezago, décrit et figuré par Cortesi, pi. V, fig. 1-5; 2Me squelette de la marne bleue de Jean Podesta; 5° un squelette du sable jaune de Montefalcone; 4** des vertèbres cervicales des Apen- nins de Plaisance; 5** des parties d'un squelette d'un ( -!^ ) grand animal du sable jaune de Montezago; 6° des restes d*un squelette d'un petit individu, c'est-à-dire la tête avec les maxillaires et les intermaxillaires, des sables jaunes des Apennins du Plaisantin, recueillis par Cortesi; 7° le corps d'un humérus très-grand du sable jaune des Apen- nins Plaisantains, trouvé également par Cortesi. Il paraît qu'à Pise il existe également un squelette de Balénide fossile, mais qui n'est pas nettoyé. Le Musée de Florence renferme une quantité d'osse- ments fossiles de cétacés, que le professeur Capellini est en train de débrouiller. 11 y a là une région cervicale, qui in- dique la présence, dans le bassin de la Méditerranée, d'un vrai Mysticète, très-voisin d'un genre qui n'est connu encore que dans le sable d'Anvers. Le Musée de Pise renferme également un fragment de maxillaire inférieur de Balaena. Les principaux ossements fossiles de Myslicètes décou- verts jusqu'à présent en Italie se rapportent aux espèces suivantes : Balaena etriisca, région cervicale au Musée de Bologne. Balaena balsami (1), vertèbres au Musée de Milan. Balaenula, vertèbres à Turin et à Florence. Plesiocetus Cortesii, aux Musées de Milan , Turin , Bo- logne, Parme, Pise. (1) M. Cornalia a donné ce nom à une Baleine fossile, dont on a trouvé treize vertèbres dorsales et lombaires et quatre côtes, à Montezago, Pia- centino, en 1806. C'est une vraie Baleine. Nous ne savons si ces os viennent de l'argile bleue, Pliocène. Ils n'ont pas le même aspect que ceux de Plésiocète. ( 7S8 } EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 4. Tête de Plesiocetus Cortesii, vue par la face supérieure, d'après une photographie exécutée sous les ordres de M. Cornai ia. Fig. 2. La même têle vue du côté opposé. Il n'y a que les os jugaux qui manquent. A côté on voit le maxillaire inférieur, d'un côté vu par sa face inférieure, de l'autre côté en profil. Sur la période de froid du mois de décembre 1875; par M. E. Quelelet, membre de rAcadémie. La période de gelée que nous traversons en ce moment mérite de fixer un instant l'attention. Depuis le 25 no- vembre il a gelé chaque nuit, et le 2 décembre au matin la température est tombée à — 7°5; ce froid n'est pas excessif pour la saison, puisqu'on sait qu'à !a date du 25 novembre la température a déjà atteint à Bruxelles 10%4 sous zéro; mais il s'est présenté précisément à une époque de réchauffement de l'air et le degré — 7°5 n'a pas été observé jusqu'ici du 24 novembre au A décembre. Quand une anomalie remarquable se présente, il est utile d'étudier les faits analogues qui ont été observés précédemment : j'ai donc recherché les périodes froides de quelque importance qui se sont présentées vers la môme époque. Sur les 42 années d'observation il y en a 15 qui présentent sous ce rapport quelque analogie avec l'année 1875. Je les ai réunies dans le tableau suivant, en me bornant toutefois à présenter pour chacune d'elles le minimum absolu par pentade, c'est-à-dire par période de cinq jours: y.uWA»- VAc.i.\ ( 759 ) ta Si- o ce o ce 1 1 1 16-20 21-25 26-30 1 1 CC-^OOsO-rHv-J.OOCOtfl-^O 5. co_ 0" ce ce ï~;--i:L=û '^^'-^J^, ''V'v®''. 05,!^ 4^rcoccrcocr-«;-'<îf** vj-'^cT • S- ce OO — 05t--r«O"r^C0-*00OSC 1 1 1 1 1 1 II 05, 1 ?' « Il 1 1 1 1 1 1 1 S- S^ o 1 T 1 1 1 1 1 1 ce ce 1 ce t— ^ m o ce Voo'co^ys'o -* c: g-ï «^ ^^ ^^ * 1 1 ! 1 1 1 'l 1 1 1 1 ce 1 s Oit-OOOCit-CCC5G^C5-*«*a5 lô-l o (îîo ce ^>* cm'oT»* o "T-'ef " 1 7 1 7 1 T 1 1 1 T T 1 ce G^ od' V C5 -- Ci o tO OO l-_,S.e «*^30^G1 G^^O 1 1 1 1 1 T 1 1 1 1 1 1 se 1 se 1 C5 00 Ï ^ClOC£>COCCt~-*20C5SOïOCO ce G^'sis-f-r-'^'ce G^'sice œ-r^^ce" a iTiTiTiTi III S- 1 S- s ^^Go îo 00 00 -r" (M se oo,ce -* ^ t- 1 TT 1 1 1 1 1 III S- 1 •^ iS S- r 0 5eo-*5Îie t-^«* océf^Tcoo ® 1 ^1 1 1 I 1 1 I 1 1 I 1 § l OQOG^oo!:o5e^ie!X>s^i-„o «5,oo «j-ce'o 5-i :ç G^ -T-"o'T-"o"Gf o >* 20 '51 ce * •* -T- 1- Gi,ce^ce^co^^, ^„^^t~"^ O ce";© — ''o"o"o'ce"^"^"'rH' j-fce gi S' -T- -T- -T- ^ G-1 G-i ce 00 lo ce '^,-^^'* o SO'îO Sice o O^Gjf -^-"0 — '~-r' 0 G^ 0 en . 0 05.^t^:iO-r-G*~-r''ce'~-rH"o'o~o"-rro~o'Gfof C5^ S- ^00 i?! 20 CD G'T ce C5 0 -r-_ -r^O^f-. -r^ ce t-'~-TH'o"GTce'~>-i-"sif "-i-'îo oce ^r- -r^ G-^ gT 0 Gf CO^ ANNÉES. «5 g- S ■S : « • il g'ce S ooov-i.corice'-ccst-cso-r-'^ao ce»^»***'^ieiOie':ocût~-t~-t~'t~- OOOO^QOQOOOOO^OC^QCOOOOOO ( 760 ) . En examinant ce tableau, on reconnaît bientôt que les températures d'aucune de ces années ne sont comparables avec celles que nous observons actuellement, mais que les moyennes ne s'écartent pas trop des nombres obtenus cette année entre le 2 novembre et le 4 décembre. Si l'on resserre les limites et que l'on rejette les années où la somme des écarts avec 1875 est la plus grande, il reste 1844, 1849, 1855, 1869, 1870 et 1874 dont les minima moyens sont consignés dans l'avant-dernière ligne. La dernière ligne enfin renferme les minima moyens des trois années 1844, 1846 et 1855 qui sont les seules qui demeurent, quand on a éliminé les années dont les écarts avec 1875 sont les plus grands dans chaque pentade. Quoique ces trois séries de nombres aient été obtenues par des combinaisons différentes des minima annuels, elles concordent assez bien entre elles. Ce qui est encore particulièrement remarquable dans les froids de ces derniers jours, c'est que malgré un vent d'Est- Nord-Est persistant, le baromètre est resté peu élevé et l'air humide et continuellement nuageux. ( 761 ) Sur l'élage dévonien des psammiles du Condroz dans le bassin de Theux, dans le bassin septentrional [entre Aix- la-Chapelle et Atli) et dans le Boulonnais, par M. Michel Mourlon, conservateur de la section de minéralogie et de géologie au Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles. Dans une première communication sur l'étage dévonien des psammites du Condroz (1) je me suis attaché à faire connaître la constitution détaillée de cet étage dans la région qui lui a valu son nom. Les psammites de l'Ourthe, entre Esneux et Comblain- Fairon, m'ont fourni l'échelle stratigraphique de l'étage en me faisant connaître la succession normale des couches dont il se compose dans la partie du Condroz où il paraît atteindre sa plus grande épaisseur. J'ai évalué approximativement cette épaisseur à 600 mètres. J'ai montré aussi que ces 600 mètres de couches psara- mitiques, séparant les schistes de Famenne proprement dits du calcaire carbonifère (assise 1), peuvent se grouper en quatre assises ayant chacune leurs caractères minéralogi- ques, paléontologiques et stratigraphiques qui permettent de les reconnaître aisément dans tout le Condroz, chaque fois qu'elles sont ramenées au jour par des plis, comme sur l'Ourthe et sur les plateaux, entre Chapois (Leignon) (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XXXIX, Snie série, p. 602. 2°"^ SÉRIE, TOME XL. 49 (762) et Courrière, au delà d'Assesse, ou par des failles, comme sur le Hoyoux. Ces assises sont, en commençant par la plus ancienne : A. Assise d'Esneux. (Puissance approximative. . 4oO mètres. B. Assise de Souverain-Pré . — — . . 400 — G. Assise de Moiifort. — — . . iSO — D. Assise d'Évieux. — — . . 200 — Total. . 600 mètres. J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie la continuation de mes recherches sur la constitution détail- lée des psammites du Condroz : 4° Dans le bassin de Theux. 2» Dans le bassin septentrional (entre Aix-la-Chapelle et Ath). > Dans le Boulonnais. I. — Constitution des psammites du condroz DANS LE BASSIN DE THEUX. La vallée où coule le ruisseau de Spa présente, entre Theux et Franchimont, d'importants affleurements qu'une étude attentive m'a permis de raccorder avec certitude aux psammites de TOiirthe. Ces affleurements s'observent principalement : dans la tranchée du chemin de fer où j'ai eu la bonne fortune de retrouver le gîte à végétaux d'Évieux; au sommet du flanc occidental de la vallée, dans une carrière abandonnée, où l'on a exploité les psammites à pavés de Monfort, et sur la montagne de Franchimont dont les ruines célèbres reposent sur le macigno de Souverain-Pré lequel, à son tour, est supporté par les psammites d'Esneux. ( /«'^ ) La coupe suivante fera connaître la composition détaillée de ces alïleurements : Coupe entre Theux et Franchimonl. Fig. \. En suivant la voie ferrée, on rencontre,à quelques cen- taines de mètres de la station de Theux : i. Psammite très-micacé, parfois terreux et, passant à un schiste verdâtre. 2. Psammite schisto-grésiforme pailleté passant à un schiste qui prend à la surface une teinte blanchâtre assez fréquente à ce niveau. Ce psammite, en bancs presque verticaux, renferme, notamment en 2', d'abondants débris de végétaux tout à fait semblables à ceux du gîte dTvieux. J'y ai recueilli aussi des débris de poissons ? Il alterne avec des bancs à texture terreuse. 3. Psammite grésiforme très-pailleté avec débris de végétaux semblables à ceux que j'ai rencontrés souvent à la partie supérieure de l'assise de Monfort. i. Psammite grésiforme altéré en bancs contournés, inclinés d'en- viron 4S° S. et à stratification confuse vers le bas. Sur la rive gauche du ruisseau et à la partie supérieure du flanc occidental de la vallée on observe une carrière abandonnée dans laquelle on a exploité un banc de psam- mite grésiforme gris-bleuâtre, finement pailleté, qui paraît être incliné de 20° N. et atteindre une épaisseur de 5 à 6 mètres. C'est le gros banc et le blanc banc de Monfort dont j'ai trouvé, parmi les éboulis de la carrière, les parties ter- reuses pétries d'abondants Calamités? (traces d'axes assez volumineux). 5. Macigno noduleux passant à un calcaire à crinoîdes spathiqucs. ( 704 ) Ce macigno s'observe sur la montagne de Franchimont ainsi que dans son prolongement sur la chaussée de Theux à Spa où il se montre, à une centaine de mètres du pont, sous la forme de grands blocs isolés au milieu de la végé- tation. Dumont fait mention de ce macigno dans son célèbre Mémoire sur la constitution géologique de la province de Liège (1) et l'indique comme un petit ruban de calcaire subordonné dans le psammite. 6. Psammite d'Esneux avec des parties schistoïdes verdâtres et un banc de psammite grésiforme intercalé à la partie supérieure. Ce psammite est bien visible au contact du macigno précédent, dans la propriété de M. Granjean, au pied de la montagne de Franchimont. Il s'observe le long de la chaus- sée de Spa, sur la rive gauche du ruisseau, où on peut le suivre sur une très-grande longueur, les couches étant très-peu inclinées et la chaussée prenant une direction S-0. IL — Constitution des psammites du condroz DANS LE BASSIN SEPTENTRIONAL (entre Aix-la-Chapelle et Ath). Pour faire connaître la composition détaillée des psam- mites du Condroz dans notre bassin septentrional, entre Aix-la-Chapelle et Ath, je passerai sucessivement en revue les affleurements qu'il m'a été possible d'observer : aux confins de la Belgique et de la Prusse, entre Moresnet et Montzen; sur la Vesdre et sur les bords (méridional et septentrional) du bassin, entre Liège et Ath. (1) Mémoires couronnés de l'Académie, t. VÏII, p. 181; 1832. ( 7(>o ) Coupe des tranchées près la station de Montzen-Moresnet. Fig. 2. i. Dolomie gcodiqnc recouverte d'éboulis terreux (assise V, Duponl). 2. Psammite schistoïde vcrdâlre avec traces de débris de végé- taux. Ce psammile est tout à fait semblable à celui que j'ai rapporté à l'assise d'Évieux dans la tranchée du chemin de fer au N-0 de Ciney. Il est en majeure partie recouvert d'éboulis psammiti- ques sur lesquels se trouvent également des traces de débris de végétaux, mais toutes différentes des précédentes et se rapportant plutôt à celles du psammite n° 3, ce qui permet de supposer que ces éboulis proviennent d'un niveau infé- rieur à celui qu'ils occupent dans la tranchée. 5. Psammites grésiforme et schistoïde très-micacés gris blanchâtres, devenant rougeâtres vers le haut, en bancs puissants peu inclinés (12" N.) renfernant d'abondants débris do végétaux. 4. Psammite passant à un schiste rougeâtre et verdâtre. Ce schiste rappelle ceux que j'ai rapportés à l'assise de Monfort dans la tranchée au sud de la station de Natoye , en me basant exclusivement sur leur position slratigra- phique, car je n'avais pas encore rencontré cet aspect rai- néralogique dans l'étage des psammites. 5. Psammites semblables aux psammites n» 3. 6. Psammite blanchâtre en bancs presque horizontaux devenant parfois charbonneux par Tabondance des débris de végétaux qu'il ren- ferme. ( 7(16 ) En suivant, du nord au sud, les différentes tranchées du chemin de fer de la Société de la Vieille-iMontagne, on retrouve, avec un beaucoup plus grand développement et une inclinaison sud , toute la série psammitique de la coupe précédente. Cette série de couches correspond à la partie supérieure de l'assise de iMonfort. C'est celle qui s'observe sur tout le bord nord du bassin septentrional, jusque dans le Bou- lonnais, comme on le verra par la suite. Carrières de Mont zen. Les carrières ouvertes sur la commune de Monlzen, au S.-E. de la coupe fig. 2 et au S.-O. de la station, exploi- tent un banc de 5,80 mètres d'épaisseur constitué par un psammite grésiforme gris-bleuâtre finement pailleté qui n'est autre que le gros banc de Monfort. C'est donc un psammite inférieur à ceux qu'on vient de voir dans les tranchées du chemin de fer, de chaque côté de la station de Montzen-Moresnet. En outre, comme la coupe d'une partie de ces tranchées signale la présence, entre les couches supérieures de Monfort et la dolomie carbonifère , d'un psammite à végétaux que je crois pouvoir rapporter à l'assise d'Évieux, il s'ensuit que les différents groupes psammiliques mis à découvert par les tranchées du chemin de fer, comme par les carrières, se trouvent conserver la même position relative que dans le Condroz et dans le bassin de Theux. Quant aux groupes inférieurs de l'étage , il ne m'a pas été donné de les observer dans cette partie du bassin septen- trional, soit que la faible inclinaison des couches ne leur ait pas permis d'affleurer, soit qu'elles y fassent complète- ment défaut. ( 767 ) Coupe dans la tranchée de la station de Dolliain. Fig. 3. i. Schiste grossier, légèrement pailleté, à surface luisante et légè- rement cannelée. 2. Psammitc verdàtre en bancs fortement contournés; ce psammite est en partie caché par la végétation, surtout vers le bas où cependant un banc est bien visible un peu avant d'arriver au macigno n° 3. 3. Macigno schisteux passant à un calcaire à crinoïdes. Ce macigno ne perce la végétation qu'en un seul point et encore n'ai-je pu m'assu- rer complètement s'il est bien en place. Aussi n'est-ce qu'avec doute que je le rapporte à l'assise de Souverain-Pré. 4. Psammite schisto-grésiforme verdàtre avec traces de débris de végétaux. Ce psammite est, comme celui de Montzen, tout à fait semblable à celui qui m'a fourni les mêmes traces végétales dans la tranchée au N.-O. de Ciney. C'est le psammite d' de mon échelle stratigraphique. 5. Psammite passant au schiste, au calschiste et alternant avec des bancs à texture terreuse. La présence du calschiste dominant parmi ces couches m'oblige à ne les rapporter qu'avec doute à l'assise d'Évieux. 6. Calcaire avec rares crinoïdes spathiques. 7. Calcaire argileux en bancs minces avec crinoïdes peu abon- dantes, parfois géodique, pétri de fossiles {Strophomenes (Leptœna) analogna, Phill., Spirifer pinguis^ Sow., etc.) et entouré de calschiste renfermant les mêmes fossiles. 8. Dolomic entrecoupée de petites failles, à stratification confuse» mais renfermant en 8' une bande de phlanite noir devenant blan- châtre par altération, foss'ûUère (Cyathophyllum) et inclinée 6i»N. L'inclinaison, au nord, de cette bande de phtanite, parait bien indiquer la présence d'une faille, au contact des assises carboni- fères I et V. Les différentes couches de la coupe de Dolhain présen- tent cette particularité, assez fréquente dans nos terrains ( 768 ) primaires, de se trouver dans une position inverse de celle qu'elles occuperaient normalement. C'est ce qui s'ex- prime en disant qu'elles ont été renversées, ou bien encore qu'elles ont dépassé la verticale. C'est en vertu de ce phénomène que l'assise des psam- mites d'Esneux, qui est la plus ancienne de l'étage, occupe, au contraire, la partie supérieure, tandis que l'assise d'Évieux, la moins ancienne, est à la base. On voit donc que, quelles que soient les actions mécaniques qui ont affecté l'étage des psammites, les différentes assises dont il se compose, n'en conservent pas moins les mêmes relations stratigraphiques. La coupe de Dolhain présente, toutefois, une différence notable avec les précédentes, en ce que l'on y constate l'ab- sence d'un groupe de couches tout entier. On ne trouve , en effet, dans la coupe de Dolhain, aucun vestige de l'assise de Monfort et l'espace qui sépare les assises B et D et que recouvre la végétation est si minime qu'il est permis d'avancer qu'elle fait complètement défaut en ce point. C'est là un fait qui n'est pas sans importance si Ton réflé- chit que j'ai assigné à l'assise de Monfort une puissance de 150 mètres sur l'Ourthe. Toutefois l'absence de cette assise à Dolhain et le contact anormal des assises B et D qui en est résulté me paraissent être dus à un accident local pro- duit sans doute par une faille. Et ce qui me paraît devoir appuyer cette manière de voir, c'est que l'assise de Monfort a donné lieu à de grandes exploitations sur la Vesdre et que, même à peu de distance à l'ouest de Dolhain, on a exploité des pavés dans un psammite grésiforme en bancs épais à la base, souvent contournés et inclinés au nord, qui s'observent un peu au delà des schistes de Famenne de la Pisseroule, en suivant la chaussée de Verviers à Dison. ( 7«0 ) J'ajouterai que Tassise B paraît réduite à une assez faible épaisseur dans la tranchée de Dolhain, alors, au contraire, que l'assise A y présente une grande extension. Coupe entre la station de Trooz-Aval et Dasse-Fraipont. Fig. 4. i. Schiste verdâtre à surface luisante et légèrement cannelée, comme celui de la station de Dolhain. 2. Psammite verdâtre. Ce psammite prend un îrès-grand développement sur la rive droite de la Vesdre qui le traverse sur une assez grande longueur, à peu près de l'est à l'ouest, dans le sens de la direction des couches. Les couches supérieures de ce psam- mite se montrent, comme l'indique la coupe, au commen- cement de la tranchée du tunnel. 3. Macigno noduleux et caverneux avec Rhynchonella pleurodon en bancs puissants atteignant jusqu'à 4 et 5 mètres d'épaisseur et inclinés 20° S. Le contact de ce macigno avec les psammites d'Esncux est bien visible dans la tranchée, à l'entrée du tunnel, où de grands blocs détachés se trouvent à côté de la voie. i. Psammites à pavés. Ces psammites sont exploités dans plusieurs carrières sur les deux rives et surtout sur la rive droite. On retrouve dans ces carrières toute la série des psam- mites deMonfort, en bancs peu inclinés. J'y ai retrouvé, notamment, le niveau à végétaux delà partie supérieure de l'assise C. 5. Psammite grésiforme, en bancs faiblement inclinés au nord, dans une carrière abandonnée , sur la rive gauche. 6. Psammite verdâtre rappelant un peu les psammites d'Esneux- ( 770 ) Ce psammite est en majeure partie caché par la végéta- tion, mais j'ai pu l'observer, sur la rive droite, en deux points séparés l'un de l'autre de 150 mètres. 7. Psammites à pavés exploites, suivant la direction des couches à cause du contourncment de la vallée, dans une grande carrière sur la rive droite. 8. Macigno presque entièrement caché par la végétation et les éboulis de carrières. En poursuivant, sur la rive gauche, vers Basse-Frai- pont, on suit le macigno, dans le sens de la direction des bancs, sur une assez grande longueur. De grands blocs de macigno noduleux et caverneux éboulés se montrent aussi, assez abondamment, au bord de la rivière. On voit donc, en résumé, que l'étage des psammites présente, dans cette partie de la Vesdre, la même disposition que sur l'Ourlhe et dans le bassin de Thcux. Coupe du Fond de Cry à Chaudfontaine. Fig. 5. 1. Psammite verdâtre formant un pli synclinal à Pentrée du Fond de Cry. 2. Schistes de Famcnne à stratification confuse. 3. Calcaire et schiste argileux très-fossilifères (rercôra/u/a concen- trica; Spirifcr disjunclus; Gomphoccras ; Orthoccras). 4. Calcaire bleu exploité comme pierre h chaux. Ce calcaire s'observe, au contact des couches n" 3, dans la pre- mière carrière ouverte sur le flâne oriental du Fond de Cry. 5. Calschiste en partie recouvert de végétation et séparant deux carrières, le long de la route. 6. Calcaire avec schiste argileux. 7. Calcaire bleu veiné de calcite , exploité comme chaux hydrau- lique dans de grandes carrières. (771 ) Il forme un beau pli anticlinal bien apparent sur le flanc occi- dental du Fond de Cry. 8. Schiste de Famcnnc cache, en grande partie, par la végéta- tion. 9. Psammite schistoïdc passant au schiste. 10. Psammite verdâtre recouvert d'éboulis de carrières, vers le bas. H. Psammite grésiforme en bancs assez épais au contact du psam- mite précédent. Vers le sommet du flanc oriental du Fond de Cry on ex- ploite dans une première carrière à pavés appartenant à M. Courtois Noirfalize, un banc de psammite grésiforme gris-bleuâtre, finement pailleté qui atteint , comme \egros banc de Monfort auquel il correspond , la puissance de 5 mètres. Il est incliné de 62° S. A un niveau supérieur à ce gros banc on exploite d'autres bancs qui paraissent correspondre, en tout ou en partie, à ceux qu'on a tenté d'exploiter vis-à-vis, sur le flanc occidental du Fond de Cry, dans une petite carrière abandonnée. 12. Psammite schistoïde foncé avec nombreuses traces de débris de végétaux. Ce psammite s'observe, à rétat d'éboulis, dans la petite carrière abandonnée dont il vient d'être fait mention. C'est le seul indice qu'il m'ait été possible de recueillir de la pré- sence de l'assise d'Évieux , en ce point. 15. Psammite à pavés inclinés au nord. Dans une première carrière appartenant à Bastin Honez de Ninane on voit le pli synclinal prendre naissance avec les couches supérieures et l'on retrouve, avec une incli- naison nord, le gros banc de 5 mètres de la carrière Cour- ( 772 ) lois, lequel est surmonté ici d'autres bancs également très- puissants. L'un de ces derniers présente tous les caractères du blanc banc de Monfort; c'est un psammite grésiforme, finement pailleté, devenant terreux, géodique et fossilifère par places et renfermant aussi les mêmes traces d'axes assez volumineux de Calamités? que sur l'Ourthe. a. Psammite verdàtre avec Avkula Damnoniensis ? Ce psammite s'observe, au tournant de la route, en bancs inclinés au nord, sous le psammite n° 15. En poursuivant la route vers Ninane, on suit ce psam- mite dans le sens de la direction des couches, puis on arrive aux carrières à pavés Etienne et Léonard dans les- quelles on exploite le prolongement des bancs de la car- rière Honez. En résumé les psammites du Fond de Cry conservent toujours les mêmes relations straligraphiquesque dans les coupes précédentes. Seulement l'assise du macigno de Sou- verain-Pré semble y faire complètement défaut, et ce n'est qu'avec beaucoup de réserves qu'on peut y admettre l'exis- tence de l'assise d'Évieux. Les psammites de l'assise de Monfort s'observent encore au S.-E. de Chaudfontaine, au sortir du tunnel où ils ont été exploités pour donner du ballast à la ligne de l'État. Coupe à Angleur sur l'Ourthe. En suivant la chaussée de Liège, sur la rive gauche de l'Ourthe, on rencontre, au delà des schistes houillers, la ( 773 ) coupe suivante dont toutes les couches sont renversées et inclinées au sud. 1. Dolomie carbonifère (assise V, Dupont), bien visible dans la propriété de M. le notaire à Angleur. 2. Schistes gris- noirâtres et rougeâtres passant parfois au nia- cigno. 3. Psammite schisto-grésiforme fortement micacé gris et rouge en bancsparfois très-puissants, d'autres fois très-feuilletés avec aspect argentin. Il passe au macigno dans quelques bancs. 4. Psammite grcsiforme gris-bleuâtre pailleté, devenant schis- toïde et fossilifère avec débris de végétaux et passant à une espèce de schiste renfermant les mêmes débris. Ces roches s'ohservent dans une première carrière aban- donnée située un peu au-dessus de la chaussée. 5. Psammite grésiforme gris-blanchâtre pailleté , exploité comme pavé dans une seconde carrière située à côté de la précédente. Au delà du psammite n° 5 la végétation ne permet pas d'observer la nature des couches qui séparent ce psammite des schistes de Famenne. Jl est aisé de reconnaître dans les couches 1 à 4 les dé- pôts de l'assise d'Évieux avec ses débris de plantes si ca- ractéristiques. Quant au psammite n° 5, il me semble devoir se rapporter à la partie supérieure de l'assise de Monfort. Coupe sur le ruisseau au S.-E. d'Engis (commune d'Ehein). En remontant le ruisseau qui va se jeter dans la Meuse en face d'Engis, une circonstance favorable m'a permis d'observer l'étage des psammites, au delà des grandes ( 774 ) carrières ouvertes dans le calcaire carbonifère de Visé et des Écaussines. Une petite tranchée qu'on vient de pratiquer, pour la construction d'une nouvelle route, entre le pont d'Engis et le village de Neuville-en-Condroz, a mis à nu les psam- mites qui s'y présentent, en général, à l'état d'éboulis. Cependant, au commencement de la tranchée, au delà des éboulis de calcaire à crinoïdes, on remarque quelques bancs de psammite rouge presque verticaux avec pendage au nord , comme ceux de la carrière de petit granité qui précède immédiatement la petite tranchée. Le psammite grésiforme rouge qui paraît constituer la majeure partie de l'étage, en cet endroit, est tout à fait semblable à celui qu'on va voir si puissamment développé à Huy. Seulement la végétation ne m'a pas permis d'obser- ver la nature des roches qui séparent ce psammite rouge du calcaire de Givet qui se montre, à peu de distance de là, dans le lit du ruisseau. Tout ce que je puis dire, c'est que je n'ai trouvé aucune trace des schistes de Famenne qui , d'après la carte de Dumont, doivent se trouver entre les psammites et le cal- caire dévonien. Si le psammite rouge de la tranchée est bien l'analogue de celui de Huy et correspond, comme ce dernier, à l'as- sise de Monfort, on peut en conclure que l'assise d'Évieux fait défaut à Ehein, les éboulis de petit granité y succé- dant à peu près immédiatement à ceux du psammite rouge. Coupe à Iluy sur la rive droite de la Meuse. Fig. 6. A une centaine de mètres à l'ouest du pont du chemin de fer du Hoyoux, on peut suivre sur la chaussée, à peu ( 773 ) près dans le sens de leur direction , les couches de psam- mite dont le pendage est au sud. 1. Psanimite verdâtrc avec traces vcrmiculaires, passant à un schiste parfois très-fossilifère, notamment en 1' (Modiola {Pullaslra) complanata? Phill., Wiynchonellapugnus \ar. subdentata? Sow., Spt- rifer disjunctus, etc.) 2. Psammite semblable au précédent, mais alternant avec des bancs peu épais de psammite grcsiforme grisâtre, ayant une appa- rence rosâtre. Ce psammite devient plus quartzeux et plus foncé à la partie supé- rieure. 3. Psammites grésiformes rouge et bigarré en bancs très-puissants atteignant jusqu'à S et 6 mètres d'épaisseur. J'y ai recueilli : Ortho- ceras ?, Jihynchonella pugnus, etc. 4. Calcaire à crinoïdes (assise I) en bancs épais inclinés au sud, bien visibles dans une carrière abandonnée sur le flanc de la mon- tagne. Les traits les plus saillants de cette coupe sont, d'une part, la grande extension des psammites rouges et, d'autre part, l'absence des assises de Souverain-Pré et d'Évieux. Coupe dans la tranchée au S.-E. de Naninnes. Fig. 7. La tranchée du chemin de fer de la station de Naninnes a mis à découvert, près de celle-ci, des roches blanches, rouges et bigarrées ayant un aspect tout particulier et que je n'ai su, pendant longtemps, à quel terrain rapporter. Notre illustre Maître, feu M. d'Omalius, avec qui j'eus l'honneur de les étudier sur place, pensa y voir le rhénan de Dumont. Comme je n'avais jamais observé, jusque-là, ce faciès minéralogique dans aucun autre terrain, je me ( 776 ) rangeai à l'avis du Maître et je le ferais encore aujour- d'hui, si je n'avais retrouvé, depuis, des roches analo- gues dans les psammites du Condroz de la tranchée à l'est de Courrière (1) et, plus récemment, dans les psammites du hameau de Wartet dépendant de la commune de Marche-les-Dames. Voici la composition détaillée de l'étage des psammites et des dépôts qui le surmonte dans la tranchée de Naninnes. 1. Psammite blanc légèrement pailleté en voie de décomposition. 2. Psammite rouge le plus souvent bigarré de vert, légèrement pailleté ayant une tendance à se diviser en feuillets minces et se pré- sentant parfois en bancs assez puissants, devenant schistoïdes et pas- sant à une argile collante. 3. Psammite schistoïde jaunâtre et verdâtre. A. Schiste grisâtre et rougeâtre se divisant en petits parallélipi- pèdcs et devenant parfois géodique et fossilifère (Spirifer disjmic- tus, etc.) 5. Dolomie géodique fissurée à stratification confuse et presque entièrement cachée par les éboulis. Cette dolomie renferme des traces de galène. Je rapporte les couches n°' 1 , 2 et 5 de celte coupe à la partie supérieure de l'assise de Monfort à cause des ana- logies précitées. Quant aux couches n° 4, je les regarde comme représentant les schistes de Famenne et les cou- ches n° 5 le calcaire de Givet. Cette manière de voir est du reste conforme aux indications de la carte de Dumont. Les couches de la coupe de Naninnes se trouvent dans l'ordre inverse de celui qu'elles occupent normalement. On peut en conclure que les couches de nos assises A et B et d'une partie de C font défaut en ce point. (1) Bull, p. 642,pl. Il.tig. 8. ( 777 ) Quant à l'assise D, on ne saurait se prononcer avec cer- titude à son endroit par la raison qu'il n'existe plus d'af- fleurements entre la station de Naninnes et la tranchée de calcaire carbonifère au INE. de Naninnes. Coupe à Wépioii sur la rive gauche de la Meuse. Les travaux exécutés, il y a peu de temps, pour la con- struction d'une nouvelje roule entre Wépion et Saint-Gé- rard, ont mis au jour une coupe qui montre le contact des psammites et du calcaire carbonifère. C'est d'abord un psammile rosâtre très-micacé, puis un psammite schis- toïde altéré fossilifère {Spirifer^ N. Sp.?) qui finit par alterner avec les bancs de calcaire à crinoïdes (assise I) prenant la texture terreuse par altération. La nature rainéralogique des psammites de Wépion me porte à croire qu'on a plutôt à faire ici à quelque couche supérieure de l'assise C qu'à l'assise D. Coupe à Malonne. Ce qui vient d'être dit pour les psammites de Wépion s'applique également aux psammites de Malonne qui sont constitués par un psammite rouge en bancs alternant avec un psammite schistoïde très-feuilleté et très-micacé auxquels succèdent immédiatement le calcaire carboni- fère des Écaussines, sous la forme de blocs roulants de calcaire à crinoïdes , comme l'a montré récemment M. Dupont (1). Les couches de la coupe de Malonne sont inclinées au (1) Bulletins de V Académie royale de Belgique , 2^ sér. , t. XXXIX p. 297, pi. II, tig. 5. 2"* SÉKIE, TOME XL. 50 ( 778 ) sud et par conséquent renversées comme celles de Wépion et de Naninnes. Coupe en face de l'abbaye de Marche-les-Dames. Fig. 8. 4. Psammite verdâtre avec traces de débris de végétaux en bancs peu épais, peu inclinés et alternant avec un schiste verdâtre qui semble résulter de sa décomposition. 2. Psammite semblable au précédent, mais plus micacé et reposant sur un calcaire siliceux de teinte pâle, légèrement pailleté et fai- sant peu effervescence avec les acides. Ce calcaire a élé mis à nu en creusant dans l'ancien chemin qui conduit au hameau de Warlet, un peu avant d'arriver aux éboulis de l'exploitation d'oligiste. 3. Psammite grésiforme gris-verdâtre en bancs épais inclinés, 20" S., s'observe dans une petite carrière abandonnée où il est sur- monté d'un calcaire siliceux bleuâtre bigarré de jaunâtre. Ce dernier se désagrège facilement, devient sableux et prend alors une teinte jaunâtre, quelquefois d'un blanc éclatant et passe à une véritable brèche à la partie supérieure. i. Psammite grésiforme gris-verdâtre finement pailleté dont un banc atteint 0,80 mètres à la base et passe à un psammite schistoïde renfermant d'abondantes traces de débris de végétaux semblables à celles des psammiles n» 1 et d'autres fossiles tels que Rhynchonella pugnus, etc. 5. Minerai d'oligiste oolitique, fossilifère [Spirifer disjunctuSj var. Arckiaci, Alhyris concentrka, Von Buch), dans un schiste bleu-violet caché par les éboulis d'exploitation. 6. Schiste verdâtre ayant une tendance noduleuse. 7. Dolomie en bancs massifs fossilifères. {Wi. pleurodon?) 8. Dolomie géodique altérée en partie recouverte d'éboulis dolo- mitiques et devenant schistoïde vers le bas. Inclinaison i?» S. 9. Dolomie schistoïde à l'état d'éboulis ayant l'apparence d'un ( 779 ) psaiiiniite, à prt'inlèrc vue, mais se préseiilaiil , vei's le bas, en bancs bien stratifiés, inclines 4-0° S. 10. Calcaire bleu peu foncé alternant avec des bancs dolomitiques et renfermant d'abondants polypiers dont un banc est presque exclu- sivement forme à la partie supérieure : Jcervularia Davidsoni , M. Edw. et II. 1 1. Roche altérée rappelant la dolomie n" 9. 12. Éboulis dolomitiques. Toutes les couches de psamraites de la coupe de Marche- les-Danies sont donc comprises entre le calcaire carboni- fère (assise 1) et les schistes bleu-violet, avec couches de minerai oligisle qui constituent un horizon bien défini et très-constant des schistes de Famenne dans cette partie du bassin. Les schistes verdâtres (schistes de Famenne propre- ment dits) viennent ensuite et sont séparés du calcaire car- bonifère (assise 1) par un ensemble de calcaires et de dolo- raies dans lesquels M. Gonthier a parfaitement reconnu la continuation des couches analogues deRhisnes [\). Seu- lement, d'après ce géologue, les couches de Rhisnes for- meraient, en ce point, un pli anticlinal, et toute la série précédente se reproduirait en sens inverse, au delà de la dolomie. Une observation attentive m'a démontré, au contraire, que toutes les couches de la coupe de Marche- les-Dames sont inclinées au sud et ramenées au jour par une faille, comme l'indique la coupe fig. 8. Le fait le plus saillant de cette coupe de Marche-les- Dames, c'est l'absence des assises A B et D, mais comme une grande partie de cette coupe est cachée par les ébou- (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, ^'^ série, l. XXIII, n«4, 1867. ( 780 ) lis et la végélation je n'ai pas cru pouvoir borner mes in- vestigations au vallon de Marche-les-Dames et je me suis rendu, à cet effet, sur les différents points où viennent affleurer, dans cette partie du bassin, les coucbes corres- pondantes à celles de la coupe. Je vais passer successive- ment en revue chacun de ces points : Carrière et afjieuremenls de Warlet. En remontant l'ancien chemin de Wartel j'ai retrouvé, au delà du grand tas d'éboulis provenant de l'exploitation du minerai oligiste, le calaire siliceux déjà observé en deçà de cet éboulis et figuré dans la coupe. J'y ai recueilli de beaux cristaux de calcite et de petits rhomboèdres de dolomite, dans les parties plus foncées. Un peu au S.-O. de l'église de Wartet on a exploité, comme moellons pour bâtisses dans une petite carrière, des bancs épais de psammile inclinés 20" S. C'est un psammite se divisant en feuillets minces très-micacés avec parties terreuses. A côté de cette carrière on observe, dans le chemin qui conduit à l'église, un psammite blanc également incliné au sud et rappelant tout à fait celui de la station de Naninnes dont il est parlé plus haut. Carrières de Namèche. En face du moulin de Wartet, sur la rive gauche du ruisseau qui fait la limite des deux communes de Marche- les-Dames et de Namèche et qui se jette dans la Meuse près des hauts fourneaux d'IIaigneaux, on exploite, comme pavés, dans plusieurs carrières, un psammite grésiforme gris devenant rosàtre et parfois très-micacé, incliné 16° S. ( 781 ) Le psammile de Namcclie, de môme que celui de la carrière de Wartel, correspond à celui qui dans la coupe de Marche-les-Dames est en majeure partie cachée par la végétation et les éboulis. 11 n'est pas jusqu'au calcaire siliceux du chemin deWar- tet qui ne se retrouve un peu au sud des carrières de Naméche où il a été exploité. Carrières d'Hoiissoy (Vezin). Il existe deux carrières au hameau d'Houssoy. L'une d'elles, située à l'est de l'église de Ville-en-Waret, a fourni, m'a-t-on dit, les matériaux de construction de l'église nou- vellement bâtie. Cette carrière est aujourd'hui abandonnée et en partie comblée, mais on peut encore constater, néanmoins, le pendage au sud des bancs. La pierre qu'on y a exploitée et dont on voit encore des tas aux abords de la carrière est formée d'un psammite grésiforme très- micacé blanchâtre, devenant rosaire et pétri de fossiles. On y trouve, en abondance, les Cucullœa si constantes à ce niveau. J'y ai recueilli les espèces suivantes : Cucullœa Hardingii, Sow. (irès-coinmune). — trapezium, Phill. — amygdalina, Phill. (non Sow). Ctjpricardia depressa, Phill. (non Sow). Avicula Damnoniensis , Sow. Solenopsis sp.? Orthoceras ? (commun). Rhynchonella pleurodon , Phill. Exploitations minières de Ville-en-Waret [Vezin). Dans son travail de 1867, mentionné plus haut, M. Gon- thier donne une coupe générale de l'étage des psammites i 782 ) à Vezin. Cette coupe est celle des couches recoupées par les galeries de la mine oligiste de Ville-en-Waret. M. Gonthier a bien voulu m'en communiquer le relevé détaillé avec les échantillons de roches correspondants et je crois utile de le reproduire ici intégralement parce qu'il vient confirmer, et pour ainsi dire démontrer, ce que la coupe de Marche-les-Dames et les affleurements de Warlet, de Naméche et d'Houssoy montraient déjà bien nettement, à savoir que les psammites de cette partie du bassin ne se rapportent qu'à la partie supérieure de l'assise deMonfort, et que l'on peut ainsi avancer, en toute sûreté, que, non- seulement les assises A, B et D y font défaut, mais aussi la plus grande partie de l'assise C. L'examen des échantillons de roches correspondant au relevé de M. Gonthier a achevé de me fortifier dans cette opinion. En effet, si l'on observe attentivement, par exemple, le psammite grésiforme n° AS de ce relevé on est frappé de voir son identité parfaite avec celui qu'on exploite à Mevergnies près d'Ath, et que l'on aurait pu cependant prendre à première vue pour l'un des bancs inférieurs de Mon fort. Ils présentent la même teinte grise, la même texture et jusqu'aux mêmes petits cristaux de pyrite jaune dont ils sont parfois entièrement recouverts l'un et l'autre. Voici maintenant le relevé, tel que me l'a communiqué M. Gonthier, des différents bancs recoupés par les galeries de la mine de la Ville-en-Waret (Vezin). 4. Dolomie du calcaire carbonifère de Namur . . 2. Couche mince de minerais d'iiydroxyde de fer. 5. Argile jaune sablonneuse A. Couche mince de minerais d'hydroxyde de fer. 0,78 ( 783 ) 5. Psammites gris-foncc, à grains serrés, très-durs, con- tenant des paillettes de pyrites et de mica. Petits bancs de 2 à 3 centimètres d'épaisseur 0,20 6. Petits bancs de psammites de O'ï'jOlS à 0,03. Les grains de quartz n'y sont pas aussi uniformément dissémi- nés oue dans les précédents. Aspect foliacé parallèlement aux strates avec alternances de couleurs du gris-pâle au gris-foncé. Il contient également des paillettes de pyrites et est très-micacé aux points de stratification 4,60 7. Grès gris-foncé à grains serrés. Deux bancs, ensemble 1,40 8. Schiste gris-bleu, fortement micacé, assez résistant, se divisant en feuillets assez réguliers de 2 à 4 millimètres d'épaisseur. Assez alumineux 0,30 9. Psammites gris très-dur, fortement micacé aux joints des strates. En petits bancs de 0,01 à 0,03 dont les uns sont massifs, les autres schistoïdes. Se divisent en feuillets de 1 à 3 millimètres 0,10 10. Même schiste que n« 8 0,10 H. id. psammite que n" 9 0,15 12. id. schiste que n" 8 0,15 13. Grès gris très-dur, à cassure conchoïde. Un banc de 0,60, puis les autres plus minces et de diverses épaisseurs. 5,60 14. Schiste gris-pâle, tendre, fortement mélangé de py- rites, se divisant en feuillets irréguliers. Puis un banc de psammite de même nuance, fortement micacé de 5 à 8 centimètres d'épaisseur 0,70 15. Psammite de même nuance que le n° 14, mais à grains plus fins et plus serrés, fortement micacé. Bancs de 0,05 à 0,06 0,30 16. Psammite gris-pâle, à grains serrés, cassure écail- leuse coloré par taches zonaires en gris pâle et en brun pâle; fortement coloré en jaune dans les joints. Plusieurs bancs d'épaisseurs différentes 7^50 17. Calcaire siliceux à fond gris pâle, nuancé de rose et de vert, très-dur 4 25 0,67 ( 784 ) 18. Argile plastique, sablonneuse gris-pâle 19. Calcaire siliceux gris-pâle, nuancé de rose et de vert; grains serrés, dureté moyenne 20. Argile comme n» 18 21. Calcaire siliceux comme n° 19 22. Argile comme n» 18 /' 23. Grès gris-pâle, dur, plusieurs petits bancs de 2 à 3 centimètres 4,25 24. Psammite gris-jaune assez dur, bancs de 0,04 centi- mètres 0,10 25. Psammite très-dur, à fond gris-pâle, tacheté de rose et de brun 0,25 26. Psammite gris-sale, fortement micacé, à grains très- serrés. L'intérieur des bancs est criblé de cavités milliaires dont les bords sont tapissés par Thydroxydc de fer. Bancs de 0,05 0,50 27. Psammite semblable au précédent, sauf qu'il est un peu plus foncé et que les cavités tapissées d'hydroxyde de fer affectent la forme de dcndrites traversant toute l'épais- seur du banc qui est de 0,05. f^es joints de stratification des bancs 26 et 27 sont tapissés d'argiles ocreuses .... 1,25 28. Psammites gris-pâle, tendre, criblé comme n" 26 de cavités tapissées en jaune par l'hydroxide de fer. Bancs de 1 à 3 centimètres 1,00 29. Psammites gris-pâle , durs, ayant comme les précé- dents des cavités tapissées en jaune, mais en plus petite quantité et d'un jaune beaucoup plus pâle 3,70 50. Psammites gris-violet, fortement micacé, surtout aux joints de stratification. Bancs de 2 à 4 centimètres . . . 3,70 31. Psammites gris-violet, fortement micacés, dans d'au- tres endroits, surtout vers la surface; ces bancs ont la cou- leur jaune-brun. (Principaux bancs à cucuUées) . . . . 1,50 32. Grès gris, un peu coloré par l'hydroxyde de fer, cassure écailleuse, les joints des strates micacés. Bancs de 0,06 à 0,07 0,85 ( 785 ) 33. Psammites gris-jaunâlrc, petits bancs d'environ 0,04 centimètres 0,15 3i. Psammite brun-violet, structure grossière, passant au schiste =t dur micacé. Bancs de 0,02 à 0,04 ccnlimctres . I,i0 5î). Psammites en petits bancs gris-jaune cl gris-violet, micacé, très-dur i,00 56. Psammites jaunes micacés , =t durs, aspect rubané, bancs de 0,03 à 0,06 2,00 37. Grès gris-jaune en gros bancs sans stratification régulière. Dur ^-^O 38. Schistes zonaircs bleu et brun micacé 8,15 39. Psammite gris-brun micacé ± désagrégé, ± tacheté d'hydroxydc de fer 0,05 40. Schiste comme n" 38 / ^ .^ 41. Psammite bleuâtre j 42. Psammite gris-jaunâtre ± désagrégé, micacé. . . 1,40 43. Psammites gris, fortement micacés, bancs de 0,04 centimètres 2,50 44. Grès gris-bleuâtre 4,50 45. Grès gris. Bancs de 0,05 centimètres . . . » . 3,00 46. Psammite bleu, très-dur^ micacé, bancs de 0,03 cen- timètres , .... 0,03 47. Schiste bleu 4,50 48. Grès gris à grains très-fins. Cassure conchoïde. Un banc de 0,90 centimètres. Vers la surface ce banc se divise en deux de 0,40 chaque 0,90 49. Psammite bleu 0,05 50. Schiste bleu 2,00 51. Psammite bleu 0,05 52. Schiste bleu 1,20 53. Psammites bleus très-durs et serrés, banc aquifère. 0,07 54. Schiste bleu 2,50 55. Psammite gris-bleu 0,05 56. Schislebleu 1,65 57. Psammite bleu très-micacé ........ 0,05 ( 786 ) Mètres. 58. Psammite bleu, ± durs, alternant comme ci-dessus avec des schistes 8,50 59. Veinettedc mine, oligistc oolilique 0,05 60. Schiste bleu, plus alumincux à la jonction de la raine. 0,50 Cl. Psammite bleu très-dur 0,08 62. Schiste bleu, très-alumineux 0,20 65. Veinetle de mine oligiste oolitique 0,i2 U. Schiste bleu 1,30 65. Psammite bleu-foncé, très-dur 0,05 66. Schiste bleu 2,50 67. Psammite bleu-foncé, très-dur, se clivant en prismes de répaisseur du banc. Fortement micacé aux strates, un banc 0,50 68. Schiste bleu i,S5 69. Psammite micacé bleu-foncé, très-dur 0,10 70. Deux couches de mine oligiste oolitique de 0,20 à 0,50 d'épaisseur chacune séparées par un banc de schiste dzdur 1,00 71. Schiste bleu divisé comme ci dessus par des couches de 5 à 10 centimètres de psammite bleu 19,00 72. Schiste bleu rempli de noyaux ovoïdes d'argiles py- riteuses 0,90 73. Dolomie dure à Spirifer Verneuili. Calcaire de Rhisnes Total. . . . 98,61 Affleurements de Gelbressée. Je n'ai pu observer le psammile de Gelbressée que dans un chemin du parc dépendant du château de Franc-Waret, mais c'est toujours le psammile schistoïde, très-pailleté, blanchâtre et jaunâtre correspondant à celui de Marche- les-Dames. ( 787) J'ajouterai que j'ai retrouvé, non loin du psammite, à peu près à la limite des deux communes de Gelhressée et de Franc-Waret , au point où l'indique M. Gonthier sur sa carte, un schiste verdàtre fossilifère (schiste de Famenne proprement dit) qui a été mis à nu dans une petite tranchée pratiquée à l'ouest du château et d'une maison qui en dépend (i). Afflem^enient de Rhisnes. Je n'ai pu ohserver le psammite à Rhisnes que sur le hord du ruisseau, au nord du mamelon dolomitique où se trouve l'église. Il ne présente rien de particulier. Carrières d'Isnes. Le psammite d'fsnes repose, comme on l'a vu jus- qu'ici dans cette partie du bassin septentrional, sur les schistes bleu-violet avec couches de minerai oligiste. M. Dewalque assigne une direction = 85° et une incli- naison S = il° aux psammites exploités pour dalles et pavés, dans deux carrières situées un peu à l'est d'Jsnes- Sauvage (2). Le psammite des Isnes renferme, comme celui d'Hous- soy, une grande quantité de CucuUaea Hardingii, Sow. J'ai distingué aussi parmi les exemplaires de la collec- tion du Musée : Ciicullaea trapezium, Phill. En outre j'ai (1) M. ringénieur Gonthier a entrepris de dresser, à Téchelledu 720,000, la carie géologique détaillée en quatre feuilles des environs de Namur dont une partie est déjà terminée. M. Gonthier y distingue, par une teinte spéciale, les schistes bleu- violet avec oligiste des schistes de Famenne proprement dits. (-2) Bull, de la Soc. géol. de France, t. XX (1862-1863). ( 788 ) mentionné les espèces suivantes des Isnes dans mes tableaux (1) : Orthoceras planiseptaium , Sandb. Spirifer disjunctus, Sow. Productus praelonrjus, Sow. Affleurement de Mielmont. Les psammites s'observent encore dans la coupe du Mazy, entre le calcaire de la ferme Fanué et la dolomie carbonifère, près le château de Mielmont, mais ils ne s'y trouvent qu'à l'état d'éboulis. C'est toujours, néanmoins, un psammite grésiforme semblable aux précédents. Carrière de La Roq (Feluy). Au bois de la Roq sur la commune d'Arquennes, près de Feluy, on observe les psammites derrière l'écluse n" 31, sur la rive droite du canal de Charleroi,dans une carrière abandonnée dont les bancs sont très-peu inclinés. Ils se montrent sur une épaisseur d'une dizaine de mètres à l'ex- trémité septentrionale de la carrière et on peut les suivre, dans cette même carrière, sur une longueur d'environ 150 mètres du nord au sud. Ils sont formés d'un psammite grésiforme grisâtre devenant jaunâtre et rougeâtre par al- tération, en bancs puissants fortement fissurés, surtout à la partie supérieure, et renferme d'abondants débris de végétaux (traces d'axes assez volumineux). Ce psammite alterne avec des bancs à texture terreuse, d'un jaune pâle devenant parfois très-argileux et renfer- mant les mêmes débris de végétaux. Un lit charbonneux (1 ) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXX IX , "1^ série , pp. C50 à 6o0. ( 789 ) s'observe à l'exlrémilé septentrionale de la carrière et vers le bas de celle-ci. M. Malaise a recueilli dans le psammite de la Roq des débris de poissons rapportés à Vlloloptychus nobilissi- mus, Ag. Carrières des Ecaussines. En allant aux Ecaussines par la chaussée de Nivelles à Soignies on rencontre une première carrière abandonnée et envahie par les eaux (au moment où je la visitai, la der- nière fois, en octobre i875). Une 2' carrière exploite, pour en faire des meules, des bâches, des crèches, etc., des bancs épais à peu près horizontaux et très-fissurés de psammite grésiforme parfois très-pailleté. La pierre n'est pas assez consistante pour qu'on en puisse faire des pavés. A la partie supérieure de la carrière apparaît un banc à texture terreuse tout à fait semblable à ceux de La Roq. Parmi les éboulis de la carrière se montrent des traces de débris de végétaux sur un psammite très-micacé. La roche se montre sur une dizaine de mètres dans cette carrière. Dans une 5^ carrière la pierre est un peu plus dure , on en fait des meules et des pavés. — A la partie supérieure s'observe encore un banc à texture terreuse d'un jaune pâle avec parties argileuses verdâtres, comme dans la car- rière de La Roq. — Il y a aussi des traces de débris de vé- gétaux dans les éboulis. Je crois que c'est dans cette carrière que j'ai observé, antérieurement à 1875, que le banc le plus inférieur était un psammite grésiforme zonaire. Enfin, dans une 4"^ carrière située au N.-O. des précé- dentes la roche est plus dure et plus grisâtre et l'on en fait des pavés. Au-dessus des bancs de psammite grési- ( 790 ) forme exploités s'observe un banc à texture terreuse avec lit charbonneux et parties argileuses verdâtres. On trouve aussi dans cette carrière des traces de débris de végétaux sur les éboulis. Si le lit charbonneux de cette carrière correspondait exactement à celui qu'on vient de voir dans la carrière de La Roq, cela expliquerait pourquoi les travaux ont cessé dans cette dernière carrière la pierre exploitable s'y trou- vant à un niveau inférieur au lit charbonneux lequel est déjà situé au bas de la carrière. Le contact de l'étage des psammites avec le calcaire car- bonifère s'observe aux Écaussines dans la carrière à pavés, aujourd'hui abandonnée, appartenant à M. le comte de Spangen. M. l'ingénieur Cornet qui a visité, à plusieurs reprises, cette carrière, a bien voulu me communiquer l'ex- trait suivant de ses notes au sujet de cette carrière, dont les couches se présentent comme suit de haut en bas : « i. Bancs très-réguliers de calcaire siliceux, bleu-grisâtre, à tex- « ture compacte, très-dur à la taille, se brisant en éclats aigus (comme » du verre, disent les ouvriers). r> Ils ont de 0,004 à 0,60 de puissance et alternent avec quelques r> bancs de calschiste gris. r> 2. Bancs de calschiste et d'une roche grise assez tendre calca- » reuse, remplie de géodes cristallines. C'est plutôt un calcaire très- « argileux qu'un schiste ou un grès calcareux. » 5. Grès non calcareux, blanc, à grains assez fins, formant un » banc de 0,60 m. de puissance. Il est tout à fait à fleur d'eau. » Sous l'eau on voit un banc de psammite bien feuilleté tout à fait » semblable au psammite exploité dans les autres carrières. » Le psammite des Écaussines, de 'même que celui de La Roq et que ceux de Mevergnies et d'Atlre qui vont être passés en revue, correspond à la partie supérieure de (791 ) l'assise de Monforl et son contact avec le calcaire carboni- fère, contact qu'on va voir se reproduire à Mevergnies, indique bien l'absence de l'assise D sur chacun de ces points. Carrières de Mevergnies et d'Attre près d'Ath. Fig.9. La principale de ces carrières est située sur la commune de Mevergnies et appartient à M. Declercq. On y voit le contact de l'étage des psammites avec le calcaire carboni- fère et les couches peu inclinées de ces deux terrains sont recouvertes transgressivemenl par un dépôt tertiaire non encore mentionné. Voici la coupe détaillée de la carrière de Mevergnies : \. Limon quaternaire devenant sableux, plus pâle et stalifîé vers le bas, où Ton observe un niveau de cailloux anguleux peu abondants avec les débris d'une roche brunâtre. 2. Sables blanchâtres et jaunâtres , mouchetés de noir, mais géné- ralement plus jaunes à la partie supérieure. Ces sables rappellent tout à fait ceux des environs de Bruxelles que Dumont rapporte à son système tongrien. Ils sont généralement séparés des roches sous-jacentes, dans la carrière, par un dépôt cail- louteux formé de débris de phtanite et d'autres roches passant parfois à une espèce de poudingue. 5. Schistes noirs avec quelques bancs de calcaire à crinoïdes géo- diques, très-fossilifères. 4. Psammite grésiforme, parfois zonaire et rappelant alors le banc inférieur de la 5« carrière des Ecaussines. On en fait des pavés. Ce psammite devient celluleux et fossilifère à la partie supérieure (Or" thoceres planiseptatwn , Sandb., etc.) Il est aussi quelquefois entièrement pailleté de petits cristaux de pyrite. Les carrières Duchâleau et Cambron situées non loin ( 792 ) de la précédente, mais sur la commune d'Attre, présentent la même répétition de couches qu'à Mevergnies. Dans la seconde de ces carrières qui est la plus éloignée, on ob- serve, sous les sables blanc et jaune, un dépôt caillouteux variant de quelques centimètres à plus de 0,50 mètres d'épaisseur et séparé des psammites à pavés par 1,50 à 2 mètres de roches altérées, argileuses et terreuses, pro- bablement carbonifères. Les bancs supérieurs des psammites sont fréquemment à texture terreuse et parfois très-caverneux dans les car- rières d'Attre. \ll — Constitution des psammites du Condroz dans le Boulonnais. Je n'ai que peu de choses à ajouter à ce qui a été publié jusqu'ici sur les psammites du Boulonnais et si je leur con- sacre ici quelques lignes, ce n'est que pour faire ressortir leur complète analogie avec ceux du bord septentrional de notre bassin septentrional et montrer ainsi la persistance de notre grande lacune jusque près de la Manche. M'étant rendu en août 1874 dans le Boulonnais, j'ai pu observer les psammites d'abord à l'ouest de Tiennes, sur la rive droite du ruisseau de la Basse-iNormandie où ils sont exploités dans plusieurs carrières. C'est un psammite blanchâtre devenant rosâtre en bancs peu inclinés, le plus souvent schistoïdes et très-micacés, quelquefois grési- formes et, dans ce cas, utilisés comme pavés et comme dalles. J'ai observé encore les psammites dans la carrière de S^^-Godelaine où ils sont également exploités comme pavés. Ces psammites sont tout à fait semblables à ceux qui font. (795) dans notre bassin septentrional, l'objet d'une importante industrie. Cette analogie n'a pas échappé à M. Gosselet qui, dès 1860, rapportait les psammites du Boulonnais à ceux des Écaussines (1). Les psammites du Boulonnais renferment, d'après M. Godwin-Auslen qui a fait une étude spéciale de cette contrée (2), les trois espèces de CimiUaea mentionnées plus haut dans la carrière d'Houssoy. C'est la présence de ces lamellibranches dans les psam- mites du Boulonnais qui les a fait appeler Grès à Unio par Bozet et Grès à Cyprîcardes par M. Du Souich. D'après ^1. Gosselet , on peut suivre les psammites dans le Boulonnais depuis le chemin de Landrethun à Tiennes jusqu'à la ferme d'Eslinghen où ils ont été rencontrés en creusant un puits. Au delà de ce point ils disparaîtraient par l'effet d'une faille qui mettrait en contact le terrain carbonifère et le calcaire dévonien à Spirifer Verneuili. RESUME ET CONCLUSION. Il résulte de ce qui précède que l'étage dévonien des psammites du Condroz présente, dans le bassin de Theux, dans le bassin septentrional (entre Aix-la-Chapelle et Ath) et dans le Boulonnais, les mêmes relations stratigra- phiques que dans le Condroz. Non-seulement, en effet, chacune des quatre assises de (1) Mémoire sur les terrains primaires, p. 127; 1860. (2) Quart. Journ. of. geol. Soc, Lond. t. IX, p. 351. 2""* SÉRIE, TOME XL. 51 ( 794 ) l'étage conserve ses caractères dislinclifs, mais chacune des subdivisions de l'assise et, Ton pourrait presque dire, cha- cune des couches importantes de ces subdivisions, offre une constance des plus remarquables dans ses caractères pétrographiques et paléontologiques. L'échelle stratigraphique, établie sur les psammites de rOurthe et vérifiée dans tout le Condroz, reste donc exac- tement la même sur toute l'étendue du territoire qui fait l'objet de cette communication. L'une des principales con- séquences de mes observations Sur les psammites du Con- droz en Condroz, comme l'a fait remarquer M. Dupont dans son rapport à l'Académie (1), c'est que certaines as- sises tendent parfois à s'y amincir dans des proportions Irès-sensibles. C'est aiubi que j'ai montré, par des coupes prises en différents points de la vallée du Hoyoux, que l'as- sise de Souverain-Pré (assise B) n'olfre plus guère, dans cette partie du Condroz, que quelques mètres d'épaisseur alors que les trois autres assises d'Esneux, de Monfort et d'Évieux (A, C et D) présentent, au contraire, une série de couches au moins aussi complète que sur l'Ourthe et que l'une d'elles (l'assise de Monfort) donne lieu à des exploi- tations non moins considérables. Le même phénomène s'observe dans notre bassin sep- tentrional oii non-seulement certaines assises diminuent d'épaisseur, mais, ce qui est beaucoup plus important, dis- paraissent même complètement et constituent ainsi de véritables lacunes. Le tableau suivant est destiné à faire apprécier l'impor- tance de ces lacunes. (I) Bull., p. iSi. (793 ) DÉSIGNATION des affleurements de VcUx^e des psammiles du Condroz dans le bassin de Tlieux , dans le bassin septen- trional (entre Aix-la-Chapelle et Ath)ctdans le Boulonnais. S a û 1 < îi ASSISB de Monfort. ù £ 1 i a 3 1 ■M S A. B. c. D. 1. Coupe entre Theux et Franchimont. . . . 2. Coupe des tranchées près la station de Mont- -+- -\- -+- -+- -h -+- -+- -+- -t- -f- -\- + + -4- -h -f- -+- + -4- -+- -+- ? -H 4. Coupe de Dolliain, près de Verviers . . . o. Coupe entre la station de Trooz-Aval et -4- -4- 6. Coupe du Fond de Cry à Chaudfontaine . . 7. Coupe à An"leur sur l'Ourthe 8. Coupe sur la commune d'Ehein, près d'Engis. 9. Coupe à Huy, sur la rive droite de la Meuse . 10. Coupe à la station de Naninnes H- ? M. Coupe à Wépion 12. Coupe à Malonne 13. Coupe en face de l'abbaye de Marche-les- Dames 44. Carrière et affleurements du hameau de Wartet lo. Carrières de Namêche •16. Carrières de Houssoy (Vezin) 17. Exploitations minières de Ville - en -Waret (Vezin) 18. Affleurement de Rhisnes ■18. Carrières des Isnes 19. Affleurement de Mielmont 20. Carrière de La Roq fFeluy) 21. Carrières des Écaussines 22. Carrières de Fiennes (Boulonnais) .... 23. Carrière de S'«-Godelaine (Boulonnais) . . Ce qui ressort principalement de l'examen de ce tableau c'est qu'une lacune considérable affecte, au moins, la plus grande partie du bassin septentrional. Non-seulement, en ( 796 ) effet, les assises A , B et D y font complètement défaut, mais l'assise C elle-même ne s'y trouve représentée que partiellement. Les psammiles de Marche-les-Dames et de Vezin placés entre les schistes de Famenne et le calcaire carbonifère peuvent servir à démontrer l'existence de cette grande lacune sur le bord septentrional du bassin. En effet, ni la coupe en face de l'abbaye, ni le relevé détaillé des galeries de la mine de Ville-en-Waret ne montrent le moindre ves- tige dé la présence de l'assise d'Esneux, ni de l'assise de Souverain-Pré, ni de l'assise d'Évieux, non plus que de la partie inférieure de l'assise de Monfort constituée par le gros banc, le blanc banc ^ etc., de Monfort exploités dans tout le Condroz, dans le bassin de Theux, à Montzen , à OIne, à Chaudfontaine et sur la Meuse. Or, comme M. Gonthier évalue à 5i,o0 mètres l'épais- seur totale de l'étage des psaramites à Ville-en-Waret et que j'ai estimé approximativement à 600 mètres la puis- sance totale de cet étage sur l'Ourthe, il s'ensuit qu'on peut évaluer approximativement notre grande lacune à 550 mètres. Je me bornerai pour le moment à constater l'existence de cette lacune dans l'étage des psammites parce que c'est la seule qu'il m'ait été donné de pouvoir suivre sur une assez grande étendue. Ce n'est pas à dire pour cela qu'il n'en existe pas d'au- tres, mais, outre les dilïicultés qu'opposent souvent la vé- gétation, d'une part, l'altération par les agents atmosphé- riques, d'autre part, il ne suffît pas qu'un certain groupe de couches fasse défaut dans un affleurement pour con- clure à une lacune. Cette absence de couches peut être due, notamment, à l'existence d'une faille. Fio- l.Counr mire Thciilx et Krandumon Mil ■Kea&SfSiMt Fio- 3. Onipe de i;i Imiirhrc i(2m-i)...(m-4-w-f-l) =h — ^ cos n p S,„ = /iR^ 2wî(2m — 4)...(m-t-l 4.2.3... m H-(-i r 9 i . 2 . 5 ... (m — ?i 2m(2w— 1 ) ...(m-h2«-4-l ) 1.2.5 ... (m-2/i) cos2/ip 2w(2«i— i) ...(m-+-0;i-+-l ) =b : — z — = : : COS Slip \ .2.5... (m — e/i) Dans cette formule, p désigne l'arc AAi (< Ç), A étant situé entre A, et A„; R, le rayon de la circonférence; 0, le ( 803 ) nombre entier compris enlre^ ^^ ^ — ^ i^^^^ ^ si m < n). De plus, les termes entre parenthèses, au second membre, seront pris positivement ou négativement, selon que le dernier facteur de leur dénominateur sera pair ou impair. Démonstration. Soit X l'angle au centre du polygone. On aura : p H- (?l \)X c?, = 2R sin^; â, = 2R sin ^^^—-;â, = '2Rsin^—- — ; 2 2 2 2Rsin (pi-x p+x\im / p+(n-l)=t p + (n-i)x\îm (, ).. = ^° »-«-.) ou bien, en développant les puissances et en désignant par T le terme indépendant de a : R'"* r ^ 2??i (2m — i) , „, '■ (-irL 1.2 ± T 2wia-("-*'^ H- a- '"M; 2R'"* r 2m(2m — 1) = cosmp— 2mcos(m— 1)»H cos(m— 2)/) (_1)-L ^ ^ 1.2 '^ 1 .2. 5. ..(m + 2 T-] ( 804 ) [â^f"" = /— ;^;„ 1 cos m (/)-+- j") — 2»i cos {m — 1) (p -+- a:) -+- 02R2m 1 .2.5... (m — 1) ^' ^ 2j' 2RÎ- r T-| (^j)'"» = — cos 7n{p -1- 2x) ~ 2m cos (m — 1) (/> -h 2x) -+- ••• ± - ; 2 R'*" r T-| (^^)»"'= — CO.S 7)1 [p -\- {n—\ )x] —'2in cos (?n— 1 ) [p-f-(n- i )x] -+- • • • ±-r- 2R''" ") Faisant la somme de ces n équations, membre à mem- bre, nous aurons S^^ au premier membre, et au second : R«' 10) ± .nT. (-ir 2° m séries trigonométriques dont l'expression générale est : 2 R'"' . 2m (2m — 1) ... (2;/i — (3 -t- 1) r .(-i/- ^ ~ -\ cos m — Ê)« (-\r ^ ^ 1.2. 5. ..[3 L ^ ^^ -i-cos(m— /3)(p-+-x)-i »-cos(j« — (3)[p-t-(n — 1)j;] OÙ (3 doit varier entre 0 et m — 1 . En appliquant les formules d'Euler, la série entre paren- thèses devient : =i[- •i3)P •«'(— /3)- 1 Mais m-/3) ^_ ^2^(m-^)__ ^ . r(»n /3) ^^ ^-2;r(m-i5) ^^ ^ . ( SOS ) de sorte que les deux fractions et l'expression générale se réduisent à 0 et qu'il ne reste en apparence au second membre que : ± . wT. (-if Ici se rencontre toutefois une exception remarquable ; car si (m — p) = multiple de 7i = Mn, on aura : et chacune des deux fractions de la somme générale pren- dra la forme ^ Mais il est visible aussi que, sous cette hypothèse, chacun des termes du développement (y) qui précède, se réduira à a^'"~'^^''ou a~^"'~^^'^ et par suite l'expression géné- rale deviendra : 2R2"» . 2m(-2m— I)... (2m - p-t- 1) ra('»-/5)P-4- a-("'- [—I)- ' ' 1.2. 5. ..(3 L !2 2R^'" 2m(2m — 1) ... (2m — S-H 4) . n . ^ ^^ ■ cos (m — p)p. (_i)«-^ 4. 2. 3... (3 Si, comme nous l'avons supposé, 0 est le nombre entier compris entre ^ et ^ — 1 , réciproquement m est compris entre Bn et(0 -+- l)w, et par conséquent il y aura G valeurs de (3, entre 0 et m — 1 , qui rendront m — P multiple de n : savoir : m — n , m — 2/i , m — 3w , ... m — 0;i. Ce résultat est illusoire quand m < n; mais alors aussi 6 = 0, et aucune valeur de (3 ne satisfait à la condition indiquée. ( 806 ) En remarquant encore que T et ( — 1)"" sont simulta- nément positifs ou négatifs, selon que 2m est ou n'est pas doublement pair, on trouvera aisément la formule générale qu'il s'agissait de démontrer. Cette formule nous montre que la somme 83^ est coii- stante, quel que soit le point A , tant que m <^n, car alors 0 = 0, et les termes entre crochets disparaissent, comme cela a été remarqué précédemment. Ce dernier résultat est connu. Applications. Le point Acoïncidantavec l'un des sommets du polygone, 82;^ est la somme des puissances (2m)" de toutes les cordes. Comme, dans ce cas, tous les cosinus, au second mem- bre, deviennent égaux à l'unité, nous aurons : 2m C^m — i) ...{m~{- n-i- \ )' S,™ = wR' 2m(2/>?. — l)...(m-+-I) 1.2.3... m ■(-If. 2 _^2m(2m-l). ... {m - ?i) .(m -i- 2/1 -4-1) i . 2.3. .(m-2;i) 2m(2m — 1). .. (??i-+-5?i-+-1) i . 2 . 3 ... (m — Qn) Exemple : 834, pour le polygone régulier de 14 côtés. m =17, n = \A; j?i — w = 3 ... impair. ,,(34.33.32... 19.18 834 = 14 R" 1 .2.3...16.17 = 14 R'* (2 . 333 606 220 -+- 2 . 5984) = 32 670 654 632 R^*. r 34 . 33 . 32"! ( 807 ) 2°) Servons-nous de la formule précédente pour obtenir la somme P2,„ des puissances (2m)'' des cordes de rang pair, quand n est pair. Ces cordes aboutissant aux som- mets d*un polygone régulier de I côtés, on aura évidem- ment: H 2m(2m-i)... m-t-i , , __n2m ; î^ i î --4-(— i ' 9^ -^ 1 .2. 3. ..m ^ '.2 2m(2m-i).. (-:--)" 1.2.5. 2m(2»i-i). \ 2/ .. (m -t- w -4- 1\ ^ 1.2.5. .. [m - n) 2m(2m-l).. . m-{ hl \ 2 / >• 1 .2.5 •■■(-?) Exemple : P34, pour le polygone régulier de 14 côtés. 54.35.52...19.18 r 54.55...25 54.33.52-] L 1.2.5...10 1.2.5 J 1.2.5...16.17 = 7R'* (2 . 555 606 220 — 2 . 131 122 156) = 14 499 555 536 R^ S**) Pour obtenir, dans le cas de n pair, la somme l2„ des puissances {2m)" des cordes de rang impair, nous remarquerons que cela revient à chercher la somme des puissances (2m)" des distances d'un polygone régulier de ';^ côtés, en faisant dans la formule générale p =^, après avoir remplacé n par|. Comme cos Bnp devient alors cos Qt:, il sera égal à -h l ou à — 1 , selon que 0 sera pair ou impair; de sorte que les signes des termes entre parenlhèses, au second membre de la formule ci-dessous, ( 808 ) résulteront de la combinaison entre eux des deux signes suivants : n en , , , =t selon que: m , m ~ w, ... ,m sont pairs ou impairs. ± selon que 9 est pair ou impair. On trouve ainsi : 2m (2m— \)..\m-\---^\\ d.2.5...(m~|) db / 672 2m(2m — 1)... Imn ^\) ± ^^ ? / ^n\ 1.2.5...(,u-_) Exemple : I34, pour le polygone régulier de 14 côtés. On a ; n m = 17 — 7 = 10 ... pair (9 = 1 ... impair) n m — 2. - = 17 — 14 = 5 ... impair (6 = 2... pair). j _n ,j2m(2m-l)...(m4-l)^ ^ '" 2 1 1 .2. 5.. .m ^ ^ " Par suite : 34.53 ...19. 18 r 54.33..26.25 54.35.32-|| ^L 1.2.3...9.10 1.2. 3 J) 2 (1.2.3...16.17 = 7R'* (2 333 606 220 -4- 2 . 1 31 1 34 1 24) = 18 171 121 276 R'*. Il est clair que, pour un polygone régulier donné, on doit toujours avoir : i 809 ) En appliquant celte équation aux exemples que je viens de traiter, je trouve: 32 670 654 652 R'*= 1 4 499 553 550 R'* -+- 1 8 1 711 21 276 R'*- c'est-à-dire une identité. Les résultats obtenus sont donc exacts. Il est évident, d'autre part, que dans le cas de n impair, on aura toujours, quel que soit m : p _i _-^. '^im *2m „ > car, à chaque corde de rang pair, correspond une corde égale, de rang impair. II résulte de l'inspection des formules trouvées pour l^^ et P2^,que: 2 i . 2 . 0 ... m quand n est pair, tant que m est < ^ ou 2m < n. Tant que wî < w, on aura encore : 2m(27>i — 1)... (m -4- i) S,„ = 7iR^ 1.2.5... m formule trouvée par M. Breton de Champ [Journal de Mathématiques de Liouville, tome XIII, 1" série, année 1848, page 291). Observations. On déduit facilement, de l'expression générale de 83^, la formule suivante: 2"^ SÉRIE, TOME XL. 52 ( 810 ) ' 2m (2m - l)...(m -+-n-*- 1) -f- ^ 1 1- cos n p n ]2m(2m — l)...(m-i-l) i .2.5... m -h(-ir.2 1 . 2 . 5 ... (m - w) 2m(2m-1)...(m-^2n+i)^^^^^^ 1.2.3 ...(m — 2/i) 2i>i (2m - 1 ) ... {m -+- e?iH-1 OU w 2m (2m — i)... (m -\- \) 92"» * 1 . 2 . 3 ... m 1 .2. 5. ..(m , tant que m < n. cosôwp Si, dans la formule précitée, on fait varier p, x et par suite n, on arrivera à d'autres séries irigonométriques , dont la somme peut être obtenue exactement. Ainsi faisons p = 0; remplaçons | par y et n par|; y sera l'angle au centre du polygone régulier de n' côtés. Nous aurons : (sini/r -^ (sin2i/r -4-(sin oy)'- -*-•••-+- Un \^- '^]y 27}î(27/t— 1)... Im-+- — -t- 1 _ n' J2m(2m-4M ~ 22"»4-M 1.2^ 5 ... (?ïi -t- ! m V(-ir.2 1 .2.3 ... m zh "2 2m (2»i — i)...(m-^n'H-iI. 1.2.3... (m - w) / en' 2m(2m — 1)... (m-^-— 1 .2 .3... (m-— - ou 92m + (8H ) 2w(2m— d)... (m-t- i) 1.2.5... m tant que m < — 2 Cette formule ne peut servir que si le nombre n' de côtés est pair; pour le cas de n' impair, on aura recours à la formule P^^ == ^ démontrée précédemment, et Ton trouvera sans aucune difficulté : (sin 2/f "• + (sin 21/ f" -+- (sin 5y) ,2m _-n('-4i)J 2»w(2m — j)...(m-4-'l) Q2m+! 1.2.3... m r 2m(2m— i)...(m -t- yt' ^ jf I 1 .2.D...(m— w') ! 2??i(2m— 1)...(m-f-2yt^-f-i) 4.(_1)- 2 ^ .2.5...(m — 2w/; L" ^m{^m—\)...{m-^dn'-\-i 1.2.5 ...(m — 671') Ces quelques exemples suffiront pour montrer tout le parti qu'on peut tirer de la formule générale établie au commencement de cette Note. La classe s'est ensuite occupée, en comité secret, des préparatifs de sa séance publique annuelle, qui aura lieu le jeudi 16 décembre, à 1 heure, dans la grand'salle des Académies au Musée. Le programme se composera du discours de M. le gé- néral Brialmont, directeur de la classe, sur l'accroisse- ( 812 ) ment progressif des armées permanentes et d'une lecture de M. Edouard Morren intitulée : Théorie des plantes car- nivores. La prochaine séance aura lieu le mercredi 15 décembre, à 1 heure. La classe s'occupera, dans cette séance, du jugement du concours annuel, des élections et des préparatifs de la solennité du lendemain. ( 813 ) CLASSE DES I.ETTUKS, Séance du 6 décembre 1875. M. le baron Guillaume, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents . MM. J. Grandgagnage, J. Roulez, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste, Alph. Wauters, A. Wagener, membres; J. Nolet de Rrau- were van Steeland, Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; J. Heremans, Rolin-Jaequemyns et Ch. Piot, correspon- dants. M. Ch. Montigny , membre de la classe des sciences, et M. Éd. M2i\\]y ^ correspondant de la même classe, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur avait émis le vœu que la classe examinât la question de savoir si les arrêtés royaux relatifs aux concours triennaux de littérature dramatique dans les deux langues doivent conserver comme conditions d'admission aux concours, que le sujet des œuvres sera emprunté soit à l'histoire, soit aux mœurs nationales. ( su ) La classe s'est ralliée à l'avis émis sur ce point par le jury du dernier concours. Cet avis avait été formulé de la manière suivante : G Peut-être y aurait-il lieu de ne plus subordonner la victoire à la composition d'un sujet national, condition qui, pour le genre de la comédie contemporaine, par exemple, est, selon nous, difficile à observer. Seulement, à mérite égal, la palme serait naturellement décernée à la pièce dont le motif appartiendrait en propre an pays. » — MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des représentants adressent des cartes de tribune réservée pour la session législative 1875-1876. — Remercîments. — M. le secrétaire perpétuel annonce que la commis- sion administrative de l'Académie, dans sa séance du 6 novembre dernier, a décidé que la classe des beaux-arts serait chargée de confier à une commission composée de son directeur actuel, d'un architecte, de deux sculpteurs et de M. Montigny, le soin de s'occuper du projet de mo- nument à élever à feu M. Adolphe Quetelet. La classe des beaux-arts a désigné MM. Payen, G. Geefs et Fraikin pour être adjoints à MM. Balat et Montigny, comme membres de cette commission. — M. le secrétaire perpétuel donne ensuite connais- sance de la motion dont M. Alvin a saisi la classe des beaux-arts, lors de la dernière séance, motion à laquelle s'est ralliée la classe des sciences, et qui a pour but de s'associer à la démarche que la Bibliothèque royale et les Musées ont faite auprès de M. le Ministre, au sujet d'un commencement d'incendie qui a eu lieu le 25 novembre dernier, dans le laboratoire de chimie de l'école indus- trielle. ( 815 ) La classe approuve la lettre que M. le secrétaire perpé- tuel propose d'adresser à ce sujet à M. le Ministre de l'intérieur. — I/Université de Fribourg en Brisgau adresse des exemplaires de son programme d'études pour 1 876 et 1 877, ainsi que plusieurs dissertations inaugurales. La Société littéraire et artistique de Mitau accuse récep- tion du dernier envoi annuel de publications; elle trans- met en même temps le dernier numéro de ses comptes rendus. — M. Alphonse Rivier, associé de la classe, fait hom- mage d'un ouvrage de sa composition, portant pour titre : Beric/ite Burgundischer Agenten in der Schweiz, von 1619 bis I6W. Tn-8^ M. G.-W. Vreede, associé, fait parvenir, à titre d'hom- mage, un exemplaire de sa notice intitulée : Onze diplo- matie^ na de erkenning der onafhankelijkheid van België. In-8^ M"'*' veuve Bergmann fait hommage à la classe : l°d'un exemplaire de l'ouvrage de feu son époux, couronné par le jury du dernier concours quinquennal de littérature dramatique flamande et intitulé : Ernest Staas, advocaat, Schetsen en Beelden door Tony. In-8°; 2° d'un exemplaire des ouvrages suivants du même auteur : Verspreide Schet- sen en Novellen. ln-8° ; Philips van Marnix van Sint-Alde- gonde. 2^ druk, in-8°; Geschiedenis der stad Lier. InS"". M. le baron F. de Barghon Fort-Rion, de Versailles, envoie, à litre d'hommage, un exemplaire de sa dernière brochure intitulée : Étude historique sur S. E. Jean-André Van der Mersch., général brabançon, ln-8''. La classe vote des remercîments pour ces dons. ( 816 j PRIX DE SAINT-GENOIS. Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe offre, pour la première période décennale de ce concours, un prix de quatre cent cinquante francs au meilleur travail en réponse à la question litté- raire suivante : De belrekkingen aanduiden, die in verschillende tijd^ perken hebben bestaan tusschen de vlaamsche poëzie en de ontwikkeling van het vaderlandsch en nationaal gevoel, en den invloed bepalen dien zij onder dit opzicht heefl gehad. Indiquer les rapports qui, à diverses époques, ont existé entre la poésie flamande et le développement du sentiment patriotique et national, et déterminer l'influence qu'elle a exercée dans cet ordre d'idées. D'après les dispositions testamentaires de feu M. de Saint-Génois, ce travail doit être rédigé en flamand. Il sera lisiblement écrit et adressé, franc de port, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie, au Musée, avant le \'' février 1877. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi- quer les éditions et les pages des ouvrages cités. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur ( »i7 ) adresse. Faille par eux do satisfaire à celle Ibrmalilé, le prix ne pourra leiir èlre accordé. Les mémoires remis après le lemps prescrit, ou ceux dont les auteurs se leront con- naître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. COMMUNICATIONS ET LECTURES. La diplomatie concernant les affaires maritimes des Pays- Bas^ vers le milieu du XVI" siècle , jusquà la trêve de Vaucelles, par M. Ch. Piot, correspondant de l'Aca- démie. L — INTRODUCTION. A la suite des découvertes territoriales, faites par les Espagnols et les Portugais en Asie, en Afrique et dans le Nouveau-Monde, le commerce maritime avait pris, dans les Pays-Bas, un développement extraordinaire. Sous le règne de Charles-Quint il était parvenu au plus haut degré de prospérité qu'il semblait pouvoir atteindre. Le mouvement du port d'Anvers, la rivale de Venise , avait de l'aveu même de l'ambassadeur de cette république hni par surpasser ( 818 ) celui de la métropole du commerce européen. Vers le mi- lieu du XVP siècle des centaines de vaisseaux , chargés des produits fournis par tous les pays, abordaient journel- lement à Anvers et y déchargeaient leurs riches cargai- sons. Les habitants des côtes maritimes de Hollande, de Zé- lande et de Flandre n'avaient pas moins de succès dans la navigation et par la pêche de mer. Dunkerque, Nieuport, Ostende, Flessingue, Arnemuide étaient devenus des ha- vres importants pour la pêche du hareng. Terveere et Hel- voetsluis avaient pris les proportions de ports de mer con- sidérables. Cette grande prospérité porta bientôt ombrage à nos voisins. Détruire cet état si florissant était un moyen pro- pre à ruiner les Pays-Bas, un expédient utile pour empê- cher Charles-Quint de devenir un jour maître de l'Océan. A cette époque l'empire des mers devait appartenir à l'État dont la marine marchande serait la plus considérable, à celui enlin qui pouvait, en cas de guerre, armer le plus grand nombre de navires de toute espèce (1). L'immense étendue des côtes de mer appartenant à l'Espagne, aux Pays-Bas, au nord de l'Allemagne et aux possessions de l'Amérique semblait pouvoir légitimer des aspirations sem- blables. Tous les moyens, toutes les intrigues furent employés dans le but d'entraver le développement de notre com- merce maritime et de la pêche, industrie spéciale aux Hol- landais, aux Zélandais et aux Flamands. Ceux-ci ne furent pas ménagés, particulièrement par les habitants des îles (1) Guichardin, Description des Pays-Bas, p. 49; De Jonghe, Geschiedenift v;(n het yederlandsch zeeivezen, t. I. pp. 8'J et VA^2. note. ( m ) l)rilannique&, malgré \os règlements intervenus en 1528 et 1540 entre les parties (1). Cette jalousie, primitivement très-occulte, finissait par se faire jour partout, chez nos amis, comme chez nos ennemis. Ici, c'était le droit de tonlieu qui servait de pré- texte à des extorsions (2), là c'était Texercice du culte, qui arrêtait nos malelots; ailleurs c'était autre chose. Cette passion si basse était encore attisée par l'inimitié qu'a- vaient vouée les rois de France à Charles-Quint, par leur volonté bien arrêtée de lui disputer la prépondérance en Europe. Tous ces motifs réunis donnèrent lieu à des actes de piraterie, exercés contre notre marine, puis à des diffi- cultés sans nombre avec les gouvernements d'Ecosse, d'Angleterre et de France, et à des réclamations très-vives faites de part et d'autre. C'est à ces réclamations et aux correspondances diplomatiques, la plupart inédites, que nous avons puisé les éléments de ce travail. II. — PIRATERIES DES ÉCOSSAIS ET DES ANGLAIS. Pendant la guerre entre la France et l'empereur, notre commerce maritime fut l'objet d'entraves et de vio- lences inouïes. Elles continuèrent, malgré la terreur qu'a- vait inspirée à la marine française la conduite courageuse de notre flotte commandée par Gérard Van Meckeren ou par Maximilien de Bourgogne, amiral de nos forces na- vales. Celui-ci était particulièrement redouté depuis qu'il l\) Proceeding and ordinatices ofthe privy council of England, t. VIII, p 95. 