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HARVARD UNIVERSITY

LIBRARY

OF THE

MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY.

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BULLETINS

DE

L'ACADÉMIE ROYALE

DES

SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEA«X-ARTS

DE BELGIQUE.

gO«»e ANNÉE, 3"^^ SÉRIE, T. XX.

t

1890.

BRUXELLES,

K. fUYEZ, IMPRIMEUR UE l'aCADÉMIE UOYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES REAUX-ARTS DE BELGIQUE,

rue de Louvain, ll"i. MDCCCXC.

BULLETINS

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEAIX-ARTS DE BELGIQUE.

BULLETINS

DE

L'ACADÉMIE ROYALE

DES

SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAIX-ARTS DE BELGIQUE.

SOIXANTIÈMH ANNÉK. :}■"« SÉRIE, T. :>0.

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BRUXELLES,

V. IIAYF.Z, IMPIUMEUK DE l' ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES I.ETTItES ET DES KEAUX-AllTS DE itELGlQLE,

rue (le Louvaiii, lOU.

1890

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BF.AIIX-AHTS DE BELGIQUE. 1890. 7.

CLASSE DES SCIEIICES.

Séance du 5 juillet 1890.

M Stas, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpélueL

Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur; P.-J. Van Beneden, le baron de Selys Longcharaps, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, A. Briart, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugglie, W. Spring, Louis Henry, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De Heen, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. Renard, C. Le Paige, Ch. Lagrange, L. Errera et F. Terby, corres- pondants.

5'°* SÉRIE, TOME XI. 1

(2)

CORRESPONDANCE.

M. le Minisire de rinlérieur el de l'Inslruclion publique écrit qu'il a autorisé la publication, dans les Annales aslronomiques de l'Observatoire de Bruxelles, du « Cata- logne de 582 étoiles faibles de la zone DM -h 2" observées à l'institut de Cointe, de 188G à 1889, » par M. de Bail.

Ce manuscrit a été remis à M. Folie, directeur de l'Observatoire, afin de donner suite à la décision pré- citée.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants:

Bulletins «"' '3 et A de 4889, du Cercle des natura- listes hiitois ;

Études sur la reproduction. A propos de la matura- tion de l'œuf parthénogénétique, par Aug. Lameere;

Travaux et Mémoires du Bureau international des poids et mesures, tome VII. Remerciements.

M. le Ministre de la Guerre envoie le catalogue de la bibliothèque de son département, tome II. Remercie- ments.

.M. Théodore Caruel, professeur à l'Université de Pise, fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la « Flora ilaliana » et de quelques autres travaux de Phil. Parla-

( 3 ) tore, ancien associé de la Classe. 11 offre en son nom per- sonnel : Vrodromo délia flora toscana. Slalislica bolanka délia Toscana. La Morfologia végétale, etc. La Classe reçoit encore à titre d'hommages : De la nature psychologique de r/iypnoiisme; par J. Delbœuf;

A. Sur la faune des eaux de la Méditerranée, au large de Monaco, résultats des campagnes scientifiques du yacht r 4 Hirondelle » ; B. Expériences de flottage sur les courants superficiels de l'Atlantique nord; par le prince Albert de Monaco; Sur la nutation de l'axe du monde; par F. Folie; A" A. A propos de la maturation de l'œuf parthénogé- nétique; B. Recherches sur la réduction karyogamique ; par Aug. Lameere;

5" Le Positif ■+■ et le Négatif [L.-C.-Ém. Vial, à Paris];

Distribution d'eau : Agglomération bruxelloise. Déri- vation des sources de Modave. Projet Paul Van Hoe- gaerden ;

A. Nouvelles observations sur l'acclimatation du a Discoglossus auritus » ; B. Notices sur les mœurs des batraciens, ¥ fascicule, par Iléron-Boyer.

Sur la question de la nutation diurne, par R. Radau, numéros de mars, avril et mai 1890 du Bulletin astrono- mique, publié par M. F. Tisserand, sous les auspices de l'Observatoire de Paris. Présentés par M. Liagre avec une noie qui figure ci-après. Remerciements.

M. J. Deruyls, chargé de cours à l'Université de Liège, demande le dépôt dans les archives d'un billet

( 4.) cacheté (daté du 23 juin dernier) et portant en suscriplion : « Sur la réduction des covariants ». Accepté.

L'Institut royal vénitien des sciences, des lettres et des arts envoie le programme de ses concours pour les années 1890, 1891 et 1892.

M. de Caligny adresse une quatrième lettre sur ses recherches hydrauliques. Impression au Bulletin.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

l" Sur les démonstrations du théorème de Standt et Clausen; par Ernest Cesàro. Commissaires : MM. Catalan et Mansion ;

'i" Sur la réduction des fonctions invariantes, ■pâTJSicques Deruyts. Commissaires : MM. Le Paige et Mansion;

Régularité de l'Horloge; par Ch. Ploën. Commis- saires : MM. Van der Mensbrugghe et Lagrange;

Recherches physiologiques sur l'occlusion de l'aorte thoracique; par le docteur Colson. Commissaires : MM. Fredericq et Gluge.

La Classe passe à l'ordre du jour sur un travail manuscrit de M. Delaurier intitulé : Nouveaux procédés lumineux pour empêcher les abordages des navires en mer, l'auteur ayant présenté à l'Académie des sciences de Paris, le 30 juin dernier, un travail portant le même titre.

(S)

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de M. R. Radau, l'un des collaborateurs du Bulletin astronomique publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris par M. Tisserand, les trois nunaéros de mars, avril et mai du Bulletin.

Ces numéros renferment des articles dignes d'attention, dans lesquels M. Radau présente, avec autant de cour- toisie que d'autorité, des considérations critiques très sérieuses sur un sujet qui a été traité à diverses reprises dans nos publications académiques : je veux parler de la nulation diurne, ce phénomène très contestable, dont quelques savants ont déjà tiré des déductions préma- turées, tant au point de vue de l'astronomie d'observation qu'au point de vue de la constitution intérieure de notre globe.

Toutes les personnes auxquelles cette question n'est pas restée étrangère liront avec un vif intérêt les articles de M. Radau. L'auteur y signale plusieurs erreurs et inadvertances dans les calculs par lesquels on a prétendu établir l'existence de la nutation diurne. Son opinion est que ce phénomène n'est ni prévu par la théorie, ni établi par l'observation, et il formule sa conclusion en ces termes :

< Les astronomes qui prendront la peine d'étudier la » question reconnaîtront qu'il est prématuré de parler j> d'effets sensibles produits par la nutation semi-diurne. »

J. LiAGRE.

(6)

Versailles, le 4 juillet 1890.

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

L'étude des propriétés des pièces centrales fixes, objet spécial de ma lettre du 2 avril dernier, m'a permis de modifler d'une manière intéressante mon appareil à tube oscillant automatique, ayant pour but d'élever l'eau au moyen d'une chute motrice.

Ce système, objet des figures 25 à 28 de la planche Vlll de mon ouvrage, intitulé : « Recherches théoriques et s> expérimentales sur les oscillations de l'eau et les » machines hydrauliques à colonnes liquides oscillantes », pouvait continuer à fonctionner malgré une baisse consi- dérable du niveau d'amont, au-dessous de l'état normal de ce dernier. Mais, ainsi que je l'avais remarqué page 839, il y avait des limites assez restreintes dans la hauteur que le niveau d'amont pouvait atteindre au-dessus de son état normal, malgré le perfectionnement indiqué à cette page.

Je vais rappeler succinctement le principe le plus essentiel de l'appareil dont il s'agit, tel qu'il a fonctionné à plusieurs Expositions internationales universelles.

Sur un tuyau de conduite partant d'un réservoir d'amont, et relevé verticalement dans l'eau du bief d'aval, vient se poser alternativement un tube vertical mobile. Son dia- mètre est plus grand que celui de son anneau inférieur, dont le diamètre est le même que celui du tuyau de con- duite fixe.

(7)

Quand il est soulevé une première fois, la colonne liqiiitle acquiert de la vilesse dans le tuyau de conduite précité. Lorsque le tube mobile redescend ensuite sur son siège, en vertu de phénomènes nouveaux de succion, décrits dans mon ouvrage, notamment pages 318 à 350 et 5o0 à 368, il entraine un contre-poids suspendu à l'ex- trémité d'un balancier.

Lorsque, après le versement au sommet du tube vertical, en vertu de la vitesse acquise de l'eau, il se produit une oscillation en retour, l'anneau inférieur précité n'étant plus assez pressé de haut en bas pour empêcher le tube mobile de se soulever, celui-ci se relève en vertu de son contre-poids, et la marche est établie indéfiniment.

On peut voir dans mon ouvrage de nombreux détails sur ce système, notamment pages 785 à 837.

J'avais principalement considéré les pièces fixes des figures précitées comme ayant pour but de permettre d'augmenter la hauteur du versement sans employer de réservoir d'air. On va voir de quelle manière intéressante les choses peuvent être disposées dans le cas le niveau d'amont peut s'élever considérablement au-dessus de son état normal.

Pour que l'appareil continue à marcher, dans la forme que je viens de rappeler, d'abord il faut que l'oscillation en retour descende assez bas. On conçoit donc que, si le niveau monte au delà d'une certaine hauteur, le tube mobile ne peut pas se relever.

J'avais bien indiqué qu'on pouvait obvier à cet incon- vénient, en combinant le tube mobile avec un flotteur qui serait atteint parle niveau du bief d'amont dans une capa- cité en communication avec ce bief. Mais, pour les dimen- sions des appareils que j'avais exécutés, les variations du

(8)

bief supérieur au-dessus de son état normal ne pouvaient pas être bien grandes.

On conçoit, à cause des phénomènes de succion, que, par suite de l'augmentation de hauteur dont il s'agit s'il se débite plus d'eau à chaque période, le flotteur pourra être entraîné. Mais si la force est suffisante pour faire redescendre le tube mobile, il faudra prendre des précautions pour qu'il ne se relève pas trop tôt. En effet, la force de succion cessera d'agir quand ce tube sera posé sur son siège.

II faut donc trouver une force capable de le retenir en temps utile. Or, on peut augmenter le diamètre du tube mobile, de manière que la pression de haut en bas sur l'anneau inférieur soit assez grande pour contre-balancer convenablement, dans certaines limites, le flotteur dont il s'agit. La pièce fixe aura des dimensions permet- tant de donner au tube mobile le diamètre nécessaire, tout en conservant à sa partie supérieure les rapports de section indispensables pour les effets qu'on se propose.

Pour saisir le principe dans toute sa simplicité, on sup- posera que les dimensions de la partie du tube mobile, laissée libre par la pièce centrale fixe, sont disposées de manière que, dans l'état normal, l'oscillation en retour descende à peu près au niveau du bief d'aval, et qu'à cette époque le flotteur, dont l'étude est l'objet spécial de cette lettre, ne plonge pas dans le niveau du bief d'amont.

Il est clair qu'à partir de l'instant le niveau de ce bief s'élèvera, en vertu de l'aftluence de l'eau motrice, l'oscillalion en retour descendra moins bas qu'elle ne le faisait auparavant. Il ne sera pas nécessaire que l'oscilla- lion descende aussi bas pour que le tube mobile se relève.

I

(9) Mais il faut éviter, quand il sera redescendu, que la force de succion, qui aura contribué à le faire redescendre, ayant cessé d'agir quand il est posé sur son siège, il ne se relève plus tôt qu'il ne doit le faire, et que cela n'occa- sionne des soubresauts.

Si le tube mobile a un diamètre assez grand par rapport à celui de son anneau inférieur, il en résultera, quand l'oscillation en retour descendra moins que dans l'état normal, une force qui peut être combinée avec celle du flotteur pour empêcher celui-ci de relever le tube mobile avant l'époque convenable, quand le niveau d'aval ne sera pas trop monté. Or, il est bien à remarquer que, dans l'état normal du niveau d'amont, le tube mobile pourrait avoir un assez grand diamètre sans que cela empêchât la colonne liquide de redescendre jusqu'au niveau du bief d'aval.

On conçoit donc qu'il peut rester assez d'eau dans le tube mobile pour contre-balancer convenablement le flot- teur dans son action de bas en haut, et que les conditions d'équilibre peuvent ne pas différer sensiblement de ce qui avait lieu dans l'état normal, de sorte que le tube mobile se relèvera dans des conditions analogues. Il y a, cepen- dant, un détail qui ne pourra être réglé que par l'expé- rience.

Quand le tube se lèvera, il tendra à se produire une succion résultant de la descente de l'eau restée à son intérieur. Mais il y a déjà une étude préliminaire faite à l'écluse de l'Aubois et sur un modèle à Versailles, relative- ment à la forme que, pour des circonstances analogues, on est obligé de donner à une espèce de collerette relevée extérieurement, disposée à l'extrémité inférieure du tube mobile et qui favorise la force de succion, ainsi que cela est indiqué dans les Annales des Ponts et Chaussées,

( 10)

cahier de juillet 1886, pages 122 et suivantes, l'on voit la contirmalion des considérations données pages 954 et suivantes de mon ouvrage.

Cette lettre, d'ailleurs, a seulement pour but de bien préciser un principe essentiel.

Veuillez agréer. Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'hom- mage de mes sentiments de haute considération.

Le Marquis de Caligny.

RAPPORTS.

Contribulions à l'élude du Nebenkern ; par Emma Leclercq.

Rapport de M. Éd. Va»% Betteden.

« Dans une note intitulée : a Contributions à l'étude du Nebenkern » M"' Leclercq expose sommairement les résultats de l'étude qu'elle a entreprise de la spermatoge- nèse chez l'Alyte et chez quelques Sélaciens {Squatinange et ScylUum). Celte étude, commencée au laboratoire d'em- bryologie du Collège de France, a été continuée à l'Institut histologique de l'Université de Gand. Le but de l'auteur a été avant tout d'élucider l'histoire de la formation des figures karyokinétiques; aux données qu'elle fournit rela- tivement à la division des spermatogonies et des sperma- tocytes, M"' Leclercq a joint des renseignements sur la transformation des spermatides en spermatosomes.

Les auteurs allemands emploient le mot Nebenkern, créé par Biitschli, pour désigner un corps que de la Valette Saint-Georges a découvert dans les cellules sper- ^

( H )

matiqties de divers animaux; rexistciice de cet élément énigmaliqiie a été conlirmée par un grand nombre d'obser- vateurs. Malheureusement, le même nom a été donné à toutes sortes de formations hétérogènes. Les éléments les plus divers, dès le moment ils siègent dans le corps cellulaire à côté du noyau, soit dans les cellules sperma- tiques, spermatogonies, spermatocytes, spermalides et spermatosomes, soit dans n'importe quel genre de cellules, ont été appelés JSebenkerne. 11 n'y a pas jusqu'à des para- sites qui n'aient été désignés sous ce nom. Le Nebenkern dont s'occupe M""' Leclercq est bien l'organe cellulaire découvert par de la Vallelte Saint-Georges et dénommé par Bûtschli.

Il n'y a pas bien longtemps, on ignorait totalement le rôle de cet élément. Des recherches toutes récentes, en établissant qu'il joue un rôle dans l'édilicalion des figures karyokinéliques, tendent à confirmer l'opinion que j'ai formulée, à la suite de mes études sur la mitose chez l'Ascaride mégalocéphale, d'après laquelle il existerait dans toute cellule au repos, à côté de l'organe nucléaire, un autre organe différencié, qui se diviserait préalablement au noyau et interviendrait pour une part importante dans la genèse des figures achromatiques, dont l'ensemble constitue un mécanisme présidant activement à la division. Cet organe de la cellule, je l'ai découvert dans les blasto- mères de l'Ascaris, il se constitue d'un corpuscule cen- tral, et d'une portion différenciée du corps cellulaire, avec laquelle il forme ce que j'ai appelé la sphère attractive. J'ai établi qu'il se divise avant le noyau et que sa division commence par le dédoublement du corpuscule central, après quoi que ses moitiés s'écartent l'une de l'autre pour gagner peu à peu les extrémités opposées d'un diamètre nucléaire; j'ai montré qu'une portion déterminée des

( 12) fibrilles achromatiques du fuseau nucléaire et des autres rayons des asters procèdent des sphères attractives. J'ai le premier reconnu que le corpuscule central constitue vérita- blement le centre dynamique de la cellule, qu'il est un organe permanent des blastomères, au même litre et de la même manière que le noyau lui-même.

Ces conclusions, confirmées par les observations de Boveri chez l'Ascaride du Cheval, par RabI, Kôlliker, Vialleton, Solger, Nuel et tout récemment encore par Henneguy, dans leurs recherches sur la division et la consti- tution de cellules d'ordres divers, ont trouvé un nouvel appui dans les beaux travaux dePlatneretde Hermann sur la spermatogénèse. Ces auteurs ont montré, en effet, que, lors de la division des spermalogonies et des spermato- cytes, tant chez les Mollusques pulmonés et les Lépidop- tères que chez la Salamandre, le Nebenkern se comporte comme les organes centraux des blastomères de l'Ascaris; les ligures dicentriques s'édilient aux dépens des Neben- kerne, divisés au préalable en deux moitiés qui, après s'être écartées l'une de l'autre, deviennent les portions polaires des figures mitosiques.

M"' Leclercq a confirmé les conclusions de Plalner dans ses études sur la spermatogénèse chez l'Alyte et chez les Scyllium, en ce sens qu'elle a reconnu que chez ces vertébrés le Nebenkern intervient dans la formation de fuseau achromatique. Mais elle n'a pas pu se convaincre de la division de l'organe central : elle se croit autorisée à contester la réalité de cette division et admet que le fuseau tout entier s'édifie directement aux dépens d'un Nebenkern unique et indivis. Les filaments achromatiques du futur fuseau, après avoir atteint l'équaleur de la figure dicen- irique en voie de formation, continueraient à s'allonger, dépasseraient le plan équatorial et finiraient par se réunir

( <3)

au côté opposé. Les deux pôles de la ligure de division ne seraient donc pas seulement d'âges différents, mais ils se formeraient par des processus différents et seraient par conséquent de valeur différente.

M"' Leclercq a bien voulu me montrer une partie des préparations sur lesquelles elle se fonde pour soutenir son opinion. Tout en rendant hommage à l'excellence de ces préparations, je ne puis m'erapècher de dire qu'à mon avis elles sont insuffisantes pour établir la thèse que sou- tient M"* Leclercq.

Que le Nebenkern évolue ou non, comme le pense notre auteur, il importe en tous cas de distinguer nettement cet élément d'un noyau de cellule. Dire, comme M"^ Leclercq, que les cellules spermatiques renferment deux noyaux, un noyau chromatique ou noyau passif et un noyau accessoire ou noyau actif, c'est établir dans les termes une confusion qui, j'en suis convaincu, n'existe pas dans la pensée de l'auteur.

Je n'analyserai pas les renseignements difficiles à com- prendre que M"* Leclercq fournit au sujet de la formation des spermatosomes aux dépens des spermatides. Les faits qu'elle signale sont fort extraordinaires.

M"^ Leclercq possède des connaissances; ses prépara- lions témoignent de son habileté en matière de technique histologique. C'est pourquoi, tout en faisant mes réserves sur la valeur des résultats annoncés, j'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'impression de la courte notice qu'elle soumet à l'apréciation de l'Académie dans le Bulletin de la séance, d

Ces conclusions, auxquelles se rallie M. Van Bambeke, sont adoptées.

(U)

Sur les observations de M. Dwelshauvers-Dery, professeur à l'Université de Liège, concernant la notice biogra- phique de Hirn, rédigée par M. Folie, membre de l'Académie.

itapport de M, Mati».

et M. Dwelshauvers, ancien anni el confident de Hirn, critique la manière dont M. Folie apprécie l'éminent associé de l'Académie; il conteste certaines opinions attri- buées à Hirn par son biographe, et signale une erreur de fait, qu'il tient à réfuter.

Je ne discuterai pas les opinions contestées, parce qu'elles ne concernent pas les travaux scientifiques que l'Académie a la mission d'apprécier.

Pour constater l'erreur annoncée, M. Dwelshauvers cite le passage suivant extrait de la notice biographique : « Hirn se rangea tout d'abord parmi les adversaires de » la théorie de R. Mayer, et ce furent les expériences » mêmes, qu'il institua dans l'intention de la renverser, » qui le convertirent et firent de lui l'un de ses plusfer- » vents adeptes. »

M. Dwelshauvers nous apprend que le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, tome XXVI, 1854, pages i88 à 277, contient des mémoires de Hirn dont il a fait des extraits qui servent de base à ses observations et que j'essaierai de résumer.

Les premières expériences sur le frottement ont été entreprises par Hirn, pour comparer des huiles de grais- sage; c'est dans le cours de ces expériences qu'il a mesuré la quantité de calorique produite par le frottement et trouvé, à une époque il ignorait les travaux de Mayer,

( IS )

Joule et Foucault, que la quanlilé absolue de calorique développée par le IVollement médiat, est directement et uniquement proporlioniiclle au travail mécanique absorbé par le IVollement.

Lorsque Hirn eut connaissance des travaux des physi- ciens qui viennent d'èlre cilés, il a considéré la loi for- mulée par Mayer comme l'une des grandes découvertes de notre époque; il entreprit de nouvelles expériences pour en constater l'exactitude. Les résultats qu'il a trouvés l'ont engagé à proposer à l'énoncé de Mayer la légère modifi- cation suivante : « La constance parfaite de l'équivalent D mécanique calorique est troublée par de faibles éléments B perturbateurs, dont la nature reste encore à déterminer, » et ne pourra l'être que par de nouvelles expériences » (l'une certitude excessive. »

M. Dwelshauvers affirme, qu'à la fin de sa vie, Hirn ne croyait pas que l'on fût en possession de la véritable valeur de l'équivalent mécanique, ni même d'une démonstration expérimentale de sa constance.

Le résumé qui précède prouve que Hirn n'a pas, comme l'annonce la notice biographique, comballu la théorie de Mayer; qu'après l'avoir étudiée, il ne l'a pas admise d'une manière absolue ; enfin que Hirn a trouvé, avant de con- naître les travaux de Mayer, que la quantité de chaleur, produite par le frottement, est proportionnelle au travail mécanique absorbé par ce frottement, découverte qui donne un grand mérite aux expériences de Hirn et dont la notice biographique ne fait pas mention.

Les reclificalions et l'addition à faire à la notice biogra- l)hique, d'après les observations de M. Dwelshauvers, doivent engager l'Académie à donner, à ces observations, la même publicité qu'à la notice biographique même.

J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer d'insérer,

( 16)

dans le Bulletin de la séance, les observations de M. Dwelshauvers, et de demander qu'à l'avenir les notices biographiques soient publiées dans l'Annuaire de l'Aca- démie. »

M. De Tilly, second commissaire, s'est rallié à ces con- clusions.

La Classe a voté l'impression du travail de M. Dwel- shauvers dans le Bulletin. La seconde proposition des commissaires sera portée à l'ordre du jour de la prochaine séance.

Sur les covariants primaires ; par J. Deruyts.

Rappot't (fe BM. C IjB M*aige.

« Le travail actuel de notre jeune collègue est une suite de ses recherches antérieures sur les covariants; comme les précédents mémoires, il est de telle nature qu'il est bien difficile de rendre compte des résultats qu'il contient sans faire usage d'expressions analytiques fort compliquées. Je crois donc pouvoir me borner à dire qu'après avoir lu, avec la plus grande attention, le mémoire de M. Deruyts, je le crois digne de figurer dans le Bulletin de la séance; l'auteur y démontre un grand nombre de propriétés inté- ressantes des covariants primaires, dont la notion lui est due, en faisant usage des expressions qu'il appelle irréduc- tibles; il généralise des propriétés importantes rencontrées par d'autres géomètres, et ne fait usage que de démon- strations extrêmement simples.

Néanmoins, malgré leur simplicité et à raison de leur caractère presque purement symbolique, ces démonstra- tions ne peuvent être comprises qu'après une étude spéciale

( 17 ) (les procédés de railleur; aussi exprimerai-je l'espoir, dans l'inlérèl de M. Deruyis, qu'il se décide bientôt à faire de Tensemble de ses recherches un tout bien coordonné, toutes les théories qu'il a découvertes viendraient occuper, non plus leur place historique, mais leur place logique.

Je suis persuadé qu'un pareil travail honorerait grande- ment notre jeune collègue de Liège et la science belge. »

Ces conclusions, appuyées par MM. Mansion et De Tilly, sont volées par la Classe.

Sur la conslitution de la benzopmacoline P ; par Maurice Delacre.

itappot't (fe 3f, E,oȑis Henry.

« Dans un but qu'il est inutile d'indiquer en ce moment, M. Delacre s'occupe depuis deux ans de l'étude des pro- duits de condensation de l'acéto-phénone. Dans le cours de ces recherches, il a été amené à examiner plusieurs pinacolines dérivées de l'acétone

dont aucune ne remplit la fonction acétonique. il a été conduit ainsi à s'occuper de la constitution des pinaco- Imes. Il serait superflu d'insister sur l'intérêt que présente, au point de vue général, cette classe de corps; leur con- stitution touche, en efiel, à la question des transpositions intra-moléculaires, des déplacements atomiques au sein des molécules, au milieu des réactions chimiques.

Deux théories ont été proposées sur la conslitution des

5"^ SÉIIIE, TOME XX. 2

C 18)

pinacolines : M. Friedel les regarde comme des composés syniélriques, les vérilables oxydes correspondant aux alcools bi- tertiaires que représentent les pinacones; M. Butlerow, au contraire, en fait des acétones dissymé- triques de la formule générale

(C„H,)3 = C-C0-C„H,.

A la suite de l'étude qu'il a faite de la benzopinacoline (3, obtenue autrefois par M. Linnemann, au moyen de la benzopinacone

(CeHs), - C(OH) -- C(OH) - (CfiHs),,

M. Delacre se range à l'opinion de M. Friedel et attribue à ce composé la formule

(CeHslâ C C (C6Hi;)2,

qui en fait l'oxyde de l'éthylène tétraphénylé.

Voici les faits sur lesquels il s'appuie et qu'il a résumés lui-même à la fin de son mémoire :

Le tétra-phényl-éthylène, oxydé par le permanganate de potassium, fournit la benzopinacoline (3, identique à celle que donne la déshydratation de la benzopinacone elle-même;

La benzopinacoline (3, réduite par le zinc-éthyle, fournit l'alcool benzopinacolique (3, produit nouveau qu'il décrit ainsi que son acétate;

3" Cet alcool benzopinacolique, déshydraté, régénère le tétra-phényl-éthylène primitif.

Le tétra-phényl-éthylène qui sert de point de départ à

( 19)

ce cycle de iransformalions, est un de ces corps dont la consliliilion peut èlre regardée, à juste tilre, comme cer- taine. H en résulte que l'argumentation de M. Delacre est tout à fait péremptoire dès l'instant même que l'on admet qu'aucune transposition atomique ne s'opère lors de l'oxy- dation de ce composé. Or, c'est le point délicat. On sait, en effet, que, lors de la fixation de l'oxygène sur les dérivés lialoïdes de l'élhylène, il s'opère des modifications dans les rapports de combinaison du carbone du noyau car- boné C = C avec les corps halogènes; c'est ainsi que l'élhylène tribromé fournit, par l'action de l'oxygène de l'air, du bromure d'acélyle tri-bromé C Brj CO Br.

Ke peut-on pas assimiler le radical phényle C,j Hg, dans ces circonstances, à l'atome d'un corps halogène?

Quoi qu'il en soit, le travail de M. Delacre constitue une contribution d'un véritable intérêt pour la solution de la question de la nature des pinacolines.

Il est fait avec tout le soin scrupuleux que l'auteur a rhabitude de mettre dans ses travaux et ses recherches. La description des divers composés nouveaux qu'il signale est accompagnée d'indications cristaliographiques dues à M. Cesaro.

J'ai donc l'honneur de proposer à l'Académie :

D'imprimer le mémoire de M. Delacre dans les Bul- letins ;

De l'engager à continuer ses recherches, dont on peut attendre des résultats d'un si haut intérêt sous divers points de vue. »

M. Spring, second commissaire, a appuyé ces conclu- sions, qui sont votées par la Classe.

( 20 )

iSwr la courbure des courbes planes; par A. Demoulin.

Rapport <fe m. .natmiotty pi'emief cotntnitaait'c

a Le mémoire de M. A. Demoulin, sur lequel je suis chargé de faire rapport, se compose d'une introduction contenant l'exposé d'un nouveau système de coordonnées et une nouvelle expression du rayon de courbure des lignes planes; puis de deux chapitres consacrés à l'application aux coniques et aux cubiques des formules trouvées. Nous allons analyser rapidement les trois principales subdivisions du mémoire.

Introduction. Soient A et B deux points fixes, A une droite flxe rencontrant AB en 0. La position de tout point M du plan (AB, A) est déterminée par les distances posi - tives ou négatives m == OA', n = OB' des points A', B' d'intersection de A avec AM et BM . Si M décrit une droite, les coordonnées (m, n) variables de ce point, sont liées entre elles par une équation linéaire en m et linéaire aussi en n; de plus, on a rw = 0, ?i = 0 simultanément. 11 en résulte que l'équation d'une droite, en coordonnées wî, n, est de la forme

A B ^ An -*- Bm -+- Cmn = 0, ou 1 »- C = 0.

m n

On en conclut qu'une courbe d'ordre p, rencontrée par une droite en p points, est représentée par une relation Wl,i] = 0 d'ordre/) en-,-. Une droite MB passant par deux points M (m = OA',

(21 )

ti = OB') dont le second R peut se trouve sur la droite A, a une équation de la forme :

A'R _ m ÏÏTl ^ /T"

Si MR est tangente à la courbe 9 (m, n) =0, en M, on a

(l'i

A'R nrim

B'R mdfi

Par la théorie des transversales, on peut introduire, dans cette formule, au lieu des segments A'R, B'R, les droites AM, BM, AA', BB'. On trouve ainsi

(I) .

sin AMR _ sin (A.M,a) MA BB' an sin BMR ~ sin (BM,a)" WÏi" ÂÂ'' 1^'

Si l'on suppose maintenant que A soit aussi sur la courbe, et que M se rapproche indéfiniment de A, le point T la tangente MT rencontre A et le point R tendent indéfiniment vers T,, situé à la fois sur A et sur la tan- gente en A. La formule (I) devient, à la limite,

(III) .

1

sin AT„0 2=„ BO

fA

sin BAT, sin AOÏ„ AB AT„

on

Of

'<?m' "rîi

p„ étant le rayon de courbure en A.

( 22 )

Coniques. En appliquant aux coniques les trois for- mules fondamentales précédentes, M. Demoulin trouve une foule de relations métriques relatives ou non aux rayons de courbure. Il suppose que les coniques considérées passent par les deux points fondamentaux, ce qui réduit leur équation à la forme simple mn -+- Bw -4- Cn h- D = 0. Nous ne citerons que deux des propriétés trouvées ainsi, l'une connue, l'autre nouvelle :

Les rayons de courbure en deux points d'une conique sont proportionnels aux cubes des distances de ces points au pôle de la droite qui les réunit.

Le rayon de courbure pa d'une conique en A, est égal à

\ sin^ BAA,

(X) -AH

4 sinTAAi-sin-BAT'

Al et B sont des points quelconques de la conique, AT est la tangente en A, H le conjugué de A sur A,?, P le point de rencontre de AAj avec la tangente BP en B; A, le symétrique de A^, par rapporta A.

On déduit de de nombreuses conséquences, quand on donne, à B et à A,, des positions particulières.

Cubiques. L'auteur applique d'abord les formules fon- damentales aux cubiques quelconques. Il introduit dans les résultats trouvés un grand nombre d'éléments géomé- triques, savoir : A, une sécante quelconque coupant la cubique en R„ Ra, R3; ABC une autre sécante cou- pant A en 0 et rencontrant la cubique en A, B, C. Les parallèles à A en A, B, C rencontrent la cubique en (A^, A2), (B,, B2), (Ci Cs). En prenant A, B et A pour défmir les coordonnées, la cubique a une équation de la forme

mW ■+- Bmhi + Cmn^ ■*- Dmn -+• Em* ■+■ Fn^ -t- Gm -\-Hn = 0.

( 23) Tons les coefficients peuvent s'exprimer au moyen des éléments définis plus haut et des tangentes AT„, BT4,CT,, T„, Ti, T, étant sur A. Voici une des nombreuses relations métriques obtenues, par comparaison des valeurs diverses obtenues pour les coefficients :

AA,.AA,.OT„.BC_BB,.DB,.OT,.CA CC,.CC,.OT,.AB OA ÔB ÔC

On peut en déduire beaucoup d'autres.

La formule (III) donne à l'auteur plusieurs formules plus ou moins élégantes sur les rayons de courbure; mais il est difficile de les exposer en langage vulgaire. Nous n'en cite- rons qu'une seule. On a

(XXIII). . 2p,= ÔÂ\0B.AA,.AA.

AB . OR, . OR2 . OR3 sin ?

Dans cette formule, AB est une tangente en A, à la cubique qu'elle coupe en B; AAiA,, OB^RoRs sont deux sécantes parallèles rencontrant la cubique en (A, A^, A2), (R,, B.2, B3); 0 se trouve sur AB, y est l'angle A,AB.

Le même paragraphe contient aussi de jolies applica- tions au système cubique formé par une conique et une droite. Exemple :

(XVH) ^e. = ^^^^

OA . OB. sin jj

AB est une corde d'une conique; B^R, une parallèle à la tangente en A coupant AB en 0, f l'angle AOB,.

M, A. Demoulin examine ensuite les propriétés des cubiques unicursales en général, puis de celles qui n ont

( 24 ) pas de points de rebrousseinent, de celles qui ont un point double, enfin des cubiques cuspidales. Il interprète géo- métriquement les coeflicients des équations, cherche les rayons de courbure en difi'érents points remarquables, particulièrement au point double d'une cubique cruno- dale. Il trouve aussi maints résultats curieux relatifs aux coniques inverses de cubiques. Citons trois des proposi- tions obtenues par l'auteur : En un point simple A d'une cubique ayant un point double B, le rayon de cour- bure est donné par la formule

1 Ae, . Aô.2 . BBi

(XXXV). . . . —. -.

^ ^ 2sinî) AB.AA,

La tangente en A rencontre la courbe en Aj, les tan- gentes au point double en 0,, G^; BB, est parallèle à AAj et (p^BAÂi;2'' En un point double A, le rayon du cercle osculateur tangent à la tangente AGj est égal à

~Âëi . AA,

AB . B,8, . Bjâ, . sin 5>'

B est un point de la cubique, par l'on a mené une sécante rencontrant les tangentes en A, aux points 9i, 02, tels que BGj = BO,, la courbe en B^ et B^ ; AA^ est paral- lèle à BB^Ba et rencontre la courbe en A^; 9 =^ BAA^; L'asymptote d'une cubique à point isolé rencontre les tangentes menées en deux points d'inflexion réels, en deux points dont la distance est triple de celle des points oii cette asymptote rencontre les rayons vecteurs joignant le point isolé aux points d'inflexion (XLVn). Comme on peut en juger par cette analyse, le mémoire

(2S )

de M. Demonlin contient, dans l'introduction, l'exposé d'un système original de coordonnées, nouveau autant que nous pouvons en juger, et une expression remarquable du rayon de courbure d'une courbe plane dans ce système de coor- données. Dans les chapitres I et II, il y a un grand nombre d'applications plus ou moins intéressantes do cette formule fondamentale. Le mémoire tout entier est écrit avec mélhode et clarté. Nous proposons à la Classe d'en voter l'impression dans le Recueil in-S" de ses mémoires et d'adresser des remerciements à l'auteur. »

ttappot'l de ff . Calaian, deuaciètne co»ntni»»aiwe . I

« Après l'analyse lumineuse due à notre savant Confrère, je pourrais me contenter de conclure par la formule habi- tuelle : je me rallie... Mais, en voulant lire le Mémoire de M. Demoulin, j'ai été arrêté net, dès la première page. On y trouve, en effet, les propositions suivantes, non démon- trées :

« Uéqualion d'une droite, en coordonnées (m, n), savoir.

A B ^ m H

« On a, pour tout point de la droite MR,

m ~Ôr'~ ^[it OR

À étant un paramètre convenable », etc.

(26)

Plein de son sujet, le jeune inventeur a considéré, comme étant évidentes, ces propositions préliminaires, qui auraient grand besoin d'être expliquées et démontrées. Est-ce que, au commencement de tout traité de Géométrie analytique (*), l'auteur ne cherche pas quelle est, en coordonnées cartésiennes, Véqualion de la ligne droite?

Embarrassé, comme je viens de le dire, j'ai écrit à M. Demoulin, qui m'a donné les explications nécessaires. Je pense qu'il fera bien de les introduire dans cette malen- contreuse page 1 : les lecteurs non initiés à son système de coordonnées n'auront plus à se creuser la cervelle (**).

II

La page 5 contient une formule (IX), très curieuse, si elle est exacte. Je n'ai pu en faire la vérification a poste- riori. Prière, à l'Auteur, de vouloir bien examiner ce point.

III

Le Mémoire, écrit avec méthode et clarté, contient cependant quelques négligences de style, que je me suis permis de noter. M. Demoulin les fera facilement dispa- raître, lors de la re vision des épreuves.

(■) J'emploie le langage ordinaire.

(**) Le jeune et intelligent Auteur pourrait, en outre, donner la solution de ce problème :

Passer des coordonnées cartésiennes en coordonnées (m, n); et réci- proquement.

( 27 )

IV

En résumé, et malgré les légères critiques précédentes, je considère le Mémoire .sur la courbure des lignes pluties comme un travail remarquable. C'est le début d'un jeune Professeur dont la position est très intéressante, et qui, du premier coup, ouvre une nouvelle voie dans le domaine de la Géométrie comparée. Je me rallie donc, complète- ment, aux conclusions du premier Commissaire. »

Rappoft de 3t. C. lie Pnige, lê'oiaièttte contmitaaifc.

a Je n'ai rien à ajouter, en ce qui concerne le fond du mémoire, au rapport si clair et si complet de M. Mansion.

Je crois cependant, comme M. Catalan, que l'auteur doit nécessairement remplacer la première page de son mémoire par une rédaction nouvelle; cela ne demanderait guère de travail, ni même une extension quelque peu considérable de son étude, et celle-ci, je pense, y gagnerait grandement; le lecteur arriverait, avec moins d'effort, aux parties neuves et intéressantes qu'elle contient.

J'ai étudié, avec le plus grand plaisir, le beau mémoire de M. Demoulin, et je me rallie pleinement aux conclu- sions de mes deux savants confrères. » Adopté.

Extraction des métaux; par M. Delaurier.

Rapport de M. Spfing.

a Sous le titre : Extraction des métaux, M. Delaurier présente à l'Académie trois notes : la première a pour objet de faire connaître un procédé pour séparer, par

(28)

fusion, l'élain du fer, des rognures de ferblanterie, etc.; la deuxième traite de l'extraction, par l'électrolyse, de l'ar- gent des eaux de l'océan Atlantique, et la troisième touche à l'application du moulin imaginé dernièrement par l'auteur pour activer des dynamos, dont l'électricité pourrait alors être utilisée à l'électrolyse de sels divers et même à la cristallisation du carbone.

L'objet de ces notes sortant du cadre des travaux dont l'Académie s'occupe, ou bien ne constituant encore que des desiderata auxquels une vérification expérimentale fait défaut, je propose à la Classe d'ordonner le dépôt aux archives du travail de M. Delaurier. »

M. Stas, second commissaire, ayant souscrit à ces con- clusions, elles sont adoptées par la Classe.

COMMUiNICATIONS ET LECTURES.

Sur la période astronomique dite décimensuelle ; par F. Folie, membre de l'Académie.

Dans V Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles pour 1890, M. BijI a essayé de déterminer les constantes de la nutation initiale de l'axe de rotation de la Terre au moyen de la différence entre les ^ d'une même circompolaire à ses deux passages consécutifs au méridien.

J'avais fait voir, le premier, que ces deux ^ ne peuvent pas être égales entre elles, à moins que la nutation initiale

(29 ) ne fût nulle, et j'engageai M. BijI à s'en assurer par ce procédé.

Il avait trouvé une valeur très faible pour la constante de cette nutation, qui est égale cependant, à bien peu de chose près, à celle des variations de la latitude, que Pelers et Dovvning ont tous deux trouvée de 0",07 environ.

J'ai attribué la faiblesse de ce résultat à ce que, peut- être, les observations dont M. Bijl a fait usage s'éten- daient sur une trop longue période, et je lai prié de déterminer à nouveau les mêmes constantes au moyen des excellentes séries d'observations faites par W. Slruve à Dorpat, en 1823-24-25.

Voici les résultats qu'il a obtenus :

i" avril 18-23 0",080 237o

4824 0",075 247o

_ 4823 0",083 2o4<>

La concordance étonnante de ces résultats entre eux, et, quant à la constante numérique, avec ceux de Peters et de Downing, m'a inspiré une confiance assez grande dans leur valeur, pour que j'y voie une confirmation des doutes théoriques, que j'avais depuis longtemps, sur l'exactitude de la période de 503 jours attribuée par les astronomes aux variations de la latitude (1).

Voici la raison de ces doutes :

La période de 305 jours se tire de la valeur assignée au rapport ^^^; pour une Terre solide, ce rapport est bien certainement compris entre 0,00325 et 0,00327.

Mais pour moi, ce n'est pas de la Terre solide qu'il s'agit

{{) Annuaire pour 1890, p. 299.

(30) dans des mouvements qui ne sont pas à 1res longue période, mais de son écorce, et, probablement, d'une partie ficlivement entraînée du noyau, suivant la théorie de M. Ronkar.

J'estime donc que ce rapport ^— ne peut être déter- miné, pour chaque cas particulier, que par l'observation.

C'est ce que j'ai tenté de faire, et le résultats répondu, et au delà, à mes espérances.

Les constantes angulaires de l'expression des variations de la latitude, qui ont été déterminées successivement par Peters (1842), Nyrén (1850), Downing (1872), pour ne citer que les mieux connues, concordent tellement peu entre elles que Nyrén ne peut s'empêcher d'en faire la remarque (1) et que Downing doute même que cette période soit constante (2).

Voici ce qu'elles sont, si l'on ramène celle de Downing à S'-Pétersbourg :

Peters 1842 34lo,6

Nyrén 1830 224»

Downing 4872 i75o

La période de 505 jours ferait varier la valeur de cet angle de 450° environ par an, c'est-à-dire, en négligeant les circonférences entières, de 200" et 540° respective- ment de 1842 à 1850 et à 1872; ce qui conduirait, pour ces deux dernières années, à 18l°,6 et à 281 ",6 au lieu de 224° et de 175°.

Les écarts sont excessifs.

(t) Mém. Acad. S'-Pétersbourg, t. XIX, 2. (2) M. N., t. XL, p. 452.

( 31 )

La période de 505 jours esl-elle trop longue ou trop courte ?

Les valeurs déduites des observations de Dorpat indiquent un accroissement annuel à peine supérieur à 560% c'est-à-dire une période qui se rapproche bien plus de onze mois que de dix.

En les comparant à celles de Peters, Nyrén et Downing, je suis arrivé à un accroissement annuel de 590",5 au lieu de 450° environ qu'admettent les astronomes, ce qui conduit, pour le 1" janvier 1824, à 151% en partant de la moyenne des valeurs trouvées pour le 1" avril des années 1825-24-î;io et en la réduisant au 1" janvier.

Partant de et de l'accroissement annuel de 590%5, on trouve, en supprimant les circonférences entières, pour

Observation.

Résidu

4838 (1).

. dol» +'14 + 30;b = 318a

3250

-70

4&i2. .

. lol''+48 + 30;o = 340»

341,6

-1,6

18o0. .

. loi» +2t)-4-30io = 2240

m

0

mn. .

. loi» -4- 48 -+- 30;o = 1750

175

0

Nul astronome ne niera, en présence de ces résultats, quels que soient, du reste, ses préjugés en faveur de la période décimensuelle, que la mienne ne réponde, avec une précision inespérée, aux observations.

A la période décimensuelle, il faut donc substituer ma période de 556.7 jours moyens; en d'autres termes, à )a valeur 0.00527 du rapport ^-^ calculé par les astronomes pour la Terre entière, il faut substituer celle de 0,00296, qui se déduit de ma période.

(1) Série (l"A\ de la polaire, observées par Preuss, à Dorpat.

( 32 )

La différence est sensible, on le voit.

J'engage vivement les adversaires de la nutation diurne à y réfléchir, et à lâcher d'expliquer autrement que je l'ai fait, c'est-à-dire par une hypothèse autre que la mienne sur la constitution du globe, celte différence entre la valeur de ^-^, calculée pour une Terre solide, et celle que j'ai tirée, sans qu'il soit possible de la contester, de toutes les observations relatives au sujet que je viens de traiter.

Sur la propriété caractéristique de la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle. Communication préliminaire; par G. Van der Mens- brugghe, membre de l'Académie.

Dans mes recherches antérieures, j'ai étudié spéciale- ment les propriétés de la couche de contact de deux liquides 1 et 2 qui ne se mêlent pas, et, d'après la théorie de Gauss, j'ai attribué à cette couche une tension super- ficielle ayant pour valeur le trinôme

F. + F, - 2F,,,

Fi étant la force contractile de la surface libre du liquide i , F2 celle du liquide % et F^^ l'action mutuelle des deux liquides. Lorsque cette action est très faible, comme, par exemple, dans le cas de l'eau et de l'huile, le trinôme F, -1- F2 2Fi2 est nécessairement positif et représente une force agissant sur la surface commune, absolument comme la force F, ou F2 agirait sur la surface libre de l'un ou de l'autre liquide pour la rendre aussi petite que possible.

( 35)

Mais il y a un autre cas de la plus haute importance : c'est celui les deux liquides en présence ont l'un |)our Taulre une grande affinité, comme, par exemple, l'eau et l'éther ou l'alcool, l'élher et l'huile, l'huile et la potasse ou la soude. Si je n'ai pas considéré ce cas depuis longtemps, c'est que je regardais les actions chimiques comme mas- quant entièrement ou dominant alors les phénomènes physiques; après mûre réflexion, je puis conchire aujour- d'hui qu'il n'en est pas ainsi : l'aflinité mutuelle des deux corps en présence provoque des efîels physiques particu- liers, que la théorie prévoit dans les moindres détails.

Pour le faire voir, supposons que les liquides 1 et 2 aient entre eux une affinité telle que 2F, .i soit supérieure la somme Fj h- F2 des tensions superficielles des deux substances; dès lors, le trinôme F| -h Fg 2 F-j, devient négatif, et la force qui règne le long de la surface commune, au lieu de rendre celte surface aussi petite que possible, a, au contraire, une tendance opposée : en effet, soient mm', mm" deux éléments consécutifs cis d'une sec- tion plane AB (fig. 1) de la surface de contact de deux

liquides; si cette surface est soumise à une tension, c'est-à-dire si F, + F, > 2 F,,, chaque élément sera solli- cité par une force Fds, et le point de concours ?>/ par une résultante dirigée vers le centre de courbure de la sec- tion; dans ce cas, la surface tend vers un minimum. Mais, si les deux liquides réagissent fortement l'un sur l'autre, de manière que F^ -+- F2 < 2 F, 2, les deux forces fds

3°" SÉKIE, TOME XX. O

( 54 ) appliquées en m changent de signe et prennent des direc- tions opposées aux deux premières; dès lors, la résultante produit une traction dirigée en sens contraire du rayon de courbure de la section au point considéré. Celte traction est d'autant plus forte que l'affinité mutuelle des deux liquides est plus énergique et que le rayon de courbure est plus petit. De même qu'on esl convenu d'appeler tension la force qui produit une résultante dirigée dans le sens du rayon de courbure et donne à la surface une étendue minimum, j'appellerai force d'extension, la force qui donne lieu à une résultante dirigée en sens opposé et qui tend à augmenter la surface commune.

Telle est, selon moi, l'interprétation très simple de la valeur de la force qui règne à la couche de contact de deux liquides soumis à leur affinité réciproque; on voit donc que, sans empiéter sur le terrain de la chimie, on peut parfaitement étudier les phénomènes physiques qui se manifestent dans les conditions supposées.

A l'appui de celte interprétation, qui complète l'en- semble de mes éludes sur la capillarité, je me bornerai aujourd'hui à citer les faits suivants :

1. Dans un cristallisoir, on verse une couche d'eau distillée de 2 milliniètres environ d'épaisseur, et l'on amène au-dessus de la surface un tube contenant un peu d'éther; aussitôt, la portion sous-jacente éprouve de vives trépidations; c'est que partout une particule d'éther telle que a (fig. 2) touche l'eau, la tension de celle-ci se

FiG. 2.

trouve subitement remplacée par deux autres forces, l'une

(55)

la tension qui règne vers le sommet n de la particule, l'autre, la force d'extension de la portion 7u, commune aux deux liquides; ces deux forces concourent pour abaisser vivement la particule d'éther, jusqu'à ce qu'elle soil entiè- rement dissoute.

Si l'on dépose une goutte d'éther sur la couche d'eau, on constate deux effets simultanés, savoir : un étalement très rapide de i'éther sur l'eau , lequel est accusé par le dé|)lacen)ent des parcelles flottantes, et puis des tré- pidations extrêmement vives dans le voisinage de la por- tion où a lieu le dépôt de la goutte; ces trépidations sont tellement fortes que parfois le fond du vase est mis à nu.

Si l'on remplace l'eau distillée par une couche d'huile d'olive ayant environ i millimètre d'épaisseur, l'approche du tube contenant I'éther produit encore une forte dépression, et, au bout de 20 à 25 secondes, il se forme un espace circulaire oii le lond du vase est mis à décou- vert, et pourtant l'huile d'olive n'a qu'une tension deux fois moindre que celle de l'eau.

Ces expériences sont caractéristiques : elles montrent bien les effets de la force d'extension que je cherche à mettre en évidence; car, si l'on dépose une goutte d'essence de térébenthine sur une mince couche d'eau distillée, on constate, il est vrai, un étalement extrême- ment rapide, mais le fond du vase n'est presque jamais mis à nu : c'est qu'ici la surface de contact éprouve une tension, tandis que la surface commune à l'huile et à I'éther est soumise à une force d'extension.

II. Si, à l'exemple de M. Quincke, on fait arriver très lentement à travers un fil de verre creux un filet extrême- ment mince d'alcool à la surface-limite d'une bulle d'air

(36) placée dans i'eaii sous un plan de verre (fig. 5), la bulle

FiG. 3.

éprouve des secousses périodiques à des intervalles qui dépendent de la vitesse d'arrivée de l'alcool.

Au moment du contact du filet d'alcool avec la surface limite de la bulle, la tension de l'eau se trouve subitement remplacée par une force d'extension propre aux deux liquides, force dont l'effet concourt avec la pression de la partie supérieure de la bulle pour agiter brusquement celle-ci et même la tirer vers le bas, si la pression hydrosta- tique éprouvée par elle n'est pas grande. On comprend que les trépidations interrompent l'action de l'alcool; la bulle reprend alors la forme sphérique jusqu'à ce que l'afflux de ce dernier liquide détermine une nouvelle secousse, et ainsi de suite.

m. Une masse liquide très petite, entourée d'un autre liquide qui n'exerce qu'une action chimique négligeable, est soumise à une tension et prend la forme sphérique; mais, si la masse ambiante ou la sphérule elle-même con- tient des traces d'une substance pouvant déterminer une action chimique en un point de la surface-limite, aussitôt la tension s'y trouve remplacée par une force d'extension plus ou moins énergique, suivant le degré d'alFinilé des

( 37 )

substances agissantes; la sphérule se déplace du côté du point influencé, se manifeste une excroissance qui se maintient aussi longtemps que dure l'action chimique, pour disparaître à l'instant cesse cette dernière. Si l'action est très lente, elle doit nécessairement produire des courants partant précisément du point influencé a (fig. 4), puisque les portions qui avoisinent ce point con- servent leur tension.

a

FlG. 4.

Je n'ai pas besoin de dire, en terminant cette communi- cation préliminaire, que la théorie très simple que je viens d'exposer s'applique à des phénomènes extrêmement nombreux, soit dans les corps inorganiques, soit dans les corps organisés; je me propose d'appuyer mes vues théo- riques sur des faits suffisamment variés et de combler ainsi l'unique mais très vaste lacune qui existait encore dans mes recherches sur la capillarité.

Sur de nouvelles obsenations des canaux de Mars el de leur gémination; par F. Terby, correspondant de l'Aca- démie.

L'apparence de canaux simples ou géminés sur la sur- face de Mars, signalée pour la première fois par M. Schia- parelli, notre savant associé, a-telle été vérifiée réellement par d'autres observateurs? Malgré les résultats positifs obtenus à l'occasion de la dernière opposition en 1888, certains doutes semblaient encore rester dans l'esprit de

(58)

quelques astronomes. On invoquait surtout les résultats en partie négatifs de l'Observatoire Lick; on oubliait que MM. Holden et Keeler avaient en réalité observé quelques canaux, en commençant leurs investigations seulement trois mois après l'opposition, à une époque la planète, trop éloignée, est déjà abandonnée par les aréographes.

On attendait donc avec impatience les premières nou- velles de l'opposition actuelle, et c'est pourquoi je me fais un devoir d'en entretenir l'Académie, et de lui annoncer tout d'abord qu'en ce moment un astronome anglais bien connu, M. Stanley Williams, est en voie de rendre pleine justice à M. Scbiaparelli.

Mars se présente, cette année, dans des conditions déplo- rables : sa déclinaison australe de 23" ne lui permet de s'élever que de 16° environ au-dessus de notre horizon, à son passage au méridien; aussi les ondulations continuelles de l'image ne m'ont-elles permis, jusqu'au 25 juin, que de distinguer nettement les grandes lignes de la configura- tion, sans aucun détail délicat; malgré des tentatives répétées, poursuivies chaque fois pendant une heure ou deux, au moins, je dois dire, avec le plus vif regret, que mes résultats ont été d'une nullité absolue jusqu'à cette date.

Le 25 juin, pour la première fois, de 9 à 10 heures, j'ai pu utiliser avec quelque avantage l'oculaire 450 de mon huit pouces; j'ai vu alors, avec une grande netteté, et pour la première fois aussi, la baie que M. Scbiaparelli figure sur la côte de la Grande Syrie, et d'où partent les deux canaux Astusapes et Astaboras ; par moments, et avec une grande certitude, je voyais la Syrte se bifurquer en ce point : d'un côté elle se continuait par la Nilosyrte, très visible, et de l'autre par le canal Astusapes, qui partait de la baie en question et circonscrivait l'île Meroe. Le Proto-

(39)

niliis avec le lac Ismenius el le Callirrhoe étaient encore plus visibles.

Le 24 juin, de 10 heures à 10''30™, l'image fut assez bonne pour supporter les oculaires 2o0, 280 et 450; je revis les mêmes détails que la veille; de plus, par moments seulement, mais avec une certitude complète, je vis le canal Astnboras se rendant en droite ligne de la baie dont j'ai parlé au lac /^me/i/ns; j'observais ce canal pour la pre- mière fois. Le Nepenthes était extrêmement visible en celte même occasion, et je crois même avoir vu à son ori- gine le Lac Mœris. Dans la crainte de perdre un seul des instants si rares de netteté sulïisante pour ces constata- tions d'une extrême difficulté, je n'ai pas fait de dessin et je me suis borné 5 vérifier l'accord de l'image avec la carte.

Le 25 juin, dq 9 à 10 heures, l'image était de très médiocre qualité; une agitation continuelle rendit presque invisibles les canaux Astiisnpes et Astaboras, ce dernier surtout, mais sans effacer la baie ces deux lignes prennent naissance; par contre, je vis assez bien la Boréosijrle, parfaitement la Nilosyrfe el le Nepenthes; également le Profonilus et le lac Ismenius; le Callirrhoe était plus difficile. L'accord avec la carte était remar- quable. L'oculaire 250 seul donnait la netteté voulue, mais était insuffisant comme force; 280, 420, 450 et 560 manquaient de netteté, tout en rendant pourtant quelques services. La région blanche Hellas, bien limitée, brillait au bord supérieur, et au bord septentrional, sous le Cal- lirrhoe, régnait également une vive blancheur.

Telles sont les seules observations utiles que j'aie pu faire jusqu'à ce jour (5 juillet); depuis le 26 juin, l'agita- tion de l'image ou les nuages ont déjoué tous mes efforts.

Circonstance à noter : la vue de l'observateur semble avoir une influence énorme dans ces recherches délicates.

( 40) Il est cerlain qu'une condilion essentielle de visibilité des canaux est une neltelé irréprochable du contour des taches; n'oublions point que, dans ces circonstances de visibilité, l'image a été comparée à une gravure sur acier. La vue de tous les observateurs ne semble point se prêter à des résultats aussi parfaits, et les premiers dessins de Milan ont même soulevé des objections à cause de leur netteté extraordinaire.

M. Stanley Williams a publié récemment ses observa- lions de Jupiter pour 1887 (1) et, au lieu d'offrir l'aspect nuageux et vague que l'on rencontre si souvent dans les dessins de cette planète, les figures de l'astronome anglais semblent quelque peu étranges, uniquement à cause de la précision inusitée des contours. Par une heureuse coïnci- dence, ayant observé Jupiter indépendamment à la même époque, et pouvant identifier, dans mes propres dessins, presque tous les détails qu'étudie M. Stanley Williams, je pourrai bientôt confirmer la parfaite exactitude de la plu- part de ces particularités.

Or, il se fait que M. Stanley Williams vient d'obtenir le plus magnitique succès en étudiant Mars cette année : il observe au sud de l'Angleterre, avec un télescope à miroir de 6 V2 pouces, de Calver, et des grossissements de 520 et de 430 fois. A la date du 51 mai, il avait été favo- risé déjà au point de pouvoir identifier trente-trois canaux dont il m'a donné la liste {Cyclops, Eunoslos, Hyblaeus, Hades, Styx, Cerberus, Tanaïs, Laeslrtjgon, Alcyonius, Ceraunius, Gigas, Chrysorrhoas, Ganges, Nitokei^as, Jamuna, Nilus, Indus, Protonilus, Hiddekel, Deutero'

{\) Zenographical fragments, Ij London, Mitchcll and Hughes, 1889.

( a )

vilns, Gelïon, Let/ies, Aelhiops, Titan, Erebus, Siretiiiis, Orcns, Pijripfilefjetlion, Euphrales, JSepenthes, Phison, Asclepius, Trilon.)

Il avait remarqué la géminalion de cinq canaux (A'/Zo- keras, Cerùerus, Erebus ou Hades, Tilan, Euphrales), ei sou|)çonné celle du Phison. Voici quelques détails qu'il me Iransnieltait à ce sujet :

« Mlokeras. La géminalion de ce canal a été reraar- » quée le A avril ; il offrait un aspect particulier qui attira » mon attention, et, en y regardant de plus près, je vis » qu'il était composé de deux lignes noires, étroites, bien » définies, parallèles, dont l'intervalle offrait une teinte » grise plus faible; \e Nilokeras a encore été vu double » le 14 mai. Le Cerberus a été vu distinctement double » le 25 avril (fig. 5), et VErebiis ou le canal Hades, les » 29 et 30 avril (fig. 4).

» La gémination du Titan a été remarquée le 29 avril » et aussi trois autres nuits; elle était très distincte; le » Tifnn était un objet facile (fîg. 4).

B Le 18 mai, la définition étant exceptionnellement » bonne pendant un temps très court, j'ai vu distincte- » ment la gémination de VEuphrat.es (lig. 8) : c'était un j) objet d'une faiblesse et d'une délicatesse exlraordi- » naires: deux lignes fines, très faibles, légèrement grises » et parallèles; un peu plus tard, la définition s'élant un j> peu altérée, tout disparut. »

Les 20 et 21 mai, M. Williams observe le Phison, mais conserve quelque doute sur sa duplicité, l'image n'étant pas absolument irréprochable.

Enfin, l'astronome anglais parle aussi de la Libye (fig. 6, 7); il l'observe les 18, 20, 21 et 24 mai, aussi le 27 juin; cette région était d'un éclat très faible le 21 mai; mais, le 24, elle était plus brillante ; toutefois elle paraissait obscure

(42)

en comparaison de Vhidis regio, qui élail plus blanche et

plus éclatante.

J'ai remarqué moi-même cette teinte grisâtre de la

Libye les 23, 24 et 25 juin, à l'occasion des observations

du Nepenthes, citées plus haut.

M. Williams remarque que les canaux les plus délicats

devenaient visibles seulement à leur passage par le centre

du disque : rarement donc on en voyait plusieurs à la fois ;

en un mot, leur observation était généralement d'une

grande difiiculté.

J'ai joint à cette note les cinq beaux dessins inédits de

l'observateur anglais (fig. 4, 5, 6, 7, 8); ils font apprécier,

mieux que toute description, les résultats extraordinaires,

pour cette période défavorable, que cet astronome a eu le

bonheur d'obtenir.

M. Slanley Williams m'a envoyé son dessin du 27 juin (fig. 7) dans une lettre datée du 1" juillet; cette lellre m'apprend que l'astronome anglais, en revoyant plusieurs des canaux cités plus haut, a réussi à distinguer, de plus, dix autres lignes de M. Schiaparelli : Boreas, Agatlio- dœmon (en partie), Fortmiœ, Neclar, Eumenides, Oxus, Hydaspes, Thotfi, Callirrhoe, Astusapes; ce qui poi te à quarante-trois le nombre des canaux vérifiés par lui. M. Williams a vu distinctement la gémination du Gigas le 9 juin. Le 31 mai, à ll"^ 5"", pendant quelques moments d'une grande netteté, il a vu le Cerberus et VErebus tra- versant le disque sur le prolongement l'un de l'autre, et formant comme un seul canal qui était distinctement double; les deux traits formant le Cfrôerws étaient plus larges et plus noirs que ceux qui constituaient VErebus, et donnaient lieti à un élargissement du canal, à partir du point commençait le Cerbère.

La tache polaire septentrionale est restée très petite

( ^3) jusqu'au corn m en ce me ni tle juin; vers le milieu de ce mois, elle lut ou coin|>lètemenl invisible ou représentée \nn- une faible Irace. Vers la fin de juin, elle s'accrut beaucoup subitement et devint plus brillante. Ainsi, les 24 et 20 juin (9''50'"),on la voyait à peine; le 27, au contraire, à 10 heures, elle apparaissait comme le montre la figure 7. Le même dessin montre un point u, très noir, dans la Nilosyrie} malheureusement, l'image se troublant un peu, M. Williams n'a pu étudier ce détail avec tout le soin nécessaire. Je me demande si cette tache n'était pas due à la présence du lac Mœris, très voisin, et dont ce léger trouble em|)èchait peut-être de reconnaître la véritable situation (1).

M. Schiaparelli ayant bien voulu, comme M. Williams, m'autoriser à faire connaître des nouvelles absolument inédites jusqu'ici, je terminerai celle communication en donnant quelques extraits des lettres que notre savant associé a bien voulu m'adresser; celle.s-ci étaient accom- pagnées des trois superbes dessins que j'ai l'honneur de soumettre aussi à l'Académie (fig. i, 2, 5).

C'est depuis le 16 mai seulement que M. Schiaparelli a pu faire des observations utiles : « Tout ce que j'ai vu » jusqu'à présent, écrit-il à la date du 12 juin, est résumé » presque entièrement dans les deux dessins que je vous » envoie (fig. 1, 3). A l'égard du premier (16 mai) (fig. 5), » je dois observer que les canaux situés en bas, Proto-

(1) M. Stanley Williams m'a écrit, le 12 juillet, qu'il croyait fondée ceUe explication de la petite tache noire; il m'apprend, en même temps, qu'il a dédoublé le Protoiiilus et le Lac Isiiienhts; la ligne ou composante méridionale du Prolonilus paraissait prolonger VAsclepius. La tache polaire boréale lui a paru, au commencement de juillet, beaucoup plus petite que le 27 juin.

( U )

D nilus el Deuleronilus, Callirrhoe, Boreosyrtis, Aslu- » sapes, Pyramvs, el les lacs hmenius et Arelhusa, avec » le fragment à'Euphrales qui les réunit, étaient très » visibles, surtout le Callirrhoe et le Protonilus (le Ca/- » lirrhoe a été vu aussi à Florence par le R. P. Giovan- » nozzi avec un quatre-pouces de Fraunliofer). L'étran- » glement du Protonilus était marqué avec beaucoup » d'évidence. Pour ce qui concerne les canaux près du » limbe droit, Hiddekel, Gelion, Oxus..., ils étaient fort » déliés, el l'on ne pouvait juger ni de leur forme, ni de leur » couleur. Au contraire, Euphrates, P/iison, Typhon et » Orontes avaient disparu comme canaux, et il ne restait » à leur place que des bandes d'un rouge un peu plus » foncé que le champ environnant, bandes qui ne parais- » saient pas bien terminées, et dont il n'était possible B de constater que l'existence et la couleur. Il n'était pas » même possible d'estimer leur largeur, qui, du reste, » devait être assez considérable, puisqu'elle rendait » visibles ces bandes malgré le peu de contraste dans la » couleur. Le même jour, la Terre de Deucalion était fort » belle, et, ce qui est remarquable, beaucoup plus large à » l'extrémité gauche qu'à la racine : chose que je vois » pour la première fois. Tout était confus de l'autre côté, » Hellas, Ausonia, Libya, etc.. Mais Japygia était assez^ » évidente.

1) Les 4 et 6 juin, j'ai pu examiner avec une certaine » netteté toute la grande région comprise entre Iris et » Titan (méridiens IIOMTO"), le Mare Sirenum et VEu- j> rotas (parallèles 30" sud et 50° nord) : elle est de nou- » veau à peu près vide d'objets remarquables, comme en » 1877, 1879 : des canaux, il ne subsiste que des traces » douteuses vers les bords de la région : le reste est une D bigarrure de rouge et de jaune de différentes intensités,

( iS )

» éventuellement avec un peu de blanc par-ci par-là, sans » délimitation exacte; c'est la région la plus dilTicile et la » moins intéressante de toute la planète. VAraxes et le » Phasis existent, bien que fort difficiles à voir; 17m » peut à peine être conjecturé; le double Cet^autiius esl » assez visible à cause de sa grandeur, mais sa teinte est » d'un rougeàtre à peine marqué. Les deux Nilus ne sont j> pas bien sûrs. Seulement, en bas du disque, on voit » VEurotas, qui forme une gémination imparfaite, et » VHebrus qui, double en 1888, est maintenant simple.

i> La soirée du 9 juin a donné des résultats plus nou- » veaux, qui sont représentés d'une manière assez salisfai- i> santé par l'autre dessin [fig. /). Vous verrez la grande ï gémination du Chrijsorrhoas et du Nilokeras, cette » dernière plus foncée et plus évidente, bien que l'autre » soit très visible aussi; les deux lignes ne sont pas bien r> définies, mais plutôt estompées, soit du côté intérieur, p soit du côté extérieur. Le Mare Acidalium ne présente » rien de nouveau, mais il faut remarquer l'absence » totale du Lacus Hyperboreits : les régions Ballia et » Nerigos sont mal délinies et d'apparence nébuleuse. Pas » iVHijdaspes, Jamuna comme un fil délié; Ganges et r> Hydraoles plus larges; je ne puis les dédoubler, mais » leur aspect est résoluble. En haut, Argyre très brillante. » Mais c'est Thaumasia et le lacus Solis qui offrent le » plus d'intérêt. Le lac du Soleil, cette tache si belle, si » noire et si régulière, n'a pu se soustraire au principe de » la gémination qui tyrannise toute la planète : il est j) coupé en travers par une bande jaune qui le divise en 9 deux parties d'extension inégale. Le lac Titlionius est » aussi partagé en deux noyaux d'ombre très forte, aux- j> quels aboutissent les deux lignes qui composent le » double C/irysorrhoas. Les anciens émissaires du Lac du

(46)

» Soleil oui disparu; seulement j'ai cru observer nue faible » trace de VEosphoros; mais quaire émissaires tout à fait » nouveaux se sont ouverts, dont le |»lus à gauche passe » sur VAurea C/ierso. Celte presqu'île, autrefois si belle, » est à peu près abolie, ou du moins transformée. La » région Thaïunnsia est d'un jaune sombre qui contraste j) beaucoup avec la surface brillante des environs, surtout » du limbe supérieur d'Ophir, qui est tout à fait blanc... » Voyez sur mon dessin du 9 juin {fîg. 1) le canal mar- » que 1 : le 4 juin, il était beaucoup plus fort que le 6; le » même jour, 4 juin, il n'y avait pas de trace visible des D canaux marqués 2 et 3; quarante-huit heures après, ils » étaient de la plus grande évidence »

Dans une autre lettre datée du 21 juin, le directeur de l'Observatoire de Milan ajoute : « M. Stanley Williams » avait bien raison en voyant VEuphrates doublé; il l'est B effectivement (v. fig. 5), et mieux qu'en 1888; les deux j> bandes sont parfaites et la couleur est de ce rouge carac- » térislique que j'ai déjà plusieurs fois signalé dans de » semblables formations; seulement elle n'est pas très j) intense. Avec lui et dans le même style sont doublés » Phison, Orontes, Protonilus et Boreosyrtis : peut-être » Asiusapes, Astaboras, Oxus, Deiiteronilus. Mais il y a » quatre géminations composées de lignes fortes, et je » suis persuadé qu'on les verra ailleurs, si l'on y apporte i> une attention suffisante: l'une est \eNepenth€s,qm est » tout à fait comme en 1888; seulement le LacMœris est » beaucoup plus large et plus visible qu'alors. Deux autres » géminations ont rendu presque méconnaissable le Sinus » Sabœus, depuis Hammonis Cornî< jusqu'à h double baie de » Daives. Enfin, la quatrième géminalion est dans l'isthme » de la Deitcalionis Regio (qui cette année se présente plus » brillante et mieux terminée qu'autrefois). Les lignes de

( 47 ) » ces quatre gémina lions soiii peui-èlre de la même cou- » leur que les autres, mais cette couleur est si forte qu'on » la (lirait presque noire. C'est comme l'encre de Chine » qu'on peut charger au point de la rendre noire. »

Ainsi s'exprime M. Schiaparelli. Je termine en insistant sur les deux faits les plus surprenants que renferme sa communication : le lac du Soleil est une tache arrondie, isolée, qui a été ohservée pour la première fois par Màdier en 1850; elle est une des régions les plus connues de la planète et a reçu le nom de Mer de Lockyer sur la carte de Proctor; cette mer ou, si l'on veut, ce grand lac, à l'exemple de plusieurs autres formations semblables, mais de moindre importance, telles que le lac Ismenius, le lac Til/ionius, se montre double aujourd'hui.

Le golfe Sabœus est assurément l'une des régions les plus visibles, les mieux connues de Mars : dessiné pour la première fois par Huygens, en 1659, il avait reçu de M. Proctor le nom de Détroit d'Herschel 11; observé actuellement au dix-huit pouces de Milan par l'œil perçant de M. Schiaj)arelli, il se montre composé de deux bandes reclilignes, larges, parallèles mais très rapprochées, très difficilement séparables. il semble donc que nulle formation à la surface de cette planète ne soit soustraite à ce mysté- rieux phénomène de la gémination.

Cette tendance au dédoublement, prenant un dévelop- pement si considérable, nous conduit à une dernière réflexion : le golfe Sabœus se termine par une région que son importance et sa forme caractéristique ont fait choisir pour origine des longitudes aréographiques : l'astronome de Lilienlhal, le premier, en 1798, observa en ce point un globule noir, dans lequel les observateurs plus modernes reconnurent une baie, dirigée vers le nord. Le 22 sep- tembre 1862, pour la première fois, le Rév. Dawes vil

(48)

celle baie nellemenl fourchue; la double baie de Dawes se voil acluellement toules les fois que les circonstances sont favorables el les moyens d'observation suffisamment puissants. Peut-être donc, en dédoublant cette baie, l'ob- servateur à l'œil d'aigle, comme on l'appelle quelquefois, faisait-il la première constatation d'une gémination. On lui doit d'ailleurs aussi les premiers dessins de quelques canaux de Mars.

EXPLICATION DE LA PLANCHE.

Mars observé en 1890, au dix-huit pouces de Merz, par M. Schiaparelli.

FiG. 1. 9 juin, 8''40% grossissement : 500; to = 70°; S = -♦- 12» ((0 = longitude du méridien centrai, o = latitude du centre).

FiG. 2. 20 juin, ii^, t. sid. Milan, oculaires : 350 et 500 ; oj = 5 i ; 0 = -♦- 15°.

FiG. 5. 16 mai, IS*» '/i. '• *'<^- Milan, oculaire : 500; lo = 320»;

0 = -♦- 7".

Mars observé en 1890, ati télescope à miroir de 6 '/, pouces de Calver, grossissements : 320 et 430 zb, par M. A. Stanley Williams

FiG. 4. 29 avril, de l^'iôO™ à 14b|5», /, m. Greenwich; lo = 159»; S = -»- 5».

6, Propontis; c, Trivium Charontis; d, tache grise, confuse, très faible; e. Titan; f, Erebus ou Hades; g, Boreas? /;, Sirenius; i, tache un peu plus blanche, mal définie, ovale ; /, région un peu plus brillante.

FiG. 5. 25at)n/, de 14^30™ à i5»>l5'»; to = 210''; S = -»- 5».

6, Trivium Cliaronlis; g, Laestrygon ; h, Cyclops ; i, Cerberus; A-, Hades; /, Styx; m, Eunostos;/j, Aethiops; r, Elysium; s, Hyblaeus; t, Propontis.

Bidïelms,3^ Sàte,, Tome XX.

1890

SduapardU ad nac del-

Mars observé par M Schmparelli .

Mars observé par M. Sianleu fVUlia/ns.

'■irankij Wdàa/ns , ad naz del

(49 )

FiG. 6. 24 mai, de IShO™ à IS^SO™; w = STS»; S = -4- 9».

/j, Triton; /, Libya; A-, Isidis rcgio; c, Nilosyrtis; d, Protonilus ; e, Borcosyrlis; f, Ascicpius, g, Nepcnthes.

FiG. 7. 27 juin, à 10''0"; co = 297°; S = -♦- 14».

^, Libya; h, Nilosyrtis; i, Thoth ; jh, Aslusapes; p, Asclepius; r, Protonilus; s, Phison; f, Hcllas; m, petite tache noirâtre.

FiG. 8. 18 mai, de 12'>I8» à IShO»; a) = 331»; o = -♦- 8».

/j, Nilosyrtis; t, Protonilus; k, Iliddekcl; s, Libya; l, Euphrates; e, Ismcnius lacus; m, petite tache grisâtre, très faible.

Une Coronule de la baie de Saint-Laurent; par P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie.

Il y a quatre ans, dans un discours fort remarquable, prononcé à la réunion de l'Association Britannique à Birmingham, sir J. William Dawson lit mention d'un spécimen de Coronuta, trouvé sur un morceau de peau de Baleine conservé au Musée Redpathe, à Gaspe, au fond du golfe de Saint-Laurent. Ce discours avait pour objet: « la géologie de l'océan Atlantique » (i).

Ce morceau de peau de Baleine provient sans aucun doute d'un animal capturé par quelque baleinier du pays, et si ce n'est dans la baie de Gaspe même, c'est, en tout cas, ou dans la baie de Saint-Laurent, ou sur la côte du Labrador, viennent encore, de temps en temps, échouer des Baleines-

(d) Report of the 56 meeting of thc british Association, 1886. Revue scientifique, Paris, 1886.

O""^ SÉRIE, TOME XX. 4

( SO)

A quelle espèce faul-il rapporter celle Coronula et de quelle Baleine provient-elle? Esl-ce la Coronula reginœ, provenaiil d'une baleine du Nord, comme le peuse le savant géologue?

Le nom de Coronule a élé introduit, comme on sait, par Lamarck, au commencement du siècle, pour un prétendu coquillage qui vil sur la peau des Baleines (1).

Ces Coronules, pris d'abord pour des Mollusques, ont été reconnus depuis comme de véritables Crustacés, et, eu 4851, Darwin a publié la monographie de ces curieux Cirripèdes. L'illustre naturaliste admet trois espèces de Coronules : une sur les Baleines des mers arctiques, une autre sur les Baleines des États-Unis d'Amérique, de la Grande-Bretagne, de l'océan Atlanlique et de la Nouvelle- Zélande, une troisième sur les Baleines de l'océan Paci- fique. C'est à celte troisième espèce que sir J. William Dawson rapporte la Coronule de Gaspe.

Nous ferons remarquer en passant que les Baleines étaient encore fort mal connues à l'époque oîi Darwin a publié celte monographie, et que la plupart des Coronules, même celles des grandes collections, n'indiquaient pas toujours exactement les lieux ou les mers elles avaient élé recueillies. Ce sont, du reste, des renseignements, qui, quoique indispensables pour celte étude, font encore presque partout défaut aujourd'hui.

Le savant géologue de Montréal a cru pouvoir rap- porter celle Coronule à une Baleine du . Pacifique, qui aurait réussi à franchir le passage nord lanl de navi-

(i) Annales du Muséum, t. I, 1802.

(SI )

gateurs onl échoué, dil-il; tant d'autres animaux marins sont communs des deux côtés de ce continent (1).

La Coronnla appartient pour lui à l'espèce que Darwin a décrite sous le nom de reginœ, dans sa belle monographie.

Nous ferons remarquer d'abord que la Baleine venant du nord ne peut être que la Balœna mysticetus, et que cette Baleine ne dépasse pas le 64" degré de latitude, d'après les observations faites pendant tout un siècle, par les baleiniers danois. Ensuite cette Baleine ne porte jamais des Coronules; elle n'est couverte que de Cyames, qui vivent en vrais parasites.

Les Coronules ne hantent que les Baleines des régions tempérées, et, comme les Balénoptères n'en ont pas plus que la Baleine du Nord, la Coronule des côtes du Canada ne peut provenir que de la Baleine des Basques, c'est-à- dire, du Nord-Caper, ou bien de la Megaptera boops, que les baleiniers désignent sous le nom de Humpback.

Et comme celte Coronule du Humpback est si parfaiie- ment distincte des autres, que l'on a même cru devoir en faire un genre à part sous le nom de Diadema, il ne peut rester de doute au sujet de cette détermination.

Depuis longtemps, nous avons cru pouvoir affirmer qu'il n'existe qu'une seule espèce de Baleine véritable dans l'Atlantique septentrional, et que les individus, qui, de temps en temps, viennent encore échouer sur les côtes des États-Unis ou au Canada, appartiennent à l'espèce que

(1) Dali and Whitcaves hâve shown that some Mollusks and Echinoderms arc conimon evcn to thc Allantic and Pacific coasts of norlh America. Dali, Report of Alaska; Whiteaves. Trans. R. S. C.

(52) les Basques poursuivaient, à l'époque de la grande pêche, jusqu'en Islande et jusqu'à Terre-Neuve,

Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que Chem- nitz distinguait parfaitement la Baleine dos Basques de la Baleine qu'on allait chasser au Spitzberg. En décrivant la Coronule du Nord-Caper, il fait remarquer que cette dernière Baleine se défend avec une telle vivacité, contrai- rement à l'autre, qu'elle semble avoir du vif-argent dans les veines. Ce sont ses expressions.

Nous n'avons pas voulu nous en tenir à cette première appréciation; nous avons écrit à iM. Dawson pour avoir communication de la Coronule même, et, ne pouvant dis- poser de l'exemplaire unique, M. Dawson a eu l'extrême obligeance de nous en envoyer une photographie repré- sentant le coquillage vu des deux côtés.

Pour la comparaison, nous sommes heureusement en possession de l'excellent dessin de Coronule, dont l'origine n'est pas douteuse puisqu'il est fait d'après un exemplaire pris sur la peau d'un vrai Nord-Caper capturé, vers la fin du siècle dernier, entre l'Islande et Terre-Neuve.

Les Coronules étaient considérées alors comme des Mollusques, et l'illustre conchyliologisle de l'époque.Chem- nitz, l'a fait figurer à côté des coquilles véritables (1).

En comparant cette photographie avec le dessin de Chemnitz, il n'est pas difficile de voir que ces coquillages ne peuvent appartenir qu'à une seule et même espèce et qu'il n'y a entre eux qu'une différence de taille provenant sans aucun doute d'une diflerence d'âge.

(1) Martini u. Chemnitz, Syslematisches Conchilien-Cabinel. Nûrnberg, pi. LXLIX, fig. 843 et 1844.

(S3)

C'est donc, à noire avis, un vrai Nord-Caper, une Bnlœna biscayensis qui a porté cette Coronule de Gaspe, une baleine de l'espèce que les Basques ont chassée d'abord dans le golfe de Gascogne, qu'ils ont poursuivie plus tard dans la mer du Nord et dans l'Atlantique jusqu'en Islande et Terre-Neuve.

Dans l'état actuel de la science, nous croyons pouvoir affirmer :

Que la Baleine franche, la Balœna înysticetus des naturalistes, habite toute la calotte polaire et passe par le déiroit de Smyth comme par le détroit de Behring, sans dépasser le 64* degré de latitude;

2" Que cette Baleine ne porte jamais des Coronules ou autres Cirripèdes, et ne loge que des Cyames d'une espèce particulière;

Que l'aire hydrographique de la Baleine des Basques, le Nord-Caper ou Balœna biscnyensis des naturalistes, est parfaitement limitée, au moins aujourd'hui : au sud à l'archipel des Açores, au nord à l'île des Ours, à l'est et à l'ouest à toute la largeur de l'Atlantique;

Que cette Baleine héberge généralement des Coro- nules, indépendamment des Cyames, différentes des Cyames de la Baleine franche;

Que le Hiimpback des baleiniers, qui est la Megaptera boops des naturalistes, loin d'être confiné dans une mer, visite au contraire les deux hémisphères sans respecter la mer de Feu et se retrouve, avec les mêmes caractères et les mêmes commensaux, dans la mer de BaiBn comme sur les côtes du Kamschatka, en plein océan Pacifique comme dans l'océan Austral.

Que ce Humpback porte si régulièrement ses Coro- nules ou mieux ses Diadema, que les Groenlandais

(S4)

prétendent qu'elles viennent an monde avec lui; il y a plus : sur ces Diadema vil un autre Cirripède, VOlion Cuvieriiy qui se retrouve dans les divers océans avec les mêmes caractères (1).

Le Humpback nourrit également, indépendamment de ces Cirripèdes, une espèce particulière de Cyame, dont nous aurons bientôt l'honneur d'entretenir l'Académie.

Que les Balénoptères ne se couvrent ni de Coronules ni de Cyames ; on n'a trouvé sur elles, jusqu'à présent, que des crustacés du genre Penella.

Le R/iachianectes glaucus, petite Baleine des côtes de Californie, porte des Coronules et des Cyames d'une espèce particulière, que le capitaine Charles M. Scammon a fait connaître en 1874 (2).

Une autre petite Baleine, Neobalœna marginata, décou- verte dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, n'a montré jusqu'à présent ni Coronules, ni Cyames.

La planche qui accompagne celle notice représente la Coronule de Gaspe, que nous attribuons à une Baleine des Basques, capturée ou échouée sur les côtes du Canada ou du Labrador.

(1) Noire savant confrère, M. Van Bambeke, a bien voulu me remettre, depuis ma communication verbale à l'Académie, un exem- plaire de Diadema du cap Nord avec Otions et Cyames absolument semblables à ceux que je possédais déjà de l'océan Pacifique et qui sont parfaitement bien figurés dans les livres chinois sur la pêche de la Baleine.

(2) The marine mammals of the North- Western Coast of Norlh America. San Francisco, in-i», avec planches représentant les principales espèces.

//// I/chfis: . y. Série, 7o//ic . VA '.

Ivth G.Severa^ns Brajodles.

CoroiuiUi icijuuv

(dS)

Les Anthozoaires pélagiques recueillis par le professeur Hensen, dans son expédition du Plankton. Commu- nication préliminaire. I. Une larve voisine de la larve de Semper ; patr Edouard Van Beneden, membre de TAcadémie.

Mon collègue el ami, M. le professeur Hensen, de l'Uni- versilé de Kiel, m'a envoyé à l'élude, il y a peu de temps, les Anlhozoaires pélagiques qu'il a recueillis, l'an dernier, pendant son expédition du Plankton. J'ai (ait rapidement le triage du matériel; quelques exemplaires de la plupart des formes ont été colorés et débités en coupes sériées, puis soumis à un premier examen.

Tous les Anthozoaires qui m'ont été envoyés sont des formes larvaires el, chose bien remarquable, la plupart se rattachent à l'évolution de Cérianthides.

On ne connaît que quatre genres appartenant à cette tribu : les genres Cerianthus, Arachnaclis, Bathyanthus et Saccanthus. Encore l'existence de ce dernier genre est- elle fort problématique : suivant Andres, le genre aurait été fondé sur des exemplaires mutilés de vrais Cérianlhes Le genre Balfnjanllms ne comprend que l'espèce Bathyan- thus balhymetricus de Moseley; un seul exemplaire a servi à l'établissement du genre et de respèce,et cet unique exemplaire se trouvait dans un étal de conservation fort défectueux.

Par contre, le genre Cerianthus est relativement bien

(36) connu. Il n'est représenté que par un petit nombre d'espèces; mais l'organisation de quelques-unes de ces espèces a été fort bien élucidée, grâce aux recherches de J. Haime, de von Heider, des frères Hertwig, de C. Vogt et de Danieisscn ; les larves de C. membranaceus ont été étudiées et décrites par J, Haime, par Kowalewsky et par Jourdan.

Quant au genre Arachnaclis, créé par Sars, il n'est connu jusqu'ici que par des formes larvaires recueillies à la surface de l'océan et étudiées par Sars, A. Agassiz, C. Vogt et récemment par Boveri. On a pensé que les Arachnaclis pourraient bien être de jeunes exemplaires de vrais Cérianthes; mais Boveri annonce dans son mémoire la découverte à' Arachnaclis adultes obtenus par dragage, pendant l'expédition du Triton; ils seront prochainement décrits par R. Hertwig.

Dans le matériel qui m'a été confié par M. Hensen se trouvent, indépendamment du genre Arachnaclis, repré- senté par un certain nombre d'individus d'âges divers, neuf autres formes de Cérianlhides, très différentes les unes des autres et faciles à caractériser. Je crois pouvoir affirmer qu'aucune d'elles ne se rapporte ni au genre Cerianthus, ni au genre Arachnaclis. Elles indiquent l'existence de nombreux Cérianthides, dont les formes adultes sont restées inconnues jusqu'ici. Les larves, qui vivent à la surface de l'océan, en plein Atlantique, tant au nord qu'au sud de l'équateur, gagnent très probablement les fonds pour y continuer leur développement et y devenir sexuées. S'il en était autrement, on ne s'expliquerait pas comment aucun exemplaire sexué n'a été capturé, et il n'est pas possible d'admettre que les larves d'animaux

( 37) apparlenanl à des faunes lillorales se irouvenl en abon- dance en plein océan.

Quoique les dragages exécutés dans le cours des expé- ditions océaniques récentes n'aient révélé l'existence dans les abysses que d'un seul Cériantbide^ le Ualhyanlhus bathy- metricus de Moseley, il est donc éminemment probable, à en juger par l'abondance et la variété des larves pélagi- ques, que cette tribu est représentée dans les grands fonds par des formes très diverses. Ce fait est intéressant en ce que les Cérianlbides sont fort probablement apparentées aux Rugosa ou Tétracoralliaires paléozoïques, dont qua- rante-six genres sont connus de la période silurienne, vingt-neuf du dévonien, vingt-quatre du carbonifère, un seul du permien (Zitlel). Suivant Zillel, le groupe a atteint son plus grand développement spécifique et numérique dans le silurien supérieur.

Il en serait donc des Cérianlbides comme des Crinoïdes; les uns etiesaulres peupleraient principalement, à l'époque actuelle, les grandes profondeurs des océans.

J'ai tenu à annoncer dès à présent ce premier résultat de l'étude que j'ai entreprise des Antbozoaires du Plankton, en attendant la publication spéciale dans laquelle les différentes formes larvaires seront décrites et flgurées.

Le but principal de la présente note est de faire con- naître l'organisation d'une larve connue depuis longtemps quant à ses caractères extérieurs, et qui a beaucoup intrigué les naturalistes.

En 1807 Semper décrivit une ibrme larvaire des tropi- ques, sur laquelle, à ce qu'il raconte, son attention avait été appelée, avant son départ pour les Philippines, par

( S8 ) M. le professeur Behn, de l'Université de Kiel. Pendant son voyage autour du monde, Behn avait observé, dans les régions les plus diverses des mers tropicales, un orga- nisme pélagique de 6 millimètres de longueur, dont le corps cylindrique était pourvu d'une frange courant paral- lèlement à l'axe du cylindre et donnait lieu à des phéno- mènes d'irisation d'un admirable effet. Semper ne tarda pas à retrouver cet organisme. Il le rencontra une pre- mière fois au voisinage du cap de Bonne-Espérance, par 42° de latitude méridionale, dans le courant de Mozam- bique, et plus tard dans le courant de la Sonde, sur la côte de Java.

Il en a donné une description, accompagnée d'une belle ligure, dans le Zeilschrifi fur ivissenschaftlic/ie Zoologie^ et a rendu compte, en quelques lignes, des faits qui le déterminèrent à considérer l'organisme comme une larve d'Actiniaire.

Cette forme larvaire est connue sous le nom de larve (le Setnper. Autant que je sache, elle n'a pas été retrouvée depuis,de telle sorte que nous ne possédons d'autres rensei- gnements à son sujet queceux que nous devons à la publica- tion faite, en 1867, par l'éminent naturaliste de Wùrzburg. Semper n'a pu faire qu'un examen macroscopique de la larve. Voici les principaux faits qu'il a relevés : le corps, cylindrique, présente à chacun de ses pôles un orifice circulaire; l'un d'eux est la bouche; il conduit dans un tube pharyngien qui, après un court trajet, débouche dans une cavité cœlentérique, subdivisée à sa périphérie en six loges parallèles par un nombre égal de méseutéroïdes.

L'orifice aboral, Semper l'appelle anus. Dans la peau se trouvent des nématocysles de deux types différents. La

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frange irisée règne dans toute la longueur du corps, d'un pôle à l'autre, suivant une génératrice du cylindre. Elle est formée de filaments auxquels l'auteur donne le nom . de cirrhes; elle s'incline alternativement à droite et à gauche, et les irisations qu'elle présente sont dues à des phénomènes d'interférence. Elle constitue l'organe de locomotion et indique, par sa situation médiane, la symé- trie bilatérale de la larve.

Il est vraiment étrange que ni les traités récents d'em- bryologie comparée, ni les mémoires spéciaux relatifs au développement des Anthozoaires ne font mention de la larve de Semper. Cet oubli tient certainement en partie au caractère aberrant de l'organisme et à l'impossibilité de le rattacher à l'évolution d'un groupe déterminé d'Anthozoaires; peut-être aussi a-t-on conservé quelque doute sur l'exactitude des renseignements fournis à son sujet. D'après Semper, la larve aurait six cloisons mésen- tériques seulement, dont deux notablement plus courtes que les quatre autres. Or, toutes les recherches faites sur le développement des Anthozoaires, depuis les travaux classiques de M. de Lacaze-Duthiers, ont conduit à ce résultat que, pas plus chez les Aciiniaires que chez les Hexacoralliaires, dont le développement est connu, il n'existe, dans le cours de l'évolution, de stade quelque peu persistant, durant lequel la larve serait pourvue de trois paires de mésentéroïdes. Dans un travail récent, Boveri a cherché à établir que tous les Actiniaires passent, au contraire, par un stade caractérisé par la présence de quatre paires de cloisons mésentériqiies, constituées comme celles qui persistent pendant toute la durée de la vie chez les Edwarsies; elles sont homologues à ces dernières.

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Tandis que le nombre des sarcoseptes ne s'élève jamais au- dessus de huit chez les Edwarsies, leur nombre s'accroît, chez les Acliniaires suivant une loi, variable de tribu à tribu, mais constante dans les limites d'un même groupe naturel.

Les frères Hertwig avaient démontré antérieurement l'importance que présente, au point de vue de la classifi- cation, le nombre des sarcoseptes et la loi suivant laquelle s'accroît ce nombre; à la suite de ses recherches sur les Actiniaires de Challenger, R. Hertwig en était arrivé à distinguer six tribus parmi les Actiniaires : les Edvvarsides, les Hexactinides ou Actinies hexamères, auxquelles il faut adjoindre une partie tout au moins des Madréporaires; les Monaulées, les Paraclinides, les Cérianthides et les Zoanlhines. Blochmann et Hilger ont créé depuis une septième tribu qui comprend les Gonactinides. D'après Boveri, tous ces animaux passeraient, dans le cours de leur évolution, par le stade Edwarsia, et ce stade succé- derait rapidement, dans l'ordre évolutif, au stade à quatre sarcoseptes, réalisé d'une façon permanente chez les Scy- phozoaires (S. St ). Mais aucun Actinozoaire actuellement connu ne présente, dans le cours de son développement, de stade quelque peu persistant caractérisé par la présence (le six mésentéroïdes.

Or, à en croire Semper, sa larve, qu'il considère comme se rattachant au développement d'un Actiniaire, n'aurait que six sarcoseptes.

Parmi les matériaux qui m'ont été communiqués, j'ai trouvé un exemplaire fort bien conservé d'un organisme que Hensen m'avait signalé comme étant probablement identique à la larve de Semper. L'étude que j'ai faite de

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celle larve a confirmé la détermination de Hensen, en ce sens que la larve dont il s'agit est voisine de celle que Semper a fait connaître. J'ai l'honneur de communiquer à la Classe la description de cet organisme. La larve, après avoir été colorée par le carmin boracique, a été coupée perpendiculairement à son grand axe. Le nombre des coupes obtenues a été de 220. L'épaisseur moyenne des coupes est de 0,03 mm., ce qui donne, pour l'organisme entier une longueur totale de 6,6 millimètres environ.

La larve a été fixée par le sublimé et conservée dans l'alcool. Les tissus, admirablement conservés, se prêtent à un eïamen histologique minutieux.

Dans le même travail dans lequel il décrit la larve qui porte son nom, Semper signale une autre forme larvaire rappelant certaines larves d'Annélides, en ce qu'elle pré- sente, à quelque distance en arrière de l'orilice buccal, une couronne ciliaire transversale. Semper est d'avis que cette seconde forme doit se rapporter, elle aussi, au déve- loppement d'un Anlhozoaire; son ectoderme est bourré de nématocystes de deux formes, rappelant celles qu'il avait observées chez sa première larve. Il ex[)nme l'opinion que cette seconde forme pourrait bien être un stade de déve- loppement plus avancé du même Actiniaire auquel se rapporte sa première larve.

J'ai trouvé également dans le matériel recueilli par Hensen un exemplaire de la seconde larve de Semper. Elle est extrêmement remarquable à divers points de vue; elle ne se rattache certainement pas au même développe- ment que la larve à frange vibratile longitudinale, mais bien à l'évolution d'un Anlhozoaire du même groupe.

(62) Dans son corps globuleux, qui ne mesure guère plus de 2 millimètres de diamètre, se trouvent logées trois autres larves du même type, mais d'âges différents; ce qui fait que la même série de coupes permet d'étudier quatre stades différents du développement du même organisme. Ce fait, extraordinaire à première vue, trouve probablement son explication dans la propriété commune à un grand nombre d'Actiniaires d'être vivipares. Les larves en voie de déve- loppement dans la cavitécœlenlérique del'orgaiiisme mater- nel cheminent dans toutes les parties de cette cavité. C'est un fait bien connu qu'elles pénètrent même dans les tenta- cules. On conçoit que des larves plus jeunes puissent péné- trer par la bouche dans la cavité cœlentérique de larves plus âgées et y demeurer après la naissance de ces dernières.

Je ferai connaître cette seconde larve dans une note ultérieure. La présente communication a pour objet la description de la larve 1.

Caractères extérieurs.

La forme générale de la larve rappelle celle d'une poire: elle est renflée à une de ses extrémités et s'atténue pro- gressivement à l'autre, siège l'orifice oral. Celui-ci est terminal et se voit distinctement à la loupe. L'axe de la larve n'est pas rectiligne, mais bien incurvé en C. Il est probable que l'incurvation n'existait pas pendant la vie, qu'elle s'est produite au moment oii l'organisme a été flxé par le réactif employé pour le durcir. La concavité de la courbe répond à la face que nous appelons ventrale.

La surface du corps est ridée et inégale dans sa région

( «3) moyenne et au niveau du renflement aboral. Elle montre des crêtes arrondies et des bosselures qui n'ont rien de régulier. L'élude des coupes démontre que ces rides sont dues à l'action des réactifs. En certains points, l'ectoderme s'est détaché de la lamelle mésencliymatique et a été sou- levé de manière à former les crêtes et les bosselures que l'on observe à la surface. La portion orale du corps n'a pas subi ces altérations : elle est lisse et unie.

Toute la surface de la larve est fortement pigmentée, à l'exception d'une bande médiane qui règne le long de la face ventrale, sans atteindre cependant l'extrémité aborale : elle n'intéresse que les deux liers antérieurs du corps et se prolonge en avant jusqu'à la bouche. Cette bande médiane occupe la concavité de la courbe larvaire. Au milieu de la bande se voit un sillon peu accusé; sa colo- ration est jaunâtre et d'une teinte uniforme, contrastant avec le reste de la surface du corps, qui est très foncée.

La pigmentation n'est pas uniforme : on distingue à la loupe des traînées pigmentaires formant un réseau irré- gulier très serré.

Quand on examine la larve de profil, au moyen d'une bonne loupe, on dislingue dans sa concavité une sorte de grumeau translucide, qui remplit l'excavation ventrale; il n'intéresse pas le renflement aboral. Comme l'ont appris les coupes, cette formation est due à la présence d'une frange vibratile analogue à celle que Semper a figurée chez sa larve. C'est elle qui donne lieu, sur le vivant, à ces phénomènes d'interférence et produit ces merveilleuses irisations que Semper a si bien décrites.

Examiné à la loupe, l'orilice buccal m'a paru être de forme quadrilatère; sur son pourtour on ne distingue

C 64)

aucune irace de tentacules. Je n'ai pas observé d'orifice à l'extrémité aborale, et l'étude des coupes m'autorise à affirmer qu'il n'existe pas d'autre orifice que la bouche.

Semper a signalé l'existence d'un orifice circulaire à chacune des deux extrémités de sa larve cylindrique. Je ne songe pas à contester l'exactitude du fait affirmé par l'éminent naturalistedeWiirzburg.il n'est pas possible, vu le soin avec lequel il a observé sa larve et l'exactitude parfaite des renseignements qu'il a fournis à son sujet, qu'il ait affirmé la présence d'un orifice qui n'existerait point. J'indiquerai plus loin les raisons qui. me portent à croire que la larve recueuillie par M. Hensen, si voisine qu'elle soit de celle que Semper a décrite, est non se'ulement spécifiquement, mais génériquement différente de cette dernière.

Organisation.

Pour se rendre compte de l'organisation de la larve, il convient d'examiner tout d'abord une coupe transversale pratiquée vers le milieu de la longueur du corps.

Une semblable coupe a la forme d'un ovale irrégulier à grand axe, dirigé transversalement. La symétrie bilatérale est manifeste. (Fig. 1.)

Ectoderme. L'ectoderme n'est pas partout adhérent à la lamelle mésenchymatique. Çà et se voient, entre les deux formations, des espaces assez étendus. H en résulte que l'ectoderme forme des plis irréguliers qui déterminent l'apparence ridée de la surface. Ces rides, aussi bien que les fentes que l'on observe entre l'ectoderme et le mésenchyme, sont manifestement les produits arti-

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ficiels de l'action des réaclifs employés pour fixer el durcir l'organisrae.

Tandis que, dans toutes les larves d'Anthozoaires décrites jusqu'ici, l'ecloderme présente le même caractère sur tout le pourtour du corps, il existe chez notre orga- nisme, du côté de la lace ventrale, une portion nettement différenciée, bien délimitée à droite el à gauche, dont la structure el l'aspect contrastent à première vue avec celle du reste de la couche cellulaire eclodermique. Celle formation, que j'appellerai la plaque flagellifère, est médiane el symé- trique. Sa largeur représente la moitié environ du diamètre transversal de la coupe. Dans les préparations colorées par le carmin boracique, la plaque llagellilère se montre colorée en rouge vif. Celle coloration n'affecte pas cepen- dant toute l'épaisseur de la plaque, mais seulement sa piirlie profonde, la zone superficielle qui porte les fouets vibratiles étant d'une teinte rosée uniforme. La coloration de la zone profonde est due à la présence d'innombrables noyaux sphériques ou légèrement allongés en bâtonnets courts, qui fixent énergiquement le carmin. La zone superficielle est lolalemenl dépourvue de noyaux el se constitue des portions distales, exclusivement proloplas- miqiies, des cellules flagellées.

La plaque flagellifère est formée d'une seule et même espèce de cellules ; ces cellules, excessivement étroites et filiformes, ont leur noyau placé à des distances variables (le la lamelle mésenchymalique, mais toujours dans la profondeur de l'épithélium. On ne trouve dans la plaque flagellifère ni cellules glandulaires, ni nématocystes, mais seulement des cellules flagellées. Chacune d'elles présente à son extrémité libre un petit plateau brillant, puncti- forme, qui porte le flagellum. Ces petits plateaux conligus

3*"* SÉRIE, TOME XX. 5

( 66 ) donnent lieu à un conlonr très apparent qui, à un lorl grossissement, se montre constitué de points brillants juxtaposés et régulièrement alignés.

Dans la portion moyenne de la plaque, la strialion de l'épithélium, due à sa composition cellulaire, est normale à la surface ; mais suivant ses bords, les cellules fdiformes sont inclinées obliquement de dehors et dedans. Il en résulte qu'aux points elle se continue avec le reste de l'ecloderme, à droite et à gauche, la plaque semble former deux bourrelets que l'on pourrait assez bien comparer aux bourrelets dorsaux de la plaque médullaire de certains Vertébrés.

Dans la plus grande partie de sa longueur, la plaque flagellifère, déprimée à son milieu, saillante suivant ses bords et constituée de deux moitiés semblables, l'une droite, l'autre gauche, inclinées l'une vers l'autre, forme une gouttière largement ouverte. On peut se faire une idée très exacte de cette gouttière en la comparant à la gouttière médullaire d'un Sauropside ou d'un Mammifère, au début de la formation du Myllencéphale. Inutile de faire observer que je n'entends nullement, en faisant ces comparaisons, établir entre ces formations le moindre rapprochement morphologique; je n'ai en vue que de faire mieux comprendre la forme de la plaque flagellifère.

Nous verrons plus loin qu'à ses deux extrémités la gouttière devient moins profonde et que la plaque finit par devenir plane.

La plaque porte, dans toute sa largeur, d'innombrables fouets vibratiles admirablement conservés. Ces fouets, dont j'estime la longueur moyenne au tiers environ du diamètre transversal moyen de la larve, ont un trajet ondulé. On ne peut les suivre dans toute leur longueur

(67)

sur une coupe; ils forment ensemble une louiïe, striée en certains points, finement puncluée en d'autres, suivant que le rasoir a passé parallèlement ou perpendiculairemenl aux filaments. Il est à remarquer que la frange vibratile formée par l'ensemble des fouets n'est pas ici une lame insérée suivant une ligne, comme dans la larve de Semper, mais bien une couche épaisse dont la largeur répond à celle de la bande flagellifère elle-même.

Pour terminer la description de la bande, il me reste à signaler la présence, dans l'épilhélium, de traînées pigmen- laires, radiaires ou éloilées, semblables à celles que l'on observe en très grande abondance dans toute l'étendue de l'ecloderme. Dans la plaque flagellifère, ces éléments pig- raentaires sont relativement rares. Il est des coupes dans lesquelles on n'en observe aucune trace.

Le reste de l'ectoderme a un tout autre aspect. Dans les préparations colorées au carmin boracique, on constate toujours l'existence, dans l'épaisseur de la couche, de trois zones difl'éremment colorées. La zone superficielle est d'un jaune-brun; la moyenne est rose; la profonde est à peu près incolore. Dans la zone moyenne, il existe de très nom- breux noyaux, fort rapprochés les uns des autres; on en trouve également dans la zone profonde, mais ils y sont clairsemés; dans la zone superficielle ne se rencontrent pas de noyaux; la coloration jaune-brun de cette zone est due à la présence d'innombrables nématocystes et de glandes raonocellulaires dont le contenu, composé de grains, offre une teinte brunâtre. De plus, l'ectoderme est fortement pigmenté. 11 semble que le pigment siège dans des cel- lules spéciales, soit filiformes, et alors i-adiairemenl dirigées, soit étoilées.

C 68 )

Ce qui dislingue essenliellement i'ectoderme propre- ment dit, c'est qu'il se constitue de diverses catégories d'éléments cellulaires : il se compose, en effet, indépen- damment des cellules épilhéliales ordinaires, d'une énorme quantité de nématoblastes et d'innombrables cellules glan- dulaires. Je ne signale pas d'éléments sensoriels, parce qu'il n'est pas possible de les distinguer dans les coupes; mais il n'est pas douteux qu'il n'existe ici, comme chez les autres Cnidaires, des éléments nerveux en partie mêlés aux autres cellules de I'ectoderme, en partie sous-jacenls à ces dernières.

Les noyaux de toutes les cellules, quelle que soit la caté- gorie à laquelle ils appartiennent, sont plus volumineux que ceux des cellules flagellifères : ils se teintent en rose et non en rouge vif; ils sont généralement ovalaires et montrent à peu près constamment des ponctuations foncées, dont une, particulièrement apparente, est peut- être un nucléole. Les noyaux des cellules flagellées ont, au contraire, une apparence homogène.

Les nématocystes se rattachent à deux formes bien distinctes : les uns, de faibles dimensions, ont la forme de petits cylindres à bouts arrondis ou de boudins droits; ils renferment un fil décrivant une spirale extrêmement régu- lière à la périphérie du cylindre. Us sont de dimensions un peu variables; mais les différences que l'on remarque entre eux ne dépassent pas des limites assez étroites. Ils siègent exclusivement dans la zone superficielle de , I'ectoderme. Les autres, très volumineux, de forme ovoïde, renferment un fil enroulé en une spirale très apparente, mais toujours assez irrégulière, les tours de spire étant tantôt plus, tantôt moins rapprochés les unes des autres, et le diamètre de la spire étant sujet à variation dans

( «9) un même iiématocyste. Ils sont relalivemeni rares. On en trouve à peine une dizaine dans une même coupe transversale; ils siègent principalement dans la zone pro- fonde de l'ectoderme.

Il existe aussi deux formes de cellules glandulaires : les unes ont un contenu grossièrement, mais uniformément granuleux, les autres un contenu clair et d'apparence homogène ou réticulée. Les premières sont de loin les plus nombreuses. Très étroites dans la zone moyenne et dans la zone profonde de l'épiderme, au point d'y être filiformes, elles s'élargissent considérablement et s'évasent dans la zone superficielle. Les grains brillants, tous de mêmes dimensions, ont une teinte brunâtre. Les glandes claires, plus rares, se voient surtout dans la partie orale du corps.

Lamelle mésenchymalique. Elle est remarquablement épaisse et se fait remarquer en outre en ce qu'elle renferme de très nombreux éléments cellulaires.

Les cellules, disséminées dans une substance fondamen- tale abondante, faiblement colorée en rose, peuvent être groupées en deux catégories : les unes sont volumineuses; leur protoplasme fixe énergiquemeni la matière colorante; elles sont tantôt arrondies, ovoïdes ou sphéroïdales, tantôt pourvues de prolongements, et, dans ce cas, fusi- formes ou éloilées. Les autres sont de dimensions beau- coup moindres et toujours pourvues de prolongements très fins et incolores. Les cellules du mésenchyme ne sont pas uniformêmenl réparties dans la substance fonda- mentale : très abondantes et voisines les unes des autres en certains points, elles sont relativement rares dans d'autres.

( 70)

On trouve, dans la profondeur de l'endoderme, au voisi- nage de la couche misenchymalique, de nombreuses cellules présentant des caractères identiques à ceux des grosses cellules du mésenchyme. Elles contrastent par tous leurs caractères avec les cellules épithéliales du feuillet interne; elles sont arrondies ou fusiformes et, dans ce dernier cas, allongées, non pas perpendiculairement, mais parallèlement à la lamelle fondamentale. On en voit çà et qui sont partiellement engagées dans la substance fondamentale du mésenchyme, en partie encore dans l'endoderme. Il n'est pas douteux que les cellules mésen- chymatiques ne soient, en partie du moins, d'origine endodermique.

En est-il ainsi de toutes les cellules du mésenchyme? Je ne le pense pas. On trouve, en effet, dans la profondeur de l'ectoderme, au voisinage immédiat du mésenchyme, voire même accolées à la surface ectodermique de la lamelle, de petites cellules fusiformes qui, au lieu d'être allongées dans une direction radiaire, sont, au contraire, tangentielles par rapport au mésenchyme. Dans les points l'ectoderme s'est décollé de la lamelle fondamentale, il n'est pas rare de voir de ces petites cellules ectodermiques, aiîectant l'apparence de cellules endothéliales vues en coupe, accolées à la face externe du mésenchyme. Ces cellules diffèrent des cellules d'origine endodermique par leurs dimensions minuscules. Jl me paraît probable que les deux couches épithéliales du corps fournissent l'une et l'autre des éléments cellulaires au tissu raésenchymatique.

Ce qui confirme cette manière de voir, c'est que, même dans la plaque flagellifère, on trouve dans la profondeur de la bande, au contact immédiat de la lamelle mésenchyma- tique, une mince assise cellulaire dont les éléments con-

( •'l )

Irastenl avec les cellules flagellifères. Leurs noyaux sont plus volumineux, plus clairs et pourvus d'un point niicléo- lilbrme. Ces noyaux sont identiques à ceux que l'on rencontre régulièrement dans les petites cellules du mésenchyme.

A (Il juger par l'importance qu'a déjà atteinte, dans le slade larvaire que nous décrivons, la lamelle mésenchy- malique, et par le nombre des cellules tant endodermiques qu'eclodermiques, qui paraissent destinées à participer, dans le cours de l'évolution, à l'accroissement du mésen- chyme, il semble que cette formation doit être très déve- loppée dans les organismes dont notre larve nous repré- sente le début. Dans les larves d'Hexaclinies, d'Edwardsies et de Cérianlbides que j'ai eues sous les yeux, la lamelle fondamentale est le plus souvent totalement dépourvue de cellules; tout au plus y trouve- t-on çà et quelques rares noyaux peu apparents. Dans notre larve, au con- traire, la lamelle fondamentale est un tissu cellulaire bien caractérisé et les assises cellulaires différenciées de l'endo- derme et de l'ectoderme, au contact immédiat de la lamelle fondamentale, ont à peu près l'apparence de la coucbe des osléoblastes du tissu osseux, des odontoblastes de l'ivoire dentaire.

Cœlenléron, sarcoseptes et endoderme. La cavité cœlentérique présente, vers le milieu de la longueur du corps, l'apparence d'une fente transversale, en forme de croissant, la convexité du crois<jant étant dorsale, sa con- cavité ventrale. (Fig. 1.)

Elle est subdivisée à sa périphérie par trois paires de macroseples pourvus, suivant leur bord libre, d'un bour- relet raésentérique, en six loges, dont deux sont médianes.

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quatre latérales; celles-ci sont symétriques deux à deux. De ces loges, la plus étendue dans le sens transversal est la loge directrice ou médio-venlraie. Les sarcoseptes qui la délimitent latéralement ont leurs insertions situées en dehors des lignes qui répondent aux bords de la plaque flagellifère. La loge dorsale vient immédiatement après la loge directrice, en ce qui concerne l'écartement des cloisons mésentériques qui la délimitent. Les loges latéro- ventrales sont plus étendues que les loges latéro-dorsales.

Les sarcoseptes directeurs proéminent moins dans la cavité que les deux autres paires; mais les trois paires d'organes mésenléroïdes présentent la même structure, à part la position des fibrilles musculaires, dont il sera question plus loin.

Indépendamment des trois paires de macroseptes, dont il vient d'être question, il existe six microseptes : quatre divisent en deux moitiés semblables les loges latérales; la troisième paire siège dans la loge dorsale, qu'elle tend à diviser en trois parlies, dont une médiane et deux latérales. Il existe donc en tout douze mésentéroïdes, six droits et six gauches, six macroseptes et six microseptes alternant entre eux. La loge directrice ventrale seule est dépourvue de microseptes, la loge médio-dorsale est délimitée par deux microseptes.

Les trois paires de microseptes sont inégalement développées. La plus saillante siège dans les loges latéro- dorsales; si Ton peut conclure du degré de développement à l'ordre évolutif, il y a lieu de croire que les microseptes interposés entre les macroseptes latéraux se forment immé- diatement après les six macroseptes.

La couche endodermique qui tapisse les deux faces de la lamelle mésenchymatique des mésentéroïdes est mince

(73) et formée de cellules cuboïdes. Cependant, au conlacl im.nédiat de la lamelle se voient çà et des cellules rusifoimes, adjacentes à la lamelle et qui lixent énergique- meiil les matières colorantes. Elles sont identiques aux éléments cellulaires que l'on observe dans l'épaisseur de cette lamelle.

Les bourrelets mésentériques n'ont aucune tendance à décrire des circonvolutions. Dans toutes les coupes, ils affectent une forme arrondie, et l'on y distingue de nom- breuses cellules glandulaires, les unes à contenu granu- leux, les autres à contenu clair et d'apparence bomogène. Toutes les cellules qui constituent ensemble le bourrelet sont conoïdes et rayonnent dans tous les sens autour de l'extrémité légèrement renflée eu massue de la lamelle mésenchymatique.

On dislingue, sous la forme d'une rangée de grains brillants, une couche de fibrilles musculaires longitudi- nales dans chacun des macroseptes. Dans les sarcoseptes directeurs, la couche musculaire siège sur la face opposée à celle qui délimite la loge médio-venlrale. Dans les deux autres paires, la couche musculaire est adjacente, au con- traire, à la face qui regarde la loge directrice.

La surface de la lamelle mésenchymatique, qui porte les fibrilles, est irrégulière; mais il n'existe pas d'étendards musculaires proprement dits, à moins que l'on ne consi- dère comme rudiments de formations semblables les petites dentelures qui supportent les fibrilles.

Les microseptes diffèrent des macroseptes : i" en ce que leur lamelle mésenchymatique, très courte, est à peu près réduite à la massue terminale des macroseptes; en ce que la couche endodermique qui les recouvre est très mince; 3" en ce qu'ils ne présentent pas de bourrelet mésentérique.

(74)

Dans la région du corps les microseples présentent leur plus grand développement, c'est-à dire dans la moitié aborale de la larve, les formations portent déjà quelques fibrilles musculaires longitudinales. Dans les microseptes qui délimitent la loge médio-dorsale, les fibrilles siègent sur la face opposée à celle qui regarde la loge.

Dans les deux autres paires la couche musculaire est au contraire dirigée dorsalement. H en résulte que, des douze loges futures, six seront intraseptales, six autres inler- septales. Les loges médianes sont inlerseptàles, les laté- rales sont alternativement interseptal.es et intraseptales, l'alternance se produisant aussi avec les loges médianes.

L'endoderme de la paroi du corps contraste, par son énorme épaisseur, avec la partie de ce feuillet qui revêt les sarcoseptes. Il forme des bourrelets saillants dans la cavité cœlentérique. Le nombre de ces bourrelets répond exactement au nombre des loges, que celles-ci soient délimitées exclusivement par des macroseptes, par un macrosepte et un microsepte, ou par des microseptes. La largeur du bourrelet répond à celui de la loge. Cependant, d'une manière générale, l'épaisseur de l'endoderme pariétal diminue de la face ventrale elle est maximum, à la face dorsale elle est minimum. Les cellules consti- tutives de ces bourrelets ont pour hauteur l'épaisseur totale de l'endoderme; leur structure est manifestement réticulée et vacuoleuse. Il paraît exister une couche de fibrilles musculaires transversale, à la face interne de la lamelle mésenchymatique de la paroi du corps, et aussi sur celle des faces de la lamelle fondamentale des sarcoseptes qui ne porte pas de fibrilles musculaires longitudinales.

Nous allons, maintenant que nous connaissons la consti- tution d'une coupe transversale faite vers le milieu de la

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longueur du corps, passer en revue les différents organes et indiquer les résultais que l'étude de la série des coupes successives nous autorise à formuler.

I, Plaque fîagellifère.

Celle formation ne règne pas, comme chez la larve de Semper, dans toute la longueur du corps. Elle s'arrête brusquement, sans se rétrécir au préalable, au point d'union des deux tiers antérieurs avec le tiers postérieur du corps de la larve. Son bord aboral est délimité par un bourrelet légèrement saillant, de forme semi-circulaire. Ce bour- relet, au niveau duquel la plaque se continue avec le reste de l'ectoderme, présente la même constitution que les bourrelets latéraux que nous avons décrits plus haut.

La plaque s'étend, au contraire, jusqu'à l'extrémité orale de l'organisme larvaire; elle se rétrécit progressivement d'arrière en avant et se termine en pointe dans la lèvre ventrale de l'ouverture buccale. (Fig. 2.) La structure de la plaque reste la même dans toute sa longueur.

La frange vibratile présente sa hauteur maximum dans la partie la plus large de la plaque. Sa hauteur diminue lentement d'arrière en avant.

J'ai déjà dit que la plaque forme gouttière dans la plus grande partie de sa longueur. (Fig. 6.) La gouttière devient moins profonde aux extrémités orale et aborale de la plaque; elle finit par s'effacer complètement.

Les caractères de l'épiderme se maintiennent iden- tiques dans toute l'étendue de la surface du corps. Tout au plus constaie-t-on de légères difl'érences dans l'épais- seur de la couche. Elle est un peu plus mince à l'extrémité orale.

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II. L'orifice buccal.

Il n'existe encore aucune trace de tentacules autour de la bouche. Celle-ci présente la forme d'un hexagone symé- trique, mais irrégulier. Elle est surmontée par deux lèvres saillantes inégalement développées : l'une, ventrale, plus petite, répond à la loge de direction qui vient s'y terminer en cul-de-sac; l'autre, dorsale, semilunaire, beaucoup plus étendue que la lèvre ventrale, répond à la loge dorsale et aux deux paires latérales qui lui sont adjacentes. (Fig. 2et 3.)

La loge dorsale est, des trois, celle qui s'avance le plus loin dans la lèvre supérieure.

Une coupe faite transversalement, au niveau de l'orifice buccal, montre avec une netteté remarquable la symétrie bilatérale de l'organisme.

La plaque flagellifère se termine sur la face externe de la lèvre ventrale. Elle s'y rétrécit progressivement pour se terminer en pointe.

m. Pharynx.

Le pharynx présente des caractères bien particuliers. (Fig. 4, 5 et 6.) Il montre une symétrie bilatérale parfaite. Il pourrait paraître, à première vue, que les gouttières pharyngiennes [Stilcus et Sulculus de Haddon) font ici défaut. En effet, tant du côté de la face ventrale que du côté de la face dorsale l'épithélium pharyngien forme une saillie vers la cavité pharyngienne. Du côté ventral, la lamelle mésenchymatique de la paroi pharyngienne est ployée de façon à former un angle saillant vers l'axe de

( 77 ) l'organisme. Mais il me paraît évident qu'en se plaçant au point de vue morphologique, il laut considérer comme homologue au Sulcus des autres Anthozoaires la portion ventrale élargie de la cavité pharyngienne; la plaque épiiiiéliale très large et peu élevée, qui répond à la loge directrice, est homologue à cette partie de l'épithélium pharyngien qui, chez les autres Anthozoaires, constitue le plancher de la gouttière pharyngienne ventrale (Siphono- glyphe de Hickson). Il n'est pas possible de résoudre la question de savoir si la partie dorsale de la fente pharyn- gienne, celle qui répond à la loge médio-dorsale, doit être considérée comme un Sulculus.

La cavité proprement dite a la forme d'une fente ventro- dorsale répondant au plan médian. (Fig. 4.)

Le revêtement eclodermique du pharynx présente laté- ralement trois paires de bourrelets longitudinaux, symé- triques deux à deux, séparés les uns des autres par des sillons bien marqués. Ces trois paires de bourrelets répondent aux trois paires de sarcoseptes primaires. De ces bourrelets, ceux qui correspondent aux septa directeurs, sont les moins volumineux; les moyens sont les plus considérables.

Dans sa partie initiale, celle qui succède immédiatement à l'orifice buccal, le pharynx a une forme à peu près quadrilatère, l'un des côtés répondant à la loge médio-ven- traie, le côté opposé à la loge dorsale, les côtés latéraux aux deux paires de loges latérales. (Fig. 4.) Mais, après un court trajet, le pharynx change de forme : il se développe dans le sens transversal et montre à la coupe la forme d'un crois- sant. (Fig. 6.) Le bourrelet épithélial répondant au fond du Sulcus s'élargit, et en même temps la portion médiane du plancher du pharynx, soulevée en dos d'âne, fait

{ 78 ) fortement saillie dans la cavité pharyngienne. Ce bourrelet du Sulcus répond à lui seul à la concavité du croissant. Les bourrelets qui surmontent les septa directeurs siègent aux extrémités du croissant. Le bourrelet qui, par sa posi- tion dorsale, répond au Sulculus, se rétrécit au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'extrémité orale, et bientôt disparaît. Les bourrelets épithéliaux qui surmontent les quatre autres mésentéroïdes régnent le long de la convexité du croissant pharyngien; ils en forment la voûte, tandis que la plaque du Sulcus en forme à elle seule le plancher.

Après un court trajet ce plancher se fend sur la ligne médiane et le pharynx est mis en communication avec la loge directrice. La fente s'élargit rapidement; elle gagne bientôt toute la largeur de la cavité pharyngienne, qui se con- fond alors avec la loge médio-venirale. L'endoderme parié- tal de la loge directrice constitue alors le plancher de la cavité du pharynx ; il est très proéminent et envahit en par- tie la cavité pharyngienne confondue avec la loge direc- trice. A ce niveau, les loges latérales et la dorsalesontencore séparées de la cavité pharyngienne, dont la voûte est encore complète. Mais bientôt les fentes interposées entre les bourrelets ectodermiques qui répondent nux sarcoseptes s'approfondissent, et l'on voit toutes les loges communiquer avec la cavité axiale. Nous nous trouvons cnaintenant dans la région gastrique ou cœlentérique; les bourrelets qui garnissent le bord libre des sarcoseptes primaires doivent être appelés « bourrelets mésentériques » ; nous avons dépassé le bord inférieur du pharynx.

Il estde toute évidence qu'ici comme chez les Cérianthes et chez d'autres A nthozoaires, les bourrelets mésentériques sont la continuation des bourrelets ectodermiques du phayrnx, comme l'a soutenu Heider et comme l'ont

( 79) démontré Wilson el Boveri. La slruclure est identique de part el d'autre, et ii n'existe aucune ligne de démarcation, au bord inférieur du pharynx, entre les deux genres de l'ormations qui, en fait, n'en font qu'une.

Il ressort de ce qui précède que, contrairement à ce qui existe chez d'autres Anlhozoaires et à l'opposé de ce que Ton connaît chez les Cérianlhldes, depuis les recherches classiques de J. Haime, chez notre larve le pharynx est plus court du côté ventral que du côté dorsal. Le Sulcus est plus court que le Sulculus.

Indépendamment de sa couche épithéliale interne, ecto- dermique, la paroi du pharynx comprend une lamelle mésenchymatiqueetun revêtement externe endodermique. Celui-ci est fort mince; c'est un épilhélium pavimenteux ou cuboïde qui se continue sur les faces des sarcoseptes.

IV. Mésenléroïdes {sarcoseptes) et loges mésentériqites.

La larve présente trois paires de macroseptes qui se fixent à la paroi du [iharynx et sont garnis dans toute leur longueur, à partir du bord inférieur de cet organe, de bourrelets mésentériques. De ces trois paires de macro- septes, l'une délimite la loge directrice et répond à la paire directrice ventrale des autres Anthozoaires; les deux autres sont latérales.

La paire directrice, notablement plus courte que les deux autres, n'atteint pas l'extrémité aborale. Elle ne se trouve plus sur les coupes de l'extrémité renflée du corps de la larve. Les deux autres sont à peu près de même longueur; elles atteignent, ou peu s'en faut, le pôle aboral ; néanmoins la paire intermédiaire dépasse un peu, vers cette extrémité, la paire dorsale; elle proémine un peu

( 80) plus aussi que les deux autres dans la cavité cœlenlérique, et les bourrelets ectodermiques du pharynx, qui ne sont que les extrémités orales des bourrelets mésentériques (entéroïdes de Lacaze-Duthiers), sont plus volumineux, en ce qui concerne la paire intermédiaire, que les deux autres.

Il existe en outre trois paires de microseples, dont nous avons indiqué plus haut les positions. La paire dorsale délimite la loge médio-dorsale, les deux au.tres alternent avec les macroseptes latéraux. Ces microseptes n'atteignent pas la paroi du pharynx, mais sont cependant indiqués dans la partie orale du corps, même immédiatement en deçà de la bouche. Ils s'étendent en arrière jusque près de l'extrémité aborale. La paire adjacente à la paire directrice est plus courte que les antres : elle ne dépasse guère les sepla directeurs; la plus longue est interposée entre les macroseptes latéraux. A ces différences de longueur correspond une légère différence de leur développement en saillie. Les microseptes latéraux sont les plus proé- minents dans la cavité cœlenlérique; puis viennent les dorsaux; en dernier lieu, les ventraux.

Nul doute que les microseptes ne soient de formation plus récente que les macroseptes, et qu'il existe dans le cours de l'évolution de notre larve un stade longtemps prolongé pendant lequel l'organisme se caractérise par la présence de six sarcoseptes primaires. Si l'on peut con- clure, d'ailleurs, de la longueur relative des septa et de leur degré de développement à l'ordre de leur apparition, les latéraux apparaîtraient en premier lieu, les dorsaux ensuite, les sepla directeurs en troisième rang. Viendraient ensuite, après une période de repos, les microseptes moyens, puis les dorsaux, enfin les ventraux. A en juger

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par le développement notablemenl plus avancé des micro- septes moyens, il doit se présenter dans le cours de l'évolu- tion un stade, de courte durée, caractérisé par la présence de huit cloisons, dont six macroseples et deux microseptes. J'ai représenté, dans le schéma ci-dessous, une figure des- tinée à représenter synthéiiquement les conclusions que je viens de formuler. Les chiffres 1 à 6 indiquent l'ordre pro- bable de succession des mésenléroïdes.

FiG. 1.

Une particularité bien caractéristique de notre larve, c'est l'extension considérable, dans le sens transversal, de la loge directrice dans la région pharyngienne du corps. Néanmoins, la cavité de la loge, et il en est de même de toutes les autres, se trouve réduite à n'être qu'une fente étroite par suite de la grande épaisseur de l'endoderme pariétal, qui proémine fortement dans les cavités mésen- lériques. (Fig. Â et 6.)

Dans les loges latérales, le bourrelet endodermique

3"* SÉRIE, TOME XX. 6

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pai'iélal se trouve subdivisé par les microseples naissants; dans la loge dorsale, le bourrelet est subdivisé par la même cause en trois parties, une médiane et deux laté- rales. (Fig. 4 et 6.)

Nous devons maintenant nous poser la question de savoir si notre larve est identique à la larve de Semper.

La forme générale du corps, caractérisée par son allon- gement considérable, l'existence de six sarcoseptes bien développés, l'absence totale de toute trace de tentacules autour de la boucbe, et surtout la présence de la frange vibratile médiane, ne laissent aucun doute sur l'affinité qui existe entre les deux larves. Cependant, une série de carac- tères les différencient nettement et nous obligent à les rat- tacber à l'évolution d'espèces, probablement même de genres différents. Ces caractères différentiels sont relatifs :

A la forme de la larve, cylindrique d'une part, pyri- forme de l'autre;

A la longueur de la frange vibratile, qui règne dans toute la longueur du corps cbez la larve de Semper, qui n'intéresse que les deux tiers antérieurs de la face ven- trale de l'organisme recueilli par Hensen;

A la présence d'un orifice aboral chez la larve de Semper, orifice qui fait totalement défaut chez notre exemplaire;

4" Aux organes urlicanls (némalocystes) qui, à en juger parles figures produites par Semper, sont très diffé- rents dans les deux larves.

Semper a conclu de la présence de la bordure vibratile à la symétrie bilatérale de sa larve. Une coupe transversale du corps, faite en n'importe quel point de sa longueur, démontre avec la dernière évidence l'ordonnance parfaite- ment bilatérale de toutes les parties de l'organisme.

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Semper décrit six scpta chrz sa larve; il a vn que l'une (1rs paires était notablement plus courte que les deux autres, exactement comme je l'ai décrit pour l'exemplaire dont j'ai lait l'élude. Si Semper n'a pas signalé l'existence de trois paires de microseptes, on ne peut en conclure que ces cloisons naissantes feraient défaut chez sa larve, l'exa- men macroscopique ne pernjeltant pas de reconnaître la présence de mésentéroïdes rudimeniaires qui ne font pas encore saillie dans la cavité cœlentérique. On ne peut donc attacher aucune importance à celte différence dans les descriptions.

D'après la description que Semper a donnée de sa larve, la frange vibratile serait insérée dans un sillon médian régnant dans une bande claire. Il me paraît éminemment probable que la bande claire de Semper répond à ce que j'ai appelé la plaque flagellifère et que le sfouets vibratiles, formant ensemble la frange, émanent, dans les deux cas, de toute la surface de la plaque.

On peut se demander si la différence que j'ai signalée dans la forme des deux organismes n'est pas le résultai d'un changement qui se serait |)roduil au moment oii l'on a fixé la larve. L'étude des coupes démontre clairement qu'il ne peut en être ainsi : le dianièlre de l'extrémité aborale est cinq ou six fois plus considérable que celui de l'extrémité orale, sans qu'il y ail aucun indice d'altération ; les diverses couches présentent approximativement la même épaisseur dans toute la longueur du corps. l,e peu de développement du système musculaire ne permet pas d'ailleurs d'admettre des contractions énergiques et diffé- rentes dans les diverses régions du corps.

A quel groupe d'Anlhozoaires se rapportent les larves de Semper et celle que j'ai fait connaître?

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Les recherches dont l'organisation et le développement des Anlhozoaires ont été l'objet dans le cours de ces der- nières années ont démontré l'existence dans ce groupe de plusieurs types évolutifs distincts. L'insuffisance des don- nées acquises jusqu'ici ne permet pas encore une réforme définitive de la classification des Anthozoaires; mais la nécessité de cette réforme est dès à présent établie.

On a confondu à tort, dans le groupe des Actiniaires,des organismes qui n'ont de commun que le caractère d'ordre très secondaire d'être dépourvus de formations squelet- tiques; les Actinies évoluent de manières diverses, suivant des lois différentes, tandis que, d'autre part, les affinités qui relient les Hexactiniaires aux Scléroderraés ne sont plus l'objet d'un doute.

A côté des Octacliniens et des Antipataires, qui consti- tuent deux groupes naturels bien définis, on peut distinguer avec R.Herlwig, dans le groupe peu naturel desActiniaires, sept tribus bien caractérisées :

Les Edwardsies.

Les Hexaclinies.

Les Cérianlhides.

Les Zoanlhines.

Les Monaulées.

Les Paraclinies.

Les Gonactinies.

Edwardsies. Les Edwardsies possèdent huit sarco- septes et une symétrie bilatérale bien accusée. Andres et les frères Hertwig ont fait connaître l'ordonnance des muscles chez ces organismes. Le pharynx est pourvu de deux gouttières pharyngiennes, l'une ventrale, l'autre dorsale ; disons, avec Haddon, d'un sulcus et d'un sulculus

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I.a loge directrice ventrale est délimitée par des mésenlé- roïdes directeurs qui portent des muscles longitudinaux opposés. Il en est de môme de la loge dorsale. Les deux paires latérales ont leurs muscles dirigés venlralement, comme la paire dorsale. La paire ventrale est donc toujours reconnaissahle en ce qu'elle porte ses muscles en sens opposé de ce que l'on observe sur les trois autres paires. On connaît suflisamment les larves des Edwardsies pour pouvoir affirmer qu'elles n'ont aucune analogie avec la larve de Semper; l'existence de douze cloisons dans celle que nous avons décrite suQil pour écarter toute idée de rapprochement entre ces larves et les Edwardsies, dont le nombre des sarcoseptes ne dépasse jamais huit.

Hexactinies. M. de Lacaze-Duthiers, dans ses mémo- rables recherches sur le développement des Hexactinies, a établi qu'il y a lieu de distinguer deux périodes dans l'his- toire évolutive de ces animaux.

Première période : La première comprend la formation des douze sarcoseptes primaires, la seconde celle des sepla ' secondaires. Tandis que l'on admettait, avec Milne- Edwards et J. Haime, qu'il se forme simultanément six cloisons primaires, puis, à mi-distance entre celles-ci, six cloisons de second ordre, puis successivement, entre les cloisons antérieurement formées, douze cloisons de troi- sième ordre, vingt-quatre de quatrième ordre et ainsi de suite, M. (le Lacaze-Duthiers a établi que les douze pre- mières cloisons se forment successivement et symétrique- ment deux par deux, suivant un ordre bien déterminé. La jeune Actinie passe, dans le cours de son développement, par une série de stades, respectivement caractérisés par 2,

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4, 6, 8, 10 et 12 sarcoseptes. Tandis que l'on constate à une période de repos plus ou moins prolongée après les stades à 2, à 4 et à 8 cloisons, les stades à 6 et à 10 cloisons sont de très courte durée.

Si nous désignons par I les sarcoseptes directeurs, par H, III, IV, V et VI les autres paires, ces numéros d'ordre indiquant leur degré d'écartement de la paire directrice, l'ordre de formation serait le suivant : III, VI, I, V, IV et II. Les cloisons III formées en premier lieu, dirigées transver- salement par rapport à la fente buccale, divisent la cavité cœlenlérique en deux chambres, l'une dorsale, plus étendue, l'autre ventrale, plus réduite, qui, dans le cours du dévelop- pement, se subdivisent la première en sept, la seconde en cinq loges.

Quelques doutes ont été émis par les frères Hertwig au sujet de la loi de formation indiquée par M. de Lacaze- Dulhiers, en ce qui concerne l'âge relatif des cloisons V et VI, et ces doutes ont été confirmés par les recherches de W^ilson sur le développement d'une espèce du genre Manîcina.

D'après Wilson, l'ordre de formation serait le suivant : III, V, I, VI, IV et II. Comme on le voit, la différence entre la manière de voir de M. de Lacaze-Duthiers et celle de Wilson porte seulement sur l'âge relatif des cloisons V et VI. D'après Lacaze, VI se formerait avant V; d'après Wilson, V précéderait VI.

Mais Wilson et Haddon sont d'accord avec M. de Lacaze- Duthiers pour faire naître les cloisons IV et II en dernier lieu, l'une dorsalement, l'autre venlralement, par rapport à la cloison III. Les frères Hertwig, dont les observations ont été récemment confirmées par Boveri, ont vu chez Adamsia diaphana les quatre derniers sarcoseptes naître

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par couples dans les deux loges latérales situées à égale dislance de la vcniralc et de la dorsale. Ce cas est certai- nement exceptionnel dans le groupe des Ilexactinies. Mais il suffit à établir l'existence de variations quant à l'ordre de succession des sarcoseptes primaires, dans ce groupe.

Toutes les observations s'accordent néanmoins pour établir la présence, chez toutes les Hexaclinies, d'un stade assez prolongé pendant lequel il n'existe que huit cloisons complètes, répondant, non seulement au point de vue du nombre et de l'ordre d'apparition des cloisons, mais aussi au point de vue de l'ordonnance des muscles longitu- dinaux des méscntéroïdes, aux dispositions réalisées d'une manière permanente chez les Edwardsies.

C'est ce qui résulte des observations concordantes de Haddon sur Ilalcampa et Peachia, de J. Playfair M. Murrich sur Anlaclinia, et de Boveri sur diverses Hexactinies de la Méditerranée.

De l'idée formulée par Haddon, Playfair M. Murrich et Boveri, que les Edwardsies représentent un stade anceslral de l'évolution des Hexaclinies; les Hexaclinies passent, dans le cours de leur évolution, par le stade Edwardsia et sont probablement issus d'Anlhozoaires orga- nisés à la manière des Edwardsies actuelles.

Seconde période : Des douze loges mésenlériques qui caractérisent la fin de la première période de l'évolution des Hexactinies, deux sont médianes el interseptales, dix latérales, cinq droites, cinq gauches. De ces cinq paires de loges, trois sont interseptales, deux inlraseptales. D'après la loi formulée par de Lacaze-Duthiers et confirmée par tous les observateurs subséquents, la multiplication du nombres des septa résulte de l'apparition simultanée

( 88) de couples de mésenléroïdes dans toutes les loges intersep- tales latérales, à l'exclusion de toute intervention des loges directrices et des loges intraseptales, conformément au schéma ci-dessous.

Les lois indiquées ci-dessus paraissent présider au développement, non seulement des Hexactiniaires, mais aussi des Hexacoralliaires.

Plusieurs auteurs récents définissent la symétrie de ce type par le mot biradiaire. Certes la structure, telle qu'elle se révèle à partir du début de la seconde période du dévelop- pement, est manifestement biradiaire et non bilatérale : la force dorsale ne se distingue en rien de la face ventrale dans le schéma ci-dessus. Mais il ne faut pas oublier que l'étude du développement a établi que la symétrie primi- tive est bien nettement bilatérale et qu'elle ne devient biradiaire que dans le cours de l'évolution. Les sarcoseples ventraux et dorsaux qui paraissent équivalents dans l'orga-

( 89 ) nisrae développé, ne son pas équivalents, si l'on tient compte de leur origine.

Le fait que chez tous les Ilexactiniaires et chez les Hexacoralliaires dont le développement a été étudié, le stade caractérisé par la présence de six sarcoseptes est exlrèmemenl passager et raccourci, nous autorise à pen- ser que la larve de Semper et celle que j'ai décrite ne se rattachent pas à l'évolution d'Hexactiniens. Cette con- clusion est confirmée par le fait que les organismes qui se développent aux dépens de ces larves passent rapidement du stade à six au stade à douze cloisons. Enfin, parmi les nombreuses larves d'Hexactiniens qui ont été décrites, aucune ne présente rien qui ressemble à la plaque flagel- lifère.

Cérianthides. 11 résulte des recherches de J. Haime, de von Heider, des frères Herlwig, d'A. Agassiz, de von Koch, de Vogt, de Boveri et de mes propres observa- tions sur un Cérianlhe de nos côtes, que l'ordonnance des sarcoseptes diffère essentiellement, chez les Cérianthes et les Arachnactis, de ce qui se trouve réalisé chez tous les autres Anthozoaires. Une symétrie bilatérale manifeste se maintient à tous les stades de l'évolution. Il n'existe plus chez les Cérianlhîdes deux gouttières pharyngiennes, mais seulement un sulcus, et la face à laquelle répond le sulcus est appelée face ventrale.

Toutes les observations récentes tendent à établir que la multiplication des sarcoseptes se fait exclusivement dans la loge médio-dorsale, par apparition h peu près simultanée, dans cette loge, de paires successives de nou- velles cloisons en dedans des paires précédemment formées. H en résulte que les numéros d'ordre des sarcoseptes,

( 90 ) comptés à parlir de la loge direclrice, marquent aussi l'ordre de leur apparition successive.

Celle loi se vérifie-t-elle aussi pour les toutes pre- mières cloisons? Les observations que l'on possède sur les premiers stades du développement sont insuffisantes pour résoudre la question.

Les recherches récentes de Boveri sur des larves qu'il attribue au genre Arachnaclis semblent établir que, tout au moins chez ces derniers, les quatre premières paires de sarcoseptes répondent aux cloisons des Edward- sies, ce qui permet de supposer que l'ordre de formation des huil premiers sarcoseptes des Cérianlhides est le même que chez les Edvvardsies et les Ilexactinies : les Cérianlhides passeraient, comme les Hexactinies, par le stade Edwardsia. D'après Boveri, les quatre premières paires formées seraient ies sarcoseptes directeurs et les trois paires voisines des Cérianlhides adultes.

On connaît les premières formes larvaires des Cérian- ihes, grâce à J. Haime, à Kowalewsky,à Jourdan; celles des Arachnactis par les recherches de M. Sars, de A. Agassiz, de C. Vogt et de Boveri. On peut affirmer que la larve de Semper ne se rattache pas à l'évolution d'Anlhozoaires de la tribu des Cérianlhes

Monaulées. La tribu des Monaulées, créée par R. Herlwig, ne comprend que le seul genre Sqjtophorus, une Actinie pourvue de sept paires de sarcoseptes pri- maires, dont une, délimitant la loge direclrice ventrale, porte des muscles opposés, les six autres portant alterna- tivement leurs muscles dorsalement et ventralement, les muscles étant portés par la face dorsale dans les sarco- septes adjacents aux sarcoseptes directeurs. Boveri a

( 91 ) montré comment ce type |)eul être déduit de celui des Kdwardsies, par inlorcalalion, dans cliacune des loges latérales des jeune Edwaidsies, d'un sarcosepte portant ses muscles sur sa face dorsale.

Rien ne justifie la supposition qu'un stade à six cloisons serait caractéristique de l'évolution de ces Monaulées; il est l"or,t probable, au contraire, comme le fait remarquer Boveri, que ces Anthozoaires dérivent directement des Edwardsies.

Elles se rapprochent de ces dernières par la forme très allongée du corps, par la présence d'une cuticule (péri- derme), enfin, et c'est la raison qui a déterminé Boveri à rattacher directement les Monaulées aux Edwardsies, plutôt que de les faire dériver des Hexaclinies, leur pha- rynx est pourvu intérieurement de trois paires de bour- relets ectodermiqucs, qui ne peuvent se rapj)orter aux quatorze sarcosepics, et dont la présence ne peut s'expli- quer que si les Monaulées dérivent d'une forme pourvue de huit cloisons.

Gonaclinies. Ce groupe ne comprend que le genre Gonaclinia, espèce proliféra, récemment créé par Bloch- mann et Hilgcr. Il se caractérise par la présence de huit macroseptes offrant l'ordonnance musculaire caractéris- tique de ceux des Edwardsies, de deux loges directrices et de deux gouttières pharyngiennes. On compte, en outre, huit microseptes. Boveri pense que lesGonactinies dérivent directement des Edwardsies par intercalation des micro- septes dans les latérales de ces dernières.

En tout cas, l'existence des huit macroseptes homo- logues à ceux des Edwardsies rend éminemment impro- bable l'existence de liens de parenté entre les Actinies et

(92)

les larves pourvues d'une plaque flagellifère et de six macroseples.

Paractinies. Celle iribu, établie par R. Hertwig, à laquelle on peut rattacher les Téalides, se caractérise en ce que toute l'organisation est semblable à celle des Hexac- tinies, avec cette seule différence que la symétrie n'est pas dominée par le chiffre 6, ce qui, en ce qui concerne les Téalides, a été démontré par Gosse et par Dixon. D'après Boveri, ce type peut être facilement déduit de celui des Hexacliniens, et il est Tort probable que les premiers stades du développement, ceux qui s'accomplissent pendant la première période, ne diffèrent en rien de ce que l'on observe chez les Hexactiniaires et les Hexacoralliaires. Rien n'indique que la larve de Semper ail rien de commun avec les Anthozoaires de cette tribu.

Zoanlhines. C'est à G. von Koch, au labeur duquel la science est redevable de tant de beaux travaux sur l'organisation el le développement des Anthozoaires, que remontent les premières recherches exactes sur l'anatomie des Zoanlhines. {Polythoa axinellœ.) Les résultats auxquels il est arrivé ont été confirmés et étendus par les belles publications de G. Millier, de Erdmann el de R. Hertwig; ces derniers ont fait connaître, en partie du moins, la loi qui règle la multiplication des cloisons.

Tandis que, chez toutes les Actinies hexamènes, les septa d'un même couple ont même grandeur, même struc- ture et mêmes fonctions, chez les Zoanlhines, les couples sont constitués de deux cloisons différentes: l'une com- plète, fertile el garnie d'un filament mésenlérique, est un macrosepte; l'autre incomplète, stérile, dépourvue de filament mésenlérique, est un microseple.

Un macioseple el un microseple forment ensemble nn couple : ils se regardent par celle de leurs faces qui porte le muscle longitudinal. Au point de vue de l'ordonnance des muscles, deux paires font seules exception : elles siègent aux extrémités opposées du diamètre par lequel passe le plan de symétrie de l'organisme. Celle symétrie est nettement bilatérale. Des deux loges médianes, l'une, ventrale, est délimitée par deux macroseptes; l'autre, dorsale, par deux microseptes. Dans ces loges les muscles sont opposés, les cloisons directrices se regardant par leur face dépourvue de muscles.

