-'^^m 4. i^ibrarg ai i\t gïusntm OP COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAIBRIDGE, MASS. ifounïicTï ï)5 prfbate suûscrfptfon, fn 1861. ' No. lU ' ^^'^ n BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS UE BELGIQUE BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIEÎVCES, DES LETTRES ET DES liEAUX-ARTS DE BELGIQUE. QUARANTE-CINQUIÈME ANNÉE. — 2"'^ SÉR., T. XLI. # BRUXELLES, F. HAYEZ, LMPRIMEUU DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1876 H BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAl'X-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — N° 1. Cî.ASSE ÏÎES SCIEl^CES. Séance du 8 janvier 1876. M. A. Brialmont, directeur et président de rAcadémie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck , P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longcliamps, Gluge, IL Nysl, F. Duprez, G. Dewalque, Ernest Quetelet, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Morren , Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Plateau, F. Crépin, membres; Th. Schwann, Eug. Gatalan , Aug. Bellynck, associés; Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- brugghe , correspondants. 2'"'^ SÉRIE, TOME LXI. 1 (2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur informe que, par arrêté royal du 14 décembre dernier, dont il transmet une expé- dition, le Roi a nommé président de l'Académie, pour 1876, M. Charles Faider, directeur de la classe des lettres pour la même année. — M. le Ministre adresse une expédition de l'arrêté royal du 51 décembre dernier approuvant l'élection de M. F. Crépin en qualité de membre titulaire de la classe. — Le même haut fonctionnaire communique une noie de M. le capitaine d'état-major Hennequin par laquelle cet officier s'engage à réaliser le vœu émis par l'Académie de faire un nouveau tirage des cartes géologiques de Dumont. — Renvoi à MM. Devvalque, Briart et Cornet, chargés d'examiner tout ce qui concerne la question de la carte géologique du pays. — Il fait parvenir pour la bibliothèque de l'Académie , au nom de son honorable collègue, M. Malou, Ministre des Finances , un exemplaire de l'édition nouvelle des Sphères terrestre et céleste de Mercator, de Rupelmonde, éditées à Louvain en 1541 et 1551. Cet exemplaire est a«cSmpagné d'une notice explicative du D' J. Van Raemdonck. — Re- mercîments. — Le conseil général d'administration des hospices et secours de la ville de Bruxelles désire connaître la suite (5 ) qui a été donnée à sa demande relative au meilleur sys- tème de paratonnerres à établir sur les bâtiments de l'hô- pital Saint-Pierre. — Renvoi pour rappel à la Commission des paratonnerres. — MM. F. Crépin, G. Van der Mensbrugghe, Alfred Gilkinet, Rodolphe Clausius, Henri von Dechen et Buys- Ballot remercient la classe pour leur élection de membre, de correspondants et d'associés. — M. J. Roulez adresse les projets d'inscription pour les médailles d'argent décernées, lors du dernier con- cours, à MM. Julien de Macar et Renier Malherbe, de Liège. — Renvoi à MM. Dewalque, Briart et Cornet, commissaires pour les mémoires couronnés de ces au- teurs. — M. le secrétaire perpétuel présente le 3'' fascicule du tome XXVI de la collection in-8" des Mémoires couronnés et autres Mémoires de l'Académie, qui vient de paraître. Ce fascicule renferme le travail de M. J. Delbœuf intitulé : Théorie générale de la sensibilité. — M. Edouard Van Beneden fait hommage d'un exem- plaire de son travail récemment imprimé dans les Bulletins sous ce titre : De la maturation de Vœuf, etc. Communica- tion préliminaire. ln-8°. — Remercîments. — L'Observatoire de Leide remercie pour le dernier en- voi annuel des Bulletins et de l'Annuaire. — La classe accède au désir que lui fait exprimei* M. J. De Tilly, de pouvoir retirer sa note Sur le second principe de la théorie mécanique de la chaleur, envoyée à l'examen de MM. Folie et Catalan. — M. C. Ramsay, associé de la classe et directeur gé- néral du Comité géologique de la Grande-Bretagne, fait hommage des derniers volumes publiés par ce Comité sous sa direction, il demande, en même temps, que la Biblio- thèque du musée de géologie pratique de Londres reçoive les publications académiques. — La Société d'agriculture, de sciences et d'art de Douai, l'Académie royale des sciences de Turin, la Société royale des sciences d'Upsal , l'institut des ingénieurs de Londres, le Comité géologique du Canada et la Bibliothèque de l'État de New-Yorlv, à Albany, envoient leurs derniers travaux. — L'Académie royale de médecine de Belgique adresse un exemplaire du programme des questions mises au con- cours (années 1875 à 1878). — M. D. Leclercq, directeur honoraire de l'école indus- trielle de Liège, fait parvenir le résumé de ses observa- tions météorologiques faites en 1875 dans cette ville. M. J. Cavalier adresse son résumé météorologique pour Ostende pendant le mois de décembre 1875. — La classe renvoie à l'examen de MM. Éd. Van Bene- den,Schvvann et Van Bambeke le mémoire de M. H. Le- boucq, de Gand, intitulé : Recherches sur le développement et la terminaison des nerfs chez les larves de batraciens. ÉLECTIONS. La classe procède à l'élection de son directeur pour 1877. Lessutïrages se portent sur M. Henri Maus. i\l. Brialmont, directeur sortant, exprime à ses con- frères ses remercînients au sujet du concours qui lui a été apporté pendant le courant de l'année écoulée et qui lui a rendu, dit-il, sa tâche de directeur si facile et si agréable. 11 prie ensuite M. Maus de vouloir bien occuper le fauteuil en l'absence du directeur pour l'année actuelle, M. Gloe- sener, retenu chez lui pour niotifs de santé. M. JMaus remercie ses confrères de l'honneur qu'ils viennent de lui faire en l'appelant à diriger les travaux de la classe. 11 propose de voter des remercîments à M. Brial- mont, tant pour la manière dont il s'est acquitté de son mandat, que pour le remarquable discours qu'il a prononcé dans la séance publique du 16 du njois de décembre dernier. Les acclamations de la classe ont accueilli cette motion. RAPPORTS. MM. Edouard Van Beneden et Th. Schwann donnent lecture de leur rapport sur le travail de M. Félix Plateau intitulé : Recherches sin^ les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique. Conformément aux conclusions des rapports de ses com- missaires, la classe décide l'impression de ce travail dans ( « ) Je recueil in-4° des Mémoires des membres. Elle a , en même temps, voté des lemercîments à l'auteur pour son intéressante communication. Recherches sur la structure de V épidémie des Cyclostomes ; par M. Fœttinger. Rapita»*t de .f#. C'h. Van Batttbehc. « L'épiderme des Cyclostomes a été l'objet de recher- ches de la part de plusieurs histologistes : R. Leuckart, Kôlliker, Max Schuitze, Heinrich Mûller, Franz Eilhard Schuize, Langerhans s'en sont successivement occupés. M. Fœttinger, dans le travail soumis à notre appréciation, a fait de cetépiderme une étude plus approfondie; il a pu relever ainsi plusieurs erreurs commises par ses devan- ciers et il est en outre arrivé à quelques résultats entière- ment nouveaux. M. Fœttinger a utilisé, pour ses recher- ches, le Petromyzon fluviatilis, le Petromyzon Planeri et l'Ammocète. W a étudié les cellules en place sur des coupes transversales ou parallèles de l'épiderme, et les cellules dissociées après macération de l'organe dans la liqueur de Mûller ou l'accool | de Ranvier. L'auteur, après avoir donné une idée générale de la structure de l'épiderme examiné sur les coupes transver- sales, passe successivement en revue les cinq sortes d'élé- ments que cet épiderme renferme, savoir : Les cellules épidermiques ordinaires ; Les cellules caliciformes; Les cellules en massue; (7 ) Les cellules granuleuses; Enfin les cellules qu'il appelle gustatives. En ce qui concerne \escellules épidermiques ordinaires, il décrit minutieusement les transformations qu'éprouvent ces cellules en allant du derme vers la superficie; dans celles des couches inférieure et moyenne, il a pu constater des traces non équivoques de multiplication : noyaux à deux nucléoles, noyaux étranglés, cellules binucléées. Ra- rement il a observé des piquants à la surface cellulaire et jamais il ne les a vus sur des éléments isolés. Il a vaine- ment cherché, sur le plateau canaliculé qui borde extérieu- rement les cellules les plus superficielles, les gros cils immo- biles signalés par Langerhans chez le Petromyzon Planeri et qui, d'après cet anatomiste, prendraient naissance dans l'épaisseur même du plateau par une racine un peu ren- flée. Enfin il n'a jamais rencontré les petites cellules rondes que Langerhans regarde comme les homologues des chromatophores de la larve de la Salamandre, ni par conséquent aussi les échancrures de cellules épidermiques destinées à loger ces cellules rondes. Quant aux cellules caliciformes, l'auteur avoue lui-même qu'il reste peu de chose à en dire après les belles recher- ches faites de celte variété de cellules par Franz Eilhard Schulze. 11 croit que, contrairement aux cellules épider- miques ordinaires, les cellules caliciformessont pourvues d'une membrane, sans pouvoir affirmer si elle existe sur le prolongement inférieur de l'élément. Les cellules en massue, ainsi désignées pour la première fois par Max Schultze ont été étudiées par iM. Fœttinger avec un soin tout spécial et à toutes les phases de leur développement. Il est arrivé à ce résultat que ces singu- (8) liers éléments ne sont ni des cellules muqueuses comme le voulait Kôlliker, ni des masses de nature musculaire comme le supposait M.Scliultze,ni enfin des glandes séba- cées recouvertes d'une paroi musculaire comme Fr. Eil- hard Schulze l'a avancé. « Les massues, dit l'auteur, sont probablemement constituées d'une membrane d'enveloppe et d'un contenu qui se colore en jaune par le picrocarmi- nate d'ammoniaque. Ce contenu paraît être formé d'une série de lamelles emboîtées les unes dans les autres, d'oii l'aspect que présentent les sections de ces organes perpen- diculairement à leur axe longitudinal et les deux systèmes de striation que l'on observe dans le corps et dans, le col de ces massues. » L'auteur a 'toujours trouvé deux noyaux dans ces cellules chez le Petromyzon fluviatalis et le P. Planerl, parfois un noyau seulement chez l'Ammocète; et il a soin d'ajouter que c'était dans des phases excessive- ment jeunes. M. Fœtlinger, qui considère les massues comme formées aux dépens de cellules particulières si- tuées immédiatement an-dessus du derme, nous montre ensuite les modifications qu'elles éprouvent en grandis- sant, leur déplacement et leur progression vers les couches épidermiques supérieures, enfin leur sortie de l'épiderme à la surface duquel elles vont s'étaler. Peut-être les noyaux disparaissent- ils avant que la massue soit arrivée à ce point; quoi qu'il en soit, elle laisse, comme trace de son passage, un tissu aréolaire qui remplit le vide laissé par le contenu. En résumé, ce seraient des éléments glandulaires possédant une structure particulière et différant surtout des autres glandes par leur mode de sécrétion , ici le pro- duit sécrété et excrété correspondant à la glande même. M. Fœttinger cherche aussi à expliquer le mode d'expul- sion de la massue; puis il signale les différences dans le nombre et la forme de ces organes suivant les espèces et les diverses régions du corps; contrairement à l'opinion de H. Millier, c'est chez l'Ammocète qu'il a trouvé les formes les moins avancées. Cellules granuleuses. Elles ont déjà été étudiées par Kôlliker qui se trompe sur leur position, par M. Schullze, H. Mùller, Franz Eilhard Schulze et Langerhans. •f'ranz Eilhard Schulze en donne la description la plus détaillée, mais fautive sur plusieurs rapports. Ce sont des cellules for- mées d'un corps et de prolongements. ïl importait surtout de savoir si, comme le dit Fr. E. Schulze, les prolon- gements de la cellule vont aboutir à une formation com- parée par cet anatomiste à une tête de compas (Zirkelkopf- dfinlichen Gebilde). M. Fœttingcr nous semble avoir clairement démontré qu'une telle disposition n'existe pas et qu'il s'agit tout simplement d'une illusion d'optique, résultat elle-même de certaines positions, dans le champ du microscope, de la cellule et de ses prolongements. Les prolongements, dont l'aspect et des dimensions varient assez sensiblement suivant les réactifs employés, se diri- gent vers le derme, se mettent en rapport avec lui et se terminent très-probablement, à ce niveau, par une petite base élargie. D'après M. Fœttinger, les cellules granu- leuses doivent être considérées comme des cellules épider- miques modifiées, transformées; à mesure de leur dévelop- pement, elles s'élèvent dans l'épiderme tout en restant en contact avec le derme et arrivent dans les couches supé- rieures où elles remplissent une fonction complètement indéterminée. Nous croyons qu'il eût été utile de recourir à quelques autres réactifs que ceux employés par l'au- ( <0) teur, notamment à l'acide osmique et au chlorure d'or pour débrouiller la vraie signification des cellules granu- leuses. Enfin M. Fœtlinger a constamment rencontré, dans les préparations de l'épiderme par dissociation (le revêtement de la cornée transparente excepté) des éléments identiques aux cellules gustatives des animaux supérieurs et qu'il n'hésite pas à appeler du même nom. Peut-être ces cel- lules correspondent-elles à celles décrites par Langerhans chez le Pretromyzon Planeri; mais les cils qui, d'après cet anatomiste, surmontent leur extrémité libre n'ont pas été vus par M. Fœttinger. Pour justifier l'interprétation qu'il donne de ces cellules, l'auteur entre dans quelques consi- dérations basées sur la physiologie et le développement phylogénique. Toutefois ces considérations très-ingénieuses et dont nous reconnaissons la valeur ne nous ont pas en- tièrement convaincu. En effet, si les cellules trouvées chez les Cyclostomes ressemblent entièrement aux cellules gus- talives des animaux supérieurs, elles ne diffèrent non plus essentiellement des cellules olfactives des mammifères et de l'homme où, d'après la plupart des auteurs, leur extré- mité périphérique est dépourvue de cils; d'autre part, elles sont bien les homologues des cellules décrites récemment par Langerhans (I) dans l'épiderme de VAmphioxus où leur extrémité libre est surmontée d'un cil flagelliforme; or, ces cellules, que Langerhans considère comme tactiles, ressemblent à leur tour aux cellules que l'on trouve sur la crête acoustique. En un mot, la plupart des cellules qui (1) Archivf. mikrosk. Anal., Bd. XII. Heft. 2, S. -290, Taf. XII-XV. ( n ) terminent les nerfs sensoriels sont bâties sur le même plan, c'est-à-dire qu'elles se composent d'un corps cellulaire et de deux prolongements partant de deux pôles opposés de l'élément, le prolongement externe étant plus épais que le central. La présence ou l'absence de cils à l'extrémité libre du prolongement externe, très-variables d'après les espèces animales, ne suffisent pas pour affirmer que l'on a sous les yeux une cellule guslative, plutôt qu'une cellule olfactive, acoustique ou même tactile. Comme corollaire de la description de l'épiderme, M. Fœttinger donne quelques observations sur des cellules qu'il considère comme éléments terminaux des nerfs olfac- tifs, il ne trouve, chez les Lamproies, qu'une seule espèce de cellules olfactives, ce qui lui semble confirmer la ma- nière de voir d'Exner, d'après laquelle les deux variétés de cellules admises par iMax Schullze, dans la muqueuse olfactive des vertébrés supérieurs, sont reliées par des formes intermédiaires. Nous terminons ici l'analyse du travail de M. Fœttinger. Ce travail, considéré dans son ensemble, est très-méritant; l'auteur y donne des preuves d'un excellent esprit d'obser- vation; les faits observés sont exposés avec méthode, clarté et précision; les trois planches qui accompagnent le texte sont bien dessinées. Nous vous proposons. Messieurs : 1** De voter des romercîments à l'auteur, en l'engageant à poursuivre des recherches si bien commencées; S'' D'imprimer son travail dans vos publications. 11 nous reste encore un devoir à remplir, c'est de vous proposer de voter aussi des remercîments à M. le profes- seur Éd. Van Beneden. Les recherches consignées dans le r 12 ) mémoire de M. Fœtlinger ont été faites sous sa direction, au laboratoire d'anatomie comparée de l'Université de Liège. Ce mémoire, le troisième provenant de la même source, nous fournit une nouvelle preuve de la forte im- pulsion que notre savant collègue a su imprimer aux études pratiques qui ressortissant à son enseignement » Mitif>s*^»'t fie fl. SoIiWTtttii. « Le travail de iM. Fœtlinger est un nouveau fruit de la pépinière fertile que notre cher collègue M. Éd. Van Beneden à fondé à notie Université, il fait honneur à son auteur dont il prouve la dextérité des manipulations, l'es- prit d'observation et la faculté d'interpréter les faits ob- servés. Dans un sujet, qui esta l'ordre du jour, traité déjà par plusieurs auteurs, il a trouvé encore occasion de rectifier des erreurs et de signaler de nouveaux points. Le rapport détaillé de M. Van Bambeke les relate et je ne puis que me rallier à ses conclusions de voter des remer- cîments à son auteur et d'imprimer le mémoire dans le Bulletin de l'Académie. Je m'associe aussi très-volontiers à la proposition de M. Van Bambeke d'adresser des félici- tations à 11. Éd. Van Beneden pour les succès que ses élèves obtiennent à son école. » La classe applaudit à ces dernières paroles et elle dé- cide, en présence du rapport également favorable de M. Schwann, que le travail de M. Fœttinger sera imprimé dans les Bulletins. ir, ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. A propos de la carte géologique détaillée de la Belgique; par G. Dewalqiie, membre de l'Académie. A l'occasion de ma proposition de faire procéder à l'exé- cution d'une nouvelle carte géologique de la Belgique, à grande échelle, mon honorable confrère, M. E. Dupont, a présenté à la classe des sciences un rapport dans lequel il cherche à montrer que cette publication est inopportune. Pour cela, il fait l'histoire de la géologie de notre pays depuis la mort de Dumont et il croit y avoir rencontré des motifs sullisants pour me reprocher mon inertie, mon inintelligence des besoins de la science, voire même pour jeter des doutes sur les sentiments qui m'inspirent. Lorsque la classe a discuté cette affaire, au mois de novembre dernier , j'ai fait remarquer que tous ces reproches, fussent-ils fondés, sont étrangers à la ques- tion de savoir si la publication d'une carte géologique dé- taillée est chose utile et désirable, et je me suis réservé d'y répondre lorsque l'Académie serait appelée à se pronon- cer sur le mode d'exécution. En présence des imputations dont elle a entendu la lecture, je dois des explications aux honorables confrères au milieu de qui j'ai l'honneur de siéger , et dans l'estime desquels ce rapport pourrait compromettre jusqu'à mon caractère. Heureusement pour moi, ils savent quel appui j'ai prêté à mon jeune con- frère au début de sa carrière, et ils peuvent dire si j'ai jamais manqué aux égards auxquels il avait droit. Je vais ( H. ) réduire à leur juste valeur ces attaques, notoirement trop intéressées pour être équitables. Je dois cette défense à la savante compagnie qui m'a donné, de son estime, des preuves réitérées dont le souvenir m'est plus précieux que jamais; j'ai besoin de le faire pour le gouvernement et pour le public, qui sont moins bien informés. Selon le rapport du savant directeur du Musée royal d'histoire naturelle de la capitale, je n'ai rien su prévoir, rien su mener à bonne tin. Ainsi, j'ai laissé les cartes de Dumont s'épuiser, sans faire procéder à de nouveaux tirages. Je pourrais me borner à répondre que l'initiative à cet égard pouvait partir du Gouvernement, qui, dépositaire des cartes et des pierres gravées, recevait les demandes du commerce et a dû connaître la situation longtemps avant que la rumeur publique me l'eût apprise. Mais j'ajou- terai qu'on ne pouvait guère ignorer la détérioration des pierres, et que l'utilité d'un nouveau tirage , fait dans ces conditions, pouvait paraître fort problématique. Ce reproche est surtout accentué pour la Carte géolo- gique de la Belgique et des contrées voisines, au Ysoo.ooo : il a fallu l'intervention de M. le capitaine Hennequin pour faire procéder à un nouveau tirage. Je puis répondre que j'ai pris l'initiative de CL^tte mesure, il n'y a pas moins de sept ans, et je dois faire connaître pourquoi je n'ai pas abouti. Ignorant si la pierre qui avait servi à la publication de cette carte était la propriété de Dumont ou celle de l'État, je m'adressai, le 1" février 1869, à la veuve de l'éminent géologue pour l'informer de mon projet et lui demander si elle n'y trouverait pas d'inconvénients , et , notamment, si elle n'avait pas l'intention de faire faire un nouveau ( ^^^ ) tirage. Le iO avril suivant, M"^ Dumont nie répondit par un refus, et elle ajoutait : « le devoir de la veuve et des » enfants d'André Dumont est de faire procéder à un X) nouveau tirage de la carte qui porte son nom. Vous » comprendrez qu'il est des circonstances qui ont leur » règle de conduite et ne permettent pas qu'on s'en » écarte. » Dans l'intervalle, j'avais pris des renseignements, et une note qui me fut transmise par l'administration m'ap- prenait que celte carte avait été exécutée aux frais de l'État et que Dumont avait été indemnisé de ses travaux. Le Gouvernement était donc propriétaire de la pierre. Mais la note ajoutait que « la famille Dumont s'est » vivement émue en apprenant q\ïnn auteur désirait » obtenir la pierre pour y introduire divers détails géolo- » giques et la publier sous un nouveau titre. Elle proteste B énergiquement contre les prétentions attribuées à Vau- » tetir en question. Elle demande instamment au Ministre » de ne point les accueillir. « La carte, dit-elle, est un » véritable chef-d'œuvre et un monument national : y » toucher et la publier sons un nom quelconque, ce serait » commettre une spoHalion et porter atteinte à la gloire » de son auteur. » La lettre qui me transmettait cette note, s'exprimait ainsi : « A la rigueur, l'État peut faire ce qu'il trouve » bon; mais vous verrez le sentiment qui a été manifesté » à ce sujet par la famille : peut-on ne pas en tenir » compte? Et si le Gouvernement est en mesure d'invo- » quer des motifs légitimes pour passer outre, est-il » possible que, de votre côté, vous en fassiez de même? » Je dois vous laisser la complète appréciation de ce coté ]) de la question. » ( »«'• ) On comprendra sans doute, après cela, que j'aie re- noncé à mon projet. Bientôt cependant je l'ai repris sous une autre forme, et j'ai exécuté une carte au Vsoo.ooo, qui a été exposée manuscrite à Vienne, en 1875. La légende, comme l'échelle, est plus détaillée que celle de Dumont. Pour diminuer les frais de l'impression en couleurs, j'avais adopté une seule teinte pour un même système, sauf à distinguer les étages par des hachures en noir. La plus grande partie de ce travail de hachures fut exécutée d'une manière très-satisfaisante; mais le reste (par suite de circonstances qu'il est inutile de rapporter), ne fut pas aussi hien gravé; ce qui, joint à d'autres motifs, par exemple, l'orientation de la carte, me détermina à renon- cer à tout ce travail. Depuis lors j'ai recommencé, comme je l'ai pu, sans des- sinateur en titre, une nouvelle carte sans hachures. Le dépôt de la guerre a bien voulu me fournir une épreuve de la carte de Dumont, et je me suis servi de cette épreuve pour obtenir un agrandissement photographique au V^oo,ooo sur lequel j'ai fait les modifications nécessaires et qui a été réduit au Vsoo.ooo J'espère que cette carte , entreprise uni- quement pour faciliter aux nombreux élèves de nos écoles des mines l'étude de la géologie de notre pays, pourra paraître prochainement et à des conditions avantageuses. Ce point vidé, j'en aborde un deuxième, et je laisse d'abord parler mon honorable confrère. « Lorsque le Gouvernement eut connaissance, en 1861, » des riches découvertes qu'on faisait à Anvers dans les j> travaux de la nouvelle enceinte et des forts, il désigna, » sur l'avis de l'Académie, notre honorable confrère pour » dresser la carte géologique des environs d'Anvers. Qua- ( il ) » lorze années se sont écoulées depuis lors; le savant y> géologue a joui d'avantages exceptionnels puisque des » coupes de plusieurs kilomètres furent mises au jour et » cependant il n'a pas encore publié cette cane qui com- » prenait une surface de quelques lieues. » Si les travaux d'Anvers ont été d'une grande utilité pour nous faire connaître la constitution du sol aux envi- rons de cette ville et surtout ses fossiles, ils ne pouvaient nous fournir que peu de matériaux pour la carte géolo- gique de ces environs. En somme, nous avons appris que la limite entre le système diestien et le scaldisien passe entre le fort 2 et le fort 5, et par un point de l'enceinte, entre Borgerhout et Deurne. Je n'ai pas cru ces résultats suffisants pour entraîner l'exécution d'une carte nouvelle, surtout à grande échelle, et depuis de longues années j'ai motivé mon opinion à cet égard auprès du Gouvernement. D'ailleurs les indications des limites approximatives entre les deux systèmes ont été publiées, et elles sont figurées sur la carte exposée à Vienne et sur celle qui est en voie d'exécution. L'exemple qui précède était destiné à montrer que l'on ne peut guère songer à entreprendre une carte géologique détaillée, dont l'exécution demanderait une quarantaine d'années. L'auteur du i apport, pour confirmer sa conclu- sion, ajoute un autre exemple qui lui est personnel. « De » mon coté, ajoute-t-il, j'ai levé une carte détaillée des » environs de Dinant, sur une superficie d'environ 350 kl- » lomètres carrés, et ce travail, que l'Académie a bien » voulu accueillir dans ses Bnlletins, a réclamé trois ans » pour son exécution. » A ce compte, la carte détaillée de la Belgique deman- 2°"^ SÉRIE, TOME XLI. 2 ( 18 ) (lerak plus de 84 ans. Deux circonstances pourtant nous rassurent : la première, c'est que d'autres régions seront plus faciles à traiter; la seconde, c'est que les trois années que l'auteur a consacrées à ce travail, il les a également employées à d'autres travaux. La carte dont il s'agit a été présentée ici dans la séance d'octobre 1864 : au commen- cement de ces trois années, M. Dupont étudiait à Louvain le doctorat en sciences naturelles; en août 1865, il subis- sait l'examen de docteur; un mois plus tard, il exposait ses idées sur le calcaire carbonifère à la session extraordinaire de la Société géologique de France, et s'il y a été question de carte, c'est pour lui faire comprendre la nécessité d'un tracé susceptible d'être véritié à loisir. Six mois plus tard, il était cbargé de l'étude des cavernes. J'arrive enlin au reproche le plus grave articulé contre moi, celui de ne pas avoir publié les notes de Dumont. Pour qu'on puisse en apprécier la portée, je copie en- core le rapport. « Dumont avait laissé des notes nombreuses : aucune » ne fut publiée. Il avait laissé notamment, — • je le sais » de source certaine, — un mémoire presque achevé, con- » tenant la description de notre terrain tertiaire; ce mé- » moire est resté inconnu. Loin de voir reprendre la » suite de cette œuvre, loin de voir ce que l'honneur du » pays et l'intérêtde la science exigeaient impérieusement, » l'exhumation des riches et importants documents que ^ Dumont abandonnait, nous l'avons vu oublier et oublier » au point que ses cartes se sont successivement épui- B sées sans qu'il fut même pourvu à de nouveaux tirages... » Je n'ai pas à rechercher ici sur qui retombe cette respon- » sabilité non plus qu'à m'assurer si cette situation dé- ( '9 ) » coule (l'un point de vue systématique ou de l'ordre » ménne des choses. » Et plus loin, il ajoute : « que man- D que-l-il donc de réellement important à cette carte? C'est j> son texte descriptif, commencé par Dumont, pour la » confection duquel il a réuni de grandes collections et de » nombreuses notes. Le Traité de géologie de M. d'Oma- » lius, qui eut en quinze ans trois éditions, le Prodrome » d'une description géologique de la Belgique de M. De- » walque, l'article étendu publié par iM. Mourlon dans » Patria belgica, n'ont pu, malgré leur mérite, y suppléer. » Des provinces entières, les deux Flandres notamment, » n'ont pas encore été décrites. Plusicuis étages impor- » tants nous sont encore presque inconnus. » Combien ne devons-nous pas déplorer que ce texte » descriptif ne soit pas encore exécuté, quand tout sem- I) blait réuni pour en dicter impérieusement le devoir et » en faciliter l'achèvemenl. » On sait que le Gouvernement m'a fait l'honneur de \mi charger, il y a une quinzaine d'années, de tirer parti des notes de Dumont pour un texte explicatif de la carte géo- logique de la Belgique. Il est vrai (|ue ce texte, tel que M. Dupont le compiend , n'a point paru, mais il est tout aussi vrai que j'ai fourni un texte explicatif de la carte géologique. 11 serait certes bien utile d'avoir la description géolo- gique de la Belgique, complète et terminée; nuiisqui ne voit que ce travail ne sera possible que lorsque nos diverses formations nous auront révélé le dernier de leurs secrets? et que cette description est bien autre chose que le texte explicatif de la carte de Dumont! Quel est donc le pays qui possède, non une description pareille, mais seulement la réunion méthodique, en une série de volumes, de tout ce ( -0 ) qu'on sail à l'heure qu'il est sur sa conslitulion géologique ? Où voit-on les géologues isolés ou les institutions officielles délaisser les observations sur le terrain pour réunir cora- pendieusement tous les matériaux relatifs à une semblable description? Quand on aura cité une telle publication, on pourra me reprocher de n'en avoir pas lait autant : en attendant, qu'on prenne garde de faire croire qu'en me demandant l'impossible, on a ses raisons pour être aussi exigeant. On pourrait croire, en présence de l'indignation con- tenue que respire le rapport, que si cette tâche était im- possible pour moi, d'autres auraient pu l'entreprendre. L'entreprendre, pour me mettre à l'écart, oui; s'en tirer convenablement est une autre afiaire. Dois-je rappeler que, depuis longtemps, j'ai fait appel au talent et au zèle de tous par diverses questions que l'Académie a bien voulu introduire dans le programme de ses concours, dans toute la série de nos terrains? N'ai-je pas, non content de cela , réclamé directement la collaboration de nos jeunes géolo- gues pour leur confier une partie de la tâche que le Gouver- nement m'avait donnée? J'ai déjà eu l'occasion d'annoncer à l'Académie, — mais je dois le répéter, — que MM. Briart et Cornet ont accepté la description du terrain crétacé, et M. Malaise, celle des formations quaternaires et moder- nes (i) et que je me suis vainement adressé à M. Diipont, que vous avez entendu , il y a deux mois, dire « qu'il n'en avait pas le temps. » J'ajoute que l'Académie, le Gouver- nement et le public peuvent être bien convaincus que, si quelque nouveau géologue se fait convenablement con- (1) Depuis un an, M. Malaise a renoncé à ce travail. ( ^î ) naître, il ne dépendra que de lui de voir ses services uti- lisés. Si je n'avais en vue que rAcadéniie, ma lâche serait facile et courte ; mais le Gouvernement et le public doivent être coinpléleroent édifiés. Qu'est-ce donc que celle publi- cation que l'on réclame, si ce n'est l'exposé des recher- ches d'un hoiume et son opinion aw moment où il écriinii? Prenons j)Our exemple la partie publiée par Dumont lui- même sur le terrain ardennaisel le terrain rhénan :qu'est- elle devenue après vingt-cinq ans? MM. Gosselet et Malaise ont essayé de renverser la classiticalion du terrain arden- nais; M. Gosselet a reconnu du silurien dans le rhénan du Brabant et du Gondroz; de sorte que nous avons dû demander à deux concours, et nous avons eu la chance d'obtenir une nouvelle description de ce terrain rhénan et une nouvelle description de nos roches pluloniennes. Maison dira peut-être que le pays reste dans l'embarras, en présence d'une carie géologique dont il n'a pas la clef. On sait ici que nos sociétés savantes, pas j)lus que nus établissements d'instruction supérieure, n'ont jamais en- tendu de plaintes de ce geine. Pour parler comme je viens de le supposer, il faudrait oublier que Dumont luMuème a donné la clef de sa carte dans ses rapports, et que d'Oma- lius y a ajouté, dans ses divers ouvrages, des détails im- portants. H faudrait oublier surtout (il faut bien que je demande la permission de le rappeler, puisqu'on le laisse dans l'ombre) mon Prodrome (Vune description géologique de In Belgique, nn volume in-S" dans lequel j'ai réuni aux documents fournis par ces deux illustres maîtres et leurs jeunes continuateurs, les résultats d'une douzaine d'années d'études laborieuses, sur le terrain et dans les livres, études qui n'ont pas été sans quelques fruits. C'est là ce qu'on ( n ) peut demander comme texie explicatif rf une carie géolo- (jiqiie. J'en appelle sur ce point au témoignage de ceux qui voudront se rendre un compte impartial de ce qu'on fait à l'étranger dans le cas où nous nous trouvons. On a au- jourd'hui tout ce qu'il faut pour pou voir étudier lagéognosie de notre pays. S il en fallait une preuve, je la trouverais dans l'article Géologie de Patria belgica, que l'on a pu confier à un novice, au lieu de recourir aux géologues éprouvés. C'est que la géognosie ne s'apprend pas dans les livres : on l'étudiesur le terrain. Après avoir commencé par l'étude des ouvrages d'ensemble, tels que mon Pro- drome ou l'article susdit, celui qui cherche à connaître le terrain ardennais n'ira pas recourir à la longue description que nous devons à Dumont : il n'en viendrait jamais à bout. Il prendra son sac et son marteau et ira visiter l'Âr- denne: là, il en apprendra plus que par toutes les lectures possibles; et c'est seulement alors qu'il pourra trouver de l'intérêt à une description détaillée; mais alors il n'est plus question de texte explicatif de la carte géologique. X entendre les plaintes exhalées à propos de l'absence de ce texte explicatif, on croirait vraiment que l'étude de la géologie de notre pays est impossible, et que nous sommes dans une situation écrasante d'infériorité; peu s'en faut qu'on n'appelle un sauveur. Ce n'est pas ici, à l'Académie, que de telles appréhensions peuvent être prises au sérieux, en présence de MM. Malaise, Dupont, Briart et Cornet, sans citer d'antres auteurs dont nous avons accueilli de nombreux travaux. Elles n'auront pas plus de crédit auprès des 550 membres de notre Société géologique. Mais ces doléances pourraient avoir plus de succès auprès de personnes étrangères au mouvement scientifique, surtout si quelqu'un est intéressé à ce qu'il ( 25) en soit ainsi. Jl ne me suffit plus d'avoir la conscience tranquille, en homme qui a donné sa vie entière à la science, qui a oublié ce que sont les loisirs et les distrac- tions, et qui n'a jamais eu de plus grande satisfaction que de faciliter les débuts des commençants et de les pousser dans la carrière où ils devaient devenir ses émules. Non , aujourd'hui cela même ne peut plus me suffire : il faut qu'on connaisse l'histoire de la géologie chez nous, l'his- toire véritable et non de fantaisie. Qu'on consulte donc la longue liste de nos publications géologiques depuis vingl ans, qu'on la compare à celle des vingt années antérieures, et l'on pourra juger si les circonstances sont changées en mieux ou en pis, et si mon inertie et mon inintelligence des besoins de la science ont compromis la géologie dans notre pays. On me dira peut-être que j'auiais pu mieux employer mon temps, puisque, pour aucun des neuf chefs sous les- quels nos progrès en géologie ont été résumés dans le rapport de M. Dupont, il n'es! aucune découverte qui me soit attribuée. Je suis obligé de dire que cela tient à la manière dont Tbistoire a été écrite. Sans parler de la partie liistorique de mou Prodrome, j'ai eu deux occasions de raconter nos travaux géologiques, la première, en J871, dans mon discours de président sortant de l'Académie, la seconde, pour le centenaire de l'Académie. Je soumets sans crainte ces deux exposés à l'examen du lecteur impartial; mais, si j'ai cru devoir m'abstenir de toute appréciation sur mes travaux, la situation qui m'est faite aujourd'hui me force à sortir de cette réserve naturelle. Si j'avais voulu faire du nouveau , attaquer un à un les résultats des grands travaux de Dumont, j'aurais peut-être à faire valoir des succès plus éclatants; mais les circon- (24) Stances m'ont offert nn rôle pins modeste et je l'ai accepté. Disciple etsnccessenr de Dumont, héritier de sa méthode, j'ai cru devoir m'attacher à maintenir sa doctrine chaque fois qu'elle me semblait attaquée à tort, et abandonner mes travaux particuliers pour monter sur chaque brèche et la réparer. Si le terrain ardennais est resté distinct du silurien, si sa division est conservée, s'il est reconnu pour cambrien, si la bande devonienne de Rhisne nous repré- sente l'anthraxilèredu Condroz et non les seuls psammites de cette région; si nous avons vu la fin de l'interminable question des grès du Luxembourg, à propos de laquelle j'ai cité 4^0 publications, dont plusieurs de Dumont et de d'Omalius, je crois |)ouvoir dire que j'y suis bien pour quelque chose. Je ne parle pas du terrain anthraxifère : il serait trop long de faire à chacun sa part, dans les change- ments apportés à sa classification. il me répugne de m'appesantir sur ce sujet. iMes hono- rables confrères m'ont vu à l'œuvre. Il n'est pas une ques- tion soulevée ici que je n'aie eu le devoir d'étudier, et cojnme rapporteur et comme professeur : j'en appelle à mes confrères,à mes élèves et aux géologues; c'est à eux de dire s'il est une difficulté que je ne me sois efforcé d'éclaircir et si je n'ai pas apporté ma pierre à chaque étage de l'édifice que nous construisons. Je viens d'expliquer longuement pourquoi je n'ai pas pu- blié les notes de Dumont; mais cette explication est encore-, incomplète. Gomme l'a fort bien dit mon honorable con- frère, iM. Briart, si ce texte descriptif avait paru, reflet exact et description fidèle de la carte de Dumont , il n'au- rait tenu aucun compte des progrès que la géologie de la Belgique a réalisés depuis la mort de cet illustre géologue. Ce n'est certainement pas là ce que la science et le Gou- ( 25 ) vornement attendaient de moi. Il y a plus. Non seule- ment les nouvelles idées qui se sont produites ont exigé de nombreux travaux de vérification, travaux qui sont loin d'être terminés, mais l'état des manuscrits de Dumont n'en permet pas la publication. Ce sont des notes de voyage, dans lesquelles on pourra trouver d'importants matériaux et qui pouvaient suffire à leur auteur, mais qui seront de médiocre utililé pour tout autre. Quand j'ai accepté la publication de ces notes, /e n'en avais absolu- menl rien vu : si je les avais connues telles qu'elles me sont apparues après quelques années d'ciïorls, jamais je n'aurais consenti à accepter la tâcbe de les publier. Je rencontre ici l'affirmation la plus grave de mon savant confrère. M. E. Dupont nous dit « tenir de source » certaine que Dumont avait laissé un mémoire presque » achevé, contenant la description de notre terrain ter- » tiaire : ce mémoire est resté inconnu. Loin de voir » reprendre la suile de cette œuvre, loin de voir ce que » l'honneur du pays et rinlérèt de la science exigeaient » impérieusement, nous l'avons vu oublier... Je n'ai pas à » rechercher ici sur qui retombe cette responsabilité, non » plus qu'à m'assurer si celte situation découle d'un D point de vue systématique ou de l'ordre même des p choses. » Je remercie mon savant confrère de ce que son habile rédaction me permet d'opter pour l'ordre naturel des choses. On aurait pu croire que moi, qui passe pour le défenseur infatigable et unique de Dumont, j'avais en main la description presque achevée du terrain tertiaire de notre pays, et que, malgré toutes les instances, je m'ob- stinais à la tenir cachée par suite de je ne sais quel vil calcul. En réalité, voici ce qui en est. Dans les derniers temps ( 26 ) de sa vie, mon regretté maître, pressentant une fin pro- chaine, m'a plusieurs fois confié sa tristesse, et je lui ai eniendu répéter notamment qu'il pourrait terminer sa description du terrain tertiaire s'il avait encore durant six mois ses forces passées. C'est le souvenir de ces tristes entretiens (jui m'a poussé à accepter la tâche de publier ce manuscrit. Je me disais que, si Dumont ne réclamait que six mois pour ce travaille pourrais sans doute en venir à bout en un an ou deux. C'est là une illusion que j'avoue en toute humilité, me bornant à alléguer mon inexpérience à titre de circonstance atténuante. Mais, en réalité, le tra- vail est bien peu avancé, si ce n'est pour la description des roches, que Dumont a d'ailleurs fait connaître d'une façon assez détaillée. Après bien des courses et des efforts de tout genre, j'ai mené à peu près à bonne fin la description de l'éocène inférieur, sauf pour la partie paléontologique, pour laquelle des renseignements indispensables doivent nous venir d'ailleurs; je suis resté à l'éocène moyen, pani- sélien, bruxellien et laekenien. M. Dupont affirme une chose grave, lorsqu'il dit tenir de source certaine que ce tra- vail est presque achevé. Une source certaine ne peut être qu'un géologue compétent; or, ce que je puis dire à tous, c'est que cette source n'est aucun de nos confrères géolo- gues, ni aucun professeur de géologie. Je pourrais deman- der à l'auteurde justifier son allégation en faisant connaître cette source anonyme : je lui ferai une autre proposition. J'offre à M. E. Dupont de lui remettre les notes de Dumont concernant l'éocène moyen, à charge de les pu- blier, et avec la faculté de se faire aider par qui il trouvera bon. Si les notes sont presque prêtes pour la publication, je ne vois pas ce qui pourrait l'empêcher d'accepter : on en verra le résultat. S'il refuse, l'opinion sera sans doute sutfi- samment éclairée pour n'en pas demander davantage. (27 ) Avant de finir, je désire présenter encore deux observa- lions. Le rapport de mon savant confrère nous a appris que la question d'une carte géologique détaillée avait déjà fait l'objet d'un examen sérieux en d'autres lieux et que le Gouvernement y avait déjà donné un commencement de solution. Comme l'a dit l'bonorable troisième commissaire, la gravité de l'assertion n'échappera à personne. Il sem- blerait en résulter que, si la première carte a été exé- cutée sous les auspices et le contrôle de l'Académie, le Gouvernement n'entend pas, contrairement au vœu que j'avais exprimé, conserver à ce corps savant cette haute prérogative. Je me joins à mon honorable confrère, M. Briart, pour demander des explications de nature à éclaircir la situation. La seconde observation est une citation de iM. Dupont, dont les visées ne sont un mystère pour personne : je la livr(3 à l'appréciation des géologues compétents. M. Dupont parle de la carte géologique de Dumont, représentant les terrains qui se trouvent sous les forma- tions quaternaires, supposées enlevées, et il ajoute : « mal- heureusement les procédés précis que Dumont employa pour déterminer les contours souterrains de ces dépôts ne sont pas connus. A-t-il procédé par sondages, ou a-t-il appliqué des règles spéciales? S'il a fait connaître verbale- ment sa méthode, ou si elle se trouve contenue dans ses notes, elle n'a pas été publiée. » Je suis sûr que l'on pensait mon honorable confrère plus au courant des méthodes employées pour le tracé des cartes géologiques. ( 28 ) Un mot sur la Baleine du Japon; par M. P.-J. Van Be- netlen, membre de l'Académie. II y a deux Baleines bien connues des baleiniers, mais dont aucun musée, que nous sachions, n'a pu encore se procurer le squeleUe; ce sont, l'une, la Baleine que les Japonais chassent sur leurs côtes comme les Basques chassaient la leur dans le golfe de Gascogne; l'autre, la Baleine que les baleiniers poursuivaient naguère , sous le nom de Blackvvali, entre le Cap de Bonne- lispérance et la Nouvelle-Hollande; elle vivait là en si grande abondance, dit le capitaine de VHéroïne, navire de guerre envoyé pour la protection des |)êcheurs, qu'il ne pouvait rester vingt- quatre heures sans voir capturer une Baleine ou fondre la graisse. La preinière est la seule qui fasse encore l'objet d'une pèche régulière et les seules pièces que l'on en connaisse dans les musées en Europe, ce sont les fanons qui sont entrés dans le commerce depuis une trentaine d'années et un fœtus qui a été apporté par un capitaine danois au riche Musée de Copenhague. En visitant il y a quelques mois le Musée de Leyde, nous avons remarqué au milieu des richesses cétologiques qui y sont assemblées par les soins du professeur Schlegel , deux caisses tympaniques rapportées par de Siebold et qui ne peuvent provenir que de la Baleine de ces parages. Grâce au concours obligeant du savant directeur, nous sommes autorisé à faire connaître ces pièces qui com- blent une véritable lacune, et nous nous empressons d'en publier le dessin. ( !29 ) Tâchons de rassembler le plus de matériaux avant que ces colosses de la création soient détruits par la cupidité de riiomme. Et comme les commensaux ainsi que les parasites ne sont pas sans une certaine importance pour la détermina- lion des espèces , nous joindrons à celle note la descrip- tion et la figure d'un Cirripède, également du Japon et appartenant au iMusée du Jardin zoologique d'Amsterdam (ÎSaliira artis magistrà). Le docteur Westermann a bien voulu nous confier cette pièce intéressante pour la décrire. La seconde espèce de Baleine, le Blackwall, a pour ainsi dire disparu ; mais il existe encore , heureusement pour la science, des ossements sur plusieurs côtes, et l'année dernière, le navire de l'État français le Dices, qui a porté les astronomes pour l'observation du passage de Vénus, a rapporté des Iles S'-Paul et d'Amsterdam, difierentes vertèbres qui ont été ramassées au hasard sur les grèves de ces îlots. Nous nous pro|)Osons de l'aire connaître bientôt ces restes précieux, avec la collaboration de M. Paul Ger- vais. Ils sont déposés au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Nous profiterons de celte même occasion pour dire un mot des Canons de la Baleine du Japon, et d'autres cétacés à fanons du Nord Pacifique, d'après une colleclion faite par le capitaine Scammon et que M. Steindachner a rap- portée de San Francisco pour le Musée de Vienne. Il y a quarante ans aujourd'hui, nous communi- quions une note à l'Académie, pour signaler le parti que l'on pourrait tirer de la caisse tyrnpanique des Baleines pour la détermination des genres et des espèces. J'avais été conduit à m'occuper de ce sujet, par les nombreuses ( ^0 ) caisses tForeille que l'on trouve dans le sable des environs d'Anvers. Ces caisses enroulées, comme des Volutes , étaienl regardées généralement pour des coquilles roulées. Depuis lors l'importance de cet os a été comprise des cétologues et l'on ne doit négliger aucune occasion de faire connaître cette pièce importante du squelette des espèces rares. C'est celte considération qui nous a engagé a publier cette note. Les caisses tympaniques de la Baleine du Japon, con- servées au Musée de Leyde , sont au nombre de deux. Elles ont été rapportées par Ph.-Fr. de Siebold. Sur une d'elles est collée une petite étiquette, qui n'a qu'un centimètre et demi de long sur un centimètre de large, avec une inscription japonaise. Nous avons espéré un instant trouver quelques indications intéressantes dans la traduction , mais le professeur Hoffmann, de Leyde , qui a eu l'extrême obligeance de l'examiner , trouve l'écriture peu distincte et la signilication tout à fait incertaine. Le mot Baleine, Kuzira , ne s'y trouve même pas. Comme il arrive très-souvent pour les os qui ne sont pas recueillis avec soin par les naturalistes eux-mêmes et détachés directement de la tête, le rocher manque avec ses apophyses. Nous le regrettons. Ces apophyses ne sont pas sans offrir de l'importance. Dans la Baleine du Groen- land la grande apophyse a au moins un pied de longueur, tandis qu'elle n'en a pas la moitié dans les autres espèces des mers tempérées et il n'eût pas été sans intérêt de s'as- surer si sous ce rapport la Baleine du .lapon est plus voi- sine de la Baleine du Groenland , que de celle du cap de Bonne-Espérance. L'une de ces caisses est complète jusqu'aux attaches du ( 31 ) rocher; l'autre est moins complète, mais elle est brisée de manière que la columelle est plus distincte et tout le fond de la caisse est plus visible. La face externe porte des traces évidentes d'entailles, qui ne peuvent avoir été faites que par un instrument tranchant et qui semblent indiquer que l'os a servi à quelque usage. La caisse la plus complète est en même temps un peu plus grande que l'autre; en la plaçant à côté de celle du Mysticelus du Groenland, on voit d'assez profondes diffé- rences et ces différences sont notablement plus grand<'s entre la Baleine du Japon et la Baleine du Groenland, qu'entre la Baleine du Japon et la Baleine australe; les caisses des quatre Baleines tempérées sont si reconnais- sablés et si différentes de la Baleine du Groenland , que l'on est naturellement porté a songer à une séparation générique, comme I^schricht l'avait déjà proposé. La caisse du Mysticète véritable est toujours plus régulière- ment aplatie à sa face interne et son bord antérieur fornu; avec le bord inférieur un angle plus ou moins aigu. F.a caisse de la Baleine du Japon est aussi moins allongée que celle de l'espèce boréale et le bord inférieur s'élève davan- tage en avant et en arrière. La face externe de la caisse se fait remarquer par une forte saillie en arrière, qui augmente sensiblement l'épais- seur de l'os, et la partie, qui surplombe la columelle, est tout à fait aplatie. Une partie de cette voûte, celle qui fait saillie et à laquelle se soude le marteau, est plus ou moins isolée, en arrière par un sillon seulement distinct en haut, en avant par un autre sillon plus profond et plus étendu. Dans la Balaena Japonka, le sillon antérieur surtout est beaucoup moins marqué que dans le Mysticète. II en ( 32 ) résulte qu'en regardant cet os de haut en bas, c'est-à- dire, en le plaçant sur son bord inférieur, la face externe est divisée par ce sillon en un lobe antérieur fort petit et un lobe postérieur qui occupe plus des deux tiers de la longueur. Dans la Japonica c'est a peine si ce sillon change la ligne du contour, mais par contre le sillon pos- térieur est plus marqué. En plaçant la caisse lympanique devant soi comme si elle était en place et à côté de celle du Mysticète, on aperçoit une différence notable; la partie inférieure, qu'on pourrait comparer à la quille, est amincie dans la Baleine du Groenland, fort large et massive , au contraire, dans l'autre; la face interne surtout vers le milieu et la face externe, en arrière, sont plus fortement bombées dans la Baleine du Japon. En somme, ce qui distingue surtout la caisse de la Baleine du Japon , c'est la forte saillie en forme de bosse en arrière à la face externe, c'est-à-dire la partie de l'os qui se trouve en dehors de la membrane du tympan; ensuite la courbe du bord inférieur et enfin la convexité de la face interne. î.a caisse la plus complète mesure d'avant en arrière 0,*"143, et en épaisseur 0,'"095. Temmink et Schlegel reconnaissent que la Baleine du Japon est différente de la Baleine franche, mais ils pen- sent qu'elle est identique avec la Baleine australe du Cap. Ils sont d'autant plus enclins à réunir ces Baleines sous un nom commun, que plusieurs animaux des îners aus- trales s'avancent jusque sur les côtes du Japon. C'est aussi notre avis, que la Baleine du Japon est plus voisine de la Balaenaaustralia que la Ba/ae/m mysticetus, mais il n'existe pas moins, comme nous venons de le ( 33 ) dire, une grande différence entre ces derniers animaux, et l'on ne doit pas perdre de vue que la Baleine du Cap est séparée de celle du Japon par la merde feu de l'équateur. Nous savons aujourd'hui que les Baleines ne passent pas d'un hémisphère à l'autre. Les baleiniers islandais du XIP siècle savaient parfai- tement que le Nord-Caper porte des Cirripèdes coronules, tandis que la Baleine franche n'en porte pas. Nous savons de plus, aujourd'hui , que les Baleines des régions tempérées ont toutes des Coronules et que quel- ques-unes portent en outre des Tubicinelles , que les Megaptera portent des Diadema et que les Balénoptères ne portent aucun Cirripède. Et, dans ces derniers temps, nous avons appris, de plus que la Baleine grise de la Californie, le Rhachianectes fflaiicus de Cope, qui n'est ni Baleine, ni Balénoptère, ni Mégaptère, porte un Cirripède, qui n'est ni Coronula ni Diadema, et, à côté des Cryptolepas rhachianecti, c'est le nom donné à ce commensal, habite un Cyame, Cyamus Scammoni de Dali, qui les rapproche de la Baleine du Groenland. 11 semble acquis que chaque Baleine a ses commensaux propres et que chacun d'eux peut servir dp pavillon a l'hôte qui les porte. Il existe un certain nombre de ces Cirripèdes dans les collections, mais on trouve rarement, avec ces pièces, clés indications précises sur leur origine et sur les lieux d'où elles arrivent. Aussi doit-on profiter de toutes les occa- sions pour signaler les Cirripèdes de Baleine au sujet des- quels on possède des indications certaines. Cette considé- 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 5 ration nous a engagé à faire connaître une Coronule, qui a été rapportée du Japon par M. Blomhof, gouverneur. Elle a été donnée au Musée du Jardin zoologique d'Ams- terdam el le directeur de ce magnifique établissement, M. Westerman, a bien voulu nous l'envoyer en communi- cation. Le test de la Coronule du Japon , que nous figurons sur la planche qui accompagne cette notice, est orbiculaire, moins globuleux que celui des Diadema et à aires au nombre de six parfaitement égales. Les parois internes et externes sont solides comme les cloisons qui forment les alvéoles dans lesquelles pénètrent les replis du derme. L'orifice est comparativement petit, régulier, très- légèrement hexagonal, avec le bord aminci et sans bour- relet. Chaque pièce est solidement attachée à sa voisine par un apodème, et se couvre à l'extérieur d'un faisceau de cordons disposés en éventail el couverts de stries trans- verses sur toute la longueur. Entre ces six pièces à bourrelets il y a six autres pièces plus étroites et sans boudins. Les valves de l'opercule sont au nombre de deux , comme Burmeister l'a dit. Nous espérons que les Cirripèdes viendront au secours des cétologistes, pour la distinction des espèces de Ba- leines, qui sont sur le point de s'éteindre dans différents parages. A défaut de squelette , une Coronule ou une Dia- dema, bien connue par son origine, pourra servir de garant à l'établissement de certaines espèces. La décou- verte d'une D/ac/ema a fait reconnaître, il y a quelques (3S) années, à Eschricht, la présence d'une Mégaptère dans les parages où on avait recueilli ce Cirripède. Nous ne sommes pas sans espoir de voir également les Coronules fossiles , que Ton a signalées en Italie et en An- gleterre, donner des indications précieuses sur les diffé- rentes Baleines qui peuplaient la Méditerranée et la mer du Nord dans le cours de l'époque tertiaire. Dans une récente publication d'un haut intérêt sur les animaux marins du Nord Pacifique, le capitaine Scam- mon (1) a figuré une Diadema portant un Olion, mais sans désigner son origine. D'un autre côté nous avons vu, dans un livre japonais sur la pêche de la Baleine, représenter une véritable Coronule, portant un cineras très-recon- naissable. Nous ne croyons pas nous tromper en attri- buant la Diadema à la Mégaptère et la Coronule à la Baleine de ces parages. L'étude des fanons est d'une grande utilité pour la dis- tinction des espèces et on nous a assuré que les ouvriers qui les travaillent les distinguent aussi bien que le me- nuisier dislingue le sapin ou le hêtre. Nous avons eu l'occasion de voir au Musée de Vienne des fanons qui avaient été rapportés de San Francisco par M. Steindachuer et dont l'intérêt est d'autant plus grand, qu'ils lui avaient été remis avec des notes par le capitaine Scammon. Leur origine authentique leur donne une grande valeur. Ces fanons proviennent de quatre différents Mysticètes. (1) Scammon, Mammals of the Nor/h-Weslern Coast of North- America , San Francisco, 1874. (36) Les plus beaux par leur longueur comme par leur surface propre et unie , sont du Bowhead , c'est-à-dire de la Baleine que l'on pêche au détroit de Behring. Ils ne diffèrent point par leurs caractères principaux des fanons du Groenland et confirment complètement le rapprochement du Bowhead avec la Baleine franche du Groenland. Les fanons de la Baleine, pêchée par les Japonais sur leurs côtes, ne sont guère connus dans le commerce que depuis une trentaine d'années. Ces fanons sont moins longs, fort crasseux, d'une couleur noire et ne peuvent se confondre avec les fanons précédents. C'est la même Baleine qui se rend, paraît-il dans la mer d'Okhotsh. La troisième sorte de fanons a tous les caractères de nos Balaenoptera et en particulier de la Balaenoptera Sib- baldii du nord de l'Atlantique. Ils sont fort larges, très- propres et d'une couleur foncée à reflet bleuâtre. La quatrième sorte de fanons provient du nouveau Mysticète si remarquable par ses caractères extérieurs et dont nous avons parlé plus haut en disant qu'il n'est ni Baleine ni Balénoptère ni Mégaptère; c'est une forme intermédiaire sans nageoire dorsale, sans replis sous la gorge , mais avec des fanons épais et fort courts. C'est le Cétacé auquel les naturalistes américains ont donné le nom de Bhachianectes et que les Baleiniers avaient nommé avant eux Devilfish. Les fanons de Bhachianectes sont aussi différents des autres fanons, que les caractères extérieurs de l'animal qui les porte, des autres Mysticètes. Ils sont courts, d'un jaune de paille et extraordinairement épais. Ils ont en- viron trente eentiraètres de long, dix centimètres de (57) Jarge à la base et une épaisseur égale d'un demi-centi- mètre. Il nous semble démontré aujourd'hui et confirmé, par ce que nous venons de voir, que la même espèce de Baleine habite les côtes du Groenland, du Spitzberg et du détroit de Behring; que la Baleine des côtes du Japon est une espèce propre et se conduit dans le Nord Paci- fique comme la Baleine des Basques se conduit dans le Nord Atlantique, et enfin , que le Devilfish des baleiniers américains est bien un animal qui tient des Baleines véritables par l'absence de plis sous la gorge et de nageoire dorsale, par la présence de Cirripèdes et de Cyames sur la peau; et qu'il tient des Balénoptères par la brièveté des fanons et la conformation du rostre. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Caisse tympanique de Balaena Japonica. L'étiquette de cet os porte : Ossa petrosa Balacnœ eœ il. Sieb. — 2. La même vue de profil. -- 5. Corunula du Musée d'Amsterdam, Jardin Zoologique, com- muniqué par M. Westermann. L'étiquette porte : Coronula reginae , Darwin, n» 3, Japon, Blomhof. ( 38 Contributions à l'histoire de la vésicule gcrminntive et du premier noyau embryonnaire; par M. Edouard Van Be- neden , membre de l'Académie. J'ai eu l'honneur d'exposer sommairement devant l'Aca- démie les résultats de mes recherches sur la maturation de l'ovule, la fécondation et les premiers phénomènes du développement embryonnaire du Lapin, jusqu'au moment de l'apparition de la ligne primitive. J'ai fait connaître en particulier celles de mes observa- tions qui établissent la disparition de la vésicule germina- tive, la formation des corps directeurs {Richtiingsblàschen de Fritz Mûller) et l'apparition du premier noyau embryon- naire. La publication récente des recherches de Auerbach (!), de Bùtschli (2) et de Strasburger (5) sur la formation et la division des noyaux de cellules, m'a déterminé à recher- cher tout particulièrement, dans le cours de mes études sur le développement des iMammifères, comment apparaît le premier noyau de l'embryon et comment se multiplient (1) Léopold Auerbach. Organologische Studien. \ireûi\u. 1874. (2) 0. BiJTscHLi. Vorlaufige Mittheilung Uber Untersuchungen hetref- fend die ersten Enticichdungsvorgdnge im hefruchtetcii Ei von Xema- toden wid Schnechen. Zeits. fur wiss.Zool. Bd. XXV. 2» Vorlaufige Mittheilung einiger Resultate von Studien iiber die Conjugationder Infusorien und die Zelltheilung. Zeits. fur wiss. Zool. Bd. XXV. (3) Eduard Strasburger. Ueber ZcUbildung und Zelltheilung. \ensi , 1875. ( 39 ) les cellules dans les feuillets embryonnaires. Longtemps avant d'avoir pris connaissance de ces travaux, j'avais reconnu que la vésicule germinative du Lapin disparaît, indépendamment de la fécondation, et que la disparition de cet élément est l'indice de la maturation complète de l'ovule. Au moment où je terminais la rédaction de ma commu- nication préliminaire (1) sur la maturation de l'œuf, la fécondation et le développement du Lapin paraissait en Allemagne un important travail de M. 0. Hertwig (2), sur la formation, la fécondation et la division de l'œuf d'un Échinoderme, de l'ordre des Échinides, le Toxopnenstes lividus. Recherchant la solution des mêmes problèmes, mais ayant choisi comme objet de nos études des animaux appartenant à des embranchements différents, nous sommes arrivés, M. Hertwig et moi, à des solutions identiques de certaines questions d'une importance capitale, à des résul- tats fort différents en ce qui concerne d'autres points éga- lement fondamentaux. Parmi les problèmes qui ont été tout autrement réso- lus par lui et par moi, se trouve d'abord l'histoire de la vésicule germinative; ensuite, la question de la formation du premier noyau embryonnaire. Mes recherches sur l'ovule du Lapin m'ont démontré (1) Edouard Van Beneden. La maluralion de fœuf , la fécondation et les premières phases du développement embryonnaire des Mammi- fères, d'après des recherches faites chez le Lapin. (Communication pré- liminaire.) Bull, de l'Acad. rot. de Belgique, 2« série, t. XL, 1873. (2) Oscar Hertwig. Beitràge ziir Kenntniss der Bitdung, Befruch- tung und Theilung des thierischen Eies. Morphologisches Jahrbuch von C. Gegenbauer.I'" Bd. 3'" Heft. ( 'î-o ) que, chez cet animal , aucune partie morphologique de la vésicule germinalive ne se retrouve plus dans le vitellus au moment de la fécondation. Le nucléole, joint à la sub- stance qui constituait la membrane de la vésicule, est éliminé pour constituer l'un des corps directeurs; le nucléo- plasme avec les pseudonucléoles sont rejetés dans le liquide périvitellin pour y former le second globule polaire. Le reste du contenu de la vésicule reste dans le vitellus et se confond avec la substance corticale de l'œuf, qui, dès ce moment, ne se laisse plus distinguer de la substance médul- laire. Il ne peut donc y avoir, chez le Lapin , aucun lien gé- nétique entre la vésicule germinativeou l'une de ses parties et le noyau embryonnaire qui apparaît dans l'œuf après la fécondation. J'ai pu du reste observer toutes les phases de la formation de ce dernier. Le premier noyau se développe aux dépens d'un corps qui naît dans la couche corticale de l'œuf et que j'ai appelé le pronucleus périphérique et d'un autre corps qui apparaît au centre du vitellus et que j'ai appelé le pronucleus central. Il est probable que le premier noyau embryonnaire n'est pas produit par la fusion des deux pronuclei : le pronucleus périphérique, d'abord plus petit que l'autre, s'agrandit aux dépens du pronucleus cen- tral. C'est, je pense, grâce à un phénomène d'endosmose, que la substance de ce dernier est absorbée par le pronu- cleus périphérique, après que celui-ci s'est accolé à celui-là. D'après les observations de M. Hertwig sur le Toxo- pneustes lividus les choses ne se passent pas de cette façon. Quand la vésicule germinative a quitté le centre de l'œuf pour venir se placer sous la membrane, qu'elle est pour ainsi dire sortie du vitellus, la tache germinative aban- donne à son tour la vésicule germinative; elle plonge dans ( 41 ) le vitellus, et devient ce que l'auteur appelle le noyau de l'œuf [Eikevn); la vésicule germinative subit alors une mé- tamorphose régressive; sa membrane se dissout et le ré- sidu finit par être résorbé. Quant à la formation du premier noyau embryonnaire, qu'il appelle noyau du premier globe de segmentation ou, plus simplement noijau de segmentation , M. Hertwig a reconnu qu'il est le produit de la conjugaison de deux noyaux. Cinq à dix minutes après que l'on a mélangé le sperme avec les œufs, il apparaît près de la surface du vitellus un petit corps homogène. Cet élément, qui a l'ap- parence d'une tache ou d'un espace clair, est formé par un amas de protoplasme, dépourvu de granulations. Cet espace s'agrandit un peu et devient le centre d'une figure radiée, d'un petit soleil d'où partent, dans tous les sens, des rayons dont la longueur s'accroit peu à peu. Ces rayons ne sont que des directions suivant lesquelles les granules vitellins se sont alignés. Si l'on examine avec beaucoup de soin l'espace clair, on reconnaît qu'il renferme un petit cor- puscule homogène. Celui-ci possède à peu près le même pouvoir réfringent que le protoplasme ambiant, ce qui le rend peu apparent. Quelquefois Herlwig a vu partir de ce corpuscule une ligne fine qui se dirige vers la périphérie de l'œuf et se continue en un petit filament que l'on observe entre le vitelhis et la membrane de l'œuf. La tache claire se déplace; elle s'approche peu à peu du centre du vitellus et va à la rencontre du noyau de l'œuf qui , lui aussi, gagne le centre de la sphère vitelline. Les deux corps finissent par se rejoindre vers le milieu de l'œuf. Le corpuscule homo- gène qui se trouve logé dans l'espace clair venu de la péri- phérie paraît formé de la même substance que le noyau ( ^'12 ) de l'œuf; il se colore comme lui par le carmin; Hertvvig l'appelle un petit noyau. Il mesure 4 u.., tandis que le noyau de l'œuf n'a pas moins de 13 f/. Le noyau de l'œuf change de forme, exécute des mouvements amœboïdes, s'accroît, et se trouve bientôt enveloppé par la substance protoplasmique claire venue de la périphérie; il finit par se fondre avec le petit noyau, et c'est de la fusion des deux noyaux que nait le premier noyau de segmentation. Pendant que ces dernières modifications s'accomplissent, la figure radiée se maintient; elle s'étend même et s'ac- centue davantage; elle envahit tout le vilellus. Le noyau de l'aiuf et le petit noyau périphérique qui lui est accolé, entourés d'une couche de protoplasme transparent et dé- pourvu de toute granulation, occupent le centre de la figure étoilée. Comme l'apparition de l'espace clair près de la périphé- rie de l'œuf a lieu constamment 5 à 10 minutes après que Ton a mis les œufs en présence de la liqueur spermatique, Hertwig n'hésite pas à considérer la formation de cet espace comme le résultat de la fécondation. Le petit corps homogène qu'il y a constaté est une tète, le filament qui en part est la queue d'un spermatozoide. La tête du spermatozoïde est l'un des deux noyaux qui vont se conjuguer; pour ce motif Hertwig l'appelle le noyau spermatique (Spermakern). Le premier noijaii de segmen- tation est donc le produit de la fusion du noijau de l'œuf (Eikern), qui n'est que l'ancienne tache gerinînative, avec le noyau spermatique (Spermakern), qui est une tète de spermatozoïde. Il est le résultat de la conjugaison de deux noyaux. On le voit, il existe, à certains égards, une remar- (43 ) quable concordance entre les observations de Hertwig sur le Toxopneustes et mes recherches sur le Lapin. Tous deux nous avons reconnu 1° qu'il apparaît près de la sur- face de l'œuf un espace clair que j'ai appelé, pour ne rien préjuger relativement à sa signification, le pronodeus péri- phérique. Ce noyau périphérique, je l'ai considéré comme formé, au moins partiellement, de substance spermatique. 2° Ce noyau superficiel s'enfonce dans le vitellus et va à la rencontre d'un autre corps clair dont les caractères et la signification sont différents de ceux du noyau périphé- rique : ce corps, je l'ai appelé le promicleus central de l'œuf, par opposition au pronodeus périphérique ;ller{,w\g l'appelle le noyau de l'œuf (Eikern) par opposition avec son noyau spermatique (Spermakern). S'' Nous avons reconnu, l'un et l'autre, que le noyau du premier globe de segmentation appelé par moi premier noyau embryonnaire, par Hertwig noyau de segmentation^ se développe aux dépens des deux éléments nucléaires après que ceux-ci se sont rejoints et accolés au centre du vitellus. Nous avons admis, l'un et l'autre, que la forma- tion du premier noyau embryonnaire est le résultat de l'union d'un élément mâle et d'un élément femelle et quoique je n'aie pas prononcé le mot conjugaison pour exprimer le fait qui caractérise essentiellement la forma- lion du premier noyau, l'idée n'en existait pas moins dans mon esprit. Les faits sur lesquels nous sommes en complet désac- cord sont au nombre de deux : \° Pour M. Hertwig la tache germinative ne disparaît pas; elle devient le noyau de l'œuf (Eikern). D'après mes observations, il n'existe aucun lien génétique entre le pronucleus central (noyau de l'œuf de Hertwig) et la vésicule germinative ou l'une de ( 44 ) ses parties; le pronucleus central, qui apparaît après la fécondation, est un élément de formation nouvelle. 2" D'après M. Hertwig le noyau phériphérique, le sperma- kern, est une tête de spermatozoïde et la matière claire qui l'entoure est du protoplasme dépourvu de granulations. Dans mon opinion, l'espace clair qui apparaît dans la couche corticale de l'œuf est un corps nucléaire (le pro- nucleus périphérique); les corpuscules réfringents qui se montrent dans la tache sont des éléments nucléolaires. Je me propose de faire, dans les pages qui suivent, la cri- tique des opinions exprimées par Hertwig, et de rendre compte des ohservations que j'ai eu l'occasion de faire sur la vésicule germinative d'un Échinoderme de l'ordre des Asterides : VAsteracanlhion rubens. I. — La tache germinative disparaît-elle ou persiste- t-elle pour devenir le pronucleus central [Eikern de Hert- wig)? Hertwig émet l'opinion que la vésicule germinative dis- paraît chez le Toxopneustes lividus; mais il croit que la tache germinative (corps ou tache de Wagner) persiste pour devenir le noyau de l'œuf. La démonstration directe de celte proposition il n'a pas pu la faire : son opinion repose sur des preuves indirectes que je vais résumer. 1" Le noyau de l'œuf a les mêmes dimensions (13 f/) que la tache de Wagner; l'un et l'autre sont des corps dépourvus de membrane et ils sont formés l'un et l'autre d'une substance assez ferme et homogène. 2° De même que la substance de la tache de Wagner, le noyau de l'œuf se coagule par l'acide osmique et se colore plus fortement en noir que le vitellus. Dans le carmin ils se colorent en rouge l'un et l'autre. Par l'acide acétique et ( 4o) l'acide chromique ces éléments subissent une sorte de coagulation superficielle qui fait apparaître une couche corticale finement granuleuse et à l'intérieur quelques taches également granuleuses. 5° On n'observe jamais simultanément dans le même œuf le noyau de l'œuf et la tache germinative. Tant que la tache germinative se montre dans la vésicule germinative devenue superficielle et lenticulaire, il est impossible de découvrir un noyau dans le vitellus. Dès que celui-ci existe, la vésicule germinative est dépourvue de sa tache. Les deux éléments ne font jamais défaut en même temps. 4°Hertwig n'a jamais réussi à voir la tache de Wagner subir aucune modification même dans les œufs dont la vésicule germinative était en voie de métamorphose régressive. « Fiir die Annahme, dass der Keimfleck, wie » das Keimblâschen zerfàllt, lasst sich daher keine directe » Beobachtung anfiihren. » Il ne put pas davantage con- stater une formation nouvelle du noyau de l'œuf. 5° Au moment de son apparition le noyau de l'œuf se trouve près de la vésicule germinative ; au moment de sa disparition la tache de Wagner se trouve adjacente au vitellus. Hertwig n*a donc pas observé directement la transfor- mation de la tache de Wagner en ce corps qu'il appelle noyau de l'œuf; // n'a jamais vu le corps de Wagner sortir de la vésicule germinative pour plonger dans le vitellus. Dès lors il doit rester un doute sur l'identité de ces deux éléments, quels que soient, du reste, les argu- ments qu'il invoque pour chercher à établir cette identité. C'est ce que Hertwig reconnaît lui-même quand il écrit : « Bei Abwâgung aller dieser Verhâltnisse kann zwar die » Moglichkeit, dass der Keimfleck sich auflost und der (46) » Eikern neu entstehl, solange nicht der directe Ueber- » gang des ersteren in den lelzteren beobaclUet ist, nicht » ganz von der Hand gewiesen werden. » ï! y a lieu de faire, en outre, au sujet des arguments qu'il apporte pour appuyer son opinion les observations suivantes : 1" Les preuves tirées des caractères physiques et micro- cliimiques du noyau de l'œuf n'ont qu'une valeur très- secondaire; car ces caractères communs à la tache de Wagner el au noyau de l'œuf sont des caractères propres à tout jeune noyau. La seule conclusion que l'on puisse légitimement tirer de ces faits est que le noyau de l'œuf est un jeune noyau. 2*' De ce que l'on ne trouve jamais simultanément la tache germinative et le noyau de l'œuf, il ne résulte pas nécessairement que l'un soit la transformation de l'autre. Le moment de la disparition du nucléole coïncide avec le moment de l'apparition du noyau de l'œuf; mais en résulte-t-il que l'apparition de l'un soit déterminée par la disparition de l'autre? La simultanéité de ces deux phé- nomènes est néanmoins surprenante : d'après mes obser- vations sur les Mammifères, la formation du pronucleus central est consécutive à la fécondation, et, par consé- quent, bien postérieure' à la disparition de la vésicule germinative. o*' J'ai été fort étonné, après avoir lu le travail de Hertwig, de n'y avoir trouvé aucune mention des corps directeurs {Rklitangsblàschen), qmoniélé constatés chez beaucoup d'Échinodermes, et qui ne peuvent manquer de se trouver également chez le Toxopneiistes. Il eût été fort intéressant de savoir comment se forment ces éléments chez cet Échinoderme. D'après mes observations l'un de ces ( 4.7 ) corps n*esl autre chose, chez le Lapin, que la tache germi- nalive rejelée dans le liquide périvitellin, après sa fusion préalable avec la membrane de la vésicule germinalive. A" Il me semble que Hertwig passe bien légèrement sur les différences qu'il a lui-même constatées entre l'aspect que présente le noyau de l'œuf et les caractères de la tache germinative. Je ne crois pas, pour ma part, que la nature des milieux où l'on observe ces éléments puisse rendre compte des différences considérables qui existent, d'après les dessins de M. Hc'rt^vig, entre la tache de Wagner et le noyau de l'œuf. Les raisons qui m'engagent à émettre cette opinion résultent des observations qui seront exposées l)lus loin. 5" Hertwig n'a jamais vu de modifications se produire dans les caractères du corps de Wagner pendant la méta- morphose régressive de la vésicule germinalive. En cela j'ai été plus heureux que lui; il est vrai je n'ai pas étudié moi- même les œufs du Toxopneustes; mais j'ai fait, il y a dix- huit mois, des observations sur la vésicule germinative d'un Échinoderme de nos côles, VAsteracanthion rubens. !l résulte de mes recherches que, chez cet animal, la tache de Wagner disparaît dans la vésicule germinative avant que les caractères de cette dernière se modilient. Il n'est pas admissible que, chez l'Étoile de mer, la tache de Wagner subirait des modifications progressives, qui amènent sa dissolution complète dans la vésicule germinative, tandis que, chez le Toxopneustes /ù/c/i/s, cet élément deviendrait l'une des parties constitutives du premier noyau de segmen- tation. Hertwig n'a pas vu la tache germinative subir de modifications; pour ma part, je suis très-porié à croire que , chez cet Échinide, cet élément se résout, avant de se dissoudre dans le contenu de la vésicule de Purkinje, en ( 48 ) un certain nombre de fragments et je crois pouvoir m'ap- puyer sur les figures de Hertwig lui-même, pour établir que chez le Toxopneustes la tache de Wagner subit les mêmes modifications que chez l'Étoile de mer. Avant d'exposer mes observations sur le mode de dis- parition de la vésicule germinalive chez V Asleracanthion rubens.je crois devoir dire brièvement dans quelles con- ditions, pour quelles raisons et sous l'influence de quelles idées j'ai entrepris ces recherches. A l'époque où j'ai présenté à l'Académie mon Mémoire sur la composition et la signification de l'œuf, j'étais bien convaincu que la vésicule germinative ne disparaît pas, mais qu'elle se divise, après la fécondation, pour donner naissance aux noyaux des deux premiers globes de segmen- tation (1). Jusqu'au jour où Joh. Mûller publia ses recher- ches sur VEntoconcha mirabilis (2), personne ne doutait de la disparition de la vésicule germinative. Dans son article « Zeugung » publié dans le Handw'ôrlerbuch de R. Wagner, Leuckart formulait en ces termes la conclu- sion qu'il croyait pouvoir tirer de la comparaison de toutes les recherches faites sur cette question (3) : a Fassen wir aile dièse Thatsachen zusammen^ dann B kann es wîrklich kaiim noch zweifelhaft bleiben dass » das Verschwinden des Keimblàschens einen Vorgang » bezeichnet, der mehr der Bildiingsgeschichte des Etes, j> als der Entwickelungsgeschichte des spdteren Embryo (1) Recherches sur la composition et la signification de Vœuf basées sur Vétude de son mode de formation et des premiers phénomènes em- hrijonnaires. Mém. cour, de l'Acad roy. de Belgiqde. T. XXXIV, (2) Joh. Muller. Uber Synapta digitata und iiber die Erzeugung von Schnecken in Holothurien. Berlin 1852, p. 17. (5) Handwôrterbuch der Physiologie von R. Wagner. Art. Zeugung von R. Leuckart, p. 922. ( « ) » zugehort. Bas Einzige, ivas der Aufbau eines neuen » Thieres voraussetzt, ist die Anwesenheit eines entivicke- » limgsfdhigen Materiales. » Telle était la pensée que partageaient alors l'immense majorité, sinon tous les naturalistes. iMais si grande était l'autorité de Joli. Mùller, si complète la confiance que l'on avait dans ses observations et les conclusions qu'il en tirait, que l'opinion qu'il émit sur la permanence et la division de la vésicule germinalive de l'Entoconcha fit révoquer en doute toutes les affirmations consignées dans les travaux antérieurs. Bientôt après Leydig (1) annonce qu'il vient de confir- mer chez les Rotateurs les résultats obtenus par Miiller dans ses études sur le développement de l'Entoconcha. Mecznikow (2) observe la division de la vésicule germina- live chez les Cécidomyes et les Aphides. « Il n'est guère possible, 1) dit-il, » de révoquer en doute la généralité de » ce fait chez les insectes. » Pagenstecher (3) fait la même observation chez les Trichines; Leuckart (4) chez les Oxyures; Iveferstein (5) chez le Leptoplana tremellaris; Gegenbauer (6) chez des iMéduses, des Siphonophores (Co- (1) Fr. Lkydig. Ueber den Bau und die sijslematische Stellang der lidderlhiere. Zeit. fur aviss. Zool. Bd. VI , p. 102. (2) Mecznikow. Embryologisclie Studien an Insccten. T^eitschrift fui? wiss. Zool. Dd. XVI , p. 484. (5) Pagenstecher. Die Trichinen. Leipzig, 1865. (4) Leuckart. Die menschlichen Parasiten , Bd. II, S*" Lief,p. 522. (5) Kefersteix. Beitrdge zur Anatomie und Enlwickelungsgeschichtc einiger Seeplanarien. Gôltingen, 1868. (6) Gegepibauer. Beilrage zur nciheren Kenntniss d. Siplwnophoren. Zeitschrift fur wiss. Zool. Bd. V, — Zur Lehre vom Generationswechsel bei Medusen und Pohjpen , p. 24. — Untersuchungen ilber Pleropoden und Heleropoden. Leipzig, 1853. — Ueber die Enticickelung der Sagitla. Halle, 1856. 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 4 (SO) rynides, Calycophorides et Physophorides), des Ptéropodes, des Hétéropodes, enfin chez les Sagitla. Haeckel (!) et Kôlliker (2) confirment, en ce qui concerne les Sipliono- phores les données de Gegenbauer. Enfin, moi-même je constate la division de la vésicule germinative dans l'œuf si transparent et si facile à observer du Distoma Cygnoï- (les (3). Me fondant tant sur mes observations personnelles cjue sur celles de tous les naturalistes éminents que je viens de citer, j'ai exprimé sous une forme dubitative, l'opinion déjà énoncée d'une façon tout aussi générale par Leydig (4), que la disparition de la vésicule germinative n'est qu'apparente, et que le développement embryonnaire commence par la division de cet élément. Voici comment je me suis exprimé: « En résumé, je considère non comme » démontré f mais comme très-probable, que la vésicule » germinative se divise au lieu de disparaître (5). » J'appuyais cette proposition de diverses considérations plus ou moins plausibles, et je faisais remarquer en parti- culier que la disparition de la vésicule n'avait jamais été observée; que la démonstration directe de sa disparition n'avaitjamais été faite. Je dois ajouter que la proposition contraire ne reposait pas non plus sur l'observation directe; aucun des auteurs qui ont affirmé la permanence de la vésicule n'a fondé son opinion sur d'autres considérations que sur un fait négatif. Ils ont affirmé que la vésicule ne disparait pas, (1) E. Haeckel. Zur Entwickelimgsgeschichte der Siphonophoren. Utrechl, 1869. (2) KoLLiKER. Die Schwimmpolypen von Messina, Leipzig, 1853. (3) Edouard Van Beneden. Loc. cit. , p. 30. {A) Lehrbuch der Histologie ,'p, 10. (5) Loc. cit., p. 244. ( 81 ) parce que jamais ils n'ont observé un œuf dépourvu de tout noyau. Quelques observateurs ont voulu voir un lien génétique entre le noyau de Tœuf fécondé et la tache de Wagner. Leydig (1) a exprimé cette opinion en ce qui concerne les œufs du Piscicola; von Baër (2) à propos du développe- ment d'un Oursin. Bischoff (3) fait dériver de la tache ger- minative du Lapin non-seulement les corps directeurs, mais aussi le noyau qui se trouve dans l'œuf après la féconda- tion. Mais Bischoff avoue que c'est là, à ses yeux, une simple hypothèse; il l'a du reste abandonnée peu après (4) et il l'a déclarée insoutenable dans ses travaux ultérieurs. Tout récemment Fol (oj a trouvé, dans l'œuf mûr des Méduses, un noyau au sujet duquel il se trouve dans le doute, ne sachant s'il est la vésicule gcrminative modifiée ou la tache de Wagner. Enfin Ilcrlwig vient de donner un nouveau crédit à cette opinion chancelante, par la publi- cation de son récent travail, qui ne peut manquer de pro- duire un très-grand effet. Peu de temps ai)rès la publication de mon Mémoire sur la composition et la signification de l'œuf, deux publica- tions de la plus haute importance, au point de vue de la question qui nous occupe, virent le jour en Allemagne. (1) Leydig. Znr Analomie von Piscicola geometrica. Zeits. fur wiss. ZooL. Bd. I. (2) K. E. VON Baër. Ncue Untersuchungeniiber die Entwickelung der Thiere. Froriep's Nede Notizen. Bd. 39, p. 58. (3) Bischoff, Entivickclungsgeschichte des Kanincheneies , \Si^. (4) Entwickelungsgeschichte des Hundecies, 18-45. (5) Fol. Die ersle EiUwickelung des Geryonideneies. Ienaïsche Zeit- SCHRIFT. Bd. VII, p. il A. ( o2 ) . OEllaeher (I) établit que dans rœul' mûr du Saumon la vésicule germinative gagne la surface du germe et qu'elle s'ouvre dans l'espace, qui existe, à ce moment, entre le vitellus et la membrane de l'œuf. L'ouverture grandit; la membrane de la vésicule se détache progressivement de son contenu. Celui-ci finit par être évacué et la membrane s'étale à la surface du germe. Des observations du même auteur sur la vésicule germinative du poulet sont une remarquable et complète confirmation des conclusions auxquelles était arrivé, il y a quarante ans, l'illustre von Baër. Peu après parurent les belles recherches de Kleinenberg sur l'anatomie et le développement de l'Hydre d'eau douce. Kleinenberg (2) expose de la manière suivante le mode de disparition de la vésicule germinative : « Vers le » moment où la production des pseudo-cellules est ter- » minée, la tache germinative subit une métamorphose » régressive. Elle perd d'abord son contour circulaire et » devient irrégulière et anguleuse; sa substance paraît » coagulée; puis elle se résout en petits fragments et » ceux-ci, si je ne me trompe, finissent par se dissoudre. » Aussi longtemps que l'œuf était un corps amœbiforme, )> la vésicule germinative se trouvait au centre du vitel- » lus; mais dès que l'œuf commence à s'arrondir, elle » prend une position excentrique et s'approche du pôle » tourné vers l'extérieur. Elle se place près de la surface » et n'est plus recouverte que par une mince couche de » substance plasmique. Ici elle commence, elle aussi, à (1) OEllacher. /?e/7/Y/(/e ziir Geschkhle des Keimblaschens im Wer heU/iierci. Archiv. fur mikrosk. Aîsxt Bd. VllI. (2) Kleinenberg. Hydra. Leipzig. 1872, p. 4'2. ( 3-^ ) » subir une métamorphose régressive qui se termine par » sa disparition complète. Son contenu granuleux se i) liquéfie de plus en plus; une partie de ce contenu sort D par la membrane, d'où résulte que celle-ci, qui jusqu'ici » était restée régulièrement tendue, s'affaisse pour former » un tube généralement ovoïde, dont la paroi est épaissie » et plissée en certaines places. La partie du contenu » qui est restée à l'intérieur se résout en corps isolés et » brillants, dont la forme est arrondie ou anguleuse et » dont les dimensions sont très-différenles; entre eux » sont disséminées quelques gouttelettes d'une graisse » liquide. » Kleinenberg pense que ces corps sont formés d'une ma- tière grasse ou tout au moins qu'ils consistent en cette matière qui résulte de la transformation des matières albuminoïdes, et que nous observons dans un si grand nombre de tissus pathologiques où leur apparition annonce la dégénérescence graisseuse. Pour lui la vésicule germi- native disparaît par dégénérescence graisseuse. Une fois Kleinenberg a cru observer un véritable trou dans la mem- brane de la vésicule germinative. a Si ce phénomène est » normal, » dit Kleinenberg, « il est possible que lecon- » tenu de la vésicule sort et se mêle au plasma ambiant. » La question de savoir ce que devient la membrane n'a pas été résolue; mais ce qui est certain, d'après Kleinenberg, c'est que toute trace de la vésicule germinative a disparu depuis longtemps au moment où la fécondation a lieu. Grâce aux observations de OEIIacher et de Kleinenberg, la disparition de la vésicule germinative se trouvait direc- tement démontrée; dès lors il n'était plus possible de sou- tenir la persistance de la vésicule germinative chez tous les animaux, cà moins de nier les faits observés. La question ( M ) entrait donc dans une phase nouveile. Deux observateurs qui comptent certainement parmi les plus éminents de l'époque venaient d'établir comment la vésicule germinadie disparaît. A partir de ce moment il n'y avait plus que deux alternatives possibles : ou bien il fallait admettre que la vésicule germinative ne joue pas le même rôle chez tous les animaux ; qu'elle disparaît chez les uns , qu'elle persiste et qu'elle se divise chez les autres; ou bien il fallait recon- naître que toutes les observations faites par Mûller, Leydig, Gegenbauer, Leuckart, Pagenstecher, Mecznikow, Kolli- ker, Haeckel et par moi-même sont erronées ou tout au moins que les conclusions tirées des faits observés sont peu conformes aux principes de la logique. Je crois que cette dernière hypothèse est des trois la plus probable : l'opinion qui consistait à affirmer la permanence de la vésicule germinative reposait, en définitive, sur des faits négatifs: on affirmait que cet élément ne disparaît pas, parce que l'on n'avait jamais trouvé d'œuf dépourvu de tout noyau central. Mais de ce que l'on n'ait pas trouvé un seul œuf dépourvu de tout noyau central, il n'en résulte pas strictement que la vésicule germinative persiste. Les doutes que les observations de OEIlacher et de Kleinenberg avaient fait naître dans mon esprit m'engagèrent à faire de nouvelles recherches. Il était important de choisir, pour faire sur ce point de nouvelles observations, des œufs présentant au plus haut degré possible la transparence et l'homogénéité du vitellus; il fallait qu'en outre ils se distinguassent par les dimensions de la vésicule germinative et de la tache de Wagner. Les œufs des Échinodermes et en particulier ceux de VAsteracanthion rubens réalisent au plus haut degré ces conditions. A la tin d'avril 1874 je me rendis à Ostende dans le but de faire la fécondation artificielle de ces œufs. ( S3 ) Il n'y a pas bien longtemps on ignorait encore si les Étoiles de mer sont à sexes séparés : Tiedemann déclare n'avoir pas trouvé les organes mâles de ces animaux (1). Rien n'est pourtant plus facile que de distinguer les ovaires des testicules. 11 est vrai les organes sexuels ont dans les deux sexes la même forme, la même position, le même volume : quand elles ont atteint leur complet dévelop- pement les cinq paires de glandes sexuelles s'étendent dans toute la longueur des bras ; elles soulèvent forte- ment la peau du côté du dos, de sorte qu'on rcconnaîl, même à l'extérieur, les individus chez lesquels les produits sexuels sont arrivés à maturité. 11 suffit de l'examen mi- croscopique le plus superliciel pour distinguer le contenu des testicules de celui des ovaires, et Ton apprend bientôt à reconnaître le sexe, même à l'œil nu : les ovaires ont une teinte jaunâtre ou brunâtre très-pâle; les testicules sont d'un blanc de lait tout à fait pur. En outre les lobules de la grappe ovarienne sont plus arrondis et plus courts; ceux de la glande sexuelle mâle sont allongés et plutôt de forme tubulaire. Je décrirai d'abord l'œuf ovarien tel qu'il se présente, quand, déjà libre dans la cavité de l'ovaire, il a atteint les dimensions de l'œuf mûr, mais que sa vésicule germina- tive est encore logée au centre du vi tel lus. Ces œufs ont ou bien une forme ellipsoïdale ou bien ils sont pyriformes. Leurs dimensions varient entre 0,16 sur 0,15 et 0,19 sur 0,17 millimètres. Ils se constituent d'une enveloppe épaisse et tout à fait homogène, d'un vitellus (1) TiEUEiiA^y ^ Anatomie der Hahren-Holothurie des pomerangfarb. Seesterns, etc., 1816, p. 42. (56) (inement granuleux et Irès-clair el d'une vésicule germina- live qui se trouve dans le voisinage du centre du vitellus. Membrane. C'est encore une question de savoir s'il existe autour de l'œuf des Astérides une seule ou deux membranes; on ne sait pas davantage quelle est la nature et la signification de ces enveloppes. Si l'on examine les œufs frais qui ont atteint les dimensions de l'œuf mûr et qui ont encore leur vésicule germinative centrale, on distingue autour du vitellus une zone claire ayant une épaisseur de 0,005 à 0,004 millimètres. Elle est tout à lait claire, transparente et homogène. Elle est limitée au contact du vitellus par un contour très-net; du côté ex- terne au contraire son contour est si pale et si peu marqué, qu'il faut une grande attention pour l'apercevoir. L'indice de réfraction de la substance qui constitue cette membrane doit être très-semblable à celui de l'eau. Cette substance est très-molle; elle paraît être une matière gélatineuse , mucilagineuse ou albuminoïde; de là les noms de « Gai- lertliulle, Eiweissschichl, couche mucilagineuse, » qui lui ont été donnés. Plus récemment Hoffmann (J) l'a appelée membrane vitelline. Pour bien voir les caractères de cette membrane, il faut éviter de l'examiner dans l'eau. Dès qu'elle arrive au contact de l'eau elle gonfle considérable- ment; on peut l'étudier convenablement en portant direc- tement les œufs dans l'acide osmique à 1 7o ou dans l'acide picrique en solution concentrée. Elle ne se colore pas en rouge par les matières carminées; elle se dissout partielle- ment ou se contracte fortement par un séjour prolongé (I) C. K. Hoffmann. Sur ranalomic des Astérides. Extrait des Archives iiéei'Uuuiaises, t. IX. ( o7 ) dans l'alcool absolu. Après un certain temps de séjour dans l'alcool, on n'aperçoit plus autour du vitellus qu'une membrane très-mince qui, en certains points, s'applique immédiatement sur le globe vitellin, tandis qu'ailleurs elle s'en écarte en formant des ondulations plus ou moins régulières. Si l'on examine celte couche transparente dans des œufs qui n'ont pas atteint leur complet développe- ment, on distingue une striation radiée due à la présence de pores en canalicules d'une extrême ténuité. On sait depuis longtemps que les œufs des Holothuries présentent le même caractère. Jamais je n'ai observé dans les œufs des Étoiles de mer le canal que J. Mùller a découvert dans les œufs de plu- sieurs Holothuries et qui a été considéré comme faisant fonction de micropyle. Cependant dans les œufs pyriformes la couche transparente est souvent un peu plus mince à l'extrémité caudale de la poire. Derbès a trouvé dans l'œuf des Échinides, indépendam- mentde la zone mucUagineuse, que je viens de décrire, une mince membrane immédiatement appliquée sur la surface du vitellus et qu'il appelle membrane vitelline. Plusieurs auteurs ont affirmé après Derbès l'existence de cette seconde membrane, non-seulement chez les Échinides, mais aussi chez les Hololhurides et chez les Astérides. Je n'ai pas pu me convaincre de l'existence de cette mem- bane dans l'œuf de VAsIeracanthion rubens. Quelle est la signification de la couche transparente qui existe autour de l'œuf chez tous les Échinodermes?QueI nom faut-il lui donner? Il n'est pas possible dans l'état actuel de nos connaissances sur la formation de l'œuf de ces animaux de répondre à ces questions. J'ai des raisons de croire que cette membrane n'est pas produite par (d8 ) l'œuf lui-même et qu'eile a le même mode de formation que la zone peliucide des Mammifères. Si mon opinion est exacte, il y aurait lieu de la désigner sous le nom de Cho- rion. Comme ses caractères microscopiques sont assez sem- blables à ceux de la zone peliucide des Mammifères, on pour- rait, au moins provisoirement, la désigner sous ce dernier nom, qui a pour avantage de rappeler ses caractères physi- ques, sans rien préjuger quant à sa valeur morphologique. Vitelhis. Le vitellus est formé d'une substance fonda- mentale claire et transparente (protoplasme) et de gra- nules vitellins peu réfringents tenus en suspension dans le protoplasme. Ces granules sont formés d'une substance dont la réfringence l'emporte fort peu sur celle du proto- plasme vitellin. 11 en résulte que la transparence de l'œuf est à peine altérée par leur présence. L'absence de tout élément vésiculaire ou globulaire et de toute substance très-réfringente fait que le corps de l'œuf n'a pas l'appa- rence d'une émulsion. Le vitellus est clair, transparent et finement granuleux. Cette circonstance rend ces œufs émi- nemment favorables à l'étude des modifications que subit la vésicule germinative, dans l'œuf arrivé à maturité. ïl y a lieu de distinguer dans le vitellus des œufs de l'Étoile de mer, deux zones, ou si l'on veut, deux sub- stances : une zone corticale dont l'épaisseur est à peu près égale au tiers du rayon du vitellus et une masse médullaire. La couche corticale est plus claire et moins granuleuse que la masse médullaire; elle présente en outre une légère striation radiée qui me paraît manquer dans la masse mé- dullaire. La limite entre les deux parties constitutives du vitellus n'est pas marquée par une ligne bien nette : la substance corticale de l'œuf passe insensiblement à la substance médullaire. Néanmoins la zone de transition est ( o9 ) fort mince. Celle dislinclion entre les deux substances constitutives du vitellus de l'œuf des Aslérides a échappé à tous ceux qui ont étudié les produits sexuels de ces Échinodermes. Elle n'a été signalée jusqu'à présent chez aucun animal de cet embranchement, et je m'étonne que Hertwig, qui a étudié avec tant de soin les œufs du Toxo- pneustes, ne l'ait pas observée. Vésicule germinalive. La vésicule germinative est par- faitement sphérique; elle est logée au milieu de la masse médullaire de l'œuf. Elle est délimitée par une ligne très- nette et foncée. Son diamètre est de 0,03 à 0,04 milli- mètres. Elle renferme un liquide clair, transparent et par- faitement homogène. Si on examine la vésicule germinative dans le vitellus, on reconnaît qu'elle présente une tache germinative volu- mineuseet très-apparente et à côté d'elle un certain nombre de globules beaucoup plus petits qui sont des pseudonu- cléoles. La tache germinative, qui est le nucléole de l'œuf, est très-volumineuse; elle mesure environ 0,011 à 0,015 millimètres. Elle est circulaire, et son contour est bien régulier ; quelquefois la tache de Wagner paraît bosselée à sa surface; d'autres fois enfm elle est angulaire et tout à fait irrégulière. Elle est formée d'une substance très- réfringente et fort brillante qui renferme des vacuoles claires dont le nombre et le volume varient d'un œuf à l'autre. Les vacuoles ont déjà été signalées par Leydig dans l'œuf de YHolot/uiria lubulosa: a Uer Keimfïeckdes ferligen » Eies ût bedeutend schàrfer contourirt als das Keim- » blàscheUy fast fettarlig iind zeigt ein oder mehrere Ca- » vitàten. » Hertwig a observé que dans les œufs du Toxopiieustes la tache de Wagner renferme tantôt une, tantôt plusieurs vacuoles. (60) Je n'ai pas constalé directement, dans les œufs que je dé- cris, que le nucléole exécutât des mouvennents amœboïdes. Depuis longtemps de Iayalelte(l)asignaléce fait que, dans l'œuf d'une Libellule, on peut voir la tache germinative changer de forme et de place. Mecznikow (2) a vu, non-seule- ment dans la tache de Wagner de plusieurs animaux infé- rieurs, mais aussi dans les cellules salivaires des larves de Fourmis, des mouvements spontanés des nucléoles. Bal- biani (5) a fait une observation analogue en ce qui concerne les œufs des Araignées. Alexandre Brandt(4) a observé que dans les œufs de la Periplaneta orientalis la tache germi- native affecte toutes sortes de formes et que ces change- ments, véritablement actifs, doivent être attribués à la contractilité de la substance nucléolaire. Il a observé que sous l'influence de la chaleur ces mouvements deviennent si actifs, qu'il est difficile de dessiner les changements de forme qui se succèdent. Âuerbach(5) a reconnu des changements de forme, présentant tous les caractères de mouvements amœboïdes, dans les grands nucléoles des cellules embryonnaires des Muscides et des taches germinatives de l'œuf du Brochet ; Hertwig a vu le même phénomène se produire dans les nucléoles des œufs de Grenouille et aussi dans le corpu- scule de Wagner de l'œuf chez le Plerofrachea. Il y a (1) De la Valette. Uber den Keimflecî: und die Dculung der Eitheile. Archiv. fur 1IIKR0SK. Anat. Btl. II, 1866. (2) Mecznikow. Virchow's Archiv. Bd. XLI. (3) Balbiam (cité par Auerbach). Voir Keferstein. Jahresherichl filr 1865. (4) Alexander Brandt. Uher active Formverdnderungen der hem- korperchens. Archiv. fur mikrosk. Anvt. Bd. IX. (5) L. AuERBACH. Organologisrhp Studien. Heft. I, pp. 167 et 168. ( 61 ) plus de quatre ans j'ai observé des chaiigenienls de forme, des agrandissements et des diminutions de volume, en ob- servant la tache de Wagner dans les cellules germinatives du Polystomum integerrimiim et j'avais reconnu que la diminution de volume de ces nucléoles correspond avec la disparition de la vacuole, que l'on y observe à certains mo- ments. J'ai reconnu aussi que les nucléoles, si nombreux dans les jeunes œufs de la Grenouille, exécutent aussi des mouvements consistant dans des changements de forme. J'ai fait ces observations peu de temps après avoir constaté la disparition et la réapparition alternatives des nucléoles, dans le noyau de la Gregarina girjantea (l). Depuis lors j'ai observé plusieurs fois le même fait chez le Monocijstis /wm6ncomm. Cependant, chez cette espèce, il existe un nucléole plus volumineux que les autres, qui ne disparaît jamais, mais qui change continuellement de forme et dans lequel on voit apparaître et disparaître les vacuoles : tantôt le nucléole ne renferme qu'une seule vacuole très-étendue; quelques instants après il en montre une foule de petites, de toutes dimensions; à d'autres moments il n'en existe plus du tout. Mais d'autres recherches et des occupations nombreuses m'ont empêché de publier plus tôt ces obser- vations. Je n'ai pas vu se produire sous mes yeux de chan- gements de forme dans les nucléoles des œufs d'Étoile de mer; mais je ne doute pas que les différences constatées dans la forme de la tache germinative ne doivent être attri- buées à la contractilité de la substance des nucléoles. Cette conviction résulte des observations que j'ai faites sur les (1) Edouard Van Beneden. Sur une nouvelle espèce de Grégarine, désignée sous le nom de Gregîii'ina gigantea. Bull, acad, roy. de Belg. , iîiséi'.,l. XXVIFI. ( 62 ) œufs mûrs, où j'ai vu le nucléole se résoudre en iVagmenls et cette division de la tache germinative précéder immé- diatement la disparition de cet élément. Les pseudonucléoles, au nombre de 8 à 15, sont des corpuscules de volume variable, formés d'une substance beaucoup moins réfringente que la matière nucléolaire. Quelquefois ils se trouvent disséminés dans toute l'éten- due de la vésicule germinative; plus souvent ils sont situés dans le voisinage du vrai nucléole. Ils ont une tout autre composition et d'autres propriétés que ce dernier. Il est donc inexact de dire, avec Hoffmann, que dans Fœuf de V Aster acanthion riibens il existe de un à dix nucléoles. Dans son travail Hertwig déclare se rallier à l'opinion de Auerbach, qui considère la membrane de la vésicule germinative, et des noyaux en général, comme produite par différenciation d'une couche mince de protoplasme autour d'une vacuole, qui serait remplie par la substance nucléaire. Sans vouloir ici développer ma manière de voir relative- ment à la constitution du noyau cellulaire en général, et de la vésicule germinative en particulier, je tiens à dire que je ne partage aucunement sur cette question l'opinion de Auerbach et de Hertwig. Un jeune noyau est formé par une matière homogène que j'ai appelée V essence nu- cléaire (1). Quand ce jeune noyau grandit, l'essence nu- cléaire s'unit à une substance qui est enlevée au proto- plasme de la jeune cellule et que j'ai appelée le suc nucléaire. La substance nucléaire qui résulte de cette union forme le corps du noyau. La membrane du noyau définitif aussi bien que les nucléoles sont des restes non modifiés du (1) Edouard Van Beneden. De la maturation de Fœuf, de la fécon- dation et des premiers phénomènes du développement embryonnaire dus Mammifères^ page 50. ( 63) jeune noyau primitif : ils sont formés exclusivenient par l'essence nucléaire. Au moment où un noyau va se diviser, les nucléoles aussi bien que la membrane nucléaire se dissolvent dans la substance nucléaire. Il en résulte que le contour du noyau devient très-peu apparent et que les nucléoles disparaissent. Tous ceux qui ont étudié la multi- plication des cellules savent combien le noyau est difficile à voir au moment où la division de la cellule va se pro- duire. C'est ce fait qui a donné lieu à la théorie d'après laquelle toute multiplication cellulaire serait précédée de la disparition des noyaux. La disparition momentanée et la réapparition des nucléoles dans le noyau des Grégarines sont des faits qui ont été signalés par moi dès 1869. Je n'ai pu en donner, à cette époque, aucune interprétation; mais il en résulte que ce n'est pas seulement au moment où une cellule va se diviser, que la substance nucléolaire |)eut se dissoudre dans le corps du noyau. Les observations dont je rendrai compte plus loin et qui montrent que la tache de Wagner aussi bien que la membrane se dissolvent dans la vésicule germinative, avant la disparition de ce dernier élément, prouvent également en faveur de mon opinion relativement à la signilication de la substance qui constitue la membrane nucléaire aussi bien que les nu- cléoles. On sait en outre que chaque fois qu'une cellule va se diviser, il s'opère, après la dissolution des nucléoles et de la membrane, dans la substance nucléaire, une sépa- ration complète entre Vessence nucléaire qui va former la zone equatoriale et le suc nucléaire qui est refoulé aux pôles du noyau. Celui-ci, après la division de la zone en deux disques nucléaires, qui doivent devenir les nouveaux noyaux, se refond dans le corps de la cellule. Les vacuoles qui apparaissent dans un si grand nombre de nucléoles ne sont aussi, je pense, que le résultat de ( 64 ; l'union niomenlanée de certaines parties de la substance nucléolaire avec le suc nucléaire. Je crois que celle manière de voir sur la constitution du noyau est la seule qui puisse rendre compte des carac- tères physiques et microchimiques de cet élément et de ses diverses parties, la membrane nucléaire, le corps du noyau et les nucléoles; elle repose tout entière sur les phénomènes que l'on connaît relativement aux manifes- tations vitales, au développement et à la multiplication des noyaux. Si l'on rompt la membrane d'un œuf de l'Étoile de mer de façon à faire sortir son contenu dans l'acide osmique faible ou dans l'acide picrique, la vésicule germinative montre une particularité que j'ai pu constater aussi dans l'œuf vivant, après l'avoir observée d'abord dans la vé- sicule germinative isolée et traitée par ces réactifs. 11 existe dans le noyau de l'œuf un réseau à grandes mailles, formé par une substance très-finement granuleuse. C'est dans ce réticulum que se trouvent les pseudonucléoles; la tache germinative paraît être le centre d'où partent les filaments réticulés. Les caractères de ce réseau varient du reste d'un œuf à Pautre : l'on observe même quelquefois, au lieu du réseau , un petit amas granuleux formé par la substance du réticulum et les pseudonucléoles. Ce réticulum je l'ai trouvé également chez le Lapin et j'ai proposé de dési- gner sous le nom de Niicleoplasma la substance qui le constitue. Le premier qui ait décrit un réseau semblable à celui de l'Étoile de mer est W. Flemming (1). Il a trouvé que chez les Anodontes et les Unio, le liquide transparent (1) w. Flemming. Studien in der Entwickeiungsgeschichle der Na- jaden. Aus dem LXXl Bande der Sitzb. der K. Acad. der Wissexsch. zi WlEN. ( 63 ) de la vésicule germinative est traversé par de nombreux filaments anastomosés. Kleinenberg a signalé quelque chose de semblable dans la vésicule germinative de l'Hydre d'eau douce; enfin Hertvvig l'a observé chez le Toxo- pneitsles lividiis et dans l'œuf de la Souris. Je ne sache pas que l'on ait constaté rien de semblable ailleurs que dans le noyau de l'œuf (vésicule germinative). Je pense donc qu'il ne sera pas sans intérêt de faii^e connaître ici mes observa- tions sur la constitution du noyau d'une énorme cellule qui constitue à elle seule toute la partie centrale du corps [Lei- beshôlile de K'ôlliker) des Dicyema. Le noyau plus ou moins régulièrement ellipsoïdal présente une membrane épaisse sous laquelle existe un réseau très-serré formé par une matière finement granuleuse, tandis que le contenu du noyau (substance nucléaire) est parfaitement homogène et transparent. Le corps du noyau est traversé, chez certains individus, par un réticulum qui le fait ressembler à un tissu spongieux ; chez d'aiitres individus il existe seulement un faisceau de filaments semblables à des pseudopodes. J'ai représenté (fig. 20 et 21 ) un de ces noyaux. Par le picro- carminate appliqué après avoir traité au préalable par l'acide osmique, la substance nucléaire se colore en rose; le nucléole et la membrane en rouge vif; la substance réticulée ne se colore pas. Il en est de même du réseau nucléoplasmique de la vésicule germinative du Lapin. Mais si l'on ouvre l'ovaire d'une Étoile de mer au mo- ment de la maturité sexuelle, on n'y trouve pas seulement des œufs semblables à ceux que je viens de décrire et qui se distinguent essentiellement en ce que, tout en ayant atteint les dimensions de l'œuf mûr, ils ont encore leur vésicule germinative au centre du vitellus; à côté de ces 2"*= SÉRIE, TOME XLI. 5 (66) œufs on en voit d'autres qui n'ont pas atteint leur matu- rité; d'autres, en tout semblables à ceux dont je me suis occupé précédemment, mais qui en diffèrent en ce que la vésicule germinative est devenue superlicielle; d'autres enfin, qui ne montrent plus de trace de la vésicule de Purkinje. Cependant ces derniers œufs ne s'observent qu'exceptionnellement : l'inmiense majorité des œufs ova- riens possèdent encore leur vésicule germinative. Les œufs dans lesquels la vésicule germinative a gagné la surface du vitellus ne diffèrent guère de ceux qui ont été décrits plus baut : ils ont une forme ellipsoïdale ou spheroïdale ; leur zone pellucide gonflée par l'eau de mer est fort épaisse et sa surface est tout à fait irrégulière. Le vitellus présente toujours les mêmes caractères; la vésicule germinative a conservé sa forme spbérique et toute la net- teté de son contour. Il est difficile de reconnaître si elle est en contact immédiat avec la zone pellucide, ou si elle est séparée de cette membrane par une mince coucbe de pro- toplasme vitellin. Dans la vésicule se voient le nucléole et les pseudonucléoles au milieu d'un petit amas de granula- tions. Jamais je n'ai trouvé le réseau nucléoplasmique dans la vésicule germinative devenue superficielle, quelle que soit la méthode à laquelle j'aie eu recours pour m'assurer de sa présence. Dès ([ue la vésicule germinative a pris sa position périphérique et superficielle, le nucléoplasma forme, avec les pseudonucléoles, une petite masse nucléo- plasmique à côté du nucléole. Si l'on reçoit dans un petit vase renfermant de l'eau de mer les œufs ovariens d'un ovaire complètement développé et si l'on y agite pendant un instant un fragment de testi- cule arrivé à maturité, un certain nombre d'œufs sont fécondés et deux heures ou deux heures et demie après avoir opéré la fécondation artificielle, on trouve au fond du ( <Î7 ) vase des œufs fraclionnés. Si l'on prend soin de ne laisser dans le vase qu'un petit nombre d'œufs et de renouveler l'eau de temps en temps, le développement embryonnaire avance rapidement et au bout de deux à trois jours des embryons ciliés nagent librement dans l'eau. La féconda- tion artificielle a été opérée pour la première fois, chez un Échinoderme, par K.E. von Baër; après lui plusieurs em- bryogénistes ont eu recours au même procédé pour étudier le développement des Échinides, des Astérides et des Holo- thurides : je citerai Derbès, Krohn, Busch, J. Mùller, A. Agassiz et Selenka. Si quelques instants après avoir opéré la fécondation artificielle on place sur un porte-objet un certain nombre d'œufs, retirés, au moyen d'une pipette, du fond du vase dans lequel on a mélangé les produits sexuels, on remar- que qu'une foule de sj)ermatozoïdes se sont accolés à la surface de la zone |)ellucide. Ils agitent leurs queues avec une telle force, qu'ils parviennent à faire bouger les œufs. Si l'on choisit pour étudier les j)hénomèncs successifs qui vont s'accomplir en lui un œuf présentant une vésicule germinative superficiellement placée, et si on l'observe d'une façon continue, on n^connaît que, trois quarts d'heure ou une heure après la fécondation, la vésicule ger- minative, si distincte au moment où l'on a commencé l'ob- servation, a complètement disparu. On voit successivement ensuite le vitellus subir le phénomène du retrait, des corps directeurs (globules polaires) apparaître dans le liquide périvitellin; puis le globe vitellin primitif se fractionner en deux parties. Les œufs pourvus d'une vésicule germi- native superficielle, au moment où l'on a opéré la fécon- dation, sont donc aptes à être fécondés aussi bien que ceux qui n'en montraient plus de traces dans l'ovaire. Pour s'assurer si la disparition de la vésicule gcrmina- ( 08 ) live est la conséquence de la fécondation , ou si elle est indépendante de l'action du sperme, il suffît de projeter dans un autre vase des œufs ovariens en ayant soin d'éviter, celte fois, lout mélange avec la liqueur sperma- tique. Si l'on observe, dans les conditions déterminées plus haut, des œufs retirés du fond de ce vase, on peut assister, tout comme loisque l'on suit des œufs fécondés, aux phases successives de la disparition de la vésicule. Cette disparition est donc indépendante de l'action des spermatozoïdes. Cette conclusion pouvait du reste se dé- duire de ce fait que quelques œufs perdent déjà dans l'ovaire leur vésicule germinative et que néanmoins ces œufs sont parfaitement féconds. il était de la plus haute importance d'étudier les phases successives de la disparition de la vésicule, afin de pouvoir déterminer avec certitude comment cet élément disparaît. Rien n'est plus facile que de faire cette observation sur les œufs de l'Étoile de mer, ces œufs continuant à se déve- lopper sur le porte-objet et les changements qu'il s'agit de déterminer s'accomplissant sous les yeux mêmes de l'observateur. J'ai vu huit ou dix fois se dérouler sous mes yeux la série des modifications qui amènent la dispa- rition complète de la vésicule de Purkinje. La succession des phénomènes est la même, soit qu'on observe un œuf fécondé, soit que l'on suive un œuf non fécondé. La série de ces changements s'accomplit dans le même temps dans l'un comme dans l'autre cas. Cependant je crois que la fécondation est souvent la cause occasionnelle de la dispa- rition de la vésicule germinative, en ce sens que dans un œuf mûr la vésicule germinative disparaît dès que l'œuf est mis en présence du sperme, alors que cet élément aurait pu subsister encore quelque temps, si l'œuf n'avait pas été fécondé. C'est ce qui me paraît résulter de l'observation ( ^)D ) suivante : si l'on porte dans deux vases des œufs d'un même ovaire et si J'on féconde les uns, en évitant avec soin que le sperme ne se mêle avec le contenu de l'autre, on observe qu'une heure après la fécondation tous les œufs mûrs du premier vase ont perdu leur vésicule, tandis que dans le second la plupart la montrent encore parfaitement distincte. Si parini les œufs fécondés on en choisit un qui montre une vésicule germinative tout à fait superhcielle, on peut être à peu près certain de voir la vésicule germi- native disparaître en moins d'une heure. Il n'en est pas ainsi si l'on choisit parmi les œufs non fécondés un œuf dans les mômes conditions. Voici maintenant la série des modidcations que l'on ob- serve : I" D'abord la petite masse granuleuse (jui se trouve à côté du nucléole etcjui se constitue du nucléoplasme et des pseudonucléoles, devient de moins en moins apparente; bientôt il devient impossible de la distinguer : la vésicule germinative ne renferme plus alors qu'un liquide tout à fait homogène et transparent sans autre granulation (jue la tache de Wagner ((ig. 5 et 11). 2° Le contour de la vésicule germinative devient plus pâle; il en est de même du nucléole dont la substance pa- raît devenir de moins en moins réfringente. En même temps les vacuoles nucléolaires se réunissent en une seule vacuole centrale, (|ui apparaît comme une tache claire; celle-ci est circonscrite par un anneau irrégulier, formé d'une substance très-réfringente. Le nucléole devient très- irrégulier; sa surface parait bosselée et les bosselures sont séparées entre elles par des sillons. Le nucléole ressemble à une petite masse fra m boisée. 5° Le nucléole (tache germinative) se résout brusque- ( 70) ment en un grand nombre de fragments, qui vont en di- vergeant se répandre dans toute l'étendue de la vésicule germinative. Ces fragments sont d'inégal volume. Il en est toujours un , notablement plus volumineux que tous les autres, qui renferme la vacuole centrale de Tancienne tache. Cette vacuole n'est plus circonscrite maintenant que par une mince couche de substance nucléolaire, apparais- sant à la coupe optique comme un anneau étroit et irré- gulier. Le contenu tantôt homogène de la vésicule germi- native est maintenant granuleux; il tient en suspension de petits corps de forme et de dimensions variables, qui ne sont que des fragments du nucléole (fig. 4, 12 et 13). 4^* Tous ces fragments nucléolaires augmentent un peu de volume et deviennent de moins en moins réfringents. Bientôt ils n'apparaissent plus que comme de petits nuages à contours peu définis, se détachant sur le fond uniformé- ment homogène de la vésicule germinative. Ils unissent par se soustraire complètement à l'observation. Le fragment nucléolaire principal, celui qui renferme la vacuole centrale, est encore visible, quand tous les autres ont déjà disparu (fig. 14). Peu après, les derniers vestiges de ce corps dispa- raissent également. La vésicule germinative, toujours par- faitement sphérique, est maintenant tout à fait claire et transparente (fig. lo). On n'y distingue plus aucune trace de nucléole, ni aucune granulation d'aucun genre. Le con- tour de la vésicule est devenu de moins en moins foncé, comme si la substance delà membrane se fondait, en même temps que le nucléole, dans la substance nucléaire. La dimi- nution progressive de la réfringence de la substance nucléo- laire marche parallèlement avec l'affaiblissement du contour de la vésicule germinative. 5° Quelques instants après que les dernières traces de i (71 ) ia lâche de Wagner ont disparu , la membrane de la vési- cule germinative se déchire ou tout au moins se troue. Celte solution de continuité apparaît toujours dans celte partie de la vésicule qui est tournée vers le centre de l'œuf. Aussitôt le contenu de la vésicule s'écoule par le trou, en formant une gouttelette claire, extérieure à la vésicule. Cette gouttelette a l'apparence d'un bourgeon ou d'une hernie. Elle s'agrandit très-vite. En même temps la mem- brane de la vésicule se flétrit et se plisse. La vésicule ger- minative s'est maintenant un peu écartée de la surface et rapprochée du centre du vitellus. Elle est enveloppée de toutes parts par le protoplasme vitellin. Elle paraît un moment constituée de deux masses claires, adjacentes Tune à l'autre, qui tranchent, à cause de leur homogénéité, sur le fond granuleux du vitellus. L'une est formée par cette partie de la substance nucléaire, qui est encore renfermée dans la meml)rane flétrie de la vésicule germinative; l'au- tre a été produite par la gouttelette de substance nucléaire exprimée et projetée dans le vitellus (fig. o, 6, 16 et 17). 6° La goultelette extra-vésiculaire s'aplatit contre la vésicule dans le voisinage du trou par où elle est sortie. La masse nucléaire reprend alors une l'orme plus ou moins arrondie. Mais on distingue dans cette masse claire une ligne irrégulière qui sépare la partie intra-vésiculaire de la portion extra-vésiculaire de la substance nucléaire (fig. 6 et 18). Celte ligne est produite par la membrane devenue très- mince qui sépare les deux parties de la substance nucléaire. Celle ligne finit pardisparaître complètement, ce qui prouve que la membrane se dissout entièrement dans la substance nucléaire. Il ne reste plus alors de la vésicule germinative qu'une tache claire dont les contours mal définis deviennent (le plus en plus irréguliers. La tache devient de plus en plus ( 72 ) petite; elle finit par disparaître complètement. Il semble que la matière claire et homogène de la vésicule germina- tive devient granuleuse de la périphérie vers le centre. Cette apparence est probablement le résultat de la dis- solution progressive de la substance nucléaire par le pro- toplasme vitellin. Les phénomènes successifs qui précèdent la disparition complète de la vésicule germinative sont donc : 1" la dis- solution dans le suc nucléaire de la masse iiucléoplasmique et des pseudonucléoles; 2° la réduction en fragments de la tache germinative et la dissolution progressive de ces fragments dans la substance nucléaire; 5" la perforation de la membrane suivie de l'expulsion partielle du contenu du noyau; 4" la dissolution complète de la membrane dans le suc de la vésicule germinative; 5° enfin la dissolution probable de la substance nucléaire dans le protoplasme vitellin. Les modifications que j'ai constatées dans le nucléole, la réduction des vacuoles en une vacuole unique , les change- ments de forme de cet élément, sa fragmentation ne peu- vent s'expliquer à moins qu'on n'admette la contractilité de la substance nucléolaire. Cette manière de voir est du reste conforme à la conclusion (jue l'on a pu tirer des mouvements amœboïdes, que l'on a vu exécuter par les nucléoles d'autres cellules. Les faits que je viens de rapporter n'ont pas été observés par M. Hertwig chez le Toxopneustes lividm. M. Hertwig pense, au contraire, sans que cependant l'observation directe lui permette de l'affirmer, que, chez cet Échino- derme, la tache germinative sort de la vésicule germinative pour devenir libre dans le vitellus et y former le noyau de l'œuf. Mais si j'en juge par les figures qu'il donne de la (73) vésicule germinative en voie de métamorphose régressive, je suis convaincu que la tache de Wagner subit, chez cet Échinoderme, la même fragmentation que j'ai signalée chez l'Étoile de mer. Je crois que les corps granuleux que M. Herlwig ligure dans la vésicule germinative (fig. 3, 4, o et 6 de son mémoire) ne sont autre chose que des fragments agrandis de substance nucléolaire. Il est à remarquer que M. Hertvvig ne donne dans son travail aucun renseignement au sujet de ces granules : il ne dé- crit pas les phénomènes relatifs à la métamorphose régres- sive de la vésicule : il se borne à dire : « Zur Reifezeit des Eies erleidet das Keimblâschen eine régressive Méta- morphose und wird durch Contractionen des Protoplasma an die Dotteroberflâche getrieben. Seine Membran lôst sich auf, sein Inhalt zerfâllt und wird zuletzt vom Dotter wie- der resorbirt, der Keimfleck aber scheint unveràndert erhalten zu bleiben,in die Doltermasse selbst hineinzuge- langen und zum bleibenden Kern des reifen befruchtungs- fâhigen Eies zu werden (1). » De toutes les observations publiées jusqu'à présent quant à l'histoire de la vésicule germinative, les seules qui pré- sentent de l'analogie avec celles que j'ai faites sur les Étoiles de mer sont les observations de Kleinenberg sur l'Hydre d'eau douce (2). Kleinenberg a reconnu, en effet, que chez cet animal la tache germinative de l'œuf mùr subit une métamorphose régressive; elle prend un contour irrégulier et anguleux ; puis elle se divise en petits fragments qui finissent par se dissoudre. En ce qui (1) 0. Hertwig. Loc. c<7., pages 11 el 12. (2) Kleinenberg. Hydra , page 42. (74) concerne la tache de Wagner, la description de Klcinen- berg pourrait s'appliquer à l'Étoile de mer aussi bien qu'à l'Hydre d'eau douce. Quant à la description qu'il donne du mode de disparition de la vésicule germinative, elle diffère assez notablement de ce que j'ai vu chez l'Étoile de mer. Mais à la fin de sa description Kleinenberg dit : « une fois j'ai cru observer un véritable trou dans la membrane de la vésicule germinative. Si cela est un phénomène normal, il serait possible que le contenu de la vésicule sortît pour se mêler au plasma ambiant. » Je crois que la formation du trou que Kleinenberg a cru observer est un phénomène normal et que c'est par ce trou que le contenu de la vési- cule est parliellement éliminé, aussi bien chez l'Hydre d'eau douce que chez TÉloile de mer; c'est, à la suite de la résorption de sa membrane, que le contenu de la vésicule germinative se dissout dans le protoplasme vitellin. Cette identité des phénomènes qui amènent la disparition de la vésicule germinative chez l'Étoile de mer d'un côté, chez l'Hydre de l'autre, est trop significative pour qu'il soit né- cessaire d'insister sur sa signification. La dissolution du nucléole dans la substance nucléaire a déjà été constatée : j'ai observé depuis longtemps la dis- parition et la réapparition alternatives de nucléoles dans le noyau des Grégarines; Strasburger a reconnu que la fusion des nucléoles dans le corps du noyau précède con- stamment la division de cet élément et j'ai signalé le même fait dans mes recherches sur la division des cellules dans les feuillets de l'embryon du Lapin. Je crois que ce qui est vrai des nucléoles est vrai de la membrane nucléaire : la substance qui constitue cette membrane peut se dissoudre dans la substance nucléaire. Quand j'ai fait, il y a dix-huit mois, les observations (75) dont je viens (Je rendre compte, j'avais l'intention d'étu- dier aussi l'origine des globules polaires et le mode de formation du premier noyau embryonnaire. Mais je fus interrompu dans mon étude des premiers phénomènes du développement de l'œuf. Un jour que je n'avais pas d'Asté- ries à ma disposition , on m'apporta divers Zoophytes que je voulus utiliser pour tâcher d'élucider la question de l'origine des organes sexuels. Dès que j'eus entamé l'étude de cette question chez les Hydractinies, j'entrevis la pos- sibilité d'arriver à une solution positive. J'abandonnai mo- mentanément, comptant pouvoir la reprendre quand je le voudrais, l'étude du développement de l'Étoile de mer; mais je n'ai plus eu l'occasion, depuis celte époque, de compléter mes premières recherches. J'ai vu les corps directeurs se former sous mes yeux ; je suis en mesure d'affirmer qu'un nouveau noyau apparaît dans le vitellus avant le premier fractionnement; mais je n'ai pu recon- naître, ni comment se forment les corps directeurs, ni comment apparaît le premier noyau de l'embryon. Si je compare les résultats de mon étude sur la vésicule germinative de l'Étoile de mer à mes observations sur le Lapin, je trouve une analogie complète, quant aux faits essentiels, mais aussi des différences dont je ne veux pas diminuer l'importance. Chez le Lapin comme chez l'Étoile de mer la vésicule germinative disparaît en tant qu'élément morphologique; aucune partie formée de la vésicule germinative n'existe plus dans l'œuf au moment où l'on voit apparaître le premier noyau embryonnaire; aucun lien génétique ne peut donc exister entre la vésicule germinative ou l'une de ses parties et le premier noyau de l'embryon. Mais tandis que chez l'Étoile de mer l'amas nucléoplas- ( 76 ) mique, la tache germinative et la membrane de la vésicule germinalive se dissolvent dans la substance nucléaire et secondairement dans le protoplasme vitellin, chez les Mam- mifères ces éléments sont rejelés dans le liquide périvitel- lin pour former les corps directeurs, et le contenu seul de la vésicule germinative reste dans le vitellus. Puisque chez l'Étoile de mer des corps directeurs sont éliminés par le vitellus, il est possible que ces corps soient formés, chez les Échinodermes comme chez les Mammifères, l'un par la substance nucléoplasniique, l'autre par la matière nucléo- laire jointe à la substance de la membrane. Seulement chez certains animaux (Astéracanthion, Hydra), ces substances ne seraient éliminées qu'après avoir été dissoutes, au préa- lable, par le vitellus, tandis que chez d'autres animaux ces parties du noyau seraient expulsées directement. Il faut bien le reconnaître, c'est là une simple hypothèse. Mais quoi qu'il en soit, il résulte de mes observations qu'il ne peut exister, ni chez l'Étoile de mer ni chez le Lapin, au- cune filiation entre la tache germinative et le premier noyau embryonnaire. H. — Il est un second point dans les observations et dans la nr.anière de voir de M. Hertwig qui me paraît inconciliable avec les résultats de mes recherches sur le Lapin. La tache claire qui apparaît dans la couche corticale du vitellus est-elle du protoplasme dépourvu de (jranulalions et le corpuscule qui s'y trouve logé et que Hertwig consi- dère comme une tète spermatozoïde est-il un noyau de ceU Iule, ou bien la tache claire est-elle un corps nucléaire et le corpuscule englobé est-il un élément nucléolaire dépourvu de tout lien morphologique avec un spermatozoïde? { 77 ) Le Spermakern de Hertwig est une tète de spermato- zoïde logée dans une tache claire. Celle-ci est formée par du protoplasme dépourvu de granulations. Mon pronucleiis périphérique, qui est bien certainement homologue de la tache claire de Hertwig et des noyaux périphériques de Auerhack, de Biitschli et de Strasburger, est, pour me servir des termes employés dans ma communication préliminaire, « un petit corps arrondi, homogène, dépourvu de toute granulation; il a vraiment l'apparence d'une vacuole. Mais en traitant par l'acide osmique la substance claire de la soi-disant vacuole se fonce et se teinte en gris, tandis que la substance du vitellus se colore en brun. » C'est plus tard seulement, quand le pronucleus s'est déjà enfoncé dans le vitellus, que l'on voit apparaître à son mténeuv plusieurs corpuscules très-réfringents que l'on prendrait pour autant de nucléoles, si on les observait dans un noyau ordinaire. Si nos observations concordent donc en ce que nous avons vu l'un et l'autre que le corps qui apparaît dans le vitellus, près de la surface de l'œuf, est une tache claire pourvue d'un (Hertwig) ou de plusieurs (moi) corpuscules réfrin- gents, elles différent a) en ce qui concerne le moment de l'apparition des éléments nucléoli formes; b) en ce qui con- cerne le nombre de ces éléments; c) en outre l'interprétation des faits observés est différente : M. Hertwig voit dans le corpuscule réfringent un noyau (Spermakern) et ce noyau n'est d'après lui qu'une tête de spermatozoïde; l'espace clair dans lequel on l'observe est occupé par du proto- plasme vitellin. Dans mon opinion la lâche claire est un pronucleus; les corpuscules clairs qui apparaissent plus tard sont des éléments nucléolaires, dont je n'ai pas pu observer le mode de formation , mais qui, dans mon opinion, fondée surtout sur le moment de leur apparition, leur nombre et ¥ ( 78 ) leurs caractères même, ne peuvent être des tètes de sper- matozoïdes. Je ferai d'abord deux observations toutes à l'avantage de M. Hertwig : 1" M. Hertwig a vu les phases successives de la formation du premier noyau de segmentation se pro- duire sous ses yeux, en observant un même œuf qui conti- nuait à se développer sur le porte-objet, tandis que mes conclusions reposent sur la comparaison d'un grand nom- bre d'œufs à différents états de développement. 2° L'opinion de M. Hertwig, en ce qui concerne la signification de son noyau spermatique, repose sur un fait positif: il a vu de ce corps partir une ligne se prolongeant, en dehors du vitellus, par un filament spermatique. Quant à moi, je n'ai pas pu me rendre compte de la formation de mes éléments nucléolaires et mon opinion, relativement à la signification de ces éléments, repose en définitive sur des faits négatifs. Mais tous ceux qui ont fait des observations du genre de celles dont il s'agit ici reconnaîtront combien il est fa- cile de se tromper sur la signification d'une ligne fine ob- servée dans le vitellus d'un œuf volumineux. On peut assez facilement se faire illusion relativement à la conti- nuité d'une semblable ligne avec un filament spermatique appliqué immédiatement contre la surface du vitellus et sous la membrane de l'œuf. D'un autre côté, Hertwig dit lui-même qu'il n'a jamais vu un spermatozoïde plonger sa tête dans le vitellus et cette tête devenir son noyau sper- matique. La démonstration directe fait donc encore défaut. Quant à l'opinion que Hertwig a émise relativement à la nature nucléaire de sa tête de spermatozoïde, elle me paraît peu justifiable. Je ne vois aucune raison d'appeler noyau de cellule ce petit corps qui est aux yeux de l'auteur ( 79 ) une tête de spermatozoïde. La tache claire qui loge le corpuscule homogène me paraît présenter bien plutôt les caractères d'un élément nucléaire. Cependant on ne peut donner le nom de noyau de cellule ni à la tache claire ni au corpuscule qui s'y trouve logé; car l'élément d'apparence nucléaire qui se forme près de la surface du vitellus ne devient le noyau du premier globe de segmentation qu'a- près s'être uni à un autre élément présentant lui aussi l'apparence d'un noyau de cellule. C'est pour ce motif que j'ai désigné le corps périphérique sous le nom de pronu- cleus périphérique, l'élément qui se forme au centre du vitellus sous le nom de pronucleus central. Si l'on concède, ce qui ne me paraît guère douteux, que les petits corps réfringents de mon pronucleus périphé- rique sont homologues du Spermakern deHertwig, que de même qu'il existe des noyaux à nucléole unique et des noyaux à nucléoles multiples, il peut se trouver aussi des pronuclei à corpuscule unique et d'autres à corpuscules multiples, alors il me semble que l'opinion de Hertwig, qui voit dans son noyau spermatique une tête de spermatozoïde, devient très- peu probable. Chez les Mammifères les élé- ments nucléolaires du pronucleus périphérique n'ont cer- tainement pas cette signification. En effet : 1° Le pronucleus, au moment où il apparaît, est dé- pourvu, chez le Lapin, de toute granulation. Or, ceci ne se concevrait pas dans l'hypothèse de Hertwig : la forma- tion de la tache claire est pour lui la conséquence de la fécondation; or la fécondation débute par la pénétration du spermatozoïde. La formation de la tache doit donc être toujours consécutive à la pénétration du spermatozoïde. La tache doit donc se former autour de la tête du Zoo- sperme ; mais la tête ne peut jamais pénétrer dans une (80) tache préformée. On ne devrait donc jamais observer de pronucleus périphérique dépourvu d'au moins un corpus- cule nucléoiaire. ^° Le pronucleus est pourvu, chez les Mammifères, de plusieurs granulations. Ces granulations n'ont ni l'appa- rence, ni les dimensions des têtes de spermatozoïdes : ils sont des globules sphériques ou ovoïdes, dont les dimen- sions sont très-différentes : les plus petits sont presque punctiformes et les plus gros eux-mêmes n'ont pas la moitié du volume des têtes des spermatozoaires. 3° Auerbach, Bùtschli et Strasburger ont vu avant Hertwig et avant moi, soit chez les Nématodes, soit chez les Mollusques, soit chez les Ascidies, tantôt un, tantôt plusieurs éléments clairs apparaître près de la surface de l'œuf. Tous trois décrivent ces corps comme des globules homogènes au début, dépourvus de toute granulation au moment de leur apparition. D'après les observations de Auerbach, qui sont en cela tout à fait conformes à ce que j'ai vu chez les Mammifères, il apparait dans le liquide homogène de ces noyaux, 3 à 6 corpuscules réfringents que Auerbach appelle des nucléoles. Il n'existe pas la moindre analogie entre ces corpuscules et des spermato- zoïdes de Nématodes. 4" Des corpuscules réfringents, tout à fait identiques à ceux qui apparaissent dans le pronucleus périphérique, se montrent également, chez le Lapin, dans le pronucleus central. 5° Des corpuscules, tout à fait semblables à ceux que l'on observe dans le pronucleus périphérique, existent dans les noyaux complètement développés des globes de segmen- tation, et ces corpuscules sont bien certainement des nucléoles. (81 ) L'opinion émise par Hertwig d'après laquelle le corps clair, qui se forme près de la surface de l'œuf ne serait pas un élément nucléaire, mais du protoplasme dépourvu de granulations, me paraît insoutenable en ce qui concerne les Mammifères , pour les raisons suivantes : 1° La substance claire du pronucleus périphérique ne se conduit pas, vis-à-vis des réactifs, comme du protoplasme vitellin, mais bien comme la substance qui forme les noyaux des globes de segmentation. Si l'on traite par l'acide osmique à i 7o ^^ pronucleus ne se colore pas en brun comme le protoplasme vitellin; il apparaît, au contraire, dans le fond brun du vitellus comme une tache grise à contours bien définis. Par le picrocarminate le pronucleus se colore faiblement en rose. Par l'hématoxyline il se teint en bleu violacé. 2° Le pronucleus périphérique, après s'être accolé au pronucleus central, qui présente après un certain temps le même aspect que lui, s'agrandit et ses bords deviennent de plus en plus distincts. Les éléments nucléolaires persis- tent un certain temps, mais bientôt ils disparaissent et c'est le pronucleus périphérique agrandi, et non pas un des corpuscules réfringents, qui devient le premier noyau em- bryonnaire. 3° Ma manière de voir est conforme à l'opinion expri- mée par Auerbach, par Bûtschli et par Strasburger qui tous trois ont considéré les corps clairs qui se forment à la périphérie de l'œuf comme des éléments nucléaires. Je conclus de tout ce qui précède, que la manière de voir de Hertwig, en ce qui concerne le mode de formation, la constitution et la signification morphologique du corps clair, qui apparaît, près de la surface de l'œuf, chez le Toxopneustes Uvidus , est fort peu probable. Je pense que 2"™^ SÉRIE, TOME XLI. 6 ( 82 ) ce corps, homologue du pronucleus périphérique du Lapin, est un élément nucléaire et que le corpuscule qu'il renferme et que Hertwig appelle « noyau spermatique » n'est pas une tête de spermatozoïde, mais, au contraire, un élément nucléolaire homologue de ceux qui existent en grand nom- bre dans le pronucleus périphérique des Mammifères , des Nématodes et des Ascidies. J'ai constaté que le nombre de ces éléments nucléo- laires est très-variable chez les Mammifères. Chez le La- pin il varie d'un œuf à l'autre. Dans tous les œufs de Chéiroptères pourvus de deux pronuclei, que j'ai eus sous les yeux, chacun de ces éléments renfermait un élément nucléolaire unique (1). Ces variations dans le nombre des nucléoles ont été signalées aussi par Auerbach chez les Nématodes ; par Strasburger chez les Ascidies. Mais quoi qu'il en soit des divergences d'opinions qui existent entre M. Hertwig et moi sur certains faits étu- diés par nous et sur l'interprétation qu'il convient de leur donner, il reste établi que, travaillant indépendamment l'un de l'autre, lui le développement d'un Échinoderme, moi l'ontogénie du Lapin, nous sommes arrivés aux mêmes conclusions sur les points suivants : l*' Immédiatement après la fécondation il existe dans l'œuf deux éléments nucléaires différents : l'un superficiel et périphérique, l'autre central; 2" le premier noyau embryonnaire résulte de l'union de ces deux pronuclei; 3° ce premier noyau est le produit d'une véritable conjugaison entre un élément mâle (pronucleus périphérique) et un élément femelle (pronuncleus central.) S'il m'était permis d'exprimer une vue hypothétique sur (1) Voir Edouard Van Beneden. De la maturation de l'œuf, etc., p. 18. ( 83 ) rinterprétation qu'il convient de donner de l'organisme des Infusoires, je dirais que dans mon opinion les Infu- soires représentent à l'état permanent la phase passagère de l'évolution des organismes supérieurs, durant laquelle la première cellule embryonnaire est pourvue de deux pronuclei. Le nucléole des Infusoires est homologue du pronucleus périphérique; le noyau des infusoires est homo- logue du pronocleus central. L'ectosarc et l'endosarc des êtres monocellulaires sont respectivement homologues de la couche corticale (Hautschicht exoplasma) et de la ma- tière médullaire [endoplasma) des cellules ordinaires. Ces deux couches des Protozoaires sonta^ia/o.^wes àl'ectoderme et à l'endoderme des Métazoaires. De même que chez les Métazoaires la fécondation consiste dans l'union d'une cellule endodermique avec un élément ectodermique; de même chez les Protozoaires la fécondation consiste dans l'union d'un élément ectosarcique (nucléole) avec un élé- ment endosarcique (noyau). EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1-19. jésteracanthion rubens. Fig. 1. Un œuf ovarien arrivé à maturité, mais présentant encore sa vési- cule germinative au centre du vitellus. — 2 à 8 représentent un seul et même œuf, dans lequel les diverses phases de la disparition de la vésicule germinative ont été ob- servées. J'ai vu ultérieurement dans le même œuf le retrait du vitellus se produire, le vitellus prendre une forme à peu près sphérique, les globules polaires apparaître dans le liquide péri- vitellin, le premier noyau embryonnaire se montrer au centre ( 84 } du vitellus, entin le vilellus se fraclionner en deux globes. Je n'ai pas figuré ces dernières modifications, pas plus que je ne les ai décrites dans le texte, parce que je n'ai pu observer , ni comment se forment les corps directeurs, ni comment se produit le premier noyau embryonnaire. Si je cite ces dernières modifi- cations comme s'étant produites sous mes yeux dans l'œuf dans lequel j'ai vu se dérouler la série des modifications figurées, (fig. 2 à 8), c'est parce que ces faits établissent que cet œuf était normal et s'est développé normalement, quoique sa forme ovale soit exceptionnelle pour un œuf mùr. Tous les autres œufs, chez lesquels j'ai vu la vésicule germinative disparaître, étaient sphériques ou se rapprochaient beaucoup de la sphéricité par- faite. Fig. 2. A côté du nucléole bosselé et dans lequel on n'observe plus qu'une vacuole unique se voient encore des pseudonucléoles. — 3. Les pseudonucléoles ont disparu et le nucléole paraît constitué par un certain nombre de globules agglutinés autour d'un cor- puscule central clair et transparent. — 4. Le nucléole .s'est résolu en un grand nombre de fragments, dont la réfringence diminue peu à peu, en même temps que le con- tour de la vésicule devient moins marqué. — 5. Les dernières traces du nucléole ont disparu. La membrane de la vésicule germinative s'est rompue et le contenu sort par l'orifice. — 6 et 7. Le contenu de la vésicule est en grande partie sorti; la mem- brane de la vésicule se flétrit et le volume occupé par la matière germinative diminue. — 8. Les dernières traces de la vésicule germinative ont disparu. — 9. Vésicule germinative d'un œuf semblable à celui que j'ai repré- senté fig. 1, et vue au moyen d'un système 10 (Immersion) de V Hartnack, après sa sortie du vilellus. Dans le réseau nucléoplas- mique .se trouvent le nucléole et les pseudonucléoles. — 10 à 16. Modifications successives subies par la vésicule germina- tive d'un même œuf telles qu'elles se sont produites sous mes yeux. — 10. A côté du nucléole se voient des pseudonucléoles en suspension dans un amas de matière granuleuse (nucleoplasma). — 11 . Les pseudonucléoles ont disparu. Le nucléole s'est divisé en un grand nombre de fragments, qui s'écartent très-rapidement les uns des autres, pour se répandre dans toute l'étendue de la vési- cule germinative, ce que montrent les figures 12 et 15 On re- Bull. a,. l'A,' ^^., If '%'^"'9J.°° • '' >/4} Asteracanthion rubens. ( 85 ) marque aussi la diminution graduelle de la réfringence de la substance nucléolaire. Fig. 14. La partie centrale du nucléole reste seule visible. — 15. Toute trace de nucléole a disparu, — 16. La membrane s'est rompue et le contenu de la vésicule sort. — 17, 18 et 19. Trois phases successives de la disparition de la sub- stance germinalive. Ces modifications se sont opérées dans l'es- pace de 12 minutes. 20-2i. Dicyema Eledones. Les deux figures représentent le noyau de la cellule centrale du corps du Dicyema Eledones* Kôlliker et Wagener, croyant que le corps de ces organismes est creux, ont désigné la prétendue cavité centrale du corps sous le nom de Leibeshohle. D'après mes observations qui portent à la fois sur l'organisation et sur le développement du Dicyema, il n'existe pas de cavité générale du corps. L'axe du corps cylindroide est occupé par une immense cellule qui s'étend de l'extrémité céphalique à l'extrémité caudale de l'organisme. C'est dans cette cellule, remplie par un contenu clair et hyalin, traversé par un réseau proloplasmique, que les germes prennent naissance et que les embryons se développent. C'est le noyau de cette cellule que j'ai figuré. La figure 20 montre le noyau tel qu'il se présentait à la coupe optique. Le noyau est circonscrit par une membrane épaisse. Il est rempli par une substance nucléaire claire, homogène, incolore et transparente; il est traversé par des traînées de nucléoplasme. A gauche se trouve le nucléole formé par une mince couche périphérique de substance nucléolaire; il possède une grande vacuole. Près du pôle supérieur du noyau se voient de grosses granulations (pseudonucléoles?). La figure 21 représente le même noyau vu à la surface, pour montrer le réseau nucléoplasmique étendu sous la membrane nucléaire. (Imm. 10, Hartnack.) (86) Note sur la transformation des coordonnées et sur les signes des angles et des distances en géométrie analy- tique plane; par M. F. Folie, membre de l'Académie. Nous nous proposons d'exposer dans ces pages une méthode exclusivement analytique pour la transformation des coordonnées. Cette méthode est une application des coefficients indé- terminés que nous avons annoncée dans nos Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne (*). On verra qu'elle nous conduit à fixer d'une manière rigoureuse le signe des angles et des distances en géométrie analytique plane. Une première cause du manque de netteté dans ces signes est le peu de rigueur avec lequel beaucoup d'auteurs ont établi leurs conventions primitives; une seconde cause est l'emploi abusif qu'ils font en géométrie analytique de considérations de géométrie pure, dans lesquelles ils ou- blient tout naturellement les signes, puisque celle-ci ne les connaît pas. Aussi est-ce en reprenant la recherche des formules de transformation des coordonnées par l'ana- lyse pure, c'est-à-dire sans recourir pour cette recherche à aucune figure, que nous avons découvert et corrigé le vice dont nous parlons. 1. Conventions. Une droite a deux directions opposées à partir d'un quelconque de ses points. Si deux droites se (*) Voir pages 3 et 4 de l'ouvrage. (87 ) coupent en un point , chaque partie de l'une fera un cer- tain angle avec l'une des parties de l'autre. Nous convien- drons que tous ces angles se comptent en tournant de droite à gauche; de sorte que si nous les considérons comme positifs étant comptés dans ce sens, ils seront natu- rellement négatifs étant comptés en sens contraire. C'est ainsi que si B fait avec A l'angle a, c'est-à-dire si une droite ~A mobile a tourné de droite à gauche à partir de la direction A d'un angle a "^ pour arriver à la direction B, A fera avec B un angle 2n — a, ou simplement — a, ce qui re- vient au même; — A fera avec B l'angle tt — a, et B fera avec — A l'angle tt-^- a, ou a — tt, ce qui revient au même. — B fera avec — A l'angle a égal à celui de B avec A , et — A fera avec — B l'angle 2r — ' = -. . . .(2) Choisissons, pour déterminer X, le point x, y de telle sorte que ses nouvelles coordonnées soient §=0, >/ = %; et, pour évaluer cette dernière quantité, écrivons qu'elle est égale à la somme des projections de x eiy sur la direc- tion i) (censée passer par l'origine primitive). Nous aurons d'après cela X h' 0 = a' X H- b'y ,, , j/o b' cos a' — a' cos ^' viq = x cos a' H- y cos |3' y a j^o 6' cos a! — a' cos p i ( 94.) Substituant ces valeurs dans l'expression de > on trouve a: w b'a — a'b > = a H 6 — = j^o ^0 b' cos a ~ a' cos On obtiendrait d'une manière analogue X , . V ba' — ab' >'=«'— -4-6 - to to 6 cos a — a cos |3 Éliminons des expressions de 1 et l' les cosinus qui y entrent. Par les formules (4) de l'art. 1 , nous pourrons écrire : e' ( ) 6' cos a — rt' cos S' = -: — < sin S' cos a' — sin a' cos S' S = '^ sin 9 ^ ^ ( -^-sin(ô' — a') = — e'; sinô ^^ ' ' 'où b'a — a'b e' t de même b'a — a'b x= La substitution de ces valeurs dans les formules (1) donnera — i^ = [ax -+- b y -4- c) — ^=[a'x -+- b'x -+- c') — b'a — a'b e b'a — a'b d'où l'on déduira a a' a'c — c'a y=-^^—^-^ T, 77 e e b a — ab b , b' b'c — c'b (3) (3') — a; = -ft-t--B-t- e e' b'a — a'b (9S) 5. Méthode plus directe. Ces formules de transformation peuvent s'obtenir d'une manière plus rapide. Il est aisé en effet de déduire de la dernière formule de l'art. 2, par un changement d'origine, que la distance du point Xj ij à h droite ax -h by -h c = 0, prise pour axe des § , est ax -+- 6?/ -+- c ^ = :i sine (1) e Projetons le contour formé de ?, de y et du rayon qui va du point f , ;; ou X, ?/ à la nouvelle origine, sur une perpen- diculaire à f ; la projection de § sera nulle; celle de >/ sera vcos[|^— ©] ; celle du rayon considéré sera d; et comme la somme de ces projections est nulle, nous aurons J^COS (- — 0j-t- '^ = 0, d'où c^'= — >^sin0. . (2) De la comparaison des égalités (1) et (2) on déduit l'une des formules cherchées : 1 sin ô — if = [ax -H 6î/ -+- c) . . . . (3) e sin 0 ^a seconde se trouvera d'une manière analogue : on écrira, miitatis mutandis, a'x -H b'ii -4- c' . ,.,, §' = sme; .... (\ ) e' et en projetant le contour précédent sur une perpendicu- laire à *] : t cos f- -+- 0 ]-+- de von Baer à la vésicule ayant conservé tous ses caractères. ]1 n'est donc pas facile de décider s'il faut considérer le canal de Newport comme l'homologue de la figure clavi- forme de l'œuf du Crapaud. D'ailleurs , pour l'embryolo- giste anglais , ce canal et son orifice ne livrent point passage à la vésicule germinative; celle-ci, au moment de sa disparition , se mêle au vitellus (3). (1) On the Imprégnation of the ovum in the Amphibia,p. 176 , fig 6. (2) /.. c, p. 187. (3) L. c, pp. 178-179. ( Hl ) Thompson, comme le remarque Gœtte, semble ne pas avoir vu le canal vitellin et l'admettre d'après les descrip- tions antérieures. D'après lui, dans l'œuf à maturité, la vésicule germinative est aplatie, à surface échancrée; cependant cette disposition n'esl pas constante, mais plu- tôt accidentelle (i). D'autres auteurs n'ont connu que la tache du pôle supérieur, c'est-à-dire l'aboulissant ou l'embouchure du canal de von Baer. Ainsi Prévost et Dumas la signalent déjà et l'appellent tache jaune ou cicatricule, la compa- rant, évidemment à tort, à la cicatricule de l'œuf des oiseaux (2). Riisconi nie l'existence du canal de von Baer, mais il décrit la tache du pôle supérieur, à laquelle il donne le nom de tache circulaire; il « est porté à croire que la vésicule du germe se crève pendant que l'œuf se détache de l'ovaire et passe dans l'oviducte et que son liquide, qui, traité par l'acide, est blanchâtre, en se con- centrant au-dessous de la membrane vitelline, produit sur l'hémisphère la tache circulaire » dont il parle (5). Du reste, il faut ranger Rusconi parmi ceux qui n'admettent pas la sortie de la vésicule germinative, car, un peu plus loin, décrivant les modifications subies par la tache cir- culaire, il dit : « on voit très-clairement que le liquide de la vésicule s'épanche et se mêle avec celui de l'œuf, et que c'est par suite de son épanchement que la tache dispa- raît (4). » Max Schultze aussi décrit la tache du pôle supérieur, (H Xn. Ovum dans Todd's Cyclop., pp. 94-95. (2) L. c, p 104, pi. VIA, B. (ô) L c, p. 27 et note à la page 28. (4) L c, pp 28-29. ( li2 ) dit qu'elle a peut-être la signification d'un micropyle et l'appelle Fovea germinativa (1). Nous-niême, après avoir contesté l'existence, dans l'œuf du Pélobate, du canal de von Baer, nous disions : « par conséquent, chez le Pélobate, la fossette germi- native,au lieu de constituer l'orifice d'un canal, n'est qu'une simple tache ou dépression. Peut-on , comme Max Schultze est tenté de le faire en parlant de la Grenouille, la regarder comme le micropyle de l'œuf? Il faudrait des recherches spéciales avant de se prononcer sur ce point (2). » Et parlant de la disparition de la vésicule germinative, nous admettions avec Newport qu'elle se rompt sur place et que son contenu se mélange à la masse vitelline (5). Ailleurs, nous disions encore , à propos des œufs de Tri- tons et d'Axolotl : « pas plus que dans l'œuf du Pélobate, nous n'avons rencontré, dans l'hémisphère supérieur, la cavité et le canal y aboutissant décrits par v. Baer (4). » Enfin Gœtte n'a pas vu non plus, dans l'œuf du Bombi- nator igneus, le canal de v. Baer. Il dislingue, dans les œufs ovariens arrivés à maturité, trois stades de dévelop- pement. Dans ceux du troisième stade, il ne trouve plus trace de la vésicule germinative; à sa place existe une masse très-finement granuleuse et non nettement déli- mitée du côté du vitellus; cette masse provient évidem. (1) Ohservationes nonnulae de ovorum ranarum segmentatione, Bon- nae, 1863, p. 14. (2) Recherches sur le développement du Pélobate brun. Mémoires IN-4°DE l'Académie royale de Belgique, l. XXX, 1868, pp. 9 et 17. (3) Id. p. 10. (4) Sur les trous vitellins, etc., /. c , p. 64. ( H3 ) ment des débris de la vésicule germioative (]). Plus loin , parlant des modifications qu'éprouve, après la ponte, la tache du pôle supérieur et du trou (Loch) qui la remplace, il dit que, sur les coupes, la tache trahit simplement sa pré- sence par une solution de continuité de la couche pigmen- taire. Dans l'œuf après la ponte, la substance, flnement granuleuse, reste de la vésicule gerrainative, s'est distri- buée irrégulièrement dans le vitellus environnant et rayonne , sous forme de stries étroites, vers la périphérie ; de là un aspect marbré du vitellus de l'hémisphère supé- rieur. Puis il ajoute : « Aber auch dièse innere Yerfârbung schwindet bald in Folge einer gleichmâssigeren Verthei- lung der festen DottertheiIchen,etc. (2). » Gœtte pose en- suite la question de savoir quelle est l'origine de la tache du pôle supérieur, c'est-à-dire de la solution de continuité que présente, à ce niveau, la couche corticale; il se rallie à l'opinion de v. Baer d'après laquelle le « Keimpunkt p résulterait de la sortie de la vésicule germinative; toutefois, pour Gœtte, on constate l'expulsion, non de la vésicule entière, mais seulement du liquide de la cavité ayant con- tenu cette vésicule (5). Quelques auteurs n'ont vu , ni le canal de v. Baer, ni la tache du pôle supérieur : Vogt et Cramer sont de ce nom- bre. D'après Vogty la vésicule germinative a disparu dans (1) L. c, p. 22, fig. 13, pi. I. Le prolongement supérieur de la masse finement granuleuse dont parle Gœlte, visible sur celte figure, n'indi- querait-il pas que la coupe n'a pas entamé toute la longueur d'une traînée reliant la masse centrale à la fossette? — J'ai cru inutile de citer les tra- vaux de Gœlte concernant l'embryologie du Bombinator igneus , anté- rieurs au grand ouvrage, sur ce sujet, publié par fauteur. (2) L c, p. 25. (3) L. c, p. 24-25. 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 8 ( li4 ) l'œuf après la ponte, mais les taches germinatives se re- trouvent dans la couche corticale « in der Rindenschicht » du vitellus, en apparence sur un côté de l'œuf seule- ment (1). il est probahle que Vogt aura pris, pour des taches germinatives, les corpuscules vitellins dont nous avons parlé. Cramer émet une opinion semblable à celle de Vogt : « In eben gelegten Eiern, dit-il, ist das Keim- blàschen verschwunden,und seine Zellen (les taches ger- minatives) sind durch den ganzen Dotterinhalt zerstreut... f^s scheint, als wenn die Membran des Keimblâschens aufgelôst wûrde (2), » Il est un point sur lequel tous les auteurs qui se sont occupés de l'embryologie des Batraciens sont d'accord ; nous voulons parler de la disparition de la vésicule ger- minative dans l'œuf arrivé à maturité. Seulement tous n'expliquent pas de la même manière celte disparition et on peut, sous ce rapport, les diviser en trois catégories. t)ans une première se rangent les auteurs qui, comme Kusconi, Vogt, Cramer, Newport, Ecker, Thompson et nous-même (Dével. du Pélobate) , admettent qu'au moment de la disparition de la vésicule, son contenu se niêle au vitellus; soit qu'il se confonde avec ce dernier sans laisser (le trace, soit que certains de ses éléments (les taches ger« niinalives) persistent (Vogt, Cramer). Dans la deuxième catégorie se range v. Baer, d'après Lequel toute la vésicule germinative est expulsée de l'œuf (5). Enfin la troisièm( (1) Untersuchungen iiber die Entwicklungsgeschichte der GeburtS' helferkrole (Alyles obstetricans), 1842, p. 6. (2) Bemerkungen iiber das Zellenleben in der Enlwickeluug des Froscheies Mvller's kRcmv. F. anat. u. physiol., 1848, p. 26. (5) Il e>t cppendaut un passage de v. Baer que nous devrons citer, en parlant de l'œuf fécondé, d'où on pourrait conclure que cet embryolo- giste n'admet pas l'expulsion de toute la vésicule germinative. V 115 ; catégorie comprend les embryologistes qui, comme Gœtle, n'admettent pas l'expulsion de la vésicule entière, mais seulement d'une partie de cet organe. Dans l'état actuel de la science, et en tenant compte des recherches faites chez les espèces animales les plus diverses, on ne peut admettre que l'opinion d'après la- quelle une partie seulement de la vésicule germinative est expulsée de l'œuf. Mais quelle est cette partie? C'est une question dans laquelle, même au moment actuel, on est loin d'être d'accord, et tandis que C. Bùtschli , pour l'œuf du Tylenchus (1), Éd. Van Beneden , pour celui de la Lapine (2) , considèrent les globules polaires comme formés par les taches de Wagner, nous voyons Oscar Hertwig insister sur la persistance de la tache germinative chez le Toxipneusles lividus, tache qui, d'après lui, devient le noyau de l'œuf prêt à la fécondation (5). Or, s'il est diffi- cile d'arriver à une entente, quand il s'agit d'œufs plus ou moins transparents et dont toutes les transformations peuvent être suivies sous le champ du microscope, cela devient plus difficile encore quand les œufs soumis à l'observation sont entièrement opaques, comme c'est le cas pour ceux des Batraciens. On a vu que, d'après Gœtte, un liquide renfermé dans la cavité ayant contenu la vésicule germinative serait seul expulsé; le liquide albuminoïde coagulé dont nous avons constaté la présence au niveau et tout autour de la fos- sette, dans les œufs récemment fécondés, semble corro- borer cette manière de voir. Toutefois il importe de (1) L. c. (2) L c. (ô) L. c, p. 5o8. ( 116 ) remarquer que ce liquide albuminoïde est exprimé de l'œuf à une époque déjà tardive et alors, sans doute, que d'autres parties de la vésicule germinative sont sorties du vitellus. Comme je l'ai dit antérieurement, on n'a encore signalé , chez les Batraciens , rien de comparable aux globules polaires de Robin ou « Richtungsblasen » de F. Millier. Cependant il est plus que probable que les Batraciens ne font pas exception à la règle générale ; il faudrait, pour découvrir les éléments en question, tâcher de surprendre le phénomène de l'expulsion sur des œufs vivants examinés sous le microscope. En traitant alors, par certaines matières colorantes et notamment par le carmin, les parties expulsées, on arriverait peut-être à se faire une idée de leur véritable nature. En supposant que les taches de Wagner restent dans l'œuf, comme Vogt, Cramer et Ecker l'ont soutenu, le fait signalé parO. Hertwig de la persistance de la tache germinative devenant le noyau de l'œuf mûr pour la fécondation ne peut guère se com- prendre en ce qui concerne l'œuf des Batraciens, où les taches de Wagner sont petites et très-nombreuses. D'ail- leurs, et en cela je suis d'accord avec Gœlte (1), je n'ai jamais découvert sur les coupes transparentes la moindre trace d'éléments comparables aux taches germinatives. Je crois pouvoir tirer des considérations qui précèdent les conclusions suivantes : L'œuf des Batraciens , 77iûr pour la fécondation , pré- sente une disposition (la figure claviforme) déjà signalée par von Baer, plus ou moins prononcée d'après les espèces , (1) L c, p. 29. ( 117 ) qui indique la voie suivie par certaines parties de la vésicule germinative lors de leur expulsion de l'œuf. La dilatation inférieure de la figure claviforme corres- pond à l'endroit occupé par la vésicule au moment de sa disparition, et son aboutissant au pôle supérieur est te « Keimpunkt » de von Baer, la « Fovea germinativa » de M. Sc/mltze. Après la disparition de la vésicule germinative , on trouve y au pèle supérieur de l'œuf, des traces de parties expulsées; dans l'intérieur de l'œuf, rien ne trahit la présence de taches germinatives. Il est impossible, pour le moment, d'affirmer quelles sont les parties de la vésicule germinative expulsées, quelles sont celles qui restent dans le vitellus. II. — OElf fécondé. Crapaud commun. C'est encore l'œuf du Crapaud qui m'a fourni les images les plus nelles, les résultats les plus probants. Le seul examen à la loupe ou au microscope simple de la surface interne de l'œuf divisé suivant un plan méridional permet de constater une disposition toute différente de celle du précé- dent stade. Au lieu d'une seule traînée pigmentaire représentée parla ligure cla- viforme, on trouve main- tenant, dans l'hémisphère supérieur, deux traînées dis- posées comme suit (voir fig. ci-contre) : Tune (m) a la forme d'un boudin; son ex- (118) trémité inférieure, un peu dilatée quand la traînée est visi- ble sur toute sa longueur, arrive toujours plus près du centre de l'œuf que celle de sa congénère ; son extrémité supérieure se perd dans la calotte pigmentaire de l'hémi- sphère sus-équatorial; mais en suivant la direction de la traînée en boudin jusqu'à la périphérie de l'œuf, on voit qu'en réalité, elle va aboutir à la fossette germinative (/"). En outre, cette traînée est toujours plus ou moins con- tournée en arc-de-cercle, sa concavité embrassant, en quelque sorte, l'extrémité interne ou centrale du second Iractus. Celui-ci (n), largement confondu par sa base avec la calotte pigmentaire ou couche corticale, a la forme d'un coin ou d'un triangle, à sommet recourbé, dirigé en de- dans et venant se terminer dans l'espace circonscrit par la traînée en boudin. L'image obtenue, dans les conditions susdites, est remarquable par sa constance, à part quelques différences inévitables provenant de la direction de la coupe et pouvant toujours être ramenées à la forme typi- que que nous venons de décrire. Les figures 1-3 de la pi. Il peuvent servir à compléter cette description. Les deux premières appartiennent à un môme œuf; une coupe intermédiaire a été supprimée. Sur la fig. 1, l'extrémité in- férieure de la traînée en boudin n'est pas entamée, mais elle se voit sur la fig. % sous forme d'une dilatation sphé- rique. Dans cette même figure , on ne distingue de la traînée triangulaire que sa partie basale, tandis qu'on la découvre, dans son ensemble, sur la fig. 1 ; un petit trait pigmenté en constitue le sommet. La fig. 3, d'après une coupe d'un autre œuf, montre ce trait encore mieux dessiné; il se continue, jusqu'à la périphérie de l'œuf, sous forme d'une traînée à trajet irrégulier et plus pigmentée que la masse ( U9 ) qu'elle traverse. Sur une préparation maiheureusement perdue par suite d'une manipulation maladroite, le trait terminal de la traînée triangulaire renfermait un point clair, homogène, limité par un contour fortement pig- menté. Quelle est la signification des deux traînées pigmen- taires, caractéristiques de Tœuf du Crapaud commun immédiatement après la fécondation? Celle de la traînée en boudin ne peut, me semble-t-il, faire l'objet d'un doute; son aspect général, mais surtout sa dilata- lion inférieure et sa terminaison périj)hérique à la fovea prouvent, en effet, qu'elle correspond à la figure claviforme de l'œuf après la ponte; seulement, au lieu d'être située dans le sens de l'axe ovulaire, comme dans l'œuf non fécondé, elle est maintenant plus ou moins re- courbée, refoulée vers la périphérie et placée dans un sens sensiblement parallèle à la couche corticale pigmentaire. La simple inspection des figures prouve que ce déplace- ment, ce refoulement sont la conséquence de l'apparition de la traînée triangulaire; celle-ci semble chasser devant elle la figure claviforme et déterminer ainsi son incurva- tion. En ce qui concerne la signification de cette nouvelle traînée, je me contenterai de dire, pour le moment, que je considère le point clair du trait terminal comme le noyau de la première sphère. Avant d'entrer dans plus de détails à ce sujet, je crois utile de signaler ce que j'ai vu chez d'autres espèces. Pclobale brun. Dans le chapitre précédent, parlant du Pélobate, j'ai considéré comme l'homologue de la figure claviforme de l'œuf du Crapaud une disposition reproduite dans les lig. 6 et 7 de la pi. l, faites d'après un œuf déjà fécondé. Sur les mêmes figures, on remarque une traînée ( 120 ) pigmen taire de forme triangulaire, à base tournée vers la périphérie, à sommet dirigé vers le centre de l'œuf. La fig. 7 montre que ce sommet aboutit à un petit amas d'apparence nucléaire, un peu plus clair que le vitellus environnant et limité par un contour pigmenté d'où par- lent, en rayonnant, quelques stries de granulations vitel- lines. Examiné, même à un fortgrossissement, cet amas ne laisse voir, dans son intérieur, aucun élément figuré. Le plus grand diamètre de l'amas nucléaire en y comprenant sa bordure pigmentaire est d'environ 25 y.; son plus petit diamètre de 15 y-.\ le pins grand diamètre de la partie claire seulement mesure 15 a., son plus petit 10 (j.. La traînée triangulaire avec l'amas nucléiforme auquel elle aboutit est évidemment l'homologue de la traînée triangulaire vi- sible sur l'œuf fécondé du Crapaud. Ici encore, je consi- dère l'amas nucléiforme comme un noyau véritable : celui de la première sphère. Toutefois ce que nous montre l'œuf du Pélobate diffère assez notablement de la disposition si caractéristique de l'œuf du Crapaud ; cette différence pro- vient surtout : 1° du non-refoulement à la périphérie, chez le Pélobate, de lafigureclaviforme;2°de ce que la dilatation inférieure de cette figure, au lieu d'être formée par un amas pigmentaire, comme dans l'œuf du Crapaud, a, au contraire, pour limite une zone plus pigmentée que sa masse. En outre, par suite du non-déplacement de la ligure claviforme, sa dilatation inférieure et le noyau du sommet de la traînée triangulaire se rencontrent, le der- nier occupant à peu près le milieu de l'espace de la pre- mière. Triton alpestre et Axolotl. On a vu que je n'ai pas réussi à découvrir, chez les Urodèles, les restes de la vésicule germinative et de la roule suivie par ses parties ( 12i ) expulsées, sous forme d'une image aussi nette que la figure claviforme de l'œuf du Crapaud. On ne doit donc pas s'attendre à trouver, dans les œufs fécondés de ces espèces , une disposition en tout semblable à celle de l'œuf fécondé du Crapaud. Laissant de côté les vestiges de la figure claviforme, je ne m'occuperai que des parties homologues de la traînée triangulaire et de son noyau terminal. Ces parties homologues, je n'hésite pas un instant à les retrouver dans une disposition que j'ai décrite ail- leurs (1), c'est-à-dire dans ces traînées pigmentaires par- tant des trous vitellins de la périphérie de l'œuf et abou- tissant à une dilatation nucléiforme généralement ovalaire ou elliptique. Je renvoie, pour la description détaillée de cette disposition , à l'opuscule cité(2), mais je dois insister ici sur les principaux arguments qui militent en faveur de l'homologie que je signale : 1° les traînées partant des trous vitellins chez les Urodèles, de même que la traînée triangulaire des Anoures, ne se rencontrent que sur les œufs fécondés; 2° les traînées parlant des trous vitellins aboutissent , de même que la traînée triangulaire de l'œuf du Crapaud et de celui du Pélobate, à un amas nucléi- forme; 5*" chez les Urodèles, aussi bien que chez les Anoures, cet amas nucléiforme se distingue par sa colo- ration claire et son contour pigmenté; les stries rayon- nantes partant de ce contour chez les Urodèles, se retrouvent chez le Pélobate; 4" le trajet de la traînée pigmentaire des Urodèles est généralement représenté par une ligne brisée; dans une coupe d'œuf de Crapaud, représentée, pi. Il, fig. 3, nous avons attiré l'attention (1) Sur les trous vitellins , elc, /. c. (2) L.c. pp. 6i-6o,fig.5-10. ( 122 } sur une disposition très-instructive; on y remarque en effet une ligne à trajet également brisé, plus foncée que la masse triangulaire qu'elle traverse, et allant aboutir, d'un côté à la périphérie, de l'autre au sommet de la traînée triangulaire où l'on trouve , sur d'autres coupes, la dilatation nucléaire. Ne faut-il pas reconnaître , dans cette ligne brisée de l'œuf du Crapaud, la reproduction de la traînée pigmentaire de l'œuf des Urodèles? La similitude entre les deux productions serait complète, si la termi- naison périphérique de la ligne brisée de l'œuf du Crapaud correspondait à un trou vitellin, ce que je ne puis décider pour le moment ; 5" la traînée triangulaire des Anoures part toujours de l'hémisphère supérieur de l'œuf; chez les Urodèles, c'est surtout dans l'hémisphère supérieur qu'on rencontre les trous vitellins (1) et, par conséquent, les traînées pigmentaires. Si les traînées partant des trous vitellins chez les Urodèles sont des homologues de la traînée triangulaire des Anoures, la dilatation nucléi- forme qui les termine représente également ici le noyau de la première sphère. La multiplicité des traînées et, par suite des noyaux , n'infirme pas cette homologie; en effet, Bùtschli et Auerbach (2) ont constaté, chez plusieurs iNématodes, l'apparition de noyaux multiples, et tout ré- cemment. Oscar Hertwig a observé un phénomène sem- blable chez le Toxipneusles lividus; d'après ce dernier auteur, il est vrai, cette apparition de noyaux multiples devrait être considérée comme une anomalie (5). Je ne me suis pas prononcé jusqu'ici sur l'origine et le (1) Le , p. 64. (2) L. c. (3; L. c, pp 583-384. ( «23 ) mode de lortnation de la traînée trianguiaire et du noyau qui la termine. Deux hypothèses me semblent permises : ou bien les éléments en question proviennent de la couche corticale modifiée sous l'influence de l'agent fécondant, de manière que le noyau de la première sphère serait le résultat d'une prolifération, d'une sorte de germination interne de cette couche ; ou bien , comme je l'avais déjà supposé en décrivant les trous vitellins, ces éléments seraient produits par la pénétration, dans le vitellus , de spermatozoïdes. Mais avant de discuter la valeur de ces hypothèses, il est nécessaire de passer en revue ce qui a été dit, par d'autres auteurs, sur les modifications qu'é- prouvent, au moment de la fécondation, les œufs d'autres animaux et en particulier ceux des Batraciens. V. Baer n'a pas connu les modifications intimes du vitellus de l'œuf fécondé de la Grenouille. 11 attribue le phénomène de la segmentation à l'action immédiate de la matière fécondante qui serait la partie liquide du sperme : a Offenbar scheint es, das nicht die Samenthiere das Wirksame imSperma seyn konnen , sondern seine fliissigen oder noch feineren Bestandtheile » Il dit aussi : « în wiefern der friihere Inhalt des Keimblâschens, von dem mehr oder weniger sich noch in dem Canaledes Ke4mlochs und in der darunter liegenden Hôhle des Dotters finden \vird,hiezu mitwirkt, liisst sich schwer entscheiden (\). » Laissant de côté les hypothèses de Bergmann, Vogf, Tramer, j'arrive immédiatement à Remak. Il trouve, dans l'œuf fécondé et non encore segmenté, une cavité aplatie , située près du pôle supérieur; il la désigne sous le nom de (1) L. c , p. 505. ( 124 ) cavité de v. Baer« Diev. Eaer'sche Kernhôhle » et elle cor- respond probablement, d'après lui, à la cavité ayant ren- fermé la vésicule germinative. Quelquefois, au lieu d'une cavité unique, on en rencontre deux plus petites résultant de la division de la première (1). La description et les ligures de Remak ne sont pas applicables à ce que nous avons vu, sur l'œuf des Batraciens, immédiatement après la fécondation; elles concernent un stade plus avancé, dans lequel toute trace de la vésicule germinative a dis- paru, et où le noyau de la première sphère n'est plus relié à la couche corticale pigmentaire. Nous verrons, dans un prochain travail traitant de la segmentation, jusqu'à quel point les cavités de Remak correspondent aux noyaux des sphères ovulaires, suite de ce processus. Dans mes recherches sur le développement du Pélobate, j'ai décrit, dans l'œuf fécondé, un nucléus clair, situé à l'endroit de la cavité de v. Baer et non délimité d'une manière nette du côté du vitellus (2). Ce nucléus n'est pas le vrai noyau de la première sphère ; il correspond à l'es- pace qui entoure ce noyau (pi. I, fig 7) et, par conséquent, à la dilatation inférieure delà figure claviforme. Gœtte a donc raison quand il dit que je n'ai pas vu son « Lebens- keim » , mais seulement ce qu'il désigne sous le nom de « Dotterkern » (3); car je tâcherai bientôt de prouver que ce « Dotterkern » de l'embryologiste allemand corres- pond à la dilatation inférieure de la ligure claviforme. D'après AL Gœtte, tous les œufs fécondés d'une même (I) Vntersuchungen iiber die Entwickduug der Wirbclthiere, I80I, pp 128-137, pi. IX, lig. 5-4. (-2) L. c, p. 21. (3) /.. c. p. 71. ( 12S ) ponte ne sont pas également développés et, par consé- quent, ne présentent pas les mêmes caractères. Dans l'hémisphère supérieur des moins avancés, il trouve une masse étoilée, iinement granuleuse, reste de la vésicule germinative (i); dans les plus avancés, il constate le début de l'évolution embryonnaire. Ce début est marqué par l'apparition d'un noyau volumineux, arrondi, un peu aplati « durch einen nicht scharfen, aber deutlichen Kon- tour von der iibrigen Dottermasse gesondert » et plus rapproché du pôle supérieur que du pôle inférieur de l'œuf; Gœtte appelle ce noyau g Dotterkern. » Sa sub- stance finement granuleuse n'est pas distincte, histologi- quement parlant, du vitellus qui l'entoure; la substance, aussi finement granuleuse, reste de la vésicule germina- tive, empiète plus ou moins sur le domaine du noyau vitellin, mais d'une façon si irrégulière qu'on est en droit d'admettre que ce rapport est tout à fait accidentel (2). Pendant que le noyau vitellin se rapproche du pôle supérieur, apparaît, dans sa masse, un corpuscule arrondi , délicat, transparent , se confondant, sans limites bien pré- cises , avec le vitellus qui l'entoure; ce corpuscule , destiné à donner l'impulsion au développement ultérieur de l'œuf, est désigné par Gœtte sous le nom de « erstcr Lebens- keim. » Bientôt le noyau vitellin « Dotterkern » disparaît, mais non sans laisser de trace, car le « Lebenskeim » persiste comme témoin de son activité (5). Cherchons maintenant à établir un rapprochement entre ce que Gœtte a vu chez le Bombinator igneus et ce que nous (i) L. c. p. 51, pi. I, fig. 13. (2) L. c. p. 51, taf. 1, Hg. 14. (3) L. c, pp 51-55, 1. pi. II, fig. 20; I, fig. 17a ( i26 ) avons pu constater chez d'autres espèces. D'abord il nous paraît évident que le premier « Lebenskeim » de l'auteur allemand correspond à ce que nous avons appelé le noyau de la première sphère. Dans les deux cas, l'aspect de l'élé- ment est le même; le « Lebenskeim » et le noyau de la première sphère sont situés dans l'hémisphère supérieur de l'œuf; le « Lebenskeim » de Gœtte mesure environ 30 ^. et je trouve pour le noyau de la première sphère du Pélo- bate, 25 p. Mais nous sommes loin d'être d'accord sur l'origine de l'élément en question : je le considère comme venu de la périphérie du vitellus, soil qu'il consiste en un bourgeonnement de la couche corticale, soit qu'il résulte de la pénétration, dans le vitellus, d'un spermatozoïde; pour Gœtte, au contraire, le « Lebenskeim » est un reste, un produit du « Dotterkern » ; il dit en effet, parlant de la disparition de ce dernier : « So gehl sie doch nicht spurlos vorùber; gleichsam als Frucht ihrer Wirksamkeit bleibt der Lebenskeim zuriick d (1). Quant au « Dotter- kern » lui-même, je ne puis y voir que la dilatation infé- rieure de notre figure claviforme, c'est-à-dire l'endroit occupé antérieurement par la vésicule germinative; ainsi s'expliquent l'existence éphémère du noyau viteljin de Goette, sa situation sensiblement correspondante à celle occupée par la vésicule germinative (2), son volume et sa forme qui, d'après l'auteur lui-même, rappellent ceux de celte vésicule. Dans une coupe d'œuf fécondé de Pélobate, (1) L c, p. 54. (2) D'après Gœtte, la situation de son « DoUerkern » serait un peu différente de celle de la vésicule germinative (/ c, p. 52); mais un coup d'œiljelé sur les fig. 11-14 de la pi. I de son Atlas suffit pour montrer que cela ne diminue en rien la justesse du lapprochement que nous fai- sons ici. ( 127 ) je vois le noyau de la première sphère situé dans la dila- tation inférieure de la figure claviforme (pi. I, fig, 7), de même que je rencontre le premier « Lebenskeim » de Gœlte au milieu de son noyau vilellin . Jusqu'ici j'ai laissé indécise la question de savoir si le noyau de la première sphère a son point de départ dans une formation, une sorte de bourgeonnement de la couche corticale de l'œuf ou s'il résulte de la pénétration, dans le vitellus, d'un spermatozoïde. On a pu se convaincre par la précédente revue biblio- graphique, que les auteurs qui se sont occupés de l'em- bryologie des Batraciens n'ont rien vu de semblable à la disposition que je signale. Nous devons donc chercher ail- leurs des analogies. Strasburger a décrit la formation du noyau de la première sphère dans l'œuf du Phallusia ma- miilaUi. Dans la première édition de son livre, il avait admis la disparition complète de la vésicule germinative dans l'œuf mûr el la formation d'un nouveau noyau par une sorte de bourgeonnement de la couche corticale (1). Dans la deuxième édition, sa manière de voir, à ce sujet, s'est assez modifiée, comme on peut en juger par la citation sui- vante, empruntée à la traduction française du livre de Strasburger par mon collègue et ami, M. le professeur Kickx (2). « L'œuf mûr (tab. Vlîl, fig. 1) est formé de pro- toplasme uniforme, finement granuleux, limité à l'exté- rieur par une couche corticale peu marquée. Accolé à celle- ci, on retrouve le nucléus de l'œ^uf, fort difficile du reste à rendre visible (fig. 2 el 5) .... A la suite de la fécondation (1) /.. c, p. 189-190. Taf. VII, fig. 2-6. (2) D'après les épreuves que M. Kickx a eu rexlrême obligeance de me communiquer. ( 128 ) un nouveau noyau est formé , dérivant tant de la matière fécondante que de la substance de l'ancien noyau (fig. 4)... Ce nouveau noyau s'entoure immédiatement d'une zone protoplasmique homogène ainsi que des rayons qui tra- versent le protoplasme ambiant granuleux. // avance len- tement de la périphérie vers le centre de l'œuf et ses rayons grandissent en proportion (fig. 5). » Le nouveau noyau, que je voudrais nommer « noyau embryonnaire » par opposition à l'ancien qu'il faudrait nommer « noyau ovulaire », se formait d'habitude chez le Phallusia, à peu près deux heures après le mélange arti- ficiel des produits sexuels.... Sur les objets vivants, le noyau embryonnaire nous parait être homogène durant sa migration » (1). On voit, d'après cette citation que, dans la nouvelle opinion de Strasburger , la vésicule germina- tive ne disparaît pas lors de la maturité de l'œuf du Phal- lusia, où on la retrouve, difficilement il est vrai, à la péri- phérie; là elle se mêle, au moment de l'imprégnation, avec l'élément mâle pour former un noyau nouveau, le « noyau embryonnaire » qui progresse insensiblement vers le centre de l'œuf (2). (1) Traduction française, pp. 211-212. (2) Depuis que ces lignes sont imprimées, j'ai reçu de nouvelles épreuves de la traduction de l'ouvrage de Strasburger. L'auteur a repris ses obser- vations sur la formation du noyau embryonnaire et il a pu confirmer, dit- il, les observations d'Oscar Heriwig, dont il sera question tout à l'heure. Comme Hertwig, il admet que le noyau de la l^e sphère, qu'il appelle noyau embryonnaire, résulte de la fusion des noyaux ovulaire et sperma- tique ; mais contrairement à la manière de voir de Hertwig, il croit que c'est de la substance du spermatozoïde qu'il s'agit dans l'acte de la fécon- dation, et non de son noyau, comme tel II croit même qu'on peut se demander, du moins en ce qui concerne le Phallusia, si ce n'est pas par diffusion que la substance des spermatozoïdes traverse la membrane de l'œuf pour se concentrer ensuite dans la formation du noyau spermatique. ( 129) Le noyau de la première sphère résulte, d'après Biltschli, de ce que le protoplasme de la périphérie du vitellus s'ac- cumule au pôle ovulaire et s'enfonce, dans le vitellus, sous forme de cône. Dans l'opinion de Biitschli, ce nucléus nou- veau aurait pour origine la matière claire de la vésicule germinative disparue pendant le premier stade qui suit la fécondation (1). Dans un remarquable travail présenté à TAcadémie (2), mon savant collègue et ami, M. Éd. Van Beneden, a exposé les premières phases du développement de l'œuf de la Lapine. Contrairement à Strasburger, il n'admet pas la per- sistance du noyau ovulaire primitif, en d'autres termes de la vésicule germinative; il a pu constater la sortie de la tache deWagneret du corps nucléoplasmique; mais comme Strasburger, il voit partir de la périphérie de l'œuf fécondé un nucléus nouveau; ce nucléus que l'auteur appelle pro- nucleus périphérique serait formé par un mélange de l'élé- ment mâle avec la substance corticale de l'œuf; puis, de même que chez \e Phallusia , le nouveau noyau progresse vers le centre de l'œuf, où il se confond avec une masse claire, le pronucleus central, sur la signification de la- quelle Éd. Van Beneden ne se prononce pas (5). D'après Oscar Herlwicj, la tache de Wagner de l'œuf du Toxipneusles Uvidus persiste après la disparition du reste de la vésicule germinative et devient le noyau de l'œuf (1) D'après l'analyse de Lôwe, /. c. (2) L. c. (3) J'expose ici d'une manière très-ineomplèle les résultais des obser- vations d'Edouard Van Heneden , d'après une communication verbale faite par l'auteur à l'Académie royale des sciences de Belgique (séance du mois de décembre 1875), avant l'impression de son travail. Voir suitout le chapitre III, pages 12-19. 2"* SÉRIE, TOME XLI. 9 ( d50 ) mûr pour la fécondation (1). Quelques minutes après que l'œuf a reçu le contact du sperme, on voit apparaître, dans le vitellus près de sa surface, un petit espace clair, dé- pourvu de granulations. Cet espace augmente un peu en volume, devient ainsi plus apparent, pour prendre bientôt un aspect tout à fait caractéristique par suite de la dispo- sition rayonnante qu'affectent, autour de lui, les granula- tions vitellines (2). A mesure que grandit l'espace, ces rayons augmentent (5). Mais on remarque en outre, dans l'espace dépourvu de granulations, un corpuscule homo- gène dont le degré de réfringence diffère peu de celui du protoplasme qui l'entoure. Quelquefois Hertwig a vu partir du corpuscule une ligne délicate se dirigeant vers la péri- phérie et la dépassant sous forme d'un fin filament saillant dans l'espace compris entre le vitellus et la membrane de l'œuf (4). Bientôt cette figure périphérique de l'œuf du Toxi- pneustes^ de même que le noyau embryonnaire du Phallii- sia, et que le noyau périphérique de la Lapine, subit un mouvement de translation vers le centre de l'œuf; d'après Hertwig, elle atteint le noyau de l'œuf muret s'accole à ce dernier. Pendant ce trajet de la figure périphérique, la couronne rayonnante de granulations vitellines qui l'en- toure arrive jusque dans le voisinage de la périphérie du vitellus (5). Lorsque les deux corps se sont rencontrés (car le noyau aussi est actif) et accolés dans la partie centrale (1) L c, ch. I, taf. IX, fig. 4-0, et taf. XI, Hg. 7- (2) L. c. , fig. 7. (5) L. c, fig. 8. (4) L.c, fig. 8. (5) L. c, p. 380, fig. 7, 8, 10. ( 131 ) de l'œuf, ils finissent par se confondre, se fusionner (1) pour former un noyau unique, résultat de la « copula- tion » de deux noyaux (2), le corpuscule de la figure péri- phérique n'étant autre que la tête d'un spermatozoïde; Hertwig appelle ce dernier : noyau spennatique « Sper- makern » par opposition au noyau ovulaire « Eikern » représenté par la tache germinative persistante. On a pu voir par l'exposé qui précède, que si les résul- tats obtenus, dans ces derniers temps, par Strasburger, Bûtschli, Van Beneden et Hertwig se ressemblent sous certains rapports , ils diffèrent aussi notablement sous d'au- tres. Examinons maintenantcomment ces résultats peuvent se concilier avec nos propres recherches et laquelle de ces diverses opinions est la mieux applicable à l'œuf des Ba- traciens. Il est d'abord un point sur lequel Strasburger, Biitschli, Hertwig, Éd. Van Beneden et nous-méme, nous sommes parfaitement d'accord : c'est qu'un nucléus nouveau part de la périphérie de l'œuf fécondé. Mais l'accord cesse dès qu'il s'agit de la vraie signification de ce noyau. Pour Stras- burger, il résulte de la fusion de l'élément maie et du noyau ovulaire (vésicule germinative) qui n'a pas disparu dans l'œuf mûr (5). Nous pouvons affirmer que tel n'est pas le cas pour l'œuf des Batraciens où certainement une partie de la vésicule germinative est sortie du vitellus, longtemps avant l'imprégnation et où l'on ne rencontre jamais, à cette époque (c'est-à-dire avant l'imprégnation), rien qui (1) L. c, p. 381, fig. 10-n. (2) L. c, p. 385. (5) Depuis , Strasburger a modifié sa manière de voir et il admet la per- sistance, dans l'œuf, d'un reste de la vésicule germinative, mais qui n'est i pas la tache de Wagner. ( 13-2 ) ressemble à un noyau périphérique. Il est possible toute- Ibis que certaines parties expulsées (taches de Wagner?) de la vésicule se soient mêlées à la couche périphérique; mais on ne trouve d'un tel mélange aucune trace morpho- logique appréciable. L'opinion de Biitschli se rapproche de celle de Strasburger, comme cela appert de ce que j'ai dit plus haut. •Pour Éd. Van Beneden , le noyau périphérique serait un produit de la couche corticale modifiée par le contact du sperme; les spermatozoïdes ne pénètrent pas dans le vitellus, mais se dissolvent à sa surface et se mêlent avec lui (1). Le corps nucléolaire et le corps nucléoplasmique ne contribuent en rien à la formation du nucléus nouveau. Sur ce dernier point nous sommes d'accord avec Van Beneden , mais nous croyons, contrairement à sa manière de voir, que les spermatozoïdes pénètrent véritablement dans le vitellus (2) ; de plus , nous n'avons pas vu , chez les Batraciens, le noyau de la première sphère , venu de la périphérie , se mêler à une masse claire , centrale; à moins d'admettre que la masse centrale dont parle l'auteur ne corresponde à l'endroit occupé antérieurement par la vési- cule germinative et ne soit ainsi l'homologue de la dilata- tation inférieure du corps clavilbrme tel qu'il se présente chez le Pélobate. Pour Oscar Hertwig enfin , le noyau périphérique ré- sulte de la pénétration d'un spermatozoïde; il est formé par (i) « Comme j'ai établi que les spermatozoïdes s'accolent à la surface du vitellus pour se confondre avec la couche superficielle du globe, il me paraît probable que le pronucleus superficiel se forme au moins partielle- ment aux dépens de la ^ubslauce spermatique. » L. c, page 17. (î) Hensen est arrivé à un résultat opposé à celui d'Éd. Van Beneden, et a trouvé des spermatozoïdes dans le vitellus de la Lapine, /. c, p. 66, pi 98, 6g. 99. ( 133 ) la têle de cet élément. Lenoyau s permatiqiie se fusionne alors avec le lîoyau ovulaire pour former le noyau de l'œuf immédiatement avant la segmentation. Kn ce qui concerne la formation du noyau spermatique^ je crois pouvoir me ralliera la manière de voir de Hertwig, c'est-à-dire que je considère la dilatation terminale de la traînée triangu- laire (Crapaud, Pélobate) et des traînées partant des trous vitellins (Tritons, Axolotl) comme résultant de la péné- tration, jusqu'à cet endroit, de spermatozoïdes. Sans revenir sur les arguments qui semblent militer en faveur de cette opinion (1), j'insisterai seulement sur quelques traits de ressemblance entre ce qui a été vu par Oscar Hertwig chez le Toxipneusles lividus et ce que j'ai ob- servé chez les Batraciens : i" la figure qui apparaît dans le vitellus de l'Oursin, après le contact du sperme, est formée par un protoplasme dépourvu de granulations vitellines, limitée par une couronne rayonnante de granu- lations et renferme un corpuscule homogène, le noyau spermatique. Chez les Batraciens, notamment lesUrodèles, la dilatation terminale est aussi formée par un protoplasme clair, homogène et limité par une bordure pigmentaire d'où part une espèce de zone formée par des stries rayon- nantes de la substance vitelline (2); de plus j'ai trouvé, sur plusieurs coupes, au centre de la dilatation terminale , un petit corpuscule que j'avais considéré comme une sorte de nucléole (5) et que l'on peut comparer au « Sperma- kern » de Hertwig; 2° les noyaux venus de la périphérie peuvent être multiples (4) et cette disposition que l'auteur (1) Sur les trous vitellins , etc., l c. (-2) Id. l.c.,p 66. (3) Id. id., fig. 1 , 5, 7. (4) L. c, pp. 385-384. ( 15i ) considère, il est vrai, comme pathologique, se retrouve chez les Batraciens (1). Par contre, rien , dans l'œuf de ces vertébrés, ne trahit l'existence d'un nucléus comparable au noyau ovulaire « Eikern » de l'auteur allemand, et qui, d'après lui, n'est autre que la tache de Wagner. Du reste, comme je l'ai déjà remarqué, en supposant la persistance des taches de Wagner dans l'œuf des Batra- ciens, l'on n'aurait pas encore une image comparable à celle du noyau ovulaire de l'Oursin, à moins d'admettre une fusion de ces taches pour former un noyau unique; mais, je le répète, je n'ai pu découvrir, après la dispari- tion (le la vésicule, aucune trace des taches germinatives. Vax me bornant à ce que j'ai vu chez les Batraciens, je dois admettre ({ue le noyau de la première sphère est représenté par la dilatation terminale avec le corpuscule « Spermakern » de Hertwig que j'ai rencontré chez les Urodèles. Je ne suis pas en mesure de me prononcer avec certitude sur la destinée ultérieure du noyau spermatique, mais je crois pouvoir avancer, comme probable, son mé- lange ultérieur avec le protoplasme (de la dilatation) qui l'entoure; plus tard , en effet, je n'en trouve plus de trace. De ce qui précède, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : L'œuf des Batraciens renferme encore, immédiatement après r imprégnation, des traces de la figure clavi forme , mais rien ne décèle la présence d'un noyau ovulaire dans le sens de Hertwig , ni du pronucleus central de Van Bene- den. Le nucléus nouveau {noyau de la V sphère) part de la (1) /..c, fig. Ô-7. r c N ( 155 ) périphérie; il résulte très-probablement de la pénétration, dans le vitelhis, d'un spermatozoïde j laissant comme trace de son passage, le trou vitellin et la traînée pigmentaire. En progressant dans le vitellus, le noyau de la pre- mière sphère refoule parfois [Crapaud commun ) la figure claviforme, tandis qu'ailleurs (Pélobate) il semble occuper le milieu de la dilatation de cette figure; cette dilatation inférieure correspond probablement à ce que Gœtte dé- signe sous le nom de « Dolterkern » , tandis que le noyau de la première sphère correspond à son « Lebenskeim. » EXPLICATION DES PLANCHES. NOTA. — Toutes les figures sont dessinées à la chambre claire, Hartn. s. ± Planche L Fig. 1-4. Coupes méridionales d'un même œuf non fécondé de Crapaud commun. Les coupes se suivent dans Tordre indiqué par les chiffres. — 5. Coupe un peu oblique par rapport à Taxe ovulaire d'un autre œuf non fécondé de Crapaud. — Même ponte; séjour moins prolongé dans l'alcool. — - 6-7. Coupes méridionales d'un même œuf fécondé de Pélobate brun. Planche II. Fig. 1-2. Coupes méridionales d'un même œuf fécondé de Crapaud com- mun. Une coupe intermédiaire a été supprimée. — 3. Coupe méridionale d'un autre œuf aussi fécondé du même ani- mal. Même ponte. — A. Coupe méridionale d'œuf non fécondé d'Axolotl. — 5-G. Coupe d'un même œuf fécondé d'Axolotl, c. Couche coagulée à la surface de l'œuf. ( 136 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du iO janvier 1876. M. le baron Guillaume, directeur. jM. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Grandgagnage , J. Roulez, Gachard, Paul Devaux, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, Gh. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, E. de Laveleye, Alph. Le Roy, membres; J. Nolet de Brauwere van Stee- land, Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; Edm. Poullet, Stan. Bormans et Ch. Piot , correspondants. M. Stas, membre de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur informe que, par arrêté royal du 14 décembre dernier, dont il transmet une ex- pédition, le Roi a nommé président 'de l'Académie pour J876 M. Charles Faider, directeur de la classe pour la même année. — M. le Ministre de ITmérieur transmet: 1° une amplia- tion de l'arrêté royal du 7 décembre dernier nommant ( 137 ) MM. Ém. de Borchgrave, le baron Guillaume, Alph. Le Roy, Edm. Poullet, le général Renard, Thonissen et Alph. Wauters, membres du jury chargé de juger la sixième période quinquennale du concours d'histoire nationale; ^^ une ampliation de l'arrêté royal du 14 du même mois nommant MM. P. De Decker, De Longé, Faider, Loo- mans, Macors, Orts et Tielemans, membres du jury chargé de juger la sixième période quinquennale du concours des sciences morales et politiques; 3° une ampliation de l'ar- rêté royal de la même date, nommant MM. Al vin , Bourson, Éd. Fétis, Fuérison et Ad. Siret, membres du jury chargé de juger la sixième période triennale du concours de litté- rature dramatique en langue française; ¥ une ampliation des arrêtés royaux portant la même date, modifiant de la manière suivante l'article 1" des arrêtés royaux du 10 juillet 18o8 et du oO septembre 18o9 relatifs aux prix triennaux de littérature dramatique en langue flamande et en langue française : « Toute liberté est laissée aux concurrents en ce qui concerne le choix des sujets; mais, à mérite égal, le prix sera décerné à l'ouvrage dont le sujet aura été emprunté soit à l'histoire, soit aux mœurs nationales. » — M. le Ministre adresse, en communication, une lettre par laquelle la dame veuve Antoon Bergmann, de Lierre, témoigne l'intention de faire donation à l'Académie, pour la fondation d'un prix, de la somme de 5,000 francs, montant du prix quinquennal de littérature flamande dé- cerné à l'œuvre : Ernest Staas, Schelsen en bcelden, de feu son mari. Dans cette lettre, la dame Bergmann indique les con- ditions auxquelles la donation serait faite. ( 138) La classe charge MM. Faider, De Decker et le baron Kervyn de Lettenhove de lui faire un rapport sur cette communication. — M. le Ministre envoie, pour la bibliothèque de l'Aca- démie , un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Avestaj livre sacré des sectateurs de Zoroastre, traduit du texte par C. de Harlez , tome V\ Introduction. — Vendidâd, gr. in-8^ — Remercîments. — M. L. Alvin , conservateur en chef de la Bibliothèque royale, transmet, au nom du conseil d'administration de cet établissement, une copie de la lettre que la délégation de ce conseil a adressée à M. le Ministre de l'Intérieur, comme suite à sa démarche du 1" de ce mois relative- ment au déplacement du laboratoire de chimie de l'école industrielle. — La Société d'Émulation de Cambrai adresse le pro- gramme des questions qu'elle a mises au concours pour 4876. — La Société d'études diverses , au Havre , en trans- mettant le programme des prix qu'elle a proposés pour 1877, appelle l'attention de la classe sur la seconde ques- tion proposant un prix de 250 francs au meilleur mé- moire sur ce sujet : « De l'établissement d'une justice internationale. » — M. le secrélaire perpétuel présente, au nom de la Commission royale d'histoire, le premier Bulletin du tome 111 de la 4*^ série de ses Comptes rendus des séances , ( 139 ) qui vient d'être distribué aux membres, aux personnes et aux établissements qui en sont gratifiés. — M. Alphonse Le Roy fait hommage , de la part de M. Giovanni Papanti, de Livourne, des ouvrages suivants : i° I parlari italiani in Certaldo alla [esta ciel V^ centena- rio di Messer Giovanni Boccacci;^'' Dante, seconda la tradizione ei novelatori; 5° Scella di curiosità letterarie inédite o rare dal secolo xni al xvii; 4° Catalogo dei novel- lieri italiani in prosa raccolei e possediiti da Giovanni Papanti. La note lue à ce sujet par M. Le Roy paraîtra dans le Bulletin de la séance. M. le marquis de Godefroy Menilglaise fait hommage d'un exemplaire de l'édition, avec traduction française en regard , de la Chronique de Hainaut rédigée par Gilbert , chancelier du comte de Hainaut Raudouin V (1040-1195), qu'il vient de publier avec annotations, variantes, glos- saire et index, dans les Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai. M. Garcin de Tassy adresse, également à titre d'hom- mage, un exemplaire de sa revue annuelle intitulée : La langue et la littérature hindonstanies en 1875. La classe vole des remercîments aux auteurs de ces dons et décide le dépôt de leurs ouvrages dans la biblio- thèque de l'Académie. ( iiO ) ÉLECTIONS. D'après l'article 8 du règlement général , la classe pro- cède à l'élection de son directeur pour 1877. Les suffrages se portent sur M. Alphonse Wauters. M. le baron Guillaume, directeur sortant, exprimée ses confrères ses sentiments de reconnaissance pour le concours qu'ils lui ont prêté dans la direction des travaux de la classe pendant l'année écoulée. Il installe ensuite au fauteuil M. Faider , lequel exprime, à son tour , ses remer- cîmenls pour le double honneur d'avoir été appelé à la présidence des trois classes de l'Académie en même temps qu'aux fonctions de directeur pour l'année actuelle. M. Faider propose ensuite de voter des remercîments à M. le baron Guillaume pour la manière dont il s'est ac- quitté de son manda t. Les applaudissements de la classe ont accueilli cette motion. M. Alph. Wauters, appelé ensuite à venir prendre place au bureau , remercie ses confrères de l'honneur qu'ils lui ont fait. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur un monument littéraire érigé à ta mémoire de Boccace; par M. Alphonse Le Roy, membre de FAca- démie. Le beau volume intitulé : î parlari italiani in Certaldo, que j'ai Thonneur d'offrir à la classe de la part de M. Giô. Papanti, de Livourne, avec quelques autres ouvrages du même auteur, présente un intérêt peu ordinaire. On sait ( 141 ) qu'en Italie, les fêtes nationales par excellence sont celles qui sont consacrées aux gloires du pays : aucune nation peut-être n'est plus fière de ses grands hommes ; et il faut en convenir, c'est à bon droit. Après Dante et Michel- Ange, voici que Boccace vient d'avoir son tour : à Cer- taldo , sa bourgade natale , a été célébré, dans les derniers jours de 187o, le SOO^ anniversaire de la mort du créateur de la prose toscane. En pareille occasion , les écrivains d'élite de toute la Péninsule taillent leurs meilleures plumes : chacun à l'envi s'ingénie à trouver quelque idée neuve et heureuse, pour rendre plus éclatant son hommage au héros du jour. C'est une sorte de concours libre et volon- taire, dont les résultats tournent toujours à l'avantage des lettres et des sciences. Je me souviens de l'émotion que j'éprouvai, à Cracovie, lorsqu'on appela mon attention sur une colline factice, une sorte de grand tumulus élevé sur une hauteur qui longe la route de Wieliczka. C'est le monument de Kosciuzko. Pas d'inscription; rien : un tertre couvert d'herbe. Mais rien de plus éloquent, de plus touchant que ce témoignage muet, quand on sait que la terre amoncelée là par des mains pieuses a été apportée de tous les villages de la Polo- gne. Or, M. Papanti a voulu honorer la mémoire de Boccace d'une façon analogue; et, j'ose le dire, il n'a pas été moins bien inspiré que les patriotes polonais. Grâce à lui, l'Italie tout entière a été représentée à Certaldo, comme la Pologne tout entière l'est à Cracovie ; mais elle est venue y faire entendre toutes ses voix sonores ; c'est un monument litté- raire, non moins durable qu'un monument matériel, qui dira bien haut à la postérité : cinq siècles écoulés, l'au- teur du Décaméron Est jeune encore de gloire et d'immorlalilé. ( 1^^2 ) Il semble que M. Papanli ait élé conduit à son idée par une strophe du Paradis de Dante : Opéra naturale è ch' uom favella : Ma cosi 0 cosi , nalura lascia Poi fare a voi, seconde che v'abbella. Cette épigraphe explique du moins son livre. A côté de la belle langue que Boccace a tant contribué à régulariser, en Italie comme en France, comme chez nous, les dialectes locaux, originaux et pittoresques sont restés aussi pleins de vie et de sève que jamais, chacun se ressentant de Tinfluence du milieu où il est parlé, les uns rudes et sévères comme la nature alpestre, les autres tout empreints de la grâce flo- rentine ou zézeyant nonchalamment dans la bouche des gondoliers des lagunes. M. Papanti en a dressé en quelque sorte le bilan ou l'inventaire : avec une admirable patience, il est parvenu, non-seulement à faire à son héros un hon- neur inusité, mais à doter sa patrie d'un recueil sans pa- reil ailleurs. La IX"'' nouvelle de la première journée du Décaméron a été traduite, grâce à ses soins et à ses insis- tances, en sept cents dialectes soit italiens, soit de familles étrangères, mais parlés dans Tun ou l'autre coin de l'Italie, soit enfin de souche romane (provençal, catalan, espagnol, portugais, roumain, wallon, savoyard) en usage dans les pays voisins ou éloignés où le latin a survécu seconda che v'abbella. Les philologues les plus autorisés, et ils ne sont pas rares au delà des monts, ont prèle leur concours à cette œuvre nationale et ont enrichi leurs versions de notes pré- cieuses; en France, les Paul Meyer, les Gaston Paris, pour n'en pas citer d'autres, se sont faits les collaborateurs de M. Papanti; les patois wallons de nos provinces figurent dans le volume par quatre versions : liégeoise, condru- ( 143 ) sienne, namuroise et montoise. Du rapprochement de tous ces textes jaillissent des traits de lumière : je ne connais rien de comparable , ni les traductions de la Parabole de l'enfant prodigue en patois de la France éditées par Snac- kenburg, ni les cinquante-six versions wallones de la même parabole publiées à Liège par la Société de littérature wal- lonne. M. Papanti a rendu un service inappréciable à la linguistique comparée. Pressé par le temps, il n'a pu se livrer à une étude ap- profondie des divers types, de leur filiation, des analogies et des différences dont l'observation raisonnée conduira plus tard à une classification scientifique : la géographie seule a déterminé sa classification : les dialectes sont dis- tribués par provinces. Aux linguistes de faire le reste ; tradidit mnndum disputatlonibus eorum. J'espère qu'un livre si remarquable et où la Belgique n'est pas oubliée trouvera chez nous, et dans notre Compagnie en particu- lier, des appréciateurs attentifs : il y a là une source iné- puisable d'études sur les déformations du latin, sur les ori- gines de nos parlers vulgaires, sur le croisement des races, sur l'ethnologie enfin comme sur la philologie. M. Papanti a bien voulu, par la même occasion, placer sous les yeux de notre Académie quelques-uns de ses autres travaux. Je citerai en particulier un volume intéressant consacré au Dante. C'est le recueil de toutes les traditions concernant l'illustre exilé, qui nous ont été conservées par ses compatriotes, depuis Boccace et Pétrarque jusqu'à Sa- vonarole et Guicciardin. A un point de vue différent, c'est un digne pendant de l'ouvrage dont j'aî parlé d^abord. M. Papanti est un bibliophile de premier ordre. Son Catalogue raisonné (en deux volumes) de la riche biblio- thèque de Novellieri italiens en prose, qu'il est parvenu à ( iU ) rassembler, bibliothèque sans rivale en son genre, est sans prix pour les connaisseurs et offre encore ce mérite parti- culier, qu'il est suivi de plusieurs pièces importantes au point de vue littéraire, publiées pour la première fois. Enfin le recueil de facéties des XV' et XVl*' siècles, du Flo- rentin INicolo di ser Baldassari degli Angeli del Bucine, édition princeps et tirée à très-petit nombre (Bologne, 1874, in-8''), dont j'ai l'honneur de déposer ici un exem- plaire , prendra une place honorable dans nos collections littéraires. Le Conseil cVÊtat belge et la Conférence anglo-batave (1706- 1715) ; par M. Gachard, membre de l'Académie. PREMIÈRE PARTIE. C'est une triste époque, dans les annales de la Belgique, que celle qui s'étend de la mort de Charles H à la prise de possession du pays par l'empereur Charles VI. Onze années durant nos provinces servirent de champ de bataille à l'Europe; elles eurent à souffrir tous les maux que la guerre entraîne après elle. Lorsque les victoires des puis- sances coalisées contre Louis XIV et Philippe V eurent fait tomber en leur pouvoir la plus grande partie des Pays- Bas espagnols, la Hollande et l'Angleterre s'en attribuèrent le gouvernement, et, peudant tout le temps qu'il leur con- vint de l'exercer, elles tinrent peu de compte des intérêts et des droits de la nation. Au milieu de cet abaissement de la patrie, il y quelque chose qui console : c'est que le caractère national ne se dément point, qu'il conserve toute sa fierté, toute son indé- ( \m ) pendance. La lutte du conseil d'Étal belge avec la Confé- rence anglo-batave, que je nfie propose de raconter, en fournit la preuve. Cet épisode de notre histoire n'est jusqu'ici qu'impar- faitement connu, quoiqu'il occupe une assez grande place dans une série de pièces officielles sur les événements du temps que je fis paraître il y a une quarantaine d'an- nées (1); que la correspondance du duc de Marlborough publiée depuis en Angleterre (2) contienne mainteet mainte chose qui s'y rapporte, et qu'il en soit parlé aussi dans les Mémoires de Sicco van Gosiinga sur la guerre de succes- sion qui ont vu le jour en Hollande (5). Pour pouvoir le retracer d'une manière à la fois exacte et complète, il fallait consulter, dans les archives de la Haye, les dépêches des députés hollandais à Bruxelles adressées aux ministres de la république et les résolutions secrètes des états généraux : je me suis imposé cette tâche. Le travail que j'ai l'honneur de présenter à la Classe est le résultat d'une étude consciencieuse de tous les docu- ments, imprimés et inédits, qui m'ont passé sous les yeux. Dès que les nouvelles de la victoire de Ramillies par- vinrent à la Haye, les états généraux s'occupèrent du gou- (1) Collection de documents inédits concernant l'histoire de la Bel- gique, t. 111, 1835. In-S". (2) The lelters and dispalches of John Churchill, fîrst duke of Marl- borough, from 1702 to 1712, etc. Londres, 1845. Cinq volumes in-S». (3) Mémoires relatifs à la guerre de succession de 1706-1709 et 4711 de Sicco van Gosiinga, publiés par MM. Everstz elDelprat, 1857. In-S". 2""^ SÉRIE, TOME XLI. iO ( 446 ) vernement à établir dans les provinces des Pays-Bas qui seraient conquises par les armes des alliés. Ils firent partir pour Bruxelles le S"" Hulft, ancien résident de la république près rélecleur de Bavière, afin de s'y informer des per- sonnes qu'il conviendrait le mieux de placer à la tète de l'administration (1); ils autorisèrent leurs députés à Tar- mée (2) à prendre provisoirement, de concert avec le duc de Marlborough, toutes les mesures qu'ils jugeraient opportunes concernant les affaires publiques, en leur adjoi- gnant, pour les finances, le trésorier général Hop (5); ils leur donnèrent la même autorisation par rapport aux gar- nisons à mettre dans les places, en leur recommandant de ne pas se départir du principe que le droit de possession appartenait à la république avant tout autre (4). Les députés à l'armée eurent des conférences, à Gand et à Alost, avec des délégués des états de Flandre et de Brabant; ils entendirent le rapport du S' Hulft, sur les renseignements qu'il avait recueillis à Bruxelles, et leur opinion, qu'ils firent connaître aux états généraux, fut (1) Résolution du 29 mai 1706. (Arch de la Haye, reg. Secreete Reso- lutien, 1706.) (2) Les dépulalions des étals généraux à rarmée comptaient cinq mem- bres, dont quatre étaient tirés de leur assemblée et un du conseil d'Étal. Celle de 1706 se composait de Ferdinand Van Collen, conseiller et échevin d'Amsterdam , d'Adrien-Frédéric baron de Reede, seigneur de Renswoude, président des états d'Utrecht, de Sicco van Goslinga, député de Frise, de Gisberl Cuper, bourgmestre de De venter, et d'Adrien Van Borssele, sei- gneur de Geldermalsen, du conseil d'État. {Mémoires de Sicco van Gos- linga, p. 157. (o) Résolution du 3 juin 1706 (Fer6aa/ van de lieeren Haar Ho. Mo. gedeputeerden te velde, 1706, pièce 50.) ( i) « .... Dat Let reclu van besetinge ae coml. (Résolution secrète du 5 juin : Verbaal cité, pièce 4.) ( 14.7 ) (l'établir, pour le gouvernement des provinces des Pays- Bas qui venaient d'être conquises et de celles qui le seraient dans la suite, un conseil d'État organisé à l'instar de celui qui avait existé avant la mort de Charles 11(1). En attendant que les ordres des états leur parvinssent, ils se transportèrent à Bruxelles. Cependant le comte de Goes, ministre de Charles lïl à la Haye, avait déjà , l'année précédente, été commis par ce monarque pour recevoir, en son nom, le serment des provinces et des villes des Pays-Bas qui se réduiraient volontairement sous son autorité ou seraient réduites par ' la force des armes, pour leur jurer réciproquement le maintien de leurs privilèges et pour les gouverner (2); il présenta aux états généraux copie de sa commission, en réclamant leur appui à l'effet d'exercer les pouvoirs qu'elle I lui conférait (5). Les états généraux lui répondirent que si, d'après le traité de la grande alliance, les Pays-Bas espagnols devaient être remis au roi Charles, ils devaient aussi con- I stituer une barrière pour la république, qui servît à sa ! sûreté contre la France; qu'ils ne pouvaient en consé- 1 quence le laisser prendre possession des provinces con- I quises, avant qu'une convention eût été faite entre le roi et eux, ainsi que cela avait eu lieu en 1705 pour le Lim- bourg (4); qu'en attendant le pays serait gouverné par un conseil d'État dont tous les actes se feraient sous le nom (1) Lettre des députés au greflîer des états généraux du 12 juin 1706. (Reg. Secreete Brieven^ 1706, fol. 101.) (2) Lettres patentes du 19 octobre M 0^. {Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t. I, p. 656.) (3) Mémoire présenté aux états généraux le 27 mai 1706. (4) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t. l", pp. liv-lvii. ( 148 ) de ce monarque; que, de concert avec la reine de la Grande-Bretagne, ils veilleraient à la conservation des hauteurs, prérogatives et prééminences inhérentes à la souveraineté, non moins qu'à celle des libertés, privi- lèges, droits et coutumes de la nation ; que, du reste, pen- dant ce gouvernement intérimaire, ils communiqueraient et s'entendraient volontiers avec lui sur les afïiures du pays(l). Le même jour où les états généraux arrêtaient les termes de la réponse à faire au comte de Goes, ils déci- daient que le conseil d'État serait établi de la part de la république, d'accord avec l'Angleterre (2); que leurs dé- putés en nommeraient les membres, de l'avis du duc de Marlborough; que ce conseil ne recevrait de direction de per- sonne sans la connaissance et l'aveu de la république; que, dans les affaires d'importance, il n'agirait que de concert avec ses députés et avec le duc; que le conseil privé res- terait supprimé; que le conseil des finances et les deux chambres des comptes seraient rétablis, pour exercer leurs fonctions sous l'autorité du conseil d'État. Les dé- putés à Bruxelles étaient chargés de se mettre en rapport avec le duc de Marlborough, afin de donner suite à cette résolulion (3). Avant de l'avoir reçue (4), MM. Van Collen, de Reede et leurs collègues avaient déjà formé et communiqué au généralissime anglais un plan d'organisation du conseil d'État ; ce plan comprenait les personnes dont le conseil (1) Résolution du 19 juin 1706. ("2) « .... Van wegen den Staat, met concert van Engeland. (5.' Deuxième résolution du 19 juin 1706. (4) Elle ne leur parvint que le !29. ( f49 ) serait coinposé , les instructions qui leur seraient données, la forme des commissions qu'elles recevraient, le serment qui serait prêté par elles. Les députés attachaient une grande importance à ce que le conseil d'État ne fût ou ne se crût pas indépendant. « Nous craignons beaucoup » — écrivaient-ils au duc — que, si le gouvernement i> s'établit ici sans aucune dépendance, il pourra, à la B première occasion, prendre le parti de celui qui lui » montrera avoir quelque commission de Sa Majesté » Catholique, et nous exclure ainsi de la direction des » affaires de ces pays, qui pourtant nous regardent de si » près, auxquels nous devons prendre tant d'intérêt par j> rapport à leur situation , et qui nous ont coûté tant ï> de peine, d'argent et de sang pour les soumettre (1). » On a vu que les états généraux avaient pris leurs mesures pour les éventualités que leurs députés appréhendaient. Marlborough était à son camp de Roulers lorsque la lettre de ceux-ci lui parvint. Il trouva très-bien ce qu'ils proposaient : « Rien , selon moi , leur répondit-il , ne peut » être mieux projeté qne ce que vous avez fait, et je » l'approuve en son entier. 11 faut que tout se fasse au » nom et sous l'autorité du roi, avec les précautions i> pourtant que vous proposez, afin que l'Etat (2) trouve D son avantage dans une bonne et sûre barrière, puis- » qu'il nous a coûté tant de peine et de dépense : mais il D faut que ces précautions se ménagent bien délicate- » ment , pour ne point donner d'ombrage aux bien-inten- D tionnés, ni lieu aux autres de s'en prévaloir pour (1) Lettre du 55 juin 1706. {Kcg. Secreete Brieven, 1706, 1*»^ deel , fol. 134.) (2) C'est-à-dire la république des Provinces-Unies. ( \m ) 9 donner de la jalousie au pays En Espagne et à D Vienne , ajoulait-il , ils ne peuvent être que trop con- D tents que nous tenions un peu la bride en main jusqu'à » ce que le roi soit à loisir de donner l'attention néces- » saire à ce gouvernement, et le mettre sur une bonne et » solide base où l'État puisse trouver la sûreté pour ses » provinces qu'il a si bien méritée (1). » Quelques jours plus tard Marlborough aurait peut-être tenu un autre langage. Un incident aussi imprévu pour lui qu'il l'était pour les états généraux survint en effet, qui devait modifier ses idées sur la prétention que les états formaient d'exercer l'autorité souveraine dans les provinces des Pays-Bas sou- mises par les armes des alliés. L'empereur Joseph I" avait en son pouvoir des blancs signés du roi son frère; il s'en servit pour conférer le gouvernement des Pays-Bas au duc de Marlborough, qu'il avait récemment créé prince de Mindenheim. Cette patente fut apportée au duc, avec une lettre de l'empereur, le 27 juin, par le fils du général de Dopff, qui était allé annoncer à la cour de Vienne la réduction du Brabant (2). Dans le même temps le comte de Goes recevait l'ordre de présenter aux états généraux une lettre de l'empereur qui , en les félicitant sur le succès de leurs armes, leur notifiait la nomination du duc (3). Marlborough fut extrêmement flatté de la distinction dont il se voyait l'objet : en homme avisé et prudent, il se garda toutefois de le faire paraître; il voulut d'abord (1) Letlre du 26 juiu. (Lelters and dispatclies, etc., Tl, 653 ) (2) Lelters and dispatches , etc., II, passim. (ô) CcUe leltie de l'empereur Joseph eiail du 18 juin. (Arch. de la Haye.) ( i5i ) s'éclaircir de la manière dont la chose serait prise en An- gleterre, mais surtout en Hollande; initié, comme il l'était, à la politique hollandaise, il ne se dissimulait pas que des obstacles lui viendraient probablement de ce côté-là. Il écrivit à la reine Anne, afin qu'elle lui fît con- naître ses intentions sur la charge dont il venait d'être revêtu; il demanda son avis au grand pensionnaire Hein- sius; il sonda les amis qu'il avait parmi les ministres de la république. Il assurait le grand pensionnaire que, voulût-on lui donner les Pays-Bas pour sa vie, il ne les accepterait point sans l'apj^bation des états généraux : « Votre sen- » timent, ajoumt-il, sera ma règle de conduite (1). » Déjà Heinsius, sur la communication que le comte de Goes lui avait faite des instructions de l'empereur, venait de lui écrire spontanément, pour lui exprimer la con- fiance qu'il ne voudrait pas donner lieu à des ombrages et des jalousies qui pourraient faire tant de mal à la cause commune en général, à l'Angleterre et à la Hollande en particulier : « Je vous prie de considérer, disait-il, si i> l'État, qui croit être fondé que, selon la grande alliance, » le roi Charles ne peut pas entrer en possession des » Pays-Bas espagnols avant qu'on soit convenu de la D barrière et de la sûreté promise, ne sera pas surpris » lorsqu'ils entendront que Sa Majesté, comme aussi » l'empereur, en veulent régler ladite possession au nom » dudit roi, non-seulement avant qu'on soit convenu de » ladite barrière et sûreté , mais même sans les avoir (1) Lellre du 28 juin 1706. { Vreede, Correspondance diplomatique et militaire du duc de Marlhorough, du grand pensionnaire Heinsius et du trésorier général des Provinces-Unies, Jacques Hop , etc., Xmster- dam, 1850, p. 43.) ( dS2 ) D consultés préalablement en aucune manière (1). » Dans la réponse qu'il fît, trois jours après, à la lettre du duc, il insista sur ces considérations , en les renforçant d'un argument trop personnel pour qu'il dût être agréable à Marlborough : « On ne peut pas aussi se persuader, lui » disait-il, que dans l'Espagne et le pays où vous êtes » cela pût produire un bon effet, cette nation ayant été de j> tout temps, plus que d'autres, attachée à sa religion et » opposée aux protestants (2). » Aux états généraux, lorsqu'on donna lecture de la lettre de l'empereur, l'étonnement, la rumeur fut extrême, et si le grand pensionnaire n'eût pas déciai^que le duc se conformerait au désir des états, des résolutions violentes auraient pu être votées (o). Celle à laquelle les états s'arrê- tèrent fut de charger le ministre de la république à Lon- dres, Van Vrybergen, d'agir de la manière la plus pres- sante pour qu'en cette affaire, considérée par eux comme étant de la dernière importance (4), la reine ne prît point de détermination et ne répondît pas à l'empereur sans s'être concertée avec eux. Malborough, le jour même où il avait reçu les patentes royales, avait fait inviter le tréso- rier général Hop (o), avec qui il était lié d'amitié, à venir le trouver, pour l'en entretenir : les états décidèrent que Hop se rendrait, en leur nom, auprès du duc; qu'il lui (1) Lettre du 50 juin ( Vreede, p. 228). (2) Lettre du 5 juillet. (Vreede, p. 229.) (3) Lettre de Heinsius à Marlborough du ôjuillet déjà citée. — Lettre du même à Sicco van Goslinga du 10 juillet. (Vreede, p. 253.) (4) « Dat Haar Ho. Mo. deese saake aensien als eene saake van bel uiterste gewigte ende importanlie.... « (o) « Homme d'esprit et de crédit, mais violent pour un républicain, *> dit le comte de Mérode-Westerloo dans ses Mémoires^ t. II, p 32. ( 1S3 ) témoignerait combien leur avait été agréable l'assurance, contenue dans sa lettre au grand pensionnaire, qu'en cette occasion il n'agirait pas contre leur gré; qu'il l'en remercierait; qu'il lui ferait voir de quelle consé- quence serait pour la réptiblique la mesure prise par l'empereur, s'il y était donné suite, quelles difficultés elle soulèverait, quels ombrages elle ferait naître qui pourraient troubler la bonne harmonie et altérer la confiance exis- tante entre l'Angleterre et les Provinces-Unies; enfin qu'il lui déconseillerait d'accepter le gouvernement des Pays- Bas, en le persuadant que son refus ne lui procurerait pas moins de gloire qu'il ne donnerait de satisfaction aux états (1). Hop arriva au camp de Roulers le 8 juillet. Le jour sui- vant il fit au duc les communications, les observations, les remercîments dont il était chargé par les états géné- raux (2). Dans une nouvelle lettre à Heinsius le duc lui avait répété qu'il ne ferait rien qu'avec l'approbation des états, car leur amitié avait infiniment plus de prix à ses yeux que son intérêt particulier : « J'en remercie Dieu et la reine, B lui disait-il; je ne sens ni le besoin ni le désir de de- » venir plus riche, mais j'ai vraiment une grande ambition » de faire des choses qui puissent contribuer au bien pu- » blic (5). » Il répondit à Hop qu'on lui rendait justice quand on était persuadé qu'il désirait le maintien d'une entente cordiale entre l'Angleterre et les Provinces-Unies, (1) Résolution du 2 juillet 1706. (Reg. Secreete Resoluiien, 1706, fol. 262.) (2) Lettre de Hop au greffier des états généraux du 9 juillet 1706. (Reg. Secreete Brieven, 1706, fol. U9 V.) (3) Lettre du 3 juillet. (Vreede, p. 49.) ( \U ) car sa conviction était que la liberté de toute l'Europe en dépendait (1); qu'il était très-sensible à la considération qu'on avait pour lui dans la république et à la confiance qu'on mettait en lui; que jamais il ne lui viendrait à la pensée de faire quelque chose qui pût être en opposition aux désirs ou au sentiment des états généraux; qu'il était si éloigné d'accepter le gouvernement des Pays-Bas qu'il ne voudrait même pas de ces pays en propriété, si cela pouvait faire naître de la défiance ou de l'ombrage entre les deux nations (2) ; qu'il considérait donc cette affaire comme finie et qu'il n'y penserait plus; que jusqu'à ce moment il n'avait pas reçu de réponse de la reine (5), mais que, dans le cas où cette réponse ne serait point conforme aux intentions des états, il se jetterait aux pieds de sa sou- veraine et la supplierait de le dispenser de lui obéir; qu'il aimerait mieux se démettre de ses charges, qu'il voudrait même plutôt mourir (4), que de faire quelque chose qui pût troubler la bonne harmonie existante entre les deux puissances. Il ajouta qu'il avait le malheur de n'avoir pas de fils; qu'il possédait assez de richesses et s'était acquis assez de considération; qu'il n'avait plus d'autre but (1) « ....Dat hy overtuigt was by sig selve dat van de continuatie van die verlrouvvelyklieid de liberleit van het geheel Europa dependeerde » (Lettre de Hop du 9 juillet.) (2) « Dat soo seer geeloigiieert was van het provisioneel gouverne- ment der Spaansche Nederlandenaan te neemen, dal self het gebeele land nitt sou willen in eigendom, als daardoor ombrage en mistrouwen tus- schen detwee nalien soude onlslaen » (Lettre de Hop du 9 juillet.) (3) Elle lui parvint peu de jours après, et elle l'autorisait à accepter le gouvernement, comme on le voit dans la lettre qu'il écrivit à Charles III, le 16 juillet. {Lelters and dispatches. II, 701.) (4) « ...Dat selfs sig liever soude willen retireren en van syne employen ontdoen, ja dat liever wilden sterven, etc. » (Lettre de Hop du 9 juillet.) ( 155 ) désormais que de travailler au bien public par le main- tien de la confiance réciproque entre l'Angleterre et les Provinces-Unies. II eût été impossible que Marlborough se déclarât plus catégoriquement qu'il ne venait de le faire : aussi fut-on « extrêmement satisfait (1) » à la Haye. Ce n'est pas que tous les membres des états généraux eussent envisagé de la même manière la nomination du duc : « J'avoue libre- » ment» — dit Goslinga dans ses Mémoires — « que je n'y » voyais pas ces grands inconvénients que la Hollande et » nos grands politiques en appréhendaient. Loin de là, » j'étais et je suis encore plus que jamais d'opinion que » nous y aurions trouvé notre compte; » et il déduit les raisons qui le font penser ainsi (2). Marlborough, cependant, avait à expliquer sa conduite à Vienne et à la cour de Charles HI; il le fit dans des lettres adressées à l'empereur, au roi et à leurs principaux mi- nistres :« Trouvant que Leurs Hautes Puissances pourroient » prendre quelque ombrage de l'autorité dont V. M. L » a daigné me revêtir, — écrivit-il à Joseph I" — et » comme je n'ai rien tant à cœur que le rétablissement » de S. M. C. dans la possession entière de tous ses » royaumes et États, j'ai cru, avec toute soumission, qu'il » seroit plus de l'intérêt de Sa Majesté, comme de l'au- » guste maison et de la cause commune, de ne pas me (1) Expression de Heinsius dans une lettre du 14 juillet à Marlborough. (Vreede, p. 54.) Par une résolution du 13 juillet, les états généraux chargèrent le tré- sorier général Hop de remercier le duc de la déférence qu'il avait bien voulu avoir pour leur sentiment et leur conseil (voor de deferencie die in desen voor haer senliment ende raedl heeft gelieft te hebben). (2) Mémoires, p. 8. ( im ) » prévaloir encore de la commission, de peur que quel- » ques-uns ne prissent ce prétexte pour se ralentir dans les » efforts si nécessaires pour pousser la guerre avec vigueur, » et croyant même, en la situation où nous sommes, de » pouvoir être également utile à Sa Majesté comme si je » m'en servois (1). »Sa lettre au roi Charles était de même substance (2). 11 assurait au surplus les deux monarques qu'il emploierait ses derniers soins pour qu'on ne fît rien aux Pays-Bas qui portât atteinte aux intérêts du roi ou empiétât sur ses droits et prérogatives. On verra, dans la suite de ce récit, s'il fut bien fidèle à sa promesse. J'ai cité tout à l'heure l'opinion de Goslinga. Cet homme d'État se montre pourtant fort sévère, pour ne pas dire injuste, envers Marlborough, car il attribue au ressenti- ment qu'eut le vainqueur de Ramillies de l'opposition faite par les régents de la république à sa nomination au gouvernement des Pays-Bas, la tiédeur avec laquelle, selon lui , il dirigea les opérations militaires dans la cam- pagne de J707 (3); il lui reproche même — ce qui est plus grave — d'avoir négligé l'occasion de remporter, le io et le 14 août de cette année, sur l'armée française com- mandée par le duc de Vendôme, une victoire glorieuse et sûre (4). M. Vreede ne va pas jusque-là: mais il signale la froideur, la réserve qui, après le mois de juin 1706, succéda, dans la correspondance de Marlborough avec Heinsius, à l'abandon et l'intimité des lettres précéden- (1) Lettre du 12 juillet. (Lclters and dispatches^n,&SS.) (2) Du 16 juillet (/6/d.,p. 701.) (3) Mémoires, p. 54, (4) Ibid., p. 59. — Voy. aussi les Mémoires mililaires re'ahfs à la succession d'Espagne , t. VII , pp. 44-43. ( 1S7 ) tes (1) : « il est clair, dit-il, que Taffaire du gouvernement » troubla l'harmonie qui avait régné jusqu'alors entre le » duc et le grand pensionnaire (2). » Que Mariborough ait ressenti quelque déplaisir de l'accueil fait à la Haye à la distinction qui lui avait été conférée, faut-il s'en émer- veiller? Y en eûl-il eu beaucoup, à sa place, qui y fussent restés insensibles? S'il y a quelque chose qui doive sur- prendre, c'est que, dans la volumineuse correspondance qu'on a de lui , on ne voit se manifester ni mécontente- ment ni mauvaise humeur de ce qui venait de lui arriver. Je parle des lettres qu'il écrivit immédiatement après sa nomination de gouverneur général par l'empereur. Lors- que, au mois de décembre 1706, le roi Charles lui eut fait parvenir directement une nouvelle patente de cette charge, en désignant en même temps un plénipotentiaire (5) pour régler avec les états généraux les points relatifs à la bar- rière, et qu'en Hollande on n'eut pas montré plus de disposition à y avoir égard, il ne put s'empêcher de dé- clarer à Heinsius le sentiment qu'il en éprouvait : « Je » veux bien vous avouer — lui écrivit-il — que cela me » donne beaucoup de chagrin de voir qu'on a si peu de » considération pour les services que j'ai rendus à l'État » et pour le zèle que j'ai témoigné en toutes rencontres » pour le bien et l'utilité de votre république, outre que je » m'étais flatté que les promesses faites après la ba- » taille de Ramillies m'auroient donné un peu plus de (1) Correspondance, eic.,\).\ m. (2) Ibid., p. XXI. (5) Don Francisco Bernardo de Quiros, ancien ambassadeur de Charles 11 à La Haye. Quiros était, de plus, chargé de suppléer le duc dans le gouvernement des Pays-Bas lorsqu'il serait appelé en Angleterre. ( 1S8 ) » crédit et de confiance auprès de ceux avec qui je devrois, « sans vanité, avoir quelque peu de mérite, ayant tou- » jours ambitionné de me montrer bon serviteur et bon » ami de la Hollande (1). » II. Nous avons dit que les députés des états généraux à Bruxelles avaient formé un plan d'organisation du conseil d'État, auquel le duc de Marlborough avait donné son assen- timent. Envoyé par eux à la Haye avec la liste des per- sonnes dont ils proposaient de former le conseil, ce plan fut soumis aux états généraux, qui l'approuvèrent le 5 juillet, sous la réserve que l'instruction, les commis- sions, le serment seraient préalablement communiqués au duc et recevraient son approbation, aussi bien que les personnes proposées (2). Le trésorier général Hop était porteur de ces pièces lorsqu'il arriva, le 8 juillet, au quartier général. Marlborough remarqua avec étonnement que tous les actes étaient formulés sous le nom et la signa- ture seuls des étals généraux , sans participation de l'An- gleterre ; c'était bien en effet ainsi que le portait la résolution des états généraux du 19 juin: mais le duc jusque-là avait ignoré celte résolution, n'en ayant eu que par Hop lui-même une traduction française. Le trésorier général lui fit observer que la résolution du 19 juin était fondée sur la grande alliance; que l'Angleterre n'ayant rien stipulé dans ce Irailé à l'égard des Pays-Bas espa- gnols, la république, au contraire, y ayant fait insérer des (1) Lelters and dispatches , etc , III , 172. (-2) ïieg.SccreeteBesolutiea, 1706, fol. 263 v». ( im ) slipulations importantes concernant sa barrière, il sem- blait en résulter que les affaires aux Pays-Bas, par provi- sion et jusqu'à ce qu'on fût convenu autrement avec le roi Charles Iil, pourraient être conduites sous le nom seulement de Leurs Hautes Puissances, et non pas con- jointement avec celui de l'Angleterre, quoique les états généraux ne prétendissent rien faireque de concert avec la reine (1). Le duc répondit à Hop que, sans Tordre exprès de la reine, il ne lui était pas permis de souscrire à cet arrangement; que, s'il le faisait, jamais il n'oserait remettre les pieds en Angleterre (2). 11 écrivit à Heinsius pour lui rappeler les assurances qui avaient été données aux villes du Brabant et de la Flandre au nom de la reine, des états généraux et du roi Charles, et lui exprimer le doute que des résolutions telles que celle du 19 juin fussent agréables au pays (5). Deux jours après. Hop revint à la charge sans plus de succès. Marlhorough lui dit que, depuis l'entrée des alliés dans le Brabant, tous les actes avaient été faits par les députés des états généraux à l'armée et par lui conjointe- ment; qu'il convenait de continuer sur ce pied; que la reine de la Grande-Bretagne ne prétendait rien aux Pays- Bas, mais qu'elle pensait que son concours dans les affaires (1) « Dat de saaken iu die Nederlanden, by provisie en dat iiicn iiader met koning Carel de derde soude wesen geconvenieert, souden mogen gaan alleen op den naam van Haar Hoog Mogeude , en niet mede le gelyk en eonjuuciien met Engeland , hoewel Haar Hoog Mogende niets praelenderen te doen aïs met concert van Hare Majesleit..... » (Lettre de Hop au greffier des états généraux du 9 juillet 1706, déjà citée.) i^2) « Dat, als het deede, nooil weder syne voeten in Engeland souden derven zetten » (Ibid.) (3) Letters and dispatchts, II , 686. ( 160 ) y serait de beaucoup de poids, pour prévenir toute fausse interprétation de la part de la maison d'Autriche et les fâcheuses conséquences que cela pouvait avoir; qu'à son avis bien des difficultés seraient à craindre avec l'empe- reur et le roi d'Espagne , si les états généraux seuls gou- vernaient ces provinces (1). Les ministres de la république, auxquels Hop rendit un compte exact de ses conversations avec le duc, jugè- rent qu'il ne fallait pas compromettre l'alliance des Pro- vinces-Unies avec l'Angleterre par des prétentions exa- gérées. Une résolution des états généraux du 13 juillet prescrivit au trésorier général de ne plus insister sur ce qui avait été décidé le 19 juin, mais d'arranger les choses, avec le duc, en ce qui concernait l'organisation du conseil d'État, de la manière qui lui paraîtrait le plus propre à la conservation et à l'affermissement de la bonne harmonie entre les deux puissances, ainsi qu'au plus grand avantage du public (2). (1) Lettre de Hop au greffier, du 1 1 juillet 1706. (Reg. Secreete Brieven, 1706, fol. 15i.) (2) « ... . Soo veele aangaat den inhoud van Haar Ho. Mo. resolutie van den 19^"" juny ieslleden en het herstellen van den raade van Slaate op den naam van Haar Ho. Mo. met concert van Engeland , ofle op den naam van Engeland en den Staat, in het teekenen van de commissie ende instructie door de heeren Haar Ho. Mo. gedeputeerden alleen, of door den heere hertogh van Marlborough ende gemelde heeren gedeputeerden gesaa- mentlyk, Haar Ho. Mog. vermeinen dat de contestatie daarover uit de wegh geruimt behoort te werden , en dat hy heere Hopdeshalven dat werk met gemelden heere hertogh van Marlborough sal mogen inschikken ende re- guleren soo als tôt conservatie en bevestiging van de goede harmonie en confidentie tusschen Engeland en den Staat, en ten meesten dienste van het gemeen , meest dienstig sal oordeelen »(Reg. Secreete Resolutien , 1706, fol. 280 v.) ( 161 ) Hop, ayant reçu cette résolution, n'en découvrit pas tout d'abord le contenu au duc; il voulut tenter encore une fois de le faire revenir de son opinion : mais il le trouva iné- I branlable. Alors il lui annonça qu'il était autorisé à ajuster, à sa satisfaction, le différend qu'il y avait entre eux. De ce moment il ne subsista plus de difficulté : Marlborough approuva, sans exception aucune, tout ce qui avait été pré- paré à Bruxelles, et Hop put aller annoncer à ses collègues dans cette capitale que l'accord était complet (1). I Le conseil d'État fut établi , au nom de la reine de la Grande-Bretagne et des états généraux des Provinces- Unies, par acte du 21 juillet 1706. Il fut composé de l'ar- chevêque de Malines, Humbert-Guillaume de Prœcipiano; de Léopold-Philippe-Charles, duc d'Arenberg et d'Arschot; du comte de Mérode, marquis de Westerloo; de Charles de Boisschot, comte d'Erps; de Louis-Alexandre de Schoc- kaert, comte de Tirimont; du comte Albert d'Ursel; de I Guillaume-Albert de Grysperre, baron de Goyck, chancelier ! de Brabant; d'Albert de Coxie, baron de Moorsele, ancien I chef et président du conseil privé ; de Pierre-Gaspard Van- 1 der Ghote, seigneur d'Engeland; de Jacques-François de j Caverson, seigneur de Witterzée ; de Louis-Antoine de ! Claris, comte de Clairmont. Deux secrétaires , Sébastien Huysman et François-Dominique Crabeels, étaient atta- chés au conseil. L'archevêque de Malines avait été nommé pour la forme: à cause de son grand âge et de certaines prétentions de rang qu'il formait et que les autres conseillers lui avaient toujours contestées, on ne comptait pas sur sa présence. (l)LeUre de Hop au greffier du 18 juillet, {^eg. Secreete BhevenJlOQ, fol. 156 V».} 2"* SÉRIE, TOME XLI. il ( 162 ) Le duc d'Arenberg était à peine dans sa seizième année; les députés des états généraux l'avaient choisi « pour aug- j> menter, dans l'esprit des peuples des Pays-Bas, » le lustre et le respect du conseil; » on leur avait affirmé que cela était nécessaire (î). Le comte de Tiri- mont, MiM. de Grysperre, Coxie et Vander Gote avaient fait partie du conseil avant la mort de Charles IL Le mar- quis de Westerloo , le comte d'Ursel, le comte d'Erps, M. de Caverson, le comte de Clairmont, étaient nouveaux: les députés des Provinces-Unies, parle choix de ce dernier, avaient voulu non-seulement reconnaître la capacité dont il avait donné des preuves dans les diverses charges qu'il avait remplies sous le règne de Charles II, mais encore le dédommager des persécutions qu'ils avaient essuyées de la part du gouvernement de PhilippeY (2). Tous acceptèrent leur nomination, à la réserve du marquis de Westerloo, qui non-seulement ne voulut pas faire partie du conseil d'État, malgré les instances du duc de Marlborough (3), mais eut avec ce corps des démêlés assez graves (4). Le marquis explique son refus dans ses Mémoires : « Quoi- qu'ils me nommèrent, » dit-il, pour être le premier de ce D conseil d'État et gouvernement général des Pays-Bas (5), » je ne voulus jamais y entrer, quelque instance qu'ils me » fissent à plusieurs reprises. J'écrivis au roi et à i'erape- (1) Lettre des dépulés à l'armée au duc de Marlborough, du 23 juin 1706. (2) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t I, pp. xxxvii-xxxix. (3) Voy. Letlers and dispatclies , elc, III, 50. (4) Ibid., pp. 389, 424, 479, 3S6, 564. (5) Le marquis se trompe ici. Le premier porté sur la liste que, le 2S Juillet, les députés à Bruxelles envoyèrent au grefEer des états géné- raux, est Tarchevêque de Malines. ( 163 ) D reur pour leur en demander la permission, leur disant » que, quoique le gouvernement empruntât le nom du roi, » comme il étoit sous la direction et subordination des » Hollandois et des Anglois, je ne voulois pas y entrer » sans la permission de LL. MM. I. et R., puisque je D n'avois qu'un maître. Je fus le seul qui leur donnât cette » marque de respect, et je reçus d'eux ordre de n'y pas » entrer. Les autres passèrent outre et n'écrivirent qu'en » corps une lettre (1). » L'ordonnance qui établissait le conseil d'État portait que ce conseil aurait et exercerait le gouvernement et ferait toutes les expéditions au nom du roi Charles III; qu'il connaîtrait des grandes et principales afraires,de celles qui regarderaient la direction, sûreté et défense du pays, sans se mêler des affaires de grâce, de justice et de police, les- quelles devraient être laissées aux conseils, lois, juges et officiers des provinces et des villes; qu'il aurait soin de maintenir, d'un côté, l'autorité et les prérogatives du sou- verain, de l'autre les libertés, lois, privilèges et coutumes de la nation; qu'il n'admettrait ni suivrait aucun ordre d'ailleurs, sans en avoir fait part préalablement aux deux puissances et en avoir reçu « leur aveu et agréation; » que même, « dans les principales et importantes matières,» il ne prendrait de résolution que a communicativement et D de concert avec les deux puissances; » qu'il aurait soin d'employer les revenus publics principalement à la levée et à l'entretien des troupes, ainsi qu'au rétablissement des fortifications et aux magasins des places frontières; enfin que, relativement à la méthode et à la forme de ses délibé- rations, il se réglerait sur les instructions du 18 novembre (1) Mémoires du fcld-maréchal comte de Mérode- Westerloo, i. II, p. 4. ( 164 ) 1555 et du Î2 août 1595, pour autant qu'elles fussent ap- plicables au temps présent (i). Cette ordonnance était revêtue des signatures du prince et duc de Marlborough, du baron de Recde de Renswoude et de MM. Cuper, Van den Bergh et Hop (2). Le conseil d'État l'ut installé le 31 juillet (5), après que ses membres eurent individuellement juré de se con- former à l'ordonnance du 21 , de garder le secret sur les affaires qui y seraient traitées et les résolutions qui y seraient prises, d'assister aux séances chaque fois qu'ils y seraient appelés (4). Un acte des députés hollandais du même jour régla la préséance entre eux en cette sorte : que les deux cheva- liers de la Toison d'or, le duc d'Arenberg et le marquis de Westerloo, auraient les deux premières places; que viendraient ensuite ceux qui avaient fait partie du conseil d'État du temps de Charles TI , selon le rang qu'ils y avaient occupé; que les quatre autres siégeraient dans Tordre suivant: le comte d'Ursel, le comte d'Erps, le comte de Clairmont et le sieur de Caverson (5). A l'exemple des anciens souverains, le duc de Marl- borough et les députés des états généraux notifièrent aux états et aux conseils de justice des provinces de Brabant, de Flandre et de Malines l'établissement du conseil d'État, les invitant à le reconnaître pour tel et à lui prêter une (1) Collection de documents inédits concernant l'histoire de la Bel- gique, t. III, p. 257. (2) Les commissions des conseillers d'Étal portaient la même date et les mêmes signatures que l'acte d'élablissement du conseil. (3) Lettre des députés des états généraux au greffier, du \^' aoiit. (4) Collection de documents inédits , etc., t. III , p. 2-50. (3) /6/d.,p. 241. ( J63 ) assistance zélée dans l'intérêt du pays (1). Le conseil leur écrivit de son côté, afin qu'ils eussent à s'adresser à lui pour toutes les affaires qui avaient dépendu de l'autorité des gouverneurs généraux (2). Dès le 50 juillet les délégués de la reine de la Grande- Bretagne et des états généraux avaient rétabli le conseil des finances, lui prescrivant, dans les matières graves et importantes, » d'aller communicativement et de concert, » non-seulement avec le conseil d'État, mais bien parti- » culièrement aussi avec les deux puissances (5). » Ils réta- blirent de même, le 14 août, la chambre des comptes du roi ou de Flandre (4), et le i'' septembre la chambre des comptes de Brabant (5). D'après la résolution des états généraux du 19 juin, le conseil privé, qui formait l'un des trois conseils collaté- raux institués par Charles-Quint, devait rester supprimé. Il fallait cependant pourvoir à la décision des affaires qui avaient été du ressort de ce conseil : les députés des états généraux , au nom des deux puissances maritimes, invitè- rent le conseil d'État à se charger, jusqu'à ce qu'il en fût disposé autrement, de l'examen, délibération et expédi- tion de ces affaires (6). L'administration supérieure des provinces qui avaient (1) Collection de documents inédits, l. III , p. '245. (-2) Ibid., p. 245. • (3) Ibid., p. 246. Ce conseil fut composé de MM Vander Borchl (Urbain), Vander Haeghen (François) , Blondel (Jacques-Horace), Fraula. Servali et Colombanus. En remplacement de M. de Broucboven (Nicolas), frère du comte de Bergeyck, M. Swarts fut nommé greffie r. (4) Collection de documents inédits, elc, t. III ,p. 251. (5) Ibid., p. 254. (6) Acte du 27 août 1706. ( 166 ) reconnu Charles III se trouva ainsi organisée dans ses divers départements. Provisoirement les deux puissances qui disposaient du sort de ces provinces se firent représenter à Bruxelles : TAngleterre par le duc de Marlborough, les Provinces- Unies par les députés dont nous avons plus haut donné les noms. La réunion de ces plénipotentiaires ou délégués fut appelée la Conférence; on qualifia de réquisitions les écrits qu'ils adressaient au conseil d'État, parce qu'en effet ils le requéraient de prendre telle ou telle mesure, de donner tel ou tel ordre. Les états de Flandre, lorsqu'ils connurent la composi- tion du conseil, se plaignirent au duc de Marlborough et aux états généraux de ce qu'aucun des conseillers n'était flamand, et ne pouvait « en conséquence avoir les intérêts » des Flamands en recommandation. » Ils trouvaient que la province la plus considérable des Pays-Bas, celle qui parmi les étrangers était plus renommée que toutes les autres ensemble et qui chez eux faisait porter son nom à tout le pays; qui, à l'égard de ses princes et de l'État, avait toujours été ce qu'était la province de Hollande à l'égard de la république des Provinces-Unies, aurait mé- rité plus d'attention. Ils demandaient d'être autorisés à députer quatre personnes de leur corps pour prendre séance au conseil (1). Marlborough exprima aux états le regret qu'ils n'eus- sent pas fait cette démarche plus tôt : il les assura qu'il avait été bien loin des intentions de la reine de donner le moindre sujet de mécontentement à une province pour (1) Coilcclion de documents inédits, elc, t. lU, p. 247. ( 167 ) laquelle Sa Majesté et ses prédécesseurs avaient en de tout temps des égards si particuliers (1). 