2) Lettres des 20 septembre et 2o novembre looO (Archives de l'Audience, liasse 47). ( 820 ; avait détruit, en 1545, une flottille de navires marchands dans les eaux de Bordeaux (1). Dès ce moment les atta- ques directes ne suffisaient plus à la France. Il lui fallait l'aide des Écossais, toujours prêts à liarceler nos pêcheurs, jamais rassasiés de pirateries. En dépit des traités les plus solennels, les Écossais exercèrent des déprédations inqualifiables. Gui de Dam- pierre, Louis de Mâle, Philippe le Hardi, Philippe le Bon avaient voulu en vain intéresser les marchands écossais au développement du coinmerce, en leur accordant difl*érents privilèges (2). Pendant Tannée 1530 (15 avril n. st.) un traité lut conclu à Malines entre Marie de Hongrie, à titre de gouvernante des Pays-Bas, et l'envoyé d'Ecosse, traité qui fut confirmé par Charles-Quint (i24 juillet 1551). Dix ans plus tard (19 février 1541 n. st.) un nouveau pacte fut arrêté à Binche (5). Ces actes avaient un but, celui de favoriser la navigation et le commerce et d'empêcher entre les deux nations la piraterie, dont Jacques V constate les déplorables résultats dans une lettre adressée à Charles-Quint (4 mai 1531). Vains efl'orts. Les vols, les destructions, les pillages ne continuèrent pas moins de part et d'autre. Ils devinrent entre les deux nations des motifs de vengeance, par suite du défaut d'énergie du gouvernement néerlandais. Lors- (4) Wagenaar, Vaderlandsche historié, t. V, p. 128; Annales de la Société d'Émulation de Bruges, 2« série, t. VI, p. 321 et suiv. (2) Actes de 1293, 1317, 1339, 1387, 4420, 14;8, cités par Gachard, Rapport sur les archives de Lille, pp. ilo 146,118, H9, 140, et dans Du Mont. Corps diplomatique, t. IV, part. 2. p. 83. (3) Du Mont, ibid., pp. 83 et 208. V. aussi aux archives du Royaume la liasse LXIV de l'Audience, intitulée : Diverses pièces concernant la négociation avec l'Ecosse. ( 82i ) qu'en 1540, par exemple, les États de Hollande voulurent faire saisir tous les biens des Écossais pour les punir de leurs pirateries, la gouvernante s'y opposa. Elle préten- dait que tous ces vols pouvaient être arrêtés par les négo- ciations diplomatiques (1). En effet elle parvint à faire signer le premier traité de Binche ; elle parvint même à obtenir des sauf-conduits en faveur de nos vaisseaux. Mais le lendemain de la signature de ces actes, ils étaient violés ouvertement, sous un prétexte quelconque. Pour résister à ces pillages l'Empereur fut obligé, en 1549, de prescrire aux vaisseaux marchands un armement, afin de se ga- rantir contre les agressions des flibustiers (2). De leur côté les Anglais tirent, sans les observer, les plus belles promesses de nous débarrasser de ces pirates. Henri VIII s'engagea à abandonner les Écossais pour les ramener à la raison (5). Toutes ces promesses tombèrent à néant par suite de l'abandon dans lequel notre flotte laissa l'Angle- terre lorsque l'armée navale de ce pays comptait attaquer celle de la France en 1544. Les capitaines des navires de guerre impériaux se retirèrent en voyant arriver la flotte française et l'impossibilité de celle des Anglais de pouvoir lui résister. Cette retraite produisit sur la cour de Londres le plus fâcheux effet. Selon une dépêche des ambassadeurs de Charles-Quint, le duc de Norfolk aurait dit « que ja- » mais le roy son maistre, de son temps, n'a voit veu i> ceste honte que le roy de France luy fut en mer supé- D rieur. ?> En conséquence il demandait aux Pays-Bas de (4) Wagenaar, /. c, p. 209. (2) Plac. de Flaud., t. I, p. 337. (3) Lettre du i9 oct. 4544, adressée par les ambassadeurs belges à l'empereur. (Corresp. de l'empereur et de Marie de Hongrie avec les ambassadeurs en Angle- terre, p. 4S.) ( 822 ) lui prêter des bateaux espagnols et hollandais qu'il s'obli- geait de payer (1). Nulle part nous ne trouvons de trace du consentement que notre gouvernement aurait donné à un prêt semblable. Enfin Gérard Van Meckeren reçut, en 1549, la mission de commander les navires de guerre destinés à combattre les Écossais et à protéger la navigation contre leurs pira- teries. En donnant l'année suivante la chasse aux navires écossais, il outrepassa ses instructions. Il prit des navires dans les eaux de la France et en arrêta aussi plusieurs autres de ce pays qui se rendaient en Ecosse ou venaient de là (2). Le conseiller Scepperus, chargé spéciale- ment par le gouvernement de diriger les affaires mari- times, fut obligé de lui écrire pour faire cesser ces actes arbitraires, dont la France se plaignait à juste titre. On a soutenu que l'alliance de Charles-Quint et de l'An- gleterre, l'ennemie héréditaire de la dynastie écossaise , était la véritable cause de nos désastres maritimes. Rien n'est moins vrai. En émettant cet avis, les écrivains perdent de vue les pirateries commises vers cette époque au préjudice de nos marchands par la France, par l'Ecosse et surtout celles de la Grande-Bretagne. Lorsque l'empereur eut rompu avec Henri YIII, roi d'Angleterre; lorsqu'il refusa à ce prince de l'aider pendant la guerre avec l'Ecosse; lorsque la paix fut signée entre les deux pays (1" juillet 1545), le pillage de nos vaisseaux par les Écossais fut-il arrêté? Nullement. (1) Lettre des ambassadeurs du 46 octobre 1544, ibid., p. 1. (2) Annales de la Société d'Émulation de Bruges , 2^ série, t. VI, pp. 347, 3ol ; liasse des négociations avec l'Angleterre à propos du tonlieu. (Dans les archives de l'Audience.) ( 8^25 ) Quand leurs câpres entrèrent, en 1544, au port de Terveere avec le butin pris sur les Anglais, n'avaient-ils pas arrêté aussi un grand nombre de vaisseaux Anversois (i)? Le gouvernement néerlandais poussa la générosité jusqu'à faire restituer aux marebands de la Grande-Bretagne ce qu'ils leur avaient enlevé. Et malgré cette conduite si loyale, les Anglais favorisèrent-ils moins les pirates écos- sais? Ils les autorisèrent à capturer nos vaisseaux dans les eaux britanniques. Bientôt ils poussèrent plus loin encore leurs propensions à la piraterie (2). Durant tout le cours de (1) Wagenaar, Le, pp. 267,268. (2) Calauder of State papers, tlie Scottish séries 1867 ài589 ; Instructions don- nées à Scepperus et François Vander Dilft, ambassadeurs en Angleterre, le 27 sept. 1540. {Dans les négociations d'Angleterre, t. I, p. 176, aux Archives du royaume); Information du bailli de Flessingue du 41 août 1548, sur le pil- lage fait, le 9 de ce mois, par deux vaisseaux de guerre anglais d'un navire armé des Pays-Bas , (/Z>/c/., t. II , p. 189) ; Instructions de Henri II, roi de France, dont voici un extrait : Instuction au S^ Danoy, que le roy envoie présentement en Angleterre, de ce qu'il y aura à faire pour le service dudit seigneur. Premièrement ira treuver le Si" de Selve, ambassadeur du roy par de là, et luy dira que aiant icelluy S'' receu la lettre qu'il a escripte du 19" jour de ce présent moys, par laquelle il lui fayct entendre la prinse de l'admirai et plusieurs aultres grands S" de delà, et l'occasion d'icelle, semblablement le soupçon en quoy le protecteur d'Angleterre et aultres estans près la personne du roy d'Angleterre sont entrez de ceste conspiration. Et pour austant qu'il semble au roy que telles choses viennent grandement à propos pour accomoder et facilliter ses affaires en Escosse, et qu'il désireroit bien trouver moyen d'y faire brouiller plus fort les car- tes qu'elles ne sont, aflBn de mettre dedans ledit royaulme d'Angleterre s'il estoit possible une guerre civile, et les amuser à se venger les ung des aultres pour d'austant rendre ses affaires plus faciles, tant du costel d'Escosse, que de celui de deçà, estimant que une telle entreprinse. si elle est véritable, n'a pu avoir esté conjurée sans l'intelligence de beaucoup des plus grands, lesquels ne peuvent avoir esté tous descouvertz, et est impossible qu'il n'y en ait encoires quelques ungs de cachez, par le moyen desquelx se peult tenir ce feu allumé, quant ilz se sentiront supportez et auront espérance de treuver quelque reffuge et appuy si grand, que celluy que l'on leur peult faire de deçà Et pour austant que le roy a présentement nouvellse que les Anglois ont ( 824 ) Tannée io45, ils s'emparèrent, quand ils le pouvaienl, des vaisseaux marchands néerlandais et espagnols (1). Les dé- prédations allèrent tellement loin, que l'empereur fut obligé, pour les faire cesser, de confisquer les navires et marchandises des Anglais. Une bonne partie de la corres- pondance de Charles-Quint et de la reine Marie avec les ambassadeurs des Pays-Bas en Angleterre roule sur les prises de mer faites de part et d'autre (2). Les négociations de Vander Dilft et de Vander Burch à Londres pendant les années 1544 à 1545, celles Bourbourg en 1545, n'eurent pas d'autre but. On le voit facilement, les Anglais, comme les Écossais, sacrifiaient à la jalousie. L'abaissement de notre marine était le triomphe de la leur. En 1550 la guerre faite à notre marine marchande par les flibustiers écossais eut des proportions plus grandes en- core, et força le gouvernement des Pays-Bas à prendre des mesures de rigueur contre un pays livré depuis longtemps à la merci de la France (3). Les connivences entre les naguères prins jusques à soixante-dix navires flamants et subjectz de l'empereur chargez de harens qui venaient à Rouen à la foire de la Chandeleur, dont l'em- pereur a fait grand démonstration d'estre fort malcontent et fait, pour ceste cause, saisir et arrestertous les vivres et personnes de tous les Anglois estant dans les Païs-Bas, chose qui est grandement contraire à ce quelesdits Anglois font publier l)artout de la grande et seure intelligence qui est entre eulx et ledit empereur Faict à Saint-Germain en Laiz, le XXVIl jour de janvier mil cinq cens quarante- huict. (Signé): Henri. (1) Wagenaar. /. c, p. 279. (2) Dans une de ses lettres, datée du 27 juin -1545, l'empereur disait à son am- bassadeur qu'il avait fait entendre à celui d'Angleterre à Bruxelles : « que le roy « avait malusé quant aux violences, prinses et arrestz de navires et marchandises » de nos subjetz. » ;3) Tytler, History of Scotland, t V, pp. 350, 422; Calender of State papers précité p. 69; Buchanus, De rébus Scutis , p. 611; Robertson. Ilist. d'Ecosse, ( 82ri ) Écossais et les Anglais étaient en outre devenues trop évi- dentes. De l'avis de la gouvernante il n'y avait possibilité de les arrêter que par des négociations avec le gouverne- ment d'Edouard Yl. Scliyfve et Vander Dilft arrivèrent à Londres (19 mai 1550) à ti(re d'envoyés de l'empereur. Ils furent immédiatement reçus par le roi et son conseil (23 mai). Le but de leur mission était de faire des repré- sentations au conseil concernant les fortifications élevées t. II, pp. i(i6, 176. 179. Nous reproduisons ici l'instruction donnée par l'empereur à son envoyé en Ecosse, dans le but de prémunir le gouvernement de ce pays contre l'influence française : Vous déclarerez que vous êtes de S. M. envoyé tout expressément audit Escossc pour luy déclarer laflection que sadicte Majesté a tousiours eu de garder et entre- tenir bonne paix avec ung chascun etmesme ses anciens alliez, comme sont ceulx d'Escosse. . . . n'ayans jamais eu querelles entre eulx, tant que les François, en- vieulx de cestc bonne amytié et alliance, ont entre eulx semé leur zizanie Lesquels, après avoir mis le pied en Escosse, ne cesseront, tant qu'ilz auront tout le royaulme en leur pouvoir pour l'incorporer avec France; detenans à ceste fin l'héritière dudit royaume en leur pouvoir, sans que icelle puist veoir icelluy, ny ceulx dudit royaulme leur royne et héritière, le tout pour en faire leur prouffit et s'en servir en leurs dessaings et troubles qu'ils sussitent partout, pour parvenir à la fin de leur ambition, qu'est de dominer. Quilz peuvent aussi veoir comment de jour à aullre lesditz François se irapa- tronnient, envoyant la force d'Ecosse hors le pays, et en leur lieu des François. Et tout cecy, afin qu'ilz puissent tant plus facilement parvenir à leurs desseings. Qu'ilz emploient les vaissaulx et subjecîz d'Escosse, qu'ils ont tyré en France, contre les pays et subjectz de S. M., avec lesquelztoutesfois ilz debvroient, selon le dernier traicté, demeurer en bonne amytié (Sans date, liasse XIV des papiers revenus de Vienne en 1862, Archives du royaume.) Le gouvernement écossais ne cachait nullement cette influence. David Pavegne, secrétaire du royaume, arriva en 'lo4o à Bruxelles, muni de lettres de créance, pour déclarer que si l'ancienne amitié entre les deux pays avait été enfreinte, « c'esloit par l'importune poursuite de leurs anciens ennemis. » (Lettre de Mario « de Hongrie à l'ambassadeur d'Angleterre, du 8 mars doio.) V. aussi Teulel. lielalioiis diplomatiques de la France cl de l'Espagne avec l'Ecosse, t. I. pp. 119, 1*24, doO et suiv., 176, 179 et Memoirs of his arn life by sir James Me'vill, lo'fO à lo75. 2"*^ SÉRIE, TOME XL. 55 ( 82G ) près de Gravelines, la prise de quelques navires dans les environs de ce port et certaines contestations territoriales. Scbyfve seul s'occupa activement des réclamations élevées par le gouvernement des Pays-Bas contre les machinations ourdies entre les Écossais et les Anglais en vue de ruiner notre commerce. Il écrivit à la reine (6 juin 1530) que , selon la rumeur publique répandue à Londres, les Anglais faisaient bonne paix avec les Écossais, à la suite du pacte intervenu entre l'Angleterre et la France. Celait vrai. Les Anglais et les Écossais négociaient môme un traité de commerce mari- time (1). Cette circonstance expliquait parfaitement dans ce moment la bienveillance des Anglais à l'égard des pi- rates Écossais. « Je me suis enquis, ajoute-t-il, de savoir » si le sieur d'Arsquin, ambassadeur d'Escosse, qui fut » dernièrement icy, seroil retourné, ou quelque autre en » son lieu , puisque les quarante jours sont jà expirez, en » dedans quel temps la royne d'Escosse, contenue au traicté )> entre les François et Anglois, doit prononcer. On dit » môme qu'un personnage d'Escosse est arrivé à Lon- » dres » (2). Dans cette lettre l'ambassadeur belge rend compte de ses démarches auprès du conseil du roi pour lui représenter comment les Écossais s'emparaient des vaisseaux néerlandais à l'embouchure de la Tamise, les amenaient par ce fleuve à Londres, où ils étaient vendus publiquement à des marchands anglais, très au courant de la capture illégale de ces navires. « Ceux du conseil, dit-il, » déclaroient qu'ils estoient en guerre avec les Écossois; » et cependant quatre navires de guerre anglois avoient (1) Teulet, Relations politiques , l. c, 1. 1. p. 244. f!2) Lettre (lu 6 juin iooO, Conseil privé. ( «'^7 ) D passé devant les Kscossois en coiuluisaul leurs commis- i> saires en France, d En apparence ces laits devaient sembler contradictoires à notre ambassadeur. La cour de Londres voulait faire croire qu'elle ne s'entendait nulle- ment avec ses voisins, tandis qu'elle était en pleine négo- ciation avec eux. Ces contradictions apparentes s'expli- quent facilement lorsqu'on saisit bien la politique anglaise à l'égard des Pays-Bas et de l'Ecosse. Depuis le mo- ment où la paix fut signée avec la France, l'Angleterre n'avait plus besoin de l'amitié de l'empereur. Elle pouvait ruiner à son profit le commerce maritime de nos provinces, désir auquel la politique et les querelles religieuses n'é- taient pas étrangères. D'un autre côté elle devait ménager l'Ecosse, avec laquelle les nécessités du moment l'obli- geaient à faire la paix et où elle comptait beaucoup d'amis et de coreligionnaires. Le nombre de ceux-ci avait singu- lièrement augmenté depuis le moment où les excès com- mis par les troupes françaises chez les Écossais, leurs amis et alliés, avaient fait surgir entre ces deux peuples une haine implacable (I). Ce n'était pas le seul fait à reprocher à l'Angleterre. Tantôt des vaisseaux de guerre de ce pays attaquaient les nôtres (2); tantôt les agents anglais forçaient nos matelots à suivre les prêches dans leurs ports; tantôt ils poursui- vaient nos navires sous prétexte de faire payer un droit (1; Teulet, /. c, t. I, pp. 197, 208, 2^22, 230, 274. (2) Dans le but d'éviter les méprises, des propositions furent faites pour lixer les formes des pavillons « les navires ne porteront aultres enseignes ni bannières que l'aigle , avec celles de l'amiral, à savoir le chevalier de mer tenant ses armes, et celles du roy d'Angleterre la croix rouge ou la bannière avecq les armes du roy. » On tirera un nombre déterminé de coups de canon pour se reconnaître. M s. 13.337 de la Bibl. royale de Bruxelles.) ( 828 ) (Je tonlien, dont ils élaient affranchis en vertu de privi- lèges; tantôt ces agents laissaient échapper les pirates écossais dont ils s'étaient emparés pour la forme (1). Une nouvelle expédition maritime, à laquelle Sccpperus assista, devenait nécessaire. Elle lut dirigée contre les pil- lards en juillet 1550. Les résultats ne répondirent pas à l'attenle. Une brume épaisse assaillit nos navires, dont les grandes dimensions ne permirent pas de franchir les pas- sages entre les bancs de sable formés près des cotes de l'Angleterre. C'était précisément dans ces parages que se trouvaient les pirates. Après la levée du brouillard, quel- ques-uns des navires les plus petits furent détachés de la flotte. Ils visitèrent successivement les rades et les cours d'eau, dans lesquels s'étaient léfugiés les pillards effrayés à l'approche de nos bâtiments de guerre. Dès que nos na- vires entraient dans un fleuve, les ennemis le remontaient dans leurs barques légères, et échappaient ainsi à toute recherche, devenue impossible à cause des dimensions de nos bâtiments (2). D'autres navires de flibustiers s'enfuirent (1) Lettres de Schyfve des 17 juin et 2ô juillet 1450. (Conseil privé./ (2' Nous transcrivons ici la relation de Sceppcrus sur cette expédition. Madame, l'our advertir V. M. du succès et progrès de vostre armée de mer, jjlaise à icelle sçavoir que avec vent fort contraire nous arrivâmes au primes dimence passé sur la coste d'Engletcrre, tcnans ensemble grandes et petites navires pour itî respect que avions aux François et Angiois, si par avanture ilz eussent eu qucl- ([ue nombre de navires ensemble, dont ne sommes appcrcheuz. Et nous eslongeant (le l'embouchure de la Tamize et des sablons y gisans, fismes nostre cours vers le noord et courlames nostre marée pour celle nuycl que nous surprint une bruyne si cspesse, que ne sçavions veoir la proua delà pouppe de nostre navire. Toutes- fois, Dieu grâces, il nous print si bien, que estant le lendemain ladicte bruyne avllée. nous trouvâmes l'ung près de l'aultre, que lors prismes conclusion entre nous que le capitaine Mceckcre, avec les quatre grandes navirs, liendroit la mer audchors des saidons et plates, dont toute ceste coste est pleine, et que moy, avec ( 8^i9 ) vers le nord, afin d'éviter les poursuites de la marine helge. Voyant notre impuissance à les alleindrc, les corsaires quatre les plus petites navires, courreroye la dicte coste par dedens les sablons entre iceulx et la terre ferme si avant que porroye, pour veoir si ne trouverions quelques Escossois ou pirates que oousluniièrement se tiennent icyet sont souste- nuzdes Anglois,voires sont Anglois mesmcs, ayant en leur compagnie un, deuxou trois Escossois seulement. Et par ainsi séparez les ungs des aultres.je me trou- vis avec les quatre navires susdictes devant la ville de llervvitz au pays de Zuud- folck, par où il y a grande entrée pour les pirates et une des principales de ce quartier. Et délaissant illec trois navires, je m'en alliz avec la quatriesme courir la coste du pays d'Essex jusques au noord costé de l'issue de la Tamize et cer- taine entrée des navires entre les sablons nommés de Speidtz que pareillement est maintenant grand passaige desdits Escossois à l'environ de St-Orsis et Malden,où suis esté mardi, mercredi et jeudi. Et cependant sont de nuict arrivez au loing de la terre en ce lieu de Hcrwitz deux pinasses escossoises armées en guerre avec ung boit de Flandres prins sur les Flamangs qu'ilz ont armé, sans avoir esté veues des susdites trois navires , dont à mon retour icy fus adverty et mesmes que lesdits navires, da peur qu'ilz avoientde nous, s'estoyent bouttez bien avant dedens pays en une petite rivière contre mont, entre ceste ville et la ville de Ypswitz. De sorte que à noz navires n'est possible de les sçavoir approcher, pour la petite parfondeur, joinct que ce sont gens de ce quartier. Et est le capitaine principal demourant audit Ypwitz nommé Jems Greyn de Doude, et est celluy qui puis naguères en ce mesine lieu a admené et vendu deux navires de Dunckerkes. duquel aussi les lettres de monsieur l'ambassadeur Scheyf font mention. Et Ont tous les paysans et manans à leur commandement , comme ceste nuict il s'est trouvé par noz gens que avec trois sclmtcs j'avois envoyé contre mont ladite, rivière, pour les descouvrir et veoir leur convenant, et les ont trouvé teliement appercheuz et préadverti i par les Anglois, qu'ilz ne les ont sceu entamer. Et en sommes présentement plus en particulier informez par certain garsson que doub- lons estre envoyé pour espie. Et est venu à bort avec certaine schute angloise, disant qu'il nous donneroit nouvelles à l'endroit desdits Escossois. Nous regar- derons ce que en porrons faire, et sy, sans trop esmouvoir le pays , en perrons venir audessus. Du moins ce nous servira pour tesmoingnage oculaire que contre le traicté entre l'empereur et le roy d'Engleterre et mesmes contre celluy d'entre Engleterre et France, les Anglois soustiennent les Escossois en guerre contre les subjectz de l'empereur, ou pour mieulx dire ce sont eulx mesmes qui font la guerre à l'empereur. Madame, quant orés ce des Escossois que dessus ne seroit advenu, si ne po- vons bouger d'ici si longuement que ceste tourmente, que commença hier. dure. Et sommes en assez bon lieu, sans que puissions estre offensez, ne de ceste ville, ny des deux chasteaux situez sur ung sablon à l'entrée du port, places depetile ( 850 ) reprirent courage, et abordèrent sans gène avec leurs proies en Angleterre et en Irlande. Au nom de la gouver- nante des Pays-Bas, Schyfve requit Edouard VI d'agir effi- cacement contre les pirates, qu'elle ne voulait plus tolérer ni voir favoriser par des Anglais « ou autrement, disait-il, » pour l'indempnité des sujets de S. M. conviendioit d'user » de revanche envers lesdits pirates, quelque part que l'on » pouiroit les ratteindre. » Le conseil protestait de son ignorance la plus complète de ce qui se passait, protesta- tions auxquelles l'ambassadeur belge refusa d'ajouter foi, « attendu, disait-il, que les officiers du roy en tous ports » et havres le savent. » Convaincu par ce raisonnement si simple, le conseil promit de lancer un placard contre les lïibustiers, et de les faire poursuivre. Jusque -Là le duc de Somerset, protecteur du royaume pendant la minorité d'Edouard VI, avait conservé son calme. A la lin de la con- versation il releva vivement le mot de revanche prononcé j)ar Schyfve, et lui demanda des explications à ce sujet. L'ambassadeur belge répondit en véritable diplomate : « que S. M. pour l'indempnité de ses sujets y pourvoiroit » de remède, de droit et licite, assavoir de poursuyr et D rateindre ledits pyrates et escnmours de mer, où qu'ilz » seroient trouvés (1). » La menace, nous venons de le voir, n'eut pas d'effet. imporlancc; mais la villo assez raisonnable à veoir de loing. Qu'est ce dont je sçauroyc advenir Vostre Majesté pour le présent. A tant, Madame, je supplie le Créateur de donner à Vostre Majesté ce qu'elle désire le plus en bonne vie et longue. Du port devant Horwitz. ce vendrcdy iiu'" de jullct XVC cinquante. De Vostre Majesté, Très-humble et très-obéissant serviteur. CORNILLE SCEPPLRUS. ;i) Lettre de Schyfve du 3 juillet lo50. ( H"'« ) Les pirates, parn)i lesquels se trouvaient un grand nombre d'Anglais et même des Oslendais, reparurent partout. En présence de ces actes de nouvelles représentations furent adressées de la part de notre ambassadeui' an conseil. Celle fois-ci il le requit catégoriquement de s'occuper des demandes si nombreuses faites par les marcbands néerlandais, de juger lui-même les contesta- tions au sujet des prises faites en mer, au lieu de les ren- voyer devant l'amirauté. Là, disait Schyfve, les procé- dures trahient eu longueur; les affairesn'y finissent jamais. Le conseil, on le comprend facilement, devait répudier une semblable mission, qui dans tous les pays appartenait à l'amirauté (1). Sinon le gouvernement aurait été mis directement en cause. « Le conseil, dit Schyfve, refusa. » Nonobstant, toutesfois ce que dessus, ils persistarent et » me dirent qu'il estoit bien raisonnable qu'iiz en fussent p du tout préalablement informés. A quoy adjousta mil- » lord Werwyck (prenant la parolle devant Sommerset, » dont il estoit à le veoir peu satisfait), que le roy avoit » paix et traicté avec les Escossois, et qne partant le roy » ne les pouvoit traicter aultrement que ne convenoit. Sur » quoy je leur dis que me sembloit bien que le roy avoit 1) paix avecq lesdis Escossois. Et me coupant la paroîle, » Paget dict qu'iiz n'avoient paix avec eulx; mais que le » roy n'estoit tenu devers S. M. d'invader les Escossois ou » d'exercer quelque hostilité sur iceulx. A quoy leur res- > pondis qu'il n'y avoit icy question de quelque invasion » ou hostilité, ains tant seulement s'il estoit permis et » licite au roy d'entretenir, nourir et favoriser les Escos- s> sois,ennemys de S. M., fussent pyratesou aultres,mesme ;1) Y. De Jont^he, /. c, 1. 1. pp. 61 et suivantes. ( 832 ) » (Je laisser tellement user ses propres subjectz sur ceulx » de l'empereur, et que nullement ledit faict esloit pas- D sable ou escusable; et que c'estoit bien plus que d'im- » pédier l'entrecours et mutuel commerce, lequel ilz dési- » rent si grandement, comme l'ambassadeur Cbanibellain » avoit l'autre jour déclaré à S. M. Sur quoy pariant ledit » Sommerset et le répétant Paget disrent que l'empereur » par cy-devant à l'endroit des Escossois auroit bien laict » le semblable, sans déclairer en particulier quant et com- » ment. Et lors dirent que S. M. n'avoit oncques failly au » moindre point de ces troitez... (26 juillet iooO). » Les termes, si aigres de cette conversation, démontrent, à la dernière évidence, le désir du gouvernement anglais de ne pas vouloir agir avec rigueur envers les Écossais. En dépitdes placards publiés par Edouard VI contre les flibustiers, les déprédations continuèrent et devinrent plus nombreuses que jamais. Impossible de narrer ici tous les dommages portés à nos navigateurs, impossible de dé- crire toutes les scènes de pilleries. Ces détails, transcrits dans les correspondances et lés actes officiels, appartien- nent plutôt à la chronique qu'à l'histoire (1). Nous dirons (1) V. à ce sujet la correspondance de la reine Marie avec Schyfve, et la nomen- clature des griefs articulés contre l'Ecosse dans les archives de l'Audience, liasse LXIV. Ces pièces sont intitulées : Narralio eonon que fjesta su)H et acciderutit Flandris qiiibusdain ex oppido Bnujensi uavi'jaiitibui ex porta Sti'sensi in Scotiatri ïitense Augusto aniii XV XLl^; Wemontvancù que fait le commis et député de l'empereur envoyé de par S. M. devers Monsr le conte d'Arrane; tuteur et gouverneur de la royne Marie en son royaulme d'Escosse, des prinses et pil- leries, extorsions, tors et exactions faites aux subjectz de ladite M. par ceulx dudit Ecosse mesmement depuis le dernier traicté et accort fait en Anvers le xxviij*^^ jour d'avril l'an XV'^ quarante-cinq, V. aussi dans les Comptes rendus de la Commission d'histoire 3^" série, t. VHI, pp. 168, 188, 188, iii-9; les Annales de la Société d'Éuudaiion de Bruges, 2'" série, t. VI. p. 369 et suiv. et Wagnaar Vaderlandsche historié, t. V. ( 835 ) seulement que rempcrour ordonna (29 mai 1544) la saisie (les biens et marchandises appartenant à îles Ecossais, et qu'à Terveere plusieurs individus d(; cette nation furent arrêtés. Poussés à bout, nos matelots ne manquèrent pas à leur tour de prendre des vaisseaux écossais. C'est ainsi que les gens d'un navire hollandais , capturé par des pi- rates écossais, s'emparèrent du bâtiment de leurs enne- mis et le ramenèrent à Helvoeîsluis. Une autre l'ois les nôtres débarquèrent dans une île écossaise, et y exercèrent les cruautés les plus grandes. Enfin ils finirent par ha- rasser tellement les ennemis qu'un de leurs plus fameux flibustiers, nommé James Gryn, fut tout à fait ruiné. C'étaient toujours les îîoi landais qui se distinguaient par leur courage et la hardiesse des coups de main. S'ils étaient souvent enclins à se mutiner, ils étaient pleins d'ardeur au moment du danger. Ce qui faisait dire par Scepperus dans un rapport adressé à la gouvernante : « les matelots y hollandois ne sont rangeables à la raison, ne plusieurs » des maistres des navires aussy, et signament d'Amster- » dam et Wateriand, ores que ceulx d'Enchusen ne sont » en tout excusables, fis sentent mutinerie et sédition, et » pour telzsont ténuz etreputés en Hollande et par-de-çà; 5) ores qu'aultrement ce soient bons et hardis maronniers, » ayans bonnes navires et mieulx équipées, que ceulx de » leur sorte en ont (1). a Ces prédispositions à la muti- nerie s'expliquent par leur aversion des Espagnols, tou- jours fanfarons, bien souventaussi pillards et dévastateurs lorsqu'ils étaient logés dans les villages. Les Hollandais , comme les Flamands, vouaient aux Espagnols une haine (1) Lettre (lu tîO sept. lobA. ( 854 ) implacable, source d'un grand nombre d'émeutes, et l'une des causes qui ne contribua pas peu au soulèvement de nos provinces pendant le XVi'' siècle (1). Cependant l'Angleterre laissa les pirates écossais en repos sous prétexte qu'elle ignorait complètement leurs agissements. Elle ferma les yeux sur toutes leurs dépré- dations, sachant très-bien que, par suite de sa position, l'empereur ne pouvait rompre ouvertement avec Edouard Vï et son conseil. Elle n'ignorait pas que , selon la manière de voir de Charles-Quint, elle était un épouvantail, dont il faisait usage en temps et lieu contre les Français: a L'Angleterre, jointe aux Pays-Bas, disait l'empereur » dans une lettre adressée à Renard, est redoutée par la » France (2). » Les Anglais se crurent donc autorisés à faire, sans la déclarer, une guerre clandestine à nos marins. En une année, ils prirent plus de soixante et dix de nos vaisseaux. Un autre motif non moins important engageait Charles à ménager cette puissance. La constitution physique d'Edouard VI et le testament de Henri Vlil pouvaient amener un changement complet dans le gouvernement. Qu'en savait-on? Peul-èire un jour iMarie Tudor, princesse sur laquelle l'empereur exerçait une 'grande influence, (i) Lorsqu'en 1333 l'empereur ordonna de faire passer des Espagnols sur la flotte, ceux-ci furent envoyés dans lîle de Walchcren. A leur arrivée, un soulève- menf général eut lieu; les campagnards, rangés en ordre de bataille, se présen- tèrent devant Middelbourg, dans le but d'attaquer les Espagnols. Il fallut toute la présence d'esprit de Scepperus pour les apaiser. (Leitrc du 16 octobre loo3, Arch. de TAud.) Dans une lettre du ti décembre 1353, Renard, ambassadeur belge à Londres, se plaint à l'empereur de l'inconduite des Espagnols, qui, selon lui, devraient être plus modestes. (Correspondance manuscrite de l'empereur avec Granvelle, p. 4o5.) (2) Lettre du 25 nov. 1553. {Corresp. manuscrite de Charles V avec Gran- velle, ip AU.) ; 85;) ) saisira-l-clle le scoplre de la Grande-Bretagne (i). Et si cet événement se réalisait, tonte la poliliqnc anglaise ne j)onvail-ell(^ pas changer de face du jonr an lendemain? Au lien d'étie un motif de division entre les deux gouver- nements, la question religieuse deviendrait peut-être la hase d'une union étroite, et fusionnerait des intérêts com- muns. L'empereur était ohligé, par suite de ces considérations et pour contre-halancer l'influence française, d'entretenir des relations avec le gouvernement protestant de la Grande-Bretagne. Les agissements de l'Angleterre contre notre marine ne lui tenaient pas tant à cœur pour se hrouiller avec elle. A son point de vue, l'intérêt privé devait céder devant l'intérêt politique. « Le nouveau roi, » disait Charles-Quint en parlant d'Edouard VI, et son » royaume sont sous ma protection, et j'ai avec eux une » ligue perpétuelle et héréditaire. » Malgré ces protestations, les deux gouvernements se méfiaient l'un de l'autre. Charles n'avait pas oublié les négociations clandestines entamées avec la France par Henri Vil t. Le conseil d'Edouard VI se souvenait du traité de Crépy, du refus fait par l'empereur de sauver Boulogne et d'aider l'Angleterre dans sa guerre avec l'Ecosse. Grande fut aussi la méiiance du conseil au sujet de l'in- fluence exercée par Charles sur Marie Tudor. A Londres, on s'entretenait publiquement de l'expédition maritime de Scepperus, dont le but fut singulièrement travesti par les nouvellistes. Selon les Anglais protestants, il voulait se rendre auprès de la princesse Marie « avec le secrétaire (1) De Larrey, Histoire d'Angleterre, t. III, p. 893; Lingard, Histoire d'Angle- terre, t. VII, pp. 81, lo2. Altnieycr, Revue trim., t. XL. ( 856 ) » Dubois, desguysés en maronniers, pour la tirer et amener » hors du royaulme d'Engleterre, dont ceulx du conseil » scroient fort scandalisez et peu satisfaits, et la com- » mune en est bien travaillée, et que à ceste occasion » ladite dame seroit mandée en court, où que l'entier » conseil et plein collège de brief se doit assembler. » A la réception de cette fausse nouvelle, des soldats furent envoyés dans tous les havres et ports anglais, afin d'em- pêcher l'évasion de la princesse. Selon John Lingard, une flotte fut équipée pour intercepter toute communication entre la côte de Norfolk et le rivage opposé (1). On allait même jusqu'à prétendre que la princesse était déjà aux Pays-Bas. Quelle que fut l'absurdité de ces bruits, ils trou- vaient partoutcréance. L'ambassadeur français, à Bruxelles, en parla au président du conseil d'Ktat. Pour toute réponse, celui-ci demanda au ministre quel avantage rempereur pouvait tirer de la présence de la princesse dans ses pays. « A quoy il respondit que les Anglois estoient d'opinion » que si elle csloit auprès de S. M., qu'elle traicteroit le » mariage d'entre mon seigneur nostre prince et elle, et » que après Sadite Majesté vouldroit prétendre qu'elle D fuse vraye royne d'Angleterre, pourceque le roy présent î> estoit sismatique et procédant d'un père de mesme » farine, et descendu de femme non ayant esté espousée » selon l'ordonnance de l'Église romaine, tellement que » Sadite Majesté feroit avec ceste couleur la guerre. 11 » adjousta d'avantage avoir entendu de l'ambassadeur » d'Angleterre résident en cesle cour, que l'on tiendroit » à l'advenir plus de soing à bien garder ladile princesse (1) Histoire d'Angleterre, l. c, t. Vil, p. 82. ( 857 ) » (|ne l'on n'avoit l'aict par cy-ilevanl, el (ni'il falloil que » à la longue elle s'accordast à la nouvelle religion intro- » (luicle par le roy (I). » Ces confidences, Caites dans le but d'exciter plus que jamais les mélianccs entre les deux cours de Londres et de Bruxelles, nVurent pas l'eiret désiré par l'ambassadeur français. Le démenti le j)lus formel fut opposé à ces bruits absurdes, qui ont été admis comme vérités par des écri- vains modernes, malgré l'absence complète de preuves el l'invraisemblance du fait (2). Nous n'avons trouvé dans les correspondances, même les plus intimes concernant la princesse Marie, rien qui justifie de semblables assertions. Cbarles n'avait aucun intérêt à appeler près de lui une princesse, dont la place était marquée en Angleterre. La prudence lui commandait d'attendre les événements et non de les précipiter au basard. A toutes ces rumeurs, à toutes ces alarmes vinrent se joindre des bruits étranges. L'empereur, disait-on, voulait faire publier les placards contre les hérétiques à Anvers, lieu de résidence d'un grand nombre d'Anglais, convertis à la religion nouvelle, et obligés par conséquent de quitter leur négoce : « de quoy, ajoute Scbyfve, on dit que depuis » trois ou quatre jours en ça seroient icy retournez dudit » Anvers dix huytou vingt navires, chargés de plusieurs » denrées et marchandises de ce royaume et plusieurs » marchands anglais y retirez. Et joinctz les points cy » dessus , on croit que la guerre se doit suyvre, dont cha- B cun icy est fort perplexe. » Ces bruits avaient pris une consistance telle que Tam- Archives de l'Audience, liasse 4". V. Rapin de Thoyras, Uisioirc d'Annleiem:, t. ( 838 ) bassadeur anglais, près de noire cour, crut devoir en demander des explications. La gouvernante nia formelle- ment tous les faits relatifs à la princesse Marie et à Vhé- résie, et pour montrer combien elle était sincère, la flotte néerlandaise fut rappelée, au grand contentement des Anglais (i) et des corsaires surtout. Par cet acte de cour- toisie, ceux-ci obtenaient champ libre, jamais le gouver- nement britannique ne leur avait rendu meilleur ser- vice. Ensuite l'ambassadeur anglais se plaignit des reproches continuels, adressés à son gouvernement par Schyfve, au sujet des pirateries. Constamment il nia les faits articulés par Schyfve avec une précision pour ainsi dire mathé- matique ; toujours il répudia la responsabilité de son gouvernement. Ces dénégations continuelles, répétées à chaque conférence, finirent par fatiguer la reine. Un jour elle répondit au ministre anglais qu'elle reconnaissait au conseil du roi assez de pouvoir pour arrêter ces pirateries s'il le voulait, « mais qu'elle s'apperçut assez que l'on avoit » tenu peu de soing à exécuter le placard contre les D pirates, et que encoires depuis peu de jours avoit esté » prins par iceulx et menés aux ports d'Angleterre un » navir de par deçà (2). » Bientôt les Irlandais se mirent de la partie. Après avoir pris les îles de Farahil et de Hetland, appartenant à l'Ecosse, ils s'y installèrent et exercèrent de là des actes de piraterie contre nos pécheurs (5). L'Angleterre s'excusa, (4) Lettre de St-Mauricedu 24 juillet looO. ^Arch. de l'Audience, n*» 47.) (12) Lettre de la reine à Schyfve du 3 août iooO. (3) Lettre de Scepperus du 80 juillet iooO. (Archives de l'Aud'cnce, liasse 47.) Farahil aujourd'hui Fair isle, et Hetland, aujourd'hui ZetIand(V. Camdcn, finran- nia or a geograpliical description ofEncjland. t. III. p. 733). ( S39 ) en disant que les Iilamlais étaient des sauvages, dont elle ne pouvait se l'aire obéir. On le voit , les relations, en apparence si bonnes entre les deux cours, étaient fort tendues. Les affaires des pira- teries prenaient parfois tontes les allures d'une querelle religieuse, et celle-ci ne contribua pas peu à envenimer les relations politiques entre les deux pays. Edouard VI et son conseil voulaient le triompbe du protestantisme. Charles-Quint voulait précisément le con- iraire, en mettant néanmoins une certaine prudence dans la mise à exécution de ses idées. A Londres, le gouvernement blâma les édils de proscrip- tion lancés par l'empereur contre les hérétiques, tandis qu'il défendait à la princesse Marie, restée fidèle au catholi- cisme, de l'aire dire la messe dans son bôtel par ses chape- lains (1). Cet ordre, consé(]uence immédiate des innova- lions religieuses, fut mal vu par l'empereur. Il donna lieu à différentes réclamations de sa part (2). A Calais, les agents anglais forcèrent les matelots belges et particuliè- rement les habitants de la AVest-Flandre à suivre les prêches des sectaires (5). A Bruxelles, le gouvernement des Pays-Bas s'irritait des outrages commis contre le culte dans l'église de Sainte-Gudule et dans celle de Binche par des gens au service de l'ambassadeur anglais, et obligés de suivre à la messe la femme de ce ministre, restée catho- lique (4). C'étaient, de part et d'autre, des réclamations et (1) Lettre de Schyfve du 3 août 1550. Elle donne la narration de cet ordre et des détails intimes sur la conduite de la princesse à ce propos. Ils coraplètent ceux donnés i)ar Lingard. (!2) John Lingard, /. c, t. VII, p. 80 et suiv. (3) Lettre de Schyfve du 2G juillet -looO. (4) Note du président de S'-Maurice du lo août (?) -looO. Selon cette note, l'ambassadeur affirmait que, malgré ses idées de protestantisme, il laissait à sa femme pleine liberté de conscience. ( 840 ) (les récriminations continueiles, ol tout cela à propos de la piraterie. Toujours préoccupé des relations de famille établies entre Charles-Quint et la princesse Marie, le gouverne- ment anglais tenait en suspicion nos ministres envoyés à Londres. Ceux-ci n'obtenaient rien en ce qui concerne leurs réclamations contre les pirates. L'empereur s'intéressait, en effet, depuis 1557, au sort de sa cousine (1). CY^tait son droit; c'était un devoir; mais cet intérêt n'avait rien de compromettant pour le gouver- nement d'Edouard YL Connaissant très-bien la nature méridionale de la princesse, sa fierté et sa fermeté de caractère, il lui conseillait constamment la prudence. Par l'intermédiaire de la gouvernante des Pays-Bas, il pres- crivit à Schyfve la règle de conduite que la princesse devait suivre à l'égard de son frère Edouard Yl et du conseil, tous imbus des idées de la nouvelle religion. Selon cette lettre, elle devait obéir au roi son frère, se passer de messe, s'il le fallait, mais ne rien faire de contraire aux préceptes de l'ancienne Église ; plutôt mourir que d'y forfaire(2). Dans ces conseils il n'v avait rien de contraire (d) Larrey, "lîist. d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, t. III, pp. 893, 780 et 781. (2) Voici le texte de cette lettre si importante au point de vue de l'iiistoire de l'Angleterre : Marie, etc. Très-chier et bien amé. Geste sera pour vous advenir que, avant nostre parle- ment d'Augs]mrg, l'empereur mon seigneur nous a ordonné vous escripreet man- der que , à la première commodité, vous veuillez trouver devers madame la princesse d'Angleterre, nostre cousine, si avant que bonnement et sans donner irop mauvaise impression à cculx de delà faire le povcz; sinon que le faites faire par quelcun léal et secret et auquel vous confyez, pour déclairer et faire entendre à nostreditc cousine comment S. M, I , ayant entendu la crainte qu'elle a d'estre à ce prouchain parlement pressée d'accepter la nouvelle religion, et que ( 841 ) aux intérêts d'Edouard VI, ni de la nouvelle religion, comme le gouvernement le soupçonnait. Toutes les phrases à ceste fin l'on la mandera en court devers le roy d'Angleterre pour la forcer de déclairer ce qu'elle en sent, et luy ordonner de obéyrà la déclaration dudit parle- ment; après que S. M. I., avecq nostre participation, a meuremcnt pézé ce que nostredite cousine nous en a fait déclairer, vous a commandé et expressément enchargé de vous trouverdevers elle, et luy dire que, en cas qu3 le S"" roy d'Angle- terre, non obstant toutes graiieuses excuses qu'elle lui a désia fait faire, la voul- sist encoires presser venir devers lui, de sorte qu'il luy semblast que, en plus reffusant ou délayant, il ou ceulx de son conseil tacheroyeut, subz umbre de ce, lui imputer quelque façon de désobéissance ou peu de respect vers iceluy S"" roy, il ait semb é à sadite M. I. qu'elle ne se doibt ny peult excuser de soy y trouver, et que mieulx vault qu'elle y voyse voluntairement, que contrainte, comme il fait à doubter qu'ilz feroycnt, si elle perséveroit à en faire refTuz. Et si lors ledit S»" roy ou ses ministres venoyent à luy vouloir ester la messe , qu'il luy sera force de le comporter, puisqu'elle n'y sçauroit faire résistence, estant chose forcée et que ne luy pourra cstre envers Dieu imputée, non luy fai- sant perdre, comme S. M. ne peult croyre, que jamais elle ne fera la dévocion à icelle messe, ny auront lesdites violences force ny puissance pour la faire en riens desmouvoir de la foy. Mais s'ilz la vouloyent contraindre ou à consentir à chose erronnée ou à communier soubz les deux espèces ou à aultre chose, par où elle contrevint de son fait propre à chose contraire ou répugnante à l'ancienne reli- gion, que plutost elle debvroit mourir que de le consentir, et qu'elle treuve moyen, pour évitant 'tant que faire se pourra) les soupçons, nous faire sçavoir ce que pas- sera, soit par vostre moyen ou aultrement, regardant en qui elle se fyera et la personne asseurée que S. M. I. luy fera correspondre; et fera tout ce qui sera pos- sible pour luy donner assistence vers ledit S"" roy et ceulx de son conseil fuitant tousiours de faire office, qui ou lieu de luy proufliter, luy peult porter dommaige, et qu'elle continue de parler et respondre au roy et ceulx de son conseil modes- tement, usant de termes qui les pourront mouvoir, à luy tenir respect comme à seigneur et roy, et les requérant qu'ilz la laissent es mêmes termes, comme elles estoit au trespas de feu roy son père, du moins jusques venant ledit S' roy en plus grand eaige; que lors elle espère il la respectera comnje humble et obeys- sante servante, et ne la forcera en chose qui la peult mettre hors de repoz de sa conscience. Etfinablement direz à nostredite cousine que la response, qu'elle a faite sur ce qu'on l'a interroguyé quelle intelligence elle povoit tenir avec vous, est impertinente, et si l'on tumbast aux mesmes termes qu'elle vole continuer. Au surplus, si vous voyez que l'on la voulsist forcer ou contraindre de faire chose quelconque contre la foy, en ce cas vous requérons et, par charge expresse de S. M. I., ordonnons que, en qualité et comme son ambassadeur, vous regardez de y entrevenir et faire les mesmes remonstrances que vostre prédécesseur Vander Î2™^ SKIilK, TOMi: \L. 54 [ 812 ) do celle dépêche recommandent l'obéissance au roi et la résignation. Ces ditTicullés, ces soupçons et ces reproches n'étaient pas propics à calmer l'irritation des deux gouvernements, ni à arréler le mauvais vouloir des Anglais contre notre marine. Cependant au milieu de ces débals, différentes tenla- lives avaient été faites dans le but de couper court aux piraleries, et spécialement en 154-9 (J). Enfin pressé par ses propres sujets, Henri H, roi de France, fut obligé de faire cesser les mesures iniques qu'il avait prises contre le commerce. A cet effet il envoya, en I5o0, aux Pays-Bas des commissaires chargés de ter- miner tous les différends à ce sujet (2). Dès ce moment la Franco n'avait plus d'intérêt à exciter les Écossais au pil- lage de nos vaisseaux. Dès ce moment aussi la possibilité d'une en lente avec l'Ecosse devenait probable. Ce royaume s'était épuisé inutilement, et le gouvernement des Pays- Bas voyait à regret les États refuser les subsides pour Oilfi, par charge de S. M., a autresfois faites en cest endroit, et dont des lettres, qui en sontcsté escriptes, supposons que vous avez le double. Et userez en ceci de toute dou'ccur et modestie, avec tous bons et convenables nioiens et persuasions que trouverez servir pour favoriser et assister nostredite cousine et la préserver de force ou violence, si avant que faire le pourrez. Le tout au nom et par charge de sadite ]M. I., y faisant le bon office, selon l'entière et parfaite confyancc que y a\onsen vous; si de ce que en succcdra et pourrez sçavoir et entendre delà conduite de ceulx de delà à l'endroit de nostredite cousine, nous veuller par lettres particulières advenir de temps à aultre avecq la mesme dilligence et le plus souvent que possible vous sera. A tant, etc. De Bruxelles, le xiiiJ« d'octobre looO. A Tambassadeur Schyfve. (1) Henné, Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique, t. VIII, p. 348. (2) Du Mont. /. c. t. IV, Z' part. p. î. i 81.-) ) continuer la guerre. Chaque province el pour ainsi dire chaque ville mariliinc innporlanle s'armait pour son pro- pre compte, sans aucune unilé d'action. Finalement le roi de France écrivit (15 juillet 15150) à Marie de Hongrie qu'il avait appris, par son amhassadeur de Bassefonlaine, le désir exprimé par elle de terminer les différends entre l'empereur et l'Ecosse. D'après celte lettre, le roi de France voulait d'abord commencer par faire cesser les hostilités en autoiisant son ambassadeur à traiter cette alfaire au nom du gouvernement écossais, lequel promet- tait de ratifier tout ce que le roi déciderait. Cette propo- sition ne fut pas acceptée. Il semble, disait le conseil d'État à la gouvernante, que mieux vaudrait suspendre la trêve jusqu'à l'anivée très-prochaine des ambassadeurs écossais; on pourrait alors s'entendre avec eux, après avoir examiné leurs pouvoirs. Néanmoins si le roi persistait, la gouvernante devait demander avant tout à connaître la base sur laquelle il voudrait traiter de la trêve, et à quelles conditions. Le conseil d'État trouva encore bon nombre d'autres objections à opposer à la signature de la trêve. De sorte que les bonnes dispositions, exprimées de part et d'autre, ne produisirent aucun effet. Toute négociation aurait été Irès-probablenienl abandonnée, lorsqu'un évé- nement de peu d'importance vint à l'improviste aplanir les difficultés. La reine douairière d'Ecosse s'était proposé d'aller voir sa fille en Fiance. A cet effet Henri H voulait lui en- voyer une flotte destinée à Tescorler. Redoutant la har- diesse de nos marins, le roi désirait, à tout prix, éviter une attaque dirigée contre la reine d'Ecosse pendant la traversée. 11 demanda en conséquence un sauf-conduit en sa faveur. La gouvernante ne pouvait refuser ce que l'An- ( 814 ) gleterre accordait elle-même (1). Sans hésiter elle permit à la reine douairière (51 juillet 1550) de descendre aux Pays-Bas, en se faisant accompagner d'un nombre raison- nable de navires, si la nécessité s'en faisait sentir en cas de tempête ou par suite de force majeure. Plus tard cette sauvegarde fut prolongée à la demande de l'ambassadeur français (2). Ces procédés si généreux aplanirent entièrement la voie aux négociations. Un ambassadeur, envoyé par la reine d'Ecosse, arriva (en octobre) aux Pays-Bas (5). Les confé- rences ouvertes à Binche présentaient des difficultés telles qu'elles furent brusquement interrompues (4). Plus tard [i) Teulet, /. c, p. 239. (2) Lettre de la gouvernante du 9 sept. i5o0. (Archives de l'Audience.) (3) L'empereur avait nommé à litre de négociateurs, le 23 août 1550 : Adrien de Croy, comte du Rœulx, Louis de Flandre, seigneur de Praet, Charles de Lalaing, Charles, seigneur de Berlaymont, Jean de S'-Maurice et Viglius de Zuichem. [Négociations d'Angleterre, t. II, p. ISi.) (4) Lettre de la reine au sire de Bevere, dont le texte suit: Mon cousin, pour ce que en la dernière communication tenue cejourd'huy avec l'ambassadeur d'Escosse sur les moyens de la paix se sont trouvées telles difficul- tez, tant à l'endroit du point des déprédations faites contre les subjcctz de par- deça que aultrement, que ladite paix est trouvée en rompture, sans que de nostre coustel l'ayons peu accepter, voyant mesmes le peu de volonté que ceulx d'Escosse démonstrcnt de faire la justice auxdits subjectz depardeçade si grands domma- ges et i.illcryes qu'ils ont faites sur iceulx avecq si grande tirannye et contre leurs propres saulfconduitz, comme est notoire à chacun. De sorte que tenons la justice et juste querelle de nostre coustel. Je yous ay de ce et dessus bien voulu advenir, atfin que incontinent le signalez à ceulx des villes maritimes de Flandre, Hollande, Zellande et aullres hantant la mer, à ce que chacun soit sur sa garde et pourvoye à rencontre des incursions desdits Escossois, selon que convient. A tant , etc. Au S' de Bevere. Le 8 décembre 1550 de Binch. (Arch. de l'Audience. 48.) [ 8-15 } elles furent reprises; enfin le traité fut signé (15 décem- bre 1550) (I). Cet acte termina toutes les difficultés avec l'Ecosse et mit momentanément (in à une guerre maritime désas- treuse, qui avait duré, selon la reine de Hongrie, pendant quatorze ans et même plus longtemps d'après la lettre de Jacques V, citée plus haut. Le dernier attentat commis par les Écossais contre notre marine marchande date du 20 dé- cembre. Par suite d'une mauvaise interprétation des lois mari- times les croiseurs arrêtaient tout vaisseau appartenant à un pays ami et se rendant dans celui de l'ennemi, ou ve- nant de là. C'était le point d'achoppement que les gouver- nements rencontraient dans la mise à exécution des règles prescrites aux corsaires. C'est ainsi qu'en sortant de Nieu- porl, vers le 22 septembre i5o3, le navire de Jean de Sotringam, accompagné de soixante barques écossaises, fut attaqué par les Flamands et essuya une vive canonnade. Tout son équipage fut blessé et la cargaison pillée ou jetée à la mer. Pareille violence, disait la reine d'Ecosse en ré- clamant auprès de la gouvernante, était sans doute faite à son insu. C'est probable. En tous cas le gouvernement se prêta à des transactions lorsqu'il s'agissait de faits sem- blables (2). ni. — Pirateries de la France. A peine la sécurité du commerce maritime fut-elle réta- blie en vertu du traité de Binche, que Henri H, roi de (1) Du Mont./, c, p. 11. (2) Aimnlea delà Société d' Émulation, l. c, p. 87.S. Krance, recommença plus Tort que jamais la piraterie pour son propre compte. Sans motifs connus, sans déclaration préalable, il fil arrêter nos vaisseaux marchands, les pilla, se les appropria sans façon aucune et en fil vendre publi- quement les cargaisons dans les ports français. C'étaient les préambules des hostilités qu'il méditait sans motifs avoués. C'étaient les précurseurs d'une déclaration de guerre, et les résultats de l'alliance du roi très-chrétien avec les Turcs et les protestants d'Allemagne. Cette manière d'agir révolta les habitants des Pays-Bas au suprême degré. Nos matelots se voyaient assaillis en pleine paix d'une manière à la fois traîtresse et déloyale. Craignant le courage fongueux de nos marins, les Fran- çais employèrent la ruse et la perfidie pour les attaquer. Lorsque leur Hotte avait en vue un convoi de navires mar- chands des Pays-Bas, elle tachait de s'en approcher le plus près possible. Puis elle leur intimait l'ordre de baisser les voiles, sous prétexte de saluer la présence, sur un des bâ- timents français, ou de la reine d'Ecosse, ou du roi de France ou de son amiral. Parfois ils les engageaient à tirer le canon en signe de salut, auquel ils répondaient par des boulets. Sans se douter d'uiîc trahison semblable, les matelots néerlandais exécutaient les formalités requises. Dès ce moment, ils étaient perdus. La Hotte française entourait nos navires, impuissants par suite de la baisse des voiles de pouvoir manœuvrer, se défendre ou se sauver; elle leur commandait de se rendre, sinon ils étaient incendiés ou coulés bas, sans merci, comme sans pitié. Pendant les mois d'août et de septembre 1551, ces moyens furent employés avec grand succès sur les côtes d'Espagne, de France et d'Angleterre. Une chronique r 8i7 ) /laniîindc et k's corirspoFidaiiccs oihciclles mcnlionnenl plusieurs rencontres de ce genre (1). I! est inutile, croyons-nous, de rapporter iei ces scènes horribles qui se ressemblent toutes. Un de ces épisodes reproduit en note et raconté par un témoin oculaire, donne une idée de ces pillages, pendant lesquels la faiblesse du sexe n'était pas même respectée (2). (1) Voici conmicnt la gouvernanle des Pays-Bas relate une de ces rencnntres dans une lettre datée du 9 septembi-e lool : Le Polin. capitaine des navires de guerre de France, ayant puis naguères prins en mer les navires et marchandises des subjeciz de l'ompercur navigansvers l'Espaigne, a par finesse mandé par une jachte à l'une des principales navires de deçà, que la royne d'Escosse passoit en l'une de celles armées de France, et que l'on feroit bien de, en passant, la saluer et descharger toute l'artillerie sans boulklz, ceque procédant de bonne foy, i!/ feirent. Et au contraire leditPoulin fit descharger toute la sienne avecq les bouHrf/ et surprint par cette finesse lesdites navires. (Arch. de l'Aud., liasse 54.) (2) Seigneur, Je pensoys bien, après mon département d'Anvers, de ne escripre aultre chose à vous que mon arrivement en bonne heure à Lisbonne. Ceque, selon me semble, n'a i)leu à Dieu. La présente ne sera sinon pour vous advertir de ma détenue icy. Je sçay pour vray que, quant la présente recevrez, en aurez là des nouvelles, assavoir que le xx" jour du mois passé, à une lieue de Falamule, avons esté prins de unze galeons du roy de France, esquippez à la guerre. Et à l'heure que fusmes prins, esticmes quatre hulcques ensemble, sgavoir: la hulcque de Frans Janssonc, quialloit au port de Litsbonne, et une hurgnette qui alloit à Canarie. et aultre qui venoit chargée de mastes de Noorweghe, et nostre hulcque de Aem Diericqx, ayans devant prins aultres quinze hulcques de la flote qui estoit parti avecq nous de Raume, en laquelle flote turent deux vers Laredo , deux vers Valence et deux ou trois qui alloient vers Calis et la reste à Broaige pour sel. Et icelles navires et les nostres ont ils prins avec trois et trois et quatre et quatre ensemble avecques une cannelé, disant que en icelle armée de France venoit la royne d'Escosse et l'admirai de France qui la conduisoit. nous requirans vouloir amainer les voilles quant i!z debvoient passer. Elles maistres de navires ne pensant en aucnne trahi- son ont amainé. Et pendant nous ont environné, et nous disoient que nous nous rendismes ou nous tireroyent au fond. Et à ceste force de le faire pourceque nous n'esliemes que quatre hulcques ensemble et point bien pourveues pour combati-e. Et aprèsquenousfusmesrenduz,ont ammené le maislreetle pilot devant l'amiral, qui est un grand seigneur en France, et aussi aux maronniers. Et sont entrés ma- ( 848 ) Bien souvent nos navires se rendirent, bien souvent nussi ils essayèrent une résistance désespérée, mais inutile contre des ennemis dix fois plus forts qu'eux. Pendant une ronniers de France au lieu de maistres. Et semblablement avoient faict avecq les autres navires qui va estoient prias. Et les ont treslous mis en prison et aussi à Jacques et à Anlhonio Pères, et à Garcia et à moy, et nous avoient détenu aupara- vant deux jours en une navir de guerre. Et Tilman demeuroit en la liulcque avecq les femmes, lesquelles estoient malades de la mer. Et si bien à nous comme au Tilleman et aux femmes nous ontdesrobé tout ce que nous avions. Et nous ontchar- ché les habillements jusques à la chemise, pour voir si nous n'avesmes argent. Et nous ont prins ce que aviesmes. Après venans ensemble vers la havere, neuf onl prins une autre hulcque qui venoit de Broaige, chargée de sel. De sorte que toutes les hulc- ques qui sont prins sont en tout vingt, savoir: ceux de Lisbonne Frans Janssone et Acm Dicricqz; et autres deux qui alloient bien à la voille ont échappé, et la nostre, qui avoit famé de faire bonne voille. 11 me semble qu'il a pleut à Dieu qu'elle tardoit plus que tous les autres. A ceste cause celles de la compagnie nous ont délaissé. Et se sont arrivez devant nous plus de vingt lieues là où ilz ont rencontré à ceste armée de France. Et pourccqu'ilz estoient en grant nombre, les ont délaissé sans riens faire, et ont prins les derniers. Et nous ont amené icy le jour de S'-Barihelemy. Et sommes menez en terre. Et en yssant la navire ont prins nos cappes et tout ceque nous aviesmes, si non tant seulement nous ont lai.ssé les abil- Icmcns que aviesmes vestus- Et nous ont amené prisonniers devant l'admirai, qui nous a prins, qui nous commandoit donner une hostellcrie, là où nous tous ensemble avons esté six jours, là où Anthonio Percz et les femmes sont devenuz malades des fiebvres et ont .esté fort malades. Je les ay assisté en tout ceque m'a esté possib'e. Et à tous les maistres, escripvains et maronniers et passagers fla- mens ont pris et mis en une tour et ne sçavons pourquoy. Après, sçavoir sept jours que Icsdits unze galeons de France retournoient à la mer, sont retournez hier, en ammenant autres douze hulcques prisonniers, entre lesquelz sont Jan Jaques ei Cornélis Fions, qui viennent de Lisbonne, avecque spacrie et beaucoup aljouffne et autres deux on trois hulcques de S'-Lucas et Cales et autres de sel, et quatre ou cincq cstrelins. auxquelz Estreîins ont délaissé après avoir des- chargez les bien qu'ilz avoient appertenans à aultres gens. Lesdites deux hulcques de Lysbonne et autre de Cadiz ont combattu avecq eulx, et ont tué quinze ou vingt personnes et ont blessé plusieurs autres personnes, et des Flamens ont esté tuez aussi beaucoups et toute la reste blessez. Et jamais ne se eurent rendus s'ilz n'avoient point mis le feu es navires pour les faire brusier, et de telle sorte se sont rcnduz Des hulcques de Lisbonne ont [)rins tout l'argent qu'ilz emmenoient . si bien aux maistres comme aussi à trois ou quatre viaenezcs [a] qui emmenoient (a) Citadins de Portugal, habitués à acheter aux Pays-Bas des marchandises au comptant. ( 849 ) i\c ces allaqiics brulalt\s cl sournoises, deux navires hollan- dais se défendirent durant une journée cnlièrc avec un héroïsme indomptable, tuant et détruisant tout ce qui les grant quaniité d'argent. Et après l'avoir priiis ont tue deux d'icculx Et c'est uno pitié grande à vooir si bien auxFlamens, comme les passagiers vcnuz es hulcqucs. nudz et blessc^z que on Turquie, ne en pays infidèlz ne dcbvroit passer chose sem- blable. 11 fault avoir paccicnce et aclendre l'ordre du roy. 11 plaise à Dieu qu'il v'iengne en brief et bonment, comme le désirons trcstous. A tous les maronniers des hulcqucs derniers ont donné licence pour enaller. Et se sont trestous enallés. Les maistrcs et escripvains sont prisonniers en une tour. Touclianl les niarchan- dises de tous Icsdites huicques on pense qu'on ne rendra nulle chose, pourcequc plus que la moitié y a esté desrobbé ; et ce qu'on trouve s'est mis par commande- ment du roy en pachus [b). On veult dire que l'empereur a esté cause de toutcecy. pourcequ'oii dit que ses gens en Pietmont ont prins jiluiseurs argent et tué grand nombre de gens, lesquelz le roy de France envoyoit à Parma. Et cecy dist-on estre la cause. Il me semble que sans double aurons la guerre. Et ceulx de ce pays le dé- sirent (n grande manière pour la grande assistence qu'ilz ont, assavoir avecq le Turcq, àcui font grand honneur et leaymentfort.Tellementque lesTurcqz en leurs navirs ont leurs bannières avecq celles de France, et aussi pareillement les Fran- çois en leurs églises celles des Turques. Aussi dit-on qu'il a alliance avecq le roy d'Angleterre et d'Escosse et avecq ceulx de Dennemarcques et d'Oislande et avec- ques aucuns seigneurs d'Allemaigne et avecq les principaulx seigneurs d'Italie. Et c'est une chose terrible et de merveille le mal qu'ilz vueillcnt à l'empereur età tous les siens. Dieu aydera l'empereur comme a faict jusques astheure. Je me suis passé jusques astheure en disant que je suis portugalois. II me semble que ce a esté le meilleur, combien que toutes fuis est grant le mal qu'ilz veullenl et monstrent aux Portugalois. Dieu nous envoyera le rem:de que nous désirons. De la hulcque de Cornélis Floris est apporté à l'amiral grande quantité d'ar- gent, si bien en or, comme en argent. Et tous les jours on y trouve plus dedens le seel et entre les sacqz. De tout ceque dist est me semble que vous autres deb- vrez cesser de faire ammener nulles marchandises d'Espaigne, pourceque ces navires d'armées et aultres qui nouvellement sont faites et de nouveau se appa- reillent disent qu'ilz actcnderont en le canal tous les navires qui viendront vers ce pays; et veu aussi qu'ilz ont assistence des Englois ne les enchault s'il soit hiner ou leste, pour ce que tousiours arresteront là. Et ceci povez dire à tous les frères là, et ceulx qui actendent fruict et autres marchandises de la vendenche et autres marchandises l'cscripvant par terre à Espaigne. Et quant aux marchandises que envoyerezde là, ferez ce que bon vous semblera, ponrcequt? (6) Entrepôt. V 850 ) entourait. Ils ne se rendirent que lorsque les Français furent parvenus à les incendier. Averti de ces pillages et surexcité par les relations de ces attaques perfldes, le gouvernement des Pays-Bas fit des réclamations auprès de l'ambassadeur français rési- dant à Bruxelles. Il lui demandait compte de la conduite déloyale de ses compaîriotes. Après plusieurs conmiunica- tions verbales, pendant lesquelles de Bassefonlaine protestait des bonnes intentions du roi, son maître, il finit par décla- rer (2 sep. iSol), que depuis 17 jours il n'avait plus reçu de lellres, malgré des réclamations réitérées (1). Enfin, Henri II donna signe de vie. Il trouvait, disait-il, la nou- velle de ces atîaques fort étrange. Si elle éiait vraie, tout s'était passé à son insu ; des explications seront demandées à l'amiral, qui est obligé de mettre en liberté les navires arrêtés. C'était, un leurre auquel le gouvernement des Pays-Bas eut la faiblesse de croire un instant, malgré de nombreux avertissements et en dépit des nouvelles mari- times communiquées par Scepperus. D'après ces renseigne- ments, les officiers de la marine française déclaraient bau- tement que le roi leur avait donné des lettres de marque; qu'ils se rendraient, comme ils le firent en effet, dans les cestuy roy est fort puissant sur la mer, pourccque en ceste havre ayt, avecq icelles qui sont sorliz passé deux jours, vingt et cinq ou trente galéons d'arnities, qui tirent six pièces d'artillerie de bronse par chacun costé et tous prez de leane, et chacun a trois cens et quatre cens hommes de guerre arcabusiers. Et en Diepée. dit-on, qu'il y a les plus beaux galeons en monde. De tout cequc dibt est pourez faire ce que vous plaira et de tout aviser à vous les amis et seigneurs de pardelà, ausquelz me recommande. Translaté de certaine lettre missive escripte en Havre de Grâce du xtu" {sic) de septembre (lool). Dirigée à Loys de Seville, marchant espaignart , escript par son serviteur illecq tenu. '1) Archives de l'Audieuce, liasse 54. ( 831 ) poris de la Graïulo-IîiTtngnc, el de là, aidés par les An- glais, ils iraient coniir sus à lous nos vaisseaux (1). Au lieu d'armer immédiatement la (lotie, la reine écrivit à Londres nour eniiager le gouvernement britannique à surveiller les flibustiers oci'upés à dévaliser nos vaisseaux sur les eùles d' Angleterre. Puis elle se demandait s'il y avait ou non guerre avec la France, et comiïient il fallait s y prendre. Cependant, jamais'occasion plus favorable ne s'était présentée pour porter un coup fatal à la marine française. Slrozzi, le vaillant Florentin, commandant de la flotte française, était loin des vaisseaux qui croisaient dans la mer du Nord. Menacé par les sbires du connétable de Montmorency, il dut abandonner le parti de la France pour sauver sa vie. Sa retraite, dit très-bien Sismonde de Sis- mondi, avait mis lin aux exploits de la flotte française (2). La gouvernante des Pays-Bas, femme adroite mais d'une prudence excessive, se contentait de faire dans ses lettres des récriminations conire la mauvaise foi des Fran- çais.Dans une de ses missives, écrites au comte de Rœulx, à propos dune sauvegarde accordée par les Français aux villes maritimes de Flandre, elle disait : « les François, quel- » que traiclé, asseurance ou promesse qu'on ayt avec eulx, » n'observent riens; ains trompent quant ilz asseurent , » comme leurs actes ont puis nagaires bien tesmoigné; et » fait à craindre qu'ilz mectent en avant cesîe seurelé pour » tant mieulx surprendre ceulx de Flandre, quant ilz ver- » ront leurapoinl et penseroient estre bienasseurez (5). » La reine se laissait aller volontiers à des déclamations (1) Lettre du 11 sept. looi. (ArcJiives de l'Audience, ibid.) (2) Hist. des Français, t. Xll, p.20o. (3) Lettre du 29 octobre -Inol. (Archives de l'Audience, liasse oS.) ( 85i ) somblnbles clans ses correspondances parliculières. Quand ii fallait agir au grand jour, elle y mettait plus de circon- spection. Dans le but de ménager la France, elle poussait la prudence au point d'engager clandestinement les parti- culiers à s'armer en corsaires, et à attaquer les vaisseaux marebands de l'ennemi (1). De cette manière elle espérait pouvoir mettre à couvert sa responsabilité en cas de récla- mations et dérouter les Français. Le contraire eut lieu. Encouragés par l'inertie apparente du gouvernement néer- landais et par ses actes de prudence, qui ressemblaient singulièrement à de l'impuissance, les Français armèrent publiquement leurs floltes. Jamais ils ne cessèrent de har- celer noire marine marcbande. De son côté, l'amiral belge ne parvint pas même à équiper notre flotte, faute d'hom- mes. Rien n'était prêt au moment de Faction. II fallait attendre lorsque l'ennemi agissait avec vigueur. Le défaut de fonds ne contribua pas peu à augmenter la perplexité de la gouvernante. Et lorsque l'Espagne lui olTril les sommes nécessaires pour armer 40 à 50 vaisseaux de guerre desti- nés à purger la mer des forbans qui l'infestaient, elle eut la faiblesse de les refuser, conformément aux conseils don- nés par Scepperus, toujours peu disposé à l'aclion et grand partisan du vieux système de se tenir sur la défensive (2). Enfin, lorsque la flotte était prête, elle reçut l'ordre de convoyer nos vaisseaux marchands et pécheurs, selon la vieille routine (5), comme si l'ennemi se présentait au (1) De S* -Gcno'is, Missions diplomatiques de Scepperus , p. 96. fDans les Mlémoires de l'Académie^ t. 39.) (2) Archives de l'Audience , n» So. (3) V, les propositions, faites en septembre dool. à la ville d'Anvers par la gou- vernante. Ces propositions tendaient à faire payer par l'Ëtat le tiers des frais d'armement des navires de guerre destinés à convoyer les vaisseaux sortis de ce port (Ms. 17,260 de la Bibliothèque royale de Bruxelles.) ( 855 ) nionieut de la réunion de nos forces navales pour les atta- quer et voler nos vaisseaux marchands, comme si fexpé- rience n'avait pas dcmoniré à l'évidence que les Français agissaient seulement par surprise, frappaient en temps op- portun, sans accompagner leurs navigateurs et sans se préoccuper de leur défense. Nos bâtiments de guerre pouvaient, par suite de cette négligence, s'emparer sur les côtes de la France d'un assez bon nombre de vaisseaux marchands appartenant à ce pays (I). Un de nos marins alla plus loin encore. Adrien Crol, d'Er)khuizen s'empara, en 1555, près des côtes de la Normandie, de l'ile de Sark, ou Serk, ou Gers, soumise à la domination française (2). {i) Ribier, Lettres et uiémuires d'État, t. II, p, 372; Van Bruyssel, Hist. du com- merce, t. m. pp. 84, 08; Annales de la Société d'Émulation, l. c, p. 374. [% Nous donnons ici les extraits de deux lettres très-intéressantes pour l'his- toire de cette île, et contenant des renseignements que nous avons cherchés en vain dans les ouvrages anglais. V. pour l'histoire de cette île, qui passa sous la domination des Anglais pendant le règne d'Elisabeth, Lewis. Dictionary of En- gland, t. II, p. 278 et Camden, Britannia, t. III, p. 7SI. Madame, J'ay le xxiiu'' de ce mois receu les lettres de Vostre Majesté du xviiil-, par les- quelles icelle m'advertist de la prinse de l'isle de Sercq, faite par Adrien Crol d'Enchusen, en la sorte et manière que j'ay veu par l'extrait des lettres de mess»"» les ambassadeurs de l'empereur en Angleterre, contenant bien particulièrement l'as- siette, qualité et importance de ladite ysle et mesmes les forts. Sur quoy plaise à V. M. bénignement entendre, que, du temps de ma jeunesse et que j'ay hanté le pays de Normandie et quelquesfois la mer là entour, ladite ysle de Sercq, comme deshabitée et dépeuplée de gens, n'estoit d'aucun renom, famé ne estime, non plus que aprésent est l'isle de Orme (aujourd'hui Herme ) appartenant aux Anglois, assise entre Garnisey (aujourd'hui Guernesey) et ledit Sercq, sur le nord dudit Garnisey et zuyd dudit Sercq. Et parainsy n'en ay point oij parler, si non depuis l'an XV^XLV que lors les Anglois (comme réfusans accepter la paix faite à Crepy en Valois entre l'empereur et le feu roy de France), demourans en guerre contre les François, furent d'iceulx anvahi/. en l'isle de Garnisey par le S'' d'Hennebault avec une grosse armée de ( su Celle conquête fut immédiatement abandonnée; Adrien Croî dut se contenter de démolir les foriificalions élevées mer, consistant en plusieurs navires de guerre, et aussy en galères, tlesqueles avoient charge Pierre et Lyon Strozzi, Paulin, baron de la Garde, cuydans lesdits Fran(.'ois légièrement emporter ladite ysle et colles de Jczé (Jerssc) et Orney. En quoi ilz furent frustrez. Et comme en assaillant ledit Garnisey estant une des galères principales tellement atournée des coups d'aitil'erye desdits Anglois. qu'elle ne se sçauroit soustenir sur l'eaue et deux des autres galères l'eussent attachée et pourvcue aucunement pour la mener en France, lesdits François ne la sachant conduire plus avani que jusques ladite ysle de Scrcq. lors déserte, veullans aucunement courir le deshonneur qu'ils avoient roceu en assail- lant ledit Garnisey, trouvant ledit Sercq de bonne et forte assiete et propice pour porter dommaige aux Anglois, y firent quelque blochuys eî y laissarent aucuns compaignons avec l'artillerrye de ladite galère. Et depuis firent raport audit feu roy de l'opportudité de ladite ysle, telement qu'il y envoya gens et y fist faire les forts présentement y estans. Au moien de quoy vient à primes en cognoissance des gens. Et en ont eu les Anglois desdifes yles de Garnisey, Gezé et Orney à souffrir; mais ne l'ont sceureconquerre, à cause de quoy, et que je n'avoye dicelie nulle certaine cognoissance. Oblemperans aux lettres de V. M., j'ay fait venir devers moy divers maistres des navires et capitaines de ceste ville, comme ceulx qui plus fréquentent ladite coste et ysles que nulz autres. Et ne trenve que ung vieillard nommé Pieter Jacobssoon Biock, eaigé de LXVJ ans, et un Anglois. nommé Piobert Wiileby. lesquelz ont esté en hault de ladite ysle, avant toutefois qu'elle fut occupée des François. Et parlent d'icellc assez conformément à ce qu'cscrivent mesdits seigneurs les ambassadeurs, sauf qu'dz ne sçaivcnt à parler du molin d'eaue ne aussy des forts, comme non y aians esté en leur temps. Autres capitaines aventuriers, comme Robert Schotman, Schoonen Dieric, Hans Kuychel et Cornelis Cuypper et autres disent souvent avoir esté sur les rades de ladite ysle, et qu'elle est terriblement haulte et d'horrible regard, sans y estre montez en hault. Mais que à leur advis le lieu est fort propice pour porter dommaige aux Fran- çois, empescher et enîerrompre la navigation de Brouaigc, la Piochclle et Cordeaux vers la Basse- lîretaigne et Normandie. Ce que tous afferment unanimement. Et est chose toute notoire que les navirs veuilans faire ladite routle, s'ilz ne veul- lent touppieret se mettre à la haulte mer jusques au canal entre L'xentSarlinges, sont contraintes passer par certain canal nommé La Ferrière, prenans leur cours entre ledit Scrcq et Jerzé, ou ledit Sercq et Garnisey près de Orme, afin d'éviter les roches nommez en nostre vulgaire Le Kiscas et en espaignol Casquete. Disent aussy que dudit Sercq l'on peult veoir passer toutes lesditcs navires et leur endominaiger, selon la force que le capitaine commis audit Sercq ou autres peuvent avoir. Estre véritable qu'il n'y a nul port, mais bien une creque ou raisseau descen- ( sm ) pjir les Français dans celle île, et de jeter en mer loul ce qu'il ne pouvait emporter (1). La limidiJé du gouverne- danl entre les roches; laquelle croque ou ruisseau l'on pourroit approprier ol élargir avec le temps , en y faisant une mole de pierres, dont illec y a grande abondance, et ce pour tenir une paire de jaclites ou navires de rymes, allans peu profond, comme sont celles dont s'est servy ledit Adrien Crol, et que pour autres navires y a bonne rade contre tous vents à l'enlour de ladile ysle, comme dessus. Et au pis aller se pourroient Icsdites navires saulver à f.arnisey. distant, d'illec lieue et demye de Flandres, ou à Gerzé, distant quatre lieues vers l'oost-noord- oost. et plus près de la cosle de France, ou à Orney, gisant du costé dudil Jerzé vers le nord environ deux lieues, en cas qu'ils ne sceussent gaigner les rades dudit Garnisey. Disent pareillement que la marée est iîlec bien haulte. De sorte que une navire surgeant sur neuf braches se treuve à la basse eaue sur le secq; mais que le fons desdites rades est sablonneux et pourtant moins dangereux. Déposent aussy lesdits capitaines Robert Schotsman et Schoonen Dieric, que depuis ceste guerre entre l'empereur et le roy de France, les Angiois de Garnisey leur ont respectivement volu persuader qu'ilz deussent essayer d'occuper ladite ysle de Sercq; mais comme lesdits Schoonen Dieric, par faulte d'ung pilote an- glais, perdist son navir soubz l'isle d'Orney, ledit Robert ne se Irouvoit conseillé de l'emprendre seul. Quant à la grandeur de ladite ysle, ilz ne la S(;avent bonnement dire, comme non y ayant pris tel regard; mais de la fertilité disent qu'il y a force conins , et que du temps dudit Pieter Jacobssoon Block y avait force bestial saulvaige, et ce, conforment tous , que le lieu est de grant respect comme dessus. Mais pour respondre à ce que V. M. m'ordonne l'advertir du proufBt que l'em pereur faisant garder ladite ysle en pourroit tyrer, je ne voy point que pour le commencement il y sgauroit faire aucun pronffii, jusques à tant que l'ysle seroit peuplée de gens et les champs cultivez et semez. Ains au contraire fauldra que S. M. porte la despcnce et y souslicgne quelque nombre de gens et pour le moins de iiiJ^» à cent hommes pour faire le guet et défendre les forts. Ladite isle ne peult aussy servir pour les navires marchandes de ce pays, parceque iceiles ne chercent ce chemin comme trop dangereux, si ce n'est qu'ilz soient desvoyez par faulte et négligence des pilotes, comme est advenu au capi- taine Meckere l'année passée en la fin d'octobre, estant desroutté de la flofe d'Es- paigne avec une grande navire, que se povoit reputer pour miracle qu'il vint à saulvement; mais seulement peult servir de rcmpare ou refuge aux navires de guerre de S. M. I. ou de ses subjectz pour porter dommaige à tous passans par ladite Perrière et Rasblanchart, et tenir en crainte les costesde Seribourg, de la "Haghe (que es cartes navigatoires s'apelle cabo dellago], de Aurances et aussy du 1) Lettre de Scepperusdu 2 nov ioo3. ( 856 ) ment belge, nous dirons même sa pusillanimité, l'empêcha de faire ce que fit plus tard le gouvernement britannique. Bretaigne, en tant que les François n'ont de ce costé moien ne ports pour tenir aucunes navires ordinaires, et ne pevent empescher le passaige des nostres. Et parceque dessus peult apparoir le respect , prouffit et apparence de service que S.*M. en sçauroit tyrer. Et quant à ce que Yostre Majesté m'ordonne dire mon advis sur la disposition de cestuy affaire, il me semble. Madame, qu'il ne se fault point arresler au raport que ledit Crol a fais à mesdits S" les ambassadeurs, ne aussy à ceque les An- glois disent de ladite ysle de Sercq; mais avant se resouidre de la tenir ou aban- donner, que l'empereur la pourra envoyer visiter par homme confident Mais si S. M. treuve qu'elle n'y sçauroit recevoir grand service ne equipollent aux despens que fauldra mettre, en ce cas S. M. la pourroit donner ou faire vendre aux Anglois, sans la laisser retomber es mains des François, à condition que lesdits Anglois seroient tenuz de faire bonne compaignye aux navires des subjeclz de V. M J'entens que le capitaine Girard de Meckere cognoit aussy ladite isle, et par ainsy si tost qu'il sera à terre, je le requéreray me déclairer ce qu'il en scet. A tant, etc. De Vlessinghes, ce xxvu* de septembre iooS. De Votre Majesté très-humble et obéissant serviteur, CORNILLE SCEPPERUS. Madame, En suyvant mes dernières lettres touchant l'isle de Sercq, j'ay parlé au capi- taine Meckere, luy demandant ce qu'il en sçavoit.Sur quoy il m'a respondu ladite ysle estre de grosse importance; mais de sa part n'y avoit esté dessus, mais bien embas sur les rades. Par lettres de quelque homme cogneu, lequel a hanté ladite ysle, j'ay entendu qu'elle est longue environ une lieue d'Allemaigne et gaires moins large ; qu'il y soloit avoir trois villaiges et ung monastère, qui sont tousdestruitz, et que ladite ysle est meilleure qu'on ne pense, comme sur laquelle l'on pourroit gaigner bledz, qui serviroient pour mille hommes; qu'il y a pareillement bonne eaue sortant des roches, au moyen delaquelle les habitans soloientmouldre leurs bledz, ayant le moulin depuis esté deffait et après derechief mis sus parles François, comme celluy qui m'escrit dit avoir entendu, mais avoir vu les vestiges du premier moulin En quatre ou cincq jours partyront de Vlissinghes trois navires aventuriers bien armées, faisant leur compte daller droit vers ledit Sercq, et illec espyer les François A tant, madame, etc. De la Vere, le second jour d'octobre i5o3. De V. M. très-humble serviteur. CORNILLE SCEPPERUS. ( 857 ) En s'cmparant de celle île, les Anglais en firent un boulevard redoutable, une menace coniinuelle contre les forces mariiimes de la France. Le gouvernement des Pays- Bas ne put comprendre, malgré les avis des Anglais, tout le parti qu'il pouvait tirer de cette conquête. 