Le pbarynx ne possède qu'une gouttière pharyngienne; elle répond au sulcus de Haddon.

Les paires latérales sont ordonnées de telle manière que toutes celles qui se trouvent à droite et à gauche de la loge directrice ventrale ont leur macrosepte plus voisin de la cloison directrice ventrale, le microseple correspondant étant plus éloigné de celte cloison. D'autre part, celles qui sont voisines de la loge directrice dorsale ont leur macro- septe plus rapproché des microseptes directeurs dorsaux. Il n'existe jamais que deux paires droites el deux paires gauches qui suivent la règle énoncée en dernier lieu. Toutes les autres paires, quel que soit leur nombre, ont leur macrosepte venlralemenl dirigé. On peut donc distin- guer, dans une Zoanlhine, une zone dorsale comprenant la paire médio-dorsale el les quatre paires avoisinanles, el une zone ventrale comprenant toutes les autres paires, quel que soit du reste leur nombre. Ce nombre augmente avec l'âge du polype.

L'arrangement que nous venons de caractériser souffre une légère modification, utilisée pour la classidcatiou. Dans quelques genres, la paire externe de la zone dorsale est

( 94 )

formée non pas d'un macrosepte et d'un microseple, mais bien de deux macroseples. De là, la dislinclion établie par Erdmann entre ce qu'il appelle le « microtype » réalisé dans les genres Zoantfiiis, Mammilifera et Corlicifera, et le « macrotype » qui se rencontre dans les genres Epi- zoanl/ins et Polyt/ioa.

Tandis que chez les Actinies hexamènes et les Hexa- coralliaires toute loge inlerseptale, abstraction faite des loges directrices, est capable d'engendrer un nouveau couple de cloisons, chez les Zoanlhines il ne se (orme de nouveaux couples que dans la cavité inlerseptale immédia- tement adjacente à la loge directrice ventrale. Ce fait important a été mis en lumière par les belles recherches de Erdmann.

Chez tous les individus examinés par Erdmann, la zone dorsale était complète : elle se constituait invariablement de cinq paires de septa. Il en était tout autrement de la zone ventrale, qui comprenait d'autant moins de couples que l'individu analysé était plus jeune. En poussant à l'extrême la réduction du nombre de ces couples ventraux, qui prennent successivement naissance dans la loge adja- cente à la loge médio-ventrale, en ramenant le nombre de ces couples à zéro, on arrive à un stade caractérisé par la présence des cinq paires dorsales et de la paire directrice ventrale, soit en tout de six paires ou de douze cloisons. Ce stade, qui n'a pas encore été observé, pourrait être représenté comme ci-dessous, figure 3 pour le microly|)e [Zoanthus, Mamillifera, Corlicifera), figure A pour le macrotype [Epizoant/ms, Pobjlhoa) (Erdmann).

On est forcément conduit, en se fondant sur la loi d'accroissement découverte par Erdmann, à admettre l'existence d'un semblable stade évolutif chez les Zoan-

( »•' )

lliines. (Voir les ligures ci-dessons : lig. 5, Microlype; fig. 4, Macrolype.)

FiG. 3.

Fig. 4.

Or, c'est précisément ce stade microlype qui se trouve réalisé dans la larve que j'ai décrite, et probablement aussi dans la larve de Semper.

Ce stade suppose, en ce qui concerne le microlype, c'est- à-dire l'évolution d'un Zoant/ms, d'un MammilUfera ou d'un Corlicifera, douze septes, dont trois paires de macroscples et trois paires de microseptes, une loge direc- trice ventrale délimitée par deux macroseptes; une loge médio-dorsale, délimitée par deux microseptes, deux paires de couples latéraux, formés chacun d'un macrosepte dorsal et d'un microsepte ventral ; tout cela se trouve chez notre larve.

Ce qui confirme encore notre opinion, d'après laquelle notre larve et celle de Semper peuvent se rattacher à l'évo- lution des Zoanlhines, c'est la constitution de la lamelle mésenchymaliquc, particulièrement développée et pourvue de nombreux éléments cellulaires, dont les uns sont d'ori- gine endodermique, les autres des dérivés de i'ectoderme.

Erdmann a reconnu, en effet, la structure relativement très compliquée du mésenchyme et sa richesse en éléments cellulaires chez les Zoanthines. Il y décrit : des amas

1 96 )

cellulaires, tantôt arrondis, tantôt ramifiés, confluents et anastomosés entre eux en un réseau; des canaux peuvent apparaître dans ces traînées cellulaires; de nombreuses cellules, disséminées dans la substance fondamentale; elles .ont filiformes ou fusiformes, éloilées ou arrond.es Je ne connais aucune larve d'Ânihozoaire cbez laquelle la lamelle fondamentale soit aussi chargée de cellules que chez notre larve, aucune autre chez laquelle on d.stmgue, dans la profondeur des épilhéliums adjacents, une véritable assise cellulaire, composée de cellules identiques a celles que l'on observe dans le mésenchyme et qui sont manifeste- ment prédestinées à l'accroissement du mésenchyme.

\ supposer que la larve de Semper et celle qui a été décrite dans les pages qui précèdent se rattachent réelle- ment, comme je le crois, à l'évolution des Zoanlhmes, on doit se poser la question de savoir quelle position il convient d'assigner à ce groupe dans la classification des

Authozoaires. . , > . . i-

Boveri, dans .m récent travail, a cherche a etabhr que les Zoanlhines, aussi bien que les Hexactinies, les Cenan- Ihides, les Monaulées, les Paractinies et les Gonactinies peuvent être déduites du stade Edwardsie so,t direc e- ment, ce qui serait le cas pour les Cér.antludes, es Hexactinies, les Monaulées et les Gonactinies, soit md,- rectement par l'intermédiaire des Hexactmies, ce qu,l suppose être le cas pour les Zoanthines et les Paract.ntes. Ces conclusions sont basées sur l'étude du développe- ment, en ce qui concerne les Actinies hexa.neres et les Cérianthides; sur l'étude de l'organisation, en ce qu, con- cerne les Monaulées, les Gonactinies, les Zoanlh.nes et les

Paractinies. La constitution de notre larve semble à première vue

( 97 ) pouvoir êlro interprétée en faveur de l'hypothèse de Hovori. En effet, elle est caractérisée par la présence de douze sarcoseples, comme c'est le cas pour les larves des Hexactinies à la (in de la première période de leur déve- loppement. Mais cependant, comme la suite du développe- ment suit une tout autre direction chez les Zoanthines que celle des Hexactinies, il est clair qu'il ne pourrait être question de faire dériver les Zoanlhines que d'Hexac- tinies primitives, pourvues de douze cloisons primaires, comme chez Halcampa clavtis (R. Hertwig).

Il est à remarquer cependant que notre larve diffère du stade à douze cloisons primaires des Hexactinies : i" en ce qu'elle présente trois paires de microseples; chez les Hexactinies, à douze cloisons, toutes cescloisons deviennent complètes; en ce que le stade Edvvardsie, qui est de lon- gue durée chez les Hexactinies, fait défaut chez les Zoan- thines. Au lieu d'un stade à huit cloisons les Zoanthines présentent, dans le cours de leur évolution, un stade à six macroseptes. Or, c'est sur la durée prolongée du stade, caractérisé par la présence de huit sarcoseptes homo- logues à ceux des Edwardsies, que Boveri s'est fondé pour étahlir les affinités des Hexactinies avec les Edwardsies.

IJe crois qu'en raisonnant comme le fait Boveri, nous devons logiquement conclure à l'ahsence d'affinités entre les Zoanthines et les Edwardsies, d'une part, des Hexac- liniens de l'autre. Nous devons admettre pour les Zoan- lhines un tronc d'origine distinct de celui des Edwardsies, à moins que l'on ne soit en droit de considérer les micro- seples dorsaux comme homologues des septa directeurs dorsaux des Edwardsia.

Il me paraît que les faits n'autorisent pas cette assi-

5"°* SÉHIE, TOiME XX. 7

I

( 98) milalion. En effet, des (rois paires de microseples qui se l'ormenl à peu près simullanémeiil, il en esl une qui est en avance assez notable sur les deux autres, et cette paire n'est pas la paire médio-dorsale, mais bien celle qui est interposée entre les macroseptes latéraux. Pour admettre que les Zoanthines sont issues des Hexactinies primitives et par conséquent des Edwardsies, il faudrait donc sup- poser: 4° que les sepla directeurs dorsaux sont devenus des cloisons incomplètes de complètes qu'elles étaient d'abord; ^^ qu'il s'est produit, dans le cours du développement, un changement dans l'ordre de formation des septa : la qua- trième paire de cloisons des Edwarsies anceslrales aurait apparu chez les Zoanthines postérieurement à la paire médio-latérale. Il me paraît que rien ne justifie celte double hypothèse, et l'on ne voit pas pourquoi le stade Edwardsia, si nettement conservé dans le cours de l'évo- lution des Actinies hexamènes et chez les Hexacoral- liaires, se serait effacé dans le cours du développement des Zoanthines. A s'en tenir aux faits, il me paraît néces- saire de conclure à l'indépendance du rameau des Zoan- thines. Il me paraît donc que les rapports entre les divers groupes, dont il a été question ci-dessus, doivent être exprimés comme suit ;

Zoantliinos Edwardsies

Cérianthidcs Ucxaclinies Monaulées Gonaclinics Paraclinies.

BjiIIetins,.'i'' Série, ^ome A'.ï I

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Fig J.

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( 99 )

EXPLICATION DE LA PLANCHE.

Toutes les figures ont été dessinées à la chambre claire. Les figures 2, 5, 4 et C donnent le même grossissement. Idem pour les figures ^, 5 et 7.

FiG. 1. Coupe transversale vers le milieu de la longueur du corps.

Fio. 2. Idem à rcxtrémitc orale.

FiG. 3. Idem un peu en deçà de cette extrémité. f, FiG. 4. Idem vers le milieu de la longueur du pharynx.

FiG. 5. Idem voisine de la précédente, dessinée au même grossisse- ment que J et 7 afin de permettre de juger de la forme de la larve.

FiG. G. Idem près de Textrémilé aborale du pharynx.

FiG. 7. Idem près de l'extrémité aborale du corps.

Sur la consliiution de la benzopinacoline ^ ; par Maurice Delacre.

Les arguments que l'on a émis en faveur de la consliiu- tion (le la benzopinacoline (3 généralement admise aujourd'hui, sont basés principalement sur l'analogie que ce corps présente avec la pinacoline ordinaire. Il convient donc de rappeler brièvemenl la discussion dont celle-ci a été l'objet.

Kn 1862, M. P'riedel fixait la constitution de la pina- cono, admettant qu'elle se l'orme par hydrogénation et soudure de djeu.x molécules d'acétone. C'était donc un alcool bilertiaire dont les deux fonctions alcooliques se trouvaient mutuellement en position a. Ce résultat incon-

( iOO )

teslablc permettait de déduire tout naturellement la formule de la pinacoline :

(CIP)*=C(OH) (CHy = C

I _ iro = ! > 0.

(CHY=C(OH) (CH=^)^ = C

En étudiant l'oxydation de la pinacoline, MM. Friedel et Silva (1) obtinrent un acide valérianique; Boullerow confirma ce résultat et fit observer l'identité de ce corps avec l'acide Iriméthylacétique décrit par lui. Partant de cette réaction, le savant chimiste russe a émis une manière de voir qui a conquis rapidement l'assentiment de la plupart des chimistes. Il admit que la transposition d'atomes, qui se constate indubitablement dans le produit d'oxydation, s'opère déjà pendant la formation de la pina- coline à l'aide de la pinacone. La pinacoline répondrait donc à la formule

CH'>C CO.CH^

Boutlerow a confirmé cette manière de voir en faisant agir sur le zinc-méthyle

CH' CH'>CC0C1 (2);

le produit qu'il a obtenu a été reconnu identique à la pinacoline.

(i) Bulletin de la Société chimique, t. XIX, p. 195. (2) Liebig's annalen, t. CLXXIV.

( 101 )

M. Friedel a lait connaître des faits en opposition avec

les idées de Boutlerow; en collaboration avec Silva, il a

démontré que l'action de Pli OCr* sur la pinacone et sur

la pinacoline donne, dans les deux cas, le même chlorure

cil' > CCI-CCl < ^,jj

identique à un produit de chloruration de diisopropyle, obtenu par M. Schorlemmer.

MM. Friedel et Silva ont étudié ensuite l'alcool que l'on obtient par hydrogénation de la pinacoline; c'est d'après eux un alcool tertiaire

d'après Boutlerow un alcool secondaire CIP>C.CH(0IIJ.CH^

Par oxydation il régénère la pinacoline, mais pour que ce lait puisse valoir en faveur de la seconde formule, il faudrait que la constitution acétonique de la pinacoline fût établie; or, c'est précisément ce qu'il s'agit de prouver. D'autre part, la déshydratation de l'alcool pinacolique ne se fait pas nettement; la présence du groupe CH^ eût d'ailleurs rendu l'étude de cette réaction difficile et incer- (aine.

Faute de données analytiques précises sur la constitu- tion de cet alcool, on peut s'aider de la comparaison des points d'ébuUilion des différents alcools hexyliques secon- daires et tertiaires et de leurs élhers.

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( 105 ;

Dans ce tableau, l'on a admis la noti-idciililé des deux alcools pinacoliques, on remarquera (jne l'alcool pinacolique secondaire diflère des autres alcools de même rang, cl se rapproche siugulièreujent des alcools tertiaires. il y a également anomalie dans le point de fusion de ce corps; les alcools tertiaires ont généralement un point de fusion plus élevé que les alcools secondaires correspon- dants.

Comme conséquence de l'incerlilude qui règne sur la conslittition de l'alcool pinacolique, la formule de la pina- coline elle-même est loin d être déterminée précisément. Cependant, il sulTirait de jeter un coup d'oeil sur les traités les plus répandus pour s'assurer que la généralité n'en juge pas ainsi. L'idée d^• Boutlerow y est considérée comme classiqde; celte transposition atomique (pii s'elfecluerail durant le passage de la pinacone à la pinacoline est devenue un des exemples les plus fréquemment cités de migration intramoléculaire, et cet exemple paraît d'autant plus intéressant qu'il semble impossible d'en donner une interprétation quelconque.

Les recherches sur les benzopinacolines ont apporté une apparente conlirmalion à la manière de voir de Bout- lerow. On en connaîl jusqu'aujourd'hui deux variétés bien distinctes (1) :

La benzopinacoline a préparée par M. Behr en oxy- dant le tétraphénylélhylène par CrO^;

(1) MM. Tlioriicr et Zincke atlribucnl au produit considéré

comme l'ether du bcnzhydrol, non pas la formule ^r, îs « _ >

(C"H')' =r C (C,'H ) LU

mais la suivante: l>0. Ce serait donc un troisième

(C'"'H=)' = C

isomère de la benzopinacoline.

( 104 )

La benzopinacoline (3 obtenue par M. Linnemann au moyen de la benzopinacone.

MM. Thôrner et Zincke ont constaté à ce sujet un lait intéressant : la transformation aisée de la modification a en modification (3 par l'action de différents agents tels que PCP, CH^.COCl, etc. Comme conclusion de leurs recherches sur cet objet, ils ont cru devoir attribuer à la benzopina- coline 6 la formule acétonique de Boutlerow (C^H^pC. CO. C^H^, basant principalement leur opinion sur l'action de l'acide chroinique qui donne du triphénylcarbinol, et sur celle de la chaux sodée qui agit dans le même sens en donnant du triphénylméthane.

D'autre part, les auteurs continuaient à considérer avec M. Behr l'isomère a comme un oxyde

{Cm'f = G

et le regardaient comme un état intermédiaire peu stable entre la formule symétrique représentant la pinacone et la formule dissymétrique attribuée à la pinacoline vraie. Tel était l'état de la question, lorsque j'entrepris, il y a deux ans, l'étude des condensations de l'acélophénone; j'ai été amené à y examiner plusieurs pinacolines dérivées de l'acétone

reu s > C = CH.CO.C^H'',

dont aucune ne présentait de fonction acétonique; pour plusieurs j'arrivai à prouver qu'elles répondaient indubi- tablement à la formule proposée par M. Friedel.

En attendant que ces recherches pussent être publiées,

( «03 )

j'ai cru qu'il élail inléressanl de mentionner séparémenl ce résultai, en appliquant les réactions que j'avais étudiées à une pinaeoline bien connue.

La benzopinacoline (3 élail tout indiquée à celcflet;sa structure est comparable pour la simplicité à celle de la pinaeoline ordinaire, et elle présente sur celle-ci de grands avantages : son état cristallin en rend l'étude plus facile et plus certaine; de plus, le remplacement de CH^ par CH\^ éloigne autant que possible les réactions internes suscep- tibles de se produire avec rintervention de ce radical.

Avant de rendre compte des expériences qui m'ont con- duit à la constilulion de la benzopinacoline p, je décrirai les procédés qui ont servi à obtenir le dipbénylmélbane et letétrapbénylélbylène, afin d'ajouter l'une on l'autre obser- vation à celles qui ont été publiées.

Mais qu'il me soit permis, au préalable, d'adre.^ser mes remerciements à M. le professeur Ch. Friedel qui a bien voulu, en mainte occasion, m'aider de ses conseils et n'a cessé de me donner des preuves de sa bienveillance.

Préparation du diphénijlmélliane.

[.e dipbénylmélbane qui sert de base à la préparation du télrapbényléthylène a été obtenu à l'aide de la méthode de MM. Friedel et Ualsohn; je me suis servi des proportions eujployées par ces auteurs, mais, n'ayant pas connaissance des détails de l'opération, j'ai chaufféau bain-marie pendant environ deux beures. Pour 100 grammes de chlorure de benzyle, j'ai obtenu 70 grammes, une autre fois 80 grammes de dipbénylmélbane, puis une dizaine de grammes de produit distillant de 580'^-400".

( 406 )

Celle porlion dépose de belles aiguilles que l'on fait égoulter, puis cristalliser dans l'alcool, ce corps est peu soluble. Il houl sous la pression ordinaire à 596°-400° sans éprouver aucune décomposition,

l.a description de ces cristaux et celles qui suivent, ont été faites par M. Cesâro, dont j'ai eu la bonne fortune d'avoir la collaboration pour ce travail. Bien des résultats dus à son extrême obligeance et qui n'ont pu être mentionnés ici, m'ont aidé ( (Ticacemenl dans mes recherches. Je suis heureux de pouvoir lui donner ici un faible témoignage de ma reconnaissance.

« Aiguilles ayant parfois plus de cinq millimètres de longueur; elles » affeclenl la forme d'octaèdres rhombiques très aigus portant des tron- » calures sur les arêtes terminales aiguës; les faces sont courbes et ne » se prêtent à aucune mesure; les arêtes latérales n'existent pas; » plusieurs faces présentent des lignes de soudure et des angles rentrants. ); Ces aiguilles paraissent avoir un clivage perpendiculaire à leur lon- » gueur, clivage produisant des faces peu nettes. 11 est rare de trouver » un octaèdre terminé à ses deux extrémités; or'Jinairement les cristaux « se terminent d'un côté par le clivage et ont l'aspect pyramidal. On » aperçoit au microscope, dans les sections perpendiculaires à la lon- » gueur, des plans de jonction diagonaux indiquant que le solide est » formé en général par le groupement de quatre individus; la section » s'éteint nettement suivant ces plans; la partie centrale est opaque. En » les regardant suivant leur longueur, ces aiguilles qui, dans les autres » sens, paraissent à peu près incolores, prennent une teinte bleue. Comme » on le voit, ces cristaux, quoiqu'ils ne puissent donner lieu à aucune » mesure précise, sont caractéristiques >>.

0=%1926 de ce corps ont donné à la combustion O'^lSol d'eau et 0^%6d62 d'acide carbonique, ce qui fait pour cent :

Trouvé. Calculé pour C-"H*s.

C -/o 9-2,92 95,02

H"/o 7/10 6,97

( i07 ) Il y a donc loiil lion de {'mire que le produit que j'ai isolé est le tii[)liénylétliane

M. Waas (!) a obtenu, par l'action de

CH^Cl CH < ^e[J.

sur la benzine en présence de chlorure d'aluminium, une huile rougeàtre bouillant au-dessus de 560" et insoluble dans l'alcool IVoid; c'est probablement le même corps, mais non séparé des produits huileux distillant au-dessus de 400°.

Telraphénylélhijlène.

Pour préparer cet hydrocarbure, je me suis servi du procédé étudié par M. de Ijoissieu (2) au laboratoire de M. Friedel. Je n'ai rien à ajouter aux indications de l'auteur, sauf une remarque au sujet des rendements, que j'ai obte- nus plus satisfaisants. I.e di|diénylmélhane monobromé, qui se lait quantitativement d'après MM. Friedel et Balsohn, chauffé à reflux jusqu'à ce (|u'il ne se dégage plus d'acide bromhydrique, donne la quantité théorique de tétraphényl- éthylène.

Cet hydrocarbure fond constamment à 214°; distillé dans le vide et recristallisé dans l'acide acétique, son point

(I) Ihrichle, t. XV, p. J1-J8.

(2j Bulletin de la Sociclc chimique, t. XLIX, p. 681.

( 108 ) de fusion reste le même. H bout à 415°-425'' sous la pression ordinaire (1).

Oxydation du tétraphényléthylène. Si, au lieu de se servir d'acide chromique, comme l'a fait M. Dehr, on prend le permanganate de potasse, également en solution acétique, ce n'est pas la benzopinacoline a mais la moditicalion [3 que l'on obtient.

La conclusion que l'on peut tirer de ce fait est impor- tante; il n'y a plus de raison, en effet, d'attribuer aux deux benzopinacolines des formules différentes en se basant sur l'oxydation du tétraphényléthylène, et il devient pro- bable que toutes deux sont des oxydes de cet hydrocar- bure.

Je signalerai en passant l'intérêt que ces deux réactions présentent pour l'étude de l'oxydation des carbures éthy- léniques; elles me paraissent constituer une objection aux conclusions que M. G. Wagner a tirées de ses recherches sur ce sujet (2).

Alcool benzopinacolique (3.

Je n'ai pu hydrogéner la benzopinacoline (3 par le zinc et l'acide acétique; d'autre part, l'emploi des réducteurs alcalins se trouvait exclu. Je suis arrivé facilement au but en me servant du zinc-élhyle; ce réactif me paraît être, pour les corps à poids moléculaire élevé, un véritable

(1) La détermination a été faite sur une petite quantité, à cause du point de fusion élevé de ce corps.

(2) Berichte, t. XXI, pp. 5545 et 1240.

( 100 )

agent d'hydrogénation qui a l'avantage, précieux dans certains cas, de ne s'attaquer qu'aux carbones oxygénés. De plus, j'ai toujours remarqué jusqu'ici que l'emploi des zinc-alcoyles donnait des produits d'hydrogénation purs, et je crois qu'il y aurait possibilité, en étendant sutTisam- menl l'étude de ce réactif, de (ixer le choix entre les didérenls représentants de la série du zinc-méthyle pour obtenir à volonté des pinacones ou des alcools. C'est l'es- poir d'arriver à ce but qui, au cours de mes recherches, m'a souvent fait employer le zinc-élliyle comme agent d'hydrogénation, alors que d'autres réactifs, qui peuvent paraître plus simples, m'auraient peut-être rendu les mêmes services.

Pour hydrogéner la benzopinacoline (3, on y ajoute son poids de zinc-éthyle et un peu d'éther anhydre pour rendre la masse homogène. Le mélange est chauffé au bain d'huile dans un ballon surmonté d'un petit réfrigé- rant, dont le tube est suffisamment large pour permettre l'évaporation de l'éther; on maintient d'abord la tempéra- ture vers 70", puis on l'élèvegraduellement vers loO'à 140"; l'opération dure trois jours. On délaie la masse dans l'éther anhydre, et on la verse peu à peu dans un ballon contenant de l'eau que l'on acidifie ensuite par l'acide chlorhydrique. Le produit séparé par fillration est dissous dans la benzine; la solution, additionnée d'une certaine quantité de ligroine, est abandonnée au repos. Les cristaux qui se déposent sont cassants et d'une blancheur parfaite, peu solubles dans l'alcool chaud, d'où ils se séparent sous forme de cristaux tabulaires très nets et transparents; ils fondent à 151°; deux nouvelles cristallisations ne modi- fient pas ce point de fusion.

(110)

n Pelils crislaux blancs lamellaires à éclal nacré, toujours très aplatis » suivant la hauteur; ils ont de 1 à 4 millimèlres de largeur. Ils dérivent » d'un prisme cliciorhombique (fig. 1) dont l'angle est presque droit; ces » prismes ne sont ordinairement terminés que par la base p qui est >■ toujours fortement striée suivant le plan de symétrie; quelquefois ils » portent en outre des faces e' très nettes. Les stries de la base » constituent souvent des ondulations produites par des alternatives de » faces p et e*.

Ou a mesuré : vnn = 89022' pm ant = '10i)"n9' me' anl. = diioS'.

On en déduit : d '• D n l'O^'^*^'' = '^ = 0.4-286a

» La base est inclinée sur la verticale sous un angle ;3 = QQ"^!' et y> l'angle p'an de la base est de 84''56Jo(l). »

L'analyse de l'alcool benzopinacolique [3 m'a donné les résultats suivants :

l. 0,1 522 gr. de substance = 0,0760 gr. H*0 et 0,4295 gr. CO'

II. 0,1 225 gr. = 0,0755 gr. H'O et 0,5970 gr. CO'

III. 0, 1 647 gr. = 0,0959 gr. H-0 et 0,5548 gr. CO"

I.

II.

III. Cale, pour C'^eHiiO.

C-/o .

. 88,60

88,55

88,55 89,1.4

H7„ .

. 6,59

6,68

6,46 6,28

L'alcool benzopinacolique traité par la potasse alcooliqtie donne, d'une part de l'aldéhyde benzoïque et de l'acide, d'autre part du triphénylméthane fondant à 92" -93° et donnant la réaction de la fuchsine. La décomposition se

(1) La description de M. Cesâro est accompagnée de considérations sur l'orientation des crislaux, que l'auteur publiera dans les .annales de la Société géologique de Belgique.

( <ll )

fait donc, comme pour la benzopinacoline (3, dans le sens de Téqualion siiivjuile :

(Cll")^ = C(OH) C^II'^

I =c"iF>cii -+- en'cofi. (C"iF)-=(:ii C'ip

Oxydé pnidoniincnl par CrO^, en présence d'ncide acétique, l'alcool benzopinacoiique (3 régénère la benzopi- nacoline (3.

L'anbydride acétique à 200" agil sur cet alcool comme désiiydralant; il en est de même du chlorure d acélyle ; la réaction se fait aisément dans un tube à essais; elle est terminée en un instant; le produit ainsi obtenu fond directement à 214°; recristallisé dans le sulfure de carbone, il m'a donné des cristaux que M. Cesâro a bien voulu déterminer.

« Petits cristaux blancs, uu peu opalins, bien développés dans tous les » sens; ils sont assez allongés suivant l'arête p/i' (lig. :2); très fragiles; « dans les fragments on rencontie toujours les angles de la zone ph^. Les cristaux ayant environ 1 millimètre de grandeur présentent des » faces parfaitement miroitanles; dans les cristaux de plus grandes » dimensions les faces s'oblitèrent et s'arrondissent. Ils se rapportent au » système du prisme clinorbombique. »

Fie. 2.

a : b: c ='I,1H1.>t: I : d,03o94

j3 = "^o-iT angle plan de la base 8i2oa6'. Angles. Calculés. Mesurés.

'nwi 8o°H;V 8o"3;i'

pa « adj -l^BHB' !!29»o2'

•W'*ant iU7»-13' 107ol3'

•o"//';iilj .... l22<>o8' 422008'

)>(■* 13ool8' r.aW

e»//ianl d0"2»9' d02o3'

û'e» 4l7<>4',o U-Jo'S'

pm anl \0[o?ff 10|o;tt'

( H2 )

J'ai soumis à M. Cesâro un échantillon de télraphényl- éthylène préparé à l'aide de l'élher bromhydrique du benzhydrol et cristallisé dans le sulfure de carbone par évaporation.

« Petits cristaux tabulaires ayant eu moyenne 1 millimèlre de largeur, w très aplatis; la large face o', ainsi que p et /t' sont bien réfléchissantes; » les faces latérales peu nettes et mal développées ne peuvent donner » lieu à des mesures bien précises. Ces cristaux (lig. 5) ont l'aspect » clinoédrique à cause du développement inégal des faces m; souvent a' » est tant soit peu différemment inclinée sur les deux faces m antérieures. » Ces inégalités sont dues à ce que les cristaux résultent du groupement » de plusieurs individus à axes imparfaitement parallèles; c'est à la » même cause que j'attribue la variation des incidences d'un cristal » à l'autre, variation que l'on peut constater dans le tableau de corres- M pondance ci-joint. Vus à travers a', ils s'éteignent nettement suivant » l'arête a'A'; ils doivent être considérés comme clinôrhombiques.

» Les cristaux présentent ordinairement l'ensemble a^li^pm; une fois,

» j'ai observé une petite facette de troncature' sur l'arête pA', répondant

i » a 0 ï .

» Dans le talileau de correspondance qui suit, on a comparé les angles » calculés dans l'hydrocarbure résultant de l'enlèvement d'une molécule » d'eau à l'alcool benzopinacolique 0 à ceux que l'on a mesurés dans le » télraphényléthylène ordinaire. On voit qu'au point de vue cristallo- graphique il y a identité entre les deux composés. »

^^^

-'T^r/

FiG. 3.

Angles.

Calculés.

Mesurés

mm latéral.

942û7'

94032'

p/î* ant.

I07O13'

i0o737'

/j*ai adj.

iS^ooS'

1230 17'

123057'

- 122019' 122»33'

122043'

ma*.

\\\W

\\-l"'iV

- 110031'

_iHo46f_iilo48r

IIO04I'

mhi.

i32'>46',.S

433031'

- 13307'

o^khK

155049'

15603'

( 11^ )

Acétate du benzopinalcool (3.

La préparalion de l'acélale de Talcool henzopinacolique demande cerlaines précanlions, à cause de la facilité exlrèrne avec laquelle cet alcool est décomposé par les alcalis el du peu de tendance que son hydrogène alcoolique éprouve à être remplacé par le sodium.

J'en ai dissous deux grammes dans environ 500 c. c. d'élher privé d'aicool, et j'ai ajouté rapidement un excès de sodium, soit 0^M5 environ. Le mélange a été addi- tionné de quelques gouttes de chlorure d'acétyle et aban- donné à la température ordinaire, après avoir fermé le ballon à l'aide d'un bouchon traversé par un tube à chlorure de calcium. Après quelques jours, le métal ayant disparu, j'ai ajouté un excès de chlorure d'acétyle el laissé évaporer à la température ordinaire.

On dissout le résidu dans l'alcool chaud; ce n'est qu'après plusieurs jours que la cristallisation commence; elle se continue très lentement. Les cristaux fondent à 131% mais paraissent se ramollir déjà vers 127°; le point de fusion reste fixe après une nouvelle cristalli- sation.

0^^,1799 de cet acétate ont donné à l'analyse 0g%i036

d'eau el0«%5793 de GO'^.

(C6H5)« = C0C*H30. Cale, pour 1

(C6H5,4 = CH.

G»/,. . . . 87.82 88,26

H»/o. . . . 0,40 6,12

Ô""* SÉRIE, TOME XX. O

( "4)

Rewarques et Coiichtsions.

Depuis que MM. ïhorncr el Ziiicko ont publié leurs recherches sur la lienzopinacoline fi, certains lails admis par eux comme démontrés ont reçu une interprétation différente. Je veux parler de la constitution de l'hydrocar- hure obtenu par l'action de l'acide iodhydrique, auquel les auteurs attribuaient la formule dissymétrique

C«H«> C = CH- C^'H^

La connaissance précise de l'hydrocarbure symétrique

peu» y L.n.Ln <^ reus

a permis de lui identifier l'iiydrocarbure obtenu par les auteurs cités. Forcé d'expliquer cette divergence entre la lormuled-e la benzopinacoline [3 dissymétrique, d'une part, et son hydrocarbure de réduction, d'autre part, M. An- schulz (1), faisant l'histoire du tétraphénylélhane, a été contraint d'admettre que, pendant la réduction, il se faisait nne transposition d'atomes qui ramenait le type symé- trique.

Ces faits reçoivent une interprétation plus rationnelle si l'on atiribue à la benzopinacoline (3 la formule symé- trique.

J'ai constaté, en outre, que ce corps n'est pas attaqué par la phényihydrazine en solution dans un excès d'acide

(I) Liebig's Ânnalen, t CCXXXV.

( <I3)

a('«'li(ni(> ^'hiciiil, mémo à IVbiilliiioii. Nouveau fjiil qui esl iDcompalible avec la lorniiilo acéloiiiijue.

Comme ou a pu le voir, ces (ails coucordenl (deiiie- meiU avec les expériences doul la description lail l'objet de cette noie. I.es voici d'ailleurs résumées en quelques mois :

(C'iHS)'! = C

(c/.||5is = f' '•^' l^''''>p'»<^'>}'t'lli}lène oxydé par le per- manganate donne la benzo|)inacoline [3; j'ai constaté l'identité parfaite du produit ainsi obtenu avec celui pro- venant (h; l'action dn chlorure d'acétyle sur la benzopina-

cone; je me suis d'ailleurs servi de ce dernier.

lC«Hû)i = c

-. ... ' >^' '3 benzopinacoline S est réduite par le zinc-é!hyle et donne

'C6H5ji = CH

1,1 alcool benzopinacolique & : celui-ci perd

(le l'eau par l'action du chlorure d'acétyle pour revenir à

(Cin^r^ = c , ,,,,,, ...

Il , au tetraphenylethylene primitif.

Une seule transposition sérail possible dans ce cycle de réactions, c'est à l'action du zinc-éthyle sur la benzopina- coline (3. Je répondrai par une expérience : c'est la benzo- pinacoline a qui se transforme en l'isomère P par l'action de ce réactif.

Comme conclusion, je crois qu'il n'est pas possible, actuellement, de douter de la formule symétrique de la benzopinacoline (3; mais je ne veux pas étendre au delà mes résultats, et liens à me mettre en garde contre les ana- logies qui pourraient paraître les plus légitimes.

J'ai abordé l'étude de la benzopinacoline a, et j'espère

avoir l'honneur de présenter bientôt mes résultats an

jugement de l'Académie.

Bruxelles, laboratoire privé.

( 116 )

Sur les covariants primaires; par Jacques Deriiyls, chargé (le cours à TUnivcrsilé de Liège.

Nous nous proposons, dans le travail actuel, de faire l'étude de quelques propriétés spéciales des covariants primaires et de leurs polaires. Les propriétés dont nous nous occuperons trouvent des applications intéressantes au développement d'un covariani quelconque S, au moyen de covariants primaires. Nous établirons notamment les résultats suivants : « Les covariants primaires qui servent à exprimer S se déduisent des polaires de S. Le déve- loppement de S n'est possible que d'une seule manière, si l'on fait abstraction des modifications évidentes relatives au groupement des termes. »

Préliminaires. \. Soit

S = niifi ■+■ nupi -+-••• + nirPr^

l'expression d'un covariant S de formes algébriques à une ou plusieurs séries cogrédientes de n variables: les lettres m désignent des fonctions des variables; les quantités repré- sentées par /)j, /)2i ••• Pr <lépendent seulement des coeffi- cients de formes algébriques.

Cela posé, nous dirons que ïl^j), est une expression irréductible, quand on ne peut pas remplacer S par une somme analogue comprenant un nombre moindre de

I

( "7)

leriiics. Pour la suite, nous aurons à faire usage des consi- dérulioMs suivantes :

Dans une expression irréducliUe, S=-n)ipi, les mulliplicaleurs p indépendants des variables s'expriment linéairement au moyen des coefficients de S.

En effet, tout coefficient s du covariant S est une lonction L du premier degré de p], Pa^ Pr'i d'autre part, les équations s = L sonl résolubles par rapporta p,,p2, ...p„ puisque le nombre des fondions L linéairement indépen- dantes est égal à r.

"2" L'expression S = ^îm.pi est irréductible, s'il n existe aucune relation du premier degré entre les quantités m,, ni2, ... m,, p„ p, ... p,.

Soit ///',//, H- wlpl + ••• -H »ip//,, une expression de S comjMenant le plus petit nombre possible de termes; nous avons à établir l'égalité ;- = p.

Les coefficients de S sont des fonctions linéaires de Pi, P2^ .-■Pr- il en est de même de pi, p^, ... p',, d'après la remarque indiquée ci-dessus; dès lors, si l'on identifie les multiplicateurs de Pi,p-2.---/^. dans les expressions S = i;»/< p , S = I.im\p\, on obtient /«,, m^y-m^ comme sommes des quantités m[, />4,--'"p multipliées par des facteurs numériques. Les fonctions 7»,, w/,, ... w»r sont, par hypothèse, linéairenjent indépendaFites; on doit donc avoir r = p: c'est le résultat que nous voulions obtenir.

IL La source d'un covariant à n séries de variables (al), (j:2), ... (ar7l) est le multiplicateur des plus hautes puissances de xl ,, aSo, ... x//,. Comme on le sait, la source définit le covariant, à part une puissance du déter- minant (± xi ,, x22, ... Jf*'„). D'après cette considération, nous établirons le théorème suivant :

( lis )

Tout coefficient cVnn covan'ant S est la source d'une polaire de S, relative à u séries de n variables (*).

Au covarianl S, on peut associer un invariant I ici que l'on ail symboliquemonl :

I.S = 2Uxn(i: «,/;,.../„),

U étant une somme de produits de formes linéaires:

U = 2ar.'^iv . . . A?;'«ri . . . /i?> . . . a2 . . /i^^-

La fonction U peut s'écrire

si l'on désigne par 0 une opération polaire relative aux coefficients symboliques al, o2, ... a/:, a, 6, . .. /t, ...; |ji1, ix%...<^k représentent les degrés du covarianl, par rapport aux séries de variables (xl), (x2), ... {xk) {**).

(') Nous appelons polaire de S, toute somme de fonctions homo- gènes obtenues en appliquant à S des opérations polaires relatives aux variables, analogues à

d (l d . d

X\ =a;li + iTla H 1- x\„

dxi rfa;2i dx2^ dx2„

(••) On a

1 ^\\ dall \ da\l \ dai j

®^(m1)(m2)...(mA-)--) /„ M"^*... (a JLV*

" dakl '" \ dakj

( 119)

Tout cocfTicienl de I.S y pour expression symbolique

,7= 20aif''alf ... al;;""ai>r-' . . «l'r- ... u a^ ... /J. La fonction

V = (-) «i:;''«ifj« ... .*i;; "«c-' ... «<,:" . . ah^/^^ ... «/c;^'-

est une polaire de U : il eu résulle que le covarianl à n séries de variables,

esl une polaire de I.S^SU.II ttiôo ••• /„)• D'un autre côté, le covariant S^ a pour source o-, le produit de 1 par un coefficient de S qui peut être supposé quelconque. D'après celte comparaison, on obtient le tbéorème énoncé.

Propriétés des covARrANTs primaires.

lil. Un covariant primaire j; est un covariant à 1 .séries de n variables, (acl), (.r2), ... {xu 1), qui satisfait aux équations :

(Il

xl -— = 0, x2 = 0, ...x/i 2 -, ^-"^^ =0. f/x2 </x3 dxn I

La l'onction ^ est représentée symboliquement par une somme de produits de déterminants analogues à

a, tti ... a„

6, l>,...h,

/'xl /'.2 . /'x

( 1:20 )

i ayant les valeurs 1 , 2, 3, ... « 1 (*). Par suile, le cova- riant'^ ne contient qu'un seul produit, \\^^\^^^...\n—i^^;\ formé au moyen des variables du tableau triangulaire

xi, '*•',,

XÔi XÔi XDj "''.,

xii Il xn U x7i—\z.'.3cn i„_j

(r)

Cette propriété caractérise les covariants primaires. Pour le vérifier, nous observerons que loul covariant, aux variables (xi), (x2), ... {xn 1), doit contenir un produit de facteurs x\i, x%, ... xH i„_^ (**). Celle condition n'est pas remplie pour les polaires

f/T dT dT

a:l-_, a;2-— ,...xW 2

rfx2 ' f/xô ' dxn 1 '

quand le covariant T, à n 1 séries de variables, ne comprend qu'un î^eul produit, xi'^' x'i^\ . . xU I^IV» formé au moyen des éléments du tableau (t). On doit donc avoir :

rfT rfT dT

xl =0, x2-— = 0,...x?i 2- - = 0;

f/x2 dxù dxU 4

par suite, T est un covariant primaire.

(*) Sur les transformations linéaires et la théorie des covariants, p. 18. Sur la détermination des fonctions invariantes de formes à plu- sieurs séries de variables, p. A. (Mém. des savants étrangers publiés par l'Acad. roy. de Belgique, t. LI et LU, in- 4».)

('*) C'est ce qui résulte de l'expression symbolique des covariants.

( 121 )

IV. Pour élnilier les expressions irrédticlihles des covarianls priinaires, nous ferons usage des |)ropriélés suivantes, qui se trouvent établies dans nos recherches antérieures.

I. E.MME I. Entre les coefficienls de covarianls pri- maires linéairement indépendants , il ne peut exister aucnne relation du premier degré qui ne résulte pas du mode de formation général des covaria)tts primaires.

Lemme II. Toute fonction linéaire des coefficients d'un covarianl primaire a pour transformée une expres- sion contenant la source {*).

Soit [JL le poids d'un covarianl primaire ^, des degrés |ji.1, iJi%...iJ.n—\ pour les variables (ari), (.x2), ...(a?i 1}; nous pouvons écrire symboliquement :

•p = 0.e{±a\,a%...an„r, . . . (I) en prenant

et en désignant par 0 une opération polaire relative aux coeiricienls al, «2, ...an (*").

(*) Il faut évidemment supposer que la fonction linéaire des coeflicicnls n'est pas nulle identiquement, d'après la définition des covarianls primaires,

(*■) Voir le mémoire Sur la détermination des fonctions inva- rianleSj etc., p. 8.

( 122 )

Considérons une expression irréduclible de 0, par exemple :

ô = m,pi -+- //(2P2 -i- ■• -^ »irPr- (5)

On déduit de la formule (I) :

f ^ [w,0/î, H 1- '»,.0/v] (rt a I ,a-22 . . . an„Y ,

puis

Wi'f, -H ^î^f-i -+-•••-+- m/K, . . . (4)

(]/, , 4/2, ... ^r étant des quantités indépendantes des varia- bles.

Les quantités p,, p,' ••• /A sont des lonctions du premier degré des coefficients de G I); ^{j,, ^p.2' •■ ^.- sont les fonctions semblables pour le covariani ^. Ces deux séries de fonctions sont en même temps linéairement indépen- dantes; car, il n'existe aucune combinaison linéaire des coefficients d'un covariant primaire^, qui puisse être nulle pour V = ^ et différente de zéro pour x = ^ [Lemme 1]. D'après une propriété établie ci-dessus I, 2"), la formule (4) fournit une expression irréductible du cova- riant ^. En conséquence, les expressions irréductibles de covariants primaires des mêmes degrés [j.1 , <j.% . .. [j.!! l , comprennent le même noml)re r de termes.

Remarque. La source du covariant ^ a, pour les indices 1,2. ...n 1, n, les poids u.1 -4-jjl, [jL2H-[ji,...;j./i— 1 -+-|j., jx; aucun autre coefficient de ^ ne peut avoir les mêmes poids : par conséquent, la source est un multiplicateur indépendant des variables, dans toute expression irréduc- tible de ^. Nous désignerons par t];, ce multiplicateur dans

( 123 ) li) (ormiile (-4). D'après l'expression symbolique de ^ 111), nous aurons :

/«, = u;*-'(i=-rI,x^J, ...a:»,)"'-'"+' ... (5)

V. Nous désignerons par ii, une opération telle que ÛF est une somme homogène decovariants identiques, multi- pliés |>ar des polaires de la l'onction F supposée quelconque. Dans la su i te, les caractérisliquesii affectées d'indices auront des significations analogues Cela posé, loute fonction il^, déduite d'un covarianl primaire <h, confient la source 'b^ de ce covarianl.

La quantité

n-/- = ftm, i, -+- Q.nh, . '^-a -+-•■■ -f- Cim^ . '^^

est évidemment une fonction invariante. Effectuons sur les variables une transformation linéaire de module o : en désignant par M,, W^, les transformées des quantités wj,, -!;,, nous aurons :

û>l,.M, H- aJ\L.M\, ■»..-+- qM^m^ = fp {o.nii.fi -t- .-. -t- Clm^^^).

Si l'on identifie les multiplicateurs des divers produits de variables, on obtient des relations

L(t,,m-2, ...>r,)=-L, (■i,,'f2, ...i,.),

dans lesquelles L, L' désignent des fonctions linéaires différentes de zéro; la quantité L [Wi, M*,, ... ^V,) est la transformée de L («L,, -^o» •• ^r); t^He ne peut pas être indépendante de la source 6, [Lemme II]; par suite, la

( 124 )

(oDclion Q.<\), supposée différenle de zéro, doil contenir la source <\>] du covarianl primaire -ji.

VI. Soient <\>\, '\)^,...^t, des covariants primaires: représentons par ^k la valeur de la fonction 0 [fornmle (3)], qnand le covariant primaire -]; a la détermination parti- culière <\)k. Nous aurons, en expressions irréductibles :

ôk = mki . pki -+- mk.2 . pk^ -4- . . . mk^k pkrt, (•">') ^k = mki . -pki •«- mki ^L -+- mAv* . ik^k- (4')

D'après le Lemme I, il n'exisle aucune relation du premier degré entre les différents multiplicateurs ^\^, ({;2h , . . . 4^t„ si les covariants 'J^i, <\i%...<\)i sont linéaire- ment indépendants. Comnie conséquence, on peut établir la proposition suivante :

Quand les covariants primaires <\)i , <\i% . . . ^^il sont linéairement indépendants, une fonction de la forme Q^<\)\ H- 0,^2 -t- ••. H- Qi^t ne peut pas être nulle, à moins que les quantités 0,({;1, Qg^S, ... Q,^''' "^ soient nulles séparément.

En effet, l'égalité 2Q.4;< = 0 lournit des relations du premier degré entre les miillipiicateurs <\)\j; 'h%, ...^tt'. de pareilles relations ne peuvent avoir lieu que si elles sont identiques : on doit donc avoir Q|(J;1=0, ^2^2 = 0, ...Q,4;« = 0.

VII. On déduit immédiatement de la formule (3') : .

a^ôk = pki . iliMi/i-, -+- pkt . Q.^mk.2 -^■ ■+- pk^k fi^wî^V*-

Remplaçons les différentes variables par les coefficients de formes du premier degré, et substituonsà al ,a2,...a/l— 1

( 12.'; )

les variables rrl, 3% ... xH i . Kn employant des paren- llièscs [)oiir in(li(|iier celle modilicalioii, nous écrirons :

I il,9k \ = I pk, j . j 12,m/c, (-♦-...-+- ]pk,, \ . \ iiMn j ; (0)

jliiÔAj esl alors un covarianl primaire qui a pour source ]i2,mky\ (').

Les covarianls primaires \QJik\ el OA- sont des mêmes degrés [)ar rapftorl aux variables : leurs expressions irré- ductibles doivent contenir le même nombre de ternies, rk IV). Par suite, la formule (6) fournit une expression irréductible de ]ii3k\-

Quand les sources jQ|ml , j, JQow2, j, ... }L>,w/, j n'ont entre elles aucune relation du premier degré, les cova- riants jÛiOl j, \iiM\,... \ii/it\ sont linéairement indé- pendants; il en esl de même des différents multiplicateurs \ÙMA (voir§ VI).

Conséquemment, si tes quantités Q^.mki nont entre elles

(*) D'après la formule (2), la fonction 6 est symétrique par rapport aux variables {x} et aux coefficients (a) : elle satisfait aux équations

de (/e

ai = 0, ... an -2 = 0.

da2 daîl 1

On déduit de :

due dû6

al = 0, ... an 2 = 0;

dai dan - 1

puis

d û8 d ne

x\— 1=0, ... a-n-2 '- ^ = 0;

dx'2 dxïl 1

ainsi, { tl6 { est un covariant primaire.

( 120 )

aucune relalion linéaire, il en est de même des fonc- tions O^mkj.

VIII. Soienl[jil4,|jL2A.,...(j(.n 1a, les degrés (Jucovarianl^jjft |)ar rapport aux variables (xi), (./2), ...{xU 1); d'après la formule (5), le mulliplicaleur mAv, a pour valeur :

wA, = rir'(±a;i,x22...x/,f'*-''*''^'*. . . (5') Ou a du reste :

lLi, = nk„—7rk, (/= 1,2, ...n i), . (7)

si l'on représente par tz^i, ttâ:,, ... 7r/:„, les poids de la l'onction Q^^ki^, pour les indices 1, 2, ... n (*).

Cela posé, admettons qu'il existe une relation linéaire entre les fonctions ù|,mk^•, on aura par exemple :

f|il,jHl, H- en^HiS, -4- .. . -♦- t^Ci^mSi == 0, . . (8)

les lettres e désignant des facteurs numériques différents de zéro. Cette relation peut être supposée isobarique; on a alors: 7^1^ = 7x2; = ••• = tt^. (? = 1, 2, ... n), puis: mi, = wï2, = ... ^ mS^ à cause des formules (5') et (7). Dans ces conditions, on obtient :

çl^^\ =Q,»ii, fl, -t- nimL. fia -+-...->- .a,jnlri .'lirn n^ii-i = n.,m2, . <f 11 -+- £i.2«jl2 . i^la -<- •• + ii^ml^, . (^l^i,

n^,/,'] = n,W.S, . fil -+- a,mi2. fi* H- . .. -t- iVH'rl •'^Irl-

(*) Il suffit d'observer que la fonction mk^ et ses polaires sont isobariques : d'autre part, le poids varie de la même manière pour tous les indices, quand on multiplie une polaire de mk^ par un covariant identique.

( ^27 )

n'a|)n\s ces rclalioiis cl d'après la lormiilc (S), la loiio lion e|L>,t];l -+- Soi^^'r'' -t- h- £.î.2.({>1 t'sl iiKiépcMidanle (Ifi la source ^};1, du ccivarianl primaire ^\ ; par siiile, le covarianl eiti,([il -+- e^tiotj^l -i- ••• -+- e,i.},<[»I doit ôlre nul (^^ V).

Nous dirons que les op«''ralions L>| ,11,,... iî, sonl linéai- remeul indépendantes pour (J^l , ^2, ...'^^t, quand il n'exisle aucune relation du premier degré entre les lonclions il\<lik, iio^^'i ...iit.'^tk, k ayant une des valeurs 1, 2, 5, ... / : les (juanlilés li,»rl ,, i^i^j'^^,, ... Q,w/^i ne peuvent alors satisfaire à la formule (8), ni à toute autre formule analogue (c'est ce qui résulte des considérations indiquées ci-dessus). En tenant compte de la propriété établie au paragraphe précédent, on est conduit à énoncer ce théorème :

// n'existe aucune relalio)! du premier degré entre les fonctions Ojnk,, si les opérations Q, , Q., , .. . Qt sont linéairement indépendantes pour <h\, ...<^i.

IX. Si les covariants t|;1 , ^% . . . (|;t n'ont entre eux aucune relation du premier degré et si les opérations Q,, Qj» ••• ^/ sont linéairement indépendantes pour «[/l, 'j;2, ... «[il, la fonction iii'^vl -f- ii-y^'S -+-... -f- Q.^'i^i a pour expression irréductible une somme de ri -<- r2 -+- •• -i- it termes [rk étant le nombre de termes de l'expression irréductible de ^k).

En effet, on a par la formule (4') :

Le second membre de cette équation est irréductible dans les conditions actuelles, parce que les fonctions Q^tnk^ et ^kj sont linéairement indépendantes (§§ I, VI, VIII).

( ^28 )

X. Quand un covarianl S est de la forme Q<\>, les expressions irréductibles de S et de ses polaires con- tiennent le même nombre de termes : c'est ce qui résulte du dernier théorème, pour le cas de / = 1, Nous démon- trerons la propriété réciproque: Si (es expressions irré- ductibles du covariant S et de ses polaires comprennent le même nombre de termes, S est de la forme Qt^.

Tout covariant S est une somme de covariants iden- tiques multipliés par des polaires de covariants primaires ^\, ^% ...<\)t {'). Nous écrirons :

S = a,^1 -t- û,^2 H -+- n,.;-(; ... (9)

nous pouvons évidemment supposer qu'il n'existe aucune relation du premier degré entre les fonctions ?[»1, '\)%...f^t, et que les opérations ^1,^2 ••• û< sont linéairement indé- pendantes pour <\f\, <\)% ...t\)t. Comme nous l'avons vu IX), le covariant S a pour expression irréductible :

-t- ... -4- £ï,mti <f<, -+- ••• -+- i\mtr,. <ptrt

Le multiplicateur 4^1 , est fonction linéaire des coeffi- cients de S : par suite, (|;1 , est la source d'un covariant W à n séries de variables, que Ton déduit de S au moyen d'opérations polaires (§§ I et II).

La fonction W est le produit du covariant ^\ par une puissance du déterminant xiiX% ...xn„) : ainsi, W a pour expression irréductible une somme de ri termes.

(*) Voir les mémoires cités plus haut.

( 129 ) Par supposition, le covarianl S et sa polaire W doivent avoir des expressions irréductibles comprenant le même nombre de termes, savoir : ri -+- r2 -f- -+- ri ; on aura, par conséquent: r2 = 0, r3 = 0,... r/ = 0, c'est-à-dire :

p'-> = 0,<}>Z = 0,...<pt = 0 et S = ft,fi.

Applications.

XI. En supposant le covariant S tout à l'ail quelconque, nous avons déduit de la formule (9) que le covariant <\>\ multiplié par une puissance de x\^x2.2 ... xn„) est une polaire de S. Conséquemment, les covarianls primaires ^\ , «j>2, . . . ^t auxquels vn covariant S est réductible, sont des quotients de polaires de S par des puissances du déterminant (±: xl^xSo . .. xn„).

Réciproquement, les covariants primaires que l'on peut déduire de S au moyen de polaires, sont des combi- naisons linéaires de <!^[, t|;2, ... tpt.

Soit, en effet, <\) un covariant primaire, dont le produit par un covariant identique est une polaire de S : nous aurons, d'après la formule (9), une relation de la forme :

ap = n\'p\ + aU'2 -¥■ i- Q.\<pt,

dans laquelle Q-^ représente le produit de ^ par un cova- riant identique.

Il résulte de que les fonctions ^, ^\, <\)2,... ^t ont entre elles une relation du premier degré VI) : par hypothèse, les covarianls t|^l, ^% ...^t sont linéairement indépendants; en conséquence, ^ est une combinaison linéaire de 61, d»2, ... tp^

S"* SÉRIE, TOME XX. 9

( i30 )

Si l'on suppose S = «J^l, on oblient celte propriété : Aîi moyen d'opérations polaires relatives aux variables, on ne peut pas déduire d'un covariant primaire un autre covariant primaire.

On peut encore énoncer la proposition suivante: Si deux covariants S, S' sont réductibles aux mêmes covariants primaires i^\ , ^% ... ^t, la fonction S', multi- pliée par lin covariant identique, est une somme de produits de polaires de S par des covariants identiques.

Pour l'établir, il suffit d'exprimer, clans le développement de S', les covariants tj^l, 4^2, ...tf^/, au moyen de polaires de S. XII. Soient 5^,, -/^^i •••)(< ^^^ covariants primaires

Xi = f.-, -f 1 -<- f.-2 -^2 -*- + ^iS, [i = i\ 2, 3, . . . t),

obtenus comme combinaisons linéaires de ^^il, ^%...^t, et de telle manière que le déterminant

e = enC22 ••• fit)

soit différent de zéro.

Représentons par e X e|/ le mineur de e.^ dans le déter- minant £. Si les opérations H^, H,, ... H, sont définies par les formules symboliques

H, = f'i Cl, -t- e'î ^2 -4- . . -H e'-, Q.I,

on a identiquement :

a,^l -♦- ^2.^2 H h n,.j-« = H,x, -♦- HjXî m h H,x,. (10)

Nous dirons que les développements S = SÛ,4i et

( 131 )

S = SH,v, sont équivalents par tranafoDiiation linéaire. Cela posé, nous établirons le Ihéorème suivant;

Tous les développements d'un covariant S au moyen de covariants primaires, sont équivalents entre eux par trans- formation linéaire (*).

Considérons le covarianl S, développé suivant la for- mule (9) et suivant une formule analogue

S = ii\i\ -H n','^; H -4- a'„i,'t'. . . . (0')

D'après les résultats indiqués au paragraphe précédent, J>l, ^% ... (|;f et <\)'[, (|>'2, ... <^7' se déduisent de polaires de S; les covariants ^ sont des combinaisons linéaires des covariants <\>' et réciproquement. D'autre part, les fonctions <\> n'ont entre elles aucune relation du premier degré: il en est de même pour c};'!, ip'S, ... ^{; T. On a donc t' = t el des équations

i'i = "Xi = f,i 'i 1 -+- f .^ ^2 -t- -+- e„ 'pt, (,■=,, j . . ,). (1 1 )

pour lesquelles le déterminant (=fc e„e22 •• e«) est différent de zéro.

En faisant usage des formules (9'), (iO) el (11), on obtient :

(«;%■ ".%.) -^ {^\xi "2%2) -♦-•••-+- {^a. "<%/) = 0.

(") Comme cas particulier, on retrouve ce llicorcmc bien connu : « Une fonction de deux séries de variables binaires (x), (y) n'est développabie que d'une seule manière comme somme de polaires multipliées par des puissances de (dz ar, y,). (Clebscii. Théorie der biiiàren algcbraischcn Formcn, p. 19. Gordan. Vnrlesumjen ûbcr Jnvariantentheorie. Bd. Il, p. 8"2.)

( 452 )

A cause de rimlépendance des Ibnclions yj = 'T>i, ^2 = ^p;, ... y, = <^',, la dernière égalité peut être remplacée par

(voir § VI). Conséquemmenl, les formules S=Ilû'c};' el S = SHy sont identiques; en d'autres termes, les développements (9) et (9') sont équivalents par transfor- mation linéaire : c'est le résultat que nous avions énoncé.

Sur une notice biographique relative à G.-A. Uirn, récemment insérée dans le Bulletin de l'Académie. Observations présentées par M. Dwcisliauvers-Dery, professeur à l'Université de Liège. .

Ami intime et confident de Hirn, j'ai été péniblement impressionné en lisant, dans un des derniers numéros du Bulletin de l'Académie, une notice dans laquelle M. Folie apprécie son illustre confrère. Outre des affirmations erronées, provenant de ce que l'auteur ne connaissait pour ainsi dire pas l'bomme dont il parle, elle renferme une erreur de fait contre laquelle c'est un devoir sacré pour moi de protester, car elle revient à une imputation que Hirn aurait tenue pour injurieuse, celle d'avoir expé- rimenté dans le but de faire prévaloir une idée préconçue et non en vue de chercher la vérité.

a Hirn, dit M. Folie (1), se rangea d'abord parmi les

(1 ) Bull, de l'Acad. rotj. de Belgique, o" série, t. XIX, n" 3, 1890, p. 175.

( <•"> )

» adversaires de la lliéorie de R. Mayer, el ce l'iirenl 1rs » expériences quil inslitun dans Vinlenlion de la reii' S) verser qui le coiiveilirenl el iirenl de lui l'i/n de ses plus » fervents adeptes. »

Voici la vérité, que M. Folie connaîtrait s'il avait lu les pages 188 à 277 du Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, tome XXVI, 1854 :

Hirn, alors simple surveillant des machines de la manu- lacture liaussmann, au Logelbach, avait, vers 1845, institué une série d'expériences sur le frottement, dans le but modeste d'essayer les huiles de graissage. Il avait remarqué que le frottement produisait du calorique, dont il avait même mesuré la quantité; et c'est au cours de ces expériences qu'il découvrit la loi formulée comme il suit (p. 202, loc. cit.) : a La quantité absolue de calorique » développé par le frottement médiat est directement » et uniquement proportionnelle au travail mécaniipie B absorbé par ce frottement... » C'est la loi d'équivalence de Mayer, énoncée pour un cas particulier, et elle était inscrite dans le mémoire de Ilirn que Fourneyron présenta à l'Académie des sciences de Paris le 26 février 1848, et qui fut ensuite retiré par son auteur. Ce mémoire ne vit le jour qu'à la séance du 28 juin 18o4 de la Société industrielle de Mulhouse. Dans le Bulletin de cette Société, tome XXVI, se trouve, à la suite du mémoire, une notice dont je fais un extrait un peu long peut-être, mais nécessaire pour établir la vérité (pp. 238 et suiv.).

« A l'époque, dit Hirn, j'exécutais celte série » d'expériences sur la production du calorique par le » froltement, 'fignorais complètement ce qui avait été » fait de précis sur le même sujet, d'une part, et depuis » quelques années déjà par Mayer de Heilbronn, d'autre

( i34 )

» part, et plus récemment par Joule, en Angleterre, et j> par Regnault, en France. J'avais achevé mon mémoire V et je l'avais déjà déposé entre les mains de M. Dollfus, » lorsqu'un article de M. L. Foucault [Journal des Débals r> du 8 juin) m'apprit qu'en ce qui concerne la loi calori- » iique posée dans le texte, j'avais été devancé par d'autres » physiciens, et me permit ainsi de me mettre à l'abri » d'une accusation bien imméritée de plagiat... D'après ce > court exposé, on voit que j'ai été, à mon insu, devancé B quant à la loi calorilique en question, non seulement en » date, mais encore sous le point de vue de la généralisa- » tion du principe : ce que je restreins timidement au cas j> particulier du frottement médiat a été étendu d'une 1) manière absolue à tous les cas possibles par MM. Mayer, j> Joule et Regnault... Considéré dans l'ensemble et la i> généralité qu'a su lui donner le physicien de Heilbronn, D l'énoncé du principe dynajiiique de Mayer constitue » certainement une des plus grandes découvertes de notre

D époque ; l'énoncé de Mayer nous montre que le calo-

» rique constitue une force accélératrice, une cause du

» mouvement de la matière pondérable Il n'y a donc,

» je le pense, aucune exagération à dire que les décou- » vertes de l'existence d'un équivalent dynamique du r> calorique et d'un équivalent chimique de l'électricité se 9 rangent à bon droit à côté de la découverte de la gravi- D tation universelle. »

Hirn, qui parle ainsi du principe de Mayer quelques jours après qu'il était venu à sa connaissance, à qui ce principe a révélé l'existence de l 'élément dynamique, de la forge à côté de la matière, ce qui fera désormais l'objet de toutes ses recherches et de toutes ses méditations, Hirn va-t-il instituer des expériences dans I'intention de ren-

( 13S)

VKRSER ce qu'il a admiré! Hirn, qui ne connaissait môme pas les travaux de Mayer, s'étail-il rangé d'abord parmi les adversaires de la nouvelle théorie? Erreur de fait donc de la part de iM. Folie; mais celle erreur est grave, car elle porte atteinte au caractère si honnête de Hirn, et d'autant pins qu'il s'y joint des erreurs d'appréciation telles que celles-ci : âme ilUiinince..., des convictions non seule- ment spiritualisles, mais chrétiennes chez l'un comme chez l'autre (!)...., plusieurs travaux importants lui ont été dictés par ses convictions spiritualistes et par sa conscience de CROYANT (!).

Non! iM. Folie, qui n'a vu Ilirn qu'un quart d'heure dans sa vie, qui a fort peu correspondu avec lui, ne l'a nulle- ment compris; je me sens même ohligé de lui enlever une illusion ; cette sympathie dont il se flatte n'était pas par- tagée par Hirn, j'en ai la preuve. Il n'y avait, d'ailleurs, rien de commun dans le caractère et dans la conviction de ces deux hommes.

Ayant donc eu connaissance de la loi de Mayer, Hirn institua, en efl'cl, des expériences, non pour ta renverser, mais pour la vérifier. Il avait des doutes, provenant des chifl'res difl'érents trouvés dans des ordres de phénomènes différents, et c'est pour les dissiper qu'il procéda à des essais nouveaux, dans de nouvelles directions, et princi- palement sur les machines à vapeur. Est-ce devenir un converti, un fervent adepte de la théorie de Mayer? J'ose affirmer qu'à la fin de sa vie Hirn ne croyait pas que l'on fût en possession de la véritable valeur de l'équivalent mécanique, ni môme d'une démonstration expérimentale de sa constance.

A la page 245 du Bulletin de la Société industrielle, déjà cité, Hirn dit : « Ce qui constitue l'importance de l'énoncé

( 15G )

» de Mayer, ce qui en fait une des grandes lois de la » nature, c'est sa généralité. Il est donc essentiel de i> chercher si l'équivalent mécanique varie d'un cas à un » autre, de déterminer Vamplilude de ces variations, en » admettant qu'elles existent, et de voir si cette amplitude j> est suffisante pour nous permettre de prononcer contre D cette généralité même, qui fait le premier caractère de » l'énoncé de Mayer... » Et page 251 : « ...elle met en j> évidence cette généralité, pourvu qu'à l'énoncé du phy- » sicien de Heilbronn on ajoute cette légère modification : » la constance parfaite de l'équivalent mécanique du » calorique est troublée par de faibles éléments perturba- ï leurs, dont la nature reste encore à déterminer, et ne » pourra l'être que par de nouvelles expériences d'ime B exactitude excessive; autrement dit, il est probable que » cet équivalent est rigoureusement stable, mais que des » circonstances accessoires, quoique spéciales à chaque » genre de phénomène, modifient très légèrement sa » valeur apparente et ne serviront, une fois bien étudiées, » qu'à mieux faire ressortir l'universalité de la loi calo- » rifique. »

Les expériences que Hirn institue dans la suite sont d'une nature toute nouvelle; elles se font en grand sur une machine à vapeur de plus de cent chevaux. Comme l'a dit Clausius, cette détermination de l'équivalent méca- nique est la première obtenue a à l'aide d'une expérience » l'on ait converti, non la force en chaleur, mais la B chaleur en force, et le corps soumis à l'expérimen- B tation soit revenu à son élat primitifs. Dans ces nou- veaux essais, l'action thermique des parois des cylindres était un élément perturbateur que Hirn étudia et d'où il tira sa Théorie pratique, acceptée par tous ceux qui con-

( i■^^ )

iiaisscnl les machines à vapeur telles qu'elles sonl, el autrement que dans des formules.

Le principe expérimental de Mayer avait conduit ïliin à la conclusion que l'univers n'était pas formé d'un élément seulement, la matière en mouvement, qu'on ne pouvait méconnaître l'existence de l'élément dynamique, ni <le l'élément animique. Et c'est sa soif de vérité qui lui a dicté ses expériences et les conclusions qu'il en a déduites dans divers mémoires. En fait, ses huit objections à la théorie cinétique des gaz sont restées debout, sans la moindre alleinle. Mais ceci est question d'appréciation.

Ma tâche est terminée, et mon but sera atteint, si j'ai pu contribuer à détruire l'impression peu favorable que doit laisser dans l'esprit du lecteur la manière inexacte dont la notice de M. Folie expose les idées et les travaux d'un des plus illustres associés de l'Académie royale de Belgique.

Contributions à l'étude du Nebenkern ou corpuscule acces- soire dans les cellules (communication préliminaire); par Emma Leclercq, docteur en sciences naturelles.

Pénétrée de l'importance que les liquides fixateurs exercent sur les tissus, j'entrepris, au commencement de l'année dernière (1889), travaillant au laboratoire d'em- bryogénie comparée du Collège de France avec M. le professeur Dalbiani, une série d'expéi'iences sur différents mélanges fixateurs.

Je désirais obtenir des figures nettes et des colorations spéciales qui me permissent de constater le ou les rapports existant entre le INebenkern ou corpuscule accessoire, et les autres éléments de la cellule spermatique.

( <38 )

Je songeais à éliminer autant que possible l'acide chro- mique et l'acide osmique, auxquels j'attribuais, peut-être à tort, les résultats imparfaits obtenus jusque-là dans l'étude de ce corps dit : accessoire.

Frappée de la netteté reniarquable que j'avais obtenue sur les épithéliums du tube digestif des myriopodes et des insectes par la liqueur de Frenzel, j'eus recours à ce réactif, et j'employais aussi le sublimé alcoolique et acé- tique concurremment avec la liqueur de Flemming.

Je fixais avec ces mélanges les testicules de l'alyte et j'y constatais la présence d'un Nebenkern, tant dans les ovules mâles que dans les spermatides, ce qui n'avait pas encore été démontré chez cet animal.

Je le vis toujours coloré fort différemment du noyau par les méthodes variées de doubles pu de triples colora- tions auxquelles j'eus recours.

RÉSULTATS

MATIÈRES COLORANTKS EMPLOYÉES.

~ - -

sur noyau.

sur le Nebenkern.

(Carmin seul (fix. Frenzel)

Carmin franc.

Rose pâle.

Carmin seul (fix. Flemming) .... Hematoxyline de Renault

Rose. Violet.

Rouse 1 Violet foncé )

Picro-carmin de Ranvier ... . . .

Rose.

Orangé.

Violet d'Ehrlich et éosine

Violet.

Rose.

Carmin et violet d'Ehrlich ....

Violet.

Rose.

Picro-carmin tt vert de méthyle . .

Violet.

Jaune carminé.

(Le spermat

ozoïde vert.)

(1) La coloration est foncée pour le >

ebenkern compact,

faible et éosinée

dans le Nebenkern développé.

( 139 }

Nous conslalâmes ensuite, M. le professeur Balbiani ol moi, que le Nebenkern joue un rôle important dans les phénomènes de karyokinèse, ce que Éd. Van Bencden, Platner, von l.avalelle S'-George et d'autres avaient d'ail- leurs déjà signalé. Nous vîmes de plus qu'on devait au Nebenkern toute la ligure jusqu'ici désignée sous le nom d'achromatique dans la karyokinèse.

Des observations ^ur le testicule de la salamandre et de la souris, ayant avec celles-ci quelques rapports, furent faites vers la même époque par Hermann, qui ne les fit connaître que vers la (in de 1889. Mais, tandis que mes préparations dessinaient colorées franchement, nettes et sans discontinuité, les fibres du fuseau, celles d'Hermann, de son aveu même, laissent ces parties assez imparfaites, ce qu'il attribue à une légère altération du vitellus par le réactif.

Comme il observe la division de cet élément en deux centres dont l'un conserverait sa position tandis que l'antre se dirigerait vers l'autre pôle de la cellule, il en déduit un rapport avec les sphères attractives de Éd. Van Beneden, rapport entrevu déjà par Platner, mais qu'Her- mann devine plutôt qu'il ne le démontre.

Je n'ai observé la division primitive du Nebenkern en deux centres ni chez l'alyte, ni dans d'autres cellules spermatiques que j'ai étudiées durant leur division. Et je puis ajouter que cela ne peut dépendre de la direction des coupes, car les cellules examinées sont assez petites pour être conservées dans leur entier.

Cliez l'alyte, cet élément a l'aspect fibrillaire, fibrilles d'abord enchevêtrées en une masse sphérique (Nebenkern compact), se développant ensuite et se rangeant autour d'im centre, se mettant ainsi en s'allongeant en commu-

( 140 ;

nicalion intime avec les éléments du noyau qui semlilfnl attirés par eux. Un certain nombre de ces fibrilles s'éten- dent latéralement et présentent un léger épaississement à leurs extrémités; une fusée éclatant dans l'air représente assez bien l'aspect que fournit en ce moment le Nebenkern.

Une étude plus approfondie et comparative que j'ai faite plus lard dans le laboratoire d'bislologie normale de M. le professeur Van Bambeke à l'Université de Gand, sur des éléments que je dois en partie à M. Balbiani, me permet de dire que, dans les phénomènes de karyokinèse observés chez les spermatides de diflerents scylliums, du squatine ange et de l'alyte, les fibrilles de ce demi-fuseau primitif, toujours excentrique à la cellule, semblent travailler à la formation de la plaque équaloriale. Dès que les anses chromatiques sont rangées en couronne, un certain nombre de fibrilles anastomosées ensemble continuent à s'allonger et atteignent bientôt l'extrémité opposée à la cellule.

A ce moment on trouve donc un fuseau ayant d'un côté un grand nombre de fibrilles, qui continuent d'ailleurs à augmenter et à s'allonger, tandis que l'autre portion de ce fuseau ne possède encore qu'un nombre restreint de fibrilles. J'ai pu, chez un scyllium, d'espèce indéterminée, dans les cellules mères de seconde génération, reconnaître que leur nombre était exactement égal à celui des anses chromatiques.

Mais cet état est transitoire, car les fibrilles de seconde formation suivent la route indiquée par les premières; j'ai remarqué qu'elles croissaient aussi régulièrement ensemble, sans se rejoindre toutefois, si ce n'est au pôle. Ce qui permet d'observer dans ce fuseau, encore imparfait, des couronnes de points nodaux correspondant aux extrémités un peu renflées de ces mêmes fibrilles n'ayant pas encore atteint l'extrémité opposée de la cellule.

( ^41 )

Enfin les aslers sont formés à l'un des pôles par le (léveloppenienl progressif des fibrilles du Ncbenkern, qui ne s'aiioni^eiil |)lus sudisammenl pour alleindre les élé- menls du noyau, tandis que l'aster du pôle opposé résulte de l'allongemcnl et de iVnlre-croisemenl des fibrilles qui sont intervenues dans rédilication du fuseau.

Ainsi se trouve établie la pbase mélakinèse caractérisée par un fuseau complet avec un aster à cbaque pôle et les anses cbromaliques en |)laque équaloriale à son centre.

Ayant étudié ensuite la phase diasler succédant à la mélakinèse, mes observations concourent avec celles d'Éd. Van Beneden et de RabI en ce qui concerne le dédoublement des anses. J'ai remarqué de plus la forma- tion d'une plaque cellulaire et l'entre-croisemenl des fibrilles unissantes achromatiques de Van Beneden, décrit déjà par Flemming, et quelquefois observé par les auteurs étudiant les mouvements du protoplasme pendant la division.

J'ai vu aussi qu'il y avait beaucoup d'irrégularité dans la rapidité plus ou moins grande avec laquelle se produi- sait cette division; celle-ci est quelquefois si brusque qu'elle détermine un déchirement de la membrane cellu- laire, de sorte que les anses chromatiques encore distinctes floitent un moment attachées à l'une de leurs extrémités par les fibrilles polaires, tandis que, chez un autre scylliura et chez le squaline ange, j'ai remarqué que le noyau ren- trait à la phase de repos avant que la division fût parfaite.

Celle période est particulièrement intéressante : le noyau présente en ce moment deux portions distinctes, se colorant différemment, encore fusionnées, mais tendant à se séparer. La cellule à cet étal semble posséder deux noyaux en activité; l'un correspond au noyau véritable, l'autre au Nebenkcrn ou noyau accessoire.

( U2 )

La division élanl complète, on pourrait croire à la (lisparilion de ce corpuscule accessoire, mais ce n'esl qu'une apparence : une observation attentive le décèle formant encore une enveloppe au noyau. J'ai pu suivre des fibrilles jusque contre la membrane cellulaire.

Ceci semble répondre à la question de Rabl, qui, con- statant que les fibrilles sont plus nombreuses à la péri- phérie du noyau, se demande si elles ne contribuent point à la formation de la membrane de celui-ci. Toutes mes observations concourent à l'afTirmative en ce sens. Je m'abstiens cependant de généraliser ce phénomène à tous les noyaux cellulaires.

De ces observations je puis déduire aussi la constance du Nebenkern dans les cellules, et je ne puis m'empêcher d'établir un rapport très grand entre cet élément, les sphères attractives de Van Deneden et les sphères archo- plasmaliques de Boveri : il possède les mêmes propriétés contractiles que celles-ci; toutefois je n'ai pu constater sa division préalable à la formation de la couronne équato- riale, qu'il me faudrait appeler, à cause de cela, couronne chromatique ou couronne nucléaire, pour être exacte, réservant le terme de couronne équaloriale exclusivement à la phase métakinèse.

Platner et Hormann établissent le même rapport entre le Nebenkern et les sphères attractives; So!ger n'attribue qu'une sphère attractive pour deux noyaux dans les cellules pigmenlaires de la peau du brochet (1).

I

(1) Le corpuscule polaire persistant de Rabl, qu'il démontre dans jcs cellules cpitliéliales du triton el qu'il rapporte aussi à une sphère attractive, est en réalité un Nebenkern, tant par sa forme que par sa fonction, à cela près que les fibrilles ne se ramifient point comme il le montre dans son schéma, ce que je puis affirmer.

( 1^5)

Toiil ceci me l'ail croire qu'il y a des diiréicnccs dans ces pliéiiomènes cl qu'une élude plus complèle nous les lera dislinguer.

Pendanl la phase dite de repos cl qui correspond pour moi à la période de nulrilion de la cellule, les deux noyaux, noyau cl;romalique el noyau accessoire, lendeul à se dissocier l'un de l'aulre.

Ayanl remarqué chez le squaline ange l'importance qu'acquérail le Nehcnkern dans la spermalide au moment de la phase initiale de l'évolution de celte cellule on sper- matozoïde, el qu'alors les cellules folliculaires animées d'un mouvement amœhoïde particulier circulent entre les groupes de spermatides, el se dirigent ainsi du centre de l'ampoule vers la membrane propre de celle-ci elles viennent s'aplatir, comme l'a décrit l'année dernière le professeur Balhiani dans son cours au Collège de France, complétant ainsi l'observation déjà ancienne de Swaen et Masquelin ; frappée par l'aspect d'activité que présentaient toutes les cellules en ce moment, j'avais pensé que ce phénomène correspondait avec la naissance du Nebenkorn des spermatides. Mais j'ai pu constater que c'était de ma part une erreur, car j'ai retrouvé ce mêice corpuscule accessoire, tant dans les cellules mères ou ovules mâles que dans les cellules de deuxième génération ; chez les scylliun)S je n'ai pu le déterminer dans celles de troisième génération, parce qu'il devient de plus en plus petit en môme temps que je vois aussi diminuer l'importance du fuseau qui est extraordinairemenl court dans ces cellules, et ne comporte qu'un nombre très restreint de (ibrilles.

Ceci me démontre encore que ces phénomènes présen- tent des variétés, car si la poursuite de cet élément était impossible chez les spermatides des scylliums que j'exami-

{ iU )

nais, elle esl relativement facile chez la spermatitle du sqiiatine ange très proche cependant des scylliums.

On connaît les traînées de granulations qui apparaissent entre les spermatides tant pendant leur multiplication que pendant la migration des cellules folliculaires, granulations déjà souvent décrites par les auteurs et différemment interprétées.

J'ai pu m'assurer que ces granulations étaient de diverses natures; qu'un certain nombre d'entre elles subissent la dégénérescence graisseuse, tandis que d'autres évoluent dans un sens spécial.

J'ai vu ces petits éléments acquérir un noyau très chromatique, tant vis-à-vis du violet d'Ehrlich que de la safranine et flxer aussi très particulièrement le vert de mélhyle. J'ai vu ces noyaux s'entourer d'un protoplasme et prendre une forme de fuseau un peu courbé en faux, ou bien émettre deux ou trois prolongements d'un point cen- tral où se trouvait situé le petit noyau.

Bientôt ces petits éléments se placent contre la mem- brane des spermatides; l'un d'eux, toujours unique, pénètre dans la cellule et s'y développe.

Son premier aspect est celui d'une aiguille très chro- matique. Mais on constate bientôt un accroissement en tous les sens qui la transforme en une plaque que j'assi- milerais volontiers au capuchon céphalique des autres spermatozoïdes, quoique ce soit par la suite un capuchon de forme très étrange et non encore observé chez d'autres spermatozoïdes.

Tandis que ce petit corps en forme d'aiguille pénètre dans la spermatide et vient se placer transversalement à l'un des pôles du noyau, un deuxième élément très diffé- rent, ayant la forme d'un crochet obtus, apparaît à son tour

( H5 )

conlre la membrane cellulairo el la perce, loul en poiir- siiivanl son (';volnlion, donl l'élude permet d'y distinguer bionlùt trois portions : une portion principale, allongée en [)àlonnet, articulée à une portion intermédiaire se termi- nant en une sorte de trompe ou cornet, duquel sort la portion terminale, espèce de llagel.

Cette curieuse petite pièce va, s'orientanl dans la sper- malide, constituer l'axe de la queue du spermatozoïde et semble pénétrer même jusque dans rinléricur du noyau spermalique.

La plaque cépbalique, donl il vient d'être question tout à l'heure, poursuit aussi son évolution durant le même temps, forme une espèce de calotte composée d'un certain nombre de (ilamenls chromatiques terminés en boutons, dont le nombre est peut-être fixe, mais que je n'ai pu déterminer exactement, parce que ceux qui re|)osaient sur le noyau, très chromatique aussi, m'étaient par suite invisibles, .le suis portée à croire qu'il y en a huit, car j'en puis compter cinq, latéralement décomposés en trois et deux de chaque côté du noyau.

Tandis que ces phénomènes étranges ont lieu, le Neben- kern ne reste pas inaclif; de spliérique qu'il était d'abord, il passe à la l'orme en lunule; les fibres qui le composent se dissocient petit à petit, puis se divisent en deux fais- ceaux. C'est ainsi du moins qu'il se présente à l'examen.

Les fibrilles s'allongent le long de l'axe caudal chroma- tique et, continuant leur croissance, vont à la rencontre des boutons terminaux des fibres chromatiques du capuchon, entourent celles-ci qui prennent dès lors un aspect n)oni- liforme et qui disparaissent graduellement en tant qu'élé- ments chromatiques, entourées qu'elles sont de plus en plus par les fibres achromatiques.

O"* SÉRIE, TOME XX. \0

( HQ )

Celles-ci, pnr suite de leur développemenl, consliluenl une |)laqiie céphalique éosinée au spermatozoïde, tandis que le noyau de celui-ci présente aussi des particularités intéressantes, mais qu'il m'est diflieile de décrire avec le détail qu'elles comportent dans celte note préliminaire.

Cette plaque éosinée se transforme en un boulon d'abord arrondi, ensuite lobé, enlin se dispose en une portion procépbalique acuminée, toujours non cbromatique, qui va pénétrant dans la membrane propre de l'ampoule servir d'organe fixateur au spermatozoïde.

En même temps commence pour cei organe un mouve- ment spirale. Alors, en ce moment précis, on peut observer l'excrétion du corps problématique vers la partie caudale.

Une élude comparative chez différents scylliums et chez le squatine m'a fait remarquer que le corps problématique ainsi expulsé a une importance plus ou moins grande, selon que le mouvement spiral est plus ou moins accentué. Chez le scyllum canicula, par exemple, cette spire est très accusée, ce corps est volumineux relativement à celui du squatine ange, qui n'a qu'un mouvement spiral faible.

Quant au filament spiral du spermatozoïde de ce même squatine, il m'a semblé être le reste de la membrane cellulaire de la spermatide et ne pas être réellement l'expression d'un filament enroulé, mais bien d'un débris de membrane subissant le mouvement spiral.

De tout cela il résulte que les cellules spermatiques sont plus compliquées qu'on ne l'a cru jusqu'ici;

Qu'elles peuvent être considérées, en général, comme des cellules à deux noyaux : le noyau chromatique ou noyau des auteurs, que j'appellerais volontiers le noyau

( i" )

passif (1), el le Nebcnkern ou corpuscule accessoire do V, Lavaletle Sainl-Goerge el de Balbiani, qui se trouve ôlre en réalité le noyau actif (2) el correspondre à l'aiclio- plasma de Boveri;

Que c'est un élément constant pour ces cellules;

Qu'il joue un rôle important dans la constitution du spermatozoïde même et y forme très |)rol)ablemenl l'axe lihrillaire do firaun, de Jensen et de Ballowitz, en même temps qu'un manchon externe, ce qui est peut-être spécial au spermatozoïde dont j'ai suivi l'évolution;

Qu'on peut considérer ce dernier comme la résultante de l'emboîtement de plusieurs pièces autour d'un axe chromatique, décomposable en trois portions distinctes, produites par la différenciation d'une pièce primitivement unique, d'origine extracellulaire el que je soupçonne être un élément d'excrétion des cellules folliculaires;

Que cet axe est entouré de fibrilles achromatiques qui constitueraient l'axe librillaire des auteurs;

Que le noyau proprement dit, traversé de part en part par cet axe, lui forme une deuxième enveloppe localisée à l'endroit désigné sous le nom de tête;

Que cette dernière est précédée d'une portion procé- phalique achromatique qui dérive du Nebenkern;

Qu'elle est entourée d'une espèce de manchon nucléaire.

(1) Ce terme ne préjugeant rien relativement à l'activité physio- logique du noyau.

(2) Me servant de la comparaison d'Éd. Van Bcneden qui com- pare la contractilité des fibrilles achromatiques à la contractilité des fibres musculaires, le Nebenkern serait actif vis-à-vis du noyau proprement dit, au même titre que le sont les fibres musculaires par rapport au squelette.

( 148 ) composé à la fois de grains chromatiques et de flbrilles achromatiques, qui semble se rapporter au capuchon céphalique des autres spermatozoïdes, et avoir aussi une origine extracellulaire du moins en ce qui concerne sa portion chromatique;

Que je ne puis me défendre de comprendre cette forma- lion, ainsi que l'axe chromatique de la queue, dans le péri- blaste de Vejdowski, de sorte que ce périblaste a pour moi une importance plus grande que celle que lui attribue Vejdowski même, et que je ne puis me ranger à l'opinion de Solger et peut-être de Platner et de RabI, s'ils veulent identitier le Nebenkern des cellules spermatiquesau péri- blaste de cet auteur.

Ce dernier me semble plus compliqué.

Une étude minutieuse comparative pourra seule nous instruire sur la valeur réelle de tous ces éléments. Toute- fois je pense qu'ils ont entre eux de très grands rapports, sans que je sois suffisamment autorisée à les considérer comme identiques.

Je me fais un plaisir et un devoir d'adresser mes plus vifs remerciements à MM. les professeurs Balbiani et Van Bambeke, qui m'ont procuré les moyens de faire cette élude; que ce dernier reçoive tout particulièrement l'expression de ma gratitude pour la manière toute dévouée avec laquelle il a daigné vérifier mes observations et m'éclairer de ses lumières.

5 mai 1890. Laboratoire d'histologie normale de l'Université de Gand.

J

( *49 )

GL4$SE DES LETTRES.

Séance du 7 juillet 1800.

M. Stecher, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Tiberghien, vice-directeur; Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, Aug. Scheier, P. Henrard, Ch. Loomans, L. Roersch, L. Vander- kindere, Al. Henné, meinbres; Alph. Rivier, M. Philippson, associés; E. Banning, Alfred Giron et le baron J. de Cheslret, correspondants.

M. le directeur, en ouvrant la séance, annonce, sous l'impression d'un douloureux sentiment de regret, la perte que la Classe vient de faire en la personne de l'un de ses membres titulaires, Mgr. J.-J.-E.-Aloïs Van Weddingen, aumônier de la Cour, décédé à Laeken, le 7 juillet, à l'âge de 49 ans.

M. Stecher, après avoir adressé à la mémoire du défunt un suprême hommage de sympathie, fait savoir que M. Tiberghien prononcera le discours académique lors des funérailles, fixées au jeudi 10 juillet, à 11 heures du matin, à Laekeo.

( i50 )

CORRESPONDANCE.

M. le Minisire de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie la l""^ livraison du tome IV des Annales de la Société archéologique de Bruxelles. Remerciements.

M. Baumgarten remercie pour l'envoi de son diplôme d'associé.

Le comité directeur du Congrès historique et archéo- logique de Liège annonce que la séance d'ouverture est fixée ad 3 août prochain.

La Classe renvoie à l'examen de MM. de Harlez, Lamy et Goblet d'Alviella un travail manuscrit de M. Louis de la Vallée Poussin, docteur en philosophie et lettres, intitulé : Des impuretés et des purifications dans l'Inde antique.

Hommages d'ouvrages :

Études morales et littéraires. Épopées et romans cheva- leresques, II; par Léon de Monge;

Correspondance du cardinal de Granvelle, tome VIII, 156S-1S8d; publiée par Charles Piot, dans la collection des chroniques belges inédites, éditées par la Commission royale d'histoire.

El coronel Francisco Verdugo {i 537 -1595), nuevos datas biograficos y relacion de la campana de Flandes de 164i, par Vincart; par A.-R. Villa; présenté par M. Piot avec une note biographique qui ligure ci-après;

( iol )

A. Les SamoaJis de Leone; B. Le Palais... Les sir/nale- luenls anfhropométriqucs au pui)if de vue judiciaire ; par leD' E. Ilouzé;

Univcrsilc libre de liruxclles. Annales de la faculté de philosophie el lellres. Tome I", 2'" fascicule. Présenlé par M. Philippson avec une noie biographique qui ligure ci- a près.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur d'olTrir à la Classe un exemplaire du tome VIII de la Correspondance de Granvelle, comprenant les lellres de 1580 à 1581.

Les faits principaux mentionnés dans ces lellres se rapportent, en grande partie, aux résultats des démarches faites par le cardinal auprès de iMarguerile de Parme pour qu'elle reprenne le gouvernement des Pays-Bas. L'impos- sibilité de rétablir dans ces provinces la tranquillité par la force el la violence avait engagé Philippe II à employer les moyens de conciliation tant préconisés par le cardinal, lorsque celui-ci était devenu un de ses ministres les plus inlluenls. De l'avis du prélat, Marguerite de Parme était seule capable de mettre ce principe à exécution complète. La princesse reçut en conséquence tous les pouvoirs nécessaires à cet effet, et accepta par dévouement la nou- velle mission. iMais elle avait compté sans son fils, déjà investi de pouvoirs semblables depuis longtemps.

Tous les efforts de Granvelle lendant à charger la duchesse des affaires politiques et son (ils des affaires

( 452 )

de guerre lombèrenl devant la résolution inébranlable d'Alexandre Farnèse, très décidé à ne pas laisser diviser le pouvoir.

Ces faits sont très bien développés dans notre volume.

Celui-ci renferme aussi, sur la conduite de Claudio Laudi, des documents précieux. Laudi était accusé par Marguerite d'avoir conspiré contre son mari. Elle voulait une punition sévère infligée au coupable, qui fut protégé par l'empereur.

Les faits et gestes des malcontents, placés à la tête du mouvement réactionnaire des provinces wallones contre celles du nord, le peu de confiance que ces nouveaux con- vertis inspiraient au gouvernement espagnol, sont mis au jour dans ce volume. Grâce à l'habileté, employée par Alexandre de Parme, la réconciliation des provinces catho- liques avec leur souverain devint un fait accompli.

Dans ses lettres, Granvelle se montre toujours consé- quent avec lui-même. Royaliste décidé, il veut sauver son maître par tous les moyens possibles. Catholique sincère, il veut le triomphe de sa religion, en faisant néanmoins quelques concessions aux dissidents, sans vouloir admettre la liberté des cultes, invoquée par ses ennemis et refusée en même temps par eux en faveur des catholiques.

De nombreux faits relatifs à la conquête du Portugal sont révélés par le cardinal. Philippe II se préoccupait tant de cette conquête, qu'il oubliait les Pays-Bas. Il y laissait son lieutenant général dans un abandon complet, sans ressources, sans argent. De là, des révélations de la part du cardinal au sujet des gaspillages des deniers publics par les employés de la Hazienda, espèce de conseil des finances, et des agents du trésor.

^ 153 )

Ce volume renferme aussi des données sur la conduite du duc d'Anjou, l'aspirant malheureux à la main d'Elisa- beth, reine d'Angleterre, et à la royauté de notre pays.

Les lenteurs du roi à prendre des résolutions, ses indé- cisions, ses tergiversations font également le désespoir du cardinal, toujours actif, jamais désœuvré, môme par suite de i'influcnza, dont il fut atteint en 1S80.

Tous ces détails jettent un grand jour sur l'histoire de la révolution du XVI* siècle dans notre pays.

Ch. Piot.

El coronel Francisco Verdugo [I537-159S). Nueios datos biograficos y relacion de la campaàa de Flandes de lôil , por Vincart, pnblicados per Antonio Rodriguez Villa. (Le colonel Francisco Verdugo (1557-1598). Nou- velles données concernant sa biographie, et relation de la campagne aux Pays-Bas en 1641, par Vincart, accompa- gnées de notes ex|)licatives, par Antonio Rodriguez Villa). Madrid, 1890, petit in-S".

Ce volume est le tome III d'une publication intitulée : Curiosidades de la liisloria de Espaîia.

M. Rodriguez Villa n'en est pas à son début. Pour ne pas reproduire ici la liste complète de ses publications, nous citerons seulement celles qui offrent de l'intérêt au, point de vue de l'histoire de notre pays.

Celles-ci sont : El duque de Albuquerque en la batailla de Rocroy ; c'est un examen critique du travail de iM^' le duc d'Aumale à propos de cette bataille; Noticia biogra- fica de D. Sébastian Fernandez de Medrano, directeur

{ iU )

de l'Académie militaire de Bruxelles (1646 à 170o); Historia de la campana de 4641 en Flandes, siendo gobernador gênerai de aquellos paises por Espana el archiduque Leopoldo.

La biographie de Verdugo, objet principal du volume, était peu connue jusqu'à ce jour. Une simple note insérée dans le tome LXXIV, page 561, des Documentos inedilos para la historia de Espana; les commentaires publiées en 1618, à Naples, par Alfonso Velasquez de Velasco, les relations de Herrera dans son Historia gênerai de tiempo del Seûor rey don Felipe II, étaient tout ce que nous con- naissions au sujet de ce personnage.

M. Rodriguez Villa a utilisé toutes ces sources pour nous faire connaître Verdugo, un des officiers espagnols les plus distingués qui ont pris pari aux guerres du XVI* siècle dans les Pays-Bas. Tour à tour, il assista au siège de Haarlem, à un grand nombre d'autres faits d'armes, suivit Don Juan à Namur, assista à la bataille de Gembloux, commanda en Frise et dans l'Overijssel. C'était un hardi soldat, un véritable spadassin du XVP siècle. M. Rodriguez Villa constate qu'après avoir été incorporé dans l'armée espagnole, il entra au service du comte Pierre-Ernest de Mansl'eld à Luxembourg. Hardi et courageux, il y chercha querelle à tout individu qui parlait mal des Espagnols, le provoqua en duel et devint ainsi l'objet de la crainte de tout le monde.

A la suite de cette étude, M. Rodriguez Villa publie plu- sieurs documents importants concernant ce personnage.

La biographie est suivie du récit de la campagne dans les Pays-Bas en 1641, rédigé par Jean-Antoine Vincart, écrivain espagnol qui nous est déjà connu par des mémoires

( m)

semblables pour l'année 1643, imprimés dans les Docu- mentos incctitos (tome LXXV, page 405), et par ceux des années 1G44 et 1646, publiés par M. le général Ilenrard. M. Gacliard cite encore du même auteur des mémoires inédits pour les campagnes de 1642, 1645 et 1650.

A la suite du récit de Vincart de 1641, M. Rodriguez Villa publie encore une notice sur la mort de Don Ferdi- nand, cardinal-inlant, gouverneur des Pays-lias de 1653 à 1641, la biograpbie de Don Francisco de Mello, également gouverneur de ces provinces, des lettres du roi adressées à ce personnage.

Nous devons savoir gré à M. Rodriguez Villa d'avoir entrepris celte publication, qui jette un grand jour sur les annales de notre pays, et sur les hommes qui y figurent pendant le XVI* siècle et le suivant.

Ch, Piot.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe le deuxième fascicule des Annales de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Bruxelles. Il contient les travaux de deux élèves de mon collègue, notre confrère M. Vander- kindere.

M. Louis Wodon a consacré une étude très complète et extrêmement intéressante au droit de vengeance dans le comté de Namur aux XIV* et XV* siècles. Sur la foi des documents authentiques, il prouve que, contrairement à ce qui se passait en France et dans la plus grande partie de l'Allemagne, le droit de guerre pour injures personnelles appartenait, dans le Namurois, non seulement aux nobles.

( 156 )

mais à tous les hommes libres, quelque modeste que fût leur position. Les autorités politiques et les magistratures n'y ont pas cherché à refréner les luttes privées; elles se sont contentées de les discipliner, de les entourer de garanties légales et juridiques. Ainsi ce droit, disparu de la plupart des pays d'Europe vers la fin du moyen âge, s'est maintenu dans le comté de Namur jusqu'au XVI* siècle. Non moins curieux et peut-être encore plus origi- nal est le travail de M. Félicien Cattier, relatif à la guerre privée dans le comté de Hainaut aux XIII' et XIV' siècles.

L'auteur a mis à profit, non seulement la littérature déjà connue sur cette matière, mais aussi les registres aux plaids M de la cour de Mous, non encore publics et fort importants. Avec raison, il a surtout insisté sur l'inslilution du fourjur, qui restreignait la guerre privée au seul coupable et en exemptait sa famille.

Ainsi fut établi le grand principe de la responsabilité personnelle, et la guerre entre familles réduite à la chasse du coupable. Pourquoi les parents de la victime n'aban- donnaienl-ils pas plutôt ce droit dangereux et coûteux à l'État, prêt à s'en charger et bien mieux outillé pour l'exercer que les particuliers? Le fait est que, par cette habile politique des princes hennuyers, le droit de ven- geance se perd dans leur pays dès la fin du XIV^ siècle, au rebours de ce qui se passe dans le comté de Namur. ^

Les travaux dont je viens de parler ont une grande importance pour l'histoire sociale et politique des deux provinces dont ils s'occupent; de plus, ils sont encore fort intéressants pour l'histoire du développement général des institutions féodales.

M. Philippson.

I

( 1^>7 )

l'ROGRAMMK DE CONCOURS POUR 1892.

Première question.

Apprécier d'une façon critique et scienti^que l'influence exercée par la littérature française sur les poètes néerlandais des XI II" et XI V' siècles.

Deuxième question.

Étude sur les Inimouristcs et les pamphlétaires en langue française en Belgique, de 1800 à 4848.

Troisième question.

Étudier, au point de vue historique et au point de vue dogmatique, la nature et les effets des traités de garantie, et spécialement des traités qui ont pour objet la garantie, par un ou plusieurs États, du territoire, de l' indépendance , de la neutralité d'un autre État.

Quatrième question.

Montrer comment l'Espagne, par sa diplomatie et par ses armées, a combattu la politique de la France aux Pays- Bas, de 1655 à i700.

( 1^8 )

Cinquième question

Exposer, d'après l'ensembk des textes, quelle était la position des comtes dans le royaume franc, depuis CJovis jusqu'au traité de Verdun; établir leurs rapports avec le roi, avec le clergé et avec la population germanique et gallo-romane.

Sixième question.

Faire l'histoire et la statistique des caisses d'épargne en Belgique. Exposer leurs diverses opérations et les résultats obtenus, surtout au point de vue de la classe ouvrière.

La valeur des médailles d'or présentées comme prix] sera de mille francs pour la troisième et la sixième ques-| lion, et de six cents francs pour chacune des quatre autres] questions.

Les mémoires devront être écrits lisiblement et pourront] être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront] être adressés, francs de port, avant le l^"" février 4892, àj M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies.j

Conditions réglementaires communes aux concours annuels.

L'Académie exige la plus grande exactitude dans lesj citations et demande, à cet efl'et, que les auteurs indiquent] les éditions et les pages des livres qu'ils citent.

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront

( l-"i'J )

dans un billet cachelé renlermant leur nom et Iciir adresse. Faute par eux de salislairo à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé.

Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours.

L'Académie croit devoir rappeler aux concjirrenls que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.

1>R1X PKKI^IOTCELS.

PRIX TEIHLINCK POUR UNE QUESTION DE LITTÉRATURE FLAMANDE.

(Troisième période: 1887-1891.)

Un prix de mille francs sera accordé au meilleur ouvrage en réponse à la question suivante :

Faire l'histoire de la prose néerlandaise avant Marnix de Sainte- Aldegonde.

Le terme fatal pour la remise des manuscrits, qui peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin, expirera le I" février 1891.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.

( i60 )

PRIX JOSEPH DE REYN. Sixième concours. (Première période : 1889-1890.)

Enseignement primaire.

La Classe des lettres rappelle que la « première période du sixième concours annuel » pour les prix Joseph De Keyn sera close le 31 décembre 1890. Tout ce qui a rapport à ce concours doit être adressé, avant cette date, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel (au palais des Aca- démies).

Cette période, consacrée à l'enseignement du premier degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d'éducation primaire.

Peuvent prendre part au concours: les œuvres inédites, aussi bien que les ouvrages de classe ou de lecture qui auront été publiés du l"janvier i889au31 décembre 1890.

Ne seront admis au concours que des écrivains belges et des ouvrages conçus dans un esprit exclusivement laïque, et étrangers aux matières religieuses. Les ouvrages pourront être écrits en français ou en flamand, imprimés ou manuscrits. Les imprimés seront admis quel que soit le pays ils auront paru. Les manuscrits pourront être envoyés signés ou anonymes; dans ce dernier cas, ils seront accompagnés d'un pli cacheté contenant le nom de l'auteur et son domicile.

Les travaux manuscrits qui sont soumis à ce concours

( 16' ) demeurent la propriété de l'Académie, mais les auteurs peuvent en faire prendre copie à leurs frais.

Une somme de 3,o00 francs pourra être répartie entre les ouvrages couronnés par lo jury.

Tout ouvrage manuscrit qui sera couronné devra être imprimé pendant l'année courante, et le prix ne sera délivré à l'autour qu'après la pjihlication de son ouvrage.

La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport d'un jury de sept membres, élu par elle, dans sa séance du mois de janvier de l'année 1891.

PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE.

(Septième période: 1887-1892.)

La Classe des lettres offre un prix de mille francs à l'auleur de la meilleure notice, écrite en français, en flamand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux de Lambert Lombard, peintre et architecte à Liège (1506-1566).

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1" février 1892.

Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires, ci-dessus, des concours annuels de l'Académie.

GRAND PRIX DE STASSART POUR UNE QUESTION d'hiSTOIRE NATIONALE.

(Sixième période : 1889-1894.)

La Classe des lettres offre, pour la sixième période de ce concours, un prix de trois mille francs à l'auteur du

3°'* SÉRIE, TOME XX. H

( 1()2 )

meilleur travail, rédigé en français, en flamand ou en latin, en réponse à la question suivante:

Faire l'histoire du Conseil privé aux Pays-Bas, à partir de son origine jusqu'en 1794; examiner les attributions de ce corps, ses prérogatives et sa compétence en matière politique, d'administration et de justice.

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le i" février 1894.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.

PRIX DE SAINT-GENOIS POUR UNE QUESTION D HISTOIRE OU DE LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE.

(Troisième période : 1888-1897.)

La Classe des lettres ofl're, pour la troisième période de ce concours, un prix de mille francs à l'auteur du meilleur travail, rédigé en flamand, en réponse à la question suivante :

Caractériser l'influence exercée par la Pléiade française sur les poètes néerlandais du XV P et du XVIP siècle.

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1" février 1897.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.

( <ti5)

PRIX DE LITTÉRATURK FLAMANDE DIT ANTOON BERGMAN^.

(Seconde période: l" février 1SH7. !-■ février 1897.;

Le prix est réservé, pour celle période, à la meilleure histoire, écriteen néerlandais, d'une villeoud'unecomniune ap[)arlenanl à la province de Brabanl (l'arrondissement de ^'ivelles excepté) et comptant au moins cinq mille habi- tants.

Ilu verlu du règlement, le prix, pour celte seconde période, peut èlre augmenté des intérêts du prix non décerné pour la première; il s'élèverait à la somme de trois mille francs.

Délai pour la remise des travaux : 1" février 1897.

PRIX CASTIAU. (Quatrième période, 185)0-189:2.)

La Classe rappelle que la quatrième période du prix Adelson Castiau sera close le 31 décembre 1892.

Ce prix, d'une valeur de mille francs, sera décerné à l'auteur du meilleur mémoire :

Sur les moyetis d'améliorer la condition morale, intel- lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes pauvres.

Tout ce qui concerne ce concours devra être adressé à M. le secrétaire perpétuel de l'Académie avant le 31 décembre i892.

Ne seront admis au concours que les écrivains belges. Seront seuls examinés les ouvrages soumis directement

( i64 )

par les auteurs. Ces ouvrages pourront être rédigés en français ou en flamand. Les manuscrits seront reçus comme les imprimés. S'ils sont anonymes, ils porteront une devise, qui sera répétée sur un billet cacheté contenant le nom et le domicile de l'auteur.

Si l'ouvrage couronné est inédit, il devra être publié dans l'année. Le prix ne .sera délivré au lauréat qu'après la publication de son travail.

Les manuscrits deviennent la propriété de l'.^cadémie.

RAPPORTS.

II est donné lecture des rapports de MM. Wauters et Henrard, sur une circulaire du bureau hydrographique des États Unis, relative à un projet de dénominations géo- graphiques uniformes. Ces rapports seront communi- qués à M. le Ministre des Chemins de fer, Postes et Télé- graphes.

Type d'Indien du nouveau monde représenté sur un bronze antique du Louvre. Contribution a l'interprétation d'un fragment de Cornélius Népos; par M. De Ceu- leneer, professeur à l'Université de Gand.

Rapport de IW. tVageuef, pê'etttief commissaire.

a Dans un texte de Cornélius Népos, conservé à la fois par le géographe Pomponius Mêla et par Pline le Natura- liste, il est dit que Q. Metellus Celer, à Tépoque il était proconsul de la Gaule cisalpine, reçut en cadeau d'un

( 165 )

prince barbare un certain nombre d'Indiens, que la violence des lenipêles avait jetés snr les côles de la Ger- manie.

D'après Pline, ce prince barbare était roi des Suèves, tandis que Pomponius Mêla l'appelle rex Boiorum.

Pline ajoute que les Indiens en question s'étaient mis en mer comme» cia catma.

Le texte de Cornélius Népos soulève plusieurs ques- tions importantes, que depuis longtemps on a essayé de résoudre.

M. De Ceuleneer s'efforce, dans la première partie de son travail, d'y répondre à son tour, et il lâclie de le faire d'une manière plus précise qu'on ne l'a (ail jusqu'ici.

Il nous apprend à connaître d'abord, avec un luxe de détails peut-être excessil', les principaux laits de la car- rière politique de Q. Metellus Celer qui, apiès aNoir, durant sa préture, soutenu énergiquemenl Cicéron dans sa lutte contre Calilina, devint proconsul de la Gaule cisalpine, en l'année 62 avant Jésus-Cbrist.

H cberche ensuite à élucider le point de savoir quel était le prince barbare mentionné par Pomponius Mêla et par Pline, Était-il rex Sueiomm ou rex Boiorum?

Tous les manuscrits de Pline donnent la leçon Siieio- rum, tandis que les manuscrits de Pomponius Mêla four- nissent une ample moisson de variantes : Botorum, Boa- rum, Belorum, Lidorum, etc.

Dans le meilleur de ces manuscrits, le Vaticanus 4929, qui parait dater du X'' siècle, se trouve la leçon Boiorum, adoptée par le dernier éditeur.

Un savant français du XV|I!« siècle, Pellantier, a cru devoir donner la préférence au texte de Pline. D'après lui, le prince barbare qui fit cadeau à Metellus Celer des

( 1()6 ) Indiens échoués sur le littoral de la Germanie n'est autre que le célèbre Arioviste, bien connu par les Commentaires de César.

Cette opinion est à juste titre, croyons-nous, combattue par M. De Ceuleneer, qui fait remarquer que non seule- ment tous les auteurs anciens appellent Arioviste roi des Germains et non des Suèves, mais qu'en supposant même qu'Arioviste ail pu être nommé à bon droit roi des Suèves, le mot Suèves étant à cette époque à peu près synonyme de Germains, on ne parvient pas à imaginer ce qui aurait pu déterminer Arioviste à rechercher les bonnes grâces du gouverneur de la Gaule cisalpine.

Mais de ce que Pellantier a en tort en identifiant le roi des Suèves mentionné par Pline avec Arioviste, ne résulte nullement qu'il ne puisse être question, dans le texte de l'auteur latin, d'un autre roi des Suèves. C'est ce que M. De Ceuleneer semble avoir perdu de vue. En tout cas, c'est une hypothèse que, d'après nous, il aurait dis- cuter.

Le nom cité par Pomponius Mêla est-il plus probable que celui qui nous est fourni par Pline? M. De Ceuleneer le pense, à condition qu'on change le mot Bolorum en Raeforum. Les Boli, dit-il, n'ont jamais existé. Quant aux Beti ou Baeli c'est la leçon d'autres manuscrits de Pomponius Mêla, ils n'ont pas existé davantage, à moins qu'on ne les identifie avec les Bataves ou avec les Baetasii, ainsi que le supposent respectivement Vossiuset M. Schuermans. Mais aucune de ces conjectures n'est admissible. Le mot Baetorum, qu'on rencontre dans une inscription trouvée à Katwyck au XVP siècle, et est mentionnée une cohors Baetorum, doit être changé en Baetorum (nous savons en effet que des cohortes de Raeti

( l«7 ) étaient cantonnées le long du Rliin), et la mènne modifica- tion doit être apportée au texte de Pomponius Mêla.

One le roi d'une peu[)ladc de Réliens ait clicrclié à se concilier la faveur du proconsul de la Gaule cisalpine, cela se conçoit, dit M. De Ceuleneer, d'autant mieux que Q. Melellus Celer venait de l'aire preuve de la plus grande énergie dans sa lutte contre les partisans de Catilina.

Il n'y a rien d'étonnant non plus à ce qu'un roi des Rétiens ait eu en sa possession des Indiens qui étaient venus échouer en Germanie. C'est, en effet, par la Rétie que se faisait le commerce du nord de l'Italie avec les populations riveraines du Rhin. Les Indiens en question auront donc été vendus comme esclaves et achetés comme lels par un roi des Réliens.

M. De Ceuleneer aurait pu citera l'appui de sa supposi- tion le texte bien connu de Tacite {Agric, c. 28) il est parlé d'une cohorte d'Usipes qui, après avoir été, comme les Indiens de Cornélius Népos, jetés par la tempête sur les côtes de la Germanie : pro praedonibus habili, primnm a Siiebis, mox a Frisiïs infercepti sunl. Ac fuere quos,per commercia veniun dafos et in nostram usqite ripam mula- tione emenlhim acfductos, indicium lanti casus illuslravil.

La conjoncture de M. De Ceuleneer est certes fort ingé- nieuse, mais on ne peut pas se dissimuler qu'elle repose sur une base bien fragile.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas cette conjecture qui constitue la partie la plus originale de sa dissertation. L'intérêt qu'elle offre réside surtout dans la réponse qu'il a donnée à la question suivante : De quelle espèce d'In- diens est-il question dans les textes allégués?

Ce ne peuvent être les habitants de l'Inde proprement dite. Les raisons que M. De Ceuleneer fait valoir contre

( 1«8 ) une pareille supposition nous paraissent, en effet, déci- sives.

Comment donc a-t-on été amené à donner le nom d'Indiens aux malheureux qui étaient venus échouer sur les côtes de la Germanie? Cela lient, selon toute appa- rence, à la nuance foncée de leur teint. Comme c'étaient des hommes noirs, ou à peu près noirs, on les aura pris pour des Indiens, attendu que dans l'antiquité on confon- dait assez généralement les Éthiopiens avec les habitants de l'Inde.

Mais quels peuvent avoir été, en réalité, ces hommes à teint basané que la tempête avait jetés sur les côtes de la Germanie? Ce sont probablement, dit M. De Ceuleneer, des Américains.

Pour étayer cette thèse inattendue, M. De Ceuleneer entre dans des détails extrêmement circonstanciés et généralement peu connus sur les relations, de beaucoup antérieures à Christophe CoIomb,qui ont existé entre l'an- cien et le nouveau monde. Ainsi, par exemple, il rappelle que dans VHexaméron du Syrien Jacques, évêque d'Édesse (né en 653, mort en 708), il est dit qu'entre l'Espagne et les colonnes d'Hercule, d'une part, et le pays des Chinois, de l'autre, se trouve une vaste terre inconnue et inha- bitée. Or, celte indication, qui semble ne pouvoir se rap- porter qu'à l'Amérique, s'explique probablement par le fait que des prêtres nestoriens avaient cherché de bonne heure à faire pénétrer leurs doctrines jusqu'au fond de la Chine, l'on avait depuis longtemps des notions, à la vérité assez vagues, au sujet de l'Amérique. Grâce aux missionnaires nestoriens, ces notions ont pu très facile- ment se répandre jusqu'en Syrie, d'où l'évêque d'Édesse était originaire.

î

( i()9 )

Toule la partie du inénioire de M. De Ceuleneer rela- tive à ce qu'on savait an moyen âge, plusieurs siècles avant Colomb, de l'existence d'un vaste continent situé entre l'Europe et la Chine, est certes lorl intéressante, mais peut, jusqu'à un certain point, être considérée comme un hors-d'œuvre. Néanmoins, les indications qu'on y trouve, notamment au sujet des voyages entrepris, à partir du X' siècle, par les Scandinaves, qui découvrirent successivement l'Islande, le Groenland et l'Amérique sep- tentrionale, dont ils explorèrent les côtes jusqu'au Mary- land, peut-être même jusqu'à la Floride, ces indications servent à atténuer considérablement les objections qu'on est tenté de l'aire valoir contre la possibilité de l'arrivée sur les côtes de la Germanie d'un groupe d'Américains qui auraient (piitlé leur pays à l'époque de Cicéron.

Ce qui, en dehors de ces considérations générales, con- firme iM. De Ceuleneer dans son hypothèse, c'est un monument antique conservé au musée du Louvre. En voici la description, due à M. de Longpérier : « Buste d'esclave entièrement rasé; ses oreilles sont grandes et lonibantes. Le haut du crâne s'ouvre au moyen d'une char- nière et forme couvercle. Au-dessus des oreilles sont placés des anneaux dans lesquels s'ajuste une anse mobile, figurant une branche d'arbre avec des nœuds. Silula, H. 0,195. »

Trois |)holographies de ce buste, vu de l'ace, de profil et de trois quarts, sont jointes à la dissertation de M. De Ceuleneer, qui estime qu'on ne se tromperait pas en fai- sant remonter ce monument, qui est d'un bon travail romain, au 1" siècle avant J.-C. Alalheureusement, sa provenance est inconnue. Tout ce qu'on en sait, c'est

( i70) qu'il (aisail partie de la collection Durand, acquise, pour le Musée du Louvre, par Charles X, en 1825. Or, si Durand avait acheté en Italie la plupart des objets for- mant sa collection d'antiques, il s'en était cependant pro- curé aussi quelques-uns dans le midi de la France,

D'après M. De Céuleneer, le type représenté par le buste en question diffère de tous ceux que l'antiquité nous^ a transmis, et tout en lui rappelle la race rouge du nou- veau monde.

Pour faire constater celle ressemblance de visu, l'au- teur a eu soin de réunir, sur une planche très bien dessinée, d'une part le buste du Louvre, coiffé à la mode indienne, d'autre part dix têtes d'Indiens de l'Amérique, reproduites d'après les excellentes peintures de Catlin, conservées au Musée national de Washington.

De l'ensemble des faits exposés ci-dessus, M. De Ceu- leneer croit pouvoir conclure que les Indiens mentionnés par Cornélius Népos étaient probablement des Esquimaux et que, d'un autre côté, c'est le type de la race rouge de l'Amérique septentrionale que reproduit la silula du Louvre.

Ces conclusions sont des plus surprenantes; j'ajouterai qu'elles paraissent empreintes d'un caractère de grande hardiesse.

M. De Ceuleneer prétend que le type fourni par le monument du Louvre diffère de tous ceux que l'antiquité nous a légués.

Nous n'avons pas à notre disposition l'outillage scien- tifique nécessaire pour contrôler .sérieusement une asser- tion ayant un caractère aussi général. Mais nous connais- sons quelques grotesques anciens (jui nous paraissent

( 171 )

offrir une cerlaiiie ressemblance avec le buste d'esclave du cabinet Durand.

D'ailleurs, les masques des Alellanes ont provoquer la création d'un grand nombre de types étranges, dolicho- cépbales, à grandes oreilles, etc. Au surplus, si le bronze du Louvre représente effectivement un Indien des Étals dii Nord de l'Amérique septentrionale, et s'il date du I" siècle avant l'ère chrétienne, il est difficile de ne pas le mettre en rapport avec le fait rapporté par Cornélius ^Y'pos, car on aurait ainsi affaire, de part et d'autre, à un fait unique en son genre, de même nature, de la même époque, du même pays. C'est-à-dire qu'on serait pour ainsi dire obligé de supposer que Q. Metellus Celer a amené à Rome les Indiens dont on lui avait lait cadeau, qu'ils y ont attiré l'altenlion publique et que, par suite, un sculpteur de mérite a été amené à se servir de leur type comme d'un motif d'art industriel. Mais nous voilà lancé en plein sur l'océan des conjectures!

Nous concluons. Quoi qu'il en soit du degré de proba- bilité des hypothèses de M. De Ceuleneer, son étude, en tout cas ingénieuse et savante, nous paraît digne de figu- rer dans les mémoires de l'Académie, avec les photogra- phies et le dessin qui l'accompagnent. »

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles ont souscrit les deux autres commissaires, M.VL Vanderkin- dere et Willems.

( 172 )

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Sur la méthode du droit naturel; par Charles Loomans, membre de l'Académie.

Les sciences physiques sont d'accord aujourd'hui sur les conditions générales de la mélhode à suivre dans l'étude de la nature et, au lieu de discuter sur le chemin à prendre, elles marchent en avant, sans crainte de faire fausse route.

Il n'en est pas toujours ainsi des sciences morales, appuyées, elles, sur la liberté de l'esprit et non pas sur la fatalité de la nature. Souvent, elles s'engagent de prime abord dans des voies opposées, au risque de se séparer pour toujours et de ne se rencontrer jamais.

Les systèmes de philosophie du droit, depuis Grotius jusqu'à nos jours, en offrent un exemple frappant.

En désaccord sur la base et sur la méthode à suivre, ils nous présentent des tendances opposées et contradictoires. Suivant les uns, le point de départ se trouve dans l'mdi- vidu; suivant les autres, dans la société. Leur mélbode tantôt est expérimentale et historique, tantôt elle est rationnelle et idéale. Il leur arrive en outre, et de nos jours surtout, de se rattacher à des conceptions métaphy- siques tout à fait différentes. Faut-il s'étonner, dès lors, de leurs incertitudes et de leurs contradictions ? Que dis-je? ils ne s'entendent pas même sur le nom de la science, et

( 173)

les expressions reçues « droit naturel », ou « philosophie du droit d couvrent d'un voile discret hien des dissen- timents.

Les systèmes individuels conçoiveiil la société comme une réunion accidentelle d'individus, tandis que les sys- tèmes sociaux reconnaissent l'état de société fondé sur la nature. Les premiers, conséqiionls avec eux-mêmes, ne sauraient concevoir d'autres droits naturels que les droits individuels, les droits de l'homme; les seconds, au con- traire, admettent des droits naturels essentiellement diffé- rents des droits individuels, ceux de la souveraineté, par exemple. Suivant la plupart des systèmes individuels, les individus, par leur volonté libre, se réunissent en sociétés et se soumettent à des lois conventionnelles dont ils sont les auteurs. Suivant les systèmes sociaux, au contraire, ils vivent dans des sociétés fondées sur la nature et y sont soumis à des lois nécessaires, dont ils ne sont pas les auteurs. El, en rattachant ces différences à une idée géné- rale, les systèmes individuels conçoivent la société comme un tout collectif, composé de parties similaires acciden- tellement réunies, tandis que les systèmes sociaux lui appliquent l'idée d'un tout organique comprenant des parties différentes, naturellement unies en vue d'un but commun.

L'individualisme, lorsqu'il a recours à la méthode expé- rimentale, observe les désirs, les besoins, les jouissances des individus et formule des lois qui en résultent. Quand, au contraire, il suit la méthode rationnelle, il part de quelque notion générale de la raison dont il déduit les con- séquences : le principe de la liberté, par exemple.

Les systèmes sociaux, à leur tour, présentent des diffé-

( 174 ) rences semblables. Il en est qui parlent du fail de la sociélé humaine et de son développement historique, tandis qu'il en est d'autres qui se fondent sur l'idée à réaliser par la société et par son histoire. Les uns trouvent le droit dans l'histoire, tandis que les autres le cherchent dans la raison.

Pour ne parler que des chefs d'école, Grolius fonde le droit naturel sur a la sociabililé », qu'il délinit « le désir de vivre dans une société paisible, réglée par l'entende- ment (1). »

La sociabilité, si souvent invoquée en droit naturel, est un fait d'observation vrai en certains cas, sans l'être dans tous les cas, tous ne désirant pas vivre en sociélé avec tout le monde. Ce n'est pas du tout l'idée de la sociélé néces- saire et universelle du genre humain, entrevue par Grolius lui-même dans ses Prolégomènes et dans son Mare libe- rum.

L'entendement dont il parle, en l'appelant intellectus, n'est pas du tout la raison pratique imposant ses lois absolues et universelles aux volontés et à leurs désirs, mais c'est la faculté logique (2), formulant des règles de conduite conformes à leurs désirs; Grolius, eu morale, suit Arislole et non pas Platon.

El, enfin, la sociabilité n'est pas l'état de sociélé, pas plus que le désir d'un bien n'est la possession de ce bien ; aussi, Grolius admet-il l'état de nature et l'origine con-

(i) Appelilus societatis non qualiscumque sed Iranquillœ et pro sui intelleclus modo ordinatae cum his qui sunt sui generis. De jure belli et pacis, prol. 6.

(2) Facultas sciendi agendique sccundum gcneralia praecepla, Ibid., I. F, c. I, X, 7.

( 475 )

venlionnelle de la sociélé civile (i). Son point de dépari est donc individuel et sa mélhode est expérimentale.

Le point de départ du système utilitaire se trouve également dans l'observation des individus.

S'inspirant de la philosopliie sensualiste, Bentham place la volonté sons l'empire du plaisir et de la douleur, au lieu de la soumettre à la raison.

La plus grande somme de jouissances du plus grand nombre, tel est le but à atteindre, et l'utilité générale comprend tout ce qui sert à ce but (2). Calculer exacte- ment ce qui est d'utilité générale et le réaliser par la contrainte légale, voilà, en somme, la science de la légis- lation et l'art du législateur, a l'arilbmétique morale et la dynamique morale » de Benlbam, fondées en dernière analyse sur le sable mouvant des plaisirs subjectifs, varia- bles el relatifs des individus (3).

Kant, au contraire, assigne à l'individualisme une base rationnelle.

C'est le principe de coexistence d'êtres libres vivant

(1) Haec autcm Icx... penderc videtur a volunlate eorum qui se priinum in socictalcm civilcm consocianl, a quibus porro jus ad impcranlcs manat. De jure bclli et pacis, I. I, c. IV, 2.

Ilomincs non praeccpto scd sponte in societatem civilem coiisse, undc orluni liabct polestas civilis. Ibid.

(2) Principes de législation, chap. I.

(3) « Tout le syslcmc de la morale, tout le système de la législa- tion portent sur celle base unique : la connaissance des peines et des j)Iaisirs. C'est le principe de toutes les idées claires. Quand on parle de vices et de vertus, d'actions immorales ou criminelles, de système rémuncratoirc ou pénal, de quoi s'agit-il? De peines et de plaisirs, et pas d'autre cbosc •>. Principes de législation, chap. VI.

( 176) dans (les conditions physiques qui, suivant lui, fonde le droit de la raison (Vernunftrecht). Pour que tous soient libres, il faut la loi du droit qui concilie le libre arbitre de chacun (die freye Willkùhr) avec celui de tous les autres en le renfermant dans des limites, et le système du droit rationnel comprend l'ensemble des conditions de la coexistence des êtres libres, conformes à cette loi. La propriété privée, par exemple, est une condition de la liberté : pas de liberté sans propriété. L'État aussi est une condition de la liberté de tous. A l'état de nature, les droits de la liberté et de la propriété ne sont ni reconnus, ni garantis; et il faut la volonté et la contrainte de l'État pour les reconnaître et les garantir. Le Contrat social de Kant, suivant la juste remarque de Stahl, est un contrat imposé par la raison et ayant un contenu rationnel (1).

C'est donc le principe général et abstrait de la liberté externe de tous, sans but moral commun à tous, qui fonde le système de Kant, et sa méthode déduit les conséquences de ce principe (2).

Le droit rationnel abstrait et ses constructions a /)non, en contradiction avec la nature des faits amenèrent une réaction éclatante de la part du droit positif et historique.

(1) Kant, tout en partant des individus à l'état de nature, modifie l'individualisme dans des points importants. C'est ainsi qu'il admet un droit public rationnel et non pas conventionnel, fonde sur l'idée de l'État.

(2) Kant va jusqu'à assimiler les droits de la famille aux droits de la liberté. Il cherche à montrer que le mariage monogame et indissoluble, ainsi que l'obligation des parents d'entretenir leurs enfants, se fondent sur le principe de la liberté de la personne qui n'est pas moyen pour autrui. V. Kant, Hechtslehre, §§ 25 et 28.

( 177 )

L'école historique, je l'ai déjà dil, pari du lail de société el de son développement !iistori(iue. Klle rejette l'état de nature et le droit de la raison, el elle leur substitue l'étal social et le droit positif, expression nécessaire des convictions, des mœurs, de la conscience de tous.

Suivant Savigny, « le droil civil non seulement est positif par son origine, il l'est en outre par son contenu; il se conipose de deux éléments essentiels, l'un |)olilique, l'intérêt général, l'autre technique, la logique des règles juridiques el l'appréciation exacte des faits d, c'est-à-dire le raisonnement et non pas la raison (1).

Dans ce système, la philosophie du droil positif est une science historique qui remonte à l'origine des institutions, montre leur développement continu, non interrompu, en découvre le principe organique el « qui, loin de vouloir tout conserver, comme on le lui a reproché, discerne ce qui est vivant el retranche ce qui a cessé de vivre (2) ».

La philosophie du droit positif, ainsi comprise, n'est pas une philosophie au sens propre, les origines et le dévelop- pcnuMil (lu droil établi ne pouvant élre confondus avec les raisons d'être du droit établi. Aussi Hegel, en signalant celte lacune, prétend-il la combler à l'aide des principes de l'idéalisme panthéiste. Sa philosophie du droil, loin de s'appuyer sur le fait de la société el de son développement, se fonde sur l'idée de la volonté générale el substantielle, dont les volontés individuelles sont des manifestations par- ticulières et phénoménales, et sa méthode, c'est la méthode

(1) Vom Denif xmzcrer Zeit, etc.

(2) Utid. Voir aussi Hugo, Philosophie des Hvchfs, dans son Cours de droil civil.

3°" SÉRIK, TOME XX. 12

( 178) d'évolution logique de la volonté générale dans l'Iiisloire. « Le droit, dit-il, c'est la liberté en tant qu'idée (1) i>.

Une école récente, au lieu de s'inspirer de l'idéalisme panthéiste, se rattache au système de révolution orga- nique. Herbert Spencer écrit loie morale évolnlionnùle, et la sociologie s'a|)pelie elle-même une histoire naturelle des sociétés humaines (2).

En présence de la situation que je viens d'esquisser, les questions du point de départ, de la méthode et des prin- cipes métaphysiques de la morale et du droit s'imposent plus que jamais à la science; car comment ne pas s'égarer, lorsqu'on ne s'informe pas même du chemin à prendre (3)?

Je ne puis approfondir ici la question métaphysique, et je dois me borner à quelques considérations simples et décisives à ce sujet.

Les sciences morales s'occupent de personnes et de sociétés de personnes, de leur conduite, de leur histoire, des lois naturelles et positives qui les régissent, et non

(i) 0 Dicsz dasz cin Dascyn ûberhaiipt, Dascyn des frcycn WVJcns ist, ist dus Rcdd. » Es ist soniit ûbcrliaupl die Frcylicit als Idée. Hegel, Philosnpfne des licclds, Einl.,§29. « Dicscr Enlwickclung der Idce aïs eigcner Tliâligkcit ilircr Vernunfl siclit das Dcnkcn als Subjectives, ohne seiiier Seits cine Zulbat hinzu zu fiigcn, iiur zu. Ibid., §31.

(5J) Cliose digne de remarque, des tendances plus ou moins malcrialisles ou panlJicisIcs se retrouvent également dans le socia- lisme et le communisme modernes, et notre temps, si défiant à l'égard de la mclapbysique, ne peut se passer de la mclapliysique.

(5) Pourtant MM. Fouillée, dans Vldcc moderne du dtoit, et Beausire, dans ses Principes du droit, ne s'occupent pas de ces ques- tions importantes.

( 179) pas de forces privées de la personnalilé, de iMOiivemcnls el de lois latales.

Qu'on analyse une conception quclconiiue de la morale el (lu droil, soil naturel, soil posilil", on trouvera au fond de toutes l'idée de la personne.

Mais quelle est l'idée de la personne?

Ce qui cousiitue proprement la personne iiumaine, ce n'est pas l'être vivant et sentant, mais c'est le principe conscient de lui-même el libre, cause indépendante, bul et non pas moyen, capable, en vertu de son indépendance, d'appliquer ou de ne pas appliquer ses facultés à des objets donnés, sans qu'aucun d'eux les détermine el les limite, auteur, par conséquent, d'un développement libre, intellectuel, moral, matériel.

Supprimez la personne et son but absolu, la possession de soi-même, la libre direction des facultés intellectuelles et morales, mettez à sa place, avec Stuart Mill, je ne sais quel mécanisme d'associations el de reproductions d'idées, de sensations, d'appétits, de mouvements, el vous ne pouvez concevoir ni science, ni moralité, ni droit, ni dignité, ni respect. Singulière contradiction, de supprimer la liberté de l'esprit au nom des sciences physiques, lorsque sans elle il n'y a pas de sciences physiques, ou d'admettre la liberté dans la vie intellectuelle et dans la science, et de la nier dans vie morale el dans la conduite. L'esprit serait- il donc un composé de lacultés divisibles, agissant l'une sans les autres el à l'exclusion des autres?

Or, l'idée de la personne est l'essence même du spiri- tualisme. Admettre dans l'homme le princi()e personnel, auteur de tout développement et de tout perfectionne- ment humain, attribuer à Dieu la personnalilé absolue el toute parlaite, auteur de l'univers, en conclure un ordre moral du monde, qui est l'ordre essentiel des personnes el

( 180 ) des volonlés, voilà la conception spiriliialisle dans son expression simple el pratique.

Peut-on concevoir la personne humaine dans le système de l'évolution organique?

Nullement; la personne, à quelque degré d'évolution organique qu'on suppose, n'est que Tenserable des phéno- mènes physiques el psychiques produits par l'organisme et par des forces fatales. Comment, par quelles transforma- tions pourrait-elle devenir jamais un principe conscient de lui-même el libre, doué de raison el de facultés libres, capables descienceelde vertu? Cen'esl pas la science, mais c'est la fable qui personnifie les forces de la nature.

Et puis, la morale de l'évolution organique n'est pas une morale. « La morale ayant pour sujet propre la forme que revêt la conduite universelle dans les dernières étapes de son évolution » (1); « la conduite des hommes, une simple partie de la conduite universelle, telle qu'elle se manifeste chez tous les êtres vivants » (2); a l'évolution de la conduite corrélative à celle des structures el des fonctions » (3); « l'homme moral, l'homme dont les fonctions nombreuses et variées dans leurs genres sont loules accomplies à des degrés convenablement porpor- lionnels aux conditions de l'existence » (4); « la durée de la vie, la fin suprême » (5). Si c'est de l'analomie et de la physiologie, assurément ce n'est pas de la morale.

Conçoit-on mieux la personnalité humaine dans le

(i) Herbert Spencer, Les bases de ta morale coolutionnisle. Paris,

1880, p. 15.

(2) Ibid., p. 4.

(5; Ibid., \). 5.

{i) Ibid., p. 65.

(5; Ibid., p. 10.

( l«l )

systrmc de révolulion idéaliste? Admettez, avec Hegel, l'essence une et identique se réalisant dans la nature, et consciente, pensante et voulante dans l'humanité et dans l'histoire, la personne individuelle n'est qu'une vaine apparence, elle est la manifestation particulière et phéno- ménale de l'ahsolu; suivant une expression de Hegel, elle est « le masque de l'absolu j>.

Et puis, l'évolution logique appliquée à la nature et à l'histoire, tous les contraires s'appelant les uns les autres et réalisés tour à tour, le vrai et le faux, le bien et le mal, le jiisic et l'injuste, le délit et la peine, la paix et la guerre seront autant de moments différents, tous inévitables, de l'évolution historique, et il faudra dire avec Hegel, malgré les protestations de quelques hégéliens : « tout ce qui est rationnel est réel et tout ce qui est réel est ration- nel (I) b; tout ce qui doit être se fait et tout ce qui se fait doit être. Quel parti prendre alors, si tant est qu'on puisse jamais prendre un parti? Se croiser les bras, se résigner devant la fatalité inexorable et justifier toute erreur, tout mal et toute injustice.

Il faut savoir gré aux systèmes d'évolution, de leurs hardiesses et de leurs témérités; s'ils s'égarent eux-mêmes, ils nous montrent le chemin à suivre, semblables à ces guides qui, pendant une nuit profonde, portent des lan- ternes derrière le dos et qui éclairent les autres sans s'éclairer eux-mêmes.

C'est donc la conception spiritualisle de l'univers, et c'est elle seule, qui nous rend raison du monde moral et de ses

(i) Was veriiùnftig ist, das ist wirkiich; und was wirkiicli ist, das isl vernûnftig. Hegel, Phil. des Redits, Vorrede.

( 182 )

lois. C'est celte philosophie permanente perennis qnœ- dam philosophia qui se trouve au fond des convictions, des mœurs, des lois, des institutions des peuples civilisés et surtout des peuples chrétiens, monument séculaire toujours debout au milieu des débris de systèmes construits un jour et démolis le lendemain.

Les principes généraux du spiritualisme étant mis hors de question, quel est le point de dépari de la philosophie morale en général (1) ?

Il se trouve dans la volonté humaine, considérée en fait et en idée.

Libre en fait, la volonté poursuit des biens divers vrais ou (aux, agit par des motifs égoïstes ou désintéressés, est auteur d'actions morales ou immorales.

Mais tout ce qu'elle peut vouloir et faire, elle ne doit pas le vouloir et le faire; elle doit se conformer à la raison pratique, à l'ordre essentiel des volontés et aux idées morales, règles de conduite.

Le fait de la volonté libre et l'idée de ce qu'elle doit être et faire dans ses rap[)orts divers, tels sont les éléments simples et primitifs de nos jugements moraux; loin d'être le témoin indifférent de ce qui existe etse fait, la conscience l'approuve ou le blâme en le comparant avec ce qui doit être et se faire, avec l'idée morale.

Observez la conduite de l'homme dans les manifestations diverses de la vie individuelle, sociale et religieuse, inter- rogez les jugements de la conscience et de l'histoire, ils se

( 1) Le point de départ de la philosoptiie morale diffère de son principe objectif. L'un est le prius in ordine cognilionis, l'autre le prias in ordine rerum.

( <S5 ) ramènent toujours 5 quelque fait ('e la volonté, nialirrc du jugement moral, à quelque idée de ce que la volonté doit être, principe du jugement moral, et à la qualilication du fait par l'application du principe. C'est le procédé naturel de chacun cl de tous. C'est aussi celui de la philosophie morale, qui ne nous donne pas la conscience, mais qui nous montre ce qu'elle contient.

Kt de une méthode analytique qui consiste essentiel- lement à n)ettre an jour l'élément de lait et l'élément idéal, et à exposer le système des idées morales à réaliser dans la vie individuelle, sociale et religieuse. La loi morale et ses prescriptions règlent la conduite conformément au.x idées morales de la parfaite liberté, de la justice, de la fraternité et de la religion, modèles de conduite.

Le droit naturel, je l'ai montré dans une précédente élude, forme une partie distincte mais inséparable de la philosophie morale (1).

Il a pour objet propre l'ordre juridique naturel qui est la condition de tout perlectionnemenl libre, moral et matériel.

Sa base prochaine se trouve dans la société humaine con- sidérée en fait et en idée.

Le genre humain vit, se développe, se perfectionne à l'état naturel de société et dans diverses espèces de sociétés fondées sur la nature, la famille, la société civile, par exemple.

Témoin de ces faits, la conscience émet des jugements surle juste et l'injuste, en les comparant avecles rapports

(1) « Sur l'idée du droit naturel. « Bull, de l'Acud. roy. de Bel- (jiqne, 5' série, t. XVII, 3, 1889.

r 184 )

juridiques qui doivent exister entre êtres humains, entre membres de la famille, entre citoyens. Elle a donc l'idée de la société humaine, l'idée de la famille, l'idée de la société civile.

Le fait de la société et de son développement historique, à lui seul, ne nous donne aucune notion de principes de justice à suivre. Le fait n'est pas le droit, et les sociétés existantes en fait peuvent se trouver en désaccord avec les principes de justice; le fait peut être contraire au droit.

L'idée de la société et des sociétés diverses fondées sur la nature humaine comprend implicitement tous les prin- cipes du droit naturel proprement dit, car tous règlent ou maintiennent les rapports juridiques nécessaires des sociétés fondées sur la nature.

Le point de départ de la science ainsi compris diffère de la sociabilité de Grotius. La sociabilité n'est ni le fait, ni l'iilée de la société.

Il n'a rien de commun avec Vnliliié sociale, telle que l'entend Bentham. La maxime : utilitas justi mater el œqui est la négation du droit natyrel.

Ce n'est pas non plus le principe de coexistence de Kant; coexister, ce n'est pas vivre en société, et le principe de coexistence n'est pas l'idée de la société et des diverses sociétés fondées sur la nature humaine.

L'école historique de Savigny, il est vrai, part du fait de la société, mais elle supprime l'idée; et l'école idéaliste de Hegel adapte les faits el les idées à l'hypothèse de l'idéa- lisme panthéiste.

Appuyé sur la base de la société humaine considérée en fait et en idée, le système du droit naturel comprend deux

( 183)

espèces d'élémenls, qu'on a appelés à jusle litre l'élément matériel et l'élément rationnel (I).

Le fait de la société, l'étal de société dans lequel l'es- pèce humaine vil el se développe, l'étal de société humaine en général, l'étal de famille, l'état de société civile, elc. Telle esl la matière qui reçoit la l'orme du droit naturel.

L'idée de la société eldes sociétés fondées sur la nature el l'ensemble des principes de justice qui en résultent, voilà l'élément rationnel qui donne à la matière la forme du droit naturel.

C'est avec raison que l'école expérimentale el historique relève l'importance de l'élément matériel méconnu par le rationnalisme abstrait (12).

Il n'existe pas d'hommes en général, des êtres libres vivant dans des conditions physiques, tous indépendants el égaux à tous égards, mais il existe des individus vivant à l'état de société; et à côté des droits qui sont les mêmes pour tous il en est d'autres qui ne sont pas les mêmes pour tous.

Je parle de l'égalité des droits, et non pas de l'égalité des biens, en contradiction évidente avec l'individualié el la liberté. Les hommes ont même nature et présentent tous des différences individuelles, et le développement libre, moral et matériel, suivant l'individualité, est une

(t) Waiteii, Nahirrccht und PoUlik, p. 74. Warnkoemg, Philosop/iiœ juris deli/iealio, n. 47 : « Sic onine jus tam in mate- riali quam in rationali fondamcnto est posifum. »

(2) Voir, par exemple, V Esprit des lois, de Montesquieu, la Philo- sophie du droit, de Hugo, le Droit public général, de Bluntscliii.

( 186) source permanente d'inégalité des biens moraux et maté- riels.

Les individus, tels qu'ils nous sont connus par expé- rience, ne naissent pas à l'état de développement de leurs forces physiques et de leurs facultés morales; tous dispo- sant d'eux-mêmes sans dépendre de personne, ils naissent dans un étal de non-développement physique et moral, dépendants de leurs semblables, qui leur procurent les conditions de développement physique et moral.

H n'y a pas davantage de choses, en général, matière de droit; mais il y a des choses déterminées, d'espèce différente, par exemple, les unes appartenant au domaine public, d'autres destinées à l'usage des individus et des familles, qui en disposent et les transforment par le travail.

C'est par le travail, par l'application libre des facultés et des forces à la production des choses utiles et par un travail renouvelé sans cesse que les individus et les familles se procurent la demeure qui les protège, le pain qui les nourrit, le vêlement qui couvre leur nudité : horno nudtis in terra mida. Redit Inbor actus in orbem. Admettre avec Grotius une communauté originaire de droit naturel quia facile vivebant ex lus quœ sponte terra ferrebat, et introduire la propriété privée par voie de con- vention expresse ou tacite; c'est faire des hypothèses en contradiction avec la nature des faits et avec la loi du travail.

La nature des choses, l'espèce el les conditions du travail sont très différentes : entretien des troupeaux et vie nomade, agriculture el siège lixe, iudustri*' el mines, travail individuel ou communauté de travail. Il y a donc

( 1«7 )

dos espèces de propriétés 1res diirércrites [i). Que de diffé- rences aussi entre les actions humaines matière de droit, entre leiirs inodificalions diverses siiivnnl l'ignorance, l'er- reur, le (loi, la fraude, la contrainte pli}si(|ne cl morale, entre les transactions, depuis l'échange jusqu'à l'invention de la monnaie el de l'écriture, jus(|u'à la vente et la circu- lation liduciaire !

L'état de société en général et le droit humain en général est une nouvelle ahstraction. Outre la société humaine en général el les droits naturels de tout être humain, il y a des sociétés diverses fondées sur la nalure humaine et les droits naturels de leurs memhres. Les droits de l'homme rencontrent les droits de famille qui les modi- lienl et les limitent. Les uns et les autres se concilient avec les droits de l'État et de l'autorité souveraine. L'or- ganisme social comprend des systèmes divers^ tons coor- donnés entre eux et ayant leurs fonctions propres.

Le droit naturel ni le droit positif ne peuvent donc l'aire abstraction de Ki nalure des f;iits, el des généralilrs abstraites sont une source féconde de nialentenduà et d'erreurs en droit naturel.

L'élément rationnel el l'élément m;itériel, bien quedis- dincls, sont inséparables. Loin de les séparer, il faut les unir, el voici pourquoi : les principes rationnels, celui de la personnalité, par exemple, énoncent des lois objectives qui, elles, ne naissent pas et ne meurent pas, el non pas des droits subjectifs qui, eux, naissent et meurent. Pour qu'il

(1) Aiia sunt maritimarum civitatuin jura, alia populorum raonles saltusquc habilantium aut fertiles rcgioncs colentes, unde diversa palrimoniorum gênera. Warnkoenig. Pliilosopliiœ juris deli- neatio, p. l'I.

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y ail (les droits appartenant à quelque sujet ou cessant de lui appartenir, il ne faut pas seulement un principe ou une loi naturelle, raison d'être de ces droits, il faut en outre un fait particulier, cause de la naissance ou de la cessation de ces droits (i). Ainsi le fait de l'existence de l'être humain, combiné avec le principe de la personnalité, est cause du droit originaire au respect de la vie et de la liberté, comme le fait de la mort est cause de la cessation de ce droit. De même, le fait de l'occupalion de la res nullhis, com- biné avec le principe de la propriété privée, est cause d'un droit acquis de propriété, et le fait de la déréliclion t'st cause de la cessation de ce droit, et, en général, les causes de la naissance et de la cessation des droits sont toujours des faits, soit de la nature, soit de la volonté. Le système du droit naturel comprend donc à la fois un ensemble de principes, raisons d'être des droits, ei un ensemble de faits, causes de droits (2).

(1) Les Acquisiliones ipso jure ne font qu'une acception appa- rente.

(2) Nara nulla esse potest inter homines niutua ratio nisi quae facto orta sit, ncc illa suàipsâ vi jus alieno tribuit vel juris vinculo eum alteri adstringit nisi juris quaedam praecepta ciim ejusmodi cflîcacitalcm conjungunl, aut jus ex ilio facto tamquam ex suâ causa oriri slaluunt. Ibid., p. 87.