11 était alors au camp de Helchin. Il écrivit aux députés à Bruxelles, pour leur recommander la réclamation des états, trouvant absolument nécessaire de « les apaiser de manière ou d'autre (2). » Les députés, après en avoir référé aux états généraux et s'être mis d'accord avec lui, nommèrent conseiller d'État Conrard Vander Bruggen, qui avait été du conseil privé sous Charles II et du conseil royal sous Philippe V (3). En portant cette nbmination à la connaissance des états de Flandre, ils les prièrent de leur désigner quatre autres personnes, deux d'épée et deux de la robe, entre lesquelles ils en choisiraient une de chaque ordre, pour faire partie du conseil (4). Les états proposèrent le marquis de Rodes, Jean-Joseph Rodriguez d'Evora y Vega, et Louis d'Hâves- kercke , baron de Lichtervelde, du corps de la noblesse, et de la robe, Juste-Antoine de Jonghe, conseiller au con- seil provincial, avec Remy de Smidt, conseiller pension- naire des parchons à Gand (5). Nous n'avons pas trouvé qu'il ait été donné suite à ces propositions, quoique Marl- borough les eût appuyées auprès de la Conférence (6). La Conférence reçut son organisation définitive au com- mencement de 1707. Les états généraux, dans leur séance du 24 février, ré- solurent qu'ils s'y feraient représenter par deux plénipo- (i) Collection de documents inédits, etc., t TU, p. 250 (2) Letters and dispatches, etc., III, 57. (3) Il ne fit pas longtemps partie du conseil d'État, car il mourut le 23 août 1707. (4) Collection de documents inédits, etc., t. III, p. 257. (5) /6id.,p.2D9. (6) ma , p. 262. ( 168 ) tentiaires; ils choisirent, pour ces charges importantes, le baron de Reede de Renswoudeet M. Johan Van den Bergh, qui, Tun et l'autre, avaient pris part, comme députés à Tarmée, aux actes d'établissement du gouvernement des Pays-Bas. Le baron de Renswoude était membre de leur assemblée pour la province d'Utrecht; Van den Bergh fai- sait partie du conseil d'État de la république. Marlborough, aussitôt après l'installation du nouveau gouvernement, avait demandé à la reine Anne que quel- qu'un lui fût adjoint dans la Conférence : obligé de rester à la tête de l'armée, il ne pouvait donner l'attention néces- saire à ce qui se passerait à Bruxelles. La reine lui ad- joignit sir G. Stepney, qu'elle nomma en même temps son ministre plénipotentiaire près les états généraux. Stepney, qui avait rempli plusieurs missions diplomatiques, était en ce moment-là ambassadeur de la reine à Vienne. Il arriva à Bruxelles le 20 mars, y précédant de deux jours ses collègues de Reede et Van den Bergh (1). V.Wôller,sur lequel les renseignements nous manquent, fut chargé de remplir auprès de la Conférence les fonctions de secrétaire. Sir G. Stepney ne prit part que pendant peu de temps aux affaires qui se discutaient à Bruxelles; affaibli par une longue maladie, il obtint un congé au mois d'août 1707 et partit pour l'Angleterre (2); il y mourut au mois d'octo- bre (3). La reine nomma à sa place le général-major Wil- liam Cadogan (4). (1) Relations véritables, année 1707, pp. 184 et 19^. (2) Letters and dispatches, etc., III, 528. (3) /6/d.,p.618. (4) Lettre de Marlborough au conseil d'Étal du 14 novembre 1707. ( 169 ) C'était les plénipotentiaires hollandais, ou plutôt c'était Johan Van den Bergh (car son collègue le baron de Rens- woude aimait à se décharger sur lui de sa responsabilité), qui dans la Conférence décidait presque toutes les affaires, d'après les ordres ou les instructions qu'il recevait de la Haye (1). Trop occupé des opérations militaires pour avoir du temps à donner à l'examen de questions administra- tives, Marlborough s'en remettait ordinairement à ce qui lui était proposé par Van den Bergh, et Cadogan n'y con- tredisait guère. D'ailleurs, à la Haye, on n'admettait pas que l'Angleterre lut intéressée à l'administration des Pays- Bas; les ministres de la république étaient persuadés qu'il leur appartenait de diriger, à leur gré, les affaires de ces provinces. (1) Nous trouvons, dans le Verhaal de Van den Bergh et de Rens- woude, sous le n" 844, qu'à la séance de la Conférence du 8 mai 1709, le général Cadogan se plaignit de ce « qu'il n'avait pas le crédit de faire un B seul échevin, » ajoutant que, « s'il ne devait faire autre chose que « d'aider à donner exécution aux résolutions des états généraux, il ferait » mieux de se retirer, etc. » ( i70) CLilSSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 janvier i876, M. Alph. Balat, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, Madou, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Bus- scher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slinge- neyer, Alex. Robert, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, membres. M. R. ChaloUj membrede la classe des lettres^ M. Ch. Piot, correspondant de la même classe , et M. Éd. Mailly , corres- pondant de la classe des sciences , assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. L. Alvin, conservateur en chef de la Bibliothèque royale, envoie, au nom du conseil d'administration de cet établissement, copie de la lettre que la délégation de ce conseil a adressée à M. le Ministre de l'Intérieur, comme ( ni ) suite à sa démarche faite le 1" décembre dernier, relative- ment aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de récole industrielle. — M. le Ministre de l'Intérieur transmet une expédition d'un arrêté royal du 14 décembre dernier, nommant pré- sident de l'Académie pour 1876, M. Charles Faider, direc- teur de la classe des lettres pour la même année. — Le même haut fonctionnaire adresse, pour la biblio- thèque de la Compagnie, un exemplaire du tome III de l'ouvrage de M. Éd. Vanderstraeten : La musique aux Pays-Bas avant le XIX' siècle. — Remercîments. — L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers envoie le programme du grand concours annuel, dit concours de Rome, ouvert cette année pour la peinture. ÉLECTIONS. Conformément à l'article 2 du règlement général, la classe procède aux élections pour les places vacantes. Les suffrages des membres présents se sont portés, pour- la place de membre titulaire dans la seclion de peinture, vacante par la mort de M. le baron G. Wappers, sur M. GoDFRiED GuFFENS, pcintrc d'histoire à Bruxelles, et pour la place de membre titulaire dans la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les bcaux^ arts, vacante par la mort de M. André Van Hasselt, sur M. Félix Stappaerts, correspondant de la classe. ( 172 ) Ces éleclions seront soumises à la sanction de Sa Majesté. La classe a, en même temps, élu associé de la section de sculpture, M. Eugène Guillaume, directeur de l'école des beaux-arts, à Paris, en remplacement de M. Antoine Barye, décédé, et associé de la section de musiquey M. Fer- dinand HiLLER, directeur du Conservatoire de Cologne, en remplacement de M. J. Daussoigne-Méhul, également décédé. La classe était aussi appelée à élire son directeur pour 1877. M. L. Alvin a été désigné par les suffrages de ses confrères pour remplir cette fonction. M. AIpli. Balat, directeur sortant, remercie pour le concours bienveillant qui lui a été accordé pendant le cours de sa mission. Il exprime tout particulièrement ses sentiments pour son bonorable successeur, M. Gevaert, qui a bien voulu, en différentes circonstances, le remplacer pour cause de santé, et le prie de vouloir bien venir prendre place au fauteuil. M. Gevaert adresse, à son tour, ses remercîments à ses confrères pour l'bonneur d'avoir été appelé à diriger leurs travaux pendant Tannée actuelle et propose de voter des remercîments au directeur sortant. Cette motion est accueillie par acclamation. M. Gevaert installe ensuite M. Alvin, qui témoigne ses sentiments au sujet du cboix dont il vient d'être l'objet. ( i73) COMMUNICATIONS ET LECTURES. La méthode de chanter à l'opéra de Paris et de Bruxelles pendant le XVIIP siècle; par M. Ch. Piot, correspon- dant de la classe des lettres. Souvent, bien souvent on a dit et répété : les cris tuent les chanteurs et contribuent à anéantir lopéra. La pre- nnière partie de cet adage est vraie, la seconde l'est moins. Depuis plus de cent ans, des artistes s'abîment la poitrine, se cassent impitoyablement la voix, et l'opéra n'existe pas moins. Au XVIIP siècle, le répertoire lyrique des Français avait triomphé partout, au nord comme au midi, en Espagne comme en Pologne. Les effets brillants de la mise en scène, la nouveauté des ballets et des chœurs, les cos- tumes, les décors, et l'emploi d'instruments peu usités chez les Italiens lui avaient assuré un succès complet (1). Avec l'opéra français, la manie de crier, au lieu de chanter, s'introduisit insensiblement chez létranger. A Paris c'était à qui crierait au plus fort, à qui ferait le plus de bruit au moyen des instruments. Chanteurs et musi- ciens, tous voulaient dominer. Est-ce parce que les Fran- çais sont moins artistes que les Italiens, les Belges, les (1; V. à ce sujet : Parallèle des Italiens et des Français en ce qui regarde la musique et les opéras, pp. H à 23. ( 174 ) Allemands et les Espagnols et plus dépourvus de talents? Assurément non. La France a produit des chanteurs et des instrumentistes aussi remarquables que ceux de ces pays (1). Quelles sont enfin les véritables causes de cette manie? C'est la prétention aux effets exagérés par Tintensité des sons musicaux, point de départ faux, principe com- plètement erroné , qui a longtemps arrêté l'essor de l'école de ce pays (2). C'est la déclamation, un des caractères distinctifs de la musique française au XVIIP siècle. C'est le résultat des accompagnements forcés, qui étouffaient la voix et auxquels celle-ci nuisait à son tour par les fiori- tures et les broderies , dont l'emploi immodéré arrêtait la mesure et entravait la marche réguh'ère de l'orchestre. « On croirait entendre, dit d'Alembert, vingt livres diffé- » rents lus à la fois, tant notre harmonie a peu d'en- » semble. Faut-il s'étonner si les Italiens disent que nous » ne savons pas écrire la musique ? L'origine de ce défaut » vient de la prévention de nos artistes en faveur de » l'harmonie au préjudice du chant; en quoi ils sont dans B une grande erreur. Pour une oreille que l'harmonie » affecte, il y en a cent que la mélodie touche par une » préférence. Ce n'est pas que nous ne reconnoissons tout » le mérite d'une harmonie bien entendue; alors l'oreille » la moins exercée fait naturellement et sans étude une » égale attention à toutes les parties (3). » Quelques lignes plus haut, l'éminent écrivain, grand partisan de la musique italienne, avait fait observer que (1) V. Bermetzrieder, Le tolérantisme musical, p. 29. (2) J.-J. Rousseau, Lettre sur la musique française, t. V, p. 178 de ses OEuvres COMPLÈTES. (3) D'Alembert, Mélanges de littérature, t. IV, p. 448. Voir aussi : J.-J. Rous- seau, Extrait d'une lettre sur les ouvrages de M. Rameau, t. V, /. c, p. 207. ( 175 ) parmi la foule d'Anglais, d'Espagnols, d'Allemands et de Russes qui accouraient vers Paris, à peine s'en trouvait-il un seul que les représentations lyriques ne faisaient bâiller jusqu'aux vapeurs. C'était un tintamarre qui leur rompait la tête, ou un plain-chant à les endormir par sa langueur, quand il ne les révoltait pas par sa prétention (1). Comme correctif à cette observation, d'Alembert ajoute qu'il y avait moins à réformer dans les symphonies que dans le chant (2). Sans doute il eût été convenable de réformer le chant, d'en bannir les cris et d'y introduire la mesure. Mais une réforme aussi radicale était impossible dans les opéras français de cette époque. Pourquoi? Parce que l'exé- cution de pièces composées d'ariettes et de rigodons exige la déclamation. Sans le chant déclamé, ces œuvres ne pro- duiraient pas le moindre effet, comme il est facile de s'en convaincre par l'étude des partitions de Lulli et même de Rameau. Le grand tort des artistes français, c'est d'avoir remplacé la déclamation par des cris, c'est d'avoir poussé cette manie à l'excès , c'est de l'avoir appliquée à toutes les musiques, n'importe les pays auxquels elles appartiennent. A ce point de vue, la critique des écrivains du XVIIP siècle était fondée. Mais c'est là un -fait qu'ils n'ont pas toujours apprécié à sa juste valeur. Selon l'auteur du Souper des enthousiastes, Legros fai- sait retentir la salle par ses éclats de voix ; M"'' Levasseur jetait des cris ou faisait des lamentations à ne pas en finir. C'était le résultat de la mode qui, en France, est poussée toujours à l'excès. [\) Ibid., p. 402. V. aussi : J.-J. Rousseau, /. c, pp. 194, 192, et Parallèle des Italiens et des Français, pp. 30, 31. (2) Ibid., p. 450. ( 176) Le raisonnement apporta son contingent à la justifica- tion du bruit quand même. On se disait : les cris du fu- rieux ne portent-ils pas la terreur dans l'âme des assis- tants, et la connaissance de la musique ou de ses sons ne peut-elle pas être telle chez le musicien qui imite parfaite- ment ces cris de fureur? Cette doctrine, dont les traditions ont été continuées jusque pendant le premier quart du XÏX^ siècle par les tragédiens, tendait à terrifier les spec- tateurs par des cris épouvantables, sans toucher le cœur(l). Le prince de Ligne, critique judicieux du théâtre, qu'il faut toujours consulter lorsqu'on veut étudier le XVIII^ siè- cle, disait fort bien dans ses Lettres : je prierais aussi les instruments de ne pas vouloir briller aux dépens des voix. Ils ont les concerts et les églises pour eux, et peuvent très- bien céder à la comédie (2). Ailleurs il appelait Vlphigénie en Tauride, opéra de Gluck, Iphîgénie en taureau, boutade par laquelle il voulait infliger un blâme sévère à l'actrice principale , qui croyait être pathétique en lançant des cris extravagants. Aux causes du tapage signalées par d'Alembert et ses contemporains , le prince de Ligne en ajoute une autre : des artistes avaient l'air de chanter pour le parterre seule- ment (5). C'est en effet, à toutes les époques, le parterre qui do- mine en France, par le nombre et l'audace. C'est le par- terre qui commande, a la prétention de juger exclusive- ment les questions d'art, aime le tapage, s'anime au bruit (i) Voir d'Hannetaire , Observations sur l'art du comédien , p. 31. (2) Lettres à Eugénie, p. -152. (3) Ibid., p. 450. ( 177) des instruments et des éclats de voix, gâte les meilleurs artistes lorsqu'ils ont la faiblesse d'être sensibles aux ap- plaudissements ou à la critique de la multitude. Comme si une question d'art peut être décidée au moyen du vote universel; comme si un point d'esthétique musicale, acces- sible seulement aux intelligences élevées, était compris par les masses. Richard Wagner fait très-bien remarquer que l'opéra n'a pas un commencement historique ou naturel, qu'il n'est pas sorti du peuple, mais des dispositions artis- tiques : « Dass die oper keinen geschichtlichen (soll heis- » sen natiirlichen) Ursprung hat, dass sie nicht aus dem » Volke, sondern aus kunstlerischer Willkûr entstanden » ist (1). » Le bon goût, la bonne méthode du chant sont par con- séquent souvent sacrifiés aux habitués du parterre, ama- teurs du rigodon, des grosses voix ou du bruit, et três-peu disposés à se montrer sympathiques envers les artistes doués du sentiment élevé et idéal de la musique, et sachant communiquer aux auditeurs d'élite l'expression des sensa- tions et des passions de l'âme. Pareille musique n'a jamais été comprise par la multitude. Celle-ci saisit seulement l'opéra bouffon ou la musique grandiose, pourvu qu'elle soit bruyante. Dans un fortissime, par exemple, elle en- tend le bruit des instruments et des voix, sans concevoir la phrase musicale, sans comprendre l'harmonie tonale et les modulations que l'oreille du musicien sait toujours dis- tinguer. D'Alembert disait à ce propos : chez la plupart des Français, la musique qu'ils appellent chantante, n'est autre que la musique commune, dont ils ont eu cent fois les oreilles rabattues ; pour eux un mauvais air est celui (1) Opéra und Drama, 1. 1, p. 16. 2™' SÉRIE, TOME XLI. i2 ( 178 ) qu'ils ne peuvent fredonner, et un mauvais opéra, celui dont ils ne peuvent retenir le chant (i). Rien de plus na- turel. Toute musique sortant de l'ornière habituelle, comme toute idée neuve, demande de l'habitude pour être goû- tée par le vulgaire. La routine est un tyran , dont il est difficile de se débarrasser, n'importe dans quelles branches de l'art ou des sciences, et en musique surtout, lorsqu'elle s'adresse au vulgaire seulement. Au siècle dernier les cris étaient tellement à la mode, que des écrivains étaient obligés de les juger avec une certaine indulgence, lorsqu'ils étaient poussés à la fin d'un morceau, pour arracher les applaudissements (2). Burney, l'auteur du Présent state of mmk, s'indigne des cris poussés par les artistes français. Selon le touriste anglais, les Italiens employés aux théâtres de Paris étaient «complètement gâtés au bout de quelque temps (5). Les voix françaises, dit-il un peu plus loin, ne sont pas à dé- daigner. C'est la mauvaise méthode qui corrompt tout (4-). A Saint-Omer il constata les mêmes effets. L'actrice qu'il y entendit avait un bel organe, dont elle faisait le plus détes- table usage, en criant et en chantant faux à écorcher les oreilles, selon les mauvaises habitudes delà nation, dit-il (o). Le livre de Burney, écrit dans un sens peut-être trop ita- lien, fourmille d'observations semblables. Une des plus curieuses est celle relative au concert spirituel de Paris. « Après l'exécution si remarquable faite par Besozzi, dit-il, » M"*' Delcambre hurla (screamed out)un Exaudi Deus de » toutes les forces de ses poumons. Elle fut applaudie au ii) D'Alembert, 1. c, pp. 444, 445. (2) Lettres à Eugénie, p. io4. i3) Burney. The présent state ofmusic, t. II, p. 19. (4) Ibid., p. 32. (5) Ibid., p. 8. ( 179 ) » point que Besozzi était complètement oublié Ensuite » M™*' Philidor chanta un motel, composé par son mari, » qui a beaucoup puisé à la musique italienne (1). Malgré » la belle harmonie du morceau et la manière remarquable » dont il fut chanté, la pièce passa inaperçue Le » concert finissait par un Beatus vir, avec chœur, solo et » duo. Le principal contre-ténor exécuta un solo avec une » violence telle, qu'il semblait crier au secours au moment » où on lui coupait la gorge (2). Le criard fut applaudi à » outrance. Tout le monde était en extase. Les mots : » c'est superbe partirent de tout les coins de la salle. Le » chœur finissait par des cris épouvantables, surpassant » tout ce qui avait été entendu jusqu'ici (5), » Si cette appréciation paraît de prime abord sujette à caution, elle renferme cependant de grandes vérités. Le chant déclamé était devenu, par l'exagération de la mode, un tapage in- supportable, dont les étrangers et les écrivains nationaux se plaignaient généralement. Une troisième cause contribua à encourager ce vacarme. C'était l'antipathie qu'éprouvaient la plupart des Français contre la musique italienne, toujours pleine de mélodies et par cela même parfois monotone, jamais tapageuse et dont le chant dominait l'accompagnement (4). Il fallait, pour ex- citer les masses contre la musique étrangère, produire des partitions dont le bruit fascinait la multitude, sans la fati- guer par une mélodie surabondante (5). Ce qui faisait dire (Ij C'était probablement son Laiida Jérusalem, qui ne plut pas à la reine de France, parce que le morceau était composé dans le goût italien. (2) Burney, ibid., p. 27. (3) Ibid., p. 28. (4) D'Ale>nbert,\. c, p. 890. (o) Mémoires pour servir à l'histoire de la révolution opérée dans la mu- sique par M. Gluck, p. 164. ( 180 ) par crAlcmbert : la musique italienne est une langue dont nous n'avons seulement pas Talphabet. Le bruit n'était pas le seul point critiqué par les écri- vains contemporains. Chez les Français, nous l'avons dit plus haut, il y en avait un autre encore. Ils n'observaient jamais la mesure. C'était la conséquence du chant déclamé et des agréments que les artistes y ajoutaient. Cette mé- thode était sans doute admissible et même nécessaire pour l'exécution des opéras français; mais il y avait du non-sens à vouloir l'appliquer à ceux de l'étranger. Le rhythme, le mouvement et la mesure sont tellement intimes, qu'on ne saurait se passer de l'un ni de l'autre, sous peine de déna- turer complètement la pensée du compositeur belge, alle- mand, italien ou espagnol. Le rhythme entraîne néces- sairement l'idée de la symétrie et la division régulière du temps, d'une manière relative bien entendu et quand il ne s'agit pas de musique française (1). Vers le milieu du XVIIP siècle, il ne fallait à Paris de mesure que pour les chœurs et les danses. L'acteur sub- stituait sa volonté à celle du compositeur, ajoutait à son chant des broderies ad libitum et selon sa fantaisie. Si les accompagnements le forçaient à suivre un mouvement marqué, ce n'était qu'en se laissant remorquer par l'or- chestre. Il en résultait un choc, un contre-poinl, une syn- cope constante (2). De là un combat perpétuel entre l'or- chestre et le chanteur. Qui ne se rappelle le dialogue si amusant rapporté par Grétry à propos de la répétition de Céphale et Procris , [\j J.-J. Rousseau. Letlre sur la musique française, t. V, p. 177 de ses OEUVRES COMPLÈTES. {% Grétry, Mémoires, 1. 1, pp. 279. 280; J.-J. Rousseau, Lettre sur la musique française, t. V, pp. 167, 168 de ses OEuvres complètes; prince de Ligne, Lettres à Eugénie, p. Bol. ( 181 ) lorsque, contrariée par la mesure de lorcheslre, ractrice principale apostropha le chef de la manière suivante : « Que veut dire ceci, monsieur? Il y a, je crois, de la » rébellion dans votre orchestre. » Le directeur ne perdit pas la carte : nous allons en mesure, répondit-il. « De » mesure, dit-elle. Quelle est cette bèle-là? Suivez-moi, » monsieur, et sachez que votre symphonie est la très- » humble servante de Tactrice qui récite (i). » Ce fut une des causes de la chute de Céphale et Procris, opéra d'un mérite incontestable, composé par Grélry. Personne ne voulait chanter en mesure. Chaque artiste se plaisait à déformer complètement les idées du compositeur, aux- quelles l'auditoire ne comprenait plus rien, pas mieux que les artistes chargés de les rendre. Grétry dut se résigner. Il subit les conséquences des prétentions affichées par les chanteurs parisiens de vouloir appliquer la méthode fran- çaise à ses musiques, dont le style offre des analogies avec celui des Italiens. Celles-ci constituent même un des carac- tères distinctifs de l'école musicale belge, caractères que Ton trouve, à certaines époques, dans plusieurs autres branches deTart fliunand. L'auteur du Brigandage de la musique italienne, alla plus loin encore. A son avis, il était temps de se défaire de ce bûcheron au bâton placé devant rorchestre, étour- dissant le spectateur sans le tenir en mesure (2). Le chef d'orchestre devait, en effet, se donner un mal incroyable pour faire marcher les chanteurs. Celui-ci, dit le Parallèle des Italiens et des Français, commence trop tôt ; celui-là trop tard; l'un chante faux, l'autre manque de mesure; le maître de musique se tourmente de la main et de la voix; (4) Grétry, Mémoires, t I, p. 280. (2) Brigandage de la musique italienne, p. 4-19. ( 182 ) il fait cent contorsions de tous les membres de son corps; et avec cela il a bien de la peine à venir à bout (1). Tout ceci, continue-t-il, ne se passe pas ainsi chez les Italiens. On n'y bat point la mesure et cependant tout le monde marche bien (2). Quant à dWlembert, il prit la chose plus au sérieux. « Quoique la mesure, dit-il, soit d'une nécessité indispen- » sable à la musique , ce n'est pourtant pas par l'exactitude » de la mesure que nos opéras se distinguent. Elle y est à » tout moment estropiée. Aussi les Itahens renoncent-ils ») à accompagner nos airs. La mesure manque à notre >» musique par plusieurs raisons; par l'incapacité de la »» plupart de nos acteurs, par la nature de notre chant, par » celle des prétendus agréments dont nous le chargeons, » et qui ne servent qu'à en embrouiller la marche; enfin M par le peu de soin que nous avons de donner aux » mouvements lents une mesure marquée. Nous avons sur » ce dernier genre de mouvement un préjugé bien étrange. » Nous ne saurions nous persuader, grâce à la finesse » de notre tact en musique, qu'une mesure vive et 1» rapide puisse exprimer un autre sentiment que la joie; » comme si une douleur vive et animée parlait lentement. » C'est en conséquence de cette persuasion que les mor- » ceaux vifs du Stabat, exécu(és gaiement au concert » spirituel, ont paru des contre-sens à plusieurs de ceux » qui les ont entendus (5). » Un auteur hollandais, Jacques Guillaume Lustig, que l'on ne consulte pas assez souvent quand il s'agit de la musique néerlandaise et allemande au XVIIP siècle, (1) Parallèle, 1. c, p. 90,91. (2; Ibid., p. 109. (3) D'Alembcrt, 1. c, pp. 4ol, 4o2. ( 185 ) constate les mêmes défauts chez les artistes français dans un écrit intitulé : Rijk gestoffeerd verhaal van de ekjenlijke gesteldheid der nederlandsche toonkunst , et dans un autre livre portant pour titre : Inleidinrj tôt de miiziekkiinde. Ce défaut de mesure persista en France jusqu'au moment de la révolution musicale accomplie par Gluck. Selon Du Mar- montel et Richard Wagner, le compositeur fut seulement vers cette époque affranchi de la volonté du chanteur (1). Il n'en fut pas de même des cris; ceux-ci persistèrent. (1) Du Marmontel, Essai sur les révolutions de la musique en France, p. 57: Wagner, Oper und Draina, t. [, p. 35. — Voici une lettre de Pleinchesne à propos (le la première représentation d'IpJiigénie en Aulide, par le chevalier Gluck : A Paris ce 27 avril 1774. J'ai reçu votre lettre, Monsieur, et l'argent que vous avez eu la bonté de me faire passer, dont je vous remercie bien. Vous n'aurez que la semaine prochaine l'opéra comique Rosalie. L'auteur a fait quelques changemens dans sa musique, et il espère que vous en serez con- tent. Les Italiens ni les Français n'ont encore rien donné. L'opéra du chevalier Gluk n'a pas eu un succès complet, le mardi 19, à sa première représentation. Le vendredi i'H il s'est relevé et a eu la plus grande réussite et la mieux méritée. Les défauts que l'on trouve dans les airs des ballets, dans les petits airs et dans les chœurs sont tellement effacés par la beauté ou plutôt par la sublimité des scènes, que j'avoue que cet ouvrage m'a donné de nouvelles idées sur la musique , Jean-Jacques travaille à un nouvel opéra intitulé Daphnis et Chloé, en trois actes. Il y en a déjà achevé un. L'enthousiasme oit l'on est ici du succès de M. Gluk fait espérer que nous le garderons en France et que l'on fera pour lui des choses extraordinaires. Mais comme vous savez que le burlesque et le sublime sont très voisins, je me suis permis une mauvaise plaisanterie sur Iphigênie. J'en viens de faire une parodie qui, à la lecture, parait plaisante. Je vous la destine quand vous aurez joué l'opéra. Je ne sçai pas même si je pourrai venir à bout de la faire exécuter ici. J'en doute; mais en tous cas il faudra toujours pour votre théâtre un travail con- sidérable, si jamais vous exécutez cette folie. Pleinchesne. 29 avril 1774. V. aussi Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte Mercy- d'Argenieau, t. II, p. 131, notes, pp. 283, 284, 286. ( 184 ) Après avoir fait la critique du tapage admis dans les opéras chantés par les Français, le prince de Ligne plaint les instrumentistes de se trouver souvent en contact avec des ignorants qui sautaient six mesures à pieds joints. « Il » faut bien du talent, ajoute-t-il, pour réparer tout cela. » C'est encore un des talents de Vitzlhumb, qui, à beau- » coup de science, ajoute l'exactitude pour lui et les autres. » C'est lui qui , voiant de sens froid , sans intérêt , sans par- » tialité les ouvrages des plus grands musiciens, les » perfectionne, comme ils l'auraient fait, s'ils y avaient » pensé et s'ils n'avaient pas été trop prévenus en leur » faveur (1). » La manière de voir de notre spirituel compatriote est entièrement corroborée par Burney , lorsqu'il rend compte de l'exécution à Bruxelles de Zémir et ^jsor,. opéra de Grétry. Selon le dilleltante anglais , la musique de cette pièce était généralement admirable, l'ouverture très-spiri- tuelle et pleine d'effets, ainsi que les autres morceaux de symphonie, qui fourmillent d'idées neuves et de poésie. A son avis, la mélodie en était plus italienne que française, les accompagnements bien choisis et exécutés de manière à laisser dominer complètement le chant. Répudiant en tout point la méthode française, l'actrice principale chan- tait sans crier. Enfin , l'exécution comparée à celle de Paris présentait un constrasle frappant. Quant aux voix, elles étaient ordinaires. Aucune ne prit cependant le ton voulu. L'orchestre, conduit d'une manière remarquable par Vitz- lhumb, exécutait toutes les parties avec un soin et un ensemble dignes d'éloges. Les cors seuls n'étaient pas bien justes, et le premier clarinettiste, qui jouait le hautbois, [\) Lettres à Eugénie, p. 452. ( 183 ) élait excellent. Burney critique cependant les basses, dont il trouva le jeu trop fort (1). De l'aveu de cet auteur, les artistes français fixés à Bruxelles employaient pour exécuter les opéras étrangers à récole de leur pays une méthode différente de celle des chanteurs parisiens. Il n'en était pas de même, parait-il, lorsqu'on exécutait à Bruxelles des pièces françaises. A l'opéra flamand de cette ville le touriste ne signale pas de voix fausses, ni des cris; mais il y constate, par contre, une certaine négligence dans la mesure, lorsqu'il entendit le Tonnelier de Duni et Toinon et Toinetle de Gossec. Ces partitions, arrangées parVitzthumb pour la scène flamande, étaient exécutées, sous le rapport de la mesure, selon la méthode de nos voisins du midi (2). Celle-ci était parfaite- ment justifiée. Les flamands exécutaient à la manière française les opéras français. Les bonnes qualités du théâtre de Bruxelles avaient déjà été reconnues par Grétry et Gossec. En les comparant à celles des scènes lyriques de Paris, ces artistes reconnais- saient, sous certains rapporis, la supériorité de la nôtre (3). Beaumarchais, littérateur célèbre, amateur passionné de la musique, chanteur de bon goût et joueur habile de la flûte et de la harpe, avait aussi une excellente opinion du théâtre de Bruxelles et meilleure que de celui de Paris. Pendant son séjour dans la première de ces villes, il enga- geait Vitzthumb à faire chanter des ariettes et des couplets par les artistes chargés des rôles de Rosine et d'Almaviva (i) The présent state ofmusic, t. II, pp. 25, 26. (2) Ibid., pp. 32, 53. (3) Bulletins de V Académie royale de Belgique ,X. XL, 2^ série, pp. 408, 624. ( 186) dans le Barbier de Séville (1). Ce qui avait été impossible à Paris (2). Toutes les appréciations reproduites plus haut d'après les témoignages des auteurs français, belges, anglais, ( 1 La cinquième édition du liarbier renferme deux ariettes par Beaumarchais, C'est sans doute à ces morceaux qu'il fait allusion. Voir à ce sujet Loménie, Beau- marchais et son temps, t. I, p. 452. (2) Bruxelles, le 21 juillet 1775. Le hazard , Monsieur, qui me fait passer à Bruxelles à l'instant où vous allés donner le Barbier de Séville, ne doit point présider à la distribution des rôles de cette pièce. Et c'est ce qui arriverait si un étranger abusait de la déférence que vous lui montrés, comme auteur, pour faire ici des acceptions de personnes, peu flatteuses pour les unes , impérieuses aux autres, et surtout propres à nuire au succès de son ouvrage, par l'ignorance oii il est des différens talens qui s'exer- cent à votre théâtre. La seule observation que je doive me permettre est de vous indiquer les acteurs à qui j'ai donné les rôles à Paris, pour que vous et tous Messieurs les comédiens fassiés ensemble la distribution sur cet aperiju : Le comte Almaviva M"" Belcourt. Bartholo Des Essarts. Rosine M^^ Doligni. Figaro Mi>h Preville. D. Bazile Auger. Le reste ad libitum. 11 est seulement à désirer que l'actrice, qui remplira le rôle de Rosine, joué à Paris par M"e Doligni, puisse au moins chanter une arriète, qui a toujours man- qué à la pièce aux Français par la timidité de M"'= Doligni. Le comte Almaviva doit aussi pouvoir chanter trois couplets, essentiels à l'in- trigue, avec accompagnement. Le reste ira de lui-mesme. J'ai accepté les entrées que vous avés eu la politesse de m'envoj-er proposer; parce que les ayant reçues de mon ami Garike à son théâtre de Druylame, j'au- rais cru faire une impolitesse au directeur de Bruxelles de mettre de la différence entre lui et le directeur de Londres. Recevés mes remercimens et les assurances de l'estime parfaite avec laquelle j'ai l'honneur d'être. Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. Beaumarchais. A Monsieur Wiston. directeur du spectacle à Bruxelles. ( 187 ) et néerlandais sont totalement confirmées par plusieurs lettres adressées pendant les années \77i et 1774 à Franck, secrétaire du prince de Stahremberg, ministre plénipoten- tiaire aux Pays-Bas autrichiens, et à Vitzihumb , directeur du théâtre de Bruxelles. Compain Despierrières, artiste français, écrivain et chanteur distingué au théâtre de Bruxelles, jugeait les questions d'art et de musicpie avec une rare habileté pendant son séjour à Paris (1). Souvent (I) Compain n'était pas un comédien ordinaire. Il était aussi auteur. ÎS'ous don- nons ici quelques renseignements sur ce personnage : 11 fut un des entrepreneurs de spectacle de Bruxelles et y remplissait l'emploi de basse-taille. Sa signature se trouve au bas d'une feuille volante de quatre pages, sans lieu ni nom d'impri- meur, et datée de Bruxelles 9 août 1774. Elle est intitulée : Lettre à un inconnu, auteur d'une brochure intitulée : Essais sur l'étude du comédien, ou complainte sur le théâtre actuel de Bruxelles, par un amateur. La lettre à laquelle Com- pain répond lui avait été envoyée de Liège : « Vous m'accordez, dit-il, de la voix et une belle manière de chanter. C'est me rendre beaucoup plus de justice que je n'en mérite. Vous êtes un peu moins prodigue d'éloges quant à la partie du comédien Pour ce qui concerne les défauts de ma figure et de ma stature, il y a autant d'injustice de votre part de m'en rendre responsable, que de dureté de me les reprocher. La faute en est à ceux qui me firent si mal. » Vous n'êtes pas bien informé de l'anecdote que vous rapportez sur le début de M. Meunier et non sur celui de M. Démery, ainsi que vous le dites. » Je me crois, au moins, aussi en état que vous d'apprécier les talents de l'in- comparable M. Caillot, et je n'ai ni le dessein, ni l'orgueil de le vouloir remplacer. Je me trouve trop bien où je suis, pour désirer un autre sort. Et tant que j'aurai le bonheur de plaire à un public, aux amusements duquel j'ai eu l'honneur de contribuer depuis environ 18 ans, je lui ferai volontiers l'hommage du reste de ma carrière théâtrale. Pour vous convaincre cependant. Monsieur, de mon peu d'ambition, je vous supplie (comme directeur) de m'indiquer quelqu'un dans l'opéra bouffon, qui ait des talents aussi distingués que vous m'en reconnoissez de mé- diocres, et je suis prêt à lui céder l'emploi que je tiens ici. Heureux si je puis, par ce sacrifice, vous prouver que j'ai plus de modestie que de talents; d'ailleurs. » On est ce qu'on peut, » El non pas ce qu'on veut. » Couplets pour MM. les bourgeois de Bruxelles, chantés par eux au bal qu'ils ont eu l'honneur de donner à S. A. R., à la Maison du Roi, le 2 février 1775. 'à pages avec musique, petit in-4'', par M. Compain, de l'imprimerie de J.-L. de Boubers. ( 188) il se plaisait à mettre en parallèle les scènes lyriques de la capitale de la France et de Bruxelles. Ses lettres et celles d'autres correspondants de Vitzthumb fournissent un grand nombre de détails, peu ou point connus, sur Tétat de l'opéra en ces villes et sur plusieurs artistes célèbres de cette époque. Nous les reproduisons en entier à la fin de cette notice dans le but de faire connaître la métbode admise par les chanteurs en France et dans les Pays- Bas autrichiens pendant une partie de la seconde moitié du XVIIP siècle. Dans une lettre adressée (26 juillet 1771) à Vitz- thumb, Compain donne une idée peu favorable de la moralité des personnes attachées à la scène lyrique de Paris. Malgré sa qualité de Français, Compain sut dire la vérité sur ce point. Son témoignage est au surplus corroboré, sous ce rapport, par l'écrit intitulé : Le brigcmdage de la musique italienne :« Nous pouvons mesurer, dit cet auteur, » notre luxe par les degrés de la musique ; car on donne » comme on chante. C'est surtout au théâtre que se fait » sentir ce faste. Du temps de Lulli on donnoit un petit » écu maintenant que nous avons fait des progrès dans » cet art, il faut chanter bien plus haut; on ne parle que de i> cent mille francs, de cinquante mille écus, sans compter » la petite oye Un notaire de Paris m'a dit que depuis » les premiers opéras de Rameau, la musique avoit si bien » fait chanter la finance, qu'entre lui et ses confrères, ils » avaient voiture au trésor royal plus de soixante millions, » pour être réduits en rentes viagères ou constitués en »> l'honneur et gloire des chanteurs de l'opéra (1). » A dire (4) P. d45. ( ^89) vrai, tous ces faits ne se passaient pas au théâtre. Ils avaient lieu spécialement pendant les petits soupers donnés après les représentations, qui devaient finir dans ce but à neuf heures du soir. A Bruxelles comme à Paris existaient les mêmes habitudes. Selon Fauteur des Nouvelles lettres his- toriques, les mœurs des comédiens, dans la première de ces villes, étaient comme partout ailleurs, et seraient aussi moins répréhensibles, si le préjugé ne rendait pas leur profession avilissante (1). On en trouve plus dune preuve dans les archives de l'Alcadie de la cour, à Bruxelles, qui exerçait la juridiction civile et criminelle sur les comédiens et les gens attachés au palais ducal. Les comédiens don- naient plus de besogne à ce tribunal que les autres per- sonnes soumises à ce tribunal. Après avoir rendu compte de la moralité du personnel du théâtre de Paris, Compain entame la question d'art. Lorsqu'il arriva la première fois à l'opéra, on donnait des fragments de diverses pièces. Sans un air chanté par Le- gros, l'acteur à la mode, et un ballet, Compain aurait re- gretté le temps employé à ce spectacle. Le lendemain il se rendit aux Italiens, où l'on donnait les Aveux indiscrets, opéra de Mor]tigny,ct Tom Jones par Philidor. Les emplois de ces opéras étaient tenus dans ce moment par des doublures. Tout était détestable,au point, dit-il : que « si nous donnions à Bruxelles des pièces aussi » mal exécutées, on nous enverrait coucher à la porte de » Laeken. » Un bâtiment sis à côté de cette porte servait, à Bruxelles, pendant le XVIIP siècle, de prison aux comé- diens, aux musiciens et aux militaires poursuivis ou arrêtés pour crimes ou délits, en un mot à l'aristocratie intelligente {{) youvelles lettres historiques , p. 51. ( 190 ) des malfaiteurs. Si d'après nos chartes et les Joyeuses En- trées, il y avait égalité des citoyens devant les tribunaux, il n'en était pas de même dans les prisons. « On n'imaginerait pas, continue Campain, qu'ici (à » Paris), tous les morceaux se chantent comme le récitatif » obligé (1). L'on chante mieux à Bruxelles qu'ici, et si » j'avais quinze jours à moi, j'aurais osé me faire en- » tendre. » Une lettre, adressée par un partisan de la musique ita- lienne (28 février 1774) probablement à Vilzthumb, re- commande à celui-ci trois compositeurs de l'Italie, dont deux nouvellement arrivés en la ville de Paris. Ils avaient beaucoup de peine à faire accepter leurs œuvres par suite de la guerre entre les partisans de la musique italienne et ceux de la musique française. A son avis, la première seule était bonne, la seconde grave et insignifiante. L'auteur de la lettreavait fait toutes les instances imaginables pour faire entendre l'irm/f/e de Quinault, opéra auquel un de ces trois compositeurs avait adapté une musique nouvelle. Le duc de Nivernais, poëte et partisan de la musique italienne, autant que pouvait l'être un grand seigneur, avait beau joindre ses recommandations à celles du correspondant de Vltzlhumb, rien n'aidait. Il ne leur fut pas même possible de faire répéter cette œuvre, malgré le désir qu'en avait exprimé la dauphine, toujours disposée à favoriser la mu- sique ultra mon laine. En conséquence, il l'offrit au directeur du théâtre de Bruxelles. On comprend facilement le peu de succès de ces démarches, destinées à irriter les parti- sans de la musique nationale. Ils devaient être peu flattés (1) Voir sur les motifs de ces déclamations les idées développées par Richard Wagner, Oper und Draina, t. I, pp. 85 et 86. ( 191 ) des prétentions de l'Italien de vouloir refaire la musique d'un opéra auquel Lulli, leur idole, avait travaillé en 1686. En dépit de ses titres et de ses talents, le maestro, qui avait travaillé à Rome, à Venise et à Naples, ne réussit pas mieux à se faire représenter à Bruxelles qu'à Paris. Lorsque, pendant les mois de février et de mars 1774, Compain fut de nouveau à Paris , il reprit sa correspon- dance avec Yitzthumb. Il y parle de la répétition de la Rosière de Salency par Grétry et des travaux de Philidor. Ensuite il entretient son correspondant des difficultés qu'il rencontrait pour trouver une première chanteuse. Elles étaient très-clair-semées, exigeaient des prix exorbitants et n'avaient aucun talent. Dans ce moment on faisait à Paris l'essai de quatre basses- tailles , grands et beaux garçons, mais piètres chanteurs. « Nous devons être or- » gueilleux, continue-t-il; car je t'assure que notre spec- » tacle (de Bruxelles) n'est pas comparable à celui des » Italiens (à Paris), en mal s'entend. Nous sommes dëli- » cieux auprès d'eux. Ils ont trois sujets bons, et voilà » tout. Les hommes sont pitoyables, excepté Clerval qui » n'a plus de voix. M*" Billiony (Billioni) est charmante. » Son chant est sage et précis. Elle est bien à la scène et » pleine d'àme et d'intelligence. W Trial a une jolie voix, » mais un peu légère et froide. M^ Laruelle ne doit plus » chanicr d'ici à un an. M. Nainville a une belle voix, » mais il est paresseux , peu comédien et ne joue pas » trois mois de l'année. Le théâtre est mal servi, et a l'air » d'une écurie. Je voudrais bien que notre public (de » Bruxelles) put se transporter ici. » Compain entendit aussi la Bonne fille, opéra de Piccini, dans lequel M^ Bil- lioni avait bien rempli son rôle, ainsi que Julien. Tho- massin avait joué comme un ange. ( 192 ) Malgré toutes les bonnes qualités du théâtre de Bruxelles énumérées par Compain, les habitants de cette ville ne les appréciaient guère. Selon l'auteur des Lettres historiques, notre scène n'était plus, en 1778, ce qu'elle fut du temps où d'Hannetaire en était le directeur. Elle jouissait alors de la réputation d'être, après celles de Paris, le meilleur théâtre de l'Europe. On y donnait spécialement des tragédies , des comédies et des drames, parfois aussi l'opéra comique. Bruxelles avait sa Dumenil, sa Clairon, sa d'Angeville, son Lekain , son Préville. Tous ces artistes avaient dis- paru pour faire place, sous la direction de Compain et de Vitzlhumb, à des chanteurs. « On a trouvé, dit Vitz- » ihumb dans une lettre réproduite en note (1), tout cela (I) Du 18 mars 4777. A M. Pierrez de Bihain, lieutenant au régiment du grand maître de l'ordre Teutonique à S'-Hyppolyte en Basse-Autriche. Monsieur , J'ai reçu, etc., le 11 février dernier. La distance qui nous sépare, et le peu de goût du public de Bruxelles pour tout ce qui n'est point opéra me paroissent deux motifs suffisants pour vous conseiller, Monsieur, de préférer Paris, malgré ses cabales, à une ville qui n'offre pas assez de ressources pour encourager l'au- teur et l'entrepreneur. Le goût de la nation portant sur la musique, j'ai cru trou- ver dans ce genre de spectacle un moyen sûr de l'attirer. Je n'ai rien épargné pour le rendre brillant et intéressant. J'ai saisi avec empressement toutes les nouveau- tés; j'en ai cherché une multitude jusques dans les portefeuilles des auteurs; j'en ai fait faire et j'en ai fait moi-même exprès pour notre théâtre. On a trouvé tout cela bien charmant, merveilleux, divin la première fois. Encouragé par ces premiers succès, je redonnois les mêmes pièces, et il n'y avoit plus personne. On ne cessoit cependant d'en faire l'éloige. Ce n'est pas le discernement, ni le goût qui manquent ici pour le spectacle. Ce n'est point non plus l'argent, car la ville est riche. Ce n'est que l'envie de payer. Toutes ces raisons. Monsieur, me mettant dans l'impossibilité de profiter de l'offre obligeante que vous voulez bien me faire , je vous prie d'être persuadé que ( 195 ) » charmant, merveilleux, divin la première fois. Encou- )» ragé par ces premiers succès, je redonnois les pre- » mières pièces, et il n'y avoit plus personne. On ne » cessoit cependant d'en faire l'éloge. Ce n'est pas le dis- » cernement, ni le goût qui manquent ici pour le spectacle. » Ce n'est point non plus l'argent, car la ville est riche. » Ce n'est que l'envie de payer. » Pareilles dispositions du public ne permettaient certes pas aux entrepreneurs de soutenir le théâtre et moins encore de faire fortune. Enfin Compain était parvenu (lettre du 9 mars 1774) à trouver une chanteuse. Il répondait, disait-il, que de toutes les voix qu'il avait entendues depuis son arrivée à Paris, au- cune ne lui parut plus belle et plus capable d'aller loin, si Vitzthumb voulait la diriger, comme il n'en doutait pas. Il ajouta encore : « Il ne m'en a rien coûté pour complaire » à mes parents et amis en ne débutant pas ici. Vous yl savez. Monsieur, que je n'en ai jamais eu l'envie. Et si w je l'avais fait, ce n'aurait été que pour prouver qu'on » avoit à Bruxelles des gens qui valoient mieux que ceux » de Paris. Je chante partout, et je vous avoue qu'on a eu » la bonté de m'encourager. » je n'y suis pas moins sensible et que je désirerois de tout mon cœur être assez secondé pour accueillir tous les talens; j'en feroismon plus grand plaisir. J'ai l'honneur d'être . etc. Vitzthumb. C'était une réponse à une lettre par laquelle Pierriez proposait à Vitzthumb l'acquisition d'une comédie française en 3 actes et en vers alexandrins, composée par un officier dans les Monts-Carpates et intitulée : le Ménage militaire. « Une comédie française, composée dans les Monts-Carpates, cela vous paroitra étrange, sans doute, mais si vous considérez que l'on trouve parmi toutes les nations des officiers, des chirurgiens et des cuisiniers français, vous ne vous étonnerez plus d'y trouver des poêles de cette nation. » Le \\ février 1777. 2'"'' SÉRIE, TOME XLI. 13 ( 19i ) II avait entendu aussi M"'' Colombe, cadette. Sa voix était agréable, petite, timbrée, juste; la tournure du chant peu savante ; elle y mettait de Tàme; mais elle était d'une timi- dité incroyable dans un appartement. Quelques jours plus tard (16 mars 1774), Compain ren- dit compte à Franck de la représentation, aux Italiens, de Zémh^ et Azor, dont nous avons donné l'appréciation éma- née de Burney lorsqu'il avait entendu cet opéra à Bruxelles. Il est intéressant de comparer les deux jugements. « Je vous » avoue, dit Compain, que j'ai été surpris; mais ce n'est » pas d'admiration. En vérité, voir cette pièce à Bruxelles » ou ici (à Paris), sont deiix choses bien opposées. On di- » rait que c'est chez nous (à Bruxelles) qu'elle a été com- » posée, jouée d'origine sous les yeux des auteurs, et que » les comédiens italiens n'en sont que des mauvais imita- » teurs. » Plus Compain suivait le théâtre italien, plus il s étonnait des applaudissements donnés à des choses au- dessous du médiocre. Malgré la diminution évidente de ses moyens, Clerval chantait encore et jouait d'une ma- nière remarquable. Trial n'avait pas mal rempli le rôle d'AH, mais il prétait à ce personnage un air d'imbécillité. ]y|me jpigj gygij chauté, couimc à l'ordinaire, c'est-à-dire froidement, sèchement, sans nuances ni transitions. Quant à Suin, le successeur de Caillant, sa voix était détestable; il chantait pitoyablement. « Bon Dieu, continue Compain, » qu'on est bête à Paris. Et cette pauvre ariette de la Fau- » vette, ah ! c'est cela qu'il faut entendre ! Quels garga- » rismes ! Quels chevrottements ! Allons, il y en a pour » quatre. » Enfin on voulait engager Compain à Paris. Il refusa les offres, et promit formellement de continuer son emploi à Bruxelles jusqu'à ce qu'on lui eût trouvé un rem- plaçant. ( m ) Selon cet artiste, plusieurs beaux garçons étaient attachés aux théâtres de Paris, où le physique des hommes et des femmes remplaçait souvent les qualités artistiques, obser- vation qui est parfaitement corroborée par Fauteur du Parallèle (\). C'était à cette époque le goût de la société française, que Gudin met bien en relief, en rapportant plusieurs anecdotes piquantes à ce sujet. A propos des beaux garçons attachés à la scène de Paris, Compain rapporte l'avis de la dauphine sur un de ces ac- teurs à la belle stature : « Oui, disait la princesse, on pour- » rait en faire deux choses : un bel automate ou un beau » grenadier; mais je doute qu'on en fasse jamais un chan- » teur. Elle avait bien raison, ajoute l'artiste bruxellois. » Cela n'a pas empêché le public de crier bravo pendant » toute la soirée. » Le chanteur était beau garçon, et cette qualité suffisait pour le faire réussir en dépit du jugement de la dauphine. C'était Marie-Antoinette d'Autriche, parti- sane avouée de la musique italienne , tandis que la reine défendait celle de la France. Marie-Antoinette, musicienne elle-même, chantait dans les concerts de famille à Paris, comme nous l'apprennent les correspondances secrètes sur cette princesse (2). Elle avait sous ce rapport hérité du goût de sa mère, Marie-Thérèse, qui chantait à ravir pendant une séance musicale, exécutée en famille au palais impérial de Vienne, et dont rend compte une lettre insérée dans les Aiifzeignungen ïiber Maria-Theresia (5). Toute la famille impériale aimait la musique italienne et celle de Gluck (/i-). (1) Parallèle des Italiens et des Français, p. 86; Remond de S'«-Albine Abrégé du Comédien, p. 47. (2) V. à ce sujet Marie-Antoinette. Correspondance secrète, t. I. p. 312. (3) Behv, Aufzeignungen iiber Maria-Theresia, t^.S9. (4) V. la Correspondance secrète au sujet de Marie-Antoinette, t. Il, p. 285 et la Biographie de Sacolimi, par Fétis. ( 196 ) Cette propension suffisait aux partisans de la musique fran- çaise pour contrarier la dauphine dans ses goûts. Vn autre artiste, du nom de Florence, communiqua à Franck à peu près les mêmes impressions qu'il avait reçues pendant son séjour à Paris : « J'ai vu hier, dit-il, les Ita- » liens, qui sont détestables, abominables, exécrables. » L'orchestre de même. Les doublons de notre troupe » valent mieux que les principaux d'ici. J'ay vu jouer » M""^ Berard, la mère Boby. Elle n'est pas capable de )' doubler à Bruxelles. M°'^ Ghauthyer, M"^ Colombe assez )' mauvaises. Enfin , Dieu me garde d'y aller jamais. » Il finit sa lettre se disant : « qu'à Paris on estimait beaucoup » Vitzthumb et qu'on l'y désirait ardemment. Ses talents, » dit-il, sont aussi connus à Paris qu'à Bruxelles. » Dans une seconde lettre du 16 mars 1774, Compain parle de M^^Raucourt, actrice dont tout Paris raffolait à cette époque. « Ah! Monsieur, dit-il, il n'est pas possible » d'être plus belle; mais aussi on ne peut pas être plus n mauvaise , aussi contre nature , ny aussi forcée en total , » que l'est cette personne. J'avois été plusieurs fois pour « la voir et j'étois arrivé trop tard... Tout ce que je puis » dire, c'est que si M"^ Raucourt se proposoit en seconde • pour Bruxelles , je n'en voudrois pas... Tout Paris rougit » de l'avoir trouvée sublime, et cherche à se justifier, en 1» disant qu'elle étoit meilleure et qu'elle n'a jamais travaillé » depuis. Avoit-elle besoin de devenir meilleure qu'elle » n'étoit, puisqu'on la trouvoit sublime alors, et qu'on la >• niettoit au-dessus de M"'' Clairon? Pauvres parisiens, » que souvent vous êtes dignes de pitié. » Comme nous venons de le voir par les témoignages des auteurs contemporains et par des correspondances inédites, l'opéra était sous certains rapports mieux rendu à Bruxelles qu'à Paris. Sachant répudier la méthode de nos voisins du ( 197 ) midi, quand il ne s'agissait pas d'exécuter leur musique, les acteurs établis à Bruxelles se laissaient diriger par un chef d'orchestre instruit et capable. Vitzthumb, artiste de goût, avait bien saisi le caractère des Bruxellois. Très-cos- mopolites par suite des changements continuels des gouver- nements étrangers, appelés à diriger les affaires du pays , les habitants de Bruxelles avaient appris à connaître la musique de ces peuples et à l'apprécier sans prévention, comme sans sympathie exclusive. Les cours des gouver- neurs généraux envoyés en Belgique par l'Espagne, la France et F Autriche, avaient laissé des traces de Tari musical de la nationalité à laquelle ils appartenaient; et l'influence (ju'exercèrent dans notre pays leurs chapelles particulières ne saurait être contestée. L'ambassadeur espa- gnol en Suède n'avait-il pas révolutioimé le goût de son pays, depuis qu'il y avait fait entendre, par les artistes de sa chapelle, les sons religieux du midi , qui produisirent sur la reine Christine une émotion bien vive? Les cours des princes autrichiens, chez lesquels la musique italienne était en faveur, ont surtout contribué en Belgique à en propager le goût. Nos ancêtres y trouvaient certaines rémi- niscences de la musique nationale. Willaert n'avait- il pas créé l'école vénitienne? Ils étaient donc tour à tour Allemands, Français ou Italiens, quand ils exécutaient la musique de ces peuples. Burney le constate formelle- ment lorsqu'il atteste l'influence française sur notre scène lyrique, et l'influence italienne dans la musique de nos églises. Les querelles musicales des Verts et des Bleus, celles des Italiens et des Français, sont restées complètement étran- gères à la Belgique. En France, elles contribuèrent à faire grandir le chaos, auquel personne ne comprenait plus rien. ( 198 ) si ce n'est les effets brillants de la scène lyrique (i). Nul ne pouvait définir Tart ; personne n'en prévoyait l'avenir. Les Lullistes, amateurs des éclats de voix et des hurle- ments harmonieux ; les Rameaux , partisans de l'air gai et du rigodon , vinrent ajouter aux embarras par leurs débats passionnés livrés dans le parterre de l'Opéra de Paris. La paix fut seulement faite lorsque, mieux expérimentés, les adversaires de Rameau s'aperçurent que leur antagoniste n'avait pas voulu faire sortir, si ce n'est les détails, la musique de son ornière habituelle. Vers la fin de cette guerre acharnée parurent les défen- seurs de la musique italienne et de la musique française. Les premiers prétendaient régénérer l'art par la musique ultramonlaine. Ils avaient continuellement à la bouche le non sapete cantare, qu'ils lançaient contre tous les Français. Ceux-ci renforcés par les Lullistes et les Rameaux coalisés , s'en fâchèrent tout rouge. Comment, nous ne savons pas chanter, disaient-ils? Nous ne faisons que cela depuis le matin jusqu'au soir. Tout le monde chante et est chanté en France, selon notre manière et non selon celle des Italiens. Ils disaient vrai. A bon droit la France soutenait sa musique nationale (2). Si l'Allemagne a la sienne, si l'Italie en a une, pourquoi la France ne pourrait-elle pas en avoir à son tour? Chaque peuple a sa musique, ou, comme le dit d'une manière un peu prosaïque, un auteur contemporain , partisan de la musique française : il faut laisser chanter toutes les hèles dans leur ton naturel (5). Ln musique, véritable émanation du peuple, revêt en effet (1) Lustig, Inlcidiwj tôt de muziek-kunde, p. 64. (2) V. sur ce point l'importance que les Français attachaient à leur opéra, la Correspondance .secrète au sujet de Marie-Antoinette , t. II, p. -ISit. (3) Le Brigandage de la musique italienne, p. 8. ( i99 ) un caractère particulier et national dans chaque pays. Ce (jui paraît singulier à un peuple, semble très-naturel à un autre, qui est étranger à ses idées, à ses habitudes et à ses penchants. La musique des Arabes, par exemple, nous frappe par l'étrangeté des sons et du chant, dont nous ne saisissons pas les intervalles, tandis qu'elle transporte ce peuple. C'est un principe tellement vrai, que von Weber se moquait avec ironie par des vers satiriques , insérés dans la Freie Presse, des partisans de Rossini en Allemagne. Cependant le chaos continuait en France, jusqu'à l'ap- parition de Gluck. A ce moment une révolution complète, préparée de longue main, régénéra l'art musical en France. Des idées confuses sur la musique, des théories étranges émises à cette époque, du chaos enfin sortit victorieuse l'école française, jeune, spirituelle, pleine de verve et de vie, sachant conciher la mélodie et l'harmonie. Eclectique surtout, elle produisit : Lesueur, dont la France a le tort de négliger les Oratorios, œuvres puissantes et originales; Boiëldieu aux chants gracieux, pleins de fraîcheur; Auber aux idées faciles, brillantes, spirituelles et nettement des- sinées; Hérold à la mélodie suave et tendre ; Halévy à l'harmonie savante et aux accents parfois dramatiques; Adam aux rhythmcs légers; Félicien David aux effets ori- ginaux; Gounod aux accents à la fois tendres et passionnés, interprète heureux du chef-d'œuvre de Gœthe ; Berlioz aux idées parfois peu nettement dessinées, cherchant dans l'instrumentation des effets de mélodie, mais esprit hardi que sa patrie a longtemps répudié, peut-être par suite d'un amour trop prononcé de la forme et de la cor- rection. ( 200 ) De Paris, le vendredi 26 juillet 1771. Mon ami. Je suis indigne de tout ce qui se passe ici à mon sujet. Et si l'on connaissait bien toutes les menées des gens à talents de ce pays-ci, vraiment on ne désirerait pas de leur ressembler. Je sçais bien que je ne voudrais point de leur for- lune, à condition que j'adopterais leurs mœurs. Je ne puis te détailler toutes les petites coquinneries qui se sont passées au sujet de l'affaire qui m'a conduit h Paris : je l'en ferai le détail quand je serai de retour, et tu verras que si les chanteurs de Bruxelles ne sont pas aussi riches que les comédiens de Paris, ils sont en revanche plus scrupuleux. Le lendemain de mon arrivée, c'est-à-dire une heure après que je t'ai écrit, M. de Sartine a écrit un mot à ma femme pour la prier de passer chez lui. Je l'y ai accompagné. Je l'ai trouvé on ne peut plus honnête. Il sçavait le jour, l'heure et comment jétois arrivé; et comme on lui avoit été dire que je venois pour enlever ma fille, il étoit bien aise de s'en expliquer avec ma femme. Je l'ai fort assuré du contraire, et lui ai dit que mon dessein était défaire annuller rengagement qu'on avoit surpris à ma fille à mon insu. 11 m'a répondu que cela ne le regardoit pas et que je devois me pourvoir devant MM. les supé- rieurs (les gentils-hommes) ou d'arranger cela avec MM. les comédiens français. Il est incroyable les difficultés que ces MM. là m'ont faites. Cependant j'espère d'ici à demain ravoir les engagements, et je partirai sur-le-champ pour me rendre à Bruxelles lundi ou mardi, au plus tard. Je suis bien fâché de ce contre-tems, mon cher Vitzthumb. Il ne pouvoit pas arriver dans un moment plus désagréable pour moi. Car tu sais combien il étoit nécessaire que je fusse à Bruxelles. Je n'ai pas besoin de te recommander de veiller à nos affaires. Je suis sûr que tu ne les néglige pas. Je brûle d'être de retour. Veux-tu bien présenter mes hommages à M. le comte de ( 201 ) Maldeghem. Dis beaucoup de choses de ma part à M^'^ Beau- liicnard, ainsi qu'à Dazincourt, de même qu'à Duvalon et M'i^ Angélique. Je suis on ne peut plus mécontent des spectacles de Paris, excepté de la Comédie française, où j'ai vu le Glorieux le jour de mon arrivée. J'ai été le lendemain à l'Opéra, où l'on donnoit des fragments, et, sans un air que M. Legros a chanté, sans le divertissement de l'acte de M. Trial, et un pas de deux exécuté par M"^ Allard et Peslin, j'aurois regretté le lems que j'aurois employé à ce spectacle. J'ai été le lendemain mercredi aux Ilaliens. On y a donné les Aveux indiscrets (pièce détestable), et Tom Jones. Oh\ mon ami, qu'on a raison de dire que bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. En vérité cela est incroyable. Et il faut le voir pour en avoir une idée juste. Si nous donnions des pièces aussi mal exécutées que l'ont été celles-là, on nous enveroit coucher à la porte de Laek. Il est vrai que ce sont tous les doubles qui jouent à présent. M. Caillant , M. Edm. Laruelle, M. Clerval, enfin tous les premiers ne sont pas à Paris, M. Suin n'est rien moins que bon. Je l'ai trouvé même au-dessous du médiocre. Bon Dieu î Comme il a joué et chanté Versteron. J'ai entendu , dans So|)hie, une jeune personne qui double M" Laruelle etMandeville. Elle a la voix très-juste et très-aisée, mais un peu sèche. M. Pétrin a joué Jones. Il a la mâchoire un peu pesante. Sa voix est bien timbrée. Il n'est pas chanteur et faiblement comédien. On n'imaginerait pas , mon cher ami , qu'ici tout les morceaux mesurés se chantent comme le réci- tatif obligé. L'on chante mieux à Bruxelles qu'ici, et si j'avais eu quinze jours à moi , j'aurois osé me faire entendre. Adieu, mon ami. Je t'embrasse et suis pour la vie. Ton serviteur et ami , COMPAIN DeSPIERRIÈRES. ( 202 ) J'ai été au Colisée. C'est vraiment une magnifique folie. Il y avait environ 5 à 6,000 personnes à 50 s. chacune. Lundi dernier M"* Le Maure y a chanté. Et l'on a fait 18,000 livres de recette. A M. Vitzthumb, rue Bergère , Bruxelles. Paris, le 25 février 1774. J'ay reçu, mon cher amy. votre lettre du 19. Elle m'a été remise par M. Compain, avec lequel j'ay beaucoup rai- sonné sur ce qui concerne votre spectacle. Il m'a confié qu'il auroit particulièrement besoin d'une musique nouvelle, parce que celle que l'on a iey ne vous arrive que fort tard. Surquoy , je luy ay suggéré un moyen pour que vous en ayés de la plus neuve et de la meilleure qu'à Paris. Nous avons icy trois maî- tres de chapelle, dont deux débarqués nouvellement d'Italie, remplis de bon goût , et qui ont tous beaucoup de peine à faire accepter leurs compositions, parce qu'il y a, dans la nation, deux parlies, dont l'une pour la musique françoise grave et insignifiante, et l'autre pour la bonne et seule musique ita- lienne. Ces trois maîtres me sont recommandés. J'ay fait toutes les brigues imaginables conjointement avec le duc de Nivernois pour faire entendre Armide de Quinot, à laquelle un de ces trois maîtres de chapelle a adapté une nouvelle musique. Il ne nous a pas été possible de la faire répéter, quoique Mad. la dauphine l'eût désiré. J'ay demandé à l'auteur si! vouloit me vendre cette musique, et quelles scroient les conditions de cette vente. Voilà les conditions que je vous prie d'examiner, et si elles vous conviennent, vous m'en dires votre avis. I! me confiera, en honnête homme, et je suis autorisé par luvà vous confier en honnête homme cet opéra, qui est tout ( 205 ) copié dans toutes les parties. Vous en ferés une épreuve ou examen particulier, et non pas en public. Si elle ne vous convient pas, vous me la renverrés. Si elle convient, il en demande trois milles livres , dernier mot, pour le prix de sa composition; et comme il a dépensé trente louis pour la faire copier, il demande en outre le remboursement de cet argent, c'est-à-dire en total 5,720 liv. Dans cet opéra il n'y a pas les airs des danses. Il en fait quelques-uns. Il n'a point achevé les autres, parce qu'il con- vient, à ce qu'il me dit, de suivre les demandes et désirs du maître de danse. Il les feroit et achévroit et les donneroit en partition, non pas copiés . comme est l'opéra. J'ay entendu des morceaux de cet opéra, qui sont tout de bon goût. Ce maître de chapelle a fait des opéras a Rome, à Venise et à Naples. Je n'ay pas le temps de faire venir ou de voir ce malin M. Compain, auquel je me propose de luy parler de ce plan. Je luv en ai parlé hier comme une idée; mais je ne pouvais pas m"expliquer aussy clairement qu'aujourdhuy , parce que je n'avois pas vu mon homme. Mais sur le peu que je luy en avois parlé, il m'avoit dit de vous en écrire. Les deux jeunes hommes qui viennent du conservatoire de Naples ne seront pas fâchés de travailler pour votre théâtre ; mais il faudroit qu'ils eussent les paroles et qu'on sût quels sont les poëmes déjà donnés. J'avois presque oublié de vous dire que pour ce qui regarde le marché cy-dessus, concernant Armida, une des conditions est qu'on ne le fera pas imprimer nulle part, parce que l'au- teur se réserve ce privilège et celuy de pouvoir le donner à l'Opéra de Paris après un terme que vous pourrez fixer et de le faire aussy imprimer après un terme à convenir. Vous sentes bien que vous ne pourries pas tenir en main cet opéra que très-peu de jours, lorsqu'on vous l'aura confié. Je n'ay pas le tems à présent de faire tenir une copie de ( 204 ) cette lettre, dont je pourrois oublier les particiiiarilës el arti- cles que je dicte en la présence de fauteur. Vale. Paris . 26 février 1 774. Mon cher Vitzthumb. J'ai été, ce matin , entendre la répétition de la nouvelle Rosière de Salency, mise en musique par Grétry en 4 actes. La musique est charmante; mais je trouve ce sujet un peu mesquin pour souffrir 4 actes. Je crains que cela ne fasse du tort à la pièce. Ce n'est pas la même Rosière que celle déjà donnée. J'ai rendez-vous demain avec Grétry pour parler d'affaires. Je t'informerai de ce que j'aurai fait avec lui. Je dois voir aussi Philidor. Mais M. Focard m'a assuré qu'il n'avoit rien dans son portefeuille. Il ne fera point graver le Bon Fils. Je lui demanderai combien il veut pour vous le donner manuscrit. Je doute que nous puissions avoir une bonne 1" chanteuse. Elles sont très-clair semées, sont très-chères et ne valent pas grande chose. On en cite une nommée M'"^ L'Enfant, engagée à Nantes; mais elle a un mari qui joue du violoncel. Je lui ai fait écrire. On la dit bien célèbre chanteuse et meilleure que celles de Paris; mais imparfaite comédienne. Il y a ici quatre basses-tailles à Tessai. Ce sont de très-grands et beaux garçons. Mais, mon cher ami, qu'ils sont de piètres chanteurs! Nous devons être bien orgueilleux. Car je t'assure que notre spectacle n'est pas comparable à celui des Italiens (en ( 205 ) mal s'entend). Nous sommes délicieux auprès d'eux. Ils ont trois sujets bons et voilà tout. Les hommes sont pitoyables , excepté Clerval qui n'a plus de voix. M^ Billiony est char- mante. Son chant est sage et précis. Elle est bien à la scène , et pleine d'âme et d'intelligence. M* Trial a une jolie voix , mais un peu légère et froide. M^Laruelle ne doit plus chanter d'ici à un an. M"^ Nainville a une belle voix; mais il est pares- seux , peu comédien et ne joue pas trois mois de l'année. Le théâtre est mal servi et à l'air d'une écurie. Je voudrais bien que notre public pût se transporter ici. J'ai vu ce soir La Bonne Fille, très-bien jouée, et avec exac- titude. M'' Billiony y est on ne peut pas mieux. M. Julien a assez bien joué; mais il nazille trop en chantant. Thomassin a joué toutefois comme un ange. Les figurantes sont d'une rareté singulière Je dois dîner dans deux jours avec le chevalier Gluck. On donnera son Iphigénie après Pâques. On dit que c'est superbe. Adieu mon ami, CoMPAiiV Despierrières. Compain à Franck. Paris, le 5 mars 1 774, à 1 1 h. du soir. Monsieur Je n'ai jamais eu l'intention d'engager Gossec à nous pro- curer Sabinus en manuscrit. Quelque belle que soit la mu- sique de cet opéra, il ne nous produirait rien. Mais j'attends que M. Gossec (ainsi qu'il me l'a promis) m'indique un jour pour aller chez lui pour le prier de nous vendre les opéras non joués ou non gravés qu'il peut avoir dans son portefeuille. J'ai vu hier, pour la seconde fois, la Nouvelle Rosière. Et j'ai taché de l'entendre en artiste. La pièce n'a pas le sens ( 206 ) commun. M. le marquis de Pesé (Pezay), auteur des paroles, a cru qu'en surchargeant son poëme d'incidents, de coups de tonnerre et de mille autres choses aussi inutiles, cela causerait plus de plaisir. Il s'est trompé. Tout le monde plaint M. Grétry d'avoir fait de la belle musique sur un aussi mauvais poëme. Moi je trouve qu'il y a trop de morceaux d'ensemble et pas assez d'ariettes. Cependant je pense que cette pièce fera de l'effet chez nous, parce qu'elle est susceptible de beaucoup de spectacle. M. Grétry m'a promis de me la procurer en manu- scrit. J'ai été deux fois chez lui pour savoir combien il exige- rait, sans le trouver. Mais je compte être plus heureux dans la suite. J'ai vu hier M"' Angéhque aux Italiens. M. le prince de Ligne était avec M. Marbai. Je n'ai pas manqué ce matin daller faire ma cour au prince et de voir M"*= Angélique. J'y ai trouvé M. le chevalier Gluck, qui m'a promis de nous donner son Orphée. Cet opéra sera d'autant plus aisé à mettre qu'il ne faut que trois personnes : un rôle en femme, une basse-taille et un Amour. Je dois dîner avec lui ce jour-ci, et je ne manquerai pas de lui rappeler sa promesse. Votre, etc. COMPAIN DeSPIERRIÈKES. Compain à Franck. Paris, le mercredi 9 mars 1774. Monsieur, J'ai eu l'honneur de recevoir, hier, trois de vos lettres; l'une du 2, la deuxième du 4 et la dernière du a, en réponse à celle du 2. Je suis de votre sentiment. Monsieur, relativement à ( 207 ) MM. Aufresne et Patras; je crois qu'il vaut mieux, pour nous, d'avoir M. Patras (I). Ce n'est pas le plus honnête homme du monde, mais pour peu que S.A. ie ministre daigne nous proté- ger ouvertement vis-à-vis de lui, on pourra le mettre à la raison. Je doute queM^Montansier veuille se départir d'aucuns de ses droits vis-à-vis de M. Patras. Je la verrai à ce sujet quand je pourrai la rejoindre (car elle n'est jamais en place) et je vous en rendrai compte. La chanteuse dont m'a parlé M^ De Mon- tansier était la même que M"'= L'Enfant. Vous verrez, Monsieur, par sa réponse que je vous envoie, que je n'ai rien néghgé sur cet objet. Quant à la jeune fille que vous me chargez de demander à MM. Philidor et Grétry, je crois avoir réussi sans leur secours, et M""" Declaquy me paroît propre à satisfaire les désirs de M. Vitztliumb, s'il se donne des soins pour elle (comme je n'en doute pas), et qu'elle veuille répondre à ses bontés. Quoiqu'on m'ait fort exalté sa docilité, je ne m'en rends pas caution. Mais je réponds que de toutes les voix que j'ai entendues depuis que je suis ici, aucune ne m'a paru plus belle et plus capable d'al- ler à grand succès avec des soins et du travail. Quant à l'objet des appointements, j'aurois bien voulu qu'il eût été moindre. Mais on m'a demandé de quoi vivre sans aucuns secours mal- honnêtes. On vouloit d'abord 2,400 livres, et j'ai marchandé tant que j'ai pu. Au reste, le risque que nous encourrons n'est pas grand. En supposant même que cette dame ne répondit pas à la bonne idée qu'on ma donnée de ses mœurs, si elle travaille, comme j'ai lieu de le penser, je n'aurai pas fait de mauvaise affaire. Je ne peux pas rejoindre M. Grétry chez lui. J'y ai encore été hier et le jour précédent. Je compte cependant emporter la Rosière en manuscrit. (1) Patras, Pietro Marinville et Bienfait furent directeurs du théâtre de Gand de 4761 à 1762. V. Revue historique du théâtre de Gand, p. 7. ( 208 ) Sabîiius n'est point gravé et ne le sera pas de longtemps; car Gossec, que j'ai été voir hier, m'a dit qu'il ne feroit plus rien graver; que cependant il se proposoit de faire graver Sabimis par souscription. Il m'a promis de m'en faire copier une parti- tion si Vitzthumb le désire. Mais il voudroit sçavoir s'il la veut telle que l'opéra a été joué d'origine, en cinq actes, ou tel qu'on le joue à présent en quatre actes. Mais je vous préviens qu'il n'a ny queue, ny tête à présent. Je vous envoie le poëme de SabinuSy dont M. Gossec m'a fait présent, et tel qu'il a été joué chez le roy. Vous trouverez aussi, Monsieur, les règlements delà comédie française. Mon ami, M. Bellecour, m'a bien voulu faire le sa- crifice du seul exemplaire qu'il eut. Il m'a promis que dès que le nouveau règlement pour les différents emplois, et auquel MM. les gentilshommes de la Chambre travaillent, paraîtroit, il nous le procureroit. J'aurai sous peu de jours les rôles, parties d'accompagne- ment et prose copié du vaudeville à' Acajou. Comme cela n'est point gravé, j'ai fait marché à 60 livres que j'ai payées pour cette pièce. M. Gossec nous propose de lui acheter le Périgourdin, opéra burlesque en un acte, fait pour le prince de Conty et joué seulement chez lui. Il allait le donner aux Italiens; mais au moment de le répéter, une petite difficulté qu'il eut le lui fit retirer. Il veut nous en rendre propriétaires, moyennant 40 louis d'or. Je l'ai prié d'attendre que j'eusse consulté M. Vitzthumb. Ayez la bonté de m'envoyer des instructions à cet égard. Il vouloit 30 louis; je l'ai prié de nous traiter en gens à talens, et il m'a dit que sa prétention serait de 40 louis. Ainsi, c'est à prendre ou à laisser. Il ne m'en a rien coûté pour complaire à mes parens et amis en ne débutant pas ici. Vous savez, Monsieur, que je n'en ai jamais eu l'envie. Et si je l'eusse fait, ce n'auroit été que pour prouver qu'on avoit à Bruxelles des gens, qui (sans ( 209 ) vanité) valoient mieux que ceux de Paris. Je chante partout où je me trouve, et je vous avoue, Monsieur, qu'on a la bonté de m'encourager. Je ne crois pas possible de se passer de quelqu'une pour chanter, en double, sons M"^ Angélique. Si l'on pouvoit compter sur sa bonne volonté, cela seroit facile. Mais J'ai enfin entendu chanter M''' Colombe, cadette, hier. Je vais vous dire franchement ce que j'en pense. Elle a la voix agréable, petite, timbrée, la tournure de chant peu savante, la voix juste. Elle prononce assez bien pour Paris.' elle a de l'âme; mais elle est d'une timidité incroyable dansun appartement. Elle a de la précision et se feroit très-bien en- tendre dans notre salle, parce qu'elle a Tarticulation assez dis- tincte et nette. Voilà tout ce que j'en puis dire. Sa voix n'est pas encore remise de ses couches Ressouvenez-vous bien, Monsieur, que, malgré ce que je vous ai écrit de sa figure, je n'y prends aucune sorte d'intérêt Je ne trouve pas de figurantes. Je serai forcé d'engager quelques jolies filles, telles qu'elles. Je vous embrasse, etc. COMPAIN DeSPIERRIÈRES. P. S. Philidor ma promis pour aujourd hui le Bon fils et pour jeudi ou vendredi V Huître et le plaideur. Florence à Franck. Monsieur , J'ay vu hier les Italiens, qui sont détestables, abomi- nables, exécrables. L'orchestre de même. Les doublons de notre troupe valent mieux que les principaux d'icy. J'ay vu jouer M™^ Berard la mère Boby. Elle n'est pas capable de doubler à Bruxelles M'"* Ghautyer. M"^ Colombe aussy mauvaise. Enfin, Dieu me garde d'y aller jamais. J'ay vu M"^ Philidor, qui m'a 2°"" SÉRIE, TOME LXI. 14 ( 9-10 ) dit bien de choses pour Vistum. Il l'aime beaucoup. 11 sera à Bruxelles vers le mois de juin sans faute. A tous les spectacles où j'ai été, tout le monde aime et chérit A^istum. Il est bien désiré dans ce pays-cy. Ses talents sont aussi en vogue icy qu'à Bruxelles. Assure-le bien quePhilidor y sera vers le mois de juin L'opéra de M. Glouck fait toujours le plus grand plaisir. La reine vient de lui commander de la musique pour Cythère assiégée Votre serviteur, Paris, 10 mars 1773. Florence. Compain à Franck. Paris , ce mercredi au soir, 16 mars 1774. Monsieur , Je sors des Italiens, où j'ai vu représenter Zémir et Azor. Je vous avoue, sans aucune prévention, que j'ai été surpris; mais ce n'est pas d'admiration. En vérité, voir cette pièce à Bruxelles ou ici sont deux choses bien opposées. On croirait que c'est chez nous qu'elle a été composée , jouée d'origine ; sous les yeux des auteurs, et que \Gi comédiens italiens n'en sont que des mauvais imitateurs. Enfin, Monsieur, plus je hante le spectacle italien, plus je tombe de mon haut en voyant la manière dont on applaudit les choses au-dessous du médiocre. Je n'ai été content ce soir que de Clerval. Il a chanté et joué comme un dieu. C'est bien dommage que ses moyens diminuent chaque jour. M. Trial n'a point mal joué Ali; mais il lui donne un air imbécile que je n'aime pas. M* Trial a chanté comme à son ordinaire, c'est-à-dire froidement, sè- chement, sans nuances ny transitions. Avec une qualité de voix fraîche et mordante, on ne peut pas chanter plus plate- ment. Pour M. Suin, ce serait perdre son temps que d'en par- ( 211 ) 1er. Il est pourtant l'heureux successeur de M. Caillaut. C'est bien la plus détestable voix, le chanteur le plus pitoyable, l'être le plus bête dans la société. Bon Dieu! qu'on est bête à Paris. Et cette pauvre ariette de la Fauvette, ah î c'est cela qu'il faut entendre! quels gargarismes î quels chevrottements! Allons, il y en a pour quatre. II y avait au spectacle M. le prince de Ligne, M. Marbé et M'"^ Angélique, qui me sembloient aussi étonnés que moi. Je ne veux pas vous laisser ignorer, Monsieur, que j'ai été fortement sollicité de débuter par MM. les comédiens italiens; que j'ai reçu de leur part différentes députalions et que M. Clerval m'a arrêté encore hier dans la rue, comme j'allais dîner chez M. Aufresne, et m'a fort grondé de ce que je me refusais obstinément aux instances de ses camarades et à ses propres désirs. Je lui ai dit sur cela tout ce que je pensois. Et sans vouloir m'en faire un mérite à Bruxelles, je suis déter- miné à y rester jusqu'à la fin de ma carrière, quand même je n'y serais pas retenu par l'entreprise du spectacle. J'y mourrai, à moins que mon ami Ignace ne cesse d'être directeur. Je lui ai voué un entier et constant attachement. Je lui tiendrai pa- role. Oui, Monsieur, on dépit du peu d'agrément dont je jouis quelquefois (par la faute du public), je chanterai à Bruxelles jusqu'à ce qu'on se soit procuré un chanteur qui vaille mieux que votre pauvre Sancho. J'aurai donc encore le plaisir de contribuer longtemps à vos amusements. Car (sans amour- propre), il n'y en a point qui puissent me faire oublier à cer- tains égards (que) beaucoup sont bien beaux garçons. Mais je me permettrai de rapporter ici le jugement de M" la dauphine, et dont je vous ai parlé. On faisait l'éloge de sa figure et de sa stature. « Oui, dit-elle, on en pourrait faire deux choses : Un n bel aulhomate ou un beau grenadier; mais je doute qu'on r en fasse jamais un chanteur. » Elle avait raison. Cela n'a pas empêché le public de crier des bravo pendant toute la pièce et de demander à la fin de l'opéra à voir l'auteur, qui pourtant a été assez modeste pour ne pas se montrer. Je vous avoue que ( 212 ) cela seul m'avait dégoûté des débuts aux Italiens, si j'en avais eu l'envie, parce que, à moins qu'on ne m'eût fait élever une statue après mon début, mes succès n'auraient pas été pro- portionnés à ceux de ce monsieur. Le 17 mars au matin. Las de ne pouvoir rejoindre ny M. Gossec, ny M"* Demon- tansier chez eux, j'ai pris le parti de leur écrire. J'ai reçu de M"^ Montansier rendez-vous pour demain, où je ne manquerai pas de me rendre. J'attends la réponse de M. Gossec... Je sors de chez le copiste italien. Je l'ai grondé bien fort de sa négligence à me remettre Acajou. Il me l'a promis pour de- main au soir. Voilà 8 jours que je devrais l'avoir. Je l'ai pour- tant payé d'avance. Un ami, qui vient de me venir voir, m'a assuré que M. Philidor travaillait à faire pour nous corriger une partition à'Ernelinde. Dès que j'aurai reçu de l'argent (dont j'ai grand besoin) je passerai chez lui. Quant à La Rosière, j'attendrai des ordres pour en faire l'acquisition.... Je viens de voir M. l'abbé Niccoly, homme charmant et plein de bontéset de bonnes intentions pour le spectacle de Bruxelles. Je l'ai prié de voir l'auteur de l'opéra en 5 actes dont vous me parlez (et dont il m'avait parlé lui-même), d'en tirer le meilleur parti possible et de demander combien on nous demanderoit pour ne nous en fournir qu'une partition, sans nous en rendre propriétaires. M. labbé se donnera pour cela des soins. Et dès que je saurai quelque chose sur cela, j'aurai l'honneur de vous en faire part, M. le chevalier Gluck est introuvable, parce qu'il est dans le fort de ses répétitions. On doit donner sa pièce à la rentrée. Le 18 au malin. On vient de m'apporter un billet de M. Pleinchesne, ami de M"" Fourrière, dont je vous ai parlé j)récédemmcnt. Mon- sieur.... J'ai trouvé chez moi M. Philidor qui m'apportoit, en me venant voir, une brochure corrigée du poëme d'Erlinde et ( 213 ) que je remettrai à M. Niccoly ces jours-ci, de même que la musique qui sera prête pour demain. M.Philidor va nous faire un opéra pour la fête de S. A. R. l'année prochaine et qui ne sera jouée que chez nous. M. Philidor viendra déterminément à Bruxelles lorsque nous donnerons son Erlinde.... Je vous embrasse, etc. COMPAhN DeSPIERRIÊRES. Compain à Franck. Paris, 16 mars 1774. Je crois qu'il seroit beaucoup plus sage à nous 1° de renon- cer pour jamais à la satisfaction d'avoir M. Aufresne, qui dans le fait ne joue pas 30 rôles par an; 2° de garder ce coquin de Patras, aux conditions de lui faire payer à M"^ Montansier les 4,200 liv. qu'elle lui a avancés et 2,400 liv. qu'elle réclame pour un dédit. Et pour nous mettre à l'abri de l'évasion de ce polisson , le consigner aux portes de la ville dès qu'il y aura mis le pied, et supplier, s'il en est besoin, S. A. le ministre plénipotentiaire de le faire passer Tannée en prison pour lui apprendre à devenir plus honnête homme dans la suite et ne pas faire deux ou trois engagements (l).-.. Je crois ce parti le plus sage pour prévenir tout embarras; car nous touchons au moment de l'ouverture, et je crois très-nécessaire de prendre la précaution de ne pas nous trouver sans père noble, quoi- qu'en mon particulier, je ne fasse pas un bien grand fond sur ,1; A Bruxelles les acteurs étaient considérés comme faisant partie des gens (le la cour, qui jouissaient d'une juridiction exceptionnelle, nommée tribunal de l'Alcadio. Si les personnes ressortissant à cette juridiction jouissaient de cer- tains avantages, elles n'avaient pas toutes les garanties des tribunaux ordinaires. Un mot du gouverneur général ou du minisire plénipotentiaire suffisait pour leur infliger des peines bien dures. ( 2i4 ) la haute comédie l'année prochaine. Et il seroit prudent de traiter dès à présent avec M. Dufresnel pour 177G. J'ai vu cette actrice incomparable, ce phénomène, cette femme, dont tout Paris a raffolé, enfin M'"" Raucourt. Ah! Monsieur! Il n'est pas possible d'être plus belle; mais aussi on ne peut pas être plus mauvaise, aussi contre nature, ny aussi forcée en total, que l'est cette personne. J'avois été plu- sieurs fois pour la voir, et jétois arrivée trop tard pour avoir place. Mais je ne crois pas que je la revoie. Je me réserve de vous faire part, plus amplement, de ses défauts, lorsque j'aurai l'honneur de vous voir. Tout ce que je puis dire, c'est que si M"* Raucourt se proposoit en second pour Bruxelles, je n'en voudrais pas, à moins que ce ne fut pour en faire une maî- tresse. Encore, dit-on, qu'elle perd beaucoup à être vue de près. Tout Paris rougit de l'avoir trouvée sublime et cherche à se justifier en disant qu'elle étoit meilleure et qu'elle n'a jamais travaillé depuis. Avoit-elle besoin de devenir meilleure qu'elle n'étoit, puisqu'on la trouvoit sublime alors, et qu'on la mettoit au-dessus de M"^ Clairon? Pauvres Parisiens, que souvent vous êtes dignes de pitié 1 J'ai vu le jeune Fleury, frère de ^P"" Sainval, qui continue ses débuts aux Français. 11 ma paru faible dans le tragique, sans moyens , ny avoir la figure et la stature qui convenoient pour ce genre. Cependant il vaut mieux qu'il y a deux ans. Mais j'aime presque autant Florence, à sa prononciation près et un peu plus de sagesse dans la manière de dire. J'en ai été bien plus content dans VÉpoux par supercherie, et je le crois, avec tout Paris, meilleur comédien que tragédien. C'est dommage qu'il ne soit pas d'une taille avantageuse : il n'aura jamais l'air que d'un enfant de 20 ans. J'ai vu M. Chazel. Dieu nous préserve de jamais faire son acquisition : on ne sauroit être aussi mauvais ny avoir Pair plus ignoble. Je suis étonné qu'on accorde des débuts à de semblables personnages; mais à Paris on permet tout, égale- ment en mal, comme en bien. ( 21S ) Franck à Compain. Bruxelles, le 23 mars 1774. Monsieur Compain, Ce que vous me dites dans voire lettre, commencée le 16 et achevée le 19 de ce mois, au sujet de Zémir et Azor est le sentiment de tous les Français et autres étrangers qui, ayant vu cette pièce à Paris, peuvent en juger par comparaison, la voyant à Bruxelles. Ce n'est pas de ma faute si la nature a oublié d'éveiller les Flamands et de priver les Parisiens de la l'acuité de faire usage de leurs sens. 11 faut savoir s'en consoler et tâcher que ce même reproche ne tombe pas sur nous. Je suis étonné de ce que vous me demandez des ordres pour l'acquisition de la Rosière de Salency, puisque vous nous avez dit, par votre lettre du 12 de ce mois, que iM.Grétry vous l'avoit ])romise, et que vous l'apporteriez avec vous, outre que je vous en ai parlé dans mes lettres des 8, lîî et 15 de ce mois. Quant aux changements dErlinde que M. Philidor fait pour nous, Vitzthumb les attend avec impatience. Et si M. Philidor veut nous honorer de sa présence, il seroit fort agréable pour nous qu'il le fît pour l'arrivée de Tarchiduc, temps auquel on se propose de donner en opéras ce qu'il y a de plus beau. La réponse que vous avez donnée à 31. Pleinchesne, ami de M"« Perrière, est très-juste, et nous souhaitons tous qu'elle en soit contente; mais je n'ai pas trouvé le billet de M. Plein- chesne, joint à votre lettre, comme vous me le mandez. Pour ce qui regarde Patras, je vous écrirai là-dessus de- main. En attendant ne concluez rien avec M""" Montansier à cet égard. Vitzthumb est enchanté de ce que M. Philidor veuille bien faire quelque chose pour nous en particulier, et surtout à l'oc- casion de la fête de S. A.. R. C 216 ) ERRATUM. Bulletin de décembre 1875 , page 1068, dans la Soie, ligne 7 .4m lieu de : si une feuille se pose sur la feuille lisez : si une mouche s»». pose sur la feuille OUVRAGES PRÉSENTÉS. Quetelet [Ern.). — Éléments dimatologiqucs de la ville de Bruxelles pendant la période décennale 1864-1875. Bruxelles; in-4". Mailly [Éd.). — Notice sur Frédéric Argelander, traduite de l'allemand, de Schônfeld. Bruxelles, 1875; in-18. Cornet (F.-L.). — Compte rendu de la réunion extraordinaire à Mons (Belgique) et à Avesnes (Nord) de la Société géologique de France. Paris, 4874: in-8°. Delbœuf'{J.). — Théorie générale de la sensibilité. Bruxelles, 1876; br. in-8°. Diegerick [J.-L.-A.). — Document du XVP siècle apparte- nant aux archives de la ville d'Yprcs, tome II (troubles reli- gieux). Bruges, 1875; vol. in-8°. Ministère de l'Intérieur. — Annuaire statistique de la Bel- gique, 6^ année, 1875. Bruxelles; in-8''. Fédération médiccde belge. — Compte rendu de l'assemblée générale annuelle tenue dans la salle académique de l'Univer- sité libre de Bruxelles, le 50 septembre 1875. Bruxelles, 1875; br. in-8°. Société entomologiqtte de Belgique. — Annales, tome XVIII. Bruxelles, 1875; vol. in-8". ( 2i7 ) Société malacologique de Belgique, ~ Annales, tome IX, \" partie, 1874. Bruxelles; vol. in-8". De Vlaamsclie School, 1875, Aflever 15-24. Anvers; 13 feuilles in-4°. Messager des sciences historiques^ année 1875, 4* liv. 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Paris, 1874, 1875; 5 extraits in-4" du tome XXXIX des Mémoires de l'Académie des sciences de Paris. Desmaze (Charles). — Les métiers de Paris d'après les or- donnances du Châtelet avec les sceaux des artisans. — L'Uni- versité de Paris (1200-1875). Paris, 1874-1870; vol. in 8° et vol. in- 12. De la Barre Duparcq (Ed.) — Histoire de Charles IX. Paris, 1875; vol. in-8°. Ftivre [Alph.). — Note sur les terrains glaciaires et post- glaciaires du revers méridional des Alpes dans le canton du Tessin et en Lombardie. Br. in-8°. Société géologique du Nord, à Lille. — Annales, II, 1874- 1875. Lille: vol. in-8". ( 218 ) Société météorologique de France, à Paris. — Nouvelles météorologiques : 8' année, décembre 1875 ; 9' année, janvier 1876. Paris; 2 liv. in-8°. Revue philosophique de la France et de l'étranger^ i ""^ année, janvier et février 1876. Paris; 2 liv. in-8°. Matériaux pour servir à l'histoire primitive et naturelle de l'homme, 2^ série : IX^ année, tome IV, liv. 7, 8 et 9 ; X* année, tome V, liv. 5 à 12. Toulouse; feuilles in-8°. Revue historique, tome I, 1'^'^ année, janvier-mars 1876. Paris ; liv. in-8". Hirn {G.-A.}. — Exposition analytique et expérimentale de la théorie mécanique de la chaleur, tome II , 5" édit. — Sur l'étude des moteurs thermiques et sur quelques points de la théorie de la chaleur en général. Paris, 1876; vol. in-S" et br. in-4". Kônig. Preuss. Akademie der Wissenschaf'ten zu Berlin. — Monatsberichl, September, October und November 1875. Ber- lin, 1876; 2 fasc. in-8°. Physikalische Gesellschaft zu Berlin. — Die Forlschritte der Physik: IX. Jahrg. 1853; X. Jahrg. 1854; XI. Jahrg. 1855; XVI. Jahrg. 1870; XVII. Jahrg. 1871, I. Abtheilung. Berlin, 4 vol, et partie de vol. in- 8". Justus Perthes' geographische Anstalt zu Gotha. — iMitthei- lungen : 21. Bd., 1875, XII.; 22. Bd., 1876, I und II. — Ergan- zunghcft, N' 44. 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I e II (1871). — Dante, secondo la tradizionc e i novellatori (1875). — Scella di curiosità letterarie inédite o rare dal secolo XIII al XVII in Appendice alla collezione di opéra inédite o rare (1874). — I parlari italiani in certaldoalla festa del V centenario di messer Giovanni Boccacci (1875). Livourne, 4 vol.gr. in-8°. Bologne, vol. pet. in-8^ R. Comitato geologico d'halia. — Bollettino, n*" 9 e 10, septembre e ottobre 1875. Rome, in-8°. R. Sciiola superiore di Pisa. — Annali : scienze fisicbe e matematiche, vol. I; filosophia e filologia, vol. II. Pise, 1871- 1873; 2 vol. in-8°. Royal Society of London. — Philosophical Transactions : vol. 164, 1874, pts. 1 and 2; vol. 165, pt. I. — Proceedings : vol. XXII, n- 151-155; vol. XXIII, n" 156-163. — The royal ( 220 ) Society 50 th. november 1874. — The anatomy of the lyiu- phatic System by E. Klein. H. The burg. Londres, 3 vol. et br. in-4"; vol. et 15 br. in-8°. Statistical Society of London. — Journal, vol. 58, pts. 3 nnd 4, september-décember 1875. Londres; 2 fasc. in-8^ The geological record, 1874. Londres, 1875; vol. in-8°. Hinrichs (D' Gustavus). — lowa Weather Review, n*»"!, 2 and 3. — Monthly Results of meteorological observations at the Laboratory of the lowa State University for the year 187j. — Six notes de chimie moléculaire sur la rotation des molécules. — Ou the necessity of a Physical Observatory at the lowa State University. — Thegreat lowa meteor. — Bio- graphical sketch of VVilhelm von Haidinger. lowa, New-York, Paris ; feuilles et broch. in-4° et in-8^ Tjner [Joseph M.). —Contributions to the annals of mé- dical progress and médical éducation in the United States before and during the war of indépendance. Washington, 4874; br. in-8°. U. S. Geological and geographical Survey ofthe territories, Washington. — Bulletin ,2*^ séries, n*" 2, 3, 5 and G.— Miscel- laneous pubUcations, n" 5 : Descriptive catalogue fo the photo- grafs of the United States geological Survey.— Report, vol. Il, 1875: Cretaceous vertebrata (E. D. Cope). Washington, 5 fasc. in-8'' et vol. in-4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. —^o± CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 février 1876, M. H. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétueL Sont présents ; MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Glugé, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Alp. Briart, F. Plateau, Fr. Grépin, membres ; Th. Schwann, Eug. Gatalan, Aug. Bellynck, associés; Éd. Mailly, F.-L. Grépin, Gh. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, correspondants. 2°"' SÉRIE, TOME XLI. 15 ( 222 ) CORRESPONDANCE. M. Gloesener, indisposé, prie ses confrères de l'excuser de ne pouvoir venir diriger les travaux de la séance. — M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal, en date du 13 janvier écoulé, qui déter- mine le costume que les membres de l'Académie auront la faculté de porter dans les cérémonies officielles. — Le même haut fonctionnaire offre un exemplaire de TAnnuaire statistique de la Belgique pour Tannée 1875, publié par son département. — Remercîments. — M. le Ministre communique une lettre qui lui est adressée par le comité de l'Union des charbonnages, mines et usines métallurgiques de la province de Liège, deman- dant que le gouvernement publie, aux frais de l'État, les mémoires couronnés de MM. Renier Malherbe et Julien de Macar, sur le système du bassin houiller de la province de Liège. MM. Dewalque, Briart et Cornet sont chargés de dres- ser le devis des frais approximatifs qu'entraînerait la publication de ces mémoires. — M. E. Chevreul remercie pour son élection d'associé. Il offre, par la même occasion, un exemplaire de l'un de ses derniers ouvrages, composé des trois mémoires sui- vants : 1° Études des procédés de l'esprit humain dans la recherche de l'inconnu^ à l'aide de V observation et de Vexpé- ( 225 ) rience, et du moyen de savoir s'il a trouvé l'erreur ou la vérité; 2° L'enseignement devant l'étude delà vision, la loi du contraste simultané des couleurs ; 5° Explication de nombreux phénomènes qui sont une conséquence de la vieillesse. Des remercîments sont votés à iM. Chevieul pour cet hommage. — MM. Rodolphe Clausius, H. von Dechen et Buys- Ballot accusent réception de leur diplôme d'associé. — La seconde Société Teyler, à Harlem, adresse le pro- gramme des questions de physique qu'elle a mises au con- cours pour J876. — L'Institut des provinces de France annonce que la 41' session des congrès scientifiques de France aura lieu à Périgueux, en mai 1876. — xM. Ramsay, associé, offre les Reports of the Royal Coal Commission, o volumes et atlas. Il demande, en môme temps, les publications de l'Académie pour le Muséum de géologie pratique, dont il est le directeur général. — Ren- voi à la Commission administrative. — La Société géologique du Nord à Lille offre les deux premières années de ses annales. Elle exprime, en même temps, le désir de recevoir les Bulletins de l'Académie, — Renvoi à la Commission précitée. — L'école royale normale supérieure de Pise fait par- venir un exemplaire de ses Annales et demande l'échange avec les publications de l'Académie. — Même renvoi. ( 224 ) La Société royale de Londres et la Société des natura- listes d'Odessa envoient leurs derniers travaux. — M. le professeur Bernardin adresse ses observations des phénomènes périodiques du règne animal faites à Melle, pendant l'année 1875. — La classe reçoit les hommages suivants au sujet des- quels elle vote des remercîments. i" Exposition analytique et expérimentale de la théorie mécanique de la chaleur^ par G.-A. Hirn, 5^ édition, tome second, in-8^; — Sur V étude des moteurs techniques et sur quelques points de la théorie de la chaleur en général, in-^-", par le même; présentés par M. Melsens. S"" Réunion extraordinaire de la Société géologique de France, àMons (Belgique), et à Avesnes (Nord), du 40 août au 6 septembre 187 â; parF.-L. Cornet, secrétaire général de cette session ; in-B" ; 5" Notice sur Frédéric Argelander traduite de l'alle- mand de Schônfeld, par Éd. Mailly; in-18. — La classe décide le dépôt aux archives d'un billet cacheté qui lui est envoyé par le révérend père Renard, de la Compagnie de Jésus, à Louvain. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : V Lettre sur la structure des taches solaires, adressée à M. F. Folie, par M. l'abbé Spée, attaché à l'observatoire du collège romain. — Commissaires, MM. Folie et Liagre; 2° Recherches sur les résines, par M. Gustave Bruy- ( 225 ) lants, docteur en sciences à Louvain. — Commissaires, MM. Stas, Donny et Melsens; S** Note sur la contraction des muscles striés de Vhy- drophile, par M. L. Frédéricq. — Commissaires, MM. Éd. Van Beneden et Schwann; 4*^ Deuxième note historique sur J.-B. Van Helmont, par M. Melsens. — Commissaires, MM. Stas, de Koninck et Donny. ÉLECTIONS. D'après l'article 41 du règlement général, la classe pro- cède au renouvellement de sa Commission spéciale des finances pour 1876. Les membres sortants, MM. Gluge, Maus, Montigny, Nyst et P.-J. Van Beneden, sont réélus. RAPPORTS. La classe avait renvoyé à l'examen de MM. Dewalque, Briart et Cornet : l"* Une dépêche ministérielle du 9 dé- cembre 1875, transmissive d'une lettre du 4 du même mois, du Dépôt de la guerre, faisant connaître que les pierres qui ont servi à la carte géologique de la Belgique, par feu Dumont, nécessiteraient une dépense très-consi- dérable pour être mises en état de fournir un nouveau tirage, et proposant de faire usage de la nouvelle carte en quatre feuilles à l'échelle du 7j60,ooo; 2" une dépêche ministérielle du 2 janvier 1876, communiquant une note de M. le capitaine d'état-major Hennequin, par laquelle cet ( 226 ) oftlcier s'engage à réaliser le vœu émis par l'Académie de faire un tirage delà carte précitée de Dumont, en atten- dant l'exécution d'une carte à grande échelle. La classe adopte Topinion de ses trois commissaires, déclarant qu'il est impossible de donner suite au projet du capitaine Hennequin, de faire un nouveau tirage de la carte de Dumont. Elle décide, en outre, qu'elle maintient l'opinion émise par elle dans sa séance du mois de novembre dernier, sa- voir qu'il n'y a pas lieu de faire usage de la carte du Dépôt de la guerre en 4 feuilles, pour y transporter les données géologiques actuelles. La classe a résolu, en même temps, que les rapports de MM. Dewalque, Briart et Cornet seront transmis à M. le Ministre de l'Intérieur à titre de communication. Ce haut fonctionnaire sera prié de prendre les mesures nécessaires à la prompte exécution d'une carte géologique à grande échelle, dont la science et l'industrie ont le plus grand besoin dans le pays. Inscriptions pour les médailles de concours décernées à MM. Malherbe et de Macar. M. Roulez, membre de la classe des lettres, consulté au sujet des inscriptions destinées aux médailles d'argent décernées par la classe à MM. Malherbe et de Macar pour leur mémoire couronné : Sur la description du sijstème houiller du bassin de Liège, avait proposé la rédaction suivante : Reniero . Malherbe (ou) Juliano . de Macar . 1 ( 227 ) QUOD . ! CaRBONIS . FOSSILIS . SUB | LeODIENSE VALLE (OU Solo) . \ systema descripserit . MDCCCLXXV. « Un adverbe ajouté au verbe descripserit aurait pu ca- ractériser différemment le mérite dechacundes mémoires, disait M. Roulez dans sa lettre; mais pour cela il aurait fallu attendre que j'eusse été à même de prendre connais- sance des rapports des commissaires du concours. » M. Roulez terminait sa lettre de la manière suivante : « Je ne vous surprendrai aucunement, mon cher con- frère , en vous disant que houille et bassin ou système houiller, n'ont pas de nom dans la langue latine. S'il en existe déjà de création moderne, ils sont sans doute connus des géologues de la classe, qui voudront bien les substi- tuer à ceux que je propose. » Je suis d'avis que l'Académie ferait bien d'adopter défi- nitivement la langue française pour les inscriptions de ses médailles, principalement en ce qui concerne la classe des sciences. » La classe avait chargé MM. Dewalque, Briart et Cornet, commissaires pour les mémoires de MM. Malherbe et de Macar, d'examiner la proposition de M. Roulez. Voici leurs rapports. Rapport de ff. G. IMctralfjtte. « Je pense que l'expression système houiller peut se traduire, en latin moderne, par /brma^zo lithanthraci- fera (1). Je suis beaucoup plus embarrassé pour traduire bassiîi de Liège. L'expression Leodiensis vallis me paraît inacceptable; celle de Leodiense solum, bien que meilleure, (1) Si le mol était à créer, je l'orthographierais autrement. ( 228 ) ne rend pas l'idée de bassin; enfin, j'hésiterais beaucoup à dire Leodiensis alveus. Dans ces conditions, je propose la suppression du mot bassin , cause de ces embarras, pour dire simplement : Quod formationis lithanthraciferœ Leodiensis sysiema It. Si la succession de deux adjectifs déplaît, on pourrait mettre : Quod formationis iitlianthraciferœ in regione Leodiensi sysiema descripserit (le reste comme au projet de M. Roulez). Cette dernière rédaction me paraît se prêter mieux à une inscription. On pourrait s'en rapporter sur ce point à l'avis de notre honorable confrère, M. Roulez. » itftppot't He m. Bfiafi, « M. Roulez fait observer que houille et bassin ou système houiller n'ont pas de nom dans la langue latine. Il propose des noms qui ne sont pas acceptés par M.Dewalque. Ce der- nier leur en substitue d'autres, et quant au mot bassin, cause des plus grands embarras, il le supprime, ce qui est une manière de trancher le nœud gordien sans résoudre la difficulté. D'un autre côté, je remarque le paragraphe suivant dans la lettre de M. Roulez : « Je suis d'avis que l'Académie ferait bien d'adopter ( 229 ) » définitivement la langue française pour les inscriptions » de ses médailles, principalement en ce qui concerne la 7> classe des sciences. » Je n'aurais jamais eu la hardiesse de faire moi-même une telle proposition; mais en présence des difficultés de la rédaction latine , et fort de l'appui d'une autorité aussi incontestable, je n'hésite pas à engager la classe à entrer résolument dans la voie que nous indique M. Roulez, et j'ai l'honneur de lui proposer la rédaction suivante : A Renier Malherbe, ou, Julien de Macar POUR SA DESCRIPTION DU SYSTÈME HOUILLE R DE LA PROVINCE DE Liège 1875. Miappo»'! do M. €.'omei. « Je suis d'accord avec MM. Roulez et Briart pour pro- poser d'adopter la langue française dans les inscriptions des médailles de concours, du moins quand la question traitée concerne la géologie. Les difficultés que nos lati- nistes rencontrent pour Tinscription des médailles décer- nées aux auteurs des mémoires sur la description du sys- tème houiller du bassin de Liège, sont déjà, paraît-il, assez grandes; mais que serait-ce, dans l'avenir, si la classe des sciences couronnait des mémoires sur la description du système du poudingue de Burnot, ou des assises de la grauwacke de Hierges, des rabots, des fortes-toises, des ( 230 ) dièves du Hainaiit, du tourtia de Tournai, du sarrasin de Bellignies et d'une foule d'autres assises portant des dési- gnations plus ou moins barbares que les géologues intro- duisent à l'envi dans le langage scientifique. » La classe décide que, pour le cas actuel, elle adopte la rédaction française qui lui est proposée par M. Briart. Sur les dépôts dévoniens rapportés par Dumont à l'étage quartzo-schisteux inférieur de son système eifelien^ avec quelques observations sur des affleurements quartzo- schisteux de Woluwe et de Montigiiies-sur-Roc ; par M. Mourlon. Mtappoi't de JT. Mtfiaft* « M. Gosselet, le savant professeur de la faculté des sciences de Lille, finissait ainsi une lettre qu'il écrivait, en 4868, à M. d'Omalius d'Halloy qui avait appelé son attention sur les relations qui devaient exister entre le système ahrien de Dumont et celui du poudingue de Burnot : « Je termine par une idée, une hypothèse que je sou- » mets à votre sage appréciation et à celle de vos collè- » gués : Pourquoi le poudingue de Burnot, tel qu'il existe » au bois d'Angre, entre Dave et Fond-de-Lustin, en un » mot, sur le bord septentrional du bassin anthraxifère du D Condroz, ne représenterait-il pas tout le dévonien infé- » rieur du bord sud du même bassin? » Depuis lors, le même savant, continuant ses recherches, se confirma de plus en plus dans cette idée , et publia un ( 231 ) mémoire intitulé Le Poudingue de Biirnot, qui résume toutes les raisons qui l'ont amené à penser que « ce système, D tel qu'on le voit entre Burnot et Dave, est contemporain D de tout le terrain rhénan que coupe la Meuse entre ï Fépin et Vireux. » Il a étudié un grand nombre de coupes de cette bande septentrionale, dans laquelle Du- mont ne voyait que les roches représentant son système quartzo-schisteux inférieur, et il est parvenu à y retrouver toutes les assises de la bande méridionale depuis l'étage des schistes à calcéoles jusqu'au poudingue inférieur du système gedinnien. Le travail de M. Mourlon, soumis à notre appréciation, examine les mêmes assises de la même bande septen- trionale, en deux endroits de notre pays assez éloignés l'un de l'autre. Il décrit d'abord les tranchées entre la sta- tion de Namur et le bassin houiller d'Assesse le long de la ligne du Grand-Luxembourg; ensuite la coupe du bois d'Angre et les grès de Wiheries dans le Hainaut. Il a l'oc- casion de citer, à propos des tranchées du Grand-Luxem- bourg, les opinions de M. d'Omalius d'Halloy, avec qu'il a eu l'honneur de les parcourir. Les opinions de l'illustre maître, ainsi que celles de Fau- teur, m'ont semblé se rapprocher beaucoup des idées émises par M. Gosselet. Malheureusement, des circon- stances récentes et impérieuses m'ont empêché d'étudier ce travail avec toute l'attention qu'il m'a paru mériter. L'examen rapide que j'en ai fait m'a cependant prouvé le grand intérêt qu'il présente au point de vue de cette ques- tion géologique encore litigieuse, et je n'hésite pas à pro- poser à la classe d'en ordonner l'impression dans les Bulletins de l'Académie. » ( 23^2 ) Btappoi't de .ff. Co»*t%et. «f Le 7 février 1874-, rillustre maîlre dont nous pleure- rons toujours la perte , faisait sa dernière communication à la classe des sciences. Dans une note relative au terrain dévonien (1),il appelait l'attention des géologues belges sur un travail récemment publié par M. le professeur Gosselet et intitulé : Le système du poudingue de Burnot (2). C'est pour répondre à Tappel de d'Omalius d'Halloy que M. Mi- chel Mourlon a rédigé la notice qui est soumise à notre examen. On sait que les diverses assises que Ton fait entrer, aujourd'hui, dans les terrains dévonien et carbonifère forment, en Belgique, deux grands bassins parallèles. Le bassin septentrional renferme les riches dépôts houil- 1ers des provinces de Hainaut et de Liège. Son axe passe sensiblement par Quiévrain, Mons, Carnières, Charleroi, JNamur, Andenne, Seraing, Liège, etc. Le bassin méri- dional, beaucoup plus large que le précédent, gît sous la partie sud des provinces de Hainaut, de IVamur et de Liège. Son thalweg peut-être sensiblement représenté par une ligne passant sous Beaumont, Florennes , Anhée et Sprimont. Les deux bassins dont nous parlons sont séparés par une arête de terrain silurien, contre laquelle viennent s'appuyer les couches du versant sud du bassin septentrional et celles du versant nord du bassin méridional. Cette arête était-elle (1) Bulletins, 2"^^ série, tome XXXVII, page 191. (2) AnJialcs des sciejicrs géologiques, tome IV, 1875. ( 233 ) émergée lors du dépôt des couches dévoniennes, ou, du moins, formait-elle un bas- fond dans la mer de cette époque? Certains faits, dont il est inutile de parler ici, ten- dent à nous le faire croire. Mais, quoi qu'il en soit, il est certain que la mer du calcaire carbonifère s'est étendue sans interruption dans ce qui forme aujourd'hui les deux bassins, et , suivant toutes probabililés , il en a été de même des eaux dans lesquelles les couches houillères se sont déposées. Après la formation du terrain houiller , un phénomène d'une énorme importance s'est produit dans nos contrées. Pour des raisons qui ne nous sont pas encore bien connues, il s'est opéré dans les dépôts un mouvement de transla- tion vers le nord. C'est à ce mouvement que l'on attribue l'origine de la plupart des ondulations, des plissements, des renversements et des fractures qui existent dans nos terrains dévonien et carbonifère. C'est principalement dans la région qui forme aujour- d'hui la séparation des deux bassins, que les effets dus au refoulement ont été les plus importants. Les couches qui forment le versant sud du bassin septentrional, se sont plissées et soulevées en masse, jusqu'à la verticale qu'elles ont dépassée pour se renverser ensuite. Le renversement de tout le versant du bassin n'a pas arrêté le mouvement. Une faille inclinée au sud s'est produite , et les stratifications qui en formaient la paroi supérieure, glissant sur la paroi inférieure comme sur un plan incliné, se sont avancées vers le nord, sans se renverser, assez avant pour placer sur quelques points les couches dévoniennes inférieures du versant nord du bassin méridional, au-dessus des couches les plus supérieures du bassin septentrional. La faille dont nous parlons est dirigée, parallèlement ( 234 ) aux deux bassins primaires, le long de la crête silurienne qui les sépare. Elle est connue aujourd'hui sur toute la lisière sud du bassin houiller franco-belge, depuis le dépar- tement du Pas-de-Calais jusque dans la partie orientale de la province de Liège. L'amplitude de son rejet, c'est-à-dire la distance à laquelle les terrains du sud se sont avancés vers le nord, est très-variable. Elle paraît être la plus grande dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord, et dans la partie méridionale du district houiller du Borinage. Les travaux d'exploitation exécutés sous le terri- toire de Dour ont pénétré, dans le terrain houiller, à plusieurs centaines de mètres au delà de la limite sud superficielle du terrain dévonien, et cependant ils n'ont pas encore atteint les stratifications les plus inférieures de la formation, celles qui avoisinent immédiatement le calcaire carbonifère. Les dislocations ont été tellement importantes dans cette région, que l'on trouve, entre Hornu et Quiévrain, et reposant sur les couches supérieures du terrain houil- ler, là oii cette formation possède une épaisseur de près de deux kilomètres, un lambeau de schiste silurien, de poudingue, de schistes et de calcaire dévoniens, enlevé de la crête médiane aujourd'hui recouverte par le versant sud du bassin méridional. Cet accident si remarquable fut jadis étudié par André Dumont (1), qui y consacra un passage de son mémoire sur les terrains ardennais et rhénan. Depuis lors les travaux des mines sont venus démontrer l'exactitude des opinions émises à ce sujet par l'auteur de la carte géologique de la Belgique (2). (1) Mémoires de l'Académie, tome XX. (2) j'espère pouvoir bientôt faire connaître à la classe les résullats des éludes auxquelles M. Driart et moi, nous nous sommes livrés relativement ( 25o ) Le terrain dévoniendu versant nord du bassin méridional recouvre les couches houillères entre la frontière française et Jamioulx. A Test de cette dernière locahté, l'amplitude du rejet a été moins importante qu a Touest : aussi Ton voit apparaître successivement en marchant à l'est, entre les roches dévoniennes du midi et le terrain houiller du nord, le calcaire carbonifère, puis les assises dévoniennes du bassin septentrional. A partir du bois de Chàtelet, la crête silurienne se montre et se continue vers l'Est, jusque près d'Hermalle sous-Huy, où elle disparaît sous le dévonien du sud. Au delà Famplitude du rejet a augmenté d'importance. De RametàAngleur, les couches dévoniennes reposent comme à Dour sur le terrain houiller renversé. A l'est d'Angleur, le tracé de la faille n'est pas bien connu. D'après MM. Renier Malherbe et de Macar, les auteurs des deux mémoires sur le terrain houiller de Liège que la classe a récemment couronnés, la faille dont nous parlons pénétrerait, à l'est d'Angleur, dans le terrain houiller. Il estévident qu'un accident géologique , aussi gigantesque que celui que nous venons de décrire, n'a pu se produire de manière que la direction de la cassure restât partout rigoureusement parallèle à celle des stratifications coupées. Aussi doit-on s'attendre à trouver en affleurement, au sud de la faille, des couches dévoniennes plus anciennes ou plus récentes, suivant que la direction de l'accident s'inflé- chit plus vers le nord ou vers le sud relativement à la direction des couches. Ce fait semble n'être pas passé inaperçu pour Dumont, car, s'il place partout à l'est à cet accident et à d'autres non moins imporlauls qui affectent la lisière méridionale de notre terrain houiller. ( 236 ) d'Asquillies, localité située au sud de Mons , son système quartzo-schisteux eifelien en contact avec les assises du bassin septentrional , il le montre séparé du terrain houil- 1er, à l'ouest d'Asquillies, pardes quartzites et des schistes qu'il rapporte au système coblentzien. Un seul système de son terrain rhénan serait donc représenté sur le versant nord du bassin méridional. Les systèmes ahrien et gedin- nien ne s'y montreraient pas. M. le professeur Gosselet n'est pas, sous ce rapport, de l'avis de Dumont. D'après l'habile géologue français, qui a déjà rendu tant de services à la géologie de la Belgique, le versant nord du bassin méridional renfermerait des représentants de tous les systèmes que, sur le versant sud du même bassin, Dumont a placés dans son terrain rhénan, c'est-à-dire que l'on trouverait au nord comme au sud du bassin et de bas en haut, les systèmes gedinnien, coblentzien et ahrien. M. Gosselet propose de réunir ces trois systèmes au quartzo-schisteux eifeUen, pour en faire le système du poudingue de Burnot. L'adoption des idées de M. Gosselet serait la suppression , dans la classi- fication, du terrain rhénan de Dumont. On sait qu'on a déjà rapporté au terrain silurien une grande partie des dépôts que le carte géologique de la Belgique place dans le terrain rhénan. M. Gosselet établit dans la puissante assise du versant nord du bassin méridional , rapportée par Dumont au système quartzo-schisteux eifelien, les sept divisions principales suivantes en commençant par la partie infé- rieure. 1» Poudingue d'Ombret. \^ . ,. . . - . , j ^ y Ces trois divisions correspondent au 2o Arkose de Dave. \ „ _. ,., ^ \ système gedinnien de Dumont o» Psammiles et schistes de Fooz. ] ( 237 ) i» Grès du bois d'Ause ou de Birlenfosse, correspondant à Télag launusien du système coblenlzien. o" Grès de Wépion, équivalent du système ahrien. 0° Schistes et grès rouges de Burnol avec poudingue. 7" Grauwacke rouge de Bouillon. Ces deux dernières divisions seraient les représentants , sur le versant nord , du système quartzo-schisteux eifelien inférieur du versant méridional. A Texception de quelques rares empreintes de plantes , on ne trouve aucun débris organique dans les roches du versant nord, tandis que Ton en rencontre, à certains niveaux, sur le versant sud. M. Gosselct n'a donc pu s'aider de la paléontologie pour établir ses équivalences. Il s est adressé à la pétrographie et principalement au meilleur des caractères, à la continuité des couches, en étudiant la partie orientale du bassin où les affleurements des divisions du sud se réunissent à ceux des divisions du nord. Les sept divisions admises par M. Gosselct sont repré- sentées dans la vallée de la Meuse, mais il n'en est pas de même sur toute la longueur du versant septentrional. Ce que nous avons dit plus haut de l'allure de la grande faille fait facilement comprendre qu'il ne peut guère en être autrement. Ainsi, aux environs de Binche, les couches les plus inférieures correspondent aux psammites et aux schistes de Fooz , partie supérieure du système gedinnien. Près de Dour , elles seraient l'équivalent des grès de Wépion. M. Gosselct rapporte donc au système ahrien les schistes et quartzites de Wihéries, dontDumont afaitdu coblentzien. Enfin , on ne trouverait aux environs de Montignies-sur-Roc et dans la vallée du bois d'Angre, que des roches des deux divisions supérieures, c'est-à-dire correspondant au véri- table système quartzo-schisteux eifelien. 2"™^ SÉRIE, TOME XLI. 16 ( 238 ) Après cette analyse, que j'ai faite aussi succincte que pos- sible, du travail de M. Gosselet, travail que d'Omalius d'Halloy a, avec raison, signalé à l'attention de nos géolo- gues, je pourrai passer plus rapidement sur celui de M. Mourlon, dont les opinions, à peu de chose près, sont les mêmes que celles émises par M. Gosselet. Après avoir étudié un grand nombre de coupes et en avoir rassemblé les roches dans les collections du Musée royal , M. Mourlon a acquis la conviction que le système quartzo-schisteux eifelien du versant nord du bassin septentrional renferme des représentants de tous les systèmes du versant sud. Cependant, l'auteur admet l'existence au nord de quelques lacunes correspondant à la partie inférieure du système gedinnien, connue sous le nom de poudingue de Fépin, et à l'étage hundruckien du système coblentzien auquel M. Gosselet rapporte, avec doute, quelques roches du versant nord qui sont à la base des Grès de Wépion et qui renferment des empreintes de Sagenaria. Dans sa notice sur le système du poudingue de Burnot, M. Gosselet décrit de nombreuses coupes prises dans les principales vallées de notre pays. M. Mourlon ne reprend pas les travaux du savant professeur de la faculté de Lille, mais, ayant profité de l'élargissement que l'on vient d'opérer dans les tranchées du chemin de fer de Bruxelles à Arlon, il décrit et il figure, sur une planche jointe au mémoire, six coupes intéressantes à propos desquelles il signale quelques faits curieux, entre autres l'existence dans les grès du bois d'Ause, qu'il rapporte comme M. Gosselet à l'étage taunusien du système coblentzien, de très-nom- breux et très-petits grains feldspathiques. Cette pénétration des roches par le feldspath a été con- statée aussi par M. Mourlon , à l'extrémité occidentale du ( ^259 ) versant nord du bassin méridional, lors d'une excursion faite avec moi, il y a quelques semaines , dans les carrières de Wihéries et de Montignies-sur-Roc. Non-seulement le feldspath à l'état de grains très-petits imprègne les roches de Wihéries, mais on le rencontre aussi abondamment dans les roches roses et rouges de Monlignies-sur-Roc^ rapportées par Dumont et par M. Gosselet au véritable quartzo-schisteux eifelien. Les observations faites par M. Mourlon, dans celte excursion, sont consignées dans une note additionnelle, qui nous a été transmise par M. le Secrétaire perpétuel. L'au- teur ne se prononce pas d'une manière catégorique sur l'âge des couches qu'il a étudiées, mais il discute les opi- nions émises à ce sujet par UM. Malaise et Gosselet. Les grès et quartzites de Wihéries , rapportés par Dumont au système coblentzien, ne seraient pas siluriens comme l'a pensé M.Malaise, mais ils ne seraient pas non plus ahriens comme le croit M. Gosselet. L'opinion de M. 3Iourlon nous semble, sur ce point, se rapprocher beaucoup de celle de la carte géologique. Nous ne croyons pas, pour le moment, émettre d'avis à ce sujet; nous nous bornerons à signaler le fait suivant dont M. Mourlon a dit quelques mots : Les couches de Wihéries, rapportées par Dumont au système coblentzien , se présentent avec une faible pente vers le sud. Elles sont limitées au nord par le terrain houil- 1er renversé, dont elles sont séparées par la grande faille inclinée vers le sud sous un angle d'environ 16à 20 degrés. Pour atteindre le terrain houiller, plusieurs puits de mines ont traversé une certaine hauteur de roches dévoniennes. Nous citerons, entre autres , les fosses n'' 6 et n" 8 du char- bonnage de Belle- Vue, à Dour. Après avoir rencontré une ( 240 ) épaisseur plus ou moins considérable de terrains quater- naire et crétacé, ces puits ont traversé les bancs de quarlzite de Wibéries,et plus bas, des schistes grossiers, bleu-foncé, stratifiés parallèlement au quartzite. Cette roche ne se montre, à notre connaissance, en affleurement sur aucun point. Son épaisseur doit être considérable, car un sondage , actuellement en cours d'exécution au sud du village de Dour, en a déjà traversé une hauteur de plus de 100 mètres. Pour conclure, je dirai que je trouve le travail qui nous a été transmis par M. Mourlon, digne de figurer dans les publications académiques. Aussi, j'en propose l'insertion au Bulletin avec la planche de coupes et la note addition- nelle qui y sont jointes. » Rapport de .W. C .Walaisc, « Dans un remarquable mémoire (1), M. le professeur J. Gosselet a eu pour but de démontrer que le système du poudingue de Burnot (E'), constituant le bord nord du bassin méridional, tel qu'on le voit entre Burnot et Dave, est contemporain de tout le terrain rhénan que coupe la Meuse entre Fépin et Yireux (2). 11 a tiré, des études auxquelles il s'est livré sur cette bande, les conclusions suivantes : « l*" Au débutde l'époque dévonienne, le bassin de Dinant » ou méridional était un bras de mer dont les limites sont T> parfaitement reconnues; (1) Le système du poudingue de Burnot, Annales des sciences géo- logiques, t. IV, art. 11" 7. Paris, 1873. (2) Ibid., page 2, lire à part. ( 241 ) » 2° Des dépôts se lirent régulièrement et sans laissercle » lasuiie sur tous les bords de ce bassin pendant la durée » de l'époque dévonienne inférieure (1). » F^a bande méridionale offre, d'après M. Gosselet (2), la succession suivante à partir du terrain silurien de Sambre- et-Meuse : Comme Gedinnien : 1° Le poudingue cVOmbret, corres- pondant au poudingue de Fépin du bord sud. 2° Uarkose de Dave , correspondant à Varkose de Weismes. S** Les psammites et schistes compactes de Fooz, cor- respondant aux schistes fossilifères de Mondrepuits et aux schistes bigarrés d'Oignies. ¥ Le Tauinusien y est représenté par les grès du bois d'AusCy équivalent des grès d'Anor. 5" et 6"* Les grès cl les schiales rouges de Wépion, cor- respondant au HuNDSRucKiEN et à I'Ahrien, y représen- tent la grauwacke de Montignij et le grès noir de Vireux. 7" Il ne reste pour E' l'étage de Burnot, que les schistes et grès rouges de Burnot analogues aux schistes et grès rouges de Vireux; et le poudingue de Burnot = le pou- dingue de Wéris. 8° Et enfin grauwacke rouge de Bouillon = grauwacke rouge de Hierges. D'après ces idées, le rhénan de Dumont, partie inférieure du dévonien inférieur, se trouverait en dessous de l'étage de Burnot E', tout aussi bien dans la bande septentrionale que dans la bande méridionale du bassin de Dinant. Les di- visionsde Dumont se répètent sur les deux bords du bassin. (1) Ihid., p. 29. (-2) Ibid., p. 19. ( u± ) Dumont availdéjà entrevu un caractère gedinnien àquelques rochesdu bord septentrional, mais ayant pris comme rhénan et coblentzien, la bande silurienne de Sambre-et-Meuse, il n'aurait pu être conduit à l'assimilation admise par J. Gosselei. En m'occupant de la bande silurienne de Sambre-et- Meuse (1), j'ai été amené à retrancher de la partie méri- dionale de l'ancien rhénan du Condroz une bonne partie de ce que j'y considère comme appartenant au dévonien inférieur et l'équivalent, soit du poudingue de Burnot, soit du rhénan de l'Ardenne. Dans la note présentée à la classe des sciences : « Sur lesdépàtsdévoniensrapportéspar Dumont à Cétarje quartzo- schisteux inférieur de son système eifelien , etc. , » M. M. Mourlon passeen revue, dans la première partie, les opinions émises par divers géologues sur la bande septen- trionale du bassin de Dinant. Il cite la manière de voir de d'Omaliusd'Halloy,en 1808, d'A. Dumont, en 1830, 1848 et 1853, d'Élie de Beaumont, en 1841, et de M. J. Gosselet, en 1868 et 1873. Il donne ensuite et discute une coupe qu'il a relevée dans la bande septentrionale, dans cinq tranchées du chemin de fer sur la ligne du Luxembourg entre Naninnes et Assesse. Cette coupe , qui était peu visible lorsque M. J. Gosselet a publié son travail, a pu être étudiée grâce aux travaux faits pour l'élargissement de la voie. Elle vient confirmer les vues du savant professeur de géologie de Lille. (1) G. Malaise. Descriplion du terrain silurien du centre de la Bel- gique, pp 56-57. Bruxelles, 1873. ( 243 ) L'auteur décrit ensuite la coupe d'une sixième tranchée située au NO. d'Assesse, laquelle, quoique ne présentant pas de rapport avec la présente note, otTre cependant de l'intérêt, car elle fait connaître quelques faits curieux et vient compléter une coupe de 22 kilomètres entre Na- ninnes et Chapois (Leignon). M. Mourlon rapportant l'opinion de d'Omalius d'Halloy, je crois intéressant de faire connaître un renseignement relatif au grès du bois d'Ause , que je tiens de celui que les géologues belges sont fiers d'appeler leur illustre et vé- néré maître. Les grès d'Ause l'intriguaient. Il en montra un jour des morceaux à Dumont, sans lui en dire la pro- venance; Dumont les considéra comme ahrien. Jusqu'à présent, la stratigraphie et la lithologie paraissent démontrer l'analogie des bords nord et sud du bassin mé- ridional; espérons que la paléontologie viendra en prouver la complète identité. On a rencontré des fossiles dans la vallée de l'Hogneau au bois d'Angres; il y a donc grande probabilité d'en trouver dans la coupe du bord septen- trional, au voisinage de la Meuse. La seconde partie : « Observations sur les affleurements quartzo-schisteux de Wi/ieries et de Montkjnies-sur-Roc, » expose plusieurs faits nouveaux. A ce sujet, l'auteur m'attribue quelques opinions qui ne sont pas tout à fait les miennes. Ce n'est qu'avec doute que j'ai rapporté au silurien le massif de Dour; je ne l'ai pas non plus identifié avec l'assise de Blanmont, quoique j'aie fait ressortir les analo- gies que certaines roches de ce massif présentent avec celles de cette assise. Je mentionne également l'existence de bancs de quartzite dans l'assise de Gembloux. D'un autre côté, je fais également ressortir les analogies de cer- ( 244 ) tains phyllades du puits du S*-Homme avec ceux de Statte et de Sainton (1). Voici ce que j'en dis : « Nous n'avons rapporté qu'avec quelques doutes ce massif au ter- rain silurien (2). Les arguments que nous avons invoqués en faveur de cette opinion sont : i" Qu'il est dans le pro- longement de celui de Sambre-et-Meuse et qu'il a été de même placé par Dumont dans le terrain rhénan; 2" que ses fossiles (iS^ncA:/anc/mm et Hyolithes) ont plutôt l'appa- rence silurienne que dévonienne. » Les phyllades du S'-Homme seuls sont-ils siluriens? En l'absence d'arguments paléontologiques concluants, il me paraît difficile de se prononcer avec une véritable certi- tude. J'ai également ajouté en note (5) : « Il peut très-bien se faire que quelques roches que nous considérons comme appartenant au massif silurien de Dour se rapportent plutôt à l'étage de Burnot. Espérons que la paléontologie pourra plus tard trancher la question. » Je ne serai, on le voit, nullement surpris de voir re- trancher du silurien de Dour une partie qui viendrait se ranger dans le dévonien inférieur. Il pourrait très-bien se faire que l'ancien rhénan du Hainaut renfermât, comme celui de Sambre-et-Meuse, du silurien et du dévonien inférieur. Je ferai également observer à la classe que M. J. Gos- selet avait autrefois rapporté au terrain silurien : « un petit aiïleuremenl, de quelques mètres, de schistes satinés (1) C. Malaise. Description du terrain silurien du centre de la Bel- gique. Bruxelles 1873, pp. 65, 67, 69. (2) Ihid., p. 69. (3) Mémoire cité, p. 69, noie. ( 245 ) et ondulés avec liions de quartz, que l'on peut observer à Landelies, sur la rive droite de la Sambre (i) . » Il a mo- difié cette dernière opinion et y voit actuellement (2) du dévonien inférieur, M. J. Gosselet ne voit actuellement que du dévonien inférieur dans l'ancien massif rhénan du Hainaut (3). Les phyllades (schistes) noir-bleuâtre avec banc de psammite du S'-Homme sont les analogues de ceux de Fooz. Les quartzites de Wiheries représentent les grès vert-sombre et gris de Wépion. M. Mourlon signale des grains de feldspath souvent kaolinisés dans les grès d'Ause, de Wiheries et de Mon- tignies-sur-Roc. C'est une découverte intéressante. Dumont avait déjà signalé le feldspath dans les arkoses des divers systèmes de son terrain rhénan de l'Ardenne. M. Mourlon en a rencontré dans diverses roches taunusiennes de la même région. Après avoir pris connaissance du fait signalé dans la note qui fait l'objet du présent rapport, j'ai examiné di- verses roches quartzeuses dévoniennes et siluriennes, dans le but d'y rechercher le feldspath. Des échantillons de grès taunusiens provenant d'Anor ne m'en ont pas montré de traces. J'en ai vu dans quelques exemplaires de grès et quartzite de AYiheries, mais pas dans tous; ce qui paraît indiquer qu'il y a des couches plus favorisées que d'autres sous ce rapport. J'en ai vu dans les roches analogues de Colfontaine, Genly et Petit-Dour. (1) Bull, scientifique, etc., du département du Nord, etc., p. 85, troi- sième année. Lille, 1871. (2) J. Gosselet. Le système du poudingue de Burnol, p. 12. (3) Loc. cit., p. 15. ( 246 ) J'ai vu également du feldspath dans un grès blanchâtre provenant de Rampeniont (Fayt-le-Franc), où il y a de plus de petits points noirs que je prends pour de l'am- phibole. Cette localité est coloriée sur la carte géologique comme E', poudingue de Burnot. Le feldspath avait été signalé à l'état d'arkose, etc., par Dumont dans le silurien (rhénan) du Brabant. Je viens de l'observer dans les quartzites de l'assise de Blanmont à Buysinghen et à Jodoigne-Souveraine. Pour ce qui concerne le massif de Dour, il me paraît donc que la présence de grains de feldspath n'indique pas plutôt du dévonien que du silurien. Le travail de M. Mourlon contenant des faits intéres- sants, j'ai l'honneur d'en proposer l'insertion dans le Bul- letiii, ainsi que de la planche qui l'accompagne. » La classe a adopté les conclusions favorables de ses trois commissaires. — Conformément à l'avis favorable exprimé verbale- ment par MM. Folie et Liagre, la note de M. l'abbé Spée Sur la structure des taches solaires paraîtra dans le Bulletin. ( 247 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Synopsis des Agrionines (suite de la 5"^ Légion : Agrion) par M. Edm. de Selys Longchamps, membre de l'Aca- démie. LE GRAND GENRE AGRION. AVERTISSEMENT. Le 5 août 1865 , j'ai communiqué à l'Académie le com- mencement de la Légion des Agrions, consistant dans le grand genre Argia , et comprenant cinquante espèces ré- parties en trois sous-genres. H restait à décrire les grands genres Agrion et Tcle- basis, dont je viens de terminer l'élude, tout en recon- naissant que le second d'entre eux ne mérite pas de former un grand genre dans l'acception que je donne à ce terme. Pendant les onze années qui se sont écoulées depuis la publication des Argia, je n'ai pas cessé de m'occuper des Odonates; mais les parties du Synopsis que j'ai présentées à l'Académie dans ce laps de temps (six notices) concernent ( 248 ) la sous-famille des Cordulines, et des additions succes- sives à celles des Gomphines et des Caloptérygines. Un coup d'œil général sur la légion des Agrions sera présenté à la fin du travail actuel. 5 février 1876. 5-« légion. — AGRION (suite). Je reproduis les caractères de la Légion tels qu'ils se trou- vent en tête du genre 1 (Argiaj — dans les Bulletins de l'Aca- démie, 2* série, tome XX, n° 8, août 186a : Le secteur médian, naissant du principal vers le niveau du nodus, le sous-nodcd immédiatement après ; quMlvihtère irrégulier ^ en trapèze, tout au moins aux ailes supérieures. où le côté supérieur est plus court que l'inférieur, qui forme avec l'extérieur un angle généralement aigu (aux ailes infé- rieures la disproportion est moins grande entre les côtés supérieur ou inférieur). Ptérostigma en losange, rhomboïde ou carré, court, ne surmontant guère qu'une cellule. Réticulation simple, tétragone, excepté au bout des secteurs bref et inférieur du triangle. Les autres secteurs non ondulés d7'0ltS. Ailes hyalines, pétiolées jusqu'avant ou un peu après la nervule basale postcostale. Pieds médiocres ou longs à cils variables. Lèvre inférieure et antennes variables. o" Appendices anals variables, en général courts. 2 Le bord postérieur du prothorax différant souvent de celui du mâle. Patrie : Cosmopolites. ( 249 ) Genre 2. — AGRION, Fab. {pars). LiBELLULA, L. (pars). Agrion, Fab. Ramb. Burm. Hagen (pars). Agrion, de Selys. Ailes cessant d'être pétiolées à la nervule basale postcostale ou un peu aupara vaut (1), cette nervule placée le plus souvent à un niveau entre la \'^ et la 2^ antécubitale. Arculus frac- turé, dans le prolongement de la 2® antécubitale (excepté chez les Ceratura et A griocnemis), ses deux secteurs naissant un peu séparés. Quadrilatère en trapèze, le côté supérieur plus court que l'inférieur, surtout aux premières ailes (presque régulier chez les Agrionemis seuls). Antennes ai" et 2*= articles courts, le 5^ grêle, plus long que les deux premiers réunis. Lèvre inférieure subtriangulaire, fendue dans son quart ou son tiers apical environ. Pieds médiocres ou longs, à cils courts ou assez longs (n'ayant jamais le double de la distance qui sépare un cil de l'autre et en général plus courts que cette distance). Onglets à dent inférieure en général plus courte que la supérieure. Patrie : Cosmopolites. NB. Les Agrion diffèrent des Argia par les cils des pieds beaucoup plus courts. Les sous-genres assez nombreux que j'ai cru devoir adopter se groupent en plusieurs catégories naturelles. (1) Je n'ai pas pu maintenir comme grand genre les Telebasis, établis sur les groupes à ailes pétiolées jusqu'à la nervule basale postcostale , parce que la réunion des groupes possédant ce caractère rompait des rapport d'affinité évidente. ( 2o0 ) PREMIERE PARTIE. Une épine ou pointe aiguë au bout du S^ segment de la femelle en dessous. JSB. Celte épine, qui précède immédialement la naissance des valvules et lames vulvaires du 9« segment rapproche les huit premiers sous-genres que je vais décrire. Je ne connais pas bien la raison d'être de celte conforma- tion, mais je suis persuade qu'elle est en rapport avec la manière dont la ponte des œufs s'opère. Sur l'usage des val- vules et lames vulvaires des Lestes et des appendices qui les terminent (semblables à ces organes chez les autres Agrio- nines) on peut consulter le mémoire de M. le professeur von Siebold , reproduit pages 34o et suivantes de notre Revue des Odonates d'Europe. La présence constante et exclusive de l'épine antévulvaire chez toutes les espèces des huit groupes naturels auxquels je donne le titre de sous-genres et l'afïinilé évidente delà plupart de ces groupes l'un avec l'autre, est une forte présomption en faveur de Timportance que j'attribue à cette épine; aussi n'aurais-je pas hésité à les réunir en un grand genre, si j'avais découvert un caractère commun et équivalent chez les mâles. Malheureusement, s'il existe , il m'a échappé. Le nom à'Âcan- thagrion eût été parfaitement approprié pour désigner éven- tuellement ce grand genre. Pour faire saisir les caractères principaux des huit sous- genres à épine vulvaire, on peut établir l'analyse suivante: l'''^ Section : Le 10« segment du mâle un peu redressé. A, Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule basale poslcos- lale. ( 251 ) A. Des taches posloculaires claires. Femelles dimorphes (I). a. Arculus placé plus loin que la 2« nervule antécubitale. Ptéro- stigma semblable aux quatre ailes Ceratura. h. Arculus normal. Ptérostigma des supérieures du mâle différant de celui des inférieures : aa. Ptérostigma du mâle ne louchant pas la côte aux ailes supé- rieures Anomaîagrion. bb. Ptérostigma du mâle normal Ischnura. B. Pas de taches postoculaires. Ptérostigma semblable aux quatre ailes Amphiagrion. B, Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcostale ou à peine auparavant aux supérieures. Ptérostigma semblable aux quatre ailes. A. Pas de taches postoculaires Oxyagriou B. Des taches postoculaires Acanthagrion. 2^ Section : Le iO'' segment du mâle non redressé. A. Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale postcos- laie. Pas de taches postoculaires Xiphiagrion. B. Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule basale postcos- lale. Des taches postoculaires claires Enallagma. NB, Afin de conserver la numération adoptée pour les autres légions d'Agrion j'assigne le no 51 à la première des espèces décrites, faisant suite à la dernière des Argia qui porte le n» 50. Sous-genre l. — CEUAÏUllA , de Selis. Agrion, Hagen (pars). Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule ba- sale postcostale. Arculus placé plus plus loin que la deuxième antécubitale. Six nervules postcubitales aux ailes supérieures. Ptérostigma semblable aux quatre ailes. Dès points postoculaires très-petits, ronds. (i) Dans les trois sous-genres rapprochés ici et dans les Agriocne- mis, il existe des femelles de deux colorations différentes, avec dessin également différent. Chez les femelles dimorphes ,1e vert, le bleu ou le jaune sont remplacés par de l'orangé, et le noir est fort restreint à l'oc- ciput et aux côtés du thorax. ( 252 ) Lèvre inférieure fendue dans son tiers apical, à branches un peu distantes. Prothorax à bord postérieur redressé au centre. Abdomen très-gréle, assez long. Pieds à cils médiocres (5 aux tibias postérieurs en dehors). o* Coloration bronzée et en partie bleue; les 8^ et 9^ seg- ments bleus; le 10^ à bord prolongé en longue lamelle four- chue, redressée. Appendices anals supérieurs courts, les inférieurs plus longs, munis d'une branche. 9 Coloration presque semblable, également des femelles dimorphes orangées. Patrie : Amérique tropicale. Une seule espèce : C. capreola. NB. L'espèce l'une des plus petites connues a, dans son organisation et dans sa coloration, la plus grande ressemblance avec les Ischnura , notamment avec la cer- vula et d'autres espèces chez qui le iOe segment du mâle est redressé et prolongé en lame fourchue; mais afin de faciliter la classification et de mieux caractériser les vraies /sc/i«ura, j'ai isolé la Ceratura qui s'en dislingue parla position de l'ar- culus placé plus loin que la 2" antécubitale, caractère presque unique , puisqu'il ne se retrouve que chez les Agriocnemis. Le groupe se distingue encore des Ischnura par le ptérostigma semblable aux quatre ailes dans les deux sexes. 51. GEHATunA CAPREOLA, Hagcn. Agrion capreolcs, Hag. Syn. n.amer. neur., n^ 8. /s: Abdomen o* 16-19 millimèlres ; $ 15-19 V'g. Aile inférieure a' 9 $10-13. , de Selys {Poey. Ins. de Cuba). Agrion, Say, Ramb., Hagen. Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervulc basale postcostale. Sept nervules postcubitales aux supérieures. Des points postoculaires trè.s-petits, rotids. ( Lèvre inférieure fendue dont son tiers apical, à branches un peu distantes. Prolhorax à bord postérieur un peu redressé au centre. Abdomen assez long, grêle. Pieds à cils médiocres (5 aux tibias postérieurs en dehors). o* Coloration jaunâtre et bronzée. Abdomen à taches dor- sales noires, lancéolées. Le lO'' segment à bord prolongé en longue lamelle émarginée, redressée. Appendices anals courts. Ptérostigma des supérieures anormal, gros, éloigné du bord costal; celui des inférieures normal, très-petit. $ Coloration dissemblable : abdomen bronzé. Épine vul- vaire très-petite. — Ptérostigma normal aux quatre ailes; égale- ment des femelles dimorphes orangées. Patrie : Amérique tropicale. Une seule espèce : A. hastatum. La grande ressemblance qui existe dans la forme de la lame mince, redressée, qui termine le 10* segment du mâle chez VA. hastatum et chez VIschnura prognata, indique sulTisam- raent que le sous-genre Anomalagrion est à peine distinct des /sc//7ii 12. Les supérieurs courts semblent en tubercule épais, penchés en bas, peut- ( 263 ) être avec une branche basale inlerne. Les inférieurs, noirs au bout, un peu plus longs, paraissent divisés en deux branches dont Texterne un peu plus longue est presque pointue. 6" Le plérostigma, presque semblable aux quatre ailes et couvrant une cellule, est en losange oblique noir, Onement cerclé de brun jaunâtre, mais plus petit aux ailes inférieures. Le côté supérieur du quadrilatère aux ailes supérieures égale l'interne et est plus court que la moitié du côté in- férieur. Comparé à la verticalis, ce mâle en diffère de suite par le pléro- stigma plus long, presque semblable aux quatre ailes, l'absence de ligne antéhumérale claire, l'élévation du 10^ segment plus haute, très-fourchue à branches longues. 9 Analogue à la variété orangée des espèces voisines. L'épistome est finement bordé de jaune, les taches postoculaires confluentes et se con- fondant avec le jaune du derrière de la tète ; la ligne noire de la suture humérale reste distincte et forme même une petite tache à la base des pieds. Abdomen orangé clair, marqué de bronzé ainsi qu'il suit : la base du 1er segment en dessus; un cercle basai au 2% réuni par une raie dorsale à une tache arrondie épaisse qui occupe la moitié postérieure et se trouve échancrée latéralement avant le bout ; le dessus des 3-7^, excepté l'arlicu- lalion basale ; 8« segment livide; 9' avec une bande noire, s'élargissant aux deux bouts; 10^ noir en dessus, avec une fine crête élevée. Le bord peu fendu. Appendices anals bruns, coniques; épine vulvaire aiguë. Pieds jau- nâtres; une bande externe aux fémurs, et une ligne aux tibias noires. Ailes un peu jaunâtres. Ptérostigma assez grand, en losange, blan- châtre mat, 9 postcubitales. Patrie : Californie, par Edwards. Communiqué par M. Mac Lachian. ï'n couple unique. o7. IscHSLn.4 PERPAUVA, !>lac Lachian, mss. Abdomen o" 17-18; $ 17-18. Aile inférieure o" 1 M2; Ç 11 'j^-iô. o" Plérostigma pâle, un peu roussâtre, court, oblique en dedans, non en dehors, presque arrondi en dessous; surmontant à peu près une cellule aux supérieures, moitié plus court el beaucoup plus petit aux inférieures. Quadrilatère des supérieures à côté supérieur un peu plus long que l'interne, égalant l'inférieur. Celui des inférieures long, le côté supé- rieur avant plus de la moitié de l'inférieur. Ailes étroites, à réticulation ( 264 ) brun clair. Nervule basale postcostule entre les deux aulécubitales; 7-8poslcubitales. Noir bronzé, varié de jaune, face jaune pâle jusqu'au 2*= article des antennes, une ligne basale noire à la lèvre supérieure; épislorae vert bronzé, finement bordé de jaune. La têle noire en dessus avec un point postoculaire vert pâle ; jaune en arrière, ainsi qu'une ligne occipitale courte. Prothorax noir; sa base, ses bords et une tache latérale réniforme jaunes. Lobe postérieur arrondi, un peu relevé et avancé au milieu. Thorax jaune; le devant noir acier avec une raie aiitéhumérale étroite, jaune. Sur les côtés un petit trait noir supérieur sous chaque aile. En avant, sous l'origine des raies antéhumérales, le bord est redressé en une plaque oblongue jaune. Abdomen grêle, bronzé métallique en dessus, avec un anneau basai jaune, élroitaux 2-7* segment, et un cercle terminal noir auxmèmes seg- ments; les 8e et 9«= bleu clair, avec une raie latérale noire ne touchant pas le bout, très-courte au 9<:. Côtés et dessous de l'abdomen jaunes. Bord du lO" segment élevé en toit au bout et avançant en fourche peu profonde à branches aiguës assez divariquées; vue de profd la proémi- nence s'élève dès la base el le bout est perpendiculaire au bord posté- rieur qui , sur les côtés , est un peu jaune. Appendices jaunes. Les supérieurs moitié plus courts que le dernier îiegment , épais, tronqués au bout qui est coudé en bas A leur base interne une petite dent. Les inférieurs aplatis en patte d'oie, formant trois pointes, l'une ex- terne supérieure , l'autre interne subbasale , el la médiane fine , un peu plus longue et courbée en dedans. Pieds jaune pâle avec une ligne externe obscure , étroite , peu marquée ou maculaire aux fémurs, parfois un vestige aux tibias. Cds médiocres, assez divariqués, obscurs (5 aux tibias postérieurs); bout des onglets noir, leur dent inférieure courte. 2 Plérostigma pâle, à peine obscur au centre, rhomboïde 5^m/>/a6/e auœ quatre ailes, plus court que la cellule qu'il surmonte; 8-9 postcu- bitales : le noir bronzé moins brillant; points postoculaires très-petits. Le lobe postérieur non bordé de jaune. Les lames du devant du thorax obscures , le devant de celui-ci un peu roussàtre jusqu'à la première suture latérale, n'ayant en avant qu'une bande dorsale bronzée, épaisse, et une ligne noire très-fine à la suture humérale. A l'abdomen le noir du dessus est remplacé par du brun roussàtre jusqu'au /« segment , puis passe au noirâtre jusqu'au bout (y compris les ( 26S ) 8c et 9e segments). Le 10^ assez court, comprimé en toit, fendu dans se moitié. Appendices obscurs , sub-coniques. Une épine aiguë au 8« en dessous. Bandes obscures des fémurs plus larges, une ligne externe in- complète, obscure aux tibias. 2 Variété orangée. Nervures roussâtres. Les points postoculaires en taches oranges réunies par la ligne occipitale et non séparées de jaune du derrière de la tête ; le devant du thorax orangé depuis la bande dorsale bronzée jusqu'à la 2^ suture latérale. Abdomen orangé en dessus, avec un cercle terminal noir aux 2-6^ seg- ments et une bande dorsale bronzée, qui ne commence qu'au bout du S« et s'arrête au bout du 8« segment, et une petite tache basale de chaque côté de l'arête au 9^. Appendices anals orangés. Raie obscure des fémurs oblitérée. Il y a des variétés intermédiaires entre la femelle normale et l'orangée, chez lesquelles la ligne noire de la suture humérale est visible, chez qui les ô' et 4" segments portent une tache terminale épaisse, sublancéolée, bronzée. Chez ceux-ci, le 5^ est bronzé en-dessus, excepté à ses deux extrémités. Patrie : Texas occidental , par lord Walsingham. Communiquée par M. Mac Lachian. Coll. Selys, Mac Lachian. NB. Ressemble assez à la Ceratura capreola par la stature et la coloration, mais s'en sépare sur-le-champ par la position de l'arculus , qui forme la prolon- gation de la seconde nervule anlécubitale. Le mâle s'en distingue en outre par la forme du pterosligma, non semblable aux quatre ailes, etc. La perparva est fort voisine de la demorsa et de la defîxa (voir ces espèces). Par sa petite taille , elle diffère de toutes les autres Ischnura du groupe de Velegans. 38. Ischnura vertic.4i.is, Say. Agbion verticahs , Say, Acad. Nat. Se. Philad. ; t. VIII, n» 1. Agrion Râmbdrii, Hag. neur. n. amer.; n" o. ^Exclus, syn.) Abdomen o' 20-22""™; $ 20-22. Aile inférieure o* 13-14 Vj, 9 lo-lC. Ressemble aux /. cervula, demorsa et perparva par les 8^ et 9^ seg- ments du mâle bleus , avec une raie noire latérale ne touchant pas le bout. Ces espèces américaines sont si analogues que, pour faciliter leur déter- mination , il me semble plus pratique de les comparer, de signaler les différences et de décrire quelques parties spéciales , comme les appendices anals et le pterosligma, que de donner pour chacune une description ( 266 ) longue et complète , dans laquelle les caractères distinctifs sont noyea au milieu de ceux qui sont communs à tontes. o* Plérostigma des supérieures en losange court , ne couvrant pas tout à fait une cellule, paraissant tout noir; mais en le regardant à la loupe, il est très-finement cinglé de blanchâtre surtout contre la cote. Celui des inférieurs un peu plus petit, brun jaunâtre, 8 (7) postcubi- tales. Lèvre supérieure à peine noirâtre à la base. Points postoculaires petits , verdàtres. Le derrière de la tête un peu noir contre le prothorax qui est noir, jaune sur les côtés seulement. Le lobe postérieur de celui-ci un peu relevé, très-court, mais large, presque tronqué sur chaque côté, le milieu s'avançant un peu en lobe obtus. Raies antéhumérales étroites, ne touchant pas tout à fait le haut. 8e et 9e segments bleus, avec une bande latérale noire ne touchant pas le bout, plus courte au 9* (parfois rudimeniaire). Bord du 10'= se relevant dès son milieu pour former une plaque peu élevée, un peu bifide , presque perpendiculaire au bord. Appendices supérieurs noirs. Vers en dessus, ils sont courts, divari- qués, trigones dilatés en dedans et en bas en lame quadrangulaire brune, élargie au bout inférieurement. Appendices inférieurs plus longs, jaunes, larges à la base, minces et aigus ensuite et courbés en pince l'un vers l'autre. Vus de profil, on voit une dent basale supérieure logée dans une impression des appendices supérieurs. Bande externe noire des fémurs bien marquée; celle des tibias plus courte, plus mince. 2 Adulte. Ptérostigma semblable aux quatre ailes, en losange allongé brun , notablement entouré de jaunâtre pâle. Le dessus de la tête', les taches postoculaires, le prolhorax, le devant du thorax et le dessus de l'abdomen saupoudrés de bleuâtre pulvéru- lent ; mais le dessus du le"" segment, un arc au 2" et le quart terminal environ des 5-7e en dessus restent noirâtres non pulvérulents de façon à dessiner une tache dans le genre de celles de VEnallagma cyathigerum. 2 Jeune. Il n"y a pas de pulvérulence. Tout le dessus de l'abdomen noir, mais les articulations finement jaunâtres. Appendices jaunâtres. Patrie : États-Unis. (New-York; Washington; Géorgie; Philadel- phie; New-Jersey; S'-Louis; Illinois; Maryland; Indiana; Louisiane.) Coll. de Sclys, Hagen,etc. JV/Î. Le mâle diffère de la cervula, de la detnorsa , de la de fixa et de la perparva , par la plaque du 10« segment moins élevée , moins biflde, el les appen- ( 267 ) dices inférieurs. Aussi des deux dernières par le ptérostigma des supérieures, moins épais, plus allongé. De la fluvialilis par le ptérostigma des supérieures tout noir et l'éminence du 10* segment plus élevée, et la raie noire latérale des 8« et 9^ segments. La femelle est bien caractérisée par la pulvérulence bleuâtre qui couvre presque tout le dessus du corps, excepté le bout des segments, et se montre sur- tout aux places occupées par les points postoculaires et les raies antéhumérales qu'elle cache. 59. IsciiNLiiA PLML'Lio, Cliarp. Agrion pumilio, Charp. Hor. 1823 ;Id, 1840, Tab. 59. Ramb. no25; Burm. no 12; de Selys , Mon. Id. Rev. n» 6, pi. II , fîg. 3. Agrion coGNATA,de Selys, Rev. Zool., 1841. Agrion elegans , Fonscol (Excl. syn). Agrion aurantiaca , de Selys, 1857 ^var. O). Agrion rubelh;m, Curtis (Excl. syn.) fig. (var. O). Agrion xanthopterum, Stephens (var. O). Abdomen o^ 18-24;$ 18-24. Aile inférieure o^ l:2-17i$ 15-19. Ressemble beaucoup à 17. eleyans et surtout à 17. Graellsii. o" Ptérostigma des supérieures très- court, oblique, plus long, arrondi en dehors, surmontant moins d'une cellule, noir du côté interne, blan- châtre en dehors. Celui des inférieures plus petit, jaunâtre. 1" et 2^ articles des antennes jaunâtres en avant; lobe postérieur dupro- Ihorax bordé de bleu, modérément élevé, le milieu un peu saillant, arrondi en demi-cercle. Le tiers terminal du 8*= segment et le 9'^ bleus, ainsi que les lunules basales des 5-0^. La partie médiane bifide du 10^' moins saillante. Appendices supérieurs légèrement saillants à leur base externe, ensuite dilatés, arrondis, leur angle externe prolongé en bas, obtus, l'angle interne nul lis sont noirs et velus supérieurement, jaunes eu dessous. Les infé- rieurs jaunes, noirs au bout, subcylindriques, allongés, courbés l'un vers l'autre et redressés. ■ La ligne obscure des tibias plus fine, plus courte, parfois maculaire. 2 Ptérostigma des quatre ailes jaunâtres, celui des inférieures plus petit. La ligne basale bronzée de la lèvre supérieure réduite à un point; les taches posloculaires oblitérées, noires ou bronzées, comme le dessus de la tête. Lobe postérieur du prothorax presque semblable, le milieu moins sail- lant parfois subémarginé. Le devant du thorax n'offre en général qu'une seule bande dorsale ( 268 ) bronzé noirâtre, le reste du devant et les côtés étant olivâtres ou bleuâ- tres sans ligne antéhumérale (cependant j'ai sous les yeux un exemplaire très-adulte chez lequel la bande médiane est bordée de chaque côté d'une raie jaunâtre, ne touchant pas le haut et suivie d'olivâtre foncé jusqu'à la suture humérale). Abdomen bronzé en dessus (y compris les S^ et 9^ segments). Épine du 8e forte. Appendices anals courts, fort obtus, jaunâtres; valvules jaunes peu denticulées. Ç var. orangée : Les grandes nervures orangées. Toutes les parties claires du corps d'un orangé vif y ainsi que les taches postoculaires qui sont grandes, réunies l'une à l'autre par une ligne occipitale et non sépa- rées en jaune du derrière de la tête. Le prothorax orangé, le centre seul noir. Thorax orangé avec une seule bande dorsale bronzée et une ligne noire très-fine à la suture humérale. Les /" et 2^ segments, le tiers ou le quart basai du 3^ et les côtés des autres , orangés. Souvent une petite tache basale dorsale noire au i^', et une plus petite isolée , triangulaire au milieu du 2^. D'autrefois l'arête du 5* est noire dès la base. Chez un o* jeune (de Kaketie) les parties claires du corps sont jaunes. Le ptérostigma des supérieures est noirâtre au centre, entouré de jau- nâtre. Patrie : Europe : Observé dans les îles Britanniques, la Belgique , la France, l'Italie supérieure, la Hongrie, une grande partie de PAUemagne. la Turquie. En été sur les flaques d'eau. Espèce très-locale. Asie mineure : à Smyrne.— Transcaucasie, en Kaketie. Afrique septentrionale : Algérie, aux environs de la Galle. Madeire. NB. On distinguera facilement la pumilio des espèces voisines, se trouvant dans les mêmes contrées, à la couleur bleue du 9« (et non du 8^ segment) du mâle, à l'absence de taches postoculaires et à la bande noire dorsale unique de la femelle type. Quant à la femelle orangée, elle dififère des variétés analogues des autres espèces par la vivacité de la couleur orangée, qui occupe non-seulement les deux premiers segments, mais encore la base du troisième. La femelle type, aussi bien que l'orangée, se sépare des 1. elegans, Genei et Graellsii , parle dessus de l'abdomen dont le 8» segment est noir (et non bleu) en dessus. Ce caractère la rapproche de la Senegalensis, à laquelle elle ressemble assez par le thorax, mais la femelle type de la Se^iegalensis a des taches postocu- laires , des raies antéhumérales claires; et sa variété orangée a tout le dessus du 56 segment bronzé. ( 269 ) 60. IscHNURA FLLviATiLis, Bates mss. Abdomen segment (seulement un peu après l'origine du 3^ chez la variété de pumilio). Patrie : Sénégal — Egypte (Alexandrie) — Angola — Cap de Bonne- Espérance — Ile de la Réunion — Bombay — Java. — Commune partout. Coll. Selys, Hagen , etc. NB. Cette espèce est très-voisine de Vl. Gradlsii par le prothorax et par l'en- semble des appendices anals du mâle ; mais celui de la Senegalensis s'en dis- tingue à la couleur acier brillant du 2e segment de l'abdomen, et la femelle à la coloration noire du dessus du 8* segment. On peut dire que la Senegalensis est intermédiaire entre le Gracllsii et la pumilio, le mîde se séparant de ce dernier par le 8^ segment (et non le 9*1 bleu , et la femelle par le bord postérieur du prothorax , plus avancé au centre , non émarginé. ( 27g ) Jp ne puis trouver de caraclères pour séparer de la Senega!ensis les exemplaires de la Malaisie, que j'avais d'abord nommés cotifusiim , ni la femelle de l'Ile de la Réunion , que j'ai signalée sous le nom à' Agr. Maillardi. Chez un exemplaire de Malaisie, le noir du 9« segment en dessus est interrompu au milieu. Gi. IscHNURA Graellsii, Ramb. Agrion Graellsii, Ramb., n" 22; de Selys, Rev., n» 7, pi. 7, fig. 3. — Graellsii, Var. algirum , de Selys, Expéd de l'Algérie; Rev. Odon., page 186. Abdomen d* 20-25 V^; Ç 21-23. Aile inférieure o* 12-.16; $ 14 V^-ie. Très -semblable à /. elegam, mais : 1° Prothorax ayan lie bord postérieur élevé et légèrement épaissi au centre (sans crête redressée) , mais simplement en forme de lobe arrondi» un peu plus étroit et plus saillant chez la femelle. 2'» Tubercule élevé du 10<= segment du o* moins saillant, moins redressé, à excavation postérieure blanche, et les angles de Téchancrure plus étroits, plus saillants. 5° Appendices supérieurs du o" plus larges, non roulés en cornet, ayant Tangle interne de l'extrémité beaucoup plus long. Les inférieurs non diva- riqués, courbés en dedans, plus courts, non dirigés en haut, parlant du milieu de la base, qui ne présente aucun prolongement , ou si l'on veut est représentée par un très-pelit tubercule. 4» Il arrive souvent, chez le mâle surtout, que les points posloculaires sont fort petits ou presque oblitérés, mais ce n'est pas un caractère conslant. Variété orangée, comme chez Velegans. L'exemplaire d'Afiique que j'ai sous les yeux a les deux premiers segments de l'abdomen roussàtres, comme la variété orangée de la pumilio (le premier seulement chez Velegans). Patrie : Espagne (Madrid, Barcelonne, etc.); Portugal — Algérie, assez commun en été et en automne dans l'F^st, surtout aux environs de Bone, et de La Galle , — Madeire ? NB. J'avais supposé d'abord que les exemplaires d'Algérie pouvaient consti- tuer une race que j'avais nommée A. algirum et qui se caractérisait par les points postoculaires visibles , par les raies antéhumérales plus épaisses et par l'absence de ligne noire à la seconde suture des côtés du thorax; mais ces carac- tères ne sont pas constants, et se retrouvent aussi bien chez les exemplaires d'Espagne que chez ceux d'Algérie. L'A. Grae//s« habite, comme on voit, des contrées où il remplace Velegans et ( 276 ) le Genei. Le mâle diffère de ce dernier par l'absence de crête redressée au pro- Ihorax et par les détails décrits et concernant la crête du 10* segment et les appendices anals. La femelle diffère de celle du Genei par l'absence d'échancrure au lobe postérieur du prothorax et celle du petit tubercule postérieur qui, chez le Genei , est adossé à cette échancrure. C'est par erreur qu'on avait cru pouvoir rapporter à cette espèce un exemplaire de l'Asie Mineure : c'est un elegans. (Voir les différences avec la SeJiegalensis à l'article de cette dernière espèce.) 60. IscHNUBA Genei , Ramb. Agrion Genei, Ramb. , n» 23 ; de Selys. Rev. n» 8 , pi. 7, fig. 2. Abdomen cf 18-24; $ 18-24. Aile inférieure cj* 12-16; 9 15-18. Très-semblable, à /. elegans, mais : Prolhorax, ayant au milieu du bord postérieur une crête plus large que haute , qui offre chez le mâle une large échancrure à angle droit. La crêle de la femelle p/«5 pelite et montrant derrière Véchancrure un petit tuber- cule pointu qui lui est adossé. 2o Appendices supérieurs du mâle plus larges, non resserrés ni comme roulés en cornet, les deux angles de Textrémilé divariqués inférieurement et beaucoup plus écartés, l'interne plus long et se croisant avec celui du côté opposé. Appendices inférieurs plus petits, plus pointus, peu divari- qués, plus droits, ayant leur base un peu moins saillante inférieurement et un peu tronquée, portant supérieurement une petite corne, mais beau- coup plus pelite que chez Yelegans et à peine visible. Variété. Un seul mâle de Sardaigne a la crête du prolhorax très-courte quoique assez large, presque pas échancrée. 9 Variété orangée, comme chez Yelegans. Patrie: Sicile, Sardaigne, Corse. iVfî. Ce n'est peut-être qu'une race locale de Yelegans, car elle existe précisé- ment là où ce dernier manque. Cependant nous devons la considérer comme distincte, attendu que les mâles du Genei sont reconnaissables de suite par les appendices supérieurs à cause de la large divarication de leurs extrémités, et la femelle par le tubercule pointu adossé an lobe postérieur du prothorax. Les autres différences ne sont pas constantes. En général, chez YI. Genei, le dessus du 8^ segment de la femelle est plutôt olivâtre que bleu. ( 277 ) 66. IscHNUBA ELEGANS, Vauder Linden. Agrion BLEGiNS, Vander L. ; Ramb., n» 21 ; de Selys, Rev. Od., n» 9. Tab. 7' fig. 5; Hag. — TCBERCULATDM , Charp , EversHi. — PDPiLLi , Hansem. ; de Selys , monogr. Lib. — HASTULATCM, Buroi., D" 13. (Excl. syii.). • — ZONATUM, RUFESCENS et EZONATUM , Sleph. — RDBENs, Evans (var. Ç). Abdomen o* 22-26; Ç 22-26. Aile inférieure o* 13 'l^-\Q Val 2 la-20. cf Ailes hyalines, réseau en partie brun. Ptérostigma des supérieures en losange oblique, couvrant une cellule, noir en dedans, blanc en dehors, celui des inférieures gris brun; quadrilatère des supérieures à côtés su- périeurs et interne courts, les autres presque égaux. Aux inférieures, le côté supérieur a la moitié de l'inférieur. Nervule basale pastcostale entre la l'-e et la 2" antécubitale; 8-10 poslcubitales. Noir varié de bleu et de vert jaunâtre. Lèvre inférieure paie; face vert jaunâtre, avec une raie basale à la lèvre supérieure et le dessus de l'épi- stome noir luisant; antennes noires; l'article basai verdàlreen avant; dessus de la tête noir acier, avec une tache posloculaire ronde, bleue. Derrière de la têteverdâtre pâle, noir vers l'articulation du prothorax. Prothorax noir, sa base et les côtés bleus; le bord postérieur nullement élevé, mais ayant au milieu une crête plus haute que large, subitement redressée et presque verticale, excavée anlérieuremenl, très-épaisse à la base. Devant du thorax noir jusqu'à la première suture latérale, avec une raie anléhumérale étroite bleue ; les côtés bleus avec un trait supérieur court sous l'aile supérieure, et une ligne à la 2^ suture plus épaisse su- périeurement. Le dessous bleu pâle. Abdomen grêle , noir en dessus, les 5-6'' segments avec une lunule ba- sale jaune de chaque côté; le dessus du 8*^ bleu, ainsi que les côtés des {««•j 2^ et le dessous des quatre derniers, ceux des 5-6^ jaunes. Le 10« s'élevant au bord en dessus en une crête qui , vue en arrière , est presque carrée, échancrée au milieu. Appendices supérieurs courts , pas plus élevés que la base des infé- rieurs, tronqués régulièrement, comme roulés en cornet, ayant intérieu- rement vers l'extrémité une pointe dirigée en bas. Les inférieurs grêles, plus longs, divariqués, cylindriques, un peu dirigés en haut, leur base ( 278 ) uu peu saillante inférieurement , jaune, prolongée en dedans et en haut en une pointe assez longue sur laquelle s'appuie celle des supérieurs. Pieds jaune verdâlre, extérieur des fémurs, une ligne latérale aux tibias et articulations des tarses noirs; cils médiocres, noirâtres (5 aux tibias postérieurs), dent inférieure des onglets courte, distincte. 2 Presque semblable au mâle, mais le plérostigma les quatre ailes pâle, un peu brun au centre aux quatre ailes. Crête du lobe postérieur du prothorax plus mince, souvent un peu plus courte, quelquefois un peu échancrée et comprimée au sommet, ou moins excavée antérieurement; \Q^ segment comprimé en toit au bout qui est fendu. Appendices courts, noirs, trigones obtus. Valvules jaunes subdenticulees, précédées d'une épine vulvaire courte aiguë. $ Variété orangée. Les couleurs claires de la tête, du proihoraxet de la base de l'abdomen remplacées par du jaune orangé roussàtre; les taches postoculaires souvent réunies par une ligne occipitale ou en partie con- fluentes avec la couleur pâle du derrière de la tête. Deux taches orangées au disque du prothorax. Thorax orangé, excepté une bande médiane unique noir bronzé en avant. La tache carrée dorsale du l*"" segment plus petite ou nulle, le noir dorsal du 2^ plus étroit à la base; les raies noires des pieds plus étroites, plus courtes. Variétés. Souvent les raies antéhumérales et les côtés du thorax sont d'un violet rougeâtre. La crête du prolhorax est quelquefois un peu échancrée au sommet. Elle varie aussi dans sa direction, étant ou toute verticale ou un peu penchée ou courbée vers le thorax. Par exception , le plérostigma des quatre ailes des mâles peut être presque semblable, noirâtre, à peine blanchâtre en dehors (tel est un exemplaire que j'ai pris en Ecosse). Les exemplaires du midi sont ordinairement plus petits , et ont souvent les deux raies bleues antéhumérales très-étroites, linéaires, les taches postoculaires plus petites, un peu triangulaires, la branche interne des appendices supérieurs devient parfois plus petite et très-courte. Le D"" Hagen remarque que la forme du lobe postérieur du prothorax varie chez les deux sexes avec toutes les formes intermédiaires (allongé ou échancré au sommet — ou pointu — plus ou moins penché — ou court, plus large tronqué). Patrie : Très-commun dans |)resque toute l'Europe (pas encore observé dans la péninsule espagnole ni dans les îles italiennes). Paraît selon ( 279 ) les localités depuis le prinlemps jusqu'au commencement de l'automne. Observé aussi eu Crète et aux environs de Smyrne. A Taitoum, en Transcaucasle, à Irkulsk en Sibérie. 67. ISCHNLRA TAÏTERiSIS, fie ScIyS. Abdomen o*22; Ç 23. Aile inférieure a* 15; $ 17. o* Ptérostigma rhomboïde , un peu pointu en dehors, couvrant une cellule, à peine plus court aux inférieures, grisâtre entouré de bleuâtre, le blanc un peu plus étendu à l'angle costal externe des supérieures, entre des nervures noires épaisses. 10 postcubitales; côté supérieur du quadrilatère n'ayant que le tiers de l'inférieur aux premières ailes, et en- viron la moitié aux secondes. Noirâtre mélangé d'olivâtre clair (couleurs altérées). Lèvres jaunâtre pâle, la supérieure avec une raie basale noire bien marquée. Le reste de la face jusqu'au 2^ article des antennes bleuâtre? mais l'épistome noir luisant. Dessus de la tête noir avec un très-gros point postoculaire bleu, el une fine ligne occipilale de même couleur. Derrière de la tête jau- nâtre, noir contre le prolhorax. Celui-ci noir, sa base et ses côtés bleuâ- tres? ainsi qu'un point latéral au disque. Le bord postérieur arrondi légèrement redressé. Devant du thorax noir avec une raie anléhumérale bleue; les côtés verdàtre clair avec un petit trait supérieur noir sous chaque aile. Abdomen grêle, noirâtre en dessus. Cette couleur brillante aux deux premiers segments; les côtés peut-être bleu clair ou jaunâtre; le S»: seg- ment peut-être bleuâlre en dessus; les incisions des 3-6« segments claires. Bord du lO" segment redressé au milieu en une petite plaque carrée étroite un peu échancrée. Appendices supérieurs gris brun, moitié plus courts que le 10^ seg- ment; ils semblent comprimés, dilatés inférieurement, et émettant peut- être une branche basale interne. Vus de profil, ils sont au contraire épais, arrondis. Appendices inférieurs un peu plus longs, écartés, presque droits, amincis au bout qui est noir et un peu recourbé en haut et dedans . Pieds livides ou jaunâtres, l'extérieur des fémurs, une ligne aux tibias et les cils brun foncé. Ceux-ci assez longs, divariqués (4 aux tibias posté- rieurs en dehors). 2 Ressemble au mâle, mais le ptérostigma semblable aux quatre ailes; H-12 postcubitales. La poitrine jaunâtre; le dessus du 8« segment est noir comme les autres, mais le bout du lOc, qui est court, comprimé en ( 280 ) loil el fendu, est brun. Appendices anals coniques, biuns. Épine du 8' segment Irès-pelile. Patrie : Ile de Taïti, d'après un couple unique. Coll. Selys. N. D. C'est encore ici que celte espèce semble devoir se placer le mieux. Elle diffère de Velegans par le bord du prolhorax peu redressé, les appendices supé- rieurs du mâle épais, le 8*= segment bleuâtre terne dans les deux sexes. G8, IsCBNtRA ORIENTALIS, dC ScIyS- Abdomen d* environ 20-21 ; $ 22 5 aile inférieure -;une marque transverse dorsale anléterminale aux 2-4% une très-fine ligne à l'arête du 5s se terminant au bout de ce segment par une tache ronde terminale; une bande dorsale aux 6-1 0% l'articulation des 7-9e restant rousse, et cette bande au 9«" presque divisée en deux par une raie rousse à l'arête; bord du 10« comprimé, fendu. Appendices roussâ très, coniques, aussi longs que le segment. Valvules un peu plus courtes, subdenticulées, jaunâtres, ainsi que l'épine aiguë du 8" segment. ( 298 ) Pieds jaunâtre sale, sans raies noires disiincles, à cils noirs (6 aux tibias extérieurs.) Patrie : Gochamhn, en novembre. La femelle à Entrerios, en sep- tembre, par M. W. de Selys, iVfî. Le mâle diffère de Yhœmatinum par son plérosligma court , subcarré, non oblique ni prolongé en dehors, leS'^segment noir, le 10^ en partie noir eu dessus, le petit nombre de postcubitales. Diffère du terminale aussi par le ptérostigma, par sa grande taille et par l'absence de noir au thorax et aux pieds (si ce n'est pas un effet du jeune âge). 79. OxYAGRiON MICR0STIGVI4, îss. Abdomen 25-"26; $ -23-27. Aile inférieure o* 15-18;$ 17-18. Ptérosligma court, en losange, oblique surtout en dehors, couvrant une cellule ou un peu moins, noir (o"), brun ($) ou plus foncé au centre. Quadrilatère à côté supérieur ayant presque Va de l'inférieur aux pre- ( 308 ) mières ailes, et plus de '/g aux secondes. Ailes à peine salies, péliolées tant soil peu plus loin que la uervule poslcostale, qui est placée entre la V et la 2e antécubitale. 9-11 postcubitales. ixr la coloration de l'abdomen et le pté- rosligma court, mais ils s'en distinguent par leur taille très-petite, le plérostigma encore plus court, et la direction des appendices anals supérieurs des mâles. 87. Ac.iNTHAGBio?! TEMP0R.4LE, de Selys. Abdomen cr* environ 21 5 $ 20. Aile inférieure o" li; Ç 1-4. Ptérostigma très-court, en losange, plus oblique en dehors, couvrant moins d'une cellule, brun clair. Quadrilatère à côté supérieur ayant presque */2 de l'inférieur aux premières ailes, et plus de */2 aux se- condes. Ailes à réliculalion fine , brune , pétiolées jusqu'à la nervule postcostale > qui est placée entre la 1" et la 2^ antécubitale; 9 postcubitales. Paraissant très-voisine du gracile. En diffère par ce qui suit : 1" Taille très-petite (comme le truncalum) ; 2" Plérostigma plus petit, brun clair; ù° Le dessus de l'épislome est noirâtre comme chez le type (o*), la lèvre et la face roussàtre pâle ($); 40 Les points postoculaires bleuâtres (o"), olivâtres ($), mal arrêtés en arrière ou ils se confondent avec les parties claires du derrière des yeux; 5" La bande noire poslhumérale un peu plus étroite; 6° Les cils des pieds paraissant plus courts, moins divariqués; /o Le fond de l'abdomen d'un bleu azuré clair chez le o^, la bande dor- sale noire sinuée et plus étroite jusqu'au 6^ segment. Les deux premiers segments sont en mauvais état, mais aux suivants la bande ne commence qu'après la base (touchant cette base au ô*" par une ligne très-fine) et elle est rétrécie avant la fin des segments, où elle s'élargit en anneau épais (les quatre derniers manquent); S» Chez la $ le fond de l'abdomen est vert clair, la bande est sinuée à peu près comme chez le o" jusqu'au 6« segment; elle est complète aux 7' et 8«; les 9 et 10*= sont vert bleuâtre , avec deux taches basales triangu- laires noires au 9^ Appendices anals pâles. Lame vulvaire jaune pâle. Epine du 9^ segment aiguë. Patrie: Minas-Geraes, par le docteur Claussen: un couple, coll. Selys. NB. Le mâle rappelle la lancea par la grande extension du bleu sur l'abdomen, ( 313 ) mais s'en dislingue par sa taille petite ; la femelle est très-remarquable par la couleur claire des deux derniers segments; les deux sexes par le plérostigma clair, et les taches postoculaires confluentes avec la couleur du derrière de la tête. 88. AcANTHAGRiOM TRiMAcui-ATUM , de Selys, Abdomen o* 26-27; $ 26. Aile inférieure o* 17-19;$ 19. Ptérostigma en losange oblong oblique, surtout en dehors, couvrant presque une cellule, noir (o*), brun noirâtre cerclé de jaunâtre, entouré d'une nervure noire ($). Quadrilatère à côté supérieur ayant presque la moitié de l'inférieur aux premières ailes, plus de moitié aux secondes. Ailes étroites, légèrement salies, pétiolées jusqu'à la nervule basale posl- costale, qui est placée entre la 1" el la 2e antécubilale; 1 1 postcubitales. a* Noir varié de jaunâtre ou peut-être de bleuâtre clair; derrière des- sus delà tête et face jaunâtre clair; extrême base de la lèvre supérieure, dessus de l'épistome, dessus delà tête après les antennes noirs, avec une grande tache postoculaire arronrlie olivâtre. La partie contre le prothorax noire. Prothorax noir, ses côtés, et une petite tache médiane latérale jau- nâtres, le bord postérieur un peu aigu latéralement, avançant au milieu en un feston saillant, un peu tronqué. Thorax olivâtre clair (peul-ètro bleuâtre en avant pendant la vie), avec une bande dorsale droite; un»' bande humérale interrompue ou presque interrompue avant le haut el une bande à la suture médiane des côtés noires; cette dernière plus ou moins interrompue h moitié de sa hauteur, sa partie supérieure consistant dans un trait, l'inférieure plus large n'allant pas jusqu'aux pieds. Poitrine jauni- pâle. Abdomen grêle, noir en dessus jusqu'au 7^ .segment, jaunâtre en des- sous; les 1" et 2*' segments terminés par une bande Iransverse jaune ou bleu clair qui communique ou non avec le jaune des côtés; l'articula- tion basale des ô-l" fiiîement jaune et la bande dorsale noire s'élargissant sur les côtés au bout de ces segments ; le S" après sa base, le 9<' en entier el le 10c excepté au bout, bleuâtres, celle couleur séparée du dessous, qui est jaune, par une bande latérale noire éjjaisse qui, aux 8*" et 9*^, est sinuée de sorte que les grandes taches bleues sont bilobées à ces segments. Bord du 10^ un peu relevé au milieu, en lame largement mais peu profondé- ment échancrée. Appendices anals supérieurs bruns; jaunâtres au bout, plus courts que le segment, en gros tubercules, subconiques, mousses, comprimés, Irès- dilalés à leur base. Les inférieurs un peu plus longs, très-écartés, com- primés, excavés en cuillère en dedans, tronqués el arrondis au bout, qui se relève un peu. ( 314 ) Pieds médiocres jaunâlres, extérieur des fémurs el une ligne fine aux tibias noirs. Cils noirs médiocres (6 aux tibias postérieurs). 9 Presque semblable , une irès-pelite lâche dorsale géminée jaune à la base du lobe postérieur du prothorax, dont le feston médian est plus large, plus concave au milieu. Le lO'' segment tout noir en dessus, son bord comprimé en toit, échancré. Appendices anals subtriangulaires poin- tus, noirâtres en dessus. (La déformation accidentelle du bout de l'abdo- men empêche de constater l'épine du 8« segment. Chez l'espèce assez voi- sine, A. nigrinuchale^ elle est courte, épaisse.) Patrie : Santa-Cruz et Teresopolis (Brésil), du 10 au 20 octobre, pris pariM. W. de Selys. NB. Espèce très-remarquable , ressemblant assez au latérale par la stature et la coloration, mais très -reconnaissable au premier abord par les ailes plus pétiolées, par la bande transversale et isolée claire qui termine les deux premiers segments et par la bande dorsale maculaire bleue des trois derniers (des deux avant-derniers chez la femelle). Les appendices anals inférieurs du mâle sont aussi d'une forme presque unique ayant de l'analogie avec ceux de VOxyagrion dissidens. 89. AcAisTHAGRios i\TEP.Ri;pTL'M , deSclys. Abdomen o' 2P/2 ±2 ^2; $ -21-22. Aile inférieure d' 16-17; $ 16-17. Ptérostigma très-court en losange rhomboïde, à peine plus long que large, couvrant (en général) moins d'une cellule, noir (a*), brun cerclé de blanchâtre ($). Ailes inférieures pétiolées jusqu'à la nervule basale postcostale, les supérieures cessant de l'être un peu auparavant; 12-14 anlécubi taies. o'' Noir marqué de jaunâtre et dé bleu. Lèvre inférieure et derrière de la tète jaunâtre pâle; face olivâtre jusqu'au l^"" article des antennes, avec une petite tache médiane basale triangulaire, enfoncée, à la lèvre supérieure, et le dessus de l'épistome noirs. Dessus de la tète noir, avec deux gros points postoculaires bleuâtres. Prolhorax noir, sa base bleuâtre ; le lobe postérieur un peu prolongé au milieu, où il est un peu redressé, étroit, arrondi. Thorax noir en avant, avec une bande aniéhumèrale bleue inférieure, Unissant en pointe à la moitié de la hauteur et très-séparée d'un gros point, qui la surmonte en! contre les sinus anléalaires; les cotés bleu clair avec une raie noire très-épaisse à leur moitié , rejoignant souvent à la base (SIS) des fémurs intermédiaires le noir humerai; la poitrine jaunâtre, obscure et saupoudrée au centre. Abdomen épaissi au bout; les 1-8^ segments noirs en dessus, mais la moitié du 1" et plus du tiers postérieur du 2^ bleu clair : l'articulation basale des 5-7^ pâle, communiquant avec une bande latérale jaunâtre, rétrécie au bout de chacun. Les côtés du 8« avec une bande jaune plus étroite. 9* et 10e bleuâtres, ou bien avec les côtés un peu obscurs. Le bord du 10<" noirâtre, surtout au milieu, où il est prolongé et forme une élévation échancrée en demi-cercle, qui, vue en arrière, constitue deux pointes assez distantes. Appendices supérieurs bruns, ayant la moitié du 10e segment. Vus eu dessus, ils sont épais à la base, droits, amincis au bout Vus de profil, ils sont très-épais, dilatés dans leur milieu en une grande plaque interne inférieure jaunâtre , penchée en bas, se confondant avec le bout, qui est obliquement tronqué de bas en haut. Appendices inférieurs jaunâtres, un peu plus courts , larges et écartés à leur base interne, un peu aplatis, leur bout subconique plus obscur. Pieds noirs, un peu saupoudrés à la base, les tibias un peu bruns en dehors, ainsi que la base des onglets, dont la dent inférieure est forte, un peu plus courte que la supérieure. Cils noirs, médiocres (0 aux tibias pos- térieurs en dehors). $ Le bleu de la tète et du thorax remplacé par de l'olivâtre et du jaune. Le lobe postérieur du prothorax plus étroit, plus saillant, un peu tronqué au bout. La bande latérale noire du thorax ne touchant pas les pieds intermédiaires. Abdomen assez épais ; le bleu remplacé par de l'olivâtre aux l*""" et 2e segments. Chez un exemplaire, le large anneau terminal clair du 2» est largement interrompu au dos et réduit à deux taches latérales. Dessus des 9e et 10" vcrdâtres, mais au 9e les côtés ont une large bande obscure qui remonte vers le haut à la base, dessinant ainsi une tache dorsale lan- céolée. Au 10e ^,11 commencement de bande latérale brune. Ce se.yment très court, comprimé en toit et fendu au milieu. Épine du 8e forte. Appendices olivâtres coniques, de la longueur du segment. Pieds jaunâtres, extérieur des fémurs et une ligne latérale aux tibias noirâtres. Patrie : Valparaiso (Chili), communiqué par M. Mac Lachian. NB. Cette espèce est distincte de VAcanthagrioti gracile et des autres espèces voisines par la raie claire antéhuniérale interrompue en point d'exclamation, par la large raie noire latérale du thorax et par les 1er gt vje segments de l'abdomen, terminés par un large anneau clair , enfin par les Qe et lo^ segments clairs en ( 31() ) dessus (chez les autres espèces, c'est le 8^ et le 9«, et le 10^ au contraire est noir). La bande latérale brune du thorax se retrouve chez Vapicale de l'Amazone, qu est du reste fort semblable aux autres espèces par la coloration. L'inlerruplum offre au contraire de l'analogie avec le cheliferum; la femelle de ce dernier est inconnue, de sorte que sa place reste incertaine. On doit le comparer aussi au latérale. 90 ACANTHAGRIO!>l MlGRIlXUCHALE, cle SelyS. Abdomen o* 19; Ç 19-20. Aile inférieuree o* 15; ç 14-15. Ptérosligma très-court, noir, en losange peu oblique, à côlés égaux, Irès-petil, mais surmontant une cellule (o*) un peu plus grand, brun cerclé de jaunâtre (Ç). Ailes un peu arrondies, pétiolées jusqu'à la nervule basale postcostale (ou un tant soit peu avant aux supérieures) ; 10 postcu- bitales. aux tibias postérieurs en dehors). La dent inférieure des onglets /br/e, à peine plus courte que la supérieure. o"" Coloration noire et en partie bleue. Le 10^ segment à bord largement échancré, non redressé. Appendices supérieurs longs, tronqués. 9 Épine vulvaire forte, aiguë. Coloration presque semblable. Patrie : Malaisie; une seule espèce : X. cganontelas. NB. Parmi les Agrion à épine vulvaire. cette petite et très-jolie espèce est jus- qu'ici la seule de l'Ancien monde dont le secteur inférieur du triangle ne com- mence qu' à la nervule basale postcoslale, qui soit dépourvue de taches posloculaires et dont le derrière de la tête soit noirâtre. Le système de coloration noir bronzé et bleu rappelle les hchnura. Le groupe est d'ailleurs bien caractérisé par la lèvre inférieure à branche» aiguës rapprochées, les cils des pieds longs et la dent inférieure des onglets très- forte. 95 XiPHiAGRiON ciAMOMErAS, dc Sclys. Abdomen o"* 20 Val 9 -0- Aile inférieure o^ 15 ; $ 14. Ptérostigma brun, noirâtre au centre, en losange court, couvrant pres- que une cellule; 10-11 postcnbitales;réticulation noire; la l*"* nervule postcoslale placée entre la U« et la 2<" aniécubitale. Secteur médian ( 322 ) naissant avant la veine du nodus, séparé du secteur sous-nodal dans toute sa longueur. o" Tête noirâtre, lèvre supérieure olivâtre foncé, l'inférieure livide ; antennes noires, le l*^' et le 2*^ article courts, épais, presque égaux, le 3* un peu plus court qne les deux premiers réunis. Prothorax noir, sa base et ses côtés bleus ; le bord postérieur arrondi, épaissi, assez fortement redressé. Thorax grêle, court, noir acier en avant jusqu'au delà de la suture humérale, les côtés bleus, la poitrine plus pâle. Abdomen grêle, un peu épaissi au bout, noir en dessus, bleu aux trois premiers et aux trois derniers segments ainsi qu'il suit : l*^"^ segment bleu avec une grande tache carrée dorsale ne touchant pas tout à fait le bout ; '2^ bleu de côté, le dessus noir, cette couleur un peu rétrécie au bout; les 3-7* noirs en dessus, bleus de côté, jaunâtres en dessous, ainsi qu'aux articulations; S" bleu avec une grande tache dorsale noire oblongue ne com- mençant qu'après la base ; 9*^ bleu avec quelques nuances obscures ; 1 0« bleu, le dessus noir, cette couleur plus étroite en arrière ; largement mais peu profondément échancré au bord postérieur, qui n'est pas redressé ; suture ventrale noire. Appendices anals supérieurs brun foncé, aussi longs que le dernier segment, écartés, un peu épaissis à la base en dedans, presque droits, com- primés', très-épais étant vus de profil , tronqués carrément au bout qui est fortement échancré, comme bifide. Appendices inférieurs un tiers plus courts, obscurs, écartés, cylindriques, épais , à pointe mousse. Pieds courts, noirâtres, l'extérieur des tibias blanchâtre (4-5 cils longs , divariqués aux postérieurs) ; onglets noirâtres à dents très-marquées, l'inférieure un peu plus courte. $. Les côtés du thorax vert bleuâtre, ceux de l'abdomen jaunâtres, la bande dorsale bronzée commençant au 1^»- segment et allant jusqu'au bout du9« sans interruption, excepté un cercle terminal jaune très-fin aux articulations; 10« bleuâtre clair, très -raccourci en dessus ; le bord est étroitement mais profondément échancré. Appendices anals petits, coniques, brun clair ; valvules vulvaires plus longues que l'abdomen , jaunâtres ainsi que l'épine très-aiguë de leur base. Patrie : Moluques, un couple par M. Lorquin. Coll. Selys. NB. Très-dislinct de tous les Agrion à épine vulvaire de l'Ancien continent [Ischnura cl Enallacjma), par les onglets à dent inférieure très-marquée, par le dessus et le derrière de la tête noirs, et les ailes très-péliolées. ( 523 ) Sur les dépôts Oévoniens rapportés par Dumont à V étage quartzo-schisteux inférieur de son système eifelien, avec quelques observations sur les affleurements quartzo- schisteux de Wiheries et de Montigniessur-Roc ; par M. Mourlon, conservateur de la section de minéralogie et de géologie au Musée royal d'histoire naturelle.' La bande quartzo-schisteuse qui longe l'Ardenne pré- sente, avec celle qui se trouve intercalée dans notre grand bassin anthraxifère, ou, pour mieux dire, avec celle qui forme le bord septentrional du bassin méridional, des analogies que M. d'Omalius signalait déjà en 1808. Dans son Essai sur la géoloç/ie du nord de la France, l'illustre maître dit, en effet, au sujet de ce qu'il appelle la chaîne intermédiaire entre les ardoises et son terrain bituniinifère ou anthraxifère (1): « Le terrain du Condroz est adossé au S -E. sur les ardoises des Ardcnnes; mais on ne peut presque pas établir la ligne de démarcation. On trouve toujours entre les ardoises et la chaux carbonatée des couches quartzcuses et schisteuses qui semblent ajjpartenir autant à une formation qu'à l'autre : elles se rapprochent du terrain ardoisier parce qu'on n'y voit pas de corps organisés ; elles ont du rapport avec le terrain bituminifère parce qu'on trouve au milieu de ce dernier une seconde chaîne composée à peu près des mêmes substances. » Il est aisé de voir par la description minéralogique de la première chaîne que donne ensuite l'auteur, que celle-ci comprend les roches dont Dumont fit plus tard son terrain rhénan. Passant à l'examen de la deuxième chaîne, c'est-à-dire de la chaîne analogue à celle qui longe l'Ardenne, M. d'Omalius insiste encore sur la grande ressem- blance des deux chaînes (i). « Entre les chaînes centrales du Condroz, dit-il, et le terrain houiller, on trouve une chaîne étroite, mais assez continue qui présente quelques roches analogues à celles que nous avons vues, entre les ardoises et le calcaire bituminifère. Ce sont des grès qui deviennent si compactes, qu'on doit (1) Journal des mines , t. XXIV, p. 281. Paris, 1808. (1) /6/d., p. 291. ( 52i ) les appeler dos quartz grenus, des brèclies et même jusqu'à des schistes rouges. Les brèches sont absolument semblables à celles de la première chaîne. . . Ces brèches n'annoncent point ici un changement de formation : on retrouve de chaque côté le même terrain ; mais il serait néanmoins possible qu'elles appartinssent à la même époque que les couches de transition qui longent l'Ardenne. » En 1830, Dumont démontra, dans son Mémoire sur la constitution géologique de la province de Liège (1), que le terrain anthraxifère de M. d'Omalins est composé de quatre systèmes allernativement quartzo-schisteux et cal- caire. En 1841, Élie de Beaumont proposa de désigner le sys- tème quartzo-schisteux inférieur, sous le nom de « Pou- dingue de Burnol. » Le célèbre géologue français, s'inspi- ranldes données que M. d'Omalius avait consignées dans différents mémoires sur la constitution géologique du Condroz, comprit dans son système du poudingue de Burnot la « chaîne intermédiaire » du grand géologue belge. On en voit la tranche, dit-il, dans la vallée de la Meuse, entre Fepin et Givet (2). En 1848 parut la 2*^ partie du Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan CS) ùans hqiieWe Dumont distrait de son système quartzo-schisteux inférieur de 1850, les roches composant la plus grande partie de la chaîne intermédiaire de M. d'Omalius, pour en faire son terrain rhénan. Dès lors il ne restait plus dans ce système que la partie de la chaîne intermédiaire, formée par ce qu'on appelle les schistes rouges de Yireux et les couches à calcéoles, ainsi que la (I) Mém. couronnés de l'Acad. de Belg., l. VIII, 1852. (5) Explication de la carte géologique de la France, l. I, |). 756. (5) Mém couronnés, t. XXII. ( zm ) plus grande partie de la deuxième chaîne ou bande septen- trionale. Quelques années plus lard, en 1852, Dumont groupa, dans la légende de la carte géologique de la Belgique, sous le nom de système eifelien, son système calcareux inférieur et son système quartzo-schisteux inférieur, tel qu'on vient de le voir limité : i Calcareux E^ 'Calcaire de Givet). ( E- (Schistes et calcaire à calcéoles). Quartzo-schisteux . ] E' (Poudingue de Burnot des géo- , [ logues belges). D'après le grand slratigraphe, le poudingue E* aurait une épaisseur relativement très-faihle sur le bord sud de notre bassin méridional où il n'est représenté, en général, que par des schistes rouges. Au contraire, sur le bord nord du même bassin , il ac- querrait une épaisseur beaucoup plus considérable et le rhénan de l'Ardenne y forait complètement défaut, — la bande schisteuse de Fosse appartenant au terrain silurien, comme l'a démontré l'étude récente de sa faune. Tous les géologues se rangèrent à l'opinion de Dumont jusque dans ces derniers temps. Cependant, déjà en 1868, M. Gosselet, dans sa Lettre à M. d'Omalius d'Halloy (1), lit observer qu'il n'existe pas une distinction de l'' ordre entre le système quartzo- schisteux et le terrain rhénan — le système ahrien, qui forme la partie supérieure du terrain rhénan, se trouvant intercalé entre deux séries de couches dont la faune est presque identique. (1) Sur le terrain nommé système ahrien par André Dumont. Bull. AcAD. DE Belg., 2e série, t. XVI, p. 289. ( 326 ) L'éminen t géologue terminai t sa lettre par cette réflexion : « Pourquoi le poudingue de Burnot, tel qu'il existe au bois d'Angre, entre Dave et Fond-de-Lustin, en un mot, sur le bord septentrional du bassin antliraxifère du Con- droz, ne représenterait-il pas tout le dévonien inférieur du bord sud du même bassin ? » Ce que M. Gosselet ne faisait qu'entrevoir et ne présen- tait que sous la forme d'hypothèse, en J868, il s'attache à le démontrer dans un remarquable mémoire qui a paru récem- ment et intitulé : le Système du poudingue de Burnot (1). Les faits que donne l'auteur, à l'appui de son opinion, sont de telle nature qu'ils exigent, pour être appréciés à leur juste valeur, un examen approfondi sur le terrain. « L'importance de ce travail, dit M. d'Omalius à l'Aca- démie (2), m'engage à le signaler à l'attention de nos géo- logues, car mon âge ne me permet pas de faire les explo- rations nécessaires pour juger toutes les innovations que propose M. Gosselet. » Une circonstance particulièrement favorable m'a permis, l'an dernier, d'entreprendre ces explorations : ayant été chargé de réunir, pour le Musée d'histoire, naturelle, la collection des roches du pays, j'ai eu ainsi l'occasion d'étu- dier sur place toutes les principales coupes publiées jus- qu'à ce jour sur nos différents terrains, et particulièrement celles qui se rapportent au mémoire de M. Gosselet dont il est ici question. Seulement, après avoir observé attentivement ces der- nières coupes à travers la bande septentrionale et après en avoir relevé moi-même de nouvelles, dont il sera parlé plus (1) Ann. des Sc.géoi, t. IV, pp. 31 et suiv. Paris, 1875. (2) Bull, de CAcad., t. XXXVII, 2<' série, p. 191 ; 1874. ( m ) loin, il devenait indispensable, pour apprécier l'interpré- tation de toutes ces coupes par M. Gosselet, d'observer à nouveau le rhénan de TArdenne auquel ce dernier géo- logue rapporte, comme il est dit plus haut, la plus grande partie de la bande septentrionale, alors que Dumont pen- sait, au contraire, n'y retrouver que l'étage quartzo-schis- teux inférieur de son système eifelien. C'est ce que je lis en relevant les coupes de l'Ardenne que Dumont s'est borné à décrire, sans les figurer, dans son mémoire de 1848, sur le terrain rhénan. La plus grande partie de ces coupes de Dumont, de même que celles de M. Gosselet et des autres géologues qui ont pu- blié, jusqu'à ce jour, sur la géologie de la Belgique, se trou- vent exposées dans les galeries du Musée, où l'on peut observer, sous chacune d'elles, la série des échantillons de roches disposés en gradins et représentant les différents faciès litliologiques de chaque coupe. L'examen comparatif des échantillons de roches se rap- portant aux coupes de l'Ardenne et de ceux de la bande septentrionale permet, assurément, de se faire une opi- nion bien nette sur la valeur des assimilations proposées par M. Gosselet. Non-seulement, en effet, les différents groupes, distin- gués par ce géologue dans la bande septentrionale, cor- respondent à ceux de l'Ardenne, mais tous ces groupes conservent, sur les deux bords opposés de notre bassin méridional, les mêmes relations stratigraphiques. Passons rapidement en revue chacun de ces groupes : \. Le poudingue d'Ombret de la bande septentrionale se trouve intercalé entre les schistes du Condroz, rapportés maintenant au ter- rain silurien et de Tarkose ou des roches psaramatiques verdâtres ( 328 ) et vacuolaires, qui ne rappellent en rien les roches rouges de Tétage E^ de Dumont, Il présente exactement les mêmes relations stratigraphiques et les mêmes caractères lithologiques que celui qui s'observe sur la bande méridionale, notamment à Fcpin ; au Marteau^ près de Spa; à Naux, sur la Semois; dans le bois de Gedinne et un peu au delà de la col- line de 7 dos sur TArablève, au S.-E. de Remouchamps. 2. Uarkose de Dave, qu'on exploite dans les carrières de cette lo- calité, est très-difficile à séparer du poudingue précédent. On voit généralement dans la même coupe le poudingue passer à Tarkose, comme, par exemple, sur le ruisseau de Dave dont JM. Gosselet donne également la coupe. J'ajouterai, néanmoins, que, chaque fois qu'il m'a été donné d'observer, dans la même coupe, le poudingue et Tarkose, celle-ci m'a toujours paru superposée au premier. L'arkose de Dave de M. Gosselet paraît quelquefois être plutôt un poudingue pisaire passant à l'arkose qu'une véritable arkose. Elle correspond minéi'alogiqucment et straligraphiqucmcnt à celle qui s'observe dans le rhénan de l'Ardenno, notamment à Fepin, où elle est exploitée; au champ d'iïarre, près de Grandménil; au Marteau, près deSpa; au nord de l'ancienne barrière de Transinne, sur la route de Tellin, où elle est également exploitée. On n'y a pas encore rencontré, dans la bande septentrionale, les empreintes végétales {f/alyseriles Dcchenanus) observées à Fcpin, sur la rive droite de la Meuse. 3. Les psammiles et schistes compactes de Fooz (hameau dépen- dant de Wépion) correspondent, d'après M. Gosselet, de même que les groupes précédents, au système gedinnien de l'Ardenne, dont ils représenteraient les assises désignées sous les noms de « Schistes ou phyllades de Mondrepuits « et de « Schistes ou phyllades bigarrés d'Oignies. « Tout en admettant, avec M. Gosselet, que les psammites et schistes verts de Fooz se rapportent au gedinnien de l'Ardenne, je ne crois pas que ce dernier soit, à beaucoup près, complètement représenté sur le bord nord du bassin méridional. Non-seulement son peu d'épaisseur, dans cette partie du bassin, paraît s'y opposer a priori, mais, comme les roches vertes s'obser- ( 329 ) vent à plusieurs niveaux dans rélage supérieur du gedinnien de l'Ardenne, il se pourrait bien que les psammites et schistes de Fooz ne correspondissent qu'à Tun de ces niveaux. Et comme dans les coupes de la bande septentrionale, les psammites et les schistes verts sont parfois remplacés par des schistes rouges et par des quart- zites (coupes de TEau d'Heure, et de la Sambre) ou associés à des schistes vacuolaires (coupe d'Ombret à Yernée), il semblerait que ce fût plutôt à la partie la moins ancienne de Pétage supérieur qu'il fau- drait rapporter les roches du groupe dont il s'agit. S'il en est ainsi, comme je suis porté h le croire, il en résulterait que la partie supé- rieure de l'étage inférieur du gedinnien et la plus grande partie de l'étage supérieur du même système constitueraient une lacune consi- dérable sur le bord nord du bassin méridional. i. Le grès du bois d' A us se, dans lequel sont ouvertes de nom- breuses carrières sur le bord nord du bassin septentrional, est rap- porté par M. Gosselet h l'étage taunusien du système coblentzien de l'Ardenne. Il en diffère cependant, comme Ta justement fait remarquer ce géologue, en ce qu'il alterne avec des schistes rouges. Il présente aussi ce caractère, non encore mentionné à ma connaissaricc, d'être en général légèrement pénétré de grains feldspathiques kaolinisés. En visitant une petite carrière abandonnée située à l'extrémité du bois de Tellin, sur le bord sud du bassin méridional, j'ai été parti- culièrement frappé de la grande ressemblance du grès blanc taunu- sien qu'on y a exploité avec celui du bois d'Ausse. J'ai été assez heu- reux pour y retrouver les traces de débris de végétaux déjà mention- nées par Dumont dans son mémoire de 1848, mais je ne sache pas que ces mêmes empreintes aient encore été retrouvées, jusqu'à pré- sent, sur le bord nord du même bassin. Quoique les fossiles animaux paraissent faire complètement défaut dans cette dernière partie, la présence de nombreux débris de végé- taux dans le groupe suivant (grès de Wépion) permet d'espérer qu'on retrouvera un jour les empreintes du grès taunusien de l'Ardenne dans le grès du bois d'Ausse, et qu'ainsi la paléontologie pourra se prononcer, à son tour, sur la valeur des assimilations établies seule- ment à l'aide des caractères minéralogiques et stratigraphiques. 5. Le grès de WépiotK d'un vert sombre ou d'un gris de fumée, est ( 550 ) rapporté par M. Gosselet au système ahrien de TArdenne. La seule différence qu'il présente, en effet, avec ce dernier, est d'alterner, comme le grès du bois d'Ausse, avec des schistes rouges. M. Gosselet a signalé, à la base du grès de Wépion, une couche très-riche en débris de végétaux dans la carrière du bois Collet, à Fooz-Wépion, et M. Crépin y a recueilli de nombreuses empreintes qu'il rapporte au Lepidodenclron Gaspianum, Daws. (1). Il est à remarquer qu'entre le grès ahrien de Wépion et le grès tau- nusien du bois d'Ausse, on n'observe pas de roches pouvant être assi- milées à l'étage hundsruckien du système coblentzien de l'Ardenne. M. Gosselet fait bien remarquer que ce dernier manque dans la bande septentrionale, mais il ajoute c< qu'il est plutôt remplacé par la partie inférieure du grès de Wépion, où se trouve des débris de Sagenaria. « C'est là, me semble-t-il, une hypothèse toute gratuite que ne justi- fient ni les caractères minéralogiques, ni les caractères paléontolo- giques. Il me semble plus rationnel d'admettre que l'étage hundsruc- kien constitue, de même qu'une partie du gedinnien, comme on l'a vu plus haut, une grande lacune sur tout le bord nord du bassin méridional. L'existence de ces lacunes peut seule expliquer comment les cou- ches quartzo-schisteuses n'ont que 2 kilomètres sur le bord nord du bassin méridional, alors qu'elles en ont le double sur le bord sud du même bassin. C'est par cette seule considération que M. Dupont a été porté à ad- mettre le parallélisme proposé par M. Gosselet (2). 6. Les schistes et grès rouges de Burnot de la bande septentrionale correspondent à ceux de Vireux dans la bande méridionale et le poudingue de Burnot lui-même, qui forme des couches subordonnées aux précédentes, trouverait son représentant, d'après M. Gosselet. (1) Observations sur quelques plantes fossiles des dépôts dévoniens rapportés par Diimont à Vêlage quarlzo-schislcux inférieur de son sys- tème eifelien. Bull. Soc. de Botanique de Belgique, t. XIV, pp. 214. 250, avec 6 planches, 187S. (2) Bull, de l'Acad., t. XXVII, 2« série, p. 196; 1874. ( 351 ) dans le poudingue de Wéris, couche subsidiare à la partie orientale de la bande des schistes et grès rouges de Vireux. 7. La grauwacke rouge de Rouillon^ formée de schistes arénacés et autres roches rouges, correspondrait à ce que M. Gosselet appelle « la grauwacke de Hierges. « Ici se termine rénumération des différents groupes reconnus par M. Gosselet dans la bande septentrionale que Dumont regardait comme exclusivement formée par Tétage quartzo-schisteux inférieur de son système eifelien (E'), alors, au contraire, que le rhénan de TArdenne s'y trouve également représenté, ainsi qu'on vient de le voir. On comprend, dès lors, pourquoi sur la carte géologique de la Belgique, la bande E^ présente des épaisseurs si disproportionnées sur les deux bords du bassin méridional. Les recherches de M. Gosselet auront donc pour principal résultat de diminuer considérablement l'épaisseur de notre terrain dévonien inférieur puisque la plus grande partie de l'E' du bord septentrional appartient au rhénan de l'Ardenne. Il me reste maintenant h faire connaître le résultat de mes propres observations sur les dépôts qui font l'objet de cette communication, en décrivant la coupe des tranchées du chemin de fer sur la ligne du Luxembourg, entre Naninnes et Assesse. Coupe des tranchées du chemin de fer, sur la ligne du Luxem- bourg entre Naninnes et Assesse. La coupe des tranchées du chemin de fer entre Naninnes et Assesse est d'autant plus intéressante qu'elle renferme le type de l'un des groupes de M. Gosselet, à savoir : le grès du bois d'Ausse. Les travaux exécutés récemment dans ces tranchées pour la pose d'une seconde voie m'ont permis d'en relever soigneusement la coupe sur la paroi aux dépens de laquelle s'est effectué l'élargissement des dites tranchées. ( 35â ) Une circonstance rend cette coupe plus importante encore pour apprécier la nouvelle interprétation que donne M. Gosselet des dépôts qu'el le comprend : c'est que M. d'Oma- lius me lit l'honneur de m'accorapagner dans une de mes courses entre Naninnes et Assesse, peu de temps avant que le mal qui l'emporta le retînt pour toujours captif au sol d'Halloy. C'était le 22 octobre 1875. Grâce à la bienveillante attention de la famille de l'illustre défunt, il m'a été donné de pouvoir prendre connaissance, dans le 3^ volume de ses notes manuscrites , du récit de notre « Course à Naninnes » comme l'intitule M. d'Omalius. Aussi, m'atta- cherai-je, en décrivant la coupe des tranchées que nous visitâmes ensemble, à reproduire, avec un soin scrupu- leux, les observations du maître. Quoique ces observations ne fussent probablement pas destinées à l'impression , elles ne peuvent manquer cependant de jeter un jour nouveau sur la question soulevée par M. Gosselet, en faisant com- prendre pourquoi M. d'Omalius ne pouvait se ranger com- plètement à l'opinion du savant géologue de Lille. Je vais passer successivement en revue chacune des tranchées du chemin de fer entre Naninnes et Assesse. 1» Tranchée au S.-E. de Na)iinne,s. Fig. 1. 1. Psammite blanc en voie de décomposition, incl. 65° S. 2. Psammite rouge et bigarré de verdâtre ayant une tendance à se diviser en feuillets minces et passant à une argile collante, incl. 50" S. 5. Psammite schistoïde altéré jaunâtre et verdâtre, incl. 40« S. 4-. Schiste grisâtre et légèrement rougcâtre, parfois géodique et fossilifère, notamment à la partie inférieure (supérieure sur la ( 333 ) coupe, puisque toutes les couches sont renversées). Incl. variant de 25 à 70" S. 5. Doloraie géodique avec traces de galène, à stratification confuse et presque entièrement cachée par les éboulis. 6. Roches rouges et blanches, en fragments anguleux fort altérés. 7. Grès et schistes blancs et rouges, renfermant d'abondantes traces de végétaux et passant à un poudingue qui renferme les mêmes végétaux. Incl. 20° S. La collection de végétaux fossiles, léguée au Musée par feu Tabbé Coemans, contient une empreinte qui portait l'indication de prove- nance bien vague :« entre Naninnes et Assesse. « C'est en recherchant le gisement exact de cette empreinte, avec mon collègue au Musée , M. Crépin, que nous avons trouvé le gîte de Naninnes derrière .et à l'ouest de la tranchée du chemin de fer. Les recherches de M. Crépin lui ont fourni une ample moisson d'empreintes parmi lesquelles il n'a cependant encore pu reconnaître que deux espèces {Lepidodmdron Gaspiamim, Daws., et Archaeocala- mites radiatus? Stur.) (1). 8. Schiste bleuâtre, onctueux, dont la stratification paraît bien être comme la feuillation. Incl. 25° S. Dans ma dernière communication à l'Académie (2), j'ai donné les raisons qui me font rapporter les couches n°' 1,2 et 3 à la partie supérieure de l'assise de iMonfort de l'étage des psammites du Condroz. J'ai fait remarquer aussi que M. d'Omalius croyait y voir un affleurement de la bande rhénane du Condroz. C'est la roche de Neuville, m'a-t-il dit dans la tranchée; or ce doit-être la roche de Neuville près Salm-Chàteau, qui est une arkose gedinnienne, et l'on verra plus loin, (1) Loc. cit. (2) Bull, 2'»c série, t. XL , p. 776. '2'"" SÉRIE, TOME XLI. 22 ( 33i ) dans les noies manuscrites de M. d'Omalius, que M. Gos- selet, consulté par ce dernier sur la roche blanche de Naninnes,lui répondit qu'elle avait quelque ressemblance avec l'arkose de Weisme. On comprend, dès lors, pourquoi M. d'Omalius ne pou- vait admettre la nouvelle interprétation de M. Gosselet sur le poudingue de Burnot. Cependant ; si les couches n"' 1 ,2 et 5 étaient bien rhé- nanes, comme le pensait M. d'Omalius, et formaient par conséquent la crête de partage des deux bassins, il s'en- suivrait nécessairement que les couches n*'' 4, 5 et 6 appartiendraient au bassin méridional. Or, c'est le con- traire qui a lieu, comme il est facile de le démontrer : le poudingue des couches n° 7 est tout à fait identique à celui qui s'observe sur son prolongement, notamment sur la rive gauche de la Meuse près de Wépion, entre le cal- caire de Givet qu'on y exploite et les schistes rhénans du Condroz. C'est donc bien le poudingue que Dumont rap- porte à son étage E*, en nous le montrant très-resserré sur le bord sud du bassin septentrional, et que M. Gosselet indique, sur sa coupe de la Meuse (1), comme se trouvant à la base du calcaire de Givet. Quel que soit l'âge de ce poudingue, il n'en reste pas moins établi qu'il se trouve dans le bassin septentrional, et comme on sait que les dépôts sont renversés dans cette partie du bassin, il s'en- suit que les couches n°' 4 et 5, qui les séparent des couches psammitiques n"" 1, 2 et 5, occupent bien, comme l'indique ma coupe, les dispositions respectives des schistes de Fa- menne (C*) et du calcaire de Givet (E^). Il en est de même (1) Loc. «7, pi. XX I,fig. 1. ( 535 } pour le calcaire carbonifère (assise VI? Dupont), qui affleure dans les tranchées au N-E de Naninnes. D'après ce qui précède, les schistes n*' 8 qui, sur ma coupe, surmontent le poudingue , sont inférieurs à ce der- nier et doivent être rapportés au rhénan du Condroz de la carte de Dumont. Et en effet ces schistes rappellent entiè- rement ceux qu'on observe sur le ruisseau de Dave, au-dessous des couches de poudingue et d'arkose du bord nord du bassin méridional et que M. Gosselet rapporte au terrain silurien. 2" Tranchée au A', de Sart-Bernard. Fig. 2. 9. Cette tranchée, séparée d'environ 1,000 mètres de la précédente, est formée exclusivement d'un schiste semblable au schiste n" 8 de la tranchée précédente, mais plus foncé, presque noir et se rcpprochant encore davantage des schistes noirs siluriens du ruisseau de Dave. Il se recouvre fréquemment d'une teinte rouge brunâtre ferrugineuse, provenant, sans doute, de la décomposition des pyrites dont on m'a signalé la présence dans cette tranchée, sans que j'aie pu vérifier le fait. La stratification est assez confuse, mais on y distingue, néanmoins, des bancs variant en inclinaison jusqu'à se rapprocher de la verticale. 3" Tranchée au S. de Sari-Bernard. Fig. 3. iO. Schiste noir alternant, à la partie supérieure, avec une roche quarlzeuse plus pâle en bancs variant en épaisseur de quelques cen- timètres à 0,50, inclinés de C0° S. au contact du poudingue. Les schistes ne sont en général inclinés que de 25° S. 11. Poudingue passant à l'arkose et formant un banc de 0,00 m. au contact des roches précédentes. ( 33(3 ) d2. Roches rouges el blanches décomposées, à stratification con- fuse. Incl. 15" S. Je range les couches nMO flans le silurien el les couches n**^ 11 et 12 dans le gedinnien , pour les même motifs que ceux qui ont fait assigner le même âge par M. Gosselet aux roches qui s'observent sur leur prolongement dans le ruis- seau de Dave. La '5^ tranchée est séparée de la précédente d'environ 500 mètres et de o50 mètres de la suivante. Avant de passer à l'examen de la 4^ tranchée, je crois utile de reproduire ici ce que dit M. d'Omalius, dans ses notes manuscrites, au sujet des trois tranchées qui viennent d'être étudiées : « La gare de Naninnes est creusée dans un massif composé de deux systèmes de roches différentes : l'un au nord est une roche quartzeuse blanche que je suis assez disposé à nommer grès, mais que l'on pourrait peut-être appeler psammite. car il serait possible que les grains de silice soient aussi accompagnés d'un pou d'argile blanche. M. Gosselet, à qui j'avais montré des échantillons de cette roche, a cru y trouver quelque ressemblance avec la roche de Weisme qu'il nomme arkose. Cette roche est en couches régulières peu épaisses, inclinées de oO à lîO degrés et s'appuyant sur le nord, c'est-à-dire sur la vallée de la Meuse , et par conséquent sur les dépôts carbonifères que l'on voit plus loin après un intervalle où l'on ne voit que du terrain cultivé. L'autre au sud et qui, par conséquent, s'appuie sur la roche blanche, est formée de matières qu'il est très-difficile de nommer, car on peut y voir plusieurs substances qui passent de l'une à l'autre. Je suis tenté de dire que la masse prin- cipale peut-être considérée comme un phyllade altéré passant aussi au psammite. Le tout a cette structure schistoïde à grands feuillets qui caractérise les phyllades. La couleur de ce dépôt est bien variable : il a souvent une teinte rougeâtre passant au gris, au jaunâtre et au blanchâtre. Nous n'avons pu observer ce dépôt que par une exploitation qui venait d'être faite, parce que la roche s'altère bientôt par les actions météoriques, de sorte que les parties de la tranchée faites il y a vingt ans ne présentent plus qu'un mur d'un gris brunâtre comme presque toutes nos couches siliceuses. Un peu plus loin, une coupe fraîche nous a fait voir un dépôt rougeâtre que je rapporte tout à fait au système du poudingue de Burnot, mais on n'y voit pas de ces roches du vrai poudingue comme il y en a sur les bords de la Meuse. Ce sont, au contraire, principalement des matières meubles, sableuses, schisteuses, mais il y a cependant des parties composées de petits fragments pierreux qui rappellent le poudingue. On voit aussi dans cette partie un banc de ( 337 ) schiste noir. On voit ensuite sur une assez grande étendue, interrompue par l'absence de tranchées, des schistes bruns-jaunâtres qui n'ont phis les grands feuillets desphyllades de la gare, mais qui se délitent en parallélipipèdes (ce sont les schistes n"8 de la ['"' tranchée). Après cette interruption où le chemin de fer est en remblai, on entre dans les tranchées de Sart-Bernard. presque entièrement creusées dans le schiste noir, lequel cependant passe au brun dans la ti-auchée du midi. Il y a aussi dans cette dernière tranchée des bancs de roches très-cohérentes, notamment deux bancs de poudingue et d'autres de psammites. » i» Tranchée du bois d'Ausse. Fig. i. 15. Schiste grossier gris-verdàlre alternant, vers la partie supé- rieure, avec des bancs de grès blanc. 14. Grès blanc en bancs généralement très-peu inclinés et parfois très-épais, devenant rougeâtres et se décomposant en passant à des roches blanches et rouges, ces dernières dominant sur certains points de la tranchée. Il est pénétré de parcelles feldspathiques sans passer pour cela à une véritable arkose, et ressemble souvent à un ((uartzilc. Je rap- porte, avee M. Gosselet, les roches de la tranchée du bois d'Ausse à rétage taunusien du système coblentzien de IWrdenne avec lequel elles ne diffèrent que par la présence de roches rouges intercalées. La 4.6 tranchée n'est séparée que de 500 mètres de la suivante. o" Tranchée au S. du bais d'Ausse. Fig. 0. 15. Grès blanc et rouge passant à Tarkose en bancs paraissant fortement inclinés et se décomposant fréquemment sous la forme d'une argile blanchâtre et rougeàtrc, et d'autrefois sous la forme de sable blanc légèrement pailleté. 15'. Sable blanc légèrement pailleté, provenant sans doute de la décomposition de quelque roche avoisinante et paraissant différer des sables n» 16. Ce sable renferme de nombreux cailloux roulés formés aux dépens des grès et schistes grossiers du bois d'Ausse. D'autres cailloux roulés, souvent cimentés par de la limonite et ( 358 ) passant à un conglomérat ferrugineux, rappellent entièrement les cailloux du poudingue gedinnien passant à Tarkose. 15". Blocs de poudingue gedinnien passant à Tarkose. 16. Sables blanc et jaune renfermant des blocs épars assez volumi- neux de grès ferrugineux passant à la limonite et se présentant sous la forme de pierres plates. N3. Une couche peu épaisse de limon avec sables argileux rema- niés s'observe à la partie supérieure de la tranchée, sur toute lon- gueur de celle-ci. J'avais d'abord rapporté les couches n" 15 au grès du bois d'Ausse, mais ayant eu l'occasion de les examiner à nouveau depuis que la paroi occidentale de la tranchée fut entamée, j'ai pu y reconnaître la présence de l'arkose qui m'avait échappé d'abord. Ayant soumis un échantillon de la roche, provenant de l'extréinité nord de la tranchée, à M. l'abbé Renard, l'un des auteurs du Mémoire sur les roches plutoniennes ou considérées comme telles de la BeUjigue et des Ardennes françaises, vdd^mm^ni couronné par l'Académie, ce savant lithologiste a confirmé la détermination de « grès passant à l'arkose » qui accompagnait l'échantillon, en ajoutant : « C'est bien une arkose (sans mica) et dont la nature est élastique. Les grains de quartz que j'ai pu observer à la loupe et au microscope ont les caractères fragmentaires tels qu'on les voit dans les roches élastiques. » On le voit, la roche n*' 15 est tout à la fois feldspa- thique et élastique et je n'hésite pas à la rapporter au sys- tème gedinnien de l'Ardenne, ramené au jour, en ce point, par une faille. Sans cette interprétation, il ne me semble pas possible d'expliquer la présence, dans les sables de la tranchée, des blocs de poudingue feldspathique gedinnien n° 15". En ( 339 ) efFet, si ces blocs ne se rapportaient pas à des roches sous- jacentes, il faudrait supposer qu'ils ont été amenés aux points où on les observe par des courants quaternaires. Or ces courants s'étant produits, comme me l'a fait observer M.Dupont, du sud au nord, il s'ensuit que les blocs en ques- tion ne pourraient provenir de la bande gedinnienne qu'on a vu affleurer dans la tranchée au sud de Sart-Bernard. Entre la tranchée précédente et la suivante, la voie ferrée est en remblais, mais il est à remarquer que la carte géologique de la Belgique signale précisément, en ce point, l'absence du calcaire de Givet (E^). Cette interruption dans la bande E^ ne dénote-t-elle pas de puissantes actions mé- caniques qui rendent plus certaine encore l'existence d'une faille entre les deux tranchées précédentes? 6» Tranchée à VE. de Courrière. Celte tranchée, formée exclusivement par l'étage dévo- nicn des psammites du Condroz (C^), a déjà été décrite et figurée par une coupe dans un précédent mémoire {Bull., 2^série, t. XXXIX; mai 1875). Elle est séparée de 600 mètres de la précédente, et de 500 mètres de la suivante. 7" Tranchée au N.-O. d'Assesse. Fig 6. Quoique cette tranchée n'ait pas directement trait à la question qui fait l'objet de cette communication, je ne crois pas inutile d'en donner ici la coupe, par la raison que c'est la seule qui n'ait pas été publiée de toutes celles qui se trou- vent entre Naninneset Chapois (l.eignon), c'est-à dire sur ( 340 ) une longueur de plus de 22 kilomètres. Voici cette coupe : 1. Limon brun avec cailloux roulés à la base. 2. Calcaire carbonifère (assise VI? Dupont). 5. Sables blanc et jaune. A. Argile d'un bleu pâle avec des parties d'un noir foncé par places. 5. Limonite concrétionnée et terreuse. 6. Schistes noirs décomposés avec blocs de phtanite disséminés dans la masse. 7. Schistes décomposés. 8. Schistes noirs décomposés, passant à une argile bleue et parfois jaune avec blocs de phtanite disséminés dans la masse. 9. Idem, avec rangées de psammite micacé schistoïde d'un bleu pâle à la partie inférieure ; zonaires et parfois colorés en rouge. 10. Schistes décomposés et transformés partiellement en une argile bleue, dans laquelle se détachent des lignées de psammite zonaire en voie de décomposition — d'un bleu pâle vers le bas. 11. Schistes décomposés, recouverts en majeure partie d'éboulis. Reprenant maintenant les notes manuscrites de M. d'O- malius au point où elles ont été interrompues, on y lit ce qui suit, relativement aux quatre dernières tranchées : « Après une nouvelle interruption, on arrive aux belles tranchées du bois d'Ose où la couleur blanche est dominante, mais où il y a aussi de temps en temps des parties rouges. Ces matières sont généralement siliceuses, souvent dures, meubles, mais présentent beaucoup de couches cohérentes de grès blanc passant quelquefois au quartzite et d'autre fois au psammite. Quand on arrive au sommet du plateau, on voit que les roches cohérentes sont recouvertes par de puissants dépôts de sables qui ressemblent à nos sables de filons, et lorsque les roches solides paraissent dans ces sables au pied de la tranchée, on voit que c'est plus souvent un grès ou psammite rouge plutôt que du grès blanc. Vers la tranchée du Vivier Agneau , on ne voit plus que les sables et il y a un endroit où ils constituent des de limonite très-cohérente et très-tenace. Plus loin, vers Corioule, on voit les psammites du Condroz de couleur jaune brunâtre; ensuite, dans une coupe très-puissante de terre jaunâtre, paraît un rocher de calcaire carbonifère et enfin le terrain houiller d'Assesse. » ( 341 ) Observations sur les affletirements qiiartzo- schisteux de Wiheries et de Monlignies-sur-Roc. Depuis que cette communication a été présentée à TAca- démie, j'ai eu l'occasion d'observer à nouveau, en com- pagnie de M. l'ingénieur Cornet, les affleurements de Wiheries et de Montignies-sur-Roc. Comme ces affleu- rements occupent la partie la plus occidentale de notre pays où se montrent les roches qui correspondent ou paraissent devoir se rapporter à celles qui font l'objet de cette communication, je crois utile de donner ici le ré- sultat de mes observations sur ces dépôts d'un âge litigieux. 1° Affleurements de Wiheries. Un peu au nord ainsi qu'à l'est et tout à côté du clocher de Wiheries, se trouvent (le grandes carrières à pavés ouvertes dans un grès variant du gris bleuâtre au gris verdàtre, prenant parfois la tex- ture d'un véritable quarlzite, mais se présentant généra- lement en bancs peu inclinés et très-fissurés, ce qui s'op- pose souvent à l'exploitation. Plus au nord, ce même grès s'observe encore le long (lu chemin et dans quelques petits déblais où il semble passer parfois à une roche verdàtre, grossièrement schis- teuse, présentant fréquemment à la surface de petites cavités et de légers enduits onctueux. Des roches analogues s'observent aussi parmi les éboulis des carrières. Le point le plus septentrional où il nous a été donné d'observer le grès de Wiheries est à une centaine de mètres de ces petits déblais, dans le lit du. ruisseau où la roche est altérée et recouverte quelquefois de petites taches limoniteuses. Je dois ajouter que le caractère qui m'a le plus frappé dans ( 342 ) h roche de Wiheries, c'est l'abondance de grains feldspa- ihiqueskaolinisésdont elle est pénétrée et que je m'étonne de ne voir mentionnée nulle part. Les auteurs sont loin d'être d'accord sur l'âge de cette roche : Dumont l'indique, sur la carte géologique de la Belgique, comme étant le prolon- gement de la bande rhénane du Condroz qu'il rapporte à son système coblentzien. Comme la partie schisteuse de cette bande rhénane est maintenant rangée dans le terrain silurien, M. Malaise croit pouvoir assimiler également à ce terrain la partie quartzeuse de la même bande rhénane, qu'il comprend sous le nom de massif de Dour et dans laquelle il croit re- trouver son assise I ou de Blanmont (î). M. Gosselet, au contraire, y voit « les grès vert sombre et gris de la zone de Wépion, » c'est-à-dire le système ahrien de Dumont. .Je pense que c'est à tort que Dumont et, après lui, M. Malaise ont considéré les roches quartzeuses du massif de Dour comme le prolongement des schistes rhénans ou siluriens du Condroz. Il ne me semble pas douteux que ces roches appartiennent, par leurs caractères minéralo- giques, au rhénan de l'Ardenne, et toute la question me paraît être de savoir si elles sont ahriennes, comme le pense M. Gosselet, ou coblentziennes, comme l'indique la carte géologique de la Belgique. Sans vouloir me prononcer définitivement sur ce dernier point, je ferai remarquer, néanmoins, que si le grès de Wiheries était bien ahrien, cela montrerait que les roches de ce dernier système présentent dans le Condroz une (1) Description du terrain silurien du centre de la Belgique. Mém. COUR. ET Mém. des sa V. étrang., t. XXXVII, p. 67; 1875. ( 345 ) analogie de plus avec celles du système coblenlzieii dans la même région. Non-seulement, en effet, elles y alternent les unes et les autres avec des roches rouges, mais la pré- sence du feldspath, sous la forme de parcelles kaoliniques répandues dans le grès, ne serait plus spéciale, comme je l'avais pensé d'abord, aux roches du système coblentzien. Cependant, s'il m'a été possible de constater la pré- sence de ce feldspath dans les roches taunusiennes, no- tamment : 1° dans la bande septentrionale, sur la Sambre, sur la Meuse, au bois d'Ausse, sur le ruisseau de Grand- Pré, sur le ruisseau de Falogne; S"* dans la bande méri- dionale, au sud de Felennes, au N.-O de Sugny (France), à la barrière d'Herbaimont et au nord de Bastogne; il n'en a pas été de même pour les roches rapportées au système ahrien dans ces deux bandes. Je n'ai trouvé, en effet, d'indices de feldspath dans ces dernières (|ue sur TAmblève, dans un grès verdàtre, et encore n'oserais-je affirmer que le grès feldspalhique soit bien ici incontestablement ahrien. Le grès gris bleuâtre exploité sur le ruisseau de Grand-Pré, dans une petite carrière, au delà de l'abbaye, contre la route, présente certains traits de ressemblance avec la roche à pavés de Wiheries. La description trop succincte que donne M. Gos- selet (Loc. clt, p. 6), de la coupe du ruisseau de Grand-Pré, ne permet pas de décider si le grès dojjt il s'agit est ahrien ou taunusien. J'avais cru y reconnaître d'abord la présence du feldspath, mais un nouvel examen m'a mon- tré sa nature exclusivement quartzeuse. Le grès de Wiheries ondule sur une assez grande lon- gueur et repose, vers le nord, sur le terrain houiller, mais à mesure (|u'on s'avance dans la direction opposée, il s'en montre séparé par une assise formée d'un schiste quart- ( 344 ) zeux grossier, gris bleuâtre foncé, qui devienl de plus en plus puissante vers le sud. M. Cornet, qui a bien voulu me communiquer des échantillons de cette roche problématique, m'a dit qu'elle atteint déjà la puissance de plus de 50 mètres au puits n** 6 du charbonnage de Bellevue, situé au nord de Wiheries. On ignore à quel terrain doit se rapporter cette roche dont je ne connais pas d'analogue dans la collection du Musée. 2" Affleurements de Montignies-sur-Roc. En allant de Wiheries à Montignies-sur-Roc, on ne rencontre d'affleu- rementqu'au nordde cette dernière localité. Ce sont encore des carrières à pavés, mais ouvertes, cette fois, dans un grès plutôt rosàtre que rougeàtre et qui est, comme la roche de Wiheries, tout pénétré de parcelles blanches de kaolin. Ces caractères, que je n'ai pas encore rencontrés jusqu'ici dans les roches eifeliennes, semblent porter à considérer le grès rosàtre dont il s'agit comme se rap- portant plutôt au rhénan de l'Ardenne qu'à l'étage eifelien E' de Dumont (1). Au village de Montignies-sur-Roc s'observent des schistes rouges, bigarrés de vert, souvent celluleux, avec bancs de grès rouges passant au poudingue pisaire. On voit bien les ondulations de ces roches en longeant le ruisseau. Ces roches sont rapportées à l'assise de Burnot; mais on observe, néanmoins, quelquefois des (1) Ce grès à pavés rosàtre se montre généralement surmonlc de marne crétacée à Terebratulina gracilis , dans les carrières où on IVxploite. M. Cornet m'a appris que c'est dans les anfractuosilés de ce grès que se trouve le gompholile du lonrlia de Montignies-sur-Roc, roche si cèièbie par l'abondance exceptionnelle de ses fossiles en cet endroit Tonve.XfJ ,St6. Fio;.3 TrajichcoauSdeSart-Bernanl. Fiç-2Tranchccau\xkS'nrt-Bernarurll,r T cnrhonifin m G£t^enjàrodcJivl^nb e*t ( 345 ) roches tout à l'ait semblables dans les assises inférieures sur la bande septentrionale. C'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple, qu'au S.-E. de Remouchamps, des schistes rouges, bigarrés de vert, alter- nent avec le grès taunusien sur l'Amblève. J'ajouterai que j'ai pu constater également la présence du feldspalh sur un bloc de poudingue pisaire recueilli par moi au milieu des roches rouges de Montignies-sur-Roc. On sait, en outre, que le véritable poudingue de Ruruot n'apparaît que beaucoup plus au sud, à deux kilomètres de ce dernier village, où il forme l'escarpement connu sous le nom de Caillou qui bique, et au delà duquel MM, Cornet et Briart ont pu constater récemment l'existence des couches à calcéoles (1). Lettre sur la structure des taches solaires, adressée à M. F. Folie par M. l'abbé Spée, attaché à l'observatoire du collège romain. La structure des taches solaires est une question qui, bien qu'étudiée par les savants les plus éminents, n'a pas encore de solution généralement admise. M. Gilbert, dans un travail très-remarquable sur la constitution physique du soleil, publié dans la Revue Catholique de Louvain, a dit à propos des théories émises par les premiers astro- nomes de notre temps au sujet des taches, que celle de M. Faye, qui les considère comme des tourbillons compa- (1) Note sur la découverte de l'étage du calcaire de Couvin ou des schistes et calcaire à Calceola sandalina dans la vallée de VHogneau. Ann. de la Soc. géol. de Belg., t. I, p. 8; 1874. ( 346 ) f ables aux cyclones de nos régions tquaioiiaies, présentait un caractère de simplicité et un enchaînement remarqua- bles; et tout en reconnaissant que cette théorie, défendue du reste par son auteur avec un talent incontestable, don- nait encore lieu à de très-sérieuses objections , le savant professeur semble incliner vers elle plutôt que vers toute autre. Depuis que je me trouve à Tobservatoire du collège ro- main, c'est-à-dire depuis près d'une année, j'ai suivi avec beaucoup d'attention les travaux qu'on y exécute sur les taches et les protubérances, et je dois dire que devant les faits que j'ai eu l'occasion de constater, la manière de voir du célèbre membre du bureau des longitudes ne me paraît plus admissible. Nous approchons, vous le savez, par rapport aux taches et aux protubérances, du minimum de la période undécen- nale, période depuis longtemps soupçonnée et aujourd'hui très-bien connue, grâce aux travaux de M. WolfTde Zurich, de Lamont, de Sporer, de Secchi, etc. Depuis des mois le soleil se trouve dans un état de repos et de calme presque complet : les protubérances sont rares, de peu d'élévatio et l'analyse spectrale n'y découvre que l'hydrogène et y hélium, qui accompagne presque toujours ce corps et semble constituer avec lui toute la chromosphère. Les taches sont pour ainsi dire insigni liantes : des jours se passent sans qu'on en aperçoive une seule, et quant à celles qui apparaissent, elles sont de petites dimensions et nulle- ment comparables à ces belles et grandes cavités qui don- nèrent lieu, il y a quelques années, à de si belles recher- ches spectrales. L'illustre directeur de l'observatoire du collège romain voit dans les taches un phénomène éruptif, et une des ( 347 ) preuves qu'il apporte à l'appui de sa théorie est la coïnci- dence qu'il a constatée entre les taches et certaines protu- bérances: chaque fois que sur le bord oriental du soleil se montraient des flammes dans lesquelles le spectroscope dénonçait la présence de corps métalliques différents de l'hydrogène, une tache apparaissait quelque temps après à la même latitude héliocentrique. Cette coïncidence, dont la collection des dessins con- servés à l'observatoire et exécutés avec la plus scrup^uleuse exactitude, offre de fréquents exemples, vient de se véri- fier une fois de plus dans des conditions très-remarquables. Depuis plusieurs jours, on n'avait vu dans le soleil que quelques facules et quelques pores : les protubérances étaient toutes hydrogénées. Le 17 de ce mois, la surface de l'astre n'offrait rien de particulier et le dessin pris par projection, au réfracteur de Cauchoix, n'avait que quel- ques facules, réparties en deux groupes principaux, l'un à l'est, l'autre à l'ouest, et tous deux à une certaine distance du bord. Au spectroscope, une belle protubérance, ayant tous les caractères d'un phénomène éruptif, apparut au bord oriental. Les jets sortaient de la chromosphère vifs et nombreux et leurs formes variaient à de si courts inter- valles, qu'en une heure le P. Ferrari , l'habile assistant du P. Secchi, en fit cinq dessins présentant tous de profondes modifications. M. Tacchini de Palerme, qui s'est acquis une si grande renommée par ses travaux sur la physique solaire, se trou- vait précisément à l'observatoire et suivit avec nous toutes les phases du phénomène. Bien qu'on ne pût découvrir les raies du magnésium, ce qu'il faut attribuer soit à l'état de l'air, soit au peu d'importance relative de l'éruption, les caractères de la protubérance ne permettaient pas de ( 348 ) doutes et la tache devait suivre. On releva avec le plus grand soin la position héliocentrique de la protubérance et le 18 au matin la tache entrait sur le disque exactement à la même latitude. De plus, dans la même région, au bord, on voyait encore quelques jets, indices d'un reste d'agita- tion, et le d9, on pouvait voir derrière la tache une série de petits pores parfaitement définis. La rareté des taches donne à celles qui se montrent un intérêt tout particulier; et tout le monde reconnaîtra que la théorie qui, dans les circonstances où se trouve actuellement le soleil , permet de prédire leur apparition, acquiert par ce fait seul une très-grande probabilité. La coïncidence entre les taches et les protubérances métalli- ques existe : il est impossible de la mettre en doute. Or, cette coïncidence ne peut être l'effet du hasard; une con- nexion intime doit se trouver entre les deux phénomènes et cette connexion a son explication toute naturelle dans l'hypothèse du P. Secchi. Je saisirai cette occasion pour vous décrire le mode adopté actuellement à l'observatoire pour dessiner les pro- tubérances; ce mode est des plus simples et cependant je ne crois pas qu'on le suive ailleurs. Le spectre est un spectre de diffraction, obtenu au moyen d'un réseau. L'image focale du soleil formée par l'objectif du grand équatorial de Mertz est reçue sur la fente. Une ouverture ménagée latéralement à cette hauteur dans le tube et fermée par un verre coloré qui adoucit la lumière, permet de constater immédiatement si l'image est tangente à la fente. Les rayons transmis tombent sur une plaque métallique d'un pouce carré environ et contenant 4,000 lignes parfaitement égales et rigoureusement paral- lèles. Cette plaque a été gravée par M. Rutherfurd et est ( 549 ) un don de cet artiste distingué au R. P. Secchi. Les spec- tres sont magnifiques d'éclat et de grandeur : celui de 5'' rang équivaut à la dispersion de six prismes de flint. Pour l'étude des protubérances on ne peut dépasser le 2^ spectre dont le rouge se trouve déjà mêlé au violet du premier. Mais le P. Secchi remédie à cet inconvénient en plaçant devant l'oculaire un verre coloré en rouge. Pour éviter, ou mieux pour retarder autant que possible l'oxy- dation de la plaque, on la tient renfermée dans un petit tambour, qu'on ouvre pour l'observation. Les images des flammes hydrogénées sont prises dans la région rouge du spectre (C= Ha); elles sont beaucoup plus nettes et plus vives que celles données par des prismes , ce qui est du à l'absence d'absorption des rayons lumineux : le poids du système est aussi beaucoup moindre, circonstance très- favorable au maintien de l'équilibre de la lunette. S'agit-il d'une protubérance métallique, le collimateur oculaire peut se mouvoir de manière à recevoir les divers rayons du spectre. Le tube qui porte la fente, le miroir et l'oculaire est muni d'un cercle gradué, dont les divisions servent à fixer la position des protubérances, par rapport à un dia- mètre déterminé; la position définitive est calculée au moyen des tables. Ce tube, qui remplace l'oculaire de l'équatorial , tourne autour de l'axe de cet instrument, et par cette combinaison la fente peut occuper successive- ment toutes les parties du disque solaire. Depuis la mémorable découverte de M. Janssen et de M. Lockyer, découverte qui a permis d'étudier en tous temps les protubérances , le R. P. Secchi a commencé ses observations au moyen de différents spectroscopes, presque tous de son invention. Ce travail n'a pas été interrompu et tous les jours, lorsque le temps le permet, on prend à l'ob- 2"^ SÉRIE, TOME XLI. 25 ( 550 ) servatoire le dessin du contour du soleil. Ces dessins, dont la science a déjà su tirer de féconds résultats, forment cer- tainement une des plus complètes et des plus précieuses collections qu'on possède actuellement. — La classe s'est constituée ensuite en comité secret, afin de s'occuper de son programme de concours pour l'année prochaine. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1877. La classe a fait choix des questions suivantes pour ce programme : SCIENCES MATHÉMATIÛUES ET PHYSIQUES. PREMIÈRE QUESTION. Résumer les travaux qui ont paru sur la théorie des fractions continues, et la perfectionner en quelque point important. DEUXIÈME QUESTION. Examiner et discuter, en s'appuyant sur de nouvelles expériences, les causes perturbatrices qui influent sur la détermination de la force électro-motrice et de la résis- tance intérieure d'un élément de pile électrique; faire coU' naître en nombres ces deux ([uantités pour quelques-unes des piles principales. ( 35i ) THOISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches pour établir la composition et les rapports mutuels des substances albu- minoïdes. SCIENCES NATURELLES. QUATRIÈME QUESTION. Établir, par des observations et des expériences directes, les fonctions des divers éléments anatomiques des tiges dicotylédones, spécialement en ce qui concerne la circula- tion des substances nutritives et l'usage des fibres du liber. CINQUIÈME QUESTION. La vésicule germinative se comporte-t-elle dans les œufs qui se développent sans fécondation préalable (par parthé- nogenèse) comme dans les œufs fécondés? SIXIÈME QUESTION. On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des algues. Le prix pour la première et pour la sixième question sera une médaille d'or de la valeur de six cents francs,- ce prix est porté à huit cents francs pour la quatrième et pour la cinquième question, et à mille francs pour la DEUXIÈME et pour la troisième question. Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour- ront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, à M. J. Liagre, ( 352 ) secrétaire perpétuel de TAcadéraie, au Musée, avant le 1" août 1877. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi- quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'ad- mettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leuradresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les mémoires rerais après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du con- cours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. ( 353 .) CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 février 1816, M. Faider, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez, Gachard, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, Tho- nissen. Th. Juste, le baron Guillaume, Alph. Waulers, A. Wagener, membres; J. Nolet de Brauwere Yan Stee- land, Aug. Sclieler, Alph. Rivier, associés ;F. -5. Heremans, Perd. Loise, Ch. Piot, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal, en date du 13 janvier dernier, qui détermine le costume que les membres de l'Académie auront la faculté de porter dans les cérémonies officielles. — M. le Ministre demande que la classe lui soumette une nouvelle liste comprenant au moins quatre noms, pour remplacer les membres du jury de la cinquième période du concours quinquennal des sciences morales et politi- ques qui n'ont pu accepter leur mandat. (554 ) — Le même haut fonclionnaire envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire du tome II des Docu- ments diiXVP siècle, faisant suite à l'inventaire des chartes appartenant aux archives de la ville d'Ypres, et publiés par .l.-L.-A. Diegerick; in-8^ — Remercîments. — Le comité organisateur de la 3' session du Congrès international des orientalistes annonce l'ouverture de cette session à Saint-Pétersbourg le 1*=" septembre 1876. — M. le secrétaire perpétuel présente l'Annuaire de l'Académie pour 1876. Ce recueil renferme les notices né- crologiques, avec portraits, de MM. Adolphe Borgnet, par M. Alphonse Le Roy, Ch. Bosselet, par M. le chevalier de Burbure, et J.-B.-J. d'Omalius d'Halloy, par M. Edouard Dupont. — M. F. Carrara, associé, fait hommage du volume VI (partie spéciale) du Programme de son cours de droit cri- minel, professé à l'université de Pise; in-8°. M. Thonissen offre, au nom de M. Charles Desmaze, as- socié, un exemplaire des ouvrages intitulés : 1° Les Métiers de Paris d'après les ordonnances du Châtelet, avec les sceaux des artisans j in-8°; 2" L'Université de Paris (1200-1875), e;c.;in-12. Il dépose sur le bureau, de la part de l'Académie de ju- risprudence et de législation de Madrid, les n°' % 5, 4- et 5 délai"" année de la Revue publiée par cette institution, ainsi que le mémoire lu en la session 1874-1875 par D. F. Javier Ugarte y Pages, 4 cahiers in-8°. M. J. Nolet de Brauwere van Steeland fait hommage, au nom du D" Jean-J.-F. Wap, des ouvrages suivants : Ge- schiedenis van het land en des heeren van Cuyk; in-4*'; ( 35d ) — Bloemlezing. Honderd stuks uit de poëzij mijner laat» ste 25^^9 jaren; in-S**; — Sophocles Antigone^ naar de koren van D"" Félix Mendelssohn-Bartholdy; in-8°; — Pieter en Jacob Andries Weiland; in-8°; — Zeventig lofzangen der katholijke kerk ; in-12. M. Éd. de la Barre Duparcq, du corps du génie militaire français, à Brest, adresse un exemplaire de son Histoire de Charles IX. La classe vote des remercîraenls aux auteurs de ces dons et décide le dépôt de leurs ouvrages dans la bibliothè- que de l'Académie, après inscription au bulletin de la séance. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre de M. X. Heuschling, directeur honoraire au Ministère de l'Intérieur, faisant connaître la distinction accordée par l'Académie des sciences uj(»rales et politiques de Paris au travail de M. Antony Rouillet, avocat, ancien conseiller de préfecture à Paris, sur la densité de la population en Europe. M. le baron Guillaume soumet à l'appréciation de la classe un mémoire manuscrit portant pour titre : Histoire de l'infanterie wallonne sous la maison d'Espagne (loOO- 1800). MM. Gachard, Wauters et le baron Kervyn de Let- tenhove sont chargés d'examiner ce travail. ÉLECTIONS. Conformément à l'article 41 du règlement général, la classe procède au renouvellement de sa Commission spé- ciale des (inances pour J876. MM. Chalon, Conscience, ( 356 ) De Decker, Faider et Gachard, membres sortants, sont réélus. Elle désigne M. le baron Guillaume pour remplacer M. Faider comme délégué de la classe auprès de la Com- mission administrative. Elle procède ensuite à l'élection de trois membres qui, avec les trois membres du bureau , composeront le comité chargé de la formation de la liste des candidats aux places vacantes, ainsi qu'à la désignation de quatre nouveaux noms à soumettre à M. le Ministre de l'Intérieur, pour remplacer les membres du jury actuel du concours quin- quennal des sciences morales et politiques qui n'ont pu accepter leur mandat. FONDATION d'uN PRIX DÉCENNAL DE LITTÉRATURE FLAMANDE PAR M™' \' Bergmann. Par dépêche du 10 décembre 1875, M. le Ministre de l'Intérieur avait adressé, en communication, la lettre sui- vante de la dame Anton Bergmann, de Lierre, témoi- gnant l'intention de faire donation à l'Académie de la somme de cinq mille francs, montant du prix quinquennal de littérature flamande récemment décerné à l'œuvre, Ernest Staas, schetsen en beelden, de feu son Mari. Nazareth bij Lier, den 21 octol)er 1875. MlJNHEER DE MiNISTER , Ik heb de eer het volgende voorslel aan uvve goedkeuring te onderwerpen. De somme van vijf dtnzend franken , door mij onlvangen van den vijfjaarlijkschen prijsvoor Nederlandscheletterkunde, ( 3S7 ) aan het werk Ernest StaaSj schelsen en beelden , van mijnen op 21 Januari 1874 te Lier overleden Echtgenoot, Anton Bergmann, door het staatsbestuur toegewezen, zal door raij aan de Koninklijke Académie van w etcnscliappen, letteren en schoone kunsten van België worden geschonken, ten einde, daarraede eenen lienjaarlijkschen prijs te stichten, die den iiaam zal dragen \ an prijs Anton Bergmann, ter nagedach- tenis van mijnen diep betrcurden echtgenoot. De prijs zal bestaan in de gedurende tien jaren verzamelde interesten van de boven genoemde somme van vijf duizend frank, en om de tien jaar worden verleend aan de beste in het Nederlandsch geschrevcn Geschiedenis van eene stad of eene gemeente van ten minstc vijf duizend inwoners der vlaamschsprekende gewesten van België, gedurende een tijdperk van tien jaren uitgekomen. Het aanmoedigen van schrijvers van plaatselijkc geschiede- nissen werd door mij verkozen, omdat wijlen mijn Echtgenoot levens het vak der historié beoefende en eene geschiedenis van zijne geboortestad Lier vervaardigde. In het eerste tienjarig tijdperk zullen naar den prijs dingen de geschiedenissen van steden of gemeenten, die tôt de pro- vincie Anticerpen bchooren. In het tweeds tienjarig tijdperk, die van steden of gemeen- ten der provincie Brabant. In het derde, die van steden of gemeenten der provincie Oost-Vlacmderen. In het vierde, die van steden of gemeenten der provincie West-Vlaanderen. En in het vijfde, die van steden of gemeenten der pro- vincie Limburg. Voor de volgende tijdperken zal dezelfde orde worden ge- volgd. De jury, gelast met het toewijzen van den prijs, zal bestaan uit vijf leden, door het staatsbestuur, op voordracht eener (358) lijst van candidaten in dobbel getal door de koninklijke Aka- demie opgemaakt, te benoemen. Mocht geene der gediirende het tienjarig tijdperk uitge- komen geschiedenissen door de jury der bekrooning worden waardig geoordeeld, dan zullen de interesten bij het kapitaal worden gevoegd , en de prijs voor het volgende tijdvak met de interesten van den niet (oegewezen prijs worden vermeer- derd. In dit geval zal de volgende provincie aan de beurt wezen. Gaarne zou ik vernemen, Mijnheer de Minister, of het door mij gedane voorstel onder de voorwaarden, die ik zoo vrij ben u hierboven op te geven, door U worde aangenomen. Aanvaard, Mijnheer de Minister, de betuiging mijner bijzon- dere hoogachting. Weduwe Anton Bergmann, Geb. Van Acrer. La classe avait chargé trois de ses membres, MM. Fai- der, De Decker et le baron Kervyn de Lettenhove, de lui faire un rapport sur cette communication. M. Faider annonce qu'il s'est entendu sur ce sujet avec ses collègues. Il donne connaissance des résolutions sui- vantes que la classe approuve, et qui seront communiquées à M. le Ministre de l'Intérieur. * La classe prie d'abord M. le Ministre d'exprimer à M"^ veuve Bergmann sa plus sincère gratitude pour le don généreux qu'elle a fait à l'Académie. Elle a constaté que, dans l'intention de la donatrice, qui a en vue de favoriser la littérature flamande, le prix ne doit être décerné qu'aux provinces ou parties de provinces où l'on parle le flamand (vlaamsehsprekende gewesten);que par suite, pour ce qui concerne le Brabanl, l'arrondisse- ( 5S9 ) ment de Nivelles ne doit pas être compris dans la dona- tion. Il résulte également, d'après la classe, des termes géné- raux employés, que les œuvres historiques seront comprises dans les avantages de la fondation du prix, qu'elles aient pour auteurs des étrangers ou des Belges, pourvu qu'elles soient écrites en flamand. La disposition relative à l'emploi des prix non décernés a été interprétée en ce sens, que le montant du prix non décerné, c'est-à-dire 2,500 francs environ, ira grossir le capital primitif de 5,000 francs, et que les deux sommes formeront ainsi un capital de 7,500 francs, de telle sorte que les intérêts de ce capital, accumulés pendant dix ans, donneraient un prix décennal de 5,750 francs environ. Et ainsi de suite. Mais cette hypothèse est peu probable : le prix de 2,500 francs est assez beau pour susciter des œu- vres historiques dignes chaque fois d'être couronnées. La classe à décidé que, conformément aux précédents, le capital et les accumulations prévues seront appliqués en fonds de l'État et inscrits sur le grand livre de la Dette publique au nom de l'Académie. Enfin la classe a cru devoir prier M. le Ministre d'exa- miner s'il n'y aurait pas lieu de prier M™'' Bergmann de faire par acte régulier la donation du capital désigné à l'État, qui l'accepterait au nom de l'Académie avec les con- ditions que l'honorable donatrice a consignées dans sa lettre du 21 octobre 1875. ( 360 ) RÉSULTAT DU CONCOURS POUR 1876. Un mémoire écrit en flamand et portant pour devise : La liberté est capable de produire de grandes choses (d'Alembert), a été envoyé en réponse à la deuxième QUESTION : On demande une étude historique sur les institutions de charité en Belgique depuis l'époque carlovingienne jusqu'à la publication du concile de Trente. .. Faire connaître les sources de leurs revenus, leur admi- nistration, leurs rapports avec l'Église et avec le pouvoir temporel, leur régime intérieur; apprécier leur influence sur la condition matérielle et morale des classes pauvres. La classe nomme MM. Waulers, De Decker et Here- mans pour faire l'examen de ce manuscrit. — Un mémoire, portant pour devise : Venandi Studium Cote!... (Ovide), a été reçu en réponse à la troisième ques- tion : Faire l'histoire du droit de chasse et de la législation sur la chasse en Belgique et dans le pays de Liège. Ajouter à cette histoire des notions sommaires sur le même sujet en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Hollande. MM. Alph. Le Roy, Nypels et Tlionissen sont chargés d'en faire l'examen. ( 361 ) PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN RELGE CÉLÈRRE. Deux mémoires, le premier écrit en flamand et portant pour devise : Labore, et le second, écrit en français, et por- pour devise : Ardore et Constanlia. Espérant Miens (C.-P.), ont été adressés pour la quatrième période de ce con- cours, ofl'rant un prix de six cents francs à l'auteur de la meilleure notice consacrée à Christophe Plantin, ses rela- tions, ses travaux et r influence exercée par V imprimerie dont il fut le fondateur, MM. Scheler, Wagener et Thonissen examineront ces mémoires. COMMUNICATIOiNS ET LECTURES. M. Wauters donne lecture d'un travail intitulé : Quel- ques mots sur la féodalité, travail qui doit entrer dans un volume actuellement sous presse. Dans ce fragment, M. Wauters appelle l'attention sur la manière dont la mul- tiplication des fiefs s'est opérée en Belgique, au X'' siècle et au commencement du XI' siècle surtout. Entre autres faits curieux, l'honorable membre cite cet acte de Notger, l'un des plus importants qu'il ait posés, et par lequel les biens du clergé liégeois furent divisés en trois parts égales, dont l'une fut assignée à la chevalerie, à charge de défendre les domaines de l'église de Liège. ( 362 ) Le Conseil d'État belge et la Conférence anglo-batave (1706 1715) ; par M. Gachard, membre de l'Académie. DEUXIÈME PARTIE. IV. Le gouvernement installé à Bruxelles le 51 juillet 1706 avait à peine commencé de fonctionner, que les hommes doués de quelque perspicacité politique prévoyaient, entre le conseil d'État et la Conférence, de prochains et d'inévita- bles tiraillements. La Conférence ordonnait et parlait en souveraine (1); le conseil d'État, exerçant son autorité au nom du roi Charles III, répugnait à exécuter les ordres de ministres étrangers qui ne consultaient pas toujours, en les donnant, les intérêts et les sentiments du pays. Tenant peu de compte du pouvoir dont la reine de la Grande-Bre- tagne et les états généraux des Provinces-Unies avaient investi le conseil , la Conférence adressait directement des réquisitions aux états et aux tribunaux supérieurs des pro- vinces; elle promulgua même, au mois d'octobre 1706, un règlement sur l'administration des subsides dans la Flandre, sans la participation du conseil et sans lui en avoir de- mandé son avis (2). On peut juger si la susceptibilité des membres du conseil était blessée par de tels procédés. Le caractère , l'éducation du personnage qui dominait dans la Conférence, devait contribuer encore à rendre peu (1) Elle De permit pas que le conseil des finances écrivît au roi Charles III, pour l'informer de son rétablissement. {Verbaal van de heeren Van den Bergh, etc., u» 186.) (2) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, l. Il, p. 28. ( 363 ) faciles et peu agréables les relations entre les deux corps : Van den Bergh — c'est un de ses compatriotes (1) qui le dépeint ainsi — était hautain, emporté, bourru, discour- tois. Un autre de ses compatriotes, le trésorier général Hop, assure qu'il n'écrivait ni ne parlait le français (2). Nous n'entrerons pas ici dans le détail des affaires au sujet desquelles le conseil d'État se trouva dès les premiers temps en dissentiment avec la Conférence; cela nous mè- nerait trop loin : nous nous bornerons à dire que déjà en 1708 la mésintelligence entre eux était devenue très- grande. LeS août de cette année Cadogan et de Reede adressè- rent un mémoire aux états généraux où non-seulement ils se plaignaient de l'opposition que la plupart des membres du conseil faisaient aux réquisitions de la Conférence et des délais apportés par eux à l'exécution de ses ordres, mais encore ils accusaient le conseil d'abuser de l'autorité dont il était revêtu, en arrêtant souvent le cours de la justice, et en s'attribuant la décision de causes importantes donl la connaissance appartenait aux tribunaux. Ils demandaient, pour remédier à ces abus, que les décrets donnés au con- seil d'État, statuant comme conseil privé, n'eussent doré- navant aucun effet à moins qu'ils n'eussent été agréés des ministres des deux puissances (5). Le conseil d'État eut vent sans doute de la dénonciation (1) Sicco Van Goslinga; et il ajoute : « Le peuple surtout était animé « contre lui et lui donnait dans les rues des marques publiques de son » indignation, jusqu'à jeter des pierres contre les glaces de son carrosse. » ( Mémoires, etc., p. 111 .) (2) Vreede, Correspondance diplomatique et militaire du duc de Marl- horough, etc., p. 27J. (3) Verbaal van de heeren Van den Bergh, etc., n" 309. ( 364 ) dont il venait d'être l'objet; il écrivit au duc de Marlbo- rouglî, qui était alors au camp d'Helchin, une lettre au bas de laquelle six de ses membres sur huit (i), le duc d'Arenberg, les comtes d'Ursel, d'Erps, de Clairmont, MM. de Goxie et de Caverson , apposèrent leurs signatures : les deux autres, le chancelier de Grysperre, baron de Goyck, et le président de la chambre des comptes de Flandre, Van der Cote, ne jugèrent pas à propos de s'associer à la démarche de leurs collègues. C'était avec le plus grand chagrin, disaient les signataires de la lettre, qu'ils avaient recours au duc : mais leur hon- neur, leur réputation, le respect qu'ils devaient au rm leur maître, les y obligeaient. On leur contestait les pouvoirs qui leur avaient été attribués par l'institution du conseil, par leurs patentes, par l'acte particulier qui les avait char- gés de faire les fonctions du conseil privé, « si bien qu'il » n'y avait point d'échevin ni d'officier de village qui » n'exerçât son office avec plus d'autorité et moins d'in- » dépendance qu'eux. Les choses sont allées si loin — » ajoutaient-ils — que l'on veut même régler nos opinions » dans les affaires qui ne regardent que la justice et la » direction ordinaire du gouvernement. i> Ils suppliaient le duc de les soutenir dans l'autorité qui leur avait été donnée, et de ne point trouver mauvais que dorénavant ils ne se conformassent pas aux résolutions de la Conférence, lorsque celles-ci seraient en opposition avec le service du roi et du public, ou avec les anciens droits, coutumes et usages du pays (2). (1) Le comte de Tirimoiit était moil le 9 mai 1708, (2) Lettre du 10 août I ~Oii.{VerbaaI van de heeren Van den Benjh, etc., n"517.) ( 365 ) Le conseil avait compté sur l'appui de Marlborough; il fut amèrement déçu. Le duc fit à sa lettre une réponse sévère. Il y témoignait sa surprise de ce que, dans des con- jonctures comme celles où l'on se trouvait, le conseil s'avi- sait de faire des remontrances « qui ne pouvaient produire » qu'un effet très-préjudiciable aux intérêts du roi Charles » et au bien de la cause commune. » Il prolestait qu'il était toujours prêt à sacrifier sa vie et tout ce qu'il avait de plus cher au monde pour la cause du roi; que son désir de pro- curer toute sorte de bien au pays n'avait point varié : mais, disait-il, « vous rendrez mes bonnes intentions entière- » ment inutiles, si vous persistez à vous départir de la ;> déférence que vous devez avoir pour les résolutions de » messieurs de la Conférence (I) » Le conseil répliqua à Marlborough que ce n'était pas lui qui avait choisi ce temps pour faire des remontrances, ni qui était la cause des irrégularités dont on avait tous les jours des exemples dans les affaires du gouvernement, mais que c'était messieurs de la Conférence qui, au mépris de l'autorité dont il avait été investi, disposaient, à son insu, en toutes matières grandes et petites, et puis lui en- voyaient leurs résolutions pour les exécuter, comme si les conseillers d'État n'étaient que « les officiaux et exécu- 9 teurs de leurs volontés. » Il leur arrivait même de pré- tendre que des résolutions prises par le conseil pour le maintien de l'autorité royale, avec leur participation et de leur aveu, fussent changées. Tout cela produisait le plus mauvais effet dans le public (2). (1) Lettre du i 5 août, dans Letters arid dispatches , elc , t. IV, p. 167. (2) Lettre du 22 août, portant les mêmes signatures que celle du 10, à 2""* SÉRIE, TOME XLI. 24 " ( 566 ) Ces observations si justes et si fondées ne firent pas impression sur Marlborough : au contraire, dans sa cor- respondance avec le grand pensionnaire Heinsius et les étals généraux, il se montra de plus en plus hostile au conseil (1). L'attention des états généraux fut momentanément dé- tournée du conflit qui s'était élevé entre le conseil d'État et la Conférence par l'entreprise de l'électeur de Bavière contre la ville de Bruxelles : mais, après que cette entre- prise eut avorté, ils songèrent à mettre le conseil à la raison, suivant une expression du duc de Marlborough. Pour mieux combiner les mesures qu'ils auraient à prendre, ils mandèrent à la Haye leurs deux plénipotentiaires (2). Van den Bergh et le baron de Renswoude arrivèrent Texception de celle du duc d'Arenberg. {Verbaal van de heeren Van den Bergh, etc., n» 552.) (1) Il écrivait, le ^8 aoîit, à Heinsius qu'il fallait absolument « mettre » le conseil à la raison, » et le 10 septembre aux états généraux : « Je » crois qu'on doit se résoudre à porter des remèdes efficaces à un mal qui » s'augmente de jour à autre, et de prévenir, le plus tôt que la conjonc- » ture le permettra , la confusion et le désordre dans lesquels les atfaires » tomberont naturellement si on n'établit point la subordination qui est » si nécessaire dans tous les gouvernements du monde. » {Letters and dispatckes, etc., t. iV, pp. 195 et 219.) Cela n'empêchait point que, le 5 décembre 1708, il n'écrivît au conseil, à propos d'une mesure que ce corps avait prise à l'égard des princesses de Berghes : « Vous pouvez compter qu'en cette occasion, comme en » toute autre, j'aurai des égards particuliers à ce qui peut, en aucune « manière, loucher votre autorité. » {Ibid., t. IV, p. 334.) Ce sont des traits pareils qui font dire à M. Vreede que, si la politesse brille dans toute la correspondance de Marlborough, elle dénote aussi un esprit d'intrigue et de duplicité qui ont mis dans l'embarras ses plus chauds panégyristes. {Correspondance du duc de Marlborough, p. xx.) (2) Résolution du 17 décembre 1708. ( 367 ) dans cetle résidence le 14 janvier; Mariborough et Cado- gan y étaient depuis la veille {!). Après plusieurs confé- rences tenues entre eux et les principaux ministres de la république, les états généraux, avec Tassentiment des deux plénipotentiaires de la reine de la Grande-Bretagne, pri- rent, le 25 janvier 1709, une résolution portant que le conseil d'État cesserait de connaître des affaires qui avaient été ci-devant du ressort du conseil privé; que ce dernier conseil serait rétabli (2); que les décrets, résolutions et autres actes du conseil privé n'auraient de force et d'effet qu'avec l'agrément et l'approbation unanime des ministres des deux puissances à Bruxelles; que toutes les grâces, arrêts et ordres donnés par le conseil d'État depuis le 10 avril 1708 seraient regardés comme non avenus, à moins qu'ils ne reçussent ou qu'ils n'eussent eu l'approba- tion des ministres des deux puissances. La même résolu- tion, visant l'article de l'ordonnance du 21 juillet 1706 où il était dit que le conseil d'Étal ne déciderait rien, dans les principales et importantes matières, que de concert avec les deux puissances, l'amplifiait de la manière sui- vante : « Entre les matières principales et importantes se- » ront comptées spécialement toutes celles qui ont rap- » port à la sûreté, à la conservation et aux avantages des )) Pays-Bas espagnols en général, et de chaque province, D ville et place en particulier, comme aussi celles des pri- » viléges et des finances: bien entendu que les résolutions B et ordres dans les susdites matières que le conseil d'État » aurait pris et donnés sans l'approbation et l'agrément (1) Relations véritables, p. 44. (2) Celte résolution resta sans suite. ( 568 ) » unanime des ministres des deux puissances, seront an- » nulés. » Enfin les états généraux prescrivaient au con- seil d'État d'exécuter tout ce que les ministres des deux puissances jugeraient nécessaire pour la conservation et le plus grand bien du pays (1). Les plénipotentiaires hollandais à la Conférence revin- rent à Bruxelles seulement au commencement de mars; Marlborough et Cadogan les y avaient précédés. Marlbo- rough était appelé en Angleterre; il voulut que la résolu- tion du 23 janvier fût exécutée avant son départ, afin d'en rendre compte personnellement à la reine (2). Le 4 mars Cadogan et de Reede (o) envoyèrent cette résolution au conseil d'État, en lui donnant vingt-quatre heures pour leur faire savoir s'il était disposé à s'y conformer. Le con- seil, le jour suivant, leur fit dire qu'il n'avait pas pu en délibérer à cause de l'absence d'un de ses membres. Le 6, à la suite d'une longue délibération, cinq des conseillers reconnurent que les attributions du conseil pouvaient être changées pour l'avenir, mais non que les décisions qu'il avait rendues jusque-là pussent être annulées, car leur honneur en recevrait une tache. Un sixième conseiller fut d'avis de faire des représentations aux deux puissances. Les deux autres opinèrent pour la soumission à la loi du plus fort (4). Un écrit où était consigné le résultat de cette délibération fut remis à la Conférence (5). Les deux con- (1) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t. Il, p. 193. (2) Lettre écrite aux états généraux , le 7 mars , par leurs députés à Druxelles. {Verhaal van de heeren Van den Bergh, etc.,!!" 720.) (5) Van den Bergh n'était pas encore à Bruxelles; il y arriva le 5. (4) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t. Il, p. 229, note 1. (5) Verhaal van de heeren Van den Bergh , etc., n 720. ( 369 ) seillers qui, dans une conjoncture aussi grave, se séparè- rent de leurs collègues, étaient les mêmes qui n'avaient pas voulu signer la lettre du 10 août : ils se transportèrent, après la séance du conseil, à Thôtel de la Conférence; là, en présence de Cadogan, de Renswoude et de Van den Bergh, ils signèrent une déclaration contenant qu'ils ob- serveraient la nouvelle instruction selon et autant que le leur permettrait leur conscience (1). Le conseiller Coxie, qui, en sa qualité d'ancien chef-président du conseil privé, dirigeait les délibérations du conseil, était du nombre des opposants : la Conférence écrivit au chancelier de Grys- perre qu'elle l'autorisait « de convoquer et d'assembler » d'ores en avant le conseil d'État, qui serait composé de » ceux qui avaient signé ou signeraient, endéans quatre » jours, la déclaration qu'elle lui envoyait (2); » elle avait, après avoir reçu l'écrit du conseil, décidé, selon l'avis du duc de Mariborough, que ceux de ses membres qui, dans le délai fixé, ne se soumettraient pas à la résolution du 25 janvier, seraient frappés de destitution (3). (1) Voici le icxle même de celle déclaration, qui esl Iranscrile dans le Verbaal de Van den Bergh el de Van Renswoude, pièce n" 718 : « Les soussignés , du conseil d'Étal . n'onl pas voulu entrer dans la diffi- culté, mue par les autres délibérants , de ce que le conseil d'Eslat ne se seroil point acquilté, comme les seigneurs de la Conférence l'ont cru et s'estoient attendus d'eux, dans la décision des affaires qui y avoient été Irailées, ayant ci-devant esté du ministère du conseil privé, mais se sont déclarez de vouloir bien entrer dans l'observance de la nouvelle instruc- tion selon el autant que leur conscience le permettra. » Fait à Bruxelles, le 6" mars 1709. >^ {Signé} De Grysperre el Van der Cote. (2) Lettre du 6 mars, signée par Mariborough, Van den Bergh et de Reede. {Verbaal, etc., pièce n" 719.) (3) Lettre des députés du 7 mars ci-dessus citée. ( 370 ) Mariborough quitta Bruxelles le 7 mars, pour aller s'em- barquer à Ostende. Dans toutes les dépêches qu'il avait envoyées à l'empereur, au roi Charles ÏIÏ et à leurs minis- tres depuis qu'il avait reçu les patentes du gouvernement des Pays-Bas, il les avait assurés que, après les intérêts de la reine sa maîtresse, il n'y en avait pas qui lui fussent plus chers que ceux de la maison d'Autriche. Crai- gnant que le coup d'autorité que, de concert avec les étals généraux, il venait de frapper contre le conseil d'État belge ne fût mal vu à la cour d'Espagne, il l'annonça au roi et s'efforça de le justifier dans une longue lettre qu'il termi- nait en disant : « Les motifs par lesquels nous agissons en » ceci pour le plus grand service de Votre Majesté, pour » le bien de ses peuples et pour la conservation de ce » pays-ci, à laquelle tous les alliés sont si fort intéressés, )) nous persuadent entièrement que Votre Majesté approu- » vera notre procédé (1). » Nous n'avons trouvé nulle part la réponse de Charles UI à cette lettre. Le 9 mars la Conférence fit appeler les conseillers qui n'avaient pas signé la déclaration exigée par elle : le duc d'Arenberg, le comte d'Erps, le comte de Clairmont, se rendirent à son invitation; le comte d'Ursel et le chef et président de Coxie s'en dispensèrent. Les trois conseillers présents, interpellés de faire connaître s'ils entendaient se conformera la résolution du 23 janvier, répondirent par un refus, alléguant qu'il y avait dans cette résolution des termes qui portaient atteinte à leur honneur, et qu'avant de les condamner on aurait dû les entendre (2). Ils s'abslin- (1) Letters, dispalclies^ etc., t. IV. p. 467. (^) Verbal de ce qui s'est passé à la Conférence le 9 mars. {Ver- haalj elc, pièce n° 723.) (371 ) rent, dès ce moment, d'assister aux séances du conseil. La Conférence profita de leur absence pour requérir le chancelier de Grysperre de « faire produire et porter inces- » samment sur sa table tous les actes de grâce, d'inter- )• diction et de surséance de procédures qui avaient été )> accordés et dépêchés sous le sceau du conseil privé, afin » qu'elle les examinât et donnât son approbation à ceux » qui devraient sortir leur plein et entier effet. » La même réquisition prescrivait la levée immédiate des surséances accordées, depuis le 10 avril 1708, dans les procédures intentées devant les conseils de iMalines, de Brabant et de Flandre (i). D'accord avec Yan der Gole, Grysperre s'empressa de déférer à ces ordres (2). Le duc d'Arenberg, les comtes d'Ursel et de Clairmont s'étaient rendus à la Haye pour faire, en leur nom et en celui de leurs collègues opposants, des représentations aux états généraux contre la conduite de la Conférence. La résolution du 25 janvier était fondée en partie sur ce que le conseil d'État n'aurait pas tenu compte d'une réquisi- tion du 10 avril 1708 par laquelle les ministres des deux puissances lui auraient interdit de se mêler à l'avenir des affaires étant du ressort du conseil privé : or ils affirmèrent que cette résolution ne leur avait jamais été communi- quée, car ils s'en seraient plaints sur l'heure, comme ils s'en plaignaient maintenant. Ils exprimèrent aussi leurs doléances sur la réquisition du 16 mars et la suite qu'y avaient donnée les conseillers de Grysperre et Van der Gote, comme si deux personnes pouvaient jamais former ou représenter un conseil. Ils demandèrent que les états (1) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, t. II, p. 206. (2) Ibid., note 2. ( 572 ) généraux ordonnassent à leurs députés à la Conférence de tenir en état la résolution du 25 janvier, ainsi que tous les décrets et ordonnances qui auraient été rendus, depuis le 6 mars, en opposition à des ordonnances et à des décrets antérieurs du conseil (1). Cette démarche de la majorité des membres du conseil d'État, dans laquelle on comptait des personnages aussi considérables que le duc d'Arenberg et le comte d'Ursel, ne laissa pas d'embarrasser les ministres de la république. Comment remplacer des hommes qui occupaient le pre- mier rang dans le pays ou par leur naissance, ou par l'ex- périence que leur avait donnée un long maniement des affaires? Quel effet leur destitution produirait-elle d'ailleurs sur le public? Après y avoir réfléchi, lesétats généraux en- trèrent en correspondance avec leur députés à Bruxelles, atin de trouver quelque tempérament qui, sans annuler en ses points essentiels la résolution du 25 janvier, fît droit aux remontrances du conseil d'État (2). La chose était assez difficile; elle exigea beaucoup de temps; ce fut seulement le 5 juin que les étals généraux se résolurent sur les représentations du duc d'Arenberg et de ses col- lègues : dans l'intervalle Marlborough était revenu d'An- gleterre à la Haye (5), et les ministres de la république s'étaient concertés avec lui. (1) Lettre ou représentation du duc d'Arenberg et des comtes d'Ursel et de Clairmont aux étals généraux, du 25 mars 1709, en copie dans les archives du conseil d'Étal. (2) Résolution du 1<^' mai 1709. {Reg.Secreete Resolutien, 1709, fol. 6o.) (5) Il arriva de Londres à la Haye le 8 avril, repartit pour l'Angleterre le 1" mai, et, le 18, futderelourà la Haye, qu'il quitta le 10 juin, se ren- dant à Bruxelles. {Relations véritables de 1709, pp. 244, 292, 332. 380.) ( 373 ) La résolulion du 5 juin atténuait assez notablement la portée de celle du 25 janvier. Jl y était exprimé d'abord que par celle-ci on n'avait voulu faire le moindre tort à l'honneur ni à la réputation du conseil d'État en général ou de ses membres en particulier. Les états généraux restreignaient ensuite l'approbation de la Conférence requise pour les décrets, résolutions, grâces ou autres actes du conseil privé à ceux auxquels, d'après les ancien- nes instructions, le gouverneur général devait donner son assentiment. Les grâces, arrêts et ordres émanés du con- seil d'État , agissant comme conseil privé, depuis le 10 avril 1708, ne seraient plus soumis à un nouvel examen que s'ils avaient été donnés contre le sentiment unanime et l'oppo- sition expresse des ministres des deux puissances. En ce qui concernait « les principales et importantes matières » d'État, » lorsque le conseil, après en avoir communiqué avec ces ministres, prendrait une résolulion contraire à leur sentiment, il devrait, avant de l'exécuter, leur exposer par écrit les raisons qu'il avait de la prendre; si, nonobstant ces raisons, les ministres susdits persistaient dans leur opinion, le conseil serait tenu d'y déférer, à moins qu'il ne pût mon- trer qu'elle blesserait les lois ou les privilèges du pays. Dans ce dernier cas les motifs allégués par le conseil seraient portés à la connaissance et décision des deux puissances (1). Le duc d'Arenberg, les comtes d'Ursel et de Clairmont étaient encore à la Haye. La résolution du 5 juin leur ayant été communiquée, ils déclarèrent qu'ils étaient prêts à s'y conformer, et qu'ils engageraient leurs collègues à (i) Ordonnances des Pays-Bas autrichiens^ t. II, p. :229. ( 574 ) suivre leur exemple (1). L'interdiction dont ils avaient été frappés fut en conséquence levée par les états généraux; le 19 juin ils reprirent leur place dans le conseil avec MM. de Coxie, d'Erps et de Caverson (2). Ce n'était là en réalité qu'un replâtrage; les causes de désaccord entre le conseil d'État et la Conférence étaient telles qu'à la première occasion où les prérogatives de l'un ou de l'autre seraient en jeu, ce désaccord ne pourrait manquer de se reproduire; aussi la bonne entente ne fut- elle pas de longue durée. Au mois de mars 1710 le con- seil députa à la Haye le duc d'Arenberg et le comte de Clairmont pour représenter aux états généraux la confu- sion qui régnait dans les affaires publiques par les nou- veautés que la Conférence se permettait chaque jour et qui renversaient entièrement l'ordre qu'en 1706 Leurs Hautes Puissances et la reine de la Grande-Bretagne avaient établi. Les choses en étaient venues au point que le con- seil ne savait plus en quoi consistaient ses fonctions (5). Les états généraux ne se pressèrent par de statuer sur les réclamations des députés du conseil d'État : ils son- geaient à envoyer aux Pays-Bas une députation extraor- dinaire qui, bien qu'ayant pour mission principale de s'occuper de questions de linances, pourrait aussi s'enqué- rir de la façon dont les affaires étaient conduites dans ces provinces. Cette députation (4) arriva à Gand au mois de juin; (1) Verbaal van de heeren Van den Bergh, etc., n° 89-i. (2) Lettre de Van den Bergh à Marlborough du 19 juin {Ihid., n» 902.) (5) Lettre du conseil d'État aux états généraux des Provinces-Unies du iSmars 1710; mémoire présenté aux états généraux, le même jour, par le duc d'Arenberg et le comte de Clairmont. (Archives du royaume.) (4) Elle élait composée de quatre membres des états généraux, MM. Van Randwyk, de Yicq, Van Goslinga et Ittersum, et du trésorier général Hop. (37S ) les deux plénipotentiaires de la république à Bruxelles allèrent l'y joindre; les membres des conseils d'État et des finances s'y rendirent aussi. Marlborough devait égale- ment y venir: mais, occupé en ce moment du siège de Tournai, il ne crut pas pouvoir quitter son armée. Dans une séance que la conférence réunie à Gand tint le 2 juillet, le conseil d'État présenta l'exposé de ses griefs. 11 se plaignit, notamment, d'être exclu de la colla- tion des charges de la magistrature dans les villes et d'au- tres encore; des réquisitions sans fin que les ministres des deux puissances lui adressaient sur toute sorte de choses; des frais excessifs du logement des troupes dans les quar- tiers d'hiver; de la multiplicité des généraux; des exactions qu'ils commettaient, de même que les commandants des places frontières; de l'abus des gratifications qui étaient accordées; du nombre beaucoup trop grand des employés civils et militaires; des interdictions fréquentes que la Conférence de Bruxelles faisait aux tribunaux de con- naître de procès intentés devant eux (1). Ces griefs furent portés à la connaissance des états généraux, qui y répondirent point par point, après s'être concertés avec le duc de Marlborough. Leurs réponses étaient conçues en des termes qui montraient le désir de donner quelque satisfaction au conseil (2). Mais ces tem- péraments ne pouvaient pas changer la nature des choses, et l'antagonisme entre le conseil et la Conférence subsis- tait, tout aussi prononcé qu'auparavant. (1) Sommaire des griefs que le conseil d'Etat provisionnellement com- mis au gouvernement général des Pays-lias espagnols a représentés dans la conférence tenue à Gand le 2 juillet 17 10. (Archives de la Haye.) (2) Résolution du 5 août 1710. ( 376 ) V. Le 6 mars 17H arriva à la Haye, revenant de Londres, le duc de Mariborough; il était accompagné du comte Orrery. De grands changements s'étaient opérés en An- gleterre dans les derniers mois de l'année précédente; les whigs, dont Mariborough était le chef, avaient été écartés du pouvoir; les emplois qu'ils occupaient dans le minis- tère, dans la diplomatie, dans l'administration, avaient été donnés à des torys. Le général Cadogan, ami intime et tout dévoué de Mariborough, s'était vu dépouiller de la charge qu'il remplissait à Bruxelles; c'était le lord Orrery qui l'y remplaçait. Mariborough conservait le commande- ment en chef des troupes anglaises aux Pays-Basetle titre d'ambassadeur extraordinaire de la reine auprès des états généraux (1), mais il avait perdu toute influence poli- tique. De Reede et Van den Bergh se trouvaient à la Haye depuis plusieurs jours; les états généraux les y avaient appelés à la suite de nouvelles plaintes, formées par eux , sur le mauvais vouloir et l'opposition que la Conférence rencontrait dans le conseil d'État. Des pourparlers eurent lieu entre les deux députés hollandais, les deux plénipo- tentiaires de la Grande-Bretagne et les ministres dirigeants de la république, où l'on convint d'une série de disposi- tions à prendre pour que la subordination du conseil aux ministres des deux puissances devînt une réalité : ces dis- positions firent l'objet d'un règlement que, le 19 mars, (1) Ce titre se trouve, à côté de sa signature, au bas du règlement du 19 mars 1711. (577) Marlborough, Orrery, de Reede et Van den Bergh revê- tirent de leurs signatures (1). Ce fut le dernier acte de la Conférence anglo-batave auquel prit part le vainqueur de Hochstedt, de Ramillies et de Malplaquel. Orrery, de Reede et Van den Bergh partirent, quelques jours après, pour Bruxelles (2). Le i i avril ils notilièrent au conseil d'État les disposi- (i) Nous citerons, de ce règlement : L'article d'après lequel le conseil , lorsqu'il s'agissait d'affaires qui con- cernaient « le gouYernement général, la conservation et défense du pays, « la direction supérieure des finances , » était tenu de réformer les réso- lutions qu'il avait prises , si , malgré ses observations , les deux puissances les désapprouvaient; Celui qui prononçait la nullité des décrets, résolutions, grâces et autres actes émanés du conseil, statuant comme conseil privé, lesquels n'auraient pas eu l'assentiment des mêmes ministres; Celui qui soumellail aussi à leur assentiment les actes d'interdiction ou de surséance pour empêcher le cours de la justice; Ceux qui obligeaient le conseil à s'entendre avec la Conférence à l'égard des subsides à demander aux états des provinces ; à fournir à la Confé- rence, avant la Gn de l'année, un élat de toutes les charges de l'année suivante, et à la fin de chaque mois un état de tous les payements faits pendant le mois , etc. Le conseil conservait la disposition des emplois et offices politiques et ecclésiastiques auxquels les gouverneurs généraux avaient nommé ci- devant. Pour les charges et benélices dont la collation avait appartenu au souverain , il lui était attribué le droit de présenter, à chaque vacance, trois personnes entre lesquelles la Conférence ferait son choix. En ce qui concernait les magistrats des villes, on lui reconnaissait le pouvoir de créer ceux qui avaient été à la création des gouverneurs géné- raux , avec cette réserve, applicable aux villes dont les délégués siégeaient dans les états des provinces, que les ministres des deux puissances pour- raient, pour des raisons importantes, donner l'exclusion à telle ou telle personne qui aurait été portée sur la liste du conseil. (2) Orrery y arriva le :23 mars, de Reede le 29, et Van den Bergh le 4 avril. {Relations véritables.) ( 578 ) lions qui avaient été arrêtées à la Haye. La composition (lu conseil s'était, dans les deux dernières années, quelque peu modifiée : son doyen et son chef, M. de Coxie, était mort (1); le comte de Lannoy et M. de Thisquen avaient été appelés à y siéger (2). Dans une séance qui eut lieu le j 5 avril, le conseil résolut, d'une voix unanime (5), de s'en tenir aux instructions du 21 juillet 1706, qu'il avait juré d'observer jusqu'à ce que les deux puissances en fussent convenues autrement avec le roi Charles 111 : il ne pouvait — ce sont les termes de sa résolution — se conformer aux dispositions nouvelles dont on venait de lui donner con- naissance sans contrevenir au serment que chacun de ses membres avait prêté, et sans préjudicier à la religion ainsi qu'au service du roi et du pays (4). Cette résistance du conseil d'État déplut fort à la Con- férence, et en Hollande elle excita un mécontentement qui s'augmenta encore lorsque, quelque temps après, les étals généraux ayant résolu de faire un emprunt hypo- théqué sur les revenus des bureaux des droits d'entrée et de sortie en Flandre, le conseil refusa d'y consentir. Van den Bergh et de Reede furent de nouveau mandés à la (1) Le 13 novembre 1709. Il était âgé de quatre-vingt-trois ans. (2) Lannoy en novembre 1709 et Thisquen au mois d'août de Tannée suivante. (3) Le duc d'Arenberg et le comte de Clairmont n'assistaient point à cette séance; ils étaient absents. Le duc, à son retour, adhéra à la réso- lution de ses collègues. Le comte de Clairmont non-seulement garda le silence sur la communication qui lui fui donnée de cette résolution, mais encore il se dispensa de revenir à Bruxelles, malgré l'invitation pressante du conseil. On trouvera plus loin l'explication de sa conduite. (4) Archives du conseil d'Étal. ( 379) Haye (1); les états auraient souhaité que le plénipotentiaire anglais voulût y venir aussi : mais Orrery s'en excusa (2). Dans ces premiers temps le ministre de la reine Anne s'entendait assez mal avec Van den Bergh, dont l'humeur et le ton lui déplaisaient également (3); les choses étaient même allées jusque-là que les états généraux avaient chargé un des députés qu'ils envoyaient à l'armée, Sicco Yan Gos- linga, de s'arrêter à Bruxelles, afin de rapprocher, par son intervention , ces deux membres de la Conférence (4). Van den Bergh et de Reede proposèrent aux ministres de la république que le conseil d'État fût rendu purement consultatif comme il l'était sous le règne de Charles II; que le conseil privé fût rétabli; qu'on nommât un trésorier général auquel appartiendrait la direction supérieure des finances (5). Sur ces entrefaites les étals généraux reçurent du comte Orrery le projet d'un règlement pour le gouvernement des Pays-Bas qui devait remplacer toutes les dispositions pré- cédemment adoptées par les deux puissances. Ce projet leur parut bien conçu, sauf en quelques points de détail; ils le remirent à Van den Bergh, après y avoir fait de légers changements, lui prescrivant d'y donner suite de concert avec le plénipotentiaire de la Grande-Bretagne (6). (1) Résolution des états généraux du 25 juin 1711. {Verhaal van de heeren Vaîi den Bergh, etc., n" 157:2.) (2) Lettre de Van den Bergh aux états généraux du 29 juin. {Ibid., n° 1575.) (3) « 11 se plaignoit amèrement de son humeur bourrue et qui sentoit bien son petit bourgeois. » {Sicco Van Goslînga , Mémoires, etc.,. p. 112) (4) Ihid., p. 1 11 . (5) Verbaal van de heeren Van den Bergh , etc., n« 1591. (6) Résolution du 12 septembre 1711. {Ibid.^ n» 1599.) ( 380 ) Van den Bergh revint à Bruxelles le 25 septembre (1). Son collègue de Reede, dégoûté de la charge qu'il remplis- sait depuis cinq ans, se fit dispenser par les états généraux de retourner à son poste. Le 5 octobre Orrery et Van den Bergh arrêtèrent et signèrent, au nom de la reine de la Grande-Bretagne et des états généraux des Provinces-Unies, le règlement dont il est parlé plus haut. Ce règlement se composait de qua- torze articles; il concernait le conseil des finances aussi bien que le conseil d'État. A Tégard de ce dernier, on y retrouvait la plupart des dispositions qui, le 19 mars, avaient été concertées à la Haye. Celles qu'on y avait ajou- tées avaient pour but d'accentuer plus fortement encore la subordination du conseil aux ministres des deux puis- sances : ainsi les conseillers d'État ne pourraient doréna- vant s'absenter sans l'autorisation de la Conférence, et chaque fois qu'il conviendrait à celle-ci de les mander, ils seraient tenus de se rendre à son invitation. L'article 14 portait : « Les deux puissances, comme représentant le roi » Charles 111, se réservent tout le pouvoir qui compète à » Sa Majesté Catholique, afin de le faire exercer par leurs » ministres, dont les ordres devront être respectés en tout, » pour autant qu'ils ne seront point contraires aux privi- » léges du pays (2). » La Conférence notifia ce règlement, le 9 octobre, aux deux conseils; chacun de leurs membres devait signer, dans les cinq jours, une déclaration par laquelle il s'obli- (1) Relations vérilables,]}. 624. (2) Collection de documents inédits concernant l'histoire de la Bel- gique, t. 111, pp. 277-285. ( 381 ) gérait à Tobserver en tous ses points, selon sa forme et teneur (1). Le conseil des finances ne fit pas difficulté de donner la déclaration exigée de lui (2) : mais il en fut autrement du conseil d'État; celui-ci répondit que « ni en conscience ni » en honneur il ne pouvait exécuter les réquisitions qu'il » jugerait contraires, soit à la religion catholique, soit aux » intérêts du roi, au nom duquel il se verrait contraint » d'exécuter ce qui pourrait être préjudiciable à son auto- » rite et à ses droits, soit aux lois et aux privilèges du » pays (5). » Cette réponse causa une vive irritation au représentant des Provinces-Unies dans la Conférence; selon lui ceux qui l'avaient signée auraient mérité d'être destitués sur l'heure (4) : mais le comte Orrery ne partageait point l'animosité de son collègue. La Conférence se contenta de demander satisfaction au conseil pour l'injure qu'il avait faite aux deux puissances, en insinuant que leurs minis- tres seraient capables de donner des réquisitions con- traires à la religion et aux privilèges du pays, ou préju- diciables à Sa Majesté Catholique (5). (1) Collection de documents inédits concernant r histoire de la Bel- gique, i. m, pp. 277-285. (2) Verbaal van de heeren Van den Bergh, etc., n^^ 1623 et 1633. Les conseillers qui la .signèrent étaient Van der Haghen, Fraula, le vicomte de Voocht, M. Servati, F. Columbanus, M. Deffonseca et Suarls. (3) Lettre du 15 octobre 1711. {Collection de documents inédits f etc., t. III, p. 288.) (4) Lettre de Van den Bergh aux états généraux, du 19 octobre 1711. ( Verbaal, etc., n^ 1636.) (5) Réquisition du 19 octobre. {Collection de documents inédits , etc., t. III, p. 290.) 2""* SÉRIE, TOME LXI. 25 ( 382 ) Le conseil se détendit d'avoir eu la moindre pensée de manquer de respect envers la reine de la Grande-Bretagne et les états généraux ; il protesta qu'il avait et aurait toujours pour leurs plénipotentiaires l'attention, la défé- rence et la considération qui leur étaient dues; il déclara que rien de ce que sa conscience lui permettrait de faire ne serait négligé par lui afin de montrer le zèle dont il était animé pour la cause commune; il offrit même de mettre à la disposition de la Conférence, qui les emploierait aux besoins de l'État, les sommes auxquelles s'élevaient les traitements de ses membres : mais il ne parla ni du règle- ment du 5 octobre, ni de l'obligation à contracter par lui de s'y conformer, ni de sa subordination aux deux puis- sances et à leurs représentants (1). Yan den Bergh remarqua ce silence, et le signala aux états généraux comme dénotant l'intention bien arrêtée du conseil de ne pas se soumettre aux prescriptions de la Conférence (2). Orrery désirait trouver un tempérament au moyen duquel les scrupules du conseil pussent être levés sans que l'autorité de la Grande-Bretagne et des Provinces- Unies en souffrît. Dans cette vue il n'insista plus pour que les membres du conseil prissent l'engagement, par leurs signatures, de se conformer au nouveau règlement , mais il réclama, de leur part, une déclaration qui en pût tenir lieu. On eut quelque peine à se mettre d'accord sur les termes de cette déclaration; enfin on s'arrêta à la formule (1) Lettre du 24 octobre. {Collection de documents inédits, etc., t. III p. 293.) (2) Lettre de Van den Bergh aux états généraux du 26 octol)re. ( Ver- baal. elc . n" 1045.) ( 385 ) suivante que tous les membres du conseil signèrent le î29 octobre : « Nous, du conseil d'État commis au gouvernement » général des Pays-Bas, établis par les deux puissances » représentantes Sa Majesté notre légitime souverain, » promettons de donner exécution, le plus tôt que faire » se pourra, aux réquisitions qui nous seront adressées » de leur part, pour autant qu'elles ne seront pas con- » (raires à la religion et aux privilèges du pays, et dans » l'entière confiance que lesdites réquisitions n'auront > aucun autre objet que l'avancement du service du roi et » celui de la cause commune (J). » La Conférence accepta cette déclaration « provisionnel- » lement et dans l'attente que le conseil se conformerait » au nouveau règlement, que les deux puissances enten- » daient toujours faire observer (2). d Mais le conseil, ainsi qu'il le lit dire aux plénipotentiaires anglais et hol- landais (3) par l'un de ses secrétaires, s'en tint aux termes de l'écrit qu'il avait signé. Ce dénoûment était loin de satisfaire Van den Bergh (4), qui n'aurait voulu rien moins (ju'une obéissance absolue du conseil aux volontés de la Conférence. Le comte Orrery s'en félicila au contraire : il devait se rendre en Angle- terre, et il avait hâte d'en finir avec des discussions qui ne faisaient qu'aigrir de [)lus en plus les esprits. Quelques jours après la Conférence nomma deux nou- (1) Collection de documents inédits, etc., t. III, p. 298. (-2) Ibid., p. 299. (3) Le 4 novembre. (Archives du conseil d'État.) (4) Il sutîit, pour s'en convaincre, de lire ses lettres des 2 et 5 novembre ;iii\ (Miits générau.xet au grelVier Fagel. {Vcrbaal, etc., n^^ 1660 et 1666.) ( 384 ) veaux conseillers d'Étal : le prince de Rubempré, de la maison de Mérode, et le S' d'Eesbeck , dit Van der Haghen , conseiller au grand conseil de Malines (1). Le comte Orrery partit le 20 novembre pour Londres, où il allait assister aux séances du parlement (2); il ne revint à Bruxelles que le 20 décembre de l'année sui- vante (5). Dans cet intervalle le plénipotentiaire hollan- dais, demeuré seul à la Conférence, se vit obligé de tolérer plus d'un acte du conseil d'État qui lui déplaisait : les états généraux lui avaient recommandé de faire en sorte , pendant l'absence du lord Orrery, que les choses fussent entretenues le mieux qu'il serait possible (4). Van den Bergh quitta lui-même Bruxelles pendant plusieurs mois (5). (1) Ils prêtèrent serment le 8 novembre 1711. {Verbaal , etc. n" 1669.) (2) Relations véritables , année 1711 , p. 752. (3) Ibid., année 1712, p. 824. (4) Résolution du 26 novembre 1711. ( Verbaal, elc , n« 1708.) (5) De la fin de mai à la fin de septembre 1712. ( 385 CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 3 février 1876. M. F.-A. Gevaert, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geels, J. Geels, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Édm. De Busscher, Alphonse Balat, Aug. Payeii, le chevalier Léon deBurbure, J. Franck, Ad. Siret, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Samuel , G. Guffens, membres; Éd. de Biefve, correspondant. CORRESPONDANCE. La classe apprend, avec un profond sentiment de regret, la perte qu'elle vient de faire en la personne de M. Edmond de Coussemaker, l'éminent musicologue, associé de la sec- tion des sciences et des lettres depuis le 8 janvier 1846. M. de Coussemaker est mort à Lille le 10 janvier dernier. M. le secrétaire perpétuel exprimera à la famille du dé- funt les condoléances de l'Académie. M. le chevalier de Burbure accepte de rédiger pour le prochain Annuaire une notice sur M. de Coussemaker. ( 386 ) M. Samuel fera une notice semblable pour M. J. Daus- soigne-Méhul, associé de la section de musique, que la classe a eu le regret de perdre le 10 mars de l'année der- nière. — M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal du 13 janvier, déterminant le costume que les membres de l'Académie auront la faculté de porter dans les cérémonies officielles. — Le même haut fonctionnaire transmet , conformé- ment aux dispositions des règlements des grands concours, le 7^ rapport semestriel de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture en 1872. La classe désigne MM. J.Geefset Fraikin pour examiner ce document, et en faire rapport à la commission chargée de la liste des objets d'art à reproduire par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. — MM. Godfried Guffens et Félix Stappaerts expriment, par écrit, leurs remercîments pour leur élection de membre- Des remercîments semblables sont exprimés par MM. Eu- gène Guillaume, directeur de l'école des beaux-arts de Paris, et Ferdinand Hiller, directeur du Conservatoire de Cologne, pour leur élection d'associé. ÉLECTIONS. Conformément à l'article 41 du règlement général, il est procédé à l'élection delà Commission spéciale des finances (387) chargée de vérifier, en ce qui concerne la classe, les comptes (le TAcadémie pour l'année 1875. Les membres sortants : MM. G. De Man, C.-A. Fraikin, ,ï. Franck, G. Geefs et Ern. Slingeneyer, sont réélus. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. M. Éd. Fétis, secrétaire du comité-directeur de la caisse, annonce qu'une réunion a eu lieu avant la séance actuelle, pour entendre la lecture de l'Exposé général de l'adminis- tration de cette institution pendant l'année 1875, ainsi que de l'état général des recettes et des dépenses pendant la même année, dressé, en conformité de l'article 13 du règlement, par M. Al vin, trésorier. Des remercîments sont votés à MM. Fétis et Alvin pour les soins qu'ils apportent à la gestion de la caisse. Des remercîments sont également votés à M. Siret pour le don fait à l'institution précitée d'une somme de 210 fr., produit net de la vente d'une notice sur Frédéric Yan de Kerkhove. Enfin des remercîments sont votés à M. Everard, qui destine à la caisse le produit des entrées de l'exposition qu'il vient d'ouvrir à Bruxelles. La classe a ratifié ensuite l'admission d'un artiste, en qualité de membre de la caisse. Elle a décidé l'impression du rapport précité dans le prochain Armiiaire. ( 388 OUVRAGES PRÉSENTES. Commission pour la 'publication d'una collection des grands écrivains du pays. — OEuvres de Froissart publiées avec les variantes des divers manuserits par M. le baron Kervyn de Lettenhove : Chroniques, t. Î25% l"^" partie. Table analytique des noms historiques (R.-Z.). Bruxelles, 1876; vol. in-8°. Quetelet [Ern.]. — Mémoire sur la température de l'air à Bruxelles, 1835-1872 (supplément). Bruxelles, 1876; br. in-4". Nève (Félix). — Recherches sur le séjour et les études d'Érasme en Brabant. Louvain , 1876; extrait in-8'. Juste (Th.). — Les fondateurs de la monarchie belge : le vicomte Charles Vilain XIIII.— Jean-François Raikem. Pierre Claes. Hippolyte Vilain XIIII. Antoine Barthélémy. Jean-Fran- çois Hennequin. Bruxelles, 1875, 1876; 2 vol. in-8^ Poullet (Edmond). — Rapport adressé à la Commission royale d'histoire sur les Corres^mndances du cardinal de Gran- velle. Bruxelles, 1876; extrait in -8°. Van der Mensbrugglie {G.). — Remarques concernant la tension superficielle des liquides considérée dans ses rapports avec les théories de Laplace et de Gauss sur les actions capil- laires. Paris, 1874; extrait in-8". Cellier (L.). — Une connnune flamande. Recherches sur les institutions politiques de la ville de Valenciennes.Valenciennes, 1875; vol. in-8°. Lelièvre (A.). — Institutions namuroises. Namur; feuille in-8°. Terby (F.). — Sui* l'aspect de lojnbre du 2*^ satellite de Jupiter, le 25 mars 1874. — Études sur la planète Mars (8" notice). Bruxelles, 1875; extraits in-S°. ( 389 ) E. A. — Notice sur les travaux géodésiques du Dépôt de la Guerre de Belgique. Gand, 1876; br. pet. in-8". Royaume de Belgique. — Recueil consulaire , t. XXI, 1875. Bruxelles; vol. in-8*'. Ministère des Travaux publics. — Statistique minière et sidérurgique de Belgique. Bruxelles, 1875; br. in-8^ Faber [Frèd.). — Tableau général des concessions de mines en Belgique. Bruxelles, 1873;br. in-8°. Du Pont (H.-F.). — Sommaire de la jurisprudence du Con- seil des mines en Belgique. Bruxelles, 1875; br. in-8°. Commissions royales d'art et d'archéologie , à Bruxelles. — Bulletin, XIV^ année 1875, n°^ 9 et 10. Bruxelles; in-8". Institut archéologique liégeois. — Bulletin, t. XII, 2' liv. Liège, 1876;in-8°. Société historique et littéraire de Tournai. — Mémoires : 1. 10, 1871; t. 12, 1875; t. 14, 15 et 16, 1874. Tournai; 5 vol. in-8''. Ânalectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Bel- gique, tome XII, 1875, 4'= liv. Louvain, Bruxelles; in-8°. Flora Batava, 227, 228, 229, 250 en 251 Allever. Leyde; 5 liv. in-4^ Bataviaasch Genootschap van kunsten en n-etenschappen. — Verbandelingen :dl. 57 en 58. — Tijdscbrift: dl. 21, afl. 5 en 6 ; dl. 22, alîev. 4, 5 en 6; dl. 25, aflev. 1. — Nolulen : dl. 12, 1874, n° 4; dl. 13, 1875, n" 1 en 2. Batavia, 1874, 1875; 2 vol. gr. in-S" et 8 fasc. pet. in-S". Société linnéenne du Nord de la France, à Amiens, — Bulletin mensuel, 5« année 1876, t. III, n°« 43, 44, 45. Amiens; 5 feuilles in-8''. Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. — Extrait des procès-verbaux des séances, t. I, 2^ série, feuilles a,b.— Bulletin des publications scientifiques, 1874- 1875, t. I, 2" série, feuilles A, B. — Mémoires, t. I, 2« série, 2^ cahier. Paris et Bordeaux, 1876; feuilles et cahier in-8°. ( 390 ) Bulletin scienti/ique, historique et littéraire du déparle- ment du Nord, 7' année 1875, n'>^ 6 à 12. Lille; in-S". Roîilliet (Antony) et Ymbert [Th.). — Répertoire d'admi- nistration départementale et municipale ou Table de l'école des communes (1844-18G8). Paris, 1876; vol. in-8°. Normand {J.-A.). — Mémoire sur les occultations d'étoiles par les planètes. Paris, 187(3 ; br. in-4°. Académie des sciences de Paris. — Mémoires : t. "^ 1 , 56 , 37, 38,40 et 41 (r*" partie). — Mémoires présentés par divers savants. Sciences mathématiques et physiques : t. "20, 21 et 22. — Comptes rendus: Table générale (I8S1 à 1865). — Sup- pléments aux comptes rendus, t. 1 et 2. Paris; 15 vol. in-4°. École normale supérieure de Paris. — Annales scienti- fiques : l^'^ série, t. 5 à 7, 1866 à 1870; 2^ série, t. I à IV, 1872 à 1875; t. .5, n°' \ et 2, 1876. Paris; 9 volumes et 2 liv. in-4''. Société des études historiques, à Par<5. -Journal (L'Investi- gateur) : 41' année, novembre-décembre 1875; 42' année, janvier-février 1876. Paris; 2 liv. in-8^ Verein fiïr Erkunde zu Dresden. — Jahrcsbericht, XII. Dresde, 1875; in-8^ Medicinisch-Naturwissenschaftliche Gesellschafl zu lena. •— Jenaische Zeitschrift, X. Bd., N. F., III. Bd. Supplément. Icna, ^875;in-8^ Astronomische Gesellschafl zu Leipzig. — Vierteljahrs- schrift, XI jahrg., 1876, P Heft. Leipzig; in-8''. Université de Marbourg. — Programmes des cours et dis- sertations inaugurales (1874-1875); 58 br. in-4'' et in-8''. K. h. Akademie der Wissenschaften zu Miïnchen. — Ab- handlungen der historisehen Classe : XII. Bd., 5. Abtheil.; XllI. Bd., 1. Abtheil. — Sitzungsberichtc, 1875, Bd. II, Heft 1 und 2. — Ueber die Bezichungen der Chemie zur Rechts- pflege (Ludwich Andréas Buchner). — Almanach fiir das Jahr 1875. Munich. 1875; 2 liv. et br. in-4% 2 liv. et vol. in-H". ( 39i ) Verei7i fur Kunst und Alterlhum in Ulm nnd Oher- schwaben. — Korrespondenzblalt, 1'" Jahrg. 4876, N"" i und 2, Ulm ; 2 feuilles in-4". Deutsehe Gesellschaft fur Natur und Volkerkunde Osta- sien's. — Mittheilungen . 8'"" Heft, Septeniber 1875. — Das schoene Maedchen von Pao. Yokohama; liv. et br. in-4°. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin, année 187S, n" 2. Moscou; in-8°. Nordiskt medicinsk Arkiv , Bd. VIIjN"- 21-27. Stockholm, 1875; in-S". R. Asiatic Society of (jreat Britain and Ireland. — The journal, new séries, vol. VIII, part I, october 1875. Londres; in-8°. Numismatie Society of London. — The numismatic Chro- nicle, new séries, N" LX, 1875, pt. IV. Londres; in-8°. Società entomolpgica italiana, Firenze. — Bullcttino, anno 7°, 3"^ IV, ottobre, novembre, dicembre 1875. Firenze, 1875; in-8°. Bulleltino delvulcanismo italiano : anno H, 1873, fasc. 9, 10, 11 e 12; anno III, 187C, fasc. 1 e 2. Rome; in-8°. Société agricole d'Oliio. — Jahresbericht, 1875. Columbus, Ohio, 1874; vol. in-8". American philosophical Society. — Transactions, new séries, vol. XV, pt. II. — Proccedings, vol. XIV, N" 94, january to june, 1875. Philadelphie; fasc. in-4° et in-8''. University of the State of New York, Albany. — Régents' Report : 1854, 1855, 1856, 1858, 1859, 1875, 1874. — Annual Report of the Trustées of the New York State Library, 1875, 1874. — New York State Cabinet of Natural history, 1869, 1870, 1872. Albany; 12 vol. in-8°. Sniithsonian institution of Washington. — Annual report fort theyear 1874. — Miscellaneous collections (266) : On the structure of cancerous tumors and the mode in wich adjacent parts are invaded. Washington, vol. et br. in-8". ( 392 ) Universidad de Citile. — Anales, 4875 : 4^ seccion (memo- rias scientificas i literarias) ; 2^ seccion (Boletin de instruccion pùblioa). Santiago de Chile, 1875; 2 vol. in-8° en livraisons. Oficina central meteorolôjica de Santiago de Chile. — Anuario, aîïos 5" i 4^ 4871 i 1872. Santiago, 1875; vol. in-8°. Republica de Chile. — Sesiones de la Càmara de Diputados en 1875, nùm. 1 i 2; de la Câmara de Senadores en 1875, nùm. 1 i 2. — Anuario estadistico de la Repùblica, t. XIV, 1872 1 1875. — Estadistica comercial, 1875. — Cuenta jeneral de las entradas y gastos fiscales en 1875. — Memoria presen- tada al Congreso national de 1874 : Relaciones esteriores i de colonizacion. Marina. Justicia, culto e instruccion pùblica. Guerra. Interior. Hacienda. — Proyecto de Ici de organizaciou i atribuciones de los tribunales. — Proyecto de côdigo de mineria. — Cuarto apendice al reino minerai de Cbile i de las repiiblicas vecinas {don I. Domeyko). — Colonizacion de Llanquibue, Valdivia i Arauco [José Antonio Varas). — Piano topografico y geologico de la Rcpublica de Cbile (A. Pissis). Santiogo et Valparaiso; 7 vol. gr. in-4", 10 vol. in-8'' et 15 cartes in-fol. maton {F.-W.) and Ulrich [G.'H.-F.). — Report of tbe geology and Gold fields of Otago. Dunedin, 1875; vol. in-8". BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — INo 3. CLASSE DES SCIEllCES. Séance du 4 mars 1816. M. H. Maus, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny , Steichen , Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph, Briart, membres; Th. Schwann, E. Catalan, A. Bel lynck, nssoc/es; J. De Tilly, L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- brugghe, correspondants. S""^ SÉRIE, TOME XLI. 26 ( 594 ) CORRESPONDANCE M. Gloesener, indisposé, écrit qu'il ne pourra venir diri- ger les travaux de la séance. — La classe a eu le regret de perdre l'un de ses associés de la section des sciences naturelles, M. Adolphe Bron- gniart, de Tlnstitut, professeur au Muséum d'histoire na- turelle, décédé à Paris le 18 février dernier. M. Brongniart était né dans la même ville le 14 janvier 1801. — M. le Ministre de l'Intérieur transmet, pour la biblio- thèque, un exemplaire des livraisons 227 à 23i de la Flora Batava et le tome ÏX des Atinales de la Société malacolo- gique de Belgique. — Remercîments. — M. le général Le Maire, directeur du Dépôt de la guerre, adresse, pour la bibliothèque et pour les membres qui s'intéressent à la géodésie, douze exemplaires d'une notice résumant les travaux de la carte du pays, notice que vient de publier ce dépôt. — Remercîments. — Le bureau de la Fédération des sociétés scientifiques de Belgique rappelle, par circulaire, les dispositions qui ont été prises pour la session de 1876. — Les établissements suivants ont fait parvenir leurs derniers travaux : La Société royale de Londres , et celles des arts et sciences de Batavia, l'Académie royale des sciences de ( 59d ) Munich , les Sociélés de physique de Bei lin et de Kœnigs- berg, l'Université de Marbourg, l'Académie royale des sciences de Stockholm , la Commission géologique et l'In- stitution Smithsonian de Washington, les Universités d'Al- bany et de Santiago. Les Académies de Munich et de Stockholm, la Société de physique de Berlin, l'Institution Smithsonian de Was- hington, les Universités de Pesth, d'Albany, de Santiago et l'Observatoire de Batavia accusent réception du dernier envoi des publications académiques. La Société italienne des sciences (dite des XL),à Modène, informe qu'elle a transféré son siège à Borne (S. Piètre in Vincoli). — Le B. P. A. Bellynck adresse ses observations sur les phénomènes périodiques du règne végétal , à Namur, en 1873. M. J. Cavalier envoie le résumé de ses observations météorologiques faites à Ostende pendant la même année. — La classe reçoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments : 1° Mémoire sur la température de l'air à Bruxelles , 1855-1872 (supplément), par Ern. Quctelet; in-4% 2° Remarques concernant la tension superficielle des liquides, par G. Van der Mensbrugghe; in-S"*; 5*' Die mechanische W arme théorie^ von B. Clausius, II Auflage, 1'^"^ Band.; in-8"; présenté par M. Folie; 4" Icônes selectae hymenomycetum nondum delineato- rum, par Elias Fries; in-4''; 5° Recherches sur la culture de la betterave à sucre, par A. Petermann; in-8"; présenté par M. Melsens; ( 396 ) 6" De veekweekerij in Vlaanderen, door Félix Van Loo; iii-8''; présente parÉdm. De Busscher, de la classe des beaux-arts; 7*^ Ricerche flsicJie intorno alla luce ed ai colori proprii dei corpi, par T.-M. Albanese; in-S*'; 8** Nouveau système du monde, par Eugène Lavaux ; in-8''. M.* Folie, en présentant Fouvrage de M. Clausius, a lu la note suivante : « La première édition de la Théorie méca- nique de la chaleur, que j'ai traduite en français, se com- posait des mémoires originaux , qui ont rendu célèbre le nom de leur auteur, augmentés seulement de quelques notes et additions. Cette seconde édition a été entièrement refondue; les matières de la première y sont groupées systématiquement, et l'ouvrage a revêtu de la sorte un caractère tout à fait didactique. Au point de vue de l'exposition , cette seconde édition peut donc être considérée comme une œuvre nouvelle. Le premier volume, qui vient de paraître, renferme le développement de la théorie mécanique de la chaleur, déduit de ses principes fondamentaux, celui de Mayer et celui de Clausius, ainsi que l'application de cette théorie aux changements d'état des corps et à la machine à vapeur; il constitue ainsi, en lui-même, un ensemble complet. » — M. W. Spring prie la classe d'accepter le dépôt d'un billet cacheté renfermant l'exposé de quelques faits nou- veaux touchant la capillarité. Ce billet, revêtu du contre- seing du vice-directeur et du secrétaire perpétuel, sera dé- posé aux archives. — M. J.-C. Houzeau communique le IV' fragment de ( 397 ) son travail sur le Calcul numérique, consacré aux approxi- mations et aux séries. Commissaires : MM. Folie, Catalan et Liagre. COMMISSION DES FINANCES. Conformément à l'article 42 du règlement général de l'Académie, la Commission spéciale des finances de la classe s'est réunie avant la séance pour examiner les comptes généraux de l'année 1875, arrêtés par la Commission ad- ministrative dans sa séance du 24 février. Elle fait connaî- tre l'état des recettes et des dépenses pendant cette année, état qu'elle a approuvé en ce qui concerne la classe. Celle-ci admet les résolutions prises à ce sujet. RAPPORTS. Rapport présenté au nom du Dépôt de la guerre de Bel- gique à la Commission permanente de l'Association géo- désique internationale. A»»aMy»o faite pa»* le généi'al M^iagre. c( Ce rapport, que M. le général Le Maire a bien voulu communiquer à l'Académie, présente d'abord un historique succinct des travaux qui ont été exécutés jusqu'aujourd'hui par notre Dépôt de la guerre. Il commence par rendre un hommage mérité à Tesprit scientifique déployé par notre regretté confrère, le général Nerenburger, qui dirigeait le Dépôt au début des opérations de la carte du pays. Dans ( 598 ) la pensée du général, ces opérations ne devaient pas avoir seulement pour but de fournir le canevas nécessaire à la description géographique de la Belgique; elles devaient concourir en outre à la solution du grand problème qui a pour objet la figure générale du sphéroïde terrestre, en même temps que ses déformations locales. Deux bases ont été mesurées à cet effet , et des observa- tions astronomiques ont été faites dans leur voisinage. Pour donner au travail géodésique toute sa valeur scienti- fique, il reste encore à effectuer les longs et fastidieux cal- culs relatifs à la compensation du réseau; il reste de plus à satisfaire à un desideratum exprimé par le général Nerenburger, c'est-à-dire à mesurer une troisième base, et à faire des observations astronomiques dans la province de Luxembourg, vers le troisième sommet du triangle qui figure le territoire de la Belgique. Les calculs de la compensation, qui s'effectuent sous l'habile et active direction de M. le major Adan, sous- directeur du Dépôt de la guerre, ne peuvent tarder d'être menés à bonne fin. Quant à la mesure d'une troisième base, c'est une opéra- tion sur laquelle je crois qu'il ne faut pas trop compter, du moins de la part de la Belgique, maintenant que les règles qui ont servi à la mesure des deux premières ont été restituées à la Prusse, et devraient peut-être subir un nouvel étalonnage; mais ce qui est pratique et désirable, c'est qu'un sommet géodésique soit déterminé astronomi- quement dans la partie S.-E. du royaume, afin de servir au calcul des éléments de notre ellipsoïde local. Bien que la compensation générale du réseau belge n'ait pas encore été effectuée, les vérifications qui ont été obte- nues jusqu'à présent prouvent que les observations géode- ( 599 ) siques faites par notre Dépôt de la guerre sont d'une rare exactitude. Ainsi, par exemple : Entre les bases de Lommel et d'Ostende, on a conduit une chaîne de 19 triangles qui établissent l'accord à 0°\029 près. Une deuxième chaîne, qui comprend la partie du méri- dien de Lommel située eu Belgique, se compose de 36 triangles, et l'accord entre les deux bases se fait à 0"\015. Une troisième chaîne des triangles du Nord, ayant quinze côtés communs avec la triangulation hollandaise du général Krayenhoff, part d'Ostende et se ferme sur Lom- mel à 0"',02!4 : ce résultat prouve à la fois en faveur des deux triangulations. Enfin les côtés qui nous sont communs avec les trian- gulations française et anglaise présentent un accord tout aussi remarquable. Des observations du pendule doivent de toute nécessité être faites dans notre pays, en diverses stations et à des altitudes différentes. La détermination de l'intensité et de la direction de la pesanteur constitue un problème très- délicat; il occupe en ce moment l'Association géodésique internationale, à laquelle on devra s'en rapporter pour la marche à suivre. Notre nivellement de précision, dont les opérations, commencées en 1847, n'ont été terminées qu'en 1874, a été exécuté dans des conditions très-diverses. Il est donc nécessaire d'effectuer la compensation des altitudes prin- cipales par la méthode des moindres carrés. Ce calcul, très-long et très-compliqué, sera commencé sous peu par M. le major Adan, qui se propose d'apporter quelques sim- plifications à la marche générale. Le rapport du délégué de notre Dépôt de la guerre se ( 400 ) termine par quelques considérations sur les déviations de la verticale. L'auteur propose de fixer au centre de l'Europe un point de départ pour toutes les chaînes de triangles fer- mant sur des bases mesurées, et de calculer les positions géodésiques des sommets de ces chaînes à l'aide des mêmes éléments, soit ceux de Bessel, soit ceux que l'on trouverait en appliquant les moindres carrés à tous les arcs de méri- diens et de parallèles mesurés aujourd'hui. Les positions astronomiques, destinées à être comparées aux positions géodésiques et à fournir ainsi les déviations de la verticale, devraient être obtenues à l'aide des mêmes étoiles et des mêmes tables de réduction. L'application de cette idée aurait certainement pour premier résultat de donner plus d'unité et de consistance au réseau européen. En attendant que l'Association géo- désique internationale se soit prononcée sur elle, je fais des vœux pour que notre Dépôt de la guerre saisisse toutes les occasions possibles de faire des observations astronomiques en divers sommets du réseau belge. Comme appendice à son travail, l'auteur traite la ques- tion de la marche à suivre pour compenser un réseau de triangles en opérant par groupes séparés. La triangulation complète d'un pays a pour but : 1° de déterminer les longueurs de quelques méridiens et paral- lèles; 2° de fixer un grand nombre de points de repère, des- tinés à appuyer les triangulations d'ordre inférieur dont on a besoin pour la construction de la carte. Au point de vue scientifique, la compensation géomé- trique du réseau n'est indispensable que pour les chaînes dirigées dans le sens des méridiens et des parallèles, et cette restriction permet d'abréger considérablement les immenses calculs qu'entraîne la compensation complète ( 401 ) d'un réseau de quelque étendue. La marche indiquée par l'auteur pour arriver à ce but me paraît rationnelle, et je crois qu'en l'adoptant pour notre triangulation, on ferait une notable économie de temps dans la pratique, sans nuire en rien à la précision des résultats scientifiques. L'Académie, qui a été tenue si longtemps dans l'igno- rance au sujet de la marche des travaux géodésiques exé- cutés par notre Dépôt de la guerre, doit être heureuse de constater aujourd'hui que l'impulsion imprimée à ces tra- vaux par un de nos anciens confrères est continuée par des mains actives et habiles. Notre illustre associé , le lieute- nant général Baeyer,a manifesté maintefois le regret que la Belgique n'entrât pas plus activement dans le concert européen de l'Association géodésique internationale : cette situation va cesser, et ce sera à la fois un honneur pour le pays et un avantage pour la science. J'ai l'honneur de proposer à la classe de voter des remercîments à M. le général directeur du Dépôt de la guerre, pour l'intéressante communication qu'il nous a adressée. » gSappot'l de .fïï. £**««. Quelelet. « 11 y a déjà des siècles que les géomètres ont dirigé leur attention sur l'importante question de la figure de la terre, mais il était réservé au XYlll'^ de résoudre les problèmes fondamentaux relatifs à cette question. La fameuse expé- dition dirigée, en 1736, par La Condamine dans les régions tropicales et par Maupertuis dans les glaces du Nord, avait démontré l'aplatissement du sphéroïde qui était déjà soupçonné depuis quelque temps; la détermination de la longueur d'un degré du méridien, sous une latitude don- ( 402 ) née, fit ensuite l'objet des recherches des Cassini, De- lambre, Méchain, etc. dont les travaux ont été complétés par Biot et Arago. Depuis lors, chaque État civilisé a tenu à honneur de faire sa triangulation et de contribuer au perfectionnement de nos connaissances géodésiques. Les travaux des Anglais, non-seulement dans l'île-mère, mais encore dans les co- lonies, ceux des Allemands, des Russes sont célèbres (1). Les méthodes d'observation et de calcul données par Gauss, Legendre, Bessel, Struve, etc., ont porté la géodésie à un haut degré de perfection. Mais ces travaux divers étaient isolés. F^es éléments de réduction n'étaient pas les mêmes, les instruments em- ployés et les méthodes de calcul différaient. Le général Baeyer, ancien collaborateur de Gauss et de Bessel, a mis en avant le projet d'une triangulation de l'Europe centrale. Ce projet, favorablement accueilli, s'est développé et est enfin devenu une triangulation européenne qui ira peut- être grandissant encore dans les directions du sud et de l'est. Les délégués des divers États associés se réunissent périodiquement dans des conférences où il est rendu compte de l'avancement des travaux; en outre, une com- mission permanente se réunit plus fréquemment et fait paraître des procès-verbaux de ses séances; enfin, il est publié chaque année un rapport» sur la situation générale de l'entreprise. (1) Je me bornerai à ciler ici la célèbre triangulation due à W. Slruve , qui s'étend d'Hammerfest sur la mer Glaciale, à Ismaïl, sur le Danube , et qui a une longueur de plus de 23 degrés, et la triangulation, le long du parallèle de .^2o, qui a été proposée par 0. Struve et qui doit s'étendre de Valentia, en Irlande, jusqu'en Sibérie. ( ^03 ) La commission permanente s'est réunie cette année à Paris, et le travail que M. le général Le Maire, directeur du Dépôt de la guerre, communique à TAcadémie, est le rapport qui a été lu à cette assemblée. Je crois pouvoir me joindre à votre savant 1" commissaire pour exprimer la satisfac- tion qu'éprouve la classe des sciences d'être mise au courant des travaux qui s'exécutent au Dépôt de la guerre. On ne peut aussi que se féliciter de voir les recherches faites dans le pays pour étudier la figure de la terre, reliées intimement aux travaux exécutés dans les pays voisins. A la vérité, chaque rapport annuel de l'association renfermait une notice relative à l'état d'avancement des travaux belges, et M. le général Simons avait représenté la Belgique à la con- férence de Berlin, mais il importe que ces relations soient continues et l'un des principaux membres de la conférence disait même que la Belgique devrait avoir deux repré- sentants. Le plan des travaux qui s'exécutent au Dépôt de la guerre sous l'habile direction du général Le Maire, est l'œuvre du général Nerenburger, notre regretté confrère. Il comprend une triangulation complète et un nivellement de précision. La triangulation devait s'appuyer sur trois bases, mais deux seulement, l'une à Ostende, l'autre à Lommel, ont été mesurées; le réseau comprend : 86 sommets de 1«' ordre formant 228 triangles. 184 — 2e — — 636 ~ 1830 ~ 5e — — 5318 — L'œuvre pénible des calculs est en voie d'exécution et, d'après les vérifications partielles qui ont déjà été faites, on est en droit d'espérer que les résultats seront d'une grande précision. ( 404 ) Le nivellement est également terminé et les calculs seront bientôt entrepris. Comme complément nécessaire de la triangulation, des déterminations astronomiques de latitude, longitude et azimuth ont déjà été en partie exécutées et seront con- tinuées plus tard; c'est, en effet, de la comparaison des coordonnées astronomiques et géodésiques que l'on pourra probablement tirer des conclusions très-curieuses sur la constitution du sol, ainsi qu'on en a déjà eu plusieurs exemples, non-seulement dans les pays de montagnes, mais même dans des pays plats (1). Enfin, les observations du pendule ne seront pas né- gligées. Ne serait-il même pas possible de mettre à profit cette circonstance pour donner suite à la proposition pré- sentée, il y a quelque temps, par deux de nos honorables confrères, d'observer les oscillations du pendule dans quel- ques-unes de nos mines les plus profondes, en vue d'obtenir une nouvelle détermination de la densité de la terre. J'ai l'honneur de proposer à la classe de voter des re- mercîments à M. le directeur du Dépôt de la guerre, pour son intéressante communication. » Rapstoft de Jff. F . JFolic. « Après l'analyse si complète et si précise que M. le se- crétaire perpétuel vient de lire sur le rapport présenté, au nom du Dépôt de la guerre de Belgique, à la Commission permanente de l'association géodésique internationale, et (1) Pour que les résultais obtenus dans les difTérents pays fussent par- faitement comparables, l'Observatoire de Saint-Pétersbourg a dressé un catalogue des positions des principales étoiles à observer, et le comité a publié des instructions détaillées sur les méthodes de calcul à employer. ( 40S ) après l'esquisse historique intéressante de notre savant confrère M. E. Quetelet, sur les travaux géodésiques effec- tués en Europe, il ne me reste que bien peu d'observations à ajouter. Je m'associe pleinement aux éloges que vos deux pre- miers commissaires ont faits de l'exactitude vraiment re- marquable des résultats déjà obtenus , ainsi qu'aux vœux de l'honorable général Le Maire, relativement à la mesure d'unebase dans notre Luxembourg ou dans le Grand-Duché, et à la détermination astronomique de sommets pris vers les trois points extrêmes du pays. Ces mesures auraient la plus grande importance, et pour la vérification finale -des résultats, et pour la détermination des éléments de notre ellipsoïde osculateur. Les calculs de compensation des réseaux de triangles, ainsi que des altitudes, n'étant pas terminés, il n'est pas possible encore de se prononcer d'une manière déûnitive sur le résultat des observations qui ont été faites, quel- que confiance que donnent les vérifications déjà obtenues. Nous sommes persuadé que ces calculs laborieux, mais dont la longueur a été réduite d'une manière heureuse par l'auteur du rapport, seront menés à bonne fin. On sait qu'ils présentent de grandes difficultés, particulièrement dans l'application de la méthode des moindres carrés, et que des erreurs notables ont été signalées dans ceux de la triangulation prussienne, et dans ceux de Bessel lui- même, dans sa Gradmessimg in Ostjweussen (1). Il n'est qu'un point du rapport sur lequel nous n'ayons pas tous nos apaisements : c'est celui dans lequel le dé- (1) Voir deux articles du prof. Witlstein, de Hanovre, dans les Astr. Nachr. vol . 69 ; année 1867. • ( 406 ) légué du Dépôt de la guerre propose de fixor,au centre de l'Europe, un point de départ pour toutes les chaînes de triangles fermant sur des bases mesurées, et de calculer les positions géodésiques des sommets de ces chaînes à l'aide des mêmes éléments. Nous nous demandons si les positions géodésiques ainsi calculées seraient bien les véri- tables, et si l'on en pourrait conclure exactement, parleurs différences avec les positions astronomiques, les déviations de la verticale. Peut-être ici n'avons-nous pas bien compris le rapport, qui s'exprime nécessairement av^c une grande concision; mais il nous semble que notre ellipsoïde local pourrait avoir des éléments assez différents de celui de ce point central , ou de celui de Bessel, ou même de celui que Ton trouverait par l'application de la méthode des moindres carrés aux arcs mesurés aujourd'hui, pour que les positions géodésiques calculées au moyen des éléments de l'un ou de l'autre de ces ellipsoïdes ne fussent pas les mêmes. Quoi qu'il en soit, les déviations de la verticale pourront être déterminées au moyen d'observations du pendule faites en différents points du pays. Il est vivement dési- rable que ces observations, d'une nature très-délicate , et dont les résultats ne sont pas toujours indépendants de la configuration locale, soient faites en grand nombre et avec soin. Notre honorable confrère M. E. Quetelet a bien voulu, en mentionnant ce projet du Dépôt de la guerre, rappeler celui que mon savant ami et confrère M. Dewalque el moi, nous nous sommes proposé de mettre à exécution, relati- vement à une nouvelle détermination de la densité de la terre parla méthode d'Airy. Je lui suis très-reconnaissant de l'intérêt qu'il veut bien porter à ce projet, et il m'est permis, je pense, pour donner satisfaction au désir légitime qu'il doit éprouver, et que la classe partage peut-être, de ( 407 ) savoir si ce projet sera réalisé, de dire que le gouvernement nous a promis les fonds nécessaires à son exécution, et que nous en avons déjà reçu une partie qui nous a servi à l'acquisition d'un des appareils dont nous avons besoin. Je me joins à mes savants confrères pour proposer à la classe de voter des remercîmenls à l'honorable général directeur du Dépôt de la guerre , pour l'intéressante com- munication qu'il lui a adressée, et j'espère, avec M. le se- crétaire perpétuel, qu'il voudra bien nous tenir au courant de l'avancement des travaux géodésiques effectués sous sa direction. » La classe a adopté ces conclusions. Elle a, en même temps, voté l'impression des rapports de ses commissaires dans le Bulletin. Complément du Mémoire couronné de MM. de la Vallée- Poussin et Renard sur les roches plutoniennes de la Belgique. Rappoft de m. Dotcalquc « Après un long retard, qui ne peut être imputé à notre bonne volonté, nous venons rendre compte à l'Académie de deux mémoires que MM. les professeurs de la Yallée- Poussin et Renard lui ont adressés dans le courant de l'année dernière, et qui concernent les roches réputées plutoniennes de la Belgique et de l'Ardenne française. Le premier est consacré à quelques roches de notre pays; le second, beaucoup plus important à tous égards, se rap- porte aux gisements feldspathiques et amphiboliques qui se montrent au delà de la frontière, dans le terrain ( 408 ) cambrien de la vallée de la Meuse. C'est le compiéQient du beau travail par lequel les auteurs ont inauguré dans notre pays l'application du microscope à Tétude du règne minéral et que l'Académie a couronné, avec l'espoir qu'ils achèveraient un ensemble de recherches pour lesquelles le temps leur avait manqué. INous nous empressons de dire dès maintenant que ce complément ne le cède au premier mémoire ni en intérêt, ni en nouveauté. Nous allons l'ana- lyser succinctement. Gabbro de Grand-Pré. (Hypevsthénite, Malaise.) Cette roche paraît former, près de la ferme de Grand- Pré (Mozet), un grand culot, difficile à étudier et entouré de schistes siluriens. Le sol est couvert de débris d'une roche granitoïde, tenace, rayant le verre, gris verdâtre pâle, tacheté de vert foncé. A la loupe, on y reconnaît un feldspath clinaxique, probablement labradorite, avec des lamelles de calcite, parfois disposées en veines qui at- teignent quinze millimètres d'épaisseur, et annonçant une décomposition assez avancée ; puis de petites masses lamello- fibreuses, vert foncé ou noir brun, présentant un clivage distinct et un faible éclat métalloïde, qui paraissent être de la diallage. Au microscope, c'est un agrégat de plagio- clases et de diallage, avec serpentine vert jaunâtre, entre- lacés de calcite et de quartz, et renfermant quelques grains de pyrite, de magnétite et de fer titane, ainsi que quelques aiguilles d'apatite. Ces derniers minéraux sont sans doute des produits de décomposition, analogues à ceux que les auteurs ont observés à un degré moindre dans le gabbro de Hozémont. ( 409 ) Porphyroïde de Monstrenx. (Albite phylladifère, Dumont ) Dumont avait considéré ce pelit aftleurement comme formé d'une roche éruptive qui aurait métamorphosé les schistes en contact. Cette interprétation, qui nous avait semblé inadmissible, est aussi rejetée par les auteurs, lis donnent une coupe de ce gîte, coupe d'après laquelle la limite nord du prétendu culot serait formée par une faille. Nos observations concordent avec les leurs. La roche de Monsireux est essentiellement composée de petits grains de plagioclase, plus ou moins décomposés et irréguliers, d'une phyllite, analogue à celle de Pitet et dont les lamelles parallèles donnent lieu à une schistosité sensiblement conforme au clivage oblique des schistes ad- jacents, et enfin, de grains de quartz peu abondants. C'est donc, comme Dumont l'avait reconnu, une roche sem- blable à celle de Pitet; aussi les auteurs la rangent parmi les porphyroïdes, comme celte dernière. Elle passe vers le haut à une sorte d'eurite schistoïde,que Dumont n'en avait pas distinguée, et qui passe elle-même au schiste silurien ordinaire. Le parallélisme de cette séricite et du clivage des schistes indique, d'après les auteurs, que ce minéral s'est développé après que ces couches avaient acquis à peu près leurs relations actuelles; ce que nous acceptons volontiers, avec la réserve que la production du clivage est posté- rieure à la formation de la séricite. Celle-ci est un produit de métamorphisme, qui a reçu sa disposition actuelle, comme le disent les auteurs, par les mêmes causes qui ont donné S'"" SÉRIE, TOME XLI. 27 ( 410 ) lieu au développement du clivage indépendant dans les schistes. Cette roche est tellement altérée qu'il est presque im- possible d'en obtenir des lames minces, convenables pour l'étude microscopique. Les auteurs ont réussi néanmoins à y retrouver, dans une pâte laiteuse, des grains cristallins, en quelque sorte fondus les uns dans les autres, veinés de phyllade et renfermant de petits cristaux de quartz; des cristaux d'orthose se reconnaissent parmi ceux de plagio- clase; tous présentent les caractères élastiques de la roche de Pitet. Le quartz est moins abondant que dans celte dernière localité; il présente ordinairement de nombreuses enclaves liquides, renfermant une bulle gazeuse d'une mo- bilité remarquable. Ce singulier mouvement a été étudié par un ami des auteurs, qui le considère comme dû aux vibrations calorifiques. Suivant ce physicien, toute parti- cule libre, dont les molécules restent associées par leurs actions mutuelles, comme dans les solides et les liquides, ou par une pression extérieure, comme dans les gaz, doit osciller sans cesse, si elle est suffisamment petite. Nous re- commandons cette explication du mouvement brownien à l'attention des physiciens. Avec les éléments essentiels précités, les auteurs ont reconnu la limonite et un seul grain de hornblende. Eurite quartzeuse de Grand-Manil. Ce gisement est aujourd'hui moins visible qu'à l'époque où nous en donnâmes la description pour le compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique de France, en 1865. Un fragment du banc n" o a été analysé par IVl. Bischoping : son contenu en potasse (7 7o) indique ( 411 ) l'orthose, dont les auteurs ont réussi à trouver des cris- taux dans un banc voisin. 11 est vrai qu'une autre analyse de M. Chevron indique, au contraire : potasse, 0,27; soude, 6,10 7o; mais on n'a jamais trouvé de cristaux d'albite dans ce gîte. Au microscope, cette roche montre une structure mi- crograniloïde, sans substance amorphe; quelques écailles verdâires paraissent être de la chlorile. Certains fragments du banc n° 3 de Dumont indiquent une transformation des parties schisteuses en une substance pinitoïde, dont M. Lossen a communiqué l'analyse aux auteurs. Eurite quartzeuse de Nivelles. Les travaux exécutés depuis la publication du mémoire de Dumont ont fait reconnaître de nouveaux gîtes d'eurite, que nous considérons, ainsi que les auteurs, comme for- mant une bande continue, dirigée vers l'Est-Sud-Est, paral- lèlement aux couches siluriennes encaissantes. Les auteurs considèrent cette roche comme sédimentaire, à cause de la disposition schistoïde de la masse, parallèle à celle du terrain silurien, et à cause des rides de courant (ripple marks) qu'ils ont observées à la surface de certaines couches. La présence de débris élastiques, non feldspa- thisés, dans la masse, les empêche de croire à un méta- morphisme par imprégnation. Eurite schistoïde d'Enghien. (Porphyre schistoïde, Dumont.) Le gîte observé par Dumont au nord de Marcq, à un kilomètre à l'ouest d'Enghien, n'a plus offert aux auteurs que des débris dans lesquels ils n'ont pu retrouver les ( 412 ) crislaux feldspalhiques indiqués par Dumont. Ils n'y ont vu qu'une curite avec quartz et une phyllite blanc d'argent ou verdâtre, en proportions très-variables. Près du chemin de fer d'Ath, au nord de Marcq, on voit l'eurite passer graduellement au phyllade silurien. Tout se réunit donc pour la faire considérer comme roche sédi- mentaire. Au microscope, elle montre une pâte micro- cristalline, quartzeuse et feldspathique. Les grains de quartz sont irréguliers; ils renferment de nombreux fila- ments groupés en houppes (asbeste?). L'élément phylladeux rappelle exactement celui des autres porphyroïdes; L'oli- giste n'y est pas rare; il se présente en sections rhombes ou hexagonales, rouges par transmission. Les auteurs y ont aussi trouvé quelques grains de pyrite, et une lamelle de mica, semblable à celui des arkoses. Cailloux du poudingue de Boussale. A la base de la bande moyenne du poudingue de Burnot, dans le conglomérat inférieur que M. J.Gosselet a rapporté au poudingue de Fépin, les auteurs ont rencontré à Bous- sale (Andenne) un caillou d'un pouce de diamètre, formé d'une roche particulière, qu'ils n'ont retrouvée nulle part ailleurs. C'est une roche à base de hornblende noire, à clivages assez distincts; an microscope, celte hornblende se montre vert noirâtre et fendillée, associée à du quartz laiteux, Assuré, rendu à peine translucide par un nombre prodigieux d'enclaves liquides. Cailloux du poudingue de Grand-Poirier, L'université de Liège possède, parmi les échantillons du poudingue de Burnot de la même bande, deux cailloux ( 413 ) trouvés par Dumonl à la ferme du Grand-Poirier (Marchin). Nous les avons communiqués aux auteurs; comme le pré- cédenl, ils semblent provenir de gisements inconnus. Le premier (n" 254) se rapproche de nos porphyroïdes. Il est formé de grains de feldspath et de quartz, accom- pagnés d'une matière chloriteuse et de feuillets sériciteux. Au microscope, il montre une texture microgranitoïde; mais l'altération de la roche est très-avancée. La porphy- roïde à gros grains de Pitet est la variété qui s'en rap- proche le plus. Le second (n'' 255) est formé d'une roche amphibo- lique analogue à celle du caillou de Boussale, mais beaucoup moins riche en quartz. Il est formé d'aiguilles d'amphibole enchevêtrées et de microlilhesde même nature; aiguilles et microlithes sont enchâssés dans du quartz, avec quelques écailles de chlorite et quelques aiguilles de sphène? Roches réputées plutoniennes de VArdenne française. La formation cambrienne de l'Ardenne française pré- sente, sur un certain nombre de points, des rbches feld- spathiques interstratifiées qui ont été souvent considérées comme éruptives. Dumont, qui a surtout défendu celte opi- nion, les rapportait à quatre types : hyalophyre massif ou schistoïde, diorite chloritifère, albite chloritifère et albite phylladifère, dont les auteurs rappellent les caractères. Ils passent ensuite en revue les gisements connus, en in- diquent trois ou quatre nouveaux et joignent à cette partie de leur travail une petite carte, agrandie au 7^0,000 d'après celle de l'état -major français. Cette carte sera de la plus grande utilité aux explorateurs. Ce second mémoire , beaucoup plus important que le {Mi ) premier, est destiné à remplacer l'esquisse renfermée dans le mémoire couronné. Les auteurs ont examiné pour leurs recherches microscopiques plus de cent plaques minces des roches en question, et les résultats de celte étude, confir- mant leurs déterminations minérales et leurs interpré- tations géologiques, les amènent à conclure que la plupart de ces roches sont sédimentaires, et non éruptives. Les analogies pétrographiques et stratigraphiques des divers hyalophyres de l'Ardenne sont telles que les con^ clusions déduites de l'observation d'un ou deux affleu- rements doivent s'appliquer aux autres. Partant de là, les auteurs consacrent d'abord une étude approndie aux gîtes de Mairu, près Deville, gîtes bien connus, facilement ac- cessibles et pouvant fournir beaucoup d'échantillons d'une conservation passable. Le premier qu'ils étudient est la masse porphyroïde bleuâtre, à gros cristaux de feldspath, située à 200 mètres au sud du moulin de Mairu, et que Dumont, qui la prenait pour type de son hyalophyre massif, appelait premier fdon à la Meuse. Après avoir rap- pelé les opinions émises sur cette roche par les nombreux géologues qui s'en sont occupés depuis sa découverte, en 1804, par Coquebert de Montbret, les auteurs exposent les résultats de leurs recherches. Ils donnent une coupe de ce massif et signalent la disposition remarquablement symétrique que nous lui avons reconnue, à partir de son axe, et ils examinent les variations de structure et de com- position qui se présentent du bord méridional au centre. Ce sont d'abord des phyllades soyeux, à base de séricite, qui succèdent aux phyllades ordinaires du système re- vinien. Ces phyllades, parfois formés de séricite presque pure, s'associent également aux feuillets granulo-com- pactes d'une roche analogue d'aspect à certaines leptynites, ( 4i5 ) mais beaucoup plus riche en quartz. L'existence de la sé- ricite, dont nous avons le premier signalé l'importance dans nos roches anciennes, est établie ici, comme dans les autres cas analogues des Ardennes, d'après ses caractères extérieurs, comparés à ceux d'échantillons types venant de l'Allemagne, d'après l'essai au chalumeau, et entin par l'examen microscopique, à l'occasion duquel les auteurs font connaître, pour la première fois, certaines propriétés optiques de cette substance dans les lames minces. Dans les couches qui suivent, la texture est moins feuil- letée; aux minéraux susmentionnés s'adjoignent la chlorite, la biotiteetle feldspath; le microscope y montre, en outre, des plages de calciteet des cristaux d'épidote. Les cristaux de quartz et de feldspath donneht à la roche un aspect de plus en plus por[)hyrique. La partie centrale du gîte, gé- néralement considérée comme une sorte de porphyre quarlzifère, l'hyalophyre massif de Dumont, est tout autre chose d'après les auteurs. Ils montrent qu'elle conserve la structure propre aux schistes cristallins. Sa base n'est pas une pâte d'eurite, comme Dumont l'a cru : c'est une sorte de gneiss à grains fins ou moyens, dont les éléments es- sentiels sont le quartz, le feldspath et surtout la biotite, qui entre pour une grande part dans la masse, et dont les lamelles ont une tendance marquée à se placer à plat suivant le plan des bancs. Cette disposition et le contour- nement de ces lamelles autour des cristaux de dimensions un peu grandes, détermine une structure gneissique tour- mentée, qui apparaît surtout sous le microscope. Cette structure rapproche cette roche de Mairu de certains gneiss à grains fins, dont le parallélisme des lamelles n'est pas toujours nettement accusé (cornubianite). Les auteurs ont dessiné une planche où se montre très-bien la disposition ( U6 ) ondulée et ailonajée des lamelles de mica et l'on voit au premier coup d'œil que celte roche ne peut être assimilée aux porphyres. De plus, dans les lames minces étudiées au microscope, on voit que cette pâte gneissique, de même que celle des schistes porphyriques contigus, renferme de nombreux microlithes allongés, alignés dans le plan de schistosité, comme les micrographes en ont constaté dans les roches crislallophylliennes. Les cristaux renfermés dans cette pâte appartiennent à Toligoclase, à l'orthose et au quartz. Les plus petits pré- sentent des contours à arêtes plus ou moins rectilignes; les autres offrent une disposition ovoïde ou ellipsoïdale et atteignent jusqu'à dix à douze centimètres de grandeur. Les feldspaths dominants sont des oligoclases, tous maclés et offrant les cannelures bien connues des hémilropies du système clinoédrique. Pour constater l'oligoclase, les auteurs ont mesuré l'angle rentrant, formé par deux lames hémitropes consécutives. Ces mesures, effectuées avec le goniomètre de Wollaston, à plusieurs reprises et sur plu- sieurs fragments, ont donné, comme valeur moyenne, un angle de 172°20', avec 5' ou 6' seulement d'écart entre les valeurs extrêmes. Contrairement à ce que pensait Dumont, le feldspath dominant à Mairu est donc l'oligoclase, et il en est de même pour la plupart des gisements porphyriques de l'Ardenne. Les auteurs décrivent les formes variées que ce minéral affecte et ils signalent, entre autres, une modification par- ticulière de la macle de Carlsbad, laquelle simplifie le con- tour habituel de cette macle par suite de l'existence de cer- taines faces restées inconnues aux cristallographes. Chose remarquable, ce type particulier de macle se retrouve dans la plupart des masses porphyriques de la contrée. ( «7 ) Les auteurs décrivent de même les cristaux d'orthose, presque toujours arrondis, fréquemment entourés d'une zone mince d'oligoclase. Cette disposition est très-rare : on ne l'a rencontrée jusqu'ici que dans quelques porphyres des Vosges et de la Finlande (Rappakivi). Le grand axe de ces cristaux est sensiblement dans le plan de schistosité de la pâte gneissique. Le quartz se trouve en cristaux dihexaèdres, tantôt assez nets, tantôt entièrement arrondis. L'arrondissement des cristaux de feldspath n'est pas un phénomène particulier au gisement dont il s'agit : on le retrouve dans les couches les plus schistoïdes du ravin de Mairu, dans la vallée de la Commune, dans les hyalophyres de Notre-Dame de Meuse et de l'étang de Rimogne. Les auteurs entament ici une discussion, longue, mais néces- saire, des causes auxquelles on pourrait attribuer celle re- marquable disposition. Plusieurs naturalistes, et les auteurs du mémoire eux-mêmes, l'an dernier, ont considéré ces cristaux comme arrachés à quelque porphyre préexistant et convertis par le transport en cailloux roulés; mais un examen attentif amène les auteurs à la conviction que ces cristaux sont là dans leur lieu d'origine. Ils en donnent diverses preuves : i'' Le revêtement régulier d'oligoclase autour de noyaux arrondis d'orthose, certains axes du premier étant exac- tement orientés comme ceux du second, ce qui implique la continuation d'une même action cristalline pour l'en- semble. 2° La présence de lames de plagioclase en groupements délicats sur le pourtour de certaines orthoses globulaires, phénomène inconciliable avec l'hypothèse d'un transport. o*" L'existence, dans des cristaux dont la plupart des ( 418 ) faces sont planes et à arêtes très-nettes, de certaines faces courbes, échappant aux lois de la cristallisation, et que cependant aucune friction due au transport, aucun agent mécaniquen'auraitpu produire. Ils en dessinent un exemple qui montre que les feldspaths se sont parfois développés spontanément à Mairu avec des faces arrondies, tout en conservant l'unité la plus complète dans leur structure et le système de leurs clivages. 4° La découverte, dans les mêmes bancs porphyriques, de nodules cristallins qui présentent, quand ils sont dé- tachés de la masse, toute l'irrégularité de fragments élas- tiques, et qui, dans la réalité, proviennent de l'agrégation de petits plagioclases, orientés d'après une même loi, intimement soudés les uns aux autres, mais inégalement développés dans les diverses directions autour du centre de tîgure. C'est un point sur lequel M.Lossen,qui découvrit ces nodules, attira l'attention des auteurs en montrant que certains cristaux arrondis de Mairu n'étaient pas élastiques. 5° Bien que l'arrondissement des feldspaths soit un fait très-commun dans tous les affleurements porphyriques de cette région, il a été impossible aux auteurs de rencontrer, soit à l'œil nu, soit à la loupe ou au microscope, un seul exemple certain de feldspath réduit à l'état de fragment isolé. Cette circonstance est tout à fait inexplicable dans l'hypothèse d'un transport arrondissant mécaniquement les cristaux. MM. de la Vallée et Renard concluent donc que ces feldspaths arrondis sont en place, in aitu, aussi bien que les autres , et cette conclusion s'applique à tous les hyalo- phyres connus de l'Ardenne. Les auteurs ont reproduit par le dessin les principales ( 419 ) particularités de structure que nous venons de décrire. Des diagrammes sont intercalés dans le texte et une grande planche représente l'aspect de cette roche remarquable. Elle offre au lecteur le moyen de se rendre compte de la composition minéralogique, des différentes formes affectées par les minéraux constituants et de la structure d'un fragment de cette roche; aussi nous ne doutons pas qu'elle n'intéresse les pétrographes étrangers. Au microscope, l'intérieur des sections de ces feldspaths se montre criblé de lamelles de mica incolore, que les auteurs considèrent comme primaires et caractéristiques. Quant aux gros cristaux, ils y distinguent deux sortes de fissures, d'âges différents, les unes, antérieures ou tout au moins contemporaines de la disposition actuelle de la pâte, les autres postérieures à cette disposition. Les premières ont pour caractère de traverser les cristaux volumineux sans pénétrer dans la masse entourante, contre laquelle elles s'arrêtent invariablement. Ces tissures, très-fines, gé- néralement remplies de quartz vitreux, peuvent se suc- céder parallèlement les unes aux autres, au nombre de quarante à cinquante dans un seul cristal d'orthose, mais pourtant elles ne suivent qu'accidentellement les clivages les plus faciles de celte espèce; le plus souvent elles sont à peu près perpendiculaires à la schistosité de la roche. Les divers tronçons du cristal ainsi fissuré semblent quelque- fois avoir joué et subi de légers déplacements, de façon à se prêter aux mouvements des couches. Les auteurs y voient la preuve que ces cristaux sont antérieurs au plis* sèment du terrain. Cette conclusion est en harmonie avec Finterprétalion que nous avons donnée de cette même masse de Mairu, que nous avons considérée comme une couche régulièrement intercalée dans les phylladescam- ( 420 ) briens et suivant leurs ondulations. Les auteurs adoptent cette manière de voir et admettent que les diverses assises forment des couches repliées sur elles-mêmes. Les auteurs passent ensuite à l'examen des roches por- phyriques du célèbre ravin de Mairu. Ils en dessinent la coupe et la décrivent assise par assise, en rapprochant, quand il y a lieu, les faits nouveaux des faits déjà con- statés. Ils signalent de grandes analogies dans les deux gisements de Mairu, comme succession de couches, comme composition minéralogique et comme développement des cristaux; mais il y a aussi des différences. Ils constatent dans les bancs centraux du ravin une véritable pâte de porphyre, une eurite, que nous n'avons pas vue dans la première masse; mais, malgré son aspect compacte, cette pâle laisse reconnaître à un œil attentif des feuillets minces, plus ou moins discontinus, ou des enduits de phyl- lite, orientés à peu près comme les limites des bancs, déterminant une structure strato-porphyrique et reliant ainsi cette masse centrale aux couches voisines, schisto- porphyriques. On trouve dans beaucoup de fragments de cette roche, lorsqu'on l'observe au microscope, des inter- positions lamelleuses ou filamenteuses que l'œil nu ne peut apercevoir, et l'on constate que la masse fondamentale, même dans les parties porphyriques les plus compactes, est entrelacée de sérielle et d'autres phyllites. C'est là un fait important, et qui sépare cette roche, comme celle du gîte précédent, des roches porphyriques avec lesquelles d'au- tres observateurs les avaient réunies. On voit dans celte roche un grand nombre de portions, arrondies ou anguleuses, de dimensions très-variées, se détachant nettement de la masse par la texture et la cou- leur, et qui sont despaqwets de biotile, parfois de chlorite ( 421 ) et de séricite, accompagnées de quelques autres minéraux. Les auteurs démontrent, surtout par l'analyse microsco- pique, que les paquets plus riches en biotite ne sont pas des fragments empâtés; ils font voir comment la biotite se répand dans toute la roche et semble rayonner autour de ces centres où elle s'est accumulée; ils font remarquer que l'on n'observe pas, entre les parties que l'on pourrait considérer comme enclavées, et l'hyalophyre, la transition brusque qui devrait se montrer au contact de deux roches hétérogènes. Du même coup ils prouvent la formation in situ d'un grand nombre de petits plagioclases dont les sections sont criblées de lamelles de mica magnésien, qui doivent avoir cristallisé à peu près en même temps et dans le même lieu que les feldspaths. L'affleurement porphyrique du ravin ne présente pas la composition symétrique que nous avons reconnue dans celui qu'on observe deux cents mètres en amont. Vers la partie supérieure, il passe à une série de couches qu'on ne retrouve pas à la base et qui sont formées d'une roche dont la structure schisloïde et ondulée enveloppe de nom- breux cristaux, à contours tantôt polyédriques, tantôt arrondis, rappelant à beaucoup d'égards ceux de la roche à gros cristaux déjà décrite. Les auteurs signalent des transformations intéressantes du felds[)ath en décomposi- tion, se montrant au microscope entouré d'une zone de quartz qui provient très-probablement de l'altération du silicate. Ces feldspaths se transforment à l'intérieur en une substance verdâtre, pinitoïde, répandue suivant les joiuts de clivage. A cette occasion, ils exposent de nou- veau leur manière de voir relativement à la question con- troversée actuellement en Allemagne sur le mode de for- mation de la séricite. Ils ont trouvé dans certaines plages ( 422 ) vertes de cette roche du ravin de remarquables groupe- ments de prismes microscopiques géniculés, dont la forme, l'angle de la macle et le mode d'accolement rappellent beaucoup le rutile, auquel ils rapportent ces microlithes. La masse scliistoïde dans laquelle sont enchâssés les éléments phylliteux, feldspathiques et quarlzeux, n'est plus, comme tout à l'heure, un gneiss à biotite, mais plutôt un gneiss chloriteux, à grains fins, passant an chlorito- schiste. L'inspection de beaucoup de cristaux engagés dans toutes ces couches y fait retrouver des fissures remplies de quartz, et des dislocations ou torsions partielles, sem- blables à celles qui ont été constatées dans le premier gise- ment. Il suit de là que, ici encore, les cristaux de feld- spatli sont antérieurs au plissement des couches. D'Omalius et d'autres géologues ont remarqué à la limite supérieure de la masse du ravin une brèche (psé- phite) formée de morceaux d'ardoise solidement cimentés par de la limonite, et l'ont considérée comme la sal bande d'un dyke éruptif, comme le conglomérat de frottement de l'hyalophyre, violemment injecté dans le phyllade. Dumont a indiqué quelques brèches de ce genre comme en relation avec ses hyalophyres, et comme d'origine interne. Les auteurs du mémoire établissent, ainsi que nous l'avions aussi reconnu, que ces brèches n'ont aucun rap- port avec les roches cristallines, feldspathiques ou ainphi- boliques des Ardennes.Ce sont des formations de l'époque actuelle, modelées sur le relief de la vallée et provenant de réboulement des fragments de phyllade sur les pentes; ces débris, pénétrés par les suintements d'eaux ferrugi- neuses qui se sont opérés, et qui s'opèrent encore sur beaucoup de points de la vallée de la Meuse, se sont con- solides en donnant lieu à des conglomérats ferrugineux d'aspects variés. ( 425 ) Appuyés sur leur étude des deux principaux hyalo- phyres de Mairu , les auteurs abandonnent les deux interprétations différentes que l'on en a données. Ils rejettent l'opinion de Buckland et de C. Prévost, qui y reconnaissaient des conglomérats formés de débris de roches éruptives, aujourd'hui cachées, opinion que nos auteurs défendaient dans leur mémoire de 1874, lorsqu'ils n'avaient pas encore eu le temps d'étudier ces roches à fond. Ils abandonnent aussi l'opinion de Dumont et de d'Omalius, qui y voyaient des filons injectés dans le plan des couches redressées. Ils admettent, au contraire, que ces roches constituent des couches cristallines, réguliè- rement intercalées dans le terrain cambrien. Elles ne sont pas des dykes éruptifs pour les raisons suivantes : l*' Parce que les bancs et les alternances minéralogi- ques des roches porphyriques du ravin sont en concor- dance avec les couches sur lesquelles ils reposent. 2° Parce que, ni dans ce massif de Mairu, ni dans aucun autre gisement de roches feldspathiques ou amphi- boliques de TArdenne, on n'observe aucun appendice quelconque de roche cristalline, pénétrant transversale- ment dans les couches sédimentaires. S*" Parce que, dans ce massif de Mairu, comme dans plusieurs autres de cette région, la cristallisation ne décroît pas régulièrement de l'axe vers les bords, comme cela arrive dans les dykes injectés dans des fentes. A Mairu, au contraire, les cristaux sont très-développés dans les couches schistoïdes voisines de la limite supérieure. A" Parce que, malgré la ressemblance minéralogique de tel ou tel échantillon de la roche de Mairu avec les porphyres quartzifères, cette roche passe graduellement, au-dessus et au-dessous comme dans le plan même des ( 424 ) couches, à des eurites schistoïdes et ondulées, où s'inter- calent des veines, des lames, des feuillets de phyllites, qui, par moment, rappellent le phyllade satiné et font pré- sumer une analogie d'origine avec les couches ardoisières voisines. 5° Enfin, dans leurs nombreuses préparations micros- copiques, les auteurs n'ont trouvé aucun des caractères qui se rencontrent d'habitude dans les roches éruplives. C'est pourquoi les auteurs font rentrer les hyalophyres dans les porphyroïdes, entendues au sens de M. Lossen, c'est-à-dire, des couches sédimentaires offrant une pâte euritique ou gneissique, plus ou moins schistoïde par suite de l'interposition de phyllites, pâte de laquelle se déta- chent des cristaux de quartz et de feldspath en propor- tions très-variables et formés sur place. Cette assimilation des hyalophyres aux porphyroïdes est confirmée par l'examen d'une bande inconnue à Dumont, visible à 550 mètres au sud du ravin, et remarquable par la structure schistoïde qu'elle présente dans quelques bancs. Des échantillons de cette bande et d'autres pro- venant de blocs semblables , rencontrés dans la vallée de la Commune, oflrent une pâte qui passe, par l'interposition de lentilles phylladeuses, à des phyllades ou chloritoschisles que l'on pourrait prendre pour des morceaux d'ardoise. Ces feuillets contournent néanmoins des cristaux volumi- neux de feldspath et de quartz, tantôt à contours nette- ment polyédriques, tantôt en nodules arrondis. Dans ce dernier cas, la roche prend l'aspect d'un poudingue méta- morphique, bien que tous les éléments y soient en place. Les environs de Laifour présentent en quatre ou cinq endroits différents, alignés suivant la direction générale ( 4âo ) du plissement, des roches analogues aux précédentes. Deux de ces gisements, situés sur la rive droite, ont parti- culièrement attiré l'examen des auteurs. L'un est situé à trois cents mètres au sud du tunnel de Laifour; l'autre se montre sur le flanc de la montagne au sud-est de la fon- taine ferrugineuse qui a été signalée depuis longtemps dans la même commune. Le premier a été décrit par Dumont, qui, contre son habitude, lui a consacré un diagramme. Les auteurs reviennent en détail sur cette description et ils interprètent tout autrement les phénomènes. Dumont voyait là un hyalophyre injecté dans le plan des couches; une autre roche éruptive, qu'il appelait albite chloritifère, aurait été injectée à son tour dans l'axe de l'hyalophyre. Pour les auteurs, cet hyalophyre est uneporphyroïde à pâle d'eurite souvent très-feuilletée par l'interposition de lamelles de séricite et de chlorite; cette pâte renferme un feldspath plagioclase et du quartz, en cristaux de moyennes dimen- sions. Cette porphyroïde passe à un véritable chlorito- schiste, pyritifère, calcareux, légèrement quartzeux, mais renfermant fort peu de feldspath, bien que Dumont l'ait appelé albite chloritifère. Au microscope, le feldspath ne s'y montre que très-exceptionnellement. Les auteurs en- visagent le chloritoschisle comme un dépôt sédimentaire. Il est surmonté à son tour par quelques bancs de porphy- roïde analogue à celle des bancs inférieurs. L'étude au microscope montre des transitions insensibles entre le chloritoschiste de l'axe et les deux assises de porphyroïde des bords, et c'est de cette façon que Jes choses doivent se passer suivant les interprétations des auteurs. C'est aussi notre opinion. En effet, il ressort de l'examen très-circon- stancié de ces roches et des couches limitrophes qu'il n'y a 2™^ SÉRIE, TOME XL[. ^ 28 ( 426 ) rien là qui se rapporte aux phénomènes produits par l'in- jection d'une masse dans une autre; mais, au contraire, la répétition des alternances offertes par les schistes cris- tallins dans leurs variations minéralogiques. Le deuxième affleurement est constitué par une porphy- roïde passant à des lits éminemment phyiladeux et offrant le développement le plus remarquable de séricite que les auteurs aient rencontré dans les Ardennes. Les échan- tillons de cette roche sont à peu près identiques, pour la composition et la texture, à ceux de Katzhiitte, dans le Thiiringerwald, et au Phyllitgneiss du Fichlelgebirge. Ajoutons que les auteurs ont trouvé à la base de cette porphyroïde une roche feuilletée qu'ils croient nouvelle; elle est remarquable par la dissémination de la pyrrhotite etson association intime avecles phyllites. Ils l'ont retrouvée dans la porphyroïde à grains fins de Revin, que Dumont appelait albite chloritifère. Parmi les rochers escarpés de Notre-Dame de Meuse, sur la rive gauche du grand coude que forme la rivière, on trouve quatre apparitions successives de roches feld- spathiques ou amphiboliques. Les deux premiers affleure- ments que l'on rencontre en descendant appartiennent peut-être à la même assise, ramenée au jour par un plis- sement ou une faille; ils se poursuivent régulièrement entre les couches cambriennes jusqu'à une grande hau- teur, contrairement à l'opinion de Dumont. Le quatrième gisement est le plus remarquable, en ce qu'il montre la superposition immédiate d'une bande de porphyroïde ou hyalophyre sur une roche verte, amphibolique, que Dumont a nommée diorite. Les auteurs le décrivent avec soin et en donnent la coupe détaillée. La roche verte de ( 497 ) la base n'est, ni une diorite, ni un porphyre à base d'oli- goclase, d'épidoteet d'hypersthène, comme l'a dit M. Gosse- let. L'examen microscopique est parvenu à lever la plu- part des doutes sur la nature des éléments qui la consti- tuent et sur la dénomination qu'il convient de lui donner. Les lames minces étudiées ont montré la présence con- stante de l'amphibole hornblende, lamello-fibreuse et verdâtre, ou plus massive, brunâtre et à contours mal terminés; mais le microscope permet de reconnaître les angles de l'amphibole, le clivage de ce minéral et les propriétés optiques qui le caractérisent. La masse fonda- mentale, comme dans la plupart des amphibolites schis- toïdes, est le quartz, en petits fdaments, dans lesquels sont enchâssés l'épidote, l'asbeste, le fer titane, la calcite et le sphène, plus rarement l'apatite. Tous les caractères micros- copiques sont reproduits par de magnifiques planches coloriées. On voit à l'œil nu ou à la loupe, outre l'amphi- bole mal individualisée, des mouchetures d'épidote et de pyrrholite. Les auteurs n y ont trouvé que très-rarement des feldspaths, et ils proposent donc de ranger parmi les amphibolites les roches dont nous rencontrons ici le pre- mier exemple. Dans ce gisement, l'amphibolite est massive, passant à l'amphibolite schistoïde ou chlorilifère, et sa composition est analogue à celle de la plupart des roches vertes de l'Ardenne française. Les amphibolites de cette région se trouvent en couches plus ou moins régulières, comme les porphyroïdes. La porphyroïde qui surmonte la roche verte dont il vient d'être question, se rapproche de celle du ravin de Mairu par l'abondance des cristaux d'orthose, et par celle de la biotite, du moins dans quelques bancs. D'autres bancs, qui paraissent alterner avec les précédents, renfer- ( 428 ) ment surtout de Toligoclase. Vers le bas, la porphyroïde empâte des morceaux de l'amphibolite schistoïde sous- jacente, à laquelle elle est donc postérieure; à sa partie supérieure elle se termine par quelques centimètres de phyllade sériciteux, auquel succède le phyllade revinien normal. Cette faible épaisseur de phyllade sériciteux s'ac- corde avec Topinion qui y voit des couches régulièrement intercalées dans le terrain cambrien ; car si c'était une masse d'injection, la porphyroïde, très-épaisse à cet endroit, aurait affecté les couches d'ardoises au contact. Un autre gîte de porphyroïde, formant le troisième filon à la Meuse de Dumont, se rencontre à une centaine de mètres au nord de Mairu. Elle offre, sur les deux rives de la Meuse, la plus grande analogie avec les porphyroïdes précédentes. Certaines parties ressemblent au porphyre quartzifère de Spa; ce qui a peut-être contribué à l'assimi- lation pétrographique faite par Dumont. La roche que l'on trouve sur la rive droite de la Meuse, un peu en amont de Revin, et que Dumont appelait albite phylladifère, est encore une variété des mêmes roches schisto-feldspathiques. Elle présente une pâle euritique rare, beaucoup de petits cristaux de plagioclase et des feuillets membraneux et ondulés de séricite entourant les cristaux et déterminant la texture schistoïde. La pyrro- tite est si abondante dans certains bancs qu'on peut regarder ce minéral comme élément essentiel de la roche. Cette porphyroïde passe à des couches schisteuses, tache- tées, et identiques à celles qu'on trouve dans la grande bande de Lai four. Par l'atténuation de ses éléments, la porphyroïde de Revin semble passer transversalement et verticalement à ( 4^29 ) des couches schislo-compacles avec cristaux presque microscopiques, formées d'eurite sériciteuse avec grains pyrileux ; telles sont les roches du ravin de la Pille et de la vallée de Faux. Les auteurs signalent quelques nou- veaux affleurements de ce genre. Les roches amphiboliques, de couleur vert foncé, que l'on rencontre des deux côtés de la Meuse, entre Mairu et Laifour, au hameau de Devant-Laifour, dans le tournant de Notre-Dame de Meuse et au sud d'Anchamps, sont des amphibolites plus ou moins semblables à celle qui a été décrite sous la porphyroïde de Notre-Dame de Meuse. Malheureusement, sauf dans le bas de cette dernière, les anciennes carrières où l'on exploitait ces roches, sont abandonnées et éboulées, de sorte qu'elles se prêtent mal à l'étude. Les auteurs distinguent des amphibolites grani- toides, qui ne diffèrent de la variété ordinaire que par la présence d'aiguilles ou de filaments de hornblende plus ou moins altérée et passant à la chlorite. Enfin, à Rimogne et dans la vallée de Faux, ils ont trouvé des échantillons dans lesquels le feldspath inter- vient en quantité notable et qui se rapprochent ainsi des dioriles. Toutes ces roches sont riches en grains calcaires qui proviennent probablement de la décomposition de la horn- blende, eten épidote fibreuse ou granulaire, qui a cristallisé dans les fissures d'une manière remarquable. On y trouve accidentellement des veines quarlzeuses et calcaires, avec pyrite, pyrrhotite, chalcopyrite, galène, chlorite et épidote. Ici se termine l'analyse du remarquable travail que nous devons à MM. Renard et de la Vallée-Poussin. Leurs ( 430 ) patientes études et l'application du microscope leur ont permis de faire faire de grands progrès à l'étude de nos roches, et l'Académie aura remarqué que plusieurs des résultats auxquels ils sont arrivés, loin d'être d'un intérêt purement local, jetteront une vive lumière sur une série de roches largement répandues et seront hautement appré- ciés partout. Je suis heureux de proposer à l'Académie d'imprimer ce travail dans les Mémoires in-i", avec la carte et les planches qui l'accompagnent, et d'adresser des remercîments aux auteurs. » JKappofl de .ff . de Bioninch. d La première partie du travail que MM. de la Vallée- Poussin et Renard ont fait parvenir à l'Académie, comme supplément au mémoire qui vient d'être couronné, com- prend l'étude pétrographique du gabbro de Grand-Pré, du porphyroïde de Monstreux , de l'eurite quartzeuse de Grand-Manil et de Nivelles, ainsi que de l'eurite schistoïde d'Enghien. La description de ces diverses roches m'a paru faite avec soin. Une seule, l'eurite compacte de Grand- Manil, a été soumise à l'analyse chimique. Je regrette que ce mode de recherches n'ait pas été appliqué plus souvent par les auteurs, dont le travail aurait acquis ainsi encore plus de mérite. L'analyse détaillée que M. Dewalque a faite du reste du Mémoire de MM. de la Vallée-Poussin et Renard me dis- pense d'en indiquer de nouveau le sujet. Cette analyse fait parfaitement ressortir l'importance des patientes et nombreuses recherches auxquelles les auteurs se sont livrés et qu'ils ont consignées dans leur remarquable travail. ( 451 ) Je suis heureux de me joindre à mon savant confrère pour demander à l'Académie qu'elle ordonne l'impression de ce travail dans les Mémoires in-4% où il (igurera avec honneur et qu'elle vote des remercîmenls à ses auteurs. » Happof't fie m. C. Malaise. « MM. de la Vallée-Poussin et Renard complètent le mémoire couronné, en réponse à la 6^ question du con- cours de la classe de 1874, en décrivant quelques roches des massifs siluriens du Brabanl et de Sambre-et-Meuse. Ils commencent par la description d'une roche pluto- nienne que j'avais signalée à Grand-Pré (commune de Mozet), dans la bande silurienne de Sambre-et-Meuse. Je l'avais considérée comme une hyperslhénite, la rappro- chant de la roche de Hozémont. L'examen a confirmé cette analogie ; la roche de Grand-Pré est également un gabbroy mais plus altéré que celui de Hozémont. Ce gabbro paraît former presque la totalité d'une petite colline ellipsoïdale située près de la ferme de Grand-Pré. Les roches siluriennes, dont la direction moyenne dans la contrée est de E 20° à 50" N, semblent affectées de déran- gements au voisinage de la colline et offrent, avec leur direction normale , des écarts de 50 à 40 degrés. La roche de Monstreux , nommée par Dumont albite phylladifère, est une porphyroïde et ressemble à celle de Pitet, qui avait été désignée sous le même nom. Elle con- tient une phyllite correspondant à celle de Pitet et à la séricite du Taunus. La grande ressemblance de la porphy- roïde de Monstreux avec la roche cristalline de Pitet in- dique qu'elle ne doit pas être rangée parmi les roches éruptives. C'est une sorte de conglomérat feldspathique ( 432 ) renCermant beaucoup d'éléments de transport, qui est régulièrement interstratitié dans les couches sédimentaires adjacentes, et partant, qui leur est contemporain. Les grains de quartz, moins nombreux qu'à Pitet, renferment de nombreuses enclaves liquides avec libelles gazeuses mo- biles. On y voit en outre une eurite schistoïde dont on retrouve l'analogue dans quelques lits à grains fins de Pitet. Ueurite quarfzeiise de Grand-Manil présente, au mi- croscope, une structure micro-granitoïde. Les grains de feldspath et de quartz qui constituent cette roche sont mal individualisés (1). Veurite quartzeuse des environs de Nivelles forme une bande continue depuis les points extrêmes signalés par Dumont. Elle est en parfaite concordance avec les schistes siluriens. Les ripple marks, preuve de l'action sédimentaire, constatés à la surface de quelques bancs d'eurite, ne sont pas rares dans les couches siluriennes des environs de Nivelles. Les bancs d'eurite seraient des couches contemporaines du silurien et déposées sous l'eau à la manière des couches quartzeuses et argileuses qui les avoisinent. L'origine des grains feldspathiques est incon- nue jusqu'à présent. Les auteurs sont amenés à admetire l'existence de boues à la fois feldspathiques et quartzeuses déposées dans l'ancienne mer silurienne du Brabant et qui se sont mélangées dans des proportions très-variables avec les matières minérales habituelles aux terrains de cette (1) LVnsemble des bancs n"D, qui constitue la masse exploitée, paraît formé de variétés d'eurite de composition différente. L'analyse a fourni d'une part, à M. Bichoping , potasse 7 p. "/o et de l'autre, à M. Chevron (résultai confirmé par de nouvelles analyses), potasse 0,27 et soude 6,10 p. %. ( 435 ) époque (1). La proportion des éléments feldspathiques et qiiartzeiix paraissent varier; le quartz s'y dépose très-fré- quemment en très-petites masses ou en petites zones on- dulées et disposées parallèlement au plan des couches. Le quartz de couleur grise se distingue, par un éclat un peu vitreux , du fond feldspathique plus mat et blanc de lait ou blanc jaunâtre. L'examen du porphyre schistoïde (Dumont) de Marcq près Enghien a montré que c'est une variété à'eurite schis- toïde, se rapprochant des porphyroïdes, formée d'eurite, avec grains de quartz et phyllite. De même que pour ses congénères, il y a transition insensible et concordance parfaite avec les bancs de roches siluriennes normales. Ce massif est donc contemporain de l'époque silurienne et dû, en grande partie, à l'action sédimen taire. Les auteurs ajoutent à ce travail la description de roches cristallines enclavées dans les poudingues de Fépin et de Burnot. Un fragment de roche amphibolique, dont on ne connaît pas d'analogue en Belgique, provient de Boussale (An- denne). Il a été trouvé dans un poudingue qui est l'ana- logue de celui de Fépin. Deux échantillons contenant des fragments de roches amphiboliques et feldspathiques faisant partie de la col- lection A. Dumont, proviennent du poudingue de Burnot, de la ferme du Grand-Poirier (Marchin). Un échantillon rappelle certaines roches hornblendifères des formations anciennes de l'Amérique. L'autre rappelle la porphyroïde à gros grains de Pitet. (1) Les bancs euritiqufs d'Oltigniesonl la même origine. ( 454 ) La seconde partie s'occupe des roches réputées plu- TONIENNES DES ArDENNES FRANÇAISES. Ainsi que les auteurs l'avaient indiqué en 1874, dans leur communication à l'Académie, leur premier travail sur les Ardennes françaises n'était qu'une ébauche provisoire. L'examen plus approfondi auquel ils ont soumis depuis ces roches, a même changé leur opinion sur plusieurs d'entre elles. Les divers affleurements des roches porphy- riques renfermés dans les quartzites et phyllades cam- briens que l'on observe au voisinage de la Meuse, entre Deville et Revin, et dont plusieurs étaient célèbres dans la science depuis un demi-siècle, ont été relevés sur une carte à l'échelle de V'io,ooo. Cette carte, indispensable à l'intelli- gence du texte, facilitera beaucoup les recherches ulté- rieures. Les roches considérées par Dumont comme des variétés d'hyalophyre, de diorite et d'albite, y sont dénommées por- phyroïdes et amphibolites. Les mêmes roches et souvent une réunion de roches semblables se répètent dans un grand nombre de gise- ments : l'examen plus approfondi de quelques-uns de ceux-ci donne un terme de comparaison qui simplifie l'étude des autres. Il suffît même de bien étudier quelques roches, pour que la simple comparaison suffise pour les roches similaires. Un affleurement de porphyroïde (i), situé à 200 mètres (1) Les porphyroïdes, dans le sens fixé par M. Lossen,sont des couches sédimentaires offrant une pâle euritique ou gneissique plus ou moins scbistoïde par suile de Pinterposilion des phyllitf^s, pâte dans laquelle se détachent des cristaux de quartz et de feldspath en proportion variable, et formés en place. ( 45,^ ) au sud du moulin de Mairus, qui peut être considéré comme un type des mêmes roches de ces environs, est l'objet d'une étude toute spéciale. C'est celui dont l'explo- ration est la plus commode, parce qu'il est bien découvert dans toute sa largeur transversale et ensuite à cause de l'état relativement frais de la surface de la roche entaillée, il n'y a pas très-longtemps, pour la tranchée du chemin de fer. Il présente une disposition remarquablement symé- trique. La partie centrale, hyalophyre massif de Dumont, se présente avec la structure propre aux schistes cristal- lins. La pâte d'un gris bleu foncé, agrégat granulo-cris- tallin bien discernable à la loupe, est une espèce de gneiss à grains fins ou moyens, formé de quartz, de feldspath et principalement de biotite, dont les lamelles ont une tendance à se placer suivant le plan des bancs; elle offre surtout au microscope une texture gneissique tourmentée. L'analyse chimique montre une grande analogie entre la composition de la pâte et celle des gneiss. Cette pâte con- tient des cristaux d'oligoclase , qui est le feldspath domi- nant, d'orthose et de quartz, de formes et de dimensions variables et souvent arrondis. MM. de la Vallée et Renard exposent les i^iiisons qui leur font admettre que les cristaux arrondis de feldspath ne proviennent pas d'une roche pré- existante, mais sont là en place dans leur lieu d'origine, aussi bien que les autres. La même conclusion s'applique aux porphyroïdes analogues de l'Ardenne. On observe au N. et au S. de celte roche successive- ment : l** des schistes porphyriques , d'aspect cristallin à texture ondulée et feuilletée (albite chloritifère de Du- mont), luisant, gris verdâtre, renfermant, intimement asso- ciés à des phyllites qui paraissent être la biotite et la chlorile et quelquefois la séricile, des globules et des cris- ( 456 ) taux de feldspath et de quartz violet qui paraissent pins volumineux à mesure que Ton se rapproche de la masse centrale. Dans la masse, on dislingue des grains quarlzeux, des cristaux minuscules de feldspath, du calcaire, enfin des grains assez nombreux de pyrrhotine et quelques pe- tits fragments irréguliers d'épidote. Des microlithes pris- matiques très-allongés sont répandus dans le quartz et dans toute la masse; ce sont les analogues de microlithes retrouvés dans une foule d'argiles schistoïdes de différents âges géologiques. 2" Des phyllades très-tendres d'un gris pâle verdâtre, sériciteux , d'aspect talqueux, passant à une roche grise, également sériciteuse, qui rappelle pour l'aspect certaines variétés d'eurite. Cette roche se retrouve à la limite de plusieurs roches porphyriques de l'Ardenneet du Brabant. On la rencontre aussi quelquefois, au contact des veines de quartz blanc si fréquentes dans le terrain cambrien. Des lamelles brunâtres paraissent être du mica magnésien , d'autres, incolores, se rapportent à la muscovite. 3° Les phyllades reviniens gris bleu foncé. La couleur gris bleu foncé de la porphyroïde formant la masse centrale est une impression d'ensertible, résultant de l'entre-croisement d'éléments diversement colorés, c'est- à-dire de grains vitreux, blanc, gris, violâtres, de quartz et de feldspath mêlés à d'innombrables paillettes d'une phyllite de couleur très-foncée, dont un grand nombre sont dispersés dans tous les sens, mais dont la majorité a une tendance très-marquée à s'aligner parallèlement à la limite des bancs. Le mica essentiel de cette roche est la biotite, qui se montre en paillettes polygonales bien dis- cernables, de couleur noire, blanc grisâtre à la rayure. Dans la même masse, on trouve, mais en moins grande (437 ) quantité, de la chlorite, des écailles d'un mica blanc na- cré, de l'épidote fibreuse, du calcaire spathique, des grains de pyrrhotine. Certains cristaux arrondis présentent un noyau arrondi d'orthose et une enveloppe d'oligoclase, ce qui conduit à cette conclusion que les minéraux sont là dans leur lieu d'origine, et qu'à Mairus les feldspaths se sont souvent développés sous la forme globulaire. Les grains et nodules de quartz de couleur bleuâtre sont criblés d'enclaves liquides avec libelles sans cesse agitées. Ces quartz bleuâtres sont identiques à ceux du gneiss no- dulaire de Bodenmais en Bavière. L'étude des autres gisements de Mairus offrent des faits sensiblement analogues ou même identiques. Des microlithes bipyramidés de rutile? ordinairement en macle géniculée, enchâssés dans des lamelles micacées brun ver- dâtre, s'observent dans l'hyalophyre du ravin de Mairus, et de petits nids d'un noir bleuâtre qui paraissent composés exclusivement de biotite écailleuse. Dans certaines parties de la porphyroïde du ravin de Mairus, les cristaux d'or- those sont prédominants. Les auteurs admettent la contemporanéité des porphy- roïdes avec les terrains où elles sont intercalées, et écartent l'opinion de Dumont et d'Omalius d'Halloy, qui y avaient vu des roches injectées parallèlement au plan des couches. Ces roches deviennent les analogues, comme position, de roches interstratifiées, observées dans d'autres pays, dans les terrains cambrien et silurien, et dues à des causes assez variées. Ils rejettent également l'explication par un con- glomérat résultant de débris arrachés à un porphyre. Les éléments essentiels de la roche de Mairus ne sont pas élas- tiques, mais ont dû cristalliser en place. En effet, des cristaux d'oligoclase sont d'une netteté ( 438 ) irréprochable, même dans les couches schistoïdes , bien que placés à côté d'énormes cristaux d'orlhose qui , dans l'hypothèse du transport, devaient nécessairement obli- térer plus ou moins les premiers. Les cristaux globulaires d'orthose ou d'oligoclase ne portent pas les caractères des fragments émoussés ou arrondis dans le sein des eaux courantes, mais plutôt celui des concrétions cristallines. On ne trouve pas à Mairus, même au microscope, un seul exemple certain du feldspath réduit à l'état de frag- ment isolé: circonstance absolument inconciliable avec l'hypothèse de transport. « Toutes les fois, disent les au- teurs, que les cristaux sont fissurés ou brisés, ce qui est très-ordinaire dans la roche de Mairus, les diverses por- tions des individus sont rapprochées les unes des autres, de manière à mettre hors de doute leur réunion dans le même lieu à l'origine en un tout complet. La seule chose que l'on puisse induire des petits déplacements subis par chaque tronçon, c'est l'antériorité de la cristallisation rela- tivement aux mouvements subis par les couches. » Ils arrivent à ces conclusions que : a comme les roches porphyriques des environs de Mairus sont régulièrement interstralifiées dans le terrain cambrien, comme elles pos- sèdent une structure incontestablement schistoïde dans beaucoup de bancs, et qu'en même temps elles ne sont pas de nature élastique, il faut les rapprocher des roches schisto-cristallines qui jouent un grand rôle dans les ter- rains les plus anciens. » L'assimilation des hyalophyres de Mairus avec les por- phyroïdes, paraît confirmée par la considération des roches analogues qui se voient aux environs de Laifour, et parmi lesquelles il en est que l'on peut ranger parmi les porphy- roïdes du type le plus classique. ( 439 ) MM. de la Vallée et Renard font ressortir les analogies et les différences que présentent les porphyroïdes des divers gisements des environs de Laifoiir, comparées à celles de Mairus prises comme types. Outre les porphyroïdes nom- mées par Dumont hyalophyre massif et hyalophyre schis- toïde,qui présentent en général les mêmes caractères que celles de Mairus, on y trouve quelques roches spéciales , notamment : des schistes euritiques feuilletés, composés de feuillels grisâtres à pâte euritique, ordinairement associée à une phyllite, qui est la séricite et quelquefois à de la chlorite dans lesquelles, à Test de Laifour, la pyrrhotine entre comme élément essentiel ; et des schistes feldspathiques pailletés de divers phyllites. Dans la porphy- roïde voisine de l'entrée du tunnel de Laifour, le calcaire a pris la place de beaucoup de feldspath; dans les fissures le quartz, le calcaire, l'oligiste micacé, la pyrite et peut- être la pyrrhotine ont cristallisé. Dans le même gisement, se trouve une roche nommée par Dumont albite chlori- tifère ou chloralbite et qui est un chloriloschiste verdâtre, calcareux, pyritifère, subcompacte; c'est une roche schis- teuse et cristalline se débitant en fragments aplatis, à texture feuilletée et écailleuse. Elle est essentiellement composée de paillettes ei de filaments submicroscopiques de chlorite d'un vert noirâtre plus ou moins foncé. Elle se raye à l'ongle en vert pâle. La roche fond sur les bords on un globule magnétique; elle est donc probablement à base de ripidolilhe. La biotite et la séricite y sont également associées à la chlorite. Après la chlorite, le minéral qui a le plus grand rôle dans cette roche, c'est le calcaire. On y trouve également : épidote, fer titane, pyrite, mouche de chalcopyrite et surtout de pyrrhotine, des lentilles aplaties de chlorite et de biotite. Les faits observés démontrent ( 440 ) également l'origine strato-sédimentaire des porphyroïdes des Ardennes et leur conteraporanéité au terrain cambrien adjacent. Dans un des gisements des Dames-de-Meuse, sur la rive gauche de la Meuse sous Laifour, on voit un beau déve- loppement de porphyroïde sur le flanc nord d'un grand ravin. On y observe le seul cas, rencontré par les auteurs dans les Ardennes, de la juxtaposition immédiate des roches amphiboliques et des porphyroïdes. On voit à la base de l'amphibolile schistoïde et grenue (diorite, Du- mont) , en concordance sur les phyllades reviniens; puis de l'amphibolite schistoïde et chlorileuse passant au chlo- ritoschiste associé à des lamelles de biotite. La porphy- roïde analogue à celle de Mairus renferme de grands frag- ments d'amphibolite, ce qui indique que la porphyroïde est plus récente que l'amphibolite. Au-dessus vient la porphyroïde orthosifère et oligocla- sifère, surmontée par quelques centimètres de phyllade euritique et sériciteux. L'amphibolite a une texture fine- ment granitoïde; elle est constituée par de la hornblende, noir verdâtre ou vert foncé, distribuée en masses lamello- fibreuses, associée à une matière vitreuse d'un vert pâle qui doit être de l'épidote. On observe des porphyroïdes (albite phylladifère de Du- mont) d'un autre type dans divers gisements des environs de Revin, où ils présentent des caractères qui doivent les faire considérer comme appartenant à la même espèce. Ils sont à base euritique, au sein de laquelle se sont dévelop- pés d'innombrables cristaux de plagioclase de très-petite dimension. Ils sont souvent d'aspect presque compacte avec une texture feuilletée due à la présence d'un élé- ( 441 ) ment phylliteux un peu fibreux : c'est de la séricite sou- vent unie à de la chlorite. C'est une porphyroïde à grains lins que l'atténuation des éléments dans certaines places transforme en eurite sériciteuse et schistoïde. Les bancs limites sont formés de séricite. Plusieurs de ces roches rappellent les couches schisto-compactes associées aux por- phyroïdes de Laifour et de Mairus. Dans le gisement à l'est de Revin, des feuillets de schistes feldspathiques micacés, régulièrement tachetés de pyrrhotine unie aux phyllites comme élément essentiel, rappelle la même roche, voisine de la porphyroïde de Laifour. Toutes ces roches sont interstratiûées. Les roches amphiboliques que l'on observe en différents points de la vallée de la iMeuse, aux environs de Laifour, etc., appartiennent aux quatre types suivants : l^Diorile schis- toïde; 2° amphibolile granitoïde; 3° amphibolite schisteuse; 4'' chloritoschiste amphibolique. La diorite schistoïde est une roche à texture schisto- grenue, d'un vert foncé, tacheté de blanc verdâtre pâle. A la loupe, on y voit des grains de quartz, et des petits grains de feldspath plagioclase maclés, plus ou moins aciculaires, d'un éclat vitreux. Ils sont accompagnés de hornblende verte ou vert noirâtre fibreuse. On y voit aussi épidote, pyrrhotine et points calcareux. La schistosité est déterminée par ces fibres amphiboliques associées à plus ou moins de lamelles chloriteuses. On la trouve à Faux et près de Rimogne, d'après un échantillon de la collection A. Dumont. Vamphibolite granitoïde se présente avec les caractères qui lui sont assignés au gisement du ravin des Dames- de-Meuse. On la retrouve mieux accusée dans une an- 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 29 ( 442 ) cienne carrière le long de la route entre Laifour et De- \ille, où elle offre souvent une cassure polyédrique remar- quable , et dans quelques gisements voisins. Outre les minéraux indiqués dans la variété schistoïde , on y voit des grains de pyrite, des particules de quartz vitreux, très-peu de lamelles clivables se rapportant au plagio- clase; la pauvreté en feldspath en fait bien une amphibo- lite. Au microscope, à part la disposition schistoïde, ou la prépondérance de certains éléments comme la chlorite, elle présente une composition applicable à toutes les roches amphiboliques de l'Ardenne : c'est un agrégat microgranitoïde de hornblende brunâtre ou verdâtre, où le quartz constitue la masse fondamentale qui les en- châsse. La chlorite, le fer titane, l'épidole, et quelquefois Tapatite font partie de cette roche comme éléments se- condaires. Uamphibolite granitoïde à gros grains, de rétang des Evys près Rimogne , est en blocs altérés , sou- vent à disposition sphéroïdale. Vamphibolite schistoïde (Diorite chloritifère, Dumont) est une roche schisto-compacte vert foncé, composée de quartz uni à de la hornblende et à la chlorite; sa texture est due aux feuillets fibreux des deux silicates et à l'ali- gnement bien marqué de ces éléments. On y voit presque tous les minéraux des gisements analogues. Cette roche se trouve dans la plupart des gisements au voisinage de l'amphibolite granitoïde et grenue à laquelle elle est inti- mement alliée. Quelquefois une de ces roches paraît passer graduellement à l'autre dans le sens même des bancs. Plus habituellement l'amphibolite schistoïde s'applique au toit et au mur de l'amphibolite grenue. Nous avons fait connaître les caractères du chlorito- schiste amphibolique à propos d'un gisement des Dames- ( Wô ) de-Meuse. Une roche plus ou moins analogue se retrouve vers les limites supérieures et inférieures de la plupart des amphiboliles des Ardennes. Elle offre beaucoup d'analogie avec les chloritoschistes calcareux signalés au contact des porphyroïdes ou alternant avec elles. Mais on y voit des aiguilles amphiboliques, et le microscope y fait découvrir des cristaux minuscules de hornblende plus ou moins altérés et partiellement transformés en chlorite. On y trouve des grains cristallins, des enduits et des veines de calcaire et de la limonite épigène. C'est comme une tran- sition des porphyroïdes. Au point de vue stratigraphique, les amphibolites res- semblent aux porphyroïdes. Les bancs se montrent tou- jours parallèles aux couches cambriennes encaissantes. Les auteurs envisagent ces roches hornblendifères comme formant des couches régulières et contemporaines des ter- rains où elles se trouvent. Il résulte des faits observés que les porphyroïdes et les amphibolites des Ardennes françaises constituent non des filons couchés, mais des couches régulières interstrati- lîées placées tout aussi régulièrement et présentant les mêmes dispositions que les roches encaissantes et des allures tout aussi variées. Les fragments d'amphibolites schisteuses rencontrés dans certaines porphyroïdes des Dames-de-Meuse, fournit encore un argument à l'appui de cette opinion. Pour ce qui concerne les porphyroïdes, on ne remarque pas, dans leur voisinage, des roches éruptives dont l'action sur les roches encaissantes ait été capable de produire des porphyroïdes par métamorphisme. Ils pensent que les couches cambriennes actuellement à l'état de por- phyroïdes n'ont jamais été semblables aux sédiments voi- sins qui se présentent à l'état de phyllade et de quartzite. ( 444 ) Pour qu'une action métamorphique ait pu réaliser dans des roches déjà consolidées une transformation telle que la grande cristallisation et l'aspect de porphyre massif des bancs de Mairus, il aurait fallu un ramollissement complet de la matière, un état voisin de la fluidité. De plus, il résulte d'analyses chimiques faites par MM. Sauvage et Chevron, que la composition de quelques phyllades revi- niens de l'Ardenne ne paraît pas s'écarter beaucoup de celle de la pâte de la porphyroïde de Mairus. Comment com- prendre que dans la même série de couches de composi- tion rapprochée, une action métamorphique ait produit, à côté les uns des autres, les phyllades et les porphyroïdes de Mairus et de Laifour. Aussi les auteurs inclinent à penser que la cristallisation des porphyroïdes et des amphi- bolites s'est opérée en grande partie au fond de la mer cambrienne, très-peu de temps après le dépôt et quand les matériaux étaient encore à l'état plastique. Dans les porphyroïdes, des morceaux de roches anté- rieures, encore plus ou moins reconnaissables, ont été mélangés aux matériaux qui se sont convertis en por- phyroïdes au fond de la mer cambrienne. Dumont avait autrefois signalé dans la roche du ravin de Mairus des morceaux de quartzite qui indiquaient que la porphyroïde leur était postérieur. Les porphyroïdes et les amphibolites forment des cou- ches interstratifiées à deux niveaux géologiques considérés comme d'âges différents, dans les diverses interprétations que l'on a faites de l'Ardenne. Dans le bassin de la Meuse, on les observe dans lerevinien de Dumont, et aux environs de Bimogne, dans le devillien. Un intérêt nouveau va s'attacher à la partie si pitto- resque de la vallée de la Meuse où se trouvent les por- ( m ) phyroïdes et les aniphibolites ; nul doute que les géologues n''aillent les étudier. Ils pourront également rechercher, dans les couches voisines, des fossiles qui fourniront des données et des arguments plus concluants que ceux que l'on a fait valoir jusqu'à présent pour expliquer théori- quement la dispostion que présentent les couches si tour- mentées de l'Ardenne. Les déductions tirées du métamorphisme que Dumont et d'autres ont fait valoir, dans l'hypothèse que les couches de Deville et de Fumay sont de même âge, sont donc complètement modifiées. On ne peut plus faire intervenir les roches plutoniennes de Mairus, etc., qui auraient, d'après cette opinion, modifié les phyllades de Deville en phyllades aimantifères, par un métamorphisme agissant à distance, etc. En terminant ce rapport, dont la longueur est justifiée par l'importance et la nouveauté du sujet , je suis heureux de me joindre à mes savants confrères dans les éloges bien mérités qu'ils décernent aux auteurs, et je demande également à l'Académie d'adresser des remercîments à MM. de la Vallée-Poussin et Renard, d'imprimer dans les Mémoires in-4° leur beau travail ainsi que les planches et coupes qui l'accompagnent. » La classe adopte les conclusions de ces trois rapports. ( 446 ) Recherches sur le développement et la terminaison des nerfs chez les larves de batraciens , par M. le docteur Leboucq. jRappor'l de .fi. Éd. Fan Mtenedettm « On n'est guère encore édifié sur le mode de forma- tion des nerfs : les deux opinions émises sur cette ques- tion sont toujours en présence et la lumière n'est pas faite. Le D'' Leboucq, prosecteur d'anatoraie à l'Université de Gand, communique à l'Académie un travail sur le déve- loppement et la terminaison des nerfs chez les larves des batraciens. Ce travail a été fait sous la direction de notre confrère et ami M. le professeur Van Bambeke. M. Leboucq n'a pas pu étudier la question de l'origine première des nerfs. Néanmoins, sans se prononcer d'une manière positive, il semble se ranger plutôt du côté de ceux qui soutiennent , avec Schwann, le développement des nerfs in situ aux dépens de cellules primitivement répandues au milieu des tissus embryonnaires. Le travail de l'auteura plutôt pour but de faire connaître la constitution des nerfs embryonnaires et leur développe- ment consécutif que leur origine première. La méthode à laquelle il a eu recours consiste à examiner les nerfs en place dans la queue transparente des larves de grenouilles et de tritons, après les avoir traitées au préalable par l'acide osmique. Les nerfs apparaissent alors sous forme de filaments présentant une réfringence particulière et se divisant par voie dichotomique. Le tronc nerveux embryonnaire, dès ( 447 ) qu'il est d'un certain volume, montre une striation longi- tudinale manifeste; il n'est qu'un faisceau de fibrilles réunies entre elles par une substance intermédiaire granuleuse. Aux points de bifurcation, aussi bien que là où un fais- ceau collatéral s'insère sur un tronc principal, on observe des nodosités de forme et de développement variables. Ces nodosités sont formées de granulations protoplasmiques; tantôt elles montrent un noyau, tantôt elles en sont dé- pourvues. M. Leboucq considère ces nodosités comme étant les restes des cellules formatrices des nerfs. Ces cellules seraient d'abord dépourvues de noyau, ce qui est conforme aux observations de Hensen et de Calberla. Les faisceaux de fibrilles nerveuses se formeraient aux dépens de cellules nerveuses embryonnaires, comme les fibrilles du tissu conjonctif se développent, d'après les observations de Max Schultze et de Boll , aux dépens des cellules de ce tissu. x\utour de ces faisceaux plus ou moins volumineux de fibrilles nerveuses apparaissent secondairement de grands noyaux ovalaires, qui indiquent la présence autour des troncs nerveux de cellules engainantes, dont l'origine est tout à fait indépendante de celle des faisceaux fibril- laires. (Haûtchenzellen de A. Key et Retzius.) M. Leboucq a confirmé les observations de MM. Cal- berla et Rouget en ce qui concerne le mode de formation de la gaîne médullaire. Ces recherches établissent défini- tivement l'exactitude des résultats obtenus par Ranvier, Axel Key et Retzius sur la constitution des fibres ner- veuses. Une observation fort intéressante et, je crois, tout à fait nouvelle que vient de faire M. Leboucq, c'est que les rameaux collatéraux des nerfs partent toujours du tronc ( 448 ) principal au niveau d'un étranglement et qu'un rameau collatéral part de chacun des étranglements. II. Terminaisons nerveuses. — M. Leboucq s'occupe exclusivement des terminaisons des nerfs dans la peau. L'épiderme est formé de deux assises cellulaires. Les cellules superficielles sont pavimenteuses; les profondes sont moins aplaties. Ces dernières sont séparées les unes des autres par une matière cimentaire spéciale analogue à celle que Ranvier a signalée dans le corps muqueux de Malpighi chez l'homme. L'auteur signale entre les cellules ordinaires de la couche profonde des cellules granuleuses d'une forme particulière, qu'il compare d'abord aux cellules muqueuses de Leydig (Schleimzellen), puis aux Fûhlzellen que Langerhans a dé- crites dans l'épiderme des Petromyzon et de l'Amphioxus. Je ferai observer que je ne comprends pas comment des cellules, ayant les caractères des cellules muqueuses, peu- vent être comparées aux cellules nerveuses tactiles de Langerhans. Je regrette que l'auteur n'ait pas plus complè- tement décrit ses cellules granuleuses. En ce qui concerne la continuité de ces cellules avec les nerfs, les observations de M. Leboucq me paraissent insuffisantes, et il me semble difficile en suivant la méthode de préparation qu'il a em- ployée de démontrer cette continuité. L'auteur a découvert l'existence, entre les cellules épi- théliales profondes, des corpuscules allongés, logés au mi- lieu de la matière cimentaire, qui émettent des prolon- gements multiples. « En poursuivant les rameaux qui en partent, dit M. Leboucq, on parvient presque toujours à établir leur connexion avec des fibrilles nerveuses. » Aussi M. Leboucq considère-t-il ces éléments intercellulaires de ( 449 ) l'épiderme comme des terminaisons nerveuses cutanées. Il les compare à des corpuscules fort semblables signalés par plusieurs auteurs dans l'épaisseur du revêlement épider- mique de divers mammifères. Çà et là, au lieu de ces éléments, on trouve des cellules volumineuses qui ressem- blent beaucoup à des cellules ganglionnaires. Le travail de M. Leboucq me paraît avoir été fait et ré- digé à la hâte. Le nombre des observations qu'il a faites, il le reconnaît lui-même, n'est pas suffisant pour que l'on puisse considérer comme établies les opinions qu'il ex- prime sur diverses questions; il a laissé une trop large place à l'hypothèse. Néanmoins le travail fournit des résultats positifs sur plusieurs questions importantes; il fait connaître des ob- servations nouvelles et des plus intéressantes. Cette pre- mière communication de l'auteur nous fait vivement désirer de lui voir continuer ses recherches. L'auteur n'a pas eu la prétention, du reste, de donner, dans le travail actuel, la solution définitive de tous les points sur lesquels son attention a été portée. Il a eu prin- cipalement pour but de prendre date pour les résultats nouveaux auxquels il est arrivé. Je n'hésite pas à proposer à l'Académie de voter l'impression du travail de M. Leboucq dans le Bulletin de la séance. » Conformément aux conclusions de ce rapport, auxquelles ont souscrit MM. Schwann et Van Bambeke, la classe a voté l'impression du travail de M. Leboucq dans les Bul- letins. ( 4S0 ) Recherches sur les résines^ par M. G. Bruylanls. Kappoft de .«T. Sta*. « M. Bruylanls, connu par un beau travail sur les hydro- carbures de la formule générale C"H'""~^, a présenté à la classe la première partie des recherches qu'il a entre- prises sur les résines. Dans sa note, il fait connaître ses investigations sur l'acide pimarique découvert par Lau- rent dans le galipol. Après avoir confirmé la formule assignée par Laurent à cet acide, il a cherchée décou- vrir la constitution chimique de ce composé. Guidé par l'idée qu'il est possible d'arriver à la constitution chimique d'un corps par l'étude des produits de sa décomposition ou de la décomposition d'un de ses composés, il a soumis, d'une part, à la distillation sèche lepimarate de calcium et, d'autre part , il a étudié l'action exercée par la chaleur sur le pimarate de sodium. Il a trouvé ainsi que la distillation sèche du pimarate calcique fournit des hydrocarbures ga- zeux, parmi lesquels il a reconnu l'existence du propylèiie et de Vamylène, et un liquide dépourvu d'un point d'ébul- lition constant et formé d'un hydrocarbure de la formule C^H'o, d'une propione C^H^^O, et d'un hydrocarbure, le térébène. L'hydrocarbure C^H^^ se combine directement au brome en produisant un bibromure C^FI'^Br^. La propione, sous l'influence de l'acide chromique dis- sout, donne de l'acide propionique. Par l'action de la chaleur sur le pimarate de sodium, M. Bruyiants a également obtenu du propionate sodique. ( 431 ) Ces produits de décomposition permettent de rattacher l'acide pimarique à l'essence de térébenthine qu'on peut considérer comme un hydrure de cimol, se rattachant lui-même au propyle. M. Bruyiants termine sa note par des considérations théoriques sur la valeur desquelles je n'ai pas à émettre une opinion, l'Académie n'ayant pas mission ni d'approu- ver ni d'improuver des spéculations dont l'expérience est impuissante à prouver la vérité ou l'erreur. Quoi qu'il en soit de cette réserve, il ne peut y avoir de doute sur la valeur réelle du travail de M. Bruyiants. Ce travail est bien conçu et parfaitement exécuté. J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'ordonner l'im- pression de la note dans le Bulletin de la séance, de voter à M. Bruyiants des remercîments pour sa communication et de l'engager à continuer ses recherches. » La classe a adopté les conclusions de ce rapport, auxquelles ont souscrit les deux autres commissaires, MM. F. Donny et Melsens. — Conformément aux conclusions favorables du rap- port de M. Stas, auxquelles se sont associés MM. de Ko- nincket Donny, la classe a décidé l'impression , dans le recueil in-8° des Mémoires, d'une 2" Note historique sur J.'B. Van Helmont, par M. Melsens. ( 4Sâ ) Note sur la contraction des fnuscles striés de Vhydrophilej par M. Léon Fredericq. Rapport de M. Éd. Watt Bencdcn. a Les dernières recherches des histologistes sur la structure des muscles striés et tout particulièrement les travaux de Briicke, de Krauze, de Hensen , de Merkel, de Flogel et de Engelmann ont démontré qu une fibre muscu- laire a une structure bien plus compliquée que ne l'avaient supposé les anciens anatoraistes. D'après l'opinion de Krauze et de Merkel, généralement adoptée aujourd'hui, chaque fibrille est un jirisme ou un cylindre formé de petites loges empilées, de segments prismatiques ou cylin- droïdes [Miiskelfàcher ou segments musculaires). Chaque segment comprend un certain nombre de couches super- posées que l'on appelle disques. Deux segments adjacents sont séparés l'un de l'autre par une cloison, qui a été pour la première fois bien décrite par Krauze et que l'on appelle généralement aujourd'hui le disque intermédiaire (Zivischenscheibe). A mi-hauteur de chaque segment existe, quand le muscle est en repos, une couche trans- versale de substance foncée, biréfringente ayant l'appa- rence d'une large bande obscure : c'est le disque aniso- Irope (la couche principale, la Hauptsubstanz de Rollett). Dans la substance principale, on distingue trois zones : la zone médiane plus claire est appelée disque médian [Mit- telscheibe de Hensen); les deux zones terminales sont appelées disques transversaux (Querscheiben). Les deux bases, ou parties terminales des segments musculaires. ( 455 ) sont occupées par une substance claire, monoréfringente, isotrope; de telle sorte qu'entre les disques anisotropes de deux segments superposés se trouve une couche de sub- stance isotrope (Zwischensubstanz de Rollett). Cette couche est divisée en deux par le disque intermédiaire qui se trouve à égale distance des deux disques aniso- tropes. Chaque couche isotrope est divisée à son tour par une zone granuleuse, parallèle au disque intermédiaire (Kôrnerschicht de Flôgel, Nebenscheibe de Engelmann) en deux couches d'inégale épaisseur : Tune est adjacente à la membrane intermédiaire; elle est généralement plus mince; l'autre est plus épaisse; elle se trouve entre le disque accessoire et le disque transversal. Le segment musculaire se compose donc, en allant d'une base à l'autre, des couches suivantes : i . Disque intermédiaire. 2. Couche isotrope. 3. Disque accessoire, i. Couche isotrope. 5. Disque transversal. G. Disque médian. 7. Disque transversal. 8. Couche isotrope. 9. Disque accessoire. 10. Couche isotrope. Puis vient de nouveau un disque intermédiaire qui re- commence une nouvelle série. Telle est la composition des segments musculaires les plus compliqués; ils se présentent dans les muscles des arthropodes à l'état de repos. On a des raisons sérieuses de croire que la composition des muscles des vertébrés est la même. ( 4S4 ) On sait depuis longtemps que des modifications se produisent dans la composition des segments musculaires au moment de la contraction : 1° Dans la fibrille contrac- tée, le segment musculaire a diminué considérablement de hauteur et il s'est élargi notablement; 2*^ la striation trans- versale dans le segment contracté est toute différente de ce qu'elle est dans le segment au repos, et la cause de cette différence réside, paraît-il, dans une tout autre répartition des substances disposées par couches transversales dans le segment prismatique de la fibrille; 5° entre l'état de con- traction et l'état de repos se présente une phase intermé- diaire pendant laquelle toute striation transversale dispa- raît. La même phase se présente quand le segment passe de l'état de contraction à l'état de repos; 4° l'ensemble des disques intermédiaires de toutes les fibrilles composant une fibre paraît former une cloison horizontale passive, tendue en travers de la fibre musculaire et s'insérant à la face interne du sarcolemme. Car dans la fibre contractée le sarcolemme décrit, dans certaines conditions de prépa- ration, une ligne ondulée ou festonnée dont les points de rebroussement correspondent aux disques intermédiaires (Fredericq). On comprend tout l'intérêt qui s'attache à l'étude exacte des modifications qui se produisent dans le segment mus- culaire au moment de la contraction : car sur la connais- sance de ces faits doit reposer la théorie du mécanisme de la contraction. Aussi plusieurs histologistes éminents se sont-ils attachés à décrire aussi exactement que possible ces modifications, et ils ont fondé sur leurs observations, assez peu concordantes du reste, diverses théories de la contraction. Les divergences d'opinions proviennent de la difficulté ( 4^)5 ) de l'observation. On a employé jusqu'ici dans ces recher- ches deux méthodes différentes : 1° l'observation des mus- cles vivants, observation fort difficile à cause de la rapidité avec laquelle s'accomplit le phénomène; 2" l'examen de fibres striées et coagulées en état de contraction; de fibres sur lesquelles Tonde de contraction se trouve fixée et sur lesquelles on peut donc étudier comparativement des par- lies à l'état de repos, des parties à l'état de contraction, des points intermédiaires se trouvant à la phase intermé- diaire entre ces deux états extrêmes. Cette méthode a donné de bons résultats. Néanmoins toute la précision désirable n'a pas encore été obtenue par cette voie et l'on a trop négligé les mesures micrométriques. M. Fredericq a fait, sous la direction de notre savant confrère, M. le professeur Van Bambeke, des recherches étendues sur la structure et la génération du tissu muscu- laire. Son Mémoire, qui renferme à la fois un excellent exposé bibliographique et de nombreuses recherches ori- ginales, a été couronné au concours universitaire de 1874. Aujourd'hui il communique à la classe une note dans laquelle il fait connaître une méthode nouvelle à laquelle il a eu recours pour déterminer, plus exactement que cela n'a été fait jusqu'ici, les modifications qui s'accom- plissent dans le segment musculaire pendant la contrac- tion. Cette méthode consiste à mesurer exactement les dimensions d'une grande quantité de segments muscu- laires à tous les états de repos et de contraction, en tenant un compte exact des caractères de tous les segments me- surés. Les inflexions du sarcolemme au niveau des disques intermédiaires décèlent toujours la position de ces der- niers. On mesure la distance qui les sépare. En classant les données obtenues dans l'ordre des hauteurs décrois- ( 456 ) santés des segments, M. Fredericq est arrivé à construire un schéma des modifications qui se produisent successi- vement lors de la contraction, il a reconnu, en effet, qu'il existe un rapport constant entre la hauteur du segment et les caractères de son contenu. Ses recherches ont porté sur les muscles des pattes et de la tête de l'hydrophile. Les résultats obtenus par cette méthode sont les suivants : 1. La diminution de la hauteur du segment musculaire porte d'abord exclusivement sur la couche isotrope située entre le disque intermédiaire et le disque accessoire. Ces deux disques finissent par se confondre. 2. La couche isotrope adjacente aux disques transver- saux diminue de hauteur et finit par disparaître à son tour. C'est à ce moment que le segment paraît homogène. Jus- que-là la hauteur du disque anisotrope n'a pas varié; mais son aspect n'est plus le même. Vers le milieu du disque médian élargi, apparaît une ligne transversale foncée qui se montre de plus en plus nettement. Les limites du disque anisotrope deviennent aussi de plus en plus nettes. Le disque qui n'a ni diminué ni augmenté en hauteur, s'est accru en volume et développé transversalement. 5. Le disque anisotrope diminue de hauteur et se déve- loppe en travers. Les parties les plus obscures s'amassent contre le disque intermédiaire; le disque devient de plus en plus clair à son milieu. Sa région médiaire plus claire est traversée par une ligne obscure. M. Fredericq affirme que si l'on étudie à la lumière polarisée les muscles contractés, rien n'indique le stade d'inversion admis par Merkel , la substance occupant le milieu du segment se comportant toujours, que l'élément soit contracté ou non, comme un cristal biréfringent. (4S7) M. Fredericq est ainsi conduit à admettre l'existence dans le disque anisotrope de deux substances, l'une qui au moment de la complète contraction serait refoulée contre le disque intermédiaire; (cette substance est foncée et se colore fortement par l'hématoxyline) l'autre claire, reste- rait en place; ce serait la vraie substance anisotrope. La notice de M. Fredericq est accompagnée de quatre figures indispensables pour l'intelligence du texte. Le travail qui nous est communiqué est une contribu- tion intéressante à l'histologie des fibres musculaires; elle est relative à des phénomènes sur la connaissance exacte desquels doit reposer la théorie de la contraction. Je n'hésite donc pas à proposer à l'Académie : 1° de vo- ter l'impression de la notice de M. Fredericq dans le Bul- letin de la séance; 2" d'ordonner l'exécution des figures qui accompagnent cette note; o° d'adresser des remei ci- ments à l'auteur. » La classe a adopté ce rapport auquel a souscrit M. Schwann, second commissaire. — M. P. De Heen, ingénieur à Louvain, auteur d'une Note sur les coefficients de fusion et de dilatation des mé- taux, est autorisé, sur sa demande, à retirer son travail, conformément à l'avis exprimé par MM. Gloesener, Mon- tigny et Folie, qui avaient été désignés pour l'examiner. — Sur le rapport verbal de MM. Folie" et Catalan, le Bulletin renfermera deux notes de M. L. Saltel, l'une sur une Loi générale régissant les lieux géométriques, l'autre sur la Généralisation du théorème de Desargues. 2"" SÉRIE, TOME XLI. oO ( 4S8 ) — M. Dewalque donne lecture de son rapport, auquel ont adhéré MM. Briart et Cornet, sur les frais de publica- tion des mémoires couronnés de MM. Malherbe et de Macar concernant le système du bassin houiller de la pro- vince de Liège. Le devis de ces frais sera communiqué à M. le Ministre de l'Intérieur. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur les principaux Manuscrits délaissés par feu André Dumont; par M. E. Dupont, membre de l'Académie. Dans le rapport que l'Académie m'a fait l'honneur de me demander relativement aux mesures à prendre pour la carte géologique du pays qui est épuisée depuis dix ans, j'ai fait mention des manuscrits de Dumont destinés à l'explication de son œuvre (1). La famille de l'illustre géologue m'a remis la copie qu'elle en avait fait exécuter à l'époque où ils furent cédés à l'État et déposés à l'Université de Liège. J'ai pu ainsi me former une opinion précise sur la nature et la valeur de ces documents. 11 faut ajouter que ce sont ces manuscrits que M. Dewal- que a en sa possession pour rédiger, d'après les éléments (1) Bulletins de l' Académie royale de Belgique, 2<= série, t. XL, p. 29], i75. ( 459 ) qu'ils renferment, le texte explicatif dont il a été chargé, à sa demande expresse, depuis 1861 (1). Leur importance me paraît telle que je me crois obligé d'en présenter une analyse succincte à l'Académie et d'en mettre sous ses yeux la partie principale, afin que la classe soit complètement et exactement renseignée sur ce côté de la question et puisse examiner, avec connaissance de cause, s'il y a lieu de prendre des mesures spéciales pour exhumer, sans plus de retard, d'aussi précieux matériaux recueillis sous ses auspices. La copie qui m'a été remise a été faite sur les feuillets mobiles où Dumont transcrivait ses observations et le résultat de ses études. Elle forme douze volumes petit in -4° (papier écolier plié en quatre). Les quatre premiers volumes sont consacrés à la descrip- tion des terrains crétacés, tertiaires et quaternaires de la Belgique. Ils comptent ensemble 2,695 pages. Les six volumes suivants sont les journaux de voyage. Ils indiquent tous les points où Dumont a fait des obser- vations pendant chacune de ses excursions et la nature de ces observations. Celte seconde série de notes s'étend à l'ensemble de nos terrains et mentionne le nombre incroyable de 20,917 relevés sur les affleurements que Dumont a rencontrés, étudiés et vérifiés pour dresser sa carte et réunir les documents nécessaires à son texte explicatif. Ces 20,917 observations portent chacune un numéro d'ordre correspondant, paraît-il, à celui d'une carte à grande échelle où l'affleurement est pointé avec une (I) Voyez pour plus de détails la note de M. Dewalque intitulée : A propos de la carte géologique détaillée de la Belgique. {Ibid., t. XLI, p. 15, 1876.) ( 460 ) extrême précision et qui est également déposée à l'Univer- sité de Liège. Ces détails montrent Tordre minutieux que le grand géologue apportait dans ses opérations et tout le parti que l'on peut en tirer. La troisième série comprend deux volumes moins gros qui renferment des listes de fossiles des terrains dévoniens, du calcaire carbonifère et du terrain tertiaire avec indi- cation des localités. Elles semblent avoir été extraites des ouvrages de MM. de Yerneuil, d'Archiac, de Koninck et Nysl. Le onzième volume contient en outre 100 pages où la disposition et l'allure du terrain anthraxifère sont décrites. Les quatre premiers volumes sont particulièrement importants dans l'état actuel de nos connaissances géolo- giques. Ils renferment toutes les pièces justificatives des tracés et des raccordements faits par Dumont pour les terrains crétacés et tertiaires, et un assez grand nombre d'observations sur les dépôts quaternaires et modernes. Écrits sur le plan des mémoires sur le terrain ardennais et sur le terrain rhénan, ces manuscrits donnent d'abord la coordination des faits sous le titre de Description géné- rale des roches. Elle comprend des données sur la géogra- phie physique, la répartition des systèmes en massifs, la succession normale des couches, leur répartition dans cha- cune des régions, leur caractère minéralogique défini avec le plus grand soin, etc. La seconde partie comprend ce que l'auteur appelle « détails locaux. » Elle indique longue- ment tous les faits observés dans les affleurements naturels, dans les carrières, les sondages, etc., précise par d'innom- brables coupes les relations stratigraphiques des couches dans ces divers affleurements, raccorde ces couches à leurs similaires d'après la méthode employée pour les terrains ( ^.61 ) de l'Ardenne, fournit leur caractère minéralogique minu- tieusement détaillé, fait connaître les endroits où l'auteur a rencontré des fossiles, etc. Afin que l'Académie puisse juger par elle-même de la valeur et de l'opportunité de ces volumineux matériaux, je crois devoir transcrire ici des extraits relatifs à des questions d'à-propos, faisant seulement des réserves sur la complète exactitude de la copie du texte qui m'a été remise et qui n'a pas été faite par un homme du métier. Les géologues du Hainaut recherchent depuis long- temps le dépôt que Dumont indique sur le sommet du mont Panisel par une petite tache de la teinte qui carac- térise le système hruxellien. Le compte rendu de la session de la Société géologique de France, à Mons, en 1874, fait connaître que ces recherches ont été vaines, de sorte que, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, faute des notes explicatives du grand géologue, une partie des efforts se consume en commentaires sur les raisons qui l'ont amené à rattacher un dépôt à un système plutôt qu'à un autre. Cette circonstance est d'autant plus surprenante que M. Dewalque présidait l'excursion de la Société au mont Panisel. Le compte rendu de cette excursion mentionne seulement : « Elle (la Société) a ensuite fait un détour pour examiner l'endroit où Dumont a placé sur sa carte un petit lambeau de dépôt bruxellien, que l'on n'a jamais retrouvé (I). » Or notre savant confrère, ayant entre les mains les documents qu'on va lire, aurait pu donner les renseignements qui eussent évité ces recherches sans résultat. (1) Bulletin de la Société géologique de France , 1874, 5^ série, t. II. p. 356. ( W2 ) Voici la coupe que Dumont a relevée au mont Panisel et comment elle est figurée dans la copie d'où je l'extrais: « Coupe du Panisel au N.-E. de Hyon, n*' 8. » En descendant du mont Panisel par le chemin de » Hyon, on rencontre à 700 ou 800 mètres de ce village : » H. Du sable glauconifère (^7) (1), à grains moyens; » les grains quartzeux, plus anguleux qu'arrondis, sont » colorés en jaune clair et en jaune brunâtre; la glauconie » est réniforme, d'un vert foncé un peu olivâtre. Ce sable » est meuble ou à peine cohérent, d'un vert jaunâtre mêlé » de vert brunâtre. » Il renferme du grès glauconifère grenu ou subgrenu, » d'un gris verdâtre clair, pointillé de vert foncé, lustré à » l'intérieur, terne à l'extérieur. î> G. Sable glauconifère (^7) légèrement argileux; les » grains de quartz plus anguleux qu'arrondis sont forte- » ment colorés en brun jaunâtre sale à leur surface. Ce » sable est moins meublé que le précédent et offre une » couleur d'un brun moins verdâtre, c'est-à-dire plus bru- » nâtre. » F. Sable argileux glauconifère ('/lo) à grains moyens, » demi-fins. Les grains sont entremêlés avec une notable » quantité de matière argileuse grise qui les salit. Ce sable » est assez cohérent d'un gris clair un peu jaunâtre, bigarré » de jaune par altération. Il est friable et tache les doigts » en gris, en produisant une impression de colophane. » E. Psammite de même composition que le sable et » qui n'en diffère par conséquent que par sa cohérence. (1) Dumont détermine toujours avec le plus grand soin dans ces notes volumineuses la proportion de glauconie. La fraction V7 signifie que le sable renferme ici un septième de celte substance. ( 163 ) » Ce psammite est un peu friable, grenu, terreux, à cas- » sure inégale, d'un gris clair, finement pointillé de verL » noirâtre, faiblement pailleté et tacheté de brun par » altération. » Il renferme des empreintes de fossiles. » D. Psammite glauconifère (i/io) à grains moyens, plus » argileux que le précédent, renfermant beaucoup de » cavités fossilifères, parfois occupées par un noyau d'ar- D gile gris-verdâtre que l'on prendrait aisément pour des » grains plus gros de glauconie altérée. » 11 présente une texture grossière, celluleuse et une » couleur grise verdâtre mêlée de jaunâtre et de brunâtre » par altération. » On y voit quelques tubulures capillaires. » C. Sable très-fin, glauconifère ('/i-^), légèrement ar- » gileux. Les grains quartzeux sont salis par de la ma- » tière argileuse gris-jaunâtre. Les grains de glauconie » sont olivâtres. On y observe quelques fines paillettes de » mica blanc. » Ce sable est cohérent, d'un gris jaunâtre terne. Il » tache un peu les doigts, en y produisant un peu l'im- » pression de la colophane. » B. Psammite glauconifère ('/lo) à grains fins ou demi- » fins, réunis par de la matière argileuse grise. » Ce psammite est assez friable, d'un gris finement » pointillé de noir verdâtre un peu pailleté, tacheté de » brunâtre par altération. Sa texture est finement grenue » et sa cassure inégale; il salit les doigts en gris, en pro- » duisant l'impression de la colophane. » On y voit des tubulures capillaires, quelques noyaux » ou quelques veines argileuses, mais pas de fossiles. » A. Sable argileux glauconifère (Vis) à grains moyens, ( 464 ) demi-fins. Les grains quartzeux sont revêtus d'un enduit d'un jaune sale. Les grains de glauconie sont un peu olivâtres. » Le sable est peu cohérent, friable, d'un jaune sale pointillé de vert foncé. » D'après la coupe précédente, on voit que le sable ar- gileux glauconifère ressemble parfois au sable yprésien, mais celui-ci ne renferme jamais degrés. » Le sable yprésien paraît, suivant M. Lambert, avoir le grain plus aigu, et le sable bruxellien, le grain plus arrondi. (Il faut vérifier le fait.) » « Près du cimetière de Mons, on trouve le sable de Grandglise,puis au montPanisel, on l'observe à l'endroit où l'on a établi un tir. » D. Du sable demi-fin glauconifère , jaune, pailleté. Ce sable est meuble; il referme 2/3 de quartz et Yô de glauconie altérée. 11 se trouve au N. de la route de Mons à Saint-Symphorien. » Les roches suivantes s'observent au tir : » C. Sable à grains moyens, brun chocolat, renfermant */5 de glauconie. 11 ressemble à celui du bois d'Havre, mais c'est probablement du sable yprésien lavé. » B. Sable fin pailleté grisâtre ou gris jaunâtre, composé décode quartz hyalin, 7^ ^^ glauconie; il renferme des paillettes argentines disséminées. » A. Psammite glauconifère fossilifère bruxellien, com- posé d'un quart de grains de quartz, de la moitié de glauconie et d'un quart d'argile. Couleur gris verdâtre. Beaucoup de fossiles. » ( 465 ) « Lorsque de la colline de Savarte on regarde le mont Panisel, il présente la coupe générale suivante : Nord. Sud. » C. Sable glauconifère bruxellien. » B. Psammite glauconifère bruxellien (1). » A. Système yprésien. » » Le passage suivant complète ces données et le système panisélien peut être observé : » 1"* Dans la coupe située au S. de l'Observatoire; « 2° Dans la partie occidentale de la colline vis-à-vis de Hyon ; » 3** Près du tir du Panisel, où il recouvre le système yprésien. » On peut également l'observer des deux côtés du vallon qui divise le Panisel, au S.-S.-E. de la porte d'Havre, sur la hauteur au N. de Malplaquet. » Au-dessus des sables argileux glauconifères pani- séliens, on voit du sable glauconifère meuble, non argileux, à grès glauconifère lustré ou sans grès, appar- tenant peut-être au système bruxellien. La surface de ces sables est plus ou moins remaniée. » Les gris lustrés renferment beaucoup de pinnes. » Il est évident que si ces documents avaient été mis en (1) Il y a lieu de se demander si cetle désignation du psammite glauco- nifère dans cetle coupe comme bruxellien et non comme panisélien , n'est pas une erreur du copiste , car elle ne concorde ni avec la carte du sol et du sous-sol, ni avec l'ensemble de la description de cette région. ( 466 ) lumière lorsqu'ils devaient l'être, ils eussent évité beau- coup de recherches slériles. L'Académie se rappellera que la présentation d'un mé- moire anonyme sur le système panisélien des environs de Bruxelles a donné lieu à trois rapports, lus dans la séance du 5 décembre dernier. 11 y était question d'un dépôt de cailloux à la base du système bruxellien sur la rive droite de la Senne. Un dépôt analogue avait été observé à Nil- Saint-Yincent, sur le bord S.-E. du massif bruxellien. 11 doit jouer un rôle important dans la question, mais son extension n'étant pas connue, on dut laisser la question ouverte jusqu'à ce que de nouvelles recherches eussent fourni ces données. Les manuscrits de Dumont les renferment avec tous les détails stratigraphiques et pétrographiques désirables. Il serait donc inutile de se livrer à de longues recherches pour les découvrir de nouveau. Voici quelques extraits qui ont trait à ce sujet : « Cailloux glauconifères. Le système bruxellien com- » mence dans quelques localités voisines des rivages oc- » cidentaux par une couche assez mince de cailloux glau- » conifères. » Les cailloux dont se compose cette couche sont de )) quartz, de silex, de quartzite, de psammite et autres » roches primaires, plus ou moins arrondis, pisaires, avel- » lanaires, quelquefois ovulaires, parfois aplatis, réunis par » une proportion considérable de sable à gros grains ou » par du gravier glauconifère. La quantité de glauconie » que renferme ce sable, est très-variable et s'élève » parfois jusqu'à 72. » La couleur générale est d'un gris brunâtre, sale ou » verdâtre, suivant que le sable est glauconifère. ( 467 ) » Les cailloux se trouvent à la base du système bruxellien » vers le bord oriental du golfe bruxellien, principalement » aux environs de Jodoigne et de Tirlemont. » On en observe aussi vers le bord oriental du plateau » de Waterloo, aux environs d'Ottignies et au sud de » Wavre. Je n'en ai pas vu de traces vers le bord occi- » dental de ce plateau. » A l'E.-S.-E de Jodoigne, les cailloux pisaires et avol- » lanaires sont réunis par du sable glauconifère (72) à » gros grains, d'un jaune brunâtre pointillé de vert foncé. » Us ont une épaisseur de 0™10. » A la station de Tirlemont, les cailloux, appartenant » pour la plupart au silex du terrain crétacé, sont noirs » brunâtres, colorés en noir-verdâtre à leur surface et ^ » réunis par un gravier formé de ^^20 de quartz hyalin et » de 1/20 de glauconie seulement. » Dans la coupe à 500 mètres à l'ouest de Tirlemont, » n° 22, le gravier caillouteux bruxellien est composé de » cailloux pisaires et avellanaires, de quartz, de silex, de » psammites et autres roches primaires, réunis par du » sable glauconifère (i/.2)à gros grains d'un jaune brunâtre » pointillé de vert foncé B (1). » A Ottignies, le dépôt consiste en une couche de cail- » loux pisaires, avellanaires et ovulaires, la plupart » aplatis, de quartzites, de grès, de phyllades et autres » roches des terrains primaires (rhénans), entremêlés de » sable graveleux à peine glauconifère. Ce dépôt ressemble (1) C'est probablement la lettre qui désigne ce dépôt sur la coupe n<» 22 précitée. Je n'ai pas encore retrouvé celte coupe dans les documents que la famille m'a communiqués. ( 468 ) » beaucoup à certains dépôts diluviens; les cailloux ont en » effet un aspect sale ou limoneux. D En suivant le chemin au sud-est de la censé du Cruy- D kenberg, près de Louvain, on ne voit pas de coupe, mais 3) un sol plat en partie recouvert de cailloux. Le gravier » glauconifère n'est qu'une couche accessoire du système » bruxellien subordonné au sable graveleux glauconi- » fère. » Les manuscrits citent dans les « détails locaux » de nombreux affleurements de ce dépôt de cailloux dans les environs de Wavre, Grez, Courl-S^-Étienne , etc. Les quatre cahiers que je mets sous les yeux de l'Aca- démie, renferment, comme elle pourra s'en convaincre, des renseignements semblables à ceux de ces extraits. Une des plus sérieuses difficultés que présentent nos ter- rains crétacés et tertiaires est la présence de couches glauconieuses dans la plus grande partie des étages. Du- mont en indique dans ses cinq étages supérieurs du ter- rain crétacé et dans huit étages sur les quatorze qu'il a distingués dans le terrain tertiaire. Les notes déterminent, avec une exactitude complète, le caractère pétrographique de chacun de ces niveaux glauconieux, leur position stra- tigraphique dans chaque affleurement quand une superpo- sition est visible, les analogies qui l'ont porté à admettre leur raccordement à l'un ou l'autre niveau, quand leur contact ne pouvait être observé. Ces notes répondent donc bien au but que les géologues pouvaient désirer, et leur permettraient de s'orienter dans le dédale des complications créées par ces réapparitions successives de couches minéralogiquement analogues et souvent dépourvues de fossiles. Elles auraient été un admirable guide dans les recherches ultérieures. ( 469 ) Si nous remarquons ensuite que les deux extraits que je viens de transcrire forment environ sept pages de ces quatre cahiers, l'indication suivante des chapitres rédigés et le nombre de pages qui leur sont consacrées , pourra donner une idée assez exacte de la quantité de matériaux accumulés dans ces manuscrits. Terrains crétacés. 1o Du Hainaut 556 pages. 2» De la rive droite de la Sambre 1 » 3° Du bord de la rive gauche de la Meuse 23 « 4° Du pays de Hervé 163 » S° Entre la Meuse et la Geete 103 i> 6" Entre la Dyle et la Geele ^ » Total 651 - Ces terrains crétacés de la Belgique ont donc été décrits en détail, par Dumont, dans tous leurs affleurements. Terrains tertiaires. 1» Description générale des roches 341 pages. 2° Entre la Côte et la Lys 234 30 Entre la Lys et TEscaut • 34 » 4° Entre l'Escaut et la Dendre 100 v 50 Entre la Dendre et la Senne 52 » 6» Entre la Senne et la Dyle 226 v 70 Entre la Dyle et la Geete • . . 317 « 8° Entre la Geete et la Meuse 316 » 9° Delà Campine 55 u 10" Entre la Meuse et la plaine du Rhin 53 » 11» Sur le bord de la rive gauche de la Meuse (avec des ren- seignements divers sur les dépôts crétacés) 31 » 12° Sur la rive droite de la Sambre C » 13° Entre la Sambre et l'Escaut 201 Total 1946 » ( 470 ) Toute la région tertiaire belge est donc longuement décrite, comme l'est la région crétacée. Les TERRAINS QUATERNAIRES ct MODERNES sont générale- ment décrits avec les terrains tertiaires. Cependant une cen- taine de pages leur sont spécialement consacrées dans ces notes, notamment 82 pages pour la Flandre occidentale. Ces renseignements prouvent à l'évidence l'importance capitale des manuscrits délaissés par Dumont. Loin d'être des documents insuffisants, à peine utilisables et nulle- ment susceptibles de publication, comme le bruit en a été répandu, ces manuscrits sont bien l'œuvre par laquelle l'auteur de la carte géologique voulait continuer le monu- ment qui a illustré notre pays. C'est la véritable et com- plète description stratigraphique et pétrograpbique du sous-sol de la moyenne et de la basse Belgique; elle ren- ferme tous les éléments d'appréciation, toutes les données qui ont permis le tracé des terrains de ces parties du pays. Sans elle , nous sommes réduits dans un très grand nom- bre de cas à rechercher, avant toute autre question, par des inductions et des hypothèses, les raisons qui ont porté Dumont à adopter sa manière de voir. Et quand nous nous rappelons qu'aujourd'hui encore nous ne possédons aucune donnée géologique précise sur les Flandres et d'une manière générale sur la moyenne et sur la basse Belgique, sauf sur le terrain crétacé du Hainaut, que les dépôts tertiaires notamment sont de lous nos terrains ceux que nous con- naissons le moins, on se rendra compte du service éminent qu'aurait rendu et que rendrait encore à la géologie la publication de ces précieux matériaux, qui ont conservé leur opportunité même dix-neuf ans après la mort de leur auteur. S'il fallait les réunir à nouveau, nous devrions évidemment les attendre de bien nombreuses années. ( 471 ) Quoique ces manuscrits n'aient pas reçu leur complet achèvement, je n hésite pas à déclarer que leur publica- tion serait certainement le plus grand progrès que la géo- logie belge eût réalisé depuis vingt ans. Les Tlialassothériens de Baltringen (Wurtemberg)', par M. P.-J. Van Beneden , membre de l'Académie. A la fin de l'époque miocène, le centre de l'Europe était parcouru par de nombreux bras de mer, et la mer Noire s'étendait jusqu'autour de Vienne, de Linzet même du lac de Constance. Les nombreux mammifères qu'elle nourrissait ont laissé de riches dépôts dans chacune de ces localités et on en a fait connaître depuis longtemps quelques formes remarquables. Entre Ulni et Biberach, sur la route qui conduit au lac de Constance, dans l'Oberschwaben, se trouve un endroit nommé Baltringen, qui est particulièrement riche en osse- ments d'animaux marins. Pendant plusieurs années, le pasteur Probst de Essendorf a eu soin de recueillir les précieux débris qui y ont été mis au jour, et il a eu l'ex- trême obligeance de me confier depuis plus d'un an son intéressante collection. Ce sont ces matériaux qui m'ont fourni le sujet de cette notice. Ce dépôt d'animaux marins est d'autant plus remarqua- ble que Ton trouve plus au nord, dans le même royaume jle Wurtemberg, à Steinhem, un ossuaire d'animaux terres- tres, qui rappelle, sous plus d'un rapport, les dépôts de Pikermi, en Grèce, et de Sansan en France. Ce sont des ( 472 ) Singes, du groupe des Colobes, des Tapirs et des Rhino- céros, qui y ont laissé leurs ossements à côté de ceux de Pélicans, de Tortues et de Serpents (1). Herman de Meyer a déjà fait connaître, il y a plus de quarante ans, quelques animaux de ce riche dépôt de Bai- tringen;sous le nom û'Arionius servatus (2), il a décrit et figuré une tête de cétacé conservée au Musée de Stuttgart, et qui est reconnue aujourd'hui pour un vrai Squalodon. Les parties les plus caractéristiques de cette pièce curieuse étaient restées cachées dans la pierre. Le même savant a fait connaître un humérus de Metaxytherium (5) sortant de cette même molasse, une mâchoire et des dents d'un Dauphin à grosses dents qu'il a appelé Delphinus acutidens, et des fragments de rostres d'un Dauphin à longue sym- physe, sous le nom de Delphinus canaliculatiis. Dans ces derniers temps, le docteurBrandt a fait mention de ces mêmes fossiles dans ses Recherches sur les Cétacés fossiles d'Europe et dans le supplément à ces Recherches, qui a paru en 1874(4). On a trouvé également dans ce dépôt des poissons qui ont été décrits avec soin par le pasteur Probst; ils se rap- portent à la famille des Labroïdes et des Sparoïdes , et dans cette dernière famille ce sont les Scat-es qui sont les plus remarquables (5). (1) D' Oscar Fraas, Die Fauna von Steinheim, Stuttgart, 1870. ^ (2) Jahrbuch filr Minéralogie, 1840, 1841 et 1843. Paleontographica , vol. VI, pi. VI. (ô) Ibid.,\SA% p. 101. (4) Untersuchungen iiber die fossilen und siibfossilen Cetaceen Euro- pa's, Saint-Pétersbourg, 1873, et Ergdnzungen zu den fossilen Cetaceen Europa's, Saint-Pétersbourg, 1874, p. 50. (5) Beitragzur Kenntnis der fossilen Fische aus der Molasse von Bal- iringen. Wurtemb. uaturwissenschaft, Jahresheften, 1874. ( 473 ) Parmi les ossements qui nous été obligeamment com- muniqués , nous trouvons des restes de Phoque, de Squa- lodon, de Sirénien et de vrais cétacés. Ces Thalassothé- riens fréquentent, les uns la haute mer, les autres le rivage ou l'embouchure de fleuves, et ce mélange indique clairement qu'à Baltringen comme à Anvers les cadavres flottants ont été poussés par les vents dominants ou par les courants , sur les lieux où ils ont été ensevelis. Parmi ces ossements se trouvent aussi quelques os qua- ternaires provenant de Mammouth et de Rhinocéros ticho- rhinus dont il est inutile de faire mention. La comparaison de ces animaux avec ceux du bassin d'Anvers nous permettra plus tard d'apprécier le degré d'affinité, qui existait à cette époque géologique, entre les mammifères de la mer Noire et ceux de la mer du Nord. La mer qui a déposé les terrains tertiaires inférieurs j n'occupait au nord des Alpes que le bassin anglo-parisien, dit le professeur Hébert, tandis que la mer de l'époque tertiaire moyenne s'étendait sur de vastes espaces et occu- pait plus d'étendue en Europe que celle qui l'a suivie. C'est l'époque où l'Europe a été le plus immergé sous les eaux de la mer, ajoute le savant professeur de la Sorbonne (i). Tous ces animaux datent de l'époque tertiaire moyenne. Les principaux ossements ou du moins ceux qui nous présentent le plus d'intérêt sont ceux de Squalodons, et c'est de ceux-là que nous nous proposons de nous occuper d'abord. Ce sont évidemment les plus intéressants. (1) Bull. Soc. géol. de France, tome XII, 2^ série. Paris, 1733. (Séance du 21 mai 1853.) Page 771. 2""* SÉRIE, TOME XLI. 31 ( 474 ) I. — Squalodon servatum. Il y a quarante ans que l'on a fait mention des premiers ossements de Squalodon et, comme ceux de Zeuglodon de l'Amérique du Nord, tous ces premiers débris ont été re- gardés pour des restes de Reptiles. La forme des dents était si singulière que l'on ne songeait pas d'abord à les attribuer à un mammifère. Plus tard, à cause de la diversité de forme que ces dents affectent, on a créé successivement plusieurs genres que l'on a été obligé de supprimer ensuite. Le Squalodon est un carnassier qui avait des représen- tants dans les deux hémisphères pendant l'époque mio- cène, et qui a eu le sort du Zeuglodon avant la fin de l'époque tertiaire. On comprend difficilement comment ces mammifères, avec des mâchoires si puissamment armées pour le régime animal, aient pu succomber par la concur- rence vitale. Comme les carnassiers terrestres, ce ne sont pas les carnassiers aquatiques les mieux outillés qui se sont perpétués. Les principaux ossements de Squaladon mis au jour jusqu'à présent, sont ceux des environs de Bordeaux qui ont servi de type, sous le nom qui leur a été conservé. Plus tard H. von Meyer, de Francfort, a décrit la léte d'un autre Squalodon découvert à Baltringen sous le nom d'Arionius et plus tard encore, le professeur Jourdan de Lyon en a décrit une autre, la plus complète de toutes, sous le nom générique de Rhizoprion. C'est le même animal que l'on avait proposé de désigner sous les noms de Stereodelphis et de Smilocamptus d'après des dents isolées plus ou moins défigurées par l'usure. ( ^7S ) Depuis ces premières découvertes, on a reconnu la présence de Squalodons dans la haute Autriche, en Suisse, en Italie, en Belgique, en Hollande et en Angleterre, et, tout récemment, on en a signalé des restes dans les deux Amériques et même en Australie. De tous les ossements de mammifères, recueillis à Bal- tringen, les plus importants, comme nous venons de le dire, si pas les plus nombreux, sont ceux de Squalodon. A côté de nombreuses dents d'un grand intérêt, prove- nant les unes de fort jeunes animaux, les autres d'animaux très-adultes, nous avons trouvé quelques os du squelette qui n'étaient pas connus jusqu'à présent. Nous remarquons d'abord divers fragments de crâne, entre autres une partie de temporal avec sa grosse arcade zygomatique. Nous n'hésitons pas à attribuer cette por- tion de temporal au Squalodon par la raison que la sur- face articulaire est beaucoup plus étendue comparative- ment que dans les Dauphins, et ensuite parce que cette surface est notablement plus large en avant qu'en arrière. Aussi cet os, au lieu de se terminer en pointe, comme dans les cétacés vivants, forme une arcade zygomatique fort large, surtout à son extrémité antérieure où il s'unit avec le frontal. Nous avons reçu de Léognan, le moule de deux autres temporaux, avec la surface glénoïde, et qui offrent exac- tement les mêmes caractères de solidité et d'étendue. Nous ferons remarquer en passant que celte partie de l'arcade zygomatique, qui fournit la surface glénoïde, tra- duit parfaitement la longueur des symphyses de la man- dibule; dans les animaux à courte symphyse, c'est à peine si l'os s'étend encore au-devant de la surface articulaire, tandis que dans les autres, la surface glénoïde est reléguée tout en arrière. ( 476 ) Ce grand développement de l'arcade zygomatique nous semble caractériser tous les Dauphins à longue symphyse, mais nous n'oserions affirmer que ce caractère suffit, pour rapprocher les Platanistes des Pontoporia et des Squalo- dons. Nous trouvons parmi ces mêmes ossements divers frag- ments de maxillaire inférieur, qui se font si facilement reconnaître par leur large canal dentaire et par la dispo- sition toute particulière de leurs alvéoles. De tous ces objets, les plus importants sont sans con- tredit les dents. Le pasteur Probst a pu en réunir un cer- tain nombre. Elles sont toutes isolées et indiquent des Squalodons plus petits de taille que ceux qui sont connus jusqu'à présent. Nous pouvons répartir ces dents en trois groupes; celles à une seule racine, celles à deux racines et celles dont les racines sont doubles mais non séparées, c'est-à-dire didymes. Dans ces trois sortes de dents, il y a des incisives et des molaires qui proviennent de jeunes animaux, à côté d'au- tres qui proviennent d'animaux complètement adultes. Ces derniers sont les plus nombreux. Enfln il y en a, des incisives et des molaires, dont la couronne est com- plètement usée jusqu'au collet. Ce sont ces dernières sur- tout qui ont induit les paléontologistes en erreur et qui ont fait établir plusieurs genres qu'on a dû rayer ensuite des cadres systématiques. Nous ferons encore remarquer que la couronne de toutes ces dents est enveloppée d'une couche d'émail assez épaisse et dont la surface est toujours striée ou guillochée. Indépendamment des crénaux qui hérissent le bord des molaires, surtout le bord postérieur, on voit encore de nombreux tubercules de diverses grandeurs autour du collet ( 477 ) et dont quelques-uns se réduisent à d'imperceptibles gra- nulations. Toutes les dents, aussi bien les canines que les incisives et les molaires, ont leur couronne garnie d'une bordure antérieure et postérieure. On ne voit dans la plupart d'entre elles que la substance osseuse et la couche d'émail, mais plusieurs ont en outre une couche de cément qui atteint parfois une épaisseur considérable. Il y en a qui deviennent méconnaissables par le développement insolite de cette couche. Une de ces dents, tout à fait isolée, a la racine si com- plètement enveloppée par ce tissu osseux, qu'on la croirait logée dans son alvéole. Nous en reproduisons une,' fig. 3. On peut encore donner comme caractère général de ces dents l'aplatissement de la couronne de dehors en dedans, aplatissement très-marqué dans les molaires, mais qui diminue insensiblement en approchant des incisives anté- rieures. Parmi ces dents nous trouvons d'abord deux incisives, à couronne légèrement courbée comme la racine, et dont les deux bords sont en saillie, depuis le collet jusqu'au sommet; la couronne se fait en outre remarquer par ses sillons longitudinaux. Le collet n'entoure pas régulièrement la couronne; en dessous et en dedans, il remonte en avant pour descen- dre ensuite du côté opposé et former un sinus vers le milieu. La racine est fort légèrement épaissie en dessous du collet et diminue insensiblement d'avant en arrière, en une pointe aiguë; un très-faible oridce indique la cavité de la dent. 11 y en a d'autres qui sont pleines. Les dents incisives sont parfaitement semblables les unes aux autres. Nous ne croyons pas que les canines puissent être dis- ( 478 ) tinguées des incisives autrement que par leur insertion. Nous ne pouvons donc pas parler de dents canines. Les molaires sont reconnaissables à leurs doubles ra- cines; les antérieures les ont plus ou moins séparées selon le rang qu'elles occupent : ce sont les prémolaires; les pos- térieures ont leurs deux racines toutes séparées jusqu'à la base. Nous en avons plusieurs de ces molaires antérieures, dont le sillon, qui sépare les racines, est plus ou moins profond, mais qu'on ne voit distinctement que d'un seul côté (fig. 2). Nous avons une douzaine de vraies molaires à doubles racines complètement séparées, avec le bord antérieur lé- gèrement crénelé et le bord postérieur garni de plusieurs cupules étagées. Nous avons une jeune dent molaire dont la couronne est petite et creuse et dont les cupules de la couronne sont encore complets. On dirait une dent qui vient d'être extraite de sa capsule (fig. 9). Il nous reste à parler maintenant d'un certain nombre de dents qui sont toutes remarquables par l'usure com- plète de la couronne et le développement peu ordinaire d'une couche de cément qui les défigure complètement. La première est une incisive légèrement courbée, dont la couronne est usée jusqu'au collet avec une racine légè- rement courbée comme une virgule. Grâce à l'usure, on distingue facilement les couches concentriques qui la com- posent (fig. i). Une seconde dent, provenant sans doute du même ani- mal, a la même largeur, mais on voit au sillon et à l'élar- gissement de la racine que c'est une des premières mo- laires (fig. 2). ( 479 ) Nous trouvons aussi une dent molaire dont les racines ne sont séparées qu'au bout et dont toute la couronne est complètement usée (tig. 5). Le cément forme une couche aussi épaisse que la racine. La portion usée montre la coupe formée aussi de plusieurs couches concentriques. Enfin nous trouvons dans la collection de Baltringen une molaire d'un haut intérêt, qui nous ferait comprendre parfaitement les dents précédentes, s'il pouvait rester quelque doute sur leur provenance. Cette dent a ses deux racines séparées jusqu'à sa base et la couronne usée jus- qu'au collet. On peut suivre à l'œil nu les couches qui la composent aussi bien que sur une coupe de tige de sapin. On voit distinctement trois couches concentriques, qui cor- respondent à l'ivoire, à l'émail et au cément (fig. 6). Il y a quelques années, M. Paul Gervais décrivit, sous le nom de Delphiniis brevidens, et plus tard sous le nom générique de Stereodelp/iis, des dents qui n'étaient pas faciles à reconnaître à cause de l'usure de la couronne. Ces dents provenaient de la molasse dite pierre de Mara- bel, près de Castries (Hérault) et de la molasse de Saint- Didier (Vaucluse). A côté de ces dents, M. Gervais figurait une vertèbre du terrain marin supérieur de la molasse des environs de Montpellier. Je suis assez porté à penser, dit M. Paul Gervais, dans rOstéographie que nous publions ensemble (pag. 435) que ce sont également des restes de Squalodon, en parlant des dents ci-dessus. Les dents de Baltringen nous permettent de confirmer ce rapprochement , et c'est ce qui donne surtout un grand intérêt à ces fossiles du Wurtemberg. Parmi les dents de la collection du pasteur Probst il s'en trouve que l'on pourrait rapporter à desSqualodons, ( 480 ) mais elles sont trop petites pour ses carnassiers. Nous en avons donné un dessin, fig. 10, 11 et 12. Proviennent- elles d'un très-jeune animal comme la molaire fig. 9 ? Les dents semblables à des dents d'Orque , le Physodon leccense, avec leur couche épaisse de cément et qui ont été trouvées au milieu de débris de Squalodon dans la Terre d'Otrante, ne sont pas sans affinité avec le genre qui nous occupe. Pour compléter ce que nous savons des Squalodons recueillis à Baltringen, nous devons dire un mot de la tête du Musée de Stuttgard, décrite et figurée par H. von Meyer sous le nom d'Arionius, et de deux autres os de la base du crâne que nous avons remarqués dans le même musée. La tête de TArionius est connue depuis longtemps. Déjà en 1861 nous avions reconnu sa ressemblance avec le Squalodon de Bordeaux et surtout le Rhizoprion de Jour- dan si parfaitement conservé. Nous avions visité Stuttgard au retour de Linz, où nous étions allé étudier les Squalo- dons de ce musée. La tête de TArionius a subi une forte pression. L'ar- cade zygomatique est brisée d'un côté et recouvre en partie le palais à l'entrée des fosses nasales. Tout le dessus de la tête, c'est-à-dire l'occipital, les os nasaux, les maxillaires et les intermaxillaires se com- portent comme dans la tête de Lyon, et la ressemblance est si complète, que nous trouvons les trous du maxil- laire et de l'intermaxillaire, qui livrent passage aux nerfs, disposés exactement de la même manière. Nous remar- quons seulement que le vomer est un peu plus large ainsi que le maxillaire. La base du crâne est également semblable dans les deux têtes, avec cette différence seulement, que la cavité ptéri- ( 48J ) goïdienne, pour les sinus de l'oreille moyenne, est plus large et que l'entrée des fosses nasales semble un peu plus reculée en arrière. La dislance qui sépare l'entrée des fosses nasales et l'aplatissement de la face inférieure des Sphénoïdes, comme du baso-occipital , nous semblent la même dans les deux têtes. Nous avons pris ces notes au Musée de Stuttgard, la pièce originale sous les yeux. Si on en excepte la tête, on ne connaît pour ainsi dire rien du squelette de Squalodon. C'est pourquoi nous atta- chons beaucoup de prix à quelques ossements qui ont été recueillis avec les dents. Nous trouvons d'abord trois vertèbres, une dorsale et deux lombaires, puis deux caudales qui peuvent se rappor- ter au Squalodon. Lesépiphyses sont toutes parfaitement soudées, même dans les vertèbres caudales. Leur forme allongée ainsi que leur faciès les font res- sembler à des vertèbres de Zeuglodon. Leur présence au milieu des dents et leur ressemblance avecles Zeuglodons me font supposer que ces os appartiennent à ces carnas- siers. La dorsale a le corps mince et allongé et l'arc neural est peu épais. Le plancher du canal rachidien est fort large. La plus grande longueur du corps mesure 60 millimètres et 50 millimètres dans sa plus grande largeur; c'est le dia- mètre transverse de l'épiphyse à la racine de l'arc neural. La hauteur de cette épiphyse n'est que de 32 millimètres. La première lombaire (fig. i4) a le corps long de 68 millimètres, tandis que la surface du disque ne mesure que 58 millimètres en travers et autant en hauteur. La face inférieure est carénée, creuse des deux côtés de la carène ( i82 ) et sans trous nourriciers distincts. Les épiphyses sont également soudées. Les apophyses transverses sont peu élargies à leur base. La seconde lombaire n'a que 65 millimètres de lon- gueur et 57 millimètres dans sa plus grande largeur. La carène est plus prononcée que dans la vertèbre précé- dente. INous ne voyons pas de trou nourricier. Les apophyses transverses sont moins incomplètes et indiquent des prolongements fort étroits. Le canal spinal de celte vertèbre est plus droit, et au milieu du plancher il s'enfonce et montre une carène fort distincte- Une autre lombaire se distingue par sa longueur; elle a 75 millimètres de longueur sur 40 millimètres de largeur et 55 millimètres de hauteur; le corps est fortement ca- réné en dessous et montre de chaque côté de la carène un fort trou nourricier. Les épiphyses sont soudées. Une caudale antérieure a 55 millimètres de longueur sur 28 de largeur. Le disque de cette vertèbre est plus haut que large. Le canal spinal est fort étroit et l'apophyse épineuse a l'aspect d'un bonnet phrygien. La caudale suivante n'a plus que 50 millimètres d'avant en arrière. Elle est aussi un peu plus haute que large et diffère peu en dessus et en dessous. M. Paul Gervais a figuré dans sa Zoologie et Paléonto- logie française (1) une vertèbre que nous n'hésitons pas à rapporter à l'animal qui nous occupe. Nous en dirons autant d'une caudale de la molasse de Baltringen et que le docteur Brandt a figurée dans ses Re- cherches (2). Cette vertèbre appartient au Musée de Munich. (1) Zool et Pal. fr., pi. IX, fig. 8. (2) Unlerzuchungen, pi. XXXIII, fig. 14. ( 483 ) On voit encore au Musée de Munich un Allas recueilli également à Baltringen dans la molasse et qui provient aussi d'un Squalodon. M. Brandt l'a figuré (1). Le savant naturaliste de Saint-Pétersbourg est d'avis que cet atlas ressemble à celui de VAulocète de Linz, qu'il a représenté planche XVIII, figures 7-8. Nous ne pouvons, sous aucun rapport, partager cet avis. Il n'existe aucune ressemblance entre ces os ; les surfaces articulaires, comme les apophyses transversales, diffèrent notablement si on les compare à l'Aulocète et présentent, au contraire, les mêmes carac- tères que l'on observe dans l'atlas de Zeuglodon, figuré par J. Millier. Parmi les os remis par le P. Probst se trouve un frag- ment d'avant-bras fort remarquable sous plusieurs rap- ports. La pièce est fortement roulée et tous les angles sont complètement arrondis (fig. 15). On peut fort bien ne pas la reconnaître au premier abord, tant la surface est usée. Elle se compose de la partie supérieure du radius et de la partie correspondante du cubitus. Ces os sont com- plètement soudés. Ce qu'il y a de plus remarquable en eux, c'est que le cubitus est terminé en haut par un olécràne droit, long, fort et placé dans l'axe même de l'os. Nous ne connaissons que le Zeuglodon qui porte un avant-bras semblable. A en juger par la soudure des os, l'animal, malgré sa petite taille, était adulte. Nous pouvons juger des caractères de l'humérus des Zeuglodons, par celui que J. Miiller a figuré et ensuite par (1) loc. c)7., pi. XXXlII,fig. 11-15. ( 484 ) un humérus qui est conservé au Muséum d'histoire natu- relle à Paris, et qui a été donné, il y a plusieurs années , par le docteur Harlan, à Blainville, avec quelques autres ossements du même animal. Parmi les restes de Zeu- glodon du Muséum se trouve une portion de crâne de cet animal. La partie supérieure des os de l'avant-bras est complè- tement soudée; le radius est droit avec une surface articu- laire fort peu creusée et un cubitus avec une apophyse olécrânienne droite et très -élevée. C'est une disposition qui approche les Squalodons desZeuglodons sous le rapport des membres. Un autre fragment semblable réunit le radius et le cubitus, mais l'apophyse de celui-ci est brisée à la hauteur de la surface articulaire. Dans tous les deux on voit une dépression en haut, à l'endroit où les deux os se soudent. Nous signalerons enfin, avant de terminer les Squalo- dons, un humérus que l'on n'a pu rapporter à son type respectif. Nous voulons parler de ce curieux os du bras que Nordmann a recueilli dans la Bessarabie et qu'il a soumis à l'examen d'Eschricht. Cet humérus a été figuré par Nordmann (i); il n'appar- tient ni à un Cétodonte, ni à un Mysticète connu, et, comme il a tous les caractères de l'humérus de Zeuglodon, représenté par J. Mûller (2), nous ne doutons pas que ce ne soit l'os du bras du Squalodon. Eschricht a émis l'avis qu'il n'appartient à aucun cétacé vivant connu. (1) Palaeontologie Suedrusslands, pi. XXVII, fig. 5. (2) Ueber die fossilen Reste der Zeuglodonten , pi. XXIT, fig. 7-8. ( 48S ) II. — Amphithériens. Les Phoques sont faiblement représentés à Baltringen; nous y trouvons quelques fraginenls d'os isolés et diffé- rentes dents, mais les dents même sont trop mal con- servées pour une détermination spécifique ou même géné- rique. Nous dirons seulement que les dents indiquent plus d'une espèce différente par leurs caractères comme par leur taille. Ce sont principalement des incisives. Elles ont une énorme racine et une toute petite couronne à surface unie et plus ou moins usée. La plus grande a 15 milli- mètres de longueur, une racine de 8 millimètres d'épais- seur et une couronne qui ne mesure que o ou 4 milli- mètres d'épaisseur à sa base. Nous trouvons huit à neuf de ses dents, mais il n'y en a pas deux qui se ressemblent ni pour la taille, ni pour la forme, ni pour les proportions de la couronne relativement à la racine. Nous trouvons au milieu de ces os une petite dent fort intéressante que nous croyons devoir rapporter à ce groupe d'animaux. Au-dessus du collet, on voit une bor- dure assez régulière formée de fines granulations ou de tubercules; deux de ces tubercules, plus grands que les autres, sont situés sur un des bords, et deux autres sur le bord opposé, c'est-à-dire, sur le bord convexe vers le milieu de la couronne. Le bout de la couronne a perdu son émail et se termine par un œillet fort distinct. La racine est pleine et a le double de la longueur de la couronne. Nous espérons que l'on découvrira bientôt d'autres restes de ces carnassiers amphibies, qui permettront de recon- naître l'espèce qui remontait si loin la vallée du Danube. ( 486 ) III. — Siréniens. Nous trouvons, parmi les ossements recueillis à Bal- tringen, des débris d'un troisième groupe de Mammifères marins, des Siréniens. 11 y a, parmi ces débris, des dents et des os. Parmi les dents, nous voyons d'abord des incisives fort bien caractérisées, qui, si elles ne présentent pas le volume des incisives de Dugong, n'en offrent pas moins tous les caractères. Elles sont longues, légèrement courbées, d'un diamètre à peu près égal sur toute leur longueur et mon- trant, sur une d'elles, des stries longitudinales et des stries transverses. Les extrémités de la couronne et de la racine sont mutilées. La dent que j'avais cru devoir attribuer d'abord à un Aulocète, dans mon mémoire sur les Squaladons (pag. 76), n'est pas une dent de Squalodon comme le pense le docteur Brandt (1), mais une incisive de Sirénien. Les dents de Squalodon n'ont point cette forme et les racines sont tou- jours effilées à un des bouts, et terminées par une couronne fort distincte à l'autre bout. Dans cette collection de Baltringen se trouvent quelques dents fort intéressantes qui ne dépassent pas deux centi- mètres de longueur et dont la couronne, plus ou moins crénelée, rappelle jusqu'à un certain point les prémolaires des Siréniens. M. de Zigno nous a communiqué dernière- ment une autre forme de dent, crénelée en forme d'éven- tail et qui a été trouvée dans les environs de Padoue au milieu de restes de Siréniens. (1) Loc. cit., page 353. ( 487 ) A côté de ces dents de Baltringen il y a quelques ver- tèbres et un fragment de côte qui indiquent un animal de la taille du Dugong austral. La première vertèbre est une lombaire, sansépiphyses, avec des apophyses transverses très-fortes qui occupent à leur base toute la longueur du corps; l'arc neural manque, mais on distingue toute la largeur du canal spinal. Les métapophyses sont brisées. La seconde vertèbre est une caudale également sans épiphyse, avec une apophyse Iransverse droite, également fort large à la base, comme elles le sont dans les Siré- niens. Nous trouvons encore une apophyse épineuse supérieure isolée, qui semble appartenir à la région dorsale, et qui ressemble, sous tous les rapports^ aux apophyses épineuses des Pachyacanthes devienne. Une autre vertèbre caudale, à corps déprimé également, porte son apophyse transverse fort recourbée en arrière, comme on le voit dans tous les animaux de ce groupe. La face inférieure est fortement creusée à côté de la carène. Un fragment de côte indique également un animal de forte taille; c'est la partie supérieure d'une côte du milieu du thorax; les deux bouts sont brisés, mais on distingue la partie supérieure par son étroitesse et par une excava- tion assez profonde à la surface externe, un peu en des- sous de la tubérosité. La saillie de l'angle de la côte est fort prononcée. Comme dans les autres Siréniens, cette cote est fort épaisse, sans gouttière et sans bord tranchant. Sa cassure est semblable à celle d'un silex. Elle mesure de 40 à 4o millimètres d'épaisseur. Tous ces os sont loin d'être bien conservés et ont leurs angles plus ou moins arrondis. ( 488 ) Cétacés. Parmi les ossements de Baltringen , on reconnaît plu- sieurs cétacés, surtout des cétacés à dents. On peut les rapporter facilement à quatre espèces, qui sont réparties en trois genres. Comme partout ailleurs, où Ton découvre des restes de ces mammifères marins, les uns sont à longue symphyse au maxillaire inférieur, les autres à courte symphyse. Il est assez remarquable que l'on trouve constamment ensemble, dans les différentes loca- lités où Ton a reconnu des Cétodontes, ces deux sortes de Dauphins réunis. On dirait des espèces similaires dans les divers parages qu'ils habitaient. La collection du pasteur Probst renferme quatre sortes de dents de Cétodontes, différentes par leur taille aussi bien que par leur forme et le degré d'usure de la cou- ronne. Platyrhynchus canaliciilatiis. H. de Meyer a donné le nom de Delphinus canalicu- latus à un Cétodonte fort répandu à l'époque miocène et qui se distingue particulièrement par la dépression du rostre, son excessive longueur et l'étendue de la symphyse mandibulaire. Le savant paléontologiste de Francfort fait connaître des fragments de rostre, un maxillaire inférieur et dix caisses tympaniques, recueillis à Othmarsingen , à Zufingen, à Niederstatzingen et à Baltringen. Le vicomte Du Bus a proposé pour ce Dauphin le nom générique de Platyrhynchus et croit avoir trouvé des ros- tres de cette même espèce parmi les nombreux Dauphins d'Anvers. Dans la collection du pasteur Probst se trouvent plu- ( 489 ) sieurs os du même animal ; mais ils sont si mutilés et si arrondis par le frottement, que plusieurs d'entre eux en sont devenus méconnaissables. Nous y voyons entre autres des fragments de maxil- laires inférieurs, surtout de la partie symphysée dont le canal dentaire est mis à nu par la disparition de la partie supérieure qui est creusée par les alvéoles. Les fragments de rostre montrant leurs alvéoles et le long des maxillaires supérieurs, les intermaxillaires sous forme de bandelettes. Les dents sont nombreuses, petites, de forme conique à couronne lisse et à racine légèrement épaissie à la base. Tous ces Dauphins à longue symphyse, Schizodelphis , Champsodelphis , Delphinorhynchus et Cetorhynchus doi- vent être comparés avec soin. La plupart des ossements connus sont représentés dans rOstéographie des cétacés, par P. -J. Van Beneden et P. Gervais, pi. LVII. Orcopsis acutidens. Sous ce nom spécifique, H. von Meyer a ligure et décrit un Dauphin dont il possédait le maxillaire inférieur avec les dents en place et quelques ossements isolés (1). Ce Dauphin est à courte symphyse. Le Cétodonte que M, P. Gervais a fait connaître sous le nom de Stereodelphis brevidens a des dents que l'on pour- rait confondre avec les précédentes; mais nous avons dit plus haut que ce Stereodelphis est un Squalodon dont les dents sont fort usées. (I) Delphiiius acutideas, H. von Meyer, Palaeontogr,, vol Vil, pi. XIII. 2'"^ SÉRIE, TOME LXI. 32 ( 490 ) C'est bien à tort que l'on a voulu changer le nom de H. von Meyer; il y a peu de noms spécifiques ayant une signification qui pourraient rester, si l'on adoptait cette manière de faire. Dans celte collection de Baltringen se trouvent plusieurs dents qui proviennent de ce même Dauphin, et nous en avons vu un certain nombre dans la collection du Musée de Stuttgard. Ces dents sont remarquables par leur volume et par l'usure de leur couronne, qui est si irrégulière qu'il n'y en a pas deux qui se ressemblent complètement; celles qui sont figurées par H. von Meyer sont entières et il y en a qui sont encore en place. La couronne des unes est usée transversalement, celle des autres, obliquement, et quel- ques-unes d'entre elles ne conservent qu'une faible partie de leur couronne et sont usées jusqu'au collet. Les dents complètes, que H. von Meyer figure, sont un peu renflées vers le milieu et elles ne présentent aucune- ment le caractère des dents d'Orque, comme on l'a supposé. A en juger par leur usure , ces Dauphins auraient eu plutôt le régime des Béluga et des Morses que celui des Orques. Une de ces dents de Baltringen mesure 972 centimètres de longueur, 3 centimètres d'épaisseur et montre une couche de cément qui l'enveloppe complètement. La cou- ronne a complètement disparu et ne laisse de traces de sa présence que par la difl'érence d'aspect, de l'ivoire et du cément. Une autre dent est tout à fait semblable à la première et ne diff'ère que parce qu'elle est un peu moins épaisse en haut. Une troisième est plus épaisse du côté opposé à la cou- ronne, et celle-ci perce au milieu du cément. ( 491 ) Une quatrième est plus renflée vers le milieu et montre également une faible partie delà couronne. Une cinquième dent est notablement plus courte que les autres, mais en même temps plus épaisse et la couronne est usée en biais. Une sixième, à la longueur des deux premières, est un peu courbée et montre au bout une faible partie de la cou- ronne perçant le cément. Une septième montre presque toute la couronne et fait voir en même temps l'épaisseur de la couche de cément. Une huitième difl'ère peu de la précédente et pourrait fort bien provenir avec elle d'un Dauphin distinct. Nous avons figuré quelques-unes de ces dents iigures 15, 16,17 et 18. Il se trouve encore plusieurs autres dents de plus petite dimension et appartenant probablement au même animal. Nous avons trouvé au Musée de Stuttgard vingt dents ensemble, recueillies probablement en même temps et qui peuvent fort bien provenir du même individu. Jâger a fait dessiner une dent de ce Dauphin (1) et Ta désignée sous le nom de Physeter. Nous avons vu la dent originale au Musée de Stuttgard. Au milieu de ces ossements recueillis par le P. Probst, se trouve la moitié d'un atlas, deux cervicales d'un animal plus petit que les autres, trois vertèbres dorsales, dont une plus petite, et une caudale qui n'offrent rien de particu- lier, les dernières surtout, que la brièveté du corps. La première dorsale mesure 55 millimètres de largeur sur 20 millimètres d'épaisseur. L'autre dorsale est un peu plus (I) iJcbersicht der fossilen Saugelhiere, pi. I, fig. 18. ( 492 ) étroite, mais a près de 50 millimètres d'épaisseur. La ver- tèbre caudale, que nous rapportons à cet animal avec plus de doute, a 70 millimètres de largeur sur 20 millimètres d'épaisseur, et les apophyses transverses sont très-déve- loppées à la base surtout. Une caisse tympanique de cette collection a 47 milli- mètres de longueur sur 52 millimètres de largeur. La sur- face externe est fort plate et le sillon qui la parcourt dans toute la longueur sépare à peu près cette surface en deux moitiés égales. La moitié externe est seulement plus bom- bée, ce qui correspond à la partie qui forme la volute. Le rocher qui l'accompagne est comparativement court. II est fort bien conservé et la plupart des saillies, aussi bien que les orifices, sont distinctement conservés. La fenêtre ovale, comme la fenêtre ronde, sont dans les mêmes rapports que dans les espèces vivantes; on voit également bien le large conduit auditif externe et les trois aqueducs, de Fallope, du vestibule et du limaçon. Je trouve, dans ma collection, un rocher de Dauphin vivant non déterminé, qui a la même taille et ne diffère guère que par le talion articulaire de la caisse : ce talon est fort large et sa surface n'est guère moins étendue que le promontoire. Delphinus baltringii. Nous trouvons des ossements d'une troisième espèce de Dauphin , mais nous ne possédons pas de pièces assez bien caractérisées pour les rapprocher d'une espèce connue ou pour en faire un animal nouveau, et nous nous bornons à lui donner le nom de la localité. Dans un bloc, qui mesure 16 centimètres de longueur ( 495 ) . et un peu moins de largeur, nous trouvons une tête dont les principaux os sont encore en place, avec les maxil- laires fort distincts, mais une grande partie du rostre brisée. Nous trouvons quelques vertèbres, un axis avec deux autres cervicales, une dorsale et une lombaire avec une portion d'omoplate qui se rapportent à cette tête, au moins pour la dimension. Delphimis .... Une quatrième espèce de Cétodonte est représentée par quelques dents. Elles se rapprochent par la dimension de celles de Tursiops cortesû. Aulocetus molassiciis. Nous ne trouvons pas d'os de cétacé à fanons ou de Balénide dans la collection du pasteur Probst, mais le Musée de Stuttgard renferme une vertèbre dorsale prove- nant de Baltringen et que nous ne pouvons rapporter qu'à une Balénide. Elle a été trouvée dans la molasse comme les autres os. Le corps de cette vertèbre mesure en hauteur M centi- mètres et un peu plus en largeur; son diamètre antéro- postérieur est de 15 centimètres. Sa l'orme diffère un peu de celles que nous connaissons de Linz, en ce que le corps est comprimé légèrement sur le côté et qu'elle prend par là, lorsqu'elle est vue de face, une forme de cœur. Brandt figure une vertèbre semblable (pK XXXIII, fig. 15-16) trouvée comme la précédente dans la molasse de Baltringen, et qui ferait partie de la collection du pas- ( 494 ) leur Probst. Cette vertèbre n'apparlient-elle pas plutôt au Musée de Munich? Depuis longtemps Jâger a fait mention sous le nom de Balena molassica (1) d'un fragment de mandibule re- cueilli dans la molasse de Baltringen. Nous ferons seulement remarquer que ce fragment de maxillaire indique plutôt une Balénoptère qu'une Baleine, et que le docteur Brandt a eu tort de le rapporter à son genre Pachyacanthus (2). Nous avons dit dans une notice précédente que le Pachyacanthe est un Sirénien et non pas un vrai cétacé (o). Il reste à s'assurer si le fragment de maxillaire ligure par Ed. d'Eichvvald, et qui vient probablement deKertsch , n'appartient pas au même animal. D'Eichvvald l'a rapporté au Ziphiiis prisais. Il avait cependant reconnu une res- semblance entre son fragment de maxillaire et celui que Jàger avait rapporté a une Baleine et au sujet duquel on ne peut se tromper. Il faudra comparer aussi avec l'Aulocète, les ossements de Baleine, trouvés dans la molasse de Berne (4). Il ne serait pas moins intéressant de comparer la ver- tèbre de Baleine que Hardmann a reçue de l'embouchure du Tiligul et qui a une épaisseur de six pouces. Le docteur Brandt ne croit pas à Texistence de restes de cétacés à fanons dans le diluvium du bassin de la mer Noire (5), et prétend que je n'allègue aucune source à (1) Foss. Saugelhiere, Wurtemberg, 1837. PI. I, fig. 2 (-2) Silzungsbericht , 1872. (3) Bulletins de P Académie royale de Belgique, iSlb. (4) Studer, Journal de r Institut, p. 270. (5) Brandt, Untersiichungen, etc., page 8, en note. ( 490 ) l'appui de ce que j'en ai dit dans TOstéographie des céta- cés (1). Que le docteur Brandt veuille bien ouvrir la Paléon- tologie de la Russie méridionale (2) et il y trouvera, page 549, qu'à l'embouchure du Tiligul (Chersonschen Gouvernement) , Nordmann fait mention d'une vertèbre de Balaena? trouvée dans le diluvium et qu'on la lui a envoyée. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1-14. Squalodon servaluni . 13-18. Orcopsis acutidens. Fig. 1-3. Denis incisives et prémolaires à couronne complètement usée. 4. Dent incisive complète. 5. Une des premières molaires. 6. Une molaire à couronne complélemenl usée, provenanl sans doute du même animal que les dents 1, 2 et 3. 7. Une molaire à couronne brisée. 8. Une autre molaire postérieure entière. 9. Une jeune molaire. 10-12. Trois dents fort petites ayant les caractères des dents de Squalodon. 13. La partie supérieure des os de Pavant-bras. (Radius et cubitus.) 14. Une première lombaire. 15-18. DiOerentes dents de Platyrhynchus acutidens. (1) Page 244 (2) Al. von Nordmann , Palaeonloloyie Suedrusslands. Helsingfors, 1858. ( 496 ) Synopsis des Agrionines (suite de la 5""^ Légion : Agrion); par M. Edm. de Selys Longcharnps, membre de l'Aca- démie. Sous-genre 8. - ENALLAGMA, Charp. 4- Agrion, Auct. Enallagma (sous-genre) Charp. (Pars). Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule ba- sale postcostale (tout au moins aux ailes supérieures); 8 à iO nervules postcubitales; ptérostigraa en losange, semblable aux quatre ailes. Des taches postoculaires claires, ordinairement cunéiformes (quelquefois linéaires, rarement punctiformes). Lèvre inférieure fendue dans son quart ou son tiers apical. à branches rapprochées ou peu distantes. Prothorax à bord postérieur peu ou point redressé. Abdomen médiocre ou grêle. Pieds à cils courts (longs chez E. aduncum); 5-7 aux tibias postérieurs. o* Coloration généralement bleue. Le 10* segment à bord émarginé, non redressé en tubercule. Appendices anals varia- bles, les supérieurs souvent dilatés en dedans. 9 Épine vulvaire aiguë. Coloration généralement dissem- blable, verte ou jaune, quelquefois bleue. Abdomen bronzé en dessus. Pairie: Hémisphère froid et tempéré des Deux-Mondes; quelques espèces dans les Antilles, l'Afrique et l'Asie tropicale. 1« SECTION. Cils des tibias longs, divariqués. Chez le mâle le 2* segment de l'abdomen noir; le 8^ noir, les O*" et 10* bleus. i^^ groupe. -{E. ADUNCUM). Enallagma aduncum (Antilles). (497 ) S-^e SECTION. Cils des tibias courts, peu divariqués. Chez le mâle le 10* segment de l'abdomen noir, excepté chez E. parvum). '^^^ groupe : (E. CYATHIGERUM). Chez les mâles le 10^ segment de l'abdomen avec une tache ou bande dorsale noire, — les 8*= et 9* bleus. A. Tache noire du 2* segment en T (dont la queue peut manquer, — prolongée en ligne jusqu'à la base chez E. travia- hmi); 8^ et 9* segments bleus. a. Nervule postcostale sous la i'^* antécubitale. E. dur uni. h. Nervule postcostale entre la V et la 2"= antécubitale. E. Doubledayi — cyatigeriim — (et races : boréale — annexum — rohustum) — deserti — brevispina — Hageni — ebrium — civile (et race : plebeium — simile) — prœvarum — semicir- culare — aspersum — traviatwn (zone froide et tempérée de l'hémisphère équatorial. B. Tache noire du 2* segment en bande dorsale. a. 8* segment bleu en tout ou en partie, 9*^ bleu. E. divagans — exsulans — cultellatum (Amérique septen- trionale). 6. 8* segment noir en dessus, 9* bleu ou clair. E. signatum — polliitum (Amérique septentrionale). 3™" groupe : (E. CAECUM). Chez le mâle le 2® segment bleu violet sans tache en dessus, 8* et 9« bleus. E. cœciim (et race cardenium) — (Amérique septentrio- nale tropicale). 3«»e groupe : (INCERT^ SEDIS). Espèces chez lesquelles le mâle a au 2* segment une bande ( 498 ) dorsale noire complète ou maculaire et les 8-9^ segments bleus. a. Ptërostigma noirâtre. E. nigridorsum — obliteraium —gabonense — subfurcafum (Afrique australe). 6. Ptërostigma jaune. E. malayanum — parvum — melanotiim (Asie australe). Les Enallagma que l'on peut considérer comme typiques, (ceux du groupe du cijalhigerum) qui habitent la zone froide et tempérée de Ihéraisphère boréal, ont la plus grande ressem- blance avec les Âgrion proprement dits du groupe de Tid-pt/e/Za, qui habite la même zone. Sous le rapport du dessin, les mâles des Enallagma s'en séparent toutefois par un point notable, qui est sans doute un reflet de l'organisation musculaire: la tache noire postérieure en T du 2^ segment ne possède pas de branches latérales longitudinales se dirigeant vers la base du segment, comme cela se voit, au contraire, chez les Agrion du groupe âepuella. Quant aux femelles, on les reconnaît de suite à la présence de l'épine vulvaire qui termine en dessus le 8' segment. Le premier groupe, composé du seul E. adtmciim, est bien notable par la longueur des cils divariqués des tibias, qui le feraient classer parmi les Argia, si l'épine vulvaire de la femelle ne s'y opposait. Le seul exemplaire femelle que j'aie examiné moi-même, ayant perdu le bout de l'abdomen, je n'ai pu constater l'épine que signale le D"" Hagen. Il y aura probable- ment à constituer pour Vaducum un nouveau sous-genre, que l'on pourra nommer Argiallugma, et qui différerait des Argia par la lèvre inférieure à branches non écartées, quoique fendue dans son tiers terminal. Le 3^ groupe [cœcum) est isolé et remarquable par la nuance violet brillant du bleu fondamental. Les espèces du4'^ groupe {incertœ sedis) rappellent le dessin de y Agrion Lindenii. EWes sont localisées en deux sous-groupes habitant les climats chauds, l'un en Afrique, l'autre en Asie. ( i99 ) La femelle du nigridorsum est seule connue. Mais celle des six autres espèces ne l'étant point, ce n'est qu'en me guidant sur l'analogie du dessin et de la coloration que je me suis décidé à les placer parmi les Enallagma. Si ces femelles n'avaient pas d'épine vulvaire, ce seraient des Agrion. 94. E»iALi,AGMA? ADiMXCL'M, Hagcn. Teichocisemis minuta, de Selys dans Poey , Cuba. Ins. p. 464. Agrion addncum , Hagen , n. amer, neur., n° 9. Abdomen o* 21 ; $ 22. Aile inférieure o* 13-14; Ç 14. o* Ailes hyalines, réseau brun; ptérosligma brun noirâtre, cerclé de jaunâtre, entouré d'une nervure noire, petit, couvrant une cellule, un peu plus long que large, oblique. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes le tiers, aux secondes les deux tiers du côté inférieur; 5 cellules anlénodales. Ailes cessant d'être pétiolées avant la nervule basale postcostale, qui est placée entre la l" et la 2^ antécubitale; 7-10 postcubilales. Noirâtre varié de jaunâtre et de bleuâtre. Tête petite (large de S""""), livide en arriére et en dessous : Lèvre in- férieure fendue dans presque sa moitié à branches aiguës, étroites. Lèvre supérieure bleue, avec un point basai médian, cunéiforme, noir; le reste delà face olivâtre clair jusqu'aux antennes avec le dessus de répistome noir, finement bordé de bleu, le reste d>i dessus de la tête avec des taches postoculaires olivâtres, étroites, réunies en raie par une ligne occipitale, près de laquelle ces taches sont confluentes avec le jaunâtre du derrière de la tète. Prothorax noirâtre; sa base, ses cotés largement, et un bord fin au lobe postérieur olivâtres, ce dernier arrondi, légèrement redressé dans toute .son étendue. Thorax petit, jaunâtre, plus pâle en dessous, avec une large bande dorsale noire. La suture humérale, une marque sous l'aile supérieure et un trait supérieur sous les secondes ailes finement noirs. Abdomen très -grêle, un peu épaissi aux deux bouts, noir bronzé en dessus jusqu'au 8* segment, les côtés des 1-5^ bleus, se rejoignant en an- neau basai au 3^. Le dessous et les côtés des 4-8« jaune pâle; cette cou- leur interrompant également la bande dorsale bronzée par un anneau basai étroit. Aux 3-6", la bande bronzée est subitement élargie avant le bout des segments ; 9^ et 10'^ bleus, le 9<^ avec un point médian obscur de chaque côté de l'arête ; 10e segment très-court, à bord presque droit, subdenticulé, non élevé. Appendices anals très-courts. Les supérieurs ayant la moitié du dernier ( 500 ) segment, obscurs, à branche supérieure externe cylindrique, obtuse, droite; la branche interne plus grêle, courbée en bas. Appendices inférieurs plus courts, en tubercule obtus, émarginés au bout. Pieds médiocres, grêles, jaune pâle, avec une raie externe aux fémurs, une ligne fine aux tibias et les cils noirs; ceux-ci très-longs, très-diva- riqués (o-6e aux tibias postérieurs en dehors, 7 en dedans). Bout des onglets noir, ceux-ci longs à dent inférieure un peu plus courte, petite. $ Le centre du ptérostigma brun, plus clair que chez le mâle ; lèvres, face et antennes jaunâtre livide, la bande postoculaire occipitale plus large. Bord postérieur du prothorax un peu tronqué au milieu. Pas de bleu aux côtés de Tabdomen qui sont jaunâtres; le 9^ segment bronzé en dessus, jaune sur les côtés; le 10« tout jaune. Le bout de ce dernier fendu. Appendices anals jaunâtres, obtus. Épine du 8e segment aiguë. Patrie : Cuba ; à Calisco. Col. Hagen , Selys. NB. J'ai décrit le mâle d'après le type communiqué par le D*" Hagen. J'avais nommé et signalé précédemment la femelle dans les insectes du Cuba de l'ouvrage de M. Poey sous le nom de Trichocnemis minuta , à cause de la longueur des cils des pieds et de l'analogie de coloration avec la Platifcnemis tibialis de Rambur ; mais cette dernière est une Argia , la femelle n'ayant pas d'épine au 8^ segment. Quant à Vaduncum Hag., pour lequel j'adopte le nom du D' Hagen parce que ma description de la femelle sous le nom de minuta était trop incomplète pour être reconnaissable, il n'est pas certain qu'il puisse rester parmi les Enallagma, cî»r les cils de ses pieds sont presque aussi longs que chez les Argia, et tout aussi divariqués. Ils sont, en effet , plus longs que l'espace qui sépare chacun d'eux, mais jusqu'ici nous ne connaissons pas de sous-genre d' Argia avec une épine vul- vaire. Il faut attendre l'examen de nouveaux exemplaires femelles pour décider s'il y a lieu d'établir un nouveau sous-genre auquel on pourrait donner le nom d' Argiallagina. Uaduncum n'est pas non plus une Ischnura, puisque le ptérostigma du mâle est semblable aux quatre ailes, et que le 10^ segment est complètement plat. La raie posloculaire et l'ensemble de la coloration de l'abdomen le rapprochent d'ailleurs des Enallagma du groupe de Vexsulans et du pollulum , mais comme espèce il s'en sépare de suite par la taille petite, la bande noire dorsale unique du devant du thorax, le tQe segment clair en dessus dans les deux sexes, les appen- dices du mâle, enfin les cils des pieds plus lo7igs (voyez à l'article de VAnomala- grion hastatum sa comparaison avec la femelle del'JS. aduncum). 93. Ei^ALLAGMA DURiM. Hageiî. Agbion ddrum , Hag. neur. n. amer., n° 27. Abdomen o* 28-31 ; $ 32. Aile inférieure n rappelle celui de VAgrion ecornutum , mais le reste et notamment le ptérosligma sont bien différents, 118. En&llagmaP parvcm, de Seljs. (f Abdomen 17 Va Aile inférieure 10 ^1^. Ailes hyalines, un peu arrondies,à réliculalion brune; ptérosligma jaune, entouré d'une nervure noire, couvrant moins d'une cellule; en losange à côté externe un peu plus oblique et pointu; quadrilatère à côlé supérieur ayant aux premières ailes le tiers, aux secondes la moitié du côté inférieur; 3 cellules anténodales ; ailes cessant d'être pétiolées nolablemenl avant la nervule basale postcostale, qui est placée plus près de la 1""^ que de la 2' antécubitale, du moins aux supérieures, 7 poslcubitales Bronzé noirâtre varié de bleu clair. Derrière de la tèle et lèvre infé- rieure livides. Face bleuâtre clair, y compris le devant des premiers articles des an- tennes, sans marques obscures distinctes. Le dessus de la tête noir; taches postoculaires bleues, grandes, cunéiformes, immédiatement suivies en ar- rière par la couleur pâle, sans être délimitées de ce côté par du noir. Protliorax noir, la base, une grande tache aux côtés bleu clair; le bord postérieur légèrement saillant. Thorax noir bronzé en avant, avec une raie antéhumérale bleue; les côtés bleu clair; le dessous livide. Abdomen médiocre, bleu clair, un peu verdàtre en dessous, marqué de noir en dessus, ainsi qu'il suit . articulation basale des segments ; une bande dorsale sur les 1-7*', plus étroite aux 2-6'^, où elle est un peu dilatée sur les côtés avant le bout. Au ]^^ segnient, le noir ne touche pas tout à f;Mt le bout; etaux suivants il ne commence qu'un peuaprès la base; 8-10^ 2'"*' SÉRIE, TOME XLI. 5o ( S38 ) bleus, sans taches; bord du 10^ un peu renflé avec une échancrure ar- rondie. Appendices bleuâtres, un peu plus courts que le 10« segment ; les su- périeurs subconiques, épais, écartés, un peu courbés en basel subtronqués au bout; les inférieurs égaux également distants , un peu plus minces, un peu relevés en haut. Pieds livides avec indice d'une raie brune en dehors; cils médiocres (5 aux tibias postérieurs). 2 Inconnue. Patrie : Inde, un mâle unique. Coll. Selys. NB. Ressemblant au Malayanum par l'ensemble de la coloration, très-distinct par sa taille excessivement petite, par les taches postoculaires non bordées de noir en arrière et probablement aussi par l'absence de raie dorsale noire au 10^ segment. 119. EnallagmaP melanotum, de Selys. Poids moléculaire 1°) 88 2«) ô,12 2°) 89. La densité de vapeur et le poids moléculaire pour la formule C^H»oO sont respectivement 2,97 et 86. Un ( U7 ) dosage de carbone et d'hydrogène par la méthode ordi- naire établissent d'ailleurs cette formule brute. Substance employée 0S'-,2.542. CO^ — 0,5987; H,0 — 0,2533. C5 60 H. ,10 0 16 Calculé Trouvé 0/0. «/o. 69,76 69,59 1173 11,99 18,61 86 100,00 Plusieurs sortes de composés saturés répondent à la formule générale C„H2„0. Ce sont des oxydes glycoliques, des acétones et des aldéhydes. Le produit CgHioO peut donc être un oxyde d'amylène , une acétone ou une aldé- hyde valérique. Les aldéhydes ortho- et iso-valérique se font remarquer par la facilité avec laquelle elles donnent des combinai- sons cristallines avec le bisulfite sodique. Il suffit de les mélanger avec ce réactif, aussitôt la masse s'échauffe et se prend en une bouillie cristalline. Or le produit en ques- tion est sans action sur le bisulfite sodique. D'ailleurs les aldéhydes de cette formule doivent, en perdant de l'eau, donner un hydrocarbure acétylénique, ce qui, comme on le verra plus loin, n'a pas lieu. De même que tous les oxydes glycoliques, les oxydes amyléniques doivent se combiner par simple addition avec l'acide chlorhydrique. Je n'ai pas réussi à obtenir avec le produit C5H10O une chlorhydrine amylénique CgH,o<2f ni par l'acide chlorhydrique liquide, ni par l'acide chlorhy- drique gazeux. Ce produit ne peut donc être qu'une acétone. ( 548 ) Les acétones de la formule CsjH,oO possibles sonl : CH3 CH, V CH 1 CH. CHj 1 CH, CH3 1 CH^ co 1 1 CO I CH2 CH3 1 CH5 k étone mélhyl-isopro- pylique. éb. 85-870 acétone niéthyl-ortho- propylique. éb. 100° Prop ione, diméthyl acétone. éb. 101" Le point d'ébnllilion de notre composé 97''-100° écarte déjà la première de ces acétones; en outre une simple in- spection de ces formules nous apprend que sous l'action d'un oxydant, l'acétone mélbyl-isopropylique ne peut nous donner que de l'acide acétique, tandis que les deux autres donneront un mélange d'acides propionique et acétique. J'ai donc soumis à Voxydation cette acétone C5H10O. Quinze grammes du produit ont été introduits dans un bal- lon communiquant avec un réfrigérant de Liebig disposé à reflux; on y a ajouté 52 gr. de bichromate potassique et 70 gr. d'acide sulfurique pur, mélangé à six fois son volume d'eau distillée. La masse a été chauffée au bain-marie jusqu'à ce que la coloration jaune brune ait fait place à une coloration verte. Puis on a retiré par distillation les ^s du volume du liquide. Pour constater la présence de l'acide propionique dans ce liquide, j'ai mis à profit la presque insolubilité dans l'eau bouillante, du sel basique de plomb de cet acide. Le liquide distillé a donc été mis en digestion à chaud avec un grand excès de litharge, puis évaporé à siccité; le résidu a été traité par l'eau froide. La solution filtrée, por- ( 549 ) tée à Fébullition, laisse précipiter une masse cristalline. Celle-ci a été traitée par l'acide sulfurique dilué et distillée à la vapeur d'eau. Le liquide distillé, saturé par du carbonate bary tique, filtré et concentré, a été additionné d'azotate d'argent, et le sel argentique purifié par recristallisation, soumis à l'ana- Jyse, a donné les résultats suivants : Substance employée .... 