11 l'abandonna. De son côté, Henri II ne négligea pas de se faire des adliérenis dans les eaux de l'Ems pour harceler de là nos vaisseaux marchands. Des câpres de TOostc-Frise arrêtè- rent dans ces parages tons les navires en destination des Pays-Bas (1). Encore une fois, la gouvernante se contenta de réclamer auprès de la comtesse d'Ooste-Frise, et ne flt rien contre les flibustiers. Les premiers mois de Tannée 1554 furent signalés par Tarmement d'une flotte dans les ports néerlandais. Il ne s'agissait pas précisément de protéger nos vaisseaux mar- chands. Ce but était un accessoire. Il fallait une démon- stration politique pour secourir Marie Tudor, menacée par la France, qui soutenait en Angleterre une guerre intes- tine, excilée par les factieux et par les promesses de Henri II (2). Quatorze vaisseaux de guerre, armés aux (1) Lettre du magistrat d'Amsterdam , des 16 novembre et 1" décembre 1353. (2) Voici ce que Renard écrivit à ce sujet à l'empereur : 0 Quant aux advis que le S»" Deylre a reçus de l'apprest de mer du couslel de » France, il est certain que les François avoient armé et permis aux particuliers B d'armer quantité de navires pour seccomlerla rébellion de feu Houyet(Wyat?), « qu'eust hier la teste tranchée , et pour promovoir les praticqiies qu'ilz tenoient B en Angleterre, mais avoient veu que l'entreprise estoit faillie par la victoire de » Moulues et iMacquereaux; et ont retenu les grands bateaulx de la Normandie et » Bretaigne; et n'y a que trois jours que dix d'iceulx .par l'impétuosité du vent, B furent jectez aux donnes près de Douvres, et le plus grand nombre est à Brest » en Bretagne, que l'on tient ne fera grand effect, puisqu'ilz sçavent que ladmiral * d'Angleterre se joinct avec les bateaulx de V. M., qui se parte lundi de ce lieu » (Londres) et que S. A. sera accompagnée de 430 voiles. Mais il est certain que » jusqucs à ce ilz ont entendu la deflfaicte de Houyet, ilz avoient armez etretenuz » les bastcaulx pour l'effect susdit. » (Lettre du 42 avril loSi. Corr. de l'empereur avec Granvelle. p. 639.) V. aussi ibid. les lettres aux pp. 502, 6U2. 2™^ SÉKIE, TOME XL. o5 ( 858 ) Pays-Bas, se réunirent (16 avril i5S4)à la flotte anglaise. Selon rempcreur, elle devait ôler aux Français tout espoir de sortir de leurs ports. Il mettait en même temps en mer six bateaux corsaires bien équipes, destinés à porter des ravages sur les côtes de la France, et à attaquer tous les bâtiments naviguant dans ces parages (1). Celait une réponse faite aux armements nouveaux entrepris par le roi de France, une représaille des captures exécutées en mer et dans la Tamise d'un nombre considérable de navi- res marcliands appartenant aux Pays-Bas (2). Notre flotte, commandée par le sire de Wacken, amiral généra!, devait se rendre à Douvres avec une ceriaine oslen talion a(in de démontrer aux Anglais que la maison d'Autriche voulait faire des sacrifices pour soutenir la cause de la Grande- liretagnc (5) . Ces démonstrations d'amitié n'eurent pas les efl'ets auxquels le gouvernement des Pays-Bas s'attendait. Les gentilshommes et soldats de l'amiral anglais se mutinèrent; les marins de la flotte néerlandaise ne voulaient plus servir ii cause de la cherté des vivres. Enfin l'amiral de la Grande- Bretagne trouva notre flotte mesquine (4); les Anglais désignaient nos vaisseaux sous le nom ridicule de coquilles (1) Papiers d'État de Granvelle, t. IV, pp. 199. d98, 20i. 218, 231. V. au sujet de l'équipement de ces vaisseaux, Van lirujssel, Histoire du convnerce, t. III, p. 40. Annales de la Société d'Émulation, l. c., p. 374. a (2) V. dans la Correspondance de diarles-Quint avec Granvelle, les pp. 469, i9B V, 502, 525, où se trouvent les détails de ces armements et de ces prises. ;3) Lettre de l'ambassadeur Renard à l'empereur, du 23 janv. 1554. (Cojveî- pondance de Charles V avec Granvelle. p. 509.) (4) Lettre de Renard à l'empereur du 28 avril dooi. « Selon qne j'ai veupar les lettres qu'il (l'admirai) a escript, il n'est content de l'armée que V. M. a envolée, disant qu'il n'y a que trois ou quatre navires qui passent cens tonnaulx. Ibid., p. 65U. . 8oi! ) de moules. Lorsque leurs uinrins reueonlraicnt les nôtres sur terre, ils se queiellaieut, se battaient, bref, ils ne se souf- fraient pas. Et cependant ils continuèrent à croiser dans la nier du Nord jusqu'en janvier de rannée suivante (i). En 1555, le cai-dinal Pôle, légat du Saint-Siège en Angleterre, entama des négociations de paix entre Henri II et Cbarles-Quinl. Tous les eiïorts du légat, toutes ses ten- tatives écliouèrent devant les prétentions des deux parties, excitées par les intrigues de Catherine de Médicis. Les hostilités recommencèrent, sans délai, par terre et sur mer. De nouveau les frontières des deux pays furent sac- cagées par les belligérants, comme pendant Tannée précé- dente. Sur mer, lien n'était changé à Télat ancien. Des navires fiu'ent pris tantôt par les Français, tantôt par les Néerlandais, sans qu'aucune action décisive pût les faire songer à la paix. Pareille situation s'explique facilement. Depuis la retraite de Strozzi, la marine française n'avait plus pris aucune initiative autre que celle de la piraterie. Aux Pays-Bas le gouvernement, les provinces et les villes se tenant sur la défensive, se contentèrent de proléger, par des forces navales éparpillées, les vaisseaux marchands et pécheurs, rôle facile depuis le mariage de Phihppe, prince d'Espagne, avec Mario, reine d'Angleterre (25 juillet 1554). A partir de cette époque, notre marine n'avait plus rien à redouter de la part de la Grande-Bretagne, et si par hasard des sujets anglais commettaient ou laissaient commettre quelque irrégularité, les représentations du gouvernement des Pays-Bas étaient écoutées et les torts immédiatement l'éparés. Ainsi se réalisèrent, en grande partie, les prévisions de ;i) Ibid., pp. 270, 274. ( 860 ) Charles-Quint : sous plusieurs rapports, les intérêts des deux gouvernements s'étaient identifiés. Pendant le règne de Marie Tudor, nous étions loin de la situation créée à notre marine par le mauvais vouloir du gouvernement d'Edouard VI. Le droit et la justice, en ce qui concerne notre pays, avaient fait place à la ruse et à l'arbitraire. Rien de mémorable, si ce n'est la piraterie habituelle, n'avait plus été signalé sur la mer. Tout à coup, nous voyons apparaître dans l'histoire un fait qui, interprété comme il le fut par des écrivains fran- çais, aurait été une véritable calamité pour notre pays et spécialement pour la province de Hollande « Sub id tempus, » dit de Thou , noslri in Oceano cum Belgicis navibus » ingenti ac furiali praelio pugnavere (1). » Puis il continue la relation du combat, en rendant justice à la bravoure des deux parties. Sans lire le passage entier de de Thou, des écrivains français concluent à la destruction complète de la flotte hollandaise et soutienne^, en dépit du texte de cet historien, que la France remporta une victoire incontes- table (2). Les termes dont de Thou se sert nous ont inspiré des doutes sérieux sur cette grande victoire et sur l'anéantisse- (1) Thuanus, Historiaruin siii teniporis, libri. CXXXVIII, t. I, p. 556. (2) Sismonde de Sismondi, Histoire des Français, t. XII, p. 281. — On peut encore consulter au sujet de ce combat naval: Histoire de la bataille navale faite par les Dieppois, Paris, V6ol, et sur les différentes éditions de cette relation, les Antiquités et chronique de Dieppe, X.\\,^.^lo%o\x toute cette bataille est longuement racontée; Bouvet, Annales de la Marine française, t. II. p, 26; Van Veer, Hollandscite cfironycke, p. 128; Pontus Heulerus, Rerum austr, //Z>,XIII, p. 66o:Velius, C/o?i/;^- van Huorn, p. 62; Haraeus, Annales ducatus Brabantiae, 1. 1, p. 680; Daniel, Histoire de France, t. IX, p. 761 ; Wageuaar, Vaderlandsche historié, t. V.p. 400; l'abbé Cochet, Les Églises de l'arrondissement de Dieppe, p. 278; baron Kervvn de Leltenhove, Hisl. de Flandre, t. VI, p.l46; Van Bruyssel, Hist. du commerce, t. III, p. 42. ( 8fii ) ment complet de notre marine. Rien , à notre avis, ne sem- ble justifier un succès si complet, si inattendu de la pari de la marine française. Nous avons voulu vérifier les faits avancés par les écrivains de la France au moyen de docu- ments émanés du gouvernement des Pays-Bas : Audialur et altéra pars. Une information, prise par le bailli de iMiddel- bourg, concernant ces événements, les présente sous leur véritable jour. D'après cet acte, dont nous reproduisons le texte en note, Tévénement a du se passer vers le milieu d'août 15oo et non vers la fin de ce mois, comme le dit de Thou(1). D'autres écrivains le placent au 11 août, et l'abbé (1/ Tesmoings examinez par le bailly de Middelbourg en Zeellande, en présence de Cornille Alters, notaire publique, le 17^ jour d'août d555. Cornille Janssone, maet de la hulck, nommée le Sampson, en laquelle estoit maronnier Nicolas Janssone de Broock (liroek in Waterland: et Vriull Aelbrechts- zone, batellier sur ladite hulck, eagez de XVIIJ ans ou environ, disent tous deux estre vray que venans les deposans cestuy dernier voiage avec la hulcke susdite en la flotte de Calis de Andelosia jusques environ ung lieu nommé Beiverley et Douveren, ont veu de loing venir xxviij navires, desquelles l'une deschargea ung coup d'artillerie. Sur quoy leur maronnier dit que c'estoient amis. Toutesfois que ce nonobstant ilz meissent en ordre les crochetz et qu'ilz délaissassent encoi- res la grande artillerie dessoubz le overlooper. Mais approuchans ledites xviu navieres plus près et congnoissans que c'estoient François, leur maistre de gou- vernail dit : mectez en ordre l'artillerie ; ce sont François. Faisans les basteliers toute extrême dilligence, pour la mectre en ordre ; mais ils n'ont sceu estre prestz quant les François sont abordés. Disent aussy que s'ils eussent peu estre plustost prestz, qu'il leur sembloit qu'ilz eussent peu oultraiger les François, et comme lèvent estoit grant,les eussent peu mectre au fond ainsi que deux desdites navires françoises sont esté enfendrées par l'impétueuse entrée des nostres, se noyant l'une desdites navieres assez près de celle des deposans. Disent davantaige qu'il en y a demeuré bruslées six de noz hulcques, assavoir celle de Claes Janssone, où estoient lesdits deposans, celle de Potfer de Broock (Broek in Waterland),de Jean Lange de Zymerdorp (Zuiddorp en Zelande;, Cornellis Claeyssone de Watergang, maet, Geertssone de Hulpendam et de Floris Cheyssone de Doryckerdam, et que cinq autres sont esté prinses; mesmes Melis Claessone visadmiral a esté abordé le premier, et aiant d'ung coup d'artillerie eu emporté la teste, Paul Symons de Purmerende, Aem Diericxssone de Lausmar estant chargé d'allun pour mènera ( 8()^ ) Cothel au 2 du même mois, points de chronologie de peu d'importance, mais qui démontrent combien les auteurs français sont peu d'accord sur ce sujet, comme sur le nombre des vaisseaux engagés dans le combat. Selon cette information, la flotte française, sortie du port de Dieppe, était montée par des aventuriers extrêmement hardis, venus d'Ecosse, d'Angleterre, d'Irlande, de Guel- dre, de Hollande et d'autres provinces des Pays-Bas. Elle n'aurait pas eu tout le succès qu'on lui attribue en France. Quant à la flotte hollandaise, ne l'oublions point, ce n'était pas, à proprement pai'ler, une flotte de guerre. Elle était composée, de Thou en convient, de navires marchands armés simplement pour se défendre contre des flibustiers isolés et non contre une flotte de guerre. Ils étaient chargés Londres. Jacques Thiemans alias Schuylmaker. Pieter Reygcrtssone de Dorickeu- dam. Disent- davantaigc que Herinan Hens de Euckhuj-sen, admirai desdiles hulcques, esloil une fois prinsedes François; mais veans les François le feug par trop impétueulx en la basanne, l'ont incontinent habandonné. Quoy voiens ceulx qu'estoient en la hulcque dudit Claes Jans one se sont courruz en celle de Her- man Hens, habandonnans la leur, que desia estoit en feu et flamme. Interroguez s'ilz ne cognossoient point ladmiral des François, déclairenl que Schoon Dierick estoit leur admirai, ainsi qu'ilz avoient ouy compter d-; Ghecrt Dievicxssone de Serwau, qui dit avoir parlé à luy mesmes, que ledit Schon Dierickx lui crya : Rendé-vous; car vous estes de tout quiet de vostre navir, et sommes plus puis- sans que vous austres. Disent en oultre qu'il en y a demeurez s'^pt naviers fran- çoises, deux enfondrés et cinq bruslécs. La reste s'est partie bien désarmée et mal en ordre. Déclarent aussi que ledit Schoon Dierick a esté veu mort d'ung coup d'artillerie, avant que ladmiralle se noya. Aussi dit Cornelis Albrechtssone qu'il avoit ouy d'une natif d'Amsterdam, banny du pays comme i! disoit. qu'il y avoit en l'admiralle v<: hommes, et es autres navieres de nu, lU etijc hommes. Disent que lesdits gens de guerre des navieres françoises esloient vaillens et de toute nation.si comme Escossois.Anglois, Yrlandois. Geldrois,Ho!landois et autres de ce Pays-Bas, tous bien en ordre. Déclairent d'avainlage que lesdits François avoient, en leurs navieres, piques de la longueur de xvuu piedz, que celles de nostre coustel n'estoient que de xiiu, xv ou xvj pieds, par où les nostres ne se pouvoientbicn mectre en dcfîensc, si non avec force et grande perle de nos gens. (Archives de l'Audience, liasse 73.) ( 800 ) do grandes richosscs, inférieurs en nombre à ceux de leurs ennemis el défendus par un ehiflVe de matelots bien minime eomparalivemenl à celui de la flolle dieppoise. Le comman- dant français en convint lui-même. Si nos liulques sui- virent droit leur cbcmin, sans faire semblant de voir la flotte ennemie, ce ne fut pas par fanfaronnade, comme le disent les relations publiées en France, mais parce qu'elles ignoraient qu'elles avaient aiïaire à des ennemis, à des pirates, à des voleurs enfin. Notre convoi mareband, com- posé de vingt-deux bâtiments, selon les relations françaises ou de dix-buit bulques seulement, selon l'abbé Cocbct, ne fut pas entièrement détruit, comme Sismonde de Sismondi l'assure. Six de nos bulques furent brûlées, cinq furent prises. II en restait donc encore onze. Nous voyons, en effet, différentes bulques, venant du Midi, arriver successi- vement dans les ports de la Zélande(l), et Daniel constate dans son bistoire de France que « la flotte flamande, toute » délabrée, gagna la Hollande (2). » En ce qui concerne la flotte française, composée de dix- buit ou de dix-neuf navires de guerre, portant cbacun 200, 500 ou 400 bommes, elle n'eut pas lieu d'être très-satis- faite de son expédition. Le commandant Louis d'Espinelle d'Harfleur, désigné sous le nom de Seboon Dierk par les matelots interrogés à Middelbourg, fut tué : son vaisseau, monté par 500 bommes, fut englouti. Plusieurs capitaines subirent le sort de leur commandant. Deux navires français furent coulés bas ; cinq devinrent la proie des flammes. De sorte que des dix-buit ou dix-neuf bâtiments de guerre ennemis, il en restait encore onze ou douze, qui, très- fl) Lettre du 24 août lo5o. Archives de l'Audience, liasse 73. Cl) T. IX, p. 763. ( 864 ) maltraités, se retirèrent en désordre vers Dieppe. Ils ne purent pas même songer à donner la chasse aux autres vaisseaux de la flotte hollandaise. Cette victoire nest donc pas auâsi importante que les écrivains français le prétendent. De Thou en convient pour ainsi dire implicitement lorsqu'il raconte la dextérité de nos matelots à lancer le feu dans les bâtiments ennemis, mon- tés par des matelots en nombre supérieur aux nôtres. Aussi finit-il sa narration en faisant remarquer combien les im- périaux diminuaient l'importance de la victoire. Quoi qu'il en soit, lerésullat du combat fut glorieux pour les Hollandais, qui, de l'aveu des Dieppois, s'étaient dé- fendus comme des lions. Malgré l'infériorité du nombre, ils ont pu infliger aux Français une rude leçon, laquelle aurait été plus dure encore s'ils avaient eu le temps de s'apprêter, et s'ils n'avaient pas eu une aveugle confiance dans les rassurances, données par un des leurs. La flotte de Dieppe ne se montra plus, tant elle avait été maltraitée. Notre marine marchande continua tranquille- ment ses expéditions lointaines. Bientôt elle put les entre- prendre avec plus de sûreté par suite de la trêve de Vaucelles. III. — Conclusions. La marine belge , si florissante vers le milieu du XVP siècle, subit à cette époque, nous venons de le voir, de graves désastres. Soit jalousie, soit politique, soit guerre ou querelles religieuses, au nord comme au midi, tout conspirait contre elle. Les événements s'accumulaient pour l'anéantir. Ces résultats sont dus, en partie, au gouvernement par- ( mi ) sonnel de rcmpcrenr. Dans noire pnys la chute des coni- nriunes, dont Charles écrasa la [)lus forte et la dernière encore debout, lui permit de suivre le courant des idées nouvelles qui avaient surgi dès le XV" siècle au sujet de la monarchie. Partout s'étaient montrées des tendances à faire prévaloir un gouvernement fort, centralisateur, l'unité monarchique appuyée sur les principes du césarisme, les faveurs et les armées permanentes. Seuls les états de nos provinces ré- sistaient à ces tendances. Seuls ils empêchaient Charles- Quint de se rendre complètement maître de la situation. C'était un pointd'achoppement, une difficulté qui le mettait dans une position inférieure à celle des rois de France et d'Angleterre, à peu près maîtres absolus chez eux. Lors- que le gouvernement des Pays-Bas devait agir, rien n'était prêt : il fallait des fonds ; et les États, dispensateurs des aides et subsides, n'étaient pas toujours d'humeur à les accorder. Delà des discussions et des pourparlers qui en- traînaient une perte de temps considérable. Lorsque les États avaient enfin accédé aux demandes de l'empereur, dans le but de faire sérieusement la guerre, nos forces maritimes furent éparpillées pour convoyer les vaisseaux marchands et pécheurs. De son côté l'ennemi agissait d'une manière diamétralement opposée, il réunissait toutes les forces, et frappait en temps opportun. Doué d'un grand génie, Charles-Quint dirigeait tout par lui-même. Sachant se plier selon les circonstances et les nationalités, il marchait toujours droit au but avec beau- coup plus de dignité et de sincérité que les monarques de son voisinage. Chez eux les mensonges et la duplicité étaient en matière politique leur arme de prédilection. A leurs yeux la fausseté était synonyme d'habileté. Le gouver- ( 866 ) ncmcnt belge eut le grand lort d'y ajouter foi, malgré des avertissemems réilérés et une expérience journalière. Selon la manière de voir de l'empereur, ses ministres étaient des instruments, jamais des favoris, mais toule ini- tialiveleuréiail interdite. Telle était aussi la position qu'il avait donnée à la gouvci-nanle des Pa)S-Bas. Quant aux misères du peuple, l'empereur s'en occupait rarement. Des idées plus vastes absorbaient toute son attention. Le bien-être matériel et parlant la question du commerce maritime n'étaient pas toujours l'objet de ses soins dans les pays soumis à son sceptre; ils devaient céder le pas aux exigences politiques. Dans les Pays-Cas ces questions d'intérêt matériel étaient confiées à la gouver- nante, sans lui accorder cependant les pourvoirs nécessaires pour prendre des mesures d'initiative. Cette princesse, aux qualités brillantes, active et douée d'une intelligence remarquable, n'était pas à la bauteur de sa mission quand il fallait agir. La diplomatie était son élé- ment, la prudence un moyen dont elle faisait preuve dans toutes ses relations. Au moment de l'action ces bonnes qualités devenaient des obstacles, des causes d'indécision continuelle. Celle-ci était entretenue par Scepperus, le prin- cipal et pour ainsi dire l'unique conseiller de la gouver- nante concernant les affaires maritimes. Diplomate etpoëte avant tout, Scepperus n'aimait pas mieux l'action que la reine Marie. Au lieu d'agir avec vigueur, au lieu de prévenir les attaques de la flotte française, la gouvernante tergiversait; elle continuait le vieux système de défense et de protec- tion accordée à la marine marcbande. Cette protection se bornait le plus souvent à la publication de placards sur la matière, à des réclamations diplomatiques et à faire ( 8«7 ) accompagner nos vaisseaux marchands ou pécheurs par des vaisseaux de guerre, souvent en nomhre insuffisant. Les mesures législatives prescrivant Tarmcment des vais- seaux et i'ohligalion de voyager |)ar convois étaient ilhi- soires lorsque l'ennemi se présentait en masse. Les négo- ciations diplomatiques, nous Tavons vu, étaient des leurres. Elles produisaient des promesses mensongères , qui déroutaient complètement notre gouvernement lors- qu'il s'y fiait. Quand l'Angleterre refusait à nos agents toute justice contre les flibustiers écossais, quand elle rendait la liberté à ces pillards après les avoir arrêtés pour la foi-me, elle fit pendre, à la demande de la France, les corsaires coupables d'avoir atlaipié les vaisseaux fran- çais (I). L'escorte fournie par rÉlat à nos vaisseaux mar- chands n'étant pas toujours sufîisante, les Etats et les villes maritimes en firent armer pour leur propre-compte, au moyen de deniers provenant de certaines taxes (2), ou bien ils demandaient à la France des sauf-conduits, dont les prix exorbitants étaient payés par les marchands (5). Ceux-ci étaient ordinairement victimes de leur bonne foi. Les sauf-conduits, de l'aveu de la gouvernante, n'étaient pas mieux observés que les traités et les promesses de la diplomatie. Ce fut le défaut d'initiative et d'action qui perdit notre marine; ce fut l'initiative et l'action qui créèrent la puissance (-!) Teulet,/. c, p. 2io. (2) V. Proposie ghedaen bij den heere van Eecke, aen de gedeputeerde van Vlaenderen, tlolland en Zeelandt, 24 mey 1553, dans la Kronijk van het historiacli Genootschap van IJtrecht, 46<= année, -ISSO, p. 53. (3) Voir le compte de l'armement fait en 15oI, par la ville de Bruges de diffé- rents bâtiments de guerre, destinés à convoyer la marine marchande. (Ms. 46,838 de la Bibliothèque royale de Bruxelles.) ( 868 ) maritime des Provinces-Unies, héritières de la nôtre. La république batave mit à profit le génie, le courage, la per- sévérance et l'esprit entreprenant de ses enfants pour pren- dre sur mer une posiiion enviée par toutes les puissances. A son prestige elle ajouta une grandeur nouvelle, en exé- cutant ce que le gouvernement belge aurait dû Aiire dès le commencement du XVh siècle. Elle se faisait respecter par la force, et se méfiait de la diplomatie. Jean de Drosay, l'un des réformateurs de la science du droit au XV t siècle; par M. Alphonse Rivier, associé de FAcadémie. La réforme de la science du droit, au XVI^ siècle, a fait naître une multitude de traités, de discours, d'épîlres, d'espèces diverses et de toutes dimensions, sur la méthode juridique, sur l'art du droit, sur le moyen de devenir un parfait jurisconsulte. On entrait dans une ère nouvelle; il fallait s'orienter, el remplacer la tradition dont on prétendait s'affranchir. L Beaucoup de ces ouvrages avaient simplement pour but de servir de guides aux jeunes gens des écoles. On en composait de ce genre dès le moyen âge; tels étaient déjà la Methodus utriusque juris anonyme, de la première moitié du XV'^ siècle (1), et les ouvrages ou opuscules (1) Stintzing, Geschichte derpopulàren Litteratur des rômischen und kano nischen Rechts, pp. 29, 33. ( 8(il» ) portant le litre De modo atndendi de Martin de Fano, de Caiiis, de Caccialupus. Ces docteurs exhortaient la jeunesse à étudier sans cesse, à ne négliger aucun instant ni aucune occasion , conformément au vieux quatrain déjà cité par Jean Faber, et répété par Henri de Piro : Si quis forte vclit juriscoiisultus habcri. Continuel sludium, velit a quociimque doceri, Invigilel , nec vincal eum tortura laboris , Fortior insurgat cunctisque reccntior /wris{l). « Toutefois, dit Martin, ne travaillez pas au point de tomber en mélancolie ou de gagner le mal de poitrine , mais prenez du repos de temps à autre et égayez votre esprit. » Sur quoi Caccialupus remarque : « Pareil avis est superflu de nos jours, car les livres des écoliers sont habituellement pleins de poussière, tandis qu'eux circulent sur les places, bien vêtus et même avec luxe, pour voir et se faire voir (2). » (1) Jean dit Faber, de Roucines, en la terre de Montbéron, non loin d'Angou- lême, est mort vers 1340. M. Eschbach attribuait ces vers au président Antoine Favre, mort en 1624. J'ai suivi moi-même cette indication erronée dans mon Introduction historique au droit romain. HENRI VON DEM BiRNBAUM, de Piro, est mort en 1473, (2) Martin Cassaro, de Fano, vivait encore en 1272. Jean Jacques Canis ou A Canibus, professeur à Padoue, est mort en 1490 ou 1494 Jean-Baptiste de Caccialupis était professeur à Sienne, lorsqu'il écrivit son Hlodus studendi in utroque jure, en 14117, où il cite fréquemment Martin. — Subdit Martinus de Fano in dicta cpistola : « nec tantum studeatis quod tris- tilia ant pectoris dolor vos affligat anxietatibus ♦. recipite requiem, et animum ad gaudia revocate. » Hoc fuerit supperfluum monere temporibus noslris. Nam libri scholarium regulariter sunt pleni pulvere, quotidie circumeunt plateas, ut cum sint bene, imo luxuriose induti, videant et videantur. (Caccialupus, Modus stu- dendi, document IV.) — Martin donnait aussi des conseils utiles au professeur ; il exige qu'il ait « vim impressivam, ut exemplis intelligibiiibus instruat quod ostendit : nec sit in sua lectione pomposus, sed potius utilis et lidelis : et plus veritati quam truffis et ornamento verborum inhaerens. « (Caccialupus, docu- ment H.) ( 870 ) lin moment vint où les recommandations des vieux maîtres purent paraître un peu triviales. Aux esprits avides de nouveaulé que vivifiait le souffle fécond de ranliquité classique, il fallait une nourriture à la fois plus forte et plus raffinée. Nous avons quelque peine à nous rendre un compte exact du zèle avec lequel on s enquérait, au temps de h Renaissance, des méthodes les plus avantageuses pour apprendre et pour enseigner. Les jeunes gens, souvent aussi des hommes faits, allaient de ville en ville et d'école en école à la recherche ou à la suite des maîires en renom. Les adeptes de la science réformée en étaient les apôtres; considérés non comme de simples enseigneurs, mais comme des initiateurs, ils étaient con- sultés de près et de loin par les néophytes qui voulaient être mis sur la honne voie, guidés, éclairés. Les exemples abon- dent. J'en prends un dans un document publié naguère, où figurent deux personnages connus (1). Pierre Lorioz (2), étant professeur à Bourges, se vit consulté par un étu- diant d'Orléans, qui fut plus tard le conseiller Maclou Popon, du Parlement de Bourgogne (5). Lorioz répondit- avec bienveillance : « Je suis surpris qu'en cette matière vous me demandiez conseil à moi plutôt qu'à vos profes- {i) Zeitschr'tfi fur liechlsgeschichte, XI, 319-321. L'original de la lettre de Lorioz est à Paris, dans le inanuscrit latin 838o. lequel provient du conseiller Philibert m: laMareJo savant historien bourguignon. J'en dois la connaissance à M. Aimé Herminjaru. l'infaligàble éditeur de la correspondance des réforma- teurs. (2) Pierre Lorio/, Lnriotus, voir mon Introduction historique au Droit romain, p. 496, et l'étude de M. Villequez sur les Écoles de Droit de In Bour- gogne. (3) Maclou Popon, Maclovius Pomponius, mort en 1577 dans sa soixante- quatrième année, fut l'ami de Jacques de Vintimille, qui a raconté sa vie. Une lettre autographe de Popon fait partie de la collection de M. Charles Rahf.en- beek. (871 ) scurs que vous rencontrez tous les jours. Ce|)en(lant . je ne veux pns que vous puissiez dire que j'tue manqué à vous venir en aide. Je vais donc, non pas vous développer mon opinion, ee que je ferai peul-èlre quelque jour, mais vous l'indi(pier seulemenl d'une façon sommaire, vu l'exiguïtc du lemps dont je |)uis disj)oser. » Popon avait demandé le moyen de se metire prom})tement sur la vraie voie de la jurisprudence; — alors déjà la jeunesse élait pressée d'ar- river et désireuse d'abréger l'indispensable apprentissage, — cliose plus pardonnable jadis qu'aujourd'hui, vu la lon- gueur démesurée des éludes (!). Lorioz offre à son jeune ami deux méthodes au choix. Si Popon veut suivre la plus prompte, il commencera par mettre de côté les commentaires, pour lire uinquement les textes, en faisant sur les loisdç chaque titre des -jcpar/r/a(2), qu'il ordonnera par genres et par espèces, selon son propre jugement, sans s'aider ni de Placcntin, ni d'Azon, ni de Zasius. Ce travail achevé, et pour le compléter, il pourra recourir aux commentaires des docteurs, et de préférence à ceux qui ont paru récemment à Lyon en trois volumes (5). (1) Rogas, ut coinpcndiariam libi describam rationeni, qua cito ad veram juris- prudentiae pcrvenire viam possis. — Lor.iuz, lettre citée, Zeiischrift, p. 320. {% Voyez sur la notion du xj-py-Tirlc-^, Ménage, Amoenitates juris civilis , chapitre XV: Quid sitit ttjcP^zitj.cc. Dans lacceplion primitive, ce sont de sim- ples annotations de concordance : adiwlare quœ alils in titulis ac locis illiim ad titulum pertiueutia reperiatUur. Plus tard, l'on désigna ainsi des sommaires ou brefs commentaires de chaque titre. C'est dans ce dernier sens que Lorioz entend le mot de xv.pxTLTlov.De même Drosay. :8) « Primum (modum adsequi posscm) biennio, dum solas leges rejectis omnibus iutcrpretationibus praeiegerem et inter legendum singularum legum paralitla mihi conficerem, illis post modum in gênera et species redaclis. ïloc in modo nulla Piaccntini, Azonis, vel Zasii indiges opéra, nimirum hi nihil aliud in suis summis quam somniarunt. Verum cum unius tituli singularum legum para- ( 872; L'étude du droit, selon celle mélhode, durera deux ans. L'autre méihode en prendra trois : l'élève lira, sans en omettre aucun, lous les similia d'Accurse; il en dressera des lisles; de plusieurs similia, il déduira les règles géné- rales et les exceptions générales, et les classera dans Tordre qu'il jugera bon. Il y pourra joindre alors les interpréta- tions de Bariole, de Jason, de Dccius eld'Alcial (1). On le voit. Tune et l'aulre de ces mélhodes supposent et exigent de la part de l'élève un travail original et personnel. Je ne sais si cette lettre marque le dernier degré du développe- ment de Lorioz; peut-être ses écrits, comme la tradition, le montrent-ils plus avancé. Mais ce qui, dans la leltre, annonce bien Tliomme de la science réformée, c'est celle indépendance qu'il veut inculquer à l'élève, et ce Irait fut bien pour quelque chose, sans doute, dans le méconlenle- ment que lui témoignaient, quelques années plus lard, les professeurs routiniers de Leipzig(2). Le temps qu'il assigne litJa habueris, eo quo dixi ordine redacta, poteris his habita seriei tuae ratione doctorum commentarios annectere, sed potissimum (si rem absolutam velis) in primis eos adjunges, qui tractatus conscripsere, quos omnes bibiiopola quidam Lugduni tribus voiuminibus recens compegit. » L. c, p. 321. Je ne sais trop de quel recueil Lorioz veut parler. L'Oceanus juris, qui a paru à Lyon en io3o, a neuf volumes. (!) « Si illius (Accursii) similia (quae ipse vocat) ne uno quidem praetermisso diligentcr excusseris, facile hune tibi parare modum poteris, modo illa omnia similia glossatim nullo ne minimo quidem, ut praedixi, contempto percurrcris. Et ex his omnibus in charta conscriptis nedum allegatis générales régulas tibi conficias ex pluribus simijibus. Itemque générales exceptiones. Quibus interpre- lationes, quas praedicti doctores super his simiiibusfcccrunt juxta tuum ordinem adjungas vel quoque illas praeleges, si fortasse te in tuo conficiendo ordine adju- vare possint. Hoc pacto tribus annis hune secundum docendi modum absolute adsequi possem. » — il y a quelque obscurité dans l'énumération des auteurs que Lorioz recommande; il n'est pas certain s'il les recommande à propos de la première ou de la seconde méthode. '2) Comparez Muther, Zeitschrift fur Rechtsgeschichte , IV, pp. 407, 408. ( 873 ) aux éludes n'est pas moins digne de remarque. On y recon- naît aussi le novateur qui refusait de faire son cours magis- tralement et à la manière italienne (1). On sait le scandale qui en résulta. Le sage Melchior d'Osse jugea nécessaire de s'élever contre ces innovations dans le testament poli- tique qu'il adressa à l'électeur de Saxe : « Les méthodes nouvelles, dit-il, égarent les élèves. Elles ne leur servent d'ailleurs de rien, car ils n'y apprennent ni les gloses, ni les distinctions; ils n'y aiguisent pas leur jugement; ils étu- dient bien les lieux communs, mais ils ne savent pas se défendre lorsqu'un vrai maître les serre un peu (2). Ils restent ainsi de pauvres bouche-trous, et bien peu d'entre eux peuvent devenir vraiment doctes... Qu'on établisse donc pour la jeunesse des docteurs qui professent comme ont professé les anciens et excellents hommes Reynier, Bartole, Balde, Cynus, Dynus, Alexandre, Jason, Décius et autres (5). » IL A côté de cette littérature qu'on peut Bp\ie]er pratique , on en trouve une autre, plus ambitieuse, dont les auteurs ne se bornaient pas à mettre l'étude des sources à la place des énormes commentaires, mais prétendaient remanier (t) Voyez mon étude sur Nicolas de Bruxelles, Bulletin de l'Académie, tom. XXXVIII, p. 628. (2) C'est-à-dire : ils peuvent acquérir la connaissance des arguments, mais ils ne savent pas s'en servir parce que la dialectique leur fait défaut. C'est ainsi qu'il faut entendre ces paroles de Melchior : « Werden wohl locales, kônnen aber das, so sic lernen, . . . nicht vertheidigen. » (3) Civilistisches Magazin de HUGO, II, 232-237. MUTHER, à l'endroit cité Doctor Johann Apell, 64, 65. 2™" SÉRIE, TOME XL. 56 ( 874 ) les sources elles-mêmes, afin de leur donner une forme meilleure. Un passage du traité De oratore (1) devait jouer un grand rôle dans ces tentatives. Cicéron place dans la bouche de Crassus les paroles suivantes : « Si enim aut mihi facere licuerit quod jam diucogito, mit alius quispiam aut me impedito occuparit aut mortuo e/feceritj ut primiim omne jus civile in gênera digérât, quae perpauca sunt, deinde eorum generiim quasi quaedam memhra dispertiat, tum j)ropriam cujusque vim definitione declaretj perfectam artem juris civilis habebitis, magis magnam atque uberem, quam diffîcilem atque obscu- ram. » « On crut savoir alors, dit M. Bluhme (2), comment le droit devait être exposé. On se demanda si les livres de Justinien répondaient à ce que Ton croyait être autorisé à exiger, et Ion trouva que non. » Guillaume Budé se pro- nonça dans ce sens dès Tan lo08. On se mit à critiquer, soit l'ordonnance des livres et des parties, soit celle des lois dans chaque titre. On essaya de systèmes nouveaux. Mais cette tendance rencontra une opposition énergique, dans le sein même de l'école élégante. Plusieurs des membres de cette école, et des meilleurs, craignaient que ces innova- tions ne fissent disparaître les traces du passé, au préjudice de l'interprétation historique des jurisconsultes; d'autres prévoyaient que les difficultés provenant des changements apportés à l'ordre traditionnel et connu feraient tort à (1) De Oratore I, XLII, 190. — L'ouvrage perdu de Cicéron De jure civili in artem redigendo a fait l'objet d'un travail excellent de Dirksen (Académie de Berlin, '1842. Hinterlassene Schriften I, 1871). (2) Zeitschriftfur geschichtliche Rechtswisseuschaft, IV, p. 379. ( 875 ) l'élude immédiate des sources. Selon d'autres enfin, Jusii- nien a exécuté de point en point le programme de Cicéron; sa compilation bien comprise satisfait à toutes les exigences possibles d'ordre et de méthode; mais il la faut bien com- prendre (1). Le plus connu, parmi les auteurs qui ont (avec maintes divergences) soutenu cette thèse, est Joachim Hoppers (2). L'un des premiers, le premier peut-être, et probablement le plus enthousiaste, fut un docteur régent de l'Université de Caen, en Normandie, aussi connu comme linguiste (5), Jean de Drosay, seigneur de Sainte-Marie, dont la théorie, développée dans ses leçons, n'a été com- muniquée au grand public qu'après sa mort. IIL Je n'ai de renseignements ni sur la naissance de Jean de Drosay. ni sur son décès, lequel ne peut être postérieur à iS4o et n'est pas antérieur à lo43 (4). Je crois sa famille (-1) Bluhme, à l'endroit cité, p. 381 et suivantes. (2) Dans l'excellent traité intitulé Seduardus , sive de vera jurisprudentia, au livre IV. Voyez notamment le titre 14... « Recta ratio videtur, ut prout quisque liber juris et quo ordine scriptus est, ita sit exponendus. » f8) On cite souvent ses Grammaticœ quadrilinguis partitiones in gratiam puerorum Paris , Wecliel, 4544. Il semble qu'il avait aussi composé une grammaire française . V. p. 'lo4 de la grammaire quadrilingue. (4) HuET l'appelle Drosay, et c'est ainsi que s'orthographie aujourd'hui le vil- lage du même nom. D'autres, ainsi La Chesnaye des Bois, appellent cette famille Drosey, d'autres encore Drossey ou Drozay. Huet ne consacre à notre juriste que quelques lignes ; la biographie Hoefer, dix ; M. Cauvet, M. Frère moins encore. SERViN,LECERF,la biographie Michaud ne paraissent pas le connaître. M. Lalanne le mentionne comme grammairien d'après La Monnoye. Le privilège royal de la Méthode de Drosay, livre posthume, est du 4 juin 1544. Le titre porte 1545. — Drosay a daté des Ides de septembre 4542 l'avant-propos de sa grammaire qua- drilingue. Cette grammaire a paru en 1544; rien n'indique qu'il fut déjà mort lorsqu'elle a été imprimée. ( 876 ) • anoblie par office; elle paraît avoir tenu un rang hono- rable dans sa province (1). J'ignore où Drosay fit ses études et où il prit ses degrés. Sa haute culture littéraire est attestée par chaque page de sa méthode. Sa grammaire aussi en fait foi; il s'y montre versé dans l'hébreu et le grec, non moins que dans le latin et le français ; quelques passages écrits en sa langue mater- nelle ne sont dépourvus ni de style ni de vigueur. J'en citerai, comme spécimen, la définition de la nature et du but de la grammaire. « La grammaire, dit-il, enseigne quatre choses : la façon » d'escrire, la manière de Hre, la raison de dire et Tordre » de parler. » La première partie besongne aux letres ; la seconde aux » syllebes ; la troisiesme aux dictions et la quatriesme aux » oraisons. » Les fins de chascune partie sont bien escrire, plaisam- » ment lire, sçavoir la propriété des dictions ; et cognoistre (i) Un Jean Drosey, qui vivait encore avec sa femme en l'an 1428, était notaire et secrétaire royal. C'est probablement à lui que notre auteur fait allusion en ces termes : « Mihi jucunda est recordatio avi et proavi mei, quorum hic Carolo régi VI Magister scrinioae fuit, ille autem Carolo VU, a libellis et sub North- manniae Seneschatlo praeses Rothomagensis , quorum mihi adhiic sunt domi libri membranis descripti, singulis i7iitiis aureis litteris illustratis. » Methodus, pp. 59, 60. Le chartrier de Saint-Pierre-sur-Dives mentionne un Jeau de Drozay, Ecuyer, Seigneur de Sainte-Marie-aux-Anglais, qui peut avoir été le père du pro- fesseur ; il siégeait, en 1483, avec le Sénéchal de l'abbaye et d'autres écuyers pour juger divers criminels. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, VII, I, p. 261. Un autre Jean Drozay, seigneur de Sancey et de Beaucoudray, épousa, vers 1S30, Marguerite de Murdrac. Ce n'était probablement pas le nôtre, qui s'intitule Samarianus. Vertot mentionne un Jacques Drosey de Sainte-Marie, reçu chevalier de Malte, le 30 juillet 1631. La Chesnaye des Bois donne les armes de la famille Drosey : d'azur au chevron d'argent chargé de six coquilles de sable et accompagné de trois croissants d'or. (877) » l'ordre convenant des oraisons. Le but et ce àquoy tend » toute la grammaire, est sçavoir bien parler et composer, » juger de tous autbeurs et les exposer. » Grammaire doncques, est une certaine raison et ma- » nière de parler et composer, c'est a scavoir que les » autbeurs ont gardée. Et est ainsi appellée de lignes ou » letres premiers comencemens de cest art, pourceque » aux Grecz ce mot rp^.'^i^'? signifie ligne, et ce mot » xpa^pa leire. » Or ceste manière Dieu aidant, sera quasi pourtraicte » en ce petit livret » Peut-être Drosay a-t-il assisté aux leçons de médecine du célèbre Jacques Dubois, avec lequel il avait plus d'un point de contact en sa double qualité de philologue et de méthodiste (1). Il semble que Drosay ait commencé d'enseigner à Caen en 1529 (2). En effet, dans sa préface De ratione docendi immiitataf que je crois être de 1558 ou de 1 oo9, postérieure par conséquent de cinq années au moins au discours de ve- tere ac noviliajurisprudentia de Bérauld, il dit professer le (I) « Quemadmodum enim admirabilis ille medicus Jacobus Sylvius, cum novissime Parisiis Galeni libros exordiutur de sanitate tuenda » (p. 460.) — « Ut ab Sylvio ipso alias audivi. cum Galeni libros de sanitate tuenda Parisiis praelegere inciperet. » (p. 69.) — C'était avant le voyage de Dubois à Montpel- lier, qui eut lieu en lo30. La célébrité de Dubois attirait beaucoup de monde. L'auteur de la Grammaire quadrilingue devait sympathiser avec l'auteur de VIsagoge in linguam gallicam et du traité De medicinae ordine et ordinis ratione. Drosay cite également, dans sa grammaire, la grammaire de Sylvius. [2j II enseignait le droit civil, c'est-à-dire le droit romain. Les cours de droit romain avaient été abolis à Caen en 1433, parce que « ledit estude ne serait utile pour le pays de Normandie, qui est tout réglé par coustumes, » Cf. Bulaeus, Hist. univ. Paris. V, 426. — Ils avaient donc été rétablis. En l'an do38 ou 1539, Drosay faisait un cours de droit public (romain). P. io8 : « Hoc autem (anno) quo publicum jus praelegimus. » ( 878 ) droit civil dans cette académie depuis environ dix ans (1). Ce fut à ce moment qu'il résolut de changer de méthode, d'adopter l'enseignement nouveau « qu'a prescrit, il y a ») mille ans, Justinien lui-même, et que développent y> aujourd'hui dans leurs élégants écrits Budé, Alciat, » Zasius, Cantiuncula , Nicolas de Lescut, Ferrarius, » Hegendorphinus, Oldendorp et Baron (2). » Dans la préface générale, placée en tête du livre, laquelle me paraît être de 1543, notre auteur dit qu'il est voué depuis quatorze ans à « cette très-salutaire profession (o). » Les matériaux de son enseignement, ses cahiers de diver- ses dates, forment, avec quelques pièces qui y sont inter- calées, le volume assez indigeste dont je veux essayer de donner une idée, d'après la première édition, que j'ai seule sous les yeux. Drosay mourant en avait confié à un ami le dépôt et la publication (4). (1) « Cuin autem jus ipsum civile annisjamplus miuus deceni iu hac nostra florente academia vulgari scholarum more professus fuerim, . . » (p. 159) — Cette préface est un discours aux étudiants , à l'ouverture du cours sur le Code de Justinien. Or, il ressort d'un avant-propos adressé au lecteur, que \ Économie des Pandectes de Baron avait paru au moins trois ans auparavant, et l'Économie est de 1535. D'autre part. Drosay dit dans ravant-4)ropos de sa Grammaire quadrilingue . adressé « Puerorum praeceptoribus », que l'idée lui en est venue eu instruisant dans les langues ses petits-fils ou ses neveux : « Cum rationem quandam expedi- tissimam exquirere, qua nepotes cliarissimos in linguis instituerem. » — Si l'on ne traduit pas nepotes par neveux, il faut admettre que Drosay a commencé tard l'enseignement du droit. (12) « Novus autem docendi modus is erit. qnem nobis ante mille anuos orationi- bus suis plane divinisipse juris author praescripsit, et hodiejam clarissimi multi viri scriptis suis elegantissimis effinxerunt veluti Budaeus, Alciatus. Zazius, Can- tiuncula, Nicolaus a Scuto, Ferrarius, Hegendorphinus, Oldendorpius et Aeguina- rius. » ip. lo9.) (3i P. 9 : « Et ego huic saluberrimae profession! a quatuordecim jam annis consecratus sim. » (4j Épitredédicatoirc d'ANDRÉ GiNOUX, Andréas Ginosius Sauctambrosiensis. Vovez les notes suivanles. ( 879 ) IV. Le titre de ce livre posthume annonce clairement la thèse qui y est posée et soutenue. Le voici, tout au long, d'après la première édition : Juris Miicersi Jusiinianea Methodus, olmi a Cicérone optimo juris artifice praescripta, imnc Dei munere veluti postliminio revocata, per D. Johmmem Drosaeiim Sama- rianum, juris utriusque antecessorem , apud Cadomum celeberrimam Northmanorum Academiam (1). André Ginoux de Saint-Ambroise donne quelques ren- seignements sur l'origine de l'ouvrage dans son épître dédicatoire adressée à l'illustre et infortuné Spifame(2), et Drosay en refait le récit dans sa préface. Il voyait Justi- nien se vanter d'avoir rédigé le droit comme Cicérofi l'avait voulu faire (o). Or, il ne pouvait croire que Justi- nien se fût vanté sans juste motif. Il s'appliqua dès lors, de toutes les forces de son esprit, à la recherche de cet « art » de Justinien et de Cicéron , et n'eut trêve ni repos qu'il ne l'eût retrouvé. Cet art constitue la vraie méthode, pista juris docendi ratio, préférable à toutes celles que les modernes ont forgées. Grande a dû être la colère divine, (1; Parisiis, apud Maturinum Dupuys, sub signo hominis sylvestris, et insigni Frobeiiiano,in via ad divum Jacobum, MDXLV. Cum privilegio regio ad quinquen- nium. — Bluhme ne connaissait pas cette édition lorsqu'il a publié son excellent travail sur l'ordre des fragments dans le Digeste, Zeitschrifl fïir geschichtliche Rechtswissenschaft, IV, pp. 207-472. Autres éditions : Cologne, 1564; Paris, 4565 . (2) Ginoux était alors précepteur des jeunes Hurault, qu'il appelle « Hiiraul- tios summae spei adolescentes meae curae commissos. » Un de ses élèves est devenu, si je ne me trompe, le célèbre chancelier Cheverny (1528-1599), qui ne parle pas de Ginoux dans ses Mémoires. On connaît la lugubre histoire de Jacques Spifame, qui fut décapité à Genève , en 1566, pour adultère et pour faux. (3, Épître dédicatoire de Ginoux, p. 6 : ... « Cum Justinianum saepe glorian- tem legisset, jus se universum in artem quandam redegisse, atque adeo tandem praestitisse, quod Cicero se facturum reccperat » ( 880 ) qui l'a cachée si longtemps ; grande est la miséricorde divine, qui l'a enfin révélée pour le plus grand bien de l'Etat, lequel sera restauré bientôt, et des particuliers, dont les procès seront décidés dorénavant avec moins de peine et moins de frais (1)! Drosay déclare avoir été mis sur la voie de sa découverte par le passage où Justinien parle de la nature et de la vertu des nombres (2) , et par un petit traité. De aperiendis studiis, qu'un ami lui avait donné, traité contenant une méthode très-commode par laquelle les jeunes gens peuvent, avant d'avoir accompli leur vingt et unième année, acquérir aisément toutes les sciences (5). Il entreprit là-dessus la lecture du Code; il en saisit Tordonnance, avec laquelle il compara celle des Insti- tutes, des Pandectes et des Novelles. Lorsqu'il écrivait sa préface générale, quatre ans s'étaient écoulés depuis (1) i>/e///oc?z<5, pp. 9 à 10 « Magna profecto fuit adversus mortales ira divina, quod talis hactenus latuerit methodus, a viris in toto orbe dignitate, literis, et rerum cognitione excellentibus, imperiali auctoritate, sic elaborata : unde ubique litium tantum incendium accensum est : Respublica pêne interiit, singulis quae sua sunt tantum curantibus. Contra autem summa Dei misericordia est, pro qua gralias ei maximas agere debemus, quod eam quoque, ut alias omnes bonas artes, nostris temporibus revelare dignatus sit, inde spe bona concepta. quod brevi Respublica instaurabitur, et minoribus posthac inipensis ac laboribus lites decidentur. » (2) Constit. Tanta, § 1. Methodus, p. il : « Praeterea JusLiniani locus ille de natura et arte numerorum, . . . tam alte auimo meo insedit, ut ante non quie verim, donec ex praelecta Jordanis et Orontii quoque arithmetica, ejus scnsum aliquem assecutus fuerim » — Oronge Fine, de Briançon, à la fois homme politique et mathématicien. Sa Protomathesis a été imprimée à Paris en 1382. Les dix livres d'arithmétique de Jordanus, annotés par Lefévre u'Etaples. ont paru en ii96 ; d'autres ouvrages de lui en lo83-lo36. (3) Ibid. : « Intcrea cujusdam libellus, qui de apeiiendis studiis inscribitur ad me amici dono pcrvenit, qui rationem commodissimam aperit, qua possent adolescentes ante vicesimum primum annum omne genus sibi disciplinarum facile comparare, si primum earum professorcs horis dislinctis gênera omnia et species continuo summatim omnibus cxponcrent, dcinde minutiora propriis unus- quisque discipulis praelegcre.. » Je ne sais quel était ce merveilleux opuscule. Ce ne peut guère être le Liber de lUterarum ludis rccte aperiendis de Stlrm ;1o39). (881 ) lors, ce qui s'accorde avec ce que j'ai dit plus liaut (I). On me dispensera, j'espère, denumérer les étapes par lesquelles Drosay dit être passé pour arriver à la convic- tion que Justinien a réalisé, avec un art admirable, le projet de Cicéron, et que les titres de sa compilation constituent un traité suivi, composé méthodiquement et didactique- ment : « titulorum traclatiis perpétuas esse orationes, génère (UdascaUco compositas (2). » Ces confessions ingénues peuvent paraître un peu puériles. Cependant, on y voit poindre le germe de la découverte brillante qui a fondé , quatre siècles plus tard , la réputation de Bluhme (3). On ne peut s'empêcher de respecter le besoin d'ordre, de clarté, de méthode, de logique qui se trahit partout dans ce livre si médiocrement agencé; et l'on sait gré à l'auteur de la peine qu'il se donne, pour peu qu'on réfléchises combien il a fallu de tâtonnements stériles en apparence pour réaliser des progrès qui nous paraissent aujourd'hui faciles et naturels. Je ne suivrai pas non plus Drosay dans les paratitles, arguments, commentaires qu'il donne, toujours avec l'in- tention déclarée de démontrer la réalité de sa découverte, (4) Pp. 41 à 12. (2) Pp. 10 à 13. « Haec itaque ars est nietliodusque Justinianea, ad Ciceronis omuino praescriptum elaborata : quam qui probe aperuerit, veluti Cneius aller Flavius cornicum oculos confixerit, jure sic omnibus pervio reddito (p. -12). « — P. 227 : ... a Hac imperatoria et Ciceroniana methodo nune Dei gratia veluti postliminio revocata, quicquid inter duos asseres uno volumine continetur, unico prendum intuitu exhibemus Quod si seniel videres, in te sui amoreni plane mirabilem haec juris Idea pulcherrima statim excitaret. Hac via sane regia, et omnium meo judicio faciilima, juris universum ordinem clarissime dispicias. In Pandectis originem, in Codice processum, in Novellis consummationem et in Institionibus omnium summam quandam brevissimam. » (3) Voir la dissertation de Bluhme dans la Zeitschrift fur geschichiliche Rechtswissenschaft , citée plus haut. Bluhmk juge bien Drosay : « D. zerarbeitet sich grossentheils mit vieleni Fleisse an der Ausfuhrung ungeniessbarer Ideen An einzeluen grundlichen Bemerkungen fehlt es iibrigens nicht. w A l'endroit cité, p. 385. — Voyez HuGO, Geschiclite des romischen Redits seit Justinian, p. 277 de la 3« édition. ( 8S2 ) sur les Institutes (1), sur les sept parties ou Wnes du Digeste, à grands traits et comme à vol d'oiseau, pour manifester ce qu'il appelle « generum digestio et membro- rum parlilio (2), » sur les trois préfaces de Justinien (5) , sur l'épître d'Haloandre (4) et même sur l'épigraphe grec de la Florentine (5); puis, en entrant dans le détail, sur quelques litres des Pandectes (6) ; puis encore sur le Code en général (7) et sur le prologue du Code en particulier, avec analyse des diverses périodes oratoires des trois con- (1) Pp. 46 à 21. Il termine par ces mots : « Haec est Institutionum civilium œconomia pulcherrima, quam si animo conceptam tenueris Pandectas facillime intelliges. » — Il recommande, pour les Institutes, un ouvrage absolument ignoré aujourd'hui: « tabulam D. Ranchicurii subjecimus, ante quinquagiuta annos, licet huius tabularii recentiores non meminerint, typis excussam, quod ad eam lectorem in hac methodo saepe remitlimus. » J'ai cherché vainement ce tableau, qui doit avoir été imprimé vers 1490. L'auteur n'est plus connu. On peut conjec- turer qu'il s'appelait Ranchicourt. Or, un Pierre de Ranchicourt, fils de Jean, qui était économe du comte Jean II de Nevers, a été protonotaire aposto- lique, chancelier d'Amiens, chanoine de Cambrai, archidiacre de Valenciennes , enfin évèque d'Arras, oii il est mort en 1499. Peut-être est-il l'auteur de ce tableau, duquel Drosay dit que les auteurs récents ne le mentionnent plus. {% Pp.21àoO. (3) Pp. oO à 61 : « Quarumeîiam œconomiam etvarios usus indicavi , quod meo judicio studiosis et excitandis et praeparandis maxime conducant et clarissime Pandectarum methodum aperiant. » (4) Pp. 61 à 62. ... « Quo doctissimi viri votum sanctissimum et pios labores studiosi intelligentes, libentius hanc juris resiitutionem am plectantur. » (5) Pp. 62 à 64: « Ut nihil excitandis studiosis desit ! » (6; De Justicia et jure, pp. 63 à 76; De Origine juris, pp. 76 à 78; De legibus, pp. 78 à 88; De Constitutionibus principum, pp. 89 à 90; De statu homiiium, pp. 90 à 95; De iis qui sui vel alicui juris sunt, pp. 95 à 403 ; De adoptionibus pp. 403 à 425; puis viennent deux pages et demi d' « accommodation » communes aux trois titres précédents; puis De divisione re?-MHj,pp. 426 à 428; puis deux paratitlcs sur tous les titres relatifs aux magistrats, pp. 428 à 432; puis Dejuri- dictioue, pp. 432 à VAH;Dejure Jisci,^]). 438 à 443; De captivis, pp. 443 à 451; De castrensi peculio, pp. 454 à 457. (7) Juslinianei codicis générale argumentum ejusque ad Pandectas pcr sin- gulas partes co//a^/o, pp. 461 à 465; se terminant par ces mots adressés aux étudiants : « Hoc générale est argumentum, quod tanquam novae meas rationis primum spécimen, ideo nunc praemitfere cupicbam. quo librum pulcherrimum, ac simul utilissimum a me sicutcumque excitati et praeparati, postea legeretis alacrius, inlellegeretis facilius, et memoria teneretis fidelius. » ( 885 ) stitulions Haec quae neccssai'io, Summa reipublicae et Cordi (1), sur les deux premiers livres du Code (2), sur le droit publie confeiui au premier et aux trois derniers (5) , enfin sur les livres des fiefs, en dix lignes (4), et sur les Novelles en deux pages (5). Je crois mieux faire en me bornant à signaler certains traits de notre auteur, qui me paraissent caractéristiques : ils ont plus de prix à mes yeux que les explications érudites de mots et de choses où il se complaît et qui sont parfois d'un grammairien plus que d'un jurisconsulte (6). L'un de ces traits , c'est sa connaissance parfaite des derniers pro- (1) Pp. 16fi à 184. (% Pp. 484 à 228 : « Argumenta tam specialia quam singularia. » (8) Pp. 228 à 237. (4) P. 237. Il y recommande aux élèves Oldendorp d'aborcl puis, quand ils seront plus avancés, Zasius, enfin Frédéric Schenck de Tautenberg, dont le commentaire récemment publié (lo37) avait eu d'emblée un grand succès : « Lege prinmm Oldendorpium. deinde Zazium, postea dictum Friderichum qui vulgatam editionem sequutus est. vir alioqui eloquentissimum. » (3) Pp. 237 à 238. En voici la pensée finale : « Haec de Jusliniani Novellis ad praesens sufficiant. quibus suprema quasi manus juri civili imposita est, ut in illis extet postrema constitutionum civilium emeudatio » — Suit un très-bon répertoire alphabétique. (6) On lui en faisait le reproche. Il en parle et y répond dans sa préface au Code de Justinien (p. lo8) « In tyronum autem gratiam uonnuUa conscrip- simus, quae reserare quidam monebant, quod eorum judicio infra juris doctoris dignitatem viderentur. At multorum consilio ea nunc relinquere maluimus, ut Justinianeae compositionis exemplum in posterum diligentius observandum juve- nes accipiant, et utilitatem quam inde consequi possunt, perspiciant, si hoc modo periodos, cola, et commata numerantes, et vocabula praecipua discutientes, ora- tiones universae filum et ordinem dispiciant. Legum materias, ut loquuntur. seu theoricas ant doctrinas, quas post Accursium copiose tradunt Doctores, a nobis omissas alii caussantur. At ego juris artem commodissimam, a nemine quem legerim hactenus tractatem ex ipsis manifesto : quae primum ex ipso textu intégra scientia ordine suo brevi percipi et Accursium postea at Doctores omnes cum libuerit, facilius intelligi et memoriae mandari possint. Juris praeterea termines a me negligi alii falso putant, qui me cum recentioribus caeteris doctissimis viris légales tantum grammaticos appellant. At nihil ego magis conor, quam ut generum et membrorum omnium vocabula prius probe explicata juris studiosi habeant, ut singulorum postea titulorum definitiones facilius percipiant. » Cf. p. 20o. ( 884 ) grès réalisés, surtout par les Allemands, clans Texposition philosophique et dans la méthode, en quoi il se rattache aussi au groupe nombreux dont j'ai parlé au commence- ment de cette notice. Un autre trait, moins original peut- être, mais non moins intéressant, c'est l'esprit national, le patriotisme scientifique et juridique de ce connaisseur de l'étranger et de l'antiquité. V. Drosay est un moderne, tout autant que l'était Lorioz qui écrivait, à peu près à la même époque, sa lettre à l'étudiant d'Orléans. 11 a reconnu que son enseignement selon la mode ancienne était peu fructueux, et il l'a changé, ainsi qu'on l'a vu tout à l'heure (1), dans le sens de la brièveté, de l'élude des textes et d'une forme élégante et rationnelle (2). Il témoigne du respect aux Glossatenrs et (1) « Cum autem jus ipsum civile annis jam plus minus decem in hac nostra florente academia vulgari scholarum more professus fuerim, labores vero tantos paucis adeo intelligam profuisse eloquentissimorum nostri foelicis seculi inter- pretum exemplo provocatus, consuetum docendi modum nonnihil immutare decrevi. Si enim recentiores ceterarum artium praestansissimi professeras, lin- guarum et bonarum ariium adjuti cognitione, qua nostri majores temporis infœlicitate viri alioqui acutissimi erant deslituti, jam suam pêne omnes tradi- tionem emendarunt, cur nobis quoque jurisconsultis id non licebit, ut saltem postremi omnium resipiscamus, qui aliorum duces (si authores nosti'os imitare- mur) esse debueramus ? » p. 439. (2) P. 228 : « Hanc omnino viam restituere academiis affecto, quam dudum praescripserunt ordiuatores earum sapientissimi, ut juris quidem tyronibus lectu- ram alii textualem facerent : iis autem qui jam provecti esscnt, unus aut alter cum apparatu. Quod cum ignoratione docendi praestare non possent, confusanei quidam rccitatores verius quam doctores, bonis tamen viris, qui nunc bonarum litterarum auxilio totis viribus eam conantur adserere, invidia teterrima detra- here non erubescunt, » — Drosay recommande aussi l'Histoire de Du Rivail et les Vies des Jurisconsultes de RuTiLius. Il insiste sur la nécessité de connaître l'histoire, non-seulement de Rome, mais du pays où l'on doit appliquer les lois romaines, et sur l'utilité de la géographie. ( 885 ) aux Docteurs (1), mais sa philosophie est celle de Mclanch- thon et de Lefèvre d'Étaples, et les auteurs de droit qu'il invoque sans cesse, tout en les combattant quelquefois sur des points spéciaux, sont non-seulement les Français, tels que Budé, Baron (2), Longueval (3), Nicolas de Lescut (4), Claude Cotereau (5), mais encore et surtout les Allemands qui formaient prceiscment alors une élite de grande valeur: Apell, dont VIsagoge posthume venait d'être publiée (6), Spiegel (7), Derrer (8), Hegendœrffer (9), Adam Wer- (1) Pp. d3 à -14 : « Quid igitur inutilia erunt excellentum virorum commentaria? superfluus item Accursius? Nequaquam pi'ofecto sic nobis visum fuit. . . Boni certe sunt. ut de lege ait Apostolus, si qnis bene utatur. , . — Nec doctores igitur nec Accursium destituimus, sicuti nos quidam falso calummiantur : imo magis stabilimus, viam aperientes, quo ipsis commodissime utaris, sicut nec legem destruebat Apostolus, cum fidem, qua lex demum impletur, praedicaret. » (2) Baron, duquel Drosay dit qu'il a découvert Vars juris, a répondu aux objections de Drosay dans un tout petit opuscule intitulé : Cavillorum quœ lo-Drosœus moriens in adversariis niiper reliquit adversus aliquot hujus œco- nomiae locos, dissolutio, qui est imprimé à la suite de VOEconomia, dans l'édition des œuvres de Baron, Paris, 4598, tome III, p. 318. Baron s'adresse aux mânes de Drosay : 0 pie Drosaei spiritus ! 0 pii mânes , etc. (3) Le commentaire de Longueval sur la loi hnperium est de 4539. (4) Les Actions de Lescut sont de 4537. (5) Le traité De Re militari de Cotereau est de 4539. (6) En 4540, à Breslau. La Methodica dialectices ratio ad jiirisprudentiam accommodata a paru en 4535. Jean Apell est mort en 4536. Voyez sur Apell, la savante notice de M. Muther, Doc/or Johannes Apell, Kœnigsberg, 4864. (7) Jacques Spiegel n'est pas mort avant 4546; son Lexique a été imprimé pour la première fois à Strasbourg en 4538-4539. Voir ma notice sur la Nomenclatura jurisperitorum àâïis les Bijdragen voor Regtsgeleerdheid en wetgeving^ iSIZ, p. 249, et suivantes; et le remarquable discours rectoral de M. de Stintzing (4875) sur le dicton Juristen bôse Christen, n. 6. (8) Mort en 1544 ; le premier volume de la Jurisprudentia de Derrer, professeur à Fribourg, a paru à Lyon, en 4540. Voyez sur Derrer : Schreiber, Geschichte der Albert Ludwigs IJniversitàt zu Freiburg, II, pp. 330 à 332. (9) Christophe Hegendoerffer, mort en 4540, professeur à Francfort-sur- rOder de 4535 à 4537. Les ouvrages juridiques de cet homme distingué ont paru en 4535, 4537, 4539. ( 880 ) ner (1), Oldendorp (2), Kling (5), Lagus (4), Ferrarius (5), enfin, naturellement, Zasius et Cantiuncula. Drosay est au fait des productions les plus récentes de tous ces hommes qui unissaient, dans des mesures diverses, l'esprit philoso- phique à la science du droit, et qu'on peut qualifier, par excellence, de jurisconsultes réformateurs. Les Italiens, juristes, philologues, antiquaires, ne lui sont pas moins familiers ; il allègue aussi des Anglais, tels que le gram- mairien Thomas Linacre (6), et des Flamands, tels que Josse de Clichthove. Je sais bien que l'unité de langue rendait plus faciles alors qu'elles ne le sont à présent, les relations entre les hommes d'étude de nations différentes. Mais il n'y en a pas moins quelque intérêt à constater combien vaste était, il y a trois siècles, l'horizon intellectuel d'un modeste pro- fesseur de Normandie. VI. Et Drosay était bien de son pays, aimant ses bonnes villes de Rouen, de Caen, de Bayeux; sa très- florissante, très-sacrée et très -chère académie ; sa riche province. (1) Adam Werner, professeur à Heidelberg de 149d à io37. V. Stintzing, Ceschichte der populàren Litteratur, p. 176. (2) Jean Oldendorp, mort en lo67, professeur à Cologne et Marbourg. Son traité De formula a paru en lo38, ïlsagoge en 1539, les Actions, les Variae, la Practica en 1340, (3) Melchior Kling, professeur à Wittenberg,niorten 1S71. Ses Enarrationes sont de 154± Voyez sur Kling, iMuther , dans la Zeitsclirift fiir Rcchtsyeschichte . IV, pp. 438, 439."^ (4j Conrad Haas, professeur à Wittenberg, mort en 1346. La pemière édition de sa Methodica juris iractatio est de 1543. (5) Jean Eisermann, mort en 15o8, professeur à Marbourg. Ses Commentaires aux Institutes et au titre de Regulis juris sont de 1336, le traité des Appels, etc., est de 1342. (6) Thomas Lynacer, né en 4460, mort en 1324, auteur du célèbre traité De emendata structura latini sermouis. ( 887 ) Il évoque avec plaisir les souvenirs de sa famille; les allusions locales ne manquent pas non plus dans son livre. La classis Scleucena lui rappelle les flottes de Dieppe et de Honfleur; il compare les deux métropoles de la Phénicic, Béryte et Tyr, aux deux sièges épiscopaux de son diocèse, Caen et Bayeux ; et à propos des primats d'Alexandrie, il remarque qu on pourrait donner le titre de primats de Nor- mandie aux citoyens de Rouen (1). Il mentionne, à propos des Maiumae, la coutume de porter au premier jour de mai un arbre par la ville (2). Ces rapprochements, qu'il serait aisé démultiplier, ne proviennent point d'un caprice, mais, au contraire, d'un principe, d'un système : c'est que le droit romain ne doit point être étudié comme un droit mort ou étranger, et qu'il faut Vaccommoder à l'état et à l'usage de la République (3). De là des accommodations, qui suivent l'exposé du con- tenu des titres et dans lesquelles Drosay compare le droit de Rome à celui qu'il a sous les yeux. Il accommode ainsi à la France de François 1% les règles du Digeste qui ont trait à l'état des personnes et il trouve que cette matière a bien changé : au point de vue de l'état respectif, qu'il oppose à l'absolu, il constate que tout le monde est suijuris, sauf les moines, qui sont serfs des abbés, et les enfants légitimes jusqu'à leur mariage, qui sont soumis à leurs parents; il (1) Lit. C, X,28: De Alexandriae primatibus. Drosay, p. '234. (2) P. 235: . . « Error est ergonosti'orum qui existimantillud esse festum, cum in praescntem cliem quercum Calendis Maji ludentes in urbem juvenes portant. » (3) 123 : ... « Quoniam ex Ciceronis sententia, juris intcrpretatio ad Rci publicae formam usumque forensem accommodanda est, et cognitio (ut quidam aitî ad actionem transferenda » P. 166 :« Accomodatio vcro, qua leges sic prius expiicatae, ad Rempublicam postea nostram , usumque forensem accomodantur, et utilis earum usus osten- ditur. » ( 888 ) constate encore qu'il n'y a pas en France d'adoption, si ce n'est en une certaine mesure dans le monachisme (1). Ailleurs il compare les patrices aux pairs de France, le questeur au chancelier, les duumvirs aux maires et aux pré- vôts. Il applique aux relations du Roi très-chrétien avec l'Église et les hérétiques les constitutions du premier livre du Code (2). Il donne aux élèves quelques conseils pratiques pour acquérir d'une manière indépendante et sûre la con- naissance simultanée du droit romain usuel et du droit français (5). J'ai parlé de son patriotisme; on comprend que (i) P. 426: « Quod ad respectivum altinet omnes quidem sui jnris esse viden- tur, praeter monachos, qui serviunt abbatibus : ad quos servorum materiam trahi posse docet Inxocentius, qui ad eam rem comprobandam plerumque adhi- betur ; praeter etiam eos qui ex justis nuptiis procrcantur. quousque ducant uxores quos sub potestate parentum esse hoc evidenter arguit, quod ipsos parentes et in judicio emancipare soleant, licei talem potestatem in suos liberos non habeant, qualem olim Romani Et banc sententiam tenebatD.RENATUS GuAiNERius, doctor Pictavensis clarissimus. Caeterum adoptiones in hoc regno non permittuntur, praeterquam in mouachismo, ubi reperire est imaginem quan- dam utriusque adoptiouis : unde ab adoptione ad religionis ingressum argumcn- tum trahi poterit, ut plerumque faciunt doctores. H une itaque statum in hoc libère Francorum regno solos arbitror monachos usurpasse, apud quos alios videas tan- quam serves, et alios tanquam liberos iniques, et dominicam et patriam potesta- tem abbates habere constat. Quod jus est singulare religionis. » Voyez aussi les autres accommodations, pp. 482 à 484, 203 à 205. (2) V. note précédente. ^3) P. 483 : « Sic autem charceum volumen aliquod satis magnum prœparan- dum consulo, ut primum illud in certos libros secundum rerum civilium, quae sunt in usu, summa quaedam gênera, instar Justinianis Codicis dividat, deinde gênera illa in média seu in membra, per titulos quosdam suppartiat. Tum singu- lis titulis singula capitula, quse in usu esse cognoverit, tam ex jure Romano, quam ex patrio decerpta supponat. Ita tandem perfectum jus civile proprium habcbit, sibi magno usui postea futurum.Ita novi licentiatum quendam eruditis- simum tentasse, qui sub certis titulis undique brèves quasdam sententias sive conclusiones, tam ex consuetudine et stilo, quam regiis sanctionibus, et patriae usu non scripto, coUegerat : sed nihil juris scripli redegerat, neque etiam talem rerum civilium ordinem tenebat, quem nobis Justinianus ostendit. Sic in medicina periti omnes medici faciunt, qui sub certis rerum medicarum titulis ex universa medicina decerpunt, quae suae regionis hominibus commoda noverinl : quibus in omni vita utuntur, senectutis subsidia vocantes. » ( 889 ) je rcmends dans le seul sens possible au seizième siècle. Je vois chez Drosay un grand adaclienient pour son roi et pour la France, qu'il appelle « noire libre royaume des Francs. » Il voudrait la voir amendée et pacifiée et il croit (pie sa mélliode y pourra contribuer (I). H émet Tidée d'un Code général pour tout le royaume (2). Il méditait aussi, dit-il, de faire un système complet, à la manière de Cicéron et de Juslinien, du droit français, ou tout au moins du droit normand (5). Voilà plusieurs bonnes idées, saines, modernes, et qui me paraissent prouver que, tout illusionné qu'il pouvait élre, celui qui les a exprimées en un slyle pur et même élégant, n'était point un rêveur vulgaire. VIL Jean de Drosay est presque oublié aujourd'hui. C'est tout au plus si le patriotisme provincial songe à lui pour grossir le catalogue des Normands illustres; peu s'en faut qu'on ne le cherche en vain dans les compilations volumi- (I) Pp. -169, 161 : « Ita probe rempublicani utramque cognoscentes.atque rerum omnium civilium species et gênera earumque descriplas ordine naturas tenentes, promptius multo et salubrius, quœcumque causa consultaliove occurrerit, rcme- dium dabitis quam si immensa illa et iimumerosa commentariorum juris volu- mina consueto more legissetis : materiam(ulBuDAEUS ait) accendendarum lilium, quibus nunc Gallia passim flagrat, incendio quidem vix unquam deflagraluro, nisi prius meo judicio juvenibus leges in scholis eo quem dixi mjdo tradantur. » (2 Incidemment, il est vrai, et à titre d'hypothèse, p. 71 : « Unde Justinianum existimo omnes etiam contudisuenes colligi jussisse, ut operis ministri animad- vertcrcnt quid ex usu obtineret, aut jam immutatum esset : quemadmodum hodie faceret Rex noster Christianissimus Franciscus, si jus générale in regno suo con- dere vellet. » (.S) P. 12o : « Donec Deo volcnte, jus universum nostrie Gailiae, aut saltem Northmaniae, Justiniani exemplo in artem redigere valeani. » 2"^ SÉRIE, TOME XL. 57 ; 890 ) neuses où de longs articles sont consacrés aux comédiens qui ont eu leur jour de vogue, aux filles célèbres et aux hommes de lettres les plus obscurs. Il n'y a rien là qui doive surprendre. C'est dans Tordre des choses ; de plus méritants ont eu le même sort. Pourtant, l'histoire juridique ne rayera pas de ses regis- tres le naïf docteur de Caen. 11 est vrai que sa méthode ne vaut guère et que sa découverte est une illusion. Mais il faut voir en lui le savant loyal, chercheur, laborieux en des domaines variés, à la fois philologue et jurisconsulte, possédant sur le droit si morcelé de la France des vues de synthèse qui n'étaient pas encore banales alors, et au cou- rant de la science étrangère plus qu'on ne l'est maintenant. Il faut, encore et surtout, reconnaître et estimer en lui l'ouvrier de la réforme juridique et l'un des plus indépen- dants et des premiers. Car il a dû se former à la vieille école, et lorsqu'il est mort, à peu près en même temps que Budé, plusieurs années avant Bérauld, Connan et Baron, les plus grands jurisconsultes du grand siècle, les Cujas, les Brisson, les Hotman, les Doneau, étaient des adolescents ou des enfants; Mudée, Viglius, Bauduin dé- butaient; Denys Godefroi et Antoine Favre n'étaient pas encore nés. Malgré ses erreurs , Drosay est un de ceux qui leur ont ouvert et montré le chemin, et au-dessous de leurs noms glorieux, nous pouvons assigner au sien une place modeste, mais honorable, dans le Panthéon de la Renaissance. ( 894 ) CLA8S£ DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 décembre i875. M. Alph. Balat, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Ed. De Bussclier, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Ss^mue]^ membres. M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences et M. Chalon membre de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur exprime le désir de con- naître quelles sont les raisons qui ont déterminé le jury du dernier concours des cantates pour le grand prix de com- position musicale, à remplacer le programme des condi- tions exigées des concurrents pour les poèmes, par la disposition suivante qui formerait Tun des articles du pro- gramme des prochains concours : Les cantates auront pour sujet ou un fait historique ou ( 892 ) une création idéale susceptible de mouvement ou d'expres- sion dramatique. Elles ne doivent pas dépasser 200 vers. M. le Ministre a demandé, en même temps, si TAcadé- mie ne jugerait pas utile de préparer iin nouveau pro- gramme pour les littérateurs qui prendront part au con- cours pour le libretlo. Cette lettre a été envoyée à M. Gevacrl, président du jury permanent et l'un des membres du dernier jury des cantates. — M. le Ministre de Tlnlérieur adresse, pour être déposé dans la collection de l'Académie , un exemplaire en bronze, des médailles dont la désignation suit : Médaille commémorative de l'inauguration de la statue équestre érigée par la ville et le commerce d'Anvers, en riionneur de feu S. M. Léopold P% par Charles Wiener; Médaille commémorative de la visite de la Famille royale à Anvers , à l'occasion de la démolition de la citadelle du Sud, par F. Baeles; Médaille commémorative du mariage de S. A. R. M""" la Princesse Louise avec S. A. Mgr. le duc Philippe de Saxe, par Edouard Geerts. M. le Ministre a été remercié pour ce don. — MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des représentants adressent des cartes de tribune réservée pour la session législative 1875-1876. — Remercîments. — M. le chevalier Soenens fait parvenir des cartes d'en- trée personnelle, avec catalogue, pour l'exposition de sa galerie de tableaux, rue de la Charité, n*' 25, à Saint-Josse- ten-Noode. — Remercîments. ( 893 ) — M. le chevalier Léon de Burbure envoie la notice biographique de M. Ch. Bossclet, membre de l'Académie, qui lui a clé demandée par la classe des beaux-arts pour le prochain Annuaire. La classe remercie i\L de Burbure pour celte notice, laquelle figurera, avec le portait du défunt, dans l'Annuaire sous presse. — M. le vicomte Henri Delaborde, associé de la classe et secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts de l'In- stitut de France, adresse, à titre d'hommage, un exemplaire de VÉloge cCAuber, qu'il a lu dans la séance publique annuelle de l'Académie précitée, du 50 octobre i87o; 1 broch. in-4°. M. J. Franck, membre de la classe, fait hommage, de la part de M. Raab, professeur à l'Académie des beaux- arts de Munich, de sept gravures exécutées par cet artiste. Elles comprennent la Vierge de Raphaël et les portraits de MM. Zumbusch, C. von Piloty, Franz Defrcggen, KnabI et Leubach, professeurs à l'établissement précité. M. P. Génard, archiviste de la ville d'Anvers, adresse, pour la bibliothèque de l'Académie, quelques brochures dont il est l'auteur. Il annonce en même temps que, dans peu, il aura l'hon- neur de soumettre à la classe des beaux-arts un mémoire sur Rubens. Des remercîments sont volés aux auteurs de ces diffé- rents dons. — M. J.-P. Golfs, architecte à Ixelles, soumet le pros- pectus de son travail sous presse intitulé : Le Génie de V architecture^ et destiné, selon lui, à faire connaître, entre ( 89i ) autres, les motifs de l'époque précise de la naissance du style gothique dans nos contrées. Il joint à celte pièce une façade de cathédrale gothique, selon Técole française. La dennande de M. Golfs a uniquement pour but d'avoir à sa disposition la rotonde du Musée, afin d'y exposer le résultat de ses découvertes archéologiques. La classe décide qu'elle ne peut se départir des règles suivies en pareil cas. Elle regrette donc de ne pouvoir admettre la demande de M. Golfs, laquelle entraînerait implicitement le patronage de son œuvre par l'Académie. — M. le secrétaire perpétuel annonce que la commission administrative s'est occupée dans sa dernière séance, qui a eu lieu le 6 novembre précédent, du monument à élever à la mémoire d'Ad. Quetelet. Il a communiqué, dans cette réunion, la lettre qu'il avait écrite à M. le Ministre de l'Intérieur au sujet de ce monument. M. le Ministre, tout en assurant l'Académie qu'elle peut compter sur le concours pécuniaire de son déparlement, ajoute qu'il attendra qu'on lui fasse parvenir quelques renseignements sur le caractère et l'importance du monu- ment à élever, pour fixer le chiffre de l'intervention du Ministre dans la dépense. D'après le résultat des souscriptions reçues jusqu'au i" novembre courant, leur montant s'élève à environ 7,000 francs. La commission administrative, conformément à la délé- gation qu'elle a reçue de l'asseniblée générale des trois classes du 5 mai 1874, avait décidé que la classe des beaux-arts serait chargée, dans sa prochaine séance, de nommer une commission composée d'un architecte et de ( 895 ) deux sculpteurs, à laquelle seraient adjoints le directeur de la classe des beaux-arts et l'auteur de la proposition, M. Montigny, pour étudier le projet du monument en question. Le devis sera d'environ 12,000 francs. Le monument sera destiné au Palais-Ducal, que le gou- vernement s'occupe d'approprier pour l'Académie. La classe désigne, outre MM. Balat et Montigny, MM. Payen, G""^ Geefs et Fraikin , comme membres de la commission. — La classe a donné ensuite son approbation définitive au programme de concours pour 1876, rédigé lors de la dernière séance. Elle s'occupera bientôt du programme de 1877, au sujet duquel un appel est fait aux membres pour les questions qui y figureront. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Alvin rend compte d'une démarche qui a été faite auprès de M. le Ministre de l'Intérieur, au nom du conseil d'administration de la Bibliothèque royale, de la commis- sion directrice du Musée de peinture et de sculpture, ainsi que de la direction du Musée d'histoire naturelle, à l'occasion d'un accident survenu dans le laboratoire de chimie de l'école industrielle, établi immédiatement au-dessous de la Bibliothèque de Bourgogne et au milieu des bâtiments occupés par les collections les plus précieuses de l'Étal. Il demande que la classe des beaux-arts s'associe à cette ( 890 } démarche et appuie de son autorité la demande qui a été adressée au Ministre, et qui a pour objet la clôture immé- diate du laboratoire et la suspension de ce cours jusqu'à ce que la ville de Bruxelles, de qui dé|)end l'école indus- trielle, ait procuré un local [)Our y installer le laboratoire. La classe décide, à l'unanimité, qu'elle s'associe à la démarche dont elle vient d'être saisie. Elle a lésolu en même temps que les classes des sciences et des lettres, qui doivent se réunir dans quelques jours et qui ont autant d'intérêt qu'elle à la conservation du premier dépôt litté- raire du pays et des collections des Musées, seront priées de s'associer à la motion précitée. — La classe s'est constituée en comité secret, pour s'occuper de la discussion des titres des candidats présentés aux places vacantes, lors de la dernière séance, et pour l'inscription de candidatures nouvelles s'il y a lieu. Elle a arrêté, d'une manière définitive, la liste des élections. ( 897 ) CL\SSE DKS vSCIEUCES Séance du 15 décembre 1875. M. A. Brialmont, diiecteur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J.Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens , F. Dewalque, Ern. Quetelet, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Du- prez, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alb. Brinrt, F. Plateau, membres; E. Catalan, associé; J. De Tilly, F.-L. Cornet, correspondants. CORRESPONDANCE. Par une lettre du Palais , Sa Majesté fait connaître qu'elle regrette de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe. S. A. R. M"' le Comte de Flandre fait exprimer des regrets semblables. MM. les Ministres de l'Intérieur et des Affaires Étran- gères remercient de l'invitation qui leur a été adressée pour cette solennité, et s'excusent de ne pouvoir y assister. ( 898 ) M. le iMinistredes Travaux Publics et M. le président du Sénat expriment leurs remercimenls au sujet de la même invitation. — M. le Ministre de l'Intérieur communique une lettre du département de la Guerre faisant connaître que les pierres qui ont servi à la carte géologique du pays par feu Dumont nécessiteraient une dépense très-considérable pour être mises en état de fournir un nouveau tirage. Le dépôt de la guerre propose de faire usage de la carte en 4 feuilles, à l'échelle du 7i60,ooo, qu'il vient de publier et sur laquelle on pourrait ajouter les données géologiques actuelles. La classe renvoie ces pièces à l'examen de MM. De- walque,Briart et Cornet. — MM. F. Putzeys et A.Swaan, de Liège, adressent un pli cacheté contenant l'exposé sommaire de recherches toxieologiques qu'ils poursuivent encore, écrivent-ils, et pour lesquelles ils désirent prendre date. Ce dépôt est accepté. — M. Cavalier envoie son résumé météorologique pour Ostende pendant le mois de novembre 1875. — M. P.