La raison (d'un droit), dit Ahrens, est toujours une et la même, les causes peuvent être très diverses. C'est ainsi que la propriété a sa raison dans la personnalité de rhommc. Les causes qui la font naître peuvent cire très différentes. Les causes qui font naître des rapports de droit sont ou des faits particuliers indépendants de la volonté humaine, ou des actes de cette volonté. Cours de droit naturel, T^x'cd., t. I, p. 1-48.

l 189)

Il y a plus : outre les principes de la raison, il faul la nature du fait pour déterminer le contenu des droits. Ainsi que l'a rcmarqui' Thiers, les principes de liberté et d'éj^a- lité sont des principes généraux, et non pas un ensemble de droits déterminés. Déclarer en termes généraux que « tous naissent et demeurent libres et égaux », ce n'est pas savoir quels sont les droits de la liberté individuelle, de la liberté de travail, de la liberté de conscience, de la liberté d'association, qui nous apparlienncnt en société. Le prin- cipe de la propriété privée : tous capables d'acquérir une propriété alin qu'ils puissent se développer librement, sui- vant leur individualité, au point de vue moral et matériel, est la conséquence immédiate du principe de la personna- lité, et le conmiunisme est la négation de la personnalité et de la liberté. Mais ce principe, à lui seul, ne nous apprend pas quels sont les droits de la propriété, soit indivi- duelle, soit collective, de la propriété mobilière ou immo- bilière, agricole, industrielle, pas plus que le princi|)e pacla servnnda, à lui seul, ne nous lait connaître les droits des vendeurs, des acbeteurs, des sociétaires. C'est la nature du fait combinée avec le principe qui nous apprend le contenu du droit.

Enfin, il faut appliquer à cbaque matière les principes qui lui sont propres, sans les étendre à des matières diffé- rentes. Que d'applications erronées dos principes de liberté et d'égalité, lorsqu'on les étend à la famille et à la société civile! Si tous, en tant qu'êtres humains, ont les droits de la liberté individuelle, il n'en résulte pas que tous aient les droits de la liberté politique, et notamment ceux d'élec- tion et d'éligibilité. La règle pacla servanda fonde la théorie des contrats, elle ne fonde pas du tout ni le droit de famille, ni le droit public et pénal, ni le droit interna-

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lional. il (aul donc connailre la nature des faits pour faire rapplicalion des principes qui leur sont propres.

La société humaine est appelée à s'étendre, à se déve- lopper et à se perfectionner dans le cours des siècles. Sou- mise à la loi de perfectibilité, elle ne doit pas demeurera l'état de non-développcmenl et d'imperfection, mais elle doit, autant que possible, parvenir à un état meilleur. Il y a donc une nature des faits différente, suivant le dévelop- pement historique les sociétés sont parvenues. A côté (le faits constants qu'on retrouve à tout étal social, depuis la tribu nomade jusqu'à l'état moderne, par exemple les individus vivant en société, se servant des choses, échan- geant des services, propageant l'espèce, les familles unies sous une autorité quelconque; il en est d'autres qui diffèrent suivant le développement historique, et, par conséquent, les principes de droit naturel, non seulement reçoivent, mais doivent recevoir des applications diffé- rentes lorsque la nature du fait est différente. Les prin- cipes sont toujours les mêmes, mais leur réalisation s'étend et diffère suivant l'étal de la civilisation, et certes l'invariabilité des lois naturelles ne consiste pas en ce qu'elles prescriraient même chose, lorsque la nature du fait est différente. Le code de la raison, toujours le même, qu'il suffirait de découvrir et de sanctionner pour fixer d'une manière uniforme la législation des peuples, est une chimère (1).

(1) So wird lias Redit, in seincr Quelle ciiisund dassclbe, mitder Entwickelungcii der Gcschiihle verzwcigt und maniiigfaltig. TRE^DK- LENOURG, Naturredd, S. 82

Saint Augustin fait une observation profonde à ce sujet : « Numquid

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Je conclus que l'élémenl rationnel el l'élémenl malc'iiel, les principes, raisons d'êlre des droits et la nature des laits, matières (les droits sont organiquement unis et ne peuvent être séparés. La raison el ses principes généraux ne sau- raient nous apprendre, ni les causes de la naissance el de la cessation des droits, ni le contenu des droits, ni les applications diverses que les principes reçoivent suivant la nature des laits, et, d'autre part, la nature des laits sans principes de la raison ne fonde aucun droit. L'élément historique seul, a dit Trendelenbourg, est aveugle; l'élé- ment rationnel seul est vide (1).

J'ai montré le londement de l'édifice du droit naturel, sa forme et ses matériaux. Dès lors, la n)anière de le construire ne saurait être douteuse.

Quelle est la méthode à suivre pour parvenir à des notions exactes el scienliliques de l'élément matériel el de l'élément rationnel, et pour en former un système d'accord avec la nature des faits el avec les principes qui leur sont pro|)res ?

D'abord la société, considérée en fait, et son développe- ment historique nous sont connus par la méthode d'obser- vation en général.

L'observation intérieure nous révèle l'homme moral ; l'observalion extérieure nous l'ait connaître l'homme phy-

juslitia varia est et mutabilis? Sed tempora quibus praesidet, non parilcr cunt, tempora enim sunt... Institiam habere simiil omnia quœ prœccpit et nulla ex parte variari, et tanion variis lemporibus non omnia simul sed propria distribuentemct praecipientem. » Conf., 1. III, eh. 7.

(I) Beidcs gehôrt zusammen. Denn das nur Historische wurde blind und das nur Idéale leer. \aliirrcchl, S. 3ij.

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sique el le monde il vil, et l'une et l'autre, complélées par le témoignage, nous montrent l'élal de société el le développement historique il est parvenu.

Analyser ce lait général, montrer ce qu'il comprend, notamment, les sociétés diverses fondées sur la nature humaine et leurs caractères propres, la société humaine en général, la famille, la société civile, la société internatio- nale, la société religieuse en tant que fondée sur la nature humaine, telle est la méthode à suivre dans l'examen des faits, matière du droit naturel.

Cette méthode n'est pas du tout la méthode d'observa- tion des sciences physiques el physiologiques qu'une école récente a voulu appliquer aux sciences morales. Le positi- visme part de l'observation, mais son fondateur, Auguste Comte, ne connaît qu'une espèce d'observation, l'observa- lion extérieure, tandis qu'il en est une autre non moins importante, celle des faits qui se passent, non pas dans le monde extérieur et objectif, mais dans le sujet connais- sant. Les sciences physiques et physiologiques ont leur domaine el leur mélhode propres, el ne sauraient nous donner la moindre notion de l'homme intérieur et moral, pas même celle d'une simple sensation de plaisir ou de douleur.

Le fait de la société humaine, matière du droit naturel, n'est pas l'idée de la société, principe du droit naturel. C'est la raison, organe des vérités absolues et universelles, qui nous révèle les idées morales et juridiques, règles de conduite, non pas la raison pure, les principes a priori qui interviennent dans l'acquisition et dans le développe- ment de nos connaissances, mais la raison unie aux facultés réceptives et notamment au sens du bien el du jusle et à l'observation de la vie humaine. Pour voir, il

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faut lappareil visuel, sans donle, mais il faut en outre la lumière du soleil et les objets visibles qu'elle éclaire.

Placée en présence du fait de la société humaine, dirigée par la raison, la science conçoit l'idée de la société humaine et les principes de justice et de fraternité uni- verselle qui en résultent, l'idée de la famille et les lois de justice et d'amour propres à la famille.

La nature des faits étant connue, les principes qui leur sont propres étant donnés, elle possède les éléments d'une synthèse objective, d'accord avec la nature des faits et avec les principes.

La méthode fondamentale du droit naturel consiste donc dans l'analyse du fait de la société connu par l'expérience et de l'idée de la société connue par la raison, à l'occasion de l'expérience, et dans l'application, à chaque espèce de société fondée sur la nature, des principes de justice qui lui sont propres.

D'autres procédés, sans établir le droit naturel, le con- lirment.

Bien souvent on a recours à des considérations d'intérêt social en matière de liberté, de propriété privée, de famille et d'hérédité, par exemple, el des auteurs appartenant à des écoles très différentes, Bentham el Le Play, par exemple, signalent avec une rare sagacité les résultats des lois et des institutions pour le bonheur commun.

Certes, l'observation ou l'inobservation des lois natu- relles est féconde en résultats heureux ou malheureux pour les sociétés comme pour les individus; mais rien n'est bien ou juste parce qu'il nous rend heureux. C'est le bien qui est le principe du bonheur, et ce n'est pas le bonheur qui est le principe du bien. Les considérations

O"* SÉKIE, TOME XX. 13

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d'inlérôl sociiil, de bonheur commun ne fondent donc pas le droit naturel, mais elles le conlirmcnl.

Il faut en dire autant de l'assentiment des peuples civi- lisés, et spécialement des peuples chrétiens, en matière de droit international, par exemple.

Le droit positif des peuples civilisés, dans certaines parties, est déclaraloire du droit naturel et comprend ainsi un jtis naliirale qiiod naluralis ratio iibîque consliluit [i). La loi naturelle, souvent méconnue par les cités antiques, a été restaurée dans la conscience des peuples chrétiens, grâce aux enseignements divins du christianisme, qui ne l'ont pas introduite, mais qui y ont ajouté des lumières et des forces nouvelles. El c'est ainsi que l'assentiment des peuples civilisés et surtout les peuples chrétiens confirme le droit naturel, mais ne le fonde pas.

D'autres procédés doivent être écartés.

La méthode du droit naturel ne peut être la méthode expérimentale et historique, appuyée uniquement sur l'observation de la conduite des individus ou des sociétés

Les principes du bien et du juste doivent être connus avant d'être accomplis. H faut savoir ce qu'on fait avant d'agir, et non pas après avoir agi, comme il faut le mètre avant de mesurer et non pas après avoir pris mesure. Puis les principes pratiques ne se conforment pas à la conduite, mais celle-ci doit leur être conforme et peut leur être contraire. D'ailleurs, ils nous présentent un idéal de perfection placé devant nous, et non pas derrière nous, qui n'est jamais réalisé à tous égards. Pour toutes ces

(1) V. Ucrmogenianus, fr. 5 D. 1. 1. (de justitia et jure).

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raisons, ils ne pcuvenl cire le résultai de l'observalion de la conduite.

La niéiliode ù suivre n'esl pas non plus la mélhode purement rationnelle. La raison pure est une raison impuissante et stérile; les principes du droit naturel, sans provenir de l'expérience, se développent à l'occasion de l'expérience et reçoivent leur application à la nature des faits connus par Texpérieuce. « Chaque principe du droit, dit Trendelenbourg, semblable au germe d'une plante tou- jours renfermé en lui-même jusqu'à ce qu'il rencontre les conditions extérieures de croissance, ne peut se passer (l'éléments extérieurs appropriés à sa nature, qui pro- voquent son développement. Sous ce rapport, le système du droit naturel ne peut se passer de conditions expéri- mentales, et il n'admet pas de constructions a priori (1). »

Si je ne me trompe, les considérations que j'ai eu l'hon- neur de vous présenter font la juste part de la raison et de l'expérience dans l'étude du droit naturel.

En (inissant, je les résume en quelques mots :

Les systèmes de philosophie du droit, depuis Grotius, sont en désaccord sur les questions fondamentales du point de départ, de la méthode et, de nos jours surtout, sur les principes métaphysiques de la morale et du droit.

Ces principes se trouvent dans la philosophie spirituasle,

(1) Ein solches Unterfangen wurde das Wesen der Entwickclung verkennen, da jedes Princip dem Samen gleich welcher sich ewig in sich scibst verschliesst, bis er den aussercn Bedingungen seines Kciiiiens und Wachsens zurûckgegeben wird, solchen erregenden Eiemenle von aussen bedarf welche seiner Natur gemass sind. Insofcrn bedarf die Synthesis cmpirischer Bedingungen und ent- scljjâgt sich bloss apriorischer Constructionen. Naturrecht, S. 156.

( 19(5 ) tandis que les conceplious panthéiste et matérialiste de l'univers, conséquentes avec elles-mêmes, sont la négation de la morale et du droit.

Le point de départ du droit naturel, en tant que distinct de la morale, c'est la société humaine, considérée en fait et en idée.

Cette science se compose de deux espèces d'éléments organiquement unis : l'élément matériel, connu par l'expé- rience, l'élément idéal, connu par la raison à l'occasion de l'expérience.

L'analyse du fait et de l'idée de la société, et l'applica- tion, à chaque société fondée sur la nature, des principes du droit qui lui sont propres, telle est la méthode fonda- mentale du droit naturel.

Bien employée, elle conduit à des résultats non moins certains, qu'il est certain que la société humaine existe et et que nous avons l'idée de ce qu'elle doit être.

Note concernant Vinfluenza en 1580; par Charles Piot, membre de l'Académie.

Au moment de passer par la Bourgogne pour se rendre aux Pays-Bas, en 1580, Marguerite de Parme ressentit les effets d'une maladie extraordinaire. La Bourgogne en était infestée; plusieurs personnes de la maison de la princesse et sa dame d'honneur en furent atteintes et naoururenl.

Le cardinal de Granvelle souffrit également à Madrid de cette maladie, qu'il appelle un catarrhe violent. Dans une lettre adressée à Marguerite, il déclare qu'il est atteint de

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lièvres semblables à celles donl elle avait souffert en Bourgogne. Cette épidémie, qui avait sévi aussi en Italie, était passée dans l'Aragonais; linalemenl elle avait lait son apparition à Madrid.

Dans cette ville, le nombre des malades lut le qua- druple de celui des personnes bien portantes. Tous les jours des cas nouveaux s'y présentaient « et, dit le cardinal, y en a plus de S6 en un temps, entre ceulx que m'escripvent. > Selon sa manière de voir, le mal n'était pas dangereux, si l'on suivait un bon régime.

A Madrid, toutes les maisons de commerce (bouliscles) sont fermées comme pendant les jours de fête, par suite de l'indisposition des personnes chargées d'y faire le service. Les pharmacies sont ouvertes, il est vrai, mais très mal pourvues de remèdes. Plus de sucre candi, ni d'objets semblables à y trouver. Tout est si mauvais, si corrompu, que les remèdes produisent plus de mal que de bien.

Les médecins font aussi défaut. Tous sont atteints du mal; ils ne quittent plus leur domicile. Les personnes chargées de soigner les malades « ne vallent guères, à dire la vérité, ni même celles du roi. » La lièvre tierce dont sont atteints l'Jnfant et l'Infante continue, en dépit des soins d'Olivarès, protomédecin du monarque, qui a le plus d'expérience. Quant à Granvelle, il n'a aucune conliance dans ce médecin « qu'est un ung grand incon- vénient, dit-il, que ung si grand roy soit si mal pourvu ».

Cette pénurie de bons médecins suggère à Granvelle des réflexions sur ceux d'autrefois.

Les empereurs romains, ajoule-t-il, envoyaient chercher à grands frais en Grèce des médecins renommés pour les consulter. La ville de Rome en lit autant. Feu Charles-Quint

( 198 ) avait des hommes de l'arl d'origine flamande ou italienne, « afin d'en pourveoir toutes les nations j>.

Depuis l'invasion de celle maladie, Granvelle se plaint constamment de lièvres et de faiblesse, [.e travail lui devient pénible; les personnes chargées de tenir les écri- tures sont atteintes du mal; celte circonstance l'a obligé à rédiger lui-même une dépèche importante, travad qui lui coûta cher et mil sa vie en danger.

Jean-Baptiste Tassis, qui souffrait de la même mdispo- silion, ne put quitter Madrid pour remplir une mission diplomatique à Paris (1).

(1) Correspondance de Granvelle, t. Vlll, pp. 70, 154, 142 et

suivantes.

( ^'^^ )

CLASSE lïES Bi:\UX-4RTS.

Séance du 3 juillet 1890.

M. Jos. ScHADDE, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. H. Hymans, vice- directeur ; A. Frai- kin, Éd. Fétis, Ern. Slingeneyer,F.-A.Gevaert, Ad. Samuel, Joseph Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biol, Ed. Marchai, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, membres; le comte Jacques de Lalaing et Éd. Van Even, correspou' dants.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique soumet à l'examen de la Classe deux compositions musi- cales intitulées : Mazeppa, zanggedichl voor soli-koor en orkest [gedicht door J. Van Droo(jenbroeck) et Epittialame, qui lui ont été envoyées par M. Heckers, prix de Rome en 1887, en exécution de l'article 26 du règlement des grands concours de composition musicale. Renvoi à la section de musique.

( 200 )

Le même Minisire envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Bruxelles à travers les âges, tome 111. Bruxelles moderne, par Henri Hymans et Paul Hymans. Remerciements.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Renseignements inconnus sur Pierre P h alèse, impt^imeur de musique à Louvain, i546-l575; par Edouard van Even, correspondant de l'Académie.

Vers le milieu du XVI* siècle, un Belge créa, à Louvain, une imprimerie musicale en types mobiles, qui devint, en peu de temps, l'une des plus importantes de l'époque. M. Fétis, père, dans sa Biographie universelle des Musi- ciens, a consacré un intéressant article à Pierre Phalèse. Mais, à l'époque écrivait notre éminent et regretté confrère, on ne possédait encore sur ce typographe que quelques renseignements épars. Depuis lors, nos investiga- tions dans les actes de l'ancien échevinage de Louvain nous ont fait découvrir sur lui des détails curieux et entière- ment nouveaux. Ces pièces nous ont fait connaître, outre d'autres particularités intéressantes, les noms de ses parents et grands-parents, ainsi que la position que ceux-ci occupaient dans la bourgeoisie louvaniste. Elles nous ont révélé également le nom de sa femme, qui était jusqu'ici resté incpnnu.

Nous avons l'honneur de communiquer ces renseigne- ments à la Classe des beaux-arts de notre Académie, per- suadé que nous sommes qu'ils seront agréables à ceux

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de nos confrères qui s'inléressenl à l'Iiisloire de la musique en Belgique.

Il résulte des documents que nous avons consultés que I*ierre Phalèse descendait d'une lamille fixée à Louvain à partir du XI V" siècle. Dans les actes publics, les membres de celle famille portent le nom de vander Phaliezen, valider Plializen et vander Phah/zen. En s'élablissant comme éditeur dans la ville de \'Alma Mater, Pierre se crut obligé de donner à son nom une forme classique. Au bas des tiires de ses publications en langue latine, il se nomme Petkus Phalesius; mais au bas des titres de ses publications en langue française, il s'appelle Piekhe Phalèse. Nous avons conservé cette dernière orthographe.

L'artiste tenait à une famille honorable et considérée. Son père avait pignon sur rue et bien au soleil.

D'après les actes deséchevinsde Louvain, Pierre Phalèse était (ils d'Augustin vander Phalizen et de Marguerite van Poddeghem (1). Augustin était (ils de Jean vander Phalizen et d'Agnès Laps. Ce Jean vander Phalizen, qui mourut avant ie 1" mars 1481, exerçait la profession de brasseur, à la brasserie den Meynaert, Montagne du Collège. Il était propriétaire d'une ferme avec terres et prés, située à Tenbroecke, sous Héverlé lez-Louvain. De sa femme Agnès Laps, il laissa six enfants, savoir : Jean, mort jeune; Mathilde; 5" Arnould ; Ide; Augustin, et Marguerite (2).

{{) t Peter van der Phalisen, sonc wyleii Augusttfns, die hy hailde van Margriclcn van Poddeghem, synder liuyswrouwe. » Acte du! juin 15:28, in-l". (2) Acte départage du \" mars i48l, in-2'.

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Malliikle se maria à Guillaiinje de Weerdt et laissa un fils, Louis (le Weerdl, qui élail, en 1499, chanoine régu- lier de l'ordre de Sainl-Auguslin, au prieuré de Belhléem, près de Louvain (1).

Arnould vander Phalizen devinl peintre, il travailla, en 1468, à Bruges, aux décors qu'on y exécuta à l'occasion des noces de Charles le Téméraire et de Marguerite d'York. Cet artiste, qui épousa Catharine Roiiibauts, fille de maître Jean Rombaiits et de Marguerite van Compenrode (2), remplit le poste de peintre de la ville de Louvain de 1476 à 1514(5).

Augustin vander Phalizen, le père de notre imprimeur, fut émancipé devant les échevins de Louvain les 1" mars 1462 et 17 janvier 1475 (4). Il épousa Catharine Boon,

(I ) Acte du 5 novembre 1499, in-2''.

(2) Allen denghenen dat Margriete van Compenrode, wcduwe meester Jans wylen Rombauls, cum tutore, lieefl geconstitueert en geordineert hueren procureurs ende voirgangers Henrich van Com- penrode, hueren vader; Goerys van Compenrode, hueren oom; Arnde van der Phalizen, zwagher der zelver constituante, enz., allen hueren zaken.

Acte du 14 octobre 1500, in-S".

^5) Voir notre livre intitulé : L'ancienne Ecole de Peinture de Louvain, 1870, pp. 80 et 220.

(4) Item, JoHANNES VAN DER Phalizen, braxator, Henricus van der Phalizen, Crassator, ejus frater, et Augustinus van der Phalizen, filius prcdicli Joliannis, prius emancipatus.

Acte du l" mars 1462, in-2".

JoHANNES VAN DEu Phalizhn. braxator, emancipavit .\uciis- TUNL'M, Margaretam et Ydarn, ejus liberos a pane suo, modo debito et consueto.

Acte du il janoier 1475, iu-o".

( ^^or> )

veuve de Jean do Calfslckcre (1), propriétaire de la bras- serie le Trépied, rue de Tirlemoul, el continua la profes- sion du premier mari de sa femme. On le trouve, qualifié de brasseur, dans un acte du 10 noviMiibre 1484 (2).

Catharine Boon avait retenu de son union avec Jean de Calfstekere un (ils, du prénom de Georges (3), qui ne vivait pas en bonne intelligence avec son beau-père. Un jour, une discussion des plus violentes éclata entre eux. Des invectives on en vint aux mains, et une lutte terrible s'engagea, au cours de laquelle ils reçurent, de part et d'autre, des blessures très graves et de nombreuses con- tusions. L'affaire fut portée devant la justice. Le tribunal des éclievins confia à quatre bourgeois bonorables la mis- sion de réconcilier les ennemis. Grâce à leurs efforts, un arrangement intervint. L'une des clauses de ce pacte prescrivait à chacun des deux batailleurs l'obligation de

{\) hem, Katly.ne Boens, huysvrouwe Aiiguslyns van der Pha- LizEN, briederc, als coopwyf, hecft gelooft Janne Lyebrechts acht Rynsgulden, te Ix plecken tstuck, paulo^ ter goeder rekeningen, d'ecn hclicht ad Epiphaniara Cliristi, en d'ander helicht te groot vastci:avoiit dacrnac volgende, te bctalen.

Acte du 45 décembre 1 48i, in-5"*.

(2) Item, AL'GLSTiNts van der Phalisen, dictus in dcn Meynacrt, braxator, commorans pronunc in Camma dicta den Treeft, promisit niagist, Rcynerio de Lycfkenrode, pronunc Scabino Lovaniensi, quinque florenos Rhencnses.

Acte du 10 novembre 1484, in-2^.

(5) Item, Algijstinls de Phalisen quiticlamavit expresse Goor- giuh) den Calfsleker, zijncn helnieden sonc, van allen suicken penninghen als hy den selvcn -clocnt oft voere hcra vorleet heeft; Coram Hoeven, Tybe.

Acte du 22 janvier USi, in-2".

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solder les honoraires du chirurgien auquel il avait été forcé de recourir pour se faire soigner (I). Toutefois,

(1) Navolgcnde de submissicn, op ghisteren gcpassecrt, voere scepenen van Loeven, tusschen den voirsc. Augustine van der Phalysen en Jorysen den Calfstckerc, ter andere zyden, soe hebbcn Goessen Tybe, nu ter tyt scepenen, te Loeven, en Jan van Holair, als seggers des voirsc. Augustyns, Hiiyge van Udekem en Goirt de Calfstekere, seggers dos voirsc. Jorys, samentlyc vutgesprokcn in der manieren hier nae volgende :

In den yersten ilat de voirsc. partyen van nu voirtaen goede gevriende zyn sullen; voirt dat de huwelike voirweerde tusschen den voirsc. Augustine en zynder huysvrouwe, moeder des voirsc. Jorys, sal bliven in state en van weerden, alsoe.die ghcmaict es, vuytghenomen dat deselve gehuysschen ongehouden sullen zyn den voirsc. Joryse den montcosl en cledercn tcgheven, die in de sclve huwelike voirweerde begrepen slaen; maer des sullen de voirsc. gehuysehen den sclven Joryse overgeven, bynncn dit en sint Jans naisse naistcomendo, en leveren, los en vry van allen gevalicn en verschenen chyssen, de Gamme geliecten den Trecft, om dacr mede te doen zyn prouffyt, sonder die te moegen vercoopen bynnen den leven der voirs. zynder moeder; voirt so sal elc der voirsc. par tien acngaende der quetsucren en meshandelinge die zy elc den andcren gedaen hcbben, gehouden zyn te dragen elc tsyns, en den last van den meester, sonder dat te moegen verhalen aen den anderen, nu oft in toecomendc tyden, niet tegenstaende dat des cens quetsure meerder was dan des anders, en daeraf d'een den anderen quytscel- dinge doen, van alsulcken penningen als hy den selven Joryse geleent oft voer hem vulgeleet heeft, in voirleden tyden, sonder hem daeraf yet te moegen eysschen, in eeniger manieren, soe sullen de voirsc. Augustyn, ter ccne, en Jorys, ter anderen, malcanderen quytschelden van aile Igene des zy tôt malcanderen te seggen oft le eysschen moegen hebben, vut saken van des voirsc. is, in eenigc manieren tôt desen dage toe, en malcanderen dair af nemmermeer moegen aenspreken of vexeren in eeniger manieren. Coram eisdem.

Acte (lu 11 janvier 1484, 2».

( 205)

il semble que la paix ne dura point. Angnslin vander Phalizen quilla non seulement sa fenmie, mais son pays. A la date du 21 lévrier i486, il était en fuite. Le docu- ment qui nous fournit ce détail est mallierreusemenl muet sur la cause de ce départ (1).

(1) Hc't zyii comcii voir den laide vaii dcr sladt Katline Boons, wcdiiwe Jaiis wilen de Calfstekcrc, die nu wyf es Alglstv.vs van der PiiALiSEiN, en Jorys de Calfstekcre, Imcrcn sonc, on liebbcn docn Icscn ecnc vuytsprakc godaen voir scepenen van I^oven, en starnde gercgislreert in desc Camcrcn, jnnuarii xxij, libro Ixxxiiij, tussclien den voirs Augustyne en Joryssc, en daerentynden hebben zy te kynncn gcgevcn boe dal de Gamme gehecten den Trecfft, in der selver vuytspraken gcruert, zeer qualyc es gerepareert, dal dae- romme hcn van noode es cen gcdeelte daer vuyt te vercoopen oft die te belasten, en omdcs wille dat hen dat nict doenlyc en ware, mits der absenlic des voirsc. Augustyns, die aftiendich es, en hem voir- vluchlich houdf, gcniercl dal zyn wyf gbeen consent dacrinne encan gedragcn, nocli tocht gcderven, in absenlic hucrs mans, bel en ware by auclorizatic van der wet, en dat cen van den Borgemeesters dat consenteerde en ovcrslonde, dwelc es toi geheelder verderffnissen des voirsc Joris, soe verre daerop niet versien en ware; waerop den voirsc. raet, nac voirgaendo deliberacie, heeft vuytgesproken en getermineert dat de voirsc. nioeder en sone sullen moegen vercoopen eene camcre gelegen aen de Gamme (deest)... oft op de voirsc. Gamme ij rinsgulden crflic vercoopen, en dat een Borgemeester doene de goedinge dair over, in de slad van Augustyne staen sal. In concilio feb XX f (U86).

Item, Katiieri.na Boens, relicla Johannis quondam de Calffstekere, pronunc uxor Augustini van der Phalisen, de consensu, scitu et intéresse et volunlalc Arnoldi van den Hove, Burgimagistri oppidi Lovaniensis, ex parte dicti Augustini, jam absenti et extra patriam existenti, vigore supradicl. terminationis in Consilio oppidi extcrno... et Georgius de Galffstckcre, filius dicte Katherine, quem habuit a

( 20G )

Après le décès de Calharine Boou, noire Augustin vander Phiilizen convola en secondes noces avec une jeune Louvanisle très honorahie, Marguerite van Poddeghem, une parente du peintre Jean van Poddeghem, qui avait travaillé, avec son Irère Arnoiild, aux décors de Bruges,

Cette personne était encore jeune fille quand elle se fit inscrire, en 1501, dans la confrérie de Notre-Dame de Louvain, à la collégiale de Saint-Pierre (4). Son mariage avec vander Phalizen eut donc lieu postérieurement à l'année indiquée. Cette union paraît avoir été heureuse. iMais, on l'a dit, le bonheur est souvent peu durable. Augustin mourut, dans un âge peu avancé, laissant Marguerite veuve, avec un enfant, notre Pierre Phalèse.

La première fois que nous avons rencontré le nom de Pierre Phalèse, c'est dans un acte échevinal du 7 juin 1528. Par cette pièce, le jeune homme, après avoir été émancipé à cet effet par sa mère, donne procuration pour transporter à maître Corneille van Meldert, docteur en droit civil et doyen de Saint-Jacques, la part qu'il possédait dans la

dicto quon<!am Joliannc, cjus primario marito, conslituerunlde se et corum successoribus Petro dicto Alarts, scrinifici, et suis successo- ribus, unani parte camme braxatorie, nuncupate den Treefl, site in Hoclstrata, diclam Slaepcamere , prout eadem caméra distincta est a dicta camma, etc. feb. xxij.

Item, de voirsc Jorys heeft gelocft der voirsc. zynder moeder wel en tamelyk te houden, hueren leefdach langduerende, van elen, van drincken, van cleedoren, schoenen en aile andere betioeflen, soe nae hueren stact behoeren sal.

Acte du 22 février 148G, in-2».

(1) Registre de la Confrcrie de Notre-Dame de Louvain, aux archives de réglise de Saint-Pierre.

( 207 )

pro|triclé d'une mnison située h la Cleinslrale, aujourd'hui rue Sainle-Barbe (1). Celait un immeuble qui avait appar- tenu à son oncle Arnould vander Plializen (2). Tout rend

(1) Allen (leii^ciion dut F^eti;» va.ndeu Piialisu.n , sonc wylon Augustyiis, (lien liy hadde van MAïuiitiETEiV van PunDcciiEM, syndcr huysvrouwen, ierst union broede dt-r voirsc. Margrielen, syndcr mocdcr, Ijclioirlyk gcdaen, mot conseille, willc en overslaoïi dor voirsc. Margrielen, /ynder mocdor, in prosenlalia, heeft goconsli- lueert, sonder eenicii wederrocpen, om in den nanie van dcn voirsc. consliliiant en van zynent wogc le vcrcoepen aile syn roclit, propric- Icyt en actie die liy heeft of eenichsins tienj conipeleron niacli, in cen liuys, met zynen loebchoorten, gcslacn te Loven, in de Cicynslratc, ende dairinne te goeden ende te gicliten heeren onde meestcr Cornelis van Meldert, doctoir in de geoslelyken Rechien ende Dokon van Sint-Jacops, te Loven, voere de Wolhouderon der stadt van Loven, geluflc van genoecli doene, en warantscap, in dcn nanio van dcn sclven constituant, daeralf te doen, met allen solemp- nitoyten van rechte, daer toc gore(|uireirt en behocfTolyck wesendc, nader stadsrecht van l^oven, de deniers daeraff comende van den cocper der solver goeden le onlfangen, en daeraff quitanlien tegeven en le verlyden, elc.

Coram Willoms, Colonia.

Acte du 1 juin 15"i8, in-1^

{'2) Naedicn Claere vakdeu Phalisen, dochter wylen /Irnts vander Phaliscii, die hij hadde van Kallynen Rombauls, mot Katlymn van der Phaiisen, huer zuster, den raide der stadl van Loven te kynnen gegeven hadde hoc dat zy Clecre en Lysken van der Phaiisen, huer zuster, waren unmondige en onbejairdc kindercn, en hadden cen huys gelegen fn de Clcynstrale, le Loevcn, dwelck zy gaerne vcr- coepen souden, soc verre ecncnycgclyk van hen dal aengact, achter- volgende den tcslamnntc van den voirsc. wyicn Arnde, hueren vader, dwelck zy niet gcdocn en coslen zonder van der stadt daer toc te hcbben momboeren, wanl zy eghecn niomboeren en hadden, en zy.

( 208 )

probable qu'il l'avait hérité de l'un des enfants de ce dernier.

Pierre Phalèse reçut une éducation littéraire. Il savait le latin, le français et le flamand. Le futur éditeur de musique épousa Anne Hoegaerls, qui appartenait à une

I

Clecre en Lysken, oiulor huoren dai!:;on waron, noemeii Cilbeerde 3fiie$ en Jan Maes, van vadors wegen, Clase van Winglie en Jan Ronibouts, van moeders wegen, bidden en begeren aen don voirsc. Raide hen die moraboirs te willcn ordinercn, oni in den name en van wegen der voirsc. Claren ende Lysbetten, tvoirsc. huys, soe verre hen dat aengaen maob, te vorcoepen en te goedcn, de pen- ningen daeraf eomcnde t'ontfangen en die tôt hueren profyte aen te leggen, en voirtaen daer inné te doen, gelyk goede momboirs sculdig zyn van doen; soe heeft don Raedt van der stadt bcvonden de voirse. begeerte redelyck vvesende, den selven gerustoren dit geconsenteert en hen gcordineert de voirsc. niomboeren oni 't voirsc. hu\s te ver- ooepen, te goedon en de penningen daeratT comende tonfangen, en die, tôt hueren profyte, soe verre huer paert gedragen sal, aen le leggen; ende voirts gencralyck en specialyek daer inné te doen en te vorderen aile tgene des goeden momboirs behoiren en scul- dich zyn.

In Concilio oppidi.

Jeté du H juillet 1511, in-l\

Item, Katharina Loenckens, reliota Magistri Johannis quondam dicti Langhevoert, contuiit de se et suis sueces>oribus Ahnoloo van DER Phauzen, lilio Johannis van der Phnlizen et Katharine Rom- Boi TS, ejus uxori, et corum suecessoribus, domum et curtem, cum suis pertincntiis, sita in vico dicto Cleynstratc, intor bona Pétri Cus- lere, ab una parte, et bona Danielis van der Weyden, parte ab altéra, etc.

-ic/e du 26 octobre 1475, in-ô\

Voir aussi TActe du iî7 janvier H7S. in-5».

( !20î) )

honorable famille de F^ouvain (1). Son mariage eui lieu avant le 3 juin 154-4 (2).

(1) llem, Petrls van der Phalisen, (ilius quondam /iuguslint, cl An.na IIoegaerts, cjus uxor, rpco^îiiovcrtinl indivisiiiii Jolianni van Mccrbcke, alias Mcerliaix, l>raxatori, ocio florcnos Karoli, te w slii- vers tstuck.

Acte ccficvinaldu \" juin, lib. 154-i, iii-5".

En marge de celte pièce se Irouvc ce qui suit :

Item, Kacn;! Meerbaix hccfl veiTleerl vuyl dese rinle van achl Carolus guiden crffelyck, by Peetei» van der Piiallevsen acn z\ udt-r iiiocdcr aH'gcquclcn le zyne dryc Carolus guldcn crffelyck.

Acliiin juniixvi a" XV een en zcrcnlic/i.

ilem.McrllenWagemaris, soerie Pccters, daer rnoeder afl' \v;is Main- Mcerbays, heeft bekynl dal Gceraerdt Franctj, inan en momboir van A.\>A Piialaisen, acn hcni affgequelen liceft Iwec rinsgulden en liiii-n sluyvcrs erffelyck, uyt dese vyf rinsguldcn.

Aciinn den xxviij septcmbris XVCXCIIJ.

Signe : Merten Wagemans.

Item, .lo"" Anna Houlana, weduwe wylen mecsler Dicrick lii rckc i, heeft bekcnl dat Gcrnrt Francf/, als iiian en momboir van Anna van DER Phalisen, aen hacr affgequelen heeft de resterende twce rins- ^ulden, thien sluyvcrs crffelyck, consenterende alsoe in de cassatic van de voorschreven geheele acht rinsgulden erffelyck.

Aclum den xxo octobris anno 1007.

{"!) Dans l'acte de partage des biens de Jean Meerbaix el .Marie IIoegaerts, reçu par les échevins de Louvain, le 22 décembre liiTI, (2") on lit:

Syn bleven ende gevalien Peetercn Wagemans, als man ende niombour van Marie Meerbays, twee Carolus guiden en thien slui- vers erffelyck, van en vuyt eender rinte van vyf Carolus guiden crf- felyck, daervoere personelycken verbonden stacii Peeter van Piia- LizEN en Anna HoLGAERTS,zynder buysvrouwe, met scepenen bricven van Loeven, van der dael terlien junii, libro XV'^XLIIIJ, in-5', etc. -Ictedii 22 décembre 1;i71, in-2'.

3""= .SÉKIE, TO.ME \X. 14

( 210 )

Phalèse se fixa dans sa ville natale comme libraire- éditeur. 1! est permis de croire qu'il contracta le goût des livres chez son parent Gilbert Maes, qui imprima, à Louvain, en 1527, un opuscule de Nicolas de Boussut, de Plaga terrœ, et qui est qualifié de facteur d'écrins et typo- pographe dans un acte des échevins de 1544, que nos recherches nous ont fait retrouver (1).

C'est indubitablement en sa qualité de libraire qu'il devint, en 1542, suppôt de l'Université (2).

A cette époque, le commerce des livres avait pris à Louvain une extension considérable. La ville universitaire comptait plusieurs librairies bien approvisionnées. Une des plus importantes était celle de Gaspar vander Borch, qui formait le point de réunion des beaux esprits et des nouveaux venus parmi les étudiants. Il en est question dans une lettre de Nicolas Clejnaert à Jacques Latomus, datée d'Evora, le 26 mars 1535. Dans cette épître, le grand philologue fait une comparaison entre les rassemblements devant les professeurs de Salamanque et devant le maga- sin de vander Borch. C'est une peinture vraie, une scène d'après nature. « Avez-vous déjà vu, à Louvain, dit-il à Latomus, devant la boutique du libraire Gaspar, ces cercles que l'on appelle la chancellerie des béjaunes? Eh bien! à Salamanque, autant de professeurs, autant de groupes

(1) In de Ledighestrate, tusschen de goeden 's Godshuys van Gembloux, ter eene, cnde Gielbert Maes, scrynmakere ende printere, ter andere zyden, elc.

/Jcte du 23 juin 1S44. adfînem, in-2".

(2) Compte de l'Université de Louvain de 4î)42.

( !2H )

(j'élutliants an milieu (lesquels les inlorlunés éprouvent plus (le lourmenls que pendant Theure même de leur leçon (I). »

Gaspar vander Borcli, donl nous relevons pour la pre- mière fois le nom de famille, c^'iait ôéya (!'tabli en 1518(2). Ce libraire, qui avait épous(3 l.aurence Spillemans, d'Anvers, vivait encore à la date du 12 août 1538 (5).

Pierre Phalèse ouvrit sa librairie quand celle de vander Borch se ferma. Au début, il vendait, comme les autres libraires louvanistes, toutes les nouveautés du jour; mais bientôt il s'occupa plus spécialement d'œuvres musicales, qu'il faisait imprimer dans les diverses officines de Louvain. La première publication qui porte son nom date de 1546.

(i ) « Vidisti ne circulos islos Lovaiiii antc tabcrnam librariam Jasparis, quom illic vocant cancellariam novorum? Quot sunt Sal- nianlicae professores, totidern cogites te videre discipulorum coronas, quarum in medio conficitur miser majore molestia, quam in ipsa doccndi hora. «

.\icoLAi Clemardi, Peregrinatiomim ac de rébus Machometicis Epis- folœ eleyanlissimœ. lovanii apnd ïlieronymum Wcllœum, anno 1561, in-12, episl., 8». Cons. sur Cleynaert la belle étude que lui a consa- crée notre savant confrère M. Félix Ncve, dans l'intéressant volume qu'il vient de publier sous le titre suivant : De la liinaissance des lettres et l'essor de l'érudition ancienne en Belgique. Louvain, 1890, in-S".

(2) Jaspar vander Borch, hoeckvcrcoopnre, on Laurcntie Spille- mans, syne huysvrouwe, woenende le Loeven.

/icte du 28 août 1518, in-3».

(5) Jaspar vander Borcff, sone wylcn Jans, ende .lannc Swilden, zyn behouden sone.

Acte du 12 août 15!^S, in-2'.

( 2<2 )

Klle sort des presses d'un typographe de certain renom, Servais van Zasscn. On lit au bas dn litre : Lovanii apvd Pcirnm Phalcsiiim, htbiiopolam, et, à la dernière page : Lovanii ex o/jficiiin Zcrvalii Sasseni, Diestensis.

ï.e jennc libraire avait également recours aux presses de Rulgrr Velpen, Jacques Balen et Martin de Raymaker {Bolarius).

Ne menant en vente que des ouvrages de choix, il ne larda pas à voir prospérer son commerce. Ce succès le détermina à créer une imprimerie musicale en caraclères mobiles. L'octroi royal pour établir cet atelier lui fut délivré le 29 janvier 1551.

Une des premières productions de la nouvelle officine date de 1552 C'est un recueil de Chansons à quatre par- ties, nouvellement composées et mises en musicque par maislre Jfhan de Latre. Au bas du titre on lit l'inscrip- tion suivante : Imprimé à Louvain par Pierre Phalèse, pour Imj et Martin Rotaire, Van MDLII.

Phalèse se montra constamment homme de savoir et de goût. Tout ce qui sortait de ses presses se faisait remar- (|uer par la netteté et l'élégance des caractères. On com- prend que ses laborieuses tentatives pour coopérer aux progrès de l'art musical ne tardèrent point d'être appré- ciées. En peu de temps, il devint le rival du grand éditeur Tilman Susalo, établi à Anvers.

Pierre Phalèse édita, sous la forme de petits cahiers oblongs, d'une exécution charmante, une série considé- rable de morceaux de compositeurs de toutes les écoles de l'époque, sur des paroles latines, italiennes, françaises et flamandes. Ces publications eurent un grand succès, et les exemplaires que le temps n'a point détruits, forment

( 21.-. )

actuellement encore les délices de ceux qui s'intéressent à l'histoire de la rausiqne au XVI" siècle.

Par acte du avril 1542, Pierre Phalèse approuva tojit ce qui avait été lait, en son nom, par un certain Cor- neille Verbren»ers, dans une cause appelée devant les niayciirs et échevins de Berthem (1) Il y a lieu de croire (|u'il possédait dos terres dans cette commune, située à deux lieues de l.ouvain.

Un acte de nos échevins du 1"' février 1558 nous apprend que Phalèse relevait de l'Université (2).

(1) Allen (Icii gheiicn dat Pketer van i)i;u I^iialisen, soiie wyloii .liignstijus, woncndc te Loveii, icrst laiulcrcndc, ratificereiide en approbcrende allel geiic des, by Coinelysen Vcrbremcrs, in zynen naine en van synen wegcn gcdaen ende gebcsoigiicert niacli wcscn, in der s;;kcn die de voirsc. I^eler, als verweerdcre voor Rleycrc en sehcpcnen van Bertbem, onbeslist uulstaen heeft, legen Jan van Den Hriiyne, vercleerende tselve met zyncn bevele en begecrlc gedaen te zyn, in presentia, hcefl voirts gcconslilueei-t den selvcn Coniclysse Verbreniers, Gccrde Corbcel, .laniie Melaens, Jorysc Moons, Waltcius Druys, Jan Nys, Mcesler Joose de Mccstere, Jan Segers, Malhys van Willcbringen, aut, aile zyn saken, in forma ad lites, etc. Coram Oli- viers, Rycke.

Acte du 25 air«7 1 bi2, in-l",

{"!) Item, Hcnrick Fcyten, sone Mecsler Severyns, nu tcn tyd woonende tôt Merchleni, ende Peeter van der Famzkn, zone Auijns- lyns, woonende binneii deser stadt van Loven, rcnuntcerende aile prcvilegien, niertdagen ende aile andere goiyckc exeeplien, ende beznndere, de voirse. Peetei-, dcti privilr/jicn luih de Uniccrsileyl van Loven, ende obligerende ende subniilterende liunncn persoon ende aile liunne goeden, liave ende erffvc, bebben geloeft onverselieyden cndeelek van hcn besunderl, Synioenen de Scepcrc goedc behoirlyke gocdinge le ilocn liebbcn van aisuicken bccnipt als gelegen es tôt 5™^ SÉKIE, TOME \X. 14.

C 214 )

En 1570, Philippe II fit promulguer une ordonnance par laquelle il instilua une charge de prololypographe. Le titulaire de cette nouvelle fonction, Christophe Plantin, avait pour mission d'examiner ceux qui voulaient exercer, dans les Pays-Bas, l'art de l'imprimerie. Le 9 juillet de l'année qu'on vient de lire, « Petrus Phalesius, imprimeur, demeurant à Louvain, » se présenta devant le grand typo- graphe anversois pour « estre examiné ». Dans le certi- ficat que Plantin lui délivra, il déclare qu'il l'a « trouvé » expert en l'art d'imprimer musique, en quoy il s'es-t » seulement exercé, et entend latin, François et fla- » meng (1) ».

Après le décès de Pierre Phalèse, son imprimerie musicale fut continuée, pendant quelque temps encore, par son fils Corneille, qui édita, à Louvain, en 1574, un recueil de morceaux d'Orlando Lassis.

Pierre Phalèse mourut, à Louvain, très probablement en 1S75. Outre Corneille, dont nous venons de parler, il laissa deux autres fils, savoir : Hubert Phalèse, sons-prieur de l'abbaye d'Afflighem, publicisle, et Pierre Phalèse, qui s'établit comme éditeur de musique, à Anvers, il s'as-

Meersele, groot omirent vi dachmalen, achtervolgende deii toeseggen by den voirsc. Henrick Feyten gedaen, voor scepenen van Loven, op den xxiij en juny XV^LJ, in média, voer welke geloefte ende voer tvoldoen van dcr sclver de voirsc. Symon de Sceperc doen hachten cndo houden heeft den voirsc. Henrick Feyten, etc.

./ctc du i" février, inscrit entre le Ifi juillet et 5 août iî)58, in-5".

(t) M. PiiiLiPi'E RoMBOiTS, Certificats drlivrés aux imprimeurs des Pays-Bas imr Christophe l'iuntin, Anvers, I8S1, p. U.

( 'il.-i )

socia avec Jean liellère, de Liège; sa (ille, Anne Phalèsc, 8e maria à Gérard Franck.

M. Alphonse Goovaerts, chef de section anx archives générales du royaume, est auteur d'une bibliographie des publications musicales éditées par les Phalèsc et les lîel- lèro (1). Ce savant a écrit un second travail renfermant des particularités biographiques très intéressantes sur ces deux ramilles qui, par leurs importantes publications, ont con- tribué, dans une large mesure, à propager le goût de l'art musical en Belgique (2).

OUVRAGES PRESENTES.

Delbu-iff (./.). De la nature psychologique de l'hypno- lismc. Bruxelles, 1890; extr. in-8» (7 p.).

Folie {F.). Sur la nulation de l'axe du monde. Pari^;, 1890; extr. in-4" (5 p.).

Hijinaîis {Henri) et Hijmans [Paul). Bruxelles à travers les âges, tome III. Bruxelles moderne. Bruxelles, 1890; vol. ui-4°.

Monge{Léon de). Etudes morales et littéraires. Épopées et romans elievaleres(iues, II. Louvain, 1889 ; vol. in-18.

(1) Dans son Histoire et bif)lio(jrsplnc de lit typoijrap/iic musicale <luns les l*ays-Bas. Anvers, 1880.

(;2) Notice biaqrapliifitip sur Pikrre Ph.u.ksi;, imprimeur de musique, n /Invers, au XV h siècle. Bruxelles, iHti'.t.

; 216 )

ffoeguerilen {Puul Van). Disfriliulion d'eau. Ai,'gloiné- ration bruxelloise. Dérivjttion des sources de Modavc. Bruxel- les, IS'.tO (45 |).).

Speybrouck {Aiig. Van). Compte rendu des travaux du conj];rès archéologique cl liislorique de Belgique, tenu en 1889. Mruges, 48'JO; in-H» (1G2 p.).

Ilouzé {le D' E). Le Palais. Les applications de l'antliro- poniétrie et plus spécialement les signalements antliropomé- triquesau point de vue judiciaire. Conféi'cnce. Bruxelles, 18î)0; cxlr. in-8''(18 p ).

Les Samoans de Leone (île Tutuila) exhibés par M. Cun- ningham au Musée Castan, conférence. Bruxelles, 1890; cxlr. in-8»(i6p.).

Génard (P.). Antwerpsch arcliicvenblad, decl XVII, 2^'aflevering. Anvers, 1890; in-8".

Lameere {Aiig.). A propos de la maturation de l'œuf parlhénogénétiquc. Bruxelles, 1890; in-8" (88 p., pi.).

Recherches sur la réduction karyogainique. Bruxelles, 1890; ni-8"(75 p., pi).

Ministère de la Guerre. Catalogue de la bibliothèque, 2*^ volume. Bruxelles, 1890; vol. in-8".

Cercle des naturalistes hutois. Bulletin, n"* 3 et 4, 1889. In-8°.

Société d'archéologie de Bruxelles. Annales, tome IV, 1*^" livraison. In-8".

Université libre de Bruxelles. Annales de la faculté de philosoj)hie et lettres, tome I", "2^ fascicule. Bruxelles, 1890; in-S".

Société de botanique de Belgique. Tables généialcs du Bulletin, tomes I-XXV, 18G2-I887, par Théophile Durand. Bruxelles, 1$90; in-8°.

( 217 )

Allemagne et AoTRiciiE-noNGiiiE.

CwvaeUachaft der Wissenschaflen, Prag. Silzungsbr- riohlc : philos. Classe, 1889. Die spccuhuivc Idcc (1er Frcilicil, ilirc Widcrsachcr, ihro priiclischc VcrwcrUuig (J. Locwf). Abliaiulliiiigcn, bcidc Classcii, Bd. VU. Rcgcsla Mohcmiae, pars lil, vol. 0. Prcisscliriflcn, 3 und 4.

Vercîn fïir Geschichte und Alterthum Schlesiens. Zeil- schrifl, Batul ïi4. Codex diplomaticus, Band XV. Brcslau.

Gescllschnft fur... Geschichte, Kicl. Regesten, III, 1-ô. Zeilsclirifl, Band XIX.

Koniglkhe Forstdirektion. Forstslalisliclu: Mitteilungcn ans Wùrltemherg, 1888, 7. Jahrgang. SluUgart, 4890; in4".

Pln/sikal. und medicinisrhe Gesellsrhaft, Wurzburg. Verliandiungcn, Band XXIV, 1-4. Sitzungsberiehtc, 1890, 1-5. In-8".

Goppelsroeder {Friedr.). Ueber Feiierbestaltiing. Miilbau- sen, 1890; in-S» (108 p.).

Amérique.

Ridgway (Robert). Fiirther notes on Ihe genus xiphoco- iaptesof Icsson. Washington. 1890; extr. in-8'' (2 p.).

Slarr [David). Description of a new spccics of fish from TippecanoeRiver,Indiana. Washington, 1890; cxtr. in-8"(2p.).

France.

[Vial{L.-C.).] Le positif -t- et le négatif —, duo d'amour

en lin acte, par un pruneau de Tours. Paris, 1890; in-8''(MîO p.).

Monaco [Prince Albert de). Expériences de Uotlage sur

( 218 )

les courants superficiels de l'Allanlique Nord. Paris. 1890; in-S'Cie p.).

Résultats des campagnes scientifiques du yacht !'« Hiron- delle ». Paris, 1889; in-8''(Dl p.).

Sur la faune des eaux profondes de la Méditerranée au large de Monaco. Paris, 1890; exlr. In-i' (3 p.).

Héron-Roger. Nouvelles observations sur racclimatation du Discoglossus auritus. Paris, 4890; extr. in-8° (5 p.).

Notice sur les mœurs des batraciens, 4' fascicule. Angers, 1890; extr. in-8" (58 p., pi).

Radau {R.). Quelques mots sur la question de la nu la- lion diurne. Paris, 1890; extr. in-8'' (4 p.).

Revue des publications astronomiques. Paris, 4890; 2 extr, in-S".

Rouvier [le Z)"^ Jules). Identité de la dengue et de la grippe-influenza. Paris, 1890; in-8° (48 p.).

Grande-Bretagne et Colonies britanniques.

New South Wales statistician's office. Stalistical regisler for 1889 and previous years: pars 1-4 (Coghlan). Sydney, 1890; 5 cah. in -8°.

Mueller {F. von). Second systematic census of auslralian plants, part. I. Melbourne, 1889; in-4".

Thurston {Edgar). Notes on the pearl and chank fîsheries and marine fauna of ihe Guif of Manaar. Madras, 1890; in-8".

Catalogue of the balrachia, salientia and opoda of southern India. Madras, 1888; in-8°.

( 219 )

Italie.

Parlatore {Filippo) et Caruel (Teodoro). Flora italiana ossia descrizione dellc plante che crcscono spontanée o vege- laiio corne lali in Italia, e nelle isole ad essa aggiacenli, volume l-Vlll; IX parle 1'. Florence, 1850-lSf.O; iri-8».

Parlatore {Filippo). Viaggio per le parti settenirionali di lînropa fatto iielT aniio 18oi. Parte 1". Florence, 1854; vol. in-8".

^ Les collections botaniques du Musée royal de physique et d'histoire naturelle de Florence. Florence, 1874; vol. in-8".

Caruel [Teodoro). Prodronio délia flora loscana. Florence, 18G0-18G4; vol. in-8».

Stalistica botanica délia Toscana. Florence, 1871 ; vol. in-8'.

La morfologia végétale. Pise, 1878; vol. in-18. Cesalpino {Andréa). Theodori Caruelii illustratio in

liorlum siccuni. Florence, 4858; in-18.

Liigari {G.-B.). Sull' origine e fondazionc di Horaa. Parte 2\ Rome, 1890; extr. in-4» (48 p.),

Società italiana di scienze naturali. Atti, volume XXX- XXXll. Milan, 1887-1889; 5 vol. in-8°.

Fondazione scientifica Cagnola. Atti, volume VIII. Milan, 1888; vol. in-8<'.

Istituto Lombardo di scienze e lettere. Rendiconti, volume XX e XXI. Memorie, lettere, vol. XVIII, fasc. 1. Classe di matematiche, vol. XVI, 2. Milan, 1888.

Pays-Bas.

Historisch Genootschap, Utrecht. Werken, nieuwe série u" 55 en 5G. Bijdragen, deel XII. La Haye, 1889; 5 vol. in-8».

( 220 )

Pays divers.

Villa {Antonio Rodriguez). El coronel Francisco Verdugo (1557-1595), nuevos dalos biograficos y relacion de la cam- paiia de Flandcs de l()41, por Vincart. Madrid, 1890; vol, in-i2.

Société d'histoire du Danemark. Libri mcmorialis capi- luli Lundensis, II. Hefte. Copenhague, 1889; in-8°.

Observatoire de l'Université d'Upsal. Bulletin mensuel, vol. XXI, 1889. Upsal; in-4''.

Université de Christiania. Jahrbuch des meteorolo- gischen Instiluts, 1887. Viridariuin Norvegicum, Bind III (Schiibelcr). Lakis kratere (Aniund Helland). Syinbolac ad historiam ecclesiaslicam (L. Daae).

Norwegische Commission der europàischen Gradmessungl Geodâlische Arbeiten, Hefle VI und VII Christiania, 1888-j 1890; 2 cah. in-i».

Association géodésique internationale. Compte rendul des séances de la 9"^ conférence générale réunie à Paris er 1889. Berlin, 1890; vol. in-4''.

Erratum.

Page 20, première ligne, au lieu de cuurbrs planes, lisez ligiiei plunett.

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEADX-AHTS DE BELGIQIE

1890. No 8.

CLASSE DES SCIEUCES.

Séance du 2 août 1890.

M. Stas, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sonl présents : MM. P.-J. Van Beneden, Gluge, G. De- walque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, G. Malaise, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Menshrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Moiirlon, J. Delbœuf, P. De Heen, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Fredericq, G. Le Paige, A.-F. Renard, Léo Errera et F. Terby, correspondants.

MM. F. Plateau, vice-directeur de la Classe, et P. Man- sion, membre, s'excusent, par écrit, de leur absence.

3"" SÉRIE, TOME XX. 15

( 2i2 )

CORRESPONDAiNCE.

M. le professeur Ch. Ploën, à Jodoigne, exprime le désir de pouvoir rentrer en possession de sa noie sur la régu- larilé de Vliorloge, qui avait été renvoyée à l'examen de iM. Van der Mensbrugghe et sur la(iuelle il n'a pas encore été fait de rapport. Accordé.

M. Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège, demande le dé|.>ôl, dans les archives de l'Acadé- mie, d'un pli cacheté daté du 1" août 1890, et portant en suscription : JSouvclles recherches sur la théorie des formes. Accordé.

M. Delaey, maréchal des logis d'artillerie en retraite, à Roulers, adresse une nouvelle suite à ses communica- tions manuscrites. Dépôt dans les archives.

M. Schoentjes, chargé de cours à l'Université de Gand, soumet à la Classe une reclilication se rapportant à son travail « Sur la lumière polarisée », imprimé dans le Bullelin d'avril 1890.

La Classe décide l'impression de cette reclilication dans le Bullelin de la séance. (Voyez page 224.)

Hommages d'ouvrages.

1" Inauguration du monument //omspom. Souvenir offert [)ar la rédaction de la revue « Ciel et Terre » ;

( Tlù )

2" Les encliaiitemmls du monde animal dans les temps géoioijUjues; par Albcrl Gaiidry, associé;

5" Sur les involulions unicursales. Sur les surfaces du iroisième ordre, etc.; 8 broch. par François DtTuyls;

A" yole sur les mouvements parallèles des roclies stra- ti(iées ; par Alphonse Hriarl;

o" Sur l'entraînement mutuel de Céeorcc et du noyau terrestres en vertu du frottement intérieur. Réponse à M. Liagre, par E. Ronkar;

6" .Sur la structure des bandes équatoriales de Jupiter; par F. Terby ,

Considérations sur le mouvement de rotation de la planète V>»u.s. Traduction du travail de M. Schiaparelli; par F. Terby;

liemarques sur la nutalion diurne, par Lehmann- Filhès (n"' 2971-2975 des Aslronomische J\achrichlen]. Résumé fait par M. Radau dans le numéro de juin 1890 du liulleiin astronomique, de F. Tisserand. Remer- ciements.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

Sur les points d'inflexion dans les cubiques; par Cl. Servais. Commissaires : MM. Le Paige, Mansion et De Tilly ;

Étude sur un phénomène lumineux et calorifique accompagnant l'électrolyse ; par Hoho et E. Lagrange. Commissaires : MM. Van der Mensbrugglie et De Heen;

Études sur le lambic; par L. Vandenhnile et H. Van Laer. Commissaires: MM. Henry elGilkinet;

Faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde; par Maurice Delacre. Commissaire : M. Henry;

( m )

Sur les déformations que font naitre dans un hémi- sphère creux métallique le choc et la pression d'un corps dur (noie |)réliminaire); jiar H. Schoenljes. Commis- saire : M. Van der Monsbriigghe ;

La réduction des nitrates en nitrites par les graines et les tubercules; par Emile Laurent. Commissaires : MM. Gilkinel et Errera.

Gand, 18 juilletlSflO.

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

J'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir présenter à l'Académie royale la rectiOcation suivante, qui m'est dictée par les lois élémentaires de la loyauté scientifique; elle est relative à ma note, publiée dans le Bulletin d'avril de 1890, et intitulée : Projet d'expériences destinées à véri- fier si la lumière polarisée, dont le plan de polarisation oscille, exerce une influence sur un champ maçjnélique.

Dans ce travail, je décris des expériences ayant pour but de répondre aux deux questions suivantes :

Le phénomène de la polarisation rotaloire magné- tique ne serait-il pas réversible, et ne pourrait-on provo- quer des changements dans les vibrations magnétiques en modiliant brusquement la direction des vibrations lumi- neuses d'un faisceau polarisé, traversant une substance transparente placée dans un champ magnétique?

Ne pourrait-on pas réussir d'une autre manière, et provoquer des changements magnétiques en polarisant et en dépolarisant alternativement un faisceau de lumière naturelle?

( 22ri )

Ma reclificalion se rapporte à la première question. Je viens d'apprendre elde conslaler de visu que la con- jeclure delà réversibilité de la rolalion éleclro-oplique a été faite et publiée en 1885 par M. E. Leober, et que ce savant a lait ilcs expériences en vue de la véiifier. Ces expériences ont eu un résultat négatif.

Il y a plus : M.K.Lecber fait passer un faisceau polarisé suivant l'axe d'un solénoïde activé par un courant inter- rompu périodiquement à l'aide d'un diapason. Le faisceau, ainsi rendu oscillant, passe dans un deuxième solénoïde formant avec le (il d'un télépbone un circuit fermé.

Ce sont là, dans leur forme générale, les dispositions des expériences que j'ai projetées.

Outre la conjecture de la réversibilité, l'idée de faire oscdier le plan des vibrations lumineuses, celle de l'emploi du télépbone comme électroscope appartiennent donc à M. Lecber, en vertu de la priorité; je me fais un devoir de le reconnaître en toute sincérité.

Mais, s'il est vrai que je me suis rencontré avec M. ï.ecber au point de vue des généralités, mes expé- riences diffèrent des siennes par les points suivants :

Je produis des oscillations du faisceau polarisé beau- coup plus étendues, giâce à des substances actives à con- stantes de Verdel incomparablement plus grandes que celle de l'air, seule substance dont M. Lécher fasse men- tion.

Tandis que M. Lécher essaie de créer des champs magnétiques périodiquement renversés, j'ai proposé de modifier un champ magnétique existant au préalable; celte proposition est impliquée dans le titre même de mon travail. Le champ magnétique permanent est produit, non dans l'air, mais dans des substances beaucoup plus

( 226 )

actives; les modificalions éventuelles du flux de force se révèlent dnns le téléphone, non pas directement, mais indirectement, [)ar les courants induits naissant dans un solénoïde à fil fin superposé à celui qui produit le champ permanent.

Les dispositions de M. Lécher me semblent moins favorables que les miennes à la manifestation éventuelle de la réversibilité du phénomène électro-optique. J'estime que celle question intéressante ne sera résolue que le jour des expériences auront été faites dans les conditions que j'ai indiquées dans mon travail.

En dehors des différences signalées plus haut, et pour terminer ce qui se rapporte à la première question, je crois pouvoir réclamer comme miennes les méthodes des- tinées à éviter l'induction directe, ainsi que les disposi- tions indiquées dans les figures 10 et W de ma note.

Quant à la partie de mon travail relative à la seconde ({uestion, elle est absolument étrangère à la communica- tion de M. Lécher.

Ayant rendu à César ce qui appartient à César, je n'ai plus qu'à faire voir comment la communication de M. Lécher a pu m'échapper dans mes recherches biblio- graphiques.

Dans les Beiblàtter zu den Annnlen der Phi/sik und Chemie de Wiedemann, t. Vill, 1884, page xxx de la table des matières, le travail de M. Lécher porte le titre suivant, entièrement étranger à la réversibilité du phéno- mène électro-optique : Induction durcit bewegte statischt El. nnd Interferenz v. Licht bei FlUssigheiten die voi Sfrônien durchflossen sind, S. 665.

A la page 66o des Beiblàtter figure un résumé du tra- vail sous le litre extrêmement vague: E. Lécher. Einige

( "i-n )

eleclrischc Verstic/ic mit vcr/alircm licsullal. (Ilcp. (J. Physik, 20, |)|). 151-153, 1884. Clieni.-phys. Ges. zu Wicn, 15Nov. 1885.)

Si Ton consiillo le neperloriinn <ler P/n/sik, on Iroiivoà la page 151 (lu loine XX une conimunicalion laile par M. hocher à la Société de physique el de chinrïie do Vienne, le 15 novembre 1885, el inlilnlée : Einir/c eiccirisclic Vcrsiiche mil negaiivcm liesiilUit.

Rien dans ces lilres ne pouvait me Taire soupçonner le sujet dont je m'occupais.

Telle est la cause de ma mésaventure. Le hasard ne m'a pas secondé; lui seul pouvait, dans le cours de mes recherches bibliographiques, me faire découvrir le travail de M. Lécher et m'apprendre, une l'ois de plus, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Agréez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'assurance de ma considération très distinguée.

H. SCHOENTJES, (lliargc de cours à rUniversité de Gand.

CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE POUR 1890.

D'après les conditions du programme, le délai pour la remise des manuscrits expirait le i" août; aucun travail n'a été adressé en réponse aux six questions inscrites.

( :228 )

RAPPORTS.

MM. Mansion, Catalan et De Tilly donnenl lecture de leur rapport sur un travail de M. Beaupain intitulé : Sur quelques intégrales définies.

L'auteur sera prié de tnodilier son travail dans le sens des rapports.

Nouveau système de machine à vapeur de M. Spanoghe.

Mtapitoi'l de M. Matts,

<r M. Spanoghe soumet à l'Académie un nouveau système de machine à vapeur, destiné à donner, à l'arbre moteur, un mouvement de rotation sans bielle et sans manivelle.

Pour remplacer ces organes mécaniques, l'inventeur fixe sur l'arbre moteur un noyau concentrique ou renfle- ment cylindrique, ayant un diamètre moitié du diamètre du piston à vapeur; puis il creuse, sur la surface cylin- drique de ce noyau, deux rainures hélicoïdales symétriques à section carrée, et qui, partant d'un même point, se dirigent l'une par la droite, l'antre par la gauche, et se rencontrent à une distance, de leur point de départ, égale à la course du piston à vapeur.

Ces rainures hélicoïdales sont raccordées de manière à pouvoir être parcourues successivement par un même solide mobile, que l'auteur appelle came, et auquel il a donné la forme d'un petit cylindre, dont la base inférieure

( T29 )

repose sur le lond de la rainure, el la base supérieure fail corps avecla lige du piston à vapeur.

Des dispositions spéciales empêchent la came de dévier de la ligne droite, que parcourt la tige du piston à vapeur.

Engagée dans une r;iinure courbe, et obligée de se mouvoir en ligne droite, la came ne peut progresser qu'en déplaçant latéralement la rainure qui, creusée dans un rendement de l'arbre moteur, ne peut recevoir aucun mouvement longitudinal.

Le déplacement latéral de la rainure détermine la rota- tion de l'arbre moteur, qui décrit une demi-révolution lorsque la came parcourt la longueur d'une rainure.

L'arbre continuera son mouvement de rotation, dans le même sens, pendant que la came parcourra, en rétrogra- dant, la rainure suivante, parce que celte rainure dévie en sens opposé de la précédente. Un tour entier de l'arbre correspond donc au parcours de deux rainures.

En continuant à passer d'une rainure dans la suivante, la came peut faire tourner indétinimenl l'arbre moteur.

Les rainures ayant une courbure uniforme, la vitesse de rotation de l'arbre est subordonnée à la vitesse de la came; cette vitesse doit donc rester invariable pour imprimer à l'arbre une rotation uniforme.

Devant arriver à l'extrémité de sa course avec sa vitesse normale, el rétrograder instantanément, la came éprouvera un cboc d'autant plus violent que sa vitesse normale sera plus grande.

Ces chocs répétés ne larderont pas à faire abandonner le système de M. Spanoghe, lors même que le nombre de tours par minute serait beaucoup inférieur à 200, nombre qu'il a indiqué comme pouvant être dépassé.

Le problème de concilier une rotation uniforme de

( m) )

l'aibre moleur, avec un moiivcinenl variable du pislon à vapL'iir, alin <remi)èclier loiil choc aux exlrémilés de sa course, esl résolu par l'emploi d'une bielle el d'une mani- velle.

En effet, le boulon de la manivelle décrit une demi- circonférence, pendant que le pislon parcourt le diamètre.

Si l'on divise la demi-circonférence en un grand nombre d'arcs égaux, el que, de cbaiiuc point de division, on abaisse une perpendiculaire sur le diamèlre, la distance entre deux perpendiculaires voisines esl la plus grande au milieu du diamètre, et diminue à mesure qu'on approche de ses extrémités, elle est sensiblement nulle, ce qui permet au piston de rétrograder sans choc.

Ces intervalles inégaux sont parcourus par le piston à vapeur, pendant que la manivelle parcourt dés arcs égaux.

La vitesse de rotation est donc uniforme pendant que la vitesse du pislon est variable, et décroissante du milieu vers les extrémités.

En résumé :

L'auteur commet une erreur lorsqu'il suppose que son système peut remplacer la bielle et la manivelle.

Je suis donc d'avis de ne donner aucune suite à la pro- position de M. Spanoghe. » La Classe a partagé cet avis.

p. s. L'Industrie moderne du 51 août 1890 page 196, décrit une machine du système Spanoglie, qui fonctionne à grande vitesse en Amérique.

Pour supprimer les chocs, les extrémités des rainures doivent avoir été raccordées par une courbe dont la tangente, au point de jonction, est perpendiculnirc à Taxe de rotation.

Les rainures seront ainsi devenues irrégulières, et le frottement plus grand. H. M.

(25J )

Sur la réduction des fonctions invariantes ; par Jncqiios Doriiyls.

Êtniipofl ilf n. t'. 1,4' g'nifff.

« Le court travail que M. Deriiyls présente à la Classe vient compléter d'une manière heureuse les recherches (|u'il a entreprises depuis [)lusieurs années sur les formes invariantes.

Kn s'appiiyant sur un (héorème récemment étahli par M. Hilbert, l'auteur démontre que tous les covariants pri- maires de formes algébriques quelconques peuvent s'expri- mer en fonction d'un nombre limité fl'entre eux.

Pour y arriver, M. Deruyls fait voir que les semi-inva- riants de première espèce jouissent de cette même pro- priété.

Rappelant alors ses découvertes antérieures, M. Deruyts peut énoncer le théorème suivant : Toutes les fonctions invariantes d'un système de formes aU/ébriques sont réduc- tibles, au moyen d'additions, de multiplications et d'opé- rations polaires, à un nombre limité d'entre elles.

Il n'est pas nécessaire de faire ressortir l'importance de ce résultat.

Je suis donc heureux de proposer à la Classe de voler l'impression dans le Bulletin de la séance le travail de M. Deruyls et d'adresser des remerciements à l'auteur pour celle très intéressante communication. »

.M. Mansion, second commissaire, se rallie aux conclu- sions de son savant confrère, lescjueiles sont adoptées par la Classe.

( 252 )

Sur les involutions cubiques conjuguées ; par Cl. Servais.

« La noie que M. Servais présente à la Classe, contient une étu<le intéressante des involutions cubiques conju- guées.

L'auteur prend pour point de départ une propriété que j'ai démontrée, il y a plusieurs années déjà, des couples de points de ramification r„ r\ (/ = 1, 2, 5, 4) associés aux points doubles t/, (< = 1, ... 4) de deux pareilles involu- tions.

Au lieu de représenter les éléments r, r', d sur une conique quelconque C2, M. Servais projette celle-ci de telle façon que le triangle d^, d- d^ soit un triangle équilaléral inscrit à un cercle.

Cette simplification conduit naturellement à une con- ception plus rapide des propriétés que possèdent les groupes d'éléments singuliers des involutions.

Aussi M. Servais arrive-t-il à démontrer facilement toutes les propriétés des involutions conjuguées rencon- trées par notre savant ami M. Em. Weyr ou par nous- même, et à y ajouter quelques résultats que nous croyons nouveaux, notamment ceux qui sont contenus dans les paragraphes 6 et 6.

En particularisant les involutions conjuguées, on trouve rinvolution sibi-conjuguée : M. Servais déduit aisément de son mode de représentation les résultats connus depuis longtemps et ceux qui nous ont été plus récemment com- muniqués par notre ami .\L Zeuthen.

( :235 ) Je propose bien volontiers à la Classe d'ordonner l'in- sertion au Bulletin de la courte note de M. Servais, ainsi que de la planche qui l'accompagne. »

MM. Mansion et De Tilly se rallient aux conclusions de leur savant confrère, lesquelles sont adoptées par la Classe.

Sur les démonstrations du théorème de Staudt et Clausen; par E. Cesâro.

Happot'i rfe M. f. Manaion.

« Clausen et Staudt, dit M. Éd. Lucas, ont découvert en même temps, sur les nombres de Bernoulli, un théorème fort remarquable. On a, pour les nombres de Bernoulli, l'expression

2 « S >'

dans laquelle Ao, A,, A,,... désignent des nombres entiers, et % a, (3, ... y tous les nombres premiers qui surpassent de Cunilétous les diviseurs de n » (Mathesis, L jll, p. 2o) La démonstration de von Staudt, « profonde et difïicile j>, d'après M. îlEmmE {Nouvelle Correspondance mathéma- tique, 1880, VI, p. 122^, a été publiée en i840, dans le Journal de Crelle, tome XXI, pages 372-374; celle de Clausen a paru, en même temps, dans les Asironomische Nachrtchten.

( 254 )

Cet admirable ihéorème, longtemps laissé dans roubli, a élédémonlré par M. Catalan, avec sa clarté ordinaire, dans le BiUlelin des sciences mal/témaliques et nslrono- viiques, 2* série, t. IV, 1" partie, pp. 77-82, en 1880; puis, la même année, par JM. Fîadicke, dans la ISouvelle Correspondance malhémalique, t. VI, pp. 503-507. Au fond, la démonstration de M. Radicke ne diffère pas de celle de M. Catalan. M. Éd. Lucas en a publié, à son tour, une démonstration, en 1885, dans Mathesis, t. IM, pp. 25-28 (*).

La Note de M. E. Cesàro est une élude comparée rela- tive à ces diverses démonstrations. En un certain sens, elle en contient aussi une que j'appellerais nouvelle, si le savant Géomètre italien n'avait pour but principal, dans son travail, d'établir l'identité substantielfe des diverses preuves dont je viens de faire l'énuméralion.

Partant de l'identité symbolique

(B -+- \)" B"=p, (1)

pour définir les nombres de Bernoulli, il en déduit, de deux manières différentes, la relation connue

1 "> n

B(B -+- 1)(li -+- 2)...(B -+- n i)---— ; . ('2)

n ■+- 1

puis aisément, par la théorie des équations linéaires,

1.2.. .H L2 ..(«-1) 1.2...(/*-2) 1

n-t-l n n—\ 2

(*) Nous avons en portefeuille, depuis le mois de janvier, une démonstration un peu difl'érente, qui nous a été envoyée par M. Lucas, pour Mathesis.

( 255 )

A], A^, ... élanl des délerniinanls numériques qu'il est iiiu- lile d'écrire. Celle formule (5), oblenue aulremenl, esl le poinl de dépari de M. Lucas. Il en lire, par Iransformalion des déterminanls A, au moyen des ihéorèmes de Fermai el de VVdson, la formule cherchée de von Slaudl el Glausen.

M. Cesaro arrive au même résultai, en s'appuyanl aussi sur les mêmes Ihéorèmes, mais sans recourir aux déler- minanls. De deux manières diirérenles, il Irouve, par inver- sion de la formule (2), la relalion (3) sous la forme

1.2... w l.!2...(//-l) 1.'2...(«-2) 1

Tp, 7 esl la somme de lous les produits qu'on peut for- mer avec q facteurs égaux ou inégaux, pris parmi les nombres 1, 2 ,3, ..., p. Autrement dit, il oblienl l'inlerpré- lation des déterminants A. Il observe ensuite que si l'on a

^ = i'^i» -*- «i'^ •+- "iZ^ -*-

•) («0 -+- a.,z -+- «jZ^ ■+- .

•••).

\ ={bo -«- hfZ -+- 6.>2- -+-

•.)((3o-HS,z-+-p.iZ*-4-.

••),

el si o„ 6„ esl un multiple de p, il en esl de même de a,. P,,, p étant premier. Cette remarque, appliquée au cas

ao-+-a,z-t-M..z--f-...=(|— x)...(/j— I x), ho-i-h^z-h-- =\—z''~\

lui fournil les propriétés des coefticienls A ou T, qui con- duisent au théorème de von Slaudl el Clausen.

>

( 236 ) M. Cesaro montre ensuite comment on peut passer de la relalioD (4) à celle de M. Catalan ;

(—1)''B,=1—- A (!"-') -^--A*(l'■•■■) etc , '2 0 4

OU à la relation équivalente, de M. Radicke.

Il résulte de cette étude, qu'au fond, les diverses démonstrations étudiées reviennent toutes, sous une forme ou sous une autre, à l'inversion de la relation (2). M. Cesaro montre, pour terminer, qu'il est impossible d'arriver au même résultat, par inversion de l'équation de dé(lnition(l). Par suite, dit-il, « il est permis de douter qu'on puisse trouver une démonstration du théorème- de Clausen et Slaudt plus simple que celle de M. I.ucas ».

On peut souscrire à cette conclusion, pourvu qu'on l'en- tende dans le sens large, en identifiant toutes les démon- strations qui reposent sur l'une ou l'autre forme de j'inverse de la relation (2).

Quoi qu'il en soit, l'étude de M. Cesaro met bien en lumière les liens qui existent entre les diverses démonstra- tions citées, et en est un complément utile. Nous proposons à la Classe d'en ordonner l'impression dans le Bulletin et d'adresser des remerciements à l'auteur. »

M. E. Catalan, premier Commissaire, n'ayant pu examiner la note de M. Cesaro, se rallie aux conclusions du Rapport de M. Mansion, lesquelles so::t adoptées par la Classe.

i

( 257 )

Sur les déformations que font naître dans un hémisphère creux métallique le choc et la pression d'un corps dur; par M. II. Scliot'nljes.

Mtapgiot'i tif M, IVitt (#<'*• .flftttbt'ugghf.

« Les déformations produites à l'extérieur d'un hémi- splière creux métallique par le choc ou par la pression d'un corps dur sont tellement inattendues, que leur description ne peut manquer d'exciter un intérêt réel, d'autant plus que les expériences de AI. Daubrée ont montré le genre de déformations produites sur une enve- loppe flexible par un accroissement de pression intérieure; je n'hésite donc pas à proposer à la Classe l'impression de la note de M. Schoenljes, avec les figures qui l'accom- pagnent. » Adopté.

Réduction des nitrates par la lumière solaire; par Emile Laurent.

Rapport de M. Stna, pi-etniei' coitunimaaife.

« L'auteur de la notice soumise au jugement de la Classe a reconnu qu'une solution d'azotate de potassium insolée se conduit comme si elle contenait un azotite.

Il a constaté, en outre, que le même l'ait se présente avec l'azotate cristallisé insolé. Il conclut, en conséquence, à la réduction de l'azotate en azotite sous l'influence de la lumière. Pour s'assurer de l'existence d'un azotite, M. Laurent se fonde sur le fait que la solution d'azotate

5"* SÉUIE, TOME XX. \Q

( 238 )

insolée, traitée convenablement par le réactif de Griess, se colore, après trois à quatre minutes d'attente, en rouge- rose et finit par déposer un précipité rouge en se décolo- rant. J'ai essayé de contrôler les observations consignées dans la note, et j'ai reconnu tantôt leur parfaite exactitude et tantôt des résultats discordants.

J'ai prié mon ami, M. le professeur Depaire, de sou- I mettre à une vérification complète les indications données par M. Laurent; en variant les conditions de l'expé- rimentation, il est arrivé, comme moi, à des résultats contradictoires.

J'ai invité M. Laurent à reproduire sous mes yeux les faits observés par lui, en employant à cet effet une partie des agents ayant servi à l'exécution de ses recher- ches et en se plaçant dans les conditions premières. J'ai hâte de dire qu'il s'est rendu à mon désir et qu'il m'a prouvé ainsi la parfaite exactitude de ses observations. Le doute n'est pas possible : une solution d'azotate alcalin insolée se conduit avec le réactif de Griess comme si elle contenait un azolile.

Cependant, à mon avis, il est permis de se demander si la coloration rouge-rose que prend une solution d'azotate de potassium insolée ou une solution d'azotate de potas- sium insolé, est due à l'existence d'un azotile formé sous l'influence de l'insolation. Les chimistes qui ont manié le réactif de Griess ont constaté que cet agent, composé d'une solution chlorhydrique de chlorure de naphlylamine et d'acide sulfanilique, exposé à la lumière et à l'air, dépose un enduit rouge-brun, soluble dans l'alcool, qu'il colore en rouge foncé. On sait, du reste, que la naphtyla- mine s'altère légèrement à l'air en se colorant en violet, qu'à l'état humide le chlorhydrate de naphlylamine rougit

( 239 )

proviplemcut au contact de l'air, et qu'une solution chior- liydrique de clilorhvdrate de naplitylamine absorbe l'oxy- gène de l'air et dépose un enduit rouge-brun analogue, sinon identique, à celui qui adhère aux parois des vases mal bouchés dans lesquels on conserve le réactif de Griess.

Tout en admettant que le réactif de Griess, employé convenablement, colore, après quelques instants, en rouge- rose, une solution saline contenant des traces de nitrite, la coloration observée par M. Laurent sur ses solutions d'azotate insolées peut être due à Voxydation de l'un des éléments de ce réactif par l'oxygène de l'air ambiant. Dans son travail, M. Laurent s'est borné à constater la produc- tion de coloration; il s'est abstenu de rechercher si la matière colorante qui prend naissance renferme, à la fois, les éléments du réactif employé et de l'acide azoteux, comme c'est le cas lorsqu'il y a présence d'un azotite. Avant de tirer une conclusion de ses expériences, l'auteur aurait soumettre à l'analyse élémentaire le composé rouge qui se dépose par l'action du réactif de Griess sur une solution d'un azotate alcalin insolée.

Ayant constaté la possibilité de reconnaître la présence (le traces d'azotile dans une solution saturée d'azotate de potassium ou de sodium, par la formation ù'azotile d'argent qui prend naissance par l'addition d'une solution à'azotate d'argent saturée d'azotate de potassium, j'ai essayé de rechercher si une solution insolée d'azotate de potassium non insolé, et si une solution d'azotate de potassium insolé contiennent une trace appréciable d'azotite.

Pour exécuter les recherches, j'ai institué les essais suivants. J'ai saturé à 18" de l'eau absolument [iure :

1" Par de l'azotate de potassium pur, non insolé, préparé par M. Depaire (A);

( 'ito )

2^' Par do Tazolate de polas>iiim pur, fondu dans le platine, provenant de mes lra>au\ sur les poids atomiques, et exposé en vase clos pendant vingt-huit années succes- sivement à la lumière diÛuse et à la radiation solaire directe (B);

5" Par de Tazolale de sodium pur, fondu dans le platine, provenant également de mes recherches sur les poids atomiques, et exposé en vase clos pendant vingt-huit années successivement à la lumière dilïuse et à la radiation solaire directe (C) ;

4" Par un mélange d'azotate d'argent fondu etd*azolate de potassium non insolés i^D';

o" Kniin, jai saturé à IS^ par de l'azotate de potassium non iusolé, une solution d'azotite de potassium titrant '6 Vioooû d'acide azoteux, préparé par M. Depaire.

Après avoir recherché l'action du réactif de C.riess dans les conditions adoptées par M. Laurent, d'une part sur la solution d'azotate de potassium non iusolé, et d'autre pari sur la solution d'azotates de potassium et de sodium insoles, et après avoir reconnu que la première n'éprouve au bout de dix minutes d'attente qu'une coloration rosée à peine sensible, et que la deuxième et la troisième s( colorent intensément en rouge rose après trois à quatre minutes, j'ai laissé tomber à la surface de 10 centimètres cubes de solution des azotates A, B et C, contenue dans un tube bouché par un bout de 2 '/^ centimètres de diamètre, une goutte de la solution d'azotate d'argent D, à l'aide d'une pipette débitant vingt-cinq gouttes par centi- mètre cube.

Au bout de quinze minutes d'attente, aucune zone opa- lescenie ne s'étaut produite, les essais ont été abandonné à eux-mêmes jusqu'au lendemain, dans l'obscurité absolue^

(24J )

J'yi repris ensuite trois autres tubes d'essai de mêmes dimensions que les précédents; après avoir introduit dans le premier 10 centimètres cubes de solution d'azotate de potiissium non insolé, (hins le deuxième 10 centimètres cubes de solution d'azotate de potassium insolé, et dans le troisième \0 centimètres cubes de solution d'azotate de sodium insolé, j'ai laissé lombcr à la surface des liquides mie goutte de solution saturée d'azotate d'argent et d'azo- tate de potassium.

Après une attente de quinze minutes il ne s'est produit aucune zone opalescente à la surface des liqueurs d'essai, et les liquides, ayant été agités pour y répandre uniformé- ment la solution argentifère, ont conservé leur limpidité absolue.

Ces faits étant acquis, j'ai laissé lombcr à la surface du liquide contenu dans chaque tube nue goutte de solution '^ V«oooo d'azotite de potassium, saturée d'azotate de potassium (liquide E) à l'aide d'une pipette débitant vingt- cinq gouttes d'eau par centimètre cube.

Après quelques instants, il s'est produit à la surface des liquides d'essai une zone opalescente, formée par un solide brillant; celte zone est descendue successivement dans le liquide en augmentant d'intensité. J'ai abandonné au repos les trois tubes jusqu'au lendemain, dans l'obscu- rité absolue, à côté des trois tubes d'essai qui avaient sim- plement reçu de l'azotate d'argent.

Le lendemain j'ai constaté que la solution d'azotate de potassium non insolé et que les solutions d'azotate de potassium insolé et d'azotate de sodium insolé, ayant reçu de l'azotate d'argent, avaient conservé leur limpidité parfaite et n'avaient déposé aucune trace de précipité cristallin; tandis que les trois liquides d'essai, qui avaient

( 242 )

reçu successivement de l'azolale d'argent et de l'azotite de potassium, étaient devenus d'une limpidité absolue en déposant au fond du tube une faible quantité de poussière cristalline, brillante.

J'ai versé dans trois petits flacons bouchés à l'émeri les liquides qui n'avaient rien laissé déposer par le repos, et j'ai exposé pendant trois jours les liquides à la radiation solaire directe. Par celte insolation les liquides sont restés incolores et n'ont déposé trace d'azotile d'argent. La radia- tion solaire a donc été sans effet sur l'azotate de potassium et sur l'azotate de sodium, insolé ou non insolé, en ce sens qu'il ne s'est pas formé trace appréciable d'azotile d'argent.

Voulant m'assurer de la nature du précipité crislallin déposé au fond des solutions ayant reçu successivement des quantités infinitésimales d'azotate d'argent et d'azotile de potassium, j'ai institué les essais suivants : ayant reconnu par l'expérience la rapide transformation, par oxydation, de l'azotite d'argent en azotate, j'ai élevé lente- ment la température des liquides d'essai jusqu'à redisso- lution complète du précipité déposé au fond du tube. En répétant réchauffement et le refroidissement successifs des liquides, j'ai constaté que la quantité de précipité repro- duit par refroidissement a diminué en raison du nombre d'échauffements opérés en présence de l'air, et qu'après quatre redissolutions les liquides d'essai n'ont plus rien déposé par refroidissement. L'azotite d'argent en disso- lution est, en effet, moins stable qu'on ne le suppose géné- lement lorsque le liquide a le contact de l'air; il se transforme en azotate d'argent.

J'ai contrôlé les observations précédentes en opérant inversement de ce que je viens d'exposer. A cet effet, j'ai ajouté aux solutions d'azotate de potassium non insolé et

( tiô )

insolé, et qui ne précipitent pas par Vozolale d'argent, un poids d'azolilc de potassium égal an '/lonooo ''" poids de l'azolalc alcalin dissous. En additionnant ces essais d'une quantité d'azotate d'argent pioportionnelle à l'azolite employé, j'ai constaté, sans doute possible, la formation d'une zone opalescente à la surface des liquides et la pré- cipitation subséquente d'azotite d'argent; à deux reprises différentes j'ai vérifié ces faits avec mon ami M. Depaire, et les résultats ont été parfaitement concordants.

Cela étant, on peut affirmer qu'une solution saturée d'azotate de potassium ou de sodium insolée ne contient pas Viooooo ^^ son poids d'azotite formé par l'insolation. En répétant ces essais avec des soins convenables, je suis convaincu qu'on pourra arriver à prouver que, par l'inso- lation, on ne parvient pas à transformer en azotite Vioooooo de l'azotate soumis à l'expérimentation.

J'admets avec M. Laurent que l'insolation imprime à une solution d'azotate de potassium ou de sodium, et à ces azotates cristallisés, des propriétés que la solution et les sels cristallisés n'avaient pas avant leur insolation; mais, eu égard à tous les faits exposés ci-dessus, je ne pense pas qu'on soit autorisé à attribuer ces modifications à la trans- formation de l'azotate en azotite, c'est-à-dire à une réduc- tion de l'azotate. Cela n'est positivement pas vrai dans la limite du '/lonooo-

La note de M. Laurent renferme des observations dont je reconnais la parfaite exactitude. Ces observations, ainsi (lue j'ai pu m'en assurer, sont faites avec soin et clairement exposées. A ce titre son travail mérite d'être connu. Je crois être en droit de contester la légitimité des conclu- sions qu'il déduit de ses recherches, parce qu'il n'a pas prouvé l'existence d'un azotite dans un azotate insolé. Il

( 244 )

a le tort d'ajouter foi à de simples réactions de coloration, qui sont trompeuses. C'est un travers dans lequel versent actuellement tant d'expérimentateurs, au grand préjudice des conclusions déduites de recherches exactes en elles-mêmes. Mon devoir est donc de faire des réserves formelles sur l'exactitude du tilre et des conclusions de la note de M. Laurent.

Avec ces réserves, j'ai l'honneur de proposer la à Classe l'impression dans le Bulletin de la séance du travail de l'auteur. »

M. Errera, deuxième commissaire, a déclaré se rallier aux conclusions du rapport de son éminent confrère M. Stas; il propose également l'impression du travail de M. Laurent dans le Bulletin de l'Académie.

Rappoft tte If. Gtlltittetf tt'oigième con*n*iit»aii'e.

a 11 ne reste rien à ajouter au rapport si complet et si précis de notre éminent confrère, premier commissaire. Comme il le fait observer, différents chimistes, et je citerai, entre autres, Tiemann et Gartner, ont soulevé des objections au sujet de l'emploi du réactif de Griess, pour la constatation des nitrites. Quoi qu'il en soit, la note de M. Laurent est certainement intéressante, et je me joins volontiers aux deux premiers commissaires pour en réclamer l'impression dans le Bulletin de l'Académie. »

Ces conclusions sont adoptées par la Classe.

( 215 )

Sur la réduction des 7iitrates par la levure de bière et par quelques moisissures ; par É. Laurent.

napftoi'l tif M, fmiIkiÊift, pt'ftttifi' cotninittair'*',

« Dans une noie publiée par l'Académie, M. Jorissen a constaté que des graines de lin et d'orge, humectées d'eau, ne germent pas aussi longtemps qu'on les maintient dans une atmosphère contenant de l'acide cyanhydrique ; la diastase ne se forme pas, et les nitrates, mis en solu- tion dans le liquide, ne sont pas transformés en nilriles. Il y aurait une série de faits à l'appui de l'opinion de Marcano, suivant laquelle les propriétés diastasiques seraient communiquées aux liquides par le développement de bactéries.

Dans une note ultérieure, M. Jorissen faisait connaître que des graines d'orge, dont l'extérieur avait été stérilisé par le passage dans une solution de chlorure mercurique à un état de dilution tel, que le pouvoir germinatif ne fùl pas influencé, n'avaient pas formé de nitrite après vingt- quatre heures, tandis que la même expérience, répétée avec des graines non stérilisées, fournissait manifestement la réaction des nitrites.

Suivant M. Laurent, l'absence de réduction, dans le premier cas, devrait être attribuée à l'action paralysante ou toxique de l'acide cyanhydrique. Pour ce qui con- cerne les graines d'orge stérilisées, M. Laurent fait con- naître le résultat de ses recherches : des graines d'orge et de maïs en germination, stérilisées et placées dans de l'eau

( 246 )

égalemenl stérilisée, jusqu'à ce que la ligelle eût atleini 1 centimètre de longueur, ne renfermaient pas de bacté- ries dans leurs tissus, et cependant elles n'en étaient pas moins capables de réduire les nitrates. Aujourd'hui, comme autrefois, il considère la réduction des nitrates comme une propriété commune à certains microbes et aux cellules des plantes supérieures se développant dans un milieu privé d'oxygène.

M. Jorissen avait constaté que le moût de bière, addi- tionné de nitrate et de levure, produit une fermentation alcoolique très énergique, mais pas de réduction des nitrates. Suivant M. Laurent, lorsqu'on oblige le ferment de la levure à végéter dans un liquide faiblement sucré, il y aurait production de nitrite, et l'absence de réduction dans l'expérience de M. Jorissen serait due à l'abondance de nourriture sucrée fournie au saccharomyces, celui-ci ne décomposant les nitrates que lorsque les aliments sucrés lui font défaut.

La question en litige est certainement intéressante; elle ne pourra se résoudre définitivement que par de nom- breuses observations, et je considère qu'il est avantageux pour la science de voir la discussion se rouvrir à son sujet. Je propose donc l'insertion de la note de M. Laurent dans le Bulletin de la séance. »

Mtapfiot't de M. Et'ê'Cfa, second cotntnistaife.

a J'estime que les expériences délicates dont M. Laurent nous rend compte dans sa note ont été exécutées avec beaucoup de soin et avec les connaissances physiologiques

( '^^7 )

approlondies, si nécessaires en ce genre de reclierclics. Elles conlribueront donc certainement à hâter la solution (In problème en discussion, et je suis heureux de me joindre à mon savant confrère, M. Gilkinct, pour proposer l'insertion du travail de M. Laurent dans le Bulletin de l'Académie. »

Ces conclusions sont adoptées.

liecherches physiologiques sur l'occlusion de l'aorte tlioracique; par le D"" Colson.

Mtappoi't dt> Bt. M^éon Ft'edeficq, pi-emict' comntiataiÊ'tf.

a L'auteur du travail soumis à notre appréciation a étudié systématiquement, chez le chien, les elTets produits par l'occlusion de l'aorte thoracique sur le sang, la circu- lation sanguine et lymphatique, la respiration, la calorili- cation et l'innervation.

11 a utilisé, pour obstruer et désobstruer l'aorte, le procédé dont je m'étais servi moi-même il y a deux ans, et qui consiste à introduire dans l'aorte, par la voie de la carotide droite, une ampoule extensible que l'on peut à volonté gonfler ou dégonfler.

L'occlusion de l'aorte produit l'anémie aiguë de la moelle lombaire, d'où excitation passagère, puis paralysie des centres nerveux lombaires. Ces phénomènes d'excita- tion et de paralysie atteignent d'abord les centres nerveux des mouvements volontaires, puis les centres ano-spinal

vl vésiiospinal. plus lanl les otMilros noivoux stMisibles et, ou iloi nier lion, los oonlros vaso-oonstriolours. L'autour a ôlô coiuluit ;\ admettre l'excilalion cl la paralysie des oeulres vaso-oonslrioleurs do rarrièro-lraiu, par une étude attentive dos oseillations do la pression sanguine générale, qui se produisent à la suite d'une dosobstruolion do l'aorte, stiooédanl à une obstruction d'une eorlaine durée. Si ranémie i\c la luoollo s'est prolongée au delà de douze à seize minutes, la pression artérielle ne reuïonte plus à sou niveau primitif après rétablissement du cours du sang. mais reste fort Iwsse. Ceci nous indique la suppression du tonus vasoulaire dans Tarrioro-train innervé par la moelle qui a été souniiso à l'anémie.

L'occlusion de l'aorte refoule la plus grande partie du sang dans l'avaut-train de l'animal et y produit une hausse notable et durable de la pression sanguine artérielle. hausse qui. elle-même, a pour eflet de ralentir les pulsa- tions cardiaques, ainsi que les mouvemenls respiratoires ^tendance à l'apnéeV 11 en résulte également une augmen- tation du courant de transsudalion du plasma sanguin à travei^ les parois des capillaires, d'où concentration du liquide sanguin et augmentation de la proportion des globules et des matériaux solides du sang dans l'avant- Irain. Tant que dure l'occlusion de l'aorte, les phénomènes inverses se pi'oduisenl dans l'arrière-train : la circulation lymphatique notamment est entièrement arrêtée dans le canal ihoracique : elle réparait immédiatement après la désobstruclion de l'aorte, avec une intensité qui dépend de la valeur de la pression artérielle.

A la suite d'une occlusion aortique d'une heure, on retrouve encore dans les pattes de l'animal environ 6 "/^

( 2-^^^ ) (le leur poids de sang (au lifjii de Mi "/«o, proporlion normale), el, dans le foie, plus de 80»/oo (au lieu de 100°/„„, proporlion normale)- ^^e sî'"(^ retrouvé dans les organes dr l'arrière-lrain n'esl pas un siin[»le resie du sang conlenn dans les vaisseaux au moment de l'occlusion; il provient, en partie au moins, d'une circulation collatérale, s'eirectuant ( ar les anastomoses artérielles. Cette voie détournée sudit (pendant une expérience d'oljstrucliorij pour (aire appa- raître au bout de six à neuf minutes, dans le sang des veines crurales, le ferro-cyanure de sodium injecté dans la veine jugulaire externe.

Comme on le voit, l'auteur a l'ail une élude conscien- cieuse des effets de la suppression de la circulation du sang dans l'arrière-train du chien. Il a découvert plusieurs laits nouveaux et intéressants, et a lourni de ces faits une explication satisfaisante. Son travail est accompagné d'un grand nombre de tracés et de diagrammes.

.fe propose à la Classe :

i" De voter l'impression du travail de M. Colson dans les Mémoires in-8", ainsi que l'exécution de quelques-unes des ligures de ce travail (les (ig. 1, 3, 4, 8, 9, 17,24 et 25, soit 8 figures sur 32);

D'adresser des remerciements à l'auteur. »

a I.e mémoire de M. Colson sur l'occlusion de l'aorte llioracique est le résultat d'expériences faites à l'Instilul physiologique de l'Université de Liège, placé sous la direction habile de notre confrère M. Léon Fredericq.

( 250 )

Celui-ci a donné un résumé si complet du mémoire soumis au jugement de l'Académie, que je puis me borner à quelques considérations générales.

El avant tout, je félicite l'auteur d'avoir donné un résumé historique des travaux de ses devanciers qui ont traité la même question.

A noire époque de travail accéléré, se vérifie trop souvent ce mol de Traube, qu' « on ferait moins de décou- vertes si on lisait un peu plus ».

On l'a vu à la dernière épidémie d'influenza, pendant laquelle l'apparition de certains phénomènes excita la surprise des observateurs parce qu'ils avaient négligé de consulter l'histoire des épidémies antérieures.

Les expériences sur l'occlusion de l'aorte établissent de nouveau les rapports étroits qui existent entre la circula- tion du sang et la fonction des centres nerveux. Cette dernière, depuis celle de l'intelligence jusqu'à celle de la sensibilité, du mouvement et de la nutrition, cesse quand les centres ne reçoivent plus du sang la quantité et la qualité nécessaires de matériaux pour remplacer les pertes subies dans leur aclivilé.

Ce sont les globules rouges du sang artériel qui amènent aux cellules nerveuses l'oxygène nécessaire à leur fonc- tion.

Les expériences de M. le D"" Colson paraissent être faites avec beaucoup de soin.

L'auteur note minutieusement le temps (secondes et minutes) qui s'écoule entre l'occlusion de l'aorte et l'appa- rition des symptômes, paralysie, etc.

Peut-être saura-t-on un jour ce qui se passe dans les cellules de la moelle pendant l'interruption de l'entrée de

( 25i ) l'oxygène, on suivant la nouvelle voie inaugurée en 1872 par Pfliiger.

Je me rallie donc volontiers aux conclusions du rapport de mon savant collègue. »

La Classe adopte les conclusions des rapports de ses commissaires.

Sur le rapport verbal de MM. Henry et Spring, la Classe vote l'impression au Bulletin d'une notice de M. Maurice Delacre, intitulée : Faits pour servir à l'histoire de VAldé- Injde.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Sur la conservation de l'oxy hémoglobine à l'abri des germes atmosphériques par Léon Fredericq, correspon- dant de l'Académie.

Dans une note publiée dans le Bulletin de l'Académie, 11" 2, 1890 (3"= série, tome XIX, pp. 87, 88), j'avais avancé que l'oxyhémoglobine peut se conserver intacte pendant plus d'un mois sans perdre son oxygène et sans se transformer en mélhémoglobine, à la condition d'exclure rigoureusement l'action des germes atmosphé- riques.

J'ai constaté depuis que la durée de conservation de

( 252 )

Toxyliémoglobine aseptique n'est pas illimitée. Au bout de quelques semaines, l'ox} hémoglobine commence à passer à la mélhémoglobine, et la transformation est complète en quelques mois. L'ensemencement de cette mélhémoglobine dans différents milieux de culture a montré qu'elle ne renfermait réellement aucun germe vivant (1). II suffit d'ajouter à l'un des tubes contenant de la mélhémoglobine aseptique une goutte de sang putréfié (ou simplement exposé à l'air), puis de sceller le tube, pour observer, au bout de quelques jours, la disparition de l'oxygène de la mélhémoglobine et la transformation de cette substance en hémoglobine réduite.

Comme je l'annonçais dans la poie précitée, cette pro- priété de la matière colorante du sang, de se réduire au contact des germes atmosphériques, peut servir à recon- naître si un échantillon de sang ou d'oxyhémoglobine est réellement stérile. En effet, un échantillon d'oxyhémoglo- bine, conservé dans un tube scellé et contenant des germes atmosphériques, se transforme intégralement en quelques jours en hémoglobine réduite. Si les germes ont été rigoureusement exclus, l'oxyhémoglobine se conserve intacte pendant assez longtemps et se transforme ensuite graduellement en mélhémoglobine. Les deux substances en question, l'hémoglobine réduite et la mélhémoglobine, sont faciles à reconnaître, grâce à leur teinte et à leur spectre d'absorption caractéristique.

(1) M. le D' Henrijean, agrégé spécial à l'Université de Liège, a hien voulu contrôler par la méthode de renseraencement l'état asep- tique des échantillons de mélhémoglobine que je lui ai remis.

( 25.- )

Sur la propriété caractértstiqite de la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle; deuxième communication, par G. Van der Mensbrugghe, membre de l'Académie.

Dans ma première communication sur ce sujet (1), j'ai défini, on se le rappelle, la force caractéristique qui règne, selon moi, à la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle, force que j'ai appelée force d'exten- sion, parce qu'elle exerce un elTel directement opposé à celui de la tension; puis j'ai cité quelques phénomènes qui, je pense, la rendent bien manifeste; enfin j'ai annoncé mon intention de l'étayer par des faits de plus en plus nombreux.

En conséquence, j'ai poursuivi l'étude des phénomènes elle joue un rôle plus ou moins important; j'ai com- mencé par un sujet que j'ai longuement traité, il y a déjà plus de vingt ans, savoir l'étalement des liquides les uns sur les autres; en le reprenant, j'aurai l'occasion d'exposer une théorie nouvelle de ce phénomène et de rendre compte de certaines particularités qui me paraissaient autrefois inexplicables; mes idées actuelles les feraient prévoir si le hasard n'avait présenté depuis longtemps ces singularités à mon observation.

(I) Voir Bull, de l'Acad. Boy. de Belgique, t. XX, p. 32, 1890. S"* SÉRIE, TOME XX. \'J

( 254 )

Théorie nouvelle de l'étalement des liquides les uns sur les autres.

La condition nécessaire de l'élalement d'un liquide sur un autre a été donnée pour la première fois en 1865, par M. Marangoni (1), puis, presque simultanément, par MM. Liidlge (2), Quincke (3) et par moi (4); pour ces quatre observateurs, la surface commune à deux liquides est toujours soumise à une force contractile, c'est-à-dire que dans tous les cas elle tend à diminuer, sauf quand cette force est nulle (5). De ceUe façon, pour qu'un

(i) Sull' espansione dette goccie d'un liquido galteggianti sulla superfice di allro liquido. Pavie, 1865.

(2) Ueber die Ausbrcitung der Ftûssigkeiten auf cinander (Ann. de Pogg., 1869, vol. CXXXVII, p. 362). Le travail de M. Lûdtge a été imprimé un mois après la présentation de mon premier mémoire à l'Académie royale de Belgique.

(3) Ueber Capillaritàts-Erscheinungen an der gemeinschafttichen Oberflâche zweier Fliissiglicitcn (Ibid., t. CXXXIX, pp. 1-89). Le mémoire de M. Quincke a été achevé très peu de temps après mon premier travail.

(4) Sur ta tension superficieltc des liquides, considérée au point de vue de certains mouvements observés à leur surface (Mém. cour, et mém. des savants étrangers de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXXIV, 1869,ett. XXXVII, 1873.)

(5) Chose étonnante, M. Paul du Bois-Reymond, qui, en 1870, combattait cependant la tension superficielle des liquides (Ueber dei Anlheit der Capillaritàt an den Erschcinungcn der Ausbreitung deri Flûssiykeilcn, Ann. de Pogg., 1870, t. CXXXIX, p. 262), n'a pas osél

( 2r)5 )

liquide 2 de leiision F, sVtalo sur un liquide i de ten- sion F„ il suini, d'aprc's eux, que la lorce F, soil supé- rieure à la somme F, -i- F, F élanl la force conlraclile de la surface commune aux deux substances. Mais on com- prend sans peine qu'en regardant, à priori, la force F comme positive dans tous les cas, on s'expose à exclure de la théorie une infinité de phénomènes cette même force est, en réalité, négative.

Pour échapper à une hypothèse quelconque sur le signe de F, il suffit de substituer à cette force sa valeur "^ ^'2 2Fi2, F^2 élanl Taclion réciproque d'un liquide sur l'autre.

On obtient ainsi :

F, > F, H- F, -f- F, _ 0F,„

inégalité qui se ramène à

F,, > F,.

Si c'est le liquide 1 qui doit s'étaler sur le liquide 2, la condition nécessaire sera de même

F,2 > F.;

on conclut de que, pour qu'un liquide s'étale sur nu autre, il faut et il suffit que l'action mutuelle des deux

supposer négative la force F = F, -4- F, - 2F,.; de cette manière, il a se bornera exprimer sans preuve aucune la conviction que l'existence d'une force répulsive dans les couches miuces de certains liquides est établie avec autant de probabilité que les forces physiques en géncnd.

( 256 )

substances soit svpérieure à la tension du liquide déposé sur l'autre.

D'après cel énoncé, on voit que l'influence du liquide servant de base à la goulle destinée à s'élaler, ne se trouve que dans le terme F^g, exprimant l'action mutuelle des deux substances.

Je tiens à ajouter que, vers l'époque même ont été publiés les travaux cités en dernier lieu, Dupré de Rennes a touché la question (1), et a donné pour condition du phénomène l'inégalité

F„ < F,;

mais les calculs dont l'auteur fait précéder cette condition permettent de la rectifier aisément, et de h rendre iden- tique à celle que j'ai obtenue plus haut; l'ingénieux physi- cien français se contente de dire que sa formule « s'ap- •s> plique au cas bien connu de certaines huiles s'étendant » sur l'eau en couches très minces, qui apparaissent avec » de brillantes couleurs. » Aucune expérience n'est raj)- portée à l'appui de celte remarque.

La théorie que j'ai exposée en 1869 et 18'/3, dans les mémoires cités plus haut, est applicable de tout point lors- que l'action réciproque des liquides mis en présence est inférieure à la demi-somme des tensions de ces substances; c'est ce qui arrive dans le cas de l'eau distillée et de l'huile d'olive, de lin, de colza, de navette, etc., dans celui du mer- cure parfaitement pur et de l'eau ou d'une huile grasse quelconque, etc. Mais dès que l'affinité entre les deux

(1) Théorie mécanique de la chah'ur, par A. Dupré, Paris, 1869j voir p. 575.

( 2^7 ) liquides est sudisammeul grande pour doiin«îr lieu à nii corps nouveau, on a nécessairenienl F,2> F| el F,, > F.^, car les deux substances ne peuvenlévideinmenl se combiner qu'en vertu d'une lorce supérieure à la force de coiiésion de ciiacune d'elles, c'esl-à-dire précisément à F, et à F.^; le Irinonie F, -h Fj 2F|2 sera donc nécessairement négatif, de sorte que Ton pourra réaliser non seulement l'expansion du liquide de plus faible tension sur celui qui a la plus grande force contractile, mais encore, si des causes perturbatrices particulières n'y mettent obstacle, l'étalement du dernier liquide sur celui dont la tension est la plus faible.

Cette corjséquence si naturelle n'est pas venue autrefois à mon esprit, parce que je tenais à exclure autant que possible les effets de l'aflinité; elle a complètement échappé aussi aux autres observateurs, par la raison qu'ils regar- daient à priori le trinôme F, -^ Fa 2F, 2 comme essen- tiellement positif ou nul, alors qu'il est négatif dans un très grand nombre de cas.

Il m'a paru fort intéressant de compléter mes recherches déjà anciennes et de soumettre la déduction précédente à des expériences directes; elles ont été faites, à ma prière el sous ma direction, par mon ancien élève M. F. Leçon te, dont j'ai déjà eu l'occasion de signaler le zèle el l'aptitude.

I. Une première série d'observations a été faite avec une solution de soude caustique à 0,25 7o et avec différentes huiles : on a observé chaque fois l'élalemenl de l'huile employée sur la solution sodique, puis on a essayé l'expé- rience inverse, c'est-à-dire l'expansion de la soude sur l'huile. On a employé généralement de simples verres de montre destinés à contenir le liquide devait s'opérer l'étalement.

( 258 )

Huile d'olive. Amenée en très petite quantité (au bout d'un fil de verre) sur la surface de la solution sodique, l'huile s'étale subitement, suivant toute l'étendue superfi- cielle libre; la lamelle présente successivement les formes suivantes :

FlG. i.

Presque immédiatement après l'expansion, la lamelle se contracte et offre une ouverture circulaire qui grandit et s'échappe; le reslese reforme en lentille, mais l'étalement ne tarde pas à se produire de nouveau, amenant une nou- velle rupture suivie de l'apparition d'une autre lentille, et ainsi de suite jusqu'à quatre ou cinq fois consécutives.

Ces faits, qu'il m'eût été impossible d'expliquer lors de mes premiers travaux, découlent bien simplement de ma théorie actuelle : la grande valeur de la force F^2 îi^ec laquelle la solution de soude et l'huile d'olive tendent à donner naissance à un corps nouveau, rend le trinôme F1-+-F2 2Fi2 négatif; voilà pourquoi l'étalement s'opère non seulement en vertu de la tension F^ de la solution de soude, mais encore par la force d'extension développée dans la couche de contact; ainsi la condition donnée par les premiers observateurs, savoir Fi> Fa-f-F, doit être remplacée ici par celte autre

F, -4- F>F,.

Or, la tension Fj de la solution de soude est déjà à elle seule

( 2i)i) ) double (Je Fo, leiision de l'Iiuile d'olive; le concours de F doit donc rendre l'expansion exlrèmenienl rapide. Mais, en raison même de celle rapidité, l'affinité cesse d'agir, le trinôme redevient positif, tandis que F, a diminué par suite d'un léger voile de savon déposé sur la solution. De le mouvement de retrait de la lame; mais si, en un jmint de la surface commune, il se produit encore une petite action chimique, aussitôt il s'y montre une ouverture cir- culaire ayant ce point comme centre et grandissant jusqu'à rompre la lame. Enfin, si l'étalement peut se répéter quatre ou cinq fois de suite, c'est précisément encore à cause du contact réitéré de l'huile avec de nouvelles traces de soude; ce contact ne devient impossible, on le conçoit, que si le dépôt de savon séparant les deux liquides est devenu assez épais.

Pour soumettre ma théorie à une épreuve très impor- tante, il fallait essayer maintenant le dépôt d'une quantité très petite de solution de soude à la surface de l'huile d'olive contenue dans un verre de montre; la gouttelette est tombée en majeure partie au fond du verre, mais en même temps une portion minime de la solution s'est étalée en un cercle dont le diamètre a crû jusqu'à 20 millimètres (fig. 2, a); après l'expansion, le cercle est revenu sur lui-

/i

Fjg. 2.

même en laissant des pointes partant du bord (même lig., 6); à l'intérieur s'est formé un cercle qui a grandi jusqu'à disloquer la lamelle en plusieurs fragments tout à

( 260 )

fait irréguliers (c), l'on distinguait une teinte blanche, celle du savon produit.

Cette expérience est en contradiction directe avec la théorie le trinôme F^ -+- Fg F,, est considéré, à priori, comme toujours positif; les physiciens qui admettaient cette restriction, et j'ai été du nombre, devaient nécessai- rement arriver à la conclusion, que si un liquide 2 peut s'étaler sur un liquide 1, réciproquement le liquide 1 ne s'étend jamais sur l'autre ; or, c'est une déduction con- traire à l'observation.

Sous la forme (a), la lamelle offre de belles couleurs irisées; la forme (6) est étoilée, et les diverses pointes se sont produites sous l'influence de la couche de savon due à l'affinité de la soude pour l'huile; c'est cçtte même affi- nité qui donne lieu à la petite ouverture intérieure; quant à la forme finale, ses irrégularités tiennent à la couche de savon produite par l'action chimique.

L'expérience peut être répétée un grand nombre de fois; les lamelles se développent toutefois avec une intensité légèrement décroissante, en repoussant chaque fois celles qui se sont étalées antérieurement. Quand on touche la surface pour la trentième fois, le diamètre de la lamelle n'est plus que de 5 millimètres, parfois même de 2 milli- mètres.

Huile de foie de morue. L'étalement d'une très petite quantité d'huile sur la solution de soude est instantané et violent; il est suivi d'une prompte résolution en sphérules. Dans le cas actuel, l'affinité des deux substances est extrê- mement prononcée.

Inversement, la soude s'étale sur l'huile de foie de morue en produisant des couleurs; la figure revient ensuite sur elle-même. L'effet n'a pas sensiblement diminué au soixan-

( 2Gi ) lième contact. Je dois faire reiiianjiier que re.vpansion ne s'opère pas aussitôt après le clépùl; il y a un moment de repos, et, en outre, le diamètre de la lame s'accroît moins rapidement que dans le cas de l'huile d'olive.

Huile (le lin. Tandis que l'étaletnenl sur la solution de soude est instantané et suivi aussitôt de la transformation en lentilles, la solution reste plusieurs secondes sur l'huile avant de s'étaler; la lame n'atteint que li mm. à 8 mm. de diamètre.

Huile d'amande douce. Étalement subit de l'huile sur la solution sodique; inversement celle-ci s'étend sur l'huile en une admirable lamelle brillamment colorée, de 2o milli- mètres de diamètre. Elle ne tarde pas à être percée d'une infinité de trous et à disparaître complètement.

Oléine. Étalement instantané et formation d'une infinité de lentilles sur la solution basique. Réciproquement sur la couche d'oléine, la solution de soude s'étale lentement en une lame de 8 millimètres; ensuite, retrait immédiat et production d'une nuée blanche.

Huile de sésame. Étalement en lame brillante sur la solu- tion et prompte transformation; il se forme parfois, avant la résolution en petites lentilles, de magnifiques figures dentelées (fig. 3); dans la figure ci-dessous, le trait repré- sente l'huile. Inversement, la solution s'étale sur l'huile eu une lamelle de 12 millimètres, brillamment colorée.

FlG. 3

II. Cette première série d'expériences démontre bien, on

le voit, l'exaclilude de ma proposition. Actuellement, je vais rapporter les résultats de quelques expériences analogues, faites avec une solution de potasse caustique et différentes huiles.

Huile d'olive : étalement sur la solution de potasse en une large lame colorée, qui ne tarde pas à disparaître et à se résoudre en lentilles; l'expérience peut se répéter sept ou huit fois.

Une très petite quantité de solution de potasse sur l'huile donne lieu à une lame de 20 millimètres de dia- mètre, et offrant des couleurs irisées. Le mode d'étale- ment est assez singulier : les parties externes s'étendent et laissent un petit bourrelet très visible sur la petite masse; le diamètre de ce bourrelet va d'abord en décrois- sant à mesure que s'étend la potasse, puis s'agrandit, et devient bientôt invisible par suite de l'amincissement en tous les points. On peut répéter plusieurs fois de suite l'expérience avec le même succès.

Huile de lin : étalement très vif sur la solution de potasse, et pouvant se répéter plus de dix fois de suite.

Pour rendre manifeste l'étalement inverse de la solution sur l'huile, il faut couvrir la surface de celle-ci de poudre de lycopode: lors du dépôt d'une gouttelette de solution de potasse, la plus grande partie va au fond, mais la poudre s'écarte en laissant libre un cercle de 3 à 7 milli- mètres de diamètre.

Action tout à fait analogue lors du dépôt de la solution de potasse sur l'oléine, l'huile de foie de morue et l'huile d'amande douce.

Sur les huiles d'œillette et de sésame, la solution potas- sique donne une lame de 50 millimètres de diamètre, pré-

( 2G5 ) sentant de vives couleurs, et linissant par disparaître sans laisser de trace. On peut reproduire le phénomène un grand nombre de fois.

III. Une troisième série d'expériences a été faite avec (Je l'ammoniaque de laboratoire à 2,5 "/o- Comme il (allait s'y attendre, un grand nombre d'huiles, par exemple l'huile d'olive, de sésame, de foie de morue, de ricin, etc., s'étalent sur la solution, en lamelles qui se transforment promj)tement en lentilles. Parfois, après quelques minutes, ces dernières s'étalent à leur tour en petites lamelles de 2 à 5 millimètres de diamètre et percées de nombreuses ouvertures; c'est ce qui a lieu pour l'huile de lin et pour l'oléine. D'autres huiles s'étalent sur la solution sous forme <le lame invisible, qui n'est accusée que par la présence (le la poudre de lycopode; celle-ci se retire au moment du contact des deux corps; au bout de quelques minutes, la lamelle s'est contractée et affecte un contour tout à fait irrégulier dont on juge par la poudre de lycopode qui sert de limite.

Voyous actuellement le phénomène inverse. Et tout d'abord, sur l'huile d'olive, une gouttelette d'ammoniaque concentrée présente des mouvements vifs dans tous les sens et un étalement impétueux. Cette même ammoniaque, étendue au six centième, s'étend en filaments partant de la masse déposée; la matière s'amasse en certains points de ces premiers filaments (fig. 4) et forme de nouveaux centres a, b, c. Enfin de ces centres partent des filaraenls |)lus minces que les premiers et formant parfois de nou- velles masses qui se divisent à leur tour. Les derniers filaments s'étendent sur l'huile en offrant de belles colo- rations. Partant d'un centre, l'étalement se fait par bandes

( 264 ) concentriques, alternant avec des bandes plus étroites d'huile. Le tout se fond ensuite graduellement et disparaît, sauf quelques lentilles constituées probablement par de l'eau (1).

Fie. 4.

On peut observer des phénomènes tout à fait semblables lors du dépôt de la solution ammoniacale sur l'huile de sésame, d'amande douce, de lin, de foie' de morue, de ricin, etc.; quelquefois il est bon de, recourir à la poudre de lycopode pour rendre l'étalement manifeste.

Je bornerai les expériences que je puis citer aujour- d'hui à l'appui de mes vues complémentaires sur l'étale- ment des liquides les uns sur les autres; je me réserve d'en faire connaître encore beaucoup d'autres, si la chose paraît nécessaire.

(l) Cette expérience est précisément l'inverse de Tune de celles qu'a rapportées M. Cinlolesi {Bibl. uniu. de Genève, t. LX, 1877): pourtant les résultats sont entièrement analogues, conformément à ma nouvelle proposition. Tous les faits sur lesquels le physi- cien italien appuyait ses objections contre la théorie admise alors, s'expliquent avec la même facilité.

( mi )

Sur la réduction des fonctions invariantes (*) ; par Jacques Deniyls, chargé de cours à l'Universilé de Liège.

1. Dans un travail publié aux Nachrichten de Goel- tingue ('*), M. Hilberl a énoncé le théorème suivant :

« Soit Fi, Fo, F3, ... nne série non interrompue de formes à coefficients entiers et d'ordres quelconques par rapport à n variables homogènes Xj, Xo,... x„ : il existe toujours un nombre m, tel que toute forme de la série peut s'écrire :

V = A, F, ■+- A,Fo H V- A„.F,„,

A) , Ao, . . An, sont des formes convenables à coefficients entiers et relatives aux n variables X), x^, ... x„. »

M. Hilbert a déduit de ce résultat important que, |)our un système de formes algébriques, les invariants sont des fonctions entières d'un nombre limité d'entre eux.

2. Nous voulons établir que, le théorème de M. Hilbert étant admis, on peut exprimer tous les covariants pri- maires de formes algébriques quelconques, en fonctions entières d'un nombre limité d'entre eux.

(*) Les résultais indiques aux paragraphes 1 à 4 ont été consignes dans un billet cacheté déposé à l'Académie en date du 25 juin <890.

(**) Ziir Théorie Jer algcbraiscltcn Gcbildc [Nachriclitcn de Goot- linguc, J889, p. 425;.

( 2t)6 )

Pour des formes à plusieurs séries de N variables cogrédienles, les covariants primaires sont des covarianls à N 1 séries de variables, qui ont pour sources des semi-invariants de première espèce (voir les travaux qui ont été publiés dans les Recueils de l'Académie, 1889, 1890). Par suite, nous avons à établir que, pour un système donné de formes algébriques, tous les semi-invariants de première espèce sont des fonctions entières d'un nombre limité d'entre eux.

Désignons par a ., ^ , etc., les coefficients

des formes algébriques : nous aurons des équations sym- boliques analogues à

i ..,, „. =alf'al^...al^^a2f'...a2^...

«,a,...j::,;)3ii3j...)3.v; ... ' - -^ «. n

= 6lf'6l^ ... 6l^"'62f» ... 622.^.. = ...

(i;

Ainsi, al, o2, ...; 61,62, ...; etc., sont des systèmes de symboles équivalents.

Cela posé, tout semi-invariant de première espèce est représenté symboliquement par une somme de pro- duits de déterminants 0,- d'ordre 2 = 1,2, 3, ... N, tels que

(?.=

h, li^ ... hi

«■) «"2 . . . /î,"

les lettres h, k, ... l désignent des coefficients symboliques quelconques. Nous écrirons

^ = in (c?,).

( 267 )

3. Prenons u), = '''J^, <j.= '\,'*"^^; remplaçons les déterminants o, par les déterminants correspondants ;

L'expression in (o-), obtenue au moyen de LU (oj, est du premier degré par rapport aux produits

al, ...a\fj_ /^a-Ji ... a2^ ...

et par rapport à d'autres produits analogues. Celte expres- sion représente symboliquement une fonction •/ des coel- (icients a«vT «* -en os , etc., de formes à plusieurs

VV| ... W^, ^1 ... ^y ...

séries de ul = ^"^,)"^^^ variables, à condition que l'on écrive symboliquement

a =al^' al^/*a2^' a^^/^

==b\^' ... Mf '"/^^P' ... 6^2^^ .. = etc....

(2)

Les équations symboliques (2) doivent correspondre aux équations symboliques(l). La fonction-;^ est homogène

( 268 )

par rapport aux diirérenles séries de quantités

parce que la fonction ^ est homogène par rapport aux diverses séries de coefficients a^ ^ . o ^ . , etc.. D'un

x^,..aji, p,...Pn,... '

autre côté, on réduit la fonction y à tj;, si Ton remplace chacune des séries de quantités, telles que

par les coefficients correspondants o^ « ..a.-,- ,3 . /3 .' P^""" lesquels on a :

(5,=^^_.+. + 95c.,.^^+, -H ... -4-.25^,^+.., etc.. ,

{=1, 2, 5, ...N.

Ainsi, loute fonction t]; correspond à une fonction j^, et réciproquement; en outre, loute relation algébrique entière entre les fonctions y donne lieu à la relation analogue entre les fonctions 6 correspondantes. D'après ces consi- dérations, on établira que les semi-invariants de première espèce ^ sont des fonctions entières d'un nombre limité d'entre eux, en prouvant que les fonctions y sont des sommes de produits d'un nombre limité d'entre elles.

4. Les quantités y sont homogènes par rapport à un nombre limité n de quantités que nous pourrons désigner par x^, X2 ... x„, et qui sont les coefficients

( 269 ) D'après le Ihéorèine de M. flilberl I) (*), les fondions y

s écrivent

X = '^iX\ ■*- '^tXi -+-•••-»- A„5/^ ;

(3)

m csl un nombre iini; /j, /;.,../„. sont des détermi- nations parlicnlières de/; A,, A,, ...A„sont des fonctions entières et homogènes des quanlilés représentées par

X,, X2, ... x„.

En employant la notation symbollcjuc '/ = i:n{o;), nous écrirons y^ S^IT (ô-) ; désignons par

»/l, ijli.-.ijlj,,

iju^ u^i... yfZfj_,

jji séries de ;a variables, et représentons par X, .\ les fonctions que Ton déduit de ^, y;^ en remplaçant les déter- minants symboli(jues o' par les déterminants correspon- dants

/.r.

y-\+»

^l'C-\+'

Nous aurons, d'après l'équation (5),

X = B,X, -+- \l,Xi -+- h 1΄,X„., .

(') La suite F,, F,... est la série des fondions y rangées, par exemple, de telle manière que les degrés aillent en croissant. 5""^ SÉUIE, TOME X.\. 18

( 270 )

B,,B2,...B„ élanl des fondions invariantes des diffé- lenles quantités y et x.

Soit /), le degré de la fonction X pour chacune des séries de variables comprises dans le groupe

(ijUi -*- 1 , ijUi -f- :>,... î/w, H- i), ï = 1 , 2, 3, . . . N.

Appliquons aux deux membres de l'équation (4) l'opé- ration

d d d

n=llsr

d d d

diju^ -*- '2.^ ^, dij'Xj -f- 2j,

dy^,

d

d

d

dlJUi -+- 'cO+l '/i/S -+- 'ce ,2 dijUi -t- /„+,

La quantité ÛX diffère seulement de -^ par un facteur numérique, qui n'est pas nul; la quantité ÛBjXi est le produit de ^, par une fonction analogue à y^.elc.On aura donc

% = XiXi

%».%.

X" X'^' ••• X'» ^^^^ ^^^ fondions de même espèce que^; mais elles sont de degrés inférieurs relativement aux quan- tités désignées par a;,, a-o, ...x„. On peut appliquer à X" X*' •■• X"' '^^ raisonnements que nous avons indiqués pour y. En continuant de même, nous trouverons que toute fonction y est une fonction entière de /i , /o, •• /.»•

( 271 )

Soient .|/,, ^2,...'|„, les semi-invarianls de première espèce qui correspondent aux fonctions '/t . y^» ••• •/„; d'après ce qui précède 3), loul semi-in variant de [)remière espèce, --{/, est une fonction algébrique entière d'un nombre limité de semi- invariants de première espèce -^i, '|o, ... (|^„ ('). Il en résulte (§!2) que (oui corariant primaire d'un syslème donné de formes algébriques quel- conques, est une somme de produits et de puissances d'un nombre limité de covariants primaires du syslème.

Exemple. Dans le cas de N = 5, l'expression symbo- lique d'une fonction y est un agrégat de déterminants, tels que o,, b^c^), {±d>,e^f^). L'opération O est alors définie par

\<nj\il \ dtfli dijô-J \ (lijii dijh,- (hji'al

5. Nous avons montré antérieurement que tous les fovariants sont des sommes de produits de covariants identiques par des polaires de covariants primaires. D'un autre côté, toutes les fonctions invariantes se ramènent aux covariants.

Par suite, lotîtes les fondions invariantes d'un système de formes algébriques sont réductibles à un nombre limité d'entre elles, au moyen d'additions, de multiplications et d'opérations polaires relatives aux variables.

(') Quand les scnii-invariants de première espèce 6 sont des invariants, la niétliodc suivie se réduit à celle que M. Hilbert a indi- quée pour ce cas particulier. (Naclirichicn de Goetlingue, 1888, p. 4îi-2.)

( 272 )

Sur les involutions cubiques conjuguées ; par Cl. Servais» répétiteur à TUniversité de Gand.

MM. Weyr el Le Paige ont fait connaître diverses rela- tions intéressantes entre les éléments singuliers de deux involutions cubiques conjuguées. Nous nous proposons de démontrer géométriquement ces relations, el d'y ajouter quelques résultats peut-être nouveaux.

i. Étant donnés deux ternes d'une involution cubique ayant pour support une conique C,, la conique inscrite aux deux triangles formés par ces ternes est la conique d'involulion. Les points de contact sur Cg des tangentes communes à ces deux coniques, sont les points doubles de l'involution, el les points d'intersection de ces mêmes coniques sont les points de ramification. M. Le Paige, dans son remarquable mémoire « Essais de géométrie supé- rieure de troisième ordre (*) », a montré qu'il existait deux involutions, ayant pour points doubles quatre points donnés x^Xç^x^r^. Ces deux involutions sont dites conju- guées. En appelant r^vç^r-r^, ^i'^î'^s'l '^s points de ramifica- tion de ces involutions, ce géomètre fait voir que les deux points ru el r\ sont sur une conique tangente à C2 au point or,, et circonscrite au triangle V0V3V4 formé par les tan- gentes aux points x^, x^, 0-4. C'est de cette propriété que nous déduisons ce qui suit.

2. Projetons la conique suivant un cercle, de façon que les points doubles de la projectivité cyclique déterminée

(*) Mémoires de la Société royale dex sciences de Lièyc, t. X, série.

( ^i75 )

par le loriie jr.jX3.r4 soient ù riiilini. Menons par le centre :: du cercle un diamètre coupant le cercle aux points r, et r[ et la droite V3V4 au point K ; si l'on prend sur V3V4 un point Kj, tel (|ue K,jro = kjr2,et si l'on mène par le point K, une tangente au cercle au point x,, je dis (jue les points r, et r', seront les points de raniidcalion correspondant nu point double x^, dans les involutions conjuguées dont

v^ K, a.; K

V

-7'

FlG. 1.

les points doubles sont XtX^x^x^. En effet, toutes les coniques inscrites au quadrilatère a:iX,ri/\ déterminent sur ^'3V4 une involution, dont x., est un point double et KK, un couple de points correspondants. L'égalité K.r._, = Kjx.2 montre que le second point double est à l'infini, et alors V5 et V4 sont des points correspondants de cette involution; par conséquent, la conique déterminée par les points X|jri7',7'jV5 passera par le point V4. Soient H et H, les points d'intersection de V2V4 avec les droites r^r'i et K|X, ; on voit que l'angle Ur.x^ est égal à l'angle H, 71x3, et par conséquent les deux segments HX3 et II1X3 sont égaux; donc la conique x,X(?-iriV3V4 passera par le point V,, et

(27i)

les points r, et r', sont les points de ramification corres- pondant à x^.

F-.es deux points r^ et r[ étant en ligne droite avec le centre du cercle, nous pouvons énoncer le théorème sui- vant, dû à M. Weyr (*) :

Les points de ramification de deux involtitions cubiques conjuguées, correspondant à un même point double, sont conjugués harmoniques des cléments unis de la projecli- vite cyclique définie par les trois autres points doubles.

o. Les faisceaux des tangentes menées des points x, et 0*2 aux coniques inscrites dans le quadrilatère HiKiVsVj sont projectifs et ont un rayon uni XiX,^; donc les rayons homologues se coupent sur une droite qui n'est autre que KiVg. Les droites XiTi, x^^ sont tangentes à la conique d'involulion, qui est inscrite dans le quadrilatère H,KiV2V3; donc elles se coupent sur la droite K.jVg. QU' ^st une dia- gonale du quadrilatère x,^x<:^x-^X!^\ par conséquent les deux points r^ et r<^ sont conjugués dans l'involution quadra- tique définie par les couples x^x=^, x-jJCi^. Donc :

Les couples de points XjXj, X3X4, rirs, rjr^, r5r4, r^rl font partie d'une même involution quadratique. (Le Paige, Sur les involutions cubiques (**).)

Nous déterminerons plus loin les points doubles de cette remarquable involution.

4. Supposons maintenant que les points x^ et x^ soient à l'infini, le support de l'involution étant toujours un cercle. Pour obtenir les points r, et r\, il suffit de déter- miner le pôle de la hessienne du triangle XoX^x^. Or, ce point est le symétrique du centre C du cercle par rapport

(*) Wiener Bericlile, LXXXI. (**) Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, t. XII, série.

( '^7o ) au poinl x^ {'); donc r,ri est parallèle ù CK, ou perpen- diculaire à a;,X2. Mais r,r>j est parallèle à x,xj, donc la droite r\ri est un diamètre, ainsi que la droite r,K. Nous concluons de lu :

Les points Xj e/ X4 sont les points doubles de Vinvolulion quadratique déterminée par les couples rirg et r^rj.

On peut dire aussi que les trois couples rtr'„ r2r'i, x^Xi, font partie d'une même involution.

5. Les conjugués harmoniques x[ et x'^ des points a:,

et x^, par rapport au couple x-^x^, sont diamétralement opposés aux points ar, et x^; il résulte de la construction donnée des points de ramification r, et r', correspondant à a;,, que dans les involutions conjuguées dont les points

(*) Conséquence d'un théorème de Itctali {Mathesis, l. IX, p. 128).

( ^^70 )

doubles sonl x\x'.x-^Xi^, les points de ramificalion corres- pondant à x\ sonl Ta et r^.

De ce que la droite r^rl esl perpendiculaire à la droite x^x^, il résulte que les droites i\r\, r^r\, x^x'^, x^x'i sont parallèles entre elles; on paut donc dire :

Si \' n et x'2 sont les conjugués harmoniques des points X| et X2 par rapport aux points X3 et X4, les couples de poi}tls

X1X2, XoT), a'sl'i, ''lî'i 5 'V'2

/ouf partie d'une même involution.

6. Si l'on considère l'une des involuiions conjuguées, sa conique d'involution a pour axe la perpendiculaire abaissée du centre du cercle sur la droite r^r^j. Il suit de que si l'on appelle j/s et z^ les points du cer-cle situés sur celle perpendiculaire, y, cl ij^, z^ etr,, les points qui com- plèlenl les ternes de l'involiition, définis par 2/3 et sg, les droites y^yn cl zyz^ sonl parallèles à rjTo, et par conséquent les couples y\y<i, zyz<^ lont partie de l'involution x^x^, x^^x^.

Donc :

Parmi les couples de Vinvolution quadratique \\\<2, ^z^i il y en a deux formes par des points correspondants de Vinvolution cubique ; les deux points qui avec ces couples fonnont deux ternes de cette involution, sont les points doubles de rinvolutioii ^quadratique x^x^, X5X4.

7. Soient P le poinl d'intersection des droites x^x^ et r<^r\, a et [3 les angles Kx^r,' et Kx,?; ou aura

XiV = Xir\ cos (a -H |3) = 2R sin a cos (jc -+- ^),

R étant le rayon du cercle. On a aussi

X2P = R sin^; donc

sin [3 = 2 sin a cos (a -+- (3).

(2-7 )

Or,

sin p

(Xir\i\}\) = : : cos (a -+- (3);

sin X

par conséquenl,

Celle égalilé a élé déduile par M. Le Paige de la condi- lion qui exprime que deux lernes i)ris respeclivemenl dans doux involulions conjuguées, sonl apolaircs (').

8. Des égaillés

(x,j-;xi?-i) = 2 , {xir\x:,r-) = 2 , (xirlx^r^) = 2

on déduil le ihéorème suivanl, à M. Weyr : Les points X| et v'i sont les points doubles de la projectivité définie par les couples Xjro, x^r^, \^\\ (*').

9. Pour que les deux involulions conjuguées coïncidcnl, il laul que la droile Trrjr', soil langenle au cercle; mais alors la droile nxi est aussi langenle, et les deux points x^ el r, sonl les points doubles de la projectivité cyclique délinie par le terne x,2X^Xi. Donc :

Dans une involution sibi-conjuguée, un point double et le point de ramification correspondant forment les points doubles de la projectivité cyclique définie par les trois autres points doubles ("**).

Il résulte de

(XjXjXsX^) = a, (j'iXoX^Xt) = ce'. . . . [a)

y. el a' étant les racines cubiques imaginaires de l'unité négative; donc

(') Sur 1rs involulions cubiques. Liège. {••) Wicnc7- Bericlde, LXXlIi.

("■■) Wevk. Wiener Berictitc, LXXXI. Le Paige. Involulions cubiques. Liège.

( 278 ) Les quatre points doubles d'une învolution sibi-cou" jtiguée forment tm groupe éqiiianharmonique (*). Des égalités (a) on déduit les suivantes :

{xiTir-j-i) = a, (rir-iJ-j/'t) = «',

qui expriment que

Les quatre points de ramification d'une involution sibi'Conjugiiée forment un système équianhnrmonique ;

Les points X| et r^ sont les points doubles de la pro- jeclivité cyclique définie par le terne r.2V^Ti^^ {").

10. Le point oJa, étant le milieu de l'axe a;,r,, sera un point double de l'involution définie par les deux couples

FiG. o.

Pour obtenir le point Ta, il faut mener par le point ri

une parallèle à XiX^ ; cette parallèle étant un diamètre, on

voit que

{x^x^-ir^) = I ,

(') Le Paige. Itivolulions cubiques. Liège. ('*) Le Paige. Idem.

( 27il )

rt'sullal à M. Zculhen, et que le conjugué de fj dans l'involulion j^iTi, X:iXi est le conjugué harmonique de a:, par rapport au couple x^x^.

11. Si l'on considère l'involution sibi-conjuguée ayant pour points doubles r^ir^r^, le quatrième point double sera l'un des points du hcssien du terne r^r-j^, c'est-à-dire r^ ou .r| ; donc les trois points doubles définissent deux involu- lions sibi-conjuguées.

Si Ton prend r, comme quatrième point double, le point de ramification correspondant sera nécessairement X\ ; par conséquent :

Si l'on prend les quatre points de ramification d'une involution sibi-conjuguée comme points doubles, on obtient une nouvelle involution sibi-conjxiguée, qui a pour points de ramification les quatre points doubles de la première {') .

12. Les droites Xçix[ et ic^iCi étant perpendiculaires au diamètre r^r^^, ces deux points de ramification seront les points doubles de l'involution

X{Xi, X^Xi, X^Xi.

On peut aussi faire voir que les couples

X^X^, X^X^, X^Vi, X'^r^

font partie d'une môme involution, ainsi que les couples

Xa^î, x^Xi, Xil'^, ^i^'i.

La tangente au point x^ coupe le diamètre r,r2 en un point G, tel que CG = SGrj-, par conséquent

(oTjrjX^x,) = 2.

(•) Le Paice. Wiener Berichie, LXXXV.

( 280 )

13. Les deux triangles x^r.^x], oc^r^x'. élanl cquilalé- raux, la conique de l'involulion délinie par ces deux ternes de points sera un cercle concentrique au cercle C. Les deux cercles ayant un double contact suivant la corde x^x^, Tinvolution X2r.jXj,Xir,xi a deux points triples x^x^.

5«r les démonstrations du théorème de Slaudt et Clausen; par Ernest Cesàro.

Les nombres de Bernoulli élanl déOnis par l'égalité

symbolique

(B-4-1)"— 0" = /;, (1)

on sait que Bj„ est égal à un nombre entier, diminué de la somme des inverses de tous les nombres premiers qui, diminués de Vunité, divisent 2n. Ce curieux théorème, découvert par Clausen et par Staudt, a été démontré fort simplement par M. Catalan dans le tome IV (2^ série) du Bulletin de Darboux, et par M. Lucas dans le tome III de Mat/iesis. Ou verra plus loin que ces deux démonstrations ne diffèrent pas essentiellement l'une de l'autre. Nous allons d'abord montrer que, moyennant quelques légères modifications, la démonstration de M. Lucas peut être rendue incomparablement plus simple et surtout pins élémentaire que toute autre démonstration connue. Si l'on observe que

X(x+l)(x-+-2)...(x-h«— l) = X"-^cr„_,,,X"-'+(T„_,,2X"-*H H(T„_,,„_,X,

<^„-i,p représente la somme des produits p à p des n I premiers nombres naturels, et si l'on pose

s.. = 1 " -4- 2" -+- 5" -+- -t- X",

( 2cSI ) on peut mcllro ridcnlilé évidenle

SOUS la forme que voici :

x(j-t-l)(x-+-2)...(x-i-/<

Symboliquement,

jr fx -t- 1 ) (x -t- 2) . . . (x -+- ?t)

s (s -t- I ) (s -4- 2) ... (,s -+-;<— 1 ) =

;i -t- 1

En égalant les coedicienls de x dans les deux membres, et en se rappelant que B„ est le cocffîcient de x dans s„, on en déduit la relation connue

B(n -4- 1)(B-4-2)...(B + n— 1) = -^. . (2)

On obtient ainsi le système d'équaiions

ni

B„_, -+- C-„_2, iB„_2 -t- ••• -4- cr„_j „_jBi =

I

d'où l'on lire

n\ {n - \)\ (n 2)! i

« -I- I ;/ ,, _ I - ., " " V /

( 582 )

après avoir posé

0 1 ... <X„_j_,,.3 <T„--.,p-i

'-P.*

C'est la formule (3) qui sert de point de départ à M. Lucas pour la démonstration proprement dite du théorème de Slaudt et Clausen ; mais nous verrons que la formule dont se sert M. Catalan ne diffère de (5) qu'en apparence.

Si l'on ne veut pas employer les déterminants, on peut avoir recours à une proposition de calcul symbolique, dont la démonstration n'offre pas de difficultés ("). On opère l'inversion de la relation symbolique

o„ = A (A -4- t\) (A -+- f^) ... (A -t- f„_,)

(*) Celte proposition pourrait être démontrée en quelques lignes par des considérations de calcul symbolique, ou bien en ayant recours aux formules pour la dérivation des fonctions de fonctions. En voici d'ailleurs une démonstration tout à fait élémentaire. Posons

F«(3:) = (l -+-îix)(l -+-£ja-)...(i -\-£„x) = \ -+-(T„, ,a:-4-c7,,îa;'H

Évidemment

1

fn (^)

= I r„, lO; -+- T«, «x- T„, 3X' -1-

Si Ton exprime que le coefficient de x'''^' dans le développement

( 285 ) en écrivant

Tp., représenle la somme de lous les produits qu'on |icul former avec q facteurs, égaux ou inégaux, pris parmi les nombres s,, £0, ^3, ..., c^. En particulier, on a vu qu'on peut supposer

= "> "„ = : , A„ = B„

« -»- 1

Donc

»! i)! in '2)l i

7l-^-I 71 11 I :2

T,,„ représentant la somme de tous les produits de 7 nom-

dc

= (l -+-£„.M.r)(l -+-î„^îX/ ...(I -t-e„+„2)

est nul, on obtient

Si l'on a égard :'i colle relation, et que dans l'expression

rj„-|.i (a-„, iA„ -+- cr„,2A,_i -H h a„.„\^)

de A„:|On remplace A,, A,, .. , A„ par leurs valeurs, suivant la formule

A,. = o„ ~„ i.i^n 1 -+- ~u-'..ian-t ••• rfc ~),n-ia, ,

on trouve i)réciscnienl ce que devient cette formule lorsqu'on change jj en 7i-\-\. Donc, etc.

( 284 )

bres entiers, égaux ou inégaux, non supérieurs à p. On retrouve ainsi la formule (3), et l'on obtient, en même temps, l'interprétation des déterminants A.

il est vrai que c'est sur les propriétés de ces détermi- nants que repose une partie de la démonstration de M. Lucas; mais il est aisé d'établir les propriétés des nom- bres T sans employer leur expression sous forme de déter- minants, et sans même s'éloigner du mode de démonstra- tion adopté par M. Lucas. On a, en vertu du théorème de Fermât, la congruence identique

{x \){x '■2)...[x p -*- i) ^xP-^ i

par rapport au module premier p. On en déduit sans peine (*) que le développement.

(x 'I)(x 2)...[x /?-+-!) x''"*

■-) --t-... (o)

,;'+•

(') Soient

f(z)z=\ -f- f/jS -h o^z- -+-•••, é{z)= i -h biZ -*- b^z'^ -i- '

deux séries de puissances, à coefficients entiers. Si les coefficients de cf 4' ^^"^ divisibles par p, il en sera évidemment do même des coefficients de la série qu'on obtient en divisant cp 4^ par

? iz)ô{z) = \^ C,Z -h c,z' -}-■■■

On aura donc aussi

?-'P 1 1

= = 0. (mod. fj).