0g^2862. Ag 0,1677 C5 Hs Ag 0, '-l-'^ Trouvé Ag 39,00 59,30 Les produits de l'oxydation contiennent donc de l'acide propionique. Le résidu du lavage à l'eau froide de la litharge , et la solution d'oii a été précipité le propionate basique de plomb ont été traités par l'acide sulfurique dilué et le pro- duit soumis à la distillation. Dans le liquide distillé j'ai re- cherché l'acide acétique. Le sel argentique obtenu a donné à l'analyse les résul- tats suivants : Acétate d'argent 06'',3212; Argent 0,2024 Trouvé Calculé Ag"/a. 03,01 64,01 (1) Se pose maintenant la question de savoir à laquelle des deux formules CH3 CH, I I CH» CH, I I OH, CO I I CO CH, i I CH, CH3 (1) II est probable que le propionate basique de plomb n'avait pas été précipité complètement. ( 550 ) se rapporte l'acétone C5H10O. La nature de l'hydrocarbure tétravalent CgHg que l'on en peut dériver, résoudra cette question. J'ai prouvé précédemment (1) que les acétones de la formule générale CnHsn+iCHg-CO-CHs donnent en per- dant une molécule d'eau, des hydrocarbures acétyléniques CnHsn+iCHs-C^CH et d'après M. L. Henry les acétones de la formule générale Cn Hsn-f 1 HCg^ CnHsn + l CHg doivent donner naissance à des produits bisubstitués de l'acétylène, de la formule (2) Cn H^n-f 1 — G ^ G — GHg — Gn Han-f-l. Cet enlèvement de H20 ne peut se faire directement, en soumettant l'acétone à l'action d'un déshydratant, il faut préalablement la transformer en bichlorure ou bibro- mure et enlever à celui-ci deux molécules d'HCl ou d'H Br. J'ai donc soumis mon acétone à l'action du pentachlorure de phosphore. Cette réaction ne se fait que difficilement à froid; il a fallu, pour l'achever, chauffer le récipient au bain-marie(5). 11 se dégage pendant l'opération de grandes quantités d'acide chlorhydrique. Le produit a été, pour le séparer de l'oxychlorure de phosphore, versé dans l'eau, lavé , desséché sur du chlorure de calcium et enfin distillé. (1) Recherches sur les hydrocarbures de la série CnHsn-sO Van Lint- hout. Louvain, 1873. (2) Bulletins de V Académie royale de Belgique, n«^ 3 et 4. 1874. (3) J'ai remarqué à plusieurs reprises que, à parité de chaînons car- bonés, les acétones réagissent plus difficilement sur PhClg et PhBrjque les aldéhydes. Gela pro\iendrait-il de ce que dans les premiers l'oxygène se trouve entouré de charbon, tandis que pour les aldéhydes il se trouve sur le chaînon extrême? ( §31 ) II commence à bouillir vers 90° et passe tout à fait avant 150°. II reste dans le ballon un peu de résidu charbonneux. Il ne m'a pas été possible d'obtenir le bichlorure CgHioCIg dans un état de pureté suffisant pour en faire l'analyse. Il bout en se décomposant vers 145°-150°. L'amylène monochloré CgHgCl est un liquide incolore, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité à l'état liquide et à 11° est 0,845. II bout à 98°-100°. Une détermination de la densité de sa vapeur a donné les résultats suivants : Tempéra!ure de la vapeur lOO» Volume de la vapeur 51,1 ce. Pression barométrique 764 mm. Mercure soulevé 611 mm. Poids de la substance 0gr,0258. Il est isomère avec les composés suivants que j'ai dé- crits précédemment (1). CH3 V CI), CH ( I CH. CH I II CCI CHCl [| éb. 870 ^^' éh. 970 J'ai chauffé en tubes scellés pendant dix heures et à une température de 140°-150° un mélange de cet amylène monochloré et d'une solution alcoolique de potasse caus- tique. Le produit de la réaction a été versé dans l'eau pour enlever l'alcool, puis lavé, séché et enlin soumis à la dis- (1) Recherches sur les hydrocarbures de la série C"H2n-2. ( W2 ) tillation. On recueille ce qui passe entre 40° et 70°; un nouveau lavage à l'eau et une simple rectification suffisent pour donner l'hydrocarbure à l'état de pureté. C'est un liquide incolore, très-mobile, très-léger, exha- lant l'odeur caractéristique alliacée des hydrocarbures tétravalenls. Il bout vers 50°. La détermination de sa densité de vapeur a donné les chiffres suivants : Température de la vapeur 100° Volume de la vapeur 58,3 ce. Poids de la substance 0s'',0245 Pression barométrique 764 mm. Mercure soulevé 6o4 mm. { trouvée 2,6 ^ . , , - , • i trouvé 73 Densité ,, '^ Poids moléculaire ( calculée 2,37 ( calcule 68 L'hydrocarbure se combine vivement avec le brome avec lequel il forme un bi- et un tétrabromure. Ce sont tous deux des liquides d'une odeur camphrée, incolores lorsqu'ils sont fraîchement préparés mais deve- nant à la longue d'un jaune brunâtre. Lorsqu'ils sont secs, ils dégagent des vapeurs d'acide brômhydrique. Leur analyse a donné les résultats suivants : Bibromure substance employée 0g^ô213 ; Ag Br 0gr,5.533 Tétrabromure » » 0,2342 « 0,431 Calculé. Trouvé. Bibromure Brome »/„ 70,17 70,61 Tétrabromure « « 82,47 81,75. Fait caractéristique, il ne produit de précipité acétylé- nique ni dans la solution ammoniacale d'azotate d'argent, ni dans celle du chlorure cuivreux. La formation des acides propionique et acétique lors de l'oxydation de notre acétone nous autorisait à assigner à ( S53 ) celle-ci une des deux formules suivantes : CH3 CH5 I I I I CH2 co I I GO CH, I I CH5 CH3 Or les acétones de la formule générale CnHîn+iCH^— CO — CH3 donnent par l'enlèvement à leur dérivé bichloré, de deux molécules d'acide chlorhydrique , un hydrocar- bure acétylénique (1). La production à la suite de cette élimination d'un hy- drocarbure qui ne présente pas les caractères distinctifs des hydrocarbures acétyléniques, nous permet donc d'as- signer à notre produit la secondé de ces formules : celle de lapropione normale (l)CH3—CH2—CO—CH2--CHn.L'amy- lène monochloré décrit ci-dessus a donc pour formule CH. I CH, I CCI II CH I CH3 et l'hydrocarbure, la structure suivante : CHs I CH, I C II! c I CH3. (1) Une grande quantité de la propione a été obtenue en distillant tout 2"' SÉRIE, TOME XLI. 36 ( SS4 ) C'est un hydrocarbure dissymétrique à triple soudure : le méthyl-élhyl-acétylène ; il se range dans le premier groupe de la classification des hydrocarbures tétravalents de M. L. Henry (1). Portion bouillant entre io5°-l65°. Ce liquide est jaunâtre, mais il devient incolore après plusieurs rectifications sur le sodium. 11 a une odeur aro- matique rappelant celle du thym. Une détermination de la densité de vapeur a donné les résultats suivants : Température de la vapeur 185» Volume de la vapeur 40 ce. Pression barométrique 763 mm. Mercure soulevé 610 mm. Poids delà substance 0gr,0264. Densité trouvé 3,53 Poids moléculaire 129. Le point d'ébullition et la densité de vapeur me firent supposer que j'avais affaire à du diamylène C10H20 ou à un hydrocarbure de la formule des térébenthènes CioH,6. Dans les derniers temps M. Barbier, en France (2), et M. Oppenheim, en Allemagne (5), prouvèrent que l'essence de térébenthine se transforme en cymol; tous deux se servirent pour cette réaction d'un bibromure d'essence de térébenthine qu'ils chauffèrent, soit seul , soit avec de l'aniline, pour enlever deux molécules d'acide bromhy- drique. Une recherche que je fis à Bonn, sous la direction de M. le professeur Kékulé, concernant l'action de l'iode simplement un mélange de chaux et de galipot auquel un lavage à Tal- cool dilué avait enlevé l'essence de térébentliin*B. (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XXXVIII, n»' 9 et 10. 1874. (2) Journal f. prack. Chem., LXVI, p. 219. (5) Berichle der deutschen chemischcn Gesellsch, t. V., p. 213. ( m^ ) sur l'essence de térébenthine, donna une méthode plus simple pour cette transformation. Il suffit en effet de chauffer l'essence avec de l'iode pen- dant quelques heures et de distiller d'abord seul, puis sur du sodium, le produit de cette réaction (i). C'est cette dernière voie que j'ai suivie pour m'assurer que le produit que j'avais obtenu est un térébenthène. J'ai chauffé dans un appareil à reflux et pendant douze heures un mélange de deux parties en poids de ce composé, pour une partie d'iode. Le produit de la réaction distillé, puis rectifié sur du sodium, présente l'odeur caractéristique du cymol et bout vers 170^-76*'. Son oxydation par l'acide azotique dilué m'a donné l'acide y) toluique fondant à 176". Il est donc hors de doute que le produit de la distilla- lion sèche du pimarate calcique passant entre ISS^-lôS*" et répondant à la formule CoHie appartient à la série des léré- benthènes; de plus, son indifférence à la lumière polarisée et le fait de ne se combiner avec l'iode que sous l'action de la chaleur, tandis que l'introduction de celui-ci dans l'es- sence de térébenthine proprement dite, provoque une véri- table explosion, prouvent que j'ai eu affaire à du térébène. Le résidu de la distillation à la vapeur d'eau du produit de la distillation sèche du pimarate calcique bout vers 300° et n'est vraisemblablement que du colophène. (CioHi6)x. J'ai fait passer les gaz qui se dégagent lors de la distil- lation du pimarate calcique à travers du brome. Une partie est absorbée, une autre passe inaltérée et se constitue d'hydrocarbures saturés C„H2„^2- Le bromure obtenu a été soumis à la distillation. L'ébullition commence vers 150°; mais le thermomètre monte rapidement vers 140°. (1) Berichte der deutschen chemischen GeseUscli.,i VI, p. 457, ( oS6 ) La majeure partie du liquide distillé entre 140°-150°, puis \ ers i 75°-80% passe, en donnant d'abondantes vapeurs d'acide bromhydrique, une faible proportion d'un corps qui brunit rapidement à l'air. Lorsqu'on redistille celui-ci sur de la potasse caustique, on obtient un composé qui à l'analyse donne des chiffres assez concordants, pour qu'on puisse lui assigner la formule d'un amylène monobromé. Le liquide passant à 140°-i50° lavé à l'eau, puis des- séché sur du chlorure de calcium, a un point d'ébullition constant, U5"-145^ Un dosage de brome a donné les résultats suivants : Substance employée : 0s'',2424 ; Ag Br 0sr,4467 Ce qui correspond à 78,38 «/o de brome. Le point d'ébullition du bibromurede propylène est 145° et il renferme en outre 78,70 % de brome. Je puis donc conclure que les gaz absorbés par le brome sont du propylène et de l'amylène. IL Action de la chaleur sur le pimarate de sodium. Le pimarate de sodium est un sel d'une très-grande sta- bilité. Chauffé pendant plusieurs heures à une température de o00°-350% il ne subit aucune décomposition. 11 a été chauff'é dans une capsule en argent jusqu'à ce que la masse commençât à se charbonner légèrement. Puis on a traité ce résidu à l'eau et la solution ainsi ob- tenue, additionnée d'acide sulfurique, a été soumise à la distillation. Le produit de cette distillation a été saturé par du car- bonate barytique; dans la solution filtrée, concentrée et chaude, on a introduit une solution d'azotate d'argent. ( SS7 ) Par refroidissement, il s'est déposé quelques cristaux, dont l'analyse a donné les résultats suivants : Sel argentique : Os',3412; Ag 0,2048 Ce qui correspond à 59,84 »/o d'argent. Le propionate argentique contient 59,66 7o d'argent. Sous l'action de la chaleur le pimarate sodique se dé- compose donc en donnant naissance à du propionate de sodium. On obtient les mêmes résultats, en introduisant l'acide pimarique dans la potasse caustique fondue; mais dans ce dernier cas l'acide propionique est mélangé à un peu d'acide formique. II me paraît hors de doute que la résine du galipot est un produit de l'oxydation de l'essence de térébenthine C10H16. Celle-ci est un hydrure de cymol et contient donc deux groupements latéraux : le méthyle (CHô) et le propyle CH, (CH, — CH, - CH5) ou l'isopropyle ( CH <^ chIjj fixés sur la chaîne centrale de la benzine. Le cymol dérivé de l'essence de térébenthine donne comme produit d'oxy- dation (nous l'avons vu plus haut) l'acide y toluique et l'acide téréphtalique. Il s'ensuit que les groupements CH3 et C3H7 occupent sur le noyau de la benzine les posi- tions opposées 1 — 4. 2 CH CH CH CH 6 x/ CH CH CH,-C HC\ CH C-C5H, CH 5 CH ( S58 ) La facilité avec laquelle l'essence de térébenthine fournit du cymol et la résistance qu'elle oppose à se transformer directement en acide toluique et téréphtalique, rendent probable la position de deux groupes Ha sur d'autres atomes de carbone, analogue à celles des deux groupe- ments CH3 et G3H7, c'est-à-dire positions diamétralement opposées; on est donc convenu de représenter l'essence de térébenthine par la formule suivante : CH,C HC CH C-C3 H, c H, La formation de l'acide pimarique peut se représenter par l'équation suivante : (G,o H,e)2 -+- O3 C2O H5O 0; «2 0. Deux atomes d'oxygène se substituent à deux atomes d'hydrogène dans un composé formé lui-même de deux molécules d'essence de térébenthine. Mais dans quelle portion de la molécule cette substitu- tion a-t-elle eu lieu? Serait-ce dans la chahie centrale? Le fait serait contraire aux réactions ordinaires des hydro- carbures dérivés de la benzine. Serait-ce dans le radical méthyle ou propyle? La distillation sèche du pimarate calcique nous permet ( m9 ) de résoudre celte question : elle donne comme produits principaux (1) : De la propione et du térébène. La propione C2H5— CO— C^Hs est le produit de la dé- composition des propionales par la chaleur; de plus la fu- sion du pimarate potassique nous a donné du propionate potassique. Nous devons donc admettre dans Tacide pimarique la présence d'un fragment CjHA de l'acide propionique. En outre la présence du térébène prouve Texistence d'une molécule intacte CoHjg. Nous pouvons donc représenter l'acide pimarique par la formule suivante : C3H, I /CH3 ^«"« \C3iisO,. Les connaissances que nous possédons à propos de la formule de structure de l'essence de térébenthine nous permettent de détailler encore cette formule , dans la théo- rie de M. Kékulé. En admettant que dans chacune des deux molécules (CioH.c) d'où dérive l'acide pimarique une double soudure entre deux atomes de carbone s'est relâchée , et que les atomicités libres se sont échangées entre atomes de car- bone de molécules différentes, nous pouvons admettre la formule suivante, sinon pour l'acide pimarique, au moins (1) Le propylène et Tamylène proviennent très-probablement de la dé- composition d'une partie du térébène sous Taclion delà chaleur. ( S60 ) pour un de ses isomères c,H,- Quoi qu'il en soit, la distillation sèche du galipol avec la chaux est une source abondante de propione. Je me ré- serve l'étude de ce produit jusqu'ici fort coûteux et diffi- cile à obtenir, et j'espère être à même de présenter bientôt à la Classe les résultais des recherches que je continue sur la composition du galipot, de la colophane et du baume de copahu. Le présent travail a été fait dans le laboratoire de M. Louis Henry qui n'a rien négligé pour m'en faciliter l'exécution. Qu'il me soit donc permis de présenter ici au savant professeur mes plus sincères remercîments. i ( mi ) Recherches sur le développement et la terminaison des nerfs chez les larves de batraciens (travail du laboratoire d'histologie de M. le professeur Van Bambeke); par le docteur H. Leboucq, chef des travaux anatomiques à l'Université de Gand. En observant les phénomènes de la circulation sanguine dans la queue des larves de différents batraciens, mon attention se fixa sur quelques particularités que présen- tent les ramifications nerveuses dans cet organe si bien approprié aux investigations microscopiques. M. le pro- fesseur Van Bambeke m'engagea à poursuivre ces recher- ches, et c'est le résultat de celles-ci qui fait l'objet de cette notice. Les deux points que j'ai tâché d'éclaircir sont l'évolution progressive des nerfs depuis leur apparition jusqu'à la formation de la gaine médullaire, et, ensuite, la terminaison périphérique des nerfs autres que ceux se rendant aux muscles. Ayant commencé ces recherches un peu tard dans la saison , alors que la plupart des batraciens avaient déjà accompli leurs métamorphoses, j'ai dû restreindre mes observations; et même, à défaut de matériaux convenables, négliger complètement l'étude du développement propre- ment dit des nerfs périphériques, c'est-à-dire de leur pre- mière apparition; ce qui constitue certainement un des points les plus intéressants de leur histoire. Le chapitre que je consacre au développement des nerfs a donc sur- tout en vue leur évolution progressive. Si imparfaites que soient ces recherches, j'ai tenu à les ( 562 ) faire connaître, sauf à y revenir plus tard quand j'aurai pu faire des observations nouvelles. §1- DÉVELOPPEMENT DES NERFS. J'ai eu l'occasion de me procurer des œufs fécondés de pélobale brun provenant d'une ponte tardive (lin juillet). C'est la seule espèce que j'aie eue à ma disposition pour étudier les premières phases du développement des nerfs; or ce batracien se présente très-peu favorablement à l'ob- servation dans ce premier stade. Immédiatement après son éclosion, la queue de la larve est complètement opaque, les éléments qui la constituent sont remplis de granula- tions vitellines, ce qui rend l'examen à la lumière trans- mise presque impossible. Ces granulations commencent à disparaître vers le troisième ou quatrième jour après l'éclosion. A cette époque déjà les nerfs se distinguent sous forme de filaments déliés d'une réfringence caractéris- tique qui, partant à angle aigu de l'axe de l'organe, se dirigent en se ramifiant, et en s'atténuant à mesure qu'ils se divisent, vers le bord libre. Des renflements nucléiformes s'observent le long du trajet des filaments nerveux et à la hauteur des ramifications qu'ils émettent. Pour étudier les détails de structure des nerfs à l'état embryonnaire, il faut les observer sur des têtards un peu plus développés; ce sont surtout ceux de Rana esculenta et de Triton punctalus qui m'ont servi à cet usage. Quand ils sont encore très-petits (i centimètre environ), leurqueue est d'une transparence parfaite, et les moindres détails de structure peuvent s'étudier même à de forts grossissements soit à l'état frais, soit après traitement à l'acide osmique. ( 563 ) Ce dernier réactif est employé en solution à V2 ou ^ji p. '%, les parties à examiner y restent en macération pendant 12 à 18 heures. C'est surtout après ce traitement que les différentes particularités de structure sont bien pro- noncées. Les nerfs offrent à considérer : 1" Les fibres et leurs ramifications; 2° Les renflements qui se présentent sur leur trajet. 1° Fibres nerveuses. — Sur la queue des jeunes têtards, examinés sans traitement préalable par un réactif quel- conque, les nerfs se présentent sous forme de filaments, que leur réfringence particulière fait reconnaître facile- ment. Ces filaments ont un contour nettement tranché, mais on y reconnaît diflîcilement d'autres détails de struc- ture; ceux-ci deviennent surtout évidents après macéra- tion dans l'acide osmique. En examinant alors le nerf au moyen d'un système à immersion suffisamment fort, et surtout en éclairant obliquement, on parvient à définir sur les troncs nerveux une série de fines stries longitudinales, qui font ainsi apparaître le tronc du nerf comme formé d'un faisceau de fibrilles. Aux points de division dichoto- mique, le faisceau général se divise en deux secondaires, et l'on peut suivre sur une certaine étendue la substance unissante colorée en brun par l'acide osmique (fig. l,a). 2" Renflements pariétaux. — Nous comprenons sous cette dénomination les diverses formations qui se rencon- trent sur le trajet des faisceaux fibrillaires. Parmi ceux- ci les uns se présentent comme des amas de protoplasme granuleux avec ou sans noyau, les autres comme de vé- ritables noyaux. Un coup d'œil jeté sur les figures 1 et 2 ( 564 ) fait comprendre facilement la portée de cette distinction ; on y remarquera en outre que les noyaux, ou les corpus- cules nucléiformes (6 fig. 1 et 2), se trouvent le long du trajet des nerfs, tandis que les masses de protoplasme occupent de préférence les points de bifurcation, ou l'émer- gence des ramuscules collatéraux (fig. i, % c). Occupons-nous d'abord de ces dernières. Nous venons de voir qu'aux points de division dichotomique, les fais- ceaux tibrillaires s'écartent, et la substance unissante de- vient plus prononcée. Lorsque la séparation s'est effectuée complètement, et que les deux faisceaux de fibrilles résul- tant de la division se sont dirigés chacun de son côté, l'angle de division est rempli par la même masse granu- leuse, qui y constitue un corpuscule triangulaire renfer- mant souvent un noyau plus finement granuleux que le protoplasme au milieu duquel il se trouve et dans lequel un ou plusieurs nucléoles sont souvent visibles. Quelque- fois aussi le noyau fait défaut, ou (ce qui est plus pro- bable) n'est pas apparent. La grandeur de ces corpuscules triangulaires varie dans des limites assez étendues. Les plus grands se rencontrent à la bifurcation des nerfs de vo- lume moyen, ou aux points où ceux-ci émettent des ramuscules collatéraux. Aux points de division des plus gros troncs nerveux, la masse de protoplasme granuleux diminue, mais alors le noyau est généralement plus pro- noncé. Enfin les bifurcations terminales présentent aussi des corpuscules peu volumineux. Quelques-uns de ceux qu'on rencontre à cette hauteur se présentent avec des caractères particuliers (fig. 1 , c'). Au lieu d'une masse granuleuse colorée en brun par l'acide osmique, on voit un élément généralement triangulaire, à fines granulations, et dans lequel on ne distingue ni noyau ni nucléole. L'osmium leur communique une teinte brun pâle. ( 56S ) Les corps nucléiforraes situés le long des nerfs ne cor- respondent jamais aux points de bifurcation ou de l'émer- gence de branches collatérales. Tous sont sensiblement elliptiques; leur grand axe parallèle à l'axe du nerf mesure en moyenne 45 à 20 p., leur largeur est de 5 à 8 |:x. Aux deux extrémités du grand axe on voit quelquefois de tînes gra- nulations protoplasmiques. Le corps du noyau est lui- même finementgranuleux. On y reconnaît aussi l'existence d'un ou deux nucléoles comme analogues des corpus- cules spéciaux que nous avons décrits à la bifurcation des plus fines ramifications nerveuses. Nous rencontrons sur le trajet de celles-ci et même quelquefois sur des faisceaux de fibrilles assez volumineux, des corps moins régulière- ment elliptiques que les noyaux que nous venons de dé- crire; ils sont aussi moins granuleux et ne paraissent pas renfermer de nucléoles (fig. 1 et 2 , 6'). Les noyaux pariétaux se présentent quelquefois accolés à deux, comme si un noyau unique venait de se diviser. La division du noyau peut se faire suivant le grand ou le petit diamètre : on rencontre des exemples des deux cas, les deux noyaux étant juxtaposés par leurs extrémités, ou accolés l'un à l'autre dans le sens de leur longueur. Les ramifications nerveuses en se divisant contractent entre elles des anastomoses multiples et constituent ainsi des plexus. Les points nodaux de ceux-ci sont occupés par des masses protoplasmiques granuleuses et nucléées, en tout semblables à celles que l'on rencontre à la hauteur des points de bifurcation. A l'entre-croisement de plusieurs fibrilles, on voit souvent de véritables cellules étoilées, analogues aux cellules ganglionnaires multipolaires; la figure 2 d, en offre un exemple. Les notions que nous venons d'exposer sur la structure [ 566 ) des nerfs embryonnaires nous permettent de les consi- dérer comme formés, dans leurs troncs principaux, par un faisceau de fibrilles, auxquelles nous pouvons attacher la signification de fibrilles primitives dans le sens de M. Schullze. Aux points de division, le faisceau se dissocie en sorte que les dernières ramifications sont constituées par les fibrilles primitives à l'état libre. Les fibrilles sont unies entre elles par une substance cimentaire granuleuse surtout prononcée aux points où le faisceau se dissocie. En ces endroits, ce protoplasme gra- nuleux est nucléé; il a donc la signification d'un élément cellulaire appliqué sur un faisceau de fibrilles. Nous re- viendrons plus loin sur les déductions à tirer de ce fait. Bien que je ne sois pas parvenu à démontrer l'existence d'une gaine de Schvvann sur les faisceaux fibrillaires d'un certain volume, son existence n'y est pas moins très- probable. Les nerfs embryonnaires se rattachent donc en tout point au schéma général exposé par M. Schuitze pour la structure des cordons nerveux. Pour cet auteur, la fibrille primitive en est l'élément fondamental; les varia- tions ne dépendent que de la quantité des éléments réunis pour constituer un faisceau, et de la présence ou de l'absence de la gaine de Schwann et de la gaine médul- laire (1). Pour ce qui concerne les corps nucléiformes propre- ment dits, remarquons d'abord leur position toujours laté- rale, non en rapport avec l'émergence de rameaux colla- téraux, et la faible quantité de protoplasme granuleux qui les entoure; ensuite leur absence sur les plus fines ramifi- (1) Ueber die S tructur élément e des Nervensystems. — In Stricker's Handbuch, p. H 6. ( S67 ) cations terminales; et nous pouvons conclure que ces productions sont de formation consécutive, et qu'elles jouent dans l'évolution des nerfs un rôle différent de celui des corpuscules de bifurcation. Ceux-ci sont les plus an- ciens en date. En parlant de la première apparition des nerfs dans la queue des têtards, Hensen dit : « Die Nerven » sind im Anfang glânzende, feine, sich gabelformig thei- » lende Fâden, ohne jeden Kern oder sonstiges Anh'àng- D sel (1). » Dans la queue de têtards un peu plus développés, tels que ceux que nous, avons examinés, ce sont les réseaux nerveux terminaux qui se rapprochent le plus de l'état primordial, et là aussi nous ne trouvons plus les noyaux pariétaux que nous rencontrons sur les fibres plus volu- mineuses. Remarquons toutefois que ces dernières ramifications des nerfs ne sont pas exclusivement formées d'éléments fibrillaires, comme Hensen paraît le prétendre (2), mais que partout, aux points de bifurcation, on remarque une masse plus épaisse plus ou moins développée, acquérant même en certains endroits l'apparence d'une cellule ganglion- naire étoilée (figure i, c'). Ce sont ces éléments que la plupart des auteurs depuis Schwann ont considérés comme le point de départ du développement des nerfs (Nerven- bildungszellen); nous n'avons pas vu de ces cellules isolées, non encore en rapport avec les ramifications de filaments nerveux, comme certains auteurs les ont décrites. N'ayant pas fait d'ailleurs des recherches suffisantes dans le but (1) Ueber die Enlwicklung der Geivehe und der Nerven im Schwanze der Froschlarven. — Virchow's ARCHiv.,Bd. 51, p 58. (2) Loc. cit. ( o68 } d'éclaircir ce point de la question, nous ne discuterons pas si ces éléments naissent sur place, ou s'ils sont des provenances des centres nerveux. Nous ne pouvons toutefois nous empêcher d'émettre ici une hypothèse sur le mode de développement des nerfs. Si nous admettons comme point de départ la cellule embryonnaire, comme nous la trouvons aux points de bifurcation des faisceaux fibrillaires, et que nous consi- dérons la disposition des tibrilles primitives par rapport aux masses de protoplasme granuleux des cellules, nous sommes tenté d'admettre que c'est aux dépens de ces élé- ments que se forment les fibrilles primitives, de la même façon que, d'après la théorie de M. Schultze et de Boll, les fibrilles du tissu conjonctif se forment aux dépens des cel- lules de ce tissu. Les cellules de formation des nerfs seraient donc primi- tivement des masses de protoplasme sans noyau, comme nous les voyons par exemple en c' , figure 1. L'activité du protoplasme produit, d'une part, la formation des fibrilles qui doivent constituer l'élément principal du nerf; d'autre part, il s'y développe un noyau, de façon qu'aux points où la formation est plus avancée, on voit des images telles que celles représentées en c, ligure l.Ce processus d'apparition consécutive du noyau dans les Nervenbildungszellen a été décrit également dans un travail récent, par Calberla (1). Nous ne saurions décider si les noyaux représentés en 6, b^ sont aussi des dérivés des cellules embryonnaires, la chose toutefois paraît probable. Nous verrons d'ailleurs (1) Entwickl. d. Qucrgestr. Muskeln und Nerven der Amphibien und Reptilien. (Arch. f. Mikrosk. Anatom., Bd. XV, p. 435, fig. 10 et 11 taf. XXIV.) ( 569 ) plus loin, que ces noyaux pariétaux jouent surtout un rôle dans l'évolution subséquente du nerf, et notamment de la gaine médullaire. Formation de la gaine médullaire. — Après s'être déve- loppés pendant un certain temps d'après le mode que nous venons de décrire, il se passe du côté de certains fais- ceaux de fibrilles (cylindres d'axe) une transformation remarquable due à leur engaînement par de la moelle ner- veuse. L'époque de la première apparition de la gaîne médullaire est variable. Chez les têtards de batraciens anoures, on rencontre déjà des fibres médullaires avant l'apparition des mem- bres postérieurs; mais c'est surtout lorsque ceux-ci ont paru qu'on les trouve en quantité considérable. La réfringence spéciale de la moelle nerveuse la fait reconnaître facilement sans addition de réactif, mais après traitement à l'acide osmique, elle se distingue avec une netteté particulière, par la coloration brun-noirâtre qu'elle prend. La figure 2 est dessinée d'après un fragment de la queue d'un têtard de crapaud commun, long de 15°"". On peut remarquer que sur certains points du nerf N, se sont déposées des traînées que l'osmium a colorées d'une ma- nière plus intense que le reste du nerf. On remarque aussi que les noyaux pariétaux {b, b) sont plongés au milieu de cet amas de substance plus foncée, de façon que c'est autour de ceux-ci qu'elle paraît se déposer. C'est là un commencement de formation de moelle nerveuse. Celle-ci apparaît sur le faisceau fibrillaire sous forme de masses interrompues. Le centre de ces masses est ordinairement constitué par un des noyaux pariétaux, les interruptions se font dans les intervalles entre deux noyaux. 2"^ SÉRIE, TOME XLI. o7 ( 570 ) L'effet produit par ce processus est surtout bien marqué, quand on considère une fibre médullaire ayant déjà acquis un certain développement comme l'est celle représentée fig. 3. On voit que la moelle nerveuse s'est déposée sur un faisceau de fibrilles, de façon à former des segments assez réguliers limités de part et d'autre par une partie où la moelle fait défaut [étramjlement de Ranvier). Vers le milieu de chaque segment on voit un noyau, de sorte que déjà à celte époque les nerfs embryonnaires présentent les caractères décrits par Ranvier, A. Key et Retzius. Une particularité que je n'ai pas vue signalée et que la fig. o montre d'une façon remarquable, c'est qu'à la hau- teur de chacun des étranglements on voit se détacher du tronc principal un rameau collatéral; chacun de ces rameaux subit des modifications analogues à celles du tronc d'où ils émanent (1). Il est rare qu'un faisceau fibrillaire s'engaîne de moelle nerveuse dans toute son épaisseur, généralement il per- siste à côté du faisceau médullaire, une partie du nerf con- servant son caractère embryonnaire (fig. 3). Rouget (2), qui a appelé l'attention sur cette particularité, l'explique de la manière suivante : Les fibres nerveuses pour se multiplier subissent un phénomène de dédoublement. Le noyau se divise en deux dans le sens de son grand diamètre, et cette (1) Quand je présentai cette notice à l'Académie, le mémoire de M. Rouget sur le développement des nerfs chez les larves de batraciens, publié dans les Archives de physiologie (février 1876), n'avait pas encore paru. Sur une des planches annexées à ce travail, l'auteur signale l'émer- gence de rameaux collatéraux au niveau des étranglements. (2) Observations sur le développement des nerfs périphériques chez les larves de batraciens et de salamandres. (Comptes rendus, t. LXXIV, 2*" semestre 1 874, n"^ 5 et 7.) ( S71 ) division du noyau est accompagnée de la division longitu- dinale de toute la fibre. Dans un système composé de deux fibres accolées, l'une subit une évolution progressive, devient médullaire, tandis que l'autre, persistant à l'état de fibre pâle, conserve son caractère embryonnaire et con- tinue à servir à la multiplication. En admettant l'opinion de Rouget, pour ce qui concerne l'augmentation en épais- seur de la fibre, les rameaux collatéraux naissant de la fibre médullaire à la hauteur des étranglements, prouvent que même celle-ci peut encore coopérer à la multiplication des filaments nerveux. Les étranglements sont, en effet, d'après Ranvier (i), les points où se concentre l'activité nutritive des fibres médullaires; il est donc probable qu'en ces points aussi, dans les nerfs embryonnaires, l'activité forma tive persiste de préférence. Le dépôt de moelle nerveuse ne se fait pas toujours ni sur toutes les fibres avec la même régularité. En général, la longueur des segments décroît graduellement de leur origine vers leur terminaison périphérique; quelquefois cependant un petit segment se trouve intercalé entre deux grands, ayant jusqu'à 5 et 4 fois la longueur du petit. J'ai trouvé des segments ayant jusqu'à O^^^ISO de longueur (têtard de pélobate brun) la longueur moyenne était de 0'"'",080 à 0,090. Les noyaux ont environ 20 p. sur 7. — Quelquefois aussi le dépôt de moelle nerveuse se fait sur des segments alternatifs, laissant les intermédiaires com- plètement dépourvus. Ceci se fait surtout sur les fibres les plus jeunes, quand la formation de la gaine médullaire est encore en train de se faire. L'apparition des étranglements sur les nerfs en voie de (1) Recherches sur l'histologie et la physiologie des nerfs. (Archiv. dr Physiolog., l. IV, 1872, p. 427.) ( §72 ) développement a été signalée par Rouget clans le travail que nous avons cité. Calberla la décrit également, c Meist » findet siclî dièses sicb bildende Nervenmark, wenn es » zu den Trôpfchen und Kûgelchen zusammen lâuft, nicht » blos in der Umgebung des Kernes der Nervenbildungs- » zelle. Es finden sicb dièse Marklropfen aucb in der » Ricbtung auf die uàcbste Zelle bin, docb nie mit dem » Nervenmark der andern Zelle vereinigt. Es muss ein » Widerstand, eine Einscbnûrung vorbanden sein die das » zusammenfliessen verbindert.DasGanzesiebl auswiedie » Einscbnûrung am Nerven des ausgewacbsenenTbieres, » wie Ranvier, sowie Key und Retzius sie abbilden (1). d Seulement la figure qu'il donne pour représenter ce proces- sus (2) est prise à un stade trop peu avancé pour en donner une idée exacte, de sorte que les points signalés comme étranglements, ne ressemblent pas du tout aux étrangle- ments de Ranvier. En résumé, voici comment nous entendons la formation de la gaine médullaire. D'après l'bypotbèse que nous avons émise sur le premier développement des nerfs, les noyaux pariétaux seraient des dérivés des cellules embryonnaires et se trouveraient dans l'épaisseur de lamelles protoplasmi- ques engainant les faisceaux de fibrilles [Hàutchenzellen de A. Key et Retzius). Cbaque noyau tient ainsi sous sa dépendance une partie de la gaine du faisceau fibrillaire, chaque Hàutchenzelle correspond à un segment, la limite entre deux cellules constitue l'étranglement. Ceci posé, en admettant avec Kolliker (5), une transformation cbimique (1) Loc. ci7.,p. 456. (2) Ihid, Taf. XXIV, fig. M. (3) Mikroskopische Anatomie^^'' Band, 1^ Halfle, p. oo7. ( 373) de la périphérie du faisceau nerveux, soit, dans notre hy- pothèse, de l'élément engainant, nous nous rendons parfai- tement compte de la manière dont le nerf s'entoure de sa gaine médullaire. § II. TERMINAISONS PÉRIPHÉRIQUES. Nous ne nous occuperons ici que des nerfs se rendant à la peau; il importe donc avant tout de dire un mot de la structure du tégument, et surtout de son revêtement épi- thélial avec lequel, comme nous le verrons plus loin, les terminaisons nerveuses sont en connexion intime. Quand on examine une larve de batracien immédiate- ment après sa sortie de Tœuf, et quand les tissus sont encore tout remplis de granulations vitellines, on peut voir que la couche la plus superficielle du revêtement corné est couverte de cils vibratiles. Cet état ne persiste pas; bientôt les cils disparaissent. Chez les jeunes sujets, on distingue deux plans de cellules au revêtement corné. Le nombre des couches augmente à mesure que la larve se développe davantage. Les cellules de la couche superficielle appartiennent au type pavimenteux. Elles sont assez régulièrement polygo- nales et se touchent sans laisser d'interstice visible entre elles. La surface libre n'est pas unie, mais présente des accidents divers, variables d'après les espèces. Chez le pé- lobate, par exemple, cette surface se trouve entrecoupée par un grand nombre de lignes qui délimitent des espaces polygonaux. En faisant varier le point, on peut voir que ces lignes sont les rebords de petites fossettes dont la surface de la cellule est criblée. Chez les tritons, au contraire, on (§74) remarque à la surface des éléments superficiels des nodo- sités arrondies. La face profonde de ces cellules présente aussi des exca- vations et des saillies correspondant aux inégalités des cellules de la couche inférieure. Les cellules de cette couche sont moins aplaties que celles de la précédente; quelques-unes se rapprochent même du type cylindrique. Ce qui frappe tout d'abord dans les éléments de cette couche, c'est qu'ils paraissent ne pas être intimement juxtaposés l'un à l'autre, mais qu'une espèce de substance cimentaire les unit. Ce carac- tère se rencontre plus ou moins prononcé, mais constant chez tous les batraciens que j'ai examinés. Les images les plus nettes sont données par l'acide osmique.On voit alors ces cellules, qui, vues de face, paraissent aussi polygonales, séparées les unes des autres par des sillons de substance d'une réfringence particulière, qui semble disposée sous forme de petites masses globuleuses, de façon à ressembler à une traînée de perles (fig. 4 et 5). C'est en somme la même image que celle que présentent, d'après Ranvier, les cellules du corps muqueux de Malpighi chez l'homme (1). Les cellules de cette couche sont granuleuses, le noyau devient surtout bien apparent par l'action de l'acide osmi- que. Il en est de même pour celui des cellules de la couche superficielle. Entre les cellules de la couche profonde, il s'en pré- sente quelques-unes d'un aspect particulier : elles sont arrondies, renferment des granulations grossières et un noyau se colorant en brun foncé par l'acide osmique, et (1) Traité technique d'histologie. Paris, 1875, p. 265, fig. 79. ( on) qui ont en tout point l'aspect des cellules que Leydig (1), décrit sous le nom de cellules muqueuses {Schleimzellen). Ces cellules sont inégalement réparties à la surface du tégument : clair-semées sur les bords de la queue, leur nombre augmente vers la partie axiale, où leur quantité devient très-considérable, chez les jeunes larves de triton par exemple. Nous reviendrons plus loin sur la significa- tion probable de ces éléments. Les ramifications terminales des nerfs cutanés se trou- vent immédiatement sous la couche profonde des cellules épithéliales, et entre les éléments de cette couche où se rencontrent des corps particuliers, en rapport avec les plexus nerveux terminaux. Contrairement à l'opinion de Hensen [loc. cit.), on ne voit nulle part les fibres nerveuses se terminer dans le nucléole des cellules épithéliales proprement dites. Il faut en excepter les cellules granuleuses de la couche pro- fonde, qui paraissent en rapport avec des terminaisons nerveuses. Quelques nerfs viennent aussi se terminer dans des appareils spéciaux, que l'on pourrait ranger dans la catégorie des organes des sensations spéciales. Les nerfs cutanés se terminent donc de deux façons principales : dans des organes spéciaux ou en formant des plexus. La terminaison par des extrémités libres est pos- sible, mais je ne saurais l'affirmer comme positive. On comprend la difficulté de poursuivre ces lines ramifications terminales. Les organes spéciaux auxquels se rendent les nerfs de la queue des têtards, sont les analogues de ceux que Ley- (1) Lehrb.der Histologie. Fraiikf., 1Sd7, \\ 96. ( rm ) dig décrit chez les poissons sous le nom d'organes de la ligne latérale ou du sixième sens. Plusieurs auteurs ont signalé leur existence chez les larves de batraciens : ainsi F. E. Schultze, les décrit chez les jeunes larves de triton et de bombinator (1); Langerhans, chez la salamandre tachetée (2); Bugnion, chez le protée et l'axolotl (3); enfin Malbranc (4), dans une communication préalable, a signalé leur existence constante chez toutes les larves de batra- ciens. J'ai pu m'assurer de l'exactitude de cette assertion, et j'ai retrouvé ces organes chez tous les têtards que j'ai examinés tant d'anoures que d'urodèles. Ils sont éche- lonnés par séries le long de filaments nerveux assez volu- mineux et se trouvent surtout vers Taxe de l'organe. Ils sont plus abondants chez les tritons que chez les anoures. Vus de face, ils présentent l'aspect de rosaces. Les cellules épithéliales superficielles aff'ectent une disposition étoilée autour du centre du corpuscule. Les cellules de la couche profonde sont plus arrondies, plus granuleuses que les autres environnantes; par l'acide osmique, elles prennent une teinte brun foncé. Les filaments nerveux se rendante l'organe se détachent du tronc principal, et se rendent directement en haut pour se terminer librement à l'exté- rieur par des espèces de cils sensoriels qui proéminent (1) Ueber die Nervenendigungen in den sogenannten Schleimkancilen derFische u7id Uber entsprechende Organeiider durch Kiemen athmen- den Amphibien. (Mueller's Archiv, 1861, |). 7o9 ) (2) Ueber die Hautder Salamandra maculosa. (Schultze's Arch.,IX, p. 745.) (3) Recherches sur les organes sensitifs qui se trouveiit dans Vépi- derme du protée et de l'axolotl. Lausanne 1873. Diss. inaug. (4) Bemerkung betreffend die Sinnesorgane der SeitenUnie der Am- phibien. (Centrbl. f. med. Wissknsch., 187o, n» 1) ( 577 ) au-dessus du sommet du corpuscule comme un pinceau. Langerhans (I) a étudié ces organes d'une manière approfondie chez la salamandre. Il distingue deux espèces de cellules dont les plus superficielles peuvent être consi- dérées comme des cellules de revêtement, tandis que les profondes paraissent être de la nature des cellules senso- rielles et se terminent par un cil à leur extrémité libre. Je ne suis pas parvenu à déterminer exactement une dispo- sition analogue chez les divers batraciens que j'ai exa- minés. Tout ce qu'on voit sur les imprégnations à l'acide osmique bien réussies, ce sont des points plus foncés occu- pant le centre des rosaces que forment les organes laté- raux vus de face. Pour ce qui concerne ces organes et leur structure, je n'ai fait que résumer rapidement les recher- ches qui ont été faites par les autres. Je considère les miennes comme insuffisantes. Les dernières ramifications nerveuses, réduites à l'état de fibrilles primitives, forment des plexus à mailles irré- gulières. Klein (2) représente les mailles de ce réseau comme polygonales, régulières, plus petites que les cel- lules épithéliales. Les imprégnations au chlorure d'or que j'ai faites ne m'ont jamais fait voir un réseau à mailles aussi petites. Ce n'est là, après tout, qu'une question de détails, dépendant peut-être de ce que mes imprégnations aient moins bien réussi que celles de Klein. L'acide osmique, bien qu'il ne colore pas d'une façon aussi intense que le sel d'or les fines fibrilles nerveuses, est pourtant le réactif dont je me suis servi de préférence. C'est par lui qu'on (1) Bemerkung, etc. (2) Beitràge zur Kennttiiss der Nerven des Froschlarvenschwanzes . (Wiener Akad. Sitzber. Bd. 61, 1^ abth. 1870, p. 907.) ( 578 ) parvient à déterminer les connexions des plexus terminaux avec des corpuscules spéciaux que nous décrirons. En mettant bien exactement au point la couche profonde des cellules épithéliales, on voit des corpuscules particuliers, allongés, émettant des prolongements multiples qui vont se perdre dans la substance cimentaire réfringente que nous avons signalée entre les éléments. Ces corpuscules n'ont guère plus de 5 à 6 p. de large, leur longueur est très- variable; il y en a qui atteignent jusqu'à 25 à 50 fx de long. Ils sont formés d'une substance homogène finement granu- leuse se colorant, comme les nerfs, par l'action de l'acide osmique; on n'y distingue ni noyau ni nucléole (a, a, fig. 4 et 5.) En poursuivant les rameaux qui en partent, on parvient presque toujours à établir leur connexion avec des fibrilles nerveuses, quelquefois même avec des fibres plus volumineuses. Ce caractère suffit pour les faire dis- tinguer des éléments du tissu conjonctif avec lesquels les ramifications nerveuses ne se mettent jamais en rapport. Leur aspect est d'ailleurs tout différent, et leur nature nerveuse me paraît évidente. Ces corpuscules nerveux terminaux rappellent parfaite- ment des images analogues signalées par différents au- teurs dans l'épaisseur du revêtement corné de la peau et de diverses muqueuses chez les mammifères. Kôlliker (i) décrit dans les couches profondes de l'épiderme de la sou- ris : « Besondere sternfôrmige Kôrper àhniich sternfôrmi- » gen Zellen, dochohnenachweisbaren Kern; die vielleicht » zu den Nervenenden gehôren. » Tomsa (2) a signalé dans la peau humaine des corpuscules analogues. Langer- (1) Handbuch der Gewebelehre^ 5 Aufl., p. III. (2) CexNtralbl. 1808. ( 579 ) hans (1), en traitant des fragments de peau humaine par le chlorure d'or, parvint à démontrer dans le corps mu- queux de Malpighi l'existence de corpuscules teints en violet, en continuité par des prolongements avec les nerfs du derme (2). Kisselew (3) en a décrit d'analogues dans l'épithelium de la vessie. Enfin, dans un travail ré- cent sur la terminaison des nerfs dans la conjonctive, Poucet (4) décrit des corpuscules semblables dans l'épi- thelium conjonctival du bœuf. « Ces corpuscules, dit-il, » ont en moyenne 53 (j^ de long sur 9 p de large ; ils sont » fortement colorés en noir par l'acide osmique, com- » posés d'une substance granuleuse dense et ne présen- » lent pas de noyau central. TIs sont ramifiés et émettent » de nombreuses branches lesquelles se subdivisent ce qui » leur donne l'apparence éloignée d'un corpuscule osseux. » Ces ramifications excessivement délicates, sont aussi » noircies par l'acide osmique, et donnent une ligne très- » nette placée ça et là dans les interstices épithéliaux » Bien que le noyau nous échappe, nous pensons qu'il » s'agit bien là de véritables masses nerveuses du système (1) Ueber die Nerven der menschl. Haut (Virchow's Archiv.) Bd. 44, p. 32o. (:2) Ces corpuscules ont été regardés comme élanl des cellules conjonc- tives plus ou moins pigmentées, par Palladino et Merkel. (Archiv. f. mi- krosk., Anatom. Bd. XI, p. 648.) N'ayant pas fait de recherches sur la peau humaine, je ne puis contester rexaclilude de l'assertion de ces ob- servateurs. Quant à ce qui regarde les corpuscules analogues que je dé- cris dans la peau des larves de batraciens, je crois pouvoir affirmer qu'il ne s'agit pas du tout de cellules pigmenlaires, lesquelles se présentent avec des caractères tout différents. (3) Ueber die Endig. der sensib. Nerven der Harnblase (Centralbl., 1866, no 22). (4) Arch. de Physiolog. 1875, n" 5, p, 545. ( 580 ) D ganglionnaire, avec ramifications anastomotiques. » (P.' 558). Comme on le voit, cette description concorde parl'aite- ment avec celle qne nous avons donnée de ces corpuscules terminaux dans la peau des têtards, et nous croyons pou- voir y attacher la même signification. On ne rencontre pas seulement de ces corpuscules sans noyau, mais en certains endroits, surtout dans le voisi- nage des cellules granuleuses, on trouve des éléments plus volumineux, nucléés et qui ressemblent en tous points aux cellules ganglionnaires multipolaires (tlg. 5, b). Ces cellules se trouvent également sur le plan des cellules épithéliales profondes. Leurs prolongements se compor- tent comme ceux des corpuscules précédents. Disons encore un mot des cellules granuleuses. Celles que nous avons représentées i^lig. 5) nous ont paru être en rapport avec des terminaisons nerveuses; nous n'oserions aflirmer toutefois que la règle soit générale, n'ayant pas vu partout la connexion de cellules avec les nerfs d'une façon manifeste. Dans la cellule B on voit un des prolon- gements émanés de la cellule b traverser l'interstice entre les cellules épithéliales, et se rendre directement vers le noyau de la cellule granuleuse. Avant d'être arrivé au noyau, ce tilament devenu très-délicat paraît se perdre dans la substance granuleuse de la cellule. L'union de la cellule A avec le nerf est moins incontestable, et l'on pour- rait croire à un effet de superposition, la libre nerveuse N étant située sur un plan un peu plus profond que le ni- veau de la couche épithéliale. On remarquera toulefoisque, sous la cellule granuleuse, la libre nerveuse change de direction et émet une fine fibrille qui se dirige, comme celle de l'autre cellule, vers le noyau. Cette terminaison \ ( 381 ) dans les cellules granuleuses m'a semblé l'analogue de celle que décrit Langerhans chez le Petromyzon planeri.et dans un récent travail qu'il vient de publier sur Panatomie de Vamphioxus{\), il désigne ces cellules granuleuses qu'on rencontre entre les cellules épithéliales ordinaires, du nom de cellules tactiles (Fûhlzellen). J'ai rencontré les mêmes cellules chez les autres têtards de batraciens que j'ai exa- minés, mais je ne suis pas parvenu à démontrer leur con- nexion avec des terminaisons nerveuses. En somme donc, avant d'oser alïirmer le fait d'une manière absolue, je de- vrais me livrer à des recherches ultérieures. Résumons en quelques mots les principaux points sur lesquels nous avons voulu insister dans cette notice : l*' Le nerf embryonnaire est constitué par un faisceau de fibrilles primitives, formées aux dépens du protoplasme des cellules embryonnaires [JServenbildunrjszdlcn.] 2° Les dérivés des cellules formatives engainant un faisceau fibrillaire primitif (cylindre d'axe) subissent une transformation spéciale qui conduit à la formation de la gaîne médullaire. Chaque dérivé de cellule embryonnaire tient sous sa dépendance la formation d'un segment mé- dullaire; le point de contact de deux cellules contiguës forme l'étranglement inlersegmentaire. 3" Les plexus nerveux terminaux sont en rapport avec (les corpuscules spéciaux placés dans des interstices que laissent entre elles les cellules épithéliales profondes. Fai- sons remarquer en passant la substance cimentaire spé- ciale analogue à celle signalée par Ranvier, dans le réseau (1) Zur Anatomie des Amphioœus lanceolalus. (Arch. f. mikrosk. Anatom. Bel. XII, 2' H( ft.) ( 582 ) muqueux de Malpighi chez l'homme, que nous avons dé- crite dans ces interstices. 4° Les cellules granuleuses placées entre les éléments épithéliaux paraissent aussi en rapport avec des terminai- sons nerveuses. Il me reste, en terminant, à remercier hien vivement M. le professeur Van Bambeke pour l'obligeance avec la- quelle il n'a cessé de me guider dans mes recherches. EXPLICATION DES FIGURES. Toutes les figures sont dessinées d'après des préparations à l'acide osmique. (Harlnack oc. 2; syst. 9 inim.) Fig. 1 . Ramiflcations nerveuses de la queue d'une larve de Triton punc- tatus (Ig. 1 ctm.) — 2. Ramifications nerveuses de la queue d'un têtard de Bufo vulg. (Ig 15"^^'"). Apparition de la gaîne médullaire sur le nerf N. — 3. Nerf à gaîne médullaire (têtard de Rana escul. présentant déjà les rudiments des pattes postérieures). — 4. Revêtement épilhélial de la queue d'un têtard de Pelobates fuse. (1°". 22™™.) E Cellules épithéliales de la couche superficielle. E' — — profonde. G Cellule granuleuse. a. a. Corpuscules nerveux terminaux. N.N. Filaments nerveux; situés sur un plan un peu plus profond. — 3 Revêtement épithélial de la queue d'une larve de Triton punct.^i) (Ig. IS™™). Le tronc nerveux est situé sur un plan plus profond que l'épilhélium. La couche superficielle de celui-ci n'est pas indiquée. Les autres explications sont dans le texte. .^^^ ^^ ( 583 ) Note sur la contraction des muscles striés de l'Hydrophile (travail du laboratoire d'histologie de M. le professeur Van Bambeke); par M. le docteur Léon Fredericq, pré- parateur de physiologie et d'anatomie comparée à l'Uni- versité de Gand. La structure des muscles striés est encore aujourd'hui le sujet de vives controverses : il ne sera donc pas inutile de rappeler en quelques mots la façon dont je comprends la fibre musculaire considérée à l'état de repos (1). C'est un filament en forme de prisme ou de fuseau très-allongé, plus ou moins aplati chez l'Hydrophile, recouvert d'une enveloppe, le sarcolemme, et constitué essentiellement par un faisceau de fibrilles parallèles. Les fibrilles musculaires offrent une alternance régulière de parties obscures et claires qui se correspondent exactement dans toutes les fibrilles. Le strié qui en résulte sur la fibre entière repré- sentera donc une succession de larges bandes obscures {disques transversaux anisotropes) et claires (substance isotrope). Le milieu de chaque bande claire est occupé par une mince strie transversale obscure (disque intermé- diaire) qui, dans certaines circonstances, se laisse résoudre (1) Voir Génération et structure du tissu musculaire , L. Fredericq. Bruxelles. 1875. La descriplion qui suit se rapporte aux muscles striés de l'Hydrophile, objet de prédilection des histologistes. Les muscles striés paraissent d'ail- leurs avoir essentiellement la même structure chez les vertébrés comme chez les articulés. Seules les dimensions du strié varient dans des limites assez larges. ( 5*8^ ) Comment étudier sur une telle fibre les changements qui surviennent au moment de la contraction? L'observa- tion directe de muscles vivants se contractant sous le microscope est certes la méthode qui est de nature à inspirer le plus de confiance. On peut à cet effet s'adresser à des parties transparentes d'animaux vivants montrant les muscles in situ, ou bien examiner dans la chambre humide les contractions spontanées que montrent les muscles qu'on vient d'extraire de l'animal vivant. C'est malheureusement avec la rapidité de l'éclair que l'onde de contraction parcourt la libre musculaire. Les changements dans le strié se font en un clin d'œil et l'ob- servateur qui assiste à ce jeu de lumière et d'ombre ne parvient pas à en suivre les détails : chaque segment mus- culaire brille un instant dans le champ du microscope, puis revient à sa teinte première. En même temps appa- raissent entre les segments musculaires des lignes sombres tranchant vivement sur ce fond clair. C'est à peu près tout ce qu'il est possible de voir sur le muscle vivant. Mais grâce à Merkel, à Flogel, nous possédons aujour- d'hui dans l'alcool un excellent moyen de fixer au passage les ondes de contraction et de rendre définitifs ces aspects si fugaces des muscles vivants. On voit alors que la fibre contractée s'est raccourcie et élargie; les stries transver- Archiv. Bel. VII, p. 53 (1875). — Die Thatige Muskelsubstanz-. Bd. VU, p. 155 (1875). Hensen. Arbeiten aus d. Kieler. Phys. Institut. 1868, p. 1. Krause. Die motorischen Endplatten. Hannover. 1868. Ranvier. Traité technique d'histologie. Fascicule lll (1875). Ces trois derniers passent sous silence les stries accessoires. 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 38 ( 586 ) sales offrent un dessin plus serré et partant plus difficile à interpréter. Aussi les différents auteurs qui ont étudié cette question sont arrivés à des résultats diamétralement opposés. Pour Hensen et pour Ranvier les différents dis- ques se rapprochent et s'amincissent tout en conservant leurs rapports. Merkel, Flôgel et Engelmann admettent au contraire un changement complet des teintes (inver- sion, Umkehnmg). Enfin Ivrause, G. Wagener, Schâfer, Dwight (1) arrivent à des résultats tout différents. Et pourtant les muscles des insectes offrent dans les adhérences du sarcolemme aux disques intermédiaires un point de repère remarquable que les histologistes ont jus- qu'ici trop négligé, et dont on peut tirer un excellent parti sous certaines influences que je n'ai pas bien déterminées, mais qui probablement sont dues à un phénomène d'en- dosmose; le sarcolemme se soulève et forme au niveau de chaque segment musculaire un feston s'attachant aux dis- ques intermédiaires. (Voir fig. 1.) Ces adhérences du sar- colemme peuvent être démontrées sur des fibres à tous les degrés de la contraction. C'est le jalon dont je me servirai pour retrouver partout le disque intermédiaire. Ces points d'attache sont naturellement interrompus sur une cer- taine étendue au niveau des noyaux musculaires et des (1) G. Wagener. Ueber die quergestr. Muskelfîbrille. Scuultze's Archiv. Bd IX, p. 715. 1875. ScHAFER. On thc structure of stripcd muscular fibre. Proceed. of the ROYAL Society. 1873 , vol. XXI , p. 242. Dwight. Structure and action ofstriated muscular fibre. Proceed. of TUE Boston Soc. of nat. history. Vol. XVI, pp. 119-126, 1874. Kaufmann. Ueber Contraction d. Muskelfaser. Reichert. u Dubois Archiv., p. 275. 1874. ( 387 ) plaques terminales des nerfs moteurs. On peut alors observer un phénomène des plus intéressants et qui prouve d'une façon directe que la plaque terminale est bien située sous le sarcolemme et que ce dernier se con- tinue avec la gaine de Schwann. En effet, elle présente dans ces circonstances une série d'étranglements corres- pondant aux milieux des disques clairs. La figure 2 repré- sente une plaque nerveuse ainsi bridée par les adhérences voisines du sarcolemme. Quelques mots encore sur la façon dont je me procure des fibres à l'état de contraction : je tue l'insecte (Hydro- philus piceiis) par immersion dans l'alcool ordinaire du commerce non dilué. 11 y est suspendu à l'aide d'un fil, de façon que le liquide le baigne de toutes parts. Il est bon de l'y laisser séjourner pendant plusieurs jours. Je le dis- sèque ensuite sous l'alcool dans lequel il a été conservé, m'adressant de préférence aux muscles des pattes et de la tête que je dilacère à l'aide d'aiguilles. Les muscles du thorax, n'offrant pas de sarcolemme, ne doivent être con- sultés que lorsqu'on s'est suffisamment familiarisé avec les différents aspects du strié par l'étude des muscles des pattes. Une partie des fibres obtenues de celte façon est sou- mise successivement à l'action de l'alcool absolu et de l'essence de clous de girofle, puis enfermée dans le baume de Canada pour servir à Texamcn à la lumière polarisée. On peut également, dans ce but, les transporter directe- ment dans la glycérine. Une autre partie est destinée à être étudiée à la lumière ordinaire, il est très-avantageux dans ce cas de colorer les fibres au préalable. Je les laisse pen- dant quelques heures dans l'hématoxyline jusqu'à ce que leur couleur paraisse, à l'œil nu, d'un violet presque noir; ( 588 ) je les lave à l'eau, achève de les dilacérer (1) el les con- serve dans la glycérine étendue d'eau. Hensen, Merkel, Flogel, Krause et d'autres ont étudié les phénomènes de la contraction sur les renflements fusi- formes qui correspondent aux ondes de contraction fixées par l'alcool ou l'acide osmique, el dans lesquels les stries transversales sont fort rapprochées. De tels endroits don- nent ordinairement une image fort confuse des stries transversales. Les disques dont les stries forment la tran- che ont subi des tiraillements : ils ne sont plus parallèles à l'axe optique du microscope. Je ne recherche plus ces ondes de contraction. Je m'adresse indistinctement à toutes les fibres d'une prépa- ration, considérant comme contractées celles dont l'image et les dimensions du strié (4^.5 à ^^\5) correspondent à celles que présentent les fibres vivantes à l'état de con- traction. J'avais, en efî*et, sur les conseils de M. le professeur Van Bambeke, entrepris une série de mensurations de stries. L'emploi du micromètre oculaire me conduisit à un résul- tat remarquable (2). Il existe chez l'Hydrophile et proba- blement chez d'autres insectes un rapport constant entre (1) Celte dissociation doit être poussée fort loin. Les objets les plus favorables sont des groupes de fibrilles auxquelles sont restés adhérents des lambeaux de sarcolemme. (2) Ou n'a jusqu'ici pas assez lire parti de l'emploi de mesures exactes dansTliislologie des muscles, ce qui fait que souvent des fibres contractées ont été confondues avec celles qui ne l'étaient pas. Il suffit de comparer les figures 13, 14, 18 de fibres de musca domestica dans le premier mémoire d'Eugelmann pour s'assurer, d'après les grossissements indiqués, que la figure 18 se rapporte à une fibre contractée, tandis que 13 et 14 sont des fibres au repos. ( 589) l'image du strié transversal et la hauteur du segment mus- culaire. La connaissance de l'une permet de conclure à Fautre. A chaque degré de raccourcissement du segment musculaire correspond un aspect spécial du strié transver sal. J'ai dessiné ainsi un grand nombre de fibres muscu- laires, offrant toutes les hauteurs de segment musculaire, depuis les plus élevées jusq'i'aux plus basses (2.6^). C'est en les groupant par ordre de grandeur que j'ai construit le schéma fig.o qui montre, dans ses moindres détails, toutes les phases de la contraction musculaire (coloration h l'hé- matoxyline). J'ai construit un schéma du même genre à l'aide de des- sins de muscles vus à la lumière polarisée sur fond noir, mais ici je ne puis répondre de la même exactitude, vu que l'appareil à polarisation de Hartnack dont je me sers ne permet pas l'emploi du micromètre oculaire. Il suffit de jeter les yeux sur la figure 5 pour constater les faits suivants : La plus grande hauteur du segment musculaire chez l'Hydrophile est un peu supérieure à 10*^. Ici l'ensemble des parties claires (disques clairs -i- disques intermédiaires et accessoires) l'emporte sensiblement en hauteur (5") sur les disques obscurs qui mesurent environ 4'".5. Les disques accessoires occupent exactement le milieu de la substance claire, ils sont situés à égale distance du disque intermédiaire et du disque obscur. A mesure que la fdjre musculaire se raccourcit, la hauteur du segment musculaire va en décroissant. Cette diminution de hauteur porte d'abord {entre iO'' et 7''^) sur la zone située entre ce disque intermédiaire et les disques accessoires, les autres parties conservant exactement leurs dimensions. Vers 7'^ les disques intermédiaires et accessoires sont tellement ( 590 ) rapprochés qu'on ne parvient ordinairement pas à les voir isolés, même avec les plus forts grossissements. Ce chan- gement de place du disque accessoire est réel : j'ai réussi un jour à l'observer sur une fibre vivante de Diptère [Ery- stalis tenax (I) placée dans la chambre humide. De 7^ à 5^"' la substance isotrope continue à diminuer de hauteur pour finir par disparaître complètement vers ¥'. 5. Les dimensions des disques transversaux obscurs n'ont jusqu'ici pas varié d'une façon appréciable au micromètre oculaire; mais ils ont subi un léger changement de colora- lion : en effet, entre 5 et 6^ le milieu du disque obscur (disque médian) commence à s'obscurcir, à ofî'rir une ligne transversale foncée, ma! limitée qui va en augmentant d'intensité à mesure que la fibre se contracte. Les extré- mités contiguës à la substance claire (isotrope) prennent également un ton plus foncé. Il est facile de s'assurer que si la substance obscure a conservé sa hauteur, elle a augmenté de volume dans le sens de la largeur, ce qu'explique d'ailleurs naturellement l'absorption de la substance claire par la substance ob- scure. Lorsque cette absorption est complète, c'est-à-dire vers 4" 5, la fibre tout entière présente un ton gris (ou violet pour les muscles teints à rhématoxyline) sur lequel tranche seulement la ligne noire du disque intermédiaire et celle plus faible du disque médian (stade homogène des auteurs). Tous les phénomènes offerts par les fibres dont la va- leur du strié est comprise entre 7" et V\ 5 s'expliquent fort bien dans la théorie de Krause (2). Il n'en est plus de (1) Voir Géuér.et Struct.du T. musc, p. 41. (2) Chaque spgmeut musculaire représente pour Krause une série de cassettes musculaires membraneuses, renfermant chacune un prisme ( S91 ) même en dehors de ces limites : on peut observer des fibres où le degré de raccourcissement du segment musculaire va jusqu'à ^^. 5, c'est-à-dire presque la moitié de la hau- te ur des disques obscurs (prismes charnus de Krause). Les disques accessoires n'ont pas trouvé place dans ses Mus- kelkàstchen. A partir de V.^, les parties obscures s'amassent de plus en plus dans la région du disque intermédiaire, le segment musculaire prenant une teinte de plus en plus claire. Les muscles compris entre 5-" 5 et 2'". 5. offrent une alternance de bandes très-foncées et de bandes claires; ces dernières offrent en leur milieu une strie obscure. L'image du muscle contracté présente donc une certaine analogie avec celle du muscle au repos. C'est ce qui expli- que comment plusieurs histologisles (Ileusen, Ranvier) ont été portés à considérer la contraction musculaire comme produisant simplement un rapprochement des stries exis- tantsur le muscle au repos. C'est là une erreur, comme il est facile de s'en assurer en se servant du point de repère indiqué sur les muscles contractés {V. 5 — 2'\ 5); les fes- tons du sarcolemme s'attachent au milieu des bandes fon- cées, les parties claires occupent, au contraire, les inter- valles. Nous avons ici ce que Merkel a appelé le stade d'inversion (Umkehriings stadium). La figure 4 se rapporte aux muscles de l'Hydrophile examinés sur le champ obscur produit par l'entre-croise- charnu obscur de dimensions invariables et un liquide clair situé tantôt aux extrémités (pendant le repos), tantôt sur les côtés (pendant la contrac- tion) du prisme charnu ou plutôt entre les baguettes dont le prisme charnu est formé. ( o92 ) ment de deux prismes de Nicol. Les disques secondaires ont été négligés. Le parallélisme des deux schémas 5 et 4 est complet jusqu'au stade homogène (4^. 5). Ici l'accord cesse. Rien n'indique sur les muscles contractés l'apparition du stade d'inversion, comme Merkel l'avait soutenu. Les parties situées au niveau de l'attache du sarcolemme restent obscures quel que soit le degré de la contraction. De sorte que le muscle contracté présente, vu à la lumière ordi- naire, à peu près la même image qu'à la lumière polarisée; tandis que pour le muscle au repos les deux images sont inverses l'une de l'autre. Je ne vois guère que les deux hypothèses suivantes pour expliquer ce fait : 1° ou bien les phénomènes de polari- sation n'ont ici aucune importance et ne doivent pas être pris en considération (Ranvier); 2° ou bien la struc- ture de la fibre striée serait encore plus compliquée qu'on ne l'admettait jusqu'ici. Les disques obscurs anisotropes contiendraient au moins deux substances, l'une obscure, se colorant par l'hématoxyline et changeant de place pen- dant la contraction, l'autre agissant sur la lumière à la façon d'un cristal biréfringent et occupant toujours le milieu du segment musculaire. Peut-être la teinte foncée que prennent les extrémités du segment musculaire pendant la contraction est-elle due à l'apparition d'une substance nouvelle, obscure, se colo- rant par l'hématoxyline et disparaissant aussitôt que la contraction musculaire cesse. J'avais, dans un travail antérieur, montré en étudiant les etfets de l'évaporation sur des fibrilles fraîches des muscles Ihoraciques d'insectes au repos que les zones claires sont en grand partie formées d'eau, tandis que les zones ( S93 ) obscures laissent un résidu solide considérable. Les zones obscures (disques transversaux) résistent aussi beaucoup mieux aux efforts mécaniques. Les points de cassure se trouvent (sur les fibres à l'état d'extension) toujours dans la substance claire, dans le voisinage des disques secon- daires ou intermédiaires. Si l'on essaye de briser oblique- ment une Cihre durcie par l'alcool, on obtient des configu- rations en forme de terrasses, les disques obscurs ne se laissent pas entamer, les segments de fibrilles dont ils sont formés se comportent donc comme de vrais atomes dans le sens étymologique du mot. Si l'on répète la même expérience sur des muscles contractés, offrant le stade d'inversion, on obtient le même résultat; la cassure a tou- jours lieu aux extrémités du segment musculaire, et par conséquent ici dans le milieu de la substance la plus obscure (la plus colorée par l'hématoxyline). Les données qui précèdent ne s'accordent bien avec au- cune des théories qui ont été mises en avant dans ces der- niers temps. Elles sont encore insulFisantes pour construire une hypothèse sur le mécanisme de la contraction mus- culaire. Il ne me reste donc qu'à remplir un devoir bien agréable, celui de remercier ici M. le professeur Van Bam- beke qui m'a aidé mit Raih imd Tliat et a mis à ma dis- position toutes les ressources du laboratoire d'histologie de l'Université de Gand. EXPLICATION DES FIGURES. Planche I. Fig. 1. Fibre musculaire (patte cr%drop/i«7w5 j^/ceus) montrant les fes- tons du sarcolemme attachés aux disques intermédiaires. — 2. Plaque terminale de nerf moteur (patte d'Hydrophile). ( S94 ) Planche II. Fig. 5. Schéma de la contraction musculaire (muscles des pattes deTHy- drophile, colorés à riiémaloxyline). Les différentes hauteurs de segments musculaires sont indiquées en niicromillimètres. A gauche extension , à droite contraction forcée, — 4. Même schéma que pour la tigure 3. Muscles examinés à la lumière polarisée sur le fond obscur (prismes de Nicol croisés). NB. Toutes ces figures ont été dessinées à un grossissement d'environ 1000 diamètres (Hartnack, objectif n" 9 à immersion — oculaires 3 et 4). — La figure 1 est en outre grandie deux fois. La teinte violette de l'hé- matoxyline n'a pas été rendue dans la fig. 3. — Le contraste entre le fond clair et les lignes obscures n'est pas assez marqué dans la partie située à droite de la fig. 3 et représentant le stade de contraction. Généralisation du théorème de Desargues; par M. L. Saltel. Soit S, = S,-^ y S, = 0 l'équation d'une courbe; S^ = 0 represe^i^aii^ une courbe d'ordre m, et Si = 0 une courbe d'ordre n (n est un paramètre arbitraire). Soit D tme droite qui coupe Si auxpointsMi^ M^, ... M„,, et Sa aux points N|, N2, N„. Soit, enfin j 0 un quelconque des points de rencontre de D avec S3. Le rapport OMi X OM2X • -QM,, ONi X ON2 X-ON„ est constant, quel que soit le point 0. Nota. Si 7n==n, on a le Théorème de Poncelet et de M. Folie. Bull. de TAcad. m /UjiwU»wn»-»0'ie.^ Attache du 2arcolemm€ Feston du Sarcolemme Disques ti6Liisversa--'àx oLscurs anisotropes. Substance ■claire isotroDe Di^orue accessoire . Disque intermédiaire Disqufi accessoire. »' h ■tr.: lo.-vDoc-c. iio i><: >©.CÎ> j. .00 0.0,. «MI.**.».*.*-* «■« ►,**.*..^. ««<5-tWI>*fc 1 1 1 ' \_,. 1 'Tnufcj Disque médidJi. Segment musculaire . il! ■ Fredencq, ad. nwt. dA. XitJvpar &. Sever&-arts BruscêUes . Bull, de TAcad. L . Friderioq, a,ci. nat. oUl. Zitl'L-p-aT- G-. Severetpzs BruxêlZ?.^ ( §95 ) Su7' une loi générale régissant les lieux géométriques: par M. L. Saltel. Considérons les équations i i V, {oc, 7J,Xi, î/,)==0, (A)( ( \\{x,y, x,,y,) = 0, \\\ {x,y,x„yi,x,, y,) = 0; (1) m (5) (4) (3) qui sont telles qu'en donnant h x el y des valeurs arbi- traires il y ait, parmi les diverses solutions en [x^ , ?/j) du système formé par les équations (1) et (2), hi solutions qui soient indépendantes des valeurs attribuées âxeiyÇ); et qu'il y ait de même, parmi les diverses solutions en (x.2, 2/2) du système formé par les équations (4) et (5) , /li d'entre elles qui soient indépendantes des valeurs attribuées à ces mêmes variables. Nous allons montrer que, si ces circonstances se pré- sentent, le lieu présenté par (A), obtenu en éliminant a^i, 2/n ^2i 2/21 se décompose nécessairement en quatre lieux différents. En effet, remarquons d'abord la possibilité de substituer, aux équations (1) et (2), deux équations équivalentes, de (*) En d'autres termes , si Ton considère (x^, //j) comme coordonnées courantes, les deux courbes représentées par les équations (1) et (2) ont un certain nombre de points communs, dont /*, sont fixes, c'est-à-dire dont la position est indépendante des valeurs attribuées à a; et //. ( §96 ) la forme (*) : y, = ¥,{x,y,x,), (6) ?i{x,y,oc,) = 0, (7) Puisque les équations (1) et (2) ont hi solutions en (ocj, ?/i), indépendantes des valeurs attribuées hxely, il faut néces- sairement que l'équation ?i{x,y^xi)=0 soit de la forme ?i{x, y, x,) = i^i{x,) X ?i{x,y, JTi) = 0, . . (8) dans laquelle la fonction 4^1 (xj), égalée à zéro, donne, comme racines, les hi valeurs de xi qui sont indépendantes des valeurs attribuées k x et y. On montrerait, de même, que les équations (3) et (4) peuvent être remplacées par les équations équivalentes : 2/2 =F2 (x, y,x,), (9) h{oc^) X/;(x,î/,X2) = 0, .... (10) où ^2 {x^)=0 donne, comme racines, les IL2 valeurs de x^ qui sont indépendantes des valeurs attribuées k x et y. Cette double remarque fait bien voir que le système (A) peut être remplacé par ce système équivalent : ^i(^i) X fi{x,y, Xi) = 0, (A')\ U2=F2(X,?/,X2) = 0, 1 ( -h (-^2) X /s (^ , y, ^2) = 0 , iW(x,î/, a:,,?/i, X2,?/2) = 0. (*) Il n'y a, pour cela, qu'à effectuer les opérations qu'il faudrait faire pour éliminer y^ entre les équations (1) et (^2), ( §97 ) Or, ce système représente l'ensemble des quatre sys- tèmes suivants : 2/i = Fi{x,î/, xi), fi {oc, y, Xi) =0, (1°) \ \y2 = ^2{oc,y,x^), f2{oc,y,x^) = 0, m (51 y, = ¥i{x,y,Xi), f,{x,y,Xi)=Oy W(x, y,xi,yi,x^, yi)=0; ;7/.2 = F2(x,î/,X2), /;(x,i/,a;2) = 0, W(a;,?/,Xi,?/,,a-2,î/2) = 0; (4°) { h{x,) = 0, ^',{y,)=0, W(x,?/,x,, »/,,X2, ?/2) = 0; donc le théorème est démontré. Remarque. Il est manifeste que les systèmes (2°), {3"), (4°) représentent des courbes étrangères^ et que le système (i"") représente, à lui seul, le véritable lieu. De là, deux méthodes pour déterminer le degré du lieu. La première consiste à chercher directement, par le principe de corres- (*) ViAVi) = 0 donne, comme racines , les h^ valeurs correspondantes deî/a. (**) 'P't iUi) = 0 donne, comme racines, les h^ valeurs correspondanies deyy ( 598 ) pondance entre trois séries de points (si ce principe est sûrement applicable), le degré du lieu représenté par le système (1°); la seconde consiste à chercher, par le principe de correspondance analytique , le degré total du lieu représenté par le système (A), et à retrancher de ce nombre la somme des degrés d'un lieu pareil au proposé, où l'on substitue un ou plusieurs jjo^/i^s à une ou plusieurs courbes de la question. Conclusion. — Bien que nous n'ayons considéré qu'un système particulier, il ressort nettement, croyons-nous, des développements précédents, cette loi générale, sur laquelle nous prenons la respectueuse liberté d'appeler l'attention des géomètres. Loi. — ■ Dans tout lieu géométrique (courbe plane ou surface engendrée par k courbes ou surfaces variables), qui est tel qu'en faisant passer une ou plusieurs des courbes génératrices par des points arbitraires , il en résulte, pour les valeurs correspondantes des paramètres variables que renferment les équations de ces courbes, un certain nombre de valeurs fixes (c'est-à-dire indépendantes des points choisis), on peut affirmer que ce lieu se décompose néces- sairement en plusieurs autres, dont on peut toujours d'ailleurs trouver, a priori, les équations qui les définissent séparément. Nota. — Nous avons constaté l'application de cette loi dans une multitude de questions concernant les courbes ou les surfaces douées de points multiples. En voici un exemple : Problème. — Lieu des points d'où l'on peut mener, à deux courbes Vj , ¥3, d'ordres nii, m^, douées de points multiples , des tangentes égales. Si Vi {x, y) = 0, y.2 {x , )j) = 0 sont les équations des ( o99 ) deux courbes, les équations qui définissent le lieu seront cl Xi -^ d/ii dt ^ ^ \,{x„y,) = 0, (9) dV, dY, dV, ^ x~ h?/- \ — =0, (d) dx^ -^ diji dt ^ ' V,(x„i/2)=0, (4) {X - xO^ + (y - xj^' = (X - x,)^ H- [xj- y,)\ (a) Or, on sait que si la courbe Vj a des points multiples et que, par exemple, sa classe soit n^ , les deux équations (1) et (2) admettent m^ [m^ — 1) — n^ solutions en (xj , ?/i), indépendantes des valeurs attribuées à as et ?/. De même, si 71^ est la classe de V.2, les équations (3) et (4) admettent m<^ (niçi — 1) — 11.2 solutions en (x^, 7/2), indépendantes des valeurs attribuées à x et ?/. Remarque. — Dans une prochaine communication nous développerons complètement ce problème. Recherches sur la structure de l'épiderme des Cyclostomes, et quelques mots sur les cellules olfactives de ces animaux; par M. Alexandre Fœttingcr, étudiant à TUniversité de Liège. J'ai rhonneur de présenter à l'Académie les résultats des recherches que j'ai faites sur la structure de Tépiderme des Cyclostomes au laboratoire d'anatomie comparée de l'Université de Liège. Je saisis avec empressement celte occasion pour adresser mes plus profonds remercîmentsà M. le professeur Edouard Van Beneden, non-seulement pour le bienveillant appui ( 600 ) qu'il n'a cesse de me donner pendant l'élude de cette question et la rédaction de ce travail , mais encore pour l'obligeance qu'il a eue de mettre à ma disposition tous les matériaux dont j'ai eu besoin. Je dois également remercier MM. P.-J. Van Beneden et de Selys Longchamps pour la bonté qu'ils ont eue de m'envoyer à diverses reprises des Petromyzon vivants. L'épiderme des Petromyzon a été l'objet de nombreuses recherches de la part de plusieurs histologistes distingués, et il mérite bien celte attention par la variété et la compo- sition vraiment remarquables des éléments qui le consti- tuent. R. Leuckart a montré que les cellules de la couche la plus superficielle de cet épiderme présentent une paroi externe poreuse. Kôlliker (1) fut le premier qui y découvrit deux espèces de cellules d'une forme particulière : il appela les unes cellules muqueuses, les autres cellules granuleuses; mais il se trompa sur la position de ces éléments et leur donna dans l'épiderme une situation inverse de celle qu'ils ont en réalité. Max Schultze (2) rectifia les données de Kôlliker, rejeta poui- les premières cellules le nom de cellules muqueuses et les désigna sous celui de cellules en massue ou simple- ment de massues. Il n'admit point les idées du même au- teur qui attribuait à ces dernières une fonction sécrétoire, cl, à cause d'une certaine analogie qu'il constata entre les phénomènes de polarisation qui se produisent lanl dans le col que dans le corps de ces massues, avec les propriétés bien connues des muscles striés, il fut porté à croire que (1) Wurzburger nalurwissenschaflliche Zcilschrift Ilcifl I, 18G0. (2) lieichcrt's u.du Bois-Reymond's Archiv. 1861, p 228. ( 601 ) ces éléments sont en partie de nature musculaire. Enfin, il supposa qu'il existe un rapport entre les massues et les nerfs du derme, et pour cette raison il fut enclin à les considérer comme des terminaisons de nerfs cutanés. Quant aux cel- lules granuleuses, Max Schultze corrigea les travaux de Kôlliker en ce qui concerne leur position et la direction de leurs prolongements. Après lui, Heinrich Mûller (1) constata l'existence des propriétés polarisantes décrites par Max Schultze; il montra le mode de formation des massues chez le Petromyzon planeri et trouva que toutes ne sont pas en contact avec le derme. Franz Eilhard Schulze (2) s'occupa également de la structure de l'épiderme des Petromyzon. Il décrivit une autre espèce de cellules signalées pour la première fois chez les poissons par Leydig (o) et appelées par lui cellules mu- queuses. F.-E. Schulze les désigna sous le nom de cellules calici- formes , montra leur mode de développement et , par des expériences extrêmement concluantes, il prouva l'inexacti- tude des idées de Leydig sur la fonction de ces éléments. Quant aux cellules en massue, il confirma les données de Max Schultze et compara ces formations à des glandes à paroi musculaire. Ce fut lui qui décrivit de la manière la plus détaillée les cellules granuleuses; il annonça la préten- due découverte d'un organe particulier à l'intérieur de celles-ci et déclara que s'il devait donner son opinion sur (1) WUrzburger naturwissenschaftliche Zeitschrift,\. Band, p. 45 1864. (2) M. Schultze, Archiv. f. mikrosk. Anaiomie. Bd. 3, p. 137. (5) Zeitschrifl fiir wisscnschaftliche Zoologie^Bd. III, p. 2. 2""'' SÉRIE, TOME XLI. 39 ( 602 ) leur fonction, il les considérerait de préférence- comme des cellules nerveuses. Langerhans (i) fut le cinquième et dernier observateur qui décrivit répiderme du Petromyzon planeri; il s'occupa non-seulement de Télude de la peau, mais il fit une étude approfondie de Tensemble de l'organisation de cet animal. Il fit connaître exactement le système des fossettes sen- sorielles distribuées sur la tète et sur les faces latérales du corps, et donna une description de la structure de ces or- ganes qui avaient déjà été signalés par Max Schultze (2) et qui sont homologues des organes de sens latéraux des poissons et des batraciens. 11 observa les piquants des cellules épidermiques signalés par F.-E. Schulze; il dit n'avoir jamais vu de massue atteindre la superficie de répiderme et ne trouva rien à ajouter aux indications de ce dernier auteur relativement aux cellules granuleuses. Quant aux cellules caliciformes, il déclare n'avoir jamais vu de telles cellules munies d'un orifice. Il découvrit des cellules particulières, rondes, qu'il com- para aux chromatophores de la larve de la salamandre; ces cellules se trouveraient dans toutes les couches de l'épi- derme et seraient logées entre les cellules épidermiques. Dans le plateau canaliculé des cellules superficielles de répiderme, il observa un certain nombre de gros cils qui prendraient leur origine dans ce plateau même par une racine légèrement renflée. Il découvrit également des cellules, existant notamment aux papilles de la bouche et qui seraient munies de deux (1) Berichte der naturf. Gesellsch. z. Freiburg i. B., Bd. VI, Heft III 1873. Pages là 23. (2) lieichert's u. du Bois-Reymond's Archiv. 1861 . page 284. ( 605 ) prolongements : l'un périphérique, l'autre central. Le pre- mier se terminerait par un petit nombre de cils raides et immobiles, tandis que l'autre se dirigerait vers la profon- deur de l'épiderme. Il a trouvé ces cellules sur tout le corps, à toutes les places de la peau et les a regardées comme des éléments nerveux. J'ai repris ces recherches, et non-seulement j'ai pu me convaincre de l'inexactitude de plusieurs de ces observa- tions, mais encore je suis arrivé à des résultats entièrement nouveaux. Dans l'exposition de mes recherches je décrirai d'abord, d'une manière générale, comment se présente, si on examine une coupe faite perpendiculairement à la surface du corps, l'épiderme du Petromyzon fluviatUis ; j'exposerai ensuite en détail les caractères de chacun des groupes cellulaires composant cet épiderme. L'épiderme, épais d'environ 0,254""", se compose de plusieurs assises de cellules superposées ; ces cellules mou- lées les unes sur les autres sont de diverses espèces (pi. I, fig. i). En traitant une telle préparation par le picrocarmi- nate d'ammoniaque, on arrive bien plus facilement à dis- tinguer les différentes sortes d'éléments, à cause de la pro- priété qu'ils possèdent de se colorer d'une façon particu- lière, variant avec leur nature, et l'on peut diviser ces cellules en quatre catégories : les cellules épidermiques ordinaires, les cellules caliciformes, les cellules en massue et les cellules granuleuses. Les premières varient de forme d'après la position qu'elles occupent; celles qui sont en contact avec le derme sont en général prismatiques, insérées perpendiculairement à la surface de ce dernier et disposées en palissade. Les cel- lules ordinaires situées au-dessus d'elles sont fusiformes à ( 604 ) la coupe et, dans les couches tout à fait supérieures, elles prennent une forme polygonale plus ou moins régulière. La couche superficielle est constituée par des cellules à plateaux canaliculés; leurs parois poreuses se juxtaposent de telle sorte que la surface libre de la peau est bien lisse et bien plane. Le volume de ces cellules épidermiques ordi- naires est d'autant plus considérable que Ion examine des couches moins profondes. Sur toute la surface du corps, ces éléments sont à peu près de même dimension , quel que soit le point considéré; cependant il existe certains en- droits, tels que les nageoires et la cornée oculaire, où ces éléments cellulaires sont plus petits que partout ailleurs. Parmi ces cellules se trouvent des cellules caliciformes à divers états de développement, et dont les plus âgées s'ouvrent à l'extérieur. Les cellules granuleuses apparaissent à diverses places de répiderme comme des corps ordinairement sphériques , granuleux, avec noyau uninucléolé. Parfois on voit partir de ces formations un ou plusieurs prolongements dirigés vers le derme ; mais jamais je n'ai obtenu de coupe dans laquelle un de ces prolongements se fût conservé depuis son origine jusqu'à sa terminaison à la surface du derme. Les cellules en massue présentent une grande variété de formes ; tantôt elles sont en contact avec le derme, tantôt elles en sont plus ou moins éloignées. Dans ce cas elles sont encore entièrement plongées dans l'épiderme, ou bien elles en sont déjà à moitié sorties; on en voit enfin qui sont entièrement étalées à la surface de l'épiderme (pi. II, fig. 10,11). L'épaisseur de l'épiderme varie avec l'endroit que l'on examine; ainsi, à la ligne médiane du ventre, il est moins épais que sur les faces latérales du corps; les cellules y ( 60S ) sont aussi plus régulières, ce qui provient sans doute de l'absence de différents éléments, tels que les massues et les cellules granuleuses. J'aurais désiré pouvoir étudier également par coupes 1 epiderme duPetromyzon planeri comparativement à celui du Petromyzon fluviatilis; malheureusement je n'ai pu me procurer des exemplaires vivants, au moment où j'aurais voulu faire celte recherche comparée , et j'ai dû me con- tenter de l'étude de l'épiderme dissocié. Cependant, en considérant les résultats auxquels je suis arrivé par ce moyen, et ceux que m'a donnés le P etrom y zon fluviatilis y je crois pouvoir affirmer que l'épiderme du Petromyzon planeri possède la même structure que celui de l'autre espèce; seulement je n'y ai pas trouvé quelques formes particulières de massues rencontrées chez le Petromyzon fluviatilis; son épaisseur est moins considérable et ses élé- ments sont de plus petit volume. Chez l'Ammocète l'épiderme présente la même compo- sition générale que chez le Petromyzon fluviatilis; mais il est beaucoup plus réduit; il a une hauteur d'environ 0,078™'" et les cellules qui le composent sont également de moindre dimension. Chez cette espèce, à la face externe des lèvres, l'épiderme est aussi épais et en certains points plus épais que sur le reste du corps , tandis que, à la face interne, il n'en a environ que le tiers et se continue insensiblement au bord libre des lèvres avec le premier. De plus, à cette partie du corps les cellules prennent une forme ordinaire- ment plus régulière, ce qui n'est pas étonnant, vu l'ab- sence des massues et des cellules granuleuses; à la ligne médiane du ventre, l'épiderme est, comme chez le Petro- myzon fluviatilis, moins considérable que sur les autres parties du corps. ( 606 ) Mais, par des coupes transversales ou parallèles à la surface libre de répiderme, il est impossible de se rendre compte de la forme et de la composition exactes de ces diffé- rents éléments; aussi doit-on recourir aux méthodes de dissociation, qui, combinées à Texamen des coupes, per- mettent d'obtenir des résultats satisfaisants. A cet effet j'ai fait macérer des fragments de peau dans le liquide de Mûller et l'alcool à 16° recommandé par Louis Ranvier (1), et il est pour ainsi dire nécessaire de faire usage de ces deux réactifs, car leur action sur les diverses sortes de cel- lules est loin d'être la même. Par ces procédés j'ai pu non- seulement m'assurer avec certitude des propriétés des quatre espèces de cellules précitées; mais encore j'ai pu observer une nouvelle sorte de cellules présentant quelque analogie avec les cellules ciliées trouvées par Langerhans dans la peau du Petromyzon planeri, mais s'en éloignant par plu- sieurs caractères. Ces réactifs m'ont été également d'un grand secours pour l'étude des cellules olfactives que je décrirai dans un chapitre spécial à la fin de mon travail. Je vais examiner successivement en détail les caractères des différents groupes de cellules et la façon dont ils se comportent vis-à-vis des réactifs. CELLULES ÉPIDERMIQUES ORDINAIRES. La couche la plus profonde de ces cellules, celle qui est en contact immédiat avec le derme, se compose, en excep- tant les massues et les corps granuleux, de deux variétés distinctes de cellules. Les unes sont prismatiques, à section polygonale, d'une (1) Trailé technique d'histologie, par L, Ranvier, p. 241. (607) hauteur variable, situées perpendiculairement sur le derme (pi. I, fig. 5 à 8). Elles possèdent un noyau ovale, plus rarement rond, qui, comme celui des autres cellules épi- dermiques ordinaires, surtout celles des couches profondes, présente un ou deux nucléoles. Ce noyau peut être étranglé à son milieu ou bien y présenter une ligne de division transversale, ou bien encore être divisé en deux petits noyaux ronds plus ou moins éloignés l'un de Tautre; dans ces cellules on trouve toutes les phases du fractionnement du noyau (j)l. I, fig. 25 à 51). Lorsqu'il existe deux nucléoles, ils sont tantôt assez près, tantôt très-loin l'un de l'autre; mais d'habitude ils se trou- vent dans l'axe longitudinal du noyau. Si ce dernier pré- sente des traces d'une division tranversale, les deux moitiés ne sont pas toujours identiques : souvent l'une est plus considérable que l'autre ; quelquefois l'une des deux moi- tiés est dépourvue de nucléole, et dans ce cas elle est très- granuleuse et plus ou moins grande que l'autre (pi. I, fig. 25, 28). Cette division est moins fréquente dans les cellules inter- médiaires; dans les couches superficielles je ne l'ai pas observée. Le protoplasme, finement granuleux, se colore légèrement en jaune brun par le picrocarminate d'ammo- niaque et leurs noyaux en rouge. Ces cellules profondes se terminent inférieurement par une base un peu élargie; les bords latéraux du corps sont parallèles ou légèrement ex- cavés; dans ce dernier cas la cellule est plus étroite vers son milieu qu'à ses deux pôles. L'extrémité supérieure de ces cellules est incurvée, tronquée, effilée en pointe ou creusée de cavités ; toujours elle est moulée sur les cellules voisines. La seconde variété de cellules profondes offre comme ( 608 ) caractère essentiel de posséder un corps situé à quelque distance du derme, assez volumineux, contenant le noyau et d'être pourvues d'un pédicule plus ou moins grêle qui se termine toujours à la surface du derme par une base élargie; ce pédicule est situé entre les cellules précédentes, tandis que le corps dépasse et recouvre en partie ces der- nières. Le pédicule ne présente pas de protoplasme apparent lorsqu'il est très-mince; sa forme varie beaucoup : c'est un simple filament, une lamelle assez large, très-délicate, ou bien un passage entre ces deux états extrêmes. Le corps de ces cellules , en quelque sorte assis sur la partie supérieure des cellules prismatiques (c'est ainsi que je propose de dénommer la première variété de cellules profondes) et moulé sur elle, présente toutes les variétés possibles de forme : il offre des crêtes ou des dépressions ainsi que le montrent les figures (pi. I , fig. 5 , 4- , 12 et i 5). Leurs noyaux et leur protoplasme sont identiques à ceux des cellules précédentes. De même que j'ai désigné sous le nom de cellules prismatiques la première sorte de cellules profondes, de même j'appellerai cellules stipitées les cel- lules présentant un pédicule, en adoptant ces dénomina- tions pour les formes extrêmes de ces deux variétés de cel- lules; car ces deux espèces d'éléments ne sont pas nette- ment tranchées; il existe dans cette couche profonde toutes les phases de transition entre les cellules prismatiques et les cellules stipitées, c'est-à-dire que l'on voit la partie infé- rieure des premières s'amincir petit à petit, et la partie supérieure prendre de plus en plus de volume à mesure qu'elles s'élèvent dans l'épiderme; mais toujours toutes ces cellules sont encore en contact avec le derme (pi. I, fig. 7). Tantôt ces deux variétés alternent assez réguliè- rement entre elles, tantôt on voit un certain nombre de ( 609 ) cellules prismatiques sans interposition de cellules stipitées (pi. I, fig. 8). C'est entre ces cellules profondes que se trouvent les extrémités des prolongements des cellules gra- nuleuses, ainsi que la base et une partie du col du plus grand nombre des massues. Plus superficiellement existent plusieurs couches de cel- lules polyédriques dont les faces présentent les mêmes par- ticularités de structure que le corps des cellules stipitées (pi. ï, fig. 10 à 19). Celles d'entre elles qui avoisinent les cellules précédemment décrites offrent parfois les restes du pédicule qui les réunissait primitivement au derme, restes qui ont l'aspect de filaments ou de lamelles excessivement minces (pi. I, fig. 10, U). Tous ces éléments se moulent les uns sur les autres ainsi que sur les massues , les cel- lules granuleuses et les cellules caliciformes; il en résulte une diversité considérable dans leur configuration (pi. I, fig. 21, 22, 24). Les caractères de leurs noyaux et de leur protoplasme sont les mêmes que dans les cellules préci- tées; cependant les cellules éloignées du derme ont moins fréquemment deux nucléoles dans leurs noyaux. Bien que la forme de ces cellules soit extrêmement va- riable, on peut reconnaître toutefois que celles des couches supérieures sont moins allongées que celles des couches profondes, et que, de plus, leur volume augmente à mesure qu'elles s'écartent du derme. Les cellules tout à fait superficielles présentent quel- ques caractères particuliers : leur paroi externe est trans- formée en un petit plateau réfringent, percé de fins cana- licules dont la direction est perpendiculaire à la surface de la peau, et, de profil, ils donnent un aspect strié à ce pla- teau (pi. I, fig. 1 , 20, 25). Si Ion examine ces cellules de face, on voit qu'elles ont une forme polygonale assez régu- ( 610 ) lière, et les pores apparaissent, ainsi vus d'en haut, comme de petits points blancs circulaires sur un fond noir, ou, si l'on veut, conrnie de petites circonférences noires juxtapo- sées (pi. I, fig. 58). Si Ton élève le tube du microscope, ils offrent, au contraire, Tapparence de petites taches noires sur un fond blanc ; dans cette position les contours des cellules sont pâles. Dans le premier cas, ces petits cercles sont juxtaposés et non pas éloignés les uns des autres, comme l'indique F. E. Schulze (1); dans le second cas, les taches noires, plus petites que les cercles noirs du premier cas, sont assez distantes les unes des autres. La face supé- rieure de ces plateaux est plane, parfois très-légèrement convexe, et alors leur face inférieure est concave. Quant aux piquants décrits par F. E. Schulze, je ne les ai vus que rarement, encore n'était-ce que dans des groupes de quelques cellules non séparées (pi. I, fig. 12), et je ne les ai jamais observés sur des cellules isolées par les mé- thodes que j'ai employées. Chez le Petromyzon planeri (pi. II, fig. 57 à 40) et chez l'Ammocète (pi. III, fig. 15 à 24), les cellules épidermiques sont beaucoup moins considérables que chez le Petromyzon fluviatilis, mais elles présentent les mêmes caractères; toutefois chez le Petromyzon planeri les plateaux des cellules superficielles sont en général plus épais et les canalicules mieux indiqués que chez le fluviatilis. Dans les centaines de préparations que j'ai faites de l'épi- derme par dissociation, de même que dans les coupes que j'ai obtenues, je n'ai jamais observé ces gros cils immobiles (1) Max Schultze, Archiv fur mikrosk. Anatomie. Bd. 3, pi. VIII, fig. 1,a. ( 611 ) signalés par Langerhans (1) et qui seraient, fixés dans l'épaisseur nfiême du plateau des cellules externes, où ils prendraient naissance par une racine un peu renflée. Non- seulement je ne les ai pas rencontrés sur des cellules iso- lées et vues de profd, mais encore je n'en ai observé nulle trace en examinant des cellules de face et d'en haut. De plus, si par les méthodes que j'ai employées ces cils s'étaient détachés des plateaux, j'aurais dû voir la place qu'ils occupaient, puisque d'après Langerhans ils ont une grosseur très-considérable, beaucoup plus considérable que celle des canaux poreux, et ils auraient dû par conséquent laisser une cicatrice parfaitement apparente; je n'ai jamais rien observé de semblable. Si les cils s'étaient brisés à leur sortie du plateau, on devrait également apercevoir, soit de face soit de profil, la partie restée engagée dans le plateau et bien distincte des canaux, ce qui n'a pas lieu non plus. Non-seulement je n'ai pas trouvé ces cils chez le Petro- myzon plmicri , mais encore les résultats que j'ai obtenus chez le fluvialilis sont les mêmes que ceux auxquels je suis arrivé par l'étude de l'espèce précédente, c'est-à-dire que je n'ai pas vu de traces de cils dans les plateaux canaliculés de la couche épidermique superficielle. Chez le planeri, les cellules épidermiques ont également dans leur noyau deux nucléoles et çà et là on observe un noyau en voie de division. Langerhans , en parlant des cellules de la couche pro- fonde, dit bien que les cellules prismatiques se terminent par une base légèrement dentée, mais il ne fait pas men- tion de cette particularité que la base de ces cellules, de (1) Loc. cit., p. 17. ( 612 ) même que celle des cellules sdpitées, est élargie inférieure- ment; il ressort non-seulement de la description qu'il donne de ces éléments, mais encore de la figure 1 1 de la planche I de son travail, qu'il n'a pas reconnu cette particularité. Il ne dit pas non plus que les cellules stipitées, qu'il regarde comme faisant partie de la seconde couche, se terminent par une base élargie et que, dans cette couche profonde, se voient toutes les formes de transition entre ces deux variétés d'éléments cellulaires. Enfin chez le planeri, de même que chez le ftuviatilis, les cellules épidermiques de la cornée sont plus petites que partout ailleurs. Voici comment se comportent à l'égard de ces cellules les réactifs colorants : le picrocarminale d'ammoniaque colore les corps cellulaires en jaune brun plus ou moins foncé et les noyaux en rouge plus ou moins prononcé, sui- vant le temps que la préparation à séjourné dans ce liquide et le réactif que l'on a fait agir antérieurement. Le bleu et le rouge d'aniline peuvent être utiles pour faire ressortir les crêtes, fossettes, etc. L'hématoxyline colore le corps en violet três-clair et le noyau très-fortement. Les réactifs iso- lants agissent également de la même manière chez les deux espèces de Petromyzon et chez l'Ammocète. Quant aux petites cellules rondes que Langerhans (1) regarde comme homologues des chromatophores de la larve de la Salamandre, je ne les ai jamais rencontrées ni chez le Petromyzon ftuviatilis, ni chez le planeri, ni chez l'Ammocète. Si ces cellules rondes et ces cellules épider- miques à échancrure circulaire, entre lesquelles les pre- (1) Loc. cit., p. 16. ( 613 ) mières doivent se trouver, étaient aussi fréquentes que Tin. dique cet auteur, j'aurais dû évidemment en rencontrer souvent, et il ne m'est jamais arrivé qu ime seule fois de voir une échancrure semblable à celle que représente la figure 11 du travail de Langerhans (1) ; encore n'oserais-je affirmer que cette échancrure provînt de l'existence d'une de ces cellules rondes; il me semble bien plus probable que cette échancrure était due à la présence d'une cellule granuleuse. J'ai, il est vrai, très-souvent dans mes prépa- rations de l'épiderme dissocié, maïs jamais dans des coupes, trouvé des éléments ressemblant assez bien aux cellules rondes de Langerhans, et j'étais tenté de les considérer avec cet auteur comme des éléments de nature épider- mique; mais j'ai reconnu bientôt que ce n'étaient là que des globules de sang altérés par les réactifs et provenant des vaisseaux sous-jacents. CELLULES CALICIFORMES. Leydig décrivit ces éléments sous le nom de cellules muqueuses et pensa que la consistance muqueuse de la surface des poissons était déterminée par la présence même de ces cellules, et non par la présence à la surface de l'épiderme de leur produit de sécrétion. Franz Eilhard Schulze (2) leur donna le nom de cellules caliciformes et montra de la manière la plus certaine que ces organes dé- versent à l'extérieur un produit muqueux; de plus il établit leur mode de développement aux dépens de cellules épi- dermiques ordinaires. (1) Loc. cit., Tf 1, fig. H. (2) M. Schuitze, Archiv f. mikrosk. Anatomie. Bd. 5, p. 144. ( 614 ) Il ne me reste que fort peu de chose à dire après les belles recherches de cet observateur et je ne puis que con- firmer les intéressants résultats auxquels il est arrivé. C'est sur les lèvres que j'ai trouvé les plus belles cellules calici- formes. En examinant un épiderme dissocié, on voit tous les passages entre ces formations et les celkdes ordinaires. Celles qui ne s'ouvrent pas à l'extérieur, c'est-à-dire les plus jeunes, se présentent sous la forme de vésicules ovoïdes ou sphériques, de volume variable, remplies presque entière- ment par un liquide plus ou moins granuleux, le noyau et le protoplasme peu abondant étant refoulés dans la partie inférieure de ces cellules; ordinairement, cette partie inférieure se termine par un petit prolongement pointu contenant alors le noyau et le protoplasme. Les cel- lules qui sont situées à la surface offrent un corps sem- blable à celui des vésicules closes situées plus bas; il est terminé souvent aussi par un petit prolongement, et il montre un col supérieur pourvu d'un orifice plus ou moins nettement délimité; ce col présente parfois une faible stria- tion longitudinale (pi. I, fig. 52 à 56). Très-souvent le noyau ovale, que renferment ces organes, est remplacé par un corps irrégulier, allongé, se colorant comme le noyau ; ce corps est probablement le reste du noyau; cependant ce pourrait être aussi un noyau altéré par le liquide employé. Le protoplasme s'élève plus ou moins haut contre la paroi interne de la cellule, mais toujours sa face supérieure est concave. Je crois que ces cellules sont pourvues d'une membrane, sans que je puisse affirmer que celle-ci existe sur le prolongement qui termine inférieure- ment la cellule. Ces cellules caliciformes ne sont jamais comprimées par les cellules ordinaires; elles compriment au contraire tous ( 6lD ) les éléments qui les avoisinent. Je n'ai pas trouvé ces élé- ments clans la cornée de l'œil, pas plus chez le fluviatilis que chez le planeri. Chez le planeri et chez l'Ammocète ces organes sont plus petits que chez le fluviatilis (pi. Il, fig. /4.O; pi. ni,fig. 19); je ne puis comprendre que Lan- gerhans ait pu mettre en doute l'existence de ces cellules avec orifice. CELLULES EN MASSUE. Ces éléments découverts par Kôlliker furent décrits par lui sous le nom de cellules muqueuses et considérés comme des cellules sécrétoires. Max Schultze n'admit point ce nom : il les appela cellules en massue et les observateurs qui se sont occupés après lui de ces organes ont conti- nué à leur donner cette dénomination. Max Schultze et Heinrich Mùller n'acceptèrent point les idées de Kôlliker à propos delà fonction de ces cellules, tandis que F. E. Schulze, qui les a étudiées ensuite, émit une hypothèse se rattachant à la fois aux vues de Kôlliker et à celles de Max Schultze. Langerhans (1) s'en occupa en dernier lieu; mais il ne trouva rien de particulier et rejeta l'hypothèse d'une fonc- tion sécrétoire. Chez le Petromyzon fluviatilis ces cellules, d'un pouvoir réfringent particulier et assez considérable, de consistance gélatineuse ou visqueuse, ont généralement la forme de massue, c'est-à-dire que l'on peut y distinguer deux parties : une supérieure, arrondie, ou ovale, large, à striation con- centrique, le corps, et une inférieure, mince, étroite, plus ou moins longue , à striation longitudinale, le col, reposant (1) Loc. cit.^ p. 15. ( 616 ) sur le derme par une base un peu élargie (pi. I, fîg. 39). Cette forme , que Ton pourrait considérer comme le type des massues, est celle qui a été décrite chez le fluviatilis par les auteurs précédemment cités; mais c'est là une mas- sue arrivée à son complet développement. Il existe de plus une quantité de phases plus jeunes, comme Heinrich Mûller en a observé chez le Petromyzon planeri, et aussi des formes plus âgées. Afin d'éviter toute confusion, j'ap- pelle jeimes massues celles qui ont le plus petit volume et qui sont encore en contact avec le derme; massues âgées , celles qui ont un volume considérable, les plus âgées étant celles qui s'écartent du derme et s'étalent à la surface de la peau; une massue est d'autant plus avancée en âge qu'elle est plus loin du derme. Les massues les plus jeunes que j'ai rencontrées chez le Petromyzon fluviatilis se présentent sous l'aspect de corps cellulaires ovoïdes ou hémisphériques qui se rétrécissent légèrement à leur partie inférieure pour s'élargir ensuite, de façon à se terminer par une base assez étendue s'ap- puyant sur le derme (pi. I, fîg. 4-0, 41). De pareils corps possèdent deux noyaux situés plus sou- vent à la partie inférieure ou moyenne de la cellule qu'à la partie supérieure; ces deux noyaux vésiculeux, faiblement granulés, contenant un seul nucléole brillant, sont à des distances variables l'un de l'autre et entourés d'une petite quantité de protoplasme finement granuleux, protoplasme qui s'amasse surtout à la partie supérieure de l'organe. Parfois on aperçoit l'indication d'une cavité centrale dans laquelle sont situés les deux noyaux et le protoplasme. Autour de cette cavité existe une striation concentrique; ces stries plus ou moins parallèles sont d'autant plus visibles et plus foncées qu'on les examine plus près de la partie (6d7) inférieure. Dans la portion qui se trouve en contact avec le derme, les stries les plus externes changent de direction, se recourbent vers le bas et deviennent longitudinales : alors elles constituent le col de ces massues. Je n'ai pas toujours observé ce changement de direction dans les formes les plus jeunes, ce que j'attribue au peu de trans- parence de ces organes, mais néanmoins, le bord inférieur plus ou moins courbe de ces massues possédait une appa- rence striée. En traitant une portion de l'épiderme dissocié dans l'alcool à 16", par le picrocarminate d'ammoniaque, ces éléments se colorent en jaune d'autant plus foncé que l'on considère une partie plus inférieure , tandis que l'ex- trémité supérieure se colore à peine; les noyaux prennent une coloration rouge (pi. I, fig. 4-0 à 53). Toutes les mas- sues, aussi bien les grandes que les petites, se colorent identiquement de la même façon et avec les mêmes teintes pour les parties correspondantes. En observant graduellement des formes plus avancées, on voit que la partie inférieure s'étire de plus en plus en hauteur, mais n'augmente guère en largeur et, très-souvent même, pour ne pas dire toujours, se rétrécit; il y appa- raît ou s'y manifeste davantage la striation caractéristique du col, la partie supérieure augmente, au contraire, de volume et l'on arrive ainsi à une massue type. Dans les formes âgées, les deux noyaux sont ordinairement situés à l'extrémité supérieure du corps, accolés l'un à l'autre ou plus ou moins éloignés; parfois par leur réunion ils pré- sentent l'aspect d'un noyau en voie de division, mais dont les deux moitiés ne seraient pas encore séparées. Quelle que soit la grandeur de la massue, ces noyaux possèdent diverses formes : ils sont ronds, ovales ou plans-convexes; le protoplasme peu abondant entourant ces noyaux s'étend 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 40 ( «18) quelquefois jusqu'au centre du corps et parfois même atteint presque le col. Le corps présente une striaiion con- centrique à concavité supérieure, semblable à celle des formes moins âgées, concavité qui devient plus prononcée à mesure que Ion s'éloigne du col. Tandis que les stries internes restent dans lecorps, les stries externes se portent vers la partie inférieure et constituent la striation longitu- dinale que l'on observe dans le col, stries longitudinales qui suivent la direction de la base de la massue, c'est-à-dire se recourbent légèrement vers l'extérieur. A propos de la striation du col, Max Schultze(l) dit: «.... der Hais dagegen bat keine Spuren einer regelmâssigen , um die Làngsaxe angeordneten Scbichtung und verhàlt sich w^ie eine Muskelfaser. » Je n'ai jamais trouvé de massue ne présentant pas de traces de striation longitudinale dans le col ou dans la base de la massue, quand il s'agissait de formes très-jeunes de ces cellules. Max Schullze (2) signala le premier une striation trans- versale dans le col des massues, et par les propriétés pola- risantes qu'il y découvrit, il fut conduit à les comparer à des muscles striées. H.Mûller et F.E. Scbulze confirmèrent après lui ces observations. J'ai rarement constaté cette stria- tion transversale et je ne l'ai vue que sur des préparations au liquide de Mûller; sur les préparations alcooliques, /e ï}e rai jamais rencontrée et l'on ne peut en découvrir de traces; il résulte déjà de ce fait qu'on ne peut l'assimiler à la striation des muscles. Dans les massues où je l'ai observée, cette striaiion, (1) ReicherCs u.du Bois-Reymond's Archiv. 1861, p. 281, lig. 7. (2) Même ouvrage, p. 251 . ( «i9 ) d'abord transversale à la partie inférieure du co!, devient de moins en moins distincte et de plus en plus oblique en s'éloignant de la base. Si, dans les préparations au liquide de Mùller, on voit apparaître cette striation trans- versale, par contre, la striation longitudinale y est beaucoup moins visible. Elle est toujours bien nette à la base, tandis que dans le col les stries semblent s'être fusionnées en partie; il en est de même de la striation concentrique du corps; mais par ce réactif les massues s'altèrent beaucoup et il est rare qu'elles conservent bien leur forme et leurs caractères (pi. I, fig. 58). La forme des massues précédemment décrite n'est pas la seule qui se présente cbez le Petromyzon fluiiatilis; on y rencontre en outre une foule d'autres qui peuvent toutes cependant se ramener au type de ces cellules. Ces variations, sans compter les changements de posi- tion des noyaux et la dimension des massues, peuvent por- ter sur la forme du col, du corps, sur la grandeur compa- rative de ces deux parties ou encore sur le manque absolu ou presque absolu de l'une de ces dernières. Le col est parfois tellement grêle qu'il n'a guère beaucoup plus d'épaisseur que les prolongements des grosses cellules granuleuses; ce col délicat a une longueur très-variable, se termine toujours (pour les massues en contact avec le derme ou peu éloignées de lui) par une base élargie, quel- quefois légèrement recourbée vers le haut, et supporte à son pôle supérieiu' un corps très-volumineux, propor- tionnellement à lui, ovoïde ou globuleux et présentant les caractères ordinaires (pi. 1, fig. 47). D'autres fois le col est presque aussi large que le corps, peu élevé, surtout chez les formes jeunes, à striation lon- gitudinale, par conséquent assez restreinte (pi. I, fig. 40, 48). ( 620 ) Ce petit col se continue insensiblement avec un corps en massue, ou bien avec un corps qui s'élargit brusquement et prend la forme d'une poire dont Textrémité arrondie serait située en haut, ou encore d'une sphère; ce col peut se terminer inférieurement par une base plus ou moins large. Le corps est cylindrique à extrémité supérieure arrondie, sphérique, ovoïde, pyriforme, en massue, et quelquefois il est légèrement rétréci à la partie supérieure; la cavité centrale y est plus ou moins visible , varie de forme et de grandeur; les noyaux sont à des distances variables dans cette cavité. Quelquefois il semble qu'ils vont sortir de la massue, et alors ils sont tout à fait à l'extrémité périphérique et parais- sent même être déjà un peu en dehors. Dans plusieurs de ces formations, le pôle externe plus clair paraît se terminer par une ouverture qui mettrait la cavité centrale en com- munication avec l'extérieur, ce qui provient peut-être de l'aplatissement de la partie supérieure. D'où provient cet aspect strié que présentent les mas- sues? Avant de donner mon opinion sur cette question je dois encore décrire une forme particulière de massues observée chez un Petromyzon fluviatilis conservé à l'alcool. Ces massues très-nombreuses chez un individu diffèrent quelque peu des formes précédentes et les striations y sont parfaitement distinctes (pi. ï, fig. 46). Ces organes cylin- driques ou à extrémité supérieure faiblement renflée pos- sèdent une striation concentrique qui de transversale de- vient oblique, puis longitudinale en allant de la base au sommet. En partant de ce dernier point les stries centrales s'enfoncent en ligne droite dans le corps, puis, arrivées à une certaine profondeur, elles forment une courbe à con- vexité inférieure et reviennent au sommet : ces stries ont ( 621 ) donc la forme d'U très-allongés. Les stries partant des faces latérales, c'est-à-dire de chaque côté de l'axe de la massue , offrent d'abord une courbe à concavité inférieure, puis deviennent longitudinales et se recourbent ensuite de la même façon que les stries précédentes et elles ont en- core l'aspect d'U très-allongés, mais dont les deux branches seraient écartées et recourbées en bas. Il en résulte donc une striation longitudinale dans l'axe du corps , une stria- lion oblique et courbe latérale, et une striation transversale également courbe dans la partie inférieure du corps, partie ayant l'apparence d'un col, mais en réalité non homologue du col des massues types (car je regarde comme col la par- tie de l'organe qui présente une striation longitudinale). Cette striation tranversale continue avec les deux autres, s'arrête à quelque distance de l'extrémité inférieure. A par- tir de ce point, les stries externes, c'est-à-dire celles qui ont suivi les bords latéraux du corps, au lieu de se com- porter comme les autres, s'infléchissent vers l'axe delà massue, comme si elles allaient devenir transversales, mais se recourbent ensuile inférieuremcnt pour devenir longitu- dinales, les plus externes venant des stries concentriques les plus externes. Ce fait a lieu de chaque côté de l'axe de la cellule, de sorte qu'à cet axe les stries devant former une des moitiés du col se réunissent à celles devant constituer l'autre moitié et qu'à ce point les stries longitudinales sont les plus longues (pi. I, fig. 48). Il n'est pas difficile de ra- mener cette forme à la massue type; en effet, dans celle-ci les stries sont concentriques à la cavité centrale et par suite leur concavité regarde toujours le centre du corps; dans la forrpp qui nous occnne, les stries, au lieu de converger comme dans le type vers le point le plus élevé de la mas- sue, s'en écartent, au contraire, et si l'on suppose que ces ( 022 ) strialions sont dues à Texistenee de lamelles emboîtées, la différence viendra de ce que, dans un cas, les bords supé- rieurs de ces lamelles sont infléchis vers leur intérieur et, dans l'autre cas, infléchis en dehors. Ce qui me fait croire que ces striations proviennent de la présence de lamelles, c'est que si l'on pratique dans un épiderme de Petromyzon fluviatilis durci à l'alcool des coupes parallèles à la surface libre de la peau, on obtient des sections transversales de massues. Ces sections, de forme ovale ou circulaire, plus ou moins régulière, présentent aussi une striation concentrique; celle-ci est composée d'une série de lignes courbes concen- triques ou de circonférences inscrites les unes dans les autres, au centre desquelles se trouve la cavité centrale avec un ou deux noyaux, ou sans noyau, suivant le point où l'on a rencontré la massue (pi. I, fig. 50, 51, 54). Ces courbes irréguîières semblent bien être dues à la coupe de lamelles, lamelles que l'on pourrait comparer à des sphères ou des ovoïdes creux emboîtés les uns dans les autres, la lamelle la plus interne formant la paroi de la cavité centrale. Quant aux lamelles qui produisent la stria- tion longitudinale, elles seraient comparables à des cylin- dres creux, évasés à la partie supérieure pour constituer le corps de la massue. En admettant une semblable composi- tion des massues, on comprend fort bien que la coupe optique produise les différentes striations de ces éléments cellulaires. Je dois encore signaler une variété de massues assez singulières et s'écartant encore plus du type. Elle a la forme d'un cylindre ou d'un ruban très-long, très-étroit, à extrémité supérieure peu ou point renflée, plus claire avec deux noyaux et ne présentant pas de striation concentrique. Toutes les stries se portent à peu près en ligne droite du ( 623 ) sommet à la base de l'organe, qui ressemble à un faisceau de fibrilles et se termine d'ordinaire par une base légère- ment élargie (pi. II, fig. 5). Dans les formes précédentes, en général le col s'atténue avec l'âge et, par conséquent, la striation longitudinale y devient peu apparente, le corps prenant beaucoup d'extension; dans cette dernière forme signalée, le corps, au contraire, n'est pas différencié du col et, au premier abord, il semble ne pas exister et avoir été remplacé par le col. Cette différence provient de ce que les lamelles centrales ne s'arrêtent pas à une certaine distance de la base comme dans les massues proprement dites, mais, ainsi que les lamelles externes, elles s'étendent jusqu'à la base même de la massue. On trouve tous les passages entre les massues proprement dites et ces formes allongées, et dans lesquelles un petit corps surmonte un long col semblable à ces dernières (pi. I, fig. 44). Il existe de plus une quantité innombrable de formes de transition entre les différentes variétés de massues que j'ai décrites , mais dont la constitution est au fond identique. En ce qui concerne la position et la distribution de ces éléments, Max Schultze (i) dit : « Um die Hauptsachen noch einmal kurz zu recapituliren, so baben wir es also zu thun mit einer besonderen Art von Epidermiszellen, welche zu kolbenfôrmigen Gebilden ausgewachsen sind, in regel- mâssiger Vertheilung ùbcr die ganze Haut selbst die der Flossen sich finden, und sâmmtlich mit dem unteren Ende des Halses dicbt auf der Lederhaut aufstehen , wàhrend der angeschwollene, abgerundefe Theil bis unter die ober- flâchlicbste Lage der Epidermiszellen reicbt, von diesen aber stets noch bedeckt wird. » (1) Reicherl's u. du Bois-Reymond's Archiv. 1861 , p. 244. ( 624 ) Et plus loin (1) : « Jedenfalls ist auffallend, wie Jeder zugeben wird, dass wàhrend das Verhâltniss der Kolben zu der Oberflâche der Epidermis je nach ihrer Lange sehr variirt, ihr Verhâltniss zur Leclerhaut stets dasselbe bleibt, und deutet dies in wohl zu beachtender Weise auf eine gewisse Verbindung und Beziehung beider. » Franz Eilhard Schulze (2) dit à ce sujet : a Beim Neunauge nâmlich und wahrscheinlich auch beim Aale stehen sàmmtliche Kolben auf der Cutis, wàh- rend bei den ûbrigen Fisehen Kolben in jeder Hôhe der Epidermis und zwar grôsstentheils von der Cutisoberflàche vollig abgerûckt gefunden werden. Niemals sah ich beim Flussneunauge einen Kolben voUstândig von der Cutis abgehoben, stets berûhrte erdieselbe, wenn auch oft nur mit einem sehr feinen oder, wegen des Eindrângens einer Zelle in den unteren Theil , in mehrere Sptizen sich thei- lenden Fortsatze. » D'après ces auteurs, toutes les massues resteraient tou- jours en contact avec le derme. En traitant des coupes d'un épiderme durci à l'alcool par le picrocarminate d'ammo- niaque, on peut s'assurer facilement qu'il n'en est pas ainsi et que non-seulement les massues quittent le derme, mais encore qu'elles sortent de V épiderme et s'étalent à la surface de la peau. H. Mûller (3) avait déjà observé des massues écartées du derme chez le Petromyzon planeri, mais pas chez \e ftuviatilis. Chez ce dernier, les massues s'éloignent du derme, et leur base élargie se modifie de plus en plus (1) Ibid.,p. 282. (2) M. Schultze, Archiv. f. mikrosk. Anatomie. Bd. 3, p. 159. (3) Wûrzhurger naturwissenschaftliche Zeitschrift. 1864, Band V, p. 44. ( 623 ) à mesure qu'elles s'élèvent dans Tépiderme; elle se rétrécit, s'arrondit, puis s'effile, de sorte que ces organes, arrivés à la surface, sont terminés par une pointe plus ou moins prononcée. Parvenus à la couche des cellules superficielles à plateaux canaliculés, les massues écartent ces cellules, les soulèvent même, sortent de l'épiderme et s'étalent à la surface. Les noyaux ui¶issent peut-être avant que ces organes arrivent à l'extérieur, car je neti ai jamais vu dans les massues les plus éloignées du derme, ni dans celles répandues à la surface. Sur des coupes minces, il est facile devoir ces différentes phases de la façon la plus nette, surtout en faisant usage du picrocarminate d'ammoniaque qui colore ces éléments d'une façon spéciale, et les fait reconnaître partout, quelle que soit la place qu'ils occupent. Sur un autre exemplaire de Petroïnyzon fluviatilis j'ai observé plusieurs fois dans l'épiderme dissocié par l'alcool à 16°, des massues qui ne présentaient pas de col, étaient simplement constituées par le corps, ou montraient encore un reste plus ou moins faible du col. Quoique je ne les aie pas vues en place sur des coupes , par analogie avec des formes semblables trouvées chez le Peh^omyzon planeri , par H. Mûller, il est permis de supposer que certaines massues en quittant le derme perdent peu à peu leur col et, arrivées à la partie supérieure de l'épiderme, ne sont plus formées que par le corps. Mais ces éléments possé- daient encore leurs deux noyaux et par là différaient des massues que j'ai observées en place. On pourrait croire aussi que ce ne sont que des massues dont le col a été sé- paré par la dilacération; cependant cela me paraît peu pro- bable , leurs conteurs étant trop nets et trop régulièrement limités(pl. I, fig. 52, S3). J'ai représenté (pi. II, fig. 1 et 6 à 12) toutes les i 626 ) phases de l'élimination des massues. Arrivées à la surface de la peau, elles gardent plus ou moins leur forme et rem- plissent là une fonction qui n'est pas encore déterminée. Kôlliker considérait les massues comme des organes de sécrétion ; cette idée fut rejetée par Max Schultze qui décou- vrit dans le col de ces organes une striation transversale, ainsi que des propriétés polarisantes excessivement remar- quables. Par l'analogie que présenteraient ces éléments avec les muscles striés, quant à ces propriétés optiques, il en vint à supposer que les massues sont de nature mus- culaire. Il crut en outre qu'elles sont toujours en contact avec les nerfs du derme, et en conclut qu'elles pourraient bien être des organes de sens. « Als solche wûrden sieam natûrlichsten,als Endgebilde von Empfmdungsnerven, als Tastkorperchen gelten (1). » H. Mûller adopta les idées de Max Schultze, et cepen- dant il trouva chez le planerl des massues détachées du derme, résultat difficile à concilier avec l'hypothèse de Max Schultze, ainsi que le fît remarquer F. E. Schulze « : Ailes dies spricht sicherlich dagegen , die Kolben als in die Epi- dermis gewachsene Nervenenden anzusehen , cher dafûr, sie nur als eigenthûmliche Epidermiszellen , vorlàufîg un- klarer Function zu betrachten. Auf der andern Seite ist das Wenige was ûber die Entwicklung der peripherischen Nerven bekannt ist, der Vorstellung im Allgemeinen nicht entgegen, dass Nervenfasern (d. i. wohl Zellenfortsâtze) mit andern Zellen in Verbindung treten, welche dadurch erst eigentlieh in den Bereich des Nervensystems gezogen werden (2). » (1) Reichert'su. du Bois-Reymond's Archiv. 1861, p. 290. (2) WUrzburgernaturwissenschaftIiche Zeitschrift. 1864, Bd. V, p. 52. ( 627 ) F. E. Schiilze observa également la strialion transversale du col, et ayant vu qu'il existe une cavité remplie d'mi liquide clair à l'intérieur de ces massues , il partagea à la fois les idées de Kôlliker et celles de Max SchuUze. 11 com- para les massues aux glandes sébacées cutanées et les con- sidéra comme des glandes à paroi musculaire ; pour lui le produit de sécrétion serait ce liquide clair qui imprégnerait les cellules superficielles et pourrait arriver à la surface. « Grade bei diesen beiden Fischen besitzen die grôs- seren Kolben in dem oberen bauchigen Theiîe einen Hohl- raum gefûllt mit einer von der eigentlichen Kolbensubstanz verschiedenen Flûssigkeit, ja in einem Falle beim Aale selbst mit Fetttropfen, und dièse Hôhle sieht man beim Neunauge nicht selten am oberen Ende des Kolbens sich ofïnen (Taf. VIII. Fig. 4- und 6), wenn auch nicht an der freien Oberflache selbst, so doch dicht in der Nahe dersel- ben zvvischen den obcrsten Epidermiszellen, wciche von einem etwa ergossenen flùssigen Sekrete durchtriinkt wer- den und dasselbe auch zvvischen sich durch auf die freie Flâche gelangen lassen kônnen. Bei dieser Auffassung wûrde selbst die aus der Quers- Ireifung und dem wahrscheinlichen Zusammenhange mit Nervenfasern gefolgerte muskulose Beschaffenheit der Kol- ben von Petromyzon fluviatilis sich leicht verstehen lassen durch die Annahmen, dass dieselben unter dem Nerve- neinflusse eine zeitweîse Entleerung jener Hohlraûme durch active Contraction bewerkstelligen (1). » Langerhans (2) ne s'est pas prononcé sur la fonction de (1) M, Schultze, Archiv. f. mikrosk. Anatomie. Bd. 3, p. IGl . (2) Loc. a7.,p. 15. ( 628 ) ces éléments; toutefois il ne comprend pas la possibilité d'une fonction sécrétoire, et il se base sur ce fait qu'il n'a jamais vu chez la petite lamproie de massue atteindre la superficie. « Jch kann diesen positiven Angeben nur des hinzufû- gen, dass ich niemals beim kleinen Neunauge einen Kolben die Oberflâche habe erreichen sehen und soniit die Mog- lichkeit einer sekretorischen Function dieser râthselhaften Elemente nicht verstehe. » Mais les résultats auxquels je suis arrivé ne peuvent être nullement conciliés avec les idées de Max Schultze, puisque les massues ne restent pas en contact avec le derme; il faut donc rejeter l'hypothèse qui tend à regarder ces élé- ments comme des terminaisons nerveuses. Sont-ils de nature musculaire? je n'ai observé la striation transversale que sur des préparations au liquide de Mûller, et jamais sur des préparations alcooliques. Il est vrai, une striation transversale très-manifeste se montre dans ce dernier cas à la base du col des massues; mais elle n'a pas du tout la même signification que celle que l'on observe si l'on exa- mine des massues isolées après macération dans le liquide de Mûller : elle est aussi bien que la striation concentrique du corps la conséquence de la structure lamellaire des massues, et ne ressemble nullement à la striation des muscles : de ce qu'un organe présente une striation trans- versale offrant à l'appareil à polarisation les mêmes pro- priétés que les muscles striés , on ne peut pas conclure que cet organe est de nature musculaire. L'idée de F. E. Schuize doit être rejetée pour les mêmes motifs : non-seulement les massues ne sont pas de nature musculaire, mais elles ne sont pas non plus des organes de sécrétion capables de r(;jeter à l'extérieur un liquide ( 629 ) élaboré à leur intérieur : la massue entière ou tout au moins la partie qui se colore en jaune par le picrocarminate d'ammoniaque est éliminée. En me basant sur le fait que ces organes sortent de répiderme et s'étalent à sa surface, je crois devoir les con- sidérer comme des éléments glandulaires : chaque massue est une cellule glandulaire présentant une structure parti- culière et un produit de sécrétion différent de celui que l'on observe dans les autres glandes. La glande arrivée à son complet développement est toute entière rejetée au dehors avec le produit sécrété qu'elle renferme. Quant au but que doit remplir ce produit arrivé à la sur- face de la peau, je n'ai pu me faire aucune conviction à ce sujet, et c'est une question qui reste encore en suspens. Avant de me prononcer sur l'idée que je me fais du mode de sécrétion des massues, je dois encore donner quelques détails sur l'existence très-probable d'une mem- brane cellulaire et sur certaines particularités que ces for- mations présentent lorsqu'elles s'écartent du derme. J'ai dit plus haut que les massues, arrivées à un degré avancé dans leur développement, gagnent la surface de la peau , mais en même temps que ces organes quittent leur place dans l'épiderme , il s'y produit un fait très-singulier. Voici en quoi il consiste : si l'on examine une coupe d'un épi- derme du Petromyzon fînviatilis durci à Palcool et que l'on considère les massues détachées du derme, quoique peu éloignées de lui, on voit qu'entre ce dernier et la massue il existe un certain nombre de vacuoles remplies d'un liquide clair, mais dont les contours sont légèrement granuleux. Il n'y a pas de noyau à leur intérieur et l'on ne peut les prendre pour ces jeunes cellules épidermiques qui, d'après ( 630 ) F. E. Schulze (1), existeraient entre les massues, de telle sorte que celles-ci se termineraient par une bnse bi- furquée. A cette occasion je citerai également ce que dit à ce sujet H. Millier (2), qui, chez le Petromyzon fîuviatilis, a vu de semblables jeunes cellules introduites sous les mas- sues dont la base était bifurquée : « Einmal stand ein sehr grosser Kolben mit 2 getrenn-' ten Fûssen auf der Cutis, zwischen welchen eine Gruppe der gewôhnlichen Epidermiszellen sich befand. » D'autres fois il vit des massues avec des ramifications latérales : « Andere Maie sind die Kolben in einen rundlichen fadenfôrmigen Fortsatz ausgezogen, welcher mit einem Knôtchen an der Cutis ansitzt (Fig. o) ôfters aber noch freie seitliche Auslâufer besitzt, in Gestalt von Fâden oder membranartigen Fetzen (5). » Je dois dire que jamais je n'ai rien vu de semblable chez le Petromijzon fluviatilis, et à cet effet je ne me suis pas contenté d'étudier des coupes, qui, si fines qu'elles eussent été, par suite de leur transparence auraient pu m'induire en erreur ; mais j'ai eu surtout recours à l'examen de pré- parations faites avec un épidémie dissocié et, dans les mil- liers de massues que j'ai observées , pas une ne présentait des traces de bifurcations ou de ramifications comme le prétendent les auteurs précédemment cités. Quant à ces vacuoles qui viennent combler le vide que laissent après elles les massues, elles augmentent en (1) Loc.cit. (2) WUrzburger nalurwissenschaftliche Zeitschrift. 1864-, Bd. V, p. 48. (3j Ihid , p. 48. ( 631 ) nombre à mesure que l'organe glandulaire s'éloigne du derme, mais elles ne déforment aucunement la base; celle- ci s'amincit petit à petit, comme si elle s'allongeait en diminuant d'épaisseur, ce qui n'est pas impossible vu la consistance de ces éléments. De plus, ces vacuoles n'exis- tent pas seulement sous la base de la massue, et l'on peut voir sur des coupes que dans les points où la massue a quitté sa place à la surface du derme il se trouve un vide entre les cellules épidermiques ordinaires entourant Tor- gane et la partie de ce dernier qui est déjà arrivée à cet endroit; ce vide, qui ne se colore nullement par le picrocar- minate, est rempli de vacuoles semblables à celles situées sous la base et continues avec ces dernières. 11 en résulte que la massue est enveloppée d'une sorte de réseau de matière granuleuse rempli d'un liquide clair et transparent (pi. 1,%. 55 à o7, etpl. II,fig. 1). Ce réseau et la masse colorée en jaune par le picrocar- minate sont-ils entourés d'une membrane cellulaire ou bien ne sont-ils séparés par rien des cellules épidermiques envi- ronnantes ? F. E. Schulze (1) croit que les massues sont dépourvues de membrane : « Da es mir niemals gelungen ist, an der Oberflâche der Kolben eine Membran nacbzuweisen, nelmie ich an, dass sie wie so viele Zellen membranlos sind und muss nach der Art und Weise wie die bei Druckwirkungen auf frische Kolben beobachteten Formveranderungen dersel- ben erfolgen, ihnen eine zàh oder dickflûssige Consistenz zuschreiben. » (1) M. Schuitze, Archiv. f. mikrosk. Anatornie. Bd. 3, p, i56. ( 632 ) Pour moi il n'y a plus de doute que les massues ne possèdent une membrane cellulaire. En examinant des massues peu éloignées du derme et entourées de ces vacuoles dont je viens de parler,] ai vu deux fois, dans l'es- pace transparent existant entre la massue et les cellules épi- dermiques, une striation longitudinale excessivemeut fine que l'on aperçoit seulement avec de forts grossissements et un excellent éclairage (pi. II, fig. 1). Cette striation ne peut pas évidemment provenir des vacuoles; elle n'appartient pas non plus à la massue proprement dite , puisqu'elle reste incolore par le picrocarminate ; on doit donc la consi- dérer comme étant due à une membrane enveloppant la massue, ou plutôt, le contenu de la massue qui se colore en jaune ; celui-ci serait expulsé à l'extérieur, tandis que l'espace circonscrit par la membrane et comblé primitive- ment par ce contenu se remplirait d'un réseau de matière granuleuse. Quant à la force qui fait sortir la matière colorée en jaune, on pourrait admettre que c'est ce réseau qui, soit qu'il se forme en ce moment, soit qu'il existât déjà, aug- mente en volume, et se remplit d'un liquide provenant probablement de la massue même ; ce pliénomène aurait pour résultat l'élimination lente de la massue à l'exception de la membrane, puisque ce serait à son intérieur qu'il se produirait. Ce qui me fait supposer que le liquide, qui doit remplir le vide laissé par la massue , peut venir de cette dernière, c'est que, détachée du derme, elle est presque toujours et peut-être toujours d'un volume moindre que l'espace occupé par elle lors de son contact avec le derme. De plus, dans ma description de ces organes, j'ai signalé leur partie supérieure comme ne se colorant pas ou pres- que pas en jaune par le picrocarminate; ce fait existe dans ( 633 ) les massues encore attachées au derme, tandis que celles qui ne le sont plus ne présentent pas cette absence de colo- ration. Il se pourrait donc fort bien que cette dernière fût due à l'existence d'une plus ou moins grande quantité d'un liquide clair qui, étant expulsé, remplirait les vacuoles; ce liquide restant incolore dans le picrocarminate, rendrait la partie supérieure des massues en contact avec le derme peu colorée, tandis que la même partie des éléments éloi- gnés de celui-ci serait fortement colorée par suite de l'ab- sence de ce liquide. En outre, l'expulsion de ce dernier ferait comprendre la diminution de volume que subissent les massues lorsqu'elles gagnent les couches superficielles de l'épiderme. Les massues sont situées entre les autres cellules épider- miques et répandues à peu près sur toute la surface de la peau ; tantôt elles sont en nombre tellement considérable qu'elles semblent se toucher, tantôt elles sont disséminées çà et là dans l'épiderme. Dans certains points du corps elles manquent totalement, comme on peut le constater à la ligne ventrale et à la cornée de l'œil. Sur les nageoires elles sont peu nombreuses, et sur les lèvres elles sont très-rares. La méthode qui m'a le mieux réussi pour la dissociation de ces organes est l'emploi de l'alcool à 16°; mais si ce liquide agit trop longtemps, les massues se déforment, se se contractent, et les striations prennent une autre direc- tion : elles deviennent tortueuses et très-irrégulières. Les massues traitées par le liquide de Mûller s'allèrent, se con- tractent, se creusent de cavités à bords tranchants, les stria- tions n'y sont pour ainsi dire plus visibles et il semble que les massues sont comprimées par les cellules voisines; enfin, par l'action de ce réactif, elles prennent les formes les plus bizarres (pi. I, fig. 59; pi. lî, fig. 4). 2"*^ SÉRIE , TOME XLI. 41 ( 634 ) La iiiatière colorante donnant les meilleurs résultats est sans contredit le picroearminate d'ammoniaque qui, comme je l'ai déjà dit, présente l'avantage de ne colorer en jaune que les massues, et par là il permet de distinguer immédiatement ces éléments, quelque petits qu'ils soient et quelle que soit leur situation , de toutes les autres cellules épidermiques. Le rouge d'aniline donne aux massues une coloration rouge très-intense et uniforme; cependant la partie supérieure, dans les préparations alcooliques, est peu colorée. Le bleu d'aniline les colore en bleu fortement et uniformément; toutefois dans les préparations alcooli- ques le col se colore moins. Le carmin de Beale teint les massues en rose et les noyaux en rouge, le col et la partie supérieure restant à peu près incolores après un séjour de vingt-quatre beures. L'hématoxyline est avec le picroearminate un réactif pré- cieux pour l'étude des massues ; il ne les colore pas du tout, à l'exception de leurs noyaux qui prennent une coloration violet-foncé; par ce liquide il est facile de reconnaître la présence, la forme et le nombre exact de ces derniers. Telles sont les massues chez le Petromyzon fluviatilis. Chez le Petromyzon planer i, ces formations ont à peu près les mêmes caractères; seulement ici j'ai observé des formes beaucoup plus jeunes que chez le Petromyzon flu- viatilis. Celles-ci affectent la forme de lentilles plans- convexes dont les bords seraient déprimés; elles ont deux noyaux et possèdent une striation concentrique à ces noyaux (pi. II, fig. 44). D'autres jeunes massues sont coniques avec la même striation et le même nombre de noyaux situés plus ou moins profondément dans ce corps et à des distances variables l'un de l'autre (pi. III, fig. 2 et 4). Les autres formes de ( 63d ) massues sont peu différentes de celles de Fespèce précé- dente, cependant la cavité centrale y est souvent nette- ment distincte. Je n'ai jamais observé que deux noyaux, en me servant de l'hématoxyline ou du picrocarminate, et non trois comme le mentionne H. Mûller (1) : « Es ist der obère gewolbte Theil der Zelle inimer noch der blasseste, es zieht sich von ihm manchmal sehr dcutlich, manchmal nur angedeutet ein kanalarliger Raum in die Tiefe, in welchem 2, manchmal 5 Kerne liegen, in sehr verschiedener Hohe, manchmal aneinander gedràngt, manchmal von einander entfernt. » Je n'ai jamais vu non plus ces massues qui, d'après ce même auteur, présenteraient à leur base une ou plusieurs fossettes dans lesquelles s'engageraient de jeunes cellules épidermiques ordinaires : « Un ter manchen Kolben stand eine jimgo Zelle, deren oben abgerundetes Ende in einer tiefen Ilôhle des Kolben steckte. Bei Profdansicht ragle so die untere, stark licht- brechende Partie des Kolbens in 2 Spitzen neben der jungen Zelle eine Strecke weit herab. Unter andern Kolben sianden sehr regelmàssig 2 Zcllen in âhnliche Gruben an jenen eingesenkt. Anderemale entstand auch hier eine einzige Spitze unten am Kolben, oder dieser war durch Anlagerung mehrerer, grôsserer oder kleinerer, und zu verschiedener Hôhe reichender Zellen an seinem unteren Ende unregelmâssig und mehrfach ausgebuchtet. Die Kol- ben waren dabei von sehr verschiedener Lange, manche kaum hôher als breit (2). » (1) Wurzburger naturw. Zeitschrift. Bd. V, 18G4, p. 44. (2) Ibid., pp 46 cl 47. ( 656 ) Chez le planeri, je n ai pas toujours observé la striation longitudinale inférieure , mais alors le col était d une peti- tesse extrême ou bien faisait complètement défaut; là où il existe un col assez volumineux pour qu'on puisse en déchif- frer la structure, /ai toujours vu la striation longitudinale semblable à celle que l'on rencontre chez le Petromijzon fluviatilis (pi. II, fig. 42). Beaucoup de massues, nucléées et sans col ont la forme de sphères ou d'ovoïdes; seule- ment je ne puis affirmer si elles sont encore en contact avec le derme ou si elles en sont déjà écartées. A ce propos Max Schultze (1) dit avoir rencontré des massues dont la cavité centrale possédait un orifice inférieur. « Eigenthûmlich fand ich die Gestalt der Kolben bei einem Exemplare von Petromyzon planeri, insofern die- selben hier mehr oval oder in der Form einer unten ab- gestutzten Glasglocke erschienen. Das Protoplasma setzte sich bei diesen von der Mitte in eincn bis an das untere Ende reichenden Canal fort, welcher so weit war, dass oft einer von den beiden runden Kernen , die stets im Proto- plasma gefunden werden, in diesem Canal ganz nahe am unteren Ende lag. Ich habe solche Zellen in Fig. 6 a und h abgebildet. » Cet auteur s'est évidemment trompé sur la position de ces cellules, et la partie rétrécie est supérieure au lieu d'être inférieure comme il le prétend. Souvent chez le planeri les massues semblent se ter- miner supérieurement par un orifice de forme irrégulière, en continuité avec le canal central; ce dernier, de longueur et de calibre très-variables, se moule fréquemment sur les deux noyaux. Ceux-ci, ronds et uninucléolés, sont situés (1) ReicherCs u. du Bois-Beymond's Archiv. p. 299. ( 637 ) plus ou moins l'un près de l'autre et plus ou moins profon- dément dans le corps, car, pas plus que chez le fluvialilis, on ne les rencontre jamais dans le col. Les striations sont les mêmes que dans l'autre espèce. Je n'ai pu faire, il est vrai, chez le planeri des coupes parallèles à la surface de la peau et me convaincre par ce moyen que les massues semblaient, comme chez le fluviatilis Jormées de lamelles concentriques; mais en observant des formes très-jeunes, placées de telle façon que leur base regardait en haut, j'ai vu que cette base présente la même structure que les coupes transversales des massues de l'espèce précédente (pi. III, fig. 3 et 4). De plus, ces jeunes éléments, traités par le picrocarminate, montrent parfois au centre de leur base une tache claire, comme l'orifice d'un canal qui s'éten- drait jusqu'au derme. Cette faible coloration centrale vient de ce que la cavité de la massue arrivant jusque tout près du derme, il n'y a qu'une très-faible quantité de substance entre le fond de la cavité et le derme; et cette petite cou- che vue par transparence tranche par sa faible coloration sur le restant de l'organe coloré en jaune foncé. Il est facile de s'assurer qu'il en est ainsi, car jamais de profil on ne voit ce canal s'étendre jusqu'au derme, bien qu'il soit par- fois très-profond. Enfin chez le planeri, beaucoup de massues présentent un corps rétréci supérieurement et à l'extrémité duquel se trouve 1 ou 2 noyaux paraissant être sur le point de sortir delà cellule (pi. Il, fig. 41). Bien que le liquide de Millier altère fortement ces éléments, je n'ai jamais obtenu sur des préparations faites avec ce réactif, de massue bifurquée ou ramifiée; il en est de même pour les cellules dissociées par l'alcool à 16°. ( 638 ) Contrairement à ce qu'a vu H. Mûller (1), c'est chez rAmmocète que j'ai trouvé les formes les plus jeunes de massues : « In der ersten Hinsicht muss ici) sagen, dass ich die zahireichen jungen Formen von Kolben bloss bei den Pe- Iromyzonten, nicht bei dem sogennanten Ammocœtesgese- hen habe. » Elles se présentent sous Taspect de petits corps sphé- riques, coniques ou irréguliers situés sur le derme, qui est d'ordinaire légèrement déprimé aux points où il est en contact avec eux (pi. III, fig.25à29). Elles offrent autour d'une masse centrale, striée et colorée en jaune par le pi- crocarminate, un espace clair et transparent non coloré, entourant toute la cellule, à l'exception de la partie qui est en rapport avec le derme. Ces organes semblent donc posséder probablement à l'origine une membrane que plus tard, dans les formes âgées, on ne peut distinguer de leur contenu propre. Dans les phases plus avancées apparaît un noyau; la striation devient plus nette, se présente comme légèrement concentrique; dans la suite on y voit 2 noyaux entourés d'un peu de protoplasme, et situés à la partie su- périeure du corps central, dans un espace incolore continu avec celui qui se trouve autour du corps. La partie supé- rieure de ce dernier est légèrement déprimée par les noyaux et le protoplasme; cette dépression s'accentue avec l'âge, de sorte qu'il y a là tendance à la formation d'une cavité où se logeront les noyaux et le protoplasme, et dont la paroi interne sera constituée parla partie primitivement supérieure du corps de la massue. Ce corps prend en gran- (1) Wiirzburger naturw. Zeitsclirift. 1864, Bd V, p. 49. ( 639 ) dissant une strialion de plus en plus concentrique, sauf à la partie inférieure où elle reste longitudinale. Les striations s'accentuent avec l'âge, de telle sorte que, dans les formes les plus avancées, on a supérieurement une striation concentrique, plus bas une transversale et infé- rieurement une longitudinale. D'autres fois les massues âgées ont seulement une striation transversale et sont munies d'une cavité centrale s'étendant à peu près dans toute la hauteur de la cellule (pi. IH, fig. 30 et 31). De même que chez le fluviatilis et le planeri, si on examine la base de ces massues ou des coupes perpen- diculaires à leur longueur, on voit que ces organes parais- sent formés de lames concentriques à une cavité centrale renfermant les noyaux et il semble parfois qu'ils se ter- minent supérieurement par une orifice (pi. Dl, fig. 30, 33, 34 et 35). Enfin chez l'Ammoccte toutes les massues ne restent pas en contact avec le derme. H. Mûller (I) dit à ce propos : « Endlich kam es aber auch vor, (bei Ammocœtes) dass die sâmmtlichen Kolben , soviel ich sehen konnte, mit ihrer Basis die Cutis berûhrten. » Or, par des coupes transversales, j'ai pu m'assurer que parmi ces massues il y en a qui s'écartent du derme et que d'autres sortent même de l'épiderme pour s'étalera sa surface (pi. III, fig. 37). Les massues font complètement défaut au devant de l'œil chez le planeri. Chez l'Ammocèle ces éléments sont peu nombreux à la (1) Wurzburger naturw. Zeitschrift. 1864, Bd. V, p. 4" ( 640 ) face supérieure de la tête, manquent totalement aux lèvres et existent à la ligne ventrale, ce qui n'a pas lieu chez le fluviatilis. CELLULES GRANULEUSES. Ce fut Kôlliker (1) qui décrivit le premier ces éléments comme des cellules sphériques ou piriformes, nucléées, d'apparence granuleuse et d'où partent un ou plusieurs prolongements dirigés vers l'extérieur. Max Schuitze (2) montra que Kôlliker s'était trompé sur la position de ces cellules et que les prolongements étaient dirigés non pas vers la surface libre de l'épiderme, mais, au contraire, vers le derme. Il examina en outre les pro- priétés optiques de ces formations, trouva que leurs gra- nulations et leurs prolongements, quoique fortement ré- fringents, ne sont pas biréfringents et rejeta les idées de Kôlliker relatives à leur fonction. Heinrich Mûller (5) fit mention de ces cellules et con- stata une relation entre elles et les massues. Franz Eilhard Schulze (4) s'occupa également de ces cellules granuleuses et en donna une description détaillée, mais fautive sur plusieurs points, ainsi que nous allons le voir. Ce sont d'après lui de grandes cellules nucléées rem- plies de granulations; à l'intérieur de ce corps cellulaire est un organe particulier d'où partent les prolongements dirigés vers le derme. Enfin Langerhans cite aussi ces cellules, mais il (i) WUrzburger naturw. ZeUschrift. Bd. I, Heft I, p. 7. (2) Rcicherrs u. du Bois-Reymond's Arcliiv. 1861, p. 291. [ô) WUrzburger naturw. ZeUschrift, 186-4, Bd. V, p. 45 et 51. (4) M. Schuitze, Archiv. f. mikrosk. Anatomie. Bd. 3, p. 162. ( 6U ) n'a rien observé qui pûl être ajouté aux travaux de F. E. Schuize. Voici comment ces cellules granuleuses se présentent chez \e Petromyzon flumatilis : Elles sont situées surtout dans la partie moyenne et dans la partie supérieure de répiderme, logées là entre les cellules ordinaires et les cellules en massue, et souvent elles se trouvent si près de la surface, qu'elles ite sont plus séparées de l'extérieur que par une partie du corps et la paroi canaliculée des cellules de la couche la plus externe. Plusieurs fois j'ai rencontré ces éléments en contact avec le derme, mais alors ils étaient irès-petits. En général les cellules les plus superficielles sont aussi les plus volu- mineuses ; toutefois on trouve souvent de petites cellules granuleuses dans les couches tout-à-fait supérieures et également de très-grandes cellules granuleuses dans les couches moyennes. D'ordinaire ces cellules sont très- nombreuses, parfois même si nombreuses que, sur des coupes transversales, elles sont dans les couches supé- rieures, sur une plus ou moins grande étendue, pour ainsi dire en aussi grande quantité que les cellules ordinaires. Ailleurs elles manquent complètement : ainsi à la ligne ventrale, aux lèvres et à la cornée de l'œil. Aux nageoires elles sont très-peu abondantes. Ce sont des cellules de volume variable, sphériques, ovoïdes, piriformes, parfois même, mais beaucoup plus rarement, assez allongées. Les cellules sphériques qui se rencontrent le plus souvent peuvent avoir un diamètre de 0,015à0,020™r Elles se composent d'une membrane cellulaire mince assez résistante, remplie d'un contenu particulier et d'où partent un ou plusieurs prolongements (pi. II, fig. 13). ( 642 ) Leur noyau unique, rond ou légèrement ovale possède un seul nucléole brillant, et est situé soit au centre du corps, soit plus ou moins près de la membrane cellulaire. L'intérieur de la cellule est rempli de granulations sphé- riques, très-réfringentes, mais monoréfringentes, de volume assez considérable et dont la grosseur varie avec la grandeur des cellules. Leur diamètre est de 0,0009 à 0,0014'"'". Dans la même cellule elles ont un volume assez uniforme et se trouvent répandues en grand nombre dans une matière fondamentale d'apparence fluide. Ce qui tend à prouver que telle est la consistance de celte matière fon- damentale, c'est que si l'on durcit un morceau de l'épi- derme de l'Ammocète dans de l'acide chromique à 1 pour 200, et que l'on y pratique des coupes soit transversales, soit parallèles à la surface libre de la peau, on voit la sub- stance fondamentale subir un retrait autour de chaque gra- nulation (pi. III, fig. 46). Ce fait est surtout bien visible si l'on traite une telle préparation chromique par le picro- carminate d'ammoniaque; comme celui-ci colore la sub- stance fondamentale et les granulations en jaune-brun, il apparaît un petit anneau circulaire complètement incolore autour de chacune de ces dernières. Outre ces granulations, j'ai observé plusieurs fois parmi elles de petits globules sphériques, à contours très-foncés, de volume égal ou inégal, mais beaucoup plus considéra- ble que celui des granulations ordinaires, jusqu'à même atteindre à peu près la grosseur du noyau (pi. II, fig. 25). Ils ont de 0,0019 à 0,0029""'", et sont en nombre irré- gulier, 1,2, 5, 4 et quelquefois plus dans la même cellule, tantôt très-près l'un de l'autre, tantôt assez éloignés. Leur position est très-superficielle; ils sont situés immédiate- ment sous la membrane cellulaire et paraissent être de petites gouttelettes de substance graisseuse. ( 645 ) De ce corps cellulaire granuleux partent un ou plusieurs prolongements filiformes, beaucoup plus délicats que ne le figure F. E. Schulze; ils sont d'aspect homogène, et diri- gés vers le derme, comme le montra Max Schultze, car si leur position était telle que l'avait pensé Kolliker, ils feraient de beaucoup saillie en dehors de l'épiderme. C'est ce dont on peut, du reste, s'assurer par de fines coupes transversales. Ces prolongements sont probable- ment formés d'une membrane d'enveloppe très-mince, continue avec la membrane du corps de la cellule, et d'un contenu homogène assez réfringent, semblable à la sub- stance fondamentale du corps; cependant on ne peut y apercevoir une membrane distincte du contenu du prolon- gement. Leur épaisseur diminue à mesure qu'ils se rap- prochent du derme. Ils sont en partie rectilignes; mais il est très-plausible d'admettre que, suivant les contours des cellules sous-jacentes, ils décrivent un trajet plus ou moins onduleux. Ce n'est qu'une hypothèse, car il est très- difficile, pour ne pas dire impossible, d'obtenir sur une coupe tout le trajet d'un de ces prolongements depuis la cellule granuleuse jusqu'au derme. J'ai vu plusieurs fois, sur des préparations au liquide de Millier, des cellules granuleuses dont un des prolonge- ments, après un parcours plus ou moins long, se divisait en deux branches de même grosseur que le tronc primi- tif; de plus, à l'endroit où avait lieu la bifurcation, il exis- tait un épaississement assez considérable (pi. II, fig. 18). Quant à savoir de quelle manière ces prolongements se terminent à la surface du derme, il est assez difficile de s'exprimer avec certitude sur ce point. Car si la coupe transversale n'est pas extrêmement mince, et si elle ne contient pas le prolongement en entier, on ne peut dis- ( 644 ) tinguer Pextrémilé profonde de ce dernier des pédicules grêles que possèdent certaines cellules épidermiques dont j'ai fait mention précédemment; et ici les moyens de co- loration ne peuvent être utilisés , car, à raison même de la petitesse de ces deux sortes d'éléments, on ne peut con- stater sur des coupes fines aucune différence entre eux. Cependant j'ai obtenu quelquefois des cellules dont les prolongements se terminaient par une base un peu élargie, semblable à celle des cellules stipitées, et pour ce motif je suis porté à croire que telle est la façon dont se présente l'extrémité de ces prolongements. Si je n'ai pu obtenir plus souvent ce résultat, c'est que ces prolongements sont très-délicats et qu'ils se brisent facilement lors de leur séparation du derme, d'autant plus que pour obtenir de bonnes préparations j'ai dû faire usage du liquide de Mill- ier. En faisant macérer l'épiderme du Petromyzon fluvia- tilis pendant quelques jours dans le liquide de Millier, on obtient des préparations dans lesquelles les prolongements des cellules granuleuses sont beaucoup plus gros que ceux des préparations faites avec un épiderme qui a séjourné 24 à 48 beures dans l'alcool à 16*^. De plus, par le premier procédé ces prolongements présentent souvent des épais- sissements et des irrégularités de volume sur leur trajet , tandis que par la seconde méthode ils sont très-minces et beaucoup plus réguliers, en outre ils sont beaucoup plus longs (pi. n, fig. 15). W est probable que le liquide de Miiller a pour effet de dilater ces prolongements, et l'alcool de les contracter; il est aussi possible que ce dernier réactif les rende plus fermes et moins cassants, de sorte que, sur les prépara- tions alcooliques, on est toujours sur d'obtenir des cellules granuleuses avec des prolongements beaucouf) plus longs ( 645 ) et plus délicats que sur les préparations faites par l'autre méthode. Franz Eilhard Schulze dit que le nombre des prolon- gements qu'il a trouvé est d'ordinaire peu considérable. « Solcher Fortsâtze fand ich gewôhniich zivei, seltener drei oder vier, und wo sich nur einer erkennen liess, bliebes mir stets zweifelhaft, ob nicht der andere abge- brochen sei (1). » J'ai, au contraire, trouvé très-souvent 5, 4, S prolonge- ments et plus (pi. II, fig. 15, 15, 27). Le plus fréquem- ment 2 et 3, rarement \ . Ces prolongements, s'ils sont au nombre de 2, naissent du corps de la cellule, tantôt très- près l'un de l'autre, de manière à former entre eux un angle très-aigu, tantôt assez loin l'un de l'autre en for- mant un angle plus ou moins obtus. Souvent quand il y a 3 prolongements, 2 naissent très-rapprochés, le troisième étant assez distant des deux premiers, ou bien tous les trois sont l'un à côté de l'autre. II en est de même pour un nombre plus considérable : 4, 5, 6 prolongements; en un mot quel que soit le nombre de ces parties, elles peuvent naître de tous les points de la cellule, et il n'existe au- aucune distribution constante des prolongements pour les différentes cellules. Cependant on peut dire qu'en règle générale ils parlent de la partie inférieure du corps. J'ai observé deux fois des directions assez singulières de ces prolongements. Dans une préparation faite avec un épiderme traité par le liquide de MiïUer et dissocié, j'ai vu dans un groupe de cellules restées en place, sous la couche la plus superfi- cielle de l'épiderme , une cellule granuleuse du pôle supé- (1) M. Schultze, Archiv. f. mikrosk. Anatomie, Bd., III, p. 165. ( 646 ) rieur de laquelle partaient distinctement deux prolonge- ments. Ceux-ci, après s'être portés vers l'extérieur, se recourbaient brusquement pour se diriger vers le derme. Une autre fois, dans un épiderme traité de la même façon, j'ai obtenu une cellule granuleuse, située vers le mi- lieu de l'épiderme, et encore entourée des cellules voisines. Des extrémités de cette cellule partaient deux prolonge- ments, l'un supérieur s'engageant en ligne droite entre les cellules des couches supérieures, l'autre inférieur se diri- geant de la même façon vers le derme. Cette dernière dis- position, je l'ai rencontrée plusieurs fois sur des éléments isolés qui présentaient donc deux prolongements situés aux extrémités d'un même diamètre de la cellule (pi. n,fig. 19). Cependant comme je n'ai jamais vu sur des coupes trans- versales les prolongements des cellules granuleuses dirigés vers l'extérieur, mais toujours vers la surface dermatique, et que, de plus, ce que j'ai observé dans ces deux cas peut bien être un résultat artificiel de la préparation, je m'en tiendrai exclusivement aux prolongements dirigés vers le derme et je regarderai cette direction comme étant la seule exacte, jusqu'à ce que des recherches plus précises soient venues rendre probable l'opinion opposée. Quant aux rapports de ces cellules avec leurs prolongements Franz-E. Schulze dit (1) : « Ganz besonders merkwûrdig ist aber ihr Verh'àllniss zum Zellkôrper seibst. Dièse hellen Fortsâtze dringen nâmiich an zvvei verschiedenen Stellen in das Innere des Zellkôrpers also zwischen die Kôrner ein und verbinden sich hier zu einem scharf und glatt begrenzten Zirkelkopf- àhnlichen Gebilde von dem nàmlichen optischen Verhal- (1) M. Schultze. Archiv. f. mikrosk. Anatomie^ Bd. III, p. 165. ( 647 ) ten , welches ihuen selhst eigen ist, Ein solches Verbin- dungsstîick liegt gewôhnlich in der Mitte des Zellenkôrpers, besitzt ein obères etwas angeschvvollenes, kugelig abgerun- detes Ende und zeigt in verschiedenen Zellen etwas ver- schiedene L'ange. Dièse betrâgt etwa 1/3 desZellkorpers und ûbertrifft die eigene Breite um das Doppelte oder Dreifache. Da die Yerbindung der beiden (oder der drei) an verschiedenen Slellen die Membran durchselzenden fadenartigen Fortsàtze unter eineni spitzen Winkel stets erst innerhalbder Zellmembranerfolgt, so bleibt zwischen der Verbindungsstelle und deni darunterliegenden Theile der Membran noch ein Raum iibrig, der auch von Kôrnern ausgefiillt ist (Taf. Vlll. Fig. 5, 5 u. 6). Bisweilen ist es mir gelungen beim Zerzupfen der in Miillerscher Lôsung macerirten Neunangenepidernis die Zellmembran zu zer- reissen. Alsdann liessen sich die nun frei gev/ordenen Korner leicht wegschwemrnen, und es blieben die fade- nartigen Fortsâlze mit ihrem kolbigen Yerbindungsstiïck jsolirt iibrig (Taf. VIII. Fig. 5, 6). Je dois dire que non-seulement je n ai jamais vu cet organe , que F.-E. Scbulze décrit sous le nom de Zirkelkopf- àhnlich Gebild, à propos de l'union des prolongements à l'intérieur des cellules, 7nais encore j'ai pu me con- vaincre de la façon la pins certaine ([iiil ri existe pas. En opérant comme l'indique cet observateur, c'est-à- dire en examinant une cellule isolée, en la faisant rouler lentement sous la lame à recouvrir et en employant les mêmes procédés de préparation que lui, je suis arrivé aux résultats suivants: si l'on observe une cellule ne présentant qu'un seul prolongement, en ayant soin d'amener ce der- nier de façon qu'il ne soit nullement caché par le corps cellulaire, on voit que la membrane du corps se continue ( 648 ) avec le bord du prolongement pour lui former une sorte de gaine remplie par la substance homogène du prolongement et confondue avec celle-ci (pi. II, fig. 15, 16, 17). La membrane n'entoure pas en entonnoir la base du prolon- gement, comme le dit F.-E. Schulze; c'est, au contraire, la membrane cellulaire même qui forme une partie du prolongement : « An der Oberflâche einer solchen Kornermasse habe ich eine zarte und wie es scheint ziemlich feste Membran gefunden, welche den ganzen rundlichen Zellenkôrper umschliesst und trichterartig auf die Fortsâtze iïber- geht (1). » Si le fait avancé par cet auteur était exact, on devrait voir un double contour à la naissance du prolongement; je n'ai pas observé ce double contour: il n'existe pas. Le corps cellulaire s'étire en quelque sorte pour former le prolon- gement; mais il n'y a que la substance fondamentale qui pénètre dans ce dernier, les granulations s'arrêtant à son origine. En amenant le prolongement de telle façon que sa base apparaisse au milieu de la cellule, c'est-à-dire de manière qu'il soit en partie situé au-dessus de cette cel- lule, on voit à ce point le corps s'élever en un petit cône et, par suite de la transparence de ces éléments, il semble que le prolongement parte du centre môme de la cellule, alors qu'il part en réalité de sa surface. Il est facile de s'assurer de ce fait, soit en élevant ou abaissant le tube du microscope, suivant que le prolongement est supérieur ou inférieur à la cellule, soit en amenant celle-ci dans la position de la fig. 16. Si l'on considère maintenant une cellule à plusieurs pro- (1) M. Schuitze, Archiv f. mikrosk. Anatomic. Bd III, p. 163. ( 649 ) loiigements ou, pour plus de simplicité, une cellule n'en présentant que deux, et si on la fait rouler de manière à l'amener dans une position telle que les deux prolonge- ments soient libres, c'est-à-dire bien isolés, sur le même plan horizontal que le corps et nullement recouverts par ce dernier, on voit la membrane cellulaire et les granulations se comporter de la même façon que dans la cellule à un prolongement. Alors on observe que les granulations s'ar- rêtent à l'origine des prolongements et qu'une partie de la membrane les réunit entre eux (pi. II, fig. 16). Parmi ces granulations on distingue le noyau avec son nucléole. En faisant rouler la cellule jusqu'à ce que les deux pro- longements soient au-dessus du corps, rabattus sur lui et le recouvrant en partie, comme le montre la fig. 22, pi, II, on obtient une cellule granuleuse, avec noyau, dont l'aspect rappelle assez bien ce qu'indique F.-E. Schuize (i). Dans ce cas les deux prolongements sont réunis entre eux par une ligne courbe à concavité inférieure, et qui n'est autre que la partie de la membrane cellulaire située entre leurs bases; cette partie est à la vérité très-petite, mais ici les deux prolongements sont très-rapprochés. Si les prolonge- ments étaient plus éloignés l'un de l'autre que ne l'indique la figure précédente, ainsi que cela se rencontre assez souvent, cette ligne courbe et par conséquent cette partie de la membrane cellulaire serait plus grande; si, au co!i- traire, les prolongements sont plus rapprochés, cette ligne courbe sera évidemment plus petite. Tandis que les deux prolongements sont réunis entre eux par la portion de la membrane cellulaire qui les environne, jamais ils ne le sont à leur partie supérieure de manière à représenter (1) M. Scliullze, Arc/iiv. f. mik. Ami. Bd. III, Taf. VIII, fig. 3 a. 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 42 ( 6oO ) la tête de compas figurée par F.-E. Schulze. En continuant à faire mouvoir la cellule granuleuse, si l'on arrive à placer le noyau précisément à Fendroit où naissent les deux prolongements (pi. Il, fig. 23), il semble que ceux-ci pénètrent dans l'intérieur de la cellule et s'y réunissent à un organe en forme de tête de compas. Dans ce cas le noyau situé à la partie supérieure de cette prétendue tête paraît en compléter le commencement, comme je l'ai repré- senté pi. II, fig. 22 ; cet organe de réunion n'existe pas en réalité et n'est qu'une illusion. En outre, jamais on ne verra de noyau à côté de cette tête de compas imaginaire, bien que F.-E. Schulze prétende en avoir vu toujours un à côté de son Zirkelkopf-àhnlich Gebild, et il dit à ce propos (1) : 4 Ich habe mich nun sehr hâufig und auf dasDeutlichste davon ûberzeugen kônnen, dass ausser jenem Verbin- dungsstiick noch ein besonderer blàschenformiger Kern von kugliger Form, wasserhellem Inhalte und kleinera glânzenden Kernkôrperchen vorhanden ist. Derselbe ist nichtgross und liegt gevvôhnlich neben, seltener iiber dem oben beschriebenen Verbindungsstiick (Taf. VIII. Fig. 3, 5u. 6).ï> On obtiendra une illusion à peu près semblable en don- nant à la cellule la position indiquée fig. 24, pi. II, où les deux prolongements, amenés à la face supérieure de la cellule et rabaltus à droite et à gauche, semblent réunis par un corps central particulier, qui n'est autre que la portion du corps cellulaire comprise entre eux. De plus, dans ces cellules où les prolongements paraissent naître du milieu de la masse granuleuse, la membrane cellulaire n'est pas (i) M. Schultze,i4rc/iw/. mikrosk. Anatomie. Bd. lïl, p. 164. ( 6d1 ) interrompue au niveau des prolongements comme l'indique F.-E. Schulze. Au contraire, on la voit par transparence en travers des prolongements, ce qui doit évidemment avoir lieu, attendu que ces prolongements sont situés soit au-dessus, soit au-dessous du corps cellulaire. On peut encore s'assurer qu'il en est ainsi, et que la tête de compas n'existe pas réellement, si l'on amène une cellule à deux prolongements, dans une position telle que l'un de ses prolongements soit dans le même plan que le corps, et que l'autre soit un peu au-dessus de lui (pi. II, fig. 25). Alors ce dernier semble sortir de l'intérieur de la cellule, tandis que l'on voit nettement l'autre prendre son origine à la surface du corps. Si la cellule granuleuse présente plus de deux prolon- gements, on se convainct facilement que, comme dans les cellules précédentes, il n'y a pas d'organe de réunion central pour les prolongements et l'on voit ceux-ci se com- porter de la même façon que dans les cellules à deux pro- longements (pi. II, fig. 15, 15, 26). Ces faits sont d'autant plus visibles que ces parties nais- sent de points plus éloignés l'un de l'autre à la surface du corps. Souvent on observe (pi. II, fig. 2o) des cellules à trois prolongements, dont deux semblent réunis par une tête de compas, mais dont le troisième n'est nullement en rapport avec eux , et la figure que donne F.-E. Schulze est tout à fait défectueuse (1). Quant à l'espace dont parle cet auteur, espace placé entre le point d'union des prolongements et la partie de la membrane sous-jacente, rempli de granulations et visible lorsque la cellule présente la position des figures 22, 25, il n'est que la partie du (1) M. Schu1tze,fig. 3 c, Taf. VIII. ( 652 ) corps de la cellule située entre les deux prolongements. Ceux-ci, rabattus sur la masse granuleuse, interceptent nécessairement entre eux et sous eux une portion plus ou moins considérable de cette dernière; cette portion, qui paraît être en contact avec les prolongements, leur est au contraire inférieure, ainsi que l'on peut s'en assurer en changeant le foyer du microscope ou en amenant la cellule de manière que les deux prolongements soient sur le même plan horizontal que le corps (pi. II, fig. 16). Enfin, soit par compression, soit par dilacération, je suis parvenu à déchi- rer quelques-unes de ces cellules et à isoler leurs prolon- gements et leurs granulations; mais jamais, ainsi que je l'avais déjà observé sur des cellules entières, je n'ai obtenu de tête de compas et l'on ne peut en obtenir bien que F. E. Schulze prétende en avoir constaté l'existence et même en avoir séparé du restant de la cellule (1). D'or- dinaire à côté des granulations disséminées çà et là, j'avais un prolongement avec la partie évasée de la membrane cellulaire qui lui donne naissance (pi. Il, fig. 27); d'autres fois au lieu d'un seul prolongement il y en avait plusieurs présentant chacun les mêmes caractères. Par l'examen d'un grand nombre de coupes je n*ai pu davantage vérifier les résultats de F.-E. Schulze; cepen- dant, dans beaucoup d'entre elles, j'ai observé, au milieu des granulations et àcôté du noyau, une masse assez réfrin- gente, de forme variable (pi. ï, fig. 1),ronde, ovale, allongée, parfois très-irrégulière, à contours bien nets ou diffus, qu'on pourrait prendre, au premier abord, pour la coupe de la tête de compas dont parle F.-E. Schulze. Mais par un examen attentif on se convainct facilement que ce corps (1) M. Schultze, ^rc/uv. Z'. mikrosk. Anatomie. Bd. III, pJ 63, /oc. cî7a/. ( 653 ) ne ressemble pas à ce que décrit cet observateur, et qu'il n'émet jamais de prolongement dépassant la membrane cellulaire, ni même l'atteignant. On n'a pas non plus de peine à s'assurer que ce n'est qu'un nombre plus ou moins considérable de granulations qui se sont fusionnées avec la substance fondamentale j fusion occasionnée probablement par les réactifs employés. Ce qui vient à l'appui de cette opinion, c'est que ce corps se continue d'ordinaire, sans ligne de démarcation aucune , âxec la matière qui rem- plit le reste de la cavité cellulaire, et cette petite masse centrale offre alors des contours crénelés parce que les granulations qui l'entourent immédiatement sont moulées sur elle. En considérant ce fait et ce que je viens de décrire concernant les cellules granuleuses dissociées et les illu- sions qu'elles produisent, on s'explique fort bien comment F.-E. Schulze a pu être induit en erreur. En conséquence, on doit conclure que ces cellules granuleuses sont de simples cellules munies de prolonge- ments naissant, comme ceux des cellules nerveuses, du corps même de la cellule et n'y pénétrant pas pour venir se réunir à un organe central spécial, distinct du contenu cellulaire. Quant au mode de développement de ces organes, je les considère comme des cellules épidermiques modifiées. Ce qui parle en faveur de cette idée, c'est que ces éléments sont en général d'autant plus petits qu'ils se trouvent plus près du derme, et que les prolongements se terminent, comme je lai plusieurs fois constaté, par une petite base élargie semblable à celle des cellules stipitées, base qui se met en rapport avec le derme (pi. Il, fig. 14 et 20). De plus, j'ai acquis, ce me semble, la preuve directe de cette forma- ( 6§4 ) tion. Dans plusieurs coupes j'ai eu des cellules granuleuses en contact avec le derme; ces cellules très-petites sont gra- nuleuses, rondes ou ovales, sans prolongement et quelque- fois sans noyau apparent (pi. II, fig. 29 à 52). Leurs granulations semblables à celles du protoplasme des autres cellules, ou un peu plus grosses, sont réparties unifor- mément dans toute la cavité, ou bien une partie est con- centrée au milieu de ce corps. Ces cellules n'ont pas de prolongement , ce ne sont que de simples masses granu- leuses avec membrane, situées au-dessus du derme et entourées par les cellules épidermiques profondes. D'au- tres fois j'ai observé de semblables cellules un peu éloi- gnées du derme , mais rattachées à lui par un petit pro- longement, (pi. II, fig. 35). Ailleurs ces cellules sont déjà assez distantes du derme, mais je n'ai pu y trouver de pro- longements les rattachante ce dernier, ce qui n'est pas étonnant, vu que c'est sur des coupes transversales que j'ai observé ces différentes phases. En me basant sur ces observations, je conclus que l'on doit considérer les cellules granuleuses comme se formant aux dépens de certaines cellules épidermiques qui se modi- fient, grandissent, s'élèvent dans les couches supérieures de l'épiderme tout en restant en contact avec le derme, atteignent la couche superficielle et ne sont plus là sépa- rées de l'extérieur que par la paroi poreuse et la mem- brane refoulée des cellules de cette couche. Parvenues à ce point, que deviennent-elles, quelle fonction remplissent-elles? C'est une question que je n'ai pu résoudre, et jusqu'à présent on n'a émis à ce sujet que des hypothèses fondées sur des faits erronés. Ici, l'on doit tenir compte de cette circonstance que ces cellules restent toujours en contact avec le derme. ( 655 ) Kôlliker pensa qu'elles pouvaient être des glandes uni- cellulaires; il se fondait sur cette idée inexacte que les prolongements seraient dirigés vers l'extérieur. Franz-E. Schulze était porté à les considérer comme des organes de sens, mais il se basait également sur des faits en partie inexacts : la pénétration des prolongements à l'intérieur du corps, leur mode de réunion et leur situa- tion au-dessus du derme. Il n'y a pas un seul fait qui parle en faveur de l'opinion de F.-E. Schulze; la con- tinuité des prolongements des cellules granuleuses avec les nerfs du derme n'a pas encore été démontrée et leur mode de terminaison inférieure, semblable à celui des cel- lules épidermiques ordinaires, paraît être en opposition avec une pareille supposition. La raison principale qui empêche de considérer ces cellules comme des organes nerveux est le nombre même des prolongements. Si l'un de ces prolongements se trouvait en rapport avec une fibre nerveuse, il faudrait admettre la même continuité pour tous les autres prolongements; chaque cellule gra- nuleuse serait de cette façon l'organe terminal commun à un certain nombre de fibres nerveuses; cette conclusion me paraît peu vraisemblable et les caractères mêmes de ces éléments épidermiques les éloignent de toutes les cel- lules nerveuses terminales connues. Les rapports des cellules granuleuses avec les autres cellules épidermiques sont très-simples; celles-ci se mou- lent sur la surface des premières, que ce soient des cellules à plateaux canaliculés ou des cellules ordinaires (pi. T, fig. 37). Les massues sont en contact immédiat avec les cellules granuleuses, ou bien elles en sont séparées par une ou plusieurs cellules ordinaires, mais jamais ces deux sortes d'éléments ne se compriment mutuellement, ainsi ( 656 ) que l'on peut s'en assurer en faisant des coupes parallèles et perpendiculaires à la surface de l'épiderme. Je dois encore dire quelques mots relativement aux méthodes que j'ai employées pour dissocier l'épiderme, et sur la façon dont se comportent les différents réactifs vis- à-vis des cellules granuleuses. En plaçant un Petromyzon ou un fragment, directement au sortir de l'eau, dans le liquide de Miiller et l'y laissant séjourner pendant quelques jours, ou en le faisant macérer dans l'alcool à 16° pendant 24 à 48 heures, on peut au moyen du scalpel enlever avec la plus grande facilité les cellules épidermiques dans les différents endroits du corps. Toutes ces cellules se laissent parfaitement dissocier et si on les met 24 heures environ dans le picrocarminate d'ammoniaque (c'est la matière colorante qui m'a donné les meilleures préparations), puis que l'on remplace ce liquide par un mélange de picrocarminate et de glycérine, on obtient des résultats différents suivant la méthode em- ployée. C'est avec le liquide de Miiller que j'ai obtenu les plus belles de mes préparations pour les cellules granu- leuses; cependant, comme je l'ai déjà fait remarquer, les prolongements s'altèrent légèrement dans ce réactif. Le picrocarminate, dans les préparations au liquide de Miiller, colore les corps granuleux en jaune brun et les granula- tions un peu plus fortement que la matière fondamentale, le noyau en rouge, le nucléole en rouge foncé et les pro- longements en jaune brun clair. Il en est de même pour les préparations alcooliques, mais ici les colorations sont plus vives. Par le rouge d'aniline, le bleu d'aniline , l'acide picrique , le carmin de Beale, les cellules granuleuses sont très-fortement colorées, au point qu'il est difficile d'y apercevoir le noyau ; les prolongements, au contraire, ( 657 ) se colorent beaucoup plus légèrement. L'hématoxyline donne une teinte violacée au corps, tandis que le noyau devient violet foncé. Telle est la façon dont se présentent les cellules granuleuses chez le Petromyzon fluviatilis. Chez le Petromyzon planeri (pi. III, fig. 7 à 12), ces éléments, quoique plus petits que ceux de la première espèce, offrent la même composition; cependant leurs granulations me paraissent proportionnellement plus con- sidérables que celles du fluviatilis. La cornée de l'œil ne contient pas de cellules granu- leuses; celles-ci sont peu nombreuses à la face supérieure de la tête. Chez TAmmocète ces organes sont encore plus petits et leurs prolongements sont très-délicats. Ils n'existent pas aux lèvres et sont peu abondants à la face supérieure de la tête. Contrairement à ce qui existe chez le Petro- myzon fluviatilis, TAmmocète présente des cellules gra- nuleuses à la ligne ventrale, mais en petit nombre (pi. III, fig. 38 à 46). CELLULES GUSTATIVES. Pour terminer l'exposé de mes recherches sur l'épi- derme des Cyclostomes, il me reste à parler de la dernière catégorie d'éléments cellulaires dont j'ai fait mention pré- cédemment, et que je n'ai pu observer que sur des prépara- tions faites avec un épiderme dissocié. Elle comprend des cellules que, par l'analogie qu'elles présentent avec les éléments observés pour la première fois par Christian Loven (1) et Schwalbe (2), dans la langue (1) Loven, Archiv fiir mikrosk. Anat. von Max. Schultze, Bd IV. (2) Ibid. ( 6§8 ) du Veau et d'autres Mammifères, j'appellerai immédiate- ment cellules gustatives. C'est chez la grenouille que les terminaisons gustatives ont été observées pour la première fois par Axel Key en 1861 (1). Quelques années après, en 1868, les terminaisons du nerf glosso-pharyngien dans les papilles caliciformes de la langue des mammifères furent découvertes en même temps par Loven (2) et Schwalbe (5). Le même volume des archives de Schultze renferme les travaux de ces deux histologistes. Ces terminaisons nerveuses se trouvent dans les organes logés dans l'épaisseur de l'épithélinm et qui ont reçu les noms de calices gustatifs ou de bulbes gusta- tifs. Ils sont formés par deux sortes d'éléments : des cel- lulesnerveuses terminales ou cellules gustatives, et des cel- lules épithéliales allongées, servant à soutenir et à protéger les premières, et qui ont été appelées cellules de soutène- ment et cellules de recouvrement (Stutzzellen et Deckzellen). Les cellules gustatives affectent deux formes et sont ran- gées par Schwalbe en deux catégories. Selon qu'elles se terminent ou non par une petite soie réfringente, il les appelle Stdbchenzellen ou Stiftchenzellen. Les bulbes gustatifs ont été trouvés chez les mammi- fères non-seulement dans les papilles caliciformes, mais aussi dans les papilles fongiformes (Ditlersen (4), Honig- (1) Axel Key, Ueber die Endigungsiveise der Geschmaksnerven in der Lunge des Frosches. Archiv fur Anat. und Phys. von Reichert u. du Bois-Reymond, 1861. (2) Loc. cit. (3) Loc. cit. (4) Ditlersen, Undersogelse over smagWgene paa tungen dyrene og mennesket. Kopenhagen, 1872. ( 659 ) schmied) (1) et dans les plis latéraux de la langue (v. Ajtaï) (2), remplacés chez un certain nombre de mam- mifères, notamment chez le Lapin, par des papilles foliacées où ces bulbes gustatifs se montrent en grande quantité (v. Wyss (5), Hônigschmied (4), etc.). Depuis que Loven et Schwalbe ont publié leurs belles recherches, on a découvert l'existence des bulbes gustatifs dans différents points de la cavité buccale des batraciens et des poissons. F.-E. Schulze (o) les a trouvés chez la grenouille; Bugnion (6), chez le Protée et chez l'Axolotl.; F. E. Schiilze (7), chez les poissons osseux; Todaro (8) chez les plagiostomes. On doit aux magnifiques recherches de F.-E. Schulze la connaissance de la structure et des fonctions des or- ganes nerveux que l'on trouve dans l'épaisseur de la peau des batraciens et des poissons, organes dont la nature ner- veuse avait été établie pour la première fois par Leydig (9), et que cet auteur a réunis en un groupe unique d'organes (1) Hônigschmied, Zeitschrift fur tviss Zooî. Bd. XXIII. (2) V. Aj(ai, Archiv fiir mikrosk. Anat. Bd. VIII. (3) V. Wyss, Archiv fiir mikrosk. Anat. Bd. VI. (4) Loc.cit. (5) F.-E. Schulze, Arch. fiir mikrosk. Aiiat. Bd. VJ. (6) Bugnion, Recherches sur les organes seîisitifs qui se trouvent dans l'épiderme du Protée et de l'Axolotl. Lausanne, 1873, (7) F.-E. Schulze, Archiv. fiir mikrosk. Anat. Bd. V, (8) Todaro, Archives de Lacaze-Duthiers. Vol. II. Gli organi del gusto e la mucosa bucco branchiale di Selaci, 1873, Borna. (9) Leydig 1° Miillefs Archiv 18S0; 2» Lehrbuch der Histologie; 3° Ueber Organe eines sechsten Sinnes. Nova. Acta. Acad. Leop. Carol. 1868. ( 660 ) qu'il a appelés organes d'un sixième sens. F.-E. Schulze (1) a démontré que Leydig a confondu sous ce nom des or- ganes de structure et de fonctions très-différentes. Parmi ces organes, il en est qui ont la même structure que les bulbes gustalifs des mammifères et de la cavité buccale des batraciens et des poissons, et, malgré leur répartition à la surface du corps, F.-E. Schulze n'hésite pas à leur attribuer la même fonction qu'aux organes de la cavité buccale. Pour lui, les uns aussi bien que les autres peuvent servir à l'exercice du goût. Chez le Petromyzon flumalUis et chez le Petromyzon planeri les cellules gustatives ne se trouvent pas à l'inté- rieur de bourgeons particuliers, comme c'est le cas chez les animaux supérieurs, mais existent à peu près sur toute la surface du corps, au milieu des cellules épidermiques ordinaires moulées sur elles (pi. IIÏ, fig. 47 à 69). Ces cellules gustatives ressemblent chez le Petromyzon fliwia- tilis presque entièrement aux cellules de même nom dé- crites chez le veau par les auteurs précités. Si l'on dissocie une partie de l'épiderme du Petromyzon fluviatilis après l'avoir traité par l'alcool à 16*' ou mieux, par le liquide de Millier qui altère moins ces cellules gustatives, on distingue parmi les cellules épidermiques précédemment décrites des éléments d'aspect tout particulier, lis appa- raissent sous la forme de cellules munies de deux prolon- gements, l'un périphérique, l'autre central; entre eux est le corps cellulaire qui renferme habituellement un noyau ovale uninucléolé, le remplissant totalement ou presque (1) F. E. Schdlze 1° Mullefs Archiv. 1861; 2» Zeitschrift. fllr wiss. Zool. Bd. XIV ; 3» Archiv. fllr mikrosk. Anat. M. V; 4» Archiv fiir mikrosk. Anat. Bd. W. ( 661 ) totalement. Ce noyau, très-souvent granuleux, contient d'or- dinaire un petit nucléole, mais fréquemment il arrive que cette partie de la cellule est remplacée par une masse gra- nuleuse avec ou sans nucléole, de même forme que le noyau et en tenant lieu. Je n'ai que très-rarement trouvé des cellules où il n'y avait pas de traces de noyau et où la substance granuleuse qui en occupait la place se conti- nuait sans ligne de démarcation aucune avec la substance propre d'un ou des deux prolongements (pi. in,fig. 52, 54). Lorsque le corps de la cellule n'est pas entièrement rem- pli par le noyau , il existe autour de ce dernier un petit espace clair qui se confond avec les deux prolongements. Deux fois, à la place du noyau, j'ai vu deux noyaux accolés l'un à l'autre (pi. III, fig. 65,68). Les prolongements sont situés aux extrémités du grand diamètre du corps cellulaire, et l'un se dirige vers la sur- face libre de l'épiderme, tandis que l'autre en gagne la surface dermatique. Le prolongement périphérique se présente sous la forme d'un bâtonnet plus ou moins épais, moins large que le corps, et n'apparaît pas identique dans les différentes cel- lules où on le considère. D'ordinaire il offre une extrémité arrondie, mais souvent il se termine par un bout tronqué ou effilé; quelquefois même il n'est guère plus considérable que le prolongement profond, et dans ce cas il se présente comme un mince fdament (pi. IIÏ, fig. 56). Assez fré- quemment on rencontre des cellules gustatives dont le prolongement périphérique s'étrangle à peu de distance du noyau pour se renfler ensuite et se terminer en massue (pi. 01, fig. 47 et 54). Il peut aussi arriver que ce même prolongement, après s'être rétréci près du noyau, s'élar- gisse ensuite et montre au lieu d'un bout arrondi un bout ( 662 ) nettement tronqué (pi. III, fig. 51). Ce prolongement su- périeur est de longueur très-variable et, en règle générale, on peut dire qu'il est d'autant plus délicat qu'il est plus long. Il est habituellement constitué par une matière ho- mogène, mais souvent il renferme un contenu finement granuleux. Le prolongement central offre le plus souvent l'as- pect d'un filament conique ou cylindrique, très-grêle et effilé à son extrémité : dans certaines cellules, au lieu de se terminer de cette façon , il finit par un petit ren- flement rond ou ovale (pi. III, fig. 55.), semblable à celui signalé par Schwalbe (I). Il est comme l'autre prolonge- ment de longueur variable, mais habituellement il est plus long que ce dernier; quant à son épaisseur, il offre moins de différence d'une cellule à l'autre que le prolongement périphérique, et il est plus rarement granuleux. La grosseur relative des deux prolongements varie beaucoup, et parfois même il n'existe guère sous ce rapport de différence entre eux; mais on peut dire avec assez de raison que toujours celui des deux qui est le plus volumineux est celui qui se dirige vers l'extérieur. Jamais je n'ai observé de trous existant dans la couche la plus externe des cellules épidermiques, comme cela existe chez les animaux supérieurs (2); il en est de même des cils situés chez ceux-ci au pourtour de ces orifices , et je suis presque certain qu'ils font complètement défaut chez les Petromyzon. Je n'ai pu m'assurer avec une exactitude rigoureuse si (1) M. Schullze, Archiv. fur mikrosk. Anatomie, Bd. IV, 1868, Taf. XIII, fig. 15,^ et 16, c et d. (2) Même ouvrage, pages 101 , 16-i, 165 et 166. ( 663 ) les cellules gustatives étaient uniformément réparties sur toute la surface du corps, ou si elles manquaient en cer- tains endroits particuliers , et quels étaient ces endroits. Quoi qu'il en soit, je les ai toujours trouvées dans toutes mes préparations ; mais il peut très-bien se faire qu'elles n'existent pas en quelques points déterminés du corps, comme j'ai pu m'en convaincre pour la cornée de Tœil où l'on ne rencontre nulle trace de ces organes. C'est la seule place où je ne les ai pas observées, car sur les faces latérales du corps, le ventre, le dos, les nageoires, les lèvres, la tête, elles se trouvent en nombre plus ou moins considérable, et c'est sur cette dernière partie du corps que je les ai rencontrées en plus grande quantité que par- tout ailleurs. Si Ton compare ces faits avec les résultats obtenus par Axel Key, Christian Loven et Schwalbe, on voit qu'il y a la plus complète identité entre les cellules gustatives décrites par ces auteurs et les éléments que j'ai découverts chez les Petromyzon, et c'est en m'appuyant sur cette identité que je les ai désignés, bien légitimement je crois, sous le nom de cellules gustatives. Quant à la circonstance que ces organes se rencontrent sur tout le corps , cela ne doit pas étonner chez des animaux vivant dans l'eau. On constate cependant une différence entre les organes du goût des animaux supérieurs et ceux des Petromyzon, Chez les premiers, les cellules dites gustatives, c'est-à- dire les terminaisons des nerfs gustatifs, sont entourées de cellules protectrices qui, par leur réunion, présentent l'aspect d'un bourgeon cellulaire à l'intérieur duquel se trouvent ces terminaisons, tandis que chez le Petromyzon ces mêmes cellules sont isolées et les cellules épidermi- ques qui les environnent immédiatement ne sont mille- ( 664 ) ment différenciées des cellules épidermiques ordinaires. C'est ce dont on peut se convaincre en pratiquant des coupes transversales bien minces, coupes dans lesquelles on ne dislingue jamais de traces de bourgeon cellulaire. Mais les méthodes de dissociation donnent des résultats plus certains : si l'on parvient à isoler une de ces cellules gustatives des éléments épidermiques qui l'entourent, à l'exception de ceux qui sont directement appliqués sur elle, on voit que ces derniers ne présentent aucun carac- tère particulier et ne se groupent pas de façon à former une masse cellulaire distincte du reste de l'épiderme et qui entourerait la cellule gustative. Il reste encore une question importante à élucider : c'est la manière dont ces éléments cellulaires sont en rap- port avec les nerfs du derme. Max Schuitze {!) a observé qu'il existait dans ce dernier des fibrilles très-probable- ment nerveuses qui, d'après lui, se mettraient en contact avec les massues. Il a, de plus, constaté que toutes les fibrilles verticales du derme ne sont pas en rapport avec ces éléments (2) : « Vor allen Dingen muss ich nun aber noch erwâhnen, dass durcliaus nicht von allen Radialfasern der Lederhaut der Zusammenhang mil Epidermiskolben nacjiweisbar ist. Vielmehr glaube ich mich sicher iiberzeugt zu haben, dass viele der Radialfasern zwischen den Kolben an anderen Stellen der Epidermis endigen. » Sans tenir compte du plus ou moins grand degré d'exac- titude du premier fait, la présence de fibrilles nerveuses dans le derme permet évidemment de supposer avec beau- (1) Reichert's, u. du Bois-ReymoncVs Archiv. 1861 , p. 282. (2) Même ouvrage , p. 290. . ( 66S ) coup de raison qu'une partie au moins d'entre elles se rend aux cellules gustalives qui en constituent les terminai- sons. Quelque plausible que soit cette hypothèse, il serait ce- pendant désirable que l'on pût observer directement la continuité d'une fibrille nerveuse avec le prolongement profond des cellules gustatives. La difficulté de cette démonstration résulte suffisam- ment de l'impossibilité dans laquelle se sont trouvés, mal- gré tous leurs essais, Schwalbe aussi bien que Loven d'éta- blir cette continuité chez les mammifères. Il y a plus : aucun des histologistes qui se sont occupés des organes gustatifs n'a pu démontrer la continuité des cellules gustatives avec des fibrilles nerveuses, à une exception près : Todaro a obtenu des préparations qui mettent hors de doute la nature nerveuse des éléments gustatifs. Chez le Petromyzon planeri (pi. HT, ilg. 7o à 79), ces cellules présentent les mêmes caractères que chez le /îu- viatilis , m2L\s elles possèdent en général des dimensions moins considérables. Langerhans (1) a découvert chez le Petromyzon planeri des cellules qu'il a décrites sous le nom de cellules ciliées; il les considère comme des éléments nerveux qui seraient répandus sur toute la surface du corps, mais qui existe- raient principalement aux papilles des lèvres. Peut-être ces cellules sont-elles les mêmes que celles que j'ap- pelle cellules gustatives, mais ma description ne con- corde nullement avec celle de cet auteur, et cependant je me suis servi comme lui du liquide de Millier pour isoler ces éléments. Il leur décrit des cils courts, raides et immo- (1) Loc. cit., p. 18. 2'"*' SÉRIE, TOME XLI. 45 ( 666 ) biles, au nombre de cinq à dix; jamais je n'en ai observé sur les cellules gustatives et je n'ai jamais rencontré les cellules ciliées de Langerhans. Non-seulement l'existence de ces cils distingue les cel- lules ciliées de Langerhans de mes cellules gustatives, mais encore les caractères du corps cellulaire et des noyaux sont différents chez ces deux sortes d'éléments. Je dois encore ajouter qu'ayant examiné la muqueuse buccale, j'y ai trouvé non pas des cellules ciliées, mais bien des cellules gustatives semblables à celles qui existent sur le reste du corps. Il peut paraître étrange, pour ne pas dire paradoxal, de considérer comme organes gustatifs des terminaisons nerveuses cutanées. Mais si l'on y réfléchit, on reconnaîtra qu'au point de vue physiologique il n'y a là aucune difficulté : nous ne goûtons que les substances dissoutes dans le suc buccal, ou pour parler plus exactement, les substances sapides peuvent impressionner les nerfs du goût dès qu'elles se trouvent en solution dans un liquide aqueux venant se mettre en contact avec notre muqueuse buccale. Si nous nagions la bouche ouverte dans une masse d'eau dans la- quelle on viendrait à placer, à certain moment, un pain de sucre, nous pourrions goûter le sucre à distance : l'eau servirait, dans ces conditions, de milieu de transmission. De même que l'air transporte jusqu'à notre muqueuse olfactive les substances volatiles qui nous permettent de nous apercevoir de l'existence de certains corps odorants situés souvent à de grandes distances , de même, dans les conditions que nous avons supposées , nos organes gus- tatifs pourraient nous déceler la présence d'un corps sapide. ( 667) Le poisson qui vit dans l'eau doit pouvoir goûter des substances sapides situées au loin. Si des organes gustatifs identiques à ceux qui existent dans la cavité buccale se trouvent répandus sur toute la surface du corps, la peau, aussi bien que la muqueuse buccale, pourra servir à dé- celer à l'animal la présence des corps sapides. Au point de vue anatomique, rien non plus d'inadmis- sible dans la conclusion que j'ai exprimée : l'épithélium buccal se développe comme Tépiderme aux dépens du feuillet externe de l'embryon. D'un autre côté, les nerfs crâniens sont des nerfs racbidiens modifiés par suite de la différenciation qu'a subie, dans le cours de son évolution progressive, l'extrémité antérieure du corps des vertébrés. Le nerf optique excepté, tous les nerfs de sens spéciaux, le nerf olfactif, le nerf acoustique, le nerf glosso- pharyngien doivent être considérés comme des nerfs cuta- nés différenciés au point de vue fonctionnel. Et, s'il en est ainsi, deux hypothèses sont seules possibles pour rendre compte du développement de ces sens spéciaux des verté- brés supérieurs; ou bien la fonction primitivement dévo- lue à toute la surface du corps des vertébrés inférieurs s'est conservée seulement en certains points déterminés du corps des vertébrés plus élevés; ou bien un nerf sen- sible à certaines excitations s'est adapté à la perception d'excitations différentes. La fonction gustative a été dévo- lue chez les vertébrés inférieurs à tous les nerfs racbidiens; elle est devenue chez les vertébrés supérieurs l'apanage exclusif de certains nerfs : du glosso-pharyngien et du lin- gual. Au contraire, le nerf acoustique est un nerf adapté à une fonction nouvelle : ce nerf servait primitivement, comme tous les nerfs racbidiens, à la perception des chocs; il s'est ensuite adapté à la perception de vibrations de plus ( 668 ) en plus rapides ; il donne aux vertébrés supérieurs les sen- sations du son, tandis que le nerf homologue à notre hui- tième paire fournit très-probablement à l'amphioxus et aux acràniens organisés comme lui , de simples sensations tactifes comme les autres nerfs sensibles de la peau. Mes études sur la structure des fossettes ou organes de sens latéraux ne me permettent pas de me prononcer pour le moment sur les données que Langerhans a publiées relativement à ces organes, et je me réserve de faire con- naître ultérieurement les résultats des recherches que je poursuis sur ce sujet. QUELQUES MOTS SUR LES ÉLÉMENTS TERMINAUX DES NERFS OLFACTIFS. Qu'il me soit permis d'ajouter à cette étude de l'épi- derme quelques observations sur les cellules que je consi- dère comme éléments terminaux des nerfs olfactifs et qui, jusqu'à présent, n'ont encore été décrites que par Langer- hans. Ces cellules se trouvent dans l'épilhélium de la mu- queuse olfactive et constituent à elles seules cet épithé- lium. Ces éléments présentent un corps cellulaire et deux prolongements (pi. III, fig. 70 à 74). Le corps ovale est entièrement ou presque entièrement rempli par un grand noyau ovale uninucléolé. Ce noyau, plus grand que celui des cellules gustatives, est moins allongé que lui et le nucléole y est également plus gros. Je n'ai jamais rencontré de noyau sans nucléole. De chacune des extrémités du grand axe du corps part un prolonge- ment épais, de volume assez régulier; de ces deux prolon- ( 669 ) gements, Tiin se dirige vers la périphérie, l'autre vers la profondeur de l'épithélium. Le prolongement superficiel est le plus long et pré- sente des caractères fort intéressants. Il est de longueur variable de 0,029 à 0,044'"'", cylindrique, souvent creusé de dépressions larges, mais peu profondes, surtout nom- breuses au voisinage du noyau, et alors son trajet, au lieu d'être rectiligne, semble être onduleux; aux points où existent ces fossettes, son épaisseur est beaucoup moins considérable. De même que le prolongement profond, il est plus étroit que le corps de la cellule. Il se termine supérieurement par un petit plateau circulaire, très-bril- lant, à double contour, un peu plus large que le diamètre du prolongement; sur ce plateau s'élève un petit organe en forme de cône ou de demi-sphère, plus étroit que ce der- nier. Autour de ce petit mamelon conique ou hémisphé- rique est un nombre plus ou moins considérable de cils assez gros, dont l'ensemble a souvent l'aspect d'une flamme (pi. III, fig. 70 à 72). Si l'on change la hauteur du tube du microscope, il semble que ces cils soient dis- posés en couronne autour du mamelon et insérés sur la partie tout à fait périphérique du plateau qui dépasse ce dernier. La partie de ce prolongement située entre le pla- teau et le corps de la cellule présente unestriation trans- versale très-manifeste, qui devient de moins en moins distincte à mesure que l'on s'approche du noyau et qui s'arrête à une dislance plus ou moins grande de celui-ci. Le contenu de ce prolongement est fortement granuleux. Le prolongement central est très-court, cylindrique ou légèrement conique, et se termine par une extrémité tronquée ou arrondie; la petitesse de ce prolongement et sa terminaison irrégulière me font croire qu'il a été brisé ( 670) lors de sa séparation du derme. Son contenu est granuleux, mais moins fortement cependant que celui du prolonge- ment superficiel. Ces cellules se réunissent entre elles de façon que les plateaux sont sur le même plan horizontal; les corps des cellules se moulent sur les prolongements des cellules voisines et produisent ces dépressions dont j'ai fait men- tion précédemment, dépressions dans lesquelles ils se logent; il en résulte que les noyaux se trouvent à des hauteurs variables dans l'épithélium (pi. Ifl, fig. 70). Je n'ai pu observer la continuité entre les prolonge- ments profonds de ces cellules olfactives et les nerfs dont elles constituent les terminaisons. Le canal qui s'étend de l'organe olfactif à la face supé- rieure de la tête est revêtu d'un épilhélium semblable à l'épiderme, et composé de quelques couches cellulaires, la plus externe étant formée de cellules à plateaux canali- culés; je n'y ai pas trouvé de cellules en massue, de cel- lules granuleuses ni de cellules caliciformes. Cet épithé- Hum a environ une hauteur de 0,029 à 0,059""', et ses éléments sont plus petits que les cellules épidermiques. L'épiderme de la face supérieure de la tête se continue insensiblement avec l'épithélium du canal, etcet épidémie au voisinage de ce dernier ne possède ni cellules en massue, ni cellules granuleuses; à l'intérieur de l'organe olfactif, l'épithélium du canal se continue avec celui qui recouvre les replis olfactifs et qui , ainsi que je l'ai déjà dit, est com- posé exclusivement de cellules olfactives. J'ai trouvé ces éléments également chez le Petromijzon p/aneri dans la même partie du corps. Ils sont chez cette espèce plus petits que chez le fluvialilis et leurs noyaux sont sphériques ou à peu près; enfin le prolongement ( 671 ) périphérique a souvent la forme d'un cône très-allongé dont la base serait dirigée vers l'extérieur. A part cela il n'y a pas de différence entre les cellules olfactives de l'une et de l'autre espèce (pi. IIÏ, fig. 80 à 85). Langerhans a décrit les cellules olfactives du Petro- myzon planeri. 11 a trouvé deux sortes de cellules ciliées les unes et les autres. Acceptant les idées émises par Max Schultze (1 ) en ce qui concerne l'épithélium olfactif des vertébrés supérieurs , il admet que les unes sont des cellules nerveuses, les autres de simples cellules épithéliales. Il m'a été non-seulement impossible de trouver les deux espèces de cellules décrites par Langerhans , mais je n'ai pas réussi davantage à trouver chez les cellules olfactives les caractères que leur attribue cet histologiste. Les diffé- rences qui existent entre les résultats de nos recherches résultent trop clairement des figures que nous avons don- nées, pour qu'il soit nécessaire d'insister. Je me bornerai à rappeler que la distinction que Max Schultze a cru pou- voir établir au point de vue physiologique, entre ses cel- lules olfactives (Riechzellen) et ses cellules épithéliales, est complètement rejetée par Exner(2), quoique cette manière de voir ait été acceptée par la plupart de ceux qui ont étudié, après le célèbre anatomiste de Bonn, la muqueuse olfactive des vertébrés (Babuchin (5), Pasc butin (4), Grimm (5) et Langerhans). Exner prétend que les cel- (1 ) Max Schultze , Untersuchungen iiber die Nasenschleimhaut , 1862- — Centralhlatt fur med. Wiss., 1864 , n» 27. (2) Exner, Wiener Berichte , hd. 65. (3) Babuchin, Article Geruchsorgan dans Stricker's Handbuch. (4) Paschutin, Arb. ans d. physiol. Insl. z. Leipzig., 1875. (5) Grimm, Ueher die Nerveneivligung im Geruchsorgan der Store , aus der Arreite^ der S'-Petersb. Gesellscii. der Naturforcher , Bd. IV, Lief 1. ( 672 ) Iules épithéliales aussi bien que les cellules olfactives sont de nature nerveuse : elles se terminent les unes et les autres par un filament central qui se ramifie et aboutit à un même plexus nerveux sous-épithélial. Il n'y a pas non plus, au point de vue morphologique, de distinction fondamentale à établir entre ces deux genres de ceilules : on trouverait toutes les transitions de forme entre les unes et les autres. D'après mes observations, il n'existe pas chez les Cyclo- slomes deux sortes de cellules dans la muqueuse olfactive : répithélium olfactif est constitué de cellules toutes sem- blables qui possèdent des caractères intermédiaires entre les cellules olfactives et les cellules épithéliales des verté- brés plus élevés. Je pense pouvoir apporter ce fait à l'appui de l'opinion de Exner. Les deux genres de cellules que l'on trouve dans la muqueuse olfactive des poissons, des batraciens et des mammifères se sont développés par différenciation aux dépens d'une seule et même catégorie d'éléments, qui constituée elle seule cet épithélium chez les vertébrés les plus inférieurs. Résumé. Voici en peu de mots le résumé de mes recherches. Jusqu'à présent on n'avait pas encore décrit l'épiderme des Petro77iyzo)nïune manière complète; j'ai fait de cet épiderme une étude assez approfondie , et non-seulement j'ai pu relever plusieurs erreurs commises par les obser- vateurs précédents, mais encore je suis arrivé à des résul- tats entièrement nouveaux. J'ai joint à la description de cet épiderme quelques détails sur les terminaisons des nerfs olfactifs chez les mêmes animaux. ( 673 ) L'épiderme des Pelromyzon se compose de cinq sortes d'éléments, qui sont : Les cellules épidermiques ordinaires ; Les cellules caliciformes; Les cellules en massue; Les cellules granuleuses; Les cellules gustatives. i° Les cellules épidermiques ordinaires sont disposées en plusieurs couches superposées et elles se moulent les unes sur les autres, ainsi que sur les autres éléments qui entrent dans la constitution de cet épiderme. La couche la plus externe et la couche la plus profonde présentent des caractères particuliers : les cellules de la première possè- dent une paroi superficielle formée par un petit plateau canaliculé; celles de la deuxième sont prismatiques ou sti- pitées, mais toujours en contact avec le derme par une base un peu élargie. Les cellules épidermiques profondes ont souvent deux nucléoles dans leurs noyaux; parfois le noyau est étranglé à son milieu ou présente une ligne de division transversale; d'autres fois enfin il existe deux noyaux accolés ou plus ou moins éloignés l'un de l'autre. Dans les préparations faites avec un épiderme dissocié, on rencontre souvent des groupes de quelques cellules encore réunies entre elles, et il semble parfois que ces cellules possèdent des piquants, mais je n'en ai jamais observé sur des cellules isolées. Enfin, ces éléments s'élèvent graduel- lement des couches profondes aux couches supérieures en changeant de forme et de volume. S*' Les massues sont probablement constituées d'une membrane d'enveloppe et d'un contenu qui se colore en jaune par le picrocarminate d'ammoniaque. Ce contenu pa- rait être formé d'une série de lamelles emboîtées les unes ( 674 ) dans les autres, ce qui ferait à la fois comprendre et l'aspect que présentent les sections de ces organes perpendiculaires à leur axe longitudinal , et les deux systèmes de stries que l'on observe dans le corps et dans le col de ces massues. Ces cellules ont toujours deux noyaux chez le Petromyzon fliwiatilis et chez le Petromyzon planeri; chez l'Ammocète je n'en ai parfois trouvé qu'un seul , mais c'était dans des phases excessivement jeunes. Ces éléments, ainsi que j'ai pu le constater chez l'Ammocète, se forment aux dépens de cellules particulières situées immédiatement au-dessus du derme; elles grandissent, offrent la striation caractéris- tique du col et du corps; lorsqu'elles sont parvenues à un certain degré de développement, le contenu coloré en jaune par le picrocarminate quitte sa place, s'élève dans l'épi- derme, gagne les couches supérieures, soulève la couche la plus superficielle, sort de l'épiderme et s'étale à la sur- face de la peau; les deux noyaux disparaissent peut-être avant que la massue soit arrivée à ce point. Mais en même temps que le contenu est expulsé et s'étale à la surface de l'épiderme, un reticulum formé par une matière finement granuleuse prend sa place et remplit le vide qu'il laisse après lui. On doit donc considérer ces massues comme des organes de nature glandulaire, et l'on ne peut voir en elles ni des éléments musculaires, ni des éléments nerveux. 3o Les cellules granuleuses sont de simples cellules uni- nucléées, constituées par un corps ordinairement sphé- rique ou ovoïde, rempli d'une substance fluide dans laquelle sont répandues en nombre considérable des granulations sphériques; souvent il existe à côté de ces dernières de petites gouttelettes de matière d'apparence graisseuse. De la surface du corps de ces cellules partent plusieurs pro- ( 67d ) longements qui se mettent en rapport avec le derme et se terminent très-probablement à ce point par une petite base élargie semblable à celle par laquelle se terminent les cel- lules stipitées. Très-rarement on ne trouve qu'un seul pro- longement. L'organe de réunion dont parle F.-E. Schulze, semblable à une tète de compas, qui serait situé au centre de la cellule granuleuse et auquel viendraient aboutir les pro- longements , n'existe pas. Ces organes naissent aux dépens de cellules épider- miques qui se modifient, grandissent, s'élèvent dans l'épi- derrae tout en restant en contact avec le derme, et arrivent dans les couches supérieures où elles remplissent une fonc- tion complètement indéterminée. 4" J'ai découvert chez les Petromyzon fluviatilis et pla- neri des éléments que je considère comme des cellules gustatives. Ces cellules gustatives, identiques aux cellules de même nom des animaux supérieurs, existent à peu près sur toute la surface du corps et sur la muqueuse buccale, et sont disséminées çà et là entre les cellules épidermiques ordinaires. Si par les caractères de ces cellules les organes gustatifs des lamproies ressemblent entièrement aux élé- ments décrits par Ch. Loven et Schwalbe, ils en diffèrent cependant en ce que les cellules qui les environnent ne se réunissent pas de façon à constituer des bourgeons pro- tecteurs entourant ces terminaisons nerveuses. 5° J'ai observé les terminaisons des nerfs olfactifs. Elles se trouvent seulement dans l'épithélium de la muqueuse de l'organe olfactif et elles constituent à elles seules cet épithélium. Il n'existe donc pas ici chez les Petromyzon deux espèces d'éléments cellulaires correspondant aux deux groupes ( 676) que Max. Schultze a décrits chez une foule de vertébrés : toutes les cellules de cet épithélium sont des cellules olfactives. Le canal qui s'étend de l'organe olfactif à la face supé- rieure de la tête est tapissé d'un épithélium semblable à l'épiderme, mais il ne contient ni cellules caliciformes, ni cellules granuleuses, ni cellules en massue; d'une part il se continue avec l'épiderme de la tète, et de l'autre, avec l'épithélium de l'organe olfactif. EXPLlCATlOxN DES PLANCHES. Planche I. Grossissement : Obj. 9. Ocul. 2. Hartnack. Excepté pour les figures 3, 11, 49, 20, 21, 22, dont le grossissement est : Obj. 9. Ocul. 4. Hartnack. Les figures coloriées ont été dessinées d'après des préparations traitées par le picrocarminate d'ammoniaque. Petromyzoïi fluviatllis. Fig. i. Coupe transversale de l'épiderme du Petromyzon fluviatilis, durci à l'alcool. — 5, 4, 126 et 15. Cellules stipilées. (Épidémie dissocié au liquide de Mùller.) — 2, 5 à 9 et 12a. Cellules prismatiques. (Liquide de Miiller.) — 10 à 19, 21 , 22, 24. Cellules épidermiques ordinaires. (Liquide de Mùller.) — 20, 23, 37. Cellules épidermiques à plateau canaliculé. (Liquide de Mùller.) — 23 à 31 . Cellules épidermiques ordinaires présentant des noyaux en voie de division Coupes transversales. — 32 à 36. Cellules caliciformes. (Liquide de Miiller.) ( 677 ) Fig. 38. Cellule à plateau vue de face. (Liquide de Mûller.) — 59 à 45 et 47, 52, 33. Cellules en massue. (Alcool à 16«.) — 46 et 48. Cellules en massue. Coupes transversales. — 49, 50 , 51 , 34. Cellules en massue. Coupes parallèles à la surface de la peau. — 55, 56, 37. Cellules en massue. Coupes transversales montrant le réseau sous-jacent aux massues. — 58 et 59. Cellules en massue. (Liquide de Miiller ) Planche II. Grossissement : Obj. 9. Ocul. ± Hartnack. Excepté pour les figures 21 à 27 et 38 dont le grossissement est: Obj. 9. Ocul. 4. Hartnack. Les figures coloriées ont été dessinées d'après des préparations traitées par le picrocarminate. Petroniyzcn fluviatilis. Fig. 1. Coupe trans\ei'sa\e du Petromyzon fliiviatilis. — 2, 3, 3. Cellules enmassue, (Alcool à 16°.) — 4. Cellule en massue (Liquide de Miiller.) — 6 à 12. Coupes tranversales. Cellules en massue quittant le derme et s'étalant à la surface de la peau. — 13, 14, 16. Cellules granuleuses. (Liquide de Miiller.) — 15. Cellule granuleuse. (Alcool à 16".) — 17. Cellule granuleuse. Coupe transversale. (Alcool.) — 18. Cellule granuleuse à prolongement bifurqué. (Liquide de Miiller.) — 1 9. Cellule granuleu.se en place. (Liquide de Miiller.) a. Prolongement dirigé vers l'extérieur. 6. » w le derme. — 20. Prolongement de cellule granuleuse. (Liquide de Miiller.) — 21 à 26. Cellules granuleuses. (Liquide de Miiller.) — 27. Prolongement de cellules granuleuses étalées parla compression. (Liquide de Miiller.) — 28. La plus petite cellule granuleuse observée chez le Petroimjzon fluviatilis. (Liquide de Miiller.) — 29 à 33. Jeunes cellules granuleuses encore en contact avec le derme. Coupes transversales. (Alcool.) — 36. Jeune cellule granuleuse éloignée du derme. Coupe transversale. (Alcool.) (678) Petroinyzon planer!. Fig. 57. Cellules épidermiques du Fetromyzon planeri. a. Cellules prismatiques. b et d. Cellules slipitées. c. Cellule à plateau canaliculé. — 58. Cellule stipitée avec deux noyaux. (Alcool à 16».) — 59. Cellule à plateau canaliculé. (Liquide de Mùiler. — 40. Cellules caliciformes. (Liquide de MùUer.) — 41 à 44. Cellules en massue. (Alcool à 16°.) Planche 111. Grossissement. Obj. 9. Ocul. 2. Hartnack. Excepté pour la figure 46 dont le grossissement est de : Obj. 9. Ocul. 4. Hartuack. Les figures coloriées ont été dessinées d'après des préparations traitées par le picrocarminate. Seule la figure 3^2 a été dessinée d'après une préparation colorée par l'héma- toxyline. Petromyzon plancri. Fig. 1 à 6. Cellules en massue. Petromyzon planerL (Alcool à 16°.) — 7 et 12. Cellules granuleuses. (Liquide de Mùiler.) — 8 à 12. Cellules granuleuses. (Alcool à 16".) Ammocète. Fig. 15. Ammocète. Coupe transversale de Tépiderme. (Alcool.) — 14. Cellules à plateau canaliculé vues de face. (Liquide de Miiller.) — lo. Cellules de la couche la plus profonde, vues par leur face infé- rieure. (Liquide de Muller.) a. Base d'une massue. — 16. Cellules à plateau vues par leur face inférieure. (Liquide de Mùiler.) — 17 et 18. Cellules à plateau canaliculé. (Liquide de Mùiler.) _ 19. Cellule caliciforme. (Liquide de Mùiler.) 20 à 24. Cellules épidermiques profondes, (Liquide de Mùiler.) — 25 à 51. Cellules en massue. Coupes transversales. (Alcool.) — 52. Cellule en massue. Liquide de Mùiler. (Hémaloxyline.) LJIP ,o ^M - 1-^ 'âKsm^ £^-:C^ g>-- rcj^ '^Ml '•■^è^ -=tîî-~ .0.= Z^Ê^ , 'IW^'^ V ( fi79 ) Fig. 33 à 36. Cellules en massue. Coupes parallèles à la surface de la peau. — 37. Cellule en massue étalée à la surface de la peau. Coupe trans- versale. — 38 à 44. Cellules granuleuses. (Liquide de Millier.) — 45. Cellule granuleuse. (Alcool à 16°.) — 46. Cellule granuleuse. Coupe transversale. (Acide chromique.) Petroniyzon fluviatilis. Fig. 47 à 69. Cellules gustalives du Petromyzon fluviatilis. (Liquide de Mûller.) — 70 à 74. Cellules olfactives du Pelromyzon fluviatilis. (Liquide de Mûller.) Petromyzon planer i. Fig. 73 à 79. Cellules gustatives du Pelromyzon planeri. (Liquide de Mûller.) — 80 à 83. Cellules olfactives du Pelromyzon planeri. (Liquide de Mûller.) ( 680 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 6 mars 4876. M. Faider, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez, Gachard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Let- tenhove, R. Chalon, Tlionissen, Th. Juste, le baron Guil- laume, Félix Nève, Alph. Wauters, E. de Laveleye, G. Nypels, Alph. Le Roy, membres; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; J. Heremans, F. Loise, Edm. Poullet, G. Rolin-Jaeque- myns, Ch. Piot, correspondants. M. AWin, membre de la classe des beaux-arts j assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur transmet une expédition de son arrêté du 16 février qui nomme M. Le Roy membre du jury pour le concours quinquennal des sciences mo- rales et politiques, en remplacement de M. Nypels, qui n'accepte pas ces fonctions. ( 681 ) — Le même haut fonctionnaire adresse, pour la biblio- thèque de l'Académie, deux nouveaux volumes de la col- lection intitulée : « Les fondateurs de la monarchie belge, » publiée par M. Th. Juste. Ces volumes portent pour titre : ^° Le vicomte Charles Vilain XIIII, 2° Notices historiques et biographiques. — Remercîments. — Le Willems-fonds à Gand complète sa collection de publications que possède la compagnie. — Remercîments. — MM. Antony Rouillet et Th. Ymbert, de Paris, an- noncent qu'ils envoient, à titre d'hommage, un exemplaire de leur Répertoire d'administration; vol. in-S*". — M. Alphonse Le Roy fait don, au nom de M. Devvez- Chaudoir, de Liège, d'un exemplaire, avec annotations de l'auteur, de la seconde édition de l'Histoire générale de la Belgique, par M. Dewez, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie. 11 présente ensuite, de la part de M. J. Gantrelle, pro- fesseur à l'Université de Gand, les ouvrages suivants; Nouvelle grammaire de la langue latine, d'après les prin- cipes de la grammaire historique ; Grammaire latine élé- mentaire, d'après les mêmes principes; Grammaire et style de Tacite; Contributions à la critique et à l'explication de Tacite ; Cornelîi Taciti De Vita et Moribus Julii Agricolœ liber, nouvelle édition; Ueber Entstehung , Charakter und Tendenz von Tacitus'Agricola, nebst Erkldrung der drei ersten Capilel. M. Ch. Piot offre, au nom de l'auteur M. L. Cellier, un exemplaire de son livre intitulé: Recherches sur les insti- tutions politiques de la ville de Valenciennes ; vol. in-8°. 2°*® SÉRIE, TOME XLF. 44 ( 682 ) M. Edmond Poullet fait hommage d'un exemplaire du rapport imprimé qu'il a adressé à la Commisison royale d'histoire de Belgique sur diverses liasses de pièces concer- nant l'histoire du pays au XVP siècle; in-8". M. Félix Nève offre un exemplaire de ses Recherches sur le séjour et les études d'Érasme en Bradant; in-S**. La classe vote des remercîments aux auteurs de ces ou- vrages, et décide l'impression des notes lues par MM. Le Roy et Piol au sujet des livres de MM. Dewez, Gantrelle et Cellier. — M. Kervyn de Lettenhove demande la parole. L'ho- norable membre, après avoir dit que la part prise par l'Académie aux plaintes adressées au, gouvernement, au sujet du laboratoire de chimie, lui impose le devoir de l'aire connaître ce qui s'est récemment passé à ce sujet, rend compte de l'audience royale, où il a eu l'honneur d'élre l'interprète de la Commission de la bibliothèque, en reproduisant les mêmes vœux et en signalant les mêmes dangers. Il est profondément regrettable, ajoute M. Kervyn de Lettenhove, que jusqu'à ce moment aucune suite n'ait été donnée à des réclamations qui se rattachent à des in- térêts si considérables et si précieux. On ne comprend point que M. le Ministre de l'Intérieur ait pu affirmer, dans la séance du 26 janvier dernier, qu'il ne croyait pas même à l'existence d'un péril éventuel ; car un arrêté éma- nant même du Ministère de l'Intérieur (29 janvier 1865) place les laboratoires de chimie parmi les établissements dangereux, et les soumet à la surveillance spéciale d'un fonctionnaire délégué parle Ministre de l'Intérieur. L'au- torité des savants les plus distingués justifie les mêmes craintes. \ ( 683 ) Un membre de TAcadémie des sciences (Institut de France), après avoir consulté plusieurs de ses collègues, transmettait récemment à M. Rervyn de Lettenliove une note rédigée, se terminant par cette conclusion : « Au voisinage d'un laboratoire, je préférerais, ou peu s'en faut, celui d'une fabrique de poudre, car on y apporte toujours les mêmes substances, on y fait toujours la même chose et l'on peut choisir son personnel. Dans la chimie géné- rale, au contraire, on fait souvent du neuf, on se heurte à l'inconnu, et l'homme le plus prudent peut sauter en l'air comme feu Dulong. Vous n'avez pas, d'ailleurs, oublié les ravages du picrate de potasse sur la place de la Sor- bonne. » La classe remercie M. Kervyn de Lettenhove pour sa communication et s'associe, comme elle l'a déjà fait du reste, aux réclamations de la Bibliothèque royale auprès des pouvoirs supérieurs. CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1876. Sur sa demande, M. Alphonse Le Roy, premier commis- saire pour le mémoire en réponse à la question concer- nant le droit de chasse aux Pays-Bas et dans la prin~ cipauté de Liège, est remplacé dans cette fonction par M. G. Nypels, second commissaire. M. Alph. Wauters est adjoint à MM. Nypels et Thonissen pour examiner ce travail. ( 684 ) COMMISSION DES FINANCES. Conformément à l'article 42 du règlement général de l'Académie, la Commission spéciale des finances de la classe s'est réunie, avant la séance, pour examiner les comptes généraux de l'année 1875, arrêtés par la Commission ad- ministrative dans la séance du 24 février. Elle fait con- naître l'état des recettes et des dépenses pendant cette année, état qu'elle a approuvé en ce qui concerne la classe. Celle-ci admet les résolutions prises à ce sujet. RAPPORTS. MM. Gachard, Wauters et le baron Kervyn de Letten- hove donnent lecture de leurs rapports sur le mémoire de M. le baron Guillaume portant pour titre : Histoire de Vin- fanlerie luallonne sous la maison d'Espagne (1500-1800). Conformément aux conclusions favorables de ces rap- ports, non destinés à la publicité selon les règlements, la classe vote des remercîments à M. le baron Guillaume et décide l'impression de son travail dans le Recueil in4° des mémoires des membres. ( 685 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur lin exemplaire de /'Histoire générale de la Belgique par DeweZj annoté de la main de fauteur (don de M. Dewez-Chaudoir à l'Académie); note par M. Alphonse Le Roy, membre de l'Académie. Deux éditions de VHistoire générale de la Belgique par Dewez virent le jour du vivant de l'auteur, l'une en 1807, lorsque notre pays partageait les destinées de la France, l'autre en 1826, sous le régime hollandais. Un ouvrage de cette étendue a rarement une telle fortune chez nous, sur- tout quand sa valeur intrinsèque n'est pas précisément relevée par l'éclat ou le charme entraînant du style. Mais le livre de Dewez, la première synthèse de nos annales qui ait été élaborée, répondait à des aspirations patriotiques dont on n'avait pas alors, sans doute, une conscience par- faitement claire, et qui pourtant étaient très-réelles. Son œuvre publiée, l'auteur ne tarda pas à voir se réaliser les espérances formulées dans sa préface : de toutes parts on s'éprit de notre passé, on y chercha de plus en plus avi- dement nos titres à l'individualité nationale. Un moment vint où Dewez fut dépassé de loin : ce n'est pas ici que j'ai besoin de rappeler les progrès accomplis, le magnifique élan qui ne s'est point ralenti jusqu'à ces dernières années, dans le domaine de l'histoire nationale. Cependant il serait injuste de l'oublier : c'est surtout à Dewez que revient l'honneur d'avoir provoqué cet enthousiasme; un sentiment de reconnaissance durable doit s'attacher à son souvenir. ( 686 ) Dewez, devenu secrétaire perpétuel de notre Académie, trouva des loisirs pour continuer les travaux qui lui avaient fait un nom. 11 s'occupa sérieusement, pendant les der- nières années de sa vie, de remanier son principal ouvrage et d'en préparer une troisième édition. Peut-être eut-il le temps d'achever cette révision : en tous cas, jusqu'à pré- sent, on n'en a découvert dans ses papiers qu'une partie assez considérable, répondant aux cinq premiers volumes de l'édition de 1826. C'est dans un exemplaire de ces volumes, cartonnés avec intercalation de pages blanches, qu'il a consigné les nombreuses notes, suppressions, addi- tions, changements de toute nature, qui devaient rajeunir son œuvre et témoigner ainsi de son zèle consciencieux. Le tome IV, entre autres, est presque entièrement refondu. L'honorable M. Devvez-Chaudoir, conseiller communal à Liège, possesseur de ce manuscrit autographe, a estimé qu'il convenait de déposer un tel document dans la biblio- thèque de l'Académie. Par un sentiment de délicatesse que l'on comprendra, il s'est entendu avec les personnes aux- quelles des liens de parenté pouvaient donner moralement quelque droit d'intervenir en cette affaire : on lui a laissé carte blanche. M. Dewez-Chaudoir se serait fait scrupule, m'a-t-il dit, de laisser ces volumes, et ceux qu'on pourrait encore retrouver, enfouis dans une bibliothèque privée : la trace s'en perdrait tôt ou tard. Il a donc résolu de s'en dessaisir, et c'est en son nom que je viens les offrir à l'Aca- démie. Je suis d'autant plus heureux d'avoir à m'acquitler de cette mission que, d'une part, les dernières recherches de notre ancien secrétaire perpétuel étaient hier encore totalement inconnues, et que, d'autre part, j'espère que l'exemple donné par M. Duwez sera salutairement con- tagieux. ( 687 ) 11 est plus que probable que les améliorations apportées par riiislorien de la Belgique à la rédaction primitive de son grand ouvrage nous apprendront peu de chose : depuis sa mort, la science a marché à pas de géant, et Dieu sait comme la poussière des archives a été secouée! Cependant il n'est jamais impossible de voir un nouveau rayon de lumière tomber sur tel ou tel point de détail, et les aperçus généraux sont bons à noter en tout temps. Je vou- drais que la classe confiât à l'un de ses spécialistes le soin d'examiner les notes de Dewez et de nous rendre compte de l'intérêt qu'elles présentent. En toute hypothèse, n'eussent-elles de valeur que rela- tivement au temps où elles ont été écrites, nous devons savoir tout particulièrement gré au donateur d'avoir sacrifié une précieuse relique de famille à l'avantage de la république des lettres. Sur différents ouvrages de philologie offerts par M. J. Gan- trelle à r Académie; note par M. Alph. Le Roy, membre de rAcadéniie. Je crois pouvoir, sans déroger à l'usage, attirer l'atten- tion de mes honorés confrères sur- quelques ouvrages que M. Gantrelle, professeur à l'Université de Gand, m'a chargé d'offrir en son nom à l'Académie. Je ne dirai pour- tant qu'un mot de ses traités classiques , j'entends de ses deux grammaires latines ; mais ce mot me paraît tout à fait opportun, à une époque où il est devenu presque banal de répéter que l'étude des langues de la Grèce et de Rome est en pleine décadence dans notre pays. S'il en est ainsi, ce n'est point assurément faute de bons maîtres : sans étayer ( 688 ) cette assertion de nombreuses preuves , ce qui me serait très-facile, je n'invoquerai, en ce qui concerne le profes- seur gantois, qu'un témoignage évidemment non suspect, celui de Téminent successeur de Patin dans la chaire de poésie latine de la Sorbonne. Une note du Virgile de M. Benoist (v. 1) est ainsi conçue : « Dans les corrections » de ce volume, j'ai usé de la grammaire latine de Gan- » trelle , actuellement le meilleur ouvrage de ce genre » en français. » Cette grammaire (l'édition développée) est dès à présent recommandée chez nos voisins du Sud, et le manuel élémentaire, refondu d'après les principes de la grammaire historique, a reçu le droit de bourgeoisie dans l'Université de France, depuis qu'un éditeur parisien a pris soin de le réimprimer. Mais c'est une autre catégorie d'études de notre compa- triote que j'ai ici spécialement en vue. Les opuscules auxquels je fais allusion pénétreront sans doute dans les Athénées ou mieux encore dans les Universités; ils inté- resseront d'autre part, ils éclaireront même les philologues proprement dits et les hommes de lettres : c'est au point de vue de ceux-ci que je me place. A ce propos, il n'est pas inutile de rappeler que le mot philologie fait peur à bien des gens : on s'imagine trop souvent que la philologie grecque ou latine, par exemple, est tout simplement la science des formes lexigraphiques ou des combinaisons syntaxiques des langues anciennes : c'est une erreur capi- tale ; tout au moins M. Gantrelle ne l'entend pas ainsi. Pour lui comme pour l'illustre Godefroid Hermann, entre autres, la philologie embrasse l'étude du lôyo; dans les deux sens du terme, ratio et oralio, la pensée et la parole (1). Elle (I) H. KoECHLY, Gottfricd Hermann, Heidelberg, 1874; in-8°, p. 15. ( 689 ) est par conséquent la science de V interprétation , de Tin- lelligence parfaite des textes antiques, fond et forme, et par là, dans l'acception large du mot, elle est toute la science de Tantiquité. S'en faire une autre idée, ce serait ne rien comprendre au but que poursuit M. Gantrelle, et qu'il se propose de poursuivre avec un redoublement d'énergie, grâce au concours de notre savant confrère M. Wagener. Si toutefois M. Gantrelle est philologue dans le sens que je viens d'indiquer, ses prédilections le ramènent toujours à la grammaire. Dans sa persuasion intime, le sens précis d'un texte, sa valeur intensive, si l'on peut dire ainsi, son élégance même ne peuvent être saisis par celui qui n'a qu'une idée vague des nuances délicates de la construction et de l'intention formelle que les grands stylistes attachent aux moindres mots, aux particules les plus insignifiantes en apparence. Rien de plus juste : cependant il y a ici un écueil à éviter, un écueil contre lequel les Allemands, en particulier, se sont heurtés plus d'une fois. L'auteur le plus sévère, le plus rigoureusement correct prend à ses heures une certaine franchise d'allures, quidlibet audendi potestas : entraîné par l'essor de sa pensée, il se fait un peu sa langue; et c'est d'ordinaire quand son style défie le scalpel d'une analyse minutieuse, qu'il révèle avec le plus d'éclat le tour piquant et original de son esprit, qu'il s'élève même jusqu'à l'éloquence, laquelle réclame par excellence une pleine liberté. La critique ne doit laisser sans contredit aucun recoin inexploré, mais elle ne doit pas vouloir tout réduire à certaines catégories inexorables; elle ne saurait dégénérer en un épluchement de mots et de tournures, sans l'exposer à se faire appliquer le mot de Wieland : que l'examen trop minutieux des arbres, un par un, empêche de voir la forêt. Quand on s'engage trop avant dans cette voie, ( 690 ) on émonde si proprement les auteurs anciens, on en vient si aisément à voir partout des interpolations ou des fautes de copiste, que finalement le lecteur serait tenté de par- tager le scepticisme du P. Hardouin. M. Gantrelle, je me hâte de le déclarer, est jaloux de garder la mesure : à Tinstar des Dûbner, des Bœtticher, des Roth, des Wœlfflin, des Zirker et des Andersen, qui se sont occupés avant lui de la grammaire et du style de Tacite, il ne compare ce grand maître qu'à lui-même. C'est le secret de son incomparable vigueur qu'il cherche à péné- trer, c'est le relief puissant de sa phrase et la portée exacte de sa pensée qu'il s'efforce de faire ressortir , non par des appréciations personnelles , mais par la seule vertu d'une analyse suffisamment profonde et méthodique. S'il entre patiemment dans les détails, c'est pour en revenir toujours à l'ensemble, si bien que la Grammaire spéciale d'un auteur devient à la lettre son meilleur commentaire per- pétuel. L'exemple est joint au précepte. A côté d'une étude sur la proprietas elocutionis Taciteœ (pour me servir d'une expression de Dûbner), nous avons sous la main, non-seu- lement une édition de la vie d'Agricola en rapport avec ce travail, mais une dissertation consacrée à l'examen his- torico-esthétique de cet ouvrage , « le plus lu et le moins compris de Tacite, » disait Burnouf : dissertation très- remarquée au dehors, à ce point que, tout récemment, une traduction allemande en a paru à Berlin, où certaine- ment on n'est pas prodigue d'éloges (1). Le premier fas- cicule de « Contributions à la critique et à l'explication de (1) Ueber Entstehung , Charakler und Tendenz von Tacilus'Agri- cola, etc. Berlin, E. H, Schroeder, 187D;iu-8<'. (691 ) Tacite » est encore venu s'ajouter à ces publications, qui seront continuées avec la collaboration de M. Wagener. Les deux philologues belges ne préparent rien de moins qu'une édition complète du prince des historiens romains. L'étude attentive du texte d'Agricola, entreprise d'après les principes de critique qui ont dirigé la rédaction de la Grammaire spéciale , a eu pour résultat de jeter un jour nouveau sur le caractère littéraire et sur la signification politique de l'opuscule de Tacite. M. Urlichs (de Wurz- bourg), d'abord moins disposé à y voir un éloge historique {lauSj laudatio) qu'une simple biographie, a loyalement rendu les armes (1); en France, les conclusions littéraires de M. Gantrelle, et tout d'abord ses prémisses ont été si bien accueillies, que VAgricola belge est maintenant pres- crit pour l'agrégation de grammaire (2). C'est une véri- table conquête et ce n'est pas la seule. Plusieurs correc- tions du texte ont été franchement admises par les derniers éditeurs allemands, Draeger entre autres : je n'insisterai pas, puisque les usages de l'Académie ne permettent point qu'on rende compte ex professa des livres imprimés. iMais, dans notre classe, il est du moins permis de signaler aux connaisseurs l'apparition des travaux sérieux qui contri- buent elïîcacement au progrès des études nationales et des lettres en général. C'est à ce titre , et pour deux raisons dont une seule suffirait à me justifier, que je n'ai pu rester indifférent dans la circonstance présente. D'une part, M. Gantrelle a démontré pratiquement les avantages de la méthode philologique bien comprise; de l'autre, ses travaux consciencieux ne serviront pas seulement à dis- (1) Philol. Anzeiger de Goettingue. (2) Blot. L'instruction putZ/gue ,n" du 15 décembre 1875. ( 692 ) siper sous ce rapport des erreurs accréditées : ils établiront que les fortes études classiques ne sont pas aussi négligées dans notre pays qu'on affecte de le prétendre, laissant aux étrangers le soin de rendre pleine justice à nos conci- toyens. Sur le volume des institutions politiques de Valenciennes, offert à rAcadémie par l'auteur M. L. Cellier; note par M. Ch. Piot , correspondant de l'Académie. Le livre que j'ai l'honneur de présenter à la classe n'offre pas seulement de l'intérêt au point de vue de l'his- toire locale : c'est une page intéressante destinée à l'élude de l'organisation générale de nos communes, de leur com- merce et de l'industrie au moyen âge. Que le lecteur ne s'y trompe pas. L'écrivain n'a nulle- ment l'intention d'attribuer à Valenciennes une origine flamande, comme le semble indiquer le titre du volume. Il a voulu faire comprendre à ses compatriotes que, par ses aspirations, ses droits anciens et ses privilèges, cette ville appartenait aux communes de nos provinces, si largement dotées de libertés et de franchises. En France, la Belgique est encore la Flandre, comme la Hollande représente à nos yeux les provinces septentrionales des Pays-Bas. Valenciennes, cité éminemment wallonne, avait depuis longtemps ses historiens et ses monographes. Par leurs écrits ils ont fait connaître le rôle important qu'elle a joué dans les annales de notre pays sous le rapport artistique, religieux, politique et militaire. Il y avait encore beaucoup à faire au point de vue de la commune. M. Cellier a voulu s'acquitter de cette tâche, en mettant au jour plusieurs ( 693 ) documents d'une grande valeur. Telle est, entre autres, la charle de la Frairie de la halle aux draps, acte important de 1067, dont M. Forlruyn regrettera sans doute de ne pas avoir connu le texte lorsqu'il rédigea son travail si remar- quable intitulé : Spécimen historico-politicum de gildarum historia. M. Cellier explique ensuite la paix de Valenciennes de 1114, la charle del Triuwe, celle de 1507 et d'autres actes encore, la réforme de 1497, et fournit des renseigne- ments sur la rédaction du Coutumier de sa ville natale. Toutes ces dissertations sont basées sur d'excellentes preuves. Les chapitres suivants sont consacrés à la bour- geoisie, au magistrat, aux deux conseils, aux officiers de la commune, aux sceaux de la ville et à ses armoiries, aux serments, aux jetons de présence du magistrat, aux tapisseries, peintures, verrières, etc. A propos des deux conseils de Valenciennes, M. Cellier fait observer que, dans l'Italie, les villes en avaient égale- ment deux au moyen âge. Par quelle voie, se demande-l-il, le Nord a-t-il fait cet emprunt au Midi? On pourrait ré- pondre par celle des traditions et des nécessités. La Grèce a légué quelques-unes de ses institutions locales aux mu- nicipes de l'Italie ancienne. Celle-ci, après les avoir modi- fiées, les a transmises aux Romains et aux Gaulois, qui les ont fait passer à l'Italie du moyen âge et aux popula- tions du Nord. Les villes de Ratisbonne, de Cologne, de Strasbourg, de Trêves ont longtemps conservé des restes appartenant aux institutions romaines. En les adoptant, chaque peuple a façonné ces droits selon ses mœurs, ses besoins, ses idées. Les mêmes né- cessités ont amené les mêmes résultats, modihés bien en- tendu selon les exigences des nationalités. C'est là tout le secret des identités que l'on observe entre plusieurs insti- ( 69i ) tutions des peuples anciens, du moyen âge et des temps modernes. Numa ne se faisait-il pas inaugurer sur une pierre mystérieuse de même que les rois Scandinaves? Les Indiens, les Grecs, les Romains et les Germains em- ployaient Tachât et la coemptio pour prouver la puissance du mari sur la femme. Les soldats Thébains offraient de prouver leur innocence par l'épreuve du fer ardent, et les Brahmanes connaissaient les épreuves du feu et de l'eau comme les peuplades du Nord. Toutes ces nations étaient bien éloignées les unes des autres, et cependant elles avaient parfois des usages identiques. Je me permets encore une observation. En lisant les documents précités de i067 et il 14, je me suis demandé si ce sont des traductions des originaux rédigés en laiin? Pour ma part je n'en doute pas, et sur ce point je suis d'accord avec M. Cellier (1). Généralement les actes publics de notre pays sont rédigés en latin jusque vers la fin du Xli" siècle. Au moment du développement des communes et lorsque l'élément populaire commençait à s'y introduire, la langue latine n'était plus connue des masses. Jl fallait des traductions dans l'idiome vulgaire des actes anciens destinés à la bourgeoisie (2). — M.Ferdinand Loise continue la lecture de son travail sur la Littérature allemande dans les temps modernes. (t) Voir à ce sujet d'Outreman, Histoire de Valenciennes , p. 109. (2) Lebœuf, Recherches sur les anciennes traductions en langue fran- çaise. Tailliar, Recueil d'actes des Xll^et XIII" siècles en langue romane. Du Mortier, dans les Comptes rendus de la Commission royale d'his- toire, U^ série, t. VIII, p. 193. ( 695 ) Le Conseil d'État belge et la Conférence anglo-batave (1706- 1715) ; par M. Gachard, membre de l'Académie. TROISIÈME ET DERNIÈRE PARTIE. VI. Le retour du plénipotentiaire de la Grande-Bretagne était attendu par Van den Bergh avec impatience. Il avait eu tout récemment un démêlé fort vif avec le conseil d'Etat au sujet de la nomination faite, par le conseil, d'un colonel d'infanterie et de l'ordre qu'il avait donné (1) aux chefs de tous les régiments levés dans les Pays-Bas, au nom de l'empereur Charles VI (2), de lui envoyer, pour qu'il la remit au prince Eugène de Savoie, une relation authentique de l'état de leurs régiments. Van den Bergh s'était plaint au prince de ces actes qui, à ses yeux, constituaient une usurpation de pouvoir (5); il avait fait défense aux colonels d'obtempérer aux ordres du conseil (4-). Les états géné- raux, à qui il avait rendu compte de sa conduite, l'avaient approuvée : leurs députés pour les affaires étrangères étaient entrés en conférence là-dessus avec le comte de Sinzendorff et le baron de Heems, ministres de Charles VI à la Haye : ils leur avaient déclaré catégoriquement que, tant que les Pays-Bas espagnols ne seraient point remis à l'empereur, l'administration supérieure en devrait rester entre les mains des deux puissances, et le conseil d'Etat (1) Le 7 octobre 17Î-2. (2) Charles III avait été élu empereur à Francfort le 12 octobre 1711. (3) Lettre du 12 octobre 1712. [Verhaal, etc., ii° 1892.) (4) Lettres des 12 octobre et 19 novembre. (/6/d., n^^ 1895 et 1921.) ( 696 ) continuer d'être subordonné à celles-ci (1). Cette manière de voir avait été partagée par le cabinet de Saint-James (2). Orrery revenait à Bruxelles, ayant pour instructions de faire strictement respecter, parle conseil d'Etat, l'autorité de la Conférence; il y était personnellement tout disposé, d'après les rapports qu'on lui avait envoyés en Angle- terre sur ce qui s'était passé pendant son absence (5). Le 29 décembre il signa , avec Van den Bergh , une réqui- sition où ils reprochaient au conseil d'avoir excédé son pouvoir en disposant d'emplois militaires, et le prévenaient qu'ils étaient occupés d'examiner ses actes, « afin d'y re- » médier de la manière qu'ils jugeraient le plus conve- » nable (4). » Le conseil crut devoir laisser cette réquisition sans réponse. Huit jours après, les deux ministres lui en adressèrent une autre, pour que ses membres déclarassent à la Conférence, « tous ensemble, ou chacun en particulier, » s'ils étaient d'intention de continuer à servir sur le pied » de leurs instructions (o). » A celte seconde intimation le (1) Résolution des états généraux du 24 octobre 1712. {Verbaal, elc , u» 1900.) (2) Lettre de Van den Bergh au greffier Fagel, du 20 novembre. {Vcr- baal, etc., n° 1927.) (5) Il écrivait, de Londres, le 14 décembre 1711, à son secrétaire à Bruxelles, John Laws : ^c Je suis bien marri de voir que messieurs du » conseil d'Élat continuent encore à faire des difficultés irraisonnabli s » dans les afTaiies publiques... . » Vous pouvez assurer M. Van den Bergb que je suis très-mécontent de )> la conduite du conseil d'État depuis mon départ, tt que s'il continuait » encore d'agir de la même manière, je ne me ferai point de scrupule, à » mon retour, de consentir à tous les moyens propres à faire exécuter les » intentions des deux puissances. » {Verbaal, etc , n« 1741.) (4) Coll. de documents inédits, etc , t. III, p. 500. (5) Ibid., p. 502. ( 697 ) conseil répondit « qu'il n'avait rien fait, dans Texercice 2) de son ministère, que ce que le service de S. M. I. et C, » son très-auguste souverain, celui de la cause commune, » le bien et les intérêts du pays exigaient : à quoi ses » membres étaient autorisés et obligés, ensuite de leurs » instructions et de leur serment, sur le pied desquels ils » avaient toujours servi et continueraient de le faire, tant » que la volonté de l'empereur, ses intérêts, la religion, les » lois, constitutions et privilèges du pays ne s'y trouve- » raient pas opposés (I). » La réponse du conseil, apportée verbalement à la Con- férence, le 1 4 janvier, par le secrétaire de Heems, parut aux deux ministres « conçue dans des termes aussi ambi- » gus que peu respectueux (2). » Orrery s'en montrait plus offensé encore que son collègue; il aurait voulu qu'il fut enjoint aux conseillers récalcitrants de s'absenter du conseil jusqu'à nouvel ordre (o). Van den Bergh en référa aux états généraux. A la Haye on jugea qu'avant de recourir à la mesure extrême proposée par le plénipotentiaire de la Grande-Bretagne, il fallait essayer encore de faire comprendre au conseil d'État l'obligation qu'il y avait pour lui de se conformer aux ordres dos deux puissances (4). L'impatience du comte Orrery ne lui permit pas d'at- tendre la décision des états généraux. Le 25 janvier la Conférence envoya au conseil d'État une longue réquisi- (1) Coll. de documents inédits, etc., t. III, p. 312. (2) /6/rf,p. 314. (3) « Tolnader order uyt den raad van State zoude doeu blyven » (4) Lettres de Van den Bergh au greffier Fagel, des 9 et 16 janvier 1 713 ; résolution des élats généraux du 21 janvier. (Ter^aa/, etc.) 2"* SÉRIE, TOME XLI. 45 ( 698 ) tion (1) qui se terminait par rinjonction à ses membres de signer un formulaire contenant que, « ayant reçu leurs » commissions et instructions de la part des deux puis- » sanccs représentant Sa Majesté Tempereur Charles VI, » ils promettaient de vouloir s'en tenir à leur déclaration » du 29 octobre 1711, et de reconnaître, ainsi qu'ils le » faisaient par ce formulaire, la subordination due auxdites » deux puissances, ensuite de leurs instructions (2) » Le conseil n'ayant pas satisfait à cette injonction, la Confé- rence, le 17 février, le requit de s'expliquer positivement, et dans les trois jours, par rapport à la subordination qu'il lui devait (5). Cependant le pays commençait à s'émouvoir des pré- tentions de la Conférence et de la résistance énergique que le conseil d'Etat y opposait. Les députés des états de Brabant avaient présenté au conseil une adresse où ils demandaient que les réquisitions du 29 décembre 1712 et du 5 janvier 1715 leur fussent communiquées, afin qu'ils en fissent rapport à leurs commettants (4). Leur exemple avait été suivi par les députés des états de Flandre (5). Les nations de Bruxelles, convoquées le 24 janvier 1713 pour les affaires de la ville, avaient réclamé l'inauguration de Charles VI, et déclaré qu'il était contre les privilèges du pays d'être gouverné par des puissances étrangères, « sin- (1) Dans une lettre du 23 janvier à Fagel, Van clen Bergh lui disait qu'il avait donné son consentement à cette réquisition, sur les instances du comte Orrery. (2) Coll. de documents inédits, etc., t. III. p. 315. (3) Ibid , p. 320. (4) Ibid., p. 304. (5) 76/d.,p.323. ( 699 ) » gulièrement d'une religion opposée à l'ancienne religion » catholique (1). » Lorsque les dépulés des états de Brabant et de Flandre eurent pris connaissance des réquisitions dont ils avaient obtenu copie, ainsi que de la réponse que le conseil d'État y avait faite, et qu'on leur eut donné communication aussi des réquisitions du 23 janvier et du \7 février, non-seule- ment ils applaudirent au langage que le conseil avait tenu, mais encore ils le supplièrent de faire connaître aux pléni- potentiaires de la Grande-Bretagne et des Provinces-Unies que, si les étals des Pays-Bas espagnols s'étaient soumis à la régence qu'il exerçait, c'était parce qu'il y avait été établi au nom de Charles VI, sans que les deux puissances mari- times se fussent réservé dans ces provinces aucune auto- rité, ni le pouvoir d'y exiger d'autre subordination que celle qui était due légitimement et uniquement à S. M. 1. (2). Le conseil se sentait appuyé par l'opinion publique. Il répondit, le 21 février, aux dernières réquisitions de la Conférence dans les mêmes termes qu'il l'avait fait, le 1 i du mois précédent, à celles du 29 décembre et du 5 janvier, tout en protestant qu'il ne manquerait jamais au très- profond respect qu'il devait à S. M. la reine de la Grande- Bretagne et à LL. HH. PP. les états généraux des Pro- vinces-Unies, ni à l'attention à laquelle avaient droit leurs ministres (3). L'irritation d'Orrery et de Van den Bergh était aii comble; le premier trouvait que son caractère était mé- (1) Coll. de documents inédits, etc., t. III, p. 317. (2) Ibid. p. 325. (3) Ibid, p. 325. ( 700 ) prisé (1); tous deux étaient d'avis que des mesures de la dernière rigueur fussent prises pour dompter lopposition persistante du conseil. Mais les états généraux répugnaient encore à en venir à cette extrémité (2). Le différend entre la Conférence et le conseil s'envenima à Toccasion des gouvernements de Gand et de Bruges que les deux puissances avaient résolu de conférer aux colo- nels d'Audegnies et Devenisch, et d'un régiment de dra- gons qu'elles voulaient faire lever aux Pays-Bas, pour le placer sous le commandement du marquis Palleolti, le conseil ayant refusé d'acquiescer à la réquisition qui lui fut envoyée pour qu'il exécutât ces résolutions (3). On n'était pas sans quelque appréhension, à la Haye et à Londres, que l'opposition du conseil d'État ne fut excitée, ou tout au moins encouragée par la cour de Vienne : les plénipotentiaires des deux puissances maritimes au congrès d'Utrecht eurent ordre de s'en expliquer avec les ambas- sadeurs de Charles VI (4). La position de ces derniers était délicate; ils n'ignoraient pas les négociations secrètes de l'Angleterre avec la France; ils savaient que les états généraux, avec lesquels le cabinet de Saint-James venait (1) Dans une leUre du 27 février au greffier Fagel, Van den Bergh lui marque qu'Orrery « misnoeght beginl te worden, dat zyn caracler is « gemepriseert. « {Verbaal van de heeren Van den Bergh, elc.) (:2) On lit, dans leur résolution secrète du 15 février : « Dat Haer Hoog » Mogende gewenscht hadden dat de saken in de Spaensche Nederlanden, » len opsigle van de regeeringe ende subordinalie, in de ordre hadden » kunnen worden gebragt , ofte nog gebragt konden worden , sonder tôt » sterke resolutien te komen, elc. « (3) Coll. de doc. inéd., etc., t. III, pp. 527-550. (4) Ces ambassadeurs étaient le comte de Sinzendorff, le comte de Corsana et le baron de Kirchner. ( 7,0d ) de signer un nouveau traité pour la garantie de leur bar- rière (1), s'étaient associés à sa politique; ils voyaient ainsi lempereur abandonné de ses alliés. Ils répondirent aux plénipotentiaires anglais et hollandais qu'ils désapprou- vaient la conduite du conseil d'Etat; que l'empereur y était entièrement étranger; que, suivant eux, le conseil tenant sa commission et ses instructions des deux puissances, il devait provisoirement leur être subordonné (2). Assurés désormais de n'avoir pas à craindre de repré- (1) Le traité du 19-50 janvier 1715, dans Du Mont, t. VIII, paît. I, p. 522. (2) « In een conferentie met de heeren keyserlyke ministersgehouden, gesproken zynde van den raad van Slate le Brussel, en dat çlezelve sig t'eenemaal en met vry veel hauteur onttrok de subordinatie aen de heeren van de Conferentie aldaer,de heeren keystrlyke ministers daarop verklaart hadden dat sy die manieren van docn seer improbeerden, ende dat wel- gemelde raad daertoe van den keyser geen de minsle lasl ofie ordre hadde, ende dal sy, heeren keyserlyke ministers, ookbegrepen dal dewyl gemelde raad van State hare commissie endeinslructien van de iwee magten hadden ontvangen, daaraan by provisie moeslen zyn gesubordineert. -^ Ceci est contenu dans une lettre que les plénipotentiaires hollandais au congrès d'Utrecht adressèrent, le 12 mars, au greffier Fagel , et rappelé dans la résolution secrète des étals généraux du 14. Le lord StralFord, plénipotentiaire de la reine Anne, écrivit à peu près dans les mêmes termes au comte Orrery. Le comte de Sinzendorff, répondant au conseil d'État, qui lui avait té- moigné sa douleur du langage tenu par les ministres impériaux à Utrecht, prétendit qu'on n'avait pas bien compris ce langage; que ses collègues et lui n'avaient point censuré la conduite du conseil, mais qu'ils avaient dé- claré que, de la part de l'empereur, ils ne pouvaient entrer dans les dis- putes qui s'élèveraient entre le conseil et la Conférence, puisqu'il n'avait pas été établi par S. M. I., mais par les deux puissances. (Coll. de doc. inédits , etc., t. III, pp. 541-545.) Ail fond, il y avait peu de différence entre le langage avoué par les mi- nistres impériaux et celui que leur prêtaient les plénipotentiaires de la Grande-Bretagne et des Provinces-Unies. ( 702 ) sentations de la part de la cour impériale, les états géné- raux jugèrent qu'ils n'avaient plus de ménagements à garder envers le conseil d'Etat belge. Le 14 mars ils pri- rent une résolution aux termes de laquelle, si le conseil se refusait encore à exécuter les réquisitions de la Confé- rence, ou s'il s'écartait en un point quelconque de ses instructions, leur plénipotentiaire à Bruxelles, de concert avec celui de la Grande-Bretagne, aviserait aux moyens d'y pourvoir, en recourant, au besoin, à des mesures énergi- ques et qui fassent de nature à faire cesser tous les ob- stacles (1). Van den Bergh et Orrery reçurent cette résolution avec une satisfaction infinie : il était temps, selon le plénipoten- tiaire hollandais, que l'on agît avec fermeté, si l'on ne voulait que la hauteur et l'audace des Belges devinssent plus grandes et fissent même naître des dangers pour la république (2). Le 18 mars la Conférence adressa au con- (1) « Waerop gedelibereert zynde, is goedgevonden en versiaan dat gemelde raad van State sigh sal moeten reguleren na bare commissie ende instructie, ende dien volgende behoorlyke executie moet doen geven aan de requisilien dewelke aan gemelden raad van State, dien confornn door de heeren minislers van de Iwee mogentheden, uit derselver naam, worden gedaen,ende sonder daar entrent eenige verklaringe van gemelden raad van State de voorderen af te waglen ; dat gemelde raad van State, uit sighselve en volgens de plicht haer uit hare commissie ende instructie incumberende, het selve sal nakomen, ende by aldien daervan in eenige poinclen in gebreke blyfl, dat hy heere Van den Bergh dan, met gemelden heere grave van Orrery, rypelyk sal overleggen , op wat wyse, hctzy met gemaok, hetzy door middelen van nadruck en door welke de obslaculcn gesurmonteerd suUen kunnen worden «« (Arch. de la Haye.) (2) Il écrivait au greffier Fagel le 20 mars : « Het was le wenschen » dat soodanige resolulie was genomen geworden... » II lui disait encore : « De sag nu soo synde, dient de resolutie van Haer Hoog Mogende met ( 703 ) seil une réquisition où elle l'invitait à signer la promesse de s'en tenir à la déclaration qu'il avait faite le 29 octobre 1711, et de reconnaître la subordination due aux deux puissances. Ceux de ses membres qui ne l'auraient pas signée dans les quarante- huit heures devraient s'absenter du conseil jusqu'à nouvel ordre (1). Le conseil s'assembla, le 20, le matin et l'après-midi, pour délibérer sur la réquisition du 18; trois fois, dans cette journée, le secrétaire Wôller se présenta au palais, où il tenait ses séances, réclamant, au nom de la Confé- rence, une réponse qui lui fut remise, le soir, par le se- crétaire de Heems : elle était, en substance, conforme à celles du 14 janvier et du 21 février (2). Le jour suivant la Conférence, attendu que les membres du conseil n'avaient pas signé la déclaration prescrite, leur intima l'injonction « de s'en absenter jusqu'à autre ordre (o). » Le conseil répondit, le 22, qu'il avait été commis au gou- vernement des Pays-Bas , au nom de l'empereur, pour y maintenir ses hauteurs et prérogatives, ainsi que les lois et les constitutions du pays, jusqu'à ce que S. M. en fût convenue autrement avec les deux puissances; que ses membres ne pouvaient donc pas abandonner leurs fonctions sans manquer à leurs devoirs : cette lettre était signée des comtes d'Ursel, d'Erps , de Lannoy, du prince de Ru- bempré, de MM. Van der Gote, de Caverson , Thisquen et » fermeleyt staande gehouden worden, off de hauteur en de stouligheyt » van ditvoick sal niet alleen grootei',maer oock gevaerlyck woorden. . » (Arch. de la Haye ) (1) Coll. (le doc. inéd., etc., l. TU, p. 33-i. (2) y/^/d, pp. 338-340. (5) Ibid.