-J. Van Beneden fait hommage d'un exemplaire de sa notice Sur les Pac/iyacantlius du Musée de Vienne. ln-8". MM. F.-L. Cornet et A. Briart font hommage des deux ouvrages suivants : l"* Sur le synchronisme du système her- vien de la province de Liérje et de la craie blanche moyenne du Hainaut; S** Note sur V existence, dans le terrain houil- 1er, de bancs de calcaire à crinoïdes. In-8°. ( 899 ) — La Société littéraire cl philosophique de Liverpool an- nonce qu'elle a expédié le volume XXIX de ses Proccedings. L'Observatoire physique central de Saint-Pélersbourg annonce l'envoi de la 2^ partie du tome IV de son Reper- torium flir Météorologie. — La classe renvoie à l'examen de MM. Folie et Cata- lan le Supplémefit (ou suile) à la note sur le second prin- cipe de la théorie mécanique de la chaleur, par M. J. De Tilly , correspondant de l'Académie. ELECTIONS. Conformément à l'article 2 du règlement général, la classe procède aux élections pour les places vacantes en remplacement d'un membre titulaire et de quatre associés. Elle s'occupe aussi de l'élection de deux correspondants. Les noms des élus seront mentionnés au compte rendu de la séance publique. JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL Deux mémoires avaient été envoyés en réponse à la cin- quième quesùon du programme de concours pour 1875. Cette question avait pour sujet : On demande la description du système houiller du bassin de Liège. Le premier mémoire porte pour devise : Omnia vincit labor. ( 900 ) Le second , les mots : La science n'est pas œuvre d'ima- gination, etc. Rapport de n. G. Octcnlquc. a Un premier concours ouvert sur cette question nous avait valu, il y a deux ans, une réponse qui avait reçu Tap- probation des commissaires, mais le concours fui prorogé pour permettre à Tauteur de notables corrections et addi- tions, notamment pour la partie historique, qui était presque nulle. Cette mesure a réussi, à certains égards, au delà de nos espérances, car un nouveau concurrent est entré en lice avec celui que nous avons été sur le point de récompenser naguère. L'Académie doit s'en applaudir; mais l'examen de ces volumineux manuscrits et l'étude comparée des nombreuses cartes et coupes qui y sont jointes de part et d'autre, ont imposé aux commissaires un labeur opiniâtre jusqu'à la dernière heure. Certes, en comparant les opinions des deux concurrents, nous n'avons jamais pensé à apporter ici un rapport qui précisât de quel côté est la vérité; mais les divergences de vues des auteurs sont telles, pour les districts peu connus, qu'il nous a paru indis- pensable de comparer, au moins pour quelques localités, les documents fournis par eux avec ceux que nous avons pu nous procurer. Appliquant celte appréciation à l'en- semble, nous croyons pouvoir dire que les éludes des deux concurrents ont été faites avec soin, et qu'elles ne peuvent venir que d'ingénieurs qui ont étudié à fond notre bassin houiller. M. l'ingénieur en chef-directeur des mines, inspecteur du service de la carte minière, a bien voulu mettre à notre disposition les nombreux documents accumulés dans son ( 901 > administration, tant pour faciliter nos études et nos appré- ciations que pour nous permettre de reconnaître éventuel- lement les emprunts qui auraient pu lui être faits. Nous lui en exprimons volontiers toute notre gratitude; et nous devons ajouter que nous avons trouvé dans ses bureaux des documents semblables à quelques-uns de ceux (juc le premier concurrent nous a envoyés il y a deux ans. Ainsi la grande carte jointe à son mémoire se retrouve dans les bureaux de la carte minière, mais dépourvue du quadrillé à l'aide duquel notre carte semble avoir été construite, de sorte que Texemplaire de l'administration parait être un calque du nôtre. Il kul remarquer ici que les résultats obtenus par le service de la carte minière ont été, par parties, libérale- ment communiqués aux exploitants intéressés qui en ont fait la demande. Ce qu'on sait aujourd'hui de la constitu- tion de notre système houiller est, en partie, l'œuvre de l'administration, en partie, celle des nombreux ingénieurs qui, dans nos charbonnages, se préoccupent de la question depuis nombre d'années; de telle sorte qu'il nous semble à peu près impossible de reconnaître à qui appartient la découverte de tel ou tel fait déterminé. Souvent, sans doute, les auteurs ne chercheront à revendiquer que la première publication de faits déjà connus. M. l'ingénieur en chef-directeur a bien voulu ajouter son appréciation personnelle sur certaines opinions expri- mées parle travail que nous venons de citer: nous en avons pris note, mais nous ne croyons pasdevoiren parlerdavan- tage, vu que nous n'avons pas à nous prononcer sur les pro- babilités plus ou moins grandes des conjectures qu'il est permis de faire sur la partie non explorée de notre bassin. Nous reviendrons sur ce point. Au préalable, nous allons ( 902 ) essayer d'analyser impartialement les œuvres des deux concurrents. I. Le mémoire qui porte pour épigraphe Omnia vincit labor improbîis, nous est envoyé par l'auteur qui s'était présenté au concours, il y a deux ans. Le travail soumis aujourd'hui à notre examen comprend, non-seulement le volumineux manuscrit, accompagné de quatre feuilles de cartes et de coupes, qui nous a été présenté à la séance du 7 août dernier, mais encore presque tout le texte du mé- moire présenté au concours de 1873, ainsi que les deux cartes et les coupes y annexées. Le temps a manqué sans doute à l'auteur pour faire une nouvelle rédaction de tout son travail, ce qui lui aurait donné l'occasion de faire çà et là d'utiles modifications : je le regrette beaucoup, surtout en présence d'un concurrent. Ce mémoire est précédé d'un Avertissement destiné aux commissaires. L'auteur y expose ce qu'il a fait pour se con- former aux indications des rapports de 1873, et il fait remarquer à celte occasion que les nouvelles recherches qu'il a poursuivies pendant dix-huit mois, ont partout con- firmé l'exactitude de la synonymie des couches qu'il a établie le premier, en se fondant sur des horizons minéra- logiques dont il a, le premier aussi, signalé l'importance. II ajoute à ce propos que, ses découvertes ayant été exposées dans les rapports précédents, il croit pouvoir, le cas échéant, en réclamer la propriété. Nous lui en donnons acte. Cela dit, voici, d'après cet Avertissement, l'ordre suivi par l'auteur et l'indication des parties conservées du pre- mier mémoire : ( 903 ) Chap. 1. Introduction (pages 1 à 3du mémoire de 1873). Chap. il Description géologique. (Texte nouveau, revu et complété). Chap. III. Relations de notre système houiller avec les bassins allemands de notre frontière Est et Nord-Est. (Texte nouveau). Chap. IV. Description minéralogique et paléontolo- gique. (Chapitre maintenu, pp. 19 à 150, mais précédé d'une introduction historique). Chap. V. Recherches sur la synonymie des quatre groupes du système houiller de la province de Liège. (Chapitre maintenu, pp. 151 à 261). Chap. VI. Discussion, au point de vue synonymique, de la nomenclature des couches adoptée par Dumoni. (Chapitre nouveau). Chap. VIL Conclusions. (Texte conservé, pp. 262 à 264). Les cartes et coupes annexées à ce mémoire compren- nent, outre les deux cartes et les coupes de 1873 : 1° une carte au '/so.ooo, indiquant, pour tout le bassin en question, la coupe horizontale des six horizons de grès caractéristi- ques par un plan passant par le zéro de la Meuse au pont des Arches, à Liège; 2° comme appendice à la précédente, une carte des bassins de Modave, de Bois, d'Ocquier et d'Aywaille, tout à fait insignifiante; 3° une carte indiquant, à partir de Visé, le raccordement de notre bassin houiller avec ceux du Limbourg et de la Prusse, aussi au Vso.ooo et au niveau de la Meuse ; cette carte pourrait s'ajouter à la première, si l'on ne redoutait l'inconvénient d'une longueur trop grande; 4° une planche découpes, se rapportant à cette dernière carte, dont elle complète les indications. Nous allons aborder maintenant l'examen du mémoire. ( 904 ) Chap. I. — Introduction. Je crois inutile de répéter Tanalyse que j en ai donnée il y a deux ans. Cette partie est suivie d'une liste bibliographique des ouvrages cités. Celle liste est peu méthodique et les indi- cations qu'elle renferme, sont incomplètes : à mon avis, elle peut être supprimée d'autant plus aisément que la plupart des ouvrages ne sont cités qu'une fois dans le cours du travail. Pour les autres, notanmient pour le mémoire couronné de Dumont, il suffira de donner, à la première citation, le titre exact et complet, avec toutes les indications usitées, et expressément recommandées par l'Académie aux concurrents. Chap. II. — Description géologique. J'ai peu de chose à modifier au résumé que j'en ai donné, il y a deux ans. L'auteur maintient son opinion que les plis se sont pro- duits lorsque les couches étaient encore molles, et les cas- sures, après leur consolidation. Il continue à diviser les failles en deux classes, « les vérilablcs failles, qui consti- tuent une rupture de terrain avec interposition de matières remplissantes et rchoppement, et les cassures avec glis- sement de l'une des pailies, généralement moins impor- tantes eu égard au rejet occasionné et qui ne présentent pas aux joints de rupture des matières remplissantes. » Je suis loin de prétendre qu'il n'y a pas de distinction à faire entre une grande et une petite faille; mais je persiste, de mon côté, à maintenir que l'auleur, sans motifs connus, ( 90o ) s'ccarle de la déflnitioii admise par fous les géologues. J'ajouterai que le mol de rejet, qui intervient dans sa défi- nition, me semble pris dans un sens qui n'est pas celui qu'on lui donne généralement lorsqu'il est question du dé- placement observé dans une faille; et enfin, que sa seconde classe n'a pas de nom particulier. On remarquera aussi que l'auteur, malgré l'importance qu'il semble attacher aux matières de remplissage, n'en dit pas un mot dans le cours de son travail, si ce n'est parfois pour en mentionner l'épaisseur. Le mot de rehoppement, que l'auteur emploie à celle occasion , m'amène à protester énergiquement contre l'in- troduction, dans la langue scientifique, de termes de ce genre, empruntés à la langue des mineurs, ininlelligibles pour qui n'est pas bouilleur, et parfaitement superflus, vu qu'ils ont leurs équivalents bien connus en français. Je puis ajouter qu'il n'est pas rare de voir des termes de ce genre n'être usités que dans un district du pays. Je profiterai de l'occasion pour appeler toute l'attention de l'auteur sur l'emploi de certaines expressions qui n'ont pas , en français, la signification qu'il leur attribue, par exemple , enclave pour surface, territoire, ou qui ne sont que d'affreux néolo- gismes, comme versage pour versant et postéranéité pour postériorité. Revenons aux failles. La carte de l'auteur en indique quatre principales, qu'il décrit longuement. Trois d'entre elles sont d'une importance majeure, puisqu'elles servent de base à la division du bassin. J'ai résumé, il y a deux ans, les indications de l'auteur à leur sujet : aujourd'hui, il les prolonge considérablement vers le N.E. Il en est de même pour la quatrième faille, celle de Hozémont, sur la- quelle le rapport de mon honorable confrère, ]VL Briart, 2""' SÉRIE, TOME XL. 58 ( 906 ) avait appelé son attention, il y a deux ans. Pour moi, je considère ces prolongements comme extraordinairement problématiques. Je ne vois, par exemple, aucun motif pour faire aboutir au calcaire de Montzen la faille eifelienne, celle de Seraing et celle de Saint-Gilles. Quoi qu'il en soit, je dirai, sans plus tarder, que, en cas de publication, le tracé de ces accidents doit être tel qu'on puisse distinguer aisé- ment la partie hypothétique de celle qui est bien connue. J'ajouterai quelques réserves pour la faille eifelienne. J'admets avec l'auteur qu'elle se prolonge au nord -est de Kinkempois (Angleur), mais les documents que j'ai eu l'occasion d'étudier pour les environs de Jupille et de Bellaire, me porteraient à modifier son trajet. En 1873, l'auteur la faisait passer vers la limite N.N.O. de la conces- sion des Quatre-Jean; aujourd'hui, elle traverserait cette concession, dans laquelle elle entre en passante environ 200 mètres au nord de son extrémité occidentale. Selon moi, au lieu de la déplacer vers le Sud, il eût été plus exact de la faire remonter vers le Nord, au delà de la couche Marnette de Herman-Pixherotte. Nous avons dit que les trois failles principales divisent notre bassin en quatre parties que l'auteur appelle groupes du Nord, du Centre, du Sud et des plateaux de Hervé. Jl y ajoute cette fois la description des petits bassins du Condroz, qu'il appelle, « une traînée d'épanchement » ex- pression qui va certainement bien au delà de sa pensée. L'auteur revient ici sur la production des plis pendant la période de plasticité, puis des cassures et des failles après la consolidation. « Dans quel ordre, dit-il, ces grands » accidents se sont-ils produits, et par quels effets succes- » sifs ? Beaucoup de théories pourraient intervenir pour » fournir la solution de ce problème. Je signalerai les faits ( 907 ) « itidisculables pour en déduire les conclusions les plus » vraisemblables. » Il admet que les plis se sont formés d'abord, sous Taclion convergente de forces de compres- sion dirigées du Sud et du Sud-Est vers le centre, le nord de la formation restant immobile et peu affecté. Quant aux cassures et aux failles, il rejette toute idée de soulèvement pour admettre des abaissements. Après l'action de la com- pression et la formation des plis du système houiller, ainsi que des selles calcaires de Flémalle et de Ramet, l'en- semble du bassin houiller, abandonné sans appui, s'est brisé suivant les lignes les plus accusées de ces plis, les- quelles constituaient les lignes de moindre résistance. « Tel serait le prolongement de la lisière eifelienne au sud » de laquelle le groupe des plateaux de Hervé serait resté » en place. » En même temps, d'autres fentes se produi- sent au Nord, et l'abaissement de chaque lambeau inter- posé dépend du frottement, variable suivant l'inclinaison de la cassure. Sans vouloir rechercher ce qu'il peut y avoir de fondé dans les idées de l'auteur, je me bornerai à faire remar- quer qu'il arrive ici à cette conclusion, que la formation des cassures a suivi immédiatement celle des plis, ce qui ne me paraît guère d'accord avec l'opinion que les pre- mières se sont produites après la consolidation des roches, les secondes, pendant qu'elles étaient encore plastiques. La compression a donc varié d'intensité de l'Ouest à l'Est; elle a été la plus énergique là où le bassin est le plus rétréci, notamment entre Horion et les Awirs; elle a été moindre entre Visé et Forêt. Suivant le conseil qui lui avait été donné, l'auteur a cherché à déterminer l'étendue d'une couche replacée horizontalement; il a fait ce calcul pour trois coupes, les deux premières Nord-Sud, la troisième N. 56° 0.11a trouvé que les développements de la couche in- ( 908 ) férieure exploitée seraient respectivement de 6.800, de 8.800 vi 22.400 mètres, la largeur du bassin étant 950, 1.200 et 3.700 mètres. On peut conclure de là que la largeur du bassin houiller a été réduite à 14, 14 et 17 p. % seulement de ce qu'elle était en ces trois points. Ces rétrécissements surpassent notablement tous ceux qui, à ma connaissance, ont été indiqués jusqu'aujourd'hui. Entraîné par ses préoc- cupations de compression, l'auteur se borne à faire remar- quer que cette compression a varié suivant les rapports 7,15, 7,53 et 6,05. L'auteur aborde ensuite la description des petits bassin s du Condroz, aujourd'hui inexploités; mais il se borne à rappeler les documents antérieurs. Je me bornerai à ajouter trois obervations. D'abord l'auteur, en traitant du bassin de Theux, ne parlepas de la disposition si remarquable du calcaire carbo- nifère, qui vient recouvrir le système houiller au Nord et au Sud, disposition figurée par Dumont sur sa carte de Pépinster à Spa et reconnue par la Société géologique de France, lors de sa session extraordinaire à Liège, en 1863. En second lieu, la nouvelle couche de houille dont il cite la découverte d'après notre savant confrère, M. De Koninck, n'appartient pas au système houiller; elle est intercalée dans le calcaire carbonifère. Enfin, l'auteur considère ces petits bassins comme formés isolément dans des dépres- sions du calcaire, lesquelles, à raison de leur peu de pro- fondeur, n'auraient pu recevoir que les premières assises. Il y aurait beaucoup à dire en faveur du maintien des idées reçues; je mebornerai à faire remarquer que la concordance admise jusqu'ici entre ces dépôts houillers et le calcaire carbonifère suffit pour faire rejeter cette manière de voir. En cas d'impression, ce chapitre devrait être supprimé. Groupe du Nord. — La limite septentrionale de cette ( 909 ) partie est ineoniplétemciit connue et la carrière est large- ment ouverte aux hypothèses. L'auteur décrit, trop suc- cinctement peut-être, la disposition du calcaire de Visé, puis il expose les rapports de lallurc de ce calcaire avec celle des couches reconnues à l'Ouest, dans les houillères voisines (Biquet-Gorée), et il en conclut que, probable- ment, les plaleurcs exploitées entre les plateaux d'Ans et d'Oupeye, doivent former de nouveaux retours par selles et fonds de bateau, en concordance avec le soulèvement de Visé et celui de Horion-Ilozémont. De même, les plisse- ment du système houiller à Lhonneux et à La Gleixhe lui paraissent indiquer que le calcaire doit se représenter au nord de la faille de Hozémont et entourer l'hypersthéniie (gabbro) qu'on a exploitée dans cette localité. Dans toute celte argumentation, il se base sur une certaine symétrie qui règne dans toute la formation carbonifère, et en vertu de laquelle on doit rencontrer au nord de la faille des mouve- ments de terrain analogues à ceux qu'on observe au midi. Je n^ai pas à me prononcer sur les probabilités de l'exis- tence du système houiller au nord de la grande faille dont il s'agit, mais je ne puis m'abstenir de faire remarquer que les raisons que fait valoir l'auteur, me semblent bien peu concluantes. Il me parait, d'un côté, qu'il simplifie trop l'allure du massif calcaire de Visé, qui est extrêmement disloqué et se prête mal à l'observation. Cette allure est loin d'être ce qu'on pourrait croire à l'inspection de la carte , laquelle ne reproduit qu'imparfaitement celle de M. Horion, dont l'interprétation exige qu'on fasse intervenir des déran- gements considérables (1). D'autre part, une faille assez (1) A ce propos, je demanderais à l'auteur de reproduire sur sa carte, non pas seulement le contour du massif de Visé, mais les détails indiqués à la même échelle par i\l. Horion. ( 910 ) puissante pour mettre le système houiller en contact avec le silurien, me parait rendre extrêmement hasardée toute supposition sur la similitude d'allure des couches situées des deux côtés de cette faille. Je suis confirmé dans celte manière de penser lorsque je vois Fauteur amené à consi- dérer le gabbro de Hozémont comme injecté dans le cal- caire carbonifère, et postérieur à la formation houillère : bien qu'on n'ait pu constater jusqu'à présent dans quel terrain il a fait éruption, je pense qu'on trouvera peu de géologues disposés a abandonner l'idée qu'il se trouve dans les schistes siluriens, qui affleurent à proximité, et qu'il est de beaucoup antérieur à l'époque houillère (1). Pour ache- ver de rendre ma pensée, je dirai que des considérations analogues à celles que fait valoir l'auteur, pourraient, à mon avis, être présentées relativement à ce qui doit se passer au sud de la faille eifelienne, et aux mouvements qui doivent y correspondre à ceux des couches du groupe du Midi, si l'on n'y connaissait suffisamment la présence du terrain devonien , avec une allure propre. Avant de quitter ces localités, je dois faire remarquer à l'auteur que, s'il refuse de considérer comme siluriennes les couches qu'il appelle rhénanes, il y aurait lieu d'en donner le motif; sinon, il serait préférable d'accepter la dénomination généralement usitée aujourd'hui. Ensuite, (\) L'auteur cite à ce sujet un extrait entre guillemets du cours de Dumont, d'après lequel ce géologue aurait mentionné la présence de cailloux de roches porphyriques dans le terrain houiller. Si cette citation est exacte, elle prouve seu- lement que le cahier est mauvais. Ce n'est pas dans le poudingue houiller que Dumont a signalé la présence de roches porphyriques, mais dans le poudingue eifelien ; et il ne s'est pas borné à en parler à son cours, il a fait connaître ce fait remarquable dans son Mémoire sur le terrain rhénan. ( i»H } l'auteur donne, à Hozcmont, une coupe dans laquelle je vois, sous le terrain crétacé et de haut en bas : '< Lignures » charbonneuses. Plîlhanite. Pierre d'avoine. Grès houiller. Je ne connais guère le plithanite que superposé directe- ment au calcaire carbonifère. Cette coupe nous montre une disposition bien différente : sans la contester, je crois devoir appeler toute ratlenlion de l'auteur sur ce point, qui mé- rite quelques développements. Enfin, à l'appui de ce qu'il vient de dire sur l'existence probable d'un nouveau bassin houiller au nord de celui que l'on connaît actuellement, l'auteur s'appuie sur des documents indiquant la découverte de petits fragments de houille prés de Landen. Je crois qu'on a fait erreur et qu'on a pris pour houille du lignite landenien (1). Groupe du Centre. — L'auteur a ajouté à sa rédaction première des renseignements sur les alunières du bord mé- ridional du bassin. Je l'engagerai à réparer un oubli, en indiquant l'inclinaison de la faille des Awirs; et je signale- rai ici que les dressants, bien développés dans ce groupe, ont été exploités pour coke presque jusqu'aux couches les plus inférieures. Groupe du Sud, — Je n'ai rien de nouveau à dire. Je ferai seulement remarquer à l'auteur que son texte indique que ce groupe ne dépasse « guère » la Chartreuse à l'Est, ce qui ne me paraît pas tout à fait d'accord avec sa carte. (1) Cette opinion me paraît hors de doute pour le cas des fra mentsde charbon de terre amenés par une source. l 912 ) Groupe des plateaux de Hervé. — La description de ce groupe me paraît peu modifiée. Je présenterai seulement deux observations. Vers Chèvremonl et la montagne des Krikions (Chènée), l'auteur attribue au système houiller Tallure du système Tamennien ou de l'eifelien qui s'observe au contact : la pré- sence d'une faille puissante dans cette région me paraît rendre ce procédé peu sur (1). En second lieu, c'est à tort qu'il indique , au nord d'An- drimont et de Bilstain , le contact du calcaire carbonifère et des schistes houillers. Il y a en ce point une faille puis- sant qui lui a échappé et qui met ces schistes en contact avec les psammites et les schistes famenniens depuis l'est de la Haute-Saurée jusqu'au delà de Villers. Une autre faille, parallèle à la précédente et située à environ 600 mètres au N.N.O., ramène au jour, par places, le calcaire carbonifère àBois-le-Dame, aux Quatre Chemins et au coude du chemin de Villers à IJauvent. Suivant le conseil donné, il y a deux ans, l'auteur a poursuivi l'étude de notre formation houillère jusqu'à la frontière, autant qu'on peut le faire en l'absence d'exploi- tations et dans une région où l'observation est difficile ou impossible. Il poursuit cette étude dans le chapitre sui- vant. (1) J'ai une autre critique à adresser à la carte au •/■■20.000 de cette partie Faute d'indications suffisantes de la surface, je n'avais pas remarqué, il y a deux ans, qu'elle arrive à la montagne des Krikions, où l'auteur figure le passage des cou- ches de houille. Il y a là une erreur que je ne m'explique pas : la carte de Dumont montre en cet endroit, c'est-à-dire entre l'Ourthe et la Vesdre, la partie inférieure de son étage quartzo-schisteux du système eifelien , et la vérification du fait est tellement simple que l'auteur ne pouvait l'ignorer. De même dans la vallée de la Meuse . vers Kinkempois, l'auteur fait empiéter le houiller sur l'eifelien. Est-ce à raison de l'inclinaison de la faille, combinée avec le niveau de la coupe? ( !>ir> ) CiiAP. III. — Relations géologiques entre te système fiouil- 1er de la province de Liège et les systèmes allemands de notre frontière Est et Nord-Est. Dans le prolongement du bassin méridional que forment les couches du groupe des plateaux de Hervé, se trouve sur le territoire prussien la concession de Sybilla, dans la- quelle on a reconnu récemment trois couches de houille terreuse et inexploitable. Le tracé de ces couches montre l'origine du bassin d'EschAveiler. L'espace compris entre cette concession et celle de Houlteau est occupé par une selle stérile qui est la base de la formation houillère, et des deux côtés de laquelle Tennoyage a lieu vers TEst, en Prusse, et vers l'Ouest, dans notre pays. II est digne de remarque — et l'auteur insiste avec rai- son sur ce fait — que le nombre des couches de houille du bassin d'Escliweiler est le même que dans le bassin de Liège. On se rappelle que l'auteur en admet 47 : Clère , dès 1*814, en avait reconnu 46 chez nos voisins. L'auteur cherche ensuite à montrer que le bassin de la Ruhr (je ne sais si ce nom est exact) est également en rapport avec le nôtre; voici comment. « Si, dit-il, comme » je crois l'avoir prouvé, du moins avec de grandes pré- » somptions, un bassin inconnu existe entre Visé et Horion- » Hozémont, il est plus que probable que le versant Est » du soulèvement calcaire de Visé est à son tour le point » originaire d'assises houillères plongeant en bassin vers » l'Est, de même que, dans les concessions de Biquet- » Gorée, elles existent et plongent symétriquement vers » l'Ouest. » « Il en résulterait que le Limbourg belge renfermerait r 9ii ) » dans sa partie orientale la pointe soulevée cl\ni bassin » dont la richesse se développerait vers le Limbourg hol- » landais et TAllemagne. Ces prévisions seraient confir- » mées si, comme on l'a rapporté, des sondages ont fourni )> dans cette zone la découverte de couches de houille. » Malheureusement on n'a pu obtenir de renseignements positifs. Partant de ce qu'on sait, l'auteur explique le tracé qu'il a représenté sur sa nouvelle carte n"* 2, à laquelle se rapportent les coupes de la planche n° 3, et d'où résulte, dit-il, pour le Limbourg hollandais, l'espérance de richesses en houille qu'il avait pressenties dans son pre- mier mémoire. Il m'a paru que la manière ingénieuse dont il explique les résultats des différents sondages connus, résultats tantôt heureux, tantôt défavorables, mérite toute considération , et parle en faveur des idées de l'auteur sur cette région. A ce chapitre sont en outre annexées une planche repré- sentant les travaux de Sybilla, avec raccordement et coupe; puis une coupe horizontale et une coupe verticale du bassin houillerd'Eschweiler, coupes extraites du grand ouvrage de Geinitz, auquel, le cas échéant, il sufïirait de renvoyer. Chap. fV. — Desci'iption minéralogique et paléontolofjiqiie. L'auteur ajoute ici à son ancien chap. lU une introduc- tion historique à l'occasion de laquelle il décrit les diverses roches qui se rencontrent dans notre système honiller. Cette dernière partie, extraite presque entièrement du mémoire couronné de Dumont, ne présente pas un grand intérêt de nouveauté. On pourrait remplacer l'expression de quartz grenu par celle de quartzile et indiquer comme ( 915 ) cornets calcaires emboîtés les corps mentionnés par Dumont comme polypiers (?) clans l'ampclite. Celle inlroduclion, — dont j'approuve l'addition, — appelle cependant quelques observations. L'auteur rapporte assez en détail ce qu'on sait au sujet des fossiles animaux qui ont été rencontrés dans notre for- mation houillère. Je crois que cette partie pourrait être abrégée; mais j'aurais désiré la voir résumée en un tableau indiquant pour chaque espèce les lieux et les niveaux où elle a été citée, el les auteurs qui en ont parlé. 11 en est à peu près de même pour les plantes. La liste de l'auteur est singulièrement incomplète : il aurait trouvé beaucoup plus dans VAbrégé de géologie de d'Omalius ou dans mon Prodrome d'une descriplion géologique de la Belgique. Je lui conseillerais de reproduire la liste donnée par M. Crépin dans Patria belgica; et comme il annonce qu'il donnera, à l'occasion, des renseignements sur le gisement exact de plusieurs espèces, il ferait chose utile en réunissant ces indications en un tableau. L'auteur s'occupe longuement des rognons de sidérose, sans en séparer convenablement ces grosses concrétions que nos mineurs désignent sous le nom de cloches et qui conservent la trace de la stratification des couches qui les renfermenl, tandis que les rognons sont formés d'éléments concentriques. Ceux-ci se rencontrent ordinairement au mur des couches de houille , plus rarement dans les couches stériles ou au toit, très-rarement sous la couche de houille elle-même (Macy Veine et laie du mur de Lairesse). Un tableau réunit tous les cas connus (1). (1) Pourquoi les numéros de ce tableau ne se suivent-ils pas dans leur ordre naturel ? ( 916 ) Il semble à l'auteur qu'une loi générale a présidé à la dissémination de ces rognons. Il attribue leur formation à des courants thermo-électriques, circulant dans la croûte solide du globe. Le plus grand nombre se trouve au mur à cause de circonstances tenant à des déluges diluviens que je ne comprends pas bien : « Pendant chaque période » diluvienne correspondant à la formation d'une couche » de houille, les dépôts inférieurs prenaient une consis- » lance pâteuse dans un espace de temps relativement » court, grâce à la pression des dépôts successifs. Ceux, » au contraire, qui se constituaient à Tépoque terminale » d'un déluge, conservaient leur semi-fluidité pendant un » temps plus long. Il en résulte que les phénomènes de » transport moléculaire précités ne pouvaient se produire » spécialement que pendant cette dernière période, à » laquelle correspond le dépôt constituant spécialement » le mur et accessoirement le toit d'une couche. Nous » pourrions en conclure que les slampes, autres que le toit » et le mur, dans lesquelles on trouve également des » rognons de fer carbonate, signalent, dans la période du » déluge houiller correspondant, une intermittence. » Voici pourquoi le fer est à l'état de carbonate : « Les » dépôts formant limite d'un déluge sont demeurés plus » longtemps que tous autres exposés aux influences d'une » atmosphère renfermant en grandes proportions de » l'acide carbonique... Les parties du dépôt soustraites à » cette influence ont, au contraire, conservé le métal D disséminé dans la masse à l'état d'oxyde. » La rencontre de ces rognons vient corroborer la » théorie généralement admise sur le mode originaire de » la houille par déluges périodiques, engloutissant succès- » sivement des débris de végétaux , recouverts ensuite de » la vase plus ou moins argileuse ou sableuse. j> ( -^'7 ) Il y a chez Fauteur — on le voit en beaucoup d'endroits de son travail — une grande propension à chercher la cause de tout. Je suis loin de l'en blâmer; mais, appelé à donner un avis sur ces théories, je pense qu'il n'a pas été heureux dans ses essais d'innovation. Le dernier paragraphe que je viens de transcrire m'en- gage à rappeler l'endroit du mémoire précédent où il est question du mode de formation de la houille. A propos des variations dans l'épaisseur des couches de charbon de terre, l'auteur dit que , « théoriquement, il résulterait du » mode de génération adopté que, sur un grand dévelop- » pement, tout au moins, une même couche de houille D doit conserver une puissance et une composition uni- » forme. » Cela peut dépendre de la théorie que l'on adopte; pour moi, cette conséquence n'est point nécessaire. On croirait à la lecture de ce qui suit, que l'auteur n'a pas d'idée fort nette de la théorie adoptée, tant certains passages parais- sent s'appliquer à l'une, tandis que d'autres semblent s'appliquer à l'autre. Aussi je pense que l'auteur devrait exposer succinctement, mais nettement, la théorie qu'il adopte et sur laquelle il s'appuie. « On a généralement considéré les horizons géologiques » (?) sur lesquels se déposaient (?) les couches végétales » qui devaient donner naissance à la houille, comme for- » mant d'immenses bassins réguliers. On pourrait cepen- » dant admettre que ces bassins étaient légèrement » ondulés en une foule de points. Ces ondulations étaient » le résultat des mouvements en quelque sorte continuels T> auxquels l'écorce du globe était soumise, à l'origine » surtout. » Si donc on suppose que les couches végétales se ( 918) » soient déposées dans un bassin en quelque sorte mobile, j> se plissant légèrement en certains points, on en conclut » que l'épaisseur d'un dépôt isolé, en voie de formation, » a été plus notable dans une partie déprimée que dans » une partie surélevée. i> Ceci n'est pas sûr. En tout cas, ce passage me paraît se rapporter à la théorie du char- riage. » D'autre part, la végétation des âges houillers s'ar- » rétait dès que l'immersion sous le niveau des eaux s'opé- » rait. » Voilà bien la théorie des tourbières. » Si les déluges successifs qui ont amené des dépôts » arénacés recouvrant successivement les couches formées, » se sont opérés sur des horizons plus ou moins ondulés, » les phénomènes ci-dessus décrits ont pu se mani- » fester. » Je doute que l'auteur trouve beaucoup de partisans de ces déluges successifs. Dans son dernier chapitre, Conclusions, il ajoute, à l'oc- casion des grès que Ton rencontre partout, situés toujours à une hauteur à peu près égale, d'où l'on peut conclure que ceux de chaque niveau sont contemporains : « cette D conclusion vient à l'appui de la théorie ordinaire de la » formation de la houille. On a pu lui objecter le grand » nombre de déluges survenus pendant la formation suc- » cessive de plus de quatre-vingts couches de houille, mais D ce nombre se réduisant de plus de moitié, l'objection ï> perd ainsi une partie de sa valeur. » Pour en revenir à l'introduction de notre chap. IV, la description minéralogique de nos diverses variétés de houille vient ensuite, mais tout à fait écourtée; puis l'auteur rappelle ce qu'on sait des eaux salées qui ont été rencontrées dans notre formation houillère. ^ ( 919 ) Vient ensuite, pour compléter ce chapitre IV, le cha- pitre 111 de l'ancien mémoire. Aux observations que j'ai présentées, il y a deux ans, j'ajoute que l'auteur ferait chose utile en donnant, dans ses listes de concessions des quatre groupes, l'indication des communes sur lesquelles elles se trouvent. En second lieu , l'auteur a joint à son texte, à l'occasion de la couche Cinq-Pieds, une coupe en traits bleus, rouges et noirs, laquelle a grand besoin d'ex- plications, car je dois avouer ({u'elle m'a laissé beaucoup d'obscurités. Nous arrivons au chapitre V, l'ancien chapitre IV, Re- cherches synonymiqiies sur les quatre groupes, \iom lequel je n'ai rien à modifier dans mon précédent rapport. Vient ensuite un chapitre nouveau. Chap. VI. Discussion, au point de vue synonymique, de la nomenclature des couches adoptée par Dumont. L'auteur fait d'abord observer qu'à l'époque à laquelle Dumont publia son remarquable travail sur notre bassin houiller, on ne connaissait rien des deux branches de la faille de Seraiug, de la faille eifelienne et du prolongement de la faille de Saint-Gilles entre Wandre et Cheratte. On devait donc considérer comme distinctes les mêmes cou- ches situées de chaque côté de ces dérangements ignorés; aussi les mineurs leur donnaient des noms particuliers. Telle est la principale cause du nombre élevé de couches admis par Dumont. L'auteur donne ensuite le tableau des groupes établis par cet illustre géologue et des couches qu'il reconnaissait dans chacun , et qu'il réunissait en trois étages. a Si l'on dresse, dit l'auteur, d'après l'opinion qu'il for- » mule, le tableau de superposition de chacun de ses » groupes en rangeant ces derniers dans l'étage corres- ( 920 ) » pondant qu'il leur attribue, sans nomenclature ni con- D cordance synonymique précise, on arrive aux résultats D suivants. » « Étage supérieur En tout 51 couches au maximum, D dont 23 au maximum sont exploitables, c'est-à-dire, ont » au moins 0™,40. » c< Étage moyen En tout 21 couches au maximum, » dont 18 au maximum sont exploitables. » « Étage inférieur En tout 31 couches dont 25 sont j> exploitables. » Donc un total de 83 couches dont 66 sont exploitables. C'est ce dernier nombre, notons-le bien, que l'auteur a réduit à 47, et il doit chercher la cause de cette différence. Il rappelle textuellement comment Dumont a établi ses calculs. Des faits sur lesquels ce savant s'appuyait, les uns restent acquis, d'autres sont controuvés, d'autres enfin res- tent hypothétiques. L'étage supérieur de Dumont est cor- rect pour le groupe du Nord, mais il doit être modifié dans le groupe du Centre. En effet, Dumont admettait que la couche Hareng est la même que la Petite Veine de Mons : or, l'auteur ayant établi que le grès sous Chaineux (Centre) est le même que le grès sous Grande Veine des Dames (Nord), la synonymie acceptée par Dumontest évidemment erronée, d'où il suit qu'il y a erreur manifeste dans le nombre de 63 couches admises au-dessus du grès de Flé- malle. De même, la couche Grande Dacque est reconnue être rOlyphon, comme Dumont l'admettait; mais Diamant, de la Chartreuse, n'est pas l'Olyphon, du Val-Benoît, qui cor- respond à Poignée d'Or, de la Chartreuse. Le grès sous Diamant, que Dumont raccordait au grès de Flémalle, est donc de beaucoup inférieur à ce dernier. ( '^'^1 ) Quant au groupe des plateaux de Hervé, il était si peu connu en 1850 que les erreurs ne doivent point sur- prendre. L'auteur cherche ensuite à prouver que la nomenclature de Dumont présente de doubles emplois et que l'ordre de superposition des couches, tel qu'il résulte des tableaux de ce savant, renferme des inexactitudes. Il m'est impossible de résumer cette discussion. Je l'ai étudiée avec soin, et je dois dire que l'auteur me paraît avoir réussi à établir l'exac- titude de ses vues, au moins dans la plupart des cas. Il arrive ainsi à établir les tableaux rectifiés des trois étages de Dumont. Il obtient de la sorte : Étage supérieur : 22 couches exploitables au lieu de 28 fDumont). Étage moyen : 14 » » » 18 » Étage inférieur : 11 » » » 23 » Total : 47 66 L'auteur donne ensuite les tableaux rectifiés de la suc- cession des couches dans les 16 groupes de Dumont, tout en reconnaissant que cette division en 16 groupes n'a plus d'importance aujourd'hui, la division en quatre groupes, limités par les grandes dislocations étant suffisante. Il maintient donc le tableau synonymique qu'il a donné dans son premier mémoire et qui est tout à fait neuf. Chap. VIL — Conclusions. Ce chapitre est emprunté à l'ancien mémoire, et je n'ai rien à ajouter à ce que j'en ai dit, il y a deux ans. 2"^ SÉRIE, TOME XL. o9 922 ) II Le second mémoire a pour épigraphe : « la science n'est » pas œuvre d'imagination , mais d'observation , de calcul » et de réflexion. » Dans son introduction, l'auteur nous apprend qu'il conserve la classification de Dumont et donne à l'expression g système houiller » le même sens que lui donnait ce savant maître et que nous avions dans l'esprit lorsque nous avons proposé la question. Nous n'avons pas à discuter les motifs qu'il fait valoir; nous allons le suivre dans les diverses parties de son travail. Le premier chapitre est consacré aux Généralités sur la formation de la houille et des bassins houillers. Admettant l'origine végétale de la houille, l'auteur insiste sur les rap- ports intimes qui relient tous les combustibles fossiles, de- puis la tourbe jusqu'à l'anthracite, et il reproduit à l'appui quelques analyses, auxquelles il ajoute certaines considé- rations plus ou moins fondées sur les relations qui existent entre cette série de produits naturels et celle des produits de la carbonisation du bois en vases clos. Il n'y a là rien de neuf ou de complet. Examinant de plus près le caractère de la végétation houillère, l'auteur lui trouve de grandes analogies avec celle de nos tourbières, puis il énumèreune série de plantes de notre flore actuelle comme ayant servi à former la houille. Cette ignorance des lois les plus connues de la pa- léontologie ne nous a pas médiocrement étonné. Après cela, on n'est plus surpris de voir l'auteur admettre que cette an- cienne végétation s'est développée sous un climat analogue ( !>^^"> ) à celui de nos grandes tourbières modernes, soit par une température moyenne de 6 à 8 degrés. L'auteur ajoute quelques mots pour repousser la théorie du charriage, puis pour expliquer la transformation des ma- tières végétales en houille. 11 s'occupe ensuite de la forma- tion des couches de houille successives et des couches sté- riles qui les séparent : les oscillations du sol jouent ici un grand rôle. U en résulte que les couches étaient originaire- ment horizontales et que leurs plissements sont postérieurs à leur formation. D'autre part, les conditions qui ont pré- sidé à la végétation houillère, expliquent pourquoi ces anciennes tourbières ne se trouveraient que dans la zone tempérée. Ici l'auteur est fort incomplètement renseigné sur l'extension géographique des bassins houillers. Le deuxième chapitre est intitulé Situation géogra- phique du bassin de Liège. L'auteur ne voit aucun motif pour supposer à ce bassin une nouvelle extension au nord de Haccourt; il conserve donc la délimitation indiquée par Dumont, sauf qu'il y introduit, pour les environs de Visé, les indications fournies par la petite carte de M. Horion. Les trois ou quatre pages consacrées à l'indication de ces limites ne sont intelligibles qu'à l'aide d'une carte géographique, et l'inspection de la carte géologique de Dumont en apprend davantage, de sorte que ces pages pourraient être suppri- mées sans inconvénient sérieux. Suivent quelques données sur l'altitude des affleure- ments du système houiller et de la Meuse, données incom- plètes, parfois même peu exactes; par exemple, la cote du zéro du pont des Arches, à Liège, n'est pas 60 mètres, mais 5o. La profondeur du bassin houiller serait de HOO mètres en ce point; son épaisseur maximum étant, d'après ( 924 ) les coupes de l'auteur, de 1400 raèlres jusqu'à la dernière couche exploitable. Le troisième chapitre a pour titre Généralilés minera- logiques et géologiques. L'auteur considère la séparation de l'étage inférieur comme peu nette et peu fondée, ce qui est affaire d'appréciation, et il signale avec raison son absence en bien des points. Il expose en détail la disposition géo- graphique de cet étage; il rapporte une division en trois assises, par M. Horion; puis il donne quelques renseigne- ments sur les gîtes métallifères qui sont venus s'intercaler au contact du calcaire carbonifère, renseignements dépa- rés, çà et là, par quelques inexactitudes; enfin, il passe à la description des roches, ampélite, phlhanite, grès ou quartzile, et des minéraux accidentels, alun de plume, gypse, chaux carbonalée fétide, etc. A cette occasion, quelques mots sont consacrés à l'assimilation de cet étage au milhlone gril des géologuesanglais. L'auteur donne une analyse d'ampélite alunifère et une autre d'ampélite graphi- que, variété tout à fait accidentelle, lesquelles auraient été exécutées au laboratoire de l'École des mines de Paris, il ne dit pas à quelle occasion; il rapporte au phthanite des cristaux de quartz enfumé; il admet que le phthanite ne se décolore pas au feu ; enfin il traite de tous les miné- raux des ampélites. Il décrit à tort le quartz grenu comme distinct du quartzite et il fait connaître, sous le nom de concrétions schisteuses ou calcarifères,les cornets calcaires emboîtés qui furent jadis considérés comme polypiers. Vient ensuiie la description des roches de l'étage houil- 1er proprement dit; en premier lieu, le psammite, qui passe au grès et est plus fréquemment désigné sous ce dernier nom. Suivant l'auteur, il passerait vers le bas à un conglo- ( Î)2S ) mérat à gros éléments, dérivés de roches antérieures, gneiss ou granité : il est probable que l'auteur a introduit ici un passage emprunté à quelque ancien traité de pétro- graphie, mais nullement applicable au cas présent. 11 a ana- lysé 26 échantillons de ces grès : il est regrettable de voir figurer dans ces analyses la rubrique « autres matières, » sans aucun éclaircissement. Vient ensuite le poudingue. Ici encore, à propos de la position des cailloux, l'auteur introduit une observation que l'on trouve dans les ouvrages de géologie, mais qui ne peut s'appliquer au conglomérat à petits éléments qu'il a à faire connaître. I.a description du schiste n'est pas plus satisfaisante. Tout cela vient de ce que l'auteur entre- mêle les caractères généraux de ces roches, — ce qu'il pouvait omettre, — avec les caractères particuliers des variétés qu'il avait à décrire. La distinction entre les schistes du toit et ceux du mur n'est qu'ébauchée; il est probable d'ailleurs qu'il y a ici une lacune dans la copie. La description est suivie des analyses de 66 échantillons de schiste houiller : l'auteur ferait chose utile en les discu- tant. Ainsi, nous trouvons que, dans ces 66 analyses, la proportion de silice varie de 65,8 à 95,8 p. "/o; dans 48 cas, elle est comprise entre 69 et 72 p. °/o. De même, la proportion d'alumine varie de 11,5 à 50,9 p. 7o5 ^^^^ 51 cas, elle est comprise entre 28 et 50 p. 7o. Ces résul- tats semblent indiquer une composition normale corres- pondant à la formule A|2 0^, 4 Si O^; résultat intéressant, surtout lorsqu'on le rapproche de la composition des ar- giles plastiques d'Andenne , que j'ai considérées comme provenant de la décomposition des schistes houillers, et dont la composition serait représentée, dans le plus grand ( 926 ) nombre des cas , par la formule Al^ 0^, 5 Si 0-, d'après les nombreuses analyses rationnelles exécutées par mon ha- bile collègue, M. le professeur Chandelon, qui a bien voulu me communiquer ces résultais. Nous arrivons au paragraphe le plus important, consa- cré aux propriétés physiques et chimiques de nos houilles. La description laisse à désirer, surtout au point de vue de Tordre; mais elle est accompagnée d'une centaine d'analyses (J), avec dosages du coke et des cendres, plus une quarantaine de dosages de coke et de cendres, que Fauteur discute avec soin. 11 en résulte que nos houilles renferment : 82,87 à 93,90 de carbone, d,02 à 4,12 d'hydrogène, i,2o à 7.10 d'oxygène avec azote, 1,22 à 16,00 de cendres. Le rapport des matières volatiles aux matières fixes est de 1 : 2,ol pour la variété la plus grasse et de 1 : 24,07 pour la plus maigre. D'après ces analyses, l'auteur croit pouvoir confirmer la classification proposée récemment par M. Hilt, qui divise les houilles de la Worms comme suit, d'après le rapport entre les parties volatiles et les parties fixes. 1. Houilles maigres anthraciteuses. . . de l : 20 à 4 : 9. 2. » demi-grasses anciennes . . » 1 : 9 » 1 : o.o. 3. » grasses à coke » i : o,5 "1:2. 4. » » nouvelles » 1 : 2 » 1 : 1,5. o. )' demi-grasses nouvelles . . » 1 : 1,5 » 1 : 4,23. 6. » maigres nouvelles » 1 : 4.25 » 1 : 1,11. Mais l'ingénieur allemand serait allé trop loin en ajou- 'i) C'est sans doute par inadvertance que. dans les analyses, l'auteur inscrit le carbone cokéjié : il me paraît qu'il faut lire simplement carbone. ( 947 ) tant que la loi qu'il croit avoir reconnue est suffisamment constante pour que l'on puisse, dans une même mine, dé- terminer l'ordre de superposition des couches d'après l'examen des rapports ci-dessus. A ce propos, l'auteur fait remarquer que les couches inférieures, qui sont maigres au nord de la faille de Saint-Gilles, fournissent du char- bon gras au midi de ce grand dérangement. Le paragraphe suivant est consacré aux minéraux acci- dentels, fers sulfurés, limonite, sidérite, quartz, pholé- rite, chaux carbonatée simple, ferrifère ou manganésifère , anthracite. C'est sans doute par erreur de rédaction que le fer sulfuré est indiqué comme s'enflammantspontanément : c'est la houille pyriteuse qui est dans ce cas (1). L'auteur donne diverses analyses , mais sans renseignements sur l'origine des échantillons analysés. Il y aurait encore d'au- tres détails à relever snr ce point. Je considère aussi comme méritant confirmation la présence du quartz hyalin en lamelles minces entre les lits charbonneux; je n'ai ja- mais vu que de la calcite. La plus grande partie des renseignement contenus dans ce paragraphe paraissent empruntés aux mémoires cou- ronnés de Davreux et de Dumont, surtout pour ce qui concerne les formes cristallines des minéraux. Le chapitre suivant est intitulé Géogénie^ soulèvements, stratifications sous-jacentes. L'auteur n'hésite pas à consi- dérer la formation houillère comme étendue primitivement sur toute la surface occupée aujourd'hui par le terrain an- (1) Ce qui ne m'empêche pas de croire que, dans beaucoup de cas, l'inflam- ination spontanée est déterminée par la combustion lente de l'hydrogène carboné qui se dégage dans un tas de houille. ( 928 ) ihraxifère, et ayant laissé pour témoins de son existence les petits bassins houillers du Condroz. Après la formation du système houiller survint le soulè- vement en masse de l'Ardenne et du Condroz, soulèvement dont la direction est indiquée par celle des grandes failles qui affectent ce système ou le limitenl au Sud, comme par celle des ennoyagesdes plis nombreux que font les couches. Dans notre province, celte direction est sensiblement. N.E.-S.O. L'auteur insiste sur la différence d'intensité du soulèvement depuis l'Ardenne jusqu'à la Meuse, et il accompagne ses explications de diagrammes qui n'ont pas réussi à m'en donner une idée parfaitement nette; en même temps, il me paraît négliger un peu le refoulement de l'Ardenne vers le Nord. Ce soulèvement s'accompagna de dislocations considé- rables, parmi lesquelles il faut citer en première ligne celle qui, entre Yvoz et Angleur, a mis en contact les schistes houillers et ceux de l'étage du poudingue de Bur- not. Deux failles nouvelles (auxquelles l'auteur rattache plus loin celles qui ont été observées entre Huy et Mo- dave),partent deBeau-Fraiponl, près Chênée,et de Chaud- fontaine pour se diriger au Nord-Est et elles partagent le bassin de Hervé en trois parties. Vient ensuite la faille de la Vesdre, que l'auteur indique comme reconnue dans les concessions d'Angleur et du Val-Benoît : sa direction se rapproche de celle de plusieurs vallées de l'Ardenne, et Ton serait ainsi amené à la considérer comme posté- rieure aux failles N. E. dont il vient d'être question et à la rapporter à la limite entre le terrain triasique et le ju- rassique. D'autres rides se sont produites transversalement : la première sépare, à Samson, notre bassin houiller de celui ( 1)29 ) du Hainant; la seconde est celle de la région comprise entre la Meuse et la Vesdre, et la troisième se montre à notre frontière orientale, entre notre bassin houiller et celui d'Esclnveiler. L'auteur considère l'aflleurement de la bande silurienne duCondroz comme un autre résultat du grand mouvement qui plissa nos terrains anciens à la lin de la période carbo- nifère, et il fait valoir à l'appui de cette opinion les résul- tats auxquels notre honorable confrère, M. Houzeau, est arrivé, il y a une vingtaine d'années. Une autre faille existe dans la vallée de la Meuse en aval de Liège et elle a été reconnue en divers endroits. C'est peut-être le prolongement de la fracture dans laquelle rOurte coule en aval de Durbuy, et sa direction est sen- siblement celle du système sardo-corse, dont M. Houzeau a également signalé Tinfluence dans cette partie de notre pays. A Hozémont, le système houiller repose sur un calcaire que M. Gosselet a rapporté au calcaire à stringocéphales. On n'y observe guère l'étage inférieur; les phthanites et quartzites par lesquels commence la formation, doivent être considérés comme des accidents dus à un métamor- phisme local. Enfin le bord méridional de la formation est souvent renversé. L'auteur rappelle ensuite que d'Omalius plaçait ce grand soulèvement de nos terrains anciens à la limite entre le zechstein et le grès des Vosges, et qu'il insistait sur le changement de direction de ce soulèvement, de part et d'autre d'une ligne allant de Namur à Rochefort, vers rOuest. jusque dans le pays de Galles, vers le Nord-Est, jus- qu'au Harz. ( 950 ) Vient ensuite un chapitre intitulé : Accidents et déran- gements affectant les dépôts houille rs. L'auteur y établit deux sections. A. — Accidents contemporains de la formation. En pre- mier lieu viennent les variations des inlercalations schis- teuses qui divisent souvent les couches de charbon de terre en plusieurs laies : leur étude est importante au point de vue de la recherche de la synonymie des couches. Ces accidents consistent en variation de puissance des inter- calations, disparition d'un lit schisteux ou production de nouveaux lits, pouvant aller jusqu'à séparer par plusieurs mètres de couches stériles une laie de charbon qui devient ainsi une veinette distincte; remplacement d'une couche de houille par une série de veinettes; diminution de puis- sance ou disparition d'une couche. Les étreintes sont de même nature que ces derniers accidents, mais elles sont tout à fait locales. L'auteur se borne à indiquer un ou deux exemples de chaque cas, renvoyant pour le reste aux des- criptions des diverses couches. B. — Accidents postérieurs à la formation. Ici viennent se placer les failles, les brouillages, etc., au voisinage des- quels la houille est souvent fort altérée. Le soulèvement qui les a produits s'est opéré à une époque où les roches étaient déjà suffisamment consolidées pour se briser fré- quemment dans les plis. Ce mouvement fut une combinaison de compression latérale, donnant lieu aux plissements, et de soulèvement, produisant les failles. Ces fractures sont générales ou locales. Les premières ont produit la faille eifelienne, celle de Saint- Gilles, etc.; les secondes n'ont occasionné que des dérangements acces- soires, qui, fréquemment, ne se manifestent qu'au voisi- f 951 ) nage du plan de rupture. On rencontre ces dernières dans presque tous les cnnoyages, et leur inclinaison, qui est généralement celle de la bissectrice de Tangle du bassin ou de la selle, est rarement inférieure à 45". E^nfin, des fractures dérivées ont été provoquées par Tune ou l'autre des cassures précédentes, sur lesquelles elles viennent s'embrancher. Tel est le cas pour la faille de Saint-Gilles, dont la lèvre méridionale, qui forme le mur, a provoqué, en se relevant, une série de cassures presque horizontales dans les couches du toit. A la Minerie, au contraire, une série de trois à six cassures dérivées verticales vient se grefïèr sur trois failles secondaires. Les fractures de toute catégorie sont parallèles à la di- rection du soulèvement qui les a produites. Les accidents contemporains sont donc parallèles entre eux; cependant cette règle est moins générale pour les cassures déri- vées. Partant de là, l'auteur reconnaît trois séries de frac- tures distinctes dans le bassin de Liège : l*' Accidents produits par le grand soulèvement qui a suivi la formation houillère et qui est dirigé E.20à 25'' N. Telles sont les failles eifelienne, de Saint-Gilles, de Se- raing, des Onhons, de Hervé, de Saint-Hadelin, etc., avec les cassures dérivées qui s'y rattachent au nord de la faille de Saint-Gilles, à l'Espérance à Herstal, etc., etc. Leurs directions s'écartent au plus de 5° de celle du soulève- ment; 2° Accidents dirigés N.-S. Ce sont les failles de Gaillard- Cheval, de Brouck, de Gilles et Pirotte, de Rhées, de la Meuse, de Cheratte-Wandre, de la Minerie. fndépendam- ment de leur direction , l'auteur les rattache au système sardo-corse par cette raison qu'on les rencontre seulement ( 932 ) dans la zone parcourue par la ride que M. Houzeau a reconnue en la rapportant à ce système ; 5** Accidents dirigés vers le S.E. et rattachés au sys- tème du Thiiringerwald. Ce sont les failles du Val-Benoît et d'Angleur, dont la direction, reconnue seulement sur une très-faible longueur, varie de 11o°à ISo*'. L'auteur rapporte ici la distinction que l'on fait souvent « entre les failles, nom sous lequel on désigne les cassures avec écartement des parois et terrain de remplissage, et les crains, fractures simples, sans écartement. » Je con- state à ce sujet que la dénivellation des parois, caractère essentiel de toute faille, existe dans tous les accidents dont il est question ici; et j'aime à croire que c'est par inadvertance que l'auteur ne l'a pas rappelée dans la défi- nition ci-dessus, qui paraît n'avoir en vue que la distinc- tion à introduire; il y a là une lacune à combler. Quant à cette distinction entre faille et crain, l'auteur, avec raison, n'y attache aucune importance; ce qu'on appelle terrain de remplissage n'est formé le plus souvent que des débris broyés des couches recoupées par la faille. C'est seulement vers la surface que ces matériaux incohérents ont pu être enlevés dans certains cas par des phénomènes diluviens qui ont introduit des cailloux roulés, des graviers et d'au- tres matières de remplissage proprement dit. On remar- quera que cette introduction de matériaux de transport peut se présenter jusqu'à une profondeur de 100 mètres et même davantage. Viennent ensuite quelques détails intéressants sur Tes transformations opérées dans ces matériaux de remplis- sage par des infiltrations d'eaux chargées de calcaire, etc. L'auteur décrit ensuite avec soin les modifications qui résultent de la multiplicité des cassures, de leur obliquité ( 953 ) variable par rapport aux couches traversées, etc. Ainsi, telle faille présente une zone bouleversée d'une centaine de mètres de large lorsqu'elle traverse les couches très-obli- quement, et se réduit à une cassure nette lorsqu'elle les recoupe sous un angle fort ouvert. Tantôt le toit, tantôt le mur est relevé : ce dernier cas est le plus général. Le pas- sage qui suit, et qui est relatif à l'inflexion des couches au voisinage de la faille, renferme une faute de copie : la dis- position indiquée ne peut s'appliquer indifl'éremment à l'abaissement et au relèvement du toit de la faille. A propos de ces accidents, l'auteur cite de nombreux exemples des variations de nature du charbon qui les accompagnent. Un fait important à noter, c'est quele relief du sol (dans les parties non recouvertes de morts-terrains) est en rap- port avec les failles. La plupart des vallées qui sillonnent notre système houiller, sont dues, d'après l'auteur, à des accidents de ce genre. Ainsi le vallon de Toute-Voie est en rapport avec la faille de Saint-Gilles, et diverses ondu- lations du sol des concessions de la Batterie et de la Grande-Bacnure sont en relation avec les accidents souter- rains qui y ont été constatés. L'auteur insiste avec raison sur l'importance de ces relations. Aux failles se rattachent les brouillages, « amas peu stratifiés de fragments de roc ou de charbon disposés sans ordre, et provenant sans nul doute de la succession d'une série de cassures dérivées aux approches d'une fracture principale. On les rencontre également entre deux frac- tures principales ou secondaires assez rapprochées. » L'au- teur en cite des exemples. Viennent ensuite les rétrécisse- ments et les renflements, accidents corrélatifs, dont la répé- tition donne lieu à l'allure en chapelet, et qu'il ne faut pas ( 954 ) confondre avec les étreintes, dont l'origine est contempo- raine de la formation, tandis qu'ils sont le résultat d'une action dynamique postérieure. Viennent ensuite les queu- vées ou doublages de veine et les recoutelages^ accidents qui ne sont guère déflnis, et dont les exemples mérite- raient quelques figures à intercaler dans le texte. Enfin un paragraphe est consacré aux altérations qui se présentent dans les couches de houille lorsqu'elles arrivent à la surface du sol ou au contact des morts-terrains. Le chapitre suivant est intitulé Métamorphisme. Les phéno^nènes métamorphiques sont peu prononcés dans notre bassin, où l'on ne rencontre pas de roche éruptive. La chaleur centrale et la pression des couches superposées sont les principaux agents à considérer ici. On peut leur attribuer la nature de plus en plus maigre du charbon à mesure que l'on descend la série des couches, mais cette loi générale présente beaucoup d'exceptions locales dont la cause nous échappe. La relation entre ces modifications de la houille et les dérangements a été signalée plus haut, mais à titre de coïncidence. L'auteur en cite des exemples remarquables, puis il recherche si l'observation ne fait pas constater des zones de métamorphisme. A cet égard il fait remarquer que la houille devient de plus en plus maigre à mesure qu'on s'avance vers l'est du bassin (non compris les plateaux de Hervé); ainsi, la grande veine de Cortils, très-grasse à la Haye, est devenue entièrement maigre à la Petite-Bacnure. Stenaye présente une modifi- cation analogue. Ce n'est pas le résultat d'une différence de gisement, les couches étant partout en plateures au nord de la faille de Sainl-Gilles. L'auteur arrive donc à conclure que le métamorphisme qui a donné lieu aux charbons mai- (93o) gres, est à son minimum au centre du bassin, vers Seraing, et qu'il augmente graduellement, à partir de là, dans les deux directions, N.E. et S.O. Il faut remarquer cependant que le métamorphisme dos couches inférieures est moins prononcé aux extrémités du bassin que sur son bord septentrional. 11 semblerait donc être en rapport avec la compression qui a accompagné le soulèvement du terrain : il serait à son minimum aux points les moins soulevés et augmenterait progressivement vers les extrémités du bassin, où le soulèvement a été le plus considérable. Cette influence de la compression par soulèvement viendrait s'ajouter aux deux autres, l'ancien- neté de la couche et la masse des dépôts qui la recouvrent. L'influence de l'allure des couches tient probablement à ce que celte action des masses superposées se fait sentir davantage sur une couche en plateure que sur une couche en dressant. En commençant le chapitre suivant, Description des couches, l'auteur nous apprend qu'il existe dans notre bas- sin de Liège 55 couches exploitables, et qu'il les numé- rotera en partant de la plus ancienne. C'est donc six cou- ches de plus que celles qu'admet son concurrent; mais on doit remarquer qu'il entend par couches exploitables toutes celles qui ont donné lieu à une exploitation conti- nue, tandis que l'ancien concurrent entend par là celles qui ont au moins 0,"'40 de puissance. Il nous semble que les deux auteurs sont à peu près d'accord pour Fensemble, quoiqu'il y ait entre eux bien des divergences sur le détail des synonymies. Dans cette analyse, nous ne pouvons suivre l'auteur dans la description des o5 couches successives dont il traite. ( 936 ) Nous ferons remarquer, d'une manière générale, que l'au- teur suit, dans un grand nombre de concessions, la couche qu'il considère comme partout la même et qu'il fait con- naître'pour chacune sa puissance, sa disposition, etc., et la nature du charbon qu'elle fournit. Ces descriptions sont accompagnées de croquis; toutefois nous les trouvons un peu concises. Ainsi il faudrait à l'occasion indiquer les houilles dont l'analyse a été donnée plus haut. Le chapitre suivant est consacré à la Description des stampes entre les diverses couches : il ne se prête pas mieux à un résumé. L'auteur rapporte qu'il a vu souvent le nombre, la puis- sance et la nature des couches stériles comprises entre deux mêmes couches de houille, varier dans les plus larges limites, même pour les bancs les plus caractéristiques et pour une même concession. On peut juger par là de ce qui doit arriver si l'on compare deux concessions un peu dis- tantes. Je présenterai ici quelques observations en passant. Je remarque qu'un grès entre les couches 7 et 8 serait rayé par l'ongle. A propos de la stampe entre les couches 15 et 14, caractérisée par le grès de Stenaye, l'auteur définit le clavaij silice imprégnée de carbonate de fer; ailleurs le même nom local de clavai est donné à la sphérosidérite. Qu'est-ce aussi qu'un numéro, et en quoi diffère-t-il d'une veinette? Jusqu'à quel point est-il exact de dire que cer- tains schistes sont très-onctueux au toucher? L'auteur renvoie souvent aux analyses de schistes qu'il a données; mais ces renvois devraient être accompagnés du numéro d'ordre de l'analyse. La stampe entre les couches 17 et 18 est très -caractéristique, tant par sa puissance que par ( 957 ) le grès de Flérnalle, bien que l'auteur ne trouve à ce grès aucun caractère pétrographique spécial. Je ne crois pas exact de dire que ces 10 à 12 mètres de grès ne forment qu'un banc. Dans la description de la stampe entre les couches 29 et 50, une confusion analogue se remarque entre les termes banc et assise. Le sujet du chapitre suivant est la Description des failles. L'auteur s'attache particulièrement à exposer les faits connus et se montre beaucoup plus réservé que son concurrent sur les conjectures que l'on peut faire à l'égard de ce qui se passe dans les parties encore inexplorées de notre bassin. Ce chapitre me paraît fort bien traité et mé- riter l'impression, comme celui que nous avons analysé plus haut sur l'origine et la classilication de ces dérange- ments. L'analyse de ces quatre-vingts pages in-folio m'en- traînerait trop loin et ne présenterait d'ailleurs qu'une utilité fort restreinte. Je demanderai seulement à faire remarquer que, pour ce qui concerne la puissance verti- cale de la faille, l'auteur se borne parfois à donner le dé- placement normal aux couches, indication qui est insuffi- sante à elle seule, et qui ne dispense pas de calculer le déplacement vertical, quand on connaît l'inclinaison des couches. Passant ensuite à l'élude de Yallure des couches, l'auteur aborde la description des coupes verticales qu'il a con- struites, au nombre de vingt-cinq, réparties sur toute la longueur du bassin. Leur analyse m'entraînerait trop loin ; et je supprime, pour abréger, quelques observations sans portée. L'auteur nous fait ensuite connaître la manière sui- vant laquelle il a cru devoir exécuter le Grand pkui d'as- semblage, an 720.000, qu'il a joint à son texte. Cherchant 2""'' SKitlE, TOME XL. 00 ( 958 ) avant tout à rester dans la limite des observations, il lui a été impossible d'accepter partout un niveau uniforme. Ce plan, qui représente la coupe du bassin houiller par un plan horizontal, est divisé en trois zones. Dans la première, ce plan horizontal passe au niveau de la Meuse : elle com- prend le bassin de Hervé et l'extrémité S.O.du bassin, vers Huy; le seconde, pour laquelle le plan de coupe passe à SO m. sous la Meuse à Liège, comprend la région située au nord de la faille de Saint-Gilles, jusqu'aux failles de Rhées et de la Grande-Bacnure à l'Est, et à la ligne de coupe n"9 à rOuest(vers la concession de l'Arbre-Saint-Michel); enfin la troisième zone, pour laquelle le plan de coupe passe à 200 mètres sous la Meuse, comprend particulièrement le bassin de Seraing. A cette grande carte, qui n'a pas moins de 3 '/a mètres de long, l'auteur a ajouté trois coupes horizontales à l'échelle du */ioo.ooo, indiquant les limites du système houil- ler et le trajet des principales failles. F^a première coupe passe au niveau de la Meuse; la deuxième, à 500 mètres, et la troisième, à 1000 mètres sous ce niveau. Elles pré- sentent beaucoup d'intérêt, mais leur reproduction exigerait trois grandes planches. Enfin, réunissant les données géométriques, fournies par ces diverses coupes verticales ou horizontales, à celles que Ton peut tirer de l'étude pélrographique des couches de houille et des stampes intercalées, l'auteur a dressé une Grande coupe de raccorde nienls dans laquelle sont graphi- quement représentés les principaux faits décrits dans les chapitres consacrés à l'étude des couches et des roches stériles interposées entre elles. Ce tableau résume donc la plus grande partie de ce travail, moins ce qui concerne les failles. D'après les recherches de l'auteur, la puissance du sys- ( 939 ) lème houiller chez nous dépasserait 1150 mèlres (nous croyons avoir lu plus haut 1400), dont la moitié supé- rieure renferme les couches de beaucoup les plus nom- breuses, puisque Cbèneux ou Slenaye, qui est la quator- zième, se trouve déjà à 500 mètres au-dessus du calcaire carbonifère. Le chapitre suivant est consacré à la Comparaison de ces résultats avec ceux auxquels Dumont était parvenu en 1850. L'auteur passe successivement en revue les seize groupes que Dumont avait proposés et il explique pour chacun les divergences entre ses opinions et celles de notre maître. Deux causes ont surtout contribué à les produire : la première, c'est que Dumont a compris dans son énumération des couches non exploitées dont notre auteur n'a pas tenu compte; la seconde, c'est que Dumont, par suite de renseignements incomplets, a superposé, sur une notable partie de leur hauteur, les deux séries situées au nord et au sud de la faille de Saint-Gilles. En somme, c'est la même explication que celle qui a été proposée par l'autre concurrent. Vient ensuite VExamen des raccordements et des séries de couches du mémoire présenté an concours de "1873. Comme c'est surtout par notre rapport que Pauteur a eu connaissance de ces résultats, nous croyons devoir, à tout hasard, analyser ici ce cbapitre avec quelques détails, et signaler les divergences principales que présentent les recherches des deux auteurs. Dans le groupe du Nord, le concurrent de 1875 admet vingt-neuf couches seulement sous Maret; notre auteur en trouve dix de plus jusqu'à Boulotte, qui est la première pour lui, tandis qu'elle serait seulement la troisième pour son concurrent. Dans le groupe du Centre, le mémoire ( 940 ) de 1875 admettait quarante et une couches : notre auteur en compte quarante-cinq dans la série de l'Espérance (Seraing), d'Yvoz et des environs de Huy, et quarante-huit, en y comprenant la série de Wandre, Cheratte, Abhoz et Biquet-Gorée. Pour le groupe du Sud, les résultats exposés dans le mémoire de 1873 ont été trop incomplètement présentés dans mon rapport pour que notre auteur pût les discuter. Il signale, entre autres, qu'il y a sept couches sous la veine du Tunnel (Chartreuse), tandis que son concurrent n'en comptait que cinq. C'est dans le groupe des plateaux de Hervé que les divergences sont nombreuses et importantes. Indépendam- ment de l'allure générale des couches et des failles, à pro- pos desquelles l'auteur a déjà constaté de nombreux dés- accords, il en trouve un grand nombre d'autres dans les synonymies proposées, il y a deux ans, et maintenues aujourd'hui. Ainsi, les concessions de Hervé et du Hasard présentent des couches supérieures à celles de Crahay- Maireux. Sotte Veine et Veine au Charbon ne sont qu'une seule couche; Seconde Veine des Champs, à Wergifosse, n'est autre que Sotte Veine. Au Hasard, plusieurs couches sont représentées par des veinettes dont il n'a pas été tenu compte; Jeanne et Camille sont la même couche; Hasard n'est pas Louise, des Prés de Fléron. Dans cette dernière concession. Maréchal et Malgarnie ne forment qu'une même couche, etc.; Angélie n'est pas Bien Venue, des Onhons, mais bien Grande Onhon. Celle-ci, à son tour, est Grande Veine, et Xhilette est Quatre Poignées, de Cowette-Rufin. Dans ce dernier charbonnage, l'auteur con- sidère comme identiques, respectivement, Quatre Poignées et Toussaint, Gilles et Dure Veine , Grande Grailette et Grande Veine. Tandis que le concurrent de 1875 considère ( 941 ) (irande Grailette comme représentant Dure Veine, du Fond dos Fawcs , notre auteur donne à la première de ces couches le n*' 14 et à la seconde le n" 21. Celle-ci ne serait pas Petite Foxhalle, ni Petite Delsemme, pas plus que Grande Veine ne serait Grande Delsemme ni Grande Veine, des Steppes: ce serait Beaujardin. La Veine des Puits, de Trou Souris, serait Mald'accord, de Herman-Pixherotte, comme Marnelte est la même que Homvent, Petite Cal- haute qu'Oiseau de Proie, et Pixherotle que Judée. D'autre part. Grande Veine, de Nooz, représente Beaujardin, de Trou Souris. La concession de la Basse -Ransy se rac- corde aux précédentes par une veinette que le canal d'écoulement de Foxhalle a montrée faisant bassin et qui est supérieure. Petite Foxhalle est la même couche que Petite Delsemme. Pour la concession des Steppes, Grande Veine y représenterait, sauf vérification par des travaux tout à fait récents. Grande Onhon, desOnhons, Angélie, des Prés de Fléron et Grande Veine, de Cowette- Ruhn. D'un autre côté, Bastin- Piquette ou Madame et Dure Veine, de Macy- Fond -Piquette, ne sont au- tres que Dure Veine et Grande Veine, du Fond des Fawes. Enfin, les couches de Melin seraient supérieures à celles de la Minerie ; la Veine au Sable ne serait pas le n** 8 (Veine du Tunnel), mais len° 10; et Quatre Jean serait le n° 14, tandis que Douce Veine, de la Chartreuse, serait len« 12. Notre auteur n'admet pas, comme son concurrent, l'exis- tence de six horizons de grès caractéristiques dans notre système houiller : selon lui, il y a une vingtaine d'horizons de grès, dont ceux de Domina, de Maret, de Flémalle et de Stenaye peuvent seuls, jusqu'à un certain point, être considérés comme caractéristiques. Lesdeux concurrents s'accordent pour assimiler Grande ( 94^2 ) Veine des Dames à Chêneux et à Stenaye; mais, tandis que celui de 1873 raccorde à ces dernières Marnette, du bassin de Hervé, l'autre les rapporte à Beau jardin. De même, ce dernier ne regarde pas Cor et Houlleux comme synonymes de iMagneumoxhon et de Grande Veine, des Kessales; il rejette de même la plupart des raccordements que j'ai indiqués à la fin du S*" alinéa de la page 21 de mon rapport précédent. Le chapitre suivant renferme la Paléontologie de notre système houiller. Après ce que nous avons dit au commen- cement de ce rapport, on ne s'étonnera pas de le trouver tout à fait insuffisant. L'auteur donne d'abord une liste pas- sable des espèces animales, puis il se borne à indiquer les genres de plantes dont on trouve des espèces dans le sys- tème qui nous occupe. Ce qui est plus intéressant, c'est l'étude de la répartition des fossiles animaux : sur ce point, les résultats de l'auteur s'écartent quelque peu de ceux auxquels M. l'ingénieur Malherbe est arrivé. Ajoutons d'ail- ieursque les gisements connus de ces fossiles sont trop peu nombreux pour qu'on puisse, suivant l'auteur, qualifier les niveaux observés d'horizons paléontologiques. Sous le béné- fice de cette observation, il établit neuf niveaux, conformé- ment au tableau suivant : Base de l'étage. Hêtres. iN« 1, au loil de la couche 6 distance moyenne 200 » 3, » » 4, » » 5, » » 6, )) » 7, « jusqu'au sommet de 1 élage 200 15 )) 200 17 » 150 28 n 190 50 25 56 80 58 25 42 85 44 55 ( 9« ) [.e premier horizon est le loil de la couche de Hervé, à la iMinerie. On y trouve des rognons analogues à ceux de Melin. Les Goniatites Lister i du toit de la Veine Madame à la Rochette, sont au même niveau, ainsi que, probablement, ceux du charbonnage de Trou-Souris, où ils provenaient sans doute du toit de la couche Cinq Poignées. Orthoceras strigiUatum de Trou-Souris appartient probablement au même horizon, ainsi que Cardinia lellinaria^ de Juj)iile. Les rognons fossilifères du Houileux peuvent se rapporter à celui-ci ou au suivant. Le deuxième horizon renferme les rognons à Goniatites Listeri trouvés au toit de Macy Veine à Melin, et probable- ment Aricula papyracea des schistes de la même localité. Cardinia acuta, des Grands Makets, appartient à cet horizon ou au suivant. Le troisième horizon comprend huit espèces de cardinies trouvées au toit de la couche Belle-au-Jour dans les con- cessions du Val-Benoît et du Grand Bac; ainsi que celles des schistes compris entre Grand' Fontaine et Grande Pouplou- rou, à Trembleur. Le quatrième horizon , toit de Veine de Joie, à laHaye, est marqué par la présence de Mytilus Wesmaelanns. Le cinquième horizon, toit de Grande Veine des Champs, à Wergifosse, montre diverses espèces de cardi- nles. Le sixième horizon, toit de Plate Veine, à Patience- Beaujonc a fourni récemment quelques fossiles à M. Firkel. Le septième, toit de Cinq Pieds, au Gosson, est caracté- risé par Cardinia antiqua. Les espèces du même genre signalées dans la concession de la Batterie, appartiennent à ce niveau ou à l'un des deux suivants. ( 944 ) Le huitième est le toit de la veinette Neppe ou Sar- lette, que l'on doit rattacher a la formation de Grande- Veine, de Bonne-Fin et du Horloz; il est caractérisé par Cardinia omlis, signalée par M. R. Malherbe. Enfin le neuvième horizon est le toit de la couche Rosier, des concessions de la Haye, de Bonne-Fin, de la Batterie et de Gérard-Cloes. Le dernier chapitre est consacré aux petits bassins du Condroz; il ne renferme aucun renseignement nouveau, ce qui n'est pas surprenant, puisque, depuis longtemps, il ne s'y trouve plus aucune exploitation. IIL L'impression générale que laisse l'étude attentive de ces deux grands mémoires est, comme nous l'avons dit en commençant, qu'ils sont l'œuvre de deux ingénieurs qui connaissent bien notre bassin houiller. Si les auteurs s'étaient strictement renfermés dans la question telle qu'elle était posée, ils auraient certainement évité la plu- part des critiques que nous avons dû faire lorsque ils se sont aventurés dans le champ des spéculations relatives à la géogénie. D'autre part, nous ne pouvons nous abstenir d'exprimer le regret de n'avoir trouvé, ni chez l'un ni chez l'autre, de nouvelles données de nature à nous aider à établir chez nous une bonne division de cette formation et à la raccorder sûrement aux formations analogues de l'étranger. Il résulte de là que, si nous croyons qu'il y a lieu de récompenser les auteurs, nous pensons aussi qu'il n'y a pas lieu de décerner la médaille d'or. Mais, comme une ( 913 ) bonne partie de la récompense, c'est rhonneiirdc la pnbli- cation, nous avons à présentera ce sujet deux observations préalables. Ainsi que nous l'avons vu, les deux concurrents sont souvent en désaccord, au moins pour ce qui concerne les portions non encore explorées du bassin; et nous avons déjà dit qu'il nous est impossible de nous prononcer entre eux. Nous devons ajouter qu'une des raisons qui nous en empêche, c'est que les coupes du second concur- rent sont tracées en traits continus, c'est-à-dire, sans dis- tinction entre les faits positifs, reconnus par l'exploitation, et les conjectures plus ou moins probables que l'on peut faire pour les régions inexplorées. A notre avis, toute publication de carte ou de coupe doit distinguer avec net- teté ces deux ordres de faits. Nous tenons d'autant plus à dégager notre responsabi- lité — et en même temps celle de l'Académie — qu'il s'agit ici d'une question intimeinent liée à la fortune publique. Il doit être bien entendu que l'approbation glo- bale donnée à ces travaux n'engage les rapporteurs et l'Académie sur aucun point déterminé, et qu'on ne peut s'en faire un titre pour lancer dans le public une entreprise toujours hasardeuse, c'est-à-dire pour laquelle les action- naires ne sauraient être trop circonspects. Sous le bénéfice de celte réserve, et après en avoir conféré avec nos deux savants confrères, nous croyons devoir proposer la publication partielle de ces deux mé- moires et des cartes et plans qui les accompagnent. Leur publication intégrale exigerait des dizaines de milliers de francs : il faut donc supprimer tout ce qui n'est pas abso- lument indispensable; mais, quoi qu'on fasse, les frais de ( 946 ) publication seront assez élevés pour qu'il soit impossible à l'Académie d'y subvenir avec son budget ordinaire. Il faudra donc demander au gouvernement un crédit spécial que légitime suffisamment l'importance industrielle de cette question. Les Chambres n'ont jamais refusé leur appui à une œuvre exclusivement scientifique : il n'y a pas de doute qu'elles accorderont l'argent nécessaire pour une publication attendue impatiemment