En d'autres termes, si l'on pose

1 1

( 28r) )

esl idenliqiiemenl congru, par rapport au même module, au développement

I 111

Il en résulte

T^_,,,= I OU t^_,,,-=eO, (mod. /;),

suivant que q esl divisible ou non par p 1. Cela étant, si l'on observe que

ip-vr. 1 ip-\y. . {p-iy. . i

= -' = entier, = entier .

p -2 ]) p p

suivant que

/) ^= 4, p = nombre composé > 4, p = nombre premier,

la formule (i) donne

1 1 \

{— J;"Ii„ = entier -+--T3,„.3-+--r„_, ,„_„+, -t--T4.,,„_j^,+ •••, la 0

a, b, c,... représentent tous les nombres premiers qui

les congrucnccs a„ s;^ 6„ cnlraincnt an ^ ,ln pour « = 1, 2, 5, ... En particulier, on peut prendre

3""* SÉRIE, TOME XX. 19

( 286 )

ne surpass(MU pas n+ï. Lorsque n est pair, 3"~'-i-i est divisible par 4; d'où il suit que le nombre

2

est pair. Conséquemment

,1 \

B2„ = entier -r„_,,2«-a4i "*- T-^o-i.in-b+i \a b

a, b, c, ... étant tous les nombres premiers, non supérieurs k'^n-hi. On a vu que t„_,,2„_„+i est divisible par a, tant que %i—a+i ou 2n n'est pas divisible par a \. Dans le cas contraire

enlicp

Il en résulte que, si «, (3, y,,., sont ceux des nombres a, 6, Cy.. qui, diminués de l'unité, divisent 2n, on a

Bj,, = en lier

1 i \

I h-

a S 7'

C'est le théorème de Clausen et Staudt.

Remarquons que la comparaison de (5) avec la formul( connue

(p IV

{x i){x~^2)...{x-p-i-i) ftj,

- = y x-'à» - (o')

donne

( '^" )

Dès lors, la reialion (4) devient

< < I

Si l'on observe que A''(0';=/) A" '(;/''), on n d'abord puis, souslrayant celle égalilé de la suivante

0= 1 A (1"-') -+- A-(l''') ,

on obtient la formule

(-l)"B, = i- ' a(1"-')-^1a-^(|-')_.... J ù 4

employée par M. Catalan.

Remarquons aussi que la relation (4) pourrait être déduite directement de l'identité

En développant les deux membres on obtient

1 = 00

Il suflit d'égaler entre eux les coeflicients de x" pour

( 288 }

retrouver la formule [A). De même, la relation (2) est une conséquence immédiate de l'identité

(I _a-)-" = e-'"»«('-',

qui, interprétée symboliquement, devient

R B(B-f- 1) ^ B(B+ l)(B-4-2) ^

1 1.2 1.2.3

1 X x* x^

= log(1— a;) = 1 +-+--+- -+-...,

x 2 o 4

d'où Ton déduit (2) par identification des coeflicients de x\

C'est toujours à l'inversion de l'égalité (2) que les auteurs demandent la démonstration du théorème de Slaudt et Clausen. Il est naturel de chercher si cette démonstration peut être directement fondée sur l'inver- sion de l'égalité de définition (1). Celle-ci peut être mise sous la forme

(B-4-w)''=l, (G)

ou u„

, de

sorte que

e'''^

xe" e^ l

Quels que soient d'ailleurs les nombres m, on opère évi- demment l'inversion de (6) en définissant d'abord de nou- veaux nombres v au moyen de l'égalité symbolique

(m v)" = 0,

( 289 ) cl en écriTanl ensuite

:i i')

Pour les nombres de Bcrnonlli, celle inversion esl illu- soire, parce que le second membre conlienl les nombres m(}mes qu'il s'agirail d'exprimer. En efîel,

] X xe"

~~ ë-" ~ 1 e-' ^ e' -^ ~ '

d'où rp=Bp. Une inversion explicite de la formule de défi- nition n'esl donc pas possible, de sorte qu'il faut nécessai- rement recourir à quelque autre relation, par exemple à (2). Comme celle-ci se déduit fort simplement de (1), et que, d'ailleurs, elle conduit au but d'une manière rapide et directe, il esl permis de douter qu'on puisse trouver une démonstration du tbéorème de Clausen el Staudl plus simple que celle de M. Lucas.

Faits pour servir à l'histoire de Valdéhyde; par Maurice Delacre.

§ I, La slaliilitc de l'Iivdrato de chloral esl-clJc atlriiiualile à la pi'êsrncc du cldoïc dans ce cnniposé?

L'hydrale de l'aldébyde ordinaire n'est pas connu à l'état isolé, tandis que l'iiydrate de chloral est un composé bien détini el stable. On a chercbé à expliquer celte différence en admettant que le cblore, à cause de son caractère négatif, a une influence sur les bydroxyles et donne de la stabilité à la fonction glycoléthylidénique formée par cette

( 290 ) liydralalion. Celle idée a cours depuis longlemps, el je crois qu'elle esl encore sulTisamment en honneur dans les traités classiques pour motiver les quelques remarques que je vais faire à ce sujet.

En comparant l'hydrate de chloral

CCP.CH<gj} au produit hypothétique

CH^CH<2[},

on n'a pas tenu suffisamment compte d'un fait qui a cependant joué un grand rôle dans l'histoire de la chimie moderne; je veux parler de la dissociation ,de l'hydrate de chloral. Pratiquement, ce phénomène n'a pas d'influence sur la stahilité de ce dernier produit, même à la tempéra- ture de l'ébuUition, attendu que le chloral anhydre et l'eau ont des points d'ébullition très rapprochés. Les condi- tions sont toutes différentes en ce qui concerne l'hydrate d'aldéhyde

CH\CH<^J|;

si, par analogie avec le chloral, on admet la dissociation de sa vapeur, son instabilité s'expliquera tout naturellement par la grande tension de la vapeur de l'aldéhyde et par le grand écart qui existe entre son point d'ébullition et celui de l'eau.

L'analogie n'est donc pas possible entre les hydrates de chloral et d'aldéhyde acétique, et la valeur de l'idée dualis- tique que l'on a émise demande à être examinée parj d'autres moyens. Au lieu de considérer les glycols éthyli- déniques, nous pouvons porter nos observations sur leurs

( 291 )

éllicrs simples (acélals); rhydrogèiio alcooli<|ue s'y trouve remplacé par un radical de même signe el possédant même un caractère posilir|)lns prononcé.

Préparation du climéthylacétat. Première opération :

Aldéhyde (Kb. 21") .... ii2 grammes Alcool mélhylique .... 52

le mélange s'échauire fortement; le lendemain, sans avoir chauffé, j'ai ajouté du chlorure de calcium desséché, el après vingt-quatre heures, j'ai décanté 40 grammes de produit n'ayant pas l'odeur d'aldéhyde, qui se réduisent à 51 gr ammes après dossiccalion complète sur CaCl^. Deu.xième opération :

Aldéhyde (Éb. 21"). , . . 88 grammes. Alcool mélhylique. ... 128

J'ai placé l'alcool dans un ballon entouré d'eau froide et surmonté d'un serpentin refroidi à l'aide d'un mélange de sulfate de soude et d'acide chlorhydrique; j'ai introduit l'aldéhyde par le serpentin (1); le mélange s'échauffe for- tement sans que le réfrigérant manifeste son utilité. J'ai séparé, au moyen du chlorure de calcium et après plu- sieurs décantations, 152 grammes de produit sec.

Distillé dans un appareil Le Bel-Henninger, il passe entre 62° et 64"; il ne se sépare qu'une très petite quan- tité de produits inférieurs.

0,1777 grammes de ce produit ont donné à la combus-

(1) Je crois qu'il est important de verser l'alJéhjde dans l'alcool et lion Talcool dans raldcliyde.

( 292 ) lion 0,1828 grammes d'eau et 0,3460 de CO^, ce qui fail :

Trouvé. Calculé pour CH3.CH<;^|;{|s

C»/„ 55.10 53.55

H°/o . . . . 11.45 lUl

Ce produit a une odeur analogue à celle de l'acélal élhylique; à l'état pur, il se dissout dans deux à trois volumes d'eau et ne réduit pas le nitrate d'argent ammo- niacal; il est sans action sur le zinc-élhyle, à la tempé- rature ordinaire.

Si l'influence du chlore dans le chloral se manifestait pour fixer les hydroxyles, on devrait s'attendre à la con- stater dans le même sens dans les acétals. En ce qui concerne le dimétliylacétal, l'expérience contredit cette prévision; la réaction si nette que je viens de décrire et qui, eu égard aux conditions de l'opération, peut être considérée comme théorique, ne se fait plus si l'on rem- place l'aldéhyde par l'aldéhyde Irichlorée. Les essais que j'ai faits, même en chauff'ant à l'ébullition le mélange de chloral et d'alcool mélhylique, sont restés sans résultat.

Un autre fait, mais de sens électrochimique contraire, tend également à prouver que les affinités de l'aldéhyde sont plus énergiques que celles du chloral dans les réac- tions d'addition; c'est la combinaison du chlorure d'acélyle à l'aldéhyde. M. Maxwell Simpson, à qui l'on doit la découverte de cette réaction, chauffait le mélange à 100", en matras scellé; cette précaution est superflue, attendu que, même avec la paraldéhyde, l'addition se fait théori- quement dès la température ordinaire. Au contraire, la réaction du chlorure d'acétyle sur le chloral est pénible; elle est pour ainsi dire nulle à la température ordinaire.

; 2!»5 ) puisque je trouve dans mes notes qu'un mélange de 53 grammes de ( hlurure d'acétvle et de (12 gracnmes de chloral anhydre, chaulFés pondant une heure au bain-niarie, n'ont pas donné une quantité de produit d'addition suffisante pour en apprécier le point d'éhullilion. Ce n'est qu'en chauffant le mélange en matras scellé, au bain-marie, pen- dant quatre jours, que je suis arrivé à une combinaison ù peu près com[)lète. Dans ces acétochlorhydrates élhylidéniques,

tu . (.11 <,.. vl (.(.l'.t.II < ,

l'observation se trouve en concordance avec l'idée dualis-^ ti(|ue; la consé(juence nécessaire de l'hypothèse émise au sujet de la stabilité de l'hydrate de chloral était que les radicaux acides devaient avoir moins de tendance à entrer en combinaison avec le chloral qu'avec l'aldéhyde ordi- naire. Mais si l'on voulait voir dans ce fait autre chose qu'une coïncidence fortuite avec la théorie dualistiijue, on se verrait forcé d'expliquer le fait absolument opposé de la synthèse du diméthylacétal. Tout s'explique, au con- traire, si l'on admet que l'aldéhyde a un pouvoir addi- tionnel plus énergique que le chloral.

§ II. Préparation du Itiacctatc d'étliylidéne.

J'ai constaté précédemment (1) que l'acide acétique agit, très faiblement il est vrai, sur l'éther

(1) Bulletin de la Soc. cliim. de Paris, lomc XLVIil, p. 75 (1887).

c lu )

produil par l'addilion du chlorure d'acélyle à l'aldéhyde bichlorée. La réaclion s'éfl'eclue suivant l'équation :

(:iicr-.CH<^p^'^.

CtP.COOH-=CHCl-.CIl

OC-H'O

IICl.

Elle ne se l'ait pas avec l'élher lélrachloré correspon- dant dérivé du chloral

cci\cii<J;, "'

au contraire, elle est facile avec l'éther monochloré

.OC-H''0

CH^CH<

Cl

et donne un procédé avantageux pour la préparation du biacéiate d'élhylidène.

60 grammes d'élher acétique monochloré a ont été chauffés pendant quelques heures avec 51 grammes d'acide acétique; il se dégage beaucoup d'acide chlorhy- drique; en distillant directement on recueille 40 grammes de 130"- 160° et 21 grammes de 160°-170^

On peut remplacer l'élher de Simpson par le chlorure d'acélyle et la paraldéhyde à molécules égales. Le mélange de ces deux corps avec l'acide acétique se refroidit d'abord (dépolymérisalion de la paraldéhyde), puis s'échauffe en dégageant très peu d'acide chlorhydrique (formation d'acé- tochlorhydrine éthylidénique) ; enfin, si l'on vient à chauffer, l'acide chlorhydrique se dégage en abondance (formation du biacéiate).

Dans une opération j'ai employé 95 grammes de paraldéhyde, 180 grammes de chlorure d'acélyle (au lieu de 166) et 120 grammes d'acide acétique, j'ai obtenu d'abord 151 grammes de biacéiate d'élhylidène distillant

( 295 )

enlrc 1(30" et 170"; les lèlcs chauffées de nouveau oui douiié encore 59 grammes entre les mêmes limiles, puis, en cliauffanl de nouveau les résidus, successivement 24 grammes et 1-4 grammes. Les résidus réunis ù ceux d'autres opérations donnent encore du biacétate lorsqu'on les chauffe avec du chlorure d'acélyle.

Le sodium agit lentement à Iroid sur le i)iacétate d'élhy- lidène, la réaction est vive à 100"; il se forme beaucoup d'acétate de soude qui em|)èche l'attaque complète du métal. Les produits, en faible quantité, paraissent très complexes. L'espoir d'arriver à une substitution nette m'avait fait essayer cette réaction, et cet insuccès m'en- gage à abandonner ce travail, de ce côté du moins. J'ai cru cependant que la préparation du biacétate d'éthyli- dène était suffisamment intéressante pour mériler une mention spéciale. La réaction qui lui sert de base rap- proche, en effet, le groupement CHCI de l'acéto- chlorhydrique, du même groupement de l'éther bichloré.

Bruxelles, laboratoire privé.

Sur les déformations que font naître, dans un hémisphère creux métallique, le choc et la pression d'un corps dur (note préliminaire); par H. Schoentjes, chargé de cours à l'Université de Gand.

L'exposé succinct des considérations qui m'ont conduit à taire ce travail peut présenter, me semble-t-il, un cer- tain intérêt.

J'ai été invité dans le courant de 1888, à m'occuper, dans l'intérêt d'un service public, de la solution d'une question qui se ramène, au fond, à la suivante :

( 296 )

Étant donné un hémisphère creux en laiton, embouti au marteau, de 0,S de millimètre d'épaisseur, peut-on le rem- placer par un hémisphère creux en bronze d'aluminium à 10 °/o, d'épaisseur moindre, et déformable au même degré par le choc; quelle est cette épaisseur rainima ?

Il s'agissait de remplacer l'appareil en laiton par un autre moins lourd et aussi résistant. Le bronze d'alumi- nium à 10 7o semblait, a priori, réunir les conditions requises, à cause de son poids spécifique plus faible et de sa rigidité bien connue.

L'expérience permettait seule de résoudre le problème.

Il fallait produire des déformations dans l'hémisphère en laiton; produire, dans des conditions identiques, des déformations dans des hémisphères en bronze d'épaisseur moindre, et adopter l'appareil en bronze qui, sous une épaisseur plus petite, aurait subi une déformation de même importance ou d'importance moindre que l'hémi- sphère en laiton.

Je me suis procuré une tôle de laiton de 0,5 de milli- mètre d'épaisseur et quelques tôles de bronze d'aluminium laminées à diverses épaisseurs. J'ai fait emboutir ces tôles au marteau, par le même ouvrier, de façon à en former une série d'hémisphères de 20 centimètres de diamètre. L'épaisseur moyenne de chaque hémisphère était déduite de son poids, de sa surface, et de son poids spécifique.

J'ai appliqué ces objets successivement par leur base sur une planche horizontale et, à l'aide d'un appareil à déclanchement que je crois inutile de décrire, j'ai laissé tomber d'une même hauteur, sur le sommet des différents hémisphères, une boule en fer de 6 centimètres de dia- mètre et pesant 860 grammes.

Le choc se produisait ainsi d'une façon symétrique au

I

( ^297 ) point de vue des corps en conlacl, et les résullals des expériences élaienl comparables.

La boule en fer, en choquanl les liémisplières, y pro- duisait des délormations dont il s'agissait d'évaluer l'im- porliince relative. Dans plusieurs cas, l'aspect seul des cavités suftisait pour établir la comparaison ; dans d'autres, il y avait doute. Pour lever la diiriculié, et prolitant de cette circonstance que les bords de la délormalion sont sensiblement dans un même plan, j'ai rempli les cavités avec un mélange de cire et de paraffine fondues. Lorsque le mélange était figé, j'ai enlevé l'excès avec le tranchant d'un couteau passant sur les bords de la déformation. Le poids du mélange contenu dans la cavité permettait de conclure.

Telle est, en principe, la marche suivie pour résoudre le problème posé; quant à la solution même, elle ne pré- sente aucun intérêt au point de vue de cette note.

Pendant que je m'occupais de ces essais, mon attention a été attirée sur la forme inattendue des cavités produites par le choc. Comme cela arrive fréquemment dans les tra- vaux de laboratoire, ces expériences, entreprises dans un but industriel, m'ont conduit à en entreprendre d'autres dans un but scientifique.

Si l'on soumet un hémisphère creux métallique, de faible épaisseur, à un choc ou à une pression, à l'aide de corps qui l'attaquent ou qui le |)ressent suivant des sur- faces géométriques régulières, les déformations sont ordi- nairement d'une régularité remarquable, quand les chocs ou les pressions se produisent au sommet et suivant l'axe de l'hémisphère.

Ces déformations consistent en un système de plis for- mant une sorte de pyramide ou de tronc de pyramide symétrique dans tous ses éléments.

( 298 )

Je me suis proposé de délerminer quelques-unes des lois qui régissent la production de ces déformations bizarres et inattendues. J'ai l'intention de soumettre plus tard à l'Académie un travail plus complet sur mon mode d'opérer, sur les appareils dont je me sers, et les résultats de mes recherches. Je me borne aujourd'hui à lui com- muniquer des exemplaires de quelques déformations obte- nues, et à lui signaler quelques résultats.

J'ai renoncé aux hémisphères travaillés au marteau, car ils sont peu uniformes au point de vue de l'épaisseur, de la dureté et de la densité. Les hémisphères, annexes de la présente note, sont tirés de tôles de laiton de 0,4 de mil- limètre environ; leur diamètre est de 15 centimètres. Ils sont repousses au tour sur un mandrin en cuivre; par conséquent leur densité, leur, dureté, leur épaisseur sont uniformes suivant un même parallèle; Ces éléments varient très probablement dans le sens des méridiens; la dureté et la densité allant en croissant, et l'épaisseur en dimi- nuant, du sommet vers le bord.

Les hémisphères reposent par leur base sur un bloc en bois présentant une rainure circulaire qui épouse le con- tour de la base; celle-ci ne peut donc pas se déformer par le choc ou par la pression. L'air contenu sous l'hémisphère pouvait s'échapper librement.

Les exemplaires annexés à cette note, au nombre de dix, ont été déformés de la manière suivante ;

Un corps travaillé de façon à présenter une surface sphérique ou une surlace plane à contour régulier, était posé sur le sommet de l'hémisphère par la surface dont il s'agit. Un marteau, convenablement guidé, tombait sur le corps et celui-ci, transmettant le choc à l'hémisphère, y faisait naître la déformation.

( 299 )

Hémis((hère I (lig. 1). La déformalion résulte du choc d'une sphère de 3 cenlimèlrcsde diamètre; elle présente l'aspect d'une pyramide triangulaire à laces latérales courheset convexes. Les sommets de la hase sont distants de 80 millimètres environ; ils déterminent un triangle sen- sihlement équilatéral. Les côtésdu triangle sont formés de plis arrondis. Il m'a |)aru intéressant de mettre en évi- dence la ligne culminante de la surface des plis formant la base; à cet effet, j'ai raclé la surface avec le hord recti- ligne d'un couteau, en le faisant passer simultanément sur deux côtés de la base. On obtient ainsi une ligne brillante, représentée en a b c sur la figure. Des lignes semblables ont été tracées sur les autres exemplaires.

La déformation étant orientée d'une façon convenable par rapport à la lumière du jour, et le métal étant rendu brillant, on voit se dessiner sur la surface de la cavité une figure rappelant une feuille de trèfle, l'axe de chacune des feuilles composantes coïncidant avec un des plis latéraux. Le point le plus bas de la cavité est à 25 millimètres au- dessous de la position primitive du sommet.

Il résulte des expériences faites jusqu'ici que la forme triangulaire est la forme normale des déformations pro- duites par le choc d'une sphère. Les sphères choquantes dont je me suis servi ont respectivement J, 2, 5, 4 centi- mètres de diamètre. Les chocs ont été plus ou moins éner- giques; dans certains cas, ils ont été répétés sur le même hémisphère. Sur quinze hémisphères soumis aux essais, quatorze présentent une déformation triangulaire, le quin- zième porte une cavité quadrangulaire dont la base est peu régulière. D'après ce qui suit, il est probable que des chocs répétés transformeraient la cavité quadrangulaire en une autre à base triangulaire.

( 300 )

Ayant remarqué que le choc produit par un corps de forme quelconque, un simple coup de marteau, par exemple, fait naître des déformations à plis latéraux, je me suis demandé s'il ne serait pas possible de provoquer la forma- tion de ces plis suivant des méridiens déterminés.

Les hémisphères II, 111, IV, V (figures 2, 3, 4, 5) se rapportent à des essais de ce genre.

Hémisphère II (fig. 2). Le corps choquant est un morceau de fer travaillé de façon à présenter comme sur- face d'attaque un triangle équilatéral dont le côté a 10 millimètres de longueur. La déformation est un tronc de pyramide triangulaire à faces latérales courbes. Les côtés de la grande base sont sensiblement égaux et ont une longueur de 80 millimètres. Les trois plis latéraux parlent des trois sommets du triangle choquant. Le sommet est descendu de 30 millimètres environ. L'hémisphère a été soumis à trois chocs successifs. Les trois lignes culmi- nantes successives sont visibles sur l'exemplaire, et indiquées sur la figure. Les reflets de la lumière produisent le long des plis l'aspect de la feuille de trèfle.

Hémisphère III (fig. 5). Le corps choquant est en fer; la face qui a produit la déformation est un carré de 50 millimètres de côté. Quatre plis latéraux partent des sommets du carré de la face choquante, dont l'empreinte est au fond de la cavité. La déformation a la-forme d'un tronc de pyramide à base carrée. Les sommcls de la grande base forment une figure carrée dont les côtés ont environ 70 millimètres de longueur.

La dislance du fond de la cavité au sommet de l'hémi- sphère est de 54 millimètres.

Hémisphères IV et V (fig. 4 et 5). Les déformations sont respectivement penlagonales et hexagonales; les plis lalé-

( 3(M ) rnnx pnrlcnt (1rs sommels dos surfaces clioqnanles, ({iii sont respcclivcincnt un jXMilagone de 25 niillimùlres, et un hexagone de 18 millimètres de côté.

Le côté de la grande base pentagonalc a 55 millimètres, celui de la grande base hexagonale a 57 millimètres.

Dans le premier cas, le fond de la cavité est à 27 milli- mètres, et dans le second, à 23 millimètres sous le sommet.

Pour les hémisphères II, III, iV, les sommets des faces cliO(juanles déterminent la position des plis latéraux de la déformation. Cette loi s'est toujours vérifiée dans le cas d'une face choquante triangulaire, quelle que fût la gran- deur du choc, (jiie le choc fût répété ou non sur le même hémisphère; j'ai opéré sur quinze hémisphères, el je me suis servi de triangles choquants dont les côtés avaient iO, 50, 25, 20, 15, 10 millimètres de longueur.

Mais la loi n'est vraie pour les autres faces choquantes, que pour autant que la face soit assez grande, que la déformation ne soit pas trop considérable ou que les chocs ne soient pas répétés sur le même hémisphère.

Dans le cas la surface choquante est peti'e et le choc faible, le nombre de plis latéraux est égal au nombre de sommets de la ligure qui produit le choc; mais, si le choc est énergi(]ue, ou s'il est répété un certain nombre de fois, la figure tend à se simplifier : des arêtes font défaut dès le premier choc, ou bien, si leur nombre est complet d'abord, une ou plusieurs des arêtes s'effacent ou tendent à s'effacer lorsque le choc se reproduit.

La simplification de la figure sous l'effet de chocs répétés se reproduit d'autant plus facilement que la figure primi- tive et complète est plus irrégulière.

Voici quelques exemples de ces anomalies :

Hémisphère VI (fig. 6). Le petit carré choquant dont

S*"* SÉRIE, TOME XX. 20

( 502 )

l'empreinle se voit au lond de la cavité avait produit au premier choc une figure quadrilatère très irrégulière. Un deuxième choc a (ait disparaître le pli A, et la base de la déformnlion est devenue triangulaire, le triangle étant régulier.

Hémisphère VII (fig. 7). Le choc d'un petit pentagone a produit d'emblée une délormalion quadrangulaire. L'une des arêtes est plus longue que les trois autres.

Hémisphère VJll (fig. 8). La déformation produite par une lace choquante hexagonale était d'abord hexagonale; un deuxième choc l'a transformée en une cavité quadri- latère, deux arêtes A et B s'étanl eflacées et ne contii- buant plus à la formation de la grande base.

J'ai opéré aussi sur des cylindres choquants, à base circulaire, dont les diamètres sont de 55, 50, 2o, J9 et 14 millimètres.

En général, la déformation est quadrangulaire; quatre plis latéraux se raccordent entre eux au fond de la cavité, suivant des lignes tangentes à l'empreinte circulaire de la face choquante du cylindre.

L'hémisphère IX (fig. 9) offre un exemple de celle déformation.

Dans le cas de petites surfaces choquâmes circulaires, la déformation est souvent triangulaire. Dans le cas de chocs répétés avec des faces relalivemenl grandes, une déformation primitivement quadrilatère peut devenir tri- angulaire; tel est le cas de l'hémisphère X (fig. 10). Un premier choc avail produit une déformation quadrilatère peu régulière; sous l'effet d'un deuxième choc, l'une des arêtes A s'est effacée partiellement, et la forme générale de la cavité est devenue triangulaire.

Je me propose d'examiner dans mes recherches ulté-

( ."505 ) rieures les effets dus à des pressions croissantes produites (inr rintcimédiaire des surfaces qui ont déterminé les dél'ormations par clioc. Je provoquerai aussi des déforma- tions à l'aide de chocs peu réguliers, tels (jue des coups de marteau donnés à la main.

Je me propose aussi d'étudier les déformations produites par le cIjoc et la pression dans le cas le corps agit sur l'hémisphère par un certain nombre de petites surfaces disposées suivant des figures régulières.

Enfin, je compte m'occuper des pressions et des chocs produits parallèlement à l'axe de l'hémisphère en des points autres que le sommet.

héduclion des nitrates par la lumière solaire- par Emile Laurent.

L'influence de la lumière sur les matières organiques a été l'ohjel d observations très anciennes. On en doit l'étude méthodique à M. Duclaux (1), qui a soumis à la radiation solaire un grand nombre de substances hydro- carbonées. Ce savant a montré que toutes les réactions que |ieut produire la chaleur peuvent aussi être provoquées par la lumière. L'inverse n'est pas vrai, et il y a beaucoup (le phénomènes d'oxydation et de réduction que la lumière semble seule capable de déterminer.

Dans ces réactions, qui se résument toutes en une dislocation de la molécule primitive du composé orga-

(I) E. DccLAUX, Action de la lumière solaire sur les substances hydrocarbonces. Annales de l'InstiliU ayronomique du Paris, t. X,

1886.

( 304 )

nique, il se produit un certain nonobre de corps tels que les acides carbonique, oxalique, lormique, acétique, buty- rique el valérianique, l'alcool élbylique et les aldéhydes mélhylique el élbylique.

Coïncidence remarquable, qui a élé bien comprise par M. Duclaux, tous ces corps résiduaires sont aussi les pro- duits les plus communs de l'action des microbes. Leur formation dans des phénomènes aussi différents est donc en relation avec la stabilité de leur molécule, plutôt qu'avec la nature de l'agent qui les produit.

Il est intéressant de voir de simples actions chimiques, provoquées par la lumière, donner lieu à la formation de corps que nous sommes habitués à considérer comme des produits de l'activité des microbes.

Ce ne sont pas seulement les substances organiques qui peuvent être décomposées par la radiation solaire. Les acides et les sels inorganiques subissent des modifications du même ordre bien connues des chimistes. C'est ainsi que l'acide nitrique pur se réduit sous l'inlluence du rayon solaire avec production de peroxyde d'azote, et se colore d'autant plus qu'il était plus concentré.

J'ai observé qu'il en était de même pour les nitrates : sous l'influence de la lumière, ils sont réduits en nilriles. On avait longtemps considéré ce phénomène comme par- ticulier à quelques bactéries. Eu 1885, j'ai indiqué que les plantes supérieures (graines en germination el tubercules) jouissent de la même propriété. Depuis lors, j'ai constaté qu'il en est de même pour des moisissures et pour des Levures (1). Nous voici de nouveau en présence d'un

(1) Voir ma noie Sur la réduction des Jiilrutes parles Levures et les 7noisissures dans ce Dullelin.

( 3U5 )

phénomène que l'on allrihuail exclusivemenl aux microbes sons l'inflnencc (Fiin simple préjugé el qui, cependjnl, e>t liés général dans la nature.

La sensibilité des solutions de nitrates vis-à-vis de la lumière est très grande.

Au mois d'aoùl J887, j'avais (Xposé au soleil, dans une serre, quatre tubes à essai, dont deux contenaient 10 cen- limèlres cubes de nitrate de potassium à 5 7o, el les deux autres du nitrate de sodium à la même concentration. En njème temps, je mettais deux tubes témoins sous «me cloche noire. Tous les tubes avaient élé au préalable stérilisés afin d'éviter l'action des bactéries. La radiation solaire était très vive; à l'intérieur des tubes, la tempé- rature ne fut jamais supérieure à 59'.

Après deux heures d'insolation, je fus surpris de con- stater dans les tubes insolés une réaction très nette des nilrites, tandis que les tubes à l'obscurité n'en donnaient pas de trace. Les nitrites étaient caractérisés au moyen du réactif de Griess (aciJe sulfanilique, acide chlorhydrique el chlorure de naphtylamine). C'est un réactif d'une sensibilité extrême.

Il n'est même pas nécessaire de soumettre les solutions nitriques à l'action directe des rayons solaires. Des Itibes avec nitrates en solution furent placés sur une fenêtre exposée au nord ; ils ne recevaient que de la lumière diffuse. Néanmoins, après six heures, ils donnaient une réaction nitrense assez marquée.

Ces expériences ont élé reprises et complétées pendant l'été de l'année 1<S89, qui, à Paris, a élé extrêmement favo- rable aux essais de cette nature.

Le 13 juin, j'exposais au soleil trois tubes à essai; l'un

( 306 )

renfermait du nitrate de potassium à i "/«i un autre du nitrate de sodium, et le troisième du nitrate de calcium à la même concentration. A côté, je plaçais trois tubes avec les mêmes solutions, sauf cette dilférence que les rayons solaires devaient traverser pour les atteindre une couche de sulfate de quinine de 3 centimètres d'épaisseur. Il y avait aussi trois tubes avec nitrates sous une coucbe d'eau distillée de même épaisseur, et trois autres tubes sous une cloche noire. Enfin, un treizième tube bien bouché renfermait 1 gramme de nitrate de potassium desséché au préalable à 170°.

L'expérience avait été commencée à midi, par un soleil radieux et un ciel sans nuage. A 4 heures, les trois tubes exposés directement au soleil et les. tubes sous la couche d'eau distillée donnaient la réaction des nitrites de la manière la plus netle. Par contre, les tubes à obscu- rité n'en contenaient point de traces. Quant aux tubes sous le sulfate de quinine, ils ont donné une réaction extrêmement faible, ce que j'attribue à ce que le sulfate de quinine n'intercepte pas complètement les rayons chi- miques. Dans ces derniers tubes, laissés en expérience jtjsqu'au 16 juin, la proportion de nitrite n'a pas aug- menté sensiblement, bien que le soleil ait été très ardent pendant les journées du 14 et du 15.

Le nitrate sec, exposé au soleil, avait aussi subi l'action réductrice : dissous dans l'eau, il donnait une faible réac- tion nitreuse.

Depuis les expériences de Niepce de Saint-Victor, on sait que certaines substances, l'acide pyrogallique et le papier sont du nombre, impressionnées par la lumière, permettent la réduction d'un sel d'argent, ajouté ultérieu-

( '^^7 ) roment dans l'obscurilé. Il n'en esl pas ainsi pour les nitrates : ils doivent être exposés directement ù la lumière.

Dans deux tubes secs exposés pendant trois heures à un soleil intense, j'ai introduit quelques centimètres cubes de nitrate de potassium en sohilion à 1 °l„. Je n'ai constaté par la suite aucune réaction de nitrite. On ne réussit pas mieux si l'on introduit dans les tubes insolés de l'eau distillée ou une substance organique, comme la peptone. Une solution de nitrate que l'on y ajoute après cinq ou six heures d'insolation ne subit aucune modification.

La réduction des nitrates par la lumière esl indépen- dante de la présence de l'oxygène. Dans un tube à essai qui contenait une solution de nitrate, j'ai fait le vide avec la pompe à mercure. La production de nitrite a été aussi active qu'au contact de l'air.

L'action de la lumière sur les nitrates ne paraît pas s'arrêter à la production des nitrites. Une solution de nitrite de potassium à 1 pour 100,000, exposée à la lumière directe pendant trois heures d'été, donna une réaction visiblement plus faible que la même solution placée à l'obscurité ou sous la solution de sulfate de quinine.

Selon les groupements moléculaires sur lesquels elle exerce son action, la lumière esl un agent d'oxydation aussi bien qu'un agent de réduction. Ainsi, du papier imprégné d'une solution de gaïac bleuit au soleil, et le même papier, plongé d'abord dans un bain d'eau de chlore et devenu bleu, se décolore après quelques heures d'inso- lation i\).

(I) J. Herschel, Philos. Transacl., 1842, et E. Bbcquerel, De la lumière, t. II, p. 98.

( 508 )

On pourrait donc supposer que la lumière soil capable (le déterminer la nilrilication des sels ammoniacaux. A plusieurs reprises, en 1887 el en 1889, j'ai exposé au soleil des solutions de sulfate el de chlorure d'ammoniaque. Mais jamais, même après dix jours d'insolation intense, il n'y a eu production de traces de nitrate. Les rayons solaires détruisent donc les nitrates, mais ne peuvent provoquer la production de ces sels aux déj)ens des sub- stances ammoniacales.

L'action réductrice du soleil sur les nitrates peut assu- rément s'exercer sur le nitrate d'ammoniaque produit dans l'atmosphère par les actions électriques et qui s'y trouve en sus[)ension à l'étal de particules. D'autre part, les couches superticielles du sol sont celles la nilrihca- tion est la plus active. Dans nos champs cultivés, à l'époque des labours el des semailles, de petites quantités de nitrates doivent être modiliées par les rayons solaires. Enfin, la sève des plantes renferme souvent des nitrates qui parviennent dans les feuilles el s'y trouvent exposés à l'influence de la radiation. Qui sait si ces sels n'y sont pas l'objet de phénomènes réducteurs?

D'après ce que nous savons sur la composition des substances organiques azotées les plus fréquentes dans les végétaux, on peut supposer que les nitrates sont réduits et transformés en combinaisons ammoniacales avant d'être assimilés par le protoplasme. Chez les Champignons et les Bactéries, la lumière est certainement étrangère à ce phé- nomène, mais il ne serait pas impossible qu'il en fût tout autrement chez les plantes supérieures à chlorophylle.

( 509 )

Sur la réduction des nitrates par la Levure de bière et par quelques moisissures; [)ai Kmile Laiiienl.

Dans une note publiée en 188i dans le liulletin de l'Acadéniie, iM. Jorissen annonçait que les graines ren- ferment normalement des bactéries et que ce sont ces microbes qui sécrètent la diastase au moment de la ger- mination. Il contestait, en outre, le pouvoir réducteur des graines vis-à-vis des nitrates.

Aucune expérience directe faite par iM. Jorissen ne parait avoir servi de base à ces bypotbèses. Elles n'ont eu d'autre point de départ que l'observation suivante, due à M. Jorissen : dans un milieu qui renferme de l'acide cyanbydrique, ni la germination des graines, ni la réduc- tion des nitrates n'ont lieu. L'embryon n'est pas détruit et il peut se développer dès que les conditions de milieu redeviennent favorables.

Au lieu de voir dans ce fait un exemple de l'action analogue des substances paralysantes ou toxiques sur les plantes supérieures et sur les microbes, M. Jorissen en a conclu qu'il y avait, dans les graines, des bactéries char- gées de sécréter la diastase. Quant à la réduction des nitrates, ces mêmes bactéries n'en devaient pas être capables, car M. Jorissen en niait la possibilité pour les graines soustraites à l'action des microbes extérieurs.

Ces diverses assertions m'avaient paru exagérées, et je consacrai une partie de l'biver de 1884 à les vérifier par l'expérience. Les résultats de mes recherches sur ce sujet furent soumis à l'Académie en juin 1885. ils étaient abso-

( 3iU )

lumenl opposés à ceux de M. Jorissen : les graines el les tubercules que j'avais étudiés ne renferment pas de bac- téries à l'étal normal; les graines d'Orge et de Maïs en germination peuvent réduire les nitrates.

Quelque temps après, M. Jorissen (1) émettait l'avis que j'avais tort de ne pas accorder grand crédit aux travaux de M. Béchamp, de M. Marcano et de Wigand sur l'exis- tence des bactéries intracellulaires. Il invoquait {loc. cit., p. 591) l'opinion de M. Traube et de M. Pfeffer pour pré- tendre que les bactéries sont les seuls organismes qui possèdent le pouvoir de réduire les nitrates dans les liquides de culture.

De plus, M, Jorissen a fait deux essais dont j'admets volontiers l'importance. 11 a siérilisé cinquante graines d'orge par l'immersion dans le sublimé, les a lavées à l'eau distillée bouillie, puis les a introduites dans un petit ballon siérilisé avec 50 centimètres cubes d'une solution de salpêtre à 1 °/o. Celle-ci avait été au préalable bouillie pour la rendre stérile. M. Jorissen fermait ensuite le ballon au moyen d'un tampon d'ouate et exposait le tout à une température de 15 à 18°. Après vingt-quatre heures, il a constaté que le liquide était parfaitement limpide, que l'empois d'amidon ioduré ne le colorait pas en bleu après acidulation et qu'il ne jaunissait pas avec le métadiami- dobenzol. Il ne contenait donc pas de nilrite, et cepen- dant les graines n'avaient pas perdu leur faculté de germer.

L'auleur s'abstient de spécifier si les graines d'Orge

(I) Bttll. de l'Acad. royale de Belgique, 5* série, t. X, p. 583, 1885.

( 3ii )

élaienl en germinnlion au moinenl il les a mises en expérience. C'est cependant un point très importani, puisque l'activité physiologique des graines se manifeste surtout pendant la germination.

J'aurais voulu également que M. Jorissen eût répété la recherche de nitrile après deux, trois, quatre ou ciuij jours, lorsque précisément la germination des graines est assez avancée. Mais j'ai la conviction que M. Jorissen en aura été empêché par l'apparition des bactéries dans son ballon en expérience. Il est, en effet, presque impossible de mani- puler cinquante graines dans l'air sans les exposer à être contaminées par quelque germe de microbes. J'en sais (]uelque chose, malgré l'habitude que j'ai aujourd'hui des iiavaux microbiques.

Je suis non seulement incrédule à ce sujet : j'estime qu'une simple ébullition pourrait bien ne pas stériliser une solution de salpêtre.

L'expérience de M. Jorissen avec la l^evure de bière n'est pas non plus bien probante. Du moût de bière, qu'il a pré- paré avec une solution de nitrate de potassium, a été ensemencé avec 1 ou 2 grammes de levure sèche, bien saine. La présence d'acide nilreux n'a pas été observée.

Cette expérience est-elle péremptoire? J'en doute, et voici mes raisons : La levure sèche, telle qu'on la trouve dans le commerce, n'est pas pure, mais renferme toujours (les bactéries capables de détruire les nitrates. Ce phéno- mène n'a pas été réalisé à cause de la prédominance de la Levure. Et si celle-ci n'a pas réduit les nitrates à la lin de la fermentation, il est permis de supposer que c'est un elfet de la fermentation alcoolique elle-même. En effet, la Levure emprunte son oxygène au sucre avec une si grande

( 51-^ )

lacilité qu'il sérail élonnant qu'elle réduisît les nitrates aussi longtemps qu'elle a du sucre à sa disposition. Je démontrerai |)lus loin que cette supposition est parfaite- ment conforme aux faits.

M. Jorissen, à la (in de son mémoire, annonçait qu'il communiquerait bientôt des faits nouveaux à l'Académie. Je les ai attendus depuis quatre ans, car j'aurais préféré discuter en une fois tous les arguments de mon honorable contradicteur.

Comme en 1885, j'alFirme que les graines de Maïs, d'Orge, de Froment, les tubercules de Pomme de terre, de Carotte, de Betterave, les tiges de Cactées ne renferment pas de bactéries. Les résultats que j'avais obtenus ont été confirmés [)ar des expérimentateurs habitués aux études niicrobiques.

M. Fernbach [i) a fait des centaines d'essais de culture avec des fragments pris à l'intérieur de tomates, de navets, de carottes, de betteraves et de pommes de terre. J'ai eu l'occasion d'être témoin de ces expériences exécutées avec les soins les plus minutieux. Les morceaux de tissus, enle- vés au moyen d'un emporte-pièce stérilisé, étaient intro- duits dans du bouillon de veau ou dans de l'eau de navet sucrée, milieux très favorables au plus grand nombre de microbes. Sur cinq cent cinquante-cinq essais faits par M. Fernbach, trente-cinq seulement ont été fertiles. Cent tubes qui renfermaient des morceaux de pomme de terre sont restés stériles. Les cas d'altération s'expliquent par les chances d'infection qui résultent de la manipulation

(1) Annales de l'Institut Pasteur, t. II, p. 567, 1888.

f

( ">I3 )

(les vases de cullure el par la section au contacl de l'air des cylindrrs pris dans 1rs luberciilfs. L'auleiir suppose que des germes peuvent accidenlellemenl être introduits à l'intérieur des plantes par de petits animaux. . M. di Veslea (1) el MM. J. Granclier et K. Deschamps (2) sont arrivés aux mêmes résultats en opérant sur des légumes tuberculeux, des nervures de Laitue et des tiges d'Asperge. Pour augmenter les chances d'infection, ces végétaux furent arrosés avec des liquides très riches en microbes.

De mon côté, j'ai fait en 1889 quelques nouveaux essais sur des graines de Maïs et d'Orge en germination. Elles avaient été stérilisées par un séjour de quinze minutes dans un bain de bichlorure de mercure à \ 7oo> P"is lavées à l'eau stérilisée par le chauffage à 120°. Ces graines furent ensuite introduites avec précaution dans de larges tubes à essai qui contenaient un peu d'eau stérilisée. Lorsque la ligelle eut atteint 1 centimètre, les graines furent coupées en deux au moyen d'un scalpel tlambé. J'y versai de la gélatine nutritive ou du bouillon, sans constater par la suite de traces de développement de bactéries (3).

Le seul exemple de microbes non verts (4) en symbiose dans les cellules des plantes supérieures, et qui soil bien

(1) Annales de l'Inslilut Pasteur, t. II, p. 070, t888.

(■2) Archives de médecine cxpcrim. et d'anatumie palhol., i" série, t. I, p. 53, J889.

(3) Voir ma noie Sur l'absence de bactéries dans les vaisseaux des /liantes (Bullclin de rAcadcmie, avril 1890).

{i) On connaît des algues inférieures qui vivent dans les tissus de végétaux plus élevés (Cycadécs, Gunncra, Azolla, etc.).

( 31i )

démontré, est relatif aux nodosités radicales des Légumi- neuses (1).

Le cas des nodosités des Légumineuses n'est probable- ment pas isolé parmi les végétaux, mais ce serait une exagé- ration injustifiable que de généraliser en cette circonstance, selon i'babitude trop fréquente de certains biologistes.

Bien que les graines et les tubercules que j'ai étudiés en 1885 ne renferment pas de bactéries, ils n'en sont pas moins capables de réduire les nitrates. Il suffit de répéter les essais que j'avais indiqués, il y a cinq ans, pour se rendre à l'évidence. Une douzaine de graines de Mais, de Pois ou d'Orge, ou des morceaux de Pomme de terre placés au fond d'un tube à essai, sous une couche assez épaisse d'une solution de nitrate de potassium, donnent, après quelques heures, une réaction des nitrites assez marquée. Je me suis servi, pour les caractériser, de la naphtylamine en présence d'acide sulfanilique et d'une goutte d'acide chlorhydrique.

Aujourd'hui, comme en 1885, la réduction des nitrates me paraît être, ainsi que la fermentation alcoolique, une propriété commune à certains microbes et aux cellules de plantes supérieures, lorsque la vie se fait dans un milieu privé d'oxygène.

Ce serait une erreur de supposer que les Levures et les moisissures soient incapables de réduire les nitrates. Lorsqu'on fait fermenter des moûts très riches en sucre, additionnés d'un nitrate, on ne trouve jamais de traces de nitrite. Cela s'explique sans difficulté, comme je l'ai dit à la page oH. Il en est tout autrement lorsqu'on oblige le

(I) Voir ma note Sur les twdosités du Pois (Bulletin de l'Académie, juin 1890).

( 3IS ) f'ermenl à vivre dans un liquide l'aihlemenl sucré et que la semence que l'on y introduit est très abondante. Voici le mélange dans lequel j'ai fait des essais de réduction de nitrate par la Levure :

Eau iOÛO ce,

Pliosplialc de potassium 5,73 «r.

Sulfate (le magnésium 0,1

Nitrate de sodium 6,07 (i)

Saccharose 2,5

Ce mélange, traité par l'acide sulfanilique et le chlorure de naplitylamine, ne donnait aucune trace de nitrite après stérilisation à l'autoclave à 120°. II fut réparti dans des matras coniques remplis jusqu'au voisinage du goulot. Celte précaution rendait l'aération du liquide beaucoup moins facile. Après stérilisation, j'ai introduit dans ces matras des dépôts de Levures récoltés dans des cultures en moûts sucrés et absolument privés de bactéries. Les dépôts avaient d'ailleurs eu pour point de départ des triages répétés sur gélatine avec moût de bière.

J'ai expérimenté sur les races de levures suivantes :

Levure de bière haute de Bruxelles,

basse de Strasbourg,

basse de via de Champagne, Mycolevure de M. Duclaux.

Ce dernier organisme est une forme-levure remarquble par la rapidité de sa croissance et par la propriété de donner des mycodermes qui, après immersion dans un liquide sucré, provoquent une fermentation alcoolitjue active.

Les matras en expérience ont été placés à la tempéra-

(1) Cette quantité fractionnaire correspond à 1 graiinne d'azote par litre.

k

( 3I« ) lure de 20 à 22". Après deux jours, la réaction des nilriles était des plus évidentes dans le matras avec la myco- levure; elle était moins nette avec les trois autres Levures. Cependant, au bout de huit jours, il n'y avait plus le moindre doute sur le pouvoir réducteur de ces Levures vis-à-vis des nitrates.

On vient de le voir, un microbe qui d'habitude n'exerce pas d'action réductrice sur les nitrates, acquiert cette pro- priété lorsqu'on le place dans des conditions appropriées. Aussi faut-il toujours se garder de généralisations préma- turées lorsqu'on s'occupe de la physiologie des organismes inférieurs.

En dehors de la propriété de faire fermenter les sucres, on sait quelles analogies existent entre la vie des Levures et celle d'un grand nombre de moisissures. Bien que M. Nâgeli(l) ait affirmé que ces derniers champignons ne peuvent pas réduire les nitrates, opinion acceptée par M. Jorissen, je me suis décidé à faire quelques essais de vérification. J'ai mis en culture à 15-20", dans la solution nourricière indiquée plus haut :

Cladosponum herbarum avec ses états polymorphes de

Demaiium pullulans et de forme-levure; Pénicillium glaiicum, Aspergillus glaucus,

nigcr,

Allcrnaria temiia, Botnjtis cinerea, Mucor racemosus.

Dans les milieux artificiels, ces champignons végètent avec une vigueur assez inégale. Mais, pour peu que la culture dure, on constate que certaines espèces possèdent

(1) Untersuch. ûbcr Niedcre Pilze, p. 4S, i88'2.

(317)

ù un degré bien marqué le pouvoir de réduire les nilrales en nilriles. Tels sont :

Clado.spnrium herbantm et ses étals polymorphes, Pcnici II in m filuu eu m , AUeniariu icniiis, Miicor racemosHS.

Je n'ai pas constaté d'action réductrice avec les deux espèces â'Aspergillus et avec le Botrytis cinerea.

D'après l'opinion que j'ai rappelée à la page 514, la réduction des nitrates coïncide avec l'état de vie anaérobie. Or, parmi les moisissures qui peuvent faire cette réduc- tion, il n'y a que le Mucor racemosus qui résiste pendant un temps assez long à la privation d'oxygène. Mais il n'est pas nécessaire que toute la plante se trouve dans cet état pour enlever l'oxygène aux nitrates. Il suffit que des por- tions du mycélium, comme les filaments développés dans la profondeur du liquide, soient soustraites à l'action de l'oxygène pour provoquer des phénomènes de réduction (1).

(1) L'obscrvatiori suivante concorde parfaitement avec cette opi- nion. Lorsqu'on cultive comparativement le PenicUlhnn rjlaucum dans une solution minérale avec du sulfate d'ammoniaque, et dans une autre avec nitrate de sodium, l'aspect du mycélium n'est pas iden- tique dans les deux cultures, bien que le poids de la récolte soit sen- siblement le même de part et d'autre. Dans le mélange ammoniacal, lis filaments mycéliens sont serrés à la surface du liquide et forment un tissu très lisse à lu face inférieure. Au contraire, dans la solution nitrique, le mycélium envoie de petites masses filamenteuses dans la couche liquide sous-jaccnte. Une telle inégalité de développement du nu'n>c organisme ne peut s'cxpli(jucr que i)ar l'intervention du nitrate dans les phénomènes respiratoires. (Note ajoutée pendant l'impres- sion.)

Paris, laboratoire de chimie biologique de la Sorbonne, à f Institut Pasti'ui'. 5""* SÉUIE, TOME XX. "ii

(318)

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 4 aoûl 1890.

M. Stecher, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Tiberghien, vice-directeur ; le baron Kervyn de Lettenhove, Alph. Waulérs, Aug. Wage- ner, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, Àug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, L. Roersch, L. Vanderkindere, Al. Henné, G Frédérix, le comte Goblet d'Âlviella, membres; Alph. Rivier, asso- cié; A Giron, correspondant.

CORRESPONDANCE.

M. Tiberghien, vice-directeur, communique le discours qu'il a prononcé au nom de la Classe, le 10 juillet dernier, aux funérailles de M^' A. Van AVeddingen.

La Classe vote des remerciements à M. Tiberghien et décide l'impression de ce discours dans le Bulletin de la séance.

Elle confie à M«' Lamy le soin de rédiger, pour VAn- nuaire de l'Académie, la notice biographique du dél'unt.

C 5(9 )

-- M. le Ministre de rinlérieur et de l'Instruction publique transmet cinq exemplaires du programme des concours actuellement ouverts pour le « Prix du Roi i>

Ces concours (exclusivement belges) ont pour objet :

Année 1894: /. meilleur ouvrage mr C architecture el spécialement sur les constructions récentes en fer et en verre ;

1895 : l'histoire de la fondation, par les principaux peuples anciens et modernes, de leurs dépendances d'outre- mer;

1896 : l'enseignement et la pratique des exercices corpo- rels dans nos établissements d'instruction publique.

Le même Ministre envoie :

A. 50 exemplaires du rapport du jury qui a jugé le premier concours décennal de philologie (période de 1880 a 1 889) ;

B. Pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants ;

Procès-verbaux des séances des conseils provinciaux session de 1889 ;

2" Rapport sur les travaux de la Commission royale d histoire en 1889 ;

Rapport sur la situation de la bibliothèque royale durant l'année 1888;

Études et notices historiques concernant l'histoire des Pays-Bas; par Gachard, tomes I-Ilf ;

Verslagen en mededeelingen der koninklijke vlaamsche Académie voor taal- en lelterkunde, 1890, Mei en Juni

fio Notice sur l'origine et la tenue des anciens registres d état civil dans la province de Hainaui ; par Th. Dernier

( 320 )

Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, lome V, V partie;

8" .4m Vésuve, compte rendu d'une excursion des soirées populaires de Verviers; par Karl Griin;

Klaus Groth in zijn leven en streven als dichter, taal- kamper, inensch, met reisverhaal en lerugbiik op de dietsche beweging; par C.-J. Hansen ;

10° Inventaire des chartes des comtes de Namur ; par

Ch. Piol. Remerciements.

»

Hommages d'ouvrages.

A. La purification selon l'Àvesta et le Gômez; B. Le culte de la croix avant le christianisme; Ç. Comparaison de deux traductions d'un chant de l'Avesta a Aveslica liï », 3 brochures de M. de Harlez, présentées par M. Willems, avec une note qui figure ci-après;

La querelle des investitures dans les diocèses de Liège et de Cambrai, V" partie. Les réformes grégoriennes, etc. (1075-1092), par Alfred Gauchie; présenté par M. Lamy, avec une note qui figure ci-après;

A. Deux monnaies frappées en Flandre en ^581 ; B. Un tiers d'écu inédit de Charles II de Gonzague ; par le vicomte B. deJonghe;

Essai sur le statut du Mont ou « Iloop » d'Haze- brouck, et sur ses rapports avec l'ancien droit franc; par H. Hosdey. Remerciements.

M. le comte de Franqueville accuse réception de son diplôme d'aèsocié.

Le Comité organisateur de la huitième session du congrès international des Américanistes adresse les circu-

( "'21 )

laires relatives à celle réunion, qui s'ouvrira à Paris le 14 octobre prochain.

La Société industrielle de Mulhouse envoie le pro- gramme des prix proposés pour être décernés dans son assemblée générale de mai 1891.

PRIX BIENNAL DE PHILOLOGIE CLASSIQUE. Première période (1891-1892).

La Classe des leltres offre un prix de 2,7S0 francs à l'au- icur du meilleur travail, rédigé en français, en flamand ou en lalin, en réponse à la question suivante :

Faire une étude critique mr les rapports publics et privés qui ont existé entre tes Romains et les Juifs jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus.

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 31 décembre 1892. Ils devront être adressés, francs de port, à M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie, au Palais des Académies, à Bruxelles.

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations, et demande à cet effet que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citent.

Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours.

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre des copies, à leurs frais, en s'adressanl à cet effet au Secrétaire perpétuel.

( 32*2 )

Ne seront admis à concourir que des auteurs belges; les membres ou correspondants de l'Académie sont exclus du concours.

Les mémoires ne pourront être signés; ils porteront une devise qui sera répétée dans un bulletin cacbeté joint au manuscrit et renfermant les nom, prénoms et adresse de l'auteur. Faute par les concurrents de satisfaire à celte for- malité, le prix ne pourra leur être accordé.

La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport d'une Commission de trois membres désignés par elle dans la séance du mois de janvier qui suivra la clôture de cbaque période biennale.

Si, à l'expiration de la période biennale, aucun mémoire digne du prix n'est parvenu à la Classe, le délai pourra être prolongé de deux ans et la récompense éventuelle- ment doublée. Si la Classe ne croit pas devoir doubler la récompense, elle mettra au concours une deuxième ques- tion, tout en maintenant celle pour laquelle le délai aura été prolongé.

Dans le cas oij aucun mémoire digne du prix n'aura été reçu, la Classe pourra accorder le prix à un travail imprimé, relatif à la philologie classique, qui aura été publié par un auteur belge dans le même intervalle.

Sont toutefois exclus les ouvrages destinés à l'enseigne- ment proprement dit, à l'exception des éditions de textes dites savantes et des grammaires ou dissertations gram- maticales ayant pour objet de faire progresser la science. La Classe pourra également, dans ce cas, mettre au con- cours ou récompenser la traduction française d'un ouvrage de philologie important, qui, d'après elle, serait con- sulté avec fruit par les membres du personnel enseignant.

( ■■>2'> )

hisrours prononce aux fiinorailles de M*' A. Van Wcd- tliu(jen, \c 10 jiiillrl ISîH); pur M. Tilu'i j;lii('n, vicc- (lirt'i'lciii- (le l:i Classe» di's Icllit's.

Kncoro nii lioinnu» i\c ItiiMi, iiii lioiniiu' d'i^siiril. un liDiniiic (lt> CdMir cjni di'sii iid dans la toinho! Kncore une HtMi(' donloiiioust' pour la icpiiltlitjnc des Icllros (M pour TAcadiMuio rovalo do lud^iinio ! IMtMirons un conlVôiiM'l lin ami, ol ivsi^noiis-noiis! Il uv nous rosle qu'à célébrer sa ménioirc.

A lois Van Wcddinj^iMi natinit î^l l.oiivain \c 18 aoAt ISII. Il li( SOS éliidos dans sa ville nalale, an e(»llèj:;e des Jose- philes el à l'iiniversilé, el olilinl le lilie de doelenr en pliilosi)|diie el en lliéolojj;ie. Il t'nl prélal de la maison du Pape, ehanoine honoraire de iMalines el anmt^nier de la Cour. Son niérile el ses pu Itl ira lions le désij;iièren( à la Classe des lellres de l'Aeadémie. Il lui élu eorrespondanl en iSiSOel memhre eiïeelil" en ISOO.

C'osl à ee lilre que je sois appelé ;"! lui ilire nn élernel adieu, au nom de ses eonlVères.

Les ouvrages qui illnsltèrenl la eariière de Van Wed- dinjien el (|ni reeommandeni son nom à la posiérilé sont nombreux el variés. Ils eomprennenl d'abord plusieurs volumes de poésies, de eriiiques lilléraires, d'éludés apo- logétiques, doclrinales el philosophiques, el ensuite quel- ques mémoires publiés sous les aiispiees de l'Aeadémie, après examen el rapport.

Ces travaux aeadémiqnes de noire sav.int eonlVére sont au nombre de trois, savoir :

( 324 )

i , Un essai critique sur la philosophie de saint Anselme de Cantorbery, mémoire couronné par la Classe des leltres en 1874;

2. Les bases de r objectivité de la connaissance dans le domaine de la spontanéité et de la réflexion, Introduction à rétude de la philosophie critique; ouvrage présenté en 1887;

3. L'esprit de la psychologie d'Aristote, étude critique sur le Traité de rame, en cours de publication.

On voit par cette rapide esquisse que Van Weddingen s'attachait surtout à l'élude approfondie d'Aristote et des grands docteurs du moyen âge, mais qu'il les interprétait assez largement pour les concilier avec la critique moderne, et qu'il avait la noble ambition de réaliser, sur la base de la raison, la synthèse de la théologie orthodoxe et de la libre philosophie. Une pareille lâche, bien comprise, suffit à illustrer un savant.

L'œuvre capitale de Van Weddingen est son livre sur l'objectivité de la connaissance humaine. Le but de l'au- teur est d'établir la légitimité de nos connaissances, qu'elles aient leur source dans l'expérience ou dans la raison, et la démonstration de cette thèse se tire à la fois des ten- dances inconscientes imprimées dans la nature des êtres et des procédés dialectiques de l'esprit. L'ouvrage est un pur traité de métaphysique générale et positive, dirigé contre la critique négative de Kant et contre l'agnosticisme intolérable de Spencer. C'est ici que la pensée de notre regretté confrère atteint toute son élévation, se déploie dans toute son ampleur et se revêt de ses formes les plus riches, les plus neuves et les plus colorées. Le style est à la hauteur de l'intelligence. Nulle part Van Weddingen ne montre mieux quelle était l'étendue de son savoir et la

( ">2S ) sagacité de son esprit. Aucune découverte ne lui échappe dans aucune province de la science. Il connaît les travaux (les novateurs aussi bien que ceux des anciens et des sco- lasliques, et il reste lidèle à son projet fondamental : unir la philosophie à la religion, compléter les doctrines d'Aris- lote et de saint Thomas par les conquêtes des sciences contemporaines. Il est convaincu qu'aucune recherche n'est interdite à la raison, parce que la vérité est divine et qu'aucune vérité ne saurait être contraire à la vérité. Avec celle hauteur de convicfion, il sait aussi éviter les exagérations des écoles sensualistes, qui se réclament de méthode expérimentale. Il aime la nouveauté, mais il n'accepte pas comme vrai tout ce qui est nouveau.

Mais ce n'est pas seulement par les dons de l'intelli- gence et de l'imagination que brillait notre éminent con- frère, il excellait aussi par les qualités du cœur et du caractère. Quoiqu'il fût un des derniers élus de la Classe des lettres, il jouissait pleinement de l'estime et de l'affec- tion de tous ses collègues, sans distinction d'opinions poli- tiques ou religieuses. Sa modestie, son aménité, sa charité, sa tolérance étaient incomparables. Il était un modèle de confraternité académique. Aussi tous ses con- frères garderont-ils un sympathique et douloureux sou- venir de sa fin prématurée. Sa mémoire ne périra point parmi nous.

Adieu, cher et vénéré confrère. Vous avez accompli en des circonstances difliciles une grande mission, vous avez fait votre devoir et tout votre devoir. Reposez en pais! vous pouvez compter sur l'éternelle justice.

526 ^

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de noire savant confrère, M^"" de Harlez, trois opuscules de natures très diverses.

Le prenfiier est une réponse à un cas de conscience posé à l'auleur par les Zoroaslriens de Bombay. Ces braves gens, obligés de se purifier par un bain d'urine de vache, voudraient bien modifier cet usage, mais ils se demandent si le texte de l'Avesta leur permet d'y toucher.

Le second traite du prétendu culte de la croix chré- tienne avant le christianisme et tempère uh zèle quelque peu intempestif.

Le troisième a pour objet la comparaison de deux tra- ductions d'un chant de l'Avesta et montre à quoi sont arrivés les novateurs.

Bien que courtes, ces brochures, comme on le voit, ne manquent ni d'importance, ni d'intérêt.

P. WiLLEMS.

J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de M. l'abbé Gauchie, la dissertation historique qu'il a présentée à la Faculté de philosophie et lettres de l'Université catholique de Louvain pour l'obtention du grade de docteur en sciences historiques. Ce travail, fruii de recherches patientes et consciencieuses, honore le talent du jeune historien et ouvre dignement les travaux de la conférence historique que dirige M. le professeur Moeller.

Dans une introduction très condensée, l'auteur expose

( 327 )

l'origine el les tléveloppemenls de la puissance lempo- relle dont onl joui, durant le moyen âge, les princes- évèqiies de Liège el les archevêques de Cambrai. Il aborde ensuite son sujet : La querelle des inve^lilnrcs dans les diocèses de Liège et de Cambrai. La lutte entre le sacer- doce et l'empire va des premiers décrets de réforme de Grégoire Vil jusqu'au concordai de Worms (1073-1122). M. Gauchie ne donne ici que la première partie, qui expose les réformes de Grégoire VII pour maintenir le célibat des prêtres el abolir la simonie el les agitations qu'elles ame- nèrent sous l'épiscopal de Gérard II à Cambrai (1U70- 1092), et sous celui de Henri 1 le Pacilique, à Liège (1075- 1091). Parmi les discussions intéressantes que renferme l'ouvrage, nous signalons parliculicremenl celles qui con- cernent Sigebert de Gembloux el les Dicta cujusdam de discordia papœ el régis.

T.-J. Lamy.

RAPPORTS.

Des impuretés et des purifications dans l'Inde antique; par Louis de la Vallée Poussin, docteur en philosophie el lettres.

« L'objet du travail de M. Louis de la Vallée Poussin, comme son titre l'indique, est un des points les plus importants et les plus intéressants des croyances religieuses de l'antiquité el des temps modernes même, pour autant que ces croyances se sont conservées plus ou moins intactes jusqu'à nos jours. C'est aussi une de ces concep- tions religieuses dont l'origine est enveloppée de ténèbres

( 328 )

et que l'on s'explique avec le plus de tliflicullé : les souillures conliaclées par Thomme et les moyens prescrits pour les effacer. S'il ne s'agissait que de cette tache qu'imprime toute faute d'un caractère plus ou moins dégradant, on se l'expliquerait sans peine, on aurait à en chercher la source dans le dictamen de la conscience humaine, de sa raison suffisamment développée.

Mais, chose étrange, les fautes, les crimes même ne sont pas les causes principales de ces contaminations: des êtres incapables de mal faire, parce qu'il leur manque l'intelli- gence et la volonté lihre, la matière elle-même, sont principalement sujets à tomber sous cette flétrissure et à l'étendre sur l'homme par le simple contact/ Si, à certains points de vue, la cause première de cette croyance à des souillures est saisissable comme, par exemple, quand elles proviennent de la mort, en maints autres cas on ne peut s'en rendre compte qu'avec peine. On pourra le faire peut-être quand on aura sous les yeux un tableau complet de cette question, si importante pour l'histoire de la pensée humaine et du développement des idées religieuses. Il faudra pour cela réunir tous les renseignements que [)eùvent fournir les monuments des nombreux peuples chez qui la croyance aux impuretés religieuses a régné au commencement de leur histoire. Ce sera une vaste synthèse l'on pourra trouver peut-être la solution complète du problème.

M. de la Vallée n'a pas eu la prétention de la fournir, mais simplement d'apporter une part de contribution à ce travail de recherches et de réunion de documents, qui doit servir de préliminaire à une systématisation des éléments épars. Indianiste, il a demandé cette parla l'Inde, à l'Inde brahmaniste principalement, parce que c'est en elle que la notion des impuretés a pris le plus d'extension. Portée sur

( 3-20 )

ce terrain, la discussion à d'autant plus d'intérêt que Tlnde actuelle observe encore toutes ces règles que leur ont transmises les pères de la race brahmanique, à ce poinî qu'un brahmane consciencieux ne manquera point d'aller se purifier avec le plus grand soin quand les nécessités politiques et sociales l'ont obligé d'entrer en contact avec un européen, impur jusqu'à la moelle des os.

Bien qu'ayant l'Inde pour but d'étude exclusif, M. de la Vallée n'a cependant point négligé de donner à ses lecteurs une idée de ce qu'était la croyance en question en Eran, en Egypte, en Grèce, à Rome et chez les Juifs.

La curiosité scientifique pourrait peut-être demander davantage, mais on ne pourrait, ce me semble, faire un reproche à l'auteur de s'être borné à cela, puisque le reste était en dehors du cadre qu'il s'était tracé. Il renvoie du reste, maintes fois, aux sources ceux qui désireraient en savoir davantage.

L'auteur a pris les matériaux de son élude principale- ment dans le code fameux des lois de Manou, qui présente de la question l'exposé le plus complet et le plus digne de foi. Naturellement, ce n'est point à une traduction, mais au texte lui-même qu'il les a demandés, et, comme ce texte est souvent obscur et d'interprétation difficile, il a consulté, comparé les différentes traductions, comme le commentaire de Kulluka, et s'est servi des derniers travaux de Biihler, Jolly et autres, pour éclaircir les points douteux. Son travail n'est donc point sans mérite philo- logique.

Ajoutons que si l'auteur n'a point prétendu résoudre la question d'origine en général, il ne l'a point négligée dans les détails, mais l'a touchée plusieurs fois avec intelligence et une juste réserve.

Voilà ce qu'il me semblait juste de dire de ce travail

( 530 )

au point de vue général; je dois ensuite exposer en peu de mots de quoi il se compose et comment il se divise.

Après une courte entrée en matière, M. de la Vallée expose l'objet de son étude et ses sources dont il apprécie la valeur. Comme il l'établit très bien, ces codes brahma- niques n'ont point par eux-mêmes une autorité légale. Ce sont des exposés de systèmes, de vues religieuses, auxquels les maîtres de la terre se soumettent quand bon leur semble. Néanmoins ils méritent croyance quand on se place uniquement sur le terrain religieux.

L'auteur constate ensuite le rôle que jouent dans le code de Manou les maximes et les prescriptions relatives aux impiiretés et aux moyens prescrits pour les- effacer, l'idée que l'on s'en faisait, l'origine qu'on leur attribuait à l'époque brahmanique; il ajoute à cela quelques aperçus comparatifs. Puis il entre dans le cœur même de son sujet.

Les notions relatives aux souillures et aux purifications que l'on rencontre dans les codes indous n'y sont point sys- tématisées; on les trouve, au contraire, répandues en beau- coup d'endroits, selon la nature de l'objet auquel elles se rapportent. L'auteur a recueilli tous les passages qui s'y réfèrent et les a coordonnés pour en faire un système méthodique.

Il explique ainsi successivement tout ce qui concerne, en premier lieu, le Mailhuna ou union sexuelle, ainsi que la conception et la naissance; en second lieu, le manger et le boire, les conditions qui rendent la mandu- cation permise, les aliments dont on peut ou ne peut pas se nourrir à cause de leur essence pure ou impure.

Pour ces deux points, l'auteur cherche également ce qui peut expliquer l'origine de ces singulières maximes, et demande pour cela des renseignements aux livres sacrés

( 3-51 ) d'aulres peuples; il discute ce qui est originaire ou plus récent, il s'adresse spécialement à l'Avesla et à la Bible, dont il explique bien le caractère en celte matière si féconde en choses étonnantes.

Il distingue très bien les différentes espèces ou catégories d'aliments qui font les objets des prescriptions et des défenses : aliments mauvais en eux-mêmes et en toutes circonstances; aliments accidentellement souillés, boissons enivrantes, etc. Suivent les prescriptions imposant les purifications et les pénitences, puis les règles d'abstinence relatives aux novices, celles qui ont pour objet la propreté matérielle et corporelle.

Ici se rangent les ablutions et purifications diverses.

En troisième lieu viennent les prescriptions longues et compliquées qui concernent la mort et les souillures qu'elle engendre, soit par contact, soit à dislance.

Tout ceci est trop étendu et trop embrouillé pour que nous entrions dans aucun détail. Qui lira l'exposé que nous en donne M. de la Vallée en aura une idée claire et complète, en même temps qu'il verra avec plaisir les notions comparatives que l'auteur a jointes au corps de son travail.

Après une courte excursion sur le terrain de la philo- logie classique et des lois bibliques en ce qui concerne l'impureté provenant de la mort, M. de la Vallée examine les effets de l'impureté morale, des fautes et des crimes, au point de vue de la souillure qu'ils engendrent, 11 con- state avec raison cette confusion des notions de morale et de physique qui se rencontre dans toutes les religions ou philosophies de l'Orient ancien et moderne, ou l'in- fluence du christianisme ne s'est point lait sentir. Il établit la nature de ces conceptions et les exagérations ou erreurs qu'ils engendrent; il saisit bien le principe de ces théories,

( 332 )

parfois bien singulières, celle énergie de nalure mauvaise qui règne dans l'homme indépendamment de sa volonté, et qui produit la souillure nulle faute morale ne peut se constater, et cette manière de voir peu compréhensible, qui transforme les abstractions en êtres substantiels ayant une vertu propre, produisant des effets nécessaires. Ainsi les sens proviennent d'une entité universelle qui se prête dans chaque individu aux opérations propres à chacun d'eux; l'acte commis a une virtualité substantielle qui poursuit l'homme à travers des existences successives très nom- breuses. L'auteur montre parfaitement, en outre, combien ces théories sont inconciliables avec les exigences de la vie pratique; il nous fait ensuite toucher- du doigt des principes nouveaux introduits dans le code de Manou et indiquant un nouveau courant d'idée, une époque plus récente, la purification par le repentir et les bonnes œuvres.

Dans un dernier chapitre, M. de la Vallée examine la place qu'occupe le code des impuretés et purifications dans le système religieux des brahmanes, et, pour en rendre mieux raison, il fait précéder cet examen de l'exposé des idées semblables ou analogues que Ion rencontre dans les livres religieux de l'Eran et de la Judée, comme chez les auteurs classiques. Il distingue fort bien cette différence qui provient du déisme imparfait des sages indous et de leurs vues panthéistiques.

Ici se terminait la tâche que M. de la Vallée s'était imposée.

Pour nous, reportons nos regards en arrière et, jelant un coup d'œil sur tout l'ensemble, nous croyons ne pou- voir faire autrement que de reconnaître que l'auteur a rempli convenablement celte lâche. Ce travail, nous ne pouvons le nier, prouve chez celui qui l'a conçu et exécuté

( 333 )

outre une connaissance satisfaisante de sa matière et de la langue de ses sources, le sanscrit et l'intelligence des questions d'histoire religieuse, du talent de distinguer, de systématiser et d'exposer, de lespril de recherche et de travail sérieux.

On pourra différer d'avis sur certaines questions acces- soires, on pourra peut-être désirer plus û'exairs compa- ratifs; mais on ne pourra nier, je pense, que la lecture de cette élude ne soit utile et pleine d'intérêt pour tous ceux qui s'occupent de ces importantes questions.

La conclusion de ce rapport, que je me suis efforcé de resserrer dans les limites d'un exposé succinct et d'une appréciation générale, est naturellement qu'il sera bon et utile d'accorder au jeune auteur les honneurs des publi- cations académiques, afin d'encourager chez nos conci- toyens les essais scientifiques sérieux et profitables. »

M. T.-J. Lamy, deuxième commissaire, déclare se rallier à la proposition de son honoré et savant confrère, M^"" de Harlez.

Rapport de M. fe cotnle Goblel d'Alviella, troiaième cotntnittnife,

a M. Louis de la Vallée Poussin a choisi nn des pro- blèmes les plus importants de l'hiérographie générale, et il le traite avec une compétence que ne contestera aucun lecteur de son travail. Le livre des lois de Manou, dans lequel il puise de première main ses principaux renseigne- ments, est réduit, dans cette étude, à sa juste valeur de législation théorique, idéale, artificielle. Mais, par cela

3""* SÉRIE, TOME XX. 22

( 354 )

même que le Manava Dliarma Câslra reflète des tendances philosophiques plutôt qu'il n'exjmse des lois positives, les passages parfois contradictoires qu'il doit à la diversité de ses collaborateurs permettent de saisir au passage l'évolution qui, chez les Hindous, a fait donner une acception morale à l'idée, d'abord toute matérielle et légale, de l'impureté. Il serait intéressant de voir l'auteur, avec les connaissances philologiques et historiques dont il fait preuve, suivre à ce propos, de plus près encore, dans la langue aussi bien que dans les idées, les traces de l'évolution qui a modifié, dans un sens moral et abstrait, la signification de tant de termes originairement appliqués à des objets matériels et concrets.

On aurait pu désirer également, comme le dit notre savant confrère M. de Harlez, un peu plus d'excursions comparatives chez les différents peuples la croyance aux impuretés religieuses a régné dès les commencements de l'histoire. J'ajouterai que, pour être couplet, un travail comparatif de ce genre devrait également s'étendre aux notions analogues, observées chez les peuples non civilisés de toute époque. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, M. de la Vallée Poussin croit que, dans un grand nombre de cas, l'attribution d'impureté à un acte ou à un objet est le résultat d'une préoccupation hygiénique revêtue de la sanction divine. Sans doute il en a été ainsi à l'égard de certains détails qui éveillent chez l'homme une répugnance naturelle et en quelque sorte instinctive. Mais, en général, les préoccupations d'hygiène représentent le moindre souci des peuples chez lesquels nous trouvons les notions d'im- pureté et de purification religieuse dans leur état rudimen- taire. Il importe donc d'examiner avec soin chaque cas particulier, alors même que l'hygiène semblerait d'accord avec la prescription religieuse. Conformément à la théorie

( 535 ) domiuanle, M. de la Vallée Poussin semble attribuer une origine hygiénique à l'usage de la circoncision. Cependant, si l'on étudie cet usage chez les peuples qui le pratiquent en Afrique, en Asie et même en Océanie, il semble se rattacher plutôt à l'institution du sacrifice. N'est-ce pas une offrande faite à des êtres surhumains, soit pour leur être agréable à raison de la privation qu'on s'impose, soit surtout comme rachat de la personne entière, à l'instar de ces innombrables sacrifices de substitution l'on offre la partie pour le tout : les cheveux, les dents, une phalange du doigi, quelques gouttes de sang, etc.? Chez plus d'un peuple qui attribue la maladie à une intervention des esprits, la circoncision figure comme remède. Aux îles Fidji, ce qui est plus significatif encore, quand un person- nage d'importance est frappé de maladie, on circoncise parfois, non le malade, mais un de ses parents ou quelque jeune homme de bonne volonté. Il y a, dans la Bible même, un passage qui pourrait jusqu'à un certain point se prêter à une interprétation du même genre. Ce sont les ver- sets 24-26 du chapitre IV de l'Exode, il est raconté que rÉlernel cherchait à faire mourir iMoïse, mais que Séphora sauva celui-ci en circoncisant son fils.

M. Louis de la Vallée Poussin, à la vérité, n'a entendu s'occuper que de l'Inde, où, avec sa connaissance de la litté- rature hindoue, il a l'avantage de re.^ter sur un terrain abso- lument solide, et c'est sans doute pourquoi il a restreint le champ de ses comparaisons aux peuples indo-européens et aux Juifs. Il fait observer avec beaucoup de vraisem- blance que chez les Hindous l'obligation de la pureté n'est pas directement en rapport avec l'idée de Dieu, con- trairement à ce qui existait chez les Juifs et les Perses. Pour l'esprit hindou, l'impureté est la condition inévitable du n»onde fini; toute action humaine renferme un élément

( 336 )

plus ou moins impur, et cet élément se maintient ou plutôt se perpétue indéliniment, comme toutes les conséquences de nos actes, si l'on ne se soustrait à ce cycle fatal par des cérémonies de purification. Chez les Juifs et les Perses, il faut être pur, parce que Dieu est pur et que c'est la meilleure façon de lui ressembler; les impuretés physiques ou morales sont une participation à la nature des mauvais esprits, qui entraînent l'homme à s'en rendre coupable. M. de la Vallée Poussin, si je comprends bien sa pensée, semble admettre que la conception hindoue représente un état plus ancien des notions relatives à la pureté. Je serais plutôt disposé à admettre le contraire. Tout en reconnais- sant que le dualisme avestéen offre les traces incontestables d'une systématisation avancée, je trouve que, logiquement, l'idée d'attribuer à l'influence de mauvais esprits les actes malfaisants on impurs, aussi bien que les événements nui- sibles, représente une croyance plus voisine des concep- tions primitives que le système philosophique si complexe et si profond du Karma, c'est-à-dire d'une loi absolue par laquelle les effets s'enchaînent aux causes en dehors de toute intervention surnaturelle.

Quoi qu'il en soit de ces observations, le travail de M. Louis de la Vallée Poussin me paraît mériter, tant pour la méthode que pour les conclusions, les éloges que lui décerne le premier rapporteur, et je suis heureux, pour ma parti de me rallier aux conclusions de mes savants confrères. »

Conformément aux conclusions de ces rapports, la Classe décide l'impression du travail de M. de la Vallée Poussin dans le recueil des Mémoires in-8°.

( 357 )

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 7 août 1890.

M. Jos. ScHADDE, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MiM. C.-A. Fraikin, God. GufTens, J. De- mannez, G.De Groot, Gustave Biot, Edm. Marchai, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, membres; F. Laureys, corres- pondant.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique transmet :

Une copie du procès-verbal du jugement du grand concours d'architecture de cette année, décernant le grand prix à M. Arthur Verhelle, de Bruges, élève de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles; le second prix à iM. Adolphe Kockerols, d'Anvers, élève de l'institut supé- rieur des beaux-arts de la même ville; une première men lion honorable à M. Emile Vercecken, d'Anvers, élève de

S""* SÉRIE, TOME XX. 22.

( 538 )

l'Académie des beaux-arls d'Anvers et de MM. Schadde et J. Vereecken, et une deuxième mention honorable à M. Hubert Marcq, de Bruxelles, élève des Académies d'Anvers et de Bruxelles.

Le résultat de ce concours sera proclamé en séance publique de la Classe;

Une ampliation d'un arrêté ministériel en date du 1" août courant, par lequel M. de Casembrool, bibliothé- caire du Conservatoire royal de musique de Bruxelles, a été adjoint à la Commission chargée de la publication des œuvres des anciens musiciens belges;

3" Un exemplaire du travail de M. F.-A. Gevaerl, inti- tulé : Les origines du chant liturgigue de Céglise latine. Étude d'histoire musicale. Remerciements.

M. Schadde offre, de la part de M. le baron J. de Baye, membre de la Société des antiquaires de France, à Paris, un exemplaire de sa Note sur quelques antiquités décou- vertes en Suède. Remerciements.

RAPPORTS.

D'après son ordre du jour, la Classe était appelée à entendre la lecture de différents rapports. Vu l'absence des rapporteurs, la lecture de ces pièces a été ajournée à la séance d'octobre.

( Ô5ÎI )

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Gevaerl {Fr.-Ai(g.). Les oriiçines du clinnt liturgique de l'église latine. Étude d'histoire musicnic. Giiiid, 1890; in-S" (92 p.).

Harlez {C. de). La purification selon i'Avesta et le Gôraêz. Louvain, 1890; exlr. in-8'' (8 p.).

Aveslica. IIL 1890; extr. in-S" (1 1 p.).

Lecultede la Croixavantic christianisme. Louvain, 1890; extr. in-8» (8 p ).

Bn'art {AI}).). Note sur les mouvements |)arallèles des roches stratifiées. Liège, 1890; in-S" (8 p.).

Terbjj (F.). Sur la structure des handes équatorialcs de Jupiter. Bruxelles, 1890; exlr. iu-8° (3 p.).

Srinaparelli [G.-V.). Considérations sur le mouvement de rotation de la planète Vénus, premier article. Bruxelles, 1890; 5 extr. in-S".

Vercoullie {J.). Bcknopt etymologisch woordenboek dcr nederlandsche taai. Gand, 1890; vol. in-8'' (520 p.).

Verhoogen [René) cl Baert (Charles). Premières recherches sur la nature et l'étiologie du tétanos. Bruxelles, 1890; vol. in-8''.

Bernier {Théodore). Notice sur lorigine et la tenue des anciens registres d'état civil dans la province de Ilainaul. Angrc, 1887; in-S» (70 p.).

de Jonghe {le V" U.]. Deux monnaies frappées en Flandre en 1581. Bruxelles, 1890; extr. in-8» (8 p.).

Un tiers d'écu inédit de Charles II de Gonzaguc. Paris 1890; extr. in-8» (o p.).

Dcrutjls {Fratiçois). Sur la représentation des involu- tions unicursales. Bruxelles, 1887; in-8° (26 p.).

( 340 )

Dcruyts (François). Génération linéaire de quelques courbes à éléments multiples. Gand, 1887; extr. in-S" (4 p.).

Génération d'une surface du troisième ordre. Bruxelles, 1887; extr. in-8'>(i2 p.).

Sur quelques transformations géométriques. Bruxelles, 1887; extr. 10-8° (16 p.).

Sur les théorèmes fondamentaux de la géométrie pro- jective. Bruxelles, 1888; exlr. in-S" (1G p.).

Sur une propriété commune aux courbes normales des espaces linéaires. Bruxelles, 1889; extr, in-8'' (12 p.).

Sur la représentation de l'homographie de seconde espèce sur la cubique gauche. Bruxelles, 1889; extr. in-S" (20 p.).

Grun (Karl). Au Vésuve, compte rendu d'une excursion des soirées populaires de Verviers. Verviers, 1889; in-18.

Ronkar (£".). Sur l'entraînement mutuel de l'écorce et du noyau terrestres en vertu du frottement intérieur. Réponse à la notice de M. J. Liagre. Bruxelles, 1890; in-8'' (15 p.).

Cauchie [Alfred). La querelle des investitures dans les diocèses de Liège et de Cambrai. 1" partie. Louvain, 1890; vol. in-8".

Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. Bulletin, tome V, 1" partie. Liège, 1889; in-8».

Conseils provinciaux. Procès-verbaux des séances de l'année 1889. Bruxelles, Anvers, etc.; 9 vol. in-8°.

Ministère des Affaires Étrangères. Catalogue de la Bibliothèque, tomes I et H avec table alphabétique. Bruxelles, 1878-90; 5 vol. in-8°.

Archives de l'Etat. Inventaires des archives de la Bel- gique : Inventaire des chartes des comtes de Naïuur. Bruxelles, 1890; vol. in-folio.

Société chorale et littéraire les Mélophiles de f/asselt. Bulletin, 2C« volume. In-8".

( •">« )

Allemagne et AuTniciiE-IloNGitiE.

Zool.-botan. Gesellschaft, Wien. Verhandlungcn, 1890. In-8".

Preuss. geodàtisches Institut. Das Mittclwasscr dcr Oslsee bel Swinemùndc, 2. Miltheilung Berlin, 1890; in-4°.

Asli'ononi. goodalische Arbeiten, I. Ordniing. Berlin, 1890; in-i°.

Nalurwisaenscliaftlicher Verein in Magdeburg Jahres- bcricbt, 1889; in-8°.

Cenlral-Austall fier Météorologie und Erdmagnetismus . Jiibrbùcher, 1888. Vienne, 1889; vol. in-4».

Stosae {A.). Der Ilarn nacb Unlerbindung der drei Darmartericn. Leipzig, 1890; exlr. in-8" (7 p.).

yaturliistor. Verein. Verbandlungen, 46. Jabrgang. Bonn, 1889; in-8».

Université de Giessen. Thèses et dissertations de 1889-90. 29 br. in-8°.

Amérique.

Universily of Nebraska. Studies, volume I, n<" 1-3. Lincoln, 1888-90; in-8°.

Moutier {Adolphe). Annuaire statistique de la province de Buenos- Ayres, 1888. La Plata; in-8\

Instiiuto historico e geograpliico Brnzilerio. Revista, (omo LU, 2. Rio de Janeiro, 1889; in-8°.

Nova Scotiun Inslitule of natural science. Proceedings and Transactions, voL VII, part. 5. Halifax, 1889; in-S".

( 34^2 )

France.

Gaudry {Albert). Les enchaînements du monde animal dans les temps géologiques fossiles secondaires. Paris, 1890; vol in -8».

Hosdey {H.). Essai sur le statut du Mont ou « Hoop » d'Hazebrouck, et sur ses rapports avec l'ancien droit franc. Dunkerquc, 1890; in-8» (197 p.).

Observatoire de Nice. Annales, tome III, texte et atlas. Paris, 1890; 1 vol. in-i" et 1 vol. in-folio.

Université de Lille. Travaux et mémoires, tome i", n°' 1-3, 1889; in-8°.

Nadaillac [le M" de). Le péril national. Paris, 1890; cxtr. in-S" (48 p.).

Baye {te baron J. de). Note sur quelques antiquités découvertes en Suède. Paris, 1890; extr. in-8'' (!2I p.).

Grande-Bretagne, Irlande et Colonies britanniques.

Payne {F.). A few notes upon the Eskimo of Cape Prince of Wales, Hudson's Sliail. Salem, 1889; extr. in-8° (3 p.).

Distant {W.-L.). A monogra|)li of oriental Cicadidae, part. 3. Londres, 1890; in 4".

Edinburgh geulogical Society. Transactions, vol. VI, 1 ; in-8».

Department of mines, N. S. Wales, Sydney. Mcmoirs of the geologieal survey : n"' 5 and 4. Records, vol. I, 5. Annual report, 1889.

( 34-3 )

New Zealand Inslihite. Transactions and proceedings, vol. XXII, 188!». Wellington; vol. in-8°.

Knlomological Society, London. Transactions, 1888 and 1889. In-8°.

Aslronomical Society, London. Memoirs, vol. XLIX, 2. In-4".

Italie.

Zanon (Giann.). L'ElcItrieità nuovi falti c vecohic ipolcsi. Rome, 1890; cxtr. in-8» (55 p.).

Socielà veueto-trenlina di scienze naturali. Bullettino, lomo IV, 4. Padoue, 1890; in-8».

Accademia di scienze, lettere e belle arli di Palermo. Bullettino, anno V, 2-(); anno VI, I-fi; in-4».

Osservatorio di Brera in Milano. Puhblicazioni, n" XXXVI. Milan; in-^».

Pays divers.

Akademie vamvetensclmppen. Jaarboek, 1889. Amor, carmcn... Hoeufttiano. Verhandelingcn, deel XXVII.

Sociél('' scientifique et littéraire de Jassy. Arliiva, n" 1-5, 1889-90. In-8°.

Nuturforschende Gesellscliaft, Chur. —iaUreshericht, 1888- 1889. In-8°.

Gesellschaft fïlr Litcratur und Kunst, Milau. Sitzungs- berichtc, 1889. In-8».

( 34i )

Observatorio de Madrid. Observaciones meteorologicos y Resumen, 188C-1889. In-8°.

Academia de ciencias morales y potiticas. Necrologia y discursos, 1889-90. Madrid; in-8°.

Naturforschende Gesellscliaft, Dorpat. Schriftcn, V. Sitzungsberichte, 1889. In-8°.

Société royale des sciences d'Upsal. Nova acla, XIV, 1. Catalogue méthodique des Acla et Nova acta, 1744-1889. In-4".

Sveriges offenlliga Bibliothek. Katalog n" 4, 1889 (Dahigren). Stockholm, 1890. In-8''.

Université de Lund. Acta, tom. XXV. In-4°.

ï^.

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LHTTRES ET DES BEAlIX-AItTS DE BELGIQUE.

1890. N°^ 9-10.

CLASSE DES SCIEl^CES.

Séance du // octobre 1890.

M. Stas, direcleur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur; P.-J. Van Bcneden, le baron Edni. de Selys Longchamps, Gluge, G. Dewalque, E. Candèze, Brialmonl, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, A. Briart, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Monrion, P. Mansion, J, Del- bœul', P. De Hecn, membres; E. Catalan, Cb. de la Vallée Poussin, associés; C. Le Paige, C. Vanlair et F. Terby, correspondants.

5"* SÉKIE, TOME XX. 25

( 34G )

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre (le rinlérieur et de rinstruction publique envoie pour la Bibliothèque de l'Acadénoie un exemplaire de VEnqiiête sur l'épidémie de grippe qui a régné en Bel- gique en 'I889-J890. Remerciements.

La Société royale de médecine publique fait savoir que la dixième réunion du corps médical belge se tiendra, sous ses auspices, le dimanche 12 octobre, à 10 heures et demie du matin, à l'hôtel de ville de Bruxelles.

La Société royale de médecine publique communique, en même temps, les questions qu'elle se propose de traiter dans cette réunion.

M. E. Solvay adresse un pli cacheté portant la date du 7 août 1890. Le dépôt en est accepté.

M. William Grosseleste, ingénieur à Mulhouse, adresse un exemplaire de la médaille frappée à l'effigie de G.-A. Hirn, ainsi que la brochure consacrée à la mani- lestalion qui a eu lieu en l'honneur de cet ancien associé de la Classe. Remerciements.

Hommages d'ouvrages :

De l'existence probable chez Phallus Impudicus d'un involucrum ou indusium rudimen taire ; par Ch. Van Bam- beke ;

Considérations sur le mouvement de rotation de la

( 547 3 planète Vénus (quatrième arliclc), el les canaux de Mars, nouvelles observations ; par F. Terby;

Quatrième et cinquième notes sur les observations (les coups de foudre en Belgique; par F. Evrard el L. Lam- bolle;

4" De la corrélation des heures et des dates dans les divers fuseaux; par Ernest Pasquier;

Étude expérimentale sur un mouvement curieux des ovoïdes et des ellipsoïdes; par Félix Leconte;

G" Bulletin astronomique, juillet 1890; offert par R. Radau, de Paris;

Causeries odonatologiques (n°* 1 et 2); par Edm. de Selys Eongchamps;

Compte rvndu de la session extraordinaire de la Société géologique de Belgique, tenue à Dinanl les /", 2, 5 et 4 septembre iSSS; présenté par M. Dewalque, avec une note qui ligure ci-après;

Suites à Bu/fon. Histoire naturelle des annelés mariîjs et d'eau douce. Tome III, première partie, Lombriciniens, Hirudiniens, etc.; par Léon Vaillant. Remerciements.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

i" La réduction des nitrates par les moisissures et h s levures; par A. Jorissen. Commissaires : MM. Stas, Gilkinel et Errera ;

2" Sur Vellipse de Brocard; par E. Catatan. Commit- saire : M. Mansion ;

Sur diverses conséquences du théorème de Neicton ; [)ar Alph. Demoulin. Commissaires : M.M. Catalan, Man- sion el Le Paige;

A" Observations physiques de la planète Mars faites en

( 34.8 ) i890, à Péromias, près Bourg -en-Bresse, à l'aide d'un réflecteur de 216"""; par J. Guillaume. Commissaires: MM. Folie et Terby;

Sur la dypnone; par Maurice Delacre. Commis- saires : MM. Henry el Spring;

Quatre lettres sur le grisou; par Ém. Delaurier. Commissaire : M. Briart.

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un exemplaire du Compte rendu de l'excursion que la Société géologique de Belgique a faite dans les environs de Dinanl, en septembre 1888, pour étudier le calcaire carbonifère.

La plus grande partie de ce travail a été rédigée par notre confrère M. Ch. de la Vallée Poussin, que j'avais prié d'être notre guide et avec qui j'avais revu cette région. Le reste est aux membres qui ont pris part aux discus- sions, ainsi qu'au secrétaire.

Tout le monde ici connaît les discussions qui ont eu lieu sur la constitution du calcaire carbonifère de notre pays el les critiques dont la carte géologique détaillée a été l'objet à celte occasion. J'ai convié nos confrères à venir examiner avec nous le canton de Dinanl, qui était donné comme type : un bon nombre ont répondu à cet appel. J'ai la ferme confiance que les géologues qui vou- dront bien se donner la peine d'étudier ce compte rendu reconnaîtront aisément si ces critiques n'étaient pas fon- dées. G. Dewalque.

( 549 )

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

UInfluenza de 1580; par Th. Gluge, membre de l'Académie.

M. Piot, archiviste général du royaume, a communiqué à la Classe des lellres, dans sa séance du mois de juillet de celte année, un intéressant document sur \'influenzn de 1580.

En ma qualité de très ancien historien des épidémies d'influenza (1), j'en ai publié l'histoire il y a plus d'un demi-siècle et beaucoup de journaux étrangers ont men- tionné mon ouvrage l'hiver dernier, je crois devoir rappeler qu'une excellente description de cette épidémie est due à un médecin flamand, Johann Weyer ou Wierus (1515-1588); elle porte le litre suivant :

Joh. Wierus, Medic. observât, hactemts incognit. Lib. II. Depeslilenli et epidemica tussi, quœ anno ^1580 universam fere Europam invasit (0pp. omn. Amstel., 1660).

C'est le même médecin brabançon qui combattit avec courage la superstition de la sorcellerie, qui a lait tant de victimes innocentes, et dont les traces se trouvent malheu- reusement encore trop souvent parmi les populations igno- rantes. Je terminerai par une remarque d'ordre purement physiologique.

(l) Voyez Gluge, Die lufluenza, elc. Minden, 1837,

( 35'0 )

Dans la lettre du cardinal de Granvelle, communiquée par M. Piot, le minisire de Philippe II se plaint de l'infério- rité des médecins espagnols comparés avec leurs confrères flamands et italiens; en effet, en Espagne le fanatisme avait déjà achevé l'atrophie intellectuelle, plus lente à se déve- lopper, par la même cause, sur un sol moins bien préparé.

En présence du fanatisme qui envahit, de nouveau, l'Europe depuis les bords de la Neva jusqu'à ceux de l'Escaut, il est nécessaire de signaler le danger qui menace le progrès scientifique.

Sur la fréquence des étoiles filantes pendant les nuits des 9 et 10 août 1890; par F. Terby, correspondant de l'Académie.

Une circonstance favorable m'ayant permis de juger cette année, dans de bonnes conditions, de la fréquence (les Perséides, j'ai l'honneur de communiquer très briève- ment à l'Académie quelques renseignements sur ce sujet. Un ami, M. l'ingénieur V. Van Lint, ayant bien voulu m'offrir sa collaboration, nous nous sommes partagé les heures du 9 et du 10 août, seules nuits qui aient été favo- rables; la nuit du 11 est demeurée couverte. Mon colla- borateur a veillé jusqu'à 1 heure du matin et je me suis réservé les heures de la matinée. Le dernier quartier de la lune avait eu lieu le 7; notre satellite n'éclairait donc que très faiblement le ciel, après minuit, à l'époque de nos observations. J'ai réuni, dans le tableau suivant, nos principaux résultats; l'absence de mention indique que le ciel était serein.

io'"

3

étoiles lilantes.

io™

4

étoiles filantes.

In"'

5

étoiles filantes; 1 traînée.

Itim

:2

étoiles lilantes; 1 traînée; lé^çers nuages

15m

0

étoile filante.

15»

1

étoile filante; légers nuages.

lo"'

0

étoile filante.

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( 3al ) Le 9 août. ^- M. Van Lint; champ d'observation : NK, 7-, du ciel.

])(> IV' à ll'ilîi™ en 15™ 5 étoiles filantes.

Il h 15m à dlKWra en

H''30'" à dli'fô"' en

H '■'»;)"' h lt2'' en

1:2'' à I2i'l<> en

h2''lo«> à -12''30'" en

12''30'n à i2''lu"i en

121' Ui™ à 13'' en

Total : en 2'' 20 étoiles filantes.

M. Terby; champ d'observation : SE, Ve du ciel.

De 12''58'n à 13'' 12" eu 14'» 6 étoiles filantes; 3 traînées.

13'112'n à I3''2i'» en 12'" o étoiles filantes; i traînée.

13''2o" à 'l3''3S'n en 43'» 0 étoile filante.

13''i2'n à l3''o"'" en lo'» .H étoiles filantes; 1 traînée.

13''59"' à 14''3i'" en 32"' 3 étoiles filantes; 2 traînées.

14''33°' à 14''41"' en S'" 0 éoitle filante.

Total : en l''34'» 21 étoiles filantes.

Le 10 août. M. Van Lint; champ d'observation : NE, '/s du ciel.

Le ciel s'éclaircil seulement vers ll^SO™.

De •11''20"' à ll''30«' en -lO" 4 étoiles filantes.

lli'SO"' à 11'' 40™ en 10™ 4 étoiles filantes; 1 traînée; ciel en

partie couvert.

0 étoile filante; ciel en partie couvert.

2 étoiles filantes; ciel en partie couvert.

3 étoiles filantes. 11 étoiles filantes; 2 traînées.

3 étoiles filantes.

Total : en l''3o™ 29 étoiles filantes.

M. Terby; champ d'observation : SO, Vs du ciel.

De 12''31™ à 13''H™ en 20™ 10 étoiles filantes.

13''11™ à 13''14™ en 3™ 2 étoiles filantes; 1 traînée. 13''13"' à 13''2l)'" en 11™ 3 étoiles filantes; ciel partiellement

couvert.

Total : en 34'° 17 étoiles filantes.

ll''tô™

à

12''

en

13™

12''

à

12'' 13™

en

15™

12" 13™

à

401.30™

eu

13™

121)30™

à

12''4o™

en

13™

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à

13''

eu

13™

( 352 )

Le 14, ciel couvert.

L'inspection de ce tableau montre : que le 9, avant minuit, un observateur ayant en vue le '/s du ciel pouvait compter de 3 à 5 étoiles filantes en 15 minutes, mais que ce nombre s'est accru après minuit, puisqu'un observa- teur ayant en vue seulement le '/e ^u ciel pouvait en compter de 5 à 6 dans le même intervalle.

Que le JO il était possible à un observateur, regardant '/s du ciel, d'en compter, après minuit, 11 en 15 minutes, c'est-à-dire de 12"30'" à 12"45'", intervalle pendant lequel semble s'être produit un véritable maximum ; on voit aussi qu'en dehors de ce maximum, les étoiles fdantes appa- raissaient le 10, assez approximativement, à raison tïune par deux minutes pour un seul observateur.

Les traînées étaient rares et peu persistantes et je ne puis signaler que deux météores d'un éclat comparable à celui de Jupiter.

Des éclairs ont été notés pendant les deux nuits du 9 et du 10.

Le P. Denza a constaté une apparition plus remarquable de ces météores en Italie (1), mais ses résultats ne sont pas en contradiction avec les nôtres, car il fixe le maximum à la nuit du 11, qui, pour nous, est restée totalement couverte.

La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance, d'après l'article 16 de son règlement, de la liste des candidatures pour les places vacantes, dressée par la section des sciences mathématiques et physiques.

(1) Revue scientifique du 27 septembre d890j résumé des Comjo/es rendus de l'Académie des sciences de Paris.

( 553 )

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 13 octobre 1890.

M. Stecher, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MiM. G. Tibergliien, vice-directeur ; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyo de Leltenliove, Félix Nève, Alph. Wauters, Aug. Wagener, G. Rolin Jaeque- myns, S. Bormans, Ch. Plot, Ch. Polvin, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, Alex. Henné, le comte Goblel d'Alviella, membres; Alph. Rivier, Joan BohI, associés; É. Banning, correspondant.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la Bibliothèque de l'Académie, un exemplaire (les ouvrages suivants :

Marie Stuart, tomes I et H; par le baron Kervyn de Lettenhove;

Inventaire analytique et chronologique des archives de la ville de Sainl-Trond, tome IV, f* livr.; par F. Slraven;

( 354- )

Bibliolheca Belgica, livraisons 100 à 103; par F. Vander Haeghen ;

Catalogue général de la Bibliothèque de la ville de Tcnnonde, 1" et 2* parties;

5" Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, lome IV, 2' livraison ;

Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, lome V, 2^ partie;

Vonken en stralen, poëzie; par Eug. Van Oye;

Compte rendu des travaux du Congrès archéologique et historique tenu à Anvers en septembre i889 ;

Woordenboek der nederlandsche taal, 2'^" reeks, lO**" aflevering. Remerciements.

M. le Ministre des Affaires Étrangères adresse un exem- plaire des Actes de la conférence de Bruxelles pour la suppression de l'esclavage {1889-1890), accompagné de deux cahiers, également in-4°, intitulés : La traite des esclaves en Afrique, Remerciements.

Hommages d'ouvrages.

Loi du 24 juillet 1889 sur la protection des enfants maltraités ou moralement abandonnés ; par Léon Lalle- mand, associé;

Les habitations ouvrières en Belgique; par le baron H. de Royer de Dour. (Ouvrage qui a remporté le prix Castiau, en 1890);

Over de onmatigheid; traduction, par Pol. Meirs- schaut, de l'ouvrage du D"" Delaunois « Sur l'intempérance » couronné en 1888, par l'Académie;

L'Académie royale de Belgique; par Victor Flourde Saint-Genis ;

5" A. Petit traité des punitions et des récompenses à

( 55o ) l'usage des inaîtres el des parents; B. Entretiens sur la liberté de conscience; par Félix Héinenl;

6" De l'indemnité de plus-value au profil du fermier sortant; par H. Pascaud ;

"" Auto-governo nazionale ed internazionale... soln- zione dei piu' ardiu problemi sociali. Ouvrage anonyme (jui a été soumis au dernier concours Casliau ;

Une loi sur les habitations ouvrières (loi belge du 9 aoùl 1889); par Anlony Roulliel;

I-LI. Cérémonial de la Chine antique, avec des exirails des meilleurs commentaires, traduit pour la pre- mière fois par C. de Harlez (avec une note du traducteur (\u\ ligure ci-après);

10" Estadistica gênerai de la Republica mexicana, 5, offert par la direction générale de la statistique, à Mexico ;

11° A. Étude du Folklore en Flandre; B. De hand en (le vingeren in het volksgeloof; par Aug. Gilléo;

12° Le théâtre de la Monnaie depuis sa fondation jus- qu'à nos jours; par Jacques Isnardon. Présenté par M. Wauters avec une note qui (igure ci-après ;

15° Discours prononcé aux funérailles de il/""" Van Wed- dingen, le 10 juillet 1890; par G. Tibergliien. Remer- ciements.

M. Lamy présente, pour V Annuaire de 1891 , la notice biographique de M»"" Aloïs Van Weddingen, ancien membre de la Classe. Remerciements.

M. Alpli. de Vlaminck soumet son mémoire sur les origines, etc. de la ville de Gand, modifié el complété conformément aux rapports de MM. Wagener, Wauters et Vander Haeghen, lus dans la séance du 5 février 1890. Renvoi aux mêmes commissaires.

( 356 )

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres la traduction, largement commentée, de l'I-LT, ou grand Cérémonial de la Chine, rédigé il y a vingt-trois siècles, et dont le contenu remonte à trois mille ans d'ici.

Ce livre, qui n'a jamais été traduit pi même touché par un écrivain non chinois, a cela d'intéressant et d'important, qu'il nous présente l'état (idèle de la civilisation chinoise aux divers degrés de l'échelle sociale, à une époque loin- taine dont peu de peuples ont conservé quelque souvenir. Il fait revivre sous nos yeux ce peuple, si peu nombreux à son origine, et qui sut, par la supériorité de sa civilisa- tion, se créer le plus vaste empire que le ciel ait jamais recouvert.

On comprend qu'un rituel de ce genre abonde de pas- sages obscurs; grâce aux commentaires anciens et nom- breux dont j'ai pu disposer, je puis espérer en avoir pénétré le sens. C. de Harlez.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe un volume des plus intéressants qui a paru cette année et qui est inti- tulé : Le théâtre de la Monnaie, depuis sa fondation jusqu'à nos jours, par Jacques Isnardon (un volume grand in-S", Bruxelles, Schott frères, imprimerie de A. Lefèvre). Comme le dit avec raison M. Arthur Pougin, dans une préface placée en tête du volume, il y a lieu de s'étonner qu'aucun auteur ne se soit jamais occupéspéciale-

( o57 ) iiHMU de riiisloire d'un ihéàlrc aussi justement renommé que celui du grand lliéâlre de Bruxelles. Mais cet écrivain, en ne citant que d'autres monographies de théâtres, aurait cependant Caire exception pour Vllisloire du thédlre fronçais en Belgique, par Faber, ouvrage récemment paru (1878-1880) en cinq vohimes grand in-8". Bien que les aunales de la Monnaie n'en lussent pas l'ohjet unique, elles y occupent une large place et M. Isnardon a pu y puiser plus d'un détail, dont il a lait son profit.

M. Jacques Isnardon, actuellement fixé à Paris, a été pendant plusieurs années attaché au théâtre de la Mon- naie, où il a chanté avec succès. On doit lui savoir gré de la masse d'informations qu'il est parvenu à recueillir et, plus encore, de la manière dont il li's a mises en œuvre. Sans se laisser aller au plaisir de tout dire, il a su avec art être assez complet pour ne rien omettre d'important et ne pas être assez long pour rebuter le lecteur par trop de détails. Ces derniers, sur tout ce qui concerne la com- position des troupes théâtrales et les questions de compta- bilité, sont rejetés dans des tableaux qui complètent la narration sans l'entraver, ni l'alourdir. L'histoire même du théâtre est écrite avec beaucoup d'entrain, semée d'épisodes et d'anecdotes; l'auteur se fait lire avec intérêt et nous rappelle parfaitement les transformations que le théâtre a subies, les œuvres principales qui y ont été exécutées et les hommes qui en ont eu la direction ou (]ui ont le plus contribué à sa prospérité. Des repro- ductions de vues anciennes, de portraits, d'alfiches illustrent le volume et lui donnent un cachet élégant auquel con- tribuent aussi la beauté de l'iuipression et le choix du l»apier.

( 358 )

S'il m'élait permis de joindre une légère critique à ce tribut d'éloges justement mérité, j'exprimerais le regret que M. Isnardon n'ait, pour ainsi dire, fait aucune mention (le la transformation radicale que subit le théâtre de la Monnaie il y a une quarantaine d'années. La comédie, la tragédie, le drame, le vaudeville, (\u\ y avaient été repré- sentés et cela pendant quelques années avec tant de succès que la scène de la Monnaie pouvait rivaliser avec les meilleurs théâtres de Paris, furent d'abord rejetés au second plan (après 4849) et enfin abandonnés d'une manière absolue (en 1859). C'était là, ce me semble, un fait assez important, dont il aurait être largement tenu compte dans l'histoire du théâtre. Il préoccupa considéra- blement le public, et donna lieu à de vives discussions au conseil communal de Bruxelles et dans la presse. Dans tous les cas, il constitue dans notre histoire dramatique une période nouvelle. L'art du tragédien et du comédien, qui y avait occupé la première place, se réfugie dans des scènes secondaires; le théâtre de la Monnaie ne reste pins ouvert qu'aux représentations d'œuvres de chant et de musique. On sait que, sous ce rapport, de grands progrès ont été réalisés et que, grâce à de larges subventions et à des directions intelligentes, le théâtre de la Monnaie est devenu l'une des premières scènes de l'Europe. M. Isnardon a tracé de cette situation un tableau animé et qui termine le livre de la façon la plus heureuse.

Alphonse VVautf.rs.

( ôo9 )

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

La fécondai ion artificielle du palmier dans la sytnboliqtic assyrienne ; par le comte Goblei d'Alviella, membre de l'Académie.

Au cours (lu mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à la dernière séance publique de la Classe des lellres sur les arbres paradisiaques des Sémites et des Aryas, j'ai suivi dans ses migrations le type assyrien de l'arbre sacré entre deux génies ou deux monstres affrontés, mais sans insister sur la signidcation première des éléments sym- Iwliques qui figurent dans cette combinaison et en me bornant à exposer, d'après les textes, les croyances ou les mythes dont elle pouvait offrir la représentation figurée (1 ).

Une ingénieuse et suggestive dissertation que M. Edw. B. Tylor vient de publier dans les Proceedings de la Society of Biblical Arcfiaeology (2), ainsi que les observations sur le même sujet qui se sont produites dans les dernières livraisons du Babylonian and Oriental Record (3), nous

(i) Les arbres paradisiaques des /irijus et des Sémites dans les Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XIX. série, pp. 655 ctsuiv.

(2) The wingcd Fir/urcs of the Assyrian and olher ancicnt Monu- ments ^ tire à part avec 4 planches. Londres, 1890.

(5) E. BoNAViA. Did tlie Assyrians know the Sexes of tlie Date Palms? (février-avril 1890) W. S'-Ciiad. Boscawen. A'ofes on tlte

( 360 ) permellronl peut-être aujourd'hui de faire un pas de plus vers une vue d'ensemble sur l'origine et la signification du symbole de l'arbre sacré chez les Assyriens.

FiG. i. Bas-relief assyrien. (l'ERROT et Chipiez. Art antique, t. Il, f. 8.)

Assyrian Sacrcd Trccs (mars 1890). Terrien de la Couperie. Sti'ay notes on ancicnt Date Palms in Antcrior Asia (avril 1890) Tlie Calendar Plant of China, thc Cosmic Tree and the Date Palm of Babylonia (septembre 1890). Je saisis roccasion pour rétablir dans son intégralité le texte que j'avais emprunté à M. le professeur Terrien de la Couperie relativement à la plante calendrier dos anciens chinois: « La plante lih kiep, au premier de chaque mois, portait une gousse et ainsi de suite, chaque jour, jusqu'au 15, alors que, le 16, une gousse tombait et ainsi chaque jour, jusqu'à la fin du mois; si le mois était court (29 joursj, une gousse se desséchait sans tomber. » Une partie de ce texte avait été omis par une erreur typographique dans la première version du Bubylonian and Oriental Record.

( 361 ) J'ai /ail allusion, dans ma leclure, à des monumenls assyriens les deux génies, figurés aux côlés de l'arl.re sacré, lennienl d'une main nn réceplacle à anse et de l'autre main, projelée en avanl, un ol.jei conique, légère- ment ellipsoïde, à surface réticulée, avec une pointe parois légèrement recourbée. Sur un bas-relief, acluellemenl au Louvre, ces génies plongent l'extrémité du cône dans une des palmettes sculptées à l'extrémité d'une brandie latérale (fig. i). D'autres monumenls laissent apercevoir le même objet disposé comme un fruit, tantôt entre les feuilles d'un palmier conventionnel, tantôt à l'extrémité de longues branches parallèles [i).

En présence des controverses qui se sont poursuivies de longue date sur la nature de cet objet, je m'étais adressé à plusieurs de nos confrères de la classe des sciences pour savoir s'il n'y avait pas un fruit donl ils pourraient déterminer l'espèce. Malheureusement je n'en possédais que des reproductions assez approxima- tives, et les conventions de l'art assyrien, quand elles s'appliquent à une plante ou à un fruit, ont souvent de quoi faire hésiter le botaniste le plus intrépide. Je m'élais donc contenté de mentionner brièvement les diverses interprétations produites jusqu'ici.

Parmi ces interprétations, celle qui ralliait le plus de suffrages consistait à faire de ce fruil une pomme de pin ou de cèdre. En effet, outre la ressemblance de l'ima-e qui est très sensible, le cône du cèdre, comme nous^e

(I) Cf. Bull, de l'Acad. roy. de Helyiquc, l. XIX, 3'- série fi- 3 a et b. ' ^'

O"" SÉHIE, TOME XX.

. 24

( 362 )

savons par des lexles, possédait en Mésopolamic une réputalion prophylactique et rénovatrice qui le destinait assez naturellement à figurer sur l'arbre de vie, ainsi qu'entre les mains des dieux ou des génies chargés de mettre les démons en fuite. M, Bonavia, qui naguère penchait pour voir un citron dans certaines représenta- tions de ce fruit, s'était lui-même rallié récemment à l'opinion qu'on se trouvait devant une pomme de pin. Il ajoutait, toutefois, que, dans la main des deux génies, elle remplissait l'office d'un goupillon pour projeter sur l'arbre l'eau lustrale qu'ils puisaient dans le seau ou récep- tacle tenu de l'autre main (1). Nous assisterions ainsi à une véritable scène d'exorcisme, comme on en décrit dans les textes magiques de l'époque. L'eau, consacrée par certaines formules, a figuré presque partout parmi les éléments employés pour meltre en fuite les méchants esprits, et la légende mésopolamienne de la descente d'Istar aux enfers nous fait connaître la croyance à une source, dont l'eau, répandue sur les défunts, aurait eu le pouvoir de les rappeler à l'existence. Enfin, M. Bonavia peut invoquer ici un témoignage qui, s'il était bien établi, serait d'un grand poids en faveur de sa thèse. C'est l'asser- tion d'un Oriental, reproduite par un assyriologue des plus avantageusement connus, M. W. S'-Chad. Boscawen, sui- vant laquelle il existerait encore aujourd'hui en Orient certaines sectes qui se serviraient, pour leurs aspersions sacrées, d'une pomme de pin et d'un seau analogues aux modèles fournis par les bas-reliefs assyriens (2).

(1) Babylonian and Oriental Record, t. IV, p. 9i.

(2) Ibid., l. IV, n'i, p. 96.

( 365 )

Ici inlervienl M. Edw. Tylor pour soutenir que l'objet conique n'est pas à proprement parler un fruit, mais bien l'inflorescence du palmier mâle, et que la scène il ligure est tout simplement la IVuclification du palmier femelle.

A cet effet, il commence par établir que les Babyloniens connaissaient la sexualité des palmiers et même le pro- cédé de fructilicaiion consistant à répandre artificiellement sur les régimes du palmier femelle le pollen renfermé dans les inflorescences du palmier mâle. « Les pal- » miers, dit Hérodote, en décrivant la Cbaldée, abondent dans tout le pays plat; la plupart portent un fruit qui » fournit à la fois le pain, le vin et le miel. Ils sont cul- » livés comme le figuier, notamment en ceci : Les indi- » gènes attachent le fruit du palmier mâle, comme disent » les Grecs, aux branches du dattier femelle, afin que le 5 cynips entre dans les dattes, les mûrisse et les empêche » de tomber (1). » a Quand le mâle fleurit, dit de son côté » Théophraste, on coupe le spalhe sur lequel se dresse i> l'inflorescence, puis on secoue la fleur, ainsi que le i> pollen, sur le fruit du palmier femelle. (2) »

Après avoir reproduit ces textes et d'autres encore empruntés à des auteurs subséquents, M. Tylor fait ressor- tir, par des copies prises sur nature, et c'est là, à mon

(t) tJisf.y lib. I, CXCIII. Ilcrodotc se tromj)e en ce qu'il attri- bue le transport du pollen à l'aetion d'un insecte, comme c'est parfois le cas dans la capriflcation du figuier, mais cette méprise ne porte pas sur le procédé lui-même.

(2) IJist. plant., II, c. 2, 6j c. 7, 4.

( ô(ii )

avis. raiguiiuMU lo plus décisif on tavoiir de sa ihèse que les inflorescences iln palmier mâle sont idenliques au cône rélicnlé des monnnienls assvriens.

Fie. "i. Bas-roliof assvrien.

FiG. 3. hifloresoeuce du pjilmier iiuUe. iTvLOR. Wiiigtd Figures of Assyrian Monuments.]

Appliquant ces données à rinterprétalion des monu- ments tigurés, il y montre les ijénies tantôt approchant du

( 5(i:j )

palmier femelle l'inflorescence du palmier mâle qu'ils ont tirée du panier ou réceptacle représenté dans l'autre main, tantôt même [)longeaiil la fleur dans la couronne ou dans le régime du palmier (luelle est destiné*' à léconder (fig. \). Enfin, comme représentation complète de celte scène, désormais passée à l'état de mythe, il reproduit, d'après l'atlas de Layard, un has-relief de Nimroud, où, en avant des deux génies qui s'aj)proclienl du palmier, l'inflorescence à la main, on découvre deux personnages agenouillés dans l'altitude de l'in vocation, tenant en main l'extrémité d'un ruban ondulé qui descend du disque orniihomorphe placé au-dessus de l'arhre.

Fig. i. Bas-relief as^yrien. (Layakd. Munuiiieiits of Sineieh, pi. VI.;

On a généralement regardé ces personnages comme des orants et les deux rubans comme un symbole du lien qui les met en communication avec leur dieu. M. Tylor y voit des cordes par lesquelles des divinités dirigent ou main- tiennent le globe solaire au-dessus du palmier, afin d'activer la maturation des dattes, alors que les deux génies figurés à l'arrière-plan se préparent à remplir leur mission fécon- datrice.

( 366 )

Ainsi la représentation de l'arbre sacré, dans laquelle on a si souvent voulu trouver un profond et mystérieux sym- bolisme, n'aurait que la portée pratique d'une scène empruntée à la vie agricole. Quant à la nature des person- nages qui jouent un rôle dans cette scène, on plutôt en ce qui concerne l'attribution à des dieux d'une opération généralement accomplie par la main de l'homme, ce serait simplement une preuve de l'importance que les Mésopo- lamiens attachaient à la culture de leur palmier et à la fécondation de ses fruits, tout au plus un mythe histo- rique, reportant à des dieux l'invention d'un des procédés qui ont le plus contribué à assurer le développement de la prospérité chaldéenne. N'est-ce pas ce que semble indi- quer la présence de l'inflorescence dans la main d'un per- sonnage revêtu d'une peau de poisson, dans lequel on s'accorde à reconnaître Oannes ou Ea, le dieu amphibie qui passe pour avoir enseigné aux Clialdéens l'agriculture, les lettres, les aris et les autres éléments de la civilisation (1 ) ?

J'estime que M. Tylor a parfaitement saisi la signifi- cation primitive du thème commenté dans son mémoire. Mais il ne faut pas méconnnaître que ce thème avait reçu chez les Assyriens un sens éminemment symbolique. Nous en avons la preuve dans la place qui lui est attribuée sur les monuments, dans la fréquence de sa reproduction, dans les attributs surhumains des personnages qui y inter- viennent. Or, le propre d'un symbole, c'est précisément d'emprunter à la vie ordinaire un objet matériel ou un acte aisément représentable pour lui faire figurer, par analogie

(l) Bérose, frag. I, § 5.

( 5(i7 )

011 par convenlion, une idée abstraite, ou du moins ud fait qui par lui-même échappe à loule lenlalive de représon- lalion ligurée. Ici, le l'ail concret, c'est la lécondalion arti- ficielle du |)almier; tel est le point de départ que, à mon avis, les recherches de M. Tylor ont mis désormais en pleine lumière. Mais reste à savoir quel est le fait abstrait dont ce procédé a fourni le symbole?

M. Tylor lui-même suggère, à litre d'hypothèse, que les génies affrontés pourraient représenter soit les venls fer- lilisaleurs, soit les divinités dont l'induence fertilisante était tupi/iée par la fécondation artificielle des palmiers. Cette dernière opération serait donc devenue le symbole de la fécondation naturelle, ou plutôt de la fécondation opérée par ce que nous appelons des agents naturels et ce que les Mésopotamiens regardaient comme des person- nifications divines des forces de la nature.

Ne pouvons-nous aller même plus loin et nous demander si ce procédé n'aurait pas fourni un symbole de la fécon- dation en général, une représentation symbolique de l'opération mystérieuse partout accomplie, sous les formes les plus diverses, par les forces fécondantes disséminées dans la nature entière?

La culture du dattier est loin d'offrir pour la monta- gneuse Assyrie l'importance vitale qu'elle revêt pour la basse Chaldée; le palmier y pousse, mais il n'y porte que des fruits insignifiants. Cependant c'est en Assyrie, à Nim- roud et à Khorsabad, que se rencontre presque exclusive- ment la scène des génies ailés fertilisant l'arbre sacré. Suivant M. Ch. S'-Chad. Boscavven, ces représentations ne remontent pas au delà du IX* siècle avant notre ère; elles sont, à peu d'exceptions près, l'œuvre d'artistes

( 5G8 )

assyriens et non babyloniens(l). Il faut donc que les Assy- riens y aient attaché une signification cachée, quelque chose d'au Ire et de plus que la simple fécondation du palmier.

D'autre part, il s'en faut que l'arbre ainsi figuré soit toujours un palmier. La même mise en scène s'appllcjuc, comme j'ai eu l'occasion do le montrer précédemment, à des grenadiers et à des conifères (jui cependant ne com- portent pas ce mode de fécondation, voire à des arbres conventionnels un tronc de palmier sert de support à une plante grimpante (2). Ces variations dans le choix de l'arbre ne peuvent s'expliquer que s'il s'agit de rendre l'idée de fécondation en général, et non plus- exclusivement de représenter la fécondation arlilicielle d'une espèce par- ticulière.

A plus forte raison celte extension du symbole résulle- t-elledes monuments oîi l'on voit ces génies approcher l'inflorescence, non plus d'un palmier ou même d'un arbre quelconque, mais du visage d'un roi ou de quelque haut personnage. Il faut admettre qu'ici l'objet en question a une valeur vivificatriceou du moins prophylactique, comme celle que les textes attribuent à la pomme du cèdre (5).

(1) Bubylonian and Oriental Record, t. IV, n" i, p. 05. Cepen- dant on possède an Musée dn Louvre un exemplaire trouvé dans le palais d'Assonr-Nazirpal el qui par conséquent remonte pour le moins au \' siècle.

(2) Voir Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XIX, série, fig. o c.

(5) « Prends le fruit du cèdre, dit l'un des textes sur lesquels s'appuyait François Lenormant pour soutenir sa thèse sur la nature du fruit figuré dans la main des génies, et présente-le à la face

( 5()9 ) Sur une arcliivolle de Kliorsabud, on voit deux génies ailés qui présenlenl l'inflorescence à une rosace.

FiG. 5. Bas-reliff de Kllo^^al)a(i. (V. I>i,ACK. Miiiioiul cl fAssyne, t. III. pi. i",,)

Suivant le savant professeur d'Oxford, cette rosace ne serait autre qu'une couronne de palmier « vue d'au-dessus ou d'en dessous » (1).

Mais les analogies de l'art font de la rosace qu'elle soit empruntée au lotus ou à toute autre fleur— un symbole essentiellement solaire, et les génies qui s'en approchent ne peuvent avoir ici pour mission, si celte scène a une valeur symbolique ,que de ranimer les forces du soleil, de féconder la matrice d'où il s'élance à chaque naissance nouvelle, ou peut-être de lui emprunter ses eflluves vivi- ficateurs pour en charger leur engin végétal. Il faut remarquer qu'ils tiennent l'objet conique de la même façon que les dieux de l'Egypte manient parfois la clef de vie.

» du malade: h cèdre est l'arbre qui donne le cliarme pur et « repousse les démons ennemis tendeurs de pièges. . {Origines di- l'hisloirc. Paris, 1880, pp. 83-84). (i) Winyed l'iyures, etc., p. 10,

( 370 )

En résumé, les Assyriens semblent avoir puisé dans les relations sexuelles des végétaux ou, à proprement parler, du palmier, le même symbolisme relatif au renouvellement ou à la communication de la vie, que d'autres peuples ont emprunté aux relations sexuelles de l'humanité. Il est, d'ailleurs, facile à comprendre que l'inflorescence du pal- mier mâle ait rempli l'office symbolique ailleurs échu au phallus, comme emblème par excellence de la force fécon- dante. Quant au palmier femelle, il est devenu le symbole de la nature génératrice ou, pour mieux dire, de la matrice universelle, que personnifie si clairement, chez les Mésopo- tamiens, la grande déesse astrale ou terrestre connue sous le nom d'islar, de Mylitta, d'Anat, etc. Ainsi s'explique à la fois la représentation de cette déesse par des arbres réels ou conventionnels, prototypes ou équivalents des ashérahs cananéens, l'appellation de « déesse de l'arbre de vie », que décernent à la « déesse de l'Éden » certains textes cunéiformes (1) ; enfin, la scène si fré- quente du disque ailé planant au-dessus de l'arbre sacré, pour symboliser, comme l'avait deviné François Lenor- manl, l'union d'Ashour et de sa parèdre, du ciel fécondant et de la terre mère (2).

Il est à remarquer que le sens originaire du thème ne paraît pas avoir passé chez les peuples voisins, notam- ment chez les Phéniciens et chez les Perses, qui adop- tèrent, dans leurs représentations figurées, le type assy- rien de l'arbre sacré entre deux personnages ou deux monstres affrontés. D'une part, l'arbre y perd de plus en

{i) A. H. Saya. Religion of the ancicnt Babylonians. Londres, 1887, p. 240.

(2) Origines de l'histoire, t. I, p. 88.

( ^'71 } plus les formes du palmier pour consliliier un tnlrclaco- menl de rameaux et de spires qu'il devient impossible de rallacher à une espèce déterminée. D'autre part, le cône; a disparu dans la main des deux acolytes; ceux-ci ont plutôt l'air de s'approcher de l'arbre pour y cueillir un fruit ou une fleur. Tantôt, comme dans les bas-reliefs de Persépolis, ce sont des animaux monstrueux qui portent la patte sur l'extrémité d'une branche; tantôt, ce sont des prêtres ou des génies qui font mine de cueillir un fruit ou une fleur, comme sur la coupe phénicienne dont j'ai déjà reproduit la gravure significative (pi., fig. a).

Il semble, dans ce cas, que le thème assyrien, dépouillé de sa signification première, symbolise, non plus la fécon- dation de la nature, mais quelque mythe roulant sur la cueillette des produits de l'arbre sacré. Or, nous savons précisément que des mythes de ce genre existaient, d'une part, chez les Indo-Iraniens, dans les légendes relatives au soma-haoma, dont le suc procurait l'immortalité; d'autre part, chez les populations palestiniennes, comme en témoigne la tradition de l'arbre de vie relatée dans la Genèse. Nous aurions donc un exemple de la facilité avec laquelle un symbole change de signification en chan- geant de patrie.

Je dois, du reste, ajouter que le prototype des animaux monstrueux, spoliateurs ou gardiens de l'arbre sacré, se rencontre déjà, en Assyrie, sur des cylindres et même dans des bas-reliefs. Layard reproduit notamment un cylinrlre l'on voit les deux génies, l'objet conique à la main, montés sur des sphynx (jui portent la patte sur une des branches inférieures et avancent la tête comme pour mordre dans une des grenades figurées au bout des blanches (pi. n" 1). Il est donc possible que les deux appli-

^ 372 )

cations du symbole aient coexisté chez les Assyriens, alors que leurs voisins l'auraient employé exclusivement à iUiis- Irer leur mythe relatif au rapt des fruits de l'arbre de vie. J'ai montré, dans la planche annexée à mon mémoire, la reproduction de l'arbre sacré entre ses deux monstres affrontés se propageant à travers la Perse, la Phénicie, la Grèce, jusque dans l'Europe du moyen âge. Je demanderai de pouvoir ajouter à la présente note une autre planche seront exposées les migrations de ce qu'on peut appeler le second type de ce symbole, c'est-à-dire l'arbre entre deux personnages humains. D'Assyrie, nous voyons, en effet, ce thème passer dans l'art babylonien, puis dans l'art hindou, chinois et japonais, gagner de l'Inde l'a'rchipel de la Sonde, enlin atteindre peut-être le Nouveau-Monde, parmi les symboles de l'ancien Mexique. Il va sans dire que, pas plus dans ses migrations vers l'Orient que vers l'Occi- dent, il n'a intégralement conservé son sens primitif; mais j'ai déjà eu l'occasion de vous montrer, dans l'étude de nombreux symboles, comment les formes symboliques peuvent se propager bien au delà des mythes qu'elles ont pour mission de représenter.

L'arbre qui porte sur les monnaies de Myra en Lyeie l'image d'une déesse placée à la bifurcation des branches, entre deux bûcherons, la hache levée (pi. 3) (1), peut être envisagé comme représentant une conception analogue à Vasherah, surtout si celle divinité est Myrrha qui, enceinte d'Adonis et transforn»ée en arbre, fut délivrée, suivant une version rapportée par Hygin, par un coup de hache. De même, l'arbre entouré du dragon qui, sur un vase grec,

(1) Barclay V. Head. Historia Ntimorum. Oxford, 1887, p. 578, fig. 519.

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Fir.. II. IMiénicic.

Fie. b. Grèce.

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Fie. i;. l*erse.

FiG. d. Perse.

Fie. t Lycie.

Fie. i Chiildéc.

Fie. k. Amérique.

( 373 ) nous appai ail entre deux Hespérides cueillant les ponnnes d'or pour le compte d'Hercule (pi., fig. ^)(1), peut encore se rattacher, malgré les libertés que l'art grec a prises avec le thème traditionnel, aux représentations (igurées du mythe oriental relatif à l'arbre cosmogonique ou à l'arbre de vie. Mais la signilication primitive de l'image n'a plus rien de commun avec sa reproduction, quand, nous dirigeant vers l'est, nous voyons l'arbre sacré devenir chez les Perses un pyrée entre deux orants ou deux prêtres (pi., (ig. d et e) (2), chez les Hindous le support de la déesse Parbati entre deux éléphants (3), voire de Krishna entre deux gopi'es [A], chez les Bouddhistes le support du Bouddha entre deux ÎNagas à forme humaine (pi., fig. g) (5), chez les Javanais l'arbre lui-même (pi., lig h et i) (6), enfin qu'on me pardonne, par égard pour la ressemblance des figures, la témérité de l'assertion dans l'Amérique précolombienne, le perchoir du dieu-perroquel ou de quelque autre oiseau sacré (pi., fig. k) (7).

Cependant l'identité du modèle n'en reste pas moins établie, dans la plupart des cas, non seulement par l'ensemble de la combinaison ce qu'on peut appeler un air de famille mais encore par la similitude de certains détails qui sont comme les signes particuliers de son passe-

(t) Guir.NAUT. ndir/ioiis de l'aiitiijuilc^ t. IV, pi. CI^XXXI, fig. GGb.

(2) GiiGNALT. Milhra, pi. XLIV c, fig. 2.

(5) RIooR. Ilindu Panthéon, pi. XXX.

(4-) Glignalt. Religions de l'antiquité, t. IV, pi. XII, 70.

(b) BuKGESS cl l'iiRGL'ssoiN. Cave Tetnplcs of India, pi. X, fig. 35.

(G) MiLLiES. Monnaies de l'Archipel Indien, pi. VI, fig. 50 cl IX, f.g. 67.

(7) Cykls Thomas. Gravure d'un manuscrit maya. Publicalions of the Bureau of Ethnography. Washinglon, 1882, t. III, p. 52.

( 574 )

port. Telle esl, par exemple, la présence d'une paire de volutes entre lesquelles se dresse le tronc ou qui le coupent à nii-hauteur. On a pu constater la reproduction de ce motif dans les exemplaires d'arbre sacré entre deux monstres que j'ai précédemment signalés dans la symbolique respec- tive de la Mésopotamie, de la Perse, de la Phénicie, de la Grèce, du moyen âge chrétien, etc. {Bîtll. de l'Acacl., t. XIX, 3'^ série, tig. 4, 6, 7, 8, 9, 11 et 13 de la planche). On le retrouvera également parmi les (igures de la planche ci-jointe, il affecte tantôt la forme de deux pétales ou de deux cornes évasées (fig. a, d et k), tantôt de deux branches recourbées (fig. h elj), tantôt enfin de deux serpents s'élançant de l'arbre comme pour' en défendre l'approche aux deux assaillants affrontés (pi., fig. c) (1).

Un détail moins fréquent, mais qui peut cependant aider à constater une transmission de types, sinon de mythes, c'est la présence dans la scène d'un ou de deux serpents (fig. b, c, g et j). Enfin, nous pouvons encore regarder comme une caractéristique de notre symbole la symétrie qui, le thème n'est pas encore altéré, s'observe tant dans la disposition des branches aux deux côtés de l'arbre que dans la physionomie et même l'altitude des deux aco- lytes (fig. a, c, rf, g, h, i,j\ k). Cette disposition est peut- être plus sensible encore dans les exemplaires de l'arbre entre deux monstres affrontés.

(i) L'appendice en question manque à l'arbre qui sert de support au Bouddha dans les sculptures de Kanerki, et que j'ai reproduit ici, ainsi que sur les exemplaires japonais du même thème qui se trou- vent au musée Guimet. Mais il se révèle de la façon la plus incon- testable dans un sujet identique qui se rencontre à la grotte de Karly et qu'on trouvera reproduit dans Moor, Hindn Pant/ieon, pi. LXXil.

( 37S )

La Conférence de Bruxelles son origine et ses Actes; par Ë. Banning, correspondant de l'Académie.

M. le Minisire des Affaires Étrangères m'a confié la mission de présenter, au nom du Gouvernement, à la Classe des lettres de l'Académie, les Actes de la Confé- rence qui a siégé à Bruxelles du 18 novembre 1889 au 2 juillet 1890. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de déterminer brièvement la nature et l'objet de ces docu- ments. Quelque pressantes que soient les questions poli- tiques qui se débattent autour du terrain la Conférence a se placer, les idées morales, supérieures aux préoc- cupations du jour comme aux compétitions nationales, dominent de si haut son œuvre, qu'elle intéresse au même degré l'homme d'étude et l'homme public.

La traite africaine est chez les nations de l'Occident une institution des temps modernes. A une époque de rénova- tion féconde, elle apparaît comme une tache sombre dans un tableau d'ailleurs plein de grandeur. Le mal semé dans les ténèbres prit une rapide extension; personne n'a écrit ni n'écrira l'histoire de ce qu'il a engendré de malheurs, de ruines et de crimes. Le XV1% le XVI1% le XVIll" siècle même nous étonnent aujourd'hui jusqu'au scandale par l'indiirérence inexplicable des meilleurs esprits, par l'apa- thie de la conscience générale devant cet énorme forfait. A peine, de loin en loin, un cri de réprobation se fait-il entendre au nom de la science ou de la religion. Jusqu'en 1743, les traités (ïasienlo se renouvellent périodiquement entre les Puissances les plus civilisées de l'Europe, et reproduisent les clauses cyniques qui font des Gouverne- ments les associés bénéficiaires des négriers, sans que

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l'opinion s'émeuve, sans l'ombre d'un scrupule ni d'un remords.

Ce n'est que vers la seconde moitié du siècle dernier qu'un sentiment nouveau commence à se faire jour. Une page sarcaslique de Montesquieu en reste une expression célèbre (1). Il faut descendre toutefois jusqu'en 1787, trois ans après la publication de l'émouvant écrit de Ramsay, pour que la protestation prenne corps par la fondation à Londres, sous la direction de Th. Clarkson, de VAntî-Sla- venj Socîely. Dès l'année suivante, {'Association africaine, constituée dans la même ville, inaugure à côté d'elle l'ère des grandes explorations géographiques qui, en révélant pas à pas les secrets d'un continent ignoré, ont fini par permettre d'attaquer la traite à son foyer.

La Révolution française, dans une heure d'enthousiasme, abolit l'esclavage, mais sans toucher au trafic qui l'ali- mente; le décret voté par la Convention le 4 février 1794 n'eut d'ailleurs qu'une durée éphémère. C'est à l'Angle- terre qu'appartient la grande initiative sur ce terrain. En 4807, elle proscrivit la traite. Ce ne fut qu'après vingt ans de lutte, après sept défaites, que les promoteurs et défenseurs de cette mémorable mesure, Wilberforce, W. Pitt, W. Smith, Granville, Fox, Burke, Romilly et bien d'autres triomphèrent enfin des dernières résistances. Le Congrès de Vienne et celui de Vérone donnèrent la sanc- tion de l'Europe à cet acte décisif et posèrent les bases de son application universelle. En 1826, après la renoncia- tion du Portugal et l'accession du Brésil, aucune nation chrétienne ne tolérait plus la traite à titre légal.

Le mouvement à partir de cette époque prend une

(1) Esprit des lois, livre XV, chapitre 5.

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( 377 ) double direction : d'une pari, par l'action persistante du Gouvernement britannique, s'organise de proche en proche la surveillance des côtes d'Afrique dans le but d'inter- cepter la marchandise humaine; d'autre part, un courant puissant d'idées se forme pour revendiquer la liberté de l'esclave et pousse à la suppression de la traite par la clôture des marchés qu'elle approvisionne. Le problème de l'abolition de l'esclavage dans les colonies s'impose bientôt à l'attention publique. Ici encore, l'honneur d'avoir tracé la voie appartient à l'Angleterre. L'Acte, justement célèbre du 28 août J833, supprima l'esclavage dans les colonies anglaises et rendit la liberté à 780,000 esclaves. Une somme de vingt millions de livres sterling fut la rançon et l'expiation du passé.

En J8-i8, la France suivit ce glorieux exemple. A tra- vers des crises terribles, au milieu de commotions dont le souvenir est présent à toutes les mémoires, l'idée libéra- trice ûl désormais son tour du monde. Il y a trois ans, elle accomplit au Brésil sa dernière étape sur le sol chrétien. Les États de l'Orient, sous l'empire de la loi musul- mane, conservent seuls aujourd'hui, parmi les nations policées, une forme mitigée de servitude domestique. Mais l'Afrique, mère et patrie des millions d'esclaves emportés sous tous les climats, restait immobile dans sa barbarie native, livrée à tous les excès, souillée de tous les vices contractés au cours de trois siècles de razzias et de guerres intestines au profit de la traite coloniale. ^ Ce fut la conséquence de cette magnilique campagne d'exploration dont je signalais tantôt le début et qui a compté dans ce siècle tant de héros et de martyrs, de faire connaître à l'Europe, avec la nature et la conformation du continent africain, l'état moral et social des peuples qui

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( 578 ) l'habitenl. On avait pu croire que la surveillance des escadres, en purgeant les mers des bâtiments négriers, et surtout la clôture des marchés américains d'esclaves, auraient réagi dans un sens pacificateur sur la condition de la race noire aux lieux d'origine et frayé les voies à son entrée dans la civilisation. L'expérience n'a pas justifié cet espoir. Un fléau aussi invétéré ne pouvait céder d'un coup. La traite refoulée à l'occident prit sa direction | vers l'est et ses ravages ne cessèrent pas d'ensanglanter des régions immenses, d'y anéantir tout germe de culture. Tandis que les côtes septentrionale et orientale conti- nuaient, sur presque toute leur étendue, de servir de débouché au trafic proscrit, tout le centre du continent africain, sur une superficie excédant celle de l'Europe, apparut comme un immense terrain de chasse en même temps qu'un marché de consommation et d'exportation de la denrée humaine.

C'est dans la seconde moitié de ce siècle que les infor- mations s'accumulèrent à cet égard avec une désolanie uniformité. Les grands voyageurs contemporains qui par- coururent en tous sens l'Afrique pendant ces cinquante dernières années se trouvèrent unanimes pour dénoncer l'énormilé de la plaie saignante de tout un peuple. Les scènes atroces dont ils sont à chaque pas les témoins impuissants, leur dictent à tous des tableaux dont rien n'égale la navrante éloquence. A côté d'eux, le Gouver- nement Britannique entreprenait alors et poursuivait avec une admirable persévérance ce vaste recueil de publica- tions oflicielles sur le Slave Irade, dont les volumes se comptent par centaine et vient aboutir, sur cette matière, sa correspondance avec tous ses agents en contact avec la traite ou l'esclavage. En 1876, une date à retenir, paraît le rapport de la Commission chargée par le Cabinet

( ">71) ) (le Londres (rexariiiiicr la question des esclaves lugilils ; c'était alors une source de conflits internationaux et presque un péril dans les rapports des chefs d'escadre avec les goiivcrnemenls des contrées l'esclavage restait une institution légale. L'eiiquèle ouverte à celle occasion sur la situation intérieure de l'Afrique conlirma tous les récils des voyageurs, montra les dévastations et les meurtres commis par les chasseurs d'esclaves, comme la misère profonde de leurs victimes (I). Avant même que celle enquête eût abouti, le secrétaire de la Société anliescla- vagiste de Londres, M. J. Cooper, publiait son livre ; « Le Conliiient perdu, » il résumait l'ensemble des faits recueillis à celte époque au sujet de la traite el de l'escla- vage, et concluait à une intervention prochaine des Puis- sances eurojtéennes (2). Cinq ans auparavant, un écrivain français, M. Berlioux, avait rempli avec succès la même lâche dans son remarquable et éloquent ouvrage sur la traite orientale (3).

Cependant la conscience publique restait inerte. Hors l'Angleterre, et même dans un cercle relativement restreint, les relations des voyageurs, les appels des mis- sionnaires, les témoignages recueillis par le Gouverne- ment Britannique, ne troublaient guère la masse des esprits. L'Afrique restait une terre inconnue pour la plu- part d'entre eux. La presse ignorait celle rubrique. Les

(1) Royal Commission on fugitive slaves. Report of the Commis- sioners. Minutes of the évidence, etc. London, 1876. C, 1516 I.

(2) The losl Continent; or Slavery and the slavc-lrade in Africa. London, 1875.

(5) La traite orientale. Histoire des chasses à l'homme uryanisées en Afrique depuis quinze ans pour les marches de l'Orient. Paris, 1870.

( 580 ) dénomina lions ethnographiques el géographiques d'un continent si près de nous déconcertaient par leur étran- geté; c'était un thème à saillies plus ou moins spirituelles. Les noms des plus illustres voyageurs, des Caillié, des Barth, des Speke et Burton, des Livingstone, des Schwein- furlh, des Rohifs, des Duveyrier, des Nachtigal, des Came- ron, n'arrivaient guère à la foule et leurs travaux n'inté- ressaient que quelques initiés. Que furent les rentrées de Livingstone en Europe comparées au récent retour triom- phal de Stanley?

C'est l'initiative du Roi des Belges, c'est la Conférence de 1876 il doit être permis de constater un fait géné- ralement reconnu -^ qui a opéré sous Ce rapport une révolution. La question africaine a été mise à l'ordre du jour des préoccupations européennes el n'a plus cessé d'y tenir une place toujours grandissante. Elle est devenue l'un des facteurs dominants de la politique contempo- raine. L'opinion si longtemps indifférente s'y attache avec passion, et l'étude, sous tous ses aspects, en devient popu- laire.

L'Association internationale africaine s'était placée sur le terrain de la science et de la philanthropie : faciliter l'exploration par la création de stations hospitalières, pré- parer la civilisation de la race noire par l'extinction de la traite el de l'esclavage : tel fut son programme. La place prépondérante que tenait celle dernière préoccupation dans la pensée de son Fondateur, apparaît dans un dis- cours prononcé le 6 novembre 4876. « L'esclavage ainsi s'exprimait le Roi, qui se maintient encore sur une notable partie du continent africain, constitue une plaie que tous les amis de la civilisation doivent désirer de voir disparaître. Les horreurs de cet état de choses, les milliers de victimes que la traite des noirs fait massacrer

( "^81 ) chaque année, le nombre plus grand encore des êtres parlailemenl innocents (jui, brutalement réduits en raji- tivité, sont condamnés en masse à des travaux forcés à perpétuité, ont vivement émn tous ceux qui ont quelque peu approfondi l'étude de cette déplorable situation, d

Dans une publication qui rendait compte à ce moment même des délibérations de la Conférence du mois de septembre précédent, cette situation était explicitement définie et l'une de ces conclusions était celle-ci :

ce Si pendant quatre siècles les connaissances de l'Eu- rope relativement à l'Afrique et à la condition des peuples qui l'habitent sont demeurées stationnaires, la cause prin- cipale, sinon unique, en est l'existence du commerce des esclaves. La traite est l'ennemie et l'écueil de tout progrès; elle se maintient, elle s'étend encore de nos jours, malgré la proscription solennelle dont l'ont frappée, à diverses reprises, toutes les nations civilisées. L'heure est venue de donner une sanction efficace et universelle à leurs déclarations comme à leurs engagements. Tout effort pour civiliser les populations de l'Afrique doit avoir pour objectif immédiat l'extinction de la traite, non seulement dans ses manifestations directes, mais aussi dans le prin- cipe qui l'alimente et qui n'est autre que l'institution de l'esclavage tant dans les Étals musulmans de l'Orient que chez hs Africains eux-mêmes (1). »

C'est au moment ce plan est formulé que Stanley rentre en Europe avec la solution du problème du Congo. Cet événement, dont le Roi des Belges reconnut d'emblée la haute portée, fournit aussitôt, aux idées qui avaient dirigé la Conférence de 1876, une base positive d'applica-

(1) L'Afrique et la Conférence géographique de Bruxelles, 1877, première édition, p. 84.