^p.ùiQ. ( 704 ) Van der Haghen (1); le duc d'Arenberg était absent; le comte de Clairmont ne paraissait plus au conseil depuis un certain temps déjà; on verra bientôt pourquoi. Le se- crétaire de Heems se rendit à la Conférence et remit cette réponse à Wôller. Quelques instants après, celui-ci la lui rapporta sans qu'elle eût été décachetée, disant que les seigneurs de la Conférence ne voulaient plus recevoir d'écrit du conseil (2). Le même jour la Conférence révoqua les commissions de tous les conseillers, et les déclara déchus de leurs emplois (5). VIL Avant de frapper ce grand coup, les représentants de l'Angleterre et des Provinces-LInies avaient du s'assurer que des magistrats ou des administrateurs d'une certaine considération seraient disposés à prêter leur concours à la Conférence, et à affronter ainsi l'impopularité qu'attireraient sur eux infailliblement ceux qui prendraient la place des conseillers d'Etat destitués. Les personnes qu'ils avaient sondées n'étaient pas restées indifférentes à leurs avances : dans tous les pays et dans tous les temps il se trouvera toujours des hommes pour lesquels les honneurs et le pou- voir auront des séductions irrésistibles. On a vu que, dans le principe des démêlés du conseil (1) Coll. de documents inédits , etc., t. III , p. 547. (2) Ibid., p. 347. (3) Ibid., p. 549. D'après unelettre écrite par Van den Bergh au greffier Fagelle 25 mars, c'était le comte Orrery qui avait mis en avant la destitution des conseillers d'État, jugeant que par la modération il n'y avait rien à gagner. (Arch. de la Haye.) ( 70,^ ) d'État avec la Conférence, le comte de Clairmont s'était associé aux sentiments ei aux démarches de ses collègues. En 171 1, à l'occasion du règlement du 5 octobre, il changea de conduite : non-seulement il usa de toute sorte de pré- textes pour se dispenser de prendre part aux protestations du conseil contre ce règlement, mais encore il écrivit à la Conférence qu'il le recevait avec vénération et était prêt à le signer (1). Depuis il resta étranger aux délibérations du corps dont il faisait partie. Dans sa lettre à la Conférence dont nous venons de parler, il explique une versatilité si peu honorable pour son caractère, par la raison que des membres du conseil avaient reçu des faveurs signalées du gouver- nement de Philippe V, alors qu'il en était, lui, cruellement (1) Voici sa lettre: « Messieurs, ceux du conseil d'Eslat m'ont envoyé copie du nouveau règlement que Vos Excellences ont été servies de leur remettre, et m'or- donnent d'y dire mon sentiment de bouche ou par écrit, que j'ay jugé devoir dire, devant tout, à Vos Excellences. » Qui est que j'ay reçu avec beaucoup de respect les instructions, et qu'avec la mesme vénération je reçois le règlemonl y cnsuivy : mon ab- sence du conseil n'ayant jamais esté par le moindre refus de m'y con- former, mais parce que je jugeois ne pouvoir pas continuer de servir en compagnie de ceux qui ont esté cy-devant favorisés d'une manière dis- tinguée par les ennemys, dans le temps que j'eslois persécuté d'une ma- nière cruelle, par la seule raison que j'estois attaché aux intérêts de l'au- guste maison d'Autriche et de ses hauts alliez. » Et pour donner des marques convaincantes de mon zèle et attache- ment au service de mon roy et au bien de la cause commune, préférable- mentà ma propre satisfaction, j'ay résolu de me rendre incessamment à Bruxelles, pour signer le nouveau règlement, selon les ordres de Vos Excellences , et pour les assurer en même temps que je suis, avec beau- coup de respect, etc. » Le Co-iiTE DE Clairmont. » Termonde, le 14 octobre 1711. » {Verbaal van de heeren Van den Bei^gh, etc., n° 1631.) ( 706 ) persécuté. Mais, supposé que cela fût vrai, ne le savait-il pas du jour où il avait été appelé à siéger dans ce corps avec eux? Clairmont fut naturellement le premier auquel Orrery et Van den Bergh songèrent pour la formation du nouveau conseil; ils Ten firent chef, voulant par là récompenser le dévouement qu'il avait montré aux deux puissances. Les conseillers qu'ils lui adjoignirent étaient au nombre de quatre : Jacques-Ferdinand de Villegas, baron d'Hoog- vorst, président de la chambre des comptes de Brabant; Norbert Van Voorspoel, conseiller au grand conseil depuis 1688, après y avoir, pendant plusieurs années, rempli la charge de substitut procureur général ; Amé-Ignace de Coriache, conseiller ecclésiastique au même conseil (1), vicaire général de l'archevêché de Malines, et Juste-An- toine de Jonghe, seigneur de Bouchante, conseiller au conseil de Flandre, que les états de cette province avaient désigné au choix du duc de Marlborough en 1706. Tous cinq furent appelés à la Conférence le 25 mars, dans la soirée : là ils prêtèrent serment, après avoir déclaré qu'ils étaient prêts à servir sur le pied établi par les deux puis- sances pour le gouvernement des Pays-Bas, et avoir reconnu la subordination du conseil envers elles (2). (1) Il avait été nommé à cette charge par lettres patentes du 15 juillet 1707. (2) « ... Is by haer verklaert dat sy bereghlwillig waren sig te laten employeren op de gronden waerop het gouvernement alhier is geetablis- seerlgeworden, ende hebben immediatelyk daerop de vereyschte eede gepresteert... » (Lettre de Vanden Bergh au greffier Fagel, du 27 mars 1713.) Les nouveaux conseillers signèrent la déclaration suivante : « Nous soussignés, conseillers du conseil d'État, ayant reçu nos com- missions et instructions de la part des deux puissances représentant ( 707 ) La Conférence ne crut pas inopportun de prendre des mesures pour que Tinstallation du nouveau conseil se fît sans obstacle. Le conseil qui venait d'être dissous avait l'habitude de se réunir à neuf heures; le comte di' Clair- mont et ses collègues furent invités à se trouver au palais royal, le 24 mars, avant huit heures, afin de prendre pos- session du lieu des séances et des archives; les hallebar- diers qui faisaient le service du palais reçurent Tordre exprès de n'y laisser entrer aucun des membres du précé- dent gouvernement (1). Tout cela s'exécuta sans opposition aucune. Le grand sceau de l'État était sous la garde du conseiller Van der Gote, comme directeur du conseil (2); la Conférence le lui fit demander; il répondit qu'il l'avait renvoyé à l'empereur, son légitime maître (5). Quoiqu'ils eussent fermement repoussé les prétentions de la Conférence qui ne leur paraissaient pas légitimes, les anciens conseillers d'État avaient été loin de désirer d'en venir à une rupture ouverte avec elle. Le 22 mars, S. M. I. et R., promenons de vouloir nous en tenir à la déclaration signée, le 29 octobre 1711, par ceux qui ont ci-devant composé le conseil d'État, et de reconnoître , comme nous faisons par cetle, la subordination due aux- ditesdeux puissances, ensuite des instructions sur lesquelles nous avons prêté serment. » Ainsi fait à Bruxelles, à la Conférence, ce 23 mars 1713. » {Signé) Le Comte de Clairmont, de Coriache , de Villegas, Baron d'Hovorst, Norb. de Voorspoel , De Jonghe. (1) Lettre de Van den Bergh au grefBer Fagel, du 27 mars 1713. — CoU. de doc. inéd., etc., t. III, pp. 353 et 357. (2) Le chancelier de Brabant, de Grysperre, était, nous le supposons, malade ou autrement empêché à cette époque, car nous ne le voyons figurer dans aucun des actes du conseil. (3) Lettre de Van der Gote à la conférence du 2o mars. ( 708 ) lorsqu'elle leur avait renvoyé, sans vouloir la lire, leur ré- ponse à sa réquisition de la veille, ils avaient député deux d'entre eux au général comte de Feltz, commandant en chef des troupes impériales aux Pays-Bas, pour qu'il in- tervînt, comme médiateur, dans leur différend avec les ministres des deux puissances : ils l'avaient autorisé à dire à la Conférence qu'ils n'avaient jamais fait et ne feraient encore aucune difficulté de se régler exactement sur leurs instructions et la déclaration qu'ils avaient signée le 29 oc- tobre 1711 ; que, quant à la subordination qu'on voulait qu'ils reconnussent, ils avaient le regret de ne pouvoir le faire ; que c'était là une nouveauté; qu'en 1711 on l'avait aussi exigée d'eux, mais que, sur leurs représentations, on n'avait pas insisté; que, si l'on y tenait absolument, ils de- mandaient qu'au moins on attendît jusqu'à ce qu'ils eussent reçu réponse du comte de Sinzendorff, premier plénipo- tentiaire de l'empereur à Utrecbt, à qui ils en avaient écrit (1). Le comte de Feliz vit plusieurs fois le représen- tant des Provinces-Unies (2). Sur ces entrefaites la réponse de Sinzendorff parvint aux anciens conseillers. Le plénipo- tentiaire impérial les engageait à agir avec douceur et à donner satisfaction aux ministres des deux puissances, si ce qu'on réclamait d'eux n'était pas nouveau (3). En consé- quence ils envoyèrent, le 27 mars, le secrétaire de Heems à la Conférence pour déclarer itérativement, en leur nom, qu'ils étaient prêts à se conformer en tout point à leurs instructions et à la déclaration du 29 octobre 1711 (4'). Le (1) Coll. de doc. inéd., etc., t. III , pp. o56 et 360. (2) Lettres de Van den Bergh à Fagel, des 23, 27,30 mars 17J3. (3) Coll. de doc. inéd., elc, t. 111, p. 343, (4) Ibid., p 363. ( 709 ) comte d'Ursel et le conseiller Van der Haghen virent eux- mêmes, le premier le comte Orrery, et Tautre M. Van den Bergli (1). Ces pourparlers restèrent sans résultat ; les plé- nipotentiaires hollandais et anglais, dont la conduite avait reçu l'approbation des états généraux (2), étaient peu dis- posés à faire des concessions. Sur deux points il fut im- possible de tomber d'accord : la Conférence tenait à ce que la subordination envers les deux puissances fut formelle- ment reconnue par les anciens conseillers, et elle n'entendait pas revenir sur les cinq nominations qu'elle avait faites le 25 mars; les anciens conseillers auraient bien consenti à reconnaître l'autorité des deux puissances, mais le mot de subordination leur inspirait une répugnance invincible, et ils auraient regardé comme une humiliation de devoir accepter pour collègues les hommes qui avaient pris leurs places (5). VIII. Dans une assemblée générale tenue le 8 mars, les états de Brabant avaient résolu de ne reconnaître d'autre régence ni subordination que celle qui appartenait à l'empereur comme légitime prince souverain des Pays-Bas (4). Lorsque, (1) Lettre de Vanden Bergh au greffier Fagel, du 3 avril 1713. (2) Une résolution des états généraux du 2o mars portait : « Dat Hare » Majesteit van Groot Brittanien en Haar Hoog Mogende niet sullen kunnen » afwezentemaintiiieren helgeene door de heeren derselver ministers » lot Brussei is gedaen, en om verdere middelen in het werk te stellen, » om hare aulhoritheit en de nodige ordre in de regeringe legen de on- » behoorlyke proceduren van raad van State te conserveren... » (3) Lettres de Vanden Bergh au greffier Fagel, des 6 et 10 avril 1713. ^4) « ... Is by myne lieeren deser generade vergaederinge goetgevon- ( 710 ) le 24, leur députation permanente apprit ce qui s'était passé le matin au palais, elle écrivit au conseil de Brabant et aux magistrats de Louvain, de Bruxelles et d'Anvers, pour les engager à ne rien faire, en ce qui concernait le nouveau gouvernement, que de concert avec les états, les- quels devaient incessamment se réunir ; en même temps elle invita les états de Flandre à envoyer des députés à Bruxelles, afin que, de commun accord, on prît le parti qui serait jugé le plus convenable pour le service de l'empereur et l'avantage des deux provinces (1). Assemblés en corps les 27, 28 et 29 mars, les états réso- lurent d'écrire aux ambassadeurs plénipotentiaires de la reine de la Grande-Bretagne à Utrecht, aux états généraux des Provinces-Unies et au comte de Sinzendorff. Ils repré- sentèrent aux ambassadeurs le trouble que le changement inopiné apporté à la constitution du gouvernement allait produire dans l'esprit du peuple, « tellement, disaient-ils, » qu'il ne serait pas conseillable de faire aucune demande » d'aide ou de subside aux communes des chefs-villes; » ils les supplièrent de considérer le déshonneur qui rejail- lirait, sur les ministres du conseil d'État, dont cinq étaient membres de l'état noble de Brabant, de leur desti- tution, sans qu'ils eussent été ouïs en leur défense, con- trairement à la première et à la plus essentielle des lois fondamentales du pays; ils leur demandèrent enfin le main- tien des anciens conseillers d'Etat dans l'exercice de leur den ende geresolveerl geene andere heerschappye noch subordinalie te herkeonen als degene de Nvelcke eeniglyck toe gehoort aen Syne Key- serlycke ende Goninglycke Majesteit, als wettige souvereyneu prince van dese laiiden... » (1) Registre aux résolutions des États. ( 7H ) ministère, et, jusqu a ce que les dispositions nécessaires eussent été prises à cet effet, de ne pas trouver mauvais que les états eussent la direction de la province sur le pied et de la manière qu'ils l'avaient eue pendant les mois de juin et de juillet 1706 (1). Leur lettre aux états généraux contenait, en substance, les mêmes représentations et les mêmes demandes. Dans celle qu'ils adressèrent au comte de Sinzendorff, ils exprimaient le désir qu'il voulût appuyer, auprès des ambassadeurs britanniques et de Leurs Hautes Puissances , l'objet de leur réclamation , « afin que cette » fâcheuse affaire pût être terminée par un accommode- » ment amiable. » En attendant les résultats de ces dé- marches, ils décidèrent qu'ils ne reconnaîtraient pas le nouveau conseil (2). Ils comptaient sur le concours des états de Flandre, qui, quelque temps auparavant, leur avaient spontanément proposé de s'entr'aider pour la conservation de leurs an- ciens droits, libertés, privilèges et coutumes en conformité du traité du 3 décembre 1559 (5). Et il n'y a guère à en douter: si deux provinces aussi considérables que la Flandre et le Brabant s'étaient unies et prononcées fermement contre le nouveau conseil, leur opposition aurait donné à réfléchir aux puissances maritimes ; mais il n'en advint pas ainsi. Les députés des états de Flandre ayant soumis à leurs principaux l'invitation de la députation permanente du Brabant dont nous avons parlé, le clergé fut seul d'avis (1) Coll. dedoc.inéd.,elc., t. Ifl, p. 369. (2) « Mede is goedgevondeii van ondertusschen niet te erkeniien deri nieuwen aengeslelden raede van Staël, » porle le procès-verbal de l'assemblée du 29 mars. (3) Lettre des députés des étals de Flandre aux députés des états de Brabant, écrite de Bruges, le 24 janvier 1713. ( 712 ) d'agir de main commune avec les Brabançons; Gand et Bruges, avant de prendre un parti, voulurent avoir toute sorte d'informations, ce qui équivalait à un refus déguisé; le Franc se montra absolument contraire à Tenvoi de dé- putés à Bruxelles et à Tintervention de la province dans une affaire qui pouvait avoir de délicates et de dangereuses conséquences, vu les conjonctures où Ion se trouvait (1). La devise l'union fait la force n'était pas, en ce temps- là, celle des populations de la Belgique; l'esprit national n'y avait point encore pris naissance; chaque province, chaque quartier pour ainsi dire, se préoccupait uniquement de ses intérêts ou de ses convenances propres. Les ambassadeurs d'Angleterre à Utrecht ni le comte de Sinzendorff ne répondirent aux états deBrabant :mais le dernier leur fit dire, par l'un de leurs membres, « qu'il n'était ï> aucunement autorisé pour rien disposer aux Pays-Bas; » qu'il les priait de se ménager; qu'il ne fallait pas em- » brouiller les choses; que l'empereur leur saurait gré de (1) « Actum den SS^n maerte 1713... De gone van de heeren van den lande van den Vryen geene gedeputeerde te sehden naer de slaeten van Brahant, nochte helselveaen te trecken, als wesende van seer dangereuse ende teenemael délicate consequentie in dese conjunclure van tyl... » (Archives des états de Flandre : Resolutieboek van den ôe» maerte 1714 tôt ende mellen lesten ougste daernaer, fol. 93.) Les étals de Brabant furent très-mécontents de l'espèce de défection des états de Flandre. Ceux-ci leur ayant écrit, le 31 mars, pour avoir copie d'une lettre qu'ils su{)posaieiil que le comte de Maldeghem leur avait envoyée d' Utrecht, ils leur répondirent le 1" avril : «Messieurs, puisque » vous avez trouvé à propos de révoquer la commission que vous aviez « résolu de donner à MM. les prévôt de Haerlebeke et baron de Lichler- » velde au sujet de l'affaire mentionnée dans vos lettres précédentes du » 25 de janvier et du 25 de mars derniers, nous jugeons, Messieurs, » qu'il seroil inutile de vous communiquer ce qui s'est passé dans cette « affaire depuis ce temps-là. » ( 7d3 ) » la modération avec laquelle ils agiraient (1). » Les états généraux firent attendre leur réponse jusqu'au 11 mai. Dans leur lettre ils s'attachaient à justifier la mesure qui avait été prise contre l'ancien conseil d'État, en reprochant à celui-ci de n'avoir pas observé la commission et les in- structions sur le pied desquelles il avait été établi, de s'être attribué une autorité qui ne lui avait pas été conférée, d'avoir été cause enfin que les affaires du gouvernement tombaient de plus en plus dans la confusion. Ils disaient que la révocation du conseil ne portait le moindre préju- dice à la réputation ni à l'honneur de personne. Ils ajou- taient que le changement qui avait été opéré ne pouvait être « altéré de nouveau, » mais qu'il devait subsister jus- qu'à ce que, l'empereur étant d'accord avec eux pour leur barrière, S. M. fût mise en possession des Pays-Bas espa- gnols (2). Depuis la destitution des anciens conseillers d'Etat la situation politique s'était profondément modifiée. La France avait signé la paix avec l'Angleterre et les Provinces- Unies (o); Charles VI n'ayant pas voulu accepter les pro- positions qui lui étaient faites, le comte de Sinzendorff avait quitté Utrecht le 1 5 avril ; bientôt après toutes les troupes impériales qu'il y avait aux Pays-Bas avaient pris le chemin deTAllemagne (4); les Hollandais et les Anglais étaient restés les maîtres exclusifs du pays. Dans ces cir- (1) Lettre du comte deMaldeghem au greffier des états de Brabant, du 4 avril. {Coll. de doc. inéd., etc., t. III. p. 573.) Maldeghem avait été envoyé à Utrecht par les étals, pour y défendre, auprès du congrès, les intérêts de la province. (2) Coll. de doc. inéd., etc., t. III, p. 377. (5) Le 11 avril 1713. (4) Elles partirent de Bruxelles le 26 avril. 2""' SÉRIE, TOME XLI. 46 ( 714) constances les états de Brabant jugèrent qu'il leur fallait céder, et, malgré leur répugnance, reconnaître le gouver- nement que les deux puissances avaient établi : c'est ce qu'ils firent par mie résolution prise en assemblée géné- rale le 8 juin (1). De ce jour l'autorité du conseil qui avait pris possession du pouvoir le 24 mars 1715 ne fut plus contestée dans aucune des parties des Pays-Bas qui étaient gouvernées sous le nom de Charles VI, c'est-à-dire dans le Brabant, la Flandre, le Hainaut et la seigneurie de Malines. Ce conseil demeura en fonctions jusqu'au moment où les puissances maritimes remirent à l'empereur les pro- vinces dont elles s'étaient attribué l'administration : dans l'intervalle il perdit deux de ses membres, le comte de Clairmont et M. de Jonghe (2). Comme il fut un exécuteur assez docile des volontés de la Conférence, il n'eut point de démêlé avec elle. Le comte Orrery partit pour l'Angleterre le 50 juin 1715 (5); il ne revint point à Bruxelles; il fut peu regretté de son collègue Van den Bergh (4). La reine de la Grande- Bretagne lui donna pour successeur John Laws, qui depuis 1707 remplissait les fonctions de secrétaire de la (1) Colidedoc. inéd., etc., t. III. p. 382. (2) De Jonghe mourut le 3 mars 1714, et le comte de Clairmont le 26 mars 1715. {Relations véritables.) (3) Relations véritables, ^nnée 1713, p. 42i. (4) 11 y a, dans les archives du conseil d'État, une lettre de Van den Bergh au comte de Clairmont, écrite de Leyde le 28 juillet 1713, oîi l'on lit : ff Plusieurs des états généraux m'ont dit que le comte de Straffort a ^) déclaré que le lord Orrery a été rappelé par la reine de la Grande-Bre- « tagne; ainsi qu'il ne reviendra plus : ce qui 7i' est pas une grande perte » au public, ni à nous autres... » ( 715 ) légation britannique auprès de la Conférence (1). Celui-ci fut lui-même remplacé, au mois de septembre 1715, par le secrétaire William Leathes (2). Seul de tous ceux qui avaient été appelés à faire partie de la Conférence lors de son établissement, Johan Van den Bergh conserva son poste tant qu'elle exista. Si Ton réfléchit aux faits que nous venons de rapporter, on y trouvera l'explication de bien des choses qui se passè- rent à la suite de la réunion de la Belgique avec la Hollande. Comme le dit M. Gérard, en rappelant la part que la république des Provinces-Unies prit à la guerre de la suc- cession d'Espagne, « les vieux Hollandais n'avaient pas » oublié cette glorieuse époque de leur histoire; ils se » souvenaient de la suprématie que les événements leur » avaient donnée sur la Belgique (o).» De là les préférences dont furent l'objet les habitants des provinces septentrio- nales, de la part de Guillaume F% et dans la collation des emplois et dans la dispensation des faveurs royales ; de là les mesures qui furent prises à l'avantage de ces provinces et au détriment des populations du midi ; de là enfin tout ce système de gouvernement qui souleva le mécontente- ment des Belges et aboutit à la séparation violente des deux pays après quinze années à peine d'une existence commune. (1) Relations véritables, année 1713, p. 592. (2) La commission de Lealhes, émanée du roi Georges, est du 22 sep- tembre 1715 ; Leathes la communiqua au conseil d'État le 19 octobre. (3) Notice sur les relations poliliques de la Belgique avec la Hollande, depuis la séparation des deux pays au XVI'^ siècle, jusqu'en 1830; Bruxelles, 1875, in-8^ p. 77. ( 7i6 ) — La classe s'est constituée ensuite en comité secret, pour entendre la lecture de la liste des candidatures aux places vacantes, arrêtée par le comité de présentation, en sa séance du matin, et pour s'occuper des préparatifs de la séance publique annuelle qui aura lieu au mois de mai prochain. Le programme de cette solennité se composera : l» Du discours de M. Faider, directeur de la classe, intitulé : Littérature royale. — Discours politiques du Roi Léopold /"■; 2° D'une lecture de M. Wagener, consacrée à la morale de Plutarque; 5° De la lecture des rapports sur les prix quinquen- naux de littérature flamande, d'histoire nationale et des sciences morales et politiques; A'' De la proclamation des résultats des concours et des élections. ( 717 ) CLISSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 mars 1876. M. Alvin, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Gallait, G. Geefs, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alexandre Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, F. Stappaerts, G. GufFens, membres. M. B..Ch2i\on, membre de lu classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition. de l'arrêté royal du 26 janvier dernier qui approuve l'élec- tion de MM. G. Guffens et F. Stappaerts en qualité de membres titulaires de l'Acadéàiiic, ie premier dans la sec- tion de peinture et le second dans la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts. — Le même haut fonctionnaire transmet, conformé- ment aux dispositions du règlement des grands concours^, ( 718) le 15'' rapport semestriel de M. E. Dieltiens, lauréat pour Tarchitecture en 1871. La classe charge MM. Balat et De Man d'examiner ce travail et d'en faire rapport à la Commission chargée de la liste des objets d'art à reproduire par les lauréats pendant leur séjour à l'étranger. — La Société néerlandaise pour le progrès de l'indus- trie, à Harlem, annonce qu'elle se propose de célébrer sa fête séculaire en 1877, par la fondation d'un musée d'art appliqué à l'industrie. Elle fait appel à ce sujet aux institutions qui pourraient l'aider dans le but qu'elle se propose d'atteindre. ENVOIS POUR LE CONCOURS DE 1876. Parmi les sujels cVart appliqué inscrits au programme de concours pour celte année, figure la composition d'une inesse solennelle à quatre voix mixtes pour le jour de Pâques , avec la prose Victimae Paschali , et Voffertoire du jour. Le terme fatal pour la remise des partitions n'expire que le i^"" septembre prochain. La classe prend notification de la réception d'une messe pour ce concours. Le manuscrit, ainsi q ue le billet cacheté, porte pour devise les mots : Laus Deo. COMMISSION DES FINANCES. Conformément à l'article 42 du règlement général de l'Académie, la Commission spéciale des finances de la classe (719) s'est réunie avant la séance pour examiner les comptes généraux de l'année 1875, arrêtés par la Commission ad- ministrative. Elle fait connaître l'état des recettes et des dépenses pendant cette année, état qu'elle a approuvé en ce qui concerne la classe. Celle-ci admet les résolutions prises à ce sujet. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1877. La classe s'est occupée de la formation de son programme de concours pour 1877. Elle adopte les questions qui lui sont présentées par les sections de gravure et d'architecture. Elle complétera ce programme lors de la prochaine séance, après avoir entendu l'avis des sections de pein- ture et de sculpture sur les sujets à mettre au concours pour les branches dont elles s'occupent. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES. M. Alvin, trésorier de la caisse, annonce que l'exposi- tion de la galerie de tableaux de M. Everaerd, récemment ouverte à Bruxelles au profit de l'institution, a produit, tous frais déduits, la somme de 1,517 francs. Cette somme a été encaissée et portée à l'avoir de la caisse. La classe renouvelle l'expression de sa reconnaissance ( 720 ) à M. Everaerd pour le nouveau don généreux qu'il vient de faire. Elle exprime également sa reconnaissance à M. le Ministre de l'Intérieur au sujet de la résolution , prise parce haut fonctionnaire, de prélever, pour la caisse, une somme de 2,000 francs sur le produit des entrées de la dernière exposition générale des beaux-arts. Enfin, elle ratifie la décision, prise par le comité direc- teur de la caisse, d'accorder un secours de 150 francs à ]\jnie veuve Hanicq, comme les années précédentes. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Dewez [L.-D.-J). — Histoire générale de la Belgique , 2"*^ édi- tion avec annotations de l'auteur. Bruxelles, 1826; 5 vol. in-8°. Van De Weyer {Sylvain). — Choix d'opuscules philoso- phiques, historiques, politiques et littéraires, 2™^ et 5""^ sé- ries. Londres, Bruxelles; 2 vol. in-8°. Bellynck(A.). — Cours élémentaire de botanique, 2™^ édit. Bruxelles, Paris, 1876; vol. in-8°. Gantrelle (J.). — Grammaire latine élémentaire d'après les principes de la grammaire historique. — Nouvelle gram- maire de la langue latine, 10"*' édition. — Ueber Entstehung, Charakter und Tendenz von Tacitus' Agricola nebst Erklarung der drei ersten Capitel. — Cornelii Taciti, De vita et raoribus Julii Agricolœ liber (nouvelle édition). — Grammaire et style de Tacite. — Contributions à la critique et à l'explication de Tacite, fasc. 1. Paris; 2 vol. et 4 broch. in-8*'. Laurent {A.). — Dictionnaire de la brasserie. Bruxelles; vol. in-8''. ( 721 ) Petermcmn {A.). — Recherche sur la culture de la betterave à sucre. Bruxelles , 1 876 ; br. in-8°. Rau {Edouard). — Machine dynamo-électrique et régula- teur pour courants alternatifs et pour courants de même di- rection. Liège, 1876; extrait in-8°. Van Loo [Félix). — De veekweekerij in Vlaanderen. Gand , 1875; vol. in-8°. Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le vicomte B. du Bus de Gisignies. Bruxelles, 4876; vol. in-8°. Recueil des rapports des secrétaires de légation de Bel- gique, t. III, !'•' liv., février 4876. Bruxelles; in-8''. Académie royale de médecine de Belgique , à Bruxelles. — Bulletin, année 4876, 5°"'^ série, tome X, n"^ 4 et 2.— Mémoires couronnés. Collection in-8°, tome III, ¥ fasc. Bruxelles, 4876; 5 fasc. in-8°. Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — iouvnn]: 61"* vol., oô'"*^ année, décembre 487a; (32i>e yoi^ 34n,e année, janvier et février 4876. Bruxelles; 5 livr. in-8°. Société royale de pharmacie, à Bruxelles. — Bulletin, 20™' année 1876, n"' 4 , 2 et 5. Bruxelles; 5 livr. in-8". Annales de médecine vétérinaire, 2o"'^ année, janvier, février et mars 4876. Bruxelles; 5 liv. in-8°. Musée de l'industrie de Belgique , à Bruxelles. — Bulletin, tome 69""% n"' 4, 2 et 5, janvier, février et mars 4 876. Bruxelles; 5 livr. in-8°. Association belge de photographie. — Bulletin, S"'* année, 4875, n°U, 3 et 6. Bruxelles; 5 liv. in-8°. L'Abeille. Revue pédagogique , 21™*= année, 4 4™'' et 42™'' liv. janvier et février, 4876; 22™" année, 4'^'' liv., mars 4876. Bruxelles ; 3 liv. in-S". Société de médecine d'Anvers. — Annales, 56™^ année, liv. de décembre 4875; 37*' année, liv. de janvier et février 4876. Anvers; 2 liv. in -8°. ( 722 ) Société de pharmacie cV Anvers. — Journal : 31™^ année, no- vembre et décembre 1873; 32^ année, janvier 187G. Bruxelles; 2 livr. in-8**. Société royale d'agriculture et de botanique, à Gand. — Catalogue de la 139"'*' exposition de plantes, 42, 13, 14 et 15 mars 187G. Gand; in-8''. Société médico-chirurgicale de Liège. — Annales, 14™^ an- née, octobre, novembre et décembre 1873. Liège; 2 liv. in-8°. L'Écho vétérinaire, 5"^ année, n°' 41-!2. Liège; 2 liv. in-8^ Cercle archéologique de Termonde. — Publications extraor- dinaires, n° 3. Cartulaire de la ville de Termonde, 1""^ liv.; N" 4. Analyse sommaire des registres aux privilèges de la ville de Termonde [Alp. de Vlaminck). Gand et Termonde, 187G; 2 liv. in-8^ Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publica- tions de la section historique de l'Institut : année 1875, vol. VIIL Luxembourg, 1876; vol. in-4°. Historisch genootschap gevestigd te Utrecht. — Kroniek, C)^^ série, 30"^* jaargang, 1874, 5*^^ deel. — Werken, nieuwc série, n"' 21 en 22. Utrecht; 3 vol. in-8". Cellier (L.). — Une commune flamande. Recherches sur les institutions politiques de la ville de Valenciennes. Valen- ciennes, 1873; vol. in-8°. , Lavaux (Eugène). — Nouveau système du monde ou les premières forces de la nature, 3™^ édit. Paris, 1876; vol. in-8**. Société industrielle et agricole d'Angers. — Bulletin, 3'"' série, tome XVI, 2'"% 3'"' et 4'°^ trimestres, 1875. An- gers, 1876; in-8". Académie de Metz. — Mémoires, 5°"= série, 3™*= année, 1875-1874. — Documents inédits : Cartulaire de l'abbaye de Saint- Vaast d'Arras, rédigé au XII* siècle par Guimann (publié par le chanoine Van Drivai). Metz, 1875; 2 vol. i^-8^ ( 723 ) Académie des sciences, à Paris. — Comptes rendus, tome 72, j^os /i_i5. Paris; 15 cah. in-4°. Revue scientifique , 2™^ série, 5"" année, 1870, n" 27 à 59. Paris; 13 cahiers in-4". Revue politique et littéraire, 2"^" série, 5'"'^ année, 1876, n"" 27 à 59. Paris; 15 cah. in-4°. Revue britannique, janvier, février et mars 1876. Paris; 5 demi-vol. in-8°. V Institut, nouvelle série, 4'°' année, 1876, h°' 153 à i67. Paris; 12 feuilles in-4°. Archives de médecine navale, tome 25™*' n°M , 2 et 5, janvier, février et mars 1876. Paris; 5 fasc. in-8°. Le Progrès médical , 4'"^ année , janvier à mars 1876, n"* 1 à 15. Paris; 15 feuilles in-4°. Muséum dliisioire naturelle de Paris. — Nouvelles ar- chives, tome X, 1874. Paris, 1874; 4 fasc. in-4''. Société d\uithropnlogie de Paris. — Bulletins, 2"'^ série : tome IX, 6""^ fasc, novemhre et décembre 1874; tome X, 4"^'^ fasc, juillet à décembre 1875. Paris; 2 fasc in-8''. Société de géographie, à Paris. —Bulletin, janvier, février 'et mars 1876. Paris, 1876; 5 liv. in-8". Société géologique de France, à Paris. — Bulletin, 5"" série : tome II, feuilles, 4i à 46; tome 1V% 1876, nM. Paris; in-8^ Société centrale d'agriculture de France, à Paris. — Bul- letin des séances, n"' 9 et 10, novembre et décembre 1875. Paris; 2 fasc in-8". Clausius (R.). — Die meehanisehe Wârmetheorie (zwcite umgearbeitete und vcrvoUstandigte Autlage, 1='" Bd.). Bruns- wich, 1876; vol. in-8". Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin.— Berichte, IX. Jahrg. 1876, Nr. 1,2,5 und 4. Berlin; in-8^ K. Preus. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monatsbericht, December 1875 und Januar 1876. Berlin, 1876; 2 liv. in-8". ( 724 ) Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin. — Sit- ziingsberichte, Jahrgang 1875. Berlin; vol. in-8°. Physikalisch-medicinische Societât zu Erlangen. — Sit- zungsberichte, 7 Heft, November J874 bis August 1875. Er- langen , 1875; in-8^ Kônicj. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingen. — Abhandliingea, XX. Bd., vom Jahre 1873. — Nachrichten, 1875. — Gôttingiscbe gelehrte Anzeigen, 1. und 2. Bd. 1875. Gottingue, 1875; vol. in-4" et 5 vol. pet. in-8°. Kônig. bayer, boian. Gesellschaft in Regensburg. — Flora oder allgeraeine botanische Zeitung, neue Reihe, 55. Jahrg. 1875. Ratisbonne; vol. in-8''. K. K. Sternwarte in Wien. — Annalen, Jahrg. 4874, 5. Folge, XXIV. Bd. Vienne, 1875; vol. in-8''. K. Akadeuiie der Wissenschaften in Wien. — Sitzungsbe- richte: philos. -hist. Classe, 78. Bd., 1874, Heft II-III; 79. Bd., 1875, Heft I, II und III; 80. Bd., 1875, Heft I-II. Math.- naturw. Classe, 70. Bd., 1874, I. Abtheil., N" 8-10; 2. Abtheil., N" 0-10; 5. Abtheil., N° 8-10; 71. Bd., 1875, 1. Abtheil., N'' 1-5; 2. Abtheil., N^ 1-5; 5. Abtheil., N'' i-± — Dcnk- schriften : mathcmatisch-natiirw. Classe. 54. Bd. — Archiv fiir ôsterr. geschichte : 5:2. Bd., 2. HJîlftc; 55. Bd. — Fontes rerum austriacarum, 8. Bd., Abtheil. I. — Almanach, 1875. Vienne; vol. in-4°, 2 vol. et 19 fase. in-8°. Académie impériale des sciences de S'-Pétersbourg. — Répertoire de météorologie rédigé sous la direction du D'^Wild, Band IV. Heft 2. S'-Pétersbourg, 1875; vol. in-4''. Société de chimie, à S'-Pétersbourg. — Journal, tome VIII, n°^ 2 et 5. S'-Pétersbourg, 1876; 2 fasc. in-8". Académie royale de Copenhague. — Mémoires : classe des sciences, 4"'" série, tome I à VII, 1824-1858; S""" série, tome IX, n° 5; t. X, n"^ 7, 8, 9; tome XI, n° 1; tome XII, n"l. Classe des lettres, 5'"^ série, tome I, 1872. — Bulletin: 1874, n" 5; 1875, n" 1. Copenhague; 8 vol. et 5 fasc. in-4- et 2 fasc. in-8''. ( 72d ) Société vaudoise des sciences naturelles, à Lausanne. — Bulletin, 2"' série, vol. XIV, n° 75. Lausanne, février 4876- in-8». Società toscana di scienze naturali résidente in Pisa. — Atti, vol. II, fasc. 1. Pise, 1876; in-8". Mandoj Albanese [Tommaso). — Ricerclie fisiche intorno alla luce ed ai colori proprii dei corpi. Naples, 1875; vol. in-8°. Société de chimie, à Londres. — Journal, série II, vol. 13, août, septembre et octobre 1875. — Liste des mem- bres de la Société en 1875. Londres; 5 fasc. et br. in-8°. Société de météorologie, à Londres. — Journal trimestriel, nouvelle série , vol. H, n° 16, octobre 1875. Londres; in-8''. Société de géologie, à Londres. — Journal trimestriel, vol. 31 , 3"" et 4'"'^ parties, août et novembre 1875. — Liste des membres de la Société pour 1875. Londres; 2 parties de vol. et br. in-8°. Linnean Society of London. — Transactions : vol. 29, pt. 5; vol. 30 , pts. 2 and 3. Transactions. Second séries. Zoology, vol. I, pt. I. Botany, vol. I, pt. I.— Journal: Zoology, vol. XII, Nos. 58 and 59. Botany, vol. XIV, Nos. 77, 78, 79, 80. — Proceedings of the session 1875-74 and obituary no- tices. Londres ; 5 fasc. in-4° et 7 fasc. in-8°. Society of antiquaries of London, — Proceedings, second séries, vol. VI, n° IV, january 14 to june 24, 1875. Londres; in-8". Royal geographical Society of London. — Proceedings, voL XX, No. L Londres ; in-8''. Moyal astronomical Society of London. — Montbly notices , vol. XXXVI , Nos. 1 , 2 , 5 , 4 and 5, november and december 1875,january,februaryandmarcb 1876. Londres; 5 fasc. in-8". Royal Irish Academy oflreland, Dublin. — Transactions, vol. XXV, science, X-XIX. — Proceedings, série II, vol. II, Nos. 1, 2, 3. — Minutes of proceedings for november 1874. Dublin; 9 fasc. in-4'' et 4 fasc. in-8°. ( 726 ) Royal geulogical Society of Ireland , Dublin. — Journal, new séries, vol. IV, pt. 2. Dublin, 1875; in-8°. Royal Observatory , Greenwich. — Astronomical and ma- gnetical and meteorological observations, 1875. — Results oi' tbe magnetical and meteorological observations, 1875. — Results of the astronomical observations, 1875. Londres; 5 vol. in-4*'. Radcliffe Observatory , Oxford. — Results of the astrono- mical and meteorological observations made in the year 1873; vol. XXXllI. Oxford, 1875; vol. in-8«. Literary and philosophical Society of Livcrpool. — Pro- ceedings, n" XXiX, 1874-1875. Londres, 1875; in-8''. American journal of science and arts , vol. XI, n°' 6"2, 65, and. 64, february, march and april 1870. New-Haven, 4876; 5 fasc. in-S". The Penn Monthly, vol. VII, Nos. 75, 74, 75, january, fe- bruary and march 1876. Philadelphie; 5 liv. in-8". Winchell [Alexander). — Rectification of the geological map of Michigan embracing observations on the drift of the State. Salem, 1875; extrait, in-8''. War Department Surgeon-generaV s Office. — A report on the hygiène of the United States army wilh descriptions of military posts. Washington, 1875; vol. in-4"'. Liste d'ouvrages déposés dans la bibliothèque de r Académie par la Commission royale d'histoire. Institut archéologique de la province de Luxembourg , à Arlon. — Annales, tome VII, 2^ cahier. Arlon, 1873; in-S". Administration communale de Bruges. — Inventaire des archives de la ville de Rruges : section 1'^ Inventaire des chartes, tome III (Z. Gilliodls-van Severen). Bruges, 1875; vo!. in-4^ Devillers [Léopold). — Description analytique de cartu- ( 727 3 laires et de chartriers accompagnée du texte de documents utiles à l'histoire du Hainaut, tome VIP. Mons, 1875; vol. in-8°. Société des bibliophiles belges, à Mons. — Carlulaire des rentes et cens dus au comte de Hainaut (1265-1286), tomes i" et 2*^ (Léopold Devillers). — Notice sur A.-F. Lacroix. [Le même.) Mons, 1875, 1874, 1875; 2 vol. et br. in-8''. Société des sciences , des arts et des lettres du Hainaut , à Mons. — Mémoires, 3^ série, tome X™^ Mons, 1873; vol. in-8°. Cercle archéologique de Mons. — Annales, tome XIP. Mons, 1875; vol. in-8''. Société archéologique de JVamur. — Publications des docu- ments inédits : Les fiefs du comté de Namur, 1"^^ liv., XIIP et XI V^ siècles (Stanislas Bormans). Namur, 1873; in-8°. Cercle archéologique du pays de Waes , à Saint- JVicolas. — Annales, tome V% i" liv., décembre 1875. Saint-Nicolas; in-8°. Société scientifique et littéraire du Limbourg, à Tongres. — Bulletin, tome XIII. Tongres, 1874; vol. in-S*'. Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications de la section historique : Année 1874, 29 (VII); année 1875, 50 (VIII). Luxembourg, 1873, 1876; 2 vol. in-4°. Nijhoff [Is. An.). — Gedenkwaardigheden uil de geschie- denis van Gelderland, 6* deel, 5'^ stuk. (Karel van Egmond. 1529-1558.) La Haye, 1873; vol. in-4<'. Revue des questions historiques : 8^ année, 1874, 50^ liv.; 9« année, 1874-1875, 51« à 54^ liv. Paris, 1874-1873; 5 liv. in-8°. Société d'agriculture j sciences et arts de Douai. — Mé- moires, 2^ série, tome XII, 1872-1874. Douai; vol. in-S". Comité flamand de France, d Lille. — Annales, tome XI, 1870-1872. — Bulletin, tome V, n° 12 (index). Lille, 1875; vol. et liv. in-8^ Historischer verein fiïr Niedersachsen. — Zeitsclirift, ( 798 ) Jahrg. 1862, 1865, 1875, 1874-1875.- Nachricht, 56 und 57. Hanovre; 4 vol. in-8°. Archives du grand-duché de Bade, à C ar Isr u he. — iournaL 27^ vol., 2« etSMiv. Carlsruhe, 1875; 2 liv. in-8°. Historischer Verein fur das Grossherzogthum Hessen. — Archiv, 14. Bd., 1. Heft. Darmstadt, 1875; in-8°. Historischer Verein fur Oherfranken in Bamherg. — Sie- beniinddreissigster Bericht im Jahre 1874. Bamberg, 1875; in-8''. Université de Leipzig. — Thèses universitaires, années 1874 et 1875. Leipzig; 85 br. in-8". Bibliothèque publique de Berne. — Catalogus codicum Ber- nensium [ffermannus Hagen). Berne, 1875; vol. in-8°. Bianchi (Nicomede). — Le malerie politiche relative ail' estero degli archivi di stato Piemontesi. Bologne, 1876; vol. in-8*'. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1 876. — No 4. CLASSE DES SCIENCES. Séance du i"" avril 1876. M. Gloesener, directeur. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, Ern. Quetelet, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, A. Brial- monl, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Alph. Briart et F. Plateau, membres; Th. Schwann, E. Ca- talan et A. Bellynck, associés; Éd. Mailly, J. de Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van BambekeetG.Vander Mensbiugghe, correspondants. 2"' SÉRIE, TOME XLI. 47 (730) CORRESPONDANCE. La classe apprend avec un profond sentiment de regret la mort de l'un de ses associés de la section des sciences naturelles, M. Sven Niisson, professeur à l'Université de Lund (Suède). — La Société royale et impériale de zoologie et de bo- tanique de Vienne envoie une invitation pour la célébra- lion du XXV^ anniversaire de son existence. — La Société adriatique des sciences naturelles de Trieste demande à entrer en relation d'échange de publi- cations. — Renvoi à la Commission administrative. — Les établissements scientifiques suivants font par- venir leurs derniers travaux : l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, l'Académie des sciences et des belles-lettres de Metz, l'Académie royale de Dublin, la Société royale de botanique de Ralisbonne, la Société littéraire et philosophique de Liverpool , la Société Lin- néenne de Londres, les Sociétés de chimie, de géologie et de météorologie de la même ville , la Société d'entomologie, à La Haye, la Société d'histoire à Utrecht, et les Obser- vatoires Radcliffe, à Oxford, de Greenwich et de Vienne. L'Académie impériale des sciences de Vienne, la Société royale de Copenhague et la Société royale des sciences de Gôttingue accusent en même temps réception du dernier envoi. — M. J. Cavalier adresse son résumé météorologique ( 731 ) pour Ostende pendant le mois de février 1876. M. Bernar- din envoie ses observations botaniques faites à Melle le 21 mars dernier. — MM. les docteurs Léo Kônigsberger et Gustave Zeu- ner, professeurs à l'École royale polytechnique de Dresde, adressent le prospectus d'une revue qu'ils se proposent de fonder sous le titre : « Répertoire de travaux scientifiques sur les mathématiques pures et appliquées. » (Relations faites par les auteurs mêmes.) Les comptes rendus insérés dans ce recueil s'étendront sur tout le domaine des mathématiques pures et sur leurs applications (astronomie, géodésie, physique mathéma- tique, mécanique rationnelle et pratique), sur toutes les branches des sciences du génie, de la statistique mathé- matique, etc. Ils seront imprimés dans la langue employée par l'auteur même, soit l'allemand, le français, l'anglais ou l'italien. Le répertoire commencera par les rapports sur les livres et les traités publiés depuis le 1" janvier 1875. Il paraîtra d'abord en livraisons et sans, époques fixes. Les auteurs sont priés d'adresser leurs comptes rendus à l'un des deux éditeurs désignés plus haut. Les abonnements au répertoire sont reçus dans toutes les librairies de l'Allemagne et de l'étranger. — Sur la demande exprimée par MM. F. Putzeys et A. Swaen, la classe procède à l'ouverture du billet cacheté, dont elle avait accepté le dépôt dans ses archives lors de sa séance du 15 décembre dernier. Ce billet, daté du 15 du même mois, résume dans les termes suivants les principaux résultats auxquels les au- ( 73-2 ) leurs sont arrivés en étudiant les propriétés toxicologiques du sulfate de guanidine. Des propriétés toxicologiques du sulfate de guanidine. Depuis quelque temps nous avons entrepris l'étude d'une substance dont les propriétés toxicologiques, jus- qu'ici inconnues, sont des plus intéressantes. Nous voulons parler du sulfate de guanidine. A. L'effet le plus intéressant que nous ayons remarqué jusqu'à présent est celui qui est dû à l'action de ce poison sur le système nerveux moteur : 1° L'administration de 1 centigramme de cette substance à une grenouille a pour résultat d'amener des contractions isolées, momentanées et successives de tous les muscles striés du corps, y compris les muscles de l'œil et des pau- pières ; 2*^ Ces contractions apparaissent dans les membres mal- gré la section préliminaire des nerfs et persistent dans tout le corps après la destruction des centres nerveux cérébro- spinaux; o** La section préliminaire d'un nerf a pour résultat d'amener plus rapidement les contractions musculaires dans ce membre (probablement à la suite de la dilatation des vaisseaux); 4° Les contractions ne se manifestent pas dans les mus- cles d'un membre si l'on fait la ligature préalable des ar- tères et surtout quand on empêche toute diffusion de se produire ou qu'on ne laisse le membre en rapport avec le tronc que par l'intermédiaire des nerfs; 5° L'administration consécutive du curare a pour effet d'arrêter tous ces phénomènes au bout de quebjue temps; 6° L'injection du sulfate de guanidine dans les vais- ( 733 ) seaux d'une grenouille curarisée ramène les contractions dans les muscles. (Ce dernier fait a besoin de nouvelles con- firmations.) Il est donc démontré que le sulfate de guanidine agit à l'inverse du curare en excitant les plaques terminales des nerfs moteurs. JB. Action sur le cœur. A la suite de l'administration de 5 centigrammes du poison nous avons observé un ralentissement marqué dans les pulsations du cœur. C. Action sur les centres nerveux : i° A la suite de l'administration de 1-5 centigrammes de poison, il se manifeste une incoordination évidente dans les mouvements volontaires de la grenouille; 2" A la suite de l'administration de 5 centigrammes de sulfate de guanidine, la grenouille tombe au bout de quelque temps dans une immobilité et une paralysie com- plètes (les muscles restent encore contractiles cependant). D. Sensibilité ou ejxitabilitè réflexe. Si en faisant la ligature des artères iliaques communes on empêche le poison d'arriver aux membres postérieurs, on peut dé- montrer, par la méthode deTurck, que les mouvements réflexes sont beaucoup moins vifs à la suite de l'adminis- tration du poison. — La classe reçoit les hommages suivants au sujet des- quels elle vote des remercîmenls aux auteurs : 1° Cours élémentaire de botanique; par M. A. Bellynck, 2^ édition, 1876;1 vol. in-8°; 2° Recherches sur rembryolor/ie des poissons osseux. I. Modifications de l'œuf non fécondé après la ponte. IL Premières phases du développement; par M. Ch. Van Bambeke, 1875; in-4"; ( 734 ) o** Recherches sur U embryologie des batraciens, I. Œuf mûr fécondé. II. Œuf fécondé; par le même, 1876, in-8*'. (Ces deux ouvrages ont été publiés dans les collections académiques.) 4° Notes sur une sécrétion propre aux Coléoptères dys- ticides; par M. Félix Plateau , in-8°. M. de Selys Longchamps offre, au nom de W^^ la ba- ronne-Félicien Fallon, un exemplaire d'un ouvrage de feu son mari, intitulé : Monographie des oiseaux de la Bel- gique, 1875, in-8^ Les remercîments de la classe seront exprimés à M"*^ Fallon. — Les travaux manuscrits suivants sont envoyés à l'exa- men de commissaires : Notes d'algèbre et d'analyse; par M. E. Catalan. — Com- missaires : MM. Liagre, Folie et De Tilly; Note sur l'équation xy" -h ky' — y = 0; par M. C. Le Paige. — Commissaires : MM. Catalan et De Tilly; Relation nouvelle entre les nombres de Bernoulli; par M. C. Le Paige. — Commissaire : M. De Tilly; Applications de la loi de décomposition et Nouvelle mé- thode de détermination de l'ordre d'un lieu géométrique défini par des conditions algébriques ; par M. Saltel. — Commissaires : MM. Folie et Catalan; Résultats d'observations de la planète Saturne faites de 1S68 à i814, à Fontenay {Calvados); par M. Ch. Le- hardelay (communiqués par M. Terby). — Commissaires: MM. E. Quetelet et Liagre; Sur le développement de l'électricité statique, par M. W. Spring. — Commissaires : MM. Montigny, Duprez et Folie; (73S) Relation qui existerait entre la température de fusion des métaux et leur coefflcientde dilatation; par P. DeHeen. Commissaires : MM. Gloesener, Montigny et Folie; Additions à V histoire du chlorure de sulfuryle; par M. Éd. Dubois, répétileur à l'Université de Gand. — Com- missaires : MM. Slas, de Koninck et Melsens; Supplément au mémoire concernant V équilibre d'élasti- cité des massifs pulvérulents; par M. Boussinesq. — Com- missaires : MM. De Tilly, Maus et Folie; Sur V inertie de la matière; par M. Charles Savez. — Commissaires: MM. Steichen, Montigny et Duprjez. RAPPORTS. Action physiologique du sulfate de guanidine;\iar MM. Félix Pulzeys et Aug. Swaen, de Liège. Kap/tofi de Mi. Schw'ann. « Les autours se sont occupés d'expériences sur les effets que la guanidine produit dans 1 économie animale. Ils ont déposé les principaux résultats de leurs recherches sous pli cacheté dans la séance de l'Académie du 15 décembre de l'année passée (i ). Depuis, un travail sur le même sujet a été publié par MM. Gergens et Baumann dans le der- nier cahier de VArchiv de physiologie de Pflûger. C'est ce qui a engagé MM. Putzeys et Swaen à publier à leur tour les recherches qu'ils ont faites jusqu'ici. Toutes les expé- riences ont été instituées sur des grenouilles; mais les au- (1) Voir la correspondance de la séance du l^"' avril 1876, page 731. ( 736 ) leurs nous font espérer une continuation comprenant l'action de la guanidine chez les animaux supérieurs. Dans toutes les expériences, la guanidine fut administrée par injection, dans un des sacs lymphatiques de la grenouille, d'une solution aqueuse de sulfate de guanidine en quantité variant de */2 jusqu'à 5 centigrammes. Les symptômes les plus frappants se montrent dans les muscles. Quelques minutes après l'injection, on remarque des contractions momentanées d'abord fibrillaires dans tous les muscles de la vie animale; elles s'étendent ensuite aux faisceaux musculaires et enfin aux muscles entiers. Ce sont dès lors des contractions cloniques qui arrivent par inter- valles très-courts : elles sont très-manifestes après IS ou 23 minutes : les membres sont brusquement projetés en divers sens, la paroi abdominale présente un mouvement ondulatoire, la cavité buccale s'ouvre et se ferme, etc. Le maximum est atteint après 1 heure. Si la dose a été fai- ble (\ — 1 centigramme) , les contractions persistent un à trois jours et l'animal revient à la santé. Des doses plus fortes (2 — 5 centigrammes) tuent en 12 ou 24 heures et la mort est précédée de paralysie. Sur quoi agit donc la guanidine en produisant ces con- tractions, fibrillaires d'abord, ensuite saisissant les mus- cles entiers? On sait que le curare paralyse la terminaison des fibres nerveuses motrices dans les muscles, mais res- pecte l'irritabilité des muscles mêmes. Si la guanidine agit sur ceux-ci, elle doit produire encore ses effets de contrac- tion sur des grenouilles curarisées. Les expériences mon- trent le contraire : sur une grenouille curarisée la guani- dine ne produit plus rien, et si l'on donne de la guanidine d'abord et plus tard du curare, celui-ci met fin aux symp- tômes musculaires de la guanidine. Dès lors la guanidine, n'agissant pas sur les muscles, doit (737) produire les contractions en agissant sur le système ner- veux. Mais est-ce sur les centres nerveux ou sur les nerfs moteurs? Les expériences constatent que la guanidine pro- duit encore des contractions cloniques sur des grenouilles dont le cerveau et la moelle sont enlevés ou dans des mem- bres dont les nerfs sont coupés. Elle ne peut donc agir que sur la partie périphérique des nerfs moteurs. En effet si on fait la ligature des vaisseaux cruraux ou la ligature d'un membre en masse en laissant les nerfs en dehors et qu'on injecte la guanidine dans un sac lymphatique du corps, avec les précautions nécessaires par la grande diffusibilité de cette substance, les contractions cloniques n-'ont pas lieu dans les membres où le sang empoisonné ne circule pas, mais bien dans les autres. La guanidine agit donc sur les fibres nerveuses motrices dans leur partie périphérique, probablement en dedans du sarcolemma. Les auteurs se posent la question : les contractions fibril- laires des muscles comment peuvent-elles devenir cloni- ques sans intervention des centres? Ils supposent que la guanidine augmente rirritabilité des plaques terminales et que dans cet état le changement électrique qui se passe dans une contraction fibrillaire puisse provoquer la con- traction des faisceaux voisins. Il est à regretter que les auteurs n'aient pas constaté le degré d'irritabilité des mus- cles au moyen du rhéocorde, après l'empoisonnement. MM. Gergens et Baumann divisent les mouvements con- vulsifs produits par la guanidine en contractions fibrillaires et tétaniques et attribuent les derniers à la moelle épinière. Les auteurs n'ont pas vu un tétanus provenant seul de la guanidine sans irritation préalable. Un tétanus par réflexe a lieu par la moelle. Mais le poison à lui seul produit la contraction clonique des muscles, quand même la moelle est enlevée. Des contractions fibrillaires ont déjà été obte- ( 758 ) nues par d'autres poisons, tels que l'eserine , la nicotine, laconitine; des contractions cloniquos sont sans analogie. La seconde partie du travail se rapporte à Faction de la guanidine sur la moelle épinière. Pour mesurer Tirritabi- lité de la moelle, les auteurs se sont servis de la méthode de Turck, d'irriter la peau par de Teau acidulée et de mesurer par le métronome rintervalle entre Tirritation et le mouve- ment réflexe. Les expériences prouvent que, dès le début de l'intoxication, l'irritabilité de la moelle est diminuée et disparait plus tard , sauf pour les irritations les |)lus fortes. Exceptionnellement, la diminution est précédée d'une courte augmentation. MM. Gergens et Baumann attribuent à la fatigue des muscles la paralysie produite par de fortes doses. Quel- ques expériences de MM. Pulzeys et Swaen tendent à prouver qu'il y a en outre paralysie des centres nerveux. Une autre série d'expériences constate que la guanidine diminue le télanus produit par la strychnine. La dernière partie du mémoire s'occupe de l'influence de la guanidine sur la pupille, sur le cœur sanguin et sur les cœurs lymphatiques. La dilatation de la pupille com- mence 10 ou 15 minutes après l'empoisonnement : elle est complète après 1 V2 heure et persiste ainsi. Elle arrive éga- lement par l'application locale et même si on met le poison sur des yeux enlevés. Pour constater l'action de la guanidine sur les mouve- ments du cœur, une petite ouverture fut pratiquée dans la paroi thoracique pour voir le cœur, et après quelques heures de repos, le poison fut injecté dans un sac lymphatique. Après de petites doses (^ — 2 centigrammes), il arrive ra- pidement une accélération des pulsations d'une dizaine par minute: elle dure '/•> — 1 heure; puis il y a ralentissement progressif. Avec des doses plus fortes, l'époque d'accéléra- (739) lion se raccourcit. Ces effets ont lieu d'après les expériences des auteurs, quand même le cerveau et la moelle allongée sont enlevés, ou les nerfs vagues coupés, ou quand leur effet suspensif est détruit par l'atropine. L'action de la guanidine sur les cœurs lymphatiques est le même que sur le cœur sanguin. Ce court aperçu du beau travail de MM. Putzeys et Swaen suffît pour prouver le haut intérêt scientifique qui s'y attache; il montre la sagacité des auteurs et leur adresse dans l'expérimentation. En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à la Com- pagnie d'adresser des remercîments aux auteurs et d'in- sérer le mémoire dans les Bulletins » Conformément aux conclusions de ce rapport, aux(|uelles a adhéré M. Edouard Van Beneden, second commissaire, la classe a voté des remercîments à MM. F. Putzeys et A. Swaen, et a décidé l'impression de leur travail dans les Bulletins. COMMUNICATIONS ET LECTURES. La tempête du i2 mars i816; communication par M. Ern. Quetelet, membre de l'Académie. Celte tempête est la plus violente que l'on ait observée à Bruxelles; la colonne barométrique est descendue une seule fois aussi bas depuis l'origine de l'Observatoire, mais jamais le vent n'a acquis une pareille violence : la pression ( 740 ) exercée sur la plaque de ranémomètrc a atteint, vers 5 heures, la force énorme de 13^,4, ce qui équivaut à IM kilogrammes de force par mètre carré; on conçoit qu'avec de tels coups de vent des arbres, des murs aient été abattus. J'ai pensé qu'à raison du caractère exceptionnel de ce phénomène , l'Académie accueillerait avec intérêt quelques détails qu'ont bien voulu transmettre les observateurs de diverses stations du pays et de l'étranger. A Bruxelles , le baromètre qui était très-bas depuis le 8 du mois, après avoir subi une légère hausse dans la soirée du H, a com- mencé sa marche descendante continue le 12 vers 1 heure du matin; il a atteint un minimum de 720'°",2 à o h.io m. après midi, puis le mercure a remonté très-rapidement, et à 9 heures du soir il était déjà à TôS^^jO. Les premiers coups de vent violents ont été ressentis vers 2 h. 40 m.; à 5 h.lo m., une accalmie a été bientôt suivie de rafales de plus en plus furieuses, jusqu'au coup formidable de 5 heures ; une dernière rafale a eu lieu vers 5 ^1^ heures; enfin après une période de calme, la tempête s'est déchaî- née de nouveau vers 6 h. 20 m., mais cette fois par un vent du Nord-Ouest, tandis que précédemment le vent s'était maintenu entre le Sud-Ouest et l'Ouest. A 7 ^/^ heures, les forts vents avaient cessé et à 8 heures du soir l'air était à peu près calme. La quantité d'eau recueillie pendant la tempête a été insignifiante. Les traces laissées sur la feuille du jour par le crayon de l'intensité du vent sont très-curieuses à étudier; les forts coups sont séparés par des intervalles de calme relatif d'une dizaine de minutes environ , puis un choc d'une violence extrême se montre de nouveau. ( 741 ) Le centre de la dépression baromélrique a passé un peu au Nord de Bruxelles, qui se trouvait ainsi dans le secteur dangereux. Voici les instants et la grandeur de quelques mi- nima communiqués par nos correspondants, ou que M. Alb. Lancaster, aide à TObservatoire, a bien voulu extraire du Journal de Symons et du Bulletin de l'Observatoire mari- time de Hambourg. (Les pressions sont réduites au niveau de la mer.) Londres midi 30"° 722,3 4h 20 726,1 30 722,6 Lille . 41 Ostende . . . . . 4 Anvers 5 Bruxelles. . . . . 5 Crefeldt . . . . . 6 Hambourg . . . . 10 Warnemunde . . . 11 0 722,1 13 723,1 0 723,8 0 725,4 0 722.2 Les documents manquent encore pour tracer la ligne suivie par le météore, mais notre savant associé M. Buys- Ballot, ainsi que M. Robert Scott, directeur du Meteorological Ofilce, m'ont déjà informé qu'ils s'occupent de recherches à ce sujet. Voici, pour Bruxelles, le tableau des hauteurs baromé- triques et de la direction du vent, d'heure en heure, pen- dant les trois journées du il, du 12 et du 13 mars (1). Je le fais suivre des principaux documents que j'ai reçus en (Ij La force du vent est représentée sur la planche qui accompagne cette notice. ( 742 ) ce qui concerne noire pays et quelques stations peu éloi gnées de nos frontières. Bruxelles. — Observatoire royal. HEURE. LE 1 HÂBS. LB 12 MAKS. LB 15 KÀRS. 1 Barom. Vent. Barom. Vent. Barom. Vent. Minuit. 728,4 oso. 758,9 oso. 739,2 SO. 1 h. malin. 28,8 oso. 59,0 oso. 39,8 so. 2 h. » 29,1 oso. 58,7 oso. 40,4 SO. 3 h. » 29,1 oso. 58,2 0. 40,8 SO. 4 h. » 29,2 oso. 57,6 oso. 41,2 SO. 5 h. )> 29,6 0. 56,9 so. 41,8 SO. 6 h. )) 30,1 oso. 55,7 sso. 42,5 SO. 7 h. » 50,9 oso. 55,9 s. 45,2 SO. 8 h. » 31,8 oso. 52,0 SE. 44,4 SO. 9 h. >> 52,4 0. 28,9 SE. 45,1 SO. 10 h. » 32.9 0. 26,7 SE. 46,0 SO. 11 h. » 33,4 0. 25,2 SO. 45,5 oso. Midi. 34,5 ONO. 24,6 OSO 47,1 OSO 1 h. soir. 34,5 ONO. 24,2 0. 47,5 so. 2 h. » 34,8 ONO. 23,9 OSO. 47,8 oso. 5 h. » 55,4 0. 22,5 0. 48,4 SO. -4 h. )• 36,0 0. 21,2 0. 48,5 SO. 5 h. » 56,2 0. 20,6 oso. 48,7 SO. 6 h. » 36,8 0 20,6 oso. 48,9 SO. 7 h. » 57,5 oso. 26,4 NO. 49,5 SO. 8 h. » 38,2 NO. 52,0 0. 49,5 SO. 9 b. ^) 38,0 oso. 55,3 0. 49,6 SO. 10 h. » 38,6 oso 56,8 oso. 49,6 SO. 11 h. « 38,9 oso. 58.1 oso. 49,1 SSO. Les hauteurs baroméli iques sont réduites a la tempe rature de Qo centi- grade, mais no a au nivea u de la mer ( 745 ) OsTENDE — M. J. Cavalier. BAROMÈTRE -VEIWT. 1 TEMPÉRATURE I!«STAIVT. à 0» Force relative centigrade centigrade. Direction. estimée (de 1 à ^0). de l'air. mm. Le 11, minuit. . . 742,79 " » 4:65 « li2, 9^ du mat. 30,32 F. » 2,80 « » 10M5" » 28,16 0. » » «^ n midi . . . 27,69 OSO 3 9,45 » n midi ÔO- . » OSO. 5 " » » SMSradus. 24,73 so. 7 •^ » » ô** » 23,18 so. 9 9,65 » » S^SOni » 23,05 so. 10 « « « 4h 22,25 so. 6 6,30 » » 4'' 30'" « 21,80 so. 3 5,65 » rt 5*" » 22,56 ONO. 5 0,50 >> » S'' 30'" » 26,81 NO. 10 4,60 n « e"* 31,28 NO. 8 4,40 « « 7^ - » 6 « w . g*» « » .^ 3 n « V, 9h 40,85 .^ 2 5,35 • • minuit . . 44,05 " " 4,90 La tempête a éclaté sur la ville vers midi 50 minutes, et elle a augmenté de violence jusqu'à 5 h. 50 m., moment du premier maximum de force. A 4 h. 50 m., instant du minimum barométrique, Tintensilé du courant a diminué de deux tiers. Vers 5 heures le vent a pris la direction de rOlNO., et puis, à 3 heures 50 m., celle du NO.; alors la fureur de la tourmente s'est renouvelée et le second maxi- ( 744 ) mum a eu lieu. A partir de 7 heures, la tempête s'est ralentie sensiblement, et à 8 heures elle touchait à sa fin. Le 11 , à 5 h. oO m. du soir, il y avait de l'orage; rou- lements de tonnerre et forte grêle. Lille. — M. Meurein. Le 8, la hauteur moyenne du baromètre à 0*' avait été de 754™",99. Ciel nébulo-eouvert tout le jour; pluie intermit- tente de O'"™,/!'^; vent fort de TOSO.; nuages ombrogènes OSO.; ^'^ couche ONO. Température minima5°,7; maxima 9",9. Tension moyenne de la vapeur 6""°,3o; humidité rela- tive 0,88. Le 9, chute du baromètre à 754'"''",27; ciel demi-cou- vert; pluie, neige et grêle intermittentes : 6""",90; vent fort SO.; même direction pour les trois couches de nuages su- perposées; à 10 heures du soir, éclairs sans tonnerre. Tem- pérature minima 1%2; maxima 9°,6. Tension de la vapeur atmosphérique 4-"™,40; humidité relative 0,60. Le 10, pendant la nuit, ciel nébulo-eouvert; pluie et grêle intermittentes; éclairs sans tonnerre; vent très- fort SSO. ; nuages OSO.; hauteur moyenne du baro- mètre 751 '"'",62. Eau météorique 2'""\16. Température minima 1°,5; maxima 9°,1. Tension de la vapeur 4''"'",55. Humidité relative 0,74. Pendant la nuit du 10 au 11, ciel nébulo-serein; lune brillante; vent fort SO. Le 11 , pendant le jour, ciel serein- nébuleux; vent fort OSO.; grands cumuli de la couche infé- rieure de nuages 0., petits cumuli de la deuxième 0.,cirrhi de la troisième ONO. Petite pluie et grêle intermit- tentes 0'"'",oO.; à 5 h. 30 m., éclairs sans tonnerre au SO.; de 10 heures à minuit, lune légèrement brouillée, halo; ( 745 ) vent SO. Hauteur moyenne du baromètre 736""",67. Tem- pérature minima 4-^5; maxima O*',^. Tension 4'""",84. Humidité relative 0,68. Le 12. La nuit, ciel légèrement et uniformément cou- vert; lune faiblement brouillée, vent fort SSO.; cirrhi ONO. 5 h. 15 m. du matin, commencement d'une forte pluie continue, cessant dans la matinée : 12™'°,80; vent S.; nuages SSE. 8 heures, tonnerre; vent très-fort SO.; nuages SO. 9 heures, le baromètre à C et à 21 mètres au-dessus du niveau de la mer est à 750'""\84. 10 heures, baromètre 728™"\99. 11 heures, ciel nébulo-couvert; éclaircies; vent très- fort SO.; les trois couches du nuages ont la même direc- tion SO. Midi, ciel nébulo-couvert; petite pluie; commence- ment de la tempête SO.; nuages SO. ; baromètre 728""",4'7. Après midi, ciel nébulo-screin et nébulo-couvert alter- nativement; le vent, toujours SO., acquiert la force de l'ou- ragan; 5 heures, baromètre 72o'""',10. 4 h. 20 m., minimum de la dépression barométrique : 724'"™,53. Dès ce moment le baromètre remonte d'une ma- nière rapide. 5 h. oO m., petite pluie ; le vent et les nuages passent à rONO., puis le vent restant à l'ONO., les nuages de la première et de la deuxième couche viennent du NO. 6 heures, l'ouragan atteint son maximum d'intensité; 0 h. 20 m., la tempête se calme ; baromètre 735"'™,49. 7 h., ciel serein nébuleux; vent fort ONO. 10 h., ciel serein, lune brillante, vent assez fort ONO.; baromètre 741™'",7o. Minuit, ciel nébulo-serein, lune brillante, vent mo- 2°" SÉRIE, TOME XLI. 48 ( 746 ) déré SO.; nuages, deuxième couche, ONG.; baromètre 743™^ 19. Température minima 2",5; maxima 8%1. Tension de la vapeur 6'°'",06; humidité relative 0,93. Nuit du 12 au 13, ciel serein, vent ONO. ; puis ciel serein nébuleux et nébulo-serein ; vent ONO.; nuages, deuxième couche, OiNO. 9 heures du matin, baromètre 748'""\90. Température minima 2'',6; maxima 7*',3. Tension 4"'"',91; humidité 0,78. Pendant l'ouragan du 12, la marche des nuages de la couche inférieure était très-rapide; le mouvement des couches moyennes et supérieures était plus lent. SoMERGEM. — M. P. Vertriest. Le 12 mars, des gouttes de pluie commencent à tomber à partir de 5 h. 35 m. environ du matin; le vent est très- faible : SSE.; baromètre 738™"", non réduit à la tempéra- ture de 0°. A 7 heures , la pluie continue par un vent SE. De 8 à 9 heures, pluie intense, vent ESE. ; la pluie tombe en grande abondance, le vent devient assez fort; nimbus rapides; à 10 '/g h-> pluie fine, vent modéré du S. A 11 heures, assez forte averse accompagnée d'un vent assez fort du SSO. De midi à 2 heures, ondées par moments, accompagnées de coups de vents assez forts du SO.; à partir de 1 heure environ , le vent commence à souffler avec force. Entre 2 et 4 heures, le baromètre tombe à 717"'", non réduit à 0^ Eclaircies par moments de midi à 2 heures. ( 7i7 ) Le vent atteint sa plus grande force de 5 7* à 4 heures : ciel couvert, gouttes de pluie, direction des nuages SO., avec une tendance vers l'OSO. Un moulin à vent est ren- versé; une grange, située à 7-2 kilomètre du lieu d'obser- vation , ainsi que les murailles de trois ou quatre maisons s'effondrent. A partir de 4 Vi heures, le vent s'apaise plus ou moins pour recommencer ensuite avec une nouvelle vio- lence de l'ONO.; de 5 7^ ^ ^ heures, il souffle avec une extrême force de cette direction. Il s'apaise un peu vers 7 ^2 heures. Le ciel a été couvert de 2 à G 72 heures; à 7 heures, j'ai aperçu des éclaircies; les nuages marchaient avec une grande vitesse de l'ONO. Nous avons eu des gouttes de pluie pendant l'ouragan, de 2 à 5 heures; depuis lors je n'ai plus observé de la pluie. Le baromètre s'est mis à monter à partir de 4 heures; à 9 7^ heures , il marque 759""" (non réduit à 0"); le vent souffle un peu fort de l'ONO. Gand. — M. F. Duprez. Je crois qu'on peut fixer le commencement de la tem- pête vers 5 heures du soir; je ne puis bien préciser l'heure de la fin ; mais il est certain qu'à 9 heures du soir, le vent était pour ainsi dire complètement tombé, et c'est surtout entre 4 7^ et G heures que l'ouragan m'a paru avoir sa plus grande intensité. Quant à la direction du vent, elle était, à 3 heures, SO., et pendant la journée du 12, elle a varié de SE. à 0. Je n'ai point observé le baromètre pendant la tour- mente; mais, à 5 heures du soir, sa hauteur, réduite ( 748 ) k\ 0% était 724*"'",29, et, entre 3 et 9 heures du soir, pen- dant la durée de l'ouragan, il est remonté très-rapide- ment, puisqu'à 9 heures il marquait déjà 738™'",89. Il n'y a pas eu d'orage dans la journée du 12. Dans la soirée du 11 , on a vu quelques éclairs accompagnés de tonnerre lointain. Je fais suivre ici des renseignements que j'ai fournis, il y a quelques jours, à sa demande, à M.Oswald de Kerchove, pour un ouvrage périodique d'horticulture à la rédaction duquel il consacre ses moments de loisir. La hauteur moyenne du baromètre à 0°, déduite des observations faites quatre fois par jour, à Gand, pendant les années 1839 à 1874, est de 7S8'"™,92. Ordinaire- ment, lorsqu'il survient dans cette localité une dépression atmosphérique qui fait descendre le baromètre au-dessous de 740""", cette dépression ne dure que peu de temps, et la colonne mercurielle remonte bientôt avec une rapidité analogue à celle avec laquelle elle était descendue. Il est à remarquer qu'une baisse barométrique constatant l'exis- tence d'une dépression atmosphérique notable , et cette fois persistante , s'était déjà manifestée quelques jours avant le 12, comme on peut s'en convaincre par les hauteurs barométriques suivantes, correspondant à l'heure de midi : ■ M 9 mars, à midi, 752,49 10 — — 730,67 11 — — 757,24 Dans l'après-midi du 11, le baromètre continua à s'élever encore un peu, et, à 9 heures du soir, il avait atteint 740'"'",95; mais dans la nuit et jusque vers 3 heures du soir du 12, heure vers laquelle l'ouragan commença ( 749 ) surtout à sévir, il éprouva une nouvelle baisse, ainsi qu'on peut le voir par les résultats suivants : M* 12 mars, 9 heures du matin, baromètre à 0". . . 731,26 — midi, — ... 726,53 — 5 h. du soir, — ... 724,29 Entre 5 heures et 9 heures du soir, et au milieu de l'ouragan, la colonne mercurielle éprouva une ascension rapide, au point qu'à 9 heures du soir elle s'élevait déjà à 738™'",89,ce qui donne , pour un intervalle de temps de 6 heures, une augmentation dans la pression atmosphé- rique de 14,60 millimètres de mercure. Dans la nuit, ]v mouvement ascensionnel de l'inslrument continua, mais avec moins de rapidité, et le 15, à 9 heures du matin, la pression atmosphérique correspondait à 746'""', 47. Afin qu'on puisse mieux juger de la baisse barométrique qui s'est produite dans la journée du 12, on trouvera ici, avec leurs dates, les minima des hauteurs barométriques au-dessous de 750""", qui ont été observés, à Garni, de 1839 à 1874. 1843, U janvier 726.68 1841, 26 février 729,14 1846, 25 décembre 727,55 1847, 7 décembre 725,94 1848, 26 février 729,10 1859, 26 décembre 728,52 1865, 14 janvier 727,01 1867, 27 décembre 728,20 1872, 10 décembre 722,78 1873, 20 janvier 724,14 1874, 9 décembre 727,32 Dans la journée du 12 , le vent a varié du SE. à l'O. , et les températures extrêmes ont été, de midi du 12 à midi du 15, de 11 %6 et 0°.5. ( 7§0 ) Anvers. — M. H. Allenrath, Voici les observations que j ai faites avant l'ouragan. Le vendredi 10 mars, vent d'O. à 8 heures du matin; la hauteur barométrique, réduite à 0° C. et au niveau de la marée basse à Ostende, est de 736'°™,65 ; thermomètre à air libre, 4'°,5 C. Depuis minuit jusqu'à midi, tempête et neige; la tempête continue de midi jusqu'au soir, le temps devenant alors plus calme; à midi, vent violent et neige par intervalles. Le II mars, à 8 heures du matin, vent de l'O. ; hau- teur barométrique réduite 738"™,99; température de Pair, 7,1 C. De minuit à midi , vent assez fort et ciel cou- vert; de midi à minuit, mauvais temps et pluie; à midi et demi vent très-fort , éclaircies. Le 12 mars, à 8 heures du matin, vent de SO. ; hauteur barométrique réduite 755'"°',01 ; température de l'air, 4,1 C. Pluie forte pendant toute la matinée. A midi vent très-fort, bourrasques et fortes ondées. Entre 2 et 8 heures du soir, ouragan. Il est assez difficile de préciser le commencement de la tenfjpête; à midi et demi les bourrasques étaient fortes, mais ne faisaient nullement pressentir ce qui suivrait quelques heures après. Suivant certaines personnes, la tempête semble avoir commencé vers deux heures. Vers 5 72 heures, les rafales étaient très-violentes. De mémoire d'homme, l'Escaut n'a jamais été aussi furieux que ce jour-là; sur bien des bâtiments on était obligé de faire vapeur et de se tenir au milieu de la rade, de crainte de voir les navires se briser contre les murs des quais. Cinq bâtiments ont coulé. ( '^^ ) Le 19 mars je suis allé à Turnhout, et partout, sur la roule, j'ai trouvé des traces de la tempête; c'est comme si la dévastation était due au passage d'une ou de plusieurs trombes immenses. Notes recueillies. — De M. de Boë : « Hauteur barom. approximative : 724™"'. » Elle m'inspire peu de confiance. De iVl. J.-B. Naveau , professeur de physique : « Vent fort pendant toute la matinée; la tempête com- mence à 5 heures du soir; vent SO. — De 6 à 6 ^/a heures, calme. — De 6 ^2 à 8 heures du soir, deuxième ouragan par le NO. — Après 8 heures du soir, le calme se rétablit peu à peu. La vitesse approximative du vent est de 25 à 30 mètres par seconde. » Je n'ai pas de confiance dans cette donnée; elle est établie sans instruments. De M. De Waele, ingénieur : « Hauteur du baromètre 722""". (L'indication thermo- métrique de l'instrument manque.) — Le minimum baro- métrique a eu lieu à 7 heures du soir; l'appareil se trouve à 7 mètres environ au-dessus du niveau de la marée basse à Ostende. » De MM. Brand frères, opticiens : « Hauteur barom. 725'"™; thermomètre de l'appareil, il" C. environ. — Le minimum barométrique a eu lieu à 4 heures du soir. L'instrument se trouve à 8^,25 environ au-dessus du niveau de la marée basse à Ostende. » De M. Henri Van Heurck, professeur : « Hauteur barométrique 720™™ à 16 mètres au-dessus du niveau de la marée basse à Ostende. Température approximative 17° C. ( 7,^2 ) L'observation est faite avec un baromètre de Vidi, vérilié d'après un Fortin réglé à l'Observatoire de Bruxelles. Minimum du baromètre à 5 heures du soir. A 5 heures du soir, la tempête était dans sa plus grande violence. » La moyenne des diverses observations barométriques citées plus haut est de 722™"S7o. Malines. — M. Bernaerts. La tempête du 12 mars s'annonça par une forte dépres- sion barométrique qui s'accentua rapidement dès la matinée. La veille, à 9 heures, le baromètre était encore dans sa période ascendante. Le 12, au matin, la pluie tombait régulièrement, le ciel était uniformément couvert, et le vent soufflait faiblement du N. A 9 heures les nuages inférieurs se déplaçaient rapi- dement avec vent SE., et à H h. 30 m. ils venaient du SO. Le vent à la surface du sol était, en ce moment, encore calme du SE.; il tourna bientôt au SO.,et à 3 heures il soufflait déjà avec force. Vers 4 heures, la tempête était d'une violence extrême. A 4 h. IS m., le baromètre restait stationnaire , et l'on aurait pu croire que le minimum était atteint; cependant une nouvelle baisse d'un millimètre se manifesta à ^ heures du soir, et le minimum de pression eut lieu à 5 h. 40 m. Le baromètre remonta ensuite rapi- dement. A 6 h. 20 m., peu de temps après l'instant du minimum barométrique, la tempête se calma un peu, et reprit ensuite avec fureur du NO. A 6 h. 45 m., le vent supérieur tomba également au NO., et la marche des nuages devint fort rapide. A 7 h. 40 m., la force du vent n'avait plus rien d'anormal. ( 7m ) Le pluviomètre accusa les quantités clVau suivantes : MM 9*» 0'" du matin (') 5,6 4 15 du soir 7,2 9 0 — 0,3 Total 13,1 Aucun éclair ni coup de tonnerre n'a été signalé pen- dant la tempête. La plus grande force de l'ouragan a été constatée quand le vent était au SO. Les maisons dont la façade est tournée au SO. ont eu plus de dégâts à leurs toitures que celles dont les faîtages sont orientés du SO. au NE,, du moins dans la partie de la ville qui devait subir la première les atteintes du vent. Les arbres déracinés dans nos environs par la tempête sont tous tombés sous Timpulsion d'un vent SO. Quelques-uns, mais peu nombreux, sont couchés à terre avec leurs cimes vers le SE. Les variations dans la direction du vent, d'abord au N., puis au SE., ensuite au SO., enfin au NO., semblent prouver que la bourrasque était animée d'un mouvement giratoire très-prononcé. Chimay. — M. Christ. La tempête a commencé entre 1 heure et 1 h. 30 m. du soir. Elle a duré sans interruption jusqu'à 7 h. 50 m. Le vent a conservé sa direction à l'O. L'instant de la plus grande force peut être rapporté entre 5 h. 50 m. et 6 h. 50 m. (') Eau tombée depuis la veille à 9 h. du soir. ( 7U ) La direction du vent pendant la durée de la tempête a été constamment 0. sans oscillations bien marquées. Le minimum barométrique a eu lieu vers 6 heures : 727™'°,b0 à la température de 7° C, soit réduit à 0" : 726™'",69. J'ai observé entre 5 et 6 heures deux éclairs , mais la violence du vent m'a empêché de percevoir le bruit du tonnerre. Des personnes de la campagne, que j'ai interro- gées à cet égard, m'ont dit n'avoir rien entendu. Le vent, bien qu'ayant perdu beaucoup de sa violence vers 8 heures du soir, a cependant encore soufflé une partie de la nuit. LouvAiN. — M. Terby. Comme je n'ai pu faire d'observations soignées ce jour-là, la seule chose que je puisse dire c'est que cette tempête d'une violence si remarquable a occasionné à Lou- vain de nombreux dégâts, et que je n'ai point constaté d'orage pendant sa manifestation. La violence du vent simulait par moments l'éclat du tonnerre. Liège. — M. Dewalque. Voici les observations barométriques que j'ai faites le 12 mars : MM Midi 726,64 3 h. 0 m. soir 724,68 6 h. 30 m. » 720,68 9 b. 55 m. » 731,28 Ces observations sont réduites à la température de 0** C, mais non au niveau de la mer. ( 733 ) LiÉGE. — M. D. Leclercq, Du 5 au 18 mars, nous avons éprouvé une période pro- cellaire qui compte quatre fortes secousses, dont la troi- sième a été la plus terrible. Le il, à midi, le vent a commencé à souffler en tem- pête, et a sévi pendant toute la nuit suivante et pendant la journée du 12. C'est vers 2 ^/4 h. de l'après-midi du 12 que les coups ont commencé à être des plus forts et à aug- menter en violence; ils ont atteint leur maximum d'inten- sité vers 5 heures du soir; à partir de ce moment, la tem- pête s'est calmée graduellement; vers 6 heures on pouvait l'affronter, et vers 8 heures on pouvait circuler sans danger dans la ville. Le minimum barométrique a eu lieu à 4 heures : 721""",90; une demi-heure après, le baromètre avait une tendance à la hausse ; à 5 heures, il marquait 722""",14'; à G heures, 722'""',89; à 7 heures, 724'""\49; à 8 heures, 755""°,07. Pendant toute la durée de la tourmente, les vents n'ont cessé de varier de SSE. à SO. ; c'est par SSO. que les coups furent les plus violents; quant aux vents supérieurs, ils variaient de SSO. à ONO. L'arrivée de forts nuages était pour beaucoup dans la violence de la tempête. On n'a pas observé de phénomènes électriques à Liège ni dans les environs. Utrecht. — M. Buys-BalloL La tempête du 11-13 mars a, ici aussi, été assez forte et la baisse barométrique extraordinair'e. Nous avons eu ( 756 ) 722'""*,o au niveau de la mer. Comme nous avons dans le pays plusieurs baromètres enregistreurs, je voudrais étu- dier de près cette tempête et à cette fin je m'adresse à vous pour avoir des observations du baromètre et du vent pour ces trois jours. Luxembourg. — M. Reuter. Le 12 mars, le vent a soufflé avec une violence extrême, depuis midi jusqu'au soir, vers 8 heures. De 5 à 7 heures du soir, il atteignit son maximum d'in- tensité. Les ardoises des maisons volaient dans Tair ; des fenê- tres ont été brisées, des cheminées renversées, et même deux toitures en ardoises ont été enlevées, l'une à 5 et l'autre à 7 ^U heures du soir. C'est aussi vers ce temps que soixante-quinze arbres , dont beaucoup de forte dimension, ont été brisés ou déra- cinés dans le parc, au N. et au NO. de la ville. Tous étaient couchés du SO. au NE. La direction du vent, pendant la durée de la tempête, a été le SO. Le baromètre marquait à 4 heures 707°'"\8, à la tempé- rature de 16° C. Il n'y a pas eu d'orage ; mais le 1 1 , à 2 Va heures de l'après-midi, on a entendu quelques coups de tonnerre. Munster. — M. Heis. La violente tempête du 12 mars a commencé à Munster vers 7 heures du soir, et fini après minuit. Le matin du 12 mars , le vent était SO. , à midi E., et pendant la tempête SO. Tempête du 12 M.ars 1S76 Courbes barométrique et anémomèlri ÉiiiiWii^^ ( 7^7 ) Le baromètre réduit à O*' (63", 5 au-dessus de la mer) était : Msr Mars 12, 6^ malin, 742,2, réduit au niveau de la mer. — 2 soir, 753,1 , — — 10 — 729,5, — Mars 13, 6 malin, 746,1 , — 11 n'y a pas eu d'orage. Sur la loi de diminution des pressions des couches de l'air lorsque l'état d'équilibre de l'atmosphère est troublé, particulièrement sous V influence des bourrasques ; par M. Ch. Moiitigny, membre de l'Académie. F^a plupart des phénomènes météorologiques dépendent les uns des autres et se modifient mutuellement. Le mode de diminution des densités ou des pressions des couches atmosphériques suivant la verticale n'échappe pas à l'in- fluence de cette liaison; il est modifié, entre autres, par des changements marqués qui surviennent dans la pres- sion atmosphérique, lorsqu'ils se produisentsous l'influence du vent, et abstraction faite des variations de la tempéra- ture que l'air subit simultanément. Ces altérations sont sensibles pour de petites hauteurs relativement à l'éléva- tion de l'atmosphère. Tel est le fait que je me propose d'établir dans cette note. A cet effet, je m'appuyerai sur les différences marquées qui ont aff'eclé les mesures des altitudes barométriques que j'ai relevées à la tour de la cathédrale d'Anvers, sous l'influence des divers vents et particulièrement sous celle de bourrasques plus ou moins éloignées. Ces expériences ont été entreprises, comme j'ai ( 758 ) eu occasion de le dire, dans le but de constater si l'in- tïuence du vent affectait ces mesures d'une manière sen- sible et selon sa vitesse, ainsi que je l'avais supposé. Je me bornerai à citer ici des faits généraux que j'em- prunte à un travail plus étendu qui est en voie de prépa- ration. 11 importe de rappeler d'abord que ce ne sont point des agitations de l'air en mouvement, accidentelles et tout à fait locales, qui ont pu affecter les mesures barométriques que j'ai effectuées, d'une manière régulière et suivie, au nombre de deux cent vingt-quatre, à la tour d'Anvers (1). En effet, les résultats obtenus ont montré qu'à l'égard d'un même vent, la grandeur des écarts entre l'altitude barométrique et l'altitude vraie de cliaque galerie de la tour augmente, en général, avec sa vitesse; que, pour des vents de diverses directions, le sens de ces différences change selon que le vent souffle de la région orientale ou de la région opposée, et qu'enfin ces écarts sont d'autant plus prononcés que la galerie d'observation est plus élevée, toutes choses égales d'ailleurs. En outre, la série des écarts entre les altitudes barométriques et l'altitude vraie d'une même galerie forme un cycle régulier. Rappelons ici qu'il en est de même pour ces sortes de différences, lorsque les lieux d'observation sont situés, non plus sur la même verticale, mais à des distances plus ou moins grandes, et à des niveaux différents , ainsi que je l'ai montré, à l'égard (le Bruxelles et de Namur, par exemple, lorsque les alti- tudes barométriques résultent de mesures relevées sous l'inlluence des mêmes vents dans les deux localités. (I) Mesures d'aUitudcs barométriques prises à la tour de ia cathédrale d'Anvers, sous l'influence de vents de vitesses et de directions différentes. Bulletins de r Académie royale de Belgique, 2™« série, t. XXXV. ( 7S9 ) Les résultats qui précèdent étant rappelés brièvement, je ferai remarquer que souvent, lors de mes ascensions à la tour d'Anvers, je choisis naturellement les moments où le vent soufflait avec force, afin d'obtenir des écarts mar- qués entre l'altitude barométrique et l'altitude vraie de chacune des trois galeries de la tour. Le relevé des hau- teurs du baromètre, des températures, la mesure de la vitesse du vent et souvent de son inclinaison, ont été les seuls faits qui fixèrent alors mon attention. Mais lorsque ce travail arriva à sa fin, je jugeai qu'il serait utile de con- naître quel avait été le mode de distribution des pressions barométriques, suivant des zones horizontales, dans nos contrées, les jours de mes observations à Anvers. L'exa- men du Bulletin international que l'Observatoire de Paris publie chaque jour, étant indispensable pour la solution de cette nouvelle question, je m'adressai à notre savant confrère M. E. Quetelet, qui eut l'obligeance de mettre à ma disposition la partie de la collection des cartes du Bul- leiinqyie l'Observatoire de Bruxelles possède. La comparai- son des cartes qui se rapportaient aux époques de mes prin- cipales observations à Anvers, me montra qu'aux jours où les altitudes calculées avaient excédé l'altitude vraie sous l'influence des vents de la région occidentale, corres- pondaient de fortes dépressions barométriques sur nos contrées, et particulièrement de fréquentes bourrasques dans des régions plus ou moins voisines de celles-ci. Au contraire, les principales mesures des altitudes relevées sous l'influence des vents de la région orientale , qui toutes sont inférieures à l'altitude vraie, avaient en géné- ral coïncidé avec des hausses barométriques sur les con- trées occidentales de l'Europe. En présence de ces coïncidences remarquables et déci- ( 760 ) sives, je ne balançai pas à chercher à établir l'élat des pressions atmosphériques sur nos contrées pour chacun des jours de mes expériences à Anvers. La partie la plus importante de ce travail fut faite à l'aide de la série du Bulletin communiquée par M. E. Quetelet. Mais plu- sieurs de mes observations remontant à des époques anté- rieures à l'insertion des cartes météorologiques dans le Bidlelin, insertion qui ne date que du mois de septembre 1865 (1), je dus avoir recours à d'autres voies pour réunir les documents qui m'étaient nécessaires. M. Yinchent et particulièrement M. Girardin , chefs supérieurs de l'admi- nistration du télégraphe en Belgique, et sous la direction desquels des dépêches télégraphiques transmettent, chaque matin, à l'Observatoire de Paris, l'état du ciel à Bruxelles, se prêtèrent à me procurer très-obligeamment, en les demandant à Paris, les documents qui me manquaient pour les années antérieures à 1863, et que la direction du Bul- letin avait reçus, avant cette époque, de plusieurs contrées voisines de notre pays. Je recueillis aussi les données qui me faisaient défaut pour d'autres dates, en consultant la collection de VÊclio du Parlement, que voulut bien mettre à ma disposition M. L. Hymans, le directeur de ce journal, dans lequel est inséré, pour chaque jour, l'état général du ciel d'après le Bulletin. 11 importe d'ajouter que j'ai soigneusement collationné ces renseignements, venus de diverses sources., en faisant une révision du Bulletin météorologique à l'Observatoire de Montsouris près de Paris, où je n'ai eu qu'à me louer de (1) Les mouvements de Valmosphère et des mers, par M. Marié-Davy, p. 254. [ /b\ ) l'obligeance de M. Marié-Davy, directeur de cet établisse- ment scientifique. Je suis entré dans les détails qui précèdent, pour don- ner la preuve des soins que j'ai apportés dans ce travail, et surtout pour offrir ici mes remercîments aux personnes que je viens de nommer, et qui m'ont donné leur con- cours obligeant dans l'accomplissement de cette tâche assez laborieuse. Remarquons ici que le Bulletin météorologique indi- quant l'état général de l'atmosphère, tel qu'il esl à sept ou à huit heures du malin, selon les saisons, ces indica- tions ne correspondent pas en réalité aux instants précis de mes expériences à Anvers, qui ont eu lieu à des heures indifférentes de la journée et déterminées par mes loisirs. Mais les écarts dont il s'agit n'ont jamais été que de quel- ques heures. L'examen attentif des indications sur la situation rjéné- rale de l'atmosphère, qui sont inscrites sous la carte de chaque numéro du Bulletin^ montre la possibilité de rap- porter la pression atmosphérique sur la région occidentale ou sur la partie nord de l'Europe, à quatre états distincts, que voici : 1° Lors d'une hausse barométrique générale; 2'' Lorsque survient une dépression barométrique éten- due; 3° Lors de la présence d'une bourrasque ; 4° Par l'absence de particularité bien précise au sujet de la pression atmosphérique. J'ai réuni dans le tableau suivant le nombre de ces in- dications qui ont coïncidé avec l'un et l'autre des seize vents principaux, les jours de mes ascensions à la tour d'Anvers. J'y rappelle, en outre, les moyennes des alli- 2"' SÉRIE, TOME XLI. 49 ( 762 ) ludes baromélriques de la galerie supérieure de la tour correspondant à chacun de ces vents, puis les vitesses moyennes de ceux-ci, mesurées près des parois de l'édi- fice, à la hauteur de cette galerie, qui est élevée de 104 mètres au-dessus du sol. Enfin, j'indique le nombre des ascensions qui ont eu lieu sous l'influence de chacun de ces vents. Ces dernières indications ne sont que la reproduction des données qui ont figuré dans le travail que j'ai rappelé plus haut. GALBBIB SOPÉRIECRE, DIRECTION à 104^00. ^OMBRE des HAUSSES BAISSES BOUR- ABSENCE de du baro- baro- Altitude Vitesse observa- RASQUES. parti- vent. baro- métrique. du vent. tions. métriques. métriques. cularité. Nord . . . 104^78 5^73 14 5 4 1 4 NNE. . . 103,54 5,35 9 4 3 0 2 NE . . . 102,25 6,76 10 6 3 1 0 ENE. . . 101,59 7,27 14 « 3 2 1 Est. . . . 101,45 6,72 15 11 2 1 1 ESE. . . 102,39 7,08 11 7 2 1 1 SE. . . . 105,26 4,46 12 8 1 1 2 SSE. . . . 105,90 5,54 7 4 2 1 0 Sud . . . 104,66 5,10 5 0 2 1 2 SSO.. . . 106,94 8,44 15 2 1 9 1 80. . . . 107,40 8,72 22 3 4 15 0 OSO. . . 107,94 8,77 21 5 2 15 1 Ouest. . . 109,98 10,44 20 0 4 16 0 ONG. . . 108,91 9,55 16 3 2 10 1 NO. . . . 107,86 7,88 20 3 7 7 3 NNO. . . Moy. ei sommes. 106,80 7,82 15 2 5 4 4 105^20 7^23 224 69 47 85 23 ( 763 ) Voici les conséquences qui résultent de ce tableau : 1° Les altitudes barométriques mesurées sous l'influence des vents de la région orientale, qui toutes sont infé- rieures à l'altitude vraie, correspondent très-fréquemment à des hausses barométriques. Leurs coïncidences avec les baisses du baromètre sont relativement rares, et plus rares encore à l'égard des bourrasques; S*" Les nombres de hausses qui se rapportent à la région orientale croisent régulièrement jusqu'à la direction Est, à la quelle correspond précisément l'altitude la plus faible; 5° Les altitudes calculées appartenant à la région occi- dentale, qui toutes sont supérieures à l'altitude vraie, ont été fréquemment mesurées sous l'influence de bourrasques; elles ont coïncidé plus souvent avec des diminutions qu'avec des accroissements de la pression atmosphérique; A° Les nombres de bourrasques relatifs aux vents de la région occidentale augmentent rapidement à partir des directions Sud et Nord; leur maximum correspond au vent d'ouest, auquel répond précisément l'altitude baromé- trique moyenne la plus forte. D'après ce qui précède, le sens et la grandeur des écarts entre les altitudes calculées et l'altitude vraie de chaque galerie de la tour sont en rapport, non-seulement avec la direction et la vitesse du vent, mais avec la tendance générale de la pression atmosphérique à croître ou à dé- croître dans la région à laquelle le lieu des observations appartient (1). (1) Dans le tableau précédent, plusieurs bourrasques sont indiquées comme ayant coïncidé avec des venls de la région orientale. Il importe de donner ici quelques explications à cet égard Deux de ces bourrasques correspondent au vent d'ENE. La première ( 764 ) La loi théorique d'après laquelle les pressions ou les se rapporte au 1 4 mai 1867. D'après le J5tf//f^/n, après avoir abordé les «ùtes françaises dès le 15. elle s'étendait le lendemain sur la Manche. Mais le matin de ce second jour ou du 14, la pression baromélriqiie était en hausse sur l'Angleterre selon le Bulletin. Mon observation du 14 mai, à Anvers, eut lieu entre 4 et 5 heures du soir. Le baromètre était à 7o6°"",57 au bas de la tour. L'influence de la bourrasque s'était sans doute évanouie à Anvers. L'altitude de la dernière galerie a été trouvée égale à 101", 77, lorsque la vitesse du vent d'ENE était de 7",20 à cette hauteur. La seconde observation, égalemeiît relative au vent d'ENE, et à la- quelle correspond une seconde bourrasque, eut lieu le o mai 1868, entre 4 et 3 heures du soir. L'altitude barométrique ne dépassa pas I01",o7 sous l'influence d'un vent de 11",7S de vitesse à la dernière galerie. La bourrasque dont il s'agit était éloignée de nous, car, après avoir abordé, le 4 mai, les côtes de la Scandinavie, le lendemain matin elle avait sou centre sur la Baltique, à peu de distance des côtes de la Suède. La pres- sion atmosphérique était très-probablement en hausse le o, dans la soirée, à Anvers, car le baromètre s'élevait à 760""", 49 au pied de la tour, lors de mes observations. Il est évident, d'après ces indications, que les mesures d'altitudes du 14 mai 1867 et du 5 mai 1868, pouvaient très-bien être rangées parmi les observations relevées sous Finflaence de /m ?/.9.sps. barométriques. En in- troduisant cette modification, le chilFre 2 qui correspond au vent d'ENE dans la colonne des bourrasques du tableau précédent, disparaissait, et le nombre de hausses répondant au même vent eût été porté de 8 à 10. Mais j'ai jugé plus équitable de conserver ici la coordination telle que le tableau la présente, attendu que parmi les bourrasques correspondant aux vents de la région occidentale, il en est qui, au moment de mes expé- riences, sévirent également sur les régions éloignées de la Baltique et de la Suède; sans aucun doute, elles exercèrent alors une influence sur les mesures des altitudes à Anvers qui correspondent aux vents de la région occidentale. On en verra un exemple par la bourrasque du 8 novembre 1869, dont il sera question plus loin Mais il est à remarquer que ce phénomène s'est présenté aux approches de l'hivei-, à une époque de l'année où les effets des bourrasques dans nos contrées sont généralement plus étendus et |>lus marqués que pendant la bonne saison. ( 76S ) densités des couches atmosphériques formeraient une progression géométrique décroissante pour des hauteurs croissant en progression arithmétique, à égalité de tempé- rature supposée, est rigoureusement vraie et parfaitement applicable à la mesure des hauteurs à l'aide du baromètre, quand l'air est calme. Mais il n'en est plus ainsi lorsque le vent souffle et que l'air est en mouvement rapide. 11 était à prévoir que le mode de succession des pressions des couches de l'air serait altéré sous l'influence des bour- rasques, mais on ignorait de quelle manière. Le tableau précédent nous montre que, pour les vents de la région Ouest, qui sont ceux auxquels correspondent le plus grand nombre de ces vastes tourbillonnements de l'air, les altitudes barométriques sont trop fortes. Concluons de là que, sous l'influence de bourrasques plus ou moins éloignées, la diminution de pression des couches de l'air est plus rapide dans le sens vertical que quand l'air esl calme, toute correction dépendante de la température de l'air étant faite (1). Remarquons ici que les écarts relativement à la loi dont il s'agit, peuvent atteindre des valeurs considérables. Ainsi, le maximum des altitudes relevées à la tour d'Anvers s'est présenté le 8 novembre 1869, entre deux heures et demie et trois heures et demie de l'après-midi, sous l'influence (1 ) J'ai indiqué avec détail dans le travail déjà cité {Bulletins de l'Acad. royale de Bptgiqup,[.\\X\), le mode de correction de la température de l'air que j'ai suivi dans le calcul des alliludes à la tour d'Anvers, coii- lonnémenl à la formule des nivellements barométriques d'après Laplace. .l'ai également fait connaître, dans le même travail, les températures moyennes qni ont caractérisé les divers vents dans mes expériences. ( 766 ) (l'un vent d'ONO. Voici les résultats absolus et compara- tifs de cette opération : 1 vraies. • AITITODIS baro- métriques. BIFFÉBESCES. RAPPORTS aux altitudes vraies. VITESSES du vent. Galerie supérieure. . . 104-00 114-91 10«91 0,103 15»o6 Galerie octogone . . . 89,06 94,17 5M1 0,057 15,70 Galerie des cadrans . . 64,18 6o,29 1,11 0,017 11,37 Ces résultats nous montrent qu'à la hauteur de la galerie supérieure, la pression de l'air était environ un dixième plus faible que ne le veut la loi du décroissement des pressions de l'air suivant la hauteur, lorsqu'il règne un calme parfait, mais que les écarts sont moindres à des hauteurs plus petites. D'après le Bulletin météorologique, le 8 no- vembre, à huit heures du matin, la pression atmosphé- rique éprouvait de fortes diminutions sur une vaste éten- due de la partie occidentale et vers le nord de l'Europe, et alors le centre de ces dépressions ou de la bourrasque était situé vers la partie méridionale de la Suède (1). Il résulte également du tableau précédent que la dirai- (1) L'ascension à la lour dont il est ici question est la seconde du même jour, la première ayant eu lieu entre midi et une heure et demie; alors le vent soufflait de l'Ouest. Sous son influence, les altitudes baromé- iriques des trois galeries ont été respectivement 67«,02, 96",24 et 1 12",09. Quant aux vitesses du vent, elles ont varié, de l'une à l'autre galerie, entre 10",7o, 11" 12 et 11«,86. (767 ) nution des pressions des couches de Tair suivant les hau- teurs est aussi généralement trop rapide quand la pression barométrique est en décroissance, sous l'influence des vents de la région Ouest, quand bien même cette décrois- sance ne serait point Tefl^et d'une bourrasque. Lorsque la pression atmosphérique augmenta sur nos contrées en même temps que régnèrent les vents de la région orientale, les altitudes barométriques ont été moindres que l'altitude vraie de chaque galerie de la tour. Il faut con- clure de ce fait que, dans ce cas, la diminution des pres- sions des couches de l'air suivant la hauteur est moins rapide, toute correction de température faite, que quand l'air est parfaitement calme. L'écart dont il s'agit ici est parfois encore assez marqué. Ainsi, le minimum des altitudes baromé- triques s'est présenté, le 10 mars 1866, entre quatre heures et cinq heures du soir, sous l'influence d'un venl d'ENE, dont la vitesse à la galerie supérieure était de 10«,45. L'altitude barométrique de celle-ci fut trouvée égale à 98«,26 ou inférieure de 5«,74 à l'altitude vraie. A la hauteur de la dernière galerie, la pression de la couche d'air, lors de cette expérience, était donc environ un dix-huitième trop forte relativement à la loi de décrois- sance de ces pressions dans l'air calme. Cette opération eut lieu sous l'influence d'une forte hausse barométrique sur nos contrées, qui était stationnaire, le matin du 10 mars, d'après les indications du Bulletin (I). (1) Cette observation avait été précédée, le même jour, d'une autre as- cension, qui eut lieu entre onze heures.et midi, également sous l'influence d'un vent d'ENE., et à laquelle correspond une altitude égale à 99",43. Mais en ce moment, la vitesse du venl à la galerie supérieure n'était que 8",d6. ( 7(i8 ) Les faits qui précèdent nous montrent d'abord qu'au moment où la pression atmosphérique est modifiée sous l'influence de vents plus ou moins rapides, le mode de dis tribution des pressions des couches de l'air suivant la verti cale n'est plus le même que quand ces couches sont sensi blement en repos; ils nous font voir, en outre, que lorsqu'elles sont en mouvement, le sens des modifications que cette distribution subit, varie selon que la pression atmosphérique est en voie d'accroissement ou de diminu- tion au niveau du sol. Je me propose de discuter d'une manière plus appro- fondie les faits en question et d'indiquer, entre autres, quelle est la moyenne des altitudes barométriques à la tour d'Anvers qui correspond avec chacun des quatre étals généraux de la pression atmosphérique, tels qu'ils ont été spécifiés dans le tableau précédent. L'ensemble de toutes ces questions servira à établir d'une manière certaine le fait de la corrélation entre la pression barométrique au niveau du sol et la vitesse du vent. Je ferai remarquer que pour l'étude aussi complète que possible de cette question, il importe de tenir compte non-seulement des conditions relatives au vent près du sol qui nous sont indiquées par les anémomètres, mais aussi des caractères du vent dans les régions supérieures, autant que la marche des nuages dans le ciel nous les fait connaître. Les Annales de l'Ob- servatoire royal de Bruxelles nous présentent, à l'égard de la direction du vent d'après la marche des nuages, des indications précieuses que je mettrai à profit dans le tra- vail sur cette question. Je finirai cet exposé en faisant remarquer que les faits dont il s'est agi viennent à l'appui des remarques que j'ai émises précédemment, au sujet de la mesure des ( 769 ) altitudes lors des voyages aérostatiques, quand ceux-ci s'accomplissent sous l'influence de courants d'air plus ou moins rapides. Application de la tJiermodynamique à l'étude des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides. — Consé- quences diverses; par M. G. Van der Mensbrugghe, correspondant de l'Académie. COMMUNICATION PRÉLIMINAIRE. Soit une masse liquide m dont / est la température abso- lue, S la surface libre et T l'énergie potentielle par unité de surface; l'énergie potentielle totale de la surface sera TS, abstraction faite de toute autre énergie, telle que celle qui serait due à la pesanteur, à un changement de vol unie, etc. Cherchons la quantité de chaleur que la masse doit fournir pour que la surface S prenne un accroissement dS; dQ sera évidemment une fonction de S et de /; or, d après le second principe de la thermodynamique, ^tloit être une difl'érenlielle exacte dp.; soit donc — = du.==XdS^YSdt, t X étant la variation dcf^., lorsque S augmente de l'unité de surface, la température t demeurant constante; Y étant la variation de y. par unité de surface, lorsque S demeure constant et que / devient ^h- 1 ; on voit sans peine que X et Y sont indépendants de S, et que nous aurons consé- (770) quemnient : d'où: dt rfQ = :tXdS-^ t-~.Sdt. dt Si raccroissement rfS est produit par le travail extérieur TrfS, il est clair que dQ se décompose en deux parties, TuneATrfS correspondante à ce travail extérieur, et l'autre, iXdS -+- t—Sdt— XTdS, dt qui correspond au travail intérieur c/U, et qui équivaut à ArfU, A étant l'équivalent calorifique de l'unité de travail. Nous avons donc dX , AdU = {tX- AT)dS -4- t—Sdt, en même temps que la condition : dltX — \T) dX dT ^ ^ =t — ou X— A ,- = 0. dt dt di Nous déduisons de là : c/T d'T et, par conséquent, la variation de la chaleur Q contenue dans la masse m sera donnée par dT d^T I dT\ ^ dt dt' \ dtl J'ai supposé la surface du liquide en contact avec l'air; mais l'équation [1] s'applique évidemment au cas de la ( 771 ) surface de séparation de deux liquides qui ne se mêlent pas, ou bien à celui de la surface de contact d'un solide et d'un liquide; je traiterai prochainement le cas où S repré- sente soit la surface libre d'un corps solide, la surface de séparation de deux corps solides, la surface libre d'un gaz, ou la surface de contact d'un solide et d'un gaz. Je vais actuellement tirer de cette équation plusieurs conséquences qui me paraissent avoir une grande portée. I. Si nous donnons à une masse liquide m un accrois- sement c/S de surface libre, alors l'énergie potentielle T est une quantité positive, c'est-à-dire que l'énergie potentielle totale primitive a pris un accroissement positif TdS; il en résulte que la masse m, ayant acquis une énergie poten- tielle plus grande, doit avoir perdu une certaine quantité de chaleur, c'est-à-dire que (/Q est négatif. C'est ce qu'on voit plus simplement encore par le signe de ■'( (/T\ ilT S__ ou de — -; lit I (Il la tension T diminuant lorsque la température t augmente, il faut que— soit négatif, et conséquemment aussi dQ. C'est à ce point de vue que Sir W. Thomson a étudié l'effet thermique produit lors de l'extension d'une lame liquide (*); seulement il n'a donné que le terme (IT , Xt — dS dt du second membre de l'équation [IJ. (*) On the thermal effect of clrawing oui a film of liquid (Philos. Magaz., 1859, t. XVII, 4™e série, p. 61). Comparez Tarticle intitulé: Infi,ueace de la température sur les forces de réunion {Théorie méca- nique de la chaleur, par A. Dupré, p. 26(i, Paris, 1869). ( 77â ; Je me propose de soumettre cette formule à l'épreuve (le nombreuses expériences; dans celte Note préliminaire, je dirai seulement que l'équation [i] me paraît rendre compte d'un grand nombre de phénomènes encore inexpli- qués .Pour en juger par quelques exemples particuliers, remplaçons clQ par imjkdt, k étant le calorique spécifique de la masse m à la température t; nous pourrons écrire alors pour la variation de la température: dT , A^ —-r/S fit dl= ; fl»"»]. Cette valeur montre que la température variera d'au- tant plus que la masse m et le calorique spécifique k se- ront plus petits. Voici deux faits curieux dont l'explication m'a longtemps embarrassé et qui, dans mon opinion provisoire, découlent immédiatement de la valeur ci-dessus de la variation de température dt. 1" Dans une bulle d'eau de savon ou de liquide glycé- rique, on sait qu'on observe des mouvements bizarres et tout à fait irréguliers, qui sont assez énergiques quand la bulle vient d'être soufflée, puis de moins en moins pro- noncés à mesure que la lame s'amincit. Or l'insufllation de l'air (supposé à la même température que le liquide) produit évidemment une surface libre de plus en plus grande, et conséquemment la masse doit prendre en ses divers points des températures d'autant plus basses que la surface fraî- che fournie par chaque portion de la lame est plus consi- dérable; grâce à ces différences de température, il doit naître une multitude de courants tantôt dans un sens, ( 773) tantôt en sens contraire; la descente continuelle du liquide doit entretenir longtemps ces phénonfiènes, jusqu'à ce que l'extrême ténuité de la lame rende les déplacements rela- tifs du liquide de plus en plus ditïiciles, et les mouvements de moins en moins appréciables. 2" Lorsque la lame liquide produite par le dépôt d'une goutte d'essence de térébenthine sur la surface de l'eau distillée a pris la teinte blanche du premier ordre, et que, sur cette lame, on dépose une nouvelle goutte d'essence, on voit celle-ci s'étaler à son tour en une couche colorée, et la lame environnante s'épaissir en se ramassant sur elle- même; bientôt la couche s'arrête pendant quelques instants, et revient enfin de plusieurs millimètres vers son centre. N'est-ce pas là l'effet, d'une part, de l'étalement de la se- conde goutte d'essence, lequel refroidit la masse de celle-ci, et en élève la tension superficielle, et d'autre part, de la réunion sur elle-même la lame environnante, réunion qui augmente la température et diminue la tension? De cette manière, une faible différence de tension peut s'annuler et même changer de signe, ce qui expliquerait le fait que j'ai observé depuis longtemps sans en soupçonner alors la cause. Je pourrais citer bien d'autres faits encore qui me paraissent intimement liés au refroidissement causé par des variations de la surface libre d'une masse liquide, mais je préfère étudier d'abord avec soin ces phéno- mènes, en me réservant de les décrire dans un travail plus développé. 11. Si l'accroissement de surface r/S estproduitau moyen d'un corps solide plongé dans la masse m et non mouillé par le liquide, il faudra développer un travail T^c/S, T, dé- signant l'énergie potentielle de l'unité de la surface de ( 77i ) contact; or j'ai démontré (*) que celte énergie constitue aussi une véritable tension; il s'ensuit que, dans ce cas encore, la masse liquide doit subir une diminution de tem- pérature, qui sera d'autant plus grande que la masse '}n et le calorique spécifique k seront plus petits. Je tâcherai prochainement de prouver cette assertion par des expériences directes; mais, ainsi que je le dirai plus loin, il y a des faits qui la démontrent indirectement. m. Supposons, en troisième lieu, que l'accroissement dS donné à la surface soit produit par un corps solide plongé dans la masse m et mouillé par le liquide; alors l'énergie potentielle Tg de l'unité de surface de contact du solide et du liquide n'est plus due à une force de tension, mais bien à une force (ïexlension, ainsi que j'ai cherché à l'établir dans la Note rappelée plus haut; il suit de là que l'énergie potentielle de la masse, au lieu d'être accrue par l'accroissement de la surface, se trouve, au contraire, dimi- nuée, et par conséquent cette perte d'énergie potentielle doit être compensée par un échauffement de la masse m. C'est ce qui résulte immédiatement de la formule [I], où ^ est alors positif, et conséquemment aussi dQ. Cette curieuse conséquence théorique me semble plei- nement vérifiée par les nombreuses expériences faites en 1822 par Pouillet (**); ce physicien a constaté qu'il y a dégagement de chaleur chaque fois qu'un solide préalable- ment réduit en poudre ou en limaille aussi fine que possi- ble, et parfaitement séché ensuite, vient à être mouillé par (*) Sur les propriétés de la surface de contact d'un solide et d'un liquide (Bull, de l'Acad. royale de Belgique, t. XL, p. 341). (**) Mémoire sur de nouveaux phénomènes de production de chaleur (AîSJi. DE Chimie lt de Physique, 1822, t XX, p. 141). (77S) un liquide quelconque; il a trouvé, par des mesures délicates, que le verre s'échauffe de \ de degré centigrade quand il est mouillé soit par l'eau, par l'huile, par l'alcool ou par l'éther acétique; dans les mêmes circonstances, la porcelaine prend un échauffement de 7, degré environ; enfin l'argile s'échauffe de près de 1" quand elle est mouillée par l'eau, et de^de degré quand elle est mouillée par l'éther acétique. La formule [1] indique que plus l'accroissement de la surface est considérahle, bien entendu jusqu'à une cer- taine limite, plus le dégagement de chaleur doit être éner- gique; or c'est encore ce que vérifient les expériences de Pouillet; parmi les corps inorganiques qu'il a essayés, ce sont les plus poreux, tels que l'argile, la brique, qui se sont le plus échauffés; mais les matières organiques, végé- tales ou animales, lui ont donné des résultats bien plus marqués; ainsi le papier desséché, puis imprégné d'eau, a pris une élévation de température de 4°,o2, l'éponge, de J",9, l'amidon, de 9%7, la racine d'iris, de 6°,12, celle de réglisse, de 10%2, le tendon de bœuf, de o%16, enfin les membranes très-minces d'intestins de mouton se sont échauffées de 9 %6 avec l'eau, et del0°,i2avec l'alcool. Ces résultats si surprenants, rapprochés de l'équation [i], me paraissent fournir pour l'extrême ténuité des dernières parcelles organiques où les liquides peuvent s'insinuer, une preuve sinon aussi certaine, du moins plus inattendue, que les observations microscopiques. Les expériences de Pouillet ont été poursuivies, en 1855, par M. Jungk Ç) qui a constaté les faits suivants : l** dans (*) Ueber Temperaturerniedriguiig bei der Absorption des Wassers durch (este porose Korper (Ann. de Pogg., vol. CXXV, p. 292j. ( 776 ) l'eau absorbée par du sable, il y a abaissement ou éléva- tion (le température, suivant que la température initiale du liquide est inférieure ou supérieure à -i- 4''C; 2° il y a diminution de température dans l'eau à 0" absorbée par la neige. Ces deux faits, intimement liés à la dilatation anor- male de l'eau aux environs de son maximum de densité, et de son point de congélation, me paraissent encore dé- couler immédiatement de l'équation [1]. Si mon explica- tion était vraie, on aurait la théorie de la régélation sans le concours d'une pression extérieure. Je réserve encore l'examen de ce pomt pour une étude spéciale. Mais ce qui, d'après moi, montre surtout la justesse de l'équation [1], ce sont les belles recherches publiées en 1873 par M. Melsens f), recherches qui complètent si bien les travaux précédents; en effet, ce savant a trouvé, comme par une intuition admirable, les meilleures condi- tions des phénomènes d'imbibition; non-seulement il a précisé les quantités des matières solides ou liquides em- ployées, ainsi que les intervalles de temps écoulés depuis le commencement de l'absorption jusqu'à l'observation de chacune des températures successives, mais encore il a opéré sur de petites quantités de matière solide (le charbon) et sur de faibles quantités de divers liquides ayant des caloriques spécifiques fort différents; ainsi, avec des pro- portions de 10 grammes de charbon et de 25 centimètres cubes de liquide, l'élévation de température a été de A" pour l'alcool, de 6° pour l'éther éthylique rectifié, et de 17° pour (*) Notes chimiques et chimico -physiques , 5"" Noie, chap. ] : De rélévation de température produite par Vimbibition du charbon par l'eau, l'alcool, Véther éthylique, le sulfure de carbone et le brome (Mém. de l'Acad. royale de Belgique, collection in-8", t. XXIII). { 777 ) le sulfure de carbone; enfin, 11 granimes de charbon et 97 grammes de brome liquide ont fourni à M. Melsens un échauffement de 50°, tandis que 4^%45 seulement de char- bon et 33 grammes de brome lui ont donné en un temps très-court une élévation de plus de 35°. Ces derniers faits qui, j'en suis sûr, doivent avoir surpris l'habile expérimen- tateur, s'expliqueraient, d'après Téquation [i bis], par la triple intïuence des valeurs de la masse liquide m, de son calorique spécifique k et de la surface mouillée S. ÎV. J'aborde actuellement un autre genre de phéno- mènes qui se rattache immédiatement à l'équation [1]. La nature des courants thermo-élecîriques qui se développent par l'action de la chaleur soit dans un même conducteur dont toutes les parties ne possèdent pas les mêmes pro- priétés physiques, soit dans des conducteurs hétérogènes dont on chauffe la surface de contact, m'a fait présumer que l'équation [1] pouvait se transformer en une autre qui contient la différence des potentiels électriques de deux conducteurs de part et d'autre de leur surface de contact, que ces conducteurs soient hétérogènes ou qu'ils ne diffè- rent que par des propriétés physiques. J'ai été assez heu- reux pour voir se vérifier ce que j'avais présumé et pour trouver ainsi la cause physique d'une classe nombreuse de phénomènes qui avaient beaucoup embarrassé ceux qui les ont découverts. Pour effectuer cette transformation, je fais usage de deux propositions empruntées à la théorie des courants thermo-électriques, et démontrées d'abord par M. Clausius : 1° La différence de niveau électrique x qui s'établit au contact de deux corps hétérogènes (ou différant physique- ment) est proportionnelle à la température absolue du contact. 2"^ SÉRIE, TOME XLI. 50 ( 778 ) 2° La quantité de chaleur clQ qui traverse dans le temps dr la surface de contact de ces deux corps est équivalente à Axidr , A étant l'équivalent calorifique de l'unité de travail, x la différence de niveau électrique et i l'intensité du courant. Eu égard à ces deux propositions, je puis donc écrire, en appelant A une constante qui dépend de la nature des deux corps : x= it, dQ= AiitdT. Si je transporte la valeur de c/Q dans l'équation [j], elle devient : idT d'^T , A \ itdr = A O, < — - (/S H- -T-r S dx ( dx dx^ ou bien : dT idr=d 1 S— — dx Je conclus de cette équation transformée que, à toute variation de température de la surface de contact, correspond une variation dans la différence de niveau électrique, et que, par conséquent, il y aura production d'un courant thermo-électrique si le circuit est fermé. Avant de rapporter des expériences de véritication, je dirai que l'équation [2] est identique à celle qu'a obtenue M. Lippmann (*) pour la quantité d'électricité qui tra- verse la surface de contact de l'eau acidulée et du mercure, surface dont T est la tension superficielle, c'est-à-dire (*) Relations entre les phénomènes électriques et capillaires, î875, Paris, chez Gauthier-Villars. ( 779 ) l'énergie potentielle de l'unité de surface, x la différence de niveau électrique, lorsque la surface de contact S prend un accroissement t/S. L'interprétation nouvelle que je viens de donner à l'équation [1], et qui m'en a fait déduire bien simplement la formule [2], obtenue déjà par M. Lippmann pour un cas particulier, me porte à croire que les expériences si élé- gantes de ce physicien, et celles du même genre qu'a pu- bliées M. Quincke f ),se ramènent, en définitive, à la théorie des courants thermo-électriques; si cette assertion si pro- bable d'après ce qui précède, et appuyée d'ailleurs par tous les détails de ces expériences, est confirmée par mes recherches ultérieures, nous connaîtrons peut-être les véri- tables relations entre les phénomènes calorifiques, électri- ques et capillaires. M. Lippmann a prouvé l'existence de deux lois très-im- portantes dont voici l'énoncé : V La constante capillaire à la surface de séparation du mercure et de l'acide sulfurique étendu est une fonction de la différence électrique qui a lieu à cette surface. 2° Lorsque, par des moyens mécaniques, on déforme une surface liquide, la différence électrique de cette sur- face varie dans un sens tel que la tension superficielle dé- veloppée s'oppose à la continuation du mouvement. La démonstration précédente fait voir que ces deux lois reviennent aux deux suivantes, à la fois plus claires et plus générales, car elles s'appliquent à tous les liquides. (*) Ucber clcktn'scfw Slrome bci unghicliztiticjem Euilauclien zicticr Quecksilher-Ekklroden in verschhdetw Fliis.^igkciten (Anx. de Pogg., vol. CLIII, p. 161). ( 780 ) qu'ils aient des surfaces de contact avec l'air, avec d'autres liquides, ou avec des solides : V La constante capillaire à la surlace libre d'un liquide quelconque, à la surface de séparation de deux liquides qui ne se mêlent pas, ou à la surface de contact d'un liquide avec un solide, est une fonction de la température absolue de cette surface. Cette loi, connue depuis longtemps, entraîne, d'après la 1'" proposition de M. Clausius (voir ci-dessus), celle de M. Lippmann, tout en généralisant cette dernière. 2° Lorsque, par des moyens mécaniques, on déforme une surface liquide, la température de cette surface varie dans un sens tel que la tension superficielle développée s'oppose à la continuation du mouvement. Citons maintenant deux expériences de vérification, dé- crites par M. Lippmann : Première expérience. — Soient deux verres contenant tous les deux du mercure recouvert par de l'eau acidulée et placés l'un à côté de l'autre; ils sont mis en communi- cation électrique au moyen d'une mèche de coton ; les deux masses de mercure communiquent avec l'extérieur à l'aide de fils de platine qui ne touchent pas l'eau acidulée. Après avoir rais ces fils en communication avec les extrémités du fil d'un galvanomètre, on incline l'un des deux verres; aussitôt l'aiguille du galvanomètre est déviée et indique un courant qui va à travers le liquide du verre penché vers le verre resté droit. Par cette opération, on agrandit la surface de contact du mercure et de l'eau acidulée dans l'un des deux verres; cette surface doit donc s'être refroidie, et l'énergie poten- tielle s'y être accrue; mais, en revanche, la différence élec- trique y a diminué, d'où le courant indiqué tout à l'heure. ( 781 ) M. Lippmann ajoute que l'électrisation se dissipe avec le temps; cela est tout naturel, puisque le courant ne pro- vient que d'une différence de température. Seconde expérience. — Au lieu d'incliner l'un des verres, on peut augmenter la surface du mercure qu'il contient, en la déprimant; on y plonge, par exemple, l'extrémité d'une baguette de verre ou de bois; aussitôt on voit se dévier l'aiguille du galvanomètre. Ainsi se trouverait pleinement confirmée ma deuxième conséquence, relativement au cas où l'on augmente la sur- face de contact de deux corps qui ne se mouillent pas. Je ne puis m'empêcher de rappeler encore une expé- rience très -curieuse de M. Becquerel, parce qu'elle fournit une double vérification de la théorie : ce physicien fait communiquer l'une des extrémités d'un galvanomètre très- sensible avec une petite capsule en platine, tandis que l'autre communique avec de l'éponge de platine fraîche- ment chaulfée au rouge : il remplit alors la capsule d'acide nitrique concentré et observe les faits suivants : « à l'in- stant où l'on effectue l'immersion, l'éponge prend au liquide l'électricité négative, comme si le platine avait été attaqué; elle se polarise aussitôt de manière à produire un courant en sens contraire, qui continue pendant quelque temps, diminue et devient nul (*). » Or le premier courant ne provient-il pas d'une diminution de température due au grand accroissement de la surface liquide, sans que l'éponge de platine soit mouillée grâce à la couche d'air qui la re- couvre? mais bientôt cette couche d'air est chassée, et alors il y a une grande surface mouillée par le liquide, d'où [') Traité de l'éleclricilé , l. II; voir le chapitre intilulé: Effets élec- triques produits dans les actions capillaires. ( 782 ) résulte une élévation de température et conséquemment un courant en sens contraire et plus énergique que le premier. V. Les équations [1] et [2] me paraissent prouver ri- goureusement que tout changement dans la surface d'un liquide donne lieu à un changement de température et, si le circuit est fermé, à un courant thermo-électrique. A ce point de vue, ces équations doivent avoir une importance capitale en météorologie. En effet, si une simple goutte d'eau qui tombe dans un étang, et y perd toute sa surface libre primitive, peut produire, indépendamment de Faction de la pesanteur, une diminution d'énergie potentielle, et conséquemment un échauffement, auquel correspond une variation dans la différence électrique de l'étang; si la moindre quantité de vapeur qui s'élève au-dessus d'un liquide produit une diminution de température et de diffé- rence électrique, quels puissants effets calorifiques et élec- triques n'avons-nous pas à attendre de ces variations immenses de surface libre dans les eaux qui recouvrent la terre, et dans les vapeurs qui s'élèvent dans les airs ? D'une part, les eaux de la mer sont soumises, grâce à l'action du soleil, à une évaporation continuelle, ce qui doit faire va- rier sans cesse l'état calorifique el électrique de la terre, et y développer constamment des courants thermo-élec- triques; d'autre part, les énormes quantités de vapeur qui s'élèvent dans l'atmosphère, doivent y être assujetties à des variations incessantes dans leur surface de contact avec l'air, depuis l'état où elles sont réduites à une ténuité extrême, je dirai moléculaire, jusqu'à celui où, par des con- densations subites, elles produisent des quantités prodi- gieuses d'électricité et retombent par torrents sur la sur- face du globe d'où elles se sont élevées. Ainsi se trouverait ( 785 ) donc établie, d'un côté, l'existence d'une source constante de courants thermo-électriques circulant dans la terre; de l'autre côté, on connaîtrait une cause permanente de déve- loppement d'électricité dans l'air atmosphérique et l'expli- cation des énormes décharges électriques produites dans les orages. J'estime que l'ensemble des considérations précédentes suftlt pour montrer l'étonnante fécondité de la formule [1]; seulement, comme je désire confirmer de plus en plus les conséquences que j'ai indiquées plus haut, et les rectifier en certains points, s'il y a lieu, j'arrête ici ma communi- cation préliminaire, et je réserve les développements des questions que j'ai soulevées pour des mémoires spéciaux. Les Phoques fossiles du bassin d'Anvers; par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. Les ossements qui ont été mis au jour par les travaux exécutés autour de la ville d'Anvers proviennent, pour la plupart, de Baleines et de Dauphins; mais on trouve aussi, au milieux d'eux, des débris de Phoques qui dénotent, comme les premiers, les changements que notre faune lit- torale a subis depuis l'époque où les couches qui les ren- ferment ont été déposées. En effet, les animaux marins qui sont enfouis dans le sable des environs d'Anvers diffèrent complètement de ceux qui vivent encore sur nos côtes; nous y trouvons aujourd'hui tout au plus une seule espèce de Phoque et une seule espèce de cétacé, tandis qu'à la fin de l'époque mio- cène et dans le cours de l'époque pliocène, les mammifères ( 784 ) marins y abondèrent tellement, qu'il ne faudra pas moins de 16 planches in-folio pour figurer les principaux osse- ments de ces carnassiers amphibies qui ont été recueillis sur un espace fort restreint. Pour donner une idée de la quantité d'ossements qui ont été rassemblés au Musée royal d'histoire naturelle, nous dirons que deux ouvriers ont mis trois mois à les trans- porter dans une salle nouvellement construite et que cette salle, de 65 mètres de long sur 11 mètres de large, n'est pas à beaucoup près sufïisante pour pouvoir les étaler convenablement sur le plancher (\). II n'est pas sans intérêt de faire remarquer que les os (fe ces animaux marins sont toujours dispersés et qu'il est fort rare d'en trouver parfois quelques-uns d'un même animal. On en voit aussi un certain nombre qui sont plus ou moins roulés. La plupart de ces os se trouvent dans les couches de sable supérieur et moyen; il n'y en a que fort peu compa- rativement qui sortent du sable inférieur ou noir. Contrairement à ce qui se voit en Angleterre dans les mêmes couches, on ne découvre guère à Anvers des débris d'animaux terrestres mêlés avec des animaux marins, et si ces débris parfois sont roulés, comme nous venons de le dire, c'est l'exception, tandis qu'en Angleterre c'est la règle. Les ossements fossiles d'Anvers ont souvent leurs arêtes et leurs apophyses mieux conservées que les osse- ments des espèces vivantes que l'on découvre sur la plage. Ces os ont été recueillis pour la plupart à l'époque où la direction du Musée roval était confiée à notre savant (1) Les ossements recueillis à Anvers pendant les travaux mesurent 200 mètres cubes environ. (78o) confrère, le vicomte du Bus. Qu'il nous soit permis d'ex- primer ici nos regrets que notre digne confrère n'ait pu recueillir le fruit de ses dernières années de recherches. Il avait préparé un grand travail sur les Ziphioïdes, et si ce travail n'a pas vu le jour, c'est qu'il voulait mettre trop de soins dans sa confection. Il voulait toujours faire mieux. Il n'a fait connaître qu'une seule espèce de Phoque fossile, voisine du Morse actuel et à laquelle il a donné le nom à'Alachterium. Nous ne nous le dissimulons pas, les difficultés de cette étude sont grandes et de diverse nature et si nous publions le résultat de nos observations sans hésitation, ce n'est pas que nous soyons persuadé qu'il n'y a ni erreurs, ni lacunes; nous sommes sûr seulement d'avoir mis à cette étude tout le soin dont nous sommes capable. Nous appor- tons notre pierre, nous l'avons taillée comme nous avons pu; que d'autres la reprennent et corrigent les défauts ou les erreurs qui nous ont échappé. Ce qui augmente surtout les difficultés de cette élude, c'est que l'on ne connaît encore que bien incomplètement les espèces vivantes et que, dans aucun groupe de mam- mifères, il n'existe des différences individuelles aussi grandes, on peut dire aussi profondes que dans les mammi- fères qui nous occupent. Les os se modifient souvent pro- fondément, selon l'âge et selon le sexe. Très-souvent même les deux moitiés du corps se ressemblent si peu qu'un naturaliste non attentif pourrait attribuer les deux moitiés du même animal à des genres différents. On ne doit donc pas être surpris de trouver certaines espèces vivantes, ainsi que l'a démontré M. Burmeister, sous une dizaine de noms différents. Nous avons déjà parlé à diverses reprises de ces amphi- ( 786 ) bies carnassiers de la mer du Crag; mais ce que nous avons pu en dire ne reposait que sur des observations isolées, faites sur un petit nombre de pièces. Aujourd'hui que tous les ossements sont réunis au Musée royal et que nous avons pu les comparer avec ceux qui se trouvent dans des collections particulières, nous pouvons nous en faire une idée plus complète. Si aujourd'hui nous ne trouvons plus qu'une seule espèce de Phoque sur les côtes de Belgique, nous ne voyons pas moins, à la fin de l'époque tertiaire, de nom- breuses espèces et des genres bien différents habiter ces parages et rappeler, par leur abondance et leur variété, les régions boréales et antarctiques, où, pendant une seule saison, les pêcheurs tuent encore jusqu'à des cen- taines de mille de ces animaux. Et si leur abondance rap- pelle ces régions favorisées, nous pourrions en dire autant de la taille, puisque nous en voyons qui rappellent les Morses et d'autres dont les dents ont pu être confondues avec les défenses de Dinotherium. Cette abondance de Phoques sur certaines côtes et au milieu des glaces ne doit pas faire supposer, à notre avis du moins, que ces animaux vivaient ici dans des condi- tions climatériques semblables. Si les Phoques sont rares aujourd'hui au centre de l'Europe, c'est que l'homme leur a fait une guerre acharnée et ce n'est qu'au milieu des glaces et des régions peu ou point habitées qu'ils ont pu se conserver. Il est assez remarquable que l'on arrive ainsi pour cer- tains animaux aquatiques au même résultat que pour plusieurs mammifères terrestres : ce n'est pas seulement le nombre de formes et d'individus qui a diminué depuis l'époque miocène, mais il y a une différence non moins (787 ) grande dans le nombre de genres et dans la taille. Pictet a pu écrire dans son ouvrage classique sur la Paléontolo- gie : Les Phoques, qui sont aujourdliui si abondants dans nos mers , ont laissé peu de traces à l'état fossile. — Si le savant paléontologiste de Genève avait aujourd'hui à faire cette comparaison, il s'exprimerait tout autrement. Ce sont les Phoques de nos mers qui sont rares et ceux de la fin de l'époque tertiaire, au contraire, abondants. Le moment est venu, pensons-nous, de faire le relevé des espèces observées jusqu'à présent dans les mers d'Eu- rope. C'est le seul moyen de juger des changements qui se sont opérés dans les faunes depuis les époques miocènes et pliocènes. Voici le nom des divers Phoques des mers d'Europe, avec l'indication des lieux où l'on a constaté leur présence. Il y en a huit dont une seule, le Phoca vitulina, hante régulièrement nos cotes. Sur les côtes d'Angleterre habitent en permanence le Phoca vituiina et VHaiichœrus grypus, le premier à l'est comme à l'ouest, le second principalement sur les côtes d'Ecosse, d'Irlande et du pays de Galles. De temps en temps, on observe aussi des individus égarés d'autres espèces, surtout sur la côte Est. Le Phoca annellata ou Pagomys annellata, Floe-rat des baleiniers, a paru il y a peu de temps sur la côte de Norfolk (I), et on cite des apparitions de Morse et de Phoca Groenlandica sur les côtes d'Ecosse. (1) Gray, Capture of the Phoca fœtida. Aan. nal. hist. Avril 1863, p. 309. Flower on the occurrence of the ringed or marbled Seal {Phoca hispidà) on the coast of Norfolk. P. Z. S. Juny 1871. En décembre 1827, un Phoque solitaire de dix pieds a été tué sur les rochers du Sound de Slockness , sur la côte Est de Harris. ( 788 ) C'est aussi un Pagomys annellata qui est venu se faire prendre sur les côtes de France et qui a vécu quelque temps au Jardin des Plantes, à Paris (1). Les côtes de Norwége sont le séjour régulier ou acci- dentel de différentes espèces; indépendamment du Phoca vitulina, on y voit le Cyslophoca cristata^ le Phoca Groen- landica et le Phoca barbata, ainsi que la petite espèce dont nous parlons plus haut, le Phoca fœtida, que l'on nomme aussi annellata et hispida, et que l'on retrouve jusqu'au centre de l'Asie, dans le lac Baikal. On en pos- sède quelques ossements intéressants au Muséum de Paris, qui sont indiqués comme originaires de ce lac. La Baltique ne renferme que le Phoque ordinaire et VHalichœrus cjnjpus. Dans la Méditerranée vit une espèce propre, le Phoque moine (Pelagiiis monachus) , à côté du Phoque ordinaire; ils pénètrent, paraît-il , tous les deux jusque dans la mer Noire. On trouve le Phoque moine surtout dans l'Adria- tique. Cornaîia (2) nous apprend qu'un Phoca vilulina capturé à Cherso est conservé au Musée de Trieste ; il cite un autre de la côte de Galatone, Terre d'Otrante, et un troisième qui est au Musée de Gènes, de Monte-Rosso, sur la rive orientale. Nous devons enhn citer le Morse, que l'on a vu appa- raître sur différents points depuis les temps quaternaires. Cet animal est fort remarquable par sa répartition géogra- phique actuelle; il habite tout l'océan Glacial, les côtes Ouest et Est du Groenland, le Spitzberg et la Nouvelle- (Ij Fréd. Cuvier, Hist. nat. des mammifères, t. I, IX. 1819. (2) Fauna dJtalia. ( 789 ) Zemble , le détroit de Smith comme le détroit de Beh- ring. Partout où il séjourne on a trouvé, à côté de lui, des Fucus couverts de mollusques bivalves et des Mya triin- cata à une certaine profondeur dans la vase ou dans le sable. C'est sans doute pour ces derniers mollusques qu'il a ses deux canines si longues. On a cependant trouvé dans l'estomac d'un Morse, tué à côté d'un cadavre de cétacé, de la chair de cet animal. C'est R. Brown qui a donné ces derniers renseignements. Nous avons heureusement à notre disposition le sque- lette de toutes ces espèces, et nous pouvons ainsi nous assurer de quelle espèce vivante chaque Phoque fossile d'Anvers se rapproche le plus. C'est peut-être la première fois que le paléontologiste se trouve devant des matériaux aussi abondants; nous avons certaines espèces à Anvers, surtout celles de petite taille, dont nous trouvons jusqu'à trente fois le même os. Mais malgré cette abondance, les restes de ces amphithériens, comme nous l'avons dit plus haut, ne sont pas moins des raretés relativement aux ossements des cétacés. Tous les os du squelette ont été conservés, mais les plus abondants, ce sont les os des membres, surtout les humérus et les fémurs; les vertèbres ne sont pas rares, les os les plus rares, comme on le pense bien, ce sont ceux du crâne. Nous possédons comparativement peu de dents. Cela se comprend , les dents n'avaient pas assez de volume pour attirer l'attention des ouvriers. Nous avons toutefois quelques côtes, des os de sternum et même des os de pénis. Tous les naturalistes savent aujourd'hui que cet os se trouve chez tous les Phoques sans distinction, et que c'est un os de pénis de Morse qui a fait croire à l'existence ( 790 ) d'un os dans le pénis de Baleine. Le grand volume de cette pièce avait fait supposer qu'elle ne pouvait provenir que d'une Baleine. Nous l'avons déjà dit, et nous aimons à le répéter, c'est grâce au concours intelligent et actif de M. De Pauw que nous avons pu classer tous ces matériaux et les rapporter à leur genre et à leur espèce respective. Il a fallu du cou- rage et du coup d'œil pour faire le triage de ces centaines de tombereaux d'ossements. Voici comment nous avons procédé dans ce triage : les os de même sorte ont été réunis d'abord : les humérus, les fémurs, les vertèbres, etc. Tous ces os ont été successive- ment classés, en tenant compte d'abord de la taille et en- suite des caractères propres , et les divers os du squelette ont été ensuite rapportés à leur genre et à leur espèce respectifs. Nous sommes arrivé ainsi à reconnaître trois formes de Morse, fort bien caractérisés par leurs dents; une pe- tite espèce de Phoque, \omne an Phoca vitulina, dont nous avons trouvé jusqu'à trente humérus; ensuite un genre fort intéressant, bien caractérisé par ses dents et qui n'est pas sans analogie avec le Pelaghis monachiis de la Méditerranée. Après cela nous avons trouvé des espèces dont la taille se rapproche des Plioca Groenlan- clica, et parmi lesquelles il y en a une dont les molaires n'ont qu'une seule racine. Après ces premières formes bien limitées, nous avons reconnu encore deux types différents pour lesquels nous avons dû proposer également des noms nouveaux. Tous les os du Musée portent un numéro et sont inven- toriés, et l'on reconnaîtra facilement plus tard tous ceux qui ont servi à l'établissement des genres et des espèces. ( 791 ) Cette étude nous a conduit à distinguer dans les amphi- tériens deux groupes naturels : le premier, que l'on peut comparer à des plantigrades, plient leurs membres pos- térieurs sous le ventre; ce sont les Morses et les Otaries, c'est-à-dire les amphithériens semi-terrestres; le second groupe comprend ceux qui tiennent les membres pos- térieurs étendus en arrière et qui ne peuvent les fléchir sous le ventre; ce sont les Phoques ordinaires. Nous avons ainsi des Phoques plantigrades plus ou moins terrestres et des Phoques pinnigr ad es plus ou moins aquatiques(l). Plusieurs os du squelette, surtout les os du membre postérieur, comme le fémur, l'astragale et le calcanéum, traduisent parfaitement cette disposition. Les naturalistes qui ont cru, comme Blainville (2), que le Morse est le plus aquatique des phoques, ont eu évi- demment tort; c'est l'animal certainement le moins aqua- tique; la conformation des membres postérieurs et la position qu'il prend hors de l'eau le dénote suffisamment. Le Morse comme les Otaries peuvent rester fort longtemps à terre sans éprouver aucunement le besoin d'aller à l'eau. C'est par les Phoques que nous allons commencer la pu- blication de nos recherches sur les ossements fossiles d'Anvers, et nous prions l'Académie de vouloir bien rece- voir dans les Bulletins le résumé du travail que nous avons préparé sur ces carnassiers amphibies. (1) M. James Mûrie admet une progression terrestre abdominale et quadriplantigrade , et trouve que le Phoca Groenlandica a une locomo- tion intermédiaire. James Mûrie , On Phoca Groenlandica. P. Z. S. June, 1870. (2) Os^éographie,\^2^%^\^. ( 792 ) Trichecus rosmartis. Nous avons trouvé au milieu de débris de Phoques plu- sieurs os en tout semblables au Morse des temps actuels. Frappé de cette ressemblance, nous avons examiné les grains de sable logés encore dans les mailles du tissu osseux, et M. Mourlon a bien voulu s'assurer que ce sable n'est point tertiaire. Nous avons donc là des os de l'époque quaternaire qui méritent également d'être mentionnés. Nous possédons au Musée de Bruxelles une vertèbre cervicale (5'), deux dorsales (9' et 12'), un fragment d'hu- mérus gauche, et un os pyrainidal gauche. Les vertèbres ont été trouvées sur l'emplacement de l'an- cien fortin n° 1 , près de Deurne; les autres os ne portent pas d'indication de lieu, si ce n'est qu'ils ont été recueillis pendant les travaux, dans les environs d'Anvers. Trichecodon Koninckii. 11 y a déjà plusieurs années, nous avons proposé le nom de Trichecodon pour un animal fossile voisin des Morses, et dont nous possédions une dent canine fort remarquable qui avait été recueillie à Anvers par notre savant confrère M. Nyst. Après la découverte de cette dent canine, nous avons trouvé des vertèbres qui les rapprochent des Morses actuels et dont nous avons déjà fait mention dans les Bulletins de l'Académie. Le professeur Dewalque a recueilli il y a quelques années une sixième cervicale de ce même animal. Parmi les ossements du Musée se trouve une pièce d'une ( 795 ) haute importance et qui, sans être complète, trahit les principaux caractères de ce genre. C'est un maxillaire infé- rieur. Les dents manquent, mais les alvéoles indiquent leur nombre, leur forme, leur grandeur et leur place res- pective; ce maxillaire est fort court et très-solide, et se distingue surtout du maxillaire du genre suivant de VAchterium, par la brièveté de la symphyse. La mâchoire devait avoir une tout autre forme et les branches une autre direction. Les molaires sont au nombre de quatre, à une racine, et au devant d'elles se voit une alvéole beau- coup plus grande, qui indique la présence d'une forte canine. Cet os maxillaire, la canine supérieure que nous attri- buons au même animal, les vertèbres cervicales et dor- sales, et plusieurs autres os de membres, indiquent un animal plus voisin des Morses que VAchterium. Les divers os du Musée royal que nous rapportons à cet animal sont des vertèbres, parmi lesquelles nous remarquons trois dorsales, deux caudales, et un sacrum formé de deux pièces; un grand fragment d'os iliaque; une première côte; trois slernèbres, c'est-à-dire trois os du siernum. Les mem- bres antérieurs sont représentés par un humérus, des os métacarpiens, des phalanges, dont trois trouvées ensemble qui indiquent un animal d'une très-grande taille. Le membre postérieur est représenté par une tête isolée de fémur, la partie supérieure d'un péroné, deux astra- gales, deux calcanéums, des métatarsiens et des pha- langes. Ces os occupent deux plateaux au Musée de Bruxelles. Ils viennent de la '2^ et de la 3' section, principalement près de Deurne, de Stuyvenberg ainsi que du fort n° 1, à Wyneghem. 2"^ SÉRIE, TOME XLI. SI ( 794 ) Les uns sortent du sable gris, les autres du sable rouge; leur couleur indique le terrain qui les renfermait. Alachterium cretsii. Dans un discours que le vicomte B. du Bus prononça à la séance publique du 17 décembre 1867, il fut question pour la première fois de cet animal, auquel le savant directeur de la classe des sciences accorda une taille supé- périeure à celle du Morse. Il l'évalua à quatre ou cinq mètres. Il est voisin des Otaries, disait notre savant con- frère, et tout différent du Morse par ses dents. Nous parta- geons complètement cet avis. Ces os à'Alachteriiïm ont été trouvés dans le crag supé- rieur et ont été mis au jour en 1865, au fort de Wyneghem. Du Bus n'a connu d'abord que le maxillaire inférieur qu'il avait dégagé avec un soin particulier de la gangue qui l'enveloppait. Il était parvenu, à force de travail, à mettre à nu les diverses sortes de dents et à dégager si complète- ment Tos, qu'il conserve jusqu'à ses plus délicates saillies. Nous possédons aujourd'hui de ce remarquable carnas- sier un crâne assez complet sans les os de la face toute- fois, les principaux os des membres, ceux du bassin et plusieurs autres dont nous faisons l'énuméralion plus loin. Nous pouvons nous représenter complètement le système dentaire, du moins pour le maxillaire inférieur; il y a quatre molaires à couronne simple et usée comme celle des Morses, un peu plus espacées que dans ces derniers et différant fort peu entre elles. La canine inférieure n'est pas beaucoup plus forte que les molaires, mais elle est séparée d'elles par un espace assez grand. ( 795 ) Il y a deux dents incisives, dont une est encore en place; elle est située au-devant et surtout en dedans de la canine; elle est cylindrique et naturellement tronquée, sans doute par l'effet de l'usure pendant la vie de Tanimal. Nous avons vu en Angleterre d'énormes défenses que Ton avait prises d'abord pour des dents de Dinotherium et que nous croyons devoir rapporter à cet animal. Eichwald a figuré, parmi des ossements recueillis en Russie, une dent qui n'est pas sans ressemblance avec celle-ci. M. Ray Lankaster, ne connaissant dans le crag qu'un seul animal se rapprochant par la structure de la dent et par la taille du Morse, a cru devoir rapporter ces énormes défenses au Trichecodon. Nous possédons, indépendamment des os de la tête et des dents, divers os des membres qui lui correspondent pour la taille, et parmi lesquels se trouvent des phalanges qui n'ont pas moins de 20 centimètres de longueur. Les os que nous rapportons à cet animal sont : deux humérus complets dans leur moitié inférieure, dont l'un notablement plus fort que l'autre. Neuf vertèbres assez complètes, dont deux cervicales, trois dorsales, une lombaire et deux caudales. Un sacrum formé par la réunion de deux vertèbres. Deux fragments d'os iliaque. Un radius, un cubitus, plusieurs métacarpiens d'âge différent. Le membre postérieur est représenté par : un fémur et la partie supérieure d'un tibia, dont le péroné ne semble pas avoir été soudée; un astragale, des métatarsiens et plusieurs phalanges. Nous trouvons également quelques os d'un jeune ani- ( 796 ) mal; nous reconnaissons parmi eux un humérus, un tibia, un métacarpien et un métatarsien. VAchlheriiim cretsii est, à notre avis, un animal voisin des Morses, qu'il surpasse en taille, dont les canines su- périeures sont encore plus développées que chez lui, et dont la mâchoire inférieure est pourvue de trois sortes de dents. Ces os ont été trouvés presque tous au fort n" 1 , à Wyneghem , et au fort n° 2, à Wommelghem; la troisième section, près de Deurne, a fourni un tibia, des astragales, des métacarpiens et des métatarsiens. L'humérus et le fémur de jeune animal viennent de la deuxième section , près de Deurne. Ilssortenttousdu sable rouge. Ils occupent trois plateaux au Musée royal. Mesotaria ambigua. Nous avons donné ce nom à un de nos Phoques qui se fait remarquer par quelques caractères propres aux Otaries. C'est surtout dans les os des membres postérieurs que le caractère otarie se dessine le mieux ; le fémur a le milieu du corps conformé d'une manière particulière, pendant que la tète, le col, le grand trochanter et les deux surfaces articulaires du tibia tiennent plutôt de l'Otarie. Le grand trochanter ne s'élève pas au-dessus de la hauteur de la tète du fémur. La surface articulaire du tibia reproduit les mêmes dispositions, tandis que la diaphyse est conformée différemment. Ce nouveau genre est représenté par la plupart des os du squelette, ainsi que par des dents et un os de pénis. ( 797 ) Nous rapportons à la même Mésotarié deux canines droites, supérieure et inférieure, trois molaires droites , un axis, quatre cervicales (quatrième, sixième, deux fois répétées, et septième), sept lombaires (première, deuxième, troisième, trois fois répétées, et quatrième), un fragment d'omoplate, deux humérus gauches, des fragments de quatre humérus droits et de trois humérus gauches, un os iliaque droit, un ischion gauche, deux fragments d'os pénien, un fémur gauche et un autre droit, des fragments de six tibia, un fragment de péroné et quatre métatarsiens, dont deux de droite (2' et 5") et deux de gauche (!'" et 5'). C'est dans la deuxième et la troisième section que la plu- part de ces os ont été mis au jour, ainsi qu'à Wommelghem, fort n° 2. Quelques-uns se sont trouvés mêlés à des restes de Ziphius. Paleophoca Nysfii. En 1855, et plus tard en l8o9, nous avons fait mention de ce Phoque sous le nom que nous lui conservons el, quelque temps après, nous avons fait connaître un os mé- tatarsien et des dents incisives, canines et molaires. Indépendamment des os maxillaires et des dents qui nous permettent de donner la formule complète du sys- tème dentaire, nous possédons aujourd'hui des os du bassin, des humérus, des fémurs et plusieurs autres os en fragment. Ces os proviennent presque tous de la deuxième et de la troisième section. Cet animal a laissé aussi des débris fort reconnaissables à Elsloo près de Maestricht. C'est avec le Pristiphoca de M. Paul Gervais, très-voisin du Pelagius de la Méditerranée qu'il a le plus d'affinité. ( 798 Callophoca obscura. Sous ce nom nons désignons un animal qui n'est repré- senté que par un petit nombre d'os, mais qui ont tous des caractères qui ne permettent pas de les confondre avec les autres espèces. C'est de ceux de Phoca Groenlandka que ces os se rap- prochent le plus, mais ils indiquent un animal d'un tiers plus fort. Nous en possédons une partie du bassin et les princi- paux os des membres. Il est à regretter que nous n'ayons pas un os pénien de cette espèce fossile, pour voir s'il correspond à l'os pénien si bien connu du Phoca Groenlandica. Ces os viennent tous de la troisième section. Plafyphoca vulgaris. Nous avons donné ce nom à cause de la largeur du fémur, qui est court et avec des condyles saillants. C'est le Phoque qui se rapproche le plus du Phoca bar- bâta. Il est représenté, comme le Callophoca obscura, par des os de bassin et des membres. Ce sont aussi les deuxième et troisième sections qui ont fourni ces débris. Gryphoca similis. Ce nom a été donné à une espèce fort distincte qui se rapproche de VHalichœriis grypiis, qui vit encore aujour- d'hui dans la Baltique et sur les côtes d'Ecosse. ( 799 ) Les os étaient d'abord mêlés, après un premier triage, avec ceux de Polcophoca. Le Musée de Bruxelles en possède des vertèbres lom- baires, un bassin presque complet et des os de membres antérieur et postérieur. Ils sont, à l'exception de quelques débris qui viennent des forts 2 et 4, de la deuxième et de la troisième section. Phocanella pumila. Nous proposons ce nom à cette espèce à cause des res- semblances qu'ont ses os avec ceux de Phoca annellata, qui est encore si singulièrement dispersé, puisqu'on le trouve au Groenland et au lac Baïkal. Ces os étaient, après un premier triage, mêlés avec ceux de Paleophoca, dont ils semblaient devoir former une espèce distincte. Comme des précédents, nous en possédons des os du bassin et les principaux os des membres. Tous proviennent de la troisième section. Phocanella minor. Plusieurs os, mêlés d'abord comme les précédents avec les Paleophoca, ont été séparés d'eux, puis ont été distin- gués du Phocanella précédent, dont ils présentent des carac- tères communs. Ils appartiennent à une espèce plus petite. Nous en avons trouvé des vertèbres, un bassin presque complet et les principaux os des membres. Ils sont fournis parla même troisième section. ( 800 ) Phoca vitîdinoïdes. Nous avons parlé de ce Phoque en i8o9, et plus tard nous en avons figuré quelques os dans notre notice sur les Phoques scaldisiens. Cette espèce, comme l'indique son nom spécifique, est la plus voisine du Phoque actuel de nos côtes. Nous en possédons à Bruxelles, à Louvain et à Anvers de nombreux ossements. — C'est l'espèce la plus commune de la mer scaldisienne. Nous connaissons presque tous les os du squelette. A l'exception d'un bassin du fort 3 (Borsbeeck), tous les os viennent de la troisième section. Monotherium Delognii. Nous avons dédié cette espèce à un officier du génie qui a beaucoup contribué, par son intelligente activité, a sau- ver les trésors paléontologiques que les travaux ont mis au jour. Le Monotherium est surtout remarquable par la longueur du corps de vertèbres. C'est de la Phoca barbata que le Monotherium Delog- nii se rapproche le plus. A l'exception de la têle, nous avons la plupart des os du squelette. Ils proviennent tous de la deuxième et de la troisième section. Monotherium affine. Les ossements de cette espèce ont été confondus avec les autres à un premier triage. (801 ) • Nous en possédons une neuvième dorsale, une quatrième lombaire, un humérus complet de droite, des fragments d'humérus, un radius gauche et des fragments de radius et de cubitus, quatre phalanges antérieures, un fragment de fémur, deux fragments de tibia gauche, un astragale et un calcanéum droits. Ils proviennent tous de la troisième section. Monotherium aberratum . Nous avons dû établir une troisième espèce de ce genre, qui se dislingue par ses os et par sa taille supérieure à celle du Monachus. Les os ont été dispersés lors d'un premier triage. Nous en trouvons une vertèbre cervicale (5''), une dor- sale (5"), une lombaire (f'), une sternèbre (4"), un frag- ment de côte, un humérus droit, trois premiers métacar- piens droits, un deuxième métacarpien droit et une phalange; un ischion droit, un os de pénis, deux extré- mités de péroné, un astragale gauche, deux calcanéum (de droite et de gauche), deux scaphoides (droit et gauche), un cuboïde droit, plusieurs métatarsiens des deux côtés et plusieurs phalanges. Ils sont tous de la deuxième et de la troisième section. Prophoca Rousseaui. Les os de ce nouveau genre dénotent un animal plus différent des espèces vivantes que celles dont nous venons de parler. Nous en avons deux lombaires (l'' et 2'), une quatrième lombaire, un sacrum, un fragment d'humérus et un autre ( 802 ) de radius, un bassin, un fémur droit, deux fragments de tibia gauche, un fragment de péroné droit. Ces os viennent de la deuxième et de la troisième sec- tion du fort 3 (Borsbeeck) et du fort 4 (Vieux-Dieu). Tous sortent du sable noir. Prophoca proxima. Nous possédons de cette espèce un fragment d'humérus de droite et un autre de gauche, un cubitus de gauche, un radius et un fragment de péroné du même côté. Ils sont de la troisième section et du fort 4 (Vieux-Dieu). Comme les os de l'espèce précédente, ils sortent tous du sable noir. Note sur le Grampus griseus; par M. P. J. Van Beneden, membre de TAcadémie. A la fin du mois de janvier dernier, on a capturé sur les côtes d'Alger un fort beau cétacé que l'on a amené à la Halle Vivaux à Marseille. Il pesait environ 250 kilo- grammes. Ignorant à quelle espèce ce cétacé pouvait appartenir et ne connaissant que l'annonce faite par les journaux, j'écri- vis immédiatement à Marseille, en faisant connaître mes soupçons sur l'espèce, et j'obtins la réponse suivante de M. Marion, directeur du laboratoire zoologique de Mar- seille : « Je viens à l'instant d'examiner la dentition de ce » Dauphin. La mâchoire supérieure est complètement ( 805 ) » édentée et la mâchoire inférieure ne porte fjiio cinq » dents d'un côté, quatre de l'autre. Ces dents sont courtes » et épaisses. Nous avons donc bien sous les yeux un » Grampm, comme vous le supposez, et non pas un vrai » Globicéphale. » « L'animal en chair atteignait environ trois mètres. Le » corps était d'un gris bleuâtre plus clair et tirant sur le » blanc à la face ventrale. Il ne présentait par les taches » concentriques du Grampus Rissoi. Les fosses nasales » contenaient une foule de Nématodes et j'espère qu'il me » sera possible de vous en adresser (1). » L'animal était acheté à la Halle par un marchand natu- raliste de Marseille, qui en a préparé la peau et le sque- lette et, grâce au concours obligeant de M. Marion, nous avons pu faire l'acquisition du squelette pour le Musée royal. M. Dupont n'a pas hésité à faire cette emplette, qui comble une véritable lacune. Il importe, pour bien apprécier les nombreux cétacés fossiles d'Anvers, d'être en possession des diverses espèces de cétacés qui fréquentent les mers d'Europe. Ce squelette est arrivé et nous avons pu nous assurer qu'il provient du Grampus griseus, et que le Grampus gri- (1) J'ai reçu ces Nématodes; ce sont des Slrongles, voisins de ceux qui vivent en si grande abondance dans les voies respiratoires du Marsouin, et que Diesing a désignés sous le nom générique de Prosthecosaster. Le professeur Rud Leuckart en a fait connaître une espèce provenant du Narval. Le Strongie du Grampus griseus est nouveau pour la science et nous nous proposons de le faire connaître en détail sous le nom spéciûque ûc Nodosus. 11 a le corps en arrière terminé en massue dans les deux sexes, les pénis fort courts et deux lobes médiocrement développés gar- nissent la base de l'extrémité caudale. Ce ver a de trois à quatre centi- mètres de longueur. ( 804 ) sens est bien le même animal, comme d'autres l'ont déjà reconnu, que le Grampus Rissoi. Ce n'est que depuis le commencement de ce siècle que l'on a commencé à distinguer cet intéressant animal. Le premier avis, publié sur cette espèce, se trouve dans le rapport fait par Cuvier sur divers cétacés pris sur les côtes de France. Depuis lors, Risso en a fait mention dans son Histoire naturelle du midi de la France^ d'après un individu capturé non loin de Nice et qui est encore conservé en peau dans cette ville. Nous avons pu l'examiner l'année dernière. Son étiquette porte : Delphimis Risso. Ciivier. [Golfe Saint-Jean près de Villefranchc, 13 juin 185o.) La peau est bien conservée, mais les os ont été jetés sauf un bout de mandibule avec les dents. Dernièrement le docteur Fischer a eu l'occasion d'étu- dier un animal frais, capturé dans le golfe de Gascogne et a donné sur son organisation des renseignements d'un haut intérêt. Depuis lors le docteur James xMurie et le professeur Môbius ont fait connaître de nouveaux détails sur ce curieux Cétodonte; le premier avait eu l'occasion d'étudier une femelle échouée sur les côtes d'Angleterre, le second un couple capturé sur la côte Ouest de Jlolstein, non loin de Busum, entre l'Elbe et l'Eider. Enfin un autre beau travail, dû à la plume correcte et sobre du professeur W. Flower, se trouve inséré dans les Transactions of the Zoological Society of London. Ce mémoire est accompagné de figures supérieurement bien exécutées, représentant l'animal frais et le squelette y est dessiné avec une rare exactitude. Le savant directeur du Musée de Hunter a eu l'occasion d'observer deux indivi- ( 805 ) dus, un aduhe el un jeune, capturés à quelques jours d'in- lenalle sur les côtes d'Angleterre, à Tenlrée de la Manche. Plusieurs auteurs ont déjà publié des figures plus ou moins fidèles de ce cétacé. La prenfiière est celle de Cuvier dans les Annales du Muséum, 1812, t. XIX, pi. I, fi g. 1 et 4. La figure 1 est un dessin mal fait envoyé de Brest avec le squelette. La figure 4 est faite d'après un dessin de Risso, sous le nom de Delphinus aries. Dans V Histoire naturelle de l'Europe méridionale de Risso (l. III, pi. I, fig. I), on voit un dessin d'après un individu capturé dans la Médi- terranée. Un autre dessin, fait par Laureillard pendant son séjour à Nice en 1820, a paru ensuite dans ï Histoire naturelle des cétacés de Fr. Cuvier, pi. X!II, fig. 1, d'après un individu pris dans les madragues près de Nice. Cette figure a été publiée d'abord dans l'Histoire natu- relle des mammifères de Fr. Cuvier sous le nom de Mar- souin Risso. M. James Mûrie a publié ensuite une figure avec des- cription de la femelle dont nous venons de parler, dans le Journal of anatomy and phjjsiologij, vol. V, pi. V (1870), mais le plus beau dessin est celui qui accompagne le mémoire de M. Flower. On connaît fort bien aujourd'hui le squelette de cet animal. Cuvier a publié le premier le crâne dans ses Recherches sur les ossem. foss,, vol. V, pi. XXII, fig. 1-2. M. Paul Gervais a fait représenter également le crâne qui a été rap- porté de Nice par Laurillard, dans sa Zoologie et paléonto- logie françaises, pi. XXXVII, fig. 1-2 et fig. 5. Le squelette entier est représenté dans ïOstéographie des cétacés que je publie avec la collaboration de M. Paul Ger- ( 806 ) vais (pi. LIV) et dans le mémoire de M. Fiower que nous venons de citer (pi. Il) il est reproduit également tout entier. Il est dessiné de profil au y dans l'Ostéographie, de profd et de face au ^ dans le travail de M. Fiower. Les dates auxquelles ces divers individus se sont mon- trés sur les côtes méritent d être enregistrées avec soin ; si aujourd'hui on ne peut rien conclure encore des observa- tions sur les captures, il n'est pas impossible que plus tard elles nous donnent quelques indications importantes sur l'époque à laquelle ils accomplissent leurs pérégrinations. L'individu décrit par Risso a été capturé dans la Médi- terranée le 15 juin 1855 près de Villefranche. Celui dont parle M. Fischer a été jeté sur la côte dans le golfe de Gascogne, le 22 juillet 1867. Au mois de juin 1822, quatre individus échouèrent à l'Aiguillon (Vendée), trois adultes et un jeune. Le dessin de Fr. Cuvier est fait d'après un de ces cétacés; il porte le nom de Marsouin de d'Orbigny, Phocœna griseus. C'est la reproduction de la figure qui accompagnait un mé- moire de d'Orbigny sur ces quatre prétendus Marsouins (Fischer). Le 12 avril 1844, on en a trouvé un sur le rivage de Cazeaux (Gironde), et un autre a été signalé par Laporte. La femelle disséquée par le docteur James Mûrie et décrite par le professeur Fiower a été capturée dans un lîlet à maquereau, le 28 février 1870, près du phare d'Eddystone et apportée à Plymouth. Elle avait mis bas depuis peu de temps. Le 31 mars suivant, on obtint une autre femelle toute jeune, prise, selon toutes les probabi- lités, dans la Manche; mais M. Fiower n'a pu obtenir des renseignements précis sur le lieu de la capture. C'est au mois de février 1873 que le professeur Môbius ( 807 ) a obtenu un couple pris a Tembouchure de l'Elbe; le 17 de ce mois, on captura la femelle, et quelques jours après le mâle. Celui-ci avait 28 centimètres de plus que la femelle et pesait 4-70 kilogrammes. Les squelettes du mâle et de la femelle montrent entre eux des différences assez notables, et le crâne de l'un des sexes se rapproche davantage du Grampiis griseiis, l'autre du Grampus Rissoanus. M. Môbius en conclut avec raison que la réunion de ces deux espèces , en faveur de laquelle MM. Fischer et Flower se sont prononcés, est parfaitement justifiée. Nous avons vu au Musée de Vienne un squelette de Grampus qui avait été capturé sur la côte de Dalmatie. Ce cétacé a donc été observé dans la Méditerranée et dans l'Adriatique, dans le golfe de Gascogne, sur la côte de Brest, à l'entrée de la Manche et, dans la mer du Nord, sur la côte ouest du Holstcin. Voilà son aire géographique pour autant qu'on peut la déterminer en ce moment et quant aux dates de son appa- rition, tout ce que Ton peut en dire, c'est qu'on en a vu, à quelques jours d'intervalle, dans la Méditerranée, sur la côte d'Alger, et, dans la mer du Nord, à l'embouchure de l'Elbe. Le couple capturé dans la mer du Nord est-il un couple égaré, ou ces cétacés se rendent-ils régulièrement au Sud ou à l'Ouest? Quittent-ils la Méditerranée à une époque déter- minée de l'année ou à un certain âge? Ou entrent-ils acci- dentellement dans la Méditerranée, comme les Globiceps'^ C'est ce que les observations ultérieures nous appren- dront. Nous ferons seulement remarquer que ces derniers sont les seuls qui aient été observés jusqu'à présent dans la mer du Nord. ( 808 ) M. Flower émet l'avis que ce Dauphin jDOurrail bien faire son quartier d'hiver en Europe, et son quartier d'été sur la côte d'Afrique. C'est la tète d'un Grampus (Grampus Richardsoni) envoyé du cap de Bonne-Espérance qui lui suggère cette idée. La plupart des individus capturés sont du sexe femelle et sont adultes. L'individu rejeté sur lacôte du département de la Gironde est un mâle. M. Môbius a vu un mâle et une femelle, et Laureillard a reconnu des mâles et des femelles dans la madrague à Nice. Il est probable qu'ils nagent par petites bandes formées d'individus des deux sexes. D'après les observations faites par M. Fischer sur l'indi- vidu mâle du golfe de Gascogne, ce célacé se nourrit de Seiches et de Calmars. Chez tous les Grampus connus jusqu'à présent les dents manquent complètement au maxillaire supérieur, tandis qu'au maxillaire inférieur on trouve généralement de chaque côte cinq dents. Dans un seul individu, un mâle, M. Môbius les a vu manquer entièrement. Il est à remarquer que les Ziphioïdes y compris les Cacha- lots sont sans dents aux maxillaires supérieurs. et que cette absence correspond avec le régime, que notre ami Eschricht désignait sous le nom de Teutophage. Ainsi nous trouvons dans un mâle étudié par Môbius, 11^^; dans un autre mâle étudié par Fischer ^-^; dans deux individus d'Aiguillon, par d'Orbigny ^-^, j^ ; dans celui de Brest zj^-^; dans la femelle du Muséum d'his- toire naturelle de Paris ^-^; dans une femelle vue par { 809 ) M. Flower (i) .3~ ,, et dans la femelle que nous faisons . 0 — 0 connaître ici nous trouvons g-^r^- D'après les observations de M. Fischer, les différences qui existent entre Testomac du Globiceps et celui du Gri- seus ne portent que sur les dimensions relatives des diverses dilatations. D'après le nombre et la forme des pièces osseuses de la main , le Grampus dit M. Fischer ressemble beaucoup au Tursio. Les ossements de ce Dauphin , un des plus rares et des plus intéressants, ainsi que Ta dit le docteur Fischer, sont répartis aujourd'hui dans divers musées. A Vienne en Autriche on conserve, comme nous l'avons dit plus haut, le squelette de l'individu capturé sur les côtes de Dalmatie, à Nice on conserve la peau de celui du golfe S*-Jean. AParis,au Muséum, on voit la tète de la femelle capturée à Brest, le squelette envoyé par Laureillard de Nice et le crâne d'un animal pris à la Rochelle. Il existe un autre crâne à la Rochelle dans le Musée Fleuriau. Nous croyons avoir vu un crâne au Musée de Brest. Le squelette de l'animal étudié par le docteur Fischer est au Musée d'Arcachon. Les deux squelettes de mâle et de femelle, capturés sur les côtes du Holstein, sont au Musée de Kiel. Au Musée du collège des chirurgiens à Londres se trouvent les squelettes de ceux qui ont été étudiés par M. Flower. On y conserve également le squelette d'un animal capturé à l'île de Wight (1845). Le Musée de Marseille possède le crâne d'un individu de la bande venue dans le port de Carry (Bouches-du- Rhône) en 1862. A Bruxelles nous conservons aujourd'hui au Musée (1) Ces dents étaient encore cachées dans les gencives. 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 52 (810) royal d'hisloire naturelle le squelette de la femelle capturée sur les côtes d'Alger. Dans les collections anatomiques du Muséum d'histoire naturelle à Paris, on voit, au milieu des préparations de dents faites par Em. Rousseau, sous la direction de Cu- vier, un fragment de mandibule avec cinq dents en place et qui me semble bien appartenir au Dauphin qui nous occupe. Il est inscrit sur l'os : leiicas? je ne sais par la main de qui, mais il est probable que cette inscription date de l'époque où ces préparations ont été exécutées. Nous avons trouvé quelque différence avec le Delphinus Risso du Muséum de Paris, mais nous ne pensons pas que cette différence dépasse les limites des modifications individuelles. Nous reproduisons le croquis que nous conservons de- puis longtemps en portefeuille. C'est probablement l'extrémité de la mâchoire inférieure dont parle Cuvier dans ses Recherches sur les ossements fossiles, \o\. V, p. 284. Risso a envoyé de Nice, en 1811, dit Cuvier, le dessin, la description et l'extrémité de la mâchoire inférieure d'un Dauphin pris dans la madrague de cette ville. L'abbé Bonnaterre a décrit un Dauphin sous le nom de feres, dont le squelette était conservé au séminaire de Fréjus. Nous n'avons pu avoir des renseignements sur cette pièce intéressante, qui probablement a disparu pen- dant la révolution française (1). Eschricht s'était beaucoup (i) J'ai reçu la réponse suivante de M. Dalaïn , directeur au séminaire de Fréjus : « On n'a malheureusement gardé au séminaire de Fréjus aucun reste ni aucun souvenir du squelette de Dauphin dont vous me parlez. La révolution française a tout emporté et tout détruit. C'est la réponse, que j'ai dû faire déjà plusieurs fois à ceux qui, dans l'intérêt de la science, m'avaient fait l'honneur de m'écrire à ce sujet. Fréjus, le 6 novembre 1865. ( 8il ) intéressé à ce Dau}3hin de Fréjus. Si nous tenons compte de ce que dit Bonnaterre des caractères de cet animal, nous voyons par les dents qu'il a observées en dessus et en dessous, qu'il ne peut-être question d'un Grampus feres (jriseus, mais qu'il s'agit d'un Orque. Le cétacé qui nous occupe dans cette notice a été désigné d'abord par Cuvier sous le nom de Delphinus fjriseus, puis sous celui de Delphinus Rissoi, ou Rissoanus, Desm. ; on supposait que les individus vivant dans la Méditerranée for- maient une espèce distincte de celle de la côte Ouest de la France ; plus tard le même animal a été désigné sous le nom spécifique de Cuvierii, sous prétexte que le mot gri- seus de Cuvier n'est pas exact ; ce cétacé doit conserver, à notre avis, le nom de : Grampus grisous. 11 se distingue de tous les autres parce qu'il n'a point de dents en dessus, et que généralement il en a quatre ou cinq de chaque côté en dessous; il a la peau grisâtre, couverte de stries irréguiières comme des égratignures, et il atteint la longueur de trois mètres et quelques centimètres. 11 habite la Méditerranée, l'Adriatique, l'Atlantique, la Manche et la mer du Nord. D'après les individus capturés sur les côtes du Holstein, le mâle est plus grand que la femelle. Cette dernière a une longueur de o'^i^, le mâle de 5"70. C'est M. Fischer qui a le premier réuni les deux espèces griseus et Rissoamis^ ainsi que Cuvier l'avait pressenti. MM. Flower et Môbius partagent l'avis de M. Fischer. Les travaux qui traitent spécialement de ce Cétodonte sont : G. Clvier, Annales du Muséum, t. XI\, 1812. ( 812 ) Risso, Hist. nat. de VEurope méridionale, vol. ÏII, p. 23, 1826. Fred. Cuvier, Hist. nat. des cétacés, 1856, p. 185. Laporte, Act. de la Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1855, t. XIX. Gervais, Cétacés des côtes françaises de la Méditerranée. Comptes rendus, 9 novembre 1864. Gervais, Zoologie et paléontologie françaises , pag. 500, pi. 57 et non 59, fig. 1-2, et fig. 5. Fischer, Note sur nn cétacé ( Grampus griseus). Ann. Se. nat., 5« sér., VIII., p. 565, 1867. James Mûrie, On Risso' s Grampus, Journ. of anat. and physiol., novembre 1870. Flower , On Risso's Dolphin : Grampus griseus, Cuv. Trans. of the Zool. Soc., vol. VIII, part. I, 1872. K. MôBius, Veher zivei gestreifte Delphinen (Grampus griseus, Cuv.) au s der Nordsee. Schriften des Naturwiss. Vereins fur Schleswig-Holstein. Bd. 1, 1875. Ann. nat. hist., mai, 1874. Zool. garten, 1874, p. 51. Van Beneden et Gervais, Ostéographie des cétacés, Paris. PI. LIV. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. I . Le bout antérieur de la mandibule de Grampus griseus , de gran- deur naturelle. — 2. Le même vu de profil. — 5. Croquis fait d'après un bout de mandibule qui se trouve au Mu- séum d'histoire naturelle à Paris, au milieu des préparations dentaires et qui est probablement la pièce envoyée par Risso et dont parle Cuvier à propos de Grampus griseus de Nice. Bull.ae ( 8i3 ) De Vaction physiologique du sulfate de guanidine; par MM. Félix Pulzevs et Aug. Swaen, de Liège. Le 15 décembre 187o, nous avons eu l'honneur d'adres- ser à l'Académie un pli cacheté exposant quelques-uns des résultats obtenus par l'administration du sulfate de guani- dine à des grenouilles. Nous avions l'intention de com- pléter ces recherches et d'étudier l'action de ce poison non-seulement sur tous les appareils de la grenouille, mais encore sur les animaux supérieurs. Un travail de MM. Ger- gens et Baumann, qui a paru dans le dernier fascicule des Archives de Pflueger, nous engage à ne pas retarder la publication des résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent, nous réservant dans une seconde publication de terminer cette étude. Les expériences dont nous allons rendre compte ont toutes été faites sur des grenouilles de l'espèce Rana lem- poraria. Le sulfate de guanidine avait été préparé synthéti- quement, en chauffant pendant quelques heures dans des tubes scellés du nitiiochloroforme avec une solution alcoolique d'ammoniaque, à la température de l^O**, et en transformant le chlorhydrate ainsi obtenu au moyen du sulfate d'argent (1). Les phénomènes les plus frappants qui apparaissent sur (I) Nous injections dans les sacs lymphatiques des solutions aqueuses de 4 à 1 p. "/o de sulfate de guanidine. ( 81i J l'animal empoisonné se manifestent dans le système mus- culaire. ACTION DE LA GUANIDINE SUR LE SYSTÈME MUSCULAIRE DE LA VIE ANIMALE. Quand on injecte dans un des sacs lymphatiques de la grenouillle une dose de sulfate de guanidine variant de ^ — 4 — 5 centigr., on voit, au bout de quelques minutes, survenir des contractions fibrillaires dans les muscles immédiatement en contact avec le poison; ces contrac- tions s'accentuent, apparaissent à des intervalles de plus en plus rapprochés et intéressent bientôt tous les muscles du corps; puis ces contractions, fibrillaires d'abord, se pro- pagent aux faisceaux musculaires et enfin aux muscles entiers. Alors tous les muscles du corps de la grenouille sont atteints de contractions cloniques qui se manifestent à des intervalles très-courts. Aux membres, les phénomènes sont surtout manifestes : les membres postérieurs sont brusquement projetés en divers sens, tantôt dans l'abduc- tion, tantôt dans l'adduction, tantôt en avant, tantôt en arrière. La jambe se fléchit ou s'étend brusquement sur la cuisse, incomplètement pourtant, les pieds sont alterna- tivement fléchis et étendus sur la jambe, enfin les orteils sont animés de mouvements ininterrompus de flexion et d'extension, les membranes natatoires sont successivement distendues et relâchées. Aux membres antérieurs, les mêmes phénomènes se produisent; on y remarque de plus des mouvements de pronation et de supination à Tavant- bras. — Les muscles du plancher buccal sont animés de contractions cloniques énergiques; souvent la cavité buc- cale s'ouvre et se ferme alternativement. — Les muscles (815) de l'abdomen, très-larges, ne se contractent pas dans leur totalité : ici les contractions restent généralement limitées aux faisceaux et passent successivement de l'un à l'autre, soit de haut en bas, soit de bas en haut, de telle façon qu'à travers la peau on distingue un véritable mouvement ondulatoire de la paroi latérale de la cavité abdominale. — Enfin, les muscles du dos amènent fréquemment des mou- vements d'extension de la tête alternant avec la flexion. — Les muscles de l'œil présentent eux-mêmes des contrac- tions cloniques amenant la rétraction et la projection alternatives du globe oculaire, le relèvement et l'abaisse- ment de la paupière inférieure. Ces phénomènes atteignent toute leur intensité en une heure environ. Si on laisse la grenouille en liberté, on la voit, au début de l'empoisonnement, offrir beaucoup d'agitation, ne pou- voir rester en place, sauter continuellement de côté et d'autre; au fur et à mesure que l'intoxication se manifeste, devenir plus calme, rester accroupie sur elle-même, le corps agité de contractions cloniques, sauter maladroite- ment quand on lui pince les pattes, retomber sur le côté ou à plat sur le ventre; peu à peu elle ne répond plus aux excitations et, si l'on a donné une dose sufiisante (2 — 5 centigr.), la grenouille reste enfin couchée sur le ventre, les quatre membres étendus; elle les laisse bientôt dans toutes les positions qu'on leur donne, et enfin si on la retourne sur le dos, elle y reste sans faire aucun mouve- ment pour changer de position. En même temps, il faut noter que les contractions cloniques persistent, quoique affaiblies, et que souvent elles finissent par être réduites à des contractions fibrillaires. On peut les ranimer momen- ( 816 ) tanément par l'excitalion mécanique, chimique ou élec- trique des muscles ou des nerfs. Les contractions cloniques sont généralement très- manifestes de 15 à 25 minutes après l'injection du poison. Par de faibles doses (^, |, 1 centigr.), ces contractions per- sistent un, deux, quelquefois trois jours; elles perdent pourtant peu à peu de leur énergie et n'apparaissent plus qu'à des intervalles de plus en plus longs. Pendant toute cette période, la grenouille est fort tranquille. Elle revient lentement à la santé. Après l'injection de ~ centigr., la gre- nouille est généralement rétablie au bout de 24 heures. Par de fortes doses (2 — 5 centigr.), la période paralytique se manifeste au bout de 5 à 6 heures et entraîne la mort de l'animal en 12 — 24 heures. L'action la phis remarquable du sulfate de guanidine est donc la détermination de contractions cloniques dans tous les muscles de la vie animale^ contractions cloniques succédant à des contractions fibrillaires initiales. Ces contractions peuvent être attribuées à une excita- tion du centre cérébro-spinal, des nerfs moteurs, des extré- mités terminales des fibres nerveuses motrices, ou enfin à une excitation directe des fibres musculaires. Dans le curare nous avions un précieux agent pour nous démontrer si nous avions affaire à un poison agissant directement sur les fibres musculaires. Voici les expé- riences que nous avons instituées : 1° A des grenouilles curarisées, nous avons administré la guanidine et aucun des phénomènes précités ne s'est ma- nifesté; 2° A d'autres grenouilles nous avons injecté dans un sac lymphatique une solution de curare et dans un autre ( 817 ) sac lymphatique une dose de guanidine. Nous avons vu chaque fois les symptômes guanidiques se manifester d'abord, durer quelque temps, perdre peu à peu de leur intensité et enfin être remplacés par la curarisation. — Il est à noter pourtant que la guanidine retardait notable- ment l'action du curare. Les expériences suivantes le démontrent à l'évidence : Expérience I. On choisit deux grenouilles de taille et de vigueur aussi identiques que possible. GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. 11 h. 15' Injection de 0,01 gr. de guanidine. 44 h. 33' Contractions fibrillaires. 11 h. o8' Contractions cloniques. 2 h. 00 L'empoisonnement est parfait, l'agi- tation musculaire continuelle. 2 h. 00' Injection d'une faible dose de curare. 2 h. 11' 2 h. 15' Les convulsions cloniques persistent intenses; les membres sont continuelle- ment en mouvement. L'animal meut vivement ses pattes postérieures quand on les plonge dans l'eau. 2 h. 27' Les contractions cloniques diminuent. 2 h. 32' Dans l'eau, les mouvements des mem- bres et des orteils se manifestent encore. 2 h. 41' Mouvements plus faibles. 2 h. 45' Tout mouvement a cessé. Le lendemain la circulation persiste, le surlendemain la grenouille est trouvée morte. On injecte la même dose. Quand on pince les membres posté- rieurs, pas de mouvements réflexes; si on les plonge dans l'eau acidulée par de l'acide sulfurique, la grenouille ne les retire plus, mais on observe encore des contractions des muscles abdominaux. Immobilité complète, persistant quoi- que l'on plonge l'animal dans l'eau aci- dulée. (818) Expérience II, GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine. Contractions fibrillaires. Contractions cloniques générales. — injection d'une faible dose de curare. Dans l'eau acidulée, la grenouille se livre à des mouvements d'ensemble avec les membres postérieurs, qu'elle ne peut retirer. Contractions extrêmement vives dans les muscles des membres anté- rieurs et du tronc. Dans l'eau acidulée, mouvements marqués des quatre membres. Les contractions cloniques deviennent plus faibles aux pattes postérieures. Mouvements réflexes violents des qua- tre membres (le corps entier en est secoué), sans que néanmoins la gre- nouille puisse retirer les postérieurs du liquide. Les contractions cloniques dues à la guanidine persistent aux pattes anté rieures seulement. Les mouvements réflexes sont tou- jours très-vifs. — 11 n'y a plus de con- tractions cloniques. ni même de con- tractions fibrillaires. Mouvements réflexes moins marqués. Mouvements réflexes fort affaiblis. Curarisation complète On injecte la même dose de curare. Mouvements volontaires et réflexes infiniment moins vifs et moins étendus qu'avant l'injection. Paralysie de la mâchoire inférieure. Mouvements des membres antérieurs et des muscles du tronc ; flexion du pied sur la jambe. Légers mouvements des membres an- térieurs ; les- postérieurs sont inertes. Dans l'eau acidulée, on ne note qu'un très-léger mouvement des membres an- térieurs. Tout mouvement réflexe a disparu. ( 811) ) Expérience !II. TEMPS. GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. H h. 30' 12 h. 5o' Injection de 0,02 gr. de sulfate de guanidine. Contractions cloniques générales. ~ Injection de curare. '1 h. 20' Injection de curare. L'animal retire vivement les pattes postérieures plongées dans l'eau aci- Les pattes postérieures étant plongées dans l'eau acidulée, la grenouille les dulée.— Les contractions cloniques per- meut très-faiblement, sans pouvoir les i h. 25' sistent avec une très-grande intensité. Mouvements excessivement vifs des quatre membres dans l'eau acidulée. La grenouille agite les pattes posté- rieures sans les tirer de l'eau. — Les contractions cloniques persistent , mais plus faibles. en retirer. L'animal ne réagit plus; la paralysie est complète. 1 h. 30' 4 h. 35' Idem. Les secousses musculaires sont fai- 2 h. 40' bles, apparaissent encore quand on plonge les membres dans l'eau. Mouvements encore plus faibles et seulement dans les deux membres du 4 h. 45' côté droit. La grenouille réagit faiblement avec les deux membres droits, et seulement quand on immerge les deux pattes pos- térieures plus profondément. i h. 52' 2 h. 00' État identique. Paralysie complète. S*" Enfin le curare, administré à une grenouille empoi- sonnée par !a guanidine, met peu à peu fin aux symp- tômes de cet empoisonnement et amène la paralysie com- plète de l'animal. L'excitation directe de la fibre musculaire étant exclue, nous avions à résoudre les questions suivantes : la guani- ( 820 ) dine provoque-t-elle les contractions musculaires en exci- citant : les centres nerveux, les nerfs moteurs ou les terminaisons périphériques des fibres motrices? Pour résoudre ces questions, nous avons employé les méthodes suivantes d'expérimentation : 1° Section des nerfs sciatiqueSj puis administration du poison. — Dans toutes les expériences nous constatâmes que les phénomènes se manifestaient avec toute leur inten- sité dans les membres soustraits à l'influence de la moelle épinière et, de plus, quand les racines d'un seul des scia- tiques étaient sectionnées dans le bassin, les contractions cloniques apparaissaient d'abord dans le membre énervé et y arrivaient à leur intensité maximum bien plus rapide- ment que dans le membre resté sain. Cette diff'érence dans les phénomènes s'explique par la dilatation des vais- seaux, survenant dans le membre à la suite de la section du nerf, par l'augmentation de l'activité circulatoire dans ce membre, amenant un empoisonnement plus rapide. 2° Destruction du centre cérébro-spinal chez les gre- nouilles empoisonnées. — Sur des grenouilles empoisonnées par 1 — 4 centigr. de sulfate de guanidine et pleinement intoxiquées, nous détruisons au moyen d'un fil de fer chauffé au rouge le cerveau et la moelle épinière, de façon à n'avoir pas d'hémorrhagie, et les contractions cloniques persistent avec toute leur intensité; quelquefois même elles deviennent plus manifestes qu'avant l'opération; d'autres fois enfin elles se produisent encore, tout en étant affaiblies. Une de ces expériences mérite d'être citée. ( 821 ) Expérience IV. — Grenouille mâle, à laquelle on sec- tionne la moelle épinière derrière les tympans. A 11 h. 45' : injection de 2 centigr. de sulfate de gua- nidiue. 12 h. 40' : les symptômes d'intoxication sont très-mar- qués. 12 h. 45' : on détruit la moelle dans toute l'étendue de la colonne. Les contractions cloniques continuent à se manifester avec la même intensité. 1 h. 05' : même état. Section du nerf sciatique droit. On l'irrite par un courant interrompu et le tétanos qui se manifeste dans le membre dure quelques instants même après l'arrêt de l'irritation; cependant les muscles ne sont pas précisément contractés aussi violemment que pendant le passage du courant. En irritant de nouveau, le tétanos augmente. 5 h. 50' : les contractions cloniques sont encore bien manifestes dans les quatre membres. Un courant induit, appliqué sur les muscles à travers la peau, augmente pour un certain temps l'intensité de ces contractions. 3 h. 55' : destruction de la moelle allongée et du cer- veau. 4 h. 55' : les contractions cloniques persistent très-vives dans toutes les régions du corps. 5 h. 50' : elles sont plus faibles. Le lendemain à U h. 00' : les contractions cloniques persistent. La circulation est très-active dans la membrane natatoire. On met le cœur à nu : à 12 b. 00', il bat 19 — 17 — 18 — 18 — 18 — 17 — 18 fois par minute. Les pul- sations sont donc rares, mais le cœur se contracte bien complètement et normalement. 1 h. 15' : la circulation persiste dans les membranes ( 822 ) natatoires et la langue. Il se présente encore de temps en temps quelques secousses musculaires aux membres et dans la langue. La section du nerf sciatique gauche pro- voque une suite de secousses. L'irritation du bout péri- phérique par le courant induit détermine le tétanos du membre, et ce tétanos persiste quelques instants encore après la cessation de l'irritation : l'extension et l'écarte- ment des doigts le montrent très-bien. 2 h. 15' : la circulation existe encore dans les mem- branes natatoires et la langue. Des contractions fibrillaires se montrent aux membres inférieurs et dans la langue. Deuxième section du nerf sciatique droit qui provoque une série de secousses dans le membre. Pour bien distinguer les contractions cloniques affai- blies et les rendre plus apparentes, il faut suspendre la grenouille par un fd passé dans le maxillaire supérieur et la plonger dans de l'eau. Les membres flottent alors libre- ment dans le liquide; les membranes natatoires dilatées laissent les doigts écartés. Dans ces conditions, les moin- dres mouvements sont rendus plus faciles et bien visibles. 3° Ligature des vaisseaux du membre inférieur et em- poisonnement de la grenouille. — Pour réussir ces expé- riences, il faut remarquer que le sulfate de guanidine est excessivement diffusible et que, à travers la paroi sépa- rant deux sacs lymphatiques ou par de petits vaisseaux anastomotiques se rendant de la paroi abdominale à la peau du membre inférieur, il passe très-facilement une quantité de poison suffisante pour amener, au bout de quelque temps, des symptômes d'intoxication. Pour obtenir des résultats bien nels, après avoir lié en deux endroits les vaisseaux iliaques d'un côté ou des deux ( S^2o ) côtés à la fois, et les avoir sectionnés entre les ligatures, nous suspendons la grenouille la tête en bas et nous injec- tons le poison dans le sac lymphatique abdominal. Dans ces conditions, les contractions fibrillaires et clo- niques se manifestent avec toute leur intensité dans les membres antérieurs, les muscles de la tête et du tronc, dans ceux du membre postérieur dont les artères sont libres et n'apparaissent pas dans les muscles du ou des membres dont les artères et les veines sont liées et sec- tionnées. Nous avons d'ailleurs varié ce mode d'expérimentation, et 4" Notis avons fait la ligature en masse et la section, au- dessous de la ligature de tous les tissus de la cuisse^ en laissant le sciatique seul bien intact. — D'autres fois nous avons pratiqué cette opération sur la partie inférieure du tronc, en respectant les plexus sciatiques. Puis nous injec- tions la solution de sulfate de guanidine. Dans ces expériences, bien que les nerfs fussent restés parfaitement irritables, nous n'avons jamais vu les con- tractions apparaître dans les muscles au-dessous de la ligature, tandis que dans le reste du corps l'intoxication était complète. o" Section d'un membre dont les muscles sont animés de contractions cloniques à la suite de V empoisonnement. — Chez des grenouilles auxquelles nous avons administré 1 — 2centigr. de sulfate de guanidine et qui présentent des contractions cloniques des plus manifestes, nous cou- pons les membres antérieurs ou postérieurs : au premier moment, les contractions perdent un peu de leur inten- sité; puis, au bout de quelques minutes, elles reprennent leur première activité et le membre sectionné présente encore les mouvements de flexion et d'extension de la ( 824 ) jambe, de l'avanl-bras, de la main, du pied et des orteils, tous les phénomènes persistent avec une grande intensité pendant 1 à 4 heures, puis diminuent peu à peu et cessent enfin. De ces expériences nous concluons donc que le sulfate de guanidine amène les contractions fibrillaires et cloni- ques des muscles de la vie animale, en excitant les fibres nerveuses motrices , soit dans leur trajet, soit à leurs ter- minaisons périphériques. En effet, le curare nous a montré que le poison n*agit pas sur la fibre musculaire; la destruction de la moelle et du cerveau, la section des sciatiques, la section des membres sur des grenouilles empoisonnées nous ont prouvé que le sulfate de guanidine n'agit pas par l'inter- médiaire de la moelle épinière; enfin, la ligature des vais- seaux ou la ligature en masse de toutes les parties autres que le nerf nous ont fait voir que c'est à la périphérie, dans les membres, que le poison porte son action sur les fibres nerveuses motrices. Il nous serait impossible pour le moment de trancher définitivement la question de savoir si la guanidine agit sur les dernières terminaisons des fibres motrices à l'inté- rieur du sarcolemme (plaques terminales ou fibrilles intra- fasciculaires), ou si elle agit sur les fibres nerveuses motrices dans la continuité du nerf ou dans leurs ramifi- cations intramusculaires. Cependant la première de ces deux hypothèses nous paraît plus admissible. Les raisons qui plaident en sa faveur sont : 1° La marche de l'intoxication, l'apparition des pre- miers symptômes dans les muscles mis le plus directement en rapport avec le poison. ( 825 ) S'' Le début des contractions, qui sont d'abord fibril- laires. 3" Quand on lie les vaisseaux ou quand on sectionne en masse tous les tissus autres que le nerf, ce dernier reçoit encore le poison dans toutes les parties situées au-dessus de la ligature et cependant les phénomènes de l'intoxica- tion n'apparaissent pas dans le membre. 4° Enfin, par nos expériences I, II, III, nous avons montré que le sulfale de guanidine retarde considérable- ment la curarisation ; il est donc fort probable que les deux poisons agissent sur les mêmes parties des fibres ner- veuses motrices. En admettant l'excitation de la plaque terminale, il resterait cependant encore à expliquer comment cette excitation peut transformer les contractions fibrillaires en contractions cloniques, c'est-à-dire en contractions simul- tanées de toutes les fibres d'un muscle. La chose n'est cependant pas impossible. Partant de ce fait, qu'à certains moments dans un muscle plusieurs fibres disséminées se contractent (contractions fibrillaires), la variation négative électrique qui est le résultat de cette contraction irritera les fibres nerveuses qui se trouvent en contact avec ces fibres musculaires. Si l'on admet de plus que le sulfate de guanidine donne aux plaques nerveuses terminales une excitabilité très-grande, la légère irritation des fibres nerveuses amenée par la variation électrique négative sera suffisante pour déterminer la contraction des fibres musculaires auxquelles elles se distribuent. Il en résultera que la contraction fibrillaire de quelques fihres disséminées dans le muscle amènera aussi secondairement la contraction simultanée de toutes les fibres de ce muscle, c'est-à-dire la contraction du muscle entier. 2""' SÉRIE, TOME XLI. 53 ( 826 ) Les phénomènes paralytiques de la deuxième période de l'empoisonnement seront étudiés plus tard, à propos de l'ac- tion du sulfate de guanidine sur la moelle épinière. Dans leur étude de Faction toxique de la guanidine sur la grenouille, MM. Gergens et Baumann divisent les mou- vements convulsifs (Krampfhafte Bewegungen) en deux espèces : les contractions fibrillaires [fibrillàre Zuckungen) et les mouvements d'extension convulsive des extrémités (Krampfhafte Streckbewegungen der Extremitàten). Un peu plus tard (après l'apparition des contractions fibrillaires), disent-ils, se montrent des mouvements convulsifs d'exten- sion des extrémités, qui, d'abord séparés par de longs intervalles, deviennent ensuite plus fréquents et, au bout de quelques heures, se changent en extensions tétaniques de longue durée (1). D'après eux les contractions fibrillaires sont dues à l'excitation des dernières ramifications intramusculaires des fibres motrices, les extensions convulsives et téta- niques des extrémités à l'excitation de la moelle épinière. Selon ces auteurs, les contractions fibrillaires se mani- festeraient seules à la suite de la section du membre, des nerfs sciatiques et de la destruction de la moelle. Ces con- tractions fibrillaires constitueraient un phénomène sans aucune analogie jusqu'aujourd'hui. En ce qui concerne les contractions tétaniques, dans plus de deux cents cas d'intoxication produite par l'admi- nistration de */4 à 5 centigr. de sulfate de guanidine, nous (1) « Etwas spàler beginneo Krampfhafte Streckbewegungen der Extre- mitàten, aufangs in grosseren Zeilintervallen, spàler hàufiger werdend und nach mehreren Stunden in dauernde tetanische Streckung iiber- gehend. » ( mi ) ne les avons jamais vues se produire spontanément. Ce n'est guère qu'à la suite d'irritations mécaniques des nerfs sciatiques que nous avons pu constater parfois un léger tétanos des membres postérieurs. A la période des contractions cloniques, en électrisant par un courant interrompu le bout périphérique du scia- tique sectionné, nous avons déterminé le tétanos des mus- cles du membre postérieur et, en cessant l'irritation élec- trique, nous l'avons vu quelquefois se prolonger encore pendant quelques secondes (V. Expérience IV). Dans ce cas, le tétanos n'était évidemment pas dû à l'influence de la moelle épinière. Quant aux contractions fibrillaires et aux extensions convulsives des extrémités observées par MM. Gergens et Baumann, nous regrettons de n'avoir pu découvrir dans leur travail aucun détail qui puisse nous donner une idée de la signification exacte qu'ils attachent à ces expres- sions. Les contractions cloniques que nous avons observées ne rentrent dans aucune des deux catégories de mouve- ments convulsifs qu'ils admettent. Ce ne sont certainement pas de simples contractions fibrillaires, et ce sont encore moins de simples mouvements d'extension convulsive des extrémités. Ces contractions cloniques^provoquent certes des mou- vements d'extension; mais, suivant les muscles qu'elles intéressent, elles provoquent des mouvements de tout genre, des abductions, des adductions, des flexions, des mouvements de pronation et de supination, des mouve- ments d'abaissement et d'élévation de la mâchoire, etc. Si ces mouvements d'extension convulsive des extré- mités ne sont pas les contractions cloniques des membres, ( 828 ) nous n'avons pu leur découvrir aucun caractère différentiel et nous ne les en avons pas distingués. Si ces mouvements sont les contractions cloniques des extenseurs, nous les avons très-bien vus, mais nous ne pouvons les séparer en rien des autres contractions clo- niques observées. En admettant que les mots « Krampfhafte Strekbevvegungen der Extremitâten )> signifient contrac- tions cloniques des extenseurs, nous ferons remarquer que, quoi qu'en disent MM. Gergens et Baumann, ces contrac- tions cloniques se manifestent encore parfaitement chez les grenouilles dont la moelle est détruite, sur les membres dont les nerfs sont sectionnés. Sur ces derniers les con- tractions cloniques sont mêmes plus vives que dans les membres sains. Sur les grenouilles auxquelles on détruit la moelle sans produire de trop fortes hémorragies, sur les membres sectionnés il en est de même. Si ces contractions cepen- dant sont quelquefois diminuées, elles n'en sont pas moins apparentes, pourvu que l'on se place dans de bonnes conditions pour les constater, par exemple qu'on laisse floUer les membres dans l'eau. Nous croyons donc pouvoir conclure que MM. Gergens et Baumann n'ont pas reconnu l'existence des contrac- tions cloniques, qu'ils les ont confondues en partie avec les contractions fibrillaires, en partie avec les contractions toniques des extrémités, qu'ils disent avoir observées et qu'ils rapportent à l'excitation du système nerveux central. Les contractions fibrillaires qui apparaissent au début de l'intoxication n'ont rien de bien particulier à la guani- dine, puisqu'elles se montrent également à la suite de Tadminislralion de l'ésérine, de la nicotine, de l'aconitine (Bôhm et Wartmann). ( 829 ) Mais les contractions cloniques constituent un phéno- mène réellement extraordinaire amené par l'action de la guanidine sur les dernières ramifications, peut-être les dernières terminaisons des fibres nerveuses motrices, ce sont elles qui sont sans analogie aucune avec les faits jusqu'aujourd'hui co7inus dans la science. ACTION SUR LA MOELLE ÉPINIÈRE. Pour étudier l'action du sulfate de guanidine sur la moelle, nous avons employé la méthode de Tiirck, qui fait connaître l'état de la moelle par l'intégrité ou l'altération des mouvements réflexes dont elle est le centre. — Nous procédions comme suit : Les grenouilles qui devaient être soumises à l'expéri- mentation étaient préparées plusieurs heures auparavant. Nous leur faisions la section de la moelle derrière les tympans et, dans une série d'expériences, la ligature des vaisseaux iliaques, pour empêcher en grande partie l'ac- tion du poison de se porter sur les nerfs des membres inférieurs et éviter ainsi les contractions cloniques qui pouvaient nous gêner. La solution acide employée était de ] p. H^SO^ pour SOO p. d'eau. La grenouille était suspen- due par un fil passé dans la mâchoire supérieure. Nous ne plongions ses membres postérieurs dans la solution acide que toutes les 5 minutes; puis, quand elle les retirait, nous les lui laissions flotter dans l'eau pure jusqu'à l'essai sui- vant. Le temps qui s'écoulait entre le contact de l'acide et le moment où la grenouille retirait les pattes était appré- cié à l'aide d'un métronome. Avant d'étudier l'action du poison sur les mouvements réflexes de grenouilles auxquelles nous avions préalable- ( 830 ) ment fait la ligature des vaisseaux iliaques, nous nous sommes assurés du point de savoir si, par lui-même, cet obstacle à la circulation dans les membres postérieurs n'avait pas pour effet de diminuer l'irritabilité de leurs nerfs. Nous avons bientôt acquis la conviction que, malgré cette opération, la grenouille conservait pendant plusieurs heures le même degré d'irritabilité. Les expériences sui- vantes le montrent parfaitement. EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE II. BATTEMENTS DU MÉTRONOME. BATTEMENTS DU MÉTRONOME. TEMPS. Observations. TEMPS. Observations. 12 h. 00' Section de la moelle épinière. 12 h. 00' Section de la moelle épiuière. Ligature des iliaques primitives. Ligature des iliaques primitives. |i.40 6-6-6-6 3 h. 23' 3-2-2-2-2 2 h. 50' 6 4 h. 20' 2 3 h. 05' 6 4 h. 30' 2 3 h. 25' 6 4 h. 40' 2 4 h. 20' 5 h. 10' 2 4 h. 30' 5 h. 25' 2 4 h. 40' 5 h. 40' 7 5 h. 25' En expérimentant de cette façon , nous sommes arrivés aux résultats suivants : 1° Chez les grenouilles auxquelles on a lié les vais- seaux iliaques, comme chez celles où la ligature n'a pas été faite, le sulfate de guanidine, dans la grande majorité des cas, a pour effet, dès le début de l'intoxication, de diminuer l'irritabilité de la moelle épinière. Cette diminu- tion devient telle que les mouvements réflexes finissent par ne plus se produire dans les conditions où on les obte- nait au début de l'expérience. (831 ) Dans des périodes plus avancées de Tinloxication, alors que la grenouille reste immobile et ne saute plus, les mou- vements réflexes n'apparaissent qu'à la suite d'excitations beaucoup plus fortes. L'irritation électrique de la peau par courant induit ne les provoque même plus dans tous les points, et souvent ce n'a été qu'en appliquant les électrodes sur l'œil, sur la peau du crâne et de la face, sur la mu- queuse buccale, que nous avons pu déterminer quelques contractions réflexes. Expérience IIJ. Section de la moelle épinière derrière les tympans. Ligature des artères iliaques primitives. Métronome à 152. 9_4-4_4_4_4. Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine; 10 minutes plus lard on recommence à compter : 4-4-0-5. 2« injection de 0,01 gr. de guanidine : 6-G-(12h. 45'). 1 h. 45': 5-6-7-6-6-6-7-7-7-8-8-8-9-9-9-1 l-lo-l 1-12-12-12-24- 18-28-20-21-20-31. On est forcé d'interrompre l'expérience. Expérience IV. iMoelle épinière sectionnée derrière les tympans. Ligature des artères et des veines iliaques. 11 h. 35': 8-8-7-8-9-8-8-7-8. Injection de V4 centigr. de sulfate de guanidine dans */< Ce. d'eau : 8-10 2* Injection de \'4 centigr. : 10-13-14-14-37. La grenouille ne retire plus les pattes après 60 coups de métronome. ( 832 ) Expérience V. Section de la moelle derrière les tympans. Ligature des artères et des veines iliaques. Métronome à 138. 16-15-16-16. Injection de '/iCenligr. de sulfate de guaiiidine dans ^4 Ce. d'eau. 10 minutes plus lard : 19-21-21 . 2« injection de V< cenligr. : 24-22-27-27-39-63. La grenouille ne retire plus les pattes. Expérience VI. Moelle épinière sectionnée. Ligature des artères iliaques primitives : 53-16-13-14-11-12-12. Injection de 1 centigr. de sulfate de guanidine. Après 13 minutes : 17-14-14-14-14-15-17-20-23-29-39-34. Elle ne retire plus les pattes. Expérience VII. La moelle épinière est séparée de la moelle allongée. Ligature des iliaques primitives. Métronome à 468 : 7 -o-o-^' 4-0-4-0-4 . Injection de ^j^ centigr. de sulfate de guanidine. 10 minutes plus tard : 6-6-6-7-6-8-8-9-10-10-9-10-9- 10-10-9-12-10. On est forcé d'interrompre l'expérience. Expérience VIII. Section de la moelle épinière. Liga- ture des artères et veines iliaques primitives. Métronome à 168. 22-24-23-24-23 . Injection de Va centigr. de sulfate de guanidine 39-39-42-43. 10 minutes plus tard: 44-40-58-98. ( 855 ) La grenouille ne retire plus les pattes. Dans les observations suivantes, la circulation du sang dans les membres postérieurs n'a pas été interrompue par la ligature des vaisseaux iliaques. Expérience IX. La moelle épinière est séparée de la moelle allongée. Métronome à 168. 11_I3_14_11_12-14-14-13. 12 h. 42' : Injection de ^j^ centigr. de sulfate deguanidine. Après 19 minutes: 22-2Ô-23-24-23-25 15 minutes plus tard ; 26 Une heure p*us tard : 46-48-52-62. Expérience X. Section de la moelle épinière. Métronome à 158. 9-10-9. Injection de '/< cenligr. de sulfate de guanidine dans */| Ce. d'eau : 10-12-11-12. 2" injection de V* centigr.: 12-16-20-24-20-20-22. De ces différentes expériences, il résulte que le sulfate de guanidine agit sur la moelle en diminuant d'abord son irritabilité, puis en la paralysant de plus en plus. Dans quelques cas beaucoup pins rares il nous est arrivé, au début de l'intoxication, d'observer une courte période d'excitation, suivie bientôt de la diminution habituelle de l'irritabilité. Pour expliquer la période paralytique amenée par le sulfate de guanidine, et succédant surtout à l'administra- tion de fortes doses, MM. Gergens et Baumann se con- tentent d'invoquer la fatigue musculaire. Nous venons de ( 834 ) voir déjà que la moelle épinière est fortement atteinte par le poison. Jusqu'à présent nous n'avons pas pu suffisam- ment élucider ces phénomènes et nous n'en donnerons pas une étude complète. Nous sommes cependant persuadés que la fatigue musculaire n'explique pas tout et que plu- sieurs raisons doivent être invoquées. Sans vouloir attribuer à aucune d'elles une prédomi- nance marquée, ou même donner l'ordre dans lequel elles interviennent, nos expériences sont suffisantes pour nous montrer qu'au début de la période paralytique la plupart des phénomènes doivent être attribués à la paralysie des centres nerveux. A ce moment, en effet, la grenouille reste immobile, ne réagit plus contre les irritations du dehors, se laisse placer sur le dos, et pourtant les nerfs et les muscles semblent avoir conservé toute leur irritabilité. Expérience XL La grenouille, à laquelle on a injecté 4 centigr. du poison, quelques heures auparavant, ne ré- pond plus aux irritations et ne fait plus le moindre mou- vement. On isole le nerf sciatique gauche, du genou à la moelle, et on le sectionne au voisinage de cette dernière. On l'irrite au moyen de l'appareil d'induction de Du Bois-Raymond en communication avec trois éléments Daniel I. 133 millimètres d'écartement (1) : Segment inférieur du nerf (périphérique) rien. — moyen . . ; rien. — supérieur (central) secousses isolées . (1) Indication de la distance qui sépare la bobine induite du point où elle recouvre complètement la bobine inductrice. ( 83S ) 145 millimètres. Segment inférieur rien . — moyen contractions légères . — supérieur ténanos. 135 millimètres Segment inférieur .... rien. — moyen contractions énergiques isolées. — supérieur tétanos. 130 millimètres. Segment inférieur contractions énergiques isolées. — "^«^^" ) tétanos. — supérieur f Le sciatique droit est isolé et sectionné de même. 160 millimètres. Segment inférieur j ^..^^ — moyen ( — supérieur contractions bien marquées. 150 millimètres. Segment inférieur ) — moyen [ contractions, plus fortes pour le segment supérieur. — supérieur ) 140 millimètres. Segment inférieur \ contraction.^. — moyen |- • • • — supérieur tétanos. 130 millimètres. Segment inférieur ) contractions. — moyen ) — supérieur tétanos plus intense. 100 millimètres. La faradisation des 3 sections détermine le tétanos . ( 836 ) Expérience XII. Grenouille dans la période paralytique, intoxiquée quelques heures auparavant par 4 centigr. du poison. Les nerfs sciatiques sont isolés du genou à la colonne; on note une contraction musculaire au moment de leur section. On les faradise comme dans l'expérience précédente. Nerf droit : La bobine induite est à 165 millinièlres. Segment périphérique rien. — moyen contractions à peine perceptibles. — central — bien marquées. 155 millimètres. Segment inférieur contractions fibrillaires. — moyen — énergiques. — supérieur tétanos. Nerf gauche : 175 millimètres. Segment inférieur rien- — moyen contractions fibrillairees. — supérieur — énergiques. 165 millimètres. Segment inférieur contractions tibrillaires à peine perceptibles. — moyen contractions manifestes. — supérieur léger tétanos. Plus lard cependant les nerfs eux-mêmes finissent par être altérés dans leur fonction., par être moins irritables, et cette diminution de leur irritabilité est due probable- ment à Vinfluence directe du poison. (837) Expérience XIII. il h. 50' : Injection de 2 centigr. de sulfate de guani- dine à une forte grenouille mâle. 12 h. 00' : Contractions librillaires des muscles de l'ab- domen, des cuisses et des bras. 12 h. 15' : Contractions cloniques généralisées. 2 h. 00' : L'animal, couché sur le sol, reste étendu à plat ventre; les membres antérieurs sont croisés à moitié sous la poitrine, les postérieurs fléchis et un peu rappro- chés du tronc; lorsqu'on les étend, tantôt il les retire, tantôt il les laisse dans la position qu'on leur a donnée. Quand on frappe la grenouille sur la tête, elle retire vive- ment les membres. Elle ne fait, du reste, aucun mouve- ment pour changer de position. Si on la place sur le dos, elle y reste, après avoir fait seulement quelques mouve- ments des membres antérieurs. Les contractions cloniques n'apparaissent plus qu'à de rares intervalles, si ce n'est aux muscles abdominaux. Le lendemain à 1 1 h. 50', on retrouve la grenouille dans la position qu'on lui avait donnée la veille. De loin en loin on distingue encore des secousses musculaires agitant les membres et les muscles du plancher buccal. Plongé dans l'eau acidulée par l'acide sulfurique, l'animal ne fait aucun mouvement pour retirer les pattes. L'irritation électrique de la moelle par un courant interrompu (courant maxi- mum, o couples Daniell) ne détermine aucun tétanos, mais seulement de légères secousses dans les muscles des membres postérieurs. L'électrisation des muscles, à 80 millimètres d'écarté- ( 838 ) ment des bobines, provoque seulement des contractions, et celle des nerfs sciatiques des contractions plus légères. A 35 millimètres, les résultats sont les mêmes. A 0 millimètre l'irritation directe des muscles amène des contractions tétaniques, tandis que, par la galvanisa- tion des nerfs, on n'obtient pas le moindre tétanos. Si on fait la ligature des vaisseaux iliaques, pour empê- cher l'intoxication des membres postérieurs, l'irritation directe de la moelle par un courant interrompu détermine le tétanos des membres postérieurs et seulement des con- tractions légères dans les membres antérieurs. Expérience XIV. Chez deux grenouilles on lie les vais- seaux iliaques. On suspend ensuite ces animaux par les pieds et on leur injecte, à 10 h. 55', 2 centigr. de sulfate deguanidine. A 12 h. 00', 2' injection de 2 centigr. A 2 h. 45', les symptômes d'intoxication en sont arrivés à la période de parésie commençante. Les membres pos- térieurs sont restés indemnes. L'électrisation de la moelle par un courant interrompu maximum (3 couples Daniell) amène le tétanos des mem- bres postérieurs et quelques secousses seulement aux membres antérieurs. Si l'on isole parfaitement un membre par la ligature en masse et la section, le nerf respecté reste irritable dans sa partie périphérique non atteinte par le sulfate de gua- nidine. Expérience XV, Chez une grenouille mâle on pratique la ligature en masse du membre postérieur gauche, le nerf f 859 ) scialique excepté , et la section des parties molles au-des- sous du fil. Ail heures, on lui injecte 4 centigr. du poison sous la peau du dos; à 8 h. du soir, la grenouille ne présente plus que de légères contractions fibrillaires. Par la galvanisation de la moelle épinière'(courant maximum, 3 éléments Da- niell),on ne détermine pas de tétanos, mais seulement la contraction de muscles isolés. Les deux sciatiques sont isolés sur tout leur trajet et sectionnés au voisinage de la colonne. Scialique droit. Écartement des bobines : de 125 milli- mètres à 0 millimètre. Pas de tétanos. Contractions de muscles isolés. Scialique gauche. 100 millimètres. La faradisation des portions périphériques du nerf pro- duit le tétanos. Le cœur bat 22 fois par minute. Enfin, dans les périodes ullimes de l'intoxication, le poison finit par porter son influence délétère jusque sur les muscles eux-mêmes. L'irritation par le courant induit, les électrodes étant appliqués sur le muscle, ne déter- minent plus que quelques contractions dans les faisceaux immédiatement influencés et ne parvient plus à provoquer le tétanos du muscle entier. Pour prouver combien le système nerveux tout entier est atteint dans la période paralytique de l'intoxication par la guanidine, nous avons administré à des grenouilles empoisonnées du sulfate de strychnine, qui excite à un si haut degré le système nerveux central. Toujours nous avons vu les phénomènes de l'intoxica- tion strychnique considérablement modifiés par le sulfate de guanidine. ( 840 ) Règle générale, les attaques de tétanos ont été beau- coup moins longues et en même temps beaucoup moins fortes. Expérience XVI. Deux grenouilles mâles, de taille moyenne, aussi identiques que possible, sont suspendues par un fil passé dans le maxillaire supérieur. Une incision est faite à la peau du sternum et, au moyen d'une sonde, on détruit les cloisons qui séparent le sac lymphatique abdominal des deux sacs lymphatiques cruraux. TEMPS. GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. •1 h. 00' 4 h. ^23' Injection de 5 centigr. de sulfate de guanidine. La grenouille reste immobile, couchée sur le dos. On note encore quelques rares co)7- tractions cloniques aux membres anté- 4 h. 33' rieurs. Injection de V4milligr. de sulfate de strychnine. Pas le moindre symptôme qu'on puisse rapporter à la strychnine. Injection de */4 milligr. de sulfate de strychnine. Premiers phénomènes de strych- nisme : au moindre attouchement, té- tanos complet et persistant. 4 h. 45' Idem. 4 h. 55' La circulation dans la membrane nata- toire est parfaite. Injection de i mill. de sulfate de 5 h. "20' strychnine dans V4 ce. d'eau. Pas la moindre tendance au tétanos. Les accès tétaniques se répètent avec Quand on irrite les membres antérieurs, on ranime encore des contractions clo- une grande fréquence. niques. L'irritation électrique des muscles à travers la peau par un courant inter- rompu maximum (3 piles Oaniell) ne produit plus de contraction aux mem- 1 ( 841 ) GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. bres postérieurs; aux membres anté- rieurs et au thorax , elle provoque des contractions tétaniques énergiques. Aucun phénomène tétanique. On isole les nerfs sciatiques. Le sciatique droit, irrité par un courant maximum, ne détermine aucune contraction. La galva- nisation directe des muscles ne donne lieu qu'à des contractions locales très- faibles des faisceaux touchés par les électrodes. Mêmes résultats pour le sciatique gauche. Membres supérieurs : Tétanos, quand on faradise directement les muscles par un courant maximum. L'irritation du nerf brachial ne donne rien, sinon quel- ques secousses légères au membre gauche. Le cœur bat très-bien, mais lente- ment. Mort. Le tétanos se reproduit sous l'in- fluence des causes les plus légères. Expérience XVII. Injection de i centigr. de sulfate de guanidine dans le sac lymphatique dorsal. Convulsions cloniques générales. Injection dans le sac lymphatique abdominal de 0,000S gr. de sulfate de strychnine. Les phénomènes tétaniques dus à la strychnine commencent à se manifester. Entre chaque petit accès tétanique on voit néanmoins persister les contrac- tions cloniques dues à la guanidine. 2"*^ SÉRIE , TOME XLI. 54 ( 842 ) GRENOUILLE A. GRENOUILLE B. Ou ne détermine plus d'accès tétani- ques. Au membre postérieur gauche les phénomènes guanidiques sont toujours des plus marqués. Il n'y a plus de crises tétaniques, ni spontanées, ni provoquées. Les contrac- tions cloniques sont assez faibles à gauche, très-faibles à droite. La circulation est excessivement accé- lérée, admirable de régularité; il n'y a pas de capillaire qui ne reçoive son contingent. Le surlendemain matin la grenouille est trouvée morte. Expérience XVIII. Injection de */io milligr. de sulfate de strychnine dans le sac lymphatique dorsal. L'irritation est augmentée. Raideur des membres, léger accès de tétanos Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine dans V-* ce. d'eau. Accès de tétanos énergique. Le tétanos a complètement disparu. On ne note plus que des contractions fibrillaires. La circulation persiste dans les mem- branes natatoires, bien qu'elle soit affai- blie. L'électrisation de la moelle épinière reste sans effet. Quand on faradise les muscles direc- tement, on n'obtient que des contrac- tions isolées. Même injection. On fait la même observation. Raideur des membres. Léger accès tétanique. Même état que chez la grenouille voi- sine. Le tétanos continue à se reproduire à la moindre excitation. ( 843) 6 h. 00' 11 h. i25' 11 h. 40' 11 h. 42' 2 h. 80' o h. 10' h. 30' •i h. 47' h. o7' Le tétanos peut encore être déterminé par le plus léger attouchement. Cri au début de l'accès. L'expérience n'a pas été poursuivie. Expérience XIX, Injection de '/lo niilligr. de sulfate de strychnine. Accès tétanique. Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine. Plus de traces de tétanos. Circulation splendide dans les mem- branes natatoires. Même état. Même état. La circulation reste parfaitement ré- gulière. Mort. Même injection. Accès tétanique. Tétanos avec cris au début des accès. F'as de circulation visible. Le tétanos reparaît au moindre attou- chement. Plus de tétanos; mais raideur pro- noncée des membres. Placée sur le dos. la grenouille ne peut se retourner. La grenouille sait maintenant se remettre vivement dans sa station nor- male ; elle conserve un peu de raideur des membres postérieurs. Expérience XX. Injection dans le sac dorsal de 0.01 gr. de sulfate de guanidine et de 0,0001 gr. de sulfate de strychnine dans le sac abdommal. l't" léger accès tétanique. La grenouille, qui jusque là était res- tée parfaitement immobile, tombe sur le dos eî y reste dans un état scmitéta- nique, les quatre membres étendus. Les accès sont d'abord beaucoup plus fréquents et plus longs que chez la gre- nouille B. Injection de 0,0001 gr. de sulfate de strvchnine dans le sac abdominal. 1"^' léger accès tétanique. Celle-ci se meut continuellement dans l'intervalle des accès; elle présente néanmoins une raideur des membres de plus en plus prononcée. ( 8M ) TEMPS. GRENOULLE. A. GRENOUILLE B. 5 h. 10' Les accès se reproduisent avec une aussi grande fréquence que chez la gre- nouille A; ils ne le cèdent en rien comme intensité. D h. 30' Les accès tétaniques ont cessé. On Ils sont encore plus fréquents et plus note seulement un léger tétanos des longs. muscles des cuisses; quand on touche la grenouille ou qu'on frappe sur la table, tétanos fort semblable à une suite de contractions fibrillaires. Le lendemain. La circulation dans les membranes natatoires est splendide de régularité et d'activité. — Toute trace de tétanos a disparu. Le tétanos persiste. Expérience XXI. 4 h. 00' Injection de 0,01 gr. de sulfate de Injection de O.OOOi gr. de sulfate de guanidine dans le sac lymphatique dor- strychnine dans le sac abdominal. sal, et de 0,0001 gr. de sulfate de stry- chnine dans le sac abdominal. ■ 4 h. 30' Pas de tétanos. On parvient seulement à déterminer une légère secousse au Tétanos avec cri au début de l'accès. moment de l'irritation. Les membranes • natatoires sont bien tendues, les orteils étant séparés les uns des autres. Le lendemain La grenouille est trouvée morte. Le tétanos persiste. Expérience XXII. A iO h. 50', on injecte à une grenouille, de taille moyenne, 4' centigr. de sulfate de guanidine dans le sac dorsal. 2 II. 50' , la grenouille est couchée à plat sur le ventre et ne retire plus que tout à fait paresseusement les pattes postérieures, quand on l'irrite. 11 y a encore de légères ( 84o ) contractions cloniques. On injecte 0,001 gr. (!) de sulfate de strychnine. Au bout de 5 minutes, la grenouille semble plus irritable, elle fait des mouvements des membres pos- térieurs, qui, toutefois, offrent une raideur manifeste; puis bientôt surviennent trois accès tétaniques, séparés l'un de Tautre par un intervalle de 1 minute environ; on ne note plus ensuite que des contractions tétaniques de muscles isolés, lesquelles augmentent d'intensité lorsqu'on irrite la grenouille ou qu'on frappe sur la table. Ces con-- tractions dégénèrent enfin en contractions fibrillaires, qui s'éteignent à leur tour. La circulation observée dans les membranes natatoires reste très-aclive et très-régulière. Expérience XXII I. A 4 h. 00', injection de 0,04 gr. de sulfate de guani- dine chez une grenouille de taille moyenne. 7 h. 30' : La grenouille ne peut presque plus mouvoir les pattes et reste étendue sur le ventre. On lui injecte d'abord 0,0001 gr. de sulfate de strychnine, puis, au bout de 12 minutes, aucun effet n'en étant résulté, 0,001 gr. du même sel. Pendant les quelques minutes suivantes, la gre- nouille semble plus irritable, elle remue les pattes. Au bout de peu de temps, elle rentre dans son apathie et tombe enfin dans la paralysie complète. Le lendemain elle est trouvée morte. De ces expériences nous ne voulons pas tirer la conclu- sion que la guanidine est un contre-poison de la strychnine. Dans aucune de nos observations complètes, il ne nous est arrivé de constater un cas de guérison à la suite de l'em- poisonnement par la guanidine et la strychnine. Nous n'avons voulu, en rendant compte de ces expériences, que ( 846 ) montrer l'action évidemment opposée de ces deux sub- stances sur le système nerveux central et faire ressortir ainsi l'action sédative du sulfate de guanidine. ACTION SUR LA PUPILLE. Chez les grenouilles intoxiquées par le sulfate de gua- nidine, on observe une dilatation marquée de la pupille. Quelle que soit la dose injectée, de 1/2 à 5 centig., dès les premiers symptômes de l'intoxication, c'est-à-dire au bout de 10-15 minutes, on voit la dilatation commencer à se produire. Elle progresse lentement cependant, et ce n'est qu'au boni de 1 heure à 1 h. 50' qu'elle arrive à être complète. Elle se maintient pendant toute la durée de l'intoxication, aussi bien pendant la période paralytique que pendant celle des contractions cloniques. La dose a peu d'influence sur la marche de celte dilata- tion ; et si la dose a été faible, la grenouille qui revient à la santé a recouvré ses mouvements, semble guérie, mais a conservé encore la pupille dilatée. Ce phénomène se produit, non-seulement à la suite de l'intoxication générale, mais encore par action locale : lorsqu'on place sur l'œil un peu de poudre de sulfate de guanidine, on voit la dilatation survenir très-rapidement en moins de dix minutes et persister bien qu'aucun symp- tôme d'intoxication ne se manifeste. Ajoutons que cette mydriase reste toujours localisée dans l'œil qui a été soumis à l'action directe du poison. Enfin, les yeux d'une grenouille normale étant enlevés des orbites et placés dans une solution de sel marin de 0,75 "lo, si l'on applique sur l'un d'eux un peu de poudre de sulfate de guanidine, on observe qu'au bout de 5 mi- ( 847 ) mîtes, la dilatation de la pupille se produit, progresse et se maintient. Dans notre prochaine étude, nous donnerons les résultats d'expériences qui détermineront le mode d'action du poison dans ces circonstances. ACTION SUR LE COEUR. Les grenouilles sur lesquelles nous avons fait l'étude suivante, étaient fixées contre une lame de liège, au moyen d'épingles enfoncées à travers les membres. Nous leur faisions à la paroi Ihoracique antérieure, sur la ligne médiane, une ouverture (une fenêtre) aussi petite que possible pour observer le cœur. La grenouille, placée sur un plan incliné et mouillée de temps en temps avec de l'eau, était abandonnée à elle-même pendant 1 à 2 heures, afin qu'elle pût se remettre de ces opérations. Dans ces conditions, nous avons constaté à différentes reprises que, pendant plusieurs heures, les battements du cœur conservaient le même rythme et ne devenaient ni plus fréquents, ni plus lents. Les battements du cœur ayant pris un rythme constant et un chiffre fixe étant obtenu, nous injections le poison dans le sac lymphatique abdominal ou crural. Une dose de 7^-2 centigr. amène très -rapidement une accélération marquée des pulsations cardiaques. Cette accélération peut-être fort considérable et augmenter de iO-12 le nombre des battements du cœur à la minute. Elle se maintient pendant V2 heure à 1 heure, puis, peu à peu, fait place à un ralentissement progressif. De plus fortes doses (2-5 centigr.) amènent la même accélération; seulement, la période de ralentissement con- ( 848 ) sécutive apparaît d'autant plus rapidement que la dose du poison a été plus considérable. 5 cent, de sulfate de gua- nidine ne déterminent qu'une accélération faible et éphé- mère, suivie d'un ralentissement marqué et progressif. Dans la 2^ période, au fur et à mesure que les pulsations cardiaques deviennent plus rares, on voit le cœur revenir sur lui-même, ne recevoir que des quantités beaucoup plus petites d'un sang noir, puis, quand le cœur ne se contracte plus que rarement et presque à vide, on voit survenir des diastoles prolongées. Sur la grenouille morte, le cœur est en diastole. Expérience I. La grenouille est fixée sur une lame de liège, au moyen d'épingles enfoncées dans les membres. Une fenêtre est pratiquée dans la paroi thoracique en regard du cœur. Au bout d'une heure, le nombre de pul- sations par minute est de 41-42-42-42. 1 1 h. 27' : Injection de 1 centigr. de poison. 11 h. 50': 47-49-49-51-51-51-51-51-52-53-52-52-52-52-52-51-52- 5 1-52-5 1 -5 1 -51-51-50-49-50-49-49-48-48-47-49-48-49- 49-49-49-49. 12 h. 12': 2e Injection de I centigr. 12 h. 15': 50-49-52-52-51-51-52, (pendant 5 minutes, on cesse de compter) 51-49-48-47-48-47-48-47-46-47-47-47-48 (il est 12 h. 38'). 2 h. 43': 50-49-48-46-45-45-45-44-4o-44-44-43-4û-44-43-44. 4 h. 45': 42-41-41-40. Expérience II. Petite grenouille mâle. Nombre de bat- tements cardiaques par minute : 44-44-43-43. Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine. Après 2 minutes : 47-48-48-48-47-48-48 (symptômes d'intoxication) ( 849 ) 47-48 ranimai ayant fait des mouvements, on cesse de compter pendant 2 minutes) 47-46-46-46-45-45-45-45-45-44-44 . 14 minutes plus tard : 41-40-41-40. Le lendemain à 2 h. 00' : 3o-33-30-52-31-31-32 Expérience III . 11 h. 46': 40-41-41-42(1). 11 h. 55': 41-40-41. 12 11.05': 39-40-40-41. 12 h. 09' : Injection de 0,005 gr. de poison dans le sac lymphatique abdominal . 12 h. il': 40. Premiers symptômes d'intoxication. 44-45-47-47. Les symptômes se sont généralisés à tous les muscles du corps . 48-48-47-48-48. L'empoisonnement est vraiment typique. 48. 48-48-48. 35-37-34-34-36-34-36. Le cœur présente des irrégularités, quelques intermittences; il s'est arrêté plusieurs fois en dia- stole. 36-36. 38-38-38. Les pulsations sont redevenues bien régulières. Expérience IV. Comme toujours, on s'assure que le cœur bat régulièrement 38, 37, 37 fois par minute. 2 h. 54' : Injection de 0,01 gr. de poison . Après 45" : 36-41-43-45. (1er symptômes d'intoxication) 45-45-46-47. 3 h. 15': 47-47-47. 3 h. 30': 46-46-46. 3 h. 45': 45. 3 h. 51': 44-44. Expérience F. 3 h. 50': 40-40-40. 3 h. 54' : Injection de 5 centigr. de poison. 3 h. 56': 41-41-41-40-40. Le cœur reçoit moins de sang. 40-39- (1) Ces chiffres indiquent le nombre de battements cardiaques à la minute. 2 h. 21' 2 h 38' 2h 55' 3h 42' 4 h. 37' 5 h. 20' ( 850 ) 39. Au tronc, symptômes manifestes d'intoxication. 38-37. Mouvements des orteils . 37-58-37-36-37-36-36-36 . 4 h. 50': 36-36. En opérant ainsi, il arrive fréquemment que la grenouille cherche à se détacher, se remue, exécute des mouvements désordonnés qui influent pendant quelques minutes sur le chiffre des battements du cœur. Pour éviter cette cause d'erreur, nous avons expérimenté sur des grenouilles aux- quelles, 2-5 heures avant l'injection du poison, nous avions fait la section de la moelle épinière derrière les tympans. Dans ces conditions, l'animal n'exécute plus aucun mou- vement volontaire, le cœur reste en rapport avec son centre dans la moelle allongée, et il n'y a de nouveau dans les conditions de la circulation qu'une dilatation des vais- seaux de toute la partie postérieure du corps. Chez les animaux ainsi opérés, le sulfate de guanidine continue à agir comme chez la grenouille intacte. Expérience VI. La moelle épinière est sectionnée der- rière les tympans. Le cœur est dénudé. 3 h. 55': 57-56-56-56. 4 h 04': 57-56-56. 4 h. 13': 55-55. 4 h. 20' : 56-56. 4 h. 25': 56-56. 4 h. 30': 56-56. Injection de 0,005 gr. de sulfate de guanidine dans le sac lymphatique abdominal . 4 h. 40': 60-61-62. 4 h 46' : 66-67. Les contractions apparaissent dans les muscles abdo- minaux antérieurs. 4 h. 52': 67-66-67. 5 h. 00': 65-05. 5 h. 05': 65-65. 5 h. 10' : 65-64-63-64-63. Les secousses musculaires sont maintenant ( 851 ) générales, bien qu'elles soient beaucoup plus marquées dans les muscles abdominaux. Si l'on irrite la grenouille en tirail- lant les épingles qui la flxent, les contractions générales deviennent plus vives pour quelques instants. 5 h. 20' : 62-61-61 . 5 h. 30': 59-38-59. 8 b. 12': 48-46. 8 h. 20': 46-45-45. Nous avions donc à résoudre les questions suivantes : A quoi est due l'accélération ? A quoi est dû le ralentissementdes battements du cœur? L'accélération consécutive à l'administration du poison peut être rapportée : a) A une diminution de l'action des fibres modératrices du nerf vague ou des centres modérateurs intracardiaques; 6) A une augmentation de l'activité des fibres accéléra- trices du nerf vague ou des centres excitateurs intracar- diaques; c) A une augmentation de l'activité des centres automo- teurs ou d) A des changements dans la circulation périphérique. Les fibres modératrices du nerf vague peuvent être in- fluencées par le poison à leurs extrémités médullaires ou à leurs extrémités cardiaques. ïl en est de même pour les fibres accélératrices. Pour résoudre la question de savoir si la guanidine agit sur les fibres suspensives du vague ou sur les centres sus- penseurs intracardiaques, nous avions à notre disposition une série de moyens : 1° La destruction du cerveau et de la moelle allongée; 2° La section des nerfs vagues; 3" L'administration de faibles doses de sulfate d'atro- pine ; ( 852 ) (toutes trois préalables à rempoisonnement par le sulfate de guanidine); 4° L'empoisonnement par le sulfate de guanidine et Fir- ritation consécutive du nerf vague ou des centres modé- rateurs intracardiaques. La destruction du cerveau et de la moelle allongée amène la cessation de l'action de ce centre sur les fibres suspensives du nerf vague. La section du nerf vague à la région cervicale conduit au même résultat. L'administration du sulfate d'atropine à très-faible dose détache, pour ainsi dire, les extrémités cardiaques des vagues, et empêche ainsi leur action suspensive de se pro- duire. L'atropine paralyse de plus les centres modérateurs intra- cardiaques. Dans ces conditions, le sulfate de guanidine continue à produire l'accélération des battements du cœur. Les quelques observations suivantes le démontrent à l'évidence. 1° Destruction de la moelle allongée et du cerveau. Expérience VII. Le cerveau et la moelle allongée sont broyés au moyen d'une sonde. Le cœur est mis à nu. 3 h 01' : 06-36-36. 5 h. 04' : Injection de 0,003 gr. de poison . 3 h. Oo' : 41-41 . 3 11. 2o' : 39-40-40. 4 h. 11': 47-47. 4 h. 20': 50-50. 4 h. 30': 53-53. 4 h. 58' : 53 . 4 h. 48': 52-53. ( 853 ) oh. 05': 51-52. 5 h. 25': 45-44-43. oh. Ô5': 40-40. Expérience VIII. Moelle allongée et cerveau broyés. Cœur dénudé. 3 h. 29': 51-51-50. 3 h. 36' : 51-51 . Injection de 0,005 gr. de sulfate de guanidine. 3 h. 40': 56-57-58 (symptômes d'intoxication) 58-59. 5 h. 51': 60-60. 4 h. 05': 59. 4 h. 17': 59-58. 4 11.39': 47-47. 4 h. 52': 45-45. Expérience IX. 5 h. 45' : Destruction du cerveau et de la moelle allongée. Le cœur est mis à nu . 8 h 30' : 36-36. 8 h. 40': 36. 8 h. 42': Injection de 0,005 gr. de sulfate de guanidine. 8 h. 44': 40-40 (1^" symptômes) 42-43-44-44-45-46-46. 9 h. 09': 43-44-43. 9 h. 48': 34-35. 2° Section des nerfs vagues. Expérience X. Le cœur est dénudé. Les deux nerfs vagues sont liés et sectionnés. 12 h. 10': 32-31-31-31-31-30. 12 1). 20' : Injection de 0,005 gr. de poison. 12 h. 22' : 52-32-35 (1"» symptômes) 37-37. 12 h. 31': 38-39-38. 12 h. 41': 40-41. Au moyen d'un courant induit (1 élément Leclanché), on électrise le vague gauche et l'on détermine l'arrêt du cœur en diastole à plusieurs reprises. Par la faradisation du vague droit on obtient seulement des diastoles prolongées. On ajoute un 2^ élément et l'arrêt diastolique se produit. ( su ) Expérience XI. Les deux vagues sont préparés, liés et sectionnés au-dessus de la ligature, 4o minutes après l'opé- ration, à 1 h. lo' : 38-58. 