par l'industrie de notre bassin houiller. Cela posé, voici, à notre avis, ce qui devrait être publié. Les auteurs n'ajoutant rien à ce que l'on sait des petits bassins houillers du Condroz, il faudrait supprimer tout ce qui concerne ces bassins. Pour le mémoire de l'ancien concurrent, supprimer la description des roches et toutes les considérations géogé- niques : les rapporteurs les ont suffisamment indiquées pour que la paternité de l'auteur ne puisse lui être con- testée. La publication comprendrait donc la plus grande partie du chapitre W^descriptiongéologiqxie, le chapitre III, relations de notre bassin houiller avec les bassins aile- mands, une grande partie du chapitre IV, description mi- néralogiqiie et paléontologique , le chapitre VI, discussion de la nomenclature des couches admises par Dumont, et le chapitre Vil, conclusions. Quant au chapitre V, recher- ches sur la synonymie des quatre groupes du système, il y aurait avantage à le remplacer par un tableau synop- tique dans le genre de la coupe de raccordements dressée par l'autre concurrent; ce tableau serait fait à la même échelle, 7'300. A ce texte on ajouterait la petite carte au '/so.ooo repré- ( i)47 ) sentant l'allure des six horizons de grès admis par l'au- teur, qui serait invité à y joindre quelques coupes transver- sales à la même échelle. Quelques figures à intercaler dans le texte, ou même quelques petites planches seraient, en outre, indispensahles, par exemple, pour les travaux de Sybilla et l'origine du bassin allemand. Du travail du second concurrent, on imprimerait les parties suivantes : du chapitre lil, un résumé de la des- cription des roches, donnant in extenso les analyses et leur discussion; puis les deux sections suivantes. Géogénie, soulèvements, et accidents et dérangements; puis le cha- pitre VI, descriptions des failles. Le chapitre VJl, consacré à Vallure des couches devrait être remanié et abrégé, parce que nous sommes obligés de réduire à cinq les vingt-cinq coupes que décrit l'auteur. Le texte serait terminé par le chapitre Vllï, Synonymie. Comme planches, nous conservons cinq coupes verti- cales sur les vingt-cinq, en ajoutant que l'auteur devra les réduire au Y^oooo^ tl^ manière que la plus longue ne dépasse pas les dimensions d'une planche ordinaire, repliée sur elle-même. Cette réduction d'échelle nécessitera la suppression du tracé d'un grand nombre de couches, mais elle ne diminuera pas l'importance de ces coupes comme exposition de l'allure du terrain. D'ailleurs la question d'argent ne nous laisse guère de choix : nous ne pouvons que les réduire ou les supprimer. Pour la même raison économique, nous renonçons à proposer la publication des coupes horizontales et du plan d'assemblage au '/20.000; et nous sommes forcé de demander de réduire de moitié (soit au 7'3oo) l'échelle des deux feuilles de la coupe de raccordements, tout en supprimant les couleurs et en les ( 948 ) remplaçant par des hachures convenablement choisies. Malgré ces coupures, on aurait ainsi tout le fond du travail de l'auteur, sinon comme arguments, du moins comme résuUats. Rien n'empêcherait d'ailleurs l'insertion, à l'en- droit le plus convenable, des passages nécessaires pour caractériser convenablement les vues que l'auteur a voulu représenter sur son grand plan d'assemblage : je citerai pour exemple la partie du groupe des plateaux de Hervé au sud de la faille de S^-Hadelin, vers la localité de ce nom et Xhendelesse. En laissant aux auteurs la liberté de remanier leur tra- vail, l'un et l'autre trouveront avantage à profiter de cette latitude, et chacun en profitant, ils n'auront rien à se repro- cher mutuellement. Il est nécessaire de rappeler aux auteurs qu'il est indis- pensable de donner des citations complètes. Le nouveau concurrent a été on ne peut plus laconique sous ce rap- port; et je présume en outre qu'un certain nombre des analyses qu'il rapporte ont déjà été publiées ailleurs. Cette lacune devra être remplie avec soin pour la publication académique. Si l'académie adoptait ces propositions, les trois com- missaires n'hésiteraient pas à se réunir pour indiquer sur chaque manuscrit ce qui doit être supprimé, modidé ou conservé. Enfin, quant aux récompenses à accorder aux concur- rents, nous proposons une médaille d'argent à chacun d'eux, puis (le prix étant de mille francs), une somme de six cents francs à l'auteur du mémohe Labor omniavincil iuiprobus, et une somme de quatre cents francs à son concurrent, d ( 1)49 ) Mta/ipot'l tif .ta. Ut'iat'l. « La sixième quoslion du concours do 1875 était conçue en ces termes : On demande la description du système houiller dn bassin de la prorince de Liège. Un mémoire avait été envoyé à TAcadémie en réponse à cette question. Bien qu'ayant reconnu assez de mérite à ce travail, vos commissaires l'avaient trouvé trop imparfait en certaines parties et trop incomplet pour mériter d'être couronné. La classe admettant ces conclusions avait également, sur la proposition des mêmes commissaires, décidé de main- tenir la question au concours pour 1875 dans l'espoir de voir l'auteur y prendre part de nouveau. Cet espoir n'a pas été déçu, on peut même dire qu'il a été dépassé. En effet, non-seulement le premier mémoire nous est revenu complété et amendé, mais un second concurrent est entré en lice. Comme le travail de ce dernier est parvenu avant l'autre à l'Académie, je m'en occuperai tout d'abord. PREMIER MÉMOIRE. Le premier mémoire a pour devise : La science nest pas œuvre d'imagination, mais d'obser- vation, de calcul et de réflexion. Dans mon rapport de 1875, je disais : « La question B posée par l'Académie n'est pas une question purement ( 9oO ) » théorique. L'intérêt industriel qui s'y rattache prime de » beaucoup l'intérêt scientifique. On pouvait donc la con- » sidérer sous deux faces et l'on devait s'attendre à la voir » traiter d'une manière toute différente, selon qu'un géo- » logue ou un ingénieur entreprendrait d'en donner la » solution. » Je puis dire du travail que j'examine en ce moment, ce que je disais du mémoire de 1873, que c'est évidemment l'œuvre d'un ingénieur; si le géologue s'y montre parfois, ce n'est pas toujours avec bonheur. Je puis même ajouter qu'il y est parfois très-malheureux, comme je tâcherai de le montrer par la suite. Le travail se compose de deux gros volumes de texte et d'un grand nombre de planches. Le texte peut se divi- ser en deux parties : la première, purement théorique, s'étend longuement sur les phénomènes géogémques qui ont accompagné et suivi la formation de nos bassins houillers; la seconde, purement technique, beaucoup plus étendue, s'occupe de la description des couches et des stampes stériles qui les séparent et de la recherche de leur synonymie. Dans une préface de quelques pages l'auteur expose le plan de son travail : « Il compte décrire avec l'exactitude la » plus rigoureuse ce qu'il aura pu voir par lui-même et » condenser, autant que possible, tout ce que ses prédé- » cesseursontditjusqu'àce jour sur le sujet à examiner. » Reprenant ensuite la devise qu'il a mise à son travail, il dit qu'il n'oubliera pas que « la science nesl pas œuvre » d'imagination, mais d'obsermtion, de calcul et de ré- » flexion ; et que l'on fait plus pour elle en exposant des » faits qu'en inventant des systèmes plus ou moins logi- » ques , des théories plus ou moins nébuleuses. » ( y^>i ) II ajoute que la géologie surtout est ennemie de ces théories cl de ces systèmes. Je crains bien qu'en ce dernier point, lauteur ne se fasse illusion d'une étrange manière. La géologie n'a que trop sa part dans les tiiéories et les systèmes qui encom- brent l'histoire naturelle. Si de ce côté on peut lui repro- cher une chose, c'est de s'être fait la part du lion. On verra, du reste, par la suite, que l'auteur lui-même ne se fait pas faute de produire des hypothèses; mais peut-être a-t-il voulu, par défiance de ses propres forces, ou par un dé- dain qui demanderait à être autrement motivé, exposer le peu de cas qu'il fait de ces théories , le peu d'importance qu'il y attache, et, comme conséquence, excuser le peu de soin qu'il a misa les étudier et la manière souvent erronée avec laquelle il les expose. Continuant sa préface, l'auteur prétend que l'insuccès du mémoire présenté en 1875 l'avait presque découragé et lui avait fait craindre le même sort pour son ouvrage à lui ; H En effet, dit-il, j'avais des raisons de reconnaître dans » l'auteur du travail un ingénieur du corps des mines, » attaché au service de la carte générale, où il a pu puiser » à pleines mains les éléments de son travail et profiter de » la collaboration des autres fonctionnaires de l'État (ingé- » nieurs, géomètres ou dessinateurs) qui depuis vingt ans » ont entrepris ce grand travail. » « La lutte n'était évidemment pas égale entre nous... » N'étais-je pas bien audacieux d'espérer de mes seules » forces un travail plus digne de vos suffrages? » D'un autre côté, M. Jules Vanscherpenzeel-Thim écrivit, dans le courant de cette année, la lettre suivante à M. le secrétaire perpétuel de l'Académie. ( 952 ) « Monsieur, » Le compte-rendu de la séance de l'Académie royale de » Belgique du 5 de ce mois (section des sciences) signale j» la présentation d'un mémoire en réponse à la question » concernant la description du bassin houiller de la pro- » vince de Lièr/e, et le renvoi de ce travail à trois de ses » membres, MM. Dewalque, Cornet et Briart. » L'année dernière, l'Académie a eu à s'occuper d'un » mémoire sur la même question; mais elle n'a pas cru » pouvoir décerner la récompense promise. » La lecture des rapports présentés à cette occasion par » ses commissaires, m'a donné la conviction que certains » éléments de ce mémoire, notamment les caries y an- » nexées qui, d'après les rapporteurs, offraient seules de » l'intérêt, avaient été puisées dans les archives du service » spécial de la carte générale des mines dont la haute » direction m'est confiée. » En conséquence, je viens vous prier de vouloir bien » informer MM. Dewalque, Cornet et Briart que le Gou- » vernement fait exécuter une carte générale des mines et » que je mets à leur disposition tous les plans et docu- » ments relatifs à ce travail et réunis depuis 1861. » Ils pourront ainsi apprécier les mérites du mémoire » dont ils ont été saisis et reconnaître les emprunts qui, » éventuellement, pourraient avoir été faits aux archives » de l'administration. » Veuillez agréer, Monsieur le secrétaire perpétuel, l'as- » surance de ma haute considération, » L'ingénieur en chef, directeur des mines. » (StV/wé); Jules Vanscherpenzeel-Taim. » ( !)55 ) Dès le concours de 1875, je me suis rendu dans les bu- reaux de la carte générale des Mines pour la province de Liège, el j'ai eu l'occasion de me convaincre que les prévi- sions de M. l'ingénieur en chef des Mines sont exactes en ce qui concerne le concurrent de celte époque, lequel, comme je l'ai dit, se représente cette année. Je me suis convaincu que la plupart des matériaux qui ont servi à son travail, notamment les cartes et les coupes, se retrouvent dans les bureaux de ce service spécial. Quant au nouveau concurrent, il n'en peut être ainsi, el pour qui sait lire entre les lignes, il résulte des passages que j'ai cités plus haut, qu'il existe entre lui el l'auteur du premier mémoire un esprit de rivalité, je dirai même d'an- tagonisme, qui exclut une telle supposition. Cet esprit d'an- tagonisme ne fait du reste que s'accentuer de plus en plus dans la suite du travail, et il y a même un chapitre consa- cré exclusivement à la réfutation de certaines hypothèses émises par le concurrent de 1873 relativement à la syno- nymie des couches. Il pourra probablement surgir, par la suite, des ques- tions de priorité sur certaines assimilations, certaines dé- couvertes que les deux auteurs ne sont que trop enclins à s'attribuer. Il me semble qu'en général ils font trop bon marché des travaux de leurs devanciers et des ingénieurs de charbonnages qui explorent le bassin de Liège depuis lai.t d'années. A ce propos, je citerai l'opinion de M. Burat relativement à une question semblable soulevée au sujet du raccordement des couches du bassin de Saint-Etienne. « Cette classification, dit-il, appartient exclusivement » aux ingénieurs directeurs de Mines, qui, depuis plus de » trente ans, ont étudié le bassin de la Loire. Ce sont, en j» effet, les travaux souterrains qui ont successivement 2'"*^ SÉRIE, TOME XL. 61 ( 954 ) » résolu toutes les questions géologiques relatives à la » structure et à la composition du bassin, et vouloir sat- » tribuer la propriété de ces résultats, c'est commettre une » usurpation contre les droits de tous les exploitants. » (La houille, 1851, p. 368.) Je ne puis être aussi exclusif, aussi tranchant que Til- Justre professeur de l'Ecole centrale de Paris, au moins en ce qui concerne le bassin de Liège. Le mérite des décou- vertes partielles doit être rendu à ceux qui les ont faites, mais un mérite non moins grand consiste à les coordonner de manière à en former un ensemble aussi rationnel que possible. Ce n'est, du resle, pas le moment d'examiner ces ques- tions épineuses; je reprends l'analyse du premier travail en clôturant ici une digression peut-être déjà trop longue. L'auteur continue sa préface par des considérations gé- nérales sur la manière d'étudier les bassins bouillers. Sans négliger aucun des points de la question il compte s'occu- per surtout « des gisements des couches de houille, de » leurs allures, de leur synonymie ainsi que des déran- » gements qui les affectent, » remettant à un travail pos- térieur, l'étude si intéressante des rapports entre notre bassin houiller et les bassins voisins du Hainaul et de l'Allemagne. Le corps de l'ouvrage est divisé en dix chapitres. Les chapitres qui traitent de théorie pure, de géogénie, sont fort peu recommandables. Les théories admises depuis long- temps sont fort mal exposées; quant aux idées nouvelles émises par l'auteur, les unes sont absolument fausses, les autres demanderaient à être présentées plus clairement et quelquefois même plus correctement au point de vue du langage. L'auteur a peine à trouver le mot propre et l'on ( Wd ) voit bien qu'il est peu familiarisé avec des théories qu'il ne donne, pour ainsi dire, qu'à contre-cœur. Après avoir rappelé certaines théories surrannées sur l'origine de la houille, il admet pour celle-ci une origine végétale. 11 conclut par analogie et d^ une façon presque cer- taine du mode de formation actuel des tourbières à celui de nos bassins houillers ; mais il émet, dès le premier cha- pitre, beaucoup d'idées bizarres dont je me contenterai de citer quelques-unes. L'auteur se demande ce qu'a dû être la nature des plantes houillères et il ajoute : « l'examen des empreintes des nom- » breuses espèces qui ont été rencontrées dans le terrain » houiller permet de se rendre un compte assez exact de » la flore houillère... la flore houillère ofl'rait de grandes » analogies avec notre flore contemporaine des tour- » bières et comprenait, comme elle, des fougères, crypto- » games vasculaires, des gazons, des liliacées, des pal- » miers, des conifères, des cycadées, des stonolifères à tiges » traçantes, prèles, joncs, roseaux, des arbustes tels que » les airelles, les érics, des andromèdes, des pins sylvestres, » des bouleaux blancs et des sapins rouges. » Cela prouve bien que l'auteur ne connaît pas le premier mot de la question. On croirait lire la description des ma- rais tourbeux du Danemark, et il n'est pas impossible qu'il n'y ait puisé des inspirations. Il ajoute plus loin : « Les végétaux (de l'époque houil- » 1ère) sont identiques dans toutes les formations sous di- » verses latitudes du globe, dont on peut conclure que la » température était uniforme. Je crois que cette tempéra- » turc devait être en général peu élevée. Si j'en juge » d'après les conditions actuelles de formations des tour- » bières, elle ne devait pas dépasser 6° à 8". » ( 9o6 ) Voulant expliquer Tabsence de fossiles dans le terrain houiller il dit que « les îles basses de la période houillère, » souvent inondées se prêtaient mal à la vie. » et il ajoute : « une autre raison qui empêche de retrouver les traces de » la vie animale gît dans la grande quantité de SO^ qui » devait exister dans les eaux de cette époque et dissoudre » les coquillages à enveloppes calcareuses. » Il revient plusieurs fois sur la présence de l'acide sulfu- rique dans les eaux de la période houillère et paraît même avoir fait certaines expériences sur la réaction de cet acide sur les bois et avoir obtenu « un produit bitumineux offrant » certaines analogies avec le charbon; mais la pression » manquant, l'expérience n'a pu être plus concluante. » Je crois pouvoir me borner à ces citations pour donner une idée de la valeur du premier chapitre. Le chapitre II a pour titre : Situation géographique du bassin de Liège. Les limites adoptées par Fauteur sont celles qui ont été fixées par Dumont. Il ne croit pas qu'il existe des raisons suffisantes pour les modifier et il combat une opinion de son concurrent de 1875 qui caressait volontiers l'idée d'un retour du bassin houiller au N.-E. de l'îlot calcaire de Visé. 11 en a, dit-il, vainement cherché les traces, soit « dans la » vallée du Geer, soit dans aucune des petites vallées abou- » tissant à la vallée de la iMeuse. » Cela n'a rien d'étonnant puisque ces vallées sont creusées dans les terrains crétacés ou tertiaires et ce n'est pas là que l'on peut reconnaître l'allure du terrain houiller sous-jacent. Le chapitre III intitulé : Généralités géologiques et miné- ralogiques, est meilleur quoique renfermant encore quel- ques singularités. Il constate la division du terrain houiller en deux étages, division proposée par Dumont, qu'il combat ( 9S7 ) mais qu'il finit par adopter comme plus simple et plus commode. Il décrit ensuite les espèces minéralogiques et les roches des deux étages. Je pourrais signaler beaucoup d'imper- fections dans ces descriptions, mais cela m'entraînerait trop loin. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce chapitre ce sont les analyses des différentes roches. Les unes sont puériles et sans grande utilité, comme celles des psam- mites au nombre de 26, des schistes au nombre de 66. Il s'y trouve même une analyse de poudingue. Mais il n'en est pas de même des analyses des houilles, au nombre de 154, qu'il traite au point de vue de la densité, du pou- voir calorifique, de la composition chimique, du carbone cokefié, des cendres et de la proportion des matières fixes. Ces analyses peuvent avoir une utilité réelle. Malheureu- sement, elles sont accompagnées d'idées dans le genre de celle-ci : « La houille peut absorber jusqu'à 60 p. "/„ de j> son poids d'eau par la capillarité, en se dilatant et aug- » mentant de volume. — Le pouvoir calorifique des houilles » est supérieur au pouvoir calorifique du carbone pur » et d'un autre côté « la houille qui donne le pouvoir calori- » fique le plus considérable est celle dans laquelle la pro- » portion de carbone est la plus forte. » Plus haut il fait cristalliser le phtanite et compose les psammites d'un schiste argileux réunissant des grains de quartz et de feldspath en quantités à peu près égales. Beaucoup d'auteurs sont cités dans ce chapitre comme dans les autres parties du mémoire. Faisons remarquer une fois pour toutes que ces citations sont faites sans autre indication , ni le titre de l'ouvrage, ni l'année de la publi- cation , ni la page ne sont indiqués. Dans une sous-section de ce chapitre, intitulée : Forma- ( 938 ) lion du bassin de Liège, çjéogénie , soulèvements , straiifwa- tions souS'jacenteSy Fauteur délaye quelques bonnes idées dans un fatras de théories au milieu duquel il est fort dif- ficile de s'orienter. 11 y a fort peu d'ordre dans rouvrage,et Ion est parfois étonné de voir l'auteur revenir sur des théo- ries ou considérations déjà émises et dont on croyait avoir fini depuis longtemps. Je ferai remarquer que jusqu'à présent l'auteur ne parle pas du grisou et qu'il n'en parle, par la suite, qu'inci- demment, dans la description des couches, en signalant celles qui sont plus ou moins grisouteuses. Nous passerons immédiatement à la partie principale du travail, à In description des couches , des stampes et à la recherche de la synonymie. Le concurrent de 1873 avait admis 47 couches; c'est encore le chiffre qu'il admet cette année. L'auteur du pre- mier mémoire reporte ce chiffre à 53. Cette différence, lé- gère en somme, n'a pas lieu d'étonner ceux qui sont fami- liarisés quelque peu avec les changements de puissance et décomposition que subissent les couches, quelquefois sur des distances relativement faibles. Ce qui ressort principa- lement de ces deux chiffres, c'est que celui de Dumoni, donné en 1833, était singulièrement exagéré. Les couches sont décrites par numéro d'ordre, la couche n^ 1 étant la plus profonde. 11 attribue ensuite à chacune d'elles, les noms divers qui lui sont donnés dans les diffé- rentes parties du bassin. 11 a recueilli à ce sujet, comme il le dit lui-même, le plus grand nombre possible de rensei- gnements aux divers points de vue de la composition, de la nature du charbon, des caractères minéralogiques et chi- miques et des conditions de gisement. Il accompagne ses descriptions de coupes représentant à peu près toutes les ( 959 ) couches à réchelle de 1 cent, par mètre et telles qu'elles se présentent dans les différentes concessions, avec lesinter- calations schisteuses et les veineltes qui leur sont voisines et qui doivent leur être rapportées. Il admet, ce qui est rationnel en de certaines limites, que chaque couche doit avoir été formée à peu près hori- zontalement; qu'après chaque formation, l'immersion de la tourhière,par suite d'un affaissement plus ou moins général, a amené le dépôt de sédiments qui ont formé les stampes stériles et que si les épaisseurs des stampes varient et ne sont pas égales partout, c'est que l'affaissement de la lour- hière, pour employer son expression, n'a pas été partout le même. Il reconnaît que les couches principales, servant d'horizons géologiques , sont espacées d'une manière plus régulière, même à de grandes distances, et qu'elles réta- hlissent l'épaisseur normale des stampes que les veines in- termédiaires tendent à irrégulariser. Il explique le nombre restreint des couches, relativement à celui donné par Dumont, 1*" par des synonymies géné- rales ignorées de cet auteur ou non admises par lui ; 2° par la réunion en une seule couche ou formation, pour me servir d'une de ses expressions, de plusieurs lits de charbon ayant reçu des noms différents. L'auteur entreprend ensuite la description des stampes ou assises stériles séparant les couches de houille. Il eût, peut-être, été préférable de faire les deux descrip- tions en même temps. Toutes ces descriptions paraissent, du reste, faites avec le plus grand soin et il est certes éton- nant que l'auteur soit parvenu, avec ses propres forces, comme il le dit, à réunir tant de documents. Les descrip- tions des slampes et des couches de houilles sont complé- tées par une grande planche les représentante l'échelle de ( 960 ) I p.7oo; celle grande planche, qu'il appelle sa grande coupe de raccordement y donne les stanipes normales et tient lieu de ce que l'auteur de 1873 nommait son album mméralo- gique. La classe comprendra facilement qu'il est impossible de se rendre garant de l'exactitude de tant de descriptions. Je dois à ce propos répéter ce que je disais dans mon rapport de 1875 : « qu'étranger au pays de Liège, que je » n'ai visité que de loin en loin, il m'est impossible d'entrer » dans l'examen de tant de détails et de renseignements. » Remarquons, pour en finir avec ce chapitre, que l'au- teur, admettant que la végétation qui a donné naissance à une couche de houille a été arrêtée par l'immersion plus ou moins complète de la tourbière, est amené à terminer définitivement la période houillère de la même manière, c'est-à-dire par une immersion générale de la contrée. C'est le contraire qui est généralement admis et son idée fera peu de prosélytes. L'auteur passe ensuite à la description des failles qu'il divise en failles principales, en failles secondaires et en failles dérivées. Il en fait une très-longue énumération et il les décrit, les principales surtout, avec beaucoup de détails. II n'esl pas toujours d'accord avec l'auteur du mémoire de 1873, comme, par exemple, à propos du prolongement de la faille S'-Gilles à Test et de la faille S*-Adelin à laquelle ce dernier ne semble guère attacher d'importance. Ce sont, du reste, de pures hypothèses, plus ou moins étayées de preuves assez vagues et qu'il est de toute impossibilité de vérifier dans l'état actuel des choses. J'ajouterai que l'auteur, en ceci comme en beaucoup d'autres choses, se laisse aller trop facilement à émettre des théories souvent fort discutables, sur l'origine ou la for- ( 961 ) mation de ces failles, et inoutre une lendance exagérée à faire provenir certains accidents de la surface lie cassures quelquefois fort peu importantes du terrairi houiller. Tous ces documents sont résumés graphiquement en un grand plan (V assemblage^ ainsi que l'appelle Fauteur. C'est une coupe horizontale faite à trois rn'veaux différents pour trois zones superficielles assez arhitrairement limitées. Les inconvénients d'une pareille disposition sautent aux yeux, et ils seraient encore bien plus visibles si lauteur n'avait pas eu la précaution de choisir, le plus possible, des failles pour limites de ses zones. Quand il doit recourir à des limites de concessions, le cas est plus embarrassant, les traces des couches devant nécessairement y être brus- quement interrompues, sans que l'on en devine, au pre- mier abord, le motif. C'est ce qui devrait avoir lieu, par exemple , à la limite entre les concessions de Sart d'Avette et de Bon-Espoir, que l'auteur a choisie comme limite entre deux de ses zones, laquelle limite est ce- pendant traversée par les couches sans solution de continuité. Est-ce pour éviter l'inconvénient que je si- gnale ou pour tout autre motif? Dans tous les cas, c'est une faute en ce sens que le tracé n'est pas exact. J'ajou- terai que les indications de la surface sont tout à fait insuf- fisantes. De plus , l'auteur a fait figurer les couches en trait plein dans toute leur étendue, que le tracé soit cer- tain ou qu'il soit purement hypothétique. 11 en est de même des failles dont on ne peut distinguer les parties bien connues de celles qui ne le sont pas. L'auteur donne en outre trois autres coupes également horizontales mais à plus faible échelle et donnant très-peu d'indications. La première est au niveau de la Meuse, la seconde est à 500 mètres et la troisième à iOOO mètres sous ce niveau. ( 962 ) Il donne de pins 23 coupes transversales du bassin, la première à rextrémité ouest vers Andenne, la dernière vers l'est, allant de Moetroux vers Dizon. En faisant toutes réserves quanta l'exactitude du tracé, je dois dire que ces coupes sont fort intéressantes et donnent, par leur succes- sion, une idée fort nette du bassin de Liège. Elles ont du demander à l'auteur un travail considérable. Je regrette toutefois, que, ainsi que pour les coupes horizontales d'as- semblage, l'auteur n'ait pas jugé convenable de distinguer le tracé certain du trac.^ hypothétique. Les descriptions de ces coupes font l'objet d'un chapitre spécial. Malheureusement, toutes ces coupes et cartes ne mesu- rent pas moins de 22 mètres carrés de superficie, de quoi effrayer le budget le plus robuste. Dans un des derniers chapitres, l'auteur critique Tim portance attribuée par son concurrent de 1875 aux six horizons de grès qui lui ont principalement servi à établir ses raccordements. Il ne peut en reconnaître que quatre, et encore ne présentent-ils pas la continuité et la régularité que l'on serait en droit de demander à des horizons bien déterminés. Quant à lui, il s'est principalement servi de couches ou, comme il le dit, de formations remarquables par la constance de leurs caractères. Je pense que ces horizons ne sont pas plus certains que les autres et offrent des variations proportionnelles aussi considérables. Les deux auteurs sont en désaccord sur cer- tains raccordements, ce qui n'a rien d'étonnant pour qui connaît les difficultés et les incertitudes d'un semblable travail. L'avant dernier chapitre est consacré à la paléontologie. L'auteur se contente d'énumérer les espèces tant animales ( 965 ) (]iie végélalcs. Ce n'est pos son fort, du reste, que la pa- lcoiitolog:ie : sa clnssificatioii, fort incomplète, est souvent fautive et les noms des genres sont quelquefois mal ortho- graphiés. Il a constaté neuf niveaux fossilifères qu'il a reconnus en divers points plus ou moins éloignés. Il les discute et entre dans d'assez longs détails, fort inléressanis du reste, quoi- que généralement déjà connus. Enfin il termine j)ar la description succincte des bassins accessoires du rjraud bassin anthraxifère , qu'il n'a pas visités et au sujet desquels il ne peut répéter que ce qu'en ont dit ses devanciers. Il est donc inutile de nous y arrêter. SECOND MÉMOIRE. L'auteur du mémoire présenté au concours de 1873, le- quel avait pour devise: «Les observations directes accumu- » lées à suffisance permettent seules d'appliquer la méthode • de généralisation que Von doit avoir comme objectif en » matière de qéorjénie, » soumet à l'Académie un mémoire complémentaire portant pour devise : « Omnia vincit labor » improbus. » Une préface, jointe à ce nouveau travail, fait connaître que, par des études nouvelles et continues, il a cherché à combler les lacunes signalées dans son premier travail, et qu'il a modifié les parties qui avaient soulevé des objec- tions. Il constate que « les bases de son premier travail, c'est- » à-dire la synonymie des couches qu'il avait avant tout » pour objectif et qu'il est parvenu à établir en s'étayant » sur les horizons minéralogiques qui constituent une décou- la verte tout aussi exclusivement personnelle que la syno- ( 9U ) » nymie générale, sont restées les mêmes à la suite des » études complémentaires consignées dans le présent tra- » vail. » Tout cela prouve assez d'amour-propre de la part de l'auteur et la même tendance que j'ai signalée chez l'auteur du premier mémoire^ à s'attribuer beaucoup de découvertes que l'on doit à ses devanciers. Il ne peut cependant espérer faire croire à personne qu'il a le premier indiqué comme horizons géologiques, tout au moins pour le bassin de Liège, les grès de Domina , de Flémalle et de Stenaye, et il se trompe évidemment quand il dit que la synonymie de la couche Chaineux et de la couche Stenaye n'avait « jamais été entrevue avant lui, » puisque son con- current se sert de la même synonymie en ajoutant « qu'elle est peu contestée. » L'auteur ajoute que « le Gouvernement fera sans doute » publier une carte des mines... Cette œuvre... devra for- » cément avoir un degré d'exactitude rigoureux que l'Aca- » demie ne peut espérer rencontrer dans une œuvre per- » sonnelle... L'administration n'a pas encore entrevu la » possibilité d'un raccord de l'important dépôt des plateaux » de Hervé avec le bassin de Liège proprement dit... » La publication des cartes que présente l'auteur... « four- » nira pendant longtemps les indications les plus précises » qui aideront même puissamment à l'exécution du travail » officiel. » L'auteur n'a, jusqu'à présent, entendu formuler aucune objection sérieuse contre ses bases de raccordement. Il n'en pouvait guère être autrement, puisque le public ne les con- naît que par ce qu'en ont dit les commissaires de 1875. Du reste, le premier mémoire est venu combler cette lacune. Quant à la crainte émise par lui de voir ses concurrents s'emparer ou profiter de ses conclusions, « constituant, au ( 96^ ) » point de vue synonymiqiie, dos déeoiivcrlcs nouvelles » qui lui sont enlièrcmont personnelles et dont il reven- » dique la propriélé, » la lecture du mémoire précité est venue nous montrer qu'elle est loin d'être fondée. L'insistance qu'il met à affirmer ses découvertes, dans les passages de la préface que je viens de citer, et, par la suite, à plusieurs reprises, semble dénoter une vague inquiétude de les lui voir contester. Le rapport de l'honorable xM.Dewalque donne un résumé irès-complet du travail ou plutôt des chapitres complé- mentaires que l'auteur a cru devoir y joindre. Il y a fort peu de chose à ajouter aux points qui ont été discutés dans ce rapport. Je dois dire que je m'y rallie entièrement. Cependant, je crois devoir ajouter les obser- vations suivantes : Les hypothèses sur les accidents qui ont affecté le ter- rain houiller ont certains côtés attrayants, quoique ne pré- sentant rien d'absolument nouveau; ils mériteraient d'être développés avec plus de précision dans les détails. On admet avec assez de facilité que les plissements du terrain houiller aient eu lieu pendant une période de plasticité et que les failles ou cassures se soient produites quand cet état de plasticité avait fait place à un état de durcissement plus ou moins prononcé. Ce que Ton conçoit moins, et ce qui, du reste, n'explique rien, c'est son idée de faire pro- duire les plissements par des phénomènes de soulèvement, et les failles par des phénomènes d'abaissement. Je relè- verai ici quelques phrases qui manquent de clarté ou qui expriment des idées fausses. Il dit avoir rencontré la faille de Saint-Gilles à la surface, « à 4-95 mètres en N. du parallèle passant à oO mètres à » TE. du bure de Wandre. » C'est une phrase à rectifier. ( 966 ) Quand il fait du bassin méridional de Dumont une traînée d'épanchement des couches très-inférieures, il em- ploie une expression tout à fait impropre. Plus loin, il dit : « Les forces de compression ont agi » spécialement du S. vers le N., accessoirement du S.O. j) vers le centre , et par suite l'effet produit a comme zone » une direction résultante des deux forces concurrentes, » ce qui n'est pas du tout facile à comprendre. Plus loin encore, il parle « d'une force comprossive, » radiée en divers sens vers un centre à peu près com- » mun... » et trouvant inutile de recourir à la théorie des soulèvements, il dit que « l'on peut expliquer par l'effet » exclusif d'une compression en divers sens les déforma- » tions multiples du bassin de Liège. » L'auteur semble ignorer que la théorie des soulèvements est principalement basée sur la compression produite par le retrait de Técorce solide du globe, que les soulèvements sont le résultat de cette compression et que l'on ne peut pas plus les séparer qu'une cause quelconque de son effet immédiat. Quant à son idée de faire agir ces forces compressives en divers sens, elle est peu fondée et dans tous les cas parfaitement inutile. Pour la selle de Flémallc, comme pour la selle de Kim- kempois, l'auteur semble admettre des compressions dans le sens de la direction de ces accidents. Peut-être son expression trahit-elle sa pensée, mais c'est le contraire qui est vrai, les forces compressives doivent avoir exercé leur action dans le sens perpendiculaire au plissement. L'auteur persiste dans ce qu'il avait avancé en 1873, relativement à l'hyperslénite d'Hozémont, qu'il fait surgir au milieu du calcaire, et il fait de ce calcaire une selle ana- logue à l'Ilot calcaire de Visé. Si cet îlot calcaire, par sa ( !>67 ) forme, se prèle assez bien à l'hypothèse des retours du bassin houillor au N. , il n'en peut è(re de même des affleurements de IIorion-Hozémont. Quant au bassin houiller de Landen, il n'y faut absolu- ment pas eompler. « S'il est établi, » eomme dit l'auteur, que du charbon a été retiré de deux puits aux environs de celle ville, au siècle dernier, c'est que ce charbon y avait été descendu. On pourrait citer plusieurs exemples de la même fraude dans notre pays. Et pour la fontaine qui, dans la même localité, charriait de petits fragments de houille, il faut aussi la reléguer au rang des fables. Je trouve encore plus loin une phrase qui a besoin d'explication, à moins que l'auteur ne préfère la supprimer complètement, ce qui serait mieux. Il parle des plissements plus prononcés de la zone d'Vvoz, qui sont dus, dit-il, « à » la résultante des forces actives et passives intervenues et » provenant les premières de la compression de la parliecal- » caire de Flémalle et les secondes, de la pression du midi.» Il entre dans beaucoup de détails sur certains bancs de grès qu'il a pu observer et suivre à la surface du bassin des plateaux de Hervé et qui l'aident beaucoup à reconnaître l'allure générale du terrain. Par ridenlificaiion de ces bancs de grès avec les grès bien connus du bassin de Liège, il parvient à déduire le synonymie des couches. Cette partie paraît être judicieusement étudiée. Je me rallie cependant aux observations présentées par M. Dewalque relativement aux limites mêmes du bassin. L'auteur consacre un chapitre nouveau à l'étude des relations du bassin de Liège avec les bassins allemands. Constatons ici Pinsufïisance des détails de sa carte au niveau de la iMeuse où ces relations sont en partie indiquées. ( 968 ) Les grands cours d'eau, la Meuse et FOurlhe sont à peine représentés et ne se prolongent pas au delà du tracé des couches. On n y voit qu'un fragment de la frontière prussienne; quant à la frontière hollandaise, elle n'y est pas figurée du tout. Il puise ses renseignements sur le bassin d'Eschweiler dans lin ouvrage déjà bien vieux, celui de M. J.-F. Clerre, ingénieur au corps de Mines, imprimé en 1814 et il éiablit ses relations avec nos bassins par l'intermédiaire des quel- ques couches terreuses et inexploitables reconnues dans ces derniers temps par les travaux de la concession Sibylla, couches qu'il identifie aux couches inférieures de la pro- vince de Liège. « Si je suis parvenu, continue l'auteur, à trouver la » relation du bassin d'Eschweiler avec notre formation » houillère, j'ai lieu de croire également que le bassin de » la Ruhr ne présente pas moins un trait d'union avec une » partie du dépôt de la province de Liège, jusqu'à présent » ignoré. » Et ce trait d'union ignoré jusqu'ici, il le trouve dans les lambeaux du terrain houiller reconnus récemment par des sondages et même par des puits, dans le Limbourg hollan- dais. Ces découvertes ont, dit-il, confirmé ses prévisions. C'est toujours la même tendance, comme on le voit. On peut se demander si les sondages n'ont pas fait naître les prévisions de l'auteur au lieu de les confirmer. Dans tous les cas , il faut reconnaître que ces prévisions ont au moins été partagées, puisqu'elles ont provoqué, de la part d'autres personnes, des dépenses assez considérables en travaux de recherche. Il a été, du reste, impossible à l'auteur d'obtenir des ren- seignements sur ces sondages. On entoure ces découvertes ( 969 ) de mystère. . . . Cela prouve qu'au point de vue industriel il ne faut pas trop se faire illusion sur l'importance du ter- rain houiller reconnu. On n'est aussi mystérieux que quand on n'a que peu de chose à cacher, et si les résultats étaient bien avantageux, on serait un peu plus communicatif. Quant à reconnaître dans ces lambeaux l'origine du bas- sin houiller de la Ruhr, rien n'est moins certain. Ils font, évidemment, partie du terrain houiller qui a donné lieu a certaines exploitations au N.-E. d'Aix-la-Chapelle; mais il est probable que si le prolongement occidental du bassin de la Ruhr pénétre dans le territoire hollandais, c'est beau- coup plus au N. que l'auteur ne l'indique. Le chapitre intitulé : Description minéralogique el paléonlologiqiic, a été analysé par M. Dewalque dont j'ad- mets les appréciations. Je tiens tout particulièrement à laisser à l'auteur la res- ponsabilité de certaines théories plus ou moins bizarres, entre autres de celle de la formation des rognons de fer carbonate par l'action de phénomènes thermo-électriques. Le chapitre VI dans lequel il discute la nomenclature des couches adoptées par Dumont est également un chapi- tre nouveau. Il établit d'abord que des 83 couches admises par Dumont, 66 seulement sont exploitables; c'est de ce dernier chiffre qu'il faut tenir compte, ce qui réduit l'écart de près de moitié. A l'époque de Dumont, la plupart des failles ou leurs prolongements n'étaient pas connus : « On devait croire » dès lors, dit l'auteur, que les couches rencontrées en » allures similaires en deçà et au delà de ces dérangements » ignorés étaient parfaitement distinctes, sans renfermer » de séries répétées » Dumont aurait donc compté deux fois certaines couches. Il prouve la chose par des exemples, et il y trouve « la cause fondamentale de la supputation 2""^ Srhie, tome XL. 62 ( 970 , » d'un nombre de couches beaucoup plus considérable » qu'en réalité. » Celle discussion de la nomenclature de Dumonl me paraît être faite avec soin, et est, dans tout les cas, beaucoup plus complète que celle de son concurrent sur le même sujet. Il donne, en terminant, des tableaux qui rétablissent les couches par groupes et par étages. Tout ce qui précède a trait aux additions faites par lauteur à son travail de 1873 et dont la plupart avaient été réclamées par vos commissaires. Quant aux parties conservées, mon appréciation reste la même qu a cette époque. Je dirai maintenant quelques mots des cartes et coupes qui accompagnent ce travail. D'abord, comme pour son concurrent, je me suis donné la peine d'en faire le métré, et je suis arrivé au chiffre de 13m2,50, plus modeste j en conviens, mais qui ne laisse pas, cependant, que de donner à réfléchir. J'avais conseillée l'auteur certaines modifications. J'avais, entre autres fait ressortir les inconvénients des deux niveaux adoptés par lui pour la construction des coupes horizontales formant les cartes. Pour obvier à ces inconvénients, il donne une nouvelle carte générale du bassin au niveau de la Meuse à Liège, à une échelle réduite,et où ne sont figurés que les 6 horizons de grès principaux. Cela atteint plus ou moins le but, mais sans obvier aucunement au manque (les détails de la surface, signalé à la grande carte. J'avais aussi conseillé à l'auteur de numéroter ses couches au lieu de leur donner un liséré de couleur, ce qu'il n'a pas cru devoir faire, et ce qu'a fait son concurrent. Je regrette éga- lement qu'il ne se soit pas rendu à mes observations quant à ses coupes verticales, qui sont incomplètes et qui eussent dû être failes à la même échelle que ses caries. ( î^71 ) CONCLUSIONS. Malgré les nortibreuses imperfections signalées et à pro- pos desquelles j'ai cru devoir enirer dans beaucoup de détails, il me paraît qu'il y aurait une grande utilité à pu- blier les deux mémoires, en élaguant, bien entendu, les par- ties défectueuses, en réduisant considérablement le nombre des planches, et en f{iisant subir à celles qui pourraient être conservées une notable réduction d'échelle. Je demanderai de plus que cette publication, qui doit entraîner à des frais d'impression assez considérables, soit faite au moyen d'un subside spécial qui serait demandé à M. le Ministre de l'Intérieur, afin de ne pas ébrécher le budget ordinaire de l'Académie. Quant aux récompenses à accorder aux auteurs, je me rallie à la proposition de votre premier commissaire. » 9af/po»*t cl*» MM. Cofnet. « Les deux mémoires sur la description du terrain houil- ler de la province de Liège que la classe a soumis à notre examen , ont été si complètement analysés et si parfaite- ment étudiés dans les deux rapports dont il vient d'être donné lecture , que je déclarerais me rallier entièrement à l'opinion de mes deux honorables collègues, s'il ne s'agis- sait pas de la description d'un terrain dont la connaissance a une énorme importance au point de vue économique, tandis qu'elle n'en a pas plus, sous le rapport purement géologique, que tout autre système de nos terrains pri- maires. Si la classe des sciences avait , pour la question de con- cours, demandé la description du terrain dévonien, du calcaire carbonifère, du terrain crétacé ou du terrain ter- ( 972) tiaire, c'est-à-dire la descriplion d'une formation qui ne renferme guère, dans notre pays, comme substances utiles à l'homme, que des matériaux divers pour les construc- tions, je serais d'avis d'ouvrir les Mémoires de l'Académie royale à toutes les hypothèses un peu vraisemblables, que les auteurs feraient sur l'allure en profondeur et on étendue des diverses assises et des bancs entrant dans la composition du terrain décrit. Si des découvertes venaient ultérieurement démontrer l'inexactitude de ces hypothèses, la publicité donnée à celles-ci dans nos Mémoires n'aurait causé que peu ou point de préjudice économique. Mais, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, il s'agit du terrain houiller de la province de Liège qui renferme de nombreuses et belles couches de houille dont l'exploi- tation est une source de richesse pour le pays tout entier, en même temps qu'elle procure de grands profits à plu- sieurs concessionnaires. Aussi la recherche de nouvelles couches de houille ou du prolongement de celles qui sont déjà connues sur certains points , se poursuit avec ardeur. Mais les travaux de reconnaissance qu'il est presque tou- jours nécessaire d'effectuer, exigent très-souvent des dé- penses énormes qui sont entièrement perdues si, comme l'on en a malheureusement trop d'exemples, le terrain houiller est peu riche, sinon stérile. Dans la plupart des cas, même quand le terrain houil- ler affleure à la surface, on n'a pour se guider lors de l'exécution des travaux qui ont pour but la découverte de gisements de combustible, dans une partie non encore explorée d'un bassin houiller quelconque, que des indi- cations très-incertaines. Nous pourrions citer beaucoup d'exemples d'entreprises qui se sont effectuées sans autre connaissance préalable que celle de l'existence du terrain houiller et qui, néanmoins, ont été couronnées des plus 973 ) brillants succès; mais, par contre, nous pourrions en citer d'autres, très-nombreuses aussi, qui semblaient avoir pour elles toutes les chances de réussite et qui n'ont eu pour résultat définitif que l'engloutissement de capitaux énormes* La production de la houille a acquis une très-grande importance dans la province de Liège ; cependant une partie considérable du terrain houiller tel qu'il est limité par Dumont ou par les auteurs des mémoires qui nous sont soumis, y est encore tout à fait inexplorée et l'on ne peut faire aujourd'hui, sur le nombre et l'allure des couches de combustible qui s'y trouvent, que des hypothèses plus ou moins vraisemblables. C'est ce qu'ont fait nos deux auteurs. Mais ce qui prouve combien est large le champ des hypo- thèses dans le cas qui nous occupe, c'est que les caries jointes aux mémoires, quoique fournies par des hommes qui possèdent évidemment une connaissance approfondie du bassin liégeois, sont pourtant loin de s'accorder entre elles. Nous ne citerons qu'un seul exemple de ce désac- cord, mais il est frappant. L'auteur du premier mémoire attribue une très-grande richesse en couches à cette partie importante du terrain houiller qui se trouve comprise entre le calcaire carbonifère et les exploitations des char- bonnages du Hasard et de Crahay-Maireux, tandis que l'auteur du second mémoire la considère comme presque complètement stérile. L'un des deux tracés est évidemment erroné. Il est probable qu'ils le sont tous deux, mais l'ave- nir seul peut nous l'apprendre. L'Académie royale ne fait pas siennes les opinions des auteurs des articles qu'elle insère dans ses publications. Mais il est des cas où elle doit s'inquiéter de l'effet que ces opinions peuvent avoir, sous le rapport économique, sur certaine partie du public. Malgré toutes les réserves que nous pourrions faire à propos du tracé des couches sur les ( 974 ) cartes et les coupes jointes aux deux mémoires que nous avons examinés, il est certain que la publication, dans les Mémoires académiques, de ces documents tels que nous les avons reçus influencerait considérablement les travaux de recherches dans le bassin de Liège. Il serait même à craindre que la spéculation ne s'en emparât pour monter quelques-unes de ces affaires véreuses dans lesquelles le pubhc se laisse si facilement engager. Je ne puis donc me rallier à l'avis des deux premiers commissaires qu'à la condition expresse que sur les cartes dont ils proposent l'insertion, les parties des couches ou des bancs de grès connues par les travaux miniers ou par des affleurements bien évidents soient seules figurées ou que, du moins les tracés hypothétiques ne soient indiqués que par un pointillé très-fin. Je demande en outre qu'à la légende de chaque carte ou de chaque tableau synony- mique, il soit ajouté en caractères saillants une note décla- rant que l'Académie entend laisser aux auteurs toute la responsabilité de leur travail. ■ Après délibération, la classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, accorde au premier mé- moire une médaille d'argent et une somme de 600 francs, et au second mémoire une médaille semblable avec une somme de 400 francs. L'ouverture des billets cachetés a fait connaître comme auteur du premier mémoire M. J. Renier Malherbe et comme auteur du second M. Julien de Macvr, tous deux habitant Liège. La proclamation des résultats du concours aura lieu dans la séance publique du 16 décembre. ( 975 ) GlJlSSË DES SCIENCES. Séance publique du i6 décembre i875, M. A. Brialmont, directeur, président de rAcadémie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Mclsens, F. Duprez, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, membres; Th. Schwann, E. Catalan, associés jEd, Mailly, J. De Tilly, F. Crépin, G. Van der Mensbrugge , correspo7idants. Assistaient à la séance : Classe des lettres : M. le baron Guillaume, directeur; M. Ch. Faider, vice-directeur ; MM. J. Roulez, P. Devaux, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lcttenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, G. Nypels , membres; J.Nolet de Brauwere van Steeland, Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés. Classe des beaux-arts : M. Balat, directeur; MM. L. Ahin, J. Geefs, Ch. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck , ( 976 ) Gusl. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, membres. A une heure, le bureau de la classe, composé de MiM. Brialmont, directeur, et Liagre, secrétaire perpétuel, ainsi que MM. le baron Guillaume , directeur et Ch. Faider, vice-directeur de la classe des lettres, et M. Balat, direc- teur de la classe des beaux-arts, viennent prendre place sur l'estrade. Un auditoire nombreux, parmi lequel on remarque un certain nombre de dames, S. Ex. sir Savile Lumley, Ministre d'Angleterre, S. Ex. M. le Ministre de Turquie, et divers hauts fonctionnaires , assiste à la réunion. M. Brialmont a pris d'abord la parole pour faire la lecture suivante d'usage comme directeur. Causes et effets de l'accroissement successif des armées permanentes. Messieurs, En ioD2, Charles-Quint résolut de faire un suprême effort pour reprendre Metz, qui était tombée, la même année, au pouvoir des Français par surprise et trahison. Bien que son empire fût aussi vaste que celui de Charle- niagne, il ne put réunir devant la place que 60,000 hommes. Le typhus et le froid firent de tels ravages dans cette armée que l'empereur dut lever le siège et licencier une partie des troupes. Trois siècles après cet événement, en 1870, l'Alle- magne, dont la superficie est égale au tiers seulement de celle des États de Charles-Quint, investit celte même place ( 977 ) de Melz avec 200,000 liommes et porla, au delà du Rhin, m\ effectif lolal de 900,000 combaitaFiis (1). Une disproportion aussi grande existe entre la force de rarméc française sous Henri II, et celle de Tamnée fran- çaise d'aujourd'hui. Le successeur de François I" ayant déclaré la guerre à TEspagne, en 1557, Philippe II fit envahir ses Etats par 55,000 faniassinset 12,000 cavaliers, auxquels vinrent se joindre 8,000 auxiliaires anglais. Cette armée, placée sous le commandement du duc Philibert de Savoie, mit le siège devant Saint-Quentin, forteresse « doù dépendait alors le salut de la France (2). » Le connétable Anne de Montmorency, à la léte de 25,000 hommes de bonnes troupes, essaya en vain de ravi- tailler la place et d'y introduire des secours; obligé de battre en retraite après un demi-succès, il rencontra, à la sortie d'un défdé, 8,000 hommes d'armes et reiters sous les ordres du comte d'Egmonl. Celui-ci l'attaqua vigoureu- sement et le mit dans une déroute complète. Montmorency perdit la moitié de son effectif et ses meilleurs officiers (3), l'autre moitié fut prise ou dispersée (4). Par suite de cet échec, la France se trouva dans une situation si critique, que, de l'aveu de ses historiens, elle eût été réduite à signer (1) D'après le docteur Engel, directeur du bureau statistique de Berlin, l'effectif des troupes qui ont passé la frontière allemande en 1870-1871, s'élève à 913,957 hommes, savoir: 69o,9o7 Prussiens, 42,502 Saxons. 45.896 Hessois, 405,4-18 Bavarois, 28,781 Wurtembergeois et 25,918 Badois. (2) MOTLKY, la Révolution des Pays-Bas, t. I". p. 246 (3) Le connétable fut blessé et pris, le duc d'Enghien tué; Montpensier, le ma- réchal de Saint-André , le duc de l.ongueville, le prince de Mantoue, le comte de la Bochefoucault, d'Aubigny et Bochefort furent faits prisonniers. (4) De Thou prétend que les Français eurent 2.500 tués dans cette bataille et les Espagnols 50 seulement. ( 978 ) une paix désastreuse si Philippe II avait permis aux vain- queurs de Saint-Quentin de marcher sur Paris. « L'unique « armée (1) sur laquelle reposait la défense de la France, » dit M. Henri Martin, en citant de Thou, semblait alors » anéantie.... L'ennemi était assez fort pour entreprendre » à la fois d'accabler dans La Fère les débris de l'armée j» française et de marcher droit à Paris qui était sans dé- » fense (2) » . Charles-Quint le savait; aussi quand on lui annonça la victoire de Saint-Quentin, il s'écria: » Mon fils est-il à Pam(3)?)» Eh bien, Messieurs, la France qui, en 1557, après la perte d'une armée de 25,000 hommes, se trouvait à la merci du roi d'Espagne, mit sur pied, en 1871, une armée de plus d'un million de soldats (4), et continua la lutte non- obstant les désastres de Sedan et de Metz qui lui avaient coûté 350,000 hommes (tués, blessés et prisonniers). Aujourd'hui cette même nation, malgré la perte de deux provinces, pourrait mobiliser 2,400,000 soldats, représen- tant le pied de guerre de son armée active et de son armée territoriale. Quant aux forces miUtaires actuelles des États dont se (4) Indépendamment de l'armée qui succomba à Saint-Quentin, la France avait alors en Italie une armée de 12,000 hommes de pied, de 400 gendarmes et de 800 chevau-légers, sous les ordres du duc de Guise, qui combattait, avec peu de succès , les troupes aguerries du duc d'Albe. (2; Histoire de France, t. VIII, p. 4oo. (3) Lettre du majordome de Charles-Quint, citée par M. Mignet. (4) Le général Pourcet donne dans son livre (p. 209) le résultat de la revue d'ef- fectif qui fut passée le 5 février 1871. Il y avait en ce moment, en ligne. 534,000 hommes , dans les dépôts et en Algérie, 354,000 ; total , 888,000 hommes, non compris 273.000 hommes de l'armée du Rhin , prisonniers en Allemagne. ( 979 ) composait l'empire de Charles-Quint, on peut les évaluera plus de 4 millions d'hommes, ou à 22 fois ce qu'elles étaient enlooO, eu égard à la population, et en supposant que celle-ci ait triplé depuis lors (1). Cet énorme accroissement des armées permanentes est un des faits les plus curieux et les plus importants de This- loire. Il sera donc utile d'en indiquer les causes et d'en apprécier les effets. Si je me suis décidé à traiter ce sujet dans une assem- blée de savants, c'est qu'il n'est pas exclusivement du do- maine de l'histoire et de l'art delà guerre. Les sciences, en effet, ont largement contribué à l'accroissement des armées permanentes, et suivant que cet accroissement sera jugé un bien ou un mal , elles auront à réclamer une part d'éloges ou à se charger d'une part de responsabilité. H. Les armées permanentes ne sont pas d'institution mo- derne. Leur origine remonte à l'époque où les Grecs éprou- vèrent la nécessité de perfectionner leur milice et de faire progresser l'art de la guerre, pour repousser les innom- brables armées des barbares ou pour aller combattre ces armées chez elles et s'emparer de leur territoire. Les premières armées dont fassent mention les livres saints et les histoires profanes, étaient levées pour la durée d'une campagne et composées de tous les citoyens en état (1) La période moderne du doublement de la population est évaluée, d'après les derniers recensements, à cent neuf ans en moyenne. Elle était beaucoup plu» longue antérieurement, pour plusieurs raisons qu'il est inutile d'exposer ici. ( 980 ) de porter les armes. Telles furent les armées de Moïse (1), de Cyrus, de Crésus, de Darius, et de Xerxès; la moins forte de ces armées comptait plus de 300,000 hommes. A la bataille de Timbrée, le premier fait de guerre dont les détails soient arrivés jusqu'à nous, et qui remonte à Tan o48 avant Jésus-Christ, Cyrus avait présents sous les armes 196,000 Perses, et Crésus 420,000 Assyriens (2). L'an 490 avant Jésus-Christ, 500,000 Perses, levés par Darius, envahirent la Grèce et furent repoussés à Marathon par 10,000 Athéniens, sous Milliade. Il fallait que l'art de la guerre eût bien décliné chez les Perses, pour que la Grèce obluit un pareil succès septante-huit ans après les triomphes de Cyrus. Voulant réparer l'échec de son père et châtier les Grecs, Xerxès leva, en 481, une armée beaucoup plus forte, qu'il commanda en personne. Hérodote, qui avait quatre ans au moment où les Perses franchirent l'Hellespont, tenait de témoins oculaires que cette armée, fournie par quarante- six nations alliées (Perses, Mèdes, Assyriens, Égyptiens, Parthes, Arabes, etc.), comptait à Doriskos, où elle fut pas- sée en revue, 1,700,000 fantassins et 80,000 chevaux, chiffres dont l'exactitude semble confirmée par ce fait qu'elle mit sept jours et sept nuits à franchir le double passage de l'Hellespont, bien que les officiers, pour accé- lérer la marche des troupes, eussent distribué aux soldats force coups de bâton et de fouet (5). (\) Elle comptait 600,000 hommes, le quart environ de la population. C'est la plus ancienne armée dont l'histoire fasse mention. (2) D'après Xénophon. (3) D'après Hérodote, elle comptait, en outre, !20,000 Arabes et Lydiens mon- tant les chevaux et conduisant les chars. ( 981 ) A eetcffeclif, le plus élevé dont Thisloire fasse mention, il faut ajouter, d'après Hérodote, un nombre au moins égal de serviteurs esclaves, vivandiers, conducteurs de bétail, concubines, eunuques, cuisiniers, etc. (1). Les provisions pour cette colossale armée avaient été réunies pendant trois ans sur divers points de la ligne d'opérations. Il est hors de doute que l'armée de Xerxès, de même que celle de Darius, avait été formée par la levée en masse de tous les hommes valides. N'ayant fait aucune exception en faveur de ses propres enfants, Xerxès se crut en droit de punir le riche Pythios, dont il fut Thôte à Sardes , parce que celui-ci avait demandé la permission de garder près de lui son cinquième fils. Après la revue, elle fui rejointe par 300,000 soldats, formant le contingent des peuples d Europe. Xerxès avait 1,200 vaisseaux, montés chacun par 237 hommes, et 3,000 vais- seaux, montés chacun par 80 hommes. (1) Les armées actuelles de l'Orient présentent encore le même phénomène. Le comte de Warren, qui était dans l'Inde en 1843, rapporte qu'à cette époque l'ar- mée desCipayes comptait 250,000 hommes. Devant pourvoir à ses besoins, cette armée était accompagnée de son bazar. « C'est, dit il, un village de marchands , un peuple d'ouvriers qui vendent aux Cipayes tout ce dont ils ont besoin et qui les suivent à la guerre avec leurs bestiaux et leurs magasins. Boulangers, bouchers, cabaretiers, tout ce qui est nécessaire à la vie se trouve au camp; chaque officier traîne avec lui un énoi-me bagage , dix, quinze ou vingt domestiques , une tente, un mobilier, etc. Bref, le système n'a pas changé depuis Xerxès et Darius. Cette adjonction de tant d'individus qui, le jour de la bataille , ne servent absolument à rien, mais qu'il faut protéger avant tout, parce que sans eux on mourrait de faim, déroute complètement les prévisions accoutumées d'un officier général euro- péen, puisque \& tiers de son monde, tout au plus, est capable de faire le coup de fusil... Le moindre mouvement rétrograde livre toutes ses ressources à l'en- nemi. Il faut donc agir lentement, à coup sur, ne rien risquer. Aussi lord Clive a-t-il fait la conquête du Bengale avec une poignée de soldats, comme Alexandre avait fait celle de l'Inde, deux mille ans auparavant. » {^Inde anglaise, t. V^.) ( 982 ) La bataille navale de Snlamine obligea Xerxès à battre en retraite; il laissa en Grèce 500,000 hommes sous les ordres de Mardonius. Cette armée fut battue, en Tan 479, à Platée, par Pausa- nias, et le même jour la flotte perse subit un échec décisif à Mycale. Environ cent cinquante ans après (en Tan 553), l'un des successeurs de Xerxès, Darius Codoman, leva 400,000 fantassins et 100,000 chevaux, pour arrêter la marche d'Alexandre le Grand. Cette armée, de même que les précédentes, formait une masse confuse sans instruction et qui n'élait pas même subdivisée en unités tactiques. Il fut impossible de la diriger et de l'engager contre les Grecs, qui avaient des troupes exercées, disciplinées et bien commandées. L'historien Grote dit avec raison que les sol- dats de ces énormes armées étaient, un jour de bataille, « plutôt spectateurs que combattants, » C'est également une sorte de levée en masse qui permit à Attila, roi des Huns, de réunir la formidable armée avec laquelle il eût ravagé l'Europe occidentale, si les Gallo- Romains ne l'avaient arrêté à Chàlons, l'an Ao\ de l'ère chrétienne. La même origine doit être attribuée à l'armée des Arabes Musulmans, qui fut écrasée à Poitiers, Tan 732, par Charles iMartel. Dans cette mémorable bataille, où se trouvèrent aux prises l'Asie et l'Europe, le Coran et la Bible, il y eut d'énormes forces engagées. Jamais l'Occi- dent n'avait vu s'entre-choquer de pareilles masses. Il périt des deux côtés, d'après l'historien goth Jornandès, J 65,000 hommes. C'est encore par le service général et obligatoire que fut recrutée l'armée de 700.000 Mongols et Tarlares avec laquelle Genghis Khan s'empara en 1209 de Pékin et de ( 98.1 ) tout le pays situé entre cette ville et la mer Caspienne. A partir de ce moment, on ne vit plus qu'une seule grande armée, formée par la levée en masse, ce fut celle qui permit à Tamerlau, l'un des successeurs Mongols de Genghis Khan, de refaire les conquêtes d'Alexandre dans l'Inde et de battre, en 1401, les Turcs, sous Bajazet, à An- cyre. Dans cette bataille, la première où les Musulmans lurent vaincus par les Tarlares,il périt 400,000 hommes (1). Ces armées présentaient le spectacle de masses confuses, sans organisation, ni instruction, ni discipline, et l'histoire nous apprend qu'elles furent battues honteusement chaque fois qu'elles eurent à faire à des troupes exercées, pourvues d'un bon armement et commandées par des généraux habiles. Ainsi 10,000 Grecs sous Miltiade (2) repoussèrent à Marathon 100,000 fantassins et 10,000 cavaliers Perses, commandés par Datis (5). Ainsi la petite armée de 4,000 Spartiates avec laquelle Léonidas défendit les Thermopyles (4) arrêta pendant deux jours l'armée de Xerxès et lui fit perdre, au témoignage d'Hérodote, 20,000 hommes. Ainsi encore 7o,000 Grecs (5) sous Pausanias vainqui- (1) Histoire universelle, par Cantu, t. XII. p. 76. [% D'après Justin; 9.000 d'après Cornélius Nepos. M. Paul Devaux. dans son Mémoire sur tes guerres médiques , soutient qu'à cet effectif de 10,000 hoplites on doit ajouter 10,000 à 12,000 hommes de troupes irrégulières (esclaves, etc.). (3) C'est l'effectif donné par Cornélius Népos ; Pausanias le porte à 300,000 , chiffre exagéré; M. Devaux à 6o,000. (4) Les forces totales de Sparte et d'Athènes ne s'élevèrent qu'à 11,200 hommes, d'après Pausauias; ces forces, après le passage des Thermopyles, s'embarquèrent sur la flotte qui, sous Eurybiade et Thémistocle, remporta la victoire décisive de Salamine. (o) Pausanias avait 40.000 hommes de troupes pesamment armées, 3o,000 ilotes (troupes légères] et un nombre proportionné d'esclaves, conduits par chaque divi- sion de l'armée : total , 1 10,000 hommes, ( 984 ) rent, à Platée, 500,000 Perses (l'élite des troupes de Xer- xès) commandés par Mardonius. Cette supériorité de la science sur le nombre éclate sur- tout pendant les merveilleuses expéditions d'Alexandre. Dans sa deuxième campagne d'Asie, l'armée macédonienne, forte de 40,000 fantassins et de 7,000 chevaux (1), se trouva, à Issus, en présence de 500,000 Perses. Alexandre les attaqua résolument, les mit dans une déroute com- plète et fit un grand massacre parmi les fuyards accumulés. Les Perses perdirent 100,000 fantassins et 10,000 cava- liers. Du côté des Macédoniens il n'y eut que 500 fantas- sins et 150 cavaliers tués. A la bataille d'Arbèles, livrée deux ans après (551 avant J.-C.) la supériorité des Grecs ne fut pas moins écra- sante (2). Darius donna l'exemple de la fuite, et toute l'ar- mée se débanda lorsque seulement le dixième de ses forces avait été engagé. Ses pertes furent immenses, celles des Grecs minimes (5). Bien que ces grands et décisifs succès doivent être attri- bués en partie à l'ignorance, à l'indiscipline et à la mollesse des Perses et de leurs alliés, on ne peut nier qu'ils ne témoignent éloquemment en faveur de la supériorité des troupes permanentes de la Grèce. L'armée de Philippe de Macédoine, père d'Alexandre, (i) C'était la force de l'armée d'Alexandre à Arbèles. D'après Grote, Alexandre n'avait que 30,000 fantassins et 4,500 cavaliers lorsqu'il envahit l'Asie, l'an 334 avant Jésus-Christ. (2) Arrien porte à 300,000 le nombre de Perses tués, surtout dans la poursuite. Diodore le réduit à 90,000 et Quinte-Curce à 40,000. Les Lacédémoniens eurent 100 hommes tués d'après Arrien, et 300 d'après Ouinte-Curce. (3) Alexandre avait 47,500 hommes, dont 7,000 de cavalerie, et Darius 600,000 hommes. ( \m : élail tactiqiiemenl la meilleure du temps. Il l'avait rendue permanente et, pour la compléter, y avait introduit des mercenaires. Avant lui, les armées grecques étaient composées de citoyens riches (1), que l'on appelait par la voie du sort et qui rentraient dans leurs foyers après une campagne d'été de quatre ou cinq mois. A l'époque où le créateur de l'organisation militaire de la Macédoine parut sur la scène, ce parfait modèle de recrutement avait déjà subi la désastreuse influence de la corruption des mœurs et de l'abaissement des caractères. « A Athènes, dit Grote, et dans la plupart des autres parties de la Grèce, les citoyens étaient devenus opposés à un service de guerre, dur et actif. L'usage des armes avait passé principalement à des soldats de profession... qui ser- vaient partout où une bonne solde leur était offerte (2). » Les armées de la république romaine furent, comme celles des premiers temps de la Grèce, formées et alimen- tées parla conscription sans privilège, c'est-à-dire fondée sur le principe du service personnel. Avant Marins, on n'as- treignait au service militaire que les hommes libres payant un cens supérieur à 4,000 as (400 francs). L'armée romaine se composait alors des citoyens les plus riches, les plus instruits, les plus dévoués. Dans l'opinion du législateur romain, « la fortune et la propriété étaient des otages et des garanties pour la répu- (Ij Ils devaient être assez riches pour s'équiper et pourvoir aux frais de la guerre. En échange de ce sacrifice, on leur accordait tous les emplois adminis- tratifs et judiciaires et toutes les hautes positions sociales. ■2) L'armée d'Alexandre comptait 5,000 mercenaires. Il y en avait !20,'lOO à 80,000, d'après Grote, dans l'armée perse . à Issus. C'étaient tous des Grecs. ^■"^ SÉRIE, TOME XL. 65 ( 986 ) blique et le fondement le plus sûr de Tamoiir de la pa- trie (1). D A cause de ce recrutement limité, les armées de Rome ne furent pas, eu égard à la population, plus nombreuses que ne l'avaient été celles de la Grèce, mais la qualilé des hommes, la supériorité de l'instruction, de Tarmement et du commandement leur donnèrent assez de puissance pour vaincre les masses confuses, ignorantes et indisciplinées des barbares. En l'an 346 avant Jésus-Christ, lorsque Rome commença la conquête du monde, elle ne pouvait lever que 4o,000 hommes. a Cette nation, dit Montesquieu, a tiré son éclat et l'ar- mée son mérite de ce que les soldats qui la composaient n'étaient pas d'une classe obligée de sacrifier sa liberté pour assurer sa subsistance. » Marius corrompit l'esprit aristocratique des légions, en y introduisant des pauvres et des hommes de race aflVan- chie (2), qui communiquèrent à l'armée leurs habitudes de désordre et d'anarchie. Jusque-là le service militaire avait été considéré non comme un devoir, mais comme un droit du citoyen libre. Cette altération de la milice romaine eut pour résultat de transformer l'armée en un instrument (1) ViTi', Histoire civile de l'armée française. ["2] Le général Bardin prétend qu'après la bataillo de Cannes, l'enrôlement des esclaves fut une nécessité; jusque-là, il n'avait été qu'une exception; Marius en fit un principe. D'après Mommsen, Marius fut obligé d'admettre les prolétaires dans l'armée « parce que les classes les meilleures de la société s'éloignèrent de plus en plus du service militaire et que la classe moyenne et celle des Italiotes diminuaient de plus en plus. » Le même historien fait observer judicieusement que « Marius, en formant une classe de soldats, en remplacement des citoyens soldats de la répu- blique, fut cause que le service militaire devint graduellement une profession, et que l'armée temporaire fit place à l'armée permanente » (réforme qui s'accomplit régulièrement sous Auguste). ( 987 ) dangereux. Les factions s'en emparèrent, et Ton vil alors Tarmée combattre successivement pour César et pour Pompée, pour Antoine et pour Brutus. Quand Auguste monta sur le trône, il trouva l'instrument usé, et jugea né- cessaire de le refondre en décrétant la permanence de l'armée ( I ). « Au lieu de 20 campagnes , séparées quelque- fois par de longs intervalles de repos dans ses foyers, le légionnaire devait accomplir vingt années de service effec- tif, c'est-à-dire vivre vingt années sous la tente et dans les camps retranchés qui étaient les casernes des Romains. » Malheureusement, dans la crainte que le peuple ne s'in- surgeât contre son despotisme , Auguste éloigna des légions les citoyens romains et n'y admit plus que les levées des provinces et les mendiants de la cité : mesure fâcheuse, dont Mécène prit la responsabilité. Dion Cassius pré- tend ,en effet, que ce célèbre favori, pour éviter les sédi- tions et les guerres civiles, avait conseillé à son maître de désarmer les citoyens et d'enrôler exclusivement dans ses armées « la portion la plus vigoureuse et la plus forte de la nation, celle que la misère contraignait à vivre de brigandage. » L'armée permanente cessa donc d'être nationale et elle déclina d'autant plus vite, qu'après Auguste on étendit à toute l'Italie l'exemption qui avait été accordée à la cité, et qu'on n'enrôla plus dès lors que des volontaires et des provinciaux non romains. Or, Tacite nous apprend que l'empereur Tibère se plaignait de ce qu'on ne trouvait plus (1) Auguste assujettit les prétoriens à un service de 12 ans et les légionnaires à un service de 46 ans d'abord, puis de 20 ans. Dans la cavalerie, on ne servait que 10 ans. ( 988 ) de son temps de soldats volontaires autres que « des misé- rables et des vagabonds. » La perte de l'esprit militaire eut pour résultat immé- diat de faire rétrograder la tactique. Sous les empereurs, il ne restait plus rien des brillantes conceptions ni des utiles réformes de Scipion, de Marins, de Syllaet de César. Dès le IV^ siècle, on avait altéré complètement la mi- lice romaine, en substituant au principe du service per- sonnel, le principe du recrutement considéré comme une charge de la propriété foncière. De là à la transformation du service militaire en impôt direct, il n'y avait qu'un pas, et ce pas fut vite franchi. Le propriétaire, non-seulement ne fut plus tenu de servir en personne, mais on le dispensa même de fournir un nombre de recrues proportionné à l'étendue de ses domaines, en lui permettant de payer une certaine somme pour être quitte et libre envers l'État. Au moyen de cette somme, qui était de 50 à 56 sols d'or (I), l'État achetait des remplaçants. « Nous ne connaissons pas, dit M. Vitu, de témoignage plus éclatant de la déca- dence d'une grande société ni de présage plus certain de sa dissolution, qui devait s'accomplir dans le siècle sui- vant. » A partir de ce moment, il y eut des pillages et des mal- versations dans les prestations pécuniaires, décadence mo- rale et physique chez les hommes recrutés. Les soldats étaient en général ignorants, pillards et lâches; les plus mauvais étaient les hommes de rebut que fournissaient les propriétaires, en achetant à prix d'argent la connivence des officiers recruteurs; les moins mauvais étaient les vglon- (1) 'Si* sols d'or on laii ;^7;). el ;{0 sols d'or en l'iin 'M. ( 989 ) laiies qu'eiirôlait rÉlal avec l'argent provenantdes radiais. Un grand nombre de citoyens, pour exempter leurs enfants du service, les rendaient incapables de darder le pilum en leur coupant le pouce de la main droite; et l'État, pour réprimer la désertion, fut obligé de marquer les sol- dats au front ou sur les mains, avec un fer rouge, afin de pouvoir découvrir plus facilement les coupables. A partir de Constantin (506) on enrôla dans les armées romaines des Goths, des Vandales, des Sarmates et d'au- tres barbares. Ce fut le dernier degré de la décadence. Lorsque, en 406, 250,000 Sarmates, Ostrogolhs et Ger- mains du Nord, commandés par Radagbis, se ruèrent sur l'Italie, l'empire romain expirant ne put leur opposer que 30,000 ou 40,000 soldats, plus 30,000 auxiliaires Goths, Huns et Alains, sous les ordres de Stilicon (1). Malgré sa grande infériorité numérique, cette armée, grâce aux troupes permanentes qui en formaient le noyau, vainquit les barbares, en extermina un grand nombre et réduisit le reste en esclavage. Ce fut un des derniers succès des aigles romaines. Bientôt les barbares, victorieux dans la Gaule, inondèrent l'empire et le saccagèrent. La supériorité des troupes permanentes de Rome sur les armées temporaires des barbares, est démontrée par des faits nombreux et concluants. On sait que le conquérant des Gaules, au moment de pénétrer en Belgique (l'an 57), se trouva en présence d'une coalition des peuplades du Nord, dont les forces, commandées par Galba, s'élevaient {i) L'enrôlement à l'intérieur, pratiqué par Marias (100 ans avant J.-C.;. sauva l'État oc au point de vue militaire, dit Mommsen, de même que plusieurs siècles après, Arbogast et Stilicon prolongèrent son existence pour un certain temps, par l'introduction de l'enrôlement étranger. » ( 990 ) à 300,000 hommes. Il n'avail à leur opposer que 24,000 légionnaires, réunis sur rAisne,et cette force suffît non- seulement pour abattre tous les ennemis de Rome en deçà du Rhin, mais encore pour tenir en respect ceux qui se trouvaient au delà. Peu fiant la septième campagne des Gaules, en Pan 52, Vercingetorix , chef de l'armée des Celtes, s'était réfugié dans Alésia avec 80,000 hommes d'infanterie et 13,000 cavaliers. César l'investit avec la totalité de ses forces (10 légions ou 40,000 hommes environ). Vercingetorix appela toute la nation sous les armes. Après un mois d'at- tente, 250,000 fantassins et 8,000 cavaliers (1) vinrent assaillir la circonvallation du général romain, en même temps que les assiégés attaquèrent la contrevallation. Le premier assaut ayant été repoussé, l'armée celte quitta le champ de bataille, complètement découragée, et bientôt après, Alésia, abandonnée à elle-même, tomba au pouvoir de César. Les plus grandes armées de la république romaine ne dépassèrent point 85,000 hommes; celle des consuls Paul Emile et Varron à la bataille de Cannes était composée de 7o,000 hommes d'infanterie et de 7,200 chevaux. Sous Auguste, les forces militaires de l'empire s'éle- vèrent à 150,000 hommes, au milieu du règne, et à 197,000 hommes vers la fin (2). (i; D'après quelques auteurs, Cumniius ne porta au secours d'Alesia que 180,000 hommes. >2) D'après Montveran. Auguste avait 24 légions formant 16i,000 hommes: 12,000 hommes appartenaient aux cohortes prétoriennes, 8,000 aux cohortes urhaines et 133,000 aux cohortes de sujets et d'alliés. Ces dernières étaient, sans doute, les troupes mercenaires, recrutées chez les barbares. qu'Auguste avait pris à sa solde pour garder les frontières de l'empire. ( 9»! ) Sous Adrien (en l'an 120), Tarmée, au dire d'Appian, avait 200,000 hommes de pied, 40,000 cavaliers, 200 chars et 500 éléphants. L'eiïeclir des forces militaires dépassa 450,000 hommes sous Constantin (vers 320). Ainsi, à mesure que la qualité des troupes déclinait, leur nomhre augmentait et leurs succès devenaient plus rares rt plus contestés. Depuis Auguste jusqu'à Constantin, la défense de la frontière du Rhin n'exigea que 8 légions ou 48,000 hom- mes; ces légions étaient campées entre Cologne et Mayence. Dans la Gaule, 1,200 hommes suffirent, dit Sismondi, pour hrider le pays; et le maximum de forces agissantes dont le Sénat eut hesoin pour réduire à l'obéissance le monde alors connu, ne dépassa point 100,000 hommes effectifs. L'histoire de la Grèce, celle de Rome et de tous les États qui ont joué un grand rôle dans le monde, prouvent que la décadence des mœurs et l'abaissement des caractères ont toujours conduit à la décadence des armées, en y intro- duisant des éléments impurs (remplaçants ou mercenaires étrangers), des idées de lucre, des habitudes de désordre et une licence contraires aux devoirs et à l'honneur mili- taires. A son tour, la décadence des armées a toujours réagi sur le système politique, en ouvrant l'ère des troubles et des guerres civiles, laquelle aboutit nécessairement au des- potisme, aux mouvements séditieux dans les camps, aux coups d'État militaires, en un mot au règne des Pré- toriens. 99^2 111. Après la destruction de Tempire romain, le service général et obligatoire, qui avait produit les grandes armées temporaires des Orientaux et des barbares, et la conscrip- tion, qui avait produit les petites armées d'abord tempo- raires, puis permanentes, des Grecs et des Romains, cédè- rent le pas à un mode de recrutement fondé sur la subordination du client au patron, du bénéficiaire au bienfaiteur ou du vassal au seigneur (1), subordination qui donna naissance au vasselage militaire ou à l'obli- gation d'homme à homme, base du service militaire féodal. A cette époque, de même que chez les anciens, le ser- vice militaire était considéré comme une charge naturelle de la propriété terrienne. La féodalité produisit de petites armées temporaires de nobles, possesseurs de fiefs (vassaux) ou d'arrière-tîefs (arrière-vassaux), dont la convocation portait le nom de ban et d' arrière-ban. Ces armées coûtaient peu au souverain parce que les hommes d'armes devaient se monter, s'équiper et pourvoir à tous leurs besoins, et que c'était seulement après un délai convenu (5 ou 4 mois sous les deux premières dynasties des rois de France et 40 jours à partir du (1) C'est sous les Carloviiigiens que le mot vassal rempla(.