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lion. Le Comité d'éludés du Haul-Congo fui constitué (^5 novembre 1878) : après six ans d'efforts, il avait couvert de stations les deux rives du fleuve géant et créé le cadre d'un vaste établissement colonial en contact avec l'un des principaux foyers de la traite. Les Puissances s'intéressèrent à cette création hardie; elles en pressen- tirent dès lors les hautes conséquences politiques. La Conférence de Berlin se réunit, el en consacrant l'œuvre accomplie, en traçant les lois de son développement éco- nomique, elle renouvela la proscription de la traite el proclama l'obligation étroite d'y mettre nn terme, non seulement sur mer par l'action des croisières, mais aussi sur terre, par l'extension de l'occupation européenne. L'article \X de l'Acte général, présage et programme d'une ère nouvelle, s'exprimait ainsi :

« Conformément aux principes du droit des gens, tels qu'ils sont reconnus par les Puissances signataires, la traite des esclaves étant interdite, et les opérations qui, sur terre ou sur mer, fournissent des esclaves à la traite devant être également considérées comme interdites, les Puissances qui exercent ou qui exerceront des droits de souveraineté ou une influence dans les territoires formant le bassin conventionnel du Congo, déclarent que ces terri- toires ne pourront servir ni de marché ni de voie de tran- sit pour la traite des esclaves, de quelque race que ce soit. Chacune de ces Puissances s'engage à employer tous les moyens en son pouvoir pour mettre fin à ce commerce et pour punir ceux qui s'en occupent. »

C'est le 26 février 1885 que quatorze Puissances con- sacraient cet engagement, qui acquérait ainsi une portée universelle. Mais pour le remplir, une situation nouvelle devait se produire sur le théâtre même de la traite. De puissants intérêts nationaux vinrent y coopérer. Un mou-

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vemonl général, inlonsc, réiléclii, enlraîne loul à coup oL siiniillaiiémenl les principales nations de l'Europe vers le continent mystérieux, et les porte à s'en distribuer les gigantesques provinces. Le partage politique de l'Afrique s'accomplit en cinq ans, sans guerre, presque sans conJlil, par une entente amiable sur les bases du traité de Berlin. Les sanglantes luttes coloniales qui avaient arrêté et retardé de deux siècles l'expansion des établissements créés en Amérique et en Asie, sont conjurées, étouffées dans le germe. Le terrain désormais est préparé : les obli- gations contractées envers les races indigènes deviennent susceptibles d'exécution. Une grande force morale entre alors en scène : la religion vient prêter son concours à l'œuvre de la politique.

Les missions cbréliennes, catholiques et protestantes, n'avaient pas laissé de diriger depuis des siècles vers l'Afrique les efforts de leur zèle; mais l'étroilesse des res- sources, l'étendue du champ d'action, les rigueurs du climat, les hostilités créées et entretenues j)ar la traite, avaient paralysé les plus généreux sacrifices. L'heure était venue maintenant de plus riches moissons s'annon- çaient, mais c'était à la condition d'écarter d'abord le principal obstacle à tout progrès : la traite et l'esclavage. La Papauté intervient à ce moment. Par son encyclique du 5 mai 1888, aux évêques du Brésil, le chef de l'Église catholique se prononce avec énergie contre le trafic de l'homme et réclame sa suppression au nom du dogme chrétien, de la charité humaine. Ce fut le signal d'un grand mouvement, qui allait mettre au service de la rédemption de l'Afrique les ardeurs du prosélytisme reli- gieux. Il se trouva pour remplir cette mission un homme doué des plus nobles qualités de l'apôtre. Le cardinal Lavigerie commença sa prédication. A Paris, à Londres, à

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Bruxelles, à Rome, sa parole éloqiienle et palhélique remua les esprits, suscita de généreux dévouements. Des centres de propagande s'établirent dans la plupart des contrées de l'Europe; les Sociétés anliesclavagistes ces- sèrent d'être une institution anglaise.

Des négociations étaient ouvertes dès lors dans le même sens entre les Cabinets de Berlin et de Londres. L'insur- rection arabe à la côte orientale d'Afrique avait fait recon- naître qu'une action décisive contre la traite s'imposait même sur le terrain politique. Le discours prononcé par l'Empereur d'Allemagne à l'ouverture de la session de novembre 1888, fut une expression solennelle de cette pensée, et les motions d'adhésion chaleiïreuse et pres- sante votées au Reichslag allemand (14 décembre 1888) comme au Parlement britannique (27 mars 1889), mon- trèrent le sentiment public préparé à seconder les projets des Gouvernements. Dès le 17 septembre 1888, le premier Ministre de la Grande-Bretagne avait résolu de provoquer une intervention collective des Puissances, et par un hom- mage qui ne saurait être apprécié trop haut, c'est à la Belgique qu'il déférait l'honneur de prendre cette grande initiative. « Le changement, disait-il, qui s'est produit dans la condition politique du littoral africain, commande aujourd'hui une action commune de la part des Puis- sances qui ont la responsabilité de son administration. Cette action tendrait à fermer tous les marchés étrangers d'esclaves et aurait pour effet d'arrêter les chasses à l'inté- rieur.

» La grande œuvre entreprise par le Roi des Belges dans la constitution de l'Étal du Congo et le vif intérêt que prend Sa Majesté à toutes les questions intéressant le bien-être des races de l'Afrique, porte le Gouvernement de Sa Majesté à espérer que la Belgique pourrait être

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disposée à |)ren(]rc l'initialive d'inviler les Puissances à se réunir en Coiirérence à Bruxelles, alin d'examiner les meilleurs moyens d'arriver ù la suppression graduelle de la traite des esclaves sur le conlinenl d'Afrique et à la clôture immédiate de tous les marchés extérieurs que la traite continue d'approvisionner de nos jours. »

Les opérations militaires et maritimes qui s'imposèrent, à celle époque, sur la côte de Zanzibar, amenèrent un ajournement momentané de la réunion prévue : mais aussitôt que la situation se fut dégagée, la négociation fut reprise. Le 24 août 1889, le Gouvernement belge convo- quait à Bruxelles la Conférence qui s'ouvrit le 18 novembre. Dix-sept Puissances allaient y prendre pari : c'étaient, outre la Perse, toutes celles qui avaient participé ou adhéré à la Conférence de Berlin. Ce choix s'imposait : l'Acte général et les conventions annexes de 1884-85 consti- tuaient le point de départ obligé d'une assemblée qui allait donner une sanction positive, en rapport avec les situations nouvelles, aux engagements conlraclés à celte époque.

Peut-être, Messieurs, me suis-je étendu sur ces faits préliminaires plus que ne le comporte le cadre d'une note explicative; mais il semblait utile de les rappeler afin de mettre dans leur vrai jour les documents qui font l'objet de cette communicalionjainsi que l'œuvre dont ils indiquent à grands traits la genèse.

Ces documents sont au nombre de trois. Le premier est un recueil d'informations relatives à l'état actuel de la traite des nègres sur terre comme sur mer, dans les pays d'ori- gine comme dans les pays de destination. Les témoignages recueillis sous forme d'extraits émanent tous de voya- geurs, de missionnaires, d'olïiciers de marine, d'agents

( 586 ) (liplomaliquesel consulaires, d'hommes, en un mot, qui ont vu par eux-mêmes et dont le langage exclut tout soupçon d'ignorance ou de partialité. Ces lémoignagnes se répar- tissent sur l'espace d'un demi-siècle, de 1840 à 1890; mais de beaucoup la plus grande part, les neuf dixièmes au moins, sont dus à des contemporains et ne remontent pas au delà d'une dizaine d'années. C'est donc bien la situation actuelle qu'ils constatent. Est-il besoin de dire que cette situation est profondément déplorable? L'Afrique, sur plus de la moitié de sa vaste étendue, demeure un champ de carnage et de dévastation se donnent librement carrière tous les vices, toutes les passions qui sont la plaie de l'hu- manité et la négation de toute culture. C'est de l'horreur même de ce tableau, qui ne comporte pas d'analyse, que ressortent la nécessité et l'urgence des moyens de salut. Une introduction placée en tête du recueil en explique le pian et résume les résultats statistiques : quatre-vingt mille personnes jetées sur les marchés de la traite, quatre cent mille existences, un millier en moyenne par jour, sacrifiées chaque année au fléau. C'est exactement au môme total qu'arrivait W. Pitt dans son mémorable discours pro- noncé au Parlement britannique, le 2 avril 1792, et dont rhorrcuir, disait-il, dépasse toutes les limites de l'imagi- nation. Une carte spéciale représente l'aire de la traite, les routes qu'elle parcourt et les principaux centres qu'elle alimente à l'intérieur de l'Afrique. Ce document peut être considéré, dans sa teneur globale, comme l'exposé des motifs des résolutions adoptées par les Puissances. L'Acte général de la Conférence a été construit d'après le plan du recueil préparé par les soins du Gouvernement belge, et les moyens de répression ont été mis en rapport avec l'ordre suivi dans cette enquête.

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Le second cJociimenl présenté à la Conférence par les Plénipolenliaires belges a des proportions moins étendues. C'est un exposé des rapports de droit public subsistant, à la veille de l'ouverture de la Conférence, entre les Puis- sances qui y ont pris part, en matière de répression de la traite africaine. Quelques indications au sujet de la légis- lation servile des États d'Orient qui ont contracté, à cet égard, des obligations internationales, complètent celte élude. C'est aux transactions du Congrès de Vienne qu'elle prend son point de départ. Depuis 1815, l'Angleterre a exécuté sur ce terrain un travail diplomaliijue digne d'ad- miralion par la pensée qui l'inspire, par l'étendue du domaine qu'il embrasse, par la persévérance invincible dont il témoigne. L'épineuse question du droit de visite ne fut qu'un é|)isode de celle laborieuse campagne. Vingt-six États d'Europe et d'Amérique se trouvaient, au momenl de la convocation de la Conférence, enveloppés dans un vaste système d'engagements réciproques pour la répression de la traite sur mer. Près de cent conventions spéciales, inter- venues enlre la Grande-Bretagne et les chefs africains et asiatiques de la côle ou des îles, renforçaient l'efiicacité de celle espèce de blocus. L'état juridique qui procède de ces nombreux traités esl d'une grande complication : il a été détini naguère, avec une précision remarquable et une étonnante érudition, par i\L de Martitz, le savant professeur de droit public à l'Université de Tubingue (1). L'œuvre du jurisconsulte allemand eslconçue particulièrement au point

(1) Das internationale System zur Unterdrùckung des Afrikani- schen Sklavenhandels in seinem heutigen Bestande. Archiv fur ôffentliches Rccht. i" Bd, S. 3-107. Freiburg i. B. t885.

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de vue historique; le mémoire belge esl surtout synllié- lique. II détermine, d'après les traités en vigueur, les prin- cipes et règles de droit qui sont reconnus et appliqués par les Puissances pour la répression de la traite maritime et le jugement des cas litigieux qu'elle soulève.

Les Protocoles de la Conférence, au nombre de trente- trois, forment le troisième, et de beaucoup le plus impor- tant, des documents qui vous sont présentés. Ils renferment dans un volume de 700 pages les actes de l'Assemblée et les rapports de ses commissions. Deux parties distinctes apparaissent à première vue dans ce recueil. Jusqu'au mois de mai 1890, époque fut introduite la proposition rela- tive à l'établissement des droits d'entrée dans le bassin conventionnel du Congo, les protocole^ ne relatent que les délaralions ofticielles des Gouvernements et les décisions prises par la Conférence. Toutes les délibérations dont procède l'Acte général ont lieu dans des commissions; les procès-verbaux de leurs débats existent; ils formeraient au moins deux volumes ayant l'importance de celui des pro- tocoles, mais ils ne sont pas destinés actuellement à la publicité. La substance et les conclusions en sont repro- duites dans les rapports présentés à la Conférence et joints à ses protocoles. Cette règle, invariablement suivie pour tous les chapitres dont se compose l'Acte général, sauf les dispositions finales, ne l'a pas été pour la question des droits d'entrée, des considérations de principe et de procédure ont obligé de suivre une autre marche. Celte dernière question seule a été discutée en séance plénière et n'a pas fait, par conséquent, l'objet d'un rapport. Les déci- sions intervenues sont consignées, par une conséquence ultérieure, dans un acte distinct, quoique connexe à l'acte principal et formant corps avec lui.

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L'Acte général comple cent articles répartis en sept chapitres. Pour les discuter et les établir, la Conférence a décidé de suivre la marche même de la traite et d'y opposer ainsi, dans chacune des piiases qu'elle parcourt, des moyens appropriés de répression. Prenant son point de départ au foyer même du mal, aux lieux d'origine de la traite et des chasses, elle suit pas à pas le négrier et ses captifs, les accompagne sur les routes qui mènent à la côte, passe sur mer pour y régler minutieusement la surveillance et l'action des croisières, aborde enlin les pays de desti- nation où se consomme la marchandise humaine, frappant à chaque étape les coupables, affranchissant et protégeant les victimes. Puis, arrivée au terme de cette carrière d'opprobre et de douleur, elle a cherché des sanctions, des moyens d'exécution divers, et en a déterminé de trois espèces : la création d'institutions permanentes de secours, d'information ou de contrôle dans les pays d'esclavage et de traite ainsi qu'en Europe, la réglementation du trafic des spiritueux, la création de ressources flnancières en vue de faciliter l'accomplissement des décisions prises.

Telle est, en quelques lignes, l'économie de celte œuvre qui a rempli huit mois de patients labeurs, qui s'est trouvée aux prises pendant son élaboration avec les mul- tiples éléments de conflit, avec les courants d'antagonisme inhérents au système européen, et qui a néanmoins abouti, parce qu'au-dessus de toutes les divergences planait une haute pensée morale, parce que tous les Gouvernements avaient le même désir, ardent et sincère, de coopérer à une cause « dont le triomphe final ainsi qu'on disait déjà au Congrès de Vienne sera un des plus beaux monuments du siècle qui l'a embrassée et qui l'aura si glorieusement terminée. »

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Le cominenlaire polilique et Juridique des cent articles de l'Acte général exigerait un volume. Ce travail, au surplus, serait prématuré. L'œuvre de la Conférence attend encore la sanction législative des pays contractants et la ralilicalion de leurs Gouvernements, il suffira donc de caractériser en quelques mots la portée des divers chapitres.

Le premier a pour objet la répression de la traite aux lieux de capture : c'est au cœur de l'Afrique même qu'il importe actuellement d'agir. Toute intervention isolée ou temporaire sur un lliéàlre si vaste serait inefficace : il y faut l'action persistante des Gouvernetnents, agissant d'après un plan commun, en vue d'un but identique. Un système progressif d'occu|)ation européenne est arrêté à celte fin. Une législation répressive, fondée sur les prin- cipes qui dominent le Code pénal de toutes les nations civi- lisées, assurera le châtiment des coupables, en quelque lieu qu'ils se trouvent. Le traflc des armes à feu et des muni- tions est le plus puissant auxiliaire de la traite : des dispositions sévèrement restrictives enlèveront des mains des chasseurs d'hommes l'instrument du crime et la cause de leur supériorité. Le chapitre II, qui n'est qu'un complé- ment du premier, édicté les mesures nécessaires pour sur- veiller les routes du commerce, régler la police des cara- vanes, intercepter les convois d'esclaves en assurant la liberté des captifs, la poursuite des malfaiteurs.

Le chapitre III trace en quarante-deux articles les règles de la répression de la traite sur mer. Depuis 1841, une divergence fondamentale de vues s'est accusée, sous ce rapport, entre l'Angleterre, suivie par presque toutes les Puissances, et la France soutenant le principe de l'invio- labilité absolue du pavillon. Ce long conflit va cesser : le

( 391 ) droit (Je visite, s'il n'est pas légalement supprimé, est appelé à faire place à un code spécial réglant l'octroi du pavillon et la vérilicalion des papiers de bord, mrme ceux (jui concernent les passagers. La procédure pour l'applica- lion du système est prévue dans ses moindres détails. Trois principes nouveaux régiront l'action des croisières, môme entre les Puissances qui admettent le droit de visite : la surveillance est restreinte à une zone relative- ment étroite de l'océan Indien; cette surveillance ne s'étend que sur les liâliments d'un port inférieur à 500 ton- neaux; le droit d'asile pour l'esclave est absolu, au moins à bord des bàlimenls de guerre.

Les mesures à prendre aux pays de destination de la traite, qu'ils soient situés dans ou hors l'Afrique, forment la matière du chapitre iV. Les Étals africains, asiatiques et même européen, soumis à la loi muisumane, con- servent l'inslitulion de l'esclavage domestique. Il n'appar- tenait pas à la Conférence, respectueuse du principe de la souveraineté nationale, d'intervenir dans le régime inté- rieur de ces Étals; d'autre part, il est manifeste que l'exis- tence de l'esclavage dans ces pays est un appât à la iraile et contribue à l'entretenir. Des dispositions transac- lionnelles ont été prises à l'effet de répondre à cette double exigence, sur la base de la loi ottomane du 16 dé- cembre 1889. L'importation, l'exportation, le transit, le commerce des esclaves sont interdits : le mal est donc au moins circonscrit dans des limites fixes. Des engagements solennels ont été pris pour la mise en vigueur des clauses conventionnelles; la coopération à cette fin des agents diplomatiques et consulaires des Puissances contractantes est prévue dans des conditions déterminées.

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Tels sont les moyens de répression correspondant aux trois phases principales de la traite. Les moyens d'exécu- lion relèvent également de trois ordres d'idées.

Des inslilutions permanentes sont appelées à garantir l'accomplissement des vues de la Conférence. Le cha- pitre Y en détermine la nature. Le Bureau international de Zanzibar et ses succursales seconderont dans les mers d'Orient l'action répressive des croiseurs. Les bureaux d'affranchissement, qui ont rendu des services signalés en Egypte, protégeront efficacement les esclaves libérés dan? les contrées la condition servile n'a pas tota'eraei disparu. Les Puissances enfin organisent entre elles u . échange de documents concernant l'esclavage et la traite, et se communiquent les mesures prises en vertu de l'Acte général. Ces renseignements, dont l'envoi implique une garantie sérieuse d'exécution, seront recueillis et publiés à Bruxelles, convergeront désormais les plus impor- tantes informations au sujet de la traite africaine.

L'histoire coloniale a démontré le penchant irrésistible qui entraîne les populations semi-barbares vers les bois- sons spiritueuses. Sous les climats torrides suri l'al- coolisme est une cause irréuiédiable de destructi( phy- sique et morale; il devient ainsi un obstacle à la iL-^e en culture de l'Afrique, comme à l'extinction de la In ' : l'une ne peut être que l'œuvre de la race indigène, l'autre suppose des populations viriles, capables d'une résistance efficace. Le mal que la traite exerce à la côte orientait, les spiritueux le font à la côte occidentale; en pénétrant vers l'intérieur, ils paralysent les tentatives civilisatrices et aident aux entreprises des négriers. C'est par ces con- sidérations multiples que la question du trafic des eaux-

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de-vie s'est raUachée au plan d'émancipalion tracé par la Conférence. Deux mesures principales résument au cha- pitre VI ses dispositions à cet égard : interdiction absolue d'importer ou de fabriquer des spiritueux dans les régions l'usage n'en a pas encore pénétré; établissement dans les autres d'un droit d'entrée progressif en vue de res- treindre la consommation. C'est une des matières les plus ardues que la Conférence ait eu à traiter, à raison des grands intérêts économiques qu'elle affecte. La clause qui préserve les contrées non encore contaminées est absolue et irrévocable; elle protège efficacement les neuf dixièmes de l'Afrique. Quant aux autres, si la décision intervenue |>ouvail paraître étroite, elle n'est pas définitive, et il n'est pas à prévoir qu'elle soit revisée dans un sens régressif.

Arrivée à ce point de sa tâche, après avoir édicté les obligations rigoureuses qui incomberaient désormais aux Puissances souveraines ou protectrices en Afrique, une question nouvelle, qui devait faire l'objet d'un chapitre Vil, a surgi devant l'Assemblée : celle de la création des res- sources financières qui permissent de faire face aux dépenses nécessitées par la répression de la traite. Les ttats ou colonies du bassin conventionnel du Congo se trouvent sous ce rapport dans une situation spéciale. Le degré actuel d'organisation et de développement du pays ne leur permet pas de demander des ressources suffisantes à l'impôt direct; les taxes intérieures de consommation manquent encore des bases qui les rendraient fructueuses; il ne reste donc que la douane, source principale, presque unique, des receltes dans la plupart des colonies nais- santes, dans toutes celles d'Afrique. Mais l'article IV de

3°"* SÉRIE, TOME XX. 26

( 394 )

l'Acte général de Berlin établit la franchise absolue pour un terme de vingt ans au moins : le moment était-il venu de reviser cette clause dans un intérêt supérieur de civi- lisation et d'humanité? Toutes les Puissances, sauf une, ont répondu affirmativement : de là, la résolution d'auto- riser la perception d'un droit d'entrée maximum de 40 % de la valeur des marchandises importées.

Mais il s'est présenté ici une circonstance particulière. Les États-Unis n'ont pas encore ratifié l'Acte de Berlin; ils ne pouvaient donc participer officiellement à sa revi- sion. D'autre part, l'État du Congo se trouve lié vis-à-vis du Gouvernement américain par la déclaration du 22 avril 1884, qui lui garantit l'entière liberté du commerce. C'est pour tenir compte de celte difficulté que la propo- sition relative aux droits d'entrée a été distraite de l'Acte général : elle fait l'objet d'une double déclaration créant un lien de droit entre les Puissances signataires de l'Acte de Berlin, d'une part, les Étals-Unis et l'État du Congo, de l'autre.

Seuls, les Pays-Bas maintiennent leur opposition sur ce terrain : ils contestent à la Conférence de Bruxelles la compétence nécessaire pour reviser l'Acte de Berlin, et .soutiennent que le principe de la liberté commerciale est une condition indispensable du développement écono- mique du bassin du Congo. Les seize autres Puissances représentées n'ont pas partagé ce sentiment : elles répon- ilent que, signataires ou adhérentes de l'Acte de Berlin, leur compétence pour le modifier est certaine, et qu'elles en ont usé en fait, de l'aveu même du Cabinet de La Haye, en réglant le trafic des armes et des spiritueux; que le principe de la liberté commerciale n'est pas en

( 595 )

cause, puisqu'il n'a é(é coricôdé qu'à lenne lixe, el qu'au surplus un droit d'entrée modéré, uniforme dans toute l'étendue du bassin du Congo, exclusif de tout régime différentiel, n'en saurait i;uère plus entraver l'expansion économique que la perception de tels droits ne le fait dans aucune autre possession africaine. Le dissentiment subsiste en ces termes : en attendant qu'il s'aplanisse, une com- mission technique va se réunir à Bruxelles pour élaborer le tarif commun prévu par les déclarations du 2 juillet.

Quelque secondaire que paraisse en elle-même la raison d'être de celle opposition au regard de l'œuvre totale, elle a cette conséquence grave de lui assigner un caractère provisoire : car, d'un côté, les Puissances n'admettent pas la disjonction des deux Actes, considérant l'un comme le n)oyen d'exécution de l'autre et réclamant dès lors la signature simultanée des deux; el, d'un autre côté, elles sont également unajiimes à reconnaître que l'Acte général de Berlin ne saurait être revisé que du consentement de tous les États signataires. Une négociation ultérieure ej>l donc indispensable; le terme extrême en a été fixé au 2 janvier 1891.

Il ne paraît pas téméraire de prévoir qu'une entente s'établira. L'Acte général de Bruxelles, dans sa teneur actuelle, constitue une législation complèleconlre la traite. Les Pays-Bas l'acceptent dans son intégrité el reven- diquent comme un droit, comme un honneur, la faculté d'y apposer leur signature. Le différend est donc en quelque sorte externe : il porte sur un moyen d'exécution, com- pliqué d'un cas de procédure. L'obstacle ne saurait être au-dessus des efforts combinés de la diplomatie euro- péenne, conduite sur ce terrain par une pensée d'ordre uni-

( 391) )

vcrsel. Un jurisconsiille émineni, dont le nom a déjà paru dans ces pages, exprimait naguère à ce sujet des vues qui correspondent à un sentiment de plus en plus général. « De même que chaque législation positive, disait-il, le système du droit international doit servir les fins de la communauté, il ne considère dans chaque Étal souverain que le membre auxiliaire d'une association qui enveloppe le monde, et il crée les moyens et les formes à l'aide des- (juels les intérêts généraux de l'humanité, qui acquièrent sans cesse une extension, une importance croissante, parviennent à se réaliser. Que pour servir de tels intérêts l'État particulier doit s'imposer des sacrifices, parfois de durs sacrifices, même sans compensalion ; que dans l'as- sociation des Étals l'intérêt individuel doit cédera l'intérêt commun : c'est précisément le sens profond, la hante portée que le droit public moderne a commencé à acquérir sous l'impulsion des traités dirigés contre le trafic des esclaves (1). »

Ce n'est pas lorsqu'elle va toucher le but que la magni- fique évolution accomplie par le droit international en cette matière depuis un siècle puisse subir un échec, l.'œuvre de la Conférence de Bruxelles n'est pas à cette heure par- faite : il lui reste des difficultés à vaincre, des antago- nismes à écarter, des intérêts à concilier; mais les bases sont posées, les principes sont admis, les dispositions fon- damentales sont acquises. Au moment l'Afrique devient un patrimoine européen, les deux cent millions d'hommes qui la peuplent vont participer au travail de la civilisation

(i) \oti Martitz, Arc/iiv fur ô/fentlichcs liccht, Bd I, S. 29.

( 3i>7 )

Cl enrichir son domaine de loiil un conlinenl, il est jusie, il est nécessaire qu'une législation unique, dictée par les plus hautes considérations de justice et de charité, vienne régir ce monde nouveau et en bannir à jamais le fléau d'une servitude héréditaire. Tout présage que le siècle prochain verra s'accomplir sur ce théâtre un mouvement analogue à celui du XVI* : il en verra se renouveler les conquêtes, il ne faut pas qu'il soit témoin des mêmes crimes. Les semences de culture répandues aujourd'hui à [jleines mains sur ce sol vierge ne donneront d'opulentes moissons qu'au soleil de la liberté, sous l'égide de lois |)rotectrices élevées à la hauteur d'une loi des nations.

Telle est la mission qu'ont voulu remplir les Puissances: en s'en acquittant, elles ont eu le sentiment d'être les organes de la conscience du genre humain.

( 398 )

CLASSE DES BEAUX-4RTS.

Séance du 9 octobre 4890.

M. Jos. ScHADDE, (lirecleur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. H. Hymans, vice-directeur; Éd. Fétis, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Deman- nez, P.-J. Clays, G. De Grool, Edm. Marchai, J. Stallaert, Henri Beyaert, J. Rousseau, Max. Rooses, Alex. Markel- hach, membres; A. Hennebicq, le comte Jacques de Lalaing, F. Laureys et J. Robie, correspondants.

CORRESPONDANCE.

PM. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique fait savoir que M. P. Lebrun, premier second prix du grand concours de composition musicale de 1889, a été invité à mettre son œuvre à l'étude afin que l'audition puisse en avoir lieu dans la séance publique de la Classe des beaux- arts, fixée au dimanche 26 octobre, à 1 heure et demie.

Le même haut fonctionnaire demande, d'urgence, l'avis de la Classe sur une nouvelle requête de M. Montald

( 3î)9 )

ayant jiour objel de pouvoir venir surveiller à Bruxelles l'inslallalion de son envoi réglementaire. La décision, prise séance tenante par la Commission chargée de s'occu- |)er des travaux des prix de Rome pour la peinture, sera transmise au Ministre.

M. le Ministre de l'Intérieur et de rinslruction publique soumet à l'appréciation de la Classe les rapports suivants :

Sixième rap|)ort de M. Montald. Renvoi à MM. Fétis, Robert, Slingeneyer et Guiïens;

Cinquième rapport de M. De Wulf. Renvoi à la sec- lion d'architecture ;

Troisième rapport de M. De Braey. Renvoi à la même section;

Deuxième rapport de M. Lagae. Renvoi à la section de sculpture.

M. Charles Meerens adresse, à titre d'hommage, son dernier ouvrage intitulé : La gamme musicale majeure et mineure. Remerciements.

CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1890.

ART APPL-If^VÉ.

Peinture.

La Classe avait remis au concours, pour l'année actuelle, le sujet suivant qui a figuré au programme de 1886 :

Projet de diplôme (dessin ou grisaille) destiné aux lau-

( 400 ) réals (les différents concours ouverts par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Prix : 600 francs.

Huit projets ont été reçus. Ils portent les devises sui- vantes :

N"^ i. Vivre, cesl combattre.

2. Ars longa, vita brevis.

3. Prodesse et delectare.

4. Age quod agis.

5. Fama volât.

6. Harmonie.

7. Géométrie.

8. Plus d'honneur que de travail. L'entêtement ne conduit à rien. Je fais bien le mal et mal le bien. Héraldiste je le suis, mais à mes heures.

Conformément à l'article 38 du règlement général de l'Académie, la Classe ne se prononcera que dans sa pro- chaine séance sur le rapport de la section de peinture qui a jugé ce concours.

Gravure en médailles.

La Classe avait proposé comme sujet :

Une médaille comme moralive de la loi qui a autorisé S. M. Léopold II à prendre la souveraineté de l'État indé- pendant du Congo.

L'avers est réservé à l'effigie de Léopold II.

( iOI ) Les conciirrenls avaient le choix, pour le revers, enlre les sujets suivants :

La Belgique et l'État du Congo unis nous une même souveraineté.

L'État du Congo accomplissant en Afrique son œuvre civilisatrice. Prix : 600 francs.

Aucun modèle n'a été reçu.

RAPPORTS.

Il est donné lecture par la section d'architecture de son appréciation du quatrième rapport semestriel et du premier envoi réglementaire de M. De Wulf. Renvoi à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique pour être communiqué à l'intéressé.

Sur un perfectionnement au mécanisme des flûtes; par A. Léonard, professeur au Conservatoire royal de Gand.

Knftporl fie tf.fW, €!evaet'tf Satnuet et Hadoux.

a La notice que M. Léonard soumet à l'appréciation de l'Académie renferme la description succincte d'un perfec- tionnement intéressant qu'il a apporté au mécanisme des flûtes.

La disposition des clefs, dans les flûtes Boehm, est telle que l'exécution de certaines batteries est impraticable dans un mouvement quelque peu rapide. Il y a ainsi une série de sons liés et de trilles auxquels il faut renoncer. Ceci est d'autant plus regrettable que ces notes se trouvent précisément dans le registre grave, dont l'orchestration

( 402 )

moderne sait lirer tant de parti pour le coloris instru- mental.

Or, il suffit, comme M. Léonard l'indique, d'adjoindre deux clefs supplémentaires au mécanisme ordinaire des flûtes, et de déplacer une des pattes déjà existantes, pour rendre exécutable sur cet instrument, avec la plus grande facilité de doigté, tout ce qui jusqu'à présent devait forcé- ment être omis. C'est, à l'aide d'un procédé extrêmement simple, un double avantage obtenu pour le compositeur qui, d'une part, trouve des ressources nouvelles, et, de l'autre, n'a plus à se préoccuper de savoir s'il peut, ou ne peut pas, écrire pour la flûte tels ou tels groupes de notes.

Il est même assez singulier qu'un perfectionnement aussi nécessaire n'ait pas vu le jour plus tôt ; car le méca- nisme de Boehm n'a pas été sans subir quelques modi- fications depuis son origine. Mais il y avait à trouver la place des nouvelles ciels; et c'est en cela que l'innovation indiquée par M. Léonard est surtout ingénieuse.

Toutefois, il faut bien le reconnaître, les avantages que le mécanisme de M. Léonard nous ofl're sont encore Actifs pour l'instanl. lis ne deviendront réels qu'à partir du moment où, partout, dans tous les orchestres, les flûtes seront munies des nouvelles clefs supplémentaires. Tout compositeur préférera renoncer à tel efl'et de sonorité que de voir son œuvre exclue de la majeure partie des orchestres, faute d'un instrument convenable. ïl serait par conséquent fort désirable que le perfectionnement à M. Léonard fût bientôt adopté dans tous les pays.

Je propose donc à la Classe :

D'émettre un tel vœu;

2' De publier dans le Bullelin de l'Académie la notice et la planche représentant le mécanisme. » Adopté.

(^ 403 )

COMiMUNICATIONS ET LECTURES.

^'ote sur U7i perfectionnement au mécanisme des flûtes; par Adolphe Léonard, professeur de flûte au Conserva- toire royal de Gand.

J'ai l'honneur de sounnettre à l'appréciation de l'Aca- démie un perfectionnement que j'ai apporté au mécanisme de Boehm, et qui a pour but de rendre exécutables, sur les grandes flûtes, tous les trilles, batteries ou liés com- pris dans l'étendue de l'instrument.

On sait qu'il est de toute impossibilité de lier rapide- ment, sur une flûte de Boehm descendant jusqu'à Vut, les groupes de notes suivants :

et, en plus, les groupes

r

rn " /n "

lorsque l'instrument est construit pour descendre jusqu'au si naturel, ainsi que cela tend à se généraliser.

( 404 )

La raison en est simplement que ces notes doivent se prendre toutes quatre à l'aide d'un même doigt (le petit doigt de la main droite) et que l'on ne peut ainsi passer suffisamment vite d'une clef à l'autre (1).

Il y a là, dans le mécanisme de Boehm, tel qu'il existe à présent, un défaut réel.

J'ai cherché à y remédier, et, dans ce but, j'ai fait disposer deux clefs supplémentaires, sorte de clefs de secours, qui permettent de prendre avec le petit doigt de la main gauche des notes confiées jusqu'ici exclusivement au petit doigt de la main droite.

Ces deux clefs sont marquées 5 et 6 dans la planche ci-jointe (laquelle ne représente que la [partie du méca- nisme qui nous intéresse).

La clefs (dont on pourrait se passer pour les flûtes ne descendant qu'à Vut) a pour fonction de fermer les deux soupapes C et A, et donne ainsi le do dièze (2).

La clef 6 ne fait que doubler la clef 4, qui donne le dièze; on a ainsi deux manières de prendre celte note.

Grâce à ces deux clefs qui ont été très remarqua- blement combinées par M. E. Albert Bruxelles), de façon à pouvoir aisément les adapter à n'importe quelle flûte Boehm existante, grâce à ces deux clefs, dis-je, il devient possible, non seulement d'exécuter ce qui est

(i) Ces clefs sont numérotées, de un à quatre, dans la planche qui accompagne cette note.

(2) La soupape A ne sert qu'à préparer le 5!, en vue de certaines combinaisons de doigté dont on pourra se rendre compte plus loin.

( mi )

considéré comme impralicahle sur la flûte, mais encore de le faire sans la moindie difliciillé.

D'ailleurs, voici le doigté des six trilles ou batteries indiquées plus haut.

3 0 -2 a

1 t;

Les chiffres se rapportent aux clefs du dessin, et le signe -+- marque celles qu'il faut tenir abaissées.

On peut voir ainsi que, seul, le premier de ces trilles ilemande l'action alternative des deux petits doigts. Les autres se font tous à l'aide d'un seul doigt.

Je ferai remarquer une particularité assez intéressante de ce doigté : c'est que, à l'aide des deux clefs 2 et 5, sui- vant que la première ou la seconde est maintenue abaissée pendant les battements de l'autre, ou si les battements se font alternativement des deux clefs, on produit trois trilles ilifférents.

Malgré l'addition de ces deux clefs 5 et 6, certaines batteries de trois notes resteraient encore inexécutables dans un mouvement quelque peu rapide. Telle est, par exemple, la batterie

, a

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qui exige l'abaissement successif des clefs 1, 6 et 7. L'im-

( 406 )

possibililé réside ici dans la difficulté d'un glissement suffi- samment rapide du petit doigt de la clef 6 à la clef 7.

Pour parer à cet inconvénient et rendre ainsi mon l»erfeclionnemenl complet, il m'a suffi de doubler la clef 7 [»ar la patte de secours 8. De cette manière le sol dièze se prendra, non par le petit doigt de la main gauche, mais l'aide de la patte 8) par l'index de la main droite.

Il est à considérer que cette patte de secours 8 existe sur toutes les flûtes ordinaires, elle est employée à dou- bler, non la clef 7, mais la soupape qui se manœuvre par le quatrième doigt (l'annulaire) de la main gauche; et cela simplement pour accorder aux personnes qui ont de la peine à faire un trille à l'aide de ce quatrième doigt, la faci- lité de se servir, dans ce cas, de l'index de l'autre main. Aujourd'hui la technique s'est beaucoup développée et il n'est plus permis de ne pas savoir triller du quatrième doigt de la main gauche. Je n'ai donc pas hésité à désaf- fecter la clef 8 de son ancienne fonction, pour lui donner celle que je viens d'indiquer, avec la disposition marquée dans le dessin.

Tel est l'ensemble des modifications que j'ai apportées au mécanisme de Boehm, et qui permettent, comme je l'ai dit, d'exécuter sur la flûte n'importe quel passage de musique compris dans l'étendue de l'instrument. Vu les exigences croissantes de l'orchestration moderne, il m'a semblé que ces perfectionnements méritaient l'attention de TAcadémie.

LEGENDE

/- Cleffernmni les soupapes A.E.C et domuml le si naturel . >^. af/é^ntaiii les soupapes B.C,etdowmU> le do iiabirel .3 Oef fèrnajtt ki soupape Cet d^nnmU le clc, dièze . ^. Clef ouvrait h .^upof^ D etdmnani le x-e dieze . o. l'ie/yènnant Us soupapes A,C.et domaiU le do dièze ou le si naturel &^y« on mamhait la soupape B au mcnjen des Clefs 2 ou l . 6. Clef cumxmt la soupape D et dcmnant le diéze . 7. Uef ouvrant la soupape E et donnant le sol dièze . cf. Patie d, secours dcubUmt la Clef 7 . '

( 407 )

CLASSb DES lU: AUX- A RTS.

Séance du 23 octobre 1890.

M. Jos. ScHADDE, (lireclenr.

M. J. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. H. Hymans, vice - directeur ; C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G"" De Groot, G. Biot, Edm. Marchai, Th. Vinçolle, Jos. Slallaert, Henri Reyaert, J. Rousseau, Max. Rooses, membres; J.-B. Meu- nier, A. Hennebicq, le comte Jacques de Lalaing et F. Laureys, correspondants.

CORRESPONDANCE.

LL. MM. le Roi et la Reine, ainsi que LL. AA. RR. W le Comte et M"^ la Comtesse de Flandre, font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la Classe.

MM. les Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction publique, de la Guerre, de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, ainsi que le Bureau de l'Académie royale de médecine, remercient pour l'invitation qui leur a été faite pour la même solennité.

( 408 )

M. le Minisire de Tlntérieur el de l'Inslrnclion publique fait connaître qu'il a confié à MM. Namur el Pickery lils l'exécution des bustes, en marbre, de Joseph Braeml el de Charles de Bériot, anciens menjbres de la

Classe.

Le nnême Ministre, demande l'avis de la Classe sur le modèle : du busle de feu le chevalier de Buriin, ancien membre de la Classe des sciences, commandé à M. de Tombay; du busle de feu Eug. Defacqz, ancien membre de la Classe des lettres, commandé à M. Vandeu- kerkhove-Saïbas.

M. de Harlez, membre de la Classe des lettres, prie ses confrères de la Classe des beaux-arts de bien vouloir accepter l'hommage d'un exemplaire de son livre intitulé : I-LI, Cérémonial de ta Chine antique, avec des extraits des meilleurs commentaires, traduit pour la première fois.

M. Raab, associé de la Classe, à Munich, adresse, à titre d'hommage, un exemplaire du tirage, avant la lettre, de sa gravure, les noces de Cann, de Paul Véronèse (Musée de Dresde). Remerciements.

JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1890).

Peinture.

Conformément à l'article 58 du règlement général de l'Académie, la Classe procède au jugement du concours d'art appliqué pour la peinture, dout le sujet est un « projet

( 409 )

«le diplôme pour les lauréats des difîérenls concours aca- démiques ». La section de peinture avait présenté, dans la dernière séance, son rapport sur ce concours.

Le prix de 600 francs est décerné à XL G.-F. Hoffnian, à Forest lez-Bruxelles, auteur du projet portant la devise : Faina volai.

Une mention honorable est votée, à l'unanimité, à l'au- teur du projet portant la devise : Géométrie. L'auteur est prié de Taire savoir s'il accepte celle distinction.

RAPPORTS.

r

Il est donné lecture, par la section de sculpture, de l'avis qu'elle a émis sur les modèles des bustes de feu le chevalier de Burtin et d'Eugène Defacqz, exécutés par MM. de Tombay et Vandenkerkhove-Saïbas.

Cet avis sera transmis à M. le ^Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique.

PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE.

Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, M. Schadde donne lecture du discours qu'il se propose de prononcer, en sa qualité de directeur, dans la séance publique fixée au dimanche 26 octobre.

ô™* SÉIUE, TOME XX. 27

( ilO )

CLA8SE DES BEAVX-ARTS.

Séance publique du dimanche 26 octobre 1890.

M. ScHADDE, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

M. H. Hymans, vice-directeur, prend également place au bureau

Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Ern. Slin- geneyer, F. -A. Gevaert, Th. Radoux, Jos Jaquet, Jos. Deraannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, le chevalier Edm. Marchai, Joseph Slallaert, J. Rousseau, membres; F. Laureys, E. Van Even et J. Robie, corres- pondants.

Assistent à la séance :

Classe des sciences. MM. F. Plateau, vice-directeur;] P.-J. Van Beneden, G. Devvalque, C. Malaise, F. Crépin,! J. De Tilly, G. Van der Mensbrugghe, M. Mourlon, P. De; Heen, membres.

Classe des lettres. MM. G. Tiberghien, vice-direcA teur; P. De Decker, Ch. Faider, Alph. Wauters, P. Wil-j lems, Ch. Piot, Ch. Potvin, P. Henrard, Alex. Henné,' membres; et Alph. Rivier, associé.

( 4H )

M. Scliadde ouvre la séance à 1 heure el demie el donne lecture de son discours ayant pour titre :

Quelques considéraliona snr C enseignement donné aux artisans au point de vue de leur profession.

Mesdames, Messieurs,

La fin du XIX' siècle sera caractérisée par la recherche de la solution à donner à un des prohièmes les plus ardus que l'organisation économique et sociale moderne ait imposé :

L'amélioration du sort de l'ouvrier el, en général, de tous ceux qui demandent au travail manuel les moyens d'existence.

Les autorités les plus compétentes, les personnages les plus augustes se consacrent à l'étude de celle question, mais l'examinent spécialement dans ses rapports avec la grande industrie et l'exploitation minière, qui occupent certes un très grand nombre d'ouvriers. A côlé de ceux-ci existe une classe peut-être tout aussi nombreuse d'artisans, et dont le sort occupe moins vivement l'atten- tion générale : nous voulons parler des divers corps de métier qui vivent de ce que l'on a désigné sous le nom général de l'industrie du bâtiment. Pour ceux-ci, le travail

In'a plus le caractère machinal que présente le travail de la fabrique, de l'usine ou de la mine, il existe pour eux une latitude dans l'exécution de l'ouvrage, il est permis à l'artisan d'avoir une idée personnelle, d'y donner un aspect ou une forme moins banale et parfois artistique. C'est spécialement du sort des artisans du bâtiment que

V 412) je me propose de vous entretenir quelques instants, au point de vue de l'enseignement d'abord et de la condition sociale ensuite.

Les |)roressions dont je m'occupe sont très nombreuses : ce sont les maçons, les tailleurs de pierre, les charpentiers, les menuisiers, les plombiers, les mosaïstes, les vitriers, les peintres, les tapissiers, les ébénistes. Il faut y ajouter encore les marbriers, les forgerons, les ornemanistes, les sculpteurs et une quantité d'arti;.ans spécialistes.

Bien qu'incomplète, cette liste est déjà longue.

Semble-t-il pratique et rationnel de donner à des corps de métier si divers, un enseignement unique qui réponde aussi bien aux besoins du tailleur de pierre que du lapissier?

Oui, tous doivent savoir dessiner, comprendre un plan, exprimer leur pensée par le trait; mais avant tout leur intelligence doit être dirigée vers ce qui concerne directe- ment leur profession spéciale.

L'enseignement doit être davantage professionnel. Dans chaque branche du travail des artisans, il y a un nombre inlini d'objets à reproduire par le dessin, depuis les plus simples jusqu'aux plus compliqués, comme forme et comme composition.

Au lieu d'imposer à un forgeron l'étude de la figure humaine et de le forcer pendant plusieurs années à suivre un enseignement sinon inutile, au moins fort préjudiciable à l'avancement dans son métier, qu'on lui fasse dessiner immédiatement des objets qu'il aura tôt ou tard à exé- cuter : qu'on débute en lui apprenant à copier une ancre siiujjle et vulgaire d'abord, une autre avec un enroulement, une troisième quelque peu plus ornée, un grillage à barres parallèles, à panneaux carrés ou circulaires; qu'on lui

( ^l"> )

indique ensuite qu'avec une légère adjonclion, ces objtis prennent un aspect artistique, et l'on peut être convainc ii «jue l'élève comprendra bien mieux cet enseignemcni , dont le cùlé pratique lui saule aux yeux, que toutes les corrections à propos d'un dessin d'après la figure qui lui aura été imposé, sans souci aucun de son métier

Les élèves en général saisissent fort bien ce qui peut leur être utile dans les études qu'ils doivent Caire. Si l'on constate actuellement cbez l'artisan élève une certaine inapplication, de la nonchalance, il faut l'attribuer en [)arlie à la trop grande généralisation des études.

JNos académies ne semblent avoir pour but que de créer des artistes et n'ont de l'utilité que pour le petit nombre de ceux qui les fréquentent. La grande masse des élèves reçoit une instruction qui ne leur sert pour ainsi dire à rien.

Aussi les plaintes des pères de famille sont-elles justi- fiées, car tous veulent donner à leurs enfants une instruc- tion prali(]up, en vue du métier auquel ils les destinent, dans l'espoir de trouver chez leurs fils, au bout de deux ou trois ans de dessin, un aide dans leurs travaux, un gagne-pain de plus aux lins d'alléger les charges de la famille.

On ne doit pas perdre de vue que, dans le ménage de l'artisan, l'enfant doit fournir sa quote-part d'entretien le plus loi possible. Si, après avoir fréquenté une école primaire jusqu'à l'âge de 12 ou 15 ans, l'élève entre dans une académie ou dans une école de dessin et que il doive pendant trois ans s'appliquer à reproduire des têtes ou des torses, il atleindra ses 16 ans sans comprendre une épure ou un plan, et c'est alors seulement qu'il sera

( 414 )

autorisé à suivre un enseignement se rapprochant plus de sa profession, mais encore trop général.

Avant d'en être arrivé à ce point, il peut s'être lassé des éludes, il aura pris le pli de l'inattention pour le travail, il sera peut-être déjà contraint d'abandonner entièrement le dessin pour ne plus songer qu'à gagner sa vie comme simple ouvrier.

Au lieu d'avoir développé l'intelligence de l'ouvrier ou de l'artisan, au lieu de lui avoir fait estimer son métier, on ne sera arrivé qu'à lui laisser pour le moins une indifférence complète; au lieu d'avoir réalisé un progrès, on aura produit une réduction de la valeur du travail en diminuant les connaissances spéciales, que chaque corps de métier doit posséder.

De ces considérations, il ressort que les nombreux ouvriers qui doivent travailler dans l'industrie du bâti- ment sont, au point de vue de l'enseignement, dans une situation des plus fâcheuses.

Au lieu de s'appliquer à les initier au dessin en tant qu'il leur sera nécessaire ou utile dans leur profession, au lieu de spécialiser la connaissance du dessin au point de vue du métier, on tient l'ouvrier éloigné des connaissances spéciales que l'enseignement devrait donner; on l'instruit comme si un jour il devait être un peintre ou un autre artiste. De cette façon, l'ouvrier, au lieu de perfectionner son métier, est contraint de suivre la voie de la routine; l'instruction que le père n'avait pas reçue, dont l'expérience lui avait fait sentir la nécessité et qu'il avait fait donner à son flls, n'a servi à rien.

Si, au contraire, cet enseignement avait été spécialisé, le (ils eût acquis des connaissances qu'il aurait pu utiliser,

( ^1^ )

il eùl créé un capital productif: la rémunération du travail, devenu intelligent, eùl été plus grande. Ainsi l'artisan pouvait trouver des ressources, dont son compagnon, qui n'avait pas eu le bonheur de recevoir le même enseigne- ment, était privé. De cette façon, l'artisan se relèverait à ses propres yeux, en même temps qu'il verrait son salaire augmenter, et ainsi naîtrait une richesse relative, un bien- être pour la famille entière.

L'enseignement, pour être rationnel, doit avoir pour objectif chacun des métiers considérés isolément. Il est élémentaire que chaque métier exige des connaissances spéciales; ce sont ces connaissances que l'on doit s'appli- quer à développer, à épurer, à rendre autant que possible artistiques. Alors l'artisan, abandonné à lui-même, devenu patron, travaillant d'après ses idées propres, exécuterait son travail moins machinalement, ne se contenterait plus de reproduire plus ou moins habilement ce qu'il a vu faire et ainsi que cela était fait. On ne verrait plus se pro- duire tant d'objets et tant de meubles sans goût aucun, sans élégance, sans grâce, en désaccord complet avec le milieu dans lequel ils doivent être placés.

Noussonmies loin du temps où, pour devenir patron, il fallait produire un chef-d'œuvre; si cet examen, auquel les aspirants patrons étaient soumis, existait de nos jours, beaucoup ne l'auraient pu subir.

Dans l'art de la construction, il est désolant de constater que les connaissances professionnelles et l'esprit d'ini- tiative font habituellement défaut, non seulement chez l'ouvrier, mais aussi chez le patron. Dans une construction de quelque importance, c'est l'architecte qui doit supporter tout le poids du travail; il ne suilil pas qu'il produise un plan avec tous les détails et les coupes, il faut qu'il indique

(4IC)

au maçon, au charpenlier et aux autres méliers qu'il emploie la façon d'exécuter l'ouvrage, la manière d'utiliser les matériaux. Aux connaissances que son arl réclame et qu'il doit posséder, il doit joindre les connaissances spé- ciales et techniques de tous les métiers. Et quand il s'agit de rornemenlalion intérieure du bâtiment, de l'ameuble- ment, le même phénomène se présente. Y a-l-il à placer un meuble, faut-il un décor, un foyer, c'est à l'architecte à faire le dessin, et encore doit-il prendre soin d'indiquer le moyen de l'exécuter. Le patron, tout comme l'ouvrier, abdique toute initiative, se borne à recevoir des instruc- tions et des ordres ; de cette façon, pour concevoir un plan et aussi pour l'exécuter dans tous ses détails, il ne reste qu'un homme, c'est l'architecte.

En résumé, au point de vue des intérêts de l'ouvrier, de son bien-être, de son amélioration sociale, comme aussi au point de vue de l'art en général, il convient que l'ensei- gnement professionnel soit mieux dirigé, davantage spé- cialisé, que l'on s'efforce de faire de l'artisan un artiste dans son n)étier. Ainsi, non seulement l'artisan se créera des ressources, mais encore le goût artistique se déve- loppera dans les masses et l'on n'aura plus à regretter les déplorables dégradations dont nos monuments publics, les hôtels, les maisons et nos parcs ont été l'objet.

Dans certaines de nos grandes villes, des efforts louables se font pour développer l'enseignement professionnel; notre but a été de signaler ces efforts, de les approuver et de les encourager. Tenant compte du résultat à atteindre, vous m'excuserez, Messieurs, d'avoir abusé pendant si longtemps de votre trop bienveillante attention. Applau- dissements.

I

(in )

iM. le secrétaire perpétuel proclame de la manière suivante le résultat des concours :

CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1890.

Les concours annuels ouverts par la Classe des beaux- arts de l'Académie ont donné les résultats suivants :

PARTIE L,ITTÉR%lRi:.

Quatre questions avaient été inscrites au programme de concours pour l'année actuelle. Elles avaient pour objet de demander ; Quelle était, depuis le XP siècle, la com- position instrumentale des bandes de musiciens employées par les magistrats des villes, etc. ; L'histoire de la céra- mique aux Paijs-Bas; L'influence, exercée en France par les sculpteurs belges du XV'^ siècle, et De déterminer les caractères de l'architecture flamande du XVI^ siècle.

La Classe a constaté avec regret qu'aucun mémoire ne lui a été présenté en réponse à ces questions.

ART APPE,IQIIÉ.

Peinture.

La Classe avait remis au concours, pour l'année actuelle, le sujet suivant, qui a ligure au programme de 1886 :

Projet de diplôme (dessin ou grisaille) destiné aux lau- réats des différents concours ouverts par l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.

( 418 )

La Classe désirait que ce projet fût conçu dans le carac- tère simple qui doit convenir à un diplôme académique.

Huit dessins ou grisailles ont été reçus. Ils portent les devises suivantes :

N"* 1. Vivre, c'est combattre.

2. Ars longa, vila brevis.

3. Prodesse et delectare.

4. Age quud agis.

5. Fama volât.

6. Harmonie. 1. Géométrie.

8. Plus d'ho7ineur que de travail, etc.

La Classe, se ralliant au rapport de sa section de pein- ture, vote le prix proposé de six cents francs au projet 5 portant la devise : Fama volât.

L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme auteur de ce travail M. Guillaume-François Hoffman, à Forest lez-Bruxelles.

Une mention honorable a été accordée, à l'unanimité, au projet n" 7 portant la devise : Géométrie.

L'auteur est prié de faire savoir s'il accepte cette distinction.

Gravure en médailles. La Classe avait proposé comme sujet :

Une médaille conimémorative de la loi qui a autorisé S. M. Léopold II à prendre la souveraineté de l'État indé- pendant du Congo.

L'avers est réservé à l'effigie de Léopold II.

( 419 )

Les concurenls avaient le choix, pour le revers, entre les sujets suivants :

« La Belgique et l'État du Congo imis sons une même souveraineté. »

« L'hlat du Congo accomplissant en Afrique son œuvre civilisatrice. » Prix : 600 francs.

La Classe a également constaté, avec regret, qu'aucun modèle ne lui a été soumis.

PRIX DE ROME.

Grand concours d'architecture de 1890.

D'après les décisions du jury chargé de juger le grand concours d'architecture qui a eu lieu cette année, le pre- mier prix a été décerné à M. Arthur Verhelle, de Bruges, élève de l'Académie royale des beaux-arls de Bruxelles;

Le seco7id prix à M. Adolphe Kockerols, d'Anvers, élève de l'Institut supérieur des beaux-arts de la même ville;

Une première mention honorable a été accordée à M. Emile Vereecken, d'Anvers, élève de l'Académie des beaux-arts d'Anvers et de MM. Schadde et J. Vereecken, et une deuxième mention honorable à M. Hubert Marcq, de Bruxelles, élève des Académies d'Anvers et de Bruxelles.

La séance a été terminée par l'exécution de la cantate : Sinaï, poème couronné de M. Jules Sauvenière, musique de M. Paul Lebrun, de Gand, premier second prix du grand concours de composition musicale de 1889.

( 420 ) Voici les noms des solistes :

M. Charles Waeyenberge [Moïse);

M. Auguste Van Gheluvve [le Récitant);

M"* Elvire Van Ackere [Marie, sœur de Moïse).

Les chœurs ont été chantés par les élèves du cours d'ensemble vocal du Conservatoire royal de Gand et les membres de la section chorale de la Société Royale « des Chœurs » de la même ville.

OUVRAGES PRESENTES.

Leltenhove [le baron Kervxjn de). Marie Stuart. L'œuvre puritaine le procès le supplice, 1S85-1 587, tonnes I et H. Paris, 1889; 2 vol. in-8°.

Tiberghien {G.). Discours prononcé aux funérailles de W A. Van Weddingen, le 10 juillet 1890. Bruxelles, 1890; extr. in-8'' (4 p.).

Harlez (C. de). I-LI, cérémonial de la Chine antique, avec des extraits des meilleurs commentaires, Paris, 1890; vol. 10-8» (408 p., 7 pi.).

Terby (F.). Considérations sur le mouvement de rotation delà planète Vénus. Bruxelles, 1890; extr. in-8°(10 p.et 1 pi.).

Sur de nouvelles observations des canaux de Mars et de leur gémination. Bruxelles, 1890; extr. in-8° (15 p. et 1 pi.).

Bambeke [Ch. Van). De l'existence probable chez Phal- lus impiidicus d'un involucrum ou indusium rudimentaire. Gand, 1890; extr. in-S» (9 p., 1 pi.).

Selys Longcliamps[Edm. de). Causeries odonatologiques, n"' 1 et 2. Pruxelles, 1890; extr. in-8° (6 p.).

( m )

liohijns [G.). Discours sur l'utilité de la oonnnissancc des liuiyucs vivantes et l'importimcc du Ihunand. Liège, iSÎJO; iii-S" (K; p.).

Deriiyts {Jacques). Sur les covariants primaires. Bruxelles, 1890; exlr. in-8° (19 p.).

Sur la réduction des fonctions invariantes. JJruxelIcs, 1800; cxtr. in-8° (7 p.).

Isnardo/i (Jacques). Le théâtre de la Monnaie dej)uis sa fondation jusqu'à nos jours. Bruxelles, 4890; vol. gr. in-S" (illustrations).

Giltée [Aug.). De hand en de vingeren in het volksge- loof. S. 1. nid. ln-18 (52 p.).

L'élude du folklore en Flandre. Bruxelles, 1890; extr. in-S" (19 p.).

Preudlwmme de Dorre {A.). Matériaux pour la faune entomologique des Flandres : Coléoptères, 4"° centurie. Bruxelles, 1890; in-S".

Matériaux pour la faune entomologique de la province de Brabant : Coléoptères, 5°" centurie, Bruxelles, 1890; in-8°.

Delaunois. Over de onmatiglieid. Uit het fransch ver- laald op last der rcgeering door Pol. Meirsschaut. Louvain, 1890;in-8»(83 p.).

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALK DES SCIENCES,

DES LKTTRES ET DES BEArX-ARTS DE BELGIQUE.

d890. JNoU. CLASSE DES SCIEi\CES.

Séafice du 8 novembre 1890.

M. Stas, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpélueL

Sont présents : MM. P.-J. Van Beneden, le baron de Selv. Ungchamps G. Dewalqne, E. Candèze, Éd. D po

G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon

Ch de , a Vallée Pouss.n, associés; Alpb. Renard, C. Le J^aige, L. Errera et F. Terby, correspondants.

BamLr ^'''r"' ^■;^^-^''''^^'^'-^ J- De Tilly et Ch. Van BambeKe, membres, s'excusent de ne pouvoir assister à la

séance

S""* SÉRIE, TOME XX

29

( 430 )

CORRESPONDANCE.

M. le Minisire de rinlérieiiret de rinslruclion publique demande l'avis de l'Académie sur l'adhésion éventuelle du Gouvernement belge au Congrès de Rome, oiî seraient représentés les États membres de l'Union géodésique internationale, à l'eiïel d'examiner les propositions de l'Académie de Bologne pour l'introduction à\m méridien initial unique, et de l'heure universelle. Renvoi à m\. Liagre, Folie et De Tilly.

Le même Ministre écrit qu'il a chargé les statuaires de Tombay et Hérain d'exécuter les bustes en marbre du chevalier X. de Burtin et de B.-Ch. Du Mortier, anciens membres de la Classe.

La Classe accepte le dépôt dans les archives de l'Aca- démie d'un billet cacheté deMM.A.-F. Renard et J. Cornet : Sur le mode de formation de la craie 'phosphatée.

M. le Minisire envoie, pour la bibliothèque de l'Aca- démie, les livraisons 289 et 290 de la Flora batava. Remerciements.

Hommages d'ouvrages :

Nouvelles stations préhistoriques des bords de la Meuse entre Profondeville et Annevoie ; par Tilo Zanar- delli;

La respiration des plantes; par Léo Errera;

( 431 )

Annalas délia Socielad rhaeloromanscha, i" annada, Coire;

4" Noie sur l'unification des heures au point de vue de l'exploitation des chemins de fer; par Louis de Busscherc. Renicrciemenls.

Les travaux mamiscrils suivants sont renvoyés ù l'examen de commissaires;

1" Contribution à la question de l'azote ; par A. Peter- mann. Second mémoire. Commissaires : MiM. Slas, Henry et Spring;

j\ew Quantitative test for bread, flour, albumen, etc. ; par John Barker Smith, de Londres. Commissaire : M. Spring.

RAPPORTS.

Il est donné lecture du rapport de M. Mansion, sur un mémoire de M. Catalan Sur l'ellipse de Brocard. Remer- ciements à l'auteur et impression de son travail dans le recueil des Mémoires in-^", avec la planche qui l'accom- pagne.

Sur les points d'inflexion dans les cubiques; par Cl. Servais.

Wtnppot't tic M. C. Ce Paige,

« Le mémoire soumis à la Classe par M. Servais con- tient un grand nombre de propriétés intéressantes des points d'inflexion d'une cubique. Ces propriétés ne sont

( 452 )

pas toutes nouvelles, mais elles sont toutes démontrées par un procédé uniforme et extrêmement simple.

L'auteur commence par exposer les propriétés des groupes de trois points AiAgÂs obtenus et projetant d'un point P, de la courbe, sur celle-ci, trois points d'inflexion alignés W.WgWg.

Il arrive aisément à ce théorème : Les rayons qui pro- jettent tous les ternes d'un même genre (A^AgAs) d'uii point quelconque à la cubique, forment une involulion cubique du premier rang.

Comme cas particulier, on obtient ce théorème curieux : Les trois ternes de rayons qui projettent d'un point quel- conque du plan, le terne de points d'inflexion situés sur les côtés d'un triangle inflexionnel, font partie d'une invo- lulion cubique de premier rang.

Si le centre de projection, au lieu d'être quelconque, est situé sur une droite inflexionnelle, ne faisant pas partie du triangle choisi, l'involulion cubique devient une involu- tion quadratique.

Je ne suivrai pas l'auteur dans les développements qu'il déduit des propriétés essentielles que je viens de rappeler : ces conséquences sont, pour la plupart, des propriétés connues, tandis que les théorèmes que j'ai reproduits me paraissent nouveaux et constituent la partie fondamentale du travail que j'analyse en ce moment.

Dans un second paragraphe, M. Servais arrive à éta- blir d'une manière élégante l'existence des neuf points d'inflexion d'une cubique, comme conséquence du théo- rème intéressant qui suit :

Si autour d'un point S de la polaire harmonique d\(n point d'inflexion Wj on fait tourner une sécante qui coupe

( ^'"55 )

la courbe en des points AjAoAj, les rayons W,A„ WiAj, W,A3 font partie iVune invotution cubique du premier rang.

La conlribulion nouvelle que M. Servais vient d'apporter à l'élude des cubiques, me paraît digne de l'approbation de l'Académie, et je serais heureux que la Classe voulut bien en ordonner l'impression au Bulletin de la séance ».

La Classe a adopté ces conclusions, auxqueJies ont souscrit les deux autres commissaires, mi Mansion et De Tilly.

Sur la dypnone; par Maurice Delacre.

a Les acétones, comme les aldéhydes, sont remarquables |)ar leur aptitude extraordinaire à fournir des produits de condensation sous l'action d'agents divers. Cette question générale est depuis longtemps l'objet de l'attention des chimistes; iM. Delacre a jugé utile, et avec raison, de s'en occuper à ï>on tour.

Comme objet de ses recherches, il a choisi l'acélophé- none CcH»— CO— CH3, dont les condensations sont plus nettes que celles de l'acétone ordinaire.

Sous l'action du zinc-éthyle et sous l'action de l'acide chlorhydrique, l'acélophénone donne naissance par élimi- nation d'eau à une acétone de condensation, non saturée, de la formule

/

( 434 )

Ce produit correspond, comme on le voit, à l'oxyde de mésilyle

Cil,.

CH.

>C = CH— CO CFI3,

dont M. Kekulé a fait connaître la véritable constitution.

Pour en rappeler l'origine et faciliter la nomenclature de ses dérivés, M. Delacre a donné à ce composé le nom de dypnone, hypnone est, comme l'on sait, le nom sous lequel est désigné Tacétophénone dans le domaine médical.

La dypnone constitue un liquide épais d'un jaune clair, incristallisable et non distillable. M. Delacre décrit l'action de la phénylhydrazine, de l'hydroxylamine et du brome sur ce composé. Ces constatations ne laissent aucun doute sur la nature acétonique et le caractère non saturé de ce pro- duit. M. Delacre a encore examiné l'action de la chaleur; cette action paraît fort compliquée et fournit divers corps, parmi lesquels le plus intéressant est la triphényl-benzine symétrique 4 3 5. C'est ce même hydrocarbure qui se forme encore comme produit principal dans l'action du pentachlorure de phosphore, de l'acide chlorhydrique et du zincélhyle sur la dypnone.

Le mécanisme de sa production reste encore à trouver. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer avec M. Delacre que la formation de la dypnone précède celle de la triphényl- benzine, dans la réaction prolongée de l'acide chlorhydrique sur l'acétophénone, selon MM. Berlhold et Engler.

Le travail de M. Delacre se distingue par le même soin scrupuleux et patient qui caractérise toutes ses recher- ches.

J'ai l'honneur de proposer à l'Académie : d'insérer

( 435 ) dans les Bulletins ce nouveau Mémoire de notre jeune et actif correspondant, et, 2" de lui voter des remer- ciements pour ses fréquentes et si intéressantes commu- nications ».

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. Spring, second commissaire, s'est rallié.

Sur le nouveau genre Posadaea de la famille des Cucurbi- lacées; par Alfred Cogniaux.

Mtappot't de Êt.ft^ Cfépit» et Gilhiitet.

a Nous avons pris connaissance de la note de M. Cogniaux intitulée : Le nouveau genre Posadaea, de la famille des Cucurbitacées et nous jugeons que celte note est digne d'être insérée dans le Bulletin de l'Académie. » Adopté.

La réduction des nitrates en nitrites par les graines et les tubercules; par É. Laurent.

Rapiiorl He M, CHIkittet, pi'entiet' cotttittiêêaive.

a Dans la note soumise à notre examen, M. Laurent fait connaître le résultat de ses nouvelles recherches sur la réduction des nitrates. Il constate que les graines de maïs, d'orge, de pois, de lupin blanc, de fève et de haricot,

( 436 )

préalablement sléiilisées, mises à germer el plongées ensuite dans une solution de nitrate potassique à i'/o. donnent lieu à production de nitrite, à la condition, toutefois, que les graines soient recouvertes d'une couche épaisse de liquide. Au contraire, il n'y a pas de réduc- tion, lorsque la couche de solution nitrée ne présente qu'une faible épaisseur et offre une grande surface d'aéra- tion.

D'après l'auteur, la réduction constatée dans le premier cas doit être attribuée au fait que les graines empruntent au nitrate une partie nécessaire à leur respiration. M. Laurent ne nous fait pas connaître explicitement la cause à laquelle il attribue l'absence de réduction dans le second cas. Toutefois, on peut inférer de ses conclusions qu'il admet alors une oxydation aux dépens de l'oxygène de l'air.

Le réactif employé pour déceler le nitrite est unique- ment le chlorure de naphtylamine en présence des acides chlorhydrique et sulfanilique. L'honorable M. Stas et moi- même, nous avons constaté précédemment que ce réactif n'était pas à l'abri de toute critique.

L'auteur a observé la réduction du nitrate par les tuber- cules de topinambour, de radis, de navet, etc., ainsi que par les pétioles, les pédoncules el les fruits de différentes plantes. 11 constate enfin que par une élévation de tempé- rature convenable, par l'immersion dans l'alcool le chloroforme, on peut tuer les cellules sans en faire dispa- raître entièrement le pouvoir réducteur, ce qui conduit à la supposition qu'il existe dans les tissus végétaux des substances douées de propriétés réductrices.

Nous devons faire remaquér à l'auteur que celte expé-

( 437 )

rionce semble en conlradiclion avec sa conclusion, qu'il lormule de la manière suivante :

a La réduction des nilrales en nilriles par les végétaux » est, comme la fermentation alcoolique, une conséquence » de la vie qui se continue dans un milieu privé d'oxy- * gène libre ».

La note de M. Laurent étant la suite des communica- tions qu'il a adressées à l'Académie sur le même sujet, j'ai l'honneur d'en proposer l'insertion au Bulletin de la séance. »

Mtappoi'l de 3Ë. Kt'fet-a, aecoitil conttniaaaifB.

« A l'analyse si claire que mon savant confrère, M. Gil- kinet, a faite du travail de M. Laurent, je n'ai que deux mots à ajouter.

Il n'est pas tout à fait exact que l'auteur se soit unique- ment servi du chlorure de naphlylamine pour déceler les nilrites. Bien au contraire, comme M. Laurent le dit dans sa note, il a employé pour ses premiers essais à la fois le réactif iodé, la métaphénylène-diamine et le chlorure de naphtylamine. C'est seulement après avoir constaté qu'ils donnaient des résultats concordants, qu'il s'est tenu au plus sensible et au plus caractéristique de ces réactifs.

Quant à la contradiction relevée par le savant premier commissaire, elle me semble plutôt apparente que réelle. Beaucoup de physiologistes admettent, en effet, aujour- d'hui, que la respiration ne se fait point directement, mais par l'intermédiaire de corps avides d'oxygène, produits

I

( 438 )

par le protoplasme. Quoique la production de ces corps soit un phénomène vital, leur pouvoir réducteur peut très bien survivre à la cellule. Les expériences de M. Laurent ne me paraissent donc pas en conflit avec ses conclusions. Aussi est-ce avec grand plaisir que je me joins à mon confrère, M. Gilkinet, pour proposer l'insertion du travail de M. Laurent dans le Bulletin de la séance. » Adopté.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

A l'occasion des variations de lalihide constatées à Berlin, à Postdam et à Prague; par F. Folie, membre de l'Aca- démie.

J'étais précisément occupé à réduire les hauteurs du pôle déterminées par Peters à Poulkova en 1842, en cherchant à introduire dans cette réduction plusieurs corrections dont les astronomes ne tiennent encore aucun compte, lorsque j'ai reçu le travail de M. Helmert.

Je me suis demandé aussitôt si les variations (réelles ou apparentes) de la hauteur du pôle, constatées à Berlin, à Postdam et à Prague, ne pourraient pas être notablement diminuées en ajoutant aux termes ordinaires de l'aberra- tion les termes périodiques de l'aberration systématique. Il y aurait lien, alors, de corriger les hauteurs du pôle obtenues dans les trois Observatoires, de l'aberration systé-

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(439)

raalique en déclinaison, dont le lerme principal esl de la l'orme :

A-î = k [Xa -+- B^>) sin r? cos (A' a),

k étant un coetTicienl qui renferme comme facteur la vitesse du système solaire, Âa h- B6 la notation en usage dans la connaissance des temps, A' l'apex du mouvement systé- matique, a et ^ les coordonnées de l'étoile.

J'ai calculé ce terme (au facteur k près) pour les obser- vations de Pelers qui s'étendent du 14 mars au 19 décem- bre 1842, avec une lacune, toutefois, du 20 octobre à cette dernière date, et j'en ai fait un diagramme, en adoptant une échelle qui me donnât des ordonnées maxima et miniraa à peu près égales à celles des courbes de M. Hcl- mert. Ce diagramme, qui porte le n" 1 dans la planche ci-jointe, esl fort semblable à la courbe de Berlin, qui y figure également.

La ressemblance est surtout frappante si l'on transpose le diagramme de la manière dont il est ligure sous le 2.

L'application de cette correction à toutes les étoiles qui ont été observées à Berlin, à Posldam et à Prague exige- rail un labeur très considérable, el je doute qu'on l'entre- prenne avant d'être (ixé sur la grandeur de la viiesse de transport du système solaire.

C'est dans le but de la déterminer que j'ai entrepris les calculs dont je viens de faire mention.

Il m'a paru intéressant de les rapprocher des variations de latitude constatées, et que j'hésiterai à croire réelles aussi longtemps que je ne serai pas fixé sur plusieurs points encore obscurs des formules des réductions stellaires.

( 440 )

Sur les graptolilhes de Belgique; par le professeur C. Malaise, membre de l'Académie.

Les graptolithes, objet de nombreux travaux dans ces dernières années, ont acquis, pour les terrains paléozoïques inférieurs, une importance aussi grande que les ammonites pour les terrains mésozoïques et les mammifères pour les terrains néozoïques.

Les géologues et les paléontologues stratigrapbes s'occu- pent plus spécialement de l'étude des espèces quant aux caractères que celles-ci peuvent leur fournir, au point de vue de l'âge relatif et du synchronisme des formations géologiques. Sous ce rapport, les polypiers laissés par les graptolithes ont parfaitement répondu à ce que les géolo- gues attendent des fossiles.

Les polypiers à formes délicates et variées, laissés par ces intéressants hydrozoaires, ont permis de constater que certaines espèces caractérisaient des niveaux et des zones, la même espèce a une aire de dispersion d'une très grande étendue.

Les graptolithes se rencontrent dans le silurien à diffé- rents niveaux, lesquels sont parfaitement bien caractérisés par des espèces et des genres spéciaux. Ceux que l'on trouve à la base de ce terrain sont dendroïdes ou à plusieurs branches, à rameaux unilatéraux, ou n'ayant des cellules que d'un seul côté. Ils caractérisent la faune seconde infé- rieure. Ceux de la faune seconde supérieure sont simples, mais diprionidés ou bilatéraux, c'est-à-dire ont deux rangs de cellules de chaque côté.- Ceux de la faune troisième sont généralement monoprionidés, ou simples et unilatéraux, à

I

( 44i ) une seule rangée de cellules. Il y a des genres qui établis- sent le passage entre les diprionidés et les monoprionidés, notamment le Dimorphograplus, qui est simple et diprio- nidé à la base avec cellules bilatérales, et qui se divise au sommet en deux branches, monoprionidé, à cellules unilatérales.

Les graptolithes ont fourni de nombreux et précieux points de repère des zones ou horizons géologiques en Angleterre, en Ecosse, en Irlande, en Scandinavie, en Bohême, en Tliuringe et dans l'Amérique du Nord.

Souvent même, il arrive que les graptolithes repré- sentent à eux seuls certains niveaux ; les autres fossiles manquent, et les strates sont réduites à des couches ne renfermant que les polypiers de ces hydrozoaires. Des couches noires ampéhteuses, considérées comme de même âge, ont été reconnues, grâce aux graptolithes, comme constituées de plusieurs niveaux différents.

La position des graptolithes dans la série animale a été très disculée; ils ont tour à tour passé pour des céphalo- podes, des bryozoaires, des actinozoaires et des hydro- zoaires. M. le professeur C. Lapworlh dit qu'ils font partie actuellement de la famille des plumaridés, au bas de l'échelle des hydrozoaires, dans le sous-ordre deshydroïdes, au voisinage immédiat des rhizopodes. M. le professeur P.-J. Van Beneden, qui les considère comme des forami- nifères (1), paraît donc aussi les rapprocher de la position assignée en dernier lieu.

L'élude de la répartition slratigraphiquedes graptolithes dans les différentes régions siluriennes du globe a montré qu'ils se répartissent en six niveaux principaux, dans

(t) Opinion jadis admise, également, par Qucnslcdt.

( 442 )

lesquels on a observé un certain nombre de zones. Ces niveaux sont les suivants :

C. Pour la l'aunu iroisièiue ou silurien suiiérieur.

6. Graptolitlies des niveaux de Wenlock et de Ludlow.

5. Graptolitlies du niveau de Llandovery. B. l'our la faune seconde ou silurien inférieur.

4. Graptolitlies du niveau de Bala ou Caradoc.

o. Graptolitlies du niveau de Llandcilo.

2. Graptolitlies du niveau de l'Arenig. A. Pour la faune primordiale on cambrien supérieur.

i. Graptolitlies du niveau des schistes à UicUjoucma sociale ou Dictyuiiema jlabclliformis.

Nous possédons ces divers niveaux : !2, 4, 5 et 6, d'une façon positive, et 1 et 5 d'une façon problématique.

Quoique l'on rapproche Diclyonema sociale des grapto- litlies, on n'a pas encore signalé ces derniers en compa- gnie de Diclyonema sociale, dans les diverses localités ce fossile a été observé en Belgique.

Le niveau équivalent de LIandeilo pourrait se trouver à Sart-Bernard, dont quelques graptolitlies paraissent être des espèces caractéristiques de ce niveau.

Lorsque je présentais à la Classe des sciences, en 1869, mon mémoire sur le terrain silurien, imprimé en 1875(1), je ne connaissais que le Climacograpliis scataris et le Monograptus priodon, à deux niveaux différents. J'indi- quais à Statle 6' /ûiiacogra/î/Ms sca/am; mais un examen

(1) C. JJalaise : Description du terrain silurien du centre de la Belgique. (iMcmoircs couronnes et Mémoires des savants étrangers, publiés par lAcadémic royale de Belgique, t. XXXVII, pp. 102 à 104, Bruxelles, 1875.)

( 443 ;

ultérieur plus allenlif, alors que j'étais mieux préparé à ce genre d'études, m'a démontré que c'était Diplograptus pristinifunnis, espèce de l'Arcnig.

Depuis lors, j'ai rencontré de nombreux graptolithes dans le silurien du massif du Brabant et dans celui de la bande de Sanibre-el-Meuse, je puis citer actuellement quarante espèces réparties dans différentes zones des faunes siluriennes seconde et troisième.

Si sous le rapport du nombre, les graptolithes de Bel- gique ne peuvent pas encore se mettre en parallèle avec ceux des régions classiques siluriennes des lies britan- niques, de Scandinavie et de l'Amérique du Nord; sous celui de la conservation et de la beauté des spécimens, notre pays n'a rien à envier aux régions siluriennes les plus favorisées.

Nous avons donc, actuellement, quarante espèces répar- ties straligraphiquement dans le silurien belge, alors que l'on n'en connaissait que deux en 1869.

Depuis lors, nous avons recueilli de nouveaux grapto- lithes, dans divers gisements de la bande de Sambre-et- Meuse, gisements que nous comptons faire connaître lorsque nous décrirons la constitution de ladite bande.

L'exploitation des eurites quartzeuse^ ou rbyolites à Grand-Manil, qui a pris une certaine extension dans ces derniers temps, nous a permis de récoller de nouveaux graptolithes au sud de ce gisement, et nous espérons, prochainement, pouvoir y reconnaître plusieurs zones.

Nous avons pu constater que, pour la plupart des espèces rencontrées en Belgique, il y a concordance entre les divers horizons que l'on a établis dans les Iles britanni- ques, en Scandinavie, dans l'Amérique du Nord, etc., et la position que ces graptolithes occupent en Belgique.

( 444 )

A la séance du 3 février 1883, dans ma note Sur In constitution du massif silurien du Brabanl (1), j'annonce que j'ai trouvé au hameau d'Insépré, nom qui doit être remplacé par celui de Broqiietia (Malonne), à 2,600 mètres au S.-E. de Malonne, Monograptus priodon, associé à Cardiola internipla et à Orthoceras, sp.

Je présente à la Société géologique de Belgique, le 18 février 4883, « des exemplaires de Monograptus priodon et une contre-empreinte de Cardiola inlerrupla, représentants de la faune troisième et provenant de la bande de Sambre-et-Meuse (2) b.

A la séance du M juillet 1887, j'annonce à la Société géologique de Belgique que j'ai reconnu « trois niveaux à graptolithes dans la bande de Sambre-et-Meuse :

A. Cliiiiacograptus sculari.i? à la partie inférieure, puis

B. Monoijraplus priodon.

C. Monograptus colonus.

Le Monograptus priodon est très abondant à la partie inférieur de B et Monograptus colonus dans la partie supé- rieure de C (3) ».

Je signalai parmi les graptolithes les plus caractéristi- ques de la bande de Sambre-et-Meuse, Monograptus colo- nus et Monograptus priodon, rencontrés en un très grand

(1) Bull, de l'Acad. roy. des sciences, etc., de Belgique, 3" série, t. V, p. 206. Bruxelles 1885.

(2) Annales de la Société géologique de Belgique, t. X, BnUefln, pp. xcv-xcvi. IJège, 1885.

(5) Ihid., t. XIV, Bulletin, p. clxxxiv, Liège, 1888.

( un )

nombre de points, que de nouvelles recherches augmente- ront encore.

En 1887, profitant de la réunion, à Manciiesler, de l'As- sociation britannique pour ravancement des sciences, je passais à Birmingham, chez le professeur Ch. Lapworth, bien connu pour ses beaux travaux sur les graplolithes. Le savant professeur de Mason-Science-Collcge me reçut très cordialement et m'aida beaucoup dans l'étude des graptolithes de Belgique.

D'autre pari, dans le courant de cette année, en juillet 4890, j'ai reçu la visite de M. le D"" Sv. Leonh, Tôrnquist, attaché à l'Université de Lund, qui a également reconnu les grandes analogies qui relient la Belgique graptolithique à la Scandinavie, et, par suite, aux lies britanniques et à l'Amérique du Nord.

Le 19 février 1888, j'annonçai à la Société géologique de Belgique que j'avais reconnu a trois niveaux à grapto- lithes dans le silurien du Brabant, correspondant à des zones bien caractérisées dans les lies britanniques :

i" Le niveau inférieur correspond à celui de Bala et de Caradoc;

Le niveau moyen, équivalent de LIandovery, est admirablement et richement représenté;

5" Le niveau le plus récent est caractérisé par la faune troisième supérieure de Wenloch et de Ludiow. »

Le 20 novembre 1888, je dis à la même Société que « jusqu'à présent, j'ai reconnu trois niveaux à grapto-

(1) Annales de la Socicté gcoloyiquc de Belgique, t. XV, Bulletin, j), Lxxv, Liège, 1888.

O"** SÉl'.IE, TOME XX. 50

( 446 )

lithes dans la bande silurienne de Sambre-el-Meiise, qui sont, à partir de la base :

y> i" Les schistes noirs de Huy, etc., à Dichograptus octobrachialus , Dichograptus hexabrachiatvs, Didymo- graplus Murcliisoni et Diplograptus pris fini formis ;

j> 2" Schistes quartzeux grisâtres, plus ou moins ferru- gineux à Monograptiis priodon ;

» Schistes et psammites à Monograptus colonus {i). »

J'avais assimilé, en 1873, un graptolilhe trouvé dans la tranchée de Stalle, près de l'ouverture occidentale du tunnel, au CAimacograplus scalaris que l'on trouve à Grand-Manil. Depuis lors, ayant pu recueillir, en 1886- 1887, des échantillons nombreux et en boji étal à Huy, j'ai pu m'assurer que ce graplolilhe est le Diplograptus pristiniformis, Hall.

Le premier niveau, celui que l'on peut très bien voir à Huy, à Slatte et à Sart-Bernard, est l'équivalent de l'Are- nig; le deuxième correspond au Wenloch et le troisième au Ludiow.

Examinons successivement les différents niveaux que l'on trouve dans le silurien du Brabanl et dans la bande de Sambre-et-Meuse, en appelant l'attention sur les prin- cipaux gisements, types des niveaux équivalents à Arenig, Caradoc, LIandovery, Wenlock et Ludiow.

Dans le massif silurien du Brabanl, il y a trois niveaux à graplolilhes que Ton voit très bien à Grand-Manil, Le niveau le plus inférieur se trouve dans les schistes fossili-

(d) Ann. de la Soc. fjéol. de Belgique, t. XV, IlidUlin, p. xi.iv, Liège, 1888.

( 447 )

l'ùres bien connus, l'on renconlrc des traces assez ;ibon(lan(es de Climacograptus. Les échantillons sont en trop mauvais étal de conservation pour pouvoir les déter- miner spéciOiiuement. On peut les rapprocher, également, de Climacograptus candaliis, l.apw., (.7. siyloideus, Lapw., CL tubxdi férus, Lapw.

Immédiatement au-dessous et au-dessus des euriles ou rhyoliles, au-dessus surtout, on voit le niveau caractéris- tique des graplolithes du LIandovery.

CUmacwirapius normulia, La|jw. {Cl. scaluris, L. sp. var.)

rectdiKjularis, M' Coy. iHiuoyhofjraptus elomjatu.i, Lapw,

Swanstotit, Laiw. [Hplograplits inodeains, Lapw.

vetiiciilosus'f ^\ch.

Monoijvoptiis (jrecjarius, Lapw. (.]/. sagiltariu.s, His.)

lepiotlteca, Lapw.

letiuis, Portl. {.tf. discreciis, Nich.)

Ce niveau à graptolilhes, très remarquable, se trouve en Angleterre à la base iJu LIandovery. C'est le niveau de Grand-Manil, imminédiatement supérieur aux eurites ou ryolilhes anciennes.

En dessous de ces roches, on trouve également des traces de graptolitlies, qui se rapprochent des espèces précitées, an moins de Climacorjraptus normalis, mais en trop mauvais étal pour pouvoir assumer une détermi- nation spécifique.

Le niveau à graptolithe de LIandovery se retrouve à SombrefTc (?), Nivelles el Monstreux, au voisinage des euriles, et à Fauquez (litre), Rebecq (?) el Corlil-Wodon (?).

On observe dans ces divers gisements au moins une des espèces qui caractérisent le niveau de Grand-.Manil.

A quelques centaines de mètres plus au sud, au point

( 4-48 ) l'Orneau tourne ;'i droile, j'ai rencontré la faune de Wenlock.

MonograplHS [lolieviicii.i, Bair.

Galaetis's, ? Lapw.

(conf ) pcrsonaïus, Tullb.

prindoii, Bronii.

l'foteiis, Barr.

(conf.) Sedfjwiclii, Porll.

subcoiiiciis, Tuinq.

On y trouve également : Prolovirgularia dichotoma, M' Coy.

Un examen plus attentif et de meilleurs échantillons recueillis à Monstreux, près Nivelles, me font rapporter les échantillons encore assez mauvais y récoltés à Mono- groplus Bohémiens et M. colomis, espèces de Ludiow.

D'autre part, nous venons de voir que nous avons à Grand-Manil, à un niveau supérieur à celui du voisinage des eurites, Monograplus priodon, = Wenlock; également à Grand-Manil, au-dessus surtout et au-dessous des eurites ou rhyoliles, Monograptns gregarius, Lapw, Climaco- graplus normalis, Lapw. = LIandovery. Et plus au Nord, le niveau de Caradoc.

Tous ces divers niveaux appartiennent à la faune troi- sième.

Comme conséquence de ces découvertes, il faudra donc modifier l'échelle slratigraphique du silurien, donnée en 1883 (1), de la façon suivante : l'échelle stratigraphique

(1) C. Malaise. Sur la constitution du massif silurien du Bra- bant. (Bull, de l'Acad. royale des sciences, etc., de Belgique, série, t. V. p. 201. Bruxelles, ISSô.)

C. Malaise. Sur la composition du massif ardoisier du Hrabanl. (Annales de la Soc. géologique de Belgique, t. X, Mémoires, p. 22. Liège, 1882-1883.)

( i4l) ) du cambrien ne changeani pas. Il laiil retrancher de l'assise de Gemhloux les schistes à graplolithes el les reporter dans l'assise de Rontjuières. Ces «leux assises seront alors modifiées de la façon suivante :

AS»iISE »C nO.I'QlUKnEJS (S 3).

Quartzites, grès et phyllades à Monograplus colonus, Monagraphis priodoii, Cliniacograplits scalaris, L. sp. (Faune troisième). Eurites quarizeuses ou rhyolithes.

(Puisssance approximative : 600 mètres.)

S 3/'. Schistes ou phyllades gris-hicuàtre ou gris-noirâtre, mats, plus ou moins feuilletés; jaunâtres et grisâtres par altération (traces de calcaire et d'aragonite, recherches d'ardoises), à Monograptus colonus.

3e. Quartzites stratoïdcs, grès ou psammites feuilletés gris-verdâtre ou jau-

nâtre à Monograptus priodon.

3(/. Schistes ou phyllades gris-verdâlre ou gris-uoirâtre.

3c. Schistes noirâtres et grisâtres à Clintacograptus scalaris.

Sb. Eurites quartzeuses ou rhyolithes anciennes.

3o. Schistes ou phyllades noirâtres à Climacograptus scalaris.

ASSISE ne CiE.lIBI.OUX (S 2).

Schistes ou phyllades noirâtres ou bleuâtres, simples ou quarlzeux, pliis ou moins pailletés et pyritifères; gri- sâtres, jaunâtres et brunâtres par altération; à Orthis, Calymene, etc. (Faune seconde). Porphyroïdes.

(Puissance approximative : HOO mètres.)

S "le. Porphyroïdes.

'2b. Schistes quartzcux fossilifères à Orthis, Cahjmene, Trinuclcus, etc.

la. Phyllades ou schistes quartzeux, plus ou moins psammitiques, parfois

pailletés, bleuâtres, grisâtres ou bigarrés des deux.

Dans la bande de Sambre-et-Meuse, nous avons les équivalents de Ârenig, Wenlock et Ludiow.

Citons parmi les graplolithes caractéristiques du niveau

( 450 )

d'Arenlg que l'on observe aux exlréniilés orienlales et occidentales du luniiel de Huy-Stalte et de la grande tranchée entre Sari-Bernard el Naninne (1) :

Climacograptus anlenuarius, Hal

Scliarctibergi, Lapw

Dichograptus hexabrachyatiis, Mal

multiplex ? Nich

ociobrachijatus, Hall

IHdymograptus iiiilcntii-i, Hall. var. tiaiiuf!, Loven

Murcliisoni, Beck

Nicliolsoni, Lapw

nitidiis? Hall

pseudo-elegans, Mal

Diplograptus foliaceus ? Muvch

pristiiiifonni.s, Hall

[Cryptograptiis) iricornis, CaiT. . Phyllograptus aiiguslifoliiis, Hall

typus, Hall .......

Pluinograptus

Tetragraptus bryonoides, Hall

? Thamnograptus .... .... . .

? Trochograplus

(I) C. Malaise. Les s-hisics siluriens de Huy, et leur si(jnificalio7i

géologiques. ( \nnalns de la Société géologique de Belgique, t. XV,

Bulletin, p. xxxix. Liège, 1888).

C. M.ALAisE. Sur les schistes noirs de Sari-Bernard. {Ibid., p. lxxiv.) C. Malaise. Découverte de la faune de la base du silurien en Belgique,

(Bull, de l'Acad. royale des sciences, etc., de Belgique, 5" série,

t. XV, p. 305. Bruxelles, 1888.)

( 451 )

Accompagnant ces graplolillies nous avons : Caryocaris Wrig/itii, Sali, cl ^rjlina binodosa, Sait.; et parfois Lin- guln, sp., Uyolithes, sp., reste de divers trilohitcs; excré- ments d'annélidos, l'ucoïdes et cornets d'emboîtements [cône in cono).

Au sud-est de Naninne, dans les schistes quartzeux, fer- rugineux et brunâtres à la surface des feuillets, se trouve un très beau gisement du niveau de Wenlock, gisement qui m'a été indiqué par M. Arm. Lambotle, et dans lequel j'ai reconnu les espèces suivantes :

Cijrlo<jrui)tus Murchisvui. CaiT. Monograplus lioliemicus, Barr.

circinatusyTornq.

Mlssoiii, Barr.

phodon, Bronn.

vomeriuus, Mcli. Retiolites Geinitzianiis, Barr.

On y trouve également Cardiola inlerrupla et OrtfiO' ceras, sp.

A la limite de Fosse et de Malonne, près de la roule de Fosse à FloreiTe, sur la rive droite de la Fuette, on voit des graptoliilies du niveau de Wenlock, représentés par :

MonofjraptUi colonus, Barr.

?îtlssoui, Barr. Retiolites Geiiiitziaiius, Barr.

On y voit aussi Ort/wceras, sp. et Cardiola interrupta.

Nous avons donc, dans le massif silurien du Brabant et dans la bande de Sambre-et-Meuse, la plupart des équi- valents des niveaux à graptolithes des Iles britanniques.

( 452 )

Massif dc Brabant.

Bande de Sambre-et-Meuse.

6. b. I.udlomv.

Monstreux. Fosse, Malonne, etc.

G. fit. Wenlock.

Grand-Manil, à 200 mètres au sud des Naainne, Malonne, etc.

eurites, etc.

5. Llandover

Grand-Manil, près des eurites ou ryolithes.

Fosse ?

4-. Caradoc.

Grand-Manil, Gisement à 0«/î«, Fosse? Gisement à Orthis, Triiiit-

Trinucleus, Calymene, etc. cleus, Calymene, etc.

3. Llandeîlo,

Non observé. Sart-Bernard ?

"Z, Arenig

Non observé.

Huy, Statte, Sart-Bernard ,

1. Dictj

Non observé.

Non observé.

Mais on rencontre Dictyonema sociale aux environs de Spa et autres localités du massif cambrien de l'Ardenne.

( 453 )

Sur les points d'inflexion dans les cubiques ; par Cl. Servais, répétiteur à l'Université de Gand.

§ I.

1. Soient W,, Wj, W3 trois points d'inflexion d'une cubique situés en ligne droite; les droites qui joignent un point quelconque P] de la courbe à ces trois points déter- minent trois nouveaux points A,, A,, A3 de la cubique. Si P^ et P3 sont les intersections des droites AjW^ et A1VV3 avec la cubique, les points P.,, W3, A.2 seront collinéaires, ainsi que les points P,, W-,, A3. Le terne A^AgAgest donc la projection des trois points Wj, Wg, W3 faite d'un des points P,, P,, P5. On peut obtenir une infinité de ternes analogues à AjAoAsetun point de la courbe ne lait pariie que d'un seul de ces ternes; nous les appellerons des ternes de même genre.

2. Si l'on projette un terne A, A2A3 d'un point Q, de la cubique, on obtient un terne B1B2B5 de même genre que A,A2A3, c'est-à-dire pouvant être déduit par projection des trois points W,, W.,, W3. En effet, soient R et R' les points d'intersection des droites B^W, et B2W3 avec la cubique; des deux groupes de points collinéaires B,, W,, R et Al, W,, P,, on conclut que les deux droites Q,W| et P,R se coupent sur la cubique, il en est de même des deux droites Q,W^, P,R', à cause des deux groupes B,, W3, R' et A2, Wj, Pj. Les deux points R et R' sont donc coïnci- dents et le terne B1B2B3 est de même genre que A,A2A3.

( iU )

On déduit de le théorème suivant :

Les rayons qui projettent tous les ternes de même genre, d'un point quelconque de la cubique, forment une involu- tion cubique du premier rang.

3. Les trois points d'inflexion W^, W2, W3 constituent un terne du genre A1A2A3; on le voit en prenant pour centre de projection un des trois points Wi, Wg, W3. Si on les projette d'un autre point d'inflexion, on voit que les six points d'inflexion restants forment aussi deux ternes de même genre. Un terne AiAsÂs peut donc se déduire de l'un des ternes de points d'inflexion situés sur les côtés du triangle inflexionnel dont l'un des côtés est W1W2W3. Comme il y a quatre triangles inflexionnels, il y. aura quatre genres de ternes, mais un seul est réel. Les droites qui unissent les quatre couples de points, qui complètent les ternes définis par le point A^ de la cubique, passent par le tangentiel de ce point. Cela résulte d'une propriété qui sera démontrée au n" 5.

On peut aussi énoncer le théorème suivant :

Si l'on joint un point de la cubique aux trois ternes de points d'inflexion situés sur les côtés d'un triangle inflexionnel, on obtient trois ternes de rayons faisant partie d'une même involution cubique du premier rang.

4. Par un point quelconque du plan passe une cubique ayant pour points d'inflexion ceux de la cubique; on peut donc remplacer dans le théorème précédent le point de la cubique par un point quelconque du plan, et obtenir le théorème plus général :

Les trois ternes de rayons qui projellenl d'un point quelconque du plan les ternes de points d'inflexion situés sur les côtés d'un triangle inflexionnel, font partie d'une involution cubique du premier rang.

Si l'on prend un sommet du triangle pour centre de pro-

( 433 )

jeclion, rinvolulioii a deux élémenls triples; on retrouve ainsi la propriélé :

Deux sounnets d'un triangle inflexionnel sont les points du hessien des trois points d'inflexion, situés sur le côté qui les unit.

On peut dire aussi :

Les quatre droites inflexionnelles qui passent par un même point d'inflexion forment un groupe éqtiianharmo- nique.

Prenons le centre de projection en un point quelconque d'une droite inflexionnelle, qui n'est pas un côté du triangle inflexionnel considéré. Cette droite sera un rayon de l'involulion faisant partie de trois groupes; donc l'invo- Itition cubique se réduit à une involulion quadratique et à un rayon fixe. Comme la droite choisie est une transver- s;ile pour trois triangles inflexionnels, on peut dire :

Si Von joint un point quelconque d'une droite inflexion- nelle aux six points d'inflexion non situés sur cette droite, on obtient six rayons qui peuvent être partagés, de trois manières difl'érentes, en trois couples de rayons faisant partie d'une involution quadratique.

5. Lorsque trois points d'inflexion sont collinéaires, leurs polaires harmoniques sont concourantes; nous dirons que ce terne de polaires correspond à la droite inflexion- nelle.

Cela étant, on a le théorème suivant :

Les trois ternes de polaires harmoniques, correspondant aux côtés d'un triangle inflexionnel, déterminent sur une droite quelconque trois ternes de points appartenant à une involution cubique du premier rang.

On déduit de là, par un choix convenable de la sécante, les propriétés :

( 456 ;

Une polaire harmonique est coupée par les antres en quatre points, formant un groupe équiunhar rnonique ;

Une droite menée par le point de concours de trois polaires harmoniques coupe les six autres polaires en six points, qui peuvent être partagés de trois manières différentes , en trois couples appartenant à une invoiution quadratique.

6. Pour obtenir les éléments singuliers de l'involulion cubique formée par les rayons qui projettent d'un point Qi de la courbe tous les ternes AiÂgAg de même genre, nous démontrerons une propriété du terne AjAgAs- Soit Ri le point d'intersection de A2A3 avec la courbe, ce point étant pris pour centre de projection; A, est projeté en A3 et A3 en A^; donc R) est le tangenliel de A|. Par consé- quent : Les tangenliels des sommets du triangle AjA2A3 sont situés sur les côtés opposés et forment un terne de même genre. Cela étant, on a un rayon double de l'involu- tion, chaque fois que deux points A2, A3 d'un même terne sont en ligne droite avec le point Qi ; mais, d'après ce que nous venons de démontrer, Qi sera le tangenliel de A). Par conséquent : Les ragons de ramification sont les tan- gentes menées de Q, à la courbe.

Les droites A1A3, A^Aa rencontrent la courbe respec- tivement en Q.i et Q3, qui sont les tangenliels de A2 et A3 et qui complètent le terne de même genre délini par Qp Les rayons doubles so)it donc les rayons qui projettent de Q,, le quadruple ayant pour centre le point Q.2 ou le point Q5.

Un terne Q1Q.2Q3 jouit donc de la propriété que l'un des points est le centre de perspective des quadruples corres- pondant aux deux autres.

7. Les développements qui précèdent démontrent le

\

(457)

théorème .'«uivaiil : l.es droites qui joignent un point P d'une cubique aux trois points d'inflexion W,, Wg, W3, situés en ligne droite, coupent la conique polaire de P en trois points X|, X.2, X3, tels qu'il existe une conique inscrite au triangle X1X2X3 et circonscrite au quadruple dont le centre est V.

Celle conique est la conique d'involulion correspondant aux ternes de même genre que WiWgWj.

8. Soient A1A2A3, B1B2B3 deux ternes de même genre; les deux triangles AjAoAs, BjBjjBs ont trois centres de perspective silués sur la courbe; par conséquent l'hexagone A1B1A2B2A3B3 est un hexagone de Sleiner. On voit ainsi que les hexagones de Sleiner peuvent être partagés en quatre genres différents.

On déduit de ce qui précède que les trois ternes de rayons qui projettent d'un point de la cubique les sommets aiternanls d'un hexagone de Sleiner et ses centres de perspective, font partie d'une involulion cubique donl b'S rayons de ramification sont les tangentes menées du point à la cubique. On peut dire aussi: Les deux ternes de rayons qui joignent un point P de la cubique aux sommets alter- nants d'un hexagone de Steiner, rencontrent la conique polaire de P en deux groupes de points XjXgXs, Y,Y2Y3, tels que la conique inscrite aux deux triangles X1X2X3, YjYgYs, est circonscrite au quadruple dont le centre est P.

9. On a vu que tous les ternes A)A.2A3 du même genre déterminent une involulion; les rayons qui projettent d'un point P de la cubique les sommets I,, 1,, Ï5 du triangle inflexionnel correspondant, font partie de l'involulion con- juguée; en effet, les rayons PI,, PIo forment le hessien des trois rayons qui joignent le point P aux trois points d'inflexion silués sur 1,1,; de même pour les couples de rayons Plg, PI3 et PI3, PI^. Donc :

( 4S8 )

Les deux ternes de rayons qui projettent d'un point de la cubique un terne ^^^^^■^ et tes sommets du triangle inftexionnel correspondant, sont conjugués harmoniques du troisième ordre.

Ou bien :

L'involnlion formée par les ternes du même genre est contenue dans Cinvolution cubique du deuxième rang, définie par les trois rayons triples qui joignant un point de la cubique aux sommets du triangle infiexionnel cor- respondant à Vinvolution considérée.

Les élémerils neutres d'une involution cubique du deuxième rang fonl partie de toutes les involutions déli- nies par deux ternes de points; donc :

Le hessien des trois rayons qui joignent un point de la cubique aux sommets d'un triangle infiexionnel, ren- contre la courbe en deux couples de points A^, A, et Bj, B2, tels que A|, B| ou A2, Bj sont les centres de perspective d'hexagones de Steiner.

10. A chaque genre de ternes A1A2A5 correspond une involution; ces quatre involutions ont les mêmes rayons de ramification. Quel que soit le point P choisi sur la courbe, le rapport anharmonique des rayons de ramifica- tion est constant (théorème de Salmon); il en sera de même des rayons doubles. En eflet, on a l'égalité suivante, due à M. Zeuthen, entre les éléments singuliers d'une involution cubique du premier rang

[{rsr.rzri) {dAdT.dif]'^ i{dtdidzdt) [rir^r^Vi) [((/jf/a^Mi) 1 ]",

dans laquelle (/,, (/21 cf^, d^ sont les éléments doubles et rj, Tg, rj, r^ les éléments de ramification.

Cette égalité nous montre que le rapport anharmonique des rayons de ramification étant donné, celui des rayons

( 4;)y )

doubles peut prendre quatre valeurs déterminées. Ces quatre valeurs correspondent aux quatre involutions que nous avons déterminées dans les cubiques, et l'on peut énoncer le théorème suivant :

Si l'on joint ini point quelconque d'inie cubique à deux points crin/lexion fixes, on obtient deux itonveanx points Aj ef Ao de la courbe ; le rapport anliarmoniquo des rayons qui projettent de A^j le quadruple dont le centre est A^, a une valeur constante.

Considérant les couples de points d'inflexion en ligne droite avec le même point d'inflexion, à chaque couple correspond un rapport anharmonique; si nous représentons par a^, «2, a-, «4 ces rapports et par (3 celui des tangentes menées d'un point de la cubique, on a, d'après l'égalité de Zeuthen,

On voit aussi que si {didod^d^) est donné, il existe deux valeurs pour [r^rç^r^^ri); elles correspondent aux deux in\o- lulipns conjuguées ayant pour éléments doubles rf,,c/2,</3,(/4. Si l'on appelle r',, r^, r'^, r'^ les rayons de ramification de la seconde, on aura

(r.r.r.j-j) {roy\rl) = [d^d^d-^dif.

11. Une cubique est déterminée si l'on donne un hexa- gone de Slciner AiB,A2B2A3B3 inscrit à cette courbe; cela revient en cfl'et à donner neuf points de la courbe. On peut d'ailleurs déterminer les tangentes menées à la courbe par un sommet A| de l'hexagone. On joint ce point aux sommets B], Bo, B5 et aux centres de perspective, ces deux ternes déterminent uf^e involulion dont les rayons de ramification sont les tangentes menées de A, à la cubique. On peut donc les coaslruire.

( 460 )

JS. Si les sommets d'un hexagone sont disposés par couples sur deux systèmes de trois droites concourantes, il existe nn troisième système jouissant de la même pro- priété.

En effet, la cubique passant par les sommets de l'hexa- gone et par les deux points de concours des systèmes de droites est déterminée; l'hexagone considéré sera donc un hexagone de Steiner pour celte cubique, et il a trois centres de perspective.

i. Soit S un point de la polaire harmonique du point d'inflexion W^ ; par ce point on mène une sécante rencon- trant la courbe aux points A,, A2, A5. Le j)oint S restant fixe, tous les ternes de rayons analogues W^A,, WjAg, WjAj font partie d'une même involution cubique du pre- mier rang.

Le rayon W^S et ceux qui passent par les points de contact des tangentes menées de S à la courbe, sont les rayons doubles rf^, «/g, dg, d^ de cette involution ; les rayons de ramification r,, rg, rg, r^ sont la tangente au point Wj et les droites qui joignent le point W^ aux points d'inter- section de la cubique avec les tangentes issues de S. On déduit de les propriétés :

Si d'un point S de la polaire harmonique d'un point d'inflexion W^, on mène des tangentes à la cubique, les trois couples de droites Ô2Vi, dgrg, d4r4 qui joignent le point d'inflexion à un point de contact et à son tangenliel, déter- minent deux faisceaux projectifs ayant le rayon WjS pour rayon double.

Les couples de droites djdg, d3d4, rjro, r5r4 font partie d'une même involution quadratique.

( ^61 )

Si r' est le second rayon double des deux faisceaux pro- jectifs on a

(rf,r;rf<rî) = 2.

2. Considérons la conique polaire d'un poinl quelconque de la polaire harmonique du poinl d'inllexion Wi ; elle ren- contre la cubique en six points ABCA,B,C, tels que les droites AA|, BB,, CC, passent par le poinl W^. Les ternes de rayons analogues WjA, W,B, W,C, forment une invo- lulion cubique du premier rang possédant quatre rayons doubles.

Chaque point de rencontre de la cubique avec un rayon double est un point d'inilcxion; donc : tnie cw^/^i/e po*- sède, en général, neuf points d'inflexion.

Notre démonstration suppose l'existence d'un point d'inflexion, mais on peut l'établir aisément.

Les rayons doubles de celle involution étant les quatre droites influxionnelles passant par W^, l'involulion consi- dérée est une involution sibi-conjuguée.

Les rayons de ramification de cette involution sont les droites qui joignent W, aux sommets opposés des quatre triangles itidcxionncls; car on a vu que deux sommets d'un triangle iiiflexionnel forment le hessien des trois points d'inflexion situés sur le côte qui les unit. On déduit de :

Les rayons qui j oignent un point d'inflexion aux som- mets qui lui sont opposés dans les quatre triangles inflexionni'ls, forment un groupe équianharmonique.

3. Soient Wj, W^, Wg trois points d'inflexion en ligne droite, celle droite est un rayon double de l'involulion, et le rayon de ramification correspondant est la droite qui joint W, au sommet opposé du triangle dont WiWaWj est

ô"* SÉIIIE, TOME XX. 31

( 4-G2 )

un des côtés. Ce rayon renconlre la courbe en deux points tels que les tangentes en ces points passent par le point (le renconlre des tangentes aux points W, cl W3. Donc : La droite qui joint un point cVin flexion Wj au sommet opposé d'un triangle inflexionnel, rencontre la courbe en deux points tels que les tangentes en ces points, et les tan- gentes aux points d'inflexion situés avec W^ sur un côté du triangle, se coupent en un même point.

4. Dans une involution sibi-conjuguée, rf,, c/.,, c/3, ^4 étant les éléments doubles, r,, r,, r^, r^ les rayons de ramification correspondants, on a

((/.r.rf^ra) = 2 ;

par conséquent : deux droites inflexionnelles passant par un point d'inflexion Wj, et les deux droites qui joignent ce point aux sommets opposés des deux triangles inflexionnels correspondants, forment un faisceau dont le rapport anhar- monique est égal à 3.

On a aussi

{did^r^r^ = 1 donc :

Deux droites inflexionnelles passant par un point d'in- flexion W^, et les deux droites qui joignent ce point aux sommets opposés des deux triangles inflexionnels non cor- respondants, forment un faisceau harmonique.

5. Dans une involution sibi-conjuguée, deux ternes d'éléments sont apolaires; on peut donc dire :

Si deux ternes de rayons, issus d'un point d'inflexion, rencontrent chacun la courbe en six points appartenant à une conique polaire, ces deux ternes sont conjugués har- moniques du troisième ordre.

( 463 )

Sur ta Dupiionc ^![{5>C = CII.CO.CII»; par Maurice Delacre.

L'étude de la condensation des acétones a donné lieu à des travaux nonnbrcux et importants. La formule de l'oxyde de mésilyle découvert par Kane, et reconnu plus tard par M. Filtig (1) comme produit de condensation de l'acétone ordinaire, a été l'objet d'interprétations diverses. C'est en 1867 que M. Kékiilé (2) proposa celle qui est universellement admise aujourd'hui :

^|J3>C = Cn.C0.CH'; il admit pour la pliorone la constitution suivante :

^23>c = cii.c = cn.co.ciP.

CH'

Celle manière de voir venait confirmer l'opinion de M. Baeyer (5), admettant que ces deux corps sont inler-

(1) Liebiy's Annakn, t. CX, p. 32.

(2) Zeitschr.fûr Chcmic, 1867.

(3) Ann., t. CXL, p. 306,

( 464 )

interm(^diaires entre l'acélone et le mésilylène ; en effet, celui-ci pouvait, d'après cela, se formuler

Cil II ,

^jj,>C = CII.C = CII.C.CIF,

en'

et les recherches de M. Ladenburg (I) ont prouvé depuis la position symétrique des trois mélhyles dans cet hydro- carbure.

La formule de l'oxyde de mésilyle demandait à être étudiée de plus près. En 187G, M. Claisen (2) se chargea de ce travail, qui eut pour résultat d'appuyer sur des faits précis la constitution de ce corps. En ce qui concerne la phorone, l'auteur ne suit pas M. Kékulé. Après avoir établi qu'elle est susceptible de fixer deux molécules de brome, il lui attribue la formule symétrique

^[J3>C = CH.CO.CH = C<^[[3.

Voici comment il appuie son opinion (5) : l'acétone et Toxyde de mésilyle contiennent tous deux le groupement CO.CH^; trailés par l'aldéhyde benzoïque en présence d'acide chlorhydrique gazeux, ils donnent des produits de condensation. La phorone ne réagit pas dans les mêmes circonstances; l'auteur en conclut qu'elle ne contient pas le groupement CO.CH^.

(i) Aromatische Fcrfiinrfwn^cH, p. 33. (2) Licbig's Annalcii, t. CLXXX, p. 18. (5) Berichle, t. XiV, p. 352.

( 46:> )

Comme on le voit, celle formule de la phorone n'est pas susceptible de donner du mei.il} lène par simple di'sliydra- tation. Aussi M. Claisen, examinant la question de savoir si l'oxyde de mésilylc cl la phorone sont intermédiaires entre l'acétone cl la trimélliylbenzine, s'esl-il prononcé ouvertement pour la négative. Voici les expériences sur lesquelles il fonde sa conviction.

L'oxyde de mésilyle distillé avec de l'acide sulfurique concentré donne, d'après Hollmeyer, du mésilylcne. M. Claisen confirma celle observation et annonça que la phorone agit de môme. Mais, en distillant à reflux ces deux produits avec de l'acide sulfurique dilué, il obtint, non plus du mésilylène, mais des produits d'hydratation : de l'acétone et de l'oxyde de mésilyle. L'auteur en tire la con- clusion que l'acide concentré agit de même el que, dans l'expérience de Hollmeyer, la formation du mésilylène est précédée de la production d'acétone.

Celle inlerprélalion a l'avantage d'expliquer la forma- lion du mésilylène à l'aide de l'oxyde de mésilyle, réaction qui ne peut se faire, quel qu'en soit le mécanisme, sans une décomposition immédiate ou médiate, totale ou par- tielle. Pour la phorone, elle a le même avantage, si l'on admet la formule de M. Claisen.

Mais il me semble que l'auteur va trop loin dans ses conclusions. Dans les conditions il s'est placé, il ne se forme pas de mésilylène; a-l-il le droit de conclure que l'acide concentré et l'acide dilué agissent dans le môme sens? Et, eùl-il retiré de l'acétone en se plaçant dans les conditions indiquées par Hollmeyer, il ne me paraîtrait pas légitime d'en conclure que l'oxyde de mésilyle ne joue aucun rôle dans la réaction.

L'intérêt qui s'attache à la solution de la question

( 466 )

traitée par M. Claisen m'a engagea diriger mes recherches (]ans ce sens. Les acétones donnent-elles naissance à deux séries de condensations, l'une tendant à former des phorones, l'autre une chaîne benzinique? Si tel était le cas, ne serait-on pas en droit d'admettre que l'eau qui se forme dans la synthèse de la benzine prend nais- sance à l'aide de deux hydrogènes provenant de chaînons différents, et ne devrait-on pas donner la préférence à une autre formule que celle de Kékulé?

Au lieu de prendre l'acétone ordinaire, j'ai fixé mon choix sur l'acétophénone, dont les condensations sont plus faciles et plus nettes, et ne donnent pas naissance aux produits résineux qui viennent souvent gêner les réactions de l'acétone.

MM. Berthold et Engler (1) ont déjà préparé la triphé- nylbenzine en saturant l'acétophénone d'acide chlorhydrique sec, et séparant les cristaux d'hydrocarbure qui se déposent après plusieurs jours; mais se bornent nos connaissances sur ce sujet.

Préparation de la Dypnone. Première méthode. Elle consiste à faire agir le zinc-éthyle sur l'acétophénone en grand excès, par exemple iSO grammes d'acétophénone pour 19 grammes de zinc-éthyle; l'acétophénone doit être très pure; on agite le mélange et on le refroidit, ou on l'échauffé légèrement si la température extérieure rend cette précaution nécessaire. Avec les proportions citées, il s'est dégagé environ 5 litres d'un gaz non absorbable par le brome (éthane). L'odeur d'éthylène que ce gaz possède, et qui pourrait induire en erreur sur sa nature,

(1) Berichte, t. VU, p. H23.

(4G7)

est (Jiio ù hi présence de traces de ziiic-élliyle. I.e dégage- ment gnzenx continue encore très leniemenl pendant nn à deux jours; le mélange devient ensuite solide par suite de la présence d'oxyde de zinc hydraté à l'état gélatineux; on cliaulle au bain-marie pour désagréger la masse et Ton sépare par (iltration l'oxyde de zinc, que l'on peut arriver à priver complètement de matières organiques par des lavages répétés à l'éther.

Le liquide liltré, additiotiné du résidu de la disiillaiion de l'éllier des lavages, a été distillé dans le vide. J'ai recueilli 92 grammes d'acétophénone, entre 140" et 220°, 2 gramn>es, à 25o"-256'' (pr. 50 millimètres) 42 grammes.

Dans une autre opération, avec 450 grammes d'acéto- phénone et 53 grammes de zinc-élhyle, j'ai obtenu, outre 500 grammes de mélhylbenzoïle en excès, 115 grammes de produit bouillant (ixc entre 224° et 227° (pr. 15 milli- mètres); il reste 12 grammes de résidu, mais je n'ai pu y déceler la Iriphényl benzine.

Deuxième méthode. C'est une modilication du pro- cédé em|)loyé par MM. Berthold et Engler pour préparer la triphénylbenzine. On salure d'acide cblorhydrique sec le mélhyllienzoïle maintenu dans un mélange réfrigérant. Au lieu d'attendre plusieurs jours, on distille le lendemain sous pression raréfiée, en ayant soin d'ajouter au mélange un peu d'acide acétique pour éviter les soubre- sauts.

Avec 200 grammes d'acétophénone et 20 grammes d'acide cblorhydrique sec, j'ai obtenu 42 grammes de pro- duit bouillant à 214°-216° sous pression raréfiée; avec 243 grammes d'acétophénone et 18 grammes d'acide, 48 grammes du même produit. Dans l'un et l'autre cas, il n'y a eu qu'un résidu tout à fait négligeable, dans lequel

( 468 )

je n'ai pu déceler la présence de triphénylbenzine par crislaliisalion dans Tacide acétique.

Le produit que Ton peut isoler par l'une ou l'autre méthode bout sans décomposition sous pression raréfiée. Le même échantillon, soumis à trois distillations succes- sives, a passé très fixe :

1" à 225' sous la pression de 22 millimètres. à 245° sous la pression de 57 millimètres. à 240° sous la pression de 28 millimètres.

Je n'ai pu le faire cristalliser dans un mélange de neige carbonique et d'éther.

C'est un liquide très épais, jaune clair; il possède une odeur faible, non sans analogie avec celle de l'acétophé- none. Préparé au moyen de zinc-éthyle, il se trouble après quelque temps, surtout en été, en donnant un produit blanc, amorphe, insoluble dans la plupart des dissolvants ordinaires. J'ai eu trop peu de ce corps pour pouvoir l'étudier, mais j'ai remarqué que le produit obtenu par l'acide chlorhydrique ne donne pas lieu à ce dépôt; je suis donc tenté de croire qu'il est formé par une petite quan- tité de produit zincique volatil.

Voici les analyses de ce produit, faites avec des échan- tillons d'origine différente :

L 0,2026 gramme de substance ont donné 0,1201 gramme d'eau et 0,639o gramme d'acide carbonique.

H. 0,2559 gramme, 0,1584 gramme d'eau et 0,7466 gramme d'acide carbonique.

III. 0,1267 gramme, 0,0764 gramme d'eau et 0,3994 gramme d'acide carbonique.

( 469 )

IV. 0,1271 gramme, 0,0749 gramme d'eau ei 0,4015 gramme de CO'^.

V. 0,1 9o5 gramme, 0,1170 gramme d'eau cl 0,0147 gramme de CO^.

On en déduit :

Cnlciilé

I II

III

IV

V pour G"iH«»0.

C V. 8G,08 8(5,01

85,97

86,15

85,75 80,40

H •/. G,58 G,51

6,70

0,54

0,05 0,50

Ce corps dérive donc de la condensation de deux molécules d'acélophénone avecéliminalion d'une molécule d'eau

^;!{}3>C0 + CIP.CO.cni'^ = ^^[}î>C = CH.CO.C«IP -h IPO;

il est à l'acélophénoDe ce que l'oxyde de mésilyle est à l'acétone.

J'ai donné à ce corps le nom de dypnone (dis hypnone} alin de faciliter la nomenclature de ses dérivés.

Action de lap/iényl/n/drazine. J'ai ajouté 2,5 grammes de phénylhydrazine à 7 grammes de dypnone dissous dans un excès d'acide acétique glacial ; le lendemain, le mélange étant resté clair, j'ai chauffé jusqu'à commencement d'ébullition ; il se dépose bienlôl à froid de beaux cristaux; lorsque ceux-ci n'augmentent plus, on filtre et l'on ajoute au liquide une quantité convenable d'acitle acétique jusqu'à ce qu'il ne se dépose plus rien a|)rcs (juclques jours. Les premiers produits qui se forment sont iden- tiques aux derniers; le liquide mère, additionné de trois volumes d'alcool, dépose encore un peu de cristaux qui,

( 470 )

après purificalion convenable, fondent à la même tempé- rature que le produit principal.

Celui-ci se présente en masses de cristaux blancs, satinés, qui fondent à 176°. Ils cristallisent bien de l'acide acétique et de l'alcool; la solution alcolique a une fluo- rescence bleue, mais le produit perd celte propriété par un ■grand nombre de cristallisations.

0,1759 gramme de produit ont donné à la combustion 0,1019 gramme d'eau et 0,5427 gramme de CO^ ce qui fait pour cent :

Trouvé. Calculé pour C^aHaoNi*.

C»/„ 84,U 84,88

H»/o 6,45 6,11

Je n'ai pu opérer la combustion de cette azone avec l'oxyde de cuivre en poudre, même en grande quantité ; les dosages d'azote ont marcbé par soubresauts et même avec explosion.

Action (le Chydroxylamme. J'ai fait agir la dypnone sur une solution alcoolique d'hydroxylamine préparée en faisant agir la quantité calculée de sodium sur la solution de chlorbydrate dans l'alcool absolu. J'ai laissé réagir pen- dant une dizaine de jours à la température ordinaire, puis j'ai distillé la plus grande partie de l'alcool ; l'évaporation a été achevée à la température ordinaire; les cristaux séchés sur de la porcelaine dégourdie ont été recristallisés dans l'éther de pétrole.

Ils se présentent en belles masses satinées d'un blanc éclatant, très solubles dans l'alcool, l'éther, la benzine; ils fondent à 65°.

( «I )

0,0900 gianunc de stibslaiice ont donhé, par la méthode de Dumas, 5,2 ('ciilimèlres cubes d'azole, à 10", el sous la pression de 7G9,o millimèlres.

Trouvé. Calculé pour C»6H5N0.

N% 7,00 5,90

Dans certains cas j'ai obtenu, en même temps que celte oxime, des cristaux très nets cl brillants, qui fondent nellement à 1 15^5. Ils sont plus lourds que les premiers; celte propriété permet de les séparer lorsque la cristalli- sation a été suiïisamment lente. Ils sont aussi moins solubles dans l'étlicr. Ce corps, qui est peut-être un isomère du précédent, ne se forme jamais qu'en très petite quantité; cela m'a empêché d'en aborder l'étude.

Action du brome. Le seul fait que je veuille faire ressortir pour le moment est la netleté avec laquelle b dypnone absorbe le brome, molécule pour molécule, en s'échauffant fortement. J'ai dilué la dypnone avec de l'élher on du sulfure de; carbone el refroidi la solution dans un mélange de suH'ale de soude et d'acide chlorhydrique; le brome est absorbé instanlanément sans qu'il se dégage d'acide bromhydrique, mais bientôt le mélange commence à fumer. Eu laissant évaporer le dissolvant, on recueille une huile verdàlre, incrislallisable, qui ne m'a rien donné de net à la distillation dans le vide; le seul moyen que j'aie eu d'isoler un composé défini est de traiter le produit brut pa:- la pliényihydrazine en solution acétique. Après quelques jours on sépare les cristaux, on les lave à l'éther et on les fait cristalliser dans l'alcool. Ils se présentent en m;igiiiliqiies paillettes ayant l'éclat de l'argent, et qui fondent en se décomposant à 205" ou 215", selon que l'on

( 47^ ) chauffe plus ou moins vile. Ce corps conlient 42,22 % de brome, tandis que l'azone du bibromure de la dypnone n'en renfermerait que 52,22 %• Je reviendrai peut-être dans la suite sur cette réaction.

Distillation de la dypnone sous la pression ordinaire. Le thermomètre s'élève rapidement à 325"; un tiers de la masse distille de 525° à 535"; c'est un liquide jaune-paille, tenant de l'eau en suspension; le reste passe entre 555" et 540°. Ces produits ont été soumis simultanément à une nouvelle distillation dans le vide; il se sépare :

i" De l'acétophénone;

2" De l'acide benzoïque en très petite quantité; on le reconnaît à son point de fusion et à sa solubilité dans l'eau bouillante.

0,2224 gramme ont donné à la combustion 0,1045 gramme d'eau et 0,5605 gramme de CO^.

Trouvé. Calculé pour Cm^O^

C "/o C8,73 G8,85

H»/, 5,21 4,91

La dypnone non transformée;

4" De la triphénylbenzine, cristallisant très bien de l'acide acétique; elle fond d'abord à 169°, mais, après quelques cristallisations, le point de fusion atteint 171° :

L 0,1129 gramme ont donné 0,0668 gramme d'eau et 0,5886 de CO^.

II. 0,1187 gramme, 0,0668 d'eau et 0,4094 gramme de C02.

Trouvé Calculé

I. II. pour C^-m^o.

C/o ... 93,87 94,07 94,10

H"/, . . . 6,57 6,44 5,88

( 473 )

L'explicalion de celle réaclion inlcrne me paraît bien diflicile ù donner pour le moment. La production de iripliényluenzine (1, 3, 5) est le fait le plus saillant de l'histoire de la dypnone; l'acide ciilorliydrique alcooli(|ue, le pcntaclilorure de phosphore, le zinc-élh}le donnent cet hydrocarbure comme produit principal ou unique; tel est au moins le résnilal de la réaclion lorsqu'on dislillc les produits dans le vide.

Rien dans la conslilulion de la dypnone ne permet de prévoir la production si aisée de Iriphénylbenzine. C'est pourquoi j'ai enlrc|)ris de chercher à l'expliquer, et mes travaux dans ce sens feront l'objet de communications ultérieures.

Quoi qu'il en soit, la formule de la dypnone me parait bien établie par son caractère acéloniqne et la propriété qu'elle possède de fixer une molécule de brome, et il me paraît tout à fait légilime de la considérer comme l'homo- logue de l'oxyde de mésityle.

Si l'on se rappelle la préparation par l'acide chlorhy- drique décrite plus haut et celle de la iriphénylbenzine donnée par .MM. Bcrlhold cl Engler, on arrive inévitable- ment à celle conclusion que le produit que j'ai isolé est intermédiaire entre Tacélophénone et la Iriphényl- benzine.

Voici une expérience qui pourra lever tous les doutes à cet égard :

123 grammes d'acélophénone avaient été saturés par 22 grammes d'acide chloihydrique sec; en en distillant une parlic le lendemain, sous pression raréfiée, j'avais obtenu de la dypnone dans les conditions décrites précé- demment.

30 grammes du mélange sont restés au repos pendant

(474)

deux mois; j'ai distillé direclemonl, sous pression réduite, après addition d'acide acétique; toute l'acétophénone a été extraite en chauffant au bain d'huile graduellement jusqu'à 200". En distillant ensuite au bain de chlorure de zinc, le thermomètre s'est élevé directement à 287" (pr. 15 milli- mètres), et il a passé deux grammes d'un liquide qui s'est bientôt pris en masse; c'était de la triphénylbenzine mélangée de très peu de dypnone. ïl est resté dans le ballon 12 grammes de triphénylbenzine.

La dypnone formée au commencement de la réaction a donc disparu, et l'on doit admettre qu'elle a servi à la formation de la triphénylbenzine.

L'explication de la synthèse de ce dernier hydrocarbure me paraît devoir être celle donnée, il y a longtemps, par M. Kékulé pour la triméthylbenzine :

jF6Î!î>C.CH.CO.C'=H''-+-CHlCO.CW=iJîÎ5>G.CH.C .CW+H^O

(j 11 '-'■'* Il

CH

co.cnv ;

cette phorone se déshydraterait pour donner de la triphé- nylbenzine.

Mais j'ai cherché vainement à isoler cette phorone. Cet insuccès semble confirmer la formule de M. Claisen; son existence est impossible d'après elle, dans le cas de l'acé- tophénone. On devrait admettre d'après cela qu'il y a deux séries de phorones; les unes, à la limite des conden- sations des acétones, répondraient à la formule de M. Claisen ; les autres, correspondant à la formule pro- posée par M, Kékulé, serviraient d'intermédiaire entre l'oxyde de mésityle et le mésitylène.

( i75 ) Au contraire, les faits sont plus simples, s'il est permis de mettre en doute la manière dont M. Claisen interprèle la constitution de la phorone, et l'on serait tenté de revenir à l'interprétation primitive si simple et si claire de la syn- thèse de la henzine. L'objection que l'on pourrait faire à cette manière de voir, provenant de la non-existence (ou de l'instabilité) de la phorone de l'acétophénone, ne me parait pas avoir grande valeur. La condensation de l'acé- tone et celle de l'acétophénone ne sont pas comparables; la première, à froid, ne va pas au delà de la phorone; la seconde ne s'arrête qu'à la lrij)hénylbenzine, et il serait très possible, s'il existe une phorone correspondante, que sa déshydratation interne fût plus énergique que celle qui se fait pour lui donner naissance.

Bruxelles, laboratoire privé.

Le nouveau genre Posadaea, de la famille des Ciicurbitacées ; par Alfred Cogniaux.

Au mois d'août 1888, je reçus de M. le docteur Posada- Arango, professeur à l'Université de Médellin (Colombie), un beau fruit avec graines mûres et un fragment de rameau avec quelques feuilles, d'une Cucurbitacée que je ne pus rapporter à aucun des genres connus de cette famille. Les notes que le collecteur joignait à son envoi me donnaient bien la conviction que celte plante devait former un genre nouveau, mais ne suffisaient pas pour me permettre de décrire ce genre, ni surtout pour en fixer la place dans la famille. . Je m'étais donc abstenu de nommer cette plante

( 476 )

jusqu'à ce que, dans un paquet de Cucurbilacées que !M. Alphonse de Candolle soumellait à mon examen au mois de mai dernier, je trouvai un exemplaire de la même plante, récolte aussi en 1888 par le professeur colombien, et portant quelques fleurs. Bien que celles-ci fussent imparfaitement déveloi)pées, elles confirmaient pleinement mon impression première sur la nouveauté du genre; mais comme il me restait des doutes sur certains caractères importants, M. de Candolle eut la bonté de réclamer, pour compléter mon élude, des fleurs en bonétat,que M.Posada- Arango put lui envoyer dans une lettre en date du 20 juillet. L'illustre botaniste de Genève m'ayant commu- niqué ces fleurs, je puis maintenant décrire le nouveau genre, que je crois bon de dédier au botaniste colombien à qui on en doit la découverte. Voici les caractères du genre et de l'unique espèce qu'il comprend jusqu'ici :

Posadaea, Cogn. gcn. nov.

Flores monoici. Masculi raccmosi, pauci. Calycis tubus subrolalus, 5-lobalus, lobis ovato-lanccolalis, aculis, rcflcxis. Coroila rotala, usquc ad basim 5-parlita, scgmcntis irrcgularilcr obovalis, apicc plus minusvc cmarginalis. Slamina 5, libéra, in mcdio lubicalcycini scssiIia;anllicracquadranguIari-obova- tae, dorso aflixac, una unilocularis caclcrae bilocularcs, loculis linearibus, apicc cxlus rcplicalis non sigmoidco-flcxuosis, conncclivo angusio, apicc ultra loculos non produclo. Pollen sphaericum, lacvc, poris 3 aperlum. Pistillodium cupuliforme, obscuruin. Flores fcminci solilarii, inflorcscenliac mascu- lae coaxillarcs. Calyx supra ovariura maris. Corollac segmenta ovalo-oblonga, apicc rotundata. Slaminodia 5, brcvia, ligulata. Ovarium elliplico-ovoidcum, triplacenlifcrum; stylus brevis, crassus, stigmalibus 5, dilalatis, obcordalis, subrcflcxis; ovula

( 477 )

numcrosn, liorizoninlia. Friictiis indchisccns, sphacrioiis, c'orticc lignoso, cariic piilposo. Scniina numerosa, angustc ol>o- vata, compressa, iminarginata, lacvia.

Ilcrba répons, pilosiila. Folia longe pctiolala, ambitu 7- iingulata vel suborbicularia, intégra vel usque ad médium tri- lobala, basi j)rofunde emarginata. Cirrhi bifidi, superiores sirapliccs. Flores médiocres, lutci, cbraclcati vol minulissime bibracteolali. Fruclus majusculus.

Posadaea sphaerocarpa, spec. nov.

Rami salis graciles, siriati, dense foliosi, pclioli cirrhiqiic pills longiiisciilis flcxnosis subsparse vesliti. Petioliis robiisius, slriatus, '/-i"' ^'"1- longus. Folia membranacca, lacté viiidia, ulrinque primum sparsepilosula dcmum punctato-scabra prac- cipue supra, raargine minutissime rcmolcqiie dcnticulata, usque 18 cm. longa et 19 cm. lala, lobis apice rotundatis et apiculatis; nervi sublus levitcr prominentcs, duo latérales 5-4- l'urcati, imum sinum marginantes; sinus basilaris subrec- tangularis, 5 cm. profundus, Ô-4 cm. latus. Cirrhi lon- giusculi, robustiusculi infcrne incrassali, sulcali. Pedunculiis communis niasculus gracilis, sulcatus, «parse pilosulus, apice 5-4-florus, 5-4 cm. longus; pcdicclli densiusculc pilosuli, 2-1 1 mm. longi. Calyx pilosulus, tubo 8-9 mm. longo, lobis o-ncr- viis, 5 mm. longis. CoroUa exius pubcrula, segmentis 7-9-ner- viis, 8-9 mm. longis latisquc. Antherae albae, 2 mm. longae. Pedunculus fcmincus robustus, slriatus, pilis longiusculis flcxuosis crassisque dense veslilus, 2-5 cm. longus. Calycis lobi 2 mm. longi. Corollae segmenta 1 cm. longa, 4-5 mm. lata. Staminodia obtusa, 1 '/.i-^ mm. longa. Ovarium subsparse pilosum; slylus 5 mm. longus, sligmatibus canescenlibus, 5 mm. lalis. Fruclus 8-10 cm. crassus, pulpa alba. Seniina canesccnlia, basi leviler altenuata, apice rotundata, margiiie obtusa, 12-14 mm. longa, 7-8 mm. lala, 2-2 '/a mm. crassa. In Colombia prope Medellin (D'A. Posada-Arango). 3'"^ SÉIilE, TOME XX. 52

( ^78 )

Le genre Posadaea appartient clairement à la tribu des Cucumérinées; il a certains rapports avec les Apodan- t/iera, mais la forme des loges des anthères ne permet pas de le placer dans la môme section de la Iribu que ces derniers; je crois devoir le ranger à la suite des Cucume- ropsis Naud., délimités comme je l'ai fait précédemment {Monogr. Phaner., III, p. 517).

M. Posada-Arango m'écrivait : « On se sert ici de cette Cucurbitacée pour faire des vases, comme avec le fruit des Lagenaria. » Le fruit qu'il m'a envoyé fait maintenant partie des collections du Jardin botanique de Bruxelles. M. Alph. de Candolle a fait semer des graines de Posadaea dans les serres de son fils, M. Casimir de Candolle, situées près de Genève; les plantes obtenues végètent avec une grande vigueur, mais elles n'ont pas fleuri jusqu'ici.

La réduction des nitrates en nitriles par les graines et les tubercules; par Emile Laurent.

Schônbein (1) avait signalé autrefois la réduction des nitrates en nitrites par les graines. Comme l'a supposé i\I. Jorissen (2), il est probable que cette observation n'était pas exacte et qu'il y avait eu, dans les expériences faites par le chimiste allemand, intervention de bactéries réductrices des nitrates. Toutefois, rien no permettait de conclure que les plantes supérieures fussent dépourvues

(1) Journal fur pralitische Chemic, Bd. CV, p. 211, 1868.

(2) Bulletin de l'Académie rotjale de Belgique, 3= série, t. VIII, p. 550, i884.

( m )

(le la même propriété physiologique. C'est ce que je fai- sais remarquer dans une note présentée à l'Académie en 1885 (l), et je fondais mon o|»inion sur quelques essais fais avec des graines d'Orge el de Maïs plongées, pendant la germination, an sein d'une solution de nitrate de potas- sium.

Dans une deuxième note (2), M. Jorissen assurait que a la transformation des nitrates en nilrites, telle qu'elle » a été observée jusqu'à présent pendant l'imbibilion des » graines, n'est pas autre chose qu'un cas particulier de » la fermentation putride. »

Je n'avais pas le moindre doute relativement à l'absence complète de bactéries dans les solutions de nitrate qui avaient été, sous mes yeux, le siège de phénomènes réducteurs pro-voqués par des graines en germination. Cependant, je l'avoue, la valeur du réactif iodé que j'avais employé est assez contestable pour caractériser les nitrites. Pour ce motif, je me décidai, en mai 1887, à répéter mes essais el à faire usage de réactifs plus parfaits.

Des graines de Maïs furent plongées dans l'eau tiède pour en ramollir les téguments. Dans deux larges-tubes à essais, stérilisés à 180°, j'introduisis quinze de ces graines et je les immergeai aussitôt dans une solution à 17oo de bichlorure de mercure. Au bout de quinze minutes, elles lurent lavées à deux reprises avec de l'eau stérilisée par la (iltration sur la porcelaine; un peu d'eau fut conservé au fond des tubes pour éviter la dessiccation des graines.

(1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, ô' série, t. X, p. 58, 1885.

(2) Id., t. X, p. 585.

( 4-80 )

Dans chaque lube, quelques graines ne germèrent pas; elles avaienl élé tuées par le sublimé.

Lorsque les tigelles avaienl 1 à 2 centimètres de lon- gueur, je versai au Tond des tubes une solution de nitrate de potassium à 1 °/.,. Vingt-quatre heures après, je fis l'essai des nitrites au moyen des trois réactifs suivants, préparés d'après les indications données par M. Waring- ton (1):

Le réactif iodé;

La mélaphényline diamine;

Le chlorure de naphtylamine en présence des acides chlorhydrique et sulfanilique.

Ces trois réactifs indiquèrent la présence de nitrites dans les liquides que renfermaient les deux tubes avec grains de Maïs. A(in de m'assurer de l'absence de bacté- ries dans ceux-ci, je mélangeai quelques gouttes du liquide avec de la gélatine nutritive bien neutre. Elle demeura parfaitement stérile.

J'aurais pu communiquer ce résultat à l'Académie beaucoup plus tôt ; j'ai cru qu'il valait mieux multiplier les observations, les répéter sur différentes espèces et dans des conditions variées. Car, dans les questions de biologie, l'étude comparée d'un certain nombre d'organismes est singulièrement instructive pour l'expérimentateur lui- même.

Mes nouvelles recherches sur la réduction des nitrates par les végétaux ont porté sur les graines, les tubercules, les tissus charnus et les sucs des plantes vasculaires, ainsi que sur un certain nombre de moisissures et de levures.

(I) Chemical- News j 25 janvier 1885.

( 4Hi )

Les résultats l'oiirnis par ces cliampignons ont été précé- demment communiqués ù rAcadémie.

Des réactifs de l'acide nitreux indiqués plus haut, je n'ai plus employé que le troisième, qui est de beaucoup le plus caractéristique.

Il consiste dans l'addition successive, au liquide à essayer, d'acide sulfanilique, d'acide chlorliydriquc el de chlorure de naphtylamine. Dans les soluiions qui con- tiennent moins d'un cent-millième d'acide nitreux, une goutte ('/20 ^6 centimètre cube) d'acide chlorhydrique à iO 7o et trois gouttes des deux autres corps dissous à saturation dans l'eau déterminent l'apparition d'une colo- ration rose plus ou moins foncée et persistante. Dans les solutions plus concentrées, il convient d'ajouter une quan- tité d'acide sulfanilique et de chlorure de naphtylamine d'autant plus grande qu'il y a plus d'acide nitreux en présence. Sans cette précaution, la coloration diminue d'intensité ou disparaît après un temps assez court.

De l'avis de beaucoup de chimistes, les réactions colo- rées n'ont qu'une valeur relative, surtout lorsqu'elles se passent dans un milieu aussi complexe que la matière vivante. Pour faire droit à cette objection, dont je suis loin de méconnaître la portée, j'ai toujours eu soin de faire, à côté des expériences de réduction par les tissus végétaux, des essais avec les mêmes tissus plongeant dans Teau distillée. Toute différence dans les réactions de la solution nitrique et de l'eau pure ne pouvait provenir que de la présence du nitrate et, dans le cas actuel, je me trouvais en droit de l'attribuer à la réduction de ce même nitrate.

Pendant l'été de 1889, j'ai eu l'occasion de faire un

( 482 )

grand nombre d'essais de réduction des nitrates par les graines. Celles-ci étaient stérilisées par l'immersion dans une solution de sublimé et elles germaient dans de longs tubes à essais, cbauffés au préalable à d80". Lorsque les tigelles avaient atleint^l à 6 centimètres de longueur, je versais dans les tubes une solution de nitrate de potas- sium, de sodium ou de calcium à 1 7», qui ne donnait pas trace de nitrites(i). Les solutions renfermées dans des matras- pipettes peuvent être aisément introduites dans des tubes contenant les graines, sans y apporter de germes. Lorsqu'il n'en est pas ainsi, la solution ne tarde pas à se troubler par suite du développement îles microbes; ceux-ci se nourrissent de substances organiques que les graines ont laissé diffuser. Le plus souvent, les tubes en expériences étaient placés à l'étuve à 50-35°, température favorable, à la fois, à la vie des graines en germination et à celle des bactéries.

Mes essais ont été faits avec des graines de Maïs, d'Orge de Pois, de Lupin blanc, de Fève et de Haricot. C'est avec le Pois que les phénomènes réducteurs sont le plus actifs. Des graines de cette espèce, en germination, immergées dans la solution de nitrate de potassium à 1 7o, permettent d'observer la formation de nitrite au bout d'une heure. Ce temps estyencore diminué lorsqu'on fait le vide ou lors- qu'on remplace l'air par un gaz inerte. L'hydrogène con-

(i) J'insiste expressément sur ce point. La plupart des eaux dis- tillées et conservées dans les laboratoires contiennent des quantités notables de nitrates et de nitrites. Il en est de même des nitrates con- servés, à l'état solide, dans des bocaux exposés à la lumière.

( 483 )

vient mieux que l'anhydride carbonique, qui sen)hle ralentir les actions réductrices provoquées par les tissus végétaux. Des pianlules de Pois, plongées dans le vide et placées à la température de 15°, réduisent les nitrates avec une activité telle que l'on peut constater la présence de nitritc une demi-heure après l'immersion.

Au contraire, il n'y a pas réduction des nitrates lorsque la solution (|ui les contient se présente en couche peu épaisse et offre une grande surface d'aération pour un très petit volume de liquide. C'est ce que l'on obtient lors- qu'on met des graines dans un vase à fond plat, sous une très faible couche de solution de nitrate.

Il me paraît bien difficile d'interpréter ces faits sans admettre que ce sont les graines qui enlèvent au nitrate une partie de l'oxygène nécessaire à leurs phénomènes respiratoires. La quantité d'oxygène ainsi absorbé, sans être excessive, n'est pas négligeable.

J'ai vu quarante-cinq graines de Pois, germées, plongées dans 50 centimètres cubes de la solution nitrique, donner, après quatre heures, ime réaction nitreuse équivalente à celle d'une solution de 0,05 gramme de nitrite de potas- sium dissous dans 50 centimètres cubes d'eau (1 7oo). Ce chiffre correspond à 0,00565 gramme d'oxygène absorbé, c'est-à-dire à un volume d'environ A centimètres cubes.

Je me suis assuré que, pour le Pois, le pouvoir réduc- teur est, à poids égal, plus accentué dans les cotylédons que dans les jeunes embryons en voie de croissance. Cependant, lorsque les plantules ont atteint une dizaine de centimètres de longueur, les tiges et les racines produisent des nitrites tout aussi activement que les cotylédons.

( 48i )

Le pouvoir réducteur des lu hercules n'csl pas moins facile à mellre en évidence que celui des graines en ger- mination. Il est manifeste, lorsqu'on immerge dans une solution de nitrate, contenue dans un tube à essai, de minces fragments de pomme de terre récemment récoltée. Une heure suffit pour obtenir la réaction des nitrites. On n'en voit pas de trace si les fragments sont placés dans un cristallisoir sous une couche peu épaisse de solution nitrique.

J'ai également observé la réduction du nitrate de potas- sium en nitrile avec les tubercules de Topinambour, de Radis, de Navet, de Chicorée à café, de Betterave, de Chou-rave, de Stachys luberifera, les pétioles de feuilles de Chou, de Laitue, de Bette, de Céleri et de Raifort, les tiges de Clienopodinm Quinoa, ô' Impatiens Balsamina et Rot/leî, ô' Amarantus melandiolicus, les pédoncules du fruit de la Courge, les jeunes fruits de Tomate et de Piment.

Comme je l'ai dit précédemment, j'avais soin de faire, pour chaque espèce, un essai de contrôle en plongeant les tissus, mis en expérience, dans l'eau distillée. Dans ces conditions, les tubercules de Pomme de terre et de Radis donnèrent d'une manière assez nette la réaction de l'acide nitreux. Ce résultat s'explique par la présence d'une cer- taine quantité de nitrate dans les tissus de ces deux espèces. Je m'en suis assuré avec la diphénylamine.