1 b. 2o': 37-37. I h. 28' : Injection de 0,003 gr. de poison. 1 h. 33' : Symptômes d'intoxication : 44-43 . 1 h. 43/. 48-47-48. 1 h. 50' : Irritation du nerf vague droit par un courant interrompu (appareil de Du Bois-Reymond, 2 piles Leclanché) pendant 30" : raleutissemeul marqué , diastoles prolongées. Ou cesse d'irriter et le cœur se remet a battre 49 et 48 fois par minute. Irritation du vague droit (3 piles Leclanché, courant induit); ralentissement marqué, puis arrêt diastolique complet. Pendant les 2 minutes suivantes : 47-47 . 2 h 00': 44-43. 2 h. 06' : Irritation du vague gauche comme plus haut ; ralentisse- ment, puis arrêt diastolique. Pendant les 2 minutes suivantes : 44-43. 2 h. 20': 42. Irritation de nerf vague gaucce : arrêt diastolique instantané. Irritation du vague droit : ralentissement puis arrêt diasto- lique . Expérience XII. Les deux nerfs vagues sont sectionnés; le cœur est mis à nu. 12 h. 15': 42-41-41. Injection de 0,01 gr. de poison. 12 h. 20': 42-48-51-32-32-33-33-34-34. 12 h. 39': 55-55. o° Administration préalable d'atropine. Expérience XIII. Nombre de pulsations par minute au début de l'expé- rience : 39-40-40-39. Injection de 0,0003 gr. de sulfate d'atropine. ( 85g ) Après 30" : 42-42-44-46-46-46 (il est 2 h. 55'). 3h. 25': 46-46-46. 3 h. 31' : Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine. 3 h. 32' : 47-49-51-52-52-51-52-52. 5 h. 47' : 52-53-53-53 . 4 h. 05': 55-55-55. 4 h. 20': 56-56-56. 4 h. 40': 54-53. 4h. 45': 52-51-51. 5h. 05': 51-51. 5 h. 15': 47-47. Expérience XIV. 10 h. 50': 37-37. 10 h. 55': 37-37. 11 h. 00' : Injection de V/^ milligr. de sulfate d'atropine : 40-38-40-41- 42-42. : 43-42-43. 42-42-42. 43-42-43. 45-42-43. : 45-45-45. : 44-44-44. Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine : 41-45-46-47- 46-46-45. : Signes d'intoxication très-faibles : 47-47-47 . : 45-45 Les signes d'intoxication ne s'accenluant pas, on fait une nouvelle injection de 0,005 gr. de guanidine. : 48-49-49-. .-. .-47-46-. .-. .-47-46-47. : 41-42. 11 h. 10' 11 h. 20' 11 h. 25' 11 h. 35' 11 h. 45' 12 h. 00' 12 h. 10' 12 h. 27' 12 h. 40' 12 h. 55' 3 h .15' Expérience XV. 8 h. 35' : 44-43-44 . 8 h. 48' : 42-41 8 h. 55' : 43-43-42 Injection de '/^ milligr. de sulfate d'atropine. 9 h 11': 42-42. 9 h. 19': 43-43. 9 h. 37': 45-45-44. 9 h. 50': 44-44. ( 856 ) 9 h. 53' : Injection de 0,005 gr. de sulfate de guanidine. 9 h 55': 49-49. 10 h. 00': 52-51-52. 10 h. 07': 54-53-53. 10 h. 17': 53-54. 10 h. 50': 52-52. 4° Irritation des vagues et des centres modérateurs in- tracardiaques pendant l'intoxication. Sur des grenouilles, les nerfs vagues sont liés, coupés au-dessus des ligatures, on injecte le poison et dans la période d'accélération des battements du cœur, on irrite le bout cardiaque des deux nerfs vagues par le courant induit d'une bobine de Du Bois-Reyraond, et l'on obtient l'arrêt diastolique du cœur. En électrisant par le même courant les sinus veineux et les oreillettes, on arrive encore au même résultat. De ces différentes expériences, nous sommes donc au- torisés à conclure que la guanidine n'amène pas l'accéléra- tion des pulsations cardiaques en diminuant ou en anni- hilant V action suspensive du nerf vague ou des centres modérateurs intracardiaques. Parmi les moyens d'exploration connus, il n'en existe pas qui permette de déterminer si le poison agit sur les extrémités cardiaques des fibres accélératrices du vague, sur les centres accélérateurs intracardiaques ou sur les centres automoteurs. C'est donc sur l'un de ces trois appareils que doit agir le sulfate de guanidine pour amener l'accélération considé- rable des pulsations cardiaques que nous avons signalée. Quant à l'influence que peut avoir le poison sur la cir- culation périphérique, nous ne l'avons pas encore com- plètement étudiée. Nous nous croyons pourtant autorisés (857) à dire qu'elle n'est pas suffisante pour expliquer à elle seule les deux phénomènes dont nous nous occupons mainte- nant. Le ralentissement consécutif des battements du cœur peut s'expliquer par une irritation des fibres suspensives du vague ou par la paralysie des fibres accélératrices, des centres accélérateurs ou des centres automoteurs. 1" L'irritation des fibres suspensives peut porter sur les extrémités médullaires ou sur les extrémités cardiaques. (a) Cette irritation ne porte pas sur les extrémités mé- dullaires, puisque le ralentissement survient malgré la section préalable (Jes nerfs vagues ou la destruction du cerveau et de la moelle allongée. Expérience XVI. A une grenouille on sectionne la moelle épinière derrière les tympans; on détruit le cerveau et la moelle allongée. A 5 h. 00' le cœur bat énergiquement et est gorgé de sang. 4 h. 01': 61-60. 4 h. 12' : 60-60 Injection de V-2 cenligr. de poison. 4 h. 17': 61-6o-64-6o-64. 4h. 27':65. 4 h. 35': 63-62. 4 h. 38': 60. 4 h. 54': 57-56. 5 h 00': 55-55. 5 h. 15': 53-55. Expérience XV IL Les deux vagues sont sectionnés. 2 h. 48': 49-49-49-49 Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine dans \ Ce. d'eau: 51-52-53-54-53. ûh. 05': 52-52. 3hl5':51. 3 h. 25': 51-50. 5h. 32': 49-50-49. 2"* SÉRIE, TOME XLI. 55 ( 8§8 ) 3 h. 39' : 48-49-48 . 5 h. 49' : 47-48-47 . 3 b. 58': 46-46. 4 h. 07': 44-44. (b) Cette irritation ne porte pas non plus sur les extré- mités cardiaques du vague ou sur les centres modérateurs intracardiaques. En effet, le ralentissement se manifeste ou persiste malgré l'administration de sulfate d'atropine, qui a pour effet de paralyser ces centres et les extrémités cardiaques des vagues. Expérience XVIII. Les deux vagues sont liés et sec- tionnés. 12 h. 20' : 36 Injection de 2 cenligr. de sulfate de guauidine. 12 h. 30': 43. 12h. o6':39. 12h. 41':37. 12 h. 45': 37. 12h. 59':37. 4 h. 04': 56. l h. 08': 35 Injection de 0.0005 gr. de sulfate d'atropine dans '/^ Ce d'eau. 1 h. 15' : 34-33-34-33-34-33. Ih. 24':33. 1 h. 26': 33-33-32-31-31. 1 h. 35' : 30 . 1 h. 41': 31. 1 h. 53' : 29 L'éleclrisation des vagues n'arrête plus le cœur en dia- stole et le chiffre des pulsations reste le même. Expérience XIX. Les deux vagues sont liés et sec- tionnés. H h. 49': -36. 12 h. 21' : 36 Injection de 0,02 gr. de sulfate de guanidine. 12 h. 31': 47. 12 h. 38': 48. ( 859 ) 12 h. 43': 48. 1 h. 00': 43. 1 h. 05': 43. 1 h. 12': 43. 1 h. 21': 41. 1 h. 32': 40. 1 h. 42' : 40 Injection de 0,01 gr. de guanidine. 1 h. 57' : 31 . 2 h. 03' : 27 Injection de 0,0005 gr. de sulfate d'atropine dans ^|^ Ce. d'eau. 2 h. 10': 26. 2h. 15':25. 2h. 20':25. 2 h. 29': 24. 2 h. 54' : 22. On n'obtient plus l'arrêt diastolique du cœur par l'élec- trisation des vagues. Le cœur continue abattre 22 fois par minute. Expérience XX. Les deux nerfs vagues sont liés et coupés. Leur faradisation arrête le cœur en diastole. 1 h. 50' : Injection de 0,0005 gr. de sulfate d'atropine dans */< Ce. d'eau. 2 h. 08' : On ne peut plus déterminer d'arrêt diastolique ; il y a au con- traire accélération à la suite de la faradisation des vagues. 2 h. 26': 36. 2 h 40' : 35 Injection de 0,02 gr. de sulfate de guanidine dans '/a Ce. d'eau. 2h. 44':38. 2h. 47':41. 2 h. 51': 42. 3 h. 10': 42-42. 3 h. 25' : 40 Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine. 5 b. 30' : 36. 3 h 40: 33. 3 b. 45' : 51 L'irritation électrique des deux vagues n'est suivie d'aucun arrêt diastolique. Celle de l'oreillette et du sinus ne donne pas plus de résultat. 3 h. 55' : (c'est-à-dire 1 minute après l'irritation) : 34 . ( 860 ; Expérience XXI. Les deux vagues sont liésel sectionnés. 12 h. 11' : 46-45. 12 h. 18' : 45-44 Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine : 47-49- 49-49-49. 12 h. 35': 52-53. 12h. 47': 50-50. 12 h. 55' -.49-48. 1 h. 05': 47-48. 1 h. 16': 46-45. 1 h. 25': 45-46. 1 h, 32': 45-45. 2 h. 04' : 45-45 Injection de 0,001 gr. de sulfate d'atropine. 2 h. 12': 40-42. 2 h. 22': 40. 2h. 27':40. 2h. 41':41. 2 h, 52' : 41 . 3 h. 10' : 41 La faradisation des nerfs vagues ne produit plus d'arrêt diaslolique. La guanidine ne ralentit donc pas les battements du cœur en irritant les fibres modératrices du nerf vague ou les centres modérateurs intracardiaques. Nous croyons que, dans la période de ralentissement, plusieurs causes peuvent être invoquées pour expliquer ce phénomène et qu'aucune d'elles n'intervient isolément. Nous l'avons déjà vu, dans l'empoisonnement guanidique il y a une diminution d'irritabilité, une parésie des cen- tres nerveux. Celle-ci peut donc intervenir dans le phéno- mène que nous étudions, en diminuant l'influence des fibres accélératrices du vague. Dans les périodes ultimes de l'intoxication, il y a de plus une diminution de l'irrita- bilité des fibres nerveuses elles-mêmes. Enfin, on observe une altération manifeste du sang, qui devient noir, de rouge qu'il était au début. Cette altération doit être rap- • ( 861 ) portée, en grande partie, à l'usure excessive d'oxygène amenée par les contractions cloniques continuelles des muscles et, de plus, à une hématose incomplète causée par la gêne respiratoire. Les centres automoteurs et accélérateurs du cœur doi- vent donc être influencés, non-seulement par le poison , mais encore par l'altération du sang. Nous croyons que de nouvelles expériences sont néces- saires pour élucider complètement la question. Peut-être arrivera-t-on à démontrer dans quel ordre ces différentes influences se manifestent; mais nous sommes persuadés qu'il serait impossible de n'en envisager qu'une seule. Pour les nerfs accélérateurs, par exemple, après l'ad- ministration de l'atropine, tantôt leur irritation a amené l'accélération des battements du cœur, tantôt elle n'a pro- duit aucun changement dans leur rythme. ACTION SUR LES COEURS LYMPHATIQUES. Pour étudier cette action, on fixe la grenouille sur une lame de liège au moyen d'épingles enfoncées à travers les membres. On l'étend sur le ventre et l'on enlève de petits lambeaux de peau au niveau de l'endroit où sont situés les cœurs lymphatiques postérieurs. On laisse la grenouille se remettre de celte opération pendant 1 à 2 heures, puis on procède comme pour le cœur. De nos expériences il résulte que le sulfate de çjuanidine a sur les cœurs lymphatiques une action identique à celle qu'il exerce sur l'organe central de la circulation sanguine. L'accélération est cependant de courte durée et fait bientôt place à un ralentissement marqué et progressif. Ce dernier apparaît d'autant plus rapidement que la dose du poison a été plus forte. ( 862 ) . Comme chez la grenouille intacte on est exposé à des causes d'erreur fréquentes, par suite des mouvements de l'animal, qui non-seulement changent le rythme des pul- sations, mais encore les rendent souvent invisibles, nous avons fréquemment expérimenté sur des grenouilles aux- quelles la moelle avait été sectionnée derrière les tympans. Toujours nous sommes arrivés aux mêmes résultats. Expérience I. 11 b. 19': 52-51. 11 h 36': 51. 11 h. 40' : Injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine dans le sac lymphatique abdominal : 51-54-35-55-57-59-42-42-42-52 43-43-42. 12 h. 05': 30-29-50. 12 h. 14': 28-28. 12 h. 32': 25. 1 h. 04': 25 Le cœur lymphatique bat fort irrégulièrement. Expérience II. 4 b. 04': 54. 4 h. 11^; 55. 4 h 21': 55. 4 h. 26': 55 injection de 0,01 gr. de sulfate de guanidine 4 h. 55': : 59. 4 b. 45': : 27. 4 h. 50': :20. 4 h. 58': 16. 5 h. 10': :14. Expérience III. 11 h. 50' : Section de la moelle épinière. 2 b. 42' :54. 2 b. 47' :54. 2 h 52' : 54 Injection de 0,005 gr. de poison . 2 h, ,55' :57. 3h .00' :59. 3h .05' :58. 3 h . 10' : 58 . 3h .52' :26. 4h . 17' :25. 4h .35' :23. ( 863 ) Expérience IV. 11 h. 30': Section de la moelle épinière 2 h. 38': 29. 2 h. 47' : 30 Injection de 0,0125 gr. de sulfate de guanidine. 2h. 54':34. 5h. 02':û1. 3 h. 25': 24. 3 h. 32' : 21 . 3 h. 38': 22. 3 h. 49': 19. 3 b 58': 16. 4 h. 03': 15. 4 b. 20': 15. 4 h. 26': 16. Expérience V. 11 b. 30' : Section de la moelle épinière. 2 h. 59' : 32. Injection de 0,0025 gr. de poison. 2 h. 50.: 37. 2 h. 56': 36. 3h. 26':35. 3 h. 34': 35. 3 h. 40': 35. 3 h. 50' : 31 . 4 h. 01': 31. 4 b. 21': 24. CONCLUSIONS. Nos expériences nous ont conduits à déterminer Taclion du sulfate de guanidine sur la moelle et les nerfs moteurs spinaux, sur les muscles et enfin sur le cœur sanguin et les cœurs lymphatiques. Sur la moelle épinière : le sulfate de guanidine exerce une action sédative , qui va en s'accentuant de plus en plus et aboutit à la paralysie complète. Sur les nerfs moteurs : au début de son action il excite les extrémités terminales des fibres nerveuses dans les ( 864 ) muscles de la vie animale. Cette excitation amène des contractions, fibrillaires d'abord, puis fasciculaires et enfin des contractions cloniques de ces muscles. A cette excitation initiale succède une période paraly- tique dans laquelle le sulfate de guanidine diminue consi- dérablement l'irritabilité des fibres nerveuses motrices. Sur les fibres musculaires de la vie animale : après avoir déterminé les contractions cloniques, le sulfate de guanidine finit par diminuer leur irritabilité et cela de deux façons : directement d'abord et ensuite indirecte- ment par la fatigue excessive qui succède inévitablement aux contractions cloniques de la période initiale. Sur les fibres lisses de la pupille : il agit en déterminant une mydriase très-prononcée. Sur le cœur : il produit une accélération marquée des pulsations cardiaques, qui est due à l'excitation des cen- tres automoteurs ou excitateurs intracardiaques ou à celle des fibres accélératrices du vague. Plus tard, à cette excitation initiale succède une période de ralentissement, et ce ralentissement est dû à l'action sédative exercée par le poison sur les centres nerveux intracardiaques. U altération du sang doit avoir son importance dans tous les phénomènes de sédation que nous venons de signaler et est due sans doute à l'usure exessive d'oxygène par les contractions musculaires. Les cœurs lymphatiques sont intïuencés d'une façon analogue à l'organe central de la circulation sanguine. ( 86o ) CLASSE DES LETTRES Séance du 3 avril 1876. M. Alph. Wauters, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez, Gacharcl, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Let- tenhove, R. Chalon, Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, Ém. de Laveleye, G. Nypels, Alph. Le Roy, A. Wa- gener, membres; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler, associés; J. Heremans, Ferd. Loise, S. Bor- mans, Ch. Piot, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. Wauters, en prenant place au fauteuil, annonce que M. Faider, retenu en audience de la Cour de cassation, ne pourra pas venir remplir ses fonctions de directeur. — M. le Ministre de l'Intérieur offre pour la biblio- ( 866 ) thèque de TAcadémie : 1° un exemplaire du Recueil des procès-verbaux des séances des conseils provinciaux, ses- sion de 1875, 9 vol. in -8°; 2° un exemplaire de l'ouvrage intitulé : L'Instruction populaire en Europe et aux États- Unis d' Amérique , par Monthaye, 2 vol. in-8°. — Remer- cîments. — L'Académie d'archéologie de Relgique envoie le pro- gramme de son concours pour 1877. — La classe reçoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments : l** Choix d'opuscules de feu Sylvain Van De Weyer, deuxième et troisième séries. Londres, 1869-1875; 2 vol. in-12 (offerts par MM. Van Bemmel et Delepierre); 2° La mort du roi Gormond , fragment unique d'une chanson de geste inconnue, par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1876; extrait in-8°. 5° Le lieutenant général Constant d'Hane-Steenhuyse, Examen de l'ouvrage : les Conspirations militaires de 185'! , publié par M. A. Eenens, par Charles d'Hane-Steenhuyse. Bruxelles, 1876; vol. in.8^ CONCOURS DE 1876. D'après l'article 20 du règlement de la classe, il est pro- cédé à la lecture des rapports sur les mémoires reçus en réponse au programme du concours de cette année. ( 867 ) DEUXIÈME QUESTION. On demande une étude historique sur les institutions de charité en Belgique depuis Vépoque carlovingienne jusqu'à la publication du concile de Trente. Faire connaitre les sources de leurs revenus , leur admi- nistration , leurs rapports avec l'Église et avec le pouvoir temporel, leur régime intérieur; apprécier leur influence sur la condition matérielle et morale des classes pauvres. Rnppot'i de fi. yitphottve IVatttet-s. La classe des lettres a reçu un mémoire en réponse à la question : « On demande une étude historique sur les in- » stitulions de charité en Belgique, depuis Tépoque carlo- » vingienne jusqu'à la publication du concile de Trente. » Faire connaître les sources de leurs revenus, leur ad- » minislration , leurs rapports avec TEglise et avec le pou- » voir temporel, leur régime intérieur, apprécier leur in- » fluence sur la condition matérielle et morale des classes » pauvres. » Ce mémoire , qui est rédigé en flamand , porte pour devise ; « La liberté est capable de produire de grandes » choses. (d'Alembert.) » Le mémoire est divisé en sept chapitres, dont voici, en abrégé , les intitulés : 1° En quoi consistaient, avant l'époque carlovingienne, le patrimoine des pauvres, Tassistance accordée à ceux-ci, les maisons qui leur étaient ouvertes; quelles étaient les sources et les ressources de la charité; comment les biens des pauvres étaient-ils administrés? 2° Quelles étaient les ressources et comment était orga- ( 868 ) niséc la direction des établissemenls do charité sous les rois mérovingiens? Z" Exposé de la lutte qui s'éleva, du temps de Charle- magne, au sujet de la direction des établissements de bien- faisance entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. 4' Décadence des établissements charitables sous les descendants de Charlemagne. Réformes introduites dans les monastères et les hôpitaux; leurs revenus , leur organi- sation, etc., jusqu'au onzième siècle. D'' Quelle fut la condition des hôpitaux belges depuis le treizième jusqu'au seizième siècle? Influence de l'adminis- tration laïque ou bourgeoise, revenus des hôpitaux, leur or- ganisation intérieure, leur influence sur le sort du peuple; centralisation introduite dans la direction des établisse- ments de charité au seizième siècle. 6° Couvents d'Alexiens, de béguines, de bogards; ordres militaires, lombards, monts-de-piété, etc. 7° Coup d'œil sur la direction et l'administration des établissements de charité, leur sujétion à l'Eglise et à l'État, leur influence sur la condition de la classe pauvre. La lecture seule de cette division en chapitres fait res- sortir un fait essentiel. L'auteur du mémoire ne consacre pas moins de quatre chapitres à l'étude des institutions charitables pendant la période qui se termine avec le on- zième siècle, tandis qu'un seul lui suffît pour exposer les vicissitudes de ces maisons du douzième au seizième siè- cle, époque où l'on vit se multiplier, dans des proportions énormes et avec une variété infinie, les hôpitaux, les hos- pices, les établissements de bienfaisance de toute espèce, époque pour laquelle les documents abondent, époque qu'il s'agissait surtout d'éclaircir. C'est en effet vers l'an 1100 ou vers Tan 1200 que se ( 869 ) produit, dans le sort de la grande majorité de la popula- tion, une révolution d'une portée immense : l'affranchisse- ment des serfs, révolution dont l'auteur du mémoire ne dit pas un mot. Cette révolution eut pourtant pour résultat de modifier, dans ses bases essentielles, les rapports du sei- gneur et de ses subordonnés. Auparavant ceux-ci travail- laient pour leur maître et étaient entretenus par lui; c'était de lui qu'ils devaient attendre des secours en cas de misère ou de maladie. Après l'afiTranehissement ces liens, sans se rompre d'une manière absolue, se relâchèrent, et l'ancien serf, devenu un homme libre, pouvant disposer de ses bras et de son temps, se vit privé de l'appui sur lequel il comp- tait autrefois. Dans le même temps, les villes se multiplièrent et se peuplèrent, grâce aux privilèges qu'elles obtinrent et à la sécurité dont on y jouissait, l'industrie et le commerce prirent d'immenses développements, la Belgique souvrità une vie nouvelle, vie toute différente de celle qui l'avait animée jusque-là, vie entremêlée d'époques de prospérité et de crises funestes. Le bourgeois, l'artisan, le laboureur furent exposés à des tourmentes subites, qui firent sentir la nécessité et reconnaitrc l'heureux résultat des institutions de charité et de prévoyance. Ces institutions, antérieurement au concile de Trente, ont donc passé par deux périodes bien différentes l'une de l'autre : avant l'abolition du servage et l'institution des communes, elles étaient peu nombreuses et peu impor- tantes; plus tard elles furent aussi considérables que va- riées. Ce qui précède témoigne que, dans mon opinion, l'auteur s'est mépris sur le but que l'Académie poursuivait; tandis qu'il a mêlé à la question des faits qui lui sont tout à fait étrangers, il ne s'est pas suffisamment préoccupé de ceux qui y appartiennent essentiellement. ( 870 ) Les premiers chapitres, en effet, constituent plutôt une esquisse de l'histoire des établissements religieux et surtout des monastères; or le monastère et Thôpital ne sont en aucune façon la même chose. Les monastères, il est vrai, accordaient l'hospitalité et répandaient des secours, mais, pour ce qui concerne ce côté de l'histoire monastique, le mémoire mérite, selon moi, le même reproche que pour tout le reste. Se contentant de généralités puisées un peu partout, il néglige de déterminer, par des notions précises, par des détails qu'il aurait pu emprunter aux annales d'une seule ou de quelques abbayes, comment et dans quelle me- sure les religieux pratiquaient la charité. Que l'on me per- mette d'entrer à ce sujet dans quelques détails. L'auteur du mémoire parle en beaucoup d'endroits des hôpitaux ou hospices annexés aux monastères. Nous re- marquerons d'abord qu'il y a à ce propos une distinction importante à établir. Dans la plupart des monastères, on ne donnait pas l'hospitalité à tout le monde indistinctement. Il est facile de comprendre que c'eut été ouvrir la porte à des exigences qui seraient devenues ruineuses. Il existait d'ordinaire un quartier des étrangers où l'on n'admettait que les hauts personnages et, ajoutons-le, ces hauts per- sonnages, arrivant avec une suite imposante, des chevaux, des meutes, causaient parfois à la communauté un préju- dice à la fois moral et matériel. Quant aux pauvres, c'était à la porte de l'abbaye que les distributions de secours s'opéraient et de fréquentes donations ont été faites avec la mention que le produit des legs devait être remis aux pauvres ad portam, à l'entrée du monastère. D'hôpital véritable il n'y en avait d'ordinaire aucun, car l'infirmerie conventuelle était réservée aux religieux, aux novices, aux autres membres du personnel du monastère. ( 871 ) Seules les anciennes abbayes, comme Nivelles, par exemple, eurent leur hôpital; mais, dans la suite, cet établissement spécial, qui devint à Nivelles l'hôpital du Saint-Sépulcre, ne conserva avec l'abbaye ou chapitre que des rapports de sujé- tion ou de subordination. Il aurait été essentiel de montrer de quelle manière s'opéra cette transformation, qui se produisit également dans toutes les localités où une ville se forma à côté d'un établissement monastique. L'auteur a accepté, sans le moindre contrôle et sans les discuter, des données parfaitement inexactes et à propos desquelles un peu de critique n'aurait pas été superflu. Admettre a priori l'existence à Rome d'un hôpital pour les Belges dès l'année 713, celle d'un hôpital aux Estinnes en 745, d'un autre à Mons en 800, d'un autre encore à Bruges en 1055, d'un autre à Messines où Richilde soignait les malades, en 1060, tandis qu'il est parfaitement prouvé que cette princesse gouverna le Hainaut jusqu'à sa mort; parler de la visite d'Innocent II à l'hôpital de Bruxelles , en 1152, alors qu'il y a ici confusion avec l'Eglise de Noyon, comme on l'a suffisamment établi, c'est accepter les faits de toutes mains et sans se soucier de la vraisem- blance ou des travaux récents d'érudition. L'auteur, après avoir complètement passé sous silence les institutions charitables qui furent établies du temps de l'Empire romain , pose en fait qu'après la chute du paga- nisme il se fonda immédiatement un grand nombre d'éta- blissements de charité en Belgique. L'assertion n'est pas exacte même si l'on comprend dans cette catégorie les monastères, car ces derniers restèrent en petit nombre jusqu'au douzième siècle. Tout ce que le mémoire rapporte des spoliations de Charles Martel, des lois de Pépin le Bref et de Charlemagne, de l'influence de la féodalité, ( 872 ) du réveil de l'activité monastique au XP siècle et de la guerre des investitures, n'a que peu de rapports avec la ques- tion posée par l'Académie; c'est de l'histoire religieuse et ce qui y concerne spécialement les hôpitaux ou autres éta- blissements de bienfaisance me parait vague et écourté. L'extension que l'auteur a donnée à cette partie de son œuvre lui a fait négliger ce que j'en appellerai la seconde partie. Il ne nous expose, en effet, ni l'organisation des premières sociétés de secours mutuels ou charités établies par les gildes communales , ni la naissance des grands hô- pitaux qui furent fondés dans les villes, ni celle des lépro- series, par lesquelles on s'efforça de lutter contre la lèpre, ce fléau terrible, fléau dont on réussit à arrêter les progrès; ni celle de nos innombrables Tables du Saint-Esprit ou bu- reaux de bienfaisance , ni celle de la question des domiciles de secours, question qui s'agitait déjà au treizième siècle. Les données qu'il a recueillies sur l'organisation intérieure, l'administration, les ressources, etc., de nos établissements charitables sont tout à fait incomplètes et groupées sans méthode. Il est impossible de se rendre compte, d'après son travail, des innovations, à la fois nombreuses et fécondes, qui se manifestèrent chez nous, au moyen âge, dans l'organisation des institutions de charité. L'auteur, dans son travail, exprime quelques idées essen- tielles que nous ne pouvons partager. Il prétend (p. 56) qu'autrefois « personne ne voulait procéder au partage de » quelques pièces de monnaie et dans ce but se faire inscrire » sur une liste charitable. » Chacun, ajoute-t-il, aimait à contribuer à soulager les pauvres; il ne suffisait pas à nos aïeux d'organiser une caisse générale de secours , aban- donnée aux soins d'un administrateur salarié.... Nous n'in- sisterons pas sur cette diatribe, qui n'a aucune portée ( 873 ) sérieuse; nous nous demanderons seulement où Fauteur a trouvé qu'au moyen âge l'administration de la dotation des hôpitaux ou des tables du Saint-Esprit n'exigeait pas la no- mination de receveurs et d'employés rétribués. S'il avait véritablement répondu à la question posée par l'Académie il aurait pu nous donner le chiffre de leurs émoluments, au moins dans l'une ou l'autre grande maison de charité. Une idée, également fausse, sur laquelle l'auteur revient à plus d'une reprise, c'est que chaque ville, en ce qui concernait les institutions charitables, avait pour ainsi dire ses mœurs, ses usages, ses coutumes différentes. Rien n'est plus inexact. Sans doute les institutions présentaient des nuances selon les localités; mais, en réalité, partout elles reposaient sur les mêmes bases : l'hôpital, l'hospice, la léproserie, la Table du Saint-Esprit, etc., à part quelques détails secondaires, étaient ici ce qu'elles étaient là. En terminant l'auteur fait la déclaration suivante : « Au » seizième siècle, lorsque la lèpre marchait à sa fin, un » temps meilleur apparut de différents côtés. Il semble « que la coopération des administrations des villes, aidées » par quelques ecclésiastiques, introduisit, dans l'organi- » sation de la charité, une ère nouvelle, oui la meilleure » ère qui eût existé pour la classe pauvre depuis l'époque » de Charlemagne. Ceci seulement est confirmé par toute » l'histoire du moyen âge en Belgique, malgré les plus » beaux efforts : Vous aurez toujours les pauvres (i). » (1) Voici le texte même du mémoire : « Tn de zestiende eeuvv eindelijk, toen de melaalsehheid sterk aan 't afnemen was,komt van vêle zijden een gelukkiger tijd aanbreken, en het schijnt dat de zamenwerking van de stedelijke besluren, ondersteund door sommige geeslelijkeii, in de 2™^ SÉRIE, TOiME XLI. 56 ( 874 ) Je pourrais me borner à alléguer ce paragraphe pour soutenir mon opinion. Le seizième siècle ne fut nullement un temps heureux pour la classe pauvre ; le contraire est attesté par les cris de détresse que l'on entendit alors pousser de tous côtés et par les efforts surhumains que l'on fît, surtout en Flandre, pour venir au secours des mal- heureux, dont le nombre avait augmenté dans des pro- portions considérables. En même temps que le paupérisme, la criminalité grandissait aussi et, pour s'en convaincre, il suffît de parcourir les comptes des offîces de justice. Le seizième siècle ne constitua pas une ère « heureuse. » Si l'auteur a voulu dire que cette époque vit apporter de grandes améliorations dans l'organisation des administra- tions charitables, je tomberai d'accord avec lui; mais, ici encore, on rencontre le défaut capital du mémoire, où l'auteur n'appuie pas suffisamment sur les faits essentiels se rattachant à la question qui l'occupe. Et que dire de sa conclusion désolante? Quelle est sa pensée? Certes il y aura toujours des gens condamnés à la misère, soit par la paresse ou d'autres vices, soit par des circonstances funestes, indépendantes de leur volonté. C'est une loi fatale, triste conséquence de notre nature et de nos passions. Mais en résulte-t-il qu'il existera toujours , dans la société, une classe condamnée à végéter dans le dénù- ment et l'abandon? M'acceptons pas ce blasphème contre le passé, ce déli jeté à l'avenir. Disons, au contraire, à Thon- organisatie van U armwezen een hetere lijd, ja de besle lijd \vas, die sederl Karel den Groote voor de arme klasse had beslaan. » Dit alleen wordt door de geheele middeneemven, oiidanks aile schooiie pogingeu in België, bevestigd : « De armen zult gij altoos hebben. » ( 875 ) ueur de la civilisation, qu'en avançant dans sa marche elle a atténué bien des maux, séché bien des larmes, tari plus d'une source du mal. Elle a répudié l'esclavage et le servage; elle lutte contre le paupérisme, qui, espérons-le, ne résistera pas à ses efforts. A toutes les époques des cœurs généreux ont pratiqué la charité; aujourd'hui plus que ja- mais on essaye de seconder ses efforts en recherchant les causes de la pauvreté et les moyens d'améliorer la condi- tion du pauvre. C'est à ce point de vue surtout que l'étude du passé est intéressante et fructueuse : en montrant les résultats déjà obtenus, elle encourage à tenter des amélio- rations nouvelles. En terminant, je dirai que dans mon opinion le mémoire ne me parait pas mériter d'être couronné. L'auteur n'a traité son sujet que d'une manière très-incomplète. Trop étendu sur les temps primitifs, où il applique aux établis- sements de bienfaisance des détails qui appartiennent essentiellement à l'histoire monastique, il passe rapidement sur le moyen âge et les nombreuses institutions de charité (pii surgirent alors. La question de l'administration inté- rieure, des revenus, etc., des fondations n'est qu'efïleurée; quant à ce qui concerne l'influence sur la condition maté- rielle et morale des classes pauvres, il n'en est question nulle part. Le mémoire, à mes yeux, est donc tout à fait insuffisant. » Mtapfjofi tic .n. f. MPC Oechcf. « Je n'ai reçu le mémoire sur la charité que le 2o mars au soir. Je nie suis empressé de l'examiner afin de pouvoir, im- médiatement, le communiquer au troisième commissaire. (876 ) Je regrette de n'avoir pas le temps d'apprécier conve- nablement ce travail qui dénote une étude sérieuse des nombreuses et importantes questions qui se rattachent aux diverses organisations de la charité dans nos provinces. Malheureusement, ce mémoire est rédigé sans méthode et même avec une certaine confusion. L'auteur s'arrête trop longtemps aux premiers siècles du moyen âge et ne donne pas de développements suffisants aux grandes réformes in- troduites, à partir du XIP et du XIII'' siècle, par l'établisse- ment des communes, par l'institution des métiers et con- fréries, par le caractère laïc imprimé aux administrations charitables. Il ne semble pas avoir compris, ou du moins il n'a pas signalé l'importance de la révolution introduite au XVP siècle, à la voix de Vives ^ dans l'administration de la bien- faisance. Ce travail décentralisation, poursuivi par le con- cours des deux autorités, donna lieu à des discussions et à des oppositions dont notre histoire littéraire offre peu d'exemples et qui ont été résumées dans une notice due à la plume savante de notre ancien et regretté confrère M. le chanoine Carton. Je ne saurais donc pas proposer à la classe de couronner ce mémoire tel qu'il est; mais j'exprime le désn- que la question soit remise au concours , afin que l'auteur du mé- moire puisse reprendre, — sans se perdre dans des détails qui exigeraient des volumes, — un travail pour lequel les principaux éléments sont déjà réunis, et qu'il ne s'agit plus que de coordonner dans une vaste synthèse, pour se con- former à la pensée qui a dicté la question mise au con- cours. » (877 ) Rapport de K. Jf. F. Jf. Hft»*etnans, « Je me rallie entièrement à Topinion de mes hono- rables confrères MM. Alph. Wauters et P. De Decker concernant le mémoire Sur les institutions de chanté en Belgique que la classe a soumis à notre examen. Quoique Fauteur y ait fait preuve de beaucoup d'érudition et d'une étude sérieuse de la question proposée, ce travail manque en général de méthode et de proportion et est incomplet quant aux dernières périodes que le concurrent avait à trai- ter. J'ajouterai que le style de ce mémoire qui est écrit en flamand, n'est pas à l'abri de toute critique : non-seule- ment il n'est pas élégant, mais souvent il est incorrect. J'adhère aux conclusions de MM. Wauters et De Decker : j'estime comme eux qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix. » TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire du droit de chasse et de la législation sur la chasse en Belgique et dans le pays de Liège. Ajouter à cette histoire des violions sommaires sur le même sujet en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Hollande. Rapport d0 jW. a, Xypcls. « La chasse est contemporaine de la formation des premières sociétés. C'est par elle que les hommes parvin- rent à se défendre contre les attaques des animaux sau- vages. ( 878 ) Les chasseurs intrépides, qui avaient purgé une contrée des fauves dangereux qui Tinfestaient, étaient honorés comme des bienfaiteurs de l'humanité. Ce sont des exploits de chasse qui ont fait de Nemrod un roi ; d'Hercule et de Thésée des demi-dieux. Et, de nos jours encore, le fameux tiiem^ de lions, Gérard, est considéré par les Arabes de l'Algérie, comme un bienfaiteur envoyé par le prophète. Quand l'homme eut triomphé des animaux qui lui dis- putaient sa place, et quand la culture eut assuré sa subsis- tance, la chasse demeura comme un plaisir et souvent comme une passion jalouse et indomptable. Alors vinrent les restrictions au droit de chasser, et, à la longue, ces restrictions en se multipliant ont fini par étouffer le droit. La chasse fut un privilège que s'arrogèrent les forts, et elle devint une cause de misère et d'oppres- sion pour le peuple. L'histoire de la législation sur la chasse ne peut être que le récit des faits et des circonstances qui ont successive- ment amené, puis supprimé ce privilège. Cette histoire fait l'objet du mémoire portant la devise : Venandi studium cole, dont je vais avoir l'honneur d'en- tretenir la classe des lettres. Deux parties distinctes composent ce mémoire : l'his- toire des lois et coutumes qui ont régi la chasse sur les territoires qui forment la Belgique actuelle. Et l'histoire des législations étrangères sur la chasse. L'auteur a divisé l'histoire de notre législation nationale en trois périodes , que distinguent rationnellement les principes, diamétralement opposés, qui ont régi succes- sivement le droit de chasse. La première période, partant des temps primitifs, s'étend jusqu'à l'établissement de la féodalité. C'est la période où ( 879 ) domine le principe du droit naturel : Le gibier appartient au premier occupant. La seconde période comprend les siècles pendant les- quels ont prévalu les lois féodales. La chasse, droit réga- lien ou seigneurial, est une dépendance tantôt du fief, tantôt du droit de justice. Durant la troisième période, enfin, le législateur revient aux principes primitifs, modifiés suivant les exigences de notre temps. Elle comprend les lois sur la chasse , rendues depuis la fin du XVIIP siècle jusqu'à nos jours. Je vais parcourir rapidement ces trois périodes. V" période. L'auteur nous transporte tout d'abord et sans transition dans la forêt des Ardennes , qui alors n'avait pas de limites connues : c'était le labyrinthe sinistre rempli d'embûches et de périls des poètes du cycle carolingien. Il dépeint les habitants de cette contrée en lutte conti- nuelle avec les animaux et offrant des pièces de gibier, en sacrifice à la déesse chasseresse du pays, Arduina. Sous la domination romaine, le gibier, tant qu'il jouit de sa liberté naturelle, estres mdlius ; il appartient au premier occupant. Mais le droit d'occupation est soumis, dès lors, à une première restriction, résultant du droit de propriété. Chaque individu, en devenant propriétaire foncier, acquiert le droit incontestable de clore son terrain et de défendre au chasseur d'y pénétrer. Et cependant, telle est la puissance du droit d'occupation que le chasseur devient propriétaire du gibier qu'il prend sur ce terrain, y eût-il chassé malgré la défense du pro- priétaire; seulement, celui-ci a droit à des dommages-in- térêts. Telles étaient les seules dispositions du droit romain , sur la chasse, encore du temps du Justinien. Elles consta- ( 880 ) tentdes principes simples, justes et conformes à la nature des choses. Mais les Romains, quelques généraux célèbres exceptés, n'étaient pas chasseurs, il laissaient à leurs esclaves la peine de poursuivre le gibier destiné à leur table. Après les invasions des peuples germaniques, le droit de chasse, bien que basé encore sur le droit de propriété, fut soumis à de graves restrictions. Les chefs des Francs confisquèrent toutes les terres qui composaient le domaine impérial, les bénéfices des ma- gistrats, des chefs et des soldats romains, les biens des familles détruites par le fait de la guerre ou qui s étaient expatriées volontairement, peut être même une partie des biens des cités (1). Cette riche dépouille mettait entre les mains du roi ou de ses compagnons d'armes, une partie considérable du territoire. Le roi devenait propriétaire de forêts immenses dans lesquelles il exerçait désormais exclusivement le droit de chasser. Alors aussi furent établies ces grandes chasses d'automne qui mettaient sur pied toute la population d'un canton. Les compagnons du roi et les grands, pour prendre part à la chasse, les bourgeois et les paysans, pour voir passer les chasseurs et assister, tristes et mornes , au ravage de leurs champs. Bientôt ces vastes forêts ne suffisent plus. Pour étendre le domaine des plaisirs du roi et y ajouter des forêts giboyeuses, on enlève des cantons forestiers tout entiers à leurs propriétaires; c'est ce qu'on appelait créer une forêt. Puis après, on étend cette pratique aux terrains qui (1) Pardessus, Loi salique. ( 881 ) n'appartiennent à personne et sur lesquelles la chasse avait été jusque-là ouverte à tous. On englobait, de cette ma- nière, à peu près toutes les terres qui appartenaient à des communautés , pour les planter d'arbres. A la longue, les créations de nouvelles forêts étaient de- venues tellement fréquentes que Louis le Débonnaire dut les interdire. Elles enlevaient, disait-il, trop de terres à la culture au grand détriment du peuple. La loi salique et les capitulaires répriment plusieurs faits qui se rattachent à la chasse, mais le délit de chasse, proprement dit, n'existe pas encore. Celui qui tue une pièce de gibier dans une forêt royale ou sur un terrain oîi il n'a pas droit de chasser est puni, non pas pour avoir chassé, mais pour avoir volé une pièce de gibier qui appartient au roi. Les autres dispositions pénales de ces rois ont le même caractère; elles répriment les vols des ustensiles de chasse, des animaux dressés à la chasse et la peine qui est toujours l'amende (la composition et le Fredum), est proportionnée au degré diadresse ou dliabileté qu'avaient acquis ces ani- maux. Le mémoire donne une analyse de toutes les dispositions relatives à la chasse qui se trouvent dans les lois germa- niques et les capitulaires, et cette analyse est toujours con- firmée par la reproduction des textes de ces lois. L'auteur ne s'est pas attaché seulement aux deux lois qui nous intéressent plus particulièrement : la loi salique et la loi ripuaire; il a analysé, avec un soin égal , les lois des Burgundes, des Allamands, des Bavarois, des Lom- bards et des Visigoths. J'arrive à la deuxième période qui comprend la féo- dalité. ( 882 ) Ici, je ne puis plus parler du Mémoire qu'en termes très-généraux. Il y a, dans cette partie, un luxe de détails qui défie toute analyse. L'auteur a eu la curiosité de compter les édits, placards, etc., qu'il a dû analyser : il y en a 540! Pour donner à la classe une idée de l'étendue du Mé- moire, pour la deuxième période, je puis me borner à en dire les subdivisions. L'auteur étudie successivement, dans cinq chapitres, les lois, placards, édits, règlements, etc., émanés du pouvoir central et des pouvoirs locaux : sous les premiers temps de la féodalité et de la maison de Bourgogne; sous la maison d'x\utriche-Bourgogne; sous la domination espagnole; sous les archiducs et les gouverneurs, et enfin, sous le gouver- nement autrichien. Et sous tous ces gouvernements, il décrit, dans des paragraphes distincts, les coutumes parti- culières qui régissaient la chasse dans chaque province. Le tout est terminé par un coup d'œil rétrospectifs dans lequel sont fort bien résumés les principes et les règles qui ressortent de cette législation si compliquée. Puis viennent, sous trois titres différents : les analyses des lois sur la chasse, dans la principauté de Liège, dans le duché de Bouillon et dans la principauté de Stavelot et Malmedy. Les principes qui dominaient le droit de chasse, sous les Carolingiens, ne furent pas abandonnés brusquement pour faire place à des principes nouveaux. Tout changement radical dans la législation se fait insen- siblement à la longue; il est établi par la coutume, long- temps avant qu'il soit confirmé dans un texte de loi. Ainsi fut-il des usages sur la chasse qui prévalurent sous le régime féodal. ( 885 ) La chasse, considérée d'abord comme un droit attaché à la propriété foncière, devint insensiblement im droit rérju- lierj par exagération même du principe primitif. Le roi, considéré comme propriétaire du territoire , était investi à ce titre du droit de chasser dans tout le royaume. Plus tard, la chasse fut un droit seicjneurial attaché soit à la possession d'un lief , soit au droit de hau(e justice. Les chasses royales et seigneuriales étaient protégées par des lois sévères; mais ces lois ne s'inquiélaient pas de ce qui se passait sur les territoires des bourgeois et des paysans. Pour prévenir les dévastations qui se commet- taient impunément sur leurs territoires, les possesseurs d'alleux se mettaient sous la protection de quelque puis- sant voisin, au moyen du contrat d'inféodalion par lequel ils abandonnaient le droit de chasse et bien d'autres droits, en échange d'une protection généralement efficace. Ainsi disparurent les dernières traces du droit de chasse des particuliers. L'auteur du mémoire discute fort bien la question de savoir si, dans ce dernier état des choses, le droit de chasse pouvait être considéré encore comme un droit régalien, s'il n'était pas plutôt un droit seigneurial? Et il admet, avec raison, je crois, la dernière doctrine. « Ce qui aurait fait de la chasse un droit régulier, dit-il, c'eût été le droit reconnu au souverain de permettre, à qui bon lui sem- blait, de chasser par tout le pays, sur les terres et sei- gneuries d'autrui , et ce droit le souverain ne l'eut jamais. » Dans le Brabant, les Joyeuses Entrées avaient fait de la chasse un droit personnel attaché à la qualité de citoyen brabançon. Dans ce Duché et dans celui de Limbourg, tout citoven avait le droit de chasser 7ioblement, c'est-à-dire, ( 884- ) avec des chiens ou des oiseaux, à condition d être proprié- taire foncier ou d'avoir rautorisalion d'un propriétaire et de se conformer, d'ailleurs, aux règlements. On trouvera dans le mémoire des aperçus intéressants sur le droit de suite en matière de chasse; sur la propriété du gibier pris en délit; sur les mesures prises dans Tin- térèt de la conservation du gibier, ou dans l'intérêt de l'agriculture; sur la surveillance et la police de la chasse et sur les juridictions en cette matière. Quant aux peines, est-il besoin de dh'e qu'elles étaient, chez nos ancêtres comme partout en Europe, d'une sévé- rité hors de toute proportion avec la gravité morale des délits. La comparaison des lois actuelles sur la chasse avec les lois anciennes fournit un des exemples les plus frap- pants de la révolution qui s'est opérée dans les idées, sur le caractère moral des actions punissables et les limites du droit de punir. L'amende est aujourd'hui la seule peine applicable aux délits de chasse. Autrefois, et jusqu'à la fin du XVIII^ siècle, ces délits pouvaient être punis de l'emprisonnement, de la confiscation des biens, du pilori, de la marque, des verges, du bannissement, et même, dans certaines circonstances, de la peine de mort ! La troisième et dernière période comprend les lois sur la chnsse, rendues depuis 1789 jusqu'à nos jours. Elle est, comme de raison, divisée en trois parties : La première comprenant les lois françaises applicables chez nous et rendues depuis 1789 jusqu'en 1814. La seconde , les lois du gouvernement des Pays-Bas. On pourra se renseigner là sur certaines tentatives de réaction contre les principes posés par la loi de l'Assemblée consti- tuante, tentatives qui restèrent heureusement sans effet. ( 88o ) La troisième partie, enfin, se compose d'une analyse détaillée de nos lois de 1846 et 1875, et de tous les docu- ments législatifs accessoires qui s'y rattachent. J'abuserais des moments de la classe, si je m'arrêtais sur cette période de la législation dont les principes sont connus. La classe me dispensera aussi de l'entretenir de la seconde grande division du mémoire où il est question des législations étrangères. Elle est beaucoup plus étendue que la première, et com- prend l'analyse des législations de l'Allemagne, y compris l'Autriche; de la Grande-Bretagne et d'Irlande; de la France; de la Hollande, du Duché de Luxembourg, et de l'Italie. La classe n'avait demandé sur les législations étrangères que des notions sommaires. L'auteur du mémoire n'a pas cru devoir se renfermer dans ces limites étroites; il a étudié et analysé ces lois avec un soin égal à celui qu'il a mis à l'étude des lois nationales. C'est un surplus qui, assurément, devrait entrer en ligne de compte, si la partie principale du mémoire ne se suffisait pas à elle-même. Je rencontre dans le mémoire un second surplus qui, lui aussi ^ à sa valeur, et auquel, pour ma part, j'attache une grande importance. C'est une bibliographie très-étendue de la chasse, depuis la Cynégétique de Xénophon jus- qu'en 1875. L'auteur a très-sagement pensé qu'il ne pouvait utilement aborder son sujet qu'après s'être entouré tout au moins des travaux de ses devanciers les plus re- commandables. Dans un travail d'érudition, en effet, on ne néglige pas impunément les traditions scientifiques. ( 886 ) Après les observalions qui précèdent et qui font déjà pressentir les conclusions auxquelles je vais arriver, je veux ajouter deux observations critiques, mais de critique irès- supporlable. D'abord, le mémoire est trop étendu. L'auteur en con- vient lui-même. « Si les développements que nous avons dû lui donner, dit-il, peuvent paraître exagérés, c'est que nous avons eu réellement la main forcée. » Cela est vrai; mais tout en ayant la main forcée par l'abondance des matériaux, on pouvait, je crois, être plus court. La longueur que je reproche au mémoire provient de ce que l'auteur, après avoir donné une analyse des in- nombrables documents législatifs qu'il a dû étudier, repro- produit encore les textes mêmes de ces documents. Il devait, je le sais, justifier ce qu'il avançait, mais il pouvait, tout au moins, rejeter les textes en note. Cela n'aurait pas, à la vérité, diminué matériellement le mémoire, mais ce procédé en eût rendu la lecture plus agréable. D'ailleurs, sur dix lecteurs du mémoire, il y en aura huit qui croiront l'auteur sur parole et ne regarderont pas aux notes. La législation sur la chasse forme une matière spéciale, mais une matière très-importante parce qu'elle touche à la fois au droit administratif, au droit civil et au droit pénal. Nous posséderons, grâce à l'auteur du mémoire, un inventaire exact et complet de tout ce que le législateur a édicté sur cette matière; mais, pour prendre place dans une histoire générale de la législation belge, le mémoire devra être considérablement réduit. Voici la seconde observation que m'a suggérée la lecture du mémoire : L'auteur eut été, à mon avis, bien inspiré s'il avait relevé de temps à autre la sécheresse inévitable ( 887 ) d'une longue nomenclature de lois, par quelques récits épisodiques. Le sujet s'y prêtait admirablement. Il pouvait faire assister le lecteur à une de ces grandes chasses d'automne où apparaissaient Charlemagne et tous les grands de sa cour et de son entourage , avec leurs armes , leurs chevaux, leurs meutes et leurs faucons. L'histoire de la chasse se lie intimement à celle du pays, car elle a toujours été Toccupation à peu près exclusive des chefs et des grands quand ils n'allaient pas en guerre. La description d'une chasse rofjcde, sous les ducs de Bourgogne, sous Albert et Isabelle, et même sous Marie- Thérèse, autant d'études de moeurs qui permettaient de prendre sur le fait les abus tolérés par les lois sur la chasse, à ces diverses époques. Je sais bien que cela n'était pas dans le programme. On ne demandait pas aux concurrents une œuvre littéraire, mais enfin un peu de littéraire ne fait jamais de mal, même dans une œuvre d'érudition. Ce n'est pas que le mémoire soit entièrement dépourvu d'épisode. J'y ai trouvé l'histoire du procès d'un certain Scotelman, seigneur de Perwez, qui avait assommé deux fjauvres paysans qui poursuivaient un lapin. Ce brutal seigneur fui condamné par le conseil de Brabant à 2,000 francs d'amende, malgré les conclu- sions du ministère public qui requérait une condamnation à mort et la confiscation des biens. 11 serait assez curieux de rechercher où le conseil de Brabant a trouvé la loi qui se contente d'une amende , comme expiation de deux assassinats. Je me résume. Ou je me trompe fort, ou le mémoire dont je viens d'entretenir l'Académie est l'œuvre d'un chasseur d'élite, d'un chasseur passionné. Les cahiers qu'il nous a envoyés ( 888 ) dégagent certain parfum de carnassière, auquel il n'y a pas à se tromper. Cette circonstance seule explique retendue considérable du mémoire; quand on parle d'un sujet C071 amore, on s'imagine facilement qu'on n'en a jamais dit assez. Quoi qu'il en soit, le mémoire : Venandi studium cole, répond complètement à ce que la classe était en droit d'at- tendre des concurrents; il est le résultat de recherches longues et pénibles, qui ont été élaborées et mises en ordre avec un soin qu'on ne saurait trop reconnaître. Sur les législations étrangères, il donne des renseignements très- détaillés qui dépassent de beaucoup les notions sommaires qu'exigeait le programme. En conséquence, je n'hésite pas un seul instant à pro- poser à l'Académie de lui décerner le prix et d'en ordonner l'impression dans un de ses recueils. « L'analyse exacte et lucide, faite par notre honorable et savant confrère M. Nypels, suffit pour faire apprécier le caractère et la valeur du mémoire portant la devise Ve- nandi studium cole. De même que le premier rapporteur, j'estime que la médaille d'or doit être décernée à l'auteur de ce vaste et remarquable travail; mais, contrairement à l'avis émis par M. Nypels, je pense qu'il n'y a pas lieu de faire imprimer le mémoire aux frais de l'Académie. Un défaut qui, dans ces dernières années, se manifeste de plus en plus dans tous nos concours académiques, con- siste dans l'étendue démesurée des réponses qu'on nous adresse. Au lieu de rédiger un mémoire, on compose un livre, en lui donnant des proportions aussi larges que pos- ( 889 ) sible, et, sans compter les autres inconvénients attachés à ce procédé anormal, on impose à FAcadémie des dépenses que sa modeste dotation n'est pas en état de supporter. Jamais cette tendance, contre laquelle il importe de réagir, ne s'est plus clairement produite que dans la rédaction du mémoire actuel, qui se compose de six volumes in-4"! Tandis que la Classe des lettres ne demandait que des notions sommaires sur les législations étrangères, l'auteur, méconnaissant ce vœu dicté par la raison et la prudence, a analysé, dans tous leurs détails, les lois de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Grande-Bretagne, de l'Irlande, de la France, de la Hollande et du Grand-Duché de Luxembourg. Bien plus, dans la plus grande partie de son travail, après avoir analysé d'innombrables documents législatifs, il re- produit ensuite les textes mêmes de ces documents. Assu- rément ces recherches , ces analyses et ces collections de textes ne sont pas dépourvus d'intérêt. Ils peuvent figurer avec honneur et profit dans un livre consacré à l'histoire de la législation de la chasse dans les divers pays de l'Europe; mais l'Académie n'a pas pour mission d'éditer des livres ou des répertoires , quel que soit d'ailleurs leur mérite : elle ne doit publier que de vrais mémoires académiques. j> nappot'l de m. Alphoitsp n'aMiei's, « L'histoire du droit de chasse et de la législation sur la chasse constitue un travail considérable et qui a demandé à l'auteur de longues recherches. Pour ce motif je ne puis donc que proposer, comme le font mes deux honorables collègues, de lui accorder la médaille d'or. Je reconnais il est vrai, avec M. Thonissen, que ce beau travail présente des dimensions trop considérables. Il se 2"' SÉRIE, TOME XLI. 57 ( 890 ) compose, en effet, de sept cahiers, comprenant 871 pages d'écriture, outre, en 46 pages, une bibliographie où sont énumérés tous les ouvrages anciens et modernes relatifs à la chasse, son histoire, sa législation, ses usages et son droit à diverses époques et chez différents peuples. L'œuvre entière ne formerait guère moins de deux volumes. L'auteur ajoule à son titre principal cette indication sup- plémentaire : suivi de notions sommaires sur le même sujet en France, en Angleterre y en Allemagne^ en Italie et en Hollande. Ces notions sommaires remplissent 498 pages. Dans mon opinion, ce serait agir avec une sévérité excessive que de repousser l'impression du mémoire. On pourrait exiger de l'auteur qu'il abrège ces notions som- maires dont nous venons de parler et qui n'offrent pas, pour la Belgique, le même intérêt que la première [)artie. De plus, dans cette dernière , il pourrait rejeter en note les textes de lois qu'il cite. Réduit de la sorte, le mémoire figurerait avec honneur dans les collections de nos Mé- moires couronnés et le seul reproche qu'on peut adresser à l'auteur viendrait à disparaître. » CONCOURS POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE (iv'' Période). Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe avait offert, pour la quatrième période de ce concours, un prix de six cents francs à l'au- teur de la meilleure notice consacrée à Christophe Plan- tin^ ses relations, ses travaux et Vinfluence exercée par l'imprimerie dont il fut le fondateur. ( 891 ) ttappot'l de JE. Schflct'. « Dans sa séance du 10 mai 1875, la classe avait décidé que la question relative à Plantin, pour laquelle deux concurrents étaient entrés en lice sans succès, serait remise au concours de 1876. En réponse à ce nouvel appel, deux mémoires lui ont été présentés, sur lesquels je vais avoir l'honneur d'exprimer mon appréciation. Le n" 1, écrit en français et portant la devise Ardore et Conslantia; Espérant iideus , est le même travail sur lequel les commissaires de l'an dernier avaient unanime- ment énoncé des conclusions négatives, et que l'auteur représente après lui avoir fait subir quelques modifications avantageuses dans la distribution de la matière et dans le développement de quelques points. La classe, en formulant, ou plutôt en précisant la ques- tion, avait particulièrement recommandé aux concurrents que leur travail fût surtout littéraire. Elle n'entendait pas par là que le mérite de la forme dût absolument l'em- porter sur celui du fond, mais bien que la palme serait déniée à un ouvrage dépourvu des qualités essentielles qui constituent une œuvre proprement littéraire. Ces qua- lités, le critique le plus facile ne saurait les accorder au mémoire dont il s'agit. Rédigé dans un style négligé et lourd, trahissant l'effort et l'embarras, il joint aux défauts de soin, d'aisance, de clarté et d'élévation, des incorrec- tions nombreuses, des solécismes choquants, qui, comme le disait le premier rapporteur de l'an dernier, ne se lais- sent nullement imputer au copiste. La défectuosité que je viens de signaler, plaçant Tau- tour en dehors des conditions requises pour l'obtention ( 89^2 ) du prix, ii ine sera permis de passer rapidement sur le fond de l'ouvrage. Des 52 pages dont celui-ci se compose, 14 sont consa- crées à la biographie de Plantin, 15 au relevé des princi- pales publications sorties de ses presses, 4 seulement à ses relations et à l'influence exercée par son établissement. Dans leur ensemble, ces trois chapitres effleurent à peu près tous les faits intéressants, avérés ou douteux, qu'il était possible de puiser aux sources d'information con- sultées par l'auteur; mais ces faits sont exposés sans un ordre méthodique assez réfléchi, développés sans juste proportion et entremêlés çà et là de digressions dépla- cées, telles que le récit du sac d'Anvers de 1576. Une critique approfondie des légendes qui ont envahi le terrain historique de la vie de Pantin outre-passait peut-être le cadre d'une simple notice littéraire; néan- moins on pouvait exiger de l'auteur une attitude plus franche, plus décidée dans les parties nébuleuses de son sujet. L'an dernier, notre confrère, M. Le Roy, résumait son jugement sur le travail de l'auteur en ces termes : « Ce » n'est pas là un travail médité, coordonné, harmonisé » dans toutes ses parties, rapporté à une pensée élevée, » un mémoire académique enfin, surtout un mémoire » littéraire, pouvant prétendre à un prix littéraire. » Malgré le remaniement auquel l'auteur a soumis sa composition primitive, mon sentiment est que cette sen- tence reste applicable au mémoire revisé qui nous est présenté cette année. Le mémoire n'' % portant la devise Labore, est écrit en flamand; il comprend 121 pages petit in-4**. L'auteur me semble avoir parfaitement compris la portée de la tâche ' { 895 ) qu'imposait la formule de la question; il a senti que ce que l'ou demandait n'était pas une dissertation savante sur Plantin et son œuvre, une monographie destinée à instruire, orienter et éclairer le bibliographe ou l'historien littéraire, mais un tableau fait avec art, retraçant fidèle- ment et sous ses divers aspects, pour le grand public lettré, la physionomie de l'illustre typographe anversois, et repré- sentant à la fois avec vérité le milieu j)olitique, social et scientifique dans lequel il a déployé sa féconde activité. Grâce aux nombreux détails que, surtout dans ces der- niers temps, l'érudition a rassemblés sur Christophe Plantin et qui tous sollicitent l'attention et la critique du biographe, il serait facile à (juelque judicieux et compé- tent compilateur de composer un gros volume, bourré de citations et de documents, sur l'émule des Aide et des Estienne. Mais moins aisée est la tache qui consiste à condenser en quelques feuilles d'impression la substance de tous les matériaux disponibles, à être à la fois concis et complet, attachant par la forme et sobre de rhétorique creuse et artihcielle, compassé dans l'ordonnance de la matière sans se rendre l'esclave d'un ordre mathématiquement tracé. La tâche, ainsi envisagée, a été, à mon avis, aussi bien remplie que comprise par l'auteur. Son travail débute par un aperçu de l'état moral et ma- tériel delà ville d'Anvers au moment où Plantin vint s'y Hxer et par l'exposé des faits biographiques antérieurs à son premier établissement. Sur ce dernier point, la part de la légende est sobrement et sûrement démêlée. L'auteur fait preuve de la même circonspection, de la même dé- fiance, à l'égard des récits qui concernent les débuts in- dustriels de Plantin; par contre il n'hésite pas à accorder ( 894 ) une juste part de vérité à la relation du lameux manu- scrit de Leyde, révélant les rapports du futur archilypo- graphe royal avec le chef de la secte mystique de la Maison de la Charité. Les pages consacrées aux premières années de l'activité typographique de Plantin, tout en énumérant ses principaux produits, accompagnent ce dénombrement d'intéressants aperçus sur les progrès successivement réa- lisés, tant au point de vue de la quantité qu'à celui de l'im- portance littéraire. Le côté purement technique n'a point été négligé non plus. Je crois inutile d'allonger ce rapport par une analyse détaillée du mémoire et pouvoir me borner à la déclara- tion que d'une lecture attentive il résulte pour moi : qu'au- cun fait biographique important n'a échappé à l'attention de l'auteur; que les parties intégrantes de la question re- latives aux savants collaborateurs et correspondants de l'imprimeur, à ses propres travaux littéraires et à l'impul- sion que son établissement a imprimée au mouvement scientifique tant dans le domaine des études classiques que dans celui des sciences exactes, que ces parties, dis-je, ont été traitées dans une mesure convenable et avec l'intelli- gence voulue pour aborder ces questions. Ajoutons que l'historique du chef-d'œuvre Plantinien, la Polyglotte, oc- cupe une large place dans la notice, ainsi que le sort des ateliers anversois après la mort du fondateur. En un mot, mon impression est que le sujet a été pré- senté, dans ses divers éléments, avec tous les développe- ments que comportent les limites d'une notice littéraire. Selon ma coimaissance personnelle de la matière, toutes les sources ouvertes et accessibles jusqu'ici ont été mises à proflt avec un discernement judicieux. Sans doute, les trésors acquis récemment par la ville d'Anvers, surtout la ( 89S ) vaste correspondance de Plantin, eussent pu considéra- blement enrichir les matériaux d'une étude sur cette grande et belle figure de nos annales nationales et éclairer la voie de son biograpbe ; mais ces trésors sont, comme ou sait, pour le moment encore fermés à l'exploitation de la science. Votre rapporteur s'estime peu compétent pour juger du mérite spécialement littéraire de la notice soumise à soo examen; l'idiome flamand ne lui est pas assez familier pour en connaître toutes les ressources et pour ne pas être exposé à glisser, sans les apercevoir, sur les imperfections d'un travail écrit en cette langue. Il lui semble, à son point de vue d'étranger, que le style du mémoire est aisé, simple et correct, sans manquer de coloris et de vigueur; cependant, il subordonne humblement son appréciation en ce point à celle des honorables confrères qui le liront après lui. Sous cette réserve quant à la forme, mes conclusions sont que l'auteur du mémoire n*" 2, portant l'épigraphe Labore, s'est rendu digne de la distinction académique à laquelle il aspire. » « Je me rallie de tout point aux conclusions de notre honorable confrère M. Scheler. Le mémoire n° i , portant pour devise : Ardore et Con- stantia ; Espérant miens, ne saurait entrer en ligne de compte. Au point de vue du style, c'est une œuvre d'éco- lier. Les fautes les plus grossières y abondent et il n'y a pas jusqu'à la première phrase qui ne contienne un solé- cisme. Inutile de s'y arrêter davantage. ( 896 ) Au contraire, le mémoire n" 2, portant pour épigraphe : Labore, me paraît, comme à votre premier commissaire, digne à tous égards de la distinction à laquelle il aspire. L'auteur est parfaitement maître de son sujet, et il en a groupé les différentes parties avec un incontestable talent. Il a fait preuve d'une critique aussi ferme que modérée et son style est sobre et correct, en même temps qu'attachant et coloré. Pas plus que votre premier commissaire, je n'ai la pré- tention de connaître toutes les ressources du flamand. Je crois toutefois posséder suffisamment cet idiome pour pouvoir déclarer que sous le rapport de la langue, le mémoire n° 2 ne laisse rien à désirer. » Rappoft de m, Thoniasen. a Je me rallie pleinement aux avis émis par mes savants confrères MM. Scheler et Wagener. Comme je ne pourrais que répéter les raisons si nettes et si concluantes alléguées par le premier commissaire, je crois ne pouvoir mieux faire que de m'en rapporter purement et simple- ment à son rapport. » La classe décide que tous les rapports ainsi que les mé- moires qui y ont donné lieu, resteront déposés sur le bureau jusqu'à la séance prochaine, séance dans laquelle elle pro- noncera son jugement et procédera, s'il y a lieu, à l'ou- verture des billets cachetés renfermant les noms des au- teurs couronnés. ( 897 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Ferd. Loise donne lecture de la continuation de son Histoire de la littérature allemande (fin du XVIP et com- mencement du XVIII' siècle). — Vu l'heure avancée, M. Ch. Piot demande le renvoi à la prochaine séance de sa lecture sur les Beers de Flandre inscrite à l'ordre du jour. — La classe s'est constituée ensuite en comité secret, pour s'occuper de la liste des candidatures aux places vacantes. Elle admet deux inscriptions nouvelles. — Elle détermine de la manière suivante l'ordre des séances du mois de mai : Le lundi, 8, à 1 heure, séance ordinaire de la classe des lettres, pour les élections, le jugement du concours et la lecture des pièces destinées à la séance puhlique. Le mardi , 9, à M heures, séance ordinaire de la classe des sciences; à 1 heure, séance générale des trois classes pour régler entre elles les intérêts communs. Le mercredi, 10, à II heures, séance ordinaire de la classe des beaux-arts; à 1 heure, séance publique de la classe des lettres. ( 898 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 avril 1876. M. F.-A. Gevaert, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. So7it présents : MM. L. Alvin, L. Gallail, G. Geel's, J. Geefs, C.-A. Fraikin, Édm. De Busscher, Alph.Balat, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, F. Stappaerts, G. Guffens, membres. M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et Ch. Montigny, membre de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. Par une lettre de rappel du 17 mars, M. le Ministre de l'Intérieur demande le renvoi du rapport semestriel de M. F. Servais, lauréat du grand concours de composition musicale de 1875, avec les observations auxquelles cette pièce a pu donner lieu. — La Société des architectes du nord de la France, à Lille, envoie ses dernières publications. — M. Emmanuel Neefs adresse, à titre d'hommage, un ( 899 ) exemplaire de son livre intitulé : Histoire de la peinture et de la sculpture à Matines, 1876, 2 vol. in-8''. Des remercîments sont votés pour ce don. RAPPORTS. xMM. J. Geel's et Fraikin déposent le rapport qu'ils ont été chargés de faire concernant le choix des sujets de sculpture à reproduire par les lauréats des grands concours pendant leur séjour à l'étranger. La classe renvoie ce rapport à la Commission chargée de dresser la liste de ces œuvres, conformément à l'article i 7 de l'arrêté royal du 22 mai 1875, réorganisant les concours précités. Les délégués pour la peinture, la gravure et l'architec- ture sont priés de bien vouloir communiquer au plus tôt leur liste à la Commission qui se réunira le mardi, 9 mai, à il heures. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1877. SUJETS LITTÉRAIRES. PREMIÈRE QUESTION. Déterminer quelles ont été les influences quont subies, pendant leur séjour en Italie, les artistes flamands P.-P. Rubens et Ant. Van Dyck. Rechercher si, à leur tour, ces peintres n'ont pas aussi exercé une certaine influence sur les artistes italiens. ( 900 ) DEUXIÈME QUESTION. Examiner les jetons des Pays-Bas au point de vue de l'art, des emblèmes et de l'histoire des mœurs et des faits politiques jusqu'à la fin du XVIÎP siècle. TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'architecture qui florissait en Belgique pendant le cours du XV*^ siècle et du commencement du XVP, architecture qui a donné naissance à tant d'édifices civils remarquables, tels que halles, hôtels de ville, beffrois, sièges de corporations, de justice, etc. Décrire le caractère et l'origine de l'architecture de cette période. QUATRIÈME QUESTION. Faire l'histoire et la bibliographie de la typographie musicale dans les Pays-Bas, et spécialement dans les pro- vinces qui composent aujourd'hui la Belgique. La valeur des médailles d'or, présentées comme prix pour ces questions, est de six cents francs pour la première et de mille francs pour chacune des trois autres. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi- vent être lisiblement écrits, et peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, avant le l^"^ juin 1877, à M. Liagre, secré- taire perpétuel, au Palais des Académies. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. ( 901 ) Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations; elle exige, à cet effet, que les concurrents indi- quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les mémoires présentés à son jugement. Les planches manuscrites seules seront admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. F^'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secré- taire perpétuel. PEINTURE. On demande le carton d'une frise élevée à 5 mètres du sol et ayant 4 ,50 de haut sur un minimum de 4"\50 de développement. Celte frise est destinée à un édifice public. Elle aura pour sujet : L'enseignement de l'enfance. — La crèche école gardienne, le jardin d'enfants. Le carton, épreuve du concours, aura 75 centimètres de haut et au moins S'",^^ de développement. ( 902 ) SCULPTURE. On demande le bas-relief d'une frise placée à 5 mètres d'élévation et ayant pour sujet : L'industrie linière per- sonnifiée. Les dimensions de Tépreuve devront être de l'",60 de longueur sur 0™,80 de hauteur. Un prix de mille francs est attribué à chacun des sujets couronnés. Les cartons ou bas-reHels devront être remis au Palais des Académies, avant le 1" septembre 1877. Une reproduction de chacun des sujets couronnés devra être déposée dans les archives de la Compagnie. L'Académie n'acceptera que des travaux complètement achevés, tant sous le rapport du dessin que du modelage. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être acccordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. ( 903 OUVRAGES PRÉSENTÉS. Nothomh [Le baron J.-B.). — Essai historique et politique sur la révolution belge, tomes 1 et 2, 4^ édition. Bruxelles, 1876; 2 vol. in-8« (2 exemplaires). Scheler [Auguste). — La mort du roi Gormond. Fragment unique d'une chanson de geste inconnue, conservé à la Biblio- thèque royale de Belgique, réédité littéralement sur l'original et annoté. Bruxelles, 1876; extrait in-S". Plateau [F.). — Note sur une sécrétion propre aux coléop- tères dytiscides. Bruxelles; br. in-8°. J?onnaws (5^/2 .).— Répertoire chronologique des conclusions capitulaires du chapitre cathédral de Saint-Lambert, à Liège, tome 1" (1427-1650). Liège, 1869-1875; vol. in-8°, extrait des tomes VI-XII des Analectes pour servira lliistoire ecclésia- stique de la Belgique. Van Bambeke {Ch.). — Recherches sur l'embryologie des poissons osseux. L Modifications de l'œuf non fécondé ai)rès la ponte. IL Premières phases du développement. Bruxelles, 1 875 ; extrait in -4". — Recherches sur lembryologie des Batra- ciens, l. OEuf mûr non fécondé. IL OEuf fécondé. Bruxelles, 1876; extrait in-8^ Failly [Le baron de). — Mémoire explicatif du général baron de Failly, Ministre de la Guerre et major général de l'armée belge en 1851. — Réponse du baron de Failly à l'ouvrage : Les conspirations militaires de 1831, par M. le lieutenant général à la retraite Eenens. — Deuxième réponse du baron de Failly à M. le lieutenant général Eenens. Bruxelles, 1876; vol. et 2 br. in-S". Fallon (Le baron Félicien). — Monographie des oiseaux de ( 904 ) la Belgique établie d'après le système d'ornithologie de M.Teni- rainck. Namur, i875; vol. in-8°. Hane-Sleenhuyse {Charles d'). — Le lieutenant général Constant d'Hane-Steenhuyse. Examen de l'ouvrage : Les con- spirations militaires de 1851, public par M. A. Eenens, lieute- nant général à la retraite. Bruxelles, 1876; vol. in-8*'. Lalio (U.) et Courloy (/?.). — Cas extraordinaire de lacta- tion. Bruxelles; extrait in-8°. Lyon (Clément). — Jean Guyot, dit Castileti, célèbre musi- cien wallon du XVP siècle , maître de chapelle de S. 31. l'em- pereur d'Allemagne Ferdinand P% né à Chàtelet en 1512. Charleroi, 1876;in-8°. Monthaye {P.-A.). — L'instruction populaire en Europe et aux États-Unis d'Amérique, tomes i et 2. Bruges, 1870; 2 vol. in-S". A^eeffs (Emmanuel). — Histoire de la peinture et de la sculpture à Malines. Gand, 1876; 2 vol. in-S^ (2 exemplaires.) Thielens [Armand). — Note sur les Mollusques de la form.a- tion post-pliocène de l'Acadie, traduite du manuscrit anglais de G.-F. Matthew. Bruxelles, 1874; extrait in-8°. Dépôt de la Guerre de Belgique, à Bruxelles. — Notice sur l'Association internationale de géodésie. — Carie topographique de la Belgique, gravée à l'échelle de '/4û,ooo. Feuilles de Wavre et de Dinant. Bruxelles, J876; br. pet. in-8° et 2 feuilles in-pl. Conseils provinciaux des neuf provinces. — Recueil des procès-verbaux des séances pour les sessions de 1875. Anvers, Bruxelles, etc., 4875; 9 vol. in-8°. Société royale de numismatique de Bruxelles. — Revue belge de numismatique, 52' année, 1876, 2' liv. Bruxelles, 1876; in-8°. Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin, XIV" année 1875, n"' 11 et 12, Bruxelles; in-8°. Annales des Travaux publics de Belgique, tome XXXIII, 7)' cah. Bruxelles, 1875 ; in-8". ( 90§ ) Administration communale d'Anvers. — Bulletin des ar- chives d'Anvers (P. Génard), tome VII% 3"= liv. Anvers; in-8°. L'Illustration horticole j t. 25, janvier et février 1876. Gand ; 2 liv. in-S". Société archéologique de Namur. — Annales , tome XIIP, 5" liv. Namur, 1876; in-8«. Société historique et archéologique dans le duché de Lim- bourg. — Publications, t. XII, 1875. Ruremonde; vol. in-8«. Académie royale des sciences j à Amsterdam. — Verhande- lingen : Afd. Natuurkunde, Deel XV; Afd. Letterkunde, Deel VIII. — Verslagen en Mededeelingen , Afd. Natuurkunde, 2" Rks, Deel IX. — Jaarboek, 1874. — Processen-Verbaal, Afd. Natuurkunde, 1874-1875. — Carmina Lalina. Amsterdam, 1875, 1876; 2 vol. in-4°, 2 vol., fasc. et br. in-8". Société hollandaise des sciences, à Harlem. — Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles : tome X, 4^ et 5^ liv. (Table raisonnée des matières contenues dans les dix premiers volumes); tome XI, 1" liv. La Haye, 1875, 1876; 3 liv. in-8°. Observatoire de Leijde. — Annales, tome IV. La Haye, 1875; vol. in-4''. Catalogue des livres d'anatomie, médecine, chirurgie et instruments provenant du cabinet de feu le D'" Giraldès. Paris, 1876; vol. in-8°. Gosselet (J.). — Esquisse géologique du département du Nord et des contrées voisines (2** fasc. Terrains secondaires et tertiaires). — Le calcaire de Givet, 1" et 2* parties. — Le ter- rain dévonien des environs de Stolberg (Prusse). — Observa- tions sur les sables d'Anvers. — Quelques faits géologiques observés récemment dans les concessions de Crespin et de Marly. Lille, 1875, 1876; fasc. et 4 extraits in-8^ Guepin {Le R. P. dom Alphonse). — Solesmes et dom Gué- ranger. Le Mans, 1876 ; vol. in-8''. Évèque d'Angers [Mgr V). — Discours sur l'ordre monas- 2""" SÉRIE, TOME XLI. S8 ( 906 ) tique prononcé dans l'église abbatiale de Solesmes à l'anniver- saire des obsèques de dom Guéranger, le 16 mars 4876. Le Mans; extrait in-8". Société Linnéennc de Normandie , à Caen. — Bulletin, 2^ série, tomes 6. 7, 8 et 9. Caen; 4 vol. in-8''. Bibliothèque publique de Douai. — Catalogue méthodique des imprimés avec une notice historique : Droit. Théologie. Douai, 1869, 1874; 2 vol. in-8''. Société des architectes du département du Nord, à Lille. — Bulletin : 4 871-1872, n" 4; 1872-75, n« o, 1% 2% 5« et ¥ tri- mestre. Lille, 1875, 1874; 3 liv. m-8°. École normcde supérieure de Paris. — Annales : 1^ série, tomes 1 et 2; 2' série, t. 5% n"' 1 à 4, janvier, février, mars et avril 1876. Paris; 2 voL et 5 fasc. in-4''. Journal de l'agriculture j tome I, janvier à mars 1876. Paris; 15 cah. in-8°. Revue des questions historiques , 58' liv., 10^ année, 1" avril 1876. Paris; in-8°. Neue Zoologische Gesellschaft in Frankf'urt A. M. — Der Zoologische Garden (Zeitschrift) , N" 7 bis 12, XVI Jahrgang, Juli-December 1873. Francfort S. M., 6 Hvr. in-8°. NaturwissenschajUiche Verein fiir Steiermark, Graz. — Mittheilungen, Jahrg. 1875. Gratz, 1873; vol. in-8°. Zeeuwsch genootschap der wetenschappen te Middelburg. — Archief, Dcel III, 2*^' Stuk. — Mr. Laurens Pieter van de Spiegel (1757-1800), 2'^'= Deel (G. W. Vreede). Middelbourg, 1873; fasc. et vol. in-8''. Kônig. Bay. Akademie der Wissenschaften , Mïmchen. — Abhandlungen : philoso.-philologis. Classe, 15. Bd. , 5. Abth.; Mathem.-physik. Classe, XII. Ed., I. Abth. Munich, 1875; 2 fasc. in-4°. Geologische Reichsanstalt in Wien — Jahrbruch, Jahr- gang 1873, XXV. Bd., N" 4, October, November, December.— Verhandlungen, Jahrgang 1873, N" 14 bis 18. Vienne; fasc. et feuilles pet. in-4". ( 907 ) London mathematical Society. — Proceediugs , Nos. 85 and 86. Londres; in-8°. Zoological SocieUj of London. — Transactions, vol. IX, pis. 5, 6 and 7. — Proceedings of the scientific meetings for the year d875, pt. IV. Londres, 1876; 5 fasc. in-4'' et fasc. in-8^ Roijal geographical Society of London. — Proceedings, voL XX, No. III, April 1876. Londres; in-8°. Dublin Vniversity Biological Association. — Proceedings, voL I, 4874, No. i. Dublin, 1875; in-8°. Mûller [Albert). — Ueber das Auftreten der Wanderheu- schrecke am Ufer des Bielersee's. Luzern, 1876; extrait in-8^ R. Accademia dei Lincei. — Atti, série 2*: voL P, 1875-74; vol. II", 1874-75. Rome; 2 vol. in-4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1876. — «o 5. CLASSE DES SGIEIIGES. Séance du 9 mai 1816. M. Gloesener, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. H". Maus, vice-directeur; L. de Ko- ninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, J.-C. Houzeau, G. De- walque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, A. Brialmont , E. Dupont, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Alb. Briart, F. Plateau, membres; Th. Schwann, E. Catalan , A. Bellynck, associés; J. De Tilly, L. Cornet, G. Van der Mensbrugghe et Alf. Gilkinet, correspon- dants. 2"* SÉRIE , TOME XLI. , 59 ( 9i0 ) CORRESPONDANCE, Avant le dépouillement de la correspondance, M. le se- crétaire perpétuel s'exprime en ces termes : « Messieurs, j'éprouve un véritable bonheur à annoncer à la classe qu'un de nos honorables confrères, M. Houzeau, revient aujourd'hui prendre place parmi nous après une absence de dix-neuf années. » Pendant ce long espace de temps, au milieu de cir- constances difificiles et souvent même périlleuses, notre confrère n'a pas cessé un instant de cultiver la science avec un courage et un dévouement à toute épreuve ; il s'est con- stamment tenu en rapport avec la Belgique par des cor- respondances pleines d'intérêt, par de savantes commu- nications académiques, par des livres dans lesquels la solidité du fond est unie à l'élégance et au charme de la forme. » Dans la haute position que le gouvernement vient de lui confier, avec les nouvelles ressources scientifiques qui vont naturellement être mises à sa disposition, le directeur de notre Observatoire est appelé aujourd'hui à un nouveau genre de travaux, dont l'éclat ne peut manquer de rejaillir sur le corps savant qui est fier de le compter parmi ses membres. » Je vous propose. Messieurs, de souhaiter une cordiale bienvenue à notre confrère M. Houzeau. » Les applaudissements de la classe accueillent cette mo- tion. M. Houzeau remercie ses confrères pour la manière cor- (911 ) diale dont il est accueilli par eux. Il a toujours été fier, dit-il, de son titre de membre de l'Académie de Belgique, et bien qu'il ait souvent été invité par des sociétés étrangères à leur communiquer ses travaux, il a constamment tenu à honneur, comme vient de le rappeler M. le secrétaire perpé- tuel , de les réserver pour son pays. 11 saisit cette occasion pour présenter à la classe un mémoire manuscrit, intitulé Uranométrie générale. MM. Liagre, Quetelet et Montigny sont nommés com- missaires pour examinerez travail. — M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la biblio- thèque, un exemplaire de la 9^ livraison de la Carte topographique de la Belgique^ à l'échelle de 7'io,ooo, com- prenant les feuilles de Wavre et de Dinant. — Remercî- ments. M. le major E. Adan, sous-directeur du Dépôt de la Guerre, offre, tant pour la bibliothèque de l'Académie que pour les membres qui s'intéressent à la géodésie, douze exemplaires d'une Nouvelle notice sur V Association inter- nationale de géodésie. — Remercîments. — Le Comité d'exécution du congrès international d'hy- giène et de sauvetage adresse, pour la classe et pour chacun de ses membres, des exemplaires du règlement général et des manifestes qui résument le but et les tendances de ce congrès. — Remercîments. — L'école normale supérieure de Paris, la Société de géographie de Paris, la Société géologique du Nord, à Lille, et M. Milne-Edwards, associé, à Paris, remercient pour le dernier envoi annuel des publications de l'Académie. ( 912 ) — M. Cavalier adresse son Résumé météorologique pour Ostende pendant le mois de mars 1876. — La Société de géographie à Lisbonne annonce son installation définitive et écrit, en même temps, qu'elle sera heureuse d'obtenir la sympathie de la Compagnie et de pouvoir contribuer au développement des études géo- graphiques. — M. Julien de Macar envoie un prospectus de la Carte géologique du bassin houiller de Liège, qu'il va publier comme complément à son mémoire couronné sur le même sujet. — La classe accepte le dépôt des billets cachetés sui- vants : 1° Sur la nature des éléments poly atomiques ; par M. W. Spring; 2° Sur la cause des variations périodiques de la bous- sole; par le même ; S"" Suite à la communication préliminaire faite dans la séance du 1" avril dernier, Sur V application de la thermo- dynamique à Vétude des variations d'origine potentielle des surfaces liquides; par M. G. Van der Mensbrugghe. — M. Folie donne lecture de la lettre suivante par la- quelle M. W. Spring le prie de demander à la classe l'ou- verture du billet cacheté dont celle-ci a accepté le dépôt le 4 mars dernier et qui a pour litre : Étude des phénomènes capillaires. Exposé de quelques faits nouveaux. ( 9»3 ) Liège, le 30 avril 1876. Mon cher Monsieur, A la demande de M. Stas, la classe des sciences de TAca- démie a bien voulu accepter, dans sa séance du samedi 4 mars, le dépôt d'un pli cacheté renfermant l'énoncé de quel- ques faits, concernant l'électricité, auxquels m'avait conduit l'expérience. J'avais l'intention de ne faire connaître ces faits qu'après avoir complété leur étude : c'est ainsi que le mémoire intitulé « Sur le développement de l'électricité » que vous m'avez fait l'honneur de présenter à l'Académie, renferme, comme vous le savez, l'exposé d'une partie de mes recherches; cependant, comme M. Van der Mensbrugghe a montré, dans une inté- ressante note, qu'on pouvait arriver aux mêmes résultats en partant de considérations différentes et en suivant une voie autre que la mienne, je crois qu'une grande réserve n'est plus nécessaire et je viens, en conséquence, vous prier de vouloir bien demander à l'Académie l'ouverture de ce pli cacheté. Continuant d'ailleurs mes recherches dans la même voie, j'espère pouvoir présenter, sous peu , l'exposé détaillé de mes expériences. Veuillez agréer, mon cher Monsieur, l'assurance de ma haute considération. W. Spring. P. S, Je vous prierai également de bien vouloir commu- niquer à l'Académie, après l'ouverture du pli cacheté, qu'il s'est glissé une erreur d'observation dans l'étude de la vitesse d'écoulement du mercure par un tube capillaire : j'ai con- ( 914 ) signé, dans le pli cacheté, que la vitesse augmentait considé- rablement lorsque l'entrée et la sortie du tube capillaire étaient réunies par un fil conducteur; j'ai reconnu depuis que cette accélération n'était due qu'en partie à un phénomène élec- trique. Je reviendrai, du reste, là-dessus sous peu. Liège, le 10 février i876. BILLET CACHETÉ. Étude des phénomènes capillaires; par M. W. Spring. EXPOSÉ DE QUELQUES FAITS NOUVEAUX. Thèses. I. Un changement dans la grandeur de la surface d*un corps, liquide ou solide (la qu2ini\ié pondérale de ce corps restant la même), est accompagné d'une production d'élec- tricité statique ou dynamique. IL L'électrisation d'un corps liquide favorise un chan- gement dans l'état de tension de sa surface. Faits démontrant les thèses précédentes. i° Deux gouttes de mercure, de même diamètre, sont déposées sur un plan de verre; chacune d'elles est dans son état naturel. Si ces goutles viennent à se fondre en une seule, la surface de la nouvelle goutte sera plus petite que la somme des surfaces des gouttes composantes, car si s est la surface d'une goutte composante, S la surface de la goutte composée, r le rayon de la goutte composante et R le rayon de la goutte composée : ( 915 ) et si u et V sont les volumes des mêmes gouttes : et comme V = 2t; on en déduit facilement s X 1,26 = 2s. Après réunion des deux gouttes en une seule, le mer- cure est électrisé au point d'attirer et de retenir une balle de moelle de sureau du poids de 0^*^,000 125. 2" Une lame de caoutchouc mince s'électrise, par la tension maxima qu'elle peut subir sans se rompre, au point de porter des fragments de moelle de sureau de 0^^00025.' 5'' Du mercure s'écoule par un bec en verre assez fin pour le débiter en gouttes. La pro- duction de ces gouttes est subor- donnée à une augmentation de la surface capillaire, comme le montre le croquis ci-contre. Chaque goutte qui se forme ainsi est électrisée au point de porter 0^',0055 de moelle de sureau indépendamment de réiectrisation produite par le mercure lors de son pas- sage par le tube capillaire. 4-* La quantité de mercure, débitée goutte à goutte pen- dant une unité de temps, va diminuant lorsque son état électrique augmente, et réciproquement. 5" Toutes choses égales d'ailleurs, la quantité de mer- cure écoulée pendant l'unité de temps est plus grande ( 916 ) quand on empêche les gouttes de se former à la sortie du bec de verre, en noyant ce dernier dans du mercure, que lorsque ces gouttes peuvent se former. Ici, en effet, la production d'électricité ne se fait plus. 6° Si Ton réunit par un fil conducteur l'entrée et la sortie d'un tube capillaire parcouru par un courant de mercure, on constate l'existence d'un courant électrique marchant de la sortie vers l'entrée. Sous l'influence de ce courant, le mercure s'altère rapidement en s'oxydant. Si le fil conducteur est en cuivre, le bout qui plonge dans le tube capillaire à l'entrée s'amalgame seul; il y a en même temps une notable quantité de cuivre lancée dans le mercure. 7** Si l'on remplit à l'air libre un tube capillaire d'eau acidulée et qu'on plonge l une électrode dans le mé- \ nisque supérieur (voir ci- ^ contre), et que, d'autre part, on plonge une autre électrode dans un vase ren- fermant de l'eau acidulée, ces deux électrodes con- duisant vers un galvano- mètre, on n'observe aucun courant tant que le tube capillaire ne plonge pas dans l'eau du vase; au moment oii l'on fait toucher la goutte d'eau A à la surface B, cette goutte s'étale et un courant instantané parcourt le galvanomètre. 8" Si l'on remplace l'eau du vase par de l'alcool, le même phénomène s'observe quand on y plonge le tube capillaire chargé d'eau, mais avec une intensité plus ( 917 ) grande. De plus, l'alcool diffuse à travers l'eau, et au moment où il vient déchirer le ménisque C, il se produit un courant en sens inverse du premier, puis tout rentre dans le repos. 9° Une goutte d'alcool s'étalant sur de l'eau détermine la formation d'un courant électrique. 10° Une surface d'eau étant donnée, si on la touche avec un corps susceptible d'être mouillé, il se produit un courant à l'instant du contact; ce courant n'augmente pas quand on plonge le corps dans l'eau. Production d'électricité statique. Mesure de son énergie. W J'ai construit un appareil permettant d'exprimer en poids l'épaisseur de la couche électrique d'un corps. Voici en quelques mots la description de cet appareil : Au point A d'un bâtis en verre est fixé horizontale- ment un fil de verre AB, excessivement délié; son extré- mité B parcourt une échelle graduée. Au point C du fil de verre est suspendu, au moyen d'un fil de coton, une balle de moelle de sureau D. La graduation de l'instrument se fait comme suit : l'ex- trémité B du fil de verre étant au zéro de l'échelle FE, ( 918) on suspend en D un milligramme; le fil de verre fléchit de w divisions qu'on note; puis, on suspend en D deux milligrammes; le fil de verre fléchit de n' divisions et ainsi de suite : on peut donc dresser une table exprimant directement en milligrammes l'efl'ort exercé en D. Pour se servir de cet instrument, on présente à la balle de moelle de sureau un corps électrisé; la balle y adhère, puis on écarte lentement et verticalement le corps élec- trisé, la balle suit et quand la réaction de la flexion est égale à Faction de la tension électrique, la balle quitte le corps électrisé et revient subitement au zéro ; en ce moment on lit récart maximum produit sur Féchelle; on peut donc exprimer l'adhérence électrique en milligrammes. Au moyen de cet appareil j'ai constaté : 12'' Que la tension électrique développée à la surface d'un corps, par le frottement, atteint, pour chaque corps, un maximun correspondant à une friction donnée. Si la friction continue, soit en temps, soit en force, l'état élec- trique du corps reste le même, mais sa température va augmentant avec l'énergie de la friction. — Le R. P. Bellynck fait hommage d'un exemplaire de son Catalogue des plantes soit spontanées^ soit cultivées en grand, observées en Belgique , à l'usage des herborisa- tions. In -12. M. de Selys Longchamps présente, de la part de M. Plan- chon, docteur en médecine et professeur à la faculté des sciences de Montpellier, dix ouvrages et brochures con- cernant la botanique. Des remercîments sont votés à MM. Bellynck et Plan- chon. ( 919 ) Les litres des opuscules de M. Planchon figureront dans la liste des ouvrages présentés, imprimée à la fin du Bul~ le tin de la séance. M. L.-G. de Koninck présente, à titre d'hommage, un exemplaire de son ouvrage intitulé : Recherches sur les fos- siles paléozoïqties de la nouvelle Galles du Sud (Australie), texte (in-8°) et atlas (in-4"). Il lit à ce sujet la note suivante : « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un exemplaire des deux premières parties d'un travail assez considéra- ble, entrepris à la demande du révérend W. B. Clarke, de S*-Léonard, près Sydney, en Australie. Ce travail comprendra la description de tous les fossiles paléozoïques recueillis par ce savant géologue dans ses fréquents voyages entrepris dans le but d'étudier la con- stitution géologique de la Nouvelle-Galles du Sud. La première partie est consacrée à l'étude des fossiles siluriens, au nombre de 59 espèces, dont 27 appartiennent à l'étage de Ludlow et 32 à celui de Llandovery. 11 est assez remarquable qu'il n'ait été recueilli aucune espèce appartenant à un étage plus ancien de ce même terrain, dont cependant l'existence a été signalée par M. M*' Coy dans la colonie de Victoria. La deuxième partie a pour objet la description de 81 espèces dévoniennes dont cinq seulement (parmi lesquelles le S. disjunctus, Sow.) ont été reconnues comme appar- tenant avec certitude aux assises supérieures de ce terrain. Toutes les autres m'ont semblé provenir des assises moyennes, postérieures aux assises à Calceola sandaliiia, espèce dont je n'ai pas découvert de traces. J'ajouterai que, parmi les fossiles que dans un nouvel envoi M. Clarke vient de me faire parvenir, j'ai trouvé ( 920 ) deux échantillons de Receptaculites Neptuni, Defrance, tellement semblables à ceux que l'on rencontre assez abondamment dans les schistes de Frasne, aux environs de Chimay, que le doute sur Tidentité de Tespèce n'est pas possible. Parmi toutes ces espèces, 45 sont nouvelles pour la science, dont 15 siluriennes et 50 dévoniennes, mais, à l'exception de quatre, elles ont toutes leurs analogues soit en Europe, soit en Amérique. De ce qui précède, il est facile de conclure que les formes spécitîques de la faune paléozoïque de l'Australie ne diffèrent guère de celles de l'ancien continent et n'ont participé en rien à la différence qui existe aujourd'hui entre les animaux de ce pays et ceux du restant de notre globe. La troisième partie, qui sera la plus importante, con- tiendra la description d'environ 180 espèces carbonifères et sera probablement publiée à la fin de l'année. » Des remercîments sont votés à M. De Koninck pour le don de cet ouvrage. — La classe renvoie à l'examen de MM. Edouard Van Beneden et Schwann une note de M. Félix Plateau, Sur les phénomènes de la digestion chez la Blatte américaine (Periplaneta americana , L.). MM. Liagre, Folie et De Tilly examineront la suite des Notes d'algèbre et d'analyse, de M. Catalan. M. Malaise est chargé de faire un rapport sur une note de M. Gosselet , intitulée : Quelques réflexions sur le cal- Caire eifelien. ( 921 ) RAPPORTS. Tables de logarithmes à douze décimales, jusqu'à 434 bit- lions, par M. A. Namur ; avec introduction , par M. P. Mansion. Mtappovt de M. Catalan. « I. M étant le module des logarithmes de Briggs, con- sidérons un nombre entier, N, compris entre 1000000 M=A = 4d4294 et \ 000000 M — 994 = B = 455300. La différence des logarithmes de N et de N h- 1 , est donnée par la formule connue D = M| — 0 —\, \ N 2N2J ' 6 étant une fraction proprement dite. La plus grande valeur de j^ est >I E = = 0,000000000001 15 2 (A — 994)2 Dans l'intervalle considéré, on a donc, sensiblement, D=-iL = L__. A — 71 ?i ' 1000000— -j^ en représentant, par n, l'excès de A sur N. ( 922 ) Celte différence D, supérieure à 0,000001, n'atteint pas 0,000001 002 5. Ainsi : Pour la série des 994 nombres entiers^ immédiatement inférieurs à un million de fois le module f les différences logarithmiques commencent toutes par 0,000 001 00 (*). II. Soit (/ -f- log N le logarithme d'un nombre N -h r, compris entre N et N h- 1 . Si l'on fait usage de la propor- tion logarithmique , c'est-à-dire si l'on suppose M on commet une erreur s, comprise entre zéro et — ^ (**). D'après les hypothèses ci-dessus, N surpasse donc ou ou enfin 434294 — 990=453 500; 0,454 294 ' ^ 8,4333002 ' 0,434 294 1501991120000 ' ^< e< 0,0000000000003. Conséquemment : l'erreur résultant de la proportion loga- rithmique^ pour les nombres compris entre 455 500 et 454 500, est inférieur à 5 unités du treizième ordre décimal. (*) C'est en feuilletant les Tables de Callet que M. Namur a décou^/ert ce théorème fondamental (P. M. — Introduction). (**) Cette limite supérieure est un peu plus simple que celle qui est calculée dans V Introduction; mais les deux formules entraînent la même conséquence. ( 923 ) III. D'après cela, si l'on a une table donnant, avec douze décimales exactes, les logarithmes des 994 nombres considérés ci-dessus, la proportion logarithmique fera connaître, aussi avec douze décimales exactes, le loga- rithme de tout nombre compris dans les limites de la table. M. Namur fait observer que cette interpolation sera simple : en effet, la différence D commençant toujours par les chiffres 1 ,0, 0, la multiplication de r par D sera, en général, presque aussi facile qu'une multiplication par un nombre de trois chiffres. IV. Comment peut-on amener (*) un nombre N entre les limites 10A = 4 545 000 et lOB =4 555 000 (**)? Pour résoudre ce problème, M. Namur considère d'abord les 400 nombres 5943, 5944, ..., 4542, (A) et les 104 facteurs 998, 999, ..., 1101 : (F) il trouve que tout nombre (A), successivement multiplié par deux facteurs consécutifs (F), convenablement choisis, donne deux produits compris entre les limites indiquées. En second lieu, M. Namur prend les deux suites 454, 455 , 4545 (A') 10, 10,5, 11, 11,5, ... 19,5, 20, 20,5, ... 100 . (F') En multipliant un nombre A' par deux facteurs consé- (*) Celle locution, peui-êlre incorrecte, est employée, paraît-il, par beaucoup de calculateurs. (**) Pour plus de simplicité, on substilue 454 300 à A. ( 924 ) cutifs F^ on obtient des produits compris entre 39450 et 45 450. On saisira l'importance et l'ingéniosité de ces remarques, si Ton a égard à la proposition suivante : Le nombre formé par les trois ou quatre premiers chiffres d'un nombre quelconque, multiplié au besoin par 10, 100 ou 1000, est compris : entre 4333 et 4343, ou entre 3943 et 4333 , ou entre 434 et 3943. V. Supposons, comme les auteurs, que l'on ait deux tables auxiliaires donnant, avec 15 décimales, les loga- rithmes des facteurs F ou F'. On pourra trouver, par un calcul simple, le logarithme de tout nombre inférieur à â5â billions : le maximum de l'erreur sera i3 unités du treizième ordre décimal. VI. Avec une patience et un soin qu'on ne saurait trop louer, M. Namur a construit les deux tables dont il vient d'être question, et aussi, bien entendu, la table principale (table 5) donnant, avec 12 décimales exactes, les logarithmes des nombres, de 455500 à 454299. Il y a joint une table (ï antilogarithmes (table IV), de 657784 à 658 659 : ces antilogarithmes, c'est-à-dire ces nombres correspondants, sont calculés avec 12 décimales. Par des raisonnements analogues à ceux que nous avons indiqués ci-dessus, on reconnaît que cette table IV permet de cal- culer^ avec 8 décimales, le nombre correspondant à un logarithme donné, compris entre 657 784511501 et 658659000000 (*). VU. Après avoir expliqué la disposition et l'usage des (*) Bien entendu, Ton fait abstraction de la caractéristique. ( 925 ) tables de M. Namur, et afin d'en vérifier l'exactitude , les auteurs du Mémoire ont fait quelques applications : cha- cune est accompagnée de la preuve, basée sur l'emploi de deux facteurs (F). Par exemple, deux calculs différents conduisent à cette même valeur : log 412 557 -=5,61 5 252 506 848. Une autre application donne ces deux résultats, qui ne diffèrent que d'une unité du douzième ordre : log 514159 205 359 = 11,497149 872 693, log 31 4 1 59 265 559 = 1 1 ,497 149 872 G94 f). VIII. Jusqu'à présent, nous n'avons point parlé de la théorie des nouvelles tables, rédigée par M. Mansion, d'après les notes et les indications de M. Namur. Nous voudrions pouvoir approuver, sans restrictions, cette partie du Mémoire présenté à l'Académie , comme nous avons approuvé les autres; mais nous ne le pouvons, pour plusieurs causes. Voici d'abord ce que nous pourrions appeler la cause générale : M. Namur, calculateur infatigable et intelligent, ne connaît, paraît-il, que les éléments des Mathématiques : c'est à force de tâtonnement, de sagacité, d'efforts longs et continus, qu'il est parvenu à établir les formules sur lesquelles il a fondé la construction de ses tables (**), for- (*) On sait que log r = 0,497 149 872 (**) D'après les renseignements qui m'ont été fournis par son frère, mon collègue à l'Université, M. A. Namur, employé longtemps dans une banque, est aujourd'hui Secrétaire de l'École communale de Thuin. 2"^ SÉRIE, TOME XLI. 60 ( 926 ) mules qu'un peu de Calcul différentiel lui aurait données sans peine. Par exemple, c'est au moyen de considérations géométriques assez compliquées, que l'honorable auteur démontre (p. 5) la relation ^i^z)=Z- — -^6'—- S'il avait fait usage du développement connu, il aurait pu écrire, immédiatement, formule plus approchée que la première. M. Mansion a , comme nous l'avons déjà dit, refait l'in- troduction; mais il n'a pu faire disparaître complètement la tache originelle. C'est ce qu'il m'a fort bien expliqué dans diverses lettres (*). Néanmoins, je persiste à regret- ter qu'au lieu d'admettre, tout simplement, des formules préliminaires démontrées dans tous les Traités d'Analyse, les auteurs aient cru devoir les reprendre ab ovo (**) : Ce n'est pas tout. Pour obtenir une limite de l'erreur commise sur le nombre correspondant à un logarithme (*) La correspondance échangée, à diverses reprises, entre mon jeune collègue de Gand et moi, est l'unique cause des retards qu'a subis la rédaction du Rapport. (**) M. Mansion dit , en note : a Nous démontrons ces formules afin que » Y Introduction soit comprise , même par les élèves de nos collèges. » Nous croyons que notre honorable collègue n'atteindra pas le but qu'il se propose : il est bien plus facile, à un lecteur peu instruit, ^'admettre une formule, que de saisir une démonstration laborieuse. ( 927 ) donné (*) , MM. iXaniur et Mansion cherchent un dévelop- pement de e" Ils trouvent (p. 6, verso) : (A) tétant une quantité inconnue, comprise entre h- I et — 1. Si cette formule était exacte, il en résulterait la double égalité : ce qui n'a pas de sens. M. Mansion, à qui j'ai posé l'objec- tion , m'a répondu : « la valeur attribuée à u est toujours 1) fort petite. » Peut-être, moyennant cette restriction, la formule (A) est-elle applicable; mais il est permis d'en douter : c'est la première fois, croyons-nous, que la fonc- tion exponentielle, e", toujours réelle et positive, est égalée à une expression qui devient imaginaire pour une ii^finité de valeurs de u (*'). (*) Ce nombre est appelé, par les auteurs, antilogarithme : on trouve, clans divers ouvrages, des solutions de ce problème. Le savant Vincent a publié, sur ce sujet, dans V Algèbre de Bourdon, une Note très-complète. (**) On a (l _ \/i-^2u)" = i - 3 yi—^u -+- 3 (1 - 2w) - (1 — 2w) 1^1 _ 2u = 4 - 6u - (4 - 211) V\ — 2îf ; donc, par la relation (A), et en supposant u compris entre 0 et 1 : e" < 3 - 2w -H -i- — (2 - u) (1 — 2uf, Le développement du radical étant y \ "r - ... \— — -2u 4«^ .8u3 ^ 16w* -- •.. 2 2.4 2.4.6 2.4.6.8 = I — U—-U' — — w u^ , 2 2 8 ( 928 ) COINCLUSIONS. J'ai l'honneur de proposer à la Classe : i° D'approuver et de faire imprimer les Tables de M. Namur, comme l'Académie d'Amsterdam a fait impri- mer les Tables de M. Bierens de Haen. 2° De faire imprimer V Introduction théorique, après révision par les auteurs. » BSappofI €le .W. F. Folie. a Depuis plusieurs années nous connaissons les tables de M. Namur, et nous avons été vivement frappé et de l'idée ingénieuse de leur auteur, et de l'avantage qu'elles présentent sur toutes les autres, pour les calculs qui exigent une grande exactitude. Il faut avoir pratiqué ces calculs par différentes méthodes pour bien se rendre compte Se tout ce qu'il y a de finesse et de profondeur dans le pro- cédé imaginé par M. Namur. Aussi sommes-nous très-heureux qu'il se soit enfin il en résulte (2- -it)V\ = 2 - — ùu 1 U-- l- — 2w = -{-•■■; puis e«^, ce n'est pas que cette formule soit inexacte, comme notre savant confrère semble le croire, mais c'est que cette hypothèse est simplement illicite. En effet, pour faire disparaître z^ de la formule u^ m , M. Mansion remplace mz^ par hi'^, u' étant une quan- tité qui devient imaginaire pour les valeurs de u supé- rieures à |; de sorte que celte substitution ne fournira de résultats réels que pour des valeurs de u inférieures à cette limite. Évidemment il est beaucoup plus commode de partir des développements du logarithme et de l'exponentielle supposés connus; mais si les auteurs tiennent à ce que ceux qui ne possèdent que des connaissances restreintes en analyse, puissent comprendre sur quelle base s'appuie la découverte fondamentale de M. Namur, nous ne voyons pas, vraiment, en quoi l'Académie dérogerait en insérant dans ses recueils l'introduction tout entière de M. Man- sion, dont notre honorable confrère n'a critiqué que les deux pages sur lesquelles nous venons de nous étendre, un peu longuement peut-être. Nous avons donc l'honneur de proposer à la classe de voter l'impression du travail de MM. Namur et Mansion, ( 931 ) et d'adresser des remercîments aux auteurs pour leur intéressante communication, ainsi que des félicitations à M. Namur pour son utile et ingénieuse découverte. j> Rapport de Mt. le général Ejiagfe. Je partage l'avis de mes deux honorables confrères en ce qui concerne le mérite du travail de MM. Namur et Mansion, et je crois comme eux que ce travail est digne d'être imprimé sous les auspices et aux frais de l'Académie. Les nouvelles tables de logarithmes dues à M. Namur font faire un pas important à la science du calcul numérique; elles conduisent, par une marche plus rapide, à des résultats plus précis que toutes les autres tables connues, et l'exiguïlé de leur volume leur donne le précieux avantage d'être facilement vulgarisables. J'aurais désiré, comme mes savants confrères, que l'introduction théorique fût rendue plus élémentaire, afin d'être mieux à la portée de la grande majorité des per- sonnes qui feront usage des nouvelles tables; mais cette considération n'est que secondaire à mes yeux, et je crois avec M. Folie que l'introduction peut être imprimée telle qu'elle est. Sincèrement et naïvement passionné pour les mathé- matiques élémentaires, M. Namur est parvenu, par un travail patient et infatigable, à réaliser une idée des plus ingénieuses. 11 m'avait communiqué avec hésitation ses premiers essais, dès le mois de janvier 1875, et frappé de leur féconde originalité , je l'avais encouragé à continuer ses calculs. Je suis heureux que le modeste secrétaire de l'école moyenne de Thuin, en s'associant à un savant ( 932 ) professeur universitaire, ait enfin réussi à produire une œuvre utile, qui fera honneur à notre pays. Je m'associe de tout cœur à ia proposition faite par mon honorable confrère M. Folie, savoir « que l'Académie D adresse des félicitations à M. Namur pour son utile et » ingénieuse découverte. » Les conclusions de ces trois rapports ont été adoptées. — Les mêmes commissaires donnent également lecture de leur rapport sur le Fragment IV du travail de M. Hou- zeau concernant le calcul numérique. La classe décide l'impression de ce fragment dans les Bulletins, et elle vote des remercîments à M. Houzeau. Notes d'algèbre et d'analyse; par M. E. Catalan. Blappo»*l du yéiiét'al Ijiagt'e. Dans ce travail , fort élégant dans la forme , et rigou- reusement exact quant au fond, l'auteur présente d'abord des résultats très-remarquables sur le développement en série de la fonction 11 fait observer que le coefficient de la dérivée n'^""' de cette fonction, P„, est un polynôme entier de degré n, et de plus le produit de deux séries; ensuite, que le produit de ces deux séries à coefficients fractionnaires est une série à coefficients entiers. ( 955 ) Dans le § 4 de la première note, l'auteur présente le coefficient P„ sous une forme dépendant d'une intégrale dont il détermine la constante. Puis, après avoir cherché le terme général de P„ en fonction de la constante déter- minée d'abord, il arrive à une formule très -élégante, donnant la somme du produit de deux séries. L'auteur termine ce premier travail par l'exposé d'un autre moyen de calculer P„. Il s'appuie sur la formule de Leibnitz, donnant le développant d'un produit y = uv. L'auteur fait u = (\ -^ x)~^ et donc En comparant les termes du développant à l'intégrale eulérienne F, on voit la possibilité de faire dépendre cette nouvelle valeur de P„ d'une intégrale : c'est ce que l'au- teur fait avec beaucoup de talent. La deuxième note a pour point de départ un dévelop- pement en fraction continue donné par Legendre dans les notes placées à la fin de sa Géométrie. L'auteur, changeant légèrement les notations de Le- gendre, fait voir d'une façon très-heureuse que la somma- tion de la série employée dépend de l'intégration d'une équation différentielle de 2"'' ordre. La troisième note s'occupe d'une formule combinatoire. L'auteur rappelle trois développements connus , â arc sin jc et ^(arcsinx)\ 1/1-X2 ( 934 ) En différenliant ce dernier, il a le développement arc sin x V/1-X2 qui est précisément le produit des deux séries i et arc sin x. C'est en égalant les coefficients des mêmes puissances de x, dans ces deux résultats, que notre confrère trouve encore une formule de sommation de série. Quant à la dernière partie du Mémoire, elle est basée sur une relation nouvelle entre les nombres de Bernoulli, relation qui a été communiquée par M. Le Paige à M. Ca- talan dans une note encore inédite. En partant de la formule de M. Le Paige, notre con- frère arrive à une intégrale double très-curieuse, par une marche qui dénote une connaissance approfondie de ce genre de recherches. J'ai l'honneur de proposer à la classe de remercier notre savant confrère, M. Catalan, de son intéressante communication, et d'ordonner l'impression de celle-ci dans un des recueils de l'Académie. Par son peu d'étendue, le travail pourrait sans inconvénient figurer au Bulletin; mais la longueur typographique de certaines formules rendrait plus convenable, à mon avis, l'impression dans le format in-4''. Conformément aux conclusions de ce rapport, auxquelles se sont ralliés MM. F. Folie et J. De Tilly, également commissaires, des remercîments ont été votés à M. Ca- talan et l'impression de son travail dans les Mémoires in^" a été décidée. ( 935 ) Note sur l'équation x} " -h ky ' — y = 0; par M. C. Le Paige. Rappot'l de St. Catalan. « 1. Nous avons déjà dit qu'en essayant de sommer la série de Legendre (') : ^'~ "^ k'^i.^k{k + i)'^ i.±^.k(k + 1) ()t -*- 2) "*■**■' ^ ^ nous avons trouvé l'équation x^j" -^-ky' — ^J = o (2) Lorsque k =-^, la somme de la série est résultat obtenu par l'illustre Géomètre. De là, on conclut aisément Y intégrale générale de l'équation (2), relative à k = ^\ savoir : 2/ = Ae*^^-+-Be-^^^ (5) ^. Il était curieux de rechercher si l'équation (i), inté- grable pour A-^ , l'est pour d'autres valeurs de ce para- mètre : c'est un problème que M. Le Paige me semble avoir heureusement résolu. En effet, après avoir établi, d'une manière fort simple, que si cette équation est intégrable pour A* = X, elle l'est (*) Éléments de Géométrie, p. 289 (1823). ( 936 ) pour k = l±: n, n étant un nombre entier (*), le jeune Docteur a eu recours à une transformation , employée par Lagrange(**), au moyen de laquelle la proposée (2) devient Véquation de Riccati : ^=ar'-\-b\fi (4) dx Or, M. Liouville a démontré que les seuls cas dans lesquels l'équation de Riccati est intégrable (en quantités finies, explicites) , sont ceux où l'on a 4 w 4 (p -+- 1 ) m = — , m= ; 2p -\- 1 2p -t- 1 p étant un entier quelconque. Donc, à cause de la relation entre les paramètres m et k, r équation (2) n'est intégrable que sik= — ±x\ ("*). Telle est la conclusion , très-inté- ressante , de M. Le Paige. 3. Le petit Mémoire que nous avons présenté à Ja Classe, dans la séance du 1" avril, est terminé par la détermination (sous deux formes différentes) de l'intégrale générale y. Par suite de cette recherche, l'auteur a dû considérer certains coefficients numériques, commensu- rables, vérifiant l'équation aux différences finies : et sur lesquels il se propose de revenir. {*) Pour passer de la première hypothèse à la seconde, il suffît de poser, soit y = , soitw= — . dx" dx"" (**) Voir la Note I. (***) Note 11. ( 937 ) 4. J'ai l'honneur de proposer l'impression du travail de M. Le Paige dans l'un des recueils de l'Académie; et je prie la Classe de vouloir bien adresser des remercîments à l'auteur. NOTES. [. M. Le Paige prend, comme Lagrange, y ce qui lui donne l'équation du premier ordre . ^=x^-^ — x-*j;2 (5) dx Au lieu de cette transformation, assez peu naturelle, faisons y=ef'"^' : la transformée est x{u' ^ii^)-\-ku—\ =0 (6) Maintenant supposons, pour un instant, u^x h- A;m=0; d'où ii=^Ç,x—^. Le principe de la variation des constantes donne, tout de suite. dx ce qui est l'équation (5). ( 958 ) 11. Dans mon cours à l'Université de Liège, j'ai considéré ce cas particulier de la série (1) : X X A priori, la sommation de cette série semble ne pas devoir être plus compliquée que celle de la série traitée par Legendre. 11 n'en est rien : la valeur de S dépend de la quantité r ^{i+x) COS 6 j,Qg ^y, gj j^ gj (.Qg ^g jjj gj fl g^ 0 m. Il y a quelques années ('), j'ai fait voir que si l'équation de Riccati est intégrable , on peut, presque sans calcul, écrire la valeur de y, sous forme de fraction continue. Grâce à l'ingénieuse remarque de M. Le Paige, l'équa- tion de Riccati peut être remplacée par l'équation (2), laquelle, quoique du deuxième ordre, a une forme beau- coup plus simple , relativement. On peut donc se proposer les deux questions suivantes, sur lesquelles j'appelle l'attention du jeune auteur : i° Quand l'équation (^) est intégrable^ est-il possible d'écrire la valeur généi^ale de y, sous la forme d'une fonc- {*) Bulletin, i. XXXI, p. 6S. ( 939 ) tion finie, analogue à une fraction continne, ou dépendant d'une fraction continue ? 2° Que devient cette expression de y, lorsque le para- mètre k n'a pas la forme-x zt n"! î> M. De Tilly ayant adhéré aux conclusions du rapport de M. Catalan, la Classe a décidé l'impression au Bulletin de la note de M. Le Paige. Sur le développement de l'électricité statique; par M.. W. Spring. Mtappovt de 19t. motUiyny. a Dans le travail que l'Académie a soumis à notre examen, M. W. Spring se propose, comme objet principal, de rapporter à une cause unique la production de l'élec- tricité par les actions mécaniques, telles que le frotte- ment, la pression, le clivage, la séparation des corps adhé- rents. L'auteur commence l'étude de cette question impor- tante et difficile par esquisser, avec des détails suffisants, l'historique de la découverte des divers modes d'électrisa- tion par les ébranlements moléculaires. Après avoir rap- pelé des expériences qui se rattachent à ces manifestations, il cite et discute quelques hypothèses qui ont été proposées pour les expliquer. Il revient aussi sur les expériences célèbres que fit Volta, dans le but de prouver directement la production de l'électricité par le seijl contact de métaux différents. M. W. Spring conclut des faits précisés par Volta lui-même et par d'autres expérimentateurs, que ( 940 ) c'est au moment de la séparation des corps mis en contact que réiectricité se manifeste. II cherche à établir ainsi une analogie intime entre ce mode de production d'électricité selon Volta, et ceux qui dépendent des actions méca- niques, où cet agent se manifeste, sans conteste, à l'in- stant même de la séparation des surfaces primitivement unies. Dans le but de préciser autant que possible ce qui a lieu successivement au contact intime des solides, puis lors de sa rupture, M. W. Spring s'occupe incidemment de l'état de la couche superficielle d'un solide. D'après lui, quand un corps, primitivement en fusion, passe de l'état liquide à l'état solide, il ne se produit guère de changement dans la tension superficielle de la face libre de la masse, c'est-à-dire que la surface de la substance solidifiée par le refroidissement serait sensiblement dans les mêmes con- ditions de tension que celles où se trouvait la surface libre de la même masse, quand elle était à lelat liquide sous l'influence d'une température plus ou moins élevée. M. W. Spring touche ici une question délicate, celle de rétat réel de la surface des solides, question dont la science aura à s'occuper, si elle ne l'a déjà fait. Mais, à mon avis, cette question n'a point grande importance ici, puisque dans les expériences où le contact est établi entre des métaux , ce ne sont point des surfaces brutes qui se trouvent rapprochées, mais bien des surfaces de corps polis, dont l'état moléculaire superficiel a été singulière- ment modifié par le travail mécanique. Après l'exposé historique et critique, dans lequel M. W. Spring s'est particulièrement attaché aux faits qui se montrent favorables à la thèse qu'il va soutenir, l'auteur, partant du fait incontestable des variations que ( 941 ) les actions réciproques des molécules formant les surfaces des corps en contact doivent éprouver à l'instant de leur séparation plus ou moins vive, arrive à la conclusion sui- vante : Tout changement dans V énergie de V action moléculaire est accompagné d'un changement dans l'état électrique d'un corps. Tl importe d'ajouter que M. W. Spring, écartant prudem- ment toute hypothèse, n'aborde en aucune manière l'expli- cation de la cause intime de l'électrisation dans les cir- constances dont il s'agit. Il admet le fait, dit-il, comme l'on admet ceux de la conversion de la lumière et de la chaleur en énergie chimique. Je ferai remarquer que la conclusion précédente, qui est l'objet principal du travail et le but même des expériences dont il sera question plus loin, ne me paraît point neuve dans son principe même, le dégagement d'électricité qui accompagne les actions mécaniques, ayant été déjà attribué aux changements que les molécules des surfaces mises en contact éprouvent nécessairement. Ainsi, M. Becquerel, père, qui s'est particulièrement occupé des lois du déga- gement de l'électricité par la pression , dit qu'il est pro- bable que la quantité d'électricité que prend chaque corps pendant la compression, est dépendante du degré de l'at- traction que les molécules exercent les unes sur les autres (1). M. de la Rive généralise ce fait de la manière suivante, après s'être occupé de l'électrisation par les actions mécaniques : « En résumé , dit ce savant , nous pouvons établir (1) Traité de physique considérée dans ses rapports avec la chimie et les sciences naturelles^ 1. 1, p. 390. 2""^ SÉRIE, TOME XLI . 61 ( 942 ) » comme un principe rigoureusement démontré par » l'expérience, que non-seulement le frottement, mais » toute action mécanique qui trouble l'équilibre molécu- » laire en dérangeant de leurs positions naturelles les » particules d'un corps , devient une cause de production j> d'électricité, électricité dont la manifestation est plus » ou moins sensible, suivant les conditions diverses dans » lesquelles se trouvent les corps soumis à des actions » mécaniques (1). » Il n'y a guère de différence, me paraît-il, entre la con- séquence déduite des faits eux-mêmes par M. de la Rive et la conclusion émise par M. W. Spring, car il sera toujours entendu qu'un ébranlement moléculaire, tel que celui pro- duit par le frottement, par la pression, par le clivage, provoque nécessairement des variations marquées dans l'énergie des actions qui s'exercent autour de chaque molécule quand celle-ci est tout à fait écartée de sa posi- tion première. Je dirai plus, je préfère le principe général tel que M. de la Rive l'a énoncé, à la conclusion de M. W. Spring, du moins sous la forme qu'il lui a donnée, parce que, à mon avis, l'expression d'action moléculaire semble exclure toute autre force inlra- moléculaire que l'attraction des molécules entre elles. C'est sans vouloir substituer ma pensée à celle de l'auteur que je dis ici l'attraction, parce que, si telle n'est pas la signification qu'il attache à l'action moléculaire dont il parle, selon moi, cette expression reste dans le vague. Avant de formuler sa conclusion générale, M.W. Spring (1) Traité d'électricilé théorique et pratique, t. II, p. 583. ( 943 ) a rappelé que jadis Pouillet objecta contre l'explication qui admettait le dégagement d'électricité par les actions mécaniques comme étant un résultat de l'ébranlement qu'elles impriment aux molécules, ce fait que, lors des changements d'état des corps, où il y a, à coup sûr, dépla- cement des molécules, aucune électricité n'accompagne ces changements. En admettant ce dernier fait comme étant rigoureusement vrai, on peut se demander s'il n'en dérive pas la même objection contre la conclusion for- mulée par l'auteur? En effet, les changements d'état des corps font varier incontestablement l'énergie de l'action moléculaire, et cependant, aucune apparence d'électricité ne s'est révélée dans ces changements jusque maintenant. En résumé , la substitution du principe formulé par M. W. Spring à celui où toute action mécanique qui trouble l'équilibre des molécules, est considéré comme étant la cause productrice de l'électricité, ce qui n'est en réalité que la traduction des faits d'expérience, ne consti- tuerait pas, à mon avis, un progrès réel dans la con- naissance des causes du dégagement de l'électricité sta- tique. En poursuivant l'examen du travail de M. W. Spring, nous voyons qu'il applique son principe à l'explication du dégagement de l'électricité par les diverses actions méca- niques. Ainsi, dans le cas du frottement produit par nos machines ordinaires, partant de l'idée que l'électricité se dégage sur chaque partie du plateau frottée par les cous- sins au moment où elle se sépare de la surface de ceux-ci, il explique très-bien, selon sa théorie, le rôle des amal- games qui établissent des contacts plus intimes entre le verre et les coussins. L'auteur cherche à expliquer, à ce propos, comment, dans les expériences connues de Péclet, ( 944 ) ni la vitesse de rotation du plateau, ni la pression des coussins n'ont augmenté d'une manière sensible la quan- tité d'électricité dégagée par le frottement. L'auteur s'occupe incidemment de la production de l'électricité par les actions chimiques. A mon avis, il fait une application trop étendue du principe d'après lequel cette production aurait pour cause spéciale la séparation des molécules, quand il attribue ces sortes de manifesta- tions uniquement à la disjonction préalable des atomes ou des molécules des corps, c'est-à-dire avant la forma- tion de nouvelles associations ou combinaisons dont ces atomes vont faire partie, formation qui semblerait n'in- tervenir aucunement, selon l'auteur, dans le dégagement de l'électricité. Ainsi, dans l'exemple qu'il choisit, la dissolution du zinc par l'acide sulfurique dilué, l'électricité qui se dégage en quantité si abondante serait due exclu- sivement, selon lui, à la disjonction continue des atomes de zinc enlevés à la masse du métal, ainsi qu'à la sépara- tion de l'hydrogène qui se dégage. « Ces deux sources » différentes d'électricité, lors de la dissolution du zinc » dans l'acide sulfurique, dit l'auteur, sont une des causes D les plus puissantes de la variation de l'intensité du » courant d'une pile. » Je ferai remarquer que l'on attribue ordinairement la production de l'électricité par nos piles, principalement à l'ensemble des phénomènes chimiques dont leurs éléments sont le lieu, et l'affaiblissement des courants, à diverses causes qui sont d'une nature plus complexe et varient souvent d'une espèce de pile à l'autre. L'auteur expose ensuite, avec détail, des expériences qui ont pour objet de montrer que, quand l'énergie de l'action moléculaire d'une substance varie, son état électrique pri- mitif est également modifié. ( 945 ) La première expérience qu'il décrit s'applique au caout- chouc vulcanisé, débarrassé de son excès de soufre. Ayant choisi, en effet, une lame de cette substance, de deux dixièmes de millimètre d'épaisseur seulement, et l'ayant tendue jusqu'à ce que sa surface fût devenue six ou sept fois plus grande, M. W. Spring la frotta avec du drap; cette friction électrisa la lame au point qu'elle attira vivement de petits corps légers. Quand alors il laissa diminuer graduellement la tension de la lame, la quantité d'électricité suivit ce décroissement progressif , à tel point qu'au moment où la lame fut revenue à sa longueur pre- mière, toute trace d'électricité avait disparu, si la charge primitive n'avait point dépassé certaine limite. L'auteur conclut de cette expérience que les variations de l'état électrique de la bande sont intimement liées aux chan- gements moléculaires que le caoutchouc éprouve inté- rieurement, selon le degré de tension de la lame élas- tique. Cette expérience très-ingénieuse est nouvelle; mais elle ne me paraît pas aussi décisive que l'auteur le pense à l'égard de la thèse qu'il soutient. Voici mes raisons. Sans m'arrêtera faire remarquer, dès ce moment, que le caout- chouc présente une structure intérieure, organique, toute particulière, je dirai qu'il importe d'examiner s'il ne s'est point produit un phénomène de polarisation électrique qui aurait joué un rôle dans cette expérience. Disons quelques mots de ce genre de phénomène. On sait que si l'on élec- trise une des faces d'un corps isolant, la face opposée prend l'électricité contraire. Ainsi, quand on électrise négativement un plateau de résine sur l'une de ses sur- faces, il s'électrise positivement sur l'autre face supposée ( 946 ) en communication avec le sol (1). Ce fait remarquable est un effet de la polarisation électrique que les corps mau- vais conducteurs sont susceptibles d'éprouver , ainsi que Ta démontré Faraday, qui a découvert ces curieux phéno- mènes. Nous ne pouvons négliger non plus de rappeler l'attention sur une autre classe de faits, dont cet illustre savant et M. Matteuci se sont occupés : c'est la pénétra- tion de l'électricité dans les corps isolants. Ils ont reconnu que le fluide non-seulement se manifeste à la surface de ceux-ci quand on les .frotte, mais qu'il pénètre aussi à leur intérieur, à une profondeur plus ou moins grande qui dépend de leur nature et de la quantité d'électricité fournie. Ces faits ont été constatés, entre autres, à l'égard du soufre et de minces lames de verre. Des phénomènes du genre de ceux dont il vient d'être question, ne sont-ils pas intervenus dans l'expérience ima- ginée par M.W. Spring? On est en droit de se le de- mander. S'il s'est borné à frotter l'une des faces de la lame de caoutchouc — il ne s'explique nullement à cet égard dans son travail — cette face s'est électrisée négativement. Dans ce cas, l'autre face a dû s'électriser positivement par un phénomène de polarisation. Ce fait est d'autant plus probable, que les lames de caoutchouc dont l'auteur s'est servi étaient d'une ténuité extrême, même avant d'être tendues. La neutralisation des deux électricités opposées, développées sur les deux surfaces, a pu très-bien se pro- duire d'une manière de plus en plus complète, à mesure du raccourcissement de la lame, par suite des changements intérieurs que doit subir la structure du caoutchouc vul- (1) Dagdin. Traité de physique ^\. III, pp. l'21 el 201 ( 947 ) canisé, changements qui auraient facilité progressivement la pénétration, dans ces lames isolantes si minces, des deux électricités opposées et par conséquent en état d'attraction mutuelle. L'accroissement d'épaisseur continu de la lame de caoutchouc, à mesure de la diminution de sa tension, ne serait pas uri obstacle à la recomposition des deux fluides, attendu que cette variation d'épaisseur est restée comprise entre des limites excessivement restreintes. Qu'on veuille bien le remarquer, cette manière d'expli- quer l'expérience dont il s'agit a pour points de départ, non des hypothèses gratuites, mais des faits parfaitement établis et tout à fait applicables au caoutchouc. Cette expli- cation, que le temps ne m'a point permis de vérifier à l'aide d'expériences directes, ofl're l'avantage de rendre compte, par un efl'et final de simple neutralisation, de la disparition de l'électricité développée par le frottement sur l'une des faces du caoutchouc, électricité qui, tout considéré, représente en réalité une force disponible. La structure intérieure du caoutchouc est favorable à cette explication. En effet, le caoutchouc naturel ou non vulcanisé, examiné au microscope, paraît formé de petits tubes et de cavités sphériques communiquant ensemble. C'est à cette structure qu'est due la propriété que possède le caoutchouc normal d'absorber des corps gazeux ou les liquides, et de pouvoir, sous une faible épaisseur, être tra- versé par les gaz (Wurtz , Diction, de chimie). Cette dis- position intérieure est de nature à faciliter singulièrement, me paraît-il , la pénétration de l'électricité dans de minces bandes de cette substance. A la vérité, la structure du caoutchouc doit être modifiée par la vulcanisation, puisque, dans cet état, il est beaucoup moins perméable à l'eau que le caoutchouc normal. Mais, remarquons-le, cette occlusion ( 948 ) des interstices du caoutchouc vulcanisé, qui est celui em- ployé par M. W. Spring, n'est pas absolue, puisqu'il est susceptible d'absorber encore 4 ^/o d'eau. L'expérience imaginée par M. W. Spring mérite d'ap- peler l'attention des physiciens. Elle nous présente l'exemple d'une surface qui, après avoir été électrisée, perd en tension électrique à mesure que son étendue diminue. Ce fait est l'opposé de ce qui se passe à l'égard de la surface électrisée d'un corps bon conducteur isolé, tel qu'une lame de métal très-mince qui est susceptible de s'enrouler sur elle-même; à mesure que le dévelop- pement de cette surface métallique diminue, sa tension électrique augmente. Lors de l'étude nouvelle de cette expérience, il con- viendra d'examiner si les variations de température qu'une lame de caoutchouc éprouve en sens opposés selon qu'on la tend ou qu'on la laisse se raccourcir, interviennent plus ou moins dans les changements de son état électrique. Ainsi M. Spring a reconnu qu'au moment où une lame de caoutchouc non électrisée a été tendue au maximum, elle s'est trouvée alors chargée d'une petite quantité d'électri- cité, dont il lui a été presque impossible de préciser la nature. Après avoir exposé les expériences dont il vient d'être question, et sur lesquels l'auteur, avec raison, s'est longue- ment étendu, il indique d'autres observations concernant le dégagement d'électricité plus ou moins actif qui accom- pagne les dissolutions de sels dans l'eau, tel que le sulfate de cuivre, selon que l'on active la solution à l'égard d'un même sel par une élévation de température. 11 conclut de ses observations que le dégagement de plus en plus abon- dant d'électricité qui accompagne la solution d'un sel plus ( 949 ) soluble à chaud qu'à froid, quand on augmente la tempé- rature du liquide dissolvant, résulte exclusivement de la rapidité avec laquelle les molécules du sel se détachent de la masse solide pour s'unir à ce liquide. L'auteur s'est ensuite occupé des manifestations élec- triques qui accompagnent la séparation d'un disque de verre de la surface d'un bain de mercure, à laquelle il adhé- rait. Il a reconnu que la quantité d'électricité accusée par le disque décroît à mesure que l'on a diminué la force d'adhérence du verre au liquide, soit en élevant la tempé- rature de celui-ci, soit en interposant entre le solide et le mercure des substances à Tétat de couches excessivement minces ou de poudre impalpable. Ces expériences intéres- santes se rattachent à la question de l'adhérence des liquides aux corps solides que notre savant confrère M. Donny a traitée dans un mémoire connu. Enfin, dans le but de varier le plus possible les expé- riences où l'électricité accompagne la disjonction des corps solides adhérents, M. W. Spring a étudié ce phénomène en séparant des alliages fusibles des petites coupes de verre dans lesquelles ils avaint été coulés. 11 a constaté que les manifestations électriques sont d'autant plus accusées que l'adhérence entre l'alliage et le verre est plus forte. L'importance de la question si délicate, si difficile, traitée par M. W. Spring, l'intérêt qui s'y rattache, ainsi qu'aux expériences qu'il a faites ou imaginées pour venir à l'appui de sa thèse, enfin la nécessité de l'examen parti- culier que les principales réclamaient, toutes ces considé- rations expliquent suffisamment l'extension que mon rap- port a prise forcément. Si j'ai été conduit à admettre des réserves au sujet des applications de la thèse de l'auteur, ou à l'égard de certaines conclusions qu'il déduit de ses ( 950 ) expériences en faveur de cette thèse, je ne me plais pas moins à reconnaître le mérite du travail soumis à notre examen. Aussi, j'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'impression du travail de M. W. Spring dans le Bulletin de l'Académie, et que des remercîments lui soient adressés. » « Je partage entièrement l'opinion que mon honorable confrère, M. Montigny, vient d'émettre dans son savant rapport au sujet du travail de M. W. Spring, et, comme lui, j'ai l'honneur de demander à l'Académie l'impression de ce travail dans le Bulletin de la séance, d Rapport de 3ÏÏ. Folie. S ET DES SÉRIES. § S. — Moyens d'approximation. 89. On ne parvient en général au résultat d'un calcul que chiffre à chiffre. Dans la plupart des circonstances, on obtient d'abord ceux des chiffres qui sont les plus influents; puis, à mesure qu'on poursuit l'opération, on trouve d'autres chiffres qui sont moins importants, et qui com- plètent par degrés la valeur numérique du résultat. C'est ainsi qu'en extrayant la racine carrée d'un nombre désigné, on obtient un par un les chiffres de cette racine, à com- mencer par les plus sensibles, et en resserrant la valeur aussi longtemps que l'on continue l'opération. Le principe général des approximations consiste sem- blablement dans la décomposition de la quantité cherchée en plusieurs parties, et dans la considération séparée de chacune de ces parties, à commencer par les plus influentes : on néglige d'abord le plus petit vis-à-vis du plus grand. Les moyens d'approximation, que nous allons examiner au point de vue du calcul numérique, peuvent se classer sous trois chefs principaux : 1° Le développement de la fonction en série, suivant les puissances croissantes ou décroissantes, entières ou frac- tionnaires, positives ou négatives, de la variable; ( 96â ) 2° Les substitutions successives ou fausses positions; 3° Le remplacement d'une fonction plus compliquée par une fonction plus simple, en calculant ensuite Terreur ou différence. 90. Les substitutions successives consistent à faire une première hypothèse sur la valeur du résultat cherché, et à substituer cette valeur à la quantité qu'il s'agit d'obtenir. La différence qui se manifeste alors est une fonction de la correction à faire à cette première approximation. Au lieu de considérer seulement la première puissance de cette correction, il est souvent avantageux d'envisager les deux premières puissances à la fois. L'approximation en devient plus rapide. Prenons comme exemple l'extraction de la racine cubique de 2. Dans la méthode ordinaire, on pose d'abord d'où, en faisant disparaître le radical, 2= 1 -+- oa: -t- DX- -+-x' . . . . (189) et en négligeant les puissances supérieures de x, x = 0,555 555. Supposant ensuite 1/2 = 1,355 553 -f- x', il vient pour troisième approximation 1,265 889; puis, de la même manière,pour quatrième approximation 1 ,259 9o4, tandis que la valeur véritable est 1,259921. On se serait approché plus promptement du résultat, si l'on avait tenu compte, à l'abord, des deux premières puis- ( 963 ) sances de x dans l'expression (189). On aurait eu alors à résoudre l'équation du second degré 5x^ H- 3x — 1 = 0 , qui eût donné pour racines i ./l_ ( — 1,263 703, ~~ 2 "^ V Ji~ \ ^ 0,265 763. La deuxième de ces racines est celle qui s'applique à la question. On aurait donc obtenu pour seconde approxima- tion 1/2= 1,265 763, qui est déjà plus exacte que la troi- sième approximation de la méthode ordinaire. 91. La substitution d'une fonction plus simple à une fonction plus compliquée peut être d'un grand secours dans beaucoup de calculs, notamment dans la construction des tables, où l'on met en nombres des centaines de fois une même formule. Lorsque l'expression donnée ne se prête pas à l'usage des logarithmes, on peut ordinairement en trouver une autre, qui n'est, il est vrai, qu'approchée, mais qui se trouve mieux adaptée au calcul logarithmique. On évalue ensuite l'erreur ou différence entre les deux résultats. Dans la construction des tables il suffit même de calculer cette dif- férence pour quelques positions tabulaires fondamentales. On se contente de l'interpoler pour les positions intermé- diaires, et l'on économise ainsi un montant considérable de travail. Ainsi la formule X = cos a -t- cos 3a (190) ( 964 ) serait incommode à mettre en nombres, tandis que x'==2cos2a (191) se prête à l'emploi des logarithmes, et donne des valeurs fort approchées de x, au moins dans une certaine étendue du quadrant. Nous proposons le nom de formules cursives, pour dési- gner ces formules expéditives, qui se prêtent au calcul logarithmique des valeurs approchées de certaines fonc- tions. 11 est facile d'ailleurs d'évaluer l'erreur, en dévelop- pant les deux expressions et prenant la différence. Ainsi dans l'exemple précédent, la formule (190) nous donne, en mettant pour cos 5a sa valeur en fonction du sinus et du cosinus de l'arc simple, X = cos a -H cos^a — ocosasin^a, . . (192) et la formule (191) revient de son côté à ic' = 2cos*« — 2sin'a . . . . (193) Si Ton prend maintenant les séries du sinus et du cosinus, pour les substituer dans ces valeurs à sin a et cos a, il vient après réduction, en s'arrêtanl à la quatrième puis- sance de a, x-x' = a*-l|a* (194) il L'erreur ne dépend donc que du carré et des puissances supérieures de l'arc. Le calcul de correction peut se faire d'ordinaire avec un très-petit nombre de décimales, telle- ment qu'il sera souvent plus court, même lorsqu'on ne demande qu'une seule mise en nombres , d'employer une formule cursive, et de calculer ensuite l'erreur. ( 96S ) 92. L'extraction successive de racines carrées de la forme Va -f- 1/6" peut se ramener, comme on sait, à une simple somme de racines Vm h- l/n, lesquelles sont déterminées par les relations wî=\/ , et n=y^ .(19o) Les calculateurs n'ont recours aujourd'hui à cette marche qu'autant que à^ — b soit un carré parfait. Mais on peut en tirer, dans le cas général, une formule cursive. Dans les expressions (195), développons en série \^ a^ — 6, nous obtenons b' // et après substitution, Si Ton se borne maintenant au premier terme de chacun des radicaux du second membre, on a la formule cursive |/«^-V/6 = l/^ + :^- 2V^a' 11 est superflu de faire remarquer que cette formule sup- pose a y b. Dans le cas contraire on devrait employer l'expression Va-^\/b = \yb-^-^. ^}/b ( 966 ) 95. Dans les divers procédés qu'on vient d'examiner, on se propose pour but de ne faire qu'un seul calcul étendu (ou laborieux dans le sens indiqué au n^^Q), dépendant d'une formule très-simple, et de corriger ce premier résultat par des calculs de peu d'étendue et qui n'embrassent qu'un petit nombre de rangs significatifs. Tel est aussi l'objet des séries. Nous n'entreprendrons pas de revenir sur les ques- tions théoriques que Jean Bernoulli, Euler, Kliigel, Caucliy, Catalan ont traitées ex professa. Nous ne voulons consi- dérer les séries que dans leur mise en nombres. Ainsi nous appellerons série numérique convergente, toute suite par- ticulière de termes, dont la somme, après cette mise en nombres, tend vers une valeur finie et déterminée. Une telle série peut provenir soit d'une suite qui est conver- gente en général, soit de la mise en nombres d'une série qui n'est convergente qu'entre certaines limites de la variable employée. Le calculateur est familier avec les préceptes d'après lesquels on reconnaît la nature des séries. Toutefois il ne suffît pas de s'être assuré de la convergence dans le cas particulier dont on s'occupe, c'est-à-dire avec la valeur donnée de la variable. Il est de la plus haute importance de savoir jusqu'où il est nécessaire de pousser le calcul. § T. — Derniers termes sensibles des séries. 94. En mettant en nombres une série numérique con- vergente, on commence par les termes supérieurs et les plus grands, qui exigent souvent que l'on embrasse de nom- breux chiffres décimaux. Mais le calcul des termes suivants, plus simple en apparence, n'est pas toujours exempt de ( 967 ) longueurs. Ainsi la série \ -+- (i)'-©'-fâ"-. dont la sonnme fait 1,644 935..., ne donnerait, en s'arrê- tant aux six premiers termes, que 1,549 768. Le centième terme influe encore sur la quatrième décimale, et le mil- lième terme sur la sixième. Dans cet exemple, la mise en nombres serait donc extrê- mement laborieuse. Les séries les plus employées dans le calcul numérique sont celles qui n'exigent pas la considé- ration de plus de quatre ou cinq termes, pour fournir l'ap- proximation désirée. On comprend que, dans ce cas, on réaliserait une économie de travail notable, en réduisant d'un le nombre des termes à considérer. C'est ce qu'il est souvent permis d'accomplir, en réunissant en un seul les deux derniers termes sensibles. Cette économie de travail trouve entre autres une appli- cation dans le calcul de l'équation du centre et dans celui du rayon vecteur des planètes. Nous avons eu souvent recours à cet artifice pour abréger d'un terme le calcul de certaines quantités que nous avions à réduire en tables. Soit la série ij = A-\-Bx -+-Cx'.-- -+- Px^-^-t- Qx"... . (196) dont Qx" est le dernier terme sensible, supposé d'ailleurs peu influent. Nous proposons de réunir en un seul terme, dépendant de x"~\ les deux termes Px"~*h-Qx", afin d'abréger par là le calcul numérique. Il est bien entendu qu'il s'agit seulement d'une approxi- mation, qui cependant pourra être suffisante, puisque Qx" est supposé très-petit. ( 968 ) Remplaçons P par P -h q, et écrivons, en place de la série (196), î/' = A-t-Bx-HCx'... -4-(P -^ ç)x"--', . . (197) on en conclut pour Terreur y^ — y àt notre hypothèse, ?/' — î/^^x"-* — Qx^^f. ... (198) Or, on peut disposer de q de manière à remplir certaines conditions. On peut demander par exemple que les plus grands écarts soient égaux et de signe contraire; ou bien que la somme des carrés de toutes les erreurs soit un minimum ; ou telle autre hypothèse encore. Nous exami- nerons successivement les deux conditions particulières que nous venons d'énoncer. 95. Écarts maxima égaux et de signe contraire. L'équa- tion (198) donne un maximum pour [n — O^x'-^ — wQx'-^^O, OU n — 1 q x = • --• n Q Cette valeur, substituée dans (198), fournit aisément ■=0-(^r ""> Mais il est visible que quand x devient très-grand, l'erreur croît avec cet argument. Soit X, la limite supérieure de x dans l'application proposée de la série (196), l'erreur aura pour expression à cette limite supérieure, en vertu de l'équation (198), e^^X"-* — QX" (200) Égalons maintenant le second membre de (199) au second ( 969 ) membre de (200) changé de signe, nous obtiendrons n QX"~7X"-'. . . (201) Cette équation exprime la condition voulue, savoir : qu'entre les limites 0 et X de l'argument, le plus grand écart positif soit égal en valeur absolue au plus grand écart négatif. La formule (201 ) devient d'où Ton tire q lorsque tout le reste est donné. On mettra enfin la valeur de q ainsi déterminée dans l'équation (199), où l'on affecte le second membre d'un double signe, et l'on aura pour les maxima E des écarts (71— \Y-' 7" ^ ^- • • • (203) Prenons pour exemple la série L (1 -+- x) == [r,G37 784 5l]j; — [1,556 754 ojx'' -+- [M 60 66] x' Essayons de réunir le terme en x^ à celui en x^, dans les limites de x exprimées par X = =f 0,002 5. Dans cet exemple, Q est le coefficient de x^ et n = 3. On en conclut par la formule (202), q^ H- [7,946 50] q =p [ï 0,505 iO] = 0, expression qui fournit la racine réelle 9 = zf:[4,509 98]. ( 970 ) Le signe — est applicable quand x est négatif, et le signe H- quand x est positif. La formule (203) donne ensuite E == np 0,000 000 000 259 5. L'erreur du logarithme calculé L (1 h- x) peut donc atteindre un peu plus de deux unités du dixième ordre, mais elle est toujours insensible sur la neuvième décimale. Il n'en eût pas été de même si Ton avait négligé purement et simplement le terme du troisième ordre. L'erreur raaxima se fût élevée dans ce casa =f 0,000 000 002 261 9, et eût empiété par conséquent sur Tordre décimal anté- rieur. Notre formule abrégée, dans laquelle le troisième terme se trouve réuni au second, esl, en vertu de ce qui précède, i[r,556 lOGS]) , L(l.x)=[l,657 7845.]x-jL.„^^^,^^|.'. La valeur supérieure convient quand x est négatif, et la valeur inférieure quand celle variable est positive. 96. Somme des carrés des erreurs un minimum. On vient de voir que l'écart s a pour valeur e = ^ jc"~* — Qx" ; donc Et en appelant Se^ la somme de ces carrés, ou en d'autres termes faisant la quadrature de la courbe des carrés des erreurs, Si^ =fq^x'^-hlx -/2fyQx^'-'f/x ~^/QVdx , c'est-à-dire 2/i — l n ^n -+- 1 ( i>71 ) qui devient minimum pour 2;i — 1 Si l'intégrale est prise entre les limites X et X' de la variable, cette formule se change en 2« — i X'^" — X'» ^ = Q-i7r--v..-> v.n-i- • • (2^^) Telle est la valeur de q qui satisfait à la condition énoncée. L'erreur atteint dans cette hypothèse deux maxima iné- gaux. L'un E' résultera de la formule (199), et l'autre E" de la formule (200). On a donc F = L__J ^, et E" = r/X'"--QX-. (206) Ces maxima correspondent respectivement à des valeurs de la variable qui sont !^:Z1.1 et X'. n Q L'exemple précédent, traité par cette méthode, donne d'abord, en posant X = 0 et X' = =f 0, 002 5, ^ = qFi^Q = =Ti[4,479 42j; et ensuite E' = If: 0,000 000 000 195 9, E" = dz 0,000 000 000 577 0, répondant respectivement à des valeurs de x, qz 0,001 588 8... , et =f 0,002 S. La série approchée est enfin ([r,556 150 7] ( 972 ) La valeur supérieure convient quand la variable est néga- tive, et la valeur inférieure lorsque cette variable est posi- tive. L'aire de la courbe des carrés des erreurs s'élève, dans le cas présent, à 0,02401 4, tandis que dans l'hypothèse du numéro précédent elle eût été 0,0^420 2. Cependant l'avantage qui résulte de la réduction de cette aire est plus apparent que réel. En effet, ce qui importe dans les for- mules abrégées, c'est moins la réduction générale des erreurs que celle de leurs maxima. On veut être assuré que l'incertitude ne porte, dans aucun cas, sur tel ordre décimal désigné. Nous préférons par conséquent la pre- mière méthode. Mais comme elle ne conduit à déterminer q qu'à l'aide d'une équation du n""^ degré, la deuxième méthode, où l'équation (205) est toujours du premier degré, pourra servir à la première approximation de cette inconnue. 97. Si la série (196) se composait seulement de termes dépendants des puissances paires ou des puissances im- paires de x, l'erreur serait f = ça;'-^ — Qx«, et l'on obtiendrait en rendant minima la somme des carrés des erreurs , <2n — t aux = çX"'-^ valeurs et a; = -QX» = X'. (207) et ensuite 9-^' 2»- correspondant respectivemen , (208) x = -v/":^ 9 ( 973 ) Pour application , prenons la série sin X = [0,196 119 88] X — [1,810 208 4]a;' -f- [2,901 42] x\.., (209) dans laquelle x est exprimé en parties du quadrant. Pro- posons-nous de réunir le troisième terme au second (le terme en x^ au terme en ac^), entre les limites ac = 0 et X = 0,05. On trouve d'abord par l'équation (207) q = ^ [4,190 22], puis E' == -4- 0,000 000 002 5 , E" = — 0,000 000 005 5 , correspondant respectivement à x = 0,034 157, et x = 0,05. La formule (209) sera donc remplacée par celle-ci : sin a; = [0,196 119 88] a: — [T,810 104 2]x^ qui, dans les cinq premiers grades du quadrant, fournira le sinus naturel à la précision d'une demi-unité du hui- tième ordre décimal. Si l'on négligeait entièrement le terme en ac^, l'erreur maxima dépasserait au contraire deux unités de ce huitième ordre. Une légère altération dans le dernier terme usité d'une série permet donc, comme on vient de le voir, de pousser la précision dans les limites d'influence du terme suivant. Souvent, par cette préparation très-simple, on étendra d'un rang décimal l'exactitude d'une série, sans augmenter le nombre des termes considérés. 98. Si l'on représente les séries convergentes par des courbes dont les ordonnées équidistantes sont les termes numériques successifs, on reconnaît bientôt que ces courbes 2'°'= SÉRIE , TOME XLI. 63 ( 974) diffèrent beaucoup plus entre elles du côté des termes supé- rieurs que de celui des termes inférieurs. Ici elles affectent souvent une sorte de similitude, en se rapprochant de Taxe des abscisses , qui est en même temps asymptote. On peut d'ordinaire trouver deux courbes dont l'écart, dans cette partie inférieure, ne consiste guère que dans la grandeur absolue des ordonnées. Mais si l'on ramène ces ordonnées à un même module, en multipliant, par exemple, toutes celles de la première courbe par un facteur constant A;, on retrouve à très-peu près celles de la seconde courbe. Dans ce cas, à partir du terme dans lequel les deux courbes com- mencent à se confondre sensiblement, les restes sont évi- demment les mêmes. Après avoir mis en nombres m termes supérieurs d'une série, dont le calcul ultérieur serait laborieux , nous pour- rons donc prendre une série de comparaison que l'on sait sommer, et retranchant de cette somme m termes supé- rieurs, nous connaîtrons le reste 2 de cette série de compa- raison au delà de son m'*'"' terme. Nous en conclurons alors que le reste a de la série donnée est sensiblement (7 = A' 2, k étant toujours le rapport entre les grandeurs absolues des ordonnées dans les parties inférieures des deux courbes. On peut prendre pour ce rapport celui entre le m''"" terme y de la série donnée et le m''"" terme Y de la série de comparaison. Éclaircissons ce procédé par un exemple : La série ^ '^2 5 2-4 5 2.4-6 7 ' fournit l'arc en fonction du sinus. Entre toutes les valeurs de sin (3, prenons pour la mise en nombres sinp=—^ = 0,707 106 781, \/2 (97S) et calculons la série directement jusqu'à son huitième terme. Nous trouvons. 1" terme 0,707 106 78 Qrae 3me gme gme 7nïe 58 925 66 lo 258 25 5 945 91 1 342 70 494 36 19172 77 15 = y Somme 0,785 342 4 JI s'agit maintenant de choisir une série de comparaison qui, au delà du huitième terme, offre une allure à peu près semblable à celle de la série donnée. Je prends la suite a' ce a' an 1 1 5 5 7 dont la somme est connue et égale à \[l[\-^a)-l{\-a)]. Je fais dans cette série a = = 0,707 106 781, 1/2 comme précédemment. Les huit premiers termes donnent 1" terme 0,707 106 78 3me grae gme 7nie 117 851 13 55 355 34 12 626 91 491046 2 008 83 849 89 568 28 = Y. Somme 0,881077 6 ( 976 ) Mais comme la somme générale il en résulte pour le reste I = 0, 000 296 0. Le rapport entre les huitièmes termes ou ~ est ici [T,521 i(j>']==k; d'oii résulte A' 2 = 0,000 062 0 = (7, et par suite |3 = 0,785 404 4, qui ne diffère plus de la valeur véritable 0, 785 398 2 que dans le sixième rang au lieu du cinquième. 99. Afin de guider le calculateur dans le choix de la série de comparaison, nous réunissons ci-dessous, dans une sorte de tableau synoptique , les valeurs de quelques suites : La progression géométrique a" i-a' la progression géométrique de rangs pairs la progression géométrique de rangs impairs 1±a^ ( 977 ) Les séries à somme logarithmique a* 4 " .==-/(!-«), a' a' a 1 2 5 a* T" •=l{[ +a), a' a' a -f- - -4- - -h 5 5 a' 7 '" = i[/(l-^«)-/(l-a)], a' a* a' 2-"l-"-^- = - -i[/(t-v «) + /(!-«)]. On peut rapprocher d'ailleurs, pour ainsi dire à volonté, le degré de convergence de la série de comparaison de celui de la série donnée, en disposant de l'exposant^ dans les suites ci-dessous : 1 1 , t-û , 1.3.3 ...(2/* — 5) — a H a ■+- — (r ••• -+- a"... 2 2.4 2.4.6 2.4.6...2n = I - (1 - af, Isy 2 \5/ 2.4 \5/ 2.4.6 '2\"2.5.8...(5;i— 4) i)' 2.4.6... 2/i 1 -(!-«)% et généralement \ml 2 W/ 2.4 \m/ (m — 1) (2m — i) , — a' 2.4.6 2 \ " (m — I ) (2m — 1 ) (om — i ) ... [(n — 1)m— i] (-) \m/ a ... 2.4.6...2^^ == 1 — (1 — a)"». Lorsque les coefficients de la série donnée décroissent à peu près comme le produit de la suite des nombres natu- ( 978 ) rels, on peut recourir aux types : = nomb (/ = a) — d , i 12 i.2.5 a a^ œ" 1 2 2.4 2.4.6 [/nomh{l = -â] a 1 • .. = sm a , 1.2.5 1.2.5.4.5 a — - -t- - — y ... = arc (tang = a), 1, 1 — cos a . 1.2 1.2.3.4 1.2.5.4.5.6 «' a' a' , , , 1 2 D Quand les coefficients, au lieu d'être fractionnaires, sont entiers et vont en augmentant, on trouvera dans les types ci-après une variété de courbes osculatrices, de moins en moins promptes à se rapprocher de l'asymptote, et entre lesquelles il suffira de choisir : 1 1 — a 1 1 H- 2a -h oa^ -4- 4«^ ... -t- {n -4- I ) a" «• 4 -4- Da -♦- 6a^ H- lOa^--- {\-af ;i-i-l)(«-t-2) 1.2 (1 — «r (^i-f- I /i-t-2 ... /i-4-m— 1) 1 1 -4- îiia ... -f- — — i a" ... = . 1.2.5...(m — 1) (1— «)•" La dernière ligne est l'expression générale de toutes ces séries. ( 979 ) Enfin lorsque a est > 1 et figure au dénominateur, on pourra recourir à la progression géométrique 1 i i 1 ^::^' ou bien à la suite 1-6- . a a -h i «-+-2 a-+-o 5i_6_L_^,_i— 6 ' ^ \ 2 5 a— 1/J § U. __ Classification des séries numériques. 100. Au lieu d'assimiler la partie inférieure de la série donnée à celle d'une autre série dont la somme est connue, il est préférable d'étendre la première de ces suites, au delà des termes déjà mis en nombres , par le moyen d'une for- mule empirique. Il faut avoir soin seulement que cette équation empirique soit d'un calcul facile, et ne renferme par conséquent qu'un petit nombre de constantes à déter- miner. La plus simple des séries convergentes est la progres- sion géométrique décroissante, parce que la raison des termes y est constante. La décroissance y est donc unifor- mément progressive. Un terme quelconque T„ peut être calculé au moyen de deux constantes D et E, à l'aide de l'expression LT„=D-^E/i (211) La variable n croissant en progression arithmétique, on voit que les différences premières des logarithmes des termes sont constantes. ( 980 ) Mais si la loi de décroissance était plus rapide, il faudrait tenir compte des différences des ordres suivants, et l'équa- tion (211) serait remplacée par LT„ = D + En -4- E'n^ -♦- E"n^ ... , OÙ E', E"... représentent d'autres constantes. On peut ramener cette expression, sans altérer notablement LT„, à la forme plus simple LT„ = BnS pourvu toutefois que T„ soit sensiblement < 1. Il n'y a plus alors que deux constantes B et 6 pour déterminer la courbe empirique. Enfin, si la série décroît moins rapidement que la pro- gression géométrique, E' E" LT„ = E^ -4- D H ! ... n iv Or, dans notre hypothèse, nous pouvons substituer au fac- teur n une fonction de cette quantité croissant moins vite que n lui-même, par exemple Ln. On est conduit ainsi à la forme approchée plus simple LT„ = D H- aLn, ou bien en faisant LA = D, et a une constante. Ainsi les séries numériques convergentes, après la com- plète mise en nombres des termes, et pourvu que ceux-ci soient < 1, peuvent être divisées en trois genres : I. Les séries de décroissance uniforme , qui sont repré- ( 981 ) sentées par la progression géométrique, et dont l'équation est LT„ = D-4-E/i, (212) avec E essentiellement négatif. II. Les séries de décroissance retardée, dans lesquelles la raison des termes successifs va sans cesse en augmen- tant, pour se rapprocher d'une limite supérieure qu'elle n'atteint qu'à l'infini, et qui transformerait la suite en pro- gression géométrique. Leur équation empirique est T„ = An", (215) A et a étant des constantes, et a essentiellement négatif et >i. m. Les séries de décroissance accélérée, dans lesquelles la raison des termes successifs va sans cesse en diminuant, et que l'on peut représenter approximativement par l'équation LT„ = B/^^ (214) OÙ B et 6 sont les constantes, B essentiellement négatif et 6 positif. Pour déterminer à quel genre appartient une série numé- rique donnée, il suffit de prendre le rapport r entre un terme et celui qui le précède, et le rapport r' entre ce terme précédent et celui qui est placé avant lui. La série est du premier genre ou uniformément décroissante pour r'=^r', du second genre ou de décroissance retardée pour r' r. Ayant déterminé le prolongement empirique de la courbe, au moyen des équations (212), (215) ou (214) sui- vant les cas, on calculera les termes inférieurs dans ce pro- longement, et ceux-ci tiendront lieu des termes véritables, dans certaines limites d'approximation. Il n'y a rien à dire ici de la progression géométrique, qui n'est d'ailleurs qu'un cas particulier. Nous allons nous borner à considérer tour à tour les séries retardées et les séries accélérées. 101. Appliquons d'abord la formule (213) à un exemple. Soit demandée la surface convexe © d'un ellipsoïde de révolution aplati (dont l'axe de révolution est le petit axe). En nommant a le demi-grand axe de l'ellipse génératrice et e l'excentricité, les traités fournissent l'expression 0 =, 4^a^ j 1 _ [T,5^22 878 745 280]e^ — [5',825 908 740 9]e* — p,455 951 96]e« — [^,200 659 5]e« — [â,004 565]e^.. f (215) Les derniers coefficients numériques appartiennent à une série retardée, qui exigerait le calcul d'un grand nombre de termes, extrêmement laborieux à former, pour donner avec quelque exactitude une valeur particulière de ©. Dans cette circonstance, on peut faire servir les deux der- niers termes (5'""' et 6'""') pour calculer les constantes A et o. d'une courbe empirique de la forme (215), laquelle est censée prolonger le segment calculé de la courbe donnée. Désignant respectivement par y^ et y^, les coefficients numériques des deux termes nommés, les équations à (216) ( 983 ) résoudre sont ici Lys = LA -+- aL5, Lî/6= LA -+- aL6; OU après la mise en nombres, — i ,799 544 = L A -+- 0,698 970 0 a , — 1 ,995 635 = LA -+- 0,778 i 51 5 a , qui donnent A = [r,933 43 —] a = — 2,479 04. Si Ton calcule maintenant, à l'aide de la courbe empi- rique?/ = An% les coefficients des termes suivants, on obtient, en posant successivement n = 7, n = 8..., y, = [3,838 40], î/8 = [3,6946], ?/,= [5,oG8], ?/.o = [o,434], ... Ces coefficients diffèrent peu des véritables, dont le calcul serait, comme on l'a dit, d'une grande longueur. Soit donnée la valeur particulière e = 0,4, nous trou- vons pour les termes successifs du facteur numérique de Termes calculés par la formule donnée : 1 - 0,053 533 553.3 1 706 666.7 117028.6 10 402.5 1059.2 Somme. . . . . 1 -0,055 168 490.3 ou bien . . 0,944 851509.7 exact seulement jusqu'à la sixième décimale. Pour pousser plus loin l'approximation, nous recourons aux termes empi- ( 984 ) riques, qui fournissent successivement : Termes calculés par la formule empirique : — 0,000 000 115.6 13.3 1.6 0.2 Somme —0,000 000 130.7 Somme générale ou facteur de 4;ra2 ^ ^ ^ 0,944 831379.0 OÙ Terreur ne paraît que dans le neuvième ordre, la valeur véritable étant 0, 944 851 377. 102. Considérons d'une manière semblable les séries numériques convergentes du troisième genre ou séries accélérées. L'équation empirique qui en représente la branche inférieure est de la forme LT„ = Bn'. Qu'on demande, par exemple, la base (3 du système loga- rithmique dont le module est IX. = 0,910 239 226 65 = [r;959 155 547 43] , on emploiera la série connue p-\ 1 1 1 I (217) , 1 P 4.2 |x2 1.2.5 i^' ou en remplaçant les coefficients numériques par leurs logarithmes, 0,000000 000 00] pi-* -+- r,698 970 0043]pi ' 1,221 848 750] a-' p-l "5,920 818 8]/x- [4,297 569] p-' [6,440 24]ix-^ 2,619 788 76]/A-* 5,142 667 5] f*-" 5,594 480]fx-8 7;440 24]^-^.. (218) ( 98S ) Ces premiers termes calculés directement nous donnent 1" terme 1,098 612 288.7 2me » 603 474 480.4 3-e » • 220 994 826.7 4me „ 60 696 908.1 5me » 13 356 473.8 Qme „ 2 441 935.6 7ine ,^ 383 248.7 gme „ 52 630.2 9me „ 6 424.5 IQme » 705.8 Somme 1,999 999 922.5 Dans cet exemple il serait très-facile de calculer les termes suivants, jusqu'au point où ils deviennent insen- sibles sur le rang surnuméraire. En effet, la loi des coeffi- cients est évidente, et ces coefficients peuvent se former en peu d'instants. Mais il n'en est pas toujours ainsi. On recourt alors à la courbe empirique, comme nous allons le faire ci-dessous. Prenant le 9'^"*' et le lO'^""' terme, on a, pour déterminer les constantes de cette courbe, les équations 0,745 056 = LB (— ) -t- 0,954 243 6, 0,816 888 = LB(-) -+- 1,000 000 6; d'où l'on tire immédiatement B = [T,247 05 — ] , 6 = + 1 ,569 84. On en déduit, dans la courbe empirique, pour les termes qui suivent le 10' kième H™e terme 0,000 000 067.7 12'°e » 5.7 13™« » .4 Somme 0,000 000 073.8 ( 986 ) qui, ajoutée aux lermes supérieurs, donne enfin S— 1 = 1,999 999 996.3. Cette valeur ne diffère de la véritable (3 — 1 = 2,000 000 000.0 que par quatre unités du neuvième ordre. Pour effectuer les calculs relatifs à ces courbes empi- riques, il sera commode de trouver tout préparés les loga- rithmes des logarithmes des premiers nombres naturels. Nous les donnons ci-dessous pour les nombres de 1 à 25. Logarithmes des logarithtnes vulgaires des vingt-cinq premiers nombres naturels. LOGARITHME LOGARITHME Nombres. du Nombres. du log, vulgaire. log. vulgaire. 1 00 14 0,059 235 2 î,478 610 15 070 441 3 4 5 678 629 779 640 844 458 16 17 18 0,080 670 090 063 098 758 6 ï,891 064 19 106 787 7 92G 907 20 114 287 8 10 955 731 979 659 0,000 000 21 22 25 0,121 505 127 889 134 090 11 0,017615 24 159 945 12 033 094 25 145 488 i ^^ 046 863 ( 987 ) § V. — Séries dont la convergence est augmentée, i05. On connaît différents moyens de transformer une série donnée en une autre dont la convergence est plus rapide. Ces moyens consistent soit dans un nouveau grou- pement des termes, soit au contraire dans la décomposition de chaque terme en un nombre fini ou inflni de parties , soit encore dans l'adjonction de termes nouveaux dont l'ensemble s'annule. De tous ces procédés, le plus connu et incontestablement le plus utile dans le calcul numérique , est celui de Maclaurin, dont l'usage a été répandu par Euler. On y substitue à la série donnée une autre suite, ordonnée suivant les coefficients différentiels des ordres croissants dans la proposée. Il est intéressant d'observer que celte marche , appliquée aux séries retardées, les convertit en séries du genre accéléré. Mais appliquée à ces dernières, elle n'offre pas les mêmes avantages; au contraire, elle ramène souvent les séries accélérées au type retardé. 11 est donc inutile de l'essayer sur nos séries du troisième genre. Nous ajouterons encore qu'au point de vue du calcul numérique, l'emploi de ce procédé est d'autant plus avan- tageux qu'on exécute les opérations sur une partie plus avancée de la suite, c'est-à-dire à partir d'un terme de rang plus élevé. C'est presque toujours, par exemple, un excel- lent moyen de sommer le reste d'une série retardée. 104 Dans cette méthode il faut distinguer deux cas, selon que les termes de la série donnée sont de même signe ou de signe différent. Dans le premier cas, le reste R, au ( 988 ) delà du terme Y de rang w, a pour expression ^ ^ (d'y] , 3 ^ m 3i.2...7.8 WW„ 1.2...9.40UW„ _10_^ i^'y] .^ ' n (219) 1.2...H.12WW„ 15 1.2...15.14WW;**^ ^ OU plutôt, comme on a coutume de l'écrire, .00 , 1^11 (dy\ 1 1 /t-' j;% t/ = w- _ii ^j-2 £ 2.5w~ - dn ' rfn' ' dfv^ .5.4.5/i~S et ainsi de suite. Le calcul des dix premiers termes de la série (228) est très-facile. Il fournit 1er terme 2mc » S"»* )) 4me » 5me » 6me n 7me » 8me » gme » lO-e )) Somme 1,000 000 000 000.0 500 000 000 000.0 Ô3-3 533 333 333 . 3 230 000 000 000.0 200 000 000 000.0 T0ëSB6 66ÔG66.7 142 857 142 837.1 r23 000 OJO 000.0 Ml 111 111 Ml.l ÎOO 000 000 000.0 0,645 634 920 634.8 Mais avant d'atteindre, par le calcul direct, un terme qui n'influe pas sur la douzième décimale, il faudrait former ( 99i ) un trillion de ternies. Nous trouvons au contraire, en peu d'instants, par la série (227) : 1 Termes du reste Y 0,050 000 000 000.0 — i .— 2 500 000 000.0 4 dn H ~ 12 500 000.0 48 dn^ 1 d^u . — 250 000.0 120dns ^Jl-^ 10625.0 80 640 du' "L^ty 775.0 1 451 520 dn^ dn^' [6,355 2]::-^ 86. -[7,340 9]^ Î3.6 + [8,047 --^ '^-0 -["'^^W' ■'_ Somme 0,047 512 259 925.4 = R. Ajoutant ce reste à la somme des termes calculés directe- ment, il vient enfin /:2 = 0,693 447 480 560.2 qui n'est inexact que de trois unités de l'ordre surnumé- raire. 108. Avant d'aller plus loin, nous appellerons l'atten- tion sur ce fait que les coefficients numériques des for- mules (220) et (226) convergent vers un rapport limite, dont nous pourrons tirer parti dans l'application. On juge ( 99o ) déjà de cette convergence par le tableau suivant : Logarithme du rapport P Formule (220) entre les coefficients - — — ^^— - 2,221 848 8 2,356 750 7 2,o97 940 0 2,401 504 8 2,403 315 4 2,403 560 2 2,403 620 4 2,403 635 4 2,403 639 1 2,403 640 0 au j" ler (lie ei LIU ^ — . . » 2me » 3-«. . )) 3-e » 4™". » 4me )) o-«. . » 5me )) B'"''. . )) gme » 7-e. . » 7-e )) 8-^ . » gme » Q-'-. . » 9me )) 10-e. . )) 10m. 1^ 11-e. . Limite. . . Formule (226) 2,920 818 8 TjOOO 000 0 î,005 139 6 î,005 640 3 1,005 693 7 î,005 699 5 T,005 700 2 î,005 700 3 T,005 700 3 î,005 700 3 2,405 640 3 = L — - 1,005 700 3 =L — • 4^2 Mais c'est ce qu'on peut du reste démontrer directe- ment. Divisons, par exemple, l'une par l'autre les expres- sions (221) des nombres bernoulliens, nous voyons que B. 1.2...(2/i-+- 2) __ l a2«4-2 4.2.. .2/4 1 1 1 -*--,-+- — • 2-" 5-" Or à la limite, c'est-à-dire pour n = oo , le second mem- bre converge vers ^J^, . H est à peine nécessaire d'ajouter que la seconde partie des coefficients numériques de (220), celle non comprise dans la forme Bî,,^:,, donne un rap- port ^ 2^ (n-i)^ qui à la limite converge vers l'unité, et par conséquent n'altère pas le résultat qui précède. Il sera donc permis, au delà d'un certain terme et dans certaines limites d'approximation, de regarder les coeffî- ( 996 ) cients des suites (220) et (226) comme les termes d'une progression géométrique, c'est-à-dire de faire y = [kitY ou 1/ = y (-r selon les cas. Le rang du coefficient est ici marqué par m, et a, a." sont des constantes. Toutefois Fadoption du rapport limite , 47r2 d'une part, 7r2 d'autre part, comme raison de cette progression, tout en rendant l'erreur nulle sur les derniers termes de la série, laisserait subsister un écart sensible sur les premiers. Ce sont cependant ceux-ci qu'il importe de calculer plus rigoureusement. C'est au départ qu'il faut rendre la courbe empirique osculatrice à la courbe réelle. A cet effet nous interpolons les valeurs du rapport p qui répondent respec- tivement aux milieux des intervalles du tableau précédent, et nous faisons usage de ces nombres au delà du terme dont p porte l'indice , comme suit : Logarithme du rapport entre les coef- nts, qu 11 convient d employer que la somme commence Formule (2-20) Formule (226) au 4'"« terme .... L,^^ = 2,400 90 1,005 518 » S-ne » . . . . LP5 2,402 984 1,005 680 4 M e-ne » . . . . Lpe 2,403 478 6 1,005 698 1 ., T^ae » . . . , hp. 2,405 600 3 î,00o 700 0 f. S""" » . . . . L/5g 2,403 630 4 1,005 700 2 )) 9rae » . . . . Lp, 2,405 637 9 T,005 700 5 » iO"« » .... l^Pio 2,403 639 7 1,005 700 3 » lln>e » .... L/5,i 2,403 640 1 T,005 700 3 » lâ^*- » etaudelàL/s™ 2,403 640 3 T,005 700 3 Si l'on a calculé, par exemple, les quatre premiers termes de la série donnée, l'équation de la courbe des ( 997 ) coefficienls, à employer dans la sommation des termes suivants, sera a pi si l'on a calculé cinq termes, elle sera a pu si Ton en a calculé six , a et ainsi de suite. 109. Il y a dans la méthode des n''' 104 et 106 un autre point sur lequel nous désirons nous arrêter un instant. Il est facile de s'assurer qu'en général , pour des valeurs quelconques de l'ordonnée d'où l'on fait partir l'intégrale et à laquelle on rapporte les coefficients différentiels de la formule sommatoire, les termes de l'ordre pair ne sont plus nuls comme dans (220) ou (226). Il n'y a que deux cas particuliers dans lesquels une moitié des termes con- tenant des coefficients différentiels disparaissent : c'est l*" lorsqu'on part d'une ordonnée représentant un des termes mêmes de la série, c'est-à-dire lorsqu'on prend pour n un nombre entier; ou bien, 2^ lorsqu'on part d'une ordonnée équidistante entre deux termes consécutifs et que n prend la forme 7i = p -h^ [p étant entier et mar- quant le rang du dernier terme calculé). Voici ce que les formules considérées deviennent dans cette dernière circonstance : ( 998 ) Si les termes de la suite donnée sont tous de même signe, / ^ 1.2.5.4 \(/;i/„ 8 1.2...0.6 W/iV„ 5J i /(/^*/\ 581 1 fdy 24 1.2...7.8\f/«^/„ 128 1 .2 ...9.10 U/i'y 2 555 256 1 .2...11.12 [dnV . (229) OU en remplaçant les coefficients numériques par leurs logarithmes, R =f"ydn -t- [2,619 788 758 288 594] [-^j — [3,084 675 556 5911 f-^l Xdrv'l „ -+- [5,505 629 928 7] ['^j - [7,915 951 97](g) 8,518815 ->(S), [10,722 766 54] (g) . (250) Si les termes de la suite donnée sont de signe alter- natif, R=— - y^ 2.4 WnV, j {à^ 2 2.4.6.8 Vrfw*/., 1 id'y\ 1 585 1 (d^y^ 2 2. 4. ..10 50 521 1 (d''y 48 '2.4...18.20\(7« id'y\ 1 585 1 (d^y\ Î2 \57iV„ 52~' 2. 4. ..14. 16 W/„ ( 999 ) ou après préparation pour la mise en nombres, R = qr - y„ — [2,79 j 880 017 344 075] (^^) -t- [3,815 608 781503] f^) - [î,820 787 568 9] (^j -V- [5,896 659 29] (g)^ -- [6,852 578 95] (g(|^ H- [7,858081 57] (g^) _[8,845 781 9] f^J)^^ -^ [9,8i9 482 2] gj - [10,855 182 5] (g^)^^ ... j (252) Le signe supérieur convient lorsque le dernier terme cal- culé Y est un terme positif, et le signe inférieur quand ce dernier terme est négatif. 110. Nous allons combiner dans un même exemple l'application des deux observations qui précèdent. Consi- dérons la somme des logarithmes vulgaires des nombres naturels, depuis 1 jusqu'à n. Par la formule (220), et avec l'équation. y = ln (253) de la série, on aurait pour la somme cherchée / 1\ 1 M 1 M 1 M 2 Lu z= \n -^ ]Ln — nM h ■ • — ^ -+- • —r \ 2/ 12 /* 560 n" 1 260 n' 1 M I M 691 M . \ r -■ • -f- C . (234) 1 680 n' 1 188 7i' 360 560 /i*' ^ M est le module des Tables, et C une constante que l'on demande de déterminer. ( 1000 ) On sait qu'il s'agirait à cet effet de faire n = \ dans la série qui précède. Mais avec cette valeur de la variable, l'expression (254) devient divergente au delà du terme en if. Nous recourrons alors à la suite (229) , qui don- nera lLn = [n-^'^L(n^^^^[n-.'^M 24 M WH 2 880 127 M 31 r' 40 520 M 215040 M 511 1 h-:)' 608 256 M , 1 414 477 577 657 280 M ('-ïï (255) Mais pour n = l, et par conséquent n-h -^=1 , cette série ne peut nous fournir que les premiers termes, et il sera nécessaire d'en évaluer le reste par une autre sommation. Les huit premiers termes, mis en nombres, fournissent respectivement : 1er terme gme » 3n,e » ^me » 5Q,e » 6me » 7n.e » ««ne )) bomme 0,264 136 888.6 65Î44Î 752.9 Î2 0H3 735.5 312 763.5 4oD7T.3 15011.7 9 490.7 9 623.0 0,599 084 633. 4 =R. ( 1001 ) Pour l'évaluation du reste r de R, nous ferons usage de la remarque du n" 108. Afin d'abréger le discours, nous appellerons termes à différentielles ceux qui contiennent des coefficients différentiels, et nous désignerons par m le rang de ces termes. C'est de la suite de ces termes que nous allons former la somme très-approchée, qui sera aussi, au delà d'un terme donné, le reste de R. L'équation (253) fournit la suite de rapports î^=i,£^ = 2^.j-ï = 2.ô.4*i..., (256) qu'on peut représenter d'une manière générale par F = 1.2.3.4...(2m — SjM.n-^^'"-'), . . (237) n étant la valeur particulière de la variable sur laquelle on a opéré dans le calcul de R. Par conséquent l'équation de la série R (ou du moins des termes inférieurs de cette sé- rie), assimilée en vertu des remarques du n° 108 à une progression géométrique, est î/ = a.l.2.3.4...(2m — 2)M ( 1 . . (238) Il ne reste qu'à appliquer, au delà du m''"" terme, la for- mule sommatoire (220) ou (226). A cet effet il faut former, dans l'équation (258), les coef- ficients différentiels dy d^y d^y dm dm^ dm^ Je mets cette équation sous la forme Ly = La -t- LM — (2mî — 1 ) L (2:7 . n) -+- 2L (2m — 2) , (259) ( i002 ) où2L(2m — 2) représente la somme des logarithmes des nombres naturels depuis 1 jusqu'à 2m — 2. Développant cette somme, on trouve hy = La -+- LM — (2»i — 1 ) L (277 . 71) -+- (2î>i — 2) L (2/>?. - 2) ■+- -L(2m— 2) — (2m - 2) M h M 2 12 2m — 2 Il 1 d M : -. -f- M 500 (2m — 2)^ 1260 (2m — 2)' d'où l'on tire, par la différentiation , (ly r 2 . ^^ ' ~=y \-^,^i'^--n) -+- -L(2m - 2) -^- dm L ^1 j^i 2»i — 2 1 I 1 6 (2m — 2)' 60 (2/*i — 2)* _JL.__L_...l. 126 (2m — 2)' J Appelons /", dans celle formule , la partie entre crochets, et nommons/",/"",/"'.... ses dérivées différentielles suc- cessives, nous aurons '= -s' 4 (2- 2 M i 60 2 L (2m (2m- 1 . -2) -2/ 2 5'("î 1 1 1 2m -2 1 6 (2 m- 1 -2f /■' = 126 (2m 1 >m— 2)' — 2j« "' 2 1 2»î - -2 (2» 2 — 2)^ 1 15 (2m- 2)«' (240) 21 (2m— 2)" ' ( 1005 ) 8 8 4 4 1 r = (2m — 2y' (2«i — 2f (2m — 2/ 5 (2m — 2f 4 1 5 (2wi — 2)« ' 52 48 52 16 (2m — 2)' (2m — 2)* (2?>i - 2)'' (2wi — 2)" 64 1 (240) 5 (2m — 2)' ' [ suite. 192 384 320 224 ' (2m — 2)* (2m— 2)^ (2m — 2f (2m — 2f 1 556 5 840 3 840 5 584 ' (2m — 2)'' (2m — 2)« (2m— 2)' (2m - 2)^ 15 560 40 080 55 760 64 512 (2m— 2)« (2m — 2/ (2m — 2f (2m - 2)'° | Le dernier terme dépendant de coefficients différentiels, qu'on a mis en nombres dans (255), étant le sixième, on posera m = 6, et par conséquent 2m — 2 = 10; et l'on en conclura 2 f = L (2 TT.rO -+-^5703 505 2, /' -=+0,380 665 4, /" = — 0,072 399, } (241) f"= H- 0,027 52, p" = — 0,015 68, p = -+-0,015 4, /-__Q0|, 9 Vi reste à introduire, dans l'expression de /; le logarithme de 27r./i. On a vu que le calcul de R a été effectué avec la valeur particulière n =1, qu'il faut par conséquent employer ici. Quant au facteur ^n ou v/4^ , qui convien- drait à la limite, il serait remplacé, avec une approximation un peu plus étroite, par T V 5 P6 ( 1004 ) Pg étant pris dans le dernier tableau du n" 108 (l'indice de p marqué par la valeur de m). La quantité -L- ou 0,7981014, remplacera donc ici LStt, dont au reste elle diffère à peine. On trouve ainsi /•= — 4,486 325 2 -t- 4,705 305 2 = 0,217 182 0. Celte quantité est la plus importante des valeurs (241 ). On formera ensuite les coefficients différentiels dy (Py (Py dm dm^ dm^ delà manière suivan{e : ^»=y(r+iof/' + i3/T+iofr-*-3/r" ^ = y (f + 1 s/r + 4sf /- + 20/r ' + mf'f" •^' -t- ib/'7"' -4- 15/" + e/"/" +• 15/' /'" + 10/"* + f), f^ = y (/' + 21/Y' ■+■ 103 /V' + 35/7" + 105//" + 210f /7" -t- 55/'/"' + lOb/f /'" -f- 70//"' + ai/Y" -4- 105/'Y"+ 7//' + 21/7" -H 55/"/'" -*- /"). Ces expressions s'étendent lorsque le degré du coefïï- ( 1005 ) cient différentiel i^'élève; mais comme il ne s'agit alors que de faire les opérations avec un petit nombre de chif- fres, les produits et les additions ne sont pas d'une grande longueur. Dans notre application numérique, nous obtenons -£-=-+- [b,520 1 53 6] , — ^3 = + [6,252 hOl] , dm dnr' d^y ^_ ^ dh/ -^^ = -f- 6,31 7 75 , 74 = -+- [«/*90 2] . dm^ dm' Jl est facile alors de trouver pour les termes de la somme r de R : l^»- terme ......... 0,000004811.5 2"'e » 522.5 Sine ,, 37.5 4™<= » 4.3 5™'^ w .7 Somme — 0,000 005 300.3 = r. Réunissant les deux quantités R et r, on trouve enfin pour la constante C de la sommation des logarithmes ou nombre cherché R H- r = _ 0,399 089 933.7. Celte valeur est exacte à une demi-unité près du neuvième ordre. 111. C'est ici le lieu de dire quelques mots de l'expres- sion, remarquable par son élégance, i f \ \ 1 1 1 \ 9 "^ \l)2 (^ô 9* Q5 96 y V ; où les ê représentent les différences finies des ordres suc- cessifs. Le signe supérieur convient lorsque le dernier terme calculé Y est positif, et le signe inférieur quand ce terme est négatif. Si l'on appelle ^ ce dernier terme pris absolument, on 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 65 ( 1000 ) peut mettre l'expression (242) sous la forme 1 4 d i 1 , , ^^ C) 92 93 q4 2^ ^ ' Dans les applications numériques , nous conseillons d'écrire les uns au-dessous des autres les termes calculés, en les supposant tous positifs. On prendra ensuite les différences finies des divers ordres, en les affectant des signes qui leur conviennent dans ce tableau. Le dernier nombre de la première colonne verticale sera (^, le der- nier nombre de la deuxième colonne sera ^', le dernier nombre de la troisième colonne sera è'\ et ainsi de suite. Quant au signe du premier membre, il faut choisir celui qui est contraire au signe du dernier terme calculé. Si la suite (245) n'est pas suffisamment convergente, et qu'elle se compose de termes dont les signes sont alterna- tifs, on peut lui appliquer à son tour le même procédé de sommation, et ainsi indéfiniment. Soit demandé, par exemple, de calculer la série 1 1 i 1 i 2 5 4 5 6 je prends les vingt premiers termes dans la table des réci- proques que j'ai donnée au § J, n° 48, et j'ai : Les dix premiers lermes. . . . 0,645 654 8 (Présentés par leur somme pour épargner Pespace). lime terme. . 90 9091 jgme » — ) 85 555 5 ISme » 76 925 1 Dernières différences des divers ordres, prises sans ter Ume » — ) 71 428 6 ■ compte des signes des termes de la série. 15in.. » 66 666 7 — -Igmo „ -) 62 500 0 4 166 7 -+- Ijrae » 58 825 5 3 676 5 490 2 - Ignic » -) 55 555 0 5 267 9 408 6 816 -t- 19me s 52 6516 2 924 0 545 9 647 169 - 20>»'' ime. . . [— ) 50 000 0 = = J 2 6516 = ^' 292 4 = ^" 515 = ^'" 152 = (?"57 = Son 0,668 771 3 = = R ( 1007 ) Après avoir t'ait la somme de ces vingt termes, je forme les différences entre les termes successifs, comme s'ils étaient tous positifs. Il est préférable de commencer cette opération par en bas, et de la poursuivre en remontant, parce qu'il est parfaitement inutile de l'étendre au tableau entier; en effet, on n'a besoin que de la dernière différence de chaque ordre. Ayant formé ^\à'\ ô"'..., il n'y a plus qu'à appliquer la formule (243), qui donne ici - ^ 0,025 000 0 2 - ^' 657 9 4 ï^" '• ^^«« T/" '' 1 - J"'- 4 Ô2 U T 64 Somme. . . . 0,024 375 8 = h- r. Cette somme fournit un r positif, parce que le dernier terme calculé de R est affecté du signe — . Maintenant R -f- r = 0, 695 147 1 ne diffère de la valeur véritable que par une unité du dernier ordre. Celte série est , comme on sait, celle du logarithme naturel de % qui a pour valeur /2 = 0, 695 147 2. Le dix-millionième terme de la série donnée eût encore influé sur l'unité du septième ordre. On voit donc combien est précieuse cette formule de sommation, qui n'exige aucun calcul séparé, n'employant que les différences finies ( i()08 ) des lernios. En poussant le calcul de R, comme nous l'avons fait ici, jusqu'au vingtième terme, on a, sous une forme très-convergente, le reste de celte série, qui est par elle- même fort retardée. Le calcul direct de dix termes n'eût pas suffi pour appliquer commodément et sûrement la for- mule (245). § W. — Eenversemcnt des séries. 112. On sait qu'une série telle que y = ax -^ 6x* -4- cx^.. , . . . . (244) où a, 6, c... sont des coefficients numériques, fournit l'ex- pression de X X = ay -\- fjy- -4- ry'-' ..... (245) qu'on nomme la série inverse ou renversée. Les lettres a, (3, y... représentent d'autres quantités numériques, liées d'ailleurs à «, 6, c... Les calculateurs nous sauront peut-être gré de donner ici les développements explicites de ces relations. S = — cr 'b, r = — cr -*c + :2a- 'b\ r; — a" -^(/ + 5a- 'bc- -ba -7/\ E cr= — a -^e + 6a- 'bd-*- 5 a- V- -21a- Wc + 14a- -X ? =; — a -7- 7a- ■%e -f- 7a- \d — 28a -'bhl 28û r'br + 8 4a- %'c- 42a-' '6^ (240) Si tous les coefficients de la série primitive sont 1, c'est-à- ( 1009 ) dire lorsque la série renversée est x = y — if-^ 2/' — y*..., avec des signes alternatifs. Quand la série donnée ne renferme que des puissances impaires de x, il en est de même des puissances de y dans la série renversée. Ainsi: y = Ax -4- Bx' H- Cx^ -4- Dx' -+- Ex^ -+. Fx'*... (247) donne, après renversement, x = hr^y — A-%' -+-(5A-'B^- A«C)i/^ — (ISA-'^B^ - SA-^BC -4- A-«Dy -+- (53A-*^B* — 53A-'^B^C +- 10A-"BD -h 5A-"C' - k-''E)f — (273A-''^B'^ — o64A-^"B^C -h 78A-'*B-D -+- 78A-'*BC' — 12A-*'BE — li>\-*'CD -+- A-^'F)î/" -H (248) Soit encore la série t/ = Mx' -f- Nx* -+- Px' -4- Qx« -^- Rx'" -+- Sx'^.. , (249) qui ne renferme que des puissances paires de la variable x, on obtient par le renversement, en regardant x^ comme l'inconnue, une suite de la forme x'^fj.y -\- vy^ -4- ry\.. Extrayons la racine, et mettons pour p, i/, n... leurs valeurs ( 1010 ) déduites de M, N, P..., il vient : _i_ i i _* 3 H- -M -^N^ — --M 'pW (53 _i5 9 _li \ —^ \ 1 16 4 2 ^r (587 — — f 7 -— 11 — 1-28 6 4 ^ 9 -1' 1 -11 y l 8 2 j*' 4 199 -!i 1105 -î^ 195 -II M ^^ ]S5 jyj ^ N^P H M ^ iVQ 256 52 16 195 _J2 15 _!£ -+- M 'NP^ M ^NR 16 4 — — M -^PQ-+--M 'S\y' . . .(250) Voici la même formule préparée pour la mise en nombres, c'est-à-dire avec les logarithmes des coefficients numé- riques : _5 3 — [1,698 970 004 556] M %~- _9 _' ^ -+- j [1,94-2 008 053 0] M ^N^— [1,698 970 004 5] M ^Pjt/^ 13 11 — i[0,514 595 96] M" "iV— [0,552 182 52] M ' NP -4- [1,698 970 00] M 'Q\y^ _ - _J^ -H I [0,661 428] M ^ N* — [0,899 684] M - N-P ( dOll ) [0,459 335] M ^ NQ -+- [0,031 iS3] M ^ P* [i,698 970]M '^R|/ j[l,2U9]M ^N«— [1,558 2] M 'N^P [I,085 9]!Vr"jN^Q _a _is [1,083 9] M ^NP'— [0,311 9] M ^ NR _ is _*i iî [0,5H9]M ^PQ-+- [1,699 0] M -Sj^/^. . (251) On retrouverait aisément, par le renversement des équations (159) et (161), les séries (160) et (162) du n° 80. Note sur l'équation xy" -h ky' — y =0; par M.C.Le Paige. I. Nous nous proposons de trouver l'intégrale générale de l'équation : xy" -f- kij' — ^ = 0 (1) En la différentiant plusieurs fois de suite, par rapport à X, on en déduit le système suivant : xi/" -\- {[ -^- k)ij" — y' = 0, (2) ^r+(2-+-^').y"'-!/" = 0, (3) ocyip)+ (p — 2 -i- k) yp-'^ — y(p-^) = 0. . . . (4) En posant y^^"^^ = u, on ramène l'équation (4) à la forme : xu" -V- [p — 2 -+- A;) !«' — u^O (5) Si l'équalion (o) est intégrable, il en est de même de l'équation (1). ( 1012 ) Mais nous savons que l'équation (1) est intégrable pour k = -; donc l'équation (5) le sera si p — 2 h- A; = ^^ , c'est- à-dire si k a la forme — "^t~"» ou, comme p est un nom- bre entier au moins égal à 2, si k = — ^^ ~\ Pour avoir l'intégrale de (1), il faudra intégrer (p — 2) fois de suite, par rapport à x, l'expression de ii. Le procédé inverse peut s'appliquer lorsque k surpasse -; dans ce cas, il faudra différenlier plusieurs fois de suite u, par rapport à x. Cette méthode est applicable lorsque A; a la forme ^"^^; on peut donc trouver l'intégrale de (i) toutes les fois que II. Nous pouvons ramener l'équation (1) à une équation du premier ordre, au moyen d'une transformation em- ployée par Lagrange (*). Si l'on pose z = — '^x^, l'équation (1) prend la forme : z' ^L x'-'^^O; (6) OU Faisons x = Xj' ; d'où dx = qx^'^ ~ * dx,. Au moyen de ce changement de variable, l'équation (6) se transforme en : J. = ,[x."-'-a=, <'-««-'»,'] ... .(7) (*) Théorie des fonctions analytiques, p. 89. ( 1013 ) Lorsque (1 — A) g — i -= 0, cette équation devient : Elle est donc ramenée à l'équation de Riccati : dti , „ dx lîl. M. Liouville a démontré que l'équation de Riccati n'est intégrable, en quantités finies explicites, que pour les valeurs de m données par les formules : 4/i 4(/i-+-l) m = — , m = — ; 2« -f- 1 2 n -+■ \ n étant entier positif (*). L'équation (1) n'est donc intégrable que si 2 /v — 1 a l'une ou l'autre des deux formes 4n 4 [n -^ i ) ~" 2« -+- 1 ' 2n"^ La première condition donne k = ~Y~'^ '^ ^^'' conde, A;=^^^^. Les cas examinés d'abord sont donc les seuls dans lesquels cette équation (1) est intégrable. IV. Nous allons maintenant rechercher la forme de l'in- tégrale générale, lorsque l'intégration est possible. Pour /:==^, on trouve y == Ae^^^'n- Be ~^^^. (*) Liouville, Journal de Malhématiques, t. VI, l'« série. ( lOli ) ^ C'est cette expression que nous devons intégrer p fois de suite, par rapport à x, lorsque k est inférieur à -. Pour y parvenir, faisons 21/ac = u ou dx=^-udu. On trouve, sans difficulté : / eV^t/x = ^ /e"u du = - e" ( w — I ) , r r ^ r ^ /^ \ f dx e^y^dx = - le''uhlu / e"udu=^- ie'iâ ~ Ze^'u h- 5e"). J J 4.7 Ikj 4 '' Cdx fdx /e-^ ~ dx=- e \ic' — 6z<' -\- \ "Su — 4 5] • Nous voyons qu'après p intégrations, on a : fdx fdx A-/^'^^=-e"[A,,,wP-Ap,,«''-' -f- ... ± A,,,^.]; »_y c/ c-/ ♦ -^ ■^ OU, en remplaçant î/ par ^^^/^\ {^)JdxJllxf^---fe'^-dx = [-/v^^^^ Api, i4^,2> ■'•■> ^p.p+i. sont des coefficients numériques, dont nous allons déterminer les valeurs. V. On peut aisément démontrer que la relation (A) sub- siste, en général, pour p entier positif. En outre, les coefficients A^,^ satisfont à l'équation aux différences : Ap,, = Ap_,,, -H (p — gr -t- 2) Ap,,_,. Celle relation est vérifiée par : avec les conditions A„ J == 1 , Ao^i = 1 . ( 1015 ) On trouve de même : dx /(/x/.../e-'--(/x=— e-Vx[(_2l/x)''Ap,, 9P fax VI. Nous voyons que, si k est inférieur à-, Tintégrale générale est : (')y=^- 2 (-i)'-'A,.,(2i/xr-'-' -^^5r- 2 (-l)'-'A„(-^2V'x)'-' + '. Dans cette formule , p == ^ — ^■• Un calcul analogue montre que, si k surpasse^, l'inté- grale générale est donnée par la formule : - 9 = 1 Dans cette relation, p = A: — -• Nous n'avons pas tenu compte des ;:> constantes arbi- traires qu'introduisent les p intégrations successives. En ayant égard à ces constantes, il est visible que l'in- tégrale prendrait la forme : 7=1 2(-l)'-'A„(2V/x)'-'+'-H-i^^ 2 (-ir'.V,(-2Kx)' -f- ofix"""* -+- ac^x^~^ -+- •• -+- a^; équation qui contient yj -h 2 constantes arbitraires. Ceci donne lieu à une remarque analogue à celle que ( 1016 ) Monge a faite sur l'intégrale de l'équation des lignes de courbure de l'ellipsoïde (*). L'intégrale ne doit contenir que deux constantes arbi- traires. Il faut « trouver les relations qui doivent subsister entre ces constantes arbitraires pour que la proposée soit satis- faite. » En substituant à y, y\ y" dans l'équation (1), leurs valeurs tirées de (B), les équations de condition entre les constantes a,, as, ..., «p donnent : rt, = aa = «3 = • • • = «p = 0- VII. On peut se proposer de rechercher l'intégrale géné- rale de l'équation xij" ~\- ky' -h y =^0. Il est facile de voir que si A: = ^, ?/ = Acos {^Vx — a) est l'intégrale de l'équation proposée. Les cas d'intégration sont les mêmes que précédemment; et l'on trouve, pour l'intégrale générale, les deux expres- sions suivantes : i 2" k > -; {*) Monge, Application de l^ Analyse à la Géométrie, p. 142. (III) ( iOil ) Relation nouvelle entre les Nombres de Bernoulli; par C. Le Paige. 1. De l'égalité 1 1 1 B, B5 , B '27-» -.2«-J Jc^'-'-+-.-,(1) e'— 1 ^ X 4.2 i.2.3.4 i.2.5...27 on conclut, en prenant les dérivées, [e' — \f x^ 12 1.2.5.4 'i.2...2^ i 1 A- • Le premier membre égale — rr. • ^^^^^ ' e'' — i (e^ — 1 ) i i 1 i _ B, . [e^—\f e'—\ X- 42 4.2.3.4 ( ^ . (2) 2. Si l'on élève au carré les deux membres de l'éga- lité (1), puis que Ton retranche, on a donc l'identité I „ B. . ^ ,, B,,_i 6 1.2.5.4 ' '1.2.. 2^ L 4.2 4.2.5.4 4. 2.. 2^ J d'où l'on déduit 2o(2r/— 4) (2ry + 4)B,,.,-^-^^--^B,,_3B, 2^(2^-1)(2g-2)(2ry-5)^ -*- ^--^y^ B,,_, B3 -. . • H- — U|Bi,_3 = 0. Telle est la relation qu'il s'agissait d'établir. (3) (A) ( 1018 ) Note sur la communication précédente; par E. Catalan. 3. Si l'on fait on trouve aisément les deux formules : -X- ^ = 1 -h A^x^ -f- A4X* H- • . -4- Aa-x-" -♦-••, -x^ ~^ =(4— l)A.x^^ + (4^ — '1)A4X*-+-.. -+-(4»~I)A,,.x'^«-+-..; puis, par la multiplication, -x^ = [\ -h A,x'-+- •••-H A,,x''^ -t- •••] X [(4 — IjA^x^H- ••• -+-(4^— l)A,,x^^'-+- ••]. Donc, pour ç > 1 : (4'— 1)A,, -^(4'-^-l)A2,_.A,-i-(4''-^^-J)A,,_,A,-4-.. -^ (4-l)A,A2,_, = 0; ou, en changeant de notation, 27(27-'!) „ „ \ 1 (4' - i ) B,,_ , + (4^- •- I ) -^-^^^ B,,_ 3 B 27 (2r/ — 1 ) (20 — 2) (2o — 5) ^^l,^-^-\)Jl-L [\^^^^^^^ ^ ^B,,_,B3-i-) . . (B) relation que nous croyons nouvelle. ( 1019 ) 4. En la combinant avec (A), on obtient celle-ci : un peu plus sinnple que (B). Àii sujet d'une relation qui existerait entre la température de fusion des métaux et leur coefficient de dilatation; par M. P. De Heen, ingénieur, à Louvain. On sait qu'en général les métaux les plus fusibles sont aussi les plus dilatables; je dis en général, car cette pro- priété offre de fréquentes anomalies : l'antimoine, par exemple, a un coefficient de dilatation sensiblement égal à celui du palladium quoique les températures de fusion de ces métaux soient fort différentes. Cette remarque me frappa néanmoins et je m'efforçai de trouver une relation entre ces deux chiffres de telle sorte que la connaissance de l'un d'eux permit d'en déduire l'autre. La première chose à faire consistait à compter les températures non pas à partir d'un zéro arbitraire tel que celui qui nous est donné par la fusion de la glace, mais bien à partir du zéro absolu, c'est-à-dire du point où les vibrations calo- rifiques sont nulles : on sait que ce point a été fixé par la thermodynamique à — 273° centigrades. ( 1020 ) Étant en possession d'un assez grand nombre de tem- pératures de fusion évaluées de la sorte, je ne citerai pas le plus grand nombre d'hypotbèses auxquelles je fus amené, croyant toujours que le coefficient de dilatation devait dépendre, en outre, du poids atomique (les atomes s'altirant en raison directe des masses). J'avais presque abandonné ce genre de recherches, lorsque je fus frappé de voir que plusieurs produits du coefficient de dilatation par la température absolue de fusion étaient identiques ; je groupai donc ceux-ci et, à ma grande surprise, je con- statai qu'ils appartenaient à un même groupe chimique ou du moins à des groupes voisins les uns des autres; je re- marquai encore que ces produits diminuaient à mesure que les groupes se rapprochaient des métalloïdes et que de plus la différence entre deux produits constants consé- cutifs était aussi une quantité constante. Voici les chiffres qui confirment ce que nous venons de dire(l) : (1) Les coeflicicnts de dilatation ainsi que les Icnipéraluics de fusion ont élé recueillis dans Y Annuaire du bureau des longitudes, dans le Die- tionnaire de chimie de Wuriz et dans le Trailé de chimie de M. Henry de Louvain. ( d02i ) Température de fusion. Température absolue. CoefGcicnt de dilatation exprimé en millionièmes. Différence entre deux produits constants consécutifs. 1" groupe. Platine. . . . 2100 — Palladium . . 1700 — Fer i600 — Or i250 — Cuivre. . . . 1100 — Argent. . . . iOOO 2me groupe. Magnésium . 500 ? — Zinc 400 ? — Plomb .... 345 — Cadmium . . 320 — Indium. . . . d76 3megi.oupe. Silicium. . . 4500 — Étain 237 — Mercure . . . -40 4me groupe. Bismuth . . . 265 — Antimoine. . 442 5me groupe. Arsenic ... 210 2373 1973 1873 1523 1373 1273 (Verdet.) 68817 (i) 69035 67428 70038 70023 72561 69657 773 81 62613 ? 673 87 58531 ? 618 87 53766 593 90 53370 449 126 56374 64570 (2 1773 22,8 40410 510 75 38230 233 180 41940 40200 538 4-2 . 22396 715 34,5 24667 16,8 23631 8114 15081 14370 16369 15517 (^) Les données que nous possédons au sujet du platine sont assez in- certaines; en effet! ° son coefficient de dilatation étant faible, il est fort dif- ficile de l'évaluer d'une manière assez précise; d'après Verdet il pourrait varier entre 0,000 0086 et 0,000 0098; 2° la température de fusion étant Irès-élevée, il est également très-difficile de l'évaluer avec précision ; d'après M. Deville elle pourrait être 2000»; la différence entre ce chiffre et le chiffre adopté peut, me semble- t-il, constituer une erreur possible. Nous avons également adopté le plus fort coefficient de dilatation. (^) Dans cette moyenne on n'a pas tenu compte des deux premiers métaux dont les températures de fusion sont peu connues. 2""' SÉRIE, TOME LXI. 66 ( 1022 ) Celte remarque nous permettra de déterminer avec un grand degré de probabilité h température de fusion des métaux qui n'ont pas encore été soumis à l'expérience. Voici le résultat de cette détermination pour les métaux du premier groupe en prenant 0,07 pour produit du coefficient de dilatation par la température absolue de fusion. Coefliclent Température Température de dilatation en absolue de fusion en METAUX. millionièmes. de fusion. degrés centigrades. Osmium 19,71 3531 3278 Iridium 21 3333 3060 Rhodium. 2o,o 274o 2472 Rhutinium 28,8 2430 21o7 Cobalt 37,08 1890 1617 Nickel 38,37 1820 1547 Aluminium 69 1010 737 Température de fusion du carbone. On sait que le car- bone appartient au même groupe que l'étain et le silicium; ce fait nous permettra de déterminer sa température de fusion par une méthode identique à celle que nous avons suivie pour les métaux du premier groupe; seulement on sait que le coefficient de dilatation du carbone varie sui- vant l'état physique de ce corps; ainsi le graphite a pour coefficient de dilatation linéaire 0,000 00786, le charbon des cornues à gaz 0,000 00540 et enfin le diamant 0,000 00118. Quel coefficient de dilatation choisir? En faisant le calcul nous voyons que les deux premiers coeffi- cients ne sont pas applicables; en effet, le premier assigne- rait au carbone une température de fusion sensiblement égale à celle du silicium et le second fixerait cette tempé- rature à 2500" au maximum, ce qui est contraire à Texpé- rience. ïl ne reste donc plus que le coefficient de dilatation ( 1025 ) (lu diamant, qui se rcconiiuantlait tout d'abord et auquel correspond une lempéraliire de fusion de 1 J000°. On peut déduire, comme conclusion de ce que nous ve- nons de dire, que l'accroissement de volume qui résulte d'un accroissement de température T (T exprimant la tem- pérature absolue de fusion), est sensiblement constant pour un même groupe et que, de plus, cet accroissement de volume diminue à mesure qu'on se rapproche des métal- loïdes. On peut dire encore que les molécules des métaux peu- vent se maintenir à des distances d'autant plus grandes (sans que le métal passe à l'état liquide) qu'on s'éloigne davantage des métalloïdes. L'inverse semble avoir lieu pour ces derniers. Afin qu'on ne m'accuse pas de témérité, je tiens à faire remarquer, au sujet de cette note, que j'ai voulu démontrer seulement l'existence probable d'une loi de la nature; en effet le coefficient de dilatation variant avec la température, elle se trouve soumise à des objections semblables à celles qui ont été soulevées par la loi de Dulong et Petit. Enfin des expériences dont je m'occupe en ce moment doivent être entreprises : 1" afin de s'assurer si les coefficients de dilatation ont été déterminés à l'aide de corps parfaitement purs (la présence de métaux étrangers ayant une grande influence sur cette quantité); 2" afin de vérifier les tempé- ratures de fusion dont quelques-unes sont incertaines. ( 1024 ) Sur le développement de V électricité statique; par M. W. Spring. Les connaissances que nous avons, non-seulement sur la nature de réiectricilé, mais môme sur les causes de son développement, sont des moins établies, pour ne pas dire qu'elles sont nulles. Malgré l'importance du sujet et l'at- trait que présenterait la solution de questions si intéres- santes, on ne rencontre qu'un nombre restreint de mé- moires relatifs à ces sujets; ce n'est pas qu'il ait manqué de physiciens pour s'en occuper, mais bien plutôt parce que, en dehors d'hypothèses plus ou moins gratuites, le travail n'est pas parvenu à rassembler des documents pos- sédant une valeur scientifique. Laissant de côté la question de la nature de l'électricité, j'ai fait quelques recherches en vue de connaître les causes du développement de l'électricité statique et de les relier au principe de la transformation des forces. Il n'a pas fallu, pour atteindre ce but, instituer beau- coup d'expériences nouvelles; j'ai cru qu'en interprétant, d'une manière différente qu'on ne l'a fait jusqu'aujourd'hui, celles par lesquelles on parvient cà engendrer de l'électri- cité, on pouvait ramener les causes, si variées en appa- rence, telles que le frottement, la pression, le contact, etc., du développement de l'électricité à une cause unique qui prendrait sa source dans les variations de l'énergie attrac- tive. Ainsi, quelques-unes des expériences que je décrirai sont entièrement nouvelles, les autres ont seulement été variées en vue d'éliminer quelques doutes sur le siège de l'action électrique, ou de montrer que les interpréta- ( i025 ) tions dont elles ont été l'objet avaient donné lieu à quel- ques méprises. Pour faciliter rinlelligence de ma pensée, je prendrai la liberté de rappeler, aussi succinctement que possible, les diverses sources d'électricité statique que Ton a admises jusqu'aujourd'hui, puis j'aborderai la question de savoir si, dans leur essence, elles diffèrent les unes des autres. § 1. Jusqu'au premier tiers du XVIII^ siècle, on ne connut qu'une seule source d'électricité statique : le frottement. En J752 Stephen Gray (1), qui contribua tant à donner à l'étude des phénomènes électriques une impulsion nou- velle, remarqua qu'en enlevant d'un vase du soufre qui y avait été fondu au préalable, il se développait une certaine quantité d'électricité. Ce fait fut vérifié ensuite par Du Fay (2) et aussi, paraît-il, par Wilcke et Henley (3); ce dernier trouva que du chocolat, récemment fondu, enlevé des formes en étain dans lesquelles on l'avait coulé, était fortement électrisé; ce fait se reproduit toutes les fois qu'on le fond de nouveau. Cette production d'électricité n'est pas due au frotte- ment, comme je le ferai voir par la suite, contrairement à l'opinion de Gay-Lussac (4-) et de Bôttger (5), mais rien (1) Philos. Transactions, 1732, p. 285. (2) Mémoires de r Académie de Paris, 1734 (édition in-12), p. 473. (5) RiEss. Die Lehre von der Reibungselektricitdt, t. II, p, 402. Berlin. (4) Gay-Lussac. Lettre sur la formation des nuages orageux. Aivw. de CHIMIE ET DE PHYS., 2« sérle, t. VIII, p. 158. (o) BÔTTGER. Vermischte physikal. Erscheinungen. Pogg. An.\., t. L, p. 5o. ( -i0^2(> ) qu'à la destruction de Vadliésion qui existe entre la sub- stance, préalablement fondue, solidifiée et le vase qui la renferme. Lorsque je ferai connaître les expériences que j'ai faites à ce sujet, j'établirai que la destruction de cette adhésion est cause de rélectrisntion;\e rassemblerai seule- ment dans ce paragraphe les faits qui me sont connus et qui militent déjà en faveur de cette manière de voir. Une source d'électricité, en tous points semblable à celle découverte par Gray, se trouve dans le clivage de cer- tains minéraux. Ce fut Nicholson (J) qui appela le pre- mier l'attention sur l'électrisation produite par le clivage du mica. Environ quarante années plus tard, Becquerel (2) étudia à son tour les phénomènes indiqués par Nicholson et détermina avec soin les circonstances dans lesquelles l'électricité se produit. îl montra que si l'on sépare brus- quement deux feuilles de mica , on les trouve électrisées toutes deux ; l'une se charge d'électricité positive et l'autre d'électricité négative. Becquerel ne s explique pas sur la cause de ce développement d'électricité, mais peut-on voir, dans cette expérience si simple, autre chose que la des- truction d'une adhérence? Il existe d'autres moyens encore que le clivage de faire cesser une adhérence; ainsi, si l'on coupe un corps quelconque en plusieurs parties, on anéantit évidem- ment l'adhésion que ces parties avaient entre elles avant leur séparation et de l'électricité doit devenir sensible. C'est ce qui a été constaté par différents physiciens. Ainsi (1) NicHOLSO-v. Phil. Transactions, 1789. (2) ]lECQVEf{EL. De quelques phénomènes électriques produits par la pression et le clivage des cristaux. An.xales de chimie et de PHYS.,2e série, t. XXXVI, p. 265. 18-27. ( 1027 ) Wilson (i) conclut de ses expériences que chaque fois qu'on détache d'un morceau de bois, au moyen d'un couteau dont le tranchant n'est pas très-affilé, des copeaux, on les trouve électrisés positivement; si, au contraire, le tranchant du couteau est très-affilé, les copeaux sont toujours électrisés négativement. Ce changement du signe de l'électricité montre, dit-il, que Ton n'a pas affaire ici seulement à de l'électricité produite par le frottement : il ajoute qu'il a maintes fois observé qu'en fendant et en séparant promp- tement en deux parties une pièce de bois sèche et chaude, les deux surfaces qui étaient contiguës se trouvent être dans deux états différents d'électricité. D'autre part, Vassali (2) trouva que quand on détache de la surface du verre, du soufre, de la cire à cacheter, etc., des particules de matière au moyen d'un corps quelconque, ces dernières sont toujours électrisées; le signe de cette électricité dé- pend de la nature et de la qualité des corps autant que de la manière dont on détache les particules. Canton (5) confirma les faits découverts par Wilson et Vassali et les généralisa. Enfin il existe encore une source d'électricité qui peut, à cause de sa nature, être rangée à la suite des précédentes, je veux parler de celle dont Dessaignes (4) a dévoilé l'exis- (1) W"" Wilson. Sur l'électricité des copeaux de bois. Annales de chimie, l'« série, t. L, p. 27. (2) Vassali. Lettre de M. l'ahbé Vassali à M. Brugnatelli. Annales de CHIMIE, Ir»; série, t. XII, p 54. (5) Riess. Die Lehre von der Reibungselectricitdt, t. II, p. 401. (4) J. P. Dessaignes. Faits relatifs à Vinfluence de la température, des pressions mécaniques et du principe humide , sur l'intensité du pouvoir électrique et sur le changement de nature de l'électricité. Annales de chimie et de physique, 2^ série, t. II, p. o9. 1816. ( 1028 ) tence. Ce physicien montra que si l'on plonge une ba- guette de verre dans du mercure, elle en sort chargée d'électricité positive. Cette production d'électricité n'est pas non plus due au frottement, car il faudrait, dans ce cas, que la baguette de verre pénètre dans le mercure comme un instrument tranchant pénètre dans un objet qu'on coupe, c'est-à-dire qu'elle devrait perforer, en quelque sorte, les diverses couches horizontales en les- quelles on peut supposer le mercure décomposé : il n'en est rien, comme on peut s'en convaincre; il suffît, à cet effet, de couvrir la surface du mercure de poudre de lyco- pode, puis d'y plonger la baguette, la poudre de toute la surface s'enfonce avec la baguette et sort avec elle, ce qui démontre bien que la baguette de verre s'est mise en con- tact seulement avec le mercure de la surface sans perforer cette couche superficielle. Je reviendrai du reste, avec plus de détails , sur cette expérience. Je ne terminerai pas ce premier paragraphe sans rappe- ler encore le phénomène de production d'électricité par l'explosion de certains corps. C'est ainsi que Bennet (1) constata, il y a longtemps déjà, que la poussière de verre qui provient de la rupture des larmes bataviques était éleclrisée. Dôbereiner (2) montra également que l'explo- sion de l'oxalate d'argent était accompagnée d'un dégage- ment d'électricité. D'après Schweigger (o), cette électricité ne prendrait naissance que lorsque les corps qui font ex- plosion ne donnent pas lieu à la production d'une trop (1) Bennet. New Experiments on Electricittj.l^iULOS. Transact. 1789. (2) DÔBEREINER. Gilbert Auiialen , t. LXVII, p. 332 (3) Schweigger Journal, t. LI p. 80. (Je n'ai pu me procurer ce jour- nal.) ( i029 ) grande quantité de gaz; ainsi la poudre à tirer, comme un mélange de soufre et de chlorate de potassium, ne fournis- sent aucune trace d'électricité. § II. Je passe maintenant à une autre source d'électricité sta- tique. Au delà d'un demi-siècle après l'époque à laquelle Gray montra que l'électricité statique ne se développait pas ex- clusivement par le frottement, Volta (1) fit voir le premier que l'évaporation de certains liquides était accompagnée d'électricité. Il arrosa d'eau des charbons incandescents déposés dans un bassin en fer et constata que celui-ci avait pris de l'électricité négative. Peu de temps après de Saus- sure (2) remarqua qu'en projetant de l'eau, de l'alcool ou de l'éther dans un creuset métallique, celui-ci s'électrisait tan- tôt positivement et tantôt négativement selon la nature du métal et celle du liquide. Ces expériences furent répétées ensuite par plusieurs physiciens et conduisirent à des ré- sultats contradictoires. Il était réservé à Pouillet (3) d'en donner les motifs. Ce dernier fit voir que de l'eau pure ne donne pas de signes d'électricité quand on la pro- jette dans un vase de platine suffisamment chauffé, mais bien chaque fois que l'évaporation est accompagnée d'une séparation de matières fixes qui restent dissoutes dans l'eau : ainsi on obtient une certaine quantité d'électricité (1) Philosoph Transact. abridged^ t. XV, p. 274. (2) Voyages dans les Alpes, Genève, 1786, t. II, p. 227. (5) PociLLET. Deuxième mémoire sur V électricité qui se développe dans les actions chimiques et sur Vorigine de l'électricité de l'atmo- sphère. AiNN. DE CHIM. ET DE PHYS., l. XXXVl, 1827, p. 3. ( 1050 ) toutes les ibis qu'on fait usage d'eau qui tient en solu- tion un sel quelconque. A ces phénomènes se rattachent celui qui a été observé en 1840 à Seghill, près de Nevv- castle, par un machiniste : ayant tenu une main dans la vapeur qui s'échappait de la soupape de sûreté d'une chau- dière il ressentit une commotion lorsqu'il approcha l'autre main du levier de la soupape. Faraday (1) crut pouvoir conclure des expériences qu'il fit en vue d'étudier ce phé- nomène que l'électricité observée prenait sa source non dans l'évaporation de l'eau, mais dans le frottement de la vapeur contre les lèvres de la soupape; cependant il paraî- trait, d'après les expériences de Schafheutl (2), que l'élec- tricité aurait pour cause, outre le frottement, le fait de la condensation de la vapeur dans l'air. On pourrait encore citer dans ce paragraphe la produc- tion d'électricité qui s'observe lorsqu'un liquide perd subi- tement l'état sphéroïdal; cependant il n'est pas encore démontré avec certitude que l'on n'a pas affaire ici à une électrisation par frottement, c'est du moins ce que mon- trent les travaux de Riess (5) et de Rijke. § m. Une troisième source d'électricité statique se trouve dans le contact de certains corps, du moins le doute ne paraît plus existera cet égard dans l'esprit des physiciens; nous verrons par la suite qu'on s'est mépris sur le siège (1) Faraday. Eleklricitalserrequng durch Reihung von Wasscr und Dampfan anderen Kôrpern, t. LX, p. 321. Pogg. Ann. (2) ScHAFHRUTï. SiiT Célcctricité développée par une condensation de la vapeur d'eau. Ann. de chim. et de phys., 3« série, l. II, p. 37. (5) Riess. Die Lehre von der Reibungseleclricitat, l. II, p. 406. ( i031 ) (lu (lévoluppenient électrique et que ce n'est pas pendant \ii contact tics corps que celui-ci se produit, mais bien à l'instant de leur séparation, ce qui est tout différent. Quoi qu'il en soit, nous allons d'abord passer en revue les diffé- rentes expériences qui ont contribué à développer la théorie de l'électrisation par contact des corps. En 1800, quelques années après la célèbre découverte de Galvani, Vol ta (it ses expériences mémorables sur le contact des métaux : son premier mémoire (1) renferme la relation des expériences qu'il a faites au moyen de son barreau zinc-cuivre. Yolta s'est trompé, dans cette expé- rience, sur le siège de la force électro-motrice; il a été reconnu, à suffisance de preuves, qu'ici du moins l'électri- cité produite était due à une action chimique et non à un contact. La théorie de Yolta resta pourtant debout, car il s'empressa de faire connaître d'autres expériences qui montrèrent d'une manière péremptoire que le contact pou- vait engendrer de l'électricité : c'est ainsi qu'il montra que si l'on tient par un manche isolant un disque de cuivre et un disque de zinc, on trouve que tous deux sont chargés d'électricité chaque fois qu'on les a mis en contact. Yolta n'expérimenta guère qu'avec des métaux; après lui, Fechner (2) généralisa les résultats auxquels il était arrivé en montrant que le contact do deux corps quelcon- ques, métalliques ou non, produisait une certaine quan- tité d'électricité. Rosenschold (5) avait déjà montré , avant (1) VoLTA. De rélcctncitédile galvanique. Annales de chimie, l^e série, t. XL, p. -224. (2) Fechner. Rechtfertig. d. kontacUheorie des Galvanismus. Pogg. Ann, t XLII,p. 48t. (3) Rose!vsch5ld. Aufjindung e. Kôrpers welcher in Berlilirung mit anderen Elektromotoren eine weit slarkere nég. El. erregt als jeder bisherunlersuchte. Pogg. Ax?î , t. XXXV, p. 46. ( 1052 ) Fecliner, que le silex développait une notable quantité d'électricité par son contact avec le zinc. Les plus illustres physiciens ont mis en doute cette électricité de contact de Voila et la discussion qui s'éleva alors sur ce sujet eut l'avantage d'être la cause d'un grand nombre de travaux qui étendirent les connaissances que l'on avait sur l'élec- tricité. Résumer tous ces travaux ne rentre pas dans le cadre de cette note; il suffira que j'établisse qu'on a fini par reconnaître que l'électricité de contact était une réa- lité quoiqu'elle ne produisît pas de courant; à cet effet je rappellerai les résultats auxquels Péclet est arrivé. D'après ce physicien (1) : 1° Les métaux produisent de l'électricité, dans leur con- tact, sans qu'il soit possible d'attribuer cet effet au frotte- ment ou à une action chimique du milieu environnant. 2^ Dans une chaîne formée de plusieurs métaux les effets sont les mêmes que si les métaux extrêmes étaient immédiatement en contact. 3° Dans le contact de certains métaux et de certains liquides il y a développement d'électricité sans qu'il soit possible d'admettre une action chimique entre les deux corps. § IV. Pendant que Voila édifiait sa théorie du contact, plu- sieurs physiciens constatèrent que les actions chimiques étaient accompagnées d'un développement d'électricité. Il est assez curieux de remarquer que celui qui combattit (1) Péclet. Mémoire sur le développement de l'électricilé statique pen- dant le contact des corps. Ann. de chim, et de phys , û« série, t. JI, p. 253. 1841. ( 1033 ) plus tard avec tant d'opiniâtreté l'opinion que l'action chimique pouvait être cause d'électrisation , fut en réalité celui qui découvrit le premier ce phénomène; c'est ainsi que Riess (I) rapporte que Volta vit le premier, avec Lavoisier et Laplace, pendant un voyage qu'il fit en 1782 à Paris, l'électricité développée par la combustion du charbon. A partir de ce moment on rencontre encore quelques observations isolées: Brande(2), par exemple, constata que les flammes étaient chargées d'une certaine quantité d'électricité puisqu'elles sont attirées par des corps chargés d'une électricité et repoussées, au contraire, par les mêmes corps chargés de l'électricité contraire. Pouillet (5) confirma ce fait, mais on peut dire que la question de l'électrisation par action chimique ne fut définitivement établie qu'à la suite des travaux de Lavoi- sier et de Laplace (4), de Becquerel (5), de Karsten (6), de Pfafr(7) et eniin de de la Rive (8) , qui montrèrent que (1) Die Lelire von der Reibungselektricital , t. II, p. 413. (2) Philos Transact., 1814, p. 51. (3) Pouillet. Sur rélectricité des fluides élastiques et sur une des causes de l'électricité atmosphérique. Annales de chim. et de phys., t. XXXV, p. 401. (4) Lavoisier et Laplace, Mémoire sur rélectricité qu'absorbent les corps qui se réduisent en vapeurs, Oeuvres de Lavoisier, publiées par les soins de Son Ex. le Ministre de Tinstruction publique et des cultes , Paris , 1 86:2 , t. II , p. 374. (5) Becquerel. De rélectricité dégagée dans les actions chimiques^ Ann. de caiM. ET de phys., 2e série, t. XXXV, p. 113. (6) Karsten. Die elektr. Polar, des Fliissigen, etc., Pogg. Ann., t. XLV p. 438. (7) Pfaff. Ueber und gegen die Entivick: der Elect: durch den chem. Process, Pogg. Ann., t. II, p. 110. (8) De la Rive. Recherches sur la cause de l'électricité vol laïque, Ibid, t. XXXIX, p. 297. [ 1054 ) chaque fois qu'un corps est attaqué par une substance qui a une action chitnique sur lui, il prend l'électricité négative et l'autre substance l'électricité positive. § V. Les différentes sources d'électricité que je viens de rappeler dans les paragraphes précédents étaient déjà con- nues depuis un certain temps lorsque Becquerel institua une série d'expériences en vue de pénétrer le phénomène de l'électrisalion par frottement; il ne put résoudre com- plètement le problème qu'il s'était proposé, mais il décou- vrit en revanche une nouvelle source d'électricité : la pression. Il est vrai de dire qu'avant Becquerel on savait déjà, par quelques observations isolées, que la pression pouvait engendrer de l'électricité. Ce fut Libes (1) qui montra le premier qu'en pressant un disque de métal qu'on tient isolé par un manche de verre, sur du taffetas gommé, celui-ci prend de l'électricité positive et le disque de l'élec- tricité négative. Le frottement n'a aucune part à la pro- duction de ce phénomène; car, si au lieu de presser le disque sur le taffetas, on le frotte sur sa surface, c'est lui qui prend l'électricité positive, résultat inverse de celui que produit la pression. Haiiy (2) découvrit ensuite que plusieurs minéraux, et surtout le spath d'Islande, deve- naient électriques lorsqu'on les pressait. Becquerel (o) {i) BioT. Traité élémentaire de physique expérimentale , Paris, 18-2! , t II, p. 609. (2) Haijy. Sur l'électricité produite dans les minéraux à l'aide de la pression, Ann. de chim. et de phys., 2« série , l. V , p. 95. (5) Uecquerel. Expériences sur le développement de Vclectricite par la pression, Ann. de chim. et de phys., 2^ série, t. XXII, p. 5. ( 1055 ) donna de Timportance à ces phcnonicnes par suite de l'idée d'où il était parti pour les exécuter et surtout par ce qu'il montra que tous les corps s'électrisent quand on les presse l'un contre l'autre. Selon lui la pression était un des facteurs intervenant dans le frottement; il montra (p. 29, loco citato) que l'électrisalion était proportion- nelle à la pression, jusqu'à une certaine limite ; ce fait est en contradiction avec les résultats que l'on obtient au moyen des machines électriques proprement dites; il y a donc là encore un point obscur sur lequel je reviendrai plus tard. Telles sont, classées par catégories, les diverses sources d'électricité statique; je ne dirai rien des phénomènes observés par Wûllner, Henrici, Quincke, Zôllner, ni de ceux observés en premier lieu par Becquerel dans l'action capillaire, puisqu'ils se rapportent à l'électricité dyna- mique et non statique. Je montrerai seulement plus tard qu'il sera très-facile de les interpréter lorsque j'aurai établi que c'est lors de la séparation des corps que se produit l'électricité. Je passe maintenant à l'interprétation des phénomènes rapportés dans les paragraphes précédents ainsi qu'à l'exposition des recherches que j'ai entreprises à ce sujet. § VI. 11 est difficile de voir a priori comment les différentes sources d'électricité indiquées plus haut pourraient se rat- tacher à une seule et même cause. On s'est habitué à les considérer comme bien distinctes l'une de l'autre à partir du moment où il a été démontré que le frottement n'in- tervenait pour rien dans l'électrisation par pression ; partant de l'idée que, dans certaines conditions, le frotte- ( 1056 ) ment avait la vertu d'éleclriser, on a fait peu de travaux pour mettre son mode d'agir en lumière. On peut passer sous silence les prétendues explications du phénomène que l'on voulait trouver dans l'ébranle- ment des molécules de la surface d'un corps par suite du frottement; c'était se payer de mots, car, comme Pouillet en a depuis longtemps fait la remarque, il y a ébranlement et déplacement des molécules dans le changement d'état des corps et cependant aucune électricité n'est produite. « D'un autre côté, ajoute Gaugain(l), si l'ébranlement » des molécules était la cause véritable du développement » de l'électricité, la tension devrait dépendre de la gran- » deur et de la direction de cet ébranlement; elle varie- » rait, par conséquent, avec la vitesse, la pression et le » mode de frottement et Péclet a démontré, par des expé- » riences précises, que ces circonstances n'ont aucune » influence sur la tension des corps frottés. » J'ajouterai encore que, si l'ébranlement des molécules de la surface d'un corps était véritablement une des causes de l'électri- sation, on ne comprendrait pas que la chaleur qui se dégage pendant le frottement puisse être sans aucune influence sur la production de l'électricité, comme Bec- querel (2) l'a fait voir. Wollaston crut pouvoir attribuer une origine chimique à l'électricité produite par le frottement : il avait remarqué que les frottoirs couverts d'un amalgame facilement oxy- (1) J. M. Gaugain, Sur l'origine unique des forces électro-motrices, Ann. de cniM. ET DE PHYS., -4^ série , l. VI, p. 41. (2) Becquerel. Du dégagement de V électricité qui résulte du frotte- ment de deux métaux , Anw. de chim. et de phys., 2^ série, t. XXXVIII, p. 113. { iOùl ) dable étaient ceux qui donnaient le plus d'électricité; cependant Péclet(l) fil voir que si l'on place toute la machine électrique dans de l'anhydride carbonique, ou dans tout autre gaz sans action chimique sur l'amalgame des frottoirs, il ne se produit pas moins d'électricité par le frot- tement. En dehors des travaux de Wollaston, de Péclet et.de Gaugain, que je viens de citer, je n'ai plus rencontré qu'un mémoire d'un physicien allemand sur cette matière, c'est celui de Frankenheim (2) : je n'en dirai qu'un mot parce que la conception de Frankenheim me paraît bien hypo- thétique si je l'ai bien comprise : d'après lui « le frottement ferait naître des résistances inégales à la propagation d'un courant et forcerait le courant préexistant (?) à mar- cher dans un sens plutôt que dans un autre. L'électricité statique procéderait donc partie d'une action thermo- dynamique et partie d'une action chimique. » On ne voit pas bien pourquoi; de plus, Frankenheim avoue que même dans cette hypothèse, il y a encore beaucoup de phénomènes inexplicables. Je ne m'arrêterai donc pas plus longtemps à ces hypothèses. En ce qui concerne l'électricité produite par la solidi- fication des substances fondues^ j'ai déjà dit que Gay- Lussac etBôtlger avaient vu là un produit du frottement, ce qui ne contribue pas à la solution de la question. L'élec- (1) Péclet. Mémoire sur l'influence de l'action chimique dans la production de l'électricité par le frottement. Ann. de chim. et de phys., 5« série, t. XI, 1839. (2) L. Frankenheim. Ueber die in der galvanischen Kette an der Grdnze zweier leiter entwickelte Wdrme und Kdlte. Pogg. Ann., l. CXI, p. 178. 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 67 [ 4058 ) Irisation par clivage, rélectrisation par évaporalion et par action chimique furent adoptées comme des faits dont on ne connaissait pas la cause. Quant à la théorie de Volta relative à Télectricité de contact, on doit dire que si, à la vérité, elle rend compte, avec une grande facilité, d'un nombre considérable de faits, on n'en est pas moins à se demander pourquoi un métal « pousse son électricité » dans un autre qui le touche. Cette conception vient même se heurter à une difficulté insurmontable, c'est qu'elle conduit inévitablement à une création de forces sans dépense correspondante; on a bien fait quelques efforts pour la dégager de cette voie, mais sans réussir, comme il est facile de s'en convaincre. L'électrisation par pression a suggéré à Becquerel l'hy- pothèse (1) « qu'au moment de la pression il se formerait » un nouvel état d'équilibre entre les deux fluides qui » composent le fluide électrique naturel. L'électricité » vitrée occupe l'une des surfaces de contact et l'électri- » cité résineuse l'autre; tant que dure la pression ces deux » fluides ne peuvent franchir la surface de contact. » Cette interprétation n'est pas nécessaire, car, comme on le verra par les expériences de Becquerel même, ce n'est pas à la pression qu'est due l'électricité. En résumé on voit qu'aucune idée générale n'a été émise en vue de réunir en une seule ces diverses sources d'électricité. Étudions maintenant, plus en détail, l'une quelconque des sources d'électricité, le contact, par exemple, et voyons quel enseignement nous pouvons en tirer. (I) Becquerel. Expériences sur le développement de l'électricité par la pression. Ann. de chim. et de phys., 2*" série, t. XXII, p. H. ( i039 ) D'après Volta, au moment où Ton met un barreau de zinc en contact avec un bai i eau de cuivre, le premier pousse une portion de son électricité dans le second; si on ne permet pas à cette électricité de s'écouler, les choses en restent là; mais si l'on relie le cuivre et le zinc par un conducteur de la seconde classe (corps non métallique), il y a écoulement continu de Téleclricité du cuivre vers le zinc. Pour que ce courant puisse se produire il est indis- pensable de faire usage d'un conducteur de la seconde classe. P'araday a montré, à suffisance de preuve, qu'il y avait ici méprise sur le siège de l'action électro-motrice; il Tant donc abandonner cette expérience première de Voila et porter son attention sur celles qui ont été faites sans ce « conducteur de la seconde classe. » Passons donc à l'étude de l'expérience que Volta a faite au moyen des deux plaques, l'une de cuivre et l'autre de zinc, qu'il mettait en contact en les tenant chacune par un manche isolant. Si l'on se dégage de toute idée préconçue et si l'on ne voit que le résultat immédiat de l'expérience, on est forcé d'en conclure que ce n'est quau moment où l'on sépare brusquement les plaques que l'électricité se produit. On ne conçoit pas, en effet, que les quantités d'électricité qui se développeraient au contact des plaques puissent de- meurer indéfiniment sur Tune et l'autre sans se neutraliser; Volta a admis, pour tourner cette difficulté, qu'il restait entre les deux plaques une couche d'air ou d'humidité qui agis- sait comme corps isolant et empêchait la reconstitution de l'état neutre en transformant l'ajjpareil en un conden- sateur électrique. H est à peine nécessaire de faire remar- quer que cette hypothèse a été inventée pour le besoin de la cause, car s'il en était réellement ainsi, s'il existait une couche isolante entre le zinc et le cuivre, on ne com- ( 104.0 ) prendrait plus du loul pourquoi celte quantité d'électricité qui ne peut plus traverser l'isoloir a pu le faire une pre- mière ibis pour se rendre du zinc au cuivre : il y a plus, s'il est vrai que dans un condensateur proprement dit il y a deux quantités égales et de signe contraire d'électricité en regard l'une de l'autre, cet état ne peut se produire que pour autant que l'on communique de l'électricité à l'une des armatures du condensateur et qu'on permette à l'élec- tricité repoussée sur l'autre armature de s'écouler : dans l'expérience de Volta, il faudrait, d'après la théorie des condensateurs, que, les sîirfaces en contact étant chargées d'électricités contraires, les surfaces extérieures fussent aussi chargées d'électricités contraires puisqu'on ne leur enlève rien; l'expérience démontre le contraire : chaque fois que la surface extérieure des plaques a pu se charger d'électricité, c'est qu'une action chimique était en jeu. Du reste, quand on répète cette expérience on acquiert bientôt cette conviction; aussi, Volta lui-même, malgré ses idées préconçues, a-t-il dû s'exprimer de la sorte en relatant ses expériences : « les deux plateaux déploient en les » séparant, environ trois degrés d'électricité positive » dans le zinc et négative dans l'argent (1). » Ce qui prouve bien à l'évidence que ce n'est qu'au moment de la séparation des plaques que l'électricité se produit, c'est que Volta (2) ayant voulu s'assurer de l'électrisation des plaques tandis que celles-ci étaient au contact et son électromètre ne lui ayant pas révélé d'électricité, il les (1) Volta. De rélectricilé dite galvanique. Ann. de cuim., l»"* série, t. XL, § XI, p. 238. (2) Lellre du citoyen Volta au citoyen Gren sur le galvanisme, etc. Ann. de cuim., l^e série, t. XXIX, p. 91. ( iOii ) sépara l'une de l'autre, louciia !e bouton de l'électroscope au moyen de l'une d'elles et après vingt à trente sépa- rations semblables l'électroinètre marqua 20 degrés. Lorsque Fechner fit voir que le zinc et le cuivre deve- naient électriques par leur contact avec le soufre, la craie, le verre, le spath d'Islande, ce n'est qu'après leur sépa- ration d'avec ces corps qu'il put constater la présence de l'électricité; que peut-on donc conclure de ces expériences si l'on veut s'en tenir aux faits sans les dépasser, sinon que c'est à la séparation qu'est due la production de l'élec- tricité et non au contact puisque pendant toute la durée de celui-ci il n'est possible de rien voir. H va plus, je trouve la démonstration expérimentale du principe que j'émets dans un travail de Leholsurle galva- nisme (i), travail qui remonte déjà à une époque assez reculée. Voici ce que ce physicien a trouvé en répétant et en variant avec beaucoup de soins l'expérience de Galvani : 1"" Si l'on met les nerfs lombaires d'une grenouille en contact avec du mercure et qu'on touche ce métal avec un morceau de zinc, il ne se manifeste point de contraction. Mais en séparant le nerf du mercure, ou, en général, en détruisant la chaîne en quelque point que ce soit, les mou- vements musculaires ont lieu. 2° Si l'on arme le muscle de zinc et le nerf d'argent, lés contractions ne se manifestent qu'au moment où l'on dé- truit la chaîne. 5° Si l'on place la cuisse d'une grenouille sur une plaque d'argent et le nerf sur une plaque de zinc ou de plomb, au moment où l'on mettra les armatures en con- (1) Extrait (Tua mémoire du citoi/ea Leliot sur le galvanisme. A^is DECBiM.,t XXXVlIIjp. 4^, an IX. ( 10-i2 ) tact il se manifestera de fortes contractions qui cessent tant que dure le contact. Les résultats de ces expériences constituent, à mon avis, des arguments péremptoires en faveur de l'opinion que je propose. Il reste maintenant à trouver s'il y a un motif pour que ce soit au moment de la séparation de deux corps en contact que la production électrique a lieu. Ce motif existe et il n'est autre que la destruction de t' attrac- tion qui s'exerçait entre les molécules des surfaces des corps en contact. Kn effet, il n'y a plus de doute aujourd'hui que les phé- nomènes d'adhésion qu'on observe au contact de deux pla- ques de verre, de plomb, etc., ne soient des phénomènes d'attraction moléculaire. Les beaux travaux de Plateau et de Van der Mensbrugghe ont montré que les molécules de la surface d'un liquide ne sont pas dans le même état de tension que celles qui se trouvent à une certaine profon- deur; en d'autres termes la conception de Laplace n'a pas seulement une valeur théorique, mais elle est l'expression d'une vérité physique. Il est évident qui si un liquide de- vient solide, c'est-à-dire si ses molécules ne peuvent plus rouler les unes sur les autres avec la plus grande facilité, mais sont obligées d'osciller autour de points déterminés, il n'y aura rien de changé, ou à peu près, dans la tension superficielle: les molécules de la profondeur du corps con- sidéré seront en équilibre sous l'action de l'attraction qu'elles éprouvent de la part des molécules entourantes, tandis que celles de la surface seront sollicitées dans des directions tangentes à la surface et dans une direction normale à celle-ci dirigée vers l'intérieur du corps; l'excès des tensions latérales sur les tensions normales que ces molécules subissent, engendre la tension superficielle. Les ( 1043 ) molécules de la surface n'exercent donc qu'une partie de leur « faculté atlractice. » Dès lors si Ton met en contact deux corps quelconques A et B, les molécules superfi- cielles de A seront attirées par celles de B et récipro- quement; si le contact est parfait Fensemble des corps A et B pourra être considéré comme un seul corps, les molécules des surfaces en contact fonctionnant maintenant comme les molécules de la profondeur ; remarquons toute- fois que cela n'est rigoureux que pour autant que les corps A et B soient de même nature; s'ils étaient de nature différente la chose se compliquerait puisque l'attraction des molécules de A pour celles de B pourrait alors être plus grande ou plus petite que l'attraction réciproque des molécules de A ou des molécules de B. Je n'approfondirai pas ce point pour le moment parce qu'il ne se rattache pas directement au but que j'ai en vue. Cela posé, si l'on sépare les deux corps en contact on empêchera l'attraction des molécules de A et de B de s'exercer et deux choses peuvent se passer : ou bien cette attraction restera latente, ou bien elle s'exercera vers les molécules de l'intérieur. Les propriétés physiques des surfaces de contact de A et de B doivent être changées dans l'un et dans l'autre cas. Cest à ce changement qu'est subordonnée la production de V électricité. Il n'est possible de se rendre clairement compte de cette dépendance qu'en faisant sur la nature de l'électricité l'une ou l'autre hypo- thèse : c'est sur quoi je reviendrai plus tard; pour le moment il suffit, je crois, de montrer comment on peut entrevoir une transformation des forces de la nature au moment de la séparation de deux corps en contact et sur- tout comment on peut se convaincre que pendant le con- tact, alors qu'il n'y a aucun changement dans l'état des ( 1044 ) corps, il n'y a pas place pour la production de phénomènes nouveaux. Ainsi, écartant toute hypothèse, je n'aborderai pas la question de savoir comment un changement dans l'attraction peut engendrer de l'électricité; j'admettrai la chose comme on a admis la convertibilité de la lumière et de la chaleur en énergie chimique, c'est-à-dire en forces moléculaires sans s'expliquer cette faculté jusque main- tenant : c'est ainsi également qu'on reconnaît une équi- valence entre la chaleur et le travail mécanique sans que cette équivalence ait encore pu être déduite des lois de la mécanique pure, d'une façon satisfaisante du moins. Si la séparation de deux corps est accompagnée de phé- nomènes électriques, il faut, à cause du principe de récipro- cité, que leur réunion soit aussi accompagnée de phéno- mènes semblables : on a vu qu'il en est réellement ainsi; je mentionnerai, à ce sujet, l'expérience n"" 3 de Lehot (p. 1041). Mais quand la réunion est faite, quand le con- tact est établi, tout rentre dans le repos. On peut maintenant rattacher toutes les sources diffé- rentes d'électricité statique à une même idée générale, il suffit pour cela d'énoncer ce principe : Tout changement dans l'énergie de Vaction attractive est accompagné d'un changement de l'état électrique des corps. J'admettrai l'exactitude de ce principe pour le moment et je le démontrerai plus tard. § VU. Reprenons maintenant l'examen des diverses sources d'électricité. Celle qui paraît la plus difficile à interpréter, en appa- rence du moins, est Téloctriciléqui est due à la pression; c'est par là que je commencerai : Electricité de pression. Comme nous l'avons déjà vu, ce fut Libes qui constata le premier une électricité de pression. Voici en quoi con- siste son expérience : on prend un disque de métal que Ton tient isolé par un manche de verre et on le presse sur du taffetas gommé, on le trouve électrisé quand on V en- lève du taffetas. Pendant toute la durée de la pression le disque ne donne aucun signe d'électricité, comme je Vai constaté; on n'a donc affaire ici qu'à un phénomène élec- trique dû à la séparation du disque du taffetas; dès lors la production d'électricité est conforme au principe que j'ai énoncé. La quantité d'électricité produite est d'autant plus grande que la pression a été plus forte, ce qui doit être, car l'adhérence du disque au taffetas augmente avec la pression : ce qui prouve qu'il en est ainsi c'est que, lorsque le taffetas a perdu cette glutinosité qui rend sa surface adhérente, l'effet s'éteint. La remarque faite à propos de l'expérience de Libes s'applique point pour point aux expériences de Haiiy et de Becquerel : ainsi, Becquerel constate qu'en pressant un bouchon de liège sur du mica, l'un et l'autre sortent électrisés de la pression. Il résulte de ses propres expé- riences que la pression n'augmente la quantité d'électricité que parce qu'elle rend le contact plus parfait, c'est-à-dire l'adhérence du liège au mica; après une certaine pres- sion suffisante à rendre l'adhérence maxima, un excès de pression reste sans influence sur l'électricité produite : « si l'on fait varier de deux à quatre kilogrammes la près- ( 1046 ) » sion du liège sur le mica, plusieurs fois de suite, sans » opérer la séparation des corps, on n'augmente pas la » quantité d'électricité (1). » Et dans un autre mé- moire (2): « Une orange pressée par un disque de liège isolé prend » de l'électricité négative. A mesure que le fruit se des- » sèche, la faculté d'électriser le liège diminue. Lorsque la 2) maturité lui donne toute l'élasticité dont il est suscep- » tible, alors sa faculté paraît être dans toute sa force. » Ces deux passages des mémoires de Becquerel montrent bien que c'est avec l'adhérence et non avec la pression qu'augmente la quantité d'électricité , et comme pendant l'adhérence on ne peut rien constater, on est obligé de conclure que c'est au moment où l'on arrache les corps l'un de l'autre, au moment où l'on détruit l'adhérence, que la production d'électricité se fait. Éleclricilé de fusion. Quant à la classe des phénomènes découverts par Gray (§2), il est bien évident maintenant qu'ils ne sont qu'un cas particulier de ceux que nous venons de voir. Quand on enlève du soufre d'un vase dans lequel il a été fondu, il faut faire un certain effort pour en arracher le soufre et c'est alors que l'électricité se produit : quant à la fusion, elle n'intervient ici que pour rendre plus parfaite l'adhérence entre le soufre et le vase, si, en effet, on (i) Becquerel. De quelques phénomènes électriques produits par la pression, Ann. de chim. et de phts., 2' sér., t. XXXVI, p. 267. (2) Becquerel. Expériences sur le développement de l'électricité par la pression. Ann. de chim. et de puys., 2« sér., l. XXII, p. 9. ( i047 ) arrache le soufre du vase et qu'on le remette en place lorsque toute trace d'électricité a disparu, il est impossible de le faire adhérer au vase aussi fortement qu'il le faisait quand il s'est figé; si on l'enlève alors, on ne lui trouve qu'une très-faible quantité d'électricité et souvent même rien du tout. Le phénomène du clivage du mica et des autres minéraux constitue bien une preuve directe pour l'opinion que ce n'est qu'au moment de la séparation des corps que l'électricité se produit. Électricité d'évaporation et de dissolution. Il n'est pas besoin, je pense, d'examiner en détail les autres sources d'électricité; partout on rencontre la même chose : ainsi, si un liquide s'évapore il y a électricité pro- duite, mais le fait de l'évaporation n'est qu'un départ de moléculesde la surface d'un liquide, la production de l'élec- tricité n'a donc plus rien d'étonnant. Dans les actions chi- miques il en est tout à fait de même : du zinc se dissout dans de l'acide sulfurique étendu, des molécules de zinc se détachent de la surface de celui-ci, d'où production d'électricité, ensuite les atomes de zinc de ces molécules se substituent à l'hydrogène de l'acide sulfurique et Thy- drogène devenu libre se dégage, d'où nouvelle production d'électricité. Ces deux sources différentes d'électricité lors de la dissolution du zinc dans l'acide sulfurique sont une des causes les plus puissantes de la variation de l'intensité du courant d'une pile. Le phénomène chimique de la com- bustion que Volta a trouvé, le premier, accompagné du dégagement d'une certaine quantité d'électricité s'inter- prète exactement de la même manière. En effet, si du charbon brûle dans l'air, les atomes de carbone sont arra- ( 1048 ) chés de la surface du charbon par l'action de Toxygène auquel ils se combinent et disparaissent sous forme d'an- hydride carbonique. Électricité de frottement. Nous pouvons maintenant pénétrer le phénomène du développement de l'électricité par frottement et interpré- ter toutes les particularités qui raccompagnent : dans les cas d'électrisation que nous venons de considérer, on arrache un corps de la surface d'un autre normalement à la sur- face commune; dans le frottement, le frottoir est arraché tangentiellement à la surface commune, c'est là toute la différence. Cependant si l'on considère le phénomène de plus près, on voit qu'il y a encore quelque chose de plus : supposons un frottoir appliqué sur une plaque de verre et qu'on le déplace de manière à mettre à nu la partie de la surface du verre qu'il couvrait; cette surface prendra une certaine quantité d'électricité -+- E, par exemple, et le frottoir, l'autre — E, si le frottoir est isolé, cette quantité d'électricité restera à sa surface. Mais pendant que le frottoir met à nu une certaine portion de la plaque de verre, il en couvre une seconde et il se crée là une adhé- rence entre lui et la plaque; cette création d'adhérence est aussi accompagnée d'une production d'électricité (voir l'expérience de Lehot, n" o, citée plus haut), mais en sens contraire à ceux du principe de la réciprocité (1). Le (1) On peut admettre comme démontré expérimenlalement que quand l'adhérence se produit, le signe de réleclricité doit être opposé à celui qu'il a quand l'adhérence cesse; car si l'on produit une occlusion d'hydro- gène dans du platine, on produit un courant dans un sens; si l'hydroi^ène se dégage du platine, le courant se produit, en sens inverse, etc., etc. ( 1049 ) frottoir se charge donc d'électricité positive qui neutrali- sera rélectricité négative qu'il a conquise pendant son déplacement; le verre prend, sous le frottoir, de l'élec- tricité négative et la partage avec lui; il a donc — ^ E. Le mouvement continuant, le frottoir met à nu la place qu'il couvrait et va en couvrir une autre. Le verre prendra de ce chef la quantité h- E, et comme il avait — î E, il lui reste -+- ^ E : on voit que dans le frottoir il restera — I E. Après le déplacement suivant, il restera sur le frottoir — ^ E, et sur le verre { E, etc. En résumé, si l'électricité négative du frottoir ne s'écoule pas, le verre prendra, après chaque déplacement, les quantités d'élec- tricité de plus en plus petites : 1 1 i 1 ^ E, — E, — E, — E, — E-: 8 16 et la quantité totale sera E.2H -H --4- — r 9 2.2 c'est-à-dire que, si même aucune autre cause n'intervenait, la quantité d'électricité produite ainsi serait limitée et même plus faible que 2E, puisque la somme des termes de la série I i 1 2 2.2 2.2.2 est 1. Si, au contraire, le frottoir est conducteur de rélectri- cité, l'électricité négative pouvant s'écouler, chaque dépla- cement engendrera sur leverre une quantité d'électricité E, et la somme sera nE, n étant le nombre des déplacements. ( i050 ) Il en résulte que si l'on veut obtenir d'un frottoir tout l'effet qu'il peut produire on doit le rendre conducteur, c'est pourquoi on le rend métallique au moyen d'amal- games, de bandes d'étain , etc. Le choix des amalgames est justiûé par ce fait qu'ils constituent un alliage mou qui peut se mouler sur la sur- face du verre et augmenter par là le contact et l'adhérence. On voit que le principe nouveau rend compte de tous les faits que la physique expérimentale a trouvé empiri- quement. On verra, à la suite de mes expériences, pour- quoi l'effet est maximum quand le verre est sec. Nous pouvons maintenant nous rendre très-facilement compte de quelques particularités qui se produisent pen- dant le développement de l'électricité par le frottement. Péclet [\) a démontré que la vitesse, la pression et le mode de frottement n'avaient absolument aucune influence sur la quantité d'électricité développée pendant le frottement : ceci est entièrement conforme à la thèse que je défends. En effet, une fois le contact établi entre le frottoir et le corps frotté, un excès de pression ne peut plus rien pro- duire; de plus, si le corps frotté ne conduit pas l'électricité, ce qui est le cas général, la vitesse avec laquelle le frottoir se déplace ne peut avoir aucune influence sur l'adhésion du frottoir sur le corps frotté : partant la quantité d'élec- tricité doit en être indépendante. Il est bon d'ajouter toute- fois que, si la vitesse du frottoir était par trop faible, on constaterait la présence de moins d'électricité, parce que celle qui s'est développée aurait le temps de se perdre en partie dans l'atmosphère avant qu'on la mesure. (1) Péclet. Mémoire sur l'électricité produite par le frottement. Ans. DE CHIMIE ET DE PJIYS., 2^' SLTie, t. LVII, p. 557. ( i05i ) Électricité galvanique. ^ Quoique le but que je me suis proposé ne soit pas de traiter de l'électricité galvanique, je dirai pourtant un mot des sources d'électricité galvanique découvertes par Bec- querel ,Wullner, Quincke, Henrici et Zollner. Becquerel (l) découvrit, il y a longtemps déjà, que quand un sel se dissout dans Feau, il y a un courant élec- trique qui se produit et qui marche, dans les électrodes, du sel au liquide; assez longtemps après, Wiillner (2) reprit les expériences de Becquerel et les confirma en les étendant à un grand nombre de sels. Or si l'on plonge un sel dans un liquide capable de le dissoudre, la force dis- solvante de celui-ci arrache continuellement des molécules du sel; l'équilibre moléculaire, pour se produire, exige que le liquide soit une solution saturée du sel. A ce change- ment dans les attractions moléculaires correspond, confor- mément à ma thèse, un courant galvanique. Dans le même mémoire Becquerel annonce que si l'on plonge une éponge de platine dans une solution étendue d'acide chlorhydrique ou nitrique, il se produit un cou- rant qui marche de l'éponge à l'acide; lorsque l'éponge est imbibée de liquide le courant cesse. L'explication de ce fait est facile, car, pendant que l'eau s'infiltre dans l'éponge, la surface préalablement sèche du platine se (1) Becquerel. D'un système de galvanométrie propre à rendre sen- sible de très-faibles quantités d'électricité el des courants électriques qui ont lieu dans les actions capillaires et dans les dissolutioîis. Ann. DE CHiM. ET DE PHYS., 2« séric, t. XXIV. p. 557. (2) WiJLLNER. Versuche Uber Electricitalsentwickelung beim Losen- von Salzen. Pogg. Axji., CVl, p 454. ( '105^2 ) mouille et il se produit une adhérence entre celui-ci et le liquide : il y a donc électricité produite et cette production durera tout le temps que de nouvelles surfaces se mouille- ront. Les courants de diaphragmes, découverts parQuincke(l), ainsi que les courants produits par le passage de l'eau par des tubes capillaires, observés d'abord par Henrici (2) et ensuite par Zôllner (3), sont entièrement de même nature et s'expliquent avec la même facilité. On peut déjà voir, par cette revue des sources d'électri- cité, que c'est à un changement survenu dans l'énergie de Paction attractive que sont dus les phénomènes électri- ques. Cependant, pour pouvoir se former une conviction à cet égard, il est indispensable de l'appuyer sur de nouvelles expériences, c'est ce que je me suis efforcé de faire. § VllI. Pour démontrer expérimentalement le principe que j'ai énoncé (page 1044) je montrerai que si par un moyen mé- canique, on vient à apporter un changement dans l'énergie de l'action attractive d'un corps, celui-ci devient élec- trique. Ensuite je montrerai que quand de l'électricité se produit, c'est qu'on détruit une adhérence ou une attrac- tion. (1) QuiNCKE. Ueber cine neue Art eteclrischer Strôme. Pogg. Ann, CVn, p. 1 et ex, p. 38. (2) Heîvrici. Kleine Versuche iiher eleklrischc Erscheinnngen. Pogg. A>N. CXVII, p. 175. (3) ZoLLNER. Ueber die durch stromendes Wasser erzeugten eleklr. Slrôme. Pogg. Ann. CXLVJII, p. 6i0. ( J053 ) Dans les expériences que j'ai faites, j'ai dû toujours, ou oien constater Texistence d'une certaine quantité d'élec- tricité, ou bien mesurer une certaine quantité d'électricité. J'ai construit, à cet effet, un petit appareil très-sensible et très-commode que je vais faire connaître en premier lieu. Sur un des côtés d'un cadre de verre, muni de pieds de façon qu'il puisse être placé verticalement, j'ai fixé horizontalement par une de ses extrémités, un fil de verre aussi fin qu'il est possible d'en étirer à la lampe d'émailleur. L'extrémité libre de ce fil parcourt une échelle graduée arbitrairement en parties égales. Aux deux 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 68 ( -1054 ) tiers environ de ce fil de verre , à partir du point d'at- tache, se trouve suspendue, au moyen d'un fil de cocon, une petite balle de moelle de sureau d'un millimètre et demi environ de diamètre. Le poids de cette petite balle fait fléchir l'aiguille de verre d'une certaine quantité, et l'on doit disposer les choses de manière que l'extrémité libre du fil de verre soit alors au zéro de l'échelle, comme l'indique la figure. Cela fait, on place sur la balle de moelle de sureau un petit cavalier du poids de un milli- gramme. Sous l'influence de ce poids, le fil de verre fléchit d'un certain angle et son extrémité libre s'arrête devant une certaine division de l'échelle. Dans l'appareil que j'ai construit, un milligramme produisait une flexion mesurée par quatre divisions de l'échelle. Remplaçant ensuite le cavalier par un autre du poids de deux milligrammes, puis par un de trois milligrammes, etc., et notant chaque fois le nombre de divisions parcourues par l'extrémité libre, on forme une table de laquelle on peut déduire, en milli- grammes , la grandeur de l'efî'ort exercé verticalement sur la balle de moelle de sureau chaque fois qu'on opérera une certaine traction sur celle-ci. Ces efforts étant toujours très-petits (o milligrammes) , aux maximum, pour mon appareil, et le verre étant la substance qui jouit de l'élasticité la plus parfaite, on n'a pas de déformations permanentes à craindre, l'aiguille revient toujours au zéro quand une traction vient à cesser, et les mêmes charges produisent toujours les mêmes effets , comme je m'en suis assuré d'ailleurs. On peut donc dire qu'on se trouve en possession d'un petit dynamomètre de flexion , très-précis et très-sensible, puisque, dans l'appareil que j'ai construit, une charge d'un milligramme se mesurait par quatre divisions de ( 1055 ) l'échelle; et comme on peut encore juger très-bien à l'œil, d'un dixième de division , il en résulte que !a sensibilité de l'instrument peut s'exprimer par 740""^ de milligramme. Il est clair qu'on pourrait encore augmenter cette sensibi- lité dans de très-grandes proportions, mais cela est inutile. Cela posé, si l'on présente à la balle de moelle de su- reau un corps quelconque faiblement électrisé , celui-ci attirera la balle à lui et lorsqu'elle sera en contact avec le corps électrisé elle y adhérera avec une certaine force. Si la balle de moelle de sureau conduisait l'électricité, elle serait repoussée, comme on sait, par le corps électrisé qu'on lui fait toucher; mais comme ce n'est pas le cas, elle adhère à ce corps. Pour de très-faibles quantités d'électri- cité, il est très-probable , sinon certain , que la grandeur de l'adhérence est proportionnelle à l'épaisseur de la couche électrique ; pour de fortes quantités d'électricité, il ne peut plus en être ainsi , cela va de soi. Quoiqu'il en soit, si l'on a en vue de mesurer des quantités relatives d'électricité, cet appareil peut encore servir même pour des quantités déjà notables d'électricité. Si, la balle de moelle de sureau adhérant au corps électrisé, on abaisse celui-ci lentement, le fil de verre auquel la balle est suspendue fléchira jusqu'à ce que sa réaction élastique fasse équilibre à l'adhérence de la balle; à ce moment-là , si l'on continue à abaisser le corps élec- trisé, le fil de verre arrachera la balle de la surface du corps électrisé; on lit sur l'échelle graduée le nombre de division dont l'aiguille de verre s'est abaissée jusqu'au moment de revenir sur elle-même et l'on peut exprimer ainsi, en milligrammes, la grandeur de l'adhérence due à l'électricité en chaque point du corps sur lequel on opère. Il est inutile d'ajouter qu'après chaque détermination ( 1056 ) de ce genre, il faut enlever à la balle l'électricilé que le corps avec lequel elle était en contact lui a communiquée. On peut, au moyen de ce petit dynamomètre, répéter avec beaucoup de facilité, toutes les expériences que Coulomb a faites avec sa balance de torsion. § IX. Je passe maintenant à l'exposé des expériences que j'ai faites en vue de m'assurer si les changements de l'état électrique d'un corps sont subordonnés aux changements de l'attraction. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le faire remarquer, je traiterai d'abord la question au point de vue général, puis je montrerai que la quantité d'électricité qui se déve- loppe à la surface d'un corps dépend bien de la grandeur de l'adhérence qu'on détruit. Les moyens d'amener des changements dans les actions moléculaires d'un corps sont peu variés; ils sont même presque tous du domaine de la chimie. Il est bien évident, dès lors , que ce n'est pas à eux que l'on doit avoir re- cours pour résoudre le problème proposé, car on tourne- rait dans un cercle vicieux ; il faut forcément que les changements dans l'attraction soient produits par des actions mécaniques que l'on peut diriger comme on veut. Un moyen très-simple de réaliser de tels changements se trouve dans la tension d'une lame de caoutchouc. En effet, lorsqu'une lame de caoutchouc est dans son état naturel, c'est-à-dire sous l'influence d'aucune action mécanique extérieure, ses difl'érentes molécules sont à une distance déterminée les unes des autres, entre autres, par la gran- deur de l'attraction moléculaire; si l'on tend la lame de ( 1057 ) caoïilchoiic , les espaces internioléculaires grandissent et, par conséquent, l'attraction étant une fonction de la dis- tance des molécules, il devra y avoir des changements dans^rénergie actuelle de l'attraction : du reste, cette variation de l'état du caoutchouc est suffisamment indi- quée par les variations de température qu'il éprouve lorsqu'il passe de l'état de tension à l'état naturel et inversement. L'expérience démontre qu'un changement de l'état de tension du caoutchouc modifie profondément son étal électrique. On peut s'assurer de la chose de différentes manières. En premier lieu, si l'on tend fortement une lame de caoutchouc (1) vulcanisé dont l'excès de soufre a été enlevé au point de lui rendre à peu près la demi-transparence du caoutchouc pur, et qu'on la frotte ensuite légèrement sur un morceau de drap, elle prend une quantité d'élec- tricité assez considérable pour ne plus pouvoir être mesurée au moyen du dynamomètre électrique : l'adhé- rence de la halle de moelle de sureau ne peut pas être détruite par une traction de Jo milligrammes. Si l'on cesse ensuite de maintenir la lame tendue, la quantité (Télec- tricité diminue et , lorsque la lame est revenue dans son étal naturel, toute trace (Vélectncilé a disparu. Ainsi l'anéan- tissement de l'étal de tension du caoutchouc a eu pour suite la consommation d'une certaine quantité d'électricité. Si rélcctrisation de la hmc tendue était très-forte à l'ori- gine, si elle représentait, en d'autres termes, le maximum de (1) Les lames que j'ai employées avaienl deux dixièmes de millimètre d'épaisseur, dans leur élat naturel : je les ai choisies si fines pour pouvoir mieux contrôler leur degré d'homogénéité. ( 10S8 ; Ja qucJiUilc d'électricité que la laine peut prendre, il y a un petit résidu d'électricité lorsque la lame est distendue. Mesuré au dynamomètre, il n'a j'amais dépassé 2 milli- grammes: il faut conclure de là que la quantité d'électri- cité qui se consoiTime, lorsque le caoutchouc rentre dans son état naturel, est intimement liée au changement d'attraction qui survient dans ces changements d'élats. Cette première expérience est déjà décisive; en effet si le changement de tension du caoutchouc était sans influence sur la quantité d'électricité, celle-ci aurait dû devenir plus sensible aux appareils lorsque le caoutchouc se trouvait dans son étal naturel , puisqu'elle était alors répartie sur une surface moindre; on s'en convainct faci- lement lorsque l'on considère que la surface du caout- chouc que j'ai employé devient à peu près sept fois plus petite quand l'état de tension cesse : l'électricité qui était primitivement répandue sur une surface d'une certaine étendue se trouve maintenant répandue sur une surface sept fois plus petite, son épaisseur aurait donc dû être septuplée. On doit donc admettre que le relâchement de la tension consomme de l'électricité. Inversement, si l'on prend une lame de caoutchouc non tendue, parfaitement neutre, et si on la tend au maximum, on la trouve alors chargée d'une Irèa-petile quan- tité ff électricité. Celte quantité, mesurée au dynamo- mètre, a toujours été trouvée inférieure à 1 milligramme. On peut s'assurer très-facilement du fait de la production d'une petite quantité d'électricité, par la tension du caout- chouc, de la manière suivante : on place sur un plan de verre, ou sur tout autre corps isolant, quelques fragments de moelle de sureau d'un millimètre à peu près de dia- mètre, puis on leur présente une lame de caoutchouc non ( 1059 ) tendue à Teffet de s'assurer que ni la moelle de sureau, ni la lame ne se trouvent électriséesjes fragments de moelle n'adhérant pas au caoutchouc; si Ton tend ensuite le caoutchouc et qu'on le présente de nouveau aux frag- ments de moelle, ceux-ci y adhèrent avec une certaine force. Laisse-t-on revenir lentement le caoutchouc à son état de nulle tension, les fragments sont projetés au loin. Ceci est conforme à ce que nous avons vu dans la pre- mière expérience, car l'état électrique cesse avec l'état de tension du caoutchouc. J'ai essayé de déterminer, à plusieurs reprises, le signe de l'électricité qui se développe par la tension du caout- chouc, mais j'ai échoué chaque fois, la quantité d'électri- cité qui se développe ainsi étant trop faible pour per- mettre une détermination exacte de sa nature. Ainsi, des fragments de moelle de sureau, électrisés très-faiblement, positivement ou négativement, adhèrent quand même à certaines places du caoutchouc tendu : cela doit être si la quantité d'électricité dont on a chargé la moelle de sureau n'est pas précisément égale à celle qui se déve- loppe par la tension. Quoi qu'il en soit, il est probable que Ton a affaire à de l'électricité positive; voici ce qui tend à le montrer : Lorsque l'on électrise, par frottement sur de la laine, une surface A de caoutchouc non tendu, il prend l'élec- tricité négative, comme on sait; si on le tend ensuite, celte surface A deviendra ?i A; et la quantité d'électricité aura une épaisseur n fois plus faible en chaque point si Von admet que la tension n'a aucune influence sur la nature de Célectricité. Or on constate au moyen du dyna- momètre que la quantité d'électricité que Ton a commu- ( 1060 ) niquée au caoutchouc non tendu diminue dans des pro- portions beaucoup plus fortes que 1 :,;, dans cerlaines conditions elle devient même tout à fait insensible. On doit donc conclure que la tension donne au caoutchouc une électricité de signe contraire à celle qu'il prend par le frottement, soit donc de l'électricité positive. Si Ton admet, d'après ce qui précède, que c'est de Félectricité positive qui se développe par la tension d'une lame de caoutchouc, on doit se demander où va l'élec- tricité négative qui doit prendre naissance en même temps, du moins d'après les idées généralement reçues. Cette question reste sans réponse. Dans la première expé- rience on a affaire à quelque chose d'analogue, car l'élec- tricité qu'on a communiquée à du caoutchouc tendu disparaît sans être neutralisée par une quantité égale d'élec- tricité de signe contraire, le retour du caoutchouc à son état naturel n'engendrant pas d'électricité. 11 serait préma- turé de conclure de ces seuls faits que la loi que Wilcke a énoncée concernant la production simultanée des deux électricités n'est pas si générale qu'on l'a cru; mais on sait qu'on a déjà signalé des exceptions à cette loi; ainsi Riess (1) rapporte que, d'après Bergmann , il ne se pro- duirait que de l'électricité positive quand on frotte l'une contre l'autre deux plumes d'oie dont on n'a pas enlevé l'épiderme. D'autre part Faraday (2) trouva que deux bandes de flanelle frottées en croix, l'une sur l'autre» prenaient souvent toutes deux l'électricité négative. (1) Riess Die Lehrevonder Reibungselektricilat, t. II, p. 561. (2) Faraday. Experiment. researchi. 21 -i2. ( 106J ) Il est donc démontré qu'un changement dans Fétat de tension d'une lame de caoutchouc est accompagné de changements dans son état électrique. Avant d'abandonner ce sujet, je ferai encore remarquer que des phénomènes analogues ont déjà été observés par Lippmann (1), qui fait connaître, entre autres, dans son remarquable Mémoire, qu'il se développe un courant gal- vanique toutes les fois que la surface d'une portion dé mercure, qui se trouve en contact avec de l'eau, acidulée au moyen de quelques gouttes d'acide sulfurique, subit un changement quelconque dans sa forme. Ce courant galva- nique marche du mercure à l'eau quand la surface du mer- cure grandit. On voit que, mutatis mutandis , ce fait^est du même ordre que ceux que je viens de rapporter. § X. Un autre moyen d'amener des changements dans l'éner- gie attractive se trouve dans la dissolution des corps dans des liquides. Il est bien entendu qu'il ne s'agira ici que de dissolutions qui ne sont accompagnées d'aucune action chimique. Becquerel et Wùllner ont déjà montré, comme j'ai eu l'occasion de le dire, que la dissolution des sels dans l'eau était accompagnée d'un courant galvanique marchant de l'eau vers le sel dans l'électrode. Or, d'après le principe que j'ai énoncé, il doit aussi se pruuuire de rélectrii.itc statique (1) G. Lippmann. Beziehurujen zwischen den capillaren und deklris- chen Erscheinungen. Pogg Ann., t CXLIX, p. oiO et sqq. ( i06'2 ) pendant le phénomène de la dissolution; il devenait donc intéressant de vérifier le fait. Les sels soumis à l'expérience étaient le chlorure de sodium , le sulfate de cuivre et le nitrate de potassium. Ce choix est motivé par les différences qui existent enlre leur coefficient de solubilité; il s'agissait, en effet, de vérifier si la rapidité de la dissolution avait une influence sur le phé- nomène électrique. Voici comment l'expérience s'est faite : j'ai taillé, de chacun de ces sels, un petit cylindre à base de cercle de 5 millimètres de rayon et de 25 millimètres de haut. Après avoir placé sur l'un des cercles de base du cylindre une lame de platine, j'ai revêtu toute la surface du sel de cire à cacheter, excepté la surface de l'autre cercle de base. Deux petites tiges en verre, fixées normalement au cylindre, permettaient de le suspendre sur la surface de l'eau contenue dans un vase, tandis que les tiges de verre s'appuyaient sur les bords du vase. La lame de pla- tine qui terminait le cylindre n'a d'autre but que d'empê- cher le contact direct de la balle du dynamomètre avec le sel, ainsi qu'on va le voir. Le liquide qui se trouve dans le vase est en communi- cation avec le sol, au moyen d'un fil conducteur. Le cy- lindre de sel, ainsi placé par l'une de ses extrémités à la surface du liquide, se dissout et l'autre extrémité se charge d'électricité; il suffit, pour le constater, d'approcher le vase, portant le sel, du dynamomètre électrique et l'on voit la balle s'élancer vers la lame de platine. Le chlorure de sodium accuse le moins d'électricité : quand le liquide est chaud, l'électrisation ne paraît pas plus forte. H en est tout autrement du sulfate de cuivre : ici la quantité d'électricité produite est plus grande et elle croît ( 1063 ) iiolableinent avec la température de l'eau dans laquelle le sel se dissout, c'est-à-dire qu'elle augmente avec la vitesse de dissolution. Les résultats obtenus ont été les suivants : TKMPÉRATURE ADHÉR. ÉLECTRIQUE Milligr. Milligr. 10° de 0,65 à 0,08 28" de 0,18 à 0/23 ôS" de 0,30 à 0,70 On voit que la quantité d'électricité augmente rapide- ment avec la température; au delà de 40 à 45 degrés, les résultats ne sont plus du tout concordants, si ce n'est pour montrer que la quantité d'électricité diminue au lieu de croître, au point qu'à 60° il n'en existe plus que des ves- tiges. La raison de ce phénomène se trouve uniquement dans la production des vapeurs d'eau qui deviennent très- abondantes à 60°, et qui sont cause que l'électricité déve- loppée se perd. Les nombres qui expriment comment la quantité d'élec- tricité produite augmente avec la température ne suivent pas les variations de solubilité du sel, comme on le voit facilement, c'est que la chaleur seule, exerce déjà une ac- tion sur l'électrisation du sel, ainsi que je m'en suis aperçu. Si l'on remplace, en effet, l'eau du vase par du mercure chauffé afin d'éliminer la dissolution, les autres disposi- tions restant d'ailleurs les mêmes, on constate la produc- tion d'une certaine quantité d'électricité. Les mesures faites n'ont pas conduit à des résultats satisfaisants; il est inutile, par conséquent, de les produire. J'ajouterai même qu'ils font découvrir la raison pour laquelle les mesures faites pendant la dissolution du sel à différentes tempéra- tures n'ont pas toujours été irréprochables; aussi les nom- bres que j'ai consignés dans le petit tableau précédent ont ( 1064 ) plutôt pour objet de démontrer que la quantité d'électricité augmente avec la rapidité de la dissolution, que de traduire le degré de cette augmentation d'électricité. Le nitrate de potassium présente les mêmes phénomènes que le sulfate de cuivre: à 16° il donne une quantité d'élec- tricité mesurée par 0"'='',08 à 0,25. Chauffé sur du mer- cure, il s'électrise plus fortement que le sulfate de cuivre et les résultats qu'il donne sont plus concordants; ainsi : Milligr. à 38" rélectricilé était mesuré par 0,25 à 60" — — 0,75 la température extérieure étant ^6^ La concordance plus grande, que j'ai observée dans les mesures faites au moyen du nitrate de potassium, provient peut-être de ce que ce sel avait été fondu, tandis que le sulfate de cuivre renfer- mait toute son eau de cristallisation. Ce qui précède suffit, je pense , pour établir que le phé- nomène de dissolution est accompagné de la production d'une certaine quantité d'électricité qui augmente avec la rapidité de la dissolution. § XL Nous allons maintenant voir que, quand on sépare deux corps qui se trouvaient au contact, la quantité d'électricité produite est d'autant plus grande que les deux corps adhé- raient plus fortement l'un à l'autre, et qu'elle devient nulle quand l'adhérence disparaît, bien qu'il puisse encore y avoir contact. Dessaignes (1) fit connaître, il y a déjà longtemps, que si (1) Loc.cil. ( 1065 ) Ton plonge une baguetle de verre clans du mercure, elle en sort électrisée. Il attribua la production de l'électri- cité au frottement du verre contre la surface du mercure. Cependant, j'ai déjà fait remarquer que le frottement était entièrement étranger au phénomène; on s'en assure faci- lement en couvrant la surface du mercure d'une mince couche de poudre de lycopode ; si l'on plonge alors la ba- guette de verre dans le mercure on voit la poudre de lyco- pode pénétrer tout entière dans le mercure, comme si elle formait une peau solide à sa surface; on ne peut donc plus dire qu'il y a eu frottement du verre contre la surface du mercure: il y a simplement mise en contact du verre avec le mercure, puis séparation. On peut, dès lors, donner à l'expérience une forme permettant d'en observer mieux les différentes phases. A cet effet, j'ai remplacé la baguette de verre par une plaque de verre que j'appliquais à la surface du mercure pour l'en arracher ensuite. Il devient facile, dans ces conditions, de mesurer la grandeur de l'ad- hérence du verre au mercure et de chercher si la quantité d'électricité produite dépend de la grandeur de cette adhé- rence, chose que Dessaignes n'a pas examinée. L'adhérence de la plaque de verre a été déterminée au moyen de la balance par la méthode ordinaire : la plaque de verre était suspendue à l'un des plateaux de la balance, puis amenée en contact avec le mercure; on ajoutait ensuite des poids dans l'autre plateau, jusqu'à ce qu'elle fût arra- chée du mercure. On peut faire varier l'adhérence du verre au mercure de deux manières différentes : ou bien en faisant varier la température, ou bien en altérant les surfaces en contact. Voyons d'abord quels résultats donnent les variations de température. Les limites de température entre lesquelles ( 1066 ) je me suis placé étaient 15° et 50°; la température de l'air ambiant a toujours été inférieure àio°. J'ai agi ainsi pour être certain qu'il n'y ait pas de condensation d'eau à la surface du mercure. J'ai déterminé, en premier lieu, l'adhérence de la plaque de verre au mercure à différentes températures, puis, au moyen du dynamomètre électrique, la quantité d'électri- cité dont la plaque se couvre aux mêmes températures, lorsqu'on l'arrache de la surface du mercure. J'ai consigné les résultats obtenus dans le tableau suivant; je ferai re- marquer encore que les nombres qui expriment l'adhérence du verre au mercure sont des moyennes de plusieurs déter- minations, qui différaient entre elles d'environ un demi- gramme. Quelque soin qu'on prenne, il n'est pas possible d'atteindre à une exactitude plus grande; toutefois il est clair que les erreurs dont ces déterminations sont enta- chées n'ont aucune influence sur les conclusions à tirer des expériences, puisqu'il s'agit seulement de montrer que la quantité d'électricité qui se développe sur le verre, lors- qu'on l'arrache de la surface du mercure, diminue quai^ l'adhérence faiblit sans déterminer la grandeur absolue de ces variations. Les résultats obtenus lors de la détermina- tion de la quantité d'électricité ont été très-satisfaisant?. TEMPÉRATURES. ADHÉRENCE du mercure au verre. ADHÉRENCE due à rélectricité. 15 30 40 25 10",3 9,4 9,0 8,0 0",00075 0, 00045 0, 00038 0, 00023 ( 1067 ) La plaque de verre mesurait 587 millimèlres carrés. On voit que la quantité d'électricité développée sur le verre diminue, en effet, quand Tadhérence faiblit. On constate la même chose quand on diminue l'adhé- rence du verre au mercure en altéiant la surface de celui-ci. Ainsi, en soufflant à la surface du mercure, on trouve qu'il faut faire seulement un effort de S^%5 pour en arracher la plaque de verre, et la quantité d'électricité qui se déve- loppe alors n'est plus représentée que par 0^^00012. Il en résulte que, si ta quantité d'électricité produite est moindre, c'est surtout parce que l'humidité empêche l'ad- hérence des corps que fou frotte les uns contre les autres. Enfin, si l'on saupoudre la surface du mercure au moyen d'un peu de lycopode, en ayant soin d'en enlever autant que possible pour qu'il ne reste qu'une couche de poudre excessivement fine et discontinue, l'adhérence du verre au mercure est nulle et il ne se développe aucune trace d'électricité par l'enlèvement du verre : J'ai mentionné plus haut l'expérience de Gray, qui fit voir qu'en enlevant du soufre d'un creuset dans lequel il avait été préalablement fondu, il se développait de l'élec- tricité à la surface du creuset et du soufre; ici encore l'ad- hérence que l'on détruit est seule cause de la production de l'électricité; voici comment on peut s'en assurer. Si, dans des verres de montre chauffés, on coule des alliages fusibles, ceux-ci adhèrent plus ou moins au verre après refroidissement, selon leur nature; on peut donc se servir de ces faits pour vérifier l'exactitude du principe que j'émets. L'alliage de Lipowilz coulé dans un verre de montre adhère à la surface de celui-ci, au point que souvent il reste des plaques de métal sur le verre après l'arrache- ( 1068 ) ment; aussi la quantité d'électricité développée est telle qu'on ne peut plus la mesurer au moyen de mon dynamo- mètre. Saupoudre-t-on de lycopode le verre de montre, avant de couler le métal, l'adhérence de celui-ci au verre est nulle et il ne se produit pas d'électricité. L'alliage de Wood adhère moins au verre que l'alliage de Lipowitz; il suffit d'un effort d'environ 1 kilogramme pour l'en détacher et le verre se trouve électrisé de ma- nière que le dynamomètre accuse une quantité d'électricité mesurée par 6"^%75 à T-^^^SS en chaque point. Enfin les alliages de Rose et de Darcet adhèrent encore moins au verre que l'alliage de Wood : le premier se dé- tache par un effort inférieur à 500 grammes et le second par un effort inférieur à 400 grammes; les quantités d'élec- tricité développées sont respectivement mesurées par 3"'s^50 et 2"^-"%50. Quand ces alliages se figent, on voit très-souvent se produire.des places où le métal ne fait plus miroir sous le verre, mais où il est mat à cause d'un commencement de cristallisation ; en ces places la quantité d'électricité engen- drée par l'arrachement est beaucoup plus faible que là où le métal brillait sous le verre, ce qui est entièrement con- forme à ce que nous venons d'examiner. J'ai expérimenté encore sur un grand nombre de sub- stances, telles que l'étain, la stéarine, le nitrate de potas- sium, la paraffine, le chlorate de potassium et une quantité de sels facilement fusibles, et chaque fois la quantité d'élec- tricité était d'autant plus forte que l'adhérence au verre était plus grande. Avant de terminer, je ferai remarquer que si Ton brise un objet quelconque, on détruit aussi une adhérence, et - ( 1069 ) Ton est en droit de s'attendre à voir se développer une cer- taine quantité d'électricité. Il n'en est pas toujours ainsi. Si l'on brise du verre, de la cire à cacheter, du caoutchouc, on observe souvent, à la vérité, une quantité d'électricité plus ou moins grande; mais ce n'est pas général. Quand on brise des corps conducteurs de l'électricité, en les tenant isolés bien entendu, on n'observe jamais la moindre trace d'électricité. Ces faits sont faciles à interpréter et ne constituent pas des exceptions à mon principe. En effet, quand on brise un corps homogène, les fragments étant de même nature, il n'y a pas de raison pour que l'électricité positive ou négative se répande plutôt à la surface d'un des fragments qu'à la surface de l'autre; on doit admettre, au contraire, que chaque fragment prend une quantité égale des deux électricités, qui se recomposent avec d'autant plus de facilité que le corps est meilleur conducteur. Il n'est donc pas étonnant qu'on ne puisse observer aucune élec- tricité quand on brise des métaux, tandis qu'on en observe quand on brise des corps non conducteurs de l'électricité. On peut donc conclure, je crois, que l'électricité est due à toute destruction d'attraction ou tout au moins qu'elle l'accompagne. Si l'on regarde cette conclusion comme démontrée, les phénomènes d'induction électrique par les aimants trou- vent également une interprétation facile et n'apparaissent que comme cas particuliers des faits généraux décrits pré- cédemment. En effet, lorsqu'une armature de fer se trouve en contact avec les pôles d'un aimant, la force magnétique de celui-ci trouve un objet sur lequel elle peut s'exercer; vient-on à arracher l'armature des pôles de l'aimant, cette force ne peut plus s'exercer avec la même énergie, et il ne doit pas être surprenant dès lors qu'on observe des cou- 2"' SÉRIE, TOME XLI. 69 ( 1070 ) rants électriques, soit dans l'armature, soit dans l'aimant. Il est inutile d'ajouter que les phénomènes d'induction par les courants présentent un cas semblable au premier : deux courants parallèles s'attirent ou se repoussent selon qu'ils marchent dans le même sens ou en sens inverse. Si l'on éloigne de force l'un des courants de celui qui l'attirait, il se développe un courant induit qui marche en sens contraire du premier et vice versa. Ici encore la destruction d'une force attractive est accompagnée de la production d'un courant. Enfin, qu'il me soit permis, pour terminer, d'appeler encore l'attention sur un fait particulier. Je viens de mon- trer que la production de l'électricité était subordonnée à la destruction de l'activité de l'attraction. Or, d'après le principe de réciprocité, on doit admettre que rélectricité elle-même peut diminuer ou même annuler l'attraction dans certaines conditions. D'après cette remarque, on pourrait se rendre très-simplement compte de la manière dont l'électricité combat l'incrustation des chaudières à vapeur. On sait que M. Weeb (1) construisit, en 1864, un appareil pour empêcher l'incrustation et qui produisit une sensation profonde. En principe, l'appareil de Weeb, aussi bien que tous ceux qu'on a inventés par la suite, permet aux parois de la chaudière de se charger d'une certaine quantité d'électricité, tant que la conductibilité électrique est parfaite dans la chaudière : les dépôts qui proviennent de l'évaporation de l'eau ne se fixent plus contre les parois de la chaudière, mais restent à l'état de boues faciles à enlever. Pour rattacher ce fait aux précédents. (1) Revue l-myliiselle des mines, etc., par M. C. de Cuyper, t. XXV ell. XXVI. Année 1860, p. 515. ( 1071 ) il suffit d'observer que le détachement mécanique des dépôts des parois de la ciiaudière serait accompagné de production d'électricité. Réciproquement, si l'on dépense de l'électricité, l'adhérence des dépôts aux parois de la chaudière ne se fait plus. On voit donc que nous n'avons affaire, somme toute, qu'à un phénomène semblable en tous points aux phénomènes électrolytiques. — M. G. Dewalque regrette que l'abondance des ma- tières n'ait pas encore permis l'apparition du Bulletin de mars, renfermant l'article de M. Dupont sur les manuscrits de A. Dumont. Cet article lui a paru, à l'audition, avoir besoin d'un complément qui, dit-il, ne fera pas défaut. ( 1072 ) CLASSE DKS LETTRES. Séance du 8 mai 1816. M. Faider, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Grandgagnage, J. Roulez, Ga- chard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, J. Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume , Félix Nève, Alph. Wauters, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, Emile de Borchgrave, A. Wagener, membres; J. Nolet de Brauvvere Van Steeland, Aug. Scbeler, Alph. Rivier, associés; Ch. Potvin, Ch. Piot, correspondants. CORRESPONDANCE. Une lettre du Palais fait savoir que Leurs Majestés se trouveront dans l'impossibilité d'assister à la séance pu- blique de la classe. LL. A A. RR. M^"^ le Comte et W la Comtesse de Flandre font également exprimer leurs regrets de ne pou- voir assister à cette solennité. M. le Ministre de l'inlérieur exprime, par écrit, des regrets semblables. ( 1075 ) M. le Minisire des Travaux publics écrit que, si les travaux parlementaires le permettent, il assistera à la séance. — x\I. le Ministre de l'Intérieur transmet une expédition des arrêtés royaux du 4 et du 7 mai qui décernent : 1° le prix quinquennal des sciences morales et politiques, à M. Laurent, professeur à l'Université de Gand, pour les quinze premiers volumes de son ouvrage, intitulé : Prin- cipes du droit civil; S'' le prix quinquennal d'histoire nationale, à M. Th. Juste, membre de l'Académie, pour l'ensemble de ses travaux sur l'histoire du pays, et notam- ment pour ses études sur la révolution de 1830 et l'éta- blissement de la monarchie belge. — xM. le Ministre adresse, pour la bibliothèque de l'Aca- démie, un exemplaire des ouvrages suivants : i° La bibliothèque des écrivains de la compagnie de Jésus et le P. Augustin De Backer, par Van Tricht; 1 vol. in.8« ; ^0 Woordenboek der Nederlandsche Taal. Tweede reeks, achtste aflevering (Onbevroegd-Onderdrukken), bewerkt door I)'" M. Devries en D"" E. Vervvijs; gr. in-S''; 3° Essai historique et politique sur la révolution belge, par J.-B. Nothomb, 4' édition; 2 vol. in-S""; 4^ Mémoire explicatif du général baron de Failly; in-8° ; S° Réponse du baron de Failly à l'ouvrage: Les Con- spirations militaires de 1831, par le lieutenant général Eenens ; in-8° ; 6" Deuxième réponse du baron de Failly à M. le lieute- nant général Eenens; in-8°. ( i07i ) — L'Académie royale des sciences de Hongrie à Buda- pesth offre un exemplaire, en bronze doré, de la médaille frappée à l'occasion de l'heureux achèvement de son Grand dictionnaire hongrois, mis en œuvre par deux de ses mem- bres, G. Czuczor et J. Fogarasi. — Le Congrès international des orientalistes, qui tiendra prochainement sa troisième session à Saint-Péters- bourg, envoie la liste du personnel organisateur de cette session, ainsi que le programme des questions qui y seront discutées. — La classe prend notification des lettres suivantes d'établissements et de personnes en relation avec l'Aca- démie, qui accusent réception du dernier envoi annuel des publications : L'Académie des inscriptions et belles-lettres, les Archi- ves nationales et la direction de la Bibliothèque nationale de Paris; la Bibliothèque de la ville d'Amiens; l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon ; la Société des antiquaires de Picardie, à Amiens; la Bibliothèque de la ville de Douai ; M. Tailliar, président honoraire de la cour d'appel de Douai; les Archives générales du département du Nord, à Lille et la Société des antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer. — L'Académie royale des sciences d'Amsterdam adresse le programme du concours littéraire de la fondation Hoeufft, pour l'année 1877, programme qui donne en même temps les résultats du concours pour l'année 1876. La Société des sciences, des arts et des lettres du Hai- naut adresse le programme des questions qu'elle a mises au concours pour 1876. ( 1075 ) — M. Gachard , secrétaire-trésorier de la Commission royale d'histoire, transmet, pour être déposés dans la bibiiollièque de l'Académie, les ouvrages que la Commis- sion a reçus depuis son dernier envoi. — M. le baron de Witte fait hommage à la classe des ouvrages suivants : l** Au nom de M. J. de Baye : Notice sur les grottes préhistoriques de la Marne. — Grottes de la vallée du Petit-Morin. — Les grottes à sculptures de la vallée du Petit-Morin {Marne), — L'art étrusque en Champagne. — La trépanation préhistorique. Tours et Paris, 1875, 1876; 5 extraits in-8°; 2° Au nom de M. Edmond Le Blant : Lepelletier de Saint-Fargeau et son meurtrier. — Tablai égyptiennes à inscriptions grecques. — Observations sur une lettre signée Lucius Simplex. — Les larmes de la prière. Paris, 1874, 1875, 1876; 3 extraits in-8° et extrait in4"; 5" En son nom : Histoire de la monnaie romaine, par Théodore Mommsen, traduite de l'allemand par le duc de Blacas, tome 4*^. — Le dieu tricéphale gaulois. Note lue à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. — Revue de numismatique, nouvelle série, t. 15% année 1874, n°^5et 4. — Extraits de livraisons de la Gazette archéologique ^ renfermant divers travaux de M. J. de Witte et de M. F. Le- normant. Paris, 1874, 1875; 2 vol. et extrait in-8", et feuilles détachées in-4". — iM. Charles Steur envoie, à litre d'hommage, le second volume de ses Voyages en Europe et en Asie Mineure, 1876; 1 vol. in-12. — M. Th. Juste présente, de la part de M. le baron ( 1076 ) Nothomb, un exemplaire de la 4' édition de VEssai histo- rique et politique sur la révolution belge; 2 vol. in-8". M. Aug. Scheler fait hommage d'un nouveau volume qu'il vient de publier dans la collection académique de publication des œuvres des grands écrivains du pays. Ce volume porte pour titre : Trouvères belges du XI P au XIV' siècle; 1 vol. in-8°. M. Stanislas Bormans offre un exemplaire du tome 1^' du Répertoire chronologique des conclusions capitulaires du chapitre cathédral de Saint-Lambert , à Liège; 1 vol. in-8«. M. Egger, associé à Paris, offre un exemplaire de ses travaux suivants : Les substantifs verbaux, 2' édition; Des documents qui ont servi aux anciens historiens grecs ; Ob- servations sur le genre de drame appelé satirique; Rapport sur l'année scolaire i 87 5-1876 de l'Association pour l'en- seignement secondaire des jeunes filles, fondée à la Sor- bonne en 1867; 4 brochures in-8°. La classe vote des remercîments pour ces dons et eu décide le dépôt dans la bibliothèque de l'Académie. — Elle renvoie à l'examen de MM. le baron de Wille et Roulez une notice manuscrite de M. D.-A. Van Baste- laer, de Charleroi, intitulée : Les couvertes, lustres, vernis, enduits engobes, etc., de nature organique , employés par les Romains sur leur poterie. ( 1077 ) JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL. D'après Tarticle 20 du règlement intérieur, la classe est appelée à se prononcer sur les conclusions des rapports des commissaires chargés d'examiner les deux mémoires envoyés en réponse à la 2*^ question du programme de concours de celte année, relative à l'histoire des institu- tions de charité en Belgique, et à la 5^ question, deman- dant l'histoire du droit de chasse dans la même contrée et dans le pays de Liège. Elle adopte ces conclusions qui ont pour objet : 1° De ne pas décerner le prix au mémoire envoyé en réponse à la question sur les institutions de charité, et portant pour devise : La liberté est capable de produire de grandes choses (d'Alembert); 2° De décerner la médaille de 600 francs au mémoire portant pour devise : Venandi studimn colel... (Ovide), envoyé en réponse à la question sur le droit de chasse. L'ouverture du billet cacheté fait connaître comme auteur de ce travail M. Amédée Faider, juge au tribunal de première instance, à Bruxelles. PRIX DE STASSART. Deux mémoires avaient été envoyés pour le 4^ concours littéraire de Stassart, demandant une notice sur Christophe Plantin, ses relations ^ ses travaux et Vinfluence exercée par l'imprimerie dont il fut le fondateur. Le premier, écrit ( 1078 ) en flamand, portait pour devise : Labore; le second, en français, portait pour devise : Ardore et constantia, Espé- rant mieus {C. P.). Lçjl classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a voté la médaille de 600 francs au premier de ces deux mémoires. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme étant l'auteur de ce travail M. Max Rooses, professeur à l'Athénée royal de Gand. La proclamation de ces résultats aura lieu en séance publique de la classe. ELECTIONS. 11 a été procédé ensuite aux élections pour une place de membre titulaire, pour deux places d'associé et pour une place de correspondant. M. Jacques Heremans a été élu membre titulaire; MiM. Égide Arnlz et le marquis de Godefroy Menilglaise associés , et M. Auguste Stecher correspondant. Ces résultats seront proclamés en séance publique. La classe a désigné ensuite iM. le baron G. Guillaume pour remplir les fondions de délégué auprès de la Commis- sion administrative pendant Tannée 1876-1877. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. MM. Faideret A. Wagener donnent lecture, conformé- ment à l'article 15 du règlement de la classe, des discours qu'ils se proposent de prononcer dans la séance publique. ( 1079 ) Séance générale des trois classes. (Mardi 9 mai 1876.) M. Faider, président de l'Académie et directeur de la classe des lettres. M, LiAGRE, secrétaire perpétuel. Assistaient à la séance : Classe des sciences: MM. Gloesener, directeur; H. Maus, vice-directeur; L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Giuge,Melsens, F. Duprez, J.-C. Houzeau , G. Dewalque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Monligny, A. Brialmont, E. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, membres; Th. Schwann , E. Catalan, Aug. Bellynck, associés; J. De Tilly et Van der Mensbfugghe, correspondants. Classe des lettres : MM. Alph. Wauters, vice-directeur; J. Grandgagnage, J. Boulez, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N--J. Leclercq, le baron J. de Wilte,B. Chalon, J. Tho- nissen. Th. Juste, le baron Guillaume, Em. de Laveleye, Alp. Le Boy et J. Heremans, membres; J. Nolet de Brau- were Van Steeland, Aug. Scheler, Alph. Bivier, associés; S. Bormans et Ch. Piot, correspondants. Classe des beaux-arts : MM. Gevaert , directeur; Alvin, vice-directeur ; N. De Kevzer, G. Geefs, C.-A. Fraikin» ( 1080 ) Edm. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Bur- bure, J. Franck, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Bobert, Adolphe Samuel, G. Guffens et F. Stappaerls, membres. Conformément à l'article 19 des statuts organiques, les trois classes de l'Académie se sont réunies en assemblée générale annuelle, afin de régler leurs intérêts comnjuns. M. le secrétaire perpétuel donne lecture du procès- verbal de la séance générale de 1875. La rédaction en est approuvée. — M. le secrétaire perpétuel communique l'expédition de l'arrêté royal du 15 janvier dernier, autorisant les mem- bres de l'Académie à porter un costume particulier dans les cérémonies officielles. — M. Edm. De Busscher, secrétaire de la Commission de la Biographie nationale, vient prendre place au bureau pour donner lecture du rapport annuel suivant, sur les travaux de la Commission pendant l'année 1875-1876 : BIOGRAPHIE NATIONALE. Quinzième rapport a^int^e/. (1875-1 876). « La Biographie nationale est arrivée à son sixième volume, c'est-à-dire, très-probablement, à la moitié de l'œuvre. Le rapport de 1875-1876 pourrait se borner à celte communication ; aucun autre fait ou incident notable n'étant survenu pendant l'exercice écoulé, nous n'avions ( 1081 ) à vous faire connaître que l'état actuel de la publication académique. Profitant de cette circonstance, il nous a paru intéressant de jeter un coup d'œil en arrière, et de vous présenter un court exposé de notre marche et des résultats obtenus depuis la mise sous presse du premier volume. Nous n'avons plus à vous parler des nombreuses séances consacrées par la Commission directrice à la solution des questions réglementaires qui constituent son programme, et vous avez pu apprécier le laborieux travail de la for- mation de nos listes alphabétiques provisoires, ces deux volumes de noms destinés à être admis, sauf examen ultérieur, dans notre dictionnaire biographique. Ces no- menclatures, qui donnent toutes les notions connues sur la naissance et le décès, la profession ou la qualité de chaque individu, ainsi que l'indication des ouvrages d'où les noms ont été extraits, sont toujours nos guides et nous dirigent utilement dans l'élaboration de la Biographie na- tionale. Elles en seront le complément, pour les noms, assez nombreux, qui auront été éliminés. L'impression de la Biographie nationale n'a commencé qu'en 1866, et l'on sait quelles difficultés, quelles entraves nous avons rencontrées. Le cinquième volume est sorti des presses de nos nouveaux éditeurs, MM. Bruyiant-Christophe etC'%quiy ont mis une activité soutenue. Nous avons atteint, en 1875-1876, le temps normal d'exécution que rédacteurs et imprimeurs ne doivent pas dépasser. Aussi, nous ne saurions trop y insister, et nous ne cessons d'en- gager nos collègues et les collaborateurs qui nous prêtent leur concours à nous éviter des délais préjudiciables, soit par la remise tardive de leurs travaux, soit dans le renvoi des épreuves corrigées. Le texte des cinq premiers volumes est dû à soixante- ( 1082 ) quatorze biographes : trente-huit rédacteurs appartenant à l'Académie, trente-six collaborateurs, acceptés par la Cona- mission directrice, en dehors du cadre de la Compagnie. Le chiffre générai des écrivains belges successivement inscrits pour coopérer à la rédaction de la Biographie na- tionale j y compris quatorze d'entre eux dont les noms ne figurent pas encore parmi les auteurs des volumes qui ont paru, s'est élevé, jusqu'aujourd'hui, à quatre-vingt-huit. Sur ce nombre, il en est huit qui , admis d'abord en qua- lité de collaborateurs auxiliaires, sont devenus nos collè- gues, par leur élection dans l'une des trois classes de l'Aca- démie. Depuis le commencement de l'impression, vingt de nos rédacteurs, dont douze académiciens, sont décédés. La Commission directrice a largement payé son tribut : elle a eu à déplorer la mort d'un président, M. le baron Jules de Saint-Génois; d'un vice-président, M. Adolphe Quetelet; de six membres, MM. Eug. Coemans,De Ram, Fr. Félis, J. Kickx, Polain et A. Van Hasselt. Le premier volume de notre publication, éditée par demi-tomes en 1866-1867, contient 449 articles, rédigés par 45 auteurs; — le deuxième volume (1867-1868), 471 articles, de 43 auteurs; — le troisième volume (1870- 1872), 241 articles et la notice, d'une étendue exception- nelle, sur Charles-Quint, de 57 auteurs; — le quatrième volume (1872-1875), 432 articles, de 59 auteurs; — le cin- quième volume (1875-1876), 444 articles, de 57 au- teurs. Les lacunes de 1869 et 1874 correspondent aux époques de chômage de l'impression, lors des renouvellements du contrat quinquennal conclu, par la Commission directrice, sous l'agréation du gouvernement, avec les éditeurs de la Biographie nationale. ( 1085 ) A plusieurs reprises, pendant la période d'organisation, on exprima la pensée que la cuilaîjuiatiun auijbidiaire nui- rait à la coopération académique et peut-être l'absorberait? Tel n'en a pas été le résultat jusqu'ici, ni pour le nombre, ni pour l'importance des notices biographiques. Ce pro- nostic, comme bien d'autres conjectures défavorables, ne s'est point réalisé. Des 2,038 notices , comprises dans les cinq premiers volumes, et comptant ensemble 4,451 colonnes d'impres- sion, de format gr. in-8'*, la rédaction académique a écrit 1,127 notices ou 5,145 colonnes, et la collaboration 911 notices ou 1 ,506 colonnes. — Dix-huit rédacteurs acadé- miciens ont fourni, pour le moins, 50 colonnes de matière aux volumes précités; S2x collaborateurs seulement outre- passèrent ce taux. Des noms aux initiales E et F, attribués depuis long- temps déjà aux auteurs qui les ont choisis ou acceptés, un certain nombre de notices a été adressé au secrétariat de la Commission, sur les 570 noms composant les deux listes; mais, dans la série destinée à être livrée, sous peu, aux imprimeurs-éditeurs, des articles font défaut, même parmi les derniers noms de la catégorie D. En dépit de fréquents rappels, on semble ne pas croire aux difficultés que suscitent les envois tardifs. Par prescription de l'ar- ticle 6 des statuts réglementaires, la Commission doit revoir et approuver les notices avant de les livrer à Pim- pression : il faut bien que cet examen préalable puisse s'effectuer en temps opportun. Espérons que notre insistance sera prise en sérieuse considération, présentement et pour l'avenir. La marche prompte et régulière de notre entreprise littéraire collec- tive en dépend essentiellement. ( 10S4 ) Quelques-uns de nos rédacteurs ont, de nouveau, émis l'idée qu'il serait préférable de leur laisser choisir et dési- gner les noms à traiter, par eux, dans une plus longue série de catégories alphabétiques, afin de pouvoir régler, à l'avance, leurs recherches et leurs travaux. Ce mode a été essayé, dans le principe, et, bientôt, on en a reconnu les inconvénients. De préférence, les auteurs entamèrent les notices pour lesquelles ils possédaient des éludes faites ou des rensei- gnements sous la main, quoi qu'ils eussent à livrer ces biographies à des dates assez éloignées; puis ils oublièrent ou négligèrent celles qu'ils avaient à fournir d'abord et que l'on attendait. Aux époques fixées pour la réception des articles, la Commission directrice dut les réclamer, et trouva maints rédacteurs pris au dépourvu : les uns renon- cèrent à leurs choix, s'occupant alors de travaux particu- liers, également urgents; d'autres s'engagèrent à regagner le temps perdu, et, ne s'exécutant point, entravèrent la marche de l'impression. Le résultat de l'essai fut si désa- vantageux , si incomplet, qu'il fallut réitérer l'opération à chacune des catégories alphabétiques, ainsi que cela se pratique actuellement. La liste G sera soumise très-prochainement à l'examen des membres de l'Académie et des collaborateurs; dès que les choix nous seront connus, les notices à rédiger seront attribuées aux auteurs, conformément aux règles suivies, et ils en seront avisés. Nous avons différé l'envoi de celte liste, pour ne pas nuire aux articles qui sont en cours de rédaction pour les lettres E et F. Bien que les rappoils annuels de la Commission chargée de la publication du dictionnaire biographique aient per- ( i08S ) mis do suivre pas à pas les délibérations et les travaux, bien qu'ils aient fait assister, en quelque sorte', à toute l'élaboration de Fceuvre académique, apprécier les amélio- rations y introduites et les progrès accomplis, le résumé rétrospectif que nous en avons tracé, ici, ne sera pas sans utilité. Nous n'en doutons pas, Messieurs , notre réussite enga- gera l'Académie à prendre de plus en plus à cœur le mo- nument historique où son concours se dislingue si hono- rablement, et ce sera un stimulant pour les coopérateurs. Chacun s'efforcera de nous aider à mener à bonne fin notre entreprise nationale. L'œuvre, jugée avec impartialité, sera estimée à sa légitime valeur. » L'Académie décide que ce rapport sera imprimé dans ses Bvlletms. Elle vote desremercîments à la Commission pour le zèle qu'elle ne cesse d'apporter dans l'accomplisse- ment de sa mission. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'un rapport relatif à l'exécution de la médaille votée à M. d'Omalius, au mois de mai d873, dans la séance générale des trois classes. L'Assemblée approuve les résolutions prises à ce sujet par la Commission administrative ; elle autorise le secré- taire perpétuel à s'entendre avec le graveur, M. Julien Le- clercq, pour la frappe immédiate de cette médaille. La Commission administrative, à laquelle se joindra M. De Koninck, auteur de la proposition de voter cette médaille, ainsi que les autres membres qui en témoigne- ront le désir, est déléguée pour aller offrir à M™' veuve d'Omalius l'exemplaire en or qui lui est destiné. 2"^ SÉRIE. TOME XLI. 70 ( i086 ) — M. le président donne lecture des pièces officielles mettant le Palais-Ducal à la disposition des Académies, pour y établir leurs locaux d'une manière définitive. Cet édifice portera dorénavant le titre de : Palais des Académies. L'assemblée vote des remercîments à MM. les Ministres de l'Intérieur et des Travaux publics, ainsi qu'à M. Lavallée, inspecteur général des bâtiments publics de l'État, pour la sollicitude et les soins qu'ils ont montrés en cette circon- stance. La Commission administrative est chargée d'exprimer ces sentiments. Elle prendra bientôt les dispositions nécessaires pour l'installation solennelle de la Compagnie; elle s'entendra, à cet effet, avec l'Académie royale de médecine. — L'assemblée adopte ensuite la proposition, faite par la Commission chargée de ce qui concerne l'exécution du monument Quetelet,de placer ce monument à l'Obser- vatoire. Le comité s'occupera bientôt de la réalisation de cette proposition. (i087.) ^ CLASSE DES LETTRES. Séance publique du 10 mai 4816 , à / heure. (Grand'salle des Académies, au Musée.) M. Faider, directeur de la classe et président de l'Aca- démie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : M. Alp.Wauters, vice-directeur; J.Grand- gagnage, J. Roulez, Gacbard, P. De Decker, Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, R. Chalon, Tlionissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wagener et J. Heremans, membres; J. Nolet de Rrauwere van Steeland, Aug. Scheler, Alp. Rivier et Arntz, associés; Stan. Rormans et Ch. Piot, correspondants. Assistaient à la séance : Classe des sciences : MM. Gloesener, directeur, et H. Maus, vice-directeur; L. de Koninck, P.-J.Van Reneden, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, E. Can- dèze, F. Donny, Ch. Montigny, M. Steichen , E. Dupont, Éd. Van Reneden, C. Malaise et F. Folie, membres; Th. Schwann et E. Catalan, associés; Alf. Gilkinet, cor- respondant. Classe des beaux-arts : M. L. Alvin, vice-directeur; G. Geets, H. Vieuxtemps, Ch. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Russcher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Rurbure, J. Franck, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens et F. Stappaerts, membres; L. Jehotte, correspondant. ( 1088 ) Leurs Majestés rjinsi que LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre avaient fait exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la solennité. M. Delcour, Ministre de l'Intérieur, avait écrit pour exprimer des regrets semblables. A 1 heure, le bureau de la classe composé de M. Faider, directeur, Waulers, vice-directeur, Liagre, secrétaire per- pétuel , et de M. Gloesener, directeur de la classe des sciences, vient prendre place sur l'estrade. Un public nombreux, parmi lequel on remarque un cer- tain nombre de dames et divers hauts fonctionnaires de l'État, remplit la salle. Après avoir déclaré la séance ouverte, M. Faider a pris le premier la parole pour faire la lecture suivante : LITTÉRATURE ROYALE. Discours politiques du roi Léopold P"^ (i). « Messieurs, » Il y a dix ans, à pareil jour, et dans un sentiment de douloureuse affection, j'ai parlé à l'Académie du roi Léo- pold I". J'ai essayé d'esquisser son portrait et j'ai rappelé (1) Voici les sources principales où j'ai puisé : D'abord le Moniteur et les principaux journaux aux diverses époques. Puis, les ouvrages suivants : L. Hymans, Histoire populaire du règne de Léopold /•^'"i Thonissen, La Belgique sous le règne de Léopold /", 2e éd.; Gemelli, Histoire de larévolution belge, traduile par Royer; Léopold I^^, roi des Belges^ par Th. Juste, qui publie plusieurs lettres intéressantes du Roi; E. Vandenpeereboom, L^' gouvernement représentatif en Bel- gique; Ad.>et, Histoire du parlement belge, 1847-1858 ; De Laveleïe, Un roi constitutionnel, publié dans la Revue des Deux-Mondes, et repro- duit dans les Études et Essais ; De la GuerrOxNikre, Portraits politiques, Léo[)old V^; Guizot, dans la Bévue des Deux-Mondes, aoiJt 1857; la der- nière édition de VEssai historique et politique, de M. Nothomd ,etc. ( 1089 ) quelques-unes de ses paroles. Vous avez approuvé ce pre- mier hommage offert au chef de la dynastie helge. Aujour- d'hui, je veux poursuivre mon œuvre et, au sein de la classe des lettres, vous parler de littérature royale. » Tout récemineut, un homme d'État, mon éminent confrère jM. Nolhomb, terminait un habile portrait du feu roi en exprimant l'espoir qu'un vigoureux esprit se donne- rait pour mission d'écrire « une histoire complète embras- sant toutes les parties du règne de Léopold I*'". » Cette histoire se fait tous les jours, des publicistes distingués lui ont déjà consacré leurs veilles, les monuments publics la racontent aux populations, les documents nouveanx se multiplient, les correspondances du roi sont publiées, les laits particuliers sont révélés. « L'histoire complète » que tout patriote belge désire, paraîtra un jour, il n'en faut pas douter, et elle ne pourra pas être séparée de l'histoire de l'Europe durant les trente-cinq années d'un illustre règne. Cette histoire n'offrira pas seulement la biographie d'un prince, elle retracera les annales d'une nation qui n'a pas cessé de prospérer : le roi Léopold l" et la vie nationale belge sont inséparables et s'expliquent l'un par l'autre. D Je me fonde, pour parler ainsi, précisément sur ce que nous possédons des discours de notre premier roi et de sa correspondance dont quelques monuments ont paru dans ces derniers temps. Cette correspondance, en tant qu'elle puisse être publiée, serait une source abondante de faits et d'éclaiicissements : elle achèverait de peindre le roi et montrerait qu'il a vraiment été, comme il le disait en 18o9, *c un bouclier pour la Belgique. » » Les discours de Léopold I" révèlent le caractère et les intentions du premier roi qui s'appliqua à mener à la virilité, par trente-cinq années de dévouement et de bons ( 1090 ) conseils, une Belgique qu'il prit au berceau et qu'il remit libre, forte et respectée, à son successeur. B Après avoir brillé sur les champs de bataille et occupé une situation remarquée au Congrès de Vienne, le prince Léopold épousa en 1816 l'héritière du trône d'Angleterre. On se rappelle l'issue fatale de cette union qui promettait au jeune prince une si belle destinée. Un long séjour sur le sol britannique, au sein d'un peuple libre et fort, en pré- sence d'institutions et de franchises séculaires, avait formé l'esprit politique de Léopold. » Il avait appris au milieu de cette nation, maîtresse d'elle-même, à écouter l'opinion publique et le vœu natio- nal. Aussi, lorsqu'il dut se prononcer définitivement sur la souveraineté héréditaire de la Grèce, il ne se borna pas à poser des conditions de territoire et de garantie interna- tionale; il ajouta ces paroles : « Lorsque le soussigné pré- » voyait qu'il deviendrait souverain de la Grèce, c'était » dans l'espoir d'être reconnu librement et unanimement » par la nation grecque, et d'être accueilli par elle comme » l'ami qui récompenserait sa longue et héroïque lutte par » la sûreté de son territoire et l'établissement de son » indépendance sur des bases permanentes et hono- » râbles. » Léopold ne voulait donc pas être un roi imposé à une nation muette; il voulait un trône accepté par le vœu populaire. » Cette noble pensée se reproduisait Tannée suivante lorsque la couronne de Belgique lui était offerte; il récla- mait aussi, avant d'accepter, la solution des difficultés ter- ritoriales et financières. « Toute mon ambition, ajoutait-il, » est de faire le bonheur de mes semblables. Dès ma » jeunesse, je me suis trouvé dans des positions si singu- » Hères et si difficiles que j'ai appris à ne considérer le ( 1091 ) s> pouvoir que sous un point de vue philosophique; je ne > Fai désiré que pour faire le bien, et un bien qui reste- » Je sens combien il est désirable pour la Belgique d'avoir » un chef le plus tôt possible; la paix de l'Europe y est » même intéressée. » » L'élection de Léopold V\ roi des Belges, eut lieu le 4 juin 1851 , tandis que la Conférence de Londres arrêtait le traité des dix-huit articles, et c'est le 26 juin que le prince accepta la couronne (1). Ses paroles sont remar- quables; elles font allusion tout d'abord au libre choix du Congrès, à cette première condition qu'il avait exigée pour la Grèce : « Celte marque de confiance m'est d'autant plus flat- » teuse qu'elle n'avait pas été recherchée par moi. Les D destinées humaines n'offrent pas de tâche plus noble et » plus utile que celle d'être appelé à maintenir l'indépen- » dance d'une nation et à consolider ses libertés. » Puis il insiste sur les mesures « qui seules peuvent constituer » le nouvel État et lui assurer la reconnaissance des États » européens. Ce n'est qu'ainsi que le Congrès me donnera » la faculté de me dévouer tout entier à la Belgique, de » consacrera son bien-être et à sa prospérité les relations j> que j'ai formées dans les pays dont l'amitié lui est essen- » tielle, et de lui assurer, autant qu'il dépendra de mon » concours, une existence indépendante et heureuse. » » Léopold se rendit en Belgique : l'ancien général, l'ancien diplomate, l'ancien citoyen d'Angleterre arrivait parmi nous armé de la Constitution, armé du traité qui fondait notre neutralité, armé de l'expérience des gouver- (1) 152 voix sur 196 furent données au prince Léopold de Saxe- Cobourg. ( 1092 ) iiements parlementaires, avec ses vastes relations euro- péennes, sa pensée fondamentale sur la défense nationale et sa volonté de gouverner en roi constitutionnel. B Quelle est sa première parole, le 17 juillet 1831 , en posant le pied sur le sol belge? Le général de Wauthier le salue au nom de Tarmée : « Je compte entièrement, répond j> le prince, sur son courage et sa (idélité. » Avait-il le pressentiment de ce qui surviendrait quelques jours plus tard ? Toujours est-il, et c'est un des caractères de son règne, que Tarmée et la défense nationale furent sa con- stante, peut-être sa principale préoccupation. » A son entrée à Bruxelles, le bourgmestre Rouppe lui adresse un discours de bienvenue: « Vous maintiendrez, sire, notre charte et nos immunités. Nous, nous saurons défendre votre trône et conserver intactes vos prérogatives royales. » Le roi répond : « Je n'ai accepté la couronne que » pour le bonheur des Belges. Je me compterais heureux » de les faire jouir des institutions qu'eux-mêmes ils se » sont données. La bonne ville de Bruxelles fera l'objet de » mes soins particuliers... » » Cet échange de promesses, aux portes de la capitale, rappelle ces Joyeuses Entrées dont la tradition est, parmi nous, aussi ancienne que populaire. La pensée royale va se développer dans le grand discours d'inauguration du 21 juillet. Le roi prononce d'une voix haute et ferme : « Je jure d'observer la Constitution et les lois du peuple » belge, de maintenir l'indépendance nationale et l'inté- » grité du territoire. » Le président du Congrès dit : « Sire, montez au trône. » C'était l'investiture populaire donnée au souverain au milieu d'acclamations auxquelles j'ai pris part, que j'entends encore et qui sont le brillant souvenir de mon jeune patriotisme. ( 1095 ) » Les paroles du roi sont le commentaire de son ser- ment et le programme de son règne. Je choisis dans cette œuvre capitale : « Celte Constitution, dit le roi, émane » entièrement de vous, et cette circonstance, due à la posi- » lion où s'est trouvé le pays, me paraît heureuse. Elle a ■ù éloigné des collisions qui pourraient s'élever entre divers » pouvoirs et altérer l'harmonie qui doit régner entre » eux. » Insistant sur sa pensée déjà exprimée d'être appelé par la nation même, il ajoute : « A l'aspect de ces » populations, ratifiant par leurs acclamations l'acte de la j> représentation nationale , j'ai pu me convaincre que » j'étais appelé par le vœu du pays, et j'ai compris tout ce » qu'un tel accueil m'impose de devoirs. Belge par votre » adoption, je me ferai aussi une loi de l'être toujours par » ma politique... Je n'ai accepté la couronne que vous » m'avez offerte qu'en vue de remplir une tâche aussi » noble qu'utile, celle d'être appelé à consolider les insti- )) tutions d'un peuple libre et géîiéreiix et de maintenir » son indépendance. Mon cœur ne connaît d'autre ambi- ï> lion que celle de vous voir heureux... » Enfin, faisant allusion aux éventualités de guerre, il ajoutait en termi- nant : « J'espère être pour la Belgique un gage de paix et » de tranquillité, mais les prévisions de l'homme ne sont » pas infaillibles. Si, malgré tous les sacrifices pour con- » server la paix, nous étions menacés de la guerre, je » n'hésiterais pas à en appeler au courage du peuple belge, » et j'espère qu'il se rallierait tout entier à son chef pour » la défense du pays et l'indépendance nationale. » Au banquet solennel qui suivit l'inauguration , le roi but a à l'avenir de la Belgique. » » Le roi s'était montré diplomate en exerçant son influence sur les résolutions de la conférence; il se mon- ( 109i ) Irait Belge patriote dans ses paroles d'inauguration; il devait se montrer général, lorsque surgirent les événe- ments d'août 1851. Dans sa proclamation du 4 de ce mois : « Chacun de vous fera son devoir, dit-il; Belge comme » vous, je défendrai la Belgique. Je compte sur la garde » civique, sur l'armée, sur le dévouement de tous. Je me » rends à mon poste. J'y attends tous les Belges à qui la » patrie, l'honneur et la liberté sont chers. » On se rap- pelle l'élan patriotique de ces journées mémorables et fatales, le courage et l'habileté du roi, l'impossibilité de prolonger une lutte inégale. Malgré tout, l'histoire constate que la noble conduite du chef de l'armée fut honorée des acclamations populaires, lorsque, douloureusement impres- sionné, il reparut le 16 août dans la capitale. En pronon- çant son premier discours du trône , le 8 septembre, le roi rendait hommage « à la bravoure qu'on n'a jamais con- M testée au soldat belge; » il ajoutait : « La nation sentira » plus vivement l'impérieuse nécessité des réformes déjà » commencées et qui se poursuivent avec une activité dont » les résultats ne se feront point attendre. » Depuis lors, l'organisation de l'armée n'a cessé d'occuper le roi et de figurer au premier rang de ses travaux. » J'ai insisté sur ces premières expressions des pensées royales. La suite du règne n'est que le développement de ces pensées. Le nouveau souverain avait le sentiment de son importance en Europe, de la force morale qu'il prétait au pays, des avantages d'une neutralité bien défendue, du respect constant de la Constitution. J'apporterai les preuves de ces assertions: je ne puis tout citer dans ce court aperçu, mais ce que je choisirai parlera à la fois à votre cœur et à votre patriotisme. » Le roi avait associé à ses destinées une princesse ( 1095 ) acconiplio, « illustre rojeloii de giàce et de piété, disait » l'évèque de iMeaiix au roi, transporté sur une tene » amie, qui y croîtra comme sur son sol natal pour y faire » la consolation de votre vie, ainsi que la gloire et le bon- » heur de votre peuple. » 11 venait de rentrer en Bel- gique, où les ovations populaires accompagnèrent la jeune reine. Le 27 septembre 1852, on procéda solenneilement à la mémorable distribution des drapeaux aux patriotes de 1850; le roi leur dit : « La patrie, dans des jours d'épreuve, » ne réclamera pas en vain le secours de vos bras. Vous » saurez combattre encore avec le même courage pour » cette nationalité qui vous est précieuse, et prouver à » l'Europe qu'un peuple qui chérit son indépendance et » qui est résolu à la défendre ne saurait être aisément » subjugué. » » Seize ans plus tard, après avoir heureusement tra- versé la crise de 1848, le pays assista à une autre distribu- tion de drapeaux aux 52 légions de la garde civique. » Le 25 septembre, le roi dit : « Ce beau pays, siège de » la plus ancienne civilisation, avait longtemps espéré une » existence à lui, une existence nationale, mais hélas! ces » vœux ont été souvent déçus et les destinées du pays » subordonnées à des intérêts qui lui étaient étrangers... » Vous avez fait de votre existence indépendante un noble » et patriotique usage et vous l'avez ainsi fortement » cimentée. C'est dans cette situation que vous a trouvés » une crise politique sans exemple dans l'histoire. Vous » l'avez si glorieusement traversée, que beaucoup de pays » ont adopté votre organisation politique comme mo- » dèle... » » Éclatant hommage rendu à notre Constitution. » Je ne m'arrêterai pas à la douleur qui accabla le roi, ( 1096 ) lorsqu'il perdit son premier-né, et la joie qu'il éprouva à la naissance de l'auguste prince qui nous gouverne aujour- d'hui (I). G La naissance de cet enfant nous est une grande p consolation, » disait-il. Sa pensée allait au delà du bon- heur présent et se reportait sur la nation dont il constatait la situation prospère. î> On se rappelle les nobles efforts du roi et du pays pour échapper, en 1838, aux rigueurs de la Conférence de Londres et aux sacrifices que nous imposaient les vingt-quatre articles. Le 13 novembre, répondant aux vœux du pays, le roi, dans le discours du trône, déclarait : c( Les intérêts du pays sont la règle unique de ma poli- » tique; ils ont été traités avec le soin qu'exige leur j> importance; ils seront défendus avec persévérance et ô courage. » Les adresses des Chambres accueillirent ces paroles avec enthousiasme. » Le 1" janvier 1839, les discours du président des Chambres, du premier président de la cour de cassation, du Ministre de la Guerre exprimaient le plus ardent patrio- tisme. M. Raikem avait appelé le roi chef de la grande famille belge; le roi répondit « qu'il avait fait, depuis huit » ans, dans l'intérêt de la grande famille belge, tout ce » qui était humainement possible; que dans toutes ses » relations, il avait perdu de vue ses intérêts personnels » et ceux de sa famille pour ne s'occuper que du pays; que » pendant huit ans (et un règne de huit ans est déjà B quelque chose) le pays avait eu des moments bien diffi- D ciles et que toujours la seule pensée qui Ta occupé est » le bien de la nation. » » Lorsque la révolution de 1848 éclata, il fallut pour- (1) IG mai 1834; 9 avril 1855. ( 1097 ) voir à des nécessités urgentes et prendre des mesures de préservation. Le roi ouvrit une session extraordinaire, le 26 juin; il disait dans son discours du trône : a En pré- » sence des agitations qui remuent si profondément TEu- » rope, la Belgique est demeurée calme, confiante et » forte: il me tardait d'exprimer publiquement ce que mon » cœur en a ressenti de gratitude et de juste fierté. » » Dans sa réponse à l'adresse du Sénat, il énonçait une pensée qui lui était familière : « La Belgique doit plus que » jamais trouver sa force dans l'union des pouvoirs et » dans celle des citoyens. C'est à cette double union que » nous devons l'heureuse attitude que nous avons con- B servée... Tous mes efforts, ajoutait-il, seront consacrés » à maintenir cette belle position qui nous a valu les féli- » citations et la sympathie de tous les gouvernements » étrangers (1). » » Le 10 juillet 1848, il répondait flnement au nou- veau ministre de France, M. Quinette : « La république » française peut compter sur la loyauté de nos sentiments » et la sincérité de nos vœux pour le bonheur de la » France. Heureuse de ses relations pacifiques avec toutes j> les nations, la Belgique ne veut que continuer, dans le (1) Je trouve dans la notice historique sur les finances de la Belgique, publiée en 1867, par M. Maiou, une phrase que le roi ajouta au projet du discours du trône de 1846 : cette phrase mérite d'être reproduite, elle exprime avec bonheur une des préoccupations habituelles du roi. « La Belgique, au sein de la paix, a développé les germes d'une acti- » vite féconde. En reportant notre pensée sur les résultats déjà obtenus, » nous pouvons contempler l'avenir avec confiance. Le vœu formé par » notre pays depuis des siècles d'avoir une existence à lui et la disposition » de ses nombreuses ressources s'est réalisé de nos jours. Ce sera toujours » un grand bonheur pour moi de penser que mes efforts ont contribué à » assurer à la Belgique les précieux avantages d'une existence libre et » indépendante. « ( 1098 ) » calme et la sécurité, à jouir de son indépendance, de sa ô neutralité politique et de ses institutions. » Celte affir- mation nouvelle des droits du pays répondait aux menaces de la démagogie française. » C'est au mois de mars 1848 que le roi prononça ces célèbres paroles devenues historiques, qui sont en quelque sorte une légende populaire: « Si la nation, avait-il dit à » ses ministres, veut donner à son gouvernement une » forme républicaine, je ne serai pas un obstacle; mais si » le pays désire que le trône constitutionnel reste debout, » je le défendrai jusqu'à la dernière extrémité. » Ces paroles, répandues par la presse dans le pays et à l'étran- ger, tirent un effet extraordinaire et excitèrent parmi nous un enthousiasme général : on reconnaissait là le prince qui ne voulait régner que par le suffrage populaire; de son côté, le roi put constater que la nation belge est vraiment monarchique et profondément dévouée à la dynastie de son choix (1). » Au mois de mai, il recevait à Anvers des ovations chaleureuses : la réponse qu'il fit au discours de VUnion (1) Je reproduis la version donnée par M. Thonisseu, La Belgique sous le roi Léopold, vol. 3, p. 240, 2« éd. Voy. De Laveleye, Études et Essais^ p. 197. V Annuaire de Lesure, 1848. Extraits de la Démocralie pacifique et de VUnion de Paris. (Voy. Indépendance , 24 et 29 mais 1848). Une lithographie dessinée par Spol et lilhographiée par Borre- mans , 1848-1849, dédiée à MM. les sénateurs et représentants de la Bel- gique , a représenté le Roi prononçant devant un groupe de ministres, de personnages et d'officiers , ces paroles : « Si le bonheur de la Belgiqne l'exige, je suis prêt à lui faire le sacrifice de ma couronne et de ma dynastie. » L'estampe, d'un mérite artistique d'ailleurs très-médiocre, se trouve au dépôt de l'Étal. Ces détails m'ont été donnés par M. Henri Hymans, le savant conservateur du dé|)ôt des gravures et estampes de la Bibliothèque royale. C'est le Journal des Débats, nous assure-l-on, qui a le premier publié les paroles royales. ( 1099 ) lyrique naliotiale mérite d'clre répétée, car elle résume admirabiement la situation du pays et les sentiments du roi : « Oui, la Belgique donne au monde entier un noble et » grand exemple de dignité et de courage; je ne puis, » sans éprouver une émotion profonde, songer à l'attitude » prise dans ces derniers temps par le peuple belge tout » entier; par son calme, sa dignité, son courage, il a » prouvé une fois de plus, que chez lui la liberté n'est » pas chose nouvelle, et il l'a prouvé d'une manière écla- » tante. » Les pays constitutionnels, vous le savez, messieurs, » sont plus sujets encore que d'autres à éprouver des divi- » sions suscitées par l'esprit de parti; mais dans notre » belle patrie, toute division a disparu dans l'intérêt natio- » nal, pour faire place à l'union la plus généreuse et la » plus intime : tout le monde aujourd'hui appartient à la )> même opinion en Belgique, à l'opinion nationale. » Oui, messieurs, notre pays donne un grand et magni- » fique exemple et je suis fier d'être le chef d'une aussi )) noble nation. Elle peut compter sur mon dévouement, » comme je compte sur le sien, et surtout sur celui de celte 7> belle jeunesse qu'aujourd'hui je vois avec bonheur » réunie aussi nombreuse autour de moi. Je vous remercie, » messieurs, d'être venus, je vous remercie d'être venus » en aussi grand nombre. Les destinées que vous annoncez » à la Belgique, non-seulement peuvent s'accomplir, » mais elles sont déjà en partie accomplies. En ce mo- D ment, tous les peuples ont les yeux fixés sur cette terre » d'ordre et de liberté; il y a peu de jours, j'ai reçu une » adresse des professeurs et des étudiants des universités » d'Allemagne en félicitalion du bel exemple que vous » donnez aux peuples libres. Je suis sûr aussi , messieurs, ( liOO ) » que si un jour notre indépendance était menacée, vous » répondriez avec enthousiasme à Tappel que je vous » ferais pour défendre notre nationalité et notre Consti- » tution. » » C'est le 24 septembre 1850, on se ie rappelle, que fut célébrée la fêle de la Constitution, et posée la première pierre de la Colonne du Congrès. Répondant au discours du président de la Chambre, le roi s'exprima ainsi : « Vingt » ans d'expérience ont prouvé la solidité et la sagesse de » l'œuvre que le Congrès a léguée au pays. Toutes les » libertés inscrites dans le pacte national, respectées et » développées, sont exercées sans aucune entrave, et le )) plus bel éloge qui puisse être fait du peuple belge, c'est » de dire qu'il s'est montré digne de la Constitution... » Que la nation continue à pratiquer ses libertés avec la » même sagesse ; que la Constitution soit transmise intacte » à ceux qui nous suivront, et ce vingtième anniversaire » ouvrira pour la Belgique une nouvelle ère de grandeur » véritable et de prospérité. » » Ce discours était prononcé au milieu des plus doulou- reuses préoccupations : peu de jours après la fête de la Constitution, le M octobre 1850, la mort de la noble et bien-aimée reine des Belges répandait le deuil dans la nation tout entière. Le roi fit son éloge en quelques paroles conservées dans tous les cœurs : « Sa mort fut sainle comme sa vie, » avait-il dit. » Il répondait à l'adresse de la Chambre : « Vous avez » raison de parler de la reine comme vous le faites. Elle » s'était attachée de cœur et d'âme à sa nouvelle patrie; » elle aimait en vous des qualités qu'elle possédait au plus » haut degré, la sûreté et la constance des affections. » D II avait voulu ériger à Laoken l'église consacrée à cette princesse illustrée par ses vertus et par l'amour de ( ilOl ) tout son peuple : en 1854, le roi posa la première pierre de l'église de Laeken, et deux ans plus tard, en terminant son discours du vingt-cinquième anniversaire, il adressait à sa royale compagne disparue ce touchant souvenir : a Inclinons-nous devant la Providence divine qui tient D dans ses mains les destinées des nations et qui, dans ses » desseins impénétrables, a rappelé à elle une reine chérie » dont l'absence peut seule rendre incomplètes les joies de » cette mémorable journée. » » Le 17 mai 185o, le roi avait annoncé de Vienne, dans une dépêche adressée à M. H. de Brouckere, chef du cabinet, le prochain mariage de M^*" le duc de Brabant. « Je m'empresse, écrivait-il, de vous communiquer un » événement qui, je crois, donnera une sincère satisfac- T> tion au pays et au cabinet. J'ai demandé la main de » l'archiduchesse Marie à S. M. l'empereur d'Autriche » pour mon fils le duc de Brabant, et j'ai vu avec plaisir » que cette demande a été accueillie de la manière la plus » affectueuse et la plus bienveillante par l'empereur et » toute la famille impériale. » » La nouvelle de cette union rencontra une vive sym- pathie dans le pays; les cérémonies du mariage furent bril- lantes; les adresses de félicitations se multiplièrent; le voyage du roi avec les jeunes époux fut, dans toutes les provinces, une véritable ovation. » Le roi prononça des paroles qui méritent d'être re- cueillies ici : « Je suis heureux, dit-il au conseil provincial » du Brabant, de voir la faveur avec laquelle le pays a D accueilli la nouvelle du mariage de mon fils bien-aimé; » cette union consolidera encore notre nationalité et assu- D rera, j'en ai la confiance, le bonheur et l'indépendance » de la Belgique. » 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 71 ( 1102 ) » Complétant sa pensée et rappelant un vif souvenir, il disait, le 17 juillet 18o5: « 11 y a aujourd'hui vingt-deux j> ans que j'ai débarqué sur le sol belge et que je me suis > dévoué aux destinées du pays. Beaucoup d'améliora- D lions se sont opérées depuis lors et nous avons traversé j> paisiblement des moments de trouble qui ont ébranlé le j> sol européen. » Au conseil provincial de la Flandre occi- dentale, le roi répondait en accentuant son langage : « Le temps passe rapidement, mais qu'importe qu'il D s'écoule quand il nous laisse de si bons résultats? Nous » n'avons pas cessé de grandir et nous avons grandi en » honneur et en réputation : tandis que le continent » entier, depuis la Sicile jusqu'au Danemark, était en proie » à des embarras intérieurs, nous seuls nous remplissions B notre tache. Nos populations ont été admirables de » sagesse; elles en recueillent aujourd'hui les fruits. » Ce patriotisme, toujours le même sous des formes variées, répondait aux sympathies et aux espérances que faisait naître le mariage de l'héritier du trône. — Ailleurs, Léo- pold parlait de son rôle de roi constitutionnel, en répon- dant à la chambre de commerce de Liège : « Lorsque vous » croirez que je pourrai vous être utile, adressez-vous fran- » chement à moi, et je m'efforcerai dans mes limites de D roi constitutionnel de seconder vos efforts. » » J'arrive à ces fêtes du vingt-cinquième anniversaire qui ne s'effaceront jamais de notre mémoire et qui sont vraiment historiques. Le 21 juillet 1856, Léopold répond au bourgmestre de Bruxelles : « J'ai veillé, je puis le dire, » sur les intérêts de la capitale avec l'affection et la solli- » citude d'un père... » Dans son grand discours aux Chambres, après avoir cité quelques passages de son dis- cours d'inauguration, après avoir rappelé les difficultés de nos premières années d'indépendance, le roi ajoute : « Une ( 1105 ) » épreuve manquait à notre nationalité; une crise éclate )•> profonde, universelle, mais dans cette crise même, la » Belgique sut trouver de nouvelles forces, donner de » nouvelles preuves de sa vitalité, acquérir de nouveaux » litres à l'estime générale. J'aime à faire remonter à la 9 nation elle-même l'honneur d'une situation privilégiée » qui semble défier la hardiesse de nos espérances... » Les idées de modération, de conciliation se font jour dans d'autres passages • « pour le passé, c'est Tunion qui a fait » notre force aux jours de triomphe de notre nationalité, » comme aux jours des épreuves dans lesquelles elle a » retrempé sa vigueur. Pour l'avenir, c'est encore dans » l'union que réside le secret de notre prospérité, de notre » grandeur et de notre durée. Scellons de nouveau l'al- 9 liance entre la nation et la dynastie de son choix... » A ces nobles paroles répondirent, vous le savez, les acclama- tions d'une multitude transportée d'enthousiasme. L'alliance de la nation et de son souverain recevait une nouvelle for- mule , une seconde consécration. » Je rattache au même ordre d'idées la célèbre lettre du 15 juin 1857, que le roi adressa au Ministre de l'Intérieur, iM. De Decker, et dont j'ai parlé l'an passé: cette lettre forme un programme de politique modérée et pratique que j'ai rapproché, vous vous le rappelez, messieurs, des idées de Montesquieu. » C'est le 21 juillet 1859 que, répondant à l'adresse parlementaire à l'occasion de la naissance du comte de Hainaut, le roi prononça ces paroles caractéristiques : « Dans les années de paix dont la Chambre se félicite à » juste titre, la Belgique a eu une situation enviée souvent » par les autres nations. Elle le doit surtout à la modéra- » lion qui est, je me plais à le reconnaître, l'un des traits 3) dislinctifs du caractère belge. Tant que je vivrai, je ser- ( 1104 ) » virai de bouclier à la Belgique... Il y a vingt-huit ans que » je me trouve au milieu de vous. Je ne pense pas qu'on » puisse dire que, pendant ce temps, j'ai exposé la Bel- 7> gique à des complications ou à des dangers. Ce n'est pas » en vain, j'en suis convaincu, que l'on fera appel à votre j> patriotisme et à votre sagesse... )y Le roi s'occupait alors des grandes conceptions relatives à la défense du pays et aux fortifications d'Anvers qui, avec l'organisation de l'armée et le perfectionnement de l'artillerie, devinrent le principal sujet de ses méditations en vue du maintien de la neutralité du pays. » Nous arrivons aux manifestations de juillet J860. Au milieu de provocations hostiles à notre nationalité venant de l'extérieur et mettant en circulation des idées d'an- nexion, le patriotisme belge se manifesta avec une puis- sance inouïe. Le roi parcourut les provinces où l'attendait une série d'ovations sans exemple. C'est alors que le roi dit ces paroles souvent rappelées : « Les nations ne meurent » que par le suicide, et la Belgique vient de prouver qu'elle » sait et veut vivre indépendante. » A l'hôtel de ville de Gand : « Le lieu où nous nous trouvons rappelle d'anciens » et glorieux souvenirs : ces vieilles communes étaient le » siège du commerce, de l'industrie et des arts, quand une » grande partie de l'Europe était encore plongée dans les » ténèbres... Deux générations de ma famille sont nées au » milieu de vous et ont avec vous une commune patrie : » mon dévouement pour vous, durant un long règne, vous » est connu, et tant qu'il plaira à la Providence de me » conserver, je resterai fidèle à ma tâche et immuable dans B mon affection paternelle pour vous. » j> A Courtrai, touché de l'accueil qu'il y avait reçu : « On parle quelquefois, s'écrie-t-il, d'accueil officiel, celui- » ci a été, s'il en fut jamais, un accueil populaire. » Je veux rappeler aussi les paroles touchantes et alors très-remarquées qu'il adressa, le 29 octobre 1860, aux étudiants de Liège : « Je vous répète en ce moment ce » nom que j'aime à vous donner : oui, vous êtes mes » enfants, mes bien chers enfants; oui , vous êtes l'espoir » et l'avenir du pays , et si j'en crois ce que je vois, c'est » un bel et riche avenir. » » C'est alors, en octobre 1860, il est bon de le rappeler, qu'eut lieu l'affectueuse entrevue de S. M. le roi des Pays- Bas et de S. iM. le roi des Belges, et que fut scellée l'union de deux peuples dignes de s'estimer et de s'aimer au sein d'institutions également libres et d'une prospérité non interrompue. » Cependant la santé du roi déclinait; les douleurs et les préoccupations le poursuivaient; il cherchait dans les ressources de l'art un soulagement à un mal qui ne devait plus le quitter. On se rappelle qu'après une longue retraite, le roi moins souffrant put se montrer dans la capitale^ C'était le 24 septembre 1862, date de ce que l'on pourrait appeler historiquement : « la grande ovation. » Jamais souverain ne fut entouré, accablé en quelque sorte de pareilles manifestations. Les journaux du temps sont pleins des descriptions de cette belle journée. Le roi n'y prononça pas de discours, mais un de nos historiens a fait connaître ce piquant passage d'une lettre que le roi écrivait le 15 septembre au général ChazaI : « Le mot du sieur » Proud'hon à l'empereur : Sire , la Belgique vous attend, B ne s'est pas très-clairement dessiné hier (1). » Vers la même époque, le 6 novembre, eut lieu l'entrevue du conseil communal d'Anvers et du roi, à l'occasion des (i) Cet extrait est donné par M. Th. Juste, vol. 2, p. 209 à la note. ( H06 ) forliticalions de cette ville. Jamais il n'accusa mieux ses idées sur la neutralité belge. Il terminait un long discours par ces mots qu'il faut conserver, qui caractérisent la poli- tique militaire du pays : « Le grand objet de la politique B nationale doit être de maintenir la neutralité du pays, » mais cette politique n'obtiendra la confiance de tous nos » voisins, que lorsqu'elle leur donnera la conviction que » le pays est réellement fort et en mesure de remplir les s> obligations qui lui sont imposées par son existence poli- I) tique. » Ces paroles sont en quelque sorte l'exposé des motifs des lois qui ont autorisé les travaux d'Anvers, l'ex- plication des sacrifices que s'impose la Belgique pour la défense nationale et l'expression vraiment patriotique des devoirs internationaux du peuple belge. » En septembre 1865, il présida à l'inauguration de la statue de Jacques d'Artevelde, à Gand; en septembre 1864, il présida à celle de Yan Eyck, à Maeseyck. A la fin de sa vie, il voulait honorer le patriotisme et l'art dans leur haute expression. « L'indépendance des peuples, dit-il à » Gand, est fondée sur la valeur et l'intelligence : j'espère » que dans notre bon pays, ni la valeur ni l'intelligence » ne feront défaut. » A Maeseyck : « Honorer la mé- » moire de ces hommes dont la gloire, comme celle des » frères Van Eyck, a traversé les siècles, c'est s'honorer » soi-même. » » Le moment fatal approchait. L'illustre chef de la dynastie belge succomba le 10 décembre 1865. Qui n'a ressenti ce coup funeste? Qui ne s'est rappelé cette longue série d'années consacrées aux progrès, à la conciliation, à la protection, à la défense du pays? Ce peuple de 1830, de 1856, de 1862 que nous venons de voir, dans la plus bruyante allégresse, célébrer les grandes époques d'un règne prospère, vous l'avez vu, en 1865, former, dans un ( 1107 ) vaste silence, Timmense convoi de la douleur. C'était aussi le cortège de la gratitude et de la gloire , et tout ce que Léopold I" avait dit à la nation, pendant trente-cinq ans, formait en ce jour la brillante apologie d'un prince plein de modération, de finesse, de patriotisme et d'ac- tivité. » Je trouve , dans un travail sur la fondation du royaume de Belgique qui a paru il y a trois jours , ces lignes : « Si l'on regarde les choses de haut, il faut reconnaître que le royaume de Belgique, né d'une révo- lution, a été, dans son ensemble, l'œuvre de la modéra- lion et du bon sens (1). » En lisant cette juste appré- ciation, je pense à la modération, au bon sens du roi Léopold I", qualités bien comprises par une nation éclairée. » Ce spectacle d'un roi en rapports fréquents avec la nation est imposant et instructif. Cette sorte d'intimité repose sur la confiance mutuelle que s'inspirent un chef de bonne foi et son peuple loyal. Aux méditations, aux con- seils du prince répondent les sympathies publiques. On peut répéter que les grandes qualités des princes engen- drent les grands dévouements des peuples. Léopold I" eut une vertu fondamentale, la bonne foi avec la simplicité. « La bonne foi, a dit Benjamin Constant, a sur les peuples » une extrême puissance (2). » La simplicité est un attrait et fonde la popularité! La bonne foi sans apprêt, voilà la politique, voilà l'influence, elle appelle autour du prince tous les bons sentiments. Les nations, on ne doit jamais (1) Voy. Revue des Deux-Mondes, 1" mai 1876, la Fondation du royaume de Belgique^ par M. Saint-René-Taillandier. (2) Benj. Constant, Mél, vol. II, chap, IV. ( 1108 ) l'oublier, ont en réalité une grande clairvoyance. Et d'ail- leurs serait-il facile de tromper celles qui vivent au milieu d'une publicité universelle et toujours nouvelle? Cette publicité profite aux gouvernants comme aux gou- vernés. Léopold V^ parle souvent des « fidèles populations » qui l'entouraient; il parle souvent aussi de « son dévouement au pays »; c'était rappeler les promesses mutuelles, les serments échangés et respectés. Jamais, du côté de la nation, une entreprise hostile contre le roi; jamais, du côté du roi, une atteinte à la Constitution et aux lois. Ses relations extérieures avaient pour objet l'indépendance du pays; à l'intérieur, il s'occupait surtout, vous l'avez vu, de l'organisation militaire et de cette forte neutralité que commandent à la fois notre intérêt et notre devoir. « C'est pour une dynastie une grande école de philo- sophie politique, c'est un vrai bonheur pour un peuple, d'avoir « un caractère » pour fondateur de nationalité. Il me semble juste, pour finir, de répéter ici la plus haute pensée que renferme, suivant moi, le discours inaugural de Léopold II : « Succédant à un père si honoré de son » vivant, si regretté après sa mort, mon premier engage- » ment devant les élus de la nation est de suivre religieu- » sèment les préceptes et les exemples que sa sagesse m'a » légués, de ne jamais oublier quels devoirs m'impose ce » précieux héritage. » Qui ne reconnaîtra que ces devoirs ont été remplis et que les belles traditions du premier roi se perpétuent? On a pu dire, en des paroles dignes de Tacite : « que le despotisme épuise ses moyens par ses » succès et qu'il dévore d'avance son propre avenir (1); » (1) MiGNET, Préf. de son hisl. de la Révolution française. ( 1109 ) tandis qu'une monarchie puise dans la nation même la vie, l'éclat et la durée (1). » Les applaudissements de l'auditoire ont accueilli ce discours. M. Aug. Wagener est venu ensuite prendre place au bureau pour faire la lecture suivante : Les opinions politiques de Plutarque comparées avec celles de Tacite, « Messieurs, » Quoique notre siècle puisse se vanter, à bon droit, d'avoir réalisé de grand progrès dans le domaine des sciences historiques, il y a néanmoins encore toujours des parties très-importantes de l'histoire sur lesquelles on n'a pas réussi jusqu'ici à formuler un jugement assez bien motivé pour le faire adopter par la généralité des esprits éclairés. D Parmi les périodes qui, dès le commencement de ce siècle, ont donné lieu à des contestations parfois pas- sionnées, il en est une dont je voudrais brièvement vous entretenir aujourd'hui, celle qui comprend les premiers siècles de l'empire romain. (1) Relisons pour la Belgique ces lignes de lord John Russell, Histoire de la Constitution britannique^ chdip. XXIII : « Le peuple anglais est for- tement attaché au gouvernement royal et verrait avec indignation la ten- tative de changer ou de détruire cette clef de l'arche constitutionnelle, et j'observe que ce sentiment n'est point limité à certaines classes d'hommes, mais qu'il est répandu dans le pays tout entier. » ( illO ) j> Quelle est la cause de cette grande divergence d'opinions au sujet d'une époque relativement aussi bien connue? Elle réside principalement, pensons-nous, dans le fait, si vivement mis en lumière par Locke, que les hommes, tout en se servant des mêmes termes, y attachent des significations essentiellement différentes. L'empire romain s'est substitué à la république : voilà un événement en apparence fort simple, et qui cependant, lorsqu'on y regarde de près, peut être interprété de bien des manières. » Qu'était-ce, en effet, que la république romaine, surtout à l'époque où elle fut détruite par César? Qu'était- ce, d'autre part, que le gouvernement impérial qui s'établit sur ses ruines, et que devint-il dans la suite des temps? Telles sont les questions qu'il faudrait évidemment se poser tout d'abord et auxquelles on devrait s'efforcer de pouvoir répondre en pleine connaissance de cause, avant de se prononcer sur le point, si éminemment délicat, de savoir si la substitution de l'empire romain à la répu- blique doit être considérée comme un bien ou comme un mal. D Malheureusement la plupart de ceux qui ont essayé de résoudre cette grave question ne se sont pas donné la peine d'en étudier suffisamment les éléments très- com- plexes, ou bien se sont laissé entraîner par la passion politique, au point de ne plus remarquer, dans le cours de leurs études, que les arguments favorables à leur thèse. Dans ces derniers temps surtout, l'histoire de l'empire romain n'a été trop souvent qu'un prétexte, d'ailleurs assez transparent, pour attaquer la forme de gouver- nement d'un pays voisin. » L'histoire, ainsi transformée en pamphlet, perd iné- vitablement son vrai caractère. Au lieu de se maintenir ( iiH ) dans les sphères de la justice souveraine, distribuant sans parti pris l'éloge et le blâme, elle descend de son trône élevé pour se jeter elle-même dans la mêlée, oubliant cet axiome de droit qu'on ne peut être à la fois juge et partie. V Pour bien apprécier l'empire romain , il ne suffît pas de dresser le catalogue des crimes commis par certains empereurs : il faut examiner aussi d'une façon scrupu- leuse si le régime impérial, considéré dans son ensemble, a été pour l'Italie et les provinces, lorsqu'on les compare avec ce qu'elles étaient sous la république, une cause de progrès ou de décadence. Or, du moment que la question est posée sur ce terrain, on la voit aussitôt singulièrement changer de face. Il est, en effet , certain qu'au point de vue matériel, les provinces, même sous les plus mauvais empereurs, furent généralement beaucoup plus heureuses qu'aux époques les plus brillantes de la république. j) Le droit de cité, que la république romaine, jalouse de ses privilèges, n'accorda aux Italiens que sous la pres- sion de la guerre sociale, fut spontanément, quoique d'une manière insensible, accordé à tous les provinciaux. L'admi- nistration de la justice, qui, dans les provinces, n'était jadis qu'un vain simulacre, y devint peu à peu une réalité. Quant à la perception des impôts, qui avait fait dire à Tite-Live(l) cette parole mémorable que « là où il y avait » un publicain il n'y avait plus de place pour le droit, d elle se fit désormais d'une façon beaucoup plus régulière, d'après des bases uniformes et nettement déterminées (2). (1) T.-Liv, l.XLV, 18 : Ubi publicanus esset, ibi aut jus publicum vanum, aut liber tatem sociis nullam esse. (2) BegkerMarquardt, Handb. d. Roem.-Alterth., IIÏ,-2, pp. 164 el suiv. (1112) D'ailleurs, pendant plus de deux siècles, ces impôts ne furent nullement écrasants. Aussi voyons-nous alors, dans la plupart des provinces, fleurir l'agriculture, le com- merce, l'industrie et les beaux-arts. De toutes parts s'élèvent ces splendides monuments dont nous admirons encore les ruines aujourd'hui; de vastes routes sillonnent toute l'étendue de l'empire; l'instruction publique se répand de plus en plus; on organise même le service médical (1); on favorise l'établissement de nombreuses institutions de bienfaisance (2). » Voilà une série de faits assurément très-importants, qu'il convient de ne pas perdre de vue lorsqu'on veut porter unjugement équitable, non pas, je le répète, sur la vie privée ou même sur les actes publics de tel ou de tel empereur^ mais sur l'empire romain considéré comme forme de gou- vernement. D D'un autre côté, qu'était-ce que la république romaine? La plupart de ceux qui en déplorent la chute se la figurent comme semblable à certaines républiques modernes, où l'on voit régner l'ordre en même temps que la liberté. Mais la république romaine, je le demandée (1) V. mes Inscriptions grecques recueillies en Asie Mineure (tome XXX des Mémoires couronnés, etc.^ de VAcad. roy. de Belg., pp. :20 et suiv.). (2) « L'ordre matériel régnait partout, ce qui n'était guère arrivé auparavant. Les luttes de prince à prince, de ville à ville, étaient devenues impossibles, et la guerre était reléguée aux frontières; le com- merce et l'industrie étaient florissants; l'accès des fonctions publiques , même les plus élevées, s'ouvrait de plus en plus aux provinciaux, et enûn, sous Caracalla,la qualité de citoyen romain fut étendue à tous les hommes libres de l'empire. C'est sous les Antonins que le système fonc- tionna dans sa perfection , et leur règne fut en général une époque de paix et de prospérité pour le monde civilisé. » Waddington, Fastes des provinces asiatiques, 18. ( ill3 ) tous ceux qui Pont étudiée dans Cicéron et dans Tile- Live, peut-on, sans s'aveugler volontairement, Tassimiler à la Suisse ou aux États-Unis d'Amérique? D Assurément le régime aristocratique à la »éle duquel se trouvait le sénat romain, se décorait du beau noin de république, tout comme le régime de liberté et de démo- cratie inauguré par Washington, mais si de part et d'autre l'étiquette est la même, les formes de gouvernement qu'elle sert à désigner tour à tour ne sont-elles pas en réalité séparées par un abîme? La république américaine est le symbole de l'égalité; la république romaine consacre et maintient par la force les inégalités les plus mons- trueuses. Sans même parler des horreurs de l'esclavage, ni de la position faite aux étrangers, en vertu de ce qu'on appelait alors le droit des gens, ne se sent-on pas encore indigné, après tant de siècles, en voyant les provinciaux frappés d'impôts écrasants; obligés, pour se procurer de l'argent, de l'emprunter à leurs vainqueurs dans des con- ditions désastreuses; contraints, pour s'acquitter de leurs dettes, qui se doublaient et se quadruplaient au bout d'un petit nombre d'années, de vendre, non-seulement leurs bijoux, leurs œuvres d'art, leurs demeures, mais jusqu'à leurs propres enfants, sous peine de torture; livrés sans appel à la merci d'un propréteur on d'un proconsul, dis- posant souverainement de leurs personnes et de leurs biens? Et ne comprend-on pas le juste ressentiment de ces soi-disant alliés, achetant et nourrissant sans cesse leur propre servitude, pour me servir de l'énergique expression de Tacite (1), et auxquels on n'accordait pas (1) Britannia servitutem suam quotidie emit^ quotidie pascit. T\c., Agric, 31. ( 1114 ) même, à titre de compensation, laumône du droit de cité? El puis, les citoyens eux-mêmes se trouvaient-ils réelle- ment les uns à l'égard des autres dans des conditions d'égalité? Certes, les anciens privilèges du patriciat avaient disparu depuis longtemps ; mais l'État n'était-il pas gou- verné par cette coterie toute-puissante qui s'appelait la noblesse, et qui ne permettait à aucun homme nouveau, quel que fût d'ailleurs son talent, d'arriver aux magistra- tures? Les citoyens libres de naissance n'affectaient-ils pas à l'égard des affranchis le mépris le plus insultant? El si les proconsuls se montraient avares et cruels à l'endroit des provinciaux, les grands de Rome avaient-ils fait quel- que chose pour soulager les misères de l'Italie? Non-seu- lement les habitants des municipes italiens étaient traités à l'égal des esclaves, mais on fit passer pour des factieux de la pire espèce Tibérius Gracchus et son illustre frère, assassinés avec l'assentiment du sénat, pour s'êlre efforcés, non sans succès, de reconstituer cette classe moyenne qui à toutes les époques fait la force des sociétés. » Quels étaient donc, à l'époque de Jules César, les éléments constitutifs de cette république tant vantée? A Rome, une noblesse corrompue et vénale, s'appuyant sur un immense prolétariat, entretenu aux frais de l'État et des candidats aux magistratures; l'Italie dépeuplée et ruinée, partagée entre un petit nombre de propriétaires; les provinces, c'est-à-dire toutes les parties du mon D'ailleurs, s'il se déchaîne avec violence contre le des- potisme de Domitien, s'il peint des couleurs les plus noires les excès du pouvoir absolu, s'il analyse sans pitié les mobiles secrets qui ont fait agir les tyrans, s'il fait pénétrer jusqu'au fond de leur cœur le scalpel impitoyable de sa froide critique, s'il flétrit toutes les turpitudes et s'il arrache tous les masques, il ne faut pourtant pas croire qu'il soit ce républicain farouche pour lequel on a voulu (1) Voy. G. BoissiER, L'opposition sous les Césars, pp. 503 et suiv. ( 1116 ) le faire passer. Un savant belge (1) a démontré récemment que Tacite n'appartenait nullement à cette fraction d'hommes politiques qui sous l'empire étaient dans l'oppo- sition. Il faisait partie de ce qu'on appellerait de nos jours les modérés ou les hommes du juste milieu. Tandis que les républicains célébraient avec enthousiasme les anni- versaires de Brutus et de Cassius, et rêvaient le rétablis- sement prochain de l'ancien ordre de choses, Tacite accepte la monarchie comme un fait inévitable, comme une forme de gouvernement devenue nécessaire, par suite de l'immense étendue de l'empire (2). Et qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien, dans la pensée de Tacite, de la monar- chie absolue. Quant au régime sous lequel nous avons le bonheur de vivre et qui concilie, avec tant de sagesse, ce qu'il y a de meilleur dans les diverses formes de gouver- nement essayées avant notre époque, il n'est pas resté inconnu à Tacite, mais il le considère comme irréalisable ou en tout cas comme ne pouvant durer (5). i> Il se résigne donc à la monarchie absolue, sans méconnaître les abus qu'elle peut présenter. Personne plus que lui n'a flagellé ces abus, et pourtant il ne pousse jamais à la révolution. Loin de là, car il blâme avec force ceux qui, d'après lui, font une opposition factieuse et se jettent au-devant de la mort sans utilité pour la (1) M. Gantrelle, dans ses Contributions à la critique et à l'expli- cation de Tacite (Paris, Garnier, 1873), pp. 9 et suiv. (2) Tac. Hist. 1,1: postquam omnem potentiam ad unum conferri pacis interfuit. Cf. ibid., ch. 16. (3) Tac. Ann. IV, 33. Cunclas nationes et urbes populus aut primores aul singuH regunt : délecta ex iis et consociata rei publicae forma laudari facilius quam evenire, vel^ si evenit,hand diuturna essepotest. Cf. PoLYBE, VI , 3, et Cic. de repubi, I, 29, et passim. ( 1117 ) chose publique (1). Quel que soit le chef de l'État, qu'il soit bon ou mauvais, qu'il s'appelle Néron, Domitien ou Trajan,il faut se soumettre et ne point murmurer (2). Il n'est pas même permis, lorsqu'on occupe une position émi- nente, de renoncer complètement à la vie politique (5), et de s'envelopper, à l'instar des stoïciens, dans le manteau de sa vertu, en laissant tranquillement passer l'orage. Non, il faut agir, il faut réaliser, sur un terrain neutre, la plus grande somme de bien possible, en se tenant à égale distance de l'opposition hautaine et de la complaisance servile (4). S'abstenir d'une façon systématique, c'est faire preuve d'un esprit séditieux. » Tels sont, messieurs, les principes généraux, modérés jusqu'à la timidité, qui ont guidé Tacite dans sa carrière politique aussi bien que dans ses jugements sur l'histoire. Eh bien, lorsqu'un pareil homme apprécie avec tant de sévérité les actes de la plupart des empereurs, nous n'avons, je crois, aucun motif sérieux pour nous inscrire en faux contre l'ensemble de ses peintures. » Vous le voyez, nous nous trouvons en présence d'un (1) Tac. Agric. 42 : Sciant quibiis moris est iUicita mirari, posse etiam sub malis principibus magnos viros esse, obsequiumque ac modestiam, si industria ac vigor adsint^ eorum laudes excederc qui plerique per abrupta, sed in niillum rei publicae usiim, ambiliosa morte inclaruerunt. Cf. Gantr. 1. 1. pp. 3 et suiv. (2) Tac. Agric. 3 : exemptis e média vita lot (quindecim) annis , quibus juvenes ad seneclutem^ senes prope ad ipsos exaclae aetalis terminas per siLENTiuM venimus. (3) Tacite exerça plusieurs magistratures : dignilatem noslram a Ves- pasiano inchoalam, a Tito auctam, a Domitiano longius pruveclam non abnuerim. Hist. I, 1. Cf. Ganïr., 1. I , p. il. (4) Tac. Ann. IV, 20 : inter abruplam contumaciam et déforme obse- quium pergere iter ambitione ac periculis vacuum. 2"' SÉRIE , TOME XLI. 72 ( 1118 ) problème historique dont la solution est fort difficile. Il résulte incontestablement de la lecture de Tacite un sen- timent de dégoût à l'endroit de l'empire romain, et d'autre part Tacite reconnaît et proclame lui-même qu'un retour à la république était chose impossible. Faut-il après cela s'étonner du sentiment de profonde tristesse qui déborde dans les écrits du grand historien? Il n'a pas reconnu dans les faits de l'histoire la main de la Providence conduisant l'homme vers le bien. Il est disposé à croire, sans qu'il veuille l'affirmer, que tout est régi par la fatalité. Les dieux ne se mêlent pas des choses de ce monde (1) et il n'est au pouvoir d'aucun homme de changer la situation (2). La seule lueur d'espoir qui brille au sein de ce chaos désolant, c'est l'avènement d'un bon empereur (5). » Il est évident — la suite de l'histoire du monde l'a prouvé — que Tacite avait tort de désespérer. Ce n'est pas, je le répète, que je veuille, en quoi que ce soit, infir- mer la vérité de ses peintures. Ses tableaux sont très- certainement exacts, mais sont-ils complets? Il est permis d'en douter. Il s'est placé surtout, et cela était inévitable, au point de vue de la capitale et des grandes familles (4). (1) Tac. Ann. XVI, 35 : aequitate deum erga bona malaque docu- menta. (2) Tac. Ann. IV, 20 : tmde dubilare cogor, fato et sorte nascendi ^ ut cetera ^ita principum inclinatio in hos, offensio in illos, an sit aliquid in nostris consiliis. (3) Tac. Ann. IV, 8 : se meminisse temporum quitus nalus sit, quam civitatis formam patres avique instituerint : iilteriora mirari, prae- sentia sequi : bonos imperatores voto expelere ^ qualescunque tolerare. Celte manière de voir, que Tacite met dans la bouche de Marcellus Eprius, paraît être celle de l'historien lui-même. (i) V. Gamr. Contr.^ p. 10. ( 1119 ) ]\ ne s'est préoccupé que médiocrement du sort des classes inférieures (1) et bien moins encore de la situation des provinces (2). Ce n'est pas l'homme, c'est le citoyen romain, c'est le sénateur dont les idées et les préjugés se reflètent constamment dans son appréciation de l'ensemble des choses. » Cela étant, je me suis demandé s'il ne serait pas instructif de placer, à côté de l'appréciation de Tacite, celle d'un de ses contemporains, d'un provincial, qui devait évidemment juger les choses à un tout autre point de vue : je veux parler de l'aimable Plutarque, le mieux connu et le plus populaire des écrivains de la Grèce. Plu- tarque naquit, comme Tacite, vers le milieu du 1" siècle après J.-C. Il a donc vu se succéder, sur le trône des Césars, Néron, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva et Trajan. Il était originaire de la ville de Chéronée en Béotie, qui pouvait, il est vrai, se vanter d'un passé glorieux, mais qui était si petite à l'époque de Plutarque que celui-ci ne voulait pas, disait-il, la quitter pour ne pas la rendre plus petite encore (5). Appartenant à une famille aisée et lettrée, Plutarque s'occupa, dès sa tendre jeu- nesse, d'études philosophiques et littéraires. Grâce à ses habitudes studieuses, ses amis l'appelaient en badinant le (1) Tacite n'aime pas le peuple : haec at que taîiaplebi volentia fuere, voluplalum cupidine et, quae praecipua cura est, rei frementariae angustias — metuenti. Ann. XV, 36. (2) Tacite approuve hautement un discours de Paelus Thrasea dirigé contre la provincinlium superbia. Ann. XV, 20 et 21. (ù) Plut, vita Dem. 2. Dans sa remarquable Histoire de la Grèce sous la domination romaine, M. Petit de Julleville a bien mal interprété ce passage, p. 292. ( fi 20 ) philosophe, el on le considérait chez hii comme l'oracle de la maison. » Il fit plusieurs voyages, qui se prolongèrent pendant des années. Nous le trouvons, tour à tour, à Athènes, qui alors encore était regardée comme la principale école de philosophie, à Alexandrie en Egypte, et finalement à Rome. C'est surtout dans cette dernière ville qu'il demeura longtemps. Il était apparemment chargé d'y remplir une mission politique, c'est-à-dire, de défendre auprès du sénat les intérêts de sa ville natale, comme déjà précédemment il avait été envoyé comme ambassadeur auprès du pro- consul de sa province. » Il donna à Rome des conférences sur des sujets phi- losophiques, et la preuve que ces conférences eurent un grand succès, c'est que nous y voyons assister entre autres Arulénus Rusticus, cet illustre stoïcien, qui fut mis à mort par Domitien pour avoir publié un éloge de Paetus Thrasea, cet autre stoïcien non moins illustre, qui, à l'époque de Kéron, périt victime de ses aspirations libérales, quoiqu'il fût la vertu même, vîrtus ipsa, comme s'exprime Tacite. » Nous trouvons encore parmi les auditeurs assidus de Plutarque son ami Paccius, un des plus brillants avocats de Rome, qui était en très-bons termes avec l'empereur Vespasien. D'autres personnages, tout aussi distingués, tels que Sosius Sénécion, consul sous Trajan, Mestrius Florus, ancien consul, Fundanus, l'ami de Pline le Jeune, étaient au nombre des familiers de Plutarque. » Plus tard il retourna à Chéronée, où il partageait son temps entre ses nombreux travaux littéraires, les leçons de philosophie qu'il donnait gratuitement à des jeunes gens de famille et les modestes fonctions administratives dont il resta chargé jusqu'à un âge avancé. Nous le trou- ( il:2l ) vons tanlot comme archoiile do sa ville natale, tantôt comme inspecteur des travaux publics, s'occupant, comme il nous le dit lui-même, à mesurer de la tuile ou à faire voiturer du ciment et des pierres. Plutarque était aussi revêtu d'une dignité sacerdotale. Il paraît avoir eu l'in- spection de l'oracle de Delphes et il s'occupa, pendant de longues anuées, de l'organisation des jeux pythiques, auxquels il portail le plus vif intérêt. C'est au milieu de ces occupations multiples, toutes consacrées au culte de la Divinité et au bonheur de ses semblables, que la mort vint doucement le surprendre. C'était, comme on l'a dit, la fin d'un beau jour (1). » Ainsi qu'on vient de le voir par cette esquisse trop rapide, Plutarque n'a pas eu à se plaindre du sort. Il n'a connu ni l'aiguillon de la misère, ni les déceptions d'une ambition inassouvie. Il se trouvait par conséquent dans d'excellentes conditions pour juger les hommes et les choses avec autant de bienveillance que d'impartialité. » D'autre part, quoiqu'il n'eût pas assurément le souffle du génie, il était suffisamment instruit, il avait assez voyagé et s'était trouvé en contact avec assez de personnes distinguées pour pouvoir se rendre compte de la situation de l'empire romain. Voyons donc de quelle manière il apprécie cette situation. » D'abord, en fidèle disciple de Platon, il est un par- (1) Pour les détails de la vie de Piularque, v. Z Dans son ensemble, la situation du monde lui paraît très-satisfaisante. Il admire franchement et de tout cœur le gouvernement de Rome. Devançant la pensée de Bossuet et de plusieurs des plus grands penseurs des temps mo- dernes, il considère le développement de la puissance romaine comme un fait providentiel. Si les Romains sont devenus les maîtres du monde, ils Font certes mérité par leur constante vertu, mais il a fallu aussi l'intervention de la Divinité pour réaliser ce qu'il appelle « la plus belle des œuvres humaines (1). » La plus belle des œuvres hu- maines, voilà donc comment Plutarque envisage l'empire romain. Et en quoi réside la beauté de ce gouvernement? Avant tout et surtout dans la paix. » Assurément Plutarque n'était pas insensible aux hauts faits millitaires par lesquels s'étaient illustrés ses ancêtres. Malgré son admiration pour Rome, il est resté Grec jusqu'au fond de l'àme et son patriotisme s'émeut jusqu'à l'éloquence lorsqu'il rencontre sous sa plume les grands noms de Miltiade, de Thémistocle, d'Alexandre. Mais il n'en considère pas moins comme une période de troubles chaotiques toute l'histoire de la. Grèce antérieure au gouvernement de Rome (2). D'ailleurs si, depuis les guerres de Macédoine, la Grèce tout entière s'était débattue contre Rome dans les convulsions de l'agonie, c'était sur- (1) Plut. De forLliom. 2. (2) Ibid. ( 11:25 ) tout la Béotie, ce petit coin de terre si cher au cœur de Plu- tarque, qui avait été éprouvée par la guerre. Rançonnée tour à tour par César et Pompée, par les triumvirs et les républicains, elle avait été finalement dépouillée de tout. Il ne lui restait plus ni hommes, ni argent, ni bêtes de somme. Le bisaïeul de Plutarque aimait à raconter que ses concitoyens avaient été contraints sous le fouet de transporter sur leurs épaules jusqu'au port d'Anticyre une charge de blé destinée à la flotte d'Antoine (1). » Désormais rien de pareil ne pouvait plus arriver, et pour la plupart des régions qui bordent le bassin de la Méditerranée, Auguste et ses successeurs avaient le droit de dire : L'empire c'est la paix. Telle est l'opinion de Plu- tarque aussi bien que celle de Tacite, et c'est là qu'il faut chercher le point de départ de ses opinions politi- ques. » Pour Plutarque, en matière de gouvernement, la paix est le souverain bien. Quant à la liberté, il s'en préoccupe beaucoup moins. Les cités, dit-il, en ont autant qu'il plaît aux empereurs de leur en donner, et il vaut peut-être mieux qu'elles n'en aient pas davantage (2). Est-ce à dire qu'il n'ait aucun souci de la dignité humaine et qu'il l'ait sacrifiée aux intérêts de la paix et du bien-être matériel? » Ce serait bien mal interpréter sa pensée. Il s'élève au contraire avec force contre le servilisme de ceux qui fai- saient à tout propos intervenir le pouvoir central dans le règlement des affaires administratives (3). » Il se plaint, non sans amertune, de ceux qui se rendent (1) Gréard,!. 1. p. 199. (2) Plut. Praec. reip. ger. 32 , 8. (3) Ibid. 19,1. , dl26 ) à la cour ou dans les antichambres des grands pour y mendier des emplois lucratifs ou de vaines distinctions (1). » On serait donc mal venu à ranger Plutarque dans la catégorie des flatteurs (2). Le philosophe, c'est-à-dire l'homme de bien , doit avoir le courage de faire entendre la vérité au prince aussi bien qu'au peuple. Cela est sans doute parfois très-difficile et exige de nombreuses précau- tions : il faut savoir épier l'occasion et le moment favo- rable (3), étudier le caractère de ceux auxquels on s'adresse et surtout ne se laisser jamais entraîner à la violence, mais se contenter d'atteindre son but peu à peu. En efî'et, dit-il, « de vouloir entreprendre de changer du premier coup ou de réformer à sa mode la nature de tout un peuple, il n'est ny facile ny seur : parce qu'il y faut un long temps et une grande authorité et puissance : mais il faut faire ainsi que fait le vin en nostre corps, lequel au commen- cement est vaincu et maistrisé par le naturel de celui qui le boit, mais puis après l'eschaufl'ant petit à petit et se raeslant dedans nos veines, il vient à le transmuer et à le transformer en soy-mesme (4). » Ce qui est vrai du peuple, l'est à plus forte raison du monarque. Certes, il faut avoir le courage de défendre ses concitoyens contre les empié- tements des fonctionnaires de l'empire, et lorsqu'ils sont en danger, alors même qu'ils seraient coupables et qu'on serait soi-même innocent, il ne faut point les abandonner, mais s'associer à leur cause (5). Toutefois il convient de le (1) Pllt. Praec. reip. ger. 8, 4, (2) Plut. Maxime cum princ. 5, 4. (3) Ibid. 2, U. (4) Plut Praec. reip. ger. 3, 3, Irad. d'Amyot. (5) /62d. 19, 10. ( 1127 ) faire avec modération ot de ne jamais oublier, lorsqu'on plaide, qu'au-dessus de la couronne du magistrat se trouve placée la bottine du sénateur (1). Le magistrat de province doit imiter l'acteur qui, tout en exprimant les sentiments appropriés à son rôle, ne se laisse pas entraîner en dehors des lois de la rhythmique, sans quoi il lui arrivera, non pas d'être siftlé par le public, mais de payer de l'exil ou de la mort ses paroles imprudentes. La liberté des temps anciens est perdue sans retour, et de même, dit Plutarque, qu'on rit des petits enfants qui chaussent les souliers de leurs parents, on se moque à bon droit de ceux qui, sous le gouvernement de Rome, ont sans cesse à la bouche les noms glorieux de Marathon, de l'Eurymédon, de Platée. Il faut abandonner ces exemples aux déclamations des sophistes, qui jettent le peuple dans de vaines agitations. Tout cela est hors de propos (2). » Les temps de la grande politique sont passés. Mais il appartient à chacun de faire du bien dans sa ville natale , et sous ce rapport l'honnête homme n'a pas le droit de s'abstenir. » L'activité politique du citoyen doit donc s'exercer et se concentrer dans le municipe. Les règles tracées à cet égard par Plutarque sont encore vraies après dix-huit siè- cles, et les conseils ingénieux donnés, à l'époque de Tra- jan, par l'inspecteur des travaux de la petite ville de Ché- ronée seront encore aujourd'hui médités avec fruit par les administrateurs des plus grandes cités. Je ne veux pas abuser de vos moments en vous les faisant connaître, d'au- tant plus qu'ils perdraient leur charme et, si je puis ainsi (1) Plut. Praec. reip. yer. 17, 5. (2) Ibid. 17,6,7,10. ( 1128 ) dire, leur saveur à être exposés d'une laçon écourtée. Mais je suis persuadé que nul ne lira sans agrément ni profit les préceptes de gouvernement du moraliste Béo- tien. » En résumé, les opinions politiques de Plutarque ne sont assurément pas celles d'un héros : ce sont plutôt celles d'un honnête bourgeois, sachant envisager les choses comme elles sont et n'essayant pas de se hausser à la taille des géants. Et en qualifiant Plutarque de bour- geois, je ne veux assurément rien dire d'offensant pour sa mémoire; au contraire, j'ai en vue cette sagesse pratique, ce bon sens, cette modération , ce sentiment de la mesure en toutes choses qui caractérisent ses préceptes moraux. » D'ailleurs, s'il fait trop bon marché de la liberté poli- tiijue et s'il montre une résignation qui nous paraît exces- sive, il trouve peut-être son excuse dans les bienfaits du règne de Nerva et de Trajan, qui avaient réussi, d'après Tacite lui-même, à concilier la liberté et l'empire (1), et dont le gouvernement faisait déjà pressentir cet âge d'or qu'on appelle le siècle des Antonins. » Mais il est temps d'en finir en revenant à notre point de départ. Les opinions politiques de Plutarque nous four- nissent-elles un élément sérieux pour apprécier l'empire romain? La réponse à cette question me paraît implicite- ment contenue dans les idées que je viens d'exposer. » L'empire romain , pendant les deux premiers siècles, n'est pas aussi mauvais, considéré dans son ensemble, qu'on serait tenté de le croire d'après les peintures fidèles, (1) Agric. 3 : Quamquam —Nerva Caesar res olim dissociabiles miscue)'it,principalum ac libcrtalem , auyeatque quotidie feUcitalem temporum Nerva Trajanus. ( li29 ) mais incomplètes, de Tacite. Au point de vue matériel, les provinces étaient bien plus heureuses qu'elles ne l'avaient jamais été du temps de la république. La justice y était beaucoup mieux administrée et l'on y jouissait tout au moins de la même somme de liberté; mais la loi, au lieu d'être l'expression de la volonté nationale, était octroyée par le pouvoir souverain. Quoique le droit de cité fût suc- cessivement étendu à la presque totalité de l'empire, quoique de nombreux provinciaux fussent appelés au sénat, le gouvernement resta étranger à la nation. En payant les impôts, en s'enrôlant dans les légions, ce n'était pas pour elle-même que la nation se battait et payait. Le gouvernement ne sortait pas des entrailles du peuple; ce n'était pas lui-même qui se gouvernait par ses repré- sentants; il était gouverné de haut et de loin. Et lorsque, plus tard arrivèrent les barbares, les provinciaux assistè- rent impassibles à la destruction d'un pouvoir qui leur était indifférent. » Il n'y a que le patriotisme qui engendre des prodiges, et jamais le patriotisme n'a été le fruit de la tyrannie, qu'elle soit exercée par la république ou par la monarchie absolue. C'est ce que le gouvernement de Rome n'a pas réussi à comprendre, ni à l'époque républicaine, ni du temps de l'empire. Le patriotisme ne peut exister que là où la nation elle-même est associée au gouvernement de l'État. Dans un État immense, comme l'empire romain, le gouvernement direct par le peuple était chose impos- sible. Le seul moyen d'y faire sortir la loi du sein de la nation eût été la mise en pratique du système représenta- tif. Tel paraît avoir été, jusqu'à un certain point (1), le dessein de Jules César. (1) V. MoMMSEN, Roem. Gesch.^ Q^éûiL, III, p. 489. ( il30 ) » Sans doute, dans l'empire romain le système repré- sentatif ne pouvait être appliqué qu'à condition de mettre l'Italie et les provinces sur le pied d'une parfaite égalité. Cette idée, que nous trouvons en germe dans la politique de Caius Gracchus, fut énergiquement repoussée par le sénat. Reprise plus tard par Jules César, elle fut peu à peu appliquée à l'empire. Mais il ne vint à l'esprit ni d'Au- guste (1), ni d'aucun de ses successeurs, de mettre en pratique le système de la représentation nationale, tel qn'il avait été, selon toute apparence, conçu par Jules César. C'est là qu'il faut chercher la cause véritable de l'effondre- ment de l'empire romain, dont on a dit avec raison que c'était un colosse aux pieds d'argile. C'est par la base que péchait cet immense pouvoir. 11 ne s'appuyait pas sur la confiance du peuple. Il n'avait pas réussi à jeter des racines dans le sol. Tout le monde, comme le dit si bien Plutarque, sentait au-dessus de sa tête la bottine du proconsul ou du propréteur. On avait la paix, mais on n'était pas maître chez soi ; on avait Tordre, mais on ne se sentait pas libre. Nous touchons ici à la solution du problème soulevé au commencement de cette étude. Tacite et Plutarque ont raison l'un et l'autre : quoique placés à des points de vue différents, ils concluent tous les deux à la nécessité de Tempire. i» Ce dont l'univers avait besoin, c'était la paix à tout prix, et c'est ce que la république ne pouvait lui donner, grâce à la fureur avec laquelle s'y combattaient les partis. Pour être logique, il faut donc avoir le courage d'affirmer qu'eu égard à la situation de l'Italie et des provinces, la substitution de l'empire à la république fut un remède (1) Voy. cependant Slét. Aug. 46, el Boissier, 1. 1. p. 54. ( 1151 ) nécessaire, qui, comme tel, produisit un bien relatif (1). ï) Mais c'était un bien chèrement acheté. La monarchie absolue renfermait en principe un mélange de bien et de mal. Tacite a surtout mis en relief les abus, parfois mons- trueux, de cette forme de gouvernement, dont les grands avantages, à l'époque où l'on se trouvait, ont particulière- ment frappé Tesprit de Plutarque. Leurs appréciations, loin de se contredire, se complètent. Mais ce qu'ils n'ont vu ni l'un ni l'autre, — et c'est ce qui prouve une fois de plus que presque nul homme n'est supérieur à son siècle, — c'est que la garantie la plus efficace du maintien simul- tané de l'ordre et de la liberté doit être cherchée dans le système représentatif, qui se concilie aussi bien avec la république qu'avec la monarchie constitutionnelle. » L'assemblée a également applaudi cette intéressante communication. M. le secrétaire perpétuel a proclamé, de la manière suivante, les résultats du concours annuel de la classe et des élections, ainsi que le résultat des concours pour les prix quinquennaux. Concours annuel de la classe. ' Un mémoire écrit en flamand et portant la devise : La liberté est capable de produire de grandes choses (d'Alem- bert), avait été reçu en réponse à la deuxième question : On demande une étude historique sur les institutions de (1) Voy. MoMMSEit,!. 1. p. 478. ( ii32 ) charité en Belgique, depuis l'époque carlovingtenne jus- qu'à la publication du concile de Trente. Conformément aux conclusions des rapports des com- missaires chargés d'examiner ce mémoire , la classe a dé- cidé qu'il n'y avait pas lieu de décerner le prix. — Un mémoire portant pour devise : Venandi studium cale!... (Ovide), avait été envoyé en réponse à la troisième question : Faire l'histoire du droit de chasse et de la législation sur la chasse en Belgique et dans le pays de Liège. La classe , partageant l'opinion favorable de ses trois commissaires, a décerné la médaille de six cents francs à l'auteur de ce mémoire, M. Amédée Faider, juge au tribu- nal de première instance de Bruxelles. 4^ période du prix de Stassart pour une notice sur un Belge célèbre. Deux mémoires , le premier écrit en flamand et portant pour devise : Labore, le second écrit en français et portant pour devise : Ardore et Constantia j Espérant mieus , ont été reçus pour la 4^ période de ce concours, offrant un prix de six cents francs à l'auteur de la meilleure notice consacrée à Christophe Plantin , ses relations, ses travaux et l'influence exercée par Timprimerie dont il fut le fonda- teur. Conformément aux rapports des commissaires, la classe ( 1133 ) a décerné le prix à l'auteur du travail portant pour devise : Labore, qui est l'œuvre de M. Max Rooses, professeur à l'Athénée royal de Gand. MiM. Amédée Faider et Max Rooses sont venus rece- voir leurs récompenses aux applaudissements de l'audi- toire. PRIX QUINQUENNAUX. Le jury chargé de juger les dernières périodes des con- cours quinquennaux, a décerné le prix de littérature fla- mande, à l'œuvre : Ernest Staas, Schetsen en beelden, de M. Anton Bergmann, en son vivant avocat, à Lierre; le prix d'histoire nationale à M. Th. Juste, membre de l'Acadé- mie, pour l'ensemble de ses travaux sur l'histoire natio- nale, et notamment pour ses études sur la révolution de 1850 et l'établissement de la monarchie belge ; et le prix des sciences morales et politiques, à M. Laurent, pro- fesseur à l'Université de Gand, pour les quinze premiers volumes de sou ouvrage intitulé : Principes de droit civil. ÉLECTIONS. La classe avait eu le regret de perdre, le 15 février 1875, l'un de ses membres titulaires, M. Adolphe Borgnet. Dans sa séance du 8 de ce mois, elle a appelé par ses suffrages M. J. Heremans, déjà correspondant, à remplir cette place. 2"^ SÉRIE, TOME XLî. 75 ( 1134 ) Elle a élu , en même temps , associés : M. Égide Arntz, professeur à l'Université de Bruxelles, et M. le marquis de Godefroy Menilglaise, homme de lettres, à Lille. M. Stecher, professeur à l'Université de Liège, a été élu correspondant. ( 1135 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du iO mai i876. M. Gevaert, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. So7it présents : MM. L. Alvin, vice-directeur; G. Geefs, H. Yieuxtemps, G. Fraikin, E. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Bobert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens et F. Stap- paerts, membres. COBBESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre par laquelle M. le général De Man lui fait savoir que son frère, étant malade, ne pourra pas assister aux séances académi- ques du mois de mai. — M. le Ministre de l'Intérieur fait parvenir pour Ja Bibliothèque, comme suite à ses précédents envois, un exemplaire de la livraison pour 1875 (11" année) de la publication intitulée : Le trésor musical, par M. B. Van Maldeghem; in-4^ — Bemercîments. ( 1136 ) — La classe renvoie à l'examen de MM. Siret, Slap- paerts et Portaels une note de M. Emm. Neefs intitulée : L'OEuvre de P. -P. Rubens. à Matines. ELECTIONS. D'après l'article 59 du règlement général, la classe est appelée à désigner son délégué annuel auprès de la Com- mission administrative. Elle continue ce mandat, pour l'an- née 4876-1877, à M. Edm. De Busscher, membre sortant. RAPPORTS. Sur les 6^^ et 1^^ rapports semestriels de M. J. Cuypers , lauréat du grand concours de sculpture en 1872; rapport de MM. J. Geefs et Fraikin. A la demande de M. le Ministre de l'Intérieur, et conformément aux dispositions du règlement des grands concours, la classe avait renvoyé à l'examen de MM. J. Geefs et Fraikin les sixième et septième rapports semestriels de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872. M. le Ministre avait exprimé le désir de recevoir les avis et considérations de la classe concernant ces docu- ments. a Après avoir examiné ces pièces, nous avons remarqué, disent MM. Geefs et Fraikin, que le lauréat consacre la plus grande partie de ses rapports à citer les statues qu'il a vues, les salons et les musées où elles se trouvent; il ( -H37 ) indique également quelques restaurations exécutées soit aux draperies , soit aux diverses parties des statues, et les reproductions faites d'après des œuvres de statuaires grecs. Ses communications contiennent encore quelques appré- ciations sur certaines œuvres, qui sont peu étudiées et peu approfondies. » Toute réflexion /aite, nous croyons que le lauréat n'a pas compris tout l'intérêt qu'il aurait à faire des rapports détaillés sur les antiques, ce qui constituerait pour lui un enseignement esthétique et artistique qu'il ne pourra mieux se procurer que dans les musées des œuvres mêmes qui nous restent de l'antiquité, enseignement qui doit être le but de ses voyages. » Les œuvres de la statuaire grecque ou romaine sont tellement variées, qu'on est pour ainsi dire obligé de faire une étude particulière de chaque statue; il serait bon, également, que le lauréat comparât les statues entre elles et nous expliquât, dans ses rapports, les différences de style, d'expression et de travail existant entre ces œuvres. » Nous croyons donc nécessaire de conseiller au lau- réat de bien analyser et étudier chaque œuvre antique, afin d'en approfondir le sentiment poétique ou dramatique; il exposera, en même temps, la beauté de formes, de dessin si ferme et si correct, le style et le caractère sévères ou gra- cieux, et surtout l'expression des figures et le sentiment de mouvement ou de maintien de chaque statue. 11 remar- quera le choix judicieux que les artistes grecs ont su faire dans la nature et la façon dont ils l'ont comprise, tout en gardant le type et le caractère de la statue qu'ils avaient à représenter. I) Nous n'exigeons naturellement pas que le lauréat analyse toutes les statues qu'il a pu voir, mais qu'il nous C 1^38 ) expose ses propres idées et le sentiment qu'ont produit sur lui les œuvres qui l'ont particulièrement frappé, après en avoir fait une étude approfondie, d Ce rapport sera transmis à M. le Ministre de l'Inté- rieur. M. Portaels, en appuyant l'avis émis par ses deux hono- rables confrères, saisit cette occasion pour ajouter que la classe ne saurait être assez sévère dans l'appréciation qu'elle est chargée de faire des copies envoyées au gou- vernement par les lauréats. Il demande que le rapport de MM. Geefs et Fraikin soit inséré dans les Bulletins, afin, dit-il, de lui donner plus de publicité, et de faire connaître, de cette manière, au public combien l'Académie s'intéresse à l'œuvre des grands concours. — Adopté. COMMUiNICATIONS ET LECTURES. M. Alvin annonce que la Commission pour la liste des œuvres d'art à reproduire par les lauréats des grands con- cours pendant leur séjour à l'étranger, convoquée pour la veille, a continué la mission dont elle a été investie par la classe, conformément à l'article 17 de l'arrêté royal du 22 mai 1875, réorganisant les grands concours de pein- ture, de gravure, d'architecture et de sculpture. Malheureusement elle n'était pas en nombre suffisant pour arrêter définitivement la liste des œuvres d'art. Il a été décidé, dans cette deuxième réunion, qu'il serait fait une liste préalable, qui se complétera successivement. On a fait remarquer, à ce sujet, que ce qu'il importait surtout ( 1159 ) c'était d'avoir à Bruxelles des copies d'œuvres d'artistes belges dont on ne possède pas de travaux. MM. J.Geefs et Fraikin ont déjà remis la liste des statues antiques dont la copie pourrait être recommandée aux ar- tistes. M. De Keyser, chargé, conjointement avec M. Gai- lait, de s'occuper des tableaux, a communiqué une liste qu'il désire soumettre à son collègue avant qu'elle ne soit adoptée. M. Franck, désigné avec M. J. Leclercq pour dé- terminer les sujets de gravure à reproduire, dépose la liste des œuvres dont les artistes pourraient avoir à s'occuper. M. Alvin termine en faisant appel à tous les membres de la classe, afln qu'ils veuillent bien communiquer à la Commission leurs observations au sujet des copies. La Commission sera convoquée le jour de la prochaine séance de la classe pour continuer son travail. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Steiir (Charles). — Le touriste moderne. Voyage en Europe -et en Asie Mineure, 1855 à 1867. Second volume. Voyage en Russie (1867). Bruxelles, 1876; vol. in-8°. De Koninck (L.-G.). — Recherches sur les fossiles paléo- zoïques de la Nouvelle-Galles du sud (Australie). Texte et atlas. Bruxelles, 1876; vol. m-^" et atlas in-4°. Witte [J. de). — Histoire de la monnaie romaine par Théo- dore Mommsen, traduite de l'allemand par le duc de Blacas , tome IV""'. — Le Dieu tricéphale gaulois. Note lue à l'Aca- ( 1140 ) demie des inscriptions et belles-lettres. Paris, 1875; vol. et extrait in-S". Witte [J. de) et Lenormant (Fr.). — Extraits de livraisons de la Gazette archéologique comprenant divers de leurs travaux. Paris ; feuilles in-4°. Witte ('/. de) et Longpérier {Adrien de). — Revue de nu- mismatique, nouvelle série, tome XV, année 1874 , n°' 3 et 4. Paris; in-8% 2"" édit. Bellynck{A.). — Catalogue des plantes soit spontanées, soit cultivées en grand observées en Belgique , à l'usage des her- borisations. Namur, Bruxelles, 1876; br. pet. in-8". Croizier [Le comte de). — Les intérêts européens en Asie. La Perse et les Persans. — Étude historique sur les monuments de l'ancien Cambodge avec un aperçu général sur l'architec- ture Khmer, etc. Paris , 1873 , 1875; 2 vol. in-8°. Diegerickx {Alphonse). — Essai de bibliographie yproise. Étude sur les imprimeurs yprois. XVII' siècle, 2' fasc. Ypres, 1876;in-8°. Falisse {V.) et Graindorge (/.). — Traité d'algèbre élémen- taire, seconde partie, 2°°" édition. Mons, 4876; vol. in-S". Graindorge (/.). — Questions de licence es sciences mathé- matiques. Paris, 1876; extrait in-S". Hanzen [Le D' C.-J.). — 0ns dietsch of het Nederduitsch in Duitschland. Gand, 1876; extr. in-8°. Miot {Le D' Léopold G.-C.-F.). — Recherches physiologi- ques sur l'innervation du cœur. Bruxelles, i876; extrait in-8°. Scheler {Au g.). — Trouvères belges du XII'' au XIV" siècle. Chansons d'amour, jeux-partis, pastourelles, dits et fabliaux publiés d'après les manuscrits, et annotés. Bruxelles, i876; vol. in-8«. Steurs [F.]. — De toren van Sint-Rombautskerk te Meche- Icn, 1*"= aflevering. Malines, 1876; vol. in-8°. Tamin-Despulles {Le Docteur). — Coup d'œil sur les indica- ( \\U ) lions, les contre-indications et l'usage des eaux minérales de Contrexéville (Vosges), 6"'* édition. Bruxelles; br. in-8°. Vaîi Maldeghem (R.-J.). — Trésor musical. Musique reli- gieuse, Xl"*= année, 1875. Bruxelles; u\-A\ Van Trlcht (Victor). — La Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus et le P. Augustin de Backer. Louvain , 187C; vol. in-8°. Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, 5'"'' série, tome X, n"*^ 3, 4 et 5, année 1876. — Mémoires cou- ronnés (in-8°) tome III, ^^' fasc. Bruxelles, 1876; 4 fasc. in-8^ Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin, tome XIV, n" 5. Bruxelles, mai 1876; gr. in-8°. Dépôt de la Guerre de Belgique. — Grandeur et forme de la terre déterminées par les mesures d'arc. Bruxelles , mai 1876; br. in-8° (^2 exemplaires). Société d'émulatioîi pour l'étude de l'histoire et des anti- quités de la Flandre à Bruges. — Annales , S""^ série , tome X , n°' 5 et 4. Bruges; liv. in-8°. — Histoire d'Oudenbourg, accom- pagnée de pièces justificatives comprenant le cartulaire de la ville et de nombreux extraits des comptes communaux, par E. Feys et D. van de Casteele, tome I, 3""^ liv.; tome II, 3""^ liv. (2 exemplaires). — Troubles religieux du XVP siècle dans la Flandre maritime, 4560-1370, par de Coussemaker, Tomes \ et 2. Bruges ; 6 liv. in-4°. Messager des sciences historiques, année 1876, 1'^ liv. Gand; in-8°. Cercle archéologique du pays de Waes à S^-Nicolas. — Annales, tome V, V livr., décembre 1873. S'-Nicolas; in-8°. De Vries[M.) en Verwijs {D'' E.), — Woordenboek der Nederlandsche taal, 2''*' Reeks, 8''* Aflevering (onbevroed- onderdrukken). La Haye, 1875; in-8°. Musée Teyler à Harlem. — Archives, vol. IV, fasc. I. Harlem, 1876; gr. in-8°. ( 1142 ) Société hollandaise des sciences à Harlem. — Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, tome XI, 2°"^ et 5mê liv. — Notice historique et liste des publications de la Société depuis sa fondation en 1752 (1" janvier 1876). Harlem; 2 liv. et br. in-8". Université de Leyde. — Annales Academici, 1871-1872. Leyde; 187S: vol. in-4^ K. natuurkmidige vereeniging in Nerlandsch-lndië , Ba- tavia. — Natuurkundig Tijdschrift, deel 54 , 7*^« série, deel IV. Batavia, 1874; vol. in-S". Oudemans [J.-A.-C). — Die Triangulation von Java ausge- fiihrt vom personal des geographischen dienstes in Nieder- landisch Ost- Indien, 1*' Abtheilung. Batavia, 1875; vol. gr. in-4°. Société géologique du Nord j à Lille. — Annales, III, 1875- 1870. Lille, 1875; in-8«. Geslain (Théodomir). — La littérature contemporaine en province. Portraits biographiques et littéraires. Mouvement littéraire. Mortagne , 1876; vol. in-8% S"»" édition. Baxje [J. de). — Grottes de la vallée du Petit-Morin. — Les grottes à sculptures de la vallée du Petit-Morin (Marne). — Notice sur les grottes préhistoriques de la Marne. — L'art étrusque en Champagne. — La trépanation préhistorique. Tours et Paris, 1875, 1876; 5 extraits in-8". Delesse et de Lapparent. — Revue de géologie, tome XIII. Partie insérée dans les Annales des mines. (Extraits de géo- logie pour les années 1874 et 1875). Paris; in-8". Egger {E.). — Observations sur le genre de drame appelé Satirique (1873). — Association pour l'enseignement secon- daire des jeunes filles fondée à la Sorbonne en 1867 (année scolaire 1875-1876). — Des documents qui ont servi aux an- ciens historiens grecs (1875). — Les substantifs verbaux formés par apocope de l'infinitif (2'»'' édition, 1875). Paris; 3 extraits et br. in-8°. ( H43 ) Le Blant {Edmond). — Lepellelicr de Saint-Fargeau et son meurtrier. Documents inédits. — Tablai égyptiennes à in- scriptions grecques. — Observations sur une lettre signée Lucius Simplex. — Les larmes de la prière. Paris, 1874-1876; 5 extraits in-S" et ext. in-i". Mannheini(A.). — Démonstration géométrique d'une rela- tion due à M. Laguerre. — Recherches sur la surface de l'onde. — Nouvelles propriétés géométriques de la surface de l'onde, qui s'interprètent en optique. Paris, 1875, 1876; 2 ext. in-4'' et ext. in-8°. Planchon (/. E.). — Des limites de la concordance entre les formes, la structure, les affinités des plantes et leurs pro- priétés médicinales (1851). — Histoire botanique et horticole des plantes dites Azalées de l'Inde (1854). — Pierre Richer de Belleval, fondateur du jardin des plantes de Montpellier (1869). — Maladie de la vigne. Le Phylloxéra. Instructions pratiques (1870). — Les vignes américaines, leur culture, leur résis- tance au Phylloxéra et leur avenir en Europe (1875). — État des vignes américaines dans le déparlement de l'Hérault, pendant l'année 1875 (1875). — La défense contre le Phyl- loxéra (1875). - La truffe et les truffières artificielles (1875). Les plantes carnivores (1876). — L'Eucalyptus globulus au point de vue botanique, économique et médical (1875). Paris et Montpellier; 4 br. et 5 extraits in-8°; vol. in-12. Société (/es éludes historiques , à Paris. — L'Investigateur, 42"'^ année, mars-avril, 1876. Paris; liv. in-8°. Société mathématique de France , à Paris. — Bulletin , tome IV, n" 5, mars 1876. Paris; in-8''. Société d'anthropologie de Paris. — Bulletins , tome XI (:2'"^ série), 1" fasc. Paris, 1876;in-8''. Société géologique de France^ à Paris. — Bulletin, 5°"^ série : t. III , 1875, n" 9; t. IV, 1876, n° 2. — Liste des membres et règlements de la Société au 15 mai 1876. Bruxelles, mars et mai 1876; in-8°. ( nu ) Société archéologique du midi de la France, à Toulouse. — Bulletin, séance du 23 novembre 1875 au i4 mars 1876 inclus. Toulouse, I87G; in-4''. Société d'histoire naturelle de Toulouse. — Bulletin : 9"*' année 1874-1875, feuilles 47 à 20; 10« année, 1875-76, l'^'" fasc. Toulouse; 4 feuilles et fasc. in-8^ K. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monatsbericht, Februar und Marz 1876. Berlin; in-8°. Konig. preussische geoddtiscJies Instituts. — Zusammenstel- lung der Literatur der Gradmessungs-Arbeiten, herausge- geben von der Centralbureau der europaischen Gradmessung. Berlin, 1876; in-4°. Physikalische Gesellschaft zu Berlin. — Die Fortschritte der Physik im Jabre 1871 , XXVIÏ. Jabrg., 2'^ Ablheil. Berlin, 1876; vol. in-8^ Zeitschrift fur die Gesammten JVatur wissenschaften , redi- girt von D' C.-G. Giebel , neue Folge, Band XII, 1875, Heft "bis 12. Berlin; 4 fasc. in-8'*. Verein fur Geschichte und Alterthutn Schlesiens, Breslau. — Acta Publica. Verhandlungen und Correspondenzen der schlesiscben Fiirsten undStande, Jahrgang, 1621 (D' Hermann Palm). — Begesten zur schlesiscben Geschichte (Z)'' C. Griin- hagen), erste Lieferung. Bis zum Jahre 1200. — Zeitschrift, (D'- C. Grûnhagen), XIII. Bd., I. Heft. — Wegweiser durch die schlesiscben Geschichtsquellen bis zum Jahre 1550. Breslau, 1875, 1876; 2 vol. in-4° et 2 fasc. in 8°. Naturforschender Verein in Briinn. — Verhandlungen, XIII. Bd., 1874. — Katalog der Bibliothek. Brunn, 1875, 2 vol. in-8°. Université royale hongroise à Budapest. — Actes, 1872-73, fasc. H; 1873-74, fasc. II; 1874-75, fasc. I et II. — Alma- nach: 1872-73; 1873-74, 1874-75. — Programme des cours : 1873-74; 1874-75; 1875-76. Budapest; fasc. et br. in-8'' (deux exemplaires). ( I14o ) Veix'iii fur Chemnitzer Gcschicitte. — Mittheilungen, I. Jahrbuch fiir 1875-75. Chcmnitz, 1876; vol. in-8°. Natiirforschende Gesellschaft in Danztg. — Schriften, neue Folge, 5. Bd., 4. Heft. Danzig, 1875, in-8^ Dorpater Naturforscher -Gesellschaft. — Sitzungsbcrichtc, IV. Band, Heft I. — Archiv fiir die Naturkunde, 2. série, Band V. Dorpat, 1875; liv. et vol. in-8». Naturforscliende Gesellschaft zu Freiburg in Br. — Be- richte : Bd IV. Heft I., H., und HI. (1867); Bd V., Heft I., III., und IV. (1868-1870); Bd. VL, Heft IV. Fribourg en Brisgau; 5 fasc. in-8°. Verein fur Naturkunde in Fulda. Bericht IV. Fulda, 1876; in-8«. Justus Perthes' Geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- theilungen, 22, Bd., 1876, III. und IV. — Erganzungsheft, n° 45. Gotha; 5 cah. in-i". jyaturhistorisch-medicinischer Verein^ Heidelherg. — Ver- handlungen, neue Folge, 1^^" Bd. 3. Heft. Heidelberg, 1876; in-8''. Medicimsh-naturwissenschaftliche Gesellschaft zu Jena. — Jenaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft, Neue Folge, 3. Bd., I. und II. Heft. léna, 1876; in-8°. Archiv der Mathemalik und Physik, LVHI. Theil., 3. und 4. Heft. LIX. Theil. 1. Heft. Leipzig, 1876; in-8°. Astronomische Gesellschaft , Leipzig. — Vierteljahrsschrift, X. Jahrg. 1 875 , 4. Heft; XI. Jahrg. 1876, 2. Heft. Leipzig ; 2 liv. in-8''. Geschichts-und Alterthums-Verein zu Leisnig. — Mitthei- lungen, IV. Heft. Leisnig, 1876; in-8''. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin, année 1875, n" 3 et 4. Moscou, 1876; 2 fasc. in-8''. Société de chimie de S^-Pétersbourg. — Journal , tome VIII, n°' 4 et 5. S'-Pétersbourg, 1876; 2 fasc. in-8''. Université royale Caroline de Lund. — Acta Universitatis ( 1146 ) Lundensis : 1869, 1870, 1871, 1872, 1873. — Universitets- Bibliotheks Acccssions-Katalog : 1870, 1871, 1872, 1873, 1874. — Lund; 11 fasc. 111-4" et 5 br. in-8^ Leith Adams {A.). — On a fossil saurian vertèbre (Arcto- SACRUSOSBORNi), from tlie artic régions. Dublin, 1875; ext. in-8°. Numismatic Society of London. The numisraaticle chro- nicle, 1876, pt. I. Londres; in-8°. Royal astronomical Society of London. — Monthly notices, vol. 36, Nos. 6 and 7., april and may 1876. Londres ; in-8°. Entomological Society of London. — Transactions for the year 1875. Londres ; vol. in-8° en 5 parties. Royal Asiatic Society ofGreat Britain and Ireland. — The journal, new séries, vol. VIII, pari. II, april, 1876. Londres; in-8". Asiatic Society of Betigal, Calcutta. — Proceedings,Nos. 9, and 10, november and december 1875. — Journal, new séries : philology, vol. 44, pt. I, No. 3; vol. 45, pt. I, No. 4; Natural history , vol. 44, pt. II, Nos. 2 and 3. — Bibliotheca Indica, new séries. Nos. 527, 329, 330 and 551. Calcutta, 1875, 1876; 10 fasc. in-8^ Geological Survey of India , Calcutta. — Mémoires, Pa- jœontologia Indica, Jurassic fauna of Kutch, ser. IX, pts. 2 and 3. — Records, vol. VIII, pts. 1 t 2™" vol., p. 201 et pi. XI. (5) V. L Y xs 'BE^EDh^i. Commensaux et Parasites. Germer Baillière, 1875. (1) Rat Lankester. Annals and Mag. of nat. Hislorij, 1873. ( 1165 ) loppement, ni de leurs afiinilés. Aussi n*en est-il fait mention dans aucun des traités généraux de zoologie ni d'anatomie comparée. Étant allé m'établir à Ville-Franche au mois d'août 1874 avec deux de mes élèves, MM. Alexandre Fôttinger et Camille Moreau, je me mis à étudier les Dicyonael durant deux mois je leur consacrai tout mon temps et toute mon activité. Mes deux élèves les étudièrent en même temps que moi, de sorte que la plupart des faits consignés dans ce travail furent vérifiés un grand nombre (le fois, non-seulement par moi-même, mais aussi par eux. N'ayant pu élucider complètement l'histoire des Dicyema pendant mon séjour à Ville-Franche, je me rendis à Trieste, au mois de septembre dernier, dans l'espoir de combler les lacunes de mes premiers travaux. Je trouvai dans l'Institut zoologique établi en cette ville, par les soins du gouvernement autrichien, tant de la part de MM. les professeurs F.-E. Schuize de Gratz et C. Claus de Vienne que de la part de M. le D"" Gr'àeffe, directeur de l'établis- sement, l'accueil le plus symphatique. Un laboratoire, des aquariums, tous les matériaux nécessaires à mes études furent libéralement mis à ma disposition; aussi je saisis avec empressement l'occasion de cette publication pour adresser à ces messieurs mes remercîments les plus sin- cères et l'expression de la plus vive reconnaissance. Depuis deux ans je reçois de temps en temps des Céphalopodes capturés sur nos côtes; je les dois à l'obli- geance de M. Van Horen d'Ostende. Grâce à lui, j'ai pu compléter à Liège les recherches que j'ai faites sur les Dicyema de la Méditerranée. J'ai l'honneur de commu- niquer à l'Académie les résultats de mes études sur les divers Dicyema que j'ai eu l'occasion d'observer. Malheu- reusement je ne puis me flatter d'avoir tranché toutes les ( 1164 ) questions que soulève l'étude de ces organismes. Bien des doutes subsistent encore sur divers points fort impor- tants de leur histoire et si, malgré toutes les lacunes que présentent mes recherches, je me décide à les publier dès aujourd'hui, c'est que je n'ai guère l'espoir de pouvoir pénétrer plus avant dans la connaissance de leur évolu- tion. Les laits dont je vais rendre compte et les conclu- sions que je crois pouvoir en tirer ont du reste une importance qui me justifieront d'avoir publié cet exposé malgré ses lacunes et ses imperfections. J'ai trouvé des Dicyema chez les Céphalopodes suivants : Octopus vulgaris. (Villa Franca et Ostende.) Octopus macropus. (Villa Franca.) Eledone moschata. (Villa Franca et Trieste.) Sepia offîcinalis. (Villa Franca, Trieste et Ostende.) Sepia biserialis. (Trieste.) LoHcjo vulgaris. (Trieste et Ostende.) Sepiola Rondeletii. (Trieste.) Kôlliker crut pouvoir rapporter à une seule et même espèce tous les Diojema. 11 dit que les Dicyema de tous les Céphalopodes sont constitués de la même manière et qu'il y a lieu de les comprendre tous sous la dénomi- nation spécifique commune de Z). paradoxiim. G. Wagener reconnut l'inexactitude de cette assertion; il admit l'existence de deux espèces. 11 proposa le nom de Dicyema Eledones pour désigner l'espèce qui se rencontre chez les Élédoncs, les Poulpes et les Sépioles. Il donna le nom de Dicyema gracile à l'espèce qui habite les reins de la Seiche. Claparède décrivit sous le nom ùe Dicyema Miilleri une espèce nouvelle trouvée par lui chez X Eledone cirrosa des côtes de ÎNorwége. ( 11G5 ) Mes éludes sur ces organismes me mettent en mesure (l'aflirmer que chaque Céphalopode a son espèce particu- lière de /)/c//e»m. Mais les espèces qui habitent des Cépha- lopodes proches parents sont beaucoup plus voisines que celles qu'hébergent des Céphalopodes appartenant à des familles différentes. De là la nécessité d'établir plusieurs coupes génériques. Je conserverai le nom générique de Dicyema pour dési- gner les formes qui se rencontrent communément chez les Octopus. Ce genre comprend deux espèces : Dicyema typiis de ïOclopus vulgaris. Dicyema Claiisiana de VOctopus macropiis. Le genre Dicyemella a été créé pour désigner les formes qui habitent les Élédones. J'en connais aussi deux espèces : Dicyemella Wageneri de VEtedone moschala. Dicyemella Mïdleri Clap. de VEledone cirrosa. Je désigne sous le nom de Dicyemina Koliikeriana l'es- pèce de la Sepia officinalis; de Dicyemina Schulziana celle de la Sepia biserialis. Une forme fort différente vit chez la Sepiola Rondeletii; je propose de l'appeler Dicyemopsis înacrocephalus. Le groupe des Dicyema doit être élevé au rang d'ordre sous le nom de Dicyemides. Le tableau suivant indique la classification de cet ordre : 'DiCY.MA.Kor.L \D-typus,E±N.Ben. ( D. clau.sicuia. Ed. \.Bcv. T- 1 i- i> l ^- Waqeneri , Ed. V. Ben DICYEMIDES, Ed. V. Ben. . ( I^^^^'^--"^' Ed. V. Ken. i ^ ^J^^.^ ^;^^p_ DICYEMINA, Ed. V. Ben. . \ '^ f f ^•-'«'- • fd. V. Ben. I D. Sclinhimia, Ed. V. Ben. Dicyemopsis, Ed. V. Ben. | D. )itacroccp/talu,Ed.\.l]ei\. Je discuterai à la fin de mon travail la question de 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 75 ( 1IG6 ) savoir quelle place oecupeiil les Dicyeniides dans la classi- licationdii règne animal. Je me propose d'exposer dans celte première communi- cation les résultats généraux de mes recherches sur l'or- ganisation et le développement des Dicyeniides. 11 n'y sera question ni de lespèce des Calmars que je n'ai pu étudier suffisamment, ni de deux types nouveaux de Dicyémides qui habitent côte à côte, avec les espèces susmen- tionnées, l'une les corps spongieux de VOclopiis vidgaris, l'autre les mêmes organes de la Sepia o/ficinalis. Ces types s'éloignent notablement tant par leur organisation que par leurs formes embryonnaires des Dicyémides pro- prement dits, les seuls dont il sera question dans ce pre- mier travail. hii^tiiobe: de préparation. Si l'on connaît jusqu'à présent fort incomplètement les Dicyémides, c'est avant tout parce que ces organismes n'ont jamais été étudiés au point de vue histologique; l'on n'a pas cherché à les déchiffrer en employant les méthodes usitées aujourd'hui en histologie. Les divers naturalistes qui s'en sont occupés se sont bornés à les examiner vivants .Or, qui ne sait que l'emploi des réactifs est absolument indispensable pour arriver à connaître la composition cellulaire des organismes inférieurs? J'ai tout d'abord cherché, en abordant l'étude des Dicyema, des méthodes de préparation convenables. Les procédés qui m'ont donné les meilleurs résultats sont : 1° le traitement par l'acide osmique en solution de I ù '/,o p. °/o- Il ^3»t laisser agir le réactif pendant un temps variant entre trois et dix minutes, laver ensuite et exa- ( 1167 ) miner, soit dans l'eau, soit dans la glycérine formique très-diluée (1 pour 10), soit dans le picrocarminate. Si l'on veut obtenir des préparations permanentes, on sub- stitue à la glycérine au dixième des solutions de plus en plus concentrées; si l'on a coloré en employant le picro- carminate, l'on remplacera ce liquide par la glycérine pierocarminatée. La coloration se fait très-lentement après faction de l'acide osmique. Mais on obtient des prépara- lions fort belles après quelques semaines ou môme après quelques mois de séjour dans la glycérine colorée. L'acide osmique est le seul réaclif qui ne déforme pas les Dicye- ma;\\ les tue instantanément; toutes les cellules restent transparentes et conservent leur forme et tout le corps se colore légèrement en brun. L'acide osmique est le réactif par excellence pour l'élude des Dicyema. 2" L'acide acétique en solution très-faible (1 pour oOOà 1 pour 800) donne d'excellents résultats à d'autres points de vue. Il constitue un moyen précieux de dissociation. Jl gonfle peu à peu les cellules qui bientôt se détachent les unes des autres; l'organisme se résout alors en ses éléments constitutifs. Les noyaux des cellules deviennent extrême- ment distincts. o^ La solution d'hématoxyline préparée d'après la mé- thode ordinaire, à l'aide de l'alun, donne aussi de bons résultats. On l'applique immédiatement sur les organismes vivants. La solution d'hématoxyline fait apparaître les con- tours des cellules aussi bien que les noyaux. Cependant peu à peu les cellules se déforment et le tout se dissocie. A la longue les noyaux se colorent en bleu violacé. 4" Le séjour prolongé d'un Dicyema dans le liquide naturel des corps spongieux, soit sur le porte-objet, soit dans les organes eux-mêmes, après la mort du Céphalo- ( ii68 ) pode, amène aussi la dissociation, !a désagrégation, puis la décomposition complète. 11 est très-instructif de suivre les phénomènes successifs qui préludent à la destruction de l'organisme. Mais il ne faut pas oublier, quand on étudie ces êtres délicats, qu'aussitôt après la mort du Céphalopode, ils commencent à s'altérer. Plusieurs fois les auteurs qui s'en sont occupés ont décrit des orga- nismes altérés sans s'être aperçus qu'ils avaient sous les yeux des Dicyema décomposés. Ce qui rend l'erreur plus facile, c'est que souvent les mouvements ciliaires conti- nuent à se produire quand déjà l'animal a perdu une partie de ses organes. Il arrive toujours aussi, que! que soit le procédé que l'on emploie pour saisir les Dicyema et les déposer sur le porte-objet, que l'on en blesse un certain nombre. On déchire les uns; d'autres sont coupés en deux ou plusieurs fragments; et comme, grâce aux mouvements ciliaires, les fragments nagent dans la pré- paration aussi bien que les animaux intacts, on est tenté de les considérer comme le résultat d'une division normale et spontanée. C'est ce qui a fait croire à Ray Lankester que les Dicyémides se multiplient par scission transversale. 5" L'alcool absolu m'a donné aussi de bons résultats pour la constatation de certaines particularités dont il sera fait mention plus loin. Les autres solutions acides , salines ou alcalines telles que l'acide chromique, le bichromate de potasse, le bichro- mate d'ammoniaque, le liquide de Millier, l'acide picrique, la potasse, les solutions de sucre, l'eau douce, l'eau de mer, les solutions de chlorure de sodium, désorganisent très-rapidement les Diajemides; ces réactifs décomposent et détruisent les cellules. ( 1169 ) Deux dilTicultés principales se rencontrent dans l'élude des Dicyéinides : comme il est nécessaire de les prendre dans des Céphalopodes vivants, ce n'est guère qu'au bord de la mer que l'on peut aborder leur étude et encore n'est- ii pas facile, si même l'on se trouve au bord de la mer, d'obtenir les Céphalopodes vivants ou tout au moins par- faitement frais. En outre, la facilité avec laquelle le liquide qui baigne les corps spongieux se coagule sous l'action des réactifs tels que l'acide osmique, l'acide acé- tique, l'alcool et l'hématoxyline, constitue quelquefois un obstacle sérieux dont il est diilicile de triompher. Le liquide que Ion a déposé sur le porte-objet se prend en une masse opaque, granuleuse et fibrillaire au milieu de laquelle se trouvent empâtés les Bicyenia. !1 devient très -difficile alors de les étudier convenablement. J'ai remarqué que ce liquide se coagule beaucoup plus facile- ment chez certains individus que chez d'autres; il se coagule moins facilement si on le retire du corps d'un Céphalopode vivant que quelque temps après la mort du mollusque; la quantité de licjuide renfermée dans la cavité des corps spongieux est très -variable et l'opacité du coagulum est en raison inverse de cette quantité. Je ne décrirai ici ni la forme extérieure du corps, ni les mouvenients des Dicyémides. Erdl,KollikcretWagener ont donné à cet égard beaucoup de renseignements exacts. CHAPITRE PREMIER. DE l'organisation. Il n'existe chez les Dicyémides aucune trace de la cavité générale du corps [Lcibeshohle) décrite par Kôlliker, par G. V/agener et par Claparède. Le corps est formé 1° d'une ( iJ70 ) immense cellule axiale, cylindroïde on fusiforme, qui s'étend depuis l'exlrémité antérieure du corps, renflée en une tête, jusqu'à Texlrémilé caudale; 2'' d'une rangée unique de cellules plates formant autour de la cellule axiale une sorte d'épithélium pavimenleux simple. Toutes ces cellules sont juxtaposées entre elles comme les éléments constitutifs d'un tissu végétal; il n'y a aucune trace ni de lamelle homogène, ni de tissu conjonctif, ni de fibre muscu- Jaire, ni d'élément nerveux , ni de substance intercellu- laire. Tout au plus y a-l-il entre les cellules un peu de sub- stance unissante, comme entre les cellules d'un épitliélium. Je donnerai à la cellule axiale le nom de cellule endo- dermique; je montrerai en effet que cette cellule unique est homologue de l'endoderme des Métazoaires; je dési- gnerai, sous le nom d'ectodcrme ouûc couche ecfodermique, l'ensemble des cellules qui sont rangées autour de la cel- lule axiale. Il n'existe aucune trace de feuillet moyen; on ne trouve aucun appareil différencié : toutes les fonctions animales et végétatives s'accomplissent par l'activité des cellules ectodermiques et de la cellule axiale. Je décrirai successivement : 1 ° l'ectoderme ; S*' la cellule endodermique. 1. ECTODERME. L'ectoderme est formé d'une rangée unique de cel- lules plates. Ces cellules se touchent exactement par leurs bords de façon à former une membrane continue dépourvue de toute solution de continuité. Erdl a décrit une bouche à l'extrémité antérieure du corps. Il n'existe en aucun point de la surface d'orifice quelconque. D'autre part les cellules ectodermiques ne se recouvrent jamais l'une l'autre; elles forment une véritable mosaïque. ( \n\ ) L'ectoderme enveloppe la cellule enclodermique; nulle part celle-ci n'arrive à la surface du corps. L'ectoderme repose immédiatement sur la cellule axiale. Il n'existe aucune cavité entre la cellule endodermique et l'ecto- derme. Toutes les cellules présentent donc i"" une face externe ou superficielle; celle-ci est couverte de cils vibi'atiles; 2" tine face interne ou profonde par Inquelle ces cellules sont en contact avec la cellule axiale; 5° c/es faces latérales par lesquelles les cellules ectodermiques adhèrent entre elles. Le corps est toujours terminé en avant par un bout renflé que j'appellerai, avec Kôlliker et G. Wagener, le renflement céphalique ou simplement la lêle. C'est par cette extrémité renflée que le Dicyema se fixe au corps spongieux du Céphalopode; le reste du corps flotte dans le liquide albumineux et coagulable qui rem; plitla cavité du corps spongieux. Si l'on ouvre celte cavité chez un Céphalopode vivant, on reconnaît que la plu- part des Dicyema sont fixés par la télé à la surface du corps spongieux, dont les lobes paraissent couverts d'une moisissure ou d'un chevelu très-fin. Très-peu d'in- dividus nagent dans le liquide. Mais presque aussitôt après la mort du Céphalopode, les D/c/yema se détachent et il en est de même des cellules épithéliales des reins. Le liquide naturellement clair et transparent qui remplit la cavité des corps spongieux devient alors trouble et opalescent. Le renflement céphalique est généralement bien déli- mité; il est séparé du tronc par un sillon circulaire. La tète est formée par un certain nombre de cellules ecto- dermiques entre lesquelles se termine la cellule axiale. Toutes ces cellules reposent par leur face interne sur l'extrémité antérieure de la cellule endodermique. (1172) Parmi les cellules eclodermiques qui constituent ce renilement, il en est qui présentent des caractères tout particuliers et que j'appellerai cellules polaires. Elles se trouvent régulièrement disposées autour de l'extrémité antérieure de l'axe du corps, point que je désigne sous le nom (\c pôle oral du Dicyema. L'ensemble de ces cellules constitue la coiffe polaire. Quelquefois les cellules po- laires forment à elles seules tout le renflement céphalique; d'autres fois, elles ne constituent que la partie antérieure de la tète, le reste de l'organe étant formé par les pre- mières cellules du tronc. Celles-ci présentent , dans ce cas, des caractères qui les distinguent des autres cellules eclo- dermiques; je les appellerai les cellules parapolaires. Je décrirai donc successivement : 1° Les cellules polaires; 2** Les cellules parapolaires ; 5° Les cellules eclodermiques du tronc. L Cellules polaires. Ces cellules se distinguent par leur corps protoplasmique finement granuleux; elles sont beaucoup plus opaques que fes autres cellules ectodermiques; leur forme est cuboïde, conoïde ou trapézoïdale; leurs dimensions sont plus faibles, leurs cils vibratiles plus courts et plus gros que ceux que portent les autres cellules de l'ecloderme ; enfin , elles sont régulièremont disposées autour du pôle oral. Elles consti- tuent à elles seules toute la tête chez les Dicyema des Poulpes et les Dicyemella des Élédones. Chez les Dicyc- mina des Seiches et les Dicj/eniopsis des Sépioles, les cel- lules parapolaires concourent, avec les cellules polaires, à la formation de la tète. Les cellules polaires sont ton- ( 1173) jours disposées en deux rangées. La première rangée est toujours formée par quatre cellules, généralement plus petites que celles de la seconde rangée. Les cellules de la coiffe se touchent entre elles par leurs faces latérales; elles forment ensemble une petite calotte appliquée sur Textrémilé antérieure de la cellule endodermique. Je décrirai d'abord la coiffe polaire du Dicjjemn typus. Quand on examine de face la tête isolée, on remarque que cette calotte circulaire est divisée en quatre parties par deux lignes se coupant à angle droit; l'une de ces lignes est un diamètre, l'autre une corde du cercle. Ces lignes marquent les limites latérales des quatre cellules qui com- posent la première rangée de la coiffe (pi. I, fig. i). Leur point d'intersection est le pôle efl'ectif des Dicyema. Celui-ci ne correspond pas au centre de figure de la calotte, c'est-à-dire au centre du cercle; le pôle oral est excentriquement placé; ce qui revient à dire que des quatre cellules polaires de la première rangée deux sont plus petites que les deux autres et accolées entre elles; les deux grandes sont également adjacentes. Les cellules de la seconde rangée sont aussi au nombre de quatre. Elles sont cuboïdes; elles sont intercalées entre les cellules polaires de la première rangée et les cellules ])arapolaires. Elles sont plus grandes que les cellules de la première rangée et sont en contact avec la cellule endodermique par une face interne beaucoup plus étendue. De même que dans la première rangée, il existe dans la seconde rangée deux cellules plus petites que les deux autres. Elles sont situées immédiatement en arrière des petites de la première rangée (pi. 1, fig. 2). Il en résulte qu'il n'est possible de mener par la tête ( M7i ) qu'un seul plan divisant cet organe en deux parties égales. Ce plan passe par le diamètre de la calotte polaire. La tète des Dicyema présente donc une symétrie bilatérale. Si on suppose l'axe de l'organisme horizontal et ce plan médian de la tclc verticalement placé, on pourra distinguer chez le Dicyema une face ventrale, une face dorsale et deux faces latérales. J'appelle face ventrale celle du côté de laquelle se trouvent les petites cellules polaires; face dorsale, celle vers laquelle sont dirigées les grandes cellules polaires. Il résulte encore de cette inégalité des cellules polaires d'une même rangée que la tête de ce Dicyema est un peu inclinée vers la face ventrale; elle est placée obliquement sur le tronc; ce qui revient à dire que l'axe longitudinal est incurvé à son extrémité antérieure, le pôle oral se trou- vant plus près de la face ventrale que de la face dorsale (voir pi. I, fig. 10), ou bien encore, que l'axe de la tête forme avec l'axe du tronc un angle obtus ouvert au bas. Chez le Dicyema Clausiana de VOctopus macropus la coiffe polaire présente des caractères assez différents de ceux que nous avons constatés chez l'espèce dont il vient d'être question. D'abord la coiffe est beaucoup plus forte- ment inclinée vers la face ventrale. Toute la tête est très-oblique et cette obliquité tient exclusivement à ce qu'il existe de notables différences dans les dimensions des cellules ventrales et dorsales, aussi bien dans la pre- mière rangée que dans la seconde rangée polaire. Le nombre et la disposition des cellules polaires ne présentent chez celte espèce aucun caractère différentiel. Mais le volume des cellules de la première rangée l'emporte notablement sur celui des cellules de la seconde. C'est l'opposé de ce qui se constate chez l'espèce de VOclopiis vuUjaris et chez tous les autres Dicyémides. ( 1173 ) La mémo symcirio hilnlcrale se monlro dans la Icte (les aulrcs Dicycmidos. Chez rcspcce do VEIedone woscitata (Dicijemclla Wageiieri) les cellules polaires de la première rangée sont au nombre de quatre; les deux cellules ven- trales sont plus petites que les dorsales. Dans la seconde rangée il y a cinq cellules : elles sont beaucoup plus grandes que celles de la première rangée et leur aspect est fort dilférenl. De ces cinq cellules deux sont ventrales. Parmi les trois dorsales il en est une médiane et deux latérales. La tête de l'individu représenté à la ligure 4 de la planche ï est vue par sa face dorsale. Chez les BicyemeUa comme chez les Dkijema, la tète est exclusivement for- mée par les cellules polaires. A en juger par les figures que Claparède a données de son Dicyema Mi'dleri de VEledonn cirrosa, il paraît en être de même chez cette espèce. Tout autrement constitué est le renflement céphalique des Dicyemina de la Seiche et des Dicyemopsis de la Sépiole. La tête est formée dans ces deux genres par les cellules polaires et par les cellules parapolaires. Chez le Dicyemina Kôllikerimia de la Seiche il existe neuf cellules polaires disposées en deux rangées. Ces cel- lules sont fort petites, si on les compare aux cellules polaires des Dicyema et des Dicyemella. Elles forment ensemble un corps très-granuleux, opaque, coiffant l'extré- mité antérieure de la cellule endodermique. Mais celte coiffe est très-excentriquement placée dans le renflement céphalique (voir pi. ï, fig. 6). Elle est fortement inclinée vers la face ventrale. Les neuf cellules polaires qui for- ment cette coiffe sont placées chez les jeunes individus dans un même plan oblique relativement à l'axe du corps. Ce plan regarde en bas et en avant quand l'organisme est ( iilG ) placé dans la position normale. La lêle paraît coupée en avant par une troncature oblique. La première rangée des cellules polaires comprend quatre cellules conoïdes ou pyramidales beaucoup plus petites que celles de la seconde rangée. 11 en est deux plus petites et deux plus grandes. Les petites sont dirigées vers la lace ventrale. Dans la seconde rangée on compte cinq cellules prismatiques disposées entre elles, et relativement aux cellules polaires centrales de la coiffe, comme cbez l'espèce de VEledone moschata. Au fur et à mesure que les individus grandissent, leur coiffe polaire devient proportionncllemcni plus étendue et ses caractères se modifient de façon à devenir plus sem- blables à l'organe polaire des espèces du Poulpe et de l'Élédone. Cbez le Dicyemina Schidzinna de la Sepia biserialis la coiffe polaire est beaucoup plus considérable que cbez le Dicyemina Kollikeriana. Elle forme une grande partie du renflement cépbalique; cbez les jeunes individus la téfe est exclusivement constituée par ces cellules. En outre, les cellules de la rangée péripbérique sont fort peu diffé- rentes de celles de la série centrale. Cbez le Dicyemopsis macrocephalus de la Sepiola Ron- âelelii la tête présente des caractères très-différents de ceux que je viens de décrire. Le renflement cépbalique est formé par une coiffe polaire et quatre cellules parapolaires d'une forme toute particulière (pi. 11, fig. 2, 5, 4 et o). La coiffe est ici une plaque cellulaire formée par des cellules aplaties. Cette plaque est très-obliquement placée sur l'extrémité antérieure de la cellule endodermique; elle regarde vers la face ventrale. Cbez les individus bien développés elle est quelquefois plane; mais le plus sou- ( M77 ) vent clic est concave. Chez de loul jeunes individus elle est convexe. Elle est formée par huit cellules polaires disposées en une série centrale de quatre cellules et d'une série périphérique qui en comprend un nombre semblable. Quand la coiffe est vue de face, les cellules cenlrales montrent une forme triangulaire; les périphériques for- ment autour de la zone centrale un bourrelet composé de quatre segments. Chacun de ces segments est une cellule. Des quatre cellules centrales (cellules de la pre- mière rangée) il en est une plus petite que les trois autres. C'est celle qui est située dans la partie la plus déclive de la coiffe; c'est celle que nous considérons comme étant la cellule ventrale. Il existe deux cellules latérales et une cellule dorsale; celle-ci est la plus grande des quatre. Le plan médian de la tête coupe en deux parties égales les cellules ventrale et dorsale. Quant aux cellules de la rangée périphérique, elles diffèrent fort peu les unes des autres. De ces quatre cellules deux sont médianes et deux latéralement placées. II. Cellules parapolaires. Je désigne sous ce nom les cellules ectodermiques qui succèdent immédiatement aux cellules polaires. Chez les Dicyemina et les Dicyemopsis elles contribuent avec les cellules polaires à former le renflement céphalique. Elles se distinguent alors fort nettement des cellules ectodermi- ques du tronc. Mais dans les autres genres elles ne dif- fèrent guère des autres cellules plates de Tectoderme; elles n'interviennent pas dans la formation de la tête. Chez le Dicyemina Kollikeriana de la Sepia ofjficinalis ces cellules sont au nombre de deux. Elles ne diffèrent ( il78 ) entre elles ni par le volume, ni par la forme, ni par aucun caractère. Elles se distinguent avant tout de toutes les cel- lules ectodermiques du tronc, par leur forme et par leur contenu. Chez des individus bien développés, elles sont à peu près elliplicpies à la coupe optique (pi. ï, fig. 14). Leur face interne convexe déprime fortement la cellule endodermique qui alors se termine en avant par une pointe de lancette portée par un col assez étroit. Le petit axe de l'ellipse équivaut à peu près aux trois quarts du grand axe. Le contenu de ces cellules est beaucoup plus foncé que celui des cellules ectodermiques du tronc; il est fine- ment granuleux; mais il ne se charge jamais de ces glo- bules réfringents que l'on rencontre à peu près constam- ment dans les autres cellules de l'ectoderme et qui, en s'accumulant, produisent des verrues. Ces deux cellules parapolaires sont placées sur les faces latérales de la tète. Elles se touchent suivant la ligne médio-ventrale et suivant la ligne médio-dorsale; elles forment donc à elles deux un collier par lequel passe la cellule endodermique; chacune d'elles constitue une moi- tié de l'anneau. Cet anneau est beaucoup plus étroit sur le dos et le long de la ligne médio-ventrale que sur les côtés de la tète. Les cellules ectodermiques du tronc, qui sui- vent immédiatement les cellules parapolaires, s'engagent, en formant pointe entre les cellules parapolaires; mais elles n'atteignent jamais, cependant, les cellules de la coiffe polaire. Dans le jeune âge les cellules parapolaires ne diffèrent en rien des autres cellules ectodermiques du tronc. Chez le Dicyemopsis macrocephalus de la Sepiola Bon- dclelii les cellules parapolaires sont au nombre de quatre (pi. II, fig. 2-6). Deux de ces cellules sont ventrales et ( 1179 ) viennent se toucher suivant la ligne medio-ventrale, deux autres sont dorsales. Elles sont très-volumineuses. Leur face externe présente fréquemment vers son milieu une dépression plus ou moins profonde qui tend à diviser la cellule en deux parties. Il en résulte que ces cellules, vues à la coupe optique aux deux côtés de la cellule endoder- mique, simulent ensemble une caisse de violon. La forme toute particulière de ces cellules aussi, bien que les carac- tères de la coiffe polaire donnent à la tète des Dicyemopsis un aspect fort singulier. Chez les Dicyemelln, les cellules homologues aux cel- lules parapolaires des précédents ne diffèrent en rien d'essentiel des autres cellules de l'ectoderme; elles sont plates, claires, et se terminent en pointe en arrière. Cependant chez les D ic y e m ella comme chez les Dici/eniina les cellules adjacentes aux polaires de la seconde rangée sont au nombre de deux seulement. Elles forment ensemble un collier complet. Ces cellules adhèrent plus fortement aux cellules polaires qu'à la cellule endodermiquc et aux cellules de l'ectoderme qui leur succèdent. J'ai dit plus haut que sous l'action de l'acide acétique, voire même après un séjour prolongé sur porte-objet dans le liquide naturel des corps spongieux, les cellules ectodermiques s'isolent avec la plus grande facilité. L'acide acétique en solution de 1 pour 500 constitue un excellent moyen de dissociation. Il arrive presque toujours que les cellules pa- rapolaires restent encore adhérentes aux cellules polaires quand toutes les autres cellules se sont déjà séparées les unes des autres, et comme d'un autre côté la coiffe polaire adhère fortement à l'extrémité antérieure de la cellule endodermique, on obtient fréquemment des images comme celle que j'ai représentée à la planche I,fig. 4. Ivôlliker ( 1180 ) a figuré l'exlrémité antérieure du corps d'un individu ainsi altéré par la macération, sans pouvoir se rendre compte de ce qu'il avait sous les yeux. (Voir la figure 6 de sa planche « Kopf eines ausgewachsenen Individuums mit zwei eigenthumlichen Lappen. ») Chez le Dicyema du Poulpe les cellules parapolaires ne se distinguent aucunement des autres cellules ectodermi- qucs du tronc. m. Cellules ectoder iniques du tronc. Les cellules de l'ectodcrme du corps sont des cellules plates, appliquées par leur face interne ou profonde contre la surface de la cellule endodermique. Leur face externe ou superficielle, toujours convexe, est couverte de cils vibraliles plus longs mais plus grêles et beaucoup plus rares que ceux que portent les cellules polaires. Chez les uns comme chez les autres ces cils sont insérés sur un plateau canaliculé. Ces cellules se touchent entre elles par leurs bords ou plutôt par leurs faces latérales. J'exami- nerai successivement ce que présentent de particulier, le nombre, la forme et la constitution de ces cellules. Nombre. Le nombre de ces cellules est probablement constant chez une même espèce. Chez le Bicyema typus de VOclopus vulgaris le nombre total des cellules pour un individu engendrant des embryons vermiformes est de ving(-six.Ce nombre se décompose comme suit: une cellule endodermique, huit cellules polaires, deux cellules para- polaires, quinze cellules ectodcrmiques ordinaires. Ce nombre est assez facile à compter, à cause de cette circonstance que l'on trouve dans l'acide acétique en solu- tion faible (1 pour 500), dans l'hématoxyline, dans l'alcool ( dI81 ) faible, voire môme dans la macération de l'organisme dans le liquide qui baigne les corps spongieux, des moyens de dissociation qui donnent des résultats admirables : tout l'organisme se décompose sur le porte-objet, sous les yeux de l'observateur, en ses éléments constitutifs. Ceux-ci, tout en étant complètement séparés l'un de l'autre, conser- vent néanmoins à peu près les positions relatives qu'ils occupaient quand ils étaient réunis entre eux dans l'orga- nisme vivant (voir pi. 1, fig. il et pi. Il, fig. 7). Ce qui est bien remarquable, c'est que toutes les cellules de l'or- ganisme complètement développé se trouvent déjà chez le jeune Dicyema, au moment où, encore embryon vermi- forme, il est sur le point de quitter la cellule endodermique de l'organisme maternel. Le développement extra-utérin ^ si l'on peut ainsi s'exprimer, consiste exclusivement clans r agrandissement progressif des cellules qui constituent l'embryon vermi forme au moment de sa naissance. Il ne se forme plus, après la naissance, une seule nouvelle cellule (1). Si le nombre des cellules qui constituent le corps d'un Dicyema nématogène (c'est ainsi que j'appelle les individus qui engendrent des embryons vermiformes) est constant dans une même espèce, il n'en est pas ainsi du tout des individus rhombogénes (engendrant des embryons infuso- riformes). Chez ces derniers le nombre des cellules ectoder- miques du tronc varie. Chez les Dicyernina de la Seiche le nombre des cellules (1) Je fais abstraction, bien entendu, des germes qui se forment dans l'intérieur de la cellule endodermique et qui s'y développent ultérieu- rement, comme dans une matrice, pour produire des embryons vermi- formes. 2'"' SÉRIE, TOME XLI . 76 ( 1182 ) est également de vingt-six, dont une cellule endodermique, neuf cellules polaires, deux cellules parapolaires, quatorze cellules ectodermiques ordinaires. Dans ce nombre sont comprises les deux dernières cellules du corps, qui forment ensemble, chez cette espèce, un renflement cau- dal souvent très-volumineux (pi. I, fig. 9 et 16; pi. II, lig. 7 et 8). Forme. Chez les embryons et souvent encore chez les jeunes individus libres, la forme des cellules ectoder- miques est cuboïde. Mais au fur et à mesure que l'indi- vidu avance en âge, les cellules ectodermiques du tronc s'allongent dans la direction du grand axe du corps. Elles deviennent fusiformes et se terminent en avant et en arrière par un prolongement filiforme dont la longueur varie beaucoup. Ces cellules, en forme de fuseau ou de losange très-allongé, ne sont pas planes, mais creusées en gouttière à leur face interne, de façon à se mouler exac- tement sur la face externe convexe de la cellule endoder- micjue, qui est toujours cylindroïdc. Ces cellules allei- gnent chez de grands individus une taille gigantesque (pi. I, fig. 17 et 18). On trouve généralement trois de ces cellules sur une même coupe transversale du corps. Quelquefois il y en a quatre; d'autres fois deux seulement. Ce dernier cas se présente constamment à l'extrémité caudale du tronc. Les deux dernières cellules circonscrivent ensemble une cavité cylindrique terminée en cul-de-sac, dans laquelle se pro- longe la cellule endodermique. Chaque cellule caudale représente donc un demi -cylindre. Chez le Dicf/emina l'ôllikerimia ces deux cellules caudales afleclent presque toujours une apparence particulière. Elles sont fortement gonflées; leur forme est vésiculaire; chaque cellule forme ( 1185 ) par sa face exlerne un peu plus d'une clemi-sj)lière; les (Jeux cellules réunies constituent un rennement caudal bilobé, dans l'intérieur duquel se termine la cellule axiale. Chez certains individus ce renflement caudal acquiert un volume énorme : le diamètre du renflement caudal peut égaler et surpasser même la longueur de cette partie du corps qui s'étend depuis l'extrémité antérieure jusqu'au renflement lui-même (pi. JI, fig. 8). Constitution. Je n'oserais dire que les cellules edoder- miques présentent une membrane; elles sont limitées extérieurement par un plateau canaliculé; mais cette couche périphérique du corps cellulaire est très-peu cou- sistante. Presque tous les liquides aqueux, qu'ils soient acides, neutres ou alcalins, l'acide chromique, le liquide de Millier, des solutions de bichromate de potasse ou d'ammo- niaque, l'acide picrique, les solutions ammoniacales, les solutions de sel marin, de sucre, l'eau douce et l'eau de mer gonflent rapidement ces cellules, y produisent des vacuoles et les décomposent au bout de peu de temps en globules sphériques, de volumes variables, qui sont en partie circonscrits par des fragments du plateau canaliculé (pi. If, (ig. 10 et M). La manière dont se fait dans ce cas la décomposition de la cellule et la déchirure du plateau montrent que celte couche périphérique est très -molle. Faut-il l'appeler une membrane? Tout dépend de la ques- tion de savoir quel degré de consistance doit avoir acquis la couche externe du protoplasme cellulaire pour mériter ce nom. Il est vrai que dans nos cellules ectodermiques la couche de substance protoplasmique modifiée, qui consti- tue le plateau canaliculé, présente une plus grande cou- sistance que le reste du corps cellulaire; mais elle n'est certainement pas solide. Ce qui le prouve encore, c'est la ( 1184 ) facilité avec laquelle les cellules ectodermiques peuvent être envahies par des corps étrangers ou traversées par les embryons au moment où ceux-ci, arrivés à leur complet développement, sortent du corps maternel. J'ai vu fré- quemment chez la Seiche une grande quantité de ses sper- matozoïdes se mouvoir librement dans la cavité des corps spongieux. Dans tous ces cas j'ai trouvé un grand nombre de ces zoospermes engagés dans les cellules ectodermiques des Dicyemina. Souvent toutes les cellules de l'ectoderme étaient distendues par ces filaments spermatiques; mais de toutes les cellules, celles qui se laissent le plus facilement envahir sont les deux cellules caudales. Les embryons développés dans la cellule endodermique sortent du corps maternel par n'importe quel point de sa surface. Le plus souvent ils viennent au monde en écartant l'une de l'autre deux cellules ectodermiques adjacentes et le point du corps par lequel se fait le plus fréquemment la sortie des embryons est le pôle oral. J'ai vu plusieurs fois les embryons vermiformes ou infusori- formes se frayer un passage entre les quatre cellules polaires centrales; ils s'engagent entre ces cellules et puis on les voit tout à coup prendre leur essor vers le monde extérieur. Cependant j'ai trouvé quelquefois des embryons engagés dans l'ectoderme, et j'en ai vu traverser le plateau canaliculé, laissant après eux une cicatrice dont il ne restait plus de trace après quelques instants. Rien n'est aussi variable chez les Dicyémides que le con- tenu des cellules ectodermiques. Cbez les jeunes individus les cellules de l'ectoderme sont toujours très-claires; elles ne renferment, indépendamment d'un noyau ovalaire ou sphérique pourvu d'un petit nucléole toujours unique et très-réfringent, qu'un protoplasme hnement granuleux. ( H8o ) Chez certains individus le contenu des cellules ecloder- miques conserve pendant toute la durée de la vie ces caractères du jeune âge. Il m'est souvent arrivé de trouver chez VElcdone moschala les corps spongieux couverts d'une véritable forêt de Dkijcmelln tout à fait transpa- rents, quoique de très-grande taille. Il n'existait à l'inté- rieure des cellules ectodermiques aucune trace de globules réfringents, à la surface du corps aucune apparence de verrues. Généralement tous les individus que l'on trouve chez un même Céphalopode présentent, à ce point de vue, les mêmes caractères. Ces individus à ectoderme clair, dépourvu de granules et de verrues, se rencontrent aussi bien parmi les Nématogènes que parmi les Rhombogènes. Mais dans l'immense majorité des cas et chez toutes les espèces de la famille, les cellules ectodermiques se chargent, en se développant, de granules et de globules volumineux dont la forme, le volume, la réfringence, le nombre et tous les caractères varient d'un individu à l'autre. A coté de ces éléments on y voit apparaître, chez certains indi- vidus, des gouttelettes d'une matière claire, transparente, et homogène; ces gouttelettes sont toujours parfaitement sphériques et peu réfringentes; quelquefois, enfin, on observe des groupes ou de petits amas de bâtonnets dont je dirai un mot plus loin. a) Globules réfringents. Ils peuvent être classés en deux catégories : les uns sont formés d'une matière très-bril- lante et se présentent toujours sous forme de globules sphériques ou ovoïdes, parfaitement homogènes, dont les dimensions varient depuis le point à peine perceptible avec les plus forts grossissements, jusqu'à de petites masses arrondies mesurant jusqu'à 0,05 à 0,05 mm. de diamètre. Les autres sont de petits grumeaux irréguliers d'une ma- ( i!86 ) lière moins brillante, granuleuse et à dimensions également variables. On croirait voir des amas do granulations agglu- tinées. Les uns et les autres sont insolubles dans l'alcool et dans rélber;ilsse colorent en brun, puis en noir par l'acide osmique; ils ne se colorent ni par le carmin ni par Tbémn- toxyline; ils ne donnent pas de gaz quand on les met en présence des acides. Ils ont naturellement une teinte jaunâtre ou brunâtre. 0) Goutlelelles claires. Je les ai toujours observées chez le Dicyemopsis macrocephahis , plus rarement chez les autres formes. Elles sont sphériques, à contours pâles et formées d'une matière homogène probablement liquide ou demi-liquide et d'apparence gélatineuse. Elles paraissent être dues à la production de vacuoles dans le corps prolo- plasmique des cellules. c) Bâtonnets réfringents. Je les ai observés quelquefois chez les Dicjjeniina de la côte d'Ostende. Ces bâtonnets sont formés d'une matière assez réfringente, mais peu bril- lante. Leurs contours sont foncés. Ils sont tantôt droits et dans ce cas le bâtonnet est cylindrique, prismatique ou fusiforme; d'autres fois ils sont incurvés et en forme de croissant; ils se trouvent alors appliqués à la surface d'une gouttelette gélatineuse avec laquelle ils affectent à peu près les mômes rapports qu'un jeune embryon de mammifère avec la vésicule blastodermique. Quelquefois ils ont des bords irréguliers. On trouve des formes de transition entre ces bâtonnets et les globules décrits plus haut. Tantôt ils sont disséminés dans le protoplasme; d'autres fois groupés dans une goulleletle claire à la ma- nière des cristaux de stéarine dans un globule de graisse. J'ai trouvé plusieurs fois chez les individus qui piésen- taient cette particularité des spermatozoïdes du Céphalo- ( H87 ) pode engagés et plus ou moins modifiés dans l'intérieur de rectoderme. Pcut-èlre ces bâtonnets sont-ils des têtes de spermatozoïdes déformées. La quantité de ces éléments accidentels de l'endoderme varie non-seulement d'une forme à l'autre, mais aussi d'un individu à l'autre de la même espèce. Il y a plus; toutes les cellules ectodermiques ne se chargent pas également de globules réfringents; il en résulte que Fectoderme ne s'épaissit pas également sur tous les points de la surface du corps. Ces globules s'amassent en grand nombre dans cer- taines cellules et d'abord vers le milieu de la cellule. En s'accumulant ils soulèvent la surface de la cellule qui devient convexe. Le corps prend par là une forme irrégu- lière; il se forme çà et là des bosses, de véritables verrues. La quantité de globules accumulés peut être assez grande- pour produire de véritables sacs suspendus aux flancs de l'animal comme le sont les grains d'une grappe de gro- seilles à la tigelle axiale de la grappe (pi. î, fig. 7), Le nombre et le développement des verrues varient con- sidérablement. Cependant chez certaines espèces, et lout particulièrement chez le Dicyema tijpus et aussi, quoique à un moindre degré, chez le Dicijemella de VEledone et chez le Bicycmopsis, les verrues sont plus nombreuses et plus volumineuses que chez le Dicyemina où elles con- servent toujours l'apparence de bosses. Chez les Dicye- mella il n'y a généralement que deux verrues. Chez lés Dicyemina les deux cellules caudales ont une prédis- position toute particulière à se charger de globules réfrin- gents. Tl en résulte que l'extrémité postérieure du corps est toujours fortement renflée en boule et qu'elle se fait toujours remarquer par son opacité. Ce renflement caudal des Dicyemina est une verrue double produite dans des ( 1188 ) cellules d'une forme particulière; ces cellules sont déjà renflées du reste avant l'accumulation de ces éléments accidentels. Je ne sais quelle est la nature de ces substances qui s'amassent dans l'ectoderme; je ne puis donc déterminer leur fonction. Cette circonstance que la quantité et les caractères de ces éléments varient considérablement d'un individu à un autre, semble indiquer que leur rôle n'est pas essentiel. Cette conclusion est confirmée par le fait que souvent ils font complètement défaut cbez tous les individus d'un même Céphalopode. Cette dernière obser- vation prouve que leur apparition ou leur disparition est déterminée par le milieu dans lequel vivent les Dicyema, c'est-à-dire par l'état du Céphalopode. Chaque cellule ectodermique présente un noyau ovalaire, aplati, généralement logé dans la partie postérieure de la cellule. Quand la cellule porte une verrue, cette verrue est formée par le soulèvement de la partie moyenne de la cellule (pi. I, fig. il). Le noyau placé en arrière de la ver- rue a une membrane à double contour. Cette membrane se déchire sous l'influence d'une forte pression exercée sur le noyau (pi. H, fig. 20); cette déchirure se produit brus- quement; le noyau éclate et le contenu du noyau est partiel- lement expulsé. Le contenu est une matière demi-liquide, claire et transparente, se colorant en violet par l'héma- toxyline, en rouge par le carmin et le picrocarminate. La substance nucléaire est traversée chez les noyaux volumi- neux des cellules qui ont atteint tout leur développement par un fin réticulum. Ce reticulum n'existe jamais dans les jeunes cellules. En un point du noyau se trouve un petit nucléole, très-réfringent et généralement sphérique. Il est tantôt au centre, tantôt à la périphérie. Les noyaux, invi- ( 1IS9 ) sibleschez leDicyémide vivant, (Icvionncnl très-apparents par Tacide acétique faible, Tacide osmiqne et les matières colorantes. L'acide clironiique, le liquide de Millier cl l'alcool rendent les noyaux finement granuleux; l'acide acétique les gonfle un peu et sous l'influence de ce réactif ils prennent une forme ellipsoïdale ou spliérique. Tous les réactifs que j'ai essayés, acides ^ neutres ou alcalins, font gonfler et par conséquent déformer les cellules de lectoderme. Le seul réactif qui conserve aux cellules leur forme et leur transparence est l'acide osmique. Mouvements. La locomotion des Dicyémides est déter- minée par les cils vibratiles qui recouvrent toute la surface du corps. Mais sons l'influence des contractions du protoplasme des cellules ectodermiques, il se produit des changements de forme, des mouvements moléculaires intracellulaires, des mouvements péristaltiques, se pro- pageant d'une extrémité à l'autre d'une cellule, des inflexions de tous genres, voire même un raccourcis- sement de tout l'animal. La contraction peut se faire dans le sens de l'axe longitudinal et dans une direction perpendiculaires à cet axe. Ceci a lieu, par exemple, pour la production des mouvements péristaltiques. IL CELLULE AXIALE OU ENDODERMIQUE. La cellule axiale s'étend dans toute l'étendue du corps; elle est partout recouverte par l'ectoderme; elle est en contact avec toutes les cellules ectodermiques. Elle est cylindroïde et présente partout le même dia- mètre sauf aux deux ex trémités du corps. A ses deux bouts le ( H90 ) corps de la cellule s'effile pour se terminer en une pointe émoussée, au moins chez les individus qui engendrent ûes embryons vermiformes. A son extrémité antérieure elle a généralement chez ces derniers la forme d'une pointe de lancette; en arrière le diamètre de la cellule diminue régulièrement et le bout arrondi est engagé dans le manchon cylindrique que forment autour de lui les deux cellules caudales. Le corps de la cellule est délimité par une couche pro- loplasmique assez consistante chez les individus adultes. Cette couche est partout également épaisse. Elle se pré- sente quelquefois avec un double contour bien marqué. Faut-il l'appeler une membrane? îl est très-difficile de répondre à cette question. — Celte couche est assez résis- tante mais jamais solide; on ne peut pas la déchirer. Par une macération prolongée dans l'eau et dans la plupart des solutions aqueuses, elle se désagrège complètement : elle se réduit en fragments et en granulations. Néanmoins elle est parfaitement isolable. Elle se laisse traverser par les embryons chaque fois que l'un d'eux, arrivé à maturité, abandonne le sein maternel. Le corps de cette cellule est au fond constitué comme celui d'une cellule végétale, d'une noctiluque ou d'une cellule endodermique d'iîydroïde. Le contenu de la cellule est traversé par un réseau protoplasmique dont les mailles sont remplies d'une substance claire transparente, inco- lore et homogène, d'apparence gélatineuse. L'aspect du réseau protoplasmique présente beaucoup de variations, non-seulement d'une forme à l'autre, mais chez une même espèce d'après l'âge et d'après le point du corps que l'on considère. Chez de jeunes individus le corps de la cellule est formé par du protoplasme finement ( liOI ) granuleux, absolument dépourvu de vacuoles. Mais au fur et à mesure que l'individu avance en âge, les vacuoles appa- raissent de plus en plus nombreuses, réduisant le corps proloplasmique primitif à de minces lamelles. Au début, les vacuoles apparaissent Tune derrière l'autre dans l'axe du corps. Il en résulte que la cellule axiale paraît cloi- sonnée transversalement (pi. il, iîg. 6, et pi. II J, iig. 71-75). Souvent l'aspect particulier que détermine cet alligne- ment des vacuoles, joint à leur forme quadrilatère, se conserve longtemps dans la partie postérieure de la cel- lule (pi. I, fig. 7), tandis que dans la plus grande partie de la longueur du corps de nouvelles vacuoles, en se développant dans les cloisons transversales primitives, rendent le réseau tout à fait irrégulier (pi. ï, (ig. 15, 14, 26,27, 28). Ce que Wagener a appelé le noyau des Dicyema (Kern), n'est que la partie postérieure cloisonnée en travers de la cellule axiale. C'est le reticulum irrégulier, tel qu'il se présente dans la plus grande partie de la cellule axiale, que Ray Lankester a pris pour un tissu formé de cellules étoilées. Le plus souvent les germes qui naissent dans les mailles du réseau tombent dans une des vacuoles; dès qu'ils ont atteint leur complet développement, l'embryon se forme et reste logé dans la cavité circonscrite par les lames protoplasmiques anastomosées. La vacuole grandit avec l'embryon lui-même; sa forme se moule sur celle de ce dernier, et l'embryon a souvent l'air d'être incarcéré dans une cellule close, à parois propres. Chez les individus arri- vés à leur complet développement, les lamelles protoplas- miques du réseau sont d'une extrême délicatesse. Elles apparaissent sous forme de lignes très-fines présentant çà et là quelques granulations. Ces lignes aboutissent à de ( ii92 ) petites plaques triangulaires, quadrilatères ou irrégulières, qui sont de petits amas de protoplasme accumulé aux points d'entre -croisement des lames. La forme et la dimension des mailles sont extrêmement variables. Quelquefois il y a dans Taxe de la cellule quelques traî- nées longitudinales formées par des filaments proloplas- miques réunis en un faisceau et formant un véritable cor- don protoplasmique axial. Il est rare que l'on puisse le poursuivre dans toute l'étendue de la cellule. Ce réseau est difficile à voir sur l'individu vivant. Quel- quefois cependant on réussite l'apercevoir et on reconnaît alors qu'il change de forme; cependant les mouvements protoplasmiques du reticulum s'accomplissent avec une extrême lenteur. Les jeunes arrivés à leur complet déve- loppement, en cheminant lentement dans l'intérieur de la cellule axiale, déforment constamment le réseau. Le réseau devient extrêmement distinct, si l'on traite par l'acide osmique, l'acide acétique ou l'hématoxyline. Les vacuoles ou lesespaces du réseau sont remplis par un liquide hyalin, demi-fluide, homogène, incolore, ne se mê- lant pas à l'eau; si l'on coupe en travers une cellule axiale isolée, ce liquide s'écoule et va former une grosse goutte sphérique à l'extrémité de la cellule (pi. ILfig. 12). Il a tout à fait l'apparence de la substance qui remplit les vacuoles des noctiluques ou des cellules axiales des bras des Hydromédusaires. Ce liquide est assez fluide pour per- meltreà un embryon d'y mouvoir ses cils vibratiles et de s'y déplacer lui-même. Cependant ces mouvements ciliaires sont toujours fort lents. JSoyati. La cellule axiale présente toujours vers le milieu de sa longueur un immense noyau ovalaire. Dans un indi- vidu tout à fait adulte, ce noyau présente les caractères ( 1193 ) suivants. Il esl ellipsoïdal ou ovoïde et généralement de forme régulière. Il présente une membrane épaisse, à double contour, qui se déchire si Ton lait subir au noyau une pression exagérée; celui-ci expulse alors une partie du contenu nucléaire. La membrane elle-même se i)lisse et le noyau devient irrégulier et anguleux. La cavité du noyau est traversée par un réseau de fila- ments très-ténus formés d'une substance finement granu- leuse, très-semblable à celle que j'ai trouvée dans la vésicule germinative de VAsleracant/iion rubens (1), de la Chica squamata, delà Campanalarki didiotoma, du Lapin (2) et des Chauves-Souris. J ai appelé cette substance nucléo- plasma. Ce réseau a été observé par Flemming (5) dans la vésicule germinative de TAnodonte, par Kleinenberg (4) cbez rilydre, par Hertwig (o) cliez le Toxopneutes lividus et chez la Souris, par Strasburger (G) dans des noyaux de cellules végétales. Je n'ai jamais observé ce reticulum que dans des noyaux de vieilles cellules. Le réseau a une forme très-variable; quel- (1) Edouard Van Beneden. Contributions à l'histoire de la véaicule germinative et du premier noyau embryonnaire. Bull, de l'Acad. royale de Belg. 1876. (2) Édodard Van Beneden. La maturation de l'œuf, la fécondation et les premières phases du développement embryonnaire des mammifères. Bull, de l'Acad. roy. de Belg. 1873. (ô) W. Flemming. Sludien in der Entwickelungsgeschichte der JS'aja- den. SiTZ. K. Acad. Wien. Bd. LXXI. (4) Kleisenberg. Hydra. Leipzig, 187^2. (5) Oscar Hertwig. Beitrdge zur Kenntniss der Bildung, Befruchtung und Theilung des Ihierischen Eies. Morphologisches Jahrbuch vox C. Gegenbauer. 1. Bd. (6) Edouard Strasburger. Ueber Zellbildung und ZelHheilung. ( 1194 ) qiiefois un faisceau de filaments pseucîopodiques traverse le corps nucléaire pour aboutir à un fin reticulum imnic- dialement sous-jacent à la membrane. Quelquefois le corps nucléaire est traversé en tous sens par des filaments anasto- mosés, de façon à former des mailles irrégulières et dissem- blables. On trouve parfois çà et là un ou deux corpuscules volumineux très-réfringents, qui sont des pseudonucléoles. La substance nucléaire est bomogène; elle se colore en rose par le picrocarminate (pi. lï, fig. 16-18); en violet par rbématoxyline. Le nucléole est toujours unique, très-petit, généralement spbérique et sa position dans le noyau varie beaucoup d'une cellule à une autre. Dans les jeunes individus le noyau est également ova- laire; il a des dimensions qui varient d après les dimen- sions de la cellule; il paraît bomogène; il a toujours un contour très-foncé et un nucléole unique et presque puncti- forme. Le noyau devient très-apparent par l'acide osmique, l'acide acétique, l'alcool et par l'application des matières colo- rantes. CHAPITRE IL DE LA REPRODUCTION ET DU DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE. La cellule axiale est à la fois l'organe formateur des germes et le lieu dans lequel s'accomplissent toutes les pbases de l'évolution de l'embryon. Physiologiquemcnt parlant, elle est en même temps germigène et utérus. A ce point de vue la cellule endodermique des Dicyémides peut être comparée au sac embryonnaire des végétaux phanéro- games ou à un tube sexuel de INématode. ( 1195 ) Par les obscrvalions de Clans (1), de A. Schneider (2) et celles que j'ai moi-même publiées, il a été élabli que le tube sexuel d'un Nématode se développe tout entier aux dépens d'une seule et même cellule. J'ai prouvé qu'il en est de même pour les vésicules ovariennes chez le Tetra- stemma obscurwn, (5). On sait, depuis la publication du travail de Kôlliker sur le Dicyema paradoxum, que les Dicyémides produisent deux sortes d'embryons, les uns vermiformes,les autres infusori- formes. Les deux sortes d'embryons ne se trouvent jamais réunis chez un même Dicyema; certains individus donnent naissance à des embryons allongés et fdiformes; les autres à des larves qui ont la forme de toupies. Les caractères extérieurs des individus qui produisent des embryons du premier genre sont souvent différents de ceux qui engendrent les larves de la seconde forme. Les germes sont tout autres et naissent d'une tout autre manière suivant qu'ils doivent donner naissance à des embryons vermiformes ou infusoriformes. A tous ces points de vue il faut distinguer, dans chaque espèce de Dicyé- mides, deux sortes d'individus. J'appellerai les uns Néma- togénes, les autres Rhombogènes (4). Nous aurons à étudier successivement, d'abord pour les ISématogènes, puis pour les Rhombogènes : 1° leurs caractères différentiels; S"" les germes qu'il produisent ; 5° le mode de formation de ces germes; ^"^ le développement de l'embryon. (1) C.Claus. Ueher einige im Humus lebende Anguillulinen. Zeitsch. FUR wiss. ZooL. Bd. XII , p. 554. (2) A. ScHXEiDER. Monographie cler Nematoden. (5) Edouard Van Benedex. Recherches sur la composition et la signi- fication de l'œuf. (4) De iîcf/êc,- Toupie. ( 1196 ) I. Nématogènes. A. Caractères différentiels. Ces individus se distinguent en ce qu'ils sont générale- ment plus longs et plus grêles, ce qui dépend du peu de largeur relative de la cellule axiale; en ce que la cellule endodernaique se termine en pointe dans le renflement céphalique;en ce que le nombre des cellules ectodermiques du tronc est souvent plus considérable; enfin, en ce que le contenu de la cellule axiale est tout différent. B. Caractère des germes qui donnent naissance à des embryons vermiformes. Ces germes sont notablement plus petits (0,012 à 0,014 mm.) que ceux qui produisent des embryons infusori- formes; ils possèdent un petit noyau (0,005 à 0,006 mm.) spbérique pourvu d'un nucléole punctiforme; leur corps protoplasmique est en général tiès-peu granuleux; il parait tout à fait homogène si Ton examine les germes vivants ou traités par Tacide osmique, finement granuleux, si on les a soumis à faction de Facide acétique faible ou de Théma- toxyline. Ces germes sont toujours sphériques; leur corps protoplasmique ne se colore pas du tout par le picroear- minale; mais leur noyau prend, sous l'influence de ce réactif, une couleur rose, puis rouge-carmin très-vive (pi. II, fig. 17). Les caractères de ces germes, leur acpect et leurs dimensions sont sensiblement les mêmes chez tous les Dicvémides. ( il97 ) C. 3Iode de formation des germes; leur nombre et leur distribution. Si nous considérons d'abord des individus adultes, nous reconnaîtrons que le nombre des germes est extrêmement variable cliez des individus présentant des dimensions identiques. 11 en est chez lesquels toute la cellule axiale en est bourrée à tel point, qu'il n'est pas possible de distinguer le réseau protoplasnn'que de la cellule; des germes et des embryons vermilbrmes à tous les étals de développement sont serrés les uns contre les autres ; jamais cependant ils n'exercent les uns sur les autres une pression suffisante pour amener une déformation des éléments: quel qu'en soit le nombre, ils conservent toujours leur forme sphérique. Leurs dimensions sont très-variables. A côté de germes mûrs, on en trouve de beaucoup plus petits. Mais chez de semblables individus, il est fort difficile d'étudier le mode de formation de ces éléments ; ils ne se prêtent pas davantage à l'examen des phases successives de l'évolution embryonnaire. D'autres individus de même taille ne renferment qu'un nombre relativement fort restreint de germes et d'em- bryons. Ces germes sont tantôt uniformément répandus dans toute l'étendue de la cellule; d'autres fois réunis en groupes irréguliers, dans les limites desquels ils sont dis- séminés sans aucun ordre, à des distances très-variables les uns des autres. A côté d'eux on trouve çà et là des embryons à divers états de développement. Dans des individus plus jeunes il existe généralement un petit nombre de germes plus ou moins volumineux et :2'"^ SÉIilE, ÏOME XLI. 77 ( ii98 ) quelques embryons. Enfin, dans les plus jeunes individus libres on en trouve seulement quelques-uns, le plus souvent groupes à quelque distance du noyau de la cellule axiale, entre le noyau et la tèîe, et entre cet organe et rextrémité caudale. Il existe toujours au moins deux germes chez les petits individus; presque toujours on en trouve un de chaque côté du noyau. Ce sont les jeunes individus qui se prêtent le mieux à rétude du mode de formation des germes et des phases successives du développement de Tembryon. Les fjermcs des embryons vermiformes se forment par voie endogène, ils naissent isolément, souvent loin de tout germe préexistant, dans lereliculum de la cellule axiale. Ils apparaissent sous forme de petits corps sphériques à con- tour bien défini. Ils sont d'abord homogènes et ils pré- sentent à leur centre un petit globule punctiforme. Le contour devient progressivement plus épais; bientôt on distingue autour d'un noyau |)Ius clair, nucléole à son centre, une zone peu épaisse d'une substance plus foncée. Cette zone s'épaissit progressivement et devient le corps de la cellule-germe. Ce mode de formation des germes n'est pas tout à fait conforme à ce qui a été récemment décrit par Strasburger en ce qui concerne la formation libre des cellules dans le règne végétal. Dans le sac embryonnaire du Phaseolus multi/lorus Siussï bien que dans l'œuf de V Ephedra altissima apparaissent, au mih'eu du protoplasme, des cellules sphé- riques présentant à leur centre un nucléus punctiforme. Le nucléus grandit en môme temps que le corps cellulaire, qui présente souvent une apparence radiée. Le noyau, d'abord homogène et solide, se différencie en une zone périphérique qui est la membrane nucléaire, un corpus- ( 1199 ) cille niicléolaire et une couche intermédiaire qui est la substance nucléaire. D'après cette description, corps cellu- laire et noyau apparaissent simultanément, et le noyau, d'abord puncliforme, s'agrandit progressivement, tandis que le corps de la cellule présente, dès le début, une épais- seur considérable. Le noyau reste quelque temps dépourvu de nucléole. D'après ce que j'ai observé chez les Dicyé- midcs, le noyau, dés le moment de son apparition, est assez volumineux; la couche cellulaire, au contraire, est très-mince; elle apparaît au début comme un contour épais délimitant le noyau. Cette couche s'épaissit peu à peu. Ces différences entre mes observations et celles de Strasburger dépendent peut-être des circonstances extérieures très- différentes au milieu desquelles se fait le développement. Dans le sac embryonnaire des Phanérogames, dans l'œuf des Conifères, dans l'asque des Ascomycètes ou des Dis- comycètes (Janczewski chez Ascobolus fiirfuraceus) , les cellules naissent au milieu d'une masse protoplasmique considérable. Chez les Dicyémides, au contraire, les germes prennent naissance dans de minces filaments de substance protoplasmique, qui traversent le corps de la cellule axiale. La petitesse même des germes à leur début est, du reste, une condition fort désavantageuse pour l'observation des phénomènes dont il 's'agit. Mais ce qui prouve que l'abon- dance relative du protoplasme est bien la cause des diffé- rences que je viens de signaler, c'est que les deux premiers germes, qui apparaissent dans la cellule axiale des embryons du Dicyema, présentent autour du noyau, dès le moment de leur apparition, une couche cellulaire relativement épaisse. Je crois donc que chez les Dicyémides, comme dans le règne végétal, chaque fois qu'une cellule se forme par voie ( i200 ) endogène, elle se trouve eonstituée, dès le début, d'un corps cellulaire et d'un noyau plus ou moins volumineux. Je crois pouvoir affirmer que tous les germes, chez les Néma- logènes, se forment de celte manière. Jamais on ne trouve de germes en voie de division , si ce n'est ceux qui, arrivés à leur complet développement, se fractionnent pour donner naissance à un embryon. D. Développement de Vembrijon vermiforme. Dés qu'un germe est arrivé h maturité, il se divise en deux cellules identiques, qui ont l'une et l'autre la forme d'une demi-sphère; elles sont pourvues Tune et l'autre d'un noyau nucléole. Dans quelques cas très-rares, j'ai trouvé dans les cellules accolées, au lieu d'un noyau clair, pourvu d'un nucléole punctiforme, des noyaux beaucoup plus petits, homogènes, foncés et dépourvus de nucléole. Je n'ai pu rien observer relativement au mode de division des noyaux des germes; je n'ai jamais rencontré de germe dépourvu de noyau; mais j'ai trouvé quelquefois, quoique très-rarement, dans un germe de forme ellipsoïdale, deux petits noyaux ovalaires, homogènes et foncés, situés à quelque distance l'un de l'autre dans le grand axe de. l'ellipsoïde (pi. II, ijg. 6et9). Les deux premières cellules se divisent à leur tour, et l'on trouve fréquemment, à côté d'un germe fractionné en deux, un germe divisé en quatre cellules identiques, au moins en apparence. Leur forme et leur disposition varient. Tantôt elles ont la forme d'un secteur et elles sont dispo- sées entre elles comme les quartiers d'une orange coupée suivant deux plans méridiens perpendiculaires entre eux; tantôt elles sont accolées deux à deux, de manière que ( i201 ) les surfaces par lesquelles elles adliérenl entre elles se trou- vent dans des plans perpendiculaires entre eux. Tantôt elles ont une forme plus ou moins sphérique et elles sont dispo- sées entre elles comme quatre boulets de canon disposés en pyramide. Ces cellules, identiques en apparence, ne le sont pas en réalité : la suite du développement le démontre. En effet, les quatre cellules ne se divisent plus simulta- nément : trois se fractionnent ensemble, tandis que la quatrième reste indivise. A la phase caractérisée par la présence de quatre cellules semblables succède une phase durant laquelle l'embryon se compose de sept cellules dont six sont identiques, tandis que la septième est beaucoup plus grande que les autres. Les six petites cellules sont adjacentes; elles forment ensemble une calotte qui, par sa concavité, se moule sur la grande cellule; celle-ci affecte d'abord une forme sphérique, puis elle devient ovoïde. Les petites cellules se divisent de nouveau; à la phase sept succède la phase treize. La calotte cellulaire s'étend; elle tend à devenir un ovoïde creux tronquée une des extrémités de son grand axe; la cavité de cet ovoïde est remplie par la grande cellule qui se moule dans cette cavité. Étant incomplètement couverte par la couche de petites cellules, la grande cellule centrale vient fermer la troncature de l'ovoïde ou la solution de continuité que présente en un de ses points l'ovoïde que forment les petites cellules péri- phériques. Ucrnbryon, à cette phase de son développement, est une Gastrula formée par épibolie; l'ectoderme tend à recouvrir par épibolie la cellule endodermique unique. La solution de continuité de la couche ectodermique est un blastopore et la cellule endodermique, engagée dans le blastopore, y forme un véritable bouchon de Ecker. Il est extrêmement intéressant de comparer le mode de développement des Dicyémides avec les premières phases ( 120î2 ) tie révolution de certains Métazoaires, d'un poisson osseux })ar exemple. L'œuf d'un poisson osseux se divise d'abord en d ux cellules, dont Tune, formée exclusivement par du protoplasme, est ordinairement appelée le germe, tandis que l'autre est formée par le globe vitellin; celui-ci est complè- tement ou incomplètement recouvert d'un mince manteau protoplasmique. Le germe se fractionne et donne naissance à un amas de cellules qui s'étale en une couche cellulaire. Celle-ci tend à recouvrir j)ar épibolie le globe vitellin. Dans le manteau protoplasmique du globe vitellin (couche inter- médiaire de Van Bambeke) se développe à la fois , par voie endogène, toute une génération de noyaux. Autour de cha- cun de ces noyaux se délimite un corps cellulaire; il en résulte la formation d'une couche distincte de cellules; c'est l'endoderme. C'est de cette manière que j'interprète les recherches de Kupifer (1), de Van Bambeke (2), de Bal- four (5) et de Klein (4). Chez les poissons la Gastrula ne se forme donc pas par invagination, d'après le procédé décrit par Gôtte (5) et par Ilaeckel (6). J'ai étudié à Villa Franca les mêmes œufs de (1) KuPFFER. Di'ohachlungen liber die Enlwickeluncj der Knochen- fische. (M. Schultze's Archiv., Bd. IV). (2) Ch. Van Bambeke. 1° Premiers effets de la fécondation sur les œufs des poissons ; sur Vorigine et la signification du feuillet niuqueuœ ou glandulaire chez les poissons osseux. (Comptes rendus, t. LXXIV n" 16.) 2" Recherches sur l'embryologie des poissons osseux. Mém. de l'Acad. ROY. DE Bei.g., 1873. (5) Balfour. 1"-4 Preliminary Account of the Development of the Elasmobranche Fishes. Quart. Jocrn. of Micr. Se , 187-4. 2" Journal of Anatonuj and Physiology , 1873 et 1876. (4) Klein. On the Développement of the Trout. Quart. Journ. of Micr. Se, 1876 (avril). (3) GÔTTE. Archiv. filr microsc. Anat., Bd IX. (6) E. Haeckel. Die Gastrula iind die Eifurchung der Thiere. Jen.\ïsche Zeitschrift, 1873. '( 120.1 ) poisson que Hacckel y a péchés à la surface de la mer et qu'il a retrouvés ultérieurement sur les côtes de Corse. Je suis arrivé à de fout autres résultats que ceux que Haeckel a publiés récemment. Je n'ai rien vu de cette invagination des bords du germe fractionné qui donnerait naissance à Tendoderme; le feuillet interne de l'embryon se développe, au contraire, aux dépens du manteau proto- plasmique du globe vitellin à la suite de l'apparition, dans cette couche, d'un grand nombre de noyaux formés par voie endogène. Ces noyaux n'apparaissent pas seulement sous le germe fractionné, mais aussi dans une large zone protoplasmique située en dehors du germe. A ce point de vue, l'œuf du poisson marin dont nous avons étudié le développement, Haeckel et moi, se place à côté du Gaste- rosleus aculeatus dont Kupffer a fait connaître le développe- ment. Haeckel n'a rien vu de cette couche, pas plus qu'il n'a observé les noyaux qui s'y développent. La Gastrula de ces poissons se forme donc par épibolie et l'ectoderme, constitué d'un grand nombre de cellules, recouvre déjà une notable partie du globe vitellin, alors que Fendoderme est encore formé par une seule cellule, ou peut-être même par un simple cytode, consistant dans le revêtement protoplasmique du globe vitellin. Ce mode de développement est le dernier terme du fractionnement inégal ou inœquale Furchuiirj déHnl par Haeckel lui-même. La Gaslruki des Dicyémides est semblable à celle d'un poisson osseux et les Dicyémides restent durant toute la vie sous cette phase transitoire de l'évolution des pois- sons. En effet, comme nous allons le voir, la cellule endodermique de la Gastrula devient la cellule axiale de l'organisme complètement développé et la couche ccloder- mique de la Gastrula devient la couche périphérique du corps du Dicyema. ( iWi ) Dans la phase qui succède à celle que nous venons de considérer, les seules modifications survenues dans la constitution de Tembryon concernent l'augmentation du nombre des cellules eclodermiques; la fermeture du blas- topore à Textrémité du grand axe de l'ovoïde, l'allongement de la cellule centrale qui tend à devenir fusiforme; enfin l'accroissement du volume de l'embryon. Toutes les cel- lules de l'ectoderme sont encore semblables entre elles; ce sont des cellules cuboïdes, claires, pourvues chacune d'un noyau sphérique à nucléole. Le corps protoplasmique de la cellule axiale s'est agrandi; il est maintenant finement granuleux; son noyau présente déjà une forme ovoïde dont les contours sont très-foncés. Vers cette époque, tantôt un peu plus tôt, quand l'em- bryon possède encore une forme ellipsoïdale, tantôt un peu plus tard, l'embryon s'étant déjà allongé en un corps cylin- drique ou nématoïde, s'accomplit un phénomène impor- tant : un germe apparaît dans la cellule centrale de chaque côté du noyau. Ces germes se forment par voie endogène et dès qu'on aperçoit leur noyau homogène, on dislingue aussi autour d'eux une couche assez épaisse de proto- plasme; celle-ci est délimitée d'abord par un contour peu marqué. Ces germes apparaissent généralement au contact du noyau ; mais aussitôt après ils s'en écartent pour se rap- procher, l'un de l'extrémité céphalique, l'autre de l'extré- mité caudale de l'embryon. Les phases ultérieures du développement se caracté- risent par la multiplication rapide des cellules de cette extrémité du corps où se trouvait d'abord le blastopore. Ces cellules en se multipliant donnent naissance à la coiffe polaire. Les différences entre les cellules de la lète et celles du tronc apparaissent peu à peu; les cellules polaires ( 120tJ ) restent pctiies et deviennent plus granuleuses; les cellules suivantes se développent en surface; elles s'aplatissent et restent claires; elles s'allongent suivant le grand axe de l'embryon, l^a différenciation des cellules parapolaires et des cellules caudales apparaît assez lard; elle se fait presque toujours après la naissance. A un moment donné tout le corps se couvre de cils vibratiles ; mais je n'ai pu voir comment se forment ces cils. En même temps l'em- bryon s'allonge; il devient de plus en plus fdiforme; des vacuoles apparaissent dans le protoplasme de la cellule axiale et le nombre des germes augmente. Au moment de la naissance l'embryon est formé de toutes les cellules qui entrent dans la composition du corps de l'adulte. Le déve- loppement post-embryonnaire consiste exclusivement dans l'accroissement progressif des cellules constitutives de l'embryon. La taille de l'embryon au moment de la naissance est très-variable. Quelquefois, avant de sortir du sein maternel, il renferme déjà plusieurs germes de cliaque côté du noyau de la cellule endodermique, voire même des em- bryons en voie de développement. Il peut y avoir trois générations emboîtées l'une dans l'autre comme chez un Puceron ou un Gyrodaciyle. L'embryon vient au monde en traversant la paroi du corps maternel. Le plus souvent il sort par le pôle oral qui correspond à l'ancien blastopore. Mais j'en ai vu sortir aussi par les faces latérales du corps, soit entre les cellules ecto- dermiques, soit même en perforant l'une de ces dernières. (La suite an prochain numéro.) ( 1206 ) Noie sur les phénomènes de la digestion chez la Blatte américaine (Periplaneta americana, L.); par M. Félix Plateau , membre de l'Académie. Le Mémoire que j'ai publié en 1874 sur la digestion des insectes (1) présente une lacune que je désirais naturelle- ment combler par des expériences ultéi'ieures. Les phéno- mènes digestifs des Blattaires y sont laissés à peu près complètement dans l'ombre. La Note actuelle renferme le résultat des observations que je viens de faire sur les animaîix de cette famille. Grâce à l'obligeance d'un savant confrère de la Société entomologiqucde Belgique, M. Puis, j'ai eu à ma disposi- tion un nombre largement suffisant d'individus de la Blatte américaine ou Grande Blatte de Geoffroy (2), Periplaneta americana L., insecte qui atteint près de quatre centi- mètres de longueur et qui se prête, par conséquent, encore mieux à la dissection et aux expériences que la Blatte orientale (5). Ainsi que sa congénère, la P. americana est omnivore. (1) Recherches sur les phénomènes (le la digestion chez les Insectes , in-4°, 5 planches (Mém. de l'Ac.vd. roy. df. Belgique, t. XLI, 1874). (2) Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, t I. Paris, 1762, p. 381. (3) La P. americana est originaire de rAmérique méi'idionale ; on la trouve en Belgicjue, en France, en Angleterre, etc., dans les ports, les vaisseaux, les docks, les magasins de sucre et de peaux, les serres chaudes, etc., mais non dans les habitations. (Voyez Maurice Girard, Les Insectes^ Traité d'entomologie, t. II, fascic. I. Paris, 1876, p. 57.) Les individus utdisés pour mes recherches proviennent d'une raftiuerie. ( 1207 ) mais, comme elle, préfère cependant les matières végétales, le sucre, le pain, la farine, etc. §1- STRUCTURE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. Indications iconographiques. 1809-18H. RxMMHï^. Abhandlung liber die Verdauungswerkzeuge der Jnsecten. Halle. (Atlas.) PI. I. Fig. 9. Tube digestif de la PeripJaneta orientalis. — Fig. 10 à 12. Appareil valvulaire (gésier) de la même. 1813. Marcel de Serres. Obser valions sur les usages des diverses par- ties du tube intestinal des Insectes. (Annales du Muséum, t. XX.) PI. II. (PI. XV des Annales). Fig. 1. Tube digestif de P. orientalis. — Fig 2. Jabot, appareil valvulaire et cœcums de la même. — Fig. 5. Saillie chitineuse de l'appareil valvulaire. 1854 Léon Dufour. Recherches anatomiques et physiologiques sur les Orthoptères, les Hyménoptères et les Névroplèrcs (Mém. Acad. Se. de Paris, Savants étrangers, t. VII, 1811 {sic.) PI. V. Fig. U. Tube digestif de P. one/i?a//5. — Fig. 45. Cœcums et intestin moyen de la même. 1854. L. H. Fischer. Orthoptera Europœa. Lipsiae. PI. I. Fig. 10. Tube digestif de P. oneîi/a/?5. — Fig. 11. App. valvulaire (gésier) de la même. (D'après Léon Dufour.) 1858. S. Basch. Untersuchungen iiber das chylopoetische und uropoe- tische System der Blatta orientalis. (Sitzungsber. de l'Acad. de Vienne, t. XXXIII, 1858, publié en 1859.) 1. Tube digestif delà Periplanela orientalis. 2. Appareil valvulaire (gésier ) 3. Coupe des parois de l'œsoph.nge. 4. Musculature de l'œsophage. Gel 7. Saillies chilineuses de l'œsophage. 8. Coupe d'une saillie de l'appareil valvulaire. 9 et 10. Coupe des parois de Tinlestin moyen. PI. I. Fig. PI. IL Fig — Fig. PI. m . Fig. PI. IV. Fig. — Fig. — Fig, ( 1208 ) PI. V. Fig. 11. Slruclure de la glande salivaire. — Fig. 12. TubedeMalpighi. — Fig. 13 Valvule à l'origine de l'intestin terminal. 1869. V. Graber. Zur naheren Kenntniss des Proventriciilus iind der Appendices ventriculares bei den Grillen und Laubheu- schrecken. (Sitzungsber. de l'Acad. de Vienne, t. LIX, Heft. 1.) PI. II. Fig. 10. Plaques chilineuses de l'appareil valvulaire de Periplaneta orientalis. 1870. G. RoLLESTO.N. Forms of animal life . Oxfovd. PI. VI. Tube digestif de Periplaneta orientalis. 1875. G. KuPFFER. Die Speicheldriisen von Periplaneta [Blatta) orien- talis und ihr Nerven-apparat. (Beitràge zur Anatomie und Physiologie als Fesigabe Garl. Ludwig. Erster Heft.) Leipzig. PI. IX Fig. 1 et 2. Glande salivaire de P. orientalis. 187o. JoussET DE Bellesme. Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes et en particulier de la Blatte. Paris. PI. I. Tube digestif de P. orientalis. Au.\ ouvrages cités ci-dessus pour leurs planches, il con- vient d'ajouter ceux de C. Cornélius (i) et Morawitz (2) que je n'ai pas eu l'occasion de consulter. Je passe sous silence les traités d'anatonrjie comparée qui n'ont pu, natu- rellement, que s'inspirer des travaux originaux. N'ayant rien trouvé de nouveau, au point de vue de la structure, chez la P. americana, et Tanatomie du tube di- gestif des Blattes étant, comme on vient de le voir, parfai- tement élucidée dans tous ses détails, je me bornerai à un résumé anatomique aussi bref que possible, destiné à fixer les idées du lecteur et à lui permettre de suivre aisément l'exposé des faits physiologiques. (1) G. GoRNELius, Beitrclge zur naheren Kenlniss der Periplaneta (Blatta) orientalis, L. Elberfeld, 1853. (2) MonAwiTz, Quaedam ad anatomiam Blattae yermanicae perti- nentia. Dissert, inaug. Dorpat, 1835. ( 1209 ) L'appareil de la digestion se compose chez les Peripla- nela de (I) : l"* Un inteslin buccal Tort spacieux dans lequel on distingue successivement : a. L'œsophage relativement court et étroit. b. Le jabot très-ample occupaiil une grande partie de l'abdomen. c. L'appareil valvulaire (gésier des auteurs). Les tuniques de toute cette région sont, en procédant du dehors au dedans, une tunique muscuhiire, une mem- brane propre, une couche cellulaire peu importante de cel- lules chitinogènes, une cuticule chitineuse garnie, dans l'œsophage, de soies fines assez longues, dans le jabot de petites épines courtes serrées , enfin , dans l'appareil val- vulaire, de grosses saillies chilinisées (2). Les parois de l'intestin buccal n'offrent donc histologiquement aucun organe sécrétoire. Le liquide digestif qui doit agir sur les matières alimen- taires introduites dans le jabot est fourni par deux glandes volumineuses {glandes salivaires); glandes en grappes bien connues, figurées par presque tons les auteurs et étudiées récemment avec beaucoup de soin par M. Kupffer. Leurs canaux excréteurs s'ouvrent dans la cavité buccale. ^^ Un intestin moyen (ventricule chylifique des auteurs), de longueur médiocre, offrant à l'origine huit cœcums glan- dulaires assez inégaux, les plus grands atteignant 1 centi- mètre chez la P. americana. Ces cœcums ne sont point, comme on l'a cru fausse- (1) Je conlinue à employer les termes proposés en partie par M. Gegen- baur, tels que je les ai mis en usage dans mes Recherches sur les phéno- mènes de la digestion chez les Insectes^ pp. 7 etl 13. (2) Les observations et les figures de M. S. Dasch sont, en ce qui con- cerne l'histologie de l'appareil digestif, généralement très-exactes. ( 1210 ) ment, les seuls organes sécrétoires de cette partie du canal; l'intestin lui-même, dépourvu de cuticule chiti- neuse, nous présente, sous un épithélium cylindrique, une couche de glandes simples monocellulaires relativement volumineuses. Les éléments en question sont très-faciles à observer. Ils ont été signalés par M. Basch (1) chez la jP. orienlalis; je les ai revus et dessinés chez la P. ameri- cana. Z" Un iiilesliii terminal revêtu intérieurement d'une cuticule chitinisée munie de soies très-fines. Sur la limite de l'intestin moyen et de l'intestin terminal s'ouvrent, comme chez tous les insectes, les tubes de Malpighi. Ils sont très-nombreux et de couleur jaune à l'œil nu. Avant d'aborder l'examen des phénomènes physiologi- ques, résumons le trajet effectué par les matières avalées. Ces substances sont d'abord accumulées dans le jabot où elles ne sont soumises qu'à Faction du liquide sécrété par les glandes dites salivaires; elles passent ensuite dans l'in- lestin moyen où elles subissent la double action du liquide produit par les huit cœcums et de celui sécrété par les parois mêmes du canal ; enfin elles s'amassent dans l'in- testin terminal pour être expulsées au dehors sous forme d'excréments. §11. DIGESTION. A. Fonction des glandes salivaires. — Ces glandes mé- ritent parfaitement leur nom et le liquide qu'elles sécrè- tent possède la propriété fondamentale de la salive des (1) M. Basch. op. cit., p. -250. leur donne !c nom de h'njpten. ( 1^211 ) Vertébrés de transformer la fécule en glucose. M. Ba:ch avait déjà fait des exj)ériences dans ce sens dès 1858 (1) avec des glandes salivaircs de P. on'enlaiis j mais, se basant sur d'autres essais entachés d'erreur, il attribua, en outre, faussement, à la salive de cet insecte une action sur les albuminoïdes. En 1874 je démontrai expérimentalement la production de glucose aux dépens de la fécule, à l'aide des glandes salivaires de la Locusta vindissima (2) et de celles d'un hémiptère, la Nepa cinerea (5). Un an plus tard, M. Jousset de Bellesme relit, avec le même résultat, des expériences sur les glandes salivaires de la P. orienlalis et de la L. viriclissima (4). Voici ce que j'ai constaté chez la P. americnna : i''' 31ÉTH0DE. Les glandes salivaires d'un individu sont broyées à l'aide d'une baguette de verre au fond d'un tube à réaction; on ajoute 1 ^^i centimètre cube d'empois d'ami- don clair. Un tube témoin renferme de l'empois seul. La température est de 16° à 18°. Au bout de trois heures on essaie à l'aide de la liqueur de Barreswil; on constate une notable quantité de glucose dans le tube contenant les glandes; le tube témoin ne fournit rien. Cette expérience faite avec soin réussit à coup sûr. L'essai du liquide a été fait ici au bout de trois heures; mais il est évident qu'un temps aussi long n'est point né- cessaire. Antérieurement j'ai observé la production du glu- (!) Untersuchungen iiber das chylopoetische^ etc., op. cit., pp. 257 et 258. (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, op. cit., p. 66. (5) Ihid., p. 47. (4) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, pp. 19 à 23. ( 1212 ) cose au bout de deux heures pour les glandes de la Saute- relle, et après trente minutes seulement pour celles de la Nèpe cendrée (1). L'expérience suivante montre, du reste, la rapidité d'action de la salive des Insectes. 2*^ MÉTHODE. On a préparé une certaine quantité d'em- pois clair teinté en bleu pâle (azur) par l'iode. Un premier tube renferme les glandes salivaires broyées d'une P. mne- ricana et 2 centimètres cubes d'empois azuré, un second tube une goutte de salive humaine et la même quantité d'empois bleui, un troisième tube de l'empois bleui seul. La coloration disparaît dans le tube aux glandes sali- vaires en huit ou neuf minutes, dans celui à salive humaine en cinq ou six minutes; elle roussit mais ne disparaît pas dans le troisième (2). Le liquide sécrété par les glandes salivaires des Insectes est toujours neutre ou alcalin. J'ai signalé le fait dans mon Mémoire précédent pour la Nèpe cendrée (5) et pour la P. orientalis (4); enfin je me suis assuré par des essais répétés que chez la P. americana, non-seulement il ne rougit jamais le papier de tournesol bleu, mais que fré- quemment il bleuit le papier de tournesol rougi et verdit le papier de violette. L'alcalinité peut donc être très- franche. Ainsi que je l'ai déjà montré (o), l'observation de (1) Les précautions dont s'est entouré M Jousset(op. cit., p. 19), qui a employé de la fécule crue, me semblent donc superflues. (2) Il faut six ou sept heures pour que Tempois azuré seul redevienne incolore. (ô) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, p. 48. (4) Ihid.,p. 71. (o) Ibi'L, p. 70. ( i2l5 ) M. Basch,qui a vu ces glandes acides chez la Blalte orien- tale, est erronée. Il en est parti pour faire une expérience absolument illusoire, quant à l'action de la salive sur les substances albuminoïdes; action, en réalité, parfaitement nulle, comme le prouvent les recherches patientes et soi- gnées de M. Jousset de Bellesme (1). L'absence d'acidité dans la salive des Blattes est un fait important; nous y reviendrons ci-dessous. B. Fonction du jabot. — Le jabot spacieux des Blat- taires n'offrant pas d'éléments glandulaires par lui-même, les aliments qui s'accumulent et séjournent longtemps dans cette région n'y sont soumis qu'à l'action de la salive neutre ou alcaline. D'où proviennent donc, dans ce cas, les diffé- rences entre les réactions constatées? En effet, Marcel de Serres dit très-clairement que le contenu du jabot des Orthoptères est franchement acide (2). M. Basch a trouvé acides aussi les substances renfermées dans le jabot de la P. orientalis (5); tandis que, dans mes recherches précé- dentes j'ai constaté une légère alcalinité chez la même espèce (4) et que M. Jousset n'a pas non plus signalé de réaction acide (5). Les uns et les autres avaient bien vu; ainsi que je l'ai (1) Recherches expérimentales sur la digestion des insectes, pp. 54 et 57. (2) Observations sur les usages des diverses parties du tube intestinal des Insectes , op. cit., p. 358. (Marcel de Serres donne le nom d'estomac au jabol.) (3) Untersuchungen Uber das chylopoetische , etc., op. cit., p. 256. (4) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, p. 71. (5) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, pp. 37 et 38. 