-a dans la langue du droit le mot leude, fidèle ou client. La subordination du vassal du seigneur en- traînait la subordination d'une propriété à une autre, qui est la base du système féodal. ( î)93 ) XI* siècle), que leur entretien tombait à charge de la cou- ronne (l). Ce défaut de permanence des armées eut pour résultat de favoriser les invasions et le brigandage; témoin la ter- reur qu'inspiraient au IX*' siècle les bandes de Normands, dont la force dépassait rarement 500 hommes. Les plus grandes villes se laissèrent dépouiller par ces bandes, et l'histoire rapporte notamment qu'en 852 Tune d'elles mit en fuite toute la population de Paris. Peu à peu cependant l'effectif des armées s'accrut par l'enrôlement d'un grand nombre de manants et de serfs (à l'époque des premières croisades), et par l'adjonction des milices communales (au commencement du XII' siècle). L'armée qui, sous Godcfroid de Bouillon entreprit la première croisade, en 1096, comptait 900,000 hommes, mais si grands étaient le désordre, la confusion et l'indis- cipline qui y régnaient, qu'arrivée en Bithynie, elle était réduite à 700,000 hommes et qu'elle ne put amener devant Jérusalem que 50,000 combattants. L'armée de la deuxième croisade, partie en H47, ne se composait que de 200,000 hommes; elle subit un grave échec devant Damas, et rentra honteusement en Europe. Comme celle de la première croisade, elle comptait un grand nombre de manants et de serfs, engagés par les sei- gneurs en violation du système féodal. Les enrôlements salariés furent une conséquence de ces expéditions lointaines. En effet, le droit féodal n'imposant (i) Les Institutions de saint Louis portent qu'après quarante jours le baron et l'homme du roi (propriétaire noble dont le fief est situé dans le domaine royal) ne sont plus tenus de servir à leurs dépens et peuvent s'en retourner, à moins que le roi ne les prenne à sa charge pour défendre le royaume. (Ils pouvaient refuser de suivre le souverain hors du rovaume. ( 994 ) pas le service au dehors du royaume, les seigneurs de- vaient défrayer leurs vassaux en leur allouant une solde, et comme celle-ci n'était pas toujours régulièrement payée, rindiscipline et la mutinerie commencèrent dès lors à s'introduire dans les armées. Plus tard l'appoint de la féodalité fut emprunté aux milices communales, qui introduisirent dans l'armée l'élé- ment bourgeois et plébéien. On transforma aussi, de plus en plus, le service mili- taire en subsides, de sorte que l'enrôlement à prix d'ar- gent, peu connu sous les deux premières races des rois de France, prit sous la troisième un développement consi- dérable. I.a plus grande armée composée de troupes féodales et de milices communales qui ait paru sur les champs de bataille, est celle que le comte de F'iandre, ligué avec remj)ereur Othon, les Anglais, le comte de Boulogne et le duc de Brabanl, opposa à Philippe-Auguste dans les plaines de Bouvines, en 1214. Elle comptait 150,000 hom- mes, dont 10,000 seulement étaient de la cavalerie féodale. Philippe-Auguste l'écrasa avec une armée moitié moins nombreuse, mais dans laquelle il y avait beaucoup de troupes à cheval. L'armée qui sous Philippe de Valois envahit la Flandre en 1547, et qui se porta ensuite au secours de Calais , assiégé par Edouard 111 d'Angleterre, comptait 55,000 chevaux et 100,000 hommes de pied (1): A la bataille d'Azincourt, livrée en 1415, il n'y avait, du côté des Français, que des troupes féodales, les commu- (1) Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. lll, p. 323. ( i)95 ^ niers s'élnnt trop mal conduits dans les comhats anté- rieurs, notamment à Crécy et à Poitiers (I). Ce grand eflbrl de la noblesse française contre le roi d'Angleterre ne produisit qu'une armée de 100,000 hommes. C'était plus qu'elle n'avait pu opposer aux communes flamandes à Courtrai, en 1502 (2), et plus que n'avait donné la convo- cation du ban et de l'arrière-ban sous Philippe le Bel (3). Une des dernières armées féodales, fut celle qui com- batlil, sous Charles le Téméraire, à Granson; elle ne comp- tait que 10,000 hommes, dont 18,000 cavaliers des com- pagnies d'ordonnance. Les gentilshommes pauvres étaient exempts du service, en vertu du principe ancien que celui qui ne possède rien n'a rien à défendre et ne doit être tenu à rien. Plus lard, on recruta parmi eux les mercenaires. Cette^ classe, qui comprenait également des non nobles, — gens des villes et des campagnes, — s'accrut peu à peu, à mesure que la classe des liefTés s'affaiblit par les guerres intes- tines (4). (i) Le lendemain de cette dernière bataille, 80,000 hommes des communes françaises furent écrasés par 600 lances et 2,000 archers anglais. (2) La chevalerie française avait à Courtrai une armée de o8,000 hommes. (3) Cette convocation ne donna au roi de France que 80,000 hommes. ' (4) Les premiers salariés furent des nobles. Déjà en 1271, dit M. Vitu, il y avait un grand nombre de fiefs qui ne devaient le service militaire qu'à condition de recevoir une solde. Sous Philippe le Rel, au commencement du XIV*" siècle, le service des fiefs se transforma d'une manière presque générale en service salarié. Les mercenaires, c'est à-dire ceux qu'on enrôlait à prix d'argent dans le pays d'abord, puis à l'étranger (et qu'il ne faut pas confondre avec les .vw/ar/cf, qui étaient obligés de servir), sont d'une origine plus ancienne. Il y avait déjà des mercenaires étrangers dans l'armée de Robert le Frison en l'an 1070 : c'étaient des archers anglais. En 1280, Guy de Dampierre avait à sa solde des piquiers alle- mands pour châtier les villes de Flandre. Depuis lors, il y en eut dans toutes le.s armées, jusqu'à la fin du XVIII'* siècle. ( 996 ) Pour mettre nn terme à ces guerres, qui affaiblissaient leur autorité, les rois s'appuyèrent sur les communes, qu'ils se rendirent favorables en leur octroyant des chartes d'af- franchissement, en vertu desquelles elles pouvaient lever des milices et construire des remparts. Ces milices avaient fait leur apparition vers le milieu du XI' siècle (I); elles gardaient les villes, les protégeaient contre les violences des châtelains et des nobles, et étaient trnues de suivre leur seigneur en guerre, mais à condition de pouvoir ren- trer le soir. Quelques communes accordaient au seigneur le droit de retenir plus longtemps les milices, en leur payant une solde, après 1 ou 2 jours de service; celles qui n'avaient d'autre seigneur que le roi, devaient à celui-ci le service féodal complet de 40 jours. Les milices communales disparurent, après trois siècles, avec l'armée féodale dont elles avaient été le complé- ment (2). En France, où elles avaient montré généralement peu de consistance, de bravoure et de dévouement, elles furent supprimées sous Charles VII. Avant cetteépoque l'ordre était fréquemment troublé par des bandes d'aventuriers nationaux et étrangers [colereaux et routiers) que l'on voit figurer dans les armées françaises dès le commencement du XII' siècle (5). Ces bandes se (1) La commune de Bruges (une des plus anciennes; fut établie par Bau- douin IV. (2) L'importance des milices communales diminua graduellement, à partir de Tavénement de la maison de Bourgogne. L'indiscipline neutralisa l'effet de leur nombre et de leur courage. Elles manquaient aussi d'instruction, et leur service limité était cause que le prince qui les employait voyait souvent échouer ses entre- prises au moment même où il touchait au succès. (3) Ces mercenaires furent surtout recherchés par les souverains à l'époque où, luttant contre l'hostilité des grands vassaux, jaloux de l'autorité royale, ils ne pou- vaient plus compter sur l'appui des milices communales, trop faibles ou mal dis- ( 997 ) comportèrent vaillamment dans plusieurs circonstances, notamment à la bataille de Bouvines; mais comme elles se recrutaient de gens sans aveu, on ne pouvait compter ni sur leur fidélité ni sur leur obéissance. En I3G0, les com- pagnies de routiers servirent tour à tour le roi d'Angle- terre, le roi de France et le comte de Montfort. Des lors on vit des troupes entières déserter les drapeaux et passer à l'ennemi avec armes et bagages. Pour faire cesser ce Iléau, Cbarles V institua les compa- gnies d'ordonnance, ou Tannée régulière. Il assura môme la permanence de quelques-unes de ces compagnies. Son petit-fils, Cbarles Vlï, rendit permanente toute l'armée régulière en 1438 (I); cependant l'ordonnance qui fixa le nombre des compagnies à 15 (2), et organisa le système des tailles royales, ne parut qu'en i44-5. Dès ce moment (L l'agriculture se releva et le travail reprit ses droits. Ce que l'autorité royale et les foudres de l'église (5) n'avaient pu faire, l'armée permanente le réalisa (4). b posées pour eux. D'après quelques historiens, ce furent les Brabançons qui fournirent les premiers routiers, en 1159. (1) Par la célèbre ordonnance de Dlois, adressée à tous les baillis du royaume; L'année suivante (1439), les états généraux approuvèrent en principe la création d'une armée permanente et votèrent une taille de 4,200,000 livres par an pour l'entretien de celte armée. Charles le Téméraire créa 8 cotnparjnies d'ordonnance en 4471. Deux ans après, les États de tous les pays sous sa domination accordèrent une aide de .S00,000 écus, payable par tous, sans exception, pour l'entretien de ces troupes permanentes. La inème année. Charles porta à 22 le nombre des compagnies: chaque compagnie se composait de 100 lances, et chaque lance, de 1 homme d'armes, o archers, 3 hommes à pied, 1 coutillier et i page. On doit à Charles le Téméraire la première ordonnance sur l'exercice des troupes. (2) Chaque compagnie se composait de 100 lances et chaque lance de 6 hommes. (3) En l'an 1179, le concile de Latran avait lancé l'anathème contre ces troupes sans foi ni loi. (4) M. Vitu. ( 998 ) Rien de plus navrant, dit un historien, que le tableau de la France avant celte lutte de la force organisée contre le brigandage. Les meilleurs capitaines étaient à la tête des bandes, qui avaient pris le nom à'écorcheurs : témoin de Chabannes, La Hire, Lislrac, Xaintrailles, le bâtard d'Armagnac et presque tous les compagnons de la Pu- celle. Les rouliers pillaient les campagnes, prenaient même les villes d'assaut, pour y lever des impôts, s'emparaient des notables et des riches, et ne les relâchaient qu'à prix d'argent. « La cause principale, pour ne pas dire unique, de ces épouvantables désordres, au sein desquels la France faillit redevenir sauvage, c'est que l'organisation militaire repo- sait sur des enrôlements soldés et que la solde n'était plus payée (I). » Une ordonnance des états généraux, de 1459, permet d'apprécier exactement la situation de l'armée à cette époque. Elle défendait aux capitaines de gendarmes de piller et de voler (art. 6), de prendre et de rançonner les laboureurs, voituriers, etc. (art. 7), d'enlever le bétail (art. 8), de détruire les denrées et d'enfoncer les barriques de vin (art. 9), de couper les vignes et les arbres (art. H), d'allumer des incendies (art. 13), d'abattre les couver- tures des maisons (art. 14), etc., etc.. Mais les routiers résistèrent à toutes ces ordonnances. 11 fallut les détruire et les expulser par la force. Ce résultai fut assuré par la création des compagnies d'ordonnance, qui inaugurèrent l'établissement définitif de l'armée fixe et DM. Vitu. ( 999 ) permanente, des garnisons permanentes et de l'impôt per- manent (1). Les compagnies d'ordonnance étaient une milice aris- tocratique, à laquelle se joignaient, en temps de guerre, des nobles non engagés, qui recevaient alors la paye des gendarmes d'ordonnance. Indépendamment de cette armée féodale, Charles VU, pour remplacer les milices commu- nales supprimées, forma une infanterie roturière connue sous le nom de francs-archers. Cette infanterie, composée d'hommes fournis par les paroisses, était à la solde du Roi, mais en temps de guerre seulement (2). A raison d'un homme par 50 feux, la France, qui avait à cette époque 15 millions d'habitants, aurait pu fournir 60,000 francs- archers. Les résultats que produisirent ces utiles réformes de Charles Vil furent très-remarquables. Voici en quels termes les signale l'auteur de l'excellente Histoire civile de l'armée française. « Les frontières et les routes devin- rent, en deux mois, plus sûres qu'elles ne l'avaient été à aucune autre époque de notre histoire. L'agriculture et le commerce sortirent du néant, les déserts se peuplèrent. Une vie nouvelle reparut sur le sol français, jonché de tant de ruines, arrosé de tant de sang généreux. C'est comme une renaissance, un printemps, une aurore. » Tous les annalistes du XV^ siècle s'expriment dans le (1) M. Vitu fait remarquer judicieusement que la réorganisation militaire opérée par Charles VII eut pour conséquence la réorganisation financière de la France. (2) Par l'ordonnance de 1448, chaque paroisse devait fournir un homme, choisi parmi les plus capables. Cet homme devait s'équiper et, s'il ne le pouvait pas, la paroisse intervenait. Il était astreint à des exercices et à des revues men suelles. ( 1000 ) même sens, notamment Thomas Bazin et Mathieu de Coucy. Sous Louis XI l'armée française avait 9,000 cavaliers (les compagnies d'ordonnance, 10,000 hommes d'infan- terie nationale (tenant lieu des francs-archers que le roi avait supprimés) et 6,000 hommes d'infanterie suisse, en tout : 25,000 hommes (1). L'effectif des armées s'accrut, mais faiblement, sous François I"" et Henri 11 en France , sous Charles-Quint en Allemagne, en Italie et en Espagne. En lo25, François V^ dut faire un grand effort pour opposer, en Italie, 50,000 hommes à l'armée impériale, commandée par Pescara. Celle-ci remporta une victoire décisive à Pavie, bien que forte seulement de 20,000 fan- tassins, 700 hommes d'armes et 500 chevau-légers. En 1552, Charles-Quint, menacé par 200,000 Turcs, sous les ordres de Soliman, ne put réunir que 70,000 hommes, y compris les Espagnols de l'armée d'Italie et les Italiens que l'empereur et le pape avaient à leur solde. Ce fut sa plus grande armée. En 1555, dans l'expédition contre Tunis, il n'avait que 50,000 hommes (2), embarqués sur 500 navires. Dix ans après, quand les Confédérés se jetèrent en Allemagne avec 85,000 hommes, il ne put leur opposer que 50,000 fantassins et 9,000 cavaliers. Enfin, dans sa grande expédition contre Metz, les forces totales de son armée ne dépassèrent pas 60,000 combattants. (1) C"est l'effectif que Louis XI opposa à la lUjue du bien public et à Charles le Téméraire. Mazas prétend que l'effectif maximum de l'armée française , sous Louis XI , atteignit le chiffre de 6o,000 hommes, dont 18,000 de cavalerie, mais ce chiffre semble exagéré. (2) 20,000 hommes, d'après quelques historiens. ( 1001 ) Le général Bardin évalue à 41,000 hommes, levés en grande partie à l'étranger, reffeclif total de l'armée fran- çaise à cette époque (15S8). De 1600 à 1609, Henri IV n'eut sur pied que 4,100 hommes d'infanterie et 2,657 hommes de cavalerie, plus 3,000 hommes formant le noyau de quelques régiments d'infanterie, réformés après la guerre de Savoie et servant à garder les châteaux ou citadelles (1). Lorsque, en 1610, il se hrouilla avec la maison d'Au- triche, à l'occasion de la succession de Clèves et de Juliers, le duc de Sully prit des mesures pour porter l'armée fran- çaise à rcffectif de 49,600 hommes , savoir : 1,000 gentilshommes volontaires, 4,600 hommes de cavalerie, 25,000 hommes d'infanterie, 1,000 hommes de réserve de cavalerie, 20 canons, 6 coulevrines et 4 bâtardes. L'armée du maréchal l>esdiguières, destinée à seconder les princes d'Italie, comptait : 2,000 hommes de cavalerie, 12,000 hommes d'infanterie, 10 canons. Les garnisons étaient fixées à 4,000 hommes. Total, 49,600 hommes (2). A cette époque, les autres États avaient relativement (Ij Recherches sur ta force de l'armée française (depuis Henri IV jus- qu'en 1803), ouvrage composé d'après des documents oflBciels et publié à Paris en 1806. (2) Sous Henri IV, on pratiquait une espèce de presse pour avoir des soldats. Sully nous montre les Français de ce temps ne marchant aux armées que courbés sous le bâton et menacés du gibet. Longtemps après , ce même mode de recrute- ment était encore en vigueur, conmie nous le verrons plus loin. 2'"'' SKP.IE, TOME \L. 64 ( 1002 ) encore moins de troupes sous les armes. On en aurait eu la preuve si la mort n'était venue arrêter Henri IV dans l'exécution de son projet d'abaisser à la fois la branche allemande et la branche espagnole de la maison d'Autriche. En vue de ce grand dessein que Richelieu, Mnzarin et Louis XIV réalisèrent partiellement dans la suite, Henri IV s'était allié avec Venise, le pape, la Toscane, la Savoie et tous les Étals protestants du reste de l'Europe. Les mé- moires de Sully nous apprennent que ces Élats s'étaient engagés à lui fournir, en tout, 128,000 hommes, 17,000 chevaux et 108 canons. A partir de 1620, Louis XHÏ augmenta graduellement les forces militaires de la France. En 1655, elles se com- posaient de cinq armées d'un effectif tolal de 100,000 hom- mes, dont 18,000 de cavalerie. Cet effectif fut maintenu jusqu'au traité de Munster, en 1648. Pour le tenir au complet on avait été obligé de recourir à des moyens extrêmes; témoin l'ordonnance de 1636 qui supprima temporairement les travaux de bâtisse afin (le déterminer les maçons à se faire soldats, et l'ordon- nance de 1643 (reproduction d'une ordonnance de Fran- çois 1") qui recommanda « d'enrôler par préférence et (le force les vagabonds, gens sans aveu et fainéants. » Le désir d'abaisser les maisons d'Autriche et d'Espagne, qui avait engagé Henri IV à porter son armée à près de 50,000 hommes, et LonisXllI à doubler ce nombre, déter- mina Louis XIV à atteindre lechiflVe de 131,000 hommes en 1668, après la paix d'Aix-la-Chapelle, et celui de 176,000 en 1672, au début de la guerre contre la Hol- lande (1). (1) Recherches, etc. ( i()()5 ) Nous touchons ici à la grande et principale cause de l'accroissement successif et, selon nous, exagéré des armées permanentes. Il convient de nous y arrêter un instant, pour Tapprécier exactement et en indiquer les premiers effets. Louis XIV avait une ambition immodérée, qui se trahit par ces mots,qu'iI adressa au maréchal de Villars :S'«f;raii- dir est la plus digne et la plus agréable occupation d'un souverain, a La pensée première de son règne, dit Henri Marlin, fut de prendre le traité des Pyrénées comme un point de départ vers des agrandissements ultérieurs aux dépens de la monarchie espagnole. Celle pensée est la con- tinuation de la politique nationale, puisque la France n'a point atteint, par le traité des Pyrénées, les bornes de son développement naturel et que l'Espagne détient encore plusieurs provinces sur le sol gaulois (i). » Ainsi « refaire France ce qui avait été Gaule, » telle fut la principale préoccupation du Roi. Ce projet qui avait séduit Henri lY au moment où il tomba sous le fer d'un assassin, et que Fiichelieu comptait réaliser lorsqu'il entama, en 1655, sa grande lutte contre la maison d'Autriche, ce projet, accepté etencouragé par la nation française, laquelle voulait être non-seulement grande, mais prépondérante, inspira et dirigea toutes les actions du plus orgueilleux des souverains, du plus ambitieux et du plus implacable des ministres (2). (1) T. XIII, p 275. (!2) Ce projet eût été avouable et utile à l'Europe si les États de Charles-Quint étaient restés soumis au même sceptre et à la même direction. Le puissant em- pereur avait détruit, en effet, à son profit, l'équilibre politique et créé une situa- tion peu tolérable pour les autres États et surtout pour la France. Mais sous ses faibles successeurs, les deux grandes fractions de l'empire ne pouvaient causer les mêmes alarmes ni faire naître les mêmes inquiétudes. La France, par consé- ( um ) Pour atteindre leur but, Louis XIV et Louvois ne recu- lèrent devant aucun sacrifice ni devant aucun excès de pouvoir; ils ne s'arrêtèrent pas même lorsqu'ils virent la France épuisée, ruinée, mutilée! « Après la paix de Nimègue (1679), dit M. Martin (1), Louis ne veut plus seulement le complément naturel de la France; il n'assigne dans sa pensée aucune borne à l'exten- sion de sa puissance. Il est obsédé par le rêve funeste de l'empire. En 1680 le corps de Paris achève de l'enivrer en lui décernant solennellement le titre de Louis le Grand. » En faisant peser sur les autres nations l'ascendant le plus impérieux et le plus accablant qui eût jamais été exercé en Europe, la France amassa contre elle de terribles ressentiments, et provoqua une réaction qui bientôt éclata de toutes parts avec une intensité sans égale. L'odieuse conduite du roi envers la flollande (2) révolta le sentiment public dans le monde entier. L'incendie du Palatinat chassa de leurs foyers 100,000 habitants qui vinrent de- mander vengeance à l'Allemagne. Les dragonnades et la révocation de l'édit de Nantes peuplèrent l'empire, la Hol- lande et l'Angleterre d'autres malheureux, qui manifes- taieiil les mêmes ressentiments. quent, n'avait plus le droit de se dire menacée par la suprématie de la maison d'Autriche, ni surtout le droit de chercher à substituer sa suprématie à celle de l'empire de Char!es-Quint, dont les deux fractions pouvaient sans doute s'unir encore, mais que des intéiêts opposés ou divergents pouvaient aussi déterminer à se combattre. (1) T. XIII, p. 368. (2) C'est Louvois qui rédigea et fit accepter par Louis XIV la déclaration du 14 juin 1672, par laquelle il menaçait les villes hollandaises de ne leur donner aucun quartier « si elles tâchent de résister aux forces de Sa Majesté par l'inondation de leurs digues ou autrement. » Il ordonna les dévastations du Pala- tinat et contribua à la révocation de l'édit de Nantes. ( \{m ) Ainsi menacée, par ses propres fautes, d'une coalition européenne, la France dut augmenler l'eflectir de ses armées à mesure que croissait le nombre de ses ennemis. Pour faire face à la ligue d'Augsbourg, formée en 1G87, Louis mit sur pied une armée double de celle qu'il avait dirigée, en 1672, contre la Hollande. Pendant cette guerre, qui se termina en 1697 par la paix de P»ys\vick, son armée atteignit l'effectif de 596,000 hommes (I). Le même effectif, à peu près, fut maintenu durant les guerres de la succession, de i70l à 1715 (2). Ces guerres épuisèrent tous les Étals et les obligèrent à contracter des dettes énormes; mais elles furent particu- lièrement désastreuses pour la France, dont la misère n'était pas moins hideuse parce qu'on l'avait parée de lau- riers. Elle s'était véritablement épuisée à vaincre, et, comme le remarque l'auteur du Siècle de Louis XIV : a on périssait de misère au bruit des Te Deiim. )> La population qui, en 1685, s'élevait de 22 à 25 millions était tombée à 19 1/2 millions, en 1700 (5). Le 29 mai 1675, le gouverneur du Dauphiné écrivait à Colbert « que le commerce cessait absolument dans sa province et que la plus grande partie des habitants n'avaient reçu, pendant l'hiver, que du pain fait avec des glands et des racines; que présentement on les voyait manger l'herbe des prés et l'écorce des arbres (4). » Peu de temps après, Locke, voyageant dans le Langue- ci) Recherches, etc. (2) L'auteur des Recherches , etc., porte Peffectif , pendant ces douze années, à 392,000 liornnies. (3) Cela est constaté par les Mémoires des intendants. (4) Ces résultats étaient dus en partie à un hiver exceptionuellement rigoureux . qui avait détruit le bétail et causé un énorme préjudice à l'agriculture. ( i()0() ) doc, constata que les fermages des terres avaient diminué de moitié depuis le commencement de la guerre. En 1710, le trésor ne vivait plus que d'expédients. « Pour avoir de l'argent, les intendants enlevaient jusqu'aux dépôts publics. On ne pouvait plus faire le service qu'en escroquant de tous côtés... C'était la banqueroute universelle de la nation (1). » Les ponts, les chaussées et les chemins étaient dans un état de dégradation presque générale (2). La pèche était ruinée et les populations frontières succombaient sous le poids des contributions, des logements militaires et des réquisitions. Les propriétaires fonciers ne touchaient plus en Flandre qu'un tiers de leur revenu, etc. (3). Tout concourait à donner à la misère des proportions effrayantes, le manque de bras que la guerre enlevait aux travaux des champs, les mauvaises mesures économiques, les folles dépenses de la cour et les désordres administra- tifs de toute espèce. Vauban disait, dans sa Dîme rotjale , rédigée après la paix de Ryswick : « Près de la dixième partie du peuple est réduite à mendier, des neuf autres parties, cinq ne peu- vent faire raumôneàcelle-là,dont elles ne diffèrent guère; trois sont fort mal aisées, la deuxième ne compte pas plus de 100,000 familles, dont il n'y a pas 10,000 fort à leur aise. » En 1715 la situation du crédit public était telle, que le ministre, pour avoir 8 millions, fut obligé de donner 32 millions de billets aux traitants. « L'usure, dit un historien (\) Henri Martin, t. XIV, p. 528. (2) HenriMartin, t. XIV,p. 331. (3) Voir les Mémoires des intendants. ( iO()7 ) français (1), règne snr les ruines de la société. De;s émeutes éclatent pour les vivres dans le peuple et même dans l'ar- mée. Les manufactures sont languissantes ou fermées; la mendicité forcée dévore les villes. Les campagnes sont dé- sertes, les terres en friche faute d'outils, faute d'engrais, faute de bestiaux; les maisons tombent en ruine. La France monarchique semble près de finir avec son vieux roi. » Ce vieux roi, qui avait dédaigné les sages conseils de Colbert et de Vauban, reconnut ses fautes à l'heure su- prême, en disant au Dauphin (son arrière-petit-fils) : « J'ai trop aimé la guerre, ne m'imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j'ai faites. » Louis XIV a-t-il au moins fait progresser l'art de la guerre par tant de folles et coupables entreprises? Je ne le pense pas! En poussant à l'exagération des armées permanentes et en ruinant les finances, il créa une situation qui rendit la tâche de ses généraux de plus en plus difllcile et quelquefois même impossible. La principale difficulté résidait dans le recrutement, qui se faisait à prix d'argent et par l'emploi de moyens indignes d'une nation civilisée. Les mémoires du maréchal de Villars prouvent cepen- dant que vers la fin du règne les régiments avaient à peu près leur effectif au complet, parce que la misère en dé- peuplant les campagnes peuplait l'armée; mais si les hommes étaient abondants tout le reste manquait. Point d'habits, point de provisions, point d'armes. On voyait des soldats vendre jusqu'à leurs fusils, pour ne pas mourir de (1) Henri Martin, t. XIV, p. 597. ( 1008 ) faim. Le maréchal affirme qu'il n'eut jamais de pain pour plus de vingt-quatre heures d'avance. Malgré l'appoint que la misère publique fournissait à l'armée, il est constaté que durant tout le règne de Louis XiV, il fallut enrôler des soldats par la force, la ruse ou la corruption, contrairement à l'ordonnance de 1692 qui avait prohibé tout enrôlement de cette espèce. Lemontey dit, dans son remarquable Essa? sur rétablis- sement monarchique de Louis XIV : « On vit la cour déli- vrer des commissions à plusieurs capitaines, après les désastres de RamilIies,pour se former des compagnies par tous les moyens de la force et de la ruse, et ces aventu- riers, poursuivant leur proie dans les forets et les vallées les plus profondes, enrégimenter sans autre forme les la- boureurs capturés et livrés comme de misérables Africains à des chasseurs d'hommes. » Le racolage se faisait à Paris dans des maisons appe- lées fours, où l'on enfermait les victimes. Il y avait en- core beaucoup de ces maisons au siècle dernier. Nonobstant l'emploi de ces moyens odieux, il fut impos- sible, sous Louis XV et jusqu'à l'époque de la révolution française, d'atteindre l'effectif prescrit par \es ordonnances de composition de Varniée, et de répaicr les pertes causées par la guerre. Pour combler le dédcit, il fallut recourir aux mercenaires étrangers, dont le nombre s'élevait encore à 26,000 à la fin du règne de Louis XVI (1). La qualité des troupes ayant diminué et les difficultés du commandement s'étant accrues à mesure que l'effectif (I) La loi fondamentale des 28 février-21 mars 1790 stipula que l'effectif des troupes étrangères, dans l'armée française, ne pourrait pas dépasser 26.000 hommes. La Convention nationalisa les corps étrangers. en 1792. ( lOOi) ) (les îiimécs angnicnlail, los opérations, vers la (in dn règne de Louis XIV, étaient devenues moins rapides, les plans de canip-ague moins audacieux, les mouvements siir les champs de bataille moins prompts et moins décisifs qu'ils ne l'avaient été du temps de Condé et de Turenne. Les meilleurs généraux de l'époque, les Créqui, les Vendôme et les Villars se montrèrent inlia!)iles à manier les lourdes masses qu'on leur avait confiées (I). Seul, le maréchal de Luxembourg en sut tirer un parti convenable. « Il semble , dit Henri Martin , que les résultats s'amoin- drissaient à mesure que les armées augmentaient. On était déjà loin du temps où Turenne obtenait de si prodigieux succès avec 20,000 ou 50,000 hommes (2). » L'art de la guerre ne doit donc rien à la création des grandes armées. Les progrès qu'a faits cet art, depuis l'institution des troupes permanentes jusqu'à la mort de Louis XIV, sont dus uniquement au génie militaire des Nassau, de Condé, de Turenne et de Gustave-Adolphe. Après la guerrede la succession, aucune puissance n'osa prendre la responsabilité d'un désarmement de quelque importance. Sous Louis XV, il y eutméme une année où l'effectif de l'armée française dépassa de 5,000 hommes l'effectif le plus élevé qui eût été atteint sous Louis XIV. C'était en 1741 , au moment où la France se déclara contre Frédéric IL Elle avait alors 401,000 hommes sous les armes. Pendant la guerre de Sept ans, l'effectif descendit à (1) La plus grande et la plus sanglante bataille du siècle de Louis XIV fut celle de Malplaquet , où 430,000 alliés, sous Maiiborough et le prince Eugène, rem- portèrent une victoire signalée sur 118,000 Français, commandés par Villars. (2j Histoire de France, t XIV, p. 178. ( iOlO ) 330,000 hommes, non compris 7,000 hommes de milices bourgeoises levées pour servir à l'intérieur du royaume. La Russie, la Prusse, l'Autriche n'avaient à celte époque que 700,000 hommes en tout. Les forces de la Hollande s'éle- vaient à 40,000 hommes et celles de l'Angleterre à 45,800 hommes, plus 35,000 hommes de milice, levés en 1756. En 4787, un an après la mort de Frédéric H, la Prusse avait 182,600 hommes sous les armes, dont 55,000 de ca- valerie (1). A la moindre apparence de guerre, cet effectif pouvaitêtre porté à 250,000 hommes (2), bien que la po- pulation du royaume ne fût que de 5,000,000 d'habitants. A celte époque, la force de l'armée française était des- cendue à 162,000 hommes. Le 14 juillet 1789, son effectif organique comportait, sur le pied de paix, 228,000 hommes, dont 55,000 de troupes permanentes (3), et, sur le pied de guerre, 287,000 hom- mes, dont 76,000 de troupes permanentes (4). En 1792, la France menacée par 300,000 Prussiens, Anglais, Autrichiens, Saxons, Hanovriens, Hollandais, Espagnols et Piémontais (5), ne put opposer à ces forces (1) D'après quelques auteurs, la Prusse, à l'époque de sa plus grande puissance (au commencement de la guerre de Sept ans), n'avait que 150,000 hommes sous les armes. Von Ludinghausen dit que Frédéric II laissa à son successeur une armée de 203,000 hommes pour une population de o millions d'âmes. (2) [iecfierclie sur la force de l'armée française, etc. (8) Les régiments de milice provinciale , qui formaient la partie restante de l'armée, avaient été créés en 1()88 et avaient pris, en 1771, le nom de troupes pro- vinciales. Us étaient devenus permanents en 1726. (4) Archives du dépôt de la fiuerre. (o) D'après Jomini, l'Autriche avait, en 1792, 2i0,000 soldats; la Prusse, 160,000; les cercles de l'Empire, 50.000 à 80.000; la Hollande, 45,000. L'Angle- ( lOli ) que 225,000 hommes (1); mais le 20 juillet de celte année, V Assemblée léçjislative décréta que l'armée serait portée à relîeclil'de 440 à 450 mille hommes par des enrôlements volontaires; et le IG août de l'année suivant la Convention vola une levée en masse de 300,000 hommes. Léo décembre 1793, les hommes réellement présents à leur corps étaient au nombre de 528,300. En août et septembre 1794, cet effectif monta à 732,400 hommes (2). Il tomba à 484,300 hommes en 1795 et à 422,000 en 1796. Deux ans après, le corps législatif décréta le principe du service obligatoire, pour les hommes valides de 20 à 25 ans. Sous Bonaparte, premier consul, en 1801, la France avait sous les armes 414,700 hommes, effectif qui resta à peu près constant jusqu'en 1805, A partir de celte année, Napoléon devenu tout-puissant ne se contint plus. Sa vaste ambition lui suggéra le projet chimérique de poser sur sa tète la couronne de Charle- terre pouvait fournir à la coalition ÎW,000 hommes; le Piémont, 30,000; l'Es- pagne, .1 iO,000 : total , 595,000 à 6!2o,000 hommes. La France, toutefois, neut à combattre immédiatement dans les Pays-Bas que -100,000 Autrichiens, 59,000 Prussiens , l!2,000 Hessois et 10,000 émigrés : total , 172,000 hommes. {■!) D'après Servan, la France, au moment où la coalition lui déclara la guerre, n'avait que 133,000 hommes, non compris l'artillerie, à laquelle il manquait 4,000 hommes sur 9,000. [% Dubois de Crancé disait, dans son rapport du 6 février 1795, que la France avait eu sous les armes, pendant la campagne précédente, près de 1,100,000 hom- mes; mais ce chiffre était exagéré, parce qu'il ne tenait pas compte de la déser- tion qui avait considérablement diminué les effectifs. D'après Servan, la force maximum ( atteinte à la fin de 1794) n'était que de 749,545 hommes. ( i012 ) magne et de faire du monde une monarchie universelle (i). La résislance générale que celte ambition provoqua mit l'empereur dans la nécessité d'augmenter considérable- ment les forces militaires de la France et de se préparer à une guerre de longue durée. Il trouva du reste la nation prête à le suivre dans cette voie, parce que la coalition avait blessé son orgueil en attaquant la révolution sur son terrain, et que la République avait Hatté ses instincts bel- liqueux en soutenant que , pour assurer l'indépendance de la France, il était nécessaire de donner à ce pays son développement naturel, h limite du Rhin, et de l'entourer de républiques vassales. A ses débuts, la France révolutionnaire n'eut aucun projet liis que 52,000, dont 12,000 seule- ment avaient conservé leurs armes. 500,000 hommes avaient péri; les autres s'étaient débandés ou avaient été faits prisonniers (1). L'édifice de la monarchie universelle fondé par « une politique aveugle et désordonnée (2) » s'écroula sur la tête de son téméraire auteur, et l'histoire eut à constater une fois de plus la vérité de ce mot de Benjamin Constant : « Le pouvoir absolu rend fou. » M. Thiers a pu dire, sans manquer de justice ni de mesure à l'égard de Napoléon : « Il a immolé plus d'hommes que jamais n'en ont immolé les conquérants asiatiques, et sur les terres restreintes de l'Europe, couvertes de popu- lations résistantes, il a parcouru plus d'espace que les Tamerlan et les Gengis Khan n'en ont parcouru dans les vides de l'Asie. » L'accroissement rapide des armées après 180o permit à Napoléon et à ses ennemis de présenter sur les champs de bataille des elfeclifs supérieurs à ceux que les Français et les alliés avaient eus, à Malplaquet, la plus grande bataille du siècle de Louis XIV. A Wagram, l'armée française comptait 150,000 hommes et l'armée autrichienne 140,000; à Borodino, il y avait 127 ,000 Français et 140,000 Russes; à Baulzen, 150,000 Français et 150,000 alliés; à Dresde 120,000 Français et 180,000 alliés; à Leipzig, 150,000 Français et 500,000 alliés. Sous Napoléon, comme sous Louis XIV, l'accroissement des armées ne conduisit à aucun progrès dans l'art de la (1) Le nombre des soldais faits prisonniers fut d'environ 100,000. (2) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire. ( i(H5 ) guerre. L'hislorien le plus enlhoiisiaste et le plus indulgeni du grand capitaine est lui-même obligé d'en convenir. « Rien que Napoléon, dit-il, possédât ce que la plus grande expérience pouvait ajouter au plus grand génie, cepen- dant Kart de la guerre lui-même avait perdu quelque chose sous l'influence de l'immensité et de la précipitation des entreprises. » La campagne de 1812 présenta l'image d'une expé- dition à la manière de Xerxès. Huit jours s'étaient à peine écoulés depuis le passage du Niémen , que 200,000 hom- mes avaient déjà quitté les drapeaux et donnaient le spec- tacle déplorable et contagieux d'une dissolution d'armée. j> Les grandes batailles livrées de 1809 à 1814 font moins d'honneur au génie militaire de Napoléon que ses victoires d'Italie, d'Egypte, d'Autriche, de Prusse et de France obtenues avec des armées égales et même inférieures à celles d'Alexandre, de César, d'An ni bal, de Turenne et de Frédéric II (1). C'est en efl'et avec 50,000 hommes qu'il (1) Alexandre fit la conquête de l'Inde avec une armée qui ne dépassa point 47,000 hommes (effectif présent à Arbèles). César obtint ses plus beaux succès (Pharsale. Alésia, etc.) avec des armées de 24,000 à 40,000 hommes. Annibal franchit les Pyrénées avec oO.COO fantassins, 9,000 chevaux et 37 élé- phants; il n'avait plus que '20,000 fantassins et 6,000 cavaliers lorsqu'il déboucha en Italie, et remporta sur les Romains la victoire de la Trébia. (Les Gaulois lui ayant fourni des renforts après cette journée, il put opposer 57,000 hommes, dont -10.200 de cavalerie, aux 82,000 Romains que commandait Varron à la bataille de Cannes). A Zama, Annibal n'avait que 36,000 hommes et Sci- pion 37,200. Gustave- Adolphe n'avait que 18,000 hommes à Lutzen , où il remporta une vic- toire signalée sur 40,000 Impériaux. Turenne et Montecuculli n'eurent jamais plus de 2o,000 à 30,000 hommes sous leurs ordres, et ils accomplirent, avec ces petites armées, des exploits qui sont encore admirés aujourd'hui. La victoire de Leuthen,le chef-d'œuvre tactique de Frédéric le Grand fut rem- ( iOIG ) envahit l'Italie en 1796, avec 32,000 hommes qu'il s'em- barqua pour l'Egypte en 1798; avec 40,000 hommes qu'il franchit les Alpes en 1800, avec 180,000 hommes qu'il entama en 180o sa mémorable campagne contre l'Autriche, la Russie, la Suède et l'Angleterre, avec une force équiva- lente qu'il écrasa la Prusse et la Russie en 1806 et 1807 à Inéa, à Eylau et à Freidland, et avec 70,000 soldats, les uns épuisés, les autres trop jeunes, qu'il tint tête aux armées de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie (environ 300,000 hommes), dans la mémorable campagne de 1814. A Lodi, Aréole et Rivoli il vainquit avec 18,000 hom- mes; à Marengo, avec 28,000; à Auslerlitz, avec 6o,000; à Inéa, avec 56,000; à Eylau, avec 63,000; à Monlmirail et à Montereau, avec 39 et 30 mille. Or, c'est dans ces jour- nées célèbres que son génie se manifesta avec le plus d'éclat. Chaque fois qu'il eut à engager, le même jour, plus de 100,000 hommes, il se montra inférieur à lui-même. Cela lient à ce que la nature a mis des limites aux facultés qui doivent entrer en jeu dans la conduite et l'emploi des troupes. Montecuculli ne voulait que des armées de 30,000 hom- mes. Turenne regardait une armée de plus de 50,000 hommes « comme incommode pour qui la commande et pour qui la compose. » Le maréchal de Saxe et le général xMoreau étaient d'avis qu'une armée ne doit pas dépasser 40,000 hommes. Guibert porte l'effectif maximum à 60 ou 70 mille combattants, et le maréchal Gouvion Saint-Cyr l)ortée par 32,000 hommes sur 87,000 Autrichiens. Le même général défit, à Ros- bach, avec !22,000 hommes, 63,000 Français sous les ordres du maréchal de Sou bise. ( 1017 ) prétendait que le commandement d'une armée de 100,000 hommes « exige de telles forces morales et physiques qu'on ne peut espérer les trouver réunies dans un seul homme. » Les dernières guerres ont donné un démenti à ces opinions, puisqu'à Solferino, Sadowa, Gravelolte et Sedan on a vu des généraux, qui n'avaient pas l'expérience ni le génie militaire de Bonaparte, mettre en action des armées de 150 à 250 mille hommes (1) et obtenir des succès com- parables aux plus beaux faits d'armes de la République et de l'Empire. Cela provient de ce que les progrès des sciences et des arts ont mis aux mains des généraux mo- dernes des moyens et des ressources que n'avaient pas les anciens, pour transporter et diriger de grandes armées, pourvoir à leurs besoins et en régler avec précision tous les mouvements. C'est ici que se manifeste l'intervention de la science dans l'accroissement des armées permanentes. Grâce'aux Salomon de Caus, aux Papin, aux Fulton, aux Stephcnson, aux Galvani, aux OErstedt, aux Wheatstone, ces illustres promoteurs et inventeurs des bateaux à vapeur, des chemins de fer et du télégraphe électrique, les généraux ont pu combiner des mouvements plus éten- dus, exécuter de grandes concentrations de troupes avec plus de rapidité, de sûreté et de précision, établir enfin des relations plus faciles entre les armées en campagne et les bases d'opérations, comme entre les corps éloignés agis- sant de concert sur un même champ de bataille. D'autres découvertes ont permis de nourrir plus facilement les (1) A Solferino, il y avait 460,000 Autrichiens et 440,000 Français et Piémon- tais; à Sadowa, 200,000 Autrichiens et 220,000 Prussiens, dont seulement 480,000 à 483,000 furent engagés; à Gravelotte, 220,000 Allemands et 430,000 Français; à Sedan, 220,000 Allemands et 410.000 Français. 2""^ SÉRIE, TOME XL. 65 ( lOiS ) iroupes en marche, d'assurer mieux le service des ambu- lances et des hôpitaux et de réduire notablement les trains de bagages et de vivres. Sans ces avantages précieux, les Allemands auraient-ils pu, comme ils l'ont fait dans la der- nière guerre, jeter en quelques jours 18 corps de 35,000 hommes sur la frontière française, mettre ces corps en marche dans un ordre parfait, les pourvoir de tout en abon- dance, établir de promptes et faciles relations avec leurs dépôts, dont quelques-uns élaient éloignés de plusieurs centaines de lieues, et faire combattre ces masses énormes sans confusion ni désordre sur des champs de bataille si étendus qu'aucun regard humain ne pourrait les embras- ser? Sans doute le génie du comte de Moltke, la science des états-majors et l'instruction si solide du soldat alle- mand ont grandement contribué à ce résultat; mais il n'en est pas moins certain que des armées doubles de celles qui déjà parurent peu maniables à Luxembourg, à Villars et à Napoléon, n'auraient pu être mises si facilement en action (i) ni obtenir de pareils succès sans le secours effi- cace que les sciences et les arts industriels ont prêté à la stratégie et à la tactique. Or, en rendant les grandes armées maniables, les savants et les industriels ont singulièrement facilité la lâche des souverains et des peuples qui ont créé ces armées dans des vues ambitieuses; ils ont poussé aussi à l'accroissement des dépenses militaires, en perfection- nant les armes et en inventant de nouveaux moyens de I) La grande difficulté tactique des batailles sera toujours d'assurer la mise en action simultanée de toutes les Iroupes qui doivent concourir à l'attaque décisive sur laquelle on compte i)our vaincre. Cette difficulté augmente énormément, et les chances de succès diminuent dans le même rapport, quand les masses engagées dépassent un certain effcclif. ( iOiî) ) défense el de destruction. En effet, après chaque invention qui accroît la puissance des troupes, des fortifications ou des flottes, toutes les nations, quelque coûteuse que puisse être cette invention, sont obligées de se l'approprier. C'est ainsi que nous avons vu les grands États, dans l'espace de vingt-cinq ans, transformer complètement leur ma- rine el leurs batteries de cote, et modifier deux ou trois fois les fusils, les canons et les affûts de leur armée de terre. Il nous reste à indiquer les causes qui ont provoqué l'accroissement des forces militaires depuis les guerres du premier empire. On croyait fermement, après la chute de Napoléon, que l'ère des conquêtes était fermée pour longtemps, et, dans leur joie naïve, les nations se flattaient de pouvoir réduire notablement les dépenses militaires. Cette illusion, hélasl ne fut pas de longue durée. La loi de 18J8 fixa le complet du pied de paix, en France, à 240,000 hommes, mais il n'y eut en réalité sous les armes, celte année, que 118,000 hommes. Or, déjà en 1825, l'effectif présent, du pied de paix, s'éleva à 282,000 hommes, et celui du pied de guerre à 590,000. Trois ans après, le premier chiffre était représenté par 561 ,000 hommes et le second par 464,000. Sous Louis-Philippe le maximum du pied de paix fut atteint en 1852; il s'éleva à 452,000 hommes. Le second empire qui espérait, en faisant la guerre, con- solider sa puissance et trouver une occasion favorable de donner à la France son complément naturel, augmenta en- core cet effectif, et lut en mesure de mobiliser, en 1870, ( 1020 ) 909,000 hommes , donl 417,000 de garde nationale mo- bile (1). Si l'on tient compte de la population qui était alors de 58,000,000 d'àmes, on voit que l'effectit' n'avait dépassé que de peu relTeclif maximum de Louis XIV, qui était de 596,000 hommes pour une population de 19 1/2 millions, et l'effectif moyen de Napoléon, avant 1806, qui était de 414,000 hommes pour une population de 28 1/2 mil- lions (2). Le dernier grand accroissement des armées permanentes est dû à l'introduction du service général obligatoire, le- quel a permis à l'Allemagne de porter au maximum le rap- port entre reffectif des citoyens armés et le chilfre de la population. C'est encore Napoléon qui a provoqué cet accroissement en voulant réduire la Prusse à l'impuissance, après léna, et en lui imposant à cet effet (par un des arti- cles secrets d'une convention signée à Paris, le 8 septem- bre 1807, postérieurement au traité de Tilsit) l'obligation de ne maintenir sous les armes, pendant dix ans, qu'une armée de 42,000 hommes. Pour éluder cette clause et pré- parer à la guerre de l'indépendance un grand nombre de citoyens, sans éveiller les soupçons du maître, la Prusse (1) La déposition du maréchal Le Bœuf, dans l'enquête ordonnée par r As- semblée nationale, prouve que l'effectif, au I" juillet 1870, était de 567,000 hommes instruits et de 417,3H6 hommes de la garde nationale mobile. La classe de 1870, dont l'appel avait été avancé, comptait liO,000 hommes pour l'armée et 80,000 pour la garde mobile. Le nombre des volontaires pour la guerre s'éleva à 28,099 ; total général, 1.282,099 hommes. D'après la loi organique du ^cr février 1808, Vannée active et la réserve comprenaient un effectif de 800,000 hommes, et la garde nationale mobilisée, un effectif de 530,000 honmies; total gé- néral, 1,350,000 hommes. (2) Le recensement de 1801 donne 27,489,000 âmes et celui de 1800, 29,107.000. ( m\ ) adopta le service obligatoire et le système de Kumper, qui consistait à congédier les recrues lorsque leur instruction militaire était terminée et à les remplacer par d'autres re- crues, que l'on renvoyait à leur tour dès qu'elles étaient formées. Grâce à cette ingénieuse combinaison, la Prusse put, au commencement de 1815, compléter reffeclif des régiments et organiser ol bataillons nouveaux (I). Jugeant ces forces insulfisantes pour résister aux grandes armées de Napoléon, elle décréta, le 5 février i815, l'organisation de chasseurs-francs, et promulgua, le 17 mars, une loi qui mettait à la disposilion du gouvernement tous les jeunes gens en étal de porter les armes. On forma ainsi 209 ba- taillons et 174 escadrons de landvvehr. Ces mesures, inspi- rées par un ardent patriotisme, permirent à la Prusse, dont la population avait été réduite , par le traité de Tilsil, de 8 1/2 à 5 millions d'habitants, de présenter en ligne, pour la guerre de l'indépendance, 516,000 combattants, (non compris les officiers), et 55,000 chevaux (2). Elles ser- virent de base à la loi de 1814 et aux décrets de 1815, qui imposaient à tous les citoyens en état de porter les armes, l'obligation de servir de 20 à 25 ans dans l'armée active, de 25 à 25 dans la réserve, de 25 à 52 dans le premier ban de la Landwehr et de 52 à 59 dans le second ban. La Lanchturm était composée de tous les citoyens valides, âgés de 17 à 49 ans, qui n'appartenaient ni à l'armée ni à la landwehr (5). (i) Les Armées allemandes, par Von Ludinghausen. (2) Von Ludinghausen. (3) La loi du 8 septembre 1814 et les décrets sur la landwehr du 21 novem- bre iSio furent modifiés en 18o7 et en 1860. Le contingent fut porté de 40,000 à ( iO:22 ) En d859, la Prusse commence à se préparer au rôle qu'elle a joué depuis avec un si rare succès. Dès l'année sui- vante, elle porte le contingent annuel de l'armée de 40,000 à 63,000 hommes,el la durée du service dans la réserve, de deux à quatre ans. Par celte mesure, son pied de guerre, qui avait été jusque-là de 530.000 hommes (1), dont un quart sous les armes en temps de paix, monta à 781,000 hommes (2), dont deux septièmes sous les armes en temps de paix. Un nouvel accroissement fut décrété après la guerre de 1866, qui donna à la Prusse un supplément de popula- tion de 4,500,000 habitants (3). Le contingent s'éleva dès. lors à 100,000 hommes, et le pied de guerre atteignit le chiffre de 977,262 combattants (4). Le contingent pour toute l'armée allemande est actuel- lement de 143,000 hommes, et l'on estime que l'empire pourra mettre sur pied 2,800,000 combattants, lorsque la landsturm sera complètement organisée. Cet effectif, qui 63,000 hommes, la durée du service dans la réserve fut fixée à quatre ans, et le !<''■ ban de la landvvehr (citoyens de 26 à 36 ans) ne fut plus obligé de faire partie de l'armée en campagne. (1) A savoir : 220,000 hommes (armée active), 'loO,000 hommes (l^r ban de la landvvehr) ( de ces 370,000 hommes, 30,000 étaient destinés aux places fortes ); 50,000 recrues (comme réserve active) et 140,000 hommes (2« ban de la land- wehr). (2) 342,000 hommes de l'armée active, 430,000 hommes de la réserve, 493,000 hommes de troupes de garnison, appartenant en grande partie au l" ban de la landvvehr, 218,000 hommes du 2^ ban de la landvvehr et 6,000 hommes apparte- nant aux corps spéciaux. (3) En 4844, la Prusse avait 40 millions d'habitants; en 4859, 48 millions; en 4866, avant la guerre, 49,300,000, et après la guerre , 23,800,000. (4) Armée de campagne, 514,826 hommes; troupes de dépôt, 480,672; troupes de garnison, 265,082; total, 957,580, soit 977,262 avec les officiers. ( 1023 ) correspond à un soldat par groupe de quatorze habitants, représente le maximum absolu de puissance militaire. La proportion généralement admise jusqu'ici — et que les petits États n'ont pas encore dépassée — était d'un soldat sur cinquante habitants, et l'on considérait comme exces- sive la proportion d'un sur trente, préconisée par quel- ques écrivains militaires. La France qui , pour ne pas déchoir, a dû adopter le système militaire de l'Allemagne, pourra, lorsque ce système aura produit tous ses effets, mobiliser 2,425,000 hommes (armée active, réserve de l'armée active, armée territoriale et réserve de l'armée territoriale), soit un soldat par groupe de quinze habitants. L'Autriche, l'Italie, la Russie, tous les Étals de l'Europe ont augmenté ou augmenteront leurs forces militaires dans la même proportion. Pour faire apprécier l'importance de cet accroissement, je citerai quelques chiffres significatifs. Pendant la guerre de Sept ans, la Russie, la Prusse, l'Autriche, la France et les États qui constituent l'Italie actuelle, avaient sous les armes un effectif total de 1,150,000 hommes (i). En 1827, ces mêmes États, dont les limites avaient sans doute changé, mais qui formaient à peu près la même masse territoriale, avaient un effectif de guerre de {i) Recherches sur ta force de l'armée française, etc. Dans l'effectif de 1,150,000 hommesjj'ai fait figurer les États qui constituent l'Italie actuelle pour 113,000 hommes. Je ne puis pas garantir l'exactitude de ce dernier chiffre, qui doit cependant s'écarter peu de la vérité. 2,629,000 hommes (i; celui de 1760. ( 1024 ) , c'est-à-dire plus que double de (i) Ces chiffres sont extraits d'un tableau dressé par le général Pelet et publié dans le Spectateur militaire, t. IV. Voici ce tableau : Le pied de guerre de la France était, en 1827, de. . 314,623 hommes. Celui de la Russie de 4,039,017 — — de l'Autriche de 7o9,o04 — — de la Prusse de o2M28 - (a) — de la Bavière de 71,600 — — du Wurtemberg de 27,900 — — de la Saxe de . . 24,000 — — de la Sardaigne de 6'J,000 — — du royaume de Naples et de la Sicile de . . 63,000 — — des États romains de 12,000 — Total 2,8G3,077 hommes {b). Ces mêmes États peuvent aujourd'hui mobiliser les forces suivantes : France 2,423.000 hommes. Russie. l.S20,000 - (0 Autriche 1,094,000 - Allemagne 1,310,000 — Italie 823,000 - Total. .... 7,170.000 hommes. (a) Non compris la landsturm. (b) La populalion de ces divers pays France. . . Russie. . . Auliiclie . Prusse . Bavière. . Wurtemberg Saxe . . Sardaigne Naples et la Sicile Étals Romains . était la suivante : 31,383,000 âmes. 59,53-2,900 — 30,000,700 — ll,3G'J,G89 — 3,744,000 — 1,400,000 — 1,38'2,000 — 4,lGG,9-20 — 7,121,740 — 2,425,400 — Total. . . . 152,592,549 âmes. (C) Lorsque a nouvelle loi russe aura fonctionné pendant quinze ans, l'arméo ( nm ) Depuis 1827, rnccroissemcnl a été plus rapide encore, puisque aujourd'hui les cinq Étals ci-dessus désignés (I) peuvent mettre sur pied 7,170,000 hommes, clnlfrc qui s'élèvera à plus de 11 millions lorsque les nouvelles lois militaires auront produit tous leurs effets, et qu'on tiendra compte de la landsturm russe, qui n'est pas encore orga- nisée, et de la landsturm prussienne, qui n'a jusqu'ici que 240 bataillons régulièrement constitués. Ainsi, dans l'espace de cinquante ans, la puissance mili- taire des cinq grands États du continent européen a presque triplé. Notre siècle est donc arrivé, après tant de progrès ac- complis dans l'ordre matériel et dans l'ordre moral, après de si grands efforts et des vœux si unanimes en faveur du maintien de la paix, après les objurgations virulentes de la presse et des congrès contre la guerre et les armées, après les ardentes et généreuses aspirations des penseurs et des philanthropes vers un avenir de concorde et de prospérité, noire siècle, dis-je,est arrivé à la réalisation de l'armement maximum, celui qui ne saurait être dépassé, à moins d'in- corporer les adolescents et les vieillards! active comptera 2 millions de soldats instruits, non compris les garnisons et la landsturm, dont reiïeclif atteindra I million. Si l'on ajoute à ce chiffre celui des hommes valides restants, qui seront, en cas de guerre, enrôlés et armés par petits corps, on arrive à un total de 5 millions de combattants. (1) La population de ces divers pays est la suivante : Pour la France 30,102,000 âmes. — Russie 09.884,000 — Autriche 35,904,000 — Allemagne 40,582,000 Italie 25,801,000 Total. . . . 209,273,000 âmes. ( 1026 ) Anciennement, l'armement général existait chez les bar- bares et l'armement restreint chez les peuples civilisés. Cela tenait à ce que les armées de ceux-ci, à cause de leur immense supériorité lactique, pouvaient renoncer à l'avan- tage du nombre. Aujourd'hui, l'armement général n'existe que chez les peuples civilisés, et l'armement restreint, que chez les peu- ples barbares ou demi-civilisés (!). Cela s'explique encore facilement. L'entretien des armées est devenu si onéreux et l'aride la guerre si compliqué, si difficile, que le maximum de puissance militaire ne peut être atteint que par les nations qui ont le plus d'instruction, de richesse et de prospérité. Le temps n'est plus oii l'on pouvait « nourrir la guerre par la guerre. » Napoléon, qui, le dernier, a fait une large application de ce principe, a dû reconnaître qu'il est précaire pour les vainqueurs, et qu'il pousse les vaincus à la révolte, par le spectacle des rapines et des cruautés qu'il autorise ou provoque. Les progrès du droit des gens et l'adoucissement des mœurs ont imposé aux conquérants l'obligation de solder — pendant ou après la guerre — tout ce qu'ils requièrent ou consomment en pays ennemi. C'est donc le développement de la richesse publique qui a rendu possible l'accroissement successif des armées et des dépenses militaires, depuis l'époque où Henri IV (1) Parmi les peuples civilisés, l'Angleterre, seule, a conservé son armement restreint, mais malgré sa situation insulaire et l'énorme puissance de sa marine, il est à prévoir que bientôt elle sera obligée de modifier son système de recrute- ment, qui s'oppose à tout accroissement notable de l'armée de terre. ( i027 ) lorma le projet d'abaisser la puissante maison d'Autriche. Quant à la cause qui a provoque cet accroissement , elle réside uniquement dans l'ambition démesurée de (Iharles-Quint, de Louis XFV et de Napoléon l""", qui ne surent point se borner à la grandeur modérée, la seule qui soit durable, parce qu'elle n'est pas insupportable à autrui. Voyons maintenant quels seront les effets du dernier et très-important accroissement de puissance militaire qui vient de se produire après la guerre franco-allemande. L'un de ces effets a été prévu el indiqué dans les termes suivants, par J.-B. Say : « Les nations civilisées sont les seules qui puissent avoir assez de produits pour entretenir des forces militaires imposantes, ce qui éloigne pour l'avenir la probabililé de ces grands bouleversements dont l'histoire est pleine^ et où les peuples civilisés sont devenus victimes des barbares. » Un autre effet de l'énorme accroissement des armées, sera l'impossibilité de soutenir de longues guerres, sans ruiner les tinances des États el sans provoquer une sus- pension générale des affaires et des transactions de toute nature. Un autre effet encore, sera la nécessité de créer dans la plupart des États de nouveaux impôts, pour subvenir aux dépenses militaires, qui ont presque triplé depuis cin- quante ans. Enfin, le développement exagéré des forces militaires aura pour dernier effet de produire la décadence des ar- mées et de faire rétrograder l'art de la guerre. La propriété des grandes armées de mettre les peuples civilisés à l'abri de nouvelles invasions de barbares, est peu ( 1028 ) importante aujourd'hui, car la civilisation actuelle, loin d'avoir à craindre les barbares, prend l'offensive contre eux en Asie, en Afrique et en Australie. Ce n'est que si elle manquait à ses devoirs, en désarmant ou en négligeant les armées, comme le firent les Romains après Auguste, que de nouveaux Tartares et de nouveaux Musulmans pourraient s'abattre sur les populations amollies de l'Oc- cident. Un avantage plus sérieux des grandes armées est d'abré- ger notablement la durée des guerres, car, bien qu'il soit prouvé qu'une courte lutte entre des forces considérables coûte autant de sang (1) et d'argent qu'une longue lutte entre de petites armées, cependant au point de vue éco- nomique et social, il est extrêment utile d'abréger les crises qui entraînent la suspension des affaires et jettent un trouble profond dans les esprits. La guerre, en effet, n'est pas seulement onéreuse par l'argent qu'elle coûte, elle Test encore par l'argent qu'elle empêche de gagner. Si, nonobstant la courte durée des guerres modernes, je signale l'appauvrissement des États comme un des effets de (1) Il y a lieu de faire remarquer cependant que, proportionnellement au nom- bre des troupes engagées, les batailles modernes sont moins meurtrières que les anciennes. Sous Frédéric II et Napoléon, les pertes étaient plus fortes qu'elles ne le sont aujourd'hui, parce qu'on s'abordait de plus près et surtout parce que toutes les troupes étaient engagées, tandis que dans les grandes batailles de nos jours, il y a des corps qui ne sont pas engagés ou qui ne sont engagés que pendant peu de temps. A Solferino, les vainqueurs curent 14,415 hommes tués et blessés sur 140,000 à Custozza, 3,133 hommes sur 73,000; à Sadowa, 9,153 hommes sur ;220,000; à Gravelotte, 20.139 hommes sur 220,000; à Sedan, 8,960 hommes sur 220,000, chiffres bien inférieurs à ceux des batailles de Frédéric II et de Napoléon. A Leuihen , l'armée prussienne, forte de 30,000 hommes, eut environ 3,000 hommes tués et blessés, A M arengo, 28,000 Français perdirent 7,0!)0 hommes. ( 10-29 ) l'énorme accroissement des armées permanentes, c'est que pour lever en temps de guerre des forces considérables, il faut de toute nécessité garder sous les drapeaux, en temps de paix, un eiroclirqui ne peut être inlerieur à trois contingents annuels (le tiers environ de l'armée totale) (1). L'expérience et le témoignage des hommes de guerre prouvent, en elïét, qu'il est impossible de lormer un bon soldat en moins de trois ans, môme dans les pays qui, grâce à l'instruction et au service obligatoires, produisent les soldats les plus intelligents et les plus moraux. Les exigences de la guerre moderne ne permettent donc pas de considérer comme sufTisantes les armées de milices, dont les hommes ne sont réunis annuellement que pen- dant huit ou quinze jours. Ces armées, de même que les armées de mercenaires, ont lait leur temps (2j. Celles de l'un et de l'autre type qui existent encore n'offrent plus assez de garanties, et il n'est pas douteux qu'elles ne dispa- raissent bientôt. La Suisse, éclairée par ses militaires les plus instruits, commence à douter de Tefficacitéde son système de dé- fense, et l'on a pu soutenir récemment en Angleterre, sans (1) Nous disons le tiers, parce qu'il est reconnu que pour avoir une forte armée active et une réserve , on doit nécessairement astreindre les citoyens au service pendant douze ans, c'est-à-dire avoir douze contingents sous les armes au mo- ment de la guerre; or, l'effectif des neuf plus anciennes classes est réduit par la mortalité et les pertes de toute espèce, au double à peu près de l'effectif des trois classes sous les armes. C'est ainsi que se trouve justifiée la nécessité de maintenir sous les drapeaux , en temps de paix, le liers environ de l'effectif de guerre. (2j f*our savoir ce que valent les armées de milice et celles que produisent les levées en masse, même aux époques où l'enthousiasme est le plus vif, il suffit de lire les relations des guerres de la Péninsule, celle de la guerre de la Sécession d'Amérique et l'excellent ouvrage publié, en mars 1870, par Camille Roussel, sur les volontaires de 1791-1794. ( 1030 ) soulever aucune protestation sérieuse, qu'un jour viendra où la Grande-Bretagne, pour assurer -sa sécurité et con- server son intluence sur le continent, sera obligée de re- courir à la conscription. Quant au dernier effet de l'accroissement excessif des forces militaires, la décadence des armées et de l'art de la guerre, je suis certain qu'en le signalant, j'ai causé une grande surprise à la plupart de mes auditeurs, convaincus, sans doute, que cet art a fait, de nos jours, d'énormes progrès. Eh bien. Messieurs, quoique très répandue, celte opinion est fondée sur des apparences trompeuses, et il me sera facile de vous prouver qu'elle ne résiste pas à un examen approfondi. ÎV. La force des armées modernes réside principalement dans l'instruction et dans l'éducation militaire des soldats. Les progrès accomplis dans l'armement et dans les mé- thodes de combat ont rendu cette préparation plus longue et plus difficile qu'elle ne l'était autrefois. Elle exige des cadres nombreux et bien composés. Or, plus un peuple est civilisé et riche, pUis il éprouve d'éloignement pour la carrière des armes, laquelle ne conduit ni à la fortune ni aux tranquilles jouissances de la vie. La difficulté de trou- ver un nombre suffisant de sujets honorables et instruits, pour encadrer une grande armée, augmentera donc tous les jours. Cette difficulté sera grande surtout pour le re- crutement des sous-offîciers, car dans les pays riches et prospères les carrières civiles off'rent aux jeunes gens plus de liberté et de bien-être que ne peut leur en donner l'ar- mée, sans exiger d'eux ni aulant de travail, ni autant de ( 105i ) sacrifices. Il faudra donc descendre à un niveau intellecluel et moral de plus en plus bas pour recruter les cadres infé- rieurs, et il faudra aussi se montrer de moins en moins rigou- reux pour le recrutement des officiers. Dans de pareilles conditions il est à prévoir que l'instruction et la discipline péricliteront, et qu'insensiblement les armées permanentes perdront les précieuses qualités qui leur donnent une si grande supériorité sur les armées de milices. Alors Tari de la guerre non-seulement né fera plus de progrès, niais dé- clinera rapidement. Ces appréhensions n'ont rien d'exa- géré. Déjà dans le pays le mieux préparé pour la guerre, celui où l'armée a jeté les plus fortes racines, où la popu- lation a les plus vives sympathies pour le soldat et où régnent les idées les plus favorables au développement de la profession des armes, déjà en Prusse la difficulté du re- crutement des cadres inspire des craintes sérieuses aux hommes d'État et aux généraux les plus distingués. En février 1874, un journal militaire de Berlin signalait ce fait, que dans une seule division allemande « il y avait 120 places de sous-officiers vacantes et lo emplois occupés par des soldats n'ayant par terminé leur service obligatoire de trois ans, bien que la garnison où se trouve cette division soit très-agréable et que le soldat y jouisse d'une grande considération (1). » En France, en Autriche et en Italie, la même pénurie se remarque. Il a été constaté récemment, chez nos voisins du Midi, qu'un grand nombre de sous-officiers refusent lepaulette de sous-lieutenant, pour accepter des emplois civils, mieux rétribués et plus faciles à remplir. (1) Nette mduarische Blàuer. ( 103^2 ) On aura beau augmenter la solde des sous-ofliciers, améliorer leurs logements, leur donner plus de liberléet d'autorité, le mal ne disparaîtra pas; il prendra même un caractère déplus en plus alarmant, surtout dans les armées qui, se recrutant en partie de mercenaires tirés des derniè- res couches de la société, sont privées des bons miliciens dont ces mercenaires tiennent lieu, et des jeunes gens de la classe aisée qui ont une vocation i)rononcée pour la carrière des armes, mais qu'arrête au seuil de la caserne la crainte de s'y trouver en contact avec le rebut de la na- tion. C'est donc un fait avéré que les classes intelligentes, morales et conservatrices dans lesquelles il importe que les cadres se recrutent, ne pourront plus désormais pour- voir aux besoins des grandes armées. Si l'on maintient les effectifs actuels, la décadence arrivera promptement, et aura des conséquences d'autant plus graves, que le manie- ment des grandes armées exige plus de science et d'habileté chez les officiers, plus d'instruction et de discipline chez les soldats. J'ajouterai que les guerres devenant de plus en plus courtes, il sera désormais impossible de compléter Tinstruc- tion des cadres pendant la durée d'une campagne, comme cela se faisait autrefois. On devrait, par conséquent, avoir des officiers et des sous-officiers mieux préparés et plus instruits que ne l'étaient ceux des armées de Frédéric II et de Napoléon; or, dans la plupart des armées, les sous- officiers ont, au contraire, décliné et bientôt il en sera de même des officiers. On devrait avoir aussi des soldats mieux exercés à la marche et au combat, parce que du jour au lendemain ils peuvent se trouver en présence de l'ennemi, grâce aux ( i053 ) chemins de fer, qui ont, en quelque sorte, supprimé les distances. Autrefois on faisait de longues étapes pour arri- ver aux lieux de concentration et sur le champ de bataille, ce qui permettait de compléter l'instruction et l'éducation des soldats avant de les mener au feu. Aujourd'hui il n'y a plus de période d'apprentissage, et c'est presque sans transition que le milicien passe de la vie paisible du foyer aux terribles émotions de la guerre. Non-seulemcHt les grandes armées déclineront sous le rapport de la composition et de la préparation des cadres, elles opposeront encore des entraves de plus en plus fortes au génie des commandants en chef. L'obligation de nour- rir les troupes, en pays ennemi, sans recourir à la maraude et sans affamer les habitants, et l'obligation non moins gênante de traiter les prisonniers et les blessés d'après les règles adoucies du nouveau droit des gens, rendront, en effet, bien précaires, même impossibles certaines opéra- tions hardies, aventureuses qui ont illustré les conqué- rants d'autrefois, et dont les difficultés augmenteront, évi- demment, à mesure que les armées s'accroîtront. A un autre point de vue encore, les grands effectifs se- ront nuisibles au développement de l'art de la guerre. Avant que Turenne, Condé, Gustave-Adolphe, Frédé- ric Il et Napoléon eussent créé ce qu'on appelle l'art de la grande guerre, les armées se disputaient méthodiquement et lentement la possession des forteresses et des lignes retranchées. La guerre se faisait alors autour des places, et finissait d'ordinaire par un siège. Sous les grands capi- taines que je viens de citer, et notamment sous le plus illustre de tous. Napoléon , le sort des empires se décidait en rase campagne, et la paix était le prix d'une victoire décisive. 2"^ SÉRIE, TOME XL. 66 ( 1034 ) Depuis peu l'on a fait un retour vers l'ancienne manière de guerroyer. La campagne de Crimée a fini par la reddi- tion de Sébastopol, et celle de France, par la capitulation de Paris. Si l'Autriche avait eu une grande position forti- fiée sur le Pô, en 1859, la bataille de Solferino n'eût pas abouti à la conclusion de la paix, et si Vienne avait été fortifiée en 1866, les vainqueurs de Sadowa auraient dû, comme ceux de l'Aima, se résignera un long siège. Voici l'explication de ce fait : * Le développement excessif des armées ayant rendu les guerres moins longues, les stratégistes ont compris que le meilleur moyen de combattre une invasion, était de créer de grandes positions défensives où une armée battue ou trop faible pour tenter le sort des armes, en rase campagne, pût tenir assez longtemps pour obliger l'ennemi à battre en retraite. Ces positions sont les camps retranchés per- manents, dont l'idée appartient à Vauban, mais qui n'ont reçu leur véritable destination et une organisation ration- nelle que depuis la chute du premier empire. L'une des plus remarquables applications qui en ait été faite est le camp retranché de Paris, qui date de 1840. Si ce camp, dont les dimensions furent réglées sur la portée des ca- nons lisses,avait reçu en temps opportun, les modifications et les accroissements nécessités par l'introduction des ca- nons rayés dans les parcs de siège et dans l'armement des places, les armées allemandes n'auraient pu le bloquer, et la guerre eût pris, sans doute, une direction plus favorable aux Français. L'avenir assignera donc un rôle impor- tant à tous les camps retranchés qui auront assez d'am- pleur et de ressources, pour abriter, nourrir et approvi- sionner de grandes armées pendant 10 ou 12 mois. Grâce ( 1035 ) à ces établissements, certaines invasions échoueront et d'autres ne produiront que des résultats incomplets. Ils se- ront par conséquent très-précieux pour les petits Ëtats, et même pour les Étals de premier ordre, lorsque ceux-ci éprouveront un grand désastre au début des opérations; mais l'art de la guerre n'en tirera aucun profit, parce que les camps retranchés, attirant les armées par les grands avantages qu'ils leur offrent, limiteront les combinaisons des stratégistes et subordonneront le succès d'une cam- pagne à la reddition d'une place, comme au temps de Charles-Quint , des princes de Nassau et de Louis XIV (i). Il est donc prouvé que l'accroissement énorme des ar- mées permanentes, si funeste au point de vue des intérêts matériels, n'est pas moins fâcheux au point de vue de la bonne constitution des armées et des progrès de l'art de la guerre. Pour atténuer le mal, il n'y a qu'un moyen actuellement ou prochainement réalisable, c'est la réduction proportion- nelle des grandes armées et l'introduction générale du ser- vice personnel, seul mode de recrutement qui puisse pro- duire des armées intelligentes et morales. Il y aurait une autre solution, plus radicale et plus heu- reuse, ce serait d'arriver à la suppression même de la guerre (l) En théorie, les camps retranchés devraient donner plus d'indépendance aux généraux, en les dispensant notamment de l'obligation de couvrir la capitale ou le centre de la puissance militaire du pays (comme l'est Anvers pour la Belgique); mais, en réalité, il arrivera rarement qu'un général battu ou menacé de l'être, ne se replie pas sur un camp retranché, plutôt que de manœuvrer en arrière ou latéralement. C'est ce qui m'autorise à d\re\ue , dans la plupart des ca.s, les guerres modernes se termineront par un grand siège, ou échoueront, parce que l'assaillant ne pourra mener ce siège à bonne fin. ( i056 ) et à l'aplanissement des conflits internationaux par voie d'arbitrage. Mais loin de considérer ce moyen comme admissible, nous ne pouvons pas même nous bercer de Tespoir que les sanglants démêlés de peuple à peuple seront désormais moins fréquents. Sans doute l'obligation d'entretenir les grandes armées aux frais du trésor, même en pays ennemi, rendra les guerres de plus en plus difficiles ; sans doute aussi radou- cissement des mœurs et les progrès accomplis dans l'ordre moral, provoqueront une réaction de plus en plus vive contre l'emploi de la force dans les conflits internationaux, mais ce double eïïet ne sera jamais assez puissant pour prévenir les luttes armées. Aussi longtemps qu'il y aura des peuples qui voudront être prépondérants, et des chefs d'États ou d'armées qui rêveront pour eux ou pour leur pays de brillantes destinées, il faudra s'attendre à ce que les abus anciens se reproduisent avec leur cortège habi- tuel de violences et de calamités. Tout ce que je puis concéder, je ne dirai pas aux amis de la paix, car nous sommes tous de ses amis, mais aux disciples de Kant et de l'abbé de Saint-Pierre, c'est que les guerres à venir dureront moins longtemps et produiront moins de ruines. Quant à voir toutes les causes de conflits écartées ou atténuées par les progrès des idées et des mœurs, je ne pense pas qu'il nous soit donné de jouir jamais de ce spec- tacle consolant. Je partage plutôt l'opinion de l'économiste distingué (1), qui soutenait, en 1873, que les progrès de (4) M. Moi.iNARi. Voir la lieviie dex Deux Mondes, livraison du dS jan- vier 1878. • ( 1037 ) rinduslrie et le développement prodigieux des voies xle communication, mettant en relation tous les peuples civi- lisés ou demi-civilisés du globe, ont par là même multiplié entre eux les occasions de querelles et de conflits. Ces dif- férents, la sagesse commande sans doute aux États plus encore qu'aux particuliers de les éviter ou de les aplanir, mais cela est généralement impossible , soit parce qu'il n'existe pas de tribunaux d'États appuyés sur une force internationale capable de faire respecter leurs décisions, soit parce que les peuples, comme les individus, ont des passions et des préjugés qui les rendent, à certains mo- ments, inaccessibles à la raison, à la modération, à la jus- tice. Or, comme le prix de la guerre monte de plus en plus et que celui de la paix croît dans le même rapport, il faut que les gouvernements se tiennent continuellement en éveil pour prévenir les conflits que tant de points de con- tact entre eux peuvent faire surgir inopinément, et qu'ils soient toujours prêts, politiquement et militairement, à faire face à des agressions qu'il n'est pas toujours en leur pouvoir d'éviter (\). Mais, dira-t-on, n'y a-(-il donc rien à tenter pour diminuer les maux de la guerre et le poids des armements excessifs que se sont imposés la plupart des États? (1) Voici en quels termes M. Molinari énonce cette vérité : « A quels besoins des nations les gouvernements doivent-ils pourvoir? Ces besoins varient selon les époques, mais le premier a été de tout temps le besoin de sécurité extérieure, et il ne semble pas , malheureusement, que les progrès de la civilisation aient rendu en ce point la tâche des gouvernements plus facile , au contraire! Entre des nations de plus en plus rapprochées et dont les rapports de toute sorte deviennent de jour en jour plus fréquents, les occasions de conflitis sont aussi plus nombreuses. Ces conflits , il faut savoir les éviter ou les résoudre à l'amiable, et, si une solution pacifique n'est pas possible, il faut être en mesure de tes vider par la force ! Voilà ce que demande la sécurité extérieure. » (1038 ) Messieurs, la réduction proportionnelle des grandes armées (1) rendue possible par les décisions d'un congrès européen obéissant à des idées philanthropiques et libé- rales, tel doit être, je pense, le desideratum des amis du' progrès. Au delà il n'y a rien de pratique, rien de prochai- nement réalisable. Espérer que les armées permanentes disparaîtront comme le mammouth a disparu « parce que la terre ne pouvait plus le nourrir (2), » c'est prendre un beau rêve pour une consolante réalité. La guerre est tou- jours et sera longtemps encore, sinon éternellement, le triste lot de l'humanité. Nous sommes si éloignés de la voir disparaître que notre génération a pu assister au spectacle incompréhensible de la résurrection d'un Alexandre, d'un César, d'un Charlemagne,et que, depuis un quart de siècle, il a été versé plus de sang sur les champs de bataille qu'à aucune autre époque de l'histoire moderne, excepté pen- dant les dernières années du règne de Napoléon I". Aujourd'hui comme au temps de Voltaire, on peut dire « qu'un prince qui licencierait ses troupes... qui laisserait tomber ses fortifications en ruine et qui passerait son temps à lire Grotius, dans un an ou deux aurait perdu son royaume. » C'est que la force, qui a été nécessaire pour instituer le droit, est encore plus nécessaire pour le faire régner. Aristote appelle l'homme un animal politique. L'homme est, en réalité, un animal belliqueux. Alors même que les progrès des idées et des mœurs modifieraient sa nature au (1) Les armées des petits États sont, proportionnellement à la population, bien plus faibles que celles des États de premier ordre. C'est pourquoi la réduction devra porter sur les dernières et non sur les autres, qui n'ont pas dépassé les limites admissibles, et qui devraient même être augmentées considérablement si les grands États ne diminuaient pas l'effectif qu'ils ont actuellement sur pied. » (2) Mauvais argument, qui a été produit avec succès dans plusieurs Congrès de la paix. ( 1039 ) point que toujours la raison et la justice prévaudraient sur ses passions et ses préjugés, s'ensuivrait-il que la guerre pût être supprimée? La guerre n'esl-elle pas plus forte que nous? n'est-elle pas une des conditions de Texistence et du développement des peuples, un des agents les plus actifs du progrès so- cial? Qui oserait le nier? La science et l'histoire ne nous apprennent-elles pas que la destruction est le principe de la vie et que l'humanité ne s'avance dans la voie de la per- fection qu'en foulant des ruines? Si l'existence terrestre, comme la religion et la philoso- phie l'enseignent, est une épreuve imposée à l'homme, pourquoi cette épreuve serait-elle exempte des maux qu'entraînent la guerre, les révolutions, la peste, les trem- blements de terre, et d'autres phénomènes naturels qui sont le désordre apparent nécessaire à l'universelle har- monie, et dont l'action se fera sentir aussi longtemps que roulera dans l'espace la petite planète que nous habitons? La justice et la liberté n'ont été données à l'homme qu'au prix des combats, et la félicité ne lui a été promise qu'en récompense de l'abnégation, du dévouement et du sacrifice. Il faut donc accepter la guerre et les armées, comme étant d'inévitables agents de conservation et de progrès, et bor- ner notre ambition à rendre la guerre moins fréquente, moins cruelle, et les armées moins nombreuses, plus in- telligentes, plus morales, afin que l'humanité ait moins de sacrifices à faire, moins de douleurs à subir, moins de sang et de larmes à verser. Sur ce terrain pratique, l'homme d'État, le philosophe et le militaire peuvent se donner la main avec l'espoir d'aboutir à un résultat utile et durable. ( 1040 ) La parole a ensuite été donnée à M. Edouard Morren pour faire une lecture intitulée : La théorie des plantes carnivores et irritables. PREMIERE PARTIE. LA DIGESTION. Unité nutritive. —L'azote. — Groupe téléologique. — Systématique. — Géogra- phie; stations; faciès. - Le piège; gibier; attraction; anatomie. — La diges- tion; historique; expériences; l'acide; le ferment; surexcitation gastrique; indigestions; durée ; nombre. — Absorption; organes. — Décomposition; com- mensaux. — Utilité; culture. Unilé nutritive. — Il y a trois ans, à pareille date (1), nous avons déjà établi devant TAcadéinie que, contraire- ment à des préjugés encore répandus, la nutrition est en réalité la même chez les animaux et chez les plantes; qu'il convient de distinguer, en physiologie végétale, la produc- tion des substances plasmiques à l'aide des matériaux inorganiques et la véritable nutrition qui consiste, comme chez les animaux, dans la circulation, l'assimilation et la consommation de ces mêmes substances plasmiques. Nous avons soutenu le principe de l'unité de structure et d'acti- vité dans tous les êtres organisés: nous voulons, aujour- d'hui que l'Académie nous admet encore à l'honneur de l'entretenir, reprendre les choses au point où nous les avons laissées et montrer que les végétaux manifestent des (1) Introduction à l'étude de la nutrition des plantes, BuLL. DE l'Acad. ROY. DE Belg., décembre 1872. ( lOil ) phénomènes biologiques d'un ordre élevé que Ton croyait être l'apanage exclusif de l'activité animale. Grâce aux récentes investigations scientifiques, les plantes mieux connues, plus appréciées, s'élèvent presque au niveau zoo- logique tout comme les progrès de la biologie animale sem- blent rapprocher les animaux de l'homme et donner de l'esprit aux bêtes. L'azote. — De tous les éléments que les êtres organisés doivent se procurer pour assurer leur existence, le plus précieux est l'azote, avec ses alliés habituels, le soufre et le phosphore. L'azote organisable est parcimonieusement réparti dans la nature, où il se trouve sous la forme d'am- moniaque et d'acide nitrique. Ces deux substances, qui sont en quelque sorte aux confins du monde minéral et du règne organique, sont produites sous certaines influences dans le sol et dans l'atmosphère. C'est là que la plupart des végétaux vont les puiser, soit à l'aide de leurs racines, soit au moyen de leurs feuilles. Le carbonate d'ammo- niaque existe dans l'atmosphère, sinon à l'état de sel, au moins, à cause de l'inégale diffusibilité de ses deux consti- tuants, à l'état de dissociation; il peut être porté directe- ment sur le feuillage par la pluie ou par la rosée (1). (1) Nous avons constaté expérimentalement qu'un léger surcroît de carbonate d'ammoniaque dans l'air d'une serre où Ton cultive particulièrement des épiphytes exotiques, telles que des Orchidées et des Broméliacées, exerce la plus heureuse influence sur la santé de ces plantes aériennes auxquelles l'atmosphère doit ap- porter tous les principes nécessaires pour se constituer ; l'absorption a bien réel- lement lieu par les feuilles, puisque certaines Tillandsiées du genre très-bien nommé Phyiarhiza par M. Visiani, n'émettent point de racines. Nous en avons vu naître, grandir, fleurir et fructifier sans avoir jamais émis de racines au sein de l'atmosphère chaude et humide où elles sont maintenues ( Tillandsia bulbosa Hook). ( i042 ) Ses sources. — Le carbonate d'ammoniaque est préci- sément le produit ultime de la décomposition naturelle des matières azotées. La plupart des plantes absorbent Fazote sous cette forme pour le faire entrer dans le conflit vital; mais il n'en est pas ainsi pendant toutes les phases de leur existence, par exemple la germination, et il y a des plantes qui ne se conforment pas à la loi le plus générale- ment suivie. Il suÛQrail de citer les Champignons, mais on peut négliger ces êtres saprogènes, les plus puissants des- tructeurs qui soient au monde, qui n'ont du végétal que l'apparence et qui font exception à presque tous les prin- cipes de la physiologie des plantes. Nous voulons nous ap- puyer sur des végétaux d'ordre supérieur et nous pouvons invoquer les saprophytes, les parasites et les carnivores qui savent se procurer les matières azotées avant que celles-ci soient tombées dans le monde minéral: les premières, comme le Neottia Nidiis-avis , vivent dans l'humus; les secondes, comme l'Orobanche, se grefl'ent à quelque plante nourricière, tandis que les dernières s'en prennent aux ma- tières animales: l'avantage est en leur faveur, mais le prin- cipe est le même. Les vraies parasites puisent dans leur nourrice les ali- ments à rélat de circulation naturelle, les saprophytes les absorbent pendant la fermentation putride, alors que les carnivores leur font éprouver au contraire les efi*ets d'une fermentation indirecte : ce pouvoir de digestion est leur caractère essentiel ; seul, il sufiirait presque pour les élever à la dignité animale. L'activité des plantes carnivores est, en dernière ana- lyse, une question d'azote : pour se procurer ce précieux mobile de leur organisme, elles se mettent en rébellion contre le règne animal , auquel un trop grand nombre ( i04o ) d'autres plantes est fatalement voué, et dans cette lutte héroïque, elles s'élèvent à un niveau d'organisation dont on ne soupçonnait pas la grandeur avant qu'elle fût me- surée par un génie de la puissance de Darwin. Les princi- paux problèmes qui concernent ces végétaux étranges qui chassent aux insectes, leur tendent des pièges, les attirent par de fallacieuses séductions, s'en emparent, les tuent et les mangent et, pour les absorber, empruntent aux animaux mêmes leurs procédés de digestion, ont été pour la plupart élucidés avec une rare sagacité par M. Darwin (1), en ce qui concerne les Droséracées et les Utriculariées, et par son illustre confrère, le D"" Hooker (2) pour les Sarracénia- cées et les Népenthacées. Groupe téléologique. — Les plantes carnivores ou insec- tivores, selon la nouvelle expression, constituent un groupe physiologique et non pas un groupe taxinomique. Comme les parasites, les plantes grasses, les lianes, elles appar- tiennent à diverses familles et à plusieurs régions; elles paraissent s'être adaptées par la sélection naturelle aux circonstances entre lesquelles elles ont pu se mouvoir et se propager : leur structure est, comme on dit, téléolo- gique. La systématique. — Les mieux caractérisées forment la famille des Droséracées qui se compose de six genres : Byblis Salisb., Roridula Linn., Drosophyllum Link , Dro- sera Linn., AIdrovanda Linn. et Dionaea Ellis : nous les (1) Darwin, Insectivorous Plants, 4875. (2) Hooker, Address to the Department of Botany and Zoology , in Report of the 44e meeting of the Brit. Assoc. (Belfast), 1874, p. i02.