Enfin, on peut, par un chauffage convenable ou par l'immersion dans l'alcool ou le chloroforme, tuer les cel- lules sans en faire disparaître complètement le pouvoir réducteur à l'égard des nitrates. Je me borne aujourd'hui à signaler ce fait; il conduit à supposer qu'il existe dans les tissus végétaux des substances spéciales douées de pro-

( 48.J ) priétés récluctivcs, C'esl une opinion que je compte déve- lopper dans un prochain travail.

Les expériences résumées dans cette note confirment les conclusions auxquelles j'étais arrivé en 1885, à la suite de mes recherches sur le même sujet :

!•* Les graines en germination elles tubercules, al je puis maintenant ajouter, un grand nombre d'autres tissus végétaux, sont capables de réduire les nitrates en nitrites.

La réduction des nitrates en nitrites par les végétaux est, comme la fermentation alcoolique, une conséquence de la vie qui se continue dans un milieu privé d'oxygène à l'état libre.

La Classe se constitue en comité secret pour s'occuper de la discussion des titres des candidats présentés pour les places vacantes.

( 486 )

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 3 novembre 1890.

M. Stecher, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. G. Tibergliien, vice-directeur ; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, Alph. Waulers, Emile de Laveleye, Aug. Wagener, G. Rolin Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Polvin, T.-J. Lamy, P. Henrard, J. Gantrelle, L. Vanderkinderc, Alex. Henné, le comte Goblel d'Alviella, membres; Alph. Rivier, associé; Ferd. Vander Haeghen, P. De Monge, Alfr. Giron et le baron J. de Chestret de Hanefîe, correspondants.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique demande que la Classe lui soumette une liste :

1" De quatorze noms pour la formation du jury chargé de juger la neuvième période du concours quinquennal d'histoire nationale;

De quatorze noms, également, pour la formation du jury chargé de juger la deuxième période du concours quinquennal des sciences historiques;

( ^87 )

De dix noms pour la formation du jury cliargé de juger la onzième période du concours iriennal de lilléra- lure dramatique en langue française.

M. le secrétaire perpétuel annonce que, en vue de faci- liter la formation de ces listes, il adressera aux membres une circulaire rappelant les noms qui ont déjà été proposés pour la composition des jurys antérieurs. La formation de ces listes sera portée à l'ordre du jour de la prochaine séance.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Inslruclion publique fait savoir que, conformément au désir qui lui a été exprimé par la Classe, il a confié aux statuaires Pollard et Vandenkerkhove-Saïbas, l'exécution des bustes en marbre d'Edouard Ducpeliaux et d'Eugène Defacqz, anciens membres,

Le môme .Ministre envoie, pour la Bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de Vlnvenlaire ou tab'e analy- tique et alphabétique des noms de personnes contenus dans les registres aux gages et pensions des chambres des comptes; par J. Proosl, archiviste adjoint du royaume. Remerciements.

Hommages d'ouvrages.

Des ouvertures de crédit et des comptes courants garantis par nue hypothèque; par Gustave Beltjens;

2" L'étrusque, Vonibrien et l'osque dans quelques-uns de leurs rapports intimes avec l'italien ; par T. Zanardelli ;

A. Les fondeurs d'artillerie aux Pays-Bas; B. His- toire du siège d'Oslende (1601-1604); par le général P. Henrard;

4" L'enseignement à Braine- le- Comte avant i794y 2™" édition; par Ernest Matthieu. Remerciements.

( 488 )

La Société courlandaisc de lilléraliire et des arts à Mitau annonce qu'elle célébrera le 25 novembre/ 5 décem- bre 1890, son soixante-quinzième anniversaire de fonda- lion. Une lettre de félicitations sera adressée à celte Société.

A la demande de M. Van V^eerdeghem, M. Bormans présente à la Classe un mémoire manuscrit écrit en flamand, sur des fragments Ihiois du roman de Perceval. Commissaires : MM. Willems, Roersch et Stecher.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Les métiers de la ville de Huy, à propos d'un insigne de la corporation des merciers; par le baron J, de Chestret de Haneffe, correspondant de l'Académie.

L

[] y avait au milieu du Xïll* siècle, dans les principales villes du pays de Liège, quatre éléments prêts à se dispu- ter le pouvoir : le parti monarchique, attaché au chef de la principauté; le parti hiérarchique du clergé; le parti aristocratique, composé des hommes libres ou getis de lignage ;entïn\e parti démocratique, de beaucoup supérieur en nombre, mais dépourvu de toute organisation militaire ou politique (i).

(I) Cf. Warnkoenig, Précis de V histoire de Licf/e, p. 40.

( 489 )

Dcscondnnls des ancions propriétaires du sol, les patri- ciens vivaient de leurs revenus ou reliraient les plus gros profits du connmerce. A côté d'eux, les petits bourgeois subsistaient de leur travail, comme ouvriers ou artisans. Bien que jouissant de droits civils importants (1), ils vivaient dans l'oppression et étaient soumis aux redevances publiques (2).

On admet généralement que peu à peu les gens de cette dernière classe se réunirent en associations privées, com- posées d'individus préoccupés des mêmes idées et parta- geant les mêmes plaisirs; mais aucun h'storien, aucune charte ne nous a conservé les règlements de ces confréries primitives. Tout ce qu'on peut dire de positif, c'est que les hommes de même profession s'établissaient ordinairement dans la môme rue, dans le môme quartier, et qu'ils avaient l'habitude de se grouper en corps distincts, lorsqu'ils étaient en campagne ou assistaient aux cérémonies publi- ques (5). La chronique de Jean d'Outreraeuse ne laisse aucun doute sur cette situation politique. Après avoir relaté les hauts faits, d'ailleurs fort contestables, des bouchers au siège de Bouillon, en HM, l'auteur a soin d'ajouter : « Ansi deveis savoir que la gens de commune n'avoil encors point de fralerniteil, ne maistre ne banire,

(1) Les habitants de Huy, notamment, se prévalaient de droits civils qui remontaient jusqu'au temps de l'évêque Théoduin (10G6).

(2) Voir IIenaux, IJisloire du pays de Libye, o" édit., cliap. XVIII et XIX.

(5) Cf. S. BoRMANS, Le bon métier des ta/meurs de l'ancienne cité de Liège, 1863.

( 490 )

ains en aloient en oust desous le banire de esquevins d. Il en était de même à la Warde de Steppes (1215) et encore en 1231 : a A cel temps n'avoit encors li commonalleit de Liège vois ne puissanche ne mestiers ne fraterniteil enssemble, ne vois de rien à faire, ains fasoient leurs labures et les nobles governoient (I) ».

Depuis l'année 1229 environ, l'administration des villes avait été enlevée au pouvoir judiciaire, représenté par réclievinage, pour être confiée à un conseil composé, à Liège du moins, de deux maîtres et d'un certain nombre de jurés qu'on renouvelait annuellement. Le régime communal se trouva ainsi établi; mais les échevins, nobles d'origine, s'étaient réservé le droit de nommer les magis- trats municipaux, qu'ils choisissaient naturellement dans leur caste (2).

On connaît les noms des deux maîtres du peuple qui se trouvaient à la tête de la commune de Liège le 22 jan- vier 1251. A Huy, ces officiers paraissent n'avoir été établis que plus tard. Il n'en est pas question dans l'acte du 15 juillet 1249, par lequel « Les avoué, maire, éche- vins, jurés et les douze maîtres des drapiers de Huy prennent l'engagement vis-à-vis de la ville d'Anvers de ne pas recevoir chez eux les hommes de métier mécon- tents » (5). S'il faut en croire Mélart (4), ce fut à l'insliga-

(1) Jean d'Outremeuse, Ly iiiyreur des hislors, t. IV, p. 581 ; l. V, pp. 87 et 207.

(2) Henaux, t. F, pp. 205 et suiv. Ordonnances de la principauté de Liège, t. I, p. xxxv.

(5) Walters, Table chronologique des chartes et diplômes imprimés. (4) L'histoire de la ville et chastcau de Huy, p. liô.

( «I )

lion de Henri de Dinant, en 1253, que les Hulois créèrent deux bourgmestres, ce que depuis, ajoute-t-il, ils ont d'année en année continué de faire.

Dès l'origine du gouvernement communal, la ville de Huy fut administrée par un conseil composé de douze jurés, qui jamais n'élaient choisis dans les métiers. Au rapport de Jean d'Oulremeuse (année i 298), ceux-ci furent d'ahord au nombre de quatre, parmi lesquels nous ne voyons pas figurer les drapiers cités plus liant. C'étaient : les boulangers, les brasseurs, les mangons (bouchers) et les tanneurs avec les corbesiers (savetiers). Ces quatre vieux métiers, comme on les appelait, avaient une charte datant « bien de cent ans », des statuts, des ordonnances; et chacun était rigoureusement tenu de respecter leurs fran- chises. Ils étaient gouvernés par seize hommes qu'on élisait tous les ans, quatre dans chaque métier, et qui faisaient le serment d'y maintenir la justice et d'en garder les pri- vilèges (1).

Or, il arriva qu'en l'année 1299, un conflit sanglant s'éleva entre les praticiens et les métiers de Huy. Le nombre de ceux-ci, toujours au dire de Jean d'Outremeuse, fut alors augmenté de sept, ce qui le porta à onze et celui des gouverneurs à quarante-quatre. Nous ne connaissons pas la composition de ces différents métiers, qui, tout

(t) Jea.n d'Outremelse, t. V, p. 551. L'aulcur ajoute : « Et les nonimoit-ons les un de castcal por les nii mesticrs ». Plus loin, il elle les noms des « un qui esloicnt por les mesticrs de cel année »; ce qui semble indiquer que les seize gouverneurs n'étaient pas tous également ajjpelcs à remplir certaines fonctions.

( 492 )

l'indique, existaient depuis plus longtemps; mais, outre les bouchers, on cite, comme ayant pris part à la lutte, un meunier, un tisserand, un drapier, un fèvre (forgeron) et deux individus (Hanes le merqueres et Hubin li vies cheriers) qui paraissent avoir été l'un mercier, l'autre cherwier ou cultivateur.

L'organisation militaire de ces métiers semble dater de la même époque, car on les voit combattre sous leurs propres bannières. D'ailleurs, l'évêque Hugues de Châlon leur était favorable; il alla même jusqu'à destituer les échevins de Huy, qui s'étaient réfugiés à Liège et alliés avec les grands de la cité, révoltés contre lui (1).

Les drapiers, faisant cause commune avec les échevins, les avaient suivis dans leur exil. Jean de -Warnant et la Chronique de Gembloux (2) attribuent même les troubles de Huy à un différend qui se serait élevé, à l'instigation des tisserands, entre la ville et les drapiers. Quoi qu'il en soit, on voit que, le 25 novembre 1500, les gouverneurs ou wardains de ce dernier métier ratifièrent le traité par lequel les bourgeois de Liège et des autres villes du pays, s'étaient mis sous la protection du comte de Flandre (3).

{{) Jean d'Outremeuse, pp. 552 à 559. L'émancipation des métiers à Huy coïncide avec leur organisation à Liège, l'évêque, gagné par une somme d'argent, venait de reconnaître leurs confré- ries armées, au grand déplaisir des échevins (1297).

(2) Dans Chapeauville, t. II, p. 334,

(5) o Nous li Maistrc, li Eskcvin, li Jureit, li Consclz et li Wardain de le Drapperic delle Ville de Iluy, faisons savoir à tous ke nous

( 493 )

La paix no fiii iviablie que sous Adolphe de Waldeck, le 50 jiiiilol 1302. Par letlres de ce jour, l'évèquc révoqua toutes les chartes octroyées aux métiers de la ville de Huy et statua qu'ils devraient lui en demander d'autres (1). Puis il se réserva de nommer annuellement deux des quatre i^ouverneurs de chaque métier, rétablit les anciens éche- vins, proscrivit tem|)orairement les douze jurés cl les Quatre (chefs de métiers?) qui s'étaient emparés du gou- vernement, et s'attribua différentes prérogatives au détri- ment des privilèges des habitants de Huy (2),

Les métiers furent remis en possession de leurs fran- chises, en lolO, par l'évêque Thibaut de Bar, qui voulut par reconnaître les services que les Hulois lui avaient rendus dans son ex|)édition contre le comte de Hainaut (o).

IL

Après cette première époque, il serait difficile de suivre pas à pas, dans l'histoire, les vicissitudes des métiers de Huy. Comme ceux de Liège, ils arrivèrent, à travers les révolutions du XIY^ siècle, à s'emparer du gouvernement de leur ville et à participer à celui du pays; la noblesse

leil Alloyanclic et tclz Convcncnccs ke li Maistrc, li Eskevin, li Jurcit et toute la Comuiiitcis de la Cyteit de Liège ont faites à très Haut et 1res Noble Home Slonsiiignor Jelian, etc. » (Henaux, t. I, p. 287.) K - (1) ScHOONBROODT, Inventaire des cUarles du chapitre de Saint - Lamfjcrt, n" -iHâ.

(2j Jean d'Outremeuse, t. V, p. 581. (3) Ibidem, t. VI, p. 124.

3™' SÉRIE, TOMI-: XX. 55

{ 494 )

urbaine disparut en tant que classe distincte, et, pour jouir des franchises de la connmune, il devint indispensable de se faire affilier à un bon métier.

Depuis un temps immémorial, c'était dans l'arrière-cour du couvent des Frères Mineurs Franciscains que les bour- geois de Huy avaient le droit de s'assembler pour toutes (es affaires qui regardaient la ville, et chaque métier y avait une chambre. Ce couvent, qui, en l'année 1244, avait été transféré dans la rue des Chevaliers, fut recon- struit en 1665; mais attendu, probablement, que la ville n'était pas intervenue dans la dépense, une ordonnance de Maximilien-Henri de Bavière restreignit le droit des métiers aux assemblées qui avaient pour but l'élection du magistrat ou la députalion aux états (1).

Chacun sait que ce même prince,, par le funeste coup d'État de 1684, abolit à tout jamais, dans sa capitale, les corporations de métiers en tant que collèges politiques. A Huy, comme dans les autres bonnes villes régies par des |)rivilèges particuliers, la réformation de l'élection magis- trale donna lieu à un règlement spécial, et, à partir du 15 juin 1686, les électeurs se trouvèrent réduits à une minorité de bourgeois classés en six chambres et choisis par le prince (2).

Ce règlement fut confirmé par Joseph-Clément de Ijavière, en 1715, mais avec celte modification qu'au lieu

(1) Saumery, Les délices du païs de Liège, t. II, p. 65; J. Fréso\, Notice historique sur l'ancien moua stère des Frères-Mineurs-Francis- cains de Huy, dans les Annales du Cercle hutois, t. VII, pp. 201 et 231, La rénovation magistrale se faisait alors le jour de l'octave de saint Martin (18 novembre); plus tard elle fut fixée au {"juillet.

(2) Ordonnances de lu principauté de Liège, série, t. I, p. 66.

( m )

(le six chambres, il y en aurait onze, portant chacune le nom (lu ()atron d'un mc^tier (1),

Tous les genres d'industrie et de commerce n'ayant pas partout prospéré également ni simultanément, les différentes professions devaient nécessairement se répartir, selon les lieux, de difl'érentes manières. Tandis qu'à Liège, cité importante, il existait trente-deux métiers, les nom- breuses professions qui s'y trouvaient représentées ne formaient à Huy, nous l'avons déjà dit, que onze corpo- rations. Autour du métier principal se groupaient tous les arts, toutes les professions qui avaient avec le premier quelque analogie; ils en étaient ce qu'à Liège on appelait les membres, et à Huy, les quarts.

Chaque année, le jour de l'octave de saint Servais (20 mai), du moins jusqu'en 1775, les métiers de Huy se réunissaient sur leurs chambres respectives, pour y pro- céder à l'élection de leurs officiers, nommément les gou- verneurs et le rentier (receveur). Une ordonnance portant règlement, de 1621 (2), pourrait faire supposer que ces gouverneurs devaient nécessairement être au nombre de quatre, ainsi que l'écrivait Jean d'Outremeuse; mais, dans le fait, on n'en trouve souvent que trois et même deux pour certains collèges.

On connaît une liste des métiers de Huy de l'année 1615 (5). Elle est incomplète, inexacte; mais on peut en conclure que l'ordre suivi dans le règlement de 1715 n'était pas nouveau. Nous nous y conformerons dans la

(1) Ordonnances de la principaulc de Liège, ù' série, t. I, p. il\.

(2) Ibid., série, t. IH, p. |.

(5) Annales du Cercle hulois, t. V, p. 58.

( 496 )

revue que nous allons passer/le ces corporations et dans l'indication des patrons dont elles étaient tenues de chô- mer la fête.

l'ic. 1.

i. Fèbvres. A Huy, comme à Liège, on comprenait sous ce nom les forgerons, les serruriers, les armuriers, les taillandiers, les couteliers, les potiers cl'élain, etc. Un règlement inédit du métier des fèbvres grossiers, en date du 6 avril 1426 (1), fait mention des cloutiers, fondeurs et serruriers. A la charte originale était appendu un sceau à l'eflîgie de saint Éloi, l'évêque-orfèvre qui devint le patron de ceux qui travaillaient les métaux.

FiG. 2.

2. Meuniers et boulangers. Sainte Catherine, la docte patronne des écoles et des philosophes, l'était aussi

(d) Arcliives de l'État, à Liège, registre remis en 1876.

( ^!»7 ) des meuniers et boulanj^'crs (IG5!2, 1715). Cependant le nouveau règlement (le 17i'2 leur prescrit d'honorer spé- cialement saint Adalbert, cet humble évèque qui, devenu moine, faisait la cuisine de son couvent (1).

FiG. [i.

3. Brasseurs. Dans une répartition de l'année 1615, la ville taxajce métier beaucoup jplus haut que les autres, sans doute parce qu'il était alors le plus riche. II avait pour patron saint Arnould.

Fie. 4.

4. Mascliers (bouchers), y compris les cabaretiers,

(1) Dans une autre ville du diocèse de Liège, à Maestricht, saint Âdalbert était pareillement le patron des boulangers.

( 498 ) hôteliers el cuisiniers travaillant pour le public. Patron : saint Hubert.

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Fie. n.

5. Tanneurs et corbesiers (cordonniers, savetiers). Patron : saint Crépin, l'anôlre-cordonnier.

Fie. G,

6. Drapiers. Personne n'ignore combien, dans les Flandres, la fabrication du drap était florissante au moyen âge. Dans la partie orientale de la Belgique, on connaît la réputation de Verviers, qui, à une époque plus rapprochée de nous, finit par absorber la plupart des manufactures du pays. Mais a-t-on jamais, de nos jours, entendu parler des anciens drapiers de Huy ? C'étaient eux pourtant qui, dès le XIII* siècle au moins, y exerçaient la principale industrie, celle dont s'occupaient à la fois hommes, femmes et

( 499 )

enfants (I). Outre les drapiers proprement dits, qui pro- bablement étalent des propriétaires de métiers, il y avait des halUers (marchands), des foulons, des fondeurs, des texheurs (tisserands), et des tindeurs (teinturiers), Les différentes associations que Cormaiont ces artisans étaient elles-mêmes indistinctement qualifiées de métiers ou de quarts, et quelques-unes avaient leurs privilèges particu- liers. De des contestations interminables, avec les balliers notamment, lesquelles mirent la corporation à deux doigts de sa perte et nécessitèrent plusieurs règle- ments entre les années 1557 et 1598. Celui de lSo8 est particulièrement remarquable en ce qu'il nous représente catégoriquement le métier des drapiers de Huy comme ayant été le principal de son espèce « des dix-sept bonnes villes délie draperie ayans franchises (2) b.

Cependant l'industrie drapière, à Huy, atteinte de nou- veau par les guerres de Louis XIV, ne fit plus que végéter. Une société se forma, en 1714, pour la relever; on fit venir des ouvriers étrangers et particulièrement de Sedan ; mais bientôt des difîicullés surgirent, et si le métier lui- même subsista jusqu'à la révolution française, la manu- facture de draps n'eut pas deux années d'existence (5).

(1) Ordonnances de la principauté de Liège (1537), 2* série, t. I, p. 107.

(2) Ibid., 2* série, t. Il, pp. 201 et suiv. Le même règlement rappelle une ordonnance de 155G rétablissant l'unité du métier, moyennant l'élection de deux gouverneurs pour les drapiers, un pour les foulons et tondeurs, et un quatrième pour les teinturiers.

(5) Annales du Cercle hutois, t. V, p. 175; Drapiers de fluy, Chartes, reg. de 1714 et années suiv.

( 500 )

En verlu d'une ordonnance de 1434, confirmant d'an- ciens usages, les drapiers devaient entendre la messe cl chômer le jour de saint Séverin.

Leur sceau, tel qu'il se trouve appendu à une charte de l'année 1560, représente les armes de Huy sous la forme de trois tours crénelées, portant bannière et saillant sur un mur; en haut, une navette; à gauche, une carde; à droite, une paire de forces; au-dessous, un écu vide. Légende : S{ee)l... me'ty... drapp,.. la ville de... (fig. 1 de la planche).

FiG. 7.

7. Maroniers ou naiveurs (mariniers, bateliers), y com- pris les sabliers et harengiers (marchands de sel et pois- sonniers). Au métier des naiveurs se trouvait agrégée une société qui existait déjà au XV^ siècle et jouissait de pré- rogatives particulières; c'était celle des biseurs, c'est-à- dire bateliers conduisant la bisawe ou bateau couvert destiné à transporter des voyageurs et des marchan- dises (1).

Les naiveurs étaient sous la protection de saint Nicolas,

(1) Ordonnances de la principauté de Liège, ô« série, t. F, p. 25a.

(SOI ) CD souvenir de rinlercossion de cet évèque qui, d'après la légende, sauva des mariniers en danger (I).

1-"IG. 8.

8. Merciers, y compris le quart des toiliers. Les gens de ce métier vendaient aussi des articles de toilette, des épiceries, des drogues, du lard et une loule d'autres menus objets. Us honoraient saint Michel comme patron, sans doute parce que leur emblème était une balance, et que le saint est quelquefois figuré présentant une balance à Jésus.

Fio 9.

9. Tailleurs (anciennement nommés entretailleurs ou parmenliers),vienx-wariers (fripiers) et vairains-xhoxhiers (pelletiers). Ce métier comprenait les cfiaussetiers et four-

(1) Jacques de Voragine, La léfjende dorée.

502 )

nissait les estimeurs des objets mobiliers. Il fêlait particu- lièrement sainte Anne.

FiG. 10.

iO. Maçons et charpentiers, y compris les mairniers ou marchands de bois. Les autres quarts étaient les tailleurs de pierres, les briquetiers, les chaufourniers, les manou- vriers, les scieurs, les escriniers (menuisiers), les cou- vreurs, les charrons, les entretailleurs (tailleurs d'images), les tourneurs, etc. Leur patronne était sainte Barbe, pro- bablement à cause de sa tour légendaire, qui était œuvre de maçon.

Fifi. il.

11. Vignerons. Les gens de ce métier sont cités par Jean d'Oulremeuse au commencement du XIV' siècle. Ils formaient, avec les cotiers ou maraîchers, une corporation dont le patron était saint Vincent.

( 505 )

m.

A la guerre, comme dans les cérémonies publiques, nos métiers déployaient leurs bannières. Ils avaient leurs sceaux, des insignes pour leurs chefs, et, principalement dans nos provinces flamandes, des médailles ou méreaux pour leurs membres. Tous ces objets portaient des emblèmes héraldiques particuliers, rarement des armoiries véritables. Le plus souvent on y représentait des figures de saints ou d'industriels, des matières ou des instruments de travail. A Huy, les armes parlantes dominent et se détachent sur un fond rouge. C'est ainsi du moins que nous les trouvons blasonnées dans un vieil armoriai con- servé aux archives de l'État, à Liège.

Si l'on excepte les méreaux, qui n'avaient pas de valeur et n'excitaient pas la colère des princes, bien peu de ces marques extérieures de la puissance des corporations sont arrivées jusqu'à nous. Autant les riches colliers <les gildes d'archers, d'arbalétriers, d'arquebusiers se sont trouvés nombreux à nos expositions rétrospectives, autant étaient rares les insignes portés par les chefs de métiers. A peine en peut-on citer un pour nos opulentes communes du nord; il n'y en avait point de provenance wallonne.

Il n'est donc pas sans intérêt de faire connaître une relique de cette espèce, ayant appartenu au métier des merciers de Huy. C'est une plaque bombée, de forme rec- tangulaire, en argent repoussé et ciselé, fixée par derrière à une feuille de laiton munie de quatre annelets qui per- mettaient de l'attacher à une bandoulière. Au milieu, dans un ovale entouré de feuilles d'acanthe, on voit saint Michel

( 504 )

en costume de guerrier romain, foulant aux pieds le démon et tenant une balance; dans le champ, la date 16-36. Autour, se trouve gravée l'inscription : "^ Av temps Sacré DE Waresme, Robert Uagnet, Paqvay de Parfonry Govveu- NEVR^ et Jean De Movmal' Rentie"^ (fig. 2 de la planche, collection de l'auteur).

Celte inscription concorde parfaitement avec le procès- verbal dont voici un extrait, d'après le registre aux reccz du métier des merciers de Huy (1613-1642) (1) :

Élection des gouverneurs des merciers et autres officiers de Van 1635 :

Sac7^é de Varesme. Robert Ragnet. Pacquay Parfonrieu. Jean de Moumalle, renthier.

Suivent les noms des cinquante-cinq compagnons qui donnèrent leur voix, « le jour de l'octave Monsieur saint Servais, 1635 », plus ceux de cinq autres qui se firent inscrire le lendemain, il convient d'ajouter que ces réu- nions des merciers avaient lieu a sur leur chambre ordi- naire, en la maison de La Ralance, sur le Marché ».

Mais à cette pièce ne se borne pas tout ce dont l'art est redevable aux merciers de Huy. Sur la garde d'un autre registre aux recez de la même corporation (1643-1666), se trouve collée une gravure de Michel Natalis, inconnue à l'auteur de son Œuvre. Elle représente saint Michel dans

(l) Archives de l'État, à Liège.

Iiiilli'iin^i,')'' s,rfic. loim- \ \

0 tlenrotte.del'

( 50ri )

une atliludc différente cl foudroyant de son épée un dra- jj;on cornu. L'archange tient également une balance, mais ici les plateaux, au lieu d'être vides ou de contenir des poids et du pain d'épice, comme on pourrait s'y attendre, sont occupés par deux petits enfants figurant des âmes, et l'un de ces plateaux est accroché par le diable, qui s'efforce de le faire pencher de son côté. Ne se croirait-on pas de deux siècles en arrière, tant est naïve cette réminiscence iconographique? Au bas de la planche se trouvent les quatre écussons des trois gouverneurs et du rentier élus en 1643, ce qui nous donne du même coup l'âge de la gravure.

On peut conclure de ce qui précède, que les blasons des métiers étaient sujets à certaines modifications, du moins dans leurs parties accessoires. On remarquera aussi que les bourgeois de Huy savaient honorer leurs chefs et s'en- tendaient à choisir les artistes qui travaillaient pour eux.

( o06 )

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 6 novembre 4890.

M. Jos. ScHADDE, directeur.

M. J. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. H. Hymans, vice-directeur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Ernest Slingeneyer, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, God. Guffens, Th. Radoux, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Grool, Gustave Biol, Edm. Marchai, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, J. Rous- seau, Max. Rooses, membres; A. Hennebicq, F. Laureys et J. Robie, correspondants.

CORRESPONDANCE.

La Classe apprend, avec un profond sentiment de regret, la perte qu'elle vient de faire en la personne d'un des membres de la section de peinture, M. Charles-Michel Ver- lat, à Anvers le 25 novembre 1824 et décédé dans la même ville le 24 octobre dernier.

M. Schadde, en sa qualité de directeur de la Classe, s'est fait l'organe de ses confrères aux funérailles.

Des remerciements lui sont votés pour son discours, qui sera inséré dans le Bulletin de la séance.

( o"7) Une lettre de condoléance sera adressée à M"" veuve Verlal.

M. G. rioiïinan adresse dos remerciements au sujet du prix accordé à son projet de diplôme destiné aux lau- réats de l'Académie.

M. le vicomte Delaborde, associé, offre un exemplaire de sa notice sur l'architecte Questel, ancien associé de l'Académie. Remerciements.

Discow^s prononcé aux funérailles de Charles Verlat ; par J. Schadde, directeur de la Classe des beaux-arts.

Messieurs,

Organe de la Classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique, je viens rendre un suprême hommage à la mémoire de l'un de ses membres les plus distingués, de Charles Yerlat, un collègue, un ami.

Ce n'est pas seulement la Compagnie au nom de laquelle je porte la parole qui est atteinte par cette perte doulou- reuse; la ville d'Anvers, le pays entier, s'attristent quand ils voient disparaître un artiste aussi éminent, dont la renommée fait partie du patrimoine national.

Cette renommée, dont l'art flamand a le droit d'être fier, Charles Verlat l'avait conquise par ses rares qualités de coloriste, par l'esprit si fin qu'il dépensait dans ses œuvres, par la variété de ses sujets, qu'il traitait tous de main de maître, par la noble ambition qui l'animait de se sur- passer lui-même, entrevoyant toujours un but plus élevé à atteindre.

I

( 508 )

Des voix autorisées, des voix éloqiienles et émues vous ont entretenus de ses rares aptitudes. Professeur épris de son art et dévoué à ses élèves, qui voyaient en lui le maître par excellence, il savait attiser l'étincelle du feu sacré, partout il en découvrait l'existence.

Je ne parlerai pas ici du nombre considérable d'œuvres qui ont valu à Charles Verlat une réputation universelle, je tiens seulement à vous rappeler la dernière conception à laquelle il a travaillé, celle qui devait couronner une carrière déjà si brillante : la décoration murale du vestibule de l'hôtel de ville d'Anvers. Un des panneaux de ce vaste travail est seul achevé, mais Verlat y a donné toute la mesure d'un talent qui n'a pas cessé de grandir.

Aucune œuvre ne l'avait autant intéressé, autant cap- tivé.

Il venait à peine de terminer cette grande et belle page, lorsqu'il ressentit les premières atteintes du mal contre lequel il a lutté longtemps avec énergie et auquel il a succombé.

Charles Verlat fut élu membre de l'Académie royale de Belgique, le iO janvier 1884; l'Académie, en l'admettant dans son sein, avait rendu hommage à un talent consacré par les suffrages de ses pairs, par les nombreuses distinc- tions que Charles Verlat s'était vu décerner en Belgique et à l'étranger.

Et maintenant, qu'il me soit permis, devant sa dépouille mortelle, en souvenir d'une vieille liaison, d'oublier ma mission officielle et d'adresser un dernier adieu au collègue, à l'ami, que nous avons le profond regret de ne plus voir occuper la place qu'il avait parmi nous. Adieu, Charles Verlat, adieu !

C 509 )

nAITORTS.

Il esl donné lecture des rapports suivants :

De la section de musique, sur deux compositions musicales de M. Heckers, soumises à l'Académie, à titre d'envoi réglenientaire, comme grand prix du concours de composition musicale de 1887. Renvoi à M. le iMinistre de l'Intérieur et de l'Instruction publique;

De la section de sculpture (rapjjorteur M. Marchai), sur le deuxième rapport semestriel de M. Lagae, premier prix du grand concours de sculpture de 1888. Même renvoi.

3" De la même section, sur le modèle du buste de feu J. Braemt, exécuté par M. Namur. Même renvoi.

Sur la nécessité de créer une école de reslauralion de tableaux; par L. Lampe.

KappoÊ'l do ff.rr. Féli» {t'appot'tcur), Slingoneye»', Slatlaei'l et MSotisaeau,

La note de M. Lampe sur la nécessité de créer une école de restauration de tableaux débute par des considérations très justes, mais peu nouvelles, sur le danger que courent les œuvres de maîtres confiées à des mains inexpérimen- tées. Pour peu qu'on ait vécu dans le monde des arts, on

3°'* SÉRIE, TOME XX. 54

( 510 )

sait combien de tableaux ont été gâlés, combien ont élé enlièremenl perdus par le fait de restaurations maladroites. L'auteur de la note met dans ses récriminations contre les retoucheurs coupables de maladresse une chaleur qui va parfois jusqu'à l'emphase; mais cela n'empêche pas qu'au fond il ait raison. Toutefois, pour être juste, il ne faut pas s'en prendre uniquement aux hommes du métier des outrages infligés à des peintures anciennes dignes de plus de respect. Certains de leurs clients sont les vrais cou- pables, exigeant que les tableaux confiés par eux au restau- rateur pour un nettoyage, souvent inutile, et pour des retouches qui n'étaient pas indispensables, leur reviennent avec la fraîcheur de peintures de récente exécution. Témoin les Rubens de la Galerie Médicis, que la direction du Louvre a fait récurer à fond il y a quelques années et qui, par l'enlèvement du glacis, sont devenus d'un éclat furieu- sement tapageur. Comme on faisait remarquer au conser- vateur d'alors combien l'enlèvement de l'ancienne patine avait élé préjudiciable aux œuvres du maître et quelle fâcheuse ihipression produisait leur crudité discordante, il répondit que rien n'empêchait de les réharmoniser de nouveau, sans doute au moyen d'une sauce quelconque, c'est-à-dire par un surcroît de vandalisme. Ce ne sont pas seulement les chefs-d'œuvre de Rubens qui ont souffert du nettoyage, au Louvre; on signalait dernièrement la Femme hydropique de Gérard Dou comme étant gravement compromise par une opération de ce genre. Les musées de Dresde et de Munich ont soumis bon nombre d'œuvresde prix au système du nettoyage par le procédé Petenkoff, et sous prétexte d'en éclaircir le coloris en les débarrassant du voile dont le temps les avait recouvertes, leur ont donné un éclat brutal qui blesse les regards des gens de goût. Tout

( 311 )

lo monde n'a pas été satisfait du nettoyage qu'a subi der- nièrement la Ronde de nuit (litre faux, mais corisacré par l'usage) de Rembrandt. La plupart du lem[)s, le nettoyage (les tableaux est un acte de vandalisme. Disons que c'est un mal qui ne sévit pas au Musée de Bruxelles, l'on respecte la patine séculaire qui est un grand charme aux yeux des vrais connaisseurs, convaincus que le temps a : été, pour bien des peintres, un précieux collaborateur.

Il y a des praticiens qui entendent singulièrement la restauration des tableaux. Dans un Traité mélhodique de la peinture à VhuHe, suivi de l'art de la restauration des tableaux, M. F. Goupil, élève d'Horace Vernet, s'exprime ainsi, après avoir expliqué comme quoi les retouches qui se trouvaient d'abord dans le ton de la peinture deviennent visibles au bout de quelque temps : « Il est certain que les parties nouvellement peintes devront changer dans un temps donné, tandis que les anciennes ne bougeront pas. De la discordance. Pour éviter ce résultat, un habile restaurateur ne doit pas se borner à repeindre les frag- ments endommagés; il lui faut peindre un peu partout, en sorte que le tableau semble peint nouvellement. » Cette théorie est absolument monstrueuse. On comprend ce que peut devenir un tableau ancien entre>fc-3 mains d'un pra- ticien professant de tels principes.

On a publié des traités de la restauration des tableaux meilleurs que celui de M. Goupil. Celui d'Horsin-Déon : De la conservation et de la restauration des tableaux, ren- ferme l'exposé des vrais principes de l'art de conserver la santé des peintures anciennes et de guérir leurs maladies, car il y a une hygiène comme une médecine picturale.

Dans le travail qu'il soumet à l'Académie, M. Lampe demande l'établissement, sous les auspices du Gouverne-

( 5iî2 )

n.enl, d'un cours public de reslauralion des tableaux anciens. Ce scrail, di(-il, ouvrir une carrière nouvelle à cerlains de nos jeunes arlisles qui, leurs éludes acadé- miques icrniinées, pourraient, au bout de trois ou quatre années d'un enseignement pratique, sul)ii- un examen devant une commission compétente et recevoir un diplôme qui leur |)crnietlrail d'exercer, dans le pays et à l'étran- ger, une profession lucrative.

Si l'on fait trop de peintres d'bistoire, de portraits, de tableaux de genre et de paysages dans les Académies, il faut, par bumanilé, éviter de faire trop de peintres restau- rateurs. C'est une carrière l'encombrement serait éga- lement à craindre, si l'on y poussait de nombreux jeunes gens par les facilités qu'offrent les cours publics et gratuits. Il n'y a pas toujours des tableaux à retoucher; à la vérité, au train dont va la peinture des artistes du XIX* siècle, les restaurateurs ne manqueront pas de besogne plus tard. Les tableaux anciens qu'il faut retoucher sont ceux auxquels il est arrivé un accident, un choc ou une déchirure. Ceux qui sont conservés avec soin dans les musées ou dans les cabinets d'amateurs restent intacts, ne portant pas en eux-mêmes un principe de détérioration. Il n'en est pas de même des tableaux modernes, qui sont, pour la plupart, atteints d'une maladie chronique à peu près incurable. Tous les tableaux de l'école française et beaucoup de tableaux de l'école belge de l'époque contem- j)oraine souffrent de cette maladie, qui se manifeste par des fendillements, par des crevasses, par une sorte de lèpre ou d'éléphaniiasis qui les ronge. Il en est dont l'aspect est lamentable; d'autres sont entièrement perdus. Dans le portrait de Cherubini, |)ar Ingres, la figure de la muse n'existe plus. Le Naufrage de la Méduse, de Géricaull, est

(315)

Ibrl avarié; on perdrait son temps à citer les luhleaiix dn siècle qui sont crevassés à ce point, qu'il semble (|ii'on les voit ;\ travers un grillage. Quelquefois aussi c'est la partie supérieure du tableau (pii coule sur l'inférieure, comnn; cela est arrivé à deux tableaux du Musée de Bruxelles qu'il aurait fallu retourner de temps en temps pour remettre les choses ù leur place, et (|ue les auteurs ont réparer, ayant l'humiliation de voir leurs œuvres durer moins qu'eux-mêmes, eux qui avaient eji, sans doute, la prétention et l'illusion de la postérité. Ces maladies, qui n'ont pas atteint les tableaux des maîtres anciens, ont pour causes l'abus du bitume et de certains siccatifs, la mauvaise (Qualité des couleurs, des huiles et des vernis, ainsi que le mancpie de discernement dans l'emploi des procédés d'exécution.

Est-ce en prévision des désastres dont sont menacés un grand nombre d'œuvres de peinture des artistes contem- porains, (jue l'auteur du projet soumis à l'Académie vou- (h'ait voir créer une institution qui multiplierait les restaurateurs?

Dans la pensée de M. Lampe, l'apprentissage des peintres décorateurs devrait durer trois ou quatre années, qui succéderaient à celles des éludes académiques. Ne seraient admis à suivre le nouveau cours que les jeunes gens qui auraient appris préalablement à dessiner et à peindre. Ils seraient récompensés de leur persévérance par l'obtention d'un diplôme constatant qu'ils sont habiles en leur art, car la restauration est un art, et ce témoignage de capacité les ferait bien accueillir, suivant l'auteur du projet, partout ils iraient exercer leur profession, à l'étranger comme en Belgique.

La difficulté serait peut-être de trouver un homme de

( 514 )

lalcnt et d'expérience, sachant tout ce qu'il faut savoir pour donner l'enseignement projeté, et disposé à commu- niquer à d'autres, qui deviendraient des concurrents, toute la science (lu'il a acquise par une longue pratique. Il n'est guère de peintre restaurateur qui n'ait la prétention de posséder des secrets dont l'emploi lui donne la supériorité qu'il se llalle d'avoir. Le professeur nommé par le Gouver- nement ne pourrait évidemment pas conserver cette pré- tention; il devrait révéler à ses élèves tous ses procédés, mystérieux ou non.

Pour faire l'éducation complète d'un peintre restaura- teur, on ne devrait pas se borner à lui donner des instruc- tions théoriques sur les travaux qu'il sera appelé à exé- cuter; il faudrait lui enseigner, non seulement la pratique (le la restauration proprement dite, mais. encore celle du dévernissage, du nettoyage, du reiixage, du masliquage, (lu rentoilage, de tout ce qui constitue enlin l'art de remettre en étal un tableau qui a subi des altérations quelconques. On lui dirait qu'il ne doit pas viser à faire montre de son talent de peintre; qu'il doit se borner, dans ses restaurations, à faire le strict nécessaire et que le peu qui reste de l'ancienne peinture vaut mieux que tout ce qu'y peut ajouter le restaurateur.

Ce n'est pas la première fois qu'on songe à établir un enseignement public de l'art de restaurer les anciennes peintures. Il y a quelque quarante ans que le Gouverne- ment chargea feu M. Etienne Le Roy, dont la compétence n'était pas discutable, du soin de donner un cours destiné à former des peintres restaurateurs. Cette mesure n'eut pas même un commencement d'exécution. M. Etienne Le Roy n'ouvrit pas le cours en question et par conséquent ne forma pas d'élèves. Sera-t-on plus heureux cette fois?

( 5i5 ) Kl d'abord, à qui s'adrcssera-l-on ? Sans prétendre (ju'il n'y ail pas chez nous de peinlre reslauraleur sachant son métier, on peut dire qu'il n'y en a pas dont la supériorité soil si bien établie, qu'il puisse inspirer une conflance ahsohie quant aux résultais de son enseignement.

Une (liiricullé à laquelle n'a pas songé l'auteur du projet que nous examinons est celle-ci : se procurera-l-on des tableaux anciens sur lesquels puissent opérer les élèves du cours, auxquels on ne pourrait délivrer le diplôme dont il est question qu'après les avoir vus à l'œuvre? Ouvrirail-on un atelier officiel de restauration? Ce sont des points que ne toucbe pas M. Lampe.

En résumé, l'auteur du travail soumis à l'Académie, travail assez conlus d'ailleurs, il est parlé de choses qui n'ont pas un rapport direct avec l'objet dont il traite, a raison lorsqu'il s'attache à prouver que la restauration des tableaux exige des connaissances, une sagacité et une conscience que n'ont pas toujours ceux qui en font leur profession, et lorsqu'il parle de l'utilité qu'il y aurait à répandre la notion des vrais principes de cet art, dont l'importance n'est méconnue ni des directions de musées, ni des amateurs éclairés. Quant aux mesures d'exécution par lesquelles serait réalisée l'idée de créer un enseigne- ment public de l'art en question, elles ne sont pas suffi- samment indiquées pour que l'Académie puisse se pro- noncer sur les résultats qu'on serait en droit d'attendre de l'application de cette idée.

Je propose de remercier M. Lampe de sa communication et d'ordonner le dépôt de son travail dans les archives de l'Académie. » Adopté.

( ^*6 )

ÉLECTIONS.

La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste de présentation des candidatures pour les places vacantes, liste arrêtée par les sections de peinture et de musique.

OUVRAGES PRESENTES.

Henrard [P.). Les fondeurs d'artillerie aux Pays-Bas Anvers, 1890; in-8° (58 p.).

Histoire du siège d'Oslende (1601-1604). Bruxelles, 1890; in-8» (148 p.).

Errera [L.]. La respiration des plantes, Rruxelles, 1890, extr. in-8'' (27 p.).

De Busschere [Louis). Note sur l'unification des heures au point de vue de l'exploitation des chemins de fer. Gand, 1890; in-8°.

Zanardelli [Tito). Nouvelles stations préhistoriques des bords de la Meuse, entre Profondeville et Annevoye. Bruxelles, 1890; in-8°(20 p.).

L'Étrusque, l'Ombrien et l'Osque dans quelques-uns de leurs rapports intimes avec l'Italien. Bruxelles, 1890; extr. in-S» (38 p.).

Ooms (/.). Notice sur le nouveau réseau téléphonique militaire, reliant les forts et établissements de la position d'Anvers. S. 1. ni d.; in-4" (6 p.).

( s^7 )

Beltjens (Giist.). ['Des oiivcriiircs de cn-dil cl dc^ comptes cour.inls gjirantis par une hypothèque. Bruxelles, 1890; iii-8» (54 p.).

Mdtllileii (Ernest). L'euseii^iiernent à Braine-Ie-Comte, édition. Hrainc- le -Comte, 1890; in-8° (64 p.).

Vander flaeghen {F.). Bihliothcra Belgica, livraisons 100 i\ 103. (Jand; in- 1^2,

Vlaamsche Académie van iaal- en lellerhunde, Genl. Jaarbock, 1890. Verslagen en medcdeelingen, 1889-90. In-8».

Académie royale de médecine de Belgique. Procès-ver- baux des séances, 1890. Bulletin, 1890. Mémoires couronnés, tome IX, fasc. ; X, 1", 2% 5^ In-8'.

Ministère des Affaires Étrangères. Recueil consulaire, tomes LXIV à LXX. Bruxelles; in-8''.

Ministère de l'Agriculture, etc. Bulletin de l'Agriculture, 1890, tome VI. Bulletin administratif, tome V, 1889. In-8".

Archives de la Belgique. Inventaire ou table alphabé- tique et analytique des noms de personnes contenus dans les registres aux gages et pensions des Chambres des comptes, par J. Proost. Bruxelles, 1890; in-folio.

Willems-Fonds, Cent. Jacob Van Maerlant (A. Vermast). In-18.

Catalogus Codicum hagiographicorum latinorum antiquo- rum, saeeulo XVI, etc., tonius II. Bruxelles, 1890; vol. in-8".

Allemagne et Autriche-Honguie.

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Fiirsilich Jablonowski'sche Gesellschaft zu Leipzig. Prcisschriftcn, n' X dcr malhemalisch-nalurw. Scclion. Gr. in -8».

Académie des sciences de Cracovie. Bulletin international, 1890; in-8°.

Akademic der Wissenschaften zu Berlin. Silzungsbe- richle, 1889-1890. Abhandlungen, 4889. Polilische Corrcspondcnz Fricdrich's des Grossen, Bd XVIII, 1.

Geographische Anstalt, Gotha. Milleilungen, 1890. Eiganzungslicft, N' 96-99. Golba, 1890; in-i».

Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. Abhand- lungen und Berichtc fiir 1890. Register zu don Jahrgângen 184G-1883 der Berichtc und zu den Banden l-XII der Abhand- lungen der malhem. Classe.

K. bayerische Akudeniie zu Mûnchen. Ilistor. Classe : Abhandlungen, Bd. XVIII, 5; XIX, 1,2. Math.-physikal. Classe : Abhandlungen XVII, 1. Sitzungsberichtc, 1889-4890.

Philos. -philol. Classe : Abhandlungen, Band XVIII, 2. Almanach fiir 4 890.

Casopis pro pestovani Mathemaliky a Fysiky, 4890. Prague, 4890; in -8°.

Geologische Reichsanstall, Wien. Jahrbuch, Jahrg., 1890.

Verhandlungen, 4889-90. Abhandlungen, Band XIII, 4 ; XV, 4,2.

Akademie der Wissenschaften zu Wien. Anzeiger, 4890; in-8°.

K. K. naturhistorisches Hof muséum, Annalen, IV, 4; V, 4, 5. Vienne; in-8".

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Deutsche Gesellschaft fier Natur- und Votkerkunde Ost- Asiens.— Milteilungen, Ueft 43 und 44. Yokohama, 1.890; in-4".

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Société khédivale de géographie, Le Caire. Bulletin, 5^ série, n" 5, 4; in-8».

Jornal de sciencias malheraaticas e astronoraicas (F. Gomes Teixeira), vol. IX, 4-6. Coïmbre; in-8°.

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BULLETIN

DR

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LKTTRES ET DES BEAIX-AUTS DE BELGIQUE. 1890. 12.

CLASSE DES SCIEUCES.

Séance du 6 décembre i890.

M. Stas, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur, le baron de Selys Longchamps, G. Dewalque, H. Maus, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, Âlf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De heen, membres; E. Catalan, Ch.de la Vallée Poussin, associés; Léon Fredericq, J.-B. Masius, C. Le Paige, Ch. Lagrange, L. Errera et F. Terby, correspondants.

3"' SÉRIE, TOME XX. 35

( 526 ) CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Inlérieuret derinstruclion publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, les Bulletins n"' i et % année 1890, du Cercle hutois des naturalistes. Remerciements.

Hommages d'ouvrages :

i" Sur un théorème de M. Mannheim; par E. Catalan;

Essai d'une théorie mathématique de la lumière, de la chaleur, etc.; par Colnet d'Huarl, associé de la Classe, à Luxembourg;

Résumé météorologique de 4889, pour Genève et le grand Saint-Bernard ; par A. Kammermann;

// Cocodrillo fossile; par Giovanni Omboni;

La Naupathie; par le D"" Vanlair;

Sur l'unification de l'heure; par E. Pasquier;

7" Contribution à l'élude de la circulation cérébrale; par les docteurs J. De Boeck et J. Verhoogen ;

Ueber den Einftuss der Temperatur auf die Liestungsfàhigkeit der Muskelsubstanz; par J. Cad et J.-F. Heymans;

Histoire naturelle des annelés marins et d'eau douce, tome ni, seconde partie; par L. Vaillant. Remercie- ments.

M. Jacques Deruyts demande le dépôt dans les archives d'un billet cacheté, daté du 28 novembre 1890, et portant en suscription : Notes sur les covariants primaires.

Une demande semblable est faite par M. Van der Mensbrugghe pour un billet cacheté portant en suscription: Sur quelques effets curieux de diffusion et de réflexion

( 527 ) des reflets lumineux. Le dépôl de ces billets est accepté.

M. Terby demande l'ouverture d'iin billet cacheté, daté du 20 avril 1887, portant comme mart|iie dislinclive la lettre A, dont la Classe a accepté le dépôt dans sa séance (In 10 mai suivant.

M. Terby demande, en même temps, à être inscrit à l'ordre du jour de la séance pour une lecture relative au contenu de ce pli. Voir : Communications el lectures.

M. É. Dupont présente pour V Annuaire de 1891 la notice biographique de L.-G. de Koninck. Remercie- ments.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

Lettre de M. Eugène Ferron, en date du 22 no- vembre 1890, a[)pelanl l'attention sur un article des Annales de Poggendorl' (1889) relatif à l'e^wa/ion /bwrfa- vietilale de la théorie de la lumière. Commissaires : MM. Mansion, De Tilly et Van der Mensbrugghe;

Notice sur la monazite de JSil-Sainl-Vincent; par A. Franck. Commissaires : MM. de la Vallée Poussin el Renard;

Réduction des nitrates par la lumière solaire, 2* note; par Emile Laurent. Commissaires : MM. Stas, Errera et Gilkinet;

Aote relative au problème de chercher une fonction W, satisfaisant aux conditions, etc.; par L. de Rail. Commissaires : MM. Mansion et Catalan ;

5" Recherches sur la précipitation fractionnée des siib- stances albuminoïdes du sérum sanguin du bœuf; par J.-H. Corin el G. Ansiaux. Commissaires : MM. Frede- ricq et Masius.

( 528 )

RAPPORTS.

MM. Liagre, Folie et De Tilly donnent lecture de leurs rapports sur les dépêches de MM. les Ministres de inté- rieur et des Chemins de fer, demandant l'avis de l'Aca- démie sur l'adoption, en Belgique, d'un méridien unique et de l'heure universelle, questions soulevées par l'Acadé- mie des sciences de l'Institut de Bologne. La décision prise par la Classe sera communiquée à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, en même temps que la copie des rapports précités.

Observations physiques de la planète Mars en 4890; par J. Guillaume.

Rapport tte U. Terhy, pt'etniei* cotninistaiwe.

« Notre savant confrère, M. Folie, empêché par une indisposition, a désiré que je remplisse les fonctions de premier commissaire dans l'examen du mémoire sur Mars que M. Guillaume a soumis à la Classe; j'ai donc étudié le travail en question avec le plus grand soin et j'ai reconnu que les observations de l'auteur sont de nature à offrir un grand intérêt aux aréographes.

L'Observatoire de M. Guillaume est situé à Péronnas, près de Bourg-en-Bresse, dans le département de l'Ain; sa latitude n'excède celle de Milan que de 43' environ. L'auteur se sert d'un télescope à miroir de Wilh, de 0,216°°" d'ouverture, et s'est déjà fait avantageusement connaître

( 529 )

par des dessins aslronomi(|ues très bien exécutés : je fais allusion à ses observations de Saturne et de certains cra- tères lunaires, tels que Godin, Parry, Aristarqne,etc. Ayant dirigé son attention sur Mars pendant l'opposition si défavo- rable de cette année, il a pu, à maintes reprises, constater l'apparition mystérieuse des canaux et même le dédouble- ment de ceux-ci : ses observations viennent donc à l'appui de celles de M. Schiaparelli.

Je puis dire que, dans la grande majorité des cas, je suis d'accord avec M. Guillaume, quant à l'identification des détails dessinés par lui; il est naturel aussi qu'au milieu de configurations parfois très compliquées, il se produise entre nous des divergences d'opinion.

M. Guillaume donne pour chaque dessin la longitude du méridien central calculée d'après les éphémérides de M. Marth; ces longitudes ne sont qu'approximatives, comme il le dit lui-môme, mais suffisent pour les identi- fications. Les grandes configurations de Mars sont d'ailleurs si bien connues aujourd'hui, qu'au premier coup d'oeil jeté sur un dessin bien réussi on reconnaît la région qui s'offre aux regards.

Les nombreux et précieux détails exposés par l'auteur me donnent la conviction que ce mémoire sera consulté avec fruit par les aréographes, et aura son importance dans les discussions qui se prolongeront certainement long- temps encore au sujet des canaux de Mars.

J'ai donc l'honneur de demander à l'Académie l'impres- sion de ce travail dans les Bulletins, avec les dessins qui y sont joints. »

La Classe a adopté les conclusions de ce rapport, auquel a souscrit M. Folie, second commissaire.

( 530 )

Nouvelle méthode pour la détermination quantitative du pain, de la farine, de l'albumine, etc.; par John Bar- ker Smith.

nappori dm SE. Spring.

« M. John Barker Smilh expose, dans la note qu'il vient de présenter à l'Académie, une nouvelle méthode pour la détermination rapide de la richesse de la farine, du pain, etc., en composés azotés. Celte méthode est basée sur la propriété du gluten d'exercer une action réductrice sur le permanganate de potassium, bien plus énergique que celle de l'amidon. En lait, on compare la valeur de deux farines à l'aide de la quantité de permanganate de potas- sium réduit, dans les mêmes conditions, par des poids égaux des deux échantillons.

Pour se prononcer, avec sûreté, sur la valeur d'une telle méthode, il faut s'en rapporter à l'expérience. Étant privé de mon laboratoire depuis longtemps déjà, par suite des obstacles mis par certaines personnes à l'achèvement de l'Institut de chimie de l'Université de Liège, je n'ai pu procéder moi-même au contrôle des résultats de M. Smilh. J'ai prié mon collègue M. le profes- seur Jorissen, plus compétent, au surplus, que moi dans la matière, de vouloir bien se charger de ce soin. Il a accepté le travail avec la meilleure grâce et il m'a écrit ce qui suit :

a Je me suis assuré que l'observation de l'auteur est » exacte pour ce qui concerne le gluten humide; cette » substance réduit énergiquement le permanganate, tandis » que l'amidon, par exemple, dans les conditions indi-

( ■«' )

v quées, n'agit pas sensiblemeol sur ce réactif. J'ai con- p slaté de plus, en opérant suivant les indications de t> l'auteur, que les quantités de permanganate réduites par » divers échanlillons croissent avec la richesse de ces p échanlillons en gluten.

» Tout en faisant des réserves sur l'emploi d'un réactif p aussi impressionnable que le permanganate pour l'ana- D lyse de mélanges plus ou moins complexes de pro- p duits organiques, dont l'action individuelle sur ce com- p posé devrait être tout d'abord étudiée minutieusement, p j'estime, continue M. Jorissen, que l'observation de p l'auteur est intéressante et qu'elle peut donner nais- p sance à une méthode rapide pour la détermination de p la teneur en gluten de la farine et du pain, p

Ainsi aidé par M. Jorissen, auquel il me sera permis de réitérer mes remerciements, je crois pouvoir proposer, en toute sûreté, à la Classe, d'accueillir la note de M. Smith dans le Bulletin de la séance. » Adopté.

De l'influence de la température extérieure sur la produc- tion de chaleur chez les animaux à sang chaud; par M. Ansiaux.

Mtapport <fe HÊ, tiàon JF'Ê-edet'icqf pÈ'etnief commiasai»'«.

c Les recherches de calorimétrie soumises à notre appré- ciation sont destinées à élucider une question de physio- logie fort importante et encore controversée : l'influence que les variations de la température extérieure exercent sur la thermogenèse chez les animaux à sang chaud. La plu- part des auteurs admettent, avec Pflûger et ses élèves, qu'un

( 532 )

abaissement de la température extérieure provoque chez l'animal à sang chaud une exagération de la production de chaleur; mais ceci est loin d'être admis par tous. Pour Winlernilz, Senator et d'autres, le froid n'aurait aucune influence sur la production de chaleur. Ch. Richet et ses élèves affirment même que le rayonnement calorifique diminue, lorsque la température extérieure s'abaisse.

Même divergence d'opinions au sujet de l'action des températures élevées.

M. Ansiaux a soumis des cobayes placés dans le calori- mètre d'Arsonval, à des températures comprises entre -j- et -t- 32", et a mesuré, pour chacune de ces tempé- ratures, leur production de chaleur. Il est arrivé à ce résultat fort intéressant, que la production de chaleur présente, chez le cobaye, un minimum, qui- correspond à une température voisine de la moyenne diurne en été ou au printemps : -h 20°. Dès que l'on s'écarte de cette tempé- rature, soit en plus, soit en moins, la production de cha- leur augmente: c'est donc aux températures très basses ou très élevées que l'on constate les valeurs les plus fortes de la Ihermogenèse,

Je me permets de faire observer que ce résultat inté- ressant, et qui semblera même paradoxal en ce qui concerne l'action des températures élevées, est entièrement conforme à ce que j'avais avancé en 1882, dans le mémoire sur la régulation de la température chez les animaux à sang chaud, que la Classe des sciences m'a fait l'honneur de couronner. Le travail de M. Ansiaux ne fait nullement double emploi avec le mien. J'avais eu recours dans mes expériences à une méthode indirecte et jusqu'à un certain point incertaine, qui consiste à calculer la quantité de chaleur produite, au moyen de la quantité d'oxygène con- sommée dans chaque expérience.

( 533 )

M. Ansiaux a mesuré direclemenl, au moyen du calori- mètre, les quantités de chaleur rayonnécs par les animaux en expérience. J'ajouterai qu'au moment M. Ansiaux venait de terminer la rédaction de son travail, il a eu con- naissance d'un mémoire récent de Rosenthal sur le môme sujet et exécuté également au moyen du calorimètre à air de d'Arsonval. Le savant physiologiste d'Erlangen arrive aux mêmes conclusions que M. Ansiaux.

J'ai l'honneur de proposer à la Classe de voter des remerciements à l'auteur, ainsi que l'impression de son intéressant travail dans le Dutlelin de la séance, avec les figures qui l'accompagnent. »

Mlapport de .ff. Maaitf, tecond cotntnitaaire.

a Les expériences nombreuses et consciencieuses de M. G. Ansiaux me paraissent à l'abri de tout reproche. Elles démontrent qu'il existe un minimum de production de chaleur qui, chez le cobaye, se présente vers H- 20" c, et que toute température inférieure ou supérieure exagère la thermogenèse.

Je me rallie aux conclusions de M. Léon Fredericq, d'autant plus que les résultats obtenus par M. Ansiaux au moyen du calorimètre confirment les conclusions auxquelles est arrivé, par une autre voie, notre savant collègue. )>

Conformément aux conclusions de ces deux rapports, des remerciements sont votés à iM. Ansiaux et son travail paraîtra au Bulletin.

L

( 534 } Sur le grisou ; quatre lettres par M. Delaurier.

nnppoft de M, Bfiaft,

« J'ai déjà en l'occasion de m'expiiquer sur les procédés de M. Delaurier pour prévenir les explosions de grisou dans les mines. Il combat l'emploi de la lampe de sûreté et la remplace par une multitude de petites lampes à feu nu ou par des courants électriques interrompus, qui auraient pour effet de brûler le gaz hydrogène carboné à mesure qu'il se produit. Cela prouve que M. Delaurier n'a aucune idée d'une mine à grisou, et son procédé pour empêcher les explosions aurait probablement pour effet de n'en rater aucune. Je propose le dépôt aux archives. » Adopté.

ÉLECTIONS.

La Classe procède à l'élection des membres de sa Com- mission spéciale des finances pour 1891. Les membres sortants sont réélus.

M. Brialmont remplacera M. Montigny, décédé.

( 535 )

COiMMUNICATIONS ET LECTURES.

Faits démontrant la permanence des taches sombres de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation; par F. Terhy, correspondant de l'Académie.

Le 26 avril 1887, j'écrivis une note concernant la pla- nète Vénus, et je l'envoyai à l'Académie royale sous l'orme d'un pli cacheté, dont cette assemblée voulu! bien accepter le dépôt dans la séance du 10 mai suivant (i). Cette note était conçue en ces termes et accompagnée d'un dessin de Vénus (2) :

« Le 11 avril 1887,je résolusdesaisir toutes les occasions » d'observer la planète Vénus à l'aide de l'équatorial de » 8 pouces de Grubb. Jusqu'aujourd'hui, 26 avril 1887, » malgré l'éloignement encore très grand de l'astre, j'ai D obtenu les résultats suivants :

» L'existence des taches n'est pas douteuse, leur i> position peut être reconnue, mais leurs contours et leur » l'orme sont très indécis;

(1) BuUelins, 3' série, tome Xllt, 1887, p. -470.

(2) Ce billet cacheté a été ouvert à la séance du C décembre 1890 et inséré entre guillemets dans la présente notice.

»

( 536 )

» 2" Jusqu'aujourd'hui, l'aspect de la planète a été, en général, conforme à cette figure :

Dessin du "26 avril 1887, de iMi"' à 5ii4i}m ji, j,oi,.^ temps moyen de Bruxelles. Image renversée.

» C'est-à-dire que j'ai observé : en a, la tache la plus ï marquée du disque, très voisine du limbe; en 6, une » ombre étendue qui a rendu constamment la région sud

> du disque plus sombre que la région nord; en c, des K ombres légères; en d, un filet sombre qui longe le bord » brillant de la planète; en e et en /", deux régions plus » blanches que le reste;

B La permanence de cet aspect avait, on le conçoit,

> quelque chose de décourageant; mais cette impression » défavorable se dissipe si l'on tient compte des faits sui-

> vants :

» D'après les éléments de Bianchmi et de De Vico^ i le pôle nord de Vénus doit se trouver, pendant cette » période d'observations, précisément dans la région a, et j> la rotation s'effectuer suivant la flèche g.

» Les taches de Biancliini et de De Vico étant situées ï vers l'équateur,- doivent donc se trouver en grande » partie dans la région obscure lorsqu'elles occupent la

( 5i37 ) p partie inférieure apparente de Vénus, et passer dans la i> région claire seulement en arrivant à la partie supé- D rieure; elles ne sont donc bien visibles actuellement » qu'en atteignant la moitié supérieure ou méridionale du » disque, elles causent cet obscurcissement permanent » de la corne sud en s'y succédant constamment.

» L'immobilité de la tache a s'explique également à D cause de son voisinage du pôle : elle ne serait autre que j> la mare boreum ou Marci Poli de Bianchini ;

» Ces résultats font bien augurer des observations » futures, la planète Vénus devant se rapprocher bientôt » considérablement de la terre.

» Louvain, 26 avril 1887. »

Je prie l'Académie de bien vouloir aujourd'hui prendre acte seulement des trois premiers points de cette note : constatation des taches de Vénus; 2" dessin du 26 avril 1887; constatation de l'invariabilité de l'aspect de la planète.

J'essayais, dans les autres paragraphes du pli cacheté, de me rendre compte de cette permanence d'aspect en invo- quant la position approximative de l'axe d'après les éléments de Bianchini et de De Vico; M. Schiaparelli, en effet, ne nous avait point appris encore, à celte époque, que cer- taines planètes principales ont une durée de rotation égale à celle de leur révolution. En saisissant toutes les occasions favorables d'observer la planète Vénus jusqu'au 19 août 1887, je ne tardai pas à reconnaître que, si mon explication de l'invariabilité d'aspect pouvait, jusqu'à un cerluin point, être admise, principalement au point de vue des données de Bianchini, pendant les mois d'avril et peut- être de mai 1887, elle devenait en tous cas inadmissible

( S58 ) après celle époque, altendu que les lâches se compor- taient tout autrement que celle hypothèse me l'avait fait prévoir.

]| ne faut donc plus attacher à celle simple conjecture d'autre importance que celle-ci : elle demeure une preuve de l'évidence avec laquelle j'avais constaté, en 1887, V inaltérabilité de Caspect de la planète.

Comment interpréter alors ces inégalités d'éclat presque invariables el singulièrement décourageantes pour l'ob- servateur qui cherche une irace d'un mouvement de rota- tion, comme je le faisais à celle époque? Elles me parurent reffet d'une espèce d'illusion inexplicable, el, plein de découragement, j'abandonnai l'observation régulière de Vénus depuis l'année 1888.

Les beaux travaux de M. Sehiaparelli sur Mercure et sur Vénus n'étaient point parvenus à me faire considérer plus favorablement mes observations : ce savant, en effet, attache beaucoup plus d'importance à certaines taches claires de Vénus qu'aux ombres légères sur lesquelles s'était portée surtout mon attention.

Le 27 octobre 1890, M. Perrotin présenta à rinslitul de France une note d'un intérêt capital el confirmant les résultats de notre savant associé de Milan (1); celte note contient un spécimen des dessins de Vénus que le direc- teur de l'Observatoire de Nice a exécutés, sans doute avec le plus grand équalorial de cet établissement.

Les dessins de M. Perrotin ont été pour moi une révé- lation et m'ont conduit à une série de conclusions telle- ment étonnantes, favorisées par des coïncidences tellement

(t) Comptes rendus de VAcad. des sciences de Paris, tome CXI, séance du 27 octobre 1890.

\

( S5<) )

inattendues, cpie j'eusse à peine osé en entretenir après coup l'Académie, si le pli cacheté, dont il a été question plus haut, n'avait été lu pour en garantir la parfaite authenticité.

// est incontestnble d'abord que le premier dessin de M. Perrolin, du 23 mai IS90, reproduit /idélement l'aspect du croquis que l'enfermait mon pli cacheté, croquis qui se rapporte au 26 avril 1887 (voyez la fig. i des Comptes rendus et aussi la fîg. 15 de notre planche) : on y recon- naît la grande ombre qui obscurcit les régions méridionales et des ombres qui occupent le terminateur et les régions boréales; j'avais spécialement signalé la blancheur qui règne au nord et au sud, au voisinage des cornes, blan- cheur que M. Perrotin signale aussi au nord (voir la des- cription du dessin extraite du pli cacheté).

Cet aspecta été observé à Louvain d'une manière presque invariable du il avril an 11 juin, pendant deux mois par conséquent {fig. 1 à 19): or, M. Perrotin l'observe égale- ment à Nice en 1890, pendant deux mois environ, si nous nous en rapportons à ses dessins (voir fig. 1,2 et 5 des Comptes rendus), et c'est seulement vers le 15 juillet que s'accentue un second type dans la disposition des ombres {fig. 3 des Comptes rendus) : la grande tache du sud semble avoir glissé vers la gauche par un mouvement insensible, en entraînant après elle une bande allant du nord au sud et qui commence à se détacher du termi- nateur.

Or, exactement deux inois aussi après ma première observation, c'est-à-dire le 12 juin, je représente une bande placée absolument comme celle de M. Perrotin (voir notre fig. 21), et cette bande continue à être le détail invariablement visible jusque dans le courant du mois d'août (Voir nos figures 21 à 4/); je l'observe et la dessine

( 540 ) du milieu de juin au commencement d'août 1887, et M. Perrolin du milieu de juillet à la fin de septembre 1890; elle persiste donc à Louvain et à Nice également pendant deux mois environ.

Tels sont les deux types de taches dessinés indépen- damment pendant la durée de nos observations, qui se sont prolongées de part et d'autre pendant quatre mois au moins.

11 y a plus encore : la bande sombre de M. Perrotin, en se détachant du terminaleur, fait place à un segment bril- lant situé entre la bande et la limite d'éclairement, dans le dessin du 24 juin, c'est-à-dire un mois après l'observa- tion qui a fourni le premier dessin (voir fig. 2 de M. Per- rotin); or, le 11 mai, un mois après le commencement de mes observations, je signale une tache claire exactement dans la même situation (voir notre fig. ^7); je dessine encore une tache claire le long du terminateur les 9 et 27 juin {\o\r fig. i8el52).

Faut-il voir dans ces similitudes d'aspects à trois ans d'intervalle autre chose que l'effet du hasard? Une autre coïncidence, aussi étonnante que les précédentes, permet au contraire de tirer de tous ces faits d'importantes con- clusions. Demandons-nous quelle partie de leur orbite par- couraient Vénus et la Terre à ces deux époques et quelles étaient les positions relatives des deux astres. Nous trou- vons d'abord que la longitude héliocentrique de Vénus, au moment du dessin que renfermait mon pli cacheté, était de 12i°, en nombre rond; or, celle qui correspond au dessin de M. Perrotin, du 23 mai 1890, était de 420". Quant aux longitudes héliocentriques de la Terre, elles étaient respectivement à ces deux dates : 215° et 242°, c'est-à-dire que la Terre, à l'époque des observations de Nice, n'avait qu'une avance de 27° environ par rapport à

^ Sil ) sa position correspondant à l'observation de Lonvain. Voici (railleurs un tableau contenant les longitudes béliocen- iriques de Vénus et de la Terre pendant toute la période (!es observations de M.Perrotin et des njiennes :

1887.

26 avril 26 mai . 12 juin.

Longitudes héliocentriques.

26 juin 220°

43 juillet. , i'S août. . .

VÉNL'S.

TERRE.

1890.

VÉNUS.

TERRE

1210

21-io

23 mai . . .

120O

242°

4 70»

2iio

24 juin . . .

1720

272»

197"

2610

1o juillet . .

206"

2920

220°

27io

2 aoiit . . .

23oo

310O

2470

290O

17 août . . .

209»

324»

2960

320»

27 septembre

3240

40

Reconnaissons donc que, pendant nos recberches sur Vénus en 1887 et en 1890, la planète parcourait exacte- ment la même portion de son orbite, et que la position relative de la Terre n'était pas bien différente.

Quand on voit une série d'une vingtaine de dessins, indépendants les uns des autres, montrer pendant deux moisun obscurcissement semblable, presque invariablement dans les mêmes régions, et ensuite une autre série d'une vingtaine de dessins, succédant aux premiers, accuser tous, pendant deux autres mois, une nouvelle, mais aussi invariable répartition de ces ombres; quand on voit ensuite se reproduire les deux mêmes séries de phénomènes à trois ans d'intervalle, aux mêmes longitudes héliocen- triques de Vénus et dans les mêmes positions relatives, à très peu près, de Vénus et de la Terre, il me semble diffi- cile d'échapper à ces conclusions :

O"* SÉRIE, TOME XX. 36

( 542 )

Ces observations ont porté sur la même portion de la surface planétaire;

Vénus, en parcourant la même partie de son orbite, après trois ans d'intervalle, ou après cinq révolutions complètes, a donc tourné, d'une façon permanente, vers les mêmes points du ciel, la même partie de sa surface, pendant la période de ces observations;

5"> La planète a donc aussi, à ces deux époques, tourné à fort peu près la même face au soleil;

Vénus doit donc avoir un mouvement de rotation très lent, comme l'a avancé M. Schiaparelli et comme le confirme M. Perrolin;

S" Il doit exister à la surface de la planète non seule- ment des taches claires permanentes, mais aussi des taches sombres, offrant le même caractère de fixité, comparables à celles de Mars; ces taches sont suffisamment fixes pour être reconnues après trois ans d'intervalle; seulement elles sont très difficiles à observer à cause de leurs limites indécises, dues probablement à une atmosphère épaisse et chargée de nuages. Jusqu'ici, la permanence des taches sombres surtout était sérieusement révoquée en doute; ces taches, d'ailleurs, jusqu'à présent, ne semblent offrir aucune ressemblance avec les ombres dessinées par Bian- cliini et De Vico.

Cherchons à faire un pas de plus et voyons s'il n'existe point ici quelque argument en faveur de la probabilité d'une durée de rotation exactement égale à celle de la révolution : ainsi nous vériûerons et nous compléterons à la fois nos conclusions.

Supposons donc que la rotation de Vénus se fasse autour d'un axe à très peu près perpendiculaire au plan de

( 513 )

l'orbile cl en une durée précisément égale à celle de la révolulion. Dans ces conditions, et en considérant les déplacements dus à la libration comme peu considérables, une tache observée sur le disque conservera sa position relativement au terminaleur, en d'autres termes suivra le tirmin;itt'ur dans la rotation de celui-ci autour du centre de la planète. Considérons une phase quelconque de Vénus, la phase dichotome, par exemple, qui précède la conjonc- tion inférieure; supposons que nous constations la pré- sence d'une tache quelconque, soit une tache allongée, dirigée du nord au sud, parallèle au terminaleur; si cette bande est une tache permanente de la surface, nous devrons la retrouver à fort peu près dans la même posi- tion toutes les fois que la phase de la planète sera la même pour nous : telle est la simplicité que ce système apporte dans la comparaison autrefois si ditficile, en apparence, des dessins de Vénus, que nous pouvons immédialemenl faire l'application de cette conséquence à un certain nombre d'observalions de diverses époques.

Le 17 février 1889 (flg. 48), la planète se trouvant dans cette phase dichotome, je dessine une bande dirigée du sud au nord; la longitude béliocentrique de Vénus est (le 105°, et celle de la Terre de 149°. IN'avons-nous point de très sérieuses raisons de croire cette lâche identique avec la bande que M. Perrolin et moi nous avons dessinée respectivement en 1890 et en 1887? On la voit notamment dans mon dessin du 6 juillet 1887 [fig. 35), alors que la phase était la même, la longitude béliocentrique de Vénus étant de 236° et celle de la Terre de 284^

Le D' De Bail, de l'Observatoire de Coinle, a publié quelques dessins de Vénus dans les Mémoires de l'Acadé-

mie {i) : il observait en mars, avril et mai 1884; ses dessins renferment une bande dirigée du sud au nord, au sujet de laquelle il s'exprime ainsi :

« Bien que je ne pense pas que les changements ï ci-dessus indiqués reposent uniquement sur une illu- » sien, j'ai remarqué d'autres fois que, pendant plusieurs j> heures, il n'y avait aucun changement dans la position » de celte ombre, et alors je n'ai plus continué les obser- \> valions. »

M. De Bail, pas plus que nous, n'avait deviné la vérité; mais aujourd'hui je considère comme très probable que cette bande immuable élait celle dont nous nous occupons ici.

Vers l'année 1880 (2), j'ai réuni environ cinq cents dessins de Vénus, dans le but de travailler à une Apfiro- dilographie qui eût réalisé pour cette planète ce que V Aréocjraphie est pour Mars. Grâce à l'extrême obligeance de M. Denning, j'ai pu, à celle époque, prendre une copie complète des notes et des soixante-trois dessins de Vénus réunis autrefois par la Société astronomique anglaise d'observalion (3); les originaux, presque tous inédits, sont conservés actuellement à la Société royale astronomique de Londres.

Nous y voyons, entre autres, des croquis de la planète pour 1873 et pour 1871, recueillis par MM. Ormesher, Seabroke, Hollis et Worlhinglon. Or, M. Ormesher a dessiné une bande sombre, en février et mars 1873, à des

(1) Mém, cour, et des savants étrangers, in-i», tome XLVII, 1885.

(2) Bull, de l'Acad., 2* série, tome XLIX, p. 214.

(3) Voyez English Méchante, tome XIII, 1871, 514, p. 41.

( 545 )

('l>oques dès voisines de la dicliolomie, et celle bande est orientée comme celle qui nous occupe (v. fig. A de noire planche); de même M. Seabroke, de Hugby, en dessine une toul à fait semblable, notamment le 6 juin I87i (notre fig. B); chose bien remarquable, M. Worihington la figure également le 6 juin IS7 1 et indéj^ndammcnl (noire fig. C); il l'observe aussi le M juin (celle dale marqué*; d'un poinl interrogalif) et les 51 juillet et 2 août de la même année. Nous reconnaissons encore le même détail dans un dessin de M. Ilollis, du 17 juillet 1871.

Peul-on ciler une preuve plus frappante de la réalité de celle bande que le fait de son existence dans les deux dessins indépendants de MiM. Seabroke et Worlhington, exécutés le n)cme jour? C'est incontestablement la même tache, et l'absence de l'heure exacte pour le dessin de M. Worlhington peut seule avoir soustrait celle observa - lion à une comparaison aussi instructive. Mais aujourd'hui, peu nous importe celle heure, si M. Schiaparelli est dans le vrai !

Que M. Seabroke ait réellement vu, en 1871, la bande observée à Louvain et à Nice en 1887 et en 1890, c'est ce qui doit paraître d'une absolue vérité après la dernière preuve que voici : M. Perrotin, à la faveur d'un instrument très puissant, n'a point dessiné cette bande aussi simple- ment que nous : elle apparaît dans ses dessins avec plusieurs ramifications, et sa forme générale caractéris- tique s'accentue bien dans les dessins 4 et S des Comptes rendus^ on la voit se bifurquer au nord et au sud : elle se compose ainsi de deux angles placés d'une manière inverse, l'un comprenant entre ses côtés les régions voi- sines de la corne sud, l'autre y comprenant celles qui sont voisines de la corne nord, les sommets des deux angles

( 546 )

étant opposés et reliés par la partie la plus apparente de la bande; or, pour le 13 mai 1871, M. Seabroke figure deux fois une tache très apparente, rigoureusement de celte forme très caractéristique (notre fig. D); ces deux dessins sont faits à Rugby, en même temps, indépendam- ment, par deux observateurs, avec des instruments diffé- rents! Ces observations de 1871, de même que celle de 1890, précédaient la phase dichotome; mais quelles étaient alors les longitudes héliocentriques de Vénus et de la Terre? Elles étaient, le 15 mai 1871, de 145° pour Vénus et de 232" pour la Terre, et le 2 août 1890, respec- tivement de 235" et de 310" pour les deux astres; ces lon- gitudes différaient donc de 87° dans le premier cas et de 75° dans le second, et dans le même sens; et, ici surtout, à une phase presque identique correspondait une identité absolue d'aspect ! Écoulons d'ailleurs ce que dit M. Sea- broke dans les notes inédites que nous possédons et nous croirons lire, en propres termes, la description de M. Per- rotin; il s'agit de l'aspect général de la planète en 1871 : a Quand Vénus fut éclairée environ de moitié », dit » M. Seabroke, « la corne sud apparut généralement » plus sombre que la corne nord, et près de la corne » nord il y avait une petite région plus brillante que le » reste.... »

M. Seabroke avait d'ailleurs eu l'obligeance de m'envoyer directement une copie de la plupart de ces dessins faits à Rugby, et ses croquis confirment pleinement l'exactitude des figures conservées à la Société royale astronomique. Dans l'envoi de M. Seabroke se trouvaient aussi d'autres dessins, notamment deux pour 1876 : l'un, du 17 mars, précède la phase dichotome; l'autre, du 11 mai, la suit; or, ces deux dessins contiennent indubitablement les taches

^ 547 ) dont nous nous occupons et, pour compléler l'analogie, celui du M mai renferme de plus une tache claire, placée entre la bande et le tcrminaleur, exactement dans la situa- tion où M. Perrolin et moi nous avons oh^^ervé un détail semblable. Et quelles étaient encore une fois les dilférences de longitudes hélioccntriciues de Vénus et de la Terre à ces deux dates? 76° dans le premier cas et 41" dans le second.

Remontant plus haut encore, nous trouvons, dans les Nova Acla Academiœ ISaturœ Cnriosorum (1), deux des- sins de Gruithuisen, du l'^'" février et du 17 février 1817, contenant très probablement celle même tache à l'époque de la dichotomie précédant la conjonction inférieure. On est frappé aussi de la ressemblance extraordinaire du des- sin de Gruithuisen du 8 mai 1815 avec le premier dessin de M. Perrolin pour 1890, et avec celui que renfermait mon billet cacheté pour 1887; ces observations correspon- dent toutes à une phase analogue, précédant celle de la dichotomie.

Enfin, ouvrons les Fragments aphroditographiques de Schrôter, et nous y trouverons encore la bande en question dans les figures 34 et 35, du 27 février 4793, et dans les figures 7 et 8, du 11 avril et du 8 mai 1788, observations se rapportant toutes, à très peu près, à l'époque de la phase dichotome. L'astronome de Lilienthal figure encore six fois une bande semblable du 28 février au 16 mars 1788 (fig. 1 à 6 des Aphrod. fragm.).

En réunissant les premiers éléments de celle notice, j'étais bien loin de m'attendre à ce résultat; et si, envisa-

(1) Bonn, 1820} Tomi decimi pars prior, p. 241, pi. XIX.

( ^^8 ) goaiU un ensemble si étrange de coïncidences comme la manifcslalion d'une vérité, les astronomes partagent la même conviction, ce sera assurément pour la première fois que la trace d'une tache permanente de Vénus aura été suivie pendant la durée d'un siècle; le fait est d'autant plus étonnant d'ailleurs que celte tache semble n'avoir rien de commun avec les ombres représentées par Bian- chini et De Vico.

Mais s'il s'agit réellement de la même bande sombre, ne pouvons-nous pas alors, avec grande probabilité, en inférer que celte bande obéit à un mouvement de rotation qui s'identifie en quelque sorte avec celui du terminateur?

J'ai fait suivre celle notice d'une planche contenant la presque totalité de mes dessins de Vénus, exécutés à une échelle très petite, mais suffisante à cause de la simplicité des taches; la planche est accompagnée d'une explication renfermant tous les détails des observations et les rensei- gnements propres à faciliter la comparaison avec les figures de M. Perrotin. Elle contient aussi les importants dessins de MM. Ormesher, Seabroke et Worthinglon, dont il est question ici et qui étaient restés totalement ignorés.

Explication de la planche.

Les taches que j'ai observées sur Vénus sont d'une faiblesse extrême; il est impossible de les représenter par le dessin sans les exagérer; elles apparaissent comme des obscurcissements presque insaisissables de certaines régions; il est impossible de fixer leurs contours réels avec certitude; néanmoins les impressions que produit leur ensemble sur notre rétine sont suffisamment constantes pour que notre œil en réalise en quelque sorte la synthèse

( 549 )

dans une forme caraclérislique, toujours idenlique pour chacune; leur persistance pendant de longues périodes dans le même lieu doit contribuer l)caucou|> à nous garantir leur réalité; elles apparaissent avec plus de certitude dans un ciel éclairé, ou en munissant l'oculaire d'un verre légèiement teinlé, de façon à affaiblir l'éclat de l'image; l'usage des <lia|)hragmes réduisant convenablement l'ou- verture de l'instrument peut aussi faciliter ces observa- lions (I). Elles se voient mieux et plus vile à l'aide de faibles grossissements, et il n'y a à cela rien d'élonnanl, ceux-ci permettant toujours mieux d'apprécier de très légères différences d'intensité à la surface d'une planète. Si l'on observe en certaines régions ces légers obscurcisse- inenls, on voit aussi en d'autres une recrudescence d'éclat, souvent tout aussi peu définie, quelquefois sous forme de lâches claires assez apparentes; ces taches. sont parfois d'une blancheur marquée; je les ai munies d'un conlour pointillé dans mes dessins, pour bien les faire distinguer. Généralement les deux cornes de la planète apparaissent blanches, d'un éclat qui rappelle les taches polaires de Mars; celte blancheur se continue souvent le long du bord éclairé, opposé au terminateur; elle y forme une espèce d'ourlet, ordinairement très éclatant, surtout très régulier, qui semble séparé du reste de la surface par une fine ligne obscure, parfaitement concentrique à ce bord éclairé; j'ai représenté cette particularité toutes les fois qu'elle m'est apparue. Cette ligne obscure semble souvent renforcée en certains points de son parcours. Ordinairement, l'éclat de la surface va en décroissant du bord éclairé au termina- Il) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, série, tome XLIX, p. 214.

C 550 )

leur, et, le long de ce dernier, règne une obscurité relolive qui frappe le plus souvent l'attention.

Le point noir qui accompagne nos dessins indique la position du diamètre vertical apparent au moment de l'observation.

y y avril i8S7, entre 5" el 6"30'" (t. m. a. de Bruxelles), fig. 1 . Image parfaitement terminée, blanche, sans rayon- nement; avec 450, l'éclat est uniforme; avec 250 et sur- tout 150, je constate qu'il y a des taches, mais trop difficiles à délimiter; leur existence et leur situation sont certaines, mais leur forme est indécise; je ne vois pas d'ourlet bril- lant au bord éclairé.

'16 avril, 5''; image trop agitée pour 450 et 280, mais elle est bien terminée et bonne avec 250 et 150; les ombres sont réparties comme dans la fig. i , celle qui règne au nord étant plus certaine que l'autre.

16 avril, de 55''27'" à 22''45'"; 150 et 250; inégalités d'éclat; image trop agitée.

i7 avril, de â''^"* à 5''50"', même résultat. De S^SO"" à 6^10"*, fifj. 2; très bonne image; 450, 250; taches sombres certaines, surtout celle du bord éclairé nord, à gauche, vers le bas; les deux petites taches brillantes un peu dou- teuses.

i7 avril, de 22''34."' à 22''45"' el à 23''d0'"; trop d'agita- tion.

'iS avril, de A''5i"' à 5''fo"'; bonne image, taches très difficiles, mais certaines pourtant; fig. 3, à 5'' 10'", avec 280; fig. 4, à 5"/ 5*", avec 150.

i9 avril, de 6''25"' à 6'3o"'; fig. 5; 150 et 250; image parfaite, taches très indécises, certaines pourtant; impos- sible de fixer leurs contours.

(bbl )

i9 avril, 21''5i'"; trop d'agi talion.

20 avril, de 4^41"" à 5''15", fig. (J ; image parfaite, mais quelques trépidations. La flg. 6 a été dessinée avec 250 et l'ouverture de 8 pouces entière ; avec des diaphragmes qui réduisent l'ouverture à 6 et à 4 pouces, l'irnage est bonne, mais tous les détails sont douteux avec 250; 150 confirme les inégalités d'éclal de la figure avec louverlure de 6 pouces.

6''50'", 250 et ouverture de 6 pouces, fig. 7. L'image présente une tendance à la formation de l'ourlet brillant au bord éclairé, ourlet limité par un lilamenl sombre.

6''45'"; 250, 8 pouces; fig. 8, Cette figure est la plus satisfaisante; on croit voir deux points blancs à la corne boréale et un point à la corne australe, ce dernier étant moins certain que les autres. Après 7''30™, l'image a trop d'éclal.

2i avril, 5''40"', 150; on ne doute pas de la présence des taches.

6\26i),fig.9.

<5''/5-, 280, fig. iO.

6''20"', 280, fig. fl ; le bord éclairé très brillant; la tache au bord éclairé nord pins marquée; la corne nord blanche.

7", 280, fig. 42; la tache longeant le bord éclairé nord toujours plus marquée.

5\ 280, fig. 45; image trop brillante, liséré brillant.

22 avril, de 6" 15"" à 6'25'''; fig. 44; 250; ciel nuageux.

26 avril, de 5''24"' à 5'40"' el à 5"55"'; fig. 45; 250, 280, 180, 150; image un peu ondulante (voir le dessin que ren- fermait mon billet cacheté). Blancheur au nord et au sud ; la lâche longeant le bord éclairé nord est la plus marquée, puis celle qui obscurcit la région sud, puis celle qui occupe le lerminateur dans la moitié inférieure. C'est ce dessin

C 5-52 ) qui offre une grande analogie avec la fig. 1 de M. Perrolin, du 23 mai 1890, e( avec le croquis de Gruilhuisen, du 8 mai 1815 (voir page 547).

De 6'' 16"' à 6''20"\ 150 confirme encore ce dessin, mais l'image devient de plus en plus ondulante; à 6''o0'", trop d'ondulations.

i" mai, de 4''52'" à S'^tO""; image trop agitée pour per- mettre de dessiner; cependant l'aspect noté les jours pré- cédents se confirme encore : la tache qui longe le bord éclairé nord est seulement soupçonnée, étant plus faible; le bord sud est blanc, les régions méridionales du disque sont assombries; on soupçonne le trait gris qui longe le bord brillant.

De 7''30"* à 8'\ image trop ondulante.

S mai, de 4''45"' à 5^10"", je remarque tout au plus que ia région sud est plus sombre; la tache au bord éclairé nord est douteuse, très faible; il semble exister une blan- cheur au nord, au bas du disque.

De ô'dQ'" à 7''; fig. 46; 280, 180; à 8" 15'", on n'observe plus rien de certain.

fO mai, de S'' 15'" à (Ç''50'"; 150,280 ; on n'obtient aucun résultat bien certain; on croit voir encore la tache qui obscurcit la partie sud et celle qui est au bord éclairé nord.

y/ mai, de S" 15"' à S''50"' ; fig. 47. En diaphragmant l'objectif à 4 pouces et avec 150, on distingue l'ourlet brillant au bord éclairé; le reste de la surface est inégale- ment assombri; le diaphragme de 6 pouces et 150 donnent les meilleurs résultats jusqu'à 8''45'" ; l'image est ensuite trop ondulante pour 250; 150, avec le diaphragme de 6 pouces, confirme le dessin : la région sud est donc encore obscurcie, et l'on voit une lâche au bord éclairé nord; de plus, entre la grande ombre méridionale et le terminateur,

( 555 )

une ri^gion claire, à comparer ù celle que AI. Perrolin figure

le 24 juin 1890.

i2 mai, de 7''iô"' à 5"; ouverture réduite à 6 pouces;

180, loO ; nuageux ; rien de certain ; il y a des lâches, mais

il est impossible d'en lixer le dessin; la répartition générale

semble encore la même.

i7 mai, à S'oO"'; trop ondulant, taches trop indécises 22 mai, cleV àl'W'; 180, 280. On ne voit rien de

certain, sauf le bord ou le liséré blanc et brillant, et le trait

sombre qui le limite.

27 mai, de 5'40- à 4"; 150, 250; image trop agitée; le bord éclairé est plus blanc que le reste, et celte blan- cheur est limitée par la strie habiluelle.

Deô'^àe'SO'"; 250, 280, 180; image bonne et tran- quille; cependant, rien de certain; 8M5-, trop ondulant

28 mai, de 7^/0"• à /"^o"'; 150, 250; image parfaite; la partie sud plus sombre; on voit le liséré brillant avec strie sombre; rien de bien tranché.

9 juin, de 5"3I"' à S'oi"', fig. 18; 180, 280, 250, 150; on voit la répartition habiluelle des ombres; le bord éclairé est blanc; on voit une tache claire contre le terminateur; tous les détails semblent certains, quoique très faiblement accusés.

il juin, de 4'43- à 4'4o-, 250; observation interrom- pue par les nuages; cependant, on a vu la partie sud plus ombrée que le reste, ficj. 19.

De 5" à S'ô-, 150 confirme ce détail; on continue ensuite avec 280 jusqu'à 5"12-, mais l'agitation est trop grande.

^2 juin, de S' 17- à 8'35-, ftg. 20; 150, 280; le bord éclaire est plus blanc, limité par la strie sombre; à la fin de l'observalion, avec 180, l'anneau ou liséré brille inlen-

b

( 554 )

sémenl en blanc au bord éclairé, el les lâches se monlreni d'une laçon loul à l'ail cerlaine, en affeclanl la Corme indiquée par la fig. 21; nous relrouvons donc ici la bande sombre orientée N.-S., que M. Perrolin figure égalemenl le 45 juiliel 1890, et qui va reparaître presque invariable- ment dans tout le reste de cette série de dessins pour 1887, de même qu'elle reparaît dans toute la série de M. Perro- lin pour 1890. C'est la bande dont nous avons plus haut retrouvé la trace en 1788, 1793, 1815, 1817, 1871, 1875, 1876, 1884, 1887 et 1890; on la connaîlrait donc et elle persisterait depuis un siècle! Dans la fig. 2/, le maximum d'éclat esl dans l'ourlet blanc du bord éclairé, el le maxi- mum d'obscurité dans la portion du filet sombre bordant ce liséré au limbe éclairé nord, comme dans heaucouj) d'observalions précédentes; la tache ou bande sombre allant du sud au nord est moins accusée.

1 4 juin, de J'Sr à 7''i5'", fig. 22; 180. Les inégalités d'éclat sont trop difficiles à bien définir; on cherche à représenter les ombres le plus exactement possible, mais le résultat est douteux.

De S'iS"^ à S''23"\ fig. 25; 180; la région ou bande sombre est cerlaine cette fois; l'oculaire 280 la confirme, mais la montre plus faiblement. Le bord éclairé esl plus brillant; les deux cornes sont blanches; image trop ondu- lante ensuite.

i7 juin, 8''24"'; 180; agité; ondulant; fig. 24; bord éclairé blanc ei brillant; cornes blanches, surtout celle du nord ; tache sombre.

i9 juin, de S''2r à S''44"', fig. 25; 180 muni d'un verre légèrement teinté; bord éclairé blanc, cornes très blanches; tache visible ; le filet qui limite l'ourlet blanc esl renforcé au bord éclairé nord et au bord éclairé sud, el moins marqué au bord occidental.

( 5o5 )

20 juin, de 5*55'" à S'SO'"; 280, 180; fio- 26. Vénus est Irop agilce.

21 juin, de S'oT"' à 8'4S'", firj. 27; 150, 180 muni de verres teintés; trop d'agitation; corne nord blanche; tache apparente.

22 juin, de S''2r' à S'ôO"'; 180; fîg. 28; ondulant; région plus sombre certaine; corne nord blanche; tout trop indécis.

23 juin, de S'ôô"' à d'o'"; 180; fig. 29; les deux cornes sont blanches; 280 {fig. 50) confirme les deux cornes blanches et le liséré plus blanc que le reste; avec cet ocu- laire, les pointes blanches des cornes sont plus petites; décroissance d'éclat vers le lerminateur, mais pas de taches assez définies.

25 juin, de 4^52"' à 5''3'", fig. 31; 180, 280; trop agité; les cornes sont blanches; le bord éclairé est blanc; entre le filet sombre qui limite l'ourlet blanc et la tache sombre qui règne le long du terminaleur, on voit une teinte jaune; la région sombre qui longe le terminaleur a une légère teinte rougeâtre.

27 juin, de 6"o5'" à T''?", fig. 32; 250; cornes blanches; 180 confirme la répartition des ombres et fait soupçonner une tache claire contre le terminateur; image calme.

i" juillet, à 6''4o"' et de 7'* à 7''6^ fig. 33; 150; image très bonne; taches certaines, mais toujours très légères, indéfinissables; la corne sud a paru plus longue et plus pointue que la corne nord; bord éclairé blanc, ainsi que les deux cornes.

De 8^30"' à 8''34"', fig. 3â; 150; image ondulante; les cornes sont régulières, la corne septentrionale est plus blanche; la tache est certaine et très marquée, relati- vement.

( 556 )

5 juillet, 7''5'"du soir; 250; trop ondulant.

De S^IS" à 8^26"'; 250; ondulant; néanmoins tache certaine, présentant toujours la môme forme d'une bande allant du sud au nord, comme dans la fig. 34; 150 et 180 confirment; le bord éclairé est blanc.

6 juillet, de 8" 18'" à 8^3ù"\ fig. 35; 180; la tache est certaine; la corne sud est plus pointue; les deux cornes sont blanches, comme aussi le bord éclairé, qui forme un liséré très visible; 280 confirme les résultats.

Le même jour, j'avais observé aussi de 7''/5"' à l^i8"\ fig. 36; 180; un peu agité; tache certaine avec limite assez tranchée; le bord éclairé est blanc, de même que les deux cornes; la corne méridionale est plus pointue que la corne septentrionale.

7 juillet, de S'' 17'" à 8''32'", fig. 37; 250; la corne sud est plus pointue que la corne nord; liséré blanc; corne septentrionale blanche; tache certaine avec 150 et 180; ses bords paraissent ondulés, surtout du côté du lermi- nateur.

8 juillet, de 8''6'" à 8''I8"', fig. 38; 150, 180; image plus ondulante que le 7; observation plus difficile; cependant on croit voir encore la même tache; bord éclairé blane; les cornes blanches, surtout la corne nord; la corne sud plus pointue.

i^ juillet j de 7''28'" à 7'^5/"'; 180; taches douteuses; on voit le liséré blanc; la corne sud paraît plus pointue que la corne nord.

De8''30'" à 8''35"',fig. 39; 180; liséré blanc, brillant; la tache notée comme certaine; image ondulante.

i6 juillet, de 8^16"' à 8''20"\ fig. 40; 180; image trop ondulante; cependant on voit l'ourlet blanc, et la tache sombre est notée comme certaine.

( 557 )

19 juillet, de 8" i 9" à S''22'' ; 180; la même lâche esl très visible el certaine.

21 juillet, (te 4''oS"' à 6''0'"; 180; irop agile; nuages; (in voit 1res bien la décroissance d'éclal vers le lerrai- n a leur.

26 juillet, de S'S" à S' 12", fig. 41 ; 180; trop ondulant, mais la tache esl très marquée.

/" août, de 6''4'" à G'IO"', fig. 42; 180; image trop agitée; on voit le liséré blanc, à la droite duquel succède lin éclat jaune-rougeâlre, puis la région grise accusant une décroissance marquée de lumière en approchant du terminateur.

4 août, de S'iO"" à 5''25'", fig. 43; 180; très belle image, quoiqu'un peu agitée; 280 confirme les détails dessinés.

y.9 août, de 6''5"' à ô^W", fig, 44; 180; image ondu- l.mle; planète trop rapprochée de l'horizon; bord éclaire très blanc.

Ici se termine la série des observations faites avant la conjonction inférieure de 1887, et avec elle la collection de dessins renfermant la bande observée aussi par M. Per- rotin. Il sera peut-être utile de mentionner, pour finir, les x'pl observations suivantes :

i4 novembre I8S7, de 20'!"' à 20''9"', fig. 45; 250, 150, 180; taches certaines; image agitée.

5 janvier 4889, à 5''25"'; 150; taches indélinissables, mais certaines ; les deux cornes blanches, surtout la corne septentrionale.

6 janvier 1889, de 5''40'' à 5''55'\ fig. 46; 150; bonne image. La surface entière est tachée, mais on note comme certaine surtout la bande qui longe le bord naéri-

S""* SÉRIE, TOME XX. 37.

^( 558 )

(lional éclairé; les deux cornes sont blanches; 250 con- firme ces résultais.

i2 février 1889, de 4''35'" à i^W", fig. 47; 180; image agitée; le bord éclairé est brillant; tout est trop peu défini. Les cornes semblent se terminer par une pointe brusque, surtout la corne sud.

a février 1889, de 5^5'" à 5'o5'", fig. 48; 250, 150, 180; terminateur plutôt légèrement concave que convexe; bande sombre du nord au sud, certaine avec 150 et 180; cornes blanches; liséré brillant bordé du trait sombre. Dans ma conviction, cette bande est la même que celle qui a été observée en 1887 et en 1890 (voir p. 543).

38 février 1889, de 3"42'" à S'âô"", fig. 49; 150, 180; mouvements; taches certaines, mais trop peu délinies; cornes blanches; liséré brillant, blanc, bordé par un irait gris renforcé en deux points : ce dernier détail bien constaté, bien certain.

6 mars 1889, de 5' 40"" à 4\ fig. 50; 250, 150; taches trop faibles, mais certaines; cornes blanches; liséré bril- lant, blanc, surtout au bord nord éclairé; les cornes sont munies d'une sorte de trait sombre.

fig. A. H. Ormesher. 1875, feb. 22, 8''20'", Greenwich m. t.; marking obscrved without much diflîculty; 5 */* '"• refracU power 149. The raarkings were vcry plainly secn.

Fig. B. G. M. Seabroke. 1871, juin 6, SHO"; réfracteur de 8 '/4 pouces d'ouverture.

Fig. C. F. VVoRTHiNGTON. 1871, juin 6, réflecteur équatorial de 15 pouces.

Fig. D. G. M. Seabroke. 1871, mai 15, S'^SO"; réfracteur de 8 '/,. pouces.

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( o5i) )

Sur des Mollusques vivants cl poslpliocènes recueillis au cours d'un voi/age au Congo en 1887; par É. Dupont, membre de l'Académie.

Lorsque je me rendis au Congo, il y a irois ans, je m'étais attendu à y faire une abondante récolle de Mol- lusques vivants. Arrivé au milieu de la saison sèche, je lus cependant peu surpris de ne pas en rencontrer d'abord de terrestres et crus que la saison des pluies me dédommagerait amplement. Par contre, le fleuve était alors à ses plus basses eaux, et comme j'allais en remonter lentement les rives dans la région des cataractes, je comp- lais réunir sans peine de nombreuses formes fluviatiles. Il n'en fut ainsi dans aucun des deux cas. Les Mollusques sont très rares, au moins dans la partie parcourue de l'océan au confluent du Kassaï, soit sur une distance de 600 kilomètres dans l'intérieur.

La recherche de celte partie de la faune de l'Afrique équaloriale ne fut certainement pas l'objet principal de mes observations. Cependant elle ne fut jamais perdue complètement de vue, et, lorsqu'un endroit paraissait favo- rable, j'y portais une sérieuse attention. On va voir, par le travail descriptif dont M. Philippe Dautzenberg a bien voulu se charger avec autant d'obligeance que de compé- lence, combien la récolte fut peu variée : trois espèces terrestres, six espèces fluviatiles.

Si les prévisions ne se réalisèrent pas quant à l'abon- dance et à la variété, elles furent fort dépassées sous le

( 5G0 )

rapport des nouveautés. Dunker en 1853, Morelet en 1866 avaient notamment décrit trente espèces de coquilles flu- viatiles et terrestres de l'Angola et du Benguéla, régions contiguës au sud à la région du Congo. Il semblait peu probable qu'un contingent, en apparence aussi mince que celui que je rapportais, renfermât des formes encore inconnues. Tel ne fut pas le résultat de leur examen par M. Daulzenberg. Le savant conchyliologisle, sur les trois espèces de Mollusques terrestres, indique une forme, voi- sine de YAc/ialina tincta, non signalée jusqu'à présent; sur les cinq espèces de Mollusques fluviatiles, une seule est déjà décrite, trois sont nouvelles, une autre est probable- ment nouvelle aussi, mais de conservation insuffisante pour une affirmation formelle.

Parmi les trois formes fluviatiles inédites, l'une n'a même pu être raltacbée à un genre connu et a donné lieu à la création du singulier genre Pseiidogibbula.

Ces faits constatés, il semblera intéressant de recher- cher les causes de la pénurie de coquilles dans un pays couvert d'herbes, de bois avec escarpements rocheux, dans un lleuve d'un si grand développement et à si nom- breux alfluents, drainant une étendue de plus de 300 degrés carrés.

L'absence presque complète de roches calcareuses est l'un des caractères du bassin intérieur du Congo. Ces roches ne se trouvent un peu développées que dans la région moyenne des cataractes, elles semblent se rap- porter au devonien, et dans la région littorale, elles appartiennentau 1er tiaire supérieur. Les alluvions anciennes et actuelles du Congo ne renferment, du reste, que des traces infimes de carbonate de chaux, et j'ai montré à

( 561 )

une autre occasion qne ces alluvions recouvrent tout le bassin du fleuve (I).

En outre, les eaux du Congo et de la plupart de ses alïluents doivent leur couleur brune à la présence d'une matière organique, prohablenienl l'acide apocrénique, d'après les études qu'en a laites M. KIcinent (2). Nous savons que ce caractère, dérivant d'une origine maréca- geuse, n'est pas compatible avec des territoires à roches calcareuses, traversés par les cours d'eau qui le possèdent.

On pouvait donc se demander si la rareté des coquilles n'était pas une conséquence directe de la rareté du carbo- nate de chaux dans ces contrées. Or, il eut fallu dans ce cas que leur test fût plus mince et moins bien conformé que dans leurs congénères d'autres pays, ce qui n'a pas lieu et écarte cette e\|)lication.

Une autre circonsiance e>t à remarquer. \'Achatina tincta et la forme nouvelle que M. Dautzenberg lui adjoint sont très abondantes dans les forêts, à en juger par le nom- bre d'exemplaires qu'on peut en recueillir dans les bois en voie de défrichement. J'ai pu faire souvent cette observa- tion, notamment sur le Stanley-Pool à Léopoldville. La belle et grande Achalina Bandeirana a été rencontrée, au contraire, en six ou sept exemplaires, à la saison des pluies, dans un campement de la route des caravanes, au pied de rochers émergeant des herbes.

({) Verh. dcr GvscUsch. fïir Erdkunde zit Berlin. Band XV, p. 4'JO, 1888. Lettres sur le Conyo, p. b02, t8S9.

(2) Bull, de la Soc. belge de géologie, de paléontologie et d'hydro- logie, t. MF, p. 259, 1889.

( 562 )

Il semble en résulter que les Mollusques peuvent diffi- cilement vivre dans les savanes, et la raison s'en présente immédiatement, les herbes étant incendiées chaque année. De sorte que les Mollus(|ues ne peuvent se développer abondamment que dans les endroits protégés contre cette conflagration, particulièrement dans les bois.

Si cette explication est plausible pour les espèces ter- restres, il reste à chercher à se rendre compte de la rareté des Mollusques fluviatilcs. IJAnipullaria Woniei, qui a offert le curieux phénomène de vivre encore près d'une année après sa capture, quoiqu'elle n'eût été entourée que d'ouale, et un Lanistes ont été trouvés sur une berge sableuse du Slanley-Pool. Avec une valve de VUnio, dont il va être question, et observée dans un cam- pement de pêcheurs sur Tîle Bamou, ce sont les seules traces de Mollusques que j'aie aperçues sur les bords de cette grande expansion du Congo, dont j'ai étudié les rives pendant près d'un mois avant la crue du fleuve.

Dans la région des cataractes, le fait est plus digned'atten- tion encore. Au mois d'août, les eaux étant à peu près à leur plus bas niveau, de grands étangs et des flaques de moindres dimensions, principalement entre Isanghila et Yellala, s'étendent à côté du fleuve et restent isolés de lui jusqu'aux époques de crue par des barrières rocheuses. C'étaient des endroits favorables aux recherches, où, sem- blait-il, les Mollusques devaient pulluler. Je n'y trouvai, et dans quelques-uns seulement, que des exemplaires, relativement pas très nombreux, d'un Unio reconnu de nouvelle espèce par M. Dautzenberg.

Une autre trouvaille fut faite sur le bord du fleuve, remonté en pirogue à Vivi. Des rochers de gneiss amphi-

( 3C3 )

boliqnc, bordant les berges, fournirent des Mollusques plus abondants, du nouveau genre Pseudogibbula, qui vivent sur ces rocbes au milieu des rapides, oii ils sont alternativement submergés et émergés par les eaux aelion- nées par les tourbillons.

Ce sont lu les seuls Mollusques fluvialilcs observés dans la région des cbules.

On sait combien le cours du Congo est rapide, même en dehors des cataractes. Un sable jaune très grossier couvre les rives du fleuve au Stanley-Pool et en amont, ainsi qu'on peut le voir sur les berges des îles ou des rives enta- mées par le courant; il alterne avec de l'argile compacte grise qui, d'après les analyses de M. Klement, confirmant mes déductions sur place, est du kaolin impur. L'argile paraît dominer en aval de la région des chutes jusqu'à l'océan. Mais dans cette région des chutes elle-même, je n'ai rencontré que du sable à gros grains.

Ces observations sur la rapidité de cours, sa corrélation avec la nature des dépôts montrent que les eaux doivent être constamment chargées de sédiments, ce qu'établissent du reste encore les analyses, et, par le fait, être très défa- vorables an développement des Mollusques, attendu que les matières solides en suspension pénètrent dans les organes de ceux-ci et en arrêtent le fonctionnement.

Il n'y a pas lieu, je pense, d'attribuer une action sem- blable à la matière organique colorante qui sature les eaux du fleuve et de la plupart de ses tributaires. Cette substance ne semble pas être malsaine et rendre dangereux l'usage de l'eau. L'observation concorde sur ce point dans les régions américaines et africaines. On ne voit dès lors pas en quoi elle nuirait à la pullulation des Mollusques, d'autant plus que dans le Haut-Congo, le cours du fleuve est

( 564 ) lent, de grands Unio sont, paraîl-il, abondants, et, ainsi que nous allons le voir, le même fait se reproduit dans la partie voisine de l'estuaire pour les Galatées.

A environ soixante-cinq kilomètres avant d'arriver à l'océan, et jusqu'à trente-cinq kilomètres de celui-ci, dans la partie du fleuve encore influencée par la marée, les bords des îles, au moins sur la rive droite, sont en maints endroits couverts d'amas épais et étendus de valves dépa- reillées d'im Lamellibranche, du genre Galateia. Tantôt et le plus souvent grandes presque comme la main, tantôt au contraire très petites, quelques-unes comme une pièce d'un centime, ces valves, de dimensions si conirastanles, quoique appartenant à la même espèce dont elles repré- sentent des âges difî'érents, ne se mélangent guère. Les grandes sont d'ordinaire en petits tertres très surbaissés, dont l'épaisseur atteint, suivant plusieurs observations, souvent plus d'un mètre; elles sont entassées les unes sur les autres sans ordre et non mélangées à d'autres objets. Les petites sont à côté, également en amas. Leur quantité est telle que les factoreries vont les chercher pour en faire de la chaux.

Leur présence sur les berges ne pouvait remonter à une époque reculée. Les amas, situés contre le bord du fleuve et soumis aux remous de ses eaux impétueuses, sont formés de coquilles fortement usées. Mais j'observai dans l'île de Mélella, près de factoreries abandonnées, que les coquilles de l'un d'eux étaient mieux conservées, parce qu'elles avaient été protégées contre ces remous par les racines d'un grand arbre qui venait d'être abattu par] l'érosion du courant; elles ne pouvaient donc remonter à une époque bien antérieure à la croissance de cet arbre lui-même.

. 5(iS )

La relalion de l'expédiiion scientifique du capitaine Tuckey en 1816 nous donne à leur «''gard des renseigne- ments précis. Parlant de ces îles, rinforliiné explorateur et l'un de ses malheureux compagnons, le [)rofesseur Smith, disent qu'on voyait le long de leur hord de grands mon- ceaux de coquilles d'une espèce de Mt/n et qu'une grande quantité de leurs parties molles, séchées et à demi cuites, étaient suspendues sous des cabanes (K; joncs, piquées dans des brochettes de bois; elles étaient pêchées par les indigènes pendant le temps des basses eaux (I).

Cette pèclie paraît avoir cessé aujourd'hui. Les amas de coquilles, véritables Kjoekkenmoeddings, restent les témoins de l'extension qu'elle a prise.

Enfin, à l'embouchure du fleuve, dans les racines des palétuviers, d'aspect si étrange, on recueille sans peine, aux environs de Banane, à marée basse, de nombreuses huîtres {Oslrea guineensis).

A ces espèces vivantes viennent se joindre deux espèces fluviatiles fossiles. A l'extrémité de la crique de Banane, le fleuve est bordé par une falaise d'alluvions anciennes, de la hauteur d'une vingtaine de mètres. Ces alluvions, irrégulièrement stratifiées et formées de couches de sable argileux en alternance avec des veines de kaolin impur, reposent sur un lit épais de cailloux roulés et de graviers à disposition lenticulaire. En montant à la Mission de Nemlao, j'observai dans ce limon, à une hauteur d'environ quinze mètres, une poche restreinte de coquilles apparte- nant à deux geures : des valves disjointes de Galatées

- (1) Narrative of an Expédition to explore the River Zaïre. London, In-i», 1818, pp. 93 et 291.

( 506 )

d'espèce nouvelle, bien différcnle de la G. Tuckeiji que les nègres péchaient jadis, mais reconnue comme très voisine d'espèces acluelles par M. Daulzenberg, et des valves jointes de Fischéries d'espèce également nouvelle et voisine d'une espèce actuelle.

Par leur gisement, ces coquilles d'estuaires sont évi- demment fossiles cl remontent à l'époque du dépôt des alluvions de bas-niveau du Congo. Leurs étroites adinités avec des espèces encore vivantes établissent qu'elles ne peuvent remonter qu'à une époque posi pliocène ou qua- ternaire. Nous y puisons donc une donnée paléontologique importante pour fixer l'âge de ces alluvions et du phéno- mène hydrographique dont elles dérivent.

Mollusques recueillis au Congo par M. E. Dupont, entre l'embouchure du fleuve et le confluent du Kassaï; par

Ph. Dautzenberg.

Le voyage scientifique entrepris par M. Dupont, en 1887, avait pour but principal l'étude du Congo au point de vue géologique; mais le savant directeur de notre Musée n'a point négligé de recueillir en même temps des documents concernant les diverses branches de l'histoire naturelle et il a bien voulu me confier l'examen des coquilles qu'il a pu récoller.

Bien que la région du Congo semble mal partagée au point de vue malacologique, M. Dupont a été assez heu- reux pour découvrir un certain nombre de formes inédites ou intéressantes qui forment l'objet de cette notice. .

o67 )

Mollusque* terrestres.

Acbalina Banrfeirana. Morelel.

i86C. Achaiina Bandeiraua Mobelet. Journal de Conchy- lioloyie, l. VI, p. 156.

1868. Achatina Bandcirana Mohelet. Mollusques terrestres et flutiatiles du coyaye du D' Friedrich Wtlwitsch, p. 67, |>1. IV, fig. 1.

Habitat. M. Dupont a recueilli auprès de hlocs de roches, dans nue plaine herbeuse près de Banza-.Manléka, sur le sentier des caravanes, entre Matadi et Loukoungou, trois exemplaires de cette magnifique espèce. Ils se rap- portent exactement à la diagnose donnée par M. Morelel; mais leur taille dépasse de beaucoup celle du type décrit. L'un des exemplaires atteint, en effet, 160 millimètres de 'ongueur et 77 millimètres de diamètre, tandis que les dimensions indiquées par .M. Morelel sont : longueur, 101 millim., diamètre, 45 miliim.

AcLaliBa lincta. Reeve.

18^2. Acbalina tiiicta Reeve. Conrhologia systematica, t. Il, pi. CLXXIX, fig. 18.

184H. Acbalina lincta Reeve. Conchologia IconicOf pi. XI, fig. 29.

Habitat. Cette espèce bien connue est abondante dans les forêts; on en rencontre de nombreux exemplaires dans toutes les parties en voie de défrichement.

AchaliBa «kliKerata nov. sp. pi. I, fi^. 1. Testa imperforafa, ovato-oblonga, nitida, solidiuscula. Spira conoidea, turrita, apice oblusiasculo. .Anfr. 8, sal con-

( S68 )

vcxis, striis incremcnti subrcgulariler oblique plicatis, ad suturas linca impressa obsolète marj^inatis. Anfr. ultimo spira paulukun brcviore. Apertura ovata, raarginibus callo adnato junctis; coUumella subrecta, contorla, auguste truncata; labro simplice. Colore, sub cpidermide luteo, albido, slrigis fiilvis obscure flammulato. Apertura fauce albida, columella vivide rosea. Long. 93, diam. niaj. 53 mill. Apertura 45 mill. longa, 50 mill. lata.

Coquille imperforée, de forme ovale-allongée, luisante, assez solide. Spire élevée, conoïde, lurriculée, obtuse au sommet, composée de 8 tours un peu convexes, ornés de lignes d'accroissement pliciformes obliques. Les tours sont marginés à leur partie supérieure par une strie décurrenle plus ou moins apparente qui règne au-dessous de la suture. Le dernier tour est un peu plus court que la spire. Ouverture ovale; columelle presque droite, un peu tordue, étroitem<Mit tronquée à la base, reliée au labre par une callosité appliquée, très luisante, nettement limitée; labre simple, tranchant. Coloration : fond d'un blanc gri- sâtre orné de larges flammulcs irréguiières d'un fauve car- néolé, peu apparentes, qui s'effacent presque com|)lète- ment sur la moitié inférieure du dernier tour. P'ace interne du labre d'un blanc légèrement azuré. Collumelle et callo- sité colorées d'un rose vif. Toute la surface de la coquille est recouverte d'un épiderme jaunâtre, lisse et très adhé- rent.

La coquille que je viens de décrire appartient au même groupe que l'Acliatina lincta Reeve, et en est fort voisine. Sa sculpture est la même, sa forme est un peu plus renflée moins élancée; mais, connaissant l'extrême variabilité de la plupart des Acliatina sous ce rapport, je ne me serais pas contenté de ce caractère pour la séparer de VA. tincta,

( 569 )

si, d'un autre côté, son système de coloration n'était tout à fait dillérent.

ChczVA. oblillerata, les flarumules longitudinales sont peu apparentes et disparaissent à partir de la périphérie du dernier tour; chez VA. tincta, au contraire, ces fiam- mules sont très foncées, presque noires, et augmentent encore d'intensité vers la base de la coquille. De plus, chez VA. oblillerata la columelle et la callosité coluraellaire sont teintées de rose vif, alors que ces parties de la coquille sont d'un blanc laiteux ou bleuâtre chez VA. tincta.

Habitat. Avec l'espèce précédente, dans les bois en défrichement de Léopoldville.

Mollusques d'eau douce.

Ampullarin Wcrnei. Philippi.

1851. Ampullaria NYcrnci ï*\\\l\vv\. Sijstematisches Conchy- lien Cabinet von Martini und Chemnitz- Galtung AmpuHaria, pi. V, fîg. 4, et pi. XVII, fig. 2.

L'exemplaire recueilli se rapporte parfaitement à la ligure 2 de la planche XVII de la monographie de Philippi.

Habitat. Kimpoko (Stanley-Pool) dans le sable. Le seul exemplaire, recueilli fin septembre 1887 par M. Dupont, est arrivé vivant en Europe au mois de mai suivant, sim- plement enveloppé de coton, et j'ai pu encore en observer l'animal pendant plus d'un mois à la fin de l'été.

Lanistessp.?

M. Dupont a trouvé dans la même localité que V Ampul- laria Wernei, un exemplaire unique d'un Lanistes qu'il

( fî70 )

ne m'a pas été possible d'identifier, à cause de l'érosion presque complète de son lest. J'ai pourtant pu constater qu'il est dépourvu de sculpture spirale et par conséquent différent du Lanisles lybicus Morelel, ainsi que du L. Ber- nardianus du même auteur. La spire est plus déprimée que chez aucune des espèces décrites; aussi est-il probable que de nouveaux matériaux de la même région vien- dront conûrmer plus tard qu'il s'agit d'une espèce nou- velle.

Pscudogibbula nov. gen.

Pseudogibbula Duponli nov. sp, pi. I, 6g. 2, 3, 4, 5, 6.

Testa imperforata, lenuicula, conoidea, transversira lirata; apice obtuso, plerumque decorticato. Anfr., 5-4 superne subplanatis, deinde convexiusoulis; anf. ultimo obtuse biangu- lato, basi subexcavato. Apertura rhombordali, marginibus cailo te.'iui, nilido, junctis ; coliimella obliqua subarcuaia, basin versus dentata. Colore fusco; coluraella albida.

Operculo corneo, tenui, paucispirato, nucleo laterali. Long. 7, diam. maj. 7 mill. Apertui'a 3 mill. longa, 4 '/a m'IL '^ta-

Coquille imperforée assez mince, de forme conoïde, à sommet obtus, presque toujours érodé. Spire composée de 3-4 tours peu convexes, séparés par une suture bien marquée. Ces tours sont un peu aplatis à leur partie supérieure; le dernier est bi-anguleux et sa base est légè- rement creusée dans la région ombilicale. Toute la surface du test est garnie de cordons décurrents nombreux, alter- nativement plus forts et plus faibles ; on en compte environ dix principaux sur l'avant-dernier tour. Des stries d'ac- croissement fines et arquées, rendent les cordons un peu granuleux. Ouverture rhomboïdale. Labre simple, tran- chant, lisse et luisant, mais non nacré, du côté interne.

( S7I ) Columelle peu arquée, oblique, pourvue vers la base d'une denliculalioii produite par i'exlrémité d'un funicule colu- meilaire spiral (|iii se prolonge dans l'inlérieur de la coquille. Callosité delà columelle appliquée, très luisante, nettement limitée et reliée au labre par un dépôt luisant extrêmement mince. Coloration d'un brun marron foncé uniforme, à l'exception de la columelle qui est blanche. Opercule corné, mince, paucispiré, à nucléus latéral, d'un brun jaunâtre clair.

Ce curieux mollusque a l'aspect d'un Trochidé du genre Gibbida et, par sa forme générale, il se rapproche d'une manière surprenante d'une espèce marine européenne bien connue: Gibbula tumida Monlagu. .Mais la nature de son test, la conformation de sa columelle et de son opercule indiquent clairement que nous nous trouvons en présence d'une forme appartenant à la famille des Lillorinidae.

Le genre Cremnoconchiis a été créé par M. Blauford pour des mollusques de la même famille et de mœurs ana- logues, découverts dans l'Inde (type : C. Syfiadrensis Blanf,). Mais les Cremnoconchus possèdent des coquilles perforées et qui ne présentent aucune trace de pli ou de dent à la columelle. Le genre Spekia établi par iM. Bour- guignat pour un mollusque du lac Tanganyika, possède une coluiuelle calleuse; mais son opercule présente, comme celui des Paludinidae, un enroulement concentrique, avec nucléus sublatéral.

Dans ces conditions, il ne m'a pas été possible de relier la coquille qui nous occupe, ni au genre Cremnoconchus, ni au genre Spekia, et je me suis décidé à proposer pour elle un nom générique nouveau. Les caractères du genre Pseudogibbula se confondent jusqu'à présent avec ceux

( 572 )

de l'espèce décrite, puisqu'elle est encore la seule con-

nue.

Habitat. Le P. Duponti a élé rencontré en grand nombre à Vivi sur des roches de gneiss ampliiholiqiie qui émergent sur les bords des rapides du Congo à l'époque des basses eaux, mais qui sont constamment mouillés par les remous produits par les tourbillons.

L'nio slngnoruni, nov. sp.

PI. l,fig. 7,8, 9, 40.

Concha leaui, inaequilaterali, transversim subquadrato- ovaia, comprcssiuscula, conccnlrice conferlim riigata; lalere antico parvo, producto, rotundalo; latere po>tico lalo, valdc cxpanso; maiginc dorsal! clevalo, arcualo; margine postico dcclivi, arcuato. Umbonibus lacvibus, in speciiniiiibus senio- ribus dceorlicatis. Epidermide fusca; margarila cacruleo alba. Denlibus latcralibus anticis parvis; poslicis lamcllalis, elon- galis. Longil. 48 niillim.; lat. 35; ait. utriusque valvae 47 Va mill.

Coquille bivalve, mince, inéquilalérale, transverse, peu renflée, de forme ovale-subquadrangulaire. Côté antérieur petit, faiblement prolongé, arrondi. Côté postérieur large, très dilaté; bord dorsal élevé, arqué; bord postérieur arrondi. Sommets complètement lisses, fortement érodés chez les individus adultes. Épiderme composé de nom- breuses lamelles très fines, serrées, irrégulières et un peu onduleuses. Nacre de l'intérieur peu brillante, d'un blanc bleuâtre. Dents latérales antérieures petites; dents laté- rales postérieures allongées, lamelleuses. In)pressions du muscle adducteur antérieur petites, assez bien marquées

( S73 ) dans les exemplaires adultes; impressions du muscle adducteur postérieur toujours superficielles. Impression palléale superficielle. Coloration jaune olive sale; épi- derme d'un brun ferrugineux.

'O'

Habitat. Assez abondant dans des flaques existant aux eaux basses entre Vivi et Isangbila, près du confluent de la M'pakassa.

Gainfcia Tiickc} i nov. sp.

PI. Il, fig. l,ii, 3,4,3, G.

Concha Irigona solidissima, pondcrosa,concentriceconfcrtim striata plicisque radianlibus scxcnis latc coslata, postice rude nodoso angulata; umhonibus crassis, valde promincntibus, plcriimquc profunde crosis. Longit. 130 raillim., lat. 108, ait. utriusquc valvae 64 millim.

Coquille solide, très épaisse et lourde, renflée vers les sommets; de forme trigone plus ou moins équilatérale. Sommets anguleux, très proéminents, dépassant la char- nière, ordinairement profondément érodés. Côté antérieur d'abord rectiligne, ensuite arrondi et dilaté. Côté posté- rieur rectiligne et décrivant un angle à sa jonction avec le bord ventral qui est arqué et plus ou moins ondulé.

La surface externe des valves ne présente dans le voisi- nage des sommets que des stries d'accroissement obso- lètes; mais le reste du test est garni de côtes rayonnantes larges, assez convexes, séparées par des intervalles con- caves. Chez les exemplaires bien conservés, on voit que la partie supérieure des côtes est ornée de stries divergentes extrêmement fines, tandis que le reste de leur étendue ainsi que les intervalles qui les séparent, sont régulière- ment garnis de stries transverses. Une sorte de crête

3"°* SÉRIE, TOME XX. 38

( 574 )

noduleuse cl comme marlelée 'se dirige du sommel vers le bord vcnlral et limite le corselet. Lunule concave, assez bien limitée. Corselet grand, un peu concave, garni de plis transverses plus ou moins irréguliers. Nymphes fortes, bien saillantes.

La charnière de la valve droite est épaisse, triangulaire, et porte deux lories dents cardinales élevées, convergentes au sommet et séparées à la hase par une fossette triangu- laire. De chaque côté des dents cardinales, on observe une fossette profonde : l'antérieure est triangulaire; la posiérieure étroite et allongée. Enfin, la charnière est limitée à chaque extrémité par une dent latérale faible. Dans la valve gauche, la dent cardinale médiane est peu saillante et accompagnée de fossettes profondes; les deux autres dents cardinales sont plus élevées : l'antérieure est forte et trigone, la postérieure étroite et allongée. Les parties creuses de la charnière sont finement ridées dans les deux valves. Impressions des muscles adducteurs pro- fondes; impression palléale bien marquée, échancrée pos- térieurement par un sinus assez profond.

La plupart des exemplaires recueillis présentent des traces de coloration consistant en rayons violacés et en zones concentriques de même nuance. A l'intérieur des valves, la région des impressions des muscles adducteurs est aussi teintée de violet. L'épiderme, dont l'une des valves que j'ai examinées est encore en partie revêtue, est d'un brun fauve, assez clair et luisant.

Bien que le Galaleia Tiickeyi soit sujet à des variations fort importantes sous le rapport du renflement et de l'épaisseur des valves, de la puissance de la charnière, etc., sa sculpture externe suffît à le distinguer de toutes les espèces décrites jusqu'à ce jour.

C 575 )

On ne pciil guère le comparer qu'au G. Bernardii Dun- ker (1), espèce qui présente également une sorte de crête postérieure noduleuse; mais sa forme est bien plus Irigone, moins Iransvcrse; ses crocliels sont plus proéminents; sa cliarnièrc est plus forte en proportion; enfin, sa surface rayonnéc est très ditTérente de la surface irrégulièrement bosselée du G. Bernardii.

Par sa forme générale, notre espèce se ra|)proclierail plutôt du G. radiaia; mais celui-ci est tout à fait lisse et ne présente jamais aucune trace de côtes rayonnantes.

Les nombreuses valves de différents âges rapportées par M. Dupont permettent de suivre le mode de développe- ment, qui semble bien constant : cbez les exemplaires jeunes, la coquille ne possède jamais aucun vestige de côtes; chez les exemplaires plus adultes, on les voit appa- raître près du bord ventral; les exemplaires bien déve- loppés sont conformes à notre description; enfin, chez certains individus exceptionnellement âgés et épais, les côtes s'elfacent presque complètement, mais la crête reste toujours élevée et noduleuse.

L'examen de la môme série d'échantillons fournit encore les observations suivantes : la forme générale est presque équilatérale dans le jeune âge; la région cardinale est alors très haute et occupe un espace relativement très

(1) Galatea Bernardii, Dunker, Journal de conchyliologie t V (1857), p. 558, pi. Xir, fig. 5.

Galalca Dcniardii, Dunk., Bernard, et Fischer, Monographie des genres Galatca et Fischcria, p. 52, pi. V. fig. { à 5; pi. VIII, fig. 8- vignette, p. 54. ' o >

(876 )

grand; les dents sont beaucoup moins obliques et présen- tent à leur base de nombreuses ramifications. Dans les exemplaires tout à fait jeunes, le côté antérieur est le plus grand; en avançant en âge, les deux côtés s'égalisent et, plus tard, le côté postérieur acquiert un plus grand déve- loppement que le côté antérieur.

J'ai suivi l'exemple de M. de Brito Capello (1), en adoptant l'ortbographe Galaleia au lieu de Galatea. Pour être tout à fait correct, il faudrait écrire Galallwia (du grec raXaOet.a); mais comme il existe déjà parmi les Crus- tacés un genre Galathea, il vaut mieux, afin d'éviter la confusion, renoncer à trop de perfection au point de vue étymologique.

Habitat. Le G. Tuckeyi n'a pas été recueilli vivant par M. Dupont. Les nombreuses valves qu'il a rapportées proviennent d'amas situés au bord des îles du Bas-Congo, sur un parcours d'environ 32 kilomètres; la localité la plus rapprochée de l'embouchure du fleuve est celle de l'île de Mélella, à 35 kilomètres de la côte; la plus éloignée se trouve dans un îlot vis-à-vis du village de Samboëla, près du confluent de la rivière Passikondé, à 67 kilomètres de la côte. Ces valves constituent des amas qui émergent peu au-dessus du niveau des hautes eaux, et leur abon- dance est telle que les factoreries commencent à les exploiter pour les transformer en chaux.

(I) Description de quelques espèces du (jenre Galateia du Bengo et du Quanza, in Mem. Acad. R. Lisboa, t. V, part. II (187iS).

I

( 577 )

MollusqxtP.s postpliocènes.

Gal.i(cîn Diiponli nov. sp.

PI. III, flg. 1, 2.

Testa (liam. umb.-veiitr. G7 niillim.; diam. anl-posl. 75 mil- lim.; crass. bO inillim.; valde Irigona, umboncs versus soli- dissima. Pagina cxterna valvarum slriis incrcmcnli obsoletis ornala. Cardo crassissimus. Nympliae parvulae.

Coquille de forme irigone, un peu arrondie en avant, subangiileuse en arrière, très épaisse vers les sommets, plutôt mince vers le bord ventral. Surface externe des valves ne présentant que des stries d'accroissement obso- lètes. Sommets anguleux, proéminents, dépassant la char- nière. Corselet un peu concave, limité par un angle bien prononcé et très élevé. Nymphes petites, peu saillantes. Charnière grande, haute, épaisse, et pourvue de dents très fortes. Impressions des muscles adducteurs profondes.

Chez les exemplaires jeunes, la charnière occupe plus du tiers de la hauteur totale de la coquille.

Le G. Duponti ne peut être comparé qu'au G. radiata Lamarck; mais il diffère de celte espèce par sa forme plus triangulaire, ses bords latéraux plus droits, plus allongés, ses nymphes beaucoup plus petites, sa charnière plus forte t;t surtout plus haute, ses impressions musculaires plus profondes.

Gisement. M. Dupont a découvert cette espèce, en valves disjointes et mélangées au Fisclieria Lenzi, dans une poche située dans l'alluvion ancienne du Congo, à une quinzaine de mètres au-dessus des hautes eaux du fleuve, au fond du port de Banane, près de la mission de Nemiao.

( 578 )

Fischeria Lenzi n. sp.

PI. III, fig. 5-8.

Conclia lumida, ovalo-transvcrsa, subaequilalerali, parum solida,anliccsubrolundata, poslice subrostala; inarginedorsali arcualo; raargine venlrali expanso, poslice subsinuato; api- cibus prominentibus, subaiigulalis.

Cardine valvae dexlrac dente cardinal! mediano bifido ac dentibus lateralibus laraclliformis niunito. Cardine valvae sinistrac dentibus cardinalibus duobiis, medio fossula Irigona sejunclis muiiito, dentibus lateralibus vero nullis.

Longil. 21 millira; lat. 17 millim; ait. utriusque valvae 42 millim.

Coquille renflée, ovalaire, un peu iransverse, subéqui- latérale, peu épaisse; bord antérieur subrarrondi; boni postérieur 1res faiblement atténué et rostre; bord dorsal régulièrement arqué; bord ventral largement arrondi, sub- sinueux du côté postérieur. Sommets saillants Irigones; nymphes bien développées. La charnière de la valve droite est pourvue d'une dent cardinale médiane bitide accom- pagnée de deu.x fossettes profondes, puis de dents latérales lamelliformes très allongées. La charnière de la valve gauche porte deux dents cardinales séparées par une fossette triangulaire, mais elle est dépourvue de dents latérales.

Il ne m'a pas été possible d'identifier cette espèce avec le Fischeria Delesaerti Bernardi : elle en diffère par sa taille plus petite, sa forme moins Iransverse, moins rostrée du côté postérieur, sa charnière moins forte, ses sommets plus saillants, son test plus mince. Par sa forme générale, le F. Lenzi se rapproche davantage des

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Mollusques (lu Congo

Chromolith G Severeyns

1 . Aclialina otldierala . 2.3.4.5- PseiidosJiWiula [)uponti .

6. ( of^entdc i

7.0 l luo stay'noiMJin . (\alve droite) 9 . 10 . "^ ( l aive aaïuJie )

'Série. Tome A'.V

Mollusques du Congo

PI.. II

Zith G. Seosr&yns.

1 Galaleia Tuckei .' lalve droite, >

2 I Chamière de la valve quii^Ji» )

3.4. 5.6. ^

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1 . ii . (/aliil cia l )ii[)()iili . 3.4-.5 . l'isclicria l-cii'/.i . ^Itilvo (/(uicJw i n •? o ^ /a/rr ilroilc I

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( Îi7!) ) exemplaires adultes du F. tnnic.ala von Marlens; mais il est aussi plus pelil, beaucoup plus mince; ses crochets sont plus développés et son bord postérieur est moins rostre. La dissemblance s'accentue si l'on compare notre espèce à des exemplaires jeunes du F. Inincata. J'ai pu constater ce fait en examinant une série d'individus de différents âges, recueillis à Assinie par M. Maurice Chaper. Cette espèce a été dédiée, à la demande de M. Dupont, au célèbre explorateur et géologue autrichien M. Oscar Lenz.

U Gisement. Valves réunies et mélangées à celles du " Galateia précédent dans l'alluvion ancienne de Nemlao, près de Banane.

Mollusques marins.

La plage sablonneuse, à pente douce, qui borde l'Océan le long de la pointe de Banana, puis au nord-est, au pied d'tme falaise d'alluvions anciennes du Congo, est presque dépourvue de coquilles rejetées. Sur une étendue de dix kilomètres au nord de Banana, M. Dupont n'a pu recueillir que les trois espèces suivantes :

Tellina ptebeia Hanley (valves).

Donax elongalus Lamark. Pamet Adanson.

Cardium costatum Linné (fragments).

\

( 580 )

Note sur la physiologie de la branchie; par Léon Fredericq, correspondant de l'Académie.

§ I. Crustacés.

J'ai montré, dans un travail publié en 1884, que la proportion de sels solubles contenue dans le sang des Crustacés (et des Invertébrés marins en général) peut varier dans des limites fort larges (de 0,94 à 3,59 de sels pour 100 de sang, soit plus que du simple au triple), suivant le degré de salure de l'eau dans laquelle les animaux vivent. Il s'établit vraisemblablement, au niveau de la branchie, un équilibre osmotique entre les sels du sang et ceux de l'eau de mer. La paroi vivante de la bran- chie qui sépare les deux liquides en présence se compor- terait ici comme la membrane inerte d'un dialyseur.

L'expérience suivante est d'accord avec cette manière de voir : deux Crabes Maja ayant séjourné à l'aquarium du laboratoire Arago, à Banynis, dans de l'eau de mer contenant o9s'",55 de sel par litre, turent saignés par la section des pattes, le 30 mai 4890. Une partie de ce sang fut introduite dans un boyau de papier parchemin et sou- mise à la dialyse vis-à-vis de l'eau de mer pendant qua- rante-huit heures.

Le sang du crabe 1 contenait 3s%39 % de sels avant la dialyse et 3e^20 7o après la dialyse; celui du 2 pré- sentait, avant comme après dialyse, 3s'',54' % de sels.

Après quarante-huit heures de dialyse, la composition sah'ne du sang n'avait donc varié que d'une quantité insi- gnifiante dans une des expériences, et était restée la même dans l'autre.

( S81 )

§ II. Poissons.

Chez les poissons, au conlrnire, la proporlion de sels soluhles contenue clans le sang esl, jusqu'à un certain point, indépendante de celle du milieu extérieur. J'ai trouvé, en moyenne, U',19 de sels pour 100 centimètres cubes dans le sang des poissons plagiostomes (ilaie, Cenlrine), alors que l'eau dans laquelle les animaux avaient été péchés con- tenait un peu moins de 4 "U de sels. En outre, l'équilibre osmolique entre le sang des poissons et l'eau de mer qui baigne leur branchie, était loin d'être atteint : en effet, en soumettant ce sang à la dialyse vis-à-vis de l'eau de mer, j'arrive presque à doubler la proportion de sels contenue dans le premier litjuide. Après dialyse, je trouve jusqu'à 5,668 7o de sels (moyenne 5,379 "/o). alors qu'avant dialyse le maximum était de 1,93 % et la moyenne de 1,79 "/o-

La paroi branchiale des poissons ne se comporte donc pas comme la membrane inerte d'un dialyseur : cette membrane branchiale, qui laisse passer avec facilité l'oxy- gène et l'acide carbonique dans l'acte de la respiration, oppose aux sels une barrière pour ainsi dire infranchis- sable. Cette membrane fait donc une véritable sélection parmi les substances dissoutes dans l'eau de mer; elle admet les unes et rejette les autres. Il est probable qu'elle agit de môme vis-à-vis des substances diffusibles : sucre, urée, etc., contenues dans le sang des poissons. Je me propose de faire quelques recherches sur ce sujet, dès que l'occasion m'en sera offerte.

J'ajoute, en terminant, que les dosages de sels ont été exécutés à l'Institut de physiologie de l'Université de Liège,

( 582 ) sur (les matériaux recueillis an mois de mai dernier à Baiiyuls. Je liens à remercier ici M. le professeur de Lacaze-Dulliiers de la libéralité avec laquelle il a mis à ma disposition les belles installations du laboratoire Arago.

Sur la conservation de r/iéinocijanine à l'abri de Cair ; par Léon Fredericq, correspondant de l'Académie.

Un échantillon de sang de Poulpe [Oclopus vulgaris) fut recueilli à Banyuls au mois de mai 1890, et renfermé sur place dans un tube de verre scellé à la lampe. Le tube fut ouvert à la fin de novembre, c'çst-à-dire six mois après. Son contenu répandait une odeur repoussante.

Malgré la putréfaction qui avait, pendant six mois, exercé ses ravages sur les substances dissoutes dans le liquide, la matière cuprifère à laquelle j'ai donné le nom d'hémocyanine s'était conservée intacte. Le liquide exposé à l'air prit une belle couleur bleue et fournit par la chaleur un abondant coagulum de matière albuminoïde bleue cuprifère.

U/iémocyanine résiste donc à la putréfaction quand elle est conservée en vase clos, à l'abri de l'air. C'est un point de ressemblance de plus qu'elle présente avec la matière ferrifère rouge de notre sang, y/iémogtobine. On sait quc^ l'hémocyanine joue chez les Crustacés et chez les Mollus- ques Gastéropodes et Céphalopodes, le rôle respiratoire que l'hémoglobine joue dans noire sang et dans celui des autres Vertébrés.

( 385 )

Observations physiques de la planète Mars en 1890, faites à Péronnas, près Boia-rj-cn-Brcsse ; par J. Guillaume.

(Communication adressée à M. le général Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique.)

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

Sachant rinlérèl bienveillant que prend votre illustre Académie aux travaux d'astronomie physique, j'ai l'honneur de vous adresser un choix de mes meilleures observations faites sur la planète Mars durant la dernière op|)Osition.

■RIalgré les mauvaises conditions dans lesquelles j'ai observer, comme la plupart des astronomes européens d'ailleurs (brusques variations atmosphériques, et surtout la grande déclinaison australe de la planète), j'ai eu la bonne fortune de voir un certain nombre de canaux, mais je dois dire que c'était une observation difficile et parfois douteuse, ce qui explique mes doutes dans plusieurs cas au sujet de leur identification.

Déjà M. le D' Terby a fait connaître à votre Académie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, ses premières observa- tions, ainsi que celles du grand observateur milanais, M. Schiaparelli, et de M. S. Williams. Grâce aux résultats obtenus et aux nouveaux témoignages qui ne manqueront certainement pas d'arriver, on est en droit d'affirmer de plus en plus l'existence certaine, si souvent discutée, de Capparence de canaux ou réseaux à la surface de Mars;

( 584. )

leur couleur rst rose brique, el leur dédoublement, très curieux, en fait un sujet d'étude des plus intéressants; ma ligure 26 représente leur aspect dédoublé.

Mes dessins reproduisent, aussi fidèlement que j'ai pu le faire, tout ce que j'ai vu ; je les donne tels que je les ai faits, sans les corriger; ils pourraient sans doute être retouchés avec avantage dans bien des endroits, car on y remarque bien des défauts d'exécution, mais je craindrais trop de changer mon impression en les modifiant. Peut- être ma mélliode d'observation est-elle pour quelque chose dans ces défauts; la voici : je ne me suis jamais inquiété, avant d'observer, de la région qui allait se présenter à ma vue, pas plus que de consulter des dessins de la planète; c'est peut-être un tort que j'ai eu, car, en consultant préa- lablement une carte de l'hémisphère que j'allais voir, j'au- rais pu noter plus de détails sans doute; mais j'ai du moins l'avantage de n'avoir pas été infiuencé pour les détails notés.

J'appellerai votre attention. Monsieur le Secrétaire per- pétuel, sur les variations de teintes que j'ai constatées au cours de mes observations sur certaines mers; il suffît d'examiner Syrtis major, par exemple, pour se convaincre de ces changements. Ces variations ne peuvent guère s'expliquer autrement que par la présence de nuages dans l'atmosphère de Mars; la comparaison du dessin du 19 mai à lO*" 5"" (fig. 6), que je donne pour cette particularité, avec celui du 25 mai à 11 h. (fig. 12) est convaincante; il est évident que, le 19, l'atmosphère était moins pure sur cette région que le 23.

J'ai observé avec un excellent réflecteur de With, de 216mm (j^ diamètre et l'°,95 de foyer; lorsqu'il n'y a pas

(ÎJ8S)

(l'indication de grossissement (1), c'est 19o fois qui a été employé; les heures inscrites sont celles du méridien de Paris (l'heure nationale est en vigueur ici dans l'usage civil), et la longitude aréographique du méridien central a été déterminée approximativement, d'après l'éphéméride de M. Marlh, pour faciliter la comparaison des dessins avec les cartes de M. Schiaparelli.

J'ose espérer que le peu que j'ai obtenu vous intéressera, et je vous prie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien agréer l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

Observatoire de Péronnas (2), près Bourg- en-Bresse (France).

Observations.

22 avril, ô** 10"° à 5'' 15"" du matin. Bonne vue, mais des nuages sont venus avant que j'aie eu le temps d'entreprendre un dessin; j'ai dessiné de mémoire le peu que j'ai pu voir (fig. d). Noté la Grande Sfjrte et, sans doute, Boreosyrlis (1) qui se prolonge, très faible, à l'ouest, puis en contournant vers le sud, par Alcyonius (2), Fretum Anian (3) et Styx (4), peut-être jusqu'à Trlvium Charontis, que je n'ai pas eu le temps de voir. Une partie claire, a, correspond à Hesperia; Hadriaticum Mare visible au sud de la Grande Syrie, et c'est peut-être

(1) Détermination faite avec un dynamètrc de Ramsden.

(2) Position approchée : long, est de Paris, 52' 20"j

lat. nord 46» 11' 19".

( 586 }

Cydops et Letlies que je noie en (5) et (6); le prolongement de la Grande Syrie par Nilosyrtis (7) ne se voit pas nette- ment, on le devine plutôt par différence de teinte. L 250"; i -4- 4°; D IV'jb (L=: longitude du méridien eentral; X = lati- tude du centre; D = diamètre).