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 78 ( 1214 ) trouvé à maintes reprises chez la P. americana, le contenu du jabot est tantôt neutre ou alcalin, tantôt acide. Ce fait s'explique parfaitement et l'expérience vient à l'appui de l'explication. L'acidité, lorsqu'on l'observe, ne peut provenir ni des parois du jabot qui ne sécrètent rien, ni de la salive qui n'est jamais acide ; elle ne peut donc avoir sa source que dans les matières mêmes avalées. C'est là un fait que j'ai déjà démontré dans mon Mémoire antérieur à propos de la P. orientalis (l). On me permettra de reproduire le pas- sage en question. « l'* J'ai mis pendant quelques heures à la disposition » de plusieurs Blattes, du pain imbibé d'eau sucrée, ma- » tière essentiellement neutre. En ouvrant ces animaux » j'ai trouvé, comme j'en étais persuadé d'avance le » contenu de l'œsophage et du jabot très-légèrement » alcalin. » 2"* J'ai mis d'autres individus eu présence d'une nour- » riture acide je leur ai donné du pain mouillé de bière » ordinaire (notre bière gantoise rougit le papier de lour- » ncsol) En tuant ces individus je constate que le » contenu de l'œsophage et du jabot est acide. » Je viens de répéter la même expérience sur la P. ameri- cana, le résultat est absolument identique. Il faut ajouter cependant que, si les animaux nourris au pain imbibé d'eau sucrée ne sont point tués immédiatement après avoir mangé, si l'on attend plusieurs jours, le con- tenu du jabot est toujours acide. C'est le pain mouillé qui (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, op. cit , p. 70. ( 1215 ) surit, et cela rapidement, comme ou peut aisément le con- stater en appliquant un fragment de papier de tournesol bleu sur un morceau de pain mouillé seulement depuis quarante-huit heures. Les aliments séjournant longtemps dans le jabot, le pain finit toujours par s'y acidifier; aussi vaut-il mieux nourrir de farine les Blattes en expérience, ainsi que le faisait M. Jousset. Si on vide le jabot et si on le lave rapidement, on s'as- sure, sans exception, que la paroi est neutre. Par conséquent, le contenu du jabot est normalement neutre ou alcalin, l'acidilé qu'on peut y observer tient, soit à des aliments acides par eux-mêmes, soil à une décompo- sition acide. L'énorme développement du jabot, les dimensions des glandes salivaires, indiquent que les Blattes sont plus spé- cialement organisées pour un régime végétal que pour un régime animal. La fécule renfermée dans les aliments végétaux avalés par les Orthoptères et imbibée de salive se transforme dans le jabot en glucose. Dans mon Mémoire de 1874, j'ai prouvé ce fait expérimentalement pour les Acridiens (1); mais là les conditions sont complexes, le jabot étant muni d'un épithélium sécrétoire qui manque aux Blattes. M. Jousset, à son tour, a démontré la pro- duction du glucose dans le jabot des P. orientalis nourries avec de la farine, de la fécule de pommes de terre, du sucre de canne (2). Enfin, mes recherches récentes sur la P. americana confirment pleinement ce qui précède; chez (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes , p. 69. (2) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, pp. 29 el 35. ( 1216 ) tous les individus nourris de substances végétales, le con- tenu du jabot réduit, et souvent d'une manière intense, la liqueur cupro-potassique. M. Jousset a montré que l'absorption par l'organisme du glucose produit avait lieu dès le jabot et que l'on n'en retrouvait plus dans le reste du tube digestif; mais mes expériences sur les Orthoptères acridiens m'avaient déjà conduit à la même conclusion. Voici le passage de mon Mémoire de 1874 : « Mes tentatives pour déceler la pré- » sence du sucre en quantité notable dans le contenu de » l'intestin moyen des Stetheophyma n'ont point donné de » résultat. Si Ton se rappelle que j'ai trouvé, au contraire, » du sucre en abondance dans les matières renfermées ï) dans le jabot, et cela chez les mêmes individus , on sera » conduit, comme moi, à cette double conclusion que, » chez les Orthoptères susdits, il n'y a plus production de » sucre dans l'intestin moyen et que celle substance rapi- » dément assimilable a passé dans l'économie avant la » digestion intestinale (1). » C. Fonction de l'appareil valmdaire (gésier). — J'ai si longuement traité ce sujet dans mon Mémoire antérieur (2); j'y ai accumulé tant de preuves que le prétendu gésier des Insectes n'est pas un organe triturateur, qu'il me semble à peine nécessaire de revenir sur ce sujet. Je dirai seulement que chez les P. americana, comme chez les autres espèces que j'ai étudiées, les matières glissent par les sillons situés entre les bourrelets chiti- neux, sillons dans lesquels on les trouve en ouvrant l'or- (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, p. 79. (2) Ibid., pp. 18 à 20, 7-2 à 74, 104 à 106. ( i2I7 ) gane, et que les substances (jui ont traversé le gésier ne sont nullement plus divisées qu'avant le passage, ce dont on s'assure facilement par un examen microscopique com- paratif. D. Fondions des cœcums et de l'intestin moyen. — Nous louchons ici à un point capital extrêmement important pour la physiologie comparée. Les cœcums glandulaires de l'origine de l'intestin moyen des Orthoptères sécrètent un liquide jaunâtre ou brunâtre; quelle est la réaction de ce liquide? Marcel de Serres, dont les observations, bien qu'an- ciennes, sont ordinairement très-exactes, constate que celle sécrétion qu'il considérait comme de la bile est alcaline : « Cette humeur, dit-il, verdit légèrement le sirop de vio- » lelte et fait passer au rouge brun le papier de curcuma. » Si l'on trempe le papier de tournesol (bleu) dans Thu- » meur biliaire, aussi pure que possible, et qu'on l'y laisse » séjourner plus ou moins longtemps, on ne voit pas que » sa couleur soit altérée en aucune manière (1). » M. Basch a trouvé l'intestin moyen des P. orienlalis neutre vers son origine et alcalin vers sa terminaison (2). Moi-même dans mes Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes (5), j'ai toujours vu le liquide des cœcums des Acridiens et des Locusta alcalin. Ainsi, il semblait résulter surabondamment de ce qui pré- cède que la sécrétion des cœcums glandulaires des Orthop- tères n'offre jamais d'acidité, lorsque M. Jousset, dans son (I ) Observations sur les usages des diverses parties du tube intes- tinal des insectes, op. cit., pp. 357 et 358. (2) Untersuchunyen uber das chylopoetische..., etc., op. cit., p. 256. (3) P. 76. ( 1218 ) travail récent, est venu remettre la chose en question en affirmant que chez la Blatte orientale cette sécrétion est faiblement acide (1). Sachant par plusieurs années d'observations sur les Insectes, par mes nombreuses expériences sur la digestion des Myriapodes (2) et par des travaux déjà avancés sur les phénomènes digestifs des Arachnides et des Crustacés, combien une acidité vraie est rare dans les liquides du canal alimentaire des articulés, je n'ai point cru à l'acidité faible des cœcums des Blattes. Le papier de tournesol fin et préparé avec soin, mouillé par des liquides neutres (eau distillée) ou même alcalins, et observé par réflexion, prend toujours une teinte violacée s'il est placé au-dessus d'un fond obscur, une table en chêne, par exemple, la main de Tobservateur, etc. Pour peu que le liquide essayé soit jau- nâtre, comme c'est le cas pour beaucoup de liquides ani- maux, la teinte jaune s'ajoulant, la tache semble plus rosée encore. Il faut placer le papier de tournesol sur une plaque de verre (5) posée sur un papier blanc, ou mieux le suspendre verticalement devant une fenêtre et observer par transparence. L'illusion disparaît alors; les liquides neutres ou alcalins incolores ne produisent plus qu'une place transparente, les liquides jaunâtres, une tache jau- nâtre, et c'est tout. Ceux de mes collègues et de nos (1) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, op. cit., pp. 51 et 52. (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion et sur ta structure de r appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique^ in -4", 5 planches (Mém. de l'Acad. ROY. DE BELGIQUE, t. XLII , 1876 (à l'impression). (3) L'interposition de la plaque de verre est nécessaire: le contact direct des papiers blancs du commerce, blanchis chimiquement, amène souvent les efî'ets d'une réaction acide au bout de quelques minutes. ( 1219 ) préparateurs auxquels j'ai montré celle expérience bien simple, ont élé surpris de Tillusion el convaincus de la possibilité d'erreurs. Au contraire, dans le cas de liquides réellement acides, la tache reste rose dans toutes les directions d'éclairage (1). Ajoutez les essais comparatifs à l'aide de papier de tour- nesol rougi par la vapeur d'acide chlorhydrique et conservé à l'abri de la lumière, pour être très-sensible, le papier bleu de violette qui verdit pour les liquides faiblement alcalins. Telle est la façon dont il faut agir et celle dont j'ai toujours opéré. Mais rien ne pouvait mieux prouver l'exactitude de mes prévisions que des expériences directes. Chez aucun des nombreux individus de P. americana soumis à mes essais, quelle qu'ait été leur alimentation et quoique les cœcums fussent le plus souvent gorgés de liquide, la réaction n'a été acide, même en les écrasant directement sur le papier réactif, ce qui a été fait dans chaque essai. Bien plus, nombre de fois la sécrétion s'est montrée alcaline, bleuis- sant le tournesol rougi, verdissant le papier de violette. Je ne me suis pas contenté de cette méthode; en voici une autre aussi concluante : On enlève rapidement le tube digestif à une Fjlatte, les cœcums sont pleins; on l'étend horizontalement dans une soucoupe de porcelaine blanche à fond plat contenant une couche mince de teinture bleue de tournesol; puis, à l'aide d'une aiguille tranchante, on ponctionne le jabot, les cœcums, l'intestin moyen, l'in- (1) De l'eau conlenant ^ d'acide chlorhydrique du commerce, ce qui suppose une proportion encore bien moindre d'acide proprement dit, rougit encore le papier de tournesol ; or, la teinte n'a rien de violacé, c'est un rose franc, comme tout le monde peut s'en assurer. ( 1220 ) leslin terminal. Les matières et les liquides renfermés dans ces différentes régions s'écoulent lentement dans le tournesol. On n'observe aucun changement de teinte pour les ccecî/ms, l'intestin moyen, l'intestin terminal; seul le contenu du jabot étant celui d'un individu nourri de pain mouillé depuis plusieurs jours (voyez plus haut, fonction du jabot), produit une auréole rouge de peu d'étendue {]). II y a plus encore, l'alcalinité du liquide des cœcums glandulaires est suffisante pour neutraliser complètement l'acidité du contenu du jabot, lorsque celui-ci passe dans l'intestin moyen. Chez les individus où les matières du jabot sont acides, je trouve neutres ou alcalines les sub- stances qui remplissent l'intestin moyen ; fait déjà constaté par M. Basch , ainsi que je l'ai dit. Enfin, ne voulant laisser persister aucun doute sur l'exactitude de mes résultats, j'ai prié trois personnes habiles dans les expériences délicates et d'un savoir incon- testable d'assister à un essai. C'étaient notre savant con- frère M. Ch. Van Bambeke , professeur d'histologie à l'Uni- versité de Gand, M. le D'" H. Leboucq, chef des travaux anatomiques, et M. le D"^ L. Fredericq, préparateur de phy- siologie humaine et d'anatomie comparée. Pour plus de (1) Voici une expérience de M. Jousset qui, sans que l'auteur y ait songé, rentre presque dans le nnême cadre : Une Blatte, à jeun depuis plus d'un mois, est mise sous une cloche avec un petit morceau de sucre de canne imprégné d'un peu de teinture bleue de tournesol. La Blatte boit avec avidité;... en ouvrant l'animal on trouve que le jabot renferme un liquide bleu peu abondant; une petite quantité de teinture de tour- nesol a pénétré dans l'intestin moyen où elle est devenue violacée (op. cit., pp. 37 et 58). Remarquer que l'auteur emploie le terme violacé et non celui de rose, il ya eu ici altération de la teinte bleue de tournesol par la présence du liquide brunâtre des cœcums, mais pas d'effet acide. ( '12:21 ) sûreté, je n'opérais pas, M. Fredericq effectuait Texpé- rience. La Bialte était vigoureuse, nourrie depuis quatre jours au pain. Ces messieurs ont constaté que le contenu, mais le contenu seul du jabot, était acide; que les cœcums, essayés un à un, n'offraient aucune trace d' acidité; que l'intestin moyen était alcalin. Une dernière preuve pour terminer : On essaie l'action sur le lait, à froid d'abord, puis après ébullilion, des glandes salivaires, du contenu du jabot, des cœcums, de l'intestin moyen, de l'intestin terminal. Seul le contenu acide du jabot caille le lait après quelques secondes d'ébul- lition. Ni les glandes salivaires, ni les cœcums, ni l'intestin moyen, ni l'intestin terminal ne produisent rien, à froid ou à cliaud, même en attendant une douzaine d'heures. Il est donc parfaitement démontré que si l'on s'entoure de précautions, les sécrétions du tube digestif des Blattes rentrent dans la règle générale que j'ai déduite de toutes mes recherches antérieures : « Chez tous les Insectes, à » l'état normal, les sucs digestifs sont alcalins ou neutres, » jamais acides (1). » Dès 4874, j'ai indiqué le premier la transformation des albuminoïdes en substances solubles et assimilables ana- logues aux peptones, dans le tube digestif des Coléoptères carnassiers (2); c'était déjà un pas relativement assez grand dans l'histoire des phénomènes digestifs des In- sectes (5). (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, op. cil , § 13, p. 97. (2) Ibid., pp. 16, 17 eH8. (3) Le premier essai de digestion de la cliair animale par un liquide ( 1222 ) N'ayant guère étudié, parmi les Orthoptères, que des espèces se nourrissant exclusivement de végétaux, je n'avais point eu occasion de rechercher dans ce groupe quels sont les organes sécrétant un liquide digérant les albuminoïdes. M. Jousset de Bellcsme a comblé celte lacune et a prouvé, pour les Blattes, par des expériences répétées, que cette digestion s'opère dans l'intestin moyen aux dépens du liquide produit par les cœcums (I). Il a eu seulement le tort, se basant sur une acidité illusoire, de vouloir voir dans ce liquide un suc gastrique comparable à celui des Vertébrés, oubliant que, chez ces derniers, la digestion des albuminoïdes et leur transformation en peptones, ou corps analogues, a encore lieu parle suc pancréatique et le suc intestinal, tous deux alcalins (2). J'ai repris les expériences de digestion des albuminoïdes chez les P. amcricana, mais en employant (au lieu des petits cubes d'albumine cuite utilisés par iM. Jousset et qui demandent toujours un temps si long pour se dissoudre qu'on ne sait s'il n'y a pas déjà des phénomènes de décom- position) (5) comme dans mon travail sur la digestion des Myriapodes, des muscles de mouche dont les modifications peuvent s'estimer parfaitement au microscope. fourni par un articulé, a été fait par M. Emile Blanchard, à l'aide du suc des glandes dites stomacales du Scorpion, {Organisalion du règne ani- mal, Ara.hnides, p. 66.) J'espère avoir l'occasion de revenir un jour sur celle expérience. (1) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, op. cit., pp. 54 à 60. (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, pp. 102 et 103. (3) M. Jousset a fait aussi quelques expériences avec la fibrine et la caséine, mais en se servant du tube digestif du Dytique. ( 1^223 ) Les huit cœcums gorgés de liquide d'une P. americana sont broyés avec une minime goutte d'eau au fond d'un petit vase de verre d'un centimètre cube de capacité; les débris des parois des cœcums étant enlevés, on dépose dans le liquide la moitié des muscles thoraciques d'une mouche domestique. Un second vase renferme de l'eau distillée et reçoit l'autre moitié des muscles thoraciques de la même mouche. Le tout est placé sous une cloche retournée sur une couche d'eau atin d'éviter l'évaporation. Température 18° C. Au bout de quarante-huit heures : 1° les muscles soumis à l'eau pure sont blancs, mais résistants; au microscope les fibrilles sont séparées les unes des autres; cependant elles ont conservé leur intégrité individuelle; la pression ne les désagrège pas. 2" Les muscles ayant subi l'action du liquide des cœcums ont bruni, sont devenus diflluents; au microscope on n'observe plus qu'une bouillie de granules que le seul poids d'un petit verre à couvrir dissocie entièrement. Les liquides digestifs de l'intestin moyen des Insectes émulsionnent activement les graisses. J'ai signalé le fait dans mon Mémoire antérieur, pour les Coléoptères carnas- siers (1) et je l'ai démontré expérimentalement pour les chenilles de Lépidoptères (2), ce que, du reste, MM. Bou- chardat et Cornalia avaient indiqué avant moi. Le produit de sécrétion des cœcums des Blattes émulsionne parfaite- ment l'huile, comme le dit M. Jousset pour la P. orienlalis, et comme je l'ai revu chez la P. americana. 11 n'en est (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez tes Insectes pp. 21 et 25. (2) Ibid , p. 88. ( J224 ) point de même de la salive de ces animaux, qui ne fournit qu'une émulsion instable. Ainsi, en résumé, le liquide sécrété par les cœcums de l'intestin moyen des Blattes n'est point acide, il est fré- quemment alcalin, est l'agent principal de la digestion des substances albuminoïdes et émulsionne activement les graisses. Resterait à déterminer le rôle de la couche glandulaire de l'intestin moyen proprement dit; mais ici des difficultés trop grandes m'ont arrêté. Il est, en effet, impossible d'isoler la petite quantité de suc qu'elle produit de celle beaucoup plus considérable déversée par les cœcums. Les quelques tentatives que j'ai faites ont échoué. E. Fonction des tubes de Malpighi. — L'étude que j'ai faite dans mes Recherches sttr les phénomènes de la diges- tion chez les Insectes (1), des fonctions des tubes de Mal- pighi a été si étendue, j'ai réuni tant de preuves de leur rôle exclusivement dépurateuret urinaire, que je puis me borner ici à quelques mots. Dans ce même travail j'ai combattu et, je l'espère, réfuté complètement une notice de M. E. Heckel (2) qui tendait à ressusciter l'ancienne hypothèse des organes mixtes à la fois hépatiques et urinaires. M. Joussel de Bellesme revient sur ce sujet, redémonlre, par l'absence de propriétés biliaires, la fonction exclusive- ment urinaire des tubes raalpighiens et repousse, à son tour, les conclusions de M. Heckel (5). (1) Pages 27 à 35, 40 et 41, 57 à 59, 61 à 6S, 84, 106 à 113. (2) De quelques phénomènes de localisation de substances minérales chez les articulés (Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, l.LXXIX,n''8,24aoùt 1874, pp 512elsuiv.). (3) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes, pp. 74 à 78. ( 1225 ) Les lubevS de Malpighi de la P. americana sont étroits, d'un calibre assez variable suivant le point du tube exa- miné; l'épilhélium sécréloire est composé de cellules volu- mineuses, à noyaux bien visibles et sécrétant un liquide chargé de granulations jaunes très-fines. Je n'y ai point vu de cristaux comme en signale M. S. Basch dans les tubes de la P. orientaiis (1); mais le procédé de M. Siro- dot (2), consistant à broyer les tubes avec un peu d'eau dans le creux d'une plaque de verre à concavité, à ajouter une goutte d'acide acétique et à couvrir à Taide d'une lame de verre mince, m'a toujours fourni, en quelques heures, comme chez les autres Insectes, des cristaux d'acide urique. Ces cristaux furent cependant peu abondants dans les différents essais, ce qui prouve que la quantité d'urates sécrétés en un temps donné n'est point considérable. La composition des excréments dont je parlerai plus bas montre que les tubes malpighiens des Blattes sécrètent aussi de l'oxalate de calcium comme ceux de beaucoup d'Insectes (chenilles, larves de coléoptères, etc.) (5) et des Iules parmi les Myriapodes. F. Fonction de l'intestin terminal. — J'ai déjà rappelé qu'il est tapissé par une cuticule chitinisée. La couche cel- lulaire sous-jacente ayant fort peu d'importance, on peut le considérer, ainsi que chez un grand nombre d'insectes, mais non chez tous (4), comme n'étant plus le siège de (1) Untersucliungen iiber das chylopoetische , etc , p. 2oS. (2) Recherches sur les sécrétions chez les insectes. Thèse, pp. 8d el 86. Paris, 18o9. (Voyez aussi de nombreux passages de mon Mémoire anté- rieur.) (3) Voyez au sujet des espèces et des auteurs cités mon Mémoire Recherches sur les phénomènes de la digestion , etc., p. 41. (4) Ibid., p. U9. ( 1226 ) fondions digestivcs proprement dites. Sa grande longueur, le temps très-long pendant lequel les substances y restent accumulées permettent de supposer une absorption, au travers des parois, d'un reste des produits de la digestion. Les matières remplissant l'intestin terminal sont tou- jours noires ou de couleur foncée, on y retrouve, au mi- croscope, comme dans les excréments, tout ce qui a résisté au travail digestif; des grains de sable, des débris chiti- neux si l'animal a dévoré d'autres insectes, des pellicules végétales appartenant aux enveloppes des grains de fro- ment, s'il a mangé de la farine, etc. Ces matières sont le plus souvent alcalines, jamais acides; on n'y retrouve plus de glucose. La dernière partie renflée de l'intestin terminal a pour but exclusif l'expulsion des excréments. G. Excréments. — Ils se présentent chez la P. ameri- cana sous la forme de petits cylindres arrondis aux deux bouts, atteignant 4 millimètres de longueur et 1 7^ de large. Leur couleur est noire. En les broyant avec un peu d'eau, on y constate, outre tout ce qui n'a pu être dissous par les sucs digestifs, de petits cristaux d'oxalate de cal- cium reconnaissables à leur forme caractéristique, à leur insolubilité dans l'eau et l'acide acétique et à leur solubilité dans l'acide nitrique étendu. Le procédé de M. Sirodot pour déceler l'acide urique dans les tubes de Malpigni (voyez plus haut) fournit aussi de jolis cristaux de cet acide. La recherche de la guanine suivant le procédé employé par MM. Will et Gorup Besanez pour les excréments de VEpeira diadema (1), procédé à l'aide duquel j'ai retrouvé (1 ) Guanin ein wcsenUicher Bcslandlhcil gewisser Secrète wirbelloser ( i^'27 ) ce corps dans les déjections de la Tegeneria domcslica et d'autres Arachnides, ne m'a fourni ici que des résultats incomplets qui ne m'ont point permis d'acquérir une certi- tude à cet égard. Les excréments se composent donc de la collection des résidus du travail digestif et des produits des tubes deMal- pighi. § IH. RÉCAPITULATION. Les aliments avalés s'accumulent dans le jabot et subis- sent l'action le plus souvent alcaline des glandes salivaires. Là les substances féculentes sont transformées en glucose; ce premier produit de la digestion est absorbé sur place et ne se rencontre plus dans le reste du tube digestif. L'appareil valvulaire qui ne joue nullement le rôle d'un organe tritura teur laisse glisser, en petites quantités, les matières en digestion dans un intestin moyen de capacité restreinte. Cet intestin moyen reçoit le suc sécrété par huit cœcums glandulaires, suc ordinairement alcalin , jamais acide , neu- tralisant l'acidité que le contenu du jabot a pu acquérir, transformant les albuminoïdes en corps solubles et assimi- lables analogues aux peptones et émulsionnant les graisses. Enfin, dans l'intestin terminal se réunissent les résidus du travail digestif et la sécrétion des tubes de Malpighi, sécrétion purement urinaire. Si l'on rapproche ce résumé de celui déduit de toutes Thiere. Gelehrte Anzeiger herausgegeben von Milgliedern der k. l)ayer. Akademie der Wissenschaflen, 27. Baiid. Juillet à décembre 1848, n°255, col. 825. ( i228 ) mes recherches précédentes sur Tensemble des Insectes qui termine mon Mémoire de 1874 (1), on pourra s'assurer que les phénomènes digestifs de la P. americana ne s'écar- tent guère des conclusions que j'ai posées alors. Ils les complètent et en sont une confirmation remarquable. § IV. RÉPONSE A M. JOUSSET DE BELLESME. JMes Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes ont été présentées à l'Académie royale de Bel- gique dans la séance du 7 mars 1874 (2); l'impression dans les Mémoires a été votée dans la séance du 5 mai (5); le travail a été imprimé vers la fm de 1874'. M. Jousset, qui publie dans les derniers mois de 1875, par conséquent un an plus tard, un Mémoire tout à fait analogue intitulé Recherches expérimentales sur la diges- tion des Insectes et en particulier de la Rlatte, travail dont la plupart des conclusions sont les miennes (4), qui ne me ciie même pas dans le Résumé qu'il publie dans les Comptes rendus (5) et qui ne me consacre dans son Mémoire qu'un appendice sous la forme de carton sans pagination, s'étonne que je réclame la priorité (6). (1) Becherches sur les phénomènes de la digeslion chez les Insectes, § 17, pp. 115 à 119. (2) Bulletin de F Académie, 2«-sér., t.XXVlI, p. i>70. (3) Ibid., p. 489. (4) Sur la digestion chez les Insectes. Remarques à propos d'un travail récent de M. Jousset (Comptes rendus de l'Acad. des se. de Pabis, l. LXXXII, janvier 1876, p. 540). (5) Comptes rendus, i. LXXXII, n" 1, 187G, p. 97. (G) /6/d.,n«8, p. 4GI. ( 1229 ) Il dit que ses propres recherches remontent à 1872 et 1875 (1); mais il me croit donc alors une facilité et sur- tout une vélocité de travail (que je voudrais posséder), s'il pense que mon Mémoire, fruit de longues études et d'ex- périences pénibles et répétées, ne m'a point demandé aussi plusieurs années. Il est tellement évident pour tout le monde que mon travail est le premier qui renferme un ensemble de recherches suivies sur la digestion des In- sectes que la priorité qui me revient s'affirme d'elle- même. Mais il y a plus, mon savant contradicteur a attaqué mes méthodes et mes résultats; je lui dois un mot de ré- ponse , la vérité et, par conséquent, la science étant en jeu. Afin de ne point fatiguer le lecteur, je me bornerai aux points principaux. « L'idée dominante du Mémoire de M. Plateau, dit » M. Jousset, est de chercher à établir que chez les In- » sectes à l'état normal, les sucs digestifs sont tous alca- » lins ou neutres,jamais acides. Or ce fait.... est en désac- » cord formel avec tous les travaux précédents et avec » mes propres observations. De plus, il est en désaccord » avec cette grande loi de l'unité des fonctions physiolo- » giques qui tend actuellement à dominer dans la science. » Chez tous les animaux connus et étudiés, la digestion » des aliments albuminoïdes réclame un milieu plus on » moins acide. Les Insectes ne font pas exception à cette » règle, le liquide des cœcums gastriques qui sert chez » eux à la digestion des aliments est acide (2). » Mes études ont été entreprises « à l'abri de toute idée (1) Appendice au Mémoire de M. Jousset. (2) Comptes rendus, t LXXXIÏ, pp. 461 et 463. 2""^ SÉRIE, TOME XLÎ. ( 1230 ) D préconçue (1). » J'ai signalé moi-même qu'elles m'ont conduit à des résultats « parmi lesquels il y en a en com- j> plet désaccord avec ce que l'on trouve exposé dans les » traités d'anatomie et de physiologie comparée ou d'ento- i> mologie générale, classiques et récents; » les faits se sont imposés d'eux-mêmes. Les mots de grande loi de l'unité physiologique font sou- rire. Celte loi n'est-elle pas déduite entièrement des faits? Si les physiologistes trouvent des faits nouveaux, la loi change. En admettant la manière de voir de M.Jousset, il serait absolument interdit de faire de nouvelles recherches du moment où celles qui précèdent ont été érigées en doc- trine! M. Jousset parle de tous les travaux précédents. Or, qui les connaît mieux, de mon honorable adversaire qui en cite à [)eine quelques-uns, ou de l'auteur de celte Note dont le Mémoire est rempli de citations puisées à toutes les sources originales? Du reste la faiblesse des travaux antérieurs est précisément ce qui nous a poussés tous deux à entreprendre des recherches nouvelles. Il est parfaitement inexact d'avancer que chez tous les animaux connus et étudiés ^la digestion des aliments albu- minoïdes réclame un milieu plus ou moins acide. Rappe- lons d'abord les propriétés du siic pancréatique alcalin des vertébrés déterminant parfaitement la transformation des albuminoïdes en peptones, prions ensuite le lecteur de se souvenir des expériences citées plus haut de Marcel de Serres et de M. Bascli ei de lire, lors de son apparition prochaine, mon travail sur la digestion des Myriapodes. (1) Voyez, mon Mémoire, page o. ( 1^51 ) Quant à Tacidilé des cœcums de l'intestin moyen des Insectes, je viens de démontrer encore nne fois dans celte Note qu'elle n'existe pas, qu'il y a, au contraire, fréquem- ment alcalinité. M. Jousset regarde mon opinion, d'après laquelle les fonctions des glandes qu'il nomme gastriques seraient dif- férentes suivant le groupe auquel l'insecte appartient, comme une véritable hérésie physiologique (1). Il vise sur- tout ici mes recherches sur l'Hydrophile (H.piceus), chez lequel j'ai constaté la production de glucose dans l'intestin moyen aux dépens du suc des cœcums nombreux de cette région. Pourquoi i\I. Jousset n'a-t-il pas fait d'expérience sur cet insecte, alors que j'avais à lui en opposer une bien nette; je transcris le passage de mon Mémoire : « Relative- » ment au sucre dont on démontre la présence dans l'in- » testin moyen, on pourrait m'objecter qu'il ne résulte » pas d'une action du liquide sécrété par les parois de cet » organe, mais provient de l'œsophage. II est facile de » prouver le contraire par l'expérience suivante : On vide » un intestin moyen d'Hydrophile, on le lave à l'eau et on » le laisse même séjourner quelque temps dans ce liquide » pour le débarrasser du sucre qui pourrait l'avoir pénétré; » puis l'ayant retiré, on le broie avec une nouvelle et très- » petite quantité d'eau que l'on filtre et qu'on fait agir » sur un peu d'empois d'amidon. Au bout de quinze mi- » nutes, une partie de l'amidon est transformée et Ton y> obtient les réactions du glucose (2). » M. Jousset m'accuse de revendiquer pour mon compte (1) Comptes rendus , l. LXXXII, p. 465. (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes, pp. 53 et 5 i. ( 1252 ) la découverte des fondions des glandes salivaires et des tubes (le Malpighi; d'oublier qu'elles ont été démontrées, il y a longtemps, par MM. Sirodot et Chevreul et qu'elles figurent dans les traités classiques de MM. Milne Edwards et Blanchard (1). La réponse est aisée; il sullit de lire mon Mémoire pour voir que j'ai scrupuleusement rendu à chacun ce qui lui était dû et que les recherches de MM. Chevreul et Siro- dot (2) sont analysées avec soin. Quant aux traités classi- ques de MM. Milne Edwards et Blanchard, l'un et l'autre avancent que les tubes malpighiens sont des organes à fonctions mixtes à la fois biliaires et urinaires (3); tandis que mes expériences et mes observations démontrent que la fonction est purement urinaire. L'allégation est donc entièrement inexacte. Enfin, M. Jousset critique mes méthodes (i). Je sais très-bien que mon travail n'était pas parfait. Entré le pre- mier dans la voie des recherches suivies sur la digestion (1) Bévue scientifique ^ "o" année, 2^ sér. . n° 56,4 mars 1876, p. -259. ^!2) Quant aux glandes salivaires, les seules tentatives faites | ar M. Sirodot (pp. 42 el 43 de son Mémoire) se bornent à l'examen du préci- pité obtenu par Paclion de Tacide acétique sur le liquide de ces glandes. Personne ne verra là une démonstration. C'est M. Basch qui a fait les pre- mières expériences de transformation de la fécule par la salive des in- sectes; son Mémoii-e est de 1838 et celui de M. Siiodot de 18o9. (5) Milne Edwards, Leçons sur la physiologie et l'onatomie comparée de l'homme et des animaux , t. V, p 638 : « Cependant les faits sur les- quels on s'appuie pour établir que les vaisseaux malpighiens, tout en étant des organes urinaires, ne jouent pas aussi le rôle d'un organe hépatique, ne me semblent pas décisifs et, jusqu'à plus ample informé, je persiste à penser que ce sont des organes à fonctions mixtes. » — E. Blaschaud, Métamorphoses, mœurs et instincts des Insectes, Paris, 1868, appelle les tubes de Malpighi urino-biliaires, pp. 116, 121 el 122. (4) Appendice au Mémoire de M. Jousset. ( 1235 ) (les Insocles, j'ai dû mnrcher souvent à làtons; il y a peu (le mérite pour celui qui est venu après moi à employer parfois un moilleur moJe d'opérer, alors qu'il a trouvé le chemin débarrassé des principaux obstacles. Je n'ajouterai rien de plus, le lecteur jugera. Je termi- nerai seulement en exprimant le regret de rencontrer un antagoniste dans l'homme savant et ingénieux dont j'ai discuté les opinions dans cette Note. Sfjtiopsis des Agn'onines (suite de la o^ Légion : Agrion) (') ; par M. Edm. de Selys Longchamps, membre de l'Aca- démie. SECONDE PARTIE. Pas cVépine ou de pointe aiguë au bout du 8' segment de la femelle en dessous. II est difîîcilede donner une analyse laconique des caractères principaux des douze sous- genres que j'admets dans celte seconde partie du grand genre Agrion, en se sens que dans plusieurs d'entre eux il existe des espèces chez lesquelles l'un ou l'autre de ces caractères est un peu oscillant; de sorte que le mot de diagnosli(jue ne pourrait leur convenir d'une façon absolue, quoique les groupes soient composés d'espèces voi- sines les unes des autres. II est donc nécessaire, pour bien déterminer la place assi- gnée à une espèce, de recourir aux caractères plus détaillés qui sont donnés en tète de chaque sous-genre. La répartition géographique ne coïncide pas toujours avec celle qui résulte de tous les caractères diagnostiques, si ce (') Voir Bulletins (février el mars 1876). { 12: )i n'esl que, dans les contrées froides et lempérées de l'hémi- sphère boréal des deux mondes, on ne trouve que les quatre sous-genres à ailes peu pétiolées {Agrion — Nehalennia — Erylhromma et Pyrrhosoma); mais trois de ces groupes sont cependant représentés par quelques espèces dans les contrées tropicales. Les huit sous-genres à ailes plus pétiolées appartiennent exclusivement, au contraire, aux contrées tropicales et aus- trales, savoir, dans lancien continent: Pseudagrion , Xan- thagrion, Ceriagrion et Argiagrion ; et dans l'Amérique: Anisagrion, Telagrion, Leptagrion ci Erytlu^agrion. Dans les huit premiers sous-genres, munis d'une épine vul- vaire, et décrits plus haut dans la première partie du grand genre Agrion, une répartition géographique analogue se re- trouve, l'hémisphère boréal froid et tempéré ne possédant que les Ischnura et Enallagmaj à ailes peu pétiolées, représentées aussi par quelques groupes voisins dans les autres zones, savoir, les Ceratura^ Anomalagrion et Anphyagrion de l'Amé- rique chaude. Quant aux sous-genres de la première partie, à ailes plus pétiolées, ils sont exclusivement tropicaux; les Oxyagrion et les Acanlliagrion en Amérique, et les Xipkiagrion en Ma- laisie. l^fi Section : Secteur inférieur du triangle naissant avant !a nervule basale postcoslale (sous-genres habitant surtout l'hémisphère boréal tem- péré). A. Des taches postoculaires claires circonscrites. a. Abdomen extrêmement grêle, son dessin presque semblable dans les deux sexes; coloration vert métallique . . Nehalennia. b. Abdomen moins grêle, son dessin ditFérent selon le sexe; coloration moins métallique .... Agrion. B. Pas de taches postoculaires circonscrites. a. Coloration rouge Pi/rrhosoma. b. Coloration bronzée sur fond Mou ou jaimàlre. . Erylhromma. ( i23r) ) 2* Section : Secteur inférieur du triangle naissant à la nervule basale poscostale, ou à peine auparavant. § h^. — Sous- genres de l'ancien continent : A. Des taches posloculaires claires circonscrites. Abdomen grêle ou médiocre à dessin diflérenl selon le sexe. a. Prothorax de la femelle muni au bout de deux tiges renversées en a\ant Pseudagrion. 6. Prothorax de la femelle simple Xanthagrion. B. Pas de taches post oculaires circonscrites. Abdomen médiocre à dessin presque semblable dans les deux sexes. a. Coloration jaune ou rougeàlre. Cils des tibias médiocres , Ceriagrion. b. Coloration verte et noire. Cils des tibias longs, très-divariqués(o* inconnu) Argiagrion. § II. — Sous-genres du nouveau continent. A. Des taches postoculaires claires circonscrites. a. La nervure médiane aux ailes inférieures du mâle s'écartant subitement de la costale à partir du ptérostigma , le 10^ segment terminé en fourche redressée. Abdomen médiocre Anisagrion. h. La nervule médiane normale dans les deux sexes. Abdomen excessivement long et grèle; 10^ seg- ment du mâle non fourchu Telagrion. B. Pas de taches postoculaires claires circonscrites. a. Abdomen long ou très-long. Coloration verdàtre ou jaunâtre. Onglets à dent inférieure très-forte. Leptagricn. b. Abdomen médiocre. Coloration rouge. Onglets à dent inférieure plus petite Enjihragrion. Sous-genre 9. — NEHALEIMMA , de Selys. IscHNURA, Charp. Hag. (pars). Agrion, de Selys (pars). 1840. Nehalennia, de Selys. 1850. Secteur inférieur du triangle naissant notablement avant la ( i236 ) ncrviilc basale postcostale. Ptérostigma en losange , semblable aux quatre ailes. Six à onze ncrvules postcubitales. Une ligne occipitale ou des points postoculaires clairs. Lèvre inférieure plus ou moins oblongue, fendue dans son tiers environ, à branches peu distantes. Coloration vert ou bronzé métallique^ varie de jaune oti de bleu , à dessin presque semblable dans les deux sexes. Une partie du corps souvent pulvérulente. Tête, corps et abdomen extrêmement grêles. Cils des pieds médiocres (3-7 aux tibias postérieurs en dehors); onglets longs, à dent inférieure petite. o" Apj)endiccsanals courts, les supérieurs en général sub- coniques. Q Pas d'épine vulvaire. Patrie : Europe, Asie orientale, Amérique. A. Derrière de la tète noir avec une ligne postoculaire claire plus ou moins incomplète: N. atrinuclialis j — speciosa , — irene. (Hémisphère boréal). B. Derrière de la tète pâle. a. Une raie posloculaire claire complète. .V. sophia. (Brésil). b. Des taches postoculaires arrondies. N.posita — ?(/e;iO'co///".s. (Amérique septentrionnale). JYfi. Les Nchilennia sont remarquables par leur petite et grêle stature et par leur coloration métallique brillante, tout à fait analogue à celle des Lestes et semblable dans les deux sexes. Ces caractères les dilTcrenticnt des Agrion proprement dits, avec lesquels elles concordent sous les autres rapports Le ptérostigma semblable aux quatres ailes dans les deux sexes et l'absence d'épine vulvaire cbez les femelles empêchent de les confondre avec les Ischnura. La femelle delà sophia étant inconnue, on ne peut affirmer avec certitude qu'elle appartienne à ce groupe; c'est cependant peu douteux. Chez celte espèce et chez Yatrinuchalis, le quadrilatère des ailes supérieures est plus irrégulicr que chez les deux espèces typiques Y irene et la speciosa. Quant à la denticollis , je ne l'ai pas examinée en nature. ( 1257 ) 120. ]\EHALE«i:«I/\ ATlil^UCMALIS, (Ic ScljS. Abdomen o' 20-22; $ 22. Ailo inlerieure o" 15; $ IG. Ailes hyalines, très-Iégèremo:U arrondies, à rcticiilalion (ine, noire. Plé- rostii^ma jaunâtre, à côté externe Irès-ohlique; son côté inférieur ne cou- vrant que les deux tiers de la cellule qu'il surmonte. Quadrilatère à côté supérieur ayant aux premières ailes le quart, aux secondes la moite du côté inférieur 5 5 cellules anténodales Ailes cessant d'être pétiolées nota- blement avant la nervule basale postcoslale, qui est placée plus près de la 1^^ que de la 2« antécubilale , 9 (8) postcubitales. o" Veit bronzé varié de jaunâtre. Stature gréle. Tête petite. Lèvres livides, l'inférieure à lobe médian ayant ses branches eililées et rapprochées. Face et front roussâtres avec un point basai médian à la lèvre , le dessus de répistome et la base du front bronzés, rejoignant la même couleur qui occupe le dessus de la tête jusqu'aux vestiges d'une raie postoculaire claire n'allant pas jusqu'aux yeux. Après celte raie le derrière de la tête est noir, mais le bord contre l'œil est livide. Pi'othorax noir bronzé; sa l)ase,ses cotés, une très-petite tache latérale et le bord postérieur finement jaunâtres. Celui-ci régulièrement arrondi, un peu redressé. Thorax verl bronzé obscur jusqu'au delà de la suture hnmérale, avec une ligne humérale peu marquée roussàtre. Les côtés jaunâtre un peu rosé, avec une raie supérieure noire épaisse à la l""" su- ture, s'arrétant au stigma, et une à la 2^ un peu plus courte. Abdomen très-grèle, bronzé en dessus jusqu'au T*" segment, jaunâtre en dessous. Le bronzé du dessus ne toucha pas complètement le bout au 1" segment. Aux 2-7« l'articulation basale est finement jaune; les 8-9^ bleu de c/e/, leur articulation finale obscure , épineuse en dessus; 10"^blancbâlre, noirâtre en dessus^h bord largement et peu profondément échancré. Appendices supérieurs bruns, un peu plus courts que le dernier seg- ment, paraissant subconiques, un peu recourbés l'un vers l'autre, comme comprimés. Appendices inférieurs très-courts, tronques, pâles. Pieds courts; fémurs jaunâtres en dedans, bronzés en dehors, à épines noires. Tibias livides à cils obscurs assez forts (i aux postérieurs en de- hors). Articulations et bout des tarses obscurs. Dent inférieure des onglets plus courte que la supérieure, mais bien marquée. 2 Jeune. Lèvre supérieure livide. Pas de lignes occipitales, mais un très-petit point postoculaire livide près des yeux. Le bord postérieur du prothorax semble un peu redressé et tronqué dans sa portion médiane. A ( 4238 ) la sulure humérale une fine ligne roussàlre, parallèle à Vanléhumérale avec laquelle elle communique par en bas. La bande dorsale bronzée de l'abdomen continuant sur les 8e et 9'' segments, dont les cotes sont jaunâ- tres comme les autres; le 10^ comprimé, fendu. Appendices obscurs, plus courls,coniques, grêles. Valvules livides; leurs appendices forts, atteignant le bout de l'abdomen. Patrie : Shanghaï, par M. Montignies. Plusieurs mâles et une femelle. (Muséum de Paris.) NB. Très-jolie espèce rappelant la speciosa et Virene par le derrière de la tête noir; en différant par le quadrilatère à côté supérieur plus court, la présence d'une raie antéiiumérale jaunâtre et celle de deux longs traits noirs bien marqués aux sutures latérales du thorax sous les ailes. Le mâle s'en sépare encore par les 8^ et 9^ segments tout bifus, coloration qui rappelle celle de beaucoup d' Agrion. Je ne place pas parmi eux Vatrinuchalis, parce que sa stature fort grêle et sa coloration très-métallique semblent la rapprocher davantage des Nebalennia. 121, TXehalenxia speciosa, Cliarp. AcaiON sPEciosuM , Cbarp. 1840, tab. 38, fig. 1, o*,$ et app. du mâle, de Selys , Rev. ordon ., n" 1 , pi. 6 , fig. i . — sopHu, de Selys, Bull. Acad. Bruxelles, 1840. — TCBERcuLATCM? Burm., u" 11 (excl. syn.) Abdomen o* 20-23; $ 19-22. Aile inférieure a* 13-14; $ 14-15. o" Ailes hyalines assez larges, arrondies, courtes, très-délicates; pléro- sligma semblable aux quatre ailes, très-petit, rhomboïde, couvrant un peu moins d'une cellule, jaune à peine plus foncé au centre. Quadrilatère des supérieures allongé, les côtés supérieur et interne presque égaux , l'infé- rieur plus long; celui des secondes ailes long, à côté supérieur un peu plus court que le côté inférieur. Nervule basale postcostale entre la ï'-'' et la 2'- antécubitale; 9-10 postcubitales; 5 cellules anténodales. Vert bronzé mélalliipie brillant varié de bleu et de blanchâtre. Lèvre inférieure blanchâtre; face vert-jaunàtre; la moitié basale de la lèvre supé- rieure, répistome, le dessus et le derrière de la tête depuis les antennes noir bronzé ay^c une raie étroite postoculaire complète bleu clair, ne louchant pas tout à fait les yeux. Antennes noires, le bout des 1" et 2«' ar- ticles jaunes, la soie très-longue. Prolhorax vert doré en dessus, les côtés largement bleu clair; lobe pos- térieur à bord presque arrondi, légèrement redressé. Thorax grêle, beau- coup plus étroit que la tête, vert doré en avant jus(iu'à la l-^e suture ( 1:259 ) latérale avec un vestige inférieur et un supérieur bleus à la suture humé- raie; les côtés bleu clair avec un |)elil point obscur supérieur à la 2^ su- ture. Le dessous blanchâtre. Espace inléralaire saupoudré de bleu. Abdomen long, très-gréle, à peine é|)aissi au bout. Le dessus des 1e»"-7° segments vert doré, le dessous des mêmes segment-^ jaune pâle, les articulations des 3-7« cerclées de noir. Les trois derniprs segments bleu de ciel, mais au S*" la base et une bande latérale verl doré, et au 9* une bande latérale s'arrétanl à la moitié. Bord |)ostéri('ur du lO"-' prolongé en deux très-petits tubercules un peu redressés, un peu diveigents rappro- chés, trilîdes (ou Iridentés) à leur pointe qui est tronquée. Appendices supérieurs un peu plus longs que la moitié du dernier seg- ment, un peu divergents, noirs en dessus, coniques, tronqués obliquement, un peu roulés en cornet, ayant intérieurement à l'extrémité une pointe noire diiigée en bas; les inférieurs blancs, moitié plus courts, bifides, à branches cylintlriques dirigées en haut, emboîtant entre elles l'extrémité contournée des supérieurs. Pieds médiocres, grêles, blancs avec une ligne externe sur la seconde moitié des fémurs, une ligne latérale aux tibias et les cils noirs. Ceux-ci assez longs, assez divariqués (7 aux fémurs postérieurs). Onglets longs, obscurs au bout, à dent inférieure très-courte. o" Jeune- Ptérostigma blanchâtre, cendré au milieu, ou même en entier, blanc opaque. Espace intéralaire jaune de soufre. $ Presque entièrement semblable au mâle. Ptérostigma blanc, à peine jaunâtre. La ligne postoculaire souvent jaunâtre. Le lobe postérieur du prothorax très-légèrement divisé en deux festons; 10'' segment court , à bord postérieur un peu échancré. Appendices anals coniques, pâles, égaux à la moitié du segment. Valvules jaunâtres. Pas d'épine vulvaire. $ Jeune. Espace inléralaire jaune. Patrie : Très-Iocalisée, dans plusieurs parties de l'Europe tempérée : Belgique, en juin sur quelques étangs marécageux de la Campine limbour- geoise. Allemagne, aux environs de Lunébourg jusqu'à la fin d'août; rare près de Berlin; Silésie. Savoie, aux environs de Chambéry. Suède, un exemplaire pris près de Lund. (Coll.Selys, Hagen, etc.) ND. Celle espèce si jolie , la plus délicate des Agrion européens, se distingue de tous par sa couleur vert doré brillant, qui est celle des Lestes (surtout de la Lesles virens), dont elle .«e sépare de suite par le ptérostigma court, le système de réticulalion et la taille aussi petite et beaucoup plus grêle que celle de Vlschnura pumilio. ( 1240 ) i25. IYeiiaie'^mia tKEXE. IJagcn. Agrion IRENE, Hag. n amer, neur., n° 1. Abdomen o* 2-2-53; $ 20-22. Aile inférieure o^ U-\o Vj', 9 14-lo. o" Ailes hyalines un peu arrondies, courtes, Irès-délicates; ptéroslignia semblable aux quatre ailes, brun pâle, gris brun au centre, Irès-petil, rhomboïde, couvrant une cellule; quadrilatère des supérieures allongé, les colés supérieur et interne presque égaux, l'inférieur le plus long; celui des secondes ailes long, à côté supérieur un peu plus court que le cùlé inférieur. Nervulfi basale postcostale entre la t""*^^ et la 2' anlécubilale; 0-11 postcubitales, 5 cellules anténodales. Vert bronzé métallique brillant, varié de jaune et de bleu. Lèvre infé- rieure pâle; face jaune un peu verdàtre; base de la lèvre supérieure, épis- tome et dessus de la tête noir bronzé avec une fine raie transverse vert jaunâtre, n'existant quà Vocciput et ne touchant pas les yeux. Derrière de la tête noir, mais les yeux bordés inférieurement de jaune pâle ; un anneau de même couleur au 5« article des antennes. Prolhorax noir bronzé en dessus; les côtés largement jaunâtres, le lobe postérieur un peu triangulaire, légèrement redressé au milieu. Thorax grêle, beaucoup plus étroit que la tête, vert bronzé brillant en avant, jus- qu'à la l^e suture latérale; les côtés vert pâle et passant au jaune pâle en dessous avec un petit trait supérieur obscur à la 2" suture. Abdomen long, très-grêle, à peine épaissi au bout; le dessus des 1-7'^ segments vert métallique foncé; le dessous jaune clair, les articulations des 3 -Te segments cerclées de noir; les trois derniers bleu de ciel, mais au 8e le dessus bronzé, excepté une grande tache terminale dorsale bleue, pointue en avant; au O^ une bande latérale ne louchant pas le bout et au IQc une petite tache basale de chaque côté. Le bord postérieur du dernier un peu redressé, formant deux festons bien marqués , qui sont garnis chacun d'environ huit petites dents noires. Appendices supérieurs obscurs, extrêmement courts, obtus, divisés en deux branches dont l'inférieure est la plus longue. Appendices inférieurs bleus à peine plus longs, redressés en haut, terminés par trois tubercules. Pieds médiocres, grêles, pâles, avec une ligne externe noire bien mar- quée aux fémurs et aux tibias et les cils noirs. Ceux-ci assez longs, assez divariqués (6-7 aux tibias postérieurs); onglets longs, ob.^curs au bout, à dent inférieure très- courte. $ Très-semblable au mâle. Ptérostigina jaunâtre. Lobe postérieure du ( 1241 ) prolhorax divisé en deux lésions principaux, mais avancé en un petit triangle enire eux au milieu. Les 5-G*' segmenis ayant à leur base de côté une petite lunule jaune, dont les vestiges se voient chez le mâle, la tache terminale dorsale bleue du H" plus grande; le 10'' bruni à la base. Son ex- trémité fendue. Appendices anals courts, obtus, jaunes. Pas d'épine vul- vaire. Chez d'autres femelles, peut-être plus adultes, le bionzé envahit le dessus des S» et 9" segments. Patrie: Étals-Unis : Observée à Chicago; en Floride (Oslen Saeken); Visconsin et Illinois (Kennicolt); New-Jersey (Uhler); Maine (Packard); Massachussett, etc. (Coll. Selys, Hagen.) ISB. Ressemble à s'y méprendre à la speciosa d'Europe. Le mâle s'en dislingue bien cependant par la forme des appendices anals supérieurs beaucoup plus courts et par le bord du lO-^ segn)ent analogue à celui de la sophin du Brésil, divi-é en deux festons denliculés el ne portant pas les deux pelits tubercules Iridenlés qui caractérisent la speciosa. Comme caractère dislinctif applicable aux deux sexes, on trouve la coloration de la tète où la ligne claire n'existe que sur l'occiput et où les yeux en arrière sont légèrement bordés de jaune; enfin la forme du lobe postérieur du prothorax. 125. Nehalennia soPHiA, de Selys. o'' Abdomen 24-25. Aile inférieure 15-13 ^'2- Ailes hyalines, un peu arrondies, très-courtes, très-délicates; ptéro- stigma semblable aux quatie ailes, très-petit, couvrant à peine une cellule, rhomboïde maisp/w5 oblique en dedans qu'en dehors ^ pâle, gris brun au centre. Quadrilatère des supérieures allongé à côtés supérieur et interne presque égaux , l'inférieur moitié plus long que le supérieur. Celui des secondes ailes long, à côté supérieur ayant h s deux tiers de l'inférieur. Nervule basale posicoslale un peu plus rapprochée de la 2« que de la Ir-^^aiitécubilale; 9-11 posicubitales; 3 cellules anténodales. Noir bronzé varie de bleu clair et de livide. Tête pâle, excepté la lèvre supérieure qui est bleu clair, avec un point médian enfoncé ;répislome fine- ment bordé de noir en avant; une tré.s-!arge bande transverse noir bronzé au-dessus de la tête d"un œil à l'autre, commençant aux antennes et s'ar- rêtanl à l'occiput, enfin une raie postérieure parallèle à celle-ci et dessi- nant une large bande postoculaire complète livide. Le derrière des yeux livide. Le bout des 2« et 5^^ articles des antennes et la soie (qui est longue) obscurs. Protborax noirâtre bronzé en dessus; les côtés largement bleu pile. ( \U2 ) Lobe postérieur bronzé, à bord presque arrondi, un peu redressé, à peine saillant au milieu Thorax grêle, beaucoup plus étroit que la tête, livide (probabloment bleu pâle), mais noir bronzé en avant, pas tout à fait jus- qu'à la sulure Ijuméiale c[ui est irès-Iiuemenl noire, enOn un très-petit trait obscur supérieur à la ^^ sulure latérale. Le dessous livide. Abdomen long, très-grêle, à peine épaissi au bout; le dessous pâle ou bleuâtre clair; le dessus marqué de noirâtre bronzé ainsi qu'il suit : une tache dorsale au l'^'" segment échancrée en arrière à l'articulation; une bande dorsale aux 2-7« amincie au milieu des segments et ne commençant que peu après leur base, où sa pointe forme deux lunules bleues, cette bande un peu élargie avant le bout. Les trois derniers segments bleu clair avec une bande dorsale bilobée au 8^ et une petite tache médiane au 9^ bronzées; le 10*^ court; son bord postérieur formant deux festons peu mar- qués, garnis chacun de 5 à 0 dents noirâtres. Appendices aiials livides; les supérieurs coniques, mousses, égaux à la moitié du lO" segment, paraissant munis à leur base d'une branche in- terne; les inférieurs plus courts , bifides, à branches mousses dirigées en haut (ces parties sont ditiiciles à bien examiner cbez les types). Pieds mediocies, grêles, livides, avec une fine ligne externe aux fémurs, les articulations des tarses et les cils obscurs. Ceux-ci assez longs, assez divariqués (6 aux tibias postérieurs). Onglets à dent inférieuie très- courte. 2 Inconnue. Patrie : San Joao del Rey, province de Minas. Deux exemplaires pris par Walthère de Selys, au commencement de novembre. (Coll. Selys.) i\fi. La slature de celle espèce est celle de la speciosa et de Yirene; mais on l'en reconnaît de suite par le derrière des yeux pâle, la raie occipitale pâle com- plète rappelant celle de la Platycnemis pennipes, le bronzé du devant du thorax s'arrétant avant la suture liumerale, enfin la bande dorsale bronzée de l'abdomen plus étroite, moins métallique et interrompue à la base des segments. J'assigne à celte jolie espèce le nor'i de sophia que j'avais donné en 1840 à la speciosa, nommée par Charpentier quelques mois avant ma publication. 124. IXjhalenxiv posita, Ilagen. Agrion posiTUM, Hag. n. amer, neur., n"6. Abdomen o* 17-2-2; $ 20-22. Aile inférieure o' il-13 V-2; 9 1^-16. o'' Ailes hyalines étroites; pierostigma semblable aux quatre ailes, brun clair, plus foncé au centre, petit, rlioniboïde, couvrant moins d'une cellule; (juadrilatère des supérieures allongé. Les côtés supérieur et interne ( 1245 ) presque égaux, l'iiiforieur plus long. Celui secondes niles à côté supé- rieur ayant les trois quarts du eùlé inférieur. Nervule basale postcoslale entre la !'« ei la 2»" antécubitale; G-9 poslcubitales; .2 cellules anténo- dales. Bronzé et acier niélalli(iue, varié de jaune. Lèvre inférieure pâle; face jaunâtre, base de la lèvre supérieure, dessus de l'épislome et dessus de la tète noir bronzé avec un petit point postoculaire olivâtre. Derrière de la tète jaune pâle, mais noir vers le prolhorax; 1'"'' article des antennes jaune. Prothorax noir bronzé; sa base, ses côtés et une fine bordure jaunes, excepté au lobe postérieur, qui est court, arrondi, un peu redressé Tho- rax grêle, plus étroit que la tête, noir bronzé en avant jusqu'à la !•'<' suture latérale, avec une bande antéhumérale inférieure jaune, s'arrêiant en pointe à la moitié de la hauteur, et surmontée près des sinus par une tache qui forme avec elle un point d'exclamation. Les côtés jaunes avec un petit trait supérieur sous les premières ailes et une raie noire complète à la seconde suture noirs. Le dessous jaune pâle. Abdomen grêle, un peu épaissi au bout; le dessus de tous les segments bronzé métallique, le dessous et les articulations jaune soufre; le bronzé du dessus dilaté vers le bout des ô-C*^ segments. Bord du 10^' redressé au milieu en une lame carrée éc/iancrée , jaune en arrière. Appendices anals courts, jaunes. Les supérieurs en tubercule renflé avec une petite dent en dessus, amincis et courbés vers les inférieurs, qui sont encore plus courts, larges, un peu émarginés en scie. Pieds médiocres, jaune pâle; extérieur des fémurs et une ligne fine in- complète aux tibias bronzés. Cils médiocres obscurs (4-5 aux tibias pos- térieurs) ; onglets longs, jaunes, à dents noires, rinférieure plus courte. d* Très-adulte. Le dessus du dernier segment en partie bleu pulvéru- lent. $ Le plérosligma un peu moins court, plus en losange; souvent 9-10 postcubitales; 10* segment comprimé en toit, son bord entier, finement jaune. Appendices jaune vif, triangulaires, aplatis, rapprochés, aussi longs que le segment. Valvules jaunes, pas d'épine vulvaire. 2 Très-adulte. Les parties noir bronzé du dessus se couvrent parfois de pulvérulence bleuâtre, excepté au bout des segments. Patrie : Etats-Unis : Savannah; Dalton; Géorgie; Washington (baron Osten Sacken); Philadelphie; Salem- Massachussets, etc. (Coll. Selys, Hagen,etc.) iVfî. Celte espèce liiffLre des autres par la présence de points postoculaires ( i2U ) clairs isolés, par la bande jaune anléhuniérale interrompue en point d'exclama- tion; la ligne noire complète à la seconde suture latérale et enfin parce qu'il n'y a normalement que deux cellules anténodales (sur dix exemphtires que j'ai sous les yeux, un seul porte une 3^ cellule à l'une des .'liles supérieures). Le mâle se sépare aussi des autres par la lame bifide élevée du 10^ segment, imitant celle des Isclinura, auxquels il ressemble aussi par les points postoculaires ronds et le tO« segment redressé et échancré; mais on ne peut le confondre avec les petits Ischnura de l'Amérique >eplenlrionale, attendu que sou ptérostigraa est semblable aux quatre ailes , et que les 8^ et 9« segments sont bronzés. Quant à la femelle, l'absence d'épine vulvaire la sépare immédiatement des Ischnura. Le système de coloration des deux sexes est d'aiileurs conforme à celui des vraies Nehalennia. La différence de taille est considérable entre certains individus. M. Hagen a vu un petit exemplaire de Dalton n'ayant que 5 nervules poslcubitales, tandis qu'une femelle de Savannali de ma collection, de taille relativement énorme, en a 10 H est très-possible qu'il y ait deux races distinctes. 125. JXehaleîmsia? d^kticoilis, îîurm. Agrion dbnticollb , Burm. n» 9 ($), Hag. syn. n. amer, neur., n" 13. Abdomen çf environ 20 ; $ 20. Aile inférieure o"" 14 Vg; $ 14 Va- o^ Ailes hyalines (larges de 5™""), réseau noir; ptérostigma en losange allongé (long d'un demi-mlUlmèlre) couvrant à peine une cellule; celui des supérieures d'un brun noir, celui des inférieures pâle, gris au centre; 5 cellules anténodales; 10 poslcubitales. Le secteur ullradonal commen- çant deux cellules avant le niveau du bout du l^r secteur du triangle. Tête (large de 5"^"^). Lèvie inférieure pâle, la supérieure vert pâle avec une large bande transversale noire. Le reste de la face jusqu'à la base des antennes brun jaunâtre, mais Tépistome noir ; antennes noires, le 1" article jaunâtre en avant; dessus de la télé noir un peu métallique; le derrière pâle, noir au milieu dans l'excavation contre le prothorax. Prothoiax noir; le lobe postérieur large, assez court, un peu excavé, son milieu avançant en demi-cercle excavé. Thorax noir en avant, celle couleur dépassant la suture humérale pour former une bande su[)érieure moitié moins large que l'espace qui existe enlre cette suture et la l^e laté- rale; les côtés bleu pâle, avec une marque obscure à la i" et à la 2« suture près des ades; celle de la seconde prolongée en ligne fine sur la suture. Le dessous paie. Abdomen bleu sur les côtés et en dessous, du moins jusqu'au 5^' s; g- menl; au 1" en dessus une grande lâche dorsale carrée noire touchant ( ino ) Particulation terminale (qui est bleue) et prolongée contre elle en ligne line vers le dessous; au '2" une bande dorsale noire, un peu rélrécie au bout; au 3* la bande dorsale commence dès la base (le reste manque). Pieds pâles un peu vj-lus, extérieur des fémurs et intérieur des tibias noirs, les tibias postérieurs aussi noirs en dedans à la base, avec une tache pâle près du genou. Cils noirs. Ç Le ptérosligma brun clair aux quatre ailes. Lèvre inférieure pàlf; la supérieure el la face jusqu'un peu plus haut que la base des antennes jaune orangé; une bande basale étroite à la lèvre et répistome noirs; anttnnes noires, les deux premiers articles jaunes. Dessus de la tête bronzé cuivreux brillant, avec des taches rondes post- oculaires jaunes, réunies avec le jaune du derrière de la tête. Proihorax bronzé cuivreux; la base, le bord postérieur (excepté au milieu), les côtés, une tache discoidale en demi-lune de chaque côté entourant un tubercule élevé trigone, jaunes. Lobe postérieur largo, court, s'avançant au milieu en grande dent triangulaire noire penchée en arrière et convexe en dessus. Thorax bronzé cuivreux en avant, avec une large bande antéhumérale droite d'un rose jaunâtre; le bronzé cuivreux ne dépassant la suture humérale que vers le bas, où cette couleur est brisée à angle droit el dessine une tache semi-circulaire; les côtés jaune pâle avec une marque noire line aux l^e et 2^ sutures près des ailes; le dessous pâle. Abdomen grêle, bronzé cuivreux en dessus, jaune vif aux côtés et en dessous; l^"" segment à tache dorsale comme chez le mâle; une petite lunule basale jaune aux ô-t)" segments; les 8^ et 9" bleu de ciel en dessus; au G*^ le bleu est rétréci à la base par une tache noire de chaque côté; dessus du lO^ avec une ligne dorsale longitudinale jaune; son bord apical comprimé en toit. Appendices anals courts, élargis, obtus, bruns. Valvules jaunes, fine- ment denticulées. Pas d'épine vulvaire Pieds d'un jaune pâle avec une ligne incomplète aux fémurs et en dehors des tibias noirs (chez la femelle plus adulte les pieds comme chez les mâles). Patrie : Mexique : mâles et femelles des terres froides, et une femelle de Moretia, tous provenant de M. de Saussuie. Le D"- Hagen n'a pas vu la femelle type de Burmeister, mais l'identité lui semble probable, d'après la forme du prothorax. NB. Je n'ai pas vu cette espèce, qui est certainement valable, d'après la des- cription du Dr Hagen que je viens de reproduire. Quant à sa position réelle, elle est un peu douteuse ; cependant c'est parmi les 2"^ SÉRIE, TOME XLI. 80 ( 1246 ) Nehalennla qu'elle me parait devoir prendre place, à en juger par la taille, le bronzé cuivreux vif du dessus du corps, et le jaune vif des côtés de l'abdomen de la femelle ; si c'est une Nehalennia, elie se rapprocherait de la posila par le derrière de la tête pâle; mais le mâle incomplètement connu ser-dit caractérisé par l'absence de taches postoculaires claires, et le ptérosligma plus foncé aux ailes supérieures qu'aux inférieures. La femelle est fort distincte de celle de la posita par ses grandes taches postoculaires réunies au jaune du derrière de la tète; par le prolhorax prolongé au milieu en dent courbée et par le dessus des S*' et 9^ segments bleu. Sous-genre iO. — AGRIOjX, de Selys. LiBELLULA, L. Agrion, Fab. Lat. Ramb., Burm. de Selys, Hagen. Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule basale postcostale. Ptérosligma en losange ou rhomboïde, semblable aux quatre ailes; 7 à 18 nervules postcubitaies (le plus souvent 9 à 12). Des taches postoculaircs claires (le plus souvent cunéi- formes — quelquefois linéaires — ou puncliformes). Lèvre inférieure fendue dans son quart ou son tiers envi- ron , à branches le plus souvent peu distantes. Tète, thorax et abdomen médiocres et gréies. Cils des pieds médiocres, variables selon les espèces (3-7 aux tibias postérieurs en dehors); onglets à dent inférieure petite. o* Coloration généralement bleue (quelquefois jaunâtre ou orangée) à dessin noir bronzé. 9 Coloration généralement dissemblable, verte ou jau- nâtre (quelquefois bleue ou orangée) à dessin différent. Pas d'épine vulvaire. Patrie : Hémisphère boréal froid et tempéré des Deux- Mondes (quelques espèces aberrantes en Chine, en Polynésie, dans l'Afrique australe et dans l'Amérique méridionale). 1" groupe : (A. NEPOS). Ptérostigma très-court, presque aussi haut que large, ne surmontant que la moitié dune cellule. Taille très-petite, coloration bleue, 9* segment du mâle bleu, 10'' noir en des- ( 1247 ) SUS. Tache du 2^ en bande dorsale. Les taches postoculaires petites, isolées, A. nepos, — minutissimiim. (Guyane.) 2« groupe : (A. PUELLA.) Ptërostigma surmontant une cellule ou un peu moins. Taches postoculaires cunéiformes ou arrondies. o* Coloration bleue. La tache dorsale noire du S'' segment ne touchant pas la base, presque toujours accompagnée de bran- ches latérales conniventes ou isolées; 8^ et 9^ segments bleus; le 10^ noir en dessus. (Hémisphère boréal tempéré.) A. Une ligne noire de chaque côté de la suture ventrale. A. exclamationis, — conciimiim (et race? inlerrogatum). B. Pas de ligne noire aux côtés delà suture ventrale. A. Une tache basale carrée au i"" segment. a. Taches noires terminales des d-C' segments du mâle plus ou moins prolongées en lignes latérales vers la base. A. pulchellum, — puella. b. Taches noires terminales des 5-6^ segments du mâle non prolongées en lignes latérales vers la base. A. hastulatum^ — lanceolatum, — resolutwn (et race servum), — ornatum, — lunulaium^ — glaciale , — armatum. B. Tache noire du 1" segment touchant les deux bouts (taches noires terminales des 3-6'= segments du mâle sans lignes latérales vers la base). A. cœrulescenSf — scilulum, — mercuriale^ — ecornutum. 3« groupe : (A. LLNDENII). Ptërostigma surmontant à peu près une cellule. Taches post- oculaires linéaires. ( iU8 ) d* Coloration bleue. La tache dorsale du 1" et du 2* seg- ment touchant les deux bouts. 8^ segment noir, 9*^ bleu, 10" noir en dessus. Taches terminales du 5-6* segments non prolongées vers la base en lignes latérales. A. Derrière de la télé clair. A. Lindcnii. (Europe et région méditerranéenne). B. Derrière de la léte noir. A. Sieboldii. (Japon.) A' groupe : (A. XANTHOMELAS). Ptérostigma surmontant à peu près une cellule. Coloration orangée ou jaunâtre dans les deux sexes. A. Taches postoculaires cunéiformes, derrière de la tête pâle. A. iineolatum. {Chine.) B. Taches postoculaires en lignes. a. 2* segment avec une tache terminale (o*) ou une bande ($) noires. A. xanlhomelas. (Iles Sandwich.) 6. 2" segment sans taches dans les deux sexes. A. Waltheri. (Brésil.) C. Incertœ sedis (léte inconnue). A? melanoproctum. (Polynésie.) 5" groupe : (A. INSULARE). Ptérostigma ovale, surmontant une cellule ou un peu plus. Taille grande. Taches postoculaires petites. Derrière de la léte noir, du moins en grande partie. Une bande complète à la 2^ suture latérale du thorax. A. insulare, — rt(fipes, — puncium. (Iles 3Iascareignes.) NB. Comme je l'ai dit en décrivant les Enallagma, les Agrion ont avec eux la plus grande ressemblance, au point que la place de plusieurs espèces restera dou- teuse tant que leurs femelles seront inconnues, puisque le caractère diagnostique ( 1219 ) pour séparer les deux coupes réside dans IVpine vulvaire des Enallagma, qui manque aux Agrion. D'un autre côté , les espèces du groupe Xaulhomelas, dont une seule est bien connue, devront peut-être constituer une coupe séparée. Elles ressemblent assez par la coloration au sous-genre australien Xanlhagrion dont on les distingue bien cependant par leurs ailes moins longuement péliolées. La place du groupe de Vinsulare restera ambiguë tant que les mâles ne seront pas bien connus. F'ar sa coloration il se rapporche des Pseudagrion , à la patrie desquels il appartient d'ailleurs. 126. Agrio*? kepos, Bâtes, mss. o* Abdomen 17. Aile inférieure 11. cf Ailes hyalines, à réticulalion noirâtre. Ptérostigma très-petit, roux jaunâtre, un peu plus foncé au centre, enlouré d'une nervure noire, peu oblique, presque carré, ne surmontant que deux tiers d'une cellule aux quatre ailes (quoique celui des secondes soit plus gros que celui des pre- mières) ; quadrilatère à côlé supérieur ayant aux premières ailes le tiers, aux secondes plus de la moitié du côlé inférieur ; 8-9 postcubitales. Noir acier, varié de bleu et de jaune pâle. Tête petite, livide en dessous , face pâle un peu roussâtre jusqu'au 1" article des anteimes, avec une b'gne et un point médian à la base de la lèvre supérieure et le dessus de Tépistome (sauf une petite bordure) noirs; dessus de la tête noir avec une ligne occipitale isolée, et une tache post- oculaire oblongue bleuâtres ; derrière de la tète bleuâtre pâle. Prothorax petit, renflé, noir; sa base et les côtés bleu pâle. Lobe posté- rieur arrondi, finement bordé de bleu. Thorax acier en avant, avec une très-fine ligne antéhumérale pâle; les côtés et le dessous pâles (peut-être bleuâtres?) avec une petite marque supérieure obscure sous chaque aile. Abdomen égal; les 1-8^ segments noir acier en dessus, cette couleur un peu élargie avant la fin du 2« et au bout des 5-6«. Le dessous bleu clair aux 1-2^; jaune pâle aux 3-8^; le 9^ bleu, un peu noir à sa base en dessus ; le IQe noir en dessus, bleu sur les côtés, le noir rétréci au milieu; bord postérieur à peine relevé, avancé en deux petits tubercules au centre. Appendices supérieurs noirâtres un peu plus courts que le dernier seg- ment, s'écartant, droits, comprimés; vus de profil , ils sont plus épais au bout qui est tronqué et un peu échancré; vus de face, on aperçoit à l'extrême base un petit tubercule externe et une branche interne pâles, courbée en dedans et en bas. Appendices inférieurs pâles, très-courts, rapprochés, avec une branche externe dirigée en haut. ( 12a0 ) Pieds pâles, grêles, assez longs; fémurs à peine plus foncés en dehors; cils courts (5 aux tibias postérieurs), bout des onglets noir. Ç Inconnue. Patrie : Amazone, un exemplaire unique par M. Baies. Coll. Selys. ND. C'est l'une des plus petites espèces connues. Elle est remarquable par le plérostigma court, roux, carré, les pieds pâles et les appendices supérieurs rap- pelant un peu ceux de Y Erythromma najas, du moins de protil. Si la femelle possédait une épine vulvaire , on pourrait considérer le i\epos comme un Ischnura aberrant. Elle a , en effet, des rapports avec ce groupe, non- seulement par sa petite taille et sa coloration, mais encore par la différence du ptérosligma aux quatre ailes, les appendices supérieurs branchus à la base, et le bout du 10*= segment un peu relevé et bituberculé. 127. Agriox? Mi!SUTissiMi].\î , Bates , mss. Agrio>' MiNCTissiMUM , Bates, mss, n' 139. 2 Abdomen 17 ^i.^; aile inférieure 11. a* Inconnu. Ç Ailes hyalines, à réticulaiiou brune. Plérostigma très-petit, roux jaunâtre pâle, entouré d'une nervure noire; réniforme oblique, ne cou- vrant que la moitié d'une cellule. 7 postcubitales; quadrilatère à côté supéiieur ayant aux premières ailes le tiers, aux secondes les trois quarts du coté inférieur. Noirâtre, mélangé de bleu clair et de jaunâtre. Tête médiocre, livide en dessous; lèvre supérieure bleu pâle, avec uu point médian enfoncé; le reste de la face jaunâtre ou olivâtre sale; dessus de la tète brun olivâtre avec un point postoculaire jaune mal arrêté; der- rière de la tête bleuâtre pâle. Prothorax brun olivâtre, la base et les côtés largement bleu pâle. Lobe postérieur un peu avancé en un feston arrondi , finement bordé de bleu. Thorax brun ou olivâtre en avant avec une raie anléhumérale bleuâtre mal arrêtée; les côtés bleuâtre pâle, passant au livide en dessous. Abdomen égal, assez é[)ais. jaunâtre en dessous, bleu clair en dessus, avec une série de taches dorsales ondulées brunes ainsi qu'il suit : au i<='' segment une tache pyramidale appuyée sur le bord postérieur qui est cerclé d'obscur ainsi que les suivants; aux 2-6", une tache en forme de phallus ne touchant ni la base ni le bout, sa partie allongée étant dirigée vers la base; au 7% la partie analogue basale est i.solée, carrée, la posté- rieure forme le cinquième terminal du segment: au S*", tout le dessus du ( 12al ) segment est brun , excepté peut-être l'exlrème hase (les deux derniers seprmenls manquenl). Pas d'épine vulvairc visible. Pieds pâles à cils assez courts (o aux tibias postérieurs), vestiges macu- laires obscurs aux fémurs. Patrie ■: Amazone, un exemi)laire unique par M, Baies. NB. Au premier abord, d'après la stature et le lieu de provenance, on est tenté de se demander si ce n'est pas la femelle du iiepos, mais on n'ose répondre aftir- mativement à cause de la cellule que surmonte le ptérostigma , qui est au moins le double aussi longue que lui, et du bleu qui domine sur l'abdomen où il est marqué de taches brunes bilobées mentionnées plus haut. 128. Agriox? ExcLAMATioixis, dc Sclys. o'* Abdomen 23; aile inférieure 20, Ailes étroites byalines; plérostigma noirâtre épais, presque carré, fine- ment cerclé de livide, couvrant une cellule. Quadrilatère à côté supérieur plus court aux premières ailes que la moitié du côté inférieur, atteignant celle moitié aux secondes ailes ; 3 cellules anténodales (4 à Tune des supé- rieures), 1-4 poslcubilales. Tête (manque). Prolhorax noir, sa base et une marque au bord latéral bleu de ciel; le lobe postérieur arrondi, vu en dessus; fortement redressé, vu de profil. Devant du thorax noir jusqu'un peu au delà delà suture humérale, avec une large raie juxtahumérale commençant en bas et n'allant qu'à la moitié de la hauteur, et reparaissant en haut contre les sinus en un point rond, ce qui forme le signe (!) d'exclamation. Les côtés bleus, traversés par une raie noire épaisse complète à la 2^ suture, et bordés aussi d'une bande terminale. Ces bandes étant confluentes sous les ailes et contre les pieds avec le noir humerai , on peut dire, si l'on veut, que les côîés du thorax sont noirs avec deux très-larges espaces bleus séparés par la raie médiane Poitrine pâle. Il y a aussi le commencement d'une raie noire supérieur à la première suture. Abdomen bronzé foncé, marqué ainsi qu'il suit : l^r segment bleu avec une tache basale carrée occu|)anl sa moitié et une bande latérale noires; 2e bleu en dessus avec une tache noire en U anguleux dont la base Irans- verse épaisse occupe le tiers terminal et les branches latérales étroites touchent la base; les 4-7^ bronzés avec un anneau basai jaune étroit for- tement interrompu au dos; le tiers terminal du "« porte une tache bleue presque bilobée; dessus du 8^ bleu, les côtés avec une bande noire; 9« noir, sa moitié basale bleue un peu divisée en deux festons; 10« noir peu ( 12o2 ) échancré, à bord un peu redressé. Cotés et dessous de l'abdomen noirs, finement bordés de jaunâtre près de la suture ventrale sur les 2-8« seg- ments; aux 9-10« le ventre est pâle. Appendices anals supérieurs ayant la moitié du 10' segment, écartés, parallèles, noirs, bruns au bout, paraissant en tubercules épais. Appen- dices inférieurs aussi longs que le 10' segment, pâles, plus foncés au bout, en tenailles semi-circulaires grêles. Pieds (manquent). $ Inconnue. Patrie : Californie. Prise par lord Walsingham. Un mâle unique. Coll. Mac Lachian. NB. L'absence de la tête et des pieds chez le mâle unique, dont la femelle esl inconnue, laisse beaucoup de doutes sur la place à assigner â Vexclumationis parmi les Agrion. Si les pieds ont des cils longs, ce pourrait être une Argia; Si la tête n'a pas de taches posloculaires, c'est près des Erythromnia qu'on le classerait; Si la femelle, jusqu'ici inconnue, possède une épine vulvalre, il faudrait le rapprocher des Enallagma du groupe duccecwj», avec lequel il a quelque analogie dans le dessin de l'abdomen. Je le décris provisoirement près des Agr. pulchellum et inlerrogatum, auxquels il ressemble par le dessin du thorax, rappelant l'interrogalum et le coucitiniim par les côtés de l'abdomen. 129. Agrion co:«ci^inl'm , Johaiison. Agkion concinnum, Johanson odon. suce, n» 7; Hisinger, Finland Lib., n" 3; de Selys, raalér. Faune névropt. As. sept., Ann, Soc. Ent. belge , t. XV, 1872 , pi. 1 , fig. 8. Abdomen o* 21-23; $ 22-24. Aile inférieure o* lo-17; $ 16-19. Plérostigma médiocre, brun foncé, plus pâle à l'entour, en losange en dedans, un peu arrondi et prolongé en dehors, couvrant une cellule ou un peu moins; 10-11 postcubiiales. o" Noir bron/.é varié de bleu. Face jaune verdàlre jusqu'au l*""" article des antennes, avec une ligne basale à la lèvre supérieure et le dessus de l'épistome noirs. Dessus et derrière de la tète noirs, excepté une fine bordure contre les yeux. Taches posloculaires pyril'ormes bleues ainsi qu'une ligne occipitale entre elles. Prolhorax noir, sa base et ses bords bleus; le lobe postérieur formé de deux côtés droits réunis au milieu à angle obtus, oîi il esl un peu émar- ( im ) giné et où la bordure bleue est inlerrompue. Devant du thorax noir avec une raie antéhumérale bleue amincie en haut. Les côtés bleus avec une ligne noire courte à la l>-<^ suture, et une à la 2% cette dernière fine- menî, prolongée jusqu'en bas. Le dessous noir. Abdomen grêle, médiocrement long , bleu varié de noir ainsi qu'il suit : au !•"• segment une tache basale carrée et sur les côtés un trait oblique louchant les deux bouts; au 2% une tache fourchue antérieurement, dont les branches latérales touchent presque la base et sont épaissies et sont un peu prolongées vers le bas en arrière; sa partie transverse postérieure reliée au bout par une queue dorsale. La seconde moitié des ù-o' et les trois quarts du 6^ noirs en dessus, cette couleur se réunissant avant le bout à une bande latérale noire qui n'est séparée du ventre (qui à tous les segments est également noir) que par une ligne jaune fine; 7*^ noir, excepté un cercle basai bleu interrompu à l'arête, et une fine ligne jaune bordant le ventre; S" et 9* bleus avec une ligne latérale noire; 10* noir, un peu bleu aux côtés et au bord apical, qui est à peine émarginé. Appendices anals noirs, courts; les supérieurs bifides trigones, le bout un peu courbé en dedans, la bi anche inférieure assez mince et portant la partie membraneuse quadrangulaire roussàtre. Appendices inférieurs un peu plus longs, bifides; la branche inférieure obtuse, la supérieure externe en hameçon trigone, courbée en dedans. Pieds blanc verdàire; dessus des fémurs avec une large bande, tibias avec une ligne parfois maculaire noires. (o-G cils courts noirs aux tibias postérieurs en dehors.) Variété «, el aussi par la moitié postérieure du 9^ noire. (Voir l'article du reso- lulum.) 136. AgP.ION LINLTATIJM, Cliai'p. Aghion LCNOLATim , Charp , 1840, lab. 41; Hag. Syn., n° 14; de Selys , Rev., 11° 17, pi. 10, fig. 1. Johanson, Odon.succ, n» 1 1. Abdomen o' -25-25; $ 24-26. Aile inférieure o* 17-20; Ç 19-22. Ressemble beaucoup à VA. hastulalum, dont il diffère surtout par le prothorax trilobé dans les deux sexes, et le noir qui domine sur les 3-6« segments du mâle, au point de le faire facilement reconnaître au vol. o* Plérosligma plus court, plus noir au centre, plus arrondi en dehors, côté supérieur du quadrilatère ordinairement pins court. Tête plus grosse. Taches postoculaires bleues, presque arrondies, sans ligne occipitale entre elles. Devant de la tète, dessous du thorax et de ( 1267 ) rabdomon verl jaunâtre. Abdomen plus épais. Le 2*^ segment comme chez Vhaslulatum^ mais la raie transverse postérieure isolée , toujours sans queue. Prolhorax très-différent, presque aussi prolondément divisé en trois festons que chez lepulrhellum; celui du milieu plus lonc?, relevé, très-sail- lant, à peine émarginé. Ce prothorax est noir, le bord latéral seul verdàlre, la base bleue comme chez les autres espèces voisines. Abdomen bleu en dessus, marqué de noir ainsi qu'il suit : une tache basale carrée au l^"" segment; au 2" le bord postérieur, une tache trans- verse au second tiers en forme de croissant et deux lignes latérales iso- lées dirigées vers le croissant; plus de la moitié postérieure au 5*; les deux tiers au 4<'; les trois quarts au moins au 5«; les 6'' et ?«, excepté un cercle basai étroit; 8« et 9« bleus de tous côtés, leur articulation noire; 10" noir en dessus, son bord à échancrure profonde, beaucoup plus large que chez Vhaslulatum. Appendices anals supérieurs un peu plus grands que les inférieurs, éga- lant la moitié du dernier segment, noirs, bifurques; la partie supérieure courte, arrondie; l'inférieure prolongée en dessous en dent triangulaire; entre elles est insérée une masse membraneuse conique, interne, brune, velue. Appendices inférieurs un peu plus courts, jaunâtres en partie, un peu penchés l'un vers l'autre en pointe obtuse, leur partie externe et supérieure noire, redressée en haut en corne fine et aiguë vers les supé- rieurs, dont elle atteint la moitié. Pieds noirs; fémurs en dedans, tibias en dehors vert jaunâtre. $ Les taches posloculaires cunéiformes verdâtres avec une ligne occi- pitale isolée. Elle se distingue de celle de Vhaslulatum : 1° Par le ptérostigma plus noir au centre, plus épais; 2» La tête plus grosse; 3» Le prothorax trilobé; le lobe médian est avancé, plus étroit que chez le mâle, très-relevé, largement bordé de jaunâtre, les latéraux étroitement. 4" Tache carrée du l^r segment comme chez le mâle; la bande dorsale bronzée du 2'' rétrécie en avant; celle du 8« n'occupant qu'un peu plus de la moitié postérieure, étroite antérieurement; une échancrure large, pro- fonde, aiguë au 10^ (Chez V/iastulatum la tache du l*' segment touche le bord postérieur, la bande du 2« et celle du 8« sont larges dès la base, enfin l'échancrure du 10« est étroite, moins profonde). MM. de Charpentier et Hagen décrivent les parties claires comme étant bleues, un peu plus claires que chez le mâle; il existe sans doute de tels individus, mais chez ceux que j'ai pris elles étaient vert jaunâtre. ( 1268 ) Aux tibias le noir est réduit à une ligne étroite. Patrie : Espèce locale. Suède et en Laponie, nord de rAlJemagne; Silésie, Bavière etAutriche dans les montagnes; Belgique, du l^^^u ISjuin, commune à Arlon (altitude 500 mèlres), très-rare dans les parties moyennes du pays (à 100 mètres). Asie boréale, à Irkulzk et en Transbaikalie. Coll. Selys, etc. iV^. Celte espèce parait étrangère au sud et à l'ouest de l'Europe. Le mâle ne peut être confondu avec les autres espèces, si l'on tient compte de la forme du prolliorax combinée avec la coloration de l'abdomen. Quant aux femelles , un peu plus d'attention est nécessaire par rapport à celles dont le prothorax est trilobé : celle du pulchelium a les lobes plus aigus, mais sem- blables de longueur; chez Vornalum, le lobe médian e!>t au contraire plus court et distinctement échancré; en6n chez le scilulum, ce lobe est étroit, pointu et non relevé. 137. Agrion glaciu.e, Hagen. Agrion glaciale, Hag. mss. de Selys, Malér. Faune névropt. Asie sept., Ann. Soc. Enl. belge, t. XV, 187-2, pi. 1 fig. 9. — N. sp Hag. Act. Entora. Zeit., T. 19, n» 9. Abdomen o* 19-21; 9 20-22. Aile intérieure o^ li-lo; $ 13-17. Réticulation brune, costale jaune. Ptérostigma jaune brun au centre, allongé, un peu arrondi en dehors, un peu plus court que la cellule qu'il surmonte; 10 postcubiiales; 3 cellules anténodalcs. o" Noir bronzé varié de bleu. Lèvre inférieure pâle, face jaune verdàtre, avec un point basai à la lèvre supérieure et l'épislome noirs. Le dessus de la tète noir, avec des taches po.^tocul aires pyriformes bleues, séparées d'une ligne occipitale de même couleur. Derrière de la tête pâle, mais notablement noir près du prolhorax. Celui-ci noir, la base, les bords laté- raux, un trait de cbaque coté et le bord postérieur, excepté au milieu, bleus; lobe postérieur presque droit, mais le milieu tout noir, formant un feston arrondi et plus avancé. Thorax noir bronzé en avant, avec une bande antéhumérale bleue, un peu plus large vers le prothorax; les côtés bleus ayant à la première suture une ligne supérieure courte, suivie d'un point, et à la seconde une ligne fine complète, noirs; le dessous jaunâtre. Abdomen assez court, bleu de ciel en dessus, marqué de noir bronzé, ainsi qu'il suit : une grande tache basa'e carrée au l" segment et l'arti- culation finale; au 2'- une tacbe fourchue, i.solée, mince, en U anguleux dont les branches ne touchent pas tout à iait la base, et un cercle à rarticulation finale; 3« bleu, ses trois quarts postérieurs noirs, celle cou- ( 1269 ) leur un peu dilatée avant le bout, 4-7 <• noirs en dessus, excepté à l'exlrènie base, où la couleur bleue forme un anneau étioil ou même interrompu; 8e bleu; 9» bleu , mais les deux tiers postérieurs noirs; 10 bleu sur les côtés seulement, le bord postérieur formant une échancrure triangulaire bordée de bleu. Le dessous de l'abdomen vert jaunâtre. Appendices supérieurs très-courts, bilides; la partie supérieure noire, courte, en tubercule coupé obliquement en dedans au bout, puis un peu courbé inférieurement;la partie inférieure brunâtre, allongée vers la base des appendices inférieurs, un peu recourbée el excavée. Appendices inférieurs noirs, jaunes à la base, presque aussi longs que le 10«- segment, à crochets amincis peu courbés, un peu inclinés en haut et en dedans au bout. Pieds blanchâtres ; dessus des fémurs et une ligne étroite aux tibias noirs. Cils noirs médiocres (6 aux tibias postérieurs en dehors). Variété o*. — Les branches latérales de la lâche fourchue du 2^ segment ne touchant pas tout à fait la branche postérieure Iransverse; imitant ainsi r-4. lunulatiim (chez le type la fourche rappelle celle de VA. puella). 2 Le fond de la coloration, probablement d'un bleu moins pur ou en partie jaunâtre — 2" et 5« segment, avec une bande noirâtre épaisse, ne touchant pas tout à fait la base, dilatée avant le bout; les 4-7^ à peu près comme chez le mâle ; 8« noir en dessus, cette couleur rétrécie à la base; 9-10'^ noirs en dessus ; ce dernier fendu. Appendices jaunâtres coniques, assez épais. La ligne noire des tibias rudimentaire ; partie médiane du bord du prolhorax moins avancée. Ç Jeune. Plérostigma jaune. Le bleu du corps remplacé par du jaune verdâtre. Patrie : Le Nord d'Irkutzk, au fleuve Wilni, en Sibérie, dans la direc- tion de JakaJyk, par le D»" Maak. Coll. Sélys, Hagen. NB. Aussi petite que le cœrulescens. C'est l'espèce la plus voisine de Varmatum par la prédominence du noir sur Tabdomen et le 9" segment du mâle à moitié noir; mais chez le mâle de Varmatum les raies anléliumérales sont interrompues en !, la tache noire du 2c segment touche le bout par une queue épaisse, les appen- dices inférieurs sont énormément plus longs , en spatule et le milieu du bord du prolhorax très-avancé. L'absence de queue à la tache du -2'' segment el les appendices inférieurs plus longs réloignent de suite du resoluluvi. C'est au /unit/rt/um qu'il ressemble le plus, en petit; en différant surtout par le derrière de la tête moins noir, le prolhorax moins festonné, le 9« segment à moitié noir et les appendices inférieurs plus longs. Quant à la femelle, elle se distingue bien de celle de Varmatum etdu lunulatum par le prothorax non trilobé, et du resohilum parle milieu de ce bord plus avancé. ( 1270 ) 138. Agrion armatum, Charp. Agbion armàtdm, Charp., 1840, lab. 5i;de Selys. Rev.,no 18, pi. 8, fig- 3; Johanson, Odon. suec, n" 5. — puLCHRCM, Hag., Syn. Libell. a'' (c'est la femelle d'annalum). Abdomen o* 29-32; $ 32. Aile inférieure o* 16 Va 19; 9 -'• Réticulalion brun foncé. Plérosligma surmonlanl moins d'une cellule, en losange, mais très-oblique en dehors, où l'angle externe est très- prolongé, brun jaunâtre, plus pâle à Tentour; 10 poslcubitalesj 3 cellules anténodales. o* Tète robuste. Lèvre inférieure pâle; face verdàtrc avec un point basai à la lèvre supérieure et Tépislome noirs. Le dessus noir avec des taches postoculaires réniformes vertes, uu peu dentelées en arrière. Derrière de la tête noir, mais vert près des yeux. Prolborax noir, la base et une tache de chaque côté vertes; le bord postérieur élevé, prolongé au milieu en lobe ovale redressé, un peu penché vers le thorax. Thorax noir foncé en avant, ayant deux points antéhuméraux de chaque côté, l'un près du prothorax (pouvant manquer), l'autre près des sinus antéalaires; ou bien le point inférieur prolongé en trait et formant avec le supérieur un ! Les côtés du thorax verts, avec une ligne supérieure courte, suivie d'un point à la première suture et une ligne fine complète à la seconde , noirs. Le dessous vert jaunâtre, avec une marque noire, parfois presque nulle au bord de la poitrine. Abdomen médiocre, épaissi aux extrémités, le bleu verdâtre passant au jaunâtre en dessous, avec la suture ventrale noire, marqué de noir bronzé ainsi qu'il suit : au 1" segment une tache basale carrée ; au 2« une tache arrondie occupant la moitié postérieure et appuyée sur le bord et, de chaque côté, un trait isolé comme chez Vhastulaium; au 3" les trois quarts postérieurs; les 4-7^ en entier bronzés en dessus avec un cercle basai clair interrompu; 8<^ bleu verdâtre avec un petit point submédian de chaque côté de l'arête; 9*" bleuâtre, mais sa moitié postérieure noire, cette couleur largement échancrée antérieurement; 10^ tout noir en dessus où il est raccourci, son bord étant concave en demi-cercle. Appendices supérieurs très-pelits, noirs à la base, se touchant presque, jaunâtres ensuite, où une partie membraneuse comprimée et tronquée est dirigée de haut en bas. Les inférieurs, plus longs que le 10^ segment, noirâtres. Vus en dessus, ils sont lancéolés, un peu rétrécis à la base, élargis ensuite, un peu arrondis au bout , légèrement courbés en dedans; l'intérieur jaunâtre, excavé. Vus de profil, les appendices supérieurs for- ment un gros tubercule dont la seconde moitié est subitement jaune et ( i27i ) velue au bout ; les iiiféricuis noirs, lrès-é|)nis, portent en dessus une grosse dont basale supérieure, ai^iië, et sont ensuite légèrement inclinés en forme de massue comprimée, et le bout est tronqué obliquement, l'ex- trémilé inférieure restant la plus Ionique. Pieds verts avec une large Inuiile aux fémurs et l'intérieur des tibias noirs; cils noirs médiocres (6-7 aux tibias postérieurs). Variétés o*. La tige formant la base de la tache postérieure noire du 2« segment peut être étroite; les branches latérales peuvent être réunies à la tache ronde et former alors un V anguleux épais (coiTime chez le pulchcllum) au centre duquel Tarèle peut aussi être noire. $ Les taches |)ostoculaires plus grandes, réunies par une fine bgne occipitale, la bande verte derrière et contre les yeux plus large. Protho- rax noir, la base, deux taches latérales et le lobe postérieur verts; son feston médian plus étroit, mais aussi long et plus épais que chez le màle. Thorax comme chez le màle, mais avec une bande antéhumérale verte com- plète, au lieu de deux points. Pas de marque ventrale noire. Abdomen épaissi , presque comme chez le mâle, mais la tache noire postérieure du 2^ segment pointue en avant et sans branches latérales; au ôe segment la bande noire dorsale est trés-rétrécie vers la base. Le8« est verl ou bleuâtre avec sa moitié postérieure environ noire en dessus,, cette couleur échancrée à l'arête , ressemblant ainsi au 9^ du mâle. Les 9« et 10^ noirs en dessus, ce dernier fendu et échancré au bout. Appendices anals courts, coniques, noirs ; dessous de l'abdomen jau- nâtre, ainsi que les valvules; suture ventrale noire Patrie : Suède; commune à Lund (Sundevall), Upsal , Montala, Gusum, en juillet (Johanson) ; Nord de l'Allemagne : Hanovre, près de Slolzenau, très-rare; Lunebourg; environs de Dantzig; Koenigsberg (lîagen). NB. Celte espèce septentrionale est , comme on le voit, très-peu répandue. Le mâle se distingue de toutes les autres par ses énormes appendices inférieurs qui rappellent un peu ceux de la Petalia punclala, et la femelle par les 2^ et 8« seg- ments verts ou blfus portant seulement une tache noire postérieure. (Voyez à l'ar- ticle du glaciale la comparaison avec cette espèce ) 139. AgRION ( OERILESCIÎVS, FoiiscoL Agrion coerulescess, Fonscol, Ann. Soc. Ent. France, t. VII, (jeune); de Selys , Mon., n» il , et Rev., n» 19, pi. 8, fig. 2. — AQuiSBXTANiiM , Ramb., n" 15. — puLCHELLUM, Fonsc, Anu. Soc. Ent. France, 1. VII (exclus, syn.), (adulte). Abdomen cT 18-25; $ 19-23. Aile inférieure o'* 14-18; $ 13-19. L'espèce est si semblable au scitulum, par la stature et la coloration, ( 1272 ) qu'il spmble préférable de se borner à signaler en quoi elle s'en dis- tingue : o* 1" Plérostigma brun jaunùlre, unicolore, le côté inférieur notable- ment plus court que la cellule qu'il surmonte, el se confondant avec le côté externe qui est excessivement oblique el finil au bout du côté supé- rieur en angle très-aigu, de sorte que le plérostigma forme un triangle allongé. ■2" Dord postérieur du prolhorax presque arrondi, légèremenl échancré au milieu, où il y a un irès-petit tubercule; une petite lâche discoïdale bleue de chaque cùlé. 5" La lâche en V ou U anguleux du 2^ segment en général plus épaisse, et sa lige touchant plus largement le bout du segment. 40 Échancrure du 10"= segment peu profonde, triangulaire, tapissée par une membrane bleue, avec un petit tubercule au milieu. 5" Appendices supérieurs analogues, mais leur dilatation roussâtre intérieure et inférieure moins arrondie et plus longue, atteignant les trois quarts de l'appendice; à sa base elle esl munie d'une pointe qui s'avance entre les inférieurs. Appendices inférieurs jaune foncé, plus courts, ne différant guère de ceux du scitulum. Cependant, vus en dessous, leur base interne forme un tubercule plus arrondi , et leur branche externe supérieure semble plus conique, moins divariquée, 2 1" Ailes comme le mâle. 2" Bord postérieur du prothorax prolongé au milieu en deux grands lobes ou oreillettes, divariqués, jaunâtres, profondément divisés avec un écar- lement à angle droit. Chaque lobe est subtriangulaire, mais le bord interne arrondi, courbé en dehors, le bord externe plus court, presque droit. Sur les côtés du prothorax deux grandes taches jaunâtres. 5« Le 9« segment est souvent bleuàtie ou verdâtre avec deux grandes taches oblongues aux côtés de l'arête, se touchanl à la base, et le 10^ ver- dâtre avec la base bronzée au milieu. Chez des exemplaires plus foncés, ces segments sont à peu près comme chez le scitulum. Appendices jaunes. En général, le fond du corps (je n'ai pas vu d'exemplaires vivants) semble avoir été vert clair ou jaunâtre et non bleu , et les anneaux basais clairs des 5-7<: segments sont un peu plus étroits que chez le scitulum. Jeune âge. Le bleu de la tête du thorax et de l'abdomen du mâle rem- placé par du roussâtre, ou bien le thorax seul restant rougeâlre. Tels sont les types du cœrulescens de M. de Fonscolombe. Patrie : France méridionale. Découvert aux environs d'Aix, en Provence, ( 1275 ) par Boyer de Fonscolombe; Monipellier, par feu M. Guinard; Espagne, aux environs de Madrid, par M. Graells; Sardaigne, par M. Gliiliani. NB. Varie beaucoup quant à la taille. Pour les enloniologisles qui n'ont pas à la fois sous les yeux le scilulum et le cœrulescens , le meilleur moyen de reconnailre le mâle de ce dernier est la forme du plérostigma. Quant à la femelle, elle ne peut être confondue à cause des deux lobes courbés et divariqués du bord posté- rieur du prolliorax. Le mâle ressemble beaucoup à certaines variétés du mercuriale , mais la cou- leur jaune et la forme triangulaire allongée du ptérostigma l'en séparent de suite. 140. Agriosi sciTLLtM, Itaml). Agrion scituldm, Ramb., n" i3; de Selys, Rev., n» 18, pi. 8 , fig. 1 (le mâle). — DisTiNCTCM , Ramb., n" 16 (la femelle). Abdomen cf 20-25;$ "20-2-i. Aile inférieure o' 14-17; $ 15-19. Ailes hyalines, réseau brun; plérostigma brun, un peu plus clair à l'en- tour, ou jaunâtre uniforme ne couvrant pas tout à fait une cellule, eu losange allongé, plus oblique en dehors. Trois cellules anténodales (acci- dentellement quatre); 7-10 poslcubitales. Coloration analogue à celle du pulchellum. a" Télé assez robuste. Lèvre inférieure blanchâtre; face bleu clair jus- qu'au premier article des antennes avec une ligne basale à *la lèvre supé- rieure et le dessus de l'épistome noirs. Le dessus de la tête noir bronzé avec des taches posloculaires ovales et une ligne occipitale bleues. Derrière de la tête bleu clair, noir contre le prothorax seulement Prolhorax noir; sa base et les côtés bleus. Lobe du bord postérieur un peu divisé en trois festons peu profonds, égaux, le médian un peu sinueux. Thorax noir bronzé en avant, avec une raie antéhumérale bleue, élargie antérieurement; les côtés bleus avec une ligne supérieure noire à la U^ suture et une complète très-fine à la 2«; celle-ci un peu épaissie avant le haut. Le dessous vert jaunâtre. Abdomen assez court, un peu épais, bleu vif en dessus, passant au .vert jaunâtre en dessous; marqué de bronzé en dessus ainsi qu'il suit : une bande complète au !«•■ segment, élargie aux deux bouts; au 2*= une tache fourchue en U anguleux, réunie au bord postérieur par une tige plus ou moins épaisse. L'articulation cerclée de noir ainsi que les suivantes; aux 3-0* la moitié apicale environ; cette couleur un peu dilatée de côté avant le bout; 6-7^ bronzés avec un cercle basai bleu étroit interrompu ou non • ( 1274 ) 8-9* bleus, le 9e presque toujours avec une bande terminale ondulée noire, 10^ noir; son bord avec une large échancrure à angles très-obtus comme doublée d'une membrane bleue. Appendices supérieurs plus courts que le dernier segment, noirs, la partie supérieure en corne externe mince, redressée, un peu recourbée, doublée en dessous intérieurement dans la moitié de leur longueur d'une forte dilatation en tubercule arrondi, ayant à la base une pointe qui s'avance entre les inférieurs. Appendices inférieurs bleus ou jaunes, un peu plus courts. Leur base élargie et rapprochée, la branche externe déprimée, couchée et dirigée en haut et en dehors, se terminant en une petite saillie en dehors des appen- dices supérieurs. Ils ont aussi en dedans une petite pointe qui s'appuie sur la saillie basale des appendices supérieurs. Pieds jaunes avec une large bande externe aux fémurs et une ligne fine interne aux tibias noires. Cils noirs assez forts (6-7 aux tibias postérieurs en dehors). o" Variétés : A. La (ache noire du 2^ segment manquant de branches latérales, réduite alors à un ï à tête ép;iisse semblable à celui de VEnal- lagma cyathigerum ou de VA. Janceolatum. Dans une sous-variété semblable, le 1" segment a une tache basale carrée noire reliée seulement au bord postérieur par une tige tine. B. La tache fourchue du 2« segment en U anguleux isolé, la lige ou queue postérieure manquant. Elle imite ainsi VA. puella. Le noir du 1*' segment n'est aussi relié au bord postérieur que par une tige mince. La tache fourchue peut aussi être très-épaisse ainsi que sa lige termi- nale, formant alors un V épais comme chez la plupart des .4. cœrulescens et pulchellum. Enfin la taille générale varie beaucoup. Ç Face vert jaunâtre comme chez \ lias lui atum. Taches posloculaires larges, bleues. Rord postérieur du prothorax peu profondément divisé en trois lobes, celui du milieu plus étroit, prolongé, saillant, et légèrement échancré. Les raies antéhumérales et les côtés du thorax d'un bleu moins vif, quelquefois verdâtie clair. Abdomen épais vert jaunâtre en dessous, le des.sus bronzé à anneaux bleu vif (rarement vert bleuâtre) ainsi qu'il suit : 1<"" segment comme chez le mâle ; 2* avec une bande dorsale bronzée large, élargie avant le bout; au 3® la bande très-rélrécie en pointe à la base, les côtés de ces trois segments bleus; aux 4-7* la bande n'occupe que les trois quarts environ du segment, laissant un anneau basai bleu plus ou moins interrompu par un prolongement linéaire de la bande sur l'arête dorsale. L'articulation ( 1275 ) terminale des 8 el 9<" bleue. Le dessus des 9 et 10c bronzé. Celle couleur rétrécie en poinle au bout du dernier qui est étroilement mais profondé- ment fendu. Appendices anals coniques, noirs. Pairie : Local en Belgique, du 10 juin au 10 juillet; France, aux envi- rons de Paris el dans le Midi; Toscane, aux environs de Pise, juillet; Corse, Sicile; Sardaigne; Algérie, aux environs de la Galle, un d'août. NJi. Voir à l'article du cœrulescens et du mercuriale la comparaison avec ces espèces. Le scitulum lype rappelle beaucoup le pulchellum. On l'en dislingue cependant de suite à sa taille plus courte, plus épaisse, à la forme du protliorax, au dessin du l" et du 2e segment, ainsi qu'aux taches dorsales bronzées des 5-6'^ segments non prolongées latéralement en poinle dirigée vers la base. Ces caractères dis- tinctifs concernent les deux sexes. J'ai fréquemment observé cette espèce à Longchamps sur Geer. Presque tou- jours elle vole accouplée , se posant pour pondre sur les Polygonura el les Myrio- phyllum, à une certaine dislance du bord , de sorte qu'il faut souvent beaucoup de patience pour arriver à la prendre. Les Erythromma ont à peu près les mêmes habitudes et la même défiance, ce qui n'est pas le cas pour les autres Agrions bleus qu'on prend sans difficulté sur les herbes du bord des étangs. Au vol on dislingue facilement de la puella le mâle du scitulum a sa stature courte et au bitu plus vif et moins étendu; du piilchelium a sa taille plus courte; la femelle d'ailleurs qui vole accouplée avec lui est unique dans son genre par la vivacité du bleu aux anneaux de l'abdomen. Même chez quelques femelles, où le bleu du thorax et de l'abdomen passe exceptionnellement au verdâtre, les taches posloculaires et la base du prothorax restent bleus. 141. Agrion mercuriale, Charp. Agrion mercuriale, Charp., 1840, tab. 42; Hag. n» 13; de Selys , Rev., n» ^0, pi. 8,fig. 5. — FONScoLOMBii , Ramb., n» 1 i. — puELLi , Fonscol. Ann. Soc. Ent. France, t. Vil (exclus, syn.). Abdomen o* 21-26; $ 21-27. Aile inférieure o* 15-19; $ 17-21. Ressemble à la puella et à Vhaslulalum. o* Ptérostigma noir cerclé de blanchâtre, presque moitié plus court que la cellule qu'il surmonte, à côté inférieur court, réuni en courbe avec l'externe qui est oblique. Tète robuste, renflée en arrière, bleu clair en avant; les taches post- oculaires arrondies; une ligne occipitale entre elles. Le derrière de la tête bleu, mais largement noir près du protliorax. ( 1276 ) Prolhorax bronzé avec un point latéral et une bordure de tous côtés bleue, légèrement interrompue au milieu du bord postérieur qui est presque arrondi, un peu avancé au milieu où il est étroitement émarginé. A cet endroit se trouve une saillie comme chez le cœrukscens, mais en- core plus petite. Raies antéhumerales bleues très-étroites. Abdomen encore plus court et plus épais que chez Vhaslulatiim, bleu de ciel en dessus, le dessous plus clair, souvent jaune verdàtre aux 3-6« segments; le dessus marqué de noir bronzé ainsi qu'il suit : une grande tache carrée ou arrondie occupant tout le dessus du l*^"" segment, excepté un cercle à l'articulation postérieure qui reste bleue; 2* avec une tache dorsale arrondie appuyée sur le bord postérieur de même couleur et prolongée en avant en trois branches à peu près comme le signe de la planète Mercure, la pointe médiane inlerne beaucoup plus courte que les latérales qui approchent du bord antérieur; 3-oe avec une tache arrondie appuyée sur le bord terminal, prolongée en avant en une pointe lancéolée qui atteint la moitié de ce segment; au 6« la moitié postérieure bronzée, trifide en avant ; 7*= noir bronzé avec un cercle basai interrompu à Tarète ; 8 et 9*" bleus, mais la seconde moitié de ce dernier noire formant une bande triûde en avant ou même presque tout le dessus noir et l'articulation postérieure bleue; 10« noir, excepté les bords de Téchancrure qui est en demi-cercle très-large, peu profonde. Appendices anals presque aussi longs que le 10* segment, égaux. Les supérieurs noirs en dehors, oii ils se terminent en corne cylindrique un peu courbée en dedans, munis en dedans d'un renflement membraneux arrondi bleu, n'atteignant pas l'extrémité et appuyé sur un prolongement interne basai noir dirigé en bas. Appendices inférieurs jaunât'-es; larges à la base qui, vue en dessous, forme un tubercule arrondi, puis prolongé extérieurement en une branche cylindrique noire parallèle à celle des appendices supérieurs. Pieds bleuâtres; extérieur des fémurs, intérieur des tibias et bout des articles des tarses noirs. Cils noirs médiocres (6-7 aux tibias postérieurs). o* Variétés. Le bronzé de l'abdomen varie en étendue. La tache du !««• segment est large, arrondie ou concave aux côlés. Aux 3-5^ segments le prolongement dorsal antérieur peut occuper le tiers ou la moitié des segments ou s'élargir de côté, de manière que la seconde moitié du seg- ment soit bronzée en dessus, ce qui arrive souvent en Provence; alors la tache est trifide en avant comme celle du 6«" segment chez le type. Le 7e peut être dépourvu du cercle basai bleu; au 8« il y a souvent un point noir antéterminal de chaque côté de l'arête. La tache dorsale du 10^ peut envahir le dessus ou être rélrécie, conique en arrière. ( 1277 ) Les varia lions de la tache caracléiistique du 2" segmeiU sont nom- breuses : A. La tache louchant le bord poslérieur dans presque toute sa largeur. B. Tache plus mince touchant le bout par une tige étroite, la branche médiane interne très-courte, (C'est le dessin du scitulum et du pulchel- lum.) C. La tache isolée manquant de lige postérieure (imitant la pwe//a, mais la partie postérieure transverse plus épaisse et pointue à Tarèle.) Dans cet exemplaire la tache du l*''" segment est bleue en dedans à sa base. D. Les branches latérales isolées de la branche postérieure, qui alors est en T à tête un peu pointue en avant. (C'est un dessin analogue au type de r/iastulatum). Ces variétés passent de l'une à l'autre; les mieux caractérisées sont fort rares. $ Ressemble beaucoup aux types de la puclla et surtout de Vhastu- latum. On la reconnaîtra facilement aux caractères suivants : I" Le ptérostigma court comme chez le mâle, mais brun enfumé , plus clair à l'enlour; 2° Les yeux renflés en arrière, les taches postoculaires grosses, subar- rondies, non réunies à la ligne occipitale; 5" Le prolhoraxcomme chez le mâle, mais à bord postérieur un peu échancré au milieu, parce que la saillie centrale manque et que cette partie est déprimée; 4° L'abdomen plus épais, l'échancrure du 10« segment peu profonde et plus large. Les appendices anals jaunâtres , bruns en dedans ; 5° Les pieds jaunâtres; le bronzé moins large surtout aux tibias, où la ligne est souvent incomplète. Variétés femelles. Ordinairement le fond de la coloration est jaune ver- dâtre; mais il y a aussi des exemplaires d'un beau vert et d'autres qui sont bleuâtres. Patrie : Espèce locale dans les parties tempérées et méridionales de l'Europe : en juin et juillet et souvent en aotit. Allemagne; Belgique; Angleterre, dans le Dorset; France, en Provence et dans les Pyrénées; Suisse; Espagne; Portugal. Race P A. Hermeticlm, de Selys. Abdomen o* 19-21 ; $ 21. Aile inférieure o* 14-16; $ 17. Dans les Matériaux pour une faune névroptérologique de VAsie sep- tentrionale, j'ai signalé des exemplaires d'Algérie paraissant former une S'"^ SÉRIE, TOME XLL 82 ( 1278 ) race inleimédiaire entre le mercuriale et Vecornutum, je proposais le nom d'A. herrneticum pour ces individus; le mâle se rapproche de Vecornutum parce que Tinlérieur de la tache noire du 2^ segment entre les branches est presque rempli et prolongé au centre sur Tarète par une raie noire qui louche la base; mais chez Vecornutum les branches laté- rales ont disparu, tandis qu'elles existent chez les exemplaires algériens. Chez ceux-ci les taches dorsales des 4-6« sont très larges, tronquées et non amincies en avant, occupant lesdeux tiers aux 4-5% et les trois quarts au 6« segment. Au O'^ tout le segment est noir en dessus, excepté un cercle ou une petite tache bleue basale de chaque côté de i'arèle, enfin les points posloculaires bleus sont ronds et très-petits. Le derrière de la tête à peine noir près du prothorax. Chez des femelles reçues en même temps, les lâches posloculaires sont au contraire énormes, à peine séparées du jau- nâtre du derrière de la tête par une ligne incomplète noire; il n'y a aussi que peu de noir près du prothorax; au If"" segment, la tache noire est réduite à une pelite tache basale divisée en deux par Tarête et ne tou- chant pas le bout du segment ; au 2« la bande dorsale est étroite avec une saillie latérale anléterminale mieux marquée. Patrie : Algérie, à Lambessa, donnée par feule professeur Sichel. Malgré ces caractères, je doute de celle forme comme race distincte, parce que feu mon ami Camille Van Voixem a pris en Portugal des exemplaires mâles qui forment le passage entre le mercuriale et Vhermeticum. Par la disposition générale des appendices anais du mâle comme par le reste des caractères, le mercuriale est fort voisin duscitulum et du cœru- lescens. Il faut, pour les bien distinguer, faire atlention à la forme du pté- rosligma, des points posloculaires et à celle du prolhorax dans les deux sexes. 142. Agriox ECOr.xuTUM, de Selys. Agrion ecornutum , de Selys, Malér. Faune névropt. Asie sept., Ann. Soc. Ent. belge, t. XV, 1872, pi. 1, (ig. II. Abdomen o' 22-24; $ 25. Aile inférieure o' 15-16; $ 17 '/j. o'' Extrêmement voisin du mercuriale. Voici les différences : 1» Le centre du ptérostigma est brun. (Noir chez le mercuriale.) 2° Les taches postoculaires sont pyriformes , touchant la ligne occipi- tale (arrondies et ne la touchant pas chez le mercuriale). 5" La tache dorsale noire du 2* segment est dépourvue des branches latérales ou cornes, qui ont fait comparer le dessin au signe de Mercure; ( J271) ) mais la branche dorsale au contraire est irès-épaissc et touche la base en pointe conique, de sorte qu'elle consiste en une bande inégale ailant d'un bout à l'autre du segment, très-fine à la base, très-épaisse avec deux dilatations au milieu, rétréciedaus le quart postérieur. Chez un autre exemplaire la tache est simplement bilobée, allongée. Les taches dor- sales bronzées du 3 et même du 6<= segment sont plus étroites, très-poin- tues en avant. 4" En regardant de profd les appendices anals, les deux branches des supérieurs paraissent plus lines; au contraire, les appendices inférieurs sont plus épais, à branche inférieure presque semblable à la supérieure, presque aussi longue. (Cette branche notablement plus courte chez le mercuriale). 5° Les tibias n'ont pas de noir distinct. $ Je n'ai pu examiner qu'une seule femelle, qui ne diffère de celle du mercuriale que parce que les deux derniers segments de l'abdomen sont jaunâtres avec une tache émarginée occupant le tiers basai du 9". Pairie: Région du fleuve Amur, par le D»- Maack. Coll. Sélys et Mac Lachlan. IS'B. Peul-êlre n'est-ce qu'une race du mercuriale; mais le mâle parait en dif- férer d'une manière constante par la forme de la taclie noire du 2« segment et par la proportion des appendices anals inférieurs. 145. Agriox Likdemi, de Selys. Agrion Lindknh, de Selys, Mon., n" 10 , Rev. Odon., n" 2t, pi. 10 fî"'. 3* Hag., no 17; Hamb., n» 11. Abdomen o" 25-28; $ 25-27. Aile inférieure 97 ) lalèrp (les ailes supérieures peu oblique, à côté supérieur égal à la moitié (le rinlerieur; celui des secoudes ailes à C(")té supérieur ayant plus de la moitié de Tinférieur. Souvent après le plérosligma une partie des cellules costales doubles. Ailes cessant d'être pétiolées avant la nervulcbasale post- costale, qui est située entre la l"-"^ et la '2'' niitécubilale. Stature assez robuste. Rouge carmin varié de noir bronzé et de jaune. Tète robuste, bérissée de poils noirs en avant; lèvres et face jaune clair avec une large bande basale à la lèvre supérieure et l'épistome noir lui- sant. Dessus de la tète et derrière des yeux (qui est renflé) noir luisant, ceux-ci roussàtres en dessus, verdàtres en dessous. Prothorax noir, avec un tubercule latéral et une large bordure au lobe postérieur rougeàtres; celui-ci large, un peu relevé, presque arrondi. Thorax robuste, à villosité brune; noir bronzé en avant jusqu'à la Ire suture latérale, avec une raie juxla-humérale confondue avec une hu- mérale très-légèrement interrompue près des sinus, oii elle forme un point rouge humerai. Les côtés et le dessous jaunes avec une raie sinuée noire à la 2^ suture, et le bord postérieur noirs , celte couleur réunie à celle du devant par une raie sous les ailes et une le long de la poitrine, qui est cer- clée de noir. Espace intéralaire rouge. Abdomen assez grêle, épaissi au bout, rouge carmin, marqué de noir bronzé, ainsi qu'il suit : une grande tache basale au 1" segment, un peu anguleuse au milieu, et une latérale en bande longitudinale; un cercle à rarliculation basale des 2-7«; le dessus du 7^, excepté son cinquième ter- minal; le dessus du 8^, excepté son tiers terminal; la moitié basale du 9* (mais le noir échancré au dos) ; l'extrême base du 1 0^sur les côtés Le bord de ce dernier déprimé et au centre une petite échancrure arrondie. Ventre largement noir. Appendices anals noirs, écartés, presque aussi longs que le dernier seg- ment. Les su|)érieurs divisés en deux branches superposées, distantes, en pattes d'écrevisse, dont la supérieure subcylindrique un peu épaissie à la base est un peu recourbée en bas et en dedans au bout, qui est mousse et précédé d'une petite échancrure interne. La branche inférieure séparée dès la base et un peu plus courte; vue de profil, elle est plus mince et recourbée en haut. Appendices inférieurs aussi longs et aussi écartés que les supérieurs, subconiques, épaissis à leur base, un peu courbés en dedans au bout qui est très-pointu. Vus de profil la branche inférieure des supérieures est appuyée sur eux, de sorte qu'au premier abord elle a l'air de leur appartenir. (C'est ce qui a donné lieu à Tei-reur de Charpentier et à la mienne, dans la Monographie, lorsque nous avons dit que les appen- dices inférieurs sont fourchus.) ( 1298 ) Pieds noirs, à cils robustes assez longs, peu divariqués. Onglets à dent inférieure bien marquée, un peu plus courte. o* Jeune. Le rouge remplacé par du jaune d'ocre , les pieds jaunâtres, le plérostigma livide, les ailes un peu jaunâtres. 2 Presque semblable au mâle. Le lobe du prolhorax plus étroit au centre, où il est bordé de rouge, plus avancé de côté en une sorte de tu- bercule noir, les raies noires des côtés du thorax souvent plus sinuées et plus épaisses. Sur l'abdomen, en outre des marques noires mentionnées, il y a sur les 2-6^ segments une ligne dorsale bronzée se dilatant à l'exlré- mité de chacun en une tache arrondie, plus épaisse aux o et 6s aux 7-8 et 9^ la large bande dorsale occupe tout le dessus, excepté aux articula- tions; le 10^ est court, comprimé, Irès-fendu, avec une marque noire ba-- sale de chaque côté de Taréte. Appendices anals roux à pointe noire, cylin- driques, un peu plus courts que le dernier segment. Valvules jaunâtres, denliculées; pas d'épine au 8« segment. 2 Jeune. Los taches sont j;mnâtres au lieu d'être rouges; chez les adultes la poitrine devient blanchâtre pulvérulente. Variétés. L'extension du noir varie un peu dans les deux sexes, selon les individus; il peut y avoir une ligne occipitale rouge; celle du lobe pos- térieur du prothorax peut manquer. Variétés. $ melanotum , de Sely^. Tout ce qui d'ordinaire est rouge, est ici d'un jaune orangé; les raies huméralesjaunes sont fortement interrompues en haut, de façon à former un point d'exclamation (comme chez VAgrion pulchellum). La ligne bron- zée de l'abdomen est transformée en une large bande bronzée sur tous les segments; s'élargissant à l'extrémité de chacun, surtout sur les six der- niers, les incisions jaunes après le cercle noir des articulations restant d'ailleurs bien marquées. Madrid , Dorset , Corfou. Patrie : Une grande partie de l'Europe, de la fin d'avril au mois d'août, selon les localités; souvent elle s'éloigne de l'eau. Suède; Iles britanni- ques; Hollande; Belgique; France; Allemagne; Italie; Dalmatie; Corfou; Madrid. NB. La variété femelle melanoltim ressemble au premier abord à la femelle jeune àeA'Enjth. najas; mais on ne peut la confondre avec elle en faisant attention à l'existence d'une bande basale bronzée à la lèvre supérieure ; au lobe du [)rothorax peu avancé au milieu, où il ne forme pas, comme cbez h najas, un angle saillant creusé en gouttière, et au plérostigma plus foncé au milieu et non prolongé à son angle costal postérieur. ( 1299 ) 15i. PyRRHOSOMA ABBREViATlM. clc ScljS. ios au milieu 5 réticulation noire; costale rougeàlre; ptéroslignia noir, en losange très-irrégulier; le côté interne un peu oblique, court, presque égal à rinterieur, qui ne couvre pas une cel- lule. Le côté costal et l'externe, qui est très-oblique, sont longs, égaux, et forment un angle très-aigu; 13 postcubitales; quelques cellules doubles après le plérostigma; i cellules (accidentellement 5-5) anténodales; qua- drilatères courts, larges. Celui des premières ailes à côté supérieur plus court que la moitié de rinférieur. Celui des secondes à côté supérieur plus long que la moitié de l'inférieur. Ailes cessant d'être pétiolées bien avant la nervule poscostale qui est placée entre la l^e et la ^"^ antécubilale. Secteur ultra-nodal naissant , 6 cellules avant la fin du secteur supérieur du triangle. Rouge carmin varié de noir. Tète et thorax robustes, hérissés de poils noirs. Lèvre inférieure jau- nâtre obscur. Face brun rougeâtre, avec une très-large bande basale obscure à la lèvre supérieure et le dessus de lepistome noirâtre. Dessus de la tête noirâtre passant au brun foncé derrière les yeux où l'occiput est inférieurement très-renflé, presque en tubercule oblong. Prothorax noirâtre, le lobe postérieur en feston peu avancé, légèrement émarginé au centre. Thorax noirâtre passant insensiblement au brun roussâtre obscur sur les côtés, dont le bas, ainsi que la poitrine, deviennent roussâtre pâle. La suture dorsale mésolhoracique finement rousse. A ses côtés, vis-à-vis de la partie avancée du prothorax, on voit deux petites lamelles élevées, droites, courtes, qui lui sont parallèles. Abdomen robuste, à peine plus long que Vaile inférieure , plus épais au bout, le dessous et les côtés rougeàtres, y compris la suture ventrale, le dessus des six premiers segments rouge, les articulations postérieures des 2-6« cerclées de noir; un trait latéral transverse noir avant la fin des 5^ et 4e, devenant une tache au 5«, et un demi-anneau plus épais au 6«, renfermant une tache dorsale triangulaire presque terminale; le 7« noir en dessus avec une tache basale lancéolée rouge; les trois derniers large- ment noirs en dessus, avec une très-petite tache basale dorsale au 8^. Bord du 10'' finement roux, le centre à bord un peu relevé, formant une échancrure assez profonde, presque à angle droit. Appendices anals rougeàtres, les supérieurs divisés dès leur base en ( 1500 ) deux brandies divariquées, grêles, appliquées contre le bout de Tabdo- men. Vus de profd, la branche supérieure courte, complètement redressée perpendiculairement, a la forme d'un petit tubercule noir au bout, appli- qué contre le bord de Téchancrure du 10e segment ; la branche inférieure plus longue, un peu renflée au bout, est penchée sur le milieu des appen- dices inférieurs, qui ont la longueur de la moitié du segment et sont droits, coniques, peu aigus. Vus en dessus, l'apparence est toute autre : on voit en dessous du tubercule formant la branche supérieure, une pointe interne courte, basale, dirigée en bas et touchant celle du côté opposé, et la branche principale mince est courbée extérieurement et inférieurement en C, en un mol, d'une façon semi-circulaire. Vus sous le même aspect, les appendices inférieurs sont élargis, mais distants à leur base interne, ensuite coniques divariqués, et courbés en dedans en pince mince, noire au bout. Pieds velus, roussàlre pâle, avec une bande externe aux fémurs, un vestige de ligne aux tibias et les cils noirs (6 aux tibias postérieurs). Onglets obscurs au bout, à dent inférieure presque oblitérée. $ Inconnue. Pa/ne : Californie (par Edwards), communiqué par M. Mac Lachlan. Coll.Selys. NB. Espèce bien extraordinaire par son abdomen à peine plus long que l'aile inférieure. Cette brièveté réside dans la dimension des 3-G^ segments, A part cette anomalie l'aspect général et surtout la coloration de l'abdomen et le revêlissement de poils rappellent bien le minium. Mais cbez Vabbreviatuvt, le devant du thorax et les côtés vers le haut sont noirâtres, sans raie antéhumérale rouge. Les pieds sont roussâtres, enfin la disposition des appendices est bien différente. Sous-genre 1-2.— J-:RYTUR0M.>1A, Charp. Agrion, Vander L., Ramb., Burm., de Selys, Hagen. Erythro.m.ma , Charp . 18iO, (Sous-genre.) Secteur inférieur du triangle naissant avant la nervule basale postcostale. Ptéroslignia en losange ou rhomboïde, sem- blable aux quatre ailes; dix à vingt ncrvules postcubitales. Pas de taches postoculaires claires. Lèvre inférieure assez allongée, fendue dans son tiers ou son quart terminal, à bi^tnches un peu distantes. Coloration générale bronzée, variée de bleu, de vert ou de ( 1301 ) jaune; une partie du corps plus ou moins pulvérulente chez les adultes. Tête, thorax et abdomen assez robustes. Cils des pieds assez longs et divariqués (5-7 aux tibias pos- térieurs en dehors). Onglets à dent inférieure bien marciuéc, un peu plus courte (pie la supérieure. o^ Le fond de la coloration bleuâtre. Ç Le fond de la coloration jaune ou verdàtre. Pas d'épine vulvaire. Patrie : Europe et région méditerranéenne; États-Unis; Chili. i^^ groupe : (E. NAJAS.) Yeux rouges pendant la vie. Nervule basale postcostale un peu plus rapprochée de la i""^ que de la 2""^ antécubitale. a" Appendices supérieurs dolabriformes, les inférieurs très- courts. Le 9** segment bleu, le iO*' noir en-dessus. E. najas, — viridulum. (Région européenne.) ^2^^ groupe : (E. CONDITUM.) Nervule basale postcostale un peu plus près de la S'' que de la i''^ antécubitale. o' Appendices supérieurs plus ou moins divisés en deux branches; les inférieurs presque aussi longs. A. 8^ et 9'' segments du mâle bleus, le 10^ noir en-dessus. E. condilum (États-Unis). B. 8% 9' et 10" segments du mâle bleus. E. Gayi, — Blanchardi. {Chili.) NB. Les Erythromma différent des Pyrrhosoma par le système de coloration bleu ou jaunâtre. Les deux espèces d'Europe sont remarquables par les yeux rouge vif pendant la vie. La vivacité de la couleur bronzée et la pulvérulence ( i502 ) bleuâtre dont elles se recouvrent en partie à l'état adulte les fait ressembler aux Lestes. Le second groupe, qui est américain, a besoin d'élre encore étudié ; il n'est pas homogène et diffère assez notablement du groupe typique européen. loo. Erythuomma najas, Hansemann. Agbion najas, Hansem., 1823; de Selys , Mon., n» 2, Rev., n» 3, pi. 6, fig. 2; Ramb., n" 10. — ANALis , Vander L., 182^. — CHLORiDioN, Charp., 1825 et 1840, pi. XXXVII; Burm., q° 22; Hag., Syn. LINCOLNIEISSE , Stcph. — PUELLA, lar., Panzer. Abdomen çf 26-28; $ 26-29. Aile inférieure d' 22-24; $ 23-25. Ailes hyalines, réticulalioniioire, forte; plérostignia rhomboïde brun jaunâtre, entouré d'une nervure noire, couvrant un peu moins d'une cel- lule, à côté externe plus oblique, aigu; 4 cellules anténodales (parfois 5; accidentellement d'un côté 3'; 12-13 postcubitales; quadrilatère assez court, large, à côté supérieur égal à Tinterne. plus court que la moitié de l'inférieur aux premières ailes, ayant la moitié de celui-ci aux inférieures. Ailes cessant d'être pétiolées bien avant la uervulebasale postcost;ile. qui est placée un peu plus près delà première que de la seconde postcubitale. Presque toujours deux rangs de petites cellules costales au bout des ailes, après le ptérosiigma. cf Bronzé noirâtre varié de bleu. Tête robuste, yeux rouge-carmin en dessus, orangés en dessous; ocelles brillants, fauves. Lèvre inférieure jaunâtre obscur, la supérieure et la face roussàtres, avec une marque basale à la lèvre et l'épislome noirs. Dessus de la tète noirâtre, antennes noires, le premier article roux. Derrière de la tète noir luisant, excepté le bord de l'œil qui est jaune. Prothorax noir, jaunâtre aux côtés, le lobe postérieur modérément avancé au milieu en angle obtus, ses côtés un peu redressés. Thorax robuste, d'un noir brun métallique en avant, jusqu'au delà de la suture humérale, bleuâtre clair sur les cotés, avec une raie noire supé- rieure ne touchant pas le bas à la I'^ suture, complète à la ^e et le bord postérieur obscurs. La poitrine et l'espace intéralaire jaunâtres. Abdomen assez robuste, épaissi au bout, noir bronzé en dessus, jau- nâtre eu dessous, le 1" segment bleu avec une tache basale carrée et un trait latéral noirs j le 2*-' bleu sur les côtés, le 8*= noir terne, les 9« et 10^ bleu ( ]Ô03 ) vif. Dorddu dernier échancré, tornuini deux lésions. Suture ventrale noire. Appendices supérieurs presque de la longueur du 10* segment, droits, écartés, légèrement divariqués, noirs en dessus, dilatés fortement en des- sous en une partie roussàlre plus large au milieu, remontant ensuite obliquement jusqu'au bout, dont elle est séparée par une petite échan- crure. Ils sont, en outre, prolongés à la base extrême en une lame arrondie saillante, mais cachée. Appendices inférieurs très-courts, livides, déprimés, terminés supérieu- rement par une petite pointe tournée vers les supérieurs. Pieds robustes, assez longs, noirs, la base extrême des fémurs jaune, extérieur des tibias brun foncé j cils assez longs, peu divariqués (7 à 8 aux tibias postérieurs); onglets à dent inférieure forte, presque aussi longue que la supérieure. o* Adulte. Très-peu de temps après la naissance, le derrière de la tête, l'espace inléralaire, la poitrine et les se|)t premiers segments (mais sur- tout la base de l'abdomen) sont couverts d'une pulvérulence bleuâtre. $ Diffère notablement du mâle. Ptérosiigma jaune verdàtre, un peu plus long, couvrant une cellule. Tête encore plus robuste, jaune en avant, les yeux jaune ferrugineux en /lessus, jaune clair en dessous; bord occi- pital jaunâtre au centre. Lobe postérieur du prolhorax à bord relevé, tri- lobé vu en dessus, parce qu'au milieu il avance subitement en V (à pointe vers le thorax), et qu'ensuite chaque côté arrondi est aussi plus avancé. Devant du thorax avec une raie antéhumérale inférieure verte, s'arrê- tant à la moitié de la hauteur (souvent oblitérée chez l'adulte) et sur- montée d'un point près des sinus. Les côtés et le dessous vert clair ou jaune de soufre ; espace inléralaire bleu pulvérulent chez l'adulte Abdomen vert bronzé foncé en dessus sur tous les segments, jaune soufre en des- sous, le bronzé formant une bande bilobée au 2^ segment et ne commen- çant aux 5-7<^ qu'après l'articulation basale, qui est bronzée. En outre le ventre est noir et. aux 2-6« segments, il y a sur le jaune des l^-Te seg- ments une ligne longitudinale noirâtre plus ou moins marquée, ne tou- chant pas le bout du segment. Les derniers segments et le dessous sau- poudrés de cendré chez les exemplaires très-adultes. Le 10e segment comprimé, fendu en deux festons par une échancrure étroite. Valvules courtes, fort s, denticulées, jaunes; pas d'épine au 8* segment. Appendices anals noirâtres, coniques, rapprochés, ayant la moitié de la longueur du segment. Pieds jaunes , extérieur des fémurs bronzé; intérieur des tibias, tarses et cils noirâtres. 9 jeune. Le vert du thorax remplacé par du jaune. ( 1504 ) Variété : Quelques mâles ont les tibias un peu jaunâtres en dehors. Le D"" Hagen a vu aussi un mâle Irès-petil de Silésie, qui avait l'apparence d'une raie antéhumérale pâle au thorax et qui ressemblait, mais sous ce rapport seulement, au viridulum. Pairie : Le nord et le centre de TEurope. moins répandu dans le midi; Suède; Angleterre, rare; Irlande; Belgique (de mai en août, sur le Poly- gonum, le Nénuphar et les autres plantes flotlantcs); France; Lombar- die; Allemagne; Pologne. NB. Voir les différences avec le viridulum a l'article de ce dernier. 156. EniTHROMMA vir.iDLLUM, Cliarp. Agrion viridulum, Charp., 1848, pi. XXXVIl , o* 9; Hagen; de Selys, Rev., Odon., n° 2, pi. 6, fig. 2. — BBEMU, Rarab., n" 12. Abdomen a" 23-25; $ 24-27. Aile inférieure o* 17-19; $ 17-20. Extrêmement voisin du najas , mais moins robuste; voici les caractères distinctifs : o* 1" Ptérosligma plus pointu en dehors; 3 cellules anténodales; 10-il postcubitales. 2° Marque basale noire de la lèvre supérieure oblitérée. 5° Bord postérieur du prolhorax presque arrondi. 40 Une raie antéhumérale roussdlre au thorax (très-fine vers le haut qu'elle ne touche pas). 5° 1" segment de l'abdomen bleu vif avec une tache carrée basale bronzée; le 2* bleu avec une bande dorsale bronzée ne touchant pas tout à fait la base et rélrécie avant le bout. Les trois derniers segments bleu \if ; le 8" avec une bande dorsale bronzée, rélrécie avant le bout; le 10" avec une bande dorsale noire, concave au milieu. Articulations noires. Le bord du 10^ non échancré. Les côtés et le dessous de l'abdomen bleu clair. 6° Appendices anals conformés d'une manière analogue, mais différant dans leurs proportions : la dilatation inférieure des supérieurs non renflée au milieu, oii elle est même un peu concave en dedans, montrant bien, vus en dessus, son angle basai interne, qui est plus fort, moins prolongé. Vus de profil le bout est bifide, la fente entre la pointe terminale de l'appen- dice et le bout de la dilatation étant plus profonde. Appendices inférieurs roussàlres, tronqués, encore plus courts que chez najas. 70 Fémurs jaunâtres avec une bande externe bronzée. Tibias roux, seulement l'origine des articles des tarses obscure. Cils noirâtres. ( 130S ) 8» Les couleurs bleues sonl plus vives, l'espace inléralaire seul est saupoudré de bleu chez Tadulte. 2 Mêmes différences que chez le mâle pour les ailes; se sépare encore de celle de la najas par ce qui suit: 1» Bord du prothorax Icgèiement relevé, mais arrondi, nullement tri- lobé. 2» Raies antéhumérales jaunes ou vertes complètes. ô» Les couleurs claires de l'abdomen sont bleu clair ou vert clair, cou- leur qui occupe le 9* segment, excepté une grande tacbe basale noire, amincie et tronquée postérieurement. Le 10' bleuâtre. 4" Pieds jaunes, une raie externe aux fémurs, l'intérieur des tibias et V origine seule des articles des tarses noirs. 5" Il n'y a pas de pulvérulence bleue. Patrie : Locale, mais généralement aussi commune que la najas, là oii elle existe. Silésie; Belgique, en juillet et août, un peu plus tard que la najas. Je l'ai prise à Biarritz au commencement d'aoiît; Sicile; Asie mineure, à Kellemisch. 157. Erythromma? cosditum, Hagen. mss. Agrion coNDiTUM, Hag.mss. • Abdomen cT 28; $ 27. Aile inférieure a* 22; $ 22. Ailes hyalines, étroites; réticulation noire; ptérostigma rhomboïde, gris noirâtre, cerclé de brun jaunâtre, entouré d'une nervure noire, à côté externe plus oblique, aigu , ne couvrant pas tout à fait une cellule ; 5 cel- lules anlénodales; 12 poslculjilales; quadrilatère long, à côté supérieur plus long que l'externe et plus long que la moitié du côté inférieur aux premières ailes. Aux secondes ailes, le quadrilatère est long, presque régulier , le côté supérieur étant à peine plus court que l'inférieur. Ailes cessant d'être péliolées un peu avant la nervule basale postcostale, qui est placée un peu plus près de la 2* que de la l''^ antécubilale , surtout aux secondes ailes. o* Tête médiocre, lèvre inférieure pâle; la supérieure bleu de ciel; face jusqu'à la hauteur du 1*'^ article des antennes jaune rougeàtre; épis- lome noir à reflets métalliques; antennes noires; l*^»" et 2^ articles jaunes en avant; dessus de la tête noir à reflets cuivreux et bronzés; le derrière et le dessous de la tête noirs (le milieu du derrière des yeux saupoudré de blanchâtre), les tempes renflées de façon à former une sorte de tuber- cule. Prothorax noir; sa base, une petite tache discoïdale latérale et ses côtés ( d306 ) largement jaunes; lobe postérieur très-large, court, élevé, à bord droit. Thorax médiocre, ayant en avant une large bande dorsale bronzé cui- vreux foncé ; celte bande est très-large vers les sinus, mais se rélrécil une première fois subitement, est convexe à mi-hauteur, puis plus étroite et droite jusqu'au bord inférieur, n'ayant plus alors que la moitié de la lar- geur du thorax. Le reste des côtés bleuâtre jusqu'à la 2^ suture latérale , jaune soufre ensuite; le bord ventral brun; une petite marque supérieure noire sous chaque aile ; le dessous jaune, à bord postérieur brun saupoudré de bleuâtre. Abdomen assez long et grêle, bleu de ciel en dessus avec une bande dorsale bronzée large ainsi qu'il suit : 1" segment avec une petite tache basale carrée; 2* avec une large bande dorsale, très-rétrécie dans sa moitié basale; aux ù-1^ la bande dorsale est large et complète, mais irès-rétrécie à l'extrême base, où elle forme ainsi une lunule bleue; elle s'élargit forte- ment, au contraire au bout en anneau occupant environ le tiers terminal; 8-9" bleus en dessus avec une arête dorsale incomplète et un point médian de chaque côté noirs; le 10' noir en dessus. L'articulation basale des trois derniers bleue. Suture ventrale noire. Bord du 10*^ droit, évidé en demi- cercle au milieu. Appendices supérieurs noirs, droits, aussi longs que le dernier segment, subcylindriques, forts, un peu courbés en pinces au bout qui est arrondi, dilaté en dedans (étant vus en dessus). A leur base, tout à fait en dessous et en dedans, se voit une pointe jaune fine, formant un angle droit avec l'appendice, chaque pointe dirigée Tune vers l'autre. Appendices inférieurs noirs, subcylindriques, moins épais, à peine plus courts; ils sont rappro- chés, presque droits, excavés en dessus. Les supérieurs vus de profil, sont légèrement courbés en bas, à bout mousse, et les inférieurs semblent épais à la base, à bord supérieur ondulé et à bord inférieur recourbé eu haut au bout, qui est presque pointu. Pieds bleuâtre pâle; fémurs noirs en dehoi's; tibias noirs en dessous ayant en dehors une ligne noire qui manque presque aux postérieurs; tarses et cils noirs; ceux-ci assez courts, peu divariqués (7-8 aux tibias postérieurs en dehors). Ç Ailes semblables; lèvre supérieure avec une large i)ande basale noire; \^^ et 1^ articles des antennes noirs, jaunes en avant. Prothorax noir, lar- gement jaune sur les côtés; bord postérieur extraordinairement formé; ayant de chaque côté un large lobe oval se renversant en arrière et couché sur le prolhorax même ; sur la moitié extrême de ce lobe il y a un pli élevé, arrondi, correspondant avec un enfoncement à bords renflés sur le thorax. Quant aux lobes renversés, ils ne se louchent pas tout à fait l'un l'autre. ( i.-07 ) Thorax commo chez le mâle, mais la bande dorsale noire a ses côtés vers le haut prolongés sous les ailes jusqu'aux deux marques supérieures des sutures et le bleu est remplaeé par le vert clair On voit une petite tache foncée près de la base des pieds postérieurs. Abdomen noir en dessus. Une tache latérale médiane pâle de chaque côté du 1" segment. A la base des 5-7« une lunule latérale paie (double aux 4-7*"); les côtés jaunâtres; articulation des 5-7e noire; suture ventrale noire. Bord du Id- fendu presque jusqu'à la base; valvules pâles; à bord denticulé. Pas d'épine vulvaire. Appendices courts, forts, obtus, bruns. Pairie: Maryland : un couple pris par M. Uhler; Washington, par M. Morrison. Coll. Selys, Hagen. NB. Elle est fort difficile à classer; tenant des Erylhromma par le système de coloration où le bleu domine, et des Pyrrhosoma , par la grande longueur des appendices inférieurs. Elle forme presque un groupe intermédiaire entre ces deux derniers et peut, jusqu'à nouvel ordre, être rapprochée de \'E, C»oi/i du Chili, dont le mâle est aussi coloré en bleu; mais le cunditum en est bien différent par la bande noire dorsale unique du thorax (sans bande humérale), celle du 2^ et du tO« segment, le derrière de la tête noir, enfin la forme du prolhorax dans les deux sexes, les appendices anals du mâle, etc. Les deux espèces ainsi que l'E. Blanchardi ont du reste, en commun, outre la coloration bleue des mâles, le quadrilatère à côté supérieur assez long et la ner- vule basale postcostale plus rapprochée de la 2^ que de la f^ antécubitale. lo8. Erythro-vima? G.^yi , de Selys. Abdomen o" 51-53; $ 31. Aile inférieure ouces;. J'ai remarqué habi- ( 1316 ) Le 29 Juillet ISG9, à 9 heures du soir. îi y a quatre bandes grises sur le globe de Saturne; elles disparaissent complètement près du bord du disque. L'anneau est com- posé de trois parties distinctes : 1° l'anneau extérieur très- foncé; 2" un anneau moyen jaune séparé du premier par la bande cassinienne; o'' une zone intérieure se distinguant sui'lout de la précédente par sa teinte plus foncée, mais qui n'est pas l'anneau obscur de Saturne. M. Lebardelay a cru voir une strie noire séparant, sur les anses, ces deux der- niers anneaux (i). Le 16 septembre 187 1 ^ à S heures du soir. L'image de Saturne a été d'une parfaite netteté pendant cette soirée. M. Lebardelay a vu surtout (rois bandes sombres, mais très-pâles, sur le disque. La bande médiane, qui était la plus marquée, présentait vers la moitié de sa longueur une grande tache plus Foncée et à contours arrondis. L'anneau se partageait en trois zones comme te 29 juillet 1869. Les luellemcnl une hando giise sur Is globe; envisagée avec beaucoup d'at- tention, cette bande s'est dédoublée, surtout en 186i et en 18«>o, par un trait brillant longitudinal. En 18Go, j'ai remar({iié quelquefois une bande plus faible sitnée sous la précédente. En 1868, j'ai noté, comme M. Lebar- delay, la courbure marquée de cette zone sombre (observation du ^0 juin i868, à 9 b. 50 m.). F. Terby. (1) M. Lebardelay dit encore que le bord supérieur de Tanneau sem- blait présenter quel(|ues irrégularités ou petites dentelures à l'endroit oii ce bord passait devant la planète. Le 5 juillet 1800, de 9 h. L) m. à 10 b. io m., j'ai constaté, à Louvain , que l'anneau débordait considérablement la planète; la division principale se voyait sur la plus grande [>artie du pourtour. A l'endroit où l'ombre du globe se projetait sur l'anneau, j'ai remarqué deux proéminences noires qui me paraissent dinîcilemnnt expli- cables; elles étaient encore visil)les le lendemain. — Le 7 juillet 1870, de 9 beures à 10 beurcs, j'ai constaté que l'anneau débordait encore la pla- nète. F. T. ( '1517 ) bandes avaient une courbure encore assez marquée (1). Le 2S août IS72, a S h. 50 m. du soir. M. Leliardelay mentionne sept bandes grises visibles avec le grossisse- ment (le cinq cent quarante -sept fois, pendant cette soirée exceptionnellement favorable; ces bandes sont très- fines et s'amincissent vers le bord de la planète qu'elles n'atteignent pas; la principale, plus longue et plus mar- quée, répond assez bien à l'équaleur de Saturne. La lunule sombre orientale a paru un peu plus large que la lunule occidentale. L'anneau présentait encore les trois parties signalées plus haut; l'anneau brillant moyen était séparé de l'anneau relativement foncé intérieur par une ligne noire très-déliée, et l'on voyait, à l'intérieur des anses, une trace plus sombre due à l'anneau obscur proprement dit (2). Le 29 août i872, à S heures du soir. Cette observation est Tune des meilleures que l'anteur ait faites. Le bord inférieur du disque effleure exactement le bord de l'anneau extérieur. Le globe de Saturne est sillonné de plusieurs bandes sombres. On retrouve encore les trois zones dis- tinctes de l'anneau, mais la partie intérieure relativement foncée n'est pas séparée de la partie moyenne par un trait noir comme dans le dessin obtenu le soir précédent. (1) Les 16, 17, 20 et 27 juillet 1871 , entre 9 h 30 m. et 10 h. 15 m., j'ai obtenu une image admirable de Saturne. L'anneau débordait toujours la planète et la division principale s'apercevait sur presque tout son pour- tour. Une bande sombre passait au-dessus du centre du globe. F. T. (2) D'après deux observations très -attentives que j'ai faites le 10 et le 18 août 1872, entre 8 et 9 heures, ranneau rasait presque exactement le bord de la planète; il devait dépasser encore un peu ce bord , car, à son point le plus inférieur, son contour présentait une irrégularité due peut- être à l'ombre du globe de Saturne qui se projetait sur la partie encore saillante de l'anneau, et rendait celle-ci très-difficile à remarquer. F. T. ( 1518 ) Enfin, à l'intérieur de l'anneau total brillant, il y avait, dans les anses seulement, une trace de l'anneau obscur. Le II septembre 1812, à 7 h. 30 m. du soir. Les bandes de Saturne sont très-pàles; l'une d'entre elles est plus marquée que les autres. La partie de l'anneau qui se pro- jette sur la planète est bordée du coté intérieur par une bande grise, étroite, que M. Lehardelay n'a pas encore aussi bien remarquée (1). Les trois zones concentriques de l'anneau, déjà signalées, étaient très-visibles. Le globe effleure le bord de l'anneau du côté du nord et, par mo- ments, il semble le déborder très-légèrement. Le 27 septembre 1875, à 7 h. 50 m. du soir. Le globe déborde manifestement l'anneau quoique d'une fort petite quantité (2). Le 6 août ^874, à 9 heures du soir, le pôle nord de Saturne est beaucoup plus brillant que le pôle sud. Le '10 octobre I87i, à 8 h. 50 m. du soir. Le globe de Saturne présente deux bandes grises très-pâles, mais bien visibles; on voyait de plus, près du bord septentrional du disque, une tache grise, très-faible, isolée. Les pôles sont grisâtres. La courbure des bandes se manifeste encore, mais beaucoup moins qu'en i868. A l'intérieur de la partie de l'anneau projetée devant le globe on voit une zone grise due probablement à l'anneau obscur de Saturne. L'anneau se partageait encore en trois zones distinctes, (1) Dès 1865, j'ai remarqué la strie noire longeant le bord intérieur de l'anneau projeté devant la planète. En 1871 , j'ai constaté que cette légère zone sombre était notablement moins foncée que l'ombre projetée par le globe sur l'anneau. F. T. (:2) Le 7 août 1875, de 10 h. à 10 h. 15 m., le globe dépasse un peu Tanncau en haut et en bas. ^- T. ( 1519 ) comme précédemment; mais on voyait une fine ligne noire séparant l'annean moyen de l'anneau le plus interne. L'anneau général olïrait donc une division plus interne que la bande cassinienne. Enfin, M. Lehardelay a pu voir un quatrième anneau qui était l'anneau obscur proprement dit et se voyait surtout en occultant arlificiellement le globe de la planète. C'était une frange grise bordant inté- rieurement, dans les anses, l'anneau général. Communication préalable sur quelques procédés nouveaux de préparation des pièces anatomiques sèches j par M. le docteur Léon Fredericq , préparateur de physiologie et d'anatomie comparée à l'Université de Gand. Il y a deux mois environ, voulant répéter une expé- rience sur le spectre des muscles striés, je fis une prépa- ration du M. Sartorius de la Grenouille. Je l'empruntai à une patte écorchée qui avait séjourné dans l'alcool absolu, puis dans l'essence de térébenthine. Deux jours après je la retrouvai sur la table dans un état qui excita vivement mon étonnement. Les os, les muscles étaient d'un blanc éblouissant : ces derniers parfaitement secs avaient presque conservé leur volume primitif. Ce fait m'engagea à essayer l'action des mêmes liquides sur d'autres tissus animaux. Je m'assurai bientôt que presque tous se comportent de la même façon. L'action est rapide et profonde sur les or- ganes peu compactes tels que les muscles, les membranes, le tissu cellulaire lâche et spécialement les poumons. Par contre, les productions épidermiques (poils des mammi- fères, bec des oiseaux) et les parties du dermalosquelette ( 1320 ) des insectes ne paraissent pas subir la moindre altération. Un caillot sanguin traité de la même façon ne blanchit qu'à sa surface, l'intérieur offrant encore les produits de coagu- lation de l'hémoglobine. Les relations bien connues de l'essence de térébenthine avec l'ozone incliquent le sens probable dans lequel se passent les phénomènes chimiques qui correspondent à ce changement de propriétés physi- ques des substances albuminoïdes. C'est un point sur lequel je me propose de revenir ultérieurement. Pour le moment je me bornerai à envisager la question sous une autre de ses faces. Cette propriété de Tessence de térébenthine peut être mise à profit pour la préparation de pièces anatomiques sèches. Guidé par les conseils bienveillants de M. le pro- fesseur Plateau, j'ai entrepris quelques recherches dans ce sens nu laboratoire d'anatomie comparée do l'Univer- sité de Gand , recherches que je poursuis actuellement. Un article de l'abbé Moigno qui a paru ces jours derniers (1) m'a décidé à publier dès maintenant les résultats auxquels je suis arrivé : j'y ai lu que les préparateurs du Muséum d'histoire naturelle de Paris s'occupent de recherches ana- logues aux miennes et qu'ils viennent de découvrir presque en môme temps que moi cette action de l'essence de téré- benthine qui a servi de point de départ à mes essais (2). Je passe à la description des procédés qui m'ont donné les meilleurs résultats. (1) Les Mondes, de Tahbé Moigno. t. XL, n" 4, p. 150, numéro du 25 mai 1876. (-2) La propriété que possède l'essence de térél)enlhine de blanchir les mati«'res colorantes d'ori.nine végétale est connue depuis longtemps. ( 1521 ) A. PRÉPARATIONS A l'aLCOOL ET l' ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE. Squelettes. — On débarrasse de ses chairs la portion de squelette qu'on veut préparer, tout en respectant les liga- ments; puis on lave à grande eau; il n'est pas mauvais de laisser dégorger le sang par une macération de quelques jours dans l'eau. Une injection préalable d'eau ou de solu- tion de chlorure de sodium { ^j^i p. 7o) faite par les artères sur l'animal encore entier remplit le même but, mais c'est là une complication inutile. La pièce ainsi lavée doit sé- journer pendant plusieurs jours dans l'alcool dilué dont on augmente la concentration de façon qu'elle égale en dernier lieu celle de l'esprit de vin ordinaire du commerce. L'alcool absolu vaudrait encore mieux. Lorsqu'on juge l'os complètement déshydraté par l'alcool, on le plonge dans l'essence de térébenthine. A mesure qu'ils s'imbibent de térébenthine, les tissus changent peu à peu d'aspect: ils deviennent jaunes, translucides. Deux à trois jours suffi- sent pour imprégner complètement une pièce de volume moyen. 11 n'est même pas nécessaire de pousser l'imbibi- tion à ce point. La pièce est alors retirée de la térében- thine et placée à sécher à l'air dans la position qu'on veut lui conserver. La coloration d'un blanc mat commence à se montrer en fort peu de temps sur les ligaments , puis sur les os : elle est ordinairement complète au bout de deux ou trois jours. La préparation est alors terminée; elle blanchira encore par la suite comme j'ai pu m'en assurer sur des pièces préparées ainsi et conservées depuis en- viron deux mois à la collection d'anatomie comparée de l'Université de Gand. ( 13^22 ) Cette méthode est, je crois, destinée à remplacer com- plètement le procédé si dégoûtant de la macération lente, chaque lois qu'il s'agira de faire le squelette d'un animal rare ou précieux dont on ne veut s'exposer à perdre aucune pièce (à condition qu'il ne soit pas de trop grande taille); il arrive en effet fréquemment que les dernières vertèbres caudales ou les phalanges des extrémités se déta- chent pendant leur séjour prolongé dans l'eau. Enfin, grâce au traitement par l'essence de térébenthine, on peut opérer sur des pièces fraîches et achever le nettoyage des parties molles après dessiccation. Les fragments de muscles, de tendons oubliés à la surface des os deviennent friables et s'enlèvent par le grattage sans aucune difficulté. Muscles. — Les pièces myologiques disséquées aussi complètement que possible sont, comme les squelettes, traitées successivement par l'eau, l'alcool et l'essence de térébenthine (1). Il est nécessaire d'interposer de l'ouate ou de la filasse entre les différents muscles, de façon qu'ils puissent s'imbiber plus facilement. Au sortir de la téré- benthine, on enlève l'ouate, on donne aux muscles une bonne attitude, puis on les laisse sécher. Une méthode fort élégante consiste à faire une prépa- ration d'un animal entier chez lequel les muscles sont conservés sur une moitié latérale du corps, tandis que l'autre moitié ne montre que le squelette. A la rigueur, tous les organes même les centres ner- veux peuvent être préparés de cette façon, mais le pro- (Ij Leur structure n'est pas allérée comme me l"a montré l'examen microscopique : j'ai pu reconnaître sur des libres striées de Grenouille les disques transversaux, la substance isotrope et même le disque inter- médiaire. ( i525 ) cédé me semble spécialement approprié aux os et aux muscles. Les poumons, les organes membraneux comme le voile du palais donnent également d'assez bons résul- tats. B. PRÉPARATIONS A l'aLCOOL, l'eSSENCE DE TÉRÉRENTHINE, LA PARAFFINE OU LA CIRE. Centres nerveux, Foie, Reins, etc. La métbode précédente appliquée aux organes paren- chymateux ne m'avait donné que des résultats fort médio- cres. C'est ce qui m'engagea à tenter pour ces organes l'imbibition à l'aide de corps gras fondus, capables de se solidifier parle refroidissement. Les essais que j'entrepris avec la paraffine et la cire blancbe furent couronnés d'un plein succès (1). Pour que ces substances fondues puis- sent pénétrer les tissus, il est nécessaire de traiter ceux-ci au préalable par l'alcool et l'essence de térébenthine abso- lument de la même manière que précédemment (2). Lors- que l'organe est complètement imbibé d'essence, ce qu'on reconnaît à sa transparence, on fait fondre dans une cap- sule chauffée au bain-marie, soit de la cire, soit de la paraffine. La cire étant fondue, on y plonge entièrement (1) J'avais ces substances sous la main au laboratoire. Je suis persuadé que le blanc de baleine et d'autres corps analogues donneraient les mêmes résultais. (:2) Le pétrole ou le naphte remplacerait sans doute avec avantage l'essence de térébenthine; car si l'essence de térébenthine n'a pas été expulsée complètement pendant le traitement à la cire, on est exposé à voir blanchir les organes au bout de quelque temps. 1524 ) l'organe : peu à peu la cire déplace la lérébenlhine el se substitue à elle dans la trame organique. Ce phénomène devient beaucoup plus actif quand, sous 1 influence de J'élévation de température, l'essence de térébenthine, en- core contenue dans l'organe, entre en ébullition lente. Lorsque le dégagement de petites bulles a cessé ou dimi- nué notablement, et que l'on juge la pièce complètement imbibée (une demi-heure, une heure, deux heures pour des cerveaux de lapin), on la retire avec précaution à Taide d'une pince, en la laissant égoutter à chaud aussi complè- tement que possible, on l'essuie encore avec du papier à filtre, et on l'abandonne au refroidissement. On obtient de cette façon des préparations naturelles du cerveau, du foie, des reins, etc., qui ne le cèdent en rien aux modèles moulés les mieux réussis; les saillies, les inégalités de la surface sont conservées dans leurs moin- dres détails : la couleur niême persiste jusqu'à un certain point surtout après traitement par la paratîme. On devra donc préférer cette substance pour la préparation du foie et des reins. Les cerveaux traités soit à la cire, soit à la paraffine donnent des résultats également beaux. il est, je pense, inutile de faire longuement ressortir la supériorité des préparations sèches sur celles que l'on conserve dans l'alcool. Tous ceux qui s'intéressent à l'en- seignement de l'anatomie sont d'accord sur ce point. Aussi les elforts pour perfectionner les méthodes de dessiccation des tissus animaux ont produit un grand nombre de tra- vaux. A la suite d'une série d'essais infructueux, l'illustre anatomiste viennois HyrtI en est arrivé à cette conclusion décourageante qu'il n'y a pour le cerveau et la moelle épinière qu'une seule méthode de conservation : le séjour ( 1525 ) dans l'alcool (1). L'imbibition de ces organes par la cire et la parafline remplit donc une véritable lacune dans la tech- nique an'atomique. Enlin je ferai remarquer que les nou- veaux procédés que je viens de décrire sont extrêmement simples et faciles, puisqu'ils consistent en une série mé- thodique de macérations dans des substances qu'on peut se procurer facilement. (Quelques pièces anatomiques préparées d'après ces procédés ont été présentées à l'Académie dans la séance du 5 juin 187.6.) (I) « Gehirn und Ruckenmark konnen nur in Weingeist aufbewahrl werden, y p. 473. Hyrtl. IIA^DBUCH. d. praktischen zerglîederungskunst. Wien, 1860. 11 est vrai que depuis cette époque le docteur Brunetti a publié des pro- cédés de préparation qui peuvent à la rigueur s'appliquer au cerveau , mais qui sont malheureusement fort longs et compliqués. Voir Brunetti : Die Conservirung von Leiclientheilen. Allgem. Wiener med. Zeitung, n" 57, pp. 507-509. 2™^ SÉRIE, TOME XLI. 85 ( 1526 ) CLASSIL DES LETTRES. Séance du 12 juin 4816. M. Faider, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, vice-directeur; J. Grandgagnage, J. Roulez, L. Gachard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, R. Chalon, J. Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Alph. Le Roy, Emile de Rorchgrave et J. Heremans, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier,É. Arnlz, assoc/é^; Edm. PouUet, Ferd. Loise, Ch. Piot et J. Stecher, correspondants. M. Éd. Mailîy, correspondant de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La classe a eu le regret de perdre, depuis sa dernière séance, son plus ancien associé, M. G. Groen van Prins- terer, élu le 15 décembre 1840, et mort récemment à La Haye. — M. le Ministre de l'Intérieur adresse : r Une expédition de l'arrêté royal du 21 mai , qui ( 1327 ) approuve rélcclion de M. Jacques Heremans en qualité de membre titulaire de la classe; 2^ Cinquante exemplaires du rapport du jury qui a jugé le dernier concours quinquennal des sciences morales et politiques. Ces exemplaires sont destinés aux membres de Ja classe; 5° Un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Essai de biblio- graphie yproise. Étude sur les imprimeurs yprois au XVJl' siècle, par M. Alph.Diegerick, 2" fasc. in-8^ — La classe reçoit les lettres de remercîments suivantes : 1" De M. J. Heremans, pour son élection de membre titulaire; 2" De MM. Égide Arntz et le marquis de Godefroy Menilglaise, pour leurs élections d'associés, et de M.Stecher, pour son élection de correspondant; 5" De MM. Amédée Faider et Max Rooses, pour les dis- tinctions qu'ils ont obtenues lors du concours annuel de la classe; 4'' De la Bibliotbèque communale d'Amiens, de la So- ciété des Antiquaires de Londres et de la Société philoso- phique et littéraire de Manchester, pour le dernier envoi des publications académiques. — La Société d'histoire et d'antiquités de Leisnig (Saxe Royale) et la Société d'histoire et d'antiquités de la Silésie à Breslau, transmettent leurs derniers travaux. M. le baron de Wilte fait hommage des deux ouvrages suivants de sa composition : La dispute d'Atkéné et de Posidon, in-4% et Noms des fabricants et dessinateurs de vases peints, in-S"". Il présente ensuite, tant en son nom qu'en celui de ( 1328 ) M. François Lenormant, associé de la classe, la 5^ livraison de la 2^ année de la Gazette archéologique. In-4°. M. Léopold Delisle, associé, adresse un exemplaire de son Rapport à M. le Ministre de V instruction pu- blique de Finance sur la Bibliothèque nationale de Paris en 1815. In-8^ M. le secrétaire perpétuel saisit cette occasion pour signaler à la classe que c'est grâce à la sollicitude de M. Delisle que l'Académie a été gratifiée récemment, par M. le Ministre de la Guerre de France, d'un exemplaire de la carte topograpliique de France au 1/520,000 (35 feuilles). M. Alplî. Le Roy fait hommage, de la part de M. Giu- seppe de Spuches Ruffo, prince de Galati, président de l'Académie royale de Palerme, de différents ouvrages d'archéologie et de littérature dont les titres figureront parmi les ouvrages présentés. La note de i\L Le Roy rela- tive à ces ouvrages sera imprimée au Bulletin. Il présente ensuite, de la part de MM. E. Feys et D. Van de Casleele, la 3® livraison du tome I*""" et la 3^ livraison du tome II de l'Histoire d'Oudenbourg , 2 cahiers in-4*'. M. le chevalier Constantin de Hoefler, professeur à l'Université de Prague, fait hommage d'un exemplaire de son ouvrage intitulé : Der Aufstand der CastilUanischen Stàdte gegen Kaiser Karl F, lo20-1522. In-S''. Il écrit à ce sujet la lettre suivante : « Monsieur le Président, » En retournant aux travaux de ma jeunesse — à la vie des papes allemands (Ratisbonne, 1839,2 vol.),^ — j*ai étendu mes recherches historiques sur la révolte des communes de Castille et la conduite politique du cardinal ( i520 ) de Tortose, Adrien d'Ulreclit, votre célèbre compalriote, au moment dn grand danger de Cliarles-Quint. Le travail que j'ai Ihonneurde présenter à l'Académie royale s'appuie en partie sur les ouvrages de feu M^''de Ram, de M. Arendt, de M. Alex. Henné et principalement de M. Gachard, si distingué par ses immenses recherches sur l'époque du grand empereur-roi, et en partie sur la correspondance inédite des gouverneurs et d'autres personnages les plus illustres de Castille, tirée des archives deSimancas. Il con- tient non-seulement des résultats qui se trouvent en contradiction avec les auteurs espagnols, mais aussi la justification complète du cardinal-gouverneur, qui, après avoir sauvé le trône vacillant de son auguste élève, fut rappelé du théâtre de ses labeurs les plus pénibles pour orner le siège pontifical de l'éclat de ses vertus. ^> Je prie l'Académie de vouloir bien accepter cet ouvrage, que je pourrais appeler international, comme un précurseur de la biographie du pape Adrien VI, dont divers chapitres ont été publiés dans les Bulletins de l'Académie impériale et royale de Vienne, et dont tout le manuscrit vient d'élre achevé ces jours derniers. » — M. Th. Gheslain, huissier, à Seez (Orne), fait hom- mage d'un exemplaire de son livre intitulé : La Ultérature contemporaine en province. In-8°. La classe vote des remercîments aux auteurs de ces dons et décide le dépôt de leurs ouvrages dans la biblio- thèque de l'Académie. ( 1530 ) PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1878. La classe s'occupe de son programme de concours pour 1878. Elle décide le maintien au concours de la question sur l'histoire littéraire du Hainaut et celle sur les institulions de charité en Belgique, qui ont fait partie du programme de 1876. Elle nomme : 1° MM. M.-N.-J. Leclercq, Faider et Thonissen, pour s'occuper d'une question de législation; 2° MM. De Decker, Heremans et Steclier, pour s'occuper d'une question de littérature flamande; et 3°MM.Gachard, ïh. Juste et Wauters, pour s'occuper d'une question d'histoire nationale, destinées à compléter le programme pour 1878. Ces trois commissions seront convoquées, à cet effet, le jour de la prochaine séance, une heure avant l'ouverture de celle-ci. PRIX DE STASSART POUR U.NE NOTICE SUR UN BELGE CELEBRE. D'après les intentions du donateur et les dispositions réglementaires prises par l'Académie, la 5" période pour le prix de Slassart destiné à la meilleure notice sur un Belge célôhre doit être consacrée à l'éloge d'un savant. La classe désigne MM. le haron Guillaume, Chalon et Le Roy pour s'entendre avec les commissaires que nom- mera la classe des sciences, au sujet du savant qui fera l'objet du concours de celte période. ( 1351 ) COiM.MUNICATIONS ET LECTURES. JSole SU)' les poésies de M. le prince de Galali [Joseph de Spuches Ruffù)\ par M. Alph. Le Roy, membre de FAcadémie. M. de Spuches, prince deGalati, président de l'Académie royale de Palerme, a bien voulu me confier Fagréable mis- sion d'offrir à l'Académie, en son nom, les volumes que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau. Ils attestent une fois de plus qu'un mouvement littéraire considérable se prononce au delà aussi bien qu'en deçà du phare de Mes- sine. Courbée sous le poids de ses malheurs, la Sicile semblait, il y a quelques années encore, avoir perdu jus- qu'au souvenir de sa gloire antique. Elle tressaille aujour- d'hui comme les flancs de son volcan; elle retrouve les enthousiasmes de la première Renaissance. De toutes paris surgissent des penseurs, des philologues, des historiens, des poètes animés du feu .sacré, et tandis que l'étude des phénomènes de la nature, et en général des questions dites positives, absorbe à peu près exclusivement les nations du Nord, le culte désintéressé de l'idéal relève ses autels sur les rivages de la Méditerranée. La république des lettres est cosmopolite : en dépit des distances, cette résurrection ne saurait nous laisser indif- férents. Acceptons de grand cœur la main que des frères lointains nous tendent. Plus que jamais les peuples, et surtout les hommes voués aux travaux de l'esprit, doivent ( 1332 ) chercher à se connaître, par conséquent à se mieux appré- cier. Archéologue érudit, profond helléniste, poëte admiré, M. de Spuches s'est acquis une renommée dont l'écho commence à retentir de ce côté des Alpes. Les antiquaires liront ses dissertations, marquées au bon coin de la cri- tique; je n'attirerai un instant votre attention que sur ses vers, et tout d'abord sur un petit recueil d'élégies et d'épi- grammes grecques (1). A ce propos, voici un fait digne assurément d'être signalé : c'est que les études hellénis- tiques, réduites presque à rien dans nos contrées, jouissent en Italie, un peu grâce à la réorganisation des écoles, d'une vogue qui rappelle le temps où les exilés de Constantinople y débarquèrent, apportant pour passe-port les trésors lit- téraires de la belle antiquité. La Péninsule et la Sicile ne comptent pas seulement des commentateurs et des lin- guistes de premier ordre : de nombreux poètes, les Grosso, les Sanguineti, les Chiesa, les Vitrioli, traduisent leurs Mispirations dans la langue d'Athènes et rivalisent d'élé- "^ance avec les Siciliens Ardizzone, les deux Camarda , Schiro, Matranga, Yaccaro, Dilolti et d'autres continua- teurs des traditions entretenues par les Crispi et les di Carlo. M. de Spuches occupe une place d'honneur dans cette galerie. Le grec, et je dis le grec ancien, est pour lui comme une seconde langue maternelle. Mieux que cela : il est a Grec d'instinct, » ainsi que l'a fort bien caractérisé en deux mots M. Amédée Roux. Plus d'une de ses épi- (1) Elcgic cd epifjrammi grcci. Palermc, 187j, in -12. ( 1553 ) grammes pourrait figurer dans l'Anthologie, celle-ci par exemple : Z-?ji longs habits de deuil elle se penche sur la tombe d'un ami pour y verser une larme, ou que, changeant soudain de ton, elle ajoute de nouvelles sentences à celles des poètes gnomiques, elle reste ce qu'elle est, une muse moderne, et pourtant nous croyons entendre les accents d'un Simonide, d'un Solon ou d'un Théognis. (1) Rendue ainsi en latin par M. Vaccaro : Nil amal aul odit vivens, scd cogitât Acis; Invidus, aut fidus non ciipit exanimein. (2) Fritillus, haraguant la foule, combat la peine de mort, mais justifie la théorie du poignard et du poison. Quelle générosité! Tout donner, ne rien recevoir! ( \ôU ) Mais quoi! La Sicile, à beaucoup d'égards, est devenue moins italienne qu'elle n'est restée grecque. J'en vois même une preuve dans les poésies latines de notre auteur (1) : elles sont ciselées et érudites à l'instar de celles de Properce, le plus hellénique des poètes romains. La pureté, l'élégance du style n'en sont point contestables; mais on y sent peut-être davantage le travail et les prédilections de l'archéologue; et quand le poëte se laisse aller plus franchement à son inspiration, on dirait vraiment qu'il a pensé en grec. Dans ces conditions spéciales, l'écrivain palermitain était admirablement préparé à doter la littérature italienne de reproductions des chefs-d'œuvre éclos sous le ciel de l'Hellade ou de la Sicile elle-même. Tour à tour ïOEdipe' roi de Sophocle, la Léandride de Musée, les Idylles de Bion et deMoschus, un fragment de Stésichore, quelques Odes du chantre de Téos ont donné la mesure de son talent (2). Mais son oeuvre capitale en ce genre est sans contredit la version de six tragédies d'Euripide : Médée, Hippolyte, les Phéniciennes , Héciibe, Rhésus et le Cy- dope (5). Les connaisseurs font grand cas, et avec raison , de la traduction de Bellotti; ils sont unanimes à lui pré- férer celle-ci sous plus d'un rapport. Si M. le prince de Galati n'avait été retenu, comme on peut le supposer, par un scrupule de modestie, s'il avait entrepris, après Alfieri, de translater Akeste, nul doute qu'il n'eût pu soutenir honorablement la lulle contre le grand tragique. Quant à (1) Epigrammata et elegiœ. Panormi, 1875, in- 12. — NovaCarmina. Panormi, 1876, in-12. (2) Dans les Opère publiées à Palerme en 1860, 1 vol. in-S»". (5) Tragédie d'Euripide. Napoli, 1871 , in-12. ( 1355 ) Bellotli, j'ai été frappé d'une observation de M. le profes- seur Prudenzano, de Naplcs. Bellotti s'était trop pénétré du génie sublime et terrible d'Eschyle, ainsi que de la puissance de Sophocle dans la peinture des grandes com- molionsde l'àme, pour rendre toujours avec un égal bon- heur le pathétique et la douceur touchante qui distinguent Euripide , le chantre de la douleur et de l'amour. M. de Spuches, au contraire, par les aspirations qu'il a révélées dans ses poésies originales et par la rare souplesse de son allure, s'est trouvé plus que tout autre appelé à surmonter les difficultés d'une pareille tache. C'est bien le véritable Euripide, l'Euripide sensible et passionné, philosophe quelquefois chagrin, plus souvent aimable, qui revit dans ses vers avec toute la grâce attique. Si l'auteur de Médée et (ÏHippolyle pouvait revivre en réalité, il se reconnaîtrait sous le vêtement étranger qu'on lui prête. Pour arriver à un si excellent résultat, il ne fallait pas seulement s'identifier avec la pensée du modèle, il fallait aussi veiller avec un soin minutieux à satisfaire aux exi- gences du goût italien. L'étude approfondie des grands maîtres du XIV' siècle et des écrivains de la Renaissance, ces législateurs littéraires, enfin l'exemple fécond des tra- ducteurs d'Homère, Monti et Pindemonte, ont permis à M. de Spuches de cueillir la palme sans efforts, de l'aveu des critiques les plus autorisés, Morpurgo, Carducci, Am- brosoli, Tommaseo et autres. Qu'un tel succès décide le poète sicilien à ne pas laisser son édifice inachevé; qu'il se rappelle les captifs athéniens de Syracuse devant leur déli- vrance aux vers d'Euripide : il ambitionnera l'honneur de les répéter jusqu'au dernier aux mêmes échos qui opérèrent ce miracle. M. de Spuches ne s'est pas contenté d'être un mélodieux ( 1536 ) interprète : il a aussi demandé à la muse des inspirations nouvelles (1). Ses compatriotes ne sont pas éloignés de le placer à côté de l'illustre Grossi, Fami de Manzoni, et après lui le chef du romantisme italien. A l'instar de l'auteur des Lombards à la Croisade, il s'élève aux hauteurs de l'épopée pour nous transporter dans l'Italie du moyen âge, soit que dans Gi!m///ero, tableau de la Sicile féodale soutenant contre les Arabes une lutte désespérée, il adopte Toctave du Tasse et de l'Arioste, ou que dans Adèle de Bourgogne il rajeunisse le tercet dantesque, avec une facilité qui n'a d'égale que la vigueur du coloris. Mais les critiques fran- çais se sont chargés depuis longtemps déjà d'assigner à M. de Spuches son rang au Parnasse; je serais mal venu à répéter ici leurs appréciations. Il ne s'est pas fait moins remarquer dans le genre lyrique; mais là encore (je fais surtout allusion aux belles odes // sesto centcnario di Danleei Cavour e Vltalia), le caractère grec de son génie s'est fait jour. L'ode sur Cavour, par exemple, est vraiment originale, et cependant il semble qu'elle ne soit « qu'une traduction admirable ou tout au moins une imitation où figureraient des fragments antiques ingénieusement rap- prochés (2). » M. de Spuches s'est assimilé la majesté pindarique aussi bien que la passion d'Euripide. La Sicile, désormais associée aux destinées de la Pénin- sule, tend néanmoins à conserver son caractère propre. Plusieurs de ses écrivains sont considérés comme clas- siques en Italie; cependant ils ont je ne sais quels traits sut generis qui les distinguent de leurs voisins du conli- (1) Poésie, y âpoVi, 1868,in-12. (i) Ani. Roux. Histoire de la liftéraltire italienne contemporaine. Paris, 1871, in-12, p. 97. ( iô57 ) neiU; tels sont les Genevois, tels sont les Belges à l'égard des Français. Ce n'est donc pas la langue à elle seule qui détermine le caractère national d'une littérature, c'est la manière générale de penser et de sentir, c'est l'influence des souvenirs et la ténacité du patriotisme, c'est surtout la confiance en soi-même. Il y a là, pour nos poètes et nos romanciers, matière à de sérieuses et fécondes réflexions. M. Ch. Piot donne lecture d'un travail sur les Beers de Flandre. Vu l'importance de cette communication, la classe la renvoie à l'examen de deux commissaires, MM. Alpli. Wauters et J. Heremans. — L'heure avancée n'ayant pas permis à M. Alp. Rivier de lire sa notice Sur la science du droit dans la première partie du moyen âge, d'après des recherches récentes, cette lecture est remise à la prochaine séance, qui auva lieu le lundi 5 juillet. ( 1358 ) CLASSE DES BEAUX-\RTS. Séance du y«'' juin 4876. M. Gevaert, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Al vin, vice-directeur; G. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli et F. Slappaerts, membres. M. Montigny, membre de la classe des sciences, M. Edouard Mailly, correspondant de la même classe, et M. R. Clialon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur écrit qu'il a invité le con- seil d'administration de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers à donner connaissance à M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture en 1872, des observations qui ont été suggérées à la classe des beaux-arts par l'exa- men des 6* et 7' rapports trimestriels de ce lauréat. ( 1559 ) Cette communication sera faite à M. Cuypers, par Tentremise de M. le directeur de l'Académie d'Anvers. Le lauréat aura à tenir compte pour l'avenir des observations de la classe. — M. le Ministre envoie, pour la bibliothèque de la Compagnie, un exemplaire de l'ouvrage en deux volumes, intitulé : Histoire de la peinture et de la sculpture à Ma- Unes, par M. Emm. Neefs. — Remercîments. La Société des architectes du département du Nord, à Lille, l'Jnstitut royal des architectes britanniques, à Lon- dres, l'Institution des ingénieurs civils de la môme ville, MM. Auguste Dumont, à Paris, et Th. Donaldson, à Lon- dres, tous deux associés, remercient pour le dernier envoi annuel des publications académiques. — xM. Donaldson fait hommage de l'ouvrage suivant : Soulh Kcnsington Muséum. Ar tUandbooks. The industrial arts. Historical sketches. Tn-8". M. Abraham Basevi, associé à Florence, adresse égale- ment, à titre d'hommage, un exemplaire de son ouvrage portant pour titre : La Divinazione e la Scienza, etc. In-S**. La classe vote des remercîments aux auteurs de ces dons. CONCOURS DE 1876. M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il n'a reçu aucun mémoire en réponse aux sujets littéraires du programme pour le concours de l'année actuelle, dont le terme fatal expire le 1" juin courant. ( 1340 ) RAPPORTS. La classe avait renvoyé à l'examen de MM. Siret, Stap- paerts et Portaels un travail manuscrit de M. Emmanuel Neefs, intitulé : L'œuvre de P.-P. Rubéns à Matines. Ce travail n'ayant pu encore être examiné par les trois commissaires, la classe ajourne la lecture des rapports à la prochaine séance. — M. Ad. Samuel donne lecture du rapport suivant qu'il a fait, au nom de la section permanente des jurys du grand concours de composition musicale, sur la dernière communication de M. F. Servais, lauréat de 1875, au sujet de son voyage à l'étranger. a Le rapport adressé à M. le Ministre de l'Intérieur par M. Servais, lauréat du grand concours de composition mu- sicale de 'J87o, n'est pas, à proprement parler, un rapport. Avant d'obtenir le premier grand prix de composition, M. Servais avait déjà beaucoup voyagé; il connaissait par- faitement l'Allemagne, où son éducation musicale s'était faite en partie; il avait obtenu, sur sa demande, d'être dis- pensé de l'exécution textuelle des articles du règlement relatifs aux voyages des lauréats, et cette dispense s'éten- dait naturellement aux rapports réglementaires. D Néanmoins, s'étant rendu à Paris, pour y commencer immédiatement sa carrière, M. Servais a pris texte de la situation de l'art musical dans cette ville, telle qu'elle lui est apparue, pour exposer ses propres idées sur la mu- sique. Bien que ces idées semblent procéder des théories ( \7M ) esthétiques de Richard Wagner, elles ont cependant un côté original que leur prête en partie la forme dont le jeune compositeur les a revêtues. La section permanente des jurys des grands concours de composition musicale n'entend nullement juger la nature môme des idées de M. Servais; mais elle constate avec satisfaction que le tra- vail du lauréat dénote un esprit réfléchi qui a déjà acquis une certaine maturité, et révèle un penseur sérieux que semble préoccuper surtout la nécessité de se former une philosophie de Fart. » La classe demandera à M. le Ministre de recevoir doré- navant, pour les archives de l'Académie, une copie des rapports des lauréats. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Edouard Fétis donne lecture d'une notice sur les dernières acquisitions du Musée royal de peinture de Rel- gique. Cette notice, destinée à être imprimée dans un Recueil spécial, est consacrée à des œuvres des maîtres primitifs allemands, flamands et italiens. La classe remercie M. Edouard Fétis pour cette lecture qu'elle a entendue avec beaucoup d'intérêt. — Par suite de l'indisposition de M. Alvin et de la ma- ladie de M. De Man , la séance de la Commission pour la liste des œuvres d'art à reproduire par les lauréats des grands concours, fixée au jeudi l'"" juin 1876, à 10 heures du matin , a dû être remise. 2*"' SÉRIE, TOME XLI. 8G ( 1542 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Chapiiis (F.). — Le pigeon voyageur (^2"' édit.). Verviers, 1876; vol. in-8^ Dupont {£.). — Théorie des âges de la pierre en Belgique. Paris, 1876; extr. in-8°. Va7i Beneden {P.-J.). — Les Thalassothëriens de Baltringen (Wurtemberg). — Les phoques fossiles du bassin d'Anvers. — Note sur le Grampus griseus. Bruxelles; 5 extr. in-8°. Cordeiro {Luciano). — Relalorio pela commissâo para propor a reforma do ensino artistico e a organisaçào do ser- viço dos museus, raonumentos historicos c archeologia. Pri- meira parte. Relatorio e projectos. Lisbonne, 1876; br. in-8". Delisle (L.). — La Bibliothèque nationale en 1875. Rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique. Paris, 1876; in-8°. Deschamps (/.). — Des maladies inflammatoires, suites de couches (jMémoire couronné au concours universitaire de 1874-73). Bruxelles, 1876; vol. in-8°. Donaldson [Th.). — South Kensinglon Muséum. Art hand- books. — The industrial arts. Historical skctches. Londres; vol. in-S". Fœttinger (Alexandre). — Recherches sur la structure de l'épiderme des cyclostomes. Bruxelles (1876); extr. in-8°. Gervais [Paul) et Gervais {Henri). — Observations relatives à un squale pèlerin récemment péché à Concarneau. Extr. in-4°. Hinrichs [D"" Gustavus). — lowa Weather review , february and april, 1876; 2 fcuill. in-40. Huseniann (D'' Aug.) und Killlas {D'' E.). — Die arsen- haltigen Eisenâuerlinge von Val Sinestra bei Sins. Coire , 1 876 ; br. in- 12. Merchie[Le D''). — Guerre de 1870-1871. Los secours aux blessés après la bataille de Sedan, avec documents olTiciels à l'appui. Bruxelles, 1876; vol. in-8". ( 1343 ) Nichohon [H. Allcyne). — Descriptions of ncw species of rugose corals froin the carboniferous rocks of Scolland. Glas- gow, I87G ; extr. in-8°. Saporta {le C G.), Marion {W A.-F.) et Faisan (Alberl). — Recherches sur les végétaux fossiles de Mcximieux, précédées d'une introduction straligraphique. Lyon, Genève, Bàle, 1876; extr. in-i** des archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon. Schnell {Eugen). — Festschrift zur 500 jâhrigen Jubelfeier der fiinftlichen Linie Hohenzollern-Sigmaringen, am 8. Marz d 570/1876. Sigmaringen, 1876; br. in-8°. Schoonbroodt {J.-G.). — Inventaire analytique et chronolo- gique des archives de l'abbaye du Val-S'-Lainbert, lez-Liége, tome 1 (Chartes). Liège, 1875; vol. in-4°. Commissions royales cVart et cV archéologie , à Bruxelles. — Bulletin , 1 o"' année 1 876 , n"' i et 2. Bruxelles ; 10-8". Bibliothèque royale de Belgique. — Acquisitions faites pendant le deuxième semestre 1873. Bruxelles; feuille in-4*. Société royale de numismatique, à Bruxelles. — Revue belge de numismatique, oâ*"^ année, 1876; o""^ liv. Bruxelles; in-8°. Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Bel- gique, t. XIII, 1876, I''^ liv. Louvain, Bruxelles; in-8°. Musée de l'industrie de Belgique à Bruxelles. — Bulletin, tome LXIX, 55""" année, avril, mai et juin 1876. Bruxelles; 5 liv. gr. in-8°. Annales de médecine vétérinaire , Sa"*® année, 1876; avril- juin. Bruxelles; in-8*'. Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. — Journal, 62""* vol. 1876, mars-mai. Bruxelles; in-8<>. Annales d'oculistique , W""^ série, t. V, 1876, janvier-juin. Bruxelles; in-8°. La Presse médicale belge, 28"^'^ année, 1876, n"" 5-50, janvier -juin; feuill. in-4-°. ( 1344 ) Société royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 20'"*' année , 4 876 , avril-juin. Bruxelles ; in -8". Le Bibliophile belge, 10"°* année, livraisons II et 12. Bruxelles; in-8°. L'Abeille , 22™^ année, 1876, avril-juin. Bruxelles; in-S". Association belge de photographie. — Bulletin, 2°"® année, 1873, n"* 7-12. Bruxelles; in-8«. Annales de l'électricité médicale, 16°^ année, 1875, sep- tembre-décembre; n""^ année, 1876, janvier-avril. Bruxelles; in-8°. Bibliographie de Belgique, V^ année, 1873, n° 12; 2""' année, 1876, n"" 1-3. Bruxelles; in-8°. Société entomologique de Belgique à Bruxelles. — Compte- rendu, série II, n°' 21-23, janvier-mai. Bruxelles; feuill. in-8''. Moniteur industriel belge, vol. III, 1876, n"' 1-18, jan- vier-juin. Bruxelles ; feuilles in-4°. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 32""^ année, 1876, février et mars. Bruxelles; in-8°. Société de médecine d'Anvers. — Annales. 57™^ année, 1 876, mars et avril. Anvers ; in-S". Revue de l'instruction publique en Belgique, tome XIX, l'^etS'"'^ livr. Gand; in-8°. Willems fonds. — Grondbeginselen der natuurkundigeaard- rijkskunde. Gand, 1876; vol. pet. in-8°. L'Écho vétérinaire, 6""^ année, 1876, mars-juin. Liège; in-8''. Société médico-chirurgicale de Liège. — Annales, 13"^ année, 1876, janvier-mai. Liège; in-8°. Le Scalpel, 28'"'' année, 1873-1876, n"^ de janvier-juin. Liège; feuill. in-4''. Journal des Beaux-Arts, 18'"*= année, 1876, n°' 1-12. Lou- vain; feuilles in-i". Kaiserl. Akademie der Wissenschaften in Wien. — An- zeiger, Jahrg. 1876, Nr. I-XVI. Vienne; feuilles in-8». K. bayer.- Akademie der Wissenschaften in Mûnchen. — ( 1345 ) Einleitung in das Studium dcr arabisclicn Grammalikcr. Mu- nich, 1876; br. in-S". Phxjsikal.-medicin. GeseUschafl in Wûrzbitrg. — Vcrhand- lungcn, nciie Folgc, IX. Band, 1. iind 2. Ileft. Warzl)ourg, 4875;br. in-8°. Oberlausit-ische GeseUschafl der Wissenscha fteji. — ^eues lausitzischcs Magazin , 52. Band, crstes Heft. Gorlitz, 1876, br. in-8". Verein fiir Kitnst luid Alierlhum in Ulm und Oberschica- ben. — Korrespondenzblatt. Ersler Jahrgang, 1876, Nr. 3-6. Ulm; feuill. in-4°. Deutsche chemische GeseUschafl zu BerUn. — Bericbte, No. 5 bis 9. Berlin; in-8°. Juslus Perthes' Geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- theilungen, 22. Band, 1876, V.— Ergânzungsheft, Nr. 46. Gotha ; 2 cah. in-4". Germanisches Nationalmnseum. — Jahres-Bericht, 1875; Anzeiger, Jahrgang, 1875. Nuremberg; 15 feuilles in-4''. K. k. zoologisch-botanische GeseUschafl in Wien. — Ver- handlungen, 25. Band, Jahrgang, 1875. Vienne; vol. in-S". Ministère de la Guerre de France. — Carte de la France à l'échelle de 1 pour 520,000 dressée au Dépôt de la Guerre d'après la carte topographique au 80,000% levée par les offi- ciers du Corps d'état-major. Paris, 1852; 52 feuilles in-fol. et \ feuille d'assemblage. Société dunkerquoise pour V encouragement des sciences , etc. — Mémoires, vol. XVII et XVIII, 1871-1874. Dunkerque, 1874, 1875; 2 vol. in-S». Ecole normale supérieure de Paris. — Annales, tome V, 1 876 , n"^ 5 et 6. Paris , 1 876 ; 2 br. in-4°. L'Institut, N. S., 4™« année, 1876, n"^ 168 à 180. Paris; feuill. in-4". Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus, tome LXXXII , 1876, n»" 14-26; table du tome LXXXI. Paris; in-4''. ( 1346 ) Revue scientifique; Revue politique et littéraire , 2°" série, !87G, n°^ 40-32. Paris, in-4". Le Progrès médical ^ 4'°^ année, 187G, n"' 1-26, janvier- juin. Paris; fcuill. in-4''. Société centrale d'agriculture de France. — Bulletin , 1876 , n'-M, 2 et 5. Paris; in-8°. Bulletin scientifique j historique et littéraire du départe- ment du Nord, 1876, n"* 1-6, janvier-juin. Lille; 6 fasc. in-S". Revue heljdoniaduire de chimie , 7"" année, 1876, n"' i à 10. Paris; in-8°. Revue britannique , avril-juin 1876. Paris, 5 demi-vol. in-S". Archives de médecine navale , tome XXV, avril, mai et juin 1876. Paris; feuilles in-8". Sociétés des amis des sciences naturelles de Rouen. — Bul- letin, 2™* série, XI"'" année, 1875, 2"°" semestre. Rouen, 1876; in-8^ Société savoisienne d'histoire et d'archéologie à Chambéry. — Mémoires et documents, tome XV, 2™" partie. Chambéry, 1876; m-8". Journal de Vagriculture, tome 11% 1876. Paris; Ion'»» in-8°. Société d'agriculture de Valencienncs. — Revue agricole industrielle, etc., tome XX VU! , 1873, n- 8 et 9; tome XXIX, 1876, n"" 1-4. Valenciennes; in-8°. Société linnéenne du Nord de la France, à Amiens. — Bulletin mensuel, 5"" année, tomelll, n°^ 46, 47, 48. Amiens; in-8". Société de géographie de Lyon. — Bulletin, tome I", n°^ 1 à 4. Lyon, 1875; 4 liv. in-8". Société météorologique de France , à Paris. — Nouvelles météorologiques, 9™« année, 1876, mars, mai, juin; Annuaire, tome XXI, 1875; Tableaux météorologiques, feuilles 1-4. Paris; 4 fasc. in-8°. Chemical Society of London. — Journal, ser. 2, vol. XIII, november and decembcr 1873; vol. XIV, january, 1876. Londres ; 3 liv, in-8°. ( 1317 ) Royal Society of Edinburgh. — Transactions, vol. XXVII, pt. 111(1874-75).— Proceedings, vol. VIII (1874-75). Londres; vol. in-4'' et vol. in-8°. Geological Society of London. — The quarterly Journal, vol. 5î2, pts. \ and 2, 1876. Londres; 2 fasc. in-8°. Royal Dublin Society. — The Journal , vol. VII, No 1, No 44. Londres; in-8°. Royal astronomical Society. — Menioirs, vol. XLII, i873- 1875. Londres ; in-4°. Royal geographical Society of London. — Proceedings, vol. XX, No IL Londres; in-8°. Anthropological Institute ofGreat Britain and Ireland. — The Journal, vol. V, No II, october 1875. Londres; in-8°. Institution of Civil Engineers of London. — Minutes of Proceedings, vol. 45, session, I875-G, pt. l. Londres ; vol. in-8°. Meteorological Society of London. — Quarterly Journal , new séries, vol. III, Nos. 17 and 18. — List of feliows of the Society, january 1876. Londres; 2 liv. et . br. in-S". Society of antiquaries of London. — Proceedings, second séries, vol. VI, No. IV, 1875. Londres; in-8°. London mathematical 5ocief?/. — Proceedings, n°^ 87-90. Londres; 2 br. in-8°. Nature, vol. 45, 1875-1876, n"' 514 at 559; vol. 14, n"» 540-348. Londres; cah. gr. in-S". Iron, the Journal of Science, etc. Vol VIII, janvier-juin, 1876. Londres; in-fol. Société hollandaise des sciences, à Harlem. — Natuurkun- dige verhandelingen, 5*** verz., deel II, n° 5. Harlem, 1875; vol. in-4°. Institut archéologique du Luxembourg. — Publications des membres de l'Institut : Le Luxemburgum romanum, par Ces. Sulbout, curé de Strainchamps, 5^ fascicule Arlon. 1874; in-S". Rivista scientifico-industriale , anno VIII, gennaio-aprile 1876. Florence; 4 liv. in-8^ ■ ( 1348 ) Società entomologica ilaliana. — Resoconli délie adunanze del 2G dicembre 1875 ed del 57 fcbbraio 1876. Florence; 2 fasc. în-8". Nordlskt medicinskt arkiv, Bandet VIII, Nr. 1-7. Stockholm, ^876; in-8". Société de géographie de Genève. — Le Globe, tome XIII, liv. 5et6, 1874. Genève, 1876; br. in-8''. Naturforschcnde Gesellschaft Granhïmdens. — Jalires- Bericht, neue Folge, XIX. Jahrgang, 1874-75. Coire , 1876; pet. in-4°. Société d'histoire de la Suisse romande à Lausanne. — Mémoires el documents, tome XXX. (Documents relatifs à l'histoire du Valais, recueillis et publiés par Vabbé J. Gre- maud, tome II, 1255-1300.). Lausanne; vol. in-8«. Instituto historico geographico e ethnographico do Brasil. — Revista Irimensal, tomo XXXVIII, parte 2% III trimestre. Rio de Janeiro, 1875 ; in-8°. The Penn Monthly , vol. VII , Nos. 76, 77 and 78, april, may and june 1876. Philadelphie; 5 fasc. in-8". Connecticul Academy ofarts and sciences, New Haven. — Transactions, vol. III, pt. I. New Haven, 1876; in-8*'. American Jnstitute of Architects. — Proccedings of the ninth annual Convention. Baltimore, 1876; in-4". American Academy of' arts and sciences. — Proccedings, new séries, vol. IL— The complète works of count Rumford , vol. IV. Boston, 1875; 2 vol. in-8«. Ccdifornia Academy o/" scienres. — Proccedings, vol. V, part. III, 1874. San Francisco, june 1875; in-8°. Fin nu Tome XLI de la 2'"^ sÉniE. BULLETINS DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME QUARANTE ET UNIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1876. TABLE DES AUTEURS. A. Académie d'archéologie de Belgique. — Adresse son programme de con- cours pour 1877, 866. Académie de jurisprudence et de législation de Madrid. — Hommage d'ouvrages , 354. Académie des sciences exactes de V Université de Cordova. — Hommage d'ouvrage et demande d'échange de publications, 1131. Académie royale de médecine de Belgique. — Adresse son programme de concours (années 1875 à 1878), 4. Académie royale des beaux-arts d'Anvers. — Transmet le programme du concours de peinture (prix de Rome), 171, Académie royale des sciences d'Amsterdam. — Adresse son programme de concours pour 1876, 1074. Académie royale des sciences de Hongrie, à Budapesth. — Hommage d'une médaille commémorative , 1 074. Adan {Le major E.). — Hommage d'ouvrage, 911, 1151 ; membre de la Commission de la carte géologique de la Belgique, 1150. administration des hospices de la ville de Bruxelles. — Renouvelle sa demande relative à l'emploi de paratonnerres, 2. Albanese (T.-M.). — Hommage d'ouvrage, 596. Alvin {L.). — Membre du jury du concours triennal de littérature drama- tique française, 137; transmet copie d'une lettre relative aux dangers dSSO TABLE DES AUTEURS. qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle, 158, 170; élu directeur de la classe des beaux-arts, 172 ; donne connaissance des dons faits en faveur de la Caisse centrale des artistes, 719; fait une communi- cation relative à la liste des œuvres d'art à reproduire par les lauréats des grands concours, 1159. Arntz (Égide). — Élu associé, 1078, 115-i; remercie, 1527. Balai (AIp.). — Commissaire pour le Xllh rapport semestriel du lauréat Dieltiens, 718. Bambeke[Ch. Van). — Commissaire pour un travail de M. Leboucq con- cernant les nerfs des larves de batraciens, 4; roppoit, -iiO; rapport sur le travail de M. Fœttinger concernant l'épiderme des Cyclostomes , 6; sur l'embryologie des batraciens, 97; hommage d'ouvrages, 755, 75i; commissaire pour un travail de M. Swaen concernant la cornée des grenouilles, 1155. Bascvi {Abraham). — Hommage d'ouvrage, 1559. Baslelaer [D'' A. Van). — Présente un travail concernant les vernis, etc., des poteries romaines , 1076. Baye {J. De). — Hommage d'ouvrages , 1075. Belhjnck [Le R. P.). — Transmet ses observations botaniques, faites à Namur, en 1875, 595; hommage d'ouvrages, 755, 918. Bemmel {Eug. Van). — Hommage d'ouvrage, 866. Beneden [Éd. Van). — Hommage d'ouvrage, 5; commissaire pour un tra- vail de M. Leboucq concernant les nerfs des larves de batraciens, 4; rapport, 446; lecture de son rapport sur le travail de M. F. Plateau concernant la digestion chez les Myriapodes de Belgique, 5; contribu- tions à l'histoire de la vésicule germinative et du premier noyau em- bryonnaire, 58 ; commissaire pour une note de M. Fredericq concernant les muscles striés de l'hydrophile, 223; rapport, 452; rapport sur le tra- vail (le MM. Putzeys et Swaon concernant le sulfate de guanidine, 759; commissaire pour une noie de M. F. Plateau concernant la digestion chez la Blatleaméricaine,920 ; lecture de son rapport,! 156; commissaire pour un travail de M. Swaen concernant la cornée des grenouilles, 1 155 ; recherches sur les DicYEMroES, survivants actuels d'un embranchement des Mésozoaires, etc. (l'''^ partie), 1160. Beneden {P.-J. Van). —'4]n mot sur la baleine du Japon, 28; réélu membre de la Commission des, finances, 22o;^es Thalas?olhériens de Ballringen (Wurtemberg), 471 ;'1es phoques fossiles du bassin d'Anvers, TABLE DES AUTEURS. 15ol lSÔ;i\ole sur le Gra)n}yus griseus, 802; communique deux leltres rela- tives à des (lécouverfes d'ossemenis fossiles en Italie, 957; hommage d'ouvrages, 1152. Bergmœin (Anton). — Prix quinquennal de littérature flamande attribué à son œuvre : Sc/ietsen en beelden, 1 153. Bcrgmann (M"" V^'^ Anton). — Adresse une lettre relative à la fondation d'un prix décennal de littérature flamande, 157, 356; rapport de M.M. Faider, De Decker et le baron Kervvn de Lettenhove sur cette communication, 358. Bernardin [Le B. P.). — Transmet ses observations zoologiques faites à Melle,en 1875, 224; 731. Borch grave {Ém. de). — Membre du jury du concours quinquennal d'histoire nationale, 137. Barmans [Stanislas). — Hommage d'ouvrage, 1076. Bourson. — Membre du jury du concours triennal de littérature drama- tique française, 137. Boussinesq {J ). — Présente un supplément à son mémoire concernant les massifs pulvérulents, 735. Briart (Alp.). — Commissaire pour une note de M. le capitaine Henne- quin relative à un nouveau tirage des cartes géologiques de Dumont, 2; lecture de son rapport, 225; commissaire pour les projets d'inscrip- tion des médailles de concours décernées aux mémoires concernant le bassin houiller de Liège, 5, 226 ; rapport, 228; commissaire pour l'éva- luation des frais de publication de ces mémoires, 222; lecture de son rapport, 458; rapport sur le travail de M. Mourlon concernant les dépôts dévoniens, etc. Brongniart [Adolphe). — Annonce de sa mort, 59i Bruylanls (G.). — Présente un travail concernant les résines, 224; rap- port de MM. Stas, Donny et Melsens, 450, 451 ; impression, 559. Burbure {Le cher. Léon de). — Accepte de rédiger pour l'Annuaire une notice sur feu M. de Coussemaker, 585. Buys-Ballot [C.-H.-D.). — Remercie pour son élection d'associé, 3; ac- cuse réception de son diplôme, 223. C. Copellini. — Lettre relative à des découvertes d'ossements fossiles en Italie, 957. Carrara (F.). — Hommage d'ouvrage, 354. 1352 TAllLE DES AUTEURS. Catalan (Euy.). — Commissaire pour le fragment IV du travail de M. Hou- zeau concernant le calcul numérique, 397; lecture de son rapport, 932 ; rapport verbal sur deux notes de M. Saltel concernant les lieux géomé- triques et le théorème de Desargues, 457; présente des noies d'algèbre et d'analyse, 734, 920 ; rapports de MM. Liagre, Folie et De Tilly, 932, 954, 11 50; commissaire pour une note de M. Lepaige sur Téquation xy" ■+■ ky — ?/ = 0, 734; rapport, 933; commissaire pour une note de M. Saltel concernant la loi de décomposition, etc., 754; rapport sur les tables de logarithmes à douze décimales de MM. Namur et Mansion , 921 ; note relative aux nombres de Bernoulli, 1018. Cavalier' (/.). — Transmet ses observations météorologiques faites à Ostende, en 1873 et 1876, 4, 395, 730, 912. Cellier (L.). — Hommage d'ouvrage, 681; note bibliographique sur ce volume, par M. Piot , 692. Chalon (B.). — Réélu membre de la Commission des finances, 555 : membre de la Commission pour le choix d'une question pour le con- cours littéraire de Stassarl, 1330. C/iapuis (F.). — Hommage d'ouvrage, 1152. Chevreul {E.). — Remercie pour son élection d'associé, 222; hommage d'ouvrages, ibid. Clausius (Rodolphe). — Remercie pour son élection d'associé, 3; accuse réception de son diplôme, 225; hommage d'ouvrage, 390; noie biblio- graphique sur ce volume, par IVl. Folie, 593. Congrès international des orientalistes. — Adresse le programme de sa 5« session, 554, 1074. Congrès international d'hygiène et de sauvetage. — Adresse des exem- plaires de son règlement, 911. Conscience [H.). — Réélu membre de la Commission des finances, 555. Cornet {F.-L.). — Commissaire pour une note de M. le capitaine Henne- quin relative à un nouveau tirage des cartes géologiques de Dumont, 2; lecture de son rapport, 225; commissaire pour les projets d'inscrip- tion des médailles de concours décernées aux mémoires concernant le bassin houiller de Liège, 5,226; rapport, 229; commissaire pour l'éva- luation des frais de publication de ces mémoires, 222; lecture de son rapport, 458; hommage d'ouvrage, 224 ; rapport sur le travail de M. Mour- lon concernant les dépôts dévoniens, etc., 252. Crépin (F.). — Approbation royale de son élection de membre titulaire, 2; remercie, 5. Cuypers (/.). — Envoi de ses rapports semestriels réglementaires, 380. examen de ces rapports par MM. J. Geefs et Fraikin, H36, 1338, i TARLC Di:S AUTEURS. 1353 D. De Busscher (Edm.). — Quinzième rapport annuel sur les travaux de la Commission de la biographie, 1080; réélu membre de la Commission administrative, 1136. Dechen (Henri von). — Remercie pour son élection d'associé, 5; accuse réception de son diplôme, i'23. Decker (P. De). iMembre du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 137; commissaire pour une lettre de M""' V" Derg- mann relative à la fondation d'un prix décennal de littérature flamande, 137,056; rapport sur cette communnalion, 558; réélu membre delà Commission des finances, 5oo; commissaire pour le mémoire de con- cours concernant l'histoire des institutions de charité en Belgique, 360; rapport, 875; membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550. De Coussemaker [Edm.). — Annonce de sa mort, 385. De Heen (P.). — Au sujet d'une relation qui existerait entre la tempéra- ture de fusion des métaux et leur coefficient de dilatation, 457, 735; rapports de MM Gloesener, Montigny et Folie sur ce travail, 952, 955, 956 ; impression , 1019. De Koninck [L). — Commissaire pour une deuxième note historique de M. Melsens sur J.-B. van Helmont, ^25; lecture de son rapport, 451; rapport sur le complément du mémoire couronné concernant les roches plutoniennes de la Belgique, 450; commis.-aire pour un travail de M. Dubois concernant le chlorure de sulfuryle, 755; hommage d'ou- vrages avec note bibliographique, 919; chargé, avec la Commission administrative , de la remise de la médaille à M-^^ V^ d'Omalius, 1083; commissaire pour un travail de MM. Spring et Lévy concernant les acides tétra- et trithioniques, 1155. De la Barre Duparcq [Ed.). Hommage d'ouvrage, 535. De la Vallée-Poussin (Cli.). — Rapports de MM. Dewalque, De Koninck et Malaise sur le complément de son mémoire couronné concernant les roches plutoniennes, 407, 450, 431; membre de la Commission de la carte géologique de la Belgique, 1150. Delepierre (Octave). — Hommage d'ouvrage, 866. Delisle {Léopold). — Hommage d'ouvrages, 1150, 1528. De Man (G.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 586; commissaire pour le XIIF rapport semestriel du lauréat Dieltiens, 718. i554 TABLE DES AUTEURS. De Man{Le général). — Annonce que son frère ne pourra assister aux séances pour cause d'indisposition, H5d. Dépôt de la Guerre de Belgique {M. le directeur du). — Lecture des rap- ports de MM. Dewalque, Briart et Cornet sur sa lettre relative à la publi- cation d'une nouvelle édition de la carie géologique du pays, 225; hom- mage d'ouvrages, 394, 911 ; analyse et rapports faits par MM Liagre, Quetelel et Folie du travail concernant la triangulation du pays, 597 , 401, 404. Desmaze (Charles). Hommage d'ouvrages, 354. Dewalque [G.). — Commissaire pour une note de M. le capitaine Hennequin relative à un nouveau tirage des caites géologiques de Dumont, 2 ; lecture de son rapport, 225; commissaire pour les projets d'inscription des médailles de concours décernées aux mémoires sur le bassin houiller de Liège, 5, 226; rapport , 227 ; commissaire pour l'évaluation des frais dé publication de ces mémoires. 222; lecture de son rapport, 458; à propos de la carte géologique détaillée de la Belgique, 15; rapport sur le complément du mémoire couronné concernant les roches pluto- niennes delà Belgique, etc., 407 ; communication relative aux manu- scrits délaissés par feu Dumont, 1071 ; membre de la Commission pour la carte géologique de la Belgique, 1150. Dewez-Chaudoir . — Hommage d'ouvrage et note bibliographique sur ce livre par M. Le Roy, 681 , 685. De Witte {Le baron). — Hommage d'ouvrages, 1075, 1527; commissaire pour un travail de M. Van Basielaer concernant les vernis , etc., des poteries romaines, 1076. Dielliens (E.). — Envoi de son treizième rapport semestriel , 718. Donaldson {Thomas). — Hommage d'ouvrage, 1539. Donny (F.). — Commissaire pour un travail de M, Bruyiants sur les résines, 224; rapport, 451 ; commissaire pour une deuxième noie his- torique de M. Melsens sur J.-B. Van Helmpnt, 22^); lecture de son rap- port, 451 ; commissaire pour un travail de MM. Spring et Lévy sur les acides tétra- et triihioniques , 1 153. Dubois {Ed.). — Piésente un travail concernant le chlorure de sulfu- ryle, 755. Dupont {Ed.). — Note sur les principaux manuscrits délaissés par feu André Dumont, 458; membre de la Commission pour la carte géolo- gique de la Belgique, 1150; hommage d'ouvrage, 1152. Duprez {P.). — Commissaire pour un travail de M. W. Spring concernant l'électricité statique, 734; rapport, 950; commissaire pour une note de M. Savez concernant l'inertie de la matière , 735 ; rapport, 1 155. à TABLE DES AUTEURS. 1355 E. École royale normale supérieure de Pise. — Demande d'échange de publications, L>25. Egger (E.). — Hommage d'ouvrages, 1076. Everard. — Don fait à la Caisse centrale des artistes , 587, 7:20. Faider (Amédée). -~ Lauréat du concours amiuel de la classe des lettres, 1077, 1132; remercie, 1-327, Faider (Charles). — Président de l'Académie pour 1876,2, 156, 140, 171; membre du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 137; commissaire pour une lettre de M'^^ V'^« Bergmann relative à la fondation d'un prix décennal de littérature flamande, 137, 356; rapport sur celte communication , 558; réélu membre de la Com- mission des finances, 355; Littérature royale. Discours politiques du roi Léopold 1", 1088; membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550. Fallon (M"*« la baronne Félicien). — Hommage d'ouvrage, 754. Faisan {A.). — Hommage d'ouvrage, 115-2. Fédération des sociétés scientifiques de Belgique. — Adresse une circu- laire concernant sa session de 1876, 594. Félis (E.). — Membre dujui'y du concours triennal de littérature drama- tique française, 137; fait une communication relative à l'administration de la Caisse centrale des artistes, 587 ; lecture d'une notice sur les der- nières acquisitions du Musée royal de peinture de Bruxelles, 1541. Feys {E.}. — Hommage d'ouvrage, 1528. Flandre {M9''le Comte de). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir as- sister à la séance publique de la classe des lettres, 1072. FœUmger {Alexandre). — Rapports de MM. Van Bambeke et Sclnvann sur son travail concernant l'épiderme des* Cycloslomes , 6, 12; impres- sion de son travail, 599; hommage d'ouvrage, 1152. Folie {F.). — Sur la transformation des coordonnées et sur les signes des angles et des distances en géométrie analytique , 86; commissaire pour une lettre de M. l'abbé Spée sur la structure des taches solaires, 224; rapport verbal, 246; note bibliographique sur un ouvrage de M. Clau- 1556 TABLE DES AUTEURS. sius concernant la théorie mécanique de la chaleur, 396 ; commissaire pour le fragment IV du travail de M. Houzeau concernant le calcul numérique, 397; lecture de son rapport, 952; rapport sur un travail fait par le Dépôt de la Guerre de Belgique concernant la triangulation du pays, 404; rapport verbal sur deux noies de M. Saltel concernant les lieux géométriques et le théorème de Desargues, 457; commissaire pour des notes d'algèbre et d'analyse par M. Catalan, 734, 920; rapport, 954, 1156; commissaire pour une note de M. Saltel concernant la loi de dé- composition, etc., 734; commissaire pour un travail de M. W. Spring concernant Télectricité statique , 734; rapport, 950; commissaire pour une note de M. P. De Heen concernant la fusion et la dilatation des mé- taux, 755; rapport, 956; commissaire pour le supplément au mémoire de M. Boussinesq concernant les massifs pulvérulents, 755; donne lec- ture d'une lettre de M. Spring demandant l'ouverture d'un billet ca- cheté, 912; rapport sur les tables de logarithmes à douze décimales de MM. Namur et Mansion, 928. Fraikin (6'.-^.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 387; rapport sur le choix des œuvres à reproduire par le lauréat du grand concours de sculpture, 899 ; commissaire pour les rapports semes- triels du lauréat Cuypers, 586; appréciation de ces rapports,! 136, 1538. Franck iJ.). — Réélu membre de la Commission des finances, 587. Fredericq (L,). — Présente une note concernant les muscles striés de l'hydrophile, 225; rapport de MM. Ed. Van Beneden et Schwann, 452, 457; impression, 583; présente un travail concernant la préparation des pièces anatomiques sèches, 1155; rapport de M. F. Plateau, 1156; impression, 1519. Fries [Elias). — Hommage d'ouvrage, 595. Fuérison. — Membre du jury du concours triennal de littérature drama- tique française, 137. Gachard(L.-P.).— Le Conseil d'État belge et la Conférence anglo-balave (1706-1713), 144, 362, 699; commissaire pour un mémoire de M. le baron Guillaume intitulé : Histoire de l'infanterie wallonne sous la mai- son d'Espagne (1500-1800), 555 ; lecture de son rapport, 684; réélu membre de la Commission des finances, 555; membre de la Conmiission pour le choix d'une question de concours, 1350. Gantrelle (/.). — Hommage d'ouvrages et note bibliographique sur ces volumes par M. Le Roy, 681, 687. TADLE DES AIJTEUUS. 4357 Garcinde Tassy. — Ilonniia^e d'ouvrage, 130. Geefs (G.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 587. Geefs {J.). — Rapport sur le choix des œuvres ù reproduire parles lauréats du grand concours de sculpture, 899; commissaire pour les rapimrts se- mestriels du lauréat Cuypers, 38G; appréciation de ces rapports, 1 1-36. Geslain (Tli.). — Hommage d'ouvrage, 13-29. Gilkinet {Alfred). — Remercie pour sou élection de correspondant, 3. Gloesener (M.). — Commissaire pour une noie de M. P. De Heen concer- nant la fusion et la dilatation des métaux, 735; rapport, 9o2. Gîuge {Th.). — Réélu membre de la Commission spéciale des linances, 22o. Godefroy Menilglaise {M. le marquis de). — Hommage d'ouvrages, 159; élu associé, 1078, 1134; remercie, 1327. Gosselet (/.). — Présente une note concernant le calcaire eifelien, 920; rapport de M. Malaise, 1136; impression, 1310. Grooi van Prinsterer (G.). — Annonce de sa mort, 1326. Guffens {Godfried). — Élu membre titulaire, 171 ; remercie, 386; appro- bation royale de son élection, 717. Guillaume {Eugène). — Élu associé, 172; remercie, 386. Guillaume {Le baron). — Membre du jury du concours quinquennal d'his- toire nationale, 137 ; présente un mémoire intitulé : Histoire de l'infan- terie wallonne sous la maison d'Espagne (1300-1800), 335; lecture des rapports de MM. Gachard, AVauters et le baron Kervyn de Lettenhove, 684; élu membre de la Commission administrative, 356, 1078; membre de la Commission pour le choix d'une question pour le prix littéraire de Stassart, 1330. n. Hane-Steenhuyse {Charles d'). — Hommage d'ouvrage, 866. Hanicq (M'"^ F"*). — Subsidiée par la Caisse centrale des artistes, 720. Hennequin {Le capitaine d'état-major). — Présente une note relative à un nouveau tirage des cartes géologiques de Dumont, 2 ; lecture des rapports de MM. Dewalque, Briart et Cornet, 225; membre de la Com- mission de la carte géologique de la Belgique, 1130. Heremans (/.). — Commissaire pour le mémoire de concours concernant l'histoire des institutions de charité en Belgique, 360 ; rapport, 877; élu membre titulaire, 1078, 1133; approbation royale de son élection, 1327; 2'"' SÉRIE, TOME XLI. 87 1558 TABLE DES AUTEURS. remercie, /6/rf.; membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1330; commissaire pour un travail de M. Piot sur les Beers de Flandre, 1 337. Heuschling {X.) . — Adresse une lettre relative à la distinction accordée à M. Rouillet pour son travail sur la densité de la population en Europe, Zoo. H Hier (Ferdinand). — Élu associé, 172; remercie, 386. Hirn {G.-A.). — Hommage d'ouvrages, 224. Hoefler {Le chevalier Constantin de). — Hommage d'ouvrage avec lettre explicative, 1528. Houzeau (J.-C). — Présente le fragment IV de son travail sur le calcul numérique , 397 ; lecture des rapports de MM. Folie, Catalan et Liagre, 932; impression, 961 ; remercie pour la réception qui lui est faite par la classe des sciences, 910; présente un mémoire intitulé : Uranométrie générale, 911. I. Institut des provinces de France. — Fixation de sa 41 « session, 225. J. Jochams. — Membre de la Commission de la carte géologique de la Bel- gique, lloO. Juste (Th.). — Lauréat du concours quinquennal d'histoire nationale, 1073, 113Ô; membre de la Commission pour le choix d'une question de con- ("ours, 1350. Kervyn de Lettenhove {Le baron). — Commissaire pour une lettre de M"!*" V^^ Bergmann relative à la fondation d'un prix décennal de litté- rature flamande, 137, 356; rapport .sur cette communication, 338 ; com- missaire pour un mémoire de M. le baron Guillaume intitulé : Histoire de l'infanterie Avallonne .sous la maison d'Espagne (1500-1800), 3do,- lecture de son rapport, 684; communication relative aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle de Bruxelles, 682. Kœnigsberger {Léo). — Adresse un projet de Répertoire pour les mathé- matiques pures et appliquées, 731. TABLE DES AUTEURS. 1359 L. Laurent. — Lauréat du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 1075, 1 135. Lavaux {Eug.). — Hommage d'ouvrage, 31)6. Le Blant {Edmond}. — Hommage d'ouvrages, 1075. Leboucq (//.). — Présente un travail concernant les nerfs des larves de batraciens, 4 ; rapport de MiM. Éd. Van Beneden, Schwann et Van Bam- beke, 446, 449; impression, 56!. Leclercq (D.). — Adresse ses observations météorologiques faites à Liège, en 1875, 4. Leclercq {M.-N.-J.}. — Membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550. Lehardelay {Cli.}. — Présentation par M. Terby des résultats de ses observations de la planète Saturne, 754; rapport de MM. Eru. Quelelet et Liagre, 1 153; impression, 1315. Le Maire {Le général). — Voir Dépôt, de la Guerre. Lenormant {François). — Hommage d'ouvrage, 15-28. Le Paige (C.). — Présente deux notes concernant: 1° l'équation œy"-\-ky' — y = 0; 2° les nombres deBernoulli, 734; rapports de MM. Catalan et De Tilly, 955, 959 ; impression, 1011, 1017. Le Roy {Alp.). — Membre des jurys des concours quinquennaux, 137, 680 ; notes bibliographiques : 1° sur un monument littéraire élevé à la mémoire de Boccace, 159, 140 ; 2o sur un exemplaire de l'histoire géné- rale de la Belgique de M. Dewez, 685; 5° sur des ouvrages de philo- logie de M. Gautrelle, 687; 4« sur des ouvrages d'archéologie de M. Giuseppe de Spuches, prince de Galati, 1551 ; commissaire pour un mémoire de concours concernant Ihisloire du droit de chasse en Bel- gique, etc., 360 ; remplacé dans cette fonction par M. Nypels, etc., 685; membre de la Commission pour le choix d'une question pour le concours littéraire de Slassart, 1550. Lévy. — Présente un travail concernant les acides lélra- et triihio- niques, 1155. Liagre {J.}. — Commissaire pour une lettre de M. l'abbé Spée sur la structure des taches solaires, 224; rapport verbal, 246; présente: lo, le 5<' fascicule du tome 26 des Mémoires in-8'', 3; 2" l'Annuaire de l'Académie pour 1876, 554: commissaire pour le fragment IV.du travail de M. Houzeau concernaiit le calcul numérique, 597; lectuie de son rap- 1560 TABLE DES AUTEURS. port, 932; analyse d'un travail fait par le Dépôt de la Guerre de Belgi- que sur la triangulation du pays, 397; commissaire pour des notes d'algèbre et d'analyse par M. Catalan, 754,920; rapport, 952, 1156; commissaire pour les résultats d'observations de la planète Saturne faites par M. Lehardelay, 754; rapport, 1155; paroles prononcées lors du retour de M. Houzeau, 910; commissaire pour le mémoire de M. Houzeau, intitulé: Uranométrie générale, 911; rapport sur les tables de logarithmes de MM. Namur et Mansion, 951; proclame le résultat des concours et des élections de la classe des lettres, 1151. Loise {Ferd.}. — Lecture d'un travail concernant la littérature allemande, 694, 897. Longé {De) et Loomans. — Membres du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 157. Loo {Félix Vaîi). — Hommage d'ouvrage, 596, M. Macar {Julien de). — Inscription pour la médaille décernée à son mémoire sur le bassin houiller de Liège, 3,226; rapports de MM. Dewalque, Briart et Cornet, 227, 228, 229; demande relative à la publication de son mémoire, 222; lecture du rapport de MM. Dewalque, Briart et Cornet sur celte demande, 458; honmiage d'ouvrage, 912. Mailly {Éd.). — Hommage d'ouvrage, 224. Malaise {€.). — Rapport sur le travail de M. Mourlon concernant les dépôts dévoniens, etc., 240; rapport sur le complément du mémoire couronné concernant les roches plutoniennes de la Belgique, etc., 451 ; commissaire pour une note de M. Gosselet concernant le calcaire eife- lien, 920; rapport, 1156; membre de la Commission de la carte géolo- gique de la Belgique, 1150. Malherbe {Renier). — Inscription pour la médaille décernée à son mémoire sur le bassin houiller de Liège, 5,2-26; rapports' de MM. DeAvaique, Briart et Cornet, 227, 228, 229; demande relative à la publication de son mémoire, 222; lecture d'un rapport sur cette demande, 438. Malou (7.). — Hommage d'ouvrage, 2. Mansion (P.). — Rapports de MM. Catalan, Folie et Liagre sur ses tables de logarithmes, 921, 928, 951. — Voir Namur {A). Marion {A.-F.). — Hommage d'ouvrage, 1152. TAni.K DKS AUTEL'I\S. Jû6l Maus {flenri). — Élu directeur do la dassp des sciences pour 1877, o; réélu membre de la Commission des linances, 225; commissaire pour Ut sup- plément au mémoire de M. Houssines(i concernanl les massifs pulvéru- lents, 7ÔO. Melsois [L.]. — Commissaire pour un travail de M. G. Bruyianls sur les résines, 22-4; rapport, 151 ; présente une deuxième note historique sur J.-B. Van Ilelmont, 225; lecture des rapports de MM. Stas, De Koninck et Douny, 431 ; commissaire pour un travail de M. Dubois concernant le chlorure de sulfurvle, 753. Merchie [M. le £)•■). — Hommage d'ouvrage, 1 152. Ministre de la Guerre {M. le). — Hommage d'ouvrage, 91 1. Ministre de V Intérieur {M. le). — Adresse les dépêches suivantes : 1" rela- tive à un nouveau tirage de la carte géologique de la Belgique par Dumont, 2; 2° relative à la fondation d'un prix décennal de littérature flamande par M™« V^ Bergmann, 137, 536; ô« relative à la publication des mémoires couronnés de MM. Malherbe et de Macar, 222; 4° Iransmissive des rapports semestriels des lauréats Cuypers el Dieltiens, 580, 717, 1338; 3° demandant l'appréciation de la classe sur le rapport du lauréat Servais, 898; 6" nommant une Commission pour une nouvelle carte géologique de la Belgique à grande échelle , M 30 ; 7o transmissive de cin- quante exemplaires du rapport du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 1 527; fait exprimer ses regrets de ne pou- voir assister à la séance publique de la classe des lettres, 1072; hom- mages d'ouvrages, 2, 158, 171, 222, 534, 594, 681, 866, 1075, 1153, 1150, 1527, 1559. — Voir Arrêtés royaux : Table des matières. Ministre des Travaux publics {M. le). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assistera la séance publique de la classe des lettres, 1073. Montigny (Ch.). — Réélu membre de la Commission des finances, pour 1876, 223; commissaire pour un travail de M.W.Spring concernant l'élec- tricité statique, 754 ; rapport, 959 ; commissaire pour la note de M. P. De Heen concernant la fusion et la dilatation des métaux, 755; rapport, 935; commissaire pour une note de M. Savez concernant l'inertie de la matière, 733; rapport, 1133; sur la loi de diminution des pressions des couches de l'air, etc., 737; commissaire pour le mémoire de M. Houzeau, intitulé : Uranométrie générale, 911. Mourlon (Michel). — Rapports de MM. Briart, Cornet et Malaise sur son travail concernant les dépôts dévoniens rapportés par Dumont à l'étage quartzo-schisteux inférieur de son système eifelien, etc., 250, 252, 240 ; impression de ce travail, 325. i362 TABLE DES Al'TEURS. Mueller {Le baron voti). — Hommage d'ouvrage, 1 150. Muséum de géologie pratique à Londres.— Demande d'échange de publi- • calions, 4, 223, 1 loi. N. Namur (A,). — Rapports de MM. Catalan, Folie et Liagre sur ses tables de logarithmes, 921, 928, 931. - Voir Mamioii (P.). Neefs (Emmanuel). — Hommage d'ouvrage , 898 ; présente un travail con- cernant l'œuvre de P.-P. Rubens à Malines, 1136, 15i0. Nève {Félix). — Hommage d'ouvrage , 682. Neumatjer. Note sur la tempête du 12 mars 1876 ; llo8. Nicholson. — Hommage d'ouvrage, 1152. Nilsson {Si^en). — Annonce de sa mort, 750. Nothomb (Le baron J.-B.). — Hommage d'ouvrage, 1075. Nypels (G.). — Commissaire pour le mémoire de concours concernant l'hi.sloire du droit de chasse en Belgique, etc., 360, 6805 rapport, 877. Nyst (H.). — Réélu membre de la Commission des finances, 225. O. Orts. — Membre du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 157. P. Papanti (Giovanni). — Hommage d'ouvrages, 139; note bibliographique sur ces volumes par M. Le Roy, 140. Petermann (A.). — Hommage d'ouvrage, 395. Piot(Ch). — La méthode de chanter à l'opéra de Paris et de Bruxelles pendant le XVI11« siècle, 173; note bibliographique sur un ouvrage de M. Cellier, 092; communication sur les Beers de Flandre, 897, 1537. Planchon (Le dr.). — Hommage d'ouvr;iges, 918. Plateau {Félix). — Lecture des rapports de MM. Éd. Van Beneden et Schwann sur son travail concernant les phériomènes de la digestion chez les Myriapodes de Belgique, 5; hommage d'ouvrage, 734; présente une note concernant la digestion chez la Blatte américaine, 920; lecture des rapports de MM. Éd. Van Beneden et Sch\vann, 1 155; impression, 1206; commissaire pour un travail de M. Frcdericq concernant la préparation des pièces analomiques sèches, 1153, rapport, 1156. TABLE DES AUTEURS. 1 3GÔ Portaels (/.)• — Avis relatif aux copies réglementaires des lauréats des grands concours, 1158. Poullet {Edm ). — Membre du jury du concours quinquennal d'histoire nationale, 157; hommage d'ouvrage, 68'2. Putzeys (F.). — Billet cacheté concernant le sulfate de guanidine, 752; rap- port de MM. Schwann et Éd. Van Beneden sur son travail concernanl le sulfate de guanidine, 755, 759; impression, 815. — Yo'w Sicaen{A ). Q Quelelet (Eni.). — Hommage d'ouvrage, 595 ; rapport sur un travail fait par le Dépôt de la Guerre de Belgique concernant la triangulation du pays, 401; commissaire pour les résultats d'observations de la planète Saturne faites par M. Lehardelay , 754; rapport, 1155; la tempête du 12 mars 1876, 759, 1138; commissaire pour un mémoire de M. Houzeau intitulé : Uranométrie générale, 911. R Raemdonck {Le V J. Van). — Hommage d'ouvrage, 2- Ramsaj (C). — Hommage d'ouvrages el demande d'échange de publi- cations , 4, 225. Renard {Le R. P.). — Dépose un billet cacheté, 224 ; Rapports de MM. De- waîque, de Koninck et Malaise sur le complément de son mémoire couronné concernanl les roches plntoniennes, 407,450, 451. Renard {Le général). — Membre du jury du concours quinquennal d'his- toire nationale, 157. Rivier {AIp.). — Lecture sur la science du droit ,etc. ; 1557. Roi {S. M. le). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des lettres, 1072, Rooses {i\Iax). — Lauréat du concours littéraire de Slassart, 1078, 1152; remercie, 1527. Rouillel {Anlomj). — Lettre relative à la distinction qui lui a été accordée pour son travail sur la densité de la population en Europe, 5oo; hom- mage d'ouvrage, 681. Roulez {J.). — Adresse les inscriptions pour les médailles de con- cours décernées à MM. J. de Macar et R. Malherbe, 5, 226; rapports de MM. Dewalque, Briart el Cornet, 227, 228, 229; commissaire pour un travail de M. Van Bastelaer concernant les vernis, etc., des poteries romaines, 1076. 1564 TABLE DES AUTEURS. S. Saltel (L.). — Rapport verbal de MM. Folie et Catalan sur ses notes con- cernant les lieux géométriques et le ihéorème de Desargues, 4o7 5 impression, o94, 59o; présente une note concernant la loi de décompo- sition et la détermination d'un lieu géométrique, elc , 734. Samuel {Ad.). — Accepte de rédiger pour TÂnnuaire une notice sur feu J. Daussoigne-Mehul, 586; appréciation du dernier rapport réglemen- taire de M. Servais , 1540. Saporla {Le comte G. de). — Hommage d'ouvrage , 1152. Savez {Ch). — Présente une note concernant l'inertie de la matière, 755 ; rapports de MM. Steichen , Montigny et Duprez , 1 153 , 1 155. Scheler {Aug.). — Commissaire pour les mémoires du concours de Slas- sart concernant Christophe Plantin, 561; rapport, 891; hommage d'ouvrages, 866, 1076. Schwann {Th.). — Commissaire pour un travail de M. Leboucq concer- nant les nerfs des larves de batraciens, 4; rapport, 449; lecture de son rapport sur le travail de M. F. Plateau concernant les phénomènes de la digestion chez les Myriapodes de Belgique, 5; rapport sur le travail de M. Fœltinger concernant l'épiderme des Cyclostomes, 12; commis- saire pour une note de M. Fredericq concernant les muscles striés de l'Hydrophile, 225; rapport, 457; rapport sur le travail de MM. Putzeys et Swaen concernant le sulfate de guanidine, 755; commissaire pour une note de M. F. Plateau concernant la digestion chez la Blatte améri- caine, 920; lecture de son rapport, 1156; commissaire pour un travail de M. Swaen concernant la cornée des grenouilles, 1 153. Selijs Longchamps {Eclm. de). — Synopsis des Agrionines (suite de la 5^ légion : Agrion), 247, 496, 1255, Servais {F.). — Appréciation de son dernier rapport réglementaire, 1540. Sirel {Ad.). — Membre du jury du concours triennal de littérature dra- matique française, 157; don fait à la caisse centrale des artistes, 587; commissaire pour le travail de M. E. Ncefs concernant l'œuvre de P.-P. Rubens à Malines, 1156, 1540. Slinyeneuer {Ern.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances pour 1876,587. Société adriatique des sciences naturelles deTrieste.— Demande d'échange de publications, 750. Société de géographie de Lisbonne. — Annonce son installation, 912. TARM' DKS ALTEUnS. 1365 Socii'lé (VÉmulation de Cambrai. — Transmet son programme de con- cours pour I87G, 158, Société d'études diverses au Havre. — Transmet son programme de con- cours pour 1877, 158. Société des sciences, des lettres et des arts du Ilainaut, à Mous. — Adresse son programme de concours pour 1876, 1074. Société géologique du Nord, à Lille. — Demande d'échange de publica- tions, :225. Société hollandaise des sciences, à Harlem. — Adresse son programme de concours pour 1876-1878, 1151. Société italienne des sciences {dite des XL), à Modène. — Son siège est transféré à Rome , 595. Société néerlandaise pour le progrès de l'industrie, à Harlem. — An- nonce la fondation d'un musée d'art appliqué à l'industrie, 718. Société royale et impériale de zoologie el de botanique de Vienne. — Annonce la célébration du XXV^ anniversaire de son existence, 750. Société Teijler, à Harlem {seconde). — Adresse son programme de con- cours, pour 1876, 2-25. Spée {Labbé). — Adresse une lettre sur la structure, des taclies solaires 22 i; rapport de MM. Folie et Liagre, 246; impression , 545. Spring {W.). — Dépose des billets cachetés, 596, 912; présente un tra- vail concernant le développement de l'électricité statique, 754; rap- ports de MM. Monligny, Duprez et Folie, 959, 9o0; impression, 1024; lettre à M. Folie concernant un billet cacheté, 912; contenu de ce billet, 914; pré-ente un travail sur les acides télra-el trithioniques, 1 155. Spuches {Giuseppe de). — Hommage d'ouvrages, 1528; note bibliogra- phique sur ces volumes, par M. Le Roy, 1551. Stappaerts {Félix). — Élu membre titulaire, 171 ; remercie, 586; appro- bation royale de son élection , 717; commissaire pour le travail de M. Neefs, intitulé : L'œuvre de P. -P. Rubens à Malines, 1156, 1540. Stas {J.). — Commissaire pour un travail de M. Bruylants concernant les résines, 224; rapport, 450; commissaire pour la deuxième note histo- rique de M. Melsens sur J.-B. Van Helmont, 225; lecture de son rap- port, 451 ; commissaire pour un travail de M Dubois concernant le chlorure de sulfuryle, 755; réélu membre de la Commission adminis- trative, 956; commissaire pour un travail deMxM. Spring el Lévy con- cernant les acides lélra-et trithioniques, 1155. Stecher {Auguste). — Élu correspondant, 1078, 1154; remercie, 1527; membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550. 1566 TABLE DES AUTEURS. Steiclien (Michel). — Commissaire pour une noie de M. Savez concernant l'inerlie de la matière, 733; rapport, 1155. Steur {Charles). — Hommage d'ouvrage , 1075. Swaen (A.). — Billet cacheté concernant le sulfate de guanidine, 732; rapports de MM. Schwann et Éd. Van Beneden sur son travail concernant le sulfate de guanidine, 7ôo, 759; im[)ression ,815; présente un travail concernant les éléments cellulaires de la cornée des grenouilles, 1132. — Voir Putzeys (F.). Terhij (F.). — Présente les résultats d'observations de la planète Saturne faites par M. Lehardelay, 734; rapport de MM Ern. Quetelet et Liagre, 1135; impression, 1513. Thonissen (J.-J.). — Membre du jury du concours quinquennal d'histoire nationale .157, commissaire : I» pour le mémoire de concours concer- nant l'histoire du droit de chasse en Belgique, etc., 560, 685; rapport, 888; 2" pour les mémoires du concours de Slassart concernant Chris- tophe Plautin, 561; rapport, 896, membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550. Tielemans {François- J.). — Membre du jury du concours quinquennal des sciences morales et politiques, 157. Tilly {J.-M. De). — Retire sa note manuscrite concernant la théorie mécanique de la chaleur, 4; commissaire pour des noies d'algèbre et d'analyse par M. Catalan, 734,920; rapport, 951,1136; commissaire pour deux noies de M. Le Paige concernant: 1° l'équation œij"-i-Ky'—y=0\ 2» les nombres de Bernoulli, 734; rapports, 959; commissaire pour le supplément au mémoire de M. Doussinesq concernant les massifs pul- vérulents, 753. U. Ugarte y Pages {Javier). — Hommage d'ouvrage, 554. U7iion des charbonnages , 7nines el usines de la province de Liège. — Demande la publication, aux frais de l'État , des mémoires couronnés de MM. Malherbe et de Macar, 222. V. Van de Casteele (/).). — Hommage d'ouvrage, 1528. Van der Menshrugghe (G.). — Remercie pour son élection de correspon- TABLE DES AUTEIIIS. 1367 dant,3; hommage cl ouvrage, 395; application de la Ihermodyuamique à l'étude (les vaiialions d'énergie potentielle des surfaces liquides, 76*J ; dépose un billet caclielé, 91:2. W. Wagener (Aug). — Commissaire pour les mémoires du concours de Stas- sart concernant Christophe Plantin, 361; rapport, 89o; les opinions politiques de Plularque comparées avec celles de Tacite, 1 109. Wap (Le D" Jean-J.-F.). — Hommage d'ouvrages, 3o4. Waulers {Alpli). — Membre du jury du concours quinquennal d'histoire nationale, 157; élu directeur pour 1877, 140; commissaire pour un mé- moire de M. le baron Guillaume intitulé : Histoire de rinfunterie wal- lone sous la maison d'Espagne (1500-1800) ,355; lecture de son rapport, 684; commissaire pour les mémoires de concours concernant : 1" l'his- toire des institutions de charité en Belgique, 560; rapport, 867; 2» le droit de chasse aux Pays-Bas, etc., 683; rapport, 889; lecture d'un travail concernant la féodalité, 561 ; membre de la Commission pour le choix d'une question de concours, 1550; commissaire pour un travail de M. Piot sur les Beers de Flandre, 1537. Y. Ymbert {T/u). — Hommage d'ouvrage, 681. Z. Zeuner {Gustave). — Adresse un projet de répertoire pour les mathéma- tiques pures et appliquées , 751 . Zigno {Achille de). — Lettre relative à des découvertes d'ossements fos- siles en Italie, 958. TABLE DES xMATIÈRES. A. Académie. — Modilications aux règlements des concours triennaux de lit- térature dramatique, 137 ; lettre et motion relatives aux dangers qu'offre le laboratoire de chimie de l'école industrielle, 158, 170, 682; fondation d'un prix décennal de littérature flamande. 157, 556, 558; arrêté royal déterminant le costume officiel des académiciens, 2'22,355, 586, 1080; lecture d'un rapport relatif à l'exécution de la médaille d'Omalius, 1085; lecture des pièces officielles relatives aux nouveaux locaux de TAca- démie, 1086. Anatomie. — M. le D"" L. Fredericq présente un travail concernant la pré- paration des pièces anatomiques sèches, 1 153; rapport de M. F. Plateau, 1156; impres.sion, 1519. Archéologie. — M. Van Bastelaer présente un travail concernant les cou- vertes, lustres, vernis, etc .employés par les Romains sur leurs poteries, 1076; note bibliographique de M. Le Roy sur des ouvrages de M. Giu- seppe de Spuches, 1351. Arrêtés royaux. — M le Ministre de l'Intérieur transmet les arrêtés royaux suivants : nommant M. Faider, président de l'Académie pour 1876, :2, 156, 140, 171 : approuvant l'élection comme membre titulaire de MM.Crépin, Guffens,Stappaerts et Heremans, ^, 717, 1527; nommant les jurys des concours quinquennaux et triennaux, 157, 335, 680 ; modi- fiant les règlements des concours triennaux de littérature dramatique, 137 ; déterminant le costume officiel des Académiciens, 222, 353, 386, 1080. Astronomie. — iM. l'abbé Spée adresse une lettre sur les taches solaires, 224; rapport de MM Folie et Liagre, 246; impression, 545 : M F.Terby présente les résultats des observations de M. Lehardelay sur la planète Saturne, 734; rapport de MM. Ern. Quetelet et Liagre, 1135; impres- sion; 1513; M. Houzeau présente un mémoire intitulé : Uranométrie générale, 911. TABLE DES MATIÈRES. 1 3G9 B. Bibfiograpliie. — Notes bibliographiques sur diirérents ouvrages : l°par M. Le Roy, 159, 1-iO, m:y, 687, 1531; 2° par M. Folio, 596; S» par M. Piot,69-2; 4" par M. de Kouiiiek,919; projet d'un répertoire de travaux scieiUitiques sur les mathématiques pures et appliquées, 731 : lettre de M. le chevalier de Hoefler relative à un de ses ouvrages historiques, 1528. Billets cachetés. — Dépots de plis cachetés par MM. Renard, 22-i, Spring, 396, 912 , Van der Mensbrugghe , 912; contenu d'un billet cacheté dé- posé par MM. Putzeys et Swaen, 752; lettre de M. Spring demandant l'ouverture d'un billet cacheté, 912; contenu de ce billet, 914. Biographie. — M. Melsens présente une 2^ note historique sur J.-R. Van Hclmont, 225: lecture des rapports de MM. Stas ,de Koninck et Donny, 451 ; rapports de MM. Scheler, Wagener et Thonissen sur les mémoires du concours de Stassarl concernant Christophe Plantin, 891 , 895, 896. Caisse centrale des arlistes. — Exposé général pour 1875 et mention de plusieurs dons, 587, 719, 720; pension accordée, 720. Chimie. — M. G. Bruyiants présente un travail sur les résines, 224; rapport de MM. Stas, Donny et Melsens, 450, 451 ; impression, 559; M. Melsens présente une 2« note historique sur J.-B. Van Helmont, 225; lecture des rapports de MM. Stas, de Koninck et Donny, 451 ; M. Dubois présente un travail concernant le chlorure de sulfuryle, 755; MM. Spring et Lévy présentent un travail concernant les acides tétra-et trithioniques, i 155. — Voir Archéologis , Biographie et Toxicologie. Commission : Des paratonnerres. Chargée de Texameu d'une demande relative à l'établissement de paratonnerres, 2, — Royale d'histoire. Présentation du n« 1 du Bulletin (tome 111, 4« série), 158; dépôt de volumes dans la Bibliothèque de l'Académie, 1075. — Spéciales des FINANCES. Membres élus pour 1876, 225, 555, 586; approbation des comptes généraux de 1875, 597, 684,718. — Admimstrative. Membres élus pour 1876-1877, 556,956, 1078, 1156; chargée de prendre les dis- positions nécessaires pour l'installation de l'Académie au Palais Ducal, 1086. — PoL'R LA liste des oeuvres d'art a reproduire par les lau- réats DES grands concours. Dépôt du rapport de M.M. J. Geefs et P>aikin 1570 TABLE DES MATIÈRES. concernant le choix des sujets de sculpture, 899, 1 139; communication relative à la formation de la liste générale, 1139, 13il. — Pour la PUBLICATION d'une Biographie nationale. Quinzième rapport annuel par M. De Busscher, 1080. — Pour l'étdde du projet du monument Qcetelet. Décide de placer le monument à l'Observatoire, 1086.— Coargée de l'exécution d'une carte géologique de la Belgique. Membres élus, lioO. — Pour la rédaction du programme dd concours dk la classe des lettres. Membres, 1330. Concours de la classe des beaux-arts. — Réception d'un manuscrit en réponse à la question de musique, 718; programme pour 1877, 719, 899. Concours de la classe des lettres. — Mémoires reçus et nomination de commissaires, 360, 683; rapports de MM. Waulers, De Decker et Here- mans sur le mémoire concernant les institutions de charité en Belgique, 867, 875, 877; rapports de MM. Nypels, Thonissen et Wauters sur le mémoire concernant le droit de chasse, 877, 888, 889; lauréat, 1077; proclamation des résultats, 1131 ; Commission pour la rédaction du programme de 1878, 1330. — Voir Prix de Stassart. Co7icours de la classe des sciences. — Programme pour 1877, 330. Concours {grands). Prix de Rome. — Peinture. Envoi du programme pour 1876, 171. — Sculpture. Envoi du VIP rapport semestriel de M. J. Cuypers, 386; examen des VI^ et VII^ rapports du même lauréat, 1156, 1338. — Architecture. Envoi du XIII^ rapport semestriel de M. Dieltiens, 717.— Composition musicale. Examen du rapport semes- triel de M. Servais, 898, 1340. — Voir Commission pour la liste des oeuvres d'art, etc. Concours quinquennaux. — Histoire nationale. Jury de la sixième période, 137; arrêté royal décernant le prix à M. Th. Juste, 1073, 1135. — Sciences morales et politiques Jury de la cinquième période, 137, 353, 680; arrêté royal décernant le prix à M. Laurent, 1073, 1133. — Littérature flamande. Prix décerné à -l'ouvrage de feu Anton Berg- mann : Schetsen en beeldeu, 1133. Concours triennaux de littérature dramatique. — Langue française. Jury de la sixième période, 137; modification au règlement, /ft/c?. — Langue flamande. Modification au règlement, /6/rf. Discours.—- Littérature royale. Discours politiques du roi Léopold l*"', par M. Ch. Faider, 1088. TAni.E DHS MATIÈRES. 1571 Dons, — Ouvrages par MM. : le Minisire do Tlntériour, 2, 158, 171, 222, 35-i, 394,681, 866, 1075, 1155, 1526, 1559; Malou cl J. Van Kacm- donck, 2; Éd. Van Beneden, 3; Papanli, de Godefroy Menilglaise, Garcin de Tassy, 159; Chevreul, 222; Ranisay, 225; Iliru, Cornet, Mailly, 224; Carrara, Desniaze, Ugarte y Pages, Wap, 35i; de la Barre Duparcq, 553; le général Le Maire, 59 1, 911 ; Quelelel, Van der Mensbrugglie, Clausius, Fries, Petermann, 595; Van Loo, Albanese, Lavaux, 590; Rouillct, Ymberl, Dewez-Chaudoir. Ganlrelle, Cellier, 681 ; Poullet, Nève, 682; Bellynck, 755,918; Van Bambeke, 755,754; F. Plateau, la baronne Fallon, 754; Van Bemmel, Delepicrre, d'Hane-Sleenhuyse, 866 ; Scheler, 866, 1076; Neefs, 898; Ministre de la Guerre, 911 ; major Adan,911, 1151 ;deMacar, 912; Planchon, 918; de Koninck,919; de Baye, Le Blant, Steur, le baron Nolhonib, 1075; le baron de Witte, 1073, 1327; S. Bormans, Egger, 1076; Delisle, 1130, 1528; le baron von Mueller, 1130; P.-J. Van Beneden, Chapuis, Dupont, Fœltinger, D"" Merchie, de Saporta, Marion, Faisan, Nicholson , 1132; Lenormant, Giuseppe de Spuches, Feys, Van de Casteele, le chevalier de Hoetler, lS28; Geslain, 1529; Donalson, Basevi, 1559. — Médaille par l'Académie royale des sciences de Hongrie, 1 074. Élections et nominations. — Arrêtés royaux nommant : 1° M. Faider, président de l'Académie pour 1876, 2, 156, 171; 2° Crépin, membre titulaire, 2; 5" les jurys des concours quinquennaux et triennaux, 157, 335, 680; élection des directeurs des trois classes pour 1877, 5, 140, 172; MM. Guffens et Stappaerts élus membres titulaires, 171,586; approbation royale de ces élections, 717; MM.Eug. Guillaume et Hiller élus associés, 172, 586; M. Heremans élu membre titulaire, 1078, 1133; approbation royale de cette élection, 1527; MM. Arntz et de Godefroy Menilglaise élus associés, 1078, 1154, et M. Stecher élu correspon- dant, 1078, 1154, 1527; MM. Slas , le baron Guillaume et De Busscher élus membres de la Commission administrative, 336, 1078, 1156; Commission chargée d'étudier l'exécution d'une carte géologique de la Belgique à grantle échelle, 1130; Commissions pour la rédaction du programme de concours de la classe des lettres, 15ô0. Embryogénie et Embryologie. — Contributions à l'histoire de la vésicule germiuative et du premier noyau embryoïmaire, par M. Éd. Van Bene- den, 58 ; recherches sur les Dicvemides, survivants actuels d'un embran- i572 TABLE DES MATIÈRES. chements des Mésozoaires, par le même, 1160; sur l'embryologie des batraciens, par M. Van Bambeke, 97. Épigrapliie. — M. Roulez adresse des inscriptions pour les médailles de concours décernées aux mémoires concernant le bassin houilier de la province de Liège, 5, 2f26; rapports de MW. Devvalque, Briart et Cor- net, 227, -228, 229. G. Géodésie. — Analyse e! rapports faits par MM. Liagre, Quetelet et Folie sur le travail présenté au nom du Dépôt de la Guerre de Belgique à la Commission permanente de l'Associalion géodésique internationale , 597,401,401. Géologie et paléontologie. — M. le Ministre communique une note rela- tive à un nouveau tirage des cartes géologiques de Dumont,2; lecture des rapports sur cette note, 225; M. Roulez adresse les projets d'inscrip- tion pour les médailles décernées aux mémoires concernant le bassin houilier de Liège, 3, 2'26; rapports sur ces projets, 227, 228, 229; de- mande relative à la publicalion des mémoires précités, 222, lecture d'un rapport sur cette demande, 458; à propos de la carte géologique détaillée de la Belgique, par M. G. Dewalque, lô; rapports sur le travail de M Mourlon concernant les dépôts dévoniens, etc., 250, 252, 240; impression de ce travail , 523; rapports sur le complément du mémoire couronné de MM. de la Vallée-Poussin et Renard concernant les roches pluloniennes de la Belgique, 407, 450, 451 ; note de M. Dupont sur les principaux manuscrits délaissés par feu André Dumonl, 458; commu- nication relative au même sujet, par M. Dewalque, 1071; M. Gosselet présente une noie sur le calcaire eifelien, 920 ; rapport de M. Malaise, 1156; impression, 1510; lettres relatives à des découvertes d'ossements fossiles en Italie, communication de M. P.-J. Van Beneden, 957, 958 ; nomination d'une Commission chargée d'étudier l'exécution d'une carie géologique de la Belgique à grande échelle, 1150. U. Histoire. — Le conseil d'état belge et la conférence anglo-balave (1706- 1713); 144, 562, 695; M. le baron Guillaume présente un mémoire inti- tulé : Histoire de l'infanterie vvallone sous la maison d'Espagne, 553; TABLE DES MATIÈRES. 1575 lecture des rapports de MM. Gachard, Waulers et le haron Kervjn de LeUenhove sur ce travail , 684; lecture , par M. Wautcrs, d'un travail coucernant la féodalité, 361 ; note bibliographique sur une édition annotée de l'histoire générale de la Belgique de M. Dewcz, 683; rapports (le MM. Waulers, De Decker et Heremans sur le mémoire de concours concernant les institutions de charité en Belgique, 867, 873,877; lettre de M. le chev. de Hoeflcr relative à un ouvrage concernant l'empereur Charles-Quint, 1337; M. Piot donne lecture d'un travail concernant les Beers de Flandre, 1537. Histologie. — Voir Zoologie. Législation. — Rapports de MM. Nypels, Thonissen et Wauters sur le mémoire de concours concernant le droit de chasse, 877, 888, 889. Littérature. — Lecture, par M. Loise, d'un travail concernant la littéra- ture allemande dans les temps modernes, 694, 897. Mathématiques pures et appliquées. — Sur la transformation des coor- données et sur les signes des angles et des distances en géométrie ana- lytique, par M. Folie, 86 ; M. Houzeau présente le fragment IV de son travail concernant le calcul numérique, 397; lecture des rapports de MM. Catalan, Folie et Liagre, 93^ ; impression de ce travail, 961 ; rap- port sur deux notes de M. Saltel concernant les lieux géométriques et le théorème de Desargues, 457; impression des notes, 594, 595; réper- toire de travaux scientifiques sur les mathématiques pures et appli- quées, 731 ; M. Catalan présente des Notes d'algèbre et d'analyse, 734, 9-20; rapports de MM. Liagre, Folie et De Tilly, 932, 934, 1156; M. Le Paige présente deux notes concernant: 1° l'équation œy"'i~ky' — y=0; 2" les nombres de Bernoulli , 734; rapports de MM. Catalan et De Tilly, 935, 939; impression, 1011, 1017; note concernant les nombres de Bernoulli, par M. Catalan, 1018; M. Saltel présente une note concer- nant la loi de décomposition, etc., 734; rapports de MM. Catalan, Folie et Liagre sur les tables de logarithmes à douze décimales, de MM. Namur et Mansion,92l, 928,931. Mécanique. — M. Boussinesq présente un supplément à son mémoire con- cernant les massifs pulvérulents, 735. 2""^ SÉRIE, TOME XLI. 88 1574 TABLE DES MATIÈRES. Météorologie et physique du globe. — La tempête du 12 mars 1876, par MM Quetelet et Neumayer, 739, 1158; sur la loi de diminution des pressions des couches de Pair, etc., par M. Ch. Montigny, 757. Monument Quetelet. — La Commission propose de le placer à l'Observa- toire, 1086. Musique. — La méthode de chanter à l'opéra de Paris et de Bruxelles pendant le XYIII^ siècle, par M. Ch. Piot, 175; examen, par M. Samuel, du rapport semestriel de M. Servais, 898, 1340. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. de Coussemaker, 585; de M. Brongniart, 394; de M. Nilsson, 730; de M. Groen van Prinsterer, 1526. Notices biographiques pour V Annuaire. ~ M. le chevalier L. de Burbure accepte de rédiger la notice de M. de Coussemaker, 585; M. Samuel rédigera celle de M. Daussoigne-Méhul, 586. Ouvrages présentés. — Janvier, 216; février, 588; mars, 720; avril, 905; mai, 1159; juin, 1542. P. Peinture. — M. Emm. Neefs présente une note intitulée : L'Œuvre de P.-P. Rubens à Malines, 1 156, 1540; lecture, par M. Fétis, d'une notice sur les dernières acquisitions du Musée royal de peinture de Belgique, 1541. Phénomènes périodiques. — Documents présentés par MM. Leclercq, 4; Cavalier, 4, 595, 750, 912; Bernardiu, 224, 751 ; Bellynck, 595. Philologie.— Mte bibliographique par M. Le Roy sur différents ouvrages de M. J.Gantrelle,687. Physiologie. — Voir Toxicologie. Physique. — Demande relative à l'établissement de paratonnerres, 2, M. De Tilly est autorisé à retirer sa note concernant la théorie mécanique de la chaleur, 5; note bibliographique sur un ouvrage de M. Clausius concernant la théorie mécanique de la chaleur, 596: note concernant la fusion et la dilatation des métaux, par M. P. De Heen , 457, 735; rapports TABLE DES NATIÉIIES. -1575 (le MM. Gloesener, Monligny et Folie , 952, 953, 95C; impression, 1019; M. Spring présente un travail concernant le développement de l'élec- Irieité statique, 751; rapports de MM. Montigny, Duprez et Folie, 939, 9o0; impression, i02-i; M. Savez présente une note concernant l'inertie de la matière, 73o; rapport de MM. Steichen, Monligny et Duprez, 1153; 1153; application de la thermodynamique à l'élude des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides, par M. G. Van der Mens- brugghe, 769; étude sur les phénomènes capillaires , par M. W. Spring, 914. Poésie. — Note bibliographique sur les poésies de M. Guiseppe de Si)uches, prince de Galati, 1331. Prix Bergmann. — Letire par laquelle M""^ V« Bergmann témoigne l'in- lentioii de fonder un prix de liltérature flamande, 137, 3o6 ; rapport de MM. Faider, De Decker et le baron Kervyn de Lettenhove sur celle communication , 358. Prix de Stassart {Notice sur un Belge célèbre). — Mémoires reçus con- cernant Christophe Plantin,361 ; rapports de MM. Scheler, Wagener et Thonissen, 891, 895, 896; lauréat, 1078, 1152; Commission pour le choix d'une question pour la 5^ période, 1350. Publications académiques. — Présentation : 1» du 3"= fascicule du tome XXVI des Mémoires in-8», 3; 2° de l'Annuaire pour 1876, 354; demande d'échange de publications, "4, 223, 730. R. Rapports.— Sur le travail de M. F. Plateau concernant l'appareil digestif des Myriapodes de Belgique, 5; sur te travail de M. Fœllinger concer- nant l'épiderme des Cyclostomes, 6, 12; sur les projets de publication d'une carte géologique de la Belgique à grande échelle, 225; sur les projets d'inscription pour les médailles de concours décernées à MM. Malherbe et de Macar, 227, 228, 229; sur le travail de M. Mourlon concernant les dépôts dévoniens rapportés par Dumont à l'étage quart- zo-schisteux de son système eifelien , etc , 230, 232, 240 ; sur la note de M. l'abbé Spée concernant les taches solaires, 246; rapport sur la fon- dation, par M^ne \ye Bergmann , d'un prix décennal de littérature fla- mande, 358 ; sur l'administration de la Caisse centrale des artistes pendant l'année 1875, 387; analyse et rapports sur le travail présenté, au nom du Dépôt de la Guerre de Belgique, à la Commission permanente de l'Association géodésique internationale, 397, 401 . 404; rapports sur le 4 376 TABLE DES MATIÈRES. complément du mémoire couronné de MM. de la Vallée-Poussin et Renard concernant les roches plutoniennes de la Belgique, 407, 430, 45 J ; sur le travail de M Leboucq concernant la terminaison des nerfs chez les larves de batraciens, 446, 449; sur le travail de M. Brujlants concernant les résines , 4S0, 451 ; sur la note historique de M. Melsens concernant Van Helmont, 431 ; sur le travail de M. Fredericq concernant les muscles striés de l'hydrophile, 452 , 457 ; sur deux notes de M. Sallel concernant les lieux géométriques et le théorème de Desargues, 457 j concernant les frais de publication des mémoires couronnés de MM. Malherbe et de Macar, 458 ; sur le mémoire de M. le baron Guillaume concernant l'infan- terie wallone sous la maison d'Espagne (1500-1800), 684; sur le travail de MM. Putzeyset Swaen concernant le sulfate de guanidine, 735,7395 sur les mémoires du concours de la classe des lettres concernant : 1» l'his- torique des institutions de charité en Belgique, 867, 875, 877; 2° l'his- toire du droit de chasse, etc., 877, 888, 889 ; 5° Christophe Plautin ,891, 895, 896 ; sur les tables de logarithmes à douze décimales, jusqu'à 434 billions, de MM. Namur et Mansion, 921, 928, 951 ; sur le fragment IV du travail de M. Houzeau concernant le calcul numérique, 952: sur les notes d'algèbre et d'analyse de M. Catalan, 932,934, 1156; sur les notes de M. Le Paige concernant: 1» l'équation xif -\-ky' — ?/=0; 2" les nombres de BernouUi, 955,959; sur le travail de M.W.Spring concernant le développement de l'électricité statique, 939, 950; sur la note de M. P. De Hcen concernant la fusion et la dilatation des métaux, 952, 953, 956; quinzième rapport annuel sur les travaux de la Commis- sion delà Biographie nationale , par M. Edm. De Busscher, 1080; lecture d'un rapport relatif à l'exécution de la médaille votée à M. d'Omalius, 1085; examendes 6^ et 7« rapports semestriels de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872, 1136, 1358; rapport sur le travail de M. Lehardelay concernant des résultats d'observations de la planète Saturne, 1153; sur la note de M. Savez concernant l'inertie de la matière, 1 153, 1 155; sur la note de M. F. Plateau concernant la Blatte américaine, 1155; sur la communication de M. Fredericq concernant la préparation des pièces analomiques sèches, 1156; sur la note de M. Gosselet concernant le calcaire eifelien ,1156; sur la dernière com- munication de M. Servais, lauréat du grand concours de composition musicale, 898, 1340. Sciences morales et politiques. — Littérature royale. Discours politiques du roi Léopold I"", par M. Ch. Faider, 1088; les opinions politiques de TABLE DES MATIÈRES. 1377 Plularque comparées avec celles de Tacite, par M. Aug. Wagener, 1 109; sur la science du droit dans la première partie du moyen âge; lecture par M. Rivier, 1357. Sculpture. — Examen des Q" et T*" rapports semestriels de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872, par MM. J. Geefs et Fraikin, 1156, 1558, T. Toxicologie. — Des propriétés toxicologiques du sulfate de guanidine par MM. Putzeys et Swaen, 752; rapport de MM. Schwann et Éd. Van Be- neden sur un travail des mêmes auteurs concernant l'action physiolo- gique du sulfate de guanidine, 755,759; impression, 813. Z. Zoologie. — M. Leboucq présente un travail concernant les nerfs des larves de batraciens, 4; rapport de MM, Éd. Van Beneden, Schwann et Van Bambeke, 446, 449; impression, 561 ; lecture d'un rapport de MM. Éd. Van Beneden et Schwann sur un travail de M. F. Plateau con- cernant les phénomènes de la digestion, etc., chez les Myriapodes de Belgique, o; rapports de MM. Van Bambeke et Schwann sur le travail de M, Fœttinger concernant Tépiderme des Cyclostomes, 6, 12; impres- sion de ce travail, 599; un mot sur la Baleine du Japon, par M. P.-J. Van Beneden, 28; M, Fredericq présente une note concernant les mus- cles striés de l'Hydrophile, 225; rapport de MM. Éd. Van Beneden et Schwann sur ce travail, 452, 457 ; impression, 585; Synopsis des agrio- nines, par M. de Selys Longchamps, 247 , 496, 1235; les Thalassothé- riens de Baltringen (Wurtemberg), par M. P.-J. Van Beneden, 471; les phoques fossiles du bassin d'Anvers et note sur le Grampus Griseus, par le même, 783, 802; M. F. Plateau présente une note concernant la Blatte américaine, 920; rapport de MM. Éd. Van Beneden et Schwann*, 1153; impression , 1206; M. Swaen présente un travail concernant la cornée des grenouilles, 1153. — Yoir Embryogénie . TABLE DES PLANCHES. Page 37. Caisse tyinpanîque de Balaena Japonica. — ibid. Coronula du Musée d'Amslerdam. — 84 Asleracanlhion rubens. — ibid. Dicijema Eledones. — 135. Coupes d'œufs fécondés et non fécondés de Batraciens. — 344. Coupes géologiques accompagnant un travail concernant les dépôts dévoniens. — 494. Dents et molaires de Sqiialodon servatum. — ibid. Dents et molaires de Orcopsis acutidens. — 582. Terminaison des nerfs chez les larves de Batraciens. — 594. Muscles striés de l'Hydrophile. — 676. Coupes de Tépiderme de Cyclostomes. — 757. Courbes barométrique et anémométrique. Tempête du 1 2 mars 1876. — 812. Mandibules du Gra/?i2J?