- Belgique horticole, 4874,pp.262et362. ( 1044 ) avons émimérés dans Tordre de leur perfectionnement successif. On place les Droséracées parmi les Dicotylédones polypétales calyciflores, dans le voisinage des Saxifragées. Le Dionaea, dont on a discuté les affinités (1), établit le pas- sage vers le Cephaîotus Labill. rattaché aujourd'hui aux Ribésiacées (2). Les Sarracéniacées, où se trouvent les genres Sarracenia L., Dariingtonia Torr. et Heliamphora Benth., encore polypétales, sont classées parmi les Thala- miflores. Elles ont, par leur placentation pariétale et d'au- tres caractères, des affinités évidentes avec la série précé- dente. Quant aux Népenthacées, réunies toutes dans le seul genre Nepenthes Linn., elles sont, par la classification ac- tuelle, rangées dans une tout autre section, près des Aris- toloches, parmi les Monochlamydées. Enfin les genres Utri- cularia Linn. et Pingiiiciila Tourn. que l'on comprend, à tort ou à raison, dans la même catégorie des plantes insec- tivores, appartiennent à la famille des Utriculariées, rangée parmi les Gamopétales personnées. On connaît donc des plantes carnivores dans chacune des trois classes des Di- cotylédones, tandis qu'on n'en cite aucune parmi les Mono- cotylédones. Géographie. — Les genres précités ont une valeur et une dispersion fort inégales. Dans la famille des Droséracées, les Byblis comptent trois ou quatre espèces confinées dans l'Australie septen- trionale; les Roridula, peu importants, appartiennent à l'Afrique australe. (1) M. B.-C. Dumortier a proposé de constituer la famille des Dionaeacées : Bull, de l'Acad. roy. de Belg., 1837 , tome IV , p. 443. (2) Bentham et Hooker , Gênera Plantarum. ( i0i5 ) Le Drosophyllum lusitanicum Link, seul de son genre, est concentré en Portugal et au Maroc, mais les Drosera forment un genre puissant : on en connaît une centaine de formes spécifiques, parmi lesquelles il en est qui sont grim- pantes : elles sont répandues presque partout sur le globe. Le genre est représenté dans la flore belge par les Drosera rolundifolia L., D. intermcdia Hayne et D. anglica Huds. Les deux autres genres de la famille sont monotypes : ce sont VAldrovanda vesiciilosa L. que l'on connaît en Aus- tralie, au Bengale et en Europe, et le Dionaea muscipula Ellis, déjà célèbre et bien connu sous le nom û'Àtlrape- mouches (Venus Fly Trap; Fliegenfânger, Fliegenfalle). Tout est étrange dans cette plante,jusqn'à son aire de dis- persion qui est resserrée dans la Caroline du Nord, aux États-Unis, entre les limites les plus étroites. Elle n'est pas confinée exclusivement aux environs de Wilmington , sur un espace de 2 à 3 lieues carrées, mais elle est rare sur les autres points du territoire de la Caroline septen- trionale et dans les districts voisins de la Caroline du Sud. Elle a été signalée pour la première fois, en 1759, par Ar- thur Dobbs, gouverneur de l'État, dans une note insérée dans VHorius Collinsonianus (1). En 1768, Ellis en fit l'étude et la description, et, après l'avoir placée sous l'invo- cation de la nymphe Aicoy<, mère de Vénus, il écrivit à Linné une lettre demeurée classique. Dès la même année, 1768, la Dionée fut apportée vivante en Europe par William Young. Quelques erreurs et certains préjugés des premiers observateurs, qui furent, il faut l'avouer, accrédités par Linné, lui donnèrent une certaine notoriété; mais elle fut le sujet d'études sérieuses publiées en 1854 par le doc- (11 Gard. Cfiron., 1875, I, 306. ( iOi6 ) leur Curtis et en i868, par Canby, plus récemment par MM. Hooker,Balfoui\ Burton Sanderson et Darwin. Elleest la plus extraordinaire entre toutes les plantes carnivores. Le Cephalolus follicularis Labill., unique de son genre, se trouve exclusivement sur un territoire restreint de l'Aus- tralie occidentale, près d'Albany. Quant aux Sarracéniacées, deux genres sont monotypes à aire restreinte : le Darlingtonia californica Torr. de la Sierra Nevada de Californie et un Heliamphora qu'on a rencontré au Venezuela , sur le mont Roraima; mais le genre Sarracenia est mieux doté : on en connaît six es- pèces répandues sur l'Amérique du Nord. Les JSepenthes sont plus nombreux, mais d'une tout autre région : on les trouve aux Indes orientales, dans les îles de la Sonde et à Madagascar. Les Ulriculia et les Pinguicula, qui ont une autre allure, se trouvent dans presque toutes les régions fraîches des deux hémisphères, même à la Nouvelle-Hollande. Stations. — En résumé, les plantes carnivores sont ré- parties presque partout sur le globe. Mais si elles appar- tiennent à des familles diverses et si elles prospèrent sous des climats différents, on peut remarquer que les condi- tions locales dans lesquelles elles vivent sont uniformé- ment les mêmes pour toutes, c'est-à-dire que leur station est presqtje identique. Les botanistes belges savent dans quelles localités de la Campine et de l'Ardenne on trouve les Drosera : c'est, en général, sur les terrains siliceux, légers, humides et tourbeux; il arrive parfois même que leurs chétives racines, fibreuses, noires, ne touchent pas au sol et croissent simplement parmi lesSphagnum. C'est dans les mêmes conditions au bord des tourbières, que ( 1047 ) croissent les Dionées de la Caroline, les Sarracenia du Canada, le Darlwgtoniaâc la Californie, les Népenthesde Bornéo et de Madagascar. Toutes évitent la présence du calcaire. Il en est de même des Pinguicula et de certains Utricidaria [il. montana). Un petit nombre seulement, comme l'^l /f/roîo^f/a, devient franchement aquatique, perd tout à fait les racines et vogue librement sur la surface de Peau ou bien se baigne plus profondément, comme nos Utricidaria (1). Faciès. — Les plan tes carnivores ont entre elles certaines ressemblances de faciès ou d'allure. Beaucoup ont une tige courte, avec leurs feuilles en rosace, comme nos Drosera, laDionée, le Darlingtonia, les Sarracenia; chez quelques- unes, la tige s'étend : on connaît, au moins dans les her- biers sinon dans les cultures, des Drosera qui s'élèvent à une certaine hauteur. Quant aux Népenlhes, ce sont des plantes frutescentes, parfois sarmenteuses et qui atteignent des dimensions assez considérables pour occuper toute une serre. Le piège. — Leur feuillage est de formes bizarres, mais, dans son ensemble, il est d'un beau vert, souvent rehaussé de teintes rouges ou brunes. Les fleurs s'épanouissent ou fructifient de la manière la plus habituelle. En y regar- (1) Nous venons de constater que la plupart des plantes carnivores vivent dans les mêmes conditions que les Sphagnum : nous pouvons faire remarquer à ce propos que ces singulières Mousses ont certaines cellules percées d'ouvertures naturelles par lesquelles on a constaté l'entrée de petits animalcules ( iîof//er vid- garis].Cjes trous et cette entrée ne sont probablement pas fortuits et il y a peut-être là une certaine analogie avec les ampoules et les amphores des plantes supérieures "Voir Ch. Morren, De l'existence des Infusoires dans les plantes, Bull, de l'Acad., t. VI, et Etudes d'anat. vég. — Ce. MOBhE^, Recherches sw l'inen- chijrne des Sphagnum, BuLL. DE L'AcAD., VIII, 1844, 1, -164 et Dodonaea. ( 4048 ) dant de plus près , en considérant les choses à travers le prisme de la science, le regard saisit tout ce qu'une obser- vation superficielle avait méconnu. Laissant de côté les Pinguicula et les Utricularia, au sujet desquels nous ne sommes pas suffisamment édifié et qui constituent une catégorie spéciale, on constate chez toutes les plantes car- nivores l'existence d'organes appropriés à la chasse des insectes; ces organes acquièrent plus de perfection et plus de développement d'une de ces plantes à l'autre, si on les dispose dans un certain ordre qui n'est pas l'ordre de la classification taxinomique. Pour l'apprécier, il faut partir des Droséracées les plus simples qui ne sont guère mieux douées que certaines Saxifrages, le Saxifraga tridacty- lites L., par exemple, qui est pourvu de poils glanduleux auxquels de faibles insectes peuvent se laisser engluer et en se décomposant fournir du carbonate d'ammoniaque qui est absorbé. « Comme il n'est pas douteux, dit M. Darwin, que ce procédé soit d'un grand secours aux plantes qui croissent dans un sol pauvre , il doit tendre à être perfectionné par la sélection naturelle. Ainsi, toute plante ordinaire, pour- vue de glandes visqueuses, qui accidentellement attrape des insectes, peut, sous des circonstances favorables, être changée en une espèce capable de vraie digestion. » Nous sommes disposé à le croire, mais, laissant décote la théorie, quelque séduisante qu'elle paraisse, nous nous bornerons à considérer chez les plantes insectivores suc- cessivement la chasse, la digestion et le mouvement. Perfectionnement du piège. — Le piège se perfectionne des plus simples aux plus élevées. Chez le Drosophylhim, ce sont des tentacules qui se ter- ( 1049 ) inioent par une glande et déjà parcourus par un faisceau de trachées. Chez les Drosera, les tentacules sont irritahles etmotiles (1) : ils se courbent sur l'insecte qu'ils maintien- nent contre la feuille dont les deux bords peuvent se rele- ver un peu. Les Aldrovanda ont au sommet des feuilles, avec quelques tentacules, une petite trappe hérissée, à deux lobes susceptibles de se rapprocher par un mou- vement localisé à la base et ainsi de se fermer momenta- nément. La Dionée dispose de l'appareil le plus perfectionné : on ne saurait mieux le comparer qu'à cette sorte de piège à prendre les petits animaux et que nous appelons un cep (2) en Belgique. Il consiste en deux lobes ou valves qui se joi- gnent à peu près suivant un angle droit et qui ont la forme d'un hémicycle surbaissé; la nervure médiane est proémi- nente à la face inférieure, les lobes sont bordés de longs cils, raides et aigus : tout l'appareil peut atteindre environ trois centimètres de largeur et quand la santé est florissante, il est d'une belle teinte rouge à la face supérieure (5). On peut remarquer que cette trappe est séparée de la feuille pro- prement dite par un support épais, long de quelques milli- mètres. Il peut se fermer vivement et se transformer en une sorte de vésicule bordée de deux rangées de cils entre-croisés. Dans le Cephalolhus et dans les Népenthes, les Sarrace- nia et le Darlingtonia, le piège auquel les insectes se font prendre en foule agit comme un trébuchel; il a la forme (1) ÉD. MORREN, Note sur les procédés insecticides du Di osera rotundifoUa , 1875. (2) Le mot n'est pas dans le Dictionnaire de l'Académie française. (3) Ch. Morren a donné, en 4834, quelques éclaircissements sur sa structure et sa morphologie.— Hort. belge , 1834, p. 71. ^""^ SÉHIF,, TOMK XL. 67 ( 1050 ) d'une urne ou amphore plus ou moins ouverte au sommet, dressée ou suspendue à Textrémité de chaque feuille, par- fois développée en lieu et place des feuilles elles-mêmes. Dans les plus beaux Népenthes, cette amphore peut attein- dre un pied et demi de longueur et engloutir un oiseau ou un petit mammifère. Homologie. — Le perfectionnement des organes de pré- hension et de digestion, d'ailleurs confondus, est frappant : la question de l'homologie est peut-être discutable. Dans les Drosera, la feuille ouverte avec ses dépendances en forme de tentacules reployés et ses bords un peu relevés, fonctionne momentanément comme un estomac. Dans la Dionée, au lieu de nombreux tentacules, on voit un seul et vaste lobe qui s'ouvre pour saisir le gibier et se ferme pour le digérer. Dans les Népenthes, enfin, l'organe a vraiment la forme d'un sac stomacal muni d'un seul ori- lice (i). Gibier. — Le gibier de nos plantes consiste en petits animaux : les Drosera s'emparent de Diptères et d'autres petits volatiles; ils chassent la plume, tandis que la Dio- née saisit plus facilement de petites bêtes qui marchent, on pourrait dire le fauve. On a trouvé dans ses feuilles fermées à l'état d'estomac, des Élalères, des Chrysomèles, des Charençons, des Araignées, des Scolopendres et des ;i) Les feuilles de Drosera peuvent émettre des bourgeons (Éd. Morren, /. c); il en est de même des feuilles de Dionée. M. Mildebrandt, de Cologne, a constaté (jue ces feuilles étant bouturées s'enracinent et donnent des bourgeons adventifs : il a omis, malheureusement, de signaler la place même à laquelle se forment ces bourgeons. Wochenschr., 48B1, p. 192, trad. dans le Journ. de la Soc. d'hort. de Paris. 1862, VIll, 378. ( \om ) Fourmis. Dans nos serres, on lui a vu prendre des Limaces. Si l'on ouvre les larges urnes des Darlinglonia, on y trouve de gros Papillons de nuit. Selon le D' Hooker, les jeunes urnes de Népenthes atteignent le gibier aérien et s'en emparent, tandis que les urnes plus anciennes dressent leurs embûches au gibier terrestre. Dans les nasses des Utriculaires aquatiques, on trouve de petits Crustacés. Attraction. — Ces pauvres victimes de la rapacité végé- tale sont attirées dans le piège où elles doivent périr au moyen d'artifices ingénieux et presque irrésistibles. Nous avons constaté que le Pinguicula répand une odeur qui doit être analogue à celle des Champignons et qu'il attire ainsi sur ses feuilles humides et gluantes de petites mou- ches {Exediia fungorum de Geer) qui habitent ordinaire- ment les Agarics (1). Nos Drosera indigènes ont leur rosace foliaire étalée sur le sol, d'un beau rouge, rehaussée de mille petites perles qui étincellent au soleil et qui sont dressées dans toutes les directions, comme les tentacules de Bryozoaires. Le Drosera binata Labill., qui est introduit d'Australie dans les serres d'Europe, a ses grandes feuilles linéaires, dichotomes, étalées au sommet de longs pétioles dressés, qui se disposent en grand nombre comme un vaste filet dans lequel les mouches doivent se faire prendre comme dans une toile d'araignée (2). La Dionée ne sécrète pas du miel comme Ellis l'avait cru et comme Linné l'a rapporté (1) Éd. MorREN, Observations sur les procédés insecticides des Pinguicula (2) ÉD. MORREN, Note sur les procédés insecticides du Drosera binntn. ( dOoâ ) d'après lui : ses trappes sont sèches quand elles ne sont pas occupées à digérer; elles répandent sans doute une odeur qui attire les insectes, mais en tous cas, elles sont parsemées sur toute leur surface rosée de petites glandes à huit divisions qui sont au nombre des plus belles choses de la nature par leur gracieuse symétrie, la régularité de leur structure et leur charmante coloration. Si la beauté des formes et l'éclat des couleurs, dit M. le D' Balfour, peu- vent être appréciés par les mouches, la Dionée a bien assez d'attraits sans recourir au miel. Quant aux Sarracéniacées et aux iNépenthacées, elles emploient ce moyen , le même que les tleurs qui veulent être câlinées par les abeilles; elles enduisent de miel le bord de la coupe fatale. Nous ne sommes donc pas seuls en ce monde à savoir qu'on attrape les mouches avec du miel! La prise du gibier. — L'insecte qui se laisse attirer par ces séduisants appâts ou par ses appétits sensuels, est voué à une mort terrible. Dans presque tous les cas, son existence va se terminer dans une lente et horrible agonie. Lorsqu'un Drosera a saisi sa proie, on voit la sécrétion gluante augmenter, les tentacules voisins venir à la res- cousse et tous ensemble se ployer vers la victime qui s'épuise en vains efforts à vouloir se dépêtrer; poussée contre la feuille sur d'autres glandes pédicellées, la pauvre bête périt sous ces débordements de bave corrosive. La Dionée agit avec plus de cruauté et plus d'intelli- gence. Aussitôt qu'un insecte excite une de ses trappes, les deux valves déjà peu écartées (angle de 90'') se rappro- chent vivement en même tenjps que les cils s'abaissent et s'entre-croisent d'une bordure à l'autre; voilà donc la bes- ( 1053 ) liole prise comme dans un étaii, à moins que la proie ne soil ou trop fiiible ou trop forte, et c'est ici que se mani- feste rintelligence qui a présidé à la structure de la plante. Si la proie estchétive, elle passera entre les barreaux du gril- lage de sa prison. Si elle est forte, elle écarte ses entraves. Mais si le gibier est de bonne prise, si c'est une mouche rondelette, elle sera impitoyablement sacrifiée : l'étau qui la presse, concave d'abord , se redresse et s'applique étroite- ment contre elle; il n'est pas exact, comme on l'a cru, que ses mouvements surexcitent l'irritation de la feuille; mais bientôt toutes les glandes de la surface entrent en activité et commencent à sécréter un suc qui se déverse sur l'in- secte, l'imprègne de son humeur aigre, si bien, horresco referens! que la plante absorbe peut-être sa victime encore vivante, sans plus de ménagements que nous n'en prenons nous-mêmes à l'égard d'un radis. Les pièges des Sarracenia et des Nepenthes agissent comme des trébuchets : le bord de l'urne, près duquel se trouve le sucre, est lisse; les insectes glissent sans pou- voir ni se retenir, ni s'échapper, et ils tombent , en général , dans un liquide corrosif qui occupe tout le fond de l'ap- pareil. Analomie. — Ces singuliers et puissants organes des Drosera^ des Dionaea et des Nepenthes, déjà si remarqua- bles par leur morphologie et leur mode d'activité, dont nous avons seulement esquissé les traits généraux, ne sont pas moins intéressants au point de vue de leur structure anatomique. Sans entrer dans aucun détail, nous devons signaler les glandes et les papilles qui couvrent leur sur- face, les vastes stomates de leur épiderme et les nom- breuses trachées qui parcourent le parenchyme. Les , i05i ) glandes jouent incontestablement le rôle principal dans la sécrétion des divers principes qui servent à attirer, à sai- sir et à digérer les insectes. La question est de savoir si ces principes sont excrétés en même temps, ou si, comme il semble probable, la glu, l'acide et le ferment ne pro- viennent pas plutôt de glandes différentes. La question est aussi de savoir par quels organes se fait l'absorption des produits de la digestion, si elle se fait par les glandes mêmes qui ont sécrété, ou si elle n'a pas lieu plutôt par les stomates ou par des papilles singulières, peut-être ouvertes au sommet, qui sont entremêlées avec eux (1). Le rôle des trachées n'est pas moins douteux : l'opinion la plus plau- sible est qu'elles servent à porter aux glandes l'eau néces- saire à leur activité. Théorie générale de la digestion. — On sait que la diges- tion consiste essentiellement dans la transformation, dé- terminée par un ferment soluble agissant en présence d'un acide, des matières albuminoïdes insolubles et colloïdes, en principes solubles et diffusibles. La digestion animale est d'ailleurs imparfaitement connue; on peut supposer qu'elle consiste en hydratation et dédoublement des sub- stances digérées : le résultat consiste en matières dont la constitution se rapproche des cristalloïdes et par consé- quent susceptibles d'être absorbées : ils constituent les peptones. La théorie de la digestion chez les plantes carnivores n'est pas aussi récente qu'on pourrait le croire. Déjà, en 1829, Burnett soutint que l'urne des Sarracenia exerce. (1) ÉD. MORREN, Drosera, p. 5. ( \mn ) sur les insectes qu'elle a capturés une action digestive ana- logue à celle (le Teslomac des animaux (1). Le docteur Curtis publia, en 1854, le résultat de ses persévérantes recherches sur la Dionée. Son Mémoire est encore le meil- leur qui ait été fait sur cette plante. Il constata que l'in- secte n'est ni écrasé, ni asphyxié, et il reconnut que la sé- crétion qui suit la capture est analogue à la salive ou au suc gastrique; il en conclut que l'insecte saisi par la plante devait servira l'alimenter. Un autre botaniste américain, M. Canby (2) mit délinitivement hors de doute, en 1868, la théorie de la digestion : il prouva que le suc digestif est toujours sécrété en temps convenable, quand la feuille est saine et quand la proie convient à la plante : que la feuille peut digérer la viande crue qu'on lui offre; enfin que cha- que feuille peut opérer deux ou trois digestions pendant sa vie, avec un intervalle de satiété et qu'elle meurt ordi- nairement pendant ou après sa troisième digestion. Plus récemment enfin, en 1874, le docteur Hooker, de Kew, a publié ses observations sur les plantes à urnes (3). Le docteur Balfour, d'Edimbourg, a fait connaître, cette année même, ses expériences sur la Dionée (4) et Darwin a enrichi la science de son mémorable ouvrage, Inseclivo- vous Plants, qui est un chef-d'œuvre d'analyse et de saga- cité. Il y a peu de jours, le 29 octobre 1875, le Botanische Zeitung publiait le résultat des expériences de Max Reess et de H. Will , favorables à la théorie de la digestion végétale. (1) Hooker (Belg. horu, -1874, p. 363). (2) Gardener's Monthly Journal. Philadelphie, 1868, X. (3) Voy. la Belgiq. hort., 1874, pp. 262 et 362. (4) Gardener's Chronicle, -1873, II, 8, 67. ( i0o6 ) La digestion végétale est réellement semblable à celle que déterminent le suc gastrique et le suc pancréatique : elle intéresse les matières albuminoïdes, l'albumine fraîche ou coagulée, la fibrine , la chair crue ou la viande rôtie et les cartilages; elle consiste dans une liquéfaction de ces aliments. De petits cubes d'albumine coagulée, larges de 2 millimètres, ou de petites tranches de cette matière, lon- gues de 4 ou 5 millimètres sur 1 millimètre d'épaisseur, déposées sur les feuilles de Drosera, deviennent transpa- rentes, leurs angles s'émoussent et ils finissent par être liquéfiés. Nous avons constaté sur le Drosera 6ma^a que, dans ces conditions, la fermentation putride n'intervient pas. Max Reess et H. Will ont constaté la liquéfaction et l'absorption de la fibrine. Pendant ses nombreuses expériences sur le Dîonaea muscipida, M. Balfour a toujours vu que ladiges- tion, lente d'ailleurs, de la chair crue se fait sans qu'il y ait trace de décomposition ou de mauvaise odeur: la viande perd bientôt sa couleur rouge et elle passe petit à petit à l'état de pulpe inodore. Tandis que la chair déposée sur le Sphagnum pourris- sait en deux jours, elle demeurait indemne dans la feuille de Dionée occupée à digérer. M. Lindsay, ayant gorgé des feuilles, au risque de leur donner une indigestion, a constaté que la viande renfermée entre les valves delà feuille conserve sa fraîcheur, tout en macérant, tandis que les lambeaux de chair qui dépassaient la capacité de ce petit estomac ne tardaient pas à se putréfier. Enfin la chair putréfiée mise en contact avec le suc de ces feuilles perd sa mauvaise odeur. M. Hookera constaté que le suc des Nepenthes agit comme antiseptique sur les substances animales qui s'y trouvent plongées. ( i057 ) On doit considérer le fluide sécrété par les glandes des Droscra et des Dionaea comme un véritable suc digestif, non-seulement parce qu'il en produit les effets, mais en- core parce qu'il semble en avoir la composition. On sait, en effet, que le suc de l'estomac opère la digestion des ma- tières albuminoïdes par l'action d'un ferment soluble, la pepsine, agissant en présence d'un acide, l'acide cblorhy- drique; cette pepsine est elle-même une matière azotée; elle est sécrétée par l'estomac. Ce qu'on appelle la diges- tion stomacale est en réalité une sorte de fermentation qui convertit l'albumine en substances liquides et diffusibles. Or, on a, sinon la preuve, au moins des indices de la présence de ce corps ou de son équivalent dans le liquide que les plantes carnivores excrètent pendant la période d'activité : c'est en cela que réside la valeur des récentes découvertes qui ont autorisé l'assimilation scientifique des digestions animale et végétale. U acide. — Le suc des Drosera et celui des Dionaea sont acides : ils rougissent le papier de tournesol, au moins quand la sécrétion est abondante et l'organe en activité. Le D*" Frankland, consulté par M. Darwin, pense que cette acidité provient de l'acide propionique, peut-être de l'acide valérianique, au moins d'un acide gras de la série acé- tique. Cette opinion a été corroborée par les analyses de M. H. Will , exécutée dans le laboratoire de M. von Gorup; elles ont porté sur le suc obtenu par la macération dans l'eau de plusieurs milliers de Drosera préalablement ex- cités au moyen de la poussière de verre. L'extrait aqueux renfermait de l'acide formique, dont M. Frankland avait au contraire signalé l'absence, et, à en juger par l'odeur, des acides propionique et butyrique. L'acide formique exis- ( 10^8 ) lait en proportion notable dans ce liquide, mais M. Will émet l'avis qu'il pourrait bien venir du parenchyme de la feuille et non du fluide sécrété par les glandes, lequel au- rait seul fourni les acides déjà signalés par Frankland. Cette opinion est vraisemblable; on sait combien l'acide formique est répandu dans les tissus végétaux et on le rencontre même parmi les matières qui peuvent se trouver dans notre estomac. Le même acide formique a été signalé en proportion notable dans le suc digestif de la Dionée, par le professeur Dewar (1), en même temps que des chlo- rures. Dans cette plante, la sécrétion, parfois si abondante qu'elle découle le long du pétiole, est de nature gluante et se conserve longtemps sans se décomposer. On a donc des indices concordants à l'égard d'un acide gras volatil, mais jusqu'ici l'acide formique a seul été positivement constaté dans le suc du Drosera et de la Dionée. Il constitue à l'état concentré le venin ordinaire des fourmis, des poils des Orties et de ceux de la Chenille processionnaire. On sait, en outre, que le fluide corrosif des Carabes consiste en acide butyrique. Ferment. — On n'a encore que des preuves indirectes de la présence de la pepsine. D'après le professeur Frank- land, le suc des glandes de Drosera, acidulé par l'acide sulfurique, répand l'odeur caractéristique de la pepsine (Darwin, /. c, p. 88). Ce ferment existe sans doute en quantité extrêmement faible. C'est un des caractères des ferments solubles de mani- fester leur puissante influence sous les proportions les plus minimes. Darwin étend aux Drosera la théorie de (4) Balfour, /. c. ( 1059 ) Schiff(l) sur la digestion d'après laquelle les glandes de restomac sécrètent un acide quand elles sont excitées par une irritation mécanique, tandis qu'elles donnent la pep- sine seulement après avoir absorbé certaines substances solubles, azotées, qu'il désigne sous le nom de peptogènes (Darwin, 129.) La transformation des matières azotées en substances solubles et diffusibles est un phénomène fré- quent dans l'économie végétale, comme la transformation de la fécule sous l'influence de la diastase en dextrine et en glucose. Mais le ferment n'était pas connu. MM. Gorup-Besanez et H.Will (2) ont extrait récemment (1874) des graines de Vicia, au moyen de la glycérine, un principe capable de dissoudre les substances albuminoïdes, telles que la fibrine, et de les convertir en véritables pep- tones. Ce ferment intervient sans doute pendant la germi- nation et dans la mise en œuvre de tous les dépôts nutri- tifs. Plus récemment encore, MM. Max Reess et H. \Vill(3), appliquant au Drosera le môme procédé d'extraction au moyen de la glycérine (4), ont obtenu un extrait glycérine qui, étendu de quelques gouttes d'acide chlorydrique dilué, opère la digestion artificielle de la fibrine. Cette expérience, répétée une douzaine de fois avec des résultats toujours affirmatifs, est très-favorable à la nouvelle théorie. Cepen- dant pour ne pas devancer étourdiment la marche lente et grave de la science, il importe de reconnaître que cette théorie manque encore de deux bases nécessaires, la déter- (4) Physiol. delà digestion, 4867, 11, p. 188, 245 (d'après Darwin). ■2) Berichte der Deutschen Chem. Gesellschaft. Berlin, 1874, p. 1478. (3) Bot. Zeitung, 29 octobre 1875. (4) Par le procédé de Huflfner, Journal fur prakt. Chemie , Neue Folge-, V, 377. ( i06o : rainalion positive de l'acide et du ferment qui intervien- nent dans la digestion végétale (4). On savait que la pepsine n'existe pas seulement dans le suc gastrique. Brùcke a reconnu sa présence dans le sang et dans les muscles. Bretonneau avait déjà annoncé que la viande introduite dans une plaie sous-cutanée pouvait s'y digérer comme dans l'estomac (2). iMais on ne soupçon- nait pas sa présence chez les végétaux où elle paraît répan- due dans l'organisme, comme la diastase, et on s'attendait encore moins à rencontrer ce ferment dans une matière sécrétée par les végétaux en quelque sorte à la sollicita- tion des matières animales. Surexcitation gastrique. — En effet, la sécrétion d'un acide pas les plantes insectivores est plus ou moins consé- cutive du contact d'un'insecle, et la sécrétion de la pepsine semble provoquée par le contact d'une matière azotée. Les pièges de la Dionée sont parfaitement secs quand ils sont ouverts et disposés pour la chasse; si la fermeture est pro- voquée par un simple attouchement momentané ou par une substance inerte, une paille, un morceau de calcaire, ce piège ne sera pas changé et ils se rouvrira le plus vite possible; une matière azotée sèche ne produira pas plus d'effet; mais vienne un morceau de chair fraîche ou vivante et alors l'occlusion se maintiendra, deviendra plus étroite et bientôt, c'est-à-dire en quelques heures, la face en contact avec cet excitant émettra une sécrétion de plus (-1) M. Lawson Tait {^atwe. -29 juill. i875. pp. !254-2o2) annonce avoir séparé de la sécrétion du Drnsera binata et des Népenthes une substance qui ressemble beaucoup à la pepsine et qu'il propose de nommer Drosérine. {% P. SCHiJTZENBERGER, Les fermentations, 1875, p. 253. K i06l ) en plus abondante, qui commence par les glandes directe- ment excitées, mais qui ne tarde pas à se propager à toutes celles qui se trouvent successivement atteintes. La surex- citation est évidente et parfois si prononcée, que la salive coule le long de la feuille ou s'épanche entre les bords de Tappareil. Le Drosera rotundifoUa a les tentacules, pendant l'atti- tude du combat, terminés par une gouttelette imprégnée de glu. Cette substance n'a pas encore occupé les chi- mistes : elle semble indépendante de l'acide et du ferment. La gouttelette est presque toujours assez acide pour rougir le papier de tournesol : cependant quand les glandes sont surexcitées par des attouchements répétés ou par les agitations d'un insecte englué, l'acidité devient plus pro- noncée. Le même phénomène se manifeste chez les Népenthes. M. Hooker a constaté que la présence d'une matière inor- ganique dans l'urne de ces plantes ne produit pas d'effet appréciable, tandis qu'il a remarqué un afflux considérable de liquide dans les urnes où il avait introduit quelque ma- tière animale. Il a constaté de plus que le suc des Népen- thes isolé de l'urne ne produit les phénomènes de la diges- tion artificielle que d'une manière lente et incomplète, tandis qu'à l'intérieur de l'urne la digestion se fait plus rapidement et plus complètement sans doute par l'influence peptogène des substances en présence. Nous avons constaté sur le Drosera binata que les ma- tières azotées provoquent l'inflexion des tentacules et aug- mentent la sécrétion, tandis que de petits fragments inertes de papier ou de cire tarissent la sécrétion des glandes et font courber les tentacules en arrière : les matières nutritives sont donc portées sur le tissu des feuilles et ( i062 ) les substances inutiles sont réellement rejetées en dehors. M. Balfour, après ses belles et nombreuses expériences sur la Dionée, ne doute pas que Tabondance de la sécrétion ne soit en rapport avec la qualité du festin; une vieille mouche sèche et vide laisse la plante impassible, tandis que pour une grosse araignée, pour un papillon dodu ou pour un bon morceau de chair fraîche, la sécrétion déborde comme la salive chez un gourmet qui tient un succulent morceau entre les dents : on peut dire de l'un comme de l'autre que l'eau leur vient à la bouche. Indigestion. — Le même savant rapporte que certaines matières sont de digestien fort difficile, le fromage, par exemple. M. Canby avait perdu une de ses Dionées, en la soumettant au régime forcé du fromage. Le docteur Bal- four voulut vérifier l'expérience; le 8 juillet 1874, il admi- nistra une certaine dose de chester à l'une de ses plantes; le 9, il a cru voir des nausées et des envies de vomir; pourtant tout semblait bien marcher, quand le 21, des trou- bles d'apparence bilieuse se produisirent; la feuille devint jaune, puis noire et mourut d'une véritable indigestion. Il arrive aussi que les Dionées se repaissent avec glou- tonnerie et, comme nous, elles pâtissent de se surcharger l'estomac. Le 5 juillet, on donna à quelques feuilles autant de viande qu'elles en voulurent prendre, le lendemain, elles en étaient gorgées : quelques-unes furent soumises à un traitement énergique; on leur enleva avec les doigts tout ce qu'elles n'avaient pu enfermer; elles furent sau- vées. D'autres, abandonnées à leur triste sort, manifestè- rent, dès le 15 juillet, des signes évidents de maladie. Les substances indigestes sont en général l'huile, la graisse, l'urée, etc. Nous cultivions cow amo)^e une belle ( 1065 ) louffe de Drosera binala, fraîche et de bon appétit jusqu'à ce que, dans une malencontreuse expérience, nous lui offrîmes la moitié d'une pilule de pepsine pharmaceutique: nous ne savons ce que renfermait cette pilule (1), mais deux ou trois jours après, pour cette raison ou pour une autre, notre plante fut visiblement indisposée; depuis lors toutes ses glandes se sont taries et toutes les feuilles se sont successivement flétries. Durée de la digestion. — La durée des digestions varie avec les plantes, la nature des aliments et diverses circon- stances. Le Drosera binata hydrate et rend transparent en huit ou dix heures le blanc d'œuf qu'on lui a servi. Le Drosera rolundifolia nous a paru moins actif : d'après MM. Rees et Will, il dissout en quelques heures les flocons de fibrine. Selon Hooker, il faut le même temps aux Népenlhes pour commencer à entamer les bords des fragments cubiques d'albumine immergés dans leurs urnes ou pour produire un commencement de gélatinisation dans les cartilages. La Dionéea la digestion paresseuse; comme les serpents, chacun de ses repas se prolonge de 8 à 20 ou 50 jours. M. Balfour a compté 24 jours pour l'ingestion d'une grosse mouche bleue : pendant ce temps et quelques jours après, la feuille est dans un état de torpeur qui ressemble à une sieste. Nombre des digestions. — Le nombre des digestions qu'une feuille est capable d'exercer est en raison inverse (1) Nous nous sommes rappelé depuis que ces pilules de pepsine renfermaient chacune cinq milligrammes d'extrait de noix vomique. ( i064 ) (lu temps qu'elle emploie. Les tentacules courbés de Dro- sera se redressent après quelques jours et semblent prêts à recommencer. M.Canby a constaté au contraire dès 1868, que chaque feuille de Dionsea ne peut accomplir qu'une ou deux digestions et qu'elle meurt fatalement si elle risque une troisième opération. On peut remarquer incidemment que tous ces phénomènes se passent à la température or- dinaire de l'été. Absorplion. — On ne connaît rien encore des procédés chimiques de la digestion végétale : on connaît seulement le fait de la liquéfaction des matières azotées ; on suppose, avec toute apparence de raison, que les produits de la di- gestion, c'est-à-dire les peptones, sont absorbés par l'orga- nisme. M. Darwin a constaté que l'absorption des matières azotées est accompagnée d'une agglomération particulière du protoplasme à l'intérieur des cellules : le même phéno- mène est provoqué par le carbonate d'ammoniaque. M. Hooker a constaté l'absorption chez les Népenthes et M. Balfour chez la Dionée ; ainsi, par exemple, ayant donné à l'une de ses pensionnaires, le 1" juillet, un petit morceau de viande, le 18 il était faiblement entamé, mais le 25, il était réduit en bouillie; le 24, presque tout était absorbé et le 25, il ne restait plus que de minces petites plaques non suffisamment transformées. Cette observation montre que la liquéfaction des matières animales marche rapidement pendant la dernière période de la digestion. Plus récemment MM. Max Rees et H. Will se sont assurés que le Drosera absorbe la fibrine dissoute par la digestion. M. Clarck(i)a institué une expérience sinon concluante, ; I) Journal of Dotany, septembre 1875. ( 1065 ) au moins ingénieuse : il a offert à ses Drosera des mouches sautées au citrate de lithium et quelques jours plus tard, l'analyse spectrale a fait voir ce métal dans tous les organes de la plante, jusque dans les organes floraux. Organes de V absorption. — Quant aux organes histolo- giques au moyen desquels se fait l'absorption , on n'est pas généralement d'accord, si ce n'est, sans doute, pour dénier cette aptitude aux surfaces couvertes d'une cuticule plus ou moins épaisse. M. Darwin est d'avis que cette fonction est remplie par les organes mêmes de la sécrétion, tandis qu'il nous sem- ble que ce rôle est dévolu aux vastes stomates ou de pré- férence aux singulières papilles stomatiques que nous avons constatées chez le Drosera et qui nous ont paru être perfo- rées au sommet. Décomposition. — Si la liquéfaction de l'albumine est incontestable, comme nous l'avons reconnu sur le Drosera bitana Labill., il n'est pas moins vrai que des phénomènes de décomposition naturelle, par les bactéries, les monades, les ferments et les mucédinées peuvent se produire dans les insectes capturés. Nous avons rencontré ces facteurs de la fermentation putride sur les Pingiiicula longifolia et alpina (1). Nous avons rencontré une autre fois des moisis- sures autour d'une mouche qui avait été déposée sur une feuille de Drosera, mais elle était de forte taille et réelle- ment hors de proportion avec les capacités digestives de la feuille. Nous avons vu encore au fond des urnes des Sar- racenia un véritable charnier d'insectes en putréfaction; (1) Éd. Morren, Observations sur les procédés insecticides des Pinguicula. "2"^ SÉRFE, TOME XL 68 ( 1066 ) mais tous ces phénomènes, parfaitement naturels, n'ôtent point leur valeur aux observations positives qui établissent avec non moins de certitude une véritable fermentation indirecte au moyen d'un ferment soluble. Commensaux. — Il reste toujours quelques débris du festin, tout n'est pas liquétié. Les plantes carnivores par- tagent avec des commensaux. Le D"" Hooker rapporte, d'après les observateurs américains, qu'il y a des insectes « trop adroits pour s'aventurer dans le piège des Sarra- cenia, qui laissent tomber leurs œufs dans l'ouverture de l'urne, afin que leur progéniture profite de la nourriture qui s'y trouve accumulée. » II explique aussi la présence dans ces urnes de larves et de nymphes. Plus récemment M. Riley (J)a signalé à l'Association américaine pour l'avancement des sciences un lépidoptère, le Xanthoptera semicrocea G., qui vient impunément déposer ses œufs sur les pièges du Sarrace- nia variolaris que sa chenille dévore. La larve d'un dip- tère, le Sarcopliaga sarraceniae Ril, vit à l'intérieur même de l'urne, dans le liquide meurtrier pour tant d'autres insectes; elle y acquiert tout son développement et elle ne l'abandonne que pour aller se transformer sous terre en insecte parfait. Barton rapporte enûn que divers oiseaux insectivores fendent les urnes au moyen de leur bec pour en dévorer le contenu. Utilité. — 11 reste d'ailleurs à établir expérimentale- ment que la liquéfaction des matières azotées et leur (1) Transactions of the Academy of sciences of Saint Louis, vol. III, n» "2, Saint-Louis. 4875. - Bull, de la Soc. entamai, de France, 1875, 43 janvier, p. XIII. ( 1067 ) absorption contribuent réellement à l'alimentation de ces végétaux. Jusqu'ici on manque d'un fait péremptoire à opposera ceux qui pensent que les animaux capturés ser- vent à nourrir la plante indirectement par les produits de leur décomposition absorbés par les feuilles ou par les racines (i) et à ceux qui prétendent que tant d'artifice a seulement pour but de débarrasser la plante des insectes qui la gênent. Culture. — On sait depuis longtemps que la culture des plantes carnivores est extrêmement difficile : la cause en est peut-être à leur antipathie pour le calcaire, mais les jardiniers habiles parviennent cependant à les élever et à les propager, sans qu'aucun d'eux, quoi qu'on en ait dit, ait jamais conseillé de leur donner de la viande ou du blanc d'œuf; les insectes, au contraire, sont éloignés de ces plantes, dans les serres où nous les tenons enfer- mées. M. Tait (2) a fait quelques essais de culture de Drosera en les alimentant avec diverses substances azotées organi- ques ou minérales, par l'intermédiaire des feuilles ou des racines et elles ne paraissent pas avoir donné des résultats concluants en faveur de la théorie. Jusqu'ici, à notre con- naissance, nul n'a établi l'utilité et encore moins la nécessité d'une alimentation animale pour les végétaux insecticides. Les faits que nous avons constatés chez les Pinguicula nous ont convaincu que pour ces plantes, du moins, les insectes capturés sont d'un très-faible secours économique (5). On (1) C'est la théorie de Ch. Morren, développée, en 185:2, dans la Belgique hor- ticole , 4852 , tome II , p. 227. (2) Nature, 29 juillet 4875, p. 254. l3) ÉD. Morren, Le. ( 1068 ) s'est prévalu de raffaiblissement du système radical dans les Drocéracées, mais il n*est pas si insignifiant qu'on l'a pré- tendu : la racine est très-notable dans le Drosera binata et elle est normale dans le Drosera r o lundi folia. Nous avons cité des plantes nullement carnivores qui n'ont point de racines du tout. D'ailleurs, comme nous l'avons établi au commencement, il ne s'agit pas d'une nutrition générale destinée à fournir tous les matériaux nécessaires à l'orga- nisme, mais seulement d'une source jusqu'ici inconnue et assez insolite de l'azote organique. En admettant même comme définitivement élabli et démontré que nos plantes se procurent l'azole de leur albumine par une véritable digestion, il reste non moins élabli qu'elles puisent dans le sol les matières minérales et qu'elles absorbent dans l'atmosphère l'acide carbonique qui doit être soumis à l'éla- boration chlorophyllienne et fournir le carbone des com- posés ternaires. Dans Pétat actuel de la théorie, on peut seulement admettre que le pouvoir insecticide fournit aux végétaux qui en sont pourvus un surcroît de matières azotées : on peut même s'étonner des faibles dimensions de nos Drosera et de la Dionée relativement à la masse nutritive que leurs victimes devraient leur apporter (i). (1) Note ajoutée pendant l'impression. — Notre honorable collègue M. Catalan a bien voulu nous communiquer la note suivante qui pré- sente un véritable intérêt historique et bibliographique. Il a extrait des Œuvres de Diderot (1873, t. IX, p. 237) le passage suivant: « Plante de la Caroline appelée Muscipula Dionaea , a ses feuilles éten- dues à terre, par paires et à charnières; ces feuilles sont couvertes de papilles. Si une feuille se pose sur la feuille, celte feuille est sa compagne, se ferme comme Ihuitre, sent et garde sa proie, la suce et ne la rejette que quand elle est épuisée de sucs. Voilà une plante presque Carnivore. » a Je ne ne doute point, continue Diderot, que la Muscipula ne donnât ( i069 ) DEUXIÈME PARTIE. LA MOTILITÉ. Classificalion; mouvements physiques, organiques, excités, provoqués, instinc- tifs. — Mécanisme. — Irritation : localisation, spécialisation. - Siège du mou- vement, rapidité; indépendance. - Théorie des mouvements provoqués : agré- gation du protoplasme; contraction des cellules: Déshydratation. - Propagation, transmission , communication. — Organes de la transmission. — Vitesse de transmission. ~ Énervation. - Anesthésie. - Chlorhydrate de morphine. — Curare. — Action de l'électricité; thermo-électricité; courant électrique.— Conséquences. — Mouvements instinctifs : Zoospores; Lianes. — Conclusion. Jusqu'ici nous avons considéré dans les plantes insecti- cides les phénomènes de la nutrition : ils ne sont pas les seuls qui les rapprochent des animaux. Quelques-unes d'entre elles manifestent des actes de mouvement, d'irri- tabilité et de sensibilité qui sont d'un ordre plus élevé dans la série des phénomènes biologiques. Ce sont les Droséra- cées et jusqu'à un certain point les INépenthes. A ce point de vue nouveau l'horizon s'élargit : le règne végétal offre un grand nombre de manifestations évidentes d'une acti- vité que l'on croyait propre aux animaux. Classification. — Pendant trop longtemps on a con- fondu dans un déplorable désordre tous les phénomènes à l'anal^'se de l'alcali volatil, produit caractéristique du règne animal. « Le manuscrit de Diderot date, paraît-il, de 1762. L'éditeur, M. As- sézai, ajoute en noie : « La Dionée attrape-mouches est encore de temps à autre l'objet d'expériences de la part de nos savants. A-ton fait celle qu'indique Diderot? » Celte expérience n'aurait pas la portée que lui attribuait Diderot, mais elle était fort judicieuse pour l'époque où elle a été proposée. ( 1070 ) de motilité, toutes les manifestations dynamiques que pro- duisent les plantes. 11 y a lieu cependant de les classer d'après leur siège, ou suivant leur but et surtout de dis- tinguer les divers facteurs de ces mouvements. Mouvements physiques. — H y a des mouvements pure- ment physiques qui dépendent de quelque disposition mécanique propre aux organes ou aux tissus; tels sont les étamines des Kalmia ou les capsules du sablier des An- tilles, certains déplacements qui dépendent de l'hygrosco- picité dans le Finiaria hygromelrica, la Rose de Jéricho, les Helychrysum, etc., et maints phénomènes de dissémi- nation du pollen ou des graines. Mouvements organiques. — Il y a ensuite des mouve- ments organiques inhérents aux êtres vivants dont l'acti- vité consiste essentiellement, comme nous l'avons fait voir (J), à transformer la chaleur des combustibles organi- ques en phénomènes de mouvement. Ici se présentent l'accroissement, la rotation du protoplasme, la circulation de la sève, la migration des principes alimentaires, tous les transports matériels qui se rattachent à la tension des tissus, à la turgescence des cellules considérée en elle- même, dans ses variations, dans ses relations et dans ses effets. Sans nous y arrêter, nous rapporterons seulement une expérience de Clark sur la force expansive de la Courge, qui, en se développant sous un manomètre, sou- leva successivement des poids de 60, 500, 1,400 et jusque 5,000 livres (2). On y rattache l'émanation aqueuse, l'an- thèse des fleurs , etc. (4) ÉD. MORREN, Énergie de la végétation. (2) Gardener's Chronicle, 1875. 42 juin, p. 747. ( 107i ) Mouvements excités. — Vient ensuite une troiv«;ième catégorie de mouvements qui touchent de près aux précé- dents, mais qui, sans être aussi inhérents à l'organisme sont toutefois inévitables : ce sont les mouvements excités par un agent cosmique, parmi lesquels viennent se ranger les phénomènes d'héliotropisme et de géotropisme des tiges, des racines et des feuilles; certains mouvements pé- riodiques qui semblent commandés par les variations de la lumière ou de la chaleur, comme le sommeil des plantes- On connaît d'ailleurs chez les végétaux supérieurs de véritables mouvements involontaires, spontanés et pério- diques qui dépendent d'une cause interne, comme les pleurs ou les pulsations de certaines Aroïdées, l'agitation de VHedysarum gyrans et du Megaclinium falcalum. Mouvements provoqués. — La catégorie des mouve- ments provoqués ressemble le plus aux mouvements qu'on appelle volontaires chez les animaux :ce sont des mouve- ments consécutifs d'une irritation, provoquée ordinaire- ment par un contact; on les voit dans les feuilles sensi- lives, les élamines de Berberis, de Mahonia, des Spamannia, des Synanthérées, les stigmates des Scrophulariacées. La manifestation la plus simple est la contraction d'une cellule de JSitella sous la piqûre d'une épingle ou bien celle d'une feuille de Schinus Mulli au contact de l'eau. Ces mouvements sont liés à une véritable irritabilité végétale, bien supérieure à la simple excitabilité générale des tissus vivants. Ils peuvent, par exemple, chez le Mimosa pu- dica, etc., se manifester chez des plantes où se produisent, en outre, des mouvements spontanés de veille et de som- meil et qui ont ainsi une motililé complexe qu'il importe d'analyser. ( 1072 ) Mouvements instinctifs. — Chez quelques plantes enfin, on voit se produire certains mouvements extraordinaires qui intéressent de très-près leur existence et qu'on appel- lerait volontiers des moxwements instinctifs, si on les voyait exécutés par les animaux : ce sont des mouvements qui semblent acquis pendant la grande lutte pour l'exis- tence, développés par la sélection et invétérés par ata- visme : les uns intéressent la nutrition, les autres la pro- pagation; ils en est de partiels, d'autres sont généraux. Nous rangeons ici le volubilisme des tiges ou des vrilles, la nutation de ces organes, certains mouvements sexuels (Ruta, Nigella), l'agitation des zoospores, des phytozoaires et de maints hydrophytes. Comme procédé, ils participent de tous les mouvements précités, mais comme valeur phy- siologique, ils élèvent presque les plantes à la hauteur des fonctions de relation par la manifestation d'instincts et de discernement. Les mouvements des Droséracées supérieures sont de la catégorie des mouvements provoqués ; en les étudiant, on reconnaît certaines ressemblances avec les mouvements des animaux. Mécanisme. — Le mouvement du Drosera consiste dans une incurvation des tentacules, accompagnée pendant la digestion d'un léger exhaussement des bords de la feuille. Celui de la Dionée est beaucoup plus perfectionné; on peut distinguer le rapprochement soudain des valves, l'entre- croisement des cils, et, s'il y a digestion, la compression graduée des deux valves. Irritation. — Les mouvements provoqués n'ont lieu qu'à la suite d'une irritation qui résulte, en général, d'un ( 1075 ) choc, d'un contact, un ébranlement, une piqûre, une brû- lure. On provoque les mouvements de la Sensitive, en diri- geant sur un point du leuillage le foyer d'une lentille biconvexe. Si l'on pique une cellule de Nitella avec la pointe d'une aiguille, elle se contracte et s'affaisse. Une trappe de Dionée , rapporte M. Balfour, se ferme aussi vivement au contact d'une goutte de chloroforme que le ferait notre paupière. Localisation. — La sensibilité est d'ailleurs localisée : souvent le tissu cellulaire irritable est celui-là même qui exécute le mouvement, comme les vrilles, les filets slami- naux des Cynarées, etc. On peut remarquer que la sensi- bilité réside, en général, dans le tissu qui pendant le mou- vement devient concave, par exemple la partie inférieure du principal pulvinule des Sensitives, la face interne des étamines de Berberis. Mais il arrive aussi que le tissu ca- pable de recevoir et de transmettre l'irritation est d'instinct du tissu motile et ne manifeste lui-même aucun mouve- ment propre : c'est le cas chez les Droséracées supérieures. Déjà, dans nos Drosera on voit, quand les papilles mé- dianes reçoivent une irritation appropriée, les tentacules marginaux s'infléchir, principalement à leur base. Mais dans la Dionée, cette différenciation atteint le plus haut degré de perfection : il existe, comme Ellis l'a constaté le premier, sur chaque lobe du piège, trois papilles tactiles, disposées en triangle, longues d'un ou deux millimètres, ordinairement dressées, articulées à leur base et par suite couchées sur les valves pendant l'occlusion, d'ailleurs molles et délicates, exclusivement formées de cellules dans lesquelles on ne voit rien de particulier. Ces palpes sont du sommet à la base d'une exquise sensibilité; au moindre f ^074 ) attouchement, le piège se ferme vivement, comme une trappe dont on aurait lâché le ressort. Le reste de l'appareil est impassible au toucher, mais ces six papilles sont dispo- sées de telle sorte qu'un insecte en passant ne peut guère éviter de les frôler, ce qui détermine sa capture. Spécialisation. — Le genre de contact nécessaire pour produire une irritation suivie de mouvement est loin d'être indifférent. La Dionée, dont les cordes sensibles vibrent au moindre attouchement d'un corps solide, demeure indif- férente quand le vent l'agite ou qu'elle est fouettée par la pluie. Il en est de même pour certaines vrilles, tandis que les étamines de Berberis se relèvent sous le souffle de l'air, mais sont insensibles aux attouchements des petits insectes qui fréquentent ces fleurs. On sait que les vrilles, au moyen desquelles beaucoup de lianes s'élèvent et se soutiennent droites, tant qu'elles ne rencontrent pas le support qu'elles cherchent, s'entortillent rapidement dès qu'elles l'ont rencontré; elles aussi sont irritables par la face qui devient concave. M. Darwin a montré, dans un ouvrage dont il vient de donner il y a quelques jours une nouvelle édition (1), que parmi ces vrilles il en est qui sont irritées par de minces filaments, d'autres au contact de poils raides, quelques-unes enfin ne sont aff"ectéesque par une surface lisse ou bien rugueuse. Aux Drosera il faut un contact prolongé pour provoquer la flexion des tentacules: de simples attouchements ne leur suffisent pas, à moins, et ici, le merveilleux reparaît, que leur sensibi- lité ne soit surexcitée par les matières azotées : la moindre [\) The Movements and Habits of CUmb'mg Plants. ( i075 ) parcelle de ces matières les met en alerte; il suffît même de doses ultra-homœopalhiqnes. Darwin assure qu'il suffit de 0"'^000095 (95 millionièmes de milligramme) de nitrate d'ammoniaque pour que la tïexion ait lieu, tandis que des corps inertes, le sable ou le papier laissent la plante en général fort indifférente. Un phénomène analogue se pro- duit chez la Dionée : elle se ferme sous un attouchement fortuit ou au contact d'une substance indigeste , mais cette irritation factice est de courte durée; l'occlusion cesse après vingt-quatre heures, tandis qu'au contact d'une matière albuminée et fraîche, l'irritation va en augmen- tant et l'appareil ne s'ouvre qu'après la digestion. Siérje du mouvement. — Le siège du mouvement, l'organe de la motilité dans les plantes irritables consiste toujours en simples cellules, auxquelles on n'a reconnu jusqu'à ce jour aucun caractère particulier : les méats inter-cellulaires ne paraissent ni plus ni moins nombreux que dans les autres tissus. Celui-ci est toujours parenchy- mateux, peu fibreux, mais en général très-vasculaire. Il forme la substance même de tout l'organe, comme les filaments des Cynarées, les stigmates des Mimules, ou les tentacules des Drosera, ou bien il est mieux différencie, par exemple, à la face interne des étamines de Berberis,à la face inférieure du bourrelet primaire de la Sensitive et autour de la côte médiane des trappes de Dionée : chacun de ces groupes de cellules joue le rôle d'un muscle. Il semble, à considérer le règne végétal dans son ensemble, que tout tissu cellulaire puisse devenir motile sous l'in- fluence de quelque excitation: ainsi dans la Dionée, le bord des lobes, qui porte les cils, s'infléchit pour fermer le grillage et toute la face supérieure des lobes peut entrer en activité pendant qu'ils agissent comme estomac. ( 1076 ) Rapidité. — Les mouvements provoqués sont, souvent, brusques et assez rapides, comme ceux de la Sensitive, du Berberis, des Cynarées et de la Dionée; d'autres sont un peu plus lents, comme ceux des Drosera et de la plupart des vrilles. Quand ces mouvements sont momentanés, on remarque que le retour à la position de repos est, en gé- néral, beaucoup plus lent que le mouvement adducteur. L'anatomie montre d'ailleurs que le tissu cellulaire qui agit dans ce sens est aussi le plus prépondérant. Indépendance. — On peut remarquer que ces mouve- ments sont indépendants des phénomènes de croissance : ils sont accomplis par des organes complets, arrivés au terme de leur développement. La tension générale, à laquelle tous les tissus sont soumis pendant leur période d'activité, est tout à fait hors de cause ici, de même que ses variations périodiques constatées par MM. Hoffmeister, Sachs, Kraus, etc. Les mouvements provoqués ont lieu à toute heure du jour et même de la nuit, au moins quand ils ne sont pas compliqués par des mouvements périodiques d'une tout aulre nature. Ils ne sont pas moins indépendants de la lumière et de la chaleur, bien entendu , dans les limites de la phototonie et de la thermotonie générales. Ce sont bien des mouvements propres et fonctionnels. Théorie des mouvements provoqués. — Nous avons dit que nul caractère istologique ne différencie ni le tissu irri- table, ni le tissu motile; ses cellules contiennent le plasma ordinaire des cellules parenchymateuses, des grains verts, de l'amidon ou d'autres granulations qui varient suivant les plantes. Néanmoins des progrès ont été réalisés dans la voie qui ( 1077 ) conduit à la connaissance de la mécanique des mouve- menls provoqués, les seuls dont nous nous occupions ici. Agrégation du protoplasme. — La première découverte est un changement d'état du protoplasme qui semble aban- donner les parois des cellules pour se rassembler autour de Taxe principal. C'est ce que Darwin a nommé l'agréga- tion du protoplasme : dans les conditions normales, elle précède et accompagne toujours la flexion des tentacules de Drosera et, réciproquement, dès que le protoplasme reprend sa fluidité habituelle, le tentacule se redresse. L'état d'agrégation s'observe aussi dans les tentacules qui se meuvent sous l'influence d'une irritation transmise. Il arrive toutefois que certaines substances provoquent l'agrégation sans qu'il y ait flexion. M. Heckel, de Mont- pellier, a décrit le même fait (1) dans les étamines du Ber- heris : a Avant l'excitation, le contenu de leurs cellules, coloré en jaune, est disséminé dans toute la cavité utri- culaire et surtout appliqué sur les parois..., tandis qu'après l'irritation ce même contenu... ramené des différents points de la circonférence est condensé au centre de Tutricule. » Nous avons le devoir d'ajouter que jusqu'à l'heure actuelle les observations relatives à la connexité de cet étal d'agrégation du protoplasme avec le mouvement de la cellule sont peu nombreuses. Contraction. — Un second fait , sur lequel les données scientifiques sont déjà plus concordantes, est celui d'une contraction dans les cellules motiles qui se raccourcissent dans le sens du mouvement en même temps qu'elles s'élar- (1) EDOUARD HjiCKEL, Du mouvement végétal, 1873. ( i078 ) gissent ou s'épaississent dans le sens transversal. Les cel- lules en état de tension pendant le repos se contractent plus ou moins vile sous Tinfluence de l'irritation reçue. M. Cohn, de Breslau, est, pensons-nous, le premier qui ait introduit cette donnée dans la science (1) par ses obser- vations sur les filets irritables des Cynarées. Ces organes se raccourcissent en moyenne, d'après Cohn, de 12p. c. et, suivant Unger , même de 26 p. c. : ils offrent à l'étude un intérêt particulier parce que toutes leurs cellules se contractent. M Pfeffer et d'autres ont constaté aussi une diminution d'étendue suivant le sens longitudinal sur la partie active des pulvinules de Sensitive et d'Oxalis (2). Les observations de M. Heckel sur le Berberis sont con- cordantes (3) : il constate dans les cellules une contraction d'un sixième de la longueur et même des plis transver- saux sur la membrane, a Pendant qu'il se raccourcit, dit M. Heckel, le filet des étamines de Berberis augmente d'épaisseur : c'est le diamètre antéro-postérieur qui aug- mente d'un demi-millimètre environ. » M. Darwin {/. c, 316) a mesuré la contraction dans le sens transversal sur le tissu contractile de la Dionée ; il a constaté que deux points marqués à une dislance de 17/1000 de pouce s'étaient rapprochés, après l'irritation, de 2/1000 de pouce (0""'0o08); il a mesuré aussi la contraction qui se produit sur les valves mêmes pendant qu'elles pressent sur le bol alimentaire. D'un autre côté, M. Balibur s'est assuré que si l'on coupe une tranche, qui peut être assez épaisse, sur la portion inférieure de la charnière, le mouvement n'est point enrayé. (1; Cohn, Contractile Gewebe in Pftanzenreich, 1861. (2) J. Sachs (Van Tieghem! , pp. 1043 et 1044. (3) ÉD Heckel, Du mouvement végétal, 1873. ( 1079 ) En général, la contraction est momentanée; les tissus reviennent lentement à leur état normal de tension quand Torgane reprend sa position de repos. Dans la plupart des cas, la Scnsilive, le Berberis, etc., l'action du tissu mo- teur est contre-balancée et secondée par un autre amas cellulaire ordinairement antagoniste et qui agit en sens inverse du premier, mais avec plus de lenteur et moins de force; parfois ce tissu opposé demeure passif, et il arrive aussi, dans les vrilles notamment, que l'état contracté devienne permanent par la consolidation de l'organe (1). Cobn avait comparé les cellules contractiles aux fibres lisses des animaux. Sans atteindre ce degré d'organisation, ces cellules manifestent incontestablement des phéno- mènes plus élevés que ceux du protoplasme général. Le docteur Burdon Sanderson (2) n'hésite pas à reconnaître que la ressemblance entre la contraction d'un muscle et celle de la Dionéeest complète, étonnante et d'autant plus absolue qu'on la poursuit plus loin. On sait que, pendant la contraction , le volume du muscle n'est pas modifié; ainsi dans les insectes, dont on peut observer les contrac- tions sous le microscope , on voit que les plus petites fibres participent au changement de forme. Déshydratalion. — Un troisième principe qui ressort des observations les plus récentes, c'est que la contrac- tion des cellules est accompagnée d'une expulsion d'eau. M. Briicke a remarqué la (laccidité de Torgane moteur de la Sensitive pendant la contraction. M. Lindsay a constaté l'obscurcissement de ce même organe. M. Pfeffer surtout (i ; De Vries- — J. Sachs (Van Tieghem^ , p. 1021. {% Proc. Rey. Soc, vol. XXI, p. 49o. - Nature, 4874, pp. 105 et 127. ( 1080 ) a démonlré l'expulsion de l'eau à chaque contraction. On en a conclu à une déshydratation de la cellule active : l'eau passerait dans les méats, serait transnoise par les vaisseaux ou recueillie momentanément par les tissus voi- sins, de préférence par ceux-là mômes qui agissent comme des ressorts antagonistes. On explique le retour à l'état de tension normale par la récupération lente de l'eau brus- quement expulsée au moment de l'irritation. La théorie de l'hydratation, inaugurée, pensons-nous, par M. Hofmeister, soutenue par M. Pfeffer, est fondée sur des faits indubitables et bien observés, mais il n'est pas moins incontestable que, seule, elle est insuffisante pour expliquer l'ensemble des faits connus : elle rattache les mouvements provoqués aux mouvements généraux qui sont en rapport aeec la tension des tissus, mais elle néglige précisément les caractères propres des mouvements pro- voqués. Tissu passif, — Un quatrième principe sur lequel il ne saurait plus y avoir de désaccord, c'est que, dans les or- ganes motiles, il faut distinguer des tissus actifs et des tissus passifs : sans entrer dans des détails, il semble vrai de dire, en thèse générale, que l'organe actif est le tissu cellulaire, tandis que les faisceaux et l'épiderme sont à l'état passif. Ce principe s'étend aux végétaux inférieurs chez lesquels la différenciation n'a pas eu lieu et il s'ac- corde avec l'observation que les dépendances de l'épi- derme, c'est à-dire les vrais poils, sont inactives. Propagation. — Quand la sensibilité et le mouvement sont confondus dans le même tissu, l'irritation reçue par un point de l'organe se propage dans tout l'organe con- ( 1081 ) tractile. Cette propagation rayonne dans tons les sens ; ainsi, si l'on irrite un point sensible du pulvinule de la Sensilive, on voit les effets de la contraction, l'obscurcis- semeiil causé par le fUix d'eau dans les méats, se propager autour du point touché (1). Le muscle interne du Berberis, les filets des Centaurées, le stigmate des Mimules, font voir la même propagation radiale. Transmission. — Quand l'organe sensitif est séparé de l'organe molile, l'irritation est transmise de l'un à l'autre. Dans la Sensiiive, où la sensibilité existe même en dehors du tissu contractile, il suffit de toucher une foliole à l'ex- trémité pour qu'elle se relève par une contraction de la base. Chez le Drosera une irritation sur la feuille est suivie d'une (lexion des tentacules marginaux. Quant à la Dionée , les deux facultés sont le mieux séparées. Dans tous les cas, la transmission se fait dans le sens des rayons et selon toutes les directions. En effet, il suffît de toucher un des six filaments tac- tiles pour provoquer la fermeture des deux lobes et l'abais- sement du grillage périphérique. M. Darwin a étudié les principales circonstances de la transmission par des expé- riences délicates où il incisait les tissus de la Dionée entre le palpe et la charnière. Il ressort de ces expériences, comme des faits précités, que l'impulsion motrice circule dans toutes les directions et qu'elle peut atteindre l'organe moteur par une voie indirecte ou détournée. Communication. — Il y a plus encore : l'irritation peut se communiquer d'un organe moteur à un autre organe (1) Pfeffer. - Sachs (V. T.), p. 1044. 2""' SÉRIE, TOME XL. 69 ( 108^2 ) moteur : ainsi, dans la Sensitive, une irritation suffisante se transmet, à des intervalles déterminés, d'une foliole aux autres folioles, à toute la feuille et même à toutes les feuilles de la plante. Les circonstances de cette communi- cation sont des plus intéressantes. Chez les Cynarées le mouvement d'une étamine peut déterminer le mouvement des autres : dans les stigmates motiles et dans la Dionée, le mouvement d'une valve se communique ordinairement à l'autre valve. Il peut en être autrement : ainsi , pendant les expériences de vivisection sur la transmission du sti- mulus moteur, il arrivait que le lobe opéré, dont on exci- tait ensuite le palpe, semblait paralysé, tandis que l'autre lobe se mettait en mouvement. Quelquefois c'est le con- traire qui avait lieu (Darwin, /. c). Il en résulte que le mouvement est indépendant dans chaque lobe de la Dionée et qu'une mutilation, suffisante pour abolir le mouvement dans un lobe, n'empêche pas la transmission du stimulus, qui va exciter le mouvement dans le lobe opposé. On sait aussi que le mouvement peut être restreint à l'une ou l'autre extrémité de chaque lobe. Organe de la transmission. — L'organe de la transmis- sion paraît être encore le tissu cellulaire, quel qu'il soit, superficiel ou profond et qui ne se distingue par aucun signe anatomique connu. Notre opinion se fonde sur des faits probants. Ainsi les papilles sensitives de la Dionée sont exclusivement cellulaires (!) : il suffit d'effleurer les poils des étamines de Cynarées pour mettre celles-ci en mouvement (2); de même dans la Mimeuse pudique, l'épi- derme et les poils des bourrelets reçoivent et conduisent l'irritation. (1) Balfour , Dajkwin. Ci) Heckel. p. IU8. ( 1083 ) Sans doute la fréquence des trachées dans les organes des raouvemenls provoqués, leur grand nombre, leur réparti- tion, leur structure en ressort, le rapport entre le nombre des trachées et l'énergie du mouvement sont des considé- rations qui peuvent faire naître la pensée de leur attribuer un rôle dans la transmission du stimulus. C'est l'opinion de M. Heckel (1) et de M. Ziegler (2), mais elle manque de base positive. Elle est contredite par les faits précités et, de plus, M. Darwin s'est assuré, par ses vivisections, que, chez la Dionée, la transmission est tout à fait indépen- dante des trachées. Vitesse de transmission. — La vitesse de transmission ou le temps qui s'écoule entre l'irritation et le mouve- ment varie suivant les espèces et jusqu'à un certain point suivant les circonstances et l'état de la plante. II est très- court dans la Dionée, l'Épine-vinette, les Cynarées, mais parfaitement appréciable : il varie entre une et plusieurs secondes dans la Sensilive et dans les stigmates de la série des Scrophulariacées; quant aux vrilles, il en est qui se meuvent après trente secondes ou quelques minutes, d'au- tres après une demi-heure ou plusieurs heures. Le Drosera rotundifolia est assez paresseux, mais le Drosera binata est plus vif et il a terminé l'inflexion des tentacules ordi- nairement en deux minutes et demie après l'irritation. Il résulte des observations connues sur le Drosera et le Dionaea que la transmission est plus rapide et mieux as- surée dans le sens de l'axe principal des cellules. Darwin (i) Heckel, p. 93. (2) Ziegler, Comptes rendus, 48 mai 1874. p. 1417. ( 1084 ) voit dans ce fait un indice prémonitoire d'une fibre ner- veuse (1). Énervation, — Jusqu'ici l'observation n'a rien révélé dans les tissus irritables qui ressemble au tissu nerveux et rien n'autorise à admettre l'existence d'une substance ner- veuse vaguement répartie. Cependant il se passe quelque chose d'analogue aux fonctions des nerfs. Outre l'irritation, la différenciation des impressions, leur transmission et le temps qu'elle réclame, nous pouvons invoquer une vérita- ble énervation, un état de fatigue qui abolit le mouve- ment. Cet état bien connu, mais mal apprécié, les uns (2) l'appellent accoutumance, les autres état de rigidité tran- sitoire (3). Il consiste dans l'abolition des mouvements à la suite d'excitations réitérées. L'observation de Desfon- taines sur les Sensitives qu'il a fait rouler en voilure sur le pavé de Paris, est devenue classique (4). De même les éta- mines de Berberis semblent épuisées après onze ou douze contractions réitérées, parfois même après quatre ou cinq contractions, si l'on n'attend pas la fin de l'expansion (Heckel). Après une digestion laborieuse, la Dionée de- meure pendant quelques jours impassible aux excitations même les plus appétissantes; elle semble plongée dans un véritable état de torpeur. Appliquant à cet ordre de faits un des raisonnements à l'aide duquel Tyndall et d'autres ont popularisé la théorie mécanique de la chaleur, nous :1) La durée du mouvement , sa vitesse, son amplitude et la durée de l'élaJ contracté, pourraient aussi être prises en considération. (2j Heckel, etc. (3) Sachs , etc. (4) Voy. Ch. Morren, Bull, de l'Acad., \iii\ , VIII . 2. p. 232 et Dodonœa, I, 14o. ( 1085 ) croyons pouvoir conclure que quelque chose s'épuise dans un organe irrilo-contractilc. En effet, le D*" Burdon San- derson définit Virrilabilité la propriété d'un organisme, c'est-à-dire du protoplasme vivant, d'être excité à agir, c'est-à-dire à mettre en œuvre la force accumulée en lui, par quelque mouvement ou quelque changement extérieur. Il constate que la contractilité est la forme, l'état de cette décharge, ou l'action qui se manifeste par un changement de forme et qui ordinairement se traduit par un travail mécanique. Il compare cette irritabilité, commune à tous les êtres vivants, dans ses manifestations les plus simples, à la propriété des composés explosibles et à certaines dis- positions mécaniques, telles que les trappes ou les pièges. On peut remarquer que dans les vrilles la sensibilité est momentanée; elle disparaît quand ces organes sont fixés et quand ils vieillissent. Elle dépend aussi de la santé générale de la plante; de sa tonalité à l'égard de la chaleur et de la lumière. C'est ainsi que les circonstances fâcheuses qui affectent, suspendent ou abolissent la nutrition géné- rale, comme l'obscurité, le froid, la sécheresse, intéres- sent en même temps la sensibilité. On possède un grand nombre de données sur l'influence de diverses substances chimiques (1). Il en est qui semblent la surexciter, comme le camphre à l'égard des tentacules du Drosera : un éclai- rage prolongé agit souvent dans le même sens» Il n'est pas inopportun d'ajouter encore que ces mouvements résis- tent au traumatisme; les étamines des Cynarées et des Berberis, les stigmates de Mimulus, les feuilles de Dionée, les pulvinules des Mimosa ne cessent pas d'être irritables après avoir été détachés et même lacères, pourvu qu'on les (1) Sachs, p. 1037. — Heckel. ( 1086 ) maintienne à l'état d'humidité nécessaire. Au contraire, dans les gaz asphyxiants, l'hydrogène ou l'azote, dans le vide, la motilité est abolie ou au moins suspendue. Anesthésie. — L'action des anesthésiques est la plus intéressante : les vapeurs de chloroforme paralysent la Sensitive dans la position même où ils la trouvent, c'est-à- dire avec les folioles étalées ou relevées. M. P. Bert (1) a fait cette importante observation que le chloroforme ou réther abolit l'irritabilité de la Sensitive, sans affecter en elle les mouvements spontanés. Le résultat est le même quand la plante est soumise à une obscurité absolue et suffisamment prolongée, tandis qu'un éclairage continu augmente l'irritabilité et abolit les mouvements spontanés. D'après Pfeffer (2) on peut, par un anesthésique, paralyser les folioles médianes d'une feuille de Sensitive, sans em- pêcher l'irritation de passer des folioles terminales jusqu'à la base de la feuille et de là aux feuilles voisines. M. Heckel a observé l'action des anesthésiques sur les étaniines de Berberis : il a vu agir dans ce sens le chloro- forme, l'éther sulfurique et le sulfure de carbone : il dit avoir obtenu un sommeil manifeste sur des rameaux plon- gés dans 40 grammes d'eau additionnés de 5 grammes de chloroforme (3), tandis que le chloral hydraté agirait seu- lement s'il est transformé en chloroforme par l'action de la soude. Mais chez cette plante l'aneslhésie des étamines ne se manifeste que dans la position de repos. Si les va- (1) p. Bert, Recherches sur les mouvements de la Sensitive, Journ. d'Anat. de Ch. Robin , 1867 , p. 549. (2) \V. Pfeffer, Dieperiod. Beweg. der Blattorgane, 1875. (3) Comptes rendus. 