6 mai, 2''i0'" à 2'' 40'» du matin. Image mcdiocre,dctails diffi- eiles à noter; grossissements I "27, ICI et 1 95,ce dernier presque trop fort (fig. 2). Margaritifer Sinus et Aurorae Sinus, h l'ouest, sont très sombres; (8) Ganges, bien visible; on devine Phusis (9) et /r/s (10); ruwcnirfes-Gt^/as? (H), et peut-être Sîrenius en (i2). VAmazonis, d, se dctacbe parfaitement au- dessus du Propontis; Chryse, a, est la région la plus claire; vient ensuite Phaëlordis, C, puis 3Iemnonia,.r- Pôles bien blancs. Tout le centre du disque est grisâtre et l'on y devine bien des petits détails qu'il serait sans doute possible de fixer si la vue était meilleure. L 11 0»; X -t- G" ; D 1 6",7.

16 mai,1''10°'à 2 h.Oculairc ICI. Image assez bonned'abord, moins à la fin (fig. 5). On devine Indus-Oxus (15); Jordanis ou CaUirrlwe (14) est estompe. A l'est, tache sombre que je suppose formée par Mare Acidalium, Lacus Niliacus et Lacus Lunae, reliés pav Nilokeras ; Ganges (8) assez visibles; Te7npe 6', à lest, est bien blanc ; les 6 sont Deucalionis liegio, JVoachis et Argyre, blancs également et séparés par Mare Erythraeum. Les mers ont une même teinte gris ardoise. Observé encore jusqu'à 'i^'IO"' avec 127, 195 et 288, mais sans rien pouvoir noter de plus. LC; i -v- 7°; D 18".

19 mai, i -+- 8"; D 18",5. Image agitée, mais qui permet néanmoins de voir bien les détails.

De 0''5'" à 0"15'» (fig. 4), noté Thoth (15); Astapiis (16) et Asclepitis (17), dont l'espace intermédiaire est un peu estompé; Euphrales (18); Indus- Oxus (15), Deuleronilus (19);

( ;^87 )

au bout de Nilost/rlis (7) il y n une tiiclic sombre triangulaire, prob.iMcnuMU limitée au nord piU' CuUirrhoe, et au sud |)ar Protuiiilus (20). Deucalionis lieyio, o, se drlaclic bien au- dessus de Sijrtis Major. Comme l'indique mon dessin, Syrlis Major n'a pas partout le même aspect, elle e>t plus sombre vers l'est. L 325°.

De 0''2b™ à 0''oO'" (fig. li), on note en outre !Veppnthes{i\)eK j)eut-èlre Lucus Mœris ; Phison (22); est-ce Gehon-Oxus, ou IJichlckel qui est en (23)? cl Indus en (24), très large, sinon double. (25) m'a d'abord semble êlrer^.sf«6ora.s, mais ce n'est passa vraie orientation. Qu'est-ce alors?... Si c'était Pro<C7Jî7ws et Jordanis, la tacbe au-dessous serait Callirrhoc (?). Lacus JViliaciis cl Mare Acidalium forment la tache qui paraît à l'est. Le continent au sud de Sinus Sabaeus semble divisé en trois parties. L 528°.

De I h. à I^'IS"" (fig. 7), note encore Anubis (2G), Typlio- iiius (27) et Orontes (28); je me demande si c'est bien Vlndus ' qui est en (2-4), car dans ce cas (29) serait flijdaspes'2 CalUr- î/joc (50) se prolonge jusqu'au bord oriental; Nepenlhcs (21) double? A la fin, je note une laclie bien blanche, 6. La région correspondant à Lyhia, à l'ouest, est aussi bien blanche, 6'. L 556".

De l'Mo'"!) 1 ''50'" (fig. 8) £'(//3/jrafes est nettement double jus- qu'à Tijplionius-Orontes; on prolonge P/(/so;i jusqu'à Nilo- Sjjrtis; //k/^/s? est double; (25) plus net qu'il y a un instant et bien double. M'est apparaît une tache sombre allongée vers le sud : ce doit être Lacus Niliacus et Lacus Lunae. L 539°.

De 1*'30"' à l''45°'(fig. 9). Euphrales paraît double jusqu'à iVi/osî/rtii" ; c'est un joli ruban rose, estompé, dont les bords sont plus foncés; l'espace entre Gehon (51) et Indus (24) est estompé également. Une nouvelle division (32) va de Margari- tifer Sinus, scmble-t-il, à Lacus Lunae : Ilydraotes, sans doute? je ne vois pas très bien; depuis un moment l'image se gâte. L 545°.

( 588 )

De l''45"' à 2 h. Image de pins en plus défectueuse.

De 2 h. à ^''SO" (fig. 10.). P/ti.so«? reparaît bien faiblement. Ce doit être Indus que je Tois en (24) et Gatiges en (8), larges tous deux; Hiddekel (31) large aussi, double peut-être. Lacus Niliacus, prolonge par Nilokeras jusqu'à Lacus Lunae, doit être ce qui forme la tache triangulaire orientale. Murgaritifer Sinus et Ain'orae Sinus sont bien sombres. L 550°.

La vue devient tellement mauvaise qu'il faut quitter le télescope. En général, les canaux sont difiiciles à voir, mais je suis certain que si les circonstances étaient plus favorables, mon instrument me permettrait d'en voir davantage.

21 mai, i 1 h. à 1 l''20'"(fig. 1 1). Image très agitée. On entre- voit Cyclops? (3); AmenthesiZù), plutôt que Thoth, me semble- l-il. A noter Triton? en (54) et JVepenlhes (21). Facilement visible, mais estompé, Boreosyrtis (1), prolongé à l'ouest par Heliconius, je pense, et Cullirrlwe (30). La région à l'est de Syrtis Major est très claire, cette clarté paraît limitée par Typhonius (27) et Phison (22). Syrtis Major est plus sombre que les autres mers- Observé encore jusqu'à H'^dO", mais sans rien pouvoir ajouter à mon croquis. L 280°; X -+- 8°; D 18",3.

25 mai, 1 1 h. à 1 i HO" (fig. \ 2), puis de 1 1 ""oO à minuit 20". L'image laissait bien à désirer; enfin il y a eu quelques calmes durant lesquels j'ai pu noter des détails intéressants. A une sorte de baie dans Mare Cimmerium correspond une limite de teinte qui se prolonge jusqu'à Boreosyrtis (I); ce peut être Styx (4) et Fretum Anian^ Amenthes (55), ou Thoth? va jusqu'à Boreosyrtis. La Grande Syrte est bien sombre. On entrevoit Asclepius (17) et une division (15) qui peut être Thoth lirolongé. Nepenthes (21) bien visible; nettement visible aussi une petite baie a dans Isidis Regio. De l'autre côté de Syrtis Majorée vois nettement une petite baie à l'embouchure

( 58!) )

de VAstusapes? (3î)). On voit toujours celte tnchc sombre a dans le prolongement de Nitosijrtis, limitée, scmblc-t-il, par Pro- tonittis et Callirrhoe. La région h', limitée sur mon dessin par un pointillé, est la plus claire; vient ensuite 6. Au nord de Doreosyrtis j'ai noté deux |)ctiles taches plus sombres à l'ouest qu'à l'est. Durant la première observation, j'ai entrevu une division (56), que je n'ai pas revue après L 205°; X -+- 8"; D18",7.

"iU mai, 1''20™ à 2 h. (fig. 15). L'image vaut mieux que le 23. On voit NejH'iilhes, Doreosyrtis, Prolotiilus... C'est une de mes pauvres observations. L287''; A -+-9°; I) I8",î).

4 juin, 1 O^liô"' à H ''25'" (fig. i 4). Image mystérieuse ! Elle est très agitée et ce n'est que très difficilement que je note quelques détails. Ce sont j)lutôt des différences de teintes que je limite, que la vraie apparence de canaux ; néanmoins je crois reconnaître Phasis (9), Iris (10), Araxes? (37), Sirenius (12), Titan (58), Laestrygon? (59); peut-on voir un dédoublement d'O/'CM.s, en (40)? La région sombre et irrégulière dans la par- tie inférieure du disque doit être formée par la réunion de Trivium Charontis, Styx, Erebus, Propoiitis, Tanaïs et l'ouest de Ceruuniiis, et c'est sans doute Phlegra et Cebrenia qui forment la région claire au milieu. Rien ne distingue VEli'sitim, qui brille tant parfois, et qui doit être en a. J'ai entrevu une tache neigeuse c', puis une plus faible au-dessus, à peine marquée. Nerigos s'en va à l'ouest, b'. L 156°, A -+-11°; D 19",5.

5 juin, 9*'30™ à 9''55'°, puis jusqu'à IC'SS" (fig. 15). Image médiocre, il faut diaphragmer à S pouces pour avoir un peu de netteté. Noté plusieurs régions blanches, 6, autour du disque. Les canaux sont un peu dans les conditions de visibilité de la veille. A l'ouest, Aurea Clierso, a, sépare Aurorae Sinus de Lacus Tithotiiits, qui sont assez sombres. Au N.-E. arrive une

5"" SftRIE, TOME XX. 39

ï

( 590 )

tache, sombre aussi, formée du Proponlis et Trimum Cha- rontis réunis. J'entrevois des divisions qui correspondent à

Fortunae (41); ? (42); Phasis (9); Iris (10); Cerau-

7a'MS?(43); Sirenius (12); n'est-ce pas Titan qui est en (38) et Tartarus en (44)? (40) me semble un peu trop bas pour être Orcus ; (45) a une situation intermédiaire à Tartarus et Atilaeus; c'est peut-être Chrysorrhoas (4G) qui limite la région blanche de l'ouest? En tous (as je ne vois pas de canal ici, je ne constate qu'une limite de teinte. Je n'ai pas vu Solis Lacus qui devait être en /, mais je dois dire qu'ignorant sa présence, je n'ai pas fixé mon attention sur ce point. L 1 32°; i -h 1 1 "; D 19",D.

i6 juin, 8'*55'" (fig. 1G). Image meilleure que les précé- dentes. La calotte australe est blanche. Subueus Sinus, Margor ritifer Sinus et Auroi'ae Sinus sont sombres; Ismenius Lacus, a, se voit bien, et mieux encore et séparés, Mare Acida- lium, S, et Lacus Niliacus, r', Deuteronilus (19) se voit assez bien; est-ce Nilokeras qui est en (47)? indus pas très sûr; Gunges (8) bien visible et large. Tache blanche au N.-E., Tempe, sans doute. L 15*.

A 10''lo'" (fig. 17). Un petit lac est visible au S.-W. de Lacus Niliacus, sans que l'on aperçoive de communication entre eux, juste devrait paraître l'embouchure de Ylndiis; c'est sans doute Tanaïs qui est en (48). Une tache aussi large que Mare Acidalium, mais faible, occupe, ou englobe plutôt, la place de Lacus Lunae. Ganges se voit bien; Mare Acidalium et Lacus IViliacus sont toujours bien visibles. La région t, claire, doit éire Tempe; n'est-ce pas Dardanus qui est en (49)? L 39"; i- 13°; D18",9.

18 juin; 9''35'" à 9''55" (fig. 18). La naissance de Gehon et Hiddekel est très visible dans Sinus Sabaeus; Edom pro- mont., c, est marqué par une tache blanche; je me demande si - la baie qui paraît à l'est n'est pas VAgallwdaemon venant de : Lacus Tithonius dans Aurorae Sinus? Mare Acidalium et

I

( SOI )

Lacus Niliacus ne font qu'une même tochc, (3; le petit lac au S.-W. de Lacus IVilianis est toujours visible, y; Lacus hme- tiius, â, et L. Arelhusa, e, sont parfiiitcmcni visibles. Le Deu- teronilus est estompé; Tandis est tout au bord du disque (48).

L 12»

De 10''u5™ à 11''20'" (fig. 19). Image moins bonne. Sinus Sabaeus (baie fourchue) est arrondi. Mare Acidalium est séparée de Lacus JViliacus ; Lacus Lunac toujours large, le \)elil lacr toujours nettement visible. On voit Gunges, Deute- ronilus, Tandis et Uranius? (50). Tache neigeuse au pôle boréal. La calotte australe, claire, correspond à Noachis, Argyre cl Ogygis Regio; au-dessous Pyrrhae liegio, x, cl Dcucalionis Regio, y. L 52" ; i -+- 15°; D i8",7.

19 juin, S^SO à D h. (fig. 20). Image des plus mauvaises, et néanmoins j'entrevois des bandes estompées qui correspondent à Dculeronilas{\9), Gelion (51), Indus (24). La tache qui arrive à l'est (trop avancée sur mon dessin) est Mai-e Acidalium et Lacus Niliacus. Région claire, c, à l'ouest, Lybia, sans doute.

L555°; \ -+- 15»; D 18",7.

20 juin, 9''2o"' à OMo" (fig. 21). Vue assez bonne, bien inté- ressante en tous cas. Lybia est la région claire, c, à l'ouest; Edom, c', claire aussi, est limitée comme l'indique mon dessin; y a-l-il un canal? Je vois VEuphrates parliellcraent, puis Iliddekel (51), Gehon (31) et Indus-Oxus (15). En bas, le pro- longement de Syrtis Major par N^ilosyrtis, Boreosyrlis, Pro- tonilus. Lacus Ismenius, Deuteronilus et Lacus Niliacus. Un canal (52) large et estompé part de Lacus Jsmenius et va au N.-E. : ne serait-ce pas Jordanis? L 351°; > -♦- 13"; D 18",G.

Observation continuée de 1 0*" 15° h IC'ÔS". Gr«;K/e 5^rfe bien près du bord occidental du disque; N'ilosyrtis a déjà disparu. Sinus Sabaeus est toujours fourchu; on note encore Hiddekel, Gehon, indus-Oxus, Protonilus, Deuteronilus,

( 592 )

Tanais, et (52). Lacus Ismenius; Lacus Niliacus et Mare Acidaliuni sont assemblés. Imhs-Oxus se dédouble par instants, estompé; cette apparence est peut-être causée par le bouillonnement de l'image?

23 juin, de 9''25'" à 9''35"' (fig. 22). Image assez bonne; de légers nuages passant devant ne la rendent que meilleure. Je note une division sombre, large et estompée, à l'ouest, qui doit être IVepenthes. IVilosyrlis est sombre, de même que Marc Erytraeum, a l'est, puis Sabaeus Sinus, Lacus Isme- nius, et la partie boréale de Syrlis Major ainsi qu'un peu vers l'est. Protonilus bien visible; Hiddekel et Euphrates sont à peine marqués, mais larges (doubles peut-être?). Boreosyrtis et Callirrhoe sont estompés; nouveau canal? (55) sous Lacus Ismenius; Astusapes (33). a, Lacus Arethusa?'Le pôle austral est plus blanc que l'autre. L 324°; )i -h 1 5°; D I8",3.

24juin,8''33'°à8''50"(fîg.2D) Image bien médiocre, et pour- tant l'observation n'est pas des moins bonnes. Hammonis cornu, h, se distingue par un angle assez marqué; il y a un angle marqué aussi en a, vers l'cmboucbure de VAnubis, sans doute. La pointe australe de ViU' Meroë, i, est saillante, et la naissance d'Astusapes (55), large, forme une baie très visible. Je note encore Boreosyrtis (i), Callirrhoe (50), Protonilus, Lacus Ismenius et Deuteronilus. Le continent à l'est de Syrtis major est clair jusqu'à V Euphrates, semble-t-il. Est-ce Sinus Sabaeus qui paraît à l'est, ou la naissance de ï Indus? A l'ouest, Syrtis Minor est assez sombre. Isidis Regio, c, est claire et limitée au sud \idiV Nepentbes et TItotli? à l'ouest. Une zone sombre s'étend sur Mare Australe et Syrtis Major. L503"; X -H 15^0 18",2.

25 juin, 9'' 10° à 9»'55'"(fig. 24) Vue passable. i4sfî/sa/)es (35) est certain; HiddeUelt (51), faiblement marqué, est large. Boreosyrtis, Protonilus et Lacus Ismenius sont bien visibles.

Aspect de la planète Mars en 1890

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( 593 )

Calollcs polaii'c's Manches; c est I)it'ri cl.iirc, c'est Isidis Ilcgio limilrc au sud par Ncpenlhes cl à l'ouesl par Tliulh; Lethes- Amendii'S prolonge Sortis Miiior, assez sombre; la naissance 6'Astapus, X, sur yilosijrlis (orme une hii'w.Affsotiiu ne parait pas délaclu'e de IIeUas;]c vois disliiiclcmenl deux divisions sur celte irgioii, (/ et e. Marc Tyrrhcnum en a. A l'est, IVoa- chis el DeucitHunis liccjio sont assemblés. L'aspect sombre de Syrlis Major e^t (■ul•ieu^emcnt limité au sud. L. 505"; i -t- 14"; D !8',1.

IG juillet, 8 h. à 8''15'" (fig. !2o). Vue assez bonne, mais peu détaillée; le peu que je note est difficile. Mare Australe est sombre en haut du disque, et en a il y a une lâche assez large qui doit avoisiner Tinjle I. Ce qu'il y a de plus intéressant est la vue de Solis Lacus, j3; le reste du disque est marbré de parties sombres, estompées et à bords mal limités, dont la nature est difficile à définir. Araxes (57) à peu près certain; Eumenides (54) ; Iris (1 0), Phlegethon? {^b)... C'est tout ce que je me risque à nommer. Tache blanche en y. Aurorue Sinus en 6, et Murgaritifer Siîiiis en c. Les pôles sont marqués par une calotte blanche. L 94" ; X -+- 14"; D 15",7.

Je crois avoir noté Gigas le 9 juin eljamuna\e 18 juillet, mais le reste de mes observations ne m'a rien donné de plus que ce qui précède; je n'ai plus vu, en général, que les grandes lignes bien connues de l'aréographie.

Le 8 septembre, de 7''5'" à T'^IO™, l'aspect était à peu près celui du premier dessin qui accompagne ces noies (22 avril), mais sans détails; du moins j'ai cru en voir un instant, mais si douteux, que je les considère comme sub- jectifs; les neiges du pôle boréal étaient très visibles, mais ne débordaient pas le disque, comme cela se voil à cer- tains moments.

( 594 )

De l'influence de la température extérieure sur la pro- duction de chaleur chez les animaux à sang chaud. Piecherches de calorimétrie ; par Georges Ansiaux, étu- diant en médecine, à Liège.

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

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(1) d'Arsonval vient de publier: Recherches de calorimétrie animale. Arch. de Physiologie, 1890, t. XXII, 3, pp. 610 et 622 et n<> 4, pp. 781-790. {Nott ajoutée pendant l'impression.)

( 59o )

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(■1) Voir les trnvaux récents de Roscnthal signalés au § H.

( 596 )

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WiNTERMTZ. Der Einfluss d. Wârmcentziehungen auf die Wàrmeproduction. Medic. Jarhrb. d. Gesellsch. d; Aertze in Wien, 1871 , p. 180, et 1872, 2'" Hefi. (D'après une analyse dans Jahresber. d. Anat. u. Physiol, 1871, pp. 225-226); '•1°' lieitràge z. Lehre von d. Wàrmercgulation. Archiv. f. palhol. Analomie, t. LVI, 1872, pp. 181- 196; Die Bcdeutimg d. Haulfunclion fur die Kôrpertcmperatur u. die Wàrmercgulation. Wien. medic. Jahrb., 1875, pp. 1-38. (D'après une analyse dans Jahresber. d. Anat. u. Phys., 1875, t. IF, p. 69.)

§ I. Introduction historique.

Dans l'élude de la liille des animanx à sang chaud contre les variations de la température extérieure, on peut avoir recours à deux méthodes.

La première, la plus en usage jusque dans ces derniers temps, est une méthode indirecte. Elle est fondée sur l'examen des combustions à l'intérieur des tissus vivants, se traduisant par les deux phénomènes : l'un initial, absorption d'oxygène, l'autre ultime, excrétion de CO^.

V «97 )

On admet généralomenl que la pioduclion de chaleur esl parallèle à l'inlensilé de ces deux fondions ou, suivant l'expression de Ricliel, que le coeflicienl chiniiqne corres- pond au coeflicienl calorilique. Il y a lieu cependant de se demander si la proportion entre h; nond)re de calories et la production de CO-, par exemple, est aussi rigoureuse que la plupart des auteurs l'admettent. Les résultats obtenus récemment par Quinquaud et J. Rosenthal (2) tendent ù démontrer <]u'ii y a des réserves à faire à ce sujet.

La seconde mélhoûo, dirccle, absolument démonstrative et beaucoup moins sujette à caution, consiste dans la mesure de la chaleur rayonnée par l'animal. C'est la méthode calorimétrique proprement dite.

C'est grâce aux travaux de d'Arsonval qu'elle a atteint un haut degré de perfection et une vraie valeur scientifique. Enfin, récemment, d'antres physiologistes ont construit des appareils un peu différents de ceux de d'Arsonval, mais fondés d'ailleurs sur les mêmes principes (Rosenthal, RiJBNER, Quinqual'd).

En comparant les conclusions tirées des expériences établissant l'influence de la température extérieure sur la production de chaleur, on peut constater entre les auteurs les divergences les plus considérables, sans que cela tienne d'ailleurs aux méthodes employées, chacune d'elles ayant fourni des défenseurs aux difl'éreutes théories. Les figures schématiques 1, 2 et 10 donnent une idée de leur diver- sité; il n'y a pour ainsi dire plus d'autre o|)inion possible.

Nous proposons de classer les conclusions des auteurs de la façon suivante :

( 598 )

A. Méthode calorimétrique.

a. RicHET el Langlois (fig. \) affirment que le maximum de la radiation calorifique se produit chez le lapin vers 13 à 14" C, chez le cohaye vers 11°, chez les enfants vers 18° C; que la quantité de chaleur rayonnée augmente aussi bien lorsque la température extérieure s'abaisse, que lorsqu'elle s'élève au-dessus de celle température (1).

Fig. i. Courbe indiquant la quantité de clialeur produite en une heure par un kilogramme de lapin, suivant la température extérieure. Sur l'ordonnée inférieure sont marquées les températures de SJ à -+- 28» C. Sur l'ordonnée latérale sont indiquées les quantités de chaleur produite, représentées en centimètres cubes d'eau ( 1 centimètre cube = 83 calories). On y voit nettement qu'il y a à 14» un optimum pour la radiation calorifique (d'après Ch. Richet.)

(1) Nous ne savons pas, faute d'indication spéciale à ce sujets si ces températures sont celles de l'air ambiant ou celles de l'cuceintp caiorimélriquc se trouve l'animal.

( 599 )

Dans un travail tout récent, Sigalas est arrivé à des conclusions identiques à celle de Ricliet.

A partir de \A° le rayonnement calorifique diminuerait avec l'élévation de la température extérieure, tandis que la consommation d'oxygène augmenterait.

6. QuiNQUAUD, se basant sur des expériences trop peu nombreuses il est vrai, comme il le reconnaît lui-même, conclut que la quantité de chaleur émise à la suite de la réfrigération et de réchauffement est plus grande qu'à l'état normal.

Ce résultat serait en concordance avec ceux obtenus par l'étude des phénomènes chimiques de la respiration (1).

c. « Au-dessus de 20° C, dit d'Arsonval (5, p. 721), on constate que la production de chaleur augmente avec la température du milieu ambiant. » A -+- C. un lapin produit 12 calories par heure, soit le double de sa produc- tion de chaleur à \1° C.

B. Méthode indirecte.

a. Conclusions de Pflïjger et de la plupart des physio- logistes (voir lig. 2) :

FiG. 2. Courbe schématique résumant les conclusions des travaux de PQUger.

(1) L'appareil dont s'est servi cet auteur enregistre la quanlilc (le chaleur rayonnée et dose simultanément les volumes de CO» el O. Pour lu description, voir Quiiiquaud, p. 595.

( 600 )

II y a un maximum de production de chaleur à la tem- pérature la plus basse compatible avec le maintien de la température interne.

Il y a au contraire un minimum à la température la plus haute possible dans les mêmes conditions. La régu- lation est donc parfaite et réalise un maximum d'utilité.

6. LoEwy constate, au contraire, que chez l'homme la régulation de la température se fait d'une façon très incomplète. D'après lui, une forte déperdition de chaleur amène toujours un abaissement de la température interne; enfin la production de chaleur resterait identique aussi longtemps que les muscles ne présentent pas de contrac- tions toniques et cloniques.

c. Les trois expérimentateurs suivants professent une doctrine bien différente (lig. iO).

D'après Page, lorsque le milieu ambiant esta 25° C, la quantité de CO^ exhalée par le chien représente un mini- mum. Vers 42° C, elle est trois lois et demi supérieure à celle excrétée normalement.

En utilisant les données recueillies par Voit dans ses expériences sur l'homme, on peut tracer une courbe de même allure que celle qui correspond aux résultats de Page; le point minimum se présente seulement à une température plus basse.

Dans cet ordre d'idées, c'est le travail de Léon Frede- RiCQ qui apporte les preuves les plus convaincantes à la théorie que nous exposons maintenant. Pour lui, il existe chez tous les animaux un minimum de radiation calori- fique. Chez l'homme habillé il est environ à 18° C. Toute température supérieure ou inférieure a pour effet d'aug- menter les combustions interstitielles (voir Fredericq, p. 783). Dans la lutte contre la chaleur, l'organisme ne peut qu'accroître rimj)ortance des perles que subit sa cha-

( 601 ) leur propre (évaporalion ciilanéc et pulmonaire, dilalalion des vaisseaux de la peau), sans pouvoir restreindre sa production de chaleur. Au contraire, dans la lulle contre le froid, la radiation calorifique s'exagère.

d. D'après Wimernitz el Senator, l'énergie des phéno- mènes de combustion ne subit aucune modification du chef de la température ambiante.

Celte opinion repose sur des dosages de CO-, quelques expériences de calorimétrie (calorimètre à eau), el surtout sur l'élude de la distribution du sang dans la peau, les muscles et les organes internes.

En résumé, quatre opinions ont cours à l'heure actuelle :

Celle de Richel et de ses élèves (fig. i) ;

Celle de Pflûger, partagée par la plupart des physio- logistes (fig. 2);

La troisième est défendue par un petit nombre d'auteurs (L. Fredericq, Voit, Page, d'Arsonval, Quinquaud) (fig. 10);

Celle de Winternitz el Senalor.

§ 2. Disposition des expériences.

Description de l'appareil (fig. 3).

Nous nous sommes servi du calorimètre à air de d'Arsonval. Dans nos premières expériences, le calorimètre présentait comme partie compensatrice un grand flacon en verre : c'est l'appareil qui a servi aux recherches de Léon Fredericq sur l'efl'el que les soustractions sanguines exercent sur la thermogenèse. (Soustract. sang., Mém. de l'Acad. de Belgique, 1886, t. Vllj, p. 86).

( 602 )

La compensation est ici imparfaite, car elle ne corrige pas entièrement les variations de la température exté- rieure; celles-ci n'agissent pas, en effet, avec la même rapidité sur le vase en verre et sur le récipient en métal. Nous avons bientôt abandonné cet appareil pour nous servir d'un autre calorimètre, de d'Arsonval également, mais légèrement modilié. Il se compose de deux récipients en cuivre rouge, l'un pouvant servir de calorimètre, l'autre de compensateur; tous deux sont d'ailleurs exactement, semblables sous tous les rapports. Chacun de ces réci- pients (1) consiste en une boîte cylindrique A, B, à double paroi, couchée horizontalement, fermée par un couvercle vertical également à double paroi, et représentant l'une des bases du cylindre. Des consoles soulèvent chacun des calorimètres à environ 15 centimètres de la table.

Les cavités internes de chaque récipient et de son cou- vercle sont réunies par un lube bifurqué T, dont la branche simple est reliée au manomètre différentiel à pétrole M. Sur le trajet de la branche simple de ce tube de commu- nication, se trouve greffé un tube vertical t, ouvert infé- rieurement et établissant par conséquent une communica- tion entre les cavités annulaires internes de chaque récipient et l'air extérieur. Le tube reste ouvert dans l'intervalle des expériences; on empêche ainsi soit l'action déformante sur le récipient, soit le refoulement du pétrole dans l'un des appareils, ce que des variations considérables

(1) Voici les dimensions du calorimètre:

La longueur prise extérieurement est de 54 centimètres, la hau- teur de 35.

La cavité annulaire ayant 3 centimètres, la longueur de la cavité interne est de 51 centimètres sur 27 de hauteur.

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dans la pression barométrique ou la lempéralure pourraient amener. Une heure on deux avnnl le coniniencemenl de l'expérience, on ferme l'appareil en plongeant les extré- mités ouvertes des deux tiihes verticaux dans deux vases cylindriques renfermant du mercure. (Voir plus loin.)

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( 604 )

Deux orilices placés aux exlrémilés de l'axe du cylindre assurent la venlilalion de Tespace interne dans lequel se place l'animal. Un troisième orifice, placé latéralement, donne passage à un thermomètre coudé 9 indiquant la température de l'enceinte interne. Ce thermomètre, dont la lecture est très aisée, même à distance, est placé de façon à ne pouvoir subir le contact de l'animal en expé- rience.

Nous ajouterons que tous les joints des tubes en verre et en caoutchouc sont soigneusement fixés et graissés. Il est facile de conserver le même poli, et par conséquent le même pouvoir émissif aux boîtes calorimétriques.

Enlin, en ce qui concerne le manomèl.re, Rosenthal a conseillé d'employer le pétrole. Étant moins dense que l'eau, il donne plus de sensibilité à l'appareil; il présente de plus l'avantage de ne pas se congeler.

2" Précautions à oitserver concernant l'appareil.

A. On doit s'assurer de l'absence de fuites. A cet effet, on met séparément chacun des calorimètres sous pression (plusieurs centimètres de mercure) et on les surveille pendant vingt-quatre heures au moins.

Nous tenons compte naturellement des oscillations de la colonne barométrique pendant ce temps; elles pourraient en effet masquer l'effet d'une fuite ou faire croire à son] existence.

B. Une heure ou deux avant le commencement de chaque expérience, on observe l'état du manomètre. Si, pendant ce temps, l'équilibre a persisté, les expériences ultérieures sont considérées comme valables.

( 6()D )

C. Les deux calorimètres doivent être suffisamment éloignés l'un de l'autre. La distance sera suffisante si un ihermomùlre sensible, placé dans le calorimètre vide, indique une température égale à celle de la salle.

D. Il est bon enfin de placer l'animal tantôt dans un (les calorimètres, tantôt dans l'autre, et d'oserver si, dans dans les mêmes conditions, on obtient des résultats iden- tiques.

E. Nous ferons remarquer que la plupart du temps les lectures du manomètre ont été faites sans lunette, ce qui n'influence en rien les résultats, comme nous avons pu nous en convaincre par la comparaison d'une lecture avec lunette suivie d'une lecture à l'œil nu.

Graduation du calorimètre (1).

On a procédé de la même façon que Léon Fredericq, {Soustract. sang., p. 89), c'est-à-dire qu'ici aussi la source de chaleur servant de mesure est réchauffement produit par le passage d'un courant constant dans un 111 de maille- chort introduit dans le calorimètre. La résistance du fil est de 0,59 ohms. L'intensité du courant fourni par une batterie d'accumulateurs Julien est de 6,7 ampères.

En vertu de la loi de Joule, ou a :

l'R 6,7^ X 0,39

W = X 3G00 = T- X 3600,

9,81 X 4:24 9,81 X 4^4

d'où W = 15,5 calories par heure.

(1) IVous nous faisons à la fois un plaisir et un devoir de remercier ici M. Éric Gérard, directeur de l'Institut électro-technique Monle- fiorc, annexé à l'Université de Liège, et son assistant M. de Weydlich, qui ont bien voulu se charger de la graduation de l'appareil. 5""^ SÉIUE, TOME XX. 40

( 606 )

Ce dégagement de chaleur produit, au boulde2h. 15 ra., une dénivellation de 275,4 mm. au manomède, soit donc par calorie-heure 18 mm. Le dégagement d'une calorie- heure donne donc une hauteur manométrique de 18 mm.; chaque millimètre de pression mesure la production de 0,055 calorie par heure.

RiJBNER a fait remarquer que, pour son calorimètre, construit également d'après les principes de d'Arsonval, le nombre de calories cédées à l'appareil n'est pas exactement proportionnel au degré de dilatation de l'air (mesuré au volumètre).

D'après lui, les perles de chaleur du calorimètre aug- mentent d'importance avec l'intensité de la source calo- rifique, par suite d'une circulation plus active de l'air dans^ l'espace annulaire (Mantelraum) en communication avec le volumètre. (Voir RIjbner, pp. 416 et suivantes.)

Animaux.

C'est principalement sur des cobayes que nos expé- riences ont été faites. Les conditions suivantes nous semblent absolument nécessaires pour être en droit d( considérer les résultats comme valables.

A. On doit choisir des animaux adultes. Selon toute vrai- semblance, car ce point n'est pas complètement élucidé^ la régulation de la température se fait d'une façon beau- coup moins parfaite chez les animaux nouveau-nés (1).

(t) Comparez Raudmtz, Die Wàrmcregelung bcim Ncugeborenen. Zeitsch. f. Biologie, 1887, XXIV, p. 438; G. Ansiaux, La mort pari le refroidissement. Archives de biologie, 1889, X, p. 171 ; Nassarop,] p. 484

( fiOT )

B. Les animaux doivent être à jeun.

Pendant la période de digestion, ils dégagent une quan- tité de chaleur variable d'un instant à l'autre. Si l'on place un cobaye |)cu de temps après son repas dans le calori- mètre, on constale en eflel que la quantité de chaleur rayonnée ne reste pas constante. Après avoir atteint une valeur très grande, elle diminue lentement jusqu'à la fin de la digestion.

Les expériences étant faites dans l'après-midi ou la soirée, le mieux est de donner la nourriture entre sept et huit heures du soir immédiatement après l'expérience, et d'enlever dans la matinée les débris d'aliments qui pour- raient rester.

C. Si l'on expérimente sur les mêmes animaux pendant longtemps, il est utile de les peser de nouveau de temps en temps.

D. Pour éviter les suites d'une variation brusque de température, il est bon de placer les cobayes ou lapins, quelque temps avant l'expérience, dans un endroit ayant une température voisine de celle du calorimètre chauffé par le séjour de l'animal.

E. Comme on le verra plus loin, les animaux restent plus ou moins longtemps dans l'appareil; la durée du séjour est sans influence bien marquée sur le résultat final.

F. Dans un grand nombre d'expériences, nous avons pris la température rectale des cobayes. Les diminutions ou les augmentations qu'elle a présentées se réduisent toujours à un ou deux dixièmes de degré. Nous avions, d'ailleurs, préciséftient choisi les cobayes comme offrant aux variations de la température extérieure une résistance plus grande que la plupart des animaux.

( 608 )

5" Expériences.

A. Durée de l'expérience.

La chaleur rayonnée par l'animal est équivalente à celle perdue par l'appareil quand le manomèlre est devenu stationnaire.

La durée de l'expérience est donc déterminée par le tetnps nécessaire à l'obtention du point fixe.

Pour le premier appareil, il lallail en moyenne une heure à une heure trente minutes; avec le calorimètre compensateur, au moins deux heures. Nous considérons que le point fixe est obtenu lorsque le manomètre indique la même pression pendant dix minutes au moins.

B. Il est possible d'abréger considérablement le temps d'une seconde expérience faite sur un autre animal, une ibis l'appareil chaulïé par un premier animal. Le point fixe est obtenu rapidement (quinze à trente minutes), d'autant plus rapidement que le nombre de calories déga- gées par deux animaux qui se succèdent sont des valeurs plus rapprochées; aussi, pour perdre le moins de temps possible, rangeons-nous les animaux d'après leur poids, soit en série croissante, soit en série décroissante.

C. Les expériences ont été réparties sur un long espace de temps; les unes ont été laites en hiver, les autres, soit en été (ce qui est plus pratique), soit en hiver dans des appartements artificiellement chauffés. Les résultats des expériences faites dans ces deux derniers cas sont iden- tiques, ce qui répond à l'objection que l'on pourrait tirer de la différence du régime alimentaire auquel se soumettent instinctivement les animaux dans les diffé- rentes saisons.

( 609 )

D I.e nombre de nos expériences a élé de plus d'une centaine.

E. Les températures indiquées sur les diagrammes sont les températures relevées sur le thermomètre de C enceinte calorimétrique chauffée par le séjour de l'animal dans r appareil.

§ 3. Résultats des expériences et conclusions.

Nous avons pensé qu'il était préférable de mettre sous les yeux du lecteur des diagrammes plutôt que de longues et fastidieuses colonnes de chiffres, très peu démonstra- tives d'ailleurs.

Nous donnons ici aux figures 4 à 9 les courbes repré- sentant la moyenne de toutes nos expériences avec l'indi- cation de ces expériences.

Quelques recherches faites sur le lapin nous ont permis d'établir une courbe d'allure analogue. Nous ne la publions pas, parce que nous considérons le nombre de ces expé- riences comme n'étant pas suffisant.

Les figures ci-après démontrent d'une façon évidente qu'il existe un minimum de la radiation calorifique. (Voir fig. 4-9.)

On ne peut déterminer d'une façon absolue la tempéra- ture à laquelle a lieu cette production minimum. Chez le cobaye, elle nous a paru se présenter entre 20 et 25° C. Cette température est, bien entendu, celle relevée à l'in- térieur du calorimètre à la fin de l'expérience.

Des six diagrammes que nous avons pu établir, l'un (ûg. 6) nous renseigne le minimum entre ^9° et 23° C; les cinq autres l'indiquent comme situé très près de 25° C.

( 610 )

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Fie S Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo- gramme-heure de cobaye aux différentes températures comprises entre -+- 4" et 26" C. (icmpcraturc de l'enceinte calorimétrique) Vingt expériences faites sur le cobaye n" 111, poids: 381 grammes; le minimum de production de chaleur est silué vers 19-'-'23o C.

FiG 6. Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo- gramme-heure de cobaye aux différentes températures comprises entre + et 290 c. Quinze expériences faites sur le cobaye VII, poids : 418 grammes; li; minimum est silué vers 2 i'-iio" C.

FiG. 1. Tableau indiquant le nombre de calories dégagées par kilogramme-heure de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimétrique comprises entre + et 30^ C. Dix-sept expériences faites sur le cobaye n" V, poids : 422 srammes; minimum à 25» C.

( 612 )

FiG. 8. Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo- gramme-heure de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimé- trique comprises entre -+- à 27° C. Quatorze expériences faites sur le cobaye n" I, poids : 430 grammes; minimum de production de chaleur \ers 24» C.

FiG. 9. Tableau indiquant le nombre de calories dégagées par kilogramme-heure de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimétrique comprises entre -4- et 31° C. Seize expériences faites sur le cobaye n" IX, poids : 305 grammes; minimum vers 24" C.

(613)

En règle générale donc, toute température supérieure ou inférieure à 25° C. produira, chez le cobaye, une augmen- tation des combustions interstitielles.

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iO'

KiG. 10. Diagramme schématique représentant les variations de la production de chaleur (ligne verticale) aux différentes températures à A0"> C. (ligne horizontale).

180. Point minimum de la radiation calorifique chez l'homme

(LÉON Frederico. Voit).

2oo. Point minimum de la radiation calorifique chez le chien (Page)

et le cobaye (Ansiaux.)

10°. Les combustions ne s'exagèrent que parce que la température interne de

l'animal augmente (PflOGer).

Les résultats de mes expériences confirment donc la théorie que Léon Fredericq a établie à l'aide de ses expé- riences et de celles de Page et Voit (méthode indirecte). Pour Page même, la production minimum de CO^ se produit chez le chien à 2o° C.

Entin Quinquaud et d'Arsonval sont arrivés à des résul- tats analogues aux nôtres (méthode directe), mais établis par un trop petit nombre d'expériences (1).

(1) Pendant la rédaction de ce travail, nous avons eu con- naissance de celui de Rosextual, naais seulement d'après des ana- lyses.

En ce qui concerne la production de chaleur, nous sommes lieu-

( 614 )

Les conclusions que nous venons d'énoncer concernant l'influence de la température extérieure sur la production de chaleur des animaux à sang chaud étant établies par deux méthodes absolument difi'érentes, acquièrent ainsi un haut degré de probabilité.

Nouvelle méthode pour la détermination quantitative de la valeur du pain, de la farine, de l'albumine, etc. ; par John Barker Smith, docteur en médecine à Dulwich (Londres).

« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une nou- velle méthode pour doser le gluten dans le pain, la farine, et dans les aliments farineux, ainsi que pour le dosage de l'albumine dans le lait et dans de nombreux aliments d'origine animale.

Il est inutile de faire ressortir la grande importance de cette question ; cependant je prendrai la liberté de signaler l'économie, la rapidité et l'exactitude de ma méthode. Soixante essais de farine ou de pain dissous peuvent être aisément exécutés par un étudiant en chimie, en une heure de temps.

reux de constater que nous sommes arrivé à des conclusions identiques aux siennes.

D'après lui, le point minimum peut se présenter à des tempé- ratures un peu différentes.

J. RosENTUAL. Calorimelrische Unlersuclmngen, 5'" Artikel. Mûnch. raed. Wochensch., i889, XXXVI, N" 55, S. 927 (d'après des ana- lyses dans Schmidt's Jahrb., 1890, 10, p. 7, et Jahresber. d. ges. Medic, 1890, p. i84.

( «13 )

Une solution d'un seul grain de permanganate de potassium pur dans douze onces d'eau fournira douze mesures quantitatives normales, et, en pratique, soixante sous-mesures, à utiliser quantitativement, seront données par ce seul grain de permanganate de potassium.

La mesure normale étant introduite dans un petit llacon après avoir été acidulée par de l'acide sullurique, on y laisse couler, au moyen d'une burette graduée, la solution de pain ou de farine jusqu'à décoloration com- plète.

D'autre part, on dissout un échantillon de gluten humide (1 gramme) dans quelques centimètres cubes d'une solution de potasse que l'on étend ensuite d'eau jusqu'à 100 c. c. Si 10 c. c. de cette solution décolorent la mesure normale (1), le titre du gluten humide sera de 1 déci- gramme.

Cela posé, voici comment on opère pour le pain et pour la farine.

a. Pain. On fait bouillir une petite quantité de solution de potasse avec 4 gramme de pain, jusqu'à ce que celui-ci reste dissous après dilution à 100 c. c. Si 2o c. c. décolo- rent la mesure normale, le pain contiendra l'équivalent de 40 7o de gluten humide.

b. Farine. On triture convenablement \ gramme de farine, dans un mortier, avec un peu de potasse en solu- tion, puis on étend d'eau jusque 1 00 c. c. Si 50 c. c. de ce mélange décolorent le permanganate, on dira que la farine contiendra 53 "/o de gluten humide.

Pour l'examen du lait, de la crème, de la caséine, les matières albuminoïdes décolorent le permanganate et

(1) 5 milligrammes de permanganate de potassium.

( 616)

renseigneront approximativement sur la valeur du lait. Cependant ces principes réagissent avec le permanganate d'une manière différente; ainsi, tandis que 0^',3 de crème décolore la mesure normale et 1"%5 de lait, il reste toujours un grand pouvoir décolorant dans le lait écrémé. Le grand pouvoir décolorant de la crème ne paraît pour- tant pas à la présence de la graisse, qu'on peut éliminer au moyen de l'éther. En outre, la caséine semble réagir faiblement avec le permanganate. C'est donc le principe albuminoïde qui donne au lait son grand pouvoir déco- lorant.

'J'ai flxé provisoirement à0°'",04le titre de toutes lesalbu-, mines sèches, et j'ai été conduit à agir de la sorte à la suite de divers essais, parce que le rapport du gluten sec au gluten humide s'approche de ce nombre. Le titre de l'albu- mine de l'œuf a été trouvé de 0^^,25 et celui-ci, divisé par le rapport de l'albumine sèche, savoir 6, s'approche de nouveau de ce nombre. En outre, après avoir précipité la caséine du lait par l'acide phosphorique, la quantité d'albumine restée en solution s'approche encore de ce nombre.

Je suis occupé maintenant de déterminer par des méthodes directes les diverses albumines; c'est pourquoi le titre de 0=^04 ne doit être considéré que comme provi- soire.

Notes complémentaires.

A froid.

a. Dans ce groupe se trouvent les matières albumi- noïdes qu'il suffit de diluer dans de l'eau; par exemple, le lait condensé, les peptones, les extraits de viandes, le sérum, etc.

( 617 )

b. Dans ce groupe se trouvent les substances albumi- neuses qu'on doit mettre en solution en les faisant bouillir ou macérer dans une solution de potasse; par exemple, le gluten, le pain, la farine, la nucléine, la viande, les albu- mines coagulées (sérum, sang, librine).

A l'ébuUition.

c. Les matières de ce groupe, souvent associées à celles des groupes précédents, doivent être traitées à l'ébullilion parfois répétée. Ce sont : les mucilages, les sucres, l'em- pois, l'alcool, dont le titre est variable (0^',C), etc.

Par exemple, l'empois et les mucilages ont un pouvoir décolorant qui diffère peu de celui du blanc d'œuf, tandis que ce dernier a un pouvoir double de celui de l'alcool; les sucres, au contraire, se rapprochent de l'albumine sèche.

Il est à noter aussi qu'une solution normale de perman- ganate bouillanle se trouve réduite, par les albumines, cinq fois plus facilement qu'à la température ordinaire.

( 6<8 )

CLASSE DliS LETTRES.

Séance du 1" décembre 1890.

M. Stecher, directeur.

M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. G. Tiberghien,uïce-rf/rec^eî/r;Alph. Wauters, Emile de Laveleye, P. Willems, G. Rolin-Jae- quemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, P. Henrard, J. Ganlrelle, L. Roersch, L. Vanderkindere, Alex. Henné, G. Frédérix, le comte Goblet d'Alviella, membres; M. Philippson, associé; E. Banning, De Monge, A. Giron et le baron J. de Cheslret, correspondants.

M. Alph. Le Roy écrit que sa santé n'est pas encore assez raffermie pour lui permettre d'assister à la séance.

CORRESPONDANCE.

La classe apprend, avec un profond sentiment de regret, la perte qu'elle a faite en la personne de l'un de ses membres titulaires, M. Auguste Scheler, bibliothécaire du Roi et de S. A. R. le Comte de Flandre, décédé à Ixellcs, le 16 novembre, à l'âge de 71 ans.

{ 019 )

M. le directeur, après avoir adressé à la mémoire du dél'unl un suprême hommage de sympathie, propose de voler des remerciemenls au vice-directeur, M. ïibtighien, qui a bien voulu se faire l'organe de l'Académie lors «les l'unéraillcs. Adopté.

Ce discours figure ci-après.

Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du défunt.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie pour la bibliothèque de l'Académie :

1" Deux exemplaires de la brochure renfermant les Dis- positions organiques sur les certificats d'études moyennes et les épreuves préparatoires;

Deux exeujplaires de la publication intitulée : Vœuvre du Congo, conférence par le comte Hippolyte d'Ursel. Remerciements.

Le même Ministre soumet à l'avis de la Classe une brochure intitulée : Unser Leben envoyée au Roi, par M. Adolf Gaul, de Berlin, destinée, d'après l'auteur, à un concours scientifique institué par le Gouvernement belge. Commissaire : M. Vanderkindere.

Hommages d'ouvrages :

Discours inaugural prononcé à Couverture solennelle des cours de l'Université de Liège, le 21 octobre 1890; par L. Roersch;

2" San-Li'Tu. Tableau des trois rituels. Traits de mœurs chinoises avant l'ère chrétienne; par C. de Harlez;

Des clôtures et des plantations; discours par M. Detroz, prononcé à la cour d'appel de Liège ;

( 620 )

Études sur Wibald, abbé de Stavelot; par le chanoine Toussaint;

5" Bulletin des archives d'Anvers, tome XVIIl, S""* et ^me livraisons; tome XVIII, 1*^* livraison; par P. Génard;

De afschaffing der normaalscliolen voor het middel- baar onderwijs; par A. De Ceulenter;

1" A. Pénombre Medievali. B. Lucrezia Beniamini. C. Luigi, Alfonso e Rodolfo Gonzaga; par Giovanni Scar- donelli;

8" Manuel de droit électoral; par A. Giron;

A. Franz Foulon : Poèmes flamands et poésies diverses. B- Auguste Doulrepont : La Clef d'Amors, 5 de la Bibliolheca norniannica; présentés par M. Stecher. avec une note qui ligure ci-après;

10° Henri le Navigateur et l'Académie portugaise de Sagrès, par le lieutenant général Wauwermans; présenté par M. Henrard, avec une note qui figure ci-après. Remerciements.

M. le D"" H. Logeman soumet à l'appréciation de la Classe une notice manuscrite, avec cinq photographies, sur une inscription anglo-saxonne gravée sur un reliquaire de la vraie croix, appartenant au trésor de l'église collé- giale des SS. Michel et Gudule de Bruxelles. Commis- saires : MM. Wauters, Roersch et Gantrelle.

ÉLECTIONS.

La Classe procède à l'élection :

De quatorze candidats pour la formation des jurys chargés de juger la neuvième période du concours quin-

( 62i )

qnennal d'histoire nationale, et pour la seconde période du concours quinquennal des sciences historiques;

De dix candidats pour la formation du jury cliargé de ju^er la onzième période du concours triennal de littéra- ture dramatique en langue française.

Ces trois listes seront transmises à M. le iMinislre de l'Intérieur et de l'iDstruction publique.

I.a Classe continue aux membres sortants le man- dat de coniposer sa commission spéciale des linances pour 1891.

Discours prononcé aux funérailles de M. Auguste Scheler; par G. Tibergbien, vice-directeur de la Classe.

Je viens, au nom de l'Académie royale, dire un dernier adieu à un ami, à un collègue de l'Université, à un confrère de la Classe des lettres, l'un des plus nobles par les qua- lités du cœur, l'un des plus dignes et des plus illustres par les dons de l'intelligence et j)ar l'ardeur au travail, l'un des plus modestes aussi et des plus fidèles à la loi du devoir.

Auguste Scheler a été enlevé inopinément à sa famille et à la science, après une longue vie de labeurs et de souffrances. Il avait été tout à la fois comblé d'honneurs et secoué par les épreuves les plus douloureuses. Célébrons sa mémoire comme celle d'un héros et d'un martyr de la philologie.

5"°' SÉRIE, TOME XX. 41

( 622 )

Les événements de sa vie ne sont pas nombreux. Il naquit à Ebnat, en Suisse, le 6 avril 1819. Il fit ses études en Allemagne et reçut le litre de docteur en philosophie et letlre.s à l'Université d'Erlangen en 1839. Puis il vint s'établir en Belgique. Il fut chargé de l'instruction litté- raire des enfants de notre premier Roi et, plus lard, du prince Baudouin. Il fut nommé successivement bibliothé- caire du Roi et du Comte de Flandre, oIHcier de l'Ordre de Léopold, professeur de grammaire comparée et de langue romane à l'Université de Bruxelles. Il fut élu associé de l'Académie en 1868 et membre effectif en 1884, après avoir obtenu la grande naturalisation « pour services éminenîs rendus au pays ». H fut désigné pour remplir les fonctions de directeur de la Classe, mais l'état de sa santé l'empêcha d'accepter ce poste. Il faisait partie de la Commission instituée pour la publication des œuvres des grands écrivains du pays. L'année dernière on fêlait chez lui le cinquantenaire de sa réception comme docteur. Il était miné déjà par la maladie, et madame Scheler n'était pas loin de la mort! Enfin, cette année même, le 5 mai 1890, il obtint par arrêté royal le prix décennal de philo- logie. Honneurs et douleurs, c'était toute sa vie, vie glo- rieuse, mais dure et ingrate.

Les publications de Scheler sont très considérables, mais toujours consacrées aux lettres, à l'histoire ou à la philologie, surtout à la philologie romane. Je ne saurais en ce moment solennel les énumérer toutes. Je saurais moins encore les apprécier comme il convient. Un philo- logue doit être jugé par un philologue dans le silence el le recneillemenl du cabinet. Mais la réputation de notre cminent confrère n'est plus à faire. Tous ceux qui s'occu-

( 625 )

penl (le linguistique, en Belgique el à l'élranger, sont unanimes pour vanler la science de Scheler et pour le mettre au |)remier rang des romanistes. Le rapport du jury qui lui a décerné le prix décennal confirme pleinement cet éloge.

Je ne parlerai pas de sa dissertation doctorale en latin sur Julien l'Apostat, de ses commentaires sur Homère et sur Sophocle, de ses lettres sur la prononciation du grec, de ses travaux sur la langue allemande, de ses écrits historiques et particulièrement de ses recherches sur le séjour de Tapôlre saint Pierre à Rome, qui ont été tra- duites en anglais, ni de sa collaboration au Bullelin du bibliophile belge el à plusieurs revues allemandes. Toutes ces publications annonçaient sa vocation, mais n'étaient que le prélude de ses hautes éludes de philologie.

Son <i Dictionnaire d'élymologie française d'après les résultats de la science moderne » est une œuvre d'immense érudition, qui' obtint rapidement trois éditions el qui est devenue classique. Lillré en faisait le plus grand cas. Il faut y joindre la suite el la fin du « Dictionnaire étymo- logique de la langue wallonne » de Grandgagnage, et les compléments à 1' « Elymologisches Wôrlerbuch der roma- nischen Sprachen » de Friedrich Diez.

Ses gloses sur la lexicographie latine du XIP el du XIII* siècle, son glossaire romain-latin du XV" siècle, ses études sur la transformation française des mots latins et son exposé des lois qui régissent celle transformation sont des œuvres de premier ordre qui sont désormais indispen- sables pour l'interprétation des auteurs du moyen âge. Ses éditions accompagnées de notes et de glossaires de plu- sieurs romans et de quelques chansons de geste, d'après

( 624 ) les anciens manuscrits enfouis dans les bibliothèques et mis au jour pour la première fois, sont des découvertes précieuses qui répandent une vive lumière sur l'origine et sur l'évolution de nos idiomes, et souvent sur les mœurs et sur les événements d'une époque.

Restent encore, après tous ces volumes, les publica- tions académiques de Scheler. Elles sont insérées dans les Mémoires de l'Académie. Elles comprennent un glossaire philologique de la geste de Liège de Jean d'Ouiremeuse, une élude lexicologique sur les poésies de Gilles li Muisis, un glossaire latin-français du Catholicon de Lille.

Les Bulletins mensuels de l'Académie contiennent éga- lement quelques fragments, notes et rapports de notre infatigable confrère.

Enlin les travaux de la Commission de publication des grands écrivains du pays renferment quelques-unes des œuvres les plus importantes du célèbre romaniste. Ce sont les Dicls et Contes de Baudouin de Condé, les Dicts de Walriqnel de Couvin, les poésies de Froissart avec glos- saire, Us glossaires des chroniques de Froissart, Adenés li Roi, les Trouvères belges et Li regret Guillaume.

« Dans tous ces travaux, dit le rapport du jury de philo- logie, où l'ingéniosité de l'esprit et la méthode ne servent pas moins au savant que les lenteurs de l'érudition, M. Scheler a toujours fait preuve d'un véritable sens phi- lologi(iuc. Il a, de toutes les qualités de l'étymologiste, la plus rare et la plus nécessaire, la circonspection...

ï L'Académie n'a pas eu de collaborateur plus laborieux et plus fidèle dans la restitution historique et philologique de notre passé littéraire...

> La philologie romane a trouvé en M. Scheler un représentant dont l'autorité est aujourd'hui reconnue...

( b2o )

» Son œuvre est une sous sa diversité apparente, et cette unité constitue peut-être le plus noble liire de ce travailleur modeste à notre admiration. »

Voilà riiomm^; dont nous déplorons la perle. Son sou- venir sera impérissable p.irmi nous. A l'Académie et à l'Université, chacun aimait et vénérait ce savant si doux, si bienveillant, si désintéressé, et si grand dans son alïliction.

Mais que sont nos regrets, comparés au deuil de la r.imille? Je ne puis y penser sans efîroi... Une seule chose me rassure, c'est ()ue Scheler, dans ses plus grandes infor- tunes, a toujours gardé intacte sa conliance en Dieu. Qu'il repose en pai.x ! Sa conliance ne sera pas déçue. Sa vie et sa mort sont un exemple pour ses enfants et pour nous tous.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

M. Franz Foulon, d'Ath, me prie de présenter à la Classe ses Puèmes flamands (1). C'est une mission bien agréable pour moi, [)uisqu'il s'agit d'un Wallon qui, comme il m'écrit, a tenté de rendre un peu de la poésie naturelle de nos Flandres. Cette tentative au moins patriotique a le droit d'intéresser une Académie qui, dans ses éludes, n'exclut rien de ce qui constitue la vie belge.

(Il I-'kanz Foulon. Poèmes flamands rt poésies diverses. Au beau P'iys de Flandre.. Vieilles chansons. Sontiets à Willem. finndels siititils. (iaiid, .\(i. Hostc, éditeur, I8il0, 1 14 pages, iii-l2 (avec un dessin d'Oiner Coppens).

( 626 )

Mais il est bon de remarquer aussi que, pour être national et neuf, M. Foulon n'a pas cru nécessaire de se faire un rythme excentrique, ni un glossaire étrange et accessible à quelques rares initiés. Il se sert du français usuel pour un style et des idées qui sont bien à lui.

Ce n'est pas qu'il ait horreur des innovations, même pour la césure; mais il croit ne devoir innover que par ^ opportunité d'art et à bon escient. A aucun prix, il ne f prétend s'interposer entre son lecteur et le sujet qui l'inspire. S'il cherche à localiser ses impressions, s'il s'évertue à nationaliser ses esquisses, c'est sans préjudice des droits réels, imprescriptibles de l'idiome autorisé. En de certaines pièces, telles que Carillonnenr, Bannières, Après la pluie, Dentellières, Laitière, Vieille ville, Marée basse, etc., on éprouve un charme qui, après tout, n'est pas vulgaire, celui de sentir des vibrances de lumière bien flamande dans une langue demeurée irrécusablement française. J. Stecher.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de l'auteur, le texte critique de la Clef d'Amors, poème français qui semble dater de la fin du XIII' siècle, M. Auguste Doutre- pont, professeur agrégé de philologie romane, sorti de l'École normale des humanités de Liège, récemment encore attaché comme lecteur de langue française à l'Université de Halle, a publié cette curieuse paraphrase d'Ovide dans la Bibliotheca normannica de Hermann Suchier.

a La préface, dit une revue de Paris, le Moyen âge, est un bon morceau de critique littéraire et de philologie. »

( G"27 )

Après des comparaisons sagaces avec VArs amatoria, le jeune philologue décrit el classe les divers manuscrits, étudie la métrique et la langue du poète français. Il cherche même ù découvrir son nom dans la longue charade, placée ù la tin de la Clef d' A mors, selon la manie du temps.

Ce travail, (|ui a été remarqué en Allemagne, est le IVuit d'un séjour de deux ans à Florence et à Paris, M, Doutrepont a pu utiliser les manuscrits et les éditions anciennes, et à Halle, il a trouvé un éditeur et un impri- meur. Dans le monde des spécialistes, on est d'accord pour reconnaîlre ici une contribution sérieuse, même après les tentatives faites par Edwin Tross, Michelant et Kôrting.

Au point de vue littéraire aussi, des lecteurs moins friands de critique paléographique trouvèrent des rappro- chements ingénieux et des suggestions assez lines.

J. Stecher.

Henri le Navigateur et l'Académie portugaise de Sagrès ; par le lieutenant général Wauwermans.

Ce livre, qui porte en sous-titre : Introduction à l'étude de l'école anversoise de géographie au XVI' siècle, pourrait aussi bien s'appeler : « L'histoire de la recherche de la roule maritime des Indes, et des découvertes des côtes d'Afrique et de l'Amérique qui en furent les consé- quences. »

A l'époque des croisades, nous dit l'auteur, la pratique navale se bornait encore au cabotage, mélhode timide qui maintenait toujours les marins en vue des côtes et les

( C28 )

obligeait, aussitôt la nuit tombante, de jeter l'ancre de peur de s'égarer.

L'usage de la boussole, enseignée par les Arabes aux marins italiens, enhardit les navigateurs. On s'éloigna des côtes et on voyagea la nuit; mais seulement dans les mers fermées du nord et du midi, car, sur l'Atlantique, personne n'osait prendre le large : une terreur vague paralysait les marins et les ramenait vers l'est, quand parfois ils s'écartaient accidentellement du rivage. Vers l'ouest, au delà du monde connu, régnaient les ténèbres et, jusqu'au commencement du XV siècle, les récits les plus extraordinaires remplissaient les légendes et les vies des saints. Toutefois, déjà au XIV% .des portulans indiquent, avec plus ou moins d'exactitude, les archipels des Açores, de Madère et des Canaries, découverts par hasard par des navigateurs poussés au large par les tem- pêtes.

C'est dans la première moitié du XV" siècle que s'ouvre l'ère des découvertes méthodiques, sous l'inllnence et par l'initiative du prince Henri de Portugal. 11 était fils de Jean l"" et de Pliili|)pine de Lancastre et frère d'Isabelle, qui épousa le duc de Bourgogne Philippe le Bon et fut mère de Charles le Téméraire. avec des dispositions remarquables pour les sciences exactes, il s'entoura de savanls et de navigateurs illustres de tous les pays, et établit à Sagrès, près du cap Saint-Vincent, une école navale, à laquelle fut attaché un atelier important de dessinateurs de cartes, afin d'en pourvoir les marins portugais.

Sur la foi de renseignements donnés par les Arabes, Henri résolut de poursuivre la reconnaissance des côtes d'Afrique, qui n'étaient connues que jusqu'au cap Non, et

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il profila de son autorité de Grand-iMaîlre de l'Ordre du Clirisl pour obliger ses chevaliers, dans leurs voyages maritimes, à dépasser ce point, que la superstition parais- sait désigner comme la limite extrême du inonde. Par sa persistance, les chevaliers atteignirent successivement les côtes d'Afrique jusqu'au cap Mansurado, à G" de lati- tude nord.

Après sa mort, en 1-405, les voyages de découvertes se continuèrent. liarlholomé Diaz doiihla le cap clesTempélcs, que Jean 11 nomma cop de Bunne-Espcrauce, le récit que lui fît Diaz lui faisant prévoir que la roule des Indes était découverte. Dix ans plus tard (1497), Vasco de Gama achevait l'œuvre du prince Henri en contournant le pre- mier le continent africain.

L'école de Sagrès avait introduit dans la marine l'usage de {'astrolabe et la coutume de déterminer chaque jour la latitude par l'observation de la hauteur des astres. Afin de recliher la position du pointa l'aide de ces obser- vations, les caries étaient quadrillées au moyen de parallèles et de méridiens également espacés; enfin elle substitua aux cartes plates celles à développement cylin- drique.

il n'est pas douteux que les progrès réalisés en Portu- gal par les navigateurs n'aient été connus de Christophe Colomb, arrivé à Lisbonne en '14-70, et qui, indépendam- ment de son métier de caboteur, pratiqué dans la bonne saison, dessinait des cartes marines pour se procurer des ressources pendant l'hiver.

Durant un séjour qu'il lit aux Açores et à Madère, près de deux de ses beaux-frères, on lui signala des objets ouvrés par la main de l'homme et apportés par un courant d'ouest; il en conclut la présence à l'occidenl d'une terre

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qui, d'après lui, ne pouvait être que les Indes, cherchées jusqu'alors à l'orient.

Nous ne suivrons pas le général Wauwermans dans ses biographies de Colonr)b et de Magellan, « dont l'étonnant voyage complète et synthétise les découvertes de Colomb et de Vasco de Gama » ; nous nous bornerons, avec l'au- teur, à rappeler que Guicciardin attribue l'origine de la richesse d'Anvers au choix que les Portugais firent de cette ville pour entrepôt des « drogueries et épiceries » des Indes, dans leur commerce avec le nord et le centre de l'Europe.

Très clairement exposée, l'histoire de ces prolégomènes des grandes découvertes maritimes de l'époque moderne, nous prouve une fois de plus que les progrès de l'huma- nité ne procèdent pas par bonds, mais par efforts lents et fl successifs; une découverte en entraîne une autre et est elle-même le résultat synthétique des faits qui l'ont précédée, plutôt que l'intuition inconsciente d'un homme de génie.

P. Henrard.

RAPPORTS.

Een paar fragmenlen van den Roman van Perchevael ; door Fr. Van Veerdeghem.

i M. Fr. Van Veerdeghem, chargé de cours à l'Université de Liège, a eu la bonne chance de faire récemment, dans un livre provenant de la bibliothèque de feu notre confrère M. Bormans, une heureuse trouvaille. 11 s'agit de deux

( 6-'l )

feuillets doubles en parchemin, conlenanl des fragments d'une traduction tliioise du Perceval de Chrétien de Troyes. L'existence de ces feuillets avait été déjà annoncée par feu M. Bormans en 1857 (1), mais ils n'avaient pas été publiés, et ils s'étaient perdus dans la suite.

Le travail, soumis par \\. Van Veerdeghem à notre Classe, contient :

i" Une courte préface, dans laquelle l'auteur décrit les feuilles manuscrites;

Le texte, rendant avec beaucoup de soin, autant que nous avons pu en juger, le texte original Chacun des deux fragments comprend 568 vers. M. Van Veerdeghem a placé en bas du texte des notes explicatives élémentaires, qui ont été effacées au crayon et (jui ne semblent donc pas être destinées à l'impression;

Z" Cinq pages d'annotations exégétiques;

Des extraits d'un texte ihiois du même roman, insérés dans le manuscrit de la traduction du roman de Lancelot, publié par Jouckbioet (livre II, 37552-37584, 58255- 58550,58615-58680);

Des extraits du texte original de Perceval le Gallois, |)ublié par notre confrère M. Polvin (I, v. 6940-7217, 7559-7866).

Il n'y a pas de doute que les fragments nouvellement retrouvés méritent d'être publiés. Tous ces restes de nos anciennes littératures nationales présentent le plus haut intérêt, non seulement au point de vue linguistique, mais encore pour l'élude comparative de la littérature et de la

(I) Biillct. de l'Acad. roy. de Belgique, scr., l. I, pp. ÎJO0-SiO7.

( 652 ) civilisation pendant le moyen âge. Je ne vois pas de raison de réimprimer les evlrails des éditions de MM. Jonckbioet el Potvin. Ceux qui s'intéressent à ces études irouveroni facilement l'occasion de consulter ces éditions, qui doivent se rencontrer dans toutes les grandes bibliothèques.

Les annotations qui suivent le texte sont, comme l'auteur le dit lui-même, en majeure partie superflues pour les linguistes. Aussi pourrait-on en élaguer une bonne part et reporter au bas du texte les quelques remarques vraiment utiles qui restent.

Nous somnjes donc d'avis qu'il y a lieu d'imprimer la préface et le texte des fragments avec un choix fait dans les remarques, et le Bulletin nous semble te mieux con- venir pour cette publication. »

Kappoft <fe .n. Koet'schf deuaciètne cummittaire .

« Ces fragments d'une traduction en vers thiois du roman Perce val li Gallois ne sont pas entièrement incon- nus. Une grande partie en a été publiée par Jonckbioet dans le Lancelot.

La version que le célèbre littérateur a donné du premier fragment, diffère notablement de celle que vient de retrou- ver M. Van Veerdeghem. Cette dernière serre le texte original de plus près; l'autre abrège, retranche ce qui paraît retarder le récit. Il est difficile de savoir s'il faut attribuer les deux textes à des auteurs différents, mais à cause de l'identité de la plupart des rimes, il ne paraît pas douteux que le rédacteur de la version du Lancelot n'ait

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on sous les yeux le lexle tloiil nous nous occupons en ce moment.

La partie du second fragment publiée par Jonckbiocl est celle qui se rapporte aux exploits de Gauvain, c'est- à-dire les soixante premiers vers. Ici la dillérence se borne à quelques variantes sans importance. Les vers 61 à 3G8 sont entièrement nouveaux.

Nous pensons, avec notre savant ami iM. Willems, que les deux fragments méritent d'être publiés. Si le premier n'a pas tout l'attrait de la nouveauté, il permet de consta- ter comment le même texte peut se rencontrer avec des rédactions différentes. A ce point de vue, je ne puis qu'approuver l'idée de M. Van Veerdegbem de donner en appendice les extraits correspondants du Lancelot, ouvrage assez peu répandu. 11 importe aussi de comparer la tra- duction à l'original, mais comme il est plus facile de se procurer l'édition de M. Potvin, il paraît superflu d'en réimprimer des extraits.

Ayant eu le manuscrit sous les yeux, j'ai pu reconnaître mieux encore que iM. Willems l'exactitude de l'éditeur et la sagacité dont il a fait preuve dans le déchiffrement de maint endroit d'une lecture fort difficile. Mais il m'a été permis aussi de relever un certain nombre de passages la vraie leçon semble lui avoir échappé.

Fragment I, v. 48, l'original porte Soe mi waerheit ende Ironwe, non Sec mi waerheit, etc.

V. 51, voerwnrt loe, non voerwart soe;

V. 76, Thiebaut die, pas Tiebauldoe ;

V. 81, loue u Got, psisjone;

V. 127, Gringo'etten, pas Gringeletten;

V. 25S, Dese siverde, pas de siverde;

V. 277, dese macte kelcken, pas dese macte bekken;

( 634 )

V. 341, dar, pas dat;

Fragment II. 106, bi sire groler oemoedecheden, pas bi sire oemoedecheden ;

V. 147, wat dadi daer bi uer trouwen, pas wat dadi daer bi verlrouwen ;

V. 170, soe, pas so;

V. 257, misdaen, pas mesdaen ;

V. 236, Her, pas hor ;

V. 246, mine, pas nine ;

V. 263, genost, pas gevost;

V. 266, f//en vrouwe, pas c/ie m urowice.

Dien n'est qu'une variante orthographique pour din ou

V. 275, ghene sonde = ce péché-là, pas aliène sonde;

V. 346, Dien helpl, sone laetsi niet, pas dien helpt sane, lates niet.

Des fautes de lecture doivent entraîner des interpréta- tions erronées. C'est ce qui est arrivé à M. Van Veerde- ghem au fragment I, v. 342. H lit :

Ten ersten sullen si hem beconden Van gocder minne; onderlinghe Hadden si gesprokea van andren dinghe. Dat sulke twc saten in sulkcr slede Dat dochte mi grote ledichede.

Le dernier mot est expliqué par vrijheid. Il faut lire au contraire :

Ten ersten sullen si liem beconden Van goeder minne onderlinghe. Hadden si ghesproken van andren dinghe, Dar sulke twe saten in sulker stede, Dat dochte mi grote ledichede.

( 655 )

Cela veut dire : « s'ils avaient parlé d'autre chose que d'amour, alors qu'ils en avaient si belle occasion, leur entrelien m'eût paru bien oiseux. »

Au V. 246, nous lisons dans le texte de M. Van Veer- deghem :

Occ sach ic wcdcr ende vort

Dat Gracl vor mi draglicn,

Nine horde nienian daroin vraghen.

Il donne à nine le sens de noc/i, ni.

Mais on voit par le contexte que Perceval s'accuse de n'avoir interrogé personne sur la destination du Grâl. Il faut donc lire : Mine horde nienian dar om vraghen : personne ne m'entendit faire une question à ce sujet.

Au v. 265, l'éditeur lisant Vrient, die heuet gcvost meest een sonde die du niet en vreest, dit que g evost vient de geiorscen, « opzoeken, vinden. » Le passage devient clair, si on lit genost, participe de nosen, nuire. <r Amis, dit le français, moull l'a néu uns péciés dont tu ne ses mot. »

M, Van Veerdeghem a cru ne devoir rien changer an texte de son manuscrit. Il hésite même d'accepter la proposition que lui a faite M. Verdam de corriger ic en itf II, 14, ic ware mi liever dat hier ghedoghede VU iaer sulke qtiale, etc. En faveur de ic, il cite le vers 248, ic ware mi liever doet, et un passage analogue de Rei- naut van Montalbaen. Mais ic est sujet de la phrase et a doet pour attribut. Au v. 14, le sujet de ivare est la proposition introduite par dat, qui doit être annoncée par il = hel.

( 636 )

Puisque nous sommes sur le terrain de la critique, je voudrais lire II, 80, LX. Ridderen d'après le texte français, et changer v. 27o dar en dat. Au v. 75, le signe du renvoi devait être placé deux vers plus loin après darloe liaddi suie ghevat. Celle phrase était suivie des quatre vers que le copiste a passés et mis au bas de la page. »

MSappofl de 3f. Sfechct', tt'oiaiéine cotnnttaaaife,

« Avec une compétence toute spéciale, mes deux savants confrères reconnaissent l'inlérét qu'offre la com- munication de M. Van Veerdeghein. Je n'ai rien à ajouter à leurs justes ohservalions; elles font suffisamment con- clure à l'importance d'un document de comparaison phi- lologique.

Je crois toutefois qu'il serait utile de laisser subsister le texte Polvin à côté des textes Jonckhloet et Bormans. Il s'agit, en somme, de constater des nuances et des variétés de détail, ce qui semble commander la juxtaposition des textes. j>

Conformément aux conclusions dos rapports de ses commissaires, la Classe décide l'impression au Bulletin au travail de M. Van Veerdeghera.

( ^57 )

COMMUNICATIONS KT LECTURES.

Een paar fragmenlen van den Roman van Perchevael ; uitgegeven door F. Van Vcerdcglicm, professer aan de Hoogere Normaalschool voor Hnmaniora, le Luik.

r

VOORREDE.

Voor eenige weken vond ik in een boek herkomslig uii de bibliollieek van wijlen professor J. Borraans tvvee dub- bele blaadjes oud perkamenl met middelnederlandsche verzen beschreven. Na kennis van den inhoud genonrien le hebben, kwam ik loi de overluiging dal ik de hand gelegd bad op bel fragmenl van de dielscbe verlaling van Chreslien de Troyes' Perceval le Gallois, dal de geleerde professor ten jare 1857 in de Dietsclie Warande aankon- digde, docb nooil, voor zoo ver ik weel, iiilgaf.

Dcze iwee dubbele blaadjes vormen eigenlijkvier bladen van ons hedendaagsch oclavo forraaal, dus samen achl bladzijden; iedere bladzijde heefl iwee kolommen, elke van zes en veerlig regels.

Hel fragmenl moel deel gemaakl hebben van een codex de voliedige verlaling van den Perchevael bevallende. Volgens de mededeeling in de Dictsclte Warande (4857, bl. \\A), werd hel « van een boekdeksel afgedaan D.Geen

5""* SÉKIE, TOME XX. 42

C 658 ) wonder dus dal hel wat beschadigd is : hier en daar is het gescheurd, doorknaagd of bcvlekl. Op de laalslc bladzijde zijn eenigo regels min of meer uilgesleten en bijna onlees- baar geworden. Het binnenblad, regelmalig doorsneden, is vvellicht cens onder bel mes van een boekbinder geweest.

Waar het perkamenl niet gescbonden is, is bel schrifl duidelijk, zelfs sierlijk. De groolere boofdiellers der afdee- lingen zijn rood, zonder versiersclen; de aanvangslellers der verzen zijn boofdiellers, ofwel kleine, gewone lelter- leekens; zij zijn regelmalig mel rood doorslreept of gedeellelijk rood gemaakt. Den lijd der vervaardigingslipl le bepalen warc moeiiijk; uil ailes scbijnl le blijken dal hel handschrifl lot de ivveede heift der derlieude eeuw moet opklimmen.

Wal den inboud belreft, de vier eersle bladzijden, of oG8 eersle verzen, bevallen, gebeel of gedeellelijk, drie episoden : die van Walcwein en Tibaiil, of liever vao Walewein en de Jonkvronw « mellen cleinen mouwen » (Fragment I, v. 1-100); de jacht van Walewein op eene wille bindc (Fragm. I, v. 101-176); Waleweins aan- komsl bij koning Vergulal en zijne belrekkingen mel diens zusler (Fragm. I, v. 177-568).

In de vier laatsle bladzijden bebben wij slecbls twee episoden : bel slol van WaleNveins wedervaren len hove van koring Vergulal, wien bij den ecd moet doen de blocdendc specr le gaan opzoeken (Fragm. Il, v. 1-60); Perchevaels verwildering, zijne onlmoeliiig met eene schare van boelelingen, zijn berouw, zijne aankomst bij zijn oom den kluizenaar, zijne biccbt en bel gebed dal deze kluizenaar hem leerl (Fragm. Il, v. 61-568).

Daarmcde breekt bel handschrifl af.

( G3Î) )

Tusschen fragmciil I en fragment ii heslaal eenc gaping. Ilel gedeelle dal hier onlbretkl nioct de vcrdere lolgevallen van Walewein len hove van Vergulal bcval hebbcn, loi op bel ougenblik dal hij genoodzaakl is le zwcren de blocdcndc speer le gaan opzocKen. Is die gn|)ing aanzicnlijk? Wanneerwij den Transcben icksl van Clires- lirns Perceval in Polvins uilgave raadpicgen, dan bespeii- ren wij dadelijk dal de verlaling in ons IVagmcnl dicn leksi nagenocg op den voel volgl, ja zelfs, dal elke épisode, en in den Franschen leksl en in de middelnedcriandscbe verlaling, nagenoeg helzelfdc gelai verzcn (ell. Nu, bel gelai verzen waar Chreslien de Troyes Waleweins weder- varen beschrijfl na de onldekking zijner liefde voor Ver- gulals zusler, lotop bel oogenblik dal hij den laslonlvangl de bloedende speer le gaan opzoeken, beloopt drie hon- derd Ivsee en iwinlig (v. 7217-7559). Daaruil mcen ik le mogen opmaken dai in bel fragmenlecn dubbcl lusscben- blad (vierbladzijden of drie bonderd acbl en zeslig verzen) onlbreekl. Ware dil bcbouden, dan zon ons fragmenl een gebeel gevormd bebben van 1104 verzen.

Ondanks deze Iccmle achten wij dil paar fragmenlen niet van belang onlblool. Voor de kennis van bel middel- nederiandscb leverl bel woorden en uitdrukkingen op die 1^"' meesl, wcl is waar, ook elders voorkomen, docb wier bcleekenis hier met sliplbeid kan aangegevcn en bcpaaid worden. Uit dit oogpunl is vooral belangrijk de uilbrei- ding(Fragm. I, v. 245-294-) waar de bandel en nijverbcid cener middeleenwscbe slad besebreveu zijn, besclirijving die onwillckeurig aan bel Brugge der middeieeuwen doel denken.

Voor de gcscbiedenis onzer vroegere leltcrkunde zijn de fragmenlen ook van zeker gewicbl. Dal bel gcbcele

( 640 ) werk van Clireslien, dal gansch zijn Perceval le Gallois bij ons verlaaid was gevvorden, slaal nu vast. Wal D"^ Jan le Winkel in zijne Geschiedenis der Ncderlandsche Let- terkunde (I, bl. 177) nog meetide sleehls le mogen ver- raoeden, woidt door het lenigvindeii van dit fragmeiil eene onwederli'gbare, cène volkomen zekerheid, allhans voor dil gedeelte van 'i gedichl van den Franschun irouvère.

Zoo als men weel, bezillen wij van belzellde werk eene gedeellelijke verlaling die in bel handschrift van den roman van Lancelol iiigescboven is en in D"^ Jonckbloels uilgave v. 56948-42546 van bel tweede boek uilinaakl. Daar Jonckbloels uilgave niel in ieders bereik is, bebben wij het raadzaam geacbl in eene bijiage (Bijlage A) de epi- soden die met het fragment overeenslemmen mede te deelen. Om dezelfde reden bebben wij uit Polvins uilgave van den Perceval le Gallois die gedeellen overgenomen, wierinboud in onze fragmenlen weergevonden wordl; zij vornien hier de Bijlage B, De lezer zal aldus in slaal zijn zicb zonder moeile of zoeken een denkbeeld le vormen van de waarde en belangrijkheid dezer fragmenlen.

Van iiet handschrift bebben wij, zooveel doenlijk, een getrouwen afdruk geleverd, Wat onleesbaar of afgeslelen was, hebben wij door stipjes vervangen. Sleehls daar waar zeer weinig, een lellerteeken, eene leltergreep of een woordonlbrak en bel ontbrekendegemakkelijk en natuur- lijk uit de omgeving op te maken was, hebben wij gepoogd de leemlen in te vullen; deze invullingen zijn evenwel tusschen Iwee haakjes geplaalst.

Onze fragmenlen bevallcn een zeker gelai dier verkor- lingen welke men in de bandschriften der derliende eeuw vaak aanlrefl. Van eigennamen, zoo als VValewein en Per-

( 641 ) chcvad, li(( It men slechlsde eersle IcUergreoi); helzelfde i;cl(H \oo\' jour fro II w en coninc\ licl wooni ridder \\or(\i hijna immcr sicchis bij niiikkl ((.ncr K iiilgedrukl; de lcller{;rep|) cr, z<owfl midden iii de Nvoordcn als in den uilgang,wordlvaakdooreen soorl van accent c vcrvangen; cen saiiipnlr(kliingj«le(lven ver\angl ook soms andere lol- lers, zoo als ra en sprac, dal spc gesclircvcn wordl; ende wordl hijna inimer en gesclireseii, enz. Deze verkorlingen ineenden wij niel le moelen behoiiden, len einde hcl lezen van liet stuk gemakkelijker le maken.

Eenvoimiglieid van spelling heslaal hier even weinig aïs in de ovcrigc middehiederlandsche handschriflen : meer- malen sfaal o of oo voor oc, en i voor ie [tiiodi = iiweti, inoel gij ; vuor=^voer; so en soe; hir en liicr)\ nu eens heefl men daer, dan weder dar\ nu nemmer, dan nemer, menglien en menrjen (menig), gi en rjhi, Itacr en liar, heefl eu heft, ersten en ierslen, scindi en sendi, berounesse, berouicenesse en berowenesse. enz, enz. Eenheid van spel- ling, verhuiging of vervoeging hehhen wij in onze uitgave niet gepoogd lot stand le brengen. Geene veiandering, hoe goring ook, hebben wij liieromlrent in den tcksl gehrachl; wij achllen bel roekeloos iels aan de Iczing van bel bandscbriri le wijzigen. Slecbls daar waar V klaarblij- kelijk de plaals inneemt van W, namelijk in sverde, ive vrochfcn, vollon, versvareii, enz., hehhen wij duidelijk- beidsbalve de W liersleld.

Zelfs bandtaslelijke misgrepen van den schrijver of afschrijver en kennelijk hedorven plaalsen hebben wij geliiten zoo als zij in bel handschrifl voorkomen. Een paar malen hebben wij in eene nota het een of ander toi bel hersteilen der ware lezing voorgeslagen. De punclualie is van ons.

( G42 )

Wij hcbben lict nnllelooâ geachl eene verklarende woordenlijst bij onze uilgave le voegen; len gevolge van hcl vorderen van D"" Verdams Middelnederlandsch Woor- deiiboek mag men bol lijdvak der verklarende woorden- bjslen als geslolen bescbouwen. In de aanleekeningen hobben wij slecbls eenige ongewone vormen en woorden opgebelderd.

Nocb de Percbevaels romans in 't algemeen, noch wat er van in den Laneeiol ingeseboven werd of in onze frag- menlen voorkoml, nocb Cbreslien de Troyes' Perceval le Gallois dacblen wij bier te moeien bespreken; wal D"" Jan le Winkel er over mededeeit in de inleiding zijner uilgave van den roman van Moriaen scheen ons loe le kunnen volslaan.

FRAGMENT I.

Suie gcval cnde suie aventure

Dat liem soe wordcn te sure.

Wclkcn riddcr soc lu ghcmoele, Wicn soe hi mellen spcrc groete,

y Hi dcdcm stegcrcp onde gcroiden Rumen cnde ligghen acn der heideii. le wanc noit eer man en sach Min lier Walcwcin om bcjach So sere pincn le ghcre stcdc

10 Aise hi tcscn tornoi dcdc.

Dus wan hi met sire hant sciere Rikeiikcr orse des dages vicre : Dat icrstc seindi der joncfrouwcn Die men hcil melten eleincn mouwcnj

( 645 )

m Dat andcr scndi 1er licrbcrglicn binnon Hcr Garijss. wivc, sirc wcrdinncn; Dat dcrdc scinde lii Iiarc doclilcr Die dics levedc vt'lc te sochtcr AIsi ici liaddc dal harc vcrsierdc;

20 Harc andcr dochicr scindi tvicrdc Die niet en was beliageirc min; Aldus bestaedc iii sin ghcwin. Ende aïs min hcr Walewein sacli Dat gine over dcn middacli,

•25 En wiidc lii langer tornicrcn nicl; Ende met dcscn die tornoi seict. Hcr Walewein kcrdc wcder in die slal Die des dages hadde vcrwonncn dat Dal Ridderen [sci] dcn grole ende clcne

50 Dat lu van bcidcn siden aliène Dion pris dics dages liadJc bejagct. Hoe dickc was doe daer gevragcl Beide stilie ende opcnbarc Ofto icman wislc wic lii warc ;

55 Manlic vragcdc andren of liis iet kindc. Hcr Walewein rect met gheninde Ter hcrbergcn. Aise hi dar quam, Saeh hi vocr hem ende vernam Ter dore stacn die selvc jonefrouwc

iO Die hem ghegeven hadJc die mouwe. Die jonefrouwc licp endo glicgrcp Meltcr haut sincn steghercp Ende danelc hem al opcnbarc Dat hi dor die bedc van harc iSi Dics dages so vclc haddc gedaen. Hcr Walewein anlworde saen :

Vs. 2). Dat ridderen, naar aile waarschijnlijkheid eene verschrijving voor die ridderen.

( 644 )

Hct was wcl rcchl, licvc joncfrouwe,

Sec (?) mi wacrhcit cndc trouwc;

Gi licbt dics icgcn mi verdient 50 Dat u riddcr ende u vricnt

Ben ende voerwart soc sal sin ;

Ende of gi icvveren der hulpcn min

Behoevct, soe ontbicdct mi;

In vvat onleden soc ic si 5?) Begrcpcn, ic corne u, bi Gode,

Te hulpcn metten icrsten bodc.

Binnen dat si sprakcn dose wort,

Soe quam die hcrc van der port

Ende dancte hem der cren saen, 60 Die hi sinen kinde haddc gedacn

Ende nodene te bh'venc met hem.

Hcr Walcwcin sprac : le bem

Hastich; inné mach niet merrfn ;

Lcttic langer, hct mochte mi werren; 65 le wil riden. Ghebiedi iet?

Tibaul sprac: Hère, nenic niet,

Sonder dat ic gerne uen name

Soude weten, wart u beciuame.

Hi antwordcm alte hant : 70 Walewcin bon ic gênant

Ende bcn des conincs Arturs nevc;

Inné loghcn nemer, dat ic levé, , Minen nacm dor enegen man,

Ende inné seiden noit nochtan 75 Mine wasser tierstcn om ghevraget.

Tibaut doc des wcl bchagct

Dat min hcr Waiewein es

Ende sprac : Hcrc, des sijt gewes,

Dat ic hcbbe, staet al, bi Gode,

Vs. 50. Dat u ridder, dat ic, met uitvallen van ic; zie ook fragm. Il, vs i5.

( un )

80 Tucn wille endc tucu gchodc.

lier Walcwcin sprac : Dat joue u («olj

Min willo eiido iiiiii {;cl)ot.

Dais dat gi blivcn niocl gcsont.

Eiide als die joncfrouwc dal vcrstoiil, 85 Dat lier Walcwcin wildc rldcn

Nccli si liein tcn selvcn lidcn

Endc cuslc sincn voct.

Aise her Walcwcin dit vcrstoct,

Sprac lii : Joncfrouwc, wals dat gi doct ? KO Si sprac : llcrc, ic caisse ucn voct

Op gcnadc dat gi

Mins gelinkcn suit dar bi.

Her Walcwcin sprac : licvc joncfrouwc,

Dor mine wacrhcit endc trouwe, 9Î) Gi hcbt mi ghcdacn suie crc.

Inné vcrgct nommer mcrc.

Darna heft hi orlof genomen

Nict aliène acn hem somen,

Mar acn hem allen die hi daer siet. lOO Donc wildi langer Ictte nict.

Hi rcct met hastcn al dcn dach.

Dics nachts hi tencn clostar lach

Daer hem niet en glicbrac

Endc mon hcni crc dcdc endc gemac 105 Aise cncn gocden man bctam.

Dics margens, aise die dach quam,

Rcet hi danen dor cen lant

Dar hi andcrs nict en vaut

Dan wildcrncsse endc wocstine. HO Dus rcct lier Walcwcin entie sine

Totc cen lutte! over none;

Doc quam gercden desc cône

Ncven die sidc van cncn woudc,

Daer hi bcneven lidcn soude,

( 64(3 )

1 15 Dar wilde stondcn ter wcitlcn vcle. Hcr Walcwcin hicl te sine spclc Encn cnapc bctcn te liant, Die ccn ors Icide in die liant, Dal barde starc was eiide {;roct. 120 Tcncn cnapc lii glieboct

Dat lii bctc endc lors vcrgordc. Dat was gcdacn mcHcn wordc. Des was hcr Walcwcin barde blidc Endc bcte nodcr van dcn rossidc, 125 Endc ginc sillcn op dat ors Dicn bi nict en glielrnde wors Dan sinen Griiigclctlen. Doe gaf bi hcin al sonder Icltcn Ecn spcre dat starc was onde slidc. 130 Die cnape nani dat rosside Dacr bi op sat te voren Ende min hcr Walcwcin slocli met sporcn Tcn wildc wart dar bijt sacli staen, Ende was ondcr dcn trop soc saen, 135 Dats dcn cnapc baddc wondcr. Ene hinde sacli hi dar ondcr Die aiso wit was aïs ccn swacn. Aise bise sach, bi sctte haer anc Sin bertc endc sinon sin, 140 Dat bi dar vorcn groct ghewin Niet en prisdc nonc mindc, Mocbt sin ors die wittc hinde Verlopcn endc makcn stanc. Hi sach die wittc hinde die spranc 145 Ende met crachte licp dar vorcn. Hi nam sin ors mcltcn sporcn

Vs. 137. Stvaeii, het rijm vergt swane

Vs. 143. Verlopen ende makeii siane, loopend inhalen en te schande brengen,| overtretfen, overwinnen.

I

( U7 )

Endc voldc liacr soc mcl ghcwclt,

Dat Iii liacr dede acii dat vclt

Soc mcnghcii kicr ciide soincngcn waiic, 150 Dal lii der liindcn acn liarcn danc

Dat spcr Inidc op liarcn liais.

Haddc lii oeil luttcl n)cr ghuvals,

Hi haddu gcloUct wcl dio liindc ;

Macr hi incrclc cndc vcrkiiidc 155 Datsin ors cns voclcn mocl :

Des wart die liinde licm oiigcrcct. Doc kcrdc hi wcdcr lotcrslralcu

Dur hi Iharnascii haddc gclatcn

Endc sprac : Bclc, Joncl, ICO Endc sic wat dcscii orsc Ici ;

Het houtel hardc acn ciicn voct.

Jonctc hi was hardc vrocl

Endc raarscaic gocl van pcrdcn ;

Hi hctc ncdcr tolcr crdcn 165 Endc hicf dcn ors op sinon voct.

Aise Jonctc vcrstoct

Waer om dors houle, hi sprac :

Dit ors hcft gccn onghemac,

Sonder dattet hevcl vcriorcn 170 Van sinen reclilen vocte vorcn

Ecn iser cndc iicm die voct es bloct ;

Et en hevel cl ghenen nocl.

Nu, ride wi saclilc, sprac Jonct.

Tes wi vinden cncn smet

Vs. i47. Volde, verschrijving voor volckde of volhde ; deze schrijfwijze vindt inen ook in het door E. Martin uitgegeven fragment van den Reinaert.

Vs. 135. Eus voeten meet. In Lancelot vs. 382K) mietde; wellicht is meet licl imperf. van een w. w. miten dat hinken beteekende; het w. w. kan beide sterk en /wak gcweest zijn. Hooglecraar J. Yerdam décide mij mede : c Bij Lexer (Mlid. WOrterbuch) komtonder andere kinderspeien een znw nîize voor. Zou dat hinken kiinnen beteekenen? Dan zou het w, w. miten er door bevestigd worden. » In het West vlaamsch (zie De Bô, West vlaamsch Idiolicon) is het w. w. tnijden, ontwij ken, omzichtig liandelen enz. ook sterk en zwak. Uebbeu wij hiereene bijzondere aanwending van dit w. w.'.' !k twijfel er aan.

( G4S )

17'i Endc docn dit ors wodcr bcsiaen; Soo sait liarde rcchtc gacn. Dus quam min lier Walcwcin Butcn dat wout acn ccn plein Ghcrcdcn op enc scone katsidc;

i80 Doc sach hi comcn lopcndc liede Utc encn caslclc tcn scivcn stondcn Beide met Iiornc onde met honden, Hoghc glicscorst na jagcrs wisc. Riddcrcn quamcn dar na van prise :

18?) Dat cen was ccn scocn jonc man Scocnrc dan ic ghcseggen can. Die sconc dedc wcl sin ère : Hi groetc Walcwcin den herc Endc iiamcn bi sire liant

100 Endc sprac : lier ridder, in dit huit Mocti willecomen sin. Te descn sconcn castele min, Dien gi hier staen sict, Dar hcrbcrgct te naclit, en lates niel;

105 îc bid u dat ghijs nict vcrraidet. Desc herc die hir met mi ridet, Hi sal daer u gheleidc sin. Des biddic u occ, ghcscllc min, Sprac lii totcn ridder die reet met hein,

^200 Dat ginc ten husc, daer ic bem Wonendc, met cren ghclcidet Endc gi van hem ninc sceidet, Ecr gine bringct dar min suster si; Endc segt mcrc suster of si van mi

205 Emmer meer vvil hebbcn cre, Dat si descn selvcn herc Hovcschelikc endc vvcl onthalc, Met hovpscher dact, met soeler talc;

Vs. "204. Mère suster, schrijffout voor mire suster.

( Ci9 )

Eiidc of si nuit niindc inan 210 Dat si dcscn riiinnc dan,

Endc mi, die Iiacr brocdcr bcm; Endo si lioudc gcsclscap Iicni Alsoc of ic warc bi harc, Dat hcni die lijt niot en vcrswarc, "■llli Endc sine niake blido cndc in hoghen; Wi soelcn kercn soe \\i icrsl moglicn. Endc aise gi dat bebt glicdaen. Soc volget mi hier wodcr sacn Endc len orstcn dat gi comt te mi, 2^0 So suhvi varcn, ic cndc gi,

Endc sullon dcscn hcrc houdcn Alsulc ghcselscap, aise wi woudcn Dat bi ons bildc in sin lant. Na dcsc talc es te bant 225 Die riddcr van sincn bere ghcsccidcn, Die bcren Walcwein sal gbcicidcn Te sulkcr stat cndç dar sal latcn, Dar sine aile ter doct batcn. Mar hi peinsdc over wacr 250 Dat hi was onbckennct dacr Dor dat blrc noit \va(s) gesien. Soc vcriiet bi bcm in dicn Dat bi sorgbcdc te min cen dcci. Hi bcscoudc dcn caslccl 253 Die op cen arm sat van dcr zce ; Des prise hine velc te race. Acn dander side, le lande wart, Was die castccl so wcl bcwart Met torncn endc met vastcn murcn, 240 D;il si die cracbt van baron gbcbiircn Van cncn bare nict ontsaglicn, Hue iangbc dat si dar vorcn lagbcn. Ende aïs min bcr Walcwein quum Binncn dcn portcn, bi doc vernam

( 050 )

245 Menccli palais Iioglic cndc rikc,

Van slcncn glicrnurt cicilikc;

Hi sach die slralcn endc die cautscieden

Wandcicn vul van sconcn liedcn,

Van sconcn porlcrs, van sconen portecghen; 250 Hi sach die wissclliaiickc iccghen

Vul van siivcr cndc van goude,

Darbi die mante mcncclifoude;

Hi sach liedc van ambaclitcn

Die misselikc ambacht vrachlcn 255 Aise misselikc ambacht sin :

Dcsc macctc couscu ijscrin,

Dcse hclmc van bruncn stalc,

Dcse swcrde die sncdcn walc,

Dcsc halsbcrghc, dcse haisbcrguic, 260 Dcsc acoton, dcsc wambcsulc,

Dcse coifcn, dcsc Iicrscnicre.n

Dcse brc[idc]lcn, dcse tcslicren

Dcse ghcrcidcn, dcsc scildcj

So wat wapencn so mcn wilde, 265 Mochte cic man dar licbben vondcn

Gnoch te copc lallcn stonden.

Occ sach die ridilcr ghcmcit

Bi dcr slralcn dacr hi rcit

Andcr liedc dic dadcn makcn 270 Bcidc briinielc cndc scarlakcn

Van gocdcr varwcn cndc goet wollcn;

Dcsc wevcn, dic gcnc voUen,

Dcsc carde, dcsc wicdcn.

Occ sach hi anibachte van andrcn iicdi'ii 275 Dic siivcr smcdcn cndc goût,

Endc scocnlicit wrochtcn mcnccbfoutj

Dcsc macte bckkcn roct guidijn,

Vs. 260, Wambcsulc, vcrklcinwoord van wambais, dus zeker buikklocd of wmnbuis; andcie vormcii ziju wamsucl en wambezoen. Vs. "HI. Giildijn, hct rijm vcrgt guldinc.

( «SI )

Dcsc scolclcn silverine, Dcsc nappe, dcsc coppc, 280 Dcsc liakc, dcsc knoppc.

Dcsc gcspcn cndc gordclkinc, Dcsc dicrc vinj^ct liiic En aridrc cicrlioit niencchfoudc Dcidc van silvcro onde van goudc. 285 Glionc slralc in allcn sinncn

Was vul van comanscapcn binncn, Aise of mon dacr aile daghc Vullc niarct te houdcnc plaghc : Ilir lacli dal grone, dar dat blawc, 2110 Hier dat boni wcrc, dar dal grawc; Hier vcrcocht mcn ginghcbarc, Gindcr canclc eiidc zcdcwarc, Hier pcpcr endc gindcr grelnc. Dus rect met min lier Waiewcinc 29Î) Gcnc riddcr nul gliemakc

Bcscouwcn mcnglicrandc sakc Tcssi lotcn tornc qiiamcn. Cnapen spronglien dicsc vcrnamen Ter portcn comen, cndc hcbbcn sacn 500 Die ors cndc dat Iiarnasch onlfaen. Ghcne riddcr nam te hant Min hcr Walcwcin bidcr hant Endc Icidenc in cen canicr binncn Endc grotc die joncfroutvc mctminncii 505 Darna sprac hi : Sict, joncfrouwc, Dcsen gast sent u op trouwe U brocder, die coninc, min Iierc, Endc onlbicl u dat gi licni doet erc, Endcgi alsojcgcn hem vart ôlO Aise of gi sin suslcr wart,

Endc aise of hi warc u brocder Ues vadcr kint endc ucr mocder. Endc lioudet hem gesciscap soc Dal hi blidc si cndc vioc;

( 65^ ;

ÔI5 Hier toc maiict u, joncfromvc,

U broedcr op al sulkc trouwc

Aïs es tusschcn hcni cndc u.

le moel wccicrkcrcn nu

Tôt ucn broedcr, in glient wout; 520 Dcscn riddcrc wesct hout,

Endc sijt goedcrliernc jcghen hem.

Die joucfrouwc sprac : Bi Gode, ic bein

Suie ghcsclscap barde blidc;

Hcts rccht dat icnc niet en mide, 525 Endc ic sine vricndinnc si

Die sulkcn gliesclle scindct mi ;

le sal bcm dor niins broedcr bedc

Endc dor sins selvcs hovcschcdc,

Doen al dat goct cnde al die cre, 5Ô0 Hi es 80 wel glicdanen berc,

Dat ic mach endc dat ic can. ,

Met dcscn nam si dcn cdellcn man

Hovcsciielikc bidcr bant;

Endc die bode nam orlof te liant 555 Endc vocr le sincn berc wart.

Minbcr Walcwein ginc siltcn ter vart

Bidcr joncfrouwen, Icn sclvcn stonden.

Tcn crsten sullcn si bcm bcconden

Van gocdcr minncn ondcriingbc. 5iO Haddcn si ghcsproken van andren dinghe,

Dar sulkc twc saten in sulkcr stede,

Dat dochte mi grotc Icdicbcde.

Soc goedc stade baddcn si;

Hem en was nieman na no bi, 545 Endc warcn jonc cndc sconc beide

Endc bat vulmacct in hovcscbeide

Vs. 'S'M. Edellen, wellichl cène schrijffout voor edelen. Vs. 3il. Dar, niet dat, zoo als de hccr Roersch mij deed opmerken en Icli- L-liede = onnut, tijdverspilling.

( 053 )

Dan u icman gliesccghcn constc.

Minhcr Walcwciii bcgoiisle

Op die joncfrouwc le soekcne minne,

5ÎJ0 Ende scide liaer Icn bcginnc

Dat hi hacr vriciit ciidc har riddi-r ware

Bcidc stillc cndc opciibarc,

Eiidc soude woson al siii Icvcn.

Die joncfrouwc iicfl hem wedcrghcghcven

555 Sulke laïc die hem was bequnmc.

Die sclve joncfrouwc hadde dcn nanie Dat si was hovc(s)cb ciide vroet, Scone, wctcndc cndc goct Glicslade cnde van rcincn mocde;

5G0 Dar on» was si sonder hoedc

Dats ieman sal wachlon oftc spien. Kcu riddcr es comen binnen dien Ter camer dore met glicncnde Die Lcrcn Walcwcin scier kcndc,

505 Dar hi sat al sonder rouwc,

Ende sach hena cusscn die joncfrouwc j Ende als dit ghcnc riddcr sach Uiep hi vclc ludc : owach !

FRAGMENT 11.

Vcrschcts blocls cen Irane Van dcn spcrc, in niincn wanc. Het es bcscrcvcn ende vorseghet, Ecn coninerike, dal verre leghet, 5 Dat rike van Logcrs eset ghenant, Dat wilcn was der licidcne lant, Sal biden spcre wcrdcn Icslocrl. Dat spcre, dar ghi af htbtghehocrl, Sal min hcr Walcwcin soikcn varcn; 10 Occ moct hi sckcrtu cndc swarcn

S°" SÉIUE, TOME XX. ^3

( 654 )

Dcn coninc dat hijt hem sal biinghcn. Walcwcin sprac : Sal mcn mi dwinghcu Te sweren cncii valschen cet, le ware mi liever, godewcet,

i î) Dat hier ghedoghede vu jaer

Sulke quale die mi waer le swacr. Dan ic mi kerde acn sulke vocrc Dat ic sckcrde en de swocre Dat ic niet vermocht te donc.

20 Die goede man sprac : Ridder cono, Hier nés nieman die des ghert Dat ghi ues dankes verswert; Mar ghi suit sweren openbarc Te beiaghenc dat spare

25 Suit doen al u macht met vlitc; Ontvechtct u, soc weset quite: Of ghi spere niet moghet ghewiniien, Soe moeti te desen torne binncn Tenden jare gheven u,

50 In sulker vancnessen aise ghi sijt nu. Walewein antworde : Desen cet Aldus te donc bem ic gherect. Dus sin Walewein braclit le voren Die heilcghen ende heft ghesworcn

55 Dat hi sal docn al sine macht Te soekene den witten scacht Dar aile lieden hanghet ane Vcrschets bloets enc trane; Of hijs oec niet can ghcwinncn.

iO Ili sal tcn selvcn torne binnen

Hem sciven levercn dcr vancnessen Tote dien dat men dcr verrancssen

Vs. 1 i. Ic ivarc mi liever. Ic kan eene verschrijviu;,' zijn voor u =^ hit = )tct. Zic ook vs. 248 en Matthes, Reinout van Montalbaen, bl. 5i. Vs. 27. Spore, wellicht is t = dat voor spere vveggcvallcii.

( 655 )

Mcm quite makct cndc clacr Dar bi om es ghchalrl dacr. i3 Aise dcsc cet was ghcdacti. Nam lier Walcwein orlof saeii Totcii colline en der joncfrouwni Die lieni ghehulfiich was met lroii\v( n; Dama acn aile die dar waren. îiO Aile sine cnapeii liict lii oec vareii Te horen lande ende wedcr sccdcn ; Die orsen hict hi hem weder leden Aile sonder dat Grincolet. Iloe scre wcndc doc Jonct 5!i Ende die cnapcn aighemcne Dor haren herc, die aliène Die M'ildc varcn dolen int vrerade laiit. Hier laet die boec aile bant Van haren Walewein die talc (50 Ende seghet u vort van Perclievale. Pcrchevael, dat scgt dyslorie, llcvet vcrloren sine menioric Van droeven gbcpcinse ende van swaren, Soc dat hi in v jaren Cl) Noit in monsteren quam, Noch in steden dar hi vernani AIsoc vcle als van encn \\orde Einghe dinc die te [Go]d[e ho]rde Ende an Gode vroc no [sp]ade 70 Noch en bede, no en bat ghenadc; Dat segliel die boec overwaer. Aldus re[ct] hi v jaer Dat hi op Gode en acht[e] niel; Nochtan d[ar] binnen en licl lii nict, 7t) Hoc sert them wart te sure, Hinc voer soeken aventure

Vs. 7;;. Scri, uellicht voor sere.

Vs. 7(i. Voôr vers 77 staat in het liandschrifl en kiuisjc; wai vcrdci, aan di ti

( 05'6 )

Ende ridderscap ovcral.

Dartoc Iiaddi suie ghcval

Dat lii binncn dcn v jarcn 80 Riddcrcn, die aile warcn

Van hoglien prise ende van love,

Scinde lotcs conincs Ârlurs hovc,

Die hi met sire cracht vcrwan.

Darna quani die cdcl nian 85 Ten cinde van dcn v jarcn

In [ene] wiidcrncssc glicvarcn

Ende quam ut enen vvoude glictrcct

Al ghcwapent ende ors verdect.

Dat hi enghcnc soe hoghcn dinc 90 Noil en begrep no aen en vinc,

Het en vergine tsire crcn al.

Darloe haddi suie ghcval.

Daer quamen g[hc]g[a]en insin ghemoct

Wulien ende barvoet 93 Dric riddcr ende v joncfrouwcn, ic wane :

Allé hadden si cappcn ane

Ende aise n[a] Pcrchcvacl soude lidcn

Ende in sine wapcn saghcn ridcn,

Dochtet dcn vrouwen sclsamc. iOO Ecn van den ridderen ricp hem ane :

Ay, her riddcr, wals u ghcsciel?

En ghelovcdi acn Gode niet,

Dat ghi hcdcn wapciic draghet?

Ja, ende starf die sonc der maglict 105 Aen den crucc aise lieden

Bi sire oemocdcchcden ;

voet der kolom, voor vers 89, staat cen dergelijk kruisje gevolgd van de vier vorzeu Dat hi eiiltgene suie gheval. Waarscliijnlijk wenschte de schrijver of de kopist deze vier verzen iia vers 76 ingclascbl le zicn. Doet mcn zulks, dan Mioot hct vers Ende ridderseap overal wegvallen; doet inen het uiel, dan lieeft nien twcemaal liet vers Daertoe liaddi suie gheval. Ovci igens, na vs. 88, onder- brekcn deze vier verzeu het verhaal.

( 6^w )

Onlwapcnl » oft wcsoii rnacli.

Pcrchcvacl sprac, dio np ;^hcncn dach

En achtc norli op gliciicii lijt : liO Scgt mi, v[ri]cnt, wic dat glii sijt,

Wat tiaghc csct hcileii ilan?

Doc antwortlcni die gocdc iiian :

Hcrc, vrachdi wat daglic lict es?

Ilct es d[ic dacli], des sijt ghcwcs, 115 Die hcitct g[o]ct Vridacli,

Die mon wcl met redite mach

Ileilen; want hi es vclc goct.

Die werelt, die vcrlorcn stocl

Bi Adams overmocdichcdcn, 120 Si wart vcrlosct aise li[c]dcn

Van der eweliker doet;

Darom es redcne vêle groct

Dat dcse dacii ghcheten si

Bi der heileger doet die hi 125 Aise iieden aen deii crucc ontfinc,

Dar sine mcnsclieit ane hinc

Endc anc verstarf aise iieden.

EIc man soude met ocniocdcghcdcn

Heden pcnitentic doen 150 Die utcn sonden es ghcvloen,

Ende soude Gode biddcn afllael

Van aire sondcrliker daet.

Nieman en soude le dcsen lidcn

Die iierslen esghcwapent riden. 155 Aise Perchevael dit vcrstoet,

Sprac iii : [Dat] u Got glieve goet ;

Segt mi, w[a]nen comedi?

Die ridder sprac: Hcrc, van liicr bi,

Van enen heileglien ermite 140 Die Gode dient met sulken viite

Hier bi int wout daer hi leghet,

Dat hi en ghcnrc spise en pleghct.

{ 638 )

En hi ccmparlikc Icvcl

Bi dcr gliciiadcn die Iii hevcl

au Van der gloricn van Ijeniclrike. Pcrchevacl sprac haslclikc : Wat dadi daer, bi vcrlrouwcn V Doc anlworde een van dcn vrouwcn ; Vraghcdi wal \vi dar dadcn ?

150 Hcrc, \vi gingliem licm le glicnadcn Ende te bicchtcn van onscr incsdacl, Endcsochten tonscr zielcn raet, Ende van onscr zielcn pardocn : Betcr dinc m icli nicman docn

155 Die hem te Go le wil bckcren.

Pcrchevacl sprac : Wildi mi Icren Wacr ic mach vlndcn dcn ermite. Die mi doet mire sonden quitc? Dar willic rid(!n sonder sparcn.

ICO Of glii wilt ten ermite varcn, Sprac die vrouwc, ic rade u dat, Dat ghi bout desen scivon pat Dien ghi ons sict comen ghcgacn ; Soe suldi vor u vindcn stacn

iC5 Bi cuen bcrghe ecn ncdcr wout Datdickccs ende mencchfout; Dan rijl inl woul en lates nict, Ende volghct den pade die ghi sict, Dar vvi hebben ghecnochl die rijs ;

170 So raodi sweges wcrdcn wijs

Ende moglict tolcn ermite comen. Dus hebben si orlof ghcnomen Ende daden liare bcdevart; Ende Pcrchevacl rcct te woude wart

175 Sincn pat so? hi redits mochtc.

Hier Linnen quam in sin ghcdochlc, Perchcvale, in corlcn stonden Enc berouncsse van sincn sonden;

( 05!) )

Soc dat hi scre bcgan vcrsuchlcn 180 tilde sine mcsdact serc vruchtcn, Ual Pcrchevacl. die cdel ma», Soe scre wciioii bi'gau Dat ijcm die traiic lieet ciide diiiiic Van den oghen lole op die icinrie 185 Velc gliediclilcIickLT ronneii.

Hct was le riierliciie bi der soiincii Een luttel min dan middacli, Doe Pcrchevacl quam dar hi sacli Ene clenc capcllc staen int wout 190 Die die ermite grau onde out lladdc ghestichlet dar ter stede. Pcrchevacl bcle cnde dede Al sine wapen van hem sacn : Sin ors liet hi aliène staen; 195 Den toghel hi an een rijs bant. Hi ghinc ter capellcn, dar hi vant Enen pape ende den ermite Ende een clerskin dat met vlile Dat ambacht van den daghe begonsten 200 Soe si bcst ende sconste consten.

Nu hort wat Pcrchevacl doe dede : Hi vicl ncdcr in knicghcbcde Tierst dat hi in die capellc quam ; Ende alsene die ermite vernam 205 Dat Pcrchevacl wcndc ende versuchtc, Dede hi als ene die Gode vruchte ; Vricndclike hinc totem ricp. Pcrchevacl totcn ermite liep ; Sine bcrouwencsse was groct ; 210 Hi viel den ermite op sine voct

Vs. 183. Dinue, dun. Wat is hier de beleekcnis vau duu? Overvloedig? l'ija? Vs. 198. Dai, verschrijving voor die.

( 660 )

Endc boct sine hande op glicnadc Ende sprac : Hcre, in uc glienadc Willic van minen sondcn stacn Ende boeten dat îc hcbbc niesdaen;

215 le hebbe gocdes rades noet. Die goede man hem ghcboet Dat hi sine biecbte dade Clarliice ende lii haddc gbcstade Berowencsse van sire mcsdaet :

220 Soe mochti wcl hebben alïlaet Van sinen sondcn, sonder waen, Perchevael sprac : Sli hevet ghcstaen V jaer min aventuere soe, Dat ic aile doghet vioe

22b Ende ic anders nine dede Enghene dinc dan archede Ende sonde waer so ic mochte, Ende ic sonden niet en vruchlc, Ende ie Gode nine bekende

250 Noch ane en bede no ne minde Ende ic Godes al vergat.

Ay vricnt, dadi dat,

Sprac die goede man saen, Dat was harde sere mesdaen ;

258 Dat verghevedi onse Hère Jhesus, Her, tes conincs Vischers huus Was ic luttel te minen goede, Dar ie een dropcl van blocdc Sach vor mi rinnen opcnbare

240 Uten ijserc vaii enen spare ;

Dat bloet sach ic ant ijser hanghen, Ende die duvel liadde mi so bcvanghcn, Dat le niet en sprac een wort. Oec sach ic weder ende vort

245 Dat Grael vor mi draghen,

Nine horde nieman dar om vraghen.

( cfii )

Des licbbic don rou soc groct

Dal ic mi warc licvor docl

BIcvcn lersclvcr «Icdo. 2t)0 Hier om est dal ic Gode dedc

Clarlikc al ulc milieu glicdochtc

Endc oit sint, woer so ic mochtc.

El niet en dedi- dan (]n:iel.

Aise die ermite dit vcrslact, 255 Segliet hi : Oft u es Lecjuamc,

Vrient, so sect mi ucn namc,

Giii die saghct dat Gracl.

Ilcrc, ic lietc Perclievae!.

Aise die ermite dit horde, 2G0 Versuclitc lii scrc mcllen wortie ;

Want lii vcrkendcdicn namc wale;

Doe sprac hi le Perchcvalc :

Vrient, di hcvel ghcnost mecsl

Een sonde die du niet en vrcest; 2G5 Dat was dor dcn grotcn rouwe

Die din moeder hadde, die u vrouwe,

Die du in onmachtc licls licgiicn

IJi iiare porlen tender bricghen,

Ende dusc licls licghen endc scicls van hare. 270 le seel di a! openbarc

Die rou van di slochsc te doel.

Des heveslu die sonde groct.

Dat di gcscicde, Perchcvacl,

Als dar du saghest dat Gracl, 275 Dar du so vêle niuc bed^chts

Dat dure iet om vraglien moehts;

[licls] dor die selve sonde groe[t]

[Daltu bist] comcu in mcng[cr] n[ocl]

Vs. '263. Ghenoii, van »jo;e« = scliaJen, zoo als de lieer Roerscli mij deed (^Iimciken en niet ghevost, zoo als ik eerst gelezen had.

( OG-2 )

Perclievael, wat licipct vcriiolcii ? :280 En liaildediii niocJcr Ji nict bcvolcn

Don rik[ci)] Gode, die di glicboct,

Du wart verloren cndc doct ;

Mar God hadde dire nioeder soc warf,

Dat hi di tote nocli lievcl glicspart, 285 Dor die dogliet van hare,

Beide slillc cnde opcnbare,

Kudc licvct di verloest ute mengiicr iioct

Ende bescermet van dcr doct

Endc van vancncsscn le mcngcr slont. 290 A[lic] ne (?) sonde slocl di dcn mont

Dar du dat sperc saghost an

Dar dat bloct utc ran.

Ende doc du saghest, Perciievael,

V[ort cnde \vc]der dat Gracl 293 Etidc dune vraghest no me no min,

D[ar bi] ha[adstii] dommen sin.

lladstu ghevragbct vant ghciagbc

Van dat Grael ende wicn men plaghc

Darmcdc te dicncn, dat war goct. 300 [iNu salies] di m ikcn vroct :

Viscer, dicn mon dar mcde dicnt,

Dat es ccn min li^ve vrient;

m es min vleselikc brocder,

Pcrcbcvacl, ende din moedcr 505 Was min suster cnde die sin,

Ende du bist sonc der suster min.

Die rikc Visckcrc, dat verstaet \va!c,

Es sonc conincs, die metten Grale

Ilem doct dienen, nevc PcrcUcvael, 510 Oec scctçliie di dat ant Gracl

Vs '261. GlteboeC, imperf. van ijhcbiedeii, hier scheppen, in hot Icvcii roefen. Vs. 297. Ghelaglie, zuw. van tjlicli'jfjen; hier belang, waarde.

( 005 )

Hem noil le diciicn medc en quam No vlcscli, no visclic, no wilt, no tam Inl Grael draclil mcii daghclike Eue oslie vor don coiiinc rikc; 51!) Andcrs eu nul hi onglionc spise. Dio ghcnadcn Gods van Paredysc Doel hem glicnoglica le sincn live. Nie en warl s;lieboren inaii van wivc Die moclilc sccghcn, Pcrclicvael, 520 Hoc hcilcglnn dinc es dal Grael. Die Coniiic hcvel nu xii jaer Gheleghen in enc camcr dacr Dar mcn dal Grael (in) drocli. Dcrrc lalen es nu giiocli. 325 Pcrchcvacl, wel lievc ncve, Die penilencic, die ic u ghcve, Knde die ic u vor u[e] sonden ladc, Jof ghisc vor uc mesdade Will onlfacn, dics neniel gocm, 350 Pcrchevacl sprac : Ja ic, oeni. Licvc neve, soc hort uji nu : In verlanesscn, radie u, Van aire sondlikcr dact, Dal glii le monslre ghernc gact, 355 Aile daghe aise ghi nioghcl; Dar moeghedi Icrcn aile doglicl. Ercl Gode cnde minnet Gode Ende houl ghcrne sine ghcbode. Die men ghcbicdcl in die kerkc; 340 Ercl papcn ende clerke ; Uienel allen goed'.'n liedcn, Dal en lael u niel verbieden ; Oec radie u ende mane op Irowe, Of ghi vrowc of joncfrowc

Vs. 32S. Juf = of, indien.

( C64. )

345 In grolcr noct bcgrcpcn sict,

Dicn liclpt sane, latcs nie»;

Ilcljjct vveducn cndc wcsen

Dar si begrepcri sin in vrcsen;

Sijt carllalcchtich lallcn slondcn ; 350 Wildi dit houdcn vor uc sonden?

Pcrclicvael sprac: Ja ic, herc.

Soc soeldi dor die Gods c[re]

Bliven twc wckcn noch met mi;

Wi sullen leven, ic cndc ghi, 555 Bi sulkcr spiscn aïs es die mine.

Perclievael sprac : Dats cne pinc

Dar ic liardc gherect toc bem.

Die ermite leidene met hciu

Endc Icrde hem stille ene goede ghebodc 360 Die hi hem soe langhe vesten dcde

Dat hi se const wel int ghevoch.

In die ghebedc vvaren gnoch

Van ons Ilcren meste namen

Die nieman te nocmen en bclamcn, 365 Hi ne ware in vrcsen van der doet.

Die goede raan Perchevael gheboet

Dat hi die namen niet en soude

Nocraen in watre noch in woude

Vs. 388. In watre noch in woude. Nergens, op geene plaats, in geenc omstan- (li;^hei(l. Wellicht is dit eene staande uitdrukking ovcreenkomende met ons te vjuter noch te tand. Men kau er niedc vergelijken Vienle Maitijii, vs. •lÛa. (Vadoi'l. Mus., bl. (34) :

Dus es edelheit aen bant :

Men vint se in watre noch op sant,

Sine hebben trouwe versworen.

( GG3 )

BIJLAGE A.

LakCELOT, bock 11, V. 375:^2-37381.

FUAGMENT 1, V. 1-100.

Die knapc rcct wcdcr Isincn liorc,

Die des dagcs opter licide

Mcnegen dedc rumen sijn gcrcide.

le wane noil mau ne sacli

Mcer Waieweine piiien om bejach

Op cnen dach ; dies wan hi seierc

Rikcliker orssc vire.

Dirste siiidi der joncfrouwcn

Diemcn licet metlen clencn mouwcn :

Dandcr 1er Iierbergeii binncn

Heren Garijns wive, der wcrdinncn :

Terde siiidi liarrc dochtcr ter stedc :

Dal vierdc liarre susler niede.

Aldus bestacldi sijn bejach;

Endc doent ginc om dcn middach

Donc wildi nembcr lornircn,

Ende die tornoy bcgan falgircn.

Walcwein rccl ter berbcrgen tien tidcn

II i baddc deii prijs van beiden sidcn.

Dar \\ard slillc endc oppcnbarc

Dicke gevragel wic bi warc,

Maer nieman coude gcwclen dal.

Doc lier Walewcin quani in die stal

Vaut hi Isire hcrbcrgeu saon

Die joncfrouwe, diue heefl onlfacn

Vrindelike, ende danclc hem .scre

Dat hi harc dade die ère

Dat hi dor harc loruierdc daer.

Ilacr vadcr quam oec dacr uaei-

( 666 )

Eniic dankets hem, cnde die wcrdiiiiM! Ende beidc hacr dochlcre oec met simic; Eiide her Garijn dancle hem mcdc Der ercn die lii lien allen dedc. Si vrachdeii om sincn naine le haut :

a Walewein », scit hi, benic geiiaul Des conincs Arliirs sustcr soene :

le bens te lochgene iiict gewone. •> Doe boden si hem harcn dienst serc. Walewein dancte der ère Ende heeft an hen orlof genomen. Mettien es die joncfrouwe comcn Ende custen daer an sincn voet.

a Wat eest, joncfrouvve, wal gi doul!

« le eusse uwen voet dor dat gi Mijns gcdinken suit daer bi. » Walewein sprac : « Wei llvc joncfronwe, le sal u altocs sijn getrouwej

Gi hebt mi gedaen sulke crc In vergeets nembermcre. « Dus heeft hi orlof genonicn iNiet aliène anc hen sonien, Maer an hen allen die daer waren.

Lancelot, bock II. v. 38'23;^38;!;!(t. Fragment I, v. 101-318. '

Davenlure doet ons weten

Dat Walewein, die ridderc vermelen,

Doe hi orlof haddc genomen

Te Tyntavel, dat hi es conien

Soe verre gereden, dat hi vcrsach

Enen cloester, daer hi snachs lach.

Des andcrdages, si u becant,

Waest al weldernesse cnde woest la ni

( C(i7 )

Dacr vaiil lii liindcn liardc vclc.

Dacr uam lii ccn ors le siiicii sjtck'

Hiidc rccl na die liinden soe,

Dal lii enc liiiidc \\c\ m doe

Mcltcn spcrc liaddo gcslekcii dacr,

Jlaer sijii ors siiccfdc dacr nacr

Kiidc micldc an cncii voct.

Doe keerde Walcwcin, die ridd r goct;

Endc dcdc sijn ors bcsicn.

Doe seidc die kiicclit nicllien

Dal eeii jscr liadde vcriorcn

Acn sinen reclilcrcn vocl \orcn.

Dus redon si vorl endc hcbbcn gcmucl

Velc liedo al ongcgrocl.

Dacrna quamcii Iwc riddcrs dan :

Dccn was ccn sconc jonc n;an :

Die jongc nam Walcwcine bider hanl

Endc groclenc vrindclijc le bani,

Kndc seidc doc blidclijc na dcsru

lii nioet cmbersijn gasl wesen ;

Endc ic sal biddcn dcscn bore

Dal bi niel u le mire berbcrgen kcro. »

lier Walcwcin gclovel bem dacr,

Doe bat bi sincn gesdlc dacr nacr

Dat hinc Isire suslcr soude Icidcn,

Endc barc bcvalc sonder bcidcii

Dat sine aise wel onlfinge darc

Aise oft hi sclvc quamc le bare,

Endc dat sine niinnc endc cre doc.

Dus voer die riddcre met bcm alsoe

Ende sal bcrcn Walcwcine voron endc lalen

Dacr sine al lolcr docl balcn.

.Niel verre vas bi oplie vart,

Ilinc sacb cncn caslccl vcl bcward.

( GC8 )

Die op cncn ann sat van dcr zce :

Dics prisdinc vclc te mec.

An dandcr side was die castccl

Met slarkcn murcn al gchccl

Gemucrt wcl in aiien sinncn,

So datter an was gecn winncn.

Dus quamense gcrcdcn binncn dcr stede.

Daer sach lier Walewein occ mode

Alrchande ainbacht makcn

Van so mencgcr, mcssilikcr sakcn,

Dat ict niel vcrtrccken conde :

En doccli occ niet le dcscr stondc.

Dus redensc te gadere met gcmake.

Her Walewein bcscoudc nienegc sake

Eer si totcn torrc quamen.

Knapen sprongcn op do sijt vernanien

Ende hcbben hercn Walewcins partonlfacn;

Ende die riddcre namcn sacn

Bider hant ende hirenbinncn

Leidene 1ère camcrc met minncn,

Daer die joncfrouwe binnen was nu,

Ende scidc : « Dcsen gast sent u

Uwe broder, die coninc niijn hcrc,

Ende onlbiat u dat gi hem doet cre,

Ende alsoc jogen hem gevard

Oft gi sijn sustcr ward;

Ende bout hem geselscap soe

Dat hi blidc si ende vroe.

Ilicrtoe maent u nu, joncfrouwe,

U broder op gcrcclitc Irouwc.

le sal (sac) wedcr varen in geen wout :

Sijt dcsen riddcre iiout,

Ende maecten vro tcsen tidc ».

« Dcser geselscap bcuic blide ;

lli scient so ovcriioveschen herc;

le sal hem doen al die ère

( (m )

Die ic mach cndc die ic cao. '

Mctticn iinin si dioii odi'l nian

Ilovcsclilike bidci- iiuiit ;

Endc die bodc natn orlof le h:iiit

Endc vocr tsiiicii fiorc wcdcr.

Mijn lier Walewcin j^iiic silUn neder

Bidcr joncfrouweii ton selvcn slonden.

Ten irsten seleiisc licii bccomlrn

Ondcriingc van goder miiinc.

Hi seide te liare ton ijegimic.

Dat hi haer vrient cnde riddcre ware,

Bcidc stillc endc oppcnbare,

Endc soiid wcscn al sijn Icvcn.

Die joncfrouwc hccft hem wcdcr gegeveri

Sulke taie die was bequame.

Si haddc van liovcschcit groten namc.

Ecn riddere es conien biiincn dien,

Ende heeft heren Walewcine cusscnsicn

Die joncfrouwc, ende hi verkindcnc dacr.

Walewcine, ende maecte gerocchle daer nacr.

Lancelot, boek II, v. 38613-38680. Fragment II, v. i-GO.

Vcrsehes bloels cnc tranc. Van dien sperc, na minen wane. Es vorscrevcn ende vorseget : Een conincrike dat verre leget, Dat rike van Logrcs es gênant, Dat w'ilen was dcr hcidcnc lant, Sal biden sperc al sijn testort. Dat spere, daer gi af licbt gehort, Sal hcr Walcwein sokcn varcn. Occ sal hi sekeren ende swareii SÉRIE, TOME XX. 44

( «70 )

Don coninc dat hijl hem sal bringcn. »

Walewcin sprac : « Salmcn mi dwingeii

Te swernc cncgcn vaiscen ect?

Noch warc mi iiver, Godewcct,

Dat ic doglicde sevcn jaer.

Selke qualc die mi ware swacr,

Dan ic'mi'keerdc an sulke vorc,

Dat ic sekerde cnde swore

Dat ic nine vcrmochte te donc.

Die gode man sprac : « Ridder cône.

Hier nés nieman die des gccrt

Dat gi u (lancs u ict verswecrd;

Maer gi sclt sweren oppcnbare,

Dat gi om te bejagen dat spare

Suit doen al u macht met vlilc.

Onlfcchtct u 80 siilijs quile :

Oft gi tspere niet cont gewihncn,

So nioelti tesen lorre binnen

Tenden den jarc gcven u

In suie gevanenessc aïs gi sijt nu. »

Hcr Walewcinc antvvordc : « Desen cet

Aldus te donc benic gcrccl;

Maer ic moct lirstcn varcn

Ene joncfrouwe verloesscn te Montesclarcn

Die ic mi vcrmat ère

Te verlocssenc ul haren sere

Eer Ginganbrisie! bericp mi.

Daerna varie, wildi,

Dat sperc soekcn een jaer. »

Si locfdent wel, ende brachlen dacr

Die lieilegen Walewcinc te voren,

Ende bi bevet daer gesworen

Dat hi sal doen al sine macht

Te sokcnc den wilten scacht,

Daer alloes hangct anc

Versées bloets enc tranej

( «71 )

on liijs occ nict can gcwinncn

Ili sal tcn selvcn torrc biiincn

lleiii scivc» Icvcrcii in gcvanciicssen,

Ofle lii sal dos lives mcsscn,

Ofl vanJcr vcrrancsscn licm makcn claor,

Dacr lii om es geliacliUt daer.

Aise dcsc cet was gcdacn

Nani Walcwcin orlof sacn

Andcii coninc cndc andcr joncfrouwcn,

Die lu'in geholpcn liadde met Irowcn,

Ende anc aile die dacr waren,

Eiidc es aldus en wech gcvaren.

Sine knapcii gaf hi orlof,

Ende hiolsc varcn in Arturs hof,

Ende es aldus van hcn gesecden.

Die orsse hiet lii weder loden

Aile, sonder sijn Gringalet.

Hoc scre wcciide due Jonet

Ende die andore knapcn mcdc

Docnt dacr quain Icnen gescedc,

Ende dat lu wildc in vrccmt lant

Aliène varen dolen !

BIJLAGE B.

Perceval le Gallois, I, v. 69i0-7217. Fragment I, v. 1-3G8.

()DiO Alant l'escuier venir voient

Qui le cheval nicnoit en désire; La pucelc à une fenestre Trouva séant, se li prcsantc; Celle mercis plus de sissante

C9i5 L'on rcnt et le ceval fait prendre; Et cil en va le mierci rendre

( ^7-2 )

A son signorqui sambloit cslre

Del tornoicmcnt sirc et mcstrc;

Qu'il n'i a clicvalier si cointe, Ct)50 Se de la lance li lui s'acointc,

Qu'il ne li lollc les cstriers;

Onques de gacngnicr destriers

Ne fu mes si enlaientés;

lin en a. le jor, présentes 6955 Que il gaengna de sa main :

S'en envoia le prcinerain

A la damosclc petite;

De l'autre à la femme s'aquitc

Au vavassor qui il moult plot; 6960 Une de ses ii filles ot

Le tiere, et l'autre tôt le quart..

Et li tornoiemcns départ;

Si s'en entrent parmi la J)ortc;

Mesire Gauwains en aporte 6965 D'une part et d'autre le pris.

N'il n'estoit pas cncor midis

Quant il fu partis de l'estour;

Rlesire Gau\vains au retour

Ot de chevaliers si grant roule 6970 Que plaine en fu la vile toute;

Que Irestout cil ki le sivoient

Enquerre et demander voloicnt

Qui il erl, ne de quel contrée.

Il a la puccle encontrce 6975 Tout droit à l'uis de son oslel,

Et ele ne fist onques cl,

Mais ke ele à l'estrier le prist,

Sel salua et si H dist : » V cens mercis, biaus très dous sire ! » 6980 Et il sot bien qu'ele volt dire,

Se li respondi come frans : u Ains seroie kenus et blans,

( (>75 )

Amie, quejou me rccroic De vos servir que je soie.

(iOSB Jii de vous ne senii si loiiig, Se savoir puis voslrc bcsoing. Que cssoincs me relicngne K'au premier niesage ne viengae. » « Grans niercis ! « fait la damosicic.

6990 Ensi parloient cil et celé.

Quant ses pères vint en la place El de lot son pooir porcace Que nicsirc Gauwains rcmaingnc La nuit et que son oslcl praingne ;

6995 Mais ançois li requiert et prie

Que son nom, se lui plaist, li die. Mcsirc Gauwains s'escoudisl De rcmanoir et se li dist : « Sire, Gauwains suis apielcs ;

7000 Onques mes noms ne fu celés En liu il me fust requis; IV'onques encore ne le dis S'ançois demandés ne me fu. Et, quant li sire a entendu

7095 Que c'esloit mesire Gauwains, Moult fu SCS cuers de joie plains, El li dist : <i Sire, or remanés Anuit, mon service prenés; Car aine de rien ne vos sicrvi,

7010 N'onques en ma vie ne vi

Chevalier, ce vos puis jurer. Que je tant vosisce honerer. De remanoir moult li pria. Et mesire Gauwains 11 a

7015 Toute la priicre escondile ; Et la damoselc petite, Qui n'esloit foie ne mauvaise, Le prent au pie et si le baise

( 674- )

El à Damledicu le comandc ;

7020 Et mesirc Gauwains demande Qu'clc avoit à cou entendu; Et ele li a rcspondu Que elle li avait baisic Por celé entenlion le pié

7025 Que de li li resouvenisl

En quelque liu que il venisl; Et il li dist : « Ne dotés mie, Si m'ait Dcx, ma doce amie, Jamais ne vos oublierai

7050 Quant jou de ci départirai. » Atant départ et congié prent A son oste et à l'autre gent; Si le comandent à Diu luit. Mesire Gauwains, celé nuit,

7035 En une obédience giut; S'i ot quanquc il li cstulj Et l'endemain, bien par malin, Aloit cevauçant son cemin Tant que il vit en trespassant

7040 Biestes qui aloient paissant Lés l'orière d'une foriest ; A 1 varlct dist qu'il s'arricst. Qui I de ses chevaus menoit Tout le mellor et si tenoit

7045 Une lance moult roidc et fort ; La lance dist qu'il li apport. Et que son ceval li estraingne, Celui qu'il maine en dcstrc praignc Son palefroi et se li maint j

7050 En celui mie ne remaint Que il li a sans demorance Baillé le ceval et la lance ; El il s'en lorne après les bisses, El si lor fait tant lors et guises

( 075 )

70ÎJ5 Que une blancc en cnlrcprist Les une roce et si li niist Son le col la lance en travers, Et la biscc saut corne cers, Se li estort et il aprics,

7060 Et cacc tant ke à bien priés Le retainsist et arriestast. Se ses chevaus ne dcsdcrast D'un des pics devant tôt à net ; Et mcsire Gauwains se met

7065 Apriès son harnas à la voie,

Qu'il sent son ccval qu'il redoic Sous lui, si l'en anuie trop; Mais il ne set qui l'a fait clop, S'estos el pié fcru ne l'a ;

7070 Tant que Yonct apela.

Si l'a comandé à descendre El de son ccval garde prendre, Qui moult clocc très-durement ; Et cil fait son comandemcnt,

7075 Se li liève le piet en haut.

Et trueve que uns fers li faut, El disl que il l'estuet fiérer, Si n'i a mais que del errer. Tout souavet voist tant qu'il Iruisse

7088 Fcvrc qui refiércr le puisée;

Puis errèrent tant que il virent Gens fors ki d'un castcl issirent El vinrent toute une caucie; Devant avoit gcnt si corcie,

7085 Garçons à pié qui ciens menoienl Et véncor apriès venoient Qui portoient espins trcnçans Et apriès haces et siergiins Qui ars et saiaites portoient,

7090 Et après chevalier venoient;

( 676 )

Apriès trcslos les chevaliers En vinrent doi sor ii destriers, Dont li uns csloit jouvenciaus, Sor tos les autres grans et biaus;

7095 Et cil, sor nionsignour Gauwain S'en va et le prist par la main Et dist : « Sire, je vos retieng, Alcs-vous ent dont je vicng; Bien dcsccndrës en mes maisons,

7100 Bien est huimais tans et raisons De herberger, si ne vos poise; G'ai une scror moult corloise Qui de vous grant joie fera, Et eis sires vos i menra

7105 Que vous vcés chi dalés moi, » Lors dit : « Aies, je vos envoi Biaus compains, avoec ce signor, Si le menés à ma seror ; Salués-le prcmièremant,

7110 Puis li dites que je li mand Par l'amor et par la grant foi Qui doit estre entre lui et moi, S'ele onques ama chevalier, Que aint celui et tiengnc cier,

71 IS Et k'ele autant face de lui

Com de moi ki ses frères sui ; Tel solas et tel compagnie Li face qu'il ne li griet mie Quant nos seromes revenu,

7120 Et ele l'ara retenu

Avoec li débonairement. Si nos sivcs hastivcment, Qireje m'en vorrai revenir, Por lui compagnie tenir,

7125 Au plus tost que je porai onques. Li chevaliers s'en part adonques.

( ti" )

Qui monsignciir Gauvaiii coiiduist ù de mort le hécnl tuit; Mais il n'i est pas conçus,

7130 Car onqncs mais n'i fu véus. Si n'i quidc avoir iiulc garde. Le siège del castcl csgardc Qui sor I brac de mer séoil, El les murs et la ter véoit

71 5Î) Si fors que nule rien ne dote, Etesgardc la vile toute Pupice de moult bcle gent, Et les cangcs, d'or et d'argent . Trcstous coviers, et de monnoies;

7140 Avoit les places et les voies Totes plaines de bons ovriers Qui faisoicnt divers mestiers. Si corn li mestier sont divers : Cil fait hiaumes cl cil haubcrs,

7145 Et cil sièleset cil escus,

El cil lorains ovrcs menus, Cil les espces i fourbissent, Cil foulent dras cl cil les tissent, Cil les pinent et cil les tondent,

7it50 Cil antre l'or et l'argent fondent. Cil font œuvres rices et bièles, Coupes, hanas et escuièles, Et goviaus ouvrés à esinaus, Aniaus, çaintures cl frcmaus;

7155 Bien pcusl-ori quidier et croire K'cn la vile cust tos jors foire, Qui de tans avoirs esloit plaine. De poivre, do cire et de graine. Et de panes vaires et grises

7160 Et de toutes marccandises. Toutes ces choses regardant, Et de lius an lius remirant,

( 678 )

Ont tant aie k'cn la lor furent; Et varlet salent ki reciurcnt

7165 Tous les chevaux et l'autre ator; Li chevaliers entre en la tor Seus avoec monsigncur Gauwain; Si l'en maine, pris par la main, Jusqu'en la Cambre à la pucelc.

7170 Et si li dist : « Amie bièle, Vostre frère salus vos mande Et de ce signor vos comande Qu'il soit honorés et siervis; Si nel faites mie à envis,

7175 Mais treslont d'autresi bon cucr Com se vous estiés sa suer Et com s'il estoit vostre frère. Or gardés ne soies avère De toute sa volenté faire,

7180 Mais large, france et débonaire. Or en pensés, que je m'en vois. Qu'il le me covienl sivre el bois. » Et celé dist, ki grant joie a : « Benéois soit ki m'envoia

7185 Tel compagnie come ceste;

Qui si biel compagnon me preste Ne me het pas, soie merci. Biaus sire, or venés seoir ci, Fait la pucièle, dalcs moi ;

7190 Por cou que biel et gent vos voi Et por mon frère ki m'en prie, Vos ferai bièle compagnie.

Tantost li chevaliers s'en torne Qui avoec eus plus ne séjornc;

7195 Et Mesire Gauvains remaint. Qui de cou mie ne se plaint Qu'il est seus avoec la pucièle Qui moult estoit cortoisc et bièle

( ^>70 )

El tantcsloil bien afaitie

7200 Que pas ne quiilc estrc engignic De ce qii'ele est seule avoec lui. D'amours |)arolent anibedui. Et, s'il d'autre cosc parlassent, De granle liuiseuse se nioslasscnl.

720K iMesire Gauwains le requiert

D'amors et prie et dist qu'il ierl Ses chevaliers toute sa vie, Et elle nel refuse niic, Ains li olroic volenlicrs.

7210 Un vavasours endemcnliers

Entra laicns, qui moult lor nut, Qui monsigneur Gauwin conut; Si les trova entrebaisant Et moult trcs-grant joie faisant,

7215 Et, puisque il vit celé joie, Ne pot tenir sa boukc coie, Ains s'escria à grant vertu :

l'ERCEVAL LE GALLOIS I, V. 7538-7530. FllAGMENT II, V. 1-60.

Et raesire Gauwains s'en aile Querre la lance dont li fers

7540 Sainnc los jors, j'à n'ert si ters

Del sane tout cler que elc pleure. Si est cscrit qu'il est une cure Que tous li roiaumes de Logres, Dont jadis fu li tien; al Ogres,

7545 £rt détruite par celé lance. De ce, sairemenl et (lance Vioul avoir mesire li rois. » a Certes, je me lairoie ançois.

( 680 )

Fait mesirc Gauwains, çaiens

75K0 U morir, u languir vivens, Que je saircment en fesisce. Ne que ma foi vos en picvisse. N'ai pas de ma mort tel paor Que mius ne voelle à honor

7555 La mort sofTrir et endurer

Que vivre à liontc et parjurer. » « Biaus sire, fait li vavasours, II ne vous crt dcsbonours, Ncjà, je quic, n'en serés pire

7560 En 1 sens que je vos voel dire : Vous juerrcs que de la lance Qucrrc fercs voslre poissance; Se vous la lance ne trovés, En cestc tour vos remetés;

7565 Si sercs del saireracnt quites: » « Ensi, fail-il, com vous le dites, Sui-ge pries del sairemcnt faire. I moult pressieus saintuaire . Li a on maintenant fors trait,

7570 Et il a le sairemcnt fait Qui il metra tolc sa paine A querre la lance qui saine. Ensi la balalle est laissie. Jusqu'à I an est respilie

7575 De lui et de Guigambrcsil. Escapcs est de grant péril Quant il issi de la tor fors Et il fu par ce plait cstors. A la pucièle congié prist

7580 Et à trestout ses variés dist Que en lor tière s'en alasscnt Et ses cevaus en remcnasccnt Trestous, fors que le Gringalet. Plorant s'en partent li varlet

( 681 )

7Î>8K De lor signor et si sVn vont ;

Del errer ne dcl duel qu'il font

Rien plus à dire ne nie plaist;

De monsignor Gainvain se taist

Ici li contes à eslal. 7590 Si comcnce de Perceval.

Perceval le Gallois I, v. "o91-"86G. Fragment II, v. GI-;îG8.

Pcrccvaus, ce conlc Tesloire, A si perdue sa mémoire Que de Diu ne li soviens mes; V ans passa avrius et mes, 7595 Ce sont V ans trcslot entier, Ains que il entrast en niostier, Ne Dieu ne sa crois n'aoura ; Tout cnsi V ans esploita Et pour çou ne laissa il mie 7000 A rcqucrre chevalerie;

Et les estrangcs aventures, Les félenesses et les dures Aloil querant, et s'en trova Tant que moult bien s"i esprova; 7G05 Nonqucs n'enprist cose si grief Dont il ne venist bien à cief ; Lx chevaliers de pris, A la court le roi Artu pris, Dcdens les v ans envoia ; 76iO Ensi les v ans esploila

Conques de Dieu ne li sovinf. Et au cief des v ans avint Que il par un désert aloit Ceminant, si com il soioit, 7Ctl5 De toutes ses armes armés; S"a m chevaliers enconlrés

( 682 )

Et avocc dames jusqu'à dis; Lors cics en lor caperons mis, Si aloient trestuil à pié

7G20 Et en langes el descaucié. De celui qui armes venoit Et la lance et l'escu lenoit S'esmcrvcllièrent moult les dames Qui, por sauvcmcnt de lor armes

7C25 Lor penitance à prié faisoient Por les pcciès que fais avoient; Et H uns des m chevaliers L'arrieste et dist : « Biaus sire ciers, Dont ne créés- vos Jhésucrist

7650 Qui la novele loi escrist Et la douna as cresliiens? Certes, il n'est raisons ne biens D'armes porter, ains est grans tors. Au jor ke Jhésucris fu mors. »

7635 Et cil qui n'avoit nul apens De jor ne d'oure ne de tcns. Tant avoit en son cucr d'anui, Rcspont : » Qués jor est-il dont hui? •> Qucs jors! Sire, si ncl savés,

76i0 C'est li venredis aourés,

Qu'on doit simplement aourcr La crois et ses péciés plorer; Que lui fu cil en crois pendus Qui fu XXX deniers vendus;

7643 Cil ki de tos péciés fu mondes.

Vit les péciés dont tos li mondes Ert cnliiés et entéciés, Si devint hom por nos péciés; Voirs ert que Dex et hora fu il,

7650 Que la Virge enfanta i fil. Que par S'-Espcrit conclut, U Dex et car et sane reciut ;

( 683 )

Si fut sa dcilcs coverte En car d'omc, cVst cosc ccrlc, 7('>'J5 Et ki cnsi ne le kcrra en ia face nel verra ; Il fut nés de la Virge Dame El prist d'onie ia forme et l'arme Avocc la sainte déité, 7GG0 Qui, à tel jor, par vérité,

Com hui est, fu en la crois mis; Et traist d'inficr tos ses amis; Moult par fu sainte celé mors Qui sauva les vis, et les mors 7GG5 Uesuscila de mort à vie; Li fol juïs, par lor envie, C'on devroit tuer come ciens, Fiscnt lor mal et nos grans biens. Quant il en la crois le levèrent; 7G70 Eus perdirent et nos sauvèrent. Tuit cil ki en lui ont créance Doivent hui estre en penitancc; Hui ne déust hom ki l)iu croie Armes porter n'en camp n'en voie. » 7075 « Et dont venés-vous ore ensi? » Fait Percevans : « Sire, de chi, D'un preudome, d'un saint herniite. Qui en ceste foricst habite, Ne ne vit, tant pur est preudora, 7C80 Se de la gloire del ciel non. «>

« Por Dieu, Signor, que féistes'/ Que demandastes, que quesistes? » « Coi? Sire, fait une des dan)cs, De nos péciés li demandâmes 7085 Consel, et confesse en préismes; La plus grant besoingne i féismes Que nus crcsliens puisse faire. Qui voelle à Damlcdieu retrairc. »

( 684 )

Cou que Pcrcevans ot

7690 'Le fîst plorcr, et se li plot

Que au saint home alast p.iricr: c. vorrai-jou, fait-il, alor; Aler i voel, se jou savoic Tenir le sentier et ia voie. ■<

7695 « Sire, ki alcr i vorroit,

Si tcnist ce sentier trop droit, Si corne nos somes venu, Par ce bos espcs et menu; Si se préist garde des rains

7700 Que nos noasmcs à nos mains

Quant nous par ilucqucs venismes; Teus entresagnes i fcismes For cou que nus n'i forvoiast Qui vers le saint iiermile alast.