23 mars 1874. ( 1087 ) peurs de chloroforme les trouvent dressées contre le pistil, elles s'abaissent lentement et quand elles se couchent sur leur pétale opposé, on les trouve endormies : les irrita- tions sont sans effet jusqu'à ce que ce sommeil léthargique soit dissipé. On peut de même endormir l'androcée des Cynarées et le stigmite des Mimulus. Les expériences de M. Darwin sur le Drosera et sur la Dionée n'ont pas donné de résultats concluants (1) : l'action de l'éther a paru plus efficace que celle du chloroforme. On sait que ces sub- stances abolissent les mouvements du protoplasme et des cils vibraliles. M. Mussat (2) a décrit la contraction du plasmode cellulaire au contact du chloral hydraté. Chlorhydrate de morphine. — M. Heckel (3) a eu l'ingé- nieuse idée d'expérimenter l'effet du chlorhydrate de mor- phine sur une fleur de Berberis endormie par le chloro- forme : il laissait tomber dans cette fleur une goutte de solution aqueuse concentrée , soit un demi-milligramme de narcotique et, quand l'absorption avait pu se faire à la suite de quelques entailles dans l'épiderme, l'assoupisse- ment se prolongea, paraît-il, pendant quinze minutes et même durant tout un jour. Curare. — Nous connaissons une seule expérience pour apprécier l'action du curare sur les mouvements provo- qués (4) : cet agent serait sans effet. M. Schnetzler, qui en (1) Darwin, /. c.,217, 304. '% bail, de la Soc. Linnéenne de Paris; mars 1874. (8) E. Heckel, Comptes rendus, 6 avril d874, p. 987 et du Mouvement végé- /«/, 187o,p. 70. (4) SCHNETZLER, Bull.de la Soc. Vaud. des sciences nat., X. d'après le Bull- Soc bot. France, 1869, XVI. R. B. 214. ( i088 ) est l'auteur, fait justement remarquer que le curare ne dé- truit pas non plus la contraclilité ni le mouvement du sar- code animal. Action de Véleclricilé. — L'action de l'électricité sur les mouvements des plantes a pu être appréciée depuis les perfectionnements apportés dans la fabrication des appa- reils à induction (1). En se servant des courants induits donnés par la pile de Ruhmkorff , au bisulfate de mercure, M. Heckel a constaté qu'un courant faible (26 à 29" de l'électromètre) provoque la contraction des étamines de Berberis et que a pendant tout le temps que passe le cou- rant, le filet ne tend pas à retourner à sa position de re- pos; il reste en contraction, et cet état peut durer long- temps , tant que la tension du courant n'augmente pas (2) ». Par un courant plus fort (65°) le mouvement ne se produit plus, mais, dit M. Heckel, comme Kabsch l'avait vu, l'excès de tension du courant détermine un état par- ticulier qui maintient les étamines courbées après la perte de leur irritabilité et les frappe de mort dans cet état. Le résultat fut le même sur les étamines de Centau- rées (5) : le mouvement se produit par un courant et la contraction se maintient tant que le courant passe « sans avoir la moindre tendance à revenir à leur situation pre- mière, tant que la tension de l'électricité ne dépasse pas une certaine limite. Il faut absolument que le courant soit interrompu pour que l'étamine puisse reprendre sa force contractile, et cette propriété se reconquiert après six à [\) Heckel, Mouvemeut , pp. 56, 57. (2) Id., ib., p. 59. (3) id., ib., p. 147. ( i089 ) huit minutes de repos. Ce laps de temps écoulé, un nou- veau courant détermine une nouvelle contraction et Ton peut reproduire ce phénomène très-longtemps si l'intensité du courant n'augmente pas inopinément, et ne dépasse pas la limite de tension supportée par ces organes. Nous avons continué sur un grand nombre d'étamines l'expérience pendant un jour tout entier, sans jamais avoir observé de diminution dans l'amplitude des mouvements. En augmen- tant la puissance du courant jusqu'à 80° du galvanomètre, nous avons obtenu le disparition de l'irritabilité après une seule contraction, même sur les plus gros filets. Dans ce cas, ces filets meurent dans la période de contraction. » En ce qui concerne la Sensitive, un faible courant d'in- duction, traversant le pétiole commun, rapproche les folioles. Les chocs électriques agissent comme les ébran- lements mécaniques et des chocs puissants anéantissent la sensibilité (1). Thermo-électricité. — Des manifestations thermo-élec- triques ont été constatées dans les organes moteurs. Si l'on applique une soudure de l'appareil thermo-électrique de Ruhmkorff sur le pulvinule d'une Sensitive et l'autre soudure sur un point voisin de la tige, on voit l'aiguille du galvanomètre à gros fil, avec lequel les éléments commu- niquent, dévier progressivement et assez rapidement pour prendre, après quelques minutes, une position d'équilibre. Le pulvinule est donc plus froid que la tige, il s'y opère une consommation de chaleur. Si l'on excite alors la feuille et qu'elle s'abaisse, on voit, (i) p. Bert, /. c. ( i090 ) après quelques secondes, l'aiguille du galvanomètre se mouvoir et indiquer une légère augmentation dans la tem- pérature du pulvinule : cette déviation persiste quelque temps, puis l'aiguille revient à son point de départ (1). Courant électrique. — Nous arrivons enfin à la décou- verte d'un courant électrique normal dans la feuille de Dionée par le D"" Sanderson (2) et de sa perturbation au moment d'une irritation ou d'une contraction, découverte qui semble autoriser l'assimilation physiologique de Tappa- reil molile des plantes avec un muscle animal. On sait qu'un muscle est le siège de décompositions chi- miques qui mettent en liberté la force accumulée dans ses composés, à Tétat de chaleur ou de quelque autre forme de mouvement : pendant la contraction, il se produit plus de chaleur et même un travail mécanique. En même temps le muscle est le siège d'un courant électrique dont l'importance est proportionnelle à sa vigueur : ce change- ment électrique manifesté par le courant exprime non pas le travail actuellement fournie un moment donné, mais la capacité pour ce travail. Pendant la contraction , la mani- festation delà force électroraotrice diminue proportionnel- lement au degré de la contraction sans qu'on en puisse conclure qu'il y ait transformation d'un effet dans un autre, ni que la source de force exercée par l'organe qui (1) p. Bert, Note sur la température comparée de ta tige et du renflemeni moteur de la Sensitive. Comptes rendus, 4869, LXIX, p. 895. (2) Dr BuRDON Sandkrson. Brit. Assoc. Report, 1878. Traus. Sect., p. 133. Ou the electric Phenomena accoiupagniug tlie contraction of the Cup oJ'Dionaea ; Proceedings of the Roy. Soc, vol. XXI, p. 495. Lecture at the Roy. Institution, 5 juin 1874. .\ature, -1874. pp. 105 et 127. The Journal of Boiany , ïiO\. \S1S, p. 346. Bot. Zeii. 1874, p. 6. Bull. Soc. bot. de France, 1874, R. B.. p. 146. etc. ( iOî)l ) se contracte soit électrique. On sait que le courant élec- trique d'un muscle peut être apprécié à Taide d'un galva- nomètre approprié qui en révèle la direction, l'intensité et les variations. En se servant du galvanomètre de Thomson (système de Du Bois Raymond), M. le D''Sanderson a, dans une séance publique de la Roj/al Institution, fait voir à son auditoire émerveillé absolument les mômes phénomènes dans le muscle gaslrocnémicn de la grenouille et dans une iéuille de Dionée. Après avoir déterminé le sens et l'inten- sité du courant galvanique dans le muscle, il le remplaça sur les deux électrodes par une feuille complète, et la direction du courant demeura la même. Lorsque son in- tensité parut régulière (comme on s'en apercevait par la tranquillité de l'aiguille), on toucha légèrement un des tentacules sensitifs avec la pointe d'un pinceau et, à l'in- stant, il y eut une interruption du courant, bientôt suivie d'un retour à la circulation normale. L'expérience plu- sieurs fois renouvelée donna toujours le même résultat. La partie de la feuille qu'on appelle le pétiole fut alors coupée, le piège demeurant seul sur les électrodes. Dès lors la déclinaison de l'aiguille fut augmentée, plus que dou- blée. En effet, d'autres expériences ont montré qu'il existe dans le pétiole un courant dirigé en sens inverse de celui du piège : les conditions électriques sont donc en antago- nisme dans les deux parties de la feuille, de part et d'autre de l'articulation : elîes contrarient mutuellement la mani- festation de la force électromotrice l'une chez l'autre. Le docteur Sanderson rapproche cette observation de celle connue chez les nerfs comme « variation électrotonique du courant nerveux. » D'autres expériences l'ont conduit à reconnaître aussi ce qu'on appelle pour les muscles « la période d'excitation latente. i> ( 109:2 ) Conséquences. — Le doule est-il encore permis? Est-il encore possible de croire que les végétaux sont des êtres passifs, bornés, comme on disait, dans les limites de la vie végétative : sont-ils les jouets des forces cosmiques! Il faut reconnaître d'ailleurs que la Dionée est peut-être la plante la plus merveilleuse qui soit au monde : son or- ganisation téléologique est admirable et la différenciation des fonctions atteint le plus baut degré de perfection. Elle est si bien perfectionnée dans cette voie qu'elle est plus que toute autre peut-être élevée en organisation dans le sens zoologique. Mais elle n'est pas seule ni exception- nelle; ce qui s'est révélé cbez elle se manifeste aussi, sous l'une ou l'autre forme, dans d'autres plantes. Les aptitudes dont elles sont douées ne sont pas toutes développées,soit parce que celles qu'elles ont suffisent pour assurer leur existence et leur progéniture, soit parce que les circon- stances extérieures les en aient empêchées : la motilité des feuilles, par exemple, et la nutation des tiges existent à tous les degrés dans les plantes, même à un degré si faible qu'il demeure seulement à l'état de puissance. Mouvements instinctifs. — Nous avons été conduit au point où nous sommes arrivé en étudiant les mouvements provoqués. Il en est d'autres qui leur sont supérieurs, qu'on a tort de confondre avec les mouvements automatiques; ce sont des mouvements tellement invétérés qu'ils sont devenus involontaires et spontanés : pour ces mouvements- là l'irritation semble réellement provenir de l'organisme lui-même : ils sont si étroitement liés à la sécurité, aux habitudes et aux exigences de ceux qui les manifestent qu'ils sont devenus instinctifs. On en trouve à tous les degrés de l'échelle taxinomique. ( 1095 ) Zoospores. — Cciiaincs Algues se propagent au moyen de cellules qui s'en séparent, s'en éloignent avec toutes les apparences de petits animaux : on les nomme des zoo- spores. On sait depuis peu que les zoospores ou les micro- zoospores emportent parfois avec elles toutes les espé- rances de la plante et qu'elles vont, loin des lieux où elles sont nées, assurer l'existence de leur progéniture. Dans cette occurrence, elles manilestent une étrange anima- tion (1). La botanique est intarissable en faits de ce genre dont la forme varie à l'infini et dont le fond est toujours le même : la lutte pour l'existence. Ces sortes de mouvements tiennent peut-être de trop près à l'essence même de l'organisation : on pourrait croire qu'ils sont obligatoires. Mais nous pouvons soutenir la thèse des mouvements instinctifs chez les plantes à l'aide d'arguments irréfutables. Lianes. — Les Lianes, par exemple, même celles de nos pays, trop faibles pour soutenir leurs tiges, savent, en s'en- laçant autour d'un support, en se soutenant à l'aide de vrilles ou en s'appliquant contre une paroi verticale, s'élever à une grande hauteur pour procurer à leur feuil- lage l'air et la lumière dont il est avide. Lorsqu'elles ont atteint leur but, elles perdent quelquefois la qualité qui les y avait conduits : le Lierre, par exemple, dont on a fait l'emblème de l'attachement, quand il est arrivé assez haut et qu'il se sent fort, change d'allure et s'éloigne du soutien (1) Areschoug, Observationes Phytologicae, in Act. Soc. Se. Ups. -1804, d'après W.-T. Thiselton Dyer, On the classification and sexual reproduction of Thal- lophytes, iSm. ( 1094 ) de sa jeunesse. Un vieux lierre est le symbole de l'ingrati- tude, mais sa vie n'est pas sans ressembler à d'autres! Lorsque la tige d'un Houblon, d'un Chèvrefeuille, ou d'une autre liane volubile, sort de terre, au printemps, on peut la voir, l'extrémité courbée en crochet, tourner lente- ment vers les points de l'horizon, comme un aveugle cher- chant à tâtons le mur qui doit le guider. Cette nutation, indépendante de la lumière, s'accomplit jour et nuit, et ne cesse qu'au contact d'un corps solide: dès qu'elle a trouvé son soutien, sur la nature duquel elle se montre plus ou moins exigeante, la liane se tord en spirale tout en s'ac- croissant avec une extrême rapidité. Les mouvements spontanés des vrilles sont encore plus étonnants que ceux des tiges : elles aussi cherchent en tâ- tonnant le support auquel elles peuvent se fixer, mais avec celte seule et singulière exception qu'une vrille s'enroule rarement autour d'une autre vrille de la même plante : leur sensibilité estexquise, leurs mouvements très-rapides; elles se déplacent quand le support ne leur convient pas, pour en chercher un autre plus propice; enfin, quand elles l'ont rencontré, les unes, comme celles de la Bryone, s'en- roulent prestement par leur extrémité, les autres, comme celles de la Vigne vierge, se fixent au moyen de disques ressemblant beaucoup aux ventouses des pieds de la mouche domestique qui lui permettent de s'attacher aux vitres et de marcher contre le plafond : toutes deux, dès qu'elles sont ainsi fixées, de raides qu'elles étaient, se tor- dent en hélice, par une sorte de mouvement secondaire, de manière à se tendre et à rapprocher la tige à laquelle elles prêtent leur secours. Il en est qui semblent confor- mées comme le pied d'un oiseau : il faut lire dans fadmi- ( J095 ) rable ouvrage de M. Darwin les phénomènes merveilleux que les plantes sarmenleuses ont révélés à cet habile et perspicace observateur (1). D'un autre côté, M. Paul Lévy rapporte (2) que dans les forets de la Guyane, les Lianes ont de l'affinité pour cer- tains arbres qu'elles recherchent avec affectation en évi- tant d'autres arbres plus proches. On les voit s'écarter soi- gneusement lorsqu'elles rencontrent sur leur route de ces arbres ennemis, a II y a, dit M. Paul Lévy, un Ficus nommé Malapalo (Tue-Bois) qui enveloppe de ses bras les arbres les plus robustes et finit par les faire périr. Lorsque l'arbre avant l'arrivée du Matapalo avait des lianes qui l'enser- raient, rien n'est curieux comme de constater les efforts que la liane fait pour se dégager et fuir l'ennemi mortel avant qu'il grandisse assez pour le faire périr. C'est dans ce cas qu'on rencontre les formes de lianes les plus tour- mentées. D Conclusion. — C'est pour se faire une place au soleil que les lianes agissent ainsi, pour s'abriter, pour se nour- rir, pour se propager, pour se défendre , pour se déplacer, que d'autres végétaux déploient autant d'activité. Le mou- vement est général et universel. A travers les courbes de l'univers et les méandres de la nature, on voit bien la ligne droite qui mène de la matière à l'intelligence. Le but est évident; la cause est dans la grande lutte pour l'existence, le moyen est dans les aptitudes latentes et lentement dé- veloppées. (1) Darwin, The Movemcnts and Habits of Climbing Plants, 1875. [% Bull, de la Soc. bot. de France, 1869, p. 279. ( 1096 ) Les faits que nous venons de rapporter sont assez im- portants pour que chacun puisse en apprécier les déduc- tions et en discuter la valeur. Quant à nous, nous termi- nerons simplement par un hommage à la science anglaise dont le génie pratique et lucide a su , dans ces derniers temps, jeter une vive clarté sur les problèmes les plus obscurs des sciences naturelles. M. le secrétaire perpétuel a proclamé, de la manière suivante, les résultats du concours annuel de la classe et des élections : RÉSULTAT DU CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1875. La classe avait reçu deux mémoires en réponse à la question : On demande la description du système houiller du bassin de Liège. Le premier porte pour devise : Omnia vincit labor im- probus; le second les mots : La science n'est pas œuvre d'imagination, mais d'observation, de calcul etde réflexion. Conformément aux conclusions de ses commissaires, la classe, dans sa séance du Jo décembre, a voté une mé- daille d'argent à chacun des deux auteurs; elle a décidé, en outre, que la somme de i,000 francs, affectée comme récompense à la solution de la question proposée, serait répartie entre les deux concurrents dans la proportion de 600 francs i)Our l'auteur du mémoire n" 1 et de 400 francs pour Fauteur du mémoire n° 2. L'ouverture des billets cachetés a fait connaître comme ( 1097 ) auteur du n° i , M. J. Rénier Malherbe, ingénieur des mines à Liège, et comme auteur du n° 2, M. Julien de Macar, ingénieur des mines, directeur-gérant des charbonnages de Cheratte, près de Liège. MM. Malherbe et de Macar, présents à la séance, sont venus recevoir la récompense qu'ils venaient de remporter. L'assemblée a accueilli cette décision par ses applaudis- sements. ÉLECTIONS. La classe a eu le regret de perdre, le 15 janvier dernier, son doyen d'âge, l'un de ses membres les plus éminents, M. J.-B.-J. d'Omalius d'Halloy, appartenante la section (tes sciences naturelles. M. F. Crépin, correspondant, a été appelé, par les suf- frages de ses confrères, à remplacer M. d'Omalius. Cette élection sera soumise à l'approbation de Sa Majesté. La classe a élu associé dans la même section M. Henri Von Dechen, conseiller intime, à Bonn, en remplacement de Sir Charles Lyell, décédé pendant le courant de l'année. Elle a également élu associés dans la section des sciences mathématiques MM. Rodolphe Clausius, professeur à l'Université de Bonn, E. Chevreul, de l'Académie des sciences de Paris, et Buys-Ballot, directeur de l'Institut météorologique d'Utrecht, en remplacement de MM. Ar- gelander, Lamarle et Van Rees, décèdes pendant l'année actuelle. Enfin , M. G. Van der Mensbrugghe, professeur à l'Uni- 2™' SÉRIE, tome XL. 70 ( i098 ) versité de Gand , a été appelé au nombre des correspon- dants de la section des sciences mathématiques et physiques et M. Alfred Gilkinet, docteur en sciences naturelles, au nombre de ceux de la section des sciences naturelles. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Académie royale de Belgique. Commission royale d'his- toire. — Compte rendu des séances, 4" série, t. III, i" Bulle- tin. Bruxelles, 1876; in-8°. Va?i Beneden {Éd.). — La maturation de l'œuf, la féconda- lion et les premières phases du développement embryonnaire des mammifères , d'après des recherches faites chez le lapin. Bruxelles, 1875; br. in-8°. Ministère de l'Intérieur. — Médaille commémorative : i"de l'inauguration de la statue équestre érigée par la ville et le commerce d'Anvers en l'honneur de feu S. M. Léopold l" (Cil. Wiener) ; i2° de la visite de la Famille royale à Anvers, à l'oc- casion de la démolition de la citadelle du Sud (F. Baetes) ; 5*' du mariage de S. A. R. M'"'= la princesse Louise avec S. A. M^"" le (lue Philippe de Saxe [Ed. Geerts). — 5 médailles de bronze. Canneel (J.-Th.). — Explication des sujets représentés dans les peintures murales exécutées dans l'église paroissiale de Sainte-Anne. — Explication des peintures murales de l'église de Burst. Gand , 1874, 1875; 2 br. in-8". ( 1099 ) Dubois [Alph.]. — Les Ié[)idoptcrcs de l'Europe, leurs che- nilles et leurs chrysalides décrits et figurés d'après nature : \" série, espèces observées en Belgique, liv. 67 à 78. Bruxelles, 1874-1875; 12 liv. in-8». Godcfroy MénUgtaise [Le marquis de). —Traduction fran- çaise avec annotations, variantes, glossaire et index delà Chronique de Ilainaut rédigée par Gilbert, Chancelier du comte de Ilainaut Bauduin V (1040-4195). Tomes 14 et 15 des mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai. — Tournai, 1874; 2 vol. in-8°. Harlez (C. de). — Avesta. Livre sacré des sectateurs de Zoroastre traduit du texte, tome L Introduction. — Ven- dîdàd. Liège, 1875; vol. in-8°. Heuschling (Xaviei-). — Recherches statistiques sur les périodes de doublement de la population. Liège, 1873; br. in-8°. Journal Franklin. — Biographie d'Omalius d'Halloy. Liège; extrait in-12. Potvin {Ch.). — De la littérature française en Belgique (Article de la Revue de France, 5'"'= année, 1875, t. XIV, n°' 42, 45, 44. Paris; 5 liv. in-8"). — Les Publications belges (Bibliographie. Article de la Revue Britannique, n"' de dé- cembre 1874 et de juin 1875. Bruxelles; liv. et feuilles déta- chées m-S".) Van Baamdonck {D'' J .). — Les sphères terrestre et céleste de Gérard Mcrcaior (1541 et 1551). S'-Nicolas, 1875; br. pet. in-4°. Reproduction de ces sphères à l'aide du fac-simile de leurs fuseaux originaux, gravés par iMercator et conservés à la Bibliothèque royale de Bruxelles. Bruxelles, 1875; atlas in-fol. Verstraete [Ch. G.- P.). — De l'éducation des sourds-muets en Belgique. Gand , 1875; br. in-8°. Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, ( liOO ) D"*" série, année 1875, tome IX, n"» 10 et H. Bruxelles, i875; in-8». Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — Journal, CI™* vol., 55™* année, octobre, no- vembre et décembre 1875. Bruxelles; 5 liv. in-8°. Société royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin , 19™* année, novembre et décembre 1875, n°' 11 et 12. Bruxelles; in-8°. A7inales de médecine vétérinaire, 11™* et 12™* cahiers, 24™* année, novembre et décembre 1875. Bruxelles; in-8°. La Presse médicale belge , 27™* année, 1875, n*"* 44 à 52; 28™* année, 1876, n" 1 à 4. Bruxelles; 15 feuilles in-4". Annales d'oculistigvc , 11™* série, tome IV, 5™* et G™* liv., novembre et décembre 1875. Bruxelles; liv. in-8°. Société royale de numismatique de Belgique, à Bruxelles. — Revue belge de numismatique, 52™* année 1876 , 1" liv; Bruxelles; in-S". Commissions royales dart et d'archéologie. — Bulletin, XIV™* année, 1875, n°^ 7 et 8. Bruxelles , 1875; \n-H\ Société enlomologique de Belgique à Bruxelles. — Compte- rendu, série II, n"' 18, 19 et 20, novembre et décembre 1875. Bruxelles; feuilles in-8°. Société malacologique de Belgique à Bruxelles. — Procès- verbal, séances d'octobre, de novembre et de décembre 1875. Bruxelles; feuilles in-8". Musée de l'industrie de Belgique à Bruxelles. — Bulletin , 54™* année, tome 68, octobre, novembre et décembre 1875. Bruxelles; 3 liv. in-8°. Moniteur industriel belge, vol. Il, 1875, n"' 56à6i. Bruxelles; 9 feuilles in-4". Annales des travaux publics de Belgique, lome XXXIII, 2™* cah. Bruxelles, 1875; in-8°. Recueil des rapports des secrétaires de légation de Bel- ( 1101 ) tjique , tome II, 12"" liv., décembre 1875. Briixclles ; in-8°. Le Bibliophile, belge y 18""' année, 1875, liv. 5 à 10. Bruxelles; feuilles in-8°. Bibliographie de la Belgique, r* année, n"' 10 et il, octobre et novembre 1875. Bruxelles; feuilles in-8°. Analectes pour setvir à l'histoire ecclésiastique de la Bel- gique, tome XII, 1875, 5"" liv. Bruxelles; in-8°. V Abeille, 21"^^ année, octobre, novembre et décembre 1875, S""^ à 10"'^ liv. Bruxelles ; 5 liv. in-8". Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 51"'^ année, août, septembre et octobre 1875. Bruxelles; 2 liv. in-8°. Société de médecine d'Anvers. — Annales, 35"°" année, octobre et novembre 1875. Anvers; liv. in-8''. Willems-Fonds te Gent. — Jaarboek voor 1876. Gand , 1870; vol. in-8°. Bévue de l'instruction publique de Belgique, XXIII"'* année, 1875, N. S., tome XVIII, 4""% 5'"* et 0"^'= liv. Gand; 3 liv. in-S". Société libre d'émulation de Liège. — Mémoires, N. S., tome V. Liège, 1875; in-8''. Société médico-chirurgicale de Liège.— Annales, 14"*^ année, août et septembre 1875. Liège; liv. in-8°. Le Scalpel, 28"* année, octobre à décembre 1875, n°* 14 à 26. Liège; 13 feuilles in-4*'. L'Echo vétérinaire, V""® année, octobre, novembre et dé- cembre 1875, n°* 8, 9 et 10. Liège; in-8°. Société littéraire de l'Université catholique de Louvain. — Rapport sur les travaux pendant l'année 1874-1875 (^4//)/*. Wins). Louvain, 1875; br. in-12. Journal des Beaux- Art s , 17"* année, 1875, n"» 19 à 24 et supplément Louvain; 7 feuilles in-4°. Cercle archéologique du pays de Waes , à St-Nicolas. — Annales, tome V, 4"** liv., décembre 1875. S'-Nicolas; in-4*'. ( M02 ) Vreede (G-W.). — Onze diplomatie, na de erkenning der onafhankelijkheid van België. Utrecht, 1875; br. in-8°. Snellen van Vollenhoven [S.-C). — Pinacograpliia, part 2. Aflev. 2. La Haye, 1875;liv. in-4«. K. instituîit voor de laal-land-en volkeiikiinde van Xeder- landscli ludië. — Bijdragen, 5*^* volgreeks, X**« deel, 2'**' en o'^^stuk. La Haye, 1875;in-8°. Société des antiquaires de Picardie à Amiens. — Bulletin , année 1 875 , n° 5. Amiens ; in-8°. Société linnéenne du nord de la France, à Amiens. — Bulletin mensuel, 4""" année, novembre et décembre 1875. Amiens; 2 feuilles in-8''. Callibiircès {Le docteur P.). — Recbcrebes expérimentales sur l'influence exercée par la chaleur sur les manifestations de la contractilité des organes. Paris, 1870; br. in-8^ Delaire {Alexis). — Le fond des mers. Etudes lithologi- ques. Lithologie du fond des mers par M. Delesse, ingénieur en chef des mines. Paris; br. in-8°. Garcin de Tussy. — La langue et la littérature hindous- tanies en 1875. Paris ;in-8°. Mortillet {Gabriel de). — Découvertes de sépultures dans Seine-et-Marne, l'Aisne et le Loir-et-Cher. - Origine du bronze. Paris, 1875, 187G; 2 br. in-8°. Société géologique de France. — Bulletin , 5°'*' série, tome II, 1874, n«8;tomein, 1875, n° 8. Paris; 2 liv. in-8». Société de géographie, à Paris. — Bulletin, octobre et novembre 1875. Paris; 2 liv. in-8*'. Société météorologique de France. — Annuaire, tome XIX, 1871. Tableaux météorologiques, feuilles C-1 4. — Nouvelles météorologiques. S""" année, novembre 1875. Paris; 2 liv. in-8°. Société des éttides historiques, à Paris. — L'Investigateur, 41™* année, juillet-octobre 1875. Paris; 2 liv. in-8". ( 1 103 ) Revue des questions historiques, X"' année, 1" janvier I87(), 57'»"' liv. Paris, 1876; in-8°. Vlnstilut, N. S., ù""' année 1875, n°' 142 à 154. Paris; 13 feuilles in-4". Revue britannique , oelobre , novembre et décembre 1875. Paris; 5 demi-vol. in-8°. Académie des sciences de Paris. — Comptes -rendus, tome LXXXI, n"' 14 à 26, octobre à décembre 1875. Paris; 15 cah. in-4*', et table du tome LXXX. Revue scientifique, 2""^ série, 5"'*^ année, n°M4 à 26, octobre à décembre 1875. Paris; 15 cah. in-4°. Revue politique et littéraire, 2"*^ série, 5"* année , n°' 14 à 26, octobre à décembre 1875. Paris; 15 cah. in-4°. Journal de l'agriculture , tome IV, 1875. Paris; 15 cah. în-8^ Archives de médecine navale , tome XXIV, n*" 4,5 et 6, octobre , novembre et décembre 1875. Paris; 5 cah. in-8°. Le progrès médical, 5°"^ année, octobre à décembre 1875, n"* 40 à 52. Paris ; 15 feuilles in-4°. Raab. — Gravures : Portraits de MM. les professeurs Zum- buscli, C. Von Piloty , Franz Defreggen, Knabl et Leubach, et reproduction de la Vierge de Raphaël. Munich; 6 gr. in-fol. Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, Jahrg. VIII, n^ 16, 17, 18 und 19. Berlin; 4 Hv. in-8». Zeitschrift fur die Gesammten Naturwissenschaften {Dr. C. G. Giebel), N. F., 1875, Bd. XI. Berlin, 1875 ; vol. in-8^ K. Statistische Bureau in Berlin. — Monatliche Mittel des Jahrganges 1874 fiir Druck, Temperatur, Feuchtigkeit und Niederschlâge und funglâgige Warmemittel { H.-W. Dove). Berlin, 1875; in-4°. Justus Perthes' Geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- theilungen, 21. Band, 1875, XI. Gotha; cah. in-4''. Handelsstatistische Bureau , Hamburg. — Tabellarische ( H04 ) Uebersichlen des Hamburgischen Handcls im Jalire 1874. Hambourg, 1875; vol. gr. in-4°. Mediciniscli-naturwissenschaftliche Gesellschaft zu lena. — Jenaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft, IX. Bd. N. F., II. Bd. 4. Heft. léna, 1875; in-8°. Casopis Lekarûr Ceskych, Rocnik XIV, 1875, Cislo 44-52. Prague; 9 feuilles in-4**. K. Akademie der Wissenschafïen in Wien. — Anzeiger, Jahrg. 1875, Nr. XVIII-XXIII, XXV- XVII. Vienne; feuilles in-8». Société impériale russe de géographie. — Bulletin : t. VIIÏ, IX et X. — Mémoires : section de géograpbie, tome III (1873); section d'ethnographie, tomes U\ et V (1873); section de sta- tistique, tomes III et IV (1873-1874). — Travaux de l'expédi- tion ethnographique dans la Russie occidentale, tome V (1874). — Travaux de Tenquête sur le commerce des grains en Russie : dans la région centrale, tome III (1873); dans la région Voiga-Newa , tome IV (1874); dans la région occidentale, tome IV (1874). — Travaux de l'expédition scientifique en Sibérie: partie botanique , tome II (1874); partie géologique, tome III (1873). — Description géographique de l'Asie par C. Ritter : Le Turkestan chinois et le Turkestan oriental, tome V avec supplément (1869 et 4873); l'Iran, tome VI (1874). -— Exploration du Turkestan par N. SeverzofT. S^-Pé- tersbourg; 15 vol. in-8" et 2 vol. in-4°(en russe). Société de chimie, d St-Pétershoiirg. — Journal, tome VII, n" 9. S'-Pétersbourg; in-8". histituto y Observatorio de Marina de San Fernando. — Anales, seccion 2* : Observaciones meteorologicas, ano 1874. San Fernando, 1875 ; gr. in-4°. Krafft {Dr. Friedrich). — Ueber die Entwickelung der Theorctischcn Chemie. Baal , 1875; br. in-8". St-Gallisch natarwissenschafUiche Gesellschaft. — Bericht ( im ) iiber (lie Thatigkcit, 1873-1874. S'-Gnll, 1873; vol. in-8". De Rossi {M. -S.). — I icrrcnioti di Romaj^na dal Scltcmbre 1874 al Maij;gio 1875. — Sulle norme e siigli stnimcnli econo- mici per le osservazioni mierosismiche proposti dal P.-T. Bcr- lelli e M. -S. De Rossi. — Sopra la stipe votiva di Bourboniie- les-Bains cemenlata da cristallizazioni mctalliche contempo- ranee ed illustrala dal Cli. Prof. E Dauhrée. Rome, 1875; 3 broch. in-4". Cadet {Soci'ate). — Nouvelles études sur le choléra asia- tique. — Esempj comprovanti l'uso interne del sottosolfato di mercurio ed esempj concorrenti a comprovare l'efficacia anti- limica del solfuro negro di esso. — Proposta interne la cura délia lissa detta comunemenle rabbia eanina o idrofobia. — Interne relTicacia particolarmente anlicolerica del solfuro nero (li mercurio. — Ragionamenlo inteso a comprovare la mirabile eflicacia terapeulica del solfuro nero di mercurio. Rome, 1873 et 1875; 4 br. in-8° et br. in-4°. Corrispondenzia scienlifica in Roma. — BuIIettino univer- sale, vol. 8% N. !26 et 27. Rome; feuilles [n-A°. Bidlellino del vidcanismo italiano , Anno II , 1873, fasc. VI, Vil, VIII. Rome, 1875; in-8". R. ComiUdo geologico d'Ilalia. — Bollettino, N° 7 e 8, Luglio e Agosto 1875. Rome, 187o;in-8°. Lane Fox [A.). — Excavations in Cissbury Camp, Sussex. Londres , 1875; br. in-8°. Xalure, vol. XII, Nos. 510-513; vol. XIV, Nos. 314-3:22, octobcr-december, 1875. Londres; 13 cali. in-8°. Numisinalic Society of London. — Journal, new séries, No. LIX, 1875, pt. III. Londres; in-8". Geoloyical Survey of the United Kingdom. — Catalogue of ihe publications. — Report of the commissieners appointed to inquire inte ihe several matters relating te coal in the United Kingdom. — Maps and sections to accempany the ( il06 ) report of Ihe royal coal commission. Londres, 1875; br. in-8**, 3 vol. pet. in-4" et atlas in-fol. American Journal of Science and Ai^ts : vol. X, No. 60, and Swpplementary , december, 4875; vol. XI, No. 61 , january 4876. New Haven; 5 liv. in-8°. U. S. geological Survey of the Territories at Washi?igton. — Map. of the Lower Geyser Basin on the Upper Madison River. — Map of the sources of Snake River v^^ith its tribu- taries. — Map of the Upper Geyser Basin on the Upper Madison River, Montana terr. — Montana and Wyoming terri- tories embracing raosl of the country drained by the Ma- dison, Gallatin and Upper Yellov^^stone Rivers. — Preliminary map of central Colorado Showing the Région Surveyved in 1873 und 1874. Washington; 6 cartes in-fol. Fin ou Tome XL de la '2'^' série. BULLETINS DE l'aCAUKMIK KOYALE DE BELGIQUE. TARLKS ALPIIAHÉTIQLÎES DU TOME QUARANTIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1875. tablp: des auteurs. A. Académie tles sciences de Cracovie. - Demande d'échange de publica- tions, 50. Jcadémie nationale des sciences de r Université de Cordova - Demande d'échange de publications, 446. Académie physico-médico-statistique de Milan. — Demande d'échange» de publications, 446 Administration des hospices de la ville de Bruxelles. — Demande rela- tive au système de paratonnerres à établir sur l'hôpital St-Pierre, 50. Allard {Ern.). — Second prix du grand concours d'architecture de 1875 214,266. Aïvin (L). — Rapport sur les arrêtés royaux réorganisant les grands con- cours (prix de Rome), 214, 229; adjoint à la section de gravure pour le jugement du concours annuel delà classe des beaux-aris, 216; membre de la Commission pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228; souvenir du 1V« centenaire de Michel Ange, 244 , 250; motion relative aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle, 666, 814, 895. Anomjmes. — Présentent un travail concernant les dépôts littoraux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 447; rapports de MM. Dupont, Nyst et Briart, 678, 680, 681. 1108 TABLE DES AUTEURS. Art Union of London. — M. Donaldson fait hommage de deux gravures publiées par cette institution, 227. Association française pour Vavancement des sciences. — Ouverture de sa 4* session , 2. B. Balat{Alph.). — Membre de la Commission pour les objets d'art à repro- duire par les lauréats (prix de Rome), 228; regrette de ne pouvoir pré- sider la séance publique de la classe des beaux-arts, 242; discours concernant le palais des beaux-arls de Bruxelles, 246; membre de la Commission chargée d'examiner le projet copie du lauréal Dieliiens, 406; avis de celte Commission, 620; membre de la Commission pour l'élude du projet du monument Quelelet, 666, 814, 895. Bambeke (Ch. Van). — Commissaire pour un travail de M. Fœttinger con- cernant répiderme des cyclostomes, 271. Baner. — Demande des renseignements sur le mémoire concernant la tapisserie de haute-lice aux Pays-Bas, 244; rapport verbal de M. Fétis sur cette demande, 408. Barglion Fort-Rion {Le baron F. de). — Hommage d'ouvrage, 813. Bartje (Antoine-Louis). — Annonce de sa mort, 59. Basevi (Abraham). - Accuse réception des publications académiques, 40. BeUynck (Aug.). — Commissaire pour un travail de M. Gilkinel sur des plantes fossiles de l'étage du poudingue de Burnof,4; rapport, 75; com- missaire pour une seconde rédaction du travail de M. Cogniaux concer- nant des cucurbitacées nouvelles, etc., 32; rapport, 275. Bi'neden (Éd. Van). — Commissaire pour un travail de M. F. Plateau concernant l'appareil digestif chez les Myriapodes de la Belgique, 271; de la maturation de l'œuf, de la fécondation et des premiers phéno- mènes embryonnaires chez les mammifèies d'après les observations faites chez le lapin, 6>'6. Beneden [P.-J. Van). — Nommé membre du comité d'exécution pour le monument d'Omalius, 2; hommage d'ouvrages, 3, 270, 808 ; rend compte des fêtes du 200^ anniversaire de la découverte des infusoires par Leeuwenhoek , 271 ; les pachyacanthus du Musée de Vienne, 323; les ossements fossiles du genre Aulocèle au Musée de Linz, 536; le sque- lette de la Baleine fossile du Musée de Milan, 736. Bergmann (Feu Ant.). — Lauréat du concours quinquennal de lilléralure flamande (o*" période) , 33. Bergmann (M^^ veuve). — Hommage d'ouvrages. 813. TABLK DKS AUTFL'RS. 1109. Bernardin. — Transmet ses observations bolaiiiques faites à Mclle, eu octobre 1875, 446. Bernimolin (Eug ). — Hommage d'ouvrage, 579. Bormans (Slan.). — Maximilien-Emmanuel de Bavière, comte de Namur, 166; hommage d'ouvrage, 579. Brialmont (Alexis) — Sur les causes el les effets de l'accroissement successif des armées permanentes, 976. Briart [Alp.). — Commissaire pour les mémoires de concouis sur le bas- sin houiller de la province de Liège , 55; rapport, 9i9; rapport sur la publication d'une nouvelle édition de la carte géologique de la Belgique, 59, 308; décision prise sur les conclusions de ce rapport, 448; lettre du Département de la guerre relative à cette décision, 898; commissaire pour l'examen de cette lettre, ibid. ; commissaire pour un travail ano- nyme concernant les dépôts littoraux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 447; rapport , 681 ; commissaire pour un travail de M Mourlon sur les dépôts dévoniens , etc , 668; hommage d'ou- vrage , 898. Burbure {Le chev. (/e).— Exprime son opinion sur les modifications à faire au programme du concours des cantates, 40; lettre de M. le Ministre de l'Intérieur relative à ces modifications, 891 ; adres.se le manuscrit de sa notice biographique de feu M. Bosselel , 893. Buys- Ballot. Élu associé, 1097. C, Calliburcès (Le D"" P.). — Hommage d'ouvrage, 667. Catalan (E). — Commissaire pour les fragments II et III du travail de M. Houzeau sur le calcul numérique, 4, 271; rapports, 67, 452; com- missaire pour deux notes de M. Saltel concernant les surfaces à points multiples, 4; rapport verbal, 5; lecture de son rapport sur le travail de M. Havrez concernant des transcendantes , ibid.; hommage d'ouvrages, -270; commissaire pour un travail de M. Reinemund sur les polygones réguliers et des séries trigonométriques , 447; rapport, 673; commis- saire pour un travail de M. De Tilly concernant la théorie mécanique de la chaleur, 668,899; commissaire pour un travail de MM. Namur et Mansion concernant des tables de logarithmes à douze décimales, 668. Cavalier (J.). — Transmet ses observations météorologiques faites à Ostende en 1875 , 2, 51 , 270, 446 , 898. Chalon (R.). — Adjoint à la section de gravure pour le jugement du con- liiO TABLE DES AUTliURS. cours annuel de la classe des beaux-aits, 216; hommage d'ouvrage, 106. Chasles (M.). — Hommage d'ouvrage, 3. C/ievreul {M.-E ). — Élu associé, 1097. Clausius (/?.) — Élu associé, 1097. , Codron (L.-H.-S.). — Présente une note sur un aérostat à voiles, 52. rapport verbal de M. Montigny, 274. Cogniaux (A.). — Présente une seconde rédaction de son travail con- cernant des cucurbilacées nouvelles, etc., 52; seconds rapports de MM. Morren, Bellynck et Crépin, 273, 274. Colfs {J.-P.). — Demande à pouvoir exposer une découverte archéolo- gique concernant l'art architectural ,619, 893. Collège des bourgmestre et échevins de la ville d'Anvers. — Invile l'Aca- démie à l'inauguration du buste du baron G. Wappers, 226. Congrès international des amèricanistes. — Ouverture de sa première session , 2. Congrès scientifique de France. — Annonce que sa XLI" session aura lieu à Périgueux, 269. Cornet {F.-L.). — Commissaire pour les mémoires de concours sur le bassin houiiler de la province de Liège, 53; rapport, 971 ; hommage d'ouvrages, 270 , 898 ; commissaire pour un travail de M. Mourlon sur les dépôts dévoniens, etc., 668; commissaire pour la lettre du Dépar- tement de la guerre relative à la publication de la carte géologique de la Belgique, 898. Crépin [Fr.) — Commissaire pour une seconde rédaction du travail de M. Cogniaux concernant des cucurbilacées nouvelles, etc., 52; rapport, 274; rapports de MM. Dewalque, de Koninck et Dupont sur son travail concernant la flore des psammites du Condroz, 53, 55, 56; hommage d'ouvrages , 667; élu membre titulaire, 1097. Dechen{H. von). — Élu associé, 4097. De Coster {J.-B.). — Lauréat du grand concours d'architecture de 1875, 215,266. De Heen {M -P.). — Présente un travail concernant la fusion et la dilata- tion des métaux , 668. D"Eichthal{G.). — Hommage d'ouvrage, 147. De Keyser {N.}. — Membre de la Commission pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228. TABLi: Di:S AUTEURS. 1111 De Koehne {Le baron Rernard). — Hommage d'ouvrage, 40G. De Koninck {L). — Commissaire pour un travail de M. Gilkinet sur des piailles fossiles de l'étage du poudingue de lUirnot, 4; rapport, 70; rap- port sur le travail de M. Crépin coucernaiU la flore des psammites du Condroz, 55; commissaiic pour le travail de M. Mourlon concernant l'étage dévonien des psammiles du Condroz dans le bassin deTheux,etc., 271 ; rapport, 675; commissaire pour la seconde partie du mémoire cou- ronné sur les roches plutoniennes des Ardennes françaises, 447. Delaborde [Le vicomte H.). — Hommage d'ouvrage, 893. De la Vallée- Poussin {C/i.}. — Présente la seconde partie de son mé- moire couronné concernant les roches plutoniennes des Ardeimes fran- çaises , 447. Delisle{L.). — Accuse réception de son diplôme d'associé, 147; hommage d'ouvrage, ibid. De Man (G). — Membre de la Commission pour les objets d'art à repro- duire par les lauréats, 228 ; rapport sur le mémoire de concours concer- nant la sculpture aux Pays-Bas aux XYII^ et XVllIe siècles, 258; mem- bre de la Commission chargée d'examiner le projet copie du lauréat Dielliens, 406; avis de cette Commission , 620. Dépôt de la guerre {M. le Directeur du). — Présente un travail concer- nant la triangulation de la Belgique, 268. Dewalque (G.). — Commissaire pour un travail de M. Gilkinet sur des fossiles de l'étage du poudingue de Burnot,4; rapport, 71; relation de coups de foudre, 13; homm:ige d'ouvrage avec mention bibliogra- phique, 51 ; commissaire pour les mémoires de concours concernant le bassin houiller de la province de Liège, o5: rapport, 900; rapport sur le travail de M. Crépin concernant la flore des psammites du Condroz, 53; rapport sur la publication d'une nouvelle carte géologique de la Belgique, 59, 274; décision prise relativement aux conclusions de ce rapport, 448; lettre du Département de la Guerre relative à cette déci- sion, 898; commissaire pour Texamen de cette lettre, ibid.; commis- saire pour un travail de M. Mourlon concernant l'étage dévonien des psammites du Condroz dans le bassin de Theux,etc., 271 ; rapport, 673; commissaire pour la seconde [lariie du mémoire couronné concernant les roches plutoniennes des Ardennes françaises, 447. Dielliens {Ern). — Soumet son projet copie réglementaire, 214, 243; Commission chargée d'examiner ce projet, 406; avis de celle-ci, 620; fait parvenir son XII«- rapport semestriel, 226. Dillens (Julien). — Lauréat du concours de sculpture de la classe des beaux-arts, 241, 243, 266. 4i^2 TAHLE DES AUTEURS. Donaldson [T-L). — Lettre accompagnant l'hommage de deux gra- vures, 227. Donny (F.). — Fait ses réserves au sujet de la motion de M. Alvin rela- tive aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école iudus- trielle, 666. Dove [H.-W.). — Hommage d'ouvrage , 667. Dubois (Alp.). — Présente une note concernant quelques oiseaux nou- veaux, 447; rapport de M. de Selys Longchamps, 684; impression, 797. Du Mortier (C.-B.). — Hommage d'ouvrages, 270. Dupont [Éd.). — Rapport sur le travail de M. Crépin concernant la flore des psammites du Condroz, 56; rapport sur la publication d'une nou- velle édition de la carte géologique de la Belgique, 59, 291 ; décision prise sur les conclusions de ce rapport, 448; lettre du Département de la Guerre relative à cette décision, 668; commissaire pour le travail de M. Mourlon concernant l'étage dévonien des psammites du Condroz dans le bassin de Theux, etc., 271 ; rapport , 676; commissaire pour le travail anonyme concernant les dépôts littoraux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 447 ; rapport, 678. Duprez (F.). — Présente le résumé de ses observations météorologiques faites à Gand, en 1874, 51 ; commissaire pour une note de M. Perrey sur les tremblements de terre en 1872, etc , 52; rapport, 452; commis- saire pour deux travaux de M. Vander Mensbrugghe concernant : 1» la surface de contact d'un solide et d'un liquide, 52; rapport, 272; 2» le problème de deux liquides superposés dans un tube capillaire, 4i7; rapport, 671 ; commissaire pour un travail de M. Leclercq concernant des orages qui onl éclaté à Liège, en 1874 et 1875, 271. Eleivyck {Le chevalier Xavier Van) — Hommage d'ouvrage, 227. Faider(Ch.). — Hommage d'ouvrage, 35. Fétis (Éd.). — Adjoint à la section de gravure pour le jugement du con- cours annuel de la classe des beaux-arts, 216 ; membre de la Commis- sion pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome», 228; commissaire pour une demande concernant le mémoire sur la tapisserie de haute-lice aux Pays-Bas, 244; rapport verbal, 408. TABLE DUS AriEURS. 1115 Fischer de Waldheim {Le conseiller privé Alexandre). - Célébration de son 50* anniversaire de doclorat, 2, 446. Flandre {S. A. B. Mgr. le Comte de). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des beaux-arts, 243; mêmes regrets pour la séance publique de la classe des sciences, 897. Fœttinger (.4 /ex.). — Présente un travail concernant la structure de l'épi- derme des cyclostomes, 271. Folie (F). — Commissaire pour les fragments II et III du travail de M. Houzeau sur le calcul numérique, 4, 271 ; rapports, 62, 452; com- missaire pour deux notes de M. Saliel concernant les surfaces à points multiples, 4; rapport verbal, 5; lecture de son rapport sur le travail de M. Havrez concernant des transcendantes , ibid; rapport sur un instrument astronomique de M. Journeaux-Duhamel, 61 ; commis- saire pour un travail de M. le Directeur du dépôt de la guerre concer- nant la triangulation de la Belgique, 268; commissaire pour un travail de M. De Tilly concernant la théorie mécanique de la chaleur, 668, 899; commissaire pour un travail de iMiM. Namur et Mansion concernant des tables de logarithmes à douze décimales, 668; commissaire pour un travail de M. P. De Heen concernant la fusion et la dilatation des mé- taux, 668. Fraikin (Ch.). — Délégué pour assister à la célébration du 4« centenaire de Michel Ange, 228; rend compte de sa mission, 244 ; membre de la Commission pour les objets d'artjà reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228; membre de la Commission pour l'étude du projet du monument Quetelet, 6G6, 814, 895. Frank (J.). — Membre de la Commission pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228. Gachard {L.-P.). — Commissaire pour un travail de M. Génard concernant Corneille Duplicius Scepperus, 350; rapport, 588; hommage d'ouvrage 578. Galesloot (L.). — Présente un travail concernant des antiquités de l'époque romaine, découvertes à Assche, 550; rapports de MM. Wauters et Piot, 579, 585; impression, 594. Gallait (L). — Membre de la Commission pour les objets d'art à repro- duire par les lauréats (prix de Rome), 228. Garcin de Tassy. — Hommage d'ouvrages, 579. 2""*' SÉRIE, TOME XL. 71 ^-lii TABLE DEii AUTEURS. Galta [Louis). - Hommage d'ouvrage, 667. Geefs (G.). — Membre de la Commission pour l'étude du projet du monu- ment Quetelet, 666, 814 , 895. Geefs (7.) — Membre de la Commission pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228 ; rapport sur le mémoire de concours concernant la sculpture en Belgique aux XVII« et XVII1<= siècles, 258. Génard (L). — Présente un travail concernant Corneille Duplicius Scep- perus, 350: rapports de MM. Gachard, le baron Kervyn de Leltenhove et Wauters, o88, 592, 393; impression, 602 ; hommage d'ouvrages, 895. Gevaert (A.). — Exprime son opinion sur les changements à faire au pro- gramme du concours des cantates, 40; lettre de M. le Ministre de l'Inté- rieur relative à ces changements, 891; fait connaître que le jugement du grand concours de composition musicale de 1875 a dû être ajourné, 213; donne lecture du discours de M. Balat concernant le palais des Beaux-Arls de Bruxelles , 246. Gilkinet i^lf.)- — Présente un travail sur quelques plantes fossiles de l'étage du poudingue de Burnot, 4; rapports de MM. de Koninck, De- walqueel Bellynck, 70,71, 75; impression, 159; élu correspondant, 1098. Giovanni {Vincenzo di). — Hommage de plusieurs ouvrages de philoso- phie, 36; note bibliographique sur ceux-ci, par M. Le Roy, 148. Gloesener {M.). — Observations relatives au méléorographe universel de M. Van Rysselberghe, 21 ; présentera une noie sur certains effets pro- duits par la foudre à Liège, 22; commissaire pour un travail de M. De Heen sur la fusion et la dilatation des métaux, 668. Guillaume (Le baron). — Hommage d'ouvrage, 35. H. Havrcz {Paul}. — Lecture des rapports de M.M. Catalan et Folie sur son travail concernant des transcendantes , 5. Hennequin (Le capitaine d'état-major). - Hommage d'ouvrage, 270. Heremans (J.). — Hommage d'ouvrage, 579. Hinrichs{Le D' Gustave). — Hommage d'un météorite, 32. Hirn [G.-A.). — Hommage d'ouvrages, 51, 270. Houzeau {J.-C). — Présente les fragments II et 111 de son travail sur le calcul numérique, 4, 271; rapports de MM Folie, Catalan et Liagre , 62, 67. 70, 452; impression, 74, 455. TABLE DES AUTEURS. H 15 Institut royal des sciences , des lettres et des arts de Venise. — Adresse son programme de concours pour i875, 1876 et 1877. 446. Journemix- Duhamel. — Rapports de MM. Quetelet, Liagre et Folie sur son nouvel instrument astronomique, 60, 61. Juste (Th.). — Hommage d'ouvrage, 350. Kervyn de Lettenhove {Le baroîi). — Hommage d'ouvrages, 35, 350; com- missaire pour un travail de M. Génard concernant Corneille Duplicius Scepperus, 530; rapport, 592. L. Lasaulx {D" von). — Hommage d'ouvrages, 32, 667. Leclercq (0). — Présente une note sur des orages qui ont éclaté à Liège en 1874 et 1873,271. Leclercq (/.). Membre de la Commission pour les objets d'art à reproduire par les lauréats (prix de Rome), 228. Lepsius {R.). — Accuse réception de son diplôme d'associé, 33. Le Roy {Alp.). — Note bibliographique sur les ouvrages philosophiques de M. di Giovanni, 148; lecture de sa notice biographique sur Adolphe Rorgnet, 618. Leva {J. de). — Hommage d'ouvrage, 36. Liagre (J.). — Commissaire pour les fragments II et III du travail de M. Houzeau sur le calcul numérique, 4, 271 ; rapports, 70, 432; dé- légué au Congrès des sciences géographiques de Paris, 30, 146, 213; rapport sur un instrument astronomique de M. Journeaux-Duhamel, 60; proclame le résultat des concours et des élections de la classe des beaux-arts et de la classe des sciences, 264, 1096; commissaire pour un travail de M. le Directeur du Dépôt de la guerre concernant la trian- gulation de la Relgique, 268 ; commissaire pour deux notices de M. Terby concernant la planète Mars et l'ombre du deuxième satellite de Jupiter, il 16 TABLE DES AUTEURS. 271 ; rapport, 454; observations relatives au méléorographe universel de M. Van Rysselberghe , 317; commissaire pour un travail de MM. Na- mur et Mansion concernant des tables de logarithmes à douze déci- males, 668. Liais (Emm.). — Note sur la parallaxe du soleil, 5. Macar {Julien de). — Lauréat du concours de la classe des sciences, 1097, Malaise {€.). — Commissaire pour une note de M. Perrey sur les tremble- ments de terre, en 1872, etc., 52; rapport, 448; commissaire pour la seconde partie du mémoire couronné concernant les roches pluto- niennes des Ardennes françaises, 447; commissaire pour un travail de M. Mourlon sur les dépôts dévouions, etc., 668. Malherbe {J. Renier). — Lauréat du concours de la classe des sciences, 1097, Mansion (P.). — Présente un travail concernant des tables de logarithmes à douze décimales, 668. Marchai (Edm.). — Lauréat du concours littéraire de la classe des beaux- arts, 239, 264 ; remercîments, 243. Melsens (L). — Fait ses réserves au sujet de la motion de M. Alvin rela- tive aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de Pécole indus- tielle, 666. Ministre de la Guerre {M. le). — Lettre relative à la publication d'une nouvelle édition de la carte géologique de la Belgique, 898. Ministre de la Justice {M. le). — Hommage d'ouvrages, 35, 349. Ministre de flnlérieur {M. le). — Hommage et envoi d'ouvrages, 2, 50, 146, 268, 349, 578; hommage de médailles, 892; transmet le procès- verbal des opérations du jury du grand concours d'architecture de 1875, 213; soumet le projet copie du lauréat Dielliens (prix de Rome), 214; avis de la Commission chargée d'apprécier ce projet , 620 ; transmet les rapports trimestriels des lauréats Diel tiens et Cuypers (prix de Rome), 226; demande la liste double de candidats pour la formation des jurys des concours quinquennaux et triennaux, 348, 578, 594; soumet un projet d'arrêté concernant les copies exigées des lauréats des grands concours (prix de Rome), 405; demande l'avis de l'Académie sur les changements à apporter : 1» au programme des concours triennaux, 577, réponse à cette demande, 813; 2» au programme du concours des can- tates, 891 ; transmet une lettre du Département de la Guerre relative à TABLE DES AUTEURS. 1117 la publication d'une nouvelle édition de la carie géologique de la Bel- gique, 898; témoigne ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des sciences, 897. Voir Arrêtés royaux : Table des matières. Ministre des Pai/s-Bas {S. E. M. le). — Hommage d'ouvrage, 666. Montigny {Ch.). — Commissaire pour une noie de M. Perrey sur les trem- blemenls de terre en 1872, etc, 52 ; rapport, 449 ; commissaire pour une noie de M, Codron sur un aréostal à voiles et pour une note de M. Wal- tier concernant l'étude de la nature, 52, 53; rapports verbaux 274; commissaire pour un travail de M. D. Leclercq sur des orages qui ont éclalé à Liège en 1874 et 1875, 271 ; membre de la Commission pour l'étude du projet du monument Quelelet, 666, 814, 895, commissaire pour un iravail de M. De Heen concernant la fusion et la dilalalion des mélaux, 668. Morel {Le Z)»" Jules). — Demande que l'Académie se fasse représenter au 200« anniversaire de la découverte des infusoires par Leuwenhoek, 268; compte rendu de cet anniversaire par M. P.-J. Van Beneden, 271. Morren {Éd.). — La structure et les procédés insecticides du Drosera ROTUiNDiFOLiA L., 6; du Drosera binât a Labill, 525; la théorie des plantes carnivores, 1040; hommage d'ouvrages, 51, 447; commissaire pour une seconde rédaction du mémoire de M. Cogniaux sur des cucur- bitacées nouvelles etc., 52; rapport, 273. Mourlon {Michel). — Présente un travail concernant l'étage dévonien des psammites du Condroz dans le bassin de Theux, etc, . 271 ; rapports de MM. Dewalque, de Koninck et Dupont, 673, 675,676; impression, 761. présente un travail sur les dépôts dévoniens rapporlés par Dumonl à l'étage quartzo-schisteux inférieur de son système eifelien, 668. N. Namur {A.). — Présente un travail concernant des tables de logarithmes à douze décimales , 668. Nolet de Brauvjere van Steeland {J.). — Hommage d'ouvrages, 36; note bibliographique sur un ouvrage du D»" Wap concernant Bilderdijk, 37. Nypels {G.). — Hommage d'ouvrage, 578. Nyst {H.). — Commissaire pour le Iravail anonyme concernant les dépôts littoraux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 447; rapport, 680. iH8 TABLE DES AUTEURS. Parlatore (P.). — Accuse réception des publications académiques , 4. Pauli {Ad.). — Membre de la Commission chargée d'examiner le projet copie du lauréat Dieltiens, 406; avis de cette Commission, 620. Payen {Aug ). — Membre de la Commission chargée d'examiner le projet copie du lauréat Dieltiens , 406 ; avis de celte Commission, 620 ; membre de la Commission pour l'élude du projet du monument Quelelet, 666, 814,893. Perrey (A.). — Présente une note concernant les tremblements de terre, en 1872, etc., o2; rapports de MM. Malaise, Montigny et Duprez, 448 , 449,452. Pety de Tliozée (Ch.) — Hommage d'ouvrage, 147. P inchar t {Alex.). — Demande de renseignements concernant son mé- moire couronné sur la tapisserie de haute-lice aux Pays-Bas, 244; rapport verbal de M. Félissur celte demande, 408. Piol {Ch.). — Fragment d'un poëme flamand inédit imité de Lr roumars DE Berte aus grans piés, loo ; commissaire pour un travail de M. Gales- foot sur des antiquités romaines découvertes à Assche, 350 ; rapport, 585; la diplomatie concernant les affaires maritimes des Pays-Bas au XVI^ siècle, 404, 618, 817 ; correspondance de Grétry avec Vitzthumb, 408 ; particularités inédites concernant les œuvres musicales de Gossec et de Philidor, 624. Plateau {F.): — Présente un travail concernant l'appareil digestif chez les Myriapodes de la Belgique, 271; assiste aux fêtes du 200^ anniver- saire de la découverte des infusoires par Leeuwenhoek, 271. Plateau (7). — Commissaire pour deux travaux de M. Van der Mens- brugghe concernant: i» la surface de contactd'un solide et d'un liquide, 52; rapport, 272; 2» le problème des liquides superposés dans un tube capillaire, 447; rapport, 669. Putzeys (F.). — Dépôt d'un pli cacheté , 898. Q Quetelet {Ern.) — La direction de l'aiguille aimantée à Bruxelles, en 1875, 20; commissaire pour une note de M. Waltier concernant l'étude de la nature, 53; rapport verbal, 274 ; rapport sur un inslrument'astro- nomique de M. Journeaux-Duhamel, 60; commissaire pour un travail de TABLE DES AUTEURS. 1 H î> M. le Directeur du Dépôt de la guerre concernant la triangulation de la Belgique, 268; commissaire pour deux notes de M. Terby concernant la planète Mars et l'ombre du 2" satellite de Jupiter, 271; rapport, 453; commissaire pour un travail de M. D. Leclercq sur des orages qui ont éclaté à Liège en 1874 et 1875, 271 ; étoiles filantes. Les Perséides en 1875, 319; l'éclipsé de soleil du 29 septembre 1875, 322; la période de froid du mois de décembre 1875, 758. Haab. — Hommage de gravures, 893. Bées {Richard Van). — Annonce de sa mort, 267. Heinemuîid. — Présente un travail concernant les polygones réguliers et des séries trigonométriques, 447 ; rapport de MM. De Tilly et Catalan, 671, 673; impression, 801. Henard. — Présente la seconde partie de son mémoire couronné sur les roches plutoniennes des Ardennes françaises, 447. Hivier (Aip.). — Hommage d'ouvrages, 579 , 815; Jean de Drosay , l'un des réformateurs de la science du droit au XVI^ siècle, 618, 868. Rodenbach (C). — Demande à pouvoir rentrer en possession du manus- crit de son mémoire concernant les mesures de longueur de l'antiquité, 270. Roi {S. M. le) — Fait témoigner ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des beaux-arts, 245; même regrets pour la séance publique de la classe des sciences, 897. Rysselberghe (F. Van). — Hommage de diagrammes méléorographiques , 270. Rysselberghe {Octave Van). — Second prix du grand concours d'archi- tecture de 1875, 214, 266. S. Saltel {L). — Présente deux notes concernant les surfaces à points mul- tiples, 4; rapports verbaux de MM. Folie et Catalon, 5; impression de ces notes, 22, 27; hommage d'ouvrage, 52. Samuel {Ad.). — Exprime son opinion sur les changements à faire au programme du concours des cantates, 40; lettre de M. le Ministre de l'Intérieur relative à ces changements, 891. Scheler (Aug.). — Hommage d'ouvrage, 147. Schlagintioeit {H. von). — Hommage d'ouvrage, 667. Schwann (Th.). — Hommage d'ouvrage, 3; commissaire pour un travail 1120 TABLE DES AUTEURS. de M. F. Plateau concernant l'appareil digestif chez les Myriapodes de la Belgique, 271 ; commissaire pour un travail de M. Fœltinger concer- nant répiderme des cycloslomes, 271. Selijs Longchamps (Edm.de). —Commissaire pour une note de M. Dubois concernant quelques oiseaux nouveaux, 447; rapport, 684; hommage d'ouvrage, 667. Siret (Ad.). — Rapport sur le mémoire de concours concernant la sculp- ture en Belgique aux XYII* et XVIlIe siècles, 252, 238, 264. Slingeneyer {Ern.). — Délégué pour assister à la célébration du 4^ cen- tenaire de Michel Ange, 228 ; rend compte de sa mission, 244. Société des sciences naturelles de Pise. — Demande d'échange de publica- tions, 269. Société de zoologie de Rotterdam. — Demande d'échange de publications, 269. Société géologique de Belgique. — Ouvre une souscription pour élever un monument à feu d'Omalius d'Halloy, 2; M. P.-J. Van Beneden élu membre du comité d'exécution de ce monument, ibid. Société géologique de France. — Annonce la date de sa prochaine réu- nion extraordinaire, 50. Société hollandaise des sciences à Harlem. — Adresse son programme de concours pour 1875, 268. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Annonce qu'elle va cé- lébrer le 50« anniversaire de doctorat de son président, 2; remercie pour la lettre de félicitations qui lui a été adressée à ce sujet, 446. Société libre d'émulation de Liège. — Adresse son programme de concours pour 1878,350. Société littéraire « Le Parnasse, » à Athènes. — Demande d'échange de publications, 550. Société photographique de Toulouse — Demande d'échange de publica- tions, 446. Soenens {Le chev.) — Fait parvenir des cartes et des catalogues pour son exposition de tableaux , 892. Stas {J.-S.). — Fait ses réserves au sujet de la motion de M. Alvin, relative aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle, 666. Sivaan{A.). — Dépôt d'un pli cacheté, 898. Tennyson {A.). — Accuse réception de son diplôme d'associé, 35. Terby (F.). — Présente deux notices concernant : l», la planète Mars; 2*, TABLE DES AUTEURS. 1121 l'ombre du 2» satellite de Jupiler, 271 ; rapport de MM. Quelelel et Liagre, 435, 454; impression 349, 572. Tilly {J.-M. De) — Commissaire pour un travail de M. Reinemund sur les polyjjones réguliers et des séries trigonométriques, 447; rapport, 671 ; présente un travail concernant la théorie mécanique de la chaleur, 668, 899. V. Vaîi der Mensbrugglie (G.). — Présente un travail concernant les proprié- lés de la surface de contact d'un solide et d'un liquide, 52; rapport de MM. J. Plateau et Duprez, 272 ; impression, 341 ; présente un travail sur le problème des liquides superposés dans un tube capillaire, 447; rapport de MM. J. Plateau et Duprez, 669, 671; élu correspondant, 1097, Vreede {G.-W.). — Hommage d'ouvrage, 815. W. Wagener {Aug.). — Approbation royale de son élection de membre titu- laire, 34. Wap (Le D''). — Hommage de son livre intitulé Bilderdijk, etc. 36; note bibliographique sur cet ouvrage, 37. Wattier. — Présente une note concernant une théorie nouvelle pour l'étude de la nature, 53; rapports verbaux de MM. Montigny et Quetelet, 274. WaïUers [Alp.). — Commissaire pour un travail de M. Galesloot sur des antiquités romaines découvertes à Assche, 350; rapport, 579; commis- saire pour un travail de M. Génard sur Corneille Duplicius Scepperus, 350; rapport, 593; Henri III, duc de Brabant (suite), 351. TFheaslone [Ch.). — Annonce de sa mort, 446. Wiener (Ch.). — Lauréat du concours de gravure de la classe des beaux- arts, 240, 265; remercîments, 243. Willems- Fonds, à Gand. — Adresse le programme de concours pour une histoire de la PaciHcatioD de Gand, 350. TABLE DES MATIÈRES. Académie. — Airêlé royal modifiant le règlemenl d'ordre intérieur de la classe des beaux-arts, 39; motion de M. Alviu relative aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle, 666, 814, 893 ; décision de la Commission administrative relative au projet du monu- ment Quetelet, 666, 814, 894. Archéologie. — M. Galesloot présente un travail concernant des antiquités de l'époque romaine découvertes à Assche,5o0; rapports, 379, 385; impression, 394. Architecture. — M. Colt's demande à pouvoir exposer une découverte archéologique relative à l'art archilectoral, 619,895; rapport sur le projet copie du lauréat Dielliens (restauration du temple do Vesta,à Tivoli), 620. Arrêtés royaux. — Approbation de l'élection de M. Wagener comme membre titulaire, 34; prix quinquennal de lillérature flamande décerné à feu M. Bergmann (3"'« période) , 33; modilication au règlement d'ordre intérieur delà classe des beaux-arts, 39; rapport sur les arrêtés royaux réorganisant les grands concours de peinture, de sculpture . de gravure et d'architecture, 214, 229; projet d'arrêté concernant les copies exi- gées des lauréats (prix de Rome) ; 405. Astronomie. — Sur la parallaxe du soleil, par M. Liais, 3 ; rapports sur un nouvel instrument astronomique de M. Journeaux-Ouhamel, 60, 61 ; M. Terby présente deux notices concernant la planète Mars et l'ombre du 2me satellite de Jupiter, 271 ; rapports, 435. 454; impression, 549, 572; l'éclipsé de soleil du 29 septembre 1873, par M. Ern. Quetelet, 322. B. Beaux-arts. — Discours de M. Balat concernant le palais des beaux-aris de Bruxelles . 246. Bibliographie. — Note par M. Noiet de Brauwere van Steeland , sur un ouvrage de M. le D"" Wap concernant Bilderdijk, 37 : par M, Dewalque TABLE DKS MATIÈRES. 1123 au sujet de sa traduction d'un ouvrage de géologie, 51 ; par M. Le Roy sur les ouvrages philosophiques de M. cli Giovanni, 1-48. Billets cachetés. — Dépôl d'un pli cacheté par MM. Putzeys etSwaan, 898. Biographie. — M. Génard présente un travail concernant Corneille Du- plicius Scepperus, 350; rapports, 588, 59:2, 595; impression, 602. — Voir Jurisprudence. Botanique. — La structure et les procédés insecticides du Drosera rotun- DiFOLiA L. et du Drosera binata Labill.. par M. Edouard Morren, 6, 525; la théorie des plantes carnivores et irritables, par le même, 1040; M. Cogniaux présente une seconde rédaction de son travail concernant des cucurbitacées nouvelles , 52; seconds rapports sur ce travail, 273, 274. Voir Géologie et paléontologie. Bustes des académiciens décèdes. — Inauguration à Anvers de celui du baron Guslaf Wappers, 226. C. Caisse centrale des artistes. — Pension accordée ,241. Commission : Des paratonnerres. Chargée de l'examen d'une demande relative à l'établissement de paratonnerres sur l'hôpital Saint-Pierre, 50. — Pour i,a liste des objets d'art a reproduire par les lauréats des GRANDS CONCOURS. Mcmbrcs, 228; chargée de faire un rapport sur un projet d'arrêté concernant les copies exigées des lauréats, 406. — Pour LA publication d'une collection des grands écrivains du pays. Pré- sentation des tomes XXI et XXII des chroniques de Froissart, 35, 350. — Pour l'étude du projet du mo.nument Quetelet. Membres, 666, 814, 895. — Pour l'exameiv du projet copie du lauréat Dieltiens. Membres, 406; rapport, 020. — Royale d'histoire. Présentation du Livre des fiefs du comté de Looz, 349; du tome 1" de la chronique concernant la Bibliothèque nationale de Paris, 578. Concours de la classe des beaux-arts. — Terme fatal , 216; rapports sur le mémoire concernant la sculpture en Belgique , aux XVII^ et XVlJIe siècles, 252, 238, 264; rapports sur les concours de gravure et de sculpture, 240; proclamation des résultats, 264, 265,266 ; demande de renseignements concernant le mémoire relatif à la tapisserie de la haute-lice dans les Pays-Bas, 244; rapport verbal de M. Fétis sur cette demande, 408 ; programme pour 1876, 406, 620. Concours de la classe des lettres. — Programme pour 1877, 56. 1124 TABLE DES MATIÈRES. Concours de la classe des sciences. — Mémoires reçus en réponse à la question concernant le bassin houiller de la province de Liège, 53; rapports, 900, 949, 971 ; proclamation des résultats, 1097. Concours des cantates. — Modifications proposées au programme, 40; demande de M. le Ministre de l'Intérieur relative à ces modifications, 891. Concours (grands). Prix de Home : AncniTECTURE, gravure, peimure, SCULPTURE. Rapport sur les arrêtés royaux réorganisant ces concours , 214, 229; Commission chargée de dresser la liste des objets d'art à reproduire par les lauréats, 228; projet d'arrêté concernant les copies exigées des lauréats, 405. — Architecture. Lauréats de 1875,213, 214, 266; projet copie du lauréat Dielliens, 214, 243; Commission pour l'examen de ce projet, 406; rapport de celte Commission, 620; XII« rapport semestriel du lauréat précité, 226. — Composition musicale. Ajournement du jugement de 1875, 215. — Sculpture. VI« rapport du lauréat J. Cuypers , 226. Coîicours quinquennaux : Littérature flamande. Lauréat de la cin- quième période, 35. — Histoire nationale. Candidats pour le jury de la sixième période, 348, 578, 594. — Sciences morales et politiques. Candidats pour le jury de la cinquième période, 348, 578, 594. Concours triennaux de lillerature dramatique : Langue française. Mo- difications au programme , 577, 8 1 3 ; candidats pour le jury de la sixième période, 578, 594. — Langue flamande. Modifications au programme, 577, 813. Discours. — Discours de M. Balat concernant le palais des beaux-arts de Bruxelles, 246; de M. Brialmont sur les causes et les effets de l'accrois- sement successif des armées permanentes, 976. Dons. — Ouvrages par MM. : le Ministre de l'Intérieur, 2, 50, 147, 268, 349, 578; Chasles el Sch\vann,3; P.-J. Van Beneden, 3, 270,898: le Ministre de la Justice, 35, 349 ; baron Guillaume, Faider, 35; baron Kervyn , 35 , 350; di Giovanni, Wap, Noiet de Brauwere van Steeland, de Leva , 36; Hirn, 51,270; Morren,51, 447; Dewalque, 51; von Lasaulx,52, 667; Saltel, 52; Scheler, Delisle, Pet y de Thozée, d'Eichthal, 147: van Ele- wyck, 227; Du Mortier, Catalan, Heiinequin, van Rysselberghe, 270; Cornet, 270, 898; Juste, 350; Chalon, baron dé Koehne, 406; Gachard, Nypels, 578 ; Heremans, S. Bormans, Garcin de Tassy, Bernimolin, 579 ; Rivier, 579, 815; Delaborde, Génard, 893; le Ministre des Pays-Bas, TABLE DES MATIÈRES. H 25 666; Crépin, de Selys Longchamps, Calliburcès, Dove, Gatla, von Schla- gintweil, 667 ; Vreede, V« Bergmann, baron de Barghon Fort-Rion ,815; Briart, 898; — d'un méléorile par M. Hinrichs, 5:2; — de gravures par MM. Donaldson, 227; Raab, 893; — de médailles, par M. le Ministre derintérieur, 892. E. Élections et nominations. — Approbation royale de l'éleclionde M. Wa- gener comme membre lilulaire,34; membres délégués pour assister aux fêtes du 4» cenleDaire de Michel Ange, 228 ; Commission chargée de dresser la liste des objets d'art à reproduire par les lauréats des grands concours, ibid.; candidatures aux places vacantes : dans la classe des sciences, 547, 576; dans la classe des beaux-arts, 654, 896; Commis- sion pour l'examen du projet copie du lauréat Dieltiens, du grand con- cours d'architecture, 406 ; liste de candidats pour les jurys des concours quinquennaux et triennaux, 548, 578, 594; Commission pour Télude du projet du monument Quetelel, 666, 814, 894 ; M. Crépin, élu membre titulaire, MM. von Dechen, Clausius, Chevreul et Buys-Ballot, élus associés, MM. Van der Mensbrugghe et Gilkinet élus correspondants, 1097, 1098. Embryogénie. — De la maturation de l'œuf, de la fécondation et des premiers phénomènes embryonnaires chez les mammifères, d'après les observations faites chez le lapin, par M. Ed. Van Beneden, 686. Fêtes jubilaires. — Célébration du 50«' anniversaire de doctorat du prési- dent de la Société des naturalistes de Moscou, 2, 446; membres délégués pous assister au 4^ centenaire de Michel Ange, 228; compte-rendu des fêtes de ce centenaire, 244, 250 ; 200^ anniversaire de la découverte des infusoires par Leeuwenhoek, 268, 271. Géodésie. — M. le Directeur du Dépôt de la guerre présente un travail concernant la triangulation de la Belgique, 268. Géologie et paléontologie. — M. Gilkinet présente un travail concernant la flore fossile de l'étage du poudingue de Burnot, 4; rapports, 70, 71, 75; impression, 159; M. Dewalque lit une note relative aux noms Cambrien et Silurien, 51 ; rapports sur le travail de M. Crépin concer- H 26 TABLE DES MATIÈRES. nant la flore des psammiles du Condroz, 53, 35, 56 ; rapports sur une nouvelle édition de la carte géologique de la Belgique, 59, 274, 291, 308; décision prise sur les conclusions de ces rapports, 448; lettre du Déparlement de la guerre relative à ces conclusions, 898; M. Mourlon présente un travail sur l'étage dévonien des psammiles du Condroz dans le bassin de Theux, etc., 271 ; rapports, 673, 675, 676 ; impression, 761 ; des anonymes présentent un travail concernant les dépôts litto- raux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 447; rap- ports, 678, 680, 681 ; MM. de la Vallée-Poussin et Renard présentent la seconde partie de leur mémoire couronné concernant les roches pluto- niennes, 447 ; M. Mourlon présente un travail concernant les dépôts dévoniens, etc , 668; rapports sur les mémoires de concours concernant le bassin houiller de la province de Liège, 900, 949, 971. Gravure. — Lettre de M. Donaldson accompagnant l'hommage de deux gravures, 227; rapport sur le concours de gravure en médailles de la classe des beaux-arts, 239. U. Histoire. — Maximilien-Emmanuel de Bavière, comte de Namur, par M. St. Bormans, 166; Henri III, duc de Brabant (suite), par M. Wau- ters, 351 ; la diplomatie concernant les alTaires maritimes des Pays-Bas au XVI« siècle, par M. Piot, 404, 618, 817. Voir Biographie. Histoire liUéraire. — Fragment d'un poëme flamand inédit imilé de Li ROUMANS DE Bebte al's gra>s piÉs, par M. Piol, 155. Jurisprudence. — Jean de Drosay, l'un des réformateurs de la science du droit au XVl* siècle, 61 8. 868. M. Mathématiques pures et appliquées. — M. Houzeau présente les frag- ments II et Illjde son travail sur le calcul numérique, 4, 271 ; rapports, 62, 67, 70, 452; impression, 74, 455; M. Saltel présente deux notes con- tenant les surfaces à points multiples, 4; lecture des rapports, 5; im- pression des notes, 22, 27; lecture des rapports sur le travail de M. Havrez concernant des transcendantes, Q; M. Reinemund présente TABLE DES MATIÈHES. 1127 un travail concernanl les polygones réguliers el des séries higonomé- iriqups, 447; rapport, 071 ,073; impression, 801 ; MM. Namur ei Man- sion présenlenl un travail concernant des tables de logarithmes à douze décimales, 008. Météorologie et pkysique du globe. - Helalion de coups de foudre, par M.Devvalque, 13; sur la direction de l'aiguille aimantée à Bruxelles, en 1875, par M, Quetelet, 20; M. Perrey présente une note sur les tremble- ments de terre en 1872, 52; rapports, 448, 449, 452; M. Wallier pré- sente une note concernant une nouvelle théorie pour l'élude de la na- ture, 53; rapports verbaux, 274; M. Leclercq présente une note sur des orages qui ont éclaté en Belgique, 271 ; étoiles fdantes. Les Perséides en 1875, par M. Quetelet, 3î9; sur la période de froid du mois de décembre 1875, par le même, 758. Métrologie. — M. Rodenbach sollicite la restitution du manuscrit de son mémoire concernant les mesures de longueur de l'antiquité, 270. Monument J.B. J-d'Omalius d'Halloy. — Souscription ouverte par la Société géologique de Belgique, 2; nomination de M. P.-J. Van Beneden comme membre du comité d'exécution, ibid. Monument Quetelet. — Montant approximatif des souscriptions et nomi- nation de la Commission pour l'étude du projet de ce monument, 606, 814, 894. Musique. — Correspondance de Grétry avec Vitzthumb; notice par M. Ch. Piot, 408; particularités inédites concernant les œuvres musi- cales de Gossec et de Philidor, par le même, 024. W. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Barye, 39; de M. Van Rees, 207 : de M. Whealstone, 440. Notices biographiques pour l'Annuaire. — M. Le Roy donne lecture de sa notice sur Ad. Borgnet, 618; M. le chevalier de Burbure adresse son manuscrit de celle de M. Bosselet , 893. Ouvrages présentés. - Juillet, 40; août, 216; septembre-octobre, 456 ; novembre 055; décembre, 1098. ^^28 TABLE DES MATIÈKES. Peinture. — Demande de M. Baner relative au mémoire concernanl la ta- pisserie de haute-lice aux Pays-Bas, 244; rapport verbal sur cette demande, 408. Phénomènes périodiques — Documents présentés par MM. Cavalier, 2, 5i, 270, 446, 898; Duprez, 51 ; Bernardin, 446. Physique. — Observations présentées par M. Gloesener et relatives au méléorographe universel de M. Van Rysselberghe, 21 ; mêmes observa- tions présentées par M. Liagre,317; demande relative à l'établissement de paratonnerres sur Thôpital S^-Pierre, 30; M Van der Mensbrugghe présente un travail sur les propriétés de la surface de contact d'un so- lide et d'un liquide, 52; rapport, 272; impression, 341 ; M. Codron pré- sente une note sur un aérostat à voiles, 52; rapport verbal, 274; M. Vander Mensbrugghe présente un travail sur le problème des liquides superposés dans un tube capillaire, 447 ; rapport, 669, 671 ; M. De Heen présente un travail concernant la fusion et la dilatation des mé- taux, 668; M. De Tilly présente un travail concernant la théorie méca- nique de la chaleur, 668, 899. Voir Météorologie. Prix du baron de Saint-Génois. — Question pour la ]^' période décen- nale, 816. Publications académiques. — Demande d'échange, 50, 269, 350, 446. R. Hapports. — Lecture des rapports : 1" sur un travail de M. Havrez con- cernanl des TRANSCENDANTES ; 2» sur dcux notices de M. Sallel concer- nant les surfaces à points multiples, 5; rapports : sur le travail de M. Crépin concernant la flore des psammites du Condroz, 55, 55, 56; sur une nouvelle édition de la carte géologique de la Belgique, 59, 274, 291,308 ; décision prise sur les conclusions de ces derniers rapports, 448; lettre du Département de la guerre relative à ces conclusions, 898; rapports : sur un nouvel instrument astronomique de M. Journeaux- Duhamel, 60, 61 ; sur les fragments II et III du travail de M. Houzeau concernant le calcul numérique, 62, 67, 70, 452 ; sur un travail de M. Gilkinet concernanl la flore fossile de l'étage du poudingue de Burnot, 70, 71, 73; sur les arrêtés royaux réorganisant les grands con- cours de peinture, de sculpture, de gravure et d'architecture, 214, 229; sur le mémoire de concours de la classe des beaux-arts concernanl TADLE DES MATIÈRES. 1129 rhistoire de la sculpture aux Pays-Bas pendant les XYII» et XVIII" siècles et sur les concours de gravure et de sculpture de la même classe, 25:2, :238, 259, 240; rapport sur un travail de M. G. Van der Mensbrugghe concernant les propriétés de la surface de contact d'un soiid»' et d'un liquide, 272; seconds rapports sur un travail de M. Co- ynianx concernant des cucurbilacées nouvelles, 273, 274; rapports vtMbaux : 1" sur une nouvelle théorie pour l'étude de la nature de M. Watlier,274;2o sur un système aérostatique de M, Codron,ibid.; rap- ports sur une note de M. Perrey concernant les tremblements de terre en 1872, 4-48, 449, 452; sur deux notices de M. Terby concernant la planète Mars et l'ombre du 2* sattellite de Jupiter, 453, 454; sur le travail de M Galesloot concernant des antiquités de l'époque romaine découvertes à Assclie, 579, 585; sur le travail de M. Génard concernant Corneille Duplicius Scepperus, 588, 592, 593; rapport de la Commission chargée d'examiner le projet copie du lauréat Dielliens, du grand concours d'architecture, 620; rapports sur un travail de M. Mou ri on concernant l'étage dévonien des psammites du Condroz dans le bassin de Theux, elc , G73, 675, 676; sur le travail anonyme concernant les dépôts littoraux de l'assise panisélienne dans les environs de Bruxelles, 678, 680, 681 ; sur la note de M. G. Van der Mensbrugghe concernant le problème de deux liquides superposés dans un tube capillaire, 669, 671 ; sur le travail de M. Beinemund concernant les polygones réguliers et des séries trigonométriques, 671, 673; sur la note de M. Dubois concernant des oiseaux nouveaux, 684; sur les mémoires de concours de la classe des sciences concernant le bassin houiiler de la province de Liège, 900, 949,971. S. Sciences morales et politiques.-- Des causeset des effets de l'accroissement successif des armées permanentes, par M. le général Brialmont, 976. Sculpture. — Bapports sur le mémoire de concours concernant l'histoire de la sculpture aux Pays-Bas pendaut le XVIl" etXVIlI* siècles, 232, 238, 264; rapports sur les bas-reliefs du concours de la classe des beaux-arts représentant V Horticulture. 240; souvenir du iv^ centenaire de Michel Ange, 244, 2o0. Z. Zoologie. — M. F. Plateau présente un travail concernant les phénomènes delà digestion, etc., chez les Myriapodes de la Belgique, 271 ; M. Fœt- linger présente un travail sur l'épiderme des cyclostomes, ibid. ; les 2"*^ SÉRIE, TOME XL. 72 1450 TABLE DES 5IATIÊRES. Pacbyacanthus du musée de Vienne, par M. P.-J. Van Beneden, 525; les ossements fossiles du genre Aulocète au musée de Linz, par le même, 356; le squelette de la Baleine fossile du Musée de Milan, par le même, 756 ; M. Dubois présente un travail concernant quelques oiseaux nouveaux, 447; rapport de M. deSelys Longchamps, 684; impression, 797. Voir Embryogénie. TABLE DES PLANCHES. Page 12. Drosera rotundifolia. L. — 144. Plantes fossiles de l'étage du poudingue de Burnot. — 554. Drosera binata. Labill. — 565. Planète Mars (opposition de 1875). — 758. Squelette de la Baleine fossile du Musée de Milan. — 796. Sur l'étage dévonien des psammites du Condroz dans le bassin de Theux , dans le bassin septentrional (entre Aix-la-Chapelle et Ath) et dans le Boulonnais. ERRATA. Page 22, au lieu de : M. Gloesener 18 dernier, lisez : 18 juin dernier — 52, 4« §, au lieu de : la météorite, lisez : du météorite qu'il a offert. — 147, au lieu de : M. Aug. Scheler présente à titre dommage, lisez : d'kom- mage. Page 214, § 2, au lieu de : Dieltjens , lisez : Dieltiens. — 243, § ^,idem. — 244, § 1 , au lieu de •• Banner, lisez : Baner. — 578, § 2, au lieu de: cinquième période du concours triennal de littéra- ture dramatique française, lisez : sixième. 093 256 840 ■^. WW"^ s r:- j|«ti3MflRu ll#t ^??^'^-^:'^ f^ *^- ■ V .B^ '■t^ /;..:.. ^ r ^Vfe^' ^m.