7705 A tant à Dieu s'entrecomandent, Riens nule plus ne se demandent; Et Percevans el sentier entre Et sospire dcl cuer del ventre Por çou que meffcs se sentoit

7710 Viers Dieu, dont moult se repentoit^ Plorant, s'ent vint par le boscage; Et, quant il vint à rermitage, Si se descent et se désarme. Son ccval ataceà I carme,

7715 Puis si s'en entre ciés l'ermite; En une capièle petite Trova l'ermite et I provoirc; Dist une leçon, c'est la voire. Qu'il commcnçoient le service

7720 Le plus haut qui en sainte glise Puist estre dis et le plusdous. Percevans se mist à jenous Tantost com entre en la capelc, Et li bons hom à lui Tapele,

( t)85 )

77:25 Qui niouli le vit sitnpic et plorant;

Et jusques cl niontoii coiihiut

L'niwc (les iols II dé^^outoil;

Et PiTCcvaiis, (jiii moult doutoit

Avoir vers Diiiuk-iiiu nn-spris, 7730 Par le piet a rcrniite pris.

Se li est Loin, et ses mains joinst,

!Si li i)ric qu'il li par doinst.

Conscl, que grant nieslii r ou a ;

Et li boins honi li cumaiida 7755 A dire sa conliossiou,

Qu'il u'arajà remission

S'il n'est confiés et rcpetitaus.

u Sire, fait-il, bien a V ans

Que jou ne soi ù ge me fui, 77iO Ne Dieu n'amai ne Diu ne crui ;

N'onqucs puis ne fis se mal non. »>

a lia, biaus amis, fait li prcudora,

Di moi por coi tu as cou lait

Et prie Dieu que merci ait 774b De l'arme de son pécéour. »

« Sire, ciés le roi Pescéour

Fui une fois et vi la lance

Dont li fiers saine sans doutance;

Et, de celé goûte de sanc 7750 Que à la pointe dcl fer blanc

Vie pendre, riens ne demandai;

Onques puis, certes, n'amendai;

El dcl Gréai que jou revi

Ne soc pas qui on en servi; 7755 S'en ai eut puis si grant duel.

Mors fusce piéça, à mon voel,

Et Damiedicu en oubliai.

Ne puis merci ne li criai,

Ne ne fis rien que je séusce 77(iO Por coi jamais merci éusec.

3'"" SÉRIE, TOMK XX. ^^

()8() )

llu ! Liaiis uiiiis, dislli prcudoni, Or me di coincnt lu as nom. » Kt il li dist : « Prrcovans, siro. A ce mot, li iirciidom sospiic,

776.') Qui le nom a rccouncu,

Et dist : « Amis, moult t'a néu Uns péciés dont tu ne ses mot, Ce fu li dious que la mère ol De toi, quant tu partis de ii,

7770 K' à tièrc pasméc kaï

Au ciof del pont devant la porte, Et de ce duel fu elle morte; Pour le pécié que tu en as, T'avint que riens ne demandas

777Î) De la lance ne del Graal;

Si t'en sont avenu maint mal ; Ne n'eusses pas tant duré S'ele ne t'cust comandé A Damiedieu, ce saccs-tu ;

778U iMais sa proière ot tel vertu Que Diex por li t'a regardé, De mort et de prison garde. Péciés la langue te Irença Quant le fier, qui aine n'cstaiiça

7785 De sainier, devant loi véis. Ne la raison n'en cnqnesis; Quant tu del Graal ne sens Cui on en sert, fol sens eus; Cil cui l'en sert, il est mes frère,

7790 Ma suei- cl soie lu ta mère, Et del rice Pescéour croi Que il est fius à celui roi Qui del Graal servir se fait ; Mais ne quidiés pas que il ait

771)5 Lus ne lan)proie ne saumon ; D'une sole oisie li sains liom

( 687 )

Quant en ce GrénI li aportc, Sa vie sosticnl cl conforlc. Tant sainte cose est li Graaus; 7800 Kt cil est si esperitaus

K'à sa vie jtius ne covient

Que l'oiste cpiiel Gréai vient.

Xx ans i a cslet ensi

Que fors do la cambre n'issi 7805 U le Gréai véis entrer.

Or te voel enjoimlre et doncr

Pénitance de ton pccic »

» Bians oncles, cnsi le voel ç,ié.

Fait Percevaus, de moult bon cuer; 7810 Quant ma mère fu vostre suer,

Rien me dcvés neveu clamer

Et je vous oncle, et mius amer. »

u Voirs est biaus niés; mes or m'cntens

Se de la mère le repcns, 781f> Si aies boine repentance,

El va el nom de pénitance,

Au mostier ains qu'en autre leu,

Volentiers, si i auras preu;

Ne fisses mie por nul piait, 7820 Si tu iès en lin ù il ait

Mostier, capclc ne perroce.

Va i quant sonera la cloce

U ainçois se tu iès levés,

de cou ne seras grevés, 7825 Ains en iert moult l'arme avancie;

Et, se la messe est coumencie,

Tant i fera il mellor cstre.

Tant i demeure que li prcstre

Aura tout dit et tout canté; 7850 Se il te vient à volenlé,

Encore poras monter en pris,

S'auras honor et paradis;

C 088 )

Dieu croi, Dieu aime et Diu aore; Preudomc et preudcfume onorej

7835 Contre le provoire te liève. C'est I services ki poi griève Et Diex l'aime, par vérité, Por çou qu'il vient d'umilité; Se puceie aide requiert,

7840 Aide li, ke mius t'en icrl. U veve dame u orfenine; Icele aumosne est entérine; Aïde leur, si feras bien, Garde nclie lesses por rien.

7845 Ce voel que por tes péciés faces. Se ravoier vins totes grasses Ensi corn tu avoir les sieus; Or me di se faire le vieus. » « Oïl, fait-il, moult volentiers. »

7850 (, Or te pri que II jors entiers Avccqucs moi çaiens remagnes Et que en pénitance pragnes Tel viande com est la moic. » Et Percevans la li ottroie;

7855 Et li ermites li conselle

Une orison dedens s'orelle, Si l'afrema tant qu'il le sot; Et en celé orison si ot Assés des noms Notre Signor,

7860 Car il i furent li gregnor

Que nomer doie boce d'orne Se por paor de mor nés nome. Quant l'orison li ot aprise Deffendi lui qu'ennuie guise

7865 Ne le déist sans grant péril, « Non ferai-je, sire, » fait-il.

( G89 )

GLASSi: lits «i:\UX-AIVTS.

Séance du â décembre 1890.

M. Jos. ScuADDE, directeur.

M. J. Lfagre, sccrélaire per[)éluel.

Sont présents : MM. H. Hymans, vice - directeur ; Ern. Slingeneyer, F.-A. Gevaeri, Ad. Samuel, Ad. Pauli, God. Guffens, J. Demaunez, P.-J. Clays, G. De Groot, G. Biot, Edm. Marchai, Th. Viuçotle, Jos. Slallaerl, J. Rousseau, Alex. Markelhach, Max. Rooses, membres; F. Laureys et Charles Tardieu, correspondants.

COnRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur el de l'Instruction publique envoie :

Une nouvelle série de bulletins résultant des recherches musicales de M. Edmond Vander Straelen dans les bibliothèques d'Augsbourg et de Breslau. Renvoi à la Commission chargée de publier les œuvres des grands musiciens du pays ;

Le troisième rapport semestriel de M. Jules Lagae, lauréat du grand concours de sculpture de 1888. Ren- voi à la section de sculpture.

; 690 )

Le même Ministre demande l'avis de l'Académie : i" sur le busle en marbre de Louis Alvin, ancien membre de la Classe, commandé à M. Vinçolle pour la galerie des bustes des académiciens décédés; 2" sur le modèle du busle de B.-Cli. Du Mortier, ancien membre de la Classe des sciences, commandé à M. Jacques Herain pour la même galerie. Renvoi à la section précitée.

M. Charles de Harlez, membre de la Classe des lettres, prie la Classe des beaux-arts de bien vouloir accepter un exemplaire de son travail intitulé : San-li-t'u, tableau des trois rituels. Traits de mœurs chinoises avant l'ère chrétienne, Remerciements.

ÉLECTION.

La Classe continue aux membres sortants la mission de composer sa Commission spéciale des finances pour 1891.

PROGRAMME DE CO.\COURS POUR 1892.

PARTIE LITTÉRAIRE.

Premfèke question.

Quelle était la compasilion insirumentale des bandes de musiciens employées par les nwgislrals des villes, par les souverains et par les (orporalions de métiers, principale- ment dans les provinces belges, depuis le XP siècle jusqu'à la fin de la domination espagnole? Quel était le genre de

( «f»l )

musique qu'exéculaient ces hamlesy Quelles sont les causes de la dispariliori pres(iue lolale des morceaux composés à leur usage?

Deuxième question.

Faire Vliistoire de la céramique an point de vue de l'art, dans nos provinces, depuis le XV' siècle jusqu'à la fin du XVIII' siècle.

Troisième queï>tion.

Quelle influence ont exercée en France, du XIV'' au XVI" siècle, les sculpteurs »és" dans les provinces belgiques ou dans la principauté de Liège? Citez tes œuvres nées de cette influence et les maîtres qui la caractérisent.

Le mot « provinces helgiques » est pris ici dans l'accep- tion qu'il avait an XVI* siècle.

Quatrième question.

Déterminer, en les précisant par des croquis, les carac- tères de l'architecture flamande du XVI^ siècle. Indiquer les principaux édifices dans lesquels ces caractères se ren- contrent. Donner l'analyse de ces édifices.

La valeur des médailles d'or présentées comme prix pour ces questions sera de 1,000 francs pour la première, pour la troisième et pour la quatrième, et de SOO francs pour la deuxième question.

Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi- vent être lisiblement écrits et peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés

( 692 )

francs de port, avanl le 1" juin 1892, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies.

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé.

Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours.

L'Académie demande la pli)s grande exactitude dans les citations : elle exige, à cet effet, que les concurrents indi- quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement.

Les planches manuscrites, seules, seront admises.

L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés.

Elle croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro- priété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre copie à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.

ART M.JPV1.1QVÉ»

Gravure en, taille douce.

On demande le portrait en buste, gravé en taille douce, d'un Belge contemporain, ayant une notoriété reconnue dans le domaine politique, administratif, scientifique, littéraire ou artistique. Ce portrait sera absolument inédit.

( 695 )

Les coricurrenls seroiil tenus de produire leur dessin .'xcInsivemtMil (riipiès iialiir»', en même temps que deux épreuves au moins de la giaviire.

La tète mesurera de 6 à 7 centimètres.

Le prix sera de 800 francs.

Seul pi lire.

On demande une figure en bas-relief reprcuentont « La Justice » et destinée à orner un panneau d'une salle d'un palais de justice. ^

Celte figure devra être assise et modelée dans un cadre mesurant l'",20 de hauteur sur 80 centimètres de largeur.

Le pi ix sera de 800 francs.

Les gravures et les bas-reliefs devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le l*"" octobie 1892.

L'Académie n'accepte que des travaux complètement terminés; les gravures ne peuvent être ni tirées sur chine, ni encadrées, ni mises sous verre. Le plâtre et la cire sont admis pour les bas-reliefs.

Les auteurs couronnés sont tenus de donner une reproduction photographique do leur œuvre, pour être conservée dans les archives de l'Académie.

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur travail; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un i)illet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé.

Les travaux remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours.

( 094 )

RAPPORTS.

Il est donné lecture des appréciations suivantes: De MM. Fétis, Robert, Slingeneyer et Guffens :

A. Sur le premier rapport semestriel de M. Dierickx, premier prix pour la peinture, de la fondation Godecharle, en 1887;

B. Sur le sixième rapport semestriel de M. G. Montald, prix de Rome pour la peinture, en 1886;

De la section de sculpture :

A. Sur le buste en marbre de feu L. Al vin, par M. Tb. Vinçotte;

B. Sur le modèle du buste de feu B.-Ch. Dumortier, par M J. Herain.

Ges appréciations seront transmises à M, le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique.

La Glasse se constitue en comité secret pour procéder h la discussion des titres des candidats présentés pour' les places vacantes et à l'inscription de candidatures' nouvelles.

( 695 )

CLASSE «ES SCIEWICES.

Séattce (lu 15 décembre 1890.

M. Stas, (lirecleur, président de l'Académie. M, LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de lys Longehamps, G. Dewalque, H. Mans, E. Candèze, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Cii. Van Bambeke, AU". Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis Hem y, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De Heen, membres ; F. Catalan, Cb. de la Vallée Poussin, associés; C. Le Paige, A. Renard, F. Terby, correspondants.

M. F. Plateau, vice-directeur, obligé d'assister aux funé- railles de M. Verslraelen, processeur à l'Université de Gand, s'e.xcuse de ne pouvoir être présent à la séance.

CORRESPONDANCE.

LL. MM. le Roi et la Reine, ainsi tpie LL. AA. RR. M^' le Comle et M""* la Comtesse de Flandre font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique,

MM. les Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction publique, de la Guerre, de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, et l'Académie royale de médecine

( 696 )

adressent leurs remerciemenls pour l'invilalion à la même solennité.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'instruction publique ajoute qu'il regrette d'être empêché de se rendre à cette cérémonie.

M. P.-J. Van Beneden fait hommage, de la part de M. Giovanni Capellini, d'un travail imprimé portant pour titre : Sul coccodrilliano garialoïde (Tomistoma calarita- nus), scoperto nella collina di Cagliari, nel 1868. Remerciements.

Sur sa demande, M. L. de Bail sera remis en possession de son travail présenté lors de la dernière séance et sur lequel il n'a pas encore été fait de rapport.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

Réponse à la note de M. Tisserand; par F. Folie. Commissaires : MM. De Tilly et Mansion;

Notes préliminaires sur rorganisation et le déve- loppement de différentes formes d'anthozoaires ; par Paul Cerfonlaine. Commissaires : MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke.

RAPPORTS.

Sur les acélals mixtes ; par Maurice Delacre.

nappofl He Ht. EéOttit MMent'y,

« Le travail de M. Delacre a trait à la question géné- rale de l'existence des composés oxy-alkylés mixtes. On sait que ceux d'entre ces composés qui correspondent

( 697 ) aux acides polybasiqiies ou aux alcools polyalomiques exislenl comme tels el sont dislillahles; les grou|iemenls oxy-alkylés 0 C„Hj„^., divers qu'ils reulermenl y sont fixés sur des atomes de carbone distincts. Ceux, au lon- liaire, ces groupements sont fixés sur un seul et même atome de carbone, paraissent en général ne pouvoir pas exister ou du moins manquer de stabilité sous l'action de la cbaleur. Il en est ainsi notamment des dérivés aldéhydiques

-'"<oc.,H,„.+r

M. Rubenkamp, un des élèves de Geuther, a constaté que l'acélal méthyl-éthylique

n'existe pas, ou du moins se scinde sous l'action de la chaleur dans les deux acétals simples correspondants.

M. Delacre a examiné comment se comportent, quand on les chauffe, les acétals mixtes, méthyl-éthylique mono- chloré

c".c-c"<oc"l

el bichloré

ciici,-c:ii<oci[j^

composés qu'il obtient aisément parla réaction sur l'alcool métbylique des éthers bichloré

et Iric/doré

Cl CH.Cl— CU<^)(.^„_^

CHCL-CIK^'

( ()98 )

La dislillalion de ces composés confirme, d'une manière générale, la manière de voir de M. Rnbenkamp, du moins en ce sens qu'ils ne sont pas disliliables comme tels dans les conditions ordinaires de pression.

Le travail de M. Delacre renferme divers faits intéres- sants et constatés avec précision.

J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'en décider l'insertion dans les Bulletins. » Adopté.

COMMUNlCATlOiNS ET LECTURES.

Note au sujet des aiéials mixtes; par Maurice Delacre.

Dans un travail exécuté au laboratoire de Geulher, M. Riibencamp (1) a soutenu et donné des preuves de ce fait que le méthylélhylacélal

o rtîî

préparé par Wurtz n'est qu'un mélange de diméthylacétal et de diéthylacélal. C'est ainsi, en effet, que le produit se sépare à la distillation fractionnée.

Que cette transformation du produit mixte soit provo- quée par l'action d'une chaleur prolongée, ou que, ainsi

(i) Jnnales de Lichig, l. CCXXV, p. 2G7.

( (;99 )

que l'admet M. Riibencainp, le produit mixte ne soit réel- lenii'nl pas susceptible dVxisler, le fait n'en est pas moins de la plus haute importance au point de vue de l'histoire des acélals, et l'un des plus intéressants qui aient été décrits dans cette série remarquable de travaux entrepris sous la direction de Geulher.

La noie que j'ai Ihonneur de présenter à l'Académie a pour but de décrire les faits, confirmant cette manière de voir, que j'ai été amené à constater pour les acétals mono- et bichlorés.Si j'ai pris la liberlé de vérifier les expériences de M. Rijbencamp, c'est qu'elles me paraissaient se trouver en contradiction avec l'existence du méthylélhylacétal monociiloré admise par iM. Lieben, et dont un examen superficiel m'avait fait croire à la stabilité.

On sait que cet acétal mixte a été préparé par l'action du mélhylate de sodium sur l'éther bichloré. M. Lieben le décrit comme bouillant à 157°. J'avais cherché, il y a quelques années, à préparer l'aldéhyde monochlorée en partant de cet acétal, et j'avais constaté, en distillant rapi- dement le produit, qu'il possédait en effet ce point d'ébul- lition. J'ai donc repris mes expériences, et, mettant à profit la modification heureuse que MAL Paterno et Marzara (I) ont apportée à la préparation de l'acétal monociiloré, j'ai remplacé le méthylate de sodium par l'al- cool mélhylique; il est inutile, dans ce cas, d'employer un très grand excès d'alcool, comme cela est nécessaire pour la préparation de l'acétal biéthylique.

Ce dernier fait me semble digne d'être remarqué. La même différence que l'on constate entre l'action de l'al-

(t) Bulletin delà Soc. scinit. de Paris, i87i, l. XXI, p. 219.

( 700 ) cool mélhylique el celle de l'alcool élhylique sur Télher bichloré se retrouve dans l'action de ces deux réactifs sur l'aldéhyde ordinaire (éb. 22°). J*ai décrit précédemment l'action de l'alcool méthylique (1) comme très énergique; rien de semblable ne se passe avec l'alcool élhylique, et, s'il se forme du diéthyl-acétal, la réaction est loin d'avoir un caractère Irancbé comme la synthèse du dimélhyl- acétal.

Voici donc comment j'ai préparé le méthylétbylacélal monochloré :

195 grammes d'élher bichloré ont été additionnés de 48 grammes d'alcool méthylique ; il y a échaufTement vif et léger dégagement acide. Lorsqu'on vient à chauffer, il se dégage des torrents dacide chlorhydrique. Tout déga- gement ayant cessé, après deux heures environ, on traite par l'eau et on sépare le produit. Après dessiccation, j'ai recueilli, en distillant dans un simple ballon :

115°. . . . 10 grammes U5'-I5Û°. . . . dôOo-loO». ... 90

Il y a un résidu. Ces rendements, très satisfaisants, sont les mêmes que ceux que l'on obtient dans la préparation de l'acétal biéthylique. On ne les améliore guère en aug- mentant la quantité d'alcool; avec 286 grammes d'élher bichloré et 30 grammes d'alcool méthylique, j'ai obtenu 193 grammes de produit brut non distillé.

Voici le résultat de deux fractionnements successifs

(1) huit, de l'Académie roy. de Belgique, 3' série, t. XX, p. 299 (1890).

(701 )

d'un produit semblable dans un appareil Lebel-HenoiDgcT à quatre boules, muni de toiles de platine :

75». .

. . 18

grammes

75'-9d». .

57

95»-tlOv .

. 58

IIO'-IÔO*. .

. 28

150'- 155». .

. 60

155"- 140». .

. 4y

140'-i45'. .

. 55

145'-Jo5». .

. 59

155'- 160». .

. 11

Il a un résidu (a).

J'ai soumis ces produits à un nouveau fractionnement dans le même appareil.

I. 150°- 133° (60 grammes) :

1 50'. .

. . 14 grammes

150"- 155". .

. . 18

155»-140'. .

. . 15

II. lôo^-liO" (49 grammes) H- 15 grammes du frac- tionnement précédent -i- le résidu précédent (logrammes) ont donné :

15o». . . 155»- 140». . . 140'- 143». . .

19 grammes 29 14

m. Demêmel40°-14o°(o3 précédent (14 grammes) :

1 4 grammes) -»- le résidu

155°. .

. . 4 grammes

I5o''-140°. .

. . 15

140'-14o». .

. . 25

145«-I50°. .

. . 23

5"* SÉRIE, TOME ÏX.

46

( 702 ) IV. Enfin le résidu (12 grammes), additionné de 57 grammes (éb. 145"- 153"), a donné :

135°. .

2 grammes

135»- 145°. .

. . 16

145°-15d». .

. . 19

4.'>5°-160°. .

. . G

Le résidu réuni à celui (a) du premier fraclionne- menl a été distillé dans un simple ballon; on sépare 7 grammes entre 153''-160°, puis le thermomètre s'élève jusqu'au-dessus de 200".

Tous les produits passant de 160°-160°, en tout 24 grammes, ont été redistillés plusieurs mois après dans un simple ballon :

lôO». . .

5 grammes

130°- 153°. . .

4

lo5'-IGO°. .

. 6

puis le thermomètre monte.

Ces résultats ne laissent aucun doute sur l'instabilité de l'acétal mélhylélhylique monochloré à la température de l'ébullition ; mais ils permettent de douter sérieusement que la réaction (ou la séparation) ne se fasse d'après la manière de voir de M. Riibencamp.

Le diéthylacéial bout vers 156°; d'autre part, d'après les analogies, on peut supposer que le point d'ébullition de l'acétal bimélhylique serait situé vers 117°. On remar- quera dans les tableaux précédents qu'il n'y a pas d'arrêt marqué à ces températures, qu'une quantité notable de produit distille sous 110% et qu'il se forme des corps bouillant bien au-dessus de 160°. Il ne m'a d'ailleurs pas

( 703 ) élé possible d'isoler de produit défini el pur ; ce qui distille vers 100° a une forte odeur d'aldéhyde crotonique ; la quantité minime (G grammes) qtii distille sans arrêt entre 155° et 160° possède l'odeur caractéristique de l'acétal hiéthylique moiiocldoré; elle renferme 26,78 % de chlore (l'acétal hiéthylique en contient 23,2 °/o, l'acétal mixte 25,65). Ce n'est donc pas un produit pur.

L'incertitude de ces résultats m'a fait douter de la sta- bilité du diéthylacétal vis-à-vis de la chaleur. En distillant rapidement, dans un appareil Lebel-Henninger à quatre houles, de l'acétal hiéthylique monochloré préparé par le procédé de MM. Paterno et Marzara, j'ai recueilli 502 gram- mes entre 156° et 160°. J'ai chauffé cette portion pendant sept heures au réfrigérant ascendant et je l'ai distillée très lentement dans un appareil Lebel; elle s'est fractionnée comme il suit :

H0°. . . . S5 grammes

idO°-150°. ... 20

1500-150°. ... 28

150»-160». ... 337

Les résidus, réunis à ceux provenant d'autres opérations, passent sans point fixe jusqu'à 220° et au delà. Malgré les quantités notables d'acétal mises en œuvre, je n'ai pu isoler encore un produit de l'action de la chaleur; l'un des produits qui distillent sous 150" possède une odeur suave et se comporte vis-à-vis du brome comme un corps non saturé. Je reviendrai sur ce sujet en poursuivant l'étude des composés élhylidéniques; le seul fait qui m'intéresse pour le moment, l'instabilité du diéthylacétal, me semble démontré.

( 704 )

Si le dérivé diélhylique est instable, il n'y a rien d'élon- nanl à ce que le produit mixte le soit. Le mécanisme de ces transformations étant inconnu, était-il bien légitime de considérer la présence de diétbylacélal dans les pro- duits de distillation de Tacélal mixte comme une confir- mation des idées de M. Riibencamp? J'ai pensé qu'il était préférable de poursuivre mes recherches sur les acétals bichlorés, dont le dérivé biéthylique est tout à fait stable.

L'acétal bichloré brut, tel que je l'ai obtenu (i) par le procédé de M. Lieben, bout fixe vers 180° lorsqu'on le distille dans un ballon ordinaire; mais si l'on distille dans un appareil Lebel-Henninger ou qu'on le traite par la potasse alcoolique, on sépare un produit non saturé, bouil- lant à 144% et l'acéial bichloré pur bouillant à i82°. Je reviendrai sur les conditions de cette préparation et me contenterai, pour le moment, de mentionner que l'acétal ainsi obtenu est absolument stable à sa température d'ébul- lilion; après deux ans de conservation il n'a pas manifesté la moindre altération et distillait fixe à la même tempé- rature.

Le mélhylélhylacétal bichloré s'obtient facilement en partant de l'élher éthylique trichloré CHCl^.CHCI.O.C^H^ Celui-ci a été obtenu par M. Krey, par l'action du penta- chlorure de phosphore sur le diétbylacélal bichloré; au lieu de précipiter par l'eau, il me semble plus avantageux de distiller directement le produit de la réaction.

Pour 50 grammes d'acétal bichloré pur, j'ai recueilli 44 grammes (ihéor. 47) entre 160° et 170°; le ballon est sec lorsque le thermomètre marque 174°. Dans une autre

(<) Voir ce recueil, t. XIII, 1«87.

I

( 705 )

opérationv j'ai obtenu, pour 112 grammes d'acélal, 105 grammes el, après une nouvelle reclilicalion, 97 grammes de produit bouillant entre 160" et 174°; il reste très peu de liquide comme résidu, mais il ne possède pas l'odeur d'acétal bicbloré.

En traitant l'élher trichloré par la proportion théorique de mélhylale de sodium dilué par l'élher, on obtient faci- lement le produit correspondant à l'acétal mixte; on sait, en effet, d'après M. Lieben, que, dans ces circonstances, le chlore du groupement secondaire CHCI est seul attaqué. Les rendements sont assez peu avantageux; pour les deux produits obtenus plus haut j'ai recueilli 79 gr. d'acétal bouillant entre 140° et 180°.

J'ai redistillé ce produit dans un petit appareil Lebel à six boules, sans toiles de platine. Le thermomètre s'élève directement à 145% puis rapidement à 148°; les fraction- nements se font comme il suit :

HS^-ISS". . . 22 grammes (arrêt prolongé à 148°)

155"-! 60°. . . 9

1600-172°. . . 16

172»- 174°. . . 9

174°-185». . . 12

La première portion est sans doute le diméthylacétal ; en la redistillant on recueille 10 grammes entre 146° et 149°. Ce n'est pourtant pas un produit pur, car il acquiert peu à peu l'odeur de chlorure acide (1).

(1) J'ai observe la même particularilc pour le produit non saturé bouillant à iH", que j'ai mentionné plus haut. M. le professeur L. Henry a eu la bonté d'appeler à ce sujet mon attention sur la fixa-

(706)

La dernière porlion (174°-! 85°), distillée une seconde fois, donne 7 grammes entre 179" et 182°; c'est, à n'en pas douter, de l'acétal biciiloré : son point d'ébullition et son odeur tout à fait différente de celle des produits inférieurs suffisent à le caractériser.

On ne peut donc hésiter à étendre au cas de l'acétal raéthyléthylique biciiloré les conclusions de M. Riibencamp. Mais il me paraît difficile, avec des produits liquides, de décider si les acétals mixtes existent réellement ou s'ils sont seulement instables. J'aborderai dans ce but l'étude des acétals du chloral.

Je ferai encore une remarque avant de terminer. Chacun sait combien l'éther bichloré

CH^CI.CHCU^ . CH3.CHÎ ^"

est instable sous l'action de la chaleur. M. L. Henry a constaté ce fait intéressant que l'éther tétrachloré

CC13.CHCI ^ CH3.CH2 ^"

distille sans aucune décomposition ; Pélher trichloré CHCl'î.CHCI.

CH3.CH2

>0

est également stable à sa température d'ébullition. Un fait analogue se retrouve dans l'histoire des acétals;

lion de l'oxygène aux étiiylèncs halogènes (Demole) et à l'élhylène Irichloro-étiiyloxylé (L. Henuv. Ann. de la Société scientifique de Bruxelles, 1880.) Une fixation analogue se fait dans le cas présent.

i

( 707 ) le dérivé monocliloré n'esl pas absoliimenl §table à sa lem- péraliire (rébiillilion ; le produit hicliloré correspondant l'est complètement, bien (|u'il distille une vingtaine de degrés plus haut.

On pourrait déduire de là, avec une apparence de raison, que l'instabilité de l'éther bichloré est due au groupement aPCI (H^^ réagissant sur 0?), et non à CIICI , ainsi que les réactions éuergiipies de ce dernier groupe pourraient le faire supposer.

Bruxelles, laljoraloire privé.

ÉLECTIONS ET PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIUUE.

La Classe procède aux élections pour les places vacantes; les résultats seront proclamés dans la séance publique.

Conformément à l'article 17 du règlement, MM. Slas ei Le Paige donnent lecture de leurs communications destinées à celle solennité.

( 708 )

CLASSE DES SCIEUCES.

Séance publique du 46 décembre 4890.

M. Stas, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MiVl. P.-J. Van Beneden, le baron de Selys Longehamps, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Éd. Dupont, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, J. Delbœuf, P. De Heen, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, assoc/és; C. Le Paige, L. Errera, F. Terby, J. Deruyts, correspondants.

M. Plateau, vice-directeur, s'excuse de ne pouvoir être présent à la séance.

Assistent à la séance :

Classe des lettres : MM. G. Tiberghien, vice-directeur; le baron Kervyn de Lettenhove, Alph. Wauters, Ch. Pot- vin, T.-J. Lamy, P. Henrard, Al. Henné, Gustave Frédérix, membres; É. Banning, correspondant.

Classe des beaux-arts : MM. Jos. Schadde, directeur; H. Hymans, vice-directeur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, Edm. Marchai, J. Rousseau, Alex. Markelbach, membres; J. Robie, correspondant.

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La séance est ouverte à \ heure el demie.

M. Slas donne lecture d'un discours ayant pour litre : De la nature de la lumière solaire; ce discours sera imprimé dans le tome XUX des Mémoires de l'Académie.

Un astronome belge du XVII' siècle, Godefroid Wendelin; par C. Le Paige, membre de l'Académie.

Il y a plusieurs années déjà, lorsque j'ai essayé de reprendre l'œuvre commencée par le savant et regretté Adolphe Quetelet, el de retracer la vie des mathématiciens (lui ont illustré la Belgique, j'ai rencontré quelques figures qui m'ont séduit d'abord. Ailleurs, j'ai tâché de faire revivre l'un de nos plus grandsgéomètres: René-François de Sluse; aujourd'hui, je voudrais Caire le portrait d'un homme que son pays natal a trop oublié : Godefroid Wendelin.

C'est une figure sympathique entre toutes que celle de cet aventureux astronome que son humeur inquiète con- duit à travers l'Europe et qui, dans les situations les plus diverses, parfois les plus difficiles, ne cesse de poursuivre une idée, de ce savant que nous rencontrons, à l'aurore de la vie, poussé par un secret instinct vers les observations célestes, el que nous retrouvons, au déclin de ses jours, à plus de quatre-vingts ans, fidèle aux premières passions de sa jeunesse.

C'est en outre un type complexe, moins rare au XVII* siècle qu'aujourd'hui, un savant pour qui les champs des cieux ne sont pas assez larges encore.

Entraîné par l'amour des vieilles gloires de la terre fla- mande, il s'essaye à expliquer l'origine et les difficultés de la loi salique en mettant au service de ses recherches sa profonde connaissance de la langue thioise et toule Tin-

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géniosilé d'un esprit aiguisé par des observations multi- ples dans le vaste domaine de la nature; c'est encore un charmant écrivain qui peut rivaliser, dans l'épigramme latine, avec un mallre, Constantin Huygens, et lutter, dans un tournoi de couce^//, avec les poètes provençaux.

Son imagination ardente le pousse à scruter les épo- ques les plus lointaines, les plus ténébreuses de l'histoire : émule du grand Newton, il ne craint pas de s'aventurer, comme lui, dans les forêts mystérieuses de la chronologie.

Il ne me serait guère possible, aujourd'hui, de suivre notre savant sur les routes diverses qu'il a parcourues : il rae suffira de parler de l'homme et d'exposer ses recher- ches astronomiques, heureux si je ne suis pas Irop au-des- sous de la tâche que j'ai assumée, même en la circonscri- vant de la sorte.

Godefroid Wendelin naquit à Herck, une des bonnes villes de l'ancien pays de Liège, le 6 juin 1580,aux limites de ce XVM siècle qui vit remuer tant d'idées, s'accumuler tant de travaux, tant de recherches.

Toute sa vie, il semble porter la marque de cette époque avide de retrouver les richesses de l'antiquité tout à coup dévoilée, accumulant des trésors que les âges futurs devaient mettre en œuvre. Il a gardé, du XVI* siècle, la soif inextinguible du savoir, le besoin de tout scruter, l'in- fatigable ardeur au travail ; mais ces qualités, il les joindra à celles qu'apporte avec lui un siècle nouveau, et il ne sera pas indigne d'être le contemporain de Huygens, de Gas- sendi, de Pascal.

La petite ville Wendelin vit le jour possédait alors une école latine dirigée par un savant modeste, Henri Alen. Celui-ci, avec ses fonctions de recteur, cumulait celles de secrétaire de la ville, ce qui ne l'empêchait pas, à l'occa- sion, de composer des vers grecs d'assez bonne tournure :

C 711 ) on connaissail 1rs langues savantes à celle époque. Des liens (Je p;iienté l'utiissaienl peul-èlreà noire héros, car il en Cul le parrain.

C'est sous ce maître que noire compatriote fil ses pre- mières études : dès l'abord, il s'y distingua: à treize ans, il écrivait en lalin des vers iambiques qui excitèrent l'admi- ration.

Sans nul doute, l'étude des sciences exactes ne devait pas occuper une bien large place dans l'école de Herck, maison se tromperait peut-être si l'on croyait qu'elle y était enlièremenl délaissée. L'attention de l'eni'ant était attirée déjà vers le spectacle des grands phénomènes célestes, au point que les circonstances d'une éclipse de lune, arrivée en 1590, ne le laissèrent pas indifférent.

L'école latine n'étant probablement pas organisée de façon à permettre au jeune Wendelin d'y terminer ses humanités, ses parents résolurent de l'envoyer à Tournai.

Le jour même de son départ pour le collège des Jésuites, le 24 avril 1595, est marqué par une éclipse de lune : les anciens auraient vu un présage dans cette coïncidence. Pour nous, bornons-nous à noter que mainl événement de la vie de notre savant est caractérisé de la sorte.

Ce n'était pas mince chose, à cette époque, que de quitter la maison paternelle pour s'en aller au loin : la nuil entière, toute la famille s'occupe des préparatifs du départ; seul, Wendelin ne peut s'arracher entièrement à l'obser- vation du phénomène qui le frappe, et il en note les phases comme il le peut.

Son séjour à Tournai ne fut pas de longue durée : trois ans plus tard, le 21 février 1598, notre jeune humaniste suit les cours de l'université de Louvain.

Celle date, c'est Wendelin encore qui nous la conserve,

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car elle lui rappelle une éclipse de lune: heureux souvenir qui nous permet, comme par une échappée, de jeter un regard sur la vie laborieuse des étudiants d'alors: al/éclipse, dit Wendelin, commença un peu après quatre heures, au moment nous nous éveillions pour réciter nos prières et nous mettre au travail : à coup sûr, il n'était pas quatre heures et quart, »

Ne vous semhle-t-il point entendre cet autre écolier, « l'ornement de son siècle », nous dit Guillaume du Val en son Collège de France, Henry de Mesmes, écrivant dans ses Mémoires : « Nous étions debout à quatre heures et, ayant prié Dieu, allions à cinq heures aux esludes, nos gros livres sous le bras, nos écritoires et nos. chandeliers à la main »? Ceci se passait, en 1545, à l'université de Toulouse.

Ces habitudes matineuses, Wendelin les conserva dans la suite. En 1608, lorsqu'il habite Forcalquier, nous le voyons, devançant l'aurore. Un livre à la main, il s'éloigne de la cité : épris du calme de la nature, il s'en va pour jouir des senteurs de la campagne, pour goûter la fraî- cheur des primes heures du jour; c'est ainsi qu'une pre- mière fois il put observer la pluie rouge.

A Louvain, Wendelin compléta surtout son éducation littéraire; il aborda l'étude de l'hébreu et s'y rendit habile.

Quant aux mathématiques, il dut retirer peu de proflt des enseignements de VAlma Mater.

Depuis 1593, les leçons brillantes d'Adrien Romain avaient cessé : l'émule de Viète avait été appelé à Wurtz- burg, cl son successeur, Jean Storms de iMalines, malgré les éloges que lui décerne Valère André, ne fut jamais qu'un pauvre versificateur dont toute l'activité se borna, pendant un demi-siècle, à mettre en soi-disant vers la phy-

( 715 ) sique d'Arislole, l'expression approchée du rapport de la circonférence au diamèlrc, ou les différenics formes du carré magique de 16.

Faul-il s'étonner que Wendelin ait voulu s'abreuver à des sources plus pures et plus abondantes?

Cédant, pour la première fois, à ce besoin de déplace- ment qui l'agita toute sa vie, il résolut de se rendre à Prague. Peut-être y était-il attiré par le désir de s'attacher à Tycho-Brahé, qui résidail alors dans cette ville. Il ne lui fut pas donné d'atteindre le but de son voyage, et le pays de Liège, qui faillit, à cette époque, donner asile au grand astronome danois, n'eut pas même l'heureuse fortune de voir un de ses enfants parmi les disciples du célèbre observateur.

Parti avec un de ses amis, Wendelin fut obligé, par la maladie, de s'arrêter à Nuremberg. Ce relard forcé donna un autre cours à ses idées. Il revint à Herck, mais n'y passa qu'un instant.

Bientôt nous le voyons se diriger vers le midi.

En 1599, il est à Marseille, dont il détermine la latitude : ce fut, sans nul doute, son premier travail astronomique sérieux, et il semble se rattacher à un projet qu'il pour- suivit durant de longues années.

Mais, éloigné des siens, dans un pays étranger, la vie devait lui être parfois dilïicile : un moment, Wendelin devint correcteur d'imprimerie; ce ne fut qu'un emploi passager.

En 1600, le désir de gagner l'indulgence du jubilé le conduit à Rome; il parcourt l'Italie et, finalement, revient à Marseille.

La Provence allait le posséder longtemps. Il s'établit d'abord à Digne : on ne sait au juste s'il fut régent au

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collège on s'il ouvrit une écolo de malliémnlii]ucs; maison ra|)porle volontiers qu'il compta parmi ses élèves le célèbre dassenili. Sorbière, Colomiez, et, ce qui est plus probant, Mantelius, qui semble tenir ses renseignements de Wendelin, Valère André, qui publia sa Dibliol/ieca beUjica du vivant de notre astronome et de l'illustre prévôt de Digne, affirment la chose; mais le P. Bougerel, le bio- graphe du grand adversaire de Descartes, combat ce sen- timent par d'assez bonnes raisons.

De Digne, Wendelin passa à Valensole : deux années de suite il conquit dans celle ville, à la suite d'un concours public, une des chaires du collège; à la rentrée de 1604, il renonça à la lutte, non pas qu'il la craignit, mais parce qu'il avait donné suite à de nouveaux projets.

Un instant il était revenu au pay§ natal, mais la bru- meuse Campine et ses bruyères mélancoliques ne pouvaient lutter avec le brillant soleil de la Provence, de\enue une seconde patrie pour l'ardent voyageur; aussi est-ce sans élonnement que nous voyons notre compatriote regagner rapidement le midi.

Il y trouva d'ailleurs une hospitalière demeure chez André d'Arnaud, seigneur de Aliravail, lieutenant général de la sénéchaussée de Forcalquier.

Ami des lettres, auteur lui-même de vers charmants, André d'Arnaud choisit Wendelin comme précepteur de ses enfants : notre savant rencontra chez lui un foyer familial ; il s'y trouvait assis, non comme un hôte passager, mais comme un ami.

Lié avec Peiresc, avec Gassendi, avec cent autres, le vice-sénéchal, était, commecux, un curieux. 11 avait amassé une riche bibliothèque, (iguraient avec honneur quelques joyaux, comme ce Codex arnaldinus, ce manuscrit de Jean

( 715 ) (Je Linicres que l'aslronome belge dut feuilleter tant de fois.

Wendelin ne se borna pas, en ciïel, à faire l'éducalion (les enfiinls d'André d'Arnaud l'un de ceux-ci, d'ail- leurs, Scipion, élail presque de l'âge du précepteur et lui pour lui plutôt un compagnon qu'un élève, renseigne- ment des langues mortes et de l'hisloire n'occupait pas tout son temps. Et, au surplus, ce n'était pas avec un homme de celte trempe que les journées pouvaient limiter le travail : les nuils étaient à lui, les nuits pendant les- quelles, grâce à l'admirable transparence du ciel de la Provence, il pouvait observer quand il le voulait. Puis, nous l'avons vu, au besoin il devançait le jour.

Au reste, tout lui était sujet d'étude : si, pendant une grande partie de l'année, la famille d'Arnaud, retenue par les fonctions de son chef, habitait Forcalquier, quelques mois étaient réservés à un séjour au pied des Alpes, à Chateauneuf-Miravail. Wendelin savait y continuer, y étendre môme ses travaux.

De la terrasse du château, il pouvait se livrer à ses observations aimées; en outre, le pays lui fournissait des sujets bien dignes d'exciter sa curiosité.

A quelque distance du château s'élève la montagne de Lure; Wendelin ne craint pas d'en escalader les deux mille mètres : c'est que du haut de cette pointe isolée des Alpes, il domine la Provence tout entière : au loin, la chaîne du Dauphiné et, entre les deux, la vallée merveil- leuse, Miravail, le domaine de son ami et protecteur.

Souvent les brouillards enveloppent la montagne : Wendelin monte alors jusqu'à la cîme, et son enthousiasme éclate lorsque, dominant la nue, il voit au-dessus de sa tête briller le resplendissant soleil.

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Mais à ses pieds, sur l'aulre versant, s'étend une sorte d'abîme qu'atteint à peine la lumière du jour : dans leur langue imagée, les hommes du midi l'appellent l'Enfer. De cette sombre vallée, parfois s'élève comme la fumée d'une cbaumine. Alors, malheur à celui qui ne fuit pas. Soudain le tonnerre gronde, la foudre éclate, la grêle tombe. Spectacle étrange et grandiose dans son horreur, qui, plus d'une fois, a frappé noire savant lorsque, descendant du sommet de Lure, il était seul en face du ciel azuré, il entend tout à coup à ses pieds le roulement du tonnerre, il aperçoit, dans la triste vallée, la foudre qui brise et qui tue, il voit les ravages produits par le vent qui déracine les arbres et renverse les habitations.

A près d'un demi-siècle de distance, ce souvenir viendra l'assaillir ; il semble encore avoir sous les yeux ce spectacle afTreux de désolation et de mort.

Huit années s'écoulèrent ainsi, partagées entre l'ensei- gnement et l'étude, huit années d'une vie paisible pendant lesquelles Wendelin poursuit, aidé par Scipion d'Arnaud, ses observations célestes, ne manquant pas une occasion d'augmenter son catalogue d'éclipsés.

En passant, il note tous les phénomènes naturels qui le frappent, comme cette pluie rouge des premiers jours de juillet 1608, dont j'ai déjà parlé, et qui éveilla, à un si haut degré, l'attention de Peiresc; comme encore cette invasion de papillons dont les essaims nombreux obscurcissent le soleil en Grèce, en Italie, et qui, traversant les Alpes, envahissent la Provence et vont plus loin encore, jusqu'aux extrêmes frontières de l'Espagne.

Ce furent certes les heures les plus heureuses de sa vie. Comme il s'abreuve, avec délices, à cette « source bonne > que lui offre la bibliothèque de son hôte, comme il jouit des amitiés ûdèles qui l'entourent !

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Le souvenir des heures passées à Forcalquier ne s effacera plus de sa mémoire : a c'est la Provence, dil-il en 1628, dans une lettre à Peiresc, qui lui a donné le premier tcinct des mathématiques, et il espère qu'elle en esclorra les fruicts i>, car il compte toujours revoir celte seconde pairie; il va presque, dans son affection pour elle, jusqu'à médire de la terre natale : « ne voullanl pas croupir dans cet air très sombre il ne peut jamais faire observation qui vaille » ; il n'a pas même oublié les vendanges il écrit au mois <le septembre, et s'il exprime à Peiresc son désir « d'eslancher la soilqui le presse de humer le suc de sa bibliothèque d, il avoue qu'il no. dédaignerait pas de venir a gouster le vin nouveau ». Ce qu'il n'a point oublié sur- tout, ce sont les nonibreux et fidèles amis qu'il a laissés derrière lui et, avant tous, son élève, son compagnon, Scipion d'Arnaud, celui qu'il appelle son Arnaud.

Cependant, il fallut abandonner les vallées ensoleillées de la Provence et les pics escarpées de Lure pour les plaines monotones de la Campine. Les enfants d'André d'Arnaud sont d'âge à se passer d'un précepteur; les parents de Wendelin sont njorts; il a des intérêts à régler dans les Pays-Bas. Une dernière fois il salue la terre pro- vençale et il part, entreprenant à pied la route immense de Forcalquier à Herck.

Peut-être est-ce à ce moment qu'il s'arrêta à Paris et qu'il y conquit le diplôme de docteur en droit. Un instant même, s'il faut en croire des biographes, il songe à s'établir dans la grande ville et à y exercer la profession d'avocat; projet bien vite évanoui : Wendelin s'achemine de nouveau vers nos contrées.

Le 14 mai 1612 il est à Liège et, le jour même il foule le sol natal, il lui est donné de pouvoir observer une éclipse de lune.

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Son retour quelques annérs plus loi eût élé, peul-on croire, ulilcaux progrès de l'aslronomie dans noire pays; le irône épiscopal de Liège élail occupé alors par un prince forl épris de science, qui sut, à l'occasion, proléger Tycho- Bralié el Kepler. Il n'esl pas téméraire de penser qu'Er- nesl de Bavière, qui enlrelenail deux astronomes dans son palais, qui se livrait lui-même à des travaux scientifiques, eût protégé un enfant du pays de Liège, qui revenait pré- cédé de la réputation de savant universel.

Mais Ernest de Bavière élail mort le M lévrier de celte année, et il ne semble pas avoir légué ses goûts à son neveu et successeur, Ferdinand.

L'ardeur de Wendelin pour les lointains voyages semble momentanément calmée; il a trente-deux ans et prend la résolution d'entrer dans les ordres. Pendant plusieurs années, il poursuit ses études ihéologiques et reçoit enfin, à Malines, le 21 décembre 1619, le sous-diaconat. Bientôt il est nommé curé de Beets; c'est que nous le trouvons, observant une éclipse, le 9 décembre 1620.

Nous ne savons an juste combien de temps il dirigea celte paroisse ; il rapporte des observations qu'il y fil jus- qu'en 1651, et, en 1652, le 26 avril, lorsqu'il publie son éloge de la Toison d'or, il est encore pasteur du modeste village.

A celle époque, il est déjà célèbre; Erycius Puteanus proclame qu'il sait tout ce qu'on peut savoir ou que, si pareille science n'esl point permise à l'homme, il ignore le moins possible; le conseil des flnances lui octroie un subside annuel de cent-vingt florins et, pour apprécier la valeur de celle somme, on doit se rappeler que la chaire de mathématiques à Louvain valait deux cents florins à son possesseur; enfin, l'infante Isabelle, qui semble avoir

( 71'-> ) hérilé du goût de son aïeul (Iharles-Qi)int pour rastrono- mie, accorde à Wendelin une prébende de chanoine de Condé.

Ce n'esl pas à Beels senlcrnenl que nous rencontrons noire savant; il est tantôt à Liège, lanlôt à Bruxelles, à Anvers surtout, l'appelle l'impression de son premier ouvrage, de son Loxias, (|ui constitue l'un de ses princi- paux titres scientirKjues.

Bientôt il échange la cure de Beels contre celle de Herck, sa patrie; en 1655, le 3 mars, c'est dans celte ville qu'il observe une éclipse de lune, et pendant quinze ans il y poursuivra ses recherches astronomiques.

C'est dans le cimetière même qui entoure son égli-^e qu'il a établi ce qu'on peut appeler son observatoire; les deux tours du temple lui servent de mires. A ses côtés, il a disposé des sabliers, des cadrans sciatériques pour fixer l'heure des phénomènes; l'ombre de la lune, au besoin une visée, lui permettra de préciser les instants. Puis il s'aide de la sonnerie de l'horloge, non pas comme d'un moyen absolu, mais afin de déterminer les différences de temps. Ensuite il faut voir de quels moyens il fait usage pour mesurer avec exactitude les durées fort petites; il pourrait se servir des pulsations de l'artère, mais ce procédé lui inspire peu de confiance, car il dépend trop de l'état de santé, de la situation d'esprit l'on se trouve; il a mieux que tout cela. Depuis sa jeunesse, il s'est exercé à réciter d'une manière uniforme le poème d'Hésiode : Les œuvres et les jours, trente vers par minute, un hémistiche par seconde. Nos astronomes se contenteraient difficilement de pareils instruments; mais ils n'étaient pas si défec- tueux entre les mains de qui savait en user, puisque, avec de pareils moyens, dès que l'emploi du pendule à secondes

( 720 ) se fut inlroduit,WendeIin, qui fut l'un des premiers à s'en servir, sut découvrir les causes principales d'inégalité des battemenls. Conlrairemenl à l'affirmation de Galilée, il proclame l'induence de l'amplitude, et, qui plus est, un demi-siècle avant Lahire, il voit que les oscillations, en moyenne, sont plus longues en élé qu'en hiver. Sans doute, il n'aperçoit par les causes immédiates du phéno- mène, mais, plus habile que Huygens et que Wallis, aver- tis cependant par lui, il découvre le fait lui-même. Celte observation fait le plus grand honneur à sa sagacité et à son habileté d'observateur. Faut-il ajouter que, pour rendre plus sensibles les inégalités qu'il constate, il se sert d'un pendule de quarante-deux pieds environ? .

Il est curieux de voir combien il a su intéresser ses parents, ses confrères, ses paroissiens riiéme à ses travaux.

Lorsqu'il est appelé à Bruxelles, à Anvers, ses frères le suppléent à Herck dans l'observation des éclipses; lorsqu'il observe lui-même, on voit le pasteur d'un village voisin, le curé de Donck, partager ses labeurs; il s'est créé des aides-astronomes, des jeunes gens intelligents et doués d'une excellente vue, qu'il associe à ses travaux ; bien plus, c'est le secours des habitants qu'il invoque. Ils sont là, à quelque distance de lui-même, le contrôlant, notant le moment précis d'un phénomène.

Si, comme il y a lieu de le croire, il prenait la moyenne des résultats, il devait obtenir des nombres d'une exacti- tude fort grande; c'est, en effet, ce qui semble résulter de la concordance entre les données de ses observations et celles de ses calculs.

Je l'ai dit déjà : parfois il quittait sa paroisse, même au moment il fallait observer une de ces éclipses qu'il aimait tant à noter; c'est qu'ailleurs il trouvait des instal-

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lalions meilIcMiros que los siennes. A Bruxelles, c'est de préférence chez son ami Jcan-Jacqnes Chilïlel qu'il s'arrèle, sans [)Oiir cela dédaigner l'accueil du comte de fiucquoi, du marquis de Torrès, du président Roose, du chancelier Boisschol; à Anvers, c'est le |)ensionnaire Jacques Edel- heer qui le reçoit. Ce jurisconsulte n'est pas tant absorbé par ses charges de judicalure qu'il ne puisse établir dans sa demeure un cercle mural excellent, aux mains habiles de l'élève, on dirait aujourd'hui l'assistant, de Descaries, Gérard van Guischoven.

Le pensionnaire n'est pas seul à se servir de Tinstru- menl; le 27 septembre 1643, par exemple, nous trouvons réunis chez lui, pour observer une éclipse, avec Wendelin et Gutschoven, le secrétaire de la ville, Gaspar Gevaert, un savant et un poète; le trésorier Jean van Eyck et même une dame, Anna Romer, tous entraînés par l'exemple de Wendelin.

L'âge n'a pas, on le voit, refroidi l'ardeur de notre savant; il ne cesse de parcourir les bibliothèques, de pro- fiter de toutes les occasions qui s'offrent à lui d'augmenter ses connaissances, de pénétrer plus profondément dans les secrets de la nature. Il excite ses amis, ses correspondants à lui communiquer leurs découvertes, leurs observations. Sa réputation s'est étendue dans l'Europe entière : Gas- sendi, Naudé, Mersenne, Roulliaud, Petau, Huygens citent à l'envi ses travaux; Descartes, qui place si haut, et avec raison, sa Géométrie, met Wendelin au petit nombre des mathématiciens dignes de l'apprécier et désire vivement connaître le jugement qu'il en porte.

Un phénomène dont j'ai dit un mot déjà vint davan- tage encore appeler l'attention sur notre savant: c'est cette pluie rouge dont il a entendu parler dans son enfance, en

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1590, (Jonl il a élé témoin une première fois, en 1608, à Forcalquicr, cl qui se reproduisit à Bruxelles le 6 octobre 1G46.

Avec son ami Jean-Jacques Cliifllet, Wendelin entre- prend de donner l'explication de la pluie merveilleuse; il goule l'eau recueillie et lui trouve une saveur analogue à celle des eaux de Spa; il rapproche le lait de coloration d'autres phénomènes naturels et attribue la couleur rosée de la pluie au mélange, à la vapeur d'eau, de vapeurs bitu- mineuses et sulfureuses.

Le petit livret Wendelin rapporte cette explication fut bientôt entre toutes les mains. En peu de temps il fut imprimé deux fois à Bruxelles, la seconde édition avec des additions. La même année (1647) il fut réimprimé à Paris; en 1655, il trouva un nouvel éditeur à Londres. Jean- Jacques Chilïlet , Gassendi, Plempius, Gaspar Gevaert, René iMoreau, Robert Fervacque écrivirent de nombreuses lettres sur ce sujet; un professeur de Prague, Jean-Marc Marci, trop peu apprécié jusqu'ici, publia en 1647 un opuscule sous le même litre que celui du savant belge.

Le travail de Wendelin n'appelait pas seulement l'at- tention sur un 'phénomène météorologique qui se repro- duisit en 1571, en 1590, en 1608, en 1638, en 1645, en 1646; il contenait une foule d'idées ingénieuses sur la constitution de la terre, sur l'existence d'un noyau liquide en ignition, sur l'attraction naturelle de la terre et de la lune, cause des marées, sur le mouvement elliptique des planètes.

La modeste cure de Herck, même un canonicat de Condé, ce pouvait sembler peu de chose pour un savant dont notre pays avait le droit d'être fier. Cependant, heu- reux au milieu de ses livres et de ses instruments, par-

( 723 ) toul accueilli comme il le mc'rilail, VVendelin n'aurait pruhabltmi'iil pas songé à se plaindre de voir les hon- neurs loin de lui. Mais les honneurs vinrent le chercher dans sa solitude de Herck : l'évèque de Tournai le nomma chanoine de sa cathédrale et même lui confia les fonc- tions d'olTicial (1649).

Wendelin, revenu aux lieux s'étaient écoulées quelques années de sa jeunesse, s'acquitta avec zèle de sa charge, mais n'en continua pas moins à observer les astres, car il ne faut pas croire la méchante remarque de van Langren dans une lettre à Bouillaud, que « le hon Vendelin ne faicl plus rien, il se contente de sa bonne chanoinie à Tournay (7 sept. 1632). » La publication du Teralologia comelica vint donner un éclatant démenti à cette accusation de paresse.

Faut-il croire que le poids de l'âge commençait à se faire sentir, sept ans plus tard, lorsque notre astronome commit celte grosse erreur de calcul que lui reproche Iluygens, au sujet de l'éclipsé du 14 novembre 16o9? « L'erreur du bonhomme Wendelinus, dit-il dans une lettre à Bouillaud du il décembre de cette année, a esté [)laisante en cette même éclipse, car il l'attendoit un jour auparavant qu'elle ne devoit arriver, et cela avec toute la préparation nécessaire et en compagnie de plusieurs qu'il avoit conviez. »

L'erreur était fort excusable, et Wendelin était encore robuste et plein de projets : il le montra bien lorsqu'il voulut, au commencement de l'année 1660, revoir sa chère Campine. Dans ce voyage il s'arrêta à Hasselt, fit cadeau de .ses œuvres à son ami l'historien Mantelius et lui indiqua les nombreux travaux qu'il comptait publier encore.

( 724 )

Cependant, s'il faut en croire la plupart des historiens, sa vie ne se serait guère prolongée au delà de celte époque : il serait mort à Renaix, en 1660, après avoir renoncé à son canonical de Tournai. Néanmoins on peut observer que dans son histoire de Hasselt, publiée en 1665, Mantelins ne parle pas de la mort de son ami, et que, d'après un portrait qui figure dans un ouvrage du savant Ghesquière, Wendelin n'aurait cessé de vivre qu'en 1667.

Il ne nous reste maintenant qu'à jeter un coup d'œil rapide sur l'œuvre de notre savant astronome, sur le travail accumulé pendant celte longue et laborieuse exis- tence.

Dès sa jeunesse, comme nous l'avons dit, il détermina la latitude de Marseille : c'était le premier effort qu'il fil pour élucider une question née de l'examen d'une obser- vation de l'ombre du gnomon, due à Pythéas.

La valeur de l'obliquité de l'écliplique, déduite de cette antique détermination, ne concordait poinl avec celle que divers astronomes avaient calculée.

Wendelin se refusait à croire à une variation brusque de cette obliquité; avec son esprit investigateur, il pré- voyait l'existence d'une loi qu'il fallait découvrir, vérifier ensuite. Alors que Tycho-Brahé avait cru devoir conclure à un accroissement momentané et singulier de l'obliquité, le jeune astronome ne pouvait admettre une modifica- tion inexpliquée d'une loi naturelle.

Tout d'abord, il dén)èle, avec une grande sagacité, les causes d'erreur qui peuvent influer sur la grandeur de la constante à calculer.

Il faut déterminer avec le plus grand soin la latitude des lieux oîi l'on observe, tenir compte des réfractions et enfin de la parallaxe solaire.

( TiS )

Avec une persévérance remarquable, Wendelin [)Our- suivra, duranl une longue série d'années, le cours de ses observations; pendant un quart de siècle, il accumule les résultats avant de publier son Loxias, et, plus tard, après l'apparition de son livre, il réunira tous les éléments nécessaires pour perfectionner son œuvre.

En premier lieu, il constate que les anciennes observa- tions des latitudes, obtenues à l'aide du gnomon, doivent être corrigées du derai-diamèlre apparent du soleil.

C'est ainsi qu'il est amené à poursuivre pendant plusieurs années, de IGOo à lG12,à Forcalquier, des rechercbcs sur le diamètre apparent du soleil, en recevant sur un écran l'image de cet astre, par une ouverture étroite exactement mesurée.

Cette correction lui donne pour la latitude d'Alexan- drie, élément essentiel de la question qu'il étudie, 31° 13'; d'un autre côté, la même latitude, déterminée par Éra- toslhènes à l'aide d'une observation d'étoile, est de 31° 9'; des considérations géodésiques enfin conduisent à admettre un nombre un peu différent : 31° 8' 35". Wendelin prend la moyenne approchée de ces trois résultats et fixe la latitude à 31° 10'.

De même, il reprend, avec le plus grand soin, le calcul de la distance du soleil ou, ce qui revient au môme, de la parallaxe solaire. Il applique la méthode des dichoto- mies d'Arislarque de Samos et fait usage du télescope dès que la connaissance de cet instrument s'est généralisée.

Il fixa ainsi à une minute la parallaxe solaire. C'était déjà une valeur bien plus approchée que celle dont ses contemporains faisaient usage.

Armé de la sorte, il reprend la détermination de l'obli- quité de l'écliptique et en constate la diminution continue depuis l'époque l'Ératosthènes.

( 7-26 )

Il va plus loin, car il exprime la loi du phénomène et en assigne même la période.

D'une façon absolue, celle loi n'est pas exacte; elle diffère de celle de Laplace, elle détermine la période d'un phénomène dont la périodicité n'est pas reconnue, même de nos jours. Mais, d'un autre côlé, pour une durée relati- vement longue, la formule qui traduit sa loi représente assez bien la variation de l'obliquité de l'écliptique.

Wendelin ne s'en tint pas à ce premier essai; pendant vingt ans, il reprit différentes fois la question. C'est ainsi qu'il pria son ami Gassendi de refaire les observations du gnomon à Marseille, pour discuter à nouveau les résul- tats dus à Pythéas.

Appuyé sur de nouvelles observations de dichotomies et sur des vues théoriques ingénieuses, bien que parfois contestables, il évalue à 14" au plus la parallaxe solaire, résultat le plus précis qu'on eût eu jusqu'alors.

Je ne rappellerai pas ses nombreuses observations d'éclipsés dont il publia le tableau, et qui devaient lui servir à édifier ou plutôt à contrôler une nouvelle théorie de la lune.

Ajouterai-je qu'il s'est empressé d'admettre les théories coperniciennes, mieux encore les lois de Kepler.

11 n'hésita pas à faire connaître ses opinions dans

son traité De la pluie rouge et dans son Teralologia

Comelica.

Il ne prend qu'une minime précaution, bien mince en

réalité. Le corps qui se meut dans son orbite elliptique, en trois cent soixante-cinq jours environ, s'appellera le Teriium corpus. Mais nul ne s'y trompe. Liberl de Froid- mont, l'ardent défenseur des décisions contraires à Galilée, appelle Wendelin le Keplé-copernicien, mais il ne reste pas moins son admirateur et son ami.

( 727 )

Bien plus, Wendelin apporta aux idées de Kepler une éclalanle conûrmalion: il découvrit que, pour les satel- lites de Jupiter, la seconde loi du mouvement elliptique se vérifie; les carrés des temps de leurs révolutions autour (le la planète sont entre eux comme les cubes de leurs distances à l'astre.

Il faut bien avouer cependant que notre astronome ne fui pas sa!is commettre quelques erreurs ; c'est ainsi qu'il s'obstinait à vouloir établir l'égalité des jours solaires; c'est ainsi encore qu'il voulait faire parcourir à la lune une courbe ovoïde.

Le temps a passé sur les travaux de Wendelin; ses découvertes se sont effacées devant celles du grand Newton et de ses disciples; mais il ne serait pas juste d'oublier celui qui, le premier, a su démêler les variations dans la durée des oscillations du pendule, qui a constaté et établi la diminution continue de l'obliquité de l'écliptique, qui a calculé, avec une exactitude inconnue jusqu'à lui, la parallaxe solaire, qui enfin a contribué à établir d'une manière ferme le système de Kepler.

De nombreux chercheurs, surtout en Provence, et à leur tète un descendant d'André d'Arnaud, M. de Berlue Perussis, puis le savant éditeur des lettres de Peiresc, M. Tamizey de Larroque, M. Tardieu de Sisleron, M. l'abbé Pierrisnard s'occupent à rappeler la gloire de l'astronome flamand. Bientôt, sur le sommet de Lure, dominant sa Provence aimée, un monument durable s'élèvera en souvenir du Belge qui, devançant de plus de. deux siècles les observateurs du Ventoux, a commencé dans ces contrées les premières recherches météoro- logiques.

( 728 )

M. le secrétaire perpétuel proclame, de la manière suivante, le résultai des concours et des élections.

CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE POUR 1890.

Six questions composaient le programme de concours de la Classe pour l'année 1890; le délai pour l'envoi des manuscrits expirait le 1" août dernier. Trois questions avaient pour objets des sujets se rapportant aux sciences mathématiques et physiques; les trois autres concernaient les sciences naturelles.

La Classe a constaté avec regret qu'aucun mémoire ne lui a été présenté en réponse à ces questions.

ELECTIONS.

La Classe a eu le regret de perdre, cette année, un de ses membres titulaires : Charles Montigny; un de ses correspondants : Charles Fiévez ; et deux de ses associés : Gustave-Adolphe Hirn et Christophe Blys-Ballot.

Ont été élus :

Membre titulaire, sauf approbation royale : M. Constan- tin Le Paige, professeur à l'Université de Liège;

Correspondant : M. Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège;

Associés : MM. Arthur Cayley, professeur à l'Université de Cambridge; Louis Fizeau, membre de l'Académie des sciences de Paris; et Adolphe von Baeyer, membre de l'Académie des sciences de Munich.

( 729 )

OUVRAGES PRESENTES.

Barlez {C. de). San-Li-T'ii, tableau des irois rituels. Traits de mœurs chinoises avant 1 erc chrétienne. Paris, 1890; extr. in-8» (48 p., pi.).

Giron (A.). Manuel de droit électoral, Bruxelles, 1890; vol. in-8'.

Vanlair (C). La naupathie. Bruxelles, 1890; extr. in-S" (51 p.).

Pasquier {Ernest). Sur l'unilication de l'heure. 1890; extr. in-8° (3 p.).

Catalan [Eug). Sur un théorème de M. Mannheim. Rome, 1 890 ; extr. gr. in-8° (1 5 p.).

Roersch (Z.). Discours inaugural et rapport à Touver- ture solennelle des cours de l'Université de Liège, le 21 octo- bre 1890. Liège, 1890; in-8".

Génurd (P.). Antwcrpsch archievcnblad, decl XVII, S*** en ¥" aflevcring ; decl XVIII, I''' aflevering. In-8°.

Delroz. Des clôtures et des plantations, discours. Liège, 1890; in-8'' (57 p.).

Toussaint {l'abbé). Études sur Wibald, abbé de Stavelot, du Mont-Cassin et de la Nouvellc-Corbie. Namur, 1890; vol. in-8».

De Ceuleneer {A.). De afschaffing der normaalscholen voor het middelbaar liooger ondcrwijs. Gand, 1890; in-8° (25 p.).

Vf sel {le comte Hippolyte d'). L'œuvre du Roi au Congo; son passé, son présent, son avenir. Bruxelles, 1890; extr. in-8» (24 p.).

( 750)

Deruyls {Fr.). Sur une propriété des dclcrrainanls symétriques gauches. Bruxelles, 1890; extr. in-8''(4 p.).

Sur la corrélation polaire involutive dans un espace linéaire quelconque. Bruxelles, 1890; extr. in (16 p.)-

Foulon (Franz). Poèmes flamands et poésies diverses. Gand, 1890; in-8".

Wauwermans (te général). Henri le Navigateur et l'Aca- démie portugaise de Sagrès. Introduction à l'étude de l'école anversoise de géographie du XVI* siècle. Anvers, 1890; vol. in -8".

De Boeck (J.) vX Verhoogen (J). Contribution à l'élude de la circulation cérébrale. Bruxelles, 1890; in-8''.

Ministère de V Intérieur. Application de la loi de 1890 sur la collation des grades académiques et le programme des examens universitaires. Bruxelles, 1890; extr. in-8°(55 p.).

Conservatoire royal de musique de Bruxelles. Annuaire, 14"* année, 1890. In-S".

Allemagne et Adtriche-Hongiue.

Korosi ( Joseph ). Bulletin annuel des finances des grandes villes, 10"" année, 188G. Budapest, 1890; gr. in-8'.

Gad (J.) und Heymans (J.-F.). Ueber den Einfluss der Temperalur auf die Leistuiigsfahigkeit der Muskelsubstanz. Leipzig, 1890; extr. in-8° (115 p., 1 pi).

Dotitrepont (Aug.). La clef d'amors, texte critique avec introduction, appendice et glossaire. Halle, 1890; in-8°.

Benko (Jerolim Freihern von). Das Datum auf den Phi- lippinen. Vienne, 1890; in-8'' (14 p.).

Verein fur Gescliiclite der Mark Brandenburg, Berlin. Forscbungen, 3 Ed., i> Hâifte. ln-8''.

Nalurforschende Gesellschaft. Schriflen, neue Folge, Band VII, 5. Dantzig, 1890; in-8°.

(731 )

Statistisclies Landcsamt. Wùrlicmbcrj^ischc Vicrlcl- jalirshcfic fur Landesi;;cschichle, 181)0. 1 uiul II. Sliillgart; in-8'.

Naturforschende Gesetlschaft. XV. Bciiclu. Banibcrg, 1890; in- S».

Arclutcologischc Gcsellsrliu/t zii Berlin. 50. Programm zura Winckelmaiinsfeste. 1890; in-4'.

Académie de Metz. Mémoires, 1886-87. In-S".

France.

Vaillant {Léon). Histoire naturelle des annelés marins el d'eau douce: Lombricinicns, liirndiniens, bdcllomorphes, etc., t. III, 2°" partie. Paris, 181)0; vol. in-S".

Curavev-Cachin (Alfred). Le Poudingue de Palasson sur le versant sud-ouest du plateau central. Paris, 1889; extr. in-8''(11 p. et! pi.).

La grotte de Roset, près Puicelcy. Paris, 1889; extr. in-8» (10 p).

Le cimetière mérovingien du Gravas. Gaillac, 1891; in-8° (52 p. et une photographie).

lioulliel [Anlony). Législation internationale des incen- dies. Paris, 1890; in-8" (o6 p ).

Concours international de chronométrie : comptes rendus des travaux (E. Caspari). Paris, 1890; vol. in-4°.

École supérieure de pharmacie de Montpellier. Thèses diverses. Montpellier, 1890; 2ri extr. in-4°.

Société des Antiquaires de France. Bulletin, 1888. Paris; vol. in-8».

Société linnéenne du Nord de la France. Bulletin, 1 889. In-8«.

Académie des sciences et belles-lettres d* Angers. Séance

( 732 )

solennelle de rentrée du 22 novembre 1888 : Discours par Forquel de Dorne. Angers; in-S".

Séance du 18 décembre 1889 : La France préhistorique par Carlailhac, analyse par Ed. Piettc. Angers, 1890; in-S".

Société (les antiquaires de Picardie. Bulletin, 1890, avril-juin. Amiens, 1890; in-8", Mémoires, tome XII.

Académie d'Hippone. Comptes rendus des réunions du 5 mars et du 12 mai 1890 Bône; in-8°.

Académie de Besançon. Travaux de 1889. ln-8°.

Société linnéenne de Normandie, Caen. Bulletin, 4' série, vol. III, 1888-89. ^1-8»

Société des sciences naturelles et mathématiques de Cher- bourg. — Mémoires, l. XXVI. Paris, 1889; vol. in-8».

Archives de la Cùte-d'Or. Inventaire rsommaire des archives départementales antérieures à 1790 (J. Garnier), série C, tome IV, Dijon, 1890; in-4°.

Société industrielle et agricole d'Angers. Bulletin; 1889, 1" et 2' semestres; iii-S".

Société savoisienne d'histoire. Mémoires, t. XXV. Cham- béry, 1890; in-8°.

Société d'émulation de Cambrai. Mémoires, t. XLIV,

1889. In-8°.

Société de Borda, Dax. Bulletin, avril à septembre de

1890. In-8''.

Société havraise d'études diverses. Recueil 1889. Le Havre; in-8''

Muséum d'histoire naturelle. Nouvelles archives o* série, tome II, 1" fascicule. Paris; in-4°.

Société archéologique et historique du Limousin. Bulle- tin, t. XXXVII. Limoges, 1890; vol. in-8°.

Académie de Stanislas, Nancy. Mémoires, 1889; vol. iQ-8».

Société des sciences de Nancy. Bulletin, 1889, fasc. 25. In-8«.

l 7.35 )

Journal des savants, 1890, avril-aoùl. Pnris; iii-4°.

Ministère, de l'Instruction jnthlique d Paris. llullclin (lu comilô (les travaux liislori(jtics et sciciililiqucs ; («) seclidii (I hisloircctdc philologie, I8«'J, 5 cl 4; I8î)0, 1-2; (6) arclu'o- lojîic, 1889, 5; 1890, I cl 2; (c) gcof^rapliic historique cl descriptive, 188!), 3-<i; !8î)(), I cl 2; {(/) sciences cconomicpics cl sociales, 1881), 1 et 2. Revue des travaux scicntifi(jii(N. t. IX, 8-12; X, 1 cl 2.

Bibliographie des travaux historiques et archéologiques publics par les Sociétés savantes (le la France, t. M, I" livr. Paris, 1890; 111-4°.

Musée (iiiimrt. Revue de l'histoire des religions, l. XXI. 2 cl 5; XXII, 1. Annales, t. XV-XVII.

Société de l'histoire de France. Annuaire et Bulletin, 1889. Paris; in-8".

Société des études historiques, Paris. Revue, 1889. In-8°.

Académie de Reims. Travaux, volumes 82 cl 84. Reims, 1889-90; 2 vol in-8'.

Société libre d'émulation de Rouen. Bulletin, 1889-90, 1" partie. In-8°.

Académie de législation de Toulouse. -*- Recueil, t. XXXVII. In-S".

Société archéologique de Soissons. Bulletin, t. X\ III, 1887; in 8».

Société d'agriculture, sciences et arts du département de la Haute-Saône. Bulletin, 5" série, n" 19. Vesoul, 1888; \oi. iii-8°.

Bureau international des poids et inesvres. Travaux ( l mémoires, tome VII, Paris, 1890; vol. in-4". Comptes rendus des séances de la prcniièrc conférence générale des poids cl mesures, en 1889. Paris, 1890; in-S". Proc("'s- vcrhaux, 1889. In-8".

SÉRIE, TO.ME XX. 48

(754)

Gkande-Bretacne, Irlande et Colonies buitanmques.

Mue Coy (Fred). Prodromus of tlic zoology of Victoria, décade XX. Melbourne, 1890; in-8».

Philosopltical Society of Glasgow. Procecdings, vol. XXI, 1889-90. In-8°.

Royal Society of Edinburgh. Procecdings, vol. XVII. In-8».

The naiitical Almanac for 1894. Londres, 1890; vol. in-8°.

Government statislician's Office. The wealth and pro- grcss of New South Walcs, 1880-90, V»- issue. Statistical rcgisler for 1889. Sydney; 2 vol. in-8».

Italie.

Scarilovclli {Giovanni}. Pénombre mcdievoli. Hologne. 1890; in-8''(26 p.).

Lucrezia Beniamini. Bologne, 1890; in-8'' (;2l p.).

Luigi, Alfonso et Rodolfo Gonzaga, marchesi di Castel- goffredo. Bologne, 1 890 ; in -8» (45 p.).

Omboni {Giov.). Il coccodrillo fossile di Tresché, nei selle lomuni. Venise, 1890; exlr. in-8°(20 p., 2 pi.).

Capellini {Giov.). Sul cocodrilliano Garialoïdc, scoperlo iiolla collina di cagliari ncl 18G8. Rome, 1890; in-4'', exlr. in-4'' (29 p., pi.).

Bertolini {Darid). I numbri. Venise, 1890; extr. in-8'' (40 p.).

Puglisi Pico. Consigli ai catlivi pocli. Poema indostanico. Pdlcrme, 1891; in-S" (1G p.).

( 73S )

Soctelà italianà délie scienze, Napoli. Memoric di malc- matica et di fisica, série icrza, tomo VU.

Osservalorio di Dnra in Milano. Pubhlicazioni, 57 : andaïuonlo aniiuîile e diurno dolla i)ioi;gia nel clinia di Milano; per E. Fini. Milan, 1891 ; in-4°.

Pays-Bas et I>des NiÎEnLANDAiSES.

Grcshoff. Onderzoek naar de planlensloffen van Ncder- landsch-Indië. Batavia, 1890; in-8° (127 p.).

Slerrenivaclit le Leideii. Verslagcn 1872-1889. Annalcn, Band V und VI.

Zeeuwsch genonlschup, Middvlbur(j. Ilel aandeel van Zacliarias Janse in de uilvinding der verrekijkers. 1890; br. in-8°.

Pays divers.

Colnel-d'Huarl {de). Essai d'une théorie mathématique de la lumière, de la chaleur, etc. Luxembourg, 1890; extr. iii-S" (106 p.,fig.).

Kammernumii (A.). Résumé météorologique de l'année 1889, pour Genève et le Grand Saint-Bernard. Genève, 1890; in-8«.

iHanlamour {Pli.). Des mouvements périodiques du sol, 12' année. Genève, 1890: extr. in-8'' (G p.).

Schiveizericlie geodâtische Commission. Das Dreiccknetz, Band V.Zurich, 1890;in-4».

Instilulo y Observalorio de Marina de San- Fernando. Almanaque nautico, 1892. Catalogo de la Biblioleca. Madrid, 1890; 2 vol. in-8»

( 750 )

Physikalisches-Central-Observatoriiim. Annalcn, I88î>, 1. Saint-Pélcrsboiirg, 1890; vol. iii-8".

Dergens Muscum. Aarsbcrclnung for 1889. Bergen, 1890; vol. in-8''.

Coellio (Joseph- lîamos). Ilisloria do infnnlc I). Dnarle, Ii-mao de El-Rfy D. Joào IV, lomo 11. Lisbonne, 1890; vol. iii-8".

Se.hkahet for Udgivelse af Kilder lit dnnsk Historù;. Aktstykker, Bind I-llI. Copenhague, 1885-90; 5 vol. in-8».

En outre, duranl Tannée 1890, IWcaddmiea reçu les Rceucils, ainsi que les publications «les So('iétés savantes dont les noms suivent :

Anvers. Académie d'archéologie. Sociélé de géographie. Société de méilecine. Sociélé de phaniiacie.

Bruxelles. L'Abeille, revue pédagogique. Analecla Bol- landiana. Annales de médecine vétérinaire. Annales des travaux publics. Annules d'oculistique. Association belge de photographie. Bibliographie de la Belgique. Ciel el terre. Commission royale d'histoire. Commis- sions royales d'art et d'archéologie L'Ecole, revue péda- gogique. — institut de droit international et de législation comparée. Moniteur industriel belge. Presse médicale belge. Revue de Belgique. Sociétés d'Anthropologie, centrale d'Architecture, de Botanique, d'Électriciens, Enlomo- logique, de Géologie, Paléontologie el Hydrologie, de Géogra- phie, Malacologique, de Microscopie, de Médecine publique, de Numismatique, de Pharmacie, des Sciences médicales et naturelles. Sociélé scientifique.

Cliarleroi. Société paléontologique et archéologique. Enghien. Cercle archéologique.

Gand. Messager des sciences historiques. Revue de Cin- slruction publique. Société de médecine.

Liège. L'Écho vétérinaire. Le Scalpel. Sociélé des Bibliophiles liégeois. Sociélé médico-chirurgicale.

( 757 )

Nil mur. Sociélc archvologique. Nivelles. Sucicié archéoloyicjiie. Siiiiil-Nicolas. Cercle arcliculo'jiijuc. Tournai. Sociclc liistuii(iue cl liltéraire.

Berlin. Archiv der MulhemaliU nud PInjsik. Detilschc chcniische Gcsellsclhift. Gcoloyische Gesellscha/Ï. Gesell- scltafl fur Erdhuiih'. Gesdlsvhafl fur Anthropologie, Klhnologie und Urgescliichle. Gcsellschafl valurforschender Frcunde. Pliysikulinctie Gesellschafl. Pliijsiologisclie Geseltschufl.

Bonn. Ndlurfiistorischer Vcrein der prcussischen Rhcinlande vnd Wcslphulens.

Giosscn. Gesselschaff fiir yalur- und Heilkunde.

Halle. NuluruHss. Verein fur Sacitsen und Thûringen.

léna. Médic.-nutuncissenscliaflliche Gesellscltaft.

Leipzig. Astronomisclie Genellschuft. Beibldlter zu den Anyiulen der Physik und Chenue. Repertorium der Physih. Zoologischer Anzeiger.

Marijourg. Juliresbtrichl iiher die ForlsdiriUe der Cheniie.

Slrasltourg. Société des sciences, agriculture et arts de la liasse- Alsace.

Vienne. Anthropologische Gesellschafl.

Wurzbou rg. Phijsikal.-mcdizinische Gesellschafl.

Boston. Academy of arts and science. Society of natural history.

Cordova. Acadeniia nacional de ciencias eraclas.

Bucnos-Ayres. Sociedad cienlifica Argentina.

New-Haven, Journal of sciences and arts.

New-York. Anierican geogrufihical Society. Academy of sciences.

Pljila(lei|iliie. Franklin Jnstitute. Hislorical Society. Academy of natural sciences. The amcrican naturalist.

( "58 )

Rio de Janeiro Club de Engenharia liislituto historico e geographico. Observatorio. Sociedade de geographia.

Madrid. Sociedad geografîca. Àcademia de la hisloria.

Amiens. Société induslrielle. Société des antiquaires. Société linnéenne du Nord de la France.

Caen. Société des beaux-arts.

Lille. Société géologique du Nord.

Marseille. Société scientifique induslrielle.

Paris. L'Astronomie [Flammarion). Bulletin scientifique de la France et de la Belgique [Gia7'd). Ecole normale supé- rieure. — Journal de ^agriculture. Le Cosmos. La Nature. Le Progrès médical. Les Mondes. Le Polij- biblion. Moniteur scientifique. Revue britannique. Bévue des questions historiques. Revue politique et litté- raire. — Revue scientifique. Revue numismatique. Revue internationale de l'électricité. Semaine des constructeurs. Société nationale d'agriculture. Société des antiquaires. Société de biologie. Société des études liisloriques. Société géologique. Société zoologique. Société de géographie. Société mathématique. Société philomatique . Société d'an- thropologie. — Société météorologique.

Sainl-Cmer. Société des antiquaires de la Morinie.

Toulouse. Société franco -hispano -portugaise. Société d'histoire naturelle.

Valenciennes. Société d'agriculture, sciences et arts.

Edimbourg. Royal physical Society.

Londres. Anlhropohgical Institule. Aslronom'ical Society.

Asiatic Society. Chemical Society. Entomological Society. Geographical Society. Geological Society. Historical Society. Institution of mechanical engineers. Institution of civil engineers. Institution of Great Britaiii.

Iroi\. Mathematical Society. Meteorological Society.

( 75î) )

Microscopical Society. Xalnre. Ntimismatic Society. Royal Society. Statistical. Societij.

Ncwcasllc-upon-Tvnc. Itislilute of mining and mecliauical engineers.

Bresciîi. Ateneo

Florence. Socielà entoinologica italiuna. Rivista scien- tiflco-induslriaie. Dibliuleca nazionale centrale.

Modène. Società dei naturalisli.

Naples. Zoologische Station.

Palerme. Circolo matematico.

Pise. Società loscana di acienze naturali.

Rome. Academia dei Lincei. Academia pontificia de )iuovi Lincei. Bulletin dei vulcanismo italiano. Comitalo di artigliera e genio. Minislerio dei lavori publici. Biblioteca nazionale centrale Vittorio Emanuele. Stazioni agrarie.

Turin, Academia délie scienze.

Delft. Ecole polytechnique.

Harlem. Société hollandaise des sciences.

Saint-Pétersbourg. Société de géographie. Société de chimie.

Stockholm. Entomologisk Tidskrift. Nordiskt medicinsk Arkiv.

Berne. Le droit d'auteur.

Genève. Archives des sciences physiques et naturelles. Société de géographie.

Zurich. Nalurforschende Gesellschaft.

BDLLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

TABLES ALPHABÉTIQUES

DU TOME VINGTIÈiME DE LA TROISIÈME SÉRIE.

1890.

TABLE DES AUTEURS.

Académie des sciences de Bologne. Envoi à l'examen fen ce (|ui concerne la Belgique) de ses propositions pour l'introduction d'un méridien initial unique et d'une heure universelle, 430; communica- lion au Ministre des rapports faits sur ces questions par M3I. Liaj^îrc, Folie et De Tilly, 528.

Albert de Monaco {Le prince). Hommage d'ouvrages, 3.

Alvin (Feu Louis). Exécution de son buste |)ar M. Vinçotte, 694.

Anonymes. Hommage d'ouvrage, 3oo; mention honorable accordée à un projet de diplôme, 409, 418.

Ansiaux (G.). Influence de la température extérieure sur la pro- duction de la chaleur chez les animaux à sang chaud, 594; rapport sur ce travail par MM. Fredericq et 3Iasius, o31, 533.

Ansiaux (G.) et Cor in iJ.-H.). Soumettent leurs recherches sur la précipitation fractionnée des substances albuminoïdes du sérum sanguin du bœuf, r)"27.

Balat (Alph.). Rapport ; \on- De Wulf.

linmheke (Charles Van). - Hommage d'ouvrage, 346. Rapport : voir

Leclercq (Emma). BanningiÉ.). La Conférence de Bruxelles, son origine et ses actes,

375.

TAItl.K I)i:s AUTEUKS. 74 1

liaumgarten {Hennann). Remercie pour son diplôme, 160.

Baye (J. de). Hommage d'ouvrage, 338.

Duijer {Adolphe von). Élu associé, 7!28.

Heaupain (/.). Lecture des rapports de MM. Mansion, Catalan et De Tilly sur son travail concernant quc'lt{ues intégrales définies, 228.

Beltjens (Gustave). Hommage d'ouvrage, 487.

Benedcn [Edouard Van). Les antliozoaii'os pélagiques recueillis par le professeur Hensen dans son expédition du Plankton. Com- munication préliminaire : L Une larve voisine de la larve de Semper, 55. Ra[)port : voir Leclercq (Emma).

Beiu'den (P.J. \an). Inc coronule de la baie de Saint-Laurent, 49; réélu membre de la Commission spéciah! des finances, 534.

Bériot (Feu Cit. de). Son buste sera exécuté par M. Pickerv (filsi, 408.

Beyaerl (H.). Rapport : voir De Wulf.

Braemt (Feu /.). Son buste sera exécuté par M. .\amur, i08, oO'.K

Brialmonl (Alexis). Élu membre de la Commission spéciale dos finances, 534.

Brian (Alphonse). Hommage d'ouvrage, 223. Rapport : \oir Delaurier.

Bureau hydrographique des Étals-Unis à Washington. Communi- cation au Ministre des rapports de MM. Wauters et Henrard sur la circulaire du Bureau relative à un projet de système uniforme de dénominations géographiques, 164.

Buriin {Le chev. X. de). Son buste sera exécuté par M. De Tombav, 400, 430.

Caligny (Le maj-quis de). Cinquième lettre sur ses appareils d'hy- draulique, 6.

Capellini (Giovanni). Hommage d'ouvrage, 696.

Caruel [Théodore). - Hommage d'ouvrage, 2. Voir Parlatore.

Catalan (Eugène). - Soumet un travail intitulé : Sur l'ellipse de Brocard, 347; lecture du rapport de M. Mansion sur ce mémoire, qui figurera dans le Becueil in-i», t. XLIX, 431; lionniiage d'ouvrage, 526. - Rapi)orls : voir Beaupain, Césùro (Érn.), Demoulin.

7 m TABLE OES AIIKIKS.

Cauchie (.4//.). Hommage d'ouvrage (La querelle des investitures

dans les diocèses de Liège et de Cambrai, lf<^ partie), 3-20; note sur

ce volume par T.-J. Lamy, 3"26. C.ayley {Arthur). Élu associé, 728.

Cerfontaine {Paul)- Soumet des notes préliminaires sur l'organi- sation et le développement des différentes formes d'anthozoaires.

096. Cesàro (Ernest). Sur les démonstrations du théorème de Standt et

Clausen, 280; rapport sur ce travail par MM. Mansion et Catalan,

233, 230. Oiestret de llaih'lfc {Le baron J. de\ Les métiers de la ville de Huy,

à propos d'un insigne de la corporation des merciers, 488. « Ciel et terre » {Rédaction de la Revue). Hommage d'ouvrage, 222. Cogniaux {Alfred). Le nouveau genre Posadea de la famille des

Cucurbitacées, 473; rapport sur ce travail par MM. Crépin et Gil-

kinet, 43o. Colnet d'Huart {.\le.r.]. Hommage d'ouvrage, 526. Colson. Soumet un travail intitulé : Recherches pliysiologiquos

sur l'occlusion de l'aorte thoracique, 4; rapports sur ce travail

(imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-S») par M5L Fredericq

et Gluge, 247, 249. Corin (J.-H.) et Ansiaiix (C». Soumettent leurs recherches sur la

précipitation fractionnée des substances alhuminoïdes du sérum

sanguin du bœuf, 527. Cornet (/.). - Dépose un billet cacheté, 430. Crépin (Fr.). Rapport : voir Cogniaux.

Dautzenberg{Ph.). Mollusques recueillis au Congo par M. Éd. Du- pont entre l'embouchure du fleuve et le confluent du kassaï, 5(.)(î.

De Boeck (/.). Hommage d'ouvrage, 520.

De Bail [L.)— Son catalogue de 382 étoiles faibles de la zone DM ■+■ 'i'> sera publié dans les Annales astronomiques de l'Observatoire de Bruxelles, 2; soumet une note relative au problème de chercher une fonction W, satisfaisant aux conditions, etc., 527; remis en possession de son manuscrit, 090.

De Braey {Mich.). Envoi à l'examen de son troisième rapport, 399.

TAfll.K liKS AL TKUHS. 745

De DussrhcreiLouLsK Hommaj^f; d'ouvrage, -iSl.

de Cascmbroot. Adjoint à la Commission phargéc de la publication des œuvres des anciens musiciens heli^'es, 338.

De Ceulencer (Adolf). Rapport de MM. Wat^ener, Vanderkindere ft Willems sur son travail inlitiilc : Type d'Indien du nouveau mond<' représenté sur un bronze antique du Louvre. Contribution à l'in- terprétation d'un fragment de Cornélius Népo.s, 164, 171; hommage d'ouvrat^e, &2():

De Decker (P.). fiét-lu mcinbre de la Commission spéciale des finances, 021.

Defacqz (Feu Eu(j.). M. van den Kerkhove-Saibas est cliargi- de l'exécution de son buste, 487, 401).

De Groot {Guillaume). Rapport : voir Lagae.

DelabordelLe vicomte Henri). - Hommage d'ouvrage, 507.

Delacre [Maurice). Sur la constitution de la benzopinacoline i, '.)'.!; faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde, 28'J; sur la dypnonc

CH' ^C = CII.C().C'H"',463; rapports sur ces travaux par MM. Henry

et Spring, 17, 19, 2.-]l, 433, 43o; sur les acétals mixtes, 608; rapport sur cette note par M. Henry, 696.

Delaey (C.-II.]. .\dresse une suite à ses communications manu- scrites, 222.

Delaurier (Emile). Ordre du jour sur son travail concernant les abordages des navires en mer, 4; rapi)0rt de MM. Stas et Spring sur ses notes (déposées aux archives) concernant l'extraction des métaux, 27, 28; adresse quatre lettres (déposées aux archives; rela- tives au grisou, 348; rapport de M. Briartsur ses notes, o34.

de la Vallée Poussin (Lovis). Soumet un travail intitulé : Des impu- retés et des purifications dans l'Inde antiriue, 150; rapport sur ce travail (imprimé dans le tome XLIV des Mémoires 'inS" ) ^ par MM. de llarlez, T.-J. Lamy et le comte Goblet d'.\lviella, 327, 333.

DelbœufU.). Hommage d'ouvrage, 3.

Demannez iJ.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 690.

Demoulin (Alph.). Rapports de MM. Mansion, Catalan et Le Paige sur son travail concernant la courbure des lignes planes (im|)res- sion dans le tome .XLIV des Mémoires it\-H°), 20, 25, 27 ; soumet un travail intitulé : sur les diverses conséquences du théorème di* Newton, 347.

Dcruyts (François). Hommage d'ouvrages, 223.

744 TAltLK DKS ALTKL'RS.

D.rttyts (Jacques). Dépose des billets cachetés, 3, 'i'2'2, TiriG; sur la réduction dos fonctions invariantes, IGti; rapport sur ce travail pai' MM. lie l'aige cl Mansion, 231; sui' les covariants primaires, 116: rapi)ort sur ce travail par MM. Le l'aiii;e, Mansion et De Tilly, l(i, 17; élu correspondant, 728.

Detroz (J.-C). Hommage d'ouvrage, G19.

(Il' Ylaminck [Alpk.). - Soumet une revision de son mémoire sur les origines de la ville de (iand, 3iji).

Dewalque <€.). Hommage d'ouvrage avec note bibliographique (Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique de Belgique, à Dinant), 347, 3i8.

De \\idf\Cli.). Envoi à l'examen de son cinquième rapport semes- triel, 399; communication au Ministre des appréciations faites par MM. Pauli, Balat, Scliadde et Beyaert de .son quatrième rapport semestriel et de son premier envoi réglementaire, 401.

Dierickx iJos.). Communication au Ministre de l'appréciation faite par MM. Fétis, Robert . Slingeneyer et (Uiffens de son premier rapport, 094.

Direction générale de la statistique, à Mexico. Hommage d'ouvrage, 355.

Doutrepont {B. -Auguste). Hommage d'ouvrage (La clef d'Amors). 020; note sur ce volume par M. Steclier, 626.

Ducpetiaux (Feu Edouard). Son buste sera exécuté pai' M. PoUard. 487.

I>n Mortier (Feu B.-Ch.y - Son buste sera exécuté par M. Hérain, 430. 694.

Dupont (Éd.). Sur des mollusques vivants et post-pliocènes recueillis au cours d'un voyage au Congo en 1887, t)o9; remet pour VAnnuaire le manuscrit de sa notice sur L.-G. de Koninck, 527. Voir Daulzenberg.

Divelshauwcrs-Dery . Observations sur une notice biographique de G. -A. Hirn récemment insérée dans le Bulletin de l'Académie. 132; rapport de MM. Mans et De Tilly sur ee travail, 14, 16.

i:

Errera (Léo). Hommage d'ouvrage, 430. Rapports : voir

Laurent. Even [Éd. Van). - Renseignements inconnus sur Pierre Phalèse,

imprimeur de musique à Louvain (1546-1573), 200. Evrard (F.). Hommage d'ouvrage, 347.

TArU.E DKS ALTKLRS. 7''. 5

Faider (Ch.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, (Jtil.

Fcrron (Eugène). - Knvoi il l'examen de sa lettre relative à l'équalioii fondamentale de la théorie de la lumière, î'dl.

Fétis(Kd.). Rapports : voir Lampe, Dierickx, Montald.

Fizeau (Louis). Klu associé, 7:28.

Flour de Saint-Genis (Victor). Hommage d'ouvrage, 334.

Folie (Fr.). Hommage d'ouvrage, 3; sur la période astronomique dite décimensuelle. 28; à l'occa-sion des variations de latitude con- statées à Berlin, à Potsdam et à Prague, -438; soumet une réponse à la note critique de M. Tisserand, (i'JO. Rapports : woir Académie des sciences de Bologne, et Guillaume.

Foulon (Franz). Hommage d'ouvrage iPoèmes flamands et poésies diverses), &20; note sur ce volume, par J. Steclier, G'So.

Fratkin (Ch.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, GlX). Rapport : voir Lagae.

Franck (.\ .).. Soumet une notice sur la monazite de Nil-Saint-Viii- cent, .t27.

Franquevillc (Le comte de). Accuse réce[ition de son diplôme, 320.

Frcdericq (Léon). Sur la conservation de l'oxyliémoglobine à l'abri des germes atmosphériques, 2ol; sur la physiologie de la branchie. o80; sur la conservation de l'hémocyanine à l'abri de l'air, o82. Rapports : voir Ansiau.x, Cobon.

Gad (J.). Hommage d'ouvrage, o2(5.

Gaudry (Albert). Hommage d'ouvi-age, 223.

Gaul (Adolf). Adresse une brochure destinée à prendre part à un

concours scientifique institué, d'après lui, parle Gouvernement

belge, 011). Génard iP.). Hommage d'ouvrage, 620. Gevacrl (F.-Aug.). Rapport : voir Léonard. Gilkinct (Alf.). Rai)ports : voir Cogniau.v, Laurent. Giron (A.). Hommage d'ouvrage, (520. Giflée (Aug.). Hommage d'ouvrage. 3oo.

746 TABLE DES AUTEURS.

liluge (Théophile). L'influenza de 1580, 349; réélu membre de la

Commission spéciale des finances, 534. Rapport : voir Colson. Coblet d'AlvicUa (Le comte Eugène). La fécondation artificielle du

palmier dans la symbolique assyrienne, 359. Rapport : voir de la

Xallée-Poussin (L.). GrossetesLe {William). Adresse un exemplaire de la médaille et

de la brochure parues à l'occasion de la manifestation G. -A. Hirn,

346. Guffens (Godf.). Rapports : voir Dierickx, Monlald. Guillaume (J.). Observations physiques de la planète Mars en 1890,

laites à Péronnas, près Bourg-en-Bresse, 583; rapport sur ce travail

par 3IM. Terby et Folie, 5!28, 5-29.

11

llarlez {Le chevalier Ch. de). Hommage d'ouvrages, 320, 355, 408, 619, 690; Notes bibliographiques : par 31. Willems sur les trois opuscules suivants : A. La purification selon l'Avesta et le Gomez; B. Les cultes de la croix avant le christianisme ; C. Comparaison de deux traductions d'un chant de l'Avesta, 3-26; par l'auteur: I-LI ou grand cérémonial de la Chine, 356. Rapport : voir de la Vallée Poussin.

Ueckers (Pierre). Envoi à l'examen de ses deux compositions musi- cales intitulées : Mazeppa et Epithalame, 199 ; communication au Ministre des avis émis sur ces œuvres, 509.

Iléinent (F.). Hommage d'ouvrages, 354.

Hcnrard {Paul}. Hommage d'ouvrages, 487. Rapport : voir Bureau hydrographique de Washington. Note bibliographique : voir Wauwermans.

Henry [Louis). Rapports : voir Dclacre.

Hérain (Jacques). Chargé de l'exécution du buste de B.-Ch. Du Mortier, 430; communication au Ministre de l'appréciation du modèle de ce buste, 694.

Ucron-Boyer. Hommage d'ouvrage, 3.

llcymans(J.-F.). —Hommage d'ouvrage, 5"26.

llirn (Feu G.-A.^. Voir Dwelshauvers-Dery et Grosseteste.

ïloffman (G.-F.). Prix accordé à son projet de diplôme, 409; pro- clamé lauréat, 418; remercie, 507.

TABLE I)KS AUTEL'HS. 747

Hoegaerden (Paul Van). Hoiiiniai>e d'ouvrai^e, 3.

Hoho et Lagrange(E.). Souiiiellenl une Olude sur un phénomène

lumineux et calorifniuo act'oiiipai^naiit l'élcclrolyse, 223. Hoiac{E.). lloniniaiçe d'ouvragos, loi.

InsiUut royal vénitien des sciences, des lettres et des arts. Adresse

le programme de ses concours pour 1890-1892, 4. hnardon [Jacques). Wonmvà^c d'ouvrage (Le théûtre de la Monnaie

depuis sa fondation jusqu'à nos jours', 353; note sur ce volume par

Alpii. Wauters, 356.

Jacquet {Joseph). Rapport : voir Lagae.

Jorissen {A.). Soumet un travail : La réduction des nitrates par les moisissures et les levures, 3iT.

K

Kammermann (A.). Hommage d'ouvrage, 526. Kocherols (Adolphe^ Lauréat 'second prix) du grand concours d'architecture de 1890, 337; proclamé, 419.

Laer{H. Van) et Vandenliulle (L.). Soumettent une étude sur le lambic, 223.

Lagae {Jules). Knvoi à l'examen de ses deuxième et troisième rapports, 399, 089; comnmnication au Ministre de l'appréciation faite par la section de sculjjture de son deuxième rapport, 509.

Lagrange (E.). Voir Uoho.

Lallcmand {Léon). Hommage d'ouvrage, 35i.

Lambotte (L.). Honmiage d'ouvrage, 347.

Lameere [Ang.). Hommage d'ouvrages, 3.

718 TABLE DES AUTEURS.

Lampe (L.). Rapport de MM. Fétis, Slingeneyer, Stallaert et Rousseau sur son projet de créer une école de restauration de tableaux, 509.

Lainy {Tli.). Accepte de rédiger pour V Annuaire la notice biogra- phique de Msr A. Van Weddingen, 318; remet le manuscrit de cette notice, 3oo. Notice bibliographique : voir Cauchie. Rapport : voir de la Vallée Poussin (L.).

Laurent {Emile). Réduction des nitrates par la lumière solaire, 303; rapports sur ce travail par MM. Stas, Errera et Gilkinet, 237, 244; soumet une 2* note sur le même sujet, .^27; sur la réduction des nitrates par la levure de bière et par quelques moisissures, 309; sur la réduction des nitrates en nitrites par les graines et les tubercules, -i78; rapports sur ces travaux par MM. Gilkinet et Errera, 2-4o, 247, -430, 437.

Lebrun (P.). Exécution de sa cantate, 398, 419.

Leclercq \Emma). Contributions à l'étude du Nebenkern ou cor- puscule accessoire dans les cellules (communication préliminaire», 137; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Bencden et Van Bani- beke, 10, 13.

Leconle (Félix). Hommage d'ouvrage, 3i7.

Léonard [A.]. Sur un perfectionnement au mécanisme des flûtes. 403; rapport sur ce travail par M. Gevaert, Samuel et Radoux, 401.

Le Paige (C. Tn astronome belge du XVIIe siècle, Godefroid Wen- delin,709; élu membre titulaire, 728. -Rapports: voir CV^iro (£■>•« , Demoulin, Deruyts (/.), Servais.

Liagre (J.-B.-J.). Rapport : voir Académie des sciences de Bologne. Note bibliographique. Voir Radau.

Logeman [H.). Soumet une notice sur une inscription anglo- saxonne gravée sur un reliquaii'e de la vraie croix, appartenant au trésor de l'église collégiale des SS. Michel et Gudule de Bruxelles, 620.

Loomans (Charles,. Sur la mélliode du droit naturel, 172.

>l

MailUj (Éd.). Réélu membre de la Commission spéciale des

finances, 534. Malaise (C). Sur les graptolithes de Belgique, 440.

lAIlLK IIKS Ail KL US. 7 il)

Mansidii (Paul). - llappoits : voir firaitjmiti , C.alakin , Cfsitn-,

J>e>ii(>itlin, Di'nnjls (,/.), Servais. Marchai [le chevalier Kilmowl). Rapnoit : voir Iaujuc. Marcq [Hubert). Lauréat (iiiontion tionoralilc) du t^rand concours

d'arcliiiecturo de 1890. H38; proclamé, 419. )lasii(s(J.-B.-N.). - Rapport : voir Aîisiaii.v. Matthieu (Ernest). Hommage d'ouvrai,^e, 487. Maus (Henri). Réélu membre de la Commission s|)éciale dos

finances, ;')34. Rapports : voir Owclahauvers-Dery, Spanoghe. Meerens {Charles). Ho m m ai^e d'ouvrage, 399. Meirsschaut {P.\ Hommage d'ouvrage, 354. Ministre lie la Guerre (M. le). Hommage d'ouvrage, 2. Ministre de rintcrieur et de l'Instruction publique (M. le). Homm:ige

d'ouvrages, 2, l;iO, 2()0, 319, 346, 3.-i3, 430, 487, im, 619. Ministre des Affaires Étrangères. Hommage d'ouvrage, 354. Mange {Léon de). Hommage d'ouvrage, l.-iO. Montald {(!.). Communication au Ministre des avis émis sur : I" sa

demande de pouvoir venir surveiller à Bruxelles l'installation de

son envoi réglementaire, 398; son sixième rapport semestriel, 69'i.

IN

Namur. Cliargc de l'exécution du buste de J. Braemt, 408; com- munication au Ministre de l'appréciation du modèle de ce buste, 509.

O

Oinboni {Giovanni'}. Hommage d'ouvrage, 526.

I'

Parlatore (Feu Philippe). Hommage d'ouvrages fait en son nom par

Th. Caruel, 2. Pascaud iH.). Hommage d'ouvrage, 355. Pasqnier iErnest). Hommage d'ouvrage, 347, 526. PauliiÀd.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances,

690. Rapport : voir De Wul(.

5""^ SÉKIE, TOME XX. 49

750 TABLE DES AUTEURS.

Pclrnnann (A.). Soumet un second mémoire sur la queslion de l'azote, -431.

l'halcsc {Pierre). Renseignements inconnus sur..., 200.

Pliilippson{Marlin\. Notice bibliographique : voir Université libre de Bruxelles.

Pickenj {fils). Chargé de l'exécution du buste de Ch. de Bériot, 408.

Piol Charles). Hommage du tome VIII de la Correspondance du cardinal de Gi'anvoUe avec note bibliograi)lii(iue, 150, loi; note concernant l'intluenza en 1580, 196; réélu membre de la Commis- sion spéciale des finances, 021. Note bibliographique : voir Villa.

Ploè'n (Ch.). Soumet un travail sur la régularité de l'horloge, 4; remis en possession de son manuscrit, 222.

Pollard. Chargé d'exécuter le buste de Ducpetiaux, 487.

U

Raah (J.-L.). - Hommage d'une gravure, 408.

Radau (R.). - Hommage d'ouvrages. Extraits du Bulletin astrono- mique, 3, 223, 347; note sur le premier de ces extraits (Question de la nutation diurne), par J. Liagre, S.

Badoux {Th.). - Rapport : voir Léonard.

Benard (A.-F.). Dépose un billet cacheté, 430.

Robert (Alex.). Rapports : voir Dierickx, Montald.

Boersch [L.). Hommage d'ouvrage, 619. Rapport : voir Veerde- ghem.

Bonkar {E.). Hommage d'ouvrage, 223.

Boulliet {Antomj). Hommage d'ouvrage, 355.

Bousseau (J.). Rapport : voir Lampe.

Boijer de Dour {H. De). - Hommage d'ouvrage, 354.

i^amuel {Ad.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 690. Rapport : voir Léonard.

Scardonclli {Giovanni). Hommage d'ouvrage, 620.

Srhadde {Jos.). Quelques consitlérations sur l'enseignement donné aux artisans au point de vue de leur profession (discours), 411: discours prononcé aux funérailles de Charles Verlat, 507. Rap- port : voir De Wulf.

TABLE DES Al TEIKS. 75 1

Sclu'lcr (AïKj.). Annonce tie sa mort, GIH; discours |)rononcé à ses

runéraillcs par M. Tibcrgliien, 0^21. Schocntjcs {II.). Lettre rcctilicative au sujet de son travail intitulé : Pro.et d'expériences destinées à vérifier si la luniièn; polarisée, ciont le plan de polarisation oscille, exerce une influence sur un champ magnétique, tîîii; sur les déformations que font naître dans un hémisphère creux métallique le choc et la pression d'un corps dur (note préliminaire), 295; rapport sur ce travail |)ar M. Van dt.'r Mensbrugghe, 237. Si'lijs Lomjcimmps [Edm. de). llomiuai^e irouvraj^^e, 317. Servais {Clciitcnl). Sur les involulions cubiques conjuj^uées, 272; sur les points d'inflexions dans les cubiques, 4.-)3; rapports sur ces travaux par MM. Le Paige, Mansion et De Tilly, 232, 233, 431, 433. Slingeneyer {Ern.). Réélu membre de la Commission spéciale des

finances, (390. Rapports : voir Lampe, Dierickx, Monlald. Smith {John Barker). Nouvelle méthode pour la détermination quantitative de la valeur du pain, de la farine, de l'albumine, etc., <)14; rapport sur ce travail par 5L Spring, o30. Suciélc courlandaise de lilléralure et des arts à Mitau. Félicitations

à l'occ-esion de son 7oe anniversaire de fondation, 488. Société de médecine publi(jue. Annonce la dixième réunion du corps

médical belge, 34G. Société industrielle de Mulhouse. Adresse son programme de con- cours poui' 1891, 321. Société géologique de Belgique. \o\v Dewalque. Soluay (E.). Dépose un pli cacheté, 346. Spanoghe. Rapport de 31. Maus sur son travail (déposé aux

archives) intitulé : Nouveau système de machine à vapeur, 228. Spring (U'.). Rapports : voir Delacre, Delaurier, Smith {John

Barker). Slallaert (/.). Rapport : voir Lampe.

Stas {J.-S.). De la nature de la lumière solaire (discours lu en séance publique et imprimé dans le tome .\LIX des Mémoires in-i"), 709. Rai)ports : voir Delaurier, Laurent. Stecher[J.). .N'otes bibliographiques : voir Foulon et Doutrepont. Rapport : voir Veerdeghem.

752 TABIH DKS AUTEURS.

Terby (F). Sur de nouvelles observations des canaux de Mars et de leur ç;émination, 37 ; sur la fréquence des étoiles fdantes pendant les nuits des 9 et 10 août 1890, 3oO; ouverture de son billet cacbolc marqué A, bi'i : faits démontrant la permanence des taches sombres de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation, 53.'); hom- mages d'ouvrages, 2'23, 346. Rapport : voir Guillaume.

Thonisscn (J.-J.). Réélu membre de la Commission spéciale dc< finances, 6:21.

Tiberghien (Guillaume). Discours prononcés : A, aux funérailles de Mif A. Van AVeddingen, 3:23: B, aux funérailles de M. Scheler. 621; hommage d'ouvrage, oo.'i.

Tilly (J. De). Rapports : voir Académie des sciences de Bologne, Beaupain, Deruyts <J.), Servais (CL).

Tombay (De}. Chargé de l'exécution du buste du chevalier X. de Burtin, 430; communication au Ministre de l'avis émis sur le modèle de ce buste, 409.

Toussairit {Le chanoine). Hommage d'ouvrage, 620.

U

iniversité Libre de Bru.velles. Hommage d'ouvrage (Annales de la faculté de philosophie et lettres, tome I^^, '2« fascicule), loi; note sur ce fascicule par M. Philippson. lo5.

Vaillant {Léon\ - Hommage d'ouvrage, 347, 5"26.

Vandenhulle (L.) el van Laer (H.). Soumettent une étude sur le

lambic, 223. van den Kerkiiove-Sa'ibas. Chargé de l'exécution du buste d'Eug.

Defacqz, 487; communication au Ministre de l'avis émis sur son

modèle, 409. \ anderkindere (Léon). - Rapport : voir De Ceuleneer. Van der Mensbrugglic (G.). Sur la propriété caractéristique de la

surface commune à deux liquides soumis à leur afiinité mutuelle première el deuxième communications), 32, 2o3; dépose un billet

cacheté, 526. Rapport : voir Sclioentjes.

TABLK DKS ALTKUUS. 753

Vuiidtr Stractcn (lùliii.). lùivoi à l'exiiinen d'une nouvelle série de Bulletins résultant de ses recherches musicales dans les biblio- thèques d'Augsbourt; et de Breslau, ()8*.).

Vunlair (6'.). Hoinmaiie d'ouvniiçe, .'i-iO.

\i'cnle(jhem (Van.). Een |)aar trai;meiileii vaii den Uoinan van Peichevacl, 037; rapports sur ce travail par MM. Willcms, Koersch cl Stecher, 030, 03:2, ()30.

W'reecken (Èniilei. Lauréat (mention lionorable) du i^rand concouis d'architecture de 1800, 337 ; proclanu-, 411).

y<'rlielle [Arlliur). Lauréat \\<^>- prix) du i,M'and cuncours d'archi- tecture de 1890, 337 ; proclamé, il'J.

Wr/ujogen iJ.-F.). nommai,^ d'ouvrai^e, ,'>"J0.

Virlal (Ch.-}t.). Annonce de sa mort, ."JOO; discours prononré à ses funérailles par J. Schaddc, o07.

Vial (L.-C.-Ém.). Ilomniaiçe d'ouvrai,'e, 3.

Villa (A.-R.). Hommage d'ouvrai;e (Kl coronel Francisco Verdugo, 15o7-lo0o), 150; note sur ce volume par M. Piot, 153.

Vinçotle (Thomas). Communication au Ministre de rappréciatioii de son buste en marbre de iéu Alvin, CM. Rapport : voir Lagae.

>V

Wagener- {Aiig.\ Rapport : voir De Ceuleneer.

Wauters\.\lph.). \\c(A\x, membre de la Commission spéciale des finances, 0:21. Rapports : voir Bureau hydrographique de Washington. Note biblioi^raphique : voir Isnardon.

}Vauwermans (H.-E.). - Hommai;e d'ouvraj^^e (Henri le .Navigateur et l'Académie portugaise de Sagres), 020; note sur ce volume par M. Henrard, 027.

Weddingen (J.-J.-Alois Van). Annonce de sa mort, 149; discours prononcé à ses funérailles par G. Tiberghien, 323; sa notice biogra- phique rédigée pour Y Annuaire par T.-J. Laray, 318, 355.

W'endelin (Godefroid), par C. Le Paige, 709.

Willems (Pierre). Note bibliographique : voir De Harlez. Rap- port : voir De Ceuleneer, Veerdeghem.

Z

Zaïiardelli (Tito]. Hommages d'ouvrages, 430, 487.

TABLK DES MATIÈRES.

Agriculture Voir Chimie (Petermann».

Archénlogie. De Cel-i.eneer (Adoi.f). Rapport de MM. Wagener, Van- (lerkindere et Willems sur son travail destiné aux mémoires, et inti- tulé : Type d'Indien du nouveau monde représenté sur un bronze antique du Louvre. Contributions à l'interprétation d'un fragment de Cornélius Népos, 164, 171.

An industriel. - Schadde (J.). Quelques considérations sur l'ensei- gnement donné aux artisans au point de vue de leur profession, 411.

Astronomie. Académie des sciences de Bologne. Demande d'avis sur l'adoption, en Belgique, de ses propositions relatives au méi'i- dien initial unique et à l'heure universelle, 430; communication au Ministre des rapports faits sur ces propositions par MM. Liagre, Folie et De Tilly, 528. de Ball (L.). Son catalogue de 382 étoiles faibles de la zone DM -+- 2°, observées de 1886 à 1889, sera publii» dans les Annales astronomiques de l'Observatoire de Bruxelles, 2. Folie (F.). Sur la période astronomique dite décimensuelle, 28; il l'occasion des variations de latitute constatées à Berlin, à Potsdam et à Prague, 438; soumet une réponse à la note de M. Tisserand, 696. Guillaume (J.). Observations physiques de la planète Mars faites en 1890, à Péronnas, près Bourg-en-Bresse, 583; rapport sur ce travail par MM. Terby et Folie, 528, 529. Terby (F. t. Sur de nouvelles observations des canaux de Mars et de leur gémination, 37; sur la fréquence des étoiles filantes pendant les nuits des 9 et 10 août 1890, 350; faits démontrant la permanence des taches sombres de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation, 535. Voir Biographie, Spectroscopie.

B

BeaiLX-arts. Lami'e (L.). Rapports de MM. Fétis, Slingeneyer, Stallaert et Rousseau sur son projet de création d'une école de restauration de tableaux, 509. Voir Art industriel, Bustes, Concours [Prix de Rome}, Concours de la Classe des beaux-arls. Musique.

TAItlJ-: IIKS MAilKllKS, /O*)

Bibliographie. Noies sur les ouvraijes suivants : La (luercUe îles iaveslitures dans les diocèses de Liùge et de Cambrai. Première partie: Les réformes gréi^orionnes, etc., 107.>!()'>i. (Ai.F. Calchii:), par Th.-J. Lamy, 3"iO. .1. Puiilication selon l'Avesta et le (;oniez. B. Le culte de la croix avant le christianisme. (!. \)eu\ traductions d'un champ île l'.Vvesla (Cii. UK IIaui.ez), par I». Willcms, '.i-lii: \ \A. Cérémonial de la Chine antique (Ch. de IIari.ez), par le traducteur,

, 356. Com[)te rendu de l'excursion de la Société idéologique d(^ Belgique dans les environs de Dinant, par (i. Dewalque , :iiS. La clef d'Amors (Alg. noLTKEi'O.NT), par i. Stecher, Gtifi. Poèmes flamands et poésies diverses Franz Foi i.on', par J. Stecher, 625. Le théâtre de la Monnaie depuis sa fondation jusiju'à nos jours (Jacq. Isnaudon), par Alph. Wauters, 350. - Correspon- dance de Cranvelle, tome VIII, parCh Piot, loi. Con.sidération sur la nutation diurne (Kadai), par .1. Liagre, 5. Annales de la Faculté de philosophie et lettres (Université libre de Bruxei-les), par M. Phili|ipson, 155. Kl coronel Francisco Verdugo. 1537-I5'.»<S (A.U. Villa), parCh. [»iot. 153. Henri le Navigateur et l'Académie portugaise de Sagres (Wal'wermans), par P. llenrard, 627.

Billets cachetés déposés par MM. Deruyts, .Jacques, 3, 222, 526; E. Solvay, 346: A.-F. Renard et J. Cornet, 430; Van der Mensbrug- ghe, 526. Ouvertui'e d'un billet (marqué A) déposé par .M. Tei hv. 527.

Biographie. Dwelshaivers-Dery. Observations sur la notice biographique de (i.-A. Hirn, insérée dans le Bllleti.n de l'.Vcadémie 132; rapport sur cette note par M.M. Maus et De Tilly, 14, 16. - EvEN (Ed. Van). Renseignements inconnus sur Pierre Phalèse, imprimeur de musique h Louvain (1546-1573', 200. Le Pakie (C). Un astronome belge du XVIP- siècle, (lodefroid Wendelin, 709. Schadde (J.). Discours prononcé aux funérailles de Charles Verlat, 507. TiCEUGHiLN iC..'. Discours prononcés aux funérailles : A. de Mk^ a. Van Weddingen, 323; B. de M. Scheler,621. - Voir .Yo//m- biographiques pour IWnnuaire.

Biologie. Hexede.n (Éd. Va.n). Les anthozoaires pélagi(pies recueillis par le professeur Hensen dans son expédition du Plank- ton. Communication |)réliminaire. I. Une larve voisine de la larve de Semper, 55. Cerfontaixe (Pali.i. Soumet des notes prélimi- naires sur l'organisation et le développement des différentes formes d'anthozoaires, 696. Leclercq (Emma). Contributions à l'étude

7o6 TABLE 1>KS MATIÉKKS.

(lu Nebeiikorn ou corpuscule accessoiie dans les cellules, 137 ; rapport sur ce travail par iMM. VA. Van Beneden et Van Baui- heke, 10, 13. Voir Ckiinie, Physiologie.

Bolaniijue. Cogmalx (Alfred). Le nouveau i-enre Posauea de la famille des Cucurbitacées, 47.-); ra|)port sur ce travail par MM. Cré- j)in et Gilkinet; 435. Voir Chimie.

Brasserie. Voir Chimie.

Bustes des académiciens décèdes. Sont désii^nés |)ar le Gouverne- ment i)0ur exécuter les bustes suivants : Cli. de Bériol, par M. l*ic- kery tils, 108; J. Braemt par M. .N'amur, 408; chevalier de Hurlin. par M. de Tombay, 430; Eug. Deiacqz, par M. van den Kerckove- Saïbas, 487; B.-Cli. Du Mortier, par M. Hérain, 430; Éd. Ducpetiaux, par 31. PoUard, 487; communication au Ministre des avis émis: 1'^ sur les modèles des bustes Braemt, oO'.); de Burlin, 409; Defacqz, 409; Du Mortier, 094: !2« .sur le buste en marbre de feu Al vin, exécuté par Th. Vini,"otte, 694.

C.

Chimie. Dklacue (M.uricei. Sur la constitution de la benzopina- coline 3,99; faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde, :289; sur la dypnone nu;, >C = CH.CO.C'H-, 4(33; rapports sur ces travaux par MM. Henry et Spring, 17, 19, i2ol, 433, 435; sur les acétals mixtes, 6^8; rapport sur cette note par M. Henry, 096. Delaliuer (EMILE). Rapport de MM. Stas et Spring sur ses trois notes concer- nant l'extraction des métaux (dépôt aux archives), "21, 28. JoRissEX (E.). Soumet une note intitulée : sur la réduction des nitrates par les moisissures et les levures, 347. Lairem (Emile). Réduction des nitrates par la lumière solaire, 303; rap- ports sur ce travail par MM. Stas, Errera et (Ulkinet, "237, ::J44; soumet une '2f note sur le même sujet, 527 ; sur la réduction des nitrates par la levure de bière et par quelques moisissures, 309 ; sur la réduction des nitrates en nilrites par les graines et les tubercules, 478; rapports sur ces travaux par MM. Gilkinet et Errera, 215, 247, 435, 437. Petermânn tX.) Soumet un second mémoire sur la question de l'azote, i31. Smith (John Barker). Nouvelle méthode pour la détermination quantitative de la valeur du pain, de la farine, de l'albumine, etc., 614; rapport sur cette note i)ar M. Spring, 530. Stas (J.-S.). De la nature de la lumière solaire

TAIILK IIKS MATlkRES 757

(discours lu en sc-aiicc |)iil»lii|iic ci iiii|»riiiit' dans le lomu Xi-IX-dcs Mémoires in-i»,. 70'J. Vandexiilu.e (L.) cl Van Laer (II.). Sou- iiictlenl leurs éludes sur le lambic, "l^i.

CoinmLs.sion chargée de ta publication des œuvres des anciens musi' riens belges. M. de Caseinbrool, adjoint à la Commission,- 338: envoi h son examen d'une nouvelle série de Bulletins, résultant des roeliorclics do M. Kdm. Vander Slracten dans les biblio- thèques d'Auijsbourg et de Hieslau, iyH'J. spéciale des finances lléélection : Classe des sciences, .>I4; Classe des lettres, G'-il ; Classe des bealx-arts, G90.

Omcliyologie. Voir Malacologie.

Concours. Les institutions suivantes adressent leurs proi^rammes : Institut royal vénitien des sciences, des lettres et des arts, 4; Société industrielle de Mulhouse, .'Wl. A. Cail. Soumet une brochure intitulée : Vnscr Leben, destinée, d'après lui, à un concours scienti- fique institué par le Gouvernement, Gl'.).

Concours de la Classe des sciences {1800). Sans résultat, '^'27, 7!28.

Concours de la Classe des lettres (1802). - Programme, 1;)7.

Concours de la Classe des beaux-arts (1800). - Partie littéraire. Sans résultat, il7. Art ai'I'LIQLé. Peinture. Projets reçus, 400; M. G. -F. Iloffman, lauréat, 409, 417. Gravure en médaille. Sans résultat, 400, 418. - (189^2). Programme, GIMJ.

Concours (grands). Prix de Rome. Architecture (1887). Envoi îj l'examen du cinquième rapport de M. De Wulf, 399; communi- cation au Ministre des appréciations du quatrième rapport et du lei" envoi réglementaire du même laui'éat, 'k^i; {1890). Lauréats, 337; proclamation, 419. Musique (1887). Communication au Ministre de l'appréciation de deux compositions musicales (envoi réglementaire) du lauréat Heckers, o09; (1880). Exécution de la cantate de M. Lebrun, 398; 419. - Peinture (1886). Communica- tion au Minisire des a])préciations émises : 1" sur la demande de M. Montald de pouvoir venir surveillera Bruxelles l'installation de son envoi réglementaire, 398; "1" sur le sixième rapport du même lauréat, G94. Sculpture (1888). Envoi à l'examen des deuxième et troisième rapports de M. Lagae, 399, 089; communication au Ministre de l'appréciation du deuxième rapport précité, ,*J09. Voir Prix Godeeharle.

Ctmgrès, Sessions. Ouverture du congrès historique et archéolo- gique de Liège, loO; huitième session du Congrès international des Américanistes, 320; dixième réunion du corps médical belge, 346.

758 TABLE t»KS MATIKUKS.

D

Dons. Ouvrages imprimés par MM. le prince Albert de Monaco, 3; anonyme, 355; Bambeke (Van), 346; Baye (de), 338; Beltjens, 487; Briart, 223; Capellini, 696; Garuel, 2; Catalan, 526; Gauchie, 320; Ciel et Terre (La Rédaction de), 222; Colnet d'IIuart, 526; De Boeck, 526; De Busschere, 431; De Ceuleneer, 620; Delaborde, 507; Del- bœuf, 3; Deruyts (F.), 223; Detroz, 619; Dewalque, 347; Direction générale de la statistique à Mexico, 355; Doutrepont, 620; Errera, 430; Evrard (F.), 347; Flour de Saint-Genis, 354; Folie, 3; Foulon, 620; Gad, 526; Gaudry, 223; Génard, 620; Giron, 620; Gittée, 355; Grosseteste, 346; Ilarîez (de), 320, 355, 408, 526," 619, 690; Hément, 354; Henrard,487; Héron-Royer, 3; Heymans(J.-F.), 526; Hoegaer- den, 3; Houzé, 151; Isnardon, 355; Kammermann, 526; Lalle- mand, 354; Lambotte, 347; Lameere, 3; Leconte, 347; Matthieu, 487; Meerens, 399; Meirsschaut, 354; Ministre de la Guerre, 2; Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, 2, 150, 200, 319, 346, 353, 430, 487, 526, 619; Ministre des Affaires Étrangères, 354; Monge (L. de), 150; Omboni, 526; Parlatore (P.), 2; Pascaud, 865; Pasquier, 347, 526; Radau, 3, 223, 347; Roersch, 619; Ronkar, 223; Roulliet, 355; Royer de Dour, 354; Seardonelli, 620; Selys Longchamps, 347; Terby, 223, 346; Tiberghien, 355; Toussaint, 620; Université libre de Bruxelles, 151; Vaillant, 347, 526; Van- lair, 526; Verhoogen (J.), 526; Vial, 3; Villa, 150; Wauwermans, 620; Zanardelli, 130, 487. Gravure : Raab, 408. Médaille : Grosseteste, 346.

Droit naturel. Sur la méthode du droit naturel, par Charles Loomans, 172.

Élections. Classe des sciences : MM. Le Paige, élu membre titulaire; J. Deruyts, élu correspondant; A. Cayley, L. Fizeau et A, von Bayer, élus associés, 728. Classe des lettres : M. Baum- garten et le comte de Franqueville remercient pour leurs diplômes d'associés, 150, 320.

TAItLK l)i:S MATIKHKS. 7.j'J

Épiyraphii'. Lo(1Em.\.n ^M.)- Souincl une notice sur une inscri|tlion anijlo-saxonno gravée sur un reliquaire de la vraie croix du trésor de l'cglisc collégiale des SS. -Michel et Gudule de Bruxelles, G'iO.

Esclavayc. - Voir Politique.

(icographie. Voir Uijdroijraphie.

Véobgie, minéralogie et paléontologie. Franck (A.). Soumet une

notice sur la nionazite de Nil-Saint-Vincent, o-27. Malaise (C).

Sur les graptolitlies de Bt'lgi([uo, iW. Voir Malacologie.

II

Histoire. de Vlamlnck (Ar.Pii.)- Soumet une revision de son travail concernant les origines de la ville de Gand, 3oo. de Chestiiet DE IIa.neffe (le baron'. Les métiers de la ville de Huy, à proi)OS d'un insigne de la corporation des merciers, 488. Voir Archéo- logie.

Histoire des beaux-arts. \oïr Biographie (Van Even).

Histoire des religions. de la Vallée Polssln Louisj. Soumet un travail intitulé : Des impuretés et des purifications dans l'Inde antique, l.'iO; rapports de MM. de Harlez, Lamy et Goblet d'.\lviella sur ce travail imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-8", 3"2T, 333. Voir Symbolique.

Histoire littéraire. Voir Philologie.

Hydraulique. Caligxy Le marquis Anatole de). Cinquième lettre sur ses recherches d'hydraulique, G.

Hydrographie.— Bukeai hydrogkaphiqiedes États-Ums a Washing- ton. Communication au Gouvernement des rap|)orts de M.M. Wau- lers et Henrard sur la demande de renseignements du Bureau concernant un projet de système uniforme de dénominations géo- graphiques, 16i.

Jubilé, manifestation. Manifestation en l'honneur de G.-.\. Hirn (Médaille et brochure offertes à l'Académie), 3-46; soixanle-(iuin- zième anniversaire de fondation de la Société courlandaise de litté- rature et des arts de Mitau (Félicitations i, 488.

L

Législation et jurisprudence. Voir Droit.

760 TABLE DES MATIÈRES.

Malacologie. Dupont (Ed.). Sur des iiiollu.squi;s vivants et post- pliocônes recueillis au cours d'un voyage au Congo en 1887, 550.

- DAUTZE.MiEiu; (Ph.). 3Iollus(iues recueillis au Congo par M. É. llu|)ont, entre l'embouchure du fleuve et le confluent du Kassaï, 566.

Marine. Delauuier (Emile). La Classe des sciences passe à l'ordre du jour sur son travail intitulé : Nouveaux procédés lumineux pour empêcher les abordages des navires en mer, 4.

Malhématiques. Beaupain (.].). Lecture des rapports de MM. Man- sion. Catalan et De Tilly sur son travail concernant quelques inté- grales définies, 228.— Catalan (Eue). Soumet un travail sur l'ellipse de Brocard, 347 ; lecture du rapport de M. Mansionsurce mémoire, qui figurera dans le tome XLIX des Mémoires in-4o, 431. Cesauo (Ernest). Sur les démonstrations du théorème de Standt et Clausen, 280; rapport sur ce travail i)ar MM. Mansion et Catalan, 233, 236. De Ball (L.). Soumet une note relative au problème de chercher une fonction W, satisfaisant aux conditions, etc. 527; remis en possession de son manuscrit, 696. Demoulin (A.). Rapports de MM. 3Iansion, Catalan et Le Paige sur son travail imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-8"j concernant la courbure des lignes planes, 20, 25. 27 ; soumet un travail sur diverses conséquences (lu théorème de Xewton, 347. Deruyts (Jacques). Sur la réduc- tion des fonctions invariantes, 265; l'apport sur ce travail par MM. Le Paige et Mansion, 231; sur les covariants primaires, 116; rapport sur ce travail par M3L Le Paige, Mansion et De Tilly, 16, 17.

Ferron (Eug.). Adresse une lettre relative à l'équation fonda- mentale de la théorie de la lumière, 527. Servais (Clém.). Sur les points d'inflexion dans les cubiques, 453; sur les involutions cubiques conjuguées, 272; rapports sur ces travaux par MM. Le Paige, Mansion et De Tilly, 232, 233, 431, 433.

Mécanique. - Spanoghe (J.-E.). Rapport de 3L Maus sur son nouveau

système de machine à vapeur, 228. Voir Hydraulique. Microbiologie. Voir Chimie. (Laurent, E....) Mines. Delaurieu (E.). Adresse quatre lettres sur le grisou, 348 ;

rapport sur ces notes (dépôt aux archives) par M. Briart, 53i. Musique. Perfectionnement au mécanisme des flûtes, par Adolphe

Léonard, 403; rapport sur ce travail par MM. Gevaert, Samuel et

Radoux, 401. Voir Biographie.

TAFU.K IIKS MAIIKHKS. 7(il

Nécrologie. Annonce do la niorl de MM. .I.-J.-I". Aloïs Van W oi!- dint^en, 149; Ans;. Sdiclcr, 018; Cli. Vcrhit, .'i(X).

Notices biographiques pour l'Annuaire. M. Lamy charge de faire la notice sur Aloïs Van Weddingen remet son manuscrit, 318, 35S. M. Dupont remet le manuscrit ûo sa notice sur I,.-(i. de Koninck,

O

Ouvrages prè.'>entés. Juillet, '215; août, 389; octobre, 420; novem- bre, 516; décembre, TiÛ.

Veintnre. Lampe (L.;. Rapport de ilM. Fctis, Slingencyer, Staliacri et Rousseau sur son projet de créer une école de restauration de tableaux, 500.

Philanthropie . Voir Politique.

Philologie. Van Veeudeghem (F.)- Fen paar fragmenten van don Roman van Perchevael, 637 ; rapports sur ce travail par MM. Wil- lems, Roersch et Stecher, 630, 63t2, 636. Voir Archéologie {Dv. Ceuleneer).

Physiologie. Ansiaux (G.). Influence de la température extérieuic sur la production de la chaleur chez les animaux h sang chaud, 59i : rapport sur ce travail par 3IM. Fredericq et Masius, 531, 533. CoRiN (J.-II.) et Ansiaux (G.). Soumettent leurs recherches sur la précipitation fractionnée des substances albuminoïdes du sérum sanguin du bœuf, 527. Colson. Soumet ses recherches phy- siologi(}ues sur l'occlusion de l'aorte thoracique, 4; rapports do MM. L. Fredericq et Gluge sur ce travail imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-S», 247, 249. Fredeiucq(L.). Sur la conservation de l'oxyhémoglobine à l'abri des germes atmosphériques, 251 ; sur la physiologie de la branchie, 580; sur la conservation do l'hémo- cyanine à l'abri de l'air, 582. Voir Biologie et Chimie.

762 TABLE DES MATIÈRES.

Physique. Hoho et Lagrange (E.). Soumettent une étude sur un pliénomône lumineux et calorifique accompagnant l'électrolyse, '^"iS. - Ploën (Cn.)- Soumet un travail concernant la régularité de l'horloge, 4; remis en possession de son manuscrit, 222. ScHOEMjES (H.). Projet d'expériences destinées à vérifier si la lumière polarisée, dont le plan de polarisation oscille, exerce une influence sur un champ magnétique (lettre rectificative), 224; sur les déformations que font naître dans un hémisphère creux métal- lique le choc et la pression d'un corps dur (note préliminaire), 295; rapport sur ce travail par M. Van der Mensbrugghe, 237. Van DER Mensbrugghe fG.). Sur la jjropriété caractéristique de la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle, première et deuxième parties, 32, 253.

Poliliqiie. Banning (É.). La Conférence de Bruxelles, son origine et ses actes, 375.

Prix biennal de philologie classique. Programme, de la première période, 321.

Prix décennal de philologie (première période, 1880-1889). M. le Ministre transmet cinquante exemplaires du rapport du jury, 319.

Prix triennal de littérature dramatique en langue française (onzième période). Formation de la liste double des candidats pour le choix du jury, 487; communication de cette liste au Ministre, 621.

Prix quinquennaux : A. Histoire nationale (neuvième période); B. Sciences historiques (deuxième période). Formation des listes doubles des candidats pour le choix des jurys, 486; communication de ces listes au 3Iinistre, 621.

Prix du Roi. Questions pour 1894, 1895, 1896, 319.

Prix Antoon Bergmann (deuxième période). Programme, 162.

Prix Castiau (quatrième période». Programme, 163.

Prix de Saint-Génois (troisième ])ériode . Programme, 162.

Prix de Stassart : A. Notice sur un belge célèbre (septième période); B. Question d'histoire nationale (sixième période). Programmes, 161.

Prix Joseph De Keyn (sixième concours, première période). Pro- gramme, 160.

Prix Teirlinck (troisième période, 1887-1891). Programme, 159.

Prix Godecliarle. Architecture (1888). Envoi à l'examen du troi- sième rapport de M. De Braey, 399. Peinture (1887). Commu- nication au Ministre des appréciations du premier rapport de M.J.Dierickx, 694.

TAIU.K lli:S MATIÈRES. 7ii'

Sciences wcdicaloi. Pior (Cn.). Noie conconianl riiillucnza en lîi80, 19G. - GixGE (Th.). L'influcnza cn liJ80, 3i9.

Sciences morales et politiques. Voir Politique.

Séances. Classe des sciences : 5 juillet, 2; "2 août, 221 ; li octobre, 345; 8 novembre, 429; (i décembre, M.'i; lo décembre, (39o; séance publi(iue du i(3 décembre, 708. Classe des lettres : 7 juillet, 149; 4 août, 318; 13 octobre, 333; 3 novembre, 486; l*-'' décembre, 618. Classe des beaux-auts : 3 juillet, 199; 7 août, 337; 9 octobre, 398; 23 octobre, 407; séance publique du 26 octobre, 410; 6 novembre, 506; 4 décembre, 689.

Spectroscopie. De la nature tic la lumière solaire, par J.-S. Stas (discours lu en séance publique et imprimé dans le tome XLIX des Mémoires in-4"), 709.

Symbolique. La fécondation artificielle du palmier dans la symbo- lique assyrienne, i)ar le comte Goblet d'Alviella, 359.

Z

Zoologie. Van Beneden (P.-J.v Une coronule de la baie de Saint- Laurent, 49. Voir Biologie, Malacologie.

TABLK DKS PLAiNCHES ET DES FIGURES.

Pages^33-37, 258-264. Sur la propriété caractéristique de la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle, l'* et 2* parties; par G. Van der Mens- bruggbe (4 -\- 4 figures).

48. A'ouvelles observations des canaux de Mars et de leur

gémination; p;u- F. Tei'by(l plancbe).

54. Coronule de la baie de Saint-Laurent; par P.-J. Van

Beneden (1 planche).

81, 88, 95, 98. Une larve voisine de la larve de Semper; par

Éd. Van Beneden (4 figures et 1 planche).

76i TABLE KES PLANCIIKS, Kit:.

Pages 110, m, il2. Constitution de la bonzopinacoline p; par Maurice Delacre (3 fii,niios).

273, 275, 278. Sur les involutions cubiques conjuguées; par

Clém. Servais (3 figures).

303. Sur les déformations que font naitre dans un hémi-

sphère creux le choc et la pression d'un corps dur (note préliminaire); par H. Schoentjes (1 planche).

360-373. La fécondation artificielle du palmier dans la sym-

bolique assyrienne; par le comte Goblet d'Alviella (5 figures et 1 planche).

403,405,406. Perfectionnement au mécanisme des flûtes;

par A. Léonard (2 gravures et 1 planche).

438. A l'occasion des variations de latitude constatées à

Berlin, à Potsdam et à Prague; par F. Folie (dia- gramme, 1 planches

496-304. Les métiers de la ville de Huy, à propos d'un insigne

de la corporation des merciers; par le baron J. de Chestret de Haneffe (11 figures et 1 planche).

536-558. Faits démontrant la permanence des taches sombres

de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation ; par F. Terby (1 figure et 1 planche).

579. Mollusques recueillis au Congo par M. É. Dupont entre

rembouchure du fleuve et le confluent du Kassaï ; par Ph. iJautzenberg (3 jilanches).

583. Observations physiques de la planète Mars en 1890

faites à Péronnas, près Bourg-en-Bresse; par J. Guil- laume (1 planche).

598, 599, 603, 610-013. De l'influence de la température exté-

rieure surla production de la chaleur chez les animaux à sang chaud: par Georges Ansiaux (10 figures).

KRKAÏA.

Pages 491. Ligne 20, au lieu de : praticiens, lisez patriciens.

493. Ligne 8, au lieu de : métiers, lisez métier.

603. Ligne 19, au lieu de : métiers, lisez métier.

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Annuaire, 1^^ à 57'»" année, 1835-lhi)l ; in-18.

Bulletins, 1" série, tomes I-XXIII; 2«ser., t.I-L; sér., t. I-XX, in-8<'. iiinue-xes aux Bulletins de 1854, in-8"'. Prix : 4 fr. par vol.

Tabl«t>i générales des Bulletins : tomes 1-XXIii, \" série (1852-1856). 1858, in-S". 2" série, tomes 1-XX (1857-l8b6), tomes XXi-L (1867- 188U), 1885; iu-8".

llibliographic académique, 1"" édit., 1854, édit., 1874, ô« édit., 1886; iu-18.

eatalogiie de la Bibliothèque de l'Académie, l^e partie : Sociéli s savantes et Recueils périodiques^ 2''«' partie :scieuces, lettres, arts, 1881-90; 4 vol. in-8°.

Catalogue de la bibliolliéque du baron de Stassart, 1865; in-8».

Centième anniversaire de foiulaiion (1772-1872). 1872; 2 vol. gr. in-8".

Monuments de la Itllerature flamande.

OKuvres de Van JMuerlaut : Uer natuken blueme, tome l", publie par M. J. liormans, 1857; 1 vol. in-8«; Rymbyiîel, avec Glossaire, publié par iM. J. David, 1858-1860; 4 vol. in-8»; Alexa.m>ers Geesten, publie par AI. Snellaerl, 1860-1862; '2, vol. in-8". i^ederlandsclie gedicbten, etc., publiées par M. Snellaert, 1869 ; 1 vol. in-8». Pajrtlionopeus van Bloys, publie par M. J. Rornians, 1871; 1 vol. in-8°. Spegliel der XWyshelt, van Jan Prael, publie par M. J. Bormans, 1872; 1 vol. iu-8°.

Œuvres des grands écrivains du pays.

OEuvres de chasteilain, publiées par M. Kervyn de Lelteuhove. 1865-1865, 8 vol. in-8". Le l^'' livre des Ciirouiques de ■•'roissart, publié par le même. 1865, 2 vol. in-8». Clironiques de Jeban le Bel, publiées par M. Poiain. 1865, 2 vol. in-8°. LI Itoumans de Cléoiuadès^ publié par M. Van Hasselt. 1866, 2 vol. in-8». Bits et contes de Jean et Baudouin de Condé, publies par M. Auguste Sclieler. 1866, 5 vol. in-8».

LIars d'amour, etc., publie par M. J. Petit. 1866-1872, :i vol. in-8°. OEuvres de Froissart : Chroniques, publiées par M. Kervyn de Letlen- hove. 1867-1877, 26 vol. in-8»; - /^oesies, publiées par Ai. Scbeler. 1870-1872. 5 vol. in-8"; Glossaire, publié par le même. 1874, un vol. in-8». Lettres de Commiiies, publiées par M. Kervjn de Lettenhove. 1867, 5 vol. in-8».

Dits de Maiiiquet «le Couviu, publies par M. A. Sclieler. 1868, 1 vol. in-8». Les Enfances Ogter, publiées par le même. 1874, 1 vol. iu-8». Bneves de Commarchis, i)ar Adeues li Rois, publie par le même. 1874, 1 vol. in-8°. Li itoumans de Uerte aus graus pies, publie par le même. 1874, 1 vol. in-8". Trouvères belges du Xll« au X.l%'« siècle, publies par le même. 1876, 1 vol. in-8°. Nouvelle série, 1879, 1 vol. iu-8". Li Bastars de Bullion, publié par le même. 1877, I vol. iu-8». Bécits d'un Bourgeois de Valenciennes (Xl»'»^ siècle), publies par M, le baron Kervyn de Lellenliove. 1877, 1 vol. in-8°. OEuvres de Gblllcbert de Lauuoy, publiées par M. Polvin. 1878, 1 vol. in-8». Poésies de Gilles li iiiulsis, publiées par M. Kervyn de Lelteuhove. 1882, 2 vol. in-8».

OEuvres de Jlean Leniaire de Belges, publiées par M. J. Steuher. 1882-.85, 5 W\. Lb-8". Li Kegret Ciulllaume, publié par M. A. Scheler. lyb2, vol, in-8'.

Bioyraphie nationale.

Biographie nationale, t. 1 à X; XI, If' fa.sc. Bruxelles, 1866-1890 gr. in-8°.

Commission royale d'histoire.

Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du Gouvernement; 85 vol. in-4».(Voir la liste sur la couverture des Chroniques.)

Comptes rendu.> des séances, I'>^ série, avec table (1857-1849), 18 vol. in-8«. 2»"^ série, ave.; table (1850-1859), 15 vol. iu-8». ô™" série (1860- 18/2), 16 vol. jii-8". 4""^ série, tomes 1-XVI (1875-1889).

Annexes aux Bulletins, 17 volumes in-8». (Voir la liste sur la couverture des Lhroniques et des